Lutter contre la pêche illicite, non déclarée, non règlementée (INN)
Auteur moral
France. Ministère de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche (2024/12...)
;Nations Unies
Auteur secondaire
Résumé
La pêche INN (illicite, non déclarée et non réglementée) menace l'environnement, les économies côtières et les droits humains. Elle représente jusqu'à 15?% des captures mondiales et des milliards d'euros de pertes annuelles. La France renforce ses contrôles, promeut des accords internationaux et soutient les pêcheurs responsables pour enrayer ce fléau mondialisé aux formes criminelles organisées.
Descripteur Urbamet
pêche (secteur d'activité)
;illégalité
Descripteur écoplanete
Thème
Environnement - Nature
Texte intégral
Lutter contre la pêche
illicite, non déclarée,
non règlementée (INN)
Dossier de presse
J U I N 2 0 25
Levée d'embargo le mercredi 11 juin à 13 heures
2
La pêche illicite, non déclarée et non réglementée, qu?on appelle « pêche INN », n?est
pas un phénomène marginal. C?est une industrie parallèle, mondialisée, parfois organisée
avec la complicité d?États qui choisissent de fermer les yeux.
La pêche INN, c?est jusqu?à 15 % des captures mondiales, soit une perte économique
estimée entre 10 et 20 milliards d?euros par an. A titre de comparaison, c?est au minimum
dix fois la valeur de la pêche française.
Mais au-delà des chiffres, la pêche INN génère surtout des conséquences dramatiques.
Je n?ai pas peur de le dire : la pêche illégale tue.
Elle tue notre environnement, car elle surexploite les ressources naturelles et détruit des
écosystèmes entiers. Elle tue les économies maritimes en privant les pêcheurs artisanaux
de l?accès à la ressource halieutique et en concurrençant de manière déloyale la pêche
légale et réglementée. Elle s?attaque aux droits humains en recourant au travail forcé et
en refusant de débarquer les marins pêcheurs ; ce qui relève de l?esclavage moderne.
Face à cette menace, la France agit. Nous venons de décider de renforcer nos moyens de
contrôle, de faciliter la destruction des navires saisis, de moderniser nos outils de surveil-
lance, et, surtout, de développer les coopérations avec les pays les plus exposés.
Lors de la Conférence des Nations Unies sur l?Océan qui se tient à Nice et que la France
coorganise avec le Costa Rica, nous portons l?ambition d?une action internationale forte
pour éradiquer la pêche illégale. Cela passera par trois grandes priorités :
? Première priorité : renforcer le cadre international. J?appelle à la ratification des
grands accords multilatéraux ? tels que l?accord sur les mesures du ressort de l?État
du port de la FAO, qui permet de de s?opposer au débarquement des produits bra-
connés, de l?Accord du Cap sur la sécurité dans la pêche, de la Convention 188 de
l?Organisation internationale du Travail (OIT) sur les conditions de travail à bord des
navires de pêche, et enfin de l'accord de l'Organisation mondiale du commerce
(OMC) sur les subventions à la pêche.
La France organisera lors de la Conférence des Nations Unies sur l?Océan, un sommet
des organisations régionales de gestion des pêches pour renforcer la lutte contre la
pêche illégale par ces instances.
? Deuxième priorité : inscrire un volet de lutte contre la pêche illégale dans le Pacte
européen sur les Océans qui renforce la traçabilité, les contrôles et conditionne
l'octroi de licences à des engagements en la matière, j?y travaille avec le commissaire
Costas Kadis.
? Troisième priorité : soutenir les pêcheurs responsables. Ceux qui respectent la mer, la
loi et les règles doivent être reconnus, valorisés et soutenus.
Je le dis avec force : ce combat doit tous nous ressembler. États, collectivités, ONG, scien-
tifiques, entreprises, citoyens. Ensemble nous devons agir pour lutter contre ce fléau qui
menace le climat, la biodiversité, la souveraineté alimentaire et notre économie maritime.
Merci à vous de votre engagement. Je compte sur vous !
Agnès PANNIER-RUNACHER
Ministre de la Transition écologique, de la Biodiversité,
de la Forêt, de la Mer et de la Pêche
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D
I
T
O
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L ' U N O C E S T L ' O C C A S I O N
D E M O B I L I S E R L A P L A N È T E
La pêche INN
est un fléau
mondial
TUE
l'enviro n n e m ent
l'éco n o mie
les h o m m es
LA PÊCHE INN
CRIME
LA PÊCHE INN
EST
UN
PRESQUE PARFAIT
des bénéfices élevés
des coûts minimisés
par l'exploitation
des hommes
un faible risque
de détection
132
États
30 000
personnes
56
chefs d'États
et de gouvernement
L'UNOC c'est :
réunis à Nice
du 9 au 13 juin
Pour faire prendre
conscience des
destructions causées
Pour encourager
à la mobilisation contre
la pêche INN
Pour renforcer
la coopération internationale
dans ce combat
4
S
O
M
M
A
I
R
E
1 l Comprendre la pêche illicite, non déclarée,
non réglementée (INN)
Définition de la pêche INN
Les chiffres de la pêche INN dans le monde
Les conséquences de la pêche INN : « la pêche INN tue »
La pêche INN tue l?environnement
La pêche INN tue l?économie
La pêche INN tue les hommes
Pourquoi on a du mal à enrayer le phénomène : un « crime presque parfait »
Les dessous d?un « crime presque parfait »
Un crime qui a tout du « crime organisé »
2 l Comment lutter contre la pêche INN ?
La France et l?Europe, fer de lance du combat contre la pêche INN
Une politique européenne et nationale volontariste
Les moyens de contrôle déployés
Comité Interministériel de la Mer (CIMER) 2025 : focus sur la Guyane
La coopération européenne, régionale et internationale
en matière de lutte contre la pêche INN
Le rôle majeur de l?Union européenne
Trois accords internationaux fondamentaux dans la lutte contre la pêche INN
La lutte contre la pêche INN au niveau régional : le rôle des Organisations
Régionales de Gestion des Pêches (ORGP)
p. 5
p. 6
p. 6
p. 8
p. 8
p. 9
p. 9
p. 10
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5
P A R T I E 1
Comprendre
la pêche illicite, non déclarée,
non réglementée (INN)
5
6
DÉFINITION DE LA PÊCHE INN
La pêche INN regroupe les activités de pêche qui échappent aux règles éta-
blies, menaçant la durabilité des ressources marines, l?environnement, les
économies côtières et la sécurité alimentaire.
Elle comprend :
? La pêche illicite, pratiquée sans autorisation ou en violation des lois natio-
nales ou des règles internationales ;
? La pêche non déclarée, dont les captures sont dissimulées ou faussement
rapportées ;
? La pêche non réglementée, exercée en dehors de tout cadre légal, notam-
ment par des navires sans nationalité ou d?États non membres des organisa-
tions régionales de gestion des pêches.
Lutter contre la pêche INN est une priorité pour préserver les océans et garan-
tir une exploitation équitable et durable des ressources halieutiques.
LES CHIFFRES DE LA PÊCHE INN DANS LE MONDE
15%
plus que n?importe quel pays1
descaptures
mondiales,
En extrapolant la flotte
de 6 000 bateaux français,
la pêche INN pourrait
représenter près de
60 000
bateaux
à travers la planète
Équivalent à
15
milliards d'euros par an, soit
10fois
la valeur de la pêche française
Au moins
128 000
pêcheurs
sont soumis au travail forcé
à bord de navires de pêche,
souvent liés à des activités de
pêche INN3
Les poissons, crustacés et
mollusques apportent 20%
des protéines consommées par
3,2
milliards
dans le monde2
de personnes
1. Estimating the Worldwide Extent of Illegal Fishing, David J. et
al., 2009
2. La situation mondiale des pêches et de l?aquaculture, FAO,
2024 https://www.fao.org/newsroom/detail/fao-report-global-fishe-
ries-and-aquaculture-production-reaches-a-new-record-high/fr
3. Caught at sea : forced labour and trafficking in fisheries, OIT,
2013 https://researchrepository.ilo.org/esploro/outputs/report/
Caught-at-sea-forced-labour-and/995372390102676/filesAnd-
Links?index=0
https://www.fao.org/newsroom/detail/fao-report-global-fisheries-and-aquaculture-production-reaches-a-new-record-high/fr
https://www.fao.org/newsroom/detail/fao-report-global-fisheries-and-aquaculture-production-reaches-a-new-record-high/fr
https://researchrepository.ilo.org/esploro/outputs/report/Caught-at-sea-forced-labour-and/995372390102676/filesAndLinks?index=0
https://researchrepository.ilo.org/esploro/outputs/report/Caught-at-sea-forced-labour-and/995372390102676/filesAndLinks?index=0
https://researchrepository.ilo.org/esploro/outputs/report/Caught-at-sea-forced-labour-and/995372390102676/filesAndLinks?index=0
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Principales zones de pêche illégale, non déclarée et non réglementée dans le monde
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Les conséquences
de la pêche INN :
« la pêche INN tue »
LA PÊCHE INN TUE
L?ENVIRONNEMENT
La pêche illégale, non déclarée et non
réglementée a des conséquences envi-
ronnementales désastreuses. Elle contri-
bue directement à la surexploitation des
océans, mettant en péril l?équilibre des
écosystèmes marins. Elle empêche les
efforts internationaux, régionaux et na-
tionaux de conservation et de gestion de
ces ressources et freine les progrès vers
une pêche durable et responsable.
Dans les zones particulièrement tou-
chées, comme le golfe de Guinée, on
observe un déclin alarmant de la bio-
diversité marine, avec la disparition
progressive de nombreuses espèces. En
échappant à tout contrôle, cette pêche
illégale compromet gravement les efforts
de conservation et de gestion durable
des ressources halieutiques, sapant les
politiques mises en place pour préser-
ver les stocks de poissons et assurer leur
renouvellement.
9
LA PÊCHE INN TUE L?ÉCONOMIE
En parallèle, cette économie illégale s?ac-
compagne fréquemment d?autres formes
de criminalité : fraude, falsification de
documents, blanchiment d?argent. Cette
situation entraîne également une concur-
rence déloyale pour les pêcheurs respec-
tueux des lois, qui voient leurs revenus
chuter face à des pratiques illégales et
destructrices, les poussant bien souvent
à s?éloigner toujours plus des côtes et
mettre ainsi leurs vies en danger. Certains
pêcheurs légaux, face à la raréfaction des
ressources, sont même amenés à partici-
per à des activités illégales pour subsister,
comme le trafic de drogues.
LA PÊCHE INN TUE LES HOMMES
Les conséquences de la pêche INN sont tout aussi
dramatiques du point de vue humain. Les condi-
tions de travail des pêcheurs pratiquant la pêche
INN relèvent parfois de l?esclavage moderne, tels
que le montrent les travaux de l?Organisation Inter-
nationale du Travail (OIT).1
Les atteintes aux droits fondamentaux sont fré-
quentes sur les navires opérant en dehors du
cadre légal : confiscation de documents d?identité,
violences physiques, travail forcé ou conditions
assimilables à l?esclavage sont régulièrement do-
cumentés. Les bateaux de pêche illégale passent
parfois plus d?un an en mer, empêchant ainsi les
hommes à bord de débarquer. Le découragement,
la perte de revenus et l?impossibilité de vivre de
leur métier poussent certains pêcheurs vers l?immi-
gration illégale2. Des témoignages de pêcheurs lé-
gaux évoquent aussi des actes d?intimidation ou de
sabotage en mer, comme la destruction volontaire
de leurs filets par des chalutiers illégaux, soulignant
l?ampleur des tensions générées par cette activité
illicite.
1. https://researchrepository.ilo.org/esploro/outputs/report/Caught-at-sea-
forced-labour-and/995372390102676#details
2. https://ejfoundation.org/reports/the-deadly-route-to-europe
Photo d?un navire pêchant illégalement © EJF
Navire INN armé pour la pêche au lamparo
© Marine nationale
https://researchrepository.ilo.org/esploro/outputs/report/Caught-at-sea-forced-labour-and/995372390102676#details
https://researchrepository.ilo.org/esploro/outputs/report/Caught-at-sea-forced-labour-and/995372390102676#details
https://ejfoundation.org/reports/the-deadly-route-to-europe
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Pourquoi on a du mal à enrayer le phéno-
mène : un « crime presque parfait »
LES DESSOUS D?UN « CRIME PRESQUE PARFAIT »
La pêche INN présente les aspects d?un crime parfait :
? Des bénéfices très élevés : les produits de la mer sont massivement échan-
gés à l?échelle mondiale, indispensables à l?alimentation de milliards de
personnes, et leur demande ne cesse de croître. Cette pression sur les
ressources marines crée un environnement favorable à la rentabilité de la
pêche illégale.
? Des coûts d?exploitation minimisés : l?exploitation de la main d?oeuvre et le
non-respect des réglementations permet aux pêcheurs illégaux de diminuer
artificiellement leurs coûts, ce qui crée une concurrence déloyale pour les
pêcheurs légaux.
? Un trop faible risque de sanction : les bateaux de pêche illégale battent
bien souvent un pavillon dit de complaisance. C?est-à-dire que l?État dont ils
dépendent ne met pas en place de contrôles pour punir les activités illé-
gales de pêche. Surtout, les capacités de surveillance en haute mer restent
très limitées : les patrouilles sont rares, les moyens coûteux, et les zones
immenses.
Photo d?un transbordement illégal en mer, © EJF
10
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UN CRIME QUI A TOUT DU « CRIME ORGANISÉ »
La pêche INN est loin d?être une criminalité anecdotique. Elle est parfois asso-
ciée à des types de criminalité organisée comme le trafic de drogues. Interpol
a ainsi mis en place depuis 2011 une équipe spécialisée dans la criminalité liée
à la pêche ; preuve que la pêche INN peut aussi s?inscrire dans de véritables
réseaux criminels.
Ces réseaux, très opaques, prospèrent via la corruption et l?utilisation de « pa-
villons de complaisance ». Cette expression désigne l?octroi du pavillon par un
pays peu regardant à un navire étranger. Un tel navire peut alors dissimuler son
identité et éviter les sanctions lorsqu?il pratique des activités de pêche INN. En
raison de ce stratagème, il est très difficile de pénaliser ceux qui financent et
profitent en bout de chaîne de la pêche illégale.
C?est pourquoi il est indispensable de renforcer à l?échelle mondiale les
contrôles et l?échange d?informations pour lutter contre l?ensemble de la
chaîne de la pêche illégale.
Zoom sur les transbordements1
ou « blanchiment de poisson »
Le transbordement est une pratique qui consiste à transférer en
mer les cargaisons de poissons d?un navire de pêche vers un navire
plus grand, souvent appelé mothership ou navire logistique, sans
passer par un port. Bien que cela permette aux bateaux de res-
ter en mer plus longtemps et d?optimiser leurs opérations, cette
méthode est au coeur de nombreux abus. En se déroulant loin
du regard des autorités portuaires, le transbordement facilite la
pêche illégale, en masquant l?origine des prises. Des poissons cap-
turés illégalement peuvent être mélangés avec des prises légales,
rendant leur traçabilité impossible ? un phénomène connu sous
le nom de « blanchiment de poisson ». Ce système alimente non
seulement la surexploitation des ressources marines, mais permet
aussi une forme d?esclavage moderne. Des pêcheurs, souvent issus
de milieux extrêmement précaires, sont recrutés dans des condi-
tions de grande vulnérabilité et se retrouvent piégés à bord pen-
dant des mois, voire des années, sans possibilité de retour à terre.
Ils sont contraints de travailler dans des conditions dangereuses,
sans rémunération décente, parfois même sans salaire du tout. De
nombreux témoignages font état de longues périodes de travail
forcé, d?horaires excessifs, de violences physiques et de conditions
de vie indignes, sans aucun moyen d?échapper à cet enfermement
en mer.
1. https://www.oceansinc.earth/transshipment
11
« J'avais l'impression d'être
un esclave. L'équipage
chinois avait de l'eau
potable, mais pas nous, on
devait collecter l'eau de la
climatisation. Et on était
souvent battus si la pêche
n'était pas assez bonne,
même quand on était
malade »
Un pêcheur indonésien1
1. https://ici.radio-canada.ca/
nouvelle/1172440/indonesie-tra-
vail-force-crimes-trafic-humains
Flottille pêchant au lamparo
© Marine nationale
https://www.oceansinc.earth/transshipment
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1172440/indonesie-travail-force-crimes-trafic-humains
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1172440/indonesie-travail-force-crimes-trafic-humains
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1172440/indonesie-travail-force-crimes-trafic-humains
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P A R T I E 2
Comment lutter
contre la pêche INN ?
Pilotage d'une embarcation opérationnelle
du Dispositif de Contrôle et de Surveillance (DCS)
des Affaires Maritimes © Gabriel Debeaupte
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La France et l?Europe, fer de lance du combat
contre la pêche INN
UNE POLITIQUE EUROPÉENNE ET NATIONALE VOLONTARISTE
La France assure la protection des ressources halieutiques et de ses intérêts
économiques dans les 11 millions de km2 de sa zone économique exclusive
(ZEE), en métropole et en Outre-mer. Située en Amérique du sud, la région
Guyane est le seul territoire national et européen exposé directement au fléau
de la pêche INN.
La ministre de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la
Mer et de la Pêche est responsable de la police des pêches et de la lutte contre
la pêche illicite. Sous son autorité, la Direction générale des Affaires maritimes,
de la Pêche et de l?Aquaculture (DGAMPA) définit et met en oeuvre la poli-
tique de contrôle des pêches. Elle est le point focal européen et international
en matière de lutte contre la pêche INN. Si la politique de contrôle des pêches
s?exerce dans le cadre de la politique commune des pêches (PCP), compétence
exclusive de l?Union européenne (UE), la responsabilité de sa mise en oeuvre et
de son exécution relève des États membres.
Au niveau européen, l?UE a adopté en 2008 ce qui est certainement le texte
législatif1 le plus strict au monde, afin d?éviter que des poissons capturés de
façon illicite n?arrivent sur son marché. Ce règlement européen vise à mettre
fin à la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN) et impose que
les « pays tiers » (c?est-à-dire hors UE) qui exportent du poisson vers l?UE res-
pectent des normes strictes en matière de gestion de la pêche.
Au niveau national, le Plan national de contrôle des pêches fait de la lutte
contre la pêche INN une priorité majeure, destinée à s?assurer du respect des
règles et à lutter contre la pêche INN.
LES MOYENS DE CONTRÔLE DÉPLOYÉS
La France mobilise des moyens conséquents pour protéger ses eaux de la
pêche illégale : moyens nautiques et aériens, surveillance par satellite des
zones situées Outre-mer, expérimentation de la surveillance des activités de
pêche par drones.
Ainsi, les Affaires maritimes2, la Marine nationale, la Gendarmerie Nationale et
Maritime, et les Douanes déploient des unités de contrôle sur toutes les fa-
çades maritimes françaises. La tâche est conséquente puisque la France pos-
sède la 2e zone économique exclusive du monde et est présente sur tous les
océans.
1. Règlement (CE) no 1005/2008 du Conseil du 29 septembre 2008 établissant un système communautaire destiné à pré-
venir, à décourager et à éradiquer la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (JO L 286 du 29.10.2008).
2.?Les moyens du ministère chargé de la mer se composent des unités littorales des affaires maritimes (ULAM) et des
patrouilleurs des affaires maritimes (PAM).
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Au niveau interministériel, le Secrétariat général de la Mer est chargé de coor-
donner, dans le cadre de l?action de l?État en mer, la mise en oeuvre d?une
stratégie de lutte contre la pêche INN.
Sur le plan opérationnel, le Centre national de surveillance des pêches (CNSP)1
coordonne tous les moyens de contrôle impliqués et assure le pilotage des
opérations d?inspection en mer. Outre-mer, il met également en oeuvre le dis-
positif de surveillance par satellite2.
En 2024, 2 229 contrôles en mer et 2 463 contrôles
au débarquement ont été menés dans l?Hexagone et
dans les Outre-mer, pour un taux d?infraction respec-
tif de 14% et 15%3.
Une présence régulière en mer est indispensable
car elle constitue un moyen d?action efficace en
cas de ciblage par la surveillance satellitaire assurée
par le CNSP. Outil de dissuasion, elle assure ainsi la
souveraineté de l?État Français. Par exemple, dans
les ZEE françaises de La Réunion, de Mayotte et des
Terres Australes et Antarctique Françaises (TAAF),
le patrouilleur des affaires maritimes OSIRIS II et
les moyens de la Marine nationale dissuadent les
pêcheurs illicites et les maintiennent en dehors des
eaux françaises. A l?international, la France organise,
via la Marine nationale, des opérations de forma-
tion et de soutien pour permettre aux États les plus
touchés de mieux lutter contre la pêche illégale, en
particulier dans le Golfe de Guinée.
COMITÉ INTERMINISTÉRIEL DE LA MER (CIMER)
2025 : FOCUS SUR LA GUYANE
En Guyane, la pêche illicite, non déclarée et non ré-
glementée est un enjeu majeur. Ce territoire, avec ses
130 000 km² de zone maritime, est particulièrement
exposé à ce fléau. La pêche illégale y constitue une
menace écologique grave et a été reconnue comme
une priorité d'action par les autorités françaises.
D?après une étude menée entre 2019 et 2023 par le WWF, l?Ifremer et le Comi-
té régional des pêches (CRPMEM), la pression de la pêche illégale étrangère a
doublé en 12 ans. La production issue de cette pêche serait jusqu?à quatre fois
supérieure à celle des navires autorisés sur zone. Les pêcheurs INN viennent
principalement des pays voisins ? Guyana, Suriname, Brésil ou Venezuela ? et
ciblent des espèces comme l?acoupa rouge ou le vivaneau.
Pour y répondre, le Comité interministériel de la Mer (CIMER), présidé par le
Premier ministre le 26 mai 2025 à Saint-Nazaire, a décidé de modifier le Code
rural et de la pêche maritime. Cette réforme permettra de faciliter la destruc-
tion en mer des navires saisis pour pêche INN, une mesure dissuasive essen-
tielle pour protéger les eaux guyanaises.
1. Le centre national de surveillance des pêches (CNSP), service spécialisé de la direction générale des affaires maritimes,
de la pêche et de l?aquaculture (DGAMPA), est basé à Etel en Bretagne.
2. L?Agence européenne du contrôle des pêches (AECP) met à disposition de DGAMPA les images satellitaires du service
COPERNICUS.
3. Source : Bureau du contrôle des pêche, DGAMPA.
15
Par ailleurs, le CIMER a acté le lancement d?une expérimentation du recours à
des drones pour détecter et verbaliser à distance les infractions dans les zones
économiques exclusives (ZEE) françaises. Aujourd?hui, la loi ne permet pas
encore d'utiliser les images comme preuve directe, mais cette évolution juri-
dique vise à rendre les contrôles plus efficaces, moins coûteux et plus étendus,
notamment en Guyane.
La coopération européenne, régionale et in-
ternationale en matière de lutte contre la
pêche INN
LE RÔLE MAJEUR DE L?UNION EUROPÉENNE
L?Union européenne dispose d?une compétence exclusive en matière de pêche
et agit activement pour empêcher l?entrée de produits issus de la pêche illicite,
non déclarée et non réglementée (INN) sur son marché. Le règlement (CE)
n°1005/2008 impose un système de certification des captures à toutes les im-
portations de produits de la mer dans l?UE. Si un pays tiers ne respecte pas ces
règles, la Commission européenne peut lui attribuer un carton jaune ou rouge,
pouvant aller jusqu?à l?interdiction de ses produits sur le marché européen.
Cette procédure se déroule en trois étapes :
1. Dialogue informel avec l?État concerné ;
2. Attribution d?un carton jaune et ouverture d?un dialogue formel ;
3. En cas d?absence de progrès, carton rouge et interdiction d?importation.
Patrouille des Affaires maritimes © DR
16
Actuellement, 8 pays sont sous carton jaune1 et 5 sous carton rouge2. Face à
l?ampleur de la pêche illégale en Guyane, la France envisage de saisir la Com-
mission européenne pour enclencher cette procédure à l?égard des États voi-
sins responsables d?infractions répétées.
Pour les contrôles à l?import, la DGAMPA pilote le dispositif en France. Le
Bureau de Liaison Unique (BLU) est l?autorité compétente désignée en France
pour vérifier la conformité des certificats de capture avec les règles de l?UE. En
2024, il a examiné 41 dossiers suspects.
Par ailleurs, le système IT CATCH, développé par la Commission européenne,
permet de dématérialiser les certificats et de les connecter au système doua-
nier TRACES NT. Cela facilite le suivi, la traçabilité des produits de la mer, et
renforce l?efficacité des contrôles.
Enfin, l?Agence européenne de contrôle des pêches (AECP) coordonne la mise
en oeuvre de ces règles, pilote des projets internationaux, comme le pro-
gramme durable pour les océans en Afrique de l?Ouest, et organise des plans
de déploiement communs. En 2024, un plan a par exemple été lancé dans
l?océan Indien pour surveiller les thoniers européens débarquant leurs captures
aux Seychelles.
1. L?Équateur, le Ghana, le Libéria, le Panama, le Sénégal, la Sierra Leone, Saint Kitts et Nevis et le Vietnam.
2. Le Cameroun, le Cambodge, les Comores, Saint Vincent et les Grenadines ainsi que Trinité et Tobago.
17
TROIS ACCORDS INTERNATIONAUX FONDAMENTAUX DANS LA LUTTE
CONTRE LA PÊCHE INN
Dans le cadre de la Conférence des Nations Unies sur l?Océan (UNOC-3) qui se
tient à Nice cette année, la France renforce sa diplomatie pour lutter contre la
pêche INN en promouvant un trio d?accords internationaux :
? L?Accord relatif aux mesures du ressort de l?État du port (AMREP/PSMA) ;
? L?Accord du Cap ;
? Et la Convention 188.
Adopté en 2009 sous l?égide de la FAO et entré en vigueur en 2016, le PSMA
est le premier traité contraignant visant directement la pêche INN. Il oblige les
navires étrangers souhaitant entrer dans un port désigné à prouver la légalité
de leurs captures. En cas de doute, l'accès peut leur être refusé, coupant ainsi
l?accès aux marchés pour les produits illégaux.
Ratifié par 82 parties, dont l?UE et la France (y compris pour ses Outre-mer),
cet accord repose sur les contrôles portuaires et favorise la coopération in-
ternationale, via l?échange d?informations sur les inspections, refus d?accès et
bénéficiaires des navires.
L?accord a été renforcé par la stratégie de Bali (2023) et l?adhésion récente de
nouveaux pays comme la Chine, l?Arabie Saoudite et l?Ukraine.
En reconnaissance du rôle qu?elle joue dans la lutte contre la pêche illicite
au niveau mondial, la France a pris la présidence de la réunion des Parties
du PSMA pour 2025-2027, et organisera ainsi la prochaine réunion prévue en
20271.
1. La présidence française est assurée par le bureau du contrôle des pêches (DGAMPA).
Carte des États ayant ratifié le PSMA © FAO
18
L?Accord du Cap, porté par l?Organisation maritime internationale (OMI), éta-
blit des normes minimales de sécurité pour les navires de pêche de plus de 24
mètres en haute mer. Il prévoit des inspections régulières et la délivrance de
certificats de sécurité, mais n?est pas encore en vigueur, faute de ratifications
suffisantes.
La Convention 188, entrée en vigueur en 2017, garantit aux pêcheurs des droits
fondamentaux, comme le repos, la sécurité alimentaire, un âge minimum pour
embarquer et le droit au rapatriement.
Orientés vers des enjeux humains et techniques, ces deux instruments ren-
forcent indirectement la lutte contre la pêche INN en rendant les navires plus
traçables et contrôlables, limitant ainsi les pratiques illégales.
LA LUTTE CONTRE LA PÊCHE INN AU NIVEAU RÉGIONAL : LE RÔLE DES
ORGANISATIONS RÉGIONALES DE GESTION DES PÊCHES (ORGP)
Les Organisations régionales de gestion de la pêche (ORGP) ont un rôle es-
sentiel dans l?encadrement ou l?interdiction de certaines pratiques de pêche.
Ainsi, l?ORGP thonière de l?Atlantique (CICTA) et celle de l?Océan Indien (CTOI)
prohibent l?utilisation des grands filets dérivants en haute-mer, l'utilisation de
moyens aériens à des fins de recherche de bancs de thon. Elles protègent aussi
certaines espèces en interdisant leur pêche et leur commercialisation, comme
par exemple le requin-baleine, le requin-renard et la raie mobulidée. L?UE et la
France s?opposent dans toutes les ORGP à la pratique de la découpe des aile-
rons de requin à bord des navires.
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L?Union européenne et la France sont membres de 15 ORGP. La France est
active dans toutes les ORGP où elle a des intérêts, en tant que membre de
l?Union européenne (qui a compétence exclusive en matière de pêche), et via
ses territoires d?Outre-mer non membres de l?UE (Polynésie française, Nou-
velle-Calédonie, Wallis et Futuna, Saint Pierre et Miquelon, TAAF).
Parmi les priorités françaises :
? Renforcer les contrôles ;
? Harmoniser les règles ;
? Partager les données ;
? Imposer l?équipement des navires en systèmes de surveillance (VMS) ;
? Et améliorer les obligations de déclaration.
Les ORGP identifient les navires pratiquant la pêche INN, tiennent des registres
officiels, publient des listes de navires INN partagées entre organisations, et
mettent en place des mesures de suivi et contrôle (observateurs, inspections
portuaires, restrictions sur les transbordements).
L?Union européenne et la France soutiennent en particulier les inspections en
haute mer (HSBI), déjà en place dans plusieurs ORGP, avec l?objectif de généra-
liser ces dispositifs.
Un événement parallèle (« side-event ») coorganisé par la France (DGAMPA),
la FAO et l?Union européenne lors de la Conférence des Nations Unies sur
l?Océan, le 11 juin à 17h30, mettra en lumière le rôle central des ORGP dans la
lutte contre la pêche INN.
Carte de répartition des différentes ORGP auxquelles l?UE est partie
© Commission européenne
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C O N T A C T P R E S S E
Service presse d'Agnès Pannier-Runacher,
ministre de la Transition écologique, de la
Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche
Mél : presse.apr@ecologie.gouv.fr
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