Le prix de l'eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource
Auteur moral
France. Commissariat général au développement durable. Service de l'économie verte et solidaire
Auteur secondaire
FAVRE, Marine
;HARDELIN, Julien
Résumé
La disponibilité d'une eau de qualité offre de nombreux bénéfices, mais son usage implique des coûts économiques et environnementaux. Pour les recouvrir, le tarif, les subventions et les redevances ou taxes environnementales sont utilisés. Le prix de l'eau constitue, dans le financement, la part directement payée par les usagers. Outre sa fonction de financement, son utilisation en tant qu'instrument pour inciter à économiser l'eau pose des questions d'acceptabilité sociale.
Editeur
Ministères Aménagement du Territoire, Transition écologique
Descripteur Urbamet
eau
;gestion de l'eau
;prix
;financement
;économie de l'eau
;eau potable
;assainissement
;eau agricole
;tarification
;taxe
Descripteur écoplanete
agence de l'eau
Thème
Ressources - Nuisances
Texte intégral
Le prix de l?eau :
état des lieux et perspectives
pour une gestion durable
de la ressource
AOÛT 2025
DOCUMENT DE TRAVAIL
? 2 - Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource
Résumé
La disponibilité d?une eau de qualité offre de nombreux bénéfices, mais son usage implique des coûts
économiques et environnementaux. Pour les recouvrir, le tarif, les subventions et les redevances ou
taxes environnementales sont utilisés. Le prix de l'eau constitue, dans le financement, la part
directement payée par les usagers. Outre sa fonction de financement, son utilisation en tant
qu?instrument pour inciter à économiser l'eau pose des questions d'acceptabilité sociale.
En France, le prix de l'eau potable assainie inclut le tarif de fourniture du service, des redevances
environnementales et des taxes. En 2024, il atteint 4,69 ¤/m³ (soit 563 ¤/an pour un ménage
consommant 120 m3), mais les recettes générées sont insuffisantes pour financer les investissements
nécessaires au renouvellement des infrastructures : il manque entre 0,3 à 4,8 Md¤/an). Outre la
couverture des coûts de production du service, la législation a progressivement encouragé une
facturation intégrant des enjeux environnementaux puis sociaux. L'élasticité-prix de la demande d'eau
potable varie entre - 0,1 et - 0,6 : une hausse de prix de 10 % réduit la consommation de 1 à 6 %. Mieux
informer et accompagner les consommateurs s?avère nécessaire pour qu?ils puissent adapter leur
consommation face aux hausses de prix. S?agissant du volet social, selon la littérature, les dispositifs
d'aide en dehors de la facture pourraient être plus efficaces pour assurer l'accès à l'eau des ménages
à faible revenu que la tarification progressive.
Le secteur de l?agriculture est le principal consommateur d'eau dans de nombreuses régions, mais les
données sur le prix de l'eau pour l'irrigation sont limitées. En 2015, le tarif moyen de l'eau dans les
réseaux collectifs d'irrigation sous pression était estimé à 0,15 ¤/m³, ne couvrant que partiellement les
coûts d?investissement. S?y ajoute une redevance pour prélèvement dont le niveau (de 0,85 à
2,57 centimes ¤/m³ selon les bassins) est insuffisant pour inciter à économiser l'eau. L?élasticité-prix de
l?eau agricole, bien que très variable selon les contextes, peut être significative mais l?utilisation de
l?instrument prix peut être limitée par des contraintes d?acceptabilité et requiert des politiques
d'accompagnement.
Dans un contexte de tensions sur l?eau, aggravées par le changement climatique, la redevance pour
prélèvement est un instrument pertinent pour inciter à économiser l?eau et elle pourrait être améliorée
en suivant trois pistes qui sont discutées.
Mots clés : prix de l?eau, agences de l?eau, gestion de la demande, financement, économie d'eau,
acceptabilité sociale, redevance pour prélèvement
Citation pour ce document : « Favre M., Hardelin J., 2025. Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives
pour une gestion durable de la ressource, CGDD, document de travail, août 2025. »
Auteurs
Marine FAVRE (CGDD)
Julien HARDELIN (CGDD)
Remerciements
Les auteurs remercient Pierre Claquin (CGDD), Amélie Coantic (CGDD), Audrey Coreau (CGDD), Boris
Le Hir (CGDD), Vincent Marcus (CGDD), David Meunier (CGDD) et Olivier Simon (CGDD) pour leur
relecture. Nous remercions les membres du comité de relecture : Dalia Amara (DEB), Marie Colvaresi
(DEB), Alexandra Lequien (DEB), Frédérick Bernard (AEAG), Théophile Clerc (AESN), Christophe Leblanc
(AERM), Nicolas Mourlon (AERMC), Bruno Penisson (AEAP). Ils remercient Guillaume Gruère (OCDE),
Marielle Montginoul (INRAE) et Thierry Rieu (Chercheur associé UMR G-EAU) pour les échanges qu?ils
ont eu avec eux au cours de ce projet. Les auteurs remercient pour la collecte de données : Patrick
Bossard (AESN), Alexis Josseron (AERMC), Vincent de Larminat (AEAG), Guillaume Monaco (AERM),
Bruno Penisson (AEAP), Stéphane Robichon (AEAG), Sandra Varin (AELB).
Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource - 3 ?
Introduction ............................................................................................................................................... 4
Synthèse ...................................................................................................................................................... 6
I. Principaux concepts de l?économie de l?eau : valeur, coûts et prix............................................. 9
II. Le prix du service d?eau potable et d?assainissement collectif ................................................. 20
III. Le prix de l?eau pour l?irrigation dans le secteur agricole .......................................................... 30
IV. Le rôle de la redevance pour prélèvement dans la gestion de l?eau ...................................... 40
Bibliographie............................................................................................................................................. 52
Table des matières .................................................................................................................................. 55
Sommaire
? 4 - Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource
Selon le groupe d?experts intergouvernemental pour le climat (GIEC), le changement
climatique va provoquer des modifications profondes du cycle de l?eau, conduisant à un
stress hydrique accru et une ainsi qu?augmentation des sécheresses et des inondations dans
de nombreuses régions du monde. Aucun pays ne sera épargné par ces changements, même
s?ils prendront différentes formes en fonction des circonstances locales (IPCC, 2022). D?autres
facteurs exercent une pression croissante sur les ressources en eau et les infrastructures
d?approvisionnement et de traitement des eaux : croissance démographique, hausse de
l?irrigation associée à la demande alimentaire, vieillissement des infrastructures, polluants
émergents, etc.
Ces évolutions nécessitent d?aller plus loin en matière de gestion durable de l?eau, et
d'encourager plus de sobriété. Pour y parvenir, les instruments économiques (prix, marchés
de droits) sont depuis longtemps considérés comme une solution prometteuse et un certain
nombre de pays ont mis en place de tels instruments, en réponse notamment à des situations
de déséquilibre chronique entre ressources et usages, ponctuées par des épisodes de
sécheresse de plus en plus récurrents. Ces expériences ont rencontré un certain succès et
témoignent des potentialités des instruments économiques pour améliorer la gestion de l?eau,
en complément des instruments réglementaires.
Les instruments économiques de gestion de l?eau sont par ailleurs soutenus depuis plusieurs
années par plusieurs organisations internationales. En Europe, la directive-cadre sur l?eau
(DCE) - (2000) de l?Union européenne avait fixé l?objectif d?atteindre le « bon état » ou le « bon
potentiel » des masses d?eau d?ici 2015 (avec dérogation possible jusqu?en 2027) et établi une
procédure de planification à cette fin. L?article 9 précise en particulier que « Les États
membres veillent (?) à ce que la politique de prix de l'eau incite les usagers à utiliser les
ressources de façon efficace et contribue ainsi à la réalisation des objectifs environnementaux
de la présente directive » et que « les différents secteurs économiques (?) contribuent de
manière appropriée à la récupération des coûts des services de l'eau (?) compte tenu du
principe du pollueur-payeur. »
L?Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) recommande
également que les pays membres « envisagent de mettre en place des instruments de
tarification, lorsque cela est approprié et applicable, en les associant à d?autres instruments
(par exemple, réglementaires ou volontaires, ou d?autres instruments économiques), pour
gérer les ressources en eau (en particulier la conservation de l?eau), réduire progressivement
les externalités négatives (telles que la surexploitation ou la pollution) et améliorer la viabilité
financière des infrastructures et des services de l?eau ». Cette recommandation couvre les
usages domestiques et agricoles de l?eau (OCDE, 2016). La Commission mondiale sur
l?économie de l?eau, dans son rapport proposant une nouvelle approche économique de la
gestion de l?eau, recommande également d?ajuster le prix de l?eau afin d?inciter, en particulier
les plus gros consommateurs, à la sobriété et d?assurer un accès équitable à tous (GCEW,
2024).
En France, le plan Eau dévoilé par le Président de la République le 30 mars 2023 comprend un
ensemble de 53 mesures couvrant les dimensions multiples de la gestion de l?eau : sobriété,
réutilisation des eaux usées, gestion des crises, etc. Parmi les cinq grands axes de ce plan figure
le souhait de « mettre en place une tarification (?) progressive et responsabilisante de l?eau »,
qui sera à même de fournir les bonnes incitations à la sobriété et aux économies d?eau, au-
delà des consommations de confort.
Introduction
Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource - 5 ?
Dans ce contexte, ce document de travail fait le point sur les connaissances actuelles, aussi
bien en France qu?à l?étranger, relatives à l?utilisation du prix pour la gestion durable de l?eau
et l?adaptation au changement climatique. Le rapport se concentre sur deux des trois usages
de l?eau les plus importants, l?eau potable (pour les usagers disposant d?un branchement
particulier) et l?agriculture. En effet, en France métropolitaine, l?agriculture représente 58 %
du total de la consommation d?eau, l?eau potable 26 %, le refroidissement des centrales
électriques 12 % et les usages industriels 4 %1 (SDES, 2025).
Le document est structuré comme suit : après avoir rappelé les principaux concepts de
l?économie de l?eau (partie I), il propose un état des lieux des connaissances relatives au prix
de l?eau potable (partie II) et au prix de l?eau agricole (partie III), en considérant les aspects
d?efficacité économique et d?équité. Enfin, il se concentre sur la question de la redevance
pour prélèvement, en analysant son évolution au cours de ces dix dernières années, et en
proposant des pistes d?améliorations pour développer son caractère incitatif et en faire un
outil plus efficace en faveur d?une gestion durable de l?eau (partie IV).
1 Il convient de distinguer les prélèvements en eau, correspondants aux flux d?eau pris dans le milieu mais dont une partie pourra lui
être restituée plus tard, des consommations en eau, qui tient compte de ces restitutions au milieu. Bien que représentant une part
minoritaire des prélèvements en eau, l?irrigation ne restitue qu?une part limitée de l?eau au système (une grande partie étant
évapotranspirée par le couvert végétal et le sol), ce qui explique sa part dominante dans la consommation.
? 6 - Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource
Le prix de l?eau, un instrument de financement et de gestion de la demande
Les bénéfices tirés de la disponibilité d?une ressource en eau de qualité sur un territoire sont
variés, allant des usages directs comme l'eau potable et l'irrigation, aux services
écosystémiques indirects comme la régulation du climat, le support d?habitats naturels, etc.
Au regard de ces bénéfices, les coûts économiques de l?usage de l?eau incluent les coûts de
production du service en question (fonctionnement, maintenance, capital) mais aussi le coût
d'opportunité c?est-à-dire la valeur des bénéfices potentiels perdus lorsque l'eau est utilisée
pour une option plutôt qu'une autre, pour un usager plutôt qu?un autre, dans un contexte de
gestion limitée, et le coût environnemental (dommages aux écosystèmes et services
écosystémiques). Pour recouvrer ces coûts, plusieurs types d?instruments économiques
peuvent être utilisés : le tarif de l'eau, les subventions publiques et les redevances ou taxes
environnementales. Le financement de l?eau désigne la combinaison de ces instruments
retenus pour recouvrer les différents types de coûts. Le prix de l?eau constitue, dans ce
financement, la part directement payée par les usagers. Au-delà de cette fonction de
financement des coûts, le prix de l?eau est aussi un instrument de gestion de la demande, et
plusieurs initiatives récentes aux niveaux national et international appellent à l?utiliser
davantage pour inciter les usagers à économiser l?eau. Toutefois, augmenter le prix pour
couvrir tous les coûts liés à son usage et pour encourager la conservation de l'eau pose des
questions d?acceptabilité sociale. Afin de contribuer à la réflexion collective sur ce sujet
majeur, ce document de travail dresse un panorama des connaissances disponibles sur le prix
de l?eau potable et de l?eau d?irrigation agricole, en s?intéressant plus particulièrement aux
incitations à l?économie d?eau et aux conséquences distributives qui découlent de l?utilisation
de cet instrument. Les autres usages de l?eau, qui sont minoritaires par rapport à l?eau potable
et l?irrigation agricole, ne sont pas traités.
Le prix de l?eau potable en France : un recouvrement insuffisant des coûts de production et
un potentiel à accompagner pour inciter à économiser l?eau
En France, le prix de l'eau potable payé par l?usager inclut le tarif du service de fourniture
d?eau en qualité et quantité appropriées, des redevances pour les coûts environnementaux,
ainsi que des taxes générales comme la TVA. En 2024, il s?élève à 4,69 ¤/m³ TTC ; pour une
consommation de référence de 120 m³ d?un ménage abonné cela correspond à une facture
annuelle de 563 ¤/an. Les recettes issues de la tarification demeurent insuffisantes pour
couvrir la totalité des dépenses d?exploitation et d?investissement : pour assurer un
renouvellement durable du patrimoine existant, il faudrait investir entre 0,3 et 4,8 Md¤/an
supplémentaires (selon l?hypothèse sur les durées de vie des équipements). À ce déficit de
financement s?ajoute les besoins d?investissement futurs relatifs au traitement des
micropolluants qui seront nécessaires pour la mise en application des nouvelles exigences de
la directive Eaux résiduaires urbaines (DERU) en cours de révision. Si l?on devait financer ces
investissements supplémentaires par les recettes issues de la tarification, cela impliquerait
une hausse de 2 % à 35 % par rapport à leur niveau moyen de 13,6 Md¤.
Outre la couverture des coûts de production du service, la législation française a encouragé
progressivement une facturation de l'eau qui intègre des enjeux environnementaux puis
sociaux : la loi sur l?eau de 1992 contraint fortement la pratique de la tarification au forfait,
puis la loi sur l'eau et les milieux aquatiques (LEMA) de 2006 recommande l?abandon des
formes tarifaires jugées non incitatives. Enfin, la loi visant à préparer la transition vers un
Synthèse
Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource - 7 ?
système énergétique sobre et portant diverses dispositions sur la tarification de l'eau et sur
les éoliennes dite « loi Brottes » de 2013 introduit la tarification sociale de l?eau. Les
collectivités locales ont cherché à adapter leurs pratiques en conséquence et elles sont de
plus en plus nombreuses à proposer des tarifications progressives pouvant en théorie
répondre à des objectifs à la fois sociaux et environnementaux.
L?intégration dans la facturation de ces nouveaux enjeux pose la question de son impact sur
la consommation dans une logique de sobriété. Dans les études françaises, l'élasticité-prix de
la demande d'eau potable varie entre - 0,1 et - 0,6, ce qui signifie que lorsque le prix augmente
de 10% la consommation baisse de 1 à 6 %. Une meilleure information des consommateurs sur
le niveau des prix et des mesures d?accompagnement non tarifaires apparait nécessaire pour
leur permettre d?adapter leur consommation en réponse à une hausse du prix. S?agissant du
volet social, selon la littérature, l'accès à l'eau pour les ménages à faible revenu pourrait être
assuré par des dispositifs d'aide en dehors de la facture, plutôt que par des grilles tarifaires
progressives. Ces dernières peuvent être complexes à mettre en oeuvre, ne se révèlent pas
toujours efficaces pour cibler tous les ménages concernés, et peuvent perturbent les
messages sur la prise de conscience du coût de l'eau.
Le prix de l?eau agricole : un recouvrement également insuffisant du coût de production du
service, et des incitations à renforcer
L?agriculture est le premier consommateur d?eau dans de nombreuses régions. Il n?existe pas
de données consolidées sur le prix de l?eau pour l?irrigation. Dans les réseaux collectifs
d'irrigation sous pression, le tarif moyen de l'eau est évalué à 0,15 ¤/m³ en 2015. À ce tarif
s?ajoute la redevance prélèvement, qui pour l?irrigation non gravitaire varie selon les agences
de l?eau, allant de 0,85 à 2,57 centimes ¤/m3, et représente ainsi de 5 % à 14 % du prix de l?eau
en ordre de grandeur. La tarification binomiale qui combine une part forfaitaire et une part
volumétrique, est la plus courante. La tarification de l?eau dans les périmètres irrigués couvre
bien les coûts d?opération et de maintenance, mais ne couvre que de façon très partielle les
coûts du capital liés à l?investissement, dont une part est prise en charge par des aides
publiques. S?agissant du coût d?opportunité de la ressource, la redevance prélèvement est
considérée comme insuffisante pour inciter aux économies d?eau et ne reflète pas
suffisamment la réalité de la tension sur la ressource.
La littérature confirme que l?élasticité-prix de l?eau agricole, bien que très variable selon les
contextes, peut être significative. L?utilisation de l?instrument prix peut cependant être
limitée par des contraintes d?acceptabilité sociale. Les expériences de réformes des politiques
de l?eau menées dans certains pays de l?OCDE montrent que le développement de signaux-
prix pour gérer la demande a toujours donné lieu à des politiques d?accompagnement, voire
à des changements structurels dans les politiques de l?eau au niveau national. Ces politiques
d?accompagnement prennent la forme de compensations financières (par exemple : rachat
des droits d?eau aux irrigants par l?État en Australie), de politiques de soutien de l?offre (par
exemple : désalinisation et traitement des effluents des villes en Israël) ou de politiques de
soutien à l?équipement pour améliorer l?efficacité de l?irrigation.
Dans un contexte de tensions sur l?eau, aggravées par le changement climatique, la redevance
pour prélèvement est un instrument pertinent pour inciter à économiser l?eau mais pourrait
être améliorée
L'adaptation au changement climatique mobilise une diversité d'instruments dans plusieurs
domaines, tels que la sobriété, la réutilisation des eaux usées, l'innovation et les solutions
fondées sur la nature. En France, la redevance pour prélèvement d'eau vise à intégrer le coût
de la rareté de l'eau dans le prix total, favorisant une meilleure allocation de la ressource. Elle
est pertinente car elle est alignée avec la gestion par bassin hydrographique. Elle est source
? 8 - Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource
de financements à l?échelle du bassin hydrographique pour les agences de l?eau, permettant
ainsi de prioriser les actions à l?échelle de gouvernance pertinente.
Aux côtés de la redevance pour prélèvements, d?autres instruments ont pris une dimension
incitative pour économiser l?eau ces dernières années, notamment la tarification progressive.
Ils peuvent lui être utilement complémentaires car ils contribuent à l?effort collectif
d?économie d?eau, mais ils n?ont pas vocation à s?y substituer. Par ailleurs, les tarifs varient
d'une commune à l'autre, ce qui ne permet pas d'établir, via le prix, un signal unique reflétant
la rareté de l'eau. L?échelle des bassins ou sous-bassins hydrographiques est pertinente pour
gérer les enjeux de partage de la ressource.
La redevance pour prélèvement présente néanmoins plusieurs limites : elle est basée sur les
prélèvements plutôt que sur les consommations, son niveau est souvent trop faible pour être
incitatif, les taux varient selon les usages, et elle ne reflète pas suffisamment les variations
spatiales et temporelles du coût d'opportunité de l'eau. Ces limites réduisent son efficacité
en tant qu'instrument incitatif et économique.
L'introduction de taux planchers, effective depuis décembre 2023, constitue un levier pour
rendre la redevance prélèvement plus incitative, mais ceux-ci ne reflètent pas suffisamment
la rareté de l'eau. Trois pistes d?améliorations sont discutées : une trajectoire pluriannuelle
d?évolution afin de refléter la raréfaction croissante de l'eau, une modulation saisonnière pour
inciter à réduire les prélèvements en période d'étiage et une modulation spatiale plus fine,
comme celle pratiquée par certaines agences de l'eau, pour rapprocher les taux de
prélèvement des conditions locales de rareté. Dans tous les cas, combiner ces incitations avec
des investissements dans l'adaptation au changement climatique pourrait améliorer
l'acceptabilité sociale des réformes, en offrant des solutions concrètes aux usagers.
Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource - 9 ?
L?eau est considérée dans le cadre de l?analyse économique comme un bien collectif, car ses
usages sont le plus souvent rivaux (la consommation d?eau par un usager en prive les autres
usagers) et difficilement excluables (il est en pratique difficile ou coûteux d?exclure certains
usagers). Par ailleurs, la ressource en eau est susceptible d?être atteinte par des pollutions
qu?elle peut ensuite véhiculer et transmettre à d?autres milieux, considérées comme des
externalités environnementales. Ce caractère de bien collectif et la présence d?externalités
justifient la régulation des usages de l?eau et des pressions qui s?exercent sur la ressource, car
le marché seul est inefficace pour en garantir une gestion efficace.
Pour analyser le rôle des instruments fondés sur les prix dans l?utilisation durable de l?eau, il
est nécessaire de clarifier les notions fondamentales utilisées en économie de l?eau que sont
la valeur économique de l?eau, les coûts de l?eau et le prix de l?eau concourant au recouvrement
de ces coûts.
A. Les bénéfices et les coûts de la ressource en eau
La valeur économique de l?eau résulte des bénéfices que les utilisateurs retirent de l?eau pour
un ensemble varié d?usages donnés. Ces bénéfices peuvent être directs, comme dans le cas
de l?eau potable, de l?eau utilisée comme intrant pour l?irrigation des plantes cultivées, ou de
l?eau utilisée pour refroidir les centrales nucléaires. Ils peuvent aussi être indirects, à travers
le rôle de l?eau dans le bon fonctionnement des écosystèmes et la fourniture de services
écosystémiques. Les zones humides, par exemple, fournissent de multiples services
écosystémiques (CGDD, 2018) : stockage du carbone, régulation de la qualité des eaux de
surface, atténuation des phénomènes de crue, etc. Dans le cas des cours d?eau, un débit
minimum biologique est nécessaire pour satisfaire les fonctionnalités écologiques du milieu.
La valeur marginale de l?eau (la valeur attribuée à la dernière unité consommée) est très élevée
pour des niveaux de consommation faibles, puis elle diminue quand le volume consommé
augmente.
Le coût économique de l?eau englobe trois dimensions principales :
? Le coût de production associé à la fourniture du service d?eau aux usagers. Ce coût
de production est habituellement défini comme la somme des coûts de
fonctionnement, des coûts de maintenance et du coût du capital. Les coûts de
fonctionnement couvrent les actions nécessaires à la bonne fourniture du service
« au quotidien » : pompage dans les eaux de surface ou les nappes souterraines,
traitement de l?eau, acheminement de l?eau des lieux de production vers les lieux
de consommation, contrôle de la qualité, etc. Ces activités nécessitent en outre
du matériel et des infrastructures, ce qui implique des investissements à l?origine
d?un coût du capital incluant le coût de l?investissement lui-même et le coût de son
financement. Plusieurs facteurs, essentiellement locaux, peuvent impacter le
niveau du coût de production : la situation des ressources en eau, le type de
réseau, la densité des usagers, l?historique des investissements et de leur
maintenance, auquel on pourrait ajouter les modalités et échelles de gestion des
services.
I. PRINCIPAUX CONCEPTS DE L?ÉCONOMIE DE L?EAU :
VALEUR, COÛTS ET PRIX
? 10 - Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource
? Le coût d?opportunité de la ressource correspond à la perte d?utilité collective liée
aux opportunités perdues par certains usagers du fait d?une allocation inefficace
de la ressource. Le coût d?opportunité est intrinsèquement lié à la rareté de la
ressource et à son caractère rival : si un utilisateur prive par son usage de l?eau un
autre utilisateur, présent ou futur, qui portait une valeur plus élevée pour l?eau, les
pertes de bénéfices pour ce dernier peuvent être supérieures aux gains que le
premier en retire. Ceci est à l?origine d?une perte d?utilité pour la collectivité des
usagers concernés. Selon la théorie économique, une répartition efficace de la
ressource en eau est atteinte lorsque la valeur que chaque utilisateur attribue à
une unité supplémentaire d'eau pour son usage est équivalente entre tous les
usagers. En théorie, cette égalisation peut être réalisée en mettant en place un
signal-prix (sous forme de taxe ou de redevance) unique pour tous les usagers.
? Le coût environnemental représente le coût des dommages que les utilisations de
l?eau font subir à l?environnement et aux écosystèmes et à ceux qui utilisent
l?environnement (par exemple, les eaux rejetées non suffisamment dépolluées vont
réduire la qualité écologique des écosystèmes aquatiques). Ils sont liés aux
externalités générées par l?utilisation actuelle des ressources et se composent de
coûts de pollution et de coûts liés à la perte de services écosystémiques.
B. Les instruments économiques de recouvrement des coûts
Différents instruments économiques peuvent être mobilisés pour couvrir des types de coûts
distincts :
? Le tarif de l?eau, qui est facturé par l?opérateur, sert à rémunérer le service de l?eau
(approvisionnement en eau potable, assainissement des eaux usées, irrigation
agricole).
? Les subventions publiques peuvent être utilisées pour couvrir une partie des coûts
du service, par exemple les investissements dans le renouvellement du capital.
? Les redevances et/ou taxes environnementales visent à recouvrer les coûts
d?opportunité de la ressource et les coûts environnementaux.
Cette approche « un objectif, un instrument », est conforme au principe de Tinbergen (1954)
qui stipule qu?il est nécessaire de mettre en place un nombre d?instruments au moins égal au
nombre d?objectifs indépendants de politique publique.
Le financement de l?eau désigne la résultante d?une combinaison de ces instruments visant à
recouvrer les différents types de coûts, il est le fruit d?arbitrages économiques et politiques.
Le prix de l?eau constitue, dans ce financement, la part directement payée par les usagers. En
France par exemple, le prix de l?eau potable se compose du tarif du service auquel s?ajoutent
des redevances permettant de couvrir certains investissements et externalités
environnementales. Ces redevances sont présentées plus en détail dans l?encadré 1. Enfin, il
s?y ajoute des taxes relavant de la fiscalité générale mais n?ayant pas pour objectif de
recouvrer les coûts de l?eau (taxe sur la valeur ajoutée principalement).
Les différentes composantes du prix de l?eau sont fixées par des acteurs distincts. En France,
la fixation des tarifs et redevances environnementales est encadrée par plusieurs textes
législatifs et réglementaires, notamment le Code de l'environnement, la loi sur l'eau du
3 janvier 1992, la loi sur l'eau et les milieux aquatiques du 30 décembre 2006, la loi NOTRe du
7 août 2015, ainsi que divers décrets, arrêtés et instructions ministériels. S?inscrivant dans ce
cadre législatif et réglementaire, le tarif des services d?eau potable et d?assainissement est fixé
au niveau local par la municipalité ou l?intercommunalité responsable sur son territoire de la
distribution de l?eau potable et/ou de la dépollution des eaux usées avant rejet dans le milieu
Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource - 11 ?
naturel. Le tarif des services d?irrigation agricole collective est quant à lui fixé par le maître
d?ouvrage du périmètre irrigué correspondant.
S?agissant des redevances environnementales, le Parlement vote directement les taux (cas de
la redevance pour pollution diffuse) ou les plafonds des taux des redevances. Il précise
également, à travers les lois de finances, le montant total des recettes fiscales que les agences
de l'eau peuvent collecter par année. À l?intérieur de ce double cadre contraint (taux plafonds
ses redevances et plafond de recettes), le conseil d?administration de chaque agence de l?eau
vote les taux de redevance réels. Ces taux peuvent être modulés en fonction des facteurs
géographiques, environnementaux, économiques et sociaux locaux pour atteindre des
objectifs environnementaux spécifiques (encadré 1).
La combinaison de ces divers instruments économiques vise à différents niveaux de
recouvrement des coûts, caractérisés de la façon suivante (Farnault & Leflaive, 2024) :
? recouvrement intégral des coûts : les recettes issues de la tarification aux usagers
couvrent à elles seules le coût de production des services d?approvisionnement en
eau. Le Conseil de l?OCDE sur l?eau préconise que les tarifs soient fixés selon cet
objectif de recouvrement quand cela est possible (OCDE, 2016) ;
? recouvrement durable des coûts : dans cette approche, le coût de production des
services est également recouvert intégralement, pas seulement par les tarifs mais
par une combinaison incluant les tarifs, les subventions publiques et les aides
extérieures (par exemple : transferts internationaux, fondations)2. Cette notion de
recouvrement durable a été introduite au début des années 2000 pour prendre
acte du fait qu?en pratique, les tarifs seuls peuvent ne pas suffire pour couvrir tous
les coûts de production, en particulier les coûts d?investissement et de
renouvellement du patrimoine. Le terme « durable » s?entend ici au sens
patrimonial, c?est-à-dire permettant la conservation et le renouvellement du
capital du service d?eau.
? recouvrement général des coûts : dans cette approche plus complète encore, en
plus du recouvrement durable du coût de production des services, le coût
d?opportunité de la ressource et le coût environnemental sont recouvrés par des
recettes provenant de redevances et/ou des taxes environnementales ayant pour
assiettes le prélèvement, la pollution et d?autres utilisations de l?eau.
Le recouvrement général des coûts, conforme aux attentes de la DCE, est considéré comme
un idéal à atteindre pour une gestion durable et efficace des ressources en eau. Il doit
permettre d?assurer un financement pérenne des investissements et de la maintenance du
capital, tout en encourageant les usagers à adopter une consommation plus sobre de l'eau en
reflétant le coût total de l'approvisionnement, y compris les externalités environnementales.
Cependant, sa mise en oeuvre pratique est complexe en raison de plusieurs obstacles. D'une
part, des difficultés techniques surviennent dans l'estimation et le dimensionnement des
coûts d'opportunité de la ressource et des coûts environnementaux qui ne peuvent être
directement mesurés. D?autre part, des défis d'acceptabilité sociale émergent, notamment
en raison du coût de production des services déjà élevé si l?on intègre le coût du capital
(Farnault & Leflaive, 2024).
2 Cette combinaison d?instruments correspond aux 3Ts (tariffs, taxes and transfers) développés par l?OCDE (OCDE, 2009).
? 12 - Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource
Encadré 1 : les redevances sur l?eau en France,
état des lieux et réforme de 2025
Les redevances des agences de l?eau sont essentielles pour financer la politique de l?eau. Elles
sont perçues auprès des usagers et pollueurs de l?eau et sont utilisées pour accorder des aides
aux collectivités, aux industriels, aux agriculteurs et aux associations pour lutter contre la
pollution des eaux, restaurer et préserver les milieux aquatiques, et garantir la qualité et la
disponibilité de l?eau. En 2025, le système des redevances a fait l?objet d?une révision avec
plusieurs objectifs : rééquilibrer progressivement l?origine des contributions des usagers pour
moins faire peser la fiscalité de l?eau sur les ménages, valoriser les efforts des collectivités pour
une gestion patrimoniale vertueuse, accroître les capacités financières des agences de l?eau
dans le cadre du déploiement du Plan eau et réduire les prélèvements sur la ressource en eau.
À partir du 1er janvier 2025, les modifications suivantes ont été apportées :
? la redevance pour pollution domestique et les redevances pour modernisation des
réseaux de collecte pour les ménages et les industriels ont été supprimées ; la
redevance sur consommation d?eau potable a été créée, elle s?applique à tous les
usagers raccordés au réseau d?eau potable avec un taux identique, sans limitation de
volume ni exonération à l?exception de l?élevage ;
? la redevance de performance des réseaux d?eau potable et la redevance de
performance des réseaux d?assainissement collectif ont été instaurées. Leurs taux sont
modulés selon la performance des services afin d?inciter les collectivités gestionnaires à
maitriser les fuites d?eau et les rejets polluants ;
? Les plafonds des taux de redevance de prélèvement ont été relevés et des taux
planchers ont été instaurés.
Principaux axes de la réforme
Source : adapté par les auteurs à partir de la Fiche Repère 05 : la réforme des redevances, Les agences
de l?eau, 2024
Par ailleurs, avant même la réforme, les agences de l?eau ont mis en place conditionnalité des
aides qu?elles versent aux collectivités pour le co-financement de projets d?investissement dans
les SPEA à la fixation d?un prix minimum de l?eau par la collectivité.
AVANT APRES
Redevance prélèvement Relève des taux plafonds et
instauration de taux planchers
Redevance prélèvement (sans majoration
Grenelle)
Redevance pollution domestique Redevance sur la consommation d?eau potable
Redevance modernisation des réseaux de
collecte (MRC) payée par les ménages
Réforme Redevance pour performance des systèmes
d?assainissement
Redevance pour performance des réseaux
d?eau potable
Redevance MRC payée par les industriels
Redevance pollution industrielle Redevance pollution industrielle
Redevance prélèvement industriel Relève des taux plafonds et
instauration de taux planchers
Redevance prélèvement industriel
Redevance pollution diffuse (phytosanitaire) Redevance pollution diffuse (phytosanitaire)
Redevance prélèvement agricole/irrigation Relève des taux plafonds et
instauration de taux planchers
Redevance prélèvement agricole/irrigation
Autres redevances (pisicole?) Autres redevances (pisicole?)
Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource - 13 ?
Ainsi, une étude de la Commission européenne de 2022 révèle que seuls un tiers des États
membres de l'Union européenne parviennent à des niveaux de récupération des seuls coûts
de production égaux ou supérieurs à 100 % pour les services d'eau potable et d'assainissement
(SPEA). Pour 41 % des États membres, ces niveaux sont compris entre 80 et 100 %, tandis que
pour 15 % le taux est inférieur à 70 %. Les niveaux de récupération des coûts de production
pour l'irrigation sont significativement plus bas que pour l'eau potable et l'assainissement,
avec des différences notables au sein des pays en raison des types d'irrigation, des bases de
tarification, de l'âge des infrastructures, du type de gestion, et de la provenance de l'eau
d'irrigation (collective ou auto-prélèvement). Les niveaux de récupération des coûts de
production moyens rapportés par les États membres varient de 8 % à 92 %, excluant l'auto-
prélèvement où la récupération des coûts peut atteindre 100 % (Farnault & Leflaive, 2024)3.
Dans la pratique, certains coûts non recouvrés sont régulés par d?autres instruments de
politique environnementale, en particulier via des instruments quantitatifs de gestion de l?eau
(Weitzman, 1974)4. C?est par exemple le cas des coûts d?opportunité de la ressource. De
nombreux pays ont ainsi mis en place des systèmes de priorité d?usage et/ ou des restrictions
quantitatives pour les périodes de pénurie d?eau, afin d?éviter que des usages de faible ou de
moindre valeur n?évincent les usages vitaux ou essentiels. En situation de pénurie d?eau, le
coût associé à ces restrictions différenciées est ainsi porté par les usages considérés comme
non prioritaires.
Selon la théorie économique, il serait cependant plus efficace d?utiliser les instruments
économiques (prix administrés ou marchés de droits) pour réduire le coût d?opportunité de
la ressource, en incitant les usagers à mieux utiliser l?eau en fonction de leurs coûts et
bénéfices marginaux. De plus, à long terme, ils encouragent l?innovation. Cependant, des
contraintes d?acceptabilité sociale (en plus des contraintes pratiques) peuvent en partie
expliquer le choix de privilégier des instruments quantitatifs pour gérer la rareté de la
ressource. En effet, l?approche par les prix implique un coût supplémentaire (sous forme de
taxe ou redevance), tandis que les volumes consommés soumis à des restrictions restent
souvent gratuits dans un système de régulation quantitative.
Dans le futur, du fait des effets du changement climatique, la baisse de la disponibilité de
l?eau douce et l?accélération de la dégradation générale de l?environnement devraient
augmenter le coût d?opportunité de la ressource et le coût environnemental. Le coût de
production pourrait aussi tendre à augmenter du fait de l?évolution des coûts de l?énergie, du
coût de renouvellement des infrastructures et de réseaux, du coût de traitement des
polluants émergents, etc. (figure 1). Ces diverses évolutions risquent de bouleverser les
mécanismes de recouvrement des coûts et nécessiteront de trouver de nouveaux équilibres
de recouvrement qui pourraient avoir un impact fort sur le prix de l?eau.
3 Les auteurs du rapport de l?OCDE signalent que l?ensemble de ces chiffres doivent être interprétés avec prudence en raison de la
base de connaissances fragmentée et des approches variées pour évaluer ces taux.
4 Weitzmann (1974) explique que dans le cas d?une politique environnementale, on peut soit fixer le prix (par exemple via une taxe)
soit fixer la quantité (par exemple un quota ou un plafond d?émissions). Le choix entre prix ou quantité dépend de la forme des
coûts et des bénéfices pour la société. Si les coûts de réduction de l?externalité environnementale changent peu, il est préférable
de fixer une quantité?; si les coûts varient beaucoup, il est préférable de fixer un prix.
? 14 - Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource
Figure 1 : coûts de l?eau à recouvrer
Source : adapté par les auteurs à partir de OCDE (2021)
Au-delà de cette fonction de recouvrement des coûts, le prix de l?eau est aussi un instrument
de gestion de la demande, c?est-à-dire qu?il peut être utilisé pour inciter les usagers à
économiser l?eau. Cette capacité du prix de l?eau à servir cet objectif dépend de son caractère
incitatif, mesurable par l?élasticité-prix de la demande (encadré 2). Pour évaluer cette
élasticité, il est nécessaire de définir des fonctions de demande. Une fonction de demande est
une relation mathématique qui exprime la quantité d'un bien demandée ? ici l'eau (la variable
à expliquer) ? en fonction de plusieurs paramètres susceptibles d?influencer cette quantité
(les variables explicatives). En d'autres termes, elle décrit comment les usagers modifient leur
consommation en réponse aux changements de facteurs économiques, sociaux ou
environnementaux. L'établissement empirique de cette relation nécessite des données
historiques sur ces variables.
Evolution des coûts de l?énergie, coûts de
renouvellement des infrastructures et
réseaux, traitement des polluants
émergents, etc.
Tarifs, taxes et
transferts
Coût de
production
Redevances
pollution,
prélèvement et
sur les autres
utilisations de
l'eau
Coût
environnemental
Et
Coût
d?opportunité de
la ressource
Dégradation générale de l?environnement
Compétition accrue entre les usages
Mécanisme de
recouvrement
Type de coûtNiveau de
recouvrement
des coûts
DURABLE ou
INTEGRAL
GENERAL
Temps
Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource - 15 ?
L?élasticité-prix de la demande en eau potable et en eau d?irrigation sont analysées en détail
dans les parties II et de III.
C. Les différentes formes tarifaires du service public d?eau et leurs implications
sociales et environnementales
La tarification optimale des monopoles naturels
La tarification optimale des services publics d?eau a fait l?objet d?une vaste littérature
économique. Les services publics d?eau sont typiquement considérés dans le cadre de
l?analyse microéconomique comme des « monopoles naturels », du fait de la présence de
coûts fixes liés à la construction et l?entretien des réseaux qui induisent des rendements
d?échelle croissants5, impliquant que le coût moyen est décroissant (économies d?échelle) et
toujours supérieur au coût marginal 6.
Au-delà de la forme tarifaire elle-même, la question du niveau d?investissement en capital est
également cruciale. En effet, pour pouvoir assurer un service d?eau durable à long terme aux
usagers, l?opérateur d?eau doit être incité à utiliser le capital à bon escient et à financer de
manière optimale la capacité du système d'approvisionnement.
Du point de vue de la théorie économique, en l?absence de régulation, l?opérateur fixe son
prix au-dessus du coût marginal de production dans le but de maximiser son profit et il choisit
de produire la quantité pour laquelle le coût marginal est égal au revenu marginal. Cette
situation conduit à une restriction de l?offre et un prix plus élevé par rapport à la concurrence
parfaite. Le surplus collectif, correspondant à la somme du surplus du producteur et du
5 Dans le cas des rendements d?échelle croissants, si on double l?ensemble des quantités de facteurs de production, la production
fait plus que doubler.
6 Le coût marginal est défini comme le coût d?une unité supplémentaire produite. Il peut varier ou être constant en fonction de la
quantité produite.
Encadré 2 : élasticité-prix à la consommation
L?élasticité-prix ?? est le rapport entre la variation relative de la demande ?? d?un bien et la
variation relative du prix de ce bien entre une période 1 et une période 0, telle que :
?? =
(??1 ? ??0)
??0?
(??1 ? ??0)
??0?
Ce rapport est :
? négatif lorsque le prix augmente et la quantité demandée diminue et réciproquement.
? nul lorsque le prix varie et la quantité demandée reste constante. Cela peut être le cas
des biens de première nécessité, des biens sans substituts proches, des biens
addictifs, des biens avec des contrats à long terme ou avec des coûts de changement
élevés ;
? positif si lorsque le prix augmente la quantité demandée augmente : c?est le cas des
biens de positionnement dont le prix est perçu comme un signe de prestige (biens de
Veblen) ou de biens inférieurs (biens de Giffen).
Une élasticité égale à - 0,4 signifie que lorsque le prix augmente de 10 % la consommation de ce
bien diminue de 4 %.
? 16 - Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource
surplus du consommateur7, est ainsi inférieur à l?optimum social qui pourrait être atteint en
fixant un prix égal au coût marginal.
Dans la théorie, le régulateur dispose de plusieurs solutions pour pallier cette défaillance de
marché :
? Une tarification au coût marginal. Cependant, en présence de rendements
d?échelle croissants, elle ne permet pas de couvrir les coûts fixes et conduit
nécessairement au déficit du monopole. Celui-ci peut être comblé par le biais de
subventions financées par le contribuable, mais cette solution comporte des
risques multiples : distorsions liées à la fiscalité nécessaire pour financer la
subvention, aléa moral, risque de capture réglementaire8, etc. ;
? Une tarification dite de « moindre mal » suivant la règle de Ramsey-Boiteux. Elle
consiste à fixer un prix supérieur au coût marginal, mais inférieur au prix du
monopole non régulé, et qui respecte la contrainte d?équilibre budgétaire du
monopole. L?écart entre le prix et le coût marginal doit être inversement
proportionnel à l?élasticité de la demande ;
? Un tarif binôme comprenant une partie fixe (ou forfaitaire) et une partie variable.
La partie fixe permet de couvrir les coûts fixes et d?atteindre l?équilibre budgétaire,
tandis que la partie variable est fixée à un taux uniforme égal au coût marginal de
production et permet d?atteindre une allocation efficace de l?eau entre les
usagers. Une limite de cette approche est que la part forfaitaire, si elle est élevée,
peut conduire certains usagers à ne pas recourir au service, ce qui l?éloigne d?un
optimum de premier rang.
La pratique de tarification des opérateurs
Si le tarif de l?eau a pour vocation essentielle de recouvrer les coûts de production du service
pour les usagers et d?assurer la viabilité financière de l?opérateur qui le fournit, en pratique il
est parfois utilisé pour concourir aux autres objectifs de la politique de l?eau, qui appellent
des arbitrages en matière de tarification (lorsque la recherche de la maximisation sur un de
ces axes peut se faire au détriment d?un autre) : efficience économique, accessibilité
financière pour les usagers et viabilité écologique (figure 2).
7 Le surplus du consommateur est la différence entre le consentement à payer maximal pour acquérir un bien et le prix de ce bien.
Le surplus du producteur représente la différence entre le prix auquel le producteur était prêt à vendre un bien et le prix de ce bien.
8 Concept d?économie industrielle qui désigne une situation où une autorité de régulation ayant vocation à représenter l?intérêt
général, agit finalement dans l?intérêt des entreprises qu?elle doit contrôler en raison de relations de proximité et d?influence.
Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource - 17 ?
Figure 2 arbitrages entre objectifs politiques affectant le niveau et la structure des prix
Source : OCDE, 2010 d?après Massarutto, 2007
Ainsi, dans la pratique, trois grands types de formules tarifaires sont appliqués pour les
services d?eau (Montginoul, 2007) :
? la tarification forfaitaire lorsque la facture ne dépend pas de la consommation
d?eau ;
? la tarification volumétrique lorsque la facture est strictement proportionnelle à la
consommation ;
? et la tarification binomiale lorsqu?il existe une part fixe et une part variable avec la
consommation.
Dans les formules tarifaires contenant au moins une part variable (volumétrique ou
binomiale), le taux appliqué à la consommation d?eau peut être identique quel que soit le
niveau de consommation (taux constant), varier par palier ou par bloc, ou varier selon la
période considérée (tarifs saisonniers nécessitant des relevés de compteurs plus fréquents via
des compteurs à télérelève). On parle de tarification par paliers croissants ou décroissants,
quand les mètres cubes consommés dans la dernière tranche de consommation sont facturés
à un prix supérieur (paliers croissants) ou inférieur (paliers décroissants) - (figure 3). Dans la
tarification « par blocs », l?intégralité des mètres cubes est facturée au prix de la dernière
unité consommée. Il existe d?autres moyens de faire progresser la part variable de la facture
par exemple en combinant paliers et blocs (Favre & Montginoul, 2018).
? 18 - Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource
Figure 3 : principaux types de structure tarifaire
Source : Montginoul, 2018
Ces différentes formules tarifaires ont des avantages et des inconvénients ainsi que des
impacts en matière de recouvrement financier des coûts, d?incitation à économiser l?eau et
de redistribution. Une tarification forfaitaire est simple à instaurer et à administrer puisqu?elle
ne nécessite pas de compteurs (absence de relevé nécessaire) et elle garantit des recettes
stables au gestionnaire du service. Toutefois, elle n?incite pas les consommateurs à
économiser l?eau. À l?inverse, une tarification volumétrique nécessite des compteurs et leur
relevé ; elle peut inciter à économiser l?eau, mais peut conduire à des difficultés d?équilibre
budgétaire du gestionnaire si les consommations baissent car le niveau des recettes dépend
directement du niveau de consommation. La tarification binomiale est intermédiaire.
Les tarifications par paliers croissants dont Israël est considéré comme pionnier dans leur mise
en place (Dahan & Nisan, 2007) et qui sont très pratiquées aux États-Unis depuis les années
1970 dans le secteur de l?eau potable, ont été mis en avant comme une solution permettant
de combiner des objectifs environnemental et social :
? Inciter à l?économie d?eau puisque le prix marginal augmente par tranche avec le
volume consommé, sachant que le degré d?incitation dépendra du nombre de
tranches et du niveau des tarifs appliqués, et de la bonne compréhension de la grille
tarifaire par le consommateur.
? Garantir un volume minimum de consommation à un prix abordable par
l?intermédiaire d?une tranche dite sociale, subventionnée par les tranches supérieures
de consommation, ce que l?on appelle les subventions croisées. Cette fonction a
rendu cette forme de tarif très populaire dans le monde mais son efficacité est
conditionnée au respect de quatre hypothèses (Agthe & Billings, 1987) : 1/ une valeur
marginale décroissante de l?usage de l?eau, 2/ une élasticité-revenu à la consommation
positive, 3/ une élasticité-prix à la consommation négative, et d?une plus faible
amplitude pour les ménages à haut revenu qui ont un taux d?effort inférieur à celui
des ménages à faible revenu, 4/ l?absence d?approvisionnement alternatif pour les gros
consommateurs.
La tarification par blocs a l?avantage d?être fortement incitative à l?économie d?eau, génère
des recettes plus importantes pour l?opérateur et subventionne moins les gros
consommateurs. Toutefois, elle pénalise fortement les consommations qui se trouvent à la
limite du seuil de chacune des tranches.
Dans tous les cas, la mise en oeuvre de structures progressives par palier ou bloc nécessite de
calibrer les seuils selon des niveaux de consommation de référence et donc de disposer d?une
Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource - 19 ?
estimation précise et régulièrement actualisée des paramètres de la consommation (nombre
d?usagers derrière le compteur notamment). En effet, elle ne peut s?appliquer pour des
usagers partageant un même compteur collectif, que s?il est possible de connaitre le nombre
total de logements afin d?ajuster le seuil des tranches en conséquence. En outre, du fait de la
hausse de facture que la mise en place d?une grille tarifaire progressive peut engendrer pour
les gros consommateurs, ce type de structure tarifaire pourrait inciter ces derniers à se
détourner du réseau de distribution publique en se raccordant à des puits privés ce qui
comporte deux risques : un déséquilibre budgétaire et l?impossibilité de connaître et suivre
leur consommation à partir d?une source autonome.
Les parties II et III présenteront plus en détail l?application concrète de ces formules tarifaires
dans les secteurs de l?eau potable, de l?assainissement et de l?irrigation, et l?évaluation
empirique de leurs impacts environnementaux et sociaux.
? 20 - Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource
Cette partie ne couvre que les questions du prix payé par les abonnés au service d?eau potable
et d?assainissement collectif. En France, entre 80 et 85 % des ménages sont raccordés au réseau
d?assainissement collectif, les autres ménages disposent d?installations individuelles dites
d?assainissement non collectif.
A. En France, un prix de l?eau en augmentation mais qui reste insuffisant pour couvrir
les coûts de production
Le prix de l?eau en France pour l?eau potable et l?assainissement
Le prix total TTC du service d'eau potable et d?assainissement (SPEA) au 1er janvier 2024 en
France est évalué à 4,69 ¤/m³ pour une consommation de référence de 120 m³, correspondant
à une facture annuelle de 563 ¤/an, soit 47 ¤/mois par ménage abonné (OFB, 2025)9.
Il se compose pour 80% des charges des services d?eau potable et des charges des services
d?assainissement (41 % pour l?assainissement collectif soit 2,37 ¤ TTC/m3 et 39 % pour l?eau
potable soit à 2,32 ¤ TTC/m3). Les 20 % restants sont constitués de taxes (TVA de 5,5 % sur
l?eau potable et de 10 % sur l?assainissement) et redevances versées aux agences ou offices de
l'eau, et à Voies navigables de France (VNF) ou autres le cas échéant (OFB, 2025). Parmi ces
redevances, celle pour prélèvement pour l?eau potable se situe en moyenne autour de
0,5 ¤/m3.
Ces valeurs moyennes cachent une hétérogénéité forte sur le territoire. Pour la partie eau
potable, 80 % de la population bénéficie d'un prix TTC compris entre 1,73 ¤/m3 et 3,01 ¤/m3.
Pour la partie assainissement, 80 % de la population bénéficie d'un prix TTC du service
compris entre 1,51 ¤/m3 et 3,41 ¤/m3. Cette hétérogénéité se traduit par des variations de prix
entre régions (figure 4). Elles sont liées à des paramètres fondamentaux qui expliquent le prix
des services (encadré 3). (CGAAER & IGA, 2016)
9 Les données 2023 présentées dans le rapport produit par l?OFB ont été extraites de la base nationale le 28 janvier 2025 pour l?eau
potable, l?assainissement collectif et l?assainissement non collectif. Les taux de couverture de la base de données sont les suivants
en 2023 : 71 % de services et 91 % de population couverte en eau potable, 64 % de services et 88 % de population couverte en
assainissement collectif, 60 % de services et 85 % de population couverte en assainissement non collectif. Les données sur les
prix sont calculées à partir de 6 875 observations pour l?eau potable et 6 688 observations pour l?assainissement, représentant
respectivement 82 % et 75 % des populations couvertes par ces services.
II. LE PRIX DU SERVICE D?EAU POTABLE ET
D?ASSAINISSEMENT COLLECTIF
Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource - 21 ?
Figure 4 : prix moyens appliqués dans les régions en 2023
Source : adapté par les auteurs à partir de OFB (2025)
2,98
4,22 4,31 4,40 4,40 4,53 4,59 4,62 4,74 4,93 5,00 5,14 5,20 5,33 5,34 5,41
5,81 6,01
0,00
1,00
2,00
3,00
4,00
5,00
6,00
7,00
Eu
ro
p
ar
m
èt
re
cu
be
Région
Encadré 3 : les déterminants du prix de l?eau potable
Le rapport du Conseil général de l?environnement et du développement durable et de l?Inspection
générale des administrations (CGAAER, IGA 2016) précise que « les prix payés (par m3 d?eau
consommée) [...] dépendent de conditions essentiellement locales, dont les principaux facteurs sont :
? pour la production et le transport de l?eau potable : la distance, la qualité et la disponibilité
des ressources en eau ;
? pour l?exploitation des réseaux d?eau potable et d?assainissement collectif : le relief, le type
de réseau (séparatif ou unitaire) et surtout la densité des abonnés (donc la densité urbaine et
les taux de raccordement effectif) qui conduit à répartir une même dépense sur plus ou
moins de m3 vendus (l?écart issu de cette différence de densité n?est que partiellement
atténué par le coût plus élevé des travaux en milieu urbain dense) ;
? pour les usines (eau potable et assainissement) : le niveau des traitements (selon la qualité de
la ressource pour l?alimentation en eau potable et selon la sensibilité du milieu récepteur
pour l?assainissement collectif), les traitements des boues et des odeurs, ainsi que les effets
d?échelle favorables aux grandes unités ;
? pour tous les investissements : l?histoire de la création, de l?entretien, des rénovations, des
mises aux normes, et du renouvellement des infrastructures qui ont été réalisées avec des
technologies variées, ont suivi des trajectoires différentes, ce qui génère des échéances de
renouvellement et des charges financières très variables ».
D?autres facteurs impactent le prix de l?eau, dont notamment (OFB, 2024) :
? « les taux de redevances : ils sont arrêtés par les instances de bassin (conseil d?administration
et comité de bassin) dans les limites fixées par la loi, en fonction des pollutions constatées
dans les différentes zones des bassins hydrographiques et des efforts nécessaires pour les
réduire, les éliminer et garantir une bonne qualité des eaux [?] ;
? les choix des services relatifs à la qualité du service (accueil, centre d?appel, etc.) ou aux
choix techniques de traitement [?] ;
? les conditions de financement [?] susceptibles d?impacter le budget et, in fine, le prix du
service (cf. nécessité d?avoir un budget en équilibre) ».
? 22 - Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource
Entre 2003 et 2021, le prix de l?eau a augmenté de 2 %/an, soit légèrement plus que l?inflation,
sous l?effet des évolutions tarifaires de l?assainissement du fait des hausses du taux de la taxe
sur la valeur ajoutée (TVA), l?une en 2012 (de 5,5 % à 7 %) et l?autre en 2014 (de 7 % à 10 %), et
des coûts croissants de mise aux normes des stations d?épuration (FP2E-BIPE, 2020;
Montginoul, 2018). En 2017, les ménages français ont dépensé en moyenne 0,9 % de leur
budget pour régler leur facture d'eau et assainissement, et entre 2000 et 2017, ce ratio est
stable dans le temps, comparé à celui des énergies du logement qui peut fluctuer
sensiblement d?une année à l?autre (3,3 % à 4,4 %), et à celle des communications (2,2 % à
2,9 %) - (FP2E-BIPE, 2020).
Il existe très peu de données permettant de comparer le niveau de prix en France avec ceux
des autres pays. La dernière étude comparative a été produite par l?OCDE en 2010 (OCDE,
2010). Elle montrait, sur la base des données de 2008, que la France se situait alors dans la
moyenne des pays européens, mais bien en-deçà des pays du nord de l?Europe (figure 5) 10.
Figure 5 : niveaux moyens de prix (eau et assainissement) TTC dans les pays de l?OCDE
Source : OCDE, d?après une enquête réalisée en 2008 et des sources publiques validées par les pays
Un taux de recouvrement insuffisant pour couvrir le renouvellement du patrimoine existant
S?agissant des seuls coûts de production, les recettes issues de la tarification des services
apparaissent insuffisantes pour couvrir les besoins de renouvellement du patrimoine existant
des services (MTE et al., 2020).
En effet, sur la période 2013-2016, les dépenses des SPEA se sont élevées annuellement à
15,7 Md¤ (figure 6) ? dont 6,1 Md¤ pour l?investissement ?, alors que les recettes issues de la
tarification sont estimées à 13,6 Md¤. Le reste des dépenses est couvert par des subventions
à hauteur de 1,8 Md¤ et l?endettement (0,3 Md¤).
Les besoins de renouvellement du patrimoine des services ont été estimés entre 6,4 et
10,9 Md ¤/an selon l?hypothèse sur les durées de vie des équipements (entre 2,9 et 4,9 Md¤
pour les installations des services d?eau potable, et entre 3,5 et 6,0 Md¤ pour les installations
des services d?assainissement collectif). Par conséquent, pour assurer un renouvellement
durable du patrimoine existant, il faudrait investir entre 0,3 et 4,8 Md¤/an supplémentaires.
Si l?on devait financer ces investissements supplémentaires par les recettes issues de la
10 Il convient de noter que cette comparaison date toutefois de 2010, dernière année pour laquelle des données normalisées sont
disponibles.
0,49 0,77
1,23 1,40 1,45 1,58
1,85 1,92 1,98 2,02 2,12
2,43 2,44
3,13
3,59 3,74 3,82 3,92 4,14
4,41
5,72
6,70
0
1
2
3
4
5
6
7
8
US
D/
m
3
Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource - 23 ?
tarification, cela impliquerait une hausse de 2 % à 35 % par rapport à leur niveau moyen de
13,6 Md¤. Ces montants, déjà conséquents, concernent seulement le patrimoine existant et
n?incluent pas les besoins d?investissement futur des services pour la gestion des
micropolluants qui seront nécessaires pour la mise en application des nouvelles exigences de
la DERU.
Figure 6 : écart moyen annuel entre les emplois et les ressources des SPEA, moyenne annuelle
2013-2016
Source : MTE et al., 2020
B. Le prix de l?eau est aussi un instrument de gestion de la demande
Le cadre législatif français a encouragé progressivement l?adoption d?un prix de l?eau qui
tende à répondre à des objectifs plus larges que la seule couverture des coûts de production
et de fourniture du service (Montginoul, 2018). En particulier, les redevances de prélèvement
et de pollution mises en place par la loi du 16 décembre 1964 visent à couvrir les coûts liés au
prélèvement sur la ressource et au rejet d?une eau usée traitée dans le milieu. Ensuite, la loi
sur l?eau de 1992 puis la LEMA de 2006 ont ensuite cherché à inciter les usagers à économiser
l?eau :
? la loi sur l?eau contraint fortement la pratique du forfait ;
? la LEMA recommande l?abandon des formes tarifaires jugées non incitatives (telles que
la tarification dégressive), surtout dans des contextes de rareté de l?eau, elle plafonne
la part fixe de la facture et promeut les modes de tarification jugés incitatifs à
l?économie d?eau, comme les tarifs progressifs11 ou les tarifs saisonniers.
11 Cf. l?article L. 2224-12-4 III du Code général des collectivités territoriales, disposant que : « À compter du 1er janvier 2010 et sous
réserve du deuxième alinéa du I, le montant de la facture d?eau calculé en fonction du volume réellement consommé peut être
établi soit sur la base d?un tarif uniforme au mètre cube, soit sur la base d?un tarif progressif. Cette facture fait apparaître le prix du
litre d?eau. ». Cité par Mayol (2017a).
? 24 - Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource
L?enquête réalisée en 2013 par Montginoul (2018) révèle qu?en pratique les collectivités ont
semblé s?adapter au cadre législatif : 96 % d?entre elles pratiquent une tarification binomiale
pour la partie eau potable et 71 % pour l?assainissement (contre respectivement 93 % et 55 %
en 2003). Dans la plupart des cas, la part volumétrique était à taux constant (60 % des
communes en 2013, 57 % en 2003), mais les structures avec paliers croissants sont de plus en
plus nombreuses (de 1 % en 2003 à 27 % des communes en 2013) au détriment des structures
avec palier décroissant (passant de 36 % en 2003 à 4 % en 2013).
L?évolution de ce cadre traduit la reconnaissance par le législateur et les collectivités locales
en charge des SPEA du rôle du prix de l?eau comme un instrument de gestion de la demande
en eau. Cependant, étant donné que la facture d?eau représente en moyenne environ 1 % du
budget des ménages, dans quelle mesure les usagers de l?eau sont-ils réellement sensibles au
prix de l?eau ?
Les études portant sur la fonction de demande identifient plusieurs déterminants significatifs
(García-Valiñas & Suárez-Fernández, 2022) :
? Des facteurs contextuels : les caractéristiques socio-économiques des ménages
(revenu, âge, sexe, éducation, taille du ménage, statut d?occupation du logement),
attributs du logement et de ses équipements.
? Des facteurs environnementaux : conditions météorologiques, saisonnalité, qualité
de l?eau.
? Des facteurs comportementaux, psycho-sociaux : habitudes, sensibilité aux
questions environnementales, etc.
? Le prix de l?eau lui-même
La demande apparaît faiblement élastique au prix mais non nulle : l?élasticité se situe dans une
fourchette de - 0,37 à - 0,51 pour trois méta-analyses internationales (Dalhuisen et al., 2003;
Espey et al., 1997; Sebri, 2014). Il semblerait que la consommation d?eau pour les usages
extérieurs (moins nécessaire à la vie quotidienne) soit davantage élastique au prix (Garcia-
Valinas, 2005). La sensibilité au prix est plus élevée lorsque les tarifs sont élevés puisque la
facture pèse davantage dans le budget des ménages.
En France, les premières estimations sur d?élasticité-prix basées sur des données de 1975 à
1990 s?établissent dans une fourchette de - 0,10 à - 0,20 pour le court terme et de - 0,25 à
- 0,35 pour le long terme (Boistard, 1993). Ces résultats sont confirmés par les travaux menés
ensuite qui révèlent une élasticité-prix de l?ordre de - 0,10 à - 0,20 (Nauges & Reynaud, 2001;
Rinaudo et al., 2012) avec une élasticité plus forte (- 0,60) à long terme après plusieurs années
de croissance continue des tarifs (Nauges & Thomas, 2000).
Ces niveaux d?élasticité sont considérés comme étant faibles, mais, appliqués à de gros
volumes, ils peuvent conduire à des réductions substantielles de consommation. Par exemple,
à partir d?une élasticité prix de - 0,18 calculée pour 300 municipalités dans le Languedoc-
Roussillon (600 000 habitants), un modèle estime qu?une hausse de 1 ¤/m3 du tarif conduirait
à une économie de 1,6 à 3 millions m3/an représentant 10 % du déficit d?eau projeté à moyen
terme dans cette région (Rinaudo et al., 2012).
Après de très nombreuses analyses confirmant la significativité de l?élasticité-prix12 et des
controverses sur la forme du signal (l?usager réagit-il davantage au prix marginal ou au prix
moyen ?), les études récentes mettent dorénavant l?accent sur la nécessité de mieux informer
les usagers sur les niveaux de prix et de rendre lisibles les mécanismes tarifaires mis en place
afin de stimuler une meilleure réponse au signal prix (García-Valiñas et al., 2021; Suárez-
12 La très grande production internationale d?études économétriques visant à estimer les paramètres de la fonction de demande a
entraîné la rédaction de près d?une dizaine de revues de littérature et méta-analyses.
Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource - 25 ?
Fernández et al., 2022). Mais il s?agit également de stimuler leur réaction par des mesures
d?accompagnement non tarifaires afin de leur permettre d?adapter leur consommation en
réponse à une hausse du prix : conseils pour économiser l?eau, distribution de kits
hydroéconomes (Wheeler et al., 2025). La télérelève des compteurs d?eau pourrait également
être efficace pour lutter contre les pertes en eau et réduire les factures en permettant de
détecter et d?alerter l?usager en cas de de fuite ou de consommation anormale. Des
recherches récentes tentent d?identifier les freins à son adoption en France alors que les
usagers ne se disent pas opposés à cette technologie par principe (Montginoul, 2022).
C. Le prix est-il un bon instrument pour favoriser l?accès à l?eau pour tous ?
La part de la facture d?eau dans le budget des ménages
Une des limites de l?objectif de couverture de coût par le prix est qu?il impose des hausses de
prix, ce qui peut poser une question de capacité de payer la facture d?eau et plus largement
d?acceptabilité sociale.
Il n?existe pas de valeur de référence unique au-dessus de laquelle la part de la facture d?eau
dans le revenu des ménages est considérée comme étant non supportable pour les ménages
et justifiant d?enclencher des mesures d?aides sociales. Différentes options ont toutefois été
proposées pour définir ce seuil (Smets, 2009) :
? une analogie avec des seuils retenus dans les pays homologues ou pour un autre
secteur. Par exemple, en France un des indicateurs de précarité énergétique cible
les ménages dont le taux d'effort est supérieur à 8 %, ce qui représente deux fois la
médiane du taux d'effort observé ;
? les recommandations des organisations internationales : 3 % pour le programme
de développement des Nations Unies ; 4 % pour l?OCDE et l?Union européenne.
En France, en moyenne la facture pèse pour environ 1 % du budget des ménages ; mais le taux
de dépense effective peut intégrer des phénomènes d?autorestriction, notamment pour les
ménages à faible revenu, et correspondre à un niveau de consommation insuffisante au regard
des besoins. Par ailleurs, il s?agit d?une valeur moyenne et les situations peuvent être
différentes pour les ménages vulnérables.
? 26 - Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource
Une prise en compte croissante du volet social dans la politique de l?eau
Si ce chiffre moyen est inférieur au plafond généralement admis par les organisations
internationales de 3 à 4 %, le volet social reste un enjeu fort dont se sont saisi les collectivités :
en 2013, avant la loi Brottes, dans 11 % des communes (touchant 15 % de la population), il
existait déjà des dispositifs visant à aider les ménages à payer la partie eau potable de la
facture par divers dispositifs contre moins de 2 % en 2002. Il s?agissait notamment d?abandon
de créance pour tout ou partie du montant dû, de versements au fonds social du logement
ou de mise en place de chèques eau pour aider au paiement de la facture (Montginoul, 2018).
Cette évolution a ensuite été reprise par les récentes législations qui ont intégré des
considérations sociales dans la facture d?eau13. L?article 28 de la loi Brottes de 2013 a introduit
pour les collectivités volontaires la possibilité d?expérimenter pendant cinq ans la mise en
oeuvre d?une tarification sociale de l?eau c?est-à-dire un tarif visant uniquement une catégorie
particulière d?abonnés ? modalité jusque-là interdite au motif du respect du principe de
l?égalité des abonnés face au service public.
Dans ce cadre, 50 communes14 regroupant 11 millions d'habitants ont été autorisées en 2015
à mettre en place différentes mesures (MTE, 2020) 15 :
? Définition de grilles tarifaires tenant compte de la composition ou des revenus du
foyer pouvant inclure une première tranche de consommation gratuite pour les
abonnés en situation particulière de vulnérabilité.
? Attribution d'une aide au paiement des factures d'eau ou pour l'accès à l'eau,
? La loi prévoit que ces mesures expérimentales puissent être financées par le
budget général de la collectivité pour tout ou partie.
? Contribution du budget des SPEA grâce à l?augmentation du montant maximal de
la subvention attribuée au fond solidarité logement (à savoir 2 % des montants
hors taxes des redevances d'eau ou d'assainissement perçues contre 0,5 %
préalablement).
En pratique, sur les 50 collectivités autorisées en 2015, huit ont participé au dispositif
seulement sur une période inférieure à quatre ans. En 2020, 41 participaient encore à
l?expérimentation et 30 ont communiqués des données de suivi.
Les critères les plus fréquemment utilisés pour cibler les bénéficiaires des dispositifs sociaux
ont été (du plus au moins utilisés) : 1/ les revenus du ménage ; 2/ la composition du ménage ;
3/ le statut de bénéficiaire de la couverture maladie universelle complémentaire ; 4/ la part
de la facture d?eau dans les dépenses du ménage ; 5/ le statut de bénéficiaire de l?aide au
paiement d?une complémentaire santé ; 6/ le statut de bénéficiaire du revenu de solidarité
active. L?identification et l?atteinte des bénéficiaires a ainsi fait intervenir différents
partenaires sociaux parmi lesquels les centres communaux d?action sociale, les caisses
primaires d'assurance maladie et les caisses d?allocation familiales ont été les plus mobilisés.
13 En matière de protection des consommateurs, sans être directement une politique sociale en tant quel tel, il faut également noter
que l'article L. 2224-12-4 modifié du Code général des collectivités territoriales qui permet la mise en place d'un plafonnement de
la facture d'eau en cas de fuite après compteur pour les habitations pour protéger l?usager de factures trop élevées.
14 Toutes les tailles de collectivités sont représentées, la plus petite représente 4 500 habitants et la plus importante 4,6 millions
d?habitants. Les réseaux d?eau potable et d?assainissement concernés desservent ainsi une population d?environ 11 millions.
15 Les éléments qui suivent sont repris de l?édition 2020 du rapport d?évaluation de ce dispositif expérimental (MTE, 2020). La
direction de l?eau et de la biodiversité (DEB) du ministère chargé de l?environnement et la direction générale des collectivités locales
du ministère en charge des collectivités territoriales ont été responsables du suivi de l?expérimentation et le Comité national de
l?eau (CNE), avec, en son nom, le comité consultatif sur le prix et la qualité des services publics d?eau et d?assainissement (CCPQSPEA)
a la charge de rédiger les rapports d?évaluation des expérimentations menées.
Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource - 27 ?
Le bilan de la mise en oeuvre rapporte que différents mécanismes ont été testés dont
notamment, et le plus souvent sous forme d?une combinaison de mécanismes :
? Des aides forfaitaires :
o « Chèque eau » nominatif pour s?acquitter d?une partie de la facture auprès du
service d?eau et d?assainissement ou du bailleur, d?un montant indexé sur le prix
de l?eau, la composition ou le revenu du foyer ;
o « Allocation eau » correspondant à une aide forfaitaire directement versée sur le
compte du bénéficiaire ; bien que parfois indexée sur la consommation ou le prix
de l?eau, elle n?est pas pré affectée (ou indirectement) au paiement du service
d?eau et d?assainissement.
? Un tarif social de l'eau : modulation de l'abonnement et du tarif de l'eau (niveau ou
forme de la structure tarifaire) ;
? Des mesures d'accompagnement (soutien aux démarches administratives, conseils
pour économiser l'eau, distribution de kits d?économie d?eau) ;
? Des aides curatives au paiement de factures impayées via l?abondement au fond
solidarité logement ou par l?intermédiaire des centres communaux d?action
sociale.
Près d?un quart des collectivités ont mis en oeuvre des modulations tarifaires, tandis que les
mesures d?accompagnement à la réduction des consommations ont été peu promues.
Le rapport d?analyse de l?expérimentation de 2019 restitue qu?en moyenne entre 2015 et 2018,
15 % de la population des collectivités expérimentatrices a été touché par un des dispositifs
d?aide sociale mis en oeuvre, pour une aide moyenne de 244 ¤/ménage/an et un montant
médian de 49 ¤/ménage/an (MTE, 2019).
Trois principaux obstacles ont été relevés lors des évaluations du dispositif à mi-parcours en
2018 :
? L?identification et l?atteinte des bénéficiaires potentiels, du fait notamment de la
difficulté d?accéder aux données détenues par les administrations de sécurité
sociale pour cibler les ménages, et des difficultés techniques d?identification des
bénéficiaires (croisement des fichiers, ménages vivant en habitat collectif) ;
? Plusieurs collectivités ont rapporté un important taux de non recours aux aides
proposées ;
? Les coûts de gestion de l?aide. Ceux-ci, estimés par les collectivités, sont très
hétérogènes, allant de moins de 500 ¤ à plus de 600 000 ¤ (sur 15 collectivités
ayant renseigné des coûts de gestion pour 2018).
En 2018, l?expérimentation de la tarification sociale permise par la loi Brottes de 2013 a été
étendue jusqu?au 15 avril 2021. Puis, entre-temps, l?article 15 de la loi du 28 décembre 2019
dite « engagement et proximité » a généralisé le dispositif à toutes les collectivités françaises
en charge de l'approvisionnement en eau ou de l'assainissement, qui peuvent toutes
désormais mettre en place une tarification sociale ou toute autre mesure en faveur de l'accès
à l'eau. À ce jour, aucune étude n?a été menée en France sur l?ensemble des communes pour
évaluer les effets redistributifs des mesures et l?impact sur la consommation des ménages
déployées depuis la loi Brottes.
? 28 - Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource
D. Les impacts écologiques et sociaux de la tarification sociale de l?eau
Comme évoqué dans la partie I, les systèmes de tarification progressive peuvent en théorie
répondre à des objectifs à la fois sociaux et environnementaux, en réduisant la facture des
petits consommateurs et en incitant les plus gros consommateurs à réduire leur
consommation. Cette question a fait l?objet de travaux de recherche empirique pour évaluer
les impacts environnementaux et sociaux de ces dispositifs.
La tarification par paliers croissants dont une première tranche à un prix accessible ? pour
cibler les ménages à faible revenu ? qui est subventionnée par les tranches supérieures avec
un tarif plus élevé, pour maintenir l?objectif d?équilibre budgétaire du service, a été
régulièrement appliquée dans le monde depuis les années 1990, avec au départ une vocation
essentiellement sociale, et plus récemment à des fins à la fois environnementale et sociale.
Bien qu?intéressante sur le principe, la littérature et les retours d?expérience montrent qu?elle
n?est pas exempte de défauts (OECD, 2020)16 :
? Elle peut être coûteuse à caractériser et mettre en place si l?on souhaite cibler les
ménages à faible revenu. Le coût administratif de tels dispositifs, nécessitant de
croiser des données démographiques et des données sociales à l?échelle de
chaque abonné est très élevé.
? Elle ne parvient pas toujours à cibler l?ensemble des ménages à faible revenu, voire
peut être régressive (Boland & Whittington, 2000, Whittington & Nauges, 2020)17.
En effet, les conditions de son application peuvent aboutir à des factures plus
élevées pour les ménages les plus pauvres, notamment du fait du non-respect de
l?une des hypothèses fondamentales selon laquelle le niveau de revenu des
ménages est corrélé avec le niveau de consommation (encadré 4).
? Elle vient perturber les messages que l?on cherche à encourager sur la rareté de
l?eau et l?incitation aux économies d?eau. Il est important de préserver
l?information véhiculée par la grille tarifaire sur le coût économique de l?eau (coût
de production du service, coût d?opportunité de la ressource et coût
environnemental) afin d?encourager des comportements de consommation
responsables. Le signal d?une eau peu chère, même pour les premiers mètres
cubes, va à l?encontre du signal de rareté défendu dans un contexte où l?on
cherche à inciter les usagers à économiser l?eau.
Étant donné la difficulté à définir une grille tarifaire générique qui permette de toucher toute
la population concernée et prévenir les effets négatifs de mauvais ciblage, des expériences
d?individualisation des grilles tarifaires sont mis en place pour tenir compte de la taille des
ménages à faible revenu sans toutefois parvenir à améliorer significativement le problème de
ciblage (Whittington & Nauges, 2020).
Finalement, il n'existe pas de solution unique et universelle pour favoriser l?accessibilité
financière de la facture aux ménages vulnérables, une gamme d?options devrait être évaluée
en tenant compte des contextes locaux et des niveaux de stress hydrique (OECD, 2020).
Cependant, la littérature s?accorde généralement sur le fait que, si l?on souhaite privilégier les
aides préventives, il parait plus efficace du point de vue global de la politique de l?eau de
16 D'après OCDE (2020) : « Il existe un large consensus sur le fait que les subventions accordées par le biais des tarifs des services
d'approvisionnement en eau et d'assainissement tendent à être mal ciblées et régressives. Des études montrent que ces subventions
conduisent même à une répartition plus inégale des ressources que si les subventions étaient également distribuées à la population,
en raison d'erreurs d'inclusion et d'exclusion des subventions ».
17 Étant donné la difficulté à définir une grille tarifaire générique qui permette de toucher toute la population concernée et prévenir
les effets négatifs de mauvais ciblage, des expériences d?individualisation des grilles tarifaires ont été mises en place pour tenir
compte de la taille des ménages à faible revenu sans toutefois parvenir à améliorer significativement le problème de ciblage
(Whittington & Nauges, 2020).
Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource - 29 ?
dissocier l?aide sociale de la facture d?eau (Barraqué & Montginoul, 2015, Wheeler et al., 2025).
Cette préconisation est reprise par Leflaive & Hjort (2020) : « Il existe un large consensus sur
le fait que les subventions accordées par le biais des tarifs des services d'approvisionnement
en eau et d'assainissement tendent à être mal ciblées et régressives. Des études montrent que
ces subventions conduisent même à une répartition plus inégale des ressources que si les
subventions étaient également distribuées à la population, en raison d'erreurs d'inclusion et
d'exclusion des subventions ». Des dispositifs de type « chèque eau » sont pertinents car, tout
en conservant les incitations à économiser, ils permettent de faire le lien entre l?aide et le
service d?eau.
Encadré 4 : les retours d?expérience sur la mise en oeuvre de tarifications
progressives
En Belgique, à la fin des années 1990, afin de garantir un accès universel à l?eau, la région
flamande a choisi de délivrer annuellement 15 m3 d?eau gratuits à tout habitant à partir du
1er janvier 1997. Une étude révèle que la mise en oeuvre de cette mesure a conduit à une
hausse du poids de la facture dans le budget des ménages avec les plus faibles revenus
(quatre premiers déciles de revenus) tandis que les ménages avec les plus hauts revenus
(trois derniers déciles) ont vu le poids de la facture dans leur revenu diminuer (Van
Humbeeck, 2000). Montginoul et Barraqué (2015) suggèrent que pour les ménages
pauvres de faible taille (personne seule ou famille monoparentale) le volume gratuit de
15 m3/an est insuffisant pour couvrir les besoins tandis qu?une famille de quatre personnes
peut aisément se satisfaire de 60 m3/an du fait d?économies d?échelle (réalisées
notamment sur la lessive, la vaisselle, l?entretien du logement et les usages extérieurs).
En France, en 2012, à Dunkerque, le tarif est passé d?une tarification binomiale avec une
part variable à taux constant à une structure progressive par paliers croissants (avec
maintien de la part fixe au même montant) avec deux objectifs affichés : encourager une
baisse de la consommation chez les gros consommateurs, et, organiser une redistribution,
les gros consommateurs payant plus pour financer un tarif réduit sur la première tranche,
considérée comme la consommation « normale » ou essentielle. Sur les données de
consommation de 2010 à 2013, une étude révèle que les petits consommateurs ont eu
tendance à augmenter leur consommation tandis que les consommateurs moyens et gros
consommateurs l?ont réduite (Mayol, 2017b). Au global, la consommation agrégée des
ménages a diminué de 10 %. Sur le plan social, la première tranche de consommation
bénéficie d?un tarif réduit pour certains ménages, ce qui vise à protéger les ménages
modestes et à rendre l?eau plus abordable pour eux. Cependant, l?auteur met aussi en
avant que ce système n?est pas sans limites : il peut pénaliser certains « gros
consommateurs » comme les familles nombreuses, qui voient leurs factures augmenter
alors que leur forte consommation n?est pas due au gaspillage mais à la taille du foyer.
Ainsi, la tarification progressive profite globalement aux petits consommateurs (qui sont
souvent, mais pas toujours, les plus modestes), mais elle peut être inéquitable dans
certains cas sociaux spécifiques.
? 30 - Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource
Cette partie ne couvre que les questions du prix payé par les abonnés aux réseaux d?irrigation
collectifs. Les enjeux liés à l?irrigation individuelle n?ont pu être analysés par manque de données.
L?agriculture est le premier secteur consommateur d?eau en France (58 % du total). L?eau est
consommée en majorité par l?agriculture dans les bassins Adour-Garonne (80 % du total),
Loire-Bretagne (59 %) et Rhône-Méditerranée (57 %) - (SDESa, 2023) 18 . Cette part de
l?agriculture dans la consommation est encore plus élevée au printemps et en été, lors de la
période d?étiage pendant laquelle les disponibilités en eau sont réduites. Réduire les
prélèvements en eau agricole, même de façon limitée, constitue donc un enjeu important
pour la préservation des ressources en eau.
Cet enjeu de l?eau agricole est d?autant plus marqué que l?irrigation se développe fortement
depuis une dizaine d?années, après une relative stabilisation eu début des années 2000.
L?évolution des surfaces irriguées dans l?Hexagone depuis les années 1970 se découpe en trois
périodes distinctes19 :
? Entre 1970 et 2000, les surfaces irriguées ont été multipliées par trois, passant de
538 738 ha à 1 575 625 ha, dans un contexte de modernisation de l?agriculture et
d?une politique agricole commune favorable à la production à des fins d?autonomie
alimentaire européenne.
? Entre 2000 et 2010, les surfaces irriguées sont restées stables au niveau national, mais
ont connu des évolutions contrastées selon les régions, dans un contexte globalement
moins favorable à l?irrigation (augmentation des interdictions d?irriguer liées à des
épisodes de sécheresse, réformes de la PAC en faveur du découplage des aides,
montée en puissance des interrogations et des critiques sur l?acceptabilité sociale de
l?irrigation, etc.).
? Entre 2010 et 2020, les surfaces irriguées ont connu un regain de croissance, en passant
de 1 575 586 ha à 1 810 854 ha, soit une augmentation de 14,8 %. Cette augmentation
des surfaces irriguées s?observe dans la quasi-totalité des départements français, avec
toutefois des intensités variables.
Entre 2010 et 2020, les augmentations les plus fortes des surfaces irriguées s?observent dans
le nord et l?est de la France (Figure 7). Ces tendances suggèrent que, sous l?effet du
changement climatique, les problèmes de manque d?eau ne se limitent plus au sud et
concernent désormais l?ensemble du territoire métropolitain. L?augmentation des surfaces
irriguées est de moindre ampleur dans les régions méridionales qui disposaient déjà de
surfaces irriguées importantes, mais reste toutefois significative.
18 En revanche, c?est l?eau potable qui prédomine en Artois-Picardie (57 %) et en Seine-Normandie (53 %), et la production
d?électricité en Rhin-Meuse (36 %).
19 Selon les données des recensements agricoles 1970, 2000, 2010 et 2020.
III. LE PRIX DE L?EAU POUR L?IRRIGATION DANS LE
SECTEUR AGRICOLE
Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource - 31 ?
Figure 7 : évolution des surfaces irriguées en France, 2010-2020
Surface agricole irriguée par département en 2020 Évolution de la surface agricole irriguée par
département entre 2010 et 2020
Source : L'irrigation des surfaces agricoles : évolution entre 2010 et 2020, SDES, Datalab essentiel, février 2024
Cette augmentation des surfaces irriguées entre 2010 et 2020 s?est traduite par une
augmentation des prélèvements en eau pour l?irrigation à l?échelle nationale, évaluée à 13,4 %
(SDES, 2023b). L?augmentation des prélèvements est légèrement moindre que celle de
surfaces (+ 14,8 %), ce qui traduit une très légère réduction des prélèvements en eau à
l?hectare, qui étaient de 1924 m3/ha en 2010 et sont descendus à 1 902 m3/ha en 2020.
A. Le prix de l?eau pour l?irrigation en France
Le prix de l?eau agricole en France est constitué de deux composantes, ayant vocation à
couvrir deux types de coûts :
? Les systèmes de tarification de l?eau mis en place dans chaque réseau collectif
d?irrigation20 pour financer le coût de production : les coûts de fonctionnement et de
maintenance (énergie nécessaire au pompage, réparations de matériel, etc.) et le coût
du capital pour le financement des investissements et la couverture du coût de
dépréciation des ouvrages (infrastructures de stockage, réseaux de distribution de
l?eau vers les exploitations agricoles, etc.).
? Les redevances et taxes collectées par les agences de l?eau pour couvrir les coûts
environnementaux. Pour l?eau d?irrigation, il s?agit de la redevance pour prélèvements.
Les tarifs de l?eau dans les réseaux collectifs d?irrigation et les compagnies d?aménagement
On dispose de trois enquêtes sur la tarification de l?eau d?irrigation dans les réseaux collectifs
en France : une enquête de 1998 au niveau national (Gleyses, 1998) ; de 2004 dans le Bassin
Loire-Bretagne (Gleyses, 2004) ; et de 2017 sur les bassins versants Adour-Garonne, Loire-
Bretagne et Rhône-Méditerranée-Corse (Jourdren et al., 2017) . Dans cette dernière enquête,
322 réseaux ont été analysés, dont 230 réseaux sous pression et 92 gravitaires.
L?étude de Jourdren et al. (2017) fournit une estimation du tarif moyen, défini comme le total
des recettes (incluant les parts forfaitaire et volumétrique) rapporté au volume consommé. Il
est à distinguer du tarif marginal, qui correspond au coût d?une unité supplémentaire
20 Dans le cas d?une irrigation individuelle, ces coûts sont pris en charge directement par l?agriculteur.
? 32 - Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource
consommée. Dans les réseaux sous pression pratiquant un seul tarif (83 % des réseaux sous
pression), le tarif moyen est évalué à 0,15 ¤/m3 en 2015. Cependant, ce tarif moyen masque
une hétérogénéité des situations en termes de formule tarifaire.
Les réseaux d?irrigation collective utilisent des formules tarifaires variées. Dans les réseaux
d?irrigation sous pression, la tarification binomiale est largement majoritaire : elle représente
65 % des réseaux sous pression pratiquant un tarif unique et 72 % des réseaux pratiquant
plusieurs tarifs. Cette prédominance de la tarification binomiale est encore plus forte si l?on
considère les volumes prélevés concernés (Figure 8). La tarification volumétrique (sans part
forfaitaire), qui concerne 10 % des réseaux mais ne représente que 4 % des volumes totaux
consommés. Enfin, la part des tarifications au forfait, sans aucune dimension incitative, reste
significative, avec 20 % des réseaux enquêtés et 16 % des volumes consommés au total.
Figure 8 : prédominance des tarifications binomiales et proportionnelles dans les réseaux
collectifs d?irrigation en France (cas des réseaux pratiquant un seul tarif)
En % des réseaux d?irrigation enquêtés
En % des volumes d?eau consommés
Source : Jourdren et al. (2017)
Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource - 33 ?
Jourdren et al. (2017) fournissent également des estimations des composantes des formules
tarifaires pratiquées, en distinguant la part forfaitaire de la part volumétrique. Dans les
réseaux sous pression à un seul tarif, le montant moyen des tarifs purement forfaitaires à la
surface est de 227 ¤/ha. Pour les tarifs binômes à la surface souscrite, les tarifs sont de 132 ¤/ha
et 0,10 ¤/m3 ; pour les tarifs binômes au débit, ils sont de 62 ¤/m3/heure et 0,11 ¤/m3. Enfin, les
tarifs purement volumétriques ont un tarif moyen de 0,20 ¤/m3. Dans les réseaux gravitaires
pratiquant un seul tarif, seuls des tarifs forfaitaires sont observés21, avec un tarif moyen à la
surface estimé à 92 ¤/ha.
Les tarifs de l?eau pratiqués dans les périmètres irrigués ont évolué dans le temps. La
comparaison des différentes enquêtes suggère qu?ils ont eu tendance à augmenter très
significativement entre le début des années 2000 et 2017, date de la dernière enquête. Cette
augmentation concerne à la fois la part forfaitaire (surfaces ou débits souscrits) et la part
variable (prix de l?eau au m3). Ces résultats sont toutefois à interpréter avec prudence, car les
deux enquêtes ne couvrent pas les mêmes bassins versants entre les deux enquêtes. Selon
Jourdren et al. (2017), plusieurs facteurs pourraient expliquer cette hausse, l?hypothèse
favorisée étant l?augmentation des coûts de l?énergie nécessaire au pompage et à la mise sous
pression du réseau.
S?agissant de l?évolution des formules tarifaires, Jourdren et al. (2017) observent que parmi les
réseaux avec les tarifications forfaitaires, les réseaux les plus récents prédominent. Parmi les
réseaux avec tarification volumétrique ou binomiale, les réseaux les plus anciens sont
légèrement plus fréquents. Selon les auteurs, des raisons financières pourraient expliquer ce
choix : la tarification binomiale ou proportionnelle conduit à des recettes plus variables, car
les consommations peuvent changer d?une année sur l?autre en raison notamment des
conditions climatiques. Or, en début de cycle d?investissement, il convient de sécuriser les
recettes afin d?assurer le remboursement des emprunts. Dans les réseaux plus anciens, au
contraire, le coût du capital serait largement amorti, ce qui autoriserait les gestionnaires à
choisir des formules tarifaires dont les recettes sont plus variables.
Par ailleurs, au-delà des réseaux enquêtes dans le cadre de cette étude, certaines compagnies
d?aménagement pratiquent des formules spécifiques de tarification (Sidibé et al., 2012),
comme la Compagnie d?aménagement des Coteaux de Gascogne (CACG)22, celle du Bas-
Rhône Languedoc (BRL), des Deux-Sèvres (CAEDS) et la Société du Canal de Provence (SCP).
La CACG et la CAEDS utilisent une formule de tarification non-linéaire, tandis que la SCP a
mis en place une tarification binomiale (encadré 5). BRL pratique quant à elle une tarification
linéaire classique. Ces formules tarifaires employées dans les compagnies d?aménagement se
distinguent donc de celles, principalement binomiales, pratiquées dans les réseaux collectifs
d?irrigation dans le reste de la France.
21 Les réseaux gravitaires étant généralement anciens, il est rare qu?ils soient dotés d?instruments de mesure des volumes consommés
par chaque utilisateur, rendant impossible toute tarification volumétrique.
22 La Compagnie d?Aménagement des Coteaux de Gascogne a changé de nom en 2023 pour devenir Rives & Eaux du Sud-Ouest.
? 34 - Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource
Selon Sidibé et al., (2012), ces systèmes de tarification complexes ont des propriétés
intéressantes, car ils permettent de mieux anticiper la demande grâce aux réservations en
début de saison et de réduire la consommation en période de sécheresse grâce aux formules
non-linéaires proposées.
Une incomplète récupération des coûts du capital
En France, une part significative du coût du capital des infrastructures d?irrigation est pris en
charge par la collectivité (20 à 40 % selon Montginoul et al., 2015). Ceci est confirmé par
l?OCDE, qui indique que la France est relativement bien placée en matière de recouvrement
des coûts d?exploitation et de maintenance, mais moins bien en matière de coûts du capital
(tableau 1). Pour l?OCDE, améliorer ce recouvrement en réduisant les subventions publiques
accordées aux infrastructures d?irrigation fait partie des réformes prioritaires à adopter, de
manière à rétablir une certaine vérité des prix dans les choix d?investissements.
Tableau 1 : recouvrement des coûts de l?eau dans les pays de l?OCDE, 2019
Source : Gruère et al. (2020)
Encadré 5 : tarification non linéaire
de la Compagnie d?aménagement des Coteaux de Gascogne
Dans le cas de la CACG par exemple, les irrigants réservent en début de saison un volume
d?eau.
F(S, C) = { pS si C ? S
pS + p?(C ? S) si C > S
F(S, C) représente la facture d?eau.
S est la quantité d?eau souscrite par l?agriculteur.
C est la quantité d?eau réellement utilisée pendant la saison agricole.
p est le prix du mètre cube d?eau pour la quantité réservée, si la consommation reste
inférieure ou égale à l?abonnement.
p? est le prix du mètre cube au-delà du volume réservé (p? est supérieur à p).
Si l?agriculteur consomme moins ou autant que ce qu?il a réservé (C ? S), il paie juste p × S.
Si l?agriculteur consomme plus (C > S), il paie p × S pour la partie souscrite, puis p? × (C ? S)
pour chaque mètre cube supplémentaire.
Dans le cas de la CAEDS, la formule tarifaire est plus complexe, mais également fondée sur
un volume réservé en début de saison. En cas de dépassement, le taux appliqué à l?eau
supplémentaire augmente au rythme du carré de la consommation.
Source : Sidibé et al., 2012
Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource - 35 ?
La redevance pour prélèvement
Les agriculteurs sont par ailleurs soumis à la redevance pour prélèvement des agences de
l?eau, qui se fonde sur le principe de la prise en charge des coûts des externalités
environnementales, suivant en cela une logique pigouvienne. Les redevances pour
prélèvement sont fixées au niveau de chaque agence de l?eau, et peuvent varier selon les
zones, en fonction notamment du degré de tension sur la ressource en eau (zones de
répartition des eaux, ZRE23).
La redevance pour prélèvement est analysée en détail dans la partie IV. Pour l?irrigation non
gravitaire, elle varie selon les agences de l?eau, allant de 0,85 centime ¤/m3 pour l?agence de
l?eau Adour-Garonne jusqu?à 2,57 centimes ¤/m3 pour l?agence Artois-Picardie. Si l?on
considère un tarif moyen de 0,15 ¤/m3 (Jourdren et al., 2017) la redevance pour prélèvement
peut ainsi représenter de 5 % à 14 % du prix de l?eau.
Les redevances appliquées à l?irrigation restent globalement inférieures aux plafonds permis
par la loi. Hormis le cas du bassin Rhin-Meuse, dont la redevance est égale au plafond, les
redevances appliquées ne représentent vont ainsi de 11 % (Rhône-Méditerranée-Corse) à 73 %
du plafond fixé par le Code de l?environnement.
Comme l?ont souligné la Cour des comptes et l?audit du CGEDD des agences de l?eau, le
niveau de redevance n?est pas aligné avec celui des tensions sur la ressource. Ainsi, si la logique
de cette redevance est en principe pigouvienne, elle est fixée à un niveau trop faible pour
avoir des effets sur la demande en eau agricole, et elle est surtout considérée comme un
moyen de financement plutôt que comme un moyen d?incitation. La redevance pour
prélèvement et ses évolutions sont analysées en détail dans la partie III, car elle concerne
l?ensemble des usages et pas seulement les prélèvements agricoles pour l?irrigation.
B. Le prix de l?eau est-il un instrument efficace pour inciter aux économies d?eau dans
le secteur agricole ?
Au-delà de cette fonction de financement, le prix de l?eau est aussi un instrument de gestion
de la demande.
En France, la gestion de la demande en eau agricole est à ce jour principalement de nature
réglementaire et quantitative et les instruments fondés sur le prix ne jouent qu?un rôle très
limité. Comme mentionné en partie I, le coût d?opportunité de la ressource est rarement
couvert par un instrument prix dans les pays de l?OCDE, mais davantage par des systèmes de
priorisation et de restriction. Les instruments quantitatifs incluent les autorisations de
prélèvement, les quotas (individuels ou collectifs, transférables ou non transférables) et
d?autres formes de restrictions, tels que les arrêtés d?interdiction d?irriguer pendant une durée
déterminée ou par période (par exemple : deux jours par semaine). Des systèmes de quotas
(gestion volumétrique), ont été mis en place dans les bassins versants et se fondent sur un
volume maximum autorisé pour les prélèvements d?irrigation. Ce volume peut être revu à la
baisse en fonction de l?état des ressources en eau (débit de rivière, niveau de nappe
phréatique), de façon à ajuster à la baisse les prélèvements à la disponibilité réelle en eau sur
une période donnée, typiquement en période d?étiage.
Il apparaît consensuel, aussi bien dans les rapports d?évaluation que du point de vue des
économistes de l?eau, que le niveau de redevance actuel ne permet pas de changer les
comportements en matière d?usage de l?eau d?irrigation (cf. supra). Se pose cependant la
23 Les zones de répartition des eaux sont des zones où est constatée une insuffisance, autre qu'exceptionnelle, des ressources par
rapport aux besoins. Elles sont définies afin de faciliter la conciliation des intérêts des différents utilisateurs de l'eau.
? 36 - Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource
question du niveau qui serait réellement incitatif, pour jouer un rôle significatif dans la gestion
de la demande et l?efficacité de l?utilisation de l?eau.
Les travaux empiriques vont dans le sens d?une inélasticité de la demande en eau d?irrigation,
en particulier à court terme. Un large ensemble de travaux empiriques, soit basés sur des
estimations économétriques, soit des modèles micro-économiques d?exploitations agricoles,
suggère en effet une faible élasticité de la demande d?eau agricole. Pour autant, cette
conclusion ne peut être généralisée, car ces résultats sont très variables selon les situations :
méthode d?estimation utilisée, présence de cultures à haute valeur ajoutée, niveau initial de
prix de l?eau, etc. Une méta-analyse de référence sur ce sujet (Scheierling et al., 2006), basée
sur 73 valeurs, issues de 24 études répertoriées aux États-Unis, indique une élasticité-prix
moyenne de 0,48, une médiane de 0,16 et un écart-type de 0,53. Les estimations vont de 0,001
à 1,97. Le type de cultures est important à considérer : pour des cultures irriguées à haute
valeur ajoutée à l?hectare, on peut supposer que les choix de production seront très peu
sensibles au prix de l?eau24. Pour des systèmes de cultures permettant une substitution vers
d?autres cultures ou vers une diversification, une hausse du prix de l?eau pourrait davantage
conduire à des changements vers des assolements plus économes en eau. Le regain des
surfaces en tournesol en 2022, plus résilient aux conditions de sécheresse que le maïs, dans
un contexte de marchés porteurs, illustre des capacités d?adaptation des systèmes de culture
en réponse aux conditions climatiques et aux prix25.
Par ailleurs, l?élasticité de la demande à long terme est généralement supérieure à l?élasticité
à court terme, ce qui suggère un réel pouvoir incitatif du prix de l?eau pour changer les
comportements, au moins sur une période de plusieurs années. Cette différence entre court
et long terme peut s?expliquer par le fait que les exploitations agricoles modernes sont
généralement très spécialisées dans un nombre réduit de cultures, endettées, très
capitalistiques, et dotées de matériels productifs spécifiques aux cultures produites, ce qui
donne peu de souplesse pour ajuster les choix de production à court terme (par exemple :
exploitations céréalières, monocultures de maïs, etc.).
En France, Montginoul et Rieu (1996) ont estimé la fonction de demande en eau d?irrigation
dans le bassin versant du fleuve Charente en utilisant un modèle microéconomique
d?exploitation agricole. Ils montrent que cette fonction de demande a une forme en escalier :
l?élasticité-prix de l?eau d?irrigation est très faible en-deçà d?un certain seuil puis augmente
fortement au-delà de ce seuil (1,55 F/m3 en 1996, soit 0,37 ¤/m3 actuel en corrigeant de
l?inflation). En passant ce seuil, demande en eau d?irrigation chute fortement, la surface
irriguée passant de 38 % de la surface agricole utile (SAU) de l?exploitation à 6 % seulement.
Les impacts sur le revenu d?une augmentation du prix de l?eau sont également très
significatifs. Cette étude doit cependant être interprétée dans le contexte géographique
(Charente) et historique (1996) qui lui est propre : types d?exploitations, politiques agricoles,
prix et marchés, etc. ont évolué depuis, et ceci pourrait potentiellement changer les résultats.
Les expériences menées dans certains pays sur la tarification incitative fournissent d?autres
arguments intéressants en faveur de l?instrument prix. Plusieurs pays ont mis en place des
marchés de l?eau : Australie, Chili, États-Unis notamment. Ces marchés sont en général des
systèmes de marchés de droits, ce qui diffère d?un prix administré. Ils ont cependant en
commun de fournir aux agriculteurs irrigants un signal-prix directement aligné avec l?état de
la ressource. Le retour d?expérience de ces pays est complexe car les réformes ne se sont pas
limitées à l?introduction d?un signal-prix. Cependant, la littérature montre que les marchés de
24 Dans cette situation, cela signifie que le prix de l?eau est très en-deçà de l?utilité marginale de l?eau.
25 Les surfaces en tournesol en France (hors territoires ultramarins) ont ainsi augmenté de 23 % en 2022 par rapport à 2021, et de
33,5 % par rapport à la période 2017-2021 en moyenne. Terre-net, 2022, Un potentiel de rendement du tournesol altéré par la
sécheresse, www.terre-net.fr/observatoire-technique-culturale/strategie-technique-culturale/article/estimations-de-rendements-
en-tournesol-recolte-2022-217-221034.html
https://www.terre-net.fr/observatoire-technique-culturale/strategie-technique-culturale/article/estimations-de-rendements-en-tournesol-recolte-2022-217-221034.html
https://www.terre-net.fr/observatoire-technique-culturale/strategie-technique-culturale/article/estimations-de-rendements-en-tournesol-recolte-2022-217-221034.html
Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource - 37 ?
l?eau à court terme ont permis, à sécheresse donnée, d?atténuer leur impact économique sur
le secteur irrigué de façon substantielle. Concernant la tarification, Israël a entrepris des
réformes de politique de l?eau depuis plusieurs années, comportant notamment une hausse
de prix de l?eau en contrepartie d?une sécurisation de la ressource. Les résultats ont été
positifs, avec de réelles économies d?eau constatées (Gruère et al., 2018).
C. Prix de l?eau agricole et conséquences distributives : une combinaison d?instruments
peut-elle rendre les réformes acceptables ?
Une récente étude de l?OCDE analyse dans quelle mesure les réformes des politiques de l?eau
entreprises entre 2009 et 2019 ont permis aux pays concernés de se rapprocher des principes
édictés par la recommandation du Conseil de l?OCDE sur l?eau (OCDE, 2016). Elle montre des
progrès dans l?ensemble dans la majorité des pays et dans les différents aspects des politiques
de l?eau concernées (gouvernance, gestion des risques, etc.). L?utilisation de l?instrument prix
progresse également dans les pays de l?OCDE, mais de manière moins rapide que les autres
dimensions des politiques de l?eau (figure 9). Ceci peut s?interpréter, tout au moins dans
certains cas, par les difficultés d?acceptabilité sociale qu?engendre une hausse de prix de l?eau.
Figure 9 : alignement global des politiques de l'agriculture et de l'eau sur des chapitres
spécifiques de la recommandation du Conseil sur l'eau dans les 39 pays examinés, 2009 et
2019
Source : Gruère et al, 2020
Les expériences de réformes des politiques de l?eau menées dans certains pays soulignent
l?importance d?une combinaison d?instruments de de politiques pour les rendre acceptables.
En Australie, par exemple, la mise en place des systèmes de marchés de l?eau a été associée à
un programme de soutien aux agriculteurs. En effet les droits d?accès à l?eau dont bénéficient
les agriculteurs ont fait l?objet de rachats par le gouvernement pour rétablir l?équilibre offre-
demande, alors qu?une approche « utilisateur-payeur » aurait conduit à l?absence d?une telle
compensation. En 2007, un plan national en dix points pour la sécurité de l'eau a été mis en
place et incluait un fonds « Restoring the Balance », de 3,1 Md AUD pour le rachat des droits
? 38 - Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource
d'eau et un programme « Sustainable Rural Water Use and Infrastructure » de 5,8 Md AUD
pour financer des infrastructures (Gruère et al., 2018).
En Israël, des réformes de la gestion de l?eau ont été menées depuis les années 1990, dans
lesquelles l?augmentation du prix de l?eau constituait le volet principal (Gruère et al., 2018). Le
système de tarification de l?eau agricole existe depuis 1991, initialement sous la forme d?un
tarif progressif avec trois tranches. L?objectif était double : améliorer le recouvrement des
coûts du service, et fournir un signal-prix aux irrigants quant à la rareté de la ressource. Les
niveaux tarifaires ont été régulièrement augmentés depuis les années 2000. En 2006, un
Farmers? Agreement a été signé : il s?agissait d?augmenter les prix en contrepartie de la
construction d?usines de désalinisation permettant de sécuriser l?offre, en sus des efforts déjà
entrepris en matière de recyclage des eaux usées des zones urbaines pour fournir de l?eau au
secteur irrigué. Entre 2007 et 2015, les prix ont continué à augmenter, le système de tarifs par
tranches a été remplacé par un prix unique considéré comme plus incitatif, et les tarifications
ont été harmonisées entre régions. Il reste cependant des marges d?amélioration : les prix de
l'eau pour l'agriculture restent inférieurs à ceux payés pour l?eau potable et ne reflètent pas
encore le coût d?opportunité de l?eau. De plus, le prix inférieur des eaux usées traitées pour
l'irrigation tend à faire baisser le prix moyen de l'eau agricole.
Une forme d?intervention publique fréquemment observée au niveau mondial dans le
domaine de l?eau d?irrigation est le soutien à la modernisation des équipements et
infrastructures, dans le but d?améliorer l?efficience de l?irrigation et ainsi produire plus tout
en réduisant les quantités d?eau utilisées. Cette politique a l?avantage d?être plus acceptable
socialement par les agriculteurs, car elle prend la forme de soutiens publics, et elle contribue
à moderniser le capital des exploitations agricoles, ce qui en fait un outil en faveur de la
productivité et de la compétitivité du secteur. Cependant, si elle n?est pas accompagnée
d?autres mesures, elle peut avoir des effets indésirables. L?exemple le plus connu dans le
domaine de la gestion de l?eau agricole est celui du paradoxe de l?efficience, où l?amélioration
de l?efficience de l?irrigation au niveau individuel ne conduit pas nécessairement à des
économies d?eau sur le bassin versant, voire amènent à une hausse de la demande d?eau
agricole (encadré 6).
Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource - 39 ?
L?effet-rebond peut prendre différente forme selon le contexte : augmentation des surfaces
irriguées, choix des cultures, etc. Pour éviter l?effet-rebond, une solution consiste à mettre en
place des instruments complémentaires permettant de réguler la demande, tels que des
quotas ou l?augmentation du prix de l?eau.
Encadré 6 : améliorer la gestion de l?eau en subventionnant
les technologies d?irrigation plus efficientes ?
Le paradoxe de l?efficience de l?irrigation
De nombreux programmes ont été mis en place dans le monde pour aider les agriculteurs irrigants à
investir dans des équipements permettant une utilisation plus efficiente de l?eau (définie comme le
ratio eau utilisée sur l?exploitation divisée par l?eau prélevée), selon le paradigme « more crop per
drop » ( littéralement, « plus de récolte par goutte ») qui permettrait aux économies d?eau ainsi
engendrées de bénéficier aux autres utilisateurs et usages (ménages, industrie, environnement, etc.).
Depuis plusieurs années, cette politique est critiquée car elle a des effets secondaires indésirables.
Le premier est l?effet rebond : une meilleure efficience de l?eau incite l?agriculteur à augmenter ses
surfaces irriguées, à choisir des cultures plus intensives en eau qui seraient plus rentables, etc. Le
second effet indésirable concerne les externalités sur les autres utilisateurs : une amélioration de
l?efficience de l?irrigation sur une exploitation agricole peut réduire les pertes d?eau qui retournent
dans le système hydrologique par infiltration dans le sol, et par conséquent ne sont pas réutilisables
qui dépendent des nappes phréatiques bénéficiant de cette infiltration.
Des solutions existent cependant pour éviter ces effets indésirables : accompagner les politiques
d?équipement avec des mesures de contrôle de la demande en eau (par exemple : interdiction
d?augmenter les surfaces irriguées une fois l?équipement acquis), et une meilleure comptabilité des
stocks et flux d?eau au sein du bassin versant (et pas seulement au niveau de l?exploitation agricole),
qui constitue l?échelle pertinente de l?analyse de l?allocation de l?eau.
Source : Grafton et al. (2018)
? 40 - Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource
A. La redevance prélèvement, un instrument pertinent pour améliorer la gestion de
l?eau mais qui pourrait être amélioré
L?adaptation au changement climatique nécessitera de mobiliser une large palette
d?instruments : réglementaires, économiques, de gouvernance, etc., et ce dans de nombreux
domaines : sobriété, réutilisation des eaux usées, innovation, solutions fondées sur la nature.
La redevance pour prélèvement joue un rôle particulier dans la gestion de l?eau en France,
dans la mesure où elle vise, en principe, à intégrer dans le prix de l?eau, le coût d?opportunité
de la ressource associé à la rareté de l?eau. Elle est sensée constituer de ce fait un signal-prix
visant à une meilleure adéquation entre offre et demande et une meilleure allocation de l?eau
entre les différents usages, dans l?esprit du principe de recouvrement des coûts de la
directive-cadre sur l?eau.
La redevance prélèvement a plusieurs caractéristiques qui en font dans son principe un outil
particulièrement pertinent pour intégrer le coût de la rareté :
? Elle est cohérente avec le périmètre pertinent de la gestion de l?eau que constitue le
bassin hydrographique ;
? Elle est source de financements à l?échelle du bassin hydrographique pour les agences
de l?eau, permettant ainsi de prioriser les actions à l?échelle de gouvernance
pertinente.
D?autres instruments ont pris une dimension incitative pour économiser l?eau ces dernières
années, notamment la tarification progressive ou par tranches. Ils peuvent lui être
complémentaires car ils contribuent à l?effort collectif d?économie d?eau, mais ils n?ont pas
vocation à s?y substituer. Par ailleurs, les tarifs varient d'une commune à l'autre, ce qui ne
permet pas d'établir via le prix un signal unique reflétant la rareté de l'eau. L?échelle des
bassins ou sous-bassins hydrographiques est pertinente pour gérer les enjeux de partage de
la ressource.
Un deuxième point d?attention dans la mise en place d?une combinaison d?instruments est la
complexité qui en découle. Du côté de la demande, la superposition d?instruments sans
cohérence d?ensemble peut rendre moins lisible le niveau d?incitation effectif pour les
usagers. Du côté de l?offre, il peut s?avérer complexe de gérer des objectifs pouvant être
contradictoires, par exemple la viabilité financière nécessitant de collecter des recettes
suffisantes d?une part, et les incitations à réduire la consommation d?autre part26.
Si la redevance pour prélèvement est l?instrument prix le plus pertinent pour toutes ces
raisons, en pratique cependant, elle a plusieurs limites qui ne lui permettent pas d?être un
instrument réellement incitatif et efficace au sens de la théorie économique. Ces limites ont
notamment été pointées par Ben Maïd et Calvet (CGDD, 2012) et portent sur :
26 Par exemple, pour préserver certains usages économiques, certaines collectivités ont mis en place des tarifications « progressives-
dégressives », avec une augmentation du tarif unitaire par paliers jusqu?à un certain seuil, puis une diminution de ce tarif unitaire
par paliers au-delà de ce seuil ou instauré des tarifications progressives assorties de dérogations diverses d?application pour ne pas
pénaliser trop fortement les gros consommateurs.
IV. LE RÔLE DE LA REDEVANCE POUR
PRÉLEVEMENT DANS LA GESTION DE L?EAU
Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource - 41 ?
? L?assiette : la redevance est basée sur les prélèvements et non sur les consommations,
or selon les usages une partie des prélèvements sont restitués au milieu et n?aggravent
pas dans ce cas la rareté de l?eau.
? Le niveau : le niveau de la redevance est souvent considéré comme trop faible pour
avoir un rôle réellement incitatif en matière de prélèvement en eau pour les ménages,
les entreprises et les agriculteurs irrigants.
? L?hétérogénéité des taux de redevance entre les usages : le niveau de la redevance
pour prélèvement n?est pas le même selon les usages (eau potable, irrigation, autres
usages économiques, etc.), ce qui ne lui permet pas de jouer un rôle d?arbitrage
économique entre ces différents usages. L?arbitrage est seulement interne à chaque
usage.
? Le ciblage spatial : la redevance devrait en principe refléter le coût d?opportunité de
la ressource, qui peut varier fortement selon le cours d?eau ou les nappes considérées.
De fait, la redevance est modulée selon que le prélèvement s?effectue dans une zone
de répartition des eaux (ZRE), marquée par un déséquilibre chronique entre offre et
demande, ou en dehors d?une ZRE. Cependant, ce découpage ne distingue que deux
zones (ZRE ou non) et n?est pas suffisamment fin pour refléter l?hétérogénéité spatiale
du coût d?opportunité de la ressource.
? Le ciblage temporel : la redevance est fixée chaque année, mais ne varie pas en
fonction de la saison. Elle ne reflète pas ainsi les variations d?équilibre offre-demande,
particulièrement marquées en période estivale.
B. Évolution de la redevance prélèvement depuis 2012
Les redevances pour prélèvement, dont le taux est voté chaque année au sein de chaque
agence de l?eau, varient selon les bassins, les usages et le temps. La figure 10 ci-dessous
présente, pour chacun des grands bassins français (hors outre-mer), le niveau moyen de
redevance pour prélèvement pour chaque usage, depuis 2012. Il s?agit des montants unitaires
réels calculés en divisant pour chaque année d?activité la somme des montants de redevances
facturées par la somme des volumes prélevés facturés (c?est-à-dire en excluant les volumes
prélevés exonérés).
? 42 - Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource
Figure 10 : évolution du montant unitaire de redevance pour prélèvement des six bassins des
agences de l?eau selon les usages
5,04
0,84
0,18 0,03
1,48
0,02
5,47
0,85
0,50
0,06
1,60
0,02
-
1,00
2,00
3,00
4,00
5,00
6,00
Eau potable Irrigation non
gravitaire
Irrigation
gravitaire
Alimentation
Canal
Autre usage
économique
Refroidissment
industriel
Ce
nt
im
e
¤/
m
3
Bassin Adour-Garonne
2012-2014 2021-2023
5,58
1,55
0,00
1,81
0,10
5,36
2,38
0,01
2,82
0,14
-
1,00
2,00
3,00
4,00
5,00
6,00
Eau potable Irrigation non
gravitaire
Irrigation
gravitaire
Alimentation
Canal
Autre usage
économique
Refroidissment
industriel
Ce
nt
im
e
¤/
m
3
Bassin Artois-Picardie
2012-2014 2021-2023
3,79
1,11
0,01
2,03
0,20
3,59
1,55
0,01
2,60
0,21
-
0,50
1,00
1,50
2,00
2,50
3,00
3,50
4,00
Eau potable Irrigation non
gravitaire
Irrigation
gravitaire
Alimentation
Canal
Autre usage
économique
Refroidissment
industriel
Ce
nt
im
e
¤/
m
3
Bassin Loire-Bretagne
2012-2014 2021-2023
Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource - 43 ?
Note : les données restituées pour l?agence de l?eau Rhin Meuse représentent 99,72 % du volume total des dossiers de
Prélèvement pour l?année d?activité 2023.
Source : données recueillies par le CGDD auprès des agences de l?eau
5,08
0,39 0,47
0,03
0,57
0,11
5,20
0,47 0,47
0,02
0,79
0,12
-
1,00
2,00
3,00
4,00
5,00
6,00
Eau potable Irrigation non
gravitaire
Irrigation
gravitaire
Alimentation
Canal
Autre usage
économique
Refroidissment
industriel
Bassin Rhin-Meuse
Redevance prélèvement (centimes d'¤ par mètre cube)
2012-2014 2021-2023
4,74
0,49
0,07 0,01
0,60
0,03
4,84
0,49
0,15 0,01
0,63
0,05
-
1,00
2,00
3,00
4,00
5,00
6,00
Eau potable Irrigation non
gravitaire
Irrigation
gravitaire
Alimentation
Canal
Autre usage
économique
Refroidissment
industriel
Ce
nt
im
e
¤/
m
3
Bassin Rhône-Méditerranée Corse
2012-2014 2021-2023
5,55
1,88
0,70
5,54
2,64
0,02
1,00
-
1,00
2,00
3,00
4,00
5,00
6,00
Eau potable Irrigation non gravitaire Alimentation Canal Usages industriels
Ce
nt
im
e
¤/
m
3
Bassin Seine-Normandie
2012-2014 2021-2023
? 44 - Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource
Au sein de chacun des bassins, on observe que le niveau de redevance varie fortement selon
les usages : la redevance appliquée à l?eau potable est nettement plus élevée que celle
appliquée aux autres usages économiques, les usages industriels et l?irrigation. Cette
différence est significative, d?un facteur 2 à 6. Pour l?usage « eau potable », le taux de
redevance est relativement homogène entre les bassins, de l?ordre de 5 centimes ¤/m3, à
l?exception du bassin Loire-Bretagne qui affiche un taux inférieur (3,59 centimes ¤/m3 en 2021-
2023). Pour les autres usages, les taux varient très substantiellement d?un bassin à l?autre. Pour
l?irrigation non gravitaire, par exemple, le taux est de 0,47 centime ¤/m3 dans le bassin Rhin-
Meuse et de 2,64 centimes ¤/m3 dans le bassin Seine-Normandie en moyenne entre 2021 et
2023.
On note toutefois des évolutions depuis 2012. Dans les bassins Artois-Picardie et Loire-
Bretagne, les niveaux de redevance ont légèrement baissé pour l?eau potable (respectivement
de 4 % et 5 %) mais ont augmenté pour les usages économiques. Ces augmentations sont
fortes relativement à leur niveau initial en Artois-Picardie (+ 56 % pour les autres usages
économiques, + 53 % pour l?irrigation non gravitaire et + 32 % pour le refroidissement
industriel) et en Loire-Bretagne (+ 39 % pour l?irrigation non gravitaire et + 28 % pour les autres
usages économiques). Dans ces trois bassins, les écarts de redevance entre différents usages
ont donc eu tendance à se réduire, allant dans le sens d?une moindre hétérogénéité du prix
de l?eau. Dans les bassins Adour-Garonne, Seine-Normandie, Rhône-Méditerranée Corse et
Rhin-Meuse, on observe plutôt une hausse de la redevance pour prélèvement pour tous les
usages (hormis pour l?alimentation des canaux en Rhin-Meuse qui reste stable).
Ces évolutions sont à mettre en perspective avec la part des différents usages dans la
consommation totale de l?eau dans chacun des bassins (Figure 11). Dans le bassin Adour-
Garonne par exemple, la redevance a augmenté moins vite pour l?irrigation non-gravitaire
(+ 1 %) que pour l?eau potable (+ 9 %), alors que l?agriculture représente plus des trois quarts
des consommations en eau sur le bassin. Dans le bassin Rhin-Meuse, les plus fortes
augmentations de la redevance concernent les autres usages économiques (+ 39 %), suivis par
l?irrigation non gravitaire (+ 22 %) et l?eau potable (+ 2 %). Ces augmentations sont donc plus
fortes pour les secteurs les plus consommateurs, l?industrie et l?agriculture représentant
chacune plus d?un tiers des consommations totales sur le bassin ? sans compter que l?usage
agricole a tendance à se développer avec l?augmentation significative de surfaces irriguées
dans la région Grand Est.
Figure 11 : prélèvements et consommation d'eau douce en France (moyenne 2010-2021), en
millions de m3
Source : SDES, Bilan environnemental de la France, édition 2024, Datalab, mars 2025
Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource - 45 ?
Si l?on s?intéresse plus précisément à l?évolution des taux année par année, on observe que les
évolutions ne sont pas nécessairement « linéaires » ni « progressives ». La figure 12 illustre ce
point dans le cas du taux appliqué à l?irrigation non gravitaire. Les redevances ont pu
augmenter pendant plusieurs années, puis baisser au cours des années suivantes. Dans le
bassin Rhône-Méditerranée-Corse, la hausse a été particulièrement importante entre 2012 et
2016, mais a été suivie d?une baisse du même ordre entre 2017 et 2021. Dans le bassin Rhin-
Meuse, le taux a doublé entre 2012 et 2013 puis est resté stable. En l?absence de données ou
d?informations complémentaires, il n?est pas possible d?aller plus loin dans l?analyse de ces
variations (raisons budgétaires, lien avec des chocs climatiques, etc.). En particulier, il serait
utile d?analyser ces tendances au regard de l?évolution de la « rareté de l?eau », qui constitue
le fondement de la redevance pour prélèvement. Des fluctuations du même type sont
également observées pour la redevance pour prélèvement « eau potable », mais avec des
variations d?amplitude nettement moins fortes (figure 13).
Figure 12 : évolution du taux de redevance pour prélèvement pour l?irrigation non gravitaire,
2008-2023
Note : les taux de redevance correspondent aux taux appliqués aux prélèvements de l?année n bien qu?ils soient
déclarés et mis en recouvrement en l?année n+1.
Source : données des agences de l?eau recueillies par le CGDD. Pour l?agence de l?eau Rhin-Meuse, les données
restituées ci-dessous représentent 99,67 % du volume total des dossiers de Prélèvement pour l?année d?activité 2022.
Figure 13 : évolution du taux de redevance pour prélèvement pour l?eau potable, 2008-2023
Note : les taux de redevance correspondent aux taux appliqués aux prélèvements de l?année n bien qu?ils soient
déclarés et mis en recouvrement en l?année n+1.
Source : données des agences de l?eau recueillies par le CGDD, Pour l?agence de l?eau Rhin-Meuse, les données
restituées ci-dessous représentent 99,67 % du volume total des dossiers de Prélèvement pour l?année d?activité 2022.
0
50
100
150
200
250
20
08
20
09
20
10
20
11
20
12
20
13
20
14
20
15
20
16
20
17
20
18
20
19
20
20
20
21
20
22
20
23
Re
de
va
nc
e
pr
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rr
ig
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n
no
n
gr
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ita
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-
In
di
ce
1
00
=
2
01
2
Adour-Garonne
Artois-Picardie
Loire-Bretagne
Rhin-Meuse
Rhône-Méditerranée-Corse
Seine-Normandie
80
85
90
95
100
105
110
115
120
125
20
08
20
09
20
10
20
11
20
12
20
13
20
14
20
15
20
16
20
17
20
18
20
19
20
20
20
21
20
22
20
23
Re
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-
In
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ce
1
00
=
2
01
2
Adour-Garonne
Artois-Picardie
Loire-Bretagne
Rhin-Meuse
Rhône-Méditerranée-Corse
Seine-Normandie
? 46 - Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource
C. La part de la redevance pour prélèvement dans le prix total de l?eau est-elle
suffisante pour être incitative ?
Le niveau de la redevance pour prélèvement est-il suffisant pour jouer un réel rôle incitatif
dans le choix des consommateurs, qu?il s?agisse des usagers de l?eau potable, de l?industrie ou
de l?irrigation ? L?élasticité-prix de l?eau est en général faible mais variable en fonction de
situations et des contextes, aussi bien dans le secteur de l?eau potable que dans le secteur
agricole. La redevance prélèvement ne constituant qu?une part du prix total de l?eau, il est
intéressant d?estimer cette part pour se rendre compte du potentiel d?une augmentation de
la redevance en matière d?incitation à économiser l?eau.
Pour les usagers d?eau potable, cette part est très limitée. Si l?on considère un prix de l?eau
total moyen de 4,69 ¤/m3, avec une redevance qui se situe autour de 5 centimes ¤/m3, cette
part n?est que de 1 % environ. Pour avoir des effets sur la consommation des usagers, il serait
ainsi nécessaire qu?une augmentation soit significative.
La situation est différente dans le cas de l?eau d?irrigation pour l?agriculture. Si l?on considère
un tarif moyen de 0,15 ¤/m3 (Jourdren et al., 2017) la redevance pour prélèvement peut
représenter un poids nettement plus significatif du prix de l?eau, pouvant aller de 5 % du prix
de l?eau dans le cas du bassin Adour-Garonne (redevance de 0,85 centime ¤/m3) jusqu?à 14 %
dans le cas du bassin Artois-Picardie (redevance de 2,38 centimes ¤/m3). Il s?agit d?ordres de
grandeur : cette part pourrait être très variable d?un sous-bassin à l?autre, d?une exploitation
agricole à l?autre, etc. En effet, les tarifs de l?eau d?irrigation présentent une certaine variabilité
d?un réseau à l?autre, et le taux de redevance est plus élevé en zones de répartition des eaux
(ZRE).
D. Pistes pour améliorer le caractère incitatif de la redevance pour prélèvement
La principale régulation existante concernant le caractère incitatif de la redevance est
l?existence de taux plafonds au niveau national sur la redevance pour prélèvement. L?article
L. 213-10-9 du Code de l?environnement détermine ainsi des taux maxima de redevance
prélèvement en fonction des différents usages et selon que la ressource en eau soit en zone
de répartition des eaux (catégorie 1) ou non (catégorie 2). Les taux plafonds ont fait l?objet de
deux augmentations au cours de ces dernières années : une première fois en 2013 et une
seconde fois en 2024. Cependant, les taux effectivement pratiqués ont dans l?ensemble été
inférieurs aux taux plafonds (IGF-IGEDD, 2022).
Afin de renforcer son potentiel incitatif et mieux refléter le coût d?opportunité de la
ressource, plusieurs pistes ont été proposées par le Commissariat général au développement
durable (CGDD, 2012) et, plus récemment, par l?Inspection générale des finances et
l?Inspection générale de l?environnement et du développement durable (IGF-IGEDD, 2022)
ainsi que par la Cour des Comptes (2023). L?idée d?un « niveau plancher » a notamment été
proposée, en complément du taux plafond déjà existant. Ce taux plancher a finalement vu le
jour avec la loi de finances pour 2024 du 29 décembre 2023 (art. 101 (V)). Celle-ci modifie
l?article L. 213-10-9 du Code de l?environnement en y introduisant pour la première fois des
taux planchers. Le tableau 2 récapitule l?évolution des taux plafonds et planchers avant 2013,
entre 2013 et 2024 et depuis 2024. On note que les taux plafonds ont été significativement
augmentés et que les usages à des fins d?irrigation voient leur taux plancher fixé à zéro.
Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource - 47 ?
Tableau 2 : plafonds et planchers tarifaires des redevances pour prélèvements en eau selon les
usages
En centimes d?euros par m3
Note : pour la fixation du tarif de la redevance, les ressources en eau de chaque bassin sont classées en catégorie 1
lorsqu'elles sont situées hors des zones de répartition des eaux définies en application du 2° du II de l'article L. 211-2
ou en catégorie 2 dans le cas contraire.
Source : article L. 213-10-9 du Code de l?environnement
L?apparition des taux plancher constitue une réforme très significative allant dans le sens d?un
signal-prix. Cependant, s?ils fournissent un premier « encadrement des prix », ils restent
insuffisants pour rendre compte de la rareté réelle de la ressource en eau dans l?espace et
dans le temps. Trois pistes d?amélioration de la redevance pour prélèvement pourraient être
proposées : la mise en place de trajectoires pluriannuelles de la redevance pour renforcer les
incitations à long terme et fournir une lisibilité aux agents économiques ; une modulation
saisonnière de type « tarif de pointe » pour renforcer les incitations à court terme (période
d?étiage), une modulation spatiale plus fine. Ces trois pistes sont présentées ci-après.
Incitations de long terme : vers une trajectoire pluriannuelle de la redevance prélèvement
pour refléter la rareté croissante de la ressource ?
Au cours des dernières années, on a pu observer dans certains bassins une tendance à la
hausse de la redevance pour prélèvement pour les usages autres que l?eau potable, et en
particulier pour l?irrigation. Ceci va dans le sens d?un rééquilibrage de la contribution entre les
différentes catégories d?usagers. Par ailleurs, cette tendance à la hausse est concomitante
d?une augmentation de la tarification de l?eau dans les périmètres irrigués, en lien notamment
avec celle des prix de l?énergie. Combinées, ces tendances concourent à rendre l?eau agricole
globalement plus chère, et par conséquent génèrent une incitation croissante à économiser
l?eau, en plus des autres facteurs que constituent les restrictions réglementaires, qui ont eu
aussi tendance à se développer sous l?effet de sécheresses de plus en plus fréquentes.
Toutefois, ces hausses de la redevance pour prélèvement ne sont cependant pas en tant que
telle « indexées » sur l?évolution réelle du coût d?opportunité de la ressource, dont on peut
raisonnablement faire l?hypothèse qu?il va augmenter dans les années à venir en raison du
changement climatique (figure 1). Les redevances ont connu certaines fluctuations à la hausse
ou à la baisse, selon les bassins. Ceci pose des problèmes d?incitation à long terme, en ne
fournissant pas aux agents économiques le signal d?une rareté croissante de la ressource dans
le temps.
Par conséquent, une amélioration possible consisterait à mettre en place une trajectoire
pluriannuelle de la redevance pour prélèvement. Celle-ci aurait pour objectif de rendre
Min Max Min Max Min Max Min Max Min Max Min Max
Irrigation autre que
gravitaire - 2 - 3 - 3,6 - 7,2 0 5,04 0 10,08
Irrigation gravitaire - 0,1 - 0,15 - 0,5 - 1 0 0,7 0 1,4
Alimentation en eau
potable - 6 - 8 - 7,2 - 14,4 2,82 10,08 5,64 20,16
Alimentation d'un canal - 0,015 - 0,03 - 0,03 - 0,06 0,012 0,042 0,024 0,084
Refroidissement industriel - 0,35 - 0,5 - 0,5 - 1 0,53 0,95 1,06 1,9
Autres usages
économiques - 3 - 4 - 5,4 - 10,8 1,97 7,56 3,93 15,12
Avant 2013 Entre 2013 et 2024 Depuis 2024
Catégorie 1 Catégorie 2 Catégorie 1 Catégorie 2Usages Catégorie 1 Catégorie 2
? 48 - Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource
tangible en tant que tendance structurelle la raréfaction des ressources en eau, au-delà des
variabilités interannuelles des conditions climatiques, et l?augmentation du coût
d?opportunité de la ressource qui va en résulter.
L?eau étant considérée comme une ressource renouvelable, la logique microéconomique qui
sous-tend une trajectoire de la redevance pour prélèvement est différente de celle qui
s?applique aux ressources non renouvelables (ou, de façon analogue, à une contrainte carbone
à ne pas dépasser pour éviter d?atteindre un réchauffement de 1,5 °C ou 2 °C). En effet dans
le cas des ressources non renouvelables, la règle de Hotelling27 constitue le cadre standard
d?analyse, dont le fondement réside dans l?arbitrage intertemporel de la consommation d?une
ressource finie. Dans le cas de l?eau, la ressource considérée est renouvelable, par conséquent
cet arbitrage intertemporel n?est pas pertinent.
Le rythme des hausses de la redevance pour prélèvement serait modéré au cours des
premières années, puis s?accélérerait progressivement pour ajuster le taux au coût
d?opportunité de la ressource. Une telle évolution croissante et progressive, aurait des
avantages en termes d?efficacité économique, car elle permettrait de répartir les efforts
d?adaptation dans le temps et s?approcher d?un « optimum » intertemporel. Enfin, une telle
trajectoire fournirait aux acteurs économiques un horizon clair sur lesquels ils pourront fonder
leurs choix d?investissement en internalisant la raréfaction croissante de l?eau dans leurs
calculs économiques. Un tel signal-prix inscrit dans le long terme, en complémentarité avec
des outils de gestion de crise à plus court terme, constituerait un élément structurant d?une
politique de planification écologique, tout en laissant aux acteurs économiques la liberté
d?action nécessaire pour que leurs choix soient adaptés à leurs situations propres et pour
susciter des initiatives innovantes au plus près du terrain en matière d?adaptation.
Par ailleurs, la construction de cette trajectoire pluriannuelle de la redevance prélèvement
pourrait s?accompagner d?un rééquilibrage des différents taux de redevance entre les
différents usages, qui restent aujourd?hui très contrastés, dans la perspective d?une cohérence
d?ensemble du signal-prix.
La mise en oeuvre de cette trajectoire nécessite des travaux complémentaires : il n?existe pas
ou peu de données sur le coût d?opportunité de la ressource, et ce coût est susceptible de
varier fortement dans l?espace et dans le temps, en fonction des conditions hydrologiques et
météorologiques qui modifient les disponibilités en eau et des niveaux de prélèvements des
différents usagers. Cette mise en oeuvre pratique nécessiterait de se fonder sur des
indicateurs qui puissent être utilisés comme des proxys raisonnables du coût d?opportunité
de la ressource, éventuellement des valeurs de référence, et dont l?évolution pourrait être
anticipée par les travaux de projections de l?offre et de la demande en eau.
Incitations à court terme : vers une modulation saisonnière de la redevance pour
prélèvement ?
Une seconde piste d?amélioration pour améliorer le potentiel incitatif de la redevance pour
prélèvement consisterait à introduire une dimension saisonnière dans le niveau de redevance,
à la façon d?un « tarif de pointe » tel qu?on peut l?observer dans d?autres secteurs. Cette piste
avait déjà été suggérée dans une précédente publication du CGDD sur la redevance pour
prélèvement (CGDD, 2012). Plus récemment, certaines villes se sont dotées de systèmes de
tarification saisonnière (encadré 7 concernant le cas de Toulouse), tel qu?encouragé par
Wheeler et al. (2025).
27 La règle de Hotelling explique comment le prix d'une ressource naturelle épuisable devrait évoluer au fil du temps. Selon cette
règle, un producteur rationnel choisira de vendre ou de conserver son stock de ressource en fonction du taux d'intérêt : pour
maximiser son profit, la valeur de la ressource non extraite doit croître chaque année au même rythme que le taux d?intérêt du
marché. Autrement dit, le prix de la ressource tend à augmenter au fil du temps aussi longtemps qu?elle est limitée et recherchée.
Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource - 49 ?
À ce jour, seule la variabilité géographique est prise en compte à travers les ZRE, mais aucune
modulation saisonnière de la redevance n?existe. Or, dans bon nombre de bassins versants,
les déséquilibres entre disponibilités et usages de la ressource en eau se concentrent sur des
périodes précises de l?année (en particulier en période d?étiage). Ces déséquilibres saisonniers
conduisent généralement les autorités à prendre des mesures de restriction quantitative, en
interdisant certains usages (par exemple : arrosage des jardins, remplissage des piscines) ou,
dans le domaine agricole, en imposant des restrictions à l?irrigation (interdictions d?irriguer,
réduction des volumes autorisés, etc.).
Ces restrictions quantitatives saisonnières permettent un certain retour à l?équilibre, mais
elles ont également des coûts pour les usagers de l?eau : baisse des rendements agricoles,
réduction de services pour les usages et les touristes, etc. Ces coûts ne sont pas
nécessairement répartis de façon efficace entre les usagers. Par exemple, si on considère deux
exploitations agricoles avec des valorisations marginales de l?eau différentes, une restriction
d?irrigation identique entre les deux exploitations engendrera plus de pertes pour
l?exploitation ayant la valorisation marginale de l?eau la plus élevée. L?avantage d?un
instrument prix de type « tarif de pointe » serait de répartir ces coûts de façon plus
efficace : chaque usager ajusterait sa consommation en égalisant sa valeur marginale de l?eau
avec le tarif de pointe28.
Outre une allocation plus efficace de l?eau, le tarif de pointe pourrait également contribuer à
résorber, au moins en partie, le déséquilibre entre usages et ressources en eau en période
d?étiage. En effet, certaines études empiriques suggèrent que l?élasticité-prix de la demande
en eau pourrait être plus élevée en période d?étiage, au moins en ce qui concerne l?eau
potable pour les ménages (Griffin & Chang, 1991; Lyman, 1992). S?agissant du bénéfice
économique pour la collectivité, l?expérience des marchés de l?eau à court terme en Australie
offre un éclairage, certes indirect, mais intéressant29 : les agriculteurs irrigants peuvent, lors
28 À condition bien sûr, que les consommations soient suffisamment élastiques aux prix.
29 Dans le cas de l?Australie, le marché de l?eau a deux composantes, avec des droits à long terme et des droits à court terme. Le
prix de l?eau sur le marché à court terme émerge des échanges de droits entre agriculteurs, à la différence d?une redevance ou d?un
prix administré, qui lui est fixé à l?avance et n?intègre pas d?échanges de droits entre préleveurs. Si les deux systèmes sont différents,
Encadré 7 : tarification saisonnière, l?exemple de Toulouse
Pour préserver la ressource en eau face au changement climatique, Toulouse Métropole a
introduit une tarification saisonnière à partir de juin 2024. Cette mesure vise à réduire les
prélèvements d?eau de la Garonne, la principale source locale, en incitant les habitants à
ajuster leur consommation lors des périodes de sécheresse.
La tarification saisonnière repose sur un prix qui varie selon la période de l?année. Le tarif
de référence TTC, servant de base aux variations saisonnières, est fixé à 3,34 ¤/m3. Entre
juin et octobre, ce tarif augmente de 42 %, atteignant 4,40 ¤/m³. À l?inverse, de novembre
à mai, il baisse de 30 %, descendant à 2,58 ¤/m³. Selon le gestionnaire, ces variations de
tarif permettent de ne pas pénaliser les foyers dont la consommation reste stable sur
l?année, les surcoûts d?été étant compensés par les économies réalisées le reste de l?année.
En complément, la métropole met gratuitement à disposition des habitants des kits
d?économiseurs d?eau pour encourager les écogestes et la réduction des consommations au
quotidien. La sensibilisation aux écogestes et ces équipements accompagnent la nouvelle
tarification pour renforcer l?impact des mesures de préservation de la ressource.
? 50 - Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource
de la saison estivale, échanger des droits à prélever, formant ainsi un prix de marché de l?eau
(Wheeler et al., 2025). Les travaux d?évaluation économique de ce système montrent qu?en
cas de sécheresse, ces marchés de l?eau permettent d?atténuer substantiellement les pertes
économiques ? de l?ordre de 220 millions de dollars australiens lors de la sécheresse de 2008-
2009 (Kiem, 2013). L?avantage d?une meilleure allocation liée à un signal-prix est d?autant plus
pertinente qu?avec le changement climatique, la fréquence et la gravité des sécheresses vont
augmenter, risquant d?aggraver les déséquilibres entre usages et ressources en période
d?étiage.
Une modulation saisonnière de la redevance pour prélèvement pourrait ainsi fournir un
signalprix allant dans le sens d?une meilleure prise en compte des déséquilibres entre les
usages et les ressources, en se fondant sur des indicateurs pertinents qui seraient à définir
(niveau de nappe, débit de rivière, etc.). Cette modulation saisonnière aurait vocation à
compléter les dispositifs de régulation existants, sans pour autant les remplacer, car les
restrictions de nature quantitative ont aussi certaines propriétés intéressantes par rapport
aux instruments fondés sur les prix (Salanié & Zaporozhets, 2021). Par rapport à des systèmes
de marchés de l?eau, le système de tarif de pointe régulé a aussi l?avantage d?être plus
prévisible pour les usagers de l?eau, dans la mesure où les tarifs sont affichés à l?avance,
contrairement aux marchés « spot » de l?eau dont le prix peut fluctuer librement en fonction
des conditions de l?offre et de la demande, transformant le risque « quantité » en risque
« prix ».
Pour mettre en oeuvre cette modulation saisonnière de l?eau, il serait nécessaire de
développer des systèmes d?information fournissant des données sur les volumes d?eau
prélevés à un pas de temps fin. À court terme, ceci constitue en effet un enjeu important de
faisabilité. Cependant, à l?avenir, le développement des compteurs connectés associés à la
télérelève pourrait contribuer à faciliter la mise en place d?un tel système de modulation, sans
que cela ne conduise à des coûts de gestion rédhibitoires au regard des bénéfices potentiels
du système. Par ailleurs, la télérelève pourrait aussi avoir un intérêt en tant qu?outil de gestion
pour les agriculteurs irrigants. La question de l?acceptabilité de la télérelève a fait l?objet de
travaux d?étude récents qui fournissent des premiers éclairages sur cette question : nécessité
d?informer les usagers, de les accompagner dans une logique d?apprentissage et dans la
perspective de réaliser des économies d?eau, etc. (Marielle et al., 2019; Montginoul, 2019;
Montginoul & Vestier, 2016). Un autre enjeu est celui de la fiabilité des données collectées par
la télérelève, nécessaire pour en assurer l?efficacité et l?acceptabilité sociale, et les besoins de
maintenance requis.
Une autre limite est l?acceptabilité sociale du tarif de pointe, en raison des impacts qu?il
pourrait avoir sur certains usagers en période estivale, en particulier les agriculteurs irrigants
et le secteur du tourisme. La mise en place d?un tarif de pointe requerrait d?analyser plus en
détail ces impacts. De par son assise sur les prélèvements en eau, elle semble toutefois plus
pertinente que d?autres mesures saisonnières qui se limitent à certaines catégories, comme
par exemple la récente mise en place dans un contexte d?état d?urgence hydrique d?une taxe
« eau et tourisme » de cinq euros par nuitée pour les touristes en séjour à Barcelone depuis le
1er mars 2025.
le système de marchés australiens fournit cependant un éclairage sur les bénéfices potentiels d?un instrument prix liés à une
allocation plus efficace des ressources, même s?il est important de garder à l?esprit ces différences.
Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource - 51 ?
Vers davantage de modulation spatiale
Une troisième piste d'amélioration potentielle est la modulation spatiale du taux de
redevance. Aujourd'hui ce taux est principalement différencié selon que le prélèvement
s'effectue en ZRE ou non. Certaines agences de l'eau pratiquent toutefois un ciblage plus fin,
comme par exemple l'agence de l'eau Adour-Garonne qui distingue au total 6 zones : en
dehors de la ZRE, les taux de redevance sont différenciés selon trois unités géographiques :
les nappes des sables des landes (taux les moins élevés), les nappes captives (taux les plus
élevés) et le reste des zones hors ZRE. Au sein des ZRE le même découpage est adopté avec
des taux distincts.
À titre d'illustration, le taux de redevance prélèvement pour l'irrigation non gravitaire est égal
à 0,73 centime ¤/m3 hors ZRE et en nappes de sables des landes ; contre 2,74 centimes ¤/m3
en ZRE dans les nappes captives.
Une modulation spatiale plus fine permet de rapprocher le taux de prélèvement des
conditions propres à chaque ressource en matière de rareté de l?eau. Une piste possible serait
par exemple de se fonder sur les projets de territoire pour la gestion de l?eau (PTGE)30 comme
base de modulation territoriale. Cette modulation territoriale pourrait en outre être couplée
à un effort accru de financement des investissements en faveur de l?adaptation (cf. section
suivante).
Combinaison d?instruments : redevance prélèvement et investissement dans l?adaptation
Les réformes de la gestion de l?eau conduites dans un certain nombre de pays de l?OCDE ont
montré la nécessité d?accompagner les réformes du prix de l?eau de mesures
d?accompagnement, pour éviter des perturbations économiques à court terme pour les
usagers, et les rendre plus acceptables à travers une redistribution des avantages.
Au-delà de fournir une incitation à économiser, les trois pistes d?évolution proposées ci-
dessous (trajectoire pluriannuelle, modulation saisonnière et modulation spatiale de la
redevance prélèvement) auraient également pour conséquences de fournir un surplus de
recettes mobilisables pour contribuer au financement de projets d?adaptation au
changement climatique pour les différents usagers, alors même que les besoins de
financement en matière d?adaptation risquent d?être particulièrement importants dans les
années à venir. Par exemple, dans le secteur agricole, particulièrement exposé aux
conséquences du changement climatique, il pourrait s?agir d?investissements en faveur de
systèmes de culture plus économes en eau, de systèmes d?information pour optimiser le
pilotage de la demande, etc.
Une combinaison d?instruments combinant incitations et expansions des besoins de
financement pourrait potentiellement répondre, au moins en partie, aux enjeux
d?acceptabilité sociale, en l?inscrivant dans une perspective d?investissement et d?efficacité
économique et écologique à long terme pour les acteurs économiques concernés.
En pratique, les besoins d?investissement pour l?adaptation peuvent émerger des PTGE et
bénéficier d?efforts accrus de financement (ciblage plus fort des aides des agences de l?eau)
grâce aux recettes supplémentaires dégagées par l?augmentation de la redevance
prélèvement.
30 Un PTGE est « une démarche reposant sur une approche globale et co-construite de la ressource en eau sur un périmètre
cohérent (...), aboutissant à un engagement de l?ensemble des usagers d?un territoire (...) permettant d?atteindre, dans la durée, un
équilibre entre besoins et ressources disponibles en respectant la bonne fonctionnalité des écosystèmes aquatiques (...), dans une
perspective de développement durable du territoire. » Source : MASA (2023).
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Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource - 55 ?
Introduction ............................................................................................................................................... 4
Synthèse ...................................................................................................................................................... 6
I. PRINCIPAUX CONCEPTS DE L?ÉCONOMIE DE L?EAU : VALEUR, COÛTS ET PRIX .................. 9
A. Les bénéfices et les coûts de la ressource en eau .................................................................... 9
B. Les instruments économiques de recouvrement des coûts ..................................................10
C. Les différentes formes tarifaires du service public d?eau et leurs implications sociales et
environnementales .............................................................................................................................15
II. LE PRIX DU SERVICE D?EAU POTABLE ET D?ASSAINISSEMENT COLLECTIF ........................ 20
A. En France, un prix de l?eau en augmentation mais qui reste insuffisant pour couvrir les
coûts de production .......................................................................................................................... 20
Le prix de l?eau en France pour l?eau potable et l?assainissement...................................... 20
Un taux de recouvrement insuffisant pour couvrir le renouvellement du patrimoine
existant ........................................................................................................................................... 22
B. Le prix de l?eau est aussi un instrument de gestion de la demande .................................... 23
C. Le prix est-il un bon instrument pour favoriser l?accès à l?eau pour tous ? ....................... 25
La part de la facture d?eau dans le budget des ménages ..................................................... 25
Une prise en compte croissante du volet social dans la politique de l?eau ...................... 26
D. Les impacts écologiques et sociaux de la tarification sociale de l?eau .............................. 28
III. LE PRIX DE L?EAU POUR L?IRRIGATION DANS LE SECTEUR AGRICOLE .............................. 30
A. Le prix de l?eau pour l?irrigation en France ...............................................................................31
Les tarifs de l?eau dans les réseaux collectifs d?irrigation et les compagnies
d?aménagement .............................................................................................................................31
La redevance pour prélèvement ............................................................................................... 35
B. Le prix de l?eau est-il un instrument efficace pour inciter aux économies d?eau dans le
secteur agricole ? ............................................................................................................................... 35
C. Prix de l?eau agricole et conséquences distributives : une combinaison d?instruments
peut-elle rendre les réformes acceptables ? ................................................................................ 37
Table des matières
? 56 - Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource
IV. LE RÔLE DE LA REDEVANCE POUR PRÉLEVEMENT DANS LA GESTION DE L?EAU ........... 40
A. La redevance prélèvement, un instrument pertinent pour améliorer la gestion de l?eau
mais qui pourrait être amélioré ....................................................................................................... 40
B. Évolution de la redevance prélèvement depuis 2012 .............................................................41
C. La part de la redevance pour prélèvement dans le prix total de l?eau est-elle suffisante
pour être incitative ? ......................................................................................................................... 46
D. Pistes pour améliorer le caractère incitatif de la redevance pour prélèvement ............. 46
Incitations de long terme : vers une trajectoire pluriannuelle de la redevance
prélèvement pour refléter la rareté croissante de la ressource ? ....................................... 47
Incitations à court terme : vers une modulation saisonnière de la redevance pour
prélèvement ? ................................................................................................................................ 48
Vers davantage de modulation spatiale ...................................................................................51
Combinaison d?instruments : redevance prélèvement et investissement dans
l?adaptation .....................................................................................................................................51
Bibliographie ............................................................................................................................................ 52
Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource - 57 ?
CGDD, août 2025
Coordination éditoriale : Laurianne Courtier
Commissariat général
au développement durable
Service de l?économie verte et solidaire
Sous-direction de l?économie et de l?évaluation
Tour Séquoia ? 92055 La Défense cedex
Courriel : diffusion.cgdd@developpement-durable.gouv.fr
www.ecologie.gouv.fr
mailto:diffusion.cgdd@developpement-durable.gouv.fr
http://www.ecologie.gouv.fr/
Introduction
Synthèse
Principaux concepts de l?économie de l?eau : valeur, coûts et prix
Le prix du service d'eau potable et d'assainissement collectif
Le prix de l?eau pour l?irrigation dans le secteur agricole
Le rôle de la redevance pour prélevement dans la gestion de l?eau
Table des matières
Bibliographie
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(ATTENTION: OPTION au est aussi un instrument de gestion
de la demande.
En France, la gestion de la demande en eau agricole est à ce jour principalement de nature
réglementaire et quantitative et les instruments fondés sur le prix ne jouent qu?un rôle très
limité. Comme mentionné en partie I, le coût d?opportunité de la ressource est rarement
couvert par un instrument prix dans les pays de l?OCDE, mais davantage par des systèmes de
priorisation et de restriction. Les instruments quantitatifs incluent les autorisations de
prélèvement, les quotas (individuels ou collectifs, transférables ou non transférables) et
d?autres formes de restrictions, tels que les arrêtés d?interdiction d?irriguer pendant une durée
déterminée ou par période (par exemple : deux jours par semaine). Des systèmes de quotas
(gestion volumétrique), ont été mis en place dans les bassins versants et se fondent sur un
volume maximum autorisé pour les prélèvements d?irrigation. Ce volume peut être revu à la
baisse en fonction de l?état des ressources en eau (débit de rivière, niveau de nappe
phréatique), de façon à ajuster à la baisse les prélèvements à la disponibilité réelle en eau sur
une période donnée, typiquement en période d?étiage.
Il apparaît consensuel, aussi bien dans les rapports d?évaluation que du point de vue des
économistes de l?eau, que le niveau de redevance actuel ne permet pas de changer les
comportements en matière d?usage de l?eau d?irrigation (cf. supra). Se pose cependant la
23 Les zones de répartition des eaux sont des zones où est constatée une insuffisance, autre qu'exceptionnelle, des ressources par
rapport aux besoins. Elles sont définies afin de faciliter la conciliation des intérêts des différents utilisateurs de l'eau.
? 36 - Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource
question du niveau qui serait réellement incitatif, pour jouer un rôle significatif dans la gestion
de la demande et l?efficacité de l?utilisation de l?eau.
Les travaux empiriques vont dans le sens d?une inélasticité de la demande en eau d?irrigation,
en particulier à court terme. Un large ensemble de travaux empiriques, soit basés sur des
estimations économétriques, soit des modèles micro-économiques d?exploitations agricoles,
suggère en effet une faible élasticité de la demande d?eau agricole. Pour autant, cette
conclusion ne peut être généralisée, car ces résultats sont très variables selon les situations :
méthode d?estimation utilisée, présence de cultures à haute valeur ajoutée, niveau initial de
prix de l?eau, etc. Une méta-analyse de référence sur ce sujet (Scheierling et al., 2006), basée
sur 73 valeurs, issues de 24 études répertoriées aux États-Unis, indique une élasticité-prix
moyenne de 0,48, une médiane de 0,16 et un écart-type de 0,53. Les estimations vont de 0,001
à 1,97. Le type de cultures est important à considérer : pour des cultures irriguées à haute
valeur ajoutée à l?hectare, on peut supposer que les choix de production seront très peu
sensibles au prix de l?eau24. Pour des systèmes de cultures permettant une substitution vers
d?autres cultures ou vers une diversification, une hausse du prix de l?eau pourrait davantage
conduire à des changements vers des assolements plus économes en eau. Le regain des
surfaces en tournesol en 2022, plus résilient aux conditions de sécheresse que le maïs, dans
un contexte de marchés porteurs, illustre des capacités d?adaptation des systèmes de culture
en réponse aux conditions climatiques et aux prix25.
Par ailleurs, l?élasticité de la demande à long terme est généralement supérieure à l?élasticité
à court terme, ce qui suggère un réel pouvoir incitatif du prix de l?eau pour changer les
comportements, au moins sur une période de plusieurs années. Cette différence entre court
et long terme peut s?expliquer par le fait que les exploitations agricoles modernes sont
généralement très spécialisées dans un nombre réduit de cultures, endettées, très
capitalistiques, et dotées de matériels productifs spécifiques aux cultures produites, ce qui
donne peu de souplesse pour ajuster les choix de production à court terme (par exemple :
exploitations céréalières, monocultures de maïs, etc.).
En France, Montginoul et Rieu (1996) ont estimé la fonction de demande en eau d?irrigation
dans le bassin versant du fleuve Charente en utilisant un modèle microéconomique
d?exploitation agricole. Ils montrent que cette fonction de demande a une forme en escalier :
l?élasticité-prix de l?eau d?irrigation est très faible en-deçà d?un certain seuil puis augmente
fortement au-delà de ce seuil (1,55 F/m3 en 1996, soit 0,37 ¤/m3 actuel en corrigeant de
l?inflation). En passant ce seuil, demande en eau d?irrigation chute fortement, la surface
irriguée passant de 38 % de la surface agricole utile (SAU) de l?exploitation à 6 % seulement.
Les impacts sur le revenu d?une augmentation du prix de l?eau sont également très
significatifs. Cette étude doit cependant être interprétée dans le contexte géographique
(Charente) et historique (1996) qui lui est propre : types d?exploitations, politiques agricoles,
prix et marchés, etc. ont évolué depuis, et ceci pourrait potentiellement changer les résultats.
Les expériences menées dans certains pays sur la tarification incitative fournissent d?autres
arguments intéressants en faveur de l?instrument prix. Plusieurs pays ont mis en place des
marchés de l?eau : Australie, Chili, États-Unis notamment. Ces marchés sont en général des
systèmes de marchés de droits, ce qui diffère d?un prix administré. Ils ont cependant en
commun de fournir aux agriculteurs irrigants un signal-prix directement aligné avec l?état de
la ressource. Le retour d?expérience de ces pays est complexe car les réformes ne se sont pas
limitées à l?introduction d?un signal-prix. Cependant, la littérature montre que les marchés de
24 Dans cette situation, cela signifie que le prix de l?eau est très en-deçà de l?utilité marginale de l?eau.
25 Les surfaces en tournesol en France (hors territoires ultramarins) ont ainsi augmenté de 23 % en 2022 par rapport à 2021, et de
33,5 % par rapport à la période 2017-2021 en moyenne. Terre-net, 2022, Un potentiel de rendement du tournesol altéré par la
sécheresse, www.terre-net.fr/observatoire-technique-culturale/strategie-technique-culturale/article/estimations-de-rendements-
en-tournesol-recolte-2022-217-221034.html
https://www.terre-net.fr/observatoire-technique-culturale/strategie-technique-culturale/article/estimations-de-rendements-en-tournesol-recolte-2022-217-221034.html
https://www.terre-net.fr/observatoire-technique-culturale/strategie-technique-culturale/article/estimations-de-rendements-en-tournesol-recolte-2022-217-221034.html
Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource - 37 ?
l?eau à court terme ont permis, à sécheresse donnée, d?atténuer leur impact économique sur
le secteur irrigué de façon substantielle. Concernant la tarification, Israël a entrepris des
réformes de politique de l?eau depuis plusieurs années, comportant notamment une hausse
de prix de l?eau en contrepartie d?une sécurisation de la ressource. Les résultats ont été
positifs, avec de réelles économies d?eau constatées (Gruère et al., 2018).
C. Prix de l?eau agricole et conséquences distributives : une combinaison d?instruments
peut-elle rendre les réformes acceptables ?
Une récente étude de l?OCDE analyse dans quelle mesure les réformes des politiques de l?eau
entreprises entre 2009 et 2019 ont permis aux pays concernés de se rapprocher des principes
édictés par la recommandation du Conseil de l?OCDE sur l?eau (OCDE, 2016). Elle montre des
progrès dans l?ensemble dans la majorité des pays et dans les différents aspects des politiques
de l?eau concernées (gouvernance, gestion des risques, etc.). L?utilisation de l?instrument prix
progresse également dans les pays de l?OCDE, mais de manière moins rapide que les autres
dimensions des politiques de l?eau (figure 9). Ceci peut s?interpréter, tout au moins dans
certains cas, par les difficultés d?acceptabilité sociale qu?engendre une hausse de prix de l?eau.
Figure 9 : alignement global des politiques de l'agriculture et de l'eau sur des chapitres
spécifiques de la recommandation du Conseil sur l'eau dans les 39 pays examinés, 2009 et
2019
Source : Gruère et al, 2020
Les expériences de réformes des politiques de l?eau menées dans certains pays soulignent
l?importance d?une combinaison d?instruments de de politiques pour les rendre acceptables.
En Australie, par exemple, la mise en place des systèmes de marchés de l?eau a été associée à
un programme de soutien aux agriculteurs. En effet les droits d?accès à l?eau dont bénéficient
les agriculteurs ont fait l?objet de rachats par le gouvernement pour rétablir l?équilibre offre-
demande, alors qu?une approche « utilisateur-payeur » aurait conduit à l?absence d?une telle
compensation. En 2007, un plan national en dix points pour la sécurité de l'eau a été mis en
place et incluait un fonds « Restoring the Balance », de 3,1 Md AUD pour le rachat des droits
? 38 - Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource
d'eau et un programme « Sustainable Rural Water Use and Infrastructure » de 5,8 Md AUD
pour financer des infrastructures (Gruère et al., 2018).
En Israël, des réformes de la gestion de l?eau ont été menées depuis les années 1990, dans
lesquelles l?augmentation du prix de l?eau constituait le volet principal (Gruère et al., 2018). Le
système de tarification de l?eau agricole existe depuis 1991, initialement sous la forme d?un
tarif progressif avec trois tranches. L?objectif était double : améliorer le recouvrement des
coûts du service, et fournir un signal-prix aux irrigants quant à la rareté de la ressource. Les
niveaux tarifaires ont été régulièrement augmentés depuis les années 2000. En 2006, un
Farmers? Agreement a été signé : il s?agissait d?augmenter les prix en contrepartie de la
construction d?usines de désalinisation permettant de sécuriser l?offre, en sus des efforts déjà
entrepris en matière de recyclage des eaux usées des zones urbaines pour fournir de l?eau au
secteur irrigué. Entre 2007 et 2015, les prix ont continué à augmenter, le système de tarifs par
tranches a été remplacé par un prix unique considéré comme plus incitatif, et les tarifications
ont été harmonisées entre régions. Il reste cependant des marges d?amélioration : les prix de
l'eau pour l'agriculture restent inférieurs à ceux payés pour l?eau potable et ne reflètent pas
encore le coût d?opportunité de l?eau. De plus, le prix inférieur des eaux usées traitées pour
l'irrigation tend à faire baisser le prix moyen de l'eau agricole.
Une forme d?intervention publique fréquemment observée au niveau mondial dans le
domaine de l?eau d?irrigation est le soutien à la modernisation des équipements et
infrastructures, dans le but d?améliorer l?efficience de l?irrigation et ainsi produire plus tout
en réduisant les quantités d?eau utilisées. Cette politique a l?avantage d?être plus acceptable
socialement par les agriculteurs, car elle prend la forme de soutiens publics, et elle contribue
à moderniser le capital des exploitations agricoles, ce qui en fait un outil en faveur de la
productivité et de la compétitivité du secteur. Cependant, si elle n?est pas accompagnée
d?autres mesures, elle peut avoir des effets indésirables. L?exemple le plus connu dans le
domaine de la gestion de l?eau agricole est celui du paradoxe de l?efficience, où l?amélioration
de l?efficience de l?irrigation au niveau individuel ne conduit pas nécessairement à des
économies d?eau sur le bassin versant, voire amènent à une hausse de la demande d?eau
agricole (encadré 6).
Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource - 39 ?
L?effet-rebond peut prendre différente forme selon le contexte : augmentation des surfaces
irriguées, choix des cultures, etc. Pour éviter l?effet-rebond, une solution consiste à mettre en
place des instruments complémentaires permettant de réguler la demande, tels que des
quotas ou l?augmentation du prix de l?eau.
Encadré 6 : améliorer la gestion de l?eau en subventionnant
les technologies d?irrigation plus efficientes ?
Le paradoxe de l?efficience de l?irrigation
De nombreux programmes ont été mis en place dans le monde pour aider les agriculteurs irrigants à
investir dans des équipements permettant une utilisation plus efficiente de l?eau (définie comme le
ratio eau utilisée sur l?exploitation divisée par l?eau prélevée), selon le paradigme « more crop per
drop » ( littéralement, « plus de récolte par goutte ») qui permettrait aux économies d?eau ainsi
engendrées de bénéficier aux autres utilisateurs et usages (ménages, industrie, environnement, etc.).
Depuis plusieurs années, cette politique est critiquée car elle a des effets secondaires indésirables.
Le premier est l?effet rebond : une meilleure efficience de l?eau incite l?agriculteur à augmenter ses
surfaces irriguées, à choisir des cultures plus intensives en eau qui seraient plus rentables, etc. Le
second effet indésirable concerne les externalités sur les autres utilisateurs : une amélioration de
l?efficience de l?irrigation sur une exploitation agricole peut réduire les pertes d?eau qui retournent
dans le système hydrologique par infiltration dans le sol, et par conséquent ne sont pas réutilisables
qui dépendent des nappes phréatiques bénéficiant de cette infiltration.
Des solutions existent cependant pour éviter ces effets indésirables : accompagner les politiques
d?équipement avec des mesures de contrôle de la demande en eau (par exemple : interdiction
d?augmenter les surfaces irriguées une fois l?équipement acquis), et une meilleure comptabilité des
stocks et flux d?eau au sein du bassin versant (et pas seulement au niveau de l?exploitation agricole),
qui constitue l?échelle pertinente de l?analyse de l?allocation de l?eau.
Source : Grafton et al. (2018)
? 40 - Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource
A. La redevance prélèvement, un instrument pertinent pour améliorer la gestion de
l?eau mais qui pourrait être amélioré
L?adaptation au changement climatique nécessitera de mobiliser une large palette
d?instruments : réglementaires, économiques, de gouvernance, etc., et ce dans de nombreux
domaines : sobriété, réutilisation des eaux usées, innovation, solutions fondées sur la nature.
La redevance pour prélèvement joue un rôle particulier dans la gestion de l?eau en France,
dans la mesure où elle vise, en principe, à intégrer dans le prix de l?eau, le coût d?opportunité
de la ressource associé à la rareté de l?eau. Elle est sensée constituer de ce fait un signal-prix
visant à une meilleure adéquation entre offre et demande et une meilleure allocation de l?eau
entre les différents usages, dans l?esprit du principe de recouvrement des coûts de la
directive-cadre sur l?eau.
La redevance prélèvement a plusieurs caractéristiques qui en font dans son principe un outil
particulièrement pertinent pour intégrer le coût de la rareté :
? Elle est cohérente avec le périmètre pertinent de la gestion de l?eau que constitue le
bassin hydrographique ;
? Elle est source de financements à l?échelle du bassin hydrographique pour les agences
de l?eau, permettant ainsi de prioriser les actions à l?échelle de gouvernance
pertinente.
D?autres instruments ont pris une dimension incitative pour économiser l?eau ces dernières
années, notamment la tarification progressive ou par tranches. Ils peuvent lui être
complémentaires car ils contribuent à l?effort collectif d?économie d?eau, mais ils n?ont pas
vocation à s?y substituer. Par ailleurs, les tarifs varient d'une commune à l'autre, ce qui ne
permet pas d'établir via le prix un signal unique reflétant la rareté de l'eau. L?échelle des
bassins ou sous-bassins hydrographiques est pertinente pour gérer les enjeux de partage de
la ressource.
Un deuxième point d?attention dans la mise en place d?une combinaison d?instruments est la
complexité qui en découle. Du côté de la demande, la superposition d?instruments sans
cohérence d?ensemble peut rendre moins lisible le niveau d?incitation effectif pour les
usagers. Du côté de l?offre, il peut s?avérer complexe de gérer des objectifs pouvant être
contradictoires, par exemple la viabilité financière nécessitant de collecter des recettes
suffisantes d?une part, et les incitations à réduire la consommation d?autre part26.
Si la redevance pour prélèvement est l?instrument prix le plus pertinent pour toutes ces
raisons, en pratique cependant, elle a plusieurs limites qui ne lui permettent pas d?être un
instrument réellement incitatif et efficace au sens de la théorie économique. Ces limites ont
notamment été pointées par Ben Maïd et Calvet (CGDD, 2012) et portent sur :
26 Par exemple, pour préserver certains usages économiques, certaines collectivités ont mis en place des tarifications « progressives-
dégressives », avec une augmentation du tarif unitaire par paliers jusqu?à un certain seuil, puis une diminution de ce tarif unitaire
par paliers au-delà de ce seuil ou instauré des tarifications progressives assorties de dérogations diverses d?application pour ne pas
pénaliser trop fortement les gros consommateurs.
IV. LE RÔLE DE LA REDEVANCE POUR
PRÉLEVEMENT DANS LA GESTION DE L?EAU
Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource - 41 ?
? L?assiette : la redevance est basée sur les prélèvements et non sur les consommations,
or selon les usages une partie des prélèvements sont restitués au milieu et n?aggravent
pas dans ce cas la rareté de l?eau.
? Le niveau : le niveau de la redevance est souvent considéré comme trop faible pour
avoir un rôle réellement incitatif en matière de prélèvement en eau pour les ménages,
les entreprises et les agriculteurs irrigants.
? L?hétérogénéité des taux de redevance entre les usages : le niveau de la redevance
pour prélèvement n?est pas le même selon les usages (eau potable, irrigation, autres
usages économiques, etc.), ce qui ne lui permet pas de jouer un rôle d?arbitrage
économique entre ces différents usages. L?arbitrage est seulement interne à chaque
usage.
? Le ciblage spatial : la redevance devrait en principe refléter le coût d?opportunité de
la ressource, qui peut varier fortement selon le cours d?eau ou les nappes considérées.
De fait, la redevance est modulée selon que le prélèvement s?effectue dans une zone
de répartition des eaux (ZRE), marquée par un déséquilibre chronique entre offre et
demande, ou en dehors d?une ZRE. Cependant, ce découpage ne distingue que deux
zones (ZRE ou non) et n?est pas suffisamment fin pour refléter l?hétérogénéité spatiale
du coût d?opportunité de la ressource.
? Le ciblage temporel : la redevance est fixée chaque année, mais ne varie pas en
fonction de la saison. Elle ne reflète pas ainsi les variations d?équilibre offre-demande,
particulièrement marquées en période estivale.
B. Évolution de la redevance prélèvement depuis 2012
Les redevances pour prélèvement, dont le taux est voté chaque année au sein de chaque
agence de l?eau, varient selon les bassins, les usages et le temps. La figure 10 ci-dessous
présente, pour chacun des grands bassins français (hors outre-mer), le niveau moyen de
redevance pour prélèvement pour chaque usage, depuis 2012. Il s?agit des montants unitaires
réels calculés en divisant pour chaque année d?activité la somme des montants de redevances
facturées par la somme des volumes prélevés facturés (c?est-à-dire en excluant les volumes
prélevés exonérés).
? 42 - Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource
Figure 10 : évolution du montant unitaire de redevance pour prélèvement des six bassins des
agences de l?eau selon les usages
5,04
0,84
0,18 0,03
1,48
0,02
5,47
0,85
0,50
0,06
1,60
0,02
-
1,00
2,00
3,00
4,00
5,00
6,00
Eau potable Irrigation non
gravitaire
Irrigation
gravitaire
Alimentation
Canal
Autre usage
économique
Refroidissment
industriel
Ce
nt
im
e
¤/
m
3
Bassin Adour-Garonne
2012-2014 2021-2023
5,58
1,55
0,00
1,81
0,10
5,36
2,38
0,01
2,82
0,14
-
1,00
2,00
3,00
4,00
5,00
6,00
Eau potable Irrigation non
gravitaire
Irrigation
gravitaire
Alimentation
Canal
Autre usage
économique
Refroidissment
industriel
Ce
nt
im
e
¤/
m
3
Bassin Artois-Picardie
2012-2014 2021-2023
3,79
1,11
0,01
2,03
0,20
3,59
1,55
0,01
2,60
0,21
-
0,50
1,00
1,50
2,00
2,50
3,00
3,50
4,00
Eau potable Irrigation non
gravitaire
Irrigation
gravitaire
Alimentation
Canal
Autre usage
économique
Refroidissment
industriel
Ce
nt
im
e
¤/
m
3
Bassin Loire-Bretagne
2012-2014 2021-2023
Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource - 43 ?
Note : les données restituées pour l?agence de l?eau Rhin Meuse représentent 99,72 % du volume total des dossiers de
Prélèvement pour l?année d?activité 2023.
Source : données recueillies par le CGDD auprès des agences de l?eau
5,08
0,39 0,47
0,03
0,57
0,11
5,20
0,47 0,47
0,02
0,79
0,12
-
1,00
2,00
3,00
4,00
5,00
6,00
Eau potable Irrigation non
gravitaire
Irrigation
gravitaire
Alimentation
Canal
Autre usage
économique
Refroidissment
industriel
Bassin Rhin-Meuse
Redevance prélèvement (centimes d'¤ par mètre cube)
2012-2014 2021-2023
4,74
0,49
0,07 0,01
0,60
0,03
4,84
0,49
0,15 0,01
0,63
0,05
-
1,00
2,00
3,00
4,00
5,00
6,00
Eau potable Irrigation non
gravitaire
Irrigation
gravitaire
Alimentation
Canal
Autre usage
économique
Refroidissment
industriel
Ce
nt
im
e
¤/
m
3
Bassin Rhône-Méditerranée Corse
2012-2014 2021-2023
5,55
1,88
0,70
5,54
2,64
0,02
1,00
-
1,00
2,00
3,00
4,00
5,00
6,00
Eau potable Irrigation non gravitaire Alimentation Canal Usages industriels
Ce
nt
im
e
¤/
m
3
Bassin Seine-Normandie
2012-2014 2021-2023
? 44 - Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource
Au sein de chacun des bassins, on observe que le niveau de redevance varie fortement selon
les usages : la redevance appliquée à l?eau potable est nettement plus élevée que celle
appliquée aux autres usages économiques, les usages industriels et l?irrigation. Cette
différence est significative, d?un facteur 2 à 6. Pour l?usage « eau potable », le taux de
redevance est relativement homogène entre les bassins, de l?ordre de 5 centimes ¤/m3, à
l?exception du bassin Loire-Bretagne qui affiche un taux inférieur (3,59 centimes ¤/m3 en 2021-
2023). Pour les autres usages, les taux varient très substantiellement d?un bassin à l?autre. Pour
l?irrigation non gravitaire, par exemple, le taux est de 0,47 centime ¤/m3 dans le bassin Rhin-
Meuse et de 2,64 centimes ¤/m3 dans le bassin Seine-Normandie en moyenne entre 2021 et
2023.
On note toutefois des évolutions depuis 2012. Dans les bassins Artois-Picardie et Loire-
Bretagne, les niveaux de redevance ont légèrement baissé pour l?eau potable (respectivement
de 4 % et 5 %) mais ont augmenté pour les usages économiques. Ces augmentations sont
fortes relativement à leur niveau initial en Artois-Picardie (+ 56 % pour les autres usages
économiques, + 53 % pour l?irrigation non gravitaire et + 32 % pour le refroidissement
industriel) et en Loire-Bretagne (+ 39 % pour l?irrigation non gravitaire et + 28 % pour les autres
usages économiques). Dans ces trois bassins, les écarts de redevance entre différents usages
ont donc eu tendance à se réduire, allant dans le sens d?une moindre hétérogénéité du prix
de l?eau. Dans les bassins Adour-Garonne, Seine-Normandie, Rhône-Méditerranée Corse et
Rhin-Meuse, on observe plutôt une hausse de la redevance pour prélèvement pour tous les
usages (hormis pour l?alimentation des canaux en Rhin-Meuse qui reste stable).
Ces évolutions sont à mettre en perspective avec la part des différents usages dans la
consommation totale de l?eau dans chacun des bassins (Figure 11). Dans le bassin Adour-
Garonne par exemple, la redevance a augmenté moins vite pour l?irrigation non-gravitaire
(+ 1 %) que pour l?eau potable (+ 9 %), alors que l?agriculture représente plus des trois quarts
des consommations en eau sur le bassin. Dans le bassin Rhin-Meuse, les plus fortes
augmentations de la redevance concernent les autres usages économiques (+ 39 %), suivis par
l?irrigation non gravitaire (+ 22 %) et l?eau potable (+ 2 %). Ces augmentations sont donc plus
fortes pour les secteurs les plus consommateurs, l?industrie et l?agriculture représentant
chacune plus d?un tiers des consommations totales sur le bassin ? sans compter que l?usage
agricole a tendance à se développer avec l?augmentation significative de surfaces irriguées
dans la région Grand Est.
Figure 11 : prélèvements et consommation d'eau douce en France (moyenne 2010-2021), en
millions de m3
Source : SDES, Bilan environnemental de la France, édition 2024, Datalab, mars 2025
Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource - 45 ?
Si l?on s?intéresse plus précisément à l?évolution des taux année par année, on observe que les
évolutions ne sont pas nécessairement « linéaires » ni « progressives ». La figure 12 illustre ce
point dans le cas du taux appliqué à l?irrigation non gravitaire. Les redevances ont pu
augmenter pendant plusieurs années, puis baisser au cours des années suivantes. Dans le
bassin Rhône-Méditerranée-Corse, la hausse a été particulièrement importante entre 2012 et
2016, mais a été suivie d?une baisse du même ordre entre 2017 et 2021. Dans le bassin Rhin-
Meuse, le taux a doublé entre 2012 et 2013 puis est resté stable. En l?absence de données ou
d?informations complémentaires, il n?est pas possible d?aller plus loin dans l?analyse de ces
variations (raisons budgétaires, lien avec des chocs climatiques, etc.). En particulier, il serait
utile d?analyser ces tendances au regard de l?évolution de la « rareté de l?eau », qui constitue
le fondement de la redevance pour prélèvement. Des fluctuations du même type sont
également observées pour la redevance pour prélèvement « eau potable », mais avec des
variations d?amplitude nettement moins fortes (figure 13).
Figure 12 : évolution du taux de redevance pour prélèvement pour l?irrigation non gravitaire,
2008-2023
Note : les taux de redevance correspondent aux taux appliqués aux prélèvements de l?année n bien qu?ils soient
déclarés et mis en recouvrement en l?année n+1.
Source : données des agences de l?eau recueillies par le CGDD. Pour l?agence de l?eau Rhin-Meuse, les données
restituées ci-dessous représentent 99,67 % du volume total des dossiers de Prélèvement pour l?année d?activité 2022.
Figure 13 : évolution du taux de redevance pour prélèvement pour l?eau potable, 2008-2023
Note : les taux de redevance correspondent aux taux appliqués aux prélèvements de l?année n bien qu?ils soient
déclarés et mis en recouvrement en l?année n+1.
Source : données des agences de l?eau recueillies par le CGDD, Pour l?agence de l?eau Rhin-Meuse, les données
restituées ci-dessous représentent 99,67 % du volume total des dossiers de Prélèvement pour l?année d?activité 2022.
0
50
100
150
200
250
20
08
20
09
20
10
20
11
20
12
20
13
20
14
20
15
20
16
20
17
20
18
20
19
20
20
20
21
20
22
20
23
Re
de
va
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e
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él
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em
en
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rr
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n
no
n
gr
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-
In
di
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1
00
=
2
01
2
Adour-Garonne
Artois-Picardie
Loire-Bretagne
Rhin-Meuse
Rhône-Méditerranée-Corse
Seine-Normandie
80
85
90
95
100
105
110
115
120
125
20
08
20
09
20
10
20
11
20
12
20
13
20
14
20
15
20
16
20
17
20
18
20
19
20
20
20
21
20
22
20
23
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1
00
=
2
01
2
Adour-Garonne
Artois-Picardie
Loire-Bretagne
Rhin-Meuse
Rhône-Méditerranée-Corse
Seine-Normandie
? 46 - Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource
C. La part de la redevance pour prélèvement dans le prix total de l?eau est-elle
suffisante pour être incitative ?
Le niveau de la redevance pour prélèvement est-il suffisant pour jouer un réel rôle incitatif
dans le choix des consommateurs, qu?il s?agisse des usagers de l?eau potable, de l?industrie ou
de l?irrigation ? L?élasticité-prix de l?eau est en général faible mais variable en fonction de
situations et des contextes, aussi bien dans le secteur de l?eau potable que dans le secteur
agricole. La redevance prélèvement ne constituant qu?une part du prix total de l?eau, il est
intéressant d?estimer cette part pour se rendre compte du potentiel d?une augmentation de
la redevance en matière d?incitation à économiser l?eau.
Pour les usagers d?eau potable, cette part est très limitée. Si l?on considère un prix de l?eau
total moyen de 4,69 ¤/m3, avec une redevance qui se situe autour de 5 centimes ¤/m3, cette
part n?est que de 1 % environ. Pour avoir des effets sur la consommation des usagers, il serait
ainsi nécessaire qu?une augmentation soit significative.
La situation est différente dans le cas de l?eau d?irrigation pour l?agriculture. Si l?on considère
un tarif moyen de 0,15 ¤/m3 (Jourdren et al., 2017) la redevance pour prélèvement peut
représenter un poids nettement plus significatif du prix de l?eau, pouvant aller de 5 % du prix
de l?eau dans le cas du bassin Adour-Garonne (redevance de 0,85 centime ¤/m3) jusqu?à 14 %
dans le cas du bassin Artois-Picardie (redevance de 2,38 centimes ¤/m3). Il s?agit d?ordres de
grandeur : cette part pourrait être très variable d?un sous-bassin à l?autre, d?une exploitation
agricole à l?autre, etc. En effet, les tarifs de l?eau d?irrigation présentent une certaine variabilité
d?un réseau à l?autre, et le taux de redevance est plus élevé en zones de répartition des eaux
(ZRE).
D. Pistes pour améliorer le caractère incitatif de la redevance pour prélèvement
La principale régulation existante concernant le caractère incitatif de la redevance est
l?existence de taux plafonds au niveau national sur la redevance pour prélèvement. L?article
L. 213-10-9 du Code de l?environnement détermine ainsi des taux maxima de redevance
prélèvement en fonction des différents usages et selon que la ressource en eau soit en zone
de répartition des eaux (catégorie 1) ou non (catégorie 2). Les taux plafonds ont fait l?objet de
deux augmentations au cours de ces dernières années : une première fois en 2013 et une
seconde fois en 2024. Cependant, les taux effectivement pratiqués ont dans l?ensemble été
inférieurs aux taux plafonds (IGF-IGEDD, 2022).
Afin de renforcer son potentiel incitatif et mieux refléter le coût d?opportunité de la
ressource, plusieurs pistes ont été proposées par le Commissariat général au développement
durable (CGDD, 2012) et, plus récemment, par l?Inspection générale des finances et
l?Inspection générale de l?environnement et du développement durable (IGF-IGEDD, 2022)
ainsi que par la Cour des Comptes (2023). L?idée d?un « niveau plancher » a notamment été
proposée, en complément du taux plafond déjà existant. Ce taux plancher a finalement vu le
jour avec la loi de finances pour 2024 du 29 décembre 2023 (art. 101 (V)). Celle-ci modifie
l?article L. 213-10-9 du Code de l?environnement en y introduisant pour la première fois des
taux planchers. Le tableau 2 récapitule l?évolution des taux plafonds et planchers avant 2013,
entre 2013 et 2024 et depuis 2024. On note que les taux plafonds ont été significativement
augmentés et que les usages à des fins d?irrigation voient leur taux plancher fixé à zéro.
Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource - 47 ?
Tableau 2 : plafonds et planchers tarifaires des redevances pour prélèvements en eau selon les
usages
En centimes d?euros par m3
Note : pour la fixation du tarif de la redevance, les ressources en eau de chaque bassin sont classées en catégorie 1
lorsqu'elles sont situées hors des zones de répartition des eaux définies en application du 2° du II de l'article L. 211-2
ou en catégorie 2 dans le cas contraire.
Source : article L. 213-10-9 du Code de l?environnement
L?apparition des taux plancher constitue une réforme très significative allant dans le sens d?un
signal-prix. Cependant, s?ils fournissent un premier « encadrement des prix », ils restent
insuffisants pour rendre compte de la rareté réelle de la ressource en eau dans l?espace et
dans le temps. Trois pistes d?amélioration de la redevance pour prélèvement pourraient être
proposées : la mise en place de trajectoires pluriannuelles de la redevance pour renforcer les
incitations à long terme et fournir une lisibilité aux agents économiques ; une modulation
saisonnière de type « tarif de pointe » pour renforcer les incitations à court terme (période
d?étiage), une modulation spatiale plus fine. Ces trois pistes sont présentées ci-après.
Incitations de long terme : vers une trajectoire pluriannuelle de la redevance prélèvement
pour refléter la rareté croissante de la ressource ?
Au cours des dernières années, on a pu observer dans certains bassins une tendance à la
hausse de la redevance pour prélèvement pour les usages autres que l?eau potable, et en
particulier pour l?irrigation. Ceci va dans le sens d?un rééquilibrage de la contribution entre les
différentes catégories d?usagers. Par ailleurs, cette tendance à la hausse est concomitante
d?une augmentation de la tarification de l?eau dans les périmètres irrigués, en lien notamment
avec celle des prix de l?énergie. Combinées, ces tendances concourent à rendre l?eau agricole
globalement plus chère, et par conséquent génèrent une incitation croissante à économiser
l?eau, en plus des autres facteurs que constituent les restrictions réglementaires, qui ont eu
aussi tendance à se développer sous l?effet de sécheresses de plus en plus fréquentes.
Toutefois, ces hausses de la redevance pour prélèvement ne sont cependant pas en tant que
telle « indexées » sur l?évolution réelle du coût d?opportunité de la ressource, dont on peut
raisonnablement faire l?hypothèse qu?il va augmenter dans les années à venir en raison du
changement climatique (figure 1). Les redevances ont connu certaines fluctuations à la hausse
ou à la baisse, selon les bassins. Ceci pose des problèmes d?incitation à long terme, en ne
fournissant pas aux agents économiques le signal d?une rareté croissante de la ressource dans
le temps.
Par conséquent, une amélioration possible consisterait à mettre en place une trajectoire
pluriannuelle de la redevance pour prélèvement. Celle-ci aurait pour objectif de rendre
Min Max Min Max Min Max Min Max Min Max Min Max
Irrigation autre que
gravitaire - 2 - 3 - 3,6 - 7,2 0 5,04 0 10,08
Irrigation gravitaire - 0,1 - 0,15 - 0,5 - 1 0 0,7 0 1,4
Alimentation en eau
potable - 6 - 8 - 7,2 - 14,4 2,82 10,08 5,64 20,16
Alimentation d'un canal - 0,015 - 0,03 - 0,03 - 0,06 0,012 0,042 0,024 0,084
Refroidissement industriel - 0,35 - 0,5 - 0,5 - 1 0,53 0,95 1,06 1,9
Autres usages
économiques - 3 - 4 - 5,4 - 10,8 1,97 7,56 3,93 15,12
Avant 2013 Entre 2013 et 2024 Depuis 2024
Catégorie 1 Catégorie 2 Catégorie 1 Catégorie 2Usages Catégorie 1 Catégorie 2
? 48 - Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource
tangible en tant que tendance structurelle la raréfaction des ressources en eau, au-delà des
variabilités interannuelles des conditions climatiques, et l?augmentation du coût
d?opportunité de la ressource qui va en résulter.
L?eau étant considérée comme une ressource renouvelable, la logique microéconomique qui
sous-tend une trajectoire de la redevance pour prélèvement est différente de celle qui
s?applique aux ressources non renouvelables (ou, de façon analogue, à une contrainte carbone
à ne pas dépasser pour éviter d?atteindre un réchauffement de 1,5 °C ou 2 °C). En effet dans
le cas des ressources non renouvelables, la règle de Hotelling27 constitue le cadre standard
d?analyse, dont le fondement réside dans l?arbitrage intertemporel de la consommation d?une
ressource finie. Dans le cas de l?eau, la ressource considérée est renouvelable, par conséquent
cet arbitrage intertemporel n?est pas pertinent.
Le rythme des hausses de la redevance pour prélèvement serait modéré au cours des
premières années, puis s?accélérerait progressivement pour ajuster le taux au coût
d?opportunité de la ressource. Une telle évolution croissante et progressive, aurait des
avantages en termes d?efficacité économique, car elle permettrait de répartir les efforts
d?adaptation dans le temps et s?approcher d?un « optimum » intertemporel. Enfin, une telle
trajectoire fournirait aux acteurs économiques un horizon clair sur lesquels ils pourront fonder
leurs choix d?investissement en internalisant la raréfaction croissante de l?eau dans leurs
calculs économiques. Un tel signal-prix inscrit dans le long terme, en complémentarité avec
des outils de gestion de crise à plus court terme, constituerait un élément structurant d?une
politique de planification écologique, tout en laissant aux acteurs économiques la liberté
d?action nécessaire pour que leurs choix soient adaptés à leurs situations propres et pour
susciter des initiatives innovantes au plus près du terrain en matière d?adaptation.
Par ailleurs, la construction de cette trajectoire pluriannuelle de la redevance prélèvement
pourrait s?accompagner d?un rééquilibrage des différents taux de redevance entre les
différents usages, qui restent aujourd?hui très contrastés, dans la perspective d?une cohérence
d?ensemble du signal-prix.
La mise en oeuvre de cette trajectoire nécessite des travaux complémentaires : il n?existe pas
ou peu de données sur le coût d?opportunité de la ressource, et ce coût est susceptible de
varier fortement dans l?espace et dans le temps, en fonction des conditions hydrologiques et
météorologiques qui modifient les disponibilités en eau et des niveaux de prélèvements des
différents usagers. Cette mise en oeuvre pratique nécessiterait de se fonder sur des
indicateurs qui puissent être utilisés comme des proxys raisonnables du coût d?opportunité
de la ressource, éventuellement des valeurs de référence, et dont l?évolution pourrait être
anticipée par les travaux de projections de l?offre et de la demande en eau.
Incitations à court terme : vers une modulation saisonnière de la redevance pour
prélèvement ?
Une seconde piste d?amélioration pour améliorer le potentiel incitatif de la redevance pour
prélèvement consisterait à introduire une dimension saisonnière dans le niveau de redevance,
à la façon d?un « tarif de pointe » tel qu?on peut l?observer dans d?autres secteurs. Cette piste
avait déjà été suggérée dans une précédente publication du CGDD sur la redevance pour
prélèvement (CGDD, 2012). Plus récemment, certaines villes se sont dotées de systèmes de
tarification saisonnière (encadré 7 concernant le cas de Toulouse), tel qu?encouragé par
Wheeler et al. (2025).
27 La règle de Hotelling explique comment le prix d'une ressource naturelle épuisable devrait évoluer au fil du temps. Selon cette
règle, un producteur rationnel choisira de vendre ou de conserver son stock de ressource en fonction du taux d'intérêt : pour
maximiser son profit, la valeur de la ressource non extraite doit croître chaque année au même rythme que le taux d?intérêt du
marché. Autrement dit, le prix de la ressource tend à augmenter au fil du temps aussi longtemps qu?elle est limitée et recherchée.
Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource - 49 ?
À ce jour, seule la variabilité géographique est prise en compte à travers les ZRE, mais aucune
modulation saisonnière de la redevance n?existe. Or, dans bon nombre de bassins versants,
les déséquilibres entre disponibilités et usages de la ressource en eau se concentrent sur des
périodes précises de l?année (en particulier en période d?étiage). Ces déséquilibres saisonniers
conduisent généralement les autorités à prendre des mesures de restriction quantitative, en
interdisant certains usages (par exemple : arrosage des jardins, remplissage des piscines) ou,
dans le domaine agricole, en imposant des restrictions à l?irrigation (interdictions d?irriguer,
réduction des volumes autorisés, etc.).
Ces restrictions quantitatives saisonnières permettent un certain retour à l?équilibre, mais
elles ont également des coûts pour les usagers de l?eau : baisse des rendements agricoles,
réduction de services pour les usages et les touristes, etc. Ces coûts ne sont pas
nécessairement répartis de façon efficace entre les usagers. Par exemple, si on considère deux
exploitations agricoles avec des valorisations marginales de l?eau différentes, une restriction
d?irrigation identique entre les deux exploitations engendrera plus de pertes pour
l?exploitation ayant la valorisation marginale de l?eau la plus élevée. L?avantage d?un
instrument prix de type « tarif de pointe » serait de répartir ces coûts de façon plus
efficace : chaque usager ajusterait sa consommation en égalisant sa valeur marginale de l?eau
avec le tarif de pointe28.
Outre une allocation plus efficace de l?eau, le tarif de pointe pourrait également contribuer à
résorber, au moins en partie, le déséquilibre entre usages et ressources en eau en période
d?étiage. En effet, certaines études empiriques suggèrent que l?élasticité-prix de la demande
en eau pourrait être plus élevée en période d?étiage, au moins en ce qui concerne l?eau
potable pour les ménages (Griffin & Chang, 1991; Lyman, 1992). S?agissant du bénéfice
économique pour la collectivité, l?expérience des marchés de l?eau à court terme en Australie
offre un éclairage, certes indirect, mais intéressant29 : les agriculteurs irrigants peuvent, lors
28 À condition bien sûr, que les consommations soient suffisamment élastiques aux prix.
29 Dans le cas de l?Australie, le marché de l?eau a deux composantes, avec des droits à long terme et des droits à court terme. Le
prix de l?eau sur le marché à court terme émerge des échanges de droits entre agriculteurs, à la différence d?une redevance ou d?un
prix administré, qui lui est fixé à l?avance et n?intègre pas d?échanges de droits entre préleveurs. Si les deux systèmes sont différents,
Encadré 7 : tarification saisonnière, l?exemple de Toulouse
Pour préserver la ressource en eau face au changement climatique, Toulouse Métropole a
introduit une tarification saisonnière à partir de juin 2024. Cette mesure vise à réduire les
prélèvements d?eau de la Garonne, la principale source locale, en incitant les habitants à
ajuster leur consommation lors des périodes de sécheresse.
La tarification saisonnière repose sur un prix qui varie selon la période de l?année. Le tarif
de référence TTC, servant de base aux variations saisonnières, est fixé à 3,34 ¤/m3. Entre
juin et octobre, ce tarif augmente de 42 %, atteignant 4,40 ¤/m³. À l?inverse, de novembre
à mai, il baisse de 30 %, descendant à 2,58 ¤/m³. Selon le gestionnaire, ces variations de
tarif permettent de ne pas pénaliser les foyers dont la consommation reste stable sur
l?année, les surcoûts d?été étant compensés par les économies réalisées le reste de l?année.
En complément, la métropole met gratuitement à disposition des habitants des kits
d?économiseurs d?eau pour encourager les écogestes et la réduction des consommations au
quotidien. La sensibilisation aux écogestes et ces équipements accompagnent la nouvelle
tarification pour renforcer l?impact des mesures de préservation de la ressource.
? 50 - Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource
de la saison estivale, échanger des droits à prélever, formant ainsi un prix de marché de l?eau
(Wheeler et al., 2025). Les travaux d?évaluation économique de ce système montrent qu?en
cas de sécheresse, ces marchés de l?eau permettent d?atténuer substantiellement les pertes
économiques ? de l?ordre de 220 millions de dollars australiens lors de la sécheresse de 2008-
2009 (Kiem, 2013). L?avantage d?une meilleure allocation liée à un signal-prix est d?autant plus
pertinente qu?avec le changement climatique, la fréquence et la gravité des sécheresses vont
augmenter, risquant d?aggraver les déséquilibres entre usages et ressources en période
d?étiage.
Une modulation saisonnière de la redevance pour prélèvement pourrait ainsi fournir un
signalprix allant dans le sens d?une meilleure prise en compte des déséquilibres entre les
usages et les ressources, en se fondant sur des indicateurs pertinents qui seraient à définir
(niveau de nappe, débit de rivière, etc.). Cette modulation saisonnière aurait vocation à
compléter les dispositifs de régulation existants, sans pour autant les remplacer, car les
restrictions de nature quantitative ont aussi certaines propriétés intéressantes par rapport
aux instruments fondés sur les prix (Salanié & Zaporozhets, 2021). Par rapport à des systèmes
de marchés de l?eau, le système de tarif de pointe régulé a aussi l?avantage d?être plus
prévisible pour les usagers de l?eau, dans la mesure où les tarifs sont affichés à l?avance,
contrairement aux marchés « spot » de l?eau dont le prix peut fluctuer librement en fonction
des conditions de l?offre et de la demande, transformant le risque « quantité » en risque
« prix ».
Pour mettre en oeuvre cette modulation saisonnière de l?eau, il serait nécessaire de
développer des systèmes d?information fournissant des données sur les volumes d?eau
prélevés à un pas de temps fin. À court terme, ceci constitue en effet un enjeu important de
faisabilité. Cependant, à l?avenir, le développement des compteurs connectés associés à la
télérelève pourrait contribuer à faciliter la mise en place d?un tel système de modulation, sans
que cela ne conduise à des coûts de gestion rédhibitoires au regard des bénéfices potentiels
du système. Par ailleurs, la télérelève pourrait aussi avoir un intérêt en tant qu?outil de gestion
pour les agriculteurs irrigants. La question de l?acceptabilité de la télérelève a fait l?objet de
travaux d?étude récents qui fournissent des premiers éclairages sur cette question : nécessité
d?informer les usagers, de les accompagner dans une logique d?apprentissage et dans la
perspective de réaliser des économies d?eau, etc. (Marielle et al., 2019; Montginoul, 2019;
Montginoul & Vestier, 2016). Un autre enjeu est celui de la fiabilité des données collectées par
la télérelève, nécessaire pour en assurer l?efficacité et l?acceptabilité sociale, et les besoins de
maintenance requis.
Une autre limite est l?acceptabilité sociale du tarif de pointe, en raison des impacts qu?il
pourrait avoir sur certains usagers en période estivale, en particulier les agriculteurs irrigants
et le secteur du tourisme. La mise en place d?un tarif de pointe requerrait d?analyser plus en
détail ces impacts. De par son assise sur les prélèvements en eau, elle semble toutefois plus
pertinente que d?autres mesures saisonnières qui se limitent à certaines catégories, comme
par exemple la récente mise en place dans un contexte d?état d?urgence hydrique d?une taxe
« eau et tourisme » de cinq euros par nuitée pour les touristes en séjour à Barcelone depuis le
1er mars 2025.
le système de marchés australiens fournit cependant un éclairage sur les bénéfices potentiels d?un instrument prix liés à une
allocation plus efficace des ressources, même s?il est important de garder à l?esprit ces différences.
Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource - 51 ?
Vers davantage de modulation spatiale
Une troisième piste d'amélioration potentielle est la modulation spatiale du taux de
redevance. Aujourd'hui ce taux est principalement différencié selon que le prélèvement
s'effectue en ZRE ou non. Certaines agences de l'eau pratiquent toutefois un ciblage plus fin,
comme par exemple l'agence de l'eau Adour-Garonne qui distingue au total 6 zones : en
dehors de la ZRE, les taux de redevance sont différenciés selon trois unités géographiques :
les nappes des sables des landes (taux les moins élevés), les nappes captives (taux les plus
élevés) et le reste des zones hors ZRE. Au sein des ZRE le même découpage est adopté avec
des taux distincts.
À titre d'illustration, le taux de redevance prélèvement pour l'irrigation non gravitaire est égal
à 0,73 centime ¤/m3 hors ZRE et en nappes de sables des landes ; contre 2,74 centimes ¤/m3
en ZRE dans les nappes captives.
Une modulation spatiale plus fine permet de rapprocher le taux de prélèvement des
conditions propres à chaque ressource en matière de rareté de l?eau. Une piste possible serait
par exemple de se fonder sur les projets de territoire pour la gestion de l?eau (PTGE)30 comme
base de modulation territoriale. Cette modulation territoriale pourrait en outre être couplée
à un effort accru de financement des investissements en faveur de l?adaptation (cf. section
suivante).
Combinaison d?instruments : redevance prélèvement et investissement dans l?adaptation
Les réformes de la gestion de l?eau conduites dans un certain nombre de pays de l?OCDE ont
montré la nécessité d?accompagner les réformes du prix de l?eau de mesures
d?accompagnement, pour éviter des perturbations économiques à court terme pour les
usagers, et les rendre plus acceptables à travers une redistribution des avantages.
Au-delà de fournir une incitation à économiser, les trois pistes d?évolution proposées ci-
dessous (trajectoire pluriannuelle, modulation saisonnière et modulation spatiale de la
redevance prélèvement) auraient également pour conséquences de fournir un surplus de
recettes mobilisables pour contribuer au financement de projets d?adaptation au
changement climatique pour les différents usagers, alors même que les besoins de
financement en matière d?adaptation risquent d?être particulièrement importants dans les
années à venir. Par exemple, dans le secteur agricole, particulièrement exposé aux
conséquences du changement climatique, il pourrait s?agir d?investissements en faveur de
systèmes de culture plus économes en eau, de systèmes d?information pour optimiser le
pilotage de la demande, etc.
Une combinaison d?instruments combinant incitations et expansions des besoins de
financement pourrait potentiellement répondre, au moins en partie, aux enjeux
d?acceptabilité sociale, en l?inscrivant dans une perspective d?investissement et d?efficacité
économique et écologique à long terme pour les acteurs économiques concernés.
En pratique, les besoins d?investissement pour l?adaptation peuvent émerger des PTGE et
bénéficier d?efforts accrus de financement (ciblage plus fort des aides des agences de l?eau)
grâce aux recettes supplémentaires dégagées par l?augmentation de la redevance
prélèvement.
30 Un PTGE est « une démarche reposant sur une approche globale et co-construite de la ressource en eau sur un périmètre
cohérent (...), aboutissant à un engagement de l?ensemble des usagers d?un territoire (...) permettant d?atteindre, dans la durée, un
équilibre entre besoins et ressources disponibles en respectant la bonne fonctionnalité des écosystèmes aquatiques (...), dans une
perspective de développement durable du territoire. » Source : MASA (2023).
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Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource - 55 ?
Introduction ............................................................................................................................................... 4
Synthèse ...................................................................................................................................................... 6
I. PRINCIPAUX CONCEPTS DE L?ÉCONOMIE DE L?EAU : VALEUR, COÛTS ET PRIX .................. 9
A. Les bénéfices et les coûts de la ressource en eau .................................................................... 9
B. Les instruments économiques de recouvrement des coûts ..................................................10
C. Les différentes formes tarifaires du service public d?eau et leurs implications sociales et
environnementales .............................................................................................................................15
II. LE PRIX DU SERVICE D?EAU POTABLE ET D?ASSAINISSEMENT COLLECTIF ........................ 20
A. En France, un prix de l?eau en augmentation mais qui reste insuffisant pour couvrir les
coûts de production .......................................................................................................................... 20
Le prix de l?eau en France pour l?eau potable et l?assainissement...................................... 20
Un taux de recouvrement insuffisant pour couvrir le renouvellement du patrimoine
existant ........................................................................................................................................... 22
B. Le prix de l?eau est aussi un instrument de gestion de la demande .................................... 23
C. Le prix est-il un bon instrument pour favoriser l?accès à l?eau pour tous ? ....................... 25
La part de la facture d?eau dans le budget des ménages ..................................................... 25
Une prise en compte croissante du volet social dans la politique de l?eau ...................... 26
D. Les impacts écologiques et sociaux de la tarification sociale de l?eau .............................. 28
III. LE PRIX DE L?EAU POUR L?IRRIGATION DANS LE SECTEUR AGRICOLE .............................. 30
A. Le prix de l?eau pour l?irrigation en France ...............................................................................31
Les tarifs de l?eau dans les réseaux collectifs d?irrigation et les compagnies
d?aménagement .............................................................................................................................31
La redevance pour prélèvement ............................................................................................... 35
B. Le prix de l?eau est-il un instrument efficace pour inciter aux économies d?eau dans le
secteur agricole ? ............................................................................................................................... 35
C. Prix de l?eau agricole et conséquences distributives : une combinaison d?instruments
peut-elle rendre les réformes acceptables ? ................................................................................ 37
Table des matières
? 56 - Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource
IV. LE RÔLE DE LA REDEVANCE POUR PRÉLEVEMENT DANS LA GESTION DE L?EAU ........... 40
A. La redevance prélèvement, un instrument pertinent pour améliorer la gestion de l?eau
mais qui pourrait être amélioré ....................................................................................................... 40
B. Évolution de la redevance prélèvement depuis 2012 .............................................................41
C. La part de la redevance pour prélèvement dans le prix total de l?eau est-elle suffisante
pour être incitative ? ......................................................................................................................... 46
D. Pistes pour améliorer le caractère incitatif de la redevance pour prélèvement ............. 46
Incitations de long terme : vers une trajectoire pluriannuelle de la redevance
prélèvement pour refléter la rareté croissante de la ressource ? ....................................... 47
Incitations à court terme : vers une modulation saisonnière de la redevance pour
prélèvement ? ................................................................................................................................ 48
Vers davantage de modulation spatiale ...................................................................................51
Combinaison d?instruments : redevance prélèvement et investissement dans
l?adaptation .....................................................................................................................................51
Bibliographie ............................................................................................................................................ 52
Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource - 57 ?
CGDD, août 2025
Coordination éditoriale : Laurianne Courtier
Commissariat général
au développement durable
Service de l?économie verte et solidaire
Sous-direction de l?économie et de l?évaluation
Tour Séquoia ? 92055 La Défense cedex
Courriel : diffusion.cgdd@developpement-durable.gouv.fr
www.ecologie.gouv.fr
mailto:diffusion.cgdd@developpement-durable.gouv.fr
http://www.ecologie.gouv.fr/
Introduction
Synthèse
Principaux concepts de l?économie de l?eau : valeur, coûts et prix
Le prix du service d'eau potable et d'assainissement collectif
Le prix de l?eau pour l?irrigation dans le secteur agricole
Le rôle de la redevance pour prélevement dans la gestion de l?eau
Table des matières
Bibliographie
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INVALIDE) (ATTENTION: OPTION ndés sur le prix ne jouent qu?un rôle très
limité. Comme mentionné en partie I, le coût d?opportunité de la ressource est rarement
couvert par un instrument prix dans les pays de l?OCDE, mais davantage par des systèmes de
priorisation et de restriction. Les instruments quantitatifs incluent les autorisations de
prélèvement, les quotas (individuels ou collectifs, transférables ou non transférables) et
d?autres formes de restrictions, tels que les arrêtés d?interdiction d?irriguer pendant une durée
déterminée ou par période (par exemple : deux jours par semaine). Des systèmes de quotas
(gestion volumétrique), ont été mis en place dans les bassins versants et se fondent sur un
volume maximum autorisé pour les prélèvements d?irrigation. Ce volume peut être revu à la
baisse en fonction de l?état des ressources en eau (débit de rivière, niveau de nappe
phréatique), de façon à ajuster à la baisse les prélèvements à la disponibilité réelle en eau sur
une période donnée, typiquement en période d?étiage.
Il apparaît consensuel, aussi bien dans les rapports d?évaluation que du point de vue des
économistes de l?eau, que le niveau de redevance actuel ne permet pas de changer les
comportements en matière d?usage de l?eau d?irrigation (cf. supra). Se pose cependant la
23 Les zones de répartition des eaux sont des zones où est constatée une insuffisance, autre qu'exceptionnelle, des ressources par
rapport aux besoins. Elles sont définies afin de faciliter la conciliation des intérêts des différents utilisateurs de l'eau.
? 36 - Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource
question du niveau qui serait réellement incitatif, pour jouer un rôle significatif dans la gestion
de la demande et l?efficacité de l?utilisation de l?eau.
Les travaux empiriques vont dans le sens d?une inélasticité de la demande en eau d?irrigation,
en particulier à court terme. Un large ensemble de travaux empiriques, soit basés sur des
estimations économétriques, soit des modèles micro-économiques d?exploitations agricoles,
suggère en effet une faible élasticité de la demande d?eau agricole. Pour autant, cette
conclusion ne peut être généralisée, car ces résultats sont très variables selon les situations :
méthode d?estimation utilisée, présence de cultures à haute valeur ajoutée, niveau initial de
prix de l?eau, etc. Une méta-analyse de référence sur ce sujet (Scheierling et al., 2006), basée
sur 73 valeurs, issues de 24 études répertoriées aux États-Unis, indique une élasticité-prix
moyenne de 0,48, une médiane de 0,16 et un écart-type de 0,53. Les estimations vont de 0,001
à 1,97. Le type de cultures est important à considérer : pour des cultures irriguées à haute
valeur ajoutée à l?hectare, on peut supposer que les choix de production seront très peu
sensibles au prix de l?eau24. Pour des systèmes de cultures permettant une substitution vers
d?autres cultures ou vers une diversification, une hausse du prix de l?eau pourrait davantage
conduire à des changements vers des assolements plus économes en eau. Le regain des
surfaces en tournesol en 2022, plus résilient aux conditions de sécheresse que le maïs, dans
un contexte de marchés porteurs, illustre des capacités d?adaptation des systèmes de culture
en réponse aux conditions climatiques et aux prix25.
Par ailleurs, l?élasticité de la demande à long terme est généralement supérieure à l?élasticité
à court terme, ce qui suggère un réel pouvoir incitatif du prix de l?eau pour changer les
comportements, au moins sur une période de plusieurs années. Cette différence entre court
et long terme peut s?expliquer par le fait que les exploitations agricoles modernes sont
généralement très spécialisées dans un nombre réduit de cultures, endettées, très
capitalistiques, et dotées de matériels productifs spécifiques aux cultures produites, ce qui
donne peu de souplesse pour ajuster les choix de production à court terme (par exemple :
exploitations céréalières, monocultures de maïs, etc.).
En France, Montginoul et Rieu (1996) ont estimé la fonction de demande en eau d?irrigation
dans le bassin versant du fleuve Charente en utilisant un modèle microéconomique
d?exploitation agricole. Ils montrent que cette fonction de demande a une forme en escalier :
l?élasticité-prix de l?eau d?irrigation est très faible en-deçà d?un certain seuil puis augmente
fortement au-delà de ce seuil (1,55 F/m3 en 1996, soit 0,37 ¤/m3 actuel en corrigeant de
l?inflation). En passant ce seuil, demande en eau d?irrigation chute fortement, la surface
irriguée passant de 38 % de la surface agricole utile (SAU) de l?exploitation à 6 % seulement.
Les impacts sur le revenu d?une augmentation du prix de l?eau sont également très
significatifs. Cette étude doit cependant être interprétée dans le contexte géographique
(Charente) et historique (1996) qui lui est propre : types d?exploitations, politiques agricoles,
prix et marchés, etc. ont évolué depuis, et ceci pourrait potentiellement changer les résultats.
Les expériences menées dans certains pays sur la tarification incitative fournissent d?autres
arguments intéressants en faveur de l?instrument prix. Plusieurs pays ont mis en place des
marchés de l?eau : Australie, Chili, États-Unis notamment. Ces marchés sont en général des
systèmes de marchés de droits, ce qui diffère d?un prix administré. Ils ont cependant en
commun de fournir aux agriculteurs irrigants un signal-prix directement aligné avec l?état de
la ressource. Le retour d?expérience de ces pays est complexe car les réformes ne se sont pas
limitées à l?introduction d?un signal-prix. Cependant, la littérature montre que les marchés de
24 Dans cette situation, cela signifie que le prix de l?eau est très en-deçà de l?utilité marginale de l?eau.
25 Les surfaces en tournesol en France (hors territoires ultramarins) ont ainsi augmenté de 23 % en 2022 par rapport à 2021, et de
33,5 % par rapport à la période 2017-2021 en moyenne. Terre-net, 2022, Un potentiel de rendement du tournesol altéré par la
sécheresse, www.terre-net.fr/observatoire-technique-culturale/strategie-technique-culturale/article/estimations-de-rendements-
en-tournesol-recolte-2022-217-221034.html
https://www.terre-net.fr/observatoire-technique-culturale/strategie-technique-culturale/article/estimations-de-rendements-en-tournesol-recolte-2022-217-221034.html
https://www.terre-net.fr/observatoire-technique-culturale/strategie-technique-culturale/article/estimations-de-rendements-en-tournesol-recolte-2022-217-221034.html
Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource - 37 ?
l?eau à court terme ont permis, à sécheresse donnée, d?atténuer leur impact économique sur
le secteur irrigué de façon substantielle. Concernant la tarification, Israël a entrepris des
réformes de politique de l?eau depuis plusieurs années, comportant notamment une hausse
de prix de l?eau en contrepartie d?une sécurisation de la ressource. Les résultats ont été
positifs, avec de réelles économies d?eau constatées (Gruère et al., 2018).
C. Prix de l?eau agricole et conséquences distributives : une combinaison d?instruments
peut-elle rendre les réformes acceptables ?
Une récente étude de l?OCDE analyse dans quelle mesure les réformes des politiques de l?eau
entreprises entre 2009 et 2019 ont permis aux pays concernés de se rapprocher des principes
édictés par la recommandation du Conseil de l?OCDE sur l?eau (OCDE, 2016). Elle montre des
progrès dans l?ensemble dans la majorité des pays et dans les différents aspects des politiques
de l?eau concernées (gouvernance, gestion des risques, etc.). L?utilisation de l?instrument prix
progresse également dans les pays de l?OCDE, mais de manière moins rapide que les autres
dimensions des politiques de l?eau (figure 9). Ceci peut s?interpréter, tout au moins dans
certains cas, par les difficultés d?acceptabilité sociale qu?engendre une hausse de prix de l?eau.
Figure 9 : alignement global des politiques de l'agriculture et de l'eau sur des chapitres
spécifiques de la recommandation du Conseil sur l'eau dans les 39 pays examinés, 2009 et
2019
Source : Gruère et al, 2020
Les expériences de réformes des politiques de l?eau menées dans certains pays soulignent
l?importance d?une combinaison d?instruments de de politiques pour les rendre acceptables.
En Australie, par exemple, la mise en place des systèmes de marchés de l?eau a été associée à
un programme de soutien aux agriculteurs. En effet les droits d?accès à l?eau dont bénéficient
les agriculteurs ont fait l?objet de rachats par le gouvernement pour rétablir l?équilibre offre-
demande, alors qu?une approche « utilisateur-payeur » aurait conduit à l?absence d?une telle
compensation. En 2007, un plan national en dix points pour la sécurité de l'eau a été mis en
place et incluait un fonds « Restoring the Balance », de 3,1 Md AUD pour le rachat des droits
? 38 - Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource
d'eau et un programme « Sustainable Rural Water Use and Infrastructure » de 5,8 Md AUD
pour financer des infrastructures (Gruère et al., 2018).
En Israël, des réformes de la gestion de l?eau ont été menées depuis les années 1990, dans
lesquelles l?augmentation du prix de l?eau constituait le volet principal (Gruère et al., 2018). Le
système de tarification de l?eau agricole existe depuis 1991, initialement sous la forme d?un
tarif progressif avec trois tranches. L?objectif était double : améliorer le recouvrement des
coûts du service, et fournir un signal-prix aux irrigants quant à la rareté de la ressource. Les
niveaux tarifaires ont été régulièrement augmentés depuis les années 2000. En 2006, un
Farmers? Agreement a été signé : il s?agissait d?augmenter les prix en contrepartie de la
construction d?usines de désalinisation permettant de sécuriser l?offre, en sus des efforts déjà
entrepris en matière de recyclage des eaux usées des zones urbaines pour fournir de l?eau au
secteur irrigué. Entre 2007 et 2015, les prix ont continué à augmenter, le système de tarifs par
tranches a été remplacé par un prix unique considéré comme plus incitatif, et les tarifications
ont été harmonisées entre régions. Il reste cependant des marges d?amélioration : les prix de
l'eau pour l'agriculture restent inférieurs à ceux payés pour l?eau potable et ne reflètent pas
encore le coût d?opportunité de l?eau. De plus, le prix inférieur des eaux usées traitées pour
l'irrigation tend à faire baisser le prix moyen de l'eau agricole.
Une forme d?intervention publique fréquemment observée au niveau mondial dans le
domaine de l?eau d?irrigation est le soutien à la modernisation des équipements et
infrastructures, dans le but d?améliorer l?efficience de l?irrigation et ainsi produire plus tout
en réduisant les quantités d?eau utilisées. Cette politique a l?avantage d?être plus acceptable
socialement par les agriculteurs, car elle prend la forme de soutiens publics, et elle contribue
à moderniser le capital des exploitations agricoles, ce qui en fait un outil en faveur de la
productivité et de la compétitivité du secteur. Cependant, si elle n?est pas accompagnée
d?autres mesures, elle peut avoir des effets indésirables. L?exemple le plus connu dans le
domaine de la gestion de l?eau agricole est celui du paradoxe de l?efficience, où l?amélioration
de l?efficience de l?irrigation au niveau individuel ne conduit pas nécessairement à des
économies d?eau sur le bassin versant, voire amènent à une hausse de la demande d?eau
agricole (encadré 6).
Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource - 39 ?
L?effet-rebond peut prendre différente forme selon le contexte : augmentation des surfaces
irriguées, choix des cultures, etc. Pour éviter l?effet-rebond, une solution consiste à mettre en
place des instruments complémentaires permettant de réguler la demande, tels que des
quotas ou l?augmentation du prix de l?eau.
Encadré 6 : améliorer la gestion de l?eau en subventionnant
les technologies d?irrigation plus efficientes ?
Le paradoxe de l?efficience de l?irrigation
De nombreux programmes ont été mis en place dans le monde pour aider les agriculteurs irrigants à
investir dans des équipements permettant une utilisation plus efficiente de l?eau (définie comme le
ratio eau utilisée sur l?exploitation divisée par l?eau prélevée), selon le paradigme « more crop per
drop » ( littéralement, « plus de récolte par goutte ») qui permettrait aux économies d?eau ainsi
engendrées de bénéficier aux autres utilisateurs et usages (ménages, industrie, environnement, etc.).
Depuis plusieurs années, cette politique est critiquée car elle a des effets secondaires indésirables.
Le premier est l?effet rebond : une meilleure efficience de l?eau incite l?agriculteur à augmenter ses
surfaces irriguées, à choisir des cultures plus intensives en eau qui seraient plus rentables, etc. Le
second effet indésirable concerne les externalités sur les autres utilisateurs : une amélioration de
l?efficience de l?irrigation sur une exploitation agricole peut réduire les pertes d?eau qui retournent
dans le système hydrologique par infiltration dans le sol, et par conséquent ne sont pas réutilisables
qui dépendent des nappes phréatiques bénéficiant de cette infiltration.
Des solutions existent cependant pour éviter ces effets indésirables : accompagner les politiques
d?équipement avec des mesures de contrôle de la demande en eau (par exemple : interdiction
d?augmenter les surfaces irriguées une fois l?équipement acquis), et une meilleure comptabilité des
stocks et flux d?eau au sein du bassin versant (et pas seulement au niveau de l?exploitation agricole),
qui constitue l?échelle pertinente de l?analyse de l?allocation de l?eau.
Source : Grafton et al. (2018)
? 40 - Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource
A. La redevance prélèvement, un instrument pertinent pour améliorer la gestion de
l?eau mais qui pourrait être amélioré
L?adaptation au changement climatique nécessitera de mobiliser une large palette
d?instruments : réglementaires, économiques, de gouvernance, etc., et ce dans de nombreux
domaines : sobriété, réutilisation des eaux usées, innovation, solutions fondées sur la nature.
La redevance pour prélèvement joue un rôle particulier dans la gestion de l?eau en France,
dans la mesure où elle vise, en principe, à intégrer dans le prix de l?eau, le coût d?opportunité
de la ressource associé à la rareté de l?eau. Elle est sensée constituer de ce fait un signal-prix
visant à une meilleure adéquation entre offre et demande et une meilleure allocation de l?eau
entre les différents usages, dans l?esprit du principe de recouvrement des coûts de la
directive-cadre sur l?eau.
La redevance prélèvement a plusieurs caractéristiques qui en font dans son principe un outil
particulièrement pertinent pour intégrer le coût de la rareté :
? Elle est cohérente avec le périmètre pertinent de la gestion de l?eau que constitue le
bassin hydrographique ;
? Elle est source de financements à l?échelle du bassin hydrographique pour les agences
de l?eau, permettant ainsi de prioriser les actions à l?échelle de gouvernance
pertinente.
D?autres instruments ont pris une dimension incitative pour économiser l?eau ces dernières
années, notamment la tarification progressive ou par tranches. Ils peuvent lui être
complémentaires car ils contribuent à l?effort collectif d?économie d?eau, mais ils n?ont pas
vocation à s?y substituer. Par ailleurs, les tarifs varient d'une commune à l'autre, ce qui ne
permet pas d'établir via le prix un signal unique reflétant la rareté de l'eau. L?échelle des
bassins ou sous-bassins hydrographiques est pertinente pour gérer les enjeux de partage de
la ressource.
Un deuxième point d?attention dans la mise en place d?une combinaison d?instruments est la
complexité qui en découle. Du côté de la demande, la superposition d?instruments sans
cohérence d?ensemble peut rendre moins lisible le niveau d?incitation effectif pour les
usagers. Du côté de l?offre, il peut s?avérer complexe de gérer des objectifs pouvant être
contradictoires, par exemple la viabilité financière nécessitant de collecter des recettes
suffisantes d?une part, et les incitations à réduire la consommation d?autre part26.
Si la redevance pour prélèvement est l?instrument prix le plus pertinent pour toutes ces
raisons, en pratique cependant, elle a plusieurs limites qui ne lui permettent pas d?être un
instrument réellement incitatif et efficace au sens de la théorie économique. Ces limites ont
notamment été pointées par Ben Maïd et Calvet (CGDD, 2012) et portent sur :
26 Par exemple, pour préserver certains usages économiques, certaines collectivités ont mis en place des tarifications « progressives-
dégressives », avec une augmentation du tarif unitaire par paliers jusqu?à un certain seuil, puis une diminution de ce tarif unitaire
par paliers au-delà de ce seuil ou instauré des tarifications progressives assorties de dérogations diverses d?application pour ne pas
pénaliser trop fortement les gros consommateurs.
IV. LE RÔLE DE LA REDEVANCE POUR
PRÉLEVEMENT DANS LA GESTION DE L?EAU
Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource - 41 ?
? L?assiette : la redevance est basée sur les prélèvements et non sur les consommations,
or selon les usages une partie des prélèvements sont restitués au milieu et n?aggravent
pas dans ce cas la rareté de l?eau.
? Le niveau : le niveau de la redevance est souvent considéré comme trop faible pour
avoir un rôle réellement incitatif en matière de prélèvement en eau pour les ménages,
les entreprises et les agriculteurs irrigants.
? L?hétérogénéité des taux de redevance entre les usages : le niveau de la redevance
pour prélèvement n?est pas le même selon les usages (eau potable, irrigation, autres
usages économiques, etc.), ce qui ne lui permet pas de jouer un rôle d?arbitrage
économique entre ces différents usages. L?arbitrage est seulement interne à chaque
usage.
? Le ciblage spatial : la redevance devrait en principe refléter le coût d?opportunité de
la ressource, qui peut varier fortement selon le cours d?eau ou les nappes considérées.
De fait, la redevance est modulée selon que le prélèvement s?effectue dans une zone
de répartition des eaux (ZRE), marquée par un déséquilibre chronique entre offre et
demande, ou en dehors d?une ZRE. Cependant, ce découpage ne distingue que deux
zones (ZRE ou non) et n?est pas suffisamment fin pour refléter l?hétérogénéité spatiale
du coût d?opportunité de la ressource.
? Le ciblage temporel : la redevance est fixée chaque année, mais ne varie pas en
fonction de la saison. Elle ne reflète pas ainsi les variations d?équilibre offre-demande,
particulièrement marquées en période estivale.
B. Évolution de la redevance prélèvement depuis 2012
Les redevances pour prélèvement, dont le taux est voté chaque année au sein de chaque
agence de l?eau, varient selon les bassins, les usages et le temps. La figure 10 ci-dessous
présente, pour chacun des grands bassins français (hors outre-mer), le niveau moyen de
redevance pour prélèvement pour chaque usage, depuis 2012. Il s?agit des montants unitaires
réels calculés en divisant pour chaque année d?activité la somme des montants de redevances
facturées par la somme des volumes prélevés facturés (c?est-à-dire en excluant les volumes
prélevés exonérés).
? 42 - Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource
Figure 10 : évolution du montant unitaire de redevance pour prélèvement des six bassins des
agences de l?eau selon les usages
5,04
0,84
0,18 0,03
1,48
0,02
5,47
0,85
0,50
0,06
1,60
0,02
-
1,00
2,00
3,00
4,00
5,00
6,00
Eau potable Irrigation non
gravitaire
Irrigation
gravitaire
Alimentation
Canal
Autre usage
économique
Refroidissment
industriel
Ce
nt
im
e
¤/
m
3
Bassin Adour-Garonne
2012-2014 2021-2023
5,58
1,55
0,00
1,81
0,10
5,36
2,38
0,01
2,82
0,14
-
1,00
2,00
3,00
4,00
5,00
6,00
Eau potable Irrigation non
gravitaire
Irrigation
gravitaire
Alimentation
Canal
Autre usage
économique
Refroidissment
industriel
Ce
nt
im
e
¤/
m
3
Bassin Artois-Picardie
2012-2014 2021-2023
3,79
1,11
0,01
2,03
0,20
3,59
1,55
0,01
2,60
0,21
-
0,50
1,00
1,50
2,00
2,50
3,00
3,50
4,00
Eau potable Irrigation non
gravitaire
Irrigation
gravitaire
Alimentation
Canal
Autre usage
économique
Refroidissment
industriel
Ce
nt
im
e
¤/
m
3
Bassin Loire-Bretagne
2012-2014 2021-2023
Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource - 43 ?
Note : les données restituées pour l?agence de l?eau Rhin Meuse représentent 99,72 % du volume total des dossiers de
Prélèvement pour l?année d?activité 2023.
Source : données recueillies par le CGDD auprès des agences de l?eau
5,08
0,39 0,47
0,03
0,57
0,11
5,20
0,47 0,47
0,02
0,79
0,12
-
1,00
2,00
3,00
4,00
5,00
6,00
Eau potable Irrigation non
gravitaire
Irrigation
gravitaire
Alimentation
Canal
Autre usage
économique
Refroidissment
industriel
Bassin Rhin-Meuse
Redevance prélèvement (centimes d'¤ par mètre cube)
2012-2014 2021-2023
4,74
0,49
0,07 0,01
0,60
0,03
4,84
0,49
0,15 0,01
0,63
0,05
-
1,00
2,00
3,00
4,00
5,00
6,00
Eau potable Irrigation non
gravitaire
Irrigation
gravitaire
Alimentation
Canal
Autre usage
économique
Refroidissment
industriel
Ce
nt
im
e
¤/
m
3
Bassin Rhône-Méditerranée Corse
2012-2014 2021-2023
5,55
1,88
0,70
5,54
2,64
0,02
1,00
-
1,00
2,00
3,00
4,00
5,00
6,00
Eau potable Irrigation non gravitaire Alimentation Canal Usages industriels
Ce
nt
im
e
¤/
m
3
Bassin Seine-Normandie
2012-2014 2021-2023
? 44 - Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource
Au sein de chacun des bassins, on observe que le niveau de redevance varie fortement selon
les usages : la redevance appliquée à l?eau potable est nettement plus élevée que celle
appliquée aux autres usages économiques, les usages industriels et l?irrigation. Cette
différence est significative, d?un facteur 2 à 6. Pour l?usage « eau potable », le taux de
redevance est relativement homogène entre les bassins, de l?ordre de 5 centimes ¤/m3, à
l?exception du bassin Loire-Bretagne qui affiche un taux inférieur (3,59 centimes ¤/m3 en 2021-
2023). Pour les autres usages, les taux varient très substantiellement d?un bassin à l?autre. Pour
l?irrigation non gravitaire, par exemple, le taux est de 0,47 centime ¤/m3 dans le bassin Rhin-
Meuse et de 2,64 centimes ¤/m3 dans le bassin Seine-Normandie en moyenne entre 2021 et
2023.
On note toutefois des évolutions depuis 2012. Dans les bassins Artois-Picardie et Loire-
Bretagne, les niveaux de redevance ont légèrement baissé pour l?eau potable (respectivement
de 4 % et 5 %) mais ont augmenté pour les usages économiques. Ces augmentations sont
fortes relativement à leur niveau initial en Artois-Picardie (+ 56 % pour les autres usages
économiques, + 53 % pour l?irrigation non gravitaire et + 32 % pour le refroidissement
industriel) et en Loire-Bretagne (+ 39 % pour l?irrigation non gravitaire et + 28 % pour les autres
usages économiques). Dans ces trois bassins, les écarts de redevance entre différents usages
ont donc eu tendance à se réduire, allant dans le sens d?une moindre hétérogénéité du prix
de l?eau. Dans les bassins Adour-Garonne, Seine-Normandie, Rhône-Méditerranée Corse et
Rhin-Meuse, on observe plutôt une hausse de la redevance pour prélèvement pour tous les
usages (hormis pour l?alimentation des canaux en Rhin-Meuse qui reste stable).
Ces évolutions sont à mettre en perspective avec la part des différents usages dans la
consommation totale de l?eau dans chacun des bassins (Figure 11). Dans le bassin Adour-
Garonne par exemple, la redevance a augmenté moins vite pour l?irrigation non-gravitaire
(+ 1 %) que pour l?eau potable (+ 9 %), alors que l?agriculture représente plus des trois quarts
des consommations en eau sur le bassin. Dans le bassin Rhin-Meuse, les plus fortes
augmentations de la redevance concernent les autres usages économiques (+ 39 %), suivis par
l?irrigation non gravitaire (+ 22 %) et l?eau potable (+ 2 %). Ces augmentations sont donc plus
fortes pour les secteurs les plus consommateurs, l?industrie et l?agriculture représentant
chacune plus d?un tiers des consommations totales sur le bassin ? sans compter que l?usage
agricole a tendance à se développer avec l?augmentation significative de surfaces irriguées
dans la région Grand Est.
Figure 11 : prélèvements et consommation d'eau douce en France (moyenne 2010-2021), en
millions de m3
Source : SDES, Bilan environnemental de la France, édition 2024, Datalab, mars 2025
Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource - 45 ?
Si l?on s?intéresse plus précisément à l?évolution des taux année par année, on observe que les
évolutions ne sont pas nécessairement « linéaires » ni « progressives ». La figure 12 illustre ce
point dans le cas du taux appliqué à l?irrigation non gravitaire. Les redevances ont pu
augmenter pendant plusieurs années, puis baisser au cours des années suivantes. Dans le
bassin Rhône-Méditerranée-Corse, la hausse a été particulièrement importante entre 2012 et
2016, mais a été suivie d?une baisse du même ordre entre 2017 et 2021. Dans le bassin Rhin-
Meuse, le taux a doublé entre 2012 et 2013 puis est resté stable. En l?absence de données ou
d?informations complémentaires, il n?est pas possible d?aller plus loin dans l?analyse de ces
variations (raisons budgétaires, lien avec des chocs climatiques, etc.). En particulier, il serait
utile d?analyser ces tendances au regard de l?évolution de la « rareté de l?eau », qui constitue
le fondement de la redevance pour prélèvement. Des fluctuations du même type sont
également observées pour la redevance pour prélèvement « eau potable », mais avec des
variations d?amplitude nettement moins fortes (figure 13).
Figure 12 : évolution du taux de redevance pour prélèvement pour l?irrigation non gravitaire,
2008-2023
Note : les taux de redevance correspondent aux taux appliqués aux prélèvements de l?année n bien qu?ils soient
déclarés et mis en recouvrement en l?année n+1.
Source : données des agences de l?eau recueillies par le CGDD. Pour l?agence de l?eau Rhin-Meuse, les données
restituées ci-dessous représentent 99,67 % du volume total des dossiers de Prélèvement pour l?année d?activité 2022.
Figure 13 : évolution du taux de redevance pour prélèvement pour l?eau potable, 2008-2023
Note : les taux de redevance correspondent aux taux appliqués aux prélèvements de l?année n bien qu?ils soient
déclarés et mis en recouvrement en l?année n+1.
Source : données des agences de l?eau recueillies par le CGDD, Pour l?agence de l?eau Rhin-Meuse, les données
restituées ci-dessous représentent 99,67 % du volume total des dossiers de Prélèvement pour l?année d?activité 2022.
0
50
100
150
200
250
20
08
20
09
20
10
20
11
20
12
20
13
20
14
20
15
20
16
20
17
20
18
20
19
20
20
20
21
20
22
20
23
Re
de
va
nc
e
pr
él
èv
em
en
t i
rr
ig
at
io
n
no
n
gr
av
ita
ire
-
In
di
ce
1
00
=
2
01
2
Adour-Garonne
Artois-Picardie
Loire-Bretagne
Rhin-Meuse
Rhône-Méditerranée-Corse
Seine-Normandie
80
85
90
95
100
105
110
115
120
125
20
08
20
09
20
10
20
11
20
12
20
13
20
14
20
15
20
16
20
17
20
18
20
19
20
20
20
21
20
22
20
23
Re
de
va
nc
e
pr
él
èv
em
en
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au
p
ot
ab
le
-
In
di
ce
1
00
=
2
01
2
Adour-Garonne
Artois-Picardie
Loire-Bretagne
Rhin-Meuse
Rhône-Méditerranée-Corse
Seine-Normandie
? 46 - Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource
C. La part de la redevance pour prélèvement dans le prix total de l?eau est-elle
suffisante pour être incitative ?
Le niveau de la redevance pour prélèvement est-il suffisant pour jouer un réel rôle incitatif
dans le choix des consommateurs, qu?il s?agisse des usagers de l?eau potable, de l?industrie ou
de l?irrigation ? L?élasticité-prix de l?eau est en général faible mais variable en fonction de
situations et des contextes, aussi bien dans le secteur de l?eau potable que dans le secteur
agricole. La redevance prélèvement ne constituant qu?une part du prix total de l?eau, il est
intéressant d?estimer cette part pour se rendre compte du potentiel d?une augmentation de
la redevance en matière d?incitation à économiser l?eau.
Pour les usagers d?eau potable, cette part est très limitée. Si l?on considère un prix de l?eau
total moyen de 4,69 ¤/m3, avec une redevance qui se situe autour de 5 centimes ¤/m3, cette
part n?est que de 1 % environ. Pour avoir des effets sur la consommation des usagers, il serait
ainsi nécessaire qu?une augmentation soit significative.
La situation est différente dans le cas de l?eau d?irrigation pour l?agriculture. Si l?on considère
un tarif moyen de 0,15 ¤/m3 (Jourdren et al., 2017) la redevance pour prélèvement peut
représenter un poids nettement plus significatif du prix de l?eau, pouvant aller de 5 % du prix
de l?eau dans le cas du bassin Adour-Garonne (redevance de 0,85 centime ¤/m3) jusqu?à 14 %
dans le cas du bassin Artois-Picardie (redevance de 2,38 centimes ¤/m3). Il s?agit d?ordres de
grandeur : cette part pourrait être très variable d?un sous-bassin à l?autre, d?une exploitation
agricole à l?autre, etc. En effet, les tarifs de l?eau d?irrigation présentent une certaine variabilité
d?un réseau à l?autre, et le taux de redevance est plus élevé en zones de répartition des eaux
(ZRE).
D. Pistes pour améliorer le caractère incitatif de la redevance pour prélèvement
La principale régulation existante concernant le caractère incitatif de la redevance est
l?existence de taux plafonds au niveau national sur la redevance pour prélèvement. L?article
L. 213-10-9 du Code de l?environnement détermine ainsi des taux maxima de redevance
prélèvement en fonction des différents usages et selon que la ressource en eau soit en zone
de répartition des eaux (catégorie 1) ou non (catégorie 2). Les taux plafonds ont fait l?objet de
deux augmentations au cours de ces dernières années : une première fois en 2013 et une
seconde fois en 2024. Cependant, les taux effectivement pratiqués ont dans l?ensemble été
inférieurs aux taux plafonds (IGF-IGEDD, 2022).
Afin de renforcer son potentiel incitatif et mieux refléter le coût d?opportunité de la
ressource, plusieurs pistes ont été proposées par le Commissariat général au développement
durable (CGDD, 2012) et, plus récemment, par l?Inspection générale des finances et
l?Inspection générale de l?environnement et du développement durable (IGF-IGEDD, 2022)
ainsi que par la Cour des Comptes (2023). L?idée d?un « niveau plancher » a notamment été
proposée, en complément du taux plafond déjà existant. Ce taux plancher a finalement vu le
jour avec la loi de finances pour 2024 du 29 décembre 2023 (art. 101 (V)). Celle-ci modifie
l?article L. 213-10-9 du Code de l?environnement en y introduisant pour la première fois des
taux planchers. Le tableau 2 récapitule l?évolution des taux plafonds et planchers avant 2013,
entre 2013 et 2024 et depuis 2024. On note que les taux plafonds ont été significativement
augmentés et que les usages à des fins d?irrigation voient leur taux plancher fixé à zéro.
Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource - 47 ?
Tableau 2 : plafonds et planchers tarifaires des redevances pour prélèvements en eau selon les
usages
En centimes d?euros par m3
Note : pour la fixation du tarif de la redevance, les ressources en eau de chaque bassin sont classées en catégorie 1
lorsqu'elles sont situées hors des zones de répartition des eaux définies en application du 2° du II de l'article L. 211-2
ou en catégorie 2 dans le cas contraire.
Source : article L. 213-10-9 du Code de l?environnement
L?apparition des taux plancher constitue une réforme très significative allant dans le sens d?un
signal-prix. Cependant, s?ils fournissent un premier « encadrement des prix », ils restent
insuffisants pour rendre compte de la rareté réelle de la ressource en eau dans l?espace et
dans le temps. Trois pistes d?amélioration de la redevance pour prélèvement pourraient être
proposées : la mise en place de trajectoires pluriannuelles de la redevance pour renforcer les
incitations à long terme et fournir une lisibilité aux agents économiques ; une modulation
saisonnière de type « tarif de pointe » pour renforcer les incitations à court terme (période
d?étiage), une modulation spatiale plus fine. Ces trois pistes sont présentées ci-après.
Incitations de long terme : vers une trajectoire pluriannuelle de la redevance prélèvement
pour refléter la rareté croissante de la ressource ?
Au cours des dernières années, on a pu observer dans certains bassins une tendance à la
hausse de la redevance pour prélèvement pour les usages autres que l?eau potable, et en
particulier pour l?irrigation. Ceci va dans le sens d?un rééquilibrage de la contribution entre les
différentes catégories d?usagers. Par ailleurs, cette tendance à la hausse est concomitante
d?une augmentation de la tarification de l?eau dans les périmètres irrigués, en lien notamment
avec celle des prix de l?énergie. Combinées, ces tendances concourent à rendre l?eau agricole
globalement plus chère, et par conséquent génèrent une incitation croissante à économiser
l?eau, en plus des autres facteurs que constituent les restrictions réglementaires, qui ont eu
aussi tendance à se développer sous l?effet de sécheresses de plus en plus fréquentes.
Toutefois, ces hausses de la redevance pour prélèvement ne sont cependant pas en tant que
telle « indexées » sur l?évolution réelle du coût d?opportunité de la ressource, dont on peut
raisonnablement faire l?hypothèse qu?il va augmenter dans les années à venir en raison du
changement climatique (figure 1). Les redevances ont connu certaines fluctuations à la hausse
ou à la baisse, selon les bassins. Ceci pose des problèmes d?incitation à long terme, en ne
fournissant pas aux agents économiques le signal d?une rareté croissante de la ressource dans
le temps.
Par conséquent, une amélioration possible consisterait à mettre en place une trajectoire
pluriannuelle de la redevance pour prélèvement. Celle-ci aurait pour objectif de rendre
Min Max Min Max Min Max Min Max Min Max Min Max
Irrigation autre que
gravitaire - 2 - 3 - 3,6 - 7,2 0 5,04 0 10,08
Irrigation gravitaire - 0,1 - 0,15 - 0,5 - 1 0 0,7 0 1,4
Alimentation en eau
potable - 6 - 8 - 7,2 - 14,4 2,82 10,08 5,64 20,16
Alimentation d'un canal - 0,015 - 0,03 - 0,03 - 0,06 0,012 0,042 0,024 0,084
Refroidissement industriel - 0,35 - 0,5 - 0,5 - 1 0,53 0,95 1,06 1,9
Autres usages
économiques - 3 - 4 - 5,4 - 10,8 1,97 7,56 3,93 15,12
Avant 2013 Entre 2013 et 2024 Depuis 2024
Catégorie 1 Catégorie 2 Catégorie 1 Catégorie 2Usages Catégorie 1 Catégorie 2
? 48 - Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource
tangible en tant que tendance structurelle la raréfaction des ressources en eau, au-delà des
variabilités interannuelles des conditions climatiques, et l?augmentation du coût
d?opportunité de la ressource qui va en résulter.
L?eau étant considérée comme une ressource renouvelable, la logique microéconomique qui
sous-tend une trajectoire de la redevance pour prélèvement est différente de celle qui
s?applique aux ressources non renouvelables (ou, de façon analogue, à une contrainte carbone
à ne pas dépasser pour éviter d?atteindre un réchauffement de 1,5 °C ou 2 °C). En effet dans
le cas des ressources non renouvelables, la règle de Hotelling27 constitue le cadre standard
d?analyse, dont le fondement réside dans l?arbitrage intertemporel de la consommation d?une
ressource finie. Dans le cas de l?eau, la ressource considérée est renouvelable, par conséquent
cet arbitrage intertemporel n?est pas pertinent.
Le rythme des hausses de la redevance pour prélèvement serait modéré au cours des
premières années, puis s?accélérerait progressivement pour ajuster le taux au coût
d?opportunité de la ressource. Une telle évolution croissante et progressive, aurait des
avantages en termes d?efficacité économique, car elle permettrait de répartir les efforts
d?adaptation dans le temps et s?approcher d?un « optimum » intertemporel. Enfin, une telle
trajectoire fournirait aux acteurs économiques un horizon clair sur lesquels ils pourront fonder
leurs choix d?investissement en internalisant la raréfaction croissante de l?eau dans leurs
calculs économiques. Un tel signal-prix inscrit dans le long terme, en complémentarité avec
des outils de gestion de crise à plus court terme, constituerait un élément structurant d?une
politique de planification écologique, tout en laissant aux acteurs économiques la liberté
d?action nécessaire pour que leurs choix soient adaptés à leurs situations propres et pour
susciter des initiatives innovantes au plus près du terrain en matière d?adaptation.
Par ailleurs, la construction de cette trajectoire pluriannuelle de la redevance prélèvement
pourrait s?accompagner d?un rééquilibrage des différents taux de redevance entre les
différents usages, qui restent aujourd?hui très contrastés, dans la perspective d?une cohérence
d?ensemble du signal-prix.
La mise en oeuvre de cette trajectoire nécessite des travaux complémentaires : il n?existe pas
ou peu de données sur le coût d?opportunité de la ressource, et ce coût est susceptible de
varier fortement dans l?espace et dans le temps, en fonction des conditions hydrologiques et
météorologiques qui modifient les disponibilités en eau et des niveaux de prélèvements des
différents usagers. Cette mise en oeuvre pratique nécessiterait de se fonder sur des
indicateurs qui puissent être utilisés comme des proxys raisonnables du coût d?opportunité
de la ressource, éventuellement des valeurs de référence, et dont l?évolution pourrait être
anticipée par les travaux de projections de l?offre et de la demande en eau.
Incitations à court terme : vers une modulation saisonnière de la redevance pour
prélèvement ?
Une seconde piste d?amélioration pour améliorer le potentiel incitatif de la redevance pour
prélèvement consisterait à introduire une dimension saisonnière dans le niveau de redevance,
à la façon d?un « tarif de pointe » tel qu?on peut l?observer dans d?autres secteurs. Cette piste
avait déjà été suggérée dans une précédente publication du CGDD sur la redevance pour
prélèvement (CGDD, 2012). Plus récemment, certaines villes se sont dotées de systèmes de
tarification saisonnière (encadré 7 concernant le cas de Toulouse), tel qu?encouragé par
Wheeler et al. (2025).
27 La règle de Hotelling explique comment le prix d'une ressource naturelle épuisable devrait évoluer au fil du temps. Selon cette
règle, un producteur rationnel choisira de vendre ou de conserver son stock de ressource en fonction du taux d'intérêt : pour
maximiser son profit, la valeur de la ressource non extraite doit croître chaque année au même rythme que le taux d?intérêt du
marché. Autrement dit, le prix de la ressource tend à augmenter au fil du temps aussi longtemps qu?elle est limitée et recherchée.
Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource - 49 ?
À ce jour, seule la variabilité géographique est prise en compte à travers les ZRE, mais aucune
modulation saisonnière de la redevance n?existe. Or, dans bon nombre de bassins versants,
les déséquilibres entre disponibilités et usages de la ressource en eau se concentrent sur des
périodes précises de l?année (en particulier en période d?étiage). Ces déséquilibres saisonniers
conduisent généralement les autorités à prendre des mesures de restriction quantitative, en
interdisant certains usages (par exemple : arrosage des jardins, remplissage des piscines) ou,
dans le domaine agricole, en imposant des restrictions à l?irrigation (interdictions d?irriguer,
réduction des volumes autorisés, etc.).
Ces restrictions quantitatives saisonnières permettent un certain retour à l?équilibre, mais
elles ont également des coûts pour les usagers de l?eau : baisse des rendements agricoles,
réduction de services pour les usages et les touristes, etc. Ces coûts ne sont pas
nécessairement répartis de façon efficace entre les usagers. Par exemple, si on considère deux
exploitations agricoles avec des valorisations marginales de l?eau différentes, une restriction
d?irrigation identique entre les deux exploitations engendrera plus de pertes pour
l?exploitation ayant la valorisation marginale de l?eau la plus élevée. L?avantage d?un
instrument prix de type « tarif de pointe » serait de répartir ces coûts de façon plus
efficace : chaque usager ajusterait sa consommation en égalisant sa valeur marginale de l?eau
avec le tarif de pointe28.
Outre une allocation plus efficace de l?eau, le tarif de pointe pourrait également contribuer à
résorber, au moins en partie, le déséquilibre entre usages et ressources en eau en période
d?étiage. En effet, certaines études empiriques suggèrent que l?élasticité-prix de la demande
en eau pourrait être plus élevée en période d?étiage, au moins en ce qui concerne l?eau
potable pour les ménages (Griffin & Chang, 1991; Lyman, 1992). S?agissant du bénéfice
économique pour la collectivité, l?expérience des marchés de l?eau à court terme en Australie
offre un éclairage, certes indirect, mais intéressant29 : les agriculteurs irrigants peuvent, lors
28 À condition bien sûr, que les consommations soient suffisamment élastiques aux prix.
29 Dans le cas de l?Australie, le marché de l?eau a deux composantes, avec des droits à long terme et des droits à court terme. Le
prix de l?eau sur le marché à court terme émerge des échanges de droits entre agriculteurs, à la différence d?une redevance ou d?un
prix administré, qui lui est fixé à l?avance et n?intègre pas d?échanges de droits entre préleveurs. Si les deux systèmes sont différents,
Encadré 7 : tarification saisonnière, l?exemple de Toulouse
Pour préserver la ressource en eau face au changement climatique, Toulouse Métropole a
introduit une tarification saisonnière à partir de juin 2024. Cette mesure vise à réduire les
prélèvements d?eau de la Garonne, la principale source locale, en incitant les habitants à
ajuster leur consommation lors des périodes de sécheresse.
La tarification saisonnière repose sur un prix qui varie selon la période de l?année. Le tarif
de référence TTC, servant de base aux variations saisonnières, est fixé à 3,34 ¤/m3. Entre
juin et octobre, ce tarif augmente de 42 %, atteignant 4,40 ¤/m³. À l?inverse, de novembre
à mai, il baisse de 30 %, descendant à 2,58 ¤/m³. Selon le gestionnaire, ces variations de
tarif permettent de ne pas pénaliser les foyers dont la consommation reste stable sur
l?année, les surcoûts d?été étant compensés par les économies réalisées le reste de l?année.
En complément, la métropole met gratuitement à disposition des habitants des kits
d?économiseurs d?eau pour encourager les écogestes et la réduction des consommations au
quotidien. La sensibilisation aux écogestes et ces équipements accompagnent la nouvelle
tarification pour renforcer l?impact des mesures de préservation de la ressource.
? 50 - Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource
de la saison estivale, échanger des droits à prélever, formant ainsi un prix de marché de l?eau
(Wheeler et al., 2025). Les travaux d?évaluation économique de ce système montrent qu?en
cas de sécheresse, ces marchés de l?eau permettent d?atténuer substantiellement les pertes
économiques ? de l?ordre de 220 millions de dollars australiens lors de la sécheresse de 2008-
2009 (Kiem, 2013). L?avantage d?une meilleure allocation liée à un signal-prix est d?autant plus
pertinente qu?avec le changement climatique, la fréquence et la gravité des sécheresses vont
augmenter, risquant d?aggraver les déséquilibres entre usages et ressources en période
d?étiage.
Une modulation saisonnière de la redevance pour prélèvement pourrait ainsi fournir un
signalprix allant dans le sens d?une meilleure prise en compte des déséquilibres entre les
usages et les ressources, en se fondant sur des indicateurs pertinents qui seraient à définir
(niveau de nappe, débit de rivière, etc.). Cette modulation saisonnière aurait vocation à
compléter les dispositifs de régulation existants, sans pour autant les remplacer, car les
restrictions de nature quantitative ont aussi certaines propriétés intéressantes par rapport
aux instruments fondés sur les prix (Salanié & Zaporozhets, 2021). Par rapport à des systèmes
de marchés de l?eau, le système de tarif de pointe régulé a aussi l?avantage d?être plus
prévisible pour les usagers de l?eau, dans la mesure où les tarifs sont affichés à l?avance,
contrairement aux marchés « spot » de l?eau dont le prix peut fluctuer librement en fonction
des conditions de l?offre et de la demande, transformant le risque « quantité » en risque
« prix ».
Pour mettre en oeuvre cette modulation saisonnière de l?eau, il serait nécessaire de
développer des systèmes d?information fournissant des données sur les volumes d?eau
prélevés à un pas de temps fin. À court terme, ceci constitue en effet un enjeu important de
faisabilité. Cependant, à l?avenir, le développement des compteurs connectés associés à la
télérelève pourrait contribuer à faciliter la mise en place d?un tel système de modulation, sans
que cela ne conduise à des coûts de gestion rédhibitoires au regard des bénéfices potentiels
du système. Par ailleurs, la télérelève pourrait aussi avoir un intérêt en tant qu?outil de gestion
pour les agriculteurs irrigants. La question de l?acceptabilité de la télérelève a fait l?objet de
travaux d?étude récents qui fournissent des premiers éclairages sur cette question : nécessité
d?informer les usagers, de les accompagner dans une logique d?apprentissage et dans la
perspective de réaliser des économies d?eau, etc. (Marielle et al., 2019; Montginoul, 2019;
Montginoul & Vestier, 2016). Un autre enjeu est celui de la fiabilité des données collectées par
la télérelève, nécessaire pour en assurer l?efficacité et l?acceptabilité sociale, et les besoins de
maintenance requis.
Une autre limite est l?acceptabilité sociale du tarif de pointe, en raison des impacts qu?il
pourrait avoir sur certains usagers en période estivale, en particulier les agriculteurs irrigants
et le secteur du tourisme. La mise en place d?un tarif de pointe requerrait d?analyser plus en
détail ces impacts. De par son assise sur les prélèvements en eau, elle semble toutefois plus
pertinente que d?autres mesures saisonnières qui se limitent à certaines catégories, comme
par exemple la récente mise en place dans un contexte d?état d?urgence hydrique d?une taxe
« eau et tourisme » de cinq euros par nuitée pour les touristes en séjour à Barcelone depuis le
1er mars 2025.
le système de marchés australiens fournit cependant un éclairage sur les bénéfices potentiels d?un instrument prix liés à une
allocation plus efficace des ressources, même s?il est important de garder à l?esprit ces différences.
Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource - 51 ?
Vers davantage de modulation spatiale
Une troisième piste d'amélioration potentielle est la modulation spatiale du taux de
redevance. Aujourd'hui ce taux est principalement différencié selon que le prélèvement
s'effectue en ZRE ou non. Certaines agences de l'eau pratiquent toutefois un ciblage plus fin,
comme par exemple l'agence de l'eau Adour-Garonne qui distingue au total 6 zones : en
dehors de la ZRE, les taux de redevance sont différenciés selon trois unités géographiques :
les nappes des sables des landes (taux les moins élevés), les nappes captives (taux les plus
élevés) et le reste des zones hors ZRE. Au sein des ZRE le même découpage est adopté avec
des taux distincts.
À titre d'illustration, le taux de redevance prélèvement pour l'irrigation non gravitaire est égal
à 0,73 centime ¤/m3 hors ZRE et en nappes de sables des landes ; contre 2,74 centimes ¤/m3
en ZRE dans les nappes captives.
Une modulation spatiale plus fine permet de rapprocher le taux de prélèvement des
conditions propres à chaque ressource en matière de rareté de l?eau. Une piste possible serait
par exemple de se fonder sur les projets de territoire pour la gestion de l?eau (PTGE)30 comme
base de modulation territoriale. Cette modulation territoriale pourrait en outre être couplée
à un effort accru de financement des investissements en faveur de l?adaptation (cf. section
suivante).
Combinaison d?instruments : redevance prélèvement et investissement dans l?adaptation
Les réformes de la gestion de l?eau conduites dans un certain nombre de pays de l?OCDE ont
montré la nécessité d?accompagner les réformes du prix de l?eau de mesures
d?accompagnement, pour éviter des perturbations économiques à court terme pour les
usagers, et les rendre plus acceptables à travers une redistribution des avantages.
Au-delà de fournir une incitation à économiser, les trois pistes d?évolution proposées ci-
dessous (trajectoire pluriannuelle, modulation saisonnière et modulation spatiale de la
redevance prélèvement) auraient également pour conséquences de fournir un surplus de
recettes mobilisables pour contribuer au financement de projets d?adaptation au
changement climatique pour les différents usagers, alors même que les besoins de
financement en matière d?adaptation risquent d?être particulièrement importants dans les
années à venir. Par exemple, dans le secteur agricole, particulièrement exposé aux
conséquences du changement climatique, il pourrait s?agir d?investissements en faveur de
systèmes de culture plus économes en eau, de systèmes d?information pour optimiser le
pilotage de la demande, etc.
Une combinaison d?instruments combinant incitations et expansions des besoins de
financement pourrait potentiellement répondre, au moins en partie, aux enjeux
d?acceptabilité sociale, en l?inscrivant dans une perspective d?investissement et d?efficacité
économique et écologique à long terme pour les acteurs économiques concernés.
En pratique, les besoins d?investissement pour l?adaptation peuvent émerger des PTGE et
bénéficier d?efforts accrus de financement (ciblage plus fort des aides des agences de l?eau)
grâce aux recettes supplémentaires dégagées par l?augmentation de la redevance
prélèvement.
30 Un PTGE est « une démarche reposant sur une approche globale et co-construite de la ressource en eau sur un périmètre
cohérent (...), aboutissant à un engagement de l?ensemble des usagers d?un territoire (...) permettant d?atteindre, dans la durée, un
équilibre entre besoins et ressources disponibles en respectant la bonne fonctionnalité des écosystèmes aquatiques (...), dans une
perspective de développement durable du territoire. » Source : MASA (2023).
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Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource - 55 ?
Introduction ............................................................................................................................................... 4
Synthèse ...................................................................................................................................................... 6
I. PRINCIPAUX CONCEPTS DE L?ÉCONOMIE DE L?EAU : VALEUR, COÛTS ET PRIX .................. 9
A. Les bénéfices et les coûts de la ressource en eau .................................................................... 9
B. Les instruments économiques de recouvrement des coûts ..................................................10
C. Les différentes formes tarifaires du service public d?eau et leurs implications sociales et
environnementales .............................................................................................................................15
II. LE PRIX DU SERVICE D?EAU POTABLE ET D?ASSAINISSEMENT COLLECTIF ........................ 20
A. En France, un prix de l?eau en augmentation mais qui reste insuffisant pour couvrir les
coûts de production .......................................................................................................................... 20
Le prix de l?eau en France pour l?eau potable et l?assainissement...................................... 20
Un taux de recouvrement insuffisant pour couvrir le renouvellement du patrimoine
existant ........................................................................................................................................... 22
B. Le prix de l?eau est aussi un instrument de gestion de la demande .................................... 23
C. Le prix est-il un bon instrument pour favoriser l?accès à l?eau pour tous ? ....................... 25
La part de la facture d?eau dans le budget des ménages ..................................................... 25
Une prise en compte croissante du volet social dans la politique de l?eau ...................... 26
D. Les impacts écologiques et sociaux de la tarification sociale de l?eau .............................. 28
III. LE PRIX DE L?EAU POUR L?IRRIGATION DANS LE SECTEUR AGRICOLE .............................. 30
A. Le prix de l?eau pour l?irrigation en France ...............................................................................31
Les tarifs de l?eau dans les réseaux collectifs d?irrigation et les compagnies
d?aménagement .............................................................................................................................31
La redevance pour prélèvement ............................................................................................... 35
B. Le prix de l?eau est-il un instrument efficace pour inciter aux économies d?eau dans le
secteur agricole ? ............................................................................................................................... 35
C. Prix de l?eau agricole et conséquences distributives : une combinaison d?instruments
peut-elle rendre les réformes acceptables ? ................................................................................ 37
Table des matières
? 56 - Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource
IV. LE RÔLE DE LA REDEVANCE POUR PRÉLEVEMENT DANS LA GESTION DE L?EAU ........... 40
A. La redevance prélèvement, un instrument pertinent pour améliorer la gestion de l?eau
mais qui pourrait être amélioré ....................................................................................................... 40
B. Évolution de la redevance prélèvement depuis 2012 .............................................................41
C. La part de la redevance pour prélèvement dans le prix total de l?eau est-elle suffisante
pour être incitative ? ......................................................................................................................... 46
D. Pistes pour améliorer le caractère incitatif de la redevance pour prélèvement ............. 46
Incitations de long terme : vers une trajectoire pluriannuelle de la redevance
prélèvement pour refléter la rareté croissante de la ressource ? ....................................... 47
Incitations à court terme : vers une modulation saisonnière de la redevance pour
prélèvement ? ................................................................................................................................ 48
Vers davantage de modulation spatiale ...................................................................................51
Combinaison d?instruments : redevance prélèvement et investissement dans
l?adaptation .....................................................................................................................................51
Bibliographie ............................................................................................................................................ 52
Le prix de l?eau : état des lieux et perspectives pour une gestion durable de la ressource - 57 ?
CGDD, août 2025
Coordination éditoriale : Laurianne Courtier
Commissariat général
au développement durable
Service de l?économie verte et solidaire
Sous-direction de l?économie et de l?évaluation
Tour Séquoia ? 92055 La Défense cedex
Courriel : diffusion.cgdd@developpement-durable.gouv.fr
www.ecologie.gouv.fr
mailto:diffusion.cgdd@developpement-durable.gouv.fr
http://www.ecologie.gouv.fr/
Introduction
Synthèse
Principaux concepts de l?économie de l?eau : valeur, coûts et prix
Le prix du service d'eau potable et d'assainissement collectif
Le prix de l?eau pour l?irrigation dans le secteur agricole
Le rôle de la redevance pour prélevement dans la gestion de l?eau
Table des matières
Bibliographie
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