État de santé des récifs coralliens, herbiers marins des outre-mers français
Auteur moral
France. Ministère de la transition écologique (06 juillet 2020-19 juillet 2022)
;France. Ministère des Outre-mers
Auteur secondaire
Résumé
État de santé des récifs coralliens, herbiers marins des outre-mers français.
Descripteur Urbamet
Descripteur écoplanete
récif corallien
;herbier
;mangrove
Thème
Environnement - Nature
Texte intégral
ÉTAT DE SANTÉ
DES RÉCIFS
CORALLIENS,
HERBIERS MARINS
ET MANGROVES
DES OUTRE-MER
FRANÇAIS 20
20
Résumé pour décideurs
IFRECOR, 2021 / Bilan 2020
3RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS / 2020 - État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français / IFRECOR
Engagée en mars 1999 sur décision du Premier ministre,
l?IFRECOR est une initiative nationale qui a vocation à
promouvoir la protection et la gestion durables des récifs
coralliens, les herbiers de phanérogames marines et les
mangroves. Elle rassemble l?ensemble des outre-mer récifaux.
L?action de l?IFRECOR s?inscrit au coeur des politiques menées
par la France en faveur de la préservation des récifs coralliens.
En 2016, la loi pour la reconquête de la biodiversité, de la
nature et des paysages, engage l?État à élaborer, « dans le
cadre de l?IFRECOR et sur la base d?un bilan de l?état de santé
des récifs coralliens et des écosystèmes associés réalisé tous
les cinq ans, un plan d?action contribuant à protéger 75 % des
récifs coralliens dans les outre-mer français d?ici à 2021 »,
100 % d?ici à 2025.
S?appuyant sur le cadre stratégique élaboré en 2000, l?IFRECOR
développe un programme d?action tous les cinq ans. Dans
chacun de ces plans, le suivi des récifs coralliens et le bilan
de leur état de santé figure comme l?un des thèmes phares.
Ces bilans répondent également à l?engagement de la France
envers l?Initiative internationale pour les récifs coralliens
(ICRI) et son suivi mondial des récifs coralliens (Global coral
reef monitoring network - GCRMN), auquel la France participe
depuis sa création en 1997.
Outre les actions de l?ICRI, la Convention sur la diversité
biologique (CDB) et notamment l?objectif 10 d?Aïchi, fournit un
cadre stratégique international pour la protection des récifs
coralliens. Dans ce contexte, les perspectives mondiales font
le constat que le risque d?extinction des coraux est celui qui
augmente le plus rapidement parmi tous les groupes évalués,
que la couverture en coraux a considérablement diminué dans
certaines régions et que l?évolution tend vers des espèces
de coraux moins aptes à maintenir la diversité des habitats
récifaux (IPBES, 2019 et IPPC, 2019).
Le rapport 2020 de l?état de santé des récif coralliens, herbiers
marins et mangroves des outre-mer français fait suite aux
précédents rapports nationaux de 2000, 2008 et 2015 ; il
constitue le premier bilan national depuis la loi de 2016.
Co
lle
ct
iv
ité
s
GUADELOUPE
Type d?île : Volcanique et corallienne
Terres émergées (km²) : 1705
Mer territoriale + ZEE (km²) : 90 000
Surface récifo-lagonaire totale (km²) : 865
Linéaire récifs (km) : 200
Nbr. de classe de niveau 5 : 33 (pour Guadeloupe,
St Martin, St Barth.)
Herbiers (km²) : 101,93
Mangroves (ha) : 3306
Densité pop. (hab./km²) : 229
Statut du territoire : DOM et TOM
MARTINIQUE
Type d?île : Volcanique
Terres émergées (km²) : 1128
Mer territoriale + ZEE (km²) : 48900
Surface récifo-lagonaire totale (km²) : 55,87
Linéaire récifs (km) : 70
Nbr. de classe de niveau 5 : 22
Herbiers (km²) : 49,7
Mangroves (ha) : 1856
Densité pop. (hab./km²) : 330
Statut du territoire : DOM et ROM
MAYOTTE
Type d?îles : Volcanique
Terres émergées (km²) : 374
Mer territoriale + ZEE (km²) : 68 492
Surface récifo-lagonaire totale (km²) : 1 406
Linéaire récifs (km) : 197
Nbr. de classe de niveau 5 : 42
Herbiers (km²) : 7,6
Mangroves (ha) : 623
Densité pop. (hab./km²) : 690
Statut du territoire :
Collectivité unique (DOM et ROM)
ILES ÉPARSES (TAAF)
Type d?îles : Corallienne
Terres émergées (km²) : 42,35
Mer territoriale + ZEE (km²) : 634 835
Surface récifo-lagonaire totale (km²) : 794
Linéaire récifs (km) : -
Nbr. de classe de niveau 5 : 16
Herbiers (km²) : > 38
Mangroves (ha) : 626,23
Densité pop. (hab./km²) : 0
Statut du territoire : Collectivité «sui generis»
CLIPPERTON
Type d?îles : Corallienne
Terres émergées (km²) : 1,7
Mer territoriale + ZEE (km²) : 435 600
Surface récifo-lagonaire
totale (km²) : 12
Linéaire récifs (km) : 12
Nbr. de classe de niveau 5 : 6
Herbiers (km²) : -
Mangroves (ha) : -
Densité pop. (hab./km²) : 0
Statut du territoire : Domaine Public
de l'Etat
POLYNÉSIE FRANÇAISE
Type d?îles : Volcanique et corallienne
Terres émergées (km²) : 3726
Mer territoriale + ZEE (km²) : 4 782 456
Surface récifo-lagonaire totale (km²) : 16 200
Linéaire récifs (km) : > 2000
Nbr. de classe de niveau 5 : 66
Herbiers (km²) : 28,7
Mangroves (ha) : 41,1
Densité pop. (hab./km²) : 76
Statut du territoire :
Pays d?Outre-mer
SAINT-BARTHÉLEMY
Type d?îles : Volcanique et sedimentaire
Terres émergées (km²) : 24
Mer territoriale + ZEE (Saint-Martin et
Saint-Barthélemy - km²) : 5 098
Surface récifo-lagonaire totale (km²) : 14,24
Linéaire récifs (km) : 9
Herbiers (km²) : 3,7
Mangroves (ha) : 4,1
Densité pop. (hab./km²) : 466
Statut du territoire : PTOM
WALLIS ET FUTUNA
Type d?îles : Volcanique
Terres émergées (km²) : 140
Mer territoriale + ZEE (km²) : 262 416
Surface récifo-lagonaire totale (km²) : 932
Linéaire récifs (km) : 50
Nbr. de classe de niveau 5 : 25
Herbiers (km²) : 24
Mangroves (ha) : 36,2
Densité pop. (hab./km²) : 83
Statut du territoire : TOM doté de la personnalité
morale et autonomie administrative et financière
SAINT-MARTIN
Type d?îles : Volcanique et sedimentaire
Terres émergées (km²) : 53
Mer territoriale + ZEE (Saint-Martin et
Saint-Barthélemy - km²) : 5 098
Surface récifo-lagonaire totale (km²) : >19,4
Linéaire récifs (km) : -
Herbiers (km²) : 61,5
Mangroves (ha) : 24,2
Densité pop. (hab./km²) : 654
Statut du territoire : COM
NOUVELLE-CALÉDONIE
Type d?îles : Continentale, volcanique
et corallienne
Terres émergées (km²) : 19 000
Mer territoriale + ZEE (km²) : 1 341 044
Surface récifo-lagonaire totale (km²) : 35 873
Linéaire récifs (km) : > 2000
Nbr. de classe de niveau 5 : 162
Herbiers (km²) : 939,7
Mangroves (ha) : 28 173
Densité pop. (hab./km²) : 14,6
Statut du territoire : Collectivité «sui generis» avec
large champ d?intervention
LA RÉUNION
Type d?île : Volcanique
Terres émergées (km²) : 2 512
Mer territoriale + ZEE (km²) : 319 840
Surface récifo-lagonaire totale (km²) : 18,6
Linéaire récifs (km) : 25
Nbr. de classe de niveau 5 : 4
Herbiers (km²) : < 0,01
Mangroves (ha) : 0
Densité pop. (hab./km²) : 341
Statut du territoire : DOM et ROM
DOM : Département d?outre-mer, ROM : Région d?outre-mer, TOM : Territoire d?outre-mer, PTOM : Pays et Territoire d?outre-mer, COM : Collectivité d?outre-mer
Les territoires coralliens d?outre-mer
COLLECTIVITÉS
D?Outre-mer
© Michelle Raponi
Les 11 territoires coralliens de la
France outre-mer représentent 78 %
du territoire maritime de la France,
deuxième au niveau mondial derrière les
États-Unis d?Amérique (mers territoriales et ZEE, janvier 2021,
portail national des limites maritimes).
78 %
5RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS / 2020 - État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français / IFRECOR
Les
herbiers
À l?échelle des territoires ultramarins,
les surfacesd?herbiers sont estimées
à 1255 km², représentant 0,4 %
des surfaces mondiales. Le nombre
d?espèces de phanérogames marines
présentes à l?échelle des outre-mer
est compris entre 16 et 19 espèces
représentant près du quart de
l?ensemble des espèces recensées dans le monde.
Avec près de 940 km², la Nouvelle-Calédonie représente
75 % de la surface totale d?herbiers des outre mer, suivie par la
Guadeloupe (101,93 km²).
Les
mangroves
Les mangroves sont présentes sur
dix territoires où elles occupent 87
796 ha, soit environ 0,67 % des
mangroves du monde. Situées dans
trois grands bassins océaniques,
elles se localisent sur les deux
grands ensembles biogéographiques
(oriental et occidental). Cette
dispersion est à l?origine d?une importante diversité spécifique
et structurale des peuplements de palétuviers. Ces forêts sont
inégalement réparties avec plus de 90 % de la surface entre la
Guyane (60 %) et la Nouvelle-Calédonie (32 %).
Les mangroves sont structurellement riches et diversifiées : si
les petits territoires insulaires comprennent majoritairement
des mangroves de fond de baie ou lagunaires protégées de la
houle par les barrières récifales, les territoires plus vastes ou
continentaux, pourvus d?un important réseau hydrographique,
abritent également de vastes mangroves estuariennes,
riveraines ou océaniques comme en Guyane, ou bien deltaïques
comme en Nouvelle-Calédonie.
Ré
cif
s,
he
rb
ie
rs
&
m
an
gr
ov
es
Les récifs
coralliens
Avec près de 60.000 km² de récifs
coralliens et lagons dans les outre-mer,
soit 10 % de la surface mondiale, la
France se situe en quatrième position
mondiale en termes de surface de récifs.
Cette surface est très inégalement
répartie entre les territoires, la Nouvelle-
Calédonie et la Polynésie française comptant pour près de 90 %
de la surface totale des récifs français.
Les récifs des outre-mer
français comptent par ailleurs
30 % de la diversité mondiale
des géomorphologies
récifales, sur les 800 unités
géomorphologiques de niveau
le plus fin (niveau 5) que
compte le Millenium coral reef mapping.
Les récifs coralliens couvrent
moins de 1 % de la surface
des océans mais, avec plus de
25 % de la vie marine mondiale,
ils figurent parmi les écosystèmes
les plus diversifiés de la planète :
environ 4 000 espèces de
poissons et 800 espèces de
coraux constructeurs de récifs ont été décrites à ce jour, et
les inventaires sont très loin d?être complets, notamment
dans les espèces de petite taille. Les territoires de l?Atlantique
comptent moins de 4000 espèces récifales, tandis que la
Nouvelle-Calédonie (14337) et la Polynésie française (7025)
sont les plus riches.
Avec quatre fois plus de poissons et trois fois plus de
mollusques, la biodiversité marine dans les outre-mer français
est plus riche que celle des eaux métropolitaines.
LES RÉCIFS CORALLIENS,
HERBIERS ET MANGROVES
Surface des récifs (km2)
865 14 19 56
22 4 42 16
161
66
25 633
18
1 406 794 932 13
16 200
(29 %)
35 873
(64 %)
Surfaces récifo-lagonaires (km² ; sources Andrefouet,
2008 et auteurs des chapitres locaux)
Nombre de classe géomorphologiques
Guad. St. B. Mart. Run.St.M May. N.C.I.E. P.F. W.F. Clipp.
3306
Guad.
4,1
St.B.
1856
Mart.
0
Réun.
24,2
St.M
623
May.
28173
(32 %)
N.C.
626,23
I.E.
41,1
P.F.
36,2
W.F.
0
Clip.
53106
(60 %)
Guy.
10 %
de la surface
récifale
mondiale
0,4 %
de la surface
mondiale
d?herbiers
0,7 %
de la surface
mondiale des
mangroves
30 %
de la diversité
géomorphologique
mondiale
25 %
de la diversité
mondiale en
espèces marines
Cette importante surface couverte par les récifs et lagons
associés, la diversité exceptionnelle des structures
géomorphologiques et la distribution géographique
mondiale de ces récifs, dans les trois océans, font de
la France l?un des tout premiers pays coralliens de la
planète, grâce à ses régions ultramarines.
Surfaces des mangroves des territoires ultramarins (ha)
La France compte 27 espèces de « vrais » palétuviers, c?est-à-
dire se développant exclusivement dans les mangroves, avec
d?importants écarts entre les territoires allant de deux espèces
à Wallis, jusqu?à 19 pour la Nouvelle-Calédonie.
6 7IFRECOR / État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français - 2020 / RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS / 2020 - État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français / IFRECOR
Protection des côtes, sécurité
alimentaire, tourisme, régulation du
climat, séquestration de carbone
par les herbiers et les mangroves?
Les services fournis par les récifs et
écosystèmes associés sont vitaux
pour les outre-mer et au-delà.
En milieu tropical, la connectivité écologique entre mangroves,
herbiers et récifs coralliens est importante. Ces écosystèmes
s?apportent des bénéfices mutuels.
Les organismes mobiles passent de l?un à l?autre pour se
nourrir, se développer et se reproduire. Ainsi la prise en compte
de la connectivité est-elle clé pour la conservation de ces
écosystèmes associés.
Liens fonctionnels entre les écosystèmes
Mangroves
? Réduit les flux de sédimentation et de pollution issus
des bassins versants, limite la turbidité
? Zone de nurserie et de croissance des juvéniles
pour les espèces de poissons récifales et espèces
commerciales
? Production de nutriments
Herbiers
? Atténue l?hydrodynamisme (selon la hauteur des plants)
? Fixe les sédiments
? Importantes zones d?alimentation pour les poissons
des mangroves et récifs, ainsi que pour les espèces
emblématiques, tortues et dugong
? Zone de nurserie et frayère
? Réduit l?abondance de certaines bactéries
potentiellement pathogènes, notamment chez les
coraux dont le taux de maladies est moins élevé à
proximité d?herbiers
? Production de carbone et d?azote : certaines espèces
de coraux pouvaient bénéficier de la présence des
herbiers en assimilant la matière dissoute issue
des herbiers ou en tamponnant à petite échelle
l?acidification des océans
Récifs coralliens
? Amortit l?énergie des vagues et protège ainsi herbiers
et mangroves, leur garantissant des conditions
calmes pour se développer. Les débris calcaires
arrachés au récif par les vagues fournissent un
substrat pour les herbiers
? Nombreux habitats propices à la vie, la reproduction
et l?alimentation d?espèces diverses
? L?activité biologique des poissons, oursins, éponges
perforantes est source de sédiments transportés
dans l?arrière-récif, colonisé par les herbiers et les
mangroves
LA VALEUR
DES ÉCOSYSTÈMES
Va
le
ur
d
es
ec
os
ys
tè
m
es
Protection côtière
Les écosystèmes coralliens absorbent
une grande partie de l?énergie de
la houle. En réduisant les dommages
sur les aménagements littoraux lors des
inondations et des autres évènements
météorologiques extrêmes, ils sont une
source d?économies importantes.
Tourisme
Le service du tourisme « bleu » lié à
la beauté scénique et à la présence
d?espèces emblématiques permet
une activité économique basée sur
les usages récréatifs des récifs sous
différentes formes : excursions découverte, plongée sous-
marine, plaisance, journée plage, etc.
Pêche &
aquaculture
Le service de la pêche est lié à la production
de biomasse par les écosystèmes coralliens.
À la pêche commerciale s?ajoutent bien
souvent des pêcheries vivrières et de loisirs
qui représentent un complément de revenus
et de protéines important pour certains ménages.
Séquestration du CO2
Les mangroves et les herbiers sont des
puits de carbone capables de séquestrer
le CO2. L?estimation de la valeur de ce
service est basée sur les prix du marché
volontaire des crédits carbone.
VALEURS POUR
LES OUTRE-MER FRANÇAIS (Pascal et al, 2016)
CO2
CO2
595 000 000 ¤
315 000 000 ¤
CO2
175 000 000 ¤
CO2
215 000 000 ¤
1,3 md ¤
Valeur totale annuelle
des services rendus
par les récifs en outre-
mer
Trégarot et al., 2020
9RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS / 2020 - État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français / IFRECOR
Récifs
coralliens
67 % des géomorphologies récifales
incluses dans le périmètre d?une AMP
et donc susceptibles de faire l?objet de
mesures de protection.
27 % d?habitats récifaux, à l?échelle des
eaux françaises, concernés par un statut
de protection forte (coeur de parc national,
réserve nationale, arrêté de protection de
biotope).
0 % de protection à Wallis et Futuna et
0 % de protections fortes dans certains
territoires (Martinique, Polynésie française,
Wallis et Futuna) ou de manière minime
au regard de l?importance des surfaces d?aires protégées
existantes (Guadeloupe, Mayotte).
Mangroves
71 % de la surface nationale de mangrove
sont protégés et 25 % considérés comme
?gérés? ou ?faisant l?objet de mesures
de conservation? selon Nature France
(données 2018), c?est à dire effectivement dotées de ressources
humaines et opérationnelles pour réduire les menaces.
Plus de 10 000 ha de mangroves se situent au sein de
réserves naturelles ou de parcs marins. Dans les territoires
du Pacifique, certaines mangroves font par ailleurs l?objet de
gestion coutumière par les tribus ou chefferies.
Herbiers
Selon le dernier rapport mondial du
programme des nations unies pour l?environnement, les
herbiers marins figurent parmi les habitats côtiers les moins
protégés : seuls 26 % se situent dans des zones marines
protégées.
PROTECTION ET GESTION
67 %
27 %
0 %
39 %
39 %
33 %
33 %
23 %41 %
86 %
2 %
100 %
1,8 %
100 %
68 %
68 %
100 %
100 %
0 % 0 %
48 %
70 %
70%
9%
GUADELOUPE
MARTINIQUE
MAYOTTE
ILES ÉPARSES (TAAF)
CLIPPERTONPOLYNÉSIE FRANÇAISE
SAINT-BARTHÉLEMY
WALLIS ET FUTUNA
SAINT-MARTIN
NOUVELLE-CALÉDONIE
LA RÉUNION
PROTECTION DES RÉCIFS
Pourcentage de récifs protégés Pourcentage de protection forte Surface non protégée
Pr
ot
ec
tio
n
PROTECTION DES RÉCIFS CORALLIENS DES OUTRE-MER (OFB, 2019)
Protections fortes : coeur de parcs et réserves naturelles nationales marines ; pour la Nouvelle-Calédonie : réserves naturelles intégrales, dont saisonnières, et réserves naturelles ; Clipperton : aire de protection de biotope
PROTECTION (OFB) Guadeloupe Saint-
Barthélemy Saint-Martin Martinique La Réunion Mayotte Iles Éparses Polynésie
française
Nouvelle-
Calédonie
Wallis
et Futuna Clipperton
Nombre d?AMP 7 1 1 18 1 9 2 14 24 0 1
71 %
11RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS / 2020 - État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français / IFRECOR
La dynamique naturelle des communautés coralliennes
est intimement liée aux conditions environnementales
dans lesquelles elles se développent. Ces conditions sont
influencées :
? par les pressions anthropiques (pollutions, pêche,
aménagements) qui, de manière chronique et sur le long
terme, induisent des modifications de la qualité des eaux
conduisant à des transformations lentes mais continues
des communautés ;
? par les évènements extrêmes (hausse anormale de
la température, cyclones, fortes houles), et autres
perturbations (infestations d?Acanthaster planci, espèces
exotiques envahissantes, maladies coralliennes), souvent
beaucoup plus soudains, qui entraînent de brusques
réductions de la couverture corallienne, affectant
davantage certains types de coraux.
C?est le cas des coraux branchus, particulièrement sensibles
qui, contrairement aux coraux plus massifs, offrent de
nombreux habitats et dont la disparition impacte la faune
récifale qui y trouve refuge.
La diminution de la couverture corallienne s?accompagne
souvent d?une augmentation de la couverture algale
(phénomène de « coral-algal phase shifts »), dont le
développement est favorisé par l?enrichissement du milieu en
polluants et nutriments et par la réduction des populations
d?herbivores qui assurent leur régulation, tels que les oursins
aux Antilles ou les poissons perroquets à La Réunion.Et
at
de
s r
éc
ifs Activités humaines
Cyclone
Acanthaster
Epizooties Coulée de boue
Acanthaster
Blanchissement
Cyclone
Blanchissement
Blanchissement
Maladies
Ré
sil
ie
nc
e
Ré
sil
ie
nc
e Impact des activités humaines
+ évènements extrêmes
de plus en plus fréquents
= Tendance globale à la décroissance
Dynamique d?évolution
des récifs coralliens dans le temps
Années
État de santé
Les algues à croissance rapide entrent en compétition
pour l?espace avec les coraux, limitant leur expansion.
Elles empêchent également les possibilités d?installation des
larves de coraux, celles-ci ne pouvant se fixer que sur des
substrats durs.
Les épisodes de dégradation brutale peuvent être suivis d?une
reprise de la couverture corallienne plus ou moins rapide selon
l?état initial du récif, les pressions auxquelles il est soumis, et
donc sa capacité de résilience face aux perturbations.
Mais ces épisodes de plus en plus fréquents affaiblissent
progressivement les récifs qui n?ont pas le temps de récupérer
entre deux évènements, conduisant à des états écologiques
différents.
Si la dégradation des communautés coralliennes est
immédiatement visible, l?effet sur les peuplements biologiques
qu?elles abritent (poissons, invertébrés) peut survenir de
manière différée (mois, voire années).
Sur le long terme, l?ensemble de ces perturbations conduit, par
des effets en cascade, à des modifications en profondeur des
paysages récifaux.
Dynamique d?évolution des récifs coralliens dans le temps, notamment du recouvrement corallien, sous les impacts cumulés
des activités humaines et des évènements extrêmes
© Gaby Barathieu
Les rapports internationaux
sur l?avenir des récifs à l?échelle
mondiale :
Rapports de la Plateforme intergouvernementale sur
la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES,
2019) et du Groupe d?experts intergouvernemental sur
l?évolution du climat (IPCC, 2019).
? Près d?un tiers des coraux qui constituent les récifs
sont actuellement menacés.
? Les récifs coralliens sont particulièrement
vulnérables aux changements climatiques
(réchauffement des eaux ; acidification), or il est
prévu que la fréquence des événements extrêmes
de réchauffement augmente, avec un temps de
récupération plus court entre deux événements.
? Une grande partie des récifs coralliens tropicaux va
subir un recul notable de leur couverture corallienne
et connaître des extinctions locales en conséquence
d?épisodes de blanchissement massif : déclin de 70
à 90 % si le réchauffement est de 1,5°C, et de plus
de 99 % s?il est de 2°C.
? Les récifs construits par les coraux restants
devraient être différents des récifs actuels par leur
composition et leur diversité.
? Le déclin des récifs compromettra fortement les
services qu?ils procurent aux sociétés humaines,
tels que l?apport de nourriture, la protection des
côtes et le tourisme.
? Les risques accrus qui pèsent sur la sécurité
alimentaire liée aux produits de la mer, combinés
à la baisse des ressources halieutiques, mettront
davantage en péril la santé nutritionnelle de
certaines populations fortement dépendantes des
ressources marines, par exemple dans les petits
États insulaires en développement.
© Matt Curnock
ÉTAT DES RÉCIFS
Dynamique des récifs
coralliens dans le monde
12 13IFRECOR / État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français - 2020 / RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS / 2020 - État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français / IFRECOR
L?état des récifs coralliens a été évalué selon trois échelles
temporelles:
? l?état actuel (sur la base des données les plus récentes, le
plus souvent de 2019) ;
? l?évolution de cet état depuis le dernier bilan de l?état de
santé de 2015 ;
? l?évolution sur le long terme des recouvrements coralliens
et algaux et des peuplements de poissons récifaux depuis
le début des suivis dans les territoires.
PACIFIQUE ET ÎLES
ÉPARSES: DES CONDITIONS
GÉNÉRALEMENT BONNES
En 2020, la majorité (70 %) des
récifs inventoriés sur l?ensemble
de ces territoires sont en bon état
(classes 1 ou 2).
Dans la plupart des îles Éparses (sauf Juan de Nova), les
taux de recouvrement corallien sont bons, parfois très élevés
notamment sur les pentes externes(plus de 80 % à Europa).
En Nouvelle-Calédonie, 75 % des zones étudiées sont dans
un état « bon à satisfaisant » selon la classification utilisée
sur ce territoire (classe 1 ou classe 2), 50 % en Polynésie.
À Wallis-et-Futuna, les secteurs abrités des cyclones
sont préservés. Dans ces territoires, les peuplements
ichtyologiques se maintiennent avec des biomasses et des
diversités parfois exceptionnelles. Cependant, les situations
peuvent être très contrastées, au sein d?un même territoire,
avec localement des récifs très dégradés, en classe 4.
C?est le cas par exemple à Juan de Nova, où le recouvrement
corallien atteint seulement 9 % en 2019, en raison d?épisodes
de blanchissement ou des secteurs sous l?influence des
cyclones à Wallis.
Les limites de l?exercice
? La représentativité des résultats est en partie
(mais pas uniquement) fonction du nombre de
stations par rapport à la surface et à la diversité
de situation des récifs. Celle-ci est très variable :
avec, par exemple, 14 stations pour 16 200 km² de
récifs et 120 îles en Polynésie française, contre 14
stations pour 18,2 km² de récifs à La Réunion, les
écarts sont très importants.
? L?état de référence, auquel la situation actuelle et
son évolution sont comparées, est variable selon
les collectivités.
? Les objectifs diffèrent entre les réseaux de suivi.
? Les disparités, entre les territoires, de méthodes,
de durée des séries temporelles, ou encore
d?indicateurs d?état des récifs, rendent difficile
l?établissement d?un diagnostic global.
Les résultats ne sont donc représentatifs que de
l?échantillonnage des stations suivies, selon un état de
référence propre à chaque région, voire collectivité.
État des récifs
des outre-mer français
L?état de santé/écologique actuel des récifs français a
été évalué en quatre classes. Selon les collectivités, les
critères employés pour évaluer les états de santé diffèrent,
mais pour chacun des territoires, ces classes caractérisent
les conditions suivantes :
? classe 1: des conditions optimales, avec des taux de
recouvrement corallien généralement élevés et des
récifs en très bon état de santé ;
? classe 2 : de bonnes conditions, avec des impacts
légers, par exemple quelques signes de nécroses
coralliennes, une faible présence de macroalgues et
de bons taux de recouvrement corallien ;
? classe 3 : des conditions dégradées, avec un milieu
modérément à très impacté, de nombreux coraux
nécrosés, une dominance de macroalgues et/ou un
fort envasement et des taux de recouvrement corallien
réduits ;
? classe 4: des conditions très dégradées, avec un milieu
très fortement impacté (océan Indien), une majorité de
coraux morts et des fonds recouverts de macroalgues
et/ou entièrement envasés (Antilles), de très faibles
taux de recouvrement corallien.
Classe d?état
de santé Antilles françaises Mayotte
et La Réunion Iles Éparses Nouvelle-Calédonie
et Wallis et Futuna Polynésie française
1
Les coraux ne présentent pratiquement pas de
signes de nécrose et le peuplement végétal est
consitué par un gazon algal
Conditions
naturelles hors
d'impact
Conditions pristines
Taux de recouvrement corallien
compris entre 41 et 100 %
Bon état : les valeurs atteintes par toutes les
variables indicatrices de la santé des récifs sont
optimales vis-à-vis du type de récif inventorié.
Couverture corallienne
= 76-100 %
2
Les coraux ont peu de signes de nécrose,
quelques macroalgues se développent et/ou
des signes discrets d'envasement des fonds
apparaissent
Proche des
conditions
naturelles, impact
très léger
Proche des conditions pristines
Taux de recouvrement corallien
compris entre 31 et 40 %
Etat satisfaisant : une des variables indicatrices
de la santé des récifs n?est pas optimale vis-à-vis
du type de récif inventorié.
Couverture corallienne
= 31-75 %
3
De nombreux coraux sont plus ou moins
nécrosés, le peuplement algal est dominé
par des macroalgues et/ou un envasement
important des fonds est observable.
Milieu modérément
à très impacté
Milieu modérément dégradé
Taux de recouvrement corallien
compris entre 21 et 30 %
Etat moyen : deux des variables indicatrices de la
santé des récifs ne sont pas optimales vis-à-vis
du type de récif inventorié.
Couverture corallienne
= 11-30 %
4
La majorité des coraux sont morts et ceux-ci,
ainsi que le reste des fonds, sont envahis par des
macroalgues et/ou entièrement envasés.
Milieu très
fortement impacté,
ou situation
quasi-irreversible à
moyen terme
Milieu fortement dégradé
Taux de recouvrement corallien
compris entre 0 et 20 %
Mauvais état : les valeurs atteintes par toutes
les variables indicatrices de la santé des récifs
ne sont pas optimales vis-à-vis du type de récif
inventorié.
Couverture corallienne
= 0-10 %
© Y. Bouchon Navaro
© Julien Wickel
État trés dégradé
4
État dégradé
3
Bon état
2
État optimal
1
État trés dégradé
4
État dégradé
3
Bon état
2
État optimal
1
État trés
dégradé4 État
dégradé3 Bon
état2 État
optimal1
État trés dégradé
4
État dégradé
3
Bon état
2
État optim
al
1
La dynamique des récifs des outre-mer suit généralement
les tendances évolutives classiques des récifs dans le monde
(cf. schéma page précédente) : stabilité - mortalité après
perturbation ? résilience plus ou moins importante.
Toutefois, l?état de santé des récifs varie fortement entre
les régions, les territoires, et au sein d?un même territoire.
Sous réserve des limites méthodologiques (cf. encadré), on
distinguede façon globale :
? les territoires étendus, à faible démographie ou inhabités,
avec des zones côtières soumises à des pressions faibles
ou modérées, où les récifs sont plutôt préservés : dans
le Pacifique (Nouvelle-Calédonie, Wallis-et-Futuna,
Polynésie française ? hors archipel de la Société ?), et
dans les îles Éparses(Europa, Tromelin) ;
? des territoires plus réduits, soumis à une forte pression
démographique et très anthropisés, où la majorité des
récifs sont plutôt dégradés: dans les Antilles françaises et
dans l?océan Indien (Mayotte, La Réunion).
47
stations
129
stations
Pourcentages de stations
par classe d?état de santé
Antilles françaises
Pourcentages de stations par classe d?état de santé Pourcentages de stations par classe d?état de santé
1 (optimal) - 2 (bon) - 3 (dégradé) - 4 (trés dégradé)
51
stations
Pourcentages de stations
par classe d?état de santé
Océan Indien
107
stations
Pourcentages de stations
par classe d?état de santé
Pacifique
État actuel des récifs
(Pacifique et îles Éparses)
76
stations
État actuel des récifs
(Antilles, Mayotte, La Réunion)
29 %
optimal
24 %
bon
6 %
trés dégradé
41 %
dégradé
30 %
optimal
39 %
bon
8 %
trés dégradé
23 %
dégradé
3 %
optimal
35 %
bon
4 %
trés dégradé
58 %
dégradé
36 %
optimal
34 %
bon
9 %
trés dégradé
21 %
dégradé
4 %
optimal
36 %
bon
7 %
trés dégradé
53 %
dégradé
14 15IFRECOR / État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français - 2020 / RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS / 2020 - État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français / IFRECOR
naturellement plus réduits (10-20 %) dans les îles du Nord
(Saint-Martin et Saint-Barthélemy).
Partout, le recouvrement en macroalgues ou en assemblages
algaux est important.
Dans ces territoires, les abondances et biomasses des
peuplements de poissons associés aux récifs sont
généralement faibles; on constate notamment une diminution
inquiétante de la richesse spécifique à Mayotte, conséquence
probable du dernier épisode de blanchissement majeur en
2016.
Depuis 2015
Depuis le dernier bilan (en 2015), la tendance est à la stabilité
sur ces territoires. Bien que quelques sites montrent une
amélioration (10 %), la majorité des récifs inventoriés est
restée stable (57 %) ou s?est dégradée (33 %) depuis le dernier
bilan.
Depuis le dernier bilan en 2015 :
10 % des stations présentent une amélioration
57 % sont restées stables
33 % se sont dégradées
Tendances sur le long terme
Sur le long terme, les trajectoires de ces récifs vont, dans
l?ensemble, dans le sens d?une dégradation.
? Antilles françaises : on observe une dégradation
importante des récifs de la région dès le début des années
1970 (maladies, surpêche, blanchissements), avec un
remplacement progressif des coraux par les macroalgues.
Cette tendance se poursuit jusqu?à aujourd?hui, malgré des
disparités locales et quelques sites qui présentent encore
des caractéristiques exceptionnelles pour la région, comme
Caye d?Olbian, situé dans le sud de la Martinique (57 %
de couverture corallienne en 2019). Les peuplements de
poissons ont été soumis à une forte pression de pêche et
les classes de tailles sont réduites, avec des abondances
et des biomasses relativement faibles. On observe
notamment un déclin significatif dans la baie de Grand Cul-
de-sac Marin, en Guadeloupe. Toutefois, à Saint-Martin et
Saint-Barthélemy, les réserves naturelles marines ont un
effet positif sur les les poissons herbivores.
? La Réunion: on observe une perte de couverture corallienne,
au profit des gazons algaux qui entrent en compétition avec
les coraux et limitent les possibilités de leur recrutement.
Depuis 2002, la diminution de la biomasse globale de
poissons est de 80 %. Elle se maintient à un niveau
globalement bas, avec un déséquilibre des catégories de
haut niveau trophique.
? Mayotte : malgré des zones encore bien vivantes et
résilientessur les récifs interne et barrière, le recouvrement
corallien est globalement en diminution. Les niveaux
généraux des peuplements de poissons (diversité, densité
et biomasse totale) sont à la baisse depuis le début des
suivis.
Depuis 2015
Depuis le dernier bilan de l?état de santé des récifs coralliens
(en 2015), la tendance est à la stabilité pour les états de santé
sur ces territoires. En Nouvelle-Calédonie et en Polynésie
française (dans les archipels autres que la Société), 69 %
des récifs inventoriés sont stables, 16 % présentent une
amélioration et seuls 15 % se dégradent. Dans l?archipel de la
Société, la tendance à l?augmentation globale du recouvrement
corallien sur la période 2015-2019 a été suivie d?une rupture
entre 2019 et 2020 due à un blanchissement massif ayant
affecté tous les sites de cet archipel courant 2019.
L?évolution des états de santé depuis le dernier bilan n?a pas pu
être évaluée pour les îles Éparses (données non disponibles) et
Wallis et Futuna (suivis trop récents).
Depuis le dernier bilan en 2015 :
16 % des stations présentent une amélioration
69 % sont restées stables
15 % se sont dégradées
Tendances sur le long terme
Sur le long terme également, les récifs de ces territoires sont
globalement stables et montrent pour le moment une bonne
résilience après des évènements extrêmes.
? Nouvelle-Calédonie : malgré la dégradation localisée de
certains récifs de la Grande-Terre, particulièrement ceux
côtiers de la côte est, la tendance générale de l?état de
santé des récifs est à la stabilité, avec une bonne résilience.
Les populations de poissons récifaux sont plutôt stables et
localement exceptionnelles.
? Polynésie française : compte tenu de l?étendue
particulièrement importante de la Polynésie en latitude et
en longitude, l?état des récifs est naturellement variable
selon les archipels. Les évolutions sur le long terme sont
donc variables elles aussi, et très fortement dépendantes
des événements. Les récifs des îles de la Société présentent
sur les 15 dernières années des variations très fortes à
la suite de perturbations (Acanthaster, blanchissement,
parfois cyclone), avec de fortes dégradations suivies
d?une remarquable résilience. Mais la composition des
communautés coralliennes a beaucoup changé (fort
déclin des Acropora). Dans les îles des autres archipels,
les récifs, qui n?ont pas subi de perturbation majeure
dans les 10 dernières années, sont en relative stabilité. La
biomasse totale de poissons, en revanche, décroît sur les
10 dernières années.
? À Wallis et Futuna, les tendances sont variables selon
l?exposition aux cyclones et aux vents dominants. Les récifs
exposés ont subi des pertes coralliennes importantes,
tandis que les récifs abrités sont soit stables (Futuna), soit
en nette progression corallienne au cours du temps (Alofi
et Wallis).
? Îles Éparses: le bon état de santé actuel traduit pour l?instant
une bonne résilience des récifs, même si l?augmentation
de la fréquence des événements de blanchissement sur les
îles situées dans le nord du Canal Mozambique, suggère
une trajectoire potentiellement en déclin. L?évolution des
biomasses de poissons est généralement en augmentation
sur les pentes externes, stable ou en diminution à Juan de
Nova et aux Glorieuses.
ANTILLES FRANÇAISES ET
OCÉAN INDIEN (HORS ÎLES
ÉPARSES): DES SITUATIONS
PLUS PRÉOCCUPANTES
En 2020, la majorité (62 %) des
récifs inventoriés sur ces territoires
sont dégradés (classes 3 ou 4).
Selon les territoires et la classification utilisée, ces récifs sont
caractérisés par des milieux modérément à très impactés
(classification océan Indien), avec des coraux plus ou
moins nécrosés, des peuplements algaux dominés par les
macroalgues et/ou des fonds envasés (classification Antilles).
À Mayotte et à La Réunion, les recouvrements coralliens
sont de l?ordre de 20 à 30 %, même s?ils peuvent localement
atteindre 70 % à Mayotte par exemple. Aux Antilles, ils sont
également relativement faibles, avec 20 à 45 % en Guadeloupe
et en Martinique (mais peuvent localement atteindre jusqu?à
57 %, ce qui est exceptionnel pour la zone) ; ils sont
0
20
40
60
80
1999 2002 2005 2008 2011 2014 20172019
Corail vivant Assemblages algaux
La Réunion - Pente ExterneLA RÉUNION / PENTES EXTERNES
Évolutions moyennes des recouvrements en corail vivant (bleu) et en algues (vert) sur 20 ans. St-Barthélemy : suivis GCRMN, Reef Check, AMP. La Réunion : suivis
GCRMN, pente externes.
0
10
20
30
40
50
2002 2005 2008 2011 2014 2017 2020
Corail vivant Macroalgues
Saint Barthelemy _ GCRMN AMP RCSAINT-BARTHÉLEMY
Nouvelle-Calédonie : données temporelles de recouvrement corallien (en %)
extension du réseau de suivi RORC dans le temps, KNS à partir de 2013, tous
récifs barrières confondus donc masquant les évolutions à l?échelle des unités
géormophologiques - côtier, lagon, barrière.
0
20
40
60
2004 2007 2010 2013 2016 20192019
Corail vivant Macroalgues
Nouvelle Calédonie - Barrière - RORC KNS
NOUVELLE-CALÉDONIE
/ RÉCIFS BARRIÈRES - RORC KNS
Polynésie française : évolutions moyennes sur 25 ans (de 1993 à 2019), des
recouvrements en coraux vivants (Archipel de La Société).
ÎLES DE L?ARCHIPEL DE LA SOCIÉTÉ
0
2
4
6
8
1993 1996 1999 2002 2005 2008 2011 2014 2017 2019
Nombre de stations
0
5
10
15
1993 1996 1999 2002 2005 2008 2011 2014 2017 2019
Porites (%)
0
10
20
30
40
Pocillopora (%)
0
20
40
60
Recouvrement corallien (%)
0
5
10
15
20
Acropora (%)
0
10
20
0
2
4
6
8
10
12
1993 1996 1999 2002 2005 2008 2011 2014 2017 2019
Nombre de stations
0
20
40
60
0
10
20
30
40
0
5
10
15
1993 1996 1999 2002 2005 2008 2011 2014 2017 2019
Porites (%)
Pocillopora (%)
Recouvrement corallien (%)
Acropora (%)
Porites (%)
Pocillopora (%)
Recouvrement corallien (%)
Acropora (%)
0
2
4
6
1994 1997 2000 2003 2006 2009 2012 2015 2018 2019
Nombre de stations
0
20
40
0
10
20
0
10
20
30
0.0
2.5
5.0
7.5
10.0
1994 1997 2000 2003 2006 2009 2012 2015 2018 2019
0
2
4
6
8
1993 1996 1999 2002 2005 2008 2011 2014 2017 2019
Nombre de stations
0
5
10
15
1993 1996 1999 2002 2005 2008 2011 2014 2017 2019
Porites (%)
0
10
20
30
40
Pocillopora (%)
0
20
40
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Recouvrement corallien (%)
0
5
10
15
20
Acropora (%)
0
10
20
0
2
4
6
8
10
12
1993 1996 1999 2002 2005 2008 2011 2014 2017 2019
Nombre de stations
0
20
40
60
0
10
20
30
40
0
5
10
15
1993 1996 1999 2002 2005 2008 2011 2014 2017 2019
Porites (%)
Pocillopora (%)
Recouvrement corallien (%)
Acropora (%)
Porites (%)
Pocillopora (%)
Recouvrement corallien (%)
Acropora (%)
0
2
4
6
1994 1997 2000 2003 2006 2009 2012 2015 2018 2019
Nombre de stations
0
20
40
0
10
20
0
10
20
30
0.0
2.5
5.0
7.5
10.0
1994 1997 2000 2003 2006 2009 2012 2015 2018 2019
47
stations
129
stations
Pourcentages de stations
par classe d?état de santé
Antilles françaises
Pourcentages de stations par classe d?état de santé Pourcentages de stations par classe d?état de santé
1 (optimal) - 2 (bon) - 3 (dégradé) - 4 (trés dégradé)
51
stations
Pourcentages de stations
par classe d?état de santé
Océan Indien
107
stations
Pourcentages de stations
par classe d?état de santé
Pacifique
État actuel des récifs
(Pacifique et îles Éparses)
76
stations
État actuel des récifs
(Antilles, Mayotte, La Réunion)
29 %
optimal
24 %
bon
6 %
trés dégradé
41 %
dégradé
30 %
optimal
39 %
bon
8 %
trés dégradé
23 %
dégradé
3 %
optimal
35 %
bon
4 %
trés dégradé
58 %
dégradé
36 %
optimal
34 %
bon
9 %
trés dégradé
21 %
dégradé
4 %
optimal
36 %
bon
7 %
trés dégradé
53 %
dégradé
Une vigilance particulière doit être accordée à ces récifs,
qui pourraient encore se régénérer si des mesures sont
prises pour inverser la tendance, ou continuer à se
dégrader dans le cas contraire.
Recouvrement corallien (%)
Saint-Martin © Laurent Juhel
16 17IFRECOR / État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français - 2020 / RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS / 2020 - État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français / IFRECOR
DES RÉSILIENCE
REMARQUABLES
De nombreux exemples de résilience1 des récifs ont été
observés, avec un recouvrement corallien récupéré au bout
de quelques années, à la suite d?une destruction massive.
Nouvelle-Calédonie et le cyclone Erica (2003)
En mars 2003, le passage du cyclone Erica a impacté un
grand nombre de récifs. Aujourd?hui, les trois réseaux de
suivi historiques considérés dans ce rapport démontrent une
récupération des peuplements coralliens en une décennie :
pour les récifs lagonaires et barrière de KNS, pour les récifs du
lagon du Grand Nouméa, et pour les récifs du RORC Grande-
Terre.
Le suivi du lagon du Grand Nouméa indique que l?ichtyofaune,
le macrobenthos et l?habitat avaient retrouvé dès 2014 un
état comparable à celui précédant le cyclone Erica (2003).
Nouvelle-Calédonie et les impacts de la mine
Si, en mettant les sols à nu, l?activité minière contribue à la
dynamique des apports sédimentaires vers le lagon, les suivis
en place par les miniers ne mettent pas en évidence d?impacts
aigus de l?activité. Il est possible que les coraux des récifs
sous l?impact de ces mines se soient adaptés et présentent
une certaine résilience dans le contexte d?influence terrigène
chronique.
Polynésie française, les Acanthaster et le cyclone Oli
En 2010, les îles de la Société ont été touchées par une
explosion d?acanthasters, suivie du cyclone Oli, réduisant
drastiquement la couverture corallienne ; à Tahiti et Moorea,
les couvertures coralliennes des récifs suivis ont fortement
baissé, passant de 30-40 % à moins de 5 %. En 2019 (avant le
blanchissement), soit presque 10 ans après, le recouvrement
en corail vivant présentait des valeurs parmi les plus hautes
jamais atteintes depuis le début des suivis (1992).
Mayotte et les blanchissements coralliens successifs : huit
ans après le blanchissement de 2010 qui avait entraîné
une forte mortalité, les récifs de la passe en S présentent à
nouveau un bon état de santé ; ils ont également bien résisté
au blanchissement de 2016. Le récif de la Surprise a aussi été
très affecté par le blanchissement de 2016, mais ce récif a
toujours montré de fortes capacités de régénération suite aux
mortalités passées. C?est également vrai pour les peuplements
de poissons : 10 ans après l?épisode de blanchissement
planétaire de 1998, les populations avaient retrouvé des
niveaux d?abondance et de biomasse similaires à ceux pré-
événement.
DES EFFETS RÉSERVES
AVÉRÉS
Nouvelle-Calédonie: lagon du Grand Nouméa
Les effets des AMP du lagon Grand Nouméa, mises en place
depuis 1990, ont pu être démontrés par des niveaux de
populations de poissons commerciaux (richesse, densité
et biomasse) supérieurs en leur sein à ceux des zones non
protégées, particulièrement pour les deux espèces les plus
ciblées par la pêche : le dawa (Naso unicornis) et la saumonée
(Plectropomus leopardus).
La Réunion: réserve naturelle nationale marine (RNMR)
L?effet réserve ne se fait pas sentir sur les communautés
benthiques (sauf localement dans le sanctuaire de pente
externe de La Saline), mais pour les poissons, l?impact de la
protection est avéré:
? sur les pentes externes des sanctuaires, notamment sur les
récifs de La Saline et de Saint-Leu, avec une augmentation
de la biomasse des espèces d?intérêt commercial (67 %) et
en particulier du mérou Variola Louti ;
? sur les platiers, en zones non pêchées, avec une
augmentation significative de densités et de biomasse
pour le mérou Epinephelus merra, avec un potentiel effet
de débordement (spillover).
Saint-Barthélemy et Saint-Martin : réserves naturelles
nationales
Un effet positif des réserves marines est constaté sur les
peuplements de poissons :
? les résultats des suivis du réseau AMP montrent pour
Saint-Barthélemy une abondance totale (pour les espèces
cibles considérées) supérieure dans la station en réserve
et pour Saint-Martin des biomasses en herbivores plus
élevées en réserve ;
? les suivis GCRMN, quant à eux, montrent que les biomasses
des poissons herbivores et carnivores sont en moyenne
plus élevées en réserve. La biodiversité totale est stable
au cours du temps, ce qui traduit une grande résilience des
peuplements de poissons. État du récif de Moorea (Tiahura) en 2010 après infestation d?Acanthaster et
cyclone Oli © Chancerelle Y./CRIOBE/SNO Corail
État du récif de Moorea (Tiahura) en 2015 en phase de résilience
© Chancerelle Y./CRIOBE/SNO Corail
État du récif de Moorea (Tiahura) en 2019 pendant le blanchissement
© Chancerelle Y./CRIOBE/SNO Corail1- Résilience : capacité du récif à se régénérer après une destruction. Cette régénération peut être plus ou moins
rapide selon les conditions environnementales, la zone du récif, etc.
18 19IFRECOR / État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français - 2020 / RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS / 2020 - État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français / IFRECOR
Tendances long terme : dégradation
? Situation très contrastée selon les zones
? Dynamique corallienne principalement régie par des phénomènes régionaux :
brusques dégradations des récifs (mortalité corallienne de 25 % par exemple après
le blanchissement de 2016), suivies de reprises variables
? Peuplements de poissons globalement à la baisse depuis le début du suivi
? Signes de pression forts sur certaines espèces commerciales
? Impact significatif du blanchissement corallien sur la richesse
spécifique des poissons
15
stations
60 %
dégradé
40 %
bon
Depuis 2015
14 %
43 %
43 %
MAYOTTE - Surface récifs : 1 406 km2
État actuel
Tendances long terme : dégradation
? Diminution moyenne du recouvrement corallien de 17 % sur les platiers
et 43 % sur les pentes
? Pentes externes : modification de la composition des communautés,
perte très rapide de richesse spécifique et de possibilités d'habitats pour la faune
? Augmentation du recouvrement en algues
? Platier : Diminution de la biomasse des herbivores (Naso spp.) ;
faiblesse (densité et biomasse) des carnivores-piscivores
? Pentes externes : 80% de diminution de la biomasse globale
sur les pentes externes ; déséquilibre des hauts niveaux trophiques
14
stations
71 %
dégradé
29 %
bon
Depuis 2015
8 %
69 %
23 %
LA RÉUNION - Surface récifs : 18 km2
État actuel
Tendances long terme : stabilité
? Tendance générale à la stabilité, particulièrement pour les récifs
de la Grande-Terre sous influence océanique et les îles Loyauté
? Dégradations sévères et localisées depuis 2012,
sur la Grande Terre uniquement
? Régénération de certains récifs en cours
? Bonne résilience, globalement
Résultats des suivis miniers et patrimoine mondial :
? Stabilité à l?échelle du territoire, structuration fonctionnelle
des peuplements préservée
? Perturbations locales concomitantes avec celles des habitats
? Peuplements localement exceptionnels
81
stations
9 %
trés dégradé
15 %
dégradé
37 %
bon
39 %
optimal
Depuis 2015
7 %
75 %
18 %
NOUVELLE-CALÉDONIE - Surface récifs : 35 873 km2
État actuel Tendances long terme : variable selon exposition
? Dynamique de la couverture corallienne des pentes
externes principalement régie par les cyclone : les côtes
abritées abritent davantage de corail vivant, stable
(Futuna) ou en progression (Alofi et Wallis)
? Suivi trop irrégulier pour conclure sur l?évolution
des communautés de poissons
? Peuplements variés, plus denses et de plus grosse
taille à Wallis qu?à Futuna et Alofi.
? Signes de pression sur les stocks de poissons
(rareté des poissons commerciaux et des prédateurs
de grande taille)
12
stations8 %
trés dégradé
25 %
dégradé
17 %
optimal
50 %
bon
Depuis 2015
- %
- %
- %
WALLIS ET FUTUNA - Surface récifs : 932 km2
État actuel
Tendances long terme :
? Évolution des recouvrements
coralliens et algaux depuis le début des suivis
? Évolution des peuplements de poissons récifaux
depuis le début des suivis
État évalué à partir des dernières
données disponibles (2018 à
2020, selon les territoires).
Pourcentage de station par
classe d?état de santé (sauf
pour IE : pourcentage par classes
de recouvrement corallien)
Nbr. de
stations% état trés
dégradé
% état dégradé
% état optimal
% bon état
Depuis 2015
Pourcentage de l?évolution de l?état
de santé des stations depuis 2015
% en hausse
% stable
% en dégradation
État actuel
Tendances long terme : fortes variations selon les épisodes
? Hétérogénéité spatiale (entre archipels) et temporelle
? Sur les pentes externes, alternance de phases d?accroissement,
de déclin rapide et de résilience plus ou moins forte,
principalement en lien avec des évènements naturels
(Acanthaster, blanchissement)
? Importante modification de la structure des communautés
coralliennes suite à la réduction des formes branchues
après les destructions des récifs de la Société en 2010
? Décroissance des biomasses totale de poissons
14
stations
43 %
dégradé
57 %
bon
Depuis 2015
69 %
31 %
0 %
POLYNÉSIE FRANÇAISE - Surface récifs : 16 200 km2
État actuel
Tendances long terme : stabilité
? Situation variable selon les iles
? Épargnés des pressions anthropiques directes, états dits «pristine» :
pour Europa, plusieurs zones des Glorieuses et Tromelin.
Juan de Nova, plus impacté présente un état de santé moyen à dégradé
Recouvrement moyen de corail vivant : 40 à 60 % (jusqu?à 80 % à Europa)
? Relative stabilité en termes de richesse spécifique
? Biomasses de poissons généralement stables sur les pentes externes,
ou en diminution à Juan de Nova et aux Glorieuses
? Biomasse totale localement exceptionnelle (Europa)
22
stations
9 %
dégradé
14 %
dégradé
9 %
bon
68 %
optimal
Depuis 2015
- %
- %
- %
ILES ÉPARSES (TAAF) - Surface récifs : 794 km2
État actuel
Tendances long terme : stabilité
? Alternance de phases de déclin/reprise du recouvrement
corallien, plus élevé en réserve.
? Relative stabilité des peuplements coralliens du réseau GCRMN
? Pas de tendance pour l?abondance des espèces cibles
mais tendance à l?augmentation des biomasses depuis 2012.
Effet réserve avec des biomasses supérieures en réserve
( jusqu?à 4 fois plus)
4
stations
50 %
dégradé
50 %
bon
Depuis 2015
0 %
25 %
75 %
SAINT-BARTHÉLEMY - Surface récifs : 14 km2
État actuel
Tendances long terme : dégradation
? Diminution de la couverture corallienne, sauf sur la côte
sous le vent où les recouvrements sont stables
? Couverture en macroalgues : stable mais élevée dans la baie
de Grand cul-de-sac Marin ; en augmentation sur la côte au vent
? Augmentation des abondances et biomasses des espèces cibles
sur la côte sous le vent.
? Pas de tendance ou déclin pour les autres secteurs
23
stations
70 %
dégradé
30 %
bon
Depuis 2015
4 %
52 %
43 %
GUADELOUPE - Surface récifs : 289 km2
État actuel
Tendances long terme : dégradation
? Habitat récifal en régression sur le long terme,
mais récente stabilité relative
? Fluctuations des peuplements, mais tendance moyenne
relativement stable
? Valeurs de biomasse et d?abondance faibles
? Classes de tailles réduites
14
stations27 %
dégradé
13 %
dégradé
47 %
bon
13 %
bon
Depuis 2015
20 %
80 %
0 %
MARTINIQUE - Surface récifs : 473 km2
État actuel
Tendances long terme : dégradation
? Dégradation des récifs depuis le début des suivis
(déclin du recouvrement en corail et du recrutement corallien).
Mais lente progression des recouvrements en corail depuis 2015.
? Effet réserve, avec des biomasses moyennes d?herbivores
plus élevées en réserve
5
stations
60 %
dégradé
20 %
trés dégradé 20 %
bon
Depuis 2015
0 %
50 %
50 %
SAINT-MARTIN - Surface récifs : 19 km2
État actuel
(données non
disponibles)
(absence
de données
en 2015)
Légende
21RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS / 2020 - État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français / IFRECOR
Dans le monde, une espèce de phanérogame marine sur cinq
est désormais répertoriée comme étant en danger, vulnérable,
presque menacée ou présentant un risque accru d?extinction
dans la liste de rouge de l?UICN. Près de 30 % des herbiers
marins du globe ont d?ores et déjà disparu depuis la fin du
XIXème siècle.
Parmi les espèces de phanérogames marines inventoriées
dans les territoires ultramarins, deux sont inscrites dans
la catégorie « vulnérable » de la Liste rouge des espèces
menacées d?extinction de l?UICN et montrent des tendances
globales au déclin (d?Halophila bailonni et Zostera capensis).
He
rb
ie
rs
ÉTAT DES
HERBIERS
© Fanny Kerninon
L?état de santé des mangroves françaises est variable selon
les territoires:
? bonne santé pour les mangroves de Guyane, Europa, Juan
de Nova et Wallis, et la plus grande partie des mangroves
de Nouvelle-Calédonie;
? des pressions qui affectent leur état de santé pour les
mangroves de Martinique et de Guadeloupe et certaines
mangroves de Nouvelle-Calédonie (principalement aux
abords de Nouméa);
? conditions dégradées pour les mangroves de Mayotte, de
Saint-Martin et de Saint-Barthélemy ;
? en Polynésie française, la mangrove a été introduite ; il
n?est pas question de statuer sur son état de santé.
M
an
gr
ov
es
ÉTAT DES
MANGROVES
© Florent Bignon
Saint-Martin
Saint-Barthélemy
Guadeloupe
Martinique
Guyane
Europa
Juan de Nova
Mayotte
Nouvelle-Calédonie
Wallis
Etat général des mangroves
à l?échelle du territoire
= Trés mauvais état
= Mauvais état
= État moyen
= Bon état
= Trés bon état
Site en bon état © Fanny Kerninon
Site en mauvais état © Fanny Kerninon
Les tendances évolutives, encore difficiles à établir en raison
d?une grande hétérogénéité du réseau de stations et des
indicateurs utilisés, sont variables selon les territoires :
? Pacifique : stabilité des herbiers malgré quelques
perturbations proches des centres urbains.
? Antilles : modification progressive de la composition
spécifique des herbiers et déclin de leur densité,
notamment les herbiers à Thalassia testudinum à haut
potentiel fonctionnel; invasion par la phanérogame marine
Halophila. stipulacea.
? Océan indien : à l?exception des îles Éparses où ils sont
stables, ils déclinent à La Réunion mais surtout à Mayotte,
où la disparition rapide des grands herbiers denses à
Thalassodendron ciliatum est alarmante.
- +
23RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS / 2020 - État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français / IFRECOR
Les écosystèmes marins des territoires ultramarins sont
soumis à des pressions locales et régionales.
À L? ÉCHELLE LOCALE
Les pressions locales sont liées aux aux activités humaines,
sur les bassins versants (agriculture, mines, urbanisation,
etc.) et en zone côtière (aménagements côtier), ou sur le
milieu marin (plaisance, transport maritime, ?).
L?intensité des pratiques a beaucoup évolué avec
l?augmentation des populations et le changement de style
de vie : les zones côtières constituent les régions les plus
densément peuplées du monde et la pression démographique
est forte sur plusieurs territoires (Mayotte, La Réunion,
Antilles).
Les pressions induites par ces activités ont un impact plus ou
moins marqué sur les écosystèmes côtiers, selon la sensibilité
des habitats, leur distance à la source de la pression, l?intensité
et la fréquence de la pression.
L?urbanisation littorale, qui imperméabilise les sols et
favorise le ruissellement, les développements agricoles, les
mines, les feux parfois dévastateurs, qui érodent les sols,
ont conduit à une augmentation des apports en sédiments,
nutriments et polluants dans les eaux côtières. Ces apports
ont considérablement altéré les conditions environnementales
des écosystèmes marins adjacents, notamment dans les
territoires les plus densément peuplés. Dans les îles les moins
peuplées, ces pressions sont généralement plus localisées.
Les types et la gravité des effets induits sont variables :
destruction des habitats, perte de fonctionnalité des
écosystèmes, réduction de la calcification des récifs
(donc de leur croissance) modification de la structure des
communautés, forte réduction de la richesse en espèces,
etc. Les impacts affectent la reproduction, le recrutement
et la survie des espèces, notamment au stade larvaire,
particulièrement fragile.
À L? ÉCHELLE GLOBALE ET
RÉGIONALE
Les pressions à l?échelle globale sont
induites par des évènements naturels
(cyclones, augmentation de la température
des océans), accentués par le changement
climatique (augmentation de la fréquence
et de l?intensité de ces évènements, acidification, modification
du régime des précipitations, montée du niveau de la mer)
(GIEC, 2013).
S?y ajoutent d?autres pressions probablement renforcées
à la fois par le changement climatique et par les activités
humaines locales : explosions de populations d?Acanthaster et
de Drupella (des prédateurs de coraux), maladies coralliennes,
espèces exotiques envahissantes, comme le poisson-lion, ou
encore échouages de sargasses pélagiques dans les Caraïbes.
Ces cinq dernières années, entre 2015 et 2020, plusieurs
épisodes de blanchissement ont touché le Pacifique (deux
épisodes) et l?océan Indien (trois épisodes), dont l?un
particulièrement important en 2016 ; neuf cyclones ont par
ailleurs traversé les collectivités ultra-marines. Les îles du
nord des Antilles ont été fortement impactées par l?ouragan
Irma, de catégorie 5, en 2017, et l?ensemble des Antilles Le
s p
re
ss
io
ns
LES PRESSIONS
françaises ont vu l?appartition de la maladie de la perte de
tissus coralliens (SCTLD) en 2020. Ces épisodes, de plus en
plus fréquents, impactent durablement les récifs.
Les pressions agissent à 2 échelles : les pressions de faible
intensité mais chroniques (eaux usées par exemple) ont
des effets sur le long terme ; elles impactent durablement
les récifs. Et les pressions d?intensité brutale qui ont un fort
impact immédiat (cyclone, rejet brutal de sédiment, gros
aménagement littoral).
Ces différentes pressions interagissent, rendant difficile
l?analyse des impacts, d?autant que toutes les composantes
des écosystèmes ne réagissent pas de façon similaire face à
une pollution.
2016
Pacifique et
Océan indien
blanchissement
majeur
2019
Pacifique et Océan indien
blanchissement
Antilles
blanchissement
2020
Océan Indien
blanchissement
2017
Antilles
cyclone Irma
(catégorie 3)
La Réunion
cyclones et fortes pluies :
coulées de boue
La Réunion
cyclone
Antilles, apparition de
la maladie de la perte de tissus
coralliens / SCTLD - (Stony Coral
tissue loss disease)
20202015 2016 2017 2018 2019 2015
© P. Dumas / IRD
Avec une densité de population de près de 500 à 700
hab/km² à Mayotte, Saint-Martin et Saint-Barthélemy,
des besoins en infrastructures pour des millions de
touristes dans les Antilles, d?importants défrichements
(notamment de mangroves), feux de forêts et brûlis
illégaux à Mayotte (environ 230 ha entre 2004 à 2012,
mais 150 ha en 2013), ou en Nouvelle-Calédonie
(27 000 ha de végétation brûlés chaque année), des
dysfonctionnements d?assainissement dans quasiment
tous les territoires, les récifs coralliens, herbiers et
mangroves ultramarins sont exposés de façon chronique
à une qualité des eaux altérée par les apports de matières
en suspension, polluants, et déchets.
Agriculture
& Aquaculture
Urbanisation
Industrie & eaux usées
Tourisme
Activité portuaire
& pêche
Mines & extraction
materiaux coralliens
Évènements majeurs
24 25IFRECOR / État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français - 2020 / RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS / 2020 - État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français / IFRECOR
GUADELOUPE
MARTINIQUE
MAYOTTE
ILES ÉPARSES (TAAF)
Densité pop. : 340 hab./km2
? SAU* 19 %
? 14% du littoral aménagé
? Fort impact des eaux usées non traitées
? Imperméabilisation des sols + fortes pentes :
eaux de ruissèlement (blanchissement de 80 %
des colonies d?Acropores à Saint-Leu (2017)
? Pratiques nautiques : piétinement des
platiers récifaux
Densité pop. : inhabité
? Pêche illégale importante /
période 2013-2016
? 20 à 40 % déchets provenant
de l?industrie de la pêche
? Risque de pollution hydrocarbures
(trafic maritime du canal du
Mozambique)
Densité pop. : 686 hab./km2
? Fortes démographie et précarité
? Accroissement population
+3,8 % (2012-2017)
? Forte érosion des sols par défrichement,
brûlis, mauvaises pratiques agricoles,
urbanisation
? 90% non raccordés à un réseau
d?assainissement et fort impact
des assainissements diffus
? Pression de pêche
? Déchets dans les mangroves
et sur les récifs
? Pression d?herbivorie sur les herbiers
Densité pop. : 15 hab/km2
? Sols nus ou dégradés (feux, mines, EEE,
agriculture, artificialisation) : apports
sédimentaires accrus autour de la
Grande-Terre
? Pêche récifo-lagonaire : pression
localement forte (zones urbaines)
et sur certaines espèces
? Intensification des usages récréatifs et du
tourisme : pression localisée (Grand
Nouméa et sites d?accueil des navires
de croisière)
Densité pop. : 83 hab./km2
? Élevage porcs
(95 000 lisiers/jour
peu ou mal traités)
? Pas de réseau
d?assainissement
collectif, réseaux
individuels défectueux
? Extraction de matériaux
coralliens
Densité pop. : 74 hab./km2
? Population inégalement repartie
? Aménagement du littoral
? 8 % de la population raccordée à un
réseau d?assainissement public (2013)
? Dysfonctionnement des réseaux
d?assainissement individuels
(points de rejets diffus)
? Pas de système de gestion des eaux pluviales
? Aménagement du littoral et extraction
de matériaux coralliens
Densité pop. : 330 hab./km2
? SAU* 20 % / 18 % sols
artificialisés à moins
de 500 m de la mer
? Hypersédimentation
en fonds de baies liée aux
assainissements collectifs
? Nombreux assainissements
non collectifs
? Sucreries / distilleries /
canne à sucre / bananes
Densité pop. : 229 hab./km2
? SAU* 32 %
? Hypersédimentation en fonds
de baies liée aux assainissements
collectifs
? Nombreux assainissements
non collectifs
? Sucreries / distilleries /
canne à sucre / bananes
Densité pop. : 474 hab./km2
? Caprins provoquant
hypersédimentation côtière
? Urbanisation
? Accroissement population
+ 5,8 % (2009-2013)
? Rejets désalinisation privée
? Ancrage sur les récifs
Densité pop : 674 hab./km2
? Forte démographie / précarité
40 % pop. non raccordée au
réseau d?assainissement
? Trafic maritime en hausse
? Infrastructures impactées
par Irma (2017)
POLYNÉSIE FRANÇAISE
SAINT-BARTHÉLEMY
WALLIS ET FUTUNA
SAINT-MARTIN
NOUVELLE-CALÉDONIE
LA RÉUNION
Agriculture
/ Élevage
Extraction
materiaux
Urbanisation
/Aménagements
Trafic
maritime
Pêche
Industries
Assainissement
Agriculture
/ Élevage
Extraction
materiaux
Urbanisation
/Aménagements
Trafic
maritime
Pêche
Industries
Assainissement
Agriculture
/ Élevage
Extraction
materiaux
Urbanisation
/Aménagements
Trafic
maritime
Pêche
Industries
Assainissement
Agriculture
/ Élevage
Feux
Extraction
materiaux
Urbanisation
/Aménagements
Aménagements
portuaires
Trafic maritime
/ activités
récréatives
Pêche
Industries
Assainissement
Agriculture
/ Élevage
Extraction
materiaux
Urbanisation
/Aménagements
Aménagements
portuaires
Trafic maritime
/ activités
récréatives
Pêche Industries
Assainissement
Agriculture
/ Élevage
Extraction
materiaux
Urbanisation
/Aménagements
Aménagements
portuaires
Trafic maritime
/ activités
récréatives
Pêche Industries
Assainissement
Agriculture
/ Élevage
Extraction
materiaux
Urbanisation
/Aménagements
Aménagements
portuaires
Trafic maritime
/ activités
récréatives
Pêche Industries
Assainissement
Agriculture
/ Élevage
Extraction
materiaux
Urbanisation
/Aménagements
Aménagements
portuaires
Trafic maritime
/ activités
récréatives
Pêche Industries
Assainissement
Agriculture
/ Élevage
Extraction
materiaux
Urbanisation
/Aménagements
Aménagements
portuaires
Trafic maritime
/ activités
récréatives
Pêche Industries
Assainissement
Agriculture
/ Élevage
Extraction
materiaux
Urbanisation
/Aménagements
Aménagements
portuaires
Trafic maritime
/ activités
récréatives
Pêche Industries
Assainissement
Agriculture
/ Élevage
Extraction
materiaux
Feux
Urbanisation
/Aménagements
Aménagements
portuaires
Trafic maritime
/ activités récréatives
Pêche
Industries
Assainissement
Forte intensité
Intensité moyenne
Intensité faible ou localisée
Intensité inexistante
ou non renseignée
Intensité des pressions anthropiques
dans les outre-mer coralliens
Intensité des pressions principales
Urbanisation Continuité
hydrologique Pollutions
Saint-Martin Forte Moyenne Moyenne
Saint-
Barthélemy Forte Forte Moyenne
Guadeloupe Forte Moyenne Moyenne
Martinique Forte Moyenne Moyenne
Guyane Faible Faible Faible
Europa Faible Faible Faible
Juan de Nova Faible Faible Faible
Mayotte Forte Moyenne Forte
Nouvelle-
Calédonie Moyenne Faible Faible
Wallis Moyenne Faible Moyenne
Mangroves des outre-mer : les principales pressions et leur intensité
Déchets en mangroves, Saint-Martin ©PRZHT
Palétuviers morts, Guadeloupe ©PRZHT
Sur les herbiers :
Dans la plupart des territoires, comme
à l?échelle mondiale, les principales
menaces sur les herbiers sont liées
à la dégradation de la qualité de
l?eau (augmentation de la charge en
nutriments, polluants, de la turbidité et
de l?envasement) et aux perturbations
physiques (remblais, piétinement, dégâts causés par les
ancres des bateaux).
Sur les mangroves :
Les principales pressions qui affectent
les mangroves des outre-mer français
sont l?urbanisation (reconversion de
mangroves en surfaces constructibles),
la modification des continuités
hydrologiques (canalisations,
artificialisation des sols en amont de la mangrove, déviation
de cours d?eau)et les pollutions issues des bassins-versants
ou de la mer.
© Fanny Kerninon
© Nathaniel Cornuet
27RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS / 2020 - État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français / IFRECOR
Alors qu?aujourd?hui les Solutions fondées sur la Nature
(SfN3) sont largement mises en avant pour relever les défis
globaux, les récifs coralliens, les herbiers marins et les
mangroves constituent, pour autant qu?ils restent en bon
état, des solutions naturelles pour lutter contre les effets du
changement climatique.
Dans la crise écologique actuelle, marquée par un important
déclin de la biodiversité, la protection des récifs coralliens,
hauts lieux de la biodiversité marine mondiale, est essentielle.
Ce bilan 2020 s?inscrit dans la lignée des rapports régionaux
et des précédents bilans et confirme la tendance générale
à la dégradation de ces écosystèmes, dans un contexte de
changement global, bien que certaines zones soient encore
préservées ou montrent des signes de résilience.
Devant les pressions et menaces auxquelles sont confrontés
les récifs coralliens, les herbiers marins et les mangroves,
l?une des principales recommandations de ce rapport,
concerne la limitation des pressions anthropiques directes,
afin d?accroître la résilience des écosystèmes ; faisant écho
aux recommandations récentes d?un collectif de scientifiques
internationaux (cf. encadré). Ce n?est qu?au prix d?un forte
volonté politique de réduire ces pressions que l?objectif de
100 % de protection des récifs coralliens en 2025, pourra être
atteint.
Re
co
m
m
an
-
da
tio
ns
RECOMMANDATIONS2 Récifs
RÉDUIRE LES PRESSIONS
Renforcer la résilience des écosystèmes en réduisant
les impacts anthropiques directs et indirects, passe par
des politiques volontaristes et cohérentes en matière
d?aménagement du territoire, de gestion des eaux, de
développement agricole et de la pêche.
Il est recommandé de:
? améliorer les réseaux et infrastructures de traitement des
eaux usées: dans tous les territoires, l?amélioration de l?état
de santé des écosystèmes récifaux passe par la maitrise du
traitement des eaux usées et des eaux pluviales: mise en
place de stations d?épuration, amélioration de l?efficacité
des traitements, généralisation des réseaux collectifs,
disparition des rejets en mer des eaux usées non ou mal
traitées, gestion des eaux pluviales chargées de boues,
issues des bassins-versants ;
? favoriser une agriculture respectueuse de l?environnement
en améliorant les pratiques agricoles, notamment en
contrôlant l?importation des produits phytosanitaires, en
développant des filières agricoles qui se libèrent de l?usage
massif des intrants, et en améliorant les pratiques de
culture, avec une meilleure maîtrise de l?érosion ;
? assurer une meilleure gestion des risques d?impacts des
aménagement sur bassins versants et sur les littoraux,
notamment en favorisant l?appropriation et la mise en
oeuvre par les aménageurs et les services instructeurs de
la séquence ERC, Eviter-Réduire-Compenser ;
? collaborer au niveau régional dans la lutte contre les
espèces exotiques envahissantes, notamment en mettant
en oeuvre les stratégies régionales de régulation et
de suivi ;
? réduire l?impact des mouillages en favorisant l?utilisation
de mouillages écologiques, en limitant l?ancrage à des
zones écologiquement non sensibles ;
? encadrer la fréquentation et les usages sur les zones
marines à enjeux (zones de plus haute diversité, zones
résilientes, nurseries?) ;
? d?une façon générale, s?assurer de la prise en compte
des récifs coralliens, herbiers marins et mangroves dans
toutes les politiques publiques (aménagement du territoire
littoral, pêche, etc.).
PROTÉGER
Les aires marines protégées couvrent actuellement 67 %
des récifs coralliens, dont 27 % en protection forte3, et leurs
effets bénéfiques sur les populations de poissons notamment
commerciaux, sont avérés. Cette tendance peut s?accentuer
en renforçant ce réseau, en particulier en multipliant et en
étendant les zones de protection forte et en accentuant la
surveillance de ces zones :
? zones de plus forte biodiversité ;
? zones de plus forte résilience au changement climatique ;
? zones d?intérêt halieutique (zones de reproduction,
nurseries, ...) ;
? zones permettant d?assurer la protection des continuités
écologiques.
SURVEILLER
Les réseaux de surveillance sont essentiels pour suivre
l?évolution des écosystèmes et adapter les politiques et la
gestion en conséquence. Le réseau de suivi des récifs en
outre-mer est déjà important, avec plus de 700 stations
surveillées plus ou moins régulièrement, mais néanmoins
insuffisant dans certaines collectivités au regard de la surface
de leurs récifs ; les moyens alloués sont par ailleurs souvent
trop faibles pour assurer un suivi régulier.
Il est recommandé de:
? pérenniser et renforcer le réseau de suivi des récifs ;
? améliorer la cohérence des différents réseaux de
surveillance sur un même territoire, mutualiser si possible
les sites de suivi ;
? identifier des indicateurs robustes et intégrés de l?état de
santé des récifs, rendant compte de l?état de l?écosystème
dans son ensemble ;
? informer les indicateurs du suivi mondial recommandé par
l?ICRI ;
? travailler sur la mise en place d?un indicateur intégré
d?état de santé pour chacun des territoires, tenant compte
de leurs spécificités. Cet indicateur devra s?appuyer,
outre le compartiment benthique, sur le compartiment
ichtyologique, afin de mieux appréhender les dynamiques
temporelles et les interactions entre compartiments. On
s?appuiera pour ce faire sur le programme en cours Score-
Reef. Développer également un indicateur national de
l?état de santé des récifs, pour renseigner l?observatoire
national de la biodiversité ;
? améliorer la bancarisation des données de suivi ;
? poursuivre le réseau de sciences participatives, permettant
une bonne sensibilisation des citoyens et pouvant servir de
réseau d?alerte notamment sur les récifs isolés (atolls de
Polynésie, par exemple) ;
? conforter l?observatoire du changement climatique pour
assurer le suivi des paramètres impactant et de leurs
effets ;
? assurer une veille et un suivi des évènements impactant
les récifs (blanchissement, maladies, espèces exotiques
envahissantes, ...) ;
? nouvelles technologies : favoriser le développement et
l?utilisation des nouvelles technologies pour améliorer
les dispositifs de suivi, notamment dans les récifs les
plus isolés (Clipperton, Îles Éparses, certains archipels de
Polynésie française, etc.).
© DR
Pour la survie des récifs coralliens :
les scientifiques rappellent que
(Kleypas et al, 2021) :
? Si rien n?est entrepris, les écosystèmes coralliens vont
continuer à décliner de manière significative et globale.
? L?atténuation du changement climatique est une action
essentielle mais insuffisante pour préserver les récifs.
? L?adaptation des coraux au réchauffement ne sera
efficace que dans le cadre de scénarios à faibles
émissions.
? La protection des récifs et les innovations visant à
accroître la résilience des coraux doivent se développer
rapidement.
? La sauvegarde des récifs coralliens exige des efforts et
des financements comparables à ceux d?autres grands
défis.
Les trois piliers de la survie des
récifs sont donc : l?atténuation du
changement climatique, la réduction
des pressions anthropiques et
l?innovation permettant de renforcer
la résilience.
2 - Les enjeux et recommandations propres à chacun des territoires figurent dans les chapitres locaux. Seules les recommandations d?ordre général sont
reprises ici.
3 - SfN : Les Solutions fondées sur la Nature sont définies par l?UICN comme ?les actions visant à protéger, gérer de manière durable et restaurer des
écosystèmes naturels ou modifiés pour relever directement les défis de société de manière efficace et adaptative, tout en assurant le bien-être humain et en
produisant des bénéfices pour la biodiversité?.
4 - Protections fortes : coeur de parcs et réserves naturelles nationales marines ; pour la Nouvelle-Calédonie : réserves naturelles intégrales, dont saisonnières, et réserves naturelles ; Clipperton : aire de protection de biotope
(source : OFB, 2019)
28 29IFRECOR / État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français - 2020 / RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS / 2020 - État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français / IFRECOR
RENFORCER LES
CONNAISSANCES
L?évolution rapide des dynamiques des écosystèmes sous les
forçages climatiques, anthropiques directs et indirects, rend
nécessaire un développement important des connaissances
sur plusieurs sujets:
? impact des usages et de leurs pressions sur les récifs,
herbiers et mangroves (lien pression-état);
? l?impact des changements climatiques: si les coraux sont
les premiers organismes à être directement affectés par les
épisodes récurrents de blanchissement corallien, la réponse
de l?ensemble de l?écosystème récifal, plus tardive, reste
encore méconnue. La question de l?impact du phénomène
sur la biodiversité des principaux organismes structurant
les récifs (poissons, algues, échinodermes, mollusques)
demeure à ce jour entière. Une meilleure appréhension
de ces phénomènes fournira ainsi aux gestionnaires des
milieux naturels des éléments afin de prendre des mesures
efficaces de protection de certaines espèces ou groupes
taxonomiques cibles, affectés par le blanchissement et/ou
impliqués dans la résilience écologique de l?écosystème
récifal;
? les dynamiques d?explosions démographiques
d?Acanthaster, sur la connaissance des maladies
coralliennes;
? les zones marines encore méconnues, souvent éloignées,
et sur les habitats mésophotiques (récifs profonds),
qui pourraient être des sources de réensemencement
corallien;
? la compréhension de la résilience des écosystèmes et du
rôle des AMP dans cette résilience;
? le développement du travail sur les Listes Rouges
nationales relatives aux écosystèmes et espèces
menacées ;
? la mise à jour de l?évaluation de la valeur des services
écosystémiques et porter largement les résultats à
connaissance.
? la promotion de l?innovation dédiée au renforcement de la
résilience des écosystèmes.
SENSIBILISER-ÉDUQUER
Pour une bonne appropriation des enjeux, pour éduquer et
mobiliser tous les acteurs, les actions dans les outre-mer sont
déjà très nombreuses et de longue date. Les efforts doivent se
poursuivreen :
? favorisant l?implication des acteurs et citoyens sur les
enjeux de protection des récifs coralliens, herbiers sous-
marins et mangroves ;
? communiquant et sensibilisant sur l?importance des récifs
coralliens, herbiers sous-marins et mangroves pour la
société ;
? mobilisant les élus nationaux et tous les élus locaux, qui
jouent un rôle essentiel dans la bonne gestion des bassins
versants, des zones littorales et marines.
Herbiers
Ce bilan de l?état de santé des herbiers
ultramarins met en lumière des tendances préoccupantes,
notamment dans la Caraïbe et dans l?océan Indien, qui ne
sont pas de bon augure pour l?avenir de ces écosystèmes.
Ces tendances qui s?inscrivent dans un contexte de déclin et
de dégradation globale de l?état de santé des herbiers marins
doivent alerter et constituer un levier pour renforcer la mise
en oeuvre de mesures de gestion à la hauteur des enjeux.
Diverses préconisations peuvent être établies, en cohérence
avec les recommandations internationales (Programme des
Nations unies pour l?environnement, 2020) et le programme
d?action de l?IFRECOR :
? pérenniser les groupes de travail à l?interface science
? gestion afin d?apporter des solutions concrètes et
opérationnelles pour la gestion et la préservation des
herbiers ultramarins aux échelles locale, régionale,
nationale et internationale;
? assurer la reconnaissance des herbiers dans les plans de
gestion des aires marines protégées afin de prévenir leur
déclin et maintenir les nombreux services écosystémiques
fournis;
? initier des suivis stationnels visant à évaluer l?état de
santé des herbiers notamment au sein des AMP et zones
à enjeux (faune patrimoniale associée) dans les territoires
où ils sont dépourvus, renforcer et pérenniser les actions
de suivis des herbiers dans les territoires où elles sont déjà
initiées; adapter les protocoles;
? préciser la cartographie des herbiers dans les secteurs où
les données sont insuffisantes ou anciennes et mettre en
place des suivis cartographiques automatisés lorsque les
types d?herbiers et la profondeur le permettent ;
? renforcer la conservation et la préservation concrète des
herbiers d?outre-mer afin de renverser la tendance au déclin
et permettre la restauration des services écosystémiques
associés, en les intégrant davantage dans les politiques
publiques globales de conservation et d?aménagement
territorial s?appliquant dans les territoires ultramarins, au
même titre que les récifs et les mangroves ;
? favoriser une mise en oeuvre intégrée des politiques
publiques s?appliquant dans les outre-mer en oeuvrant
à la mutualisation des actions selon un principe de
complémentarité et de non redondance ;
? renforcer la gestion selon un continuum terre-mer et initier
des actions intégrant la connectivité entre les mangroves,
les herbiers et les récifs coralliens au sein de plans d?action
spécifiques ;
? promouvoir les herbiers comme Solutions fondées sur
la Nature en s?appuyant sur les services écosystémiques
fournis ;
? accentuer l?attention porté aux herbiers, écosystème
encore méconnu par des actions de sensibilisation sur leur
intérêt et les conséquences de leur déclin afin de renforcer
la conscience collective.
Mangroves
La synthèse des principales pressions,
qui met en parallèle un état global des mangroves au regard
des pressions qui s?y exercent, permet d?avoir un premier
aperçu des enjeux de préservation pour chaque territoire et
des priorités d?actions.
Les recommandations principales découlant de ce constat
et concernant les pressions actuelles sur les mangroves des
outre-mer français sont les suivantes :
? dans les territoires où le Conservatoire du Littoral est
présent, poursuivre le travail d?acquisition foncière des
mangroves et concentrer les efforts sur une mise en gestion
efficace de celles-ci, en lien avec les gestionnaires désignés,
pour mettre en place des mesures de conservation de ces
écosystèmes et limiter les aménagements (constructions
diverses, aéroport, port, zones industrielle) ;
? renforcer les actions de formation et d?accompagnement à
la gestion des mangroves, y compris par le biais du Réseau
d?Observation et d?Aide à la gestion de mangroves (ROM)
du pôle-relais zones humides tropicales ;
? renforcer les actions de contrôle sur les mangroves, afin
d?éviter les occupations ou utilisations illégales (notamment
les décharges sauvages et dépôts de remblais) ;
? promouvoir les mangroves comme Solutions fondées sur
la Nature et les inclure comme telles dans les documents
d?aménagement, de planification et de gestion du risque,
en prenant en compte les impacts attendus du changement
climatique notamment sur leur migration en amont ;
? mieux considérer les enjeux relatifs aux mangroves
dans les politiques sectorielles de développement,
y compris au sein des dispositifs de financements
européens (notamment agricoles et aquacoles) et
étatiques : intégration dans les budgets et les dispositifs
fiscaux (y compris la défiscalisation) de considérations
environnementales ;
? poursuivre les actions de sensibilisation des communautés
locales, de la jeunesse et des élus sur des mangroves : faire
connaître et apprécier leur valeur écologique, économique
et patrimoniale.
© Fanny Kerninon
© DR
En conclusion
Toutes ces recommandations ne pourront être mises en
oeuvre que si les moyens financiers sont à la hauteur des
enjeux que représentent ces écosystèmes marins tropicaux
pour la biodiversité française et pour les services rendus aux
habitants et territoires d?outre-mer.
31RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS / 2020 - État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français / IFRECOR
Région Caraïbe
LE CONTEXTE
Situées dans les Petites Antilles, entre 14°23?N et 18°00?N,
les Antilles françaises comprennent la Martinique, l?archipel
de la Guadeloupe et les îles du Nord, Saint-Martin et Saint-
Barthélemy. Au total, ces collectivités s?étendent sur un espace
maritime de 151 076 km2 et les récifs coralliens couvrent
480 km2.
Trois grands types de formations coralliennes sont présents
dans les Antilles : les récifs frangeants, qui bordent la côte,
les récifs barrières (ceinture récifale séparée de la côte par
un lagon de profondeur variable) et les fonds coralliens non
bioconstruits. Ces derniers constituent des communautés
souvent plus riches et plus florissantes sur les côtes caraïbes
(sous le vent) que sur les formations récifales des côtes
atlantiques.
La couverture vivante des coraux constructeurs de récifs des
Caraïbes a fortement diminué depuis la fin des années 1970.
Au cours de cette période, de nombreux récifs dominés par les
peuplements de coraux bioconstructeurs ont permuté vers des
récifs dominés par des assemblages de macroalgues, éponges
et invertébrés autres que les coraux. Ce déclin a été mis en lien
avec la pêche, les pressions provenant des bassins-versants,
le réchauffement des océans et les épizooties touchant les
coraux et les oursins.
Les premières études écologiques relatives aux récifs des
Caraïbes ont commencé à la fin des années 1960, moins d?une
décennie avant qu?une série d?événements aigus n?agissent
en synergie pour transformer rapidement les communautés
coralliennes de la région. A la fin des années 1970 et au début
des années 1980, la «maladie de la bande blanche» (WBD) a
décimé plus de 80 % des populations d?Acropora palmata et
d?Acropora cervicornis, qui dominaient autrefois les zones de
fronts récifaux ou les parties supérieures des pentes externes
(récifs peu profonds). Puis, la mortalité massive de l?oursin
Diadema antillarum en 1983-1984, due à un pathogène non
identifié, a quasiment éradiqué cet herbivore clé des récifs,
déjà largement dépourvus de grands poissons herbivores en Ét
at
d
es
ré
ci
fs
pa
r r
ég
io
n
ÉTAT DES RÉCIFS FRANÇAIS :
RÉSULTATS PAR RÉGION
OCÉAN INDIEN
OCÉAN PACIFIQUE
OCÉAN ATLANTIQUE
Mayotte
La Réunion
Îles
Éparses
Nouvelle-Calédonie
Wallis et Futuna
Clipperton
Polynesie-Française
Saint-Martin
Saint-Barthélemy
Guadeloupe
Martinique
raison de la surpêche. La mortalité des diadèmes a dépassé
90 %, limitant la régulation des peuplements de macroalgues,
dont la croissance rapide a été favorisée par les conditions
d?eutrophisation côtière sur les récifs des Caraïbes. Ces
événements ont été suivis par des épisodes de blanchissement
des coraux à partir de la fin des années 1980, suivis par des
épidémies régionales dans les années 1990, entraînant une
nouvelle augmentation des maladies des coraux et, dans
certains cas, un nouveau remplacement des coraux par des
macroalgues (Bouchon et al., 2008b ; Cramer et al., 2020).
Ainsi, des dégradations majeures se sont produites avant
le démarrage des suivis sur lesquels repose ce bilan (début
2000). La forte anthropisation (229 à 654 habitants/km2),
l?effet cumulé des pressions issues des activités humaines
(défaillance des réseaux d?assainissement, aménagements
littoraux, agriculture/élevage, etc.), les évènements
climatiques (ouragans, blanchissements) et les épidémies
coralliennes continuent d?impacter les récifs.
La dynamique des récifs des Antilles françaises sur le long
terme s?inscrit donc dans la tendance générale de dégradation
décrite pour toute la région caraïbe depuis le début des années
1980 (Bouchon et al., 2008b; Jackson et al., 2014; Cramer
et al., 2020). Toutefois, une grande variabilité écologique est
observée selon les sites, leur localisation géographique ?
atlantique, caraïbe, zones exposées, fonds de baie.
Situation globale des récifs
coralliens dans la région (GCRMN
Caraïbes)
En 2014, le rapport GCRMN Caraïbes (Jackson et al., 2014)
faisait état d?une couverture corallienne moyenne pour la
Grande Région Caraïbe comprise entre 14,3 et 16,8 % (allant
de 2,8 à 53,1 %). Dans 75 % des sites (88 sites), la couverture
corallienne avait décliné, passant de 34,8 % (pour la période
1970-1983) à 19,1 % (1984-1998) puis 16,3 % (période
1999-2011), avec de grandes disparités entre les sites. À
l?inverse, la couverture en macroalgues avait augmenté de
7 % à 23,6 % entre 1984 et 1998.
ÉTAT
ACTUEL ET
ÉVOLUTIONS
RÉCENTES
En 2020, sur les 47 stations
considérées dans les
Antilles françaises, 60 %
sont dégradés (classes 3 ou
4) et 40 % sont en bon état
(classes 1 ou 2). La majorité
des sites présente des coraux nécrosés, des peuplements
algaux dominés par les macroalgues et/ou un fort envasement
des fonds.
Depuis le dernier bilan en 2015:
9 % des stations présentent une amélioration
59 % sont restées stables
33 % se sont dégradées
Localement, les situations sont contrastées selon le secteur
considéré (côte au vent, côte sous le vent, baies), les
communautés rencontrées et les conditions hydrodynamiques
et pressions auxquelles elles sont soumises.
En Martinique, 47 % des sites sont en bon état (classe 2), 27 %
sont dégradés (classe 3). Les récifs des côtes au vent et sous le
vent sont relativement préservés, avec des taux de couvertures
coralliennes de 22 à 45 % (côte au vent). Très exposées aux
courants et à la houle, les communautés benthiques de la côte
atlantique sont différentes des autres secteurs de l?île, avec des
colonies de formes plutôt encroûtantes. Les récifs frangeants
du sud de l?île sont classés de la classe 4 à la classe 1, selon
un gradient de pression est-ouest, allant de la sortie de la baie
du Marin, soumise à des pressions anthropiques importantes,
jusqu?au Diamant, plus préservé. Le site Caye d?Olbian est
caractérisé par une couverture corallienne exceptionnelle pour
la région des Antilles (57 % en 2019) et très stable depuis le
premier suivi (2011). Les baies présentent les situations les
plus critiques. Bien que les taux de recouvrement corallien
y soient globalement élevés (30-50 %), les communautés
benthiques y survivent dans des zones d?accumulation de
pressions anthropiques, avec notamment un fort envasement.
Depuis le dernier bilan, la majorité des sites (80 %) est restée
stable.
En Guadeloupe, 70 % des sites sont dégradés (classe 3).
Ceux de la côte au vent sont affectés par la prolifération des
macroalgues, qui s?est aggravée depuis 2015, au détriment
de la couverture corallienne. Dans la baie du Grand Cul-de-
sac Marin, la pression des macroalgues pour l?occupation
des fonds est également forte, mais l?état des récifs est resté
relativement stable depuis le dernier bilan. C?est sur la côte
sous le vent que les communautés coralliennes présentent les
meilleurs états de santé (majorité de classe 2), mais tous les
sites présentent toutefois une diminution de leur couverture
corallienne depuis le dernier bilan, conséquence probable du
passage des cyclones Irma et Maria de 2017. Entre 2015 et
2020, l?état de santé des communautés coralliennes est resté
stable pour 52 % des sites, et 44 % d?entre eux se sont dégradés.
Seule la station de Fajou Nord montre une amélioration.
À Saint-Barthélemy, l?état de santé des récifs est évalué sur
quatre sites, dont la moitié sont en bon état (classe 2) et
l?autre moitié dégradés (classe 3). Le recouvrement corallien
est compris entre 9 et 23 %, avec des valeurs plus élevées
dans les stations en réserve, alors que la couverture en
macroalgues atteint jusqu?à 50 % dans les deux stations Reef
Check. La biomasse totale des poissons (60 espèces cibles)
et celles des herbivores et des carnivores sont plus élevées
dans les stations situées en réserve (jusqu?à 3,7 et 4 fois plus
pour les herbivores et carnivores). Fin 2019, des signes de
blanchissement ont été observés dans plusieurs stations de
la côte sous le vent, mais la mortalité induite est restée faible.
L?état de santé des récifs s?est globalement dégradé depuis le
dernier bilan de 2015.
À Saint-Martin, trois des cinq stations évaluées sont
dégradées (classe 3), les deux autres sont en classe 2 et 4. Le
recouvrement corallien moyen est de l?ordre de 14 % en 2020,
en déclin après le passage de l?ouragan Irma, tout comme
le recrutement en juvéniles de coraux. La couverture en
© Bastien Preuss
47
stations
129
stations
Pourcentages de stations
par classe d?état de santé
Antilles françaises
Pourcentages de stations par classe d?état de santé Pourcentages de stations par classe d?état de santé
1 (optimal) - 2 (bon) - 3 (dégradé) - 4 (trés dégradé)
51
stations
Pourcentages de stations
par classe d?état de santé
Océan Indien
107
stations
Pourcentages de stations
par classe d?état de santé
Pacifique
État actuel des récifs
(Pacifique et îles Éparses)
76
stations
État actuel des récifs
(Antilles, Mayotte, La Réunion)
29 %
optimal
24 %
bon
6 %
trés dégradé
41 %
dégradé
30 %
optimal
39 %
bon
8 %
trés dégradé
23 %
dégradé
3 %
optimal
35 %
bon
4 %
trés dégradé
58 %
dégradé
36 %
optimal
34 %
bon
9 %
trés dégradé
21 %
dégradé
4 %
optimal
36 %
bon
7 %
trés dégradé
53 %
dégradé
32 33IFRECOR / État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français - 2020 / RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS / 2020 - État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français / IFRECOR
macroalgues, inférieure à 25 % dans les stations des réseaux
Reef Check et AMP, atteint 57 % dans la station Chicot, située
en réserve. Pour les poissons, la biomasse des herbivores
et des carnivores (esp. cibles) présente les valeurs les plus
élevées depuis le début des suivis. Depuis le dernier bilan,
deux stations présentent un état stable, et deux autres se sont
dégradées.
TENDANCES
SUR LE LONG TERME
Sur le long terme, le recouvrement corallien est globalement
en déclin avec, là encore, des situations locales particulières
montrant des signes de reprise ou de stabilité. Les tendances
des peuplements de poissons sont moins marquées, mais
montrent également un déclin sur les sites dégradés.
En Martinique, les valeurs moyennes de recouvrement
corallien en 2019 varient de 12 % à 57 % selon les sites,
contre 21 à 50 % lors des premiers suivis (2001 à 2010 selon
les stations). L?habitat récif corallien est globalement en
régression par rapport aux suivis initiaux, bien que des sites
exceptionnels soient identifiés (Caye d?Olbian, Corps de Garde)
et que certains montrent des signes de régénération (Jardin
Tropical).
Le récif frangeant du sud de la Martinique présente différentes
dynamiques avec des récifs en très bon état et stables à
l?ouest et des sites très dégradés à l?est. Les sites ayant subi
des contraintes environnementales fortes après 2005 et
exposés à des pollutions chroniques sont dans un état très
dégradé, atteint en 9 ans (réduction de 75 % du taux de corail
vivant à Pointe Borgnesse entre 2001 et 2010). Le taux de
recouvrement corallien dans les récifs atlantiques est stable
dans le temps, autour de 30 %, avec un taux équivalant de
macroalgues. Les récifs des baies caraïbes et atlantiques sont
stables avec des taux de corail vivant globalement élevés (30
à 50 %), sauf au Marin (10 % - état mauvais). La couverture
corallienne moyenne des communautés des côtes rocheuses
caraïbes décroit de presque 50 % entre 2001 et 2010, puis une
légère augmentation est observée jusqu?en 2019.
Les peuplements de poissons (espèces cibles) associés aux
récifs de Martinique fluctuent et dépendent de la structure
géomorphologique des sites. Les valeurs de biomasse et
d?abondance des herbivores sont très variables d?un site à
l?autre et relativement constantes depuis le début des suivis.
La biomasse des carnivores 2 et piscivores (qui mangent
principalement des invertébrés benthiques et des poissons)
est globalement faible (8360 g/300m2 en 2019), mais parmi
les plus hautes dans la caraïbe de l?est. Elle atteint un minimum
en 2005, puis augmente en 2019 vers une valeur légèrement
supérieure aux premiers suivis. Leur abondance est stable au
cours du temps. Cette tendance est visible sur tous les sites,
avec des fluctuations importantes.
En Guadeloupe, la couverture corallienne a régressé sur les
récifs de la côte au vent, de 30 % en 2007 à 15 % en 2019,
alors que celle des macroalgues a augmenté de 15 % à 40 %
sur la même période. Cette tendance est également observée
dans la baie de Grand Cul-de-sac Marin, avec une diminution
de la couverture corallienne (passant de 28 % en 2002 à 15 %
en 2019) et du recrutement en juvéniles de coraux, alors que
le recouvrement en macroalgues est relativement stable et
toujours élevé, dépassant régulièrement 30 % à partir de 2008.
Dans ce secteur, les peuplements de poissons ont également
décliné de façon importante, que l?on considère l?ensemble
des 60 espèces cibles, ou uniquement les herbivores ou les
Quelques chiffres marquants
? 53 % des stations considérées sont en état dégradé
(coraux nécrosés, macroalgues, envasement) en 2020.
? Jusqu?à 57 % de recouvrement en macroalgues dans la
station Chicot, située dans la réserve de Saint-Martin.
? 50 %: la couverture corallienne moyenne des récifs de
la côte au vent de la Guadeloupe a diminué de moitié,
passant de 30 à 15 % entre 2007 et 2019. Celle des
macroalgues a plus que doublé dans le même temps.
? Près de 50 % de réduction de la couverture corallienne
moyenne sur les côtes rocheuses caraïbes de la
Martinique entre 2001 et 2010. Une légère reprise est
ensuite observée jusqu?en 2019.
prédateurs. Sur la côte sous le vent, en revanche, les sites
suivis ne montrent pas de tendance significative sur le long
terme pour les communautés benthiques.
À Saint-Barthélemy, la couverture corallienne présente une
alternance de phases de déclin et de reprise sur les stations
fixes du réseau GCRMN, sans toutefois atteindre les valeurs
du début des suivis (en 2002). Sur les stations non fixes du
réseau AMP, la tendance est plutôt à l?augmentation depuis
2012 (28,3 % en 2018). La biomasse totale des espèces cibles
et des herbivores tend également à augmenter sur le long
terme dans les stations en réserve.
À Saint-Martin, l?état des récifs s?est globalement dégradé,
marqué par la diminution du recouvrement en coraux durs
vivants et le déclin du recrutement corallien. Toutefois, la
couverture corallienne connait une lente reprise depuis 2015,
sans atteindre les valeurs du début des suivis. Les abondances
et biomasses des espèces cibles de poissons ne présentent
pas de tendance significative. Cependant, la biomasse des
herbivores montre une augmentation régulière entre 2014 et
2017, et un pic important en 2019. Sur le long terme, un effet
réserve est observé pour les herbivores.
Évènements majeurs
depuis 2015
? 2017 : L?ouragan Irma (Cat. 5) a frappé les îles du nord
des petites Antilles, occasionnant d?importants dégâts
humains, matériels et environnementaux.
? Fin 2019: un épisode de blanchissement corallien a frappé
les Antilles, touchant près de la moitié des espèces de
coraux. La mortalité induite par le phénomène a toutefois
été faible.
? 2019-2020 : L?apparition d?une nouvelle maladie
corallienne (maladie de la perte de tissus coralliens)
inquiète les experts locaux : tous les territoires sont
désormais touchés et les premières observations indiquent
une forte mortalité, en particulier sur les espèces les plus
sensibles comme Meandrina meandrites, M. Jacksoni ou
Colpophyllia natans (34 espèces touchées).
© Franck Mazéas
Évènements majeurs
Mortalité
massive de
poissons
2005
Pic de temperature
Blanchissement massif
2019
Pics de
temperature
Maladie SCTLD,
perte de tissus coralliens
Blanchissement
massif
Impacts sur
peuplements ichtyofaune
Recouvrement massif d'H. stipulacea sur substrats
nus et au sein des herbiers indigène préexistants
1989
Cyclone
Hugo
Mortalité
massive de
poissons
Mortalité massive de poissons
1989
Cyclone
Lenny
Mortalité
massive de
poissons
2017
Saint-martin et
Saint-Barthélemy
cyclone Irma
Guadeloupe
cyclone Maria
2007
Martinique et Gaudeloupe
cyclone Dean
20201980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015 2016 2017 2018 2019
Régression Oursin diadème,
Diadema antillorum
Régression
Acropora palmata
1980
1980 - 1982
Guadeloupe
Épizooties
2010 - 2011
Envahissements
Poisson-lion Pterois volitans
Herbier Halophila stipulacea
34 35IFRECOR / État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français - 2020 / RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS / 2020 - État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français / IFRECOR
Océan Indien
occidental
LE CONTEXTE
Située à l?extrême ouest de la province biogéographique indo-
pacifique, la région de l?océan Indien occidental s?étend sur
22 millions de km² ; elle compte 50 000 km² de formations
récifo-lagonaires, dont près de 15 000 km² de récifs construits
(Millennium Coral Reef Mapping), répartis le long de la côte est
africaine (Kenya, Tanzanie, Mozambique, Afrique du sud) et
autour des îles (Madagascar, Maurice/Rodrigues, Seychelles
et territoires français de l?outre-mer).
Les territoires français de l?océan Indien sont représentés par
deux départements, La Réunion et Mayotte, et une collectivité
sui generis, les Terres australes et antarctiques françaises
(TAAF), qui comptent cinq îles, s?étendant le long du canal du
Mozambique (Glorieuses, Juan de Nova, Bassas da India et
Europa) et au nord-est de Madagascar (Tromelin).
Au total, sur un espace maritime de 1 million de km², les récifs
de ces territoires s?étendent sur 2000 km², (Mayotte 1406 km²
environ, La Réunion 18 km² et les Iles Eparses 794 km² au
total), dont 546 km² de zones construites. Leur diversité
géomorphologique, qui résulte de leur histoire géologique, est
importante: récifs frangeants à La Réunion, l?île la plus jeune,
bancs récifaux et atolls dans les îles Eparses; Mayotte, l?île la
plus ancienne, compte des récifs frangeants et l?un des plus
beaux récifs barrière de la région, ainsi qu?une double barrière.
Les mangroves sont présentes uniquement sur Mayotte (623
ha), Europa (626 ha) et Juan de Nova (0,26 ha) et les herbiers
sont présents partout mais peu développés.
Au sein de cette région, la partie nord du canal du Mozambique
constitue le deuxième triangle de biodiversité récifale au
monde, après celui centré autour de l?Indonésie, Mayotte et les
Glorieuses sont situées au sein de ce triangle de richesse.
Les îles sont très diversement peuplées: les Iles Eparses sont
inhabitées, constituant ainsi une référence et un observatoire
pour des récifs sans pressions anthropiques directes, La
Réunion présente une densité de population de 340 hab/km²
se situant dans la moyenne des outre-mer, tandis que Mayotte
(686 hab./km²) présente la plus forte densité de population de
tous les outre-mer français.
Les principales pressions qui impactent les récifs, les herbiers,
les mangroves et conduisent à de lentes dégradations
chroniques des récifs à La Réunion et à Mayotte sont liées (i) à
l?érosion des sols, en lien avec l?aménagement du territoire, les
pratiques culturales, et (ii) la pollution des eaux résultant des
traitements déficients des eaux usées et des eaux pluviales,
dont le ruissellement est renforcé par l?imperméabilisation
des sols urbanisés. À La Réunion, les récifs étroits et accolés
à la côte sont directement sous influence de ces pressions ;
à Mayotte, le contexte socio-économique et géopolitique est
à l?origine d?une augmentation particulièrement rapide de la
population humaine et des pressions associées.
Les îles Éparses, en revanche, sont donc très peu soumises
aux pressions anthropiques, à l?exception d?une pêche
illégale parfois forte (sur Juan de Nova par exemple,
jusqu?à récemment) mais aujourd?hui à peu près contrôlée
(surveillance renforcée).
Les suivis de l?état de santé des récifs coralliens ont commencé,
dans le cadre du GCRMN, dès la fin des années 1990 à Mayotte
et La Réunion, et au début des années 2000 dans les îles
Éparses. La région compte aujourd?hui plusieurs réseaux de
surveillance (GCRMN, Reef Check, AMP, DCE) mobilisés très
irrégulièrement, notamment dans les îles Éparses compte tenu
des difficultés d?accès aux îles.
Durant la période 2015-2020, plusieurs épisodes climatiques
ont impacté les récifs : trois épisodes de blanchissement
corallien et plusieurs cyclones (voir la frise page suivante).
ÉTAT ACTUEL ET
ÉVOLUTIONS RÉCENTES
En 2020, sur les 51 stations
considérées à l?échelle de la
région, 29 % sont dans un
état optimal (classe 1), toutes
situées dans les îles Éparses ;
24 % sont en bon état (classe
2) et 41 % sont dégradées
(classe 3). Enfin, 6 % sont
très dégradées (2 stations à
Juan de Nova et 1 station aux
Glorieuses).
Depuis le dernier bilan en 20155 :
11 % des stations présentent une amélioration
56 % sont restées stables
33 % se sont dégradées
Les situations sont toujours contrastées, avec de fortes
hétérogénéités spatiales tant du recouvrement corallien
que des peuplements de poissons (richesse spécifique,
abondance, biomasse) : contrastes à La Réunion, entre les
platiers et les pentes externes, dans les îles Éparses entre les
îles et entre platiers, terrasses lagonaires et pentes externes,
et à Mayotte entre récifs frangeants, récifs internes et récifs
barrières ; contrastes également, dans tous les cas, selon
les secteurs géographiques, leur exposition, les conditions
hydrodynamiques et les taux de sédimentation et/ou de
pollution auxquels ils sont soumis.
Les recouvrements coralliens: en 2020, la majorité des récifs
à La Réunion (71 % des stations) et à Mayotte (60 %), sont
dans un état dégradé. Les taux de recouvrements coralliens
sont de 20 à 30 % pour les plus bas et à 70 % localement, pour
les plus élevés.
Dans les îles Éparses, 77 % des stations sont dans un état
optimal ou bon (classes 1 à 2), principalement sur les stations
de pente externe sur l?ensemble des îles. Mais surtout sur l?île
d?Europa, où les taux de recouvrements coralliens sur la pente
externe atteignent jusqu?à 80 %. Aux Glorieuses, les résultats
sont plus mitigés et la couverture corallienne excède très
rarement les 50 %, en raison des conditions environnementales
particulières ; tandis qu?à Juan de Nova, fortement soumise
aux phénomènes de blanchissement corallien (températures
parfois supérieures à 32°C), les récifs sont très dégradés sur
les terrasses lagonaires et présentent un faible recouvrement
corallien (9 % au maximum en 2019).
Les peuplements ichtyologiques : la richesse spécifique en
poissons est particulièrement élevée dans les îles Éparses,
notamment aux Glorieuses (jusqu?à 57 sp/250m²), situé
au centre du triangle de biodiversité, et à Europa 35 à 50
sp/250m²; à Mayotte, toutes espèces confondues, les valeurs
fluctuent de 13 à 46 sp/250m² sur les récifs frangeants, la
plus forte diversité se situant sur les récifs barrières avec des
valeurs comprises entre 30 et 52 sp/250m².
À Mayotte, la biomasse en espèces d?intérêt commercial est
très faible sur les récifs frangeants, sauf ponctuellement, mais
localement élevée sur le récif barrière (jusqu?à 6-7 kg/100 m²)
et dans les passes. À La Réunion, les biomasses sont partout
très faibles (1,5 kg/100 m² pour les 30 espèces indicatrices),
à la fois pour les prédateurs apicaux (au plus haut de la chaine
trophique) et les poissons perroquets, qui jouent un rôle-clé
dans la résilience des récifs en gérant l?expansion des algues.
C?est dans les îles Éparses que les biomasses sont les plus
élevées (jusqu?à plus de 100 kg/100m² sur les pentes externes
d?Europa).
L?évolution de l?état de santé des récifs depuis le dernier
bilan (2015), à l?échelle de la région (Mayotte et La Réunion),
montre que 56 % des stations présentent un état stable et
33 % sont dégradées.
? On note une grande stabilité à La Réunion (69 % de stations
stables).
? À Mayotte, en revanche, l?évolution va dans le sens d?une
diminution globale significative de l?état des communautés
coralliennes (43 % des stations en dégradation), avec
25 % de mortalité corallienne en moyenne suite à l?impact
majeur du blanchissement de 2016.
En 2019, la saison chaude aura été à nouveau marquée
par des élévations anormales de la température des eaux
donnant lieu à des phénomènes de blanchissement corallien
massifs, qui ont touché différemment les récifs du Sud-Ouest
de l?océan Indien :
? à La Réunion, un blanchissement important (40 % de la
couverture corallienne sur la pente externe et les platiers)
mais une mortalité faible à moyenne (15 % sur les platiers
et 12 % sur la pente externe);
? à Mayotte, un blanchissement faible et pas de mortalité
notable;
? sur les îles Éparses, pas de blanchissement observé lors
de la rotation du Marion Dufresnes en avril 2019;
L?année 2020 a été marquée par le premier blanchissement
avéré sur l?île d?Europa (températures supérieures à 31° sur
plusieurs semaines en février 2020). L?investigation d?une
seule station GCRMN sur le platier récifal a montré un taux
de mortalité d?environ 60 %. Les familles les plus touchées
sont les Pocilloporidae et Milleporidae. Mais aucune perte de
biodiversité n?est à déplorer. Ce constat ne peut être extrapolé
à l?ensemble du récif par manque de données.
© Shawn Wolfe
Situation globale des récifs
coralliens dans la région de
l?océan Indien (Obura et al, 2017, Wickel et al.,
2013, 2018, 2020, Nicet et al, 2019, 2020)
En 1998, les récifs coralliens de l?océan Indien occidental ont
franchi un seuil, en raison de l?impact du plus grand évènement
de blanchissement mondial connu:
? en moyenne, la couverture corallienne a diminué de 25 %
par rapport aux niveaux initiaux, le recouvrement passant
de 40 % avant 1998 à 30 % après;
? le recouvrement en algues a été multiplié par 2, passant de
15 % avant 1998 à 30 %;
? la structure des communautés de poissons a été modifiée;
elle est maintenant dominée par des herbivores et des
détritivores de petite taille (environ 80 % de la biomasse
totale).
En 2016, le deuxième plus grand évènement de blanchissement
de l?océan Indien occidental a également eu un impact
considérable :
? 30 % des récifs ont présenté des signes de blanchissement
important ou grave, et la couverture corallienne a diminué
de 10 %;
? tandis que la résistance des coraux au blanchissement
de 2016 a été importante (2/3 des coraux blanchis
ont récupéré), le potentiel de récupération des récifs
sera probablement moindre qu?en 1998 en raison de la
couverture corallienne déjà réduite, de la couverture algale
plus élevée et du rôle croissant de la dynamique entre les
poissons herbivores et les algues.
47
stations
129
stations
Pourcentages de stations
par classe d?état de santé
Antilles françaises
Pourcentages de stations par classe d?état de santé Pourcentages de stations par classe d?état de santé
1 (optimal) - 2 (bon) - 3 (dégradé) - 4 (trés dégradé)
51
stations
Pourcentages de stations
par classe d?état de santé
Océan Indien
107
stations
Pourcentages de stations
par classe d?état de santé
Pacifique
État actuel des récifs
(Pacifique et îles Éparses)
76
stations
État actuel des récifs
(Antilles, Mayotte, La Réunion)
29 %
optimal
24 %
bon
6 %
trés dégradé
41 %
dégradé
30 %
optimal
39 %
bon
8 %
trés dégradé
23 %
dégradé
3 %
optimal
35 %
bon
4 %
trés dégradé
58 %
dégradé
36 %
optimal
34 %
bon
9 %
trés dégradé
21 %
dégradé
4 %
optimal
36 %
bon
7 %
trés dégradé
53 %
dégradé
OCÉAN INDIEN
OCÉAN PACIFIQUE
OCÉAN ATLANTIQUE
Mayotte
La Réunion
Îles
Éparses
Nouvelle-Calédonie
Wallis et Futuna
Clipperton
Polynesie-Française
Saint-Martin
Saint-Barthélemy
Guadeloupe
Martinique
5 - Sur La Réunion et Mayotte seulement, données 2015 non disponibles pour les îles Éparses.
36 37IFRECOR / État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français - 2020 / RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS / 2020 - État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français / IFRECOR
Mayotte
forte mortalité
corallienne
Réunion
mortalité massive de poissons
Réunion
Impact
modéré
Mayotte
mortalité
forte à
modérée
Mortalité corallienne
Réunion : 10%
Mayotte : 25%
Îles Éparses :
impact important
sur Juan de Nova
et Glorieuses
Réunion
impacts locaux avec mortalité massive sur platier
(diminution locale de 40% de la couverture corallienne)
1er blanchissement sur Europa :
mortalité localisée
(1 station suivie)
Réunion : blanchissement important
(40% sur la pente externe et les platiers)
mais mortalité faible à moyenne
(15% sur les platiers et 12% sur la pente externe)
Mayotte : blanchissement faible et pas de mortalité notable
1998
Fort épisode de
blanchissement
corallien mondial
2010
Episode de blanchissement
corallien
2016
Episode de
blanchissement
corallien 2020
Episode de
blanchissement
corallien
Episode de
blanchissement
corallien
Réunion
1er signes de
dégradation
Mayotte
Dégradations massives
(jusqu?à 90 % de mortalité
corallienne localement)
Réunion
1er signes de dégradation
1980
Cyclone Firinga
2018
Cyclones
Berguitta, Dumazile, Fakir
Coulées de boue
2002
Cyclone
Dina
2019
Cyclone Idal
20201975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015 2016 2017 2018 2019 1975
1977
Invasion
Acanthaster
Mayotte
mortalité corallienne
2001
Invasion Acanthaster
TENDANCES
SUR LE LONG TERME
Sur le long terme, la dynamique de la couverture corallienne
est régie par les pressions anthropiques diffuses auxquelles
s?ajoutent les événements extrêmes, tels les infestations
d?Acanthaster planci, l?impact des cyclones, et les épisodes
de température des eaux élevée, induisant des phénomènes
de blanchissement corallien, de plus en plus fréquents
(1983, 1998, 2010, 2016, 2019, 2020). Le blanchissement
est différemment impactant selon les épisodes, et les zones
de récifs ; ainsi, à Mayotte les récifs frangeants semblent
mieux résister et être davantage résilients que les barrières.
Ces évènements s?accompagnent localement de brusques
diminutions de la couverture corallienne, puis d?une reprise
plus ou moins rapide selon la résilience des stations suivies.
Ainsi à La Réunion, le recouvrement corallien est en diminution
continue depuis 2000 sur la plupart des stations de pente
récifale (et le recrutement corallien est faible).
Les dégradations se traduisent par une disparition locale des
coraux sensibles (Acropora) au profit de formes résistantes
(massives et encroûtantes), dont l?habitabilité pour la faune
associée est moindre, et par l?augmentation des recouvrements
en algues (pentes externes de La Réunion + 32 % en 10 ans).
L?état des « origines » à La Réunion
et Mayotte (fin des années 1970)
La Réunion : la pente externe présentait une couverture
corallienne d?au moins 50 % (sur l?horizon 5-15m) avec une
dominance des Acropora et notamment les formes tabulaires,
submassives et/ou branchues (qui,mis à part dans le secteur
de Saint-Pierre, ont aujourd?hui quasiment disparu au profit des
Pocillopora, Astreopora et Porites notamment). À l?inverse, la
couverture en algues dressées était plus faible qu?aujourd?hui.
Mayotte : le récif barrière avait une couverture corallienne
d?environ 60 % (récif barrière Est) à 70 % (barrière ouest)
avec une dominance des coraux Acropores (plus de 50 % des
peuplements coralliens), notamment les formes tabulaires.
Le récif frangeant présentait un recouvrement de plus de
60 %, avec les coraux Acropores dominants, notamment les
Acropores branchus et tabulaires.
Liste rouge des coraux constructeurs
de récifs des îles françaises de
l?océan Indien
Le risque de disparition de l?ensemble des coraux
constructeurs de récifs de La Réunion, de Mayotte et des
îles Éparses a été évalué dans le cadre de la Liste rouge des
espèces menacées en France. L?état des lieux montre que 15 %
des espèces sont menacées ou quasi menacées à La Réunion,
12 % à Mayotte et 6 % dans les îles Éparses.
Quelques chiffres marquants
? La Réunion (pente externe) : diminution du recouvrement
corallien (de 49 à 28 %)entre 2000 et 2019 et doublement
des recouvrements en algues (de 27 à 59 % sur la même
période)
? Mayotte : 87 % de diminution de la densité des mérous
babonne (Plectropomus laevis) entre 2008 et 2019
? Europa (platier récifal) : diminution du recouvrement
corallien entre 2011 et 2016 (de 40,8 % à 17,5 %), mais
augmentation en 2019.
? Tromelin : diminution du recouvrement corallien (de 60 à
16 %) sur terrasse lagonaire,mais forte augmentation entre
2011 et 2019 sur les pentes externes
? Juan de Nova : diminution du recouvrement corallien
(de 35 à 9 %) de 2013 à 2019 sur pente externe ;
et diminution de 62 % de la biomasse de poissons entre
2004 et 2019 sur terrasses lagonaires
Région Pacifique
LE CONTEXTE
Cette région comprend les trois collectivités du Pacifique
sud occidental: la Nouvelle-Calédonie, Wallis et Futuna et la
Polynésie française, auxquelles s?ajoute l?atoll de Clipperton
plus à l?est. La zone maritime de ces territoires compte pour
80 % de l?espace maritime des outre-mer récifaux (pour 62 %
de l?ensemble de l?espace maritime français) et pour 95 % de
ses surfaces récifo-lagonaires. La Nouvelle-Calédonie, quant
à elle, représente 64 % des surfaces récifales françaises (près
de 35 873 km²).
La diversité des formations récifales est très importante
dans la région. La Nouvelle-Calédonie est ceinturée par une
barrière récifale de 1 600 km de longueur, des récifs barrières
internes, imbriqués et multiples, des récifs frangeants et de
nombreux récifs et îlots de lagon. Elle compte également
des atolls, des récifs submergés et des bancs coralliens.
La Polynésie française compte cinq archipels pour une surface
récifo-lagonaire d?environ 16 200 km² répartie sur près de
120 îles, dont 85 atolls de grande diversité (40 % du nombre
d?atolls dans le monde). Wallis est entourée d?un récif barrière
(218 km² de lagons et récifs), Futuna et Alofi sont bordées par
un étroit platier de récif frangeant («récif tablier») et, dans la
ZEE, de nombreux atolls et bancs ennoyés s?étendent sur une
surface totale (680 km2), bien supérieure à celle des deux îles
océaniques.
Non seulement ces territoires comptent les récifs les plus
étendus, mais ils sont également les moins peuplés (moins de
100 hab./km², contre plus de 200 et jusqu?à 600 pour toutes
les autres régions de l?outre-mer). Les pressions sur ces
territoires sont donc plus réduites et localisées (îles et zones
urbaines, exploitations agricoles, industrielles et minières).
Les suivis de l?état de santé y sont très anciens (1970 pour
Moorea, 1990 pour la Nouvelle-Calédonie, 1999 pour Wallis
pour les premiers relevés), et les récifs de Moorea font partie
des plus étudiés au monde, avec des séries temporelles
particulièrement longues, ce qui est précieux pour comprendre
la dynamique à long terme des récifs et leur fonctionnement.
Plusieurs réseaux sont à l?oeuvre, notamment en Polynésie
(12 réseaux de 3 à 53 stations, répondant à des objectifs
différents), mais également en Nouvelle-Calédonie (plusieurs
programmes pouvant être considérés comme réguliers et à
large échelle spatiale, dont quatre ont pu être considéré ici, soit
un total de 468 stations pour l?ensemble des réseaux), et deux
à Wallis et Futuna, dont l?un récent. À Clipperton, l?isolement
de l?île contraint à des suivis sporadiques.
Le nombre total de stations suivies dans la région est très
élevé, près de 700 stations tous réseaux confondus (468 en
Nouvelle-Calédonie, 184 en Polynésie française, 21 sur Wallis
et Futuna). Toutefois ce bilan ne s?appuie que sur une faible
proportion de ces stations.
ÉTAT ACTUEL
ET ÉVOLUTIONS RÉCENTES
Durant la période 2015-2019,
plusieurs évènements ont
affecté les récifs, dont deux
évènements de températures
élevées (2016 en Nouvelle-
Calédonie ; 2016 et 2019 en
Polynésie française), ayant
entraîné des blanchissements
coralliens aux effets plus ou
moins sévères, des épisodes
d?explosions démographiques
d?Acanthaster, localisées
pour la Nouvelle-Calédonie.
Sur Wallis-et-Futuna, les
observations ont été rares sur cette période, ne permettant pas
de déterminer avec précision les causes d?évolution récente
des récifs.
Les récifs suivis dans la région Pacifique sont majoritairement
en bonne santé : 69 % sont dans un état bon à optimal.
En 2019, à Wallis et Futuna, 67 % des récifs suivis dans le cadre
du réseau FEO sont dans un état de santé bon à satisfaisant
(classes 1 ou 2). Sur Wallis, la majorité des récifs suivis sont
en classe 2, abritant des couvertures coralliennes globalement
élevées, mais aux richesse et abondance en poissons ou
invertébrés qui pourraient être plus importantes, compte tenu
du type de récif. Sur Futuna et Alofi, l?état de santé est moyen à
bon (classes 2 ou 3), avec des taux de recouvrement corallien
assez élevés (30 à 50 % selon les récifs) et des populations de
poissons cibles moyennement variées et abondantes.
En Polynésie française, les récifs de l?archipel de la Société
montraient jusqu?en 2019 un taux de corail vivant relativement
élevé (30-50 %), en forte croissance depuis 2010, mais avec
une décroissance récente dans les îles du vent, en raison
de l?épisode particulièrement intense de blanchissement en
2019, ayant entraîné une mortalité corallienne sévère (jusqu?à
50 % sur les pentes externes de Moorea). Dans les autres
Sur les pentes externes de l?ensemble des îles Éparses, de
manière globale, le recouvrement en corail vivant est élevé et
relativement stable dans le temps (moyennes variant entre 40
et 60 %).
À Mayotte, ces dégradations de l?habitat et la pression de
pêche toujours plus forte (35 % du tonnage des captures
concernent des peuplements ichtyologiques) se traduisent
par une diminution inquiétante des paramètres généraux
des peuplements de poissons (diversité, densité et biomasse
totale). La diminution de la ressource depuis 10 ans est
illustrée par celle du mérou babonne (Plectropomus laevis),
espèce emblématique très vulnérable aux activités de pêche,
encore commune il y a 10 ans et aujourd?hui rare (87 % de
diminution entre 2008 et aujourd?hui).
À La Réunion, les peuplements de poissons sont également
affectés par la modification de leur habitat qui, ajoutée à
la surexploitation des ressources halieutiques, engendre
une diminution de la biomasse globale (80 % depuis 2002),
avec des niveaux toujours bas depuis et un déséquilibre des
catégories de haut niveau trophique.
Dans les îles Éparses, l?évolution des biomasses de poissons
est généralement stables sur les pentes externes, ou en
diminution à Juan de Nova et aux Glorieuses ; elle a diminué
sur les terrasses lagonaires de Juan de Nova entre 2013 et
2019.
Évènements
majeurs
47
stations
129
stations
Pourcentages de stations
par classe d?état de santé
Antilles françaises
Pourcentages de stations par classe d?état de santé Pourcentages de stations par classe d?état de santé
1 (optimal) - 2 (bon) - 3 (dégradé) - 4 (trés dégradé)
51
stations
Pourcentages de stations
par classe d?état de santé
Océan Indien
107
stations
Pourcentages de stations
par classe d?état de santé
Pacifique
État actuel des récifs
(Pacifique et îles Éparses)
76
stations
État actuel des récifs
(Antilles, Mayotte, La Réunion)
29 %
optimal
24 %
bon
6 %
trés dégradé
41 %
dégradé
30 %
optimal
39 %
bon
8 %
trés dégradé
23 %
dégradé
3 %
optimal
35 %
bon
4 %
trés dégradé
58 %
dégradé
36 %
optimal
34 %
bon
9 %
trés dégradé
21 %
dégradé
4 %
optimal
36 %
bon
7 %
trés dégradé
53 %
dégradé
OCÉAN INDIEN
OCÉAN PACIFIQUE
OCÉAN ATLANTIQUE
Mayotte
La Réunion
Îles
Éparses
Nouvelle-Calédonie
Wallis et Futuna
Clipperton
Polynesie-Française
Saint-Martin
Saint-Barthélemy
Guadeloupe
Martinique
38 39IFRECOR / État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français - 2020 / RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS / 2020 - État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français / IFRECOR
archipels (Tuamotu, Australes et Marquises), les taux de
recouvrement sont moins élevés (< 30 %) mais stables, voire
en augmentation.
En Nouvelle-Calédonie, 75 % des récifs suivis dans le cadre du
RORC sont toujours dans un état de santé bon à satisfaisant
(classes 1 ou 2), toutefois la majorité des dégradations
enregistrées ont eu lieu sur les cinq dernières années. Si, la
Nouvelle-Calédonie avait auparavant été épargnée par les
événements de blanchissement massif, l?évènement de 2016
a impacté de nombreux récifs, avec une atteinte variable,
mais une résilience forte: au large de Nouméa, 70 à 80 % des
colonies blanchies suivies dans le cadre du projet BLANCO
avaient totalement récupéré leur vitalité au bout de deux ans ;
un constat similaire avait été fait pour les récifs du RORC.
Les communautés de poissons récifaux sont globalement
préservées et, dans les sites du patrimoine mondial par
exemple, d?une exceptionnelle diversité.
TENDANCES
SUR LE LONG TERME
Sur le long terme, les dynamiques d?évolution de la couverture
corallienne sont principalement régies par les cyclones à Wallis
et Futuna, en Nouvelle-Calédonie (fort impact du cyclone Erica
en 2003) et en Polynésie française (impacts moins fréquents
mais potentiellement très destructeurs comme les cyclones
de 1982-83 ou 2010 par exemple).
Sur Wallis et Futuna, les récifs exposés aux cyclones ont
subi des pertes coralliennes importantes, tandis que les
récifs abrités apparaissent soit stables (Futuna), soit en
nette progression corallienne au cours du temps (Alofi et
Wallis). Les suivis GCRMN étant peu fréquents et irréguliers,
ils ne permettent pas en l?état de conclure avec précision sur
l?évolution des peuplements de poissons.
Sur les quinze dernières années l?état des récifs coralliens
suivis en Nouvelle-Calédonie est caractérisé par une tendance
globale à la stabilité, particulièrement marquée sur les récifs
sous influence océanique (Grande-Terre et îles Loyauté). Cette
tendance ne doit pas occulter des dégradations ponctuelles
mais sévères de certains récifs (récifs côtiers de la côte
est majoritairement), ni la nette augmentation du couvert
corallien d?un nombre non négligeable de zones inventoriées.
À l?échelle du RORC, il a été mesuré que les régressions et les
croissances coralliennes se sont globalement compensées
sur les 15 dernières années.
En Polynésie française, les événements les plus destructeurs
ont été les épisodes de blanchissement corallien et les
explosions démographiques d?Acanthaster (très importantes
en 1979, 1986, et plus récemment entre 2006 et 2010, puis
2016 et 2018) ; ces évènements ont sévèrement détruit de
nombreux récifs dans les îles de la Société et déstructuré
les communautés de coraux (forte réduction des formes
branchues). Les évolutions sont donc très variables entre :
? les récifs des îles de la Société, qui présentent sur
les 15 dernières années des variations très fortes du
recouvrement corallien, sur des durées relativement
courtes, inférieures à la décennie ; celui-ci passe en effet
d?un extrême (recouvrement inférieur à 10 % en 2010-
2011, en raison d?une prolifération d?Acanthaster et du
cyclone Oli) à l?autre (forte résilience avec une hausse
parfois spectaculaire sur la période 2010-2019) ; Dans
les zones dégradées, les peuplements coralliens branchus
sont davantage impactés que les coraux massifs ;
? les récifs des autres archipels, qui n?ont pas subi de
perturbation majeure dans les 10 dernières années et sont
en relative stabilité, avec des recouvrements coralliens
moyens, sauf aux Marquises où les conditions naturelles
ne permettent pas la formation de récifs coralliens et où
les recouvrements sont naturellement assez faibles sur le
substrat (5 % environ).
La biomasse totale en poissons montre une décroissance
depuis 2008-2010, quelle que soit l?échelle géographique
considérée, dans l?archipel de la Société et davantage encore
dans les archipels périphériques, avec une forte décroissance,
notamment depuis 2010. À ce stade, il est difficile de donner
une raison particulière et l?on peut envisager la combinaison
d?efforts de pêche accrus et d?un effet de l?environnement.
Mais, si les dynamiques d?évolution brutale des recouvrements
coralliens sont liées aux évènements climatiques et autres
Quelques chiffres marquants
? De 40 % à 10 % : diminution en 10 ans (2007-2018) du
taux de recouvrement corallien brut en Polynésie (pour les
archipels autres que la Société);
? 50 % de mortalité corallienne sur les pentes externes de
Moorea suite au blanchissement de 2019;
? 50-60 %: bon recouvrement corallien sur certaines pentes
externes d?atolls de Polynésie;
? tendance globale à la stabilité, voire à l?amélioration, des
taux de corail vivant des récifs calédoniens.
Évènements majeurs aléas, elles ne doivent pas occulter l?effet des pressions
anthropiques, sédimentation, pollutions, aménagements
littoraux, qui impactent de façon plus insidieuse les récifs
depuis de très longues années.
On rappellera, à titre d?exemple, que les estimations des
destructions liées aux remblais ou à l?extraction des matériaux
coralliens dans les iles de la Société avaient été évaluées en
2006 à environ 6 % de la surface cumulée des récifs frangeants
des îles de Tahiti, Moorea et quelques îles Sous-le-Vent ; que
les grands travaux hydroélectriques, l?urbanisation ou les
pratiques agricoles en Polynésie, ou encore les explorations
pour le nickel en Nouvelle-Calédonie, ont conduit à des apports
terrigènes sans précédents sur les récifs ; ou encore que les
problèmes de pollutions et d?eutrophisation par les eaux usées
sont prégnants sur les îles hautes de Polynésie ou sur Wallis.
© Bastien Preuss
Mortalité coralienne
en Polynésie française
1991 & 1994
Pic de temperature
Polynésie française
2002
Pic de temperature
Polynésie française
2019
Pic de temperature
Polynésie française
blanchissement massifNouvelle-
calédonie
important
blanchissement
Mortalité corallienne
en Polynésie françaisePolynésie française
blanchissement massif
(Îles de la Société)
Polynésie française
blanchissement massif
(Îles de la Société)
1991
Cyclones
Wasa, PF
2010
Cyclones
Thomas à Wallis et Futuna,
Cyclone Oli en PF
2013
Cyclones : Freda en NC,
Evan à W&F
2016 - 2017
Cyclones : Cook en NC,
Amos & Ella à W&F
Infestation
Acanthaster
Pic de
temperature
Cyclone Oli
destructeur
en Polynésie française
Wallis et Futuna, cyclone Evan
particulièrement destructeur
1998 & 2001
4 Cyclones en PF
Waka, Wallis et Futuna
20201980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015 2016 2017 2018 2019
Forte mortalité corallienne
en Polynésie française
1980
1970, 1979, 1980, 1982
Infestation
Acanthaster
2004 - 2013
Infestation Acanthaster
Polynésie française (PF), Wallis et Futuna
(WF), Nouvelle-Calédonie (NC)
ÉTAT DE SANTÉ
DES RÉCIFS
CORALLIENS,
HERBIERS MARINS
ET MANGROVES
DES OUTRE-MER
FRANÇAIS 20
20
Résumé pour décideurs
IFRECOR, 2021 / Bilan 2020
(ATTENTION: OPTION tal
LE CONTEXTE
Située à l?extrême ouest de la province biogéographique indo-
pacifique, la région de l?océan Indien occidental s?étend sur
22 millions de km² ; elle compte 50 000 km² de formations
récifo-lagonaires, dont près de 15 000 km² de récifs construits
(Millennium Coral Reef Mapping), répartis le long de la côte est
africaine (Kenya, Tanzanie, Mozambique, Afrique du sud) et
autour des îles (Madagascar, Maurice/Rodrigues, Seychelles
et territoires français de l?outre-mer).
Les territoires français de l?océan Indien sont représentés par
deux départements, La Réunion et Mayotte, et une collectivité
sui generis, les Terres australes et antarctiques françaises
(TAAF), qui comptent cinq îles, s?étendant le long du canal du
Mozambique (Glorieuses, Juan de Nova, Bassas da India et
Europa) et au nord-est de Madagascar (Tromelin).
Au total, sur un espace maritime de 1 million de km², les récifs
de ces territoires s?étendent sur 2000 km², (Mayotte 1406 km²
environ, La Réunion 18 km² et les Iles Eparses 794 km² au
total), dont 546 km² de zones construites. Leur diversité
géomorphologique, qui résulte de leur histoire géologique, est
importante: récifs frangeants à La Réunion, l?île la plus jeune,
bancs récifaux et atolls dans les îles Eparses; Mayotte, l?île la
plus ancienne, compte des récifs frangeants et l?un des plus
beaux récifs barrière de la région, ainsi qu?une double barrière.
Les mangroves sont présentes uniquement sur Mayotte (623
ha), Europa (626 ha) et Juan de Nova (0,26 ha) et les herbiers
sont présents partout mais peu développés.
Au sein de cette région, la partie nord du canal du Mozambique
constitue le deuxième triangle de biodiversité récifale au
monde, après celui centré autour de l?Indonésie, Mayotte et les
Glorieuses sont situées au sein de ce triangle de richesse.
Les îles sont très diversement peuplées: les Iles Eparses sont
inhabitées, constituant ainsi une référence et un observatoire
pour des récifs sans pressions anthropiques directes, La
Réunion présente une densité de population de 340 hab/km²
se situant dans la moyenne des outre-mer, tandis que Mayotte
(686 hab./km²) présente la plus forte densité de population de
tous les outre-mer français.
Les principales pressions qui impactent les récifs, les herbiers,
les mangroves et conduisent à de lentes dégradations
chroniques des récifs à La Réunion et à Mayotte sont liées (i) à
l?érosion des sols, en lien avec l?aménagement du territoire, les
pratiques culturales, et (ii) la pollution des eaux résultant des
traitements déficients des eaux usées et des eaux pluviales,
dont le ruissellement est renforcé par l?imperméabilisation
des sols urbanisés. À La Réunion, les récifs étroits et accolés
à la côte sont directement sous influence de ces pressions ;
à Mayotte, le contexte socio-économique et géopolitique est
à l?origine d?une augmentation particulièrement rapide de la
population humaine et des pressions associées.
Les îles Éparses, en revanche, sont donc très peu soumises
aux pressions anthropiques, à l?exception d?une pêche
illégale parfois forte (sur Juan de Nova par exemple,
jusqu?à récemment) mais aujourd?hui à peu près contrôlée
(surveillance renforcée).
Les suivis de l?état de santé des récifs coralliens ont commencé,
dans le cadre du GCRMN, dès la fin des années 1990 à Mayotte
et La Réunion, et au début des années 2000 dans les îles
Éparses. La région compte aujourd?hui plusieurs réseaux de
surveillance (GCRMN, Reef Check, AMP, DCE) mobilisés très
irrégulièrement, notamment dans les îles Éparses compte tenu
des difficultés d?accès aux îles.
Durant la période 2015-2020, plusieurs épisodes climatiques
ont impacté les récifs : trois épisodes de blanchissement
corallien et plusieurs cyclones (voir la frise page suivante).
ÉTAT ACTUEL ET
ÉVOLUTIONS RÉCENTES
En 2020, sur les 51 stations
considérées à l?échelle de la
région, 29 % sont dans un
état optimal (classe 1), toutes
situées dans les îles Éparses ;
24 % sont en bon état (classe
2) et 41 % sont dégradées
(classe 3). Enfin, 6 % sont
très dégradées (2 stations à
Juan de Nova et 1 station aux
Glorieuses).
Depuis le dernier bilan en 20155 :
11 % des stations présentent une amélioration
56 % sont restées stables
33 % se sont dégradées
Les situations sont toujours contrastées, avec de fortes
hétérogénéités spatiales tant du recouvrement corallien
que des peuplements de poissons (richesse spécifique,
abondance, biomasse) : contrastes à La Réunion, entre les
platiers et les pentes externes, dans les îles Éparses entre les
îles et entre platiers, terrasses lagonaires et pentes externes,
et à Mayotte entre récifs frangeants, récifs internes et récifs
barrières ; contrastes également, dans tous les cas, selon
les secteurs géographiques, leur exposition, les conditions
hydrodynamiques et les taux de sédimentation et/ou de
pollution auxquels ils sont soumis.
Les recouvrements coralliens: en 2020, la majorité des récifs
à La Réunion (71 % des stations) et à Mayotte (60 %), sont
dans un état dégradé. Les taux de recouvrements coralliens
sont de 20 à 30 % pour les plus bas et à 70 % localement, pour
les plus élevés.
Dans les îles Éparses, 77 % des stations sont dans un état
optimal ou bon (classes 1 à 2), principalement sur les stations
de pente externe sur l?ensemble des îles. Mais surtout sur l?île
d?Europa, où les taux de recouvrements coralliens sur la pente
externe atteignent jusqu?à 80 %. Aux Glorieuses, les résultats
sont plus mitigés et la couverture corallienne excède très
rarement les 50 %, en raison des conditions environnementales
particulières ; tandis qu?à Juan de Nova, fortement soumise
aux phénomènes de blanchissement corallien (températures
parfois supérieures à 32°C), les récifs sont très dégradés sur
les terrasses lagonaires et présentent un faible recouvrement
corallien (9 % au maximum en 2019).
Les peuplements ichtyologiques : la richesse spécifique en
poissons est particulièrement élevée dans les îles Éparses,
notamment aux Glorieuses (jusqu?à 57 sp/250m²), situé
au centre du triangle de biodiversité, et à Europa 35 à 50
sp/250m²; à Mayotte, toutes espèces confondues, les valeurs
fluctuent de 13 à 46 sp/250m² sur les récifs frangeants, la
plus forte diversité se situant sur les récifs barrières avec des
valeurs comprises entre 30 et 52 sp/250m².
À Mayotte, la biomasse en espèces d?intérêt commercial est
très faible sur les récifs frangeants, sauf ponctuellement, mais
localement élevée sur le récif barrière (jusqu?à 6-7 kg/100 m²)
et dans les passes. À La Réunion, les biomasses sont partout
très faibles (1,5 kg/100 m² pour les 30 espèces indicatrices),
à la fois pour les prédateurs apicaux (au plus haut de la chaine
trophique) et les poissons perroquets, qui jouent un rôle-clé
dans la résilience des récifs en gérant l?expansion des algues.
C?est dans les îles Éparses que les biomasses sont les plus
élevées (jusqu?à plus de 100 kg/100m² sur les pentes externes
d?Europa).
L?évolution de l?état de santé des récifs depuis le dernier
bilan (2015), à l?échelle de la région (Mayotte et La Réunion),
montre que 56 % des stations présentent un état stable et
33 % sont dégradées.
? On note une grande stabilité à La Réunion (69 % de stations
stables).
? À Mayotte, en revanche, l?évolution va dans le sens d?une
diminution globale significative de l?état des communautés
coralliennes (43 % des stations en dégradation), avec
25 % de mortalité corallienne en moyenne suite à l?impact
majeur du blanchissement de 2016.
En 2019, la saison chaude aura été à nouveau marquée
par des élévations anormales de la température des eaux
donnant lieu à des phénomènes de blanchissement corallien
massifs, qui ont touché différemment les récifs du Sud-Ouest
de l?océan Indien :
? à La Réunion, un blanchissement important (40 % de la
couverture corallienne sur la pente externe et les platiers)
mais une mortalité faible à moyenne (15 % sur les platiers
et 12 % sur la pente externe);
? à Mayotte, un blanchissement faible et pas de mortalité
notable;
? sur les îles Éparses, pas de blanchissement observé lors
de la rotation du Marion Dufresnes en avril 2019;
L?année 2020 a été marquée par le premier blanchissement
avéré sur l?île d?Europa (températures supérieures à 31° sur
plusieurs semaines en février 2020). L?investigation d?une
seule station GCRMN sur le platier récifal a montré un taux
de mortalité d?environ 60 %. Les familles les plus touchées
sont les Pocilloporidae et Milleporidae. Mais aucune perte de
biodiversité n?est à déplorer. Ce constat ne peut être extrapolé
à l?ensemble du récif par manque de données.
© Shawn Wolfe
Situation globale des récifs
coralliens dans la région de
l?océan Indien (Obura et al, 2017, Wickel et al.,
2013, 2018, 2020, Nicet et al, 2019, 2020)
En 1998, les récifs coralliens de l?océan Indien occidental ont
franchi un seuil, en raison de l?impact du plus grand évènement
de blanchissement mondial connu:
? en moyenne, la couverture corallienne a diminué de 25 %
par rapport aux niveaux initiaux, le recouvrement passant
de 40 % avant 1998 à 30 % après;
? le recouvrement en algues a été multiplié par 2, passant de
15 % avant 1998 à 30 %;
? la structure des communautés de poissons a été modifiée;
elle est maintenant dominée par des herbivores et des
détritivores de petite taille (environ 80 % de la biomasse
totale).
En 2016, le deuxième plus grand évènement de blanchissement
de l?océan Indien occidental a également eu un impact
considérable :
? 30 % des récifs ont présenté des signes de blanchissement
important ou grave, et la couverture corallienne a diminué
de 10 %;
? tandis que la résistance des coraux au blanchissement
de 2016 a été importante (2/3 des coraux blanchis
ont récupéré), le potentiel de récupération des récifs
sera probablement moindre qu?en 1998 en raison de la
couverture corallienne déjà réduite, de la couverture algale
plus élevée et du rôle croissant de la dynamique entre les
poissons herbivores et les algues.
47
stations
129
stations
Pourcentages de stations
par classe d?état de santé
Antilles françaises
Pourcentages de stations par classe d?état de santé Pourcentages de stations par classe d?état de santé
1 (optimal) - 2 (bon) - 3 (dégradé) - 4 (trés dégradé)
51
stations
Pourcentages de stations
par classe d?état de santé
Océan Indien
107
stations
Pourcentages de stations
par classe d?état de santé
Pacifique
État actuel des récifs
(Pacifique et îles Éparses)
76
stations
État actuel des récifs
(Antilles, Mayotte, La Réunion)
29 %
optimal
24 %
bon
6 %
trés dégradé
41 %
dégradé
30 %
optimal
39 %
bon
8 %
trés dégradé
23 %
dégradé
3 %
optimal
35 %
bon
4 %
trés dégradé
58 %
dégradé
36 %
optimal
34 %
bon
9 %
trés dégradé
21 %
dégradé
4 %
optimal
36 %
bon
7 %
trés dégradé
53 %
dégradé
OCÉAN INDIEN
OCÉAN PACIFIQUE
OCÉAN ATLANTIQUE
Mayotte
La Réunion
Îles
Éparses
Nouvelle-Calédonie
Wallis et Futuna
Clipperton
Polynesie-Française
Saint-Martin
Saint-Barthélemy
Guadeloupe
Martinique
5 - Sur La Réunion et Mayotte seulement, données 2015 non disponibles pour les îles Éparses.
36 37IFRECOR / État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français - 2020 / RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS / 2020 - État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français / IFRECOR
Mayotte
forte mortalité
corallienne
Réunion
mortalité massive de poissons
Réunion
Impact
modéré
Mayotte
mortalité
forte à
modérée
Mortalité corallienne
Réunion : 10%
Mayotte : 25%
Îles Éparses :
impact important
sur Juan de Nova
et Glorieuses
Réunion
impacts locaux avec mortalité massive sur platier
(diminution locale de 40% de la couverture corallienne)
1er blanchissement sur Europa :
mortalité localisée
(1 station suivie)
Réunion : blanchissement important
(40% sur la pente externe et les platiers)
mais mortalité faible à moyenne
(15% sur les platiers et 12% sur la pente externe)
Mayotte : blanchissement faible et pas de mortalité notable
1998
Fort épisode de
blanchissement
corallien mondial
2010
Episode de blanchissement
corallien
2016
Episode de
blanchissement
corallien 2020
Episode de
blanchissement
corallien
Episode de
blanchissement
corallien
Réunion
1er signes de
dégradation
Mayotte
Dégradations massives
(jusqu?à 90 % de mortalité
corallienne localement)
Réunion
1er signes de dégradation
1980
Cyclone Firinga
2018
Cyclones
Berguitta, Dumazile, Fakir
Coulées de boue
2002
Cyclone
Dina
2019
Cyclone Idal
20201975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015 2016 2017 2018 2019 1975
1977
Invasion
Acanthaster
Mayotte
mortalité corallienne
2001
Invasion Acanthaster
TENDANCES
SUR LE LONG TERME
Sur le long terme, la dynamique de la couverture corallienne
est régie par les pressions anthropiques diffuses auxquelles
s?ajoutent les événements extrêmes, tels les infestations
d?Acanthaster planci, l?impact des cyclones, et les épisodes
de température des eaux élevée, induisant des phénomènes
de blanchissement corallien, de plus en plus fréquents
(1983, 1998, 2010, 2016, 2019, 2020). Le blanchissement
est différemment impactant selon les épisodes, et les zones
de récifs ; ainsi, à Mayotte les récifs frangeants semblent
mieux résister et être davantage résilients que les barrières.
Ces évènements s?accompagnent localement de brusques
diminutions de la couverture corallienne, puis d?une reprise
plus ou moins rapide selon la résilience des stations suivies.
Ainsi à La Réunion, le recouvrement corallien est en diminution
continue depuis 2000 sur la plupart des stations de pente
récifale (et le recrutement corallien est faible).
Les dégradations se traduisent par une disparition locale des
coraux sensibles (Acropora) au profit de formes résistantes
(massives et encroûtantes), dont l?habitabilité pour la faune
associée est moindre, et par l?augmentation des recouvrements
en algues (pentes externes de La Réunion + 32 % en 10 ans).
L?état des « origines » à La Réunion
et Mayotte (fin des années 1970)
La Réunion : la pente externe présentait une couverture
corallienne d?au moins 50 % (sur l?horizon 5-15m) avec une
dominance des Acropora et notamment les formes tabulaires,
submassives et/ou branchues (qui,mis à part dans le secteur
de Saint-Pierre, ont aujourd?hui quasiment disparu au profit des
Pocillopora, Astreopora et Porites notamment). À l?inverse, la
couverture en algues dressées était plus faible qu?aujourd?hui.
Mayotte : le récif barrière avait une couverture corallienne
d?environ 60 % (récif barrière Est) à 70 % (barrière ouest)
avec une dominance des coraux Acropores (plus de 50 % des
peuplements coralliens), notamment les formes tabulaires.
Le récif frangeant présentait un recouvrement de plus de
60 %, avec les coraux Acropores dominants, notamment les
Acropores branchus et tabulaires.
Liste rouge des coraux constructeurs
de récifs des îles françaises de
l?océan Indien
Le risque de disparition de l?ensemble des coraux
constructeurs de récifs de La Réunion, de Mayotte et des
îles Éparses a été évalué dans le cadre de la Liste rouge des
espèces menacées en France. L?état des lieux montre que 15 %
des espèces sont menacées ou quasi menacées à La Réunion,
12 % à Mayotte et 6 % dans les îles Éparses.
Quelques chiffres marquants
? La Réunion (pente externe) : diminution du recouvrement
corallien (de 49 à 28 %)entre 2000 et 2019 et doublement
des recouvrements en algues (de 27 à 59 % sur la même
période)
? Mayotte : 87 % de diminution de la densité des mérous
babonne (Plectropomus laevis) entre 2008 et 2019
? Europa (platier récifal) : diminution du recouvrement
corallien entre 2011 et 2016 (de 40,8 % à 17,5 %), mais
augmentation en 2019.
? Tromelin : diminution du recouvrement corallien (de 60 à
16 %) sur terrasse lagonaire,mais forte augmentation entre
2011 et 2019 sur les pentes externes
? Juan de Nova : diminution du recouvrement corallien
(de 35 à 9 %) de 2013 à 2019 sur pente externe ;
et diminution de 62 % de la biomasse de poissons entre
2004 et 2019 sur terrasses lagonaires
Région Pacifique
LE CONTEXTE
Cette région comprend les trois collectivités du Pacifique
sud occidental: la Nouvelle-Calédonie, Wallis et Futuna et la
Polynésie française, auxquelles s?ajoute l?atoll de Clipperton
plus à l?est. La zone maritime de ces territoires compte pour
80 % de l?espace maritime des outre-mer récifaux (pour 62 %
de l?ensemble de l?espace maritime français) et pour 95 % de
ses surfaces récifo-lagonaires. La Nouvelle-Calédonie, quant
à elle, représente 64 % des surfaces récifales françaises (près
de 35 873 km²).
La diversité des formations récifales est très importante
dans la région. La Nouvelle-Calédonie est ceinturée par une
barrière récifale de 1 600 km de longueur, des récifs barrières
internes, imbriqués et multiples, des récifs frangeants et de
nombreux récifs et îlots de lagon. Elle compte également
des atolls, des récifs submergés et des bancs coralliens.
La Polynésie française compte cinq archipels pour une surface
récifo-lagonaire d?environ 16 200 km² répartie sur près de
120 îles, dont 85 atolls de grande diversité (40 % du nombre
d?atolls dans le monde). Wallis est entourée d?un récif barrière
(218 km² de lagons et récifs), Futuna et Alofi sont bordées par
un étroit platier de récif frangeant («récif tablier») et, dans la
ZEE, de nombreux atolls et bancs ennoyés s?étendent sur une
surface totale (680 km2), bien supérieure à celle des deux îles
océaniques.
Non seulement ces territoires comptent les récifs les plus
étendus, mais ils sont également les moins peuplés (moins de
100 hab./km², contre plus de 200 et jusqu?à 600 pour toutes
les autres régions de l?outre-mer). Les pressions sur ces
territoires sont donc plus réduites et localisées (îles et zones
urbaines, exploitations agricoles, industrielles et minières).
Les suivis de l?état de santé y sont très anciens (1970 pour
Moorea, 1990 pour la Nouvelle-Calédonie, 1999 pour Wallis
pour les premiers relevés), et les récifs de Moorea font partie
des plus étudiés au monde, avec des séries temporelles
particulièrement longues, ce qui est précieux pour comprendre
la dynamique à long terme des récifs et leur fonctionnement.
Plusieurs réseaux sont à l?oeuvre, notamment en Polynésie
(12 réseaux de 3 à 53 stations, répondant à des objectifs
différents), mais également en Nouvelle-Calédonie (plusieurs
programmes pouvant être considérés comme réguliers et à
large échelle spatiale, dont quatre ont pu être considéré ici, soit
un total de 468 stations pour l?ensemble des réseaux), et deux
à Wallis et Futuna, dont l?un récent. À Clipperton, l?isolement
de l?île contraint à des suivis sporadiques.
Le nombre total de stations suivies dans la région est très
élevé, près de 700 stations tous réseaux confondus (468 en
Nouvelle-Calédonie, 184 en Polynésie française, 21 sur Wallis
et Futuna). Toutefois ce bilan ne s?appuie que sur une faible
proportion de ces stations.
ÉTAT ACTUEL
ET ÉVOLUTIONS RÉCENTES
Durant la période 2015-2019,
plusieurs évènements ont
affecté les récifs, dont deux
évènements de températures
élevées (2016 en Nouvelle-
Calédonie ; 2016 et 2019 en
Polynésie française), ayant
entraîné des blanchissements
coralliens aux effets plus ou
moins sévères, des épisodes
d?explosions démographiques
d?Acanthaster, localisées
pour la Nouvelle-Calédonie.
Sur Wallis-et-Futuna, les
observations ont été rares sur cette période, ne permettant pas
de déterminer avec précision les causes d?évolution récente
des récifs.
Les récifs suivis dans la région Pacifique sont majoritairement
en bonne santé : 69 % sont dans un état bon à optimal.
En 2019, à Wallis et Futuna, 67 % des récifs suivis dans le cadre
du réseau FEO sont dans un état de santé bon à satisfaisant
(classes 1 ou 2). Sur Wallis, la majorité des récifs suivis sont
en classe 2, abritant des couvertures coralliennes globalement
élevées, mais aux richesse et abondance en poissons ou
invertébrés qui pourraient être plus importantes, compte tenu
du type de récif. Sur Futuna et Alofi, l?état de santé est moyen à
bon (classes 2 ou 3), avec des taux de recouvrement corallien
assez élevés (30 à 50 % selon les récifs) et des populations de
poissons cibles moyennement variées et abondantes.
En Polynésie française, les récifs de l?archipel de la Société
montraient jusqu?en 2019 un taux de corail vivant relativement
élevé (30-50 %), en forte croissance depuis 2010, mais avec
une décroissance récente dans les îles du vent, en raison
de l?épisode particulièrement intense de blanchissement en
2019, ayant entraîné une mortalité corallienne sévère (jusqu?à
50 % sur les pentes externes de Moorea). Dans les autres
Sur les pentes externes de l?ensemble des îles Éparses, de
manière globale, le recouvrement en corail vivant est élevé et
relativement stable dans le temps (moyennes variant entre 40
et 60 %).
À Mayotte, ces dégradations de l?habitat et la pression de
pêche toujours plus forte (35 % du tonnage des captures
concernent des peuplements ichtyologiques) se traduisent
par une diminution inquiétante des paramètres généraux
des peuplements de poissons (diversité, densité et biomasse
totale). La diminution de la ressource depuis 10 ans est
illustrée par celle du mérou babonne (Plectropomus laevis),
espèce emblématique très vulnérable aux activités de pêche,
encore commune il y a 10 ans et aujourd?hui rare (87 % de
diminution entre 2008 et aujourd?hui).
À La Réunion, les peuplements de poissons sont également
affectés par la modification de leur habitat qui, ajoutée à
la surexploitation des ressources halieutiques, engendre
une diminution de la biomasse globale (80 % depuis 2002),
avec des niveaux toujours bas depuis et un déséquilibre des
catégories de haut niveau trophique.
Dans les îles Éparses, l?évolution des biomasses de poissons
est généralement stables sur les pentes externes, ou en
diminution à Juan de Nova et aux Glorieuses ; elle a diminué
sur les terrasses lagonaires de Juan de Nova entre 2013 et
2019.
Évènements
majeurs
47
stations
129
stations
Pourcentages de stations
par classe d?état de santé
Antilles françaises
Pourcentages de stations par classe d?état de santé Pourcentages de stations par classe d?état de santé
1 (optimal) - 2 (bon) - 3 (dégradé) - 4 (trés dégradé)
51
stations
Pourcentages de stations
par classe d?état de santé
Océan Indien
107
stations
Pourcentages de stations
par classe d?état de santé
Pacifique
État actuel des récifs
(Pacifique et îles Éparses)
76
stations
État actuel des récifs
(Antilles, Mayotte, La Réunion)
29 %
optimal
24 %
bon
6 %
trés dégradé
41 %
dégradé
30 %
optimal
39 %
bon
8 %
trés dégradé
23 %
dégradé
3 %
optimal
35 %
bon
4 %
trés dégradé
58 %
dégradé
36 %
optimal
34 %
bon
9 %
trés dégradé
21 %
dégradé
4 %
optimal
36 %
bon
7 %
trés dégradé
53 %
dégradé
OCÉAN INDIEN
OCÉAN PACIFIQUE
OCÉAN ATLANTIQUE
Mayotte
La Réunion
Îles
Éparses
Nouvelle-Calédonie
Wallis et Futuna
Clipperton
Polynesie-Française
Saint-Martin
Saint-Barthélemy
Guadeloupe
Martinique
38 39IFRECOR / État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français - 2020 / RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS / 2020 - État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français / IFRECOR
archipels (Tuamotu, Australes et Marquises), les taux de
recouvrement sont moins élevés (< 30 %) mais stables, voire
en augmentation.
En Nouvelle-Calédonie, 75 % des récifs suivis dans le cadre du
RORC sont toujours dans un état de santé bon à satisfaisant
(classes 1 ou 2), toutefois la majorité des dégradations
enregistrées ont eu lieu sur les cinq dernières années. Si, la
Nouvelle-Calédonie avait auparavant été épargnée par les
événements de blanchissement massif, l?évènement de 2016
a impacté de nombreux récifs, avec une atteinte variable,
mais une résilience forte: au large de Nouméa, 70 à 80 % des
colonies blanchies suivies dans le cadre du projet BLANCO
avaient totalement récupéré leur vitalité au bout de deux ans ;
un constat similaire avait été fait pour les récifs du RORC.
Les communautés de poissons récifaux sont globalement
préservées et, dans les sites du patrimoine mondial par
exemple, d?une exceptionnelle diversité.
TENDANCES
SUR LE LONG TERME
Sur le long terme, les dynamiques d?évolution de la couverture
corallienne sont principalement régies par les cyclones à Wallis
et Futuna, en Nouvelle-Calédonie (fort impact du cyclone Erica
en 2003) et en Polynésie française (impacts moins fréquents
mais potentiellement très destructeurs comme les cyclones
de 1982-83 ou 2010 par exemple).
Sur Wallis et Futuna, les récifs exposés aux cyclones ont
subi des pertes coralliennes importantes, tandis que les
récifs abrités apparaissent soit stables (Futuna), soit en
nette progression corallienne au cours du temps (Alofi et
Wallis). Les suivis GCRMN étant peu fréquents et irréguliers,
ils ne permettent pas en l?état de conclure avec précision sur
l?évolution des peuplements de poissons.
Sur les quinze dernières années l?état des récifs coralliens
suivis en Nouvelle-Calédonie est caractérisé par une tendance
globale à la stabilité, particulièrement marquée sur les récifs
sous influence océanique (Grande-Terre et îles Loyauté). Cette
tendance ne doit pas occulter des dégradations ponctuelles
mais sévères de certains récifs (récifs côtiers de la côte
est majoritairement), ni la nette augmentation du couvert
corallien d?un nombre non négligeable de zones inventoriées.
À l?échelle du RORC, il a été mesuré que les régressions et les
croissances coralliennes se sont globalement compensées
sur les 15 dernières années.
En Polynésie française, les événements les plus destructeurs
ont été les épisodes de blanchissement corallien et les
explosions démographiques d?Acanthaster (très importantes
en 1979, 1986, et plus récemment entre 2006 et 2010, puis
2016 et 2018) ; ces évènements ont sévèrement détruit de
nombreux récifs dans les îles de la Société et déstructuré
les communautés de coraux (forte réduction des formes
branchues). Les évolutions sont donc très variables entre :
? les récifs des îles de la Société, qui présentent sur
les 15 dernières années des variations très fortes du
recouvrement corallien, sur des durées relativement
courtes, inférieures à la décennie ; celui-ci passe en effet
d?un extrême (recouvrement inférieur à 10 % en 2010-
2011, en raison d?une prolifération d?Acanthaster et du
cyclone Oli) à l?autre (forte résilience avec une hausse
parfois spectaculaire sur la période 2010-2019) ; Dans
les zones dégradées, les peuplements coralliens branchus
sont davantage impactés que les coraux massifs ;
? les récifs des autres archipels, qui n?ont pas subi de
perturbation majeure dans les 10 dernières années et sont
en relative stabilité, avec des recouvrements coralliens
moyens, sauf aux Marquises où les conditions naturelles
ne permettent pas la formation de récifs coralliens et où
les recouvrements sont naturellement assez faibles sur le
substrat (5 % environ).
La biomasse totale en poissons montre une décroissance
depuis 2008-2010, quelle que soit l?échelle géographique
considérée, dans l?archipel de la Société et davantage encore
dans les archipels périphériques, avec une forte décroissance,
notamment depuis 2010. À ce stade, il est difficile de donner
une raison particulière et l?on peut envisager la combinaison
d?efforts de pêche accrus et d?un effet de l?environnement.
Mais, si les dynamiques d?évolution brutale des recouvrements
coralliens sont liées aux évènements climatiques et autres
Quelques chiffres marquants
? De 40 % à 10 % : diminution en 10 ans (2007-2018) du
taux de recouvrement corallien brut en Polynésie (pour les
archipels autres que la Société);
? 50 % de mortalité corallienne sur les pentes externes de
Moorea suite au blanchissement de 2019;
? 50-60 %: bon recouvrement corallien sur certaines pentes
externes d?atolls de Polynésie;
? tendance globale à la stabilité, voire à l?amélioration, des
taux de corail vivant des récifs calédoniens.
Évènements majeurs aléas, elles ne doivent pas occulter l?effet des pressions
anthropiques, sédimentation, pollutions, aménagements
littoraux, qui impactent de façon plus insidieuse les récifs
depuis de très longues années.
On rappellera, à titre d?exemple, que les estimations des
destructions liées aux remblais ou à l?extraction des matériaux
coralliens dans les iles de la Société avaient été évaluées en
2006 à environ 6 % de la surface cumulée des récifs frangeants
des îles de Tahiti, Moorea et quelques îles Sous-le-Vent ; que
les grands travaux hydroélectriques, l?urbanisation ou les
pratiques agricoles en Polynésie, ou encore les explorations
pour le nickel en Nouvelle-Calédonie, ont conduit à des apports
terrigènes sans précédents sur les récifs ; ou encore que les
problèmes de pollutions et d?eutrophisation par les eaux usées
sont prégnants sur les îles hautes de Polynésie ou sur Wallis.
© Bastien Preuss
Mortalité coralienne
en Polynésie française
1991 & 1994
Pic de temperature
Polynésie française
2002
Pic de temperature
Polynésie française
2019
Pic de temperature
Polynésie française
blanchissement massifNouvelle-
calédonie
important
blanchissement
Mortalité corallienne
en Polynésie françaisePolynésie française
blanchissement massif
(Îles de la Société)
Polynésie française
blanchissement massif
(Îles de la Société)
1991
Cyclones
Wasa, PF
2010
Cyclones
Thomas à Wallis et Futuna,
Cyclone Oli en PF
2013
Cyclones : Freda en NC,
Evan à W&F
2016 - 2017
Cyclones : Cook en NC,
Amos & Ella à W&F
Infestation
Acanthaster
Pic de
temperature
Cyclone Oli
destructeur
en Polynésie française
Wallis et Futuna, cyclone Evan
particulièrement destructeur
1998 & 2001
4 Cyclones en PF
Waka, Wallis et Futuna
20201980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015 2016 2017 2018 2019
Forte mortalité corallienne
en Polynésie française
1980
1970, 1979, 1980, 1982
Infestation
Acanthaster
2004 - 2013
Infestation Acanthaster
Polynésie française (PF), Wallis et Futuna
(WF), Nouvelle-Calédonie (NC)
ÉTAT DE SANTÉ
DES RÉCIFS
CORALLIENS,
HERBIERS MARINS
ET MANGROVES
DES OUTRE-MER
FRANÇAIS 20
20
Résumé pour décideurs
IFRECOR, 2021 / Bilan 2020
INVALIDE) (ATTENTION: OPTION mations
récifo-lagonaires, dont près de 15 000 km² de récifs construits
(Millennium Coral Reef Mapping), répartis le long de la côte est
africaine (Kenya, Tanzanie, Mozambique, Afrique du sud) et
autour des îles (Madagascar, Maurice/Rodrigues, Seychelles
et territoires français de l?outre-mer).
Les territoires français de l?océan Indien sont représentés par
deux départements, La Réunion et Mayotte, et une collectivité
sui generis, les Terres australes et antarctiques françaises
(TAAF), qui comptent cinq îles, s?étendant le long du canal du
Mozambique (Glorieuses, Juan de Nova, Bassas da India et
Europa) et au nord-est de Madagascar (Tromelin).
Au total, sur un espace maritime de 1 million de km², les récifs
de ces territoires s?étendent sur 2000 km², (Mayotte 1406 km²
environ, La Réunion 18 km² et les Iles Eparses 794 km² au
total), dont 546 km² de zones construites. Leur diversité
géomorphologique, qui résulte de leur histoire géologique, est
importante: récifs frangeants à La Réunion, l?île la plus jeune,
bancs récifaux et atolls dans les îles Eparses; Mayotte, l?île la
plus ancienne, compte des récifs frangeants et l?un des plus
beaux récifs barrière de la région, ainsi qu?une double barrière.
Les mangroves sont présentes uniquement sur Mayotte (623
ha), Europa (626 ha) et Juan de Nova (0,26 ha) et les herbiers
sont présents partout mais peu développés.
Au sein de cette région, la partie nord du canal du Mozambique
constitue le deuxième triangle de biodiversité récifale au
monde, après celui centré autour de l?Indonésie, Mayotte et les
Glorieuses sont situées au sein de ce triangle de richesse.
Les îles sont très diversement peuplées: les Iles Eparses sont
inhabitées, constituant ainsi une référence et un observatoire
pour des récifs sans pressions anthropiques directes, La
Réunion présente une densité de population de 340 hab/km²
se situant dans la moyenne des outre-mer, tandis que Mayotte
(686 hab./km²) présente la plus forte densité de population de
tous les outre-mer français.
Les principales pressions qui impactent les récifs, les herbiers,
les mangroves et conduisent à de lentes dégradations
chroniques des récifs à La Réunion et à Mayotte sont liées (i) à
l?érosion des sols, en lien avec l?aménagement du territoire, les
pratiques culturales, et (ii) la pollution des eaux résultant des
traitements déficients des eaux usées et des eaux pluviales,
dont le ruissellement est renforcé par l?imperméabilisation
des sols urbanisés. À La Réunion, les récifs étroits et accolés
à la côte sont directement sous influence de ces pressions ;
à Mayotte, le contexte socio-économique et géopolitique est
à l?origine d?une augmentation particulièrement rapide de la
population humaine et des pressions associées.
Les îles Éparses, en revanche, sont donc très peu soumises
aux pressions anthropiques, à l?exception d?une pêche
illégale parfois forte (sur Juan de Nova par exemple,
jusqu?à récemment) mais aujourd?hui à peu près contrôlée
(surveillance renforcée).
Les suivis de l?état de santé des récifs coralliens ont commencé,
dans le cadre du GCRMN, dès la fin des années 1990 à Mayotte
et La Réunion, et au début des années 2000 dans les îles
Éparses. La région compte aujourd?hui plusieurs réseaux de
surveillance (GCRMN, Reef Check, AMP, DCE) mobilisés très
irrégulièrement, notamment dans les îles Éparses compte tenu
des difficultés d?accès aux îles.
Durant la période 2015-2020, plusieurs épisodes climatiques
ont impacté les récifs : trois épisodes de blanchissement
corallien et plusieurs cyclones (voir la frise page suivante).
ÉTAT ACTUEL ET
ÉVOLUTIONS RÉCENTES
En 2020, sur les 51 stations
considérées à l?échelle de la
région, 29 % sont dans un
état optimal (classe 1), toutes
situées dans les îles Éparses ;
24 % sont en bon état (classe
2) et 41 % sont dégradées
(classe 3). Enfin, 6 % sont
très dégradées (2 stations à
Juan de Nova et 1 station aux
Glorieuses).
Depuis le dernier bilan en 20155 :
11 % des stations présentent une amélioration
56 % sont restées stables
33 % se sont dégradées
Les situations sont toujours contrastées, avec de fortes
hétérogénéités spatiales tant du recouvrement corallien
que des peuplements de poissons (richesse spécifique,
abondance, biomasse) : contrastes à La Réunion, entre les
platiers et les pentes externes, dans les îles Éparses entre les
îles et entre platiers, terrasses lagonaires et pentes externes,
et à Mayotte entre récifs frangeants, récifs internes et récifs
barrières ; contrastes également, dans tous les cas, selon
les secteurs géographiques, leur exposition, les conditions
hydrodynamiques et les taux de sédimentation et/ou de
pollution auxquels ils sont soumis.
Les recouvrements coralliens: en 2020, la majorité des récifs
à La Réunion (71 % des stations) et à Mayotte (60 %), sont
dans un état dégradé. Les taux de recouvrements coralliens
sont de 20 à 30 % pour les plus bas et à 70 % localement, pour
les plus élevés.
Dans les îles Éparses, 77 % des stations sont dans un état
optimal ou bon (classes 1 à 2), principalement sur les stations
de pente externe sur l?ensemble des îles. Mais surtout sur l?île
d?Europa, où les taux de recouvrements coralliens sur la pente
externe atteignent jusqu?à 80 %. Aux Glorieuses, les résultats
sont plus mitigés et la couverture corallienne excède très
rarement les 50 %, en raison des conditions environnementales
particulières ; tandis qu?à Juan de Nova, fortement soumise
aux phénomènes de blanchissement corallien (températures
parfois supérieures à 32°C), les récifs sont très dégradés sur
les terrasses lagonaires et présentent un faible recouvrement
corallien (9 % au maximum en 2019).
Les peuplements ichtyologiques : la richesse spécifique en
poissons est particulièrement élevée dans les îles Éparses,
notamment aux Glorieuses (jusqu?à 57 sp/250m²), situé
au centre du triangle de biodiversité, et à Europa 35 à 50
sp/250m²; à Mayotte, toutes espèces confondues, les valeurs
fluctuent de 13 à 46 sp/250m² sur les récifs frangeants, la
plus forte diversité se situant sur les récifs barrières avec des
valeurs comprises entre 30 et 52 sp/250m².
À Mayotte, la biomasse en espèces d?intérêt commercial est
très faible sur les récifs frangeants, sauf ponctuellement, mais
localement élevée sur le récif barrière (jusqu?à 6-7 kg/100 m²)
et dans les passes. À La Réunion, les biomasses sont partout
très faibles (1,5 kg/100 m² pour les 30 espèces indicatrices),
à la fois pour les prédateurs apicaux (au plus haut de la chaine
trophique) et les poissons perroquets, qui jouent un rôle-clé
dans la résilience des récifs en gérant l?expansion des algues.
C?est dans les îles Éparses que les biomasses sont les plus
élevées (jusqu?à plus de 100 kg/100m² sur les pentes externes
d?Europa).
L?évolution de l?état de santé des récifs depuis le dernier
bilan (2015), à l?échelle de la région (Mayotte et La Réunion),
montre que 56 % des stations présentent un état stable et
33 % sont dégradées.
? On note une grande stabilité à La Réunion (69 % de stations
stables).
? À Mayotte, en revanche, l?évolution va dans le sens d?une
diminution globale significative de l?état des communautés
coralliennes (43 % des stations en dégradation), avec
25 % de mortalité corallienne en moyenne suite à l?impact
majeur du blanchissement de 2016.
En 2019, la saison chaude aura été à nouveau marquée
par des élévations anormales de la température des eaux
donnant lieu à des phénomènes de blanchissement corallien
massifs, qui ont touché différemment les récifs du Sud-Ouest
de l?océan Indien :
? à La Réunion, un blanchissement important (40 % de la
couverture corallienne sur la pente externe et les platiers)
mais une mortalité faible à moyenne (15 % sur les platiers
et 12 % sur la pente externe);
? à Mayotte, un blanchissement faible et pas de mortalité
notable;
? sur les îles Éparses, pas de blanchissement observé lors
de la rotation du Marion Dufresnes en avril 2019;
L?année 2020 a été marquée par le premier blanchissement
avéré sur l?île d?Europa (températures supérieures à 31° sur
plusieurs semaines en février 2020). L?investigation d?une
seule station GCRMN sur le platier récifal a montré un taux
de mortalité d?environ 60 %. Les familles les plus touchées
sont les Pocilloporidae et Milleporidae. Mais aucune perte de
biodiversité n?est à déplorer. Ce constat ne peut être extrapolé
à l?ensemble du récif par manque de données.
© Shawn Wolfe
Situation globale des récifs
coralliens dans la région de
l?océan Indien (Obura et al, 2017, Wickel et al.,
2013, 2018, 2020, Nicet et al, 2019, 2020)
En 1998, les récifs coralliens de l?océan Indien occidental ont
franchi un seuil, en raison de l?impact du plus grand évènement
de blanchissement mondial connu:
? en moyenne, la couverture corallienne a diminué de 25 %
par rapport aux niveaux initiaux, le recouvrement passant
de 40 % avant 1998 à 30 % après;
? le recouvrement en algues a été multiplié par 2, passant de
15 % avant 1998 à 30 %;
? la structure des communautés de poissons a été modifiée;
elle est maintenant dominée par des herbivores et des
détritivores de petite taille (environ 80 % de la biomasse
totale).
En 2016, le deuxième plus grand évènement de blanchissement
de l?océan Indien occidental a également eu un impact
considérable :
? 30 % des récifs ont présenté des signes de blanchissement
important ou grave, et la couverture corallienne a diminué
de 10 %;
? tandis que la résistance des coraux au blanchissement
de 2016 a été importante (2/3 des coraux blanchis
ont récupéré), le potentiel de récupération des récifs
sera probablement moindre qu?en 1998 en raison de la
couverture corallienne déjà réduite, de la couverture algale
plus élevée et du rôle croissant de la dynamique entre les
poissons herbivores et les algues.
47
stations
129
stations
Pourcentages de stations
par classe d?état de santé
Antilles françaises
Pourcentages de stations par classe d?état de santé Pourcentages de stations par classe d?état de santé
1 (optimal) - 2 (bon) - 3 (dégradé) - 4 (trés dégradé)
51
stations
Pourcentages de stations
par classe d?état de santé
Océan Indien
107
stations
Pourcentages de stations
par classe d?état de santé
Pacifique
État actuel des récifs
(Pacifique et îles Éparses)
76
stations
État actuel des récifs
(Antilles, Mayotte, La Réunion)
29 %
optimal
24 %
bon
6 %
trés dégradé
41 %
dégradé
30 %
optimal
39 %
bon
8 %
trés dégradé
23 %
dégradé
3 %
optimal
35 %
bon
4 %
trés dégradé
58 %
dégradé
36 %
optimal
34 %
bon
9 %
trés dégradé
21 %
dégradé
4 %
optimal
36 %
bon
7 %
trés dégradé
53 %
dégradé
OCÉAN INDIEN
OCÉAN PACIFIQUE
OCÉAN ATLANTIQUE
Mayotte
La Réunion
Îles
Éparses
Nouvelle-Calédonie
Wallis et Futuna
Clipperton
Polynesie-Française
Saint-Martin
Saint-Barthélemy
Guadeloupe
Martinique
5 - Sur La Réunion et Mayotte seulement, données 2015 non disponibles pour les îles Éparses.
36 37IFRECOR / État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français - 2020 / RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS / 2020 - État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français / IFRECOR
Mayotte
forte mortalité
corallienne
Réunion
mortalité massive de poissons
Réunion
Impact
modéré
Mayotte
mortalité
forte à
modérée
Mortalité corallienne
Réunion : 10%
Mayotte : 25%
Îles Éparses :
impact important
sur Juan de Nova
et Glorieuses
Réunion
impacts locaux avec mortalité massive sur platier
(diminution locale de 40% de la couverture corallienne)
1er blanchissement sur Europa :
mortalité localisée
(1 station suivie)
Réunion : blanchissement important
(40% sur la pente externe et les platiers)
mais mortalité faible à moyenne
(15% sur les platiers et 12% sur la pente externe)
Mayotte : blanchissement faible et pas de mortalité notable
1998
Fort épisode de
blanchissement
corallien mondial
2010
Episode de blanchissement
corallien
2016
Episode de
blanchissement
corallien 2020
Episode de
blanchissement
corallien
Episode de
blanchissement
corallien
Réunion
1er signes de
dégradation
Mayotte
Dégradations massives
(jusqu?à 90 % de mortalité
corallienne localement)
Réunion
1er signes de dégradation
1980
Cyclone Firinga
2018
Cyclones
Berguitta, Dumazile, Fakir
Coulées de boue
2002
Cyclone
Dina
2019
Cyclone Idal
20201975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015 2016 2017 2018 2019 1975
1977
Invasion
Acanthaster
Mayotte
mortalité corallienne
2001
Invasion Acanthaster
TENDANCES
SUR LE LONG TERME
Sur le long terme, la dynamique de la couverture corallienne
est régie par les pressions anthropiques diffuses auxquelles
s?ajoutent les événements extrêmes, tels les infestations
d?Acanthaster planci, l?impact des cyclones, et les épisodes
de température des eaux élevée, induisant des phénomènes
de blanchissement corallien, de plus en plus fréquents
(1983, 1998, 2010, 2016, 2019, 2020). Le blanchissement
est différemment impactant selon les épisodes, et les zones
de récifs ; ainsi, à Mayotte les récifs frangeants semblent
mieux résister et être davantage résilients que les barrières.
Ces évènements s?accompagnent localement de brusques
diminutions de la couverture corallienne, puis d?une reprise
plus ou moins rapide selon la résilience des stations suivies.
Ainsi à La Réunion, le recouvrement corallien est en diminution
continue depuis 2000 sur la plupart des stations de pente
récifale (et le recrutement corallien est faible).
Les dégradations se traduisent par une disparition locale des
coraux sensibles (Acropora) au profit de formes résistantes
(massives et encroûtantes), dont l?habitabilité pour la faune
associée est moindre, et par l?augmentation des recouvrements
en algues (pentes externes de La Réunion + 32 % en 10 ans).
L?état des « origines » à La Réunion
et Mayotte (fin des années 1970)
La Réunion : la pente externe présentait une couverture
corallienne d?au moins 50 % (sur l?horizon 5-15m) avec une
dominance des Acropora et notamment les formes tabulaires,
submassives et/ou branchues (qui,mis à part dans le secteur
de Saint-Pierre, ont aujourd?hui quasiment disparu au profit des
Pocillopora, Astreopora et Porites notamment). À l?inverse, la
couverture en algues dressées était plus faible qu?aujourd?hui.
Mayotte : le récif barrière avait une couverture corallienne
d?environ 60 % (récif barrière Est) à 70 % (barrière ouest)
avec une dominance des coraux Acropores (plus de 50 % des
peuplements coralliens), notamment les formes tabulaires.
Le récif frangeant présentait un recouvrement de plus de
60 %, avec les coraux Acropores dominants, notamment les
Acropores branchus et tabulaires.
Liste rouge des coraux constructeurs
de récifs des îles françaises de
l?océan Indien
Le risque de disparition de l?ensemble des coraux
constructeurs de récifs de La Réunion, de Mayotte et des
îles Éparses a été évalué dans le cadre de la Liste rouge des
espèces menacées en France. L?état des lieux montre que 15 %
des espèces sont menacées ou quasi menacées à La Réunion,
12 % à Mayotte et 6 % dans les îles Éparses.
Quelques chiffres marquants
? La Réunion (pente externe) : diminution du recouvrement
corallien (de 49 à 28 %)entre 2000 et 2019 et doublement
des recouvrements en algues (de 27 à 59 % sur la même
période)
? Mayotte : 87 % de diminution de la densité des mérous
babonne (Plectropomus laevis) entre 2008 et 2019
? Europa (platier récifal) : diminution du recouvrement
corallien entre 2011 et 2016 (de 40,8 % à 17,5 %), mais
augmentation en 2019.
? Tromelin : diminution du recouvrement corallien (de 60 à
16 %) sur terrasse lagonaire,mais forte augmentation entre
2011 et 2019 sur les pentes externes
? Juan de Nova : diminution du recouvrement corallien
(de 35 à 9 %) de 2013 à 2019 sur pente externe ;
et diminution de 62 % de la biomasse de poissons entre
2004 et 2019 sur terrasses lagonaires
Région Pacifique
LE CONTEXTE
Cette région comprend les trois collectivités du Pacifique
sud occidental: la Nouvelle-Calédonie, Wallis et Futuna et la
Polynésie française, auxquelles s?ajoute l?atoll de Clipperton
plus à l?est. La zone maritime de ces territoires compte pour
80 % de l?espace maritime des outre-mer récifaux (pour 62 %
de l?ensemble de l?espace maritime français) et pour 95 % de
ses surfaces récifo-lagonaires. La Nouvelle-Calédonie, quant
à elle, représente 64 % des surfaces récifales françaises (près
de 35 873 km²).
La diversité des formations récifales est très importante
dans la région. La Nouvelle-Calédonie est ceinturée par une
barrière récifale de 1 600 km de longueur, des récifs barrières
internes, imbriqués et multiples, des récifs frangeants et de
nombreux récifs et îlots de lagon. Elle compte également
des atolls, des récifs submergés et des bancs coralliens.
La Polynésie française compte cinq archipels pour une surface
récifo-lagonaire d?environ 16 200 km² répartie sur près de
120 îles, dont 85 atolls de grande diversité (40 % du nombre
d?atolls dans le monde). Wallis est entourée d?un récif barrière
(218 km² de lagons et récifs), Futuna et Alofi sont bordées par
un étroit platier de récif frangeant («récif tablier») et, dans la
ZEE, de nombreux atolls et bancs ennoyés s?étendent sur une
surface totale (680 km2), bien supérieure à celle des deux îles
océaniques.
Non seulement ces territoires comptent les récifs les plus
étendus, mais ils sont également les moins peuplés (moins de
100 hab./km², contre plus de 200 et jusqu?à 600 pour toutes
les autres régions de l?outre-mer). Les pressions sur ces
territoires sont donc plus réduites et localisées (îles et zones
urbaines, exploitations agricoles, industrielles et minières).
Les suivis de l?état de santé y sont très anciens (1970 pour
Moorea, 1990 pour la Nouvelle-Calédonie, 1999 pour Wallis
pour les premiers relevés), et les récifs de Moorea font partie
des plus étudiés au monde, avec des séries temporelles
particulièrement longues, ce qui est précieux pour comprendre
la dynamique à long terme des récifs et leur fonctionnement.
Plusieurs réseaux sont à l?oeuvre, notamment en Polynésie
(12 réseaux de 3 à 53 stations, répondant à des objectifs
différents), mais également en Nouvelle-Calédonie (plusieurs
programmes pouvant être considérés comme réguliers et à
large échelle spatiale, dont quatre ont pu être considéré ici, soit
un total de 468 stations pour l?ensemble des réseaux), et deux
à Wallis et Futuna, dont l?un récent. À Clipperton, l?isolement
de l?île contraint à des suivis sporadiques.
Le nombre total de stations suivies dans la région est très
élevé, près de 700 stations tous réseaux confondus (468 en
Nouvelle-Calédonie, 184 en Polynésie française, 21 sur Wallis
et Futuna). Toutefois ce bilan ne s?appuie que sur une faible
proportion de ces stations.
ÉTAT ACTUEL
ET ÉVOLUTIONS RÉCENTES
Durant la période 2015-2019,
plusieurs évènements ont
affecté les récifs, dont deux
évènements de températures
élevées (2016 en Nouvelle-
Calédonie ; 2016 et 2019 en
Polynésie française), ayant
entraîné des blanchissements
coralliens aux effets plus ou
moins sévères, des épisodes
d?explosions démographiques
d?Acanthaster, localisées
pour la Nouvelle-Calédonie.
Sur Wallis-et-Futuna, les
observations ont été rares sur cette période, ne permettant pas
de déterminer avec précision les causes d?évolution récente
des récifs.
Les récifs suivis dans la région Pacifique sont majoritairement
en bonne santé : 69 % sont dans un état bon à optimal.
En 2019, à Wallis et Futuna, 67 % des récifs suivis dans le cadre
du réseau FEO sont dans un état de santé bon à satisfaisant
(classes 1 ou 2). Sur Wallis, la majorité des récifs suivis sont
en classe 2, abritant des couvertures coralliennes globalement
élevées, mais aux richesse et abondance en poissons ou
invertébrés qui pourraient être plus importantes, compte tenu
du type de récif. Sur Futuna et Alofi, l?état de santé est moyen à
bon (classes 2 ou 3), avec des taux de recouvrement corallien
assez élevés (30 à 50 % selon les récifs) et des populations de
poissons cibles moyennement variées et abondantes.
En Polynésie française, les récifs de l?archipel de la Société
montraient jusqu?en 2019 un taux de corail vivant relativement
élevé (30-50 %), en forte croissance depuis 2010, mais avec
une décroissance récente dans les îles du vent, en raison
de l?épisode particulièrement intense de blanchissement en
2019, ayant entraîné une mortalité corallienne sévère (jusqu?à
50 % sur les pentes externes de Moorea). Dans les autres
Sur les pentes externes de l?ensemble des îles Éparses, de
manière globale, le recouvrement en corail vivant est élevé et
relativement stable dans le temps (moyennes variant entre 40
et 60 %).
À Mayotte, ces dégradations de l?habitat et la pression de
pêche toujours plus forte (35 % du tonnage des captures
concernent des peuplements ichtyologiques) se traduisent
par une diminution inquiétante des paramètres généraux
des peuplements de poissons (diversité, densité et biomasse
totale). La diminution de la ressource depuis 10 ans est
illustrée par celle du mérou babonne (Plectropomus laevis),
espèce emblématique très vulnérable aux activités de pêche,
encore commune il y a 10 ans et aujourd?hui rare (87 % de
diminution entre 2008 et aujourd?hui).
À La Réunion, les peuplements de poissons sont également
affectés par la modification de leur habitat qui, ajoutée à
la surexploitation des ressources halieutiques, engendre
une diminution de la biomasse globale (80 % depuis 2002),
avec des niveaux toujours bas depuis et un déséquilibre des
catégories de haut niveau trophique.
Dans les îles Éparses, l?évolution des biomasses de poissons
est généralement stables sur les pentes externes, ou en
diminution à Juan de Nova et aux Glorieuses ; elle a diminué
sur les terrasses lagonaires de Juan de Nova entre 2013 et
2019.
Évènements
majeurs
47
stations
129
stations
Pourcentages de stations
par classe d?état de santé
Antilles françaises
Pourcentages de stations par classe d?état de santé Pourcentages de stations par classe d?état de santé
1 (optimal) - 2 (bon) - 3 (dégradé) - 4 (trés dégradé)
51
stations
Pourcentages de stations
par classe d?état de santé
Océan Indien
107
stations
Pourcentages de stations
par classe d?état de santé
Pacifique
État actuel des récifs
(Pacifique et îles Éparses)
76
stations
État actuel des récifs
(Antilles, Mayotte, La Réunion)
29 %
optimal
24 %
bon
6 %
trés dégradé
41 %
dégradé
30 %
optimal
39 %
bon
8 %
trés dégradé
23 %
dégradé
3 %
optimal
35 %
bon
4 %
trés dégradé
58 %
dégradé
36 %
optimal
34 %
bon
9 %
trés dégradé
21 %
dégradé
4 %
optimal
36 %
bon
7 %
trés dégradé
53 %
dégradé
OCÉAN INDIEN
OCÉAN PACIFIQUE
OCÉAN ATLANTIQUE
Mayotte
La Réunion
Îles
Éparses
Nouvelle-Calédonie
Wallis et Futuna
Clipperton
Polynesie-Française
Saint-Martin
Saint-Barthélemy
Guadeloupe
Martinique
38 39IFRECOR / État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français - 2020 / RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS / 2020 - État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français / IFRECOR
archipels (Tuamotu, Australes et Marquises), les taux de
recouvrement sont moins élevés (< 30 %) mais stables, voire
en augmentation.
En Nouvelle-Calédonie, 75 % des récifs suivis dans le cadre du
RORC sont toujours dans un état de santé bon à satisfaisant
(classes 1 ou 2), toutefois la majorité des dégradations
enregistrées ont eu lieu sur les cinq dernières années. Si, la
Nouvelle-Calédonie avait auparavant été épargnée par les
événements de blanchissement massif, l?évènement de 2016
a impacté de nombreux récifs, avec une atteinte variable,
mais une résilience forte: au large de Nouméa, 70 à 80 % des
colonies blanchies suivies dans le cadre du projet BLANCO
avaient totalement récupéré leur vitalité au bout de deux ans ;
un constat similaire avait été fait pour les récifs du RORC.
Les communautés de poissons récifaux sont globalement
préservées et, dans les sites du patrimoine mondial par
exemple, d?une exceptionnelle diversité.
TENDANCES
SUR LE LONG TERME
Sur le long terme, les dynamiques d?évolution de la couverture
corallienne sont principalement régies par les cyclones à Wallis
et Futuna, en Nouvelle-Calédonie (fort impact du cyclone Erica
en 2003) et en Polynésie française (impacts moins fréquents
mais potentiellement très destructeurs comme les cyclones
de 1982-83 ou 2010 par exemple).
Sur Wallis et Futuna, les récifs exposés aux cyclones ont
subi des pertes coralliennes importantes, tandis que les
récifs abrités apparaissent soit stables (Futuna), soit en
nette progression corallienne au cours du temps (Alofi et
Wallis). Les suivis GCRMN étant peu fréquents et irréguliers,
ils ne permettent pas en l?état de conclure avec précision sur
l?évolution des peuplements de poissons.
Sur les quinze dernières années l?état des récifs coralliens
suivis en Nouvelle-Calédonie est caractérisé par une tendance
globale à la stabilité, particulièrement marquée sur les récifs
sous influence océanique (Grande-Terre et îles Loyauté). Cette
tendance ne doit pas occulter des dégradations ponctuelles
mais sévères de certains récifs (récifs côtiers de la côte
est majoritairement), ni la nette augmentation du couvert
corallien d?un nombre non négligeable de zones inventoriées.
À l?échelle du RORC, il a été mesuré que les régressions et les
croissances coralliennes se sont globalement compensées
sur les 15 dernières années.
En Polynésie française, les événements les plus destructeurs
ont été les épisodes de blanchissement corallien et les
explosions démographiques d?Acanthaster (très importantes
en 1979, 1986, et plus récemment entre 2006 et 2010, puis
2016 et 2018) ; ces évènements ont sévèrement détruit de
nombreux récifs dans les îles de la Société et déstructuré
les communautés de coraux (forte réduction des formes
branchues). Les évolutions sont donc très variables entre :
? les récifs des îles de la Société, qui présentent sur
les 15 dernières années des variations très fortes du
recouvrement corallien, sur des durées relativement
courtes, inférieures à la décennie ; celui-ci passe en effet
d?un extrême (recouvrement inférieur à 10 % en 2010-
2011, en raison d?une prolifération d?Acanthaster et du
cyclone Oli) à l?autre (forte résilience avec une hausse
parfois spectaculaire sur la période 2010-2019) ; Dans
les zones dégradées, les peuplements coralliens branchus
sont davantage impactés que les coraux massifs ;
? les récifs des autres archipels, qui n?ont pas subi de
perturbation majeure dans les 10 dernières années et sont
en relative stabilité, avec des recouvrements coralliens
moyens, sauf aux Marquises où les conditions naturelles
ne permettent pas la formation de récifs coralliens et où
les recouvrements sont naturellement assez faibles sur le
substrat (5 % environ).
La biomasse totale en poissons montre une décroissance
depuis 2008-2010, quelle que soit l?échelle géographique
considérée, dans l?archipel de la Société et davantage encore
dans les archipels périphériques, avec une forte décroissance,
notamment depuis 2010. À ce stade, il est difficile de donner
une raison particulière et l?on peut envisager la combinaison
d?efforts de pêche accrus et d?un effet de l?environnement.
Mais, si les dynamiques d?évolution brutale des recouvrements
coralliens sont liées aux évènements climatiques et autres
Quelques chiffres marquants
? De 40 % à 10 % : diminution en 10 ans (2007-2018) du
taux de recouvrement corallien brut en Polynésie (pour les
archipels autres que la Société);
? 50 % de mortalité corallienne sur les pentes externes de
Moorea suite au blanchissement de 2019;
? 50-60 %: bon recouvrement corallien sur certaines pentes
externes d?atolls de Polynésie;
? tendance globale à la stabilité, voire à l?amélioration, des
taux de corail vivant des récifs calédoniens.
Évènements majeurs aléas, elles ne doivent pas occulter l?effet des pressions
anthropiques, sédimentation, pollutions, aménagements
littoraux, qui impactent de façon plus insidieuse les récifs
depuis de très longues années.
On rappellera, à titre d?exemple, que les estimations des
destructions liées aux remblais ou à l?extraction des matériaux
coralliens dans les iles de la Société avaient été évaluées en
2006 à environ 6 % de la surface cumulée des récifs frangeants
des îles de Tahiti, Moorea et quelques îles Sous-le-Vent ; que
les grands travaux hydroélectriques, l?urbanisation ou les
pratiques agricoles en Polynésie, ou encore les explorations
pour le nickel en Nouvelle-Calédonie, ont conduit à des apports
terrigènes sans précédents sur les récifs ; ou encore que les
problèmes de pollutions et d?eutrophisation par les eaux usées
sont prégnants sur les îles hautes de Polynésie ou sur Wallis.
© Bastien Preuss
Mortalité coralienne
en Polynésie française
1991 & 1994
Pic de temperature
Polynésie française
2002
Pic de temperature
Polynésie française
2019
Pic de temperature
Polynésie française
blanchissement massifNouvelle-
calédonie
important
blanchissement
Mortalité corallienne
en Polynésie françaisePolynésie française
blanchissement massif
(Îles de la Société)
Polynésie française
blanchissement massif
(Îles de la Société)
1991
Cyclones
Wasa, PF
2010
Cyclones
Thomas à Wallis et Futuna,
Cyclone Oli en PF
2013
Cyclones : Freda en NC,
Evan à W&F
2016 - 2017
Cyclones : Cook en NC,
Amos & Ella à W&F
Infestation
Acanthaster
Pic de
temperature
Cyclone Oli
destructeur
en Polynésie française
Wallis et Futuna, cyclone Evan
particulièrement destructeur
1998 & 2001
4 Cyclones en PF
Waka, Wallis et Futuna
20201980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015 2016 2017 2018 2019
Forte mortalité corallienne
en Polynésie française
1980
1970, 1979, 1980, 1982
Infestation
Acanthaster
2004 - 2013
Infestation Acanthaster
Polynésie française (PF), Wallis et Futuna
(WF), Nouvelle-Calédonie (NC)
ÉTAT DE SANTÉ
DES RÉCIFS
CORALLIENS,
HERBIERS MARINS
ET MANGROVES
DES OUTRE-MER
FRANÇAIS 20
20
Résumé pour décideurs
IFRECOR, 2021 / Bilan 2020
INVALIDE)