Améliorer la qualité de l'eau par la protection de nos captages
Auteur moral
République française
Auteur secondaire
Résumé
Face à la dégradation de la qualité de l'eau potable, la France lance une feuille de route 2025 pour protéger les captages sensibles. Ce plan interministériel vise à cibler les zones à risques, mettre en oeuvre des actions proportionnées et accompagner les collectivités, agriculteurs et industriels, avec des outils financiers et réglementaires adaptés, afin de garantir une eau saine et durable.
Descripteur Urbamet
eau potable
Descripteur écoplanete
Thème
Ressources - Nuisances
;Environnement - Nature
Texte intégral
DOSSIER DE PRESSE
MARS 2025
AMÉLIORER
la qualité de l?eau
par la protection
de nos captages
FEUILLE
DE ROUTE 2025
SOMMAIRE
03 Éditos des ministres
06 Intro et chiffres clés
07 Améliorer la qualité de la ressource en eau par la protection
renforcée des captages d?eau potable
07 Financement
08 PARTIE 1 ? DE QUOI PARLE-T-ON ?
09 1. Qu?est-ce qu?un captage ?
09 2. Comment les captages sont-ils protégés aujourd?hui ?
10 PARTIE 2 ? CIBLER LES CAPTAGES À ENJEUX ET MIEUX
AGIR ? MISE EN OEUVRE D?UNE FEUILLE DE ROUTE POUR
PRÉSERVER LA QUALITÉ DE l?EAU PAR LA PROTECTION
DES CAPTAGES
10 1. Cibler
11 2. Agir mieux et de façon proportionnée
12 PARTIE 3 ? UNE NOUVELLE MÉTHODE DE TRAVAIL
12 1. Gouvernance et comitologie
13 2. Calendrier de mise en oeuvre
Protection des captages d?eau potable | 3
ÉDITO
L?eau est un bien vital. Elle est indispensable à
notre santé, à nos agriculteurs, à nos indus-
triels, à notre production d?électricité et donc
indispensable à notre souveraineté. Or, sous
l?effet du dérèglement climatique, la ressource
en eau est sous pression. De plus, les pollu-
tions accumulées depuis des décennies
menacent sa qualité et sa disponibilité.
Depuis 1980, plus de 30 % des captages
fermés l?ont été en raison de pollutions.
Face à ce défi, il est urgent d?agir. La protec-
tion de nos captages d?eau potable apparaît
comme une priorité absolue pour améliorer la
qualité de notre eau.
Or, le compte n?y est pas. Seuls 1 500 captages
sur 33 000 ont pu être sécurisés. Nous devons
donc changer d?échelle et de méthode.
C?est pourquoi je présente aujourd?hui notre
feuille de route, une feuille de route construite
depuis plusieurs mois avec tous les acteurs
concernés : collectivités, agriculteurs, entre-
prises de l?eau... Ce plan part de la réalité du
terrain.
Cette feuille de route vise trois objectifs
principaux.
? Identifier précisément les aires de
captage sensibles sur lesquels nous
ciblerons nos efforts.
? Sécuriser en priorité ces captages
menacés, en agissant là où l?impact sera
le plus fort.
? Accompagner collectivités, agriculteurs
et industriels avec des solutions adaptées
et graduées, pour leur permettre
d?adopter des pratiques plus durables.
Pour soutenir ces ambitions, je m?appuierai
dans les prochaines semaines sur trois outils
très concrets.
? Un arrêté de définition des captages
sensibles, qui clarifiera nos priorités et
orientera nos interventions en lien avec
les territoires.
? Un guide opérationnel à destination
des préfets, garantissant une gestion
cohérente, efficace et adaptée aux
réalités locales.
? Des outils financiers adaptés, car
protéger notre eau nécessite des moyens
concrets.
Une enveloppe initiale de 6,5 millions d?euros
de subventions issue de la stratégie Ecophyto
permettra d?engager ces actions. Elle viendra
s?ajouter aux 2 milliards d?aqua-prêts mobilisés
via la Banque des territoires et les enveloppes
des agences de bassin. Pour 2026, nous allons
continuer de travailler avec l?ensemble des
parties prenantes pour renforcer ces moyens
et accompagner la montée en puissance de
ces mesures.
L?urgence est là : la dégradation de la qualité
de notre eau est accentuée par le dérègle-
ment climatique lors des épisodes de séche-
resse qui concentrent les pollutions. Il nous
faut donc mieux anticiper, mieux nous prépa-
rer et construire avec l?ensemble des acteurs
locaux les solutions pour éviter, demain, de
nous retrouver au pied du mur.
Nous avons le choix : subir ou agir. Avec cette
feuille de route, nous faisons le choix d?agir
pour protéger cette ressource essentielle
aujourd?hui comme pour les générations
futures. »
Agnès Pannier-Runacher, ministre de
la Transition écologique, de la Biodiversité,
de la Forêt, de la Mer et de la Pêche
4 | Protection des captages d?eau potable
L?eau potable est un bien public et une ressource
indispensable pour notre santé. L?accès à l?eau
potable constitue un droit humain fondamental.
Les ressources en eau sont en tension en raison du
changement climatique et menacées par les
pollutions diffuses d?origine anthropique et la
présence de micropolluants de tous ordres (au
premier rang desquels les pesticides et leurs
métabolites, mais également les nitrates, PFAS,
etc.). Les attentes sociétales sont fortes pour
maintenir et garantir l?accès à une eau potable en
quantité et qualité suffisante à la population. Il
incombe au ministère chargé de la Santé et aux
agences régionales de santé (ARS) d?assurer la
sécurité sanitaire de l?eau du robinet à toute la
population, aujourd?hui et pour les générations
futures. Le récent rapport des inspections géné-
rales de novembre 2024, Prévenir et maîtriser les
risques liés à la présence de pesticides et de leurs
métabolites dans l?eau destinée à la consomma-
tion humaine, appelle notamment à mettre en
oeuvre et améliorer l?opérationnalité des outils
réglementaires et financiers déjà existants, pour
prévenir en amont la contamination de l?eau par
les pollutions diffuses, grâce à une coordination
renforcée entre les services des ministères chargés
de l?environnement, de l?agriculture et de la santé.
La protection préventive des captages d?eau
potable contre les pollutions s?impose comme une
priorité pour garantir l?accès à une eau de qualité,
afin de limiter autant que possible les traitements
pour la rendre potable, de plus en plus lourds à
déployer, complexes et coûteux pour la société et
les collectivités responsables de la production
d?eau potable.
C?est à ce défi que la Feuille de route 2025 en
faveur de l?amélioration de la qualité de l?eau par
la protection de nos captages répond. Le minis-
tère chargé de la Santé sera pleinement mobilisé
avec les ARS pour contribuer dans le cadre de
cette feuille de route interministérielle à renforcer
la protection des captages vis-à-vis des pollutions
anthropiques.
Yannick Neuder, ministre de la Santé et de l?Accès
aux soins
Protection des captages d?eau potable | 5
Dans un contexte de changement climatique et
de pression croissante sur nos ressources en eau, la
protection de la qualité de l?eau potable est un
enjeu majeur. En effet, les captages sensibles, ces
points d?approvisionnement en eau utilisés pour la
production d?eau potable, sont exposés à des
risques qu?amplifient des régimes de
précipitations de plus en plus erratiques.
Or l?eau, bien commun, doit être préservée. Il est
donc primordial d?agir de manière préventive et
ciblée pour garantir que l?eau que nous
consommons reste saine, accessible et suffisante.
Il est tout aussi important de ne pas dissocier ces
enjeux environnementaux des défis économiques
et de souveraineté alimentaire que notre
agriculture doit relever. Ainsi face à l?impératif de
maintenir une production agricole compétitive et
durable et d?apporter une réponse proportionnée
aux risques pour chacun des captages, cette
feuille de route a vocation à soutenir les
démarches des acteurs locaux, collectivités et
parties prenantes dont les agriculteurs et les
industriels, qui permettront de trouver les
solutions concertées pour réduire ces pollutions
sur chacun des captages sensibles.
De nombreux leviers sont utilisables : la mise en
place de pratiques agricoles innovantes, le cas
échéant inspirés de travaux réalisés localement,
l?agriculture de précision, la réduction des intrants,
la mise en place d?infrastructures comme les haies,
le pâturage extensif, l?agriculture biologique, la
réflexion sur les assolements, des échanges de
foncier?
La feuille de route déployée aujourd?hui repose sur
une approche fondée sur le dialogue et la
coopération entre les différents acteurs concernés
parce que nous savons que les solutions doivent
être adaptées à chaque situation et chaque
territoire. Elles seront proportionnées aux risques
spécifiques liés à chaque captage. Nous avons
conscience que ces changements ne se feront pas
sans efforts, mais ils sont essentiels et doivent être
accompagnés La protection de l?eau potable est
l?affaire de tous, et c?est ensemble, dans un esprit
de responsabilité collective et de solidarité
partagée, que nous pourrons réussir à préserver
cette ressource.
Enfin, je suis certaine que les efforts qui seront
collectivement déployés sur ces aires de captage
en feront des aires d?excellence et de démonstration
pour la transition environnementale des exploita-
tions et la souveraineté alimentaire.
C?est dans cette dynamique que nous souhaitons
avancer, en mettant en oeuvre une stratégie
pragmatique, ambitieuse et partagée, pour
protéger notre eau.
Annie Genevard, ministre de l?Agriculture et de la
Souveraineté alimentaire
6 | Protection des captages d?eau potable
La pollution des ressources en eau représente une menace insidieuse, avec des impacts à long terme
sur la santé humaine (substances chimiques nocives responsables de nombreuses pathologies) et
l?environnement (atteinte à la viabilité des écosystèmes aquatiques, essentiels à la biodiversité).
Cela se répercute indirectement sur notre économie, en particulier sur le tourisme et l?agriculture,
en affectant la production, les ressources et l?attractivité des territoires.
La dégradation de la ressource a diverses origines : elle est liée aux pollutions diffuses d?origine
agricole par le lessivage dans les eaux des nitrates et produits phytopharmaceutiques, dont les
teneurs excessives sont responsables de 41 % des abandons de captages pour pollutions chimiques
et aux pollutions industrielles et urbaines (hydrocarbures, nickel et fluorures notamment, 22 %)1.
En outre, les substances issues de produits phytopharmaceutiques occasionnant les dépassements
des exigences de qualité relèvent pour certains de métabolites persistants, à l?image de l?atrazine,
herbicide interdit en France depuis 2001 encore détecté dans certaines régions agricoles, ou le
chlorothalonil, fongicide interdit depuis 2020.
La dégradation de la qualité de la ressource est également liée à un élargissement progressif du
spectre des substances recherchées lors des analyses, telles que les métabolites de substances
phytopharmaceutique ou encore les per- et polyfluoroalkylées (PFAS), paramètres non testés
systématiquement auparavant (sur la période 2019-2023, seulement 6 % des installations ont fait
l?objet d?analyse sur la somme PFAS).
32 900
captages
d?eau potable
en France
dont 96 % prélèvent de l?eau
souterraine et fournissent 2/3
du volume d?eau consommé
14 300
captages
ont été fermés
Entre 1980 et 2024, 14 300
captages ont été fermés dont
environ 4 600 pour des
problèmes de qualité liés aux
pollutions par les pesticides
ou nitrates
100
captages
sont fermés ou
abandonnés
chaque année pour des
pollutions non traitables
techniquement ou du moins
à un coût raisonnable
La pollution de la ressource en eau, qui peut
conduire à la fermeture de captages, réduit la
quantité de ressource en eau disponible pour
l?alimentation en eau destinée à la consommation
humaine.
Qui plus est, le dérèglement climatique renforce
ce risque : quand le niveau des nappes baisse, la
concentration en polluants augmente. Ainsi, 50
captages ont été temporairement abandonnés
pour l?approvisionnement en eau potable à l?été
2022, en raison de la trop forte baisse des nappes
ou du surcroît de niveau de pollution engendré.
Il est donc crucial de déployer des mesures
ambitieuses et efficaces pour protéger cette
ressource vitale. Parmi ces mesures, la protection
préventive des captages d?eau potable contre
les pollutions s?impose comme une priorité pour
garantir l?accès à une eau de qualité, en limitant
autant que possible les traitements pour la
rendre potable, de plus en plus lourds à déployer,
complexes et coûteux pour la société et les
collectivités responsables de la production d?eau
potable.
1. La pollution des eaux superficielles et souterraines en France -
Synthèse des connaissances en 2024, SDES/MTEBFMP
Protection des captages d?eau potable | 7
AMÉLIORER LA QUALITÉ DE LA RESSOURCE EN EAU PAR
LA PROTECTION RENFORCÉE DES CAPTAGES D?EAU POTABLE :
UNE NOUVELLE FEUILLE DE ROUTE INTERMINISTÉRIELLE EN 2025
Des actions de protection sont mises en oeuvre
depuis 15 ans, avec l?appui des financements
publics (collectivités, agence de l?eau, État,
Régions), en particulier sur 1100 captages dits
prioritaires. Ces actions restent cependant
insuffisantes et le Gouvernement a fixé dans son
Plan Eau de 2023 une nouvelle ambition visant à
protéger ou récupérer les captages à forts enjeux
et dont la qualité est menacée. Ainsi, les ministres
en charge de l?Environnement, de l?Agriculture
et de la Santé se sont accordés sur une méthode
de travail et de concertation pragmatique
permettant de mettre en oeuvre, avec les acteurs
des territoires, de nouvelles actions performantes
en vue d?assurer une meilleure protection de la
ressource en eau vis-à-vis des pollutions de nature
à rendre l?eau impropre à la consommation,
selon une approche proportionnée au risque de
dégradation de l?eau.
Cette méthode est organisée en deux volets.
? CIBLER les captages sensibles aux pollutions
diffuses2 (nitrates, produits phytosanitaires,
pollutions industrielles) sur lesquels il parait
nécessaire d?intervenir (transposition de la
directive eau potable de l?Union Européenne).
? AGIR MIEUX et de façon PROPORTIONNÉE
? DÉLIMITER les zones d?action pour
la préservation de la ressource : aires
d?alimentation du captage, zones des aires
d?alimentation de captage les plus contributives
à la pollution, identification des pressions sur la
ressource.
? CONSTRUIRE et mettre en oeuvre DES
ACTIONS DE PROTECTION des captages d?eau
potable selon une approche proportionnée au
risque, dans le cadre des plans de gestion de la
sécurité sanitaire des eaux (PGSSE) élaborés par
les collectivités en charge de l?eau potable.
? ACCOMPAGNER LES ACTEURS des territoires
techniquement et financièrement, en particulier
les collectivités, les agriculteurs et les industriels.
Une concertation avec l?ensemble des parties
prenantes dans le cadre du Groupe national
captage3 (GNC) sera engagée sous l?égide des
ministres en charge de l?Environnement, de
l?Agriculture et de la Santé afin de préciser les
modalités opérationnelles de mise en oeuvre de
cette méthode qui doit aboutir à la rédaction
d?un guide de gestion des risques établissant les
lignes directrices de l?action de protection.
FINANCEMENT
Pour accompagner la mise en oeuvre de cette
politique publique, l?État et les agences de l?eau
pourront accompagner les collectivités et le
monde agricole par le financement des études
nécessaires, de l?animation territoriale et de la
mise en oeuvre des plans d?actions notamment
par les mesures agroenvironnementale et
climatique (MAEC) et les aides à la conversion
à l?agriculture biologique issus de la PAC. De
surcroît, pour la première fois en 2025, des
crédits de la stratégie Ecophyto 2030 seront
mobilisés à hauteur de 6,5 M¤, en particulier pour
contribuer à lever des situations de blocage pour
les captages les plus prioritaires.
2. Le terme pollutions diffuses fait référence à la contamination des eaux par des substances dont l?origine n?est pas
ponctuelle (comme un déversement accidentel), mais résulte d?une multitude d?aléas dispersés dans l?espace et dans
le temps et donc difficilement identifiables.
3. Le Groupe national captage est une instance nationale interministérielle, lieu de suivi, d?échange et de partage des
démarches nationales de protection des captages d?eau potable. Il est composé de l?ensemble des acteurs impliqués
dans cette thématique (représentants des collectivités, des producteurs d?eau, du monde agricole, des associations
de préservation de l?environnement, des services de l?État et de ses établissements publics?). La représentation des
différentes parties prenantes concernées par la ressource en eau en fait un organe consultatif adapté à la cohérence
et l?opérationnalité du guide.
8 | Protection des captages d?eau potable
PARTIE 1
De quoi parle-t-on ?
1. Qu?est-ce qu?un captage ?
Un captage désigne un ouvrage destiné à prélever
une ressource en eau, à partir d?un ou plusieurs
points de prélèvement dans les eaux de surface
(prises d?eau dans une rivière, un fleuve, un lac
naturel) ou les eaux souterraines (forages ou puits
atteignant un aquifère (voir schéma 1).
L?eau ainsi prélevée, appelée eau brute, est
utilisée principalement pour produire de l?eau
potable, dite eau destinée à la consommation
humaine (EDCH). Avant sa distribution, cette eau
subit des étapes de purification essentielles pour
respecter les normes de qualité fixées pour l?eau
potable (exemple schéma 2).
Schéma 1
notion de captage et de points
de prélèvements
RÉSERVOIR
Nappe
souterraine A
Nappe
souterraine B
3 points de prélèvements
2 ouvrages ou capatges
(car 2 ressources en eau différentes)
Schéma 2
exemple de normes de potabilité
pour les pesticides et nitrates
NORMES DE POTABILITÉ
Pesticides 0.10ug/L
(par subtance individuelles)
Aldrine 0.03ug/L
Dieldrine 0.03ug/L
Heptachlore 0.03ug/L
Heptachloroépoxyde 0.103ug/L
Total pesticides 0.50ug/L
Nitrates 50 mg/L
Protection des captages d?eau potable | 9
2. Comment les captages sont-ils
protégés aujourd?hui ?
PÉRIMÈTRES DE PROTECTION ET AIRES D?ALIMENTATION DE CAPTAGE
I. Périmètres de protection du captagei
Les périmètres de protection du captage (PPC,
on parle de PPC immédiat, rapproché, éloigné)
visent à assurer la protection de la ressource en
eau vis-à-vis des pollutions de nature à rendre
l?eau impropre à la consommation. Ils concernent
principalement les pollutions ponctuelles
et accidentelles. Depuis la loi sur l?eau du 3
janvier 1992, l?instauration des périmètres de
protection des points de prélèvement d?eau pour
l?alimentation est rendue obligatoire. Il appartient
à la collectivité, maître d?ouvrage, d?engager
cette procédure qui doit conduire à un arrêté
de déclaration d?utilité publique (DUP). En 2022,
environ 82 % des captages bénéficiaient ainsi
d?une protection avec DUP4.
II. Aires d?alimentation de captagei
L?aire d?alimentation de captage (AAC) désigne la
surface sur laquelle l?eau qui s?infiltre ou ruisselle
alimente le ou les captages. Ce zonage a pour
objectif de désigner la zone où des actions seront
mises en place pour la protection de la ressource
en eau (lutte contre les pollutions diffuses).
III. Captages prioritairesi
De manière simplifiée, les termes captages d?eau
et ouvrage d?eau potable peuvent être assimilés.
En application de la DCE et du code de
l?environnement, les schémas directeurs
d?aménagement et de gestion des eaux
(SDAGE) comprennent, pour chaque bassin
hydrographique, une liste des captages
considérés comme prioritaires pour la mise
en oeuvre d?un plan d?actions. L?objectif de
ce plan, déployé par la collectivité qui assure
la production d?eau, est la restauration et la
préservation de la ressource en eau à l?échelle de
leur aire d?alimentation.
Les SDAGE identifient également des captages
dont la qualité de l?eau est dégradée par les
pollutions diffuses.
IL EXISTE
ACTUELLEMENT
1 100 CAPTAGES
PRIORITAIRES
IDENTIFIÉS DANS
LES SDAGE.
4. Données SISE-Eaux (ministère en charge de la Santé) ? DGS, ARS, 31 mai 2024
10 | Protection des captages d?eau potable
PARTIE 2
Cibler les captages à enjeux
et mieux agir
mise en oeuvre d?une feuille de route pour préserver la qualité
de l?eau par la protection des captages
La feuille de route pour la protection des captages s?inscrit dans la mise en oeuvre :
? de la transposition de la directive eau potable, en particulier l?introduction de l?obligation de renforcement
de la protection des zones de captage basée sur une approche par le risque et donc la mise en place
d?un plan de gestion de la sécurité sanitaire des eaux, par les collectivités d?ici juillet 2027 pour la partie
ressources, quelle que soit la sensibilité du captage ;
? du Plan eau et en particulier sa mesure 28 : en cas de dépassement des normes sanitaires pour un produit
phytopharmaceutique (PPP) toujours autorisé, elle crée l?obligation de mettre en place des mesures
permettant de juguler le risque ;
? la stratégie Ecophyto 2030 pour ce qui concerne les pollutions diffuses liées aux produits pharmaceutiques.
Ces nouvelles dispositions s?articulent avec la politique globale de préservation et d?amélioration de la qualité
de l?eau vis-à-vis notamment des diverses pollutions (nitrates, produits phytosanitaires, pollutions industrielles)
et les directives européennes associées.
En s?appuyant sur l?évaluation des politiques passées en matière de protection des captages, l?objectif ici est
de définir une méthode de travail et de concertation pragmatique permettant de définir avec les acteurs des
territoires de nouvelles actions performantes pour protéger les captages d?eau potable. Cette méthode est
organisée en deux volets : cibler et agir mieux et de façon proportionnée.
1. Cibler
Pour aller plus loin dans la protection de la
ressource et du consommateur, en adaptant les
actions de protection aux risques d?un territoire,
les ministres en charge de l?Environnement
et de la Santé prendront un nouvel arrêté de
définition des points de prélèvement sensibles
qui définira les paramètres et seuils conduisant
à considérer un point de prélèvement utilisé
pour la production d?eau potable comme
sensible , au sens de l?article L 211-11-1 du code
de l?environnement. Les collectivités en charge
de la production d?eau à partir de ces points de
prélèvement sensibles devront contribuer à la
gestion et à la préservation de la ressource en
eau en élaborant et en mettant en oeuvre un plan
d?actions tel que défini par l?article L 2224-7-6 du
code général des collectivités territoriales.
L?identification des captages sensibles viendra
compléter le travail déjà réalisé sur les captages
prioritaires.
DÉFINITION RÉGLEMENTAIRE
D?UN CAPTAGE SENSIBLE ?
code de l?environnement
Article L 211-11-1 : lorsque les résultats
d?analyses de la qualité de l?eau issue
directement d?un point de prélèvement,
utilisée pour la production d?eau desti-
née à la consommation humaine, font
apparaître, pour les paramètres définis
par arrêté des ministres chargés de l?en-
vironnement et de la santé, des niveaux
excédant des seuils fixés par ce même ar-
rêté compte-tenu des exigences mention-
nées au deuxième alinéa du I de l?article
L 1321-1 du code de la santé publique, le
point de prélèvement est regardé comme
sensible.
Protection des captages d?eau potable | 11
2. Agir mieux et de façon proportionnée
I. Délimiteri
Une étude de délimitation d?AAC nécessite
l?expertise d?un hydrogéologue et comprend
généralement 3 phases :
? caractériser le fonctionnement de la ressource
(étude hydrologique, hydrogéologique) ;
? délimiter l?AAC (identifier les contours de l?AAC
et déterminer les types de transferts mis en jeu
dans la contamination des eaux prélevées) ;
? cartographier la vulnérabilité propre au milieu,
en fonction des modes de transferts identifiés
et indépendamment des pressions exercées. On
parle alors de vulnérabilité intrinsèque.
Sous cette appellation d?aire d?alimentation de
captage, sont alors considérées l?ensemble des
surfaces contribuant à l?alimentation du captage
ou, autrement dit, l?ensemble des surfaces où
toute goutte d?eau tombée au sol est susceptible
de parvenir jusqu?au captage, que ce soit par
infiltration ou par ruissellement. Les études
doivent aussi permettre, notamment lorsque l?aire
d?alimentation de captage est étendue d?identifier
les zones les plus contributives à la pollution, afin
de cibler davantage les efforts à déployer.
La délimitation est une étape préalable
indispensable à la mise en oeuvre des mesures de
préservation de la ressource contre les pollutions
diffuses.
II. Construire et mettre en oeuvrei
des actions de protectioni
L?élaboration d?un plan d?actions de protection des
captages par les collectivités territoriales nécessite
d?identifier les mesures les plus pertinentes à
déployer selon une approche proportionnée
au risque, à l?échelle de l?ensemble de l?aire
d?alimentation du captage ou des zones les plus
contributives à la pollution selon les enjeux.
La construction de ce plan d?action et sa mise en
oeuvre nécessitent un suivi et une animation forte
des acteurs du territoire, afin de garantir leur
mobilisation et la pérennité de leur engagement.
Pour assurer la réussite des plans d?actions et
l?opérationnalisation de mesures performantes
et calibrées, le processus se doit d?être un réel
projet de territoire, associant l?ensemble des
acteurs concernés par la préservation de la
qualité de la ressource en eau (collectivités et
personnes responsables de la production et de la
distribution d?eau, professions agricoles et acteurs
des filières, etc.).
L?animation déployée vise à faciliter
l?appropriation des enjeux par les parties
prenantes, ainsi que leurs impacts socio-
économiques notamment, permettant d?éclairer
les conditions possibles d?accompagnement.
III. Accompagneri
AGRICULTEURS
Les modalités d?accompagnement des acteurs
des plans d?actions seront précisées en tenant
compte des mesures envisagées. Pour les
agriculteurs, il s?agira notamment de préciser :
? la mobilisation des dispositifs disponibles
(notamment MAEC et PSE, en particulier en
déclinaison de la mesure 27 du Plan eau) ;
? l?articulation des dispositifs et l?implication des
collectivités dans leur financement ;
? la doctrine sur les aides restantes mobilisables
pour les agriculteurs en cas de mise en place de
mesures réglementaires obligatoires.
Des moyens pourront être mobilisés par
l?ensemble des financeurs (État, collectivités,
agences de l?eau?) pour déployer ces mesures
d?accompagnement au changement de pratiques
dans les territoires, en concertation avec les
agriculteurs et en tenant compte des impacts
socio-économiques.
COLLECTIVITÉS
Les mesures d?accompagnement des collectivités,
qui ont un rôle moteur pour porter la démarche
de protection, consistent en particulier en la mise
à disposition d?un ensemble d?informations et
d?outils leur permettant de s?approprier et mettre
en place au mieux le plan d?actions territorial :
proposition d?une datavisualisation permettant,
par captage, d?accéder à des informations et
visuels concernant la qualité de l?eau, la présence
de substances contaminantes, les périmètres de
protection, des indicateurs, les aides proposées
par les agences de l?eau selon les situations
rencontrées sur les captages, la délimitation
des AAC et diagnostics des pressions associés,
l?animation des démarches, le recensement
des outils à disposition (services du centre de
ressources captages de l?OFB, formation, etc.).
En outre, la maquette 2024 de la stratégie
Ecophyto 2030 complète ces accompagnements
en prévoyant également un appui financier à la
délimitation des AAC ainsi qu?à l?animation sur les
territoires à enjeux ? eau et Natura 2000.
12 | Protection des captages d?eau potable
PARTIE 3
Une nouvelle méthode
de travail
1. Gouvernance et comitologie
Pilotage Interministériel
? Ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités
et des Familles
? Ministère de la Transition écologique, de la
Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche
? Ministère de l?Agriculture et de la Souveraineté
Alimentaire
Mobilisation des parties prenantes
? Concertation dans le cadre du groupe national
captages qui rassemble les représentants de
l?ensemble des acteurs concernés par le sujet de
la ressource en eau, facilitant la bonne prise en
compte de tous les enjeux liés à la protection
des captages.
? Groupe de travail collectivités territoriales (AMF,
ADCF, FNCCR)
? Groupe de haut-niveau représentant
l?administration territoriale au niveau des
directions (DREAL, DRAAF, DGARS, DAE)
? Association du groupe de travail du Comité de
rénovation des normes en agriculture (Corena)
Composition du GNC
? Représentants des collectivités : Assemblée
des communes de France (ADCF), Association
des maires de France (AMF), Association
des régions de France (ARF) et Fédération
nationale des collectivités concédantes et
régies (FNCCR) ? Amorce
? Services et opérateurs de l?État : DEB ? DGPE
? DGS, groupements DREAL - DRAAF ? ARS -
DDT, IG de bassin, OFB, agences de l?eau
? Représentants du secteur agricole : Chambre
d?agriculture France, Confédération paysanne,
Coop de France, Coordination rurale, FNAB,
FNSEA, JA
? APNE et association de consommateurs :
FNE ? UFC Que Choisir ? CLCV ? Générations
futures
? Autres membres : Association scientifique
et technique pour l?eau et l?environnement
(ASTEE), Fédération professionnelle des
entreprises de l?eau (FP2E), Eaux de Paris
Protection des captages d?eau potable | 13
2. Calendrier de mise en oeuvre
EN 2025
Travail en interministériel
sur le financement de
la feuille de route dans
le cadre du plan eau et
l?articulation des dispositifs
DUP (déclaration d?utilité
publique) et ZSCE (zones
soumises à contraintes
environnementales)
SEPTEMBRE 2025
Séquense politique avec
les parties prenantes
élargies pour la conclusion
des travaux
AVRIL À SEPTEMBRE 2025
Association des parties prenantes GNC,
Corena, GT Collectivités
OCTOBRE 2025
Consultation et publication des livrables :
? un arrêté de définition des captages
sensibles
? un guide à destination des préfets avec
des règles de gestion en fonction des
différents cas de figures
À PARTIR DE NOVEMBRE 2025
Mise en oeuvre et accompagnement
des acteurs avec l?appui du centre de
ressources captages (OFB)
ÉTÉ 2026
Objectif de finalisation des PGSSE
Aout
Juillet
2026
Nov.
Oct.
Avril
2025
FIN ÉTÉ 2026
Deadline de la transposition de la
directive
16 | Protection des captages d?eau potable
CONTACTS PRESSE
Service presse d?Agnès Pannier-Runacher,
minsitre de la Transition écologique, de la Biodiversité,
de la Forêt, de la Mer et de la Pêche
Mél : presse@ecologie.gouv.fr
Direction générale de la Santé (DGS)
presse-dgs@sante.gouv.fr
MASA
ministere.presse@agriculture.gouv.fr
mailto:presse@ecologie.gouv.fr
mailto:presse-dgs@sante.gouv.fr
http://ministere.presse@agriculture.gouv.fr
Sommaire
Éditos des ministres
Intro et chiffres clés
Améliorer la qualité de la ressource en eau par la protection renforcée des captages d?eau potable
Financement
Partie 1 - De quoi parle-t-on ?
1. Qu?est-ce qu?un captage ?
2. Comment les captages sont-ils protégés aujourd?hui ?
Partie 2 - Cibler les captages à enjeux et mieux agir ? mise en oeuvre d?une feuille de route pour préserver la qualité de l?eau par la protection des captages
1. Cibler
2. Agir mieux et de façon proportionnée
Partie 3 - Une nouvelle méthode de travail
1. Gouvernance et comitologie
2. Calendrier de mise en oeuvre
Contacts