Prospective territoriale - Le cahier des charges : conseils pour sa rédaction
Auteur moral
Pays-de-la-Loire. Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement
Auteur secondaire
Résumé
<div style="text-align: justify;">Une enquête sur la demande en prospective, réalisée de mars à mai 2009 auprès des 1800 collectivités de la région, a souligné la difficulté à passer une commande publique de prospective territoriale. Cette étape passe nécessairement par la rédaction d'un cahier des charges. La fiche n°15 liste, pour chacune des étapes-clés du cahier des charges, les questions à se poser lors de la rédaction de la commande de prospective. Ces questions concernent :<br />Le contexte (ou comment s'organiser en interne, le temps de la démarche et à son issue?)<br />Les intentions de départ (ou, compte tenu du contexte, les objectifs du porteur de projet)<br />Le calendrier (les étapes et leurs besoins respectifs)<br />La méthode, les outils, les productions attendus<br />Le positionnement du prestataire (par rapport à la collectivité)<br />Les critères d'analyse des offres (dits critères d'attribution).<br /><br />Huit autres fiches de la DREAL présentent la méthode prospective. Elles sont publiées dans la même collection « Outils et repères ».</div>
Editeur
DREAL Pays de la Loire
Descripteur Urbamet
prospective
;technique d'organisation
;stratégie
;diagnostic
Descripteur écoplanete
Thème
Méthodes - Techniques
;Économie - Société
;Aménagement du territoire
Texte intégral
Août 2012
n° 15
Prospective territorialeProspective territorialeProspective territorialeProspective territoriale
Le cahier des charges :
conse ils pour sa rédaction
Comment passer une commande Comment passer une commande Comment passer une commande Comment passer une commande
de prospective territoriale ?de prospective territoriale ?de prospective territoriale ?de prospective territoriale ?
Le cahier des charges comprend plusieurs parties. Sa rédaction est une étape importante pour l'équipe
qui conduit la démarche de prospective car elle est l'occasion de décrire le contexte, de s'accorder sur
les intentions de départ et le calendrier, d'anticiper les conditions d'organisation. Il faut cependant se
garder de cadrer excessivement les méthodes de réalisation, afin de laisser aux candidats la latitude
d'adapter leur offre et faire valoir leurs spécificités.
1. LE CONTEXTE (ou comment s'organiser en interne, le temps de la
démarche et à son issue ?) :
A ceux qui n'ont pu assister à la genèse de la commande, comment expliquer cette volonté d'initier un
travail de prospective ? De quelles hésitations, de quels choix, de quelles opportunités ou difficultés est-
elle née ?
La volonté politique est-elle forte ? Quelles sont les caractéristiques de la prise de décision politique
(degré de confiance, niveau de gouvernance, pratiques de travail collectif, de débats publics, de
délégations communautaires) ?
Y-a-t-il une pratique antérieure de la prospective ? Prévoit-on d'inscrire durablement la démarche dans
le temps ? Effectue-t-on (ou envisage-t-on) d'effectuer de la prospective en continu1 ?
2. LES INTENTIONS DE DEPART (ou, compte tenu du contexte, les
objectifs du porteur de projet) :
Il convient d'employer les mots qui expriment le plus clairement possible ses intentions de départ (ou
objectifs) et d'éviter les non-dits.
S'oriente-t-on plutôt vers un exercice ou une étude de prospective2 ? En l'occurrence, veut-on plutôt
mettre l'accent sur les processus de travail collectifs ou sur l'apport de connaissances nouvelles ?
Quel est l'objet, sur quel périmètre ?
Qui lance la démarche ? Dans quel but ? Avec qui ? D'autres collectivités ? Les services de l'État ? Les
entreprises ? Des organismes professionnels ? La population ? Veut-on occasionner des rencontres
entre pouvoir politique et société civile, que le territoire parle d'une seule voix ? Cette question de
l'ouverture à d'autres institutions/personnes est déterminante et mérite d'être tranchée à ce stade.
Quelle échelle de temps ? Miser sur le long terme (15 à 20 ans) permet de penser à la génération
future, d'inclure une part de rêve3, de dénouer les situations de tension et de favoriser le dialogue.
Veut-on développer des thèmes particuliers ? mettre l'accent sur un enjeu du territoire ?
3. LE CALENDRIER (les étapes et leurs besoins respectifs) :
Selon la prestation confiée, on prévoit généralement une démarche assez courte, d'une dizaine de mois
le plus souvent.
Cette durée peut être réduite, si le porteur de projet a préparé le terrain, collecté les informations utiles
au diagnostic prospectif, mobilisé son équipe en amont, bâti un calendrier de rendez-vous.
A l'inverse, le porteur de projet peut souhaiter se faire accompagner durant quelques mois
complémentaires, à la suite de la démarche prospective, pour mettre en place les conditions permettant
de pérenniser la dynamique créée ou décliner une stratégie interne.
1 Lorsqu'une collectivité internalise la fonction prospective en la confiant à un élu ou une personne des services.
2 Une distinction est parfois opérée entre les deux. Les études seraient plutôt spécialisées dans un domaine et l'oeuvre
d'experts. Les exercices, au contraire, mettraient l'accent sur les processus collectifs de travail.
3 « Penser après-demain n'a rien à voir avec penser demain matin. », Jacques de Courson
Le cahier des charges Dreal des Pays de la Loire 2/4
Le cahier des charges fixe, sans toutefois les détailler sur le plan méthodologique, des étapes de
réalisation, sous réserve que, pour chacune, figurent les besoins précis du porteur de projet. A titre
d'exemples, les étapes peuvent être les suivantes : une rétrospective, un diagnostic partagé
(comprenant un temps de stabilisation des connaissances), une recherche collective des futurs
possibles, le choix d'un avenir, sa déclinaison sur l'organisation interne, sa portée stratégique à plus
court terme, la mise en place d'une veille, etc.
Dans tous les cas, le calendrier doit à la fois s'adapter au calendrier institutionnel et laisser le
temps aux participants de se connaître, de construire une dynamique de groupe puis de produire un
travail collectif.
4. LA METHODE ATTENDUE :
Il n'est pas nécessaire au porteur de projet, qui a identifié clairement ses objectifs, de développer
beaucoup cette partie. En effet, le candidat est invité à remettre une offre qui développe la méthode qu'il
souhaite mettre en oeuvre, pour répondre aux objectifs.
Au stade du cahier des charges et pour ne pas enfermer le candidat, il convient plutôt d'exprimer les
caractéristiques de la méthode attendue : sera-t-elle plutôt stratégique ? plutôt participative ? Les
deux ? Doit-elle apporter des connaissances nouvelles ? Proposer une rétrospective ? Suggérer des
évolutions des pratiques de travail ? Dans ce dernier cas, cherche-t-on à mettre en place des échanges
entre acteurs institutionnels ou des débats participatifs très larges ? Souhaite-t-on former l'équipe en
interne ? Si oui, il convient de demander aux candidats de proposer, dans leur offre, la mise en place
d'un dispositif de formation interne (ou, pour le moins, d'une démarche de sensibilisation de l'équipe).
Si le porteur de projet a des attentes particulières en terme de
méthode, il peut néanmoins à ce stade en exiger et orienter plus
précisément la méthode.
En revanche, il est important de miser sur l'évaluation (ex-ante,
chemin faisant ou ex-post) des processus autant que des résultats
de la démarche.
5. LES OUTILS ATTENDUS :
Il est possible que la collectivité soit particulièrement attachée à un outil (la construction de scénarios,
par exemple). Le cahier des charges peut alors imposer leur réalisation. Pour le reste, il est conseillé de
faire confiance au prestataire qui aura la charge de trouver l'outil le mieux adapté à une situation et aux
objectifs à atteindre.
Les outils et les méthodes les plus simples sont souvent les mieux adaptés à la prospective territoriale.
6. LES PRODUCTIONS ATTENDUES :
Prévoit-on des apports d'experts extérieurs à l'organisation ?
Si un dispositif de formation est prévu, le prestataire produira des fiches didactiques.
Des supports de communication spécifiques peuvent être exigés : film, synthèse, sites Internet, enquête
en ligne, etc.
Parce que les représentations schématiques de l'avenir se cartographient, le porteur de projet peut
exiger du prestataire qu'il illustre le travail d'exploration des futurs. Si le territoire est vaste ou n'est pas
homogène et afin de le traiter de manière différenciée, la nécessité de le découper sera spécifiée.
Le cahier des charges Dreal des Pays de la Loire 3/4
LE VOCABULAIRE DE LA
PROSPECTIVE (Ce qui se conçoit
bien s'énonce clairement.)
Il existe des termes techniques,
spécifiques à la prospective mais
les ignorer, au stade du cahier des
charges, ne doit pas rendre le
commanditaire humble à l'égard
de la discipline.
7. LE POSITIONNEMENT DU PRESTATAIRE (par rapport à la
collectivité) :
La cahier des charges précise l'organisation interne du commanditaire. Il détermine les temps de
validation auprès du comité de pilotage, dont il précise la composition.
Afin d'adapter la méthode en fonction de l'évolution des processus, il prévoit également des moments
d'échanges (des préparations d'ateliers, des brainstorming à l'issue de chaque réunion).
Cas particulier de plusieurs prestataires :
L'atteinte des objectifs nécessite parfois trois types de prestations : techniques, de
communication/animation/concertation et de prospective.
Afin de limiter les prestations extérieures, la collectivité possède sans-doute des ressources en interne
pour réaliser en régie une partie de ces prestations. On peut également attendre des consultants en
prospective que, d'une part, ils disposent de connaissances sur les mutations en cours et d'autre part
soient des méthodologues, en mesure de mettre en place des processus de travail collectif.
S'il est néanmoins prévu de faire appel à plusieurs prestataires, le cahier des charges précisera la
répartition des rôles et les mesures de coordination du travail, que le porteur de projet mettra en place
(notamment une tutelle ou un pouvoir de coordination du travail par le prospectiviste sur le bureau
technique).
8. LES CRITERES D'ANALYSE DES OFFRES (dits critères d'attribution) :
Outre le prix, les critères discriminants pour comparer les offres reprennent les objectifs du porteur de
projet. Ils sont ainsi l'occasion de mettre à nouveau l'accent sur les choix de la maitrise d'ouvrage. Il
peut s'agir, à titre d'exemple, de (1) la qualité du dispositif d'animation, (2) des moyens mis en oeuvre
pour favoriser le processus de formation-action collective4, (3) de la solidité de la méthode, (4) de son
adéquation aux différents objectifs de la maîtrise d'ouvrage, (5) de la composition de l'équipe, (6) des
processus de travail collectif envisagés, (7) de l'engagement à prendre en compte les représentations
locales des territoires, (8) de la cohérence des travaux avec un souhait de réorganisation interne des
services, (9) du dispositif d'évaluation, etc.
Si les critères choisis sont nombreux, il est conseillé de les pondérer afin que certains, notamment celui
de prix, conservent une place importante.
4 formation-action : apprendre en faisant
Tél : 02.40.99.58.28
Fax : 02.40.99.58.27
Photo de couverture : homme prenant des notes ©
Arnaud Bouissou/METL-MEDDE
Service de la connaissance
des territoires et de
l'évaluation
Dreal des Pays de la Loire/SCTE/Division Observation Études et Statistiques/Gwénaëlle Le Bourhis
prospectiveterritoriale.scte.dreal-pays-de-la-loire@developpement-durable.gouv.fr