Alternatives chimiques et non chimiques existantes à l'usage des néonicotinoïdes, rapport de l'INRAE. Les indicateurs d'usage et de risque des produits phytosanitaires, cahiers de la Biodiversité n°19
[s.n]
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Résumé
"Alors que la réduction de l'usage des pesticides est au coeur des politiques agricoles depuis plus de quinze ans, les indicateurs censés en mesurer les progrès racontent parfois des histoires contradictoires. Faut-il revoir nos outils de suivi ou inventer un nouveau langage du risque ? Dans ce 19? numéro des Cahiers de la Biodiversité, « Les indicateurs d'usage et de risque des produits sanitaires », Humanité et Biodiversité se penche sur le rapport de l'INRAE publié en 2025 et propose ses propres pistes pour mieux évaluer l'impact réel des produits phytosanitaires sur la santé humaine et la biodiversité."
Editeur
INRAE
;Humanité et biodiversité
Descripteur Urbamet
Descripteur écoplanete
produit phytosanitaire
;impact sur l'environnement
;santé publique
;indicateur de pollution
;indicateur environnemental
Thème
Administration publique
;Environnement - Nature
;Méthodes - Techniques
;Ressources - Nuisances
;Risques
;Santé
Texte intégral
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Rapport « Alterna-ves chimiques et
non chimiques existantes à l?usage
des néonico-noïdes »
Synthèse et principales recommanda3ons
Coordina(on : Chris(an Lannou.
Exper(ses : Thomas Badie ; Julie Borg ; Anne-Marie Cortesero ;
Laure Latruffe ; Laure Mamy ; Chris(an Mougin ; Cécilia Multeau ;
Nicolas Munier-Jolain ; Jean-Claude Ogier ; Quen(n Pe(tjean ;
Thibault Peyrard ; Nicolas Ris ; Myriam Siegwart ; Mathieu Tiret et
Bérenger VuiMenez.
Octobre 2025
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Objet de la saisine
Par le0re de la Ministre de l?Agriculture et de la Souveraineté alimentaire du 16 mai 2025, il est demandé à
l?InsBtut naBonal de recherche pour l?agriculture, l?alimentaBon et l?environnement (INRAE) de mobiliser son
experBse scienBfique et technique de afin d?idenBfier les situaBons dans lesquelles les alternaBves chimiques ou
non chimiques aux néonicoBnoïdes (NNI) et substances présentant un mode d?acBon idenBque, disponibles pour
une maîtrise phytosanitaire effecBve et dans des condiBons techniques et économiquement viables, pourraient
être considérées comme absentes ou manifestement insuffisantes.
Les travaux doivent être orientés en priorité sur les usages suivants : punaises et coléoptères de la noise0e,
pucerons de la be0erave, puceron du navet, pucerons et anthonome du pommier, mouches du cerisier, mouche
du figuier. Pour chacun de ces usages, il est demandé de décrire les alternaBves possibles, qu?il s?agisse de
produits phytopharmaceuBques, convenBonnels ou de biocontrôle, ou d?autres méthodes et techniques de
prévenBon ou de lu0e. Il est également demandé d'évaluer l?efficacité des moyens disponibles, la capacité des
producteurs à les mobiliser à court et moyen terme et, le cas échéant, leurs inconvénients praBques ou
économiques ainsi que les condiBons requises pour une uBlisaBon à plus grande échelle.
A la remise du pré-rapport, mi-septembre, il est en outre demandé de préciser les perspecBves d'acBon pour
faciliter la mise à disposiBon des méthodes et produits alternaBfs nécessaires aux usages ciblés par la saisine.
Méthodologie
Un groupe de 15 experts mobilisant des chercheurs et ingénieurs de différentes compétences a été consBtué. Les
disciplines représentées étaient les suivantes : entomologie et protecBon des cultures, agronomie, écologie,
nématologie et microbiologie, biocontrôle et lu0e biologique, économie, écotoxicologie, amélioraBon généBque
des plantes, analyse des alternaBves aux produits phytopharmaceuBques, analyse de données, stratégie des
entreprises en protecBon des cultures.
Les experts se sont basés sur les sources documentaires disponibles, dont la li0érature scienBfique et vulgarisée,
les rapports de fin de projet (notamment issus des plans PNRI et Ecophyto), les bases de données disponibles
(Agrosyst, Pes$cide Proper$es DataBase et Biopes$cides DataBase) et les rapports de l'Anses relaBfs aux
alternaBves aux NNI (2018 et 2021).
Des échanges avec les filières ont également été organisés, incluant des missions sur sites, au cours desquels ont
été rencontrés des agriculteurs, des responsables de structures professionnelles, des conseillers de chambre
d'agriculture et des responsables des InsBtuts Techniques Agricoles. Enfin, un échange bilatéral avec 14
entreprises a permis de recueillir des informaBons sur les programmes en développement.
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1. Analyses et recommanda9ons sur l?usage « pucerons de la be>erave »
La jaunisse de la be0erave, une maladie transportée par les pucerons, est en général peu dommageable mais
peut causer des pertes de récolte localement élevées. Certaines années à risque fort, comme en 2020, ces pertes
peuvent être généralisées sur les zones de producBon et entrainer des baisses de rendement très importantes.
La filière est engagée dans la recherche de soluBons de protecBon alternaBves aux NNI avec le souBen du Plan
NaBonal de Recherche et InnovaBon (PNRI), mis en place par les pouvoirs publics avec INRAE et l?InsBtut
technique de la Be0erave (ITB) pour faciliter ce0e transiBon. Des pistes prome0euses ont ainsi été idenBfiées et
un réseau de fermes pilotes a été mis en place par l?ITB pour faciliter leur évaluaBon en condiBons de producBon.
Les principales pistes de progrès sont listées ci-dessous.
? Le développement de la prophylaxie a permis d?abaisser les niveaux d?incidence depuis 2021 et de renforcer
l?acBon des autres approches de protecBon. Les résidus de récolte et les repousses sont des foyers de virus qui
doivent être supprimés par tous les moyens. Une réflexion doit être menée avec les professionnels sur la
réparBBon relaBve des be0eraves à sucre et porte-graines sur le territoire car ces cultures se contaminent
mutuellement et leur proximité augmente fortement le risque sanitaire. Enfin, le niveau de mise en oeuvre
effecBve des praBques de prophylaxie par les exploitants n'est pas quanBfié alors que ce0e informaBon est
déterminante pour comprendre et mesurer le risque. Un recensement des données sur la mise en oeuvre de ces
praBques dans les zones de producBon est nécessaire.
? Les produits et techniques de biocontrôle doivent être développées et diffusées. Les usages de plantes de
service, de médiateurs chimiques, de prédateurs auxiliaires, ont fait l?objet de preuves de concept et de
développements industriels. Leur mise en applicaBon demande encore, selon les cas, des efforts de montée en
maturité technologique et une meilleure appropria:on par les producteurs, notamment via la producBon de
références solides. La quesBon de l?épandage par drones des produits de biocontrôle doit notamment pouvoir
être explorée.
? A moyen terme, la gamme de variétés résistantes, qui est encore faiblement développée, doit être élargie à
des génotypes à rendement élevé.
? L?intensité des épidémies de jaunisse étant très variable selon les années, le développement de systèmes
assuranciels serait très perBnent pour limiter les risques de pertes de revenu pour les agriculteurs.
Sur la base de ces moyens et méthodes de protecBon, des références techniques pour de véritables stratégies
combinatoires doivent être élaborées puis proposées aux agriculteurs. Une voie pour cela est de mobiliser le
réseau de fermes pilotes d'expérimenta:on développé dans le cadre du PNRI.
La lu0e contre la jaunisse doit également pouvoir s?appuyer sur une épidémiosurveillance fiable, pour perme0re
de posiBonner les traitements, y compris en biocontrôle, aux moments les plus perBnents. Une meilleure capacité
d?anBcipaBon doit également perme0re d?adapter les méthodes de lu0e au risque réel, si besoin par des
dérogaBons d?usage à l?échelle des zones concernées.
Tant que les alternaBves ne sont pas pleinement opéraBonnelles et maîtrisées par les producteurs, un accès à
deux produits phytopharmaceuBques semble incontournable afin de pouvoir réaliser des alternances de
traitement et éviter l?appariBon de résistances dans les populaBons de ravageurs. Actuellement, la protecBon
contre la jaunisse repose sur le Movento (spirotetramate) et le Teppeki (flonicamide), produits qui restent à ce
jour nécessaires à la filière. Ils pourraient être complétés ou remplacés à terme par un nouveau produit (Axalion),
idenBfié comme candidat à l?homologaBon.
Les experts insistent sur le fait que prophylaxie, épidémiosurveillance et stratégies combinatoires sont des
condi$ons indispensables au développement d?une protec$on alterna$ve aux NNI et aux produits de synthèse en
général. Une simple subs$tu$on par des produits de biocontrôle ne suffira pas.
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2. Analyses et recommanda9ons sur les usages « pucerons et anthonome du
pommier »
La producBon française de pommes subit une érosion lente mais régulière pour un ensemble de raisons dont la
contrainte sanitaire. La filière constate actuellement une difficulté à contrôler les ravageurs en verger avec
l'arsenal de leviers disponibles et redoute un décrochage de ses rendements. Les producteurs sont déjà engagés
dans l?usage de méthodes de protecBon alternaBves aux pesBcides de synthèse. Les noBons de prophylaxie et de
régulaBons naturelles leur sont familières et sont intégrées dans les praBques. Les normes de producBon pour la
pomme sont cependant extrêmement contraignantes sur le plan de la qualité visuelle a0endue par les circuits
de commercialisaBon et ce0e demande de fruits sans défauts accentue le besoin d?une protecBon très efficace.
Suite à leur travail d?analyse, les experts font les constats suivants, assorBs de recommandaBons.
? Le statut réglementaire de produits clés consBtue un environnement incertain pour les producteurs et provoque
un manque de visibilité, avec des substances suscepBbles d?être reBrés (spirotétramate) ou sous dérogaBon
depuis plusieurs années (azadirachBne). Inversement, des produits d?intérêt ont un statut réglementaire en
évoluBon possible (Nori-pro) ou ne sont pas actuellement mobilisables dans des condiBons qui seraient
perBnentes sur un plan technique. La capacité de la réglementa:on à faciliter l'adop:on de pra:ques
vertueuses, sa connaissance et son interpréta:on par les producteurs sont des quesBons qui méritent d'être
traitées de manière approfondie.
? En l?absence de produits suscepBbles d?éradiquer les pucerons en tout début de saison, les intervenBons
d?automne ciblant les femelles fondatrices sont stratégiques. Elles s?apparentent à une forme de prophylaxie
perme0ant de réduire au maximum les populaBons pour l?année suivante. Elles incluent la défoliaBon des arbres
et l?usage de différents produits de traitement. Le maximum doit être fait pour permeCre ces interven:ons
d?automne, sur le plan technique comme sur le plan réglementaire.
? Les approches de régula:on biologique et de biocontrôle doivent être davantage développées et leur
applicaBon doit être favorisée. Le détournement des fourmis doit absolument pouvoir être mis en oeuvre. Les
fourmis favorisent le développement des pucerons et les protègent des auxiliaires. Leur éloignement des
pommiers est un levier de contrôle potenBellement très intéressant qui doit pouvoir être mobilisé. Les produits
de biocontrôle ou assimilés dont certains montrent une efficacité intéressante, comme le Nori-pro, les huiles
minérales ou essenBelles, etc. doivent être rendus disponibles pour les producteurs aux moments clés du cycle
biologique du pucerons, avec l'accompagnement technique nécessaire.
? Il est indispensable de maintenir l?effort sur la sélec:on pour la résistance ou pour une plus faible a0racBvité
des arbres pour les pucerons, les variétés d'intérêt sur ce caractère étant actuellement très rares.
Le panel de leviers effecBvement disponibles pour la protecBon du verger reste à ce jour incomplet et des
iBnéraires de protecBon durablement efficaces doivent être construits sur la base d?approches systémiques pour
proposer aux producteurs des références solides de stratégies combinatoires. Les travaux du CTIFL avec l?appui
d?INRAE sont sur ce point essenBels.
Tant que cela n?est pas réalisé, le mainBen des produits actuellement en usage semble nécessaire pour maintenir
la producBvité du verger de pommiers français. A noter cependant que l?usage renforcé des pyréthrinoïdes, de
plus en plus uBlisés pour compléter les programmes de protecBon, représente un recul sur le plan
environnemental car ces produits éliminent la faune auxiliaire s?ils sont employés trop fréquemment.
Pour sécuriser la produc$on de pomme sans usage de NNI et en limitant le recours aux pes$cides de synthèse, il
est indispensable de favoriser l?accès à un panel suffisant de produits et méthodes de biocontrôle et d?adapter les
périodes d?applica$on aux points stratégiques du cycle du puceron, notamment la fonda$on des colonies. La
sécurisa$on réglementaire d?un socle de produits de traitement efficaces (de synthèse ou de biocontrôle) est
nécessaire à court terme.
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3. Analyses et recommanda9ons sur l?usage « mouches du cerisier »
La filière cerise est confrontée aux a0aques annuelles de Drosophila suzukii, un redoutable ravageur invasif
détecté pour la première fois en France en 2010. Ce0e mouche est venue s?ajouter aux ravageurs endémiques
du cerisier mais, par sa capacité à proliférer et à a0aquer les fruits avant maturité, elle a considérablement
augmenté la contrainte sanitaire sur ce0e culture. Cela se traduit par une restructuraBon en profondeur de la
filière, avec un désengagement des producteurs les moins spécialisés ou disposant des terres les plus difficiles
tandis que d?autres intensifient leur producBon et se spécialisent, dans une approche de plus en plus technique.
Ce0e filière reste dynamique, portée par une demande forte et une technicité qui progresse. Elle s'implique dans
des projets de recherche collaboraBfs de grande ampleur sur la mise au point de nouveaux leviers de protecBon
mais aussi sur la reconcepBon du système de producBon. La reconstrucBon d?une stratégie efficace de protecBon,
qui n?est pas à ce jour réalisée, repose selon les experts sur plusieurs praBques alternaBves à développer.
? Les filets de protec:on sont une réponse très efficace, coûteuse en invesBssement et en temps de travail mais
performante en termes de protecBon contre les insectes. Il ne faut cependant pas négliger les modificaBons
engendrées sur le microclimat, donc la physiologie de la plante, et sur certains risques sanitaires, qui méritent
l'a0enBon des services techniques des filières. La prise de risque à l?invesBssement est également un sujet.
? La luCe biologique, basée sur l'auxiliaire Ganaspis kimorum et la technique de l?insecte stérile (TIS) sont des
approches à l'échelle territoriale, qui visent à réduire le risque global. INRAE et le CTIFL sont fortement engagés
sur leur mise au point. Elles relèvent pour leur applicaBon d'une problémaBque de coordina:on entre acteurs
sur la zone concernée. Elles posent des quesBons organisaBonnelles et économiques, qui nécessitent la mise en
place de programmes interdisciplinaires et parBcipaBfs associant l?ensemble des acteurs concernés, avec l?aide
des pouvoirs publics
? Les approches combinatoires sont indispensables pour obtenir une efficacité de protecBon suffisante, en
intégrant à la fois les techniques à l'échelle de la parcelle (produits et organismes de biocontrôle, filets, ?) et à
l?échelle du territoire (TIS, lu0e par introducBon). A l'échelle de la parcelle, il est nécessaire de développer une
approche d'ingénierie de soluBon ambiBeuse, explorant les possibilités jusqu'à la reconcepBon, ce qui est déjà
iniBé par la filière, notamment avec la producBon sous filet.
? Des perspecBves d'homologaBon de nouveaux produits (huiles, médiateurs chimiques, ?) ou organismes de
biocontrôle (champignons entomopathogènes, acariens, ?) pourraient renforcer les soluBons actuelles.
Il est nécessaire d?accompagner et d?accélérer la mise en pra:que des méthodes de protec:on alterna:ves
issues de la recherche mais aussi de sécuriser les producteurs sur l?accès aux produits de protec:on efficaces
(qui ne sont actuellement autorisés que sous dérogaBon annuelle ou sont en passe de disparaître).
Le risque est en effet de voir la situaBon se dégrader à court terme si l'accès à ces traitements n'est plus assuré,
dans un contexte où la prise de risque inclut des invesBssements conséquents à l?installaBon où à l'adaptaBon
des exploitaBons, mais aussi à l?échelle des coopéraBves (avec les équipements de tri post-récolte rendus
nécessaires par les infestaBons tardives non visibles au verger).
La protec$on sanitaire de la cerise nécessite à la fois l?accès sécurisé sur le plan réglementaire à des solu$ons de
court terme efficaces et l?inves$ssement, avec l?aide de la recherche, dans des solu$ons alterna$ves, des solu$ons
combinatoires et des approches territoriales (TIS, luOe biologique). Il s?agit donc de fiabiliser le court terme tout
en maintenant l?effort pour renforcer le panel de solu$ons aussi rapidement que possible.
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4. Analyses et recommanda9ons sur les usages « punaises et coléoptères de la
noisette »
La filière noise0e a été touchée en pleine croissance par la coïncidence de l'arrivée de la punaise diabolique,
Halyomorpha halys, et de l'arrêt des produits de traitement NNI. Ce0e punaise, détectée en France en 2012 et
sur noiseBer en 2015 est responsable d?une invasion biologique. Son incidence sur noiseBer a progressivement
augmenté jusqu'à en faire le ravageur principal de la culture sur laquelle elle provoque des dégâts directs mais
aussi des pertes en termes qualitaBfs. Cet insecte est en outre très polyphage et a0aque de nombreuses espèces
végétales, qui consBtuent autant de réservoirs. La filière noise0e a développé dès son origine (années 1970) une
structure de R&D, l'ANPN, acBve dans la recherche de soluBons de biocontrôle. Elle a monté sa propre capacité
de recherche en lu0e biologique par acclimataBon pour faire face à ce0e punaise. Elle développe également
depuis sa créaBon des recherches sur le balanin, en coopéraBon avec la recherche publique.
La filière noise0e est actuellement dans une situaBon financière extrêmement criBque en raison des pertes de
récolte subies. Son iBnéraire de protecBon a reposé sur des NNI jusqu'en 2020, puis sur un nombre limité de
pyréthrinoïdes. Le nombre de traitements, essenBellement basés sur ce0e famille chimique, a été
considérablement augmenté par dérogaBon en 2025, pour tenter de sauver la récolte. CeCe suru:lisa:on de
pyréthrinoïdes est une réponse d'urgence à une situa:on de crise mais n'est pas durable pour plusieurs raisons
: les pyréthrinoïdes sont dommageables pour la biodiversité et conduisent à une suppression des régulaBons
naturelles au sein du verger ; la cadence d'intervenBon est difficilement supportable pour les producteurs, ne
serait-ce qu'en temps de travail ; elle génère des frais conséquents et augmente l'usage de carburants fossiles ;
l'accumulaBon de traitements engendre un risque élevé d'appariBon de résistance chez la punaise. Des soluBons
alternaBves ont été idenBfiées mais elles ne sont pas à ce jour opéraBonnelles.
? Concernant le balanin, organisme à la biologie très parBculière, la soluBon la plus prome0euse semble l'usage
de champignons entomopathogènes uBlisés en produits de biocontrôle. L'usage de nématodes
entomopathogènes d?acariens prédateurs ou de chrysopes est à considérer également. Des recherches sur les
médiateurs chimiques sont en cours et pourraient ouvrir sur des soluBons de grand intérêt à moyen terme.
? Concernant la punaise diabolique, la soluBon la plus prome0euse est la luCe biologique par usage de
parasitoïdes. L'ANPN en a réalisé la preuve de concept avec l?appui de INRAE. Le développement d'une capacité
de producBon suffisante ainsi que l'engagement dans un programme régional voire naBonal sont maintenant des
priorités. Il est essen:el de mener à terme ces travaux pour abou:r au plus vite à une solu:on suscepBble de
réduire à grande échelle les incidences de ce ravageur. Il serait perBnent de mobiliser l'ensemble des filières
concernées et les pouvoirs publics dans un plan d?acBon commun.
? D'autres approches sont à considérer pour le contrôle de la punaise : l'usage de plantes pièges en périphérie
des vergers, l'usage de médiateurs chimiques, l'usage de chrysopes ou d'acariens prédateurs, la pose de filets
périphériques autour des vergers. Aucune de ces approches n'est encore opéraBonnelle à ce jour. Elles doivent
faire l?objet de programmes de R&D et d?une construcBon d?approches combinatoires qui puissent faire référence
pour les producteurs.
Les experts recommandent d?associer des systèmes de protec$on combinatoires à l?échelle de la parcelle avec un
programme ambi$eux de déploiement de la luOe biologique à l?échelle des territoires, en mobilisant toutes les
filières concernées. Les producteurs de noiseOe, avec leur coopéra$ve et l'ANPN, sont déjà engagés dans le
développement de ces pra$ques alterna$ves mais le risque est que la filière disparaisse avant qu?elles ne soient
opéra$onnelles. La luOe chimique reste pour le moment le seul levier efficace, mais qui repose sur un usage
déraisonnable des pyréthrinoïdes. C?est ce qui conduit la filière à demander une déroga$on pour l?u$lisa$on de
l?acétamipride pendant une période transitoire.
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5. Analyses et recommanda9ons sur l?usage « mouches du figuier »
La mouche noire du figuier (Silba adipata) reste globalement sous contrôle mais cause des pertes de récoltes qui
pénalisent les producteurs. Les leviers de protecBon se limitent à un produit de traitement (la deltaméthrine) et
à l'usage de pièges dont l?efficacité est limitée, notamment en cas de forte proliféraBon, comme cela peut se
produire sous des condiBons climaBques favorables. La filière considère que sa capacité de producBon est en
érosion lente et qu?elle est en difficulté pour maîtriser ce ravageur (ainsi que la cochenille Ceroplastes rusci). La
mouche méditerranéenne des fruits (Cera$$s capitata) n?est pas problémaBque car sa période de nuisibilité est
postérieure à la récolte des figues.
Des solu:ons alterna:ves aux produits de synthèse se meCent en place et le Syndicat de l'AOP Figue de Solliès
contribue régulièrement à des essais en lien avec des entreprises en biocontrôle. Ces soluBons ne sont cependant
pas encore au niveau a0endu pour une bonne protecBon de la récolte, dans un contexte de marché ouvert et
concurrenBel. Les travaux en R&D sur les solu:ons de biocontrôle et de luCe biologique, bien adaptées à une
producBon arboricole en peBtes parcelles, doivent se poursuivre et se renforcer, en bénéficiant des synergies
possibles avec des filières proches.
La dépendance à un seul produit pyréthrinoïde fait peser un risque fort d?appari:on de résistance, qui me0rait
en péril la fiabilité de la protecBon à court terme. Une surveillance des populaBons de Silba adipata serait
nécessaire pour détecter une telle évoluBon. Dans l?a0ente d?un panel de soluBons alternaBves plus complet, il
serait également perBnent de diversifier les produits de traitement uBlisables (de nature "chimique" ou
"biologique") mais, la figue étant une peBte producBon, les firmes phytosanitaires invesBssent peu ce marché.
6. Analyses et recommanda9ons sur l'usage « puceron du navet »
Après experBse et échange avec les producteurs, l'usage navet x Lipaphis erysimi ne pose pas de problème
parBculier.
7. Conclusions et recommanda9ons transversales
Les experts constatent que les filières beCerave, pomme, cerise, noiseCe et figue sont fragilisées par le manque
de solu:ons opéra:onnelles et disponibles pour la protec:on contre certains ravageurs, mais à des degrés
divers et sans se trouver dans la même urgence temporelle.
Ces filières sont toutes engagées dans une démarche acBve de développement d'iBnéraires de protecBon
alternaBfs, sous la pression des retraits de maBères acBves mais avec le souBen de la recherche et de plans
d'acBons mis en oeuvre par les pouvoirs publics (PARSADA, PRAAM). Pour autant, ceCe transi:on n'est pas
achevée et l'enjeu actuel est de la réussir en maintenant leur compéBBvité et leur producBvité.
Plusieurs condiBons, listées ci-dessous, ont été idenBfiées pour a0eindre cet objecBf.
? Développer et systéma:ser les approches de prophylaxie, afin de diminuer les pressions de ravageurs. Des
acBons prophylacBques sont idenBfiées mais leur mise en oeuvre doit être accompagnée et facilitée, y compris
sur le plan réglementaire.
? Développer des approches territoriales et interfilières, pour la lu0e biologique, la technique de l'insecte stérile,
et la prophylaxie. La dimension interfilières est déterminante dans le cas des insectes polyphages, une culture
pouvant être réservoir pour une autre.
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? Construire des i:néraires de protec:on avec les ins:tuts techniques, basés sur des approches combinatoires,
intégrant l'ensemble des leviers disponibles aux différentes échelles d'acBon, qui soient des références fiables
pour les agriculteurs. Les réseaux d'essais et les démonstrateurs ont un rôle stratégique à jouer pour cela. Il est
également indispensable de développer une épidémiosurveillance de bonne précision, pour améliorer le
posiBonnement des applicaBons et si besoin pour accompagner les autorisaBons d'usage.
? Traiter les ques:ons rela:ves à la réglementa:on pour donner de la visibilité à ces filières qui dépendent
toutes à des degrés divers (et totalement dans le cas de la cerise) de dérogaBons annuelles pour assurer la
protecBon de leurs cultures.
? Faciliter le développement du biocontrôle et favoriser les pra:ques vertueuses, à la fois dans la dimension
technique et dans la dimension réglementaire. La quesBon de l'homologaBon des mélanges de produits ou
d'organismes est par exemple un sujet essenBel à traiter.
? La prise de risque, qui repose principalement sur l'agriculteur, doit pouvoir être mieux prise en compte, par
exemple par la mise en place de stratégies assurancielles.
Des transformaBons essenBelles sont en cours, avec la consBtuBon d'approches combinatoires de référence, le
développement du biocontrôle et la généralisaBon de la prophylaxie. Il sera nécessaire de me0re en place une
coordinaBon des acteurs pour développer des approches territoriales. Ces transformaBons doivent être
soutenues et finalisées afin que les filières disposent d'alternaBves assurant une maîtrise phytosanitaire effecBve,
dans des condiBons techniquement et économiquement viables.