Tram'biosol. Intégration de la trame brune des sols dans les programmes d'aménagement urbain
MARECHAL, Jeanne ;MARIE, Xavier ;CLUZEAU, Daniel ;LENACK, Etienne ;DESROUSSEAUX, Maylis
Auteur moral
France. Plan Urbanisme construction architecture
Auteur secondaire
Résumé
"La trame brune - TBr - urbaine reste méconnue en tant que trame écologique pour la biodiversité des sols alors qu'elle pourrait constituer un pivot décisif pour une application opérationnelle cohérente des politiques publiques convergeant vers le « zéro artificialisation nette ». Le projet Tram'BioSol a permis d'étudier l'intégration de la TBr et de la biodiversité lombricienne des sols dans les programmes d'aménagement urbain. Cette intégration n'est cependant possible que sur la base d'une compréhension commune et partagée de ce concept encore émergent, et des méthodes de diagnostics sur le terrain. Cet ouvrage propose un cadre conceptuel de la TBr urbaine ainsi qu'une démarche méthodologique pour la localiser et la caractériser à l'échelle des quartiers."
Editeur
PUCA
Descripteur Urbamet
aménagement urbain
;programme
;recherche
;biodiversité
;plan d'aménagement et de développement durable
;artificialisation des sols
;zéro artificialisation nette
;méthode
Descripteur écoplanete
sol
Thème
Aménagement urbain
Texte intégral
La trame brune - TBr - urbaine reste méconnue en
tant que trame écologique pour la biodiversité des
sols alors qu?elle pourrait constituer un pivot décisif
pour une application opérationnelle cohérente des
politiques publiques convergeant vers le « zéro arti-
ficialisation nette ». Le projet Tram?BioSol a permis
d?étudier l?intégration de la TBr et de la biodiversité
lombricienne des sols dans les programmes d?amé-
nagement urbain. Cette intégration n?est cependant
possible que sur la base d?une compréhension com-
mune et partagée de ce concept encore émergent,
et des méthodes de diagnostics sur le terrain. Cet
ouvrage propose un cadre conceptuel de la TBr ur-
baine ainsi qu?une démarche méthodologique pour
la localiser et la caractériser à l?échelle des quartiers.
Organisme national de recherche et d?expérimentation
sur l?urbanisme, la construction et l?architecture, le Plan
Urbanisme Construction Architecture, PUCA, développe
à la fois des programmes de recherche incitative, et des
actions d?expérimentations. Il apporte son soutien Ã
l?innovation et à la valorisation scientifique et technique
dans les domaines de l?aménagement des territoires, de
l?habitat, de la construction et de la conception architec-
turale et urbaine.
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Date : 23/07/2019
JEANNE MARÉCHAL, XAVIER MARIÉ,
DANIEL CLUZEAU, ETIENNE LÉNACK,
MAYLIS DESROUSSEAUX
TRAM?BIOSOL
TRAM'BIOSOL
INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES
D'AMÉNAGEMENT URBAIN
JEANNE MARÉCHAL
XAVIER MARIÉ
DANIEL CLUZEAU
ETIENNE LÉNACK
MAYLIS DESROUSSEAUX
Plan Urbanisme Construction Architecture
Ministère de l'Aménagement du Territoire
Ministère de la Transition écologique
Arche Sud - 92055 La Défense cedex
www.urbanisme-puca.gouv.fr
Directeur de la publication
François Ménard, secrétaire permanent par intérim du PUCA
Responsable de l?action
Sophie Carré, chargée de projets de recherche
Coordination éditoriale et mise en page
Bénédicte Bercovici, chargée de valorisation
ISBN : 978-2-11-139344-8
Photos : couverture : © Terra
p. 118 : © Bénédicte Bercovici, PUCA
Mars 2025
SOMMAIRE
AVANT-PROPOS
INTRODUCTION
CADRE CONCEPTUEL DE LA TRAME BRUNE URBAINE
DÉMARCHE MÉTHODOLOGIQUE DE CARACTÉRISATION DE LA
TRAME BRUNE URBAINE : ÉTUDE DE CAS SUR LA COMMUNE
DE PALAISEAU (91)
DÉMARCHE MÉTHODOLOGIQUE D?INTÉGRATION DE LA
TRAME BRUNE DANS LES PROCESSUS D?AMÉNAGEMENT URBAIN
CONCLUSION ET PERSPECTIVES
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
CONSEIL SCIENTIFIQUE DU PROGRAMME BAUM
05
10
14
30
70
92
100
105
114
AVANT-PROPOS
INTRODUCTION / 5 / 5
Plan Urbanisme Construction Architecture
Dans son programme partenarial pluri-annuel 2018-2022, le PUCA a
ouvert un chapitre « résilience », et dessiné ainsi, pour les années Ã
venir, les perspectives de partenariats avec les représentants des sciences
du vivant, dans la recherche de réponses aux questions pressantes que
posent à nos sociétés, l?adaptation au changement climatique, la préser-
vation de la biodiversité, l?usage mesuré des ressources planétaires.
Le programme BAUM est né en 2018 dans le sillage du programme de
recherche « Vers des politiques publiques de densification et d?intensifi-
cation douces ? Intérêts, limites et opportunités », lancé en 2013 par le
PUCA; ce programme s?inscrivait lui-même dans la continuité de travaux
de recherche précédents, autour des thèmes de la densification, la ville
dense, ou encore la densité dans le périurbain.
BAUM est apparu alors qu?on ne pouvait plus ignorer le vivant, dans nos
villes et dans nos politiques publiques de densification. La loi pour la
reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages, adoptée en
2016, nous obligeait ; mais surtout, elle se faisait le reflet d?une prise de
conscience collective des voies alternatives à rechercher, dans les projets
de densification urbaine, avec l?aide des écologues, si mal connus des ac-
teurs de l?aménagement.
Que soit ici remerciée en particulier Hélène Peskine, secrétaire per-
manente du PUCA de mai 2017 Ã septembre 2024, Ã l?initiative du pro-
gramme BAUM, pour sa clairvoyance et son soutien dans la réalisation et
la valorisation de celui-ci.
Des partenaires enthousiastes très vite rejoignent le PUCA. Le Muséum
national d?histoire naturelle, (MNHN), avec en particulier Philippe
Clergeau, écologue, professeur émérite, directeur scientifique du pro-
gramme BAUM, et l?un des premiers en France à avoir interrogé la place
de la biodiversité en milieu urbain ; le MNHN accueillera chaque année
jusqu?en 2023 une rencontre BAUM acteurs-chercheurs, dans le Grand
amphithéâtre du Muséum, qui nous permettra de partager les avancées
des recherches avec un public élargi. La Fondation pour la recherche sur la
biodiversité (FRB), accueille spontanément, dès 2019, dans le cadre d?un
6 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
post-doctorat de 10 mois, Morgane Flégeau, docteure en géographie et
aménagement, pour la réalisation d?une revue de la littérature scientifique
consacrée aux liens entre formes urbaines et biodiversité, à l?échelle du
quartier, dans les villes occidentales. Des résultats de celle-ci, objet d?une
publication du PUCA1, nous tirerons des enseignements indispensables
à la poursuite du programme, et le premier d?entre eux : les chercheurs,
écologues et urbanistes, géographes, architectes ou sociologues, sont
très peu nombreux à collaborer, et se comprennent mal car ils utilisent
des outils de recherche différents. Ainsi, les acteurs de l?aménagement
parviennent-ils difficilement à s?emparer des résultats de la recherche
en écologie. La Direction générale de l?aménagement du logement et de
la nature (DGALN), en charge de la conception des politiques publiques
d?aménagement, notre partenaire de tous les instants au Ministère de la
transition écologique (MTE), et l?Office français de la biodiversité, agence
sous tutelle du MTE, qui voient une opportunité d?encourager la coopé-
ration entre les champs disciplinaires de l?écologie et de l?aménagement
du territoire, soutiendront le programme BAUM, initié par le PUCA. En-
fin, un comité scientifique du programme réunit 18 représentants de la
recherche, ou d?institutions en charge de l?animation des politiques pu-
bliques, dans les champs disciplinaires de l?écologie et de l?aménagement
du territoire, sous la présidence de Philippe Clergeau.
A l?appel à projets de recherche lancé en février 2020 par le PUCA, ré-
pondent quarante-cinq équipes, associant chercheurs et acteurs de l?amé-
nagement, dans les champs disciplinaires de l?écologie et de l?aménage-
ment du territoire. Le territoire national entier est représenté.
Six recherches sont sélectionnées pour être soutenues par le PUCA et ses
partenaires, l?OFB et la DGALN, et débutent à l?automne 2020 :
? MORPHOBIOT (Formes urbaines et MORPHOlogie végétales en ville
pour la BIOdiversité : le cas de la ville de Toulouse) : pilotée par l?Ecole
nationale supérieure d?architecture de Toulouse
? BIOREV?AIX (Biodiversité et réseau viaire à Aix-en-Provence) : pilotée
par l?Université d?Aix-Marseille
? REAUMUR (Réponses Ecologiques Aux Morphologies Urbaines) : pilo-
tée par l?Université de Franche-Comté
? EVOLVILLE (L?évolution s?invite en ville) : pilotée par le Centre national
de la recherche scientifique et l?Université de Strasbourg
1 Formes urbaines et biodiversité - Un état des connaissances, Réflexions en partage,
PUCA, 2020 https://www.urbanisme-puca.gouv.fr/formes-urbaines-et-biodiversite-
un-etat-des-a2156.html
INTRODUCTION / 7
? FRUGACITÉ (FoRmes Urbaines des quartiers de GAre ou à fortes
contraintes et biodiversITÉ ) : pilotée par la société AREP, filiale de SNCF
Gares & Connexions
? TRAM?BIOSOL (Intégration de la Trame brune et de la biodiversité lom-
bricienne des sols dans les programmes d?aménagement urbain) : pilotée
par le bureau d?études Sol Paysage (SA).
A l?automne 2023, après que les équipes ont pu confronter leurs premiers
résultats, et soumettre ceux-ci à l?appréciation de leurs pairs et du public
dans le cadre des rencontres BAUM acteurs-chercheurs, Ã l?issue d?un ap-
pel à candidatures, François-Marie Martin, géographe, docteur en écolo-
gie, est missionné par le PUCA pour réaliser, au sein du laboratoire THEMA
de l?Université de Franche-Comté, une synthèse des outils descripteurs de
la forme urbaine déployés dans les six recherches du programme et pro-
poser un référentiel à destination des acteurs de l?aménagement.
Aujourd'hui, les sept recherches du programme BAUM sont achevées ou
en voie de l'être. Les rapports de recherche font l'objet d'une publication
par le PUCA dans une collection destinée à favoriser la diffusion des en-
seignements de ce programme auprès d'un public averti. Nous avons le
plaisir de vous présenter ici le troisième cahier.
Le PUCA remercie chaleureusement tous les partenaires du programme,
institutionnels, chercheurs, partenaires du conseil scientifique et du co-
mité de pilotage, intervenants invités des rencontres acteurs-chercheurs,
et aussi le public fidèle du programme BAUM, tous compagnons de route
durant les six ans de cette aventure.
Sophie Carré,
Chargée de programmes de recherche,
responsable du programme BAUM
/ 7
8 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
Équipe projet :
? Sol Paysage (porteur du projet)
Jeanne Maréchal - Ingénieure-docteure, cheffe de projets R&D
Xavier Marié -Ingénieur paysagiste-urbaniste, gérant de Sol Paysage
? Université de Rennes 1- UMR CNRS ECOBIO (partenaire)
Daniel Cluzeau - Enseignant-chercheur
? Agence Lambert-Lénack (partenaire)
Etienne Lénack - Architecte
? École d?urbanisme de Paris ? Lab?urba (partenaire)
Maylis Desrousseaux - Maîtresse de conférences
INTRODUCTION / 9
Contributeurs :
? Stagiaires Sol Paysage/Université de Rennes 1.
Suzanne Nourry - Stage M2 AETPF AgroParisTech Parcours Gestion des
Sols et Services Ecosystémiques. « Caractérisation de sols urbains et dé-
finition d?un gradient d?artificialisation pour l?étude de la Trame Brune ».
Février-Août 2021.
Adam Derder ? Stage M2 BEE Université Paris-Saclay Parcours Ecologie
de la Conservation. « Evaluation de la capacité des espaces verts urbains
en Ile-de-France à assurer un rôle de réservoir de biodiversité pour les
communautés lombriciennes ». Février-Août 2021.
Mathilde Huet ? Stage M1 BEE Université de Rennes 1 Parcours Stratégie
de Développement. « Isolement et naturalité selon les formes urbaines
des quartiers de la commune de Palaiseau ». Mai-Juillet 2021.
? Stagiaire Agence Lambert-Lénack
Kevin Lledo - Stage de formation pratique de Master de l?Ecole Natio-
nale d?Architecture Paris-Val de Seine. « TRAM?BIOSOL. Intégration de
la Trame Brune et de la biodiversité lombricienne dans les programmes
d?aménagement urbain ». Février-Mai 2021.
? Etudiants du CNAM
Pierre Caffiaux, Clément Nirlo, Léa Picard ? Projet pré-professionnel ?
Ecole Supérieure d?Ingénieurs Géomètres et Topographes. « Préservation
d?une Trame Brune à l?échelle d?un projet d?aménagement : quelle straté-
gie foncière opérer ? ». Octobre 2022-Janvier 2023.
? Groupe de travail « planification » du séminaire n°2 (21-22 juin 2023)
Equipe projet
Gil Melin ? Maire adjoint, Ris-Orangis
Léa Assouline ? Urbaniste, Saint-Quentin-en-Yvelines
Frédéric Ségur - Ingénieur paysagiste, Arbre, Ville & Paysage
Philippe Branchu ? Ingénieur de recherche Sol-Eau, Cerema
/ 9
INTRODUCTION
PARIS, VILLE PRODUCTIVE DU LUXE / 11
Les sols sont, à l?échelle planétaire, l?un des plus importants réservoirs de
biodiversité, représentant 25 à 30% de la biodiversité totale de la Terre [1].
Cette biodiversité des sols en zone tempérée qui ne représente que 0.25%
de la masse des sols, est composée de millions d?espèces et de milliards
d?individus ; les microorganismes représentant le groupe le plus impor-
tant (66%) en diversité, abondance et biomasse alors que les espèces in-
vertébrées de la microfaune, mésofaune et macrofaune n?en représentent
que 33% [2].
Pourtant considérés comme le fragile épiderme des terres émergées, les
sols sont dégradés par les activités humaines et les nombreuses fonctions
associées aux sols sont menacées. Ces menaces qui pèsent sur la multi-
fonctionnalité des sols sont de nature variée : érosion, tassement, conta-
mination, perte de matière organique ou salinisation. Elles sont d?autant
plus fortes en milieu urbain car les pressions exercées par l?homme y sont
considérables, allant jusqu?à la disparition des sols et/ou leur imperméa-
bilisation. En particulier, du fait du développement de notre urbanisation
et de nos infrastructures, 25 000 ha de sols sont artificialisés en France
chaque année pour répondre à une population aujourd?hui à 80% urbaine
[3]. L'artificialisation consiste, par des opérations d?aménagement, Ã
transformer un sol naturel, agricole ou forestier, afin de les affecter notam-
ment à des fonctions d?habitat ou de transport. L?artificialisation engendre
ainsi l?altération durable de tout ou partie des fonctions écologiques des
sols naturels, le niveau de dégradation des fonctions pouvant varier selon
la nature des modifications anthropiques subies par les sols. Ils peuvent
être faiblement anthropisés et ne présenter que des impacts superficiels,
jusqu?à être totalement détruits, suite à leur excavation.
A l?échelle européenne, l?artificialisation des sols a été reconnue comme
une cause majeure de l?érosion de la biodiversité édaphique [1]. Cette
dernière subit les conséquences de l?étalement urbain qui engendre la
perte de leur habitat et la fragmentation des communautés de par l?isole-
ment des réservoirs de cette biodiversité du sol. L?identification dans les
documents de planification territoriale d?une trame écologique dédiée
aux sols, la Trame Brune, permettrait de préserver des réservoirs et des
corridors pour les espèces vivant continuellement dans le sol et dispo-
sant de très faibles capacités de déplacement, tels que les vers de terre.
Elle serait complémentaire de la Trame Verte qui concerne principale-
ment des espèces vivant à la surface du sol (invertébrés, oiseaux, grands
mammifères, ?). La Trame Brune pourrait constituer un nouvel outil
de diagnostic et d?aide à la décision à l?échelle du territoire, et ainsi être
un pivot décisif pour une application opérationnelle cohérente des po-
litiques publiques convergeant vers le « Zéro Artificialisation Nette » des
/ 11
12 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
sols en 2050 [4]. Cependant, cette nouvelle trame n?est à l?heure actuelle
identifiée dans aucun document de planification, et la manière de l?appré-
hender reste encore à définir. Ainsi, les objectifs principaux de notre pro-
gramme TRAM?BIOSOL, lauréat de l?appel à projets BAUM du PUCA, sont
(1) d?établir un cadre conceptuel de la Trame Brune, (2) de proposer et
de tester une méthode permettant de localiser et de caractériser la Trame
Brune afin d?envisager sa protection et sa mise en valeur.
PARIS, VILLE PRODUCTIVE DU LUXE / 13/ 13
CADRE CONCEPTUEL DE LA
TRAME BRUNE URBAINE
INTRODUCTION / 15
Le concept de Trame Brune étant encore émergent, l?élaboration d?une
définition et l?explicitation des taxons concernés est un préalable néces-
saire à l?élaboration d?une méthode d?étude.
LES DIFFÉRENTS MODÈLES DE LA FAUNE DU SOL
POUR L?ÉTUDE DE LA TRAME BRUNE URBAINE
Suite à la Loi Climat et résilience du 22 août 2021, l?artificialisation des
sols est désormais définie dans l?article L.101-2-1 du Code de l?urbanisme
comme « l?altération durable de tout ou partie des fonctions écologiques
d?un sol, en particulier de ses fonctions biologiques, hydriques et clima-
tiques, ainsi que de son potentiel agronomique par son occupation ou son
usage ». La réalisation des fonctions du sol est en grande partie assurée
par la biodiversité du sol, grâce à des interactions complexes, trophiques
et non trophiques, entre les composantes biotiques et abiotiques du sol
(Figure 1).
Figure 1 - Contribution des organismes du sol aux fonctions et services écosystémiques
/ 15
16 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
Toute cette faune invertébrée des sols de taille croissante, colonise tous
les espaces poreux de taille croissante (Figure 2), présents dans les sols
et le volume de leurs domaines vitaux est conditionné par la taille de ces
organismes édaphiques et leurs capacités de déplacements passifs ou/et
actifs :
? La microfaune (protozoaires et nématodes) se déplace à l?échelle du
micromètre-millimètre, dans l?eau hygroscopique entourant les agrégats
des sols et en utilisant l?eau capillaire ou de gravitation pour se disperser/
migrer entre les différents horizons du profil de sol : la dispersion des nou-
velles cohortes de la microfaune se fait par hydrochorie.
? La mésofaune (tels que les acariens et les collemboles, les larves d?in-
sectes, ?) se déplace activement à l?échelle du centimètre-décimètre,
dans la porosité existante associée aux mésopores du sol et aussi passi-
vement, en utilisant l?eau capillaire ou de gravitation pour se déplacer
entre les différents horizons du profil de sol (là aussi, ce sont des taxons
hydrochores) ; pour les espèces épigées vivant dans l?horizon organique
Figure 2 - Classes d'organismes du sol selon leur taille (modifié d?après Swift et al., 1979)
INTRODUCTION / 17CADRE CONCEPTUEL DE LA TRAME BRUNE URBAINE / 17
de surface, elles peuvent utiliser le vent pour se disperser (anémochorie).
Les espèces vertébrées peuvent passivement contribuer à la dispersion de
la faune du sol (zoochorie) en transportant des oeufs ou des individus sur
des distances +/- grandes.
? La macrofaune des sols se déplace activement dans le sols, à des
échelles du mètre au décamètre, en créant leur propre macroporosité : on
distingue (i) les mineurs qui creusent leur chemin avec leurs mandibules
ou leurs dents transportant la terre à l?extérieur (fourmis, termites) ou la
repoussant derrière eux (larves de coléoptères), et (ii) les tunneliers qui
forent des galeries, soit en forçant le passage en profitant d?une porosité
déjà existante (diplopode, lombriciens anéciques), soit en consommant
la terre (géophages) et en la rejetant sous forme de déjection (lombriciens
endogés).
Cependant, certains macro-organismes du sol possèdent des appendices
arthropodiques bien développés et à l?état/stade adulte, des ailes, leurs
permettant des déplacements actifs dans les sols et à la surface de ceux-ci,
sur des distances allant jusqu?à plusieurs centaines de mètres à des kilo-
mètres en utilisant les trames écologiques vertes et bleues présentes dans
le paysage concerné.
A l?inverse, les espèces géobiontes, qui vivent continuellement dans le
sol sans jamais pouvoir le quitter, ont de très faibles moyens propres de
déplacement (appendices arthropodiques absents ou très réduits et ab-
sence d?ailes lors du stade adulte) comme pour la macrofaune, les lom-
briciens et les gastéropodes principalement ; d?autres macro-arthropodes
géobiontes comme plusieurs espèces de myriapodes et d?isopodes, sont
capables de déplacements plus conséquents, tout en ayant besoin d?une
continuité des sols pour assurer leur dispersion.
Ainsi est apparue la notion de Trame Brune qui désigne principale-
ment les trames écologiques au sein de la pédosphère, et qui, au même
titre que la Trame Verte et Bleue, se compose de réservoirs et de cor-
ridors pédologiques qui permettent d?assurer la continuité écologique
pour cette biodiversité des sols.
18 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
Parmi les géobiontes de la macrofaune, les lombriciens sont le seul
taxon incapable de franchir un obstacle vertical tel un muret ; les autres
taxons de la macrofaune possèdent soit une sole de reptation (le pied des
escargots), soit des pattes articulées seules (Cloportes, Myriapodes, ?),
soit des pattes et des ailes (au moins lors du stade adulte des autres taxons
Arthropodes) leur permettant de franchir des obstacles verticaux.
Ainsi, cette Trame Brune concerne surtout les espèces vivant conti-
nuellement dans le sol (géobiontes) et qui ont de très faibles moyens
propres de déplacement (appendices arthropodiques absents ou très
réduits & absence d?ailes lors du stade adulte) comme les lombriciens.
Figure 3 - Liste des taxons contraints ou peu contraints d?utiliser la Trame Brune
En synthèse, parmi les taxons de la faune invertébrée du sol utilisateurs
potentiels de la Trame Brune, nous proposons une liste des taxons, qui,
aux vues de leurs capacités de déplacement actif, sont (1-en rouge)
contraints d?utiliser que la Trame Brune ou peu (2-en marron) ou pas (3-
en vert) contraints par la Trame Brune car capables d?utiliser la Trame
Verte (Figure 3).
Classification fonctionnelle Capacités de déplacement actif Taxons concernés
Mésofaune
GéoBionte
Taxons
utilisateurs
contraints
de la TBr
Soies Enchytréides
Petites pattes Collemboles, Acariens
Macrofaune
Soies Lombriciens
Sole de reptation (pied) Escargot & limace
Pattes moyennes Cloportes
Pattes moyennes à longues Myriapodes
Géophiles
actifs
Taxons peu
contraints
par la TBr
(capacité
d'utiliser la
TVB)
Pattes (& ailes) Fourmis
Pattes (& ailes) Blattidae
Pattes (& ailes) (peu fonctionnelles) Carabidae
Pattes (& ailes) Staphylins
Pattes (& ailes) Coccinelidae, Dermaptère
Pattes (& ailes) Elateridae, Curculionidae
Pattes (& ailes) Scarabaeidae
INTRODUCTION / 19CADRE CONCEPTUEL DE LA TRAME BRUNE URBAINE / 19
LE VER DE TERRE COMME TAXON CIBLE DE LA
TRAME BRUNE URBAINE
Les lombriciens sont classés parmi les ingénieurs de l'écosystème sol
qui participent aux fonctions clés du sol (régulation hydrique, dynamique
des nutriments, production végétale primaire?) et aux services écosys-
témiques associés (1) de supports (formation des sols, recyclage), (2)
d?approvisionnement en nourriture et en fibres et (3) de régulation (dé-
toxification et épuration des eaux et des sols, ?) ; ils sont de facto un des
principaux piliers dans la transition (agro-)écologique appliquée à la ges-
tion de tous les sols agricoles et urbains de par leurs impacts sur les sols
(Figure 4) :
? Ils conditionnent les activités et la distribution :
- des microorganismes (en les alimentant, les dispersant et les régulant
en les consommant ; et en les stimulant en créant les conditions favo-
rables dans des micro-habitats de la drilosphère)
- des protozoaires bactériophages (en stimulant les microorganismes)
? Ils contribuent à conditionner la structure du sol :
- par la création de porosités (en favorisant l?aération et la circulation de
l?eau dans les sols et permettant les déplacements de la méso-faune et
la progression des systèmes racinaires, ?)
- par la création d?agrégats organo-minéraux (en interaction avec les
microorganismes
Les lombriciens représentent la 1ère biomasse animale terrestre en mi-
lieu tempéré et contribuent fortement à la chaine alimentaire des ha-
bitats prairiaux et d?espaces verts urbains : ils sont l?une des ressources
trophiques essentielles pour plusieurs espèces d?intérêt, soit économique
(bécasse, faisan, sanglier, ?), soit patrimonial avec une haute valeur de
conservation (hérisson européen, musaraigne aquatique, chouette che-
vêche, ?), soit social avec des animaux appréciés de tous les enfants
comme les blaireaux . Ainsi, dans le contexte actuel de diminution de la
biodiversité, la conservation de fortes diversité et abondance de vers de
terre présente un intérêt majeur pour maintenir des réseaux trophiques
fonctionnels, répondant aux stratégies de protection pour la biodiversité,
aussi bien nationale qu'européenne.
Ils ont été reconnus comme de bons bioindicateurs d?état/réponse par
différents programmes nationaux et européens car ils répondent aux 4
règles qui définissent un bon indicateur, à savoir, pertinence, fiabilité,
20 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
sensibilité et reproductibilité. En tant qu?indicateur de réponse, ils sont
révélateurs des pressions (pollution, pratiques agricoles, qualité de l?eau,
espèces envahissantes, ?), des réponses en termes de mesures de gestion
(restauration, protection, ?) et les services écologiques qu?ils rendent
peuvent être évalués.
Enfin, étant familiers à un large public, les lombriciens pourraient consti-
tuer des espèces emblématiques des sols, susceptibles de mobiliser un
large public autour de leur préservation. En effet, ils constituent aussi un
bon outil pédagogique (simple, accessible/visible, connu dans la culture
générale comme repoussant car gluant et serpentiforme mais aussi
comme attirant par ses « bienfaits sur les sols », suscitant ainsi la curio-
sité), pour sensibiliser à la biodiversité des sols (« sol vivant ») tous les
publics en même temps que les réseaux-métiers non liés à la biodiversité
(enjeux sociétaux liés à l?agriculture, gestion de l?eau en ville, aires récréa-
tives et jardins, habitats naturels, génie civil, ?).
Figure 4 - Description des groupes fonctionnels lombriciens
VERS ÉPIGÉS
Ces espèces très colorées et de petite
taille (3 Ã 7 cm) vivent en surface ou
dans les premiers centimètres du sol.
Ils décomposent la matière organique
située à la surface du sol.
VERS ÉNDOGÉS
Ces espèces décolorées ou roses (3 à 15
cm) vient en permanence dans le sol.
Ils creusent de nombreuses galeries
horizontales.
VERS ANÉCIQUES
Ces espèces décolorées de grande
taille (10 Ã 25 cm) creusent des galeries
verticales connectées à la surface du
sol et jusqu'à un mètre de profondeur.
Ils prélèvent la matière organique Ã
la surface du sol et l'enfouissent dans
leurs galeries.
INTRODUCTION / 21CADRE CONCEPTUEL DE LA TRAME BRUNE URBAINE / 21
LES FACTEURS CONDITIONNANT LA TRAME BRUNE
URBAINE
Certaines caractéristiques de la Trame Brune vont conditionner les com-
munautés lombriciennes, en particulier l?habitabilité et la continuité des
sols, susceptibles d?être respectivement impactées par l?anthropisation et
la fragmentation des sols (Figure 5).
Habitabilité des sols
Les conditions d?habitabilité des sols des espaces non-bâtis quali-
fient les capacités intrinsèques des réservoirs à assurer le cycle de vie
complet des différentes espèces lombriciennes. Ces conditions sont
dépendantes des propriétés physico-chimiques des sols, ces dernières
pouvant être modifiées par l?urbanisation impliquant entre autres des
changements d?occupation de sol, de formes urbaines, ou encore de
couverture de sol.
L?habitabilité réelle des sols peut être évaluée de manière directe par
la caractérisation des communautés lombriciennes qui constituent des
bioindicateurs reconnus (cf. Le ver de terre comme taxon cible de la trame
brune urbaine). Une évaluation de l?habitabilité potentielle des sols se-
rait pertinente en phase de pré-diagnostic pour localiser des réservoirs
potentiels (en vue de la caractérisation d?une zone d?étude ou de l?élabora-
tion d?un plan d?échantillonnage lombricien, ...), ou à défaut de données
Figure 5 - Illustration des concepts d'habitabilité (impactée par l'anthropisation) et de continui-
té (impactée par la fragmentation)
22 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
lombriciennes disponibles (contraintes de saisonnalité, de coût, de main
d?oeuvre?) : Cette évaluation se fait à partir de la connaissance des prin-
cipales caractéristiques pédologiques influençant les communautés
lombriciennes [5,6] : (i) l?épaisseur, (ii) le pH, (iii) la texture, et (iiii) la
teneur en matière organique. Ces caractéristiques peuvent être estimées
sur le terrain (cf. 2.3.1.2, description d?un sondage pédologique) mais il
est conseillé de les compléter avec des analyses normées en laboratoire
pour obtenir des données quantitatives précises relatives à chaque habi-
tat prélevé (hormis l?épaisseur du sol, déterminée uniquement sur le ter-
rain). Des caractéristiques secondaires peuvent également être prises en
compte sur le terrain : (v) l?hydromorphie, (vi) la couverture du sol, (vii)
l?état de surface, (viii) l?épaisseur de l?horizon organo-minéral.
Calculer un indice d?habitabilité pour les vers de terre
L?élaboration d?un indice d?habitabilité potentielle du sol pour les vers
de terre peut être utile à la pré-localisation de réservoirs de biodiversité
lombricienne. A chaque valeur de paramètre du sol, estimée sur le terrain
ou mesurée en laboratoire, est associée une note de 0 à 3, plus ou moins
favorable aux vers de terre : 0 = peu favorable ; 1 = moyennement favorable
2 = favorable ; 3 = très favorable (Tableau 1).
INTRODUCTION / 23CADRE CONCEPTUEL DE LA TRAME BRUNE URBAINE / 23
Epaisseur du sol (cm) Note habitabilité
[0 - 20[ 0
[20 - 40[ 1
[40 - 60[ 2
> 60 3
pH Note habitabilité
[3,5 - 4,5[ 0
[4,5 - 5,5[ 1
[5,5 - 6,5[ 2
>6,5 3
Texture Note habitabilité
Sableuse majoritaire 0
Argileuse majoritaire 1
Limoneuse majoritaire 2
Limoneuse très majoritaire 3
% Matière organique Note habitabilité
< 1 0
[1 - 4[ 1
[4 - 10[ 2
> 10 3
Tableau 1 ? Notes d?habitabilité par paramètre physico-chimique
24 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
La moyenne de ces notes correspond à l?indice d?habitabilité, indi-
quant pour les valeurs comprises entre 0 et 0.5 une habitabilité très faible,
jusqu?à une habitabilité très élevée pour les valeurs >2.5. Ces indices
moyens peuvent être interprétés seuls et traduiront ainsi une habitabi-
lité potentielle. Ils pourront être confrontés aux communautés lombri-
ciennes réellement observées sur le terrain, dont les valeurs d?abondance
et de richesse traduiront une habitabilité réelle.
Indice d'habitabilité moyen Interprétation
[0 ; 0,5[ Habitabilité très faible
[0,5 ; 1,5[ Habitabilité médiocre
[1,5 ; 2,5[ Habitabilité élevée
>2,5 Habitabilité très élevée
Compte-tenu de la diversité des sols naturels, certains seront intrinsèque-
ment plus favorables à l?habitabilité des lombriciens. En milieu urbain,
l?habitabilité des sols est potentiellement dégradée ou améliorée par le
phénomène d?anthropisation dû aux modifications induite par des per-
turbations d?origine anthropique (e.g., décapage, compactage, chaulage,
fertilisation). L?habitabilité et l?anthropisation des sols ne sont en effet
pas corrélées : les modifications des propriétés physiques, chimiques et
biologiques subies par les sols du fait d?actions anthropiques peuvent être
involontaires et le plus souvent, en dégradant l?habitabilité (e.g., sédimen-
tation de remblais du fait de successions d?usages), ou être volontaires
pour améliorer l?habitabilité (e.g., reconstitution de sols fertiles profonds
en contexte de végétalisation).
Continuité des sols
Les conditions de continuité des sols urbains qualifient leur fonction-
nalité de corridors pour les lombriciens. Ces conditions sont dépen-
dantes du degré de franchissabilité des barrières anthropiques, qui
définit le degré d?isolement de ces habitats.
En effet, l?artificialisation engendre la fragmentation du paysage urbain
par des infrastructures anthropiques telles que des routes qui séparent les
habitats en plusieurs éléments, altérant ainsi les continuités écologiques
(Figure 6). Les continuités écologiques correspondent au degré selon le-
quel le paysage facilite ou altère le déplacement des individus d?un habi-
tat à un autre. Ainsi, pour des espèces à faibles capacités de déplacement
INTRODUCTION / 25CADRE CONCEPTUEL DE LA TRAME BRUNE URBAINE / 25
telles que les lombriciens, les infrastructures anthropiques constituent au-
tant de barrières à leur dispersion active (i.e., par leurs propres moyens).
Elles peuvent engendrer soit une perte d?habitat soit une coupure, dont le
degré de franchissabilité par les lombriciens n?est pas quantifié à l?heure
actuelle (Figure 7 ; figure 8).
Figure 6 - Illustration de la fragmentation du paysage urbain et de la diversité des barrières
anthropiques
Figure 7 - Diversité de degrés d'isolement spatial pour qualifier la Trame Brune
26 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
Figure 8 - Diversité de barrières anthropiques définissant des corridors pédologiques
Aujourd?hui, pour les lombriciens, les prairies et pelouses permanentes,
fauchées ou pâturées, représentent les zones réservoirs les plus favo-
rables. La dispersion active des lombrics communs est estimée à 1.5
à 14 mètres par an environ [7]. Cette faune lombricienne doit pouvoir
assurer des échanges de gènes entre les populations présentes dans di-
vers réservoirs et corridors de la Trame Brune à des échelles spatiales
plus fines (arrondissement / quartier / bloc de maisons / immeubles), que
celles de la Trame Verte (région / département / commune).
Il y a par ailleurs dans l?expression « Trame Brune » une notion essentielle
de connectivité. Les espèces présentes dans le sol ont, comme toutes les
autres, des besoins de déplacement pour accomplir leur cycle de vie, se
reproduire, échapper à des changements ponctuels dans leur environne-
ment, recoloniser un milieu après un épisode de mortalité, etc. Notam-
ment, plus les populations sont isolées, plus elles sont vulnérables (perte
de diversité génétique, risque de disparition locale, ?). Cependant, la
qualification des réservoirs et des corridors composant la Trame Brune
est mal définie en milieu urbain pour les lombriciens, de même que l?im-
pact des barrières anthropiques sur leur dispersion.
Dans un modèle théorique, un indice de continuité des sols pourrait être
établi de façon analogue à l?indice d?habitabilité sur la base de la descrip-
tion de caractéristiques associées aux barrières anthropiques telles que:
(1) le type d?obstacle vertical (mur, muret, clôture, ?), (2) la hauteur de
l?obstacle vertical, (3) le type d?obstacle horizontal (autoroute, départe-
mentale, chemin?), (4) l?usage de l?obstacle horizontal (voitures, vélos,
piétons, ?), (5) la largeur de l?obstacle horizontal. Dans la pratique, il ap-
paraît peu efficient de combiner des valeurs associées à chacune de ces
caractéristiques du fait de la diversité des barrières pouvant entourer une
même parcelle, rendant la valeur d?un indice moyenné peu représen-
tatif de la réalité de terrain. Ainsi, nous distinguerons plus simplement
INTRODUCTION / 27
3grandes modalités de continuité de sol sur la base des travaux de Maré-
chal et al. (2021 ; 2022) et décrites dans la Figure 9 :
? Une continuité nulle entre 2 réservoirs potentiels (i.e., isolement total)
si des barrières anthropiques supposées infranchissables, telles que des
routes ou murets, entourent la parcelle.
? Une continuité partielle s?il existe, a minima, un côté de la parcelle sé-
paré d?un potentiel réservoir par une barrière franchissable tel qu?un che-
min piétonnier ou une piste cyclable inférieure à 6 m de large.
? Une continuité totale si la parcelle n?est contrainte par aucune barrière
anthropique circumvoisine.
Figure 9 - Degrés de continuité des sols (d?après Maréchal, 2024)
CADRE CONCEPTUEL DE LA TRAME BRUNE URBAINE / 27
28 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
PROBLÉMATIQUES SCIENTIFIQUES DE L?ÉTUDE
TRAM?BIOSOL
En relation aux concepts établis précédemment, plusieurs questions et
sous-questions se posent relatives à la Trame Brune urbaine et aux communau-
tés lombriciennes, et méritent d?être testées sur un territoire d?étude :
? Comment les facteurs urbanistiques conditionnent-ils les communautés
lombriciennes ?
- Les communautés lombriciennes sont-elles principalement conditionnées
par :
(1) la couverture du sol ?
(2) l?usage du sol ?
(3) l?âge d?urbanisation ?
(4) les formes urbaines ?
? Comment les facteurs pédologiques, modifiés par l?Homme en milieu urbain,
conditionnent-ils les communautés lombriciennes ?
- Les communautés lombriciennes sont-elles principalement conditionnées
par :
(5) les propriétés physiques et chimiques des sols urbains ?
(6) le degré d?anthropisation des sols ?
(7) les unités/types de sols urbains ?
? Comment les différents facteurs conditionnant la Trame Brune urbaine
conditionnent-ils les communautés lombriciennes ?
- Les communautés lombriciennes sont-elles principalement conditionnées
par :
(8) le degré d?habitabilité des sols ?
(9) le degré de continuité des sols ?
L?hypothèse principale posée est celle d?une dégradation des communautés
lombriciennes en relation à une perte d?habitabilité et de continuité (Figure 10).
Dans la suite de l?étude, est présentée une démarche méthodologique permet-
tant d?acquérir les données urbanistiques, pédologiques et lombriciennes né-
cessaires à la caractérisation de la Trame Brune en milieu urbain. L?ensemble
des facteurs présentés ci-dessus, impactant potentiellement les communautés
lombriciennes, seront testés sur les données lombriciennes acquises sur la zone
d?étude.
INTRODUCTION / 29 / 29
Figure 10 - Hypothèse de l'effet de l'interaction habitabilité/continuité des sols sur les commu-
nautés lombriciennes
DÉMARCHE
MÉTHODOLOGIQUE DE
CARACTÉRISATION DE LA
TRAME BRUNE URBAINE :
ÉTUDE DE CAS SUR LA
COMMUNE DE PALAISEAU
(91)
INTRODUCTION / 31 / 31
Sur la base de la définition de la Trame Brune établie précédemment, une
méthode de localisation et de caractérisation peut être proposée. Elle né-
cessite (1) la délimitation et la description d?une zone d?étude précise, (2)
la collecte de données urbanistiques (pré-diagnostic urbanistique) puis
(3) l?acquisition de données de terrain pédologiques et édaphiques (dia-
gnostic pédologique et lombricien).
PRÉSENTATION DE LA COMMUNE DE PALAISEAU
Contextes géographique et environnemental
La zone d?étude est située sur le Plateau de Saclay, territoire de 4 114 ha,
avec une longue tradition agricole et dont les terres sont parmi les plus
fertiles d?Ile-de-France. Il constitue un patrimoine naturel remarquable,
dont les différents milieux (étangs, rivières, espaces boisés, parcs et jardins
urbains) sont autant d?écosystèmes qui accueillent la faune et la flore fran-
ciliennes. Depuis une dizaine d?années, ces terres agricoles et ces espaces
naturels sont menacés par le projet d?aménagement du pôle d?enseigne-
ment de l?université Paris-Saclay et par la création d?une nouvelle ligne de
métro afin de desservir ce futur ensemble.
Figure 11 - Localisation du Plateau de Saclay et de Palaiseau
32 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
La ville de Palaiseau, sur laquelle l?étude est menée, est une ville sous-pré-
fecture de 1151 ha du nord du département de l?Essonne (91), à 18 km au
Sud-Ouest de Paris, et se trouve en partie sur le Plateau (Figure 11). Elle
est traversée par plusieurs rigoles héritées de l?aménagement du système
hydraulique du Château de Versailles. La zone d?étude connait un climat
océanique dégradé : sur la période 1991-2021, les températures annuelles
moyennes minimale et maximale sont respectivement de 1,4°C et 23,8°C,
et les précipitations moyennes annuelles sont de 720 mm [11].fecture de
1151 ha du nord du département de l?Essonne (91), à 18 km au Sud-Ouest
de Paris, et se trouve en partie sur le Plateau (Figure 11). Elle est traversée
par plusieurs rigoles héritées de l?aménagement du système hydraulique
du Château de Versailles. La zone d?étude connait un climat océanique
dégradé : sur la période 1991-2021, les températures annuelles moyennes
minimale et maximale sont respectivement de 1,4°C et 23,8°C, et les préci-
pitations moyennes annuelles sont de 720 mm [11].
INTRODUCTION / 33CARACTÉRISATION DE LA TRAME BRUNE URBAINE : ETUDE SUR PALAISEAU / 33
Contextes géologique et pédologique
Trois unités paysagères composent la commune : (1) le plateau de Saclay,
avec une altitude maximale de 157 mètres, (2) les coteaux à forte pente
et (3) la vallée de l?Yvette, avec une altitude minimale de 49 mètres [12]
(Figure 12).
Cette topographie hétérogène s?accompagne de substrats géologiques de
nature différente. D?après la carte géologique au 1/50000e dite de Corbeil
(BRGM, 1989), le coeur du plateau de Saclay est composé de Limons des
plateaux. Il s?agit de dépôts fins, meubles, argileux et sableux renfermant
de nombreux débris de meulières. En bordure du plateau, de l?Argile Ã
meulière de Montmorency couvre les Sables de Fontainebleau qui se re-
trouvent au niveau des coteaux. La vallée de l?Yvette se compose quant Ã
elle d?Alluvions modernes (Figure 13).
Figure 12 - Carte topographique de la commune de Palaiseau et unités paysagères associées
(RGE ALTI-IGN, 2021)
34 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
De même, le référentiel régional pédologique de l?Ile de France (RRP
IDF) (GisSol, 2004) indique la présence de différentes UCS (Unités Car-
tographiques de Sol) chacune composée d?une ou plusieurs UTS (Unité
Typologique de Sol) sur la commune de Palaiseau. Le coeur du plateau
de Saclay se caractérise par des Limons épais hydromorphes sur argile et
présente des LUVISOLS TYPIQUES rédoxiques limoneux (UCS29 - UTS
85). En bordure de plateau, des Limons sableux ou caillouteux hydromor-
phes formant des PLANOSOLS sédimorphes rédoxiques (UCS 31 - UTS
89, 90 et 91) sont présents. Au niveau des coteaux, ce sont des PLANO-
SOLS sédimorphes rédoxiques caillouteux sableux (UCS 33 ? UTS 96) ou
des LUVISOLS typiques planosoliques (UCS 33 ? UTS 99). De par la pré-
sence majoritaire de la zone urbaine, les sols situés en fond de vallée ne
sont pas décrits par le RRP IDF (Figure 14).
Figure 13 - Carte géologique de la commune de Palaiseau, extraite de la carte géologique au
1/50 000e de Corbeil (BRGM, 1989)
INTRODUCTION / 35CARACTÉRISATION DE LA TRAME BRUNE URBAINE : ETUDE SUR PALAISEAU / 35
L?extrait de carte pédologique au 1/250 000e présentée ci-dessus illustre le
fait que cette échelle de représentation n?est pas suffisamment fine pour
étudier les sols et la Trame Brune à l?échelle de la commune et des quar-
tiers. D?une part, les sols anthropisés ne sont pas cartographiés (UCS -5
non décrit), d?autre part, les UCS représentées n?incluent pas la diversité
des sols anthropisés susceptibles de s?y trouver. Pour aboutir à une carte
pédologique infra-communale au 1/10 000e, la description et la compré-
hension des facteurs urbanistiques est nécessaire.
Figure 14 - Carte pédologique au 1/250 000e de la commune de Palaiseau. UCS -5 : non décrit ;
UCS 29 : sommet de plateau de grande culture céréalière de l?Hurepoix, de limon épais sur ar-
gile à meulières de Montmorency ; UCS 31 : rebords des plateaux boisés des Alluets, Trappes,
de SaintArnould, de limons plus ou moins sableux sur sables de Lozère et argile à meulières ;
UCS 33 : pentes forestières de remaniements de limons, sables stampiens et sables de Lozère sur
argiles et/ou paléosols (GisSol, 2004).
36 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
Figure 15 - Délimitation de la zone d'étude située sur la commune de Palaiseau (Fond de carte :
BD TOPO - IGN 2021)
INTRODUCTION / 37
Délimitation précise de la zone d?étude
Au sein de Palaiseau, la zone d?étude correspond à une partie de l?uni-
té paysagère du Plateau de Saclay qui présente un substrat pédologique
propre, à l?interface avec la vallée. Le choix d?un unique substrat pédo-
logique, correspondant à l?UCS29 du Référentiel Pédologique Régional
d?Ile-de-France (Figure 15), permet de faciliter la caractérisation des sols
urbains par comparaison aux sols naturels, et de supposer que l?anthropi-
sation sera le principal facteur à l?origine des différences observées entre
les sols sondés.
La zone urbaine choisie présente une surface de 136,5 hectares, délimitée
à l?Est par la ligne topographique de 140 m d?altitude (bordure du plateau
de Saclay) et à l?Ouest par la limite du bâti. Elle est entourée de part et
d?autre de ces limites par deux zones tampon de 100 m de large permet-
tant notamment d?inclure les sols naturels proches dans la zone. Ainsi, les
points d?observation seront localisés sur une sous-emprise totale de 280
ha d?espaces urbanisés (zone urbaine + buffers) en bordure de plateau.
L?Ecole Polytechnique, située sur le plateau de Saclay et comprise dans la
commune de Palaiseau est exclue de la zone d?étude car il s?agit d?un site
spécifique à l?écart de la zone urbaine et peu représentatif de la commune.
PRÉ-DIAGNOSTIC URBANISTIQUE À L?ÉCHELLE
COMMUNALE
Le pré-diagnostique urbanistique, tel que proposé dans TRAM?BIOSOL,
porte sur trois axes : (1) la caractérisation de la couverture et de l?usage
du sol, (2) la caractérisation des formes urbaines, et (3) la séquence his-
torique d?urbanisation et l?âge du bâti. Le recoupement de ces informa-
tions permet de comprendre la dynamique d?urbanisation de la ville et
d?identifier des secteurs ou quartiers ayant potentiellement subi des de-
grés d?anthropisation similaires de leurs sols naturels initiaux, à des pé-
riodes variables. Il est en effet probable que la production d?une forme
urbaine, à une période donnée, s?accompagne de modifications pédolo-
giques particulières mais qui restent à identifier. Les communautés lom-
briciennes associées pourraient présenter des caractéristiques proches.
Cette connaissance de la dynamique spatiale et temporelle de la fabri-
cation de la ville est essentielle pour établir un plan d?implantation des
observations pédologiques et lombriciennes optimisé pour acquérir des
données représentatives de la diversité des sols naturels et anthropiques
de la ville.
CARACTÉRISATION DE LA TRAME BRUNE URBAINE : ETUDE SUR PALAISEAU / 37
38 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
Couverture et usage du sol
L?étude de la couverture et de l?usage du sol sur une zone d?étude peut être
réalisée grâce à la base de données vectorielle de l?IGN pour la descrip-
tion de l?occupation du sol, l?OCS GE [13]. Il s?agit d?un référentiel national
utilisable aux différents échelons territoriaux pour la mise en place des
politiques publiques d'aménagement du territoire et l'élaboration des do-
cuments d'urbanisme. Son échelle d?utilisation jusqu?au 1 :2 500 la rend
intéressante pour une application en milieu urbain, même si des vérifi-
cations sur le terrain sont souhaitables pour des études à l?échelle de la
parcelle. Il s?agit d?une couche de données socle, pouvant être au besoin
enrichie à des niveaux thématiques affinés permettant de prendre en
compte les particularités locales et de répondre à des besoins spécifiques.
Cette base de données sera cruciale pour le suivi de l?artificialisation et
l?atteinte du zéro artificialisation nette à horizon 2050 fixé par la loi « Cli-
mat et résilience » du 22 août 2021.
Ainsi, près de 70% des 137 ha de la zone d?étude est couverte par de la
végétation (peuplements de feuillus, formations arbustives et formations
herbacées), cet espace correspondant ainsi à la localisation d?une Trame
Brune potentielle.
En termes d?usage, l?usage résidentiel est majoritairement représenté Ã
42%, suivi de la sylviculture (23%) et de la production tertiaire (17%) (Fi-
gure 16). Afin de préciser la nature des bâtis associés à l?usage résidentiel
et des impacts au sol associés, une étude approfondie des formes urbaines
est nécessaire.
Typologie des formes urbaines
Afin d?établir une typologie des formes urbaines de la ville de Palaiseau,
une analyse fine de la typo-morphologie du bâti a été réalisée avec l?aide
d?outils de traitement SIG et de la base de données BD TOPO qui fournit
une couche vectorielle de l?ensemble des bâtiments présents sur le terri-
toire français. En plus de représenter l?emprise du bâti, cette base de don-
nées associe à chaque bâtiment un nombre important d?informations,
notamment son usage, sa hauteur, son âge ou encore le nombre de loge-
ments qu?il abrite, la forme de sa toiture ou sa matérialité. Associé à l?étude
du parcellaire et à une vérification via des images satellites et Street View,
l?ensemble de ces outils permet d?établir une classification typo-morpho-
logique précise à l?échelle d?un grand territoire.
La figure ci-dessous permet de localiser l?ensemble des formes urbaines
identifiées à Palaiseau, en association avec les infrastructures de transport.
Cette lecture paysagère urbanistique constituera une clé d?interprétation
des communautés lombriciennes à l?échelle des quartiers (Figure17).
INTRODUCTION / 39CARACTÉRISATION DE LA TRAME BRUNE URBAINE : ETUDE SUR PALAISEAU / 39
Figure 16 - Carte de couverture (en haut) et d'usages des sols (en bas) de la zone d'étude et pour-
centages associés sur la zone d?étude (données OCS GE, IGN)
40 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
Une version simplifiée de cette typologie consiste à regrouper les cinq ty-
pologies d?habitats individuels en deux grandes catégories : (1) l?habitat
individuel continu et (2) l?habitat individuel discontinu. De la même
façon, les cinq typologies d?habitats collectifs peuvent être regroupés en
deux grandes catégories : (1) l?habitat collectif continu et (2) l?habitat
collectif discontinu. Cette simplification sera utilisée dans la suite de
l?étude.
Figure 17 - Typologie des formes urbaines de Palaiseau
Auteur : Kevin Lledo (Lambert-Lénack, 2021)Séminaire Tram?BioSol ? 05.06.2024 ? La Défense, Paris
57
?
? Partie présentée
précédemment
INTRODUCTION / 41CARACTÉRISATION DE LA TRAME BRUNE URBAINE : ETUDE SUR PALAISEAU / 41
Historique d?urbanisation et âge du bâti
En contexte francilien, l?Institut Paris Région met à disposition un référen-
tiel géographique appelé « îlots morphologiques urbains » (IMU) [14] qui
s?inscrit en lien et en complément du Mode d?occupation du sol (MOS),
premier référentiel géographique propre à l?IPR, développé depuis 1982
pour suivre et analyser le territoire francilien. Parmi les données descrip-
tives des IMU, la donnée « Âge du bâti majoritaire » permet de localiser les
époques de construction majoritaire des bâtiments les plus représentés
en superficie au sein de l'IMU, présentée par classe.
La carte représentant ces données sur la zone d?étude (Figure 18) permet
de voir qu?hormis quelques secteurs d?habitats résidentiels, l?âge majori-
taire du bâti (traduit des années de construction indiquées dans les don-
nées IMU) est relativement ancien (>50 ans).
INTRODUCTION / 4342 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
CARACTÉRISATION DE LA TRAME BRUNE URBAINE : ÉTUDE SUR PALAISEAU / 43
Figure 18 - Age majoritaire du bâti de la zone d'étude
44 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
DIAGNOSTIC PÉDOLOGIQUE À L?ÉCHELLE
INFRA-COMMUNALE
Acquisition des données pédologiques
Implantation des points d?observations
L?implantation des points d?observation est réalisée sur la base de la
connaissance du contexte géologique et pédologique, croisée aux don-
nées acquises par le pré-diagnostic urbanistique mené sur l?ensemble
de la commune. Ainsi, des quartiers d?intérêt ont été sélectionnés pour
l?emplacement des points d?observations pédologiques et lombriciens
afin d?obtenir une couverture de la diversité des types de sols naturels
et anthropisés potentiellement identifiables. La densité des points d?ob-
servation dépend également de l?échelle d?observation envisagée. Dans
une ambition d?étude à l?échelle des quartiers, une représentation au
1/10000e est nécessaire, impliquant deux à trois observations par hectare
[15]. Le plan d?implantation prévisionnel ainsi établi est ensuite soumis
aux différentes contraintes inhérentes à la pédologie en milieu urbain.
En effet, en milieu urbain, les observations pédologiques sont contraintes
notamment par la présence de réseaux enterrés qui sont identifiés lors de
Déclarations d?Intention de Commencement de Travaux (DICT), ainsi
que les autorisations d?accès aux parcelles, plus ou moins difficile à faire
aboutir selon la nature du propriétaire : Etat ? Accès très aisé ; Commune
? Accès aisé ; Privé groupe (entreprise, résidence) ? Accès difficile ; Privé
personnel ? Accès très difficile. En particulier, la commune a soutenu le
projet en dédiant une page de son journal local afin de solliciter la parti-
cipation des habitants pour nous ouvrir les portes de leurs jardins (obser-
vations pédologiques et prélèvements lombriciens). Le temps nécessaire
aux demandes d?autorisations et à l?identification des propriétaires n?est
pas à négliger et peut être équivalent au temps prévisionnel de terrain.
Réalisation de la campagne de sondages pédologiques
Les phases d?acquisition des données pédologiques ont été réalisées aux
mois de mai-juin 2021 et novembre-décembre 2021. Au total, 94 sondages
pédologiques ont été réalisés à la tarière manuelle sur les emprises pu-
bliques et privées de l?emprise d?étude de 269 ha, soit un ratio de 3 son-
dages/ha permettant une échelle de restitution au 1:10 000e, apportant
une définition nécessaire à l?étude de quartiers (Figure 19).
INTRODUCTION / 45CARACTÉRISATION DE LA TRAME BRUNE URBAINE : ETUDE SUR PALAISEAU / 45
Les observations sont réalisées à la tarière manuelle, d?un diamètre de 6
cm environ et d?une profondeur maximale de 120 cm. Les informations
suivantes sont relevées (AFNOR, 2007) :
- Position GPS
- Pente
- Couvert végétal (forêt, pelouse, prairie, friche herbacée ou arbustive)
- Aspect surface (densité du couvert, principales espèces végétales, élé-
ments grossiers en surface (EGs), etc.).
Ensuite, de 1 à 5 horizons sont distingués et décrits par les éléments sui-
vants :
- Profondeur de transition
- Texture
- Humidité (de sec à eau libre)
- Couleur (code Munsell)
- Effervescence à HCl (de 0 à 4)
- Pourcentage de MO (de 0 Ã >3%)
- Compacité (de meuble à très compact)
- Hydromorphie (abondance, taille et contraste des tâches d?oxydation
ou de réduction et des nodules)
- Abondance et taille des EGs naturels
- Abondance et nature des éléments anthropique.
Enfin, des commentaires peuvent être faits pour aider à l?interprétation
et une synthèse de l?ensemble du sondage est écrite. Ces informations
sont rassemblées sur une fiche d?observation. Chaque sondage et chaque
horizon pris séparément sont photographiés ainsi que l?environnement
autour de chaque point. Le temps nécessaire à la description d?un son-
dage pédologique et aux prélèvements d?échantillons est d?environ 30 Ã
45 minutes.
INTRODUCTION / 4746 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
CARACTÉRISATION DE LA TRAME BRUNE URBAINE : ÉTUDE SUR PALAISEAU / 47
Figure 19 - Plan d'implantation des observations pédologiques
48 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
Cartographie des sols urbains au 1 :10 000e du secteur d?étude
Unités Typologiques de Sol
Comme présenté en 2.1.2, les sols du secteur d?étude sont partiellement
cartographiés et représentés de façon surfacique à l?échelle du 1/250 000e
par des Unités Cartographiques de Sols (UCS). Chacune de ces UCS peut
comprendre une ou plusieurs Unités Typologiques de Sols (UTS) qui cor-
respondent à des grands types de sols. Afin d?affiner l?échelle de représen-
tation au 1/10 000e et prendre en compte les sols urbains, chaque sols est
décrit et nommé selon la formule suivante :
Référence + hydromorphie + texture + caractère calcaire + épaisseur + ori-
gine/lithologie
Chaque formule distincte correspond ainsi à une Unité Typologique de
Sol (UTS). Du fait de l?uniformité géologique et pédologique volontai-
rement sélectionné pour l?étude, seules deux grandes références de sols
sont observées : les LUVISOLS TYPIQUES et les ANTHROPOSOLS RE-
CONSTITUES. Au sein de ces deux références, une large gamme de di-
versité de combinaisons de paramètres d?hydromorphie, de texture, de
basicité, d?épaisseur et de lithologie sont observées.
Anthropisation des sols
L?introduction du concept d?anthropisation des sols apparaît nécessaire
pour apporter une clé de lecture à la diversité des sols urbains, pour le mo-
ment manquante en pédologie. Nous le définissions ainsi : des « modifica-
tions volontaires ou involontaires des propriétés physiques, chimiques et/
ou biologiques naturelles d?un sol sous l?effet des activités humaines (e.g.,
fertilisation, mélange, nivellement, talutage, addition de matériaux, com-
pactage, pollution?), induisant des marqueurs pédo-morphologiques
plus ou moins lisibles et durables ». Il s?agit d?un concept pédologique re-
latif à des critères morphologiques observables dans un sondage ou un
profil de sol, permettant de définir un gradient d?anthropisation tradui-
sant l?intensité des activités humaines subies par un sol. Le degré d?an-
thropisation des sols peut se mettre en évidence surtout par les apports de
matériaux déposés sur les parcelles au moment/ou après la construction.
Pour associer un degré d?anthropisation à chacun des sols, trois critères
de modification des sols sont pris en compte :
- le type de matériaux
- l?épaisseur de ces matériaux
- la présence d?« artefacts » et/ou de débris et déchets d?origine hu-
maine (indices morphologiques de l?action humaine).
INTRODUCTION / 49CARACTÉRISATION DE LA TRAME BRUNE URBAINE : ETUDE SUR PALAISEAU / 49
Ainsi, chaque matériau constituant le sol est affecté d?une note qui aug-
mente avec l?empreinte anthropique :
- Note 0 : horizons pédologiques non remaniés incluant les horizons
labourés naturels
- Note 1 : matériaux terreux (pédologiques, géologiques) apportés
- Note 2 : matériaux terreux mélangés avec des matériaux anthropiques
à <20% du volume total de l'horizon
- Note 3 : horizons pédologiques mélangés avec des matériaux anthro-
piques entre 20% et 50% du volume total de l'horizon
- Note 4 : matériaux anthropiques >50% (remblais divers, déchets, ...)
et/ou remblais et matériaux compactés et/ou sable de réseaux anthro-
piques
- Note 5 : matériaux anthropiques imperméables (bitume, dalle, sta-
bilisé).
Les notes de chacun des matériaux identifiés sont sommées. La note fi-
nale est combinée à l?épaisseur maximale impactée par une activité an-
thropique. Cinq catégories d?anthropisation sont ainsi identifiées : (1) très
peu anthropisé, (2) peu anthropisé, (3) moyennement anthropisé, (4) for-
tement anthropisé, et (5) très fortement anthropisé (Figure 20).
Figure 20 - Grille permettant d'évaluer le degré d'anthropisation des sols
INTRODUCTION / 5150 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
CARACTÉRISATION DE LA TRAME BRUNE URBAINE : ÉTUDE SUR PALAISEAU / 51
Figure 21 - Degrés d'anthropisation des sols
INTRODUCTION / 5352 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
CARACTÉRISATION DE LA TRAME BRUNE URBAINE : ÉTUDE SUR PALAISEAU / 53
Figure 22 - Carte pédologique de la zone d'étude au 1/10 000e
54 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
A la lecture de ce critère, les sols investigués dans la zone d?étude sont Ã
37% dans des gammes non à peu anthropisées (Figure 21), ces derniers
étant en majorité localisés dans les zones arborées non bâties. La gamme
de sols moyennement à très fortement anthropisés est la plus représentée
avec 63% des sols investigués. Cela s?explique par l?incertitude associée
aux sondages à la tarière manuelle qui ne permettent pas d?observer les
sols sur toute la profondeur en cas de matériaux compacts ou riches en
éléments grossiers, ce qui ne permet pas de trancher sur la profondeur
exacte d?anthropisation ni la nature des matériaux. L?ensemble des sols
moyennement à très fortement anthropisés se situent majoritairement au
sein du tissu urbain résidentiel.
Unités Cartographiques de Sol (UCS)
La carte pédologique au 1/250 000e (Figure 14) indiquait des imprécisions
dans les contours des unités cartographiques de sol, et notamment une
absence d?information sur l?emprise urbaine (UCS « -5 »). Afin de pal-
lier à ces contraintes, des UCS urbaines ont été proposées à partir des 94
sondages pédologiques réalisés sur 137 ha de la zone d?étude (Annexe 1).
Les regroupements sont réalisés sur la base de similarités pédologiques
(degré d?anthropisation, texture, hydromorphie, épaisseur, ?) mais éga-
lement sur la base d?une lecture paysagère. En l?occurrence, dans le cadre
de cette étude, les UCS ont été créées pour prendre en compte (1) leur
degré d?anthropisation et (2) les formes urbaines associées. De façon syn-
thétique, une unité de sols bâtis/imperméabilisés et deux grandes unités
de sols non bâtis ont été caractérisées sur la zone d?étude. Les unités de
sols non bâtis sont des unités de sols naturels ou peu anthropisés qui
correspondent aux LUVISOLS TYPIQUES observés notamment dans les
espaces boisés peu impactés par l?urbanisation (UCS 1 « sains » et UCS 1h
« hydromorphes ») ou au sein d?habitats individuels (UCS 2h). Les autres
sols de la zone d?étude sont associés à des unités de sols moyennement
à fortement anthropisés (UCS 3-4-5) et correspondent en quasi-totalité
à des ANTHROPOSOLS RECONSTITUES reposant pour la plupart sur des
remblais compactés (Figure 22).
Des observations complémentaires en profil pourraient être envisagées
pour lever les incertitudes quant aux matériaux désignés comme « rem-
blai compacté » pour caractériser précisément leur nature, origine et pro-
fondeur. De la même manière, il pourrait être intéressant d?approfondir la
connaissance des mouvements et modifications des sols à l?échelle de la
parcelle pour mieux comprendre les relations entre les observations mor-
phologiques et les processus de création de formes urbaines par exemple.
Cependant, ce travail peut être fortement contraint par l?absence de don-
nées d?archives ou la difficulté de les identifier et d?y avoir accès.
INTRODUCTION / 55CARACTÉRISATION DE LA TRAME BRUNE URBAINE : ETUDE SUR PALAISEAU / 55
CARTOGRAPHIE DE LA TRAME BRUNE
POTENTIELLE
L?ensemble des données accumulées au cours du pré-diagnostic urba-
nistique et du diagnostic pédologique permettent d?établir une carte de
localisation de la Trame Brune potentielle (Figure 23). Elle correspond
aux espaces de sol végétalisés susceptibles d?être des habitats pour les
communautés lombriciennes. Ces espaces de Trame Brune peuvent être
évalués en termes d?habitabilité potentielle sur la base de l?indice présen-
té en 1.3.1. Ainsi, à chaque UCS précédemment identifiée est calculé un
indice d?habitabilité à partir des données pédologiques acquises au sein
de chaque UCS (Tableau 2).
Tableau 2 - Indices d'habitabilité associés à chaque UCS
N°UCS Indice d?habitabilité Interprétation
UCS 1 1,8 Habitabilité médiocre
UCS 1h 2,3 Habitabilité élevée
UCS 2 2,3 Habitabilité élevée
UCS 3 2,3 Habitabilité élevée
UCS 3h 2,8 Habitabilité très élevée
UCS 4 2,0 Habitabilité élevée
UCS 4c 2,0 Habitabilité élevée
UCS 4h 2,0 Habitabilité élevée
UCS 5e 2,0 Habitabilité élevée
UCS 5l 2,0 Habitabilité élevée
Le calcul de ces indices indique une habitabilité de la zone d?étude très
majoritairement élevée, voire très élevée dans les sols appartenant à l?UCS
3h. L?UCS 1 apparaît moins habitable, du fait notamment de teneurs en
matière organique inférieures à 4% et de valeurs de pH proches de 6.
Cette représentation cartographique de l?habitabilité potentielle des sols
permet notamment de localiser des réservoirs potentiels de biodiversité
lombricienne à préserver. Des prélèvements de vérification pourront être
effectués pour évaluer l?habitabilité réelle de ces sols.
INTRODUCTION / 5756 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
CARACTÉRISATION DE LA TRAME BRUNE URBAINE : ÉTUDE SUR PALAISEAU / 57
Figure 23 - Carte de la Trame Brune potentielle
58 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
Sont exclues de la Trame Brune potentielle les surfaces supportant des
bâtiments ainsi que les surfaces imperméabilisées d?infrastructures de
transport (réseau routier secondaire et primaire), qui peuvent être regrou-
pées sous le terme de « Trame Grise ». Ces éléments de Trame Grise sont
supposés être non habitables par les vers de terre du fait de l?absence de
sol (excavations) ou de contraintes physiques fortes a minima sur 20 Ã 50
cm de profondeur (surfaces scellées, couches compactées, chaulées, rem-
blais, ?). Ces éléments constituent des barrières anthropiques supposées
infranchissables pour les vers de terre. Leur identification permet de lo-
caliser les zones où les lombriciens sont susceptibles de subir les consé-
quences d?un isolement total (parcelles ou quartiers entourés de routes).
DIAGNOSTIC DE LA MACROFAUNE LOMBRICIENNE
À L?ÉCHELLE INFRA-COMMUNALE
Echantillonnages lombriciens
Une première campagne de prélèvement a eu lieu entre mars et avril 2021
dans des systèmes prairiaux du Plateau de Saclay afin d?établir des valeurs
de référence locales (36 parcelles échantillonnées). Une deuxième cam-
pagne a eu lieu entre mars et avril 2022 sur la zone d?étude de Palaiseau
(61 parcelles échantillonnées). Dans la mesure du possible et selon les
contraintes d?autorisations, les échantillonnages lombriciens ont été ré-
alisés aux emplacements déjà décrits pédologiquement en milieu public
et privé (Figure 24). La période d?échantillonnage restreinte ajoute une
contrainte supplémentaire à la multiplication des observations. En effet,
la période d?échantillonnages correspond à mars-avril pour coïncider
avec la période de forte activité des vers de terre. Le protocole d?échantil-
lonnage appliqué est le « Test Bêche » [10].
Protocole « Tes-Bêche »
Le protocole de prélèvement « Test-Bêche » développé par l?Observatoire
Participatif des Vers de Terre consiste à extraire 6 blocs de sol (20 cm x
20 cm x 25 cm) espacés de 2 m et en un tri manuel afin de collecter les
individus. Les individus prélevés sont stockés dans des flacons d?éthanol
(solution à 90%) pour leur conservation. Le comptage, la détermination
de l?espèce (ou de la sous-espèce), du stade de développement et la pesée
des vers de terre sont effectués à la Plateforme ECOBIOSOIL de l?Uni-
versité de Rennes. Les individus sont assignés à leur groupe fonctionnel:
épigés, épi-anéciques, anéciques stricts et endogés. Dans l?impossibilité
INTRODUCTION / 59CARACTÉRISATION DE LA TRAME BRUNE URBAINE : ETUDE SUR PALAISEAU / 59
d?identifier des individus à leur espèce (le plus souvent avec des juvé-
niles), ces individus sont attribués au groupe fonctionnel auquel ils ap-
partiennent, puis distribués proportionnellement aux adultes qui ont
été identifiés. Afin d?obtenir une estimation du nombre de vers de terre
parm², le nombre total de vers de terre par bloc (de 0.2m de côté) est
multiplié par 25 [16, 17].
Conjointement aux prélèvements lombriciens, un échantillon de sol issu
des 6 blocs de sol est également prélevé dans chaque parcelle. Ces échan-
tillons sont envoyés au laboratoire Aurea Agrosciences pour analyses
physico-chimiques : matière organique/sec (%), pH eau/sec (%), argiles,
limons fins, limons grossiers, sables fins et sables grossiers (%).
INTRODUCTION / 6160 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
CARACTÉRISATION DE LA TRAME BRUNE URBAINE : ÉTUDE SUR PALAISEAU / 61
Figure 24 - Plan d'implantation des échantillonnages lombriciens
62 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
Abondance et richesse totales
Parmi les 61 parcelles échantillonnées sur la zone d?étude, 60% d?entre
elles présentaient une abondance lombricienne élevée à très élevée. Au-
cune parcelle n?a été décrite en gamme d?abondance très faible. Ainsi,
l?abondance moyenne observée est de 375 ± 199 individus/m², soit une
abondance élevée (Figure 25). Cette valeur obtenue sur la zone d?étude
urbaine est équivalente à l?abondance moyenne observée dans des sys-
tèmes prairiaux de référence localisés sur le Plateau de Saclay, qui attei-
gnait 391± 217 individus/m².
En comparaison aux valeurs du référentiel national, l?abondance moyenne
et le nombre d?observations par gammes d?abondance de la zone d?étude
se rapprochent de celles des prairies agricoles, majoritairement représen-
Figure 25 - Abondance lombricienne moyenne observée sur la zone d'étude et nombre d?obser-
vations par gamme d?abondance associée (gammes du référentiel ECOBIOSOIL, Université de
Rennes)
Figure 26 - Abondance moyenne et nombre d'observations par gamme d'abondance associée
(valeurs du ECOBIOSOIL, Université de Rennes. De gauche à droite : tous usages confondus,
prairies agricoles, forêts)
INTRODUCTION / 63CARACTÉRISATION DE LA TRAME BRUNE URBAINE : ETUDE SUR PALAISEAU / 63
tées par une abondance élevée à très élevée (Figure 26). Cela est cohérent
avec les sites prélevés, majoritairement sélectionnés pour leur couverture
prairiale afin de faciliter la comparaison inter-sites (jardins, espaces verts
urbains, bordures de chemins ou de voirie, ?).
Au total, 20 espèces ont été identifiées sur l?ensemble des parcelles préle-
vées au sein de la zone d?étude. Parmi elles, six espèces dominantes repré-
sentent 77% de l?abondance totale :
- Allolobophora chlorotica chlorotica ? 15%
- Aporrectodea caliginosa caliginosa ? 14%
- Aporrectodea terrestris ? 13%
- Allolobophora rosea rosea ? 12%
- Aporrectodea longa longa ? 12%
- Allolobophora icterica ? 11%
En termes de richesse totale, 7.1± 1.7 taxons ont été identifiés en moyenne
par parcelle, ce qui correspond à une gamme de richesse élevée (Figure
27). Sur l?ensemble des 61 parcelles prélevées, 93% présentent une ri-
chesse élevée à très élevée.
Figure 27 - Richesse lombricienne totale moyenne observée sur la zone d'étude et gammes de
richesse associées (valeurs du référentiel ECOBIOSOIL, Université de Rennes)
64 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
Impacts des facteurs urbanistiques, pédologiques, et de
Trame Brune sur les communautés lombriciennes
Dans cette partie, l?ensemble des facteurs identifiés lors du pré-diagnostic
urbanistique et du diagnostic pédologique sont testés sur les paramètres
lombriciens suivants : abondance totale, richesse totale et indice de
Shannon. Il s?agira d?apporter des éléments de réponse aux probléma-
tiques présentées (cf. Problématiques scientifiques de l'étude Tram'bio-
sol). Un test de Kruskal-Wallis est appliqué au jeu de données pour
chacun des paramètres testés (si n>1) afin d?identifier des différences si-
gnificatives, suivi de tests de Wilcoxon pour les comparaisons multiples
en cas de significativité.
Aucun des facteurs testés n?a d?impact significatif sur les paramètres
lombriciens testés, indiquant une importante homogénéité des commu-
nautés lombriciennes sur l?ensemble de la zone d?étude (Tableau 3).
Abondance totale Richesse Shannon
K df p-value K df p-value K df p-value
Facteurs urbanistiques
Couverture du sol 7.2 5 0.21 9.3 5 0.10 5.3 5 0.38
Usage du sol 8.0 6 0.24 5.4 6 0.50 8.2 6 0.23
Âge du bâti 9.4 7 0.23 1.0 7 1.00 2.9 7 0.89
Forme urbaine 11.1 7 0.13 7.8 7 0.35 6.4 7 0.50
Facteurs pédologiques
Anthropisation 7.0 5 0.22 3.5 5 0.61 3.2 5 0.66
UCS 7.2 9 0.61 8.1 9 0.52 8.7 9 0.46
De plus, aucune corrélation n?a été identifiée entre les paramètres lombri-
ciens testés et les propriétés physico-chimiques de l?horizon de surface
(corrélation de Spearman ; p-value > 0.10) ce qui peut s?expliquer par un
caractère relativement homogène et donc peu discriminant des proprié-
tés des sols (Tableau 4).
Tableau 3 - Effets des facteurs urbanistiques, pédologiques sur les paramètres lombriciens.
Le résultat est significatif si p-value < 0.05. La valeur K correspond à la statistique du test de
Kruskal-Wallis. La valeur df correspond aux degrés de liberté.
INTRODUCTION / 65CARACTÉRISATION DE LA TRAME BRUNE URBAINE : ETUDE SUR PALAISEAU / 65
Propriété
physico-
chimique
Argile
(%)
Limon (%) Sable (%) pH Matière
organique
(%)
fin grossier fin grossier
Moyenne ±
écart-type
21.1 ±
5.8
13.3 ± 5.8
23.0 ±
12.6
23.9 ±
12.8
14.6 ± 8.0
7.3 ±
1.0
4.1 ±
1.5
Un indice d?habitabilité a été associé à l?échelle de la parcelle échantillon-
née (et non à l?échelle de l?UCS comme présenté en Figure 22), à partir des
données pédologiques acquises sur le terrain et en laboratoire, selon la
méthode de calcul décrite (cf Habitabilité de sols). Seules deux gammes
d?habitabilité, élevée et très élevée, sont représentées sur les parcelles
échantillonnées. De même, un indice de continuité a été associé à chaque
parcelle échantillonnée selon la nomenclature décrite (cf. Continuité des
sols). Aucun impact significatif de l?habitabilité et de la continuité n?a été
observé sur les paramètres lombriciens testés (Tableau 5).
Un facteur explicatif probable de l?homogénéité de la réponse lombri-
cienne aux différents facteurs testés est le niveau d?habitabilité élevé à très
élevé des sols de la zone d?étude. En effet, les sols de l?emprise, mêmes
anthropisés, ont des caractéristiques relativement homogènes et intrin-
sèquement favorables aux communautés lombriciennes (i.e., limoneux
à limono-argileux, riches en matière organique, pH neutre à légèrement
basique, moyennement épais à épais). Ces propriétés sont héritées des
sols naturels initiaux sur lesquels s?est développée la ville, majoritaire-
ment des LUVISOLS TYPIQUES. Ces derniers sont reconnus pour leur
Tableau 4 - Valeur moyenne des propriétés physico-chimiques des horizons de surface prélevés
Abondance totale Richesse Shannon
K df p-value K df p-value K df p-value
Facteurs de trame brune
Habitabilité 3.7 1 0.06 0.0 1 0.89 0.1 1 0.80
Continuité 1.5 2 0.47 1.0 2 0.59 0.4 2 0.84
Tableau 5 - Effets des facteurs de la Trame Brune (habitabilité, continuité) sur les paramètres
lombriciens. Le résultat est significatif si p-value < 0.05.
66 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
grande fertilité physique, chimique et biologique, constituant ainsi un
habitat permettant le développement de communautés lombriciennes en
abondance et richesse élevées. L?étude pédologique a en effet révélé que
même les sols les plus anthropisés étaient constitués de ces mêmes ma-
tériaux, laissant supposer que l?urbanisation progressive de la ville a été
réalisée en conservant les matériaux pédologiques locaux, favorables à la
recréation volontaire ou involontaire de sols à niveau d?habitabilité élevé.
Ainsi, la zone d?étude ne permettrait pas de tester des gammes d?habitabi-
lité suffisamment contrastées pour identifier un impact significatif de ce
critère sur les communautés lombriciennes (Figure 28).
Au regard de ces résultats, la zone urbaine étudiée serait constituée d?une
multitude de réservoirs de biodiversité lombricienne, confortant l?idée
que la ville peut constituer une zone refuge pour les invertébrés du sol
dans la mesure où des habitats leur sont préservés.
En parallèle, le facteur temps explique aussi probablement les résul-
tats obtenus. En effet, aucune forme urbaine de moins de 10 ans n?a été
Figure 28 - Hypothèse révisée de l'effet de l'interaction habitabilité/continuité des sols sur les
communautés lombriciennes, au regard des résultats de l?étude TRAM?BIOSOL. Le rectangle
vert correspondrait à la gamme d?habitabilité explorée dans TRAM?BIOSOL.
INTRODUCTION / 67CARACTÉRISATION DE LA TRAME BRUNE URBAINE : ETUDE SUR PALAISEAU / 67
échantillonnée du fait d?une urbanisation relativement ancienne sur la
zone d?étude. Ce choix méthodologique avait pour objectif d?annuler un
biais potentiel lié à des travaux très récents, permettant d?évaluer plus ob-
jectivement des facteurs urbanistiques, tels que la forme urbaine, sur des
communautés ayant bénéficié d?un temps de résilience nécessaire à leur
restauration. Une étude sur un secteur géographique proche a en effet
montré qu?une trentaine d?années après des travaux de sols superficiels,
les communautés lombriciennes étaient comparables à des communau-
tés de sols prairiaux naturels locaux [9]. Cela peut s?expliquer par la pré-
servation dans les horizons pédologiques plus profonds, non impactés
par les travaux, de pools d?espèces à partir desquels les communautés
pourraient se restaurer (Figure 29).
Figure 29 - Schéma simplifié de la cinétique de restauration des communautés lombriciennes
suite à une phase travaux avec impact superficiel sur les sols (d?après Maréchal, 2021 [9] ; 2022
[8])
68 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
L?absence d?effet de modalités d?isolement des sols (partiel ou total) sur
les communautés lombriciennes étaye également cette hypothèse d?une
résilience des communautés permise par la préservation d?individus dans
les sols de la zone d?étude, naturels ou anthropisés. L?hypothèse d?un effet
néfaste des ruptures de continuité de sol sur les lombriciens n?a donc pas
pu être vérifiée dans le cadre de TRAM?BIOSOL. A l?inverse, l?étude citée
précédemment [9] a pu mettre en évidence un effet significatif d?un isole-
ment total des sols par rapport à un isolement partiel, dans le cas de sols
reconstitués dans leur intégralité, 20 ans après leur mise en oeuvre. En ce
sens, la colonisation et la restauration lombricienne dans des sols re-
constitués seraient dépendantes de (1) l?apport d?individus par des maté-
riaux transportés (dispersion passive) mais aussi (2) de la connexion à un
potentiel réservoir (dispersion active) (Figure 30). Une étude récente a de
plus démontré une plus grande diversité génétique dans des parcelles ur-
baines entourées par une plus grande proportion d?espaces verts, jouant
le rôle de « pas japonais » et de corridors qui faciliteraient la dispersion
[18].
Figure 30 - Schéma simplifié de la cinétique de restauration des communautés lombriciennes
suite à une phase travaux avec impact profond sur les sols (d?après Maréchal, 2021 ; 2022)
INTRODUCTION / 69CARACTÉRISATION DE LA TRAME BRUNE URBAINE : ETUDE SUR PALAISEAU / 69
Néanmoins, des études complémentaires seraient nécessaires pour vé-
rifier (1) le caractère franchissable ou infranchissable des barrières
anthropiques qui n?est que supposé à l?heure actuelle (Figure 31), ce qui
permettrait de confirmer un isolement « total » et l?impossibilité de flux
géniques entre populations séparées, par exemple, par une route ; (2)
l?impact d?un isolement total sur le long terme sur le brassage géné-
tique des populations. Malgré des modes de reproduction permettant
aux communautés lombriciennes d?assurer des brassages génétiques im-
portants avec ou sans fécondation (e.g., polyploïdie, parthénogenèse), il
est envisageable qu?un épuisement génétique puisse impacter négative-
ment sur le long terme des populations totalement isolées, au sein d?une
surface minimale d?habitat qui reste également à définir. Pour ce faire,
des observations directes de terrain par capture-marquage-recapture,
ou l?outil génétique peuvent être employés. Cette dernière approche se
base sur l?étude de marqueurs moléculaires (i.e., séquences ADN très va-
riables) dont la variation permet de comparer des profils génétiques entre
populations voisines, d?identifier d?éventuels brassages génétiques occa-
sionnés par des échanges effectifs, et ainsi de trancher sur l?efficacité de la
continuité ou au contraire sur l?importance de la fragmentation. De cette
façon, l?enjeu de la préservation de corridors pédologiques pourrait
être affiné, au-delà de l?enjeu de préservation des réservoirs, déjà bien
identifié.
Figure 31 - Arbre de décision pour évaluer la franchissabilité d'une voirie (hypothèses) (Le-
febvre, Maréchal et Cluzeau, 2022)
/ 70
DÉMARCHE
MÉTHODOLOGIQUE
D?INTÉGRATION DE LA
TRAME BRUNE DANS
LES PROCESSUS
D?AMÉNAGEMENT URBAIN
INTRODUCTION / 71
La méthode de caractérisation de la Trame Brune en milieu urbain, dé-
veloppée dans le cadre du programme TRAM?BIOSOL, a montré qu?il est
nécessaire en premier lieu d?acquérir une connaissance des caractéris-
tiques pédologiques des sols, y compris dans des secteurs définis comme
?artificialisés? au sens du ZAN. Il est alors nécessaire d?imaginer comment
cette connaissance pourrait être utilisée dans les processus d?aménage-
ment urbain. Il est à cet égard important de mettre en évidence la chaîne
des bénéfices écologiques, économiques, climatiques et sociétaux qui
découleraient de la prise en compte des questions de biodiversité des
sols dans la fabrique de la ville de demain. Il conviendrait notamment de
comprendre (i) quelles sont les étapes des processus d?urbanisation qui
seraient concernées et (ii) quels sont les acteurs et métiers qui pourraient
intégrer cette connaissance pédologique dans leurs pratiques profession-
nelles. Pour se faire, deux principaux champs d?actions sont à considé-
rer ; (1) le premier concerne l?échelle de la planification territoriale et
particulièrement l?urbanisme règlementaire, la production des docu-
ments d?urbanisme et des orientations programmatiques ; (2) le second,
généralement positionné à une échelle plus fine, concerne les processus
d?aménagement de l?urbanisme opérationnel, c?est-à -dire la production
et la réalisation de projets urbains. Pour chacun de ces champs d?actions,
il sera indispensable d?évaluer les bénéfices potentiels de l?intégration de
la connaissance de la Trame Brune dans les métiers de l?urbanisme et de
l?aménagement, mais aussi d?identifier les freins et les leviers qui pour-
raient se présenter.
IDENTIFICATION DES LEVIERS D?ACTION À
L?ÉCHELLE DE LA PLANIFICATION TERRITORIALE
La première échelle de réflexion pour la prise en compte de la Trame
Brune dans la fabrique de la ville est celle de la planification communale
et intercommunale. Pour éclairer les pistes d?actions envisageables à cette
échelle de territoire, un travail pluridisciplinaire a été réalisé par le groupe
de travail multi-acteurs durant le séminaire n°2 du projet TRAM?BIO-
SOL qui s?est tenu à Paris les 21 et 22 juin 2023. Les partenaires impliqués
dans ce séminaire n°2 avaient participé à notre séminaire n°1 de restitu-
tion du 18 avril 2023 à Paris, rendant compte des travaux présentés dans
les chapitres précédents (Parties 1 et 2).
Il ressort de ce séminaire un ensemble de recommandations qui pour-
raient être intégrées aux différentes étapes du travail de planification ur-
baine. Le premier constat est que la planification oriente et limite l?usage
/ 71
72 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
d?un sol « surface » seulement en deux dimensions. Or, l?enjeu de la Trame
Brune est de considérer également la troisième dimension du sol, son
épaisseur, et voire la quatrième si le temps nécessaire à l?(r-)établissement
d?un sol fonctionnel est pris en compte. Pour identifier des solutions qui
pourraient enrichir les règlements des PLU/i, il apparaît nécessaire de
nourrir le diagnostic de territoire avec des connaissances relatives à ladite
trame. La première étape est donc de convaincre les décideurs politiques
et les urbanistes de la nécessité de réaliser le plus en amont possible un «
diagnostic pédologique territorial ». Il devra ensuite s?articuler avec les
autres diagnostics territoriaux disponibles, afin de mettre en lumière les
enjeux convergents et ceux qui sont en contradiction afin que des arbi-
trages éclairés puissent s'opérer.
Des éléments spécifiques aux sols et à la Trame Brune peuvent ainsi être
intégrés à toutes les étapes de la planification et dans les documents as-
sociés :
Pré-diagnostic urbanistique
Ce pré-diagnostic est destiné à comprendre la dynamique d?urbani-
sation et donc de l?altération des sols naturels qui a pu avoir lieu sur le
territoire d?étude. Il porte à la fois sur la chronologie du processus de dé-
veloppement de la ville, mais aussi sur la typologie des formes urbaines
qui ont été produites à chaque période d?urbanisation. Les formes ur-
baines s?accompagnent en effet de différentes modalités d?intervention
sur les sols qui ont un impact plus ou moins marqué sur l?anthropisation
de ces sols. Cette connaissance de la dynamique spatiale et temporelle
de fabrication de la ville peut être, soit une donnée déjà existante dans
des études urbaines préalables, soit à créer spécifiquement pour le besoin
de la démarche de connaissances de la Trame Brune. Ces connaissances
nouvelles vont servir à établir un plan d?échantillonnage optimisé d?ob-
servations de sols représentatifs de la diversité pédologique de la zone
d?étude (agglomération, ville, quartiers, ?).
Diagnostic pédologique
La méthodologie testée dans le cadre du programme TRAM?BIOSOL et
présentée plus haut, permet de définir les contours de réalisation de ce
diagnostic. Ce dernier devra ensuite dialoguer avec les autres diagnostics
territoriaux disponibles afin de mettre en lumière les enjeux convergents
et ceux qui sont en contradiction afin que des arbitrages soient opérés. Il
s?agira surtout de mettre en évidence les secteurs à enjeux sur lesquels
une attention particulière pour la protection de la Trame Brune est re-
commandée. L?approche du diagnostic pédologique peut être globale Ã
INTRODUCTION / 73INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE DANS LES PROCESSUS D'AMÉNAGEMENT URBAIN / 73
l?échelle du territoire couvert par le PLU/i, ou par zones à enjeux (OAP,
lisières, zones AU, ?). Le choix de l?échelle peut aussi dépendre du ni-
veau de sensibilité des élus sur cette thématique, souhaitant établir un
diagnostic couvrant plus ou moins leur territoire, ou plus ou moins dé-
taillé selon les secteurs. Ce diagnostic pédologique pourrait à l?avenir être
imposé via le Code de l?urbanisme qui a décliné la loi Climat Résilience
en prenant appui sur les objectifs ZAN. Notamment sur les territoires Ã
enjeux d?artificialisation ou de désartificialisation, un diagnostic agropé-
dologique pourrait être rendu obligatoire sur les périmètres d?aménage-
ments. Il constitue en effet pour le moment, un chaînon manquant pour
orienter le choix des projets (urbanisme, choix des formes urbaines, ?). Il
pourrait être réalisé au même titre que les diagnostics de zones humides,
les études faune/flore ou Natura 2000, ? Dans l?attente de ce cadre régle-
mentaire, ce n?est que par la sensibilisation, la pédagogie et la persuasion
que ce diagnostic pédologique pourra être envisagé.
Projet d?Aménagement et de Développement Durable (PADD)
Le PADD est l'une des pièces maîtresses du PLU. Il doit refléter les nou-
veaux enjeux réglementaires et politiques et permettre une prise de
conscience de l?importance des sols dans la stratégie de développement
de villes résilientes. A partir d?une évaluation environnementale du ter-
ritoire, il définit des orientations et des objectifs qui devront se décliner
ensuite dans les documents de planification et de programmation. En ef-
fet, il présente le projet communal ou intercommunal dans sa globalité en
définissant les lignes directrices générales d?aménagement du territoire
pour les années à venir, à partir des enjeux identifiés par le diagnostic. Le
contenu du PADD précise qu?aux côtés des préoccupations d?urbanisme,
de logement et de transport, ce document se doit également de définir
des objectifs (i) de qualité paysagère, (ii) de protection et de mise en va-
leur des espaces naturels, agricoles et forestiers, (iii) de préservation et de
mise en valeur des ressources naturelles, (iiii) de lutte contre l'étalement
urbain, (iiiii) de préservation et de remise en bon état des continuités éco-
logiques. Même si la notion de Trame Brune n?est pas explicitement citée
dans les textes officiels, elle est en fait en interface avec beaucoup de ces
objectifs. De plus, aujourd?hui, les enjeux liés à l?application du prin-
cipe du ZAN ainsi que ceux d?adaptation des villes au changement clima-
tique, définis dans la loi Climat et Résilience du 22 Août 2021, donne une
véritable légitimité à l?intégration du concept de Trame Brune pour
l?établissement des documents de planification urbaine.
74 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE DANS LES PROCESSUS D'AMÉNAGEMENT URBAIN / 75
Zonage et le règlement du PLU
Les orientations présentées dans le PADD doivent ensuite être décli-
nées dans les pièces règlementaires. La phase réglementaire (zonage,
règlement écrit et OAP) permet de définir et cadrer le choix des formes
urbaines, des matériaux, de l?architecture, des unités de plantation, les
surfaces de pleine terre (qui ne précisent pas nécessairement sa profon-
deur ou ses qualités) ? Le zonage et le règlement cadrent les éléments qui
sont demandés lors des permis de construire, conformément aux articles
R*431-4 Ã R*431-34-1 du Code de l'urbanisme. Le zonage doit se faire rela-
tivement à des indicateurs adaptés à la planification, mais également véri-
fiables simplement sur le terrain pour leur bonne application. Les enjeux
à considérer dans le zonage sont : (i) la valeur patrimoniale et écologique
des sols (ii) les secteurs de carences (faible épaisseur - % élevé d?imper-
méabilisation) (iii) les menaces (secteurs de projets).
Les Orientations d?Aménagement et de Programmation (OAP) consti-
tuent des outils d?aménagement du territoire. Dans l?idéal, ces OAP pour-
raient être inspirées par des données du diagnostic territorial de la Trame
Brune :
? OAP thématique (biodiversité, Trame Brune par type de forme ur-
baine?) au service de la qualité de vie.
? OAP sectorielle (obligatoire pour le moment sur les zones AU et
non obligatoire sur les zones en renouvellement) : définit des règles
spécifiques pour des secteurs à enjeux. Elle contient potentiellement
aussi les résultats de l?expertise pédologique (portée financièrement
par l?EPCI ou les porteurs de projet).
? OAP thématique avec secteurs à enjeux : cette catégorie indiquerait
que des analyses plus précises, de type diagnostic agropédologique,
sont à prévoir par les porteurs de projet dans le secteur, mais aussi
que des ratios spécifiques s?appliqueraient, notamment concernant
les exigences d?habitabilité des sols. Elles pourraient par exemple être
prévues dans le cadre de la commande publique dès lors qu?un pro-
jet d?aménagement serait réalisé sous maîtrise d?ouvrage publique.
Ces mesures seraient à réaliser par des géomètres formés et/ou des
pédologues (quantification précise des surfaces imperméabilisées et
des surfaces non imperméabilisables en lien avec la quantification et
qualification de l?habitabilité des sols, ?).
Par ailleurs, le règlement du PLU pourrait conditionner l?octroi des au-
torisations d?urbanisme à des propositions précises sur la limitation
des impacts des projets d?aménagement sur le sol concerné, à l?image
d?une forme nouvelle du mécanisme des surfaces éco-aménageables
(Art.L.151-22 du Code de l?urbanisme).
INTRODUCTION / 75INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE DANS LES PROCESSUS D'AMÉNAGEMENT URBAIN / 75
Mise en application du PLU
Une fois le PLU approuvé et opposable, sa mise en application concerne
la vérification de la conformité des demandes d?aménagement et des per-
mis de construire par rapport aux attentes et exigences des différents do-
cuments de ce Plan. Il est évident que l?évolution des exigences du PLU,
notamment quand elles portent sur de nouvelles notions, nécessitent un
véritable travail de sensibilisation et de formation des services des collec-
tivités locales en charge de l?instruction des demandes. Cela demande
également de prévoir des indicateurs et des outils d?évaluations simples et
facilement appropriables et vérifiables par des agents non experts du sujet
de la Trame Brune ou de la biodiversité.
Les besoins de formation
La mise en application de ces principes se heurte malheureusement Ã
des difficultés d?une compréhension réelle des enjeux et d?appropriation
des objectifs méthodologiques permettant de définir la Trame Brune par
beaucoup d?acteurs de la planification urbaine. Ce concept de Trame
Brune et ses bénéfices attendus pour la réussite des projets de renatura-
tion des villes et d?adaptation au changement climatique doit donc faire
l?objet d?un travail pédagogique par des programmes de sensibilisation et
de formation. Ces programmes s?adressent logiquement à tous les acteurs
concernés par la planification : (i) cadres de la fonction publique terri-
toriale aux différents niveaux (ville, EPCI, Départements, Régions), (ii)
des décideurs (élus), (iii) services déconcentrés de l?Etat, (iv) acteurs des
structures susceptibles d?être des AMO (Assistant à la Maîtrise d?Ouvrage),
(v) militants et personnels des associations de protection de la nature et
de l?environnement, (vi) secteur professionnel Bureaux d?études, Archi-
tectes, Urbanistes, Paysagistes (Ordre des Architectes, FFP, SFU, FNAU,
FN CAUE, UPGE, ?) ? Il est également indispensable de construire des
modules de contenus théoriques et pratiques pour les différents cursus de
formation pourvoyeurs des futurs cadres (pépiniéristes, paysagistes, éco-
logues, géomètres, architectes, aménageurs, urbanistes promoteurs, ?).
IDENTIFICATION DES LEVIERS D?ACTION À
L?ÉCHELLE DE L?AMÉNAGEMENT
La seconde échelle à considérer pour la prise en compte de la Trame
Brune dans la fabrique de la ville est celle de l?aménagement. Un autre
groupe de travail organisé par l?équipe TRAM?BIOSOL s?est réuni le 6 sep-
tembre 2023 afin d?approfondir les réflexions sur le volet aménagement.
76 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
La pratique des projets urbains montre généralement que malgré les am-
bitions affichées, la Trame Verte et notamment le patrimoine arboré, sont
souvent dégradés par les opérations d?aménagement. La fonctionnalité
de la Trame Brune, non visible et généralement non caractérisée, est
donc presque toujours altérée par les modalités de réalisation des pro-
jets urbains. Sa prise en compte à défaut d?une législation contraignante
nécessite donc un important travail de mobilisation, de sensibilisation et
de pédagogie auprès de l?ensemble des acteurs de la chaîne d?aménage-
ment (services d?urbanisme opérationnel des collectivités locales, Socié-
tés d?aménagements, équipes de maîtrise d?oeuvre et entreprise en charge
des travaux, notamment de terrassement et d?espaces verts). En effet,
l?absence d?obligation réglementaire implique, à l?heure actuelle, de
démontrer un intérêt économique de la prise en compte de la Trame
Brune, au-delà des intérêts écologiques et de qualité de vie qui sont
portés par les documents d?urbanisme. Il s?agit donc de convaincre que
la mise en oeuvre d?une Trame Verte pérenne, dont la fertilité s?auto-entre-
tient, sur laquelle la croissance des arbres est assurée et génère donc des
aménités positives mesurables (paysage, ombrage, rafraichissement, qua-
lité de l?air?), nécessite la conception d?une Trame Brune fonctionnelle
durable. Il s?agit d?assurer son habitabilité (réservoirs de vie biologique
des sols) et sa continuité pour assurer les cycles de vie et les déplacements
(corridors) de la biodiversité du sol. Par répercussions, les bénéfices ap-
portés par une Trame Brune fonctionnelle assureront aussi la possibilité
des bénéfices attendus de la Trame Verte (Figure 32).
Comme pour la planification urbaine, plusieurs étapes-clés jalonnent la
réalisation des projets d?aménagement, aussi est-il important d?analyser
comment chacune de ces étapes peut être favorable à la prise en compte
de la Trame Brune.
Les études préalables
Les études de sols (diagnostics agropédologiques) ne sont actuellement
ni obligatoires ni, à tort, jugées indispensables. Pourtant, elles condi-
tionnent la réussite de l?intégration paysagère de l?opération, mais encore
faut-il comprendre l?enjeu de prise en compte du temps long dans la re-
création des Trames Vertes. L?objectif sera donc de convaincre de la né-
cessité de prévoir dans les études préalables, la réalisation d?un diagnostic
agropédologique. Ce dernier pourrait de plus être combiné avec les autres
analyses du sol (pollution, géotechnique, perméabilité) afin de mutua-
liser les démarches et les engins nécessaires. Les objectifs seraient alors
(1) d?intégrer au sein des études préalables, une analyse approfondie des
sols dans le cas où aucune donnée n?a été fournie ou alors à une échelle
non adaptée (diagnostic agropédologique) ; (2) de réaliser un diagnostic
INTRODUCTION / 77INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE DANS LES PROCESSUS D'AMÉNAGEMENT URBAIN / 77
Figure 32 - Intérêts de la prise en compte de la Trame Brune à toutes les étapes de l'aménage-
ment : argumentaire à destination des acteurs de l?aménagement proposé par TRAM?BIOSOL
lombricien à la parcelle confirmant ou non le potentiel fonctionnel du sol
et permettant le passage de la modélisation prédictive (envisagée lors de
la planification sur échantillons) aux données terrain ; (3) d?établir une
cartographie des scores ?Trame Brune? d?avant-projet : (i) profondeur,
(ii) habitabilité, (iii) continuité, (iiii) occupation de sol, (v) couvert (issu
données terrain) qui serviront à définir les enjeux de programmation et
de référence pour l?évaluation des projets.
Le produit de sortie des études préalables de sols est donc une représen-
tation cartographique des zonages pédologiques, associée à un scoring
par zone dont la moyenne permet d?établir un score global de la Trame
Brune locale.
Programmation et stratégies d?aménagement
Pour que la prise en compte de la Trame Brune soit optimale, il est né-
cessaire d?avoir une incitation programmatique par la collectivité territo-
riale compétente, ce qui correspond au 1er niveau de la stratégie d?amé-
nagement. Pour que la notion de Trame Brune soit prise en compte, elle
doit apparaître dans le contrat de concession d?aménagement comme
une demande du concédant, en cohérence avec les OAP éventuelles, afin
d?être intégrée dans le programme et le projet futur. Les études préalables
78 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
de diagnostic des sols doivent permettre de produire, pour la phase de
programmation, un cahier des charges avec des indications pour pré-
server la qualité physique, chimique et biologique des sols afin d?opti-
miser leur habitabilité au moment de leur reconstitution. Mais ce cahier
des charges doit également identifier les différents itinéraires techniques
envisageables selon le contexte des opérations, afin d?orienter le travail
des équipes de maîtrise d?oeuvre. La forme urbaine aura aussi un impact
majeur sur la valorisation de la Trame Brune tout comme les différents
processus d?aménagement associés à chaque type de formes urbaines.
La connaissance du sol doit donc être en dialogue avec la définition de la
forme urbaine, le plus en amont possible du projet.
Phase de conception et d?élaboration du projet
Le travail de conception du projet doit intégrer l?objectif d?élaboration
d?un modèle théorique de sol reconstitué à forte habitabilité permettant
d?assurer la réussite du projet de plantation. Ce modèle intègre deux ob-
jectifs complémentaires, (1) un objectif d?habitabilité du sol et (2) un ob-
jectif de continuité de la Trame Brune.
En ce qui concerne l?habitabilité, elle repose principalement sur le besoin
d?une épaisseur suffisante du sol (existant préservé ou recréé) assurant la
présence de tous les étages pédologiques nécessaires à la survie des dif-
férentes communautés lombriciennes (en tant qu?indicateur du fonction-
nement de l?ensemble de la biodiversité du sol), afin qu?elles puissent se
développer et assurer les fonctions biotiques ou abiotiques positives pour
la fertilité du sol (incorporation de la matière organique) et le cycle de
l?eau (action sur les capacités d?infiltration et de rétention en eau du sol.
Pour ce qui est des continuités à assurer pour permettre le déplacement
des espèces et les flux géniques entre populations, un indice de connec-
tivité du sol reconstitué au sein de l?emprise projet (cf. Figure 37) et du
sol jouxtant l?emprise projet (c?est-à -dire les potentiels réservoirs de bio-
diversité) pourrait être créé. Le projet se compose néanmoins d?obstacles
entrainant une altération de cette connectivité avec notamment la cou-
pure des bâtiments, des voiries, voire des réseaux. Pour limiter cet effet de
barrières interrompant la Trame Brune, il faudra agir sur la géométrie du
projet (position des bâtiments par rapports aux corridors pédologiques),
mais également imaginer des solutions constructives permettant d?em-
barquer les fonctions pédologiques du sol dans la réalisation de ces in-
frastructures (revêtements perméables, drain d?aération, mélanges terre/
pierre, ?) (Figures 33, 34 et 35).
INTRODUCTION / 79INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE DANS LES PROCESSUS D'AMÉNAGEMENT URBAIN / 79
Figure 33 ? Proposition de projet incluant des adaptations en faveur des continuités écologiques
Figure 34 ? Exemple d?adaptation constructive pour une voirie
Parc urbainParc urbain Tissu mixteTissu mixte FricheFricheTissu mixteTissu mixte Zones d'activitésZones d'activités Réservoir "ENAF"Réservoir "ENAF"
Bâtiment sur Bâtiment sur
terre-pleinterre-plein
Voierie 16mVoierie 16m Bâtiment sur Bâtiment sur
parkingparking
Voierie 7mVoierie 7mVoierie 20mVoierie 20m
Voierie 7mVoierie 7m
80 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
Figure 35 : Exemple d?adaptation constructive pour un bâtiment : la solution sur pilotis pour
garder le sol et les racines en place est une technique assez développée au Canada ainsi qu?aux
Etats-Unis.
Figure 36 : Exemple d?adaptation constructive pour un bâtiment avec parking souterrain : Il
existe un vide sanitaire sous le bâtiment qui réduit l?impact sur la vie des sols notamment grâce
à la circulation de l?air et potentiellement de l?eau.
Bâtiment sur terre-pleinBâtiment sur terre-plein
Bâtiment sur parkingBâtiment sur parking
INTRODUCTION / 81INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE DANS LES PROCESSUS D'AMÉNAGEMENT URBAIN / 81
Sur le même principe, la continuité de la Trame Brune peut s?envisager
en couverture d?une infrastructure enterrée. Il suffit alors de garantir d?as-
surer une profondeur minimale et une continuité du sol mis en place en
couverture (Figure 36). Pour que l?habitabilité du sol reste élevée, il est
important de penser la relation eau/sol/air/plante sur le long terme, car
la stabilité des écosystèmes ne s?acquiert que dans la durée.
Phase de réalisation du projet
Les pièces contractuelles du marché doivent présenter des préconisa-
tions opérationnelles pour le chantier afin de minimiser les impacts sur
la Trame Brune (préserver l?habitabilité) et sur la végétation à conser-
ver. Un clôturage fixe des parties à préserver est souvent la seule solution
pour mettre en défens certains espaces. La diffusion de ces règles n?étant
néanmoins pas une garantie, il est donc nécessaire d?agir sur deux autres
leviers : (1) un levier pédagogique destiné aux acteurs des entreprises
réellement présents sur le chantier et qui n?ont que rarement connais-
sance des exigences écrites dans les dossiers de consultation ; (2) l?autre
levier complémentaire indispensable est financier, sous forme de péna-
lités suffisamment dissuasives pour garantir un effort d?organisation et de
protection de la part des entreprises.
Une autre phase cruciale à surveiller concerne tous les travaux de terras-
sement, stockages des terres et reconstitution des sols. Le maître d?oeuvre,
qui n?est pas toujours expert de ces sujets et des exigences pédologiques,
doit alors se faire assister d?un bureau d?étude spécialiste de ces sujets. En
effet, ce qui est mal fait au départ est souvent définitivement perdu, et il
est illusoire de rechercher a posteriori des solutions correctives.
Enfin, en ce qui concerne plus spécifiquement les exigences liées à la
Trame Brune, l?évaluation de la conformité des ouvrages pédologiques
devra analyser l?habitabilité potentielle des sols, car à la livraison, il n?y
aura pas encore les abondances et les richesses taxonomiques de tous les
vers de terre indicateurs qui s?installent successivement dans le temps. Il
faudra également, en ce qui concerne les arbres plantés en motte, véri-
fier les communautés lombriciennes issues des pépinières. Des modèles
prédictifs en cours de réflexion permettront sans doute prochainement
d?avoir des idées de la cinétique de remise en place d?un équilibre de la
biodiversité lombricienne des sols reconstruits. Néanmoins, il faut penser
que ce temps d?évaluation de la refonctionnalisation écologique des sols
ne pourra s?évaluer qu?au bout de plusieurs années.
82 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
Exploitation ultérieure de la Trame Verte et de la Trame
Brune par le gestionnaire
Le projet doit également donner des clés pour accompagner le travail du
gestionnaire vers l?état d?équilibre de la trame paysagère recherché. Un
projet de paysage ou de renaturation n?est pas achevé lors de sa réalisa-
tion, il débute seulement ! La prise en compte de la dynamique du pay-
sage est donc une nécessité malheureusement trop souvent oubliée par
les équipes de maîtrise d?oeuvre qui connaissent assez mal généralement
les techniques et enjeux liés à l?entretien des formes paysagères. Un dia-
logue entre la conception et la gestion doit donc également exister tout
au long du projet pour permettre d?envisager cette dynamique temporelle
d?évolution du paysage. En ce qui concerne l?évaluation de la réussite de
l?installation de la Trame Brune, il sera intéressant que le gestionnaire
s?approprie également un protocole de suivi. Cette évaluation se fera Ã
+5ans et/ou +10 ans après l?installation des sols, et portera sur l?étude des
communautés de vers de terre, mais aussi sur les dynamiques de crois-
sance des plantations, les deux permettant d?estimer le niveau de fertilité
atteint par le sol.
Lien avec la séquence ERC dans le projet d?aménagement
Si on considère que les enjeux juridiques actuels liés à la biodiversité,
concernent également les espèces animales qui sont présentes dans les
sols, alors l?application de la logique ERC peut s?appliquer finement à la
prise en compte de la biodiversité des sols dans les projets d?aménage-
ment (Figure 37).
? Evitement : il s?agirait de mettre en application la démarche pro-
posée par le programme TRAM?BIOSOL par une identification des
zones de l?emprise de projet selon les différents degrés de fonction-
nalité de la Trame Brune, en termes de continuité/discontinuité et
obstacles à franchir et d?habitabilité. L?habitabilité définissant la
qualité du réservoir comme habitat favorable à la biodiversité, ce
degré d?habitabilité des sols est classé en 3 à 5 classes. Après Iden-
tification des zones avec le degré d?habitabilité de plus élevée, il
conviendrait de recommander d?éviter de modifier ces sols pour
éviter la dégradation des habitats favorables à la biodiversité. Le
maintien de l?habitabilité des sols et l?évitement de sa dégradation
nécessitent la décision de mesures conservatoires.
? Réduction : cette partie concerne majoritairement les processus
de travaux. Il s?agit d?identifier et de formaliser des recommanda-
tions et exigences techniques à inscrire dans le projet d?aménage-
ment et à traduire dans les pièces de ses marchés de travaux. Les
INTRODUCTION / 83INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE DANS LES PROCESSUS D'AMÉNAGEMENT URBAIN / 83
Figure 37 - Exemple de séquence ERC appliquée à la Trame Brune (propositions TRAM?BIO-
SOL)
84 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
objectifs porteront sur les moyens de minimiser pour les sols exca-
vés, l?impact des travaux d?excavation, de stockage et de remise en
oeuvre. Il se complète d?une recherche dans la planification du pro-
jet, de conditions permettant la connexion entre habitats préservés
et remaniés.
? Compensation : même si elle doit être limitée et considérée
comme le choix ultime, elle est malheureusement une réalité de la
démarche d?aménagement urbain soumis à des injonctions souvent
contradictoires. Elle concerne par exemple, le démontage du sol et
sa remise en forme à un autre endroit dans une logique de désarti-
ficialisation. D?où le besoin de connaître les secteurs à renaturer et
les besoins liés au renforcement des continuités de la Trame Verte.
Là également, des recommandations et des exigences techniques
doivent être clairement précisées dans les documents du projet
afin de reconstituer des sols à forte habitabilité potentielle et de
reconstruire des connexions. Des techniques d?inoculation (bacté-
ries, champignons, vers de terre, ?) sont à tester pour accélérer la
refonctionnalisation écologique de ces néo-sols.
En conclusion, en ce qui concerne la partie opérationnelle de la fabrique
de la ville, il existe de nombreuses pistes de solutions organisationnelles,
conceptuelles et techniques, qui rendent possible la prise en compte de
la Trame Brune comme complément des mesures en faveur de la biodi-
versité, mais surtout comme garantie de réussite de l?installation d?une
Trame Verte pouvant maximiser des bénéfices écosystémiques.
Aussi est-il aujourd?hui nécessaire de sortir du champ de la recherche
pour développer des indicateurs opérationnels adaptés à chaque étape
de la fabrique de la ville, de la planification territoriale à l?aménagement
et jusqu?au suivi de son devenir dans le temps.
Il nous semble donc que les approches et recommandations produites
dans ce chapitre pourraient alimenter l?approche réglementaire des
Trames Verte et Bleue des documents d?urbanisme, en permettant d?al-
ler vers une évolution de la définition de la Trame Verte qui inclurait la
Trame Brune comme support de cette même Trame Verte (Figure 38).
L?objectif de maximiser les services écosystémiques associés à la végéta-
tion, notamment par rapport aux enjeux de lutte contre les îlots de cha-
leurs et de rafraîchissement de la ville, est la principale valeur ajoutée qui
serait apportée aujourd?hui par la prise en compte de la Trame Brune.
INTRODUCTION / 85INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE DANS LES PROCESSUS D'AMÉNAGEMENT URBAIN / 85
Figure 38 - Echelles de prise en compte des sols et de leur biodiversité pour la planification et
l?aménagement
LE CAS D?ÉTUDE DE LA COMMUNE DE PALAISEAU :
QUELLE STRATÉGIE FONCIÈRE OPÉRER ?
Sur le territoire de la commune de Palaiseau, une étude a été menée afin
d?analyser la possibilité d?intégrer la Trame Brune dans les documents
d?urbanisme. Parmi les documents du PLU de la commune de Palai-
seau, le secteur d?une OAP a été plus particulièrement étudié. Il s?agit de
l?OAP« Plateau (Croix de Villebois) » qui présente des enjeux signifi-
catifs en matière de préservation et de mise en valeur de la Trame Verte.
L?idée serait d?introduire une OAP thématique Biodiversité dans le PLU
de Palaiseau qui intègrerait les enjeux de prise en compte de la Trame
Brune, et qui devrait dialoguer avec une OAP Mobilité, car les axes de
communication sont souvent des éléments de coupure des continuités
écologiques. Cette modélisation a été pour le moment appliquée au sec-
teur du territoire retenu pour l?étude.
86 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
Figure 39 - Exemple d'OAP Biodiversité
La représentation ci-dessus montre comment cette prise en compte peut
être illustrée dans les documents de planification. La Trame Brune est en
effet la condition même d?existence de la Trame Verte et permet d?élargir
la prise en compte des enjeux de biodiversité (Figure 39).
Dans un contexte urbanisé, il est facilement imaginable d?avoir une bande
de terrain en fond de parcelle, s?étendant de part et d?autre de la limite,
avec dans le règlement écrit, la limitation du travail de la terre et des clô-
tures n?ayant pas de semelles filantes. Dans un contexte agricole, cette
solution est moins intéressante. Une bande traversant un champ où le la-
bour serait interdit va à l?encontre des pratiques de culture actuelles.
Afin de matérialiser dans les documents de planification l?objectif de pé-
rennisation de la Trame Brune, il est important d?analyser la matrice ca-
dastrale afin de voir si la géométrie du parcellaire est compatible avec les
notions de continuité du sol vivant. Ce découpage du parcellaire doit être
également analysé en lien avec la diversité des propriétaires présents et
la répartition entre la nature publique ou privée des propriétaires. Cette
INTRODUCTION / 87INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE DANS LES PROCESSUS D'AMÉNAGEMENT URBAIN / 87
connaissance précise permet de proposer des stratégies foncières adap-
tées à la préservation de la continuité de la Trame Brune.
Figure 40 - Matérialisation de la Trame Brune dans une logique de maitrise foncière
Le schéma ci-dessus illustre une hypothèse de matérialisation de la Trame
Brune dans une logique de maîtrise foncière (Figure 40).
L?hypothèse d?une maîtrise totale du foncier par une stratégie d?acquisi-
tion foncière apparaît d?office comme complexe, difficilement justifiable
et finalement souvent non adaptée. Une logique de découpage du foncier
permettant d?identifier la continuité écologique de manière plus perti-
nente sur le parcellaire, afin de lui appliquer un zonage de protection de
la Trame Verte spécifique semble plus réaliste (Figures 41 & 42). Reste Ã
identifier quels outils de maîtrise foncière conviendraient pour s?assurer
de la pérennisation de ladite trame.
88 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
Figure 41 - Exemple de divisions parcellaires intégrant un corridor écologique
Figure 42 - Exemple de nouveau zonage considérant les corridors écologiques
Corridor écologique
Parcelle cadastrale
Numéro de parcelle
Corridor écologique
Parcelle cadastrale
Zone au sens du PLU
INTRODUCTION / 89INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE DANS LES PROCESSUS D'AMÉNAGEMENT URBAIN / 89
L?acquisition foncière présente à cet égard des inconvénients notables. En
plus d?être coûteuse à l?achat, la gestion et l?entretien des parcelles restent
à la charge de la personne publique. Il faudrait par ailleurs, soit que le pro-
priétaire consente à la vente, soit que le bien soit mis en vente et compris
dans un périmètre de préemption, soit enfin que le bien puisse être expro-
prié (ce qui questionne sur la légalité de la déclaration d?utilité publique).
Les servitudes d?urbanisme entraînant l?inconstructibilité d?un bien ne
sont pas indemnisables, ce qui les rend difficilement acceptables par les
propriétaires qui les subissent.
Ces espaces, au lieu d?être mis en réserve, pourraient être vendus à des
tiers, qui constitueraient un ensemble de jardins privatifs sur lesquels des
prescriptions d?urbanisme, des prospects, un règlement spécifique ou un
cahier des charges de lotissement peuvent être appliqués.
L?agencement du foncier va alors ici être impacté et pensé selon ce règle-
ment. Enfin, l?aménagement pourrait être pensé dans le cadre de la légis-
lation relative au lotissement et le passage de la Trame serait préservé par
l?aménageur ; ensuite, sa pérennisation serait assurée par le règlement du
lotissement. Ce qui, éventuellement, pourrait par la suite, faire obstacle Ã
des projets de densification (Figure 43).
Figure 43 - Exemple de division foncière intégrant un corridor écologique au sein d'un lotisse-
ment
Parcelle cadastrale
Numéro de parcelle
Habitation
Route
Corridor écologique
90 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
Enfin, la maîtrise de la continuité de la Trame Brune peut être envisagée
avec l?utilisation d?un mécanisme de servitude, plus souple et ne né-
cessitant pas un contrôle total du foncier. Il existe différents mécanismes
de servitude : la servitude conventionnelle peut être envisagée s?il existe
un fonds dominant et un fonds servant21ne pouvant être réunis dans les
mains d?un même propriétaire. Étant donné le découpage foncier exis-
tant, il y aura nécessairement autant de servitudes que de parcelles tra-
versées par la Trame Brune, qui seraient définies, chacune, comme fonds
servant (Figure 44).
Du fait de son objectif ci-présent, la servitude conventionnelle n?a d?intérêt
que si elle est continue entre différents espaces servant de réservoir à la Trame
Brune. Cette servitude vise donc à relier ces réservoirs, par ce type de corridor,
afin de favoriser un brassage génétique des populations sur le long terme.
2 Le fonds (ou le terrain) est dit dominant lorsque la servitude est créée à son avantage.
Le fonds est servant lorsqu'il supporte la servitude, sans que cela crée un avantage pour
le propriétaire du terrain.
Figure 44 - Exemple de servitude
Parcelle cadastrale
Numéro de parcelle
Servitude
Fonds dominant
Corridor écologique
Fonds servant
INTRODUCTION / 91INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE DANS LES PROCESSUS D'AMÉNAGEMENT URBAIN / 91
Autre forme de servitude, le mécanisme de création d?une servitude dite
écologique ou environnementale ayant un objectif exclusivement de
préservation de l?environnement est actuellement à l?étude. Elle se rap-
proche de celui d?obligation réelle environnementale (Art. L. 132-3 du
Code de l?environnement) et pourrait trouver des applications dans cer-
taines situations pour la préservation de la Trame Brune.
Enfin, par le biais d?une loi, une servitude d?utilité publique ayant pour
objet la préservation des sols pourrait être créée (en prévoyant un méca-
nisme d?indemnisation).
En conclusion, plusieurs mécanismes de maîtrise foncière et de régle-
mentation des usages par le droit de l?urbanisme sont mobilisables, mais
leur pertinence dépend du contexte foncier. Plusieurs mécanismes pour-
ront d?ailleurs s?imaginer de manière combinée dans la mise en place
d?une stratégie territoriale de protection. Ils pourront enfin être complétés
par des outils contractuels pour assurer la pérennité dans le temps de la
Trame Brune.
Ainsi, si la prise en compte de la Trame Brune est envisagée d?un point
de vue politique, technique ou peut-être demain réglementaire, sa prise
en compte dans l?élaboration des documents de planification urbaine est
tout à fait possible, pertinente et souhaitable. Sa prise en compte néces-
site néanmoins une approche différente et complémentaire de celle des
Trames Verte et Bleue. Alors que la Trame Brune est moins facilement
perceptible au premier abord car située dans la matrice du sol et non pas
au-dessus, Ã la vue de tous.
Notre étude TRAM?BIOSOL montre que la caractérisation de la Trame
Brune à l?échelle de la ville est possible, même hors des espaces naturels et
agricoles, y compris sur les espaces déjà urbanisés. Une fois cette connais-
sance globale acquise, l?analyse de la Trame Brune met en évidence des
secteurs de fragilité sur lesquels doivent se focaliser des prescriptions
particulières à intégrer aux documents de planification urbaine. C?est
cette possibilité qui a été notamment analysée sur le secteur de la Com-
mune de Palaiseau, et qui montre que le croisement de plusieurs outils
réglementaires (PADD, OAP, Zonage, ?) permet d?apporter un cadre pré-
cis pour la traduction dans l?opérationnalité de la prise en compte de la
Trame Brune.
CONCLUSION ET
PERSPECTIVES DE
L'ÉTUDE TRAM?BIOSOL
/ 93
INTRODUCTION / 93
TRAME VERTE ET TRAME BRUNE, DES TRAMES
SUPERPOSÉES OU COMPLÉMENTAIRES ?
D?après le modèle conceptuel de la Trame Brune développé dans notre
projet TRAM?BIOSOL, la Trame Brune est incluse dans la Trame Verte.
La Trame Verte urbaine est définie par l?ensemble des espaces végétalisés
utilisés par des organismes invertébrés ou vertébrés vivant à la surface du
sol, capables de se déplacer de plusieurs centaines de mètres/an et dispo-
sant le plus souvent de pattes et/ou d?ailes. Ces invertébrés trouvent leurs
ressources trophiques et/ou un espace de protection contre les prédateurs
au sein des communautés végétales. La localisation des espaces végétali-
sés de la Trame Verte permet en effet de cartographier les surfaces de sols
capables d?assurer une production primaire de ressources alimentaires
pour la biodiversité du sol, et d?identifier ainsi une Trame Brune poten-
tielle.
Cette Trame Brune concerne cependant des organismes plus contraints
en termes de déplacements et de ressources alimentaires, les taxons usa-
gers de la Trame Brune étant associés au sol durant toute la durée de leur
cycle biologique (espèces géobiontes). De plus, à la différence des taxons
utilisateurs de la Trame Verte, ceux de la Trame Brune n?auront accès qu?Ã
certains espaces végétalisés interconnectés du fait de leur faible capaci-
té de dispersion et de franchissement de barrières anthropiques. Ainsi,
la distinction entre Trame Verte et Trame Brune est dépendante du
choix de l?organisme-modèle permettant de répondre à telle ou telle
problématique.
Les réservoirs de la Trame Brune sont également à distinguer de ceux
de la Trame Verte. A l?échelle des organismes du sol, des surfaces de 100
à 500 m² constituent déjà des paysages de grande dimension pour ces
taxons. En effet, du fait des faibles vitesses de déplacement des commu-
nautés lombriciennes, 1.5 à 14 mètres par an environ [7], elles sont suscep-
tibles de coloniser sur le long terme des réservoirs de surface relativement
restreinte comparativement aux réservoirs de Trame Verte qui peuvent
s?étendre sur plusieurs dizaines de km². La surface minimale d?un réser-
voir, nécessaire au maintien des communautés lombriciennes sur le long
terme, n?est cependant pas encore bien délimité dans la littérature scienti-
fique [18]. Néanmoins, un réservoir de Trame Brune doit constituer un
milieu de vie favorable au maintien et au développement des commu-
nautés lombriciennes, c?est-à -dire à niveau d?habitabilité élevé.
/ 93
94 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
CARTOGRAPHIER ET PRÉSERVER LA TRAME BRUNE
URBAINE
Au regard de l?étude TRAM?BIOSOL, plusieurs enseignements peuvent
être retenus pour identifier, préserver et restaurer la Trame Brune ur-
baine:
? La cartographie de la Trame Brune ne fait sens à l?heure actuelle que
par l?identification de zones à haut potentiel d?habitabilité (i.e., potentiels
réservoirs). Cette identification de réservoirs de biodiversité édaphique
nécessite une connaissance urbanistique, historique et pédologique fine
afin d?aboutir à une carte des sols à l?échelle d?une commune voire de ses
quartiers (1/10 000e voire 1/5 000e) et ainsi à une carte de la Trame Brune
potentielle, permettant d?identifier des zones à enjeux qui pourraient
faire, ensuite, l?objet d?un diagnostic des communautés lombriciennes.
? La préservation et/ou la restauration de la Trame Brune peut d?ores
et déjà suivre des règles de décision simples à l?issue du diagnostic lom-
bricien, à savoir (1) mettre en défends les réservoirs lombriciens avé-
rés; (2) restaurer les communautés lombriciennes dans les zones dé-
ficitaires (e.g., sols partiellement ou totalement dégradées, remaniées
récemment?). Dans cette dernière situation, plusieurs cas de figure
peuvent se proposer :
- Les sols présentent une habitabilité élevée et sont en connexion
avec un réservoir : il est hautement probable que les communautés
se restaurent naturellement à partir d?un pool d?espèces existant et/
ou par colonisation (dispersion des lombriciens par leurs propres
moyens), à condition que les communautés aient pu bénéficier d?un
temps suffisant long permettant leur restauration ;
- Les sols présentent une habitabilité élevée et ne sont pas en
connexion avec un réservoir : (1) les communautés peuvent se res-
taurer uniquement à partir d?un pool d?espèces qui aurait été pré-
servé dans des horizons profonds, ou (2) aucun pool d?espèces n?a
pu être préservé (e.g., reconstitution d?un sol profond) ; dans ce cas,
des techniques d?inoculation permettraient de compenser un défi-
cit d?abondance ou de catégories écologiques à un instant t. Dans la
limite d?un milieu d?accueil favorable, il peut s?agir d?introduction de
lombriciens adaptés au milieu d?accueil par prélèvements dans un
milieu naturel local [15], ou encore d?implantation dans le sol d?ac-
cueil, de blocs de sols contenant des lombriciens [19,20,21].
CONCLUSION ET PERSPECTIVES / 95
INTRODUCTION / 95CONCLUSION ET PERSPECTIVES / 95
- Les sols présentent une habitabilité faible : des solutions d?in-
génierie pédologiques peuvent être mises en oeuvre pour produire
des sols à niveau d?habitabilité plus élevé, c?est-à -dire respectant les
critères pédologiques et physico-chimiques nécessaires à l?atteinte
d?une habitabilité élevée à très élevée (cf. Habitabilité des sols). Les
cas de figure précédents peuvent ensuite être remobilisés.
LES ENJEUX DE LA PRISE EN COMPTE DE LA TRAME
BRUNE DANS LA FABRIQUE DE LA VILLE
Jusqu?à récemment, la question des sols ne se posait pas véritablement
dans les processus amont de développement urbain. Les sols naturels
ou agricoles situés en périphérie des villes ont longtemps été considérés
comme de simples réserves foncières dont la seule valeur sociétale était
de permettre l?extension urbaine, aussi bien en zones urbaines que ru-
rales. Depuis les années 1960, l?étalement urbain a ainsi détruit ou dégra-
dé ces sols fertiles qui avaient nourri ces mêmes villes pendant des siècles
après leur installation tout en leur prodiguant d?importantes aménités en-
vironnementales. La prise de conscience progressive, à partir des années
2000-2010, de l?enjeu de préserver les surfaces et les potentialités des sols
a conduit à l?intégrer dans la loi dite Climat et Résilience (2021) qui a défi-
ni l?objectif de Zéro Artificialisation Nette des sols (ZAN) à l?horizon 2050.
L?intégration d?une Trame Brune dans les processus de fabrique de cette
nouvelle ville est nécessaire dès la planification, afin de garantir la déter-
mination de projets en accord avec les services rendus par les sols non
imperméabilisés. En outre, dans un contexte de renaturation comptabili-
sée au titre du ZAN, la désartificialisation de sols dans l?enveloppe urbaine
pourrait contribuer in fine à la reconstitution d?une Trame Brune fonc-
tionnelle. Parmi les fonctions du sol, la fonction « habitat pour la biodiver-
sité » est centrale. En effet, la réalisation des fonctions du sol est en grande
partie assurée par la biodiversité du sol, grâce à des interactions com-
plexes, trophiques et non trophiques, entre les composantes biotiques et
abiotiques du sol. Pour évaluer le fonctionnement biologique des sols, le
bioindicateur lombricien est ainsi apparu comme pertinent au regard de
son statut d?espèce « clé de voûte » et « ingénieur des écosystèmes » (cf.Le
ver de terre comme taxon cible de la TBU).
Néanmoins, au sens du Code de l?environnement, l?absence de cadre ju-
ridique protégeant les sols « pour eux-mêmes », ajoutée au manque de
formation et de sensibilisation des acteurs de l?aménagement (élus, amé-
nageurs, urbanistes, architectes, ?) en relation aux enjeux fonciers, n?en-
96 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
CONCLUSION ET PERSPECTIVES / 97
couragent pas l?intégration des multifonctionnalités de tels sols dans les
processus d?aménagement urbain. A ce jour, l?intégration de la Trame
Brune dépend d?approches volontaires portées par des acteurs attentifs Ã
ces aspects nouveaux de la préservation d?un cadre de vie urbain résilient.
Ces démarches gagneraient à être généralisées, ne serait-ce que pour ga-
rantir la fonctionnalité de la Trame Vertes d?ores et déjà identifiée dans le
SRCE.
La prise en compte de la Trame Brune aux échelles de la planification et
de l?aménagement, a pour objectif de préserver et/ou de restaurer la bio-
diversité des sols susceptible d?optimiser l?ensemble des bénéfices en dé-
coulant.
La préservation/restauration de la biodiversité des sols, évaluée à partir
des vers de terre dans notre cas d?étude, passe par la prise en compte, dans
les démarches de planification et d?aménagement, des deux facteurs li-
mitants de la Trame Brune mis en évidence dans les chapitres 1 et 2 : (1)
l?habitabilité et (2) la continuité des sols (cf. 1.3).
Il semble d?abord nécessaire de clarifier, à l?échelle de la planification ur-
baine, les notions de ZAN et de Trame Brune. En effet, l?étude de la Trame
Brune soulève deux incohérences majeures par rapport aux concepts as-
sociés au ZAN :
? Tout d?abord, la métrique de l?évaluation du ZAN porte sur un pas
de 2500 m2 : or, la Trame Brune se qualifie et se cartographie à des
échelles plus fines, sur des espaces beaucoup plus petits.
? Ensuite, il n?existe aucune cohérence entre la Trame Brune, dans
sa réalité fonctionnelle, et les critères arbitraires d?attribution d?un
caractère artificialisé ou non d?un sol, tels qu'ils ont été définis avec
le couple ?couverture et usage du sol? de la nomenclature OCSGE
(OCcupation du Sol à Grande Echelle). Ainsi, un sol artificialisé au
sens de la nomenclature du ZAN n?implique pas nécessairement
une absence de Trame Brune fonctionnelle. Ces deux notions ne
portent donc pas sur le même objet.
Les postulats du ZAN définis à l?échelle de la planification peuvent être
mis de côté dès lors que l?on rentre dans la logique du projet. La mé-
thode d?évaluation du ZAN à l?échelle du projet reste en effet à inventer.
TRAM?BIOSOL apporte des premiers éléments de réponses opération-
nelles en prenant en compte la couverture pédologique grâce à :
? (1) Des études de terrain, qui ont permis d?introduire le concept
d?anthropisation des sols : cette anthropisation conduisant à des ni-
veaux fonctionnels très variables de ces sols. Ainsi, des sols forte-
ment anthropisés peuvent être très habitables et fertiles.
INTRODUCTION / 97CONCLUSION ET PERSPECTIVES / 97
? (2) Des cartes des sols et des cartes thématiques telle que la carte
de la Trame Brune potentielle et de son habitabilité potentielle.
? (3) Des prélèvements lombriciens sur le terrain permettant de véri-
fier l?habitabilité réelle des sols, et donc vérifier les hypothèses théo-
riques d?habitabilité potentielle. Il a ainsi été constaté que dans le
cas d?une forte habitabilité du sol, quel que soit son état d?anthropi-
sation, les discontinuités ne génèrent que peu d?effet sur le maintien
et la diversité des populations. La question des flux géniques sur le
long terme entre des espaces discontinus se pose néanmoins.
Il ne peut pas y avoir de compréhension de la Trame Brune, ni de la re-
lation entre forme urbaine et biodiversité des sols sans cartographie et
évaluation des sols réalisée à l?échelle des quartiers, permettant de définir
notamment l?habitabilité potentielle de ces sols pour la biodiversité. Ces
premiers résultats montrent le formidable intérêt qu?il y aurait à mieux
connaître les fonctions des sols (habitabilité, fertilité, ?) au sein de la
zone artificialisée de la ville qui apparait aujourd?hui en blanc dans les
cartes pédologiques. A l?avenir, un fort besoin de connaissances des sols Ã
de grandes échelles (1 :5000e ou 1 :10 000e) peut être espéré pour mieux
combiner forme urbaine et biodiversité dans les grands projets urbains.
Ce sera néanmoins aux acteurs de l?aménagement, s'ils sont convaincus,
de prendre en charge l?acquisition de la connaissance de la biodiversité
des sols.
Cette connaissance, une fois acquise, permettrait par rétroaction de dis-
cuter du ZAN sur des bases concrètes à l?échelle du projet, en intégrant
notamment les fonctions remplies par ces sols. C?est donc une possibilité
de traduire le ZAN plus finement à l?échelle du projet, au regard de sa défi-
nition fonctionnelle, qui ouvre l'opportunité de décliner la réglementation
de la loi à l?échelle du projet. Cette traduction pourrait s'opérer (i) par une
recherche d?un équilibre ZAN évaluée à l?échelle du projet, (ii) par l?appli-
cation du principe ERC. Les surfaces et proportions du projet correspon-
dant aux logiques d?évitement, de réduction et de compensation peuvent
être facilement évaluées grâce à la connaissance des sols. Enfin, cela vou-
drait dire qu?il faudrait intégrer aux études d?impact, une cartographie des
sols qui permettrait de rendre compte de l?incidence réelle du projet en
cohérence avec l?objectif ZAN.
Il faudra également stabiliser et préciser la notion de pleine terre. En ef-
fet, la séquence ERC ne pourra s?appliquer qu?aux grands projets soumis
à étude d?impact : comment faire le lien entre la notion de Trame Brune
et celle de pleine terre ? Par exemple, les exigences en matière de pleine
terre pourraient être utilisées lors de la définition de la Trame Brune pour
des petits projets diffus.
98 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
/ 99
Il sera nécessaire de combiner l'approche ERC et l?application du ZAN
dans les grands projets, ainsi que la maîtrise de la Trame Brune dans les
projets diffus avec les exigences de pleine terre, avant d?envisager de nou-
velles logiques de composition des projets urbains qui tiennent compte
de la fonctionnalité de la Trame Brune. Cette ambition porte tant sur la
conception des projets de reconstruction de la ville sur elle-même, que
sur les processus de gestion ultérieurs, pour entretenir et stimuler la vie
biologique des sols par l?adaptation des pratiques d?entretien.
Les deux questions suivantes restent néanmoins toujours sans réponse :
? Comment répondre à la difficulté pour les cartographes des sols
urbains de rendre compte de la complexité et de la diversité des sols
urbains ?
? Comment sensibiliser et acculturer les acteurs de l'aménagement
de la ville pour qu'ils comprennent les enjeux de prise en compte de
la Trame Brune et consentent à commander ces études ?
INTRODUCTION / 99 / 99
BIBLIOGRAPHIE
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HUET (M.) ? Stage M1 BEE Université de Rennes 1 Parcours Stratégie de
Développement. TRAM?BIOSOL. Isolement et naturalité selon les formes
urbaines des quartiers de la commune de Palaiseau. Mai-Juillet 2021. (En-
cadrement D. Cluzeau, J. Maréchal)
LLEDO (K.) - Stage de formation pratique de Master de l?Ecole Nationale
d?Architecture Paris-Val de Seine. TRAM?BIOSOL. Intégration de la Trame
Brune et de la biodiversité lombricienne dans les programmes d?aménage-
ment urbain. Février-Mai 2021. (Encadrement E. Lénack)
CAFFIAUX (P.), NIRLO (C.), PICARD (L.) ? Projet pré-professionnel ?
Ecole Supérieur d?Ingénieurs Géomètres et Topographes. « Préservation
d?une Trame Brune à l?échelle d?un projet d?aménagement : quelle straté-
gie foncière opérer ? ». Octobre 2022-Janvier 2023. (Encadrement M. Des-
rousseaux)
ANNEXES
INTRODUCTION / 105 / 105
ID UTS
S01 LUVISOL TYPIQUE-REDOXISOL limono-argileux à argilo-li-
moneux, épais, sur argile
S02 LUVISOL TYPIQUE-REDOXISOL surrédoxique, limono-argileux
à argileux, épais, sur argile
S03 LUVISOL TYPIQUE, rédoxique, argilo-limoneux, épais, sur argile
limoneuse
S04 ANTHROPOSOL RECONSTITUE, sablo-argileux à sableux, cal-
caire, peu épais, issu de matériaux pédologiques hétérogènes Ã
artéfacts, sur remblai compact
S05 LUVISOL TYPIQUE, limono-argileux, épais, sur argile limoneuse
calcaire
S06 LUVISOL TYPIQUE rédoxique, argilo-limoneux à argileux,
moyennement épais, sur argile compacte
S07 LUVISOL TYPIQUE rédoxique, argilo-limoneux à argileux, cal-
caire, épais, sur argile compacte
S08 ANTHROPOSOL RECONSTITUE sableux, épais, issu de maté-
riaux sableux hétérogènes transportés
S09 LUVISOL TYPIQUE rédoxique, limono-argileux à argilo-li-
moneux, épais, sur argile
S10 ANTHROPOSOL RECONSTITUE, sablo-limono-argileux, à arté-
facts, très peu épais, issu de matériau hétérogène transporté
S11 LUVISOL TYPIQUE rédoxique, sablo-argileux à argilo-sableux,
moyennement épais, sur argile à meulière
S12 LUVISOL TYPIQUE limono-sableux-argileux à argilo-limo-
no-sableux, peu épais, sur argile
S13 LUVISOL TYPIQUE anthropisé, rédoxique, argilo-limoneux,
moyennement épais, remanié et enrichi en matière organique en
surface, sur argile
S14 ANTHROPOSOL RECONSTITUE rédoxique, argilo-limoneux,
moyennement épais, sur argile
S15 LUVISOL TYPIQUE remanié en surface, argilo-limoneux à sa-
blo-argilo-limoneux, moyennement épais, issu de matériau ar-
gilo-sableux
S16 LUVISOL TYPIQUE sablo-argilo-limoneux à argilo-sablo-li-
moneux, peu épais, issu de matériau argilo-sableux
Annexe 1 ? Unités Typologiques de Sols associées à chacune des observations
106 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
S17 ANTHROPOSOL RECONSTITUE argilo-limono-sableux, très
peu épais, issu de matériaux pédologiques transportés, enrichis
en matière organique en surface, sur remblai compact
S18 ANTHROPOSOL RECONSTITUE argilo-limono-sableux, moyen-
nement épais, issu de matériaux pédologiques transportés, enri-
chis en matière organique en surface, sur remblai compact
S19 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argileux à argilo-li-
moneux, moyennement épais, issu de matériaux pédologiques
transportés, enrichis en matière organique en surface, sur rem-
blai compact
S20 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argileux à argilo-li-
moneux, peu épais, issu de matériaux pédologiques transportés,
enrichis en matière organique en surface, sur remblai compact
S21 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-sableux, très peu épais,
issu de matériaux pédologiques transportés enrichis en matière
organique, sur remblai compact
S22 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argileux, moyenne-
ment épais, issu de matériaux pédologiques transportés, enrichis
en matière organique en surface, sur remblai compact
S23 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argileux, peu épais, Ã
artéfacts, issu de matériaux pédologiques transportés enrichis en
matière organique
S24 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argileux, moyenne-
ment épais, issu de matériaux pédologiques transportés, enrichis
en matière organique en surface, sur remblai compact
S25 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-sableux, très peu épais,
issu de matériaux pédologiques transportés à artéfacts, sur rem-
blai compact
S26 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-sableux à limoneux,
calcaire, peu épais, issu de matériaux transportés pédologiques,
sur remblai compact
S27 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argileux à argilo-li-
moneux, peu épais, issu de matériaux pédologiques transportés,
enrichis en matière organique en surface, sur remblai compact
S28 ANTHROPOSOL RECONSTITUE rédoxique, limono-argileux Ã
argilo-limoneux, épais, issu de matériaux pédologiques trans-
portés, sur LUVISOL décapé
INTRODUCTION / 107ANNEXES / 107
S29 LUVISOL TYPIQUE anthropisé, limono-sablo-argileux à argi-
lo-limono-sableux, moyennement épais, issu de matériaux pé-
dologiques transportés, sur LUVISOL décapé
S30 ANTHROPOSOL RECONSTITUE, limono-sablo-argileux, peu
épais, légèrement calcaire, issu de matériaux pédologiques
transportés, sur remblai compact hétérogène
S31 LUVISOL TYPIQUE rédoxique, limoneux à argilo-limoneux,
épais, sur argile limoneuse
S32 LUVISOL TYPIQUE rédoxique, argilo-limoneux à argileux, épais,
sur argile
S33 ANTHROPOSOL RECONSTITUE, limono-argileux à argilo-li-
moneux, calcaire, peu épais, à charge grossière, issu de maté-
riaux pédologiques transportés sur remblai compact
S34 ANTHROPOSOL RECONSTITUE rédoxique, limono-argileux Ã
argilo-limoneux, moyennement épais, issu de matériaux pédo-
logiques transportés sur remblai compact
S35 ANTHROPOSOL RECONSTITUE surrédoxique, limono-argi-
lo-sableux à argilo-sablo-limoneux, calcaire, épais, issu de maté-
riaux pédologiques transportés sur argile
S36 ANTHROPOSOL RECONSTITUE rédoxique, limono-argileux Ã
argileux, hétérogène, calcaire en sous-face, épais, issu de maté-
riaux pédologiques transportés sur argile limoneuse
S37 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argileux à argileux,
hétérogène, épais, calcaire en surface, issu de matériaux pédolo-
giques transportés sur argile limoneuse
S38 ANTHROPOSOL RECONSTITUE surrédoxique, limono-argileux,
épais, issu de matériaux pédologiques transportés, sur LUVISOL
enfoui
S39 ANTHROPOSOL RECONSTITUE ? REDOXISOL surrédoxique,
argilo-limoneux, épais, issu de matériaux pédologiques trans-
portés, sur argile limoneuse
S40 LUVISOL TYPIQUE rédoxique, argilo-limoneux, épais
S41 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argileux, moyenne-
ment épais, issu de matériaux pédologiques transportés, sur ar-
gile compacte
S42 ANTHROPOSOL RECONSTITUE rédoxique, limono-argileux Ã
limono-sablo-argileux, épais, issu de matériaux pédologiques
anthropisés, sur remblais compacts
108 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
S43 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argilo-sableux, cal-
caire, peu épais, issu de matériaux pédologiques transportés, sur
remblais
S44 ANTHROPOSOL RECONSTITUE argilo-sableux à sablo-li-
moneux, calcaire en profondeur, épais, issus de matériaux pédo-
logiques transportés à charge grossière, sur remblais
S45 ANTHROPOSOL RECONSTITUE argilo-limono-sableux, cal-
caire, moyennement épais, à horizon humifère de surface, issu
de matériaux pédologiques transportés à charge grossière, sur
remblais
S46 ANTHROPOSOL RECONSTITUE argilo-limoneux à limono-argi-
lo-sableux, peu épais, issu de matériaux pédologiques transpor-
tés anthropisés, calcaires en profondeur, sur remblais
S47 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argileux, calcaire,
moyennement épais, issu de matériaux pédologiques transpor-
tés caillouteux, sur remblais
S48 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argileux, peu épais,
issu de matériaux pédologiques transportés, sur remblai com-
pact
S49 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-sableux, calcaire, peu
épais, issu de matériaux pédologiques transportés, sur remblai
compact
S50 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argileux, peu épais,
issu de matériaux pédologiques transportés, sur remblai com-
pact
S51 LUVISOL TYPIQUE rédoxique, argilo-limoneux, épais, anthropi-
sé en surface, sur argile
S52 ANTHROPOSOL RECONSTITUE argilo-sableux, faiblement cal-
caire, peu épais, issu de matériaux pédologiques transportés sur
remblai compact
S53 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argileux, calcaire,
moyennement épais, issu de matériaux pédologiques transpor-
tés, sur remblai calcaire
S54 LUVISOL TYPIQUE rédoxique, limoneux à limono-argileux,
épais, sur argile
S55 LUVISOL TYPIQUE limoneux à limono-argileux, moyennement
épais, sur argile
INTRODUCTION / 109ANNEXES / 109
S56 LUVISOL TYPIQUE rédoxique, limono-argileux à argileux,
moyennement épais, sur argile
S57 LUVISOL TYPIQUE limono-argileux, anthropisé en surface,
moyennement épais, sur argile
S58 ANTHROPOSOL RECONSTITUE argilo-limoneux, calcaire,
moyennement épais, issu de matériaux pédologiques calcaires,
caillouteux en profondeur, sur remblai compact
S59 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argileux à argilo-li-
moneux, faiblement calcaire, moyennement épais, issu de maté-
riaux pédologiques transportés sur remblai compact
S60 ANTHROPOSOL RECONSTITUE argilo-limoneux, calcaire,
moyennement épais, issu de matériaux pédologiques transpor-
tés, sur remblai compact
S61 ANTHROPOSOL RECONSTITUE argileux à limoneux, peu épais,
à horizon organique enfoui, sur remblai compact
S62 LUVISOL TYPIQUE rédoxique, limono-argileux, peu épais, sur
argile
S63 LUVISOL TYPIQUE limono-sableux à limono-argileux, moyen-
nement épais, anthropisé en surface, sur argile
S64 LUVISOL TYPIQUE rédoxique, argilo-limoneux, épais, sur argile
S65 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-sableux, très peu épais,
compacté, issu de matériaux pédologiques transportés, sur rem-
blai compact
S66 ANTHROPOSOL RECONSTITUE rédoxique, argilo-limoneux Ã
limono-argileux, épais, calcaire en profondeur, issu de matériaux
pédologiques transportés, sur remblai sableux compact
S67 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argileux, faiblement
calcaire, peu épais, issu de matériaux pédologiques transportés,
sur remblai compact
S68 ANTHROPOSOL RECONSTITUE argilo-limoneux, faiblement
calcaire, moyennement épais, issu de matériaux pédologiques
transportés, sur remblai compact
S69 ANTHROPOSOL RECONSTITUE rédoxique, argilo-limoneux Ã
argileux, épais, issu de matériaux pédologiques transportés, sur
remblai compact
110 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
S70 ANTHROPOSOL RECONSTITUE rédoxique, limono-argileux Ã
argilo-limoneux, moyennement épais, issu de matériaux pédolo-
giques transportés à charge grossière calcaire, sur remblai com-
pact
S71 ANTHROPOSOL RECONSTITUE rédoxique, limono-argileux,
moyennement épais, issu de matériaux pédologiques transpor-
tés sur remblai compact
S72 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argileux, calcaire, peu
épais, issu de matériaux pédologiques transportés sur remblai
caillouteux calcaire compact
S73 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argileux à argilo-li-
moneux, moyennement épais, faiblement calcaire en profon-
deur, issu de matériaux pédologiques transportés, sur remblai
compact
S74 ANTHROPOSOL RECONSTITUE argileux à argilo-limo-
no-sableux, moyennement épais, enrichi en matière organique
en surface, issu de matériaux pédologiques transportés, sur rem-
blai argileux
S75 LUVISOL TYPIQUE-REDOXISOL, limono-argileux, moyenne-
ment épais, anthropisé en surface
S76 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-sableux à argi-
lo-sableux, moyennement épais, issu de matériaux pédologiques
transportés hétérogènes, sur argile compacte
S77 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-sableux, calcaire, très
peu épais, issu de matériaux pédologiques transportés enrichis
en matière organique, sur remblai compact
S78 LUVISOL TYPIQUE-REDOXISOL limono-argileux, moyenne-
ment épais, sur argile
S79 ANTHROPOSOL RECONSTITUE argilo-limoneux, très peu
épais, issu de matériaux pédologiques caillouteux transportés
sur argile compacte
S80 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argileux à argilo-li-
moneux, calcaire, graveleux, enrichi en matière organique en
surface, très peu épais, issu de matériaux pédologiques transpor-
tés sur remblai compact
S81 LUVISOL TYPIQUE-REDOXISOL, limono-argileux à argileux,
peu épais, sur argile
INTRODUCTION / 111ANNEXES / 111
S83 ANTHROPOSOL RECONSTITUE-REDOXISOL limono-argileux,
calcaire, épais, issu de matériaux pédologiques transportés sur
LUVISOL décapé
S84 LUVISOL TYPIQUE-REDOXISOL limono-argileux à argileux,
épais, sur argile
S85 ANTHROPOSOL RECONSTITUE rédoxique, limono-argileux Ã
argilo-limoneux, épais, issu de matériaux pédologiques trans-
portés enrichis en MO, sur LUVISOL tronqué
S88 ANTHROPOSOL RECONSTITUE rédoxique, limoneux à limo-
no-argileux, épais, issu de matériaux pédologiques transportés
sur LUVISOL décapé
S89 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limoneux à limono-sableux,
calcaire, peu épais, issu de matériaux pédologiques transportés
sur remblai compact
S90 LUVISOL TYPIQUE anthropisé, rédoxique, limono-argileux Ã
argileux, épais, avec apport de matériau pédologique calcaire et
enrichi en matière organique en surface, sur argile
S91 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argileux, rédoxique,
calcaire, moyennement épais, issu de matériaux pédologiques
transportés sur argile compacte
S92 LUVISOL TYPIQUE-REDOXISOL anthropisé, limono-argileux Ã
argileux, calcaire, moyennement épais, avec apport de matériaux
pédologiques transportés et enrichis en matière organique en
surface, sur argile
S94 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argileux, calcaire, Ã
charge grossière, moyennement épais, issu de matériaux pédo-
logiques transportés, sur argile
S95 ANTHROPOSOL RECONSTITUE rédoxique limono-argileux Ã
argileux, calcaire, épais, issu de matériaux pédologiques trans-
portés, sur argile
S97 ANTHROPOSOL RECONSTITUE-REDOXISOL limono-argi-
lo-sableux à sablo-argileux, épais, issu de matériaux pédolo-
giques transportés enrichis en matière organique en surface, sur
argile
S99 LUVISOL TYPIQUE-REDOXISOL limono-argileux à argileux,
épais, sur argile
REMERCIEMENTS
INTRODUCTION / 113 / 113
Toute l?équipe de TRAM?BIOSOL souhaite remercier l?ensemble des per-
sonnes ayant contribué au projet :
? Le PUCA pour le subventionnement du projet, l?organisation des ren-
contres acteurs-chercheurs, et en particulier Sophie Carré pour le suivi
du projet et pour son aide dans l?organisation du séminaire de restitution
final du 5 juin 2024.
? L?ensemble des stagiaires et à l?équipe de Sol Paysage pour la collecte de
données de terrain, leur contribution aux réflexions méthodologiques, et
rapports de stage : Suzanne Nourry, Kevin Lledo, Mathilde Huet, Adam
Derder, Kilian Ringelstein, Alexane Leprisé, Howaida Abbas, Rebecca
Dingkuhn, Adama Diedhiou, Jean-Pierre Rossignol.
? Sarah Guillocheau pour la détermination taxonomique des lombriciens.
? Les membres du groupe de travail « planification » pour leur contribu-
tion aux réflexions : Gil Melin, Léa Assouline, Frédéric Ségur, Philippe
Branchu.
? Frédéric Ségur pour la contribution à la rédaction de la partie 3.
? Les habitants de Palaiseau et les équipes de la ville pour les autorisations
d?accès aux parcelles.
CONSEIL SCIENTIFIQUE DU
PROGRAMME BAUM
INTRODUCTION / 115 / 115
Hélène Peskine, secrétaire permanente du PUCA (2017-2024),
co-présidente du Conseil scientifique
Philippe Clergeau, professeur émérite au Muséum national d'his-
toire naturelle (MNHM), directeur scientifique du programme BAUM,
co-président du Conseil scientifique
Xavier Lagurgue, architecte DPLG associé XLGD architectures, pro-
fesseur à l?Ecole nationale supérieure d?architecture Paris-La-Villette
(ENSAPLV), chercheur GERPHAU EA 7486, associé CESCO, UMR 7204
Sébastien Barot, directeur de recherche à l'Institut de la recherche et
du développement (IRD), à l'Institut d'écologie et des sciences de l'en-
vironnement-Paris (IEES-Paris)
Corinne Tiry-Ono, architecte, professeure à l'Ecole nationale supé-
rieure d?architecture Paris-Val de Seine (ENSAPVS), laboratoire CRH
- UMR LAVUE, associée au CRCAO
Stéphane Garnaud-Corbel, chef de service adjoint, Service « Anthro-
pisation et fonctionnement des écosystèmes terrestres », Office fran-
çais de la biodiversité (OFB), Direction de la recherche et de l?appui
scientifique
Elodie Briche, PhD / coordinatrice R&D Urbanisme Durable, Ademe,
Pôle Aménagement des villes et territoires (PAVT)
Cécile Vo Van, directrice de projet Nature en ville et Solutions fondées
sur la nature (SFN), Cerema Territoires et ville
Eduardo Blanco, docteur en aménagement de l?espace, urbanisme,
chef de projets chez Energy Cities
Valérie Charollais, directrice de la Fédération nationale des Conseils
d?architecture, d?urbanisme et de l?environnement (FNCAUE)
Morgane Flegeau, urbaniste géographe, maîtresse de conférences en
géographie et aménagement, Université de Lorraine, Laboratoire LO-
TERR (EA 7304)
Sabine Bognon, urbaniste géographe, maîtresse de conférences Ã
l?École d?Urbanisme de Paris, laboratoire Lab?urba
Sandrine Larramendy, chargée de mission "Approches intégrées Vé-
gétal-Paysage-Urbanisme", Plante et Cité
Marc Bourgeois, maître de conférences en géographie et aménage-
ment, HDR, Faculté des lettres et civilisations, Université Jean Moulin
Lyon 3, UMR Environnement, Ville, Société - 5600 CNRS
116 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
Thomas Redoulez, délégué général, Union professionnelle du génie
écologique (UPGE) (jusqu'en juillet 2023)
Anaïs Leger-Smith, ingénieure paysagiste, enseignante-chercheuse Ã
l?École nationale supérieure d?architecture de Toulouse (ENSAT), la-
boratoire de recherche en architecture (LRA)
Simon Trauet, chef de projet Trame verte et bleue et Nature en ville,
Direction générale de l?aménagement, du logement et de la nature
(DGALN), Direction de l?eau et de la biodiversité (DEB), Sous-direc-
tion de la protection et de la restauration des écosystèmes terrestres,
Bureau de la politique de la biodiversité
Yannick Autret, expert transport, énergie et environnement, Commis-
sariat général au développement durable (CGDD), Service recherche
et innovation
Florence Drouy, cheffe du Bureau des villes et territoires durables,
Direction générale de l'aménagement, du logement et de la nature
(DGALN), Direction de l'habitat, de l'urbanisme et des paysages
(DHUP), Sous-direction de l?aménagement durable
INTRODUCTION / 117 / 117
POUR ALLER PLUS LOIN
La trame brune - TBr - urbaine reste méconnue en
tant que trame écologique pour la biodiversité des
sols alors qu?elle pourrait constituer un pivot décisif
pour une application opérationnelle cohérente des
politiques publiques convergeant vers le « zéro arti-
ficialisation nette ». Le projet Tram?BioSol a permis
d?étudier l?intégration de la TBr et de la biodiversité
lombricienne des sols dans les programmes d?amé-
nagement urbain. Cette intégration n?est cependant
possible que sur la base d?une compréhension com-
mune et partagée de ce concept encore émergent,
et des méthodes de diagnostics sur le terrain. Cet
ouvrage propose un cadre conceptuel de la TBr ur-
baine ainsi qu?une démarche méthodologique pour
la localiser et la caractériser à l?échelle des quartiers.
Organisme national de recherche et d?expérimentation
sur l?urbanisme, la construction et l?architecture, le Plan
Urbanisme Construction Architecture, PUCA, développe
à la fois des programmes de recherche incitative, et des
actions d?expérimentations. Il apporte son soutien Ã
l?innovation et à la valorisation scientifique et technique
dans les domaines de l?aménagement des territoires, de
l?habitat, de la construction et de la conception architec-
turale et urbaine.
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JFB
Date : 23/07/2019
JEANNE MARÉCHAL, XAVIER MARIÉ,
DANIEL CLUZEAU, ETIENNE LÉNACK,
MAYLIS DESROUSSEAUX
TRAM?BIOSOL
(ATTENTION: OPTION ammatique par la collectivité territo-
riale compétente, ce qui correspond au 1er niveau de la stratégie d?amé-
nagement. Pour que la notion de Trame Brune soit prise en compte, elle
doit apparaître dans le contrat de concession d?aménagement comme
une demande du concédant, en cohérence avec les OAP éventuelles, afin
d?être intégrée dans le programme et le projet futur. Les études préalables
78 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
de diagnostic des sols doivent permettre de produire, pour la phase de
programmation, un cahier des charges avec des indications pour pré-
server la qualité physique, chimique et biologique des sols afin d?opti-
miser leur habitabilité au moment de leur reconstitution. Mais ce cahier
des charges doit également identifier les différents itinéraires techniques
envisageables selon le contexte des opérations, afin d?orienter le travail
des équipes de maîtrise d?oeuvre. La forme urbaine aura aussi un impact
majeur sur la valorisation de la Trame Brune tout comme les différents
processus d?aménagement associés à chaque type de formes urbaines.
La connaissance du sol doit donc être en dialogue avec la définition de la
forme urbaine, le plus en amont possible du projet.
Phase de conception et d?élaboration du projet
Le travail de conception du projet doit intégrer l?objectif d?élaboration
d?un modèle théorique de sol reconstitué à forte habitabilité permettant
d?assurer la réussite du projet de plantation. Ce modèle intègre deux ob-
jectifs complémentaires, (1) un objectif d?habitabilité du sol et (2) un ob-
jectif de continuité de la Trame Brune.
En ce qui concerne l?habitabilité, elle repose principalement sur le besoin
d?une épaisseur suffisante du sol (existant préservé ou recréé) assurant la
présence de tous les étages pédologiques nécessaires à la survie des dif-
férentes communautés lombriciennes (en tant qu?indicateur du fonction-
nement de l?ensemble de la biodiversité du sol), afin qu?elles puissent se
développer et assurer les fonctions biotiques ou abiotiques positives pour
la fertilité du sol (incorporation de la matière organique) et le cycle de
l?eau (action sur les capacités d?infiltration et de rétention en eau du sol.
Pour ce qui est des continuités à assurer pour permettre le déplacement
des espèces et les flux géniques entre populations, un indice de connec-
tivité du sol reconstitué au sein de l?emprise projet (cf. Figure 37) et du
sol jouxtant l?emprise projet (c?est-à -dire les potentiels réservoirs de bio-
diversité) pourrait être créé. Le projet se compose néanmoins d?obstacles
entrainant une altération de cette connectivité avec notamment la cou-
pure des bâtiments, des voiries, voire des réseaux. Pour limiter cet effet de
barrières interrompant la Trame Brune, il faudra agir sur la géométrie du
projet (position des bâtiments par rapports aux corridors pédologiques),
mais également imaginer des solutions constructives permettant d?em-
barquer les fonctions pédologiques du sol dans la réalisation de ces in-
frastructures (revêtements perméables, drain d?aération, mélanges terre/
pierre, ?) (Figures 33, 34 et 35).
INTRODUCTION / 79INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE DANS LES PROCESSUS D'AMÉNAGEMENT URBAIN / 79
Figure 33 ? Proposition de projet incluant des adaptations en faveur des continuités écologiques
Figure 34 ? Exemple d?adaptation constructive pour une voirie
Parc urbainParc urbain Tissu mixteTissu mixte FricheFricheTissu mixteTissu mixte Zones d'activitésZones d'activités Réservoir "ENAF"Réservoir "ENAF"
Bâtiment sur Bâtiment sur
terre-pleinterre-plein
Voierie 16mVoierie 16m Bâtiment sur Bâtiment sur
parkingparking
Voierie 7mVoierie 7mVoierie 20mVoierie 20m
Voierie 7mVoierie 7m
80 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
Figure 35 : Exemple d?adaptation constructive pour un bâtiment : la solution sur pilotis pour
garder le sol et les racines en place est une technique assez développée au Canada ainsi qu?aux
Etats-Unis.
Figure 36 : Exemple d?adaptation constructive pour un bâtiment avec parking souterrain : Il
existe un vide sanitaire sous le bâtiment qui réduit l?impact sur la vie des sols notamment grâce
à la circulation de l?air et potentiellement de l?eau.
Bâtiment sur terre-pleinBâtiment sur terre-plein
Bâtiment sur parkingBâtiment sur parking
INTRODUCTION / 81INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE DANS LES PROCESSUS D'AMÉNAGEMENT URBAIN / 81
Sur le même principe, la continuité de la Trame Brune peut s?envisager
en couverture d?une infrastructure enterrée. Il suffit alors de garantir d?as-
surer une profondeur minimale et une continuité du sol mis en place en
couverture (Figure 36). Pour que l?habitabilité du sol reste élevée, il est
important de penser la relation eau/sol/air/plante sur le long terme, car
la stabilité des écosystèmes ne s?acquiert que dans la durée.
Phase de réalisation du projet
Les pièces contractuelles du marché doivent présenter des préconisa-
tions opérationnelles pour le chantier afin de minimiser les impacts sur
la Trame Brune (préserver l?habitabilité) et sur la végétation à conser-
ver. Un clôturage fixe des parties à préserver est souvent la seule solution
pour mettre en défens certains espaces. La diffusion de ces règles n?étant
néanmoins pas une garantie, il est donc nécessaire d?agir sur deux autres
leviers : (1) un levier pédagogique destiné aux acteurs des entreprises
réellement présents sur le chantier et qui n?ont que rarement connais-
sance des exigences écrites dans les dossiers de consultation ; (2) l?autre
levier complémentaire indispensable est financier, sous forme de péna-
lités suffisamment dissuasives pour garantir un effort d?organisation et de
protection de la part des entreprises.
Une autre phase cruciale à surveiller concerne tous les travaux de terras-
sement, stockages des terres et reconstitution des sols. Le maître d?oeuvre,
qui n?est pas toujours expert de ces sujets et des exigences pédologiques,
doit alors se faire assister d?un bureau d?étude spécialiste de ces sujets. En
effet, ce qui est mal fait au départ est souvent définitivement perdu, et il
est illusoire de rechercher a posteriori des solutions correctives.
Enfin, en ce qui concerne plus spécifiquement les exigences liées à la
Trame Brune, l?évaluation de la conformité des ouvrages pédologiques
devra analyser l?habitabilité potentielle des sols, car à la livraison, il n?y
aura pas encore les abondances et les richesses taxonomiques de tous les
vers de terre indicateurs qui s?installent successivement dans le temps. Il
faudra également, en ce qui concerne les arbres plantés en motte, véri-
fier les communautés lombriciennes issues des pépinières. Des modèles
prédictifs en cours de réflexion permettront sans doute prochainement
d?avoir des idées de la cinétique de remise en place d?un équilibre de la
biodiversité lombricienne des sols reconstruits. Néanmoins, il faut penser
que ce temps d?évaluation de la refonctionnalisation écologique des sols
ne pourra s?évaluer qu?au bout de plusieurs années.
82 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
Exploitation ultérieure de la Trame Verte et de la Trame
Brune par le gestionnaire
Le projet doit également donner des clés pour accompagner le travail du
gestionnaire vers l?état d?équilibre de la trame paysagère recherché. Un
projet de paysage ou de renaturation n?est pas achevé lors de sa réalisa-
tion, il débute seulement ! La prise en compte de la dynamique du pay-
sage est donc une nécessité malheureusement trop souvent oubliée par
les équipes de maîtrise d?oeuvre qui connaissent assez mal généralement
les techniques et enjeux liés à l?entretien des formes paysagères. Un dia-
logue entre la conception et la gestion doit donc également exister tout
au long du projet pour permettre d?envisager cette dynamique temporelle
d?évolution du paysage. En ce qui concerne l?évaluation de la réussite de
l?installation de la Trame Brune, il sera intéressant que le gestionnaire
s?approprie également un protocole de suivi. Cette évaluation se fera Ã
+5ans et/ou +10 ans après l?installation des sols, et portera sur l?étude des
communautés de vers de terre, mais aussi sur les dynamiques de crois-
sance des plantations, les deux permettant d?estimer le niveau de fertilité
atteint par le sol.
Lien avec la séquence ERC dans le projet d?aménagement
Si on considère que les enjeux juridiques actuels liés à la biodiversité,
concernent également les espèces animales qui sont présentes dans les
sols, alors l?application de la logique ERC peut s?appliquer finement à la
prise en compte de la biodiversité des sols dans les projets d?aménage-
ment (Figure 37).
? Evitement : il s?agirait de mettre en application la démarche pro-
posée par le programme TRAM?BIOSOL par une identification des
zones de l?emprise de projet selon les différents degrés de fonction-
nalité de la Trame Brune, en termes de continuité/discontinuité et
obstacles à franchir et d?habitabilité. L?habitabilité définissant la
qualité du réservoir comme habitat favorable à la biodiversité, ce
degré d?habitabilité des sols est classé en 3 à 5 classes. Après Iden-
tification des zones avec le degré d?habitabilité de plus élevée, il
conviendrait de recommander d?éviter de modifier ces sols pour
éviter la dégradation des habitats favorables à la biodiversité. Le
maintien de l?habitabilité des sols et l?évitement de sa dégradation
nécessitent la décision de mesures conservatoires.
? Réduction : cette partie concerne majoritairement les processus
de travaux. Il s?agit d?identifier et de formaliser des recommanda-
tions et exigences techniques à inscrire dans le projet d?aménage-
ment et à traduire dans les pièces de ses marchés de travaux. Les
INTRODUCTION / 83INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE DANS LES PROCESSUS D'AMÉNAGEMENT URBAIN / 83
Figure 37 - Exemple de séquence ERC appliquée à la Trame Brune (propositions TRAM?BIO-
SOL)
84 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
objectifs porteront sur les moyens de minimiser pour les sols exca-
vés, l?impact des travaux d?excavation, de stockage et de remise en
oeuvre. Il se complète d?une recherche dans la planification du pro-
jet, de conditions permettant la connexion entre habitats préservés
et remaniés.
? Compensation : même si elle doit être limitée et considérée
comme le choix ultime, elle est malheureusement une réalité de la
démarche d?aménagement urbain soumis à des injonctions souvent
contradictoires. Elle concerne par exemple, le démontage du sol et
sa remise en forme à un autre endroit dans une logique de désarti-
ficialisation. D?où le besoin de connaître les secteurs à renaturer et
les besoins liés au renforcement des continuités de la Trame Verte.
Là également, des recommandations et des exigences techniques
doivent être clairement précisées dans les documents du projet
afin de reconstituer des sols à forte habitabilité potentielle et de
reconstruire des connexions. Des techniques d?inoculation (bacté-
ries, champignons, vers de terre, ?) sont à tester pour accélérer la
refonctionnalisation écologique de ces néo-sols.
En conclusion, en ce qui concerne la partie opérationnelle de la fabrique
de la ville, il existe de nombreuses pistes de solutions organisationnelles,
conceptuelles et techniques, qui rendent possible la prise en compte de
la Trame Brune comme complément des mesures en faveur de la biodi-
versité, mais surtout comme garantie de réussite de l?installation d?une
Trame Verte pouvant maximiser des bénéfices écosystémiques.
Aussi est-il aujourd?hui nécessaire de sortir du champ de la recherche
pour développer des indicateurs opérationnels adaptés à chaque étape
de la fabrique de la ville, de la planification territoriale à l?aménagement
et jusqu?au suivi de son devenir dans le temps.
Il nous semble donc que les approches et recommandations produites
dans ce chapitre pourraient alimenter l?approche réglementaire des
Trames Verte et Bleue des documents d?urbanisme, en permettant d?al-
ler vers une évolution de la définition de la Trame Verte qui inclurait la
Trame Brune comme support de cette même Trame Verte (Figure 38).
L?objectif de maximiser les services écosystémiques associés à la végéta-
tion, notamment par rapport aux enjeux de lutte contre les îlots de cha-
leurs et de rafraîchissement de la ville, est la principale valeur ajoutée qui
serait apportée aujourd?hui par la prise en compte de la Trame Brune.
INTRODUCTION / 85INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE DANS LES PROCESSUS D'AMÉNAGEMENT URBAIN / 85
Figure 38 - Echelles de prise en compte des sols et de leur biodiversité pour la planification et
l?aménagement
LE CAS D?ÉTUDE DE LA COMMUNE DE PALAISEAU :
QUELLE STRATÉGIE FONCIÈRE OPÉRER ?
Sur le territoire de la commune de Palaiseau, une étude a été menée afin
d?analyser la possibilité d?intégrer la Trame Brune dans les documents
d?urbanisme. Parmi les documents du PLU de la commune de Palai-
seau, le secteur d?une OAP a été plus particulièrement étudié. Il s?agit de
l?OAP« Plateau (Croix de Villebois) » qui présente des enjeux signifi-
catifs en matière de préservation et de mise en valeur de la Trame Verte.
L?idée serait d?introduire une OAP thématique Biodiversité dans le PLU
de Palaiseau qui intègrerait les enjeux de prise en compte de la Trame
Brune, et qui devrait dialoguer avec une OAP Mobilité, car les axes de
communication sont souvent des éléments de coupure des continuités
écologiques. Cette modélisation a été pour le moment appliquée au sec-
teur du territoire retenu pour l?étude.
86 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
Figure 39 - Exemple d'OAP Biodiversité
La représentation ci-dessus montre comment cette prise en compte peut
être illustrée dans les documents de planification. La Trame Brune est en
effet la condition même d?existence de la Trame Verte et permet d?élargir
la prise en compte des enjeux de biodiversité (Figure 39).
Dans un contexte urbanisé, il est facilement imaginable d?avoir une bande
de terrain en fond de parcelle, s?étendant de part et d?autre de la limite,
avec dans le règlement écrit, la limitation du travail de la terre et des clô-
tures n?ayant pas de semelles filantes. Dans un contexte agricole, cette
solution est moins intéressante. Une bande traversant un champ où le la-
bour serait interdit va à l?encontre des pratiques de culture actuelles.
Afin de matérialiser dans les documents de planification l?objectif de pé-
rennisation de la Trame Brune, il est important d?analyser la matrice ca-
dastrale afin de voir si la géométrie du parcellaire est compatible avec les
notions de continuité du sol vivant. Ce découpage du parcellaire doit être
également analysé en lien avec la diversité des propriétaires présents et
la répartition entre la nature publique ou privée des propriétaires. Cette
INTRODUCTION / 87INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE DANS LES PROCESSUS D'AMÉNAGEMENT URBAIN / 87
connaissance précise permet de proposer des stratégies foncières adap-
tées à la préservation de la continuité de la Trame Brune.
Figure 40 - Matérialisation de la Trame Brune dans une logique de maitrise foncière
Le schéma ci-dessus illustre une hypothèse de matérialisation de la Trame
Brune dans une logique de maîtrise foncière (Figure 40).
L?hypothèse d?une maîtrise totale du foncier par une stratégie d?acquisi-
tion foncière apparaît d?office comme complexe, difficilement justifiable
et finalement souvent non adaptée. Une logique de découpage du foncier
permettant d?identifier la continuité écologique de manière plus perti-
nente sur le parcellaire, afin de lui appliquer un zonage de protection de
la Trame Verte spécifique semble plus réaliste (Figures 41 & 42). Reste Ã
identifier quels outils de maîtrise foncière conviendraient pour s?assurer
de la pérennisation de ladite trame.
88 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
Figure 41 - Exemple de divisions parcellaires intégrant un corridor écologique
Figure 42 - Exemple de nouveau zonage considérant les corridors écologiques
Corridor écologique
Parcelle cadastrale
Numéro de parcelle
Corridor écologique
Parcelle cadastrale
Zone au sens du PLU
INTRODUCTION / 89INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE DANS LES PROCESSUS D'AMÉNAGEMENT URBAIN / 89
L?acquisition foncière présente à cet égard des inconvénients notables. En
plus d?être coûteuse à l?achat, la gestion et l?entretien des parcelles restent
à la charge de la personne publique. Il faudrait par ailleurs, soit que le pro-
priétaire consente à la vente, soit que le bien soit mis en vente et compris
dans un périmètre de préemption, soit enfin que le bien puisse être expro-
prié (ce qui questionne sur la légalité de la déclaration d?utilité publique).
Les servitudes d?urbanisme entraînant l?inconstructibilité d?un bien ne
sont pas indemnisables, ce qui les rend difficilement acceptables par les
propriétaires qui les subissent.
Ces espaces, au lieu d?être mis en réserve, pourraient être vendus à des
tiers, qui constitueraient un ensemble de jardins privatifs sur lesquels des
prescriptions d?urbanisme, des prospects, un règlement spécifique ou un
cahier des charges de lotissement peuvent être appliqués.
L?agencement du foncier va alors ici être impacté et pensé selon ce règle-
ment. Enfin, l?aménagement pourrait être pensé dans le cadre de la légis-
lation relative au lotissement et le passage de la Trame serait préservé par
l?aménageur ; ensuite, sa pérennisation serait assurée par le règlement du
lotissement. Ce qui, éventuellement, pourrait par la suite, faire obstacle Ã
des projets de densification (Figure 43).
Figure 43 - Exemple de division foncière intégrant un corridor écologique au sein d'un lotisse-
ment
Parcelle cadastrale
Numéro de parcelle
Habitation
Route
Corridor écologique
90 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
Enfin, la maîtrise de la continuité de la Trame Brune peut être envisagée
avec l?utilisation d?un mécanisme de servitude, plus souple et ne né-
cessitant pas un contrôle total du foncier. Il existe différents mécanismes
de servitude : la servitude conventionnelle peut être envisagée s?il existe
un fonds dominant et un fonds servant21ne pouvant être réunis dans les
mains d?un même propriétaire. Étant donné le découpage foncier exis-
tant, il y aura nécessairement autant de servitudes que de parcelles tra-
versées par la Trame Brune, qui seraient définies, chacune, comme fonds
servant (Figure 44).
Du fait de son objectif ci-présent, la servitude conventionnelle n?a d?intérêt
que si elle est continue entre différents espaces servant de réservoir à la Trame
Brune. Cette servitude vise donc à relier ces réservoirs, par ce type de corridor,
afin de favoriser un brassage génétique des populations sur le long terme.
2 Le fonds (ou le terrain) est dit dominant lorsque la servitude est créée à son avantage.
Le fonds est servant lorsqu'il supporte la servitude, sans que cela crée un avantage pour
le propriétaire du terrain.
Figure 44 - Exemple de servitude
Parcelle cadastrale
Numéro de parcelle
Servitude
Fonds dominant
Corridor écologique
Fonds servant
INTRODUCTION / 91INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE DANS LES PROCESSUS D'AMÉNAGEMENT URBAIN / 91
Autre forme de servitude, le mécanisme de création d?une servitude dite
écologique ou environnementale ayant un objectif exclusivement de
préservation de l?environnement est actuellement à l?étude. Elle se rap-
proche de celui d?obligation réelle environnementale (Art. L. 132-3 du
Code de l?environnement) et pourrait trouver des applications dans cer-
taines situations pour la préservation de la Trame Brune.
Enfin, par le biais d?une loi, une servitude d?utilité publique ayant pour
objet la préservation des sols pourrait être créée (en prévoyant un méca-
nisme d?indemnisation).
En conclusion, plusieurs mécanismes de maîtrise foncière et de régle-
mentation des usages par le droit de l?urbanisme sont mobilisables, mais
leur pertinence dépend du contexte foncier. Plusieurs mécanismes pour-
ront d?ailleurs s?imaginer de manière combinée dans la mise en place
d?une stratégie territoriale de protection. Ils pourront enfin être complétés
par des outils contractuels pour assurer la pérennité dans le temps de la
Trame Brune.
Ainsi, si la prise en compte de la Trame Brune est envisagée d?un point
de vue politique, technique ou peut-être demain réglementaire, sa prise
en compte dans l?élaboration des documents de planification urbaine est
tout à fait possible, pertinente et souhaitable. Sa prise en compte néces-
site néanmoins une approche différente et complémentaire de celle des
Trames Verte et Bleue. Alors que la Trame Brune est moins facilement
perceptible au premier abord car située dans la matrice du sol et non pas
au-dessus, Ã la vue de tous.
Notre étude TRAM?BIOSOL montre que la caractérisation de la Trame
Brune à l?échelle de la ville est possible, même hors des espaces naturels et
agricoles, y compris sur les espaces déjà urbanisés. Une fois cette connais-
sance globale acquise, l?analyse de la Trame Brune met en évidence des
secteurs de fragilité sur lesquels doivent se focaliser des prescriptions
particulières à intégrer aux documents de planification urbaine. C?est
cette possibilité qui a été notamment analysée sur le secteur de la Com-
mune de Palaiseau, et qui montre que le croisement de plusieurs outils
réglementaires (PADD, OAP, Zonage, ?) permet d?apporter un cadre pré-
cis pour la traduction dans l?opérationnalité de la prise en compte de la
Trame Brune.
CONCLUSION ET
PERSPECTIVES DE
L'ÉTUDE TRAM?BIOSOL
/ 93
INTRODUCTION / 93
TRAME VERTE ET TRAME BRUNE, DES TRAMES
SUPERPOSÉES OU COMPLÉMENTAIRES ?
D?après le modèle conceptuel de la Trame Brune développé dans notre
projet TRAM?BIOSOL, la Trame Brune est incluse dans la Trame Verte.
La Trame Verte urbaine est définie par l?ensemble des espaces végétalisés
utilisés par des organismes invertébrés ou vertébrés vivant à la surface du
sol, capables de se déplacer de plusieurs centaines de mètres/an et dispo-
sant le plus souvent de pattes et/ou d?ailes. Ces invertébrés trouvent leurs
ressources trophiques et/ou un espace de protection contre les prédateurs
au sein des communautés végétales. La localisation des espaces végétali-
sés de la Trame Verte permet en effet de cartographier les surfaces de sols
capables d?assurer une production primaire de ressources alimentaires
pour la biodiversité du sol, et d?identifier ainsi une Trame Brune poten-
tielle.
Cette Trame Brune concerne cependant des organismes plus contraints
en termes de déplacements et de ressources alimentaires, les taxons usa-
gers de la Trame Brune étant associés au sol durant toute la durée de leur
cycle biologique (espèces géobiontes). De plus, à la différence des taxons
utilisateurs de la Trame Verte, ceux de la Trame Brune n?auront accès qu?Ã
certains espaces végétalisés interconnectés du fait de leur faible capaci-
té de dispersion et de franchissement de barrières anthropiques. Ainsi,
la distinction entre Trame Verte et Trame Brune est dépendante du
choix de l?organisme-modèle permettant de répondre à telle ou telle
problématique.
Les réservoirs de la Trame Brune sont également à distinguer de ceux
de la Trame Verte. A l?échelle des organismes du sol, des surfaces de 100
à 500 m² constituent déjà des paysages de grande dimension pour ces
taxons. En effet, du fait des faibles vitesses de déplacement des commu-
nautés lombriciennes, 1.5 à 14 mètres par an environ [7], elles sont suscep-
tibles de coloniser sur le long terme des réservoirs de surface relativement
restreinte comparativement aux réservoirs de Trame Verte qui peuvent
s?étendre sur plusieurs dizaines de km². La surface minimale d?un réser-
voir, nécessaire au maintien des communautés lombriciennes sur le long
terme, n?est cependant pas encore bien délimité dans la littérature scienti-
fique [18]. Néanmoins, un réservoir de Trame Brune doit constituer un
milieu de vie favorable au maintien et au développement des commu-
nautés lombriciennes, c?est-à -dire à niveau d?habitabilité élevé.
/ 93
94 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
CARTOGRAPHIER ET PRÉSERVER LA TRAME BRUNE
URBAINE
Au regard de l?étude TRAM?BIOSOL, plusieurs enseignements peuvent
être retenus pour identifier, préserver et restaurer la Trame Brune ur-
baine:
? La cartographie de la Trame Brune ne fait sens à l?heure actuelle que
par l?identification de zones à haut potentiel d?habitabilité (i.e., potentiels
réservoirs). Cette identification de réservoirs de biodiversité édaphique
nécessite une connaissance urbanistique, historique et pédologique fine
afin d?aboutir à une carte des sols à l?échelle d?une commune voire de ses
quartiers (1/10 000e voire 1/5 000e) et ainsi à une carte de la Trame Brune
potentielle, permettant d?identifier des zones à enjeux qui pourraient
faire, ensuite, l?objet d?un diagnostic des communautés lombriciennes.
? La préservation et/ou la restauration de la Trame Brune peut d?ores
et déjà suivre des règles de décision simples à l?issue du diagnostic lom-
bricien, à savoir (1) mettre en défends les réservoirs lombriciens avé-
rés; (2) restaurer les communautés lombriciennes dans les zones dé-
ficitaires (e.g., sols partiellement ou totalement dégradées, remaniées
récemment?). Dans cette dernière situation, plusieurs cas de figure
peuvent se proposer :
- Les sols présentent une habitabilité élevée et sont en connexion
avec un réservoir : il est hautement probable que les communautés
se restaurent naturellement à partir d?un pool d?espèces existant et/
ou par colonisation (dispersion des lombriciens par leurs propres
moyens), à condition que les communautés aient pu bénéficier d?un
temps suffisant long permettant leur restauration ;
- Les sols présentent une habitabilité élevée et ne sont pas en
connexion avec un réservoir : (1) les communautés peuvent se res-
taurer uniquement à partir d?un pool d?espèces qui aurait été pré-
servé dans des horizons profonds, ou (2) aucun pool d?espèces n?a
pu être préservé (e.g., reconstitution d?un sol profond) ; dans ce cas,
des techniques d?inoculation permettraient de compenser un défi-
cit d?abondance ou de catégories écologiques à un instant t. Dans la
limite d?un milieu d?accueil favorable, il peut s?agir d?introduction de
lombriciens adaptés au milieu d?accueil par prélèvements dans un
milieu naturel local [15], ou encore d?implantation dans le sol d?ac-
cueil, de blocs de sols contenant des lombriciens [19,20,21].
CONCLUSION ET PERSPECTIVES / 95
INTRODUCTION / 95CONCLUSION ET PERSPECTIVES / 95
- Les sols présentent une habitabilité faible : des solutions d?in-
génierie pédologiques peuvent être mises en oeuvre pour produire
des sols à niveau d?habitabilité plus élevé, c?est-à -dire respectant les
critères pédologiques et physico-chimiques nécessaires à l?atteinte
d?une habitabilité élevée à très élevée (cf. Habitabilité des sols). Les
cas de figure précédents peuvent ensuite être remobilisés.
LES ENJEUX DE LA PRISE EN COMPTE DE LA TRAME
BRUNE DANS LA FABRIQUE DE LA VILLE
Jusqu?à récemment, la question des sols ne se posait pas véritablement
dans les processus amont de développement urbain. Les sols naturels
ou agricoles situés en périphérie des villes ont longtemps été considérés
comme de simples réserves foncières dont la seule valeur sociétale était
de permettre l?extension urbaine, aussi bien en zones urbaines que ru-
rales. Depuis les années 1960, l?étalement urbain a ainsi détruit ou dégra-
dé ces sols fertiles qui avaient nourri ces mêmes villes pendant des siècles
après leur installation tout en leur prodiguant d?importantes aménités en-
vironnementales. La prise de conscience progressive, à partir des années
2000-2010, de l?enjeu de préserver les surfaces et les potentialités des sols
a conduit à l?intégrer dans la loi dite Climat et Résilience (2021) qui a défi-
ni l?objectif de Zéro Artificialisation Nette des sols (ZAN) à l?horizon 2050.
L?intégration d?une Trame Brune dans les processus de fabrique de cette
nouvelle ville est nécessaire dès la planification, afin de garantir la déter-
mination de projets en accord avec les services rendus par les sols non
imperméabilisés. En outre, dans un contexte de renaturation comptabili-
sée au titre du ZAN, la désartificialisation de sols dans l?enveloppe urbaine
pourrait contribuer in fine à la reconstitution d?une Trame Brune fonc-
tionnelle. Parmi les fonctions du sol, la fonction « habitat pour la biodiver-
sité » est centrale. En effet, la réalisation des fonctions du sol est en grande
partie assurée par la biodiversité du sol, grâce à des interactions com-
plexes, trophiques et non trophiques, entre les composantes biotiques et
abiotiques du sol. Pour évaluer le fonctionnement biologique des sols, le
bioindicateur lombricien est ainsi apparu comme pertinent au regard de
son statut d?espèce « clé de voûte » et « ingénieur des écosystèmes » (cf.Le
ver de terre comme taxon cible de la TBU).
Néanmoins, au sens du Code de l?environnement, l?absence de cadre ju-
ridique protégeant les sols « pour eux-mêmes », ajoutée au manque de
formation et de sensibilisation des acteurs de l?aménagement (élus, amé-
nageurs, urbanistes, architectes, ?) en relation aux enjeux fonciers, n?en-
96 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
CONCLUSION ET PERSPECTIVES / 97
couragent pas l?intégration des multifonctionnalités de tels sols dans les
processus d?aménagement urbain. A ce jour, l?intégration de la Trame
Brune dépend d?approches volontaires portées par des acteurs attentifs Ã
ces aspects nouveaux de la préservation d?un cadre de vie urbain résilient.
Ces démarches gagneraient à être généralisées, ne serait-ce que pour ga-
rantir la fonctionnalité de la Trame Vertes d?ores et déjà identifiée dans le
SRCE.
La prise en compte de la Trame Brune aux échelles de la planification et
de l?aménagement, a pour objectif de préserver et/ou de restaurer la bio-
diversité des sols susceptible d?optimiser l?ensemble des bénéfices en dé-
coulant.
La préservation/restauration de la biodiversité des sols, évaluée à partir
des vers de terre dans notre cas d?étude, passe par la prise en compte, dans
les démarches de planification et d?aménagement, des deux facteurs li-
mitants de la Trame Brune mis en évidence dans les chapitres 1 et 2 : (1)
l?habitabilité et (2) la continuité des sols (cf. 1.3).
Il semble d?abord nécessaire de clarifier, à l?échelle de la planification ur-
baine, les notions de ZAN et de Trame Brune. En effet, l?étude de la Trame
Brune soulève deux incohérences majeures par rapport aux concepts as-
sociés au ZAN :
? Tout d?abord, la métrique de l?évaluation du ZAN porte sur un pas
de 2500 m2 : or, la Trame Brune se qualifie et se cartographie à des
échelles plus fines, sur des espaces beaucoup plus petits.
? Ensuite, il n?existe aucune cohérence entre la Trame Brune, dans
sa réalité fonctionnelle, et les critères arbitraires d?attribution d?un
caractère artificialisé ou non d?un sol, tels qu'ils ont été définis avec
le couple ?couverture et usage du sol? de la nomenclature OCSGE
(OCcupation du Sol à Grande Echelle). Ainsi, un sol artificialisé au
sens de la nomenclature du ZAN n?implique pas nécessairement
une absence de Trame Brune fonctionnelle. Ces deux notions ne
portent donc pas sur le même objet.
Les postulats du ZAN définis à l?échelle de la planification peuvent être
mis de côté dès lors que l?on rentre dans la logique du projet. La mé-
thode d?évaluation du ZAN à l?échelle du projet reste en effet à inventer.
TRAM?BIOSOL apporte des premiers éléments de réponses opération-
nelles en prenant en compte la couverture pédologique grâce à :
? (1) Des études de terrain, qui ont permis d?introduire le concept
d?anthropisation des sols : cette anthropisation conduisant à des ni-
veaux fonctionnels très variables de ces sols. Ainsi, des sols forte-
ment anthropisés peuvent être très habitables et fertiles.
INTRODUCTION / 97CONCLUSION ET PERSPECTIVES / 97
? (2) Des cartes des sols et des cartes thématiques telle que la carte
de la Trame Brune potentielle et de son habitabilité potentielle.
? (3) Des prélèvements lombriciens sur le terrain permettant de véri-
fier l?habitabilité réelle des sols, et donc vérifier les hypothèses théo-
riques d?habitabilité potentielle. Il a ainsi été constaté que dans le
cas d?une forte habitabilité du sol, quel que soit son état d?anthropi-
sation, les discontinuités ne génèrent que peu d?effet sur le maintien
et la diversité des populations. La question des flux géniques sur le
long terme entre des espaces discontinus se pose néanmoins.
Il ne peut pas y avoir de compréhension de la Trame Brune, ni de la re-
lation entre forme urbaine et biodiversité des sols sans cartographie et
évaluation des sols réalisée à l?échelle des quartiers, permettant de définir
notamment l?habitabilité potentielle de ces sols pour la biodiversité. Ces
premiers résultats montrent le formidable intérêt qu?il y aurait à mieux
connaître les fonctions des sols (habitabilité, fertilité, ?) au sein de la
zone artificialisée de la ville qui apparait aujourd?hui en blanc dans les
cartes pédologiques. A l?avenir, un fort besoin de connaissances des sols Ã
de grandes échelles (1 :5000e ou 1 :10 000e) peut être espéré pour mieux
combiner forme urbaine et biodiversité dans les grands projets urbains.
Ce sera néanmoins aux acteurs de l?aménagement, s'ils sont convaincus,
de prendre en charge l?acquisition de la connaissance de la biodiversité
des sols.
Cette connaissance, une fois acquise, permettrait par rétroaction de dis-
cuter du ZAN sur des bases concrètes à l?échelle du projet, en intégrant
notamment les fonctions remplies par ces sols. C?est donc une possibilité
de traduire le ZAN plus finement à l?échelle du projet, au regard de sa défi-
nition fonctionnelle, qui ouvre l'opportunité de décliner la réglementation
de la loi à l?échelle du projet. Cette traduction pourrait s'opérer (i) par une
recherche d?un équilibre ZAN évaluée à l?échelle du projet, (ii) par l?appli-
cation du principe ERC. Les surfaces et proportions du projet correspon-
dant aux logiques d?évitement, de réduction et de compensation peuvent
être facilement évaluées grâce à la connaissance des sols. Enfin, cela vou-
drait dire qu?il faudrait intégrer aux études d?impact, une cartographie des
sols qui permettrait de rendre compte de l?incidence réelle du projet en
cohérence avec l?objectif ZAN.
Il faudra également stabiliser et préciser la notion de pleine terre. En ef-
fet, la séquence ERC ne pourra s?appliquer qu?aux grands projets soumis
à étude d?impact : comment faire le lien entre la notion de Trame Brune
et celle de pleine terre ? Par exemple, les exigences en matière de pleine
terre pourraient être utilisées lors de la définition de la Trame Brune pour
des petits projets diffus.
98 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
/ 99
Il sera nécessaire de combiner l'approche ERC et l?application du ZAN
dans les grands projets, ainsi que la maîtrise de la Trame Brune dans les
projets diffus avec les exigences de pleine terre, avant d?envisager de nou-
velles logiques de composition des projets urbains qui tiennent compte
de la fonctionnalité de la Trame Brune. Cette ambition porte tant sur la
conception des projets de reconstruction de la ville sur elle-même, que
sur les processus de gestion ultérieurs, pour entretenir et stimuler la vie
biologique des sols par l?adaptation des pratiques d?entretien.
Les deux questions suivantes restent néanmoins toujours sans réponse :
? Comment répondre à la difficulté pour les cartographes des sols
urbains de rendre compte de la complexité et de la diversité des sols
urbains ?
? Comment sensibiliser et acculturer les acteurs de l'aménagement
de la ville pour qu'ils comprennent les enjeux de prise en compte de
la Trame Brune et consentent à commander ces études ?
INTRODUCTION / 99 / 99
BIBLIOGRAPHIE
/ 101
INTRODUCTION / 101 / 101
[1] Hinsinger P. La vie cachée des sols. 2024. Editions Quae.
[2] Pörtner, H.O., Scholes, R.J., Agard, J., Archer, E., Arneth, A., Bai, X.,
Barnes, D., Burrows, M., Chan, L., Cheung, W.L., Diamond, S., Donatti, C.,
Duarte, C., Eisenhauer, N., Foden, W., Gasalla, M. A., Handa, C., Hickler,
T., Hoegh-Guldberg, O., Ichii, H.T., 2021. Scientific outcome of the IPBES-
IPCC co-sponsored workshop on biodiversity and climate change.
[3] https://artificialisation.biodiversitetousvivants.fr/
[4] https://www.mayenne.gouv.fr/Actions-de-l-Etat/Amenagement-du-
rable-urbanisme-construction-patrimoine/Planification/Zero-artificia-
lisation-nette-ZAN-comment-proteger-les-sols#:~:text=L'objectif%20
ZAN%20consiste%20%C3%A0,artificialis%C3%A9s%20sur%20le%20terri-
toire%20concern%C3%A9
[5] Bouché, M.B., 1972. Lombriciens de France: écologie et systématique.
INRA ? Annales de Zoologie Ecologie Animale, Paris.
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Boca Raton.
[7] Eijsackers, H., 2011. Earthworms as colonizers of natural and cultivated
soil environments. Applied Soil Ecology 50, 1?13.
[8] MARECHAL (J.) - Sols fertiles et Trame Brune en milieu urbain : impacts
de l?ingénierie pédologique sur les sols et les communautés lombriciennes.
Thèse en écologie, Université de Rennes.
[9] MARECHAL (J.), HOEFFNER (K.), MARIE (X.), CLUZEAU (D.). 2021.
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tion in urban landscapes. Ecological Engineering 169, 106307 (2021).
[10] MARECHAL (J.), HOEFFNER (K.), MARIE (X.), CLUZEAU (D.). Im-
pacts of soil engineering processes and anthropogenic barriers on ear-
thworm communities in urban areas. European Journal of Soil Biology
120, 103598 (2024).
[11] https://fr.climate-data.org/
[12] https://www.ville-palaiseau.fr/attractive/ville-dequilibre/plan-lo-
cal-durbanisme-plu
[13] https://geoservices.ign.fr/ocsge
[14]https://www.institutparisregion.fr/nos-travaux/publications/
les-ilots-morphologiques-urbains-imu/
102 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
[15] AFNOR Qualité des sols - Cartographie des sols appliquée à toutes les
échelles - Acquisition et gestion informatique de données pédologiques en
vue de leur utilisation en cartographie des sols NF X 31 560 AFNOR, 2007.
[16] https://ecobiosoil.univ-rennes1.fr/page/protocole-participa-
tif-test-beche-vers-de-terre
[ 1 7 ] ht t p s : / / d r i v e. g o o g l e. c o m / f i l e / d / 1 R 7 0 c 0 Ie i 0 x c D 1 M h R x-
9c5pHxuyHblTrame Verteln/view?usp=share_link
[18] MAUTUIT (A.), FERNADEZ MARCHAN (D.), BARANTAL (S.),
BRAND (M.), LUCAS (A.), CORTET (J.), VERGNES (A.), DEACENS (T.).
Environmental drivers of diversity and phylogeographic pattern in urban
earthworms. European Journal of Soil Biology 121, 103620 (2024).
[19] BUTT (K.R.), FREDERICKSON (J.), MORRIS (R.M.) - Earthworm
cultivation and soil-inoculation: a practical technique for land restoration.
Ecological Engineering 4, 1?9 (1995).
[20] BRUN (J.), CLUZEAU (D.), CHIAVERINI (P.), HEIDET (J.C.) - Les lom-
briciens dans les manipulations et la restauration de sols dégradés, in: 10th
International Soil Zoology Symposium, Advances in Management and
Conservation of Soil Fauna, Bangalore, 7-13 August 1988. pp. 429?447
(1991).
[21] BRUN (J.J.), CLUZEAU (D.), TREHEN (P.) & BOUCHE (M.B.) - Biosti-
mulation : Perspectives et limites de l'amélioration biologique des sols par
stimulation ou introduction d'espèces lombriciennes efficientes. Rev. Ecol.
Biol. Sol, 24 (4) : 685-701 (1987)
LEFEBVRE (H.). Méthodologie cartographique et caractérisation des conti-
nuités écologiques des sols de la ville de Paris : vers la caractérisation d?une
Trame Brune en milieu urbain fragmenté. Mémoire de fin d?études. Cur-
sus ingénieur AgroParisTech, dominante IDEA (Encadrement D.Cluzeau,
Yan Le Bourligu & J.Maréchal) (2022).
NOURRY (S.) - Stage M2 AETPF AgroParisTech Parcours Gestion des Sols
et Services Ecosystémiques. TRAM?BIOSOL. Caractérisation de sols ur-
bains et définition d?un gradient d?artificialisation pour l?étude de la Trame
Brune. Février-Août 2021. (Encadrement D. Cluzeau, Rebecca Dingkuhn)
DERDER (A.) ? Stage M2 BEE Université Paris-Saclay Parcours Ecologie
de la Conservation. TRAM?BIOSOL. Evaluation de la capacité des espaces
verts urbains en Ile-de-France à assurer un rôle de réservoir de biodiversité
pour les communautés lombriciennes. Février-Août 2021. (Encadrement
D. Cluzeau, J. Maréchal)
INTRODUCTION / 103 BIBLIOGRAPHIE / 103
HUET (M.) ? Stage M1 BEE Université de Rennes 1 Parcours Stratégie de
Développement. TRAM?BIOSOL. Isolement et naturalité selon les formes
urbaines des quartiers de la commune de Palaiseau. Mai-Juillet 2021. (En-
cadrement D. Cluzeau, J. Maréchal)
LLEDO (K.) - Stage de formation pratique de Master de l?Ecole Nationale
d?Architecture Paris-Val de Seine. TRAM?BIOSOL. Intégration de la Trame
Brune et de la biodiversité lombricienne dans les programmes d?aménage-
ment urbain. Février-Mai 2021. (Encadrement E. Lénack)
CAFFIAUX (P.), NIRLO (C.), PICARD (L.) ? Projet pré-professionnel ?
Ecole Supérieur d?Ingénieurs Géomètres et Topographes. « Préservation
d?une Trame Brune à l?échelle d?un projet d?aménagement : quelle straté-
gie foncière opérer ? ». Octobre 2022-Janvier 2023. (Encadrement M. Des-
rousseaux)
ANNEXES
INTRODUCTION / 105 / 105
ID UTS
S01 LUVISOL TYPIQUE-REDOXISOL limono-argileux à argilo-li-
moneux, épais, sur argile
S02 LUVISOL TYPIQUE-REDOXISOL surrédoxique, limono-argileux
à argileux, épais, sur argile
S03 LUVISOL TYPIQUE, rédoxique, argilo-limoneux, épais, sur argile
limoneuse
S04 ANTHROPOSOL RECONSTITUE, sablo-argileux à sableux, cal-
caire, peu épais, issu de matériaux pédologiques hétérogènes Ã
artéfacts, sur remblai compact
S05 LUVISOL TYPIQUE, limono-argileux, épais, sur argile limoneuse
calcaire
S06 LUVISOL TYPIQUE rédoxique, argilo-limoneux à argileux,
moyennement épais, sur argile compacte
S07 LUVISOL TYPIQUE rédoxique, argilo-limoneux à argileux, cal-
caire, épais, sur argile compacte
S08 ANTHROPOSOL RECONSTITUE sableux, épais, issu de maté-
riaux sableux hétérogènes transportés
S09 LUVISOL TYPIQUE rédoxique, limono-argileux à argilo-li-
moneux, épais, sur argile
S10 ANTHROPOSOL RECONSTITUE, sablo-limono-argileux, à arté-
facts, très peu épais, issu de matériau hétérogène transporté
S11 LUVISOL TYPIQUE rédoxique, sablo-argileux à argilo-sableux,
moyennement épais, sur argile à meulière
S12 LUVISOL TYPIQUE limono-sableux-argileux à argilo-limo-
no-sableux, peu épais, sur argile
S13 LUVISOL TYPIQUE anthropisé, rédoxique, argilo-limoneux,
moyennement épais, remanié et enrichi en matière organique en
surface, sur argile
S14 ANTHROPOSOL RECONSTITUE rédoxique, argilo-limoneux,
moyennement épais, sur argile
S15 LUVISOL TYPIQUE remanié en surface, argilo-limoneux à sa-
blo-argilo-limoneux, moyennement épais, issu de matériau ar-
gilo-sableux
S16 LUVISOL TYPIQUE sablo-argilo-limoneux à argilo-sablo-li-
moneux, peu épais, issu de matériau argilo-sableux
Annexe 1 ? Unités Typologiques de Sols associées à chacune des observations
106 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
S17 ANTHROPOSOL RECONSTITUE argilo-limono-sableux, très
peu épais, issu de matériaux pédologiques transportés, enrichis
en matière organique en surface, sur remblai compact
S18 ANTHROPOSOL RECONSTITUE argilo-limono-sableux, moyen-
nement épais, issu de matériaux pédologiques transportés, enri-
chis en matière organique en surface, sur remblai compact
S19 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argileux à argilo-li-
moneux, moyennement épais, issu de matériaux pédologiques
transportés, enrichis en matière organique en surface, sur rem-
blai compact
S20 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argileux à argilo-li-
moneux, peu épais, issu de matériaux pédologiques transportés,
enrichis en matière organique en surface, sur remblai compact
S21 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-sableux, très peu épais,
issu de matériaux pédologiques transportés enrichis en matière
organique, sur remblai compact
S22 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argileux, moyenne-
ment épais, issu de matériaux pédologiques transportés, enrichis
en matière organique en surface, sur remblai compact
S23 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argileux, peu épais, Ã
artéfacts, issu de matériaux pédologiques transportés enrichis en
matière organique
S24 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argileux, moyenne-
ment épais, issu de matériaux pédologiques transportés, enrichis
en matière organique en surface, sur remblai compact
S25 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-sableux, très peu épais,
issu de matériaux pédologiques transportés à artéfacts, sur rem-
blai compact
S26 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-sableux à limoneux,
calcaire, peu épais, issu de matériaux transportés pédologiques,
sur remblai compact
S27 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argileux à argilo-li-
moneux, peu épais, issu de matériaux pédologiques transportés,
enrichis en matière organique en surface, sur remblai compact
S28 ANTHROPOSOL RECONSTITUE rédoxique, limono-argileux Ã
argilo-limoneux, épais, issu de matériaux pédologiques trans-
portés, sur LUVISOL décapé
INTRODUCTION / 107ANNEXES / 107
S29 LUVISOL TYPIQUE anthropisé, limono-sablo-argileux à argi-
lo-limono-sableux, moyennement épais, issu de matériaux pé-
dologiques transportés, sur LUVISOL décapé
S30 ANTHROPOSOL RECONSTITUE, limono-sablo-argileux, peu
épais, légèrement calcaire, issu de matériaux pédologiques
transportés, sur remblai compact hétérogène
S31 LUVISOL TYPIQUE rédoxique, limoneux à argilo-limoneux,
épais, sur argile limoneuse
S32 LUVISOL TYPIQUE rédoxique, argilo-limoneux à argileux, épais,
sur argile
S33 ANTHROPOSOL RECONSTITUE, limono-argileux à argilo-li-
moneux, calcaire, peu épais, à charge grossière, issu de maté-
riaux pédologiques transportés sur remblai compact
S34 ANTHROPOSOL RECONSTITUE rédoxique, limono-argileux Ã
argilo-limoneux, moyennement épais, issu de matériaux pédo-
logiques transportés sur remblai compact
S35 ANTHROPOSOL RECONSTITUE surrédoxique, limono-argi-
lo-sableux à argilo-sablo-limoneux, calcaire, épais, issu de maté-
riaux pédologiques transportés sur argile
S36 ANTHROPOSOL RECONSTITUE rédoxique, limono-argileux Ã
argileux, hétérogène, calcaire en sous-face, épais, issu de maté-
riaux pédologiques transportés sur argile limoneuse
S37 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argileux à argileux,
hétérogène, épais, calcaire en surface, issu de matériaux pédolo-
giques transportés sur argile limoneuse
S38 ANTHROPOSOL RECONSTITUE surrédoxique, limono-argileux,
épais, issu de matériaux pédologiques transportés, sur LUVISOL
enfoui
S39 ANTHROPOSOL RECONSTITUE ? REDOXISOL surrédoxique,
argilo-limoneux, épais, issu de matériaux pédologiques trans-
portés, sur argile limoneuse
S40 LUVISOL TYPIQUE rédoxique, argilo-limoneux, épais
S41 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argileux, moyenne-
ment épais, issu de matériaux pédologiques transportés, sur ar-
gile compacte
S42 ANTHROPOSOL RECONSTITUE rédoxique, limono-argileux Ã
limono-sablo-argileux, épais, issu de matériaux pédologiques
anthropisés, sur remblais compacts
108 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
S43 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argilo-sableux, cal-
caire, peu épais, issu de matériaux pédologiques transportés, sur
remblais
S44 ANTHROPOSOL RECONSTITUE argilo-sableux à sablo-li-
moneux, calcaire en profondeur, épais, issus de matériaux pédo-
logiques transportés à charge grossière, sur remblais
S45 ANTHROPOSOL RECONSTITUE argilo-limono-sableux, cal-
caire, moyennement épais, à horizon humifère de surface, issu
de matériaux pédologiques transportés à charge grossière, sur
remblais
S46 ANTHROPOSOL RECONSTITUE argilo-limoneux à limono-argi-
lo-sableux, peu épais, issu de matériaux pédologiques transpor-
tés anthropisés, calcaires en profondeur, sur remblais
S47 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argileux, calcaire,
moyennement épais, issu de matériaux pédologiques transpor-
tés caillouteux, sur remblais
S48 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argileux, peu épais,
issu de matériaux pédologiques transportés, sur remblai com-
pact
S49 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-sableux, calcaire, peu
épais, issu de matériaux pédologiques transportés, sur remblai
compact
S50 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argileux, peu épais,
issu de matériaux pédologiques transportés, sur remblai com-
pact
S51 LUVISOL TYPIQUE rédoxique, argilo-limoneux, épais, anthropi-
sé en surface, sur argile
S52 ANTHROPOSOL RECONSTITUE argilo-sableux, faiblement cal-
caire, peu épais, issu de matériaux pédologiques transportés sur
remblai compact
S53 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argileux, calcaire,
moyennement épais, issu de matériaux pédologiques transpor-
tés, sur remblai calcaire
S54 LUVISOL TYPIQUE rédoxique, limoneux à limono-argileux,
épais, sur argile
S55 LUVISOL TYPIQUE limoneux à limono-argileux, moyennement
épais, sur argile
INTRODUCTION / 109ANNEXES / 109
S56 LUVISOL TYPIQUE rédoxique, limono-argileux à argileux,
moyennement épais, sur argile
S57 LUVISOL TYPIQUE limono-argileux, anthropisé en surface,
moyennement épais, sur argile
S58 ANTHROPOSOL RECONSTITUE argilo-limoneux, calcaire,
moyennement épais, issu de matériaux pédologiques calcaires,
caillouteux en profondeur, sur remblai compact
S59 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argileux à argilo-li-
moneux, faiblement calcaire, moyennement épais, issu de maté-
riaux pédologiques transportés sur remblai compact
S60 ANTHROPOSOL RECONSTITUE argilo-limoneux, calcaire,
moyennement épais, issu de matériaux pédologiques transpor-
tés, sur remblai compact
S61 ANTHROPOSOL RECONSTITUE argileux à limoneux, peu épais,
à horizon organique enfoui, sur remblai compact
S62 LUVISOL TYPIQUE rédoxique, limono-argileux, peu épais, sur
argile
S63 LUVISOL TYPIQUE limono-sableux à limono-argileux, moyen-
nement épais, anthropisé en surface, sur argile
S64 LUVISOL TYPIQUE rédoxique, argilo-limoneux, épais, sur argile
S65 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-sableux, très peu épais,
compacté, issu de matériaux pédologiques transportés, sur rem-
blai compact
S66 ANTHROPOSOL RECONSTITUE rédoxique, argilo-limoneux Ã
limono-argileux, épais, calcaire en profondeur, issu de matériaux
pédologiques transportés, sur remblai sableux compact
S67 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argileux, faiblement
calcaire, peu épais, issu de matériaux pédologiques transportés,
sur remblai compact
S68 ANTHROPOSOL RECONSTITUE argilo-limoneux, faiblement
calcaire, moyennement épais, issu de matériaux pédologiques
transportés, sur remblai compact
S69 ANTHROPOSOL RECONSTITUE rédoxique, argilo-limoneux Ã
argileux, épais, issu de matériaux pédologiques transportés, sur
remblai compact
110 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
S70 ANTHROPOSOL RECONSTITUE rédoxique, limono-argileux Ã
argilo-limoneux, moyennement épais, issu de matériaux pédolo-
giques transportés à charge grossière calcaire, sur remblai com-
pact
S71 ANTHROPOSOL RECONSTITUE rédoxique, limono-argileux,
moyennement épais, issu de matériaux pédologiques transpor-
tés sur remblai compact
S72 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argileux, calcaire, peu
épais, issu de matériaux pédologiques transportés sur remblai
caillouteux calcaire compact
S73 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argileux à argilo-li-
moneux, moyennement épais, faiblement calcaire en profon-
deur, issu de matériaux pédologiques transportés, sur remblai
compact
S74 ANTHROPOSOL RECONSTITUE argileux à argilo-limo-
no-sableux, moyennement épais, enrichi en matière organique
en surface, issu de matériaux pédologiques transportés, sur rem-
blai argileux
S75 LUVISOL TYPIQUE-REDOXISOL, limono-argileux, moyenne-
ment épais, anthropisé en surface
S76 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-sableux à argi-
lo-sableux, moyennement épais, issu de matériaux pédologiques
transportés hétérogènes, sur argile compacte
S77 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-sableux, calcaire, très
peu épais, issu de matériaux pédologiques transportés enrichis
en matière organique, sur remblai compact
S78 LUVISOL TYPIQUE-REDOXISOL limono-argileux, moyenne-
ment épais, sur argile
S79 ANTHROPOSOL RECONSTITUE argilo-limoneux, très peu
épais, issu de matériaux pédologiques caillouteux transportés
sur argile compacte
S80 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argileux à argilo-li-
moneux, calcaire, graveleux, enrichi en matière organique en
surface, très peu épais, issu de matériaux pédologiques transpor-
tés sur remblai compact
S81 LUVISOL TYPIQUE-REDOXISOL, limono-argileux à argileux,
peu épais, sur argile
INTRODUCTION / 111ANNEXES / 111
S83 ANTHROPOSOL RECONSTITUE-REDOXISOL limono-argileux,
calcaire, épais, issu de matériaux pédologiques transportés sur
LUVISOL décapé
S84 LUVISOL TYPIQUE-REDOXISOL limono-argileux à argileux,
épais, sur argile
S85 ANTHROPOSOL RECONSTITUE rédoxique, limono-argileux Ã
argilo-limoneux, épais, issu de matériaux pédologiques trans-
portés enrichis en MO, sur LUVISOL tronqué
S88 ANTHROPOSOL RECONSTITUE rédoxique, limoneux à limo-
no-argileux, épais, issu de matériaux pédologiques transportés
sur LUVISOL décapé
S89 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limoneux à limono-sableux,
calcaire, peu épais, issu de matériaux pédologiques transportés
sur remblai compact
S90 LUVISOL TYPIQUE anthropisé, rédoxique, limono-argileux Ã
argileux, épais, avec apport de matériau pédologique calcaire et
enrichi en matière organique en surface, sur argile
S91 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argileux, rédoxique,
calcaire, moyennement épais, issu de matériaux pédologiques
transportés sur argile compacte
S92 LUVISOL TYPIQUE-REDOXISOL anthropisé, limono-argileux Ã
argileux, calcaire, moyennement épais, avec apport de matériaux
pédologiques transportés et enrichis en matière organique en
surface, sur argile
S94 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argileux, calcaire, Ã
charge grossière, moyennement épais, issu de matériaux pédo-
logiques transportés, sur argile
S95 ANTHROPOSOL RECONSTITUE rédoxique limono-argileux Ã
argileux, calcaire, épais, issu de matériaux pédologiques trans-
portés, sur argile
S97 ANTHROPOSOL RECONSTITUE-REDOXISOL limono-argi-
lo-sableux à sablo-argileux, épais, issu de matériaux pédolo-
giques transportés enrichis en matière organique en surface, sur
argile
S99 LUVISOL TYPIQUE-REDOXISOL limono-argileux à argileux,
épais, sur argile
REMERCIEMENTS
INTRODUCTION / 113 / 113
Toute l?équipe de TRAM?BIOSOL souhaite remercier l?ensemble des per-
sonnes ayant contribué au projet :
? Le PUCA pour le subventionnement du projet, l?organisation des ren-
contres acteurs-chercheurs, et en particulier Sophie Carré pour le suivi
du projet et pour son aide dans l?organisation du séminaire de restitution
final du 5 juin 2024.
? L?ensemble des stagiaires et à l?équipe de Sol Paysage pour la collecte de
données de terrain, leur contribution aux réflexions méthodologiques, et
rapports de stage : Suzanne Nourry, Kevin Lledo, Mathilde Huet, Adam
Derder, Kilian Ringelstein, Alexane Leprisé, Howaida Abbas, Rebecca
Dingkuhn, Adama Diedhiou, Jean-Pierre Rossignol.
? Sarah Guillocheau pour la détermination taxonomique des lombriciens.
? Les membres du groupe de travail « planification » pour leur contribu-
tion aux réflexions : Gil Melin, Léa Assouline, Frédéric Ségur, Philippe
Branchu.
? Frédéric Ségur pour la contribution à la rédaction de la partie 3.
? Les habitants de Palaiseau et les équipes de la ville pour les autorisations
d?accès aux parcelles.
CONSEIL SCIENTIFIQUE DU
PROGRAMME BAUM
INTRODUCTION / 115 / 115
Hélène Peskine, secrétaire permanente du PUCA (2017-2024),
co-présidente du Conseil scientifique
Philippe Clergeau, professeur émérite au Muséum national d'his-
toire naturelle (MNHM), directeur scientifique du programme BAUM,
co-président du Conseil scientifique
Xavier Lagurgue, architecte DPLG associé XLGD architectures, pro-
fesseur à l?Ecole nationale supérieure d?architecture Paris-La-Villette
(ENSAPLV), chercheur GERPHAU EA 7486, associé CESCO, UMR 7204
Sébastien Barot, directeur de recherche à l'Institut de la recherche et
du développement (IRD), à l'Institut d'écologie et des sciences de l'en-
vironnement-Paris (IEES-Paris)
Corinne Tiry-Ono, architecte, professeure à l'Ecole nationale supé-
rieure d?architecture Paris-Val de Seine (ENSAPVS), laboratoire CRH
- UMR LAVUE, associée au CRCAO
Stéphane Garnaud-Corbel, chef de service adjoint, Service « Anthro-
pisation et fonctionnement des écosystèmes terrestres », Office fran-
çais de la biodiversité (OFB), Direction de la recherche et de l?appui
scientifique
Elodie Briche, PhD / coordinatrice R&D Urbanisme Durable, Ademe,
Pôle Aménagement des villes et territoires (PAVT)
Cécile Vo Van, directrice de projet Nature en ville et Solutions fondées
sur la nature (SFN), Cerema Territoires et ville
Eduardo Blanco, docteur en aménagement de l?espace, urbanisme,
chef de projets chez Energy Cities
Valérie Charollais, directrice de la Fédération nationale des Conseils
d?architecture, d?urbanisme et de l?environnement (FNCAUE)
Morgane Flegeau, urbaniste géographe, maîtresse de conférences en
géographie et aménagement, Université de Lorraine, Laboratoire LO-
TERR (EA 7304)
Sabine Bognon, urbaniste géographe, maîtresse de conférences Ã
l?École d?Urbanisme de Paris, laboratoire Lab?urba
Sandrine Larramendy, chargée de mission "Approches intégrées Vé-
gétal-Paysage-Urbanisme", Plante et Cité
Marc Bourgeois, maître de conférences en géographie et aménage-
ment, HDR, Faculté des lettres et civilisations, Université Jean Moulin
Lyon 3, UMR Environnement, Ville, Société - 5600 CNRS
116 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
Thomas Redoulez, délégué général, Union professionnelle du génie
écologique (UPGE) (jusqu'en juillet 2023)
Anaïs Leger-Smith, ingénieure paysagiste, enseignante-chercheuse Ã
l?École nationale supérieure d?architecture de Toulouse (ENSAT), la-
boratoire de recherche en architecture (LRA)
Simon Trauet, chef de projet Trame verte et bleue et Nature en ville,
Direction générale de l?aménagement, du logement et de la nature
(DGALN), Direction de l?eau et de la biodiversité (DEB), Sous-direc-
tion de la protection et de la restauration des écosystèmes terrestres,
Bureau de la politique de la biodiversité
Yannick Autret, expert transport, énergie et environnement, Commis-
sariat général au développement durable (CGDD), Service recherche
et innovation
Florence Drouy, cheffe du Bureau des villes et territoires durables,
Direction générale de l'aménagement, du logement et de la nature
(DGALN), Direction de l'habitat, de l'urbanisme et des paysages
(DHUP), Sous-direction de l?aménagement durable
INTRODUCTION / 117 / 117
POUR ALLER PLUS LOIN
La trame brune - TBr - urbaine reste méconnue en
tant que trame écologique pour la biodiversité des
sols alors qu?elle pourrait constituer un pivot décisif
pour une application opérationnelle cohérente des
politiques publiques convergeant vers le « zéro arti-
ficialisation nette ». Le projet Tram?BioSol a permis
d?étudier l?intégration de la TBr et de la biodiversité
lombricienne des sols dans les programmes d?amé-
nagement urbain. Cette intégration n?est cependant
possible que sur la base d?une compréhension com-
mune et partagée de ce concept encore émergent,
et des méthodes de diagnostics sur le terrain. Cet
ouvrage propose un cadre conceptuel de la TBr ur-
baine ainsi qu?une démarche méthodologique pour
la localiser et la caractériser à l?échelle des quartiers.
Organisme national de recherche et d?expérimentation
sur l?urbanisme, la construction et l?architecture, le Plan
Urbanisme Construction Architecture, PUCA, développe
à la fois des programmes de recherche incitative, et des
actions d?expérimentations. Il apporte son soutien Ã
l?innovation et à la valorisation scientifique et technique
dans les domaines de l?aménagement des territoires, de
l?habitat, de la construction et de la conception architec-
turale et urbaine.
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30-34 Rue du Chemin Vert 75011 Paris
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Date : 23/07/2019
JEANNE MARÉCHAL, XAVIER MARIÉ,
DANIEL CLUZEAU, ETIENNE LÉNACK,
MAYLIS DESROUSSEAUX
TRAM?BIOSOL
INVALIDE) (ATTENTION: OPTION ®tre dans le contrat de concession d?aménagement comme
une demande du concédant, en cohérence avec les OAP éventuelles, afin
d?être intégrée dans le programme et le projet futur. Les études préalables
78 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
de diagnostic des sols doivent permettre de produire, pour la phase de
programmation, un cahier des charges avec des indications pour pré-
server la qualité physique, chimique et biologique des sols afin d?opti-
miser leur habitabilité au moment de leur reconstitution. Mais ce cahier
des charges doit également identifier les différents itinéraires techniques
envisageables selon le contexte des opérations, afin d?orienter le travail
des équipes de maîtrise d?oeuvre. La forme urbaine aura aussi un impact
majeur sur la valorisation de la Trame Brune tout comme les différents
processus d?aménagement associés à chaque type de formes urbaines.
La connaissance du sol doit donc être en dialogue avec la définition de la
forme urbaine, le plus en amont possible du projet.
Phase de conception et d?élaboration du projet
Le travail de conception du projet doit intégrer l?objectif d?élaboration
d?un modèle théorique de sol reconstitué à forte habitabilité permettant
d?assurer la réussite du projet de plantation. Ce modèle intègre deux ob-
jectifs complémentaires, (1) un objectif d?habitabilité du sol et (2) un ob-
jectif de continuité de la Trame Brune.
En ce qui concerne l?habitabilité, elle repose principalement sur le besoin
d?une épaisseur suffisante du sol (existant préservé ou recréé) assurant la
présence de tous les étages pédologiques nécessaires à la survie des dif-
férentes communautés lombriciennes (en tant qu?indicateur du fonction-
nement de l?ensemble de la biodiversité du sol), afin qu?elles puissent se
développer et assurer les fonctions biotiques ou abiotiques positives pour
la fertilité du sol (incorporation de la matière organique) et le cycle de
l?eau (action sur les capacités d?infiltration et de rétention en eau du sol.
Pour ce qui est des continuités à assurer pour permettre le déplacement
des espèces et les flux géniques entre populations, un indice de connec-
tivité du sol reconstitué au sein de l?emprise projet (cf. Figure 37) et du
sol jouxtant l?emprise projet (c?est-à -dire les potentiels réservoirs de bio-
diversité) pourrait être créé. Le projet se compose néanmoins d?obstacles
entrainant une altération de cette connectivité avec notamment la cou-
pure des bâtiments, des voiries, voire des réseaux. Pour limiter cet effet de
barrières interrompant la Trame Brune, il faudra agir sur la géométrie du
projet (position des bâtiments par rapports aux corridors pédologiques),
mais également imaginer des solutions constructives permettant d?em-
barquer les fonctions pédologiques du sol dans la réalisation de ces in-
frastructures (revêtements perméables, drain d?aération, mélanges terre/
pierre, ?) (Figures 33, 34 et 35).
INTRODUCTION / 79INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE DANS LES PROCESSUS D'AMÉNAGEMENT URBAIN / 79
Figure 33 ? Proposition de projet incluant des adaptations en faveur des continuités écologiques
Figure 34 ? Exemple d?adaptation constructive pour une voirie
Parc urbainParc urbain Tissu mixteTissu mixte FricheFricheTissu mixteTissu mixte Zones d'activitésZones d'activités Réservoir "ENAF"Réservoir "ENAF"
Bâtiment sur Bâtiment sur
terre-pleinterre-plein
Voierie 16mVoierie 16m Bâtiment sur Bâtiment sur
parkingparking
Voierie 7mVoierie 7mVoierie 20mVoierie 20m
Voierie 7mVoierie 7m
80 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
Figure 35 : Exemple d?adaptation constructive pour un bâtiment : la solution sur pilotis pour
garder le sol et les racines en place est une technique assez développée au Canada ainsi qu?aux
Etats-Unis.
Figure 36 : Exemple d?adaptation constructive pour un bâtiment avec parking souterrain : Il
existe un vide sanitaire sous le bâtiment qui réduit l?impact sur la vie des sols notamment grâce
à la circulation de l?air et potentiellement de l?eau.
Bâtiment sur terre-pleinBâtiment sur terre-plein
Bâtiment sur parkingBâtiment sur parking
INTRODUCTION / 81INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE DANS LES PROCESSUS D'AMÉNAGEMENT URBAIN / 81
Sur le même principe, la continuité de la Trame Brune peut s?envisager
en couverture d?une infrastructure enterrée. Il suffit alors de garantir d?as-
surer une profondeur minimale et une continuité du sol mis en place en
couverture (Figure 36). Pour que l?habitabilité du sol reste élevée, il est
important de penser la relation eau/sol/air/plante sur le long terme, car
la stabilité des écosystèmes ne s?acquiert que dans la durée.
Phase de réalisation du projet
Les pièces contractuelles du marché doivent présenter des préconisa-
tions opérationnelles pour le chantier afin de minimiser les impacts sur
la Trame Brune (préserver l?habitabilité) et sur la végétation à conser-
ver. Un clôturage fixe des parties à préserver est souvent la seule solution
pour mettre en défens certains espaces. La diffusion de ces règles n?étant
néanmoins pas une garantie, il est donc nécessaire d?agir sur deux autres
leviers : (1) un levier pédagogique destiné aux acteurs des entreprises
réellement présents sur le chantier et qui n?ont que rarement connais-
sance des exigences écrites dans les dossiers de consultation ; (2) l?autre
levier complémentaire indispensable est financier, sous forme de péna-
lités suffisamment dissuasives pour garantir un effort d?organisation et de
protection de la part des entreprises.
Une autre phase cruciale à surveiller concerne tous les travaux de terras-
sement, stockages des terres et reconstitution des sols. Le maître d?oeuvre,
qui n?est pas toujours expert de ces sujets et des exigences pédologiques,
doit alors se faire assister d?un bureau d?étude spécialiste de ces sujets. En
effet, ce qui est mal fait au départ est souvent définitivement perdu, et il
est illusoire de rechercher a posteriori des solutions correctives.
Enfin, en ce qui concerne plus spécifiquement les exigences liées à la
Trame Brune, l?évaluation de la conformité des ouvrages pédologiques
devra analyser l?habitabilité potentielle des sols, car à la livraison, il n?y
aura pas encore les abondances et les richesses taxonomiques de tous les
vers de terre indicateurs qui s?installent successivement dans le temps. Il
faudra également, en ce qui concerne les arbres plantés en motte, véri-
fier les communautés lombriciennes issues des pépinières. Des modèles
prédictifs en cours de réflexion permettront sans doute prochainement
d?avoir des idées de la cinétique de remise en place d?un équilibre de la
biodiversité lombricienne des sols reconstruits. Néanmoins, il faut penser
que ce temps d?évaluation de la refonctionnalisation écologique des sols
ne pourra s?évaluer qu?au bout de plusieurs années.
82 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
Exploitation ultérieure de la Trame Verte et de la Trame
Brune par le gestionnaire
Le projet doit également donner des clés pour accompagner le travail du
gestionnaire vers l?état d?équilibre de la trame paysagère recherché. Un
projet de paysage ou de renaturation n?est pas achevé lors de sa réalisa-
tion, il débute seulement ! La prise en compte de la dynamique du pay-
sage est donc une nécessité malheureusement trop souvent oubliée par
les équipes de maîtrise d?oeuvre qui connaissent assez mal généralement
les techniques et enjeux liés à l?entretien des formes paysagères. Un dia-
logue entre la conception et la gestion doit donc également exister tout
au long du projet pour permettre d?envisager cette dynamique temporelle
d?évolution du paysage. En ce qui concerne l?évaluation de la réussite de
l?installation de la Trame Brune, il sera intéressant que le gestionnaire
s?approprie également un protocole de suivi. Cette évaluation se fera Ã
+5ans et/ou +10 ans après l?installation des sols, et portera sur l?étude des
communautés de vers de terre, mais aussi sur les dynamiques de crois-
sance des plantations, les deux permettant d?estimer le niveau de fertilité
atteint par le sol.
Lien avec la séquence ERC dans le projet d?aménagement
Si on considère que les enjeux juridiques actuels liés à la biodiversité,
concernent également les espèces animales qui sont présentes dans les
sols, alors l?application de la logique ERC peut s?appliquer finement à la
prise en compte de la biodiversité des sols dans les projets d?aménage-
ment (Figure 37).
? Evitement : il s?agirait de mettre en application la démarche pro-
posée par le programme TRAM?BIOSOL par une identification des
zones de l?emprise de projet selon les différents degrés de fonction-
nalité de la Trame Brune, en termes de continuité/discontinuité et
obstacles à franchir et d?habitabilité. L?habitabilité définissant la
qualité du réservoir comme habitat favorable à la biodiversité, ce
degré d?habitabilité des sols est classé en 3 à 5 classes. Après Iden-
tification des zones avec le degré d?habitabilité de plus élevée, il
conviendrait de recommander d?éviter de modifier ces sols pour
éviter la dégradation des habitats favorables à la biodiversité. Le
maintien de l?habitabilité des sols et l?évitement de sa dégradation
nécessitent la décision de mesures conservatoires.
? Réduction : cette partie concerne majoritairement les processus
de travaux. Il s?agit d?identifier et de formaliser des recommanda-
tions et exigences techniques à inscrire dans le projet d?aménage-
ment et à traduire dans les pièces de ses marchés de travaux. Les
INTRODUCTION / 83INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE DANS LES PROCESSUS D'AMÉNAGEMENT URBAIN / 83
Figure 37 - Exemple de séquence ERC appliquée à la Trame Brune (propositions TRAM?BIO-
SOL)
84 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
objectifs porteront sur les moyens de minimiser pour les sols exca-
vés, l?impact des travaux d?excavation, de stockage et de remise en
oeuvre. Il se complète d?une recherche dans la planification du pro-
jet, de conditions permettant la connexion entre habitats préservés
et remaniés.
? Compensation : même si elle doit être limitée et considérée
comme le choix ultime, elle est malheureusement une réalité de la
démarche d?aménagement urbain soumis à des injonctions souvent
contradictoires. Elle concerne par exemple, le démontage du sol et
sa remise en forme à un autre endroit dans une logique de désarti-
ficialisation. D?où le besoin de connaître les secteurs à renaturer et
les besoins liés au renforcement des continuités de la Trame Verte.
Là également, des recommandations et des exigences techniques
doivent être clairement précisées dans les documents du projet
afin de reconstituer des sols à forte habitabilité potentielle et de
reconstruire des connexions. Des techniques d?inoculation (bacté-
ries, champignons, vers de terre, ?) sont à tester pour accélérer la
refonctionnalisation écologique de ces néo-sols.
En conclusion, en ce qui concerne la partie opérationnelle de la fabrique
de la ville, il existe de nombreuses pistes de solutions organisationnelles,
conceptuelles et techniques, qui rendent possible la prise en compte de
la Trame Brune comme complément des mesures en faveur de la biodi-
versité, mais surtout comme garantie de réussite de l?installation d?une
Trame Verte pouvant maximiser des bénéfices écosystémiques.
Aussi est-il aujourd?hui nécessaire de sortir du champ de la recherche
pour développer des indicateurs opérationnels adaptés à chaque étape
de la fabrique de la ville, de la planification territoriale à l?aménagement
et jusqu?au suivi de son devenir dans le temps.
Il nous semble donc que les approches et recommandations produites
dans ce chapitre pourraient alimenter l?approche réglementaire des
Trames Verte et Bleue des documents d?urbanisme, en permettant d?al-
ler vers une évolution de la définition de la Trame Verte qui inclurait la
Trame Brune comme support de cette même Trame Verte (Figure 38).
L?objectif de maximiser les services écosystémiques associés à la végéta-
tion, notamment par rapport aux enjeux de lutte contre les îlots de cha-
leurs et de rafraîchissement de la ville, est la principale valeur ajoutée qui
serait apportée aujourd?hui par la prise en compte de la Trame Brune.
INTRODUCTION / 85INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE DANS LES PROCESSUS D'AMÉNAGEMENT URBAIN / 85
Figure 38 - Echelles de prise en compte des sols et de leur biodiversité pour la planification et
l?aménagement
LE CAS D?ÉTUDE DE LA COMMUNE DE PALAISEAU :
QUELLE STRATÉGIE FONCIÈRE OPÉRER ?
Sur le territoire de la commune de Palaiseau, une étude a été menée afin
d?analyser la possibilité d?intégrer la Trame Brune dans les documents
d?urbanisme. Parmi les documents du PLU de la commune de Palai-
seau, le secteur d?une OAP a été plus particulièrement étudié. Il s?agit de
l?OAP« Plateau (Croix de Villebois) » qui présente des enjeux signifi-
catifs en matière de préservation et de mise en valeur de la Trame Verte.
L?idée serait d?introduire une OAP thématique Biodiversité dans le PLU
de Palaiseau qui intègrerait les enjeux de prise en compte de la Trame
Brune, et qui devrait dialoguer avec une OAP Mobilité, car les axes de
communication sont souvent des éléments de coupure des continuités
écologiques. Cette modélisation a été pour le moment appliquée au sec-
teur du territoire retenu pour l?étude.
86 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
Figure 39 - Exemple d'OAP Biodiversité
La représentation ci-dessus montre comment cette prise en compte peut
être illustrée dans les documents de planification. La Trame Brune est en
effet la condition même d?existence de la Trame Verte et permet d?élargir
la prise en compte des enjeux de biodiversité (Figure 39).
Dans un contexte urbanisé, il est facilement imaginable d?avoir une bande
de terrain en fond de parcelle, s?étendant de part et d?autre de la limite,
avec dans le règlement écrit, la limitation du travail de la terre et des clô-
tures n?ayant pas de semelles filantes. Dans un contexte agricole, cette
solution est moins intéressante. Une bande traversant un champ où le la-
bour serait interdit va à l?encontre des pratiques de culture actuelles.
Afin de matérialiser dans les documents de planification l?objectif de pé-
rennisation de la Trame Brune, il est important d?analyser la matrice ca-
dastrale afin de voir si la géométrie du parcellaire est compatible avec les
notions de continuité du sol vivant. Ce découpage du parcellaire doit être
également analysé en lien avec la diversité des propriétaires présents et
la répartition entre la nature publique ou privée des propriétaires. Cette
INTRODUCTION / 87INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE DANS LES PROCESSUS D'AMÉNAGEMENT URBAIN / 87
connaissance précise permet de proposer des stratégies foncières adap-
tées à la préservation de la continuité de la Trame Brune.
Figure 40 - Matérialisation de la Trame Brune dans une logique de maitrise foncière
Le schéma ci-dessus illustre une hypothèse de matérialisation de la Trame
Brune dans une logique de maîtrise foncière (Figure 40).
L?hypothèse d?une maîtrise totale du foncier par une stratégie d?acquisi-
tion foncière apparaît d?office comme complexe, difficilement justifiable
et finalement souvent non adaptée. Une logique de découpage du foncier
permettant d?identifier la continuité écologique de manière plus perti-
nente sur le parcellaire, afin de lui appliquer un zonage de protection de
la Trame Verte spécifique semble plus réaliste (Figures 41 & 42). Reste Ã
identifier quels outils de maîtrise foncière conviendraient pour s?assurer
de la pérennisation de ladite trame.
88 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
Figure 41 - Exemple de divisions parcellaires intégrant un corridor écologique
Figure 42 - Exemple de nouveau zonage considérant les corridors écologiques
Corridor écologique
Parcelle cadastrale
Numéro de parcelle
Corridor écologique
Parcelle cadastrale
Zone au sens du PLU
INTRODUCTION / 89INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE DANS LES PROCESSUS D'AMÉNAGEMENT URBAIN / 89
L?acquisition foncière présente à cet égard des inconvénients notables. En
plus d?être coûteuse à l?achat, la gestion et l?entretien des parcelles restent
à la charge de la personne publique. Il faudrait par ailleurs, soit que le pro-
priétaire consente à la vente, soit que le bien soit mis en vente et compris
dans un périmètre de préemption, soit enfin que le bien puisse être expro-
prié (ce qui questionne sur la légalité de la déclaration d?utilité publique).
Les servitudes d?urbanisme entraînant l?inconstructibilité d?un bien ne
sont pas indemnisables, ce qui les rend difficilement acceptables par les
propriétaires qui les subissent.
Ces espaces, au lieu d?être mis en réserve, pourraient être vendus à des
tiers, qui constitueraient un ensemble de jardins privatifs sur lesquels des
prescriptions d?urbanisme, des prospects, un règlement spécifique ou un
cahier des charges de lotissement peuvent être appliqués.
L?agencement du foncier va alors ici être impacté et pensé selon ce règle-
ment. Enfin, l?aménagement pourrait être pensé dans le cadre de la légis-
lation relative au lotissement et le passage de la Trame serait préservé par
l?aménageur ; ensuite, sa pérennisation serait assurée par le règlement du
lotissement. Ce qui, éventuellement, pourrait par la suite, faire obstacle Ã
des projets de densification (Figure 43).
Figure 43 - Exemple de division foncière intégrant un corridor écologique au sein d'un lotisse-
ment
Parcelle cadastrale
Numéro de parcelle
Habitation
Route
Corridor écologique
90 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
Enfin, la maîtrise de la continuité de la Trame Brune peut être envisagée
avec l?utilisation d?un mécanisme de servitude, plus souple et ne né-
cessitant pas un contrôle total du foncier. Il existe différents mécanismes
de servitude : la servitude conventionnelle peut être envisagée s?il existe
un fonds dominant et un fonds servant21ne pouvant être réunis dans les
mains d?un même propriétaire. Étant donné le découpage foncier exis-
tant, il y aura nécessairement autant de servitudes que de parcelles tra-
versées par la Trame Brune, qui seraient définies, chacune, comme fonds
servant (Figure 44).
Du fait de son objectif ci-présent, la servitude conventionnelle n?a d?intérêt
que si elle est continue entre différents espaces servant de réservoir à la Trame
Brune. Cette servitude vise donc à relier ces réservoirs, par ce type de corridor,
afin de favoriser un brassage génétique des populations sur le long terme.
2 Le fonds (ou le terrain) est dit dominant lorsque la servitude est créée à son avantage.
Le fonds est servant lorsqu'il supporte la servitude, sans que cela crée un avantage pour
le propriétaire du terrain.
Figure 44 - Exemple de servitude
Parcelle cadastrale
Numéro de parcelle
Servitude
Fonds dominant
Corridor écologique
Fonds servant
INTRODUCTION / 91INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE DANS LES PROCESSUS D'AMÉNAGEMENT URBAIN / 91
Autre forme de servitude, le mécanisme de création d?une servitude dite
écologique ou environnementale ayant un objectif exclusivement de
préservation de l?environnement est actuellement à l?étude. Elle se rap-
proche de celui d?obligation réelle environnementale (Art. L. 132-3 du
Code de l?environnement) et pourrait trouver des applications dans cer-
taines situations pour la préservation de la Trame Brune.
Enfin, par le biais d?une loi, une servitude d?utilité publique ayant pour
objet la préservation des sols pourrait être créée (en prévoyant un méca-
nisme d?indemnisation).
En conclusion, plusieurs mécanismes de maîtrise foncière et de régle-
mentation des usages par le droit de l?urbanisme sont mobilisables, mais
leur pertinence dépend du contexte foncier. Plusieurs mécanismes pour-
ront d?ailleurs s?imaginer de manière combinée dans la mise en place
d?une stratégie territoriale de protection. Ils pourront enfin être complétés
par des outils contractuels pour assurer la pérennité dans le temps de la
Trame Brune.
Ainsi, si la prise en compte de la Trame Brune est envisagée d?un point
de vue politique, technique ou peut-être demain réglementaire, sa prise
en compte dans l?élaboration des documents de planification urbaine est
tout à fait possible, pertinente et souhaitable. Sa prise en compte néces-
site néanmoins une approche différente et complémentaire de celle des
Trames Verte et Bleue. Alors que la Trame Brune est moins facilement
perceptible au premier abord car située dans la matrice du sol et non pas
au-dessus, Ã la vue de tous.
Notre étude TRAM?BIOSOL montre que la caractérisation de la Trame
Brune à l?échelle de la ville est possible, même hors des espaces naturels et
agricoles, y compris sur les espaces déjà urbanisés. Une fois cette connais-
sance globale acquise, l?analyse de la Trame Brune met en évidence des
secteurs de fragilité sur lesquels doivent se focaliser des prescriptions
particulières à intégrer aux documents de planification urbaine. C?est
cette possibilité qui a été notamment analysée sur le secteur de la Com-
mune de Palaiseau, et qui montre que le croisement de plusieurs outils
réglementaires (PADD, OAP, Zonage, ?) permet d?apporter un cadre pré-
cis pour la traduction dans l?opérationnalité de la prise en compte de la
Trame Brune.
CONCLUSION ET
PERSPECTIVES DE
L'ÉTUDE TRAM?BIOSOL
/ 93
INTRODUCTION / 93
TRAME VERTE ET TRAME BRUNE, DES TRAMES
SUPERPOSÉES OU COMPLÉMENTAIRES ?
D?après le modèle conceptuel de la Trame Brune développé dans notre
projet TRAM?BIOSOL, la Trame Brune est incluse dans la Trame Verte.
La Trame Verte urbaine est définie par l?ensemble des espaces végétalisés
utilisés par des organismes invertébrés ou vertébrés vivant à la surface du
sol, capables de se déplacer de plusieurs centaines de mètres/an et dispo-
sant le plus souvent de pattes et/ou d?ailes. Ces invertébrés trouvent leurs
ressources trophiques et/ou un espace de protection contre les prédateurs
au sein des communautés végétales. La localisation des espaces végétali-
sés de la Trame Verte permet en effet de cartographier les surfaces de sols
capables d?assurer une production primaire de ressources alimentaires
pour la biodiversité du sol, et d?identifier ainsi une Trame Brune poten-
tielle.
Cette Trame Brune concerne cependant des organismes plus contraints
en termes de déplacements et de ressources alimentaires, les taxons usa-
gers de la Trame Brune étant associés au sol durant toute la durée de leur
cycle biologique (espèces géobiontes). De plus, à la différence des taxons
utilisateurs de la Trame Verte, ceux de la Trame Brune n?auront accès qu?Ã
certains espaces végétalisés interconnectés du fait de leur faible capaci-
té de dispersion et de franchissement de barrières anthropiques. Ainsi,
la distinction entre Trame Verte et Trame Brune est dépendante du
choix de l?organisme-modèle permettant de répondre à telle ou telle
problématique.
Les réservoirs de la Trame Brune sont également à distinguer de ceux
de la Trame Verte. A l?échelle des organismes du sol, des surfaces de 100
à 500 m² constituent déjà des paysages de grande dimension pour ces
taxons. En effet, du fait des faibles vitesses de déplacement des commu-
nautés lombriciennes, 1.5 à 14 mètres par an environ [7], elles sont suscep-
tibles de coloniser sur le long terme des réservoirs de surface relativement
restreinte comparativement aux réservoirs de Trame Verte qui peuvent
s?étendre sur plusieurs dizaines de km². La surface minimale d?un réser-
voir, nécessaire au maintien des communautés lombriciennes sur le long
terme, n?est cependant pas encore bien délimité dans la littérature scienti-
fique [18]. Néanmoins, un réservoir de Trame Brune doit constituer un
milieu de vie favorable au maintien et au développement des commu-
nautés lombriciennes, c?est-à -dire à niveau d?habitabilité élevé.
/ 93
94 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
CARTOGRAPHIER ET PRÉSERVER LA TRAME BRUNE
URBAINE
Au regard de l?étude TRAM?BIOSOL, plusieurs enseignements peuvent
être retenus pour identifier, préserver et restaurer la Trame Brune ur-
baine:
? La cartographie de la Trame Brune ne fait sens à l?heure actuelle que
par l?identification de zones à haut potentiel d?habitabilité (i.e., potentiels
réservoirs). Cette identification de réservoirs de biodiversité édaphique
nécessite une connaissance urbanistique, historique et pédologique fine
afin d?aboutir à une carte des sols à l?échelle d?une commune voire de ses
quartiers (1/10 000e voire 1/5 000e) et ainsi à une carte de la Trame Brune
potentielle, permettant d?identifier des zones à enjeux qui pourraient
faire, ensuite, l?objet d?un diagnostic des communautés lombriciennes.
? La préservation et/ou la restauration de la Trame Brune peut d?ores
et déjà suivre des règles de décision simples à l?issue du diagnostic lom-
bricien, à savoir (1) mettre en défends les réservoirs lombriciens avé-
rés; (2) restaurer les communautés lombriciennes dans les zones dé-
ficitaires (e.g., sols partiellement ou totalement dégradées, remaniées
récemment?). Dans cette dernière situation, plusieurs cas de figure
peuvent se proposer :
- Les sols présentent une habitabilité élevée et sont en connexion
avec un réservoir : il est hautement probable que les communautés
se restaurent naturellement à partir d?un pool d?espèces existant et/
ou par colonisation (dispersion des lombriciens par leurs propres
moyens), à condition que les communautés aient pu bénéficier d?un
temps suffisant long permettant leur restauration ;
- Les sols présentent une habitabilité élevée et ne sont pas en
connexion avec un réservoir : (1) les communautés peuvent se res-
taurer uniquement à partir d?un pool d?espèces qui aurait été pré-
servé dans des horizons profonds, ou (2) aucun pool d?espèces n?a
pu être préservé (e.g., reconstitution d?un sol profond) ; dans ce cas,
des techniques d?inoculation permettraient de compenser un défi-
cit d?abondance ou de catégories écologiques à un instant t. Dans la
limite d?un milieu d?accueil favorable, il peut s?agir d?introduction de
lombriciens adaptés au milieu d?accueil par prélèvements dans un
milieu naturel local [15], ou encore d?implantation dans le sol d?ac-
cueil, de blocs de sols contenant des lombriciens [19,20,21].
CONCLUSION ET PERSPECTIVES / 95
INTRODUCTION / 95CONCLUSION ET PERSPECTIVES / 95
- Les sols présentent une habitabilité faible : des solutions d?in-
génierie pédologiques peuvent être mises en oeuvre pour produire
des sols à niveau d?habitabilité plus élevé, c?est-à -dire respectant les
critères pédologiques et physico-chimiques nécessaires à l?atteinte
d?une habitabilité élevée à très élevée (cf. Habitabilité des sols). Les
cas de figure précédents peuvent ensuite être remobilisés.
LES ENJEUX DE LA PRISE EN COMPTE DE LA TRAME
BRUNE DANS LA FABRIQUE DE LA VILLE
Jusqu?à récemment, la question des sols ne se posait pas véritablement
dans les processus amont de développement urbain. Les sols naturels
ou agricoles situés en périphérie des villes ont longtemps été considérés
comme de simples réserves foncières dont la seule valeur sociétale était
de permettre l?extension urbaine, aussi bien en zones urbaines que ru-
rales. Depuis les années 1960, l?étalement urbain a ainsi détruit ou dégra-
dé ces sols fertiles qui avaient nourri ces mêmes villes pendant des siècles
après leur installation tout en leur prodiguant d?importantes aménités en-
vironnementales. La prise de conscience progressive, à partir des années
2000-2010, de l?enjeu de préserver les surfaces et les potentialités des sols
a conduit à l?intégrer dans la loi dite Climat et Résilience (2021) qui a défi-
ni l?objectif de Zéro Artificialisation Nette des sols (ZAN) à l?horizon 2050.
L?intégration d?une Trame Brune dans les processus de fabrique de cette
nouvelle ville est nécessaire dès la planification, afin de garantir la déter-
mination de projets en accord avec les services rendus par les sols non
imperméabilisés. En outre, dans un contexte de renaturation comptabili-
sée au titre du ZAN, la désartificialisation de sols dans l?enveloppe urbaine
pourrait contribuer in fine à la reconstitution d?une Trame Brune fonc-
tionnelle. Parmi les fonctions du sol, la fonction « habitat pour la biodiver-
sité » est centrale. En effet, la réalisation des fonctions du sol est en grande
partie assurée par la biodiversité du sol, grâce à des interactions com-
plexes, trophiques et non trophiques, entre les composantes biotiques et
abiotiques du sol. Pour évaluer le fonctionnement biologique des sols, le
bioindicateur lombricien est ainsi apparu comme pertinent au regard de
son statut d?espèce « clé de voûte » et « ingénieur des écosystèmes » (cf.Le
ver de terre comme taxon cible de la TBU).
Néanmoins, au sens du Code de l?environnement, l?absence de cadre ju-
ridique protégeant les sols « pour eux-mêmes », ajoutée au manque de
formation et de sensibilisation des acteurs de l?aménagement (élus, amé-
nageurs, urbanistes, architectes, ?) en relation aux enjeux fonciers, n?en-
96 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
CONCLUSION ET PERSPECTIVES / 97
couragent pas l?intégration des multifonctionnalités de tels sols dans les
processus d?aménagement urbain. A ce jour, l?intégration de la Trame
Brune dépend d?approches volontaires portées par des acteurs attentifs Ã
ces aspects nouveaux de la préservation d?un cadre de vie urbain résilient.
Ces démarches gagneraient à être généralisées, ne serait-ce que pour ga-
rantir la fonctionnalité de la Trame Vertes d?ores et déjà identifiée dans le
SRCE.
La prise en compte de la Trame Brune aux échelles de la planification et
de l?aménagement, a pour objectif de préserver et/ou de restaurer la bio-
diversité des sols susceptible d?optimiser l?ensemble des bénéfices en dé-
coulant.
La préservation/restauration de la biodiversité des sols, évaluée à partir
des vers de terre dans notre cas d?étude, passe par la prise en compte, dans
les démarches de planification et d?aménagement, des deux facteurs li-
mitants de la Trame Brune mis en évidence dans les chapitres 1 et 2 : (1)
l?habitabilité et (2) la continuité des sols (cf. 1.3).
Il semble d?abord nécessaire de clarifier, à l?échelle de la planification ur-
baine, les notions de ZAN et de Trame Brune. En effet, l?étude de la Trame
Brune soulève deux incohérences majeures par rapport aux concepts as-
sociés au ZAN :
? Tout d?abord, la métrique de l?évaluation du ZAN porte sur un pas
de 2500 m2 : or, la Trame Brune se qualifie et se cartographie à des
échelles plus fines, sur des espaces beaucoup plus petits.
? Ensuite, il n?existe aucune cohérence entre la Trame Brune, dans
sa réalité fonctionnelle, et les critères arbitraires d?attribution d?un
caractère artificialisé ou non d?un sol, tels qu'ils ont été définis avec
le couple ?couverture et usage du sol? de la nomenclature OCSGE
(OCcupation du Sol à Grande Echelle). Ainsi, un sol artificialisé au
sens de la nomenclature du ZAN n?implique pas nécessairement
une absence de Trame Brune fonctionnelle. Ces deux notions ne
portent donc pas sur le même objet.
Les postulats du ZAN définis à l?échelle de la planification peuvent être
mis de côté dès lors que l?on rentre dans la logique du projet. La mé-
thode d?évaluation du ZAN à l?échelle du projet reste en effet à inventer.
TRAM?BIOSOL apporte des premiers éléments de réponses opération-
nelles en prenant en compte la couverture pédologique grâce à :
? (1) Des études de terrain, qui ont permis d?introduire le concept
d?anthropisation des sols : cette anthropisation conduisant à des ni-
veaux fonctionnels très variables de ces sols. Ainsi, des sols forte-
ment anthropisés peuvent être très habitables et fertiles.
INTRODUCTION / 97CONCLUSION ET PERSPECTIVES / 97
? (2) Des cartes des sols et des cartes thématiques telle que la carte
de la Trame Brune potentielle et de son habitabilité potentielle.
? (3) Des prélèvements lombriciens sur le terrain permettant de véri-
fier l?habitabilité réelle des sols, et donc vérifier les hypothèses théo-
riques d?habitabilité potentielle. Il a ainsi été constaté que dans le
cas d?une forte habitabilité du sol, quel que soit son état d?anthropi-
sation, les discontinuités ne génèrent que peu d?effet sur le maintien
et la diversité des populations. La question des flux géniques sur le
long terme entre des espaces discontinus se pose néanmoins.
Il ne peut pas y avoir de compréhension de la Trame Brune, ni de la re-
lation entre forme urbaine et biodiversité des sols sans cartographie et
évaluation des sols réalisée à l?échelle des quartiers, permettant de définir
notamment l?habitabilité potentielle de ces sols pour la biodiversité. Ces
premiers résultats montrent le formidable intérêt qu?il y aurait à mieux
connaître les fonctions des sols (habitabilité, fertilité, ?) au sein de la
zone artificialisée de la ville qui apparait aujourd?hui en blanc dans les
cartes pédologiques. A l?avenir, un fort besoin de connaissances des sols Ã
de grandes échelles (1 :5000e ou 1 :10 000e) peut être espéré pour mieux
combiner forme urbaine et biodiversité dans les grands projets urbains.
Ce sera néanmoins aux acteurs de l?aménagement, s'ils sont convaincus,
de prendre en charge l?acquisition de la connaissance de la biodiversité
des sols.
Cette connaissance, une fois acquise, permettrait par rétroaction de dis-
cuter du ZAN sur des bases concrètes à l?échelle du projet, en intégrant
notamment les fonctions remplies par ces sols. C?est donc une possibilité
de traduire le ZAN plus finement à l?échelle du projet, au regard de sa défi-
nition fonctionnelle, qui ouvre l'opportunité de décliner la réglementation
de la loi à l?échelle du projet. Cette traduction pourrait s'opérer (i) par une
recherche d?un équilibre ZAN évaluée à l?échelle du projet, (ii) par l?appli-
cation du principe ERC. Les surfaces et proportions du projet correspon-
dant aux logiques d?évitement, de réduction et de compensation peuvent
être facilement évaluées grâce à la connaissance des sols. Enfin, cela vou-
drait dire qu?il faudrait intégrer aux études d?impact, une cartographie des
sols qui permettrait de rendre compte de l?incidence réelle du projet en
cohérence avec l?objectif ZAN.
Il faudra également stabiliser et préciser la notion de pleine terre. En ef-
fet, la séquence ERC ne pourra s?appliquer qu?aux grands projets soumis
à étude d?impact : comment faire le lien entre la notion de Trame Brune
et celle de pleine terre ? Par exemple, les exigences en matière de pleine
terre pourraient être utilisées lors de la définition de la Trame Brune pour
des petits projets diffus.
98 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
/ 99
Il sera nécessaire de combiner l'approche ERC et l?application du ZAN
dans les grands projets, ainsi que la maîtrise de la Trame Brune dans les
projets diffus avec les exigences de pleine terre, avant d?envisager de nou-
velles logiques de composition des projets urbains qui tiennent compte
de la fonctionnalité de la Trame Brune. Cette ambition porte tant sur la
conception des projets de reconstruction de la ville sur elle-même, que
sur les processus de gestion ultérieurs, pour entretenir et stimuler la vie
biologique des sols par l?adaptation des pratiques d?entretien.
Les deux questions suivantes restent néanmoins toujours sans réponse :
? Comment répondre à la difficulté pour les cartographes des sols
urbains de rendre compte de la complexité et de la diversité des sols
urbains ?
? Comment sensibiliser et acculturer les acteurs de l'aménagement
de la ville pour qu'ils comprennent les enjeux de prise en compte de
la Trame Brune et consentent à commander ces études ?
INTRODUCTION / 99 / 99
BIBLIOGRAPHIE
/ 101
INTRODUCTION / 101 / 101
[1] Hinsinger P. La vie cachée des sols. 2024. Editions Quae.
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ZAN%20consiste%20%C3%A0,artificialis%C3%A9s%20sur%20le%20terri-
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102 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
[15] AFNOR Qualité des sols - Cartographie des sols appliquée à toutes les
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vue de leur utilisation en cartographie des sols NF X 31 560 AFNOR, 2007.
[16] https://ecobiosoil.univ-rennes1.fr/page/protocole-participa-
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[18] MAUTUIT (A.), FERNADEZ MARCHAN (D.), BARANTAL (S.),
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[21] BRUN (J.J.), CLUZEAU (D.), TREHEN (P.) & BOUCHE (M.B.) - Biosti-
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stimulation ou introduction d'espèces lombriciennes efficientes. Rev. Ecol.
Biol. Sol, 24 (4) : 685-701 (1987)
LEFEBVRE (H.). Méthodologie cartographique et caractérisation des conti-
nuités écologiques des sols de la ville de Paris : vers la caractérisation d?une
Trame Brune en milieu urbain fragmenté. Mémoire de fin d?études. Cur-
sus ingénieur AgroParisTech, dominante IDEA (Encadrement D.Cluzeau,
Yan Le Bourligu & J.Maréchal) (2022).
NOURRY (S.) - Stage M2 AETPF AgroParisTech Parcours Gestion des Sols
et Services Ecosystémiques. TRAM?BIOSOL. Caractérisation de sols ur-
bains et définition d?un gradient d?artificialisation pour l?étude de la Trame
Brune. Février-Août 2021. (Encadrement D. Cluzeau, Rebecca Dingkuhn)
DERDER (A.) ? Stage M2 BEE Université Paris-Saclay Parcours Ecologie
de la Conservation. TRAM?BIOSOL. Evaluation de la capacité des espaces
verts urbains en Ile-de-France à assurer un rôle de réservoir de biodiversité
pour les communautés lombriciennes. Février-Août 2021. (Encadrement
D. Cluzeau, J. Maréchal)
INTRODUCTION / 103 BIBLIOGRAPHIE / 103
HUET (M.) ? Stage M1 BEE Université de Rennes 1 Parcours Stratégie de
Développement. TRAM?BIOSOL. Isolement et naturalité selon les formes
urbaines des quartiers de la commune de Palaiseau. Mai-Juillet 2021. (En-
cadrement D. Cluzeau, J. Maréchal)
LLEDO (K.) - Stage de formation pratique de Master de l?Ecole Nationale
d?Architecture Paris-Val de Seine. TRAM?BIOSOL. Intégration de la Trame
Brune et de la biodiversité lombricienne dans les programmes d?aménage-
ment urbain. Février-Mai 2021. (Encadrement E. Lénack)
CAFFIAUX (P.), NIRLO (C.), PICARD (L.) ? Projet pré-professionnel ?
Ecole Supérieur d?Ingénieurs Géomètres et Topographes. « Préservation
d?une Trame Brune à l?échelle d?un projet d?aménagement : quelle straté-
gie foncière opérer ? ». Octobre 2022-Janvier 2023. (Encadrement M. Des-
rousseaux)
ANNEXES
INTRODUCTION / 105 / 105
ID UTS
S01 LUVISOL TYPIQUE-REDOXISOL limono-argileux à argilo-li-
moneux, épais, sur argile
S02 LUVISOL TYPIQUE-REDOXISOL surrédoxique, limono-argileux
à argileux, épais, sur argile
S03 LUVISOL TYPIQUE, rédoxique, argilo-limoneux, épais, sur argile
limoneuse
S04 ANTHROPOSOL RECONSTITUE, sablo-argileux à sableux, cal-
caire, peu épais, issu de matériaux pédologiques hétérogènes Ã
artéfacts, sur remblai compact
S05 LUVISOL TYPIQUE, limono-argileux, épais, sur argile limoneuse
calcaire
S06 LUVISOL TYPIQUE rédoxique, argilo-limoneux à argileux,
moyennement épais, sur argile compacte
S07 LUVISOL TYPIQUE rédoxique, argilo-limoneux à argileux, cal-
caire, épais, sur argile compacte
S08 ANTHROPOSOL RECONSTITUE sableux, épais, issu de maté-
riaux sableux hétérogènes transportés
S09 LUVISOL TYPIQUE rédoxique, limono-argileux à argilo-li-
moneux, épais, sur argile
S10 ANTHROPOSOL RECONSTITUE, sablo-limono-argileux, à arté-
facts, très peu épais, issu de matériau hétérogène transporté
S11 LUVISOL TYPIQUE rédoxique, sablo-argileux à argilo-sableux,
moyennement épais, sur argile à meulière
S12 LUVISOL TYPIQUE limono-sableux-argileux à argilo-limo-
no-sableux, peu épais, sur argile
S13 LUVISOL TYPIQUE anthropisé, rédoxique, argilo-limoneux,
moyennement épais, remanié et enrichi en matière organique en
surface, sur argile
S14 ANTHROPOSOL RECONSTITUE rédoxique, argilo-limoneux,
moyennement épais, sur argile
S15 LUVISOL TYPIQUE remanié en surface, argilo-limoneux à sa-
blo-argilo-limoneux, moyennement épais, issu de matériau ar-
gilo-sableux
S16 LUVISOL TYPIQUE sablo-argilo-limoneux à argilo-sablo-li-
moneux, peu épais, issu de matériau argilo-sableux
Annexe 1 ? Unités Typologiques de Sols associées à chacune des observations
106 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
S17 ANTHROPOSOL RECONSTITUE argilo-limono-sableux, très
peu épais, issu de matériaux pédologiques transportés, enrichis
en matière organique en surface, sur remblai compact
S18 ANTHROPOSOL RECONSTITUE argilo-limono-sableux, moyen-
nement épais, issu de matériaux pédologiques transportés, enri-
chis en matière organique en surface, sur remblai compact
S19 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argileux à argilo-li-
moneux, moyennement épais, issu de matériaux pédologiques
transportés, enrichis en matière organique en surface, sur rem-
blai compact
S20 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argileux à argilo-li-
moneux, peu épais, issu de matériaux pédologiques transportés,
enrichis en matière organique en surface, sur remblai compact
S21 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-sableux, très peu épais,
issu de matériaux pédologiques transportés enrichis en matière
organique, sur remblai compact
S22 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argileux, moyenne-
ment épais, issu de matériaux pédologiques transportés, enrichis
en matière organique en surface, sur remblai compact
S23 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argileux, peu épais, Ã
artéfacts, issu de matériaux pédologiques transportés enrichis en
matière organique
S24 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argileux, moyenne-
ment épais, issu de matériaux pédologiques transportés, enrichis
en matière organique en surface, sur remblai compact
S25 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-sableux, très peu épais,
issu de matériaux pédologiques transportés à artéfacts, sur rem-
blai compact
S26 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-sableux à limoneux,
calcaire, peu épais, issu de matériaux transportés pédologiques,
sur remblai compact
S27 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argileux à argilo-li-
moneux, peu épais, issu de matériaux pédologiques transportés,
enrichis en matière organique en surface, sur remblai compact
S28 ANTHROPOSOL RECONSTITUE rédoxique, limono-argileux Ã
argilo-limoneux, épais, issu de matériaux pédologiques trans-
portés, sur LUVISOL décapé
INTRODUCTION / 107ANNEXES / 107
S29 LUVISOL TYPIQUE anthropisé, limono-sablo-argileux à argi-
lo-limono-sableux, moyennement épais, issu de matériaux pé-
dologiques transportés, sur LUVISOL décapé
S30 ANTHROPOSOL RECONSTITUE, limono-sablo-argileux, peu
épais, légèrement calcaire, issu de matériaux pédologiques
transportés, sur remblai compact hétérogène
S31 LUVISOL TYPIQUE rédoxique, limoneux à argilo-limoneux,
épais, sur argile limoneuse
S32 LUVISOL TYPIQUE rédoxique, argilo-limoneux à argileux, épais,
sur argile
S33 ANTHROPOSOL RECONSTITUE, limono-argileux à argilo-li-
moneux, calcaire, peu épais, à charge grossière, issu de maté-
riaux pédologiques transportés sur remblai compact
S34 ANTHROPOSOL RECONSTITUE rédoxique, limono-argileux Ã
argilo-limoneux, moyennement épais, issu de matériaux pédo-
logiques transportés sur remblai compact
S35 ANTHROPOSOL RECONSTITUE surrédoxique, limono-argi-
lo-sableux à argilo-sablo-limoneux, calcaire, épais, issu de maté-
riaux pédologiques transportés sur argile
S36 ANTHROPOSOL RECONSTITUE rédoxique, limono-argileux Ã
argileux, hétérogène, calcaire en sous-face, épais, issu de maté-
riaux pédologiques transportés sur argile limoneuse
S37 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argileux à argileux,
hétérogène, épais, calcaire en surface, issu de matériaux pédolo-
giques transportés sur argile limoneuse
S38 ANTHROPOSOL RECONSTITUE surrédoxique, limono-argileux,
épais, issu de matériaux pédologiques transportés, sur LUVISOL
enfoui
S39 ANTHROPOSOL RECONSTITUE ? REDOXISOL surrédoxique,
argilo-limoneux, épais, issu de matériaux pédologiques trans-
portés, sur argile limoneuse
S40 LUVISOL TYPIQUE rédoxique, argilo-limoneux, épais
S41 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argileux, moyenne-
ment épais, issu de matériaux pédologiques transportés, sur ar-
gile compacte
S42 ANTHROPOSOL RECONSTITUE rédoxique, limono-argileux Ã
limono-sablo-argileux, épais, issu de matériaux pédologiques
anthropisés, sur remblais compacts
108 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
S43 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argilo-sableux, cal-
caire, peu épais, issu de matériaux pédologiques transportés, sur
remblais
S44 ANTHROPOSOL RECONSTITUE argilo-sableux à sablo-li-
moneux, calcaire en profondeur, épais, issus de matériaux pédo-
logiques transportés à charge grossière, sur remblais
S45 ANTHROPOSOL RECONSTITUE argilo-limono-sableux, cal-
caire, moyennement épais, à horizon humifère de surface, issu
de matériaux pédologiques transportés à charge grossière, sur
remblais
S46 ANTHROPOSOL RECONSTITUE argilo-limoneux à limono-argi-
lo-sableux, peu épais, issu de matériaux pédologiques transpor-
tés anthropisés, calcaires en profondeur, sur remblais
S47 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argileux, calcaire,
moyennement épais, issu de matériaux pédologiques transpor-
tés caillouteux, sur remblais
S48 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argileux, peu épais,
issu de matériaux pédologiques transportés, sur remblai com-
pact
S49 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-sableux, calcaire, peu
épais, issu de matériaux pédologiques transportés, sur remblai
compact
S50 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argileux, peu épais,
issu de matériaux pédologiques transportés, sur remblai com-
pact
S51 LUVISOL TYPIQUE rédoxique, argilo-limoneux, épais, anthropi-
sé en surface, sur argile
S52 ANTHROPOSOL RECONSTITUE argilo-sableux, faiblement cal-
caire, peu épais, issu de matériaux pédologiques transportés sur
remblai compact
S53 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argileux, calcaire,
moyennement épais, issu de matériaux pédologiques transpor-
tés, sur remblai calcaire
S54 LUVISOL TYPIQUE rédoxique, limoneux à limono-argileux,
épais, sur argile
S55 LUVISOL TYPIQUE limoneux à limono-argileux, moyennement
épais, sur argile
INTRODUCTION / 109ANNEXES / 109
S56 LUVISOL TYPIQUE rédoxique, limono-argileux à argileux,
moyennement épais, sur argile
S57 LUVISOL TYPIQUE limono-argileux, anthropisé en surface,
moyennement épais, sur argile
S58 ANTHROPOSOL RECONSTITUE argilo-limoneux, calcaire,
moyennement épais, issu de matériaux pédologiques calcaires,
caillouteux en profondeur, sur remblai compact
S59 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argileux à argilo-li-
moneux, faiblement calcaire, moyennement épais, issu de maté-
riaux pédologiques transportés sur remblai compact
S60 ANTHROPOSOL RECONSTITUE argilo-limoneux, calcaire,
moyennement épais, issu de matériaux pédologiques transpor-
tés, sur remblai compact
S61 ANTHROPOSOL RECONSTITUE argileux à limoneux, peu épais,
à horizon organique enfoui, sur remblai compact
S62 LUVISOL TYPIQUE rédoxique, limono-argileux, peu épais, sur
argile
S63 LUVISOL TYPIQUE limono-sableux à limono-argileux, moyen-
nement épais, anthropisé en surface, sur argile
S64 LUVISOL TYPIQUE rédoxique, argilo-limoneux, épais, sur argile
S65 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-sableux, très peu épais,
compacté, issu de matériaux pédologiques transportés, sur rem-
blai compact
S66 ANTHROPOSOL RECONSTITUE rédoxique, argilo-limoneux Ã
limono-argileux, épais, calcaire en profondeur, issu de matériaux
pédologiques transportés, sur remblai sableux compact
S67 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argileux, faiblement
calcaire, peu épais, issu de matériaux pédologiques transportés,
sur remblai compact
S68 ANTHROPOSOL RECONSTITUE argilo-limoneux, faiblement
calcaire, moyennement épais, issu de matériaux pédologiques
transportés, sur remblai compact
S69 ANTHROPOSOL RECONSTITUE rédoxique, argilo-limoneux Ã
argileux, épais, issu de matériaux pédologiques transportés, sur
remblai compact
110 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
S70 ANTHROPOSOL RECONSTITUE rédoxique, limono-argileux Ã
argilo-limoneux, moyennement épais, issu de matériaux pédolo-
giques transportés à charge grossière calcaire, sur remblai com-
pact
S71 ANTHROPOSOL RECONSTITUE rédoxique, limono-argileux,
moyennement épais, issu de matériaux pédologiques transpor-
tés sur remblai compact
S72 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argileux, calcaire, peu
épais, issu de matériaux pédologiques transportés sur remblai
caillouteux calcaire compact
S73 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argileux à argilo-li-
moneux, moyennement épais, faiblement calcaire en profon-
deur, issu de matériaux pédologiques transportés, sur remblai
compact
S74 ANTHROPOSOL RECONSTITUE argileux à argilo-limo-
no-sableux, moyennement épais, enrichi en matière organique
en surface, issu de matériaux pédologiques transportés, sur rem-
blai argileux
S75 LUVISOL TYPIQUE-REDOXISOL, limono-argileux, moyenne-
ment épais, anthropisé en surface
S76 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-sableux à argi-
lo-sableux, moyennement épais, issu de matériaux pédologiques
transportés hétérogènes, sur argile compacte
S77 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-sableux, calcaire, très
peu épais, issu de matériaux pédologiques transportés enrichis
en matière organique, sur remblai compact
S78 LUVISOL TYPIQUE-REDOXISOL limono-argileux, moyenne-
ment épais, sur argile
S79 ANTHROPOSOL RECONSTITUE argilo-limoneux, très peu
épais, issu de matériaux pédologiques caillouteux transportés
sur argile compacte
S80 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argileux à argilo-li-
moneux, calcaire, graveleux, enrichi en matière organique en
surface, très peu épais, issu de matériaux pédologiques transpor-
tés sur remblai compact
S81 LUVISOL TYPIQUE-REDOXISOL, limono-argileux à argileux,
peu épais, sur argile
INTRODUCTION / 111ANNEXES / 111
S83 ANTHROPOSOL RECONSTITUE-REDOXISOL limono-argileux,
calcaire, épais, issu de matériaux pédologiques transportés sur
LUVISOL décapé
S84 LUVISOL TYPIQUE-REDOXISOL limono-argileux à argileux,
épais, sur argile
S85 ANTHROPOSOL RECONSTITUE rédoxique, limono-argileux Ã
argilo-limoneux, épais, issu de matériaux pédologiques trans-
portés enrichis en MO, sur LUVISOL tronqué
S88 ANTHROPOSOL RECONSTITUE rédoxique, limoneux à limo-
no-argileux, épais, issu de matériaux pédologiques transportés
sur LUVISOL décapé
S89 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limoneux à limono-sableux,
calcaire, peu épais, issu de matériaux pédologiques transportés
sur remblai compact
S90 LUVISOL TYPIQUE anthropisé, rédoxique, limono-argileux Ã
argileux, épais, avec apport de matériau pédologique calcaire et
enrichi en matière organique en surface, sur argile
S91 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argileux, rédoxique,
calcaire, moyennement épais, issu de matériaux pédologiques
transportés sur argile compacte
S92 LUVISOL TYPIQUE-REDOXISOL anthropisé, limono-argileux Ã
argileux, calcaire, moyennement épais, avec apport de matériaux
pédologiques transportés et enrichis en matière organique en
surface, sur argile
S94 ANTHROPOSOL RECONSTITUE limono-argileux, calcaire, Ã
charge grossière, moyennement épais, issu de matériaux pédo-
logiques transportés, sur argile
S95 ANTHROPOSOL RECONSTITUE rédoxique limono-argileux Ã
argileux, calcaire, épais, issu de matériaux pédologiques trans-
portés, sur argile
S97 ANTHROPOSOL RECONSTITUE-REDOXISOL limono-argi-
lo-sableux à sablo-argileux, épais, issu de matériaux pédolo-
giques transportés enrichis en matière organique en surface, sur
argile
S99 LUVISOL TYPIQUE-REDOXISOL limono-argileux à argileux,
épais, sur argile
REMERCIEMENTS
INTRODUCTION / 113 / 113
Toute l?équipe de TRAM?BIOSOL souhaite remercier l?ensemble des per-
sonnes ayant contribué au projet :
? Le PUCA pour le subventionnement du projet, l?organisation des ren-
contres acteurs-chercheurs, et en particulier Sophie Carré pour le suivi
du projet et pour son aide dans l?organisation du séminaire de restitution
final du 5 juin 2024.
? L?ensemble des stagiaires et à l?équipe de Sol Paysage pour la collecte de
données de terrain, leur contribution aux réflexions méthodologiques, et
rapports de stage : Suzanne Nourry, Kevin Lledo, Mathilde Huet, Adam
Derder, Kilian Ringelstein, Alexane Leprisé, Howaida Abbas, Rebecca
Dingkuhn, Adama Diedhiou, Jean-Pierre Rossignol.
? Sarah Guillocheau pour la détermination taxonomique des lombriciens.
? Les membres du groupe de travail « planification » pour leur contribu-
tion aux réflexions : Gil Melin, Léa Assouline, Frédéric Ségur, Philippe
Branchu.
? Frédéric Ségur pour la contribution à la rédaction de la partie 3.
? Les habitants de Palaiseau et les équipes de la ville pour les autorisations
d?accès aux parcelles.
CONSEIL SCIENTIFIQUE DU
PROGRAMME BAUM
INTRODUCTION / 115 / 115
Hélène Peskine, secrétaire permanente du PUCA (2017-2024),
co-présidente du Conseil scientifique
Philippe Clergeau, professeur émérite au Muséum national d'his-
toire naturelle (MNHM), directeur scientifique du programme BAUM,
co-président du Conseil scientifique
Xavier Lagurgue, architecte DPLG associé XLGD architectures, pro-
fesseur à l?Ecole nationale supérieure d?architecture Paris-La-Villette
(ENSAPLV), chercheur GERPHAU EA 7486, associé CESCO, UMR 7204
Sébastien Barot, directeur de recherche à l'Institut de la recherche et
du développement (IRD), à l'Institut d'écologie et des sciences de l'en-
vironnement-Paris (IEES-Paris)
Corinne Tiry-Ono, architecte, professeure à l'Ecole nationale supé-
rieure d?architecture Paris-Val de Seine (ENSAPVS), laboratoire CRH
- UMR LAVUE, associée au CRCAO
Stéphane Garnaud-Corbel, chef de service adjoint, Service « Anthro-
pisation et fonctionnement des écosystèmes terrestres », Office fran-
çais de la biodiversité (OFB), Direction de la recherche et de l?appui
scientifique
Elodie Briche, PhD / coordinatrice R&D Urbanisme Durable, Ademe,
Pôle Aménagement des villes et territoires (PAVT)
Cécile Vo Van, directrice de projet Nature en ville et Solutions fondées
sur la nature (SFN), Cerema Territoires et ville
Eduardo Blanco, docteur en aménagement de l?espace, urbanisme,
chef de projets chez Energy Cities
Valérie Charollais, directrice de la Fédération nationale des Conseils
d?architecture, d?urbanisme et de l?environnement (FNCAUE)
Morgane Flegeau, urbaniste géographe, maîtresse de conférences en
géographie et aménagement, Université de Lorraine, Laboratoire LO-
TERR (EA 7304)
Sabine Bognon, urbaniste géographe, maîtresse de conférences Ã
l?École d?Urbanisme de Paris, laboratoire Lab?urba
Sandrine Larramendy, chargée de mission "Approches intégrées Vé-
gétal-Paysage-Urbanisme", Plante et Cité
Marc Bourgeois, maître de conférences en géographie et aménage-
ment, HDR, Faculté des lettres et civilisations, Université Jean Moulin
Lyon 3, UMR Environnement, Ville, Société - 5600 CNRS
116 / TRAM'BIOSOL - INTÉGRATION DE LA TRAME BRUNE ET DE LA BIODIVERSITÉ LOMBRICIENNE
DES SOLS DANS LES PROGRAMMES D'AMÉNAGEMENT URBAIN
Thomas Redoulez, délégué général, Union professionnelle du génie
écologique (UPGE) (jusqu'en juillet 2023)
Anaïs Leger-Smith, ingénieure paysagiste, enseignante-chercheuse Ã
l?École nationale supérieure d?architecture de Toulouse (ENSAT), la-
boratoire de recherche en architecture (LRA)
Simon Trauet, chef de projet Trame verte et bleue et Nature en ville,
Direction générale de l?aménagement, du logement et de la nature
(DGALN), Direction de l?eau et de la biodiversité (DEB), Sous-direc-
tion de la protection et de la restauration des écosystèmes terrestres,
Bureau de la politique de la biodiversité
Yannick Autret, expert transport, énergie et environnement, Commis-
sariat général au développement durable (CGDD), Service recherche
et innovation
Florence Drouy, cheffe du Bureau des villes et territoires durables,
Direction générale de l'aménagement, du logement et de la nature
(DGALN), Direction de l'habitat, de l'urbanisme et des paysages
(DHUP), Sous-direction de l?aménagement durable
INTRODUCTION / 117 / 117
POUR ALLER PLUS LOIN
La trame brune - TBr - urbaine reste méconnue en
tant que trame écologique pour la biodiversité des
sols alors qu?elle pourrait constituer un pivot décisif
pour une application opérationnelle cohérente des
politiques publiques convergeant vers le « zéro arti-
ficialisation nette ». Le projet Tram?BioSol a permis
d?étudier l?intégration de la TBr et de la biodiversité
lombricienne des sols dans les programmes d?amé-
nagement urbain. Cette intégration n?est cependant
possible que sur la base d?une compréhension com-
mune et partagée de ce concept encore émergent,
et des méthodes de diagnostics sur le terrain. Cet
ouvrage propose un cadre conceptuel de la TBr ur-
baine ainsi qu?une démarche méthodologique pour
la localiser et la caractériser à l?échelle des quartiers.
Organisme national de recherche et d?expérimentation
sur l?urbanisme, la construction et l?architecture, le Plan
Urbanisme Construction Architecture, PUCA, développe
à la fois des programmes de recherche incitative, et des
actions d?expérimentations. Il apporte son soutien Ã
l?innovation et à la valorisation scientifique et technique
dans les domaines de l?aménagement des territoires, de
l?habitat, de la construction et de la conception architec-
turale et urbaine.
TR
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30-34 Rue du Chemin Vert 75011 Paris
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ÉCHELLE 1/1
TONS RECOMMANDÉS (4)
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JFB
Date : 23/07/2019
JEANNE MARÉCHAL, XAVIER MARIÉ,
DANIEL CLUZEAU, ETIENNE LÉNACK,
MAYLIS DESROUSSEAUX
TRAM?BIOSOL
INVALIDE)