Plan Joana pour la sécurisation des transports scolaires
Auteur moral
République française
Auteur secondaire
Résumé
Le Plan Joana, présenté le 30 avril 2025, vise à renforcer la sécurité des transports scolaires après le drame de Châteaudun. Il repose sur cinq axes : prévention et dépistage des stupéfiants, amélioration des véhicules, implication des usagers, sanctions renforcées et contrôles accrus. Objectif : tolérance zéro face aux comportements à risque pour protéger les 2 millions d'élèves concernés chaque jour.
Descripteur Urbamet
sécurité routière
Descripteur écoplanete
Thème
Transports
Texte intégral
PLAN JOANA
POUR LA SÉCURISATION
DES TRANSPORTS SCOLAIRES
DOSSIER DE PRESSE / 30 AVRIL 2025
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ÉDITOS
Philippe TABAROT
ministre chargé des
Transports
François-Noël BUFFET
ministre auprès du
ministre d?État, ministre
de l?Intérieur
Le décès de Joana, le 30 janvier, a bouleversé
tous les Français. Le test positif au cannabis du
conducteur du car impliqué dans l?accident a
provoqué une prise de conscience collective
sur une pratique isolée mais inacceptable :
la conduite de transports en commun sous
l?emprise de stupéfiants.
Comme je m?y étais engagé à la suite de ce
drame, j?ai souhaité mobiliser les entreprises
et les collectivités en charge du transport
scolaire pour renforcer la sécurité des élèves
qui se rendent quotidiennement dans leur
établissement.
Le plan présenté aujourd?hui est le résultat de
ce travail collectif. Il permet de renforcer la
sensibilisation, la prévention et les dépistages
de la consommation de stupéfiants. Il contribue
à faire du port de la ceinture de sécurité un
réflexe.
Transporter les élèves de primaire, les collégiens
et lycéens de notre pays est une mission
exigeante, remplie avec professionnalisme par
plus de 30 000 conducteurs. Avec ce plan, nous
souhaitons préserver et consolider le lien de
confiance entre ces professionnels et les familles
qui leur confient, chaque jour, leurs enfants. »
Aucun enfant ne doit risquer sa vie à cause
d?un chauffeur conduisant sous l'emprise de
stupéfiant ou d?alcool. C?est la raison d?être de
ce plan d?action contre l?usage de stupéfiants
dans les transports scolaires, qui s?inscrit plus
largement dans notre combat permanent contre
le fléau du trafic et de la consommation de
stupéfiants dans notre pays.
Cela passe d?abord par la sensibilisation et la
prévention, notamment via le dépistage. Parce
que la prévention seule ne suffit pas, il faut
également renforcer les capacités de contrôle
par les forces de l?ordre et les sanctions pénales
et administratives applicables.
Notre détermination pour changer les mentalités
et faire reculer ce fléau encore à l'origine d'un
accident de la route mortel sur cinq, est totale.
Nous n?avons pas le droit de laisser se reproduire
le drame de Châteaudun, qui a couté la vie à la
jeune Joana. »
«
«
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SOMMAIRE
La sécurité du transport scolaire :
tous responsables p.4
Axe 1 : Améliorer la sensibilisation,
la prévention et le dépistage pour lutter
contre les stupéfiants p.5
Axe 2 : Renforcer la sécurité dans
les véhicules de transport collectif p.6
Axe 3 : Écouter, impliquer et
responsabiliser les usagers p.6
Axe 4 : Renforcer les sanctions
applicables p.7
Axe 5 : Renforcer les capacités
de contrôle p.7
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LA SÉCURITÉ DU TRANSPORT
SCOLAIRE : TOUS RESPONSABLES
Chaque jour, près de 2 millions d?élèves
empruntent les transports scolaires pour rejoindre
leur établissement. Organisé à l?échelle locale, le
transport scolaire relève des collectivités terri-
toriales, qui s?appuient sur un réseau d?acteurs
publics et privés pour assurer les trajets quoti-
diens entre le domicile et l?établissement scolaire.
Cette mission est assurée avec un grand profes-
sionnalisme par plus de 30 000 conducteurs de
cars et de bus scolaires, auxquels incombe une
responsabilité majeure en matière de sécurité.
Un cadre réglementaire structuré, reposant sur
des règles précises, des contrôles réguliers et un
régime strict de sanctions en cas de manque-
ment, encadre déjà cette activité.
Toutefois, la progression de l?accidentalité et des
conduites à risque révèle la nécessité de renforcer
les actions existantes, notamment en matière de
prévention, de formation, de suivi et de contrôle.
Le plan de dépistages mené à la suite de l?accident
survenu à Châteaudun, le jeudi 30 janvier, ayant
coûté la vie à Joana, une jeune lycéenne, a mis en
évidence des cas préoccupants de conduite après
usage de substances pouvant altérer la capacité
à conduire parmi les conducteurs de transports
scolaires. Ainsi, en février 2025, près de 30 000
contrôles ont permis de détecter 63 conducteurs
alcoolisés (0,22 %) et 119 conducteurs positifs aux
stupéfiants (0,43 %). En mars 2025, plus de 6 000
contrôles ont permis de détecter 14 conducteurs
alcoolisés (0,21 %) et 26 conducteurs positifs au
stupéfiants (0,44 %).
Ces nouveaux risques appellent une réponse forte
et adaptée.
Dans ce contexte, Philippe Tabarot, ministre
des Transports, et François-Noël Buffet, ministre
auprès du ministre d?État, ministre de l?Intérieur,
ont souhaité proposer un ensemble de nouvelles
mesures destinées à appliquer une tolérance zéro
face aux comportements à risque, dans le cadre
d?une action résolue de l?État menée contre les
trafics de drogue à la source.
Parce que la sécurité des transports scolaires est
l?affaire de tous, le plan vise également à accom-
pagner les constructeurs pour faire des véhicules
des espaces plus sûrs, en complément d?un cadre
règlementaire européen et international qui se
renforce en continu afin de détecter la baisse
de vigilance des conducteurs ou encore faciliter
l?évacuation des véhicules.
Ces mesures concrètes seront complétées d?une
action forte de prévention et de renforcement
des possibilités de signalement des comporte-
ments à risque pour les enfants et leurs familles.
Renforcer la vigilance collective pour assurer
la sécurité de nos enfants, de la maison à l?éta-
blissement, telle est l?exigence portée par le plan
Joana.
En 2023, les accidents impliquant des
autocars ont représenté 0,3 % des
accidents de la route et 0,7 % de la morta-
lité routière1.
Les principaux facteurs de risque dans le
transport scolaire sont le non-port de la
ceinture de sécurité et la conduite sous
l'emprise de stupéfiants.
Le non-port de la ceinture de sécurité
est encore trop répandu chez les jeunes
passagers. Ces 5 dernières années, dans
un accident d'autocar, 19% des blessés de
7-13 ans et 30% des blessés de 14-17 ans ne
portaient pas la ceinture). En 2024, selon
l'Association nationale pour les trans-
ports éducatifs de l'enseignement public
(ANATEEP), sur les 24 retournements ou
renversements de véhicules scolaires, 15
n'ont fait aucune victime grâce au port de
la ceinture.
Même si le nombre d'accidents reste relati-
vement faible, la conduite sous emprise
de stupéfiants est un risque majeur.
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1. Source : Observatoire national interministériel de la
sécurité routière
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La charte signée le 30 avril entre la Fédéra-
tion nationale des transports de voyageurs
(FNTV) et Régions de France acte d?ores
et déjà l?engagement des Régions, en tant
qu?autorités organisatrices de la mobilité,
et des opérateurs de transport scolaire,
à renforcer les actions de formation, de
prévention et de dépistage.
AXE 1
AMÉLIORER LA SENSIBILISATION, LA PRÉVENTION ET LE DÉPISTAGE
POUR LUTTER CONTRE LES STUPÉFIANTS
La consommation de stupéfiants s?est banalisée
et ses dangers sont souvent méconnus, voire
minorés, notamment en matière de conduite.
Une stratégie de lutte contre les stupéfiants
doit reposer sur un engagement collectif :
employeurs, conducteurs, entreprises, autorités
organisatrices, État, etc.
En complément des contrôles effectués par
les forces de l?ordre, il est nécessaire d?intensi-
fier les dépistages au sein des entreprises afin
d?éviter les risques de conduite après l?usage de
stupéfiants. Il sera donc imposé un test aléatoire
par an aux conducteurs de transports publics et
scolaires.
La lutte contre la consommation de stupéfiants
passe aussi par une action renforcée en matière
de prévention.
Dans le cadre du plan Joana, les entreprises
se mobilisent pour mettre en place des plans
de prévention et de sensibilisation sur la lutte
contre les addictions. En parallèle, l?État s?engage
à mettre en avant les risques des conduites
addictives dans le cadre des Formations initiales
et continues des conducteurs professionnels.
C?est par une mobilisation collective que nous
répondrons à ce défi.
Faciliter et renforcer les dépistages opérés
par les employeurs
Mesure n°1 : Imposer la mise en oeuvre d?un
minimum de 1 dépistage aléatoire par an et
par chauffeur pour détecter la consommation
de substances pouvant altérer les capacités à
conduire
Mesure n°2 : Soumettre les conducteurs à un
dépistage lors des visites médicales imposées
tous les 5 ans pour le renouvellement du permis
de conduire poids-lourds
Renforcer les obligations en matière de
formation et de sensibilisation
Mesure n°3 : Intégrer un module sur les risques
des conduites addictives lors des formations
initiale et continue des conducteurs profession-
nels
Mesure n°4 : Inciter à la mise en place de plans
de prévention et de formation spécifiques à la
lutte contre les addictions par les entreprises
opérant des transports scolaires
? à mettre en place des épreuves de dépistage
systématiques à l?embauche des nouveaux
conducteurs ;
? à réaliser des dépistages de stupéfiants, au
moins une fois par an, sur chaque conducteur,
de manière aléatoire et inopinée ;
? à renforcer les actions d?information des
élèves sur les équipements de sécurité, notam-
ment sur le port obligatoire de la ceinture de
sécurité à bord des autocars.
LA FNTV ET RÉGIONS DE FRANCE S?ENGAGENT :
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AXE 2
RENFORCER LA SÉCURITÉ DANS LES VÉHICULES DE TRANSPORT COLLECTIF
La sécurité dans les véhicules de transport
collectif est une priorité pour tous les construc-
teurs.
Son renforcement passe par le développe-
ment et l?intégration de dispositifs techniques
dans les véhicules de transport. L?installation
d?éthylotests antidémarrage, introduits dans
les autocars affectés au transport en commun
d?enfants en 2010, puis généralisé à l?ensemble
des autocars de transport de personnes en 2015,
témoigne d?une attention collective croissante
aux enjeux de sécurité.
Comme pour l?alcool, la mise en place d?un
stupotest antidémarrage permettra de s?assurer
qu?aucun conducteur ne puisse conduire après
une consommation de stupéfiants. Cette
solution doit aujourd?hui faire l?objet de dévelop-
pements techniques pour être pleinement
opérationnelle.
Le Gouvernement fixe l?objectif que tout
nouveau véhicule de transport scolaire comporte
un stupotest antidémarrage d'ici 4 ans.
D?autres innovations supposent de poursuivre
les travaux de recherche, de développement,
puis d?industrialisation. Afin d?identifier les
solutions les plus propices au gain de sécurité
dans les véhicules, et pour les porter aux niveaux
européen et international dans le cadre de
futures règlementations, un groupe de travail
associant l?État, les fédérations d?entreprises, les
constructeurs et les autorités organisatrices sera
mis en place. Les travaux engagés permettront
d?éprouver la maturité de plusieurs solutions
proposées par les associations de prévention
routière : airbags rideaux, dispositifs sonores et
lumineux incommodants en cas de non-port de
la ceinture, ceintures modulables à 3 points en
lieu et place des ceintures ventrales?
Ces nouvelles mesures s?inscrivent dans un
cadre règlementaire qui se renforce en continu.
Des règlementations européennes et mondiales
imposeront que les nouveaux véhicules, courant
2026, comportent des nouveaux dispositifs
avancés pour détecter la baisse de vigilance des
conducteurs (comme les caméras embarquées),
ou encore des dispositifs pour briser rapidement
les vitres des cars afin d?en faciliter l?évacuation.
Garantir le zéro stupéfiant au volant
Mesure n°5 : Imposer la mise en place de stupotest
antidémarrage dans les nouveaux véhicules de
transport scolaire d?ici 4 ans.
AXE 3
ÉCOUTER, IMPLIQUER ET RESPONSABILISER LES USAGERS
La sécurité dans les transports scolaires est
l?affaire de tous.
Le plan vise à donner aux élèves et aux familles
les moyens de mieux comprendre, signaler et
prévenir les situations à risque.
Cela passe par des outils concrets, comme l?ins-
tauration d?un numéro de signalement visible
dans les véhicules, mais aussi par un travail de
prévention renforcé pour encourager la vigilance
et faciliter l?expression des inquiétudes.
Enfin, face au trop faible taux de port de la
ceinture, il est essentiel de sensibiliser massive-
ment élèves et parents. Une campagne natio-
nale, appuyée par une signalétique renforcée
dans les véhicules, viendra rappeler que chaque
geste compte pour sauver des vies.
Permettre aux passagers d?évaluer les
conditions de sécurité et de signaler
les comportements dangereux ou
inappropriés
Mesure n°6 : Renforcer les possibilités de signa-
lement d?un comportement ou d?une situa-
tion à risque dans les véhicules et au sein du
cadre scolaire par l?apposition d?un numéro de
téléphone visible
Mesure n°7 : Mener une campagne de commu-
nication ciblée sur le port de la ceinture de
sécurité et les bons comportements à adopter,
intégrant l?apposition d?une signalisation de
sécurité au dos des sièges
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AXE 4
RENFORCER LES SANCTIONS APPLICABLES
AXE 5
RENFORCER LES CAPACITÉS DE CONTRÔLE
Sur les 3 398 personnes qui ont perdu la vie
sur les routes françaises en 2023, près de 20 %
ont été tuées dans un accident impliquant un
conducteur sous l'influence de substances. Cette
réalité de la délinquance routière a conduit à
une prise de conscience de l?urgence de faire
évoluer notre droit, en remplaçant l?homicide
ou les blessures involontaires par l?homicide et
les blessures routières, afin de sanctionner plus
sévèrement les comportements dangereux au
volant.
C?est le sens de la proposition de loi visant à
créer un homicide routier, portée par le député
Éric Pauget et Les Républicains, dont l?examen a
été interrompu par la dissolution de l'Assemblée
nationale et qui reprendra en 2e lecture au Parle-
ment en mai.
Renforcer les sanctions pénales
Mesure n°8 : Créer un délit d?homicide routier,
puni de 7 ans d?emprisonnement et de 100 000
euros d?amende, lorsque le conducteur qui a
causé la mort d?autrui, conduisait sous l?emprise
d?un état alcoolique ou avait fait usage de stupé-
fiants
Mesure n°9 : Créer le délit de blessures routières
ayant entraîné une incapacité totale de travail
inférieure ou égale à 3 mois, puni de 3 ans
d?emprisonnement et de 45 000 euros d?amende,
lorsque le conducteur conduisait sous l?emprise
d?alcool ou s?il avait fait usage de stupéfiants
Mesure n°10 : Rehausser les quantums des
peines à 3 ans d?emprisonnement et 9 000 euros
d?amende pour les délits de conduite sous
l?influence d?alcool et conduite après usage de
stupéfiants
Renforcer les sanctions administratives
Mesure n°11 : Systématiser la suspension adminis-
trative du permis de conduire à la suite de la
constatation de l'infraction de conduite après
usage de stupéfiants
Mesure n°12 : Porter à 2 ans la durée maximale
de suspension du permis de conduire en cas
de conduite après usage de stupéfiants ou sous
l?empire d?un état alcoolique
Mesure n°13 : Aggraver la perte de points du
permis de conduire en la portant à 9 en cas de
condamnation pour conduite après usage de
stupéfiants aggravée par un état alcoolique
Enfin, le plan d?action permettra de renforcer un
peu plus encore les capacités de contrôle des
forces de l?ordre, afin de renforcer leur habilité
à détecter la conduite sous l?emprise de stupé-
fiants.
Explorer de nouvelles méthodes
de détection et de vérification de
consommation de stupéfiants par les
forces de sécurité intérieures
Mesure n°14 : Étudier la faisabilité technique de
développer un stupomètre, appareil électro-
nique de mesure des stupéfiants chez un
conducteur et permettre de procéder aux opéra-
tions de contrôle en bord de route en obtenant
un résultat opposable ayant force probante,
comme c?est le cas de l?éthylotest
Permettre la détection de nouvelles
substances
Mesure n°15 : Ajouter la kétamine aux molécules
détectées par les tests de dépistage salivaire
Mesure n°16 : Étudier la faisabilité technique de
la détection et de la mesure de la consomma-
tion de protoxyde d?azote
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25052 DICOM - Photos : Terra - Signalétique de transport scolaire à bord d'un car