Environmentally friendly economic tools and finances, a path towards sustainability in the Mediterranean (Plan bleu edited volume II sustainable finance series, october 2025)
Auteur moral
Plan bleu pour la Méditerranée
Auteur secondaire
Résumé
"Dans la continuité de nos travaux sur les Subventions Nocives pour l'Environnement (SNE), Plan Bleu est fier de présenter son dernier rapport : « Outils et Finances Économiques Respectueux de l'Environnement : Une Voie vers la Durabilité en Méditerranée », produit dans le cadre du PNUE/PAM. Ce rapport propose une analyse approfondie des instruments de finance verte et des outils économiques écologiques, essentiels pour relever les défis environnementaux et socio-économiques croissants dans la région méditerranéenne. Il établit des liens directs entre les politiques fiscales, les instruments financiers et les résultats concrets sur le terrain dans des secteurs clés comme l'énergie, l'eau et la biodiversité."
Editeur
Plan bleu
Descripteur Urbamet
Descripteur écoplanete
fiscalité environnementale
;protection de l'environnement
;protection de la mer
;pollution de la mer
;biodiversité
Thème
Administration publique
;Économie - Société
;Economie
;Environnement - Nature
;Environnement - Paysage
;Maritime
;Ressources - Nuisances
;Risques
Texte intégral
Outils économiques
et finances respectueux
de l?environnement:
un chemin vers la
durabilité en
Méditerranée
RÉSUMÉ ET POINTS CLÉS
2 RÉSUMÉ ET POINTS CLÉS
AVERTISSEMENT
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© ANNÉE 2025 Plan Bleu
Attribution
Veuillez citer ce travail comme suit :
Plan Bleu et PNUE/PAM (2025). Outils écono-
miques et finances respectueux de l?environne-
ment: Un chemin vers la durabilité en Méditer-
ranée - Résumé et points clés du Volume Edité,
édité par Robin Degron et Constantin Tsakas, Mai. Plan Bleu
PNUE/PAM Centre d?activité régionale
www.planbleu.org
Directeur de Publication : Guillaume Sainteny (Président
du Plan Bleu) et Robin Degron (Directeur du Plan Bleu)
Coordinateur Scientifique : Constantin Tsakas (Chef Economiste du
Plan Bleu)
Autheurs (Par ordre alphabétique) : Sevil Acar (Bogazici Univer-
sity, Faculty of Managerial Sciences, Türkiye), Gabrielle Aubert (JPI
Oceans, Belgium), Nancy Barakat (Dcarbon Global, United Arab Emi-
rates), Hadjer Boulila (University of Tlemcen, Faculty of economics,
Algeria), Chrysoula Chitou (Department of Economics, University of
Ioannina, Greece), Mohamed Benbouziane (University of Tlemcen,
Algeria), Rabia Meriem Benbouziane (Istanbul Technical University,
Türkiye), Robin Degron (Plan Bleu, France), Nazli Demirel (Institute
of Marine Sciences and Management, Istanbul University, Türkiye),
Sabrina Dupouy (Université Clermont Auvergne, France), Seyf Ed-
dine Benbekhti (University of Tlemcen, Faculty of economics, Alge-
ria), Merve Ergün (University of Camerino, Italy), Pinar Ertör-Akyazi
(Institute of Environmental Sciences, Bogaziçi University, Türkiye),
Jérémie Fosse (Eco-union, Spain), Bülent Güloglu (Istanbul Technical
University, Department of Economics, Türkiye), Haiat Jellouli Moad-
dine (Eco-union, Spain), Imen Khanchel (Manouba University, Tunisia),
Naima Lassoued (Manouba University & University of Tunis, Tunisia),
Leo Le Scour (Plan Bleu, France), Matteo Mazzarano (Department of
Business and Social Sciences, Catholic University of the Sacred Heart
Piacenza, Italy), Widad Metadjer (Al-Maktoum college of Higher Edu-
cation, Scotland, UK), Myriam Ramzy (Faculty of Economics and Poli-
tical Science, Cairo University, and Economic Research Forum, Egypt),
Constantin Tsakas (Plan Bleu, France), Stella Tsani (Department of
Economics, National and Kapodistrian University of Athens, Greece),
Theodoros Zachariadis (The Cyprus Institute, Cyprus)
Révision : 1ère révision : Contributeurs à l?atelier régional Plan Bleu
(Marseille, 29 Janvier 2025)
2ème révision: Equipe Plan Bleu : Robin Degron, Constantin Tsakas,
Leo Le Scour
Révision finale: Bureau du Plan Bleu: Guillaume Sainteny.
Mise en page : Christelle El Selfani
Outils économiques et finances respectueux de l?environnement :
un chemin vers la durabilité en Méditerranée
3
FAÇONNER L?AVENIR DE LA MÉDITERRANÉE :
LA FINANCE VERTE ET LES OUTILS ÉCONO-
MIQUES POUR RELEVER LES DÉFIS ÉCOLOGIQUES
ET SOCIO-ÉCONOMIQUES
La région méditerranéenne fait face à une série de défis interdépendants mena-
çant sa durabilité future. Le changement climatique rapide, la hausse des tempé-
ratures et la diminution des précipitations ne sont que le début d?un ensemble plus
large de pressions environnementales, aggravées par le paysage complexe de dé-
veloppement de la région. Comme le soulignent le rapport RED2020 du Plan Bleu
(2020) ainsi que MedECC (2020), la Méditerranée se réchauffe à un rythme 20 % plus
rapide que la moyenne mondiale, atteignant déjà des températures supérieures de
1,5°C par rapport aux niveaux préindustriels. Ces changements exacerbent la rareté
de l?eau, la perte de biodiversité, la pollution et la destruction des écosystèmes, no-
tamment dans les zones côtières et urbaines. De plus, les disparités économiques
entre le Nord et le Sud compliquent davantage la mise en oeuvre de politiques effi-
caces de développement durable. La persistance des inégalités sociales, le chômage
élevé des jeunes et la dégradation de l?environnement nécessitent des stratégies
globales à l?échelle de la région pour promouvoir un avenir plus résilient et durable.
D?ici 2050, la Méditerranée devrait se retrouver dans une situation bien plus préoc-
cupante, avec des transformations majeures de son écosystème marin, une dégrada-
tion écologique générale, et une vulnérabilité accrue face à des facteurs externes tels
que le changement climatique et les évolutions géopolitiques/économiques (rapport
MED2050, Plan Bleu 2025). Alors que la Méditerranée traverse un déclin écologique et
une instabilité socio-économique, il est crucial d?accélérer la transition vers un modèle
de développement durable afin de répondre aux Objectifs de Développement Durable
(ODD) et assurer un avenir équitable et prospère pour la région. Cela nécessite non seu-
lement des politiques environnementales plus fortes, mais aussi un réalignement des
mécanismes économiques et financiers, garantissant que les politiques économiques
soutiennent à la fois la gestion de l?environnement et le bien-être socio-économique.
Une étape clé dans cette transformation est l?élimination ou la réorientation progres-
sive des subventions nuisibles à l?environnement (SNE) (Plan Bleu et PNUE/PAM 2024).
L?étape suivante consiste en la mise en oeuvre proactive des outils économiques et fi-
nances publiques vertes et des outils économiques écologiques pour favoriser le chan-
gement durable. Ces outils visent à canaliser les ressources financières vers des pro-
jets écologiquement durables et à soutenir la transition vers une économie verte, en
intégrant les objectifs environnementaux dans la planification économique. Ils contri-
buent à réduire les subventions nuisibles à l?environnement, tout en favorisant l?in-
novation et des solutions durables face aux défis écologiques et socio-économiques.
Les finances publiques vertes englobent une variété d?instruments fiscaux visant à
ancrer la durabilité environnementale dans le tissu économique des gouvernements.
4 RÉSUMÉ ET POINTS CLÉS
Le PNUE/PAM reconnaît la nécessité cruciale de promouvoir les instruments écono-
miques et la finance durable dans la région. Dans le cadre de la révision en cours de
la Stratégie Méditerranéenne pour le Développement Durable (SMDD) pour la période
2026-2035, cadre stratégique qui guide les actions de durabilité en Méditerranée, le
PNUE/PAM et Plan Bleu jouent un rôle clé pour veiller à ce que la finance durable soit
intégrée de manière significative dans les politiques environnementales et socio-éco-
nomiques futures de la région. La mise en oeuvre des outils économiques et finances
publiques vertes en Méditerranée doit être adaptée aux contextes environnementaux,
économiques et sociaux uniques de la région. Avec des pays hétérogènes, allant des
nations à revenu élevé du Nord aux économies à trajectoire de développement diffé-
renciée du Sud et de l?Est, une approche universelle ne sera probablement pas efficace.
Conscient de l?urgence de traiter la finance verte et les outils économiques, Plan Bleu
a lancé un rapport «Volume Édité» pour fournir des perspectives aux décideurs mé-
diterranéens. En 2024, un appel à propositions a invité les chercheurs à explorer le
rôle de la finance verte face aux grands défis de durabilité. Treize propositions ont été
sélectionnées et financées, avec des projets discutés lors d?un atelier régional en jan-
vier 2025. Ces documents constituent les chapitres du Volume Édité, qui s?apparente
véritablement à une encyclopédie de connaissances sur le sujet, offrant une ressource
complète et approfondie, applicable et adaptable à la diversité des défis qu?affrontent
les acteurs de la région. Bien que la majorité se concentre sur des enjeux régionaux,
certains abordent des pays spécifiques comme études de cas, fournissant tous des re-
commandations pertinentes pour le contexte plus large de la Méditerranée. Cette ap-
proche « par les Méditerranéens, pour la Méditerranée » offre des perspectives, idées
et pratiques précieuses provenant de divers points de vue.
Outils économiques et finances respectueux de l?environnement :
un chemin vers la durabilité en Méditerranée
5
Parmi les points clés:
CLASSEMENT GÉNÉRAL DES OUTILS DE
FINANCE DURABLE ET D?ÉCONOMIE VERTE
Le premier chapitre propose une introduction
complète au domaine de la Finance Durable, en
mettant un accent particulier sur les outils de
l?économie verte et les mécanismes de finances
publiques à travers les pays méditerranéens. Il
procède à une évaluation critique d?un ensemble
d?instruments, notamment la fiscalité environ-
nementale, les obligations vertes, la tarification
du carbone et les incitations aux énergies renou-
velables, en examinant leur efficacité pour favo-
riser un développement économique durable et
une gestion responsable de l?environnement.
Le chapitre souligne les importantes disparités
régionales dans l?utilisation de ces outils. L?ef-
ficacité des instruments économiques verts en
Méditerranée dépend fortement de la solidité
des institutions, de la stabilité politique et d?une
capacité fiscale suffisante. Alors qu?une gou-
vernance robuste permet une mise en oeuvre
efficace, les différences en termes de solidité
institutionnelle, de structures économiques et
de volonté politique entraînent des progrès iné-
gaux. Les pays à revenu élevé et politiquement
stables sont généralement mieux positionnés
pour adopter les mécanismes de finance verte,
bien que ce ne soit pas toujours le cas, certains
pays en développement ayant également réussi
à mettre en oeuvre de telles réformes malgré les
défis. En effet, tandis que les pays développés ont
déjà considérablement réduit leurs subventions
nuisibles, celles-ci demeurent très élevées dans
de nombreux pays en développement. Certains
pays du Sud de la Méditerranée ont réussi à éta-
blir des cadres stables et à réaliser des progrès
dans ce domaine. La coopération régionale reste
essentielle, mais elle est souvent entravée par
des tensions géopolitiques et une gouvernance
fragmentée.
Tandis que des pays à haut revenu comme la
France et l?Italie se distinguent par l?adoption de
méthodes telles que la budgétisation verte (green
budgeting) et une fiscalité écologique, d?autres,
comme le Maroc et la Tunisie, se concentrent
sur des incitations spécifiques pour promouvoir
les énergies renouvelables et l?éco-labellisation.
Toutefois, des obstacles demeurent, notamment
des capacités techniques limitées, une gouver-
nance parfois fragile et des défis d?harmoni-
sation régionale, bien que certaines réformes
nationales peuvent être mises en place sans
harmonisation régionale. Une mise en oeuvre
réussie dépend de la solidité des institutions,
de l?implication des parties prenantes et d?une
coordination efficace. Pour accroître l?impact
de ces initiatives, la région nécessite une vision
commune, des capacités renforcées, du finance-
ment innovant et une coopération régionale, afin
de mieux aligner les réformes économiques avec
les objectifs de durabilité environnementale.
QUELLE EFFICACITÉ DE LA TARIFICATION
DU CARBONE, DES FITS ET DES OBLIGA-
TIONS VERTES DANS LA TRANSITION ÉNER-
GÉTIQUE MÉDITERRANÉENNE ?
Le deuxième chapitre se concentre sur le rôle
de la finance verte dans le soutien de la tran-
sition énergétique au sein des pays méditerra-
néens. Il explore comment divers instruments
économiques et mécanismes financiers peuvent
stimuler la lutte contre le changement clima-
tique tout en contribuant à l?objectif plus large
d?une économie à faible émission de carbone.
Les discussions portent notamment sur l?effica-
cité des outils tels que la fiscalité environnemen-
tale, les tarifs de rachat de l?électricité (Feed-in
Tariffs - FiTs), la tarification du carbone, les sub-
ventions et les obligations vertes. S?appuyant sur
des analyses économétriques et des évaluations
politiques, le chapitre met en lumière l?impact de
ces instruments sur les émissions de gaz à effet
de serre (GES) et leur contribution à la transition
des énergies fossiles vers les sources renouve-
lables. Un enseignement majeur de cette ana-
lyse est que, bien que la finance verte soit indis-
pensable, elle doit être intégrée dans un cadre
politique cohérent pour conduire efficacement la
transition. Par exemple, bien que les taxes en-
vironnementales puissent réduire les émissions
de GES, elles sont plus efficaces lorsqu?elles
sont accompagnées de mesures réglementaires
strictes.
6 RÉSUMÉ ET POINTS CLÉS
Les données relatives aux recettes fiscales en-
vironnementales (en % du PIB) pour la période
1994-2021 et aux tarifs de rachat (FiTs, en USD)
pour la période 2000-2019 sont extraites de la
base de données de l?OCDE, tandis que les don-
nées sur les émissions de gaz à effet de serre
par habitant (GHGPC, en tonnes de CO?e/an)
proviennent de l?AIE et de la base de données
EDGAR (Emissions Database for Global Atmos-
pheric Research). L?auteur utilise un modèle
économétrique à «effets fixes», avec les mo-
dèles 1a et 1b examinant comment les recettes
fiscales environnementales totales (ENVTAX), en
pourcentage du PIB, affectent les émissions de
gaz à effet de serre par habitant (GHGPC). Les
modèles 2a et 2b se concentrent spécifiquement
sur l?impact des taxes liées au changement cli-
matique (CLIMTAX) sur les GHGPC. Les deux
ensembles de modèles montrent qu?une aug-
mentation de 1 point de pourcentage d?ENVTAX
ou de CLIMTAX entraîne une légère diminution
(0,01-0,02 %) des émissions de gaz à effet de
serre par habitant. Cela implique que les taxes
environnementales seules ne sont peut-être pas
fixées à des niveaux suffisamment élevés pour
modifier de manière significative les comporte-
ments, surtout si le coût de la conformité est in-
férieur aux avantages économiques des activités
fortement émettrices. Cependant, des politiques
environnementales strictes pourraient accroître
l?efficacité des taxes en exerçant une pression
supplémentaire pour adopter des technologies
et pratiques plus propres. Dans la même ana-
lyse, le PIB par habitant (GDPPC) contribue de
manière significative aux émissions par habitant
; en effet, être un pays plus riche en termes de
PIB par habitant implique une augmentation des
émissions de GES par personne. Plus précisé-
ment, une augmentation de 1 % du PIB par habi-
tant entraîne une augmentation de 0,5-0,6 % des
émissions par habitant. D?autre part, la produc-
tion d?énergie renouvelable (REO) contribue de
manière significative à la transition bas carbone,
car elle réduit les émissions de 0,005 % à chaque
augmentation de 1 point de pourcentage de REO.
Les parts plus élevées de consommation de
combustibles fossiles contribuent à augmenter
les émissions par habitant, comme prévu.
Les tarifs de rachat de l?électricité constituent un
autre outil politique abordé dans ce chapitre, à
considérer avec prudence, car ils ne garantissent
pas toujours des résultats véritablement ?verts?.
Ces tarifs garantissent un prix d?achat stable à
long terme pour l?énergie renouvelable, rédui-
sant ainsi les risques d?investissement et encou-
rageant la participation du secteur privé dans les
projets d?énergie renouvelable. Toutefois, l?ana-
lyse souligne que le succès des FiTs n?est pas
automatique et qu?ils sont plus susceptibles de
produire des résultats positifs lorsqu?ils bénéfi-
cient d?un environnement politique axé sur la ré-
duction de la dépendance aux énergies fossiles.
Les discussions indiquent également que ces
tarifs devraient soutenir une variété de sources
d?énergie renouvelable, en mettant particulière-
ment l?accent sur les petits producteurs et les
projets communautaires, afin de promouvoir la
démocratisation de l?énergie. Aussi, de manière
générale, bien que les tarifs de rachat aient en-
couragé les investissements privés, leur impact
est limité dans certaines zones sensibles, où ils
peuvent nuire à la biodiversité. Ils peuvent aussi
favoriser des importations de matériel et non le
développement de filières locales. Leur efficaci-
té doit donc, dans l?ensemble, être considérable-
ment nuancée.
La tarification du carbone, qu?il s?agisse de taxes
sur le carbone ou de systèmes d?échange de
quotas d?émission, vise, en théorie, à interna-
liser le coût social du carbone en reflétant les
dommages économiques causés par les émis-
sions de CO?. Cependant, des défis tels que la
volatilité des prix du carbone et la difficulté à dé-
terminer précisément le coût réel du carbone et
à fixer le niveau de la taxe à ce coût réel, limitent
l?efficacité de ces mécanismes. En dépit de ces
défis, les recettes générées par les enchères
de quotas carbone ont été efficacement utili-
sées dans plusieurs États membres de l?Union
Européenne pour financer des initiatives liées
au climat, telles que les projets d?énergies re-
nouvelables et d?efficacité énergétique. En com-
plément de la tarification du carbone, les instru-
ments de finance verte, incluant les obligations
et prêts verts, peuvent canaliser directement les
investissements vers des projets à faible émis-
sion de carbone. Les obligations vertes, par
Outils économiques et finances respectueux de l?environnement :
un chemin vers la durabilité en Méditerranée
7
Outil/Mesure politique Évaluation Justification
Fiscalité environnementale Bonne
Encourage l?efficacité des ressources, favorise l?atténuation climatique,
stimule l?innovation et cible efficacement les secteurs fortement émetteurs, à
condition que la politique soit bien conçue et rigoureuse.
Tarifs de rachat (FiTs) Neutre
Peuvent soutenir l?adoption des énergies renouvelables mais risquent
d?échouer sans politiques énergétiques cohérentes ou dispositifs favorisant
les petits producteurs/projets communautaires. Les effets varient selon le
type d?énergie et le contexte national.
Effets dommageables sur biodiversité, paysage, importations.
Autres subventions aux éner-
gies renouvelables Bonne
Soutiennent potentiellement la croissance des filières naissantes, facilitent la
transition verte et favorisent la durabilité économique lorsqu?elles sont bien
conçues.
Effets dommageables sur biodiversité, paysage et importations
Taxe carbone Bonne
Encourage la réduction des émissions en internalisant les coûts environne-
mentaux, favorise une économie bas carbone et stimule l?innovation dans les
technologies vertes.
Subventions aux énergies
fossiles Mauvaise
Maintient les énergies fossiles dans l?économie, freine le développement des
renouvelables et réduit les marges budgétaires pour les investissements
verts et dans le développement.
Subventions/Prêts/Obligations
pour la transition verte Bonne Ciblent les secteurs fortement émetteurs comme l?énergie et les transports,
facilitant le passage à une économie bas carbone.
Investissements/Incitations
pour l?efficacité énergétique Bonne Réduisent la consommation d?énergie et les émissions, tout en générant des
économies et en soutenant le développement durable.
Transparence et reporting vert Bonne Améliorent le suivi de la finance verte, garantissent la responsabilité et
alignent les investissements sur les objectifs de durabilité.
Suppression des subventions
aux énergies fossiles Bonne
Libère des ressources financières potentielles pour les investissements
verts et soutient les objectifs climatiques, à condition de mettre en place des
mécanismes de protection des populations vulnérables.
exemple, ont connu une croissance significative
depuis leur introduction, bien qu?elles fassent
face à des critiques liées au greenwashing et à
un impact climatique insuffisant.
De la même manière, les prêts verts gagnent en
popularité avec des niveaux de succès variables
selon les régions. Les banques centrales, no-
tamment dans les pays développés, commencent
également à intégrer la finance verte dans leurs
cadres, bien que les pays en développement ren-
contrent des défis plus importants en raison de
l?instabilité économique. Les initiatives de finan-
cement multilatérales, telles que le Fonds pour
les Technologies Propres et les banques de dé-
veloppement multilatérales (comme la Banque
Européenne pour la Reconstruction et le Déve-
loppement - BERD), jouent un rôle crucial dans
le soutien de la transition verte en finançant des
projets d?énergie renouvelable et des initiatives
climatiques. Lorsqu?ils sont correctement ali-
gnés avec les objectifs environnementaux, ces
instruments financiers peuvent contribuer de
manière significative à la transition vers une
Source : Synthèse de l?auteur
TABLEAU 1
Classement préliminaire des mesures politiques et outils économiques pour la transition énergétique
en Méditerranée
8 RÉSUMÉ ET POINTS CLÉS
économie à faible émission de carbone, bien que
des recherches supplémentaires soient néces-
saires pour évaluer leur efficacité à long terme
dans la réduction des émissions.
ALIGNER LA POLITIQUE FISCALE AVEC
LES OBJECTIFS DE DÉCARBONISATION :
APPROCHES STRATÉGIQUES POUR LES
ÉCONOMIES MÉDITERRANÉENNES
Pour une action climatique efficace, il est in-
dispensable de coordonner les politiques éco-
nomiques et environnementales. C?est la lo-
gique qui sous-tend le troisième chapitre, qui
se concentre sur le rôle essentiel joué par les
décideurs économiques, en particulier les mi-
nistères de l?Économie et des Finances, dans
la définition de trajectoires de décarbonisation
alignées sur les objectifs de stabilisation clima-
tique. Le chapitre insiste sur la nécessité pour
ces responsables de collaborer étroitement avec
les ministères de l?Environnement, de l?Éner-
gie, de l?Agriculture et des Transports pour éva-
luer les impacts fiscaux, macroéconomiques et
de répartition des politiques climatiques. Cette
coopération est cruciale pour veiller à ce que les
aspects techniques de la décarbonisation, sou-
vent moins apparents pour les décideurs écono-
miques, soient pleinement intégrés dans la pla-
nification économique.
Les méthodes de calcul des prix effectifs du car-
bone et des subventions aux énergies fossiles
y sont également détaillées, prenant Chypre
comme étude de cas afin d?aider les décideurs
à mesurer l?impact réel de la tarification du
carbone dans différents secteurs. L?analyse in-
tègre des dispositifs actuels comme le Système
d?Échange de Quotas d?Émission de l?UE (SE-
QE-UE), les taxes d?accise sur les carburants et
les taxes de circulation sur les véhicules, tout
en anticipant les évolutions futures. Une notion
clé est celle du « coût d?ombre du carbone », qui
représente le prix nécessaire pour atteindre les
objectifs de décarbonisation d?ici 2050. L?analyse
révèle que, si le secteur du transport routier est
correctement taxé, de nombreux secteurs ? tels
que l?industrie, l?aviation et le transport mari-
time ? restent soit insuffisamment taxés, soit
non taxés, induisant ainsi des subventions impli-
cites aux énergies fossiles, estimées à environ
2,5 % du PIB de Chypre.
L?analyse met également en lumière l?impor-
tance de comprendre les répercussions fiscales
à moyen et long terme des politiques de décar-
bonisation. En effet, une part croissante des
recettes fiscales est liée à la performance envi-
ronnementale des secteurs économiques. Cette
tendance se manifeste particulièrement pour les
taxes sur les énergies fossiles, qui diminueront à
mesure que des secteurs, notamment les trans-
ports, amorcent leur transition vers l?électrifica-
tion. Par exemple, les taxes d?accise sur les pro-
duits pétroliers et les taxes de circulation basées
sur les émissions des véhicules devraient dimi-
nuer progressivement, avec des implications fis-
cales notables. D?ici 2030, les recettes publiques
issues de ces sources pourraient connaître une
diminution progressive, bien que l?ampleur de
cette baisse reste incertaine, notamment dans
des pays méditerranéens fortement dépendants
des énergies fossiles et en tenant compte de
la volatilité des prix du pétrole. Cela souligne
néanmoins l?urgence d?adapter les systèmes fis-
caux face à la transition énergétique en cours. Il
convient ainsi que les décideurs anticipent ces
mutations et envisagent de dissocier les bases
fiscales des niveaux d?émissions afin de main-
tenir la durabilité financière tout en stimulant la
transition verte.
Un ensemble de critères pour prioriser les in-
vestissements publics dans la décarbonisa-
tion est également présenté. Ces critères vont
au-delà de l?évaluation traditionnelle de la ren-
tabilité pour adopter une approche plus globale,
intégrant à la fois des considérations environ-
nementales et socio-économiques, ce qui per-
met aux ministères de l?Économie de prendre
des décisions éclairées. Parmi ces critères, on
retrouve des indicateurs d?économies d?émis-
sions de gaz à effet de serre (Critère 1), l?effi-
cacité énergétique (Critère 3) et la résilience
climatique (Critère 6), garantissant que les in-
vestissements génèrent des bénéfices environ-
Outils économiques et finances respectueux de l?environnement :
un chemin vers la durabilité en Méditerranée
9
nementaux substantiels. Parallèlement, le cadre
évalue les effets multiplicateurs sur l?économie
(Critère 9), la création d?emplois (Critère 10) et la
résilience économique (Critère 15), fournissant
ainsi une vision étendue de la manière dont la
décarbonisation peut simultanément stimuler la
croissance économique et renforcer la stabilité
sociale. Cette approche est aussi applicable aux
pays méditerranéens non membres de l?UE, en
tenant compte du fait que les analyses et la col-
laboration inter-ministérielle doivent être adap-
tées aux défis et contextes spécifiques de chaque
pays, tels que l?accès limité aux fonds climatiques
internationaux ou aux compétences techniques.
FINANCER LA RESTAURATION DE LA BIO-
DIVERSITÉ MARINE EN MÉDITERRANÉE :
EXPLOITER LA LOI SUR LA RESTAURATION
DE LA NATURE ET LES INSTRUMENTS INNO-
VANTS
Comment tirer parti de la Loi sur la Restaura-
tion de la Nature (LRN) et quels instruments
financiers innovants privilégier pour restaurer
la biodiversité marine en Méditerranée ? Voilà
la question centrale du quatrième chapitre. Ce
dernier explique comment la LRN établit des
objectifs explicites pour la restauration des ha-
bitats marins essentiels et présente un cadre
ambitieux nécessitant un financement consé-
quent de sources publiques et privées, tout en
s?appuyant sur des dispositifs de cofinancement
de l?UE.
Le chapitre présente divers mécanismes de fi-
nancement susceptibles de soutenir la restau-
ration de la biodiversité marine en Méditerra-
née. Les fonds de fiducie pour la conservation
figurent parmi les options les plus efficaces en
raison de leur viabilité financière à long terme,
de leur focalisation sur des actions de conser-
vation ciblées et de leur scalabilité. Les rede-
vances et frais de conservation, notamment dans
les zones fortement touristiques, disposent d?un
fort potentiel de génération de revenus pouvant
directement financer les efforts de restauration
dans les aires marines protégées. Le finance-
ment mixte, associé à l?investissement privé,
peut mobiliser des capitaux privés en faveur de
la restauration, à condition que les retours sur
investissement soient attractifs et que le risque
soit limité pour les investisseurs. Par ailleurs,
les paiements pour services écosystémiques
(PSE) offrent des incitations directes pour les
initiatives de conservation et obtiennent de bons
résultats dans des projets de petite envergure
bien structurés, même s?ils sont confrontés
à des défis en termes de mise en oeuvre et de
suivi. Les subventions publiques, quant à elles,
peuvent avoir un impact à grande échelle si elles
sont bien conçues, mais requièrent un soutien
politique ferme pour éviter de créer des incita-
tions perverses. Les obligations bleues repré-
sentent également une option intéressante pour
attirer des financements importants, en parti-
culier pour des projets de grande envergure ou
transfrontaliers, bien qu?elles exigent une capa-
cité institutionnelle robuste. Enfin, bien que les
marchés du carbone et les crédits de biodiver-
sité aient un potentiel important, ils sont prin-
cipalement centrés sur les écosystèmes dits
de « blue carbon » (herbiers marins, forêts de
macroalgues et sédiments meubles), mais ils
doivent être accompagnés de cadres réglemen-
taires stricts pour garantir leur efficacité et leur
crédibilité. Il convient également de noter que
des crédits de biodiversité existent pour d?autres
types d?écosystèmes, notamment littoraux et
terrestres, et qu?ils nécessitent également une
régulation appropriée.
Ces instruments offrent un potentiel considé-
rable, mais leur succès repose avant tout sur
leur conception, sur les cadres réglementaires
en vigueur et sur la solidité de la gouvernance.
Le chapitre souligne qu?ils doivent s?inscrire
dans une approche politique globale et intégrée,
car leur efficacité dépend largement de leur
complémentarité avec d?autres outils.
10 RÉSUMÉ ET POINTS CLÉS
Rang Instrument de
financement Impact Efficacité Évolutivité Faisabilité Limitation
1
Fonds fiduciaires
pour la conserva-
tion
Soutien à long terme
(ex. : MedFund)
Dépend du financement
initial ou de son renou-
vellement
Utilisation
ciblée, faible
déperdition
Extensible à
d?autres AMP
Requiert une
gouvernance
solide
Focalisé sur la
conservation
plus que sur la
restauration
2
Redevances/
contributions à la
conservation
Potentiel élevé via le
tourisme/l?exploitation
des ressources
Direct si bien
ciblé
Surtout adapté
aux AMP tou-
ristiques, mais
aussi aux iles
ou aux ports
Plus simple
que les
réformes
publiques
Dépend du flux
de visiteurs,
nécessite une
affectation
dédiée
2
Investissement pri-
vé & financement
mixte
Mobilise des capitaux
privés
Dépend des
rendements et
du risque
Extensible
avec incita-
tions
Limité par
la régle-
mentation et
l?intérêt des
investisseurs
Ne peut que
compléter les
financements
publics
2
Paiements pour
services écosysté-
miques
Récompense la conser-
vation
Efficace si bien
structuré
Limité à petite
échelle locale
Complexe
à mettre en
oeuvre et à
suivre
Nécessite une
valorisation des
écosystèmes
3 Subventions pu-
bliques
Fort potentiel si bien
conçues
Varie selon
l?activité ciblée
Aligné avec les
objectifs de la
NRL
Nécessite
une volonté
politique
Risque d?effets
pervers, enjeux
d?équité
3 Taxes
Génère des revenus,
soutient indirectement
la restauration
Efficace si bien
conçue
Extension
difficile
Requiert un
fort soutien
politique
Défis d?accepta-
bilité sociale et
d?équité
3 Obligations bleues Financement à grande
échelle
Efficaces mais
avec risques
Adaptées aux
projets de
grande enver-
gure/trans-
frontaliers
Nécessitent
de fortes
capacités et
des bailleurs
importants
Risques de
greenwashing
sans surveil-
lance adéquate
4 Marchés carbone &
crédits biodiversité
Potentiel pour les
zones « carbone bleu »
Intérêt des
investisseurs,
faible légiti-
mité
Dépend de la
demande
Besoin de
cadres scien-
tifiques/ré-
glementaires
solides
Stade précoce,
nécessite
alignement
avec normes
européennes/
internationales
TABLEAU 2
Classement préliminaire des mécanismes financiers pour la restauration marine en Méditerranée
Source : Évaluation qualitative de l?auteur
Outils économiques et finances respectueux de l?environnement :
un chemin vers la durabilité en Méditerranée
11
Rang Instrument de
financement Impact Efficacité Évolutivité Faisabilité Limitation
1
Fonds fiduciaires
pour la conserva-
tion
Soutien à long terme
(ex. : MedFund)
Dépend du financement
initial ou de son renou-
vellement
Utilisation
ciblée, faible
déperdition
Extensible à
d?autres AMP
Requiert une
gouvernance
solide
Focalisé sur la
conservation
plus que sur la
restauration
2
Redevances/
contributions à la
conservation
Potentiel élevé via le
tourisme/l?exploitation
des ressources
Direct si bien
ciblé
Surtout adapté
aux AMP tou-
ristiques, mais
aussi aux iles
ou aux ports
Plus simple
que les
réformes
publiques
Dépend du flux
de visiteurs,
nécessite une
affectation
dédiée
2
Investissement pri-
vé & financement
mixte
Mobilise des capitaux
privés
Dépend des
rendements et
du risque
Extensible
avec incita-
tions
Limité par
la régle-
mentation et
l?intérêt des
investisseurs
Ne peut que
compléter les
financements
publics
2
Paiements pour
services écosysté-
miques
Récompense la conser-
vation
Efficace si bien
structuré
Limité à petite
échelle locale
Complexe
à mettre en
oeuvre et à
suivre
Nécessite une
valorisation des
écosystèmes
3 Subventions pu-
bliques
Fort potentiel si bien
conçues
Varie selon
l?activité ciblée
Aligné avec les
objectifs de la
NRL
Nécessite
une volonté
politique
Risque d?effets
pervers, enjeux
d?équité
3 Taxes
Génère des revenus,
soutient indirectement
la restauration
Efficace si bien
conçue
Extension
difficile
Requiert un
fort soutien
politique
Défis d?accepta-
bilité sociale et
d?équité
3 Obligations bleues Financement à grande
échelle
Efficaces mais
avec risques
Adaptées aux
projets de
grande enver-
gure/trans-
frontaliers
Nécessitent
de fortes
capacités et
des bailleurs
importants
Risques de
greenwashing
sans surveil-
lance adéquate
4 Marchés carbone &
crédits biodiversité
Potentiel pour les
zones « carbone bleu »
Intérêt des
investisseurs,
faible légiti-
mité
Dépend de la
demande
Besoin de
cadres scien-
tifiques/ré-
glementaires
solides
Stade précoce,
nécessite
alignement
avec normes
européennes/
internationales
AMÉLIORATION DE LA GESTION DES EAS EN MÉDI-
TERRANÉE : DES TAXES PIGOUVIENNES AUX PAR-
TENARIATS PUBLIC-PRIVÉ POUR DES SOLUTIONS
DURABLES
Le cinquième chapitre aborde également la biodi-
versité, mais sous un angle plus ciblé : il examine
le fardeau économique important engendré par les
espèces invasives (EAS) en Méditerranée. Ces es-
pèces ont entraîné des pertes financières dépassant
27,3 milliards de dollars, affectant particulièrement
des secteurs clés tels que la pêche, l?aquaculture et
le tourisme. Malgré ces coûts considérables, les ap-
proches actuelles de gestion des EAS restent majori-
tairement réactives, privilégiant le contrôle et l?atté-
nuation plutôt que la prévention. La discussion met
en lumière le potentiel des outils économiques pour
améliorer la viabilité financière et renforcer l?efficaci-
té de la gestion à long terme.
Une gamme d?instruments économiques est exami-
née afin d?internaliser les coûts induits par les EAS
tout en incitant à une gestion proactive. Parmi les
outils axés sur la prévention, on trouve les taxes pi-
gouviennes, les permis échangeables et les cautions
de performance, qui présentent un fort potentiel mais
rencontrent des difficultés d?application, particulière-
ment dans les pays méditerranéens non membres de
l?UE. Les dispositifs d?adaptation, tels que les méca-
nismes de compensation et de subvention, semblent
plus réalisables et sont largement appliqués, notam-
ment dans le cadre des programmes de financement
européens, mais nécessitent un soutien financier
stable. Il est à noter que des incitations financières
directes, telles que les subventions pour l?élimination
des poissons-globes et des lionfish, se sont avérées
efficaces pour intégrer le contrôle des EAS dans les
activités de pêche commerciale. De plus, les mé-
canismes de compensation destinés aux pêcheurs
affectés par le déclin des stocks induit par les EAS
illustrent l?importance des dispositifs de soutien éco-
nomique. L?assurance responsabilité, qui pourrait as-
surer un financement pérenne pour la remédiation,
reste toutefois sous-utilisée en raison de la com-
plexité liée à l?évaluation des responsabilités. Globa-
lement, des défis persistent, notamment la difficulté
de quantifier les risques d?invasion, de faire appliquer
les politiques fiscales, et d?assurer la durabilité à
long terme des incitations financières.
Les partenariats public-privé apparaissent comme
une opportunité cruciale, mais encore sous-exploitée,
pour la gestion des EAS. Le secteur privé peut jouer
un rôle déterminant en investissant dans des techno-
logies de détection et d?éradication, en finançant des
programmes de contrôle et en développant des mar-
chés commerciaux pour certaines espèces invasives.
Cependant, des lacunes subsistent en termes de
stabilité de financement, de coordination de la gou-
vernance et d?application des politiques, particuliè-
rement dans les pays méditerranéens non membres
de l?UE. Le chapitre souligne la nécessité de méca-
nismes financiers plus solides, d?un engagement ac-
cru des multiples acteurs et de l?intégration des mo-
dèles économiques dans des cadres de conservation
plus larges. Renforcer la coopération régionale, par
le biais d?initiatives telles qu?un plan d?action dédié
sous la Convention de Barcelone, pourrait fournir des
lignes directrices claires pour les politiques fiscales,
les incitations et les schémas de responsabilité.
12 RÉSUMÉ ET POINTS CLÉS
FINANCEMENT DE L?UTILISATION DURABLE ET
DE LA PROTECTION DES RESSOURCES EN EAU
EN MÉDITERRANÉE : ÉVALUATION DES SUB-
VENTIONS, PRÊTS BANCAIRES, OBLIGATIONS
VERTES, PARTENARIATS PUBLIC-PRIVÉ ET
AUTRES INSTRUMENTS
Quelles politiques et quels mécanismes de finance-
ment sont nécessaires pour l?utilisation durable et la
protection des ressources en eau en Méditerranée ?
Telle est la question centrale du sixième chapitre. Ce-
lui-ci met en avant des stratégies clés de l?UE, telles
que la Directive-cadre sur l?eau, le Green Deal et la
Stratégie Biodiversité 2030, et examine leurs implica-
tions pour les pays méditerranéens. Le document in-
siste sur l?importance d?un financement adéquat pour
les innovations liées à l?eau et utilise une analyse
SWOT pour évaluer les alternatives de financement
modernes dans la région. Des études de cas, dont la
plateforme de financement participatif Zoomaal au
Liban, illustrent les conditions requises pour le dé-
ploiement de nouvelles approches de financement.
Le document conclut en classant les instruments
financiers pour la gestion de l?eau en Méditerranée,
en soulignant l?accessibilité variable, le soutien régle-
mentaire, la scalabilité, l?impact environnemental et
l?attrait pour les investisseurs de chaque option.
Les subventions offrent une accessibilité modérée
tout en étant fortement soutenues par la réglemen-
tation, ce qui les rend particulièrement utiles pour
financer des initiatives de durabilité spécifiques.
Elles sont étroitement alignées avec les objectifs
environnementaux et procurent des bénéfices envi-
ronnementaux significatifs. Cependant, leur scalabi-
lité est limitée par leur dépendance aux contraintes
temporelles et budgétaires, et elles n?attirent pas un
fort attrait des investisseurs, n?offrant pas de retours
directs. De plus, les subventions sont généralement
des sources de financement ponctuelles, limitant
leur capacité à soutenir la croissance à long terme
des projets.
Le prêt bancaire est modérément accessible et béné-
ficie d?un soutien réglementaire fort, notamment de
la part d?institutions telles que la Banque mondiale
et la Banque européenne d?investissement. Ces prêts
offrent un financement structuré avec des conditions
claires, ce qui peut être avantageux pour les emprun-
teurs. Bien qu?ils puissent soutenir des projets d?eau
durables, leur utilisation est souvent restreinte par
des conditions de prêt rigoureuses et des taux d?in-
térêt, compliquant l?accès au financement pour les
nouvelles technologies de l?eau, surtout celles avec
de longues périodes de remboursement. La scala-
bilité des prêts bancaires est modérée, puisqu?ils
permettent de financer de grands projets, mais les
prêts dédiés à la durabilité restent une part réduite
de l?ensemble des financements. Leur attrait pour les
investisseurs est relativement élevé en raison de la
prévisibilité des retours financiers, bien que la foca-
lisation sur la rentabilité puisse limiter leur impact
environnemental.
Instrument financier Facilité
d?accès
Soutien
réglementaire Évolutivité Impact
environnemental
Attractivité
pour les
investisseurs
Subventions Modérée Élevé Faible Élevé Faible
Prêts bancaires Modérée Élevé Modérée Modérée Élevée
Concours d?innovation Élevée Modéré Faible Élevé Modérée
Partenariats public-privé Modérée Élevé Élevée Élevé Élevée
Obligations vertes Faible Modéré Élevée Élevé Modérée
Financement mixte
(blended finance) Modérée Élevé Élevée Élevé Élevée
Capital-investissement Faible Modéré Élevée Modérée Élevée
Financement participatif Élevée Faible Faible Modérée Faible
TABLEAU 3
Classement des instruments financiers pour la gestion de l?eau en Méditerranée
Source : Evaluation de l?auteur suite à une analyse SWOT
Outils économiques et finances respectueux de l?environnement :
un chemin vers la durabilité en Méditerranée
13
Les concours d?innovation se distinguent par leur
grande facilité d?accès, encouragent la créativité et
fournissent un financement non remboursable aux
lauréats. Ces concours sont particulièrement utiles
pour financer des innovations novatrices dans le do-
maine de l?eau, avec un impact environnemental éle-
vé. Toutefois, leur caractère ponctuel limite leur sca-
labilité, et si le soutien réglementaire est modéré, il
provient souvent d?ONG, d?universités ou de sponsors
privés plutôt que d?institutions gouvernementales.
Par ailleurs, les partenariats public-privé offrent une
accessibilité modérée mais bénéficient d?un fort sou-
tien réglementaire, notamment dans les projets d?eau
à grande échelle. Ces partenariats permettent de
mobiliser des financements publics et privés, ce qui
les rend scalables et très attractifs pour les investis-
seurs. Leur impact environnemental élevé constitue
un avantage majeur, bien que le secteur privé puisse
être tenté de privilégier le profit au détriment de la
durabilité à long terme. Néanmoins, leur attrait pour
les investisseurs est important grâce aux retours fi-
nanciers et aux mécanismes de partage des risques
intégrés à ces accords.
Les obligations vertes représentent une option de fi-
nancement évolutif pour les projets d?eau durables,
soutenue par l?intérêt croissant des investissements
ESG. Cependant, leur accès est compliqué en raison
des coûts d?émission élevés et des problèmes de
transparence, avec un soutien réglementaire modéré.
Le financement mixte, quant à lui, combine plusieurs
sources de capitaux, réduisant ainsi les risques pour
les investisseurs privés et bénéficiant d?un appui ré-
glementaire fort. Cette approche est scalable, offre
un impact environnemental élevé et attire les inves-
tisseurs en atténuant les risques grâce aux fonds
publics et en mobilisant du capital institutionnel en
faveur de la durabilité. Le capital-investissement re-
présente un autre outil, offrant une scalabilité pour
les entreprises oeuvrant dans le secteur de l?eau,
mais il est difficile d?accès pour les innovateurs en
phase de démarrage. Bien qu?il soit attrayant pour
des investisseurs recherchant des rendements éle-
vés, son caractère axé sur le profit et l?instabilité ré-
gionale peuvent en limiter l?efficacité. Enfin, le finan-
cement participatif (crowdfunding) offre une grande
facilité d?accès pour les projets innovants de petite
envergure dans le secteur de l?eau, avec une portée
mondiale. Cependant, il souffre d?un manque de sou-
tien réglementaire, de scalabilité et de fiabilité pour
les projets de grande ampleur.
OBLIGATIONS VERTES DANS LA TRANSITION
ÉNERGÉTIQUE : NÉCESSITÉ DE RÉPONDRE À
LA FRAGMENTATION RÉGLEMENTAIRE, AUX
CRITÈRES VERTS FLOUS ET AUX DÉFIS DE
LA SENSIBILISATION DES INVESTISSEURS
Le chapitre 7 se concentre sur le rôle des obliga-
tions vertes dans la transition énergétique de la
Turquie, en utilisant une matrice comptable sociale
financièrement étendue (FSAM). L?analyse met en lu-
mière l?impact économique de l?émission des obliga-
tions vertes, en soulignant les liens sectoriels et les
contraintes financières. La FSAM intègre une analyse
input-output, des liens financiers-réels et des don-
nées sur l?émission d?obligations vertes pour évaluer
les impacts systémiques dans différents secteurs.
Les résultats démontrent l?importance des secteurs
énergétiques dans l?économie turque. Par exemple,
l?énergie gazeuse, bien qu?essentielle au système,
fait face à de nombreuses difficultés : si elle devait
être supprimée, cela se traduirait par une perte de
production de 18,7 %, soulignant ainsi son rôle crucial
dans la stimulation de la demande pour des secteurs
tels que la fabrication métallique et la construction.
En revanche, l?énergie éolienne, bien que priorisée
par les politiques, peine à s?intégrer efficacement
dans le système économique global. Cette difficulté
reflète des défis structurels plus larges dans la tran-
sition énergétique de la Turquie, comme l?indique le
Plan National de l?Énergie 2023, lequel encourage le
développement des énergies renouvelables tout en
reconnaissant les obstacles, en particulier pour l?in-
tégration de l?énergie éolienne. On peut par ailleurs
noter que le secteur charbonnier démontre quant à
lui son inefficience, provoquant un gain de production
de presque 30% dans le cas où il serait supprimé. Ce
secteur, gourmand en subvention (près de 750 mil-
lions de dollars par an), pourrait faire figure de levier
dans la redirection des efforts financiers vers une
production plus durable de l?énergie.
Le chapitre examine également les contraintes finan-
cières qui limitent l?efficacité des obligations vertes.
Ces contraintes réduisent les multiplicateurs de pro-
duction dans tous les secteurs énergétiques, avec une
diminution moyenne comprise entre 25 et 30 %. Par
exemple, le multiplicateur de l?énergie gazeuse chute
de 5,87 dans une matrice comptable sociale de base
(SAM) à 4,87 dans la FSAM, illustrant une baisse de
l?intégration du système financier. L?énergie éolienne
connaît une diminution encore plus marquée, passant
de 5,70 à 4,44, ce qui met en évidence les obstacles
financiers importants auxquels sont confrontées les
énergies renouvelables en Turquie. Ces résultats re-
14 RÉSUMÉ ET POINTS CLÉS
joignent les études antérieures qui identifiaient les
contraintes de liquidité comme un frein majeur au fi-
nancement durable dans les économies émergentes.
Bien que les obligations vertes apportent certaines
améliorations intersectorielles, leur impact global
demeure limité. Par exemple, le lien en aval pour
l?énergie éolienne augmente légèrement, passant de
0,340 à 0,342, une amélioration insuffisante pour in-
duire un changement systémique. Le secteur char-
bonnier ne montre aucun changement dans ses mul-
tiplicateurs, en adéquation avec les engagements de
sortie progressive du charbon. Les résultats mettent
en exergue plusieurs défis : la fragmentation régle-
mentaire, l?absence de critères clairs pour qualifier
les projets verts et le manque de sensibilisation des
investisseurs.
Afin de maximiser l?efficacité des obligations vertes
dans la transition énergétique turque, il est suggéré de
renforcer les cadres réglementaires liés à la finance
verte, d?augmenter les investissements dans les in-
frastructures d?énergies renouvelables et d?amélio-
rer l?éducation des investisseurs. Établir des règles
claires et cohérentes pour définir ce qui constitue un
investissement « vert » contribuera à réduire les op-
portunités d?éco-blanchiment et, par conséquent, à
renforcer la confiance des investisseurs. Par ailleurs,
l?expansion et la modernisation des infrastructures
d?énergies renouvelables amélioreront les liens sec-
toriels et soutiendront un système énergétique plus
performant. Enfin, une meilleure sensibilisation des
investisseurs aux avantages et aux opportunités des
instruments financiers verts stimulera la demande
d?investissements durables. Cette démarche consti-
tue un exemple illustratif pour d?autres pays médi-
terranéens, lesquels font face à des défis similaires
pour aligner leurs mécanismes financiers sur leurs
objectifs en matière d?énergies renouvelables et de
durabilité, rendant ces stratégies pertinentes pour
une intégration régionale plus large et une progres-
sion vers une économie plus verte.
IMPACT DE L?ÉMISSION DES OBLIGATIONS
VERTES SUR LA POLLUTION DE L?AIR EN MÉ-
DITERRANÉE : DIFFÉRENCES SECTORIELLES,
DÉPLOIEMENT STRATÉGIQUE ET EFFETS LIÉS
À LA MATURITÉ
Le chapitre 8 analyse l?impact de l?émission des obli-
gations vertes sur la pollution de l?air dans 21 pays
méditerranéens, sur la période allant de 2012 à 2022.
Les résultats montrent que l?émission d?obligations
vertes contribue à réduire la pollution de l?air, avec un
effet particulièrement marqué lié à la maturité et au
nombre d?obligations émises.
Les résultats révèlent que l?émission d?obligations
vertes réduit significativement la pollution, tant dans
les secteurs à faibles émissions que dans ceux à
fortes émissions, avec un effet plus prononcé dans
ces derniers. Plus précisément, le coefficient associé
aux obligations vertes est de -0,482 pour les secteurs
non polluants, tandis qu?il atteint -1,853 pour les sec-
teurs polluants, indiquant une réduction plus mar-
quée dans les industries à haute émission, telles que
la production manufacturière et énergétique. L?inten-
sité énergétique (ENER_INT) a également un impact
plus important sur la réduction de la pollution dans
les secteurs polluants (0,669) que dans les secteurs
non polluants (0,387). D?autres facteurs, comme l?in-
tervention gouvernementale et la croissance du PIB,
influencent les niveaux de pollution, bien que leur de-
gré de signification varie selon les secteurs.
L?analyse des émissions d?obligations vertes montre
un coefficient négatif de -0,221, traduisant une ten-
dance à la diminution de la pollution avec l?augmenta-
tion des émissions d?obligations, bien que ce résultat
ne soit pas statistiquement significatif. Dans les éco-
nomies avancées de l?UE telles que la France, l?Italie
et l?Espagne, de fortes émissions d?obligations vertes
financent divers projets environnementaux, mais leur
impact direct sur la qualité de l?air n?est pas toujours
évident. Pour des économies plus modestes, comme
Chypre et la Grèce, une émission plus modeste peut
néanmoins être efficace si elle est correctement ci-
blée. Dans des marchés émergents comme l?Égypte,
le Maroc et la Turquie, le volume des émissions
d?obligations vertes à lui seul ne garantit pas néces-
sairement une amélioration de la qualité de l?air. Les
résultats suggèrent que le déploiement stratégique
des fonds, plutôt que leur volume, joue un rôle cru-
cial dans l?atteinte des impacts environnementaux
recherchés, mettant en exergue l?importance de la
sélection des projets, de l?efficacité de leur mise en
oeuvre et de l?allocation judicieuse des fonds.
Par ailleurs, la durée des obligations joue un rôle clé
: les obligations vertes à maturité modérée (5 à 10
ans) se révèlent être les plus efficaces pour réduire
la pollution de l?air, ayant environ deux fois l?effet des
obligations à courte ou longue maturité. Ce délai op-
timal s?aligne bien sur les cycles de projets d?énergies
renouvelables et sur la modernisation industrielle,
offrant un juste équilibre entre flexibilité et responsa-
bilité. Il convient aussi bien aux économies avancées
(France, Italie, Espagne) qu?aux marchés émergents
(Égypte, Maroc, Turquie), fournissant un délai suf-
fisant pour une mise en oeuvre significative tout en
maintenant la dynamique du projet. Les obligations
à longue maturité (plus de 10 ans) sont idéales pour
les projets d?infrastructures majeurs et les objectifs
Outils économiques et finances respectueux de l?environnement :
un chemin vers la durabilité en Méditerranée
15
climatiques à long terme, en particulier dans les éco-
nomies méditerranéennes émergentes, malgré des
défis potentiels pour maintenir leur efficacité. Enfin,
les obligations à courte maturité (moins de 5 ans)
conviennent quant à elles mieux aux projets nécessi-
tant une mise en oeuvre rapide, en particulier dans les
économies de plus petite taille.
VERS DES LIGNES DIRECTRICES SPÉCIFIQUES
AUX OBLIGATIONS VERTES EN MÉDITERRA-
NÉE : COMBLER LES LACUNES JURIDIQUES ET
AMÉLIORER LA MISE EN OEUVRE DES PROJETS
Le chapitre 9 souligne l?absence de réglementations
juridiques spécifiques à la Méditerranée concernant
les obligations vertes, ce qui pourrait limiter l?adap-
tation des projets financiers aux particularités éco-
logiques et économiques de la région. Bien que des
cadres existants puissent servir de référence, l?ab-
sence de normes locales pourrait entraver la mobi-
lisation d?investissements adaptés aux défis environ-
nementaux spécifiques de la Méditerranée. Alors que
diverses réglementations européennes et internatio-
nales, en droit contraignant ou souple, définissent ce
qu?est une obligation verte et ses caractéristiques re-
quises, il n?existe pas de lignes directrices pratiques
pour encourager leur développement dans l?espace
méditerranéen.
Le chapitre insiste sur l?importance de mettre en
avant, dans un texte de droit souple tel que des lignes
directrices, les considérations pratiques les plus
pertinentes pour les pays méditerranéens. L?objectif
est de créer un cercle vertueux : en communiquant
stratégiquement sur les projets ou activités que les
entreprises souhaitent financer en Méditerranée en
fonction des besoins régionaux, l?attrait de cet instru-
ment financier sera renforcé. Ces lignes directrices
spécifiques à la Méditerranée pourraient accroître
leur visibilité, les rendre plus attractives et faciliter
la mise en oeuvre des projets financés. Actuellement,
les textes juridiques visent une harmonisation entre
différents systèmes juridiques, une approche qui ne
prend pas suffisamment en compte les caractéris-
tiques uniques de la région méditerranéenne.
LES TAXES ÉNERGÉTIQUES FAVORISENT L?IN-
NOVATION EN EFFICIENCE ÉNERGÉTIQUE
DANS LES ENTREPRISES À FORTE INTENSI-
TÉ ÉNERGÉTIQUE, DOTÉES DE PRATIQUES DE
GESTION VOLONTAIRES DANS LES PAYS MÉDI-
TERRANÉENS DU SUD
Les conclusions du chapitre 10 soulignent le rôle
important des taxes énergétiques pour stimuler l?in-
novation visant à améliorer l?efficience énergétique
dans le secteur privé des pays méditerranéens du
Sud (SMC), avec un impact particulièrement mar-
qué dans les secteurs du commerce de détail et des
services. L?analyse confirme que les taxes sur l?éner-
gie peuvent encourager les entreprises à innover en
matière d?efficacité énergétique, notamment dans
les secteurs à forte consommation d?énergie et chez
les entreprises adoptant de manière volontaire des
pratiques de gestion énergétique. Les résultats des
régressions sur des sous-échantillons révèlent que
ces taxes favorisent significativement l?innovation en
efficience énergétique chez les entreprises ayant des
pratiques volontaires de gestion de l?énergie ? en par-
ticulier dans des industries telles que la fabrication
de métaux et de machines, où le coût énergétique re-
présente un fardeau majeur. En revanche, ces taxes
n?ont pas d?effet significatif sur l?innovation dans des
secteurs moins énergivores. Les résultats suggèrent
16 RÉSUMÉ ET POINTS CLÉS
également que l?innovation induite par la fiscalité
énergétique est plus efficace lorsque les entreprises
perçoivent clairement ses avantages environnemen-
taux, soulignant ainsi l?importance de la sensibilisa-
tion environnementale.
Par ailleurs, la comparaison entre les entreprises
manufacturières et non manufacturières met en lu-
mière que l?impact des taxes énergétiques est plus
fort dans les entreprises non manufacturières (ser-
vices, commerce de détail), qui font face à moins de
contraintes opérationnelles lors de l?implémentation
d?innovations. En revanche, les entreprises manufac-
turières, en raison de leurs processus de production
fortement capitalistiques, sont plus limitées dans
leur capacité à adopter les changements réglemen-
taires. En somme, l?efficacité des taxes énergétiques
pour stimuler l?innovation dépend à la fois de l?inten-
sité énergétique du secteur et de la sensibilisation
environnementale ainsi que de la capacité d?innova-
tion des entreprises.
À l?échelle des implications pour les déci-
deurs politiques, ces résultats indiquent que :
? La taxation énergétique constitue un levier effi-
cace pour accélérer les stratégies nationales de
transition énergétique dans les SMC en stimu-
lant l?innovation au niveau des entreprises.
? Cet instrument de marché se révèle particulière-
ment pertinent pour promouvoir des processus
de production énergétiquement efficients dans
les secteurs intensifs en énergie, qui repré-
sentent souvent des obstacles majeurs à la dé-
carbonisation régionale.
? L?impact positif des taxes énergétiques sur
l?éco-innovation est plus marqué dans les entre-
prises qui gèrent volontairement leur consom-
mation énergétique et qui s?engagent activement
à compenser leurs externalités négatives.
? Le soutien à l?innovation en énergie propre au
niveau de l?entreprise contribue à l?engagement
des SMC en faveur de la neutralité carbone dans
le cadre de leurs mesures de contrôle de la pol-
lution.
? Enfin, les entreprises manufacturières
risquent de percevoir les taxes énergétiques
comme une contrainte de conformité plutôt
que comme un moteur d?innovation, à moins
qu?elles ne considèrent celle-ci comme un
moyen de réduire leur impact environnemental.
Cependant, il est essentiel de compléter la fisca-
lité énergétique par des réformes structurelles
plus larges, telles que la suppression ou la ré-
forme progressive des subventions fossiles à
l?énergie, la mise en place d?incitations fiscales et
le soutien aux entreprises pour améliorer leurs ca-
pacités technologiques et leur accès à des finan-
cements verts. Un accompagnement ciblé des pe-
tites et moyennes entreprises (PME) en matière de
renforcement des capacités et d?assistance finan-
cière est également indispensable pour lever les
obstacles à l?adoption de l?efficience énergétique.
Aussi, il convient de noter que de nombreux secteurs
électro-intensifs bénéficient de tarifs préférentiels
ou d?exonérations fiscales, limitant ainsi parfois l?im-
pact des taxes énergétiques et empêchant l?incitation
à l?innovation énergétique de se concrétiser pleine-
ment. De plus, bien que les taxes sur les émissions
de GES soient plus efficaces avec des réglementa-
tions strictes, certaines règles peuvent en réalité li-
miter leur application, créant ainsi des contradictions
entre les instruments fiscaux et réglementaires.
CONSTRUIRE UN HUB ÉNERGÉTIQUE RÉGIO-
NAL EN MÉDITERRANÉE : MOBILISATION DE
LA FINANCE VERTE ET DES ACCORDS COM-
MERCIAUX RÉGIONAUX POUR LE COMMERCE
DE L?ÉNERGIE RENOUVELABLE
Le chapitre 11 présente l?argument selon lequel,
pour mener à bien la transition énergétique dans la
région, il serait bénéfique de créer un Hub Énergé-
tique Régional (HER) soutenu par les technologies
vertes et la finance verte, afin de favoriser la collabo-
ration entre les pays méditerranéens. Actuellement,
malgré la nécessité d?une sécurité et d?une indépen-
dance énergétiques ? le secteur énergétique étant
responsable de 40 % des émissions mondiales ? le
commerce de l?énergie renouvelable reste limité en
Méditerranée. Ainsi, il est proposé de mettre en place
un Accord Commercial Régional (ACR) axé sur le
commerce de l?énergie renouvelable, en y intégrant
un rôle central pour l?UE et en se conformant aux mé-
canismes d?aides d?État pour les incitations fiscales.
Pour réussir, le HER requiert une coopération ré-
gionale étroite, notamment dans l?investissement
en infrastructures de transmission. Les ACR, qu?ils
soient bilatéraux ou intégrés dans le cadre d?accords
d?intégration économique, pourraient fournir le cadre
juridique nécessaire à cette coopération. Il est égale-
ment suggéré de créer une nouvelle institution char-
gée de superviser la mise en place d?un organe de
suivi de l?aide fiscale régionale. Les revenus générés
Outils économiques et finances respectueux de l?environnement :
un chemin vers la durabilité en Méditerranée
17
par l?introduction de taxes carbone, ainsi que par des
incitations fiscales vertes, seraient gérés par cet or-
gane. La conception de ces incitations fiscales doit
être alignée sur le mécanisme d?aide d?État de l?UE
afin d?assurer leur conformité aux normes euro-
péennes. Des outils de politique financière verte, tels
que les crédits d?impôt, les obligations vertes et les
garanties d?incitations fiscales futures, sont essen-
tiels pour accélérer la transition énergétique. Ces
instruments financiers offrent stabilité et incitations
à l?investissement dans les énergies renouvelables,
garantissant ainsi une priorité aux projets verts par
rapport aux investissements fossiles. Leur adap-
tation aux contextes socio-économiques régionaux
sera déterminante pour une transition harmonieuse
et efficace, tout en assurant que la finance verte reste
performante et impactante pour un développement
durable à long terme.
ADAPTER LE COÛT SOCIAL DU CARBONE EN
MÉDITERRANÉE : VARIATIONS RÉGIONALES,
SCÉNARIOS DE TAXE CARBONE ET IMPLICA-
TIONS POLITIQUES
Quel est le coût social optimal du carbone ? Le cha-
pitre 12 s?attaque à cette question en utilisant un
modèle intégré régional (RICE-MED) étendu, permet-
tant de mesurer le coût social du carbone (CSC) pour
chaque pays, d?évaluer divers scénarios de taxe car-
bone, et d?en analyser les implications sur la réduc-
tion des émissions et la performance économique.
Le modèle, projetant les coûts du carbone de 2020
à 2100, offre une vue d?ensemble de la répartition
temporelle et géographique des dommages liés au
climat. Les résultats indiquent une tendance géné-
rale à la hausse, reflétant l?accroissement des dom-
mages économiques et sociaux causés par l?aug-
mentation des émissions de gaz à effet de serre.
Les pays d?Europe du Sud, tels que la France, l?Es-
pagne et l?Italie, affichent des projections de CSC
plus élevées, atteignant entre 750 et 800 dollars par
tonne de CO? d?ici 2100, en raison de leur activité
économique importante et de leurs émissions éle-
vées. À l?inverse, des pays d?Afrique du Nord et du
Bassin méditerranéen oriental, comme l?Algérie et
l?Égypte, montrent des valeurs de CSC plus faibles,
entre 400 et 600 dollars par tonne de CO?, malgré
leur grande vulnérabilité aux impacts climatiques.
D?autres pays, tels que la Grèce et la Turquie, oc-
cupent une position intermédiaire avec des projec-
tions comprises entre 650 et 750 dollars par tonne.
L?analyse met également en exergue la sensibilité
du CSC aux principaux paramètres économiques et
climatiques. La sensibilité climatique exerce la plus
forte influence, particulièrement dans les régions
déjà confrontées à des températures élevées et à des
vagues de chaleur. Le taux d?actualisation, qui dé-
termine le poids des dommages climatiques à long
terme, varie d?un pays à l?autre selon leur stabilité
économique. Ces résultats soulignent l?importance
d?adapter les politiques de tarification du carbone aux
contextes régionaux afin qu?elles soient économique-
ment viables et socialement équitables.
Les scénarios de taxe carbone présentés révèlent des
compromis complexes entre bénéfices environne-
mentaux et coûts économiques, variant selon les pays
méditerranéens. Les nations d?Europe du Sud, avec
des économies diversifiées et de solides infrastruc-
tures en énergies renouvelables, seraient mieux ar-
mées pour supporter des taxes carbone plus élevées.
Leurs bases industrielles et leur alignement sur les
politiques climatiques de l?UE leur permettraient de
jouer un rôle de leader dans la décarbonisation. En
revanche, les pays d?Afrique du Nord, plus dépen-
dants des combustibles fossiles et moins diversifiés,
devraient adopter une approche progressive pour évi-
ter des perturbations économiques majeures, malgré
leur potentiel en énergies renouvelables.
Pour aboutir à une tarification carbone réussie en
Méditerranée, il est impérativement nécessaire de
prendre en compte l?équité sociale. L?acceptabilité pu-
blique s?améliore lorsque les revenus issus des taxes
sont recyclés de manière transparente. En Afrique du
Nord, les recettes de la taxe carbone pourraient par
exemple financer des transferts monétaires, l?accès
à l?énergie en milieu rural ou des subventions, en
s?appuyant sur des programmes existants tels que le
Takaful en Égypte ou le RAMED au Maroc. En Europe
du Sud, ces revenus pourraient être utilisés pour fi-
nancer des projets tels que la rénovation énergétique
des logements, ou la création d?emplois verts. Il est
ainsi recommandé d?adopter des approches différen-
ciées plutôt qu?une taxe carbone uniforme à l?échelle
méditerranéenne, qui serait politiquement irréaliste
au vu des différences régionales en termes de capa-
cité fiscale, de dépendance énergétique et de soutien
public aux réformes.
18 RÉSUMÉ ET POINTS CLÉS
Régions Pays Caractéristiques SCC Plan A : Scénarios
fiscaux optimaux
Plan B : Potentiel
pour une taxe agres-
sive
Afrique du Nord
Algérie
Principal exporta-
teur de combustibles
fossiles de la région ;
émissions élevées
500?600 USD/
tCO2 d?ici 2100
SCC à 50% ; passage
progressif à 100%
Non ; nécessite une
diversification signifi-
cative et des capacités
dans les renouvelables
Egypte
Base industrielle éner-
givore ; dépendance au
gaz naturel
450?600 USD/
tCO2? d?ici 2100 SCC à 100%
Modéré ; nécessite une
capacité renouvelable
renforcée
Maroc
Leader en énergie
renouvelable dans la
région ; faibles émis-
sions
450?500 USD/
tCO2 d?ici 2100 SCC à 100%
Élevé ; base renouve-
lable solide soutient la
mise en oeuvre
Tunisie
Utilisation modérée
des combustibles fos-
siles ; croissance des
renouvelables
400?500 USD/
tCO2? d?ici 2100
SCC à 50% progres-
sant vers 100%
Faible ; dépend de la
croissance des renou-
velables
Europe du Sud
Espagne
Investissements crois-
sants dans les énergies
renouvelables ; écono-
mie diversifiée
650?700 USD/
tCO2 d?ici 2100 SCC à 100%
Oui ; faisable avec l'in-
frastructure renouve-
lable existante
France
Forte dépendance à
l'énergie nucléaire ;
base industrielle solide
750?800 USD/
tCO2? d?ici 2100
SCC à 100% avec pro-
gression progressive
Oui ; secteurs spéci-
fiques ou après 2050
Grèce
Économie en trans-
formation ; émissions
modérées.
600?700 USD/
tCO2 d?ici 2100
SCC à 100% ; ap-
proche progressive
de 50%
Modéré ; dépend de
l'expansion des renou-
velables
Italie
Industries énergivores
; adoption modérée des
énergies renouvelables
650?750 USD/
tCO2? d?ici 2100
SCC à 100% ; ap-
proche progressive
de 50%
Oui ; après 2050 dans
les secteurs éner-
givores
Méditerranée
orientale Turquie
Forte dépendance au
charbon et au gaz na-
turel ; énergies renou-
velables émergentes
650?750 USD/
tCO2? d?ici 2100
SCC à 50% progres-
sant vers 100%
Modéré ; après 2050 ou
dans certains secteurs
TABLEAU 4
Résumé des résultats
Source : Synthèse de l?auteur
CHANGEMENT CLIMATIQUE ET RECETTES FIS-
CALES MUNICIPALES : IMPACTS, SCÉNARIOS
ET MESURES POLITIQUES POUR RENFORCER
LA RÉSILIENCE
Le dernier chapitre se focalise sur les impacts po-
tentiels du changement climatique sur les recettes
fiscales municipales en Italie, soulignant le rôle cru-
cial des municipalités dans la fourniture de services
locaux et la gestion des infrastructures. Le change-
ment climatique menace de perturber leur stabilité
financière, ce qui pourrait entraver la mise en oeuvre
des politiques de redistribution locale et la capacité à
répondre efficacement aux défis climatiques. Le cha-
pitre présente deux scénarios principaux ? optimiste
et pessimiste ? pour l?évolution des recettes fiscales
municipales. Dans le scénario optimiste, une aug-
mentation globale des recettes est prévue, avec, par
exemple, une hausse absolue notable pour Milan de
252 360 ¤ et une augmentation relative de 3,5 % pour
Turin, pour un gain net total estimé à 567 millions
d?euros (en euros de 2005). À l?inverse, le scénario
pessimiste anticipe des baisses significatives : Cata-
nia pourrait perdre 5 % de ses recettes, Turin plus de
6 % et Milan plus de 5 %, avec une perte totale poten-
tielle dépassant 1,2 milliard d?euros.
Outils économiques et finances respectueux de l?environnement :
un chemin vers la durabilité en Méditerranée
19
Plusieurs mesures politiques sont proposées pour
atténuer les impacts fiscaux négatifs du changement
climatique sur les municipalités. L?une d?elles est la
mise en place d?une taxation pigouvienne, visant à in-
tégrer les coûts externes des activités nuisibles à la
société ou à l?environnement. Dans le contexte muni-
cipal, ces taxes pourraient cibler les activités contri-
buant au changement climatique, notamment les
émissions de carbone et la pollution, générant ainsi
une source de revenu destinée à réinvestir dans des
initiatives de résilience climatique. Dans ce contexte,
l?impact d?outils tels que le péage urbain, déjà mis en
oeuvre dans plusieurs villes italiennes, pourrait être
exploré. Ce mécanisme, qui vise à réduire la conges-
tion et la pollution tout en générant des revenus pour
les municipalités, pourrait être adapté pour financer
des initiatives liées à l?adaptation au changement cli-
matique.
D?autres recommandations incluent la réforme des
systèmes cadastraux utilisés pour évaluer la valeur
des biens immobiliers à des fins fiscales, afin d?inté-
grer les risques liés au climat (inondations, vagues
de chaleur, sécheresse) et d?adapter la fiscalité fon-
cière en fonction des risques réels. Par ailleurs, il est
suggéré d?élargir l?assiette des taxes touristiques,
notamment dans les destinations côtières ou cultu-
relles, afin de financer des mesures d?adaptation
telles que la protection contre les inondations, l?ins-
tallation d?infrastructures de mitigation de la chaleur
ou des projets de conservation. Ce faisant, les muni-
cipalités peuvent à la fois atténuer l?impact environ-
nemental du tourisme et créer de nouveaux espaces
fiscaux pour l?action climatique.
LA VOIE À SUIVRE
À travers la richesse des contributions rassemblées
dans ce volume, plusieurs conclusions convergentes
se dégagent, mettant en lumière le rôle central des
outils économiques et de la finance verte dans la
transition vers un développement durable en Médi-
terranée. En premier lieu, la suppression ou la ré-
forme progressive des subventions nuisibles à l?en-
vironnement, ainsi que l?alignement des politiques
fiscales sur les objectifs de développement durable,
apparaissent comme des leviers incontournables de
réforme écologique et économique. Ensuite, si les
instruments verts ? qu?il s?agisse de la tarification
du carbone, des obligations vertes ou des fonds fidu-
ciaires pour la biodiversité ? offrent un réel potentiel,
leur efficacité dépend fortement d?une gouvernance
robuste, d?une coordination entre ministères, et
d?une adaptation fine aux réalités locales. Par ail-
leurs, les écarts persistants entre les pays de la ré-
gion en termes de capacité institutionnelle, de marge
de manoeuvre budgétaire et de maturité réglemen-
taire soulignent la nécessité d?approches différen-
ciées, plutôt que de modèles uniformes. Un constat
transversal est que les mécanismes financiers ne
peuvent produire leurs effets que s?ils s?inscrivent
dans des cadres politiques cohérents, assortis d?un
suivi rigoureux, d?une implication active des parties
prenantes et d?un engagement sur le long terme. En-
fin, plusieurs contributions insistent sur l?urgence de
doter la région d?une taxonomie méditerranéenne
des activités durables, accompagnée de lignes direc-
trices opérationnelles. Une telle taxonomie, adaptée
aux réalités économiques, sociales et environnemen-
tales du bassin méditerranéen, permettrait de mieux
orienter les flux financiers vers des projets véritable-
ment durables dans la région. Elle aiderait à clarifier
les signaux adressés aux investisseurs, à limiter les
risques d?écoblanchiment et à garantir des tran-
sitions à la fois justes, efficaces et cohérentes avec
les spécificités locales, comme la dépendance à cer-
taines ressources, les vulnérabilités climatiques ou
les structures économiques.
Un tournant significatif vers des pratiques écono-
miques plus durables est à portée de main, pour
autant que des cadres nationaux et régionaux ap-
propriés soient mis en place et soutenus activement,
permettant ainsi aux outils verts de se développer
pleinement.
L?avenir recèle encore de nombreux défis, notamment
dans des domaines nécessitant une exploration ap-
profondie. L?intégration des acteurs privés et le po-
tentiel du financement mixte sont des pistes essen-
tielles qui méritent une recherche plus poussée. Par
ailleurs, l?élaboration d?un cadre et d?une taxonomie
complets pour les activités durables est indispen-
sable afin d?apporter de la clarté et d?orienter effica-
cement les investissements. Ces thèmes feront l?ob-
jet de rapports à venir dans le cadre du Programme
de travail 2026-2027.
Ce processus est en cours, le changement étant pro-
gressif. Malgré des progrès réalisés, il reste encore
beaucoup à faire pour impulser la transformation
nécessaire. La volonté politique, combinée à une re-
cherche continue, une collaboration étroite et l?inno-
vation, est essentielle pour assurer non seulement
une transition réussie vers la durabilité dans la région,
mais également sa pérennité. Réussir cette transition
nécessitera un effort collectif, un engagement soute-
nu et une action coordonnée entre tous les secteurs
et parties prenantes. Les initiatives en cours, telles
que la SMDD, peuvent soutenir cette transformation,
mais elles doivent être complétées par un élan conti-
nu et un soutien politique fort.
20 RÉSUMÉ ET POINTS CLÉS
Références
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Plan Bleu and UNEP/MAP. (2024). Unraveling the Impact
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ranean: Plan Bleu Edited Volume, edited by Robin De-
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2050, Une prospective du Plan Bleu, sous la direction de
Jacques Theys, Denis Lacroix et Khadidja Amine, Plan
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Plan Bleu (2025), UNEP/MAP Working Group on ?Ocean
Economy/Sustainable Finance? reports (disponibles sur
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terranée. Nairobi.
Tendances & perspectives démographiques en Méditerranée 21
PNUE/PAM Centre d?activité
régionale
www.planbleu.org