Activités maritimes & Biodiversité marine : rapport de synthèse des réflexions conduites dans le cadre du Groupe synergie « Economie maritime et biodiversité marine »
[s.n]
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Résumé
"Ce document constitue une étape inédite dans la démarche collective engagée par la communauté maritime française. Pour la première fois, l'ensemble des filières du maritime ont contribué à une synthèse commune qui met en lumière, avec lucidité et ambition, la responsabilité partagée des acteurs de la mer dans la préservation des écosystèmes marins dont dépendent leurs activités."
Editeur
Cluster maritime français
Descripteur Urbamet
Descripteur écoplanete
industrie minérale
;technologie de la construction
Thème
Maritime
;Juridique
;Tourisme - Loisirs
;Emploi - Formation - Education
Texte intégral
Activités maritimes &
Biodiversité marine
Rapport de synthèse des réflexions conduites
dans le cadre du Groupe synergie « Economie
maritime et biodiversité marine »
Novembre 2025
2
Rédaction collective sous la direction des co-animateurs du Groupe synergie « Economie maritime et biodiversité maritime »
du Cluster Maritime Français.
Citation : Cluster Maritime Français - Groupe synergie « Economie maritime et biodiversité marine » (2025) ? 64 pages.
3
Édito
Ce document constitue une étape inédite
dans la démarche collect ive engagée par la
communauté marit ime française. Pour la
première fois , l ?ensemble des f i l ières du
marit ime ont contr ibué à une synthèse
commune qui met en lumière, avec luc idité et
ambit ion, la responsabi l i té partagée des
acteurs de la mer dans la préservat ion des
écosystèmes mar ins dont dépendent leurs
act iv ités.
Fruit d?un travai l col légial, cette synthèse
i l lustre la matur ité d?un secteur qui agit
souvent par in it iative propre, bien avant la
contrainte réglementaire, pour éviter,
réduire et compenser ses impacts sur l e
vivant mar in. E l le met en évidence un constat
essent iel : s i les activ ités terrestres exercent
une pression b ien p lus forte sur les océans,
les métiers de la mer, eux, en sont
directement dépendants et p leinement
conscients de cette interdépendance.
El le révèle également que cette prise de
conscience const itue un véritable levier
d? innovat ion et de création d?opportunités
nouvelles. Les démarches engagées pour
mieux comprendre, mesurer et l imiter les
interactions avec le mil ieu marin deviennent
autant de champs d?expérimentat ion, de
compétit ivi té et de croissance durable pour
les entreprises du secteur.
Cette démarche collective traduit la volonté
du marit ime d?être acteur du changement,
moteur d? innovation et force de propos it ion
pour une économie bleue durable. E l le
s?appuie sur des expériences concrètes, des
solutions éprouvées et des col laborat ions
exemplaires entre scientif iques, entrepr ises,
insti tut ions et usagers de la mer.
Document v ivant et évolut if , i l a pour
vocat ion d? informer, de partager, mai s aussi
d?aff icher les posit ions et les engagements
des acteurs du marit ime. I l témoigne d?un
esprit de responsabi l i té et d?une vis ion
commune : fa ire de l ?océan, coeur de notre
métier, un espace d?équil ibre entre
développement et préservat ion, entre
performance et respect du vivant.
L?équipe d?animation du Groupe synergie
« Activités maritimes et biodiversité marine » du
Cluster maritime français
4
SOMMAIRE
PREAMBULE 5
UNE COMPREHENSION COMMUNE ? UNE SEMANTIQUE PARTAGEE 6
LES CIBLES D?ETAT DE SANTE DES ECOSYSTEMES 9
LES GRANDS USAGES MARITIMES EN FRANCE METROPOLITAINE 11
UN OCEAN D?OPPORTUNITES 13
LES GRANDS TYPES DE PRESSIONS GENEREES PAR LES ACTIVITES MARITIMES 17
LES INFRASTRUCTURES MARITIMES LITTORALES 19
INFRASTRUCTURES MARITIMES LINEAIRES ET EMR 25
LES TRANSPORTS ET SERVICES MARITIMES 30
L?EXPLOITATION DES RESSOURCES MINERALES 34
L?INDUSTRIE DE LA CONSTRUCTION NAVALE 37
LES CULTURES MARINES 39
LES PECHES MARITIMES 44
NAUTISME, PLAISANCE ET YACHTING PROFESSIONNEL 49
LES ACTIVITES DE DEFENSE 54
LES ACTIVITES DE RECHERCHE 56
LA FORMATION DES ACTEURS DU MARITIME 58
CONCLUSION 60
5
PREAMBULE
Les biologistes et océanographes1 tout autant que
les économistes2 s?accordent sur le principe d?un
nécessaire et urgent changement de paradigme sur
notre manière de vivre dans et avec notre
écosystème. Les pressions qu?exerce l?humanité sur
les écosystèmes marins (pollution, changement
climatique, dégradation des habitats, espèces
invasives, surexploitation) obèrent les perspectives
d?utilisation des services rendus par l?océan.
Face à ce constat, les institutions internationales,
communautaires et nationales tendent à renforcer
le cadre normatif des usages en mer. Les objectifs
fixés par la Convention des Nations Unies sur le droit
de la mer, les conventions de l?Organisation
Maritime Internationale, les règlementations des
Organisations régionales de pêche et la Convention
des Nations unies sur la diversité biologique, et au
niveau communautaire et national par l?ensemble
du corpus législatif, règlementaire, financier et
contractuel, fixent à tous les acteurs du maritime des
objectifs ambitieux de recherche d?équilibre durable
entre usages de la mer et conservation des
patrimoines et des ressources.
Parallèlement, les évolutions démographiques, et
sociétales, et les objectifs de souveraineté
alimentaire, énergétique, industrielle et logistique
conduisent à amplifier les activités maritimes.
Acteurs du maritime, l?océan est notre coeur de
métier. Conscients de notre responsabilité tout
autant que de notre dépendance aux écosystèmes
naturels marins et aux ressources marines nous
souhaitons progresser collectivement dans
l?exploitation durable et raisonnable des ressources
marines.
Toutes les filières du maritime ont déjà fourni des
efforts importants, développé des solutions
innovantes, se sont largement adaptées et des
progrès significatifs ont été réalisés au cours des
dernières décennies en matière de réduction des
pressions sur le milieu marin.
Il est pourtant essentiel de poursuivre ces efforts
pour atteindre un équilibre entre des activités
impérativement performantes et concurrentielles à
l?international, et une nécessaire adaptation à la
1 https://www.ipbes.net/
sensibilité et fragilité des écosystèmes dont nous
dépendons.
L?objectif de nos travaux est de poser un cadre
commun (notions, sémantique, cadre normatif, ?),
d?appréhender plus facilement les différents enjeux,
de partager des expériences réussies ou non, de
valoriser les résultats déjà obtenus, d?identifier les
difficultés rencontrées, les solutions innovantes et
d?éventuelles opportunités afin de nous entraider
collectivement, acteurs du maritime, à agir plus
efficacement sur la réduction de l?empreinte
écologique de nos activités, répondre plus
efficacement aux cadres internationaux et améliorer
ainsi notre compétitivité nationale et internationale.
Bien que les activités « non maritimes » aient un
impact majeur sur les océans, cette note reste
centrée sur les filières maritimes et n?aborde donc
pas les pressions terrigènes sur l?espace marin.
Au sein du Groupe synergie, nous souhaitons
illustrer le fait qu?une part importante des actions
d?évitement et de réduction d?impact est issue des
réflexions propres aux acteurs soucieux d?opérer en
mer avec responsabilité et respect de l?océan. Ainsi,
les opérateurs maritimes ont, de longue date
parfois, pris l?initiative de mettre en place des
mesures de gestion durable des ressources. Si ces
mesures s?avèrent aujourd?hui insuffisantes face à
l?intensification des usages, elles ont toutefois
largement contribué à faire positivement améliorer
les pratiques. Nos travaux visent à valoriser ces
initiatives et à les amplifier par un travail collégial,
ouvert et constructif.
2 https://www.ccomptes.fr/sites/default/files/2025-09/20250916-
synthese-Transition-ecologique.pdf
Cette note est réalisée dans le cadre des travaux
du Groupe synergie Economie maritime et
Biodiversité marine du Cluster maritime français
et présente une première synthèse des échanges
engagés jusqu?à présent au sein de ce groupe.
Notre ambition n?est pas d?être exhaustifs mais de
permettre, en quelques pages, de progresser
collectivement pour utiliser et exploiter
durablement notre océan.
https://www.ipbes.net/
https://www.ccomptes.fr/sites/default/files/2025-09/20250916-synthese-Transition-ecologique.pdf
https://www.ccomptes.fr/sites/default/files/2025-09/20250916-synthese-Transition-ecologique.pdf
6
UNE COMPREHENSION COMMUNE ? UNE SEMANTIQUE PARTAGEE
Etape indispensable à la réussite d?une démarche
collective et d?une production collégiale, le partage
d?une sémantique claire, précise et validée permet
de ne laisser aucune ambiguïté. Il était donc
primordial de commencer ce chantier par quelques
définitions.
Définition des principales notions qui seront utilisées dans
nos travaux.
La séquence Eviter ? Réduire ? Compenser 3: Intégrée
au Code de l?environnement et mise en oeuvre dans
le cadre des procédures administratives
d?autorisation d?usages, la séquence « éviter,
réduire, compenser » (ERC) est le pilier de la
politique de maitrise et d?atténuation de l?impact
des activités humaines sur l?environnement. Elle a
pour objectif d?éviter les atteintes à
l?environnement, de réduire celles qui n?ont pu être
évitées et, si besoin et possible, de compenser les
effets notables qui n?ont pu être ni évités, ni
suffisamment réduits. A noter qu?en l?état actuel des
connaissances, la compensation s?applique peu au
secteur maritime, notamment parce que,
contrairement à ce qui est maitrisé sur le domaine
terrestre, la possibilité de mettre en oeuvre des
actions de restauration active des habitats marins
reste très limitée. Les travaux en cours sur les
transplantations végétales (Phanérogames marines,
palétuviers, laminaires), ou animales (gorgones,
coraux) présentent des niveaux d?échecs encore
élevés, et dans certains cas mal maitrisés et donc
peu efficace voire risqués pour l?environnement. Par
ailleurs, les opérations consistant à implanter des
récifs artificiels sur les substrats meubles (sachant
que cela ne présente aucun intérêt sur les substrats
durs) ne peuvent être considérés comme des
mesures compensatoires, ces structures n?apportant
pas de plus-value écologique4.
Cette séquence dépasse la seule
prise en compte de la biodiversité,
pour englober l?ensemble des
thématiques de l?environnement
(air, bruit, eau, sol, santé des
populations...).
3 https://www.notre-
environnement.gouv.fr/themes/evaluation/article/eviter-reduire-
compenser-erc-en-quoi-consiste-cette-demarche
4 Ceci ne préjuge pas de l?intérêt halieutique, social, touristique ou en
matière de protection, de ces aménagements.
7
Usages : toutes pratiques mises en oeuvre par des
individus isolés, des organisations professionnelles
ou privées
Pression 5: Mécanisme, physico-chimique ou
biologique, dérivé d?une activité anthropique ou
d?un phénomène naturel et pouvant engendrer un
effet négatif sur au moins un compartiment de
l?écosystème. Elle se matérialise éventuellement par
le changement d?état réversible ou irréversible, dans
l?espace ou dans le temps, des caractéristiques
physiques, chimiques et/ou biologiques de ce milieu.
Une activité peut engendrer une ou plusieurs
pressions et plusieurs activités peuvent induire une
même pression.
Risque d?interaction : Ce risque repose sur une
évaluation de la probabilité d'exposition d'un
compartiment biologique à la pression générée par
une activité, sans tenir compte de l?effet que cette
dernière pourrait exercer.
Interaction : présence concomitante d?un usage et
d?un habitat naturel ou d?une population d?espèce
générant un effet (pouvant être positif, neutre ou
négatif) unilatéral (pression d?un usage sur un
compartiment de l?écosystème) ou parfois
réciproque (prédation des oiseaux marins sur les
prises des lignes trainées et captures accidentelles
d?oiseaux marins par ces lignes).
Sensibilité : Caractéristique intrinsèque d?un habitat
ou d'une population d'espèce, définie par la
combinaison de sa capacité à tolérer une pression
externe (résistance) et du temps nécessaire à sa
récupération suite à une dégradation (résilience),
sous réserve que la pression exercée ait cessé.
Vulnérabilité / Risque d?impact : Le risque d'impact
correspond à la combinaison de la probabilité
d'exposition (Risque d?interaction) d'un habitat ou
d?une population d?espèces à une pression et ses
impacts potentiels, et de sa sensibilité face à cette
pression. Le terme vulnérabilité est un synonyme.
5 https://www.patrinat.fr/sites/patrinat/files/part_docs/Caret_Presentation_PressRef_V1b.pdf
Haute Modérée à haute Modérée Faible Non déterminée Non applicable
Très haute Haut Haut Haut Modéré ND NA
Haute Haut Haut Haut Modéré ND NA
Modérée Haut Modéré Modéré Faible ND NA
Faible Modéré Faible Faible Faible ND NA
Très faible Modéré Faible Faible Faible ND NA
Variable Variable Variable Variable Variable ND NA
Non évaluée Nev Nev Nev Nev ND/Nev NA
Sensibilité
Amplitude de pression
(NA = non applicable ; ND = non déterminé, Nev = non évalué)
https://www.patrinat.fr/sites/patrinat/files/part_docs/Caret_Presentation_PressRef_V1b.pdf
8
Le niveau de risque d?impact résulte du croisement
entre les niveaux de sensibilité des habitats (définis
par l?UAR Patrinat) avec les niveaux d?amplitude des
pressions potentielles engendrées par une activité.
Impact : Un impact représente les conséquences
d'une pression sur un habitat ou une population
donnée au regard de leur sensibilité. Pour un
habitat, un impact s'exprime sous forme d'une
modification de ses caractéristiques biotiques
(vivantes) et/ou abiotiques (non vivantes). Au niveau
des organismes, un impact s?exprime sous la forme
d?une modification de la biologie et/ou du
comportement des individus qui peut avoir un effet
sur la dynamique de la population. Un impact peut-
être positif ou négatif, temporaire ou permanent,
faible à fort.
Etat de conservation/Etat écologique : L?état de
conservation d?une espèce est défini par son aire de
répartition, l?effectif de ses populations, la surface
des habitats occupés par l?espèce, ses perspectives
futures de maintien ;
L?état de conservation d?un habitat est quant à lui
défini par son aire de répartition, sa surface, ses
caractéristiques (structure et fonction), ses
perspectives futures de maintien.
L?état de conservation d?une espèce ou d?un habitat
est jugé graduellement, allant des stades « inconnu
», « mauvais/menacé », « inadéquat/en danger », à
« favorable ».
Exemples d?utilisation de cette sémantique sur des cas spécifiques
Exemple 1 : Pêche à la palangre aux grands
pélagiques dans les Terres australes et antarctiques
françaises (TAAF) : Le compartiment biologique cible
est la population d?Albatros. Sa sensibilité est
considérée comme élevée à la pression exercée par
l?usage de la palangre de jour, car sa résistance est
quasiment nulle (prises létales quasi-systématique)
et sa résilience faible (dynamique de population très
faible, faible reproduction, fort impact de disparition
de couples reproducteurs). Avant déploiement de
mesures de gestion, le risque d?interaction était très
élevé, et le risque d?impact était fort. Il s?est d?ailleurs
révélé très impactant jusqu?à engendrer une alerte
sur le risque d?extinction de la population. Des
concertations avec les professionnels ont permis la
mise en place de mesures efficaces faisant baisser la
pression en réduisant significativement le risque
d?interaction (en transférant l?usage du jour, période
de nourrissage des albatros, à la nuit). Eviter
l?interaction permet alors de supprimer le risque
d?impact direct de cet usage sur cette espèce.
Exemple 2 : Plaisance sur herbier de phanérogame :
il peut y avoir concomitance de l?usage plaisance et
d?herbier sans qu?il n?y ait d?interaction si le
plaisancier ne fait que passer au-dessus de l?herbier.
Le risque d?interaction est dans ce cas nul. S?il
s?arrête et mouille, ce risque devient avéré. Si le site
est équipé de mouillages écologiques avec
interdiction de mouiller sur zone (délimitation de la
zone sur carte marine), le risque d?interaction sera
quasiment nul. En revanche, si le site n?est pas
équipé de mouillages écologiques et n?est concerné
par aucune règlementation relative au mouillage, le
risque d?interaction est élevé et le risque d?impact
fort. L?impact sera alors fonction de l?intensité des
pressions (Arrachement, tassement, abrasion, ?)
induites par le mouillage (conditionné à la sensibilité
du plaisancier, à son modèle d?ancre, aux condition
météorologique et marégraphiques, ?) et la
sensibilité de l?habitat à ces pressions. Dans la
majorité des cas, les habitats sont faiblement
sensibles (fonds meubles sans biocénose sensible).
9
LES CIBLES D?ETAT DE SANTE DES ECOSYSTEMES DANS LES PRINCIPALES POLITIQUES
L?essentiel des objectifs d?état de santé des
écosystèmes marins est hérité des grandes
conventions internationales portées par les Nations
Unies et l?Organisation Maritime Internationale, et
des politiques structurelles européennes.
Au niveau international, les Nations unies ont
structuré plusieurs corpus législatifs relatifs aux
principales filières d?action de cette institution pour
la paix mondiale: l?organisation de l?espace, la
gestion des risques liés aux transports, la sécurité
alimentaire, la protection de la biosphère et la
protection de la santé humaine. Ces filières ont
généré des conventions spécifiques répondant à ces
cinq grands objectifs. La plus structurante reste la
Convention des Nations unis sur le droit de la mer
(UNCLOS) dont une convention fille (BBNJ) est en
cours de promulgation sur la protection de la haute
mer au-delà des eaux sous juridiction.
Le schéma ci-dessous présente la structuration du
cadre environnemental conventionnel des Nations
Unies. Les conventions citées fixent les principales
règles et recommandations de bon usage de l?Océan.
10
L?Union européenne, reconnaissant la
nécessité de conserver les
écosystèmes communautaires pour
protéger les services d?approvisionnement
(souveraineté alimentaire, pharmaceutique,
industrielle), de régulation (oxygène, carbone, eau,
risques, maladies, ? ), de support (zones
fonctionnelles halieutiques, cycle de l?eau,
conservation biologique) et de culture
(épanouissement scientifique et sociétal), mais
également pour répondre à nos engagements
internationaux faisant échos aux mêmes motivations,
a engagé d?importantes politiques fixant des objectifs
de conservation et restauration des écosystèmes.
S?il existe plusieurs cadres législatifs et
règlementaires par thématiques, quelques cadres
ciblent d?un point de vue général le bon état des
écosystèmes marins. Il s?agit en particulier de :
La Directive cadre Stratégie pour le milieu marin
(DCSMM) qui conduit les États membres de
l'Union européenne à prendre les mesures
nécessaires pour atteindre ou maintenir un bon
état écologique du milieu marin ; Cette directive a
vocation à intégrer de manière cohérente, toutes
les législations et réglementations touchant au
domaine marin, eau, biodiversité, usages, ?
La Directive sur la Planification de l?espace
maritime ; Dans un souci de cohérence et de
simplification, la France a fait le choix de grouper
les documents d?application de ces deux
directives en un seul plan par façade maritime: le
Documents stratégiques de façade (DSF) ou de
Bassin dans les départements ultra-marins (DSB) ;
La Directive Cadre sur l?eau (DCE) qui vise le bon
état des masses d?eau, dont les eaux côtières ;
La Directive Habitat-Faune-Flore (DHFF) et la
Directive Oiseaux (DO) constitutives du réseau
Natura2000 visent quant à elles un état de
conservation favorable des habitats et espèces
d?intérêt communautaire;
Ces directives ont été principalement codifiées dans
le code de l?environnement, mais également pour
parties dans le code rural, le code de la propriété des
personnes publiques et le code des ports maritimes,
? et bien sûr dans le code pénal.
Un nouveau règlement européen sur la
restauration de la nature a été adopté en 2024 par
l?Union européenne et fait l?objet de la
préparation d?un plan de mise en oeuvre au niveau
national. Ce plan sera effectif à partir de juillet
2026 et visera à restaurer l?ensemble des habitats
naturels terrestres et marins. La mise en oeuvre de
ce plan sera très structurante pour les usages en
mer, impliquant notamment une mise en oeuvre
rigoureuse de la séquence ERC.
Plusieurs stratégies nationales orientent les travaux en matière de gestion de l?espace marin et
littoral, notamment la Stratégie nationale Mer et Littoral, la Stratégie Nationale Biodiversité
intégrant les objectifs de la Stratégie Nationale Aires Protégées ;
Les interactions entre l?économie maritime et la biodiversité se gèrent selon trois modes d?action codifiées au
code de l?environnement et reprises dans les codes thématiques concernés :
La protection des espaces d?intérêt écologique particulier, via les aires marines protégées6 et autres régulations
spatialisées : Il existe 11 statuts différents d?AMP, chacun correspondant à un usage et un contexte spécifique.
Ces statuts peuvent être complémentaires et superposés, par exemple, un Parc national peut intégrer une
Réserve nationale, plusieurs sites Natura2000 et un site du Conservatoire du littoral.
La protection des espèces7 : de nombreuses espèces marines bénéficient d?un statut de protection nationale.
Toute atteinte prévisible doit faire l?objet d?une demande de dérogation auprès du Ministère de l?écologie.
Enfin et surtout, la gestion du risque, correspondant à la réalisation d?évaluations environnementales
permettant de limiter l?impact des plans, programmes et projets sur l?environnement par la mise en place de
la séquence ERC, et un régime d?autorisation/déclaration permettant à l?administration de n?autoriser que les
activités n?engendrant pas une mise en danger significative du patrimoine biologique.
6 https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000043978174
7 https://www.legifrance.gouv.fr/codes/id/LEGISCTA000006176521/2000-09-21
https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000043978174
https://www.legifrance.gouv.fr/codes/id/LEGISCTA000006176521/2000-09-21
11
LES GRANDS USAGES MARITIMES EN FRANCE METROPOLITAINE
Forte de plus de 11 millions de km² de zone économique exclusive, la France dispose du second espace maritime
mondial. En 2023, le CMF estimait à plus de 119 G¤ le chiffre d?affaire français de l?économie maritime et à près
de 500 000 l?emploi direct maritime.
L?économie maritime française est composée de grands secteurs professionnels :
- Les infrastructures (ports, câbles/O&G pipes)
- Les transports (autres que par câbles et pipes)
- L?exploitation des ressources vivantes (pêches, cultures marines et produits de la mer)
- L?exploitation des ressources minérales
- L?industrie et la construction navale
- Le nautisme, la plaisance et le Yachting professionnel
- Les activités de défense
- La recherche scientifique
Source CMF - 2023
Pour atteindre l?objectif d?un développement durable de l?économie maritime, ces secteurs devront utiliser le
dynamisme de 8 secteurs transverses communs à tous les secteurs de l?économie française (l?environnement, la
formation, les infrastructures, le numérique, les sciences et l?innovation, les services, la sûreté et la sécurité, et la
surveillance) et s?appuyer sur les 2 atouts maîtres de notre pays : sa zone économique exclusive et les entreprises
maritimes, leaders mondiaux dans leur domaine.
12
Un océan d?opportunités
13
UN OCEAN D?OPPORTUNITES
La prise en compte des exigences de réduction de
l?empreinte écologique des activités maritimes,
qu?elles soient dictées par un engagement en RSE,
par des évolutions réglementaires ou par les intérêts
économiques résultants de l?amélioration de
l?écosystème marin, génère de nouvelles
opportunités. Des opportunités de développement
d?outils de mesure, de mise à niveau
environnementale, des opportunités de conquêtes
de marchés réservés aux entreprises HQE, et dans
tous les cas des avantages concurrentiels dans un
monde où l?exigence environnementale devient la
norme. La vitalité du maritime français dépendra de
notre agilité à capter ces opportunités.
Par ailleurs, le nouveau cadre normatif impose aux
États membres européens d?évaluer les pressions
humaines sur le milieu marin. Les conventions de
l?OMI nécessitent également des évaluations
d?impacts du transport maritime (ex : ballast water,
émissions, bruit sous-marin).
Les exemples non exhaustifs ci-dessous ont dans ce
contexte vocation à partager idées et initiatives
apportés par les membres du groupe, et illustrer les
champs qui s?ouvrent à nous mais aussi les solutions
à partager.
Création de nouveaux outils de mesure d?impacts
L?évolution collective encouragée par l?Etat,
signataire de conventions environnementales
internationales ou vis-à-vis des règlements et autres
textes communautaires qui nous obligent, nécessite
de nouveaux outils destinés à évaluer les
interactions d?une activité avec son environnement
naturel marin, comme la méthode en cours de
développement par IFREMER/ CARBON4 / CDC
Biodiversité visant à définir une méthode
d?évaluation des effets des entreprises sur la
biodiversité et les aider à mesurer leurs impacts sur
la biodiversité marine et à mettre en oeuvre un plan
d?action, assorti d?indicateurs de suivi8.
Par ailleurs, un nouvel outil
d?aide à l?identification des
interactions à destination des
porteurs de projets mais aussi
des services de l?Etat
instructeurs des demandes
d?usages du domaine marin est
à disposition : le POOLPE9. Traitant à ce jour de 5
grands thèmes (Pêche professionnelle, Cultures
marines, Eolien en mer, Dragage et Gestion marine
des sédiments et Gestion du trait de côte), cet outil
s?enrichira au fur et à mesure de la rédaction de
nouveaux référentiels techniques nationaux.
A une échelle plus globale, il existe plusieurs
méthodes d?évaluation des impacts des activités des
entreprises sur la biodiversité, développées pour
aider les organisations à comprendre, mesurer, et
gérer leurs pressions sur la nature. Ces méthodes
sont souvent basées sur des cadres scientifiques, des
indicateurs écologiques, et des outils de
quantification des pressions directes et indirectes
sur les écosystèmes. Certaines méthodes
d?évaluation des impacts sur la biodiversité ont été
adaptées ou spécifiquement développées pour le
secteur maritime ou les activités en mer (transport
maritime, énergies marines, pêche, extraction
offshore, etc.), même si la majorité des outils sont à
l?origine conçus pour des contextes terrestres.
Global Biodiversity Score (GBS) ? extension marine: développé par CDC Biodiversité, le GBS a été étendu pour
couvrir les milieux marins. Ce dispositif intègre les impacts des activités humaines sur la biodiversité marine via la
pollution (chimiques, plastiques), l'artificialisation des zones côtières, le transport maritime, l?extraction de
ressources offshore. Le GBS utilise les données spatiales et les pressions spécifiques au milieu marin.
Ocean Biodiversity Information System (OBIS) + IBAT (maritime) : OBIS est une base de données mondiale sur la
biodiversité marine portée par l?UNESCO. Couplée à IBAT elle permet d?identifier les zones marines à haute valeur
écologique, notamment les aires marines protégées et les zones d?importance pour les espèces migratrices
marines. Ces données facilitent les études d?impact, analyse de risques géographiques, projets offshore ?
8 https://fr.linkedin.com/posts/carbone-4_marine-biodiversity-impact-method-activity-7341751690930401280-mMke
9 https://poolpe.ofb.gouv.fr/fr
https://fr.linkedin.com/posts/carbone-4_marine-biodiversity-impact-method-activity-7341751690930401280-mMke
https://poolpe.ofb.gouv.fr/fr
14
Life Cycle Assessment (LCA) ? ACV Marine: La méthode d?Analyse de Cycle de Vie (ACV) normalisée (ISO 14040/44)
permet d?évaluer les impacts environnementaux d?un produit ou service tout au long de son cycle de vie. La
méthode a été adaptée pour les secteurs maritimes, notamment ACV navires (construction, exploitation,
démantèlement). La méthode intègre les impacts sur la biodiversité, directement et indirectement via
l?eutrophisation marine, l?acidification, la pollution.
SBTN ? Science-Based Targets for Nature (phase pilote marine) : le SBTN10 et son manuel pour l?entreprise11
permet d?aider chaque entreprise à fixer des objectifs de préservation de la nature. Conçu par et pour les
entreprises, ce référentiel apporte des solutions pertinentes et applicables en développant une approche
sectorielle pour les écosystèmes marins. Il est en phase de déploiement pilote, avec des cibles spécifiques liées à
la santé des zones côtières et marines, la réduction des pollutions (plastiques, nutriments), la restauration des
habitats marins (herbiers, mangroves, récifs). Il est particulièrement adapté aux grands groupes ayant des
opérations maritimes ou des chaînes de valeur dépendantes des océans.
ENCORE (Exploring Natural Capital Opportunities, Risks and Exposure) ? avec focus sur les dépendances marines
Bien que généraliste, l?outil ENCORE permet d?identifier les dépendances sectorielles à des services
écosystémiques marins, tels que la régulation du climat par les océans, les ressources halieutiques, la régulation
des risques côtiers (ex : mangroves). Il est utile pour les institutions financières ou entreprises voulant comprendre
leurs dépendances à la biodiversité marine.
De nouveaux systèmes de mesure ou de surveil lance
Proposée par les membres du Groupe synergie lors
de nos échanges, la liste ci-dessous est illustrative du
dynamisme du secteur et de la diversité des
démarches. Cette liste n?a pas fait l?objet de
sélection, laissant à chacun le loisir d?y puiser ce qui
lui semble intéressant pour son activité.
- Le projet Kivi Kuaka12 ? Porté par le MNHN, ce projet vise à utiliser la capacité des oiseaux à percevoir
les infrasons pour anticiper cyclones, tsunamis et autres catastrophes naturelles en mer. Les oiseaux
bagués deviennent des détecteurs en haute mer. Le projet a été développé avec la marine nationale,
MétéoFrance et l?OFB.
- La mission Bougainville (partenariat avec l?Institut de l?Océan de Sorbonne Université) : développement
de capteurs multi-paramètres sur les bateaux. Des étudiants de la Sorbonne vont embarquer pendant
une année sous statut militaire. Les principaux financeurs de cette mission sont l?OFB, Naval Group et
Veolia?
- L?application Whale Safe en partenariat entre CMA CGM et l?université américaine de Santa Barbara
développe des outils acoustiques pour anticiper le déplacement des baleines. Les données acquises sont
transférées dans les centres de navigation CMA CGM à Marseille, Miami et Singapour.
- Un partenariat CMA CGM avec l?institut océanographique de Woods Hole - financement de deux bouées
10 https://sciencebasedtargetsnetwork.org
11 https://sciencebasedtargetsnetwork.org/wp-content/uploads/2025/04/SBTN-Corporate-Manual-French.pdf
12 https://www.mnhn.fr/fr/kivi-kuaka
https://sciencebasedtargetsnetwork.org/
https://sciencebasedtargetsnetwork.org/wp-content/uploads/2025/04/SBTN-Corporate-Manual-French.pdf
https://www.mnhn.fr/fr/kivi-kuaka
15
acoustiques pour mesurer l?impact du bruit sous-marin sur la faune
- Un partenariat avec l?Ifremer pour la science marine- projet antennes LORA par le déploiement
d?antennes sur les navires CMA CGM et des balises sur les tortues et les thons rouges (observer et
collecter des données sur la faune maritime mondiale).
- Système de navigation REPCET - système collaboratif de repérage qui permet aux navires marchands de
recevoir et de transmettre en temps réel des alertes sur la position des baleines. Ensuite les données
sont transmises aux scientifiques.
- Consortium européen SEADETEC pour la détection de cétacés (détecter pour éviter les collisions).
- OceanPlanner pour l'évaluation des baselines à l'échelle d'un bassin et des simulations de scenarios de
réduction de bruit ;
- ConsultOcean - Collecte des données et gestion des pêches, les déclarations d?activité au coeur du suivi
de la biodiversité marine exploitée
- GIS ECUME (Groupement d?Intérêt Scientifique pour l?étude des Effets CUmulés en MEr) a comme
objectif de proposer une démarche scientifique permettant d?acquérir la connaissance sur les impacts
cumulés des activités humaines en mer (exploitation de granulats marins, énergies marines
renouvelables, dragages et dépôt de dragages portuaires, câbles sous-marins, activités de pêche). Porté
par l?Université de Caen Normandie, le GIS ECUME associe 10 membres, réunissant, en une approche
régionale, les principaux porteurs de projets en mer (UNICEM13 Normandie, CRPMEM14 Normandie,
RTE15 , HAROPA PORT, Ports de Normandie, EOHF16 et EODC17 ) et établissements d?enseignement
supérieur et de recherche (Universités de Caen, Rouen et Le Havre). En fédérant l?interaction entre ses
partenaires scientifiques et économiques, le GIS agit comme un cluster collaboratif facilitant le vivre
ensemble et permettant de fédérer des compétences scientifiques et des moyens pour réaliser des
projets communs de recherche au plus proche des enjeux concernant les activités maritimes sur la
façade MEMN et le milieu dans lequel elles évoluent. Il s?agit d?identifier les effets cumulés et réfléchir
aux moyens de les réduire.
- Biocéanor - solutions de monitoring de la qualité de l?eau pour les entreprises aquacoles
Mais encore, des membres du CMF porteurs de solutions ERC innovantes à partager
Des solutions pour réduire l?impact des pêches sur la biodiversité
- Game of Trawls18 ? apporter de l?intelligence artificielle dans les chaluts : trier les prises avant la
remontée du chalut.
- PIFIL ? répulsifs acoustiques pour réduire les interactions avec les dauphins communs
- Dispositif TED (Turtle Excluder Device) ? dispositif permettant de réduire les captures accidentelles de
tortues marines
- Solupêche ? site internet OFB/CNPMEM regroupant les différentes solutions permettant de réduire les
interactions entre la pêche et les habitats et espèces sensibles
13 Union des industries de carrières et matériaux de construction
14 Comité régional des pêches maritimes et des élevages marins
15 Réseau de transport d?électricité
16 Éoliennes Offshore des Hautes Falaises
17 Éoliennes Offshore du Calvados
18 https://gameoftrawls.ifremer.fr/
16
Des solutions pour limiter l?impact des plastiques et des antifouling en mer
De nombreuses ONG (Plastic Odyssey19, Expédition 7è continent, Fondation Tara Océan, ?) travaillent
pour améliorer la connaissance de la pollution plastique sur les océans et sur les solutions pour en limiter
l?impact.
Quelques initiatives portées par les membres du Cluster :
- DELAIR MARINE - Prévention de l?impact du biofouling sur la biodiversité marine grâce à l?IA et la
robotique
- Solution « Plastic Flamingo »20 consistant au recyclage et à la collecte du plastique.
- NANOTRAP - captation de nano-plastiques
Des solutions technologiques pour réduire l?impact acoustique des activités maritimes
- Consortium PIACO et le LIFE -PIACO visant à réduire l?impact acoustique du trafic maritime
http://lifepiaquo-urn.eu/;
- SATURNE : financé par l?UE, ce projet rassemble l?expertise de plusieurs disciplines comme la
bioacoustique, l?ingénierie marine, les transports maritimes et d?autres domaines, afin d?impliquer les
parties prenantes dans le développement de solutions au problème des URN
https://cordis.europa.eu/project/id/101006443/fr
- LOWNOISER : également financé par l?Union européenne, ce projet vise à développer des technologies
permettant de réduire l?impact du bruit émis par le transport maritime dans le milieu marin.
https://lownoiser.eu/
Des solutions technologiques pour aller vers un zéro Nette Emission
- Labellisé par le Pôle Mer Bretagne Atlantique, le projet Opensea Port poursuit son développement dans
la construction des ports connectés de demain. Porté par Oceano Vox et avec le soutien de Port
Bourgenay, ce projet vise à connecter les infrastructures portuaires pour collecter et partager des
données météo et environnementales en temps réel grâce au développement de nouveaux capteurs
SO², NO², CO² en lien avec les dernières réglementations de l'OMI sur les nouvelles zone ECA et la
résolution Zéro Nette Emission et polluants métalliques dans les eaux portuaires (en lien avec le CEA).
Des solutions technologiques d?acquisition et d?utilisation de données
- WIPSEA - recensement environnemental digital
- HYTECH?IMAGING- télédétection/analyse images
- COSMA- essaim de drones, sous-marins pour cartographier les fonds marins
Et de nombreuses autres solutions à parcourir dans les sections thématiques suivantes.
19 https://plasticodyssey.org/
20 https://fr.linkedin.com/company/the-plastic-flamingo
http://lifepiaquo-urn.eu/
https://cordis.europa.eu/project/id/101006443/fr
https://lownoiser.eu/
https://plasticodyssey.org/
17
LES GRANDS TYPES DE PRESSIONS GENEREES PAR LES ACTIVITES MARITIMES POUVANT
ENGENDRER UN RISQUE D?IMPACT ENVIRONNEMENTAL
Chacune de nos activités génère des interactions
avec notre environnement. Connaître ces
interactions, comprendre et mesurer leurs impacts
sur l?écosystème permet d?appréhender avec
justesse, robustesse et responsabilité les mesures à
prendre, si nécessaire, pour en réduire les effets sur
le vivant océanique. Le maritime français se montre
aujourd?hui à la hauteur de cette démarche dans un
monde pourtant plus agressif et débridé que jamais.
Loin de représenter un handicap, les démarches
d?optimisation environnementale se révèlent être
aujourd?hui des avantages concurrentiels sur des
espaces maritimes de plus en plus encadrés, normés,
règlementés. De plus, ces avancées
environnementales s?accompagnent de
développements technologiques qu?il nous faut
maitriser, voire piloter, driver pour tracer la route et
non la subir.
Enfin, la transparence environnementale n?est pas
un risque : les détracteurs de telle ou telle activité
maritime connaissent très bien les pressions et les
impacts générées par nos activités. Être transparent,
sans aucune candeur mais avec réalisme, objectivité
et responsabilité, permet souvent de limiter les
polémiques inutiles.
Les pressions correspondent à la traduction
d?activités humaines ou de phénomènes naturels
dans un milieu. Elles se matérialisent
éventuellement par le changement d?état réversible
ou irréversible, dans l?espace ou dans le temps, des
caractéristiques physiques, chimiques et/ou
biologiques de ce milieu. Une activité peut
engendrer une ou plusieurs pressions et plusieurs
activités peuvent induire une même pression. Les
pressions potentielles exercées par les activités
humaines sur les écosystèmes marins se classent en
trois types en fonction de leur mode d?action et de
leur cible : on distingue les pressions mécaniques, les
pressions physico-chimiques et les pressions
biologiques.
Pressions mécaniques
Pressions physico-chimiques
Pressions biologiques
Perte d'un habitat
Changement d'habitat
Extraction de substrat
Tassement
Abrasion superficielle
Abrasion peu profonde
Abrasion profonde
Remaniement
Dépôt faible de matériel
Dépôt important de matériel
Modification des conditions
hydrodynamiques
Modification de la charge en
particules
Obstacle au mouvement
Mort ou blessure par collision
/interaction
Dérangement visuel d'espèces
Déchets solides
Modification de la température
Modification de la salinité
Modification du pH
Émissions sonores (et vibrations)
Champs électromagnétiques
Introduction de lumière artificielle
Diminution de la lumière naturelle
Contamination par des éléments traces
métalliques (ETM), métalloïdes et organo-
métaux
Contamination par hydrocarbures et HAP
Contamination par composés synthétiques
Contamination par les radionucléides
Introduction de substance à caractère
visqueux
Modification des apports en nutriments
Modification des apports en matériel
organique
Désoxygénation (ou « hypoxie »)
Transfert d'individus
génétiquement différents d'espèces
indigènes
Introduction ou propagation
d'espèces non-indigènes
Introduction de pathogènes
Exposition aux blooms
phytoplanctoniques
Prélèvement d'espèces cibles
Prélèvement d'espèces non-cibles
Appauvrissement génétique de
populations naturelles
18
Cette typologie est issue du travail de l?OFB21 dans le
cadre du Centre d?administration du référentiel
technique du Système d?information sur la
Biodiversité. Il gère les correspondances avec les
principales typologies européennes (EUNIS,
DCSMM) et internationales (IPBES, OSPAR) et
s?accorde avec les rapportages nationaux et
communautaires. Cette typologie est la référence
des évaluations renseignées dans les référentiels
techniques nationaux sur les usages maritimes et
leurs interactions avec le milieu marin.
Ces différentes pressions ont été évaluées à l?échelle
planétaire et regroupées par l?Intergouvernmental
Science-Policy Platform on Biodiversity and
Ecosystem Services (IPBES), en cinq grandes
catégories de facteurs de pression :
- La modification de l?usage des terres et des mers
- Les pollutions
- L?introduction d?espèces exotiques envahissantes
- La surexploitation des ressources
- Le changement climatique
Avertissement : Nous ne traiterons ici que des
activités maritimes et non des activités terrestres
ayant des interactions avec le milieu marin, malgré
leur importance notamment sur la qualité des eaux
côtières et sur l?artificialisation du trait de côte,
compte tenu du fait que ce document s?adresse aux
acteurs du maritime. De même, nous ne traiterons
ici que des interactions entre ces activités maritimes
et les habitats marins et espèces marines, nous
n?aborderons pas les impacts directs ou indirects sur
le reste de la biosphère.
Et les changement globaux ?
Les changements globaux, et notamment l?élévation
de température, l?acidification et la désoxygénation
des eaux et l?élévation du niveau marin,
l?accentuation des évènements extrêmes,
engendrent des pressions considérables sur les
écosystèmes, mais aussi sur les activités. Compte
tenu de l?ampleur des changements en cours et de
leurs impacts sur l?ensemble de l?écosystème marin
et maritime, nous ne pourrons dans ce document
aborder tous les phénomènes qui, en cascades
complexes, vont modifier les environnements
physiques et biologiques dans lesquels nos activités
s?exercent, ni les modifications d?interactions entre
les activités maritimes et les écosystèmes naturels.
Nous vous proposons ci-dessous un rapide survol
des principales modifications attendues.
L?élévation du niveau marin engendre déjà une forte
érosion des côtes au niveau mondial. Conséquence
majeure, les infrastructures littorales, ports, zones
industrielles littorales, cités balnéaires doivent
s?adapter. La lutte (surélévation des digues,
enrochements, ?) ne peut être que temporaire
compte tenu de l?ampleur du phénomène. Une
réflexion profonde d?organisation du territoire
s?impose donc afin de relocaliser progressivement
les infrastructures sur une base de niveau marin plus
1 m à minima. La conchyliculture sera parmi les
filières le plus impactées. Des expérimentations sont
déjà en cours pour adapter les usages à ces
changements.
L?évolutions des ressources : Les travaux de
modélisation tendent à montrer que les ressources
exploitables vont diminuer. Ainsi, par exemple, les
algues pêchées en Bretagne vont tendre à régresser
voire disparaitre à long terme. Les espèces d?algues
cultivées vont devoir s?adapter aux modifications de
l?environnement. Certaines espèces exotiques vont
également s?installer, engendrant des perturbations
potentiellement importantes (ex des booms de
méduses et de dragon bleu cet été en atlantique)
Enfin, l?acidification des océans va générer une
modification de la chimie des eaux (modification de
la corrosion des structures immergées, fragilisation
des coquilles et des squelettes de la faune, ?).
L?ensemble de ces transformations va avoir de
profonds impacts sur les activités et sur la
biodiversité, impacts que nous pouvons en partie
éviter et prévenir pour en limiter les effets
économiques et écologiques par une anticipation et
une ingénierie pertinente.
21
https://www.patrinat.fr/sites/patrinat/files/part_docs/Caret_Presentati
on_PressRef_V1b.pdf
19
LES INFRASTRUCTURES MARITIMES LITTORALES
Contexte :
Ports 22: Le système portuaire maritime français est
composé de 66 ports de commerce maritimes (au
sens de l?arrêté du 24 octobre 2012) dont 12 ports
maritimes d?État : 11 grands ports maritimes (GPM)
et un port d'intérêt national (Saint-Pierre et
Miquelon), 17 ports régionaux, 37 ports
départementaux. A cela s?ajoutent 250 ports
départementaux et 228 ports communaux
essentiellement de plaisance et de petite pêche
artisanale. Les grands ports maritimes sont des
établissements publics de l?État, installés sur de
vastes sites portuaires. Ils exercent leurs activités à
l?intérieur d?un périmètre géographique propre. Ils
traitent plus de 80 % du trafic maritime de
marchandises. Les ports territoriaux traitent 20 % du
trafic de marchandises et 80 % du trafic total de
passagers.
En 2021, la Stratégie nationale portuaire a fait de
l?accélération de la transition écologique et
énergétique l?un de ses 4 axes majeurs, s?inscrivant
ainsi dans le sillage de la Stratégie nationale
biodiversité. Cet axe s?appuie notamment sur
l?écoconception des infrastructures qui a fait l?objet
d?un guide spécifique23. Par ailleurs, la SNML a
souligné l?importance des ports comme acteurs
essentiels dans la reconquête de la biodiversité.
En 2025, la feuille de route stratégique pour le
nautisme et la plaisance, coconstruite avec l?Etat et
les acteurs de la filière, priorise les transitions des
ports de plaisance tant sur l?aspect écologique que
sur l?adaptation au changement climatique. Cette
action vise notamment à déployer la norme ISO
18725, créée en 2024 par l?Union des ports de
plaisance de PACA ? une union constitutive de la
Fédération française des ports de plaisance ? dans les
ports de plaisance français, en cohérence avec
l?objectif 6 de la stratégie nationale mer et littoral. La
définition d?une stratégie et de scenarios
d?adaptation des ports de plaisance au changement
climatique est également une action prioritaire
nationale couplée à un accompagnement des
collectivités territoriales en ingénierie.
Digues et autres structures littorales : Nos rivages
comptent des milliers d?ouvrages de gestion du trait
de côte représentant 30% de l?artificialisation du trait
de côte en France métropolitaine et en outre-mer. La
politique de durcissement du tait de côte s?est
infléchie à partir des années 1960 mais de nombreux
ouvrages sont encore aujourd?hui construits pour
protéger des enjeux économiques, sociaux ou
infrastructurels.
L?ensemble de ces infrastructures interagissent avec
les écosystèmes marins, avec des spécificités
toutefois à chaque type d?infrastructure.
22 https://www.mer.gouv.fr/acteurs-reseau-et-activites-portuaires-en-
france
23 https://www.dirm.mediterranee.developpement-
durable.gouv.fr/IMG/pdf/guide_pratique_ecoconception_des_infrastruc
tures_portuaires.pdf
https://www.mer.gouv.fr/acteurs-reseau-et-activites-portuaires-en-france
https://www.mer.gouv.fr/acteurs-reseau-et-activites-portuaires-en-france
https://www.dirm.mediterranee.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/guide_pratique_ecoconception_des_infrastructures_portuaires.pdf
https://www.dirm.mediterranee.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/guide_pratique_ecoconception_des_infrastructures_portuaires.pdf
https://www.dirm.mediterranee.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/guide_pratique_ecoconception_des_infrastructures_portuaires.pdf
20
Pressions générées et principaux risques d?impacts
Bien que localisées, les infrastructures maritimes
telles que les ports, les digues, modifient en pratique
l'ensemble des compartiments physiques, chimiques
et biologiques à des degrés divers. Par leur nature,
ces infrastructures exercent des pressions
temporaires sur les écosystèmes durant les phases
de chantier, et entraînent des modifications plus
durables par l'artificialisation des écosystèmes pour
les aménagements pérennes.
Pressions mécaniques
Pressions physico-chimiques
Pressions biologiques
Perte d?habitat
Changement d'habitat
Extraction de subtrat
Tassement
Abrasion
Remaniement
Dépôt faible de matériel
Dépôt important de matériel
Modification des conditions
hydrodynamiques
Modification de la charge en particules
Obstacle au mouvement
Dérangement visuel d'espèces
Déchets solides
Émissions acoustiques
Introduction de lumière artificielle
Diminution de la lumière naturelle
Contamination par des éléments traces
métalliques (ETM), métalloïdes et organo-
métaux
Contamination par hydrocarbures et HAP
Contamination par composés synthétiques
Modification des apports en nutriments
Modification des apports en matériel
organique
Désoxygénation (ou « hypoxie »)
Transfert d'individus génétiquement
différents d'espèces indigènes (B1)
Introduction ou propagation d'espèces
non-indigènes
Introduction de pathogènes
Principales mesures d?évitement et de réduction à prioriser
Les infrastructures font partie des usages en mer les
plus encadrés par la législation, notamment du fait
des emprises occupées sur le domaine public
maritime, soumettant l?aménagement à un panel de
démarches qui, bien qu?ayant été simplifiées en les
regroupant en évaluation environnementale
intégrée24, restent exigeantes en matière de mise en
oeuvre de la séquence ERC. De fait, les opérateurs et
maîtres d?ouvrages des infrastructures en mer
intègrent très en amont la réflexion
environnementale, et des mesures très positives
sont aujourd?hui mises en oeuvre.
L?évitement du risque d?impact: La prise en compte
de la sensibilité environnementale dès l?amont des
réflexions s?est progressivement imposée dans le
cadre de l?évaluation environnementale. C?est en
effet bien à ce stade que l?environnement doit être
considéré afin de ne développer le projet qu?en
ayant pris en compte la sensibilité des écosystèmes
durant la phase de conception et bien sûr bien avant
l?implantation définitive des ouvrages. Cette prise en
compte très en amont permet ainsi d?arbitrer
certains projets, y compris sur leur opportunité. Les
ports, quelle que soit leur activité, respectent la
réglementation en vigueur. Les travaux portuaires
sont particulièrement encadrés et déployés dans
une approche ERC.
Ces études bénéficient aujourd?hui d?une
connaissance avancée des écosystèmes marins
côtier. Il est ainsi aujourd?hui possible, comme c?est
le cas depuis longtemps sur le domaine terrestre,
d?intégrer la carte des habitats benthiques aux
réflexions d?implantation des ouvrages. Ces
informations intègrent le panel de données
composant l?équation qui déterminera le « où » et le
« comment » de l?infrastructure.
Pour les ports de plaisance, il n?existe pas de création ex-nihilo.
24
https://www.legifrance.gouv.fr/codes/section_lc/LEGITEXT0000060742
20/LEGISCTA000033039525/
21
Les ports de plaisance privilégient les solutions
d?optimisation et de modernisation qui intègrent des
démarches environnementales ambitieuses comme
les certifications « ports propres » et « ports propres
actifs en biodiversité » qui visent à renaturer les
ports. A noter que la gestion environnementale est
un enjeu majeur des ports de plaisance qui ont créé,
sous l?impulsion de l?Union des ports de plaisance de
PACA (UPACA) ? une union régionale constitutive de
la Fédération française des ports de plaisance - la
certification « ports propres » en 2008 et la
certification « ports propres actifs en biodiversité »
en 2018. En 2024, l?UPACA a porté, avec le soutien
de la FFPP, la première norme ISO de gestion
environnementale des ports de plaisance, la norme
ISO 18725 « ports propres », une première à l?échelle
mondiale !
Lorsque des travaux sont nécessaires, ces derniers
s?inscrivent dans la démarche ERC et font l?objet
d?études environnementales poussées et contrôlées
par les services de l?Etat. Le défi des ports de
plaisance réside aujourd?hui davantage dans
l?adaptation au changement climatique et au recul
du trait de côte. Les ports doivent faire évoluer leurs
infrastructures et équipements en adéquation avec
ces nouvelles contraintes. L?ensemble des ouvrages
de protection ne pourront être réhaussés et une
partie de l?activité devra se déporter sur la partie
terrestre. Cependant, de par leur position
géographique, souvent situés au coeur des
communes littorales, les ports de plaisance n?auront,
dans certains cas, pas d?autres choix que de
rehausser leurs digues et leurs quais. En effet, les
ouvrages de protection des ports de plaisance
peuvent également être des ouvrages de protection
de la Commune et protéger ainsi un ensemble de
biens et de personnes, voire tout un coeur de ville.
La transition environnementale est au coeur des
priorités des ports de plaisance néanmoins les
solutions fondées sur la nature et le recul
stratégique ne peuvent répondre à l?ensemble des
défis de l?adaptation au changement climatique et il
sera parfois nécessaire de poursuivre des travaux de
protection en dur.
Exemple de mesure : Que ce soit à Bastia (herbier de Posidonie), au Havre (zone fonctionnelle halieutique) ou à
Pointe à Pitre (récif corallien, mangroves et herbier), l?implantation des infrastructures portuaires doit s?adapter,
entre autres, à la sensibilité des écosystèmes marins présents. L?implantation judicieuse permet d?éviter les
risques d?impacts majeurs.
La réduction du risque d?impact: Les risques d?impacts qui ne peuvent être évités, doivent être réduits par des
mesures :
- Temporelles : par le choix des périodes de chantier au regard de la sensibilité des habitats et espèces
aux pressions engendrées (Bruit, turbidité). Des travaux en hiver à proximité d?herbiers par exemple
permet de réduire l?impact de la turbidité.
- Techniques : certaines techniques permettent par exemple de limiter l?emprise spatiale de digues
portuaires et permettant une transparence hydraulique limitant la portée de l?infrastructure. Idem, les
digues en géotextiles, aujourd?hui proscrites du fait des pollutions micro plastiques générées pour être
remplacées par un retrait littoral mineur.
A noter que pour les infrastructures, l?Etat a simplifié les procédures et les délais d?instruction, et regroupé les
procédures (ICPE, IOTA, Mines, Natura2000) en une évaluation environnementale unique25.
Les principaux défis pour la mise en place de mesures efficaces
L'intégration territoriale d'un projet repose nécessairement sur un compromis entre les considérations
environnementales, les usages, la socio-économie, la faisabilité technique et financière. Ces paramètres peuvent
mener à des besoins et des conclusions différents qu'il est parfois difficile de concilier.
25 https://www.ecologie.gouv.fr/politiques-publiques/lautorisation-environnementale
22
Dans tous les cas, il s?agit d?identifier les meilleurs compromis assurant l?absence d?impact résiduel notable
pouvant conduire à une perte nette de biodiversité.
Analyse des pressions cumulées
L?un des défis de gestion de la biodiversité est de concevoir l?ensemble des pressions s?exerçant sur un milieu par
analyse des pressions cumulées, pressions qui interagissent de manière additives, multiplicatives, ou
antagonistes. Le GIS ECUME est un groupement d?intérêt scientifique qui se focalise sur les études d?incidence
des effets cumulés (de plus en plus nécessaires dans les études d?impact) des activités maritimes sur la façade
Manche Est - Mer du Nord. https://gis-ecume.fr/
Retours d?expérience ERC port de Brest
Dans le cadre du projet de développement du port de Brest (début des travaux en 2017), la Région Bretagne
souhaitait créer un nouveau terminal pour colis lourds adapté aux activités de la filière EMR ainsi que surcreuser
le chenal. Les enjeux socio-économiques dans la rade de Brest sont la conchyliculture, la pêche, les activités
nautiques, l?activité commerce, la Marine Nationale et les enjeux naturels sont essentiellement les bancs de maërl
et les herbiers de zostères.
Mesures d?évitement :
- Confinement des matériaux d?apport,
- Capping des fonds,
- Renforcement des sols en place Pas de purge
Mesures compensatoires :
- MC1 : restauration zone humide en compensation de la destruction d?une zone humide sur un polder,
- MC2 : création d?une lande sèche en compensation de la destruction de l?habitat de la Linotte mélodieuse
Mesures volontaires d?écoconception
- But : Diversification des habitats sur des zones globalement homogènes ;
- Quai : Biohuts® fixées à la structure métallique du quai,
- Suivi de la colonisation des dispositifs pendant les 2 années suivant les travaux ;
- Digue : Cuvettes intertidales intégrées dans la carapace de protection de la digue
La certification ISO 18725Ports propres 26
Cette norme valorise l?engagement des ports et leurs bonnes pratiques en faveur de la protection de
l?environnement. Elle est le fruit d?un travail commun entre les acteurs du secteur de différents pays du monde
pour harmoniser les pratiques des ports en matière de protection de l?environnement et de la biodiversité.
Elle se distingue en deux volets, dont le premier est un volet obligatoire intitulé « Ports Propres » et le second est
un volet optionnel intitulé « Ports Propres Actif en Biodiversité ». Ce dernier visant particulièrement la
préservation de la biodiversité.
La certification Ports propres atteste de la conformité
d?un port à la norme ISO 18725 et valorise sa démarche
et son engagement en faveur de la préservation de
l?environnement.
Pour les ports qui vont encore un peu plus loin, la
certification Ports propres actifs en biodiversité
reconnaît les efforts particuliers mis en oeuvre pour
préserver la biodiversité.
26 https://certification.afnor.org/environnement/certification-ports-propres-ports-actifs-biodiversite
https://gis-ecume.fr/
https://certification.afnor.org/environnement/certification-ports-propres-ports-actifs-biodiversite
23
Dragages et gestion des sédiments
Les opérations de dragage d?entretien des chenaux
de navigation et des ouvrages portuaires sont
indispensables au bon fonctionnement des ports et
représentent des volumes conséquents à l?échelle
nationale. Ces opérations peuvent avoir des
incidences sur les habitats et les espèces marines
ainsi que sur la qualité de l?eau et sont très
encadrées règlementairement ; les dossiers liés à ces
opérations sont proportionnels aux volumes en jeu,
à la qualité des sédiments et à la sensibilité du milieu.
Ils donnent lieu à des autorisations préfectorales.
Chaque port possède un contexte particulier dont
découle des mesures d?évitement, de réduction et
de compensation. Ces mesures, destinées à limiter
les impacts, mises en oeuvre par les autorités
portuaires, peuvent porter sur :
? La planification des opérations de dragages
(saisonnalité des opérations, respect de fenêtres
biologiques durant lesquelles les opérations de
dragage ou d?immersion sont interdites, localisation
des chantiers?) ;
? La gestion des sédiments en fonction de la qualité
(immersion ou gestion à terre)
? Les conditions du milieu (critères
environnementaux locaux qui autorisent ou pas les
opérations) ;
? Les méthodes de dragages en fonction des sites et
des milieux (type de drague).
Ces actions sont accompagnées de suivis particuliers
portant sur : la qualité des sédiments, la qualité de
l?eau, la bathymétrie, les volumes dragués?).
Enfin, les ports sont souvent également engagés
dans la définition et la mise en oeuvre de protocoles
scientifiques directement en lien avec les
organismes de recherche. En fonction des contextes,
ces protocoles peuvent porter sur le
fonctionnement des vasières intertidales, la
dynamique de population d?espèces piscicoles, les
habitats benthiques ou les zones de nourriceries?
Toutes ces mesures sont suivies par les services de
l?Etat et l?Office Français pour la Biodiversité,
partagées et utilisées afin d?appuyer les demandes
de renouvellement et d?améliorer en continu les
pratiques.
24
Labellisation Green Marine Europe27
Green Marine Europe est un programme de
certification environnementale pour l?industrie
maritime européenne. C?est une initiative volontaire
qui permet à ses participants d?améliorer leur
performance environnementale. Green Marine
Europe développe un référentiel spécifique pour les
armateurs, les chantiers navals, les voies maritimes,
les terminaux et les ports ; ce label vise à améliorer
la performance écologique des installations
portuaires en Europe. Un nombre croissant
d?armateurs français s?engagent dans ce processus
de certification qui prochainement sera étendu aux
ports. Pour les ports, 9 indicateurs de performance
environnementale sont analysés :
? Le bruit sous-marin ;
? Les écosystèmes aquatiques ;
? Les émissions atmosphériques (GES &
Polluants atmosphériques) ;
? Les matières résiduelles (déchets) ;
? L?harmonisation des usages ;
? Le leadership environnemental ;
? La manutention et entreposage des vracs
solides ;
? La prévention des déversements et la
gestion des eaux pluviales ;
? Les relations avec les communautés.
Chaque indicateur est noté sur une échelle de 1 à 5, où le niveau 1 correspond au respect minimal des
réglementations et le niveau 5 à l?excellence environnementale. La progression des participants est évaluée
annuellement sur la base des 9 indicateurs, dans l?esprit d?amélioration continue, au coeur du programme
environnemental.
Plusieurs infrastructures maritimes françaises se sont engagées dans cette démarche, à l?exemple du port
maritime de Bordeaux.
27 https://greenmarineeurope.org/fr
https://greenmarineeurope.org/fr
25
INFRASTRUCTURES MARITIMES LINEAIRES ET EMR
Contexte :
Câbles 28, 29: La France est connectée à plus de 20
câbles sous-marins de télécommunication en
métropole, 22 en outre-mer, et plusieurs projets sont
à l?étude compte tenu du besoin exponentiel généré
par internet. Les principaux noeuds d?atterrissement
sont Marseille (13), Penmarch (29) et Lannion (22).
A cela s?ajoutent les câbles de transport
d?électricité, principalement entre le continent et les
îles, entre les îles et pour le raccordement électrique
des EMR.
Carte des principaux câbles électriques sous-marins
d?Europe
https://www.entsoe.eu/data/map/
Carte des principaux câbles de télécommunication
sous-marins d?Europe
https://www.submarinecablemap.com/
Les EMR30 : avec un objectif de 45 GW éolien en mer
en 2050, la France se dote d?une stratégie ambitieuse
de développement des énergies marines
renouvelables. Après les parcs de St-Nazaire et St-
Brieuc, ce sont ainsi une cinquantaine de sites qui
seront à terme équipés d?éoliennes offshores.
Majoritairement posés en Manche et Mer du nord,
flottants en Méditerranée et mixtes en Atlantique,
ces projets entrent en interaction avec les
écosystèmes benthiques et pélagiques. Des projets
expérimentaux d?hydroliennes sont également à
l?essai sans déploiement opérationnel à ce stade.
28 https://www.cluster-maritime.fr/wp-content/uploads/2024/06/08-l-
economie-bleue-en-france-2022-cables-sous-marins_compressed.pdf
29 https://submarine-cable-map-2014.telegeography.com/
30 https://www.eoliennesenmer.fr/observatoire
https://www.entsoe.eu/data/map/
https://www.submarinecablemap.com/
https://www.cluster-maritime.fr/wp-content/uploads/2024/06/08-l-economie-bleue-en-france-2022-cables-sous-marins_compressed.pdf
https://www.cluster-maritime.fr/wp-content/uploads/2024/06/08-l-economie-bleue-en-france-2022-cables-sous-marins_compressed.pdf
https://submarine-cable-map-2014.telegeography.com/
https://www.eoliennesenmer.fr/observatoire
26
Oléoduc et gazoduc : La France hexagonale ne
compte pas à ce jour de gazoduc ou oléoduc en mer.
Un projet de gazoduc est actuellement à l?étude
entre Barcelone et Marseille, avec une réflexion
approfondie sur les trajets les moins impactants
pour l?environnement.
Pressions générées et principaux risques d?impacts
Bien que localisées, les infrastructures maritimes
linéaires de transport et les énergies marines
renouvelables (EMR) modifient en pratique
l'ensemble des compartiments physiques, chimiques
et biologiques à des degrés divers. Par leur nature,
ces infrastructures sont susceptibles d?exercer des
pressions temporaires sur les écosystèmes durant
les phases de chantier, et d?entrainer des
modifications plus durables des écosystèmes pour
les équipements pérennes. Si ces équipements sont
en théorie réversibles, l'opportunité du
démantèlement peut être instruite au regard de la
modification de l'habitat induite. A titre d'exemple
les fondations d'éoliennes peuvent être
biocolonisées et les modalités de démantèlement
doivent à ce titre pleinement intégrer l'évolution de
l'écosystème durant les 30 années d'exploitation du
parc.
Pressions mécaniques
Pressions physico-chimiques
Pressions biologiques
Perte d'un habitat
Changement d'habitat
Extraction de substrat
Tassement
Abrasion
Remaniement
Dépôt faible de matériel
Dépôt important de matériel
Modification des conditions
hydrodynamiques
Modification de la charge en particules
Obstacle au mouvement
Dérangement visuel d'espèces
Collision
Déchets solides
Émissions sonores (et vibrations)
Champs électromagnétiques
Introduction de la lumière artificielle
Contamination par des éléments traces
métalliques (ETM), métalloïdes et organo-
métaux
Contamination par composés synthétiques
Contamination par hydrocarbures et HAP
Modification des apports en nutriments
Modification des apports en matériel
organique
Désoxygénation (ou « hypoxie »)
Introduction ou propagation d'espèces
non-indigènes
Introduction de pathogènes
Principales mesures d?évitement et de réduction à prioriser
Tout comme les infrastructures littorales, les
infrastructures linéaires et les infrastructures du
large sont soumises à un encadrement
règlementaire strict comprenant un panel de
démarches regroupées dans une évaluation
environnementale intégrée31. De fait, les opérateurs
et maîtres d?ouvrage des infrastructures en mer
intègrent donc très en amont la réflexion
environnementale pour appliquer la séquence
« Eviter/Réduire/compenser/suivre ». Ce cadre
ajouté à la réelle volonté des opérateurs d?agir avec
responsabilité a fait émerger des innovations très
positives aujourd?hui mises en oeuvre.
L?évitement du risque d?impact32,33,34: Comme la plupart des activités maritimes, la pose d?infrastructures
linéaires est soumise à de nombreuses contraintes techniques. Pour autant, là encore la prise en compte
de la sensibilité environnementale dès l?amont des réflexions est impérative dans le cadre de l?évaluation
31
https://www.legifrance.gouv.fr/codes/section_lc/LEGITEXT0000060742
20/LEGISCTA000033039525/
32 https://www.eoliennesenmer.fr/ref-tech-marha-ofb
33 https://www.eoliennesenmer.fr/observatoire
34 https://www.eoliennesenmer.fr/ressources/etudes-
techniques/fiches-synthetiques-les-effets-leolien-en-mer-sur-
lenvironnement-2023
https://www.eoliennesenmer.fr/ressources/etudes-techniques/fiches-synthetiques-les-effets-leolien-en-mer-sur-lenvironnement-2023
https://www.eoliennesenmer.fr/ressources/etudes-techniques/fiches-synthetiques-les-effets-leolien-en-mer-sur-lenvironnement-2023
https://www.eoliennesenmer.fr/ressources/etudes-techniques/fiches-synthetiques-les-effets-leolien-en-mer-sur-lenvironnement-2023
27
environnementale, et cela même lorsque le projet bénéficie d?une déclaration d?intérêt public. C?est en
effet bien à ce stade initial de la conception que l?environnement doit être considéré afin de ne développer
le projet qu?en ayant pris en compte la sensibilité des écosystèmes avant l?implantation définitive des
ouvrages. Cette prise en compte en amont de la conception (lors de l?étude de dérisquage) permet ainsi
d?arbitrer certains projets, y compris sur leur opportunité.
Une des limites à ce travail d?évitement repose sur l?accès à la connaissance des fonds marins sur
l?ensemble du plateau continental. Pour établir la meilleure stratégie d?implantation, le maître d?ouvrage a
besoin de connaître l?ensemble des paramètres de la zone d?étude, qui peut être extrêmement large. Les
administrations compétentes doivent donc compléter ces connaissances par des études in situ et partager
des cartes d?habitats d?états initiaux pour permettre un exercice efficace d?évitement à l?échelle la plus
pertinente.
- Exemple de mesure : Lors de l?étude d?impact, le site étant choisi, il convient d?adapter finement le
schéma d?implantation des structures et le tracé des câbles pour réduire l?emprise impactée par
l?infrastructure.
- Certaines mesures d?évitement sont des mesures issues de la planification des services de l?Etat (zone
d?appel d?offres), d?autres relèvent directement des porteurs de projet suite aux conclusions de l?étude
d?impact.
La réduction du risque d?impact: Les risques d?impacts qui ne peuvent être évités, doivent être réduits par
des mesures :
- Temporelles : par le choix des périodes de chantier au regard de la sensibilité des habitats et espèces
aux pressions engendrées (bruit, turbidité)
- Techniques : certains choix techniques permettent de limiter l?impact sur les habitats et les espèces, par
exemple :
? La pose de câble directement sur les herbiers de posidonie plutôt qu?un ensouillement, dans les
secteurs sans risque de croche, permet de limiter fortement l?impact.
? Le remplacement de la technique de battage de pieux par du forage ou encore l?utilisation des
rideaux de bulles. Ces techniques permettent de significativement réduire l?impact acoustique
d?implantation des fondations des éoliennes sur les espèces sensibles.
Qu?il s?agisse de mesures d?évitement ou de mesures de réduction, certaines sont prises directement par l?état
dans la définition des macrozones, d?autres relèvent des porteurs de projet à l?intérieur des macrozone pour
l?implantation des structures et des câbles.
A noter que pour les infrastructures, l?Etat a simplifié les procédures et les délais d?instruction, et regroupé les
procédures (ICPE, IOTA, Mines, Natura2000) en une évaluation environnementale unique35post étude l?impact.
35 https://www.ecologie.gouv.fr/politiques-publiques/lautorisation-environnementale
28
Les principaux défis pour la mise en place de mesures efficaces
L'intégration territoriale d'un projet repose nécessairement sur un compromis entre les considérations
environnementales, les usages, la socio-économie, la faisabilité technique et financière. Ces paramètres peuvent
mener à des besoins et des conclusions différents qu'il est parfois difficile de concilier. Dans tous les cas, il s?agit
d?identifier les meilleurs compromis assurant l?absence d?impact résiduel notable pouvant conduire à une perte
nette de biodiversité.
Retours d'expériences ERC Câble sous-marins RTE
RTE est l?opérateur en charge du raccordement des installations d?énergies renouvelables en mer, et
développe des projets d?interconnexion avec les pays voisins. Ainsi RTE a mis en service le raccordement de 7
parcs éoliens en mer, 2 sont actuellement en travaux et 10 en développement. Sa compétence en mer se
limite à la partie câble de raccordement, mais à partir du parc de Dunkerque (7ème projet AO3) RTE prendra
en charge également le poste électrique en mer.
Les mesures ERC fréquemment mises en oeuvre en mer sont par exemple : l?évitement d?habitats vulnérables
et à enjeux (ex : pour le projet de Saint-Nazaire, des zones d?hermelles ont été contournées), ou encore
l?ensouillage qui permet une reprise des activités après travaux (notamment de pêche), et limite les risques
de croche accidentelle. L?atterrage, point d?arrivée du câble à terre, peut aussi faire l?objet de mesures de
réduction temporelles telles qu?un arrêt des travaux en période de reproduction de certaines espèces (ex :
gravelot). Des mesures de réduction des impacts acoustiques (périmètre d?exclusion vis-à-vis des mammifères
marins ou mesures de démarrage progressif de travaux) ou encore la prévention des pollutions (ex : kit anti-
pollution) sont également mises en oeuvre. Enfin, les mesures de suivi sont nombreuses et concernent
notamment les tracés, la qualité de l?eau, et les peuplements benthiques. Elles permettent de mesurer
l?efficacité des mesures ERC mises en place.
Chantier d?atterrage du câble
du parc de Saint Nazaire
- crédit photo : Valéry Joncheray
29
Retours d'expériences ERC Eolien marin
IBERDROLA : Le projet éolien de Saint-Brieuc, dont
l?appel d?offre a été émis en 2011, compte 62
éoliennes pour un montant de 2,4 milliards d?euros
et une puissance installée de 496 Mégawatts. Le
projet a également nécessité deux ans et demi
d?études, un dossier de 8000 pages, 18 mois
d?instruction et l?obtention d?une dérogation
espèce protégée. Lors de l?avant-projet il a été
établi un état de référence à partir des études et un
comité de gestion et de suivi, se réunissant deux
fois par an, a été instauré afin de pouvoir effectuer
un suivi du respect des obligations
environnementales. Plus de 40 mesures ERC ont
été proposées et mises en oeuvre, dont :
Mesures d?évitement
? L?évitement de la zone Natura 2000
? L?évitement de la zone de pêche principale
à la coquille Saint-Jacques (qui représente jusqu?à
9% des prises en Bretagne).
Mesures de réduction
? Le forage de 100 % des fondations (alors
que l?arrêté n?imposait que 50 % en forage)
? L?évitement des radeaux de Puffins des
baléares lors des transits (mesure volontaire du
porteur)
? La certification ISO 14001 du chantier
La concertation avec les Comités des Pêches a été
déterminante.
Lors du projet, un contrôle conformité a été mis en
place pour s?assurer que les prestataires respectent
les contrats. Un véritable système de contrôle est
donc mis en place par l?Etat, l?autorisation
préfectorale, qui prend la forme d?un « permis
enveloppe », de 60 pages. Ce projet a permis la
constitution de bases de données importantes et
intéressantes.
30
LES TRANSPORTS ET SERVICES MARITIMES
Contexte
Le transport maritime et les services maritimes sont au coeur de l?économie mondiale : 80 % du volume des
marchandises échangées dans le monde transitent par voie maritime36 et 99 % du trafic international de données
circule par les câbles sous-marins37. Pour la France, environ 70% des importations et exportations du pays sont
réalisées par transport maritime38, illustrant le rôle vital de la flotte et des services associés dans la souveraineté
logistique et numérique. Comparée aux autres modes de transport, la solution maritime est la moins émettrice
de CO? par tonne transportée (3% des émissions mondiales de CO?39), le secteur constitue un maillon essentiel
de la transition vers une économie décarbonée.
A ce jour, les armateurs français génèrent 28 000 emplois directs (dont 18 000 navigants)40 contrôlant plus de 1
200 navires. Cette flotte française se distingue par sa diversité ? couvrant l?ensemble des segments (transport de
marchandises, passagers, navires spécialisés, activités portuaires, ?) ? par sa modernité (14 ans d?âge moyen
contre 16,7 ans pour la flotte mondiale41) et par son excellence en matière de sécurité, le pavillon français ayant
été reconnu comme le plus sûr par le MoU de Paris en 202442. Le secteur maritime français incarne ainsi une
filière d?excellence, avec des leaders mondiaux (câbles sous-marins, transport de conteneurs, ferries) et des
segments en forte croissance (gaz, énergies marines renouvelables, croisières).
Au niveau international, depuis le XX? siècle, les efforts se sont d?abord concentrés sur le renforcement de la
sécurité des navires et des équipages, permettant de disposer d?un corpus réglementaire ambitieux. Aujourd?hui,
la prise de conscience croissante des enjeux de décarbonation et de protection de la biodiversité a conduit à
l?intensification des travaux sous l?égide de l?Organisation maritime internationale (OMI). En complément, la
création de labels par des organismes indépendants, comme Green Marine Europe43, a soutenu et structuré ces
efforts. Ce programme volontaire de certification accompagne les compagnies maritimes vers des performances
supérieures aux exigences réglementaires, grâce à un processus d?évaluation rigoureuse, de vérification
indépendante et de publication transparente des résultats. Par ailleurs, l?engagement proactif des armateurs pour
développer des solutions visant à décarboner le secteur et à limiter les impacts sur la biodiversité témoigne d?une
36 CNUCED. Review of Maritime Transport 2024. https://unctad.org/publication/review-maritime-transport-2024
37Pinaud, Olivier. "Les navires câbliers, anges gardiens du réseau Internet mondial." Le Monde, 19 févr. 2025,
https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/02/19/les-navires-cabliers-anges-gardiens-du-reseau-internet-mondial_6553464_3234.html.
38UNCTAD ? World Bank Database / Analyse : KEDGE ? MEET2050, https://gican.asso.fr/wp-content/uploads/2025/05/Projet-PSDM-final.pdf
39Ministère de la Transition écologique, et Ministère chargé des Transports. Décarboner le secteur maritime. Juin 2025,
https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/documents/250608_DP_UNOC_Decarbonation-secteur-maritime.pdf.
40OPCO Mobilités. Panorama emploi-formation ? Transports maritimes, édition 2025. OPCO Mobilités, 2025,
https://www.opcomobilites.fr/fileadmin/user_upload/Espace_Observatoires/Etudes_et_publications/2025-
Rapport_de_branche/OPCO_Panoramas_Transports_Maritimes_2025.pdf
41Armateurs de France, Base de données Sirius, 2024
42Paris MoU. 2024 Annual Report ? Progress and Performance Highlights. 30 juin 2025, https://parismou.org/2025/07/2024-paris-mou-annual-report-
progress-and-performance-highlights-paris-mou-2024
43Green Marine Europe. Programme de certification environnementale pour l?industrie maritime européenne, sur : https://greenmarineeurope.org/fr/
https://unctad.org/publication/review-maritime-transport-2024
https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/02/19/les-navires-cabliers-anges-gardiens-du-reseau-internet-mondial_6553464_3234.html?utm_source=chatgpt.com
https://gican.asso.fr/wp-content/uploads/2025/05/Projet-PSDM-final.pdf
https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/documents/250608_DP_UNOC_Decarbonation-secteur-maritime.pdf
https://www.opcomobilites.fr/fileadmin/user_upload/Espace_Observatoires/Etudes_et_publications/2025-Rapport_de_branche/OPCO_Panoramas_Transports_Maritimes_2025.pdf?utm_source=chatgpt.com
https://www.opcomobilites.fr/fileadmin/user_upload/Espace_Observatoires/Etudes_et_publications/2025-Rapport_de_branche/OPCO_Panoramas_Transports_Maritimes_2025.pdf?utm_source=chatgpt.com
https://parismou.org/2025/07/2024-paris-mou-annual-report-progress-and-performance-highlights-paris-mou-2024
https://parismou.org/2025/07/2024-paris-mou-annual-report-progress-and-performance-highlights-paris-mou-2024
https://greenmarineeurope.org/fr/
31
volonté constante d?anticiper les évolutions réglementaires et de jouer un rôle moteur dans la transition
écologique mondiale.
Considérant le caractère international du secteur d?activité et par souci de rigueur, cette note ne prend en compte
que les interactions des armateurs français avec la biodiversité.
Pressions générées et principaux risques d?impacts
Le tableau ci-dessous recense, par type, les principales pressions générées par le transport maritime, sans
distinction d?amplitude. Certaines de ces pressions sont très localisées (dans les zones d?attente par exemple),
d?autre ne correspondent à des impacts qu?en certains sites particulièrement sensibles (traversée d?une aire de
reproduction de mammifères marins) et d?autres enfin sont très globales (pollution atmosphérique par
contamination en gaz de combustion par exemple).
Pressions mécaniques
Pressions physico-chimiques
Pressions biologiques
Abrasion peu profonde
Abrasion profonde
Remaniement
Modification de la charge en particules
Mort ou blessure par collision /interaction
Dérangement visuel d'espèces
Déchets solides
Émissions sonores (et vibrations)
Contamination par des éléments traces
métalliques (ETM), métalloïdes et organo-
métaux
Contamination par hydrocarbures et HAP
Introduction de substance à caractère
visqueux
Introduction ou propagation d'espèces
non-indigènes
Introduction ou propagation d?agents
pathogènes
Principales mesures d?évitement et de réduction à prioriser
Outre les cadres réglementaires déjà en place, de nombreuses compagnies maritimes choisissent de s?engager
volontairement afin de renforcer leurs initiatives en faveur de la préservation de la biodiversité. Ces engagements
peuvent prendre la forme de mesures opérationnelles appliquées à bord, d?innovations technologiques, ou
encore d?actions de sensibilisation et de formation.
Il convient également de souligner que l?intensité des impacts varie selon les types de navires et les activités
menées, car tous ne naviguent pas à la même vitesse ni dans les mêmes zones. Ci-dessous figure une liste non
exhaustive de solutions concrètes déjà mises en oeuvre par certains armateurs pour réduire leurs impacts sur la
biodiversité.
Facteur de
pression sur
la biodiversité
(IPBES)
Type d?impact sur la
biodiversité
Liste d?initiatives des armateurs pour
Réduire/supprimer ces impacts
Le
changement
d?usage des
mers
Collisions entre les navires et
les cétacés
(Réglementation française
contraignante)
- Réduire la vitesse des navires dans des zones à risques
- Equiper des navires de solutions technologiques à bord pour
prévenir de la présence de cétacés (REPCET, Whale Alert, ?)
- Former des marins à bord pour détecter les cétacés
- Embarquer à bord des observateurs de mammifères marins
(OMM)
(Voir plus d?informations sur le site d?AdF)44
Impacts sur la haute mer, les
fonds, les aires marines
protégées
- Ne pas emprunter des voies jugées potentiellement très
impactantes malgré leur intérêt commercial (route du nord)
44ARMATEURS DE FRANCE. Armateurs de France encourage ses membres à adopter des mesures volontaires pour la protection des mammifères marins,
dans la fosse hellénique et au sud du Sri Lanka. Armateurs de France, 17 mai 2023. Disponible sur :
https://www.armateursdefrance.org/actualite/armateurs-france-encourage-ses-membres-adopter-mesures-volontaires-protection-mammiferes
https://www.armateursdefrance.org/actualite/armateurs-france-encourage-ses-membres-adopter-mesures-volontaires-protection-mammiferes
32
(Réglementation française
contraignante sur certaines
AMP)
- Réduire la vitesse dans des zones protégées
- Privilégier des zones de mouillage moins impactantes
Les pollutions
La pollution sonore
(Directives non
contraignantes de l?OMI)
- Evaluer la signature acoustique des navires
- Réduire la vitesse dans des zones à risque
- Travailler à la certification d?organisme externe pour mettre
en place une politique sur le bruit sous-marin (NSI45?)
- Nettoyer les hélices
- Développer l?écoconception lors de la construction du navire
(optimisation du design de la coque, du bulbe, de l?hélice?)
(Voir note de position AdF pour plus d?informations)46
Les déchets à bord des navires
(Réglementation
contraignante OMI + UE + FR)
- Conduire des campagnes de sensibilisations avec les
passagers
- Développer des politiques de gestion des déchets (réduction
des plastiques à usage unique à bord, audit des installations
de réception portuaire?)
La pollution plastiques
(Directive de l?OMI non
contraignante)
Voir initiatives détaillées ci-dessous
Les pertes de conteneurs
(Réglementation
contraignante OMI + UE + FR)
- Adapter les plans de chargement
- Soutenir la pesée systématique des conteneurs
- Sensibiliser les chargeurs
Les eaux usées
(Réglementation
contraignante OMI + UE + FR)
- Mettre en place des systèmes de traitement avancés
(stations d?épuration embarquées?)
Le risque de déversement
d?hydrocarbures
(Réglementation
contraignante OMI + UE + FR)
- Entraîner les équipages à la gestion des risques et aux
procédures adaptées
Les espèces
exotiques
envahissantes
La gestion des eaux de ballast
(Réglementation
contraignante OMI + UE + FR)
- Sensibiliser le personnel à bord
- Mettre en place des mesures préventives (listes d?espèces à
surveiller selon les zones?)
L?utilisation d?antifouling
(Réglementation
contraignante OMI + UE + FR)
- Adapter son carénage selon le milieu marin avoisinant
- Soutenir l?innovation sur les peintures
45 NSI = Noise Ship Index - https://noiseshipindex.org/
46 Armateurs de France. Note de position ? Bruit sous-marin. Juillet 2024. Disponible en ligne :
https://www.armateursdefrance.org/sites/default/files/decryptages/adf_note_de_position_bruit_sous-marin_juillet_2024.pdf
https://www.armateursdefrance.org/sites/default/files/decryptages/adf_note_de_position_bruit_sous-marin_juillet_2024.pdf
33
Les principaux défis pour la mise en place de mesures efficaces
? Défis scientifiques et techniques :
o Manque de connaissances sur les interactions complexes entre biodiversité marine et activités
maritimes (ex. effets cumulatifs du bruit, des collisions, de la pollution, etc.).
o Technologies / innovations encore peu matures pour certaines solutions (peinture antifouling
sans biocides pas encore 100% efficace contre le transport d?espèces exotiques
envahissantes?).
o Disponibilité des infrastructures (équipement des ports pour le branchement électrique à quai,
disponibilité des infrastructures de traitement des déchets, etc.).
o Défis économiques et financiers : investissements conséquents pour la décarbonation et la
réduction des impacts.
? Défis réglementaires et de gouvernance :
o Nécessité de soutenir une harmonisation de la réglementation sous l?égide de l?OMI.
o Mise en oeuvre et contrôle : garantir une application homogène des mesures par tous les acteurs
de la chaîne logistique.
? Défis opérationnels et humains
o Articulation des objectifs de décarbonation et de protection de la biodiversité pour éviter les
externalités négatives (veiller aux effets rebonds entre les deux sujets lors de l?apparition de
nouvelles solutions)
o Engager et sensibiliser des équipages aux pratiques permettant de réduire l?impact sur la
biodiversité.
o Coopération intersectorielle : nécessité de travailler avec l?ensemble des acteurs de
l?écosystème maritime (ONG, sociétés de classe habilitées, Administrations, chantiers navals,
ports?) pour trouver des solutions partagées.
Exemple : le transport marit ime de granulés plas tiques indus trie ls (GPI)
Les armateurs français, réunis au sein d?Armateurs de France, se sont engagés de manière volontaire et anticipée
pour prévenir les pertes accidentelles de granulés plastiques industriels (GPI), dont les impacts sur la biodiversité
marine peuvent être considérables. Bien avant la diffusion de la circulaire de l?OMI (MEPC.1/Circ.909), près de
390 navires d?intérêt français appliquaient déjà des pratiques renforcées d?emballage, de stockage et d?arrimage,
plus ambitieuses que les obligations réglementaires. Afin de poursuivre leur engagement, l?organisation et ses
adhérents soutiennent par ailleurs la mise en oeuvre contraignante de ces recommandations au niveau
international, ainsi que la création d?un code douanier spécifique (SH) permettant d?identifier et de sécuriser le
transport des GPI. Cette démarche proactive illustre la volonté des armateurs français de dépasser les exigences
existantes et de contribuer à une meilleure protection de la biodiversité, en coopération avec l?ensemble de la
chaîne logistique. Pour plus d?informations, vous pouvez consulter la note de position dédiée d?Armateurs de
France47.
47 ARMATEURS DE FRANCE. Note de position ? Transport maritime de granulés plastiques industriels (GPI). Novembre 2024. Disponible en ligne :
https://www.armateursdefrance.org/sites/default/files/decryptages/adf_note_de_position_transport_maritime_gpi_novembre_2024.pdf
https://wwwcdn.imo.org/localresources/en/MediaCentre/HotTopics/Documents/MEPC.1-Circ.909.pdf
https://www.armateursdefrance.org/sites/default/files/decryptages/adf_note_de_position_transport_maritime_gpi_novembre_2024.pdf
34
L?EXPLOITATION DES RESSOURCES MINERALES
Contexte
Les granulats marins48 représentent une exploitation
d?un peu plus de 4 M m3 par an, à 95 % constitués de
matériaux siliceux à destination de la construction et
de l?agriculture, les 5 autres % étant de constitution
calcaire et coquillère servant à l?amendement des
sols, essentiellement bretons. Emerge de plus en
plus également une demande liée au rechargement
des plages (dont le cadre de gestion est différent de
celui des granulats marins) dans un contexte de
changement climatique et d?érosion littorale. 17
concessions minières représentant 21 sites
métropolitains disposent aujourd?hui d?une
autorisation d?exploitation. A cela on peut ajouter 2
permis de recherche. Ces concessions sont
uniquement situées en Atlantique et Manche Mer
du nord, aucun site en Méditerranée, bien que des
autorisations d?exploitation de dunes sous-marines
aient été délivrées pour alimenter les chantiers de
rechargement de plage. Ces concessions actuelles
représentaient 160 km²en 2023. Afin d?apporter de
la connaissance sur les impacts des activités, la
profession est à l?origine de la création de 2
Groupements d'Intérêt Scientifique : le GIS SIEGMA
(suivi des impacts de l'extraction de granulats
marins) de 2003 à 2012 et le GIS ECUME (étude des
effets cumulés en mer) depuis 2020.
Les hydrocarbures : il n?y a pas à ce jour
d?exploitation d?hydrocarbures dans les eaux
françaises. Certains projets de recherche ont été
réalisés sans que cela ne débouche sur une
exploitation.
L?exploration et l?exploitation des ressources
minérale des grands fonds (A noter que l?exploitation
de granulats marins ne constitue pas une
exploitation des grands fonds) n?est pas traitée dans
ce document car faisant l?objet du travail d?un
Groupe synergie spécifique.
Pressions générées et principaux risques d?impacts
Les professionnels de l?exploitation des granulats marins se sont largement impliqués dans les réflexions sur la
gestion des interactions entre leurs travaux et les écosystèmes marins49. Ces exploitations, régies à la fois par le
Code minier et le Code de l?environnement, sont très encadrées afin de limiter les risques d?impact des activités
d?extraction sur les écosystèmes marins.
48 https://sablesetgraviersenmer.fr
49 https://gis-ecume.fr
© Crédit photo : Archives Xavier Leoty / SO
https://sablesetgraviersenmer.fr/
35
Les principales pressions générées par l?extraction de granulats marins concernent50 la destruction localisée des
individus et des spécimens vivants sur les fonds marins au passage de l?élinde, l?augmentation temporaire de la
turbidité, la modification de la morphologie, de la bathymétrie et de la nature des fonds, la perturbation indirecte
de la dynamique sédimentaire et des peuplements halieutiques. Dans le détail, cela concerne les pressions
suivantes :
Principales mesures d?évitement et de réduction des risques d?impacts
Le choix des sites d?exploitation permet de déterminer un compromis optimal entre la présence et la qualité
de la ressource minérale, les enjeux environnementaux, les conditions techniques d?exploitation et la
cohabitation avec les autres usages de la mer (câbles, pêches, EMR). Ces éléments sont appréciés à partir
de données bibliographiques et de campagnes à la mer. Le choix résulte de l?application du triptyque ERC.
L?évitement du risque d?impact : Pour l'activité d'exploitation de granulats marins, l'évitement consiste à
prendre en compte la sensibilité environnementale du milieu et à l'intégrer dans la construction du projet.
Il est ainsi d'usage d'éviter les zones fonctionnelles telles que les frayères de fonds ou les nourriceries, les
habitats particulièrement vulnérables, ainsi que les zones dont les profondeurs bathymétriques
(profondeurs de fermeture) ne seraient pas suffisantes pour éviter les risques d'érosion côtière.
La réduction du risque d?impact : Là encore, les risques d?impacts peuvent être largement réduits par
l?engagement de mesures spécifiques. L?UNPG a mené en ce sens des réflexions pertinentes afin de réduire
les risques d?impacts. Ces mesures peuvent être :
- Temporelles : certaines pressions peuvent avoir des effets très variables en fonction de la saison
de mise en oeuvre des opérations : le dérangement d?espèce est étroitement lié à la présence sur
secteur de ces populations. Par exemple, en Manche, l'exploitation d'une concession est
suspendue en novembre pendant la période de frai du hareng (frai sur le fond).
- Techniques : le maintien d'une couverture sédimentaire propice à la recolonisation est pratiqué
sur l'ensemble des sites d'extraction. L'adaptation des conditions d'exploitation aux spécificités
des milieux et des autres usages de la mer, comme, dans le cas des grandes concessions,
l'exploitation de surfaces réduites (de l?ordre de 1 à 2 km2) de la concession pour limiter la surface
d'impact et permettre aux autres activités d'utiliser les zones non exploitées de la concession en
tout temps.
50 https://www.notre-environnement.gouv.fr/themes/biodiversite/les-milieux-littoraux-et-marins-ressources/article/extraction-selective-de-materiaux-
en-france-et-interactions-avec-le-milieu
Pressions mécaniques
Pressions physico-chimiques
Pressions
biologiques
Changement d'habitat
Extraction de substrat
Abrasion profonde
Dépôt faible de matériel
Dépôt important de matériel
Remaniement
Modification des conditions hydrodynamiques
Modification de la charge en particules
Émissions sonores (et vibrations)
Diminution de la lumière naturelle
Contamination par des éléments traces métalliques
(ETM), métalloïdes et organo-métaux
Contamination par hydrocarbures et HAP
Contamination par composés synthétiques
Modification des apports en matériel organique
Désoxygénation (ou « hypoxie »)
https://www.notre-environnement.gouv.fr/themes/biodiversite/les-milieux-littoraux-et-marins-ressources/article/extraction-selective-de-materiaux-en-france-et-interactions-avec-le-milieu
https://www.notre-environnement.gouv.fr/themes/biodiversite/les-milieux-littoraux-et-marins-ressources/article/extraction-selective-de-materiaux-en-france-et-interactions-avec-le-milieu
36
Les principaux défis pour la mise en place de mesures efficaces
- Le manque de connaissances sur le milieu marin et sur les impacts cumulés des activités
anthropiques en mer (à ce sujet, le GIS ECUME mis en place sur la façade MEMN est un outil
important ? voir p15);
- Le manque de connaissance sur les mécanismes de résilience des écosystèmes
- La connaissance de la localisation précise de la ressource en granulats marins sur les côtes
françaises.
Schéma de mise en oeuvre de la séquence ERC diffusé par l?UNPG
37
L?INDUSTRIE DE LA CONSTRUCTION NAVALE
Contexte :
L?industrie navale conçoit, produit et réalise la
maintenance et la modernisation des navires et
embarcations, sous-marins et drones maritimes,
ainsi que celle des systèmes et équipements intégrés
sur ces plateformes, ou permettant leur utilisation.
Elle fabrique aussi des systèmes de sécurité et de
sûreté maritimes, des systèmes pour les EMR (éolien
posé et flottant, hydroliennes?) et des équipements
dédiés à l?exploration et à la valorisation des grands
fonds marins. Cette industrie, qui représente en
France plus de 57 300 emplois directs, pour un
chiffre d?affaires cumulé de 15,9 Mdrs d?euros, se
positionne au troisième rang européen et au 9e rang
mondial en tonnage. Forte de plus de 735
entreprises comptabilisées dont une majorité de TPE
et de PME, l?industrie navale contribue au
dynamisme des régions et à la souveraineté de la
France. Signe de l?excellence industrielle française, le
contenu de l?industrie navale est très local dans sa
valeur ajoutée et ses emplois.
Pressions générées et principaux risques d?impacts
Les grands chantiers navals industriels sont des installations classées pour la protection de l?environnement
(ICPE). Les plus petits chantiers ou cales d?entretien peuvent ne pas être classés ICPE, surtout s?ils ne dépassent
pas les seuils réglementaires.
Les principales activités des chantiers pouvant impacter la biodiversité sont?:
- La production de déchets de chantiers, résidus de travaux de tôlerie, de soudure, de mécanique ;
- La dispersion de solvants, peintures, antifoulings ;
- Ponctuellement, certains chantiers, notamment en outremer peuvent représenter des sources
significatives de pollution lumineuse ou acoustiques dans des secteurs sensibles.
- La pollution générée par le nettoyage des formes : par le drainage des zones industrielles par les eaux
pluviales sur la zone industrielle ou l?infiltration des eaux de mer au travers des portes et écluses dans
les zones de travaux.
Pressions mécaniques
Pressions physico-chimiques
Pressions biologiques
Pas de pressions
mécaniques directes
Déchets solides
Émissions sonores (et vibrations)
Introduction de lumière artificielle
Contamination par des éléments traces métalliques (ETM), métalloïdes et organo-
métaux
Contamination par hydrocarbures et HAP
Contamination par composés synthétiques
Pas de pressions
biologiques directes
38
Principales mesures d?évitement et de réduction à prioriser
Les principales mesures de réduction du risque
d?impact de la construction navale consistent au
respect des règles environnementales des chantiers
(gestion des déchets et des produits utilisés dans la
construction) et la modernisation des infrastructures
existantes.
Sur les problématiques de traitement des eaux,
l?enjeu est la ségrégation de l?origine des eaux afin
de réduire de façon significative le volume des rejets
polluants liquides et solides à traiter en évitant le
mélange les eaux de pluie, de lavage ou des fuites
d?eau de mer.
Par ailleurs, l?industrie a une responsabilité en
matière de développement de techniques et de
substances potentiellement moins impactantes pour
l?environnement, qu?il s?agisse des peintures, des
antifoulings ou des lubrifiants utilisés. Ces
développements concernent aussi bien les
matériaux utilisés (PFAS par exemple) que leur
condition de mise en oeuvre (aspiration des
poussières lors du décapage ou des fumées de
soudage par exemple)
Les principaux défis pour la mise en place de mesures efficaces
Sur la séquence Eviter, c?est principalement par la
réduction de l?usage des matériaux identifiés comme
à risque pour la biodiversité qui est un défi. Cela
repose à la fois par un travail d?optimisation pour
n?utiliser que la quantité de matière nécessaire au
projet en réduisant les chutes non utilisées et les
projections hors de la surface d?intérêt et à la fois par
l?utilisation d?alternatives à ces matériaux à risque.
Sur la séquence Réduire, c?est l?ensemble des
processus de travail et des systèmes opérés
permettant de collecter les différents polluants de
l?air et de l?eau lors des travaux qui sont au coeur de
la mise ne place de mesures efficaces. Les
technologies de retraitement des déchets de
l?industrie (traitement des eaux, revalorisation des
déchets solides par réemploi, recyclage ou
valorisation) peuvent contribuer à réduire les
impacts des activités de la construction et réparation
navales.
Un des défis est l?articulation des responsabilités et
des investissements dans les équipements
permettant d?éviter et de réduire les pollutions
impactant la biodiversité entre le port propriétaire
du foncier et de certains équipements et le chantier
naval qui exploite les formes avec une autorisation
temporaire d?occupation du territoire.
Référentiel Green Marine Europe pour les chantiers :
Green Marine Europe est un programme de certification volontaire lancé en 2020 pour réduire l?empreinte
environnementale des activités maritimes en excédant la règlementation en vigueur et en promouvant une
culture d?amélioration continue. Depuis 2023, un référentiel adapté aux chantiers navals a été coconstruit avec
les acteurs en reprenant les indicateurs de performance du programme qui s?appliquent à leurs activités.
Concernant la protection de la biodiversité, sont particulièrement pertinents la gestion des déchets, la
pollution de l?air, la gestion des eaux pluviales et des eaux usées et la prévention des fuites de polluants. Le
référentiel propose 5 niveaux différents d?exigences au-delà de la réglementation imposée.
Principe général de la chaîne de
ségrégation -traitement des eaux de
carénage ? Source GPMM
39
LES CULTURES MARINES
Contexte :
L'aquaculture marine regroupe les secteurs de la
conchyliculture, la pisciculture marine, la culture de macro-
algues et l'élevage des crustacés en eau de mer.
En 2023, ces activités comptent51, au niveau national,
- 2 507 entreprises et 18 100 emplois en conchyliculture et
élevage de crustacées ;
- 38 entreprises et 449 emplois en pisciculture marine ;
- 9 entreprises et 39 emplois en en cultures de macro-algues ;
La production aquacole marine, en volume de ventes finales
hors écloserie-nurserie, s'élève à 155 300 tonnes (t) et
génère un chiffre d'affaires de 617 millions d'euros52.
En 2022, la France occupe le 1er rang européen pour la
production de coquillages en valeur. C?est également le 1er
pays producteur, exportateur et consommateur d?huîtres
en Europe .
Production conchylicole en France métropolitaine en 2021 © Agreste, enquête aquaculture 2023. MASA/SSP ; SDES 2023
Véritable maillage territorial, les 52 000 concessions
de cultures marines couvrent 15 289 hectares de
domaine public maritime le long de nos littoraux et
déploient 1 577 km de lignes de bouchots.
En 2024, la production en volume de ventes est de
149 370 t de coquillages, soit 96 % de la totalité des
ventes aquacoles marines. La production
conchylicole concerne majoritairement l'élevage
d'huîtres et de moules, plus modestement
palourdes, coques, ormeaux et pétoncles. La
production d'huîtres, en volume de ventes, atteint
80 911 t en 2024, un niveau inférieur à celui d'avant
la crise sanitaire (- 5,9 % par rapport à 2019) et très
en deçà des 138 500 t produites en 1998 .
Avec 52 % de la production totale en volume en
2021, la Nouvelle-Aquitaine est la principale région
ostréicole française. La production des moules
s'élève à 66 321 t en 2021. Supérieure à son niveau
d'avant la crise sanitaire (+ 10 % par rapport à 2019),
la production reste inférieure aux meilleures années
(83 000 t en 2009). Les principales régions
productrices sont la Nouvelle-Aquitaine, la Bretagne,
et la Normandie avec 83 % de la production totale en
volume en 2021.
51 https://www.agreste.agriculture.gouv.fr/agreste-web/disaron/Chd2506/detail/
52 https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/edition-numerique/chiffres-cles-mer-littoral/13-aquaculture-marine
40
Pour ce qui est de l?algoculture, la France a produit
230 tonnes de macro-algues en 2023, pour un chiffre
d?affaires d?environ 672 000 ¤. La principale espèce
produite est le wakamé (Undaria pinnatifida) qui
représente 70% de la production totale de macro-
algues en volume. Les autres espèces cultivées sont
Saccharina latissima, puis Ulva sp. La Bretagne est la
principale région de production de macro-algues
marines (95% de la production française).
Cette production représente une part infime de la
production française, qui est de l?ordre de 75 000
tonnes par an. La quasi-totalité des macro-algues
(99,5%) produites est issue de la pêche à bord de
goémoniers ou de la récolte d?algues de rive. La
production de microalgues marines se fait
majoritairement en Bretagne et dans la région Sud.
Pressions générées et principaux risques d?impacts
L?exploitation du vivant marin est source
d?interactions réciproques avec les écosystèmes
marins. Ces interactions, détaillées ci-dessous par les
pressions générées, sont extrêmement variées du
fait de la très grande diversité des usages : des tables
conchylicoles à l?élevage en filières, de la récolte
d?huitre à plat à la clarification, autant d?interactions
avec des milieux également très diversifiés,
estuaires, lagunes, mers semi-fermées, sur des
habitats de vases et sables, couverts de divers
habitats naturels.
Les principales interactions portent sur la
cohabitation entre les concessions et les habitats
sensibles, herbiers de zostères et maerl notamment.
Ces interactions font actuellement l?objet
d?échanges très constructifs entre l?administration
et la profession afin de trouver un équilibre entre
production viable et protection durable des
écosystèmes. Un référentiel technique établi entre
l?OFB, le Comité national de la Conchyliculture (CNC)
et les organisations représentant les autres cultures
marines (algues notamment) a permis d?identifier
précisément les usages, les techniques, les pressions
générées, et les mesures d?évitement et de
réduction des risques d?impacts.
Le tableau ci-dessous présente les pressions exercées par la conchyliculture sur l?environnement. Le travail
conjoint mené avec la filière conchylicole et l?OFB a montré que les impacts associés aux activités conchylicoles
sont majoritairement faibles à modérés et traités dans les SDS et titres de concessions.
Pressions mécaniques
Pressions physico-chimiques
Pressions biologiques
Changement d'habitat
Tassement
Abrasion superficielle
Abrasion peu profonde
Remaniement
Dépôt faible de matériel
Modification des conditions
hydrodynamiques
Modification de la charge en particules
Dérangement visuel d'espèces
Déchets solides
Émissions acoustiques
Diminution de la lumière naturelle
Contamination par hydrocarbures et HAP
Modification des apports en nutriments
Modification des apports en matériel
organique
Désoxygénation (ou « hypoxie »)
Transfert d'individus génétiquement
différents d'espèces indigènes
Introduction ou propagation d'espèces
non-indigènes
Introduction de pathogènes
Appauvrissement génétique de
populations naturelles
Prélèvement d'espèces non-cibles
L'environnement marin est aussi vulnérable aux pressions exercées par les pollutions d?origine anthropique issues
des bassins versants - telles que les rejets d'eaux usées non traitées, les résidus de pesticides et les produits
pharmaceutiques - lesquelles affectent directement la conchyliculture. Il convient de rappeler que la
conchyliculture dépend étroitement de la qualité des eaux littorales et du bon état des écosystèmes côtiers.
41
Les principales mesures d?évitement et de réduction à prioriser
Les mesures d?évitement et de réduction des risques d?impact de l?exploitation des ressources biologiques sur les
écosystèmes marins sont nombreuses et beaucoup d?entre elles sont déjà déployées.
Les évaluations des incidences Natura 2000 s?appliquent aux activités de conchyliculture et autres cultures
marines.
L?évitement du risque d?impact (exemples illustratifs):
- Évaluations environnementales des Schémas des structures et évaluations d?incidences Natura
2000 : Ces évaluations environnementales, qu?elles soient menées dans ou en dehors des zones
Natura 2000, impliquent une meilleure planification des pratiques, une prise en compte des enjeux
écologiques locaux et, le cas échéant, la mise en place de mesures d?évitement, de réduction ou de
compensation. Elles constituent également un outil de dialogue entre les conchyliculteurs et les
gestionnaires de sites, permettant d?adapter les pratiques, et de valoriser les efforts déjà entrepris
par la filière conchylicole en matière de durabilité.
- Restauration écologique des friches :Les conchyliculteurs s?efforcent de remettre en état les friches
conchylicoles. Ces opérations permettent de réduire la pression sur les habitats sensibles, de
favoriser la recolonisation naturelle par la faune et la flore, et de revaloriser des espaces
abandonnés, contribuant ainsi à la restauration écologique des milieux littoraux. Dans la baie
d?Arcachon 193 ha ont ainsi été nettoyé grâce à l?action des conchyliculteurs, du Parc naturel marin
du Bassin d?Arcachon (OFB), et du Syndicat intercommunal du Bassin d?Arcachon (SIBA).
La réduction du risque d?impact:
- Organisation des accès pour réduire l?impact sur les voies d?accès aux parcelles exploitées :
- Sur des sites conchylicoles, d?importants efforts ont été engagés pour réduire l?impact
environnemental des pratiques, en tenant compte des enjeux écologiques présents sur les zones
concernées. Il s?agit notamment de repenser les itinéraires empruntés par les opérateurs et les
différents engins afin de minimiser les pressions exercées sur les habitats sensibles.
- Gestion des déchets plastiques : La filière conchylicole est activement engagée dans la
structuration d?une filière de traitement du matériel conchylicole usagé, afin d?éviter
l?enfouissement ou l?incinération. L?objectif est de maximiser la valorisation des plastiques grâce au
recyclage et au réemploi de la matière recyclée dans d?autres produits (ex. Projet RECYCONCH). En
parallèle, les conchyliculteurs, avec l?appui des CRC, mènent une recherche continue de matériaux
alternatifs au plastique, présentant une empreinte environnementale réduite et biodégradable (ex
: Projet BIOFICAT).
- Balisage sur mouillage écologique sur habitats sensibles : À l?instar des ancrages écologiques
déployés dans les parcs marins afin de limiter la dégradation des habitats sensibles par les
plaisanciers, une réflexion similaire est engagée pour adapter ces dispositifs aux zones
conchylicoles. L?objectif est de remplacer, dans les zones sensibles, les systèmes de mouillage et de
balisage traditionnels par des solutions plus respectueuses de l?environnement au sein des
cadastres conchylicoles.
- Réduction de l?appauvrissement génétique de populations naturelles : La réduction de la
biodiversité génétique est une réalité inhérente à toute pratique aquacole. Or, il est essentiel de
préserver cette diversité afin de maintenir le potentiel d?adaptation des coquillages face aux
variations environnementales et d?éviter l?érosion de la diversité génétique sauvage. C?est pourquoi
les écloseurs (appuyés par le SYSAAF) s?engagent dans des programmes de sélection et d?élevage
visant à conserver une diversité génétique élevée au sein des populations cultivées. Cette stratégie
permet de renforcer la résilience des espèces aux changements environnementaux liés notamment
au changement climatique, mais aussi de limiter les risques d?impact sur les populations naturelles.
42
Services écosystémiques rendus par la conchyliculture, et la c o-culture
La conchyliculture est une activité qui vit au rythme
des processus naturels des écosystèmes marins. Elle
procure de multiples services écosystémiques
bénéfiques au-delà de la production alimentaire. Les
sites conchylicoles sont souvent qualifiés de cultures
à zéro intrant, ne nécessitant ni alimentation, ni eau
douce, ni engrais. Ils contribuent ainsi à la
production locale de produits de la mer tout en
améliorant l'environnement littoral. Un service
essentiel est l'amélioration de la qualité de l'eau.
Les coquillages, en tant que filtreurs, éliminent
l'excès d'azote présent dans l'eau en l?incorporant
dans leurs coquilles et leurs tissus, mais aussi en
favorisant le relargage d?azote sous forme gazeuse
dans l?atmosphère, ce qui diminue les phénomènes
d?eutrophisation du milieu marin local. Une seule
huître adulte peut filtrer jusqu'à 8 litres d'eau par
heure. De plus, la conchyliculture stimule la
biodiversité en agissant comme un habitat marin. La
réduction de la turbidité de l?eau favorise la
production primaire et permet la colonisation par
d?autres espèces végétales et animales. Les
coquillages eux-mêmes constituent un substrat
pouvant être colonisé par de nombreux organismes.
Les installations conchylicoles offrent un abri contre
les prédateurs, une source de nourriture et même
des zones de reproduction pour des poissons et
crustacés d?intérêt commercial. Ces sites
enrichissent ainsi la biodiversité locale.
Enfin, l?association de la conchyliculture et de
l?algoculture vient accroître les services
écosystémiques. La co-culture d'algues et de
coquillages présente des avantages
supplémentaires. Les algues, grâce à la
photosynthèse, absorbent le dioxyde de carbone
présent dans leur environnement, réduisant ainsi
l?acidification des eaux littorales. Cet effet tampon
local bénéficie aux coquillages, en diminuant leur
mortalité et en favorisant leur croissance. En outre,
les algues produisent de l'oxygène, ce qui peut
atténuer localement les zones à faible teneur en
oxygène. Cette « permaquaculture » constitue donc
une approche intégrée pour le traitement de l'eau,
la réduction de l?acidification et la création d'habitats
Exemple de mesure de réduction de pression : Vers des barges conchylicoles décarbonées
La transition énergétique constitue un levier essentiel pour réduire les pressions environnementales associées
aux activités conchylicoles. Plusieurs projets innovants visent à décarboner la flotte de barges utilisées pour
l?exploitation des coquillages. Le premier jalon est la barge François Cadoret, portée par le CRC Bretagne Sud.
Mise à l?eau en 2023, elle est la première barge ostréicole à propulsion électrique autonome en France,
symbolisant une étape concrète vers une activité moins émettrice.
Le projet ESTEBAM développe la remotorisation hydrogène des barges mytilicoles, avec une première
démonstration réalisée en 2024, par le CRC Bretagne Nord.
Ces initiatives illustrent une dynamique concrète de réduction des émissions et des pressions liées à la
motorisation thermique, tout en anticipant les évolutions réglementaires.
43
.
Parc ostréicole dans la rivière de Crach , Golfe du Morbihan ? crédits Aude Sirvain
44
LES PECHES MARITIMES
Contexte :
La pêche française se caractérise par sa grande
diversité. 13 000 pêcheurs opèrent sur tous les
océans et pratiquent des activités allant de la pêche
à pied à la grande pêche. Elle compte 6 220 navires
(dont 4256 en métropole) s?appuyant sur 60 ports de
pêche, 34 halles à marées et les quelques 5000
entreprises de mareyage, transformation et vente
des produits de la mer53. La filière génère ainsi près
de 30 000 emplois à terre . La diversité de la pêche
peut se mesurer de diverses manières. Outre les
zones de pêche, les engins utilisés et les espèces
ciblées, les navires se répartissent en quatre
catégories administratives de navigation selon la
durée autorisée de leurs sorties en mer (marées) : «
la grande pêche » qui concerne les grands navires
dont les marées durent plus de 20 jours, « la pêche
au large » qui concerne les navires dont les marées
durent entre 4 et 20 jours, « la pêche côtière » qui
s?applique pour les marées de 1 à 4 jours et « la petite
pêche » pour les marées de moins de 24 heures.
Les débarquements de poissons en France
hexagonale en 2022 totalisent 347 000 tonnes. Ils
sont en augmentation suite aux débarquements plus
faibles de la période 2019-2021 (325 000 tonnes par
an environ) sans pour autant atteindre les 400 000
tonnes débarquées annuellement entre 2010 et
2018. Pour autant, malgré ces variations des volumes
de poissons débarqués, l?évaluation 2023 de l?état
des populations révèle une répartition stable par
rapport à 202254 avec environ la moitié des volumes
issus de populations exploitées durablement .
Pressions générées et principaux risques d?impacts
L?exploitation des ressources biologiques marines est
source de fortes interactions réciproques avec les
écosystèmes marins. Ces interactions, détaillées ci-
dessous par les pressions générées, sont
extrêmement variées du fait de la très grande
diversité des usages : de la petite pêche à pied aux
grandes pêches pélagiques ou benthiques, les effets
et dépendances aux milieux sont très variables.
Concernant la pêche professionnelle maritime, le
référentiel technique produit entre le CNPMEM et
l?OFB et édité en 2024 dresse un panorama complet
des pressions et propose des mesures d?évitement et
de réduction appropriées et négociées.
53
https://www.franceagrimer.fr/sites/default/files/rdd/doc
uments/BIL-MER-2024-CHIFFRES-CLES-2023_2.pdf
54 https://www.ifremer.fr/fr/actualites/bilan-2023-en-
france-hexagonale-56-des-volumes-de-poissons-
debarques-en-2022-proviennent
45
- Les pressions sur les effectifs de populations font l?objet de très nombreux contrôles et ont été cadrés
notamment par la Politique Commune des Pêches (PCP) par des quotas par espèce, et des mesures
techniques (restrictions spatio-temporelles et sur les engins de pêche). De même, la pression exercée
par les arts trainants a été progressivement réduite par différents dispositifs : interdiction du chalutage
de fond au-delà de 800 mètres de profondeur (Atlantique depuis 2016, Méditerranée depuis 2024),
fermetures ciblées de 87 zones entre 400 et 800 mètres sur des écosystèmes marins vulnérables
(règlement d?exécution 2022/1614), interdiction des filets remorqués dans la bande côtière des trois
milles nautiques (depuis 1990), interdictions spécifiques sur certains habitats sensibles en Méditerranée
(maërl, herbiers de posidonie, coralligène) ainsi que, plus récemment, l?extinction programmée du
gangui d?ici 2025. Il est à noter qu?aujourd?hui, plus de 50 % de la surface des eaux hexagonales sous
juridiction française sont strictement fermées au chalutage de fond.
- Engagées par la règlementation ou prises à l?initiative des professionnels, de nombreuses mesures de
gestion ont été mise en oeuvre par les pécheurs français avec des effets significatifs sur la ressource (ex
du thon rouge en Méditerranée et Atlantique ou de la langouste en Atlantique) ou sur les écosystèmes
(37cantonnements de pêche en France).
- Reste une pression considérée comme majeure par l?IPBES s?agissant du chalutage sur les habitats
meubles du plateau continental. Des travaux en cours doivent permettre de mieux comprendre,
qualifier et quantifier cette pression afin qu?elle soit appréhendée le plus objectivement possible. Le
dragage coquiller est également source de pressions spécifiques sur les habitats côtiers, qui doivent être
évaluées au regard des connaissances disponibles et des mesures de gestion déjà mises en place.
Pressions mécaniques
Pressions physico-chimiques
Pressions biologiques
Changement d'habitat
Tassement
Abrasion superficielle
Abrasion peu profonde
Abrasion profonde
Remaniement
Dépôt faible de matériel
Modification de la charge en particules
Obstacle au mouvement
Mort ou blessure par collision /interaction
Dérangement visuel d'espèces
Déchets solides
Émissions sonores (et vibrations)
Contamination par hydrocarbures et HAP
Introduction ou propagation d'espèces
non-indigènes
Introduction de pathogènes
Prélèvement d'espèces cibles
Prélèvement d'espèces non-cibles
Les principales mesures d?évitement et de réduction à prioriser
Depuis plusieurs décennies, la pêche française
s?inscrit dans une logique de gestion durable et de
réduction des impacts sur les écosystèmes marins.
L?intégration progressive des exigences
environnementales dans la Politique Commune des
Pêches (PCP), la mise en oeuvre des Directives
européennes (DCSMM, DCE, Natura 2000), et la
création d?aires marines protégées (AMP) ont
conduit la filière à adapter continuellement ses
pratiques.
Ces évolutions se traduisent par des mesures de plus
en plus fines d?évitement, de réduction et de suivi
des impacts, reposant sur la science, l?innovation
technologique, et la concertation entre
professionnels, scientifiques et pouvoirs publics.
46
L?évitement du risque d?impact (exemples illustratifs):
Les mesures d?évitement consistent à empêcher l?interaction entre une activité générant des pressions et les
habitats ou espèces sensibles. Dans le cas de la pêche, ces mesures reposent sur la planification spatiale et la
gestion adaptative.
- Cantonnements de pêche : Créés à
l?initiative des pêcheurs, ils permettent la
régénération des ressources halieutiques
sur les zones fonctionnelles essentielles
(frayères, nourriceries).
Exemples : cantonnements de Calvi (Corse),
Carry-le-Rouet, Cap Couronne et Golfe de
Beauduc (photo PNR Camargue ci-contre)
(Bouches-du-Rhône). Ces dispositifs, mis en
place depuis les années 1960, ont montré
des effets positifs sur la biomasse et la
diversité spécifique.
- Protection des écosystèmes marins vulnérables (EMV) : Le règlement d?exécution (UE) 2022/1614
établissant 87 zones de fermeture entre 400 et 800 mètres de profondeur interdit désormais les arts
traînants dans les zones profondes à forte sensibilité écologique.
- Labellisation en Zones de Protection Forte (ZPF) : Ces zones garantissent un haut niveau de préservation
des habitats en limitant fortement ou supprimant les pressions humaines, y compris les pollutions
d?origine terrestre et en mobilisant des réglementations adaptées pour préserver les enjeux écologiques
(cf. décret n° 2022-527 sur la protection forte).
- Mesures spatio-temporelles : Fermetures saisonnières destinées à protéger des périodes critiques pour
certaines espèces (reproduction, croissance). Ces mesures permettent la levée totale ou partielle du
risque d?interaction entre les engins de pêche et les espèces ou habitats sensibles. Exemple 1 :
fermetures saisonnières pour la protection de la langoustine dans le golfe de Gascogne. Exemple 2 : la
France interdit le chalutage à plus de 800 mètres de profondeur en Atlantique (depuis 2016) et en
Méditerranée (depuis 2024), ainsi que dans la bande côtière des 3 milles nautiques depuis 1990. Résultat
: plus de 50 % des fonds marins sous juridiction française dans l?hexagone sont aujourd?hui inaccessibles
au chalutage de fond.
La réduction du risque d?impact (exemples illustratifs) : Lorsque l?évitement complet n?est pas possible, la
réduction vise à minimiser l?intensité ou la durée des pressions exercées par la pêche sur les écosystèmes.
- Quotas de capture et TAC (Total Allowable Catches) : Ces mesures, fixées par la PCP, garantissent une
exploitation durable des stocks. Plus de 56 % des stocks suivis exploités par la France le sont
aujourd?hui dans des conditions de durabilité biologique (rendement maximum durable, RMD).
- Amélioration de la sélectivité des engins : Développement et généralisation de dispositifs sélectifs
permettant de réduire les captures accessoires et les rejets, comme les grilles à langoustines, panneaux
à mailles carrées ou dispositifs de fuite pour poissons plats.
- Innovation technologique : Déploiement d?engins moins impactants sur les fonds (ex. chaluts à
panneaux hydrodynamiques, dragues hydrauliques à faible empreinte). Les projets menés dans le
cadre de France Filière Pêche ou du FEAMPA favorisent l?expérimentation et le transfert de
47
technologies à faible impact.
- Analyses de Risque Pêche (ARP) : Réalisées dans le cadre de Natura 2000 en mer, elles constituent
aujourd?hui le socle méthodologique pour évaluer et réduire les impacts des activités de pêche sur les
habitats et espèces d?intérêt communautaire. Elles permettent d?adapter les pratiques de manière
proportionnée et scientifiquement fondée.
- Réduction des émissions et bruit sous-marin : Certains projets visent à réduire le bruit généré par les
moteurs et les engins, notamment dans les zones de présence de mammifères marins, ainsi qu?à
diminuer la consommation de carburant.
Les mesures d?accompagnement
Au-delà des dispositifs réglementaires et techniques d?évitement ou de réduction, l?exploitation durable des
ressources biologiques repose également sur un ensemble de mesures d?accompagnement favorisant la
sensibilisation, l?innovation et la co-construction avec les acteurs maritimes.
Ces actions, portées conjointement par les professionnels, les organismes scientifiques et les pouvoirs publics,
visent à renforcer la connaissance, améliorer les pratiques et garantir une appropriation collective des enjeux de
préservation de la biodiversité marine.
- Formation et sensibilisation : intégration des enjeux environnementaux et de biodiversité dans
les formations maritimes françaises et sensibilisation des pêcheurs professionnels, de loisir aux
pratiques durables. Exemples : Le Plan National d?Action Esturgeon (PNA Sturio) comprend un
volet de sensibilisation avec production de supports pédagogiques et organisation de réunions
d?information.
- Coopération scientifique : Participation active de la filière aux programmes de recherche (Ifremer,
CNRS, OFB, CNPMEM) sur les impacts des engins de fond, la restauration des habitats et le suivi
des espèces sensibles. Exemple : Le projet PAMM (Plan d?action mammifères marins) qui teste le
déploiement de dispositifs de réduction des captures accidentelles de cétacés (pingers, balises
DolphinFree).
- Données et transparence : Systèmes de suivi (VMS, AIS, journaux électroniques de bord, caméras
embarquées) garantissant la traçabilité et le contrôle des activités de pêche sur l?ensemble des
façades maritimes. Exemple : Les programmes ObsMer et ObsCame(+) qui valorise l?engagement
des professionnels dans la collecte de données scientifiques.
Exemple de mesure de réduction de pression :
Dans le cadre des Analyses risque pêche déclenchées pour répondre aux obligations Natura2000, de
nombreuses mesures ont été engagées partout en France par les professionnels.
Sur le site Natura 2000 Ridens et Caps, dans le détroit du Pas de Calais, des mesures ont été proposées et
arbitrées. Il s?agira notamment de restriction d?usage des sennes écossaises et danoises pour les navires
nationaux et étrangers avec information auprès des états membres. Ajoutées aux mesures déjà engagées par
les pêcheurs français, ces mesures permettront de labelliser ce site en ZPF (zone de protection forte) sur les
Ridens puisque toutes les pressions fortes sur enjeux majeurs y auront été supprimées. Ce site devrait même se
proposer à la labellisation liste verte UICN, récompensant un modèle de gestion pertinent, un bel exemple
d?efficacité de collaboration entre professionnels et administration pour une exploitation durable des
ressources et des écosystèmes.
48
- Initiatives volontaires : Plusieurs organisations professionnelles développent des projets pilotes
de restauration d?habitats ou d?espèces (herbiers de zostères, récifs coquilliers) et participent à
des programmes de science participative pour renforcer la connaissance du milieu marins.
Les principaux défis pour la mise en place de mesures efficaces
Un diagnostic scientifique robuste : les mesures réglementaires doivent s?appuyer sur une évaluation objective,
complète et la plus récente possible afin d?identifier clairement les autres causes majeures de dégradation des
ressources biologiques marines (pollutions telluriques, aménagements côtiers, espèces exotiques envahissantes,
changement climatique). Cela permet d?éviter de concentrer l?essentiel des efforts uniquement sur les activités
maritimes productives.
Des mesures proportionnées et réalistes : elles doivent être adaptées aux réalités techniques, économiques et
sociales du secteur, garantir la viabilité des entreprises et la souveraineté alimentaire, tout en prenant en compte
les contraintes techniques (flotte vieillissante, coût élevé des engins, zones d?activité parfois restreintes).
Une gouvernance partagée : l?efficacité des mesures repose sur l?implication de toutes les parties prenantes
(scientifiques, professionnels, administrations, etc.) dans une logique de co-construction. La complémentarité
entre connaissances scientifiques et savoirs professionnels issus du terrain est indispensable pour concevoir des
mesures réalistes, adaptées aux contextes locaux et réellement opérationnelles.
Des moyens d?accompagnement insuffisants : le manque de dispositifs financiers, techniques et juridiques limite
la capacité des entreprises à s?adapter progressivement (innovation, transition énergétique, diversification), dans
un contexte où la multiplication de textes réglementaires devient difficilement soutenable.
Un déficit d?articulation : les nouvelles mesures réglementaires manquent souvent de cohérence avec les
dispositifs déjà en place (PCP, DCSMM, Natura 2000, DPF, stratégies énergie-climat PNRR etc?). Une meilleure
coordination est nécessaire pour éviter la superposition de mesures réglementaires, renforcer les synergies et
assurer une lisibilité à long terme.
Un suivi et une évaluation insuffisants : l?absence d?évaluation systématique des mesures réglementaires
existantes affaiblit leur efficacité. Il est essentiel de développer des indicateurs robustes et harmonisés, d?assurer
un suivi transparent et de prévoir une révision régulière des mesures réglementaires pour les ajuster aux résultats
observés et aux évolutions environnementales.
49
NAUTISME, PLAISANCE ET YACHTING PROFESSIONNEL
Contexte :
Nautisme et plaisance 55: La France compte
aujourd?hui plus de 4 millions de plaisanciers
réguliers et 11 millions de pratiquants de sports
nautiques. Les immatriculations de bateaux de
plaisance augmentent de près de 10 000 unités par
an (73% de bateaux à moteur et 47% de bateaux
inférieur à 6 mètres). Les régions Bretagne et PACA
représentant la moitié du parc hexagonal. La France
compte aujourd?hui 1 063 088
immatriculations/enregistrements (dont 4/5 de
navires à moteur).
En 2025, la filière du nautisme et de la plaisance
regroupe un tissu de plus de 5 500 entreprises, de
grands groupes aux PME-TPE, pesant près de 5,5
milliards d?euros de chiffre d?affaires. Avec 150 000
emplois directs et indirects, l?industrie nautique
française est un acteur majeur de l?économie bleue
nationale et européenne. Pleinement engagée dans
la transition écologique, la filière mène une politique
volontariste fondée sur le cycle de vie du bateau, de
sa conception au traitement de sa déconstruction,
l?amélioration des performances environnementales
des entreprises, la sensibilisation de tous les acteurs
et la protection des milieux marins. Cette démarche
responsable et les résultats déjà produits ont été en
grande partie initiés en France et doivent s?étendre
pour garantir le développement de la plaisance et de
pratiques nautiques durables.
Infrastructures56 : La filière nautique s?appuie sur un
réseau territorial dense d?infrastructures portuaires
et de bases nautiques : 473 ports de plaisance
maritimes offrant 252 000 places, 556 bases fluviales
55 Sources Fédération de l?industrie nautique
56 Sources Fédération française des ports de plaisance
pour 20 000 places et 40 ports à sec pour 11 000
places et 8 500 km de voies d?eau navigables et
d?innombrables lacs ou plans d?eau. On dénombre
aussi près de 1 000 bases nautiques réparties sur
l?ensemble du territoire en Hexagone et en Outre-
mer, 4 500 structures affiliées aux fédérations
sportives (voile, surf, plongée, canoë). Ces ports de
plaisance et bases nautiques sont soumis à des
enjeux de transition écologique pour faire face au
changement climatique, à des enjeux d'adaptation
pour faire face à l?élévation du niveau de la mer et au
recul du trait de côte, et à des enjeux de gestion des
déchets. Ces enjeux impliquent des investissements
et des engagements faisant d?eux des acteurs de la
sensibilisation du grand public à l?environnement et
aux mesures de protection.
Yachting professionnel57 : Le yachting professionnel
est une activité comparable à l?aviation d?affaire dans
le domaine de l?aérien. Les règles, fiscale, maritimes,
douanières, sociales qui lui sont applicables sont
similaires ou très proches des règles applicables à
l?activité de la croisière. Pratiquement, la totalité de
la flotte est conforme aux règles des navires de
commerce. Les équipages qui arment ces unités
détiennent des brevets de marine marchande
approuvés par l?OMI.
La flotte mondiale de yacht de plus de 30 m est de
6500 unités. Il se construit bon an mal an 150 à 200
yachts par an dans le monde. Le marché croit de 5 à
7 % par an. La très grande majorité des yachts bat
pavillon étranger, que ce soit communautaire ou pays
tiers. Le pavillon Français utilisé par les yachts est le
57 Sources European Commitee for Professionnal Yachting
50
RIF, il ne cesse de croitre : aujourd?hui il compte 180
unités. Le yachting est essentiellement pratiqué en
Méditerranée où environ 2000 unités croisent. La
région sud a produit une étude qui établit que
l?industrie du yachting représente 11000 emplois et
génère 1,2 milliards d?euros de retombées
économiques.
Principales interactions entre l ?activité et la biodiversité marine
Les principales interactions entre le nautisme et les écosystèmes marins concernent :
- L?ancrage sur les habitats sensibles (herbiers, coraux notamment)
- Le risque de dérangement d?espèce (approche des mammifères, oiseaux et tortues en particulier)
- Le risque de pollution par macrodéchets et matières organiques
Pressions mécaniques
Pressions physico-chimiques
Pressions biologiques
Abrasion superficielle
Abrasion peu profonde
Mort ou blessure par collision
/interaction
Dérangement visuel d'espèces
Déchets solides
Émissions sonores (et vibrations)
Introduction de lumière artificielle
Modification des apports en matériel organique
Contamination par hydrocarbures et HAP
Contamination par composés synthétiques
Introduction ou propagation d'espèces
non-indigènes
Introduction d?agents pathogènes
Principales mesures d?évitement et de
réduction à prioriser
Les acteurs du nautisme et de la plaisance oeuvrent
depuis longtemps et à toutes échelles à une plaisance
durable et responsable, notamment par des actions
d?éducation et de sensibilisation des plaisanciers et
des professionnels. De même, un important chantier
a été engagé par l?APER et les services de l?Etat pour
la gestion des navires de plaisance hors d?usage
(BPHU) et des milliers d?unités et autres matériels
nautiques ont été retirés de l?océan et recyclés en
centres agréés. Des efforts ont été et sont encore
engagés par l?industrie nautique sur l?analyse du cycle
de vie et l?écoconception des bateaux.
Le déploiement de zones de mouillage organisé est
un objectif de la stratégie nationale mer et littorale
(SNML), qui a également fait l?objet d?une mesure
CIMer 2025, qui a vocation à participer au
développement durable des zones côtières, en
conciliant à la fois les intérêts de la navigation, la
sécurité des plans d?eau et la protection de
l?environnement.
Les zones de mouillage et d?équipement léger (ZMEL)
sont un enjeu à la fois environnemental et
51
économique. D?un point de vue environnemental, les
ZMEL permettent de limiter l?impact de l?ancrage des
navires de plaisance pour les habitats benthiques.
D?un point de vue économique, les gestionnaires
doivent pouvoir atteindre un équilibre financier de
ces zones. En effet cette stratégie prescrit par
l?administration doit être accompagnée de mesures
facilitant la création et le renouvellement de ZMEL,
en simplifiant leur mise en place, en consolidant leur
modèle technique et économique (notamment par
l?harmonisation des redevances domaniales) et en
accompagnant les porteurs de projet sur le long
terme. Cet accompagnement doit s?appliquer pour le
développement des ZMEL pour la petite plaisance
mais aussi pour la grande plaisance (navires de plus
de 24 mètres), notamment en Méditerranée, avec la
mise en place de coffres écoconçus.
Il convient de rappeler que ces ZMEL sont des zones
de protection du littoral, de l?environnement et de la
biodiversité marine par la limitation du nombre de
navire au mouillage, la suppression de l?impact de
l?ancrage, la régulation du passage ou encore de la
pêche.
L?évitement du risque d?impact: Comme pour toutes
les activités s?exerçant sur l?espace océanique sous
juridiction, il existe des zones/périodes/pratiques
encadrées règlementairement et pouvant faire
l?objet de protections strictes dans des cas très
précis (protection de lieux de reproduction d?oiseaux
marins, certaines calanques du Parc national des
Calanques?), ou de restrictions de mouillage
(herbiers de Posidonie en Méditerranée ?).
- Zones d?interdiction de navigation (il en existe très peu en France, essentiellement des zones tampon
autour de zones sensibles au dérangement d?oiseaux marins (Sept iles en Bretagne, Ilets de Sainte-Anne
en Martinique) ou des coeurs d?AMP (RNN de Cerbère Banyuls, PN de Port-Cros, quelques Calanques du
PN des Calanques, ?).
- Zones d?interdiction de mouillage : tous les sites cartographiés comme herbiers de Posidonie / Matte de
Posidonie en Méditerranée, ainsi que quelques zones d?herbiers en Atlantique.
- Zones d?exclusions des navires motorisés et autres VNM
La réduction du risque d?impact:
La réduction consiste à ne pas exclure mais à adapter
l?usage à la sensibilité du site en agissant sur les
paramètres de l?usage, par l?utilisation de mouillages
de moindre impact et d?application d?aide à la
plaisance éco-responsable (Nav&Co), le strict respect
de la règlementation relative au carénage, la gestion
responsable des déchets, mais également en
communiquant sur les bonnes pratiques et les
méthodes d?ancrage notamment (Ecogeste, Alliance
Posidonia, Bateau Bleu ? voir ci-dessous).
L?Alliance posidonia58 est née de la nécessité de créer des synergies autour de la posidonie et susciter un
engagement des acteurs publics et privés. Créée en juin 2023, sous l'égide de la préfecture de la région Provence-
Alpes Côte d'Azur, elle associe, dans une démarche innovante, des acteurs publics, privés et des ONG pour faire
émerger une véritable prise de conscience de l'importance de la préservation de la posidonie auprès des citoyens,
des élus, des plaisanciers, et de l'ensemble des acteurs économiques et sociaux sur le littoral méditerranéen
français.
Bateau Bleu
Afin de mieux protéger la biodiversité marine, la Fédération des Industries Nautiques, le Parc national de Port-
Cros - Porquerolles et le Parc naturel marin du Golfe du Lion ont mené une réflexion commune qui a abouti à la
mise en oeuvre de l?expérimentation Bateau Bleu, avec le soutien de l?Office Français de la Biodiversité et la
Direction Interrégionale de la mer Méditerranée. Ce dispositif concerne principalement les loueurs et leurs
clients, et a pour objectif de les sensibiliser aux principes de la plaisance durable.
APER ? L?association pour la plaisance éco-responsable
Eco-organisme en charge de la déconstruction des bateaux de plaisance en fin de vie, créé en 2019 et dont
l?agrément vient d?être renouvelé jusqu?au 31/12/2029, gère la première filière mondiale de déconstruction des
bateaux de plaisance hors d?usage. Cet axe a été le premier dans lequel s?est investi la filière pour maitriser et
58 https://www.alliance-posidonia.fr/alliance-posidonia
52
valoriser les produits issus de la déconstruction. Plus de 13 000 bateaux ont été démantelés et valorisés dans les
35 centres agrées répartis sur le territoire métropolitain et ultramarin. Les 105 entreprises adhérentes
(constructeurs et importateurs) représentent près de 90% des mises en marché et sont les principaux financeurs
de la filière à travers l?écocontribution. Cette filière REP sur les bateaux de plaisance est unique au monde et
montrée en exemple par la commission européenne et la confédération européenne de l?industrie nautique (EBI).
Le programme ÉCONAVIGUER DANS LES EAUX FRANÇAISES59
Depuis 2013, le Programme Éconaviguer dans une aire marine protégée qui s?est déployé en 2019 pour devenir
le Programme Éconaviguer dans les eaux françaises, travaille et multiplie ses actions pour accompagner le
développement durable, la réduction des impacts et la transition environnementale et énergétique du nautisme
et de la plaisance. Entre 2013 et 2019, le Programme a mis en oeuvre des projets pilotes sur différentes
thématiques de l'éconavigation dans les aires marines protégées : mouillages de moindre impact, bonnes
pratiques à bord, usage des antifouling, sensibilisation des pratiquants... Les retours d'expériences de ces projets
sont ensuite partagés aux gestionnaires d'aires marines protégées. En 2019, le programme s'ouvre à l'ensemble
des acteurs de la filière nautique : centres de formation, fédérations sportives, associations de pratiquants...
Aujourd'hui, le programme anime le réseau via les newsletters de l'éconavigation, les webinaires techniques sur
les thématiques de l'éconavigation, les Rencontres interprofessionnelles qui rassemblent de nombreux acteurs
publics et privés autour de questions techniques, le Forum des entreprises accolés aux Rencontres
interprofessionnelles et le GT national de l'éconavigation qui se déroule tous les semestres.
Nombreuses informations supplémentaires sur le site web éconaviguer.com.
Les principaux défis pour la mise en place de mesures efficaces
- Développer et accompagner la stratégie nationale de gestion des mouillages ;
- Poursuivre le développement des ZMEL par la mise en place d?un pilotage national, la simplification des
procédures, et la validation d?un modèle économique (#SNML ? objectif 6)
- Favoriser le développement éco-responsable de la grande plaisance
- Décarbonation des systèmes de propulsion : La FIN mène depuis deux ans des travaux visant à
accompagner le développement de la motorisation électrique et à décarboner la motorisation
thermique par le recours aux carburants alternatifs.
- Performance et recyclabilité des composites : Résistants, légers, réparables et offrant aux bateaux de
plaisance une durée de vie exceptionnelle, les composites représentent un enjeu stratégique pour
l?avenir de la filière. La FIN a engagé des travaux avec les constructeurs français sur les possibilités de
recours à des résines moins émissives en COV et recyclables ainsi qu?aux fibres naturelles.
- Réduction et valorisation des déchets de production : Un groupe de travail est piloté par la FIN sur ce
sujet. Il vise à :
- Identifier, quantifier et cartographie les déchets de production des chantiers,
- Identifier les solutions et prestataires pouvant proposer des solutions de valorisation,
- Étudier les opportunités de regroupement de volumes pour accéder à ces solutions,
- Étudier les pistes pour réduire le volume de déchets (sur les consommables notamment),
- Partager les solutions et bonnes pratiques,
- Émettre des recommandations et éditer un guide.
- Renforcer et pérenniser la filière de collecte et de traitement des navires de plaisance hors d?usage
(actions APER).
- Accompagner la transition écologique, et l?adaptation au changement climatique des ports de plaisance
et des bases nautiques :
59 https://econaviguer.com/
53
- Accompagner les ports de plaisance vers la certification « ports propres » et « port actif en
biodiversité », notamment au travers des dispositifs d?accompagnement des agences de l?eau
et de l?OFB.
- Anticiper les besoins d'adaptation des ports de plaisance et des bases nautiques pour faire face
au changement climatique et à l?élévation du niveau de la mer
A noter qu?une feuille de route du nautisme et de la plaisance60 a été signée le 8 septembre 2025 entre la Ministre
chargée de la mer et le Président de la CNP, ce document qui est la première stratégie nationale pour la filière
fixe les grandes orientations d?ici 2030 et liste notamment les grands enjeux du secteur en matière de transition
écologique et environnemental.
Le cas spécifique du Yachting professionnel
Mesures de réduct ion des r is ques d ? impacts
La professionnalisation des équipages permet une
appropriation des enjeux environnementaux et une
adaptation des pratiques.
Les chantiers de réparation spécialisés ont entamé il
y a des années des actions pour réduire leur
empreinte Carbonne et ces actions portent leurs
fruits : traitement des cov, des déchets, des eaux
EN/EG, des eaux de carénage, avec réutilisation des
eaux de pluie, sans oublier l?électrification et
l?utilisation du photovoltaïque.
Au niveau portuaire, tous les ports Français sont
équipés de branchement a quai qui permettent aux
yachts de s?alimenter en électricité lorsqu?ils sont à
quai.
Au niveau des carburants , le yachting se tourne
depuis des années vers des produits totalement
décarbonés tels que le XTL (grâce à des dérogations,
le XTL n?étant pas prévu pour les activités
maritimes), la France a une position de leader dans
ce domaine.
Au niveau de la construction de yachts, on voit de
plus en plus de projets à propulsion hybride,
méthanol, hydrogène.
Déf is de la f i l ière
Le secteur du yachting professionnel, engagé dans la
protection de la biodiversité marine, notamment sur
le respect des herbiers de posidonie, estime
cependant que les modalités d?application en France
de la réglementation sur le mouillage des navires de
plus de 24 mètres, fondées sur la seule position du
navire en surface, pénalisent notre pays par rapport
à ses voisins directs, tels que l?Italie ou l?Espagne.
Ces derniers ont en effet privilégié des approches
plus pédagogiques, en déployant massivement des
coffres d?amarrage ou en mettant en place une
assistance au positionnement des navires dans les
zones de mouillage.
Les professionnels du secteur recommandent ainsi
de s?inspirer de ces bonnes pratiques européennes,
afin de renforcer l?attractivité des eaux françaises
tout en assurant une meilleure protection de
l?environnement.
L?objectif est d?éviter que de nombreux yachts
choisissent d?éviter les côtes françaises en raison de
sanctions perçues comme excessives et de fait,
dissuasives.
6025.09.2025_Feuille_de_route_Nautisme_et_plaisance.pdf
https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/documents/25.09.2025_Feuille_de_route_Nautisme_et_plaisance.pdf
54
LES ACTIVITES DE DEFENSE
Contexte :
Les activités que les armées exercent dans le cadre
de la défense et de la sécurité nationales, de par leur
nature confidentielle et prioritaire, ne figurent pas
au rang des activités concernées par la stratégie
nationale pour la mer et le littoral (art. 219-1 CE). Ces
activités ne sont pas non plus soumises à évaluation
environnementale en application du code de
l?environnement. Toutefois, de nombreuses actions
ont été entreprises, chaque fois que cela était
possible sans altérer l?efficacité des exercices ou
déploiement de moyens de défense, afin de limiter
les interactions des usages avec les écosystèmes
marins.
Pressions générées et principaux risques d?impacts :
Les unités de la Marine nationale veillent à réduire
leur impact sur l?environnement lorsque des
solutions techniques compatibles avec les impératifs
de défense nationale peuvent être adoptées. Dans le
cadre de sa participation à l?action de l?État en mer
(AEM), la Marine nationale est engagée dans des
missions de police et de surveillance de
l?environnement, de lutte contre les pollutions
accidentelles en mer et de lutte contre la pêche
illicite, et participe à des actions de dépollution des
fonds marins.
Pressions mécaniques
Pressions physico-chimiques
Pressions biologiques
Perte d'un habitat
Changement d'habitat
Tassement
Abrasion superficielle
Abrasion peu profonde
Abrasion profonde
Remaniement
Dépôt faible de matériel
Dépôt important de matériel
Modification des conditions hydrodynamiques
Modification de la charge en particules
Obstacle au mouvement
Mort ou blessure par collision /interaction
Dérangement visuel d'espèces
Déchets solides
Émissions sonores (et vibrations)
Champs électromagnétiques
Introduction de lumière artificielle
Contamination par des éléments traces
métalliques (ETM), métalloïdes et organo-
métaux
Contamination par hydrocarbures et HAP
Contamination par composés synthétiques
Contamination par les radionucléides
Introduction de substance à caractère
visqueux
Modification des apports en nutriments
Modification des apports en matériel
organique
Introduction ou propagation
d'espèces non-indigènes
Introduction de pathogènes
55
Principales mesures d?évitement et de réduction à prioriser
Même si la plupart des normes environnementales
ne s?appliquent pas aux activités de défense
nationale, la Marine nationale a depuis longtemps
adopté une politique volontariste de réduction de
son empreinte écologique. Elle participe activement
à l?effort collectif de préservation du milieu marin à
travers un plan d?action dédié à la protection de
l?environnement.
Ce plan vise à réduire la consommation d?énergie en
privilégiant les propulsions mixtes lorsque celles-ci
sont possibles.
La Marine agit également pour limiter la dispersion
passive des espèces marines pouvant altérer la
biodiversité. Des progrès importants ont été réalisés
en matière de peintures et antifoulings, de
traitement des eaux de ballast, de carénage et
d?entretien, ainsi qu?en matière de gestion des
déchets.
Pour la réduction du bruit sous-marin, la Marine
concilie ses impératifs opérationnels (dissuasion,
lutte anti-sous-marine, sécurité des usagers) avec les
enjeux de protection de l?environnement marin. Elle
a ainsi défini une doctrine d?utilisation raisonnée du
sonar, au travers du choix des zones d?exercice et du
respect de procédures strictes d?utilisation par les
bâtiments et aéronefs.
Lors des opérations de déminage d?engins explosifs
immergés, la Marine a également mis en place des
règles spécifiques pour limiter l?impact des
opérations sur la faune et la flore marines. Quand
cela est possible, les munitions découvertes dans des
secteurs sensibles sont déplacées pour être
neutralisées dans des secteurs plus appropriés.
Dans les bases navales une gestion durable des
infrastructures de la Marine est mise en place ;
Exemple : contrat de performance énergétique de la
base aéronavale de Lann Bihoué, tandis que des
opérations « Rade Propre » mobilisent marins et
volontaires pour nettoyage les fonds marins et du
littoral autour et dans les bases navales de
Cherbourg, Brest et Toulon.
Enfin certains opérateurs sont formés pour réaliser
des collectes de données visant notamment à limiter
les risques de collisions lors des phases d?exercices.
Un cadre technique nationale de référence, établi
dès 2012 en partenariat avec l?ancienne Agence des
aires marines protégées, aujourd?hui intégrée à
l?Office français de la Biodiversité accompagne ces
engagements.
Images de l?opération « Rade propre » pilotée annuellement par la Préfecture maritime de l?Atlantique en rade
de Brest. Cette opération permet de faire travailler ensemble divers services de l?Etat et de la société civile.
Défis : Partage de données et échanges des bonnes pratiques particulièrement concernant la réduction des
bruits sous-marins et des dispositifs anticollisions.
56
LES ACTIVITES DE RECHERCHE
Contexte
Un inventaire qualitatif et quantitatif des activités
(sciences et techniques) de recherche marines et des
structures nationales les portant a été mené en 2020
par un groupe d?experts. Le volume des
établissements impliqués est estimé à 222 entités et
les effectifs concernés à près de 7000 équivalents
temps-plein.
Pressions générées et principaux risques d?impacts
La plupart des recherches en sciences et
technologies marines sont menées au plus près des
milieux que les équipes cherchent à observer,
comprendre, protéger et valoriser. Ces activités à la
mer sont fortement encadrées ; néanmoins, elles ne
sont pas sans impact sur les milieux. Au-delà des
impacts amont ou aval (déplacements, achats,
traitements des données), les opérations à la mer
nécessitent très souvent le déploiement d?objets de
collecte (navires, engins autonomes ou non,
observatoires, ?) qui, malgré l?ampleur et la durée
limitées de leur déploiement, ont des impacts sur les
milieux observés.
Pressions mécaniques
Pressions physico-chimiques
Pressions biologiques
Extraction de substrat (ponctuelle)
Tassement (ponctuel)
Abrasion superficielle
Abrasion peu profonde
Remaniement (ponctuel)
Dépôt faible de matériel
Mort ou blessure par collision / interaction
Émissions sonores (et vibrations)
(ponctuelles)
Introduction de lumière artificielle
(ponctuelle)
Relargage de substances potentiellement
toxiques, seules ou en mélange, pour les
organismes marins
Prélèvement d'espèces cibles
Prélèvement d'espèces non-cibles
Principales mesures d?évitement et de réduction à prioriser
Face à l?urgence climatique, à la perte de biodiversité marine et sous l?égide notamment du MESR (Ministère de
l?Enseignement Supérieur et de la Recherche), de nombreux organismes et établissements de recherche se sont
57
dotés de méthodes et de dispositifs afin de mieux maîtriser les impacts de leur recherche sur les milieux qu?ils
souhaitent mieux connaître et protéger. Les démarches sont diverses et multiples :
? Certains établissements (CNRS, Ifremer, OFB, MNHM, Sorbonne-Université, IRD notamment) se sont
dotés en 2024 schémas directeurs Développement durable et responsabilité sociétale, dont la vocation
est de définir les priorités et moyens à mettre en oeuvre au sein des établissements afin de réduire leur
empreinte environnementale. Autre dimension majeure de ces schémas : orienter la recherche des
établissements vers le soutien aux transitions environnementales des acteurs publics et privés ;
? D?autres ou ceux déjà précédemment cités s?impliquent dans des démarches collectives visant à réduire
l?impact environnemental des très grandes infrastructures de Recherche (TGIR) via l?établissement de
stratégie de décarbonation notamment. A titre d?exemple, la Flotte océanographique française, opérée
par l?Ifremer et sa filiale Genavir a conduit en 2024/2025 une démarche prospective dont l'un des axes
portait sur la décarbonation des campagnes océanographiques en jouant sur différents leviers
(réduction de la visite de transits, choix de nouveaux modes de propulsion, éco-conception des
navires?);
? Les collectifs Labo 1.5 portent également des dynamiques visant à maîtriser et réduire les impacts des
activités de recherche.
? Le Pôle universitaire d?innovation Blue Box, coordonné par l?Université de Bretagne Occidentale et
réunissant 11 partenaires, est engagé dans l?établissement d?une grille d?évaluation des impacts sur
l'océan de projets de recherche et d'innovation.
Par ailleurs, la recherche en sciences et technologies marines est pleinement mobilisée dans l?élaboration de
solutions visant à réduire les impacts des activités maritimes sur les écosystèmes. Cette démarche est par exemple
un fil rouge du contrat d'objectifs, de moyens et de performance de l'Ifremer qui vise à inscrire l'Institut dans la
transition écologique et énergétique. Une illustration en est fournie sur la thématique des énergies marines
renouvelables (EMR) où les recherches ont pour but de concilier performance des installations et limitation de
leurs impacts sur la biodiversité marine et les autres usages de l'espace maritime.
Les principaux défis pour la mise en place de mesures efficaces
En lien avec le plan stratégique Climat-Biodiversité
de 202361, le MESR invite fortement les
établissements et opérateurs sous tutelle à engager
des actions de maîtrise de leur empreinte
environnementale. Au titre des démarches récentes
et novatrices, il convient de citer l?établissement en
juin 2025 d?un livre blanc pour la métamorphose de
la Flotte océanographique française qui présente 20
recommandations dont de nombreuses visent à
réduire l?empreinte environnementale des activités
à la mer. On peut citer l?action de sensibilisation des
scientifiques à l?impact environnemental des
campagnes, dans un esprit d?évolution des pratiques
de la recherche visant à leur éco-conception, et pour
la promotion l?usage de dispositifs d?observation
moins impactants (voile, kayaks côtiers, drones?)
Cette réflexion sur la réduction des impacts de
recherche portée par la FOF est généralisée à
l?ensemble de la communauté des chercheurs en
sciences océaniques comme le traduit la Stratégie
nationale de l?observation de l?Océan portée par le
French Ocean Observing System, qui s?est fixée
notamment pour priorité de développer des
méthodes d?observation moins impactantes
(biocapteurs, ADN environnemental).
61 https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr/plan-climat-
biodiversite-et-transition-ecologique-de-l-enseignement-superieur-et-
de-la-recherche-91292
https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr/plan-climat-biodiversite-et-transition-ecologique-de-l-enseignement-superieur-et-de-la-recherche-91292
https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr/plan-climat-biodiversite-et-transition-ecologique-de-l-enseignement-superieur-et-de-la-recherche-91292
https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr/plan-climat-biodiversite-et-transition-ecologique-de-l-enseignement-superieur-et-de-la-recherche-91292
58
LA FORMATION DES ACTEURS DU MARITIME
Contexte :
Les métiers de la mer offrent des perspectives d?emploi variées : plus de 400 000 postes dans la filière maritime
et portuaire, 100 000 dans la filière pêche, dont 18 000 marins pêcheurs, 200 000 postes dans les cultures marines
et plus de 40 000 dans la Marine Nationale62.
Trois grandes filières de formation coexistent :
- La formation des professionnels des activités économiques maritimes, , dont la marine marchande, la
pêche, les cultures marines?
- La formation des agents de l?administration maritime
- La formation des agents de la Marine Nationale
La formation professionnelle maritime (FPM) est dispensée dans des établissements qui proposent des cursus de
formation initiale (CAP, BAC Pro, BTS, Licence, Master), des formations « modulaires» (dans le cadre de la
formation continue) et des formations spécifiques. Ces établissements ont différents statuts.
- Les lycées professionnels maritimes (12) et autres lycées et établissements publics ou privés (10)
- L?Ecole nationale supérieure maritime (ENSM)
- L?Ecole Nationale de Voile et des Sports Nautiques ENVSN ENVSN (bientôt I2N) : établissement public
qui forme aux métiers du nautisme et accompagne les sportifs de haut niveau.
Par ailleurs, l?administration maritime dispose de sa propre filière de formation, l?Ecole du service public de la mer
(ESP MER), basée au Havre. Elle forme tous les agents publics qui oeuvrent pour porter les politiques publiques
de la mer, du littoral et des ports. Elle ouvre ses formations à tous les agents publics concernés et en tant que de
besoin aux acteurs privés et associatifs.
Elle comprend :
- L?École d?administration des affaires maritimes (EAAM), grande école militaire qui assure la formation
initiale des administrateurs des affaires maritimes, un corps d?officiers de carrière de la Marine
Nationale administrés par le ministère chargé de la mer
- L?École de formation des affaires maritimes (EFAM) qui assure la formation initiale des ingénieurs des
travaux publics de l'Etat (ITPE) spécialisés en inspection de la sécurité des navires et des techniciens
supérieurs du développement durable (TSDD) ainsi que la formation continue de l?ensemble des agents
de l?administration chargée de la mer et du littoral et d?autres agents de l?État.
62 https://formations.mer.gouv.fr/
https://formations.mer.gouv.fr/
59
Enfin, la Marine Nationale forme en interne plus de 4000 jeunes au sein de ses quatre écoles63
- L?École des mousses
- L?École des matelots
- L?École de maistrance
- L?École navale
Principales mesures engagées par le secteur de la formation pour améliorer la
durabil ité environnementale du marit ime
Pour construire un avenir durable de la filière, les acteurs du maritime doivent intégrer dans toutes les
composantes de leurs activités la prise en compte des interactions avec le monde vivant.
Pour mettre en oeuvre ces évolutions importantes, il est essentiel de faire évoluer les compétences, les savoirs
faires. Il faut à minima acculturer l?ensemble des acteurs du maritime, de l?opérateur au cadre dirigeant, du
matelot au commandant.
Pour la filière des industriels de la mer, l?approche environnementale est une priorité
inscrite dans sa dernière feuille de route. Par exemple le projet FORTEIM, porté par
CINav va développer 12 modules d?acculturation à la transition écoénergétique dont
l?un est spécifiquement dédié à la biosphère marine. Il s?agit de construire des contenus
de formation mettant à profit l?expertise des scientifiques (dont le Museum National d?Histoire Naturelle,
Sorbonne Université, le CEA/Laboratoire des sciences du climat et de l?environnement) et la créativité des
ingénieurs pédagogiques (AFPA, grandes écoles, CINAV). Au-delà d?une acculturation massive de qualité, il faut
également travailler métier par métier pour intégrer la prise en compte du respect de la vie marine et former de
manière efficiente nos professionnels sur les navires, au sein des industries et tous les apprenants qui se destinent
à une carrière maritime. Dans cette démarche est impliqué l?ensemble des organismes de formation qui
s?adressent à notre filière, à tous les niveaux dont l?Education Nationale, l?enseignement supérieur, la formation
professionnelle (dont l?AFPA, les pôles formation de l?UIMM, les lycées maritimes et l?ENSM, ?). Cette évolution,
porteuse de valeur notamment pour les jeunes générations, est également un gage d?attractivité pour nos métiers
au sein d?une filière qui propose 10 000 recrutements par an.
Depuis 2022, l?ESPMER a enrichi le volet environnemental du cursus de
formation des administrateurs des affaires maritimes. L?école fait appel à divers
spécialistes de l?environnement marin pour doter ces futurs agents, voués à
occuper des postes stratégiques, de connaissances environnementales solides,
nécessaires à la gestion équilibrée des activités maritimes au regard de la sensibilité des écosystèmes marins. Des
formations continues ont également été développées à destination des personnels des DDTM et DIRM,
instructeurs des demandes d?usage du domaine maritime et de l?administration centrale, afin qu?ils acquièrent
les connaissances indispensables pour réduire l?impact des activités maritimes sur les écosystèmes sensibles.
Enfin, l?Ecole propose des formations à destination des services de police et de contrôle de l?Action de l?Etat en
mer pour les aider à cibler leurs interventions sur les enjeux prioritaires pour la biodiversité marine.
63 https://www.lamarinerecrute.fr/les-formations-au-sein-de-la-marine-nationale
https://www.lamarinerecrute.fr/les-formations-au-sein-de-la-marine-nationale
60
CONCLUSION
L?océan nous livre chaque jour d?infinies richesses,
alimentaires, industrielles, minérales,
pharmaceutiques, sociales. Depuis la nuit des temps,
l?homme a tissé avec ce milieu des liens
inextricables, indispensables, vitaux souvent. Mais
alors que les ressources alimentaires comme
minérales mondiales semblaient inépuisables, voilà
que ces ressources viennent à manquer, et qu?en
cascades les écosystèmes qu?ils constituent
s?effondrent.
La complexité du monde et la concurrence
internationale exacerbée par la mondialisation
rendent l?équilibre entre exploitation rentable et
utilisation raisonnable et durable des ressources très
difficile, entre souveraineté alimentaire et respect
des équilibres biologiques, entre décarbonation
justifiant les énergies marines et impacts maitrisés
des EMR sur l?environnement, entre compétitivité
des transports et réduction des émissions, ?
Mais cet équilibre, cette recherche d?un
épanouissement sociétal et économique
conservatoire des patrimoines et des services
écosystémiques présents et futurs est indispensable.
Plus encore, les sociétés qui réussiront demain sont
celles qui auront conservé leur terreau fertile, un
environnement sain et productif. Et que dire d?un
pays comme le nôtre, seconde destination
touristique mondiale, dont les activités nautiques et
balnéaires reposent sur une qualité
environnementale exceptionnelle.
Un exercice essentiel est donc à conduire pour
améliorer l?adaptation des usages maritimes à la
sensibilité des océans. Cet exercice n?est pas
nouveau, il a déjà été amorcé par tous les acteurs et
il est porté par de grands engagements
internationaux, communautaires et nationaux, de
l?organisation maritime internationale aux instances
locales de gouvernance en passant par les conseils
d?administration des grandes entreprises, les
Comités régionaux de pêche, de conchyliculture ou
d?algocultures, les conseils portuaires, les
collectivités et les associations d?usagers. Mais
l?exercice doit aujourd?hui s?intensifier car la
trajectoire reste à inverser, les océans, malgré
certains progrès, continuent à se dégrader.
Notre responsabilité est donc de travailler ensemble,
de partager les bonnes pratiques, avec ouverture,
bienveillance, efficacité, entre gens de mer, comme
nous savons le faire en pleine tempête, car oui, il
s?agit bien d?une tempête sociétale, de laquelle nous
pouvons sortir renforcés si chacun fait ce qu?il a à
faire pour le bien commun.
Le Groupe synergie du CMF a vocation à
accompagner cet exercice.
61
Quelques ressources pour aller plus loin
Notions générales
https://www.mer.gouv.fr/
https://www.mer.gouv.fr/strategie-nationale-pour-la-mer-et-le-littoral
https://www.info.gouv.fr/upload/media/organization/0001/01/sites_default_files_contenu_piece-jointe_2023_04_00-l-
economie-bleue-en-france-2022-edito-intro-sommaire.pdf
https://www.ecologie.gouv.fr/politiques-publiques/strategie-nationale-biodiversite-2030
https://www.cluster-maritime.fr/le-cmf/a-propos-du-cmf/
https://www.imo.org/fr/MediaCentre/HotTopics/Pages/oceans-default.aspx
https://poolpe.ofb.gouv.fr/fr
Crédits photographiques
- Mickaël Buanic / Office français de la biodiversité ; Laurent Mignaux / Terra ; Jean François Poivey via Pexels _
couverture
- Jessica Castillo via Pixabay p5
- Ralf Roletschek p8
- Firstonline - www.firstonline.info P11
- Alain Pibot / OFB P3, 11, 24 , 39, 60
- Muséum National d?Histoire Naturelle p 13
- PatrickBlaise via Pixabay p18
- Valéry Joncheray p27
- CMA CGM p29
- Xavier Leoty / SO p33
- Maxppp - Lionel Le Saux p38
- OFB - Yves Gladu p43
- Freepik p48
- KlausJordan p52
- Marine nationale p54
- Ifremer p 56
- ESPMer p57
https://www.mer.gouv.fr/
https://www.mer.gouv.fr/strategie-nationale-pour-la-mer-et-le-littoral
https://www.info.gouv.fr/upload/media/organization/0001/01/sites_default_files_contenu_piece-jointe_2023_04_00-l-economie-bleue-en-france-2022-edito-intro-sommaire.pdf
https://www.info.gouv.fr/upload/media/organization/0001/01/sites_default_files_contenu_piece-jointe_2023_04_00-l-economie-bleue-en-france-2022-edito-intro-sommaire.pdf
https://www.ecologie.gouv.fr/politiques-publiques/strategie-nationale-biodiversite-2030
https://www.cluster-maritime.fr/le-cmf/a-propos-du-cmf/
https://www.imo.org/fr/MediaCentre/HotTopics/Pages/oceans-default.aspx
https://poolpe.ofb.gouv.fr/fr
62
Le présent document a été réalisé avec le soutien financier du programme Life de l?Union européenne,
dans le cadre du projet Life 16 IPE FR001 Marha . Le contenu de ce document n?engage que son auteur
et la Commission européenne ne peut être tenue responsable de l?utilisation qui pourrait être faite des
informations qu?il contient.
63
Groupe synergie
Activités maritimes et biodiversité marine
(ATTENTION: OPTION es déchets et des produits utilisés dans la
construction) et la modernisation des infrastructures
existantes.
Sur les problématiques de traitement des eaux,
l?enjeu est la ségrégation de l?origine des eaux afin
de réduire de façon significative le volume des rejets
polluants liquides et solides à traiter en évitant le
mélange les eaux de pluie, de lavage ou des fuites
d?eau de mer.
Par ailleurs, l?industrie a une responsabilité en
matière de développement de techniques et de
substances potentiellement moins impactantes pour
l?environnement, qu?il s?agisse des peintures, des
antifoulings ou des lubrifiants utilisés. Ces
développements concernent aussi bien les
matériaux utilisés (PFAS par exemple) que leur
condition de mise en oeuvre (aspiration des
poussières lors du décapage ou des fumées de
soudage par exemple)
Les principaux défis pour la mise en place de mesures efficaces
Sur la séquence Eviter, c?est principalement par la
réduction de l?usage des matériaux identifiés comme
à risque pour la biodiversité qui est un défi. Cela
repose à la fois par un travail d?optimisation pour
n?utiliser que la quantité de matière nécessaire au
projet en réduisant les chutes non utilisées et les
projections hors de la surface d?intérêt et à la fois par
l?utilisation d?alternatives à ces matériaux à risque.
Sur la séquence Réduire, c?est l?ensemble des
processus de travail et des systèmes opérés
permettant de collecter les différents polluants de
l?air et de l?eau lors des travaux qui sont au coeur de
la mise ne place de mesures efficaces. Les
technologies de retraitement des déchets de
l?industrie (traitement des eaux, revalorisation des
déchets solides par réemploi, recyclage ou
valorisation) peuvent contribuer à réduire les
impacts des activités de la construction et réparation
navales.
Un des défis est l?articulation des responsabilités et
des investissements dans les équipements
permettant d?éviter et de réduire les pollutions
impactant la biodiversité entre le port propriétaire
du foncier et de certains équipements et le chantier
naval qui exploite les formes avec une autorisation
temporaire d?occupation du territoire.
Référentiel Green Marine Europe pour les chantiers :
Green Marine Europe est un programme de certification volontaire lancé en 2020 pour réduire l?empreinte
environnementale des activités maritimes en excédant la règlementation en vigueur et en promouvant une
culture d?amélioration continue. Depuis 2023, un référentiel adapté aux chantiers navals a été coconstruit avec
les acteurs en reprenant les indicateurs de performance du programme qui s?appliquent à leurs activités.
Concernant la protection de la biodiversité, sont particulièrement pertinents la gestion des déchets, la
pollution de l?air, la gestion des eaux pluviales et des eaux usées et la prévention des fuites de polluants. Le
référentiel propose 5 niveaux différents d?exigences au-delà de la réglementation imposée.
Principe général de la chaîne de
ségrégation -traitement des eaux de
carénage ? Source GPMM
39
LES CULTURES MARINES
Contexte :
L'aquaculture marine regroupe les secteurs de la
conchyliculture, la pisciculture marine, la culture de macro-
algues et l'élevage des crustacés en eau de mer.
En 2023, ces activités comptent51, au niveau national,
- 2 507 entreprises et 18 100 emplois en conchyliculture et
élevage de crustacées ;
- 38 entreprises et 449 emplois en pisciculture marine ;
- 9 entreprises et 39 emplois en en cultures de macro-algues ;
La production aquacole marine, en volume de ventes finales
hors écloserie-nurserie, s'élève à 155 300 tonnes (t) et
génère un chiffre d'affaires de 617 millions d'euros52.
En 2022, la France occupe le 1er rang européen pour la
production de coquillages en valeur. C?est également le 1er
pays producteur, exportateur et consommateur d?huîtres
en Europe .
Production conchylicole en France métropolitaine en 2021 © Agreste, enquête aquaculture 2023. MASA/SSP ; SDES 2023
Véritable maillage territorial, les 52 000 concessions
de cultures marines couvrent 15 289 hectares de
domaine public maritime le long de nos littoraux et
déploient 1 577 km de lignes de bouchots.
En 2024, la production en volume de ventes est de
149 370 t de coquillages, soit 96 % de la totalité des
ventes aquacoles marines. La production
conchylicole concerne majoritairement l'élevage
d'huîtres et de moules, plus modestement
palourdes, coques, ormeaux et pétoncles. La
production d'huîtres, en volume de ventes, atteint
80 911 t en 2024, un niveau inférieur à celui d'avant
la crise sanitaire (- 5,9 % par rapport à 2019) et très
en deçà des 138 500 t produites en 1998 .
Avec 52 % de la production totale en volume en
2021, la Nouvelle-Aquitaine est la principale région
ostréicole française. La production des moules
s'élève à 66 321 t en 2021. Supérieure à son niveau
d'avant la crise sanitaire (+ 10 % par rapport à 2019),
la production reste inférieure aux meilleures années
(83 000 t en 2009). Les principales régions
productrices sont la Nouvelle-Aquitaine, la Bretagne,
et la Normandie avec 83 % de la production totale en
volume en 2021.
51 https://www.agreste.agriculture.gouv.fr/agreste-web/disaron/Chd2506/detail/
52 https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/edition-numerique/chiffres-cles-mer-littoral/13-aquaculture-marine
40
Pour ce qui est de l?algoculture, la France a produit
230 tonnes de macro-algues en 2023, pour un chiffre
d?affaires d?environ 672 000 ¤. La principale espèce
produite est le wakamé (Undaria pinnatifida) qui
représente 70% de la production totale de macro-
algues en volume. Les autres espèces cultivées sont
Saccharina latissima, puis Ulva sp. La Bretagne est la
principale région de production de macro-algues
marines (95% de la production française).
Cette production représente une part infime de la
production française, qui est de l?ordre de 75 000
tonnes par an. La quasi-totalité des macro-algues
(99,5%) produites est issue de la pêche à bord de
goémoniers ou de la récolte d?algues de rive. La
production de microalgues marines se fait
majoritairement en Bretagne et dans la région Sud.
Pressions générées et principaux risques d?impacts
L?exploitation du vivant marin est source
d?interactions réciproques avec les écosystèmes
marins. Ces interactions, détaillées ci-dessous par les
pressions générées, sont extrêmement variées du
fait de la très grande diversité des usages : des tables
conchylicoles à l?élevage en filières, de la récolte
d?huitre à plat à la clarification, autant d?interactions
avec des milieux également très diversifiés,
estuaires, lagunes, mers semi-fermées, sur des
habitats de vases et sables, couverts de divers
habitats naturels.
Les principales interactions portent sur la
cohabitation entre les concessions et les habitats
sensibles, herbiers de zostères et maerl notamment.
Ces interactions font actuellement l?objet
d?échanges très constructifs entre l?administration
et la profession afin de trouver un équilibre entre
production viable et protection durable des
écosystèmes. Un référentiel technique établi entre
l?OFB, le Comité national de la Conchyliculture (CNC)
et les organisations représentant les autres cultures
marines (algues notamment) a permis d?identifier
précisément les usages, les techniques, les pressions
générées, et les mesures d?évitement et de
réduction des risques d?impacts.
Le tableau ci-dessous présente les pressions exercées par la conchyliculture sur l?environnement. Le travail
conjoint mené avec la filière conchylicole et l?OFB a montré que les impacts associés aux activités conchylicoles
sont majoritairement faibles à modérés et traités dans les SDS et titres de concessions.
Pressions mécaniques
Pressions physico-chimiques
Pressions biologiques
Changement d'habitat
Tassement
Abrasion superficielle
Abrasion peu profonde
Remaniement
Dépôt faible de matériel
Modification des conditions
hydrodynamiques
Modification de la charge en particules
Dérangement visuel d'espèces
Déchets solides
Émissions acoustiques
Diminution de la lumière naturelle
Contamination par hydrocarbures et HAP
Modification des apports en nutriments
Modification des apports en matériel
organique
Désoxygénation (ou « hypoxie »)
Transfert d'individus génétiquement
différents d'espèces indigènes
Introduction ou propagation d'espèces
non-indigènes
Introduction de pathogènes
Appauvrissement génétique de
populations naturelles
Prélèvement d'espèces non-cibles
L'environnement marin est aussi vulnérable aux pressions exercées par les pollutions d?origine anthropique issues
des bassins versants - telles que les rejets d'eaux usées non traitées, les résidus de pesticides et les produits
pharmaceutiques - lesquelles affectent directement la conchyliculture. Il convient de rappeler que la
conchyliculture dépend étroitement de la qualité des eaux littorales et du bon état des écosystèmes côtiers.
41
Les principales mesures d?évitement et de réduction à prioriser
Les mesures d?évitement et de réduction des risques d?impact de l?exploitation des ressources biologiques sur les
écosystèmes marins sont nombreuses et beaucoup d?entre elles sont déjà déployées.
Les évaluations des incidences Natura 2000 s?appliquent aux activités de conchyliculture et autres cultures
marines.
L?évitement du risque d?impact (exemples illustratifs):
- Évaluations environnementales des Schémas des structures et évaluations d?incidences Natura
2000 : Ces évaluations environnementales, qu?elles soient menées dans ou en dehors des zones
Natura 2000, impliquent une meilleure planification des pratiques, une prise en compte des enjeux
écologiques locaux et, le cas échéant, la mise en place de mesures d?évitement, de réduction ou de
compensation. Elles constituent également un outil de dialogue entre les conchyliculteurs et les
gestionnaires de sites, permettant d?adapter les pratiques, et de valoriser les efforts déjà entrepris
par la filière conchylicole en matière de durabilité.
- Restauration écologique des friches :Les conchyliculteurs s?efforcent de remettre en état les friches
conchylicoles. Ces opérations permettent de réduire la pression sur les habitats sensibles, de
favoriser la recolonisation naturelle par la faune et la flore, et de revaloriser des espaces
abandonnés, contribuant ainsi à la restauration écologique des milieux littoraux. Dans la baie
d?Arcachon 193 ha ont ainsi été nettoyé grâce à l?action des conchyliculteurs, du Parc naturel marin
du Bassin d?Arcachon (OFB), et du Syndicat intercommunal du Bassin d?Arcachon (SIBA).
La réduction du risque d?impact:
- Organisation des accès pour réduire l?impact sur les voies d?accès aux parcelles exploitées :
- Sur des sites conchylicoles, d?importants efforts ont été engagés pour réduire l?impact
environnemental des pratiques, en tenant compte des enjeux écologiques présents sur les zones
concernées. Il s?agit notamment de repenser les itinéraires empruntés par les opérateurs et les
différents engins afin de minimiser les pressions exercées sur les habitats sensibles.
- Gestion des déchets plastiques : La filière conchylicole est activement engagée dans la
structuration d?une filière de traitement du matériel conchylicole usagé, afin d?éviter
l?enfouissement ou l?incinération. L?objectif est de maximiser la valorisation des plastiques grâce au
recyclage et au réemploi de la matière recyclée dans d?autres produits (ex. Projet RECYCONCH). En
parallèle, les conchyliculteurs, avec l?appui des CRC, mènent une recherche continue de matériaux
alternatifs au plastique, présentant une empreinte environnementale réduite et biodégradable (ex
: Projet BIOFICAT).
- Balisage sur mouillage écologique sur habitats sensibles : À l?instar des ancrages écologiques
déployés dans les parcs marins afin de limiter la dégradation des habitats sensibles par les
plaisanciers, une réflexion similaire est engagée pour adapter ces dispositifs aux zones
conchylicoles. L?objectif est de remplacer, dans les zones sensibles, les systèmes de mouillage et de
balisage traditionnels par des solutions plus respectueuses de l?environnement au sein des
cadastres conchylicoles.
- Réduction de l?appauvrissement génétique de populations naturelles : La réduction de la
biodiversité génétique est une réalité inhérente à toute pratique aquacole. Or, il est essentiel de
préserver cette diversité afin de maintenir le potentiel d?adaptation des coquillages face aux
variations environnementales et d?éviter l?érosion de la diversité génétique sauvage. C?est pourquoi
les écloseurs (appuyés par le SYSAAF) s?engagent dans des programmes de sélection et d?élevage
visant à conserver une diversité génétique élevée au sein des populations cultivées. Cette stratégie
permet de renforcer la résilience des espèces aux changements environnementaux liés notamment
au changement climatique, mais aussi de limiter les risques d?impact sur les populations naturelles.
42
Services écosystémiques rendus par la conchyliculture, et la c o-culture
La conchyliculture est une activité qui vit au rythme
des processus naturels des écosystèmes marins. Elle
procure de multiples services écosystémiques
bénéfiques au-delà de la production alimentaire. Les
sites conchylicoles sont souvent qualifiés de cultures
à zéro intrant, ne nécessitant ni alimentation, ni eau
douce, ni engrais. Ils contribuent ainsi à la
production locale de produits de la mer tout en
améliorant l'environnement littoral. Un service
essentiel est l'amélioration de la qualité de l'eau.
Les coquillages, en tant que filtreurs, éliminent
l'excès d'azote présent dans l'eau en l?incorporant
dans leurs coquilles et leurs tissus, mais aussi en
favorisant le relargage d?azote sous forme gazeuse
dans l?atmosphère, ce qui diminue les phénomènes
d?eutrophisation du milieu marin local. Une seule
huître adulte peut filtrer jusqu'à 8 litres d'eau par
heure. De plus, la conchyliculture stimule la
biodiversité en agissant comme un habitat marin. La
réduction de la turbidité de l?eau favorise la
production primaire et permet la colonisation par
d?autres espèces végétales et animales. Les
coquillages eux-mêmes constituent un substrat
pouvant être colonisé par de nombreux organismes.
Les installations conchylicoles offrent un abri contre
les prédateurs, une source de nourriture et même
des zones de reproduction pour des poissons et
crustacés d?intérêt commercial. Ces sites
enrichissent ainsi la biodiversité locale.
Enfin, l?association de la conchyliculture et de
l?algoculture vient accroître les services
écosystémiques. La co-culture d'algues et de
coquillages présente des avantages
supplémentaires. Les algues, grâce à la
photosynthèse, absorbent le dioxyde de carbone
présent dans leur environnement, réduisant ainsi
l?acidification des eaux littorales. Cet effet tampon
local bénéficie aux coquillages, en diminuant leur
mortalité et en favorisant leur croissance. En outre,
les algues produisent de l'oxygène, ce qui peut
atténuer localement les zones à faible teneur en
oxygène. Cette « permaquaculture » constitue donc
une approche intégrée pour le traitement de l'eau,
la réduction de l?acidification et la création d'habitats
Exemple de mesure de réduction de pression : Vers des barges conchylicoles décarbonées
La transition énergétique constitue un levier essentiel pour réduire les pressions environnementales associées
aux activités conchylicoles. Plusieurs projets innovants visent à décarboner la flotte de barges utilisées pour
l?exploitation des coquillages. Le premier jalon est la barge François Cadoret, portée par le CRC Bretagne Sud.
Mise à l?eau en 2023, elle est la première barge ostréicole à propulsion électrique autonome en France,
symbolisant une étape concrète vers une activité moins émettrice.
Le projet ESTEBAM développe la remotorisation hydrogène des barges mytilicoles, avec une première
démonstration réalisée en 2024, par le CRC Bretagne Nord.
Ces initiatives illustrent une dynamique concrète de réduction des émissions et des pressions liées à la
motorisation thermique, tout en anticipant les évolutions réglementaires.
43
.
Parc ostréicole dans la rivière de Crach , Golfe du Morbihan ? crédits Aude Sirvain
44
LES PECHES MARITIMES
Contexte :
La pêche française se caractérise par sa grande
diversité. 13 000 pêcheurs opèrent sur tous les
océans et pratiquent des activités allant de la pêche
à pied à la grande pêche. Elle compte 6 220 navires
(dont 4256 en métropole) s?appuyant sur 60 ports de
pêche, 34 halles à marées et les quelques 5000
entreprises de mareyage, transformation et vente
des produits de la mer53. La filière génère ainsi près
de 30 000 emplois à terre . La diversité de la pêche
peut se mesurer de diverses manières. Outre les
zones de pêche, les engins utilisés et les espèces
ciblées, les navires se répartissent en quatre
catégories administratives de navigation selon la
durée autorisée de leurs sorties en mer (marées) : «
la grande pêche » qui concerne les grands navires
dont les marées durent plus de 20 jours, « la pêche
au large » qui concerne les navires dont les marées
durent entre 4 et 20 jours, « la pêche côtière » qui
s?applique pour les marées de 1 à 4 jours et « la petite
pêche » pour les marées de moins de 24 heures.
Les débarquements de poissons en France
hexagonale en 2022 totalisent 347 000 tonnes. Ils
sont en augmentation suite aux débarquements plus
faibles de la période 2019-2021 (325 000 tonnes par
an environ) sans pour autant atteindre les 400 000
tonnes débarquées annuellement entre 2010 et
2018. Pour autant, malgré ces variations des volumes
de poissons débarqués, l?évaluation 2023 de l?état
des populations révèle une répartition stable par
rapport à 202254 avec environ la moitié des volumes
issus de populations exploitées durablement .
Pressions générées et principaux risques d?impacts
L?exploitation des ressources biologiques marines est
source de fortes interactions réciproques avec les
écosystèmes marins. Ces interactions, détaillées ci-
dessous par les pressions générées, sont
extrêmement variées du fait de la très grande
diversité des usages : de la petite pêche à pied aux
grandes pêches pélagiques ou benthiques, les effets
et dépendances aux milieux sont très variables.
Concernant la pêche professionnelle maritime, le
référentiel technique produit entre le CNPMEM et
l?OFB et édité en 2024 dresse un panorama complet
des pressions et propose des mesures d?évitement et
de réduction appropriées et négociées.
53
https://www.franceagrimer.fr/sites/default/files/rdd/doc
uments/BIL-MER-2024-CHIFFRES-CLES-2023_2.pdf
54 https://www.ifremer.fr/fr/actualites/bilan-2023-en-
france-hexagonale-56-des-volumes-de-poissons-
debarques-en-2022-proviennent
45
- Les pressions sur les effectifs de populations font l?objet de très nombreux contrôles et ont été cadrés
notamment par la Politique Commune des Pêches (PCP) par des quotas par espèce, et des mesures
techniques (restrictions spatio-temporelles et sur les engins de pêche). De même, la pression exercée
par les arts trainants a été progressivement réduite par différents dispositifs : interdiction du chalutage
de fond au-delà de 800 mètres de profondeur (Atlantique depuis 2016, Méditerranée depuis 2024),
fermetures ciblées de 87 zones entre 400 et 800 mètres sur des écosystèmes marins vulnérables
(règlement d?exécution 2022/1614), interdiction des filets remorqués dans la bande côtière des trois
milles nautiques (depuis 1990), interdictions spécifiques sur certains habitats sensibles en Méditerranée
(maërl, herbiers de posidonie, coralligène) ainsi que, plus récemment, l?extinction programmée du
gangui d?ici 2025. Il est à noter qu?aujourd?hui, plus de 50 % de la surface des eaux hexagonales sous
juridiction française sont strictement fermées au chalutage de fond.
- Engagées par la règlementation ou prises à l?initiative des professionnels, de nombreuses mesures de
gestion ont été mise en oeuvre par les pécheurs français avec des effets significatifs sur la ressource (ex
du thon rouge en Méditerranée et Atlantique ou de la langouste en Atlantique) ou sur les écosystèmes
(37cantonnements de pêche en France).
- Reste une pression considérée comme majeure par l?IPBES s?agissant du chalutage sur les habitats
meubles du plateau continental. Des travaux en cours doivent permettre de mieux comprendre,
qualifier et quantifier cette pression afin qu?elle soit appréhendée le plus objectivement possible. Le
dragage coquiller est également source de pressions spécifiques sur les habitats côtiers, qui doivent être
évaluées au regard des connaissances disponibles et des mesures de gestion déjà mises en place.
Pressions mécaniques
Pressions physico-chimiques
Pressions biologiques
Changement d'habitat
Tassement
Abrasion superficielle
Abrasion peu profonde
Abrasion profonde
Remaniement
Dépôt faible de matériel
Modification de la charge en particules
Obstacle au mouvement
Mort ou blessure par collision /interaction
Dérangement visuel d'espèces
Déchets solides
Émissions sonores (et vibrations)
Contamination par hydrocarbures et HAP
Introduction ou propagation d'espèces
non-indigènes
Introduction de pathogènes
Prélèvement d'espèces cibles
Prélèvement d'espèces non-cibles
Les principales mesures d?évitement et de réduction à prioriser
Depuis plusieurs décennies, la pêche française
s?inscrit dans une logique de gestion durable et de
réduction des impacts sur les écosystèmes marins.
L?intégration progressive des exigences
environnementales dans la Politique Commune des
Pêches (PCP), la mise en oeuvre des Directives
européennes (DCSMM, DCE, Natura 2000), et la
création d?aires marines protégées (AMP) ont
conduit la filière à adapter continuellement ses
pratiques.
Ces évolutions se traduisent par des mesures de plus
en plus fines d?évitement, de réduction et de suivi
des impacts, reposant sur la science, l?innovation
technologique, et la concertation entre
professionnels, scientifiques et pouvoirs publics.
46
L?évitement du risque d?impact (exemples illustratifs):
Les mesures d?évitement consistent à empêcher l?interaction entre une activité générant des pressions et les
habitats ou espèces sensibles. Dans le cas de la pêche, ces mesures reposent sur la planification spatiale et la
gestion adaptative.
- Cantonnements de pêche : Créés à
l?initiative des pêcheurs, ils permettent la
régénération des ressources halieutiques
sur les zones fonctionnelles essentielles
(frayères, nourriceries).
Exemples : cantonnements de Calvi (Corse),
Carry-le-Rouet, Cap Couronne et Golfe de
Beauduc (photo PNR Camargue ci-contre)
(Bouches-du-Rhône). Ces dispositifs, mis en
place depuis les années 1960, ont montré
des effets positifs sur la biomasse et la
diversité spécifique.
- Protection des écosystèmes marins vulnérables (EMV) : Le règlement d?exécution (UE) 2022/1614
établissant 87 zones de fermeture entre 400 et 800 mètres de profondeur interdit désormais les arts
traînants dans les zones profondes à forte sensibilité écologique.
- Labellisation en Zones de Protection Forte (ZPF) : Ces zones garantissent un haut niveau de préservation
des habitats en limitant fortement ou supprimant les pressions humaines, y compris les pollutions
d?origine terrestre et en mobilisant des réglementations adaptées pour préserver les enjeux écologiques
(cf. décret n° 2022-527 sur la protection forte).
- Mesures spatio-temporelles : Fermetures saisonnières destinées à protéger des périodes critiques pour
certaines espèces (reproduction, croissance). Ces mesures permettent la levée totale ou partielle du
risque d?interaction entre les engins de pêche et les espèces ou habitats sensibles. Exemple 1 :
fermetures saisonnières pour la protection de la langoustine dans le golfe de Gascogne. Exemple 2 : la
France interdit le chalutage à plus de 800 mètres de profondeur en Atlantique (depuis 2016) et en
Méditerranée (depuis 2024), ainsi que dans la bande côtière des 3 milles nautiques depuis 1990. Résultat
: plus de 50 % des fonds marins sous juridiction française dans l?hexagone sont aujourd?hui inaccessibles
au chalutage de fond.
La réduction du risque d?impact (exemples illustratifs) : Lorsque l?évitement complet n?est pas possible, la
réduction vise à minimiser l?intensité ou la durée des pressions exercées par la pêche sur les écosystèmes.
- Quotas de capture et TAC (Total Allowable Catches) : Ces mesures, fixées par la PCP, garantissent une
exploitation durable des stocks. Plus de 56 % des stocks suivis exploités par la France le sont
aujourd?hui dans des conditions de durabilité biologique (rendement maximum durable, RMD).
- Amélioration de la sélectivité des engins : Développement et généralisation de dispositifs sélectifs
permettant de réduire les captures accessoires et les rejets, comme les grilles à langoustines, panneaux
à mailles carrées ou dispositifs de fuite pour poissons plats.
- Innovation technologique : Déploiement d?engins moins impactants sur les fonds (ex. chaluts à
panneaux hydrodynamiques, dragues hydrauliques à faible empreinte). Les projets menés dans le
cadre de France Filière Pêche ou du FEAMPA favorisent l?expérimentation et le transfert de
47
technologies à faible impact.
- Analyses de Risque Pêche (ARP) : Réalisées dans le cadre de Natura 2000 en mer, elles constituent
aujourd?hui le socle méthodologique pour évaluer et réduire les impacts des activités de pêche sur les
habitats et espèces d?intérêt communautaire. Elles permettent d?adapter les pratiques de manière
proportionnée et scientifiquement fondée.
- Réduction des émissions et bruit sous-marin : Certains projets visent à réduire le bruit généré par les
moteurs et les engins, notamment dans les zones de présence de mammifères marins, ainsi qu?à
diminuer la consommation de carburant.
Les mesures d?accompagnement
Au-delà des dispositifs réglementaires et techniques d?évitement ou de réduction, l?exploitation durable des
ressources biologiques repose également sur un ensemble de mesures d?accompagnement favorisant la
sensibilisation, l?innovation et la co-construction avec les acteurs maritimes.
Ces actions, portées conjointement par les professionnels, les organismes scientifiques et les pouvoirs publics,
visent à renforcer la connaissance, améliorer les pratiques et garantir une appropriation collective des enjeux de
préservation de la biodiversité marine.
- Formation et sensibilisation : intégration des enjeux environnementaux et de biodiversité dans
les formations maritimes françaises et sensibilisation des pêcheurs professionnels, de loisir aux
pratiques durables. Exemples : Le Plan National d?Action Esturgeon (PNA Sturio) comprend un
volet de sensibilisation avec production de supports pédagogiques et organisation de réunions
d?information.
- Coopération scientifique : Participation active de la filière aux programmes de recherche (Ifremer,
CNRS, OFB, CNPMEM) sur les impacts des engins de fond, la restauration des habitats et le suivi
des espèces sensibles. Exemple : Le projet PAMM (Plan d?action mammifères marins) qui teste le
déploiement de dispositifs de réduction des captures accidentelles de cétacés (pingers, balises
DolphinFree).
- Données et transparence : Systèmes de suivi (VMS, AIS, journaux électroniques de bord, caméras
embarquées) garantissant la traçabilité et le contrôle des activités de pêche sur l?ensemble des
façades maritimes. Exemple : Les programmes ObsMer et ObsCame(+) qui valorise l?engagement
des professionnels dans la collecte de données scientifiques.
Exemple de mesure de réduction de pression :
Dans le cadre des Analyses risque pêche déclenchées pour répondre aux obligations Natura2000, de
nombreuses mesures ont été engagées partout en France par les professionnels.
Sur le site Natura 2000 Ridens et Caps, dans le détroit du Pas de Calais, des mesures ont été proposées et
arbitrées. Il s?agira notamment de restriction d?usage des sennes écossaises et danoises pour les navires
nationaux et étrangers avec information auprès des états membres. Ajoutées aux mesures déjà engagées par
les pêcheurs français, ces mesures permettront de labelliser ce site en ZPF (zone de protection forte) sur les
Ridens puisque toutes les pressions fortes sur enjeux majeurs y auront été supprimées. Ce site devrait même se
proposer à la labellisation liste verte UICN, récompensant un modèle de gestion pertinent, un bel exemple
d?efficacité de collaboration entre professionnels et administration pour une exploitation durable des
ressources et des écosystèmes.
48
- Initiatives volontaires : Plusieurs organisations professionnelles développent des projets pilotes
de restauration d?habitats ou d?espèces (herbiers de zostères, récifs coquilliers) et participent à
des programmes de science participative pour renforcer la connaissance du milieu marins.
Les principaux défis pour la mise en place de mesures efficaces
Un diagnostic scientifique robuste : les mesures réglementaires doivent s?appuyer sur une évaluation objective,
complète et la plus récente possible afin d?identifier clairement les autres causes majeures de dégradation des
ressources biologiques marines (pollutions telluriques, aménagements côtiers, espèces exotiques envahissantes,
changement climatique). Cela permet d?éviter de concentrer l?essentiel des efforts uniquement sur les activités
maritimes productives.
Des mesures proportionnées et réalistes : elles doivent être adaptées aux réalités techniques, économiques et
sociales du secteur, garantir la viabilité des entreprises et la souveraineté alimentaire, tout en prenant en compte
les contraintes techniques (flotte vieillissante, coût élevé des engins, zones d?activité parfois restreintes).
Une gouvernance partagée : l?efficacité des mesures repose sur l?implication de toutes les parties prenantes
(scientifiques, professionnels, administrations, etc.) dans une logique de co-construction. La complémentarité
entre connaissances scientifiques et savoirs professionnels issus du terrain est indispensable pour concevoir des
mesures réalistes, adaptées aux contextes locaux et réellement opérationnelles.
Des moyens d?accompagnement insuffisants : le manque de dispositifs financiers, techniques et juridiques limite
la capacité des entreprises à s?adapter progressivement (innovation, transition énergétique, diversification), dans
un contexte où la multiplication de textes réglementaires devient difficilement soutenable.
Un déficit d?articulation : les nouvelles mesures réglementaires manquent souvent de cohérence avec les
dispositifs déjà en place (PCP, DCSMM, Natura 2000, DPF, stratégies énergie-climat PNRR etc?). Une meilleure
coordination est nécessaire pour éviter la superposition de mesures réglementaires, renforcer les synergies et
assurer une lisibilité à long terme.
Un suivi et une évaluation insuffisants : l?absence d?évaluation systématique des mesures réglementaires
existantes affaiblit leur efficacité. Il est essentiel de développer des indicateurs robustes et harmonisés, d?assurer
un suivi transparent et de prévoir une révision régulière des mesures réglementaires pour les ajuster aux résultats
observés et aux évolutions environnementales.
49
NAUTISME, PLAISANCE ET YACHTING PROFESSIONNEL
Contexte :
Nautisme et plaisance 55: La France compte
aujourd?hui plus de 4 millions de plaisanciers
réguliers et 11 millions de pratiquants de sports
nautiques. Les immatriculations de bateaux de
plaisance augmentent de près de 10 000 unités par
an (73% de bateaux à moteur et 47% de bateaux
inférieur à 6 mètres). Les régions Bretagne et PACA
représentant la moitié du parc hexagonal. La France
compte aujourd?hui 1 063 088
immatriculations/enregistrements (dont 4/5 de
navires à moteur).
En 2025, la filière du nautisme et de la plaisance
regroupe un tissu de plus de 5 500 entreprises, de
grands groupes aux PME-TPE, pesant près de 5,5
milliards d?euros de chiffre d?affaires. Avec 150 000
emplois directs et indirects, l?industrie nautique
française est un acteur majeur de l?économie bleue
nationale et européenne. Pleinement engagée dans
la transition écologique, la filière mène une politique
volontariste fondée sur le cycle de vie du bateau, de
sa conception au traitement de sa déconstruction,
l?amélioration des performances environnementales
des entreprises, la sensibilisation de tous les acteurs
et la protection des milieux marins. Cette démarche
responsable et les résultats déjà produits ont été en
grande partie initiés en France et doivent s?étendre
pour garantir le développement de la plaisance et de
pratiques nautiques durables.
Infrastructures56 : La filière nautique s?appuie sur un
réseau territorial dense d?infrastructures portuaires
et de bases nautiques : 473 ports de plaisance
maritimes offrant 252 000 places, 556 bases fluviales
55 Sources Fédération de l?industrie nautique
56 Sources Fédération française des ports de plaisance
pour 20 000 places et 40 ports à sec pour 11 000
places et 8 500 km de voies d?eau navigables et
d?innombrables lacs ou plans d?eau. On dénombre
aussi près de 1 000 bases nautiques réparties sur
l?ensemble du territoire en Hexagone et en Outre-
mer, 4 500 structures affiliées aux fédérations
sportives (voile, surf, plongée, canoë). Ces ports de
plaisance et bases nautiques sont soumis à des
enjeux de transition écologique pour faire face au
changement climatique, à des enjeux d'adaptation
pour faire face à l?élévation du niveau de la mer et au
recul du trait de côte, et à des enjeux de gestion des
déchets. Ces enjeux impliquent des investissements
et des engagements faisant d?eux des acteurs de la
sensibilisation du grand public à l?environnement et
aux mesures de protection.
Yachting professionnel57 : Le yachting professionnel
est une activité comparable à l?aviation d?affaire dans
le domaine de l?aérien. Les règles, fiscale, maritimes,
douanières, sociales qui lui sont applicables sont
similaires ou très proches des règles applicables à
l?activité de la croisière. Pratiquement, la totalité de
la flotte est conforme aux règles des navires de
commerce. Les équipages qui arment ces unités
détiennent des brevets de marine marchande
approuvés par l?OMI.
La flotte mondiale de yacht de plus de 30 m est de
6500 unités. Il se construit bon an mal an 150 à 200
yachts par an dans le monde. Le marché croit de 5 à
7 % par an. La très grande majorité des yachts bat
pavillon étranger, que ce soit communautaire ou pays
tiers. Le pavillon Français utilisé par les yachts est le
57 Sources European Commitee for Professionnal Yachting
50
RIF, il ne cesse de croitre : aujourd?hui il compte 180
unités. Le yachting est essentiellement pratiqué en
Méditerranée où environ 2000 unités croisent. La
région sud a produit une étude qui établit que
l?industrie du yachting représente 11000 emplois et
génère 1,2 milliards d?euros de retombées
économiques.
Principales interactions entre l ?activité et la biodiversité marine
Les principales interactions entre le nautisme et les écosystèmes marins concernent :
- L?ancrage sur les habitats sensibles (herbiers, coraux notamment)
- Le risque de dérangement d?espèce (approche des mammifères, oiseaux et tortues en particulier)
- Le risque de pollution par macrodéchets et matières organiques
Pressions mécaniques
Pressions physico-chimiques
Pressions biologiques
Abrasion superficielle
Abrasion peu profonde
Mort ou blessure par collision
/interaction
Dérangement visuel d'espèces
Déchets solides
Émissions sonores (et vibrations)
Introduction de lumière artificielle
Modification des apports en matériel organique
Contamination par hydrocarbures et HAP
Contamination par composés synthétiques
Introduction ou propagation d'espèces
non-indigènes
Introduction d?agents pathogènes
Principales mesures d?évitement et de
réduction à prioriser
Les acteurs du nautisme et de la plaisance oeuvrent
depuis longtemps et à toutes échelles à une plaisance
durable et responsable, notamment par des actions
d?éducation et de sensibilisation des plaisanciers et
des professionnels. De même, un important chantier
a été engagé par l?APER et les services de l?Etat pour
la gestion des navires de plaisance hors d?usage
(BPHU) et des milliers d?unités et autres matériels
nautiques ont été retirés de l?océan et recyclés en
centres agréés. Des efforts ont été et sont encore
engagés par l?industrie nautique sur l?analyse du cycle
de vie et l?écoconception des bateaux.
Le déploiement de zones de mouillage organisé est
un objectif de la stratégie nationale mer et littorale
(SNML), qui a également fait l?objet d?une mesure
CIMer 2025, qui a vocation à participer au
développement durable des zones côtières, en
conciliant à la fois les intérêts de la navigation, la
sécurité des plans d?eau et la protection de
l?environnement.
Les zones de mouillage et d?équipement léger (ZMEL)
sont un enjeu à la fois environnemental et
51
économique. D?un point de vue environnemental, les
ZMEL permettent de limiter l?impact de l?ancrage des
navires de plaisance pour les habitats benthiques.
D?un point de vue économique, les gestionnaires
doivent pouvoir atteindre un équilibre financier de
ces zones. En effet cette stratégie prescrit par
l?administration doit être accompagnée de mesures
facilitant la création et le renouvellement de ZMEL,
en simplifiant leur mise en place, en consolidant leur
modèle technique et économique (notamment par
l?harmonisation des redevances domaniales) et en
accompagnant les porteurs de projet sur le long
terme. Cet accompagnement doit s?appliquer pour le
développement des ZMEL pour la petite plaisance
mais aussi pour la grande plaisance (navires de plus
de 24 mètres), notamment en Méditerranée, avec la
mise en place de coffres écoconçus.
Il convient de rappeler que ces ZMEL sont des zones
de protection du littoral, de l?environnement et de la
biodiversité marine par la limitation du nombre de
navire au mouillage, la suppression de l?impact de
l?ancrage, la régulation du passage ou encore de la
pêche.
L?évitement du risque d?impact: Comme pour toutes
les activités s?exerçant sur l?espace océanique sous
juridiction, il existe des zones/périodes/pratiques
encadrées règlementairement et pouvant faire
l?objet de protections strictes dans des cas très
précis (protection de lieux de reproduction d?oiseaux
marins, certaines calanques du Parc national des
Calanques?), ou de restrictions de mouillage
(herbiers de Posidonie en Méditerranée ?).
- Zones d?interdiction de navigation (il en existe très peu en France, essentiellement des zones tampon
autour de zones sensibles au dérangement d?oiseaux marins (Sept iles en Bretagne, Ilets de Sainte-Anne
en Martinique) ou des coeurs d?AMP (RNN de Cerbère Banyuls, PN de Port-Cros, quelques Calanques du
PN des Calanques, ?).
- Zones d?interdiction de mouillage : tous les sites cartographiés comme herbiers de Posidonie / Matte de
Posidonie en Méditerranée, ainsi que quelques zones d?herbiers en Atlantique.
- Zones d?exclusions des navires motorisés et autres VNM
La réduction du risque d?impact:
La réduction consiste à ne pas exclure mais à adapter
l?usage à la sensibilité du site en agissant sur les
paramètres de l?usage, par l?utilisation de mouillages
de moindre impact et d?application d?aide à la
plaisance éco-responsable (Nav&Co), le strict respect
de la règlementation relative au carénage, la gestion
responsable des déchets, mais également en
communiquant sur les bonnes pratiques et les
méthodes d?ancrage notamment (Ecogeste, Alliance
Posidonia, Bateau Bleu ? voir ci-dessous).
L?Alliance posidonia58 est née de la nécessité de créer des synergies autour de la posidonie et susciter un
engagement des acteurs publics et privés. Créée en juin 2023, sous l'égide de la préfecture de la région Provence-
Alpes Côte d'Azur, elle associe, dans une démarche innovante, des acteurs publics, privés et des ONG pour faire
émerger une véritable prise de conscience de l'importance de la préservation de la posidonie auprès des citoyens,
des élus, des plaisanciers, et de l'ensemble des acteurs économiques et sociaux sur le littoral méditerranéen
français.
Bateau Bleu
Afin de mieux protéger la biodiversité marine, la Fédération des Industries Nautiques, le Parc national de Port-
Cros - Porquerolles et le Parc naturel marin du Golfe du Lion ont mené une réflexion commune qui a abouti à la
mise en oeuvre de l?expérimentation Bateau Bleu, avec le soutien de l?Office Français de la Biodiversité et la
Direction Interrégionale de la mer Méditerranée. Ce dispositif concerne principalement les loueurs et leurs
clients, et a pour objectif de les sensibiliser aux principes de la plaisance durable.
APER ? L?association pour la plaisance éco-responsable
Eco-organisme en charge de la déconstruction des bateaux de plaisance en fin de vie, créé en 2019 et dont
l?agrément vient d?être renouvelé jusqu?au 31/12/2029, gère la première filière mondiale de déconstruction des
bateaux de plaisance hors d?usage. Cet axe a été le premier dans lequel s?est investi la filière pour maitriser et
58 https://www.alliance-posidonia.fr/alliance-posidonia
52
valoriser les produits issus de la déconstruction. Plus de 13 000 bateaux ont été démantelés et valorisés dans les
35 centres agrées répartis sur le territoire métropolitain et ultramarin. Les 105 entreprises adhérentes
(constructeurs et importateurs) représentent près de 90% des mises en marché et sont les principaux financeurs
de la filière à travers l?écocontribution. Cette filière REP sur les bateaux de plaisance est unique au monde et
montrée en exemple par la commission européenne et la confédération européenne de l?industrie nautique (EBI).
Le programme ÉCONAVIGUER DANS LES EAUX FRANÇAISES59
Depuis 2013, le Programme Éconaviguer dans une aire marine protégée qui s?est déployé en 2019 pour devenir
le Programme Éconaviguer dans les eaux françaises, travaille et multiplie ses actions pour accompagner le
développement durable, la réduction des impacts et la transition environnementale et énergétique du nautisme
et de la plaisance. Entre 2013 et 2019, le Programme a mis en oeuvre des projets pilotes sur différentes
thématiques de l'éconavigation dans les aires marines protégées : mouillages de moindre impact, bonnes
pratiques à bord, usage des antifouling, sensibilisation des pratiquants... Les retours d'expériences de ces projets
sont ensuite partagés aux gestionnaires d'aires marines protégées. En 2019, le programme s'ouvre à l'ensemble
des acteurs de la filière nautique : centres de formation, fédérations sportives, associations de pratiquants...
Aujourd'hui, le programme anime le réseau via les newsletters de l'éconavigation, les webinaires techniques sur
les thématiques de l'éconavigation, les Rencontres interprofessionnelles qui rassemblent de nombreux acteurs
publics et privés autour de questions techniques, le Forum des entreprises accolés aux Rencontres
interprofessionnelles et le GT national de l'éconavigation qui se déroule tous les semestres.
Nombreuses informations supplémentaires sur le site web éconaviguer.com.
Les principaux défis pour la mise en place de mesures efficaces
- Développer et accompagner la stratégie nationale de gestion des mouillages ;
- Poursuivre le développement des ZMEL par la mise en place d?un pilotage national, la simplification des
procédures, et la validation d?un modèle économique (#SNML ? objectif 6)
- Favoriser le développement éco-responsable de la grande plaisance
- Décarbonation des systèmes de propulsion : La FIN mène depuis deux ans des travaux visant à
accompagner le développement de la motorisation électrique et à décarboner la motorisation
thermique par le recours aux carburants alternatifs.
- Performance et recyclabilité des composites : Résistants, légers, réparables et offrant aux bateaux de
plaisance une durée de vie exceptionnelle, les composites représentent un enjeu stratégique pour
l?avenir de la filière. La FIN a engagé des travaux avec les constructeurs français sur les possibilités de
recours à des résines moins émissives en COV et recyclables ainsi qu?aux fibres naturelles.
- Réduction et valorisation des déchets de production : Un groupe de travail est piloté par la FIN sur ce
sujet. Il vise à :
- Identifier, quantifier et cartographie les déchets de production des chantiers,
- Identifier les solutions et prestataires pouvant proposer des solutions de valorisation,
- Étudier les opportunités de regroupement de volumes pour accéder à ces solutions,
- Étudier les pistes pour réduire le volume de déchets (sur les consommables notamment),
- Partager les solutions et bonnes pratiques,
- Émettre des recommandations et éditer un guide.
- Renforcer et pérenniser la filière de collecte et de traitement des navires de plaisance hors d?usage
(actions APER).
- Accompagner la transition écologique, et l?adaptation au changement climatique des ports de plaisance
et des bases nautiques :
59 https://econaviguer.com/
53
- Accompagner les ports de plaisance vers la certification « ports propres » et « port actif en
biodiversité », notamment au travers des dispositifs d?accompagnement des agences de l?eau
et de l?OFB.
- Anticiper les besoins d'adaptation des ports de plaisance et des bases nautiques pour faire face
au changement climatique et à l?élévation du niveau de la mer
A noter qu?une feuille de route du nautisme et de la plaisance60 a été signée le 8 septembre 2025 entre la Ministre
chargée de la mer et le Président de la CNP, ce document qui est la première stratégie nationale pour la filière
fixe les grandes orientations d?ici 2030 et liste notamment les grands enjeux du secteur en matière de transition
écologique et environnemental.
Le cas spécifique du Yachting professionnel
Mesures de réduct ion des r is ques d ? impacts
La professionnalisation des équipages permet une
appropriation des enjeux environnementaux et une
adaptation des pratiques.
Les chantiers de réparation spécialisés ont entamé il
y a des années des actions pour réduire leur
empreinte Carbonne et ces actions portent leurs
fruits : traitement des cov, des déchets, des eaux
EN/EG, des eaux de carénage, avec réutilisation des
eaux de pluie, sans oublier l?électrification et
l?utilisation du photovoltaïque.
Au niveau portuaire, tous les ports Français sont
équipés de branchement a quai qui permettent aux
yachts de s?alimenter en électricité lorsqu?ils sont à
quai.
Au niveau des carburants , le yachting se tourne
depuis des années vers des produits totalement
décarbonés tels que le XTL (grâce à des dérogations,
le XTL n?étant pas prévu pour les activités
maritimes), la France a une position de leader dans
ce domaine.
Au niveau de la construction de yachts, on voit de
plus en plus de projets à propulsion hybride,
méthanol, hydrogène.
Déf is de la f i l ière
Le secteur du yachting professionnel, engagé dans la
protection de la biodiversité marine, notamment sur
le respect des herbiers de posidonie, estime
cependant que les modalités d?application en France
de la réglementation sur le mouillage des navires de
plus de 24 mètres, fondées sur la seule position du
navire en surface, pénalisent notre pays par rapport
à ses voisins directs, tels que l?Italie ou l?Espagne.
Ces derniers ont en effet privilégié des approches
plus pédagogiques, en déployant massivement des
coffres d?amarrage ou en mettant en place une
assistance au positionnement des navires dans les
zones de mouillage.
Les professionnels du secteur recommandent ainsi
de s?inspirer de ces bonnes pratiques européennes,
afin de renforcer l?attractivité des eaux françaises
tout en assurant une meilleure protection de
l?environnement.
L?objectif est d?éviter que de nombreux yachts
choisissent d?éviter les côtes françaises en raison de
sanctions perçues comme excessives et de fait,
dissuasives.
6025.09.2025_Feuille_de_route_Nautisme_et_plaisance.pdf
https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/documents/25.09.2025_Feuille_de_route_Nautisme_et_plaisance.pdf
54
LES ACTIVITES DE DEFENSE
Contexte :
Les activités que les armées exercent dans le cadre
de la défense et de la sécurité nationales, de par leur
nature confidentielle et prioritaire, ne figurent pas
au rang des activités concernées par la stratégie
nationale pour la mer et le littoral (art. 219-1 CE). Ces
activités ne sont pas non plus soumises à évaluation
environnementale en application du code de
l?environnement. Toutefois, de nombreuses actions
ont été entreprises, chaque fois que cela était
possible sans altérer l?efficacité des exercices ou
déploiement de moyens de défense, afin de limiter
les interactions des usages avec les écosystèmes
marins.
Pressions générées et principaux risques d?impacts :
Les unités de la Marine nationale veillent à réduire
leur impact sur l?environnement lorsque des
solutions techniques compatibles avec les impératifs
de défense nationale peuvent être adoptées. Dans le
cadre de sa participation à l?action de l?État en mer
(AEM), la Marine nationale est engagée dans des
missions de police et de surveillance de
l?environnement, de lutte contre les pollutions
accidentelles en mer et de lutte contre la pêche
illicite, et participe à des actions de dépollution des
fonds marins.
Pressions mécaniques
Pressions physico-chimiques
Pressions biologiques
Perte d'un habitat
Changement d'habitat
Tassement
Abrasion superficielle
Abrasion peu profonde
Abrasion profonde
Remaniement
Dépôt faible de matériel
Dépôt important de matériel
Modification des conditions hydrodynamiques
Modification de la charge en particules
Obstacle au mouvement
Mort ou blessure par collision /interaction
Dérangement visuel d'espèces
Déchets solides
Émissions sonores (et vibrations)
Champs électromagnétiques
Introduction de lumière artificielle
Contamination par des éléments traces
métalliques (ETM), métalloïdes et organo-
métaux
Contamination par hydrocarbures et HAP
Contamination par composés synthétiques
Contamination par les radionucléides
Introduction de substance à caractère
visqueux
Modification des apports en nutriments
Modification des apports en matériel
organique
Introduction ou propagation
d'espèces non-indigènes
Introduction de pathogènes
55
Principales mesures d?évitement et de réduction à prioriser
Même si la plupart des normes environnementales
ne s?appliquent pas aux activités de défense
nationale, la Marine nationale a depuis longtemps
adopté une politique volontariste de réduction de
son empreinte écologique. Elle participe activement
à l?effort collectif de préservation du milieu marin à
travers un plan d?action dédié à la protection de
l?environnement.
Ce plan vise à réduire la consommation d?énergie en
privilégiant les propulsions mixtes lorsque celles-ci
sont possibles.
La Marine agit également pour limiter la dispersion
passive des espèces marines pouvant altérer la
biodiversité. Des progrès importants ont été réalisés
en matière de peintures et antifoulings, de
traitement des eaux de ballast, de carénage et
d?entretien, ainsi qu?en matière de gestion des
déchets.
Pour la réduction du bruit sous-marin, la Marine
concilie ses impératifs opérationnels (dissuasion,
lutte anti-sous-marine, sécurité des usagers) avec les
enjeux de protection de l?environnement marin. Elle
a ainsi défini une doctrine d?utilisation raisonnée du
sonar, au travers du choix des zones d?exercice et du
respect de procédures strictes d?utilisation par les
bâtiments et aéronefs.
Lors des opérations de déminage d?engins explosifs
immergés, la Marine a également mis en place des
règles spécifiques pour limiter l?impact des
opérations sur la faune et la flore marines. Quand
cela est possible, les munitions découvertes dans des
secteurs sensibles sont déplacées pour être
neutralisées dans des secteurs plus appropriés.
Dans les bases navales une gestion durable des
infrastructures de la Marine est mise en place ;
Exemple : contrat de performance énergétique de la
base aéronavale de Lann Bihoué, tandis que des
opérations « Rade Propre » mobilisent marins et
volontaires pour nettoyage les fonds marins et du
littoral autour et dans les bases navales de
Cherbourg, Brest et Toulon.
Enfin certains opérateurs sont formés pour réaliser
des collectes de données visant notamment à limiter
les risques de collisions lors des phases d?exercices.
Un cadre technique nationale de référence, établi
dès 2012 en partenariat avec l?ancienne Agence des
aires marines protégées, aujourd?hui intégrée à
l?Office français de la Biodiversité accompagne ces
engagements.
Images de l?opération « Rade propre » pilotée annuellement par la Préfecture maritime de l?Atlantique en rade
de Brest. Cette opération permet de faire travailler ensemble divers services de l?Etat et de la société civile.
Défis : Partage de données et échanges des bonnes pratiques particulièrement concernant la réduction des
bruits sous-marins et des dispositifs anticollisions.
56
LES ACTIVITES DE RECHERCHE
Contexte
Un inventaire qualitatif et quantitatif des activités
(sciences et techniques) de recherche marines et des
structures nationales les portant a été mené en 2020
par un groupe d?experts. Le volume des
établissements impliqués est estimé à 222 entités et
les effectifs concernés à près de 7000 équivalents
temps-plein.
Pressions générées et principaux risques d?impacts
La plupart des recherches en sciences et
technologies marines sont menées au plus près des
milieux que les équipes cherchent à observer,
comprendre, protéger et valoriser. Ces activités à la
mer sont fortement encadrées ; néanmoins, elles ne
sont pas sans impact sur les milieux. Au-delà des
impacts amont ou aval (déplacements, achats,
traitements des données), les opérations à la mer
nécessitent très souvent le déploiement d?objets de
collecte (navires, engins autonomes ou non,
observatoires, ?) qui, malgré l?ampleur et la durée
limitées de leur déploiement, ont des impacts sur les
milieux observés.
Pressions mécaniques
Pressions physico-chimiques
Pressions biologiques
Extraction de substrat (ponctuelle)
Tassement (ponctuel)
Abrasion superficielle
Abrasion peu profonde
Remaniement (ponctuel)
Dépôt faible de matériel
Mort ou blessure par collision / interaction
Émissions sonores (et vibrations)
(ponctuelles)
Introduction de lumière artificielle
(ponctuelle)
Relargage de substances potentiellement
toxiques, seules ou en mélange, pour les
organismes marins
Prélèvement d'espèces cibles
Prélèvement d'espèces non-cibles
Principales mesures d?évitement et de réduction à prioriser
Face à l?urgence climatique, à la perte de biodiversité marine et sous l?égide notamment du MESR (Ministère de
l?Enseignement Supérieur et de la Recherche), de nombreux organismes et établissements de recherche se sont
57
dotés de méthodes et de dispositifs afin de mieux maîtriser les impacts de leur recherche sur les milieux qu?ils
souhaitent mieux connaître et protéger. Les démarches sont diverses et multiples :
? Certains établissements (CNRS, Ifremer, OFB, MNHM, Sorbonne-Université, IRD notamment) se sont
dotés en 2024 schémas directeurs Développement durable et responsabilité sociétale, dont la vocation
est de définir les priorités et moyens à mettre en oeuvre au sein des établissements afin de réduire leur
empreinte environnementale. Autre dimension majeure de ces schémas : orienter la recherche des
établissements vers le soutien aux transitions environnementales des acteurs publics et privés ;
? D?autres ou ceux déjà précédemment cités s?impliquent dans des démarches collectives visant à réduire
l?impact environnemental des très grandes infrastructures de Recherche (TGIR) via l?établissement de
stratégie de décarbonation notamment. A titre d?exemple, la Flotte océanographique française, opérée
par l?Ifremer et sa filiale Genavir a conduit en 2024/2025 une démarche prospective dont l'un des axes
portait sur la décarbonation des campagnes océanographiques en jouant sur différents leviers
(réduction de la visite de transits, choix de nouveaux modes de propulsion, éco-conception des
navires?);
? Les collectifs Labo 1.5 portent également des dynamiques visant à maîtriser et réduire les impacts des
activités de recherche.
? Le Pôle universitaire d?innovation Blue Box, coordonné par l?Université de Bretagne Occidentale et
réunissant 11 partenaires, est engagé dans l?établissement d?une grille d?évaluation des impacts sur
l'océan de projets de recherche et d'innovation.
Par ailleurs, la recherche en sciences et technologies marines est pleinement mobilisée dans l?élaboration de
solutions visant à réduire les impacts des activités maritimes sur les écosystèmes. Cette démarche est par exemple
un fil rouge du contrat d'objectifs, de moyens et de performance de l'Ifremer qui vise à inscrire l'Institut dans la
transition écologique et énergétique. Une illustration en est fournie sur la thématique des énergies marines
renouvelables (EMR) où les recherches ont pour but de concilier performance des installations et limitation de
leurs impacts sur la biodiversité marine et les autres usages de l'espace maritime.
Les principaux défis pour la mise en place de mesures efficaces
En lien avec le plan stratégique Climat-Biodiversité
de 202361, le MESR invite fortement les
établissements et opérateurs sous tutelle à engager
des actions de maîtrise de leur empreinte
environnementale. Au titre des démarches récentes
et novatrices, il convient de citer l?établissement en
juin 2025 d?un livre blanc pour la métamorphose de
la Flotte océanographique française qui présente 20
recommandations dont de nombreuses visent à
réduire l?empreinte environnementale des activités
à la mer. On peut citer l?action de sensibilisation des
scientifiques à l?impact environnemental des
campagnes, dans un esprit d?évolution des pratiques
de la recherche visant à leur éco-conception, et pour
la promotion l?usage de dispositifs d?observation
moins impactants (voile, kayaks côtiers, drones?)
Cette réflexion sur la réduction des impacts de
recherche portée par la FOF est généralisée à
l?ensemble de la communauté des chercheurs en
sciences océaniques comme le traduit la Stratégie
nationale de l?observation de l?Océan portée par le
French Ocean Observing System, qui s?est fixée
notamment pour priorité de développer des
méthodes d?observation moins impactantes
(biocapteurs, ADN environnemental).
61 https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr/plan-climat-
biodiversite-et-transition-ecologique-de-l-enseignement-superieur-et-
de-la-recherche-91292
https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr/plan-climat-biodiversite-et-transition-ecologique-de-l-enseignement-superieur-et-de-la-recherche-91292
https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr/plan-climat-biodiversite-et-transition-ecologique-de-l-enseignement-superieur-et-de-la-recherche-91292
https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr/plan-climat-biodiversite-et-transition-ecologique-de-l-enseignement-superieur-et-de-la-recherche-91292
58
LA FORMATION DES ACTEURS DU MARITIME
Contexte :
Les métiers de la mer offrent des perspectives d?emploi variées : plus de 400 000 postes dans la filière maritime
et portuaire, 100 000 dans la filière pêche, dont 18 000 marins pêcheurs, 200 000 postes dans les cultures marines
et plus de 40 000 dans la Marine Nationale62.
Trois grandes filières de formation coexistent :
- La formation des professionnels des activités économiques maritimes, , dont la marine marchande, la
pêche, les cultures marines?
- La formation des agents de l?administration maritime
- La formation des agents de la Marine Nationale
La formation professionnelle maritime (FPM) est dispensée dans des établissements qui proposent des cursus de
formation initiale (CAP, BAC Pro, BTS, Licence, Master), des formations « modulaires» (dans le cadre de la
formation continue) et des formations spécifiques. Ces établissements ont différents statuts.
- Les lycées professionnels maritimes (12) et autres lycées et établissements publics ou privés (10)
- L?Ecole nationale supérieure maritime (ENSM)
- L?Ecole Nationale de Voile et des Sports Nautiques ENVSN ENVSN (bientôt I2N) : établissement public
qui forme aux métiers du nautisme et accompagne les sportifs de haut niveau.
Par ailleurs, l?administration maritime dispose de sa propre filière de formation, l?Ecole du service public de la mer
(ESP MER), basée au Havre. Elle forme tous les agents publics qui oeuvrent pour porter les politiques publiques
de la mer, du littoral et des ports. Elle ouvre ses formations à tous les agents publics concernés et en tant que de
besoin aux acteurs privés et associatifs.
Elle comprend :
- L?École d?administration des affaires maritimes (EAAM), grande école militaire qui assure la formation
initiale des administrateurs des affaires maritimes, un corps d?officiers de carrière de la Marine
Nationale administrés par le ministère chargé de la mer
- L?École de formation des affaires maritimes (EFAM) qui assure la formation initiale des ingénieurs des
travaux publics de l'Etat (ITPE) spécialisés en inspection de la sécurité des navires et des techniciens
supérieurs du développement durable (TSDD) ainsi que la formation continue de l?ensemble des agents
de l?administration chargée de la mer et du littoral et d?autres agents de l?État.
62 https://formations.mer.gouv.fr/
https://formations.mer.gouv.fr/
59
Enfin, la Marine Nationale forme en interne plus de 4000 jeunes au sein de ses quatre écoles63
- L?École des mousses
- L?École des matelots
- L?École de maistrance
- L?École navale
Principales mesures engagées par le secteur de la formation pour améliorer la
durabil ité environnementale du marit ime
Pour construire un avenir durable de la filière, les acteurs du maritime doivent intégrer dans toutes les
composantes de leurs activités la prise en compte des interactions avec le monde vivant.
Pour mettre en oeuvre ces évolutions importantes, il est essentiel de faire évoluer les compétences, les savoirs
faires. Il faut à minima acculturer l?ensemble des acteurs du maritime, de l?opérateur au cadre dirigeant, du
matelot au commandant.
Pour la filière des industriels de la mer, l?approche environnementale est une priorité
inscrite dans sa dernière feuille de route. Par exemple le projet FORTEIM, porté par
CINav va développer 12 modules d?acculturation à la transition écoénergétique dont
l?un est spécifiquement dédié à la biosphère marine. Il s?agit de construire des contenus
de formation mettant à profit l?expertise des scientifiques (dont le Museum National d?Histoire Naturelle,
Sorbonne Université, le CEA/Laboratoire des sciences du climat et de l?environnement) et la créativité des
ingénieurs pédagogiques (AFPA, grandes écoles, CINAV). Au-delà d?une acculturation massive de qualité, il faut
également travailler métier par métier pour intégrer la prise en compte du respect de la vie marine et former de
manière efficiente nos professionnels sur les navires, au sein des industries et tous les apprenants qui se destinent
à une carrière maritime. Dans cette démarche est impliqué l?ensemble des organismes de formation qui
s?adressent à notre filière, à tous les niveaux dont l?Education Nationale, l?enseignement supérieur, la formation
professionnelle (dont l?AFPA, les pôles formation de l?UIMM, les lycées maritimes et l?ENSM, ?). Cette évolution,
porteuse de valeur notamment pour les jeunes générations, est également un gage d?attractivité pour nos métiers
au sein d?une filière qui propose 10 000 recrutements par an.
Depuis 2022, l?ESPMER a enrichi le volet environnemental du cursus de
formation des administrateurs des affaires maritimes. L?école fait appel à divers
spécialistes de l?environnement marin pour doter ces futurs agents, voués à
occuper des postes stratégiques, de connaissances environnementales solides,
nécessaires à la gestion équilibrée des activités maritimes au regard de la sensibilité des écosystèmes marins. Des
formations continues ont également été développées à destination des personnels des DDTM et DIRM,
instructeurs des demandes d?usage du domaine maritime et de l?administration centrale, afin qu?ils acquièrent
les connaissances indispensables pour réduire l?impact des activités maritimes sur les écosystèmes sensibles.
Enfin, l?Ecole propose des formations à destination des services de police et de contrôle de l?Action de l?Etat en
mer pour les aider à cibler leurs interventions sur les enjeux prioritaires pour la biodiversité marine.
63 https://www.lamarinerecrute.fr/les-formations-au-sein-de-la-marine-nationale
https://www.lamarinerecrute.fr/les-formations-au-sein-de-la-marine-nationale
60
CONCLUSION
L?océan nous livre chaque jour d?infinies richesses,
alimentaires, industrielles, minérales,
pharmaceutiques, sociales. Depuis la nuit des temps,
l?homme a tissé avec ce milieu des liens
inextricables, indispensables, vitaux souvent. Mais
alors que les ressources alimentaires comme
minérales mondiales semblaient inépuisables, voilà
que ces ressources viennent à manquer, et qu?en
cascades les écosystèmes qu?ils constituent
s?effondrent.
La complexité du monde et la concurrence
internationale exacerbée par la mondialisation
rendent l?équilibre entre exploitation rentable et
utilisation raisonnable et durable des ressources très
difficile, entre souveraineté alimentaire et respect
des équilibres biologiques, entre décarbonation
justifiant les énergies marines et impacts maitrisés
des EMR sur l?environnement, entre compétitivité
des transports et réduction des émissions, ?
Mais cet équilibre, cette recherche d?un
épanouissement sociétal et économique
conservatoire des patrimoines et des services
écosystémiques présents et futurs est indispensable.
Plus encore, les sociétés qui réussiront demain sont
celles qui auront conservé leur terreau fertile, un
environnement sain et productif. Et que dire d?un
pays comme le nôtre, seconde destination
touristique mondiale, dont les activités nautiques et
balnéaires reposent sur une qualité
environnementale exceptionnelle.
Un exercice essentiel est donc à conduire pour
améliorer l?adaptation des usages maritimes à la
sensibilité des océans. Cet exercice n?est pas
nouveau, il a déjà été amorcé par tous les acteurs et
il est porté par de grands engagements
internationaux, communautaires et nationaux, de
l?organisation maritime internationale aux instances
locales de gouvernance en passant par les conseils
d?administration des grandes entreprises, les
Comités régionaux de pêche, de conchyliculture ou
d?algocultures, les conseils portuaires, les
collectivités et les associations d?usagers. Mais
l?exercice doit aujourd?hui s?intensifier car la
trajectoire reste à inverser, les océans, malgré
certains progrès, continuent à se dégrader.
Notre responsabilité est donc de travailler ensemble,
de partager les bonnes pratiques, avec ouverture,
bienveillance, efficacité, entre gens de mer, comme
nous savons le faire en pleine tempête, car oui, il
s?agit bien d?une tempête sociétale, de laquelle nous
pouvons sortir renforcés si chacun fait ce qu?il a à
faire pour le bien commun.
Le Groupe synergie du CMF a vocation à
accompagner cet exercice.
61
Quelques ressources pour aller plus loin
Notions générales
https://www.mer.gouv.fr/
https://www.mer.gouv.fr/strategie-nationale-pour-la-mer-et-le-littoral
https://www.info.gouv.fr/upload/media/organization/0001/01/sites_default_files_contenu_piece-jointe_2023_04_00-l-
economie-bleue-en-france-2022-edito-intro-sommaire.pdf
https://www.ecologie.gouv.fr/politiques-publiques/strategie-nationale-biodiversite-2030
https://www.cluster-maritime.fr/le-cmf/a-propos-du-cmf/
https://www.imo.org/fr/MediaCentre/HotTopics/Pages/oceans-default.aspx
https://poolpe.ofb.gouv.fr/fr
Crédits photographiques
- Mickaël Buanic / Office français de la biodiversité ; Laurent Mignaux / Terra ; Jean François Poivey via Pexels _
couverture
- Jessica Castillo via Pixabay p5
- Ralf Roletschek p8
- Firstonline - www.firstonline.info P11
- Alain Pibot / OFB P3, 11, 24 , 39, 60
- Muséum National d?Histoire Naturelle p 13
- PatrickBlaise via Pixabay p18
- Valéry Joncheray p27
- CMA CGM p29
- Xavier Leoty / SO p33
- Maxppp - Lionel Le Saux p38
- OFB - Yves Gladu p43
- Freepik p48
- KlausJordan p52
- Marine nationale p54
- Ifremer p 56
- ESPMer p57
https://www.mer.gouv.fr/
https://www.mer.gouv.fr/strategie-nationale-pour-la-mer-et-le-littoral
https://www.info.gouv.fr/upload/media/organization/0001/01/sites_default_files_contenu_piece-jointe_2023_04_00-l-economie-bleue-en-france-2022-edito-intro-sommaire.pdf
https://www.info.gouv.fr/upload/media/organization/0001/01/sites_default_files_contenu_piece-jointe_2023_04_00-l-economie-bleue-en-france-2022-edito-intro-sommaire.pdf
https://www.ecologie.gouv.fr/politiques-publiques/strategie-nationale-biodiversite-2030
https://www.cluster-maritime.fr/le-cmf/a-propos-du-cmf/
https://www.imo.org/fr/MediaCentre/HotTopics/Pages/oceans-default.aspx
https://poolpe.ofb.gouv.fr/fr
62
Le présent document a été réalisé avec le soutien financier du programme Life de l?Union européenne,
dans le cadre du projet Life 16 IPE FR001 Marha . Le contenu de ce document n?engage que son auteur
et la Commission européenne ne peut être tenue responsable de l?utilisation qui pourrait être faite des
informations qu?il contient.
63
Groupe synergie
Activités maritimes et biodiversité marine
INVALIDE) (ATTENTION: OPTION rigine des eaux afin
de réduire de façon significative le volume des rejets
polluants liquides et solides à traiter en évitant le
mélange les eaux de pluie, de lavage ou des fuites
d?eau de mer.
Par ailleurs, l?industrie a une responsabilité en
matière de développement de techniques et de
substances potentiellement moins impactantes pour
l?environnement, qu?il s?agisse des peintures, des
antifoulings ou des lubrifiants utilisés. Ces
développements concernent aussi bien les
matériaux utilisés (PFAS par exemple) que leur
condition de mise en oeuvre (aspiration des
poussières lors du décapage ou des fumées de
soudage par exemple)
Les principaux défis pour la mise en place de mesures efficaces
Sur la séquence Eviter, c?est principalement par la
réduction de l?usage des matériaux identifiés comme
à risque pour la biodiversité qui est un défi. Cela
repose à la fois par un travail d?optimisation pour
n?utiliser que la quantité de matière nécessaire au
projet en réduisant les chutes non utilisées et les
projections hors de la surface d?intérêt et à la fois par
l?utilisation d?alternatives à ces matériaux à risque.
Sur la séquence Réduire, c?est l?ensemble des
processus de travail et des systèmes opérés
permettant de collecter les différents polluants de
l?air et de l?eau lors des travaux qui sont au coeur de
la mise ne place de mesures efficaces. Les
technologies de retraitement des déchets de
l?industrie (traitement des eaux, revalorisation des
déchets solides par réemploi, recyclage ou
valorisation) peuvent contribuer à réduire les
impacts des activités de la construction et réparation
navales.
Un des défis est l?articulation des responsabilités et
des investissements dans les équipements
permettant d?éviter et de réduire les pollutions
impactant la biodiversité entre le port propriétaire
du foncier et de certains équipements et le chantier
naval qui exploite les formes avec une autorisation
temporaire d?occupation du territoire.
Référentiel Green Marine Europe pour les chantiers :
Green Marine Europe est un programme de certification volontaire lancé en 2020 pour réduire l?empreinte
environnementale des activités maritimes en excédant la règlementation en vigueur et en promouvant une
culture d?amélioration continue. Depuis 2023, un référentiel adapté aux chantiers navals a été coconstruit avec
les acteurs en reprenant les indicateurs de performance du programme qui s?appliquent à leurs activités.
Concernant la protection de la biodiversité, sont particulièrement pertinents la gestion des déchets, la
pollution de l?air, la gestion des eaux pluviales et des eaux usées et la prévention des fuites de polluants. Le
référentiel propose 5 niveaux différents d?exigences au-delà de la réglementation imposée.
Principe général de la chaîne de
ségrégation -traitement des eaux de
carénage ? Source GPMM
39
LES CULTURES MARINES
Contexte :
L'aquaculture marine regroupe les secteurs de la
conchyliculture, la pisciculture marine, la culture de macro-
algues et l'élevage des crustacés en eau de mer.
En 2023, ces activités comptent51, au niveau national,
- 2 507 entreprises et 18 100 emplois en conchyliculture et
élevage de crustacées ;
- 38 entreprises et 449 emplois en pisciculture marine ;
- 9 entreprises et 39 emplois en en cultures de macro-algues ;
La production aquacole marine, en volume de ventes finales
hors écloserie-nurserie, s'élève à 155 300 tonnes (t) et
génère un chiffre d'affaires de 617 millions d'euros52.
En 2022, la France occupe le 1er rang européen pour la
production de coquillages en valeur. C?est également le 1er
pays producteur, exportateur et consommateur d?huîtres
en Europe .
Production conchylicole en France métropolitaine en 2021 © Agreste, enquête aquaculture 2023. MASA/SSP ; SDES 2023
Véritable maillage territorial, les 52 000 concessions
de cultures marines couvrent 15 289 hectares de
domaine public maritime le long de nos littoraux et
déploient 1 577 km de lignes de bouchots.
En 2024, la production en volume de ventes est de
149 370 t de coquillages, soit 96 % de la totalité des
ventes aquacoles marines. La production
conchylicole concerne majoritairement l'élevage
d'huîtres et de moules, plus modestement
palourdes, coques, ormeaux et pétoncles. La
production d'huîtres, en volume de ventes, atteint
80 911 t en 2024, un niveau inférieur à celui d'avant
la crise sanitaire (- 5,9 % par rapport à 2019) et très
en deçà des 138 500 t produites en 1998 .
Avec 52 % de la production totale en volume en
2021, la Nouvelle-Aquitaine est la principale région
ostréicole française. La production des moules
s'élève à 66 321 t en 2021. Supérieure à son niveau
d'avant la crise sanitaire (+ 10 % par rapport à 2019),
la production reste inférieure aux meilleures années
(83 000 t en 2009). Les principales régions
productrices sont la Nouvelle-Aquitaine, la Bretagne,
et la Normandie avec 83 % de la production totale en
volume en 2021.
51 https://www.agreste.agriculture.gouv.fr/agreste-web/disaron/Chd2506/detail/
52 https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/edition-numerique/chiffres-cles-mer-littoral/13-aquaculture-marine
40
Pour ce qui est de l?algoculture, la France a produit
230 tonnes de macro-algues en 2023, pour un chiffre
d?affaires d?environ 672 000 ¤. La principale espèce
produite est le wakamé (Undaria pinnatifida) qui
représente 70% de la production totale de macro-
algues en volume. Les autres espèces cultivées sont
Saccharina latissima, puis Ulva sp. La Bretagne est la
principale région de production de macro-algues
marines (95% de la production française).
Cette production représente une part infime de la
production française, qui est de l?ordre de 75 000
tonnes par an. La quasi-totalité des macro-algues
(99,5%) produites est issue de la pêche à bord de
goémoniers ou de la récolte d?algues de rive. La
production de microalgues marines se fait
majoritairement en Bretagne et dans la région Sud.
Pressions générées et principaux risques d?impacts
L?exploitation du vivant marin est source
d?interactions réciproques avec les écosystèmes
marins. Ces interactions, détaillées ci-dessous par les
pressions générées, sont extrêmement variées du
fait de la très grande diversité des usages : des tables
conchylicoles à l?élevage en filières, de la récolte
d?huitre à plat à la clarification, autant d?interactions
avec des milieux également très diversifiés,
estuaires, lagunes, mers semi-fermées, sur des
habitats de vases et sables, couverts de divers
habitats naturels.
Les principales interactions portent sur la
cohabitation entre les concessions et les habitats
sensibles, herbiers de zostères et maerl notamment.
Ces interactions font actuellement l?objet
d?échanges très constructifs entre l?administration
et la profession afin de trouver un équilibre entre
production viable et protection durable des
écosystèmes. Un référentiel technique établi entre
l?OFB, le Comité national de la Conchyliculture (CNC)
et les organisations représentant les autres cultures
marines (algues notamment) a permis d?identifier
précisément les usages, les techniques, les pressions
générées, et les mesures d?évitement et de
réduction des risques d?impacts.
Le tableau ci-dessous présente les pressions exercées par la conchyliculture sur l?environnement. Le travail
conjoint mené avec la filière conchylicole et l?OFB a montré que les impacts associés aux activités conchylicoles
sont majoritairement faibles à modérés et traités dans les SDS et titres de concessions.
Pressions mécaniques
Pressions physico-chimiques
Pressions biologiques
Changement d'habitat
Tassement
Abrasion superficielle
Abrasion peu profonde
Remaniement
Dépôt faible de matériel
Modification des conditions
hydrodynamiques
Modification de la charge en particules
Dérangement visuel d'espèces
Déchets solides
Émissions acoustiques
Diminution de la lumière naturelle
Contamination par hydrocarbures et HAP
Modification des apports en nutriments
Modification des apports en matériel
organique
Désoxygénation (ou « hypoxie »)
Transfert d'individus génétiquement
différents d'espèces indigènes
Introduction ou propagation d'espèces
non-indigènes
Introduction de pathogènes
Appauvrissement génétique de
populations naturelles
Prélèvement d'espèces non-cibles
L'environnement marin est aussi vulnérable aux pressions exercées par les pollutions d?origine anthropique issues
des bassins versants - telles que les rejets d'eaux usées non traitées, les résidus de pesticides et les produits
pharmaceutiques - lesquelles affectent directement la conchyliculture. Il convient de rappeler que la
conchyliculture dépend étroitement de la qualité des eaux littorales et du bon état des écosystèmes côtiers.
41
Les principales mesures d?évitement et de réduction à prioriser
Les mesures d?évitement et de réduction des risques d?impact de l?exploitation des ressources biologiques sur les
écosystèmes marins sont nombreuses et beaucoup d?entre elles sont déjà déployées.
Les évaluations des incidences Natura 2000 s?appliquent aux activités de conchyliculture et autres cultures
marines.
L?évitement du risque d?impact (exemples illustratifs):
- Évaluations environnementales des Schémas des structures et évaluations d?incidences Natura
2000 : Ces évaluations environnementales, qu?elles soient menées dans ou en dehors des zones
Natura 2000, impliquent une meilleure planification des pratiques, une prise en compte des enjeux
écologiques locaux et, le cas échéant, la mise en place de mesures d?évitement, de réduction ou de
compensation. Elles constituent également un outil de dialogue entre les conchyliculteurs et les
gestionnaires de sites, permettant d?adapter les pratiques, et de valoriser les efforts déjà entrepris
par la filière conchylicole en matière de durabilité.
- Restauration écologique des friches :Les conchyliculteurs s?efforcent de remettre en état les friches
conchylicoles. Ces opérations permettent de réduire la pression sur les habitats sensibles, de
favoriser la recolonisation naturelle par la faune et la flore, et de revaloriser des espaces
abandonnés, contribuant ainsi à la restauration écologique des milieux littoraux. Dans la baie
d?Arcachon 193 ha ont ainsi été nettoyé grâce à l?action des conchyliculteurs, du Parc naturel marin
du Bassin d?Arcachon (OFB), et du Syndicat intercommunal du Bassin d?Arcachon (SIBA).
La réduction du risque d?impact:
- Organisation des accès pour réduire l?impact sur les voies d?accès aux parcelles exploitées :
- Sur des sites conchylicoles, d?importants efforts ont été engagés pour réduire l?impact
environnemental des pratiques, en tenant compte des enjeux écologiques présents sur les zones
concernées. Il s?agit notamment de repenser les itinéraires empruntés par les opérateurs et les
différents engins afin de minimiser les pressions exercées sur les habitats sensibles.
- Gestion des déchets plastiques : La filière conchylicole est activement engagée dans la
structuration d?une filière de traitement du matériel conchylicole usagé, afin d?éviter
l?enfouissement ou l?incinération. L?objectif est de maximiser la valorisation des plastiques grâce au
recyclage et au réemploi de la matière recyclée dans d?autres produits (ex. Projet RECYCONCH). En
parallèle, les conchyliculteurs, avec l?appui des CRC, mènent une recherche continue de matériaux
alternatifs au plastique, présentant une empreinte environnementale réduite et biodégradable (ex
: Projet BIOFICAT).
- Balisage sur mouillage écologique sur habitats sensibles : À l?instar des ancrages écologiques
déployés dans les parcs marins afin de limiter la dégradation des habitats sensibles par les
plaisanciers, une réflexion similaire est engagée pour adapter ces dispositifs aux zones
conchylicoles. L?objectif est de remplacer, dans les zones sensibles, les systèmes de mouillage et de
balisage traditionnels par des solutions plus respectueuses de l?environnement au sein des
cadastres conchylicoles.
- Réduction de l?appauvrissement génétique de populations naturelles : La réduction de la
biodiversité génétique est une réalité inhérente à toute pratique aquacole. Or, il est essentiel de
préserver cette diversité afin de maintenir le potentiel d?adaptation des coquillages face aux
variations environnementales et d?éviter l?érosion de la diversité génétique sauvage. C?est pourquoi
les écloseurs (appuyés par le SYSAAF) s?engagent dans des programmes de sélection et d?élevage
visant à conserver une diversité génétique élevée au sein des populations cultivées. Cette stratégie
permet de renforcer la résilience des espèces aux changements environnementaux liés notamment
au changement climatique, mais aussi de limiter les risques d?impact sur les populations naturelles.
42
Services écosystémiques rendus par la conchyliculture, et la c o-culture
La conchyliculture est une activité qui vit au rythme
des processus naturels des écosystèmes marins. Elle
procure de multiples services écosystémiques
bénéfiques au-delà de la production alimentaire. Les
sites conchylicoles sont souvent qualifiés de cultures
à zéro intrant, ne nécessitant ni alimentation, ni eau
douce, ni engrais. Ils contribuent ainsi à la
production locale de produits de la mer tout en
améliorant l'environnement littoral. Un service
essentiel est l'amélioration de la qualité de l'eau.
Les coquillages, en tant que filtreurs, éliminent
l'excès d'azote présent dans l'eau en l?incorporant
dans leurs coquilles et leurs tissus, mais aussi en
favorisant le relargage d?azote sous forme gazeuse
dans l?atmosphère, ce qui diminue les phénomènes
d?eutrophisation du milieu marin local. Une seule
huître adulte peut filtrer jusqu'à 8 litres d'eau par
heure. De plus, la conchyliculture stimule la
biodiversité en agissant comme un habitat marin. La
réduction de la turbidité de l?eau favorise la
production primaire et permet la colonisation par
d?autres espèces végétales et animales. Les
coquillages eux-mêmes constituent un substrat
pouvant être colonisé par de nombreux organismes.
Les installations conchylicoles offrent un abri contre
les prédateurs, une source de nourriture et même
des zones de reproduction pour des poissons et
crustacés d?intérêt commercial. Ces sites
enrichissent ainsi la biodiversité locale.
Enfin, l?association de la conchyliculture et de
l?algoculture vient accroître les services
écosystémiques. La co-culture d'algues et de
coquillages présente des avantages
supplémentaires. Les algues, grâce à la
photosynthèse, absorbent le dioxyde de carbone
présent dans leur environnement, réduisant ainsi
l?acidification des eaux littorales. Cet effet tampon
local bénéficie aux coquillages, en diminuant leur
mortalité et en favorisant leur croissance. En outre,
les algues produisent de l'oxygène, ce qui peut
atténuer localement les zones à faible teneur en
oxygène. Cette « permaquaculture » constitue donc
une approche intégrée pour le traitement de l'eau,
la réduction de l?acidification et la création d'habitats
Exemple de mesure de réduction de pression : Vers des barges conchylicoles décarbonées
La transition énergétique constitue un levier essentiel pour réduire les pressions environnementales associées
aux activités conchylicoles. Plusieurs projets innovants visent à décarboner la flotte de barges utilisées pour
l?exploitation des coquillages. Le premier jalon est la barge François Cadoret, portée par le CRC Bretagne Sud.
Mise à l?eau en 2023, elle est la première barge ostréicole à propulsion électrique autonome en France,
symbolisant une étape concrète vers une activité moins émettrice.
Le projet ESTEBAM développe la remotorisation hydrogène des barges mytilicoles, avec une première
démonstration réalisée en 2024, par le CRC Bretagne Nord.
Ces initiatives illustrent une dynamique concrète de réduction des émissions et des pressions liées à la
motorisation thermique, tout en anticipant les évolutions réglementaires.
43
.
Parc ostréicole dans la rivière de Crach , Golfe du Morbihan ? crédits Aude Sirvain
44
LES PECHES MARITIMES
Contexte :
La pêche française se caractérise par sa grande
diversité. 13 000 pêcheurs opèrent sur tous les
océans et pratiquent des activités allant de la pêche
à pied à la grande pêche. Elle compte 6 220 navires
(dont 4256 en métropole) s?appuyant sur 60 ports de
pêche, 34 halles à marées et les quelques 5000
entreprises de mareyage, transformation et vente
des produits de la mer53. La filière génère ainsi près
de 30 000 emplois à terre . La diversité de la pêche
peut se mesurer de diverses manières. Outre les
zones de pêche, les engins utilisés et les espèces
ciblées, les navires se répartissent en quatre
catégories administratives de navigation selon la
durée autorisée de leurs sorties en mer (marées) : «
la grande pêche » qui concerne les grands navires
dont les marées durent plus de 20 jours, « la pêche
au large » qui concerne les navires dont les marées
durent entre 4 et 20 jours, « la pêche côtière » qui
s?applique pour les marées de 1 à 4 jours et « la petite
pêche » pour les marées de moins de 24 heures.
Les débarquements de poissons en France
hexagonale en 2022 totalisent 347 000 tonnes. Ils
sont en augmentation suite aux débarquements plus
faibles de la période 2019-2021 (325 000 tonnes par
an environ) sans pour autant atteindre les 400 000
tonnes débarquées annuellement entre 2010 et
2018. Pour autant, malgré ces variations des volumes
de poissons débarqués, l?évaluation 2023 de l?état
des populations révèle une répartition stable par
rapport à 202254 avec environ la moitié des volumes
issus de populations exploitées durablement .
Pressions générées et principaux risques d?impacts
L?exploitation des ressources biologiques marines est
source de fortes interactions réciproques avec les
écosystèmes marins. Ces interactions, détaillées ci-
dessous par les pressions générées, sont
extrêmement variées du fait de la très grande
diversité des usages : de la petite pêche à pied aux
grandes pêches pélagiques ou benthiques, les effets
et dépendances aux milieux sont très variables.
Concernant la pêche professionnelle maritime, le
référentiel technique produit entre le CNPMEM et
l?OFB et édité en 2024 dresse un panorama complet
des pressions et propose des mesures d?évitement et
de réduction appropriées et négociées.
53
https://www.franceagrimer.fr/sites/default/files/rdd/doc
uments/BIL-MER-2024-CHIFFRES-CLES-2023_2.pdf
54 https://www.ifremer.fr/fr/actualites/bilan-2023-en-
france-hexagonale-56-des-volumes-de-poissons-
debarques-en-2022-proviennent
45
- Les pressions sur les effectifs de populations font l?objet de très nombreux contrôles et ont été cadrés
notamment par la Politique Commune des Pêches (PCP) par des quotas par espèce, et des mesures
techniques (restrictions spatio-temporelles et sur les engins de pêche). De même, la pression exercée
par les arts trainants a été progressivement réduite par différents dispositifs : interdiction du chalutage
de fond au-delà de 800 mètres de profondeur (Atlantique depuis 2016, Méditerranée depuis 2024),
fermetures ciblées de 87 zones entre 400 et 800 mètres sur des écosystèmes marins vulnérables
(règlement d?exécution 2022/1614), interdiction des filets remorqués dans la bande côtière des trois
milles nautiques (depuis 1990), interdictions spécifiques sur certains habitats sensibles en Méditerranée
(maërl, herbiers de posidonie, coralligène) ainsi que, plus récemment, l?extinction programmée du
gangui d?ici 2025. Il est à noter qu?aujourd?hui, plus de 50 % de la surface des eaux hexagonales sous
juridiction française sont strictement fermées au chalutage de fond.
- Engagées par la règlementation ou prises à l?initiative des professionnels, de nombreuses mesures de
gestion ont été mise en oeuvre par les pécheurs français avec des effets significatifs sur la ressource (ex
du thon rouge en Méditerranée et Atlantique ou de la langouste en Atlantique) ou sur les écosystèmes
(37cantonnements de pêche en France).
- Reste une pression considérée comme majeure par l?IPBES s?agissant du chalutage sur les habitats
meubles du plateau continental. Des travaux en cours doivent permettre de mieux comprendre,
qualifier et quantifier cette pression afin qu?elle soit appréhendée le plus objectivement possible. Le
dragage coquiller est également source de pressions spécifiques sur les habitats côtiers, qui doivent être
évaluées au regard des connaissances disponibles et des mesures de gestion déjà mises en place.
Pressions mécaniques
Pressions physico-chimiques
Pressions biologiques
Changement d'habitat
Tassement
Abrasion superficielle
Abrasion peu profonde
Abrasion profonde
Remaniement
Dépôt faible de matériel
Modification de la charge en particules
Obstacle au mouvement
Mort ou blessure par collision /interaction
Dérangement visuel d'espèces
Déchets solides
Émissions sonores (et vibrations)
Contamination par hydrocarbures et HAP
Introduction ou propagation d'espèces
non-indigènes
Introduction de pathogènes
Prélèvement d'espèces cibles
Prélèvement d'espèces non-cibles
Les principales mesures d?évitement et de réduction à prioriser
Depuis plusieurs décennies, la pêche française
s?inscrit dans une logique de gestion durable et de
réduction des impacts sur les écosystèmes marins.
L?intégration progressive des exigences
environnementales dans la Politique Commune des
Pêches (PCP), la mise en oeuvre des Directives
européennes (DCSMM, DCE, Natura 2000), et la
création d?aires marines protégées (AMP) ont
conduit la filière à adapter continuellement ses
pratiques.
Ces évolutions se traduisent par des mesures de plus
en plus fines d?évitement, de réduction et de suivi
des impacts, reposant sur la science, l?innovation
technologique, et la concertation entre
professionnels, scientifiques et pouvoirs publics.
46
L?évitement du risque d?impact (exemples illustratifs):
Les mesures d?évitement consistent à empêcher l?interaction entre une activité générant des pressions et les
habitats ou espèces sensibles. Dans le cas de la pêche, ces mesures reposent sur la planification spatiale et la
gestion adaptative.
- Cantonnements de pêche : Créés à
l?initiative des pêcheurs, ils permettent la
régénération des ressources halieutiques
sur les zones fonctionnelles essentielles
(frayères, nourriceries).
Exemples : cantonnements de Calvi (Corse),
Carry-le-Rouet, Cap Couronne et Golfe de
Beauduc (photo PNR Camargue ci-contre)
(Bouches-du-Rhône). Ces dispositifs, mis en
place depuis les années 1960, ont montré
des effets positifs sur la biomasse et la
diversité spécifique.
- Protection des écosystèmes marins vulnérables (EMV) : Le règlement d?exécution (UE) 2022/1614
établissant 87 zones de fermeture entre 400 et 800 mètres de profondeur interdit désormais les arts
traînants dans les zones profondes à forte sensibilité écologique.
- Labellisation en Zones de Protection Forte (ZPF) : Ces zones garantissent un haut niveau de préservation
des habitats en limitant fortement ou supprimant les pressions humaines, y compris les pollutions
d?origine terrestre et en mobilisant des réglementations adaptées pour préserver les enjeux écologiques
(cf. décret n° 2022-527 sur la protection forte).
- Mesures spatio-temporelles : Fermetures saisonnières destinées à protéger des périodes critiques pour
certaines espèces (reproduction, croissance). Ces mesures permettent la levée totale ou partielle du
risque d?interaction entre les engins de pêche et les espèces ou habitats sensibles. Exemple 1 :
fermetures saisonnières pour la protection de la langoustine dans le golfe de Gascogne. Exemple 2 : la
France interdit le chalutage à plus de 800 mètres de profondeur en Atlantique (depuis 2016) et en
Méditerranée (depuis 2024), ainsi que dans la bande côtière des 3 milles nautiques depuis 1990. Résultat
: plus de 50 % des fonds marins sous juridiction française dans l?hexagone sont aujourd?hui inaccessibles
au chalutage de fond.
La réduction du risque d?impact (exemples illustratifs) : Lorsque l?évitement complet n?est pas possible, la
réduction vise à minimiser l?intensité ou la durée des pressions exercées par la pêche sur les écosystèmes.
- Quotas de capture et TAC (Total Allowable Catches) : Ces mesures, fixées par la PCP, garantissent une
exploitation durable des stocks. Plus de 56 % des stocks suivis exploités par la France le sont
aujourd?hui dans des conditions de durabilité biologique (rendement maximum durable, RMD).
- Amélioration de la sélectivité des engins : Développement et généralisation de dispositifs sélectifs
permettant de réduire les captures accessoires et les rejets, comme les grilles à langoustines, panneaux
à mailles carrées ou dispositifs de fuite pour poissons plats.
- Innovation technologique : Déploiement d?engins moins impactants sur les fonds (ex. chaluts à
panneaux hydrodynamiques, dragues hydrauliques à faible empreinte). Les projets menés dans le
cadre de France Filière Pêche ou du FEAMPA favorisent l?expérimentation et le transfert de
47
technologies à faible impact.
- Analyses de Risque Pêche (ARP) : Réalisées dans le cadre de Natura 2000 en mer, elles constituent
aujourd?hui le socle méthodologique pour évaluer et réduire les impacts des activités de pêche sur les
habitats et espèces d?intérêt communautaire. Elles permettent d?adapter les pratiques de manière
proportionnée et scientifiquement fondée.
- Réduction des émissions et bruit sous-marin : Certains projets visent à réduire le bruit généré par les
moteurs et les engins, notamment dans les zones de présence de mammifères marins, ainsi qu?à
diminuer la consommation de carburant.
Les mesures d?accompagnement
Au-delà des dispositifs réglementaires et techniques d?évitement ou de réduction, l?exploitation durable des
ressources biologiques repose également sur un ensemble de mesures d?accompagnement favorisant la
sensibilisation, l?innovation et la co-construction avec les acteurs maritimes.
Ces actions, portées conjointement par les professionnels, les organismes scientifiques et les pouvoirs publics,
visent à renforcer la connaissance, améliorer les pratiques et garantir une appropriation collective des enjeux de
préservation de la biodiversité marine.
- Formation et sensibilisation : intégration des enjeux environnementaux et de biodiversité dans
les formations maritimes françaises et sensibilisation des pêcheurs professionnels, de loisir aux
pratiques durables. Exemples : Le Plan National d?Action Esturgeon (PNA Sturio) comprend un
volet de sensibilisation avec production de supports pédagogiques et organisation de réunions
d?information.
- Coopération scientifique : Participation active de la filière aux programmes de recherche (Ifremer,
CNRS, OFB, CNPMEM) sur les impacts des engins de fond, la restauration des habitats et le suivi
des espèces sensibles. Exemple : Le projet PAMM (Plan d?action mammifères marins) qui teste le
déploiement de dispositifs de réduction des captures accidentelles de cétacés (pingers, balises
DolphinFree).
- Données et transparence : Systèmes de suivi (VMS, AIS, journaux électroniques de bord, caméras
embarquées) garantissant la traçabilité et le contrôle des activités de pêche sur l?ensemble des
façades maritimes. Exemple : Les programmes ObsMer et ObsCame(+) qui valorise l?engagement
des professionnels dans la collecte de données scientifiques.
Exemple de mesure de réduction de pression :
Dans le cadre des Analyses risque pêche déclenchées pour répondre aux obligations Natura2000, de
nombreuses mesures ont été engagées partout en France par les professionnels.
Sur le site Natura 2000 Ridens et Caps, dans le détroit du Pas de Calais, des mesures ont été proposées et
arbitrées. Il s?agira notamment de restriction d?usage des sennes écossaises et danoises pour les navires
nationaux et étrangers avec information auprès des états membres. Ajoutées aux mesures déjà engagées par
les pêcheurs français, ces mesures permettront de labelliser ce site en ZPF (zone de protection forte) sur les
Ridens puisque toutes les pressions fortes sur enjeux majeurs y auront été supprimées. Ce site devrait même se
proposer à la labellisation liste verte UICN, récompensant un modèle de gestion pertinent, un bel exemple
d?efficacité de collaboration entre professionnels et administration pour une exploitation durable des
ressources et des écosystèmes.
48
- Initiatives volontaires : Plusieurs organisations professionnelles développent des projets pilotes
de restauration d?habitats ou d?espèces (herbiers de zostères, récifs coquilliers) et participent à
des programmes de science participative pour renforcer la connaissance du milieu marins.
Les principaux défis pour la mise en place de mesures efficaces
Un diagnostic scientifique robuste : les mesures réglementaires doivent s?appuyer sur une évaluation objective,
complète et la plus récente possible afin d?identifier clairement les autres causes majeures de dégradation des
ressources biologiques marines (pollutions telluriques, aménagements côtiers, espèces exotiques envahissantes,
changement climatique). Cela permet d?éviter de concentrer l?essentiel des efforts uniquement sur les activités
maritimes productives.
Des mesures proportionnées et réalistes : elles doivent être adaptées aux réalités techniques, économiques et
sociales du secteur, garantir la viabilité des entreprises et la souveraineté alimentaire, tout en prenant en compte
les contraintes techniques (flotte vieillissante, coût élevé des engins, zones d?activité parfois restreintes).
Une gouvernance partagée : l?efficacité des mesures repose sur l?implication de toutes les parties prenantes
(scientifiques, professionnels, administrations, etc.) dans une logique de co-construction. La complémentarité
entre connaissances scientifiques et savoirs professionnels issus du terrain est indispensable pour concevoir des
mesures réalistes, adaptées aux contextes locaux et réellement opérationnelles.
Des moyens d?accompagnement insuffisants : le manque de dispositifs financiers, techniques et juridiques limite
la capacité des entreprises à s?adapter progressivement (innovation, transition énergétique, diversification), dans
un contexte où la multiplication de textes réglementaires devient difficilement soutenable.
Un déficit d?articulation : les nouvelles mesures réglementaires manquent souvent de cohérence avec les
dispositifs déjà en place (PCP, DCSMM, Natura 2000, DPF, stratégies énergie-climat PNRR etc?). Une meilleure
coordination est nécessaire pour éviter la superposition de mesures réglementaires, renforcer les synergies et
assurer une lisibilité à long terme.
Un suivi et une évaluation insuffisants : l?absence d?évaluation systématique des mesures réglementaires
existantes affaiblit leur efficacité. Il est essentiel de développer des indicateurs robustes et harmonisés, d?assurer
un suivi transparent et de prévoir une révision régulière des mesures réglementaires pour les ajuster aux résultats
observés et aux évolutions environnementales.
49
NAUTISME, PLAISANCE ET YACHTING PROFESSIONNEL
Contexte :
Nautisme et plaisance 55: La France compte
aujourd?hui plus de 4 millions de plaisanciers
réguliers et 11 millions de pratiquants de sports
nautiques. Les immatriculations de bateaux de
plaisance augmentent de près de 10 000 unités par
an (73% de bateaux à moteur et 47% de bateaux
inférieur à 6 mètres). Les régions Bretagne et PACA
représentant la moitié du parc hexagonal. La France
compte aujourd?hui 1 063 088
immatriculations/enregistrements (dont 4/5 de
navires à moteur).
En 2025, la filière du nautisme et de la plaisance
regroupe un tissu de plus de 5 500 entreprises, de
grands groupes aux PME-TPE, pesant près de 5,5
milliards d?euros de chiffre d?affaires. Avec 150 000
emplois directs et indirects, l?industrie nautique
française est un acteur majeur de l?économie bleue
nationale et européenne. Pleinement engagée dans
la transition écologique, la filière mène une politique
volontariste fondée sur le cycle de vie du bateau, de
sa conception au traitement de sa déconstruction,
l?amélioration des performances environnementales
des entreprises, la sensibilisation de tous les acteurs
et la protection des milieux marins. Cette démarche
responsable et les résultats déjà produits ont été en
grande partie initiés en France et doivent s?étendre
pour garantir le développement de la plaisance et de
pratiques nautiques durables.
Infrastructures56 : La filière nautique s?appuie sur un
réseau territorial dense d?infrastructures portuaires
et de bases nautiques : 473 ports de plaisance
maritimes offrant 252 000 places, 556 bases fluviales
55 Sources Fédération de l?industrie nautique
56 Sources Fédération française des ports de plaisance
pour 20 000 places et 40 ports à sec pour 11 000
places et 8 500 km de voies d?eau navigables et
d?innombrables lacs ou plans d?eau. On dénombre
aussi près de 1 000 bases nautiques réparties sur
l?ensemble du territoire en Hexagone et en Outre-
mer, 4 500 structures affiliées aux fédérations
sportives (voile, surf, plongée, canoë). Ces ports de
plaisance et bases nautiques sont soumis à des
enjeux de transition écologique pour faire face au
changement climatique, à des enjeux d'adaptation
pour faire face à l?élévation du niveau de la mer et au
recul du trait de côte, et à des enjeux de gestion des
déchets. Ces enjeux impliquent des investissements
et des engagements faisant d?eux des acteurs de la
sensibilisation du grand public à l?environnement et
aux mesures de protection.
Yachting professionnel57 : Le yachting professionnel
est une activité comparable à l?aviation d?affaire dans
le domaine de l?aérien. Les règles, fiscale, maritimes,
douanières, sociales qui lui sont applicables sont
similaires ou très proches des règles applicables à
l?activité de la croisière. Pratiquement, la totalité de
la flotte est conforme aux règles des navires de
commerce. Les équipages qui arment ces unités
détiennent des brevets de marine marchande
approuvés par l?OMI.
La flotte mondiale de yacht de plus de 30 m est de
6500 unités. Il se construit bon an mal an 150 à 200
yachts par an dans le monde. Le marché croit de 5 à
7 % par an. La très grande majorité des yachts bat
pavillon étranger, que ce soit communautaire ou pays
tiers. Le pavillon Français utilisé par les yachts est le
57 Sources European Commitee for Professionnal Yachting
50
RIF, il ne cesse de croitre : aujourd?hui il compte 180
unités. Le yachting est essentiellement pratiqué en
Méditerranée où environ 2000 unités croisent. La
région sud a produit une étude qui établit que
l?industrie du yachting représente 11000 emplois et
génère 1,2 milliards d?euros de retombées
économiques.
Principales interactions entre l ?activité et la biodiversité marine
Les principales interactions entre le nautisme et les écosystèmes marins concernent :
- L?ancrage sur les habitats sensibles (herbiers, coraux notamment)
- Le risque de dérangement d?espèce (approche des mammifères, oiseaux et tortues en particulier)
- Le risque de pollution par macrodéchets et matières organiques
Pressions mécaniques
Pressions physico-chimiques
Pressions biologiques
Abrasion superficielle
Abrasion peu profonde
Mort ou blessure par collision
/interaction
Dérangement visuel d'espèces
Déchets solides
Émissions sonores (et vibrations)
Introduction de lumière artificielle
Modification des apports en matériel organique
Contamination par hydrocarbures et HAP
Contamination par composés synthétiques
Introduction ou propagation d'espèces
non-indigènes
Introduction d?agents pathogènes
Principales mesures d?évitement et de
réduction à prioriser
Les acteurs du nautisme et de la plaisance oeuvrent
depuis longtemps et à toutes échelles à une plaisance
durable et responsable, notamment par des actions
d?éducation et de sensibilisation des plaisanciers et
des professionnels. De même, un important chantier
a été engagé par l?APER et les services de l?Etat pour
la gestion des navires de plaisance hors d?usage
(BPHU) et des milliers d?unités et autres matériels
nautiques ont été retirés de l?océan et recyclés en
centres agréés. Des efforts ont été et sont encore
engagés par l?industrie nautique sur l?analyse du cycle
de vie et l?écoconception des bateaux.
Le déploiement de zones de mouillage organisé est
un objectif de la stratégie nationale mer et littorale
(SNML), qui a également fait l?objet d?une mesure
CIMer 2025, qui a vocation à participer au
développement durable des zones côtières, en
conciliant à la fois les intérêts de la navigation, la
sécurité des plans d?eau et la protection de
l?environnement.
Les zones de mouillage et d?équipement léger (ZMEL)
sont un enjeu à la fois environnemental et
51
économique. D?un point de vue environnemental, les
ZMEL permettent de limiter l?impact de l?ancrage des
navires de plaisance pour les habitats benthiques.
D?un point de vue économique, les gestionnaires
doivent pouvoir atteindre un équilibre financier de
ces zones. En effet cette stratégie prescrit par
l?administration doit être accompagnée de mesures
facilitant la création et le renouvellement de ZMEL,
en simplifiant leur mise en place, en consolidant leur
modèle technique et économique (notamment par
l?harmonisation des redevances domaniales) et en
accompagnant les porteurs de projet sur le long
terme. Cet accompagnement doit s?appliquer pour le
développement des ZMEL pour la petite plaisance
mais aussi pour la grande plaisance (navires de plus
de 24 mètres), notamment en Méditerranée, avec la
mise en place de coffres écoconçus.
Il convient de rappeler que ces ZMEL sont des zones
de protection du littoral, de l?environnement et de la
biodiversité marine par la limitation du nombre de
navire au mouillage, la suppression de l?impact de
l?ancrage, la régulation du passage ou encore de la
pêche.
L?évitement du risque d?impact: Comme pour toutes
les activités s?exerçant sur l?espace océanique sous
juridiction, il existe des zones/périodes/pratiques
encadrées règlementairement et pouvant faire
l?objet de protections strictes dans des cas très
précis (protection de lieux de reproduction d?oiseaux
marins, certaines calanques du Parc national des
Calanques?), ou de restrictions de mouillage
(herbiers de Posidonie en Méditerranée ?).
- Zones d?interdiction de navigation (il en existe très peu en France, essentiellement des zones tampon
autour de zones sensibles au dérangement d?oiseaux marins (Sept iles en Bretagne, Ilets de Sainte-Anne
en Martinique) ou des coeurs d?AMP (RNN de Cerbère Banyuls, PN de Port-Cros, quelques Calanques du
PN des Calanques, ?).
- Zones d?interdiction de mouillage : tous les sites cartographiés comme herbiers de Posidonie / Matte de
Posidonie en Méditerranée, ainsi que quelques zones d?herbiers en Atlantique.
- Zones d?exclusions des navires motorisés et autres VNM
La réduction du risque d?impact:
La réduction consiste à ne pas exclure mais à adapter
l?usage à la sensibilité du site en agissant sur les
paramètres de l?usage, par l?utilisation de mouillages
de moindre impact et d?application d?aide à la
plaisance éco-responsable (Nav&Co), le strict respect
de la règlementation relative au carénage, la gestion
responsable des déchets, mais également en
communiquant sur les bonnes pratiques et les
méthodes d?ancrage notamment (Ecogeste, Alliance
Posidonia, Bateau Bleu ? voir ci-dessous).
L?Alliance posidonia58 est née de la nécessité de créer des synergies autour de la posidonie et susciter un
engagement des acteurs publics et privés. Créée en juin 2023, sous l'égide de la préfecture de la région Provence-
Alpes Côte d'Azur, elle associe, dans une démarche innovante, des acteurs publics, privés et des ONG pour faire
émerger une véritable prise de conscience de l'importance de la préservation de la posidonie auprès des citoyens,
des élus, des plaisanciers, et de l'ensemble des acteurs économiques et sociaux sur le littoral méditerranéen
français.
Bateau Bleu
Afin de mieux protéger la biodiversité marine, la Fédération des Industries Nautiques, le Parc national de Port-
Cros - Porquerolles et le Parc naturel marin du Golfe du Lion ont mené une réflexion commune qui a abouti à la
mise en oeuvre de l?expérimentation Bateau Bleu, avec le soutien de l?Office Français de la Biodiversité et la
Direction Interrégionale de la mer Méditerranée. Ce dispositif concerne principalement les loueurs et leurs
clients, et a pour objectif de les sensibiliser aux principes de la plaisance durable.
APER ? L?association pour la plaisance éco-responsable
Eco-organisme en charge de la déconstruction des bateaux de plaisance en fin de vie, créé en 2019 et dont
l?agrément vient d?être renouvelé jusqu?au 31/12/2029, gère la première filière mondiale de déconstruction des
bateaux de plaisance hors d?usage. Cet axe a été le premier dans lequel s?est investi la filière pour maitriser et
58 https://www.alliance-posidonia.fr/alliance-posidonia
52
valoriser les produits issus de la déconstruction. Plus de 13 000 bateaux ont été démantelés et valorisés dans les
35 centres agrées répartis sur le territoire métropolitain et ultramarin. Les 105 entreprises adhérentes
(constructeurs et importateurs) représentent près de 90% des mises en marché et sont les principaux financeurs
de la filière à travers l?écocontribution. Cette filière REP sur les bateaux de plaisance est unique au monde et
montrée en exemple par la commission européenne et la confédération européenne de l?industrie nautique (EBI).
Le programme ÉCONAVIGUER DANS LES EAUX FRANÇAISES59
Depuis 2013, le Programme Éconaviguer dans une aire marine protégée qui s?est déployé en 2019 pour devenir
le Programme Éconaviguer dans les eaux françaises, travaille et multiplie ses actions pour accompagner le
développement durable, la réduction des impacts et la transition environnementale et énergétique du nautisme
et de la plaisance. Entre 2013 et 2019, le Programme a mis en oeuvre des projets pilotes sur différentes
thématiques de l'éconavigation dans les aires marines protégées : mouillages de moindre impact, bonnes
pratiques à bord, usage des antifouling, sensibilisation des pratiquants... Les retours d'expériences de ces projets
sont ensuite partagés aux gestionnaires d'aires marines protégées. En 2019, le programme s'ouvre à l'ensemble
des acteurs de la filière nautique : centres de formation, fédérations sportives, associations de pratiquants...
Aujourd'hui, le programme anime le réseau via les newsletters de l'éconavigation, les webinaires techniques sur
les thématiques de l'éconavigation, les Rencontres interprofessionnelles qui rassemblent de nombreux acteurs
publics et privés autour de questions techniques, le Forum des entreprises accolés aux Rencontres
interprofessionnelles et le GT national de l'éconavigation qui se déroule tous les semestres.
Nombreuses informations supplémentaires sur le site web éconaviguer.com.
Les principaux défis pour la mise en place de mesures efficaces
- Développer et accompagner la stratégie nationale de gestion des mouillages ;
- Poursuivre le développement des ZMEL par la mise en place d?un pilotage national, la simplification des
procédures, et la validation d?un modèle économique (#SNML ? objectif 6)
- Favoriser le développement éco-responsable de la grande plaisance
- Décarbonation des systèmes de propulsion : La FIN mène depuis deux ans des travaux visant à
accompagner le développement de la motorisation électrique et à décarboner la motorisation
thermique par le recours aux carburants alternatifs.
- Performance et recyclabilité des composites : Résistants, légers, réparables et offrant aux bateaux de
plaisance une durée de vie exceptionnelle, les composites représentent un enjeu stratégique pour
l?avenir de la filière. La FIN a engagé des travaux avec les constructeurs français sur les possibilités de
recours à des résines moins émissives en COV et recyclables ainsi qu?aux fibres naturelles.
- Réduction et valorisation des déchets de production : Un groupe de travail est piloté par la FIN sur ce
sujet. Il vise à :
- Identifier, quantifier et cartographie les déchets de production des chantiers,
- Identifier les solutions et prestataires pouvant proposer des solutions de valorisation,
- Étudier les opportunités de regroupement de volumes pour accéder à ces solutions,
- Étudier les pistes pour réduire le volume de déchets (sur les consommables notamment),
- Partager les solutions et bonnes pratiques,
- Émettre des recommandations et éditer un guide.
- Renforcer et pérenniser la filière de collecte et de traitement des navires de plaisance hors d?usage
(actions APER).
- Accompagner la transition écologique, et l?adaptation au changement climatique des ports de plaisance
et des bases nautiques :
59 https://econaviguer.com/
53
- Accompagner les ports de plaisance vers la certification « ports propres » et « port actif en
biodiversité », notamment au travers des dispositifs d?accompagnement des agences de l?eau
et de l?OFB.
- Anticiper les besoins d'adaptation des ports de plaisance et des bases nautiques pour faire face
au changement climatique et à l?élévation du niveau de la mer
A noter qu?une feuille de route du nautisme et de la plaisance60 a été signée le 8 septembre 2025 entre la Ministre
chargée de la mer et le Président de la CNP, ce document qui est la première stratégie nationale pour la filière
fixe les grandes orientations d?ici 2030 et liste notamment les grands enjeux du secteur en matière de transition
écologique et environnemental.
Le cas spécifique du Yachting professionnel
Mesures de réduct ion des r is ques d ? impacts
La professionnalisation des équipages permet une
appropriation des enjeux environnementaux et une
adaptation des pratiques.
Les chantiers de réparation spécialisés ont entamé il
y a des années des actions pour réduire leur
empreinte Carbonne et ces actions portent leurs
fruits : traitement des cov, des déchets, des eaux
EN/EG, des eaux de carénage, avec réutilisation des
eaux de pluie, sans oublier l?électrification et
l?utilisation du photovoltaïque.
Au niveau portuaire, tous les ports Français sont
équipés de branchement a quai qui permettent aux
yachts de s?alimenter en électricité lorsqu?ils sont à
quai.
Au niveau des carburants , le yachting se tourne
depuis des années vers des produits totalement
décarbonés tels que le XTL (grâce à des dérogations,
le XTL n?étant pas prévu pour les activités
maritimes), la France a une position de leader dans
ce domaine.
Au niveau de la construction de yachts, on voit de
plus en plus de projets à propulsion hybride,
méthanol, hydrogène.
Déf is de la f i l ière
Le secteur du yachting professionnel, engagé dans la
protection de la biodiversité marine, notamment sur
le respect des herbiers de posidonie, estime
cependant que les modalités d?application en France
de la réglementation sur le mouillage des navires de
plus de 24 mètres, fondées sur la seule position du
navire en surface, pénalisent notre pays par rapport
à ses voisins directs, tels que l?Italie ou l?Espagne.
Ces derniers ont en effet privilégié des approches
plus pédagogiques, en déployant massivement des
coffres d?amarrage ou en mettant en place une
assistance au positionnement des navires dans les
zones de mouillage.
Les professionnels du secteur recommandent ainsi
de s?inspirer de ces bonnes pratiques européennes,
afin de renforcer l?attractivité des eaux françaises
tout en assurant une meilleure protection de
l?environnement.
L?objectif est d?éviter que de nombreux yachts
choisissent d?éviter les côtes françaises en raison de
sanctions perçues comme excessives et de fait,
dissuasives.
6025.09.2025_Feuille_de_route_Nautisme_et_plaisance.pdf
https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/documents/25.09.2025_Feuille_de_route_Nautisme_et_plaisance.pdf
54
LES ACTIVITES DE DEFENSE
Contexte :
Les activités que les armées exercent dans le cadre
de la défense et de la sécurité nationales, de par leur
nature confidentielle et prioritaire, ne figurent pas
au rang des activités concernées par la stratégie
nationale pour la mer et le littoral (art. 219-1 CE). Ces
activités ne sont pas non plus soumises à évaluation
environnementale en application du code de
l?environnement. Toutefois, de nombreuses actions
ont été entreprises, chaque fois que cela était
possible sans altérer l?efficacité des exercices ou
déploiement de moyens de défense, afin de limiter
les interactions des usages avec les écosystèmes
marins.
Pressions générées et principaux risques d?impacts :
Les unités de la Marine nationale veillent à réduire
leur impact sur l?environnement lorsque des
solutions techniques compatibles avec les impératifs
de défense nationale peuvent être adoptées. Dans le
cadre de sa participation à l?action de l?État en mer
(AEM), la Marine nationale est engagée dans des
missions de police et de surveillance de
l?environnement, de lutte contre les pollutions
accidentelles en mer et de lutte contre la pêche
illicite, et participe à des actions de dépollution des
fonds marins.
Pressions mécaniques
Pressions physico-chimiques
Pressions biologiques
Perte d'un habitat
Changement d'habitat
Tassement
Abrasion superficielle
Abrasion peu profonde
Abrasion profonde
Remaniement
Dépôt faible de matériel
Dépôt important de matériel
Modification des conditions hydrodynamiques
Modification de la charge en particules
Obstacle au mouvement
Mort ou blessure par collision /interaction
Dérangement visuel d'espèces
Déchets solides
Émissions sonores (et vibrations)
Champs électromagnétiques
Introduction de lumière artificielle
Contamination par des éléments traces
métalliques (ETM), métalloïdes et organo-
métaux
Contamination par hydrocarbures et HAP
Contamination par composés synthétiques
Contamination par les radionucléides
Introduction de substance à caractère
visqueux
Modification des apports en nutriments
Modification des apports en matériel
organique
Introduction ou propagation
d'espèces non-indigènes
Introduction de pathogènes
55
Principales mesures d?évitement et de réduction à prioriser
Même si la plupart des normes environnementales
ne s?appliquent pas aux activités de défense
nationale, la Marine nationale a depuis longtemps
adopté une politique volontariste de réduction de
son empreinte écologique. Elle participe activement
à l?effort collectif de préservation du milieu marin à
travers un plan d?action dédié à la protection de
l?environnement.
Ce plan vise à réduire la consommation d?énergie en
privilégiant les propulsions mixtes lorsque celles-ci
sont possibles.
La Marine agit également pour limiter la dispersion
passive des espèces marines pouvant altérer la
biodiversité. Des progrès importants ont été réalisés
en matière de peintures et antifoulings, de
traitement des eaux de ballast, de carénage et
d?entretien, ainsi qu?en matière de gestion des
déchets.
Pour la réduction du bruit sous-marin, la Marine
concilie ses impératifs opérationnels (dissuasion,
lutte anti-sous-marine, sécurité des usagers) avec les
enjeux de protection de l?environnement marin. Elle
a ainsi défini une doctrine d?utilisation raisonnée du
sonar, au travers du choix des zones d?exercice et du
respect de procédures strictes d?utilisation par les
bâtiments et aéronefs.
Lors des opérations de déminage d?engins explosifs
immergés, la Marine a également mis en place des
règles spécifiques pour limiter l?impact des
opérations sur la faune et la flore marines. Quand
cela est possible, les munitions découvertes dans des
secteurs sensibles sont déplacées pour être
neutralisées dans des secteurs plus appropriés.
Dans les bases navales une gestion durable des
infrastructures de la Marine est mise en place ;
Exemple : contrat de performance énergétique de la
base aéronavale de Lann Bihoué, tandis que des
opérations « Rade Propre » mobilisent marins et
volontaires pour nettoyage les fonds marins et du
littoral autour et dans les bases navales de
Cherbourg, Brest et Toulon.
Enfin certains opérateurs sont formés pour réaliser
des collectes de données visant notamment à limiter
les risques de collisions lors des phases d?exercices.
Un cadre technique nationale de référence, établi
dès 2012 en partenariat avec l?ancienne Agence des
aires marines protégées, aujourd?hui intégrée à
l?Office français de la Biodiversité accompagne ces
engagements.
Images de l?opération « Rade propre » pilotée annuellement par la Préfecture maritime de l?Atlantique en rade
de Brest. Cette opération permet de faire travailler ensemble divers services de l?Etat et de la société civile.
Défis : Partage de données et échanges des bonnes pratiques particulièrement concernant la réduction des
bruits sous-marins et des dispositifs anticollisions.
56
LES ACTIVITES DE RECHERCHE
Contexte
Un inventaire qualitatif et quantitatif des activités
(sciences et techniques) de recherche marines et des
structures nationales les portant a été mené en 2020
par un groupe d?experts. Le volume des
établissements impliqués est estimé à 222 entités et
les effectifs concernés à près de 7000 équivalents
temps-plein.
Pressions générées et principaux risques d?impacts
La plupart des recherches en sciences et
technologies marines sont menées au plus près des
milieux que les équipes cherchent à observer,
comprendre, protéger et valoriser. Ces activités à la
mer sont fortement encadrées ; néanmoins, elles ne
sont pas sans impact sur les milieux. Au-delà des
impacts amont ou aval (déplacements, achats,
traitements des données), les opérations à la mer
nécessitent très souvent le déploiement d?objets de
collecte (navires, engins autonomes ou non,
observatoires, ?) qui, malgré l?ampleur et la durée
limitées de leur déploiement, ont des impacts sur les
milieux observés.
Pressions mécaniques
Pressions physico-chimiques
Pressions biologiques
Extraction de substrat (ponctuelle)
Tassement (ponctuel)
Abrasion superficielle
Abrasion peu profonde
Remaniement (ponctuel)
Dépôt faible de matériel
Mort ou blessure par collision / interaction
Émissions sonores (et vibrations)
(ponctuelles)
Introduction de lumière artificielle
(ponctuelle)
Relargage de substances potentiellement
toxiques, seules ou en mélange, pour les
organismes marins
Prélèvement d'espèces cibles
Prélèvement d'espèces non-cibles
Principales mesures d?évitement et de réduction à prioriser
Face à l?urgence climatique, à la perte de biodiversité marine et sous l?égide notamment du MESR (Ministère de
l?Enseignement Supérieur et de la Recherche), de nombreux organismes et établissements de recherche se sont
57
dotés de méthodes et de dispositifs afin de mieux maîtriser les impacts de leur recherche sur les milieux qu?ils
souhaitent mieux connaître et protéger. Les démarches sont diverses et multiples :
? Certains établissements (CNRS, Ifremer, OFB, MNHM, Sorbonne-Université, IRD notamment) se sont
dotés en 2024 schémas directeurs Développement durable et responsabilité sociétale, dont la vocation
est de définir les priorités et moyens à mettre en oeuvre au sein des établissements afin de réduire leur
empreinte environnementale. Autre dimension majeure de ces schémas : orienter la recherche des
établissements vers le soutien aux transitions environnementales des acteurs publics et privés ;
? D?autres ou ceux déjà précédemment cités s?impliquent dans des démarches collectives visant à réduire
l?impact environnemental des très grandes infrastructures de Recherche (TGIR) via l?établissement de
stratégie de décarbonation notamment. A titre d?exemple, la Flotte océanographique française, opérée
par l?Ifremer et sa filiale Genavir a conduit en 2024/2025 une démarche prospective dont l'un des axes
portait sur la décarbonation des campagnes océanographiques en jouant sur différents leviers
(réduction de la visite de transits, choix de nouveaux modes de propulsion, éco-conception des
navires?);
? Les collectifs Labo 1.5 portent également des dynamiques visant à maîtriser et réduire les impacts des
activités de recherche.
? Le Pôle universitaire d?innovation Blue Box, coordonné par l?Université de Bretagne Occidentale et
réunissant 11 partenaires, est engagé dans l?établissement d?une grille d?évaluation des impacts sur
l'océan de projets de recherche et d'innovation.
Par ailleurs, la recherche en sciences et technologies marines est pleinement mobilisée dans l?élaboration de
solutions visant à réduire les impacts des activités maritimes sur les écosystèmes. Cette démarche est par exemple
un fil rouge du contrat d'objectifs, de moyens et de performance de l'Ifremer qui vise à inscrire l'Institut dans la
transition écologique et énergétique. Une illustration en est fournie sur la thématique des énergies marines
renouvelables (EMR) où les recherches ont pour but de concilier performance des installations et limitation de
leurs impacts sur la biodiversité marine et les autres usages de l'espace maritime.
Les principaux défis pour la mise en place de mesures efficaces
En lien avec le plan stratégique Climat-Biodiversité
de 202361, le MESR invite fortement les
établissements et opérateurs sous tutelle à engager
des actions de maîtrise de leur empreinte
environnementale. Au titre des démarches récentes
et novatrices, il convient de citer l?établissement en
juin 2025 d?un livre blanc pour la métamorphose de
la Flotte océanographique française qui présente 20
recommandations dont de nombreuses visent à
réduire l?empreinte environnementale des activités
à la mer. On peut citer l?action de sensibilisation des
scientifiques à l?impact environnemental des
campagnes, dans un esprit d?évolution des pratiques
de la recherche visant à leur éco-conception, et pour
la promotion l?usage de dispositifs d?observation
moins impactants (voile, kayaks côtiers, drones?)
Cette réflexion sur la réduction des impacts de
recherche portée par la FOF est généralisée à
l?ensemble de la communauté des chercheurs en
sciences océaniques comme le traduit la Stratégie
nationale de l?observation de l?Océan portée par le
French Ocean Observing System, qui s?est fixée
notamment pour priorité de développer des
méthodes d?observation moins impactantes
(biocapteurs, ADN environnemental).
61 https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr/plan-climat-
biodiversite-et-transition-ecologique-de-l-enseignement-superieur-et-
de-la-recherche-91292
https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr/plan-climat-biodiversite-et-transition-ecologique-de-l-enseignement-superieur-et-de-la-recherche-91292
https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr/plan-climat-biodiversite-et-transition-ecologique-de-l-enseignement-superieur-et-de-la-recherche-91292
https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr/plan-climat-biodiversite-et-transition-ecologique-de-l-enseignement-superieur-et-de-la-recherche-91292
58
LA FORMATION DES ACTEURS DU MARITIME
Contexte :
Les métiers de la mer offrent des perspectives d?emploi variées : plus de 400 000 postes dans la filière maritime
et portuaire, 100 000 dans la filière pêche, dont 18 000 marins pêcheurs, 200 000 postes dans les cultures marines
et plus de 40 000 dans la Marine Nationale62.
Trois grandes filières de formation coexistent :
- La formation des professionnels des activités économiques maritimes, , dont la marine marchande, la
pêche, les cultures marines?
- La formation des agents de l?administration maritime
- La formation des agents de la Marine Nationale
La formation professionnelle maritime (FPM) est dispensée dans des établissements qui proposent des cursus de
formation initiale (CAP, BAC Pro, BTS, Licence, Master), des formations « modulaires» (dans le cadre de la
formation continue) et des formations spécifiques. Ces établissements ont différents statuts.
- Les lycées professionnels maritimes (12) et autres lycées et établissements publics ou privés (10)
- L?Ecole nationale supérieure maritime (ENSM)
- L?Ecole Nationale de Voile et des Sports Nautiques ENVSN ENVSN (bientôt I2N) : établissement public
qui forme aux métiers du nautisme et accompagne les sportifs de haut niveau.
Par ailleurs, l?administration maritime dispose de sa propre filière de formation, l?Ecole du service public de la mer
(ESP MER), basée au Havre. Elle forme tous les agents publics qui oeuvrent pour porter les politiques publiques
de la mer, du littoral et des ports. Elle ouvre ses formations à tous les agents publics concernés et en tant que de
besoin aux acteurs privés et associatifs.
Elle comprend :
- L?École d?administration des affaires maritimes (EAAM), grande école militaire qui assure la formation
initiale des administrateurs des affaires maritimes, un corps d?officiers de carrière de la Marine
Nationale administrés par le ministère chargé de la mer
- L?École de formation des affaires maritimes (EFAM) qui assure la formation initiale des ingénieurs des
travaux publics de l'Etat (ITPE) spécialisés en inspection de la sécurité des navires et des techniciens
supérieurs du développement durable (TSDD) ainsi que la formation continue de l?ensemble des agents
de l?administration chargée de la mer et du littoral et d?autres agents de l?État.
62 https://formations.mer.gouv.fr/
https://formations.mer.gouv.fr/
59
Enfin, la Marine Nationale forme en interne plus de 4000 jeunes au sein de ses quatre écoles63
- L?École des mousses
- L?École des matelots
- L?École de maistrance
- L?École navale
Principales mesures engagées par le secteur de la formation pour améliorer la
durabil ité environnementale du marit ime
Pour construire un avenir durable de la filière, les acteurs du maritime doivent intégrer dans toutes les
composantes de leurs activités la prise en compte des interactions avec le monde vivant.
Pour mettre en oeuvre ces évolutions importantes, il est essentiel de faire évoluer les compétences, les savoirs
faires. Il faut à minima acculturer l?ensemble des acteurs du maritime, de l?opérateur au cadre dirigeant, du
matelot au commandant.
Pour la filière des industriels de la mer, l?approche environnementale est une priorité
inscrite dans sa dernière feuille de route. Par exemple le projet FORTEIM, porté par
CINav va développer 12 modules d?acculturation à la transition écoénergétique dont
l?un est spécifiquement dédié à la biosphère marine. Il s?agit de construire des contenus
de formation mettant à profit l?expertise des scientifiques (dont le Museum National d?Histoire Naturelle,
Sorbonne Université, le CEA/Laboratoire des sciences du climat et de l?environnement) et la créativité des
ingénieurs pédagogiques (AFPA, grandes écoles, CINAV). Au-delà d?une acculturation massive de qualité, il faut
également travailler métier par métier pour intégrer la prise en compte du respect de la vie marine et former de
manière efficiente nos professionnels sur les navires, au sein des industries et tous les apprenants qui se destinent
à une carrière maritime. Dans cette démarche est impliqué l?ensemble des organismes de formation qui
s?adressent à notre filière, à tous les niveaux dont l?Education Nationale, l?enseignement supérieur, la formation
professionnelle (dont l?AFPA, les pôles formation de l?UIMM, les lycées maritimes et l?ENSM, ?). Cette évolution,
porteuse de valeur notamment pour les jeunes générations, est également un gage d?attractivité pour nos métiers
au sein d?une filière qui propose 10 000 recrutements par an.
Depuis 2022, l?ESPMER a enrichi le volet environnemental du cursus de
formation des administrateurs des affaires maritimes. L?école fait appel à divers
spécialistes de l?environnement marin pour doter ces futurs agents, voués à
occuper des postes stratégiques, de connaissances environnementales solides,
nécessaires à la gestion équilibrée des activités maritimes au regard de la sensibilité des écosystèmes marins. Des
formations continues ont également été développées à destination des personnels des DDTM et DIRM,
instructeurs des demandes d?usage du domaine maritime et de l?administration centrale, afin qu?ils acquièrent
les connaissances indispensables pour réduire l?impact des activités maritimes sur les écosystèmes sensibles.
Enfin, l?Ecole propose des formations à destination des services de police et de contrôle de l?Action de l?Etat en
mer pour les aider à cibler leurs interventions sur les enjeux prioritaires pour la biodiversité marine.
63 https://www.lamarinerecrute.fr/les-formations-au-sein-de-la-marine-nationale
https://www.lamarinerecrute.fr/les-formations-au-sein-de-la-marine-nationale
60
CONCLUSION
L?océan nous livre chaque jour d?infinies richesses,
alimentaires, industrielles, minérales,
pharmaceutiques, sociales. Depuis la nuit des temps,
l?homme a tissé avec ce milieu des liens
inextricables, indispensables, vitaux souvent. Mais
alors que les ressources alimentaires comme
minérales mondiales semblaient inépuisables, voilà
que ces ressources viennent à manquer, et qu?en
cascades les écosystèmes qu?ils constituent
s?effondrent.
La complexité du monde et la concurrence
internationale exacerbée par la mondialisation
rendent l?équilibre entre exploitation rentable et
utilisation raisonnable et durable des ressources très
difficile, entre souveraineté alimentaire et respect
des équilibres biologiques, entre décarbonation
justifiant les énergies marines et impacts maitrisés
des EMR sur l?environnement, entre compétitivité
des transports et réduction des émissions, ?
Mais cet équilibre, cette recherche d?un
épanouissement sociétal et économique
conservatoire des patrimoines et des services
écosystémiques présents et futurs est indispensable.
Plus encore, les sociétés qui réussiront demain sont
celles qui auront conservé leur terreau fertile, un
environnement sain et productif. Et que dire d?un
pays comme le nôtre, seconde destination
touristique mondiale, dont les activités nautiques et
balnéaires reposent sur une qualité
environnementale exceptionnelle.
Un exercice essentiel est donc à conduire pour
améliorer l?adaptation des usages maritimes à la
sensibilité des océans. Cet exercice n?est pas
nouveau, il a déjà été amorcé par tous les acteurs et
il est porté par de grands engagements
internationaux, communautaires et nationaux, de
l?organisation maritime internationale aux instances
locales de gouvernance en passant par les conseils
d?administration des grandes entreprises, les
Comités régionaux de pêche, de conchyliculture ou
d?algocultures, les conseils portuaires, les
collectivités et les associations d?usagers. Mais
l?exercice doit aujourd?hui s?intensifier car la
trajectoire reste à inverser, les océans, malgré
certains progrès, continuent à se dégrader.
Notre responsabilité est donc de travailler ensemble,
de partager les bonnes pratiques, avec ouverture,
bienveillance, efficacité, entre gens de mer, comme
nous savons le faire en pleine tempête, car oui, il
s?agit bien d?une tempête sociétale, de laquelle nous
pouvons sortir renforcés si chacun fait ce qu?il a à
faire pour le bien commun.
Le Groupe synergie du CMF a vocation à
accompagner cet exercice.
61
Quelques ressources pour aller plus loin
Notions générales
https://www.mer.gouv.fr/
https://www.mer.gouv.fr/strategie-nationale-pour-la-mer-et-le-littoral
https://www.info.gouv.fr/upload/media/organization/0001/01/sites_default_files_contenu_piece-jointe_2023_04_00-l-
economie-bleue-en-france-2022-edito-intro-sommaire.pdf
https://www.ecologie.gouv.fr/politiques-publiques/strategie-nationale-biodiversite-2030
https://www.cluster-maritime.fr/le-cmf/a-propos-du-cmf/
https://www.imo.org/fr/MediaCentre/HotTopics/Pages/oceans-default.aspx
https://poolpe.ofb.gouv.fr/fr
Crédits photographiques
- Mickaël Buanic / Office français de la biodiversité ; Laurent Mignaux / Terra ; Jean François Poivey via Pexels _
couverture
- Jessica Castillo via Pixabay p5
- Ralf Roletschek p8
- Firstonline - www.firstonline.info P11
- Alain Pibot / OFB P3, 11, 24 , 39, 60
- Muséum National d?Histoire Naturelle p 13
- PatrickBlaise via Pixabay p18
- Valéry Joncheray p27
- CMA CGM p29
- Xavier Leoty / SO p33
- Maxppp - Lionel Le Saux p38
- OFB - Yves Gladu p43
- Freepik p48
- KlausJordan p52
- Marine nationale p54
- Ifremer p 56
- ESPMer p57
https://www.mer.gouv.fr/
https://www.mer.gouv.fr/strategie-nationale-pour-la-mer-et-le-littoral
https://www.info.gouv.fr/upload/media/organization/0001/01/sites_default_files_contenu_piece-jointe_2023_04_00-l-economie-bleue-en-france-2022-edito-intro-sommaire.pdf
https://www.info.gouv.fr/upload/media/organization/0001/01/sites_default_files_contenu_piece-jointe_2023_04_00-l-economie-bleue-en-france-2022-edito-intro-sommaire.pdf
https://www.ecologie.gouv.fr/politiques-publiques/strategie-nationale-biodiversite-2030
https://www.cluster-maritime.fr/le-cmf/a-propos-du-cmf/
https://www.imo.org/fr/MediaCentre/HotTopics/Pages/oceans-default.aspx
https://poolpe.ofb.gouv.fr/fr
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Le présent document a été réalisé avec le soutien financier du programme Life de l?Union européenne,
dans le cadre du projet Life 16 IPE FR001 Marha . Le contenu de ce document n?engage que son auteur
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Groupe synergie
Activités maritimes et biodiversité marine
INVALIDE)