Une organisation du territoire marquée par l'étalement urbain
DEQUIDT, Emilie
Auteur moral
Institut national de la statistique et des études économiques (France). Direction régionale (Nantes)
Auteur secondaire
Résumé
Article intitulé "Une organisation du territoire marquée par l'étalement urbain" extrait de la publication de l'INSEE des Pays de la Loire "Dossier n°46" de juin 2012, pages 28 à 33.
Editeur
INSEE Pays de la Loire
Descripteur Urbamet
étalement urbain
;urbanisation
;périurbain
;artificialisation des sols
;répartition spatiale
Descripteur écoplanete
étude économique
;indicateur de développement durable
Thème
Aménagement du territoire
;Ville - Urbanisme
;Économie - Société
Texte intégral
26
Une organisation du territoire marquée par
l?étalement urbain
INSEE PAYS DE LA LOIRE - LE DÉVELOPPEMENT DURABLE DANS LES PAYS DE LA LOIRE - JUIN 2012
Depuis le début des années 1960, la périurbanisation a profondément structuré les territoires. Facteur
d?inégalités sociales, économiques et environnementales, elle met aujourd?hui en jeu l?équilibre territorial
interne de la région. La déconnexion entre les emplois et l?habitat, à laquelle elle est associée, entraîne des
problématiques spécifiques de déplacement pour les ménages habitant loin des pôles. L?étalement urbain
provoque des conflits sur l?usage des sols (activités agricoles, habitat et développement économique)
et sur l?accroissement du risque d?inondation. L?artificialisation a également des conséquences directes
sur la biodiversité. La progression de la mobilité, sur des distances toujours plus longues, effectuées
le plus souvent en voiture, engendre des émissions de CO2 plus élevées dans la région. Face à cette
situation, se développent désormais de nouvelles formes d?urbanisme pour intensifier la ville.
Une organisation du territoire marquée
par l?étalement urbain
Émilie DEQUIDT (Insee)
L
?organisation du territoire est
au coeur des problématiques
de développement durable. En
Pays de la Loire, celle-ci est marquée
par la périurbanisation et l?étalement
urbain, qui mettent sur le devant de
la scène de nombreux enjeux écono-
miques, sociaux et environnementaux.
En effet, pour appréhender la qualité
de vie, les atouts de l?économie locale
et la richesse de la biodiversité, il
faut prendre en compte, entre autres
facteurs, la localisation de la popula-
tion, des emplois et des équipements,
ou la complémentarité entre les acti-
vités humaines et les milieux naturels.
Ainsi, cette organisation peut être
source d?inégalités. Dès lors, l?enjeu
en termes de développement durable
est de préserver l?équilibre au sein des
territoires.
Une périurbanisation
marquée, en raison d?un fort
dynamisme démographique
La région des Pays de la Loire est
particulièrement concernée par les
phénomènes de périurbanisation et de
rurbanisation, en raison de son dyna-
misme démographique. Depuis 1999,
la population régionale augmente
de 31 500 habitants chaque année,
soit une progression de 0,9 % en
moyenne par an entre 1999 et 2009,
contre + 0,7 % au niveau national. Sur
cette période, les Pays de la Loire
se positionnent ainsi au 5e rang des
régions françaises pour le dynamisme
démographique, derrière la Corse, le
Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées et
l?Aquitaine. Cette croissance de la popu-
lation bénéficie largement aux espaces
périurbains et ruraux, en raison d?une
offre foncière plus attractive en termes
de disponibilité et de coût. Le souhait
d?accéder à la propriété, notamment en
logement individuel, incite en effet un
nombre important de familles à s?ins-
taller toujours plus loin des villes.
Une artificialisation rapide
La demande croissante de logements
hors des pôles urbains a provoqué un
développement des surfaces urbani-
sées en périphérie des villes. Outre le
dynamisme démographique des Pays
de la Loire, de nombreux facteurs
ont contribué à cet étalement urbain,
comme la diminution de la taille des
ménages, à l?origine d?un besoin de
logements important. En Pays de la
Loire, l?attrait pour la propriété (avec
la prépondérance des maisons indivi-
duelles) associé à une forte progres-
sion des prix incite une part importante
des familles à s?éloigner des villes afin
de pouvoir accéder à la propriété. La
demande en résidences secondaires,
les besoins en infrastructures de trans-
port et la demande en locaux profes-
sionnels ou agricoles (maraîchage,
élevage) consomment beaucoup d?es-
pace.
En 2010, les territoires artificialisés
occupent ainsi 11,3 % de l?espace
régional, soit 2,4 points de plus qu?au
niveau national (cf. encadré, p. 27).
Au sein de la région, l?urbanisation est
très présente dans les départements
littoraux de Loire-Atlantique et de Ven-
dée, où la part des surfaces artificia-
lisées atteint respectivement 14,0 %
et 12,7 %. Le degré d?artificialisation
élevé des Pays de la Loire s?inscrit dans
Croissance soutenue de la population en Pays de la Loire
Évolution de la population entre 1990 et 2009, projections au-delà (indice 100 en 1990)
Source : Insee, Recensements de la population (RP) de 1990, 1999 et 2009 exploitations principales, Omphale 2010.
100
105
110
115
120
125
130
135
140
145
1990 2000 2010 2020 2030 2040
Pays de la Loire
France métropolitaine
Projection au-delà
des pointillés
3,2 millions
4,4 millions
3,5 millions
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Une organisation du territoire marquée par
l?étalement urbain
INSEE PAYS DE LA LOIRE - LE DÉVELOPPEMENT DURABLE DANS LES PAYS DE LA LOIRE - JUIN 2012
une tendance nationale à la progres-
sion de l?artificialisation des territoires.
Celle-ci a été particulièrement marquée
dans la région entre les années 2000 et
2006. Depuis, l?urbanisation des Pays
de la Loire continue de progresser plus
rapidement qu?en moyenne nationale :
la part de surfaces artificialisées a pro-
gressé de 0,9 point dans la région entre
2006 et 2010, contre + 0,5 point en
moyenne nationale. Un relatif ralentisse-
ment du rythme de l?artificialisation sem-
ble toutefois se dessiner dans la région
depuis la mi-2008. Entre 2006 et 2010,
les surfaces artificialisées dans la région
sont prélevées en large majorité sur les
terres agricoles (à hauteur de 71 %), à la
différence des régions riches en forêts
et milieux semi-naturels, où ces territoi-
res peuvent fournir une grande partie
des sols nouvellement artificialisés. Les
surfaces agricoles sont ainsi converties
pour accueillir les lotissements, routes
ou zones commerciales qui répondent
aux besoins des nouvelles populations.
L?artificialisation a de nombreuses consé-
quences sur les territoires, en parti-
culier sur le littoral où les milieux sont
particulièrement fragiles. Au-delà de la
diminution des ressources naturelles
et agricoles, l?artificialisation entraîne
une recomposition des paysages, une
fragmentation des habitats naturels et
pèse sur la biodiversité. L?urbanisation
entraîne également l?imperméabilité
des sols et, par là même, augmente
les difficultés pour recharger les eaux
souterraines et les risques d?inonda-
tion (cf. « Des ressources naturelles
riches mais fragiles », p. 11). Ce
phénomène présente aussi des enjeux
forts en termes de tensions foncières
et d?éventuels conflits d?usage entre
activités.
Une déconnexion
emploi-habitat...
Un autre effet lié à la périurbanisation
est que les lieux d?emploi et d?habitat
sont souvent disjoints. Alors que la
population se loge toujours plus loin
des villes-centres, l?emploi reste large-
ment concentré dans les grands pôles
urbains. Le desserrement spatial de
l?appareil productif observé depuis
le début des années 2000 reste en
effet très limité en nombre d?emplois
concernés et en distance. Ainsi, les
grands pôles urbains regroupent près
de six emplois salariés régionaux sur
dix en 2008, quand n?y résident que
42 % des personnes en emploi. Avec un
ratio de 135 emplois pour 100 actifs,
les habitants des grands pôles urbains
ont potentiellement plus de chance de
trouver un emploi proche de chez eux
et seraient donc moins contraints de se
déplacer pour travailler que les actifs
périurbains.
De la même façon que les territoires
périphériques attirent les habitants sans
leur offrir forcément des emplois, les
habitants du périurbain sont souvent
plus éloignés des équipements et des
services même si, en moyenne, l?ac-
cessibilité aux services des habitants
des Pays de la Loire se situe au même
niveau que celle de leurs homologues
de province. En effet, autour des grands
pôles urbains qui concentrent la plupart
des équipements supérieurs tels que
les hôpitaux, la région dispose d?un
réseau de pôles de taille plus modeste,
qui offrent également de nombreux
équipements de gamme intermédiaire
ou supérieure. Ainsi, en 2008, comme
dans l?ensemble des régions de pro-
vince, les habitants de la région mettent
en moyenne 8,8 minutes aller-retour en
voiture pour accéder depuis leur domi-
cile à un panier type de 29 commerces
et services d?usage courant, apparte-
nant pour la plupart à la gamme intermé-
diaire. Au sein de la région, des inégali-
tés entre territoires persistent toutefois,
avec un accès aux équipements plus
difficile dans des zones moins densé-
ment peuplées situées en bordure des
grandes aires urbaines, notamment en
Sarthe et en Mayenne, mais également
Une artificialisation élevée et croissante en Pays de la Loire
Part des surfaces artificialisées en 2006 et 2010 (%)
Source : SSP-Agreste, enquête Teruti-Lucas.
0
2
4
6
8
10
12
14
Loire-
Atlantique
2006 2010
Maine-et-Loire Mayenne Sarthe Vendée Pays de
la Loire
France
métropolitaine
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Une organisation du territoire marquée par
l?étalement urbain
INSEE PAYS DE LA LOIRE - LE DÉVELOPPEMENT DURABLE DANS LES PAYS DE LA LOIRE - JUIN 2012
dans le nord de la Loire-Atlantique,
au sud de la Vendée et dans l?est du
Maine-et-Loire.
... source de déséquilibres
sociaux et économiques
Avec la périurbanisation, la répartition
des habitants au sein du territoire est
fortement liée à leur catégorie sociale
et à leur niveau de revenus. Cette
répartition de la population entraîne des
inégalités d?accès aux emplois et aux
services, qui restent largement concen-
trés dans les pôles urbains. Dès lors, la
capacité de déplacement peut devenir
un enjeu crucial pour les ménages habi-
tant plus loin des villes, que ce soit pour
se rendre à leur travail, faire des achats
ou tout simplement aller au collège
ou au lycée pour les plus jeunes. Les
réseaux de transports collectifs y étant
moins développés que dans les pôles
urbains, les ménages peuvent être
amenés à acquérir une ou plusieurs
voitures pour se déplacer, ce qui peut
peser fortement sur leur budget. À plus
long terme, se pose par ailleurs la ques-
tion de la précarité énergétique, avec
l?augmentation du coût des énergies
qui risque de se poursuivre. Au-delà
des problèmes financiers, la décon-
nexion entre le lieu de résidence et les
lieux d?activité entraîne un allongement
des distances parcourues et du temps
passé dans les transports, avec des
axes de communication qui pourraient,
si le nombre de personnes sur les
routes continue d?augmenter, arriver
à saturation. Le trafic automobile nuit
également à la qualité de vie en géné-
rant des nuisances sonores à proximité
des voies de circulation, mais aussi en
rejetant des gaz à effet de serre et en
dégradant la qualité de l?air.
Sur le plan économique, l?étalement
urbain peut provoquer des conflits
d?usage entre activités agricoles,
habitat et développement économique.
En particulier, les zones agricoles sont
souvent grignotées pour répondre aux
besoins de la population en termes
de logements et d?équipements. Les
territoires sont ainsi de plus en plus
spécialisés, avec des pôles urbains
qui pourraient, à terme, se tourner très
fortement vers les seules fonctions
économiques et de formation, et
l?apparition de « cités-dortoirs » en
périphérie de ces zones. Les inégalités
territoriales posent la question de la
viabilité économique des territoires,
fondée en grande partie sur les
activités présentielles, pour les espaces
situés hors des pôles. Ces nouvelles
dynamiques en oeuvre ont également
des conséquences au niveau de la
gestion des infrastructures, notamment
scolaires.
Des déplacements pour
le travail plus longs et
plus fréquents
La déconnexion entre lieux de
résidence et d?emploi entraîne une
hausse des déplacements pour aller
travailler. La région se caractérise par
une forte progression de la mobilité
depuis 1999 : les Pays de la Loire
se situent au 4e rang des régions
dont le nombre d?actifs changeant
de commune pour aller travailler a
le plus augmenté (+ 30 %), derrière
la Corse, le Languedoc-Roussillon et
Midi-Pyrénées. La part de personnes
quittant leur commune pour se rendre
sur leur lieu de travail a ainsi progressé
de 7 points en Pays de la Loire, soit
la plus forte progression enregistrée
en France métropolitaine. Sur près de
1,5 million de personnes occupant un
emploi dans les Pays de la Loire, 61 %
changent de commune pour rejoindre
leur lieu de travail en 2008.
Actifs occupés Emplois
Espace des grandes aires urbaines :
Grands pôles urbains
Couronnes des grands pôles urbains
Communes multipolarisées des grandes aires
Espace des autres aires :
Moyennes aires
Petites aires
Autres communes
76,2
42,0
27,1
7,1
23,8
4,8
5,6
13,4
77,4
57,5
15,3
4,6
22,6
5,5
7,5
9,5
Total 100,0 100,0
Discordance spatiale de l?emploi et de l?habitat
Répartition de l?emploi et des actifs occupés selon le type d?espace en 2008
dans les Pays de la Loire (%)
Sources : Insee, Recensement de la population (RP) 2008 exploitations complémentaires lieu de résidence et lieu de travail.
Angers
Nantes
Le Mans
La Roche-
sur-Yon
Laval
Lecture : les communes en blanc ne font pas partie d'un EPCI. Pour les EPCI comprenant des communes de différentes
régions, les communes appartenant à la région Pays de la Loire sont uniquement prises en compte.
© IGN - Insee 2012
Des temps d'accès aux équipements plus longs à la frange des aires
Accessibilité potentielle à un panier de 29 équipements d'usage courant par EPCI en 2007
(durée de l'aller-retour en minutes en heures creuses)
Sources : Insee, Recensement de la population (RP) 2007 exploitation principale, Base permanente des équipements (BPE) ;
Inra UMR1041CESAER - Distancier Odomatrix 2008.
Moins de 9
De 9 à moins de 13
De 13 à moins de 17
De 17 à moins de 23
Durée (en minutes) :
MAYENNE
SARTHE
VENDÉE
LOIRE-ATLANTIQUE
MAINE-ET-LOIRE
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Une organisation du territoire marquée par
l?étalement urbain
INSEE PAYS DE LA LOIRE - LE DÉVELOPPEMENT DURABLE DANS LES PAYS DE LA LOIRE - JUIN 2012
Forte hausse de la mobilité pour aller travailler entre 1999 et 2008
Part des actifs changeant de commune pour travailler par région (%)
Si cette proportion est légèrement
inférieure à la moyenne des régions de
province (- 1 point), elle s?explique en
partie par la structure particulièrement
urbaine des Pays de la Loire, les habi-
tants des pôles ayant plus de chances
de trouver un travail dans leur commune.
Ainsi, les actifs qui résident dans les
pôles, quelle que soit leur taille, sont
moins contraints de se déplacer dans
une autre commune. En 2008, environ
un sur deux change de commune pour
travailler, tandis qu?ils sont plus de sept
sur dix dans les couronnes des pôles
ou dans les communes multipolarisées.
De ce fait, les déplacements entre le
lieu de résidence et le lieu de travail se
sont allongés, aussi bien en distance
qu?en durée. En 2007, en Pays de la
Loire, la moitié des actifs qui travaillent
hors de leur commune parcourt un
trajet supérieur à 13,5 kilomètres, soit
1,4 kilomètre de plus qu?en 1999. Les
Pays de la Loire figurent ainsi parmi les
régions où cette distance médiane est
la plus élevée avec la Corse, la Picardie,
Provence-Alpes-Côte d?Azur, la Bretagne
et le Limousin.
La voiture reste reine dans
la région malgré
le développement
des transports en commun
Cette forte mobilité dans le périurbain et
les zones plus rurales s?appuie sur l?usa-
ge de la voiture. En 2008, sur l?ensem-
ble de la région, 78 % des déplacements
quotidiens pour aller travailler sont
effectués via ce mode de transport.
Cette part est supérieure d?1 point à
la moyenne des régions de province,
le maximum étant de 81 % en Poitou-
Charentes. Le recours à la voiture
est particulièrement fréquent dans
les zones périurbaines, avec une uti-
lisation par 85 % des actifs dans les
couronnes des pôles par exemple.
En dehors des grands pôles urbains
où ils rencontrent 12 % d?adeptes,
les transports en commun sont peu
utilisés. Au total, 6 % des actifs les
utilisent, soit 1 point de moins qu?en
moyenne en province.
Ces résultats ne reflètent toutefois
que les déplacements liés au travail,
qui représentent un peu moins du
quart des déplacements locaux effec-
tués en semaine. Lorsque sont pris
en compte les autres motifs, tels que
les achats, les loisirs ou les études
par exemple, le recours aux trans-
ports collectifs est plus fréquent dans
la région qu?en province. En outre, la
part des transports en commun dans
les déplacements locaux effectués
en semaine est restée stable dans
la région entre 1994 et 2008, tandis
qu?elle diminuait de 0,8 point en
moyenne en province. Il faut égale-
ment préciser qu?après un recul de
la fréquentation par habitant des
transports collectifs au cours de la
décennie 1990, la décennie suivante
a été marquée par un retournement
de tendance, caractérisé par une
augmentation importante et généralisée
de l?usage des transports en commun de
la région, en particulier dans les agglo-
mérations. Ce renouveau s?explique par
quatre facteurs principaux. Un double
effet prix peut d?abord être avancé :
l?accroissement du prix des carburants
automobiles, particulièrement sensible
depuis 2003, a contribué à augmenter
le coût d?usage de la voiture, alors que
dans le même temps la tarification des
transports collectifs est devenue attrac-
tive en raison de la généralisation des
abonnements de longue durée. Les
politiques urbaines et d?aménagement
du territoire menées depuis quelques
décennies constituent un deuxième
élément d?explication : régionalisation
ferroviaire, développement du transport
urbain en site propre, généralisation de
la limitation du stationnement automo-
bile dans les agglomérations. L?augmen-
tation de la congestion des principales
villes-centres, qui impacte les temps de
trajet en voiture, a pu rendre les trans-
ports collectifs plus attractifs. Enfin,
l?émergence citoyenne des considéra-
tions environnementales a pu également
contribuer au regain de l?utilisation des
transports collectifs.
Les modes doux, marche à pied et bicy-
clette, sont quant à eux assez peu déve-
loppés en Pays de la Loire. Ils repré-
sentent 21 % des déplacements locaux
des habitants de la région, tous motifs
confondus. Cette part est en baisse de
5 points par rapport à 1994 et se situe
maintenant en deçà de celle enregistrée
au niveau national hors Île-de-France.
Les raisons de cette désaffection sont
relatives à la motorisation croissante
des habitants de la région, à l?allonge-
ment des distances de déplacement et
enfin à une habitude du « tout voiture »,
y compris pour des déplacements de
courte distance.
Ainsi, malgré le développement des
transports en commun, la voiture reste,
de loin, le principal mode de transport.
Cette prépondérance de la voiture est en
grande partie liée au taux d?équipement
des ménages en automobiles, particu-
lièrement élevé en Pays de la Loire. La
région se place au 2e rang des régions
françaises derrière Poitou-Charentes
en matière de taux d?équipement des
ménages en automobiles et au 1er rang
pour ce qui est de la multimotorisation.
Ainsi, quatre ménages sur dix disposent
d?au moins deux voitures dans la région
en 2008. Cette proportion est particu-
lièrement élevée dans les couronnes
Source : Insee, RP 1999 et 2008 exploitations principales.
0 10 20 30 40 50 60 70
Corse
Provence-Alpes-Côte d'Azur
Limousin
Languedoc-Roussillon
Champagne-Ardenne
Midi-Pyrénées
Auvergne
Bourgogne
Pays de la Loire
Bretagne
Poitou-Charentes
Aquitaine
Centre
Franche-Comté
Rhône-Alpes
Basse-Normandie
Alsace
Haute-Normandie
Picardie
Île-de-France
Lorraine
Nord-Pas-de-Calais
Part en 1999 Accroissement de la part entre 1999 et 2008
30
Une organisation du territoire marquée par
l?étalement urbain
INSEE PAYS DE LA LOIRE - LE DÉVELOPPEMENT DURABLE DANS LES PAYS DE LA LOIRE - JUIN 2012
des pôles, où elle atteint 53 % à 55 %.
Si le phénomène de périurbanisation
explique en partie ces résultats, ils
sont également liés au taux d?emploi
élevé dans la région, qui entraîne une
forte proportion de couples bi-actifs. Le
nombre élevé de familles dans le périur-
bain est un autre facteur explicatif :
dans ces zones, les habitants sont plus
fréquemment amenés à accompagner
ou aller chercher quelqu?un, ce qui est
souvent le cas des jeunes parents qui
conduisent leurs enfants à l?école ou à
des activités extra-scolaires. L?habitat
individuel est, par ailleurs, davantage
présent en périphérie des villes, ce qui
peut faciliter le stationnement d?un ou
plusieurs véhicules et rend plus délicate
l?organisation d?un service de transport
en commun par manque de densité.
Plus d?émissions de CO2
qu?ailleurs pour
les déplacements
L?augmentation des mouvements
de population pour aller au travail ou
pour d?autres motifs accroît les émis-
sions de polluants liés au trafic, qui
conduisent à des épisodes de pollution
récurrents dans toutes les agglomé-
rations. Elle entraîne également une
hausse des émissions de gaz à effet
de serre qui contribuent au réchauf-
fement climatique. Globalement, qu?il
s?agisse du transport de personnes ou
de marchandises, le secteur des trans-
ports en France est à l?origine d?un
quart des émissions de gaz à effet de
serre et, plus particulièrement, d?un
tiers des émissions de CO2 dégagé
lors de la combustion des carburants.
Dès lors, même s?ils ne représentent
qu?une fraction de l?ensemble des dépla-
cements, la maîtrise des déplacements
des personnes constitue un véritable
enjeu pour les Pays de la Loire, où les
habitants se déplacent plus souvent
que ceux des autres régions. Au cours
de l?année 2008, chaque personne
résidant en Pays de la Loire a ainsi
émis en moyenne 2,15 tonnes de CO2
pour effectuer ses déplacements, des
émissions supérieures de 9 % à celles
produites en moyenne par les habitants
des autres régions françaises (hors Île-
de-France).
Vers une poursuite
de l?étalement urbain ?
Ces phénomènes risquent de
s?amplifier dans les années à venir
si la périurbanisation continue de
progresser. Les aires d?influence des
villes montrent en effet l?existence
de couloirs de déplacements au sein
de la région, qui préfigurent de ce
que pourrait être la progression de
l?étalement urbain dans les années à
venir. Ainsi par exemple, autour de
la couronne nantaise, les communes
multipolarisées sont très présentes,
tant vers Redon au nord-ouest que vers
Cholet et Ancenis à l?est. Ces couloirs
de déplacements laissent pressentir
la future extension de l?aire urbaine de
Nantes qui, à terme, pourrait s?étendre
aux aires voisines (Saint-Nazaire,
Rennes). L?extension des aires urbaines
d?Angers et du Mans s?accompagne
également de la création de couloirs de
déplacements : elles sont aujourd?hui
reliées entre elles par l?aire urbaine de
Sablé-sur-Sarthe. De la même façon,
l?aire urbaine de Laval se rapproche de
celle de Rennes par Vitré et l?aire de
La Roche-sur-Yon frôle celle des Sables-
d?Olonne tout en se rapprochant de l?aire
urbaine nantaise par l?intermédiaire de
l?aire de Legé.
Si les tendances démographiques
récentes en termes de fécondité, de
mortalité et de migrations se poursui-
vaient, les Pays de la Loire compte-
raient près de 4,4 millions d?habitants
en 2040. La population régionale aug-
menterait de 26 % par rapport à 2007,
soit 910 000 habitants supplémentai-
res. Elle deviendrait alors la 4e région
de France en nombre d?habitants,
devançant le Nord-Pas-de-Calais. Cette
projection de population est toutefois
un exercice théorique qui prolonge
les tendances actuelles sans prendre
en compte de nombreux facteurs tels
que la soutenabilité et les futures poli-
tiques d?aménagement du territoire. La
forte croissance de la population pose
la question, à terme, de la disponibilité
du foncier, et d?une augmentation pro-
gressive du coût du logement, avec
les problématiques d?accès au crédit
associées. La hausse des prix des car-
burants pourrait également inciter les
ménages à s?installer moins loin des
pôles d?emploi et ainsi limiter le phéno-
mène d?étalement urbain.
Les politiques de
renouvellement urbain
Au travers de la périurbanisation et de
l?étalement urbain se pose la question
de la préservation de l?équilibre interne
au territoire régional. En effet, même
si les Pays de la Loire sont en partie
préservés grâce à un maillage plutôt
serré de pôles en territoires urbains et
ruraux, les enjeux sociaux, économiques
et environnementaux liés à l?étalement
urbain restent nombreux.
L?évolution des pratiques en matière
d?urbanisme est au coeur des enjeux
pour une économie des ressources
foncières. Les outils de planification
territoriale, et en premier lieu les docu-
ments d?aménagement et d?urbanisme,
constituent le principal levier pour frei-
ner la consommation d?espace, par
les orientations qu?ils comprennent en
matière d?organisation territoriale. Il
s?agit notamment des directives territo-
riales d?aménagement et de développe-
ment durable (DTADD) et des schémas
de cohérence territoriale (SCoT). La loi
n°2010-788 du 12 juillet 2010 portant
engagement national pour l?environne-
ment, dite Grenelle 2, a considérable-
ment renforcé leur rôle en matière de
lutte contre la consommation d?espace.
78 % des déplacements domicile-travail effectués en voiture
Répartition des trajets domicile-travail selon le lieu de résidence et le mode de transport en Pays de la
Loire en 2008 (%)
Source : Insee, Recensement de la population (RP) 2008 exploitation complémentaire.
Voiture,
camion,
fourgon-
nette
Transports
en
commun
Marche
Pas de
transport
Deux
roues
Total
Espace des grandes aires urbaines :
Grands pôles urbains (10 000 emplois ou plus)
Couronnes des grands pôles urbains
Communes multipolarisées des grandes aires
urbaines
Espace des autres aires :
Moyens pôles (5 000 à moins de 10 000 emplois)
Couronnes des moyens pôles
Petits pôles (de 1 500 à moins de 5 000 emplois)
Couronnes des petits pôles
Autres communes :
Autres communes multipolarisées
Communes isolées hors influence des pôles
71
85
82
79
85
78
86
81
75
12
3
2
2
1
1
1
1
1
7
3
5
7
3
8
5
5
9
3
5
7
5
8
7
7
9
11
6
3
4
7
2
6
2
4
4
100
100
100
100
100
100
100
100
100
Total 78 6 6 5 5 100
31
Une organisation du territoire marquée par
l?étalement urbain
INSEE PAYS DE LA LOIRE - LE DÉVELOPPEMENT DURABLE DANS LES PAYS DE LA LOIRE - JUIN 2012
Ainsi, les SCoT doivent déterminer
les conditions d?un développement
urbain maîtrisé, arrêter des objectifs
chiffrés de consommation économe
de l?espace et préciser les modalités
de protection des espaces nécessai-
res au maintien de la biodiversité. Les
SCoT constituent aussi un des outils
de mise en oeuvre de la loi n°2010-874
du 27 juillet 2010 de modernisation de
l?agriculture et de la pêche, qui affiche
un objectif de réduction de moitié du
rythme d?artificialisation des sols à l?ho-
rizon 2020.
L?habitat comme les activités sont
concernés par les nouvelles organi-
sations territoriales. Celles-ci s?arti-
culent autour de deux grands axes :
Pour en savoir plus
Rodrigues A., En Pays de la Loire, la ville déborde de plus en plus sur la campagne, Insee Pays de la Loire, Dossier, n°42, juin 2011.
Lerenard A., Estimation de population au 1er janvier 2011 : la région des Pays de la Loire, première région du littoral atlantique, Insee
Pays de la Loire, Informations statistiques, n°444, janvier 2012.
Gray P. et Hautbois L., Le zonage en aires urbaines 2010 : en Pays de la Loire, les villes tissent leur toile toujours plus loin, Insee Pays
de la Loire, Études, n°98, octobre 2011.
Robert B., Une dynamique d?artificialisation toujours soutenue dans les Pays de la Loire : + 28 400 ha en quatre ans, DRAAF-SRISE,
Agreste Pays de la Loire, juin 2011.
Hautbois L., Dans les Pays de la Loire, sept ouvriers sur dix travaillent hors de leur commune de résidence, Insee Pays de la Loire,
Informations statistiques, n°435, décembre 2011.
Seguin S., Les transports et déplacements des habitants des Pays de la Loire, Insee Pays de la Loire, Dossier, n°35, avril 2010.
Legendre D. et Seguin S., Chaque habitant des Pays de la Loire émet en moyenne 2,15 tonnes de CO
2
pour effectuer ses déplacements
de l?année, Insee Pays de la Loire, Informations statistiques, n°411, juin 2011.
Bonnefoy V. et Gicquaud N., 900 000 habitants de plus en 2040 dans les Pays de la Loire, Insee Pays de la Loire, Études, n°90, décembre
2010.
Profil environnemental des Pays de la Loire : http://profil-environnemental.pays-de-la-loire.developpement-durable.gouv.fr
Grands pôles urbains
(10 000 emplois ou plus)
Couronne des grands pôles urbains
Communes multipolarisées des
grandes aires urbaines
Moyens pôles (5 000 à moins de
10 000 emplois)
Couronne des moyens pôles
Petits pôles (de 1 500 à moins de
5 000 emplois)
Couronne des petits pôles
Autres communes multipolarisées
Communes isolées hors influence
des pôles
Nantes
Cholet
Saumur
Alençon
Mayenne
Laval Le Mans
La Ferté-
Bernard
Sablé-
sur-Sarthe
Saint-Nazaire
Challans
La Roche-
sur-Yon
Fontenay-
le-Comte
Les Sables-
d'Olonne
Les Herbiers
Angers Ancenis
Nantes
Cholet
Saumur
Alençon
Mayenne
Laval Le Mans
La Ferté-
Bernard
Sablé-
sur-Sarthe
Saint-Nazaire
Challans
La Roche-
sur-Yon
Fontenay-
le-Comte
Les Sables-
d'Olonne
Les Herbiers
Angers Ancenis
Aire urbaine
Niort Niort
La Rochelle La Rochelle
Redon Redon
Espace des grandes aires urbaines Espace des autres aires
Zonage en aires urbaines (ZAU) 2010 de la région Pays de la Loire
Pays de la Loire : un maillage territorial serré d?une part, le renouvellement urbain,
à travers la valorisation des poten-
tiels sous-exploités des enveloppes
urbaines constituées principalement
par du pavillonnaire et, d?autre part,
les formes urbaines, en jouant notam-
ment sur l?organisation, la diversité des
habitats (individuels, collectifs et semi-
collectifs) ou encore la hauteur des
bâtiments, pour un bâti moins consom-
mateur d?espace.
La lutte contre la consommation
d?espace ne peut toutefois réussir
que si l?espace urbain est rendu plus
accessible (dépollution, démolition
ou reconstruction de friches et coût
financier des logements abordable) et
plus attractif, en termes de cadre et
de qualité de vie, que les secteurs plus
éloignés, voire l?espace rural. Dans ce
contexte, le ministère en charge du
développement durable a initié en 2008
le plan « Ville durable », afin de favoriser
l?émergence et la diffusion des bonnes
pratiques en matière d?aménagement
durable. Dans ce cadre, la démarche
Écocités (à l?échelle de la ville) et
l?appel à projets Écoquartiers (à
l?échelle plus locale) ont été lancés à
l?échelle nationale. En Pays de la Loire,
la métropole Nantes Saint-Nazaire a
été l?une des 13 démarches Écocités
retenues en 2009 et trois opérations
exemplaires ont été distinguées au titre
des Écoquartiers (sur 27 opérations
primées).?