État de santé des récifs coralliens, herbiers marins des outre-mers français

Auteur moral
France. Ministère de la transition écologique (06 juillet 2020-19 juillet 2022) ; France. Ministère des Outre-mers
Auteur secondaire
Résumé
État de santé des récifs coralliens, herbiers marins des outre-mers français.
Descripteur Urbamet
Descripteur écoplanete
récif corallien ; herbier ; mangrove
Thème
Environnement - Nature
Texte intégral
ÉTAT DE SANTÉ DES RÉCIFS CORALLIENS, HERBIERS MARINS ET MANGROVES DES OUTRE-MER FRANÇAIS 20 20 Résumé pour décideurs IFRECOR, 2021 / Bilan 2020 3RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS / 2020 - État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français / IFRECOR Engagée en mars 1999 sur décision du Premier ministre, l?IFRECOR est une initiative nationale qui a vocation à promouvoir la protection et la gestion durables des récifs coralliens, les herbiers de phanérogames marines et les mangroves. Elle rassemble l?ensemble des outre-mer récifaux. L?action de l?IFRECOR s?inscrit au coeur des politiques menées par la France en faveur de la préservation des récifs coralliens. En 2016, la loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages, engage l?État à élaborer, « dans le cadre de l?IFRECOR et sur la base d?un bilan de l?état de santé des récifs coralliens et des écosystèmes associés réalisé tous les cinq ans, un plan d?action contribuant à protéger 75 % des récifs coralliens dans les outre-mer français d?ici à 2021 », 100 % d?ici à 2025. S?appuyant sur le cadre stratégique élaboré en 2000, l?IFRECOR développe un programme d?action tous les cinq ans. Dans chacun de ces plans, le suivi des récifs coralliens et le bilan de leur état de santé figure comme l?un des thèmes phares. Ces bilans répondent également à l?engagement de la France envers l?Initiative internationale pour les récifs coralliens (ICRI) et son suivi mondial des récifs coralliens (Global coral reef monitoring network - GCRMN), auquel la France participe depuis sa création en 1997. Outre les actions de l?ICRI, la Convention sur la diversité biologique (CDB) et notamment l?objectif 10 d?Aïchi, fournit un cadre stratégique international pour la protection des récifs coralliens. Dans ce contexte, les perspectives mondiales font le constat que le risque d?extinction des coraux est celui qui augmente le plus rapidement parmi tous les groupes évalués, que la couverture en coraux a considérablement diminué dans certaines régions et que l?évolution tend vers des espèces de coraux moins aptes à maintenir la diversité des habitats récifaux (IPBES, 2019 et IPPC, 2019). Le rapport 2020 de l?état de santé des récif coralliens, herbiers marins et mangroves des outre-mer français fait suite aux précédents rapports nationaux de 2000, 2008 et 2015 ; il constitue le premier bilan national depuis la loi de 2016. Co lle ct iv ité s GUADELOUPE Type d?île : Volcanique et corallienne Terres émergées (km²) : 1705 Mer territoriale + ZEE (km²) : 90 000 Surface récifo-lagonaire totale (km²) : 865 Linéaire récifs (km) : 200 Nbr. de classe de niveau 5 : 33 (pour Guadeloupe, St Martin, St Barth.) Herbiers (km²) : 101,93 Mangroves (ha) : 3306 Densité pop. (hab./km²) : 229 Statut du territoire : DOM et TOM MARTINIQUE Type d?île : Volcanique Terres émergées (km²) : 1128 Mer territoriale + ZEE (km²) : 48900 Surface récifo-lagonaire totale (km²) : 55,87 Linéaire récifs (km) : 70 Nbr. de classe de niveau 5 : 22 Herbiers (km²) : 49,7 Mangroves (ha) : 1856 Densité pop. (hab./km²) : 330 Statut du territoire : DOM et ROM MAYOTTE Type d?îles : Volcanique Terres émergées (km²) : 374 Mer territoriale + ZEE (km²) : 68 492 Surface récifo-lagonaire totale (km²) : 1 406 Linéaire récifs (km) : 197 Nbr. de classe de niveau 5 : 42 Herbiers (km²) : 7,6 Mangroves (ha) : 623 Densité pop. (hab./km²) : 690 Statut du territoire : Collectivité unique (DOM et ROM) ILES ÉPARSES (TAAF) Type d?îles : Corallienne Terres émergées (km²) : 42,35 Mer territoriale + ZEE (km²) : 634 835 Surface récifo-lagonaire totale (km²) : 794 Linéaire récifs (km) : - Nbr. de classe de niveau 5 : 16 Herbiers (km²) : > 38 Mangroves (ha) : 626,23 Densité pop. (hab./km²) : 0 Statut du territoire : Collectivité «sui generis» CLIPPERTON Type d?îles : Corallienne Terres émergées (km²) : 1,7 Mer territoriale + ZEE (km²) : 435 600 Surface récifo-lagonaire totale (km²) : 12 Linéaire récifs (km) : 12 Nbr. de classe de niveau 5 : 6 Herbiers (km²) : - Mangroves (ha) : - Densité pop. (hab./km²) : 0 Statut du territoire : Domaine Public de l'Etat POLYNÉSIE FRANÇAISE Type d?îles : Volcanique et corallienne Terres émergées (km²) : 3726 Mer territoriale + ZEE (km²) : 4 782 456 Surface récifo-lagonaire totale (km²) : 16 200 Linéaire récifs (km) : > 2000 Nbr. de classe de niveau 5 : 66 Herbiers (km²) : 28,7 Mangroves (ha) : 41,1 Densité pop. (hab./km²) : 76 Statut du territoire : Pays d?Outre-mer SAINT-BARTHÉLEMY Type d?îles : Volcanique et sedimentaire Terres émergées (km²) : 24 Mer territoriale + ZEE (Saint-Martin et Saint-Barthélemy - km²) : 5 098 Surface récifo-lagonaire totale (km²) : 14,24 Linéaire récifs (km) : 9 Herbiers (km²) : 3,7 Mangroves (ha) : 4,1 Densité pop. (hab./km²) : 466 Statut du territoire : PTOM WALLIS ET FUTUNA Type d?îles : Volcanique Terres émergées (km²) : 140 Mer territoriale + ZEE (km²) : 262 416 Surface récifo-lagonaire totale (km²) : 932 Linéaire récifs (km) : 50 Nbr. de classe de niveau 5 : 25 Herbiers (km²) : 24 Mangroves (ha) : 36,2 Densité pop. (hab./km²) : 83 Statut du territoire : TOM doté de la personnalité morale et autonomie administrative et financière SAINT-MARTIN Type d?îles : Volcanique et sedimentaire Terres émergées (km²) : 53 Mer territoriale + ZEE (Saint-Martin et Saint-Barthélemy - km²) : 5 098 Surface récifo-lagonaire totale (km²) : >19,4 Linéaire récifs (km) : - Herbiers (km²) : 61,5 Mangroves (ha) : 24,2 Densité pop. (hab./km²) : 654 Statut du territoire : COM NOUVELLE-CALÉDONIE Type d?îles : Continentale, volcanique et corallienne Terres émergées (km²) : 19 000 Mer territoriale + ZEE (km²) : 1 341 044 Surface récifo-lagonaire totale (km²) : 35 873 Linéaire récifs (km) : > 2000 Nbr. de classe de niveau 5 : 162 Herbiers (km²) : 939,7 Mangroves (ha) : 28 173 Densité pop. (hab./km²) : 14,6 Statut du territoire : Collectivité «sui generis» avec large champ d?intervention LA RÉUNION Type d?île : Volcanique Terres émergées (km²) : 2 512 Mer territoriale + ZEE (km²) : 319 840 Surface récifo-lagonaire totale (km²) : 18,6 Linéaire récifs (km) : 25 Nbr. de classe de niveau 5 : 4 Herbiers (km²) : < 0,01 Mangroves (ha) : 0 Densité pop. (hab./km²) : 341 Statut du territoire : DOM et ROM DOM : Département d?outre-mer, ROM : Région d?outre-mer, TOM : Territoire d?outre-mer, PTOM : Pays et Territoire d?outre-mer, COM : Collectivité d?outre-mer Les territoires coralliens d?outre-mer COLLECTIVITÉS D?Outre-mer © Michelle Raponi Les 11 territoires coralliens de la France outre-mer représentent 78 % du territoire maritime de la France, deuxième au niveau mondial derrière les États-Unis d?Amérique (mers territoriales et ZEE, janvier 2021, portail national des limites maritimes). 78 % 5RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS / 2020 - État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français / IFRECOR Les herbiers À l?échelle des territoires ultramarins, les surfacesd?herbiers sont estimées à 1255 km², représentant 0,4 % des surfaces mondiales. Le nombre d?espèces de phanérogames marines présentes à l?échelle des outre-mer est compris entre 16 et 19 espèces représentant près du quart de l?ensemble des espèces recensées dans le monde. Avec près de 940 km², la Nouvelle-Calédonie représente 75 % de la surface totale d?herbiers des outre mer, suivie par la Guadeloupe (101,93 km²). Les mangroves Les mangroves sont présentes sur dix territoires où elles occupent 87 796 ha, soit environ 0,67 % des mangroves du monde. Situées dans trois grands bassins océaniques, elles se localisent sur les deux grands ensembles biogéographiques (oriental et occidental). Cette dispersion est à l?origine d?une importante diversité spécifique et structurale des peuplements de palétuviers. Ces forêts sont inégalement réparties avec plus de 90 % de la surface entre la Guyane (60 %) et la Nouvelle-Calédonie (32 %). Les mangroves sont structurellement riches et diversifiées : si les petits territoires insulaires comprennent majoritairement des mangroves de fond de baie ou lagunaires protégées de la houle par les barrières récifales, les territoires plus vastes ou continentaux, pourvus d?un important réseau hydrographique, abritent également de vastes mangroves estuariennes, riveraines ou océaniques comme en Guyane, ou bien deltaïques comme en Nouvelle-Calédonie. Ré cif s, he rb ie rs & m an gr ov es Les récifs coralliens Avec près de 60.000 km² de récifs coralliens et lagons dans les outre-mer, soit 10 % de la surface mondiale, la France se situe en quatrième position mondiale en termes de surface de récifs. Cette surface est très inégalement répartie entre les territoires, la Nouvelle- Calédonie et la Polynésie française comptant pour près de 90 % de la surface totale des récifs français. Les récifs des outre-mer français comptent par ailleurs 30 % de la diversité mondiale des géomorphologies récifales, sur les 800 unités géomorphologiques de niveau le plus fin (niveau 5) que compte le Millenium coral reef mapping. Les récifs coralliens couvrent moins de 1 % de la surface des océans mais, avec plus de 25 % de la vie marine mondiale, ils figurent parmi les écosystèmes les plus diversifiés de la planète : environ 4 000 espèces de poissons et 800 espèces de coraux constructeurs de récifs ont été décrites à ce jour, et les inventaires sont très loin d?être complets, notamment dans les espèces de petite taille. Les territoires de l?Atlantique comptent moins de 4000 espèces récifales, tandis que la Nouvelle-Calédonie (14337) et la Polynésie française (7025) sont les plus riches. Avec quatre fois plus de poissons et trois fois plus de mollusques, la biodiversité marine dans les outre-mer français est plus riche que celle des eaux métropolitaines. LES RÉCIFS CORALLIENS, HERBIERS ET MANGROVES Surface des récifs (km2) 865 14 19 56 22 4 42 16 161 66 25 633 18 1 406 794 932 13 16 200 (29 %) 35 873 (64 %) Surfaces récifo-lagonaires (km² ; sources Andrefouet, 2008 et auteurs des chapitres locaux) Nombre de classe géomorphologiques Guad. St. B. Mart. Run.St.M May. N.C.I.E. P.F. W.F. Clipp. 3306 Guad. 4,1 St.B. 1856 Mart. 0 Réun. 24,2 St.M 623 May. 28173 (32 %) N.C. 626,23 I.E. 41,1 P.F. 36,2 W.F. 0 Clip. 53106 (60 %) Guy. 10 % de la surface récifale mondiale 0,4 % de la surface mondiale d?herbiers 0,7 % de la surface mondiale des mangroves 30 % de la diversité géomorphologique mondiale 25 % de la diversité mondiale en espèces marines Cette importante surface couverte par les récifs et lagons associés, la diversité exceptionnelle des structures géomorphologiques et la distribution géographique mondiale de ces récifs, dans les trois océans, font de la France l?un des tout premiers pays coralliens de la planète, grâce à ses régions ultramarines. Surfaces des mangroves des territoires ultramarins (ha) La France compte 27 espèces de « vrais » palétuviers, c?est-à- dire se développant exclusivement dans les mangroves, avec d?importants écarts entre les territoires allant de deux espèces à Wallis, jusqu?à 19 pour la Nouvelle-Calédonie. 6 7IFRECOR / État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français - 2020 / RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS / 2020 - État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français / IFRECOR Protection des côtes, sécurité alimentaire, tourisme, régulation du climat, séquestration de carbone par les herbiers et les mangroves? Les services fournis par les récifs et écosystèmes associés sont vitaux pour les outre-mer et au-delà. En milieu tropical, la connectivité écologique entre mangroves, herbiers et récifs coralliens est importante. Ces écosystèmes s?apportent des bénéfices mutuels. Les organismes mobiles passent de l?un à l?autre pour se nourrir, se développer et se reproduire. Ainsi la prise en compte de la connectivité est-elle clé pour la conservation de ces écosystèmes associés. Liens fonctionnels entre les écosystèmes Mangroves ? Réduit les flux de sédimentation et de pollution issus des bassins versants, limite la turbidité ? Zone de nurserie et de croissance des juvéniles pour les espèces de poissons récifales et espèces commerciales ? Production de nutriments Herbiers ? Atténue l?hydrodynamisme (selon la hauteur des plants) ? Fixe les sédiments ? Importantes zones d?alimentation pour les poissons des mangroves et récifs, ainsi que pour les espèces emblématiques, tortues et dugong ? Zone de nurserie et frayère ? Réduit l?abondance de certaines bactéries potentiellement pathogènes, notamment chez les coraux dont le taux de maladies est moins élevé à proximité d?herbiers ? Production de carbone et d?azote : certaines espèces de coraux pouvaient bénéficier de la présence des herbiers en assimilant la matière dissoute issue des herbiers ou en tamponnant à petite échelle l?acidification des océans Récifs coralliens ? Amortit l?énergie des vagues et protège ainsi herbiers et mangroves, leur garantissant des conditions calmes pour se développer. Les débris calcaires arrachés au récif par les vagues fournissent un substrat pour les herbiers ? Nombreux habitats propices à la vie, la reproduction et l?alimentation d?espèces diverses ? L?activité biologique des poissons, oursins, éponges perforantes est source de sédiments transportés dans l?arrière-récif, colonisé par les herbiers et les mangroves LA VALEUR DES ÉCOSYSTÈMES Va le ur d es ec os ys tè m es Protection côtière Les écosystèmes coralliens absorbent une grande partie de l?énergie de la houle. En réduisant les dommages sur les aménagements littoraux lors des inondations et des autres évènements météorologiques extrêmes, ils sont une source d?économies importantes. Tourisme Le service du tourisme « bleu » lié à la beauté scénique et à la présence d?espèces emblématiques permet une activité économique basée sur les usages récréatifs des récifs sous différentes formes : excursions découverte, plongée sous- marine, plaisance, journée plage, etc. Pêche & aquaculture Le service de la pêche est lié à la production de biomasse par les écosystèmes coralliens. À la pêche commerciale s?ajoutent bien souvent des pêcheries vivrières et de loisirs qui représentent un complément de revenus et de protéines important pour certains ménages. Séquestration du CO2 Les mangroves et les herbiers sont des puits de carbone capables de séquestrer le CO2. L?estimation de la valeur de ce service est basée sur les prix du marché volontaire des crédits carbone. VALEURS POUR LES OUTRE-MER FRANÇAIS (Pascal et al, 2016) CO2 CO2 595 000 000 ¤ 315 000 000 ¤ CO2 175 000 000 ¤ CO2 215 000 000 ¤ 1,3 md ¤ Valeur totale annuelle des services rendus par les récifs en outre- mer Trégarot et al., 2020 9RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS / 2020 - État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français / IFRECOR Récifs coralliens 67 % des géomorphologies récifales incluses dans le périmètre d?une AMP et donc susceptibles de faire l?objet de mesures de protection. 27 % d?habitats récifaux, à l?échelle des eaux françaises, concernés par un statut de protection forte (coeur de parc national, réserve nationale, arrêté de protection de biotope). 0 % de protection à Wallis et Futuna et 0 % de protections fortes dans certains territoires (Martinique, Polynésie française, Wallis et Futuna) ou de manière minime au regard de l?importance des surfaces d?aires protégées existantes (Guadeloupe, Mayotte). Mangroves 71 % de la surface nationale de mangrove sont protégés et 25 % considérés comme ?gérés? ou ?faisant l?objet de mesures de conservation? selon Nature France (données 2018), c?est à dire effectivement dotées de ressources humaines et opérationnelles pour réduire les menaces. Plus de 10 000 ha de mangroves se situent au sein de réserves naturelles ou de parcs marins. Dans les territoires du Pacifique, certaines mangroves font par ailleurs l?objet de gestion coutumière par les tribus ou chefferies. Herbiers Selon le dernier rapport mondial du programme des nations unies pour l?environnement, les herbiers marins figurent parmi les habitats côtiers les moins protégés : seuls 26 % se situent dans des zones marines protégées. PROTECTION ET GESTION 67 % 27 % 0 % 39 % 39 % 33 % 33 % 23 %41 % 86 % 2 % 100 % 1,8 % 100 % 68 % 68 % 100 % 100 % 0 % 0 % 48 % 70 % 70% 9% GUADELOUPE MARTINIQUE MAYOTTE ILES ÉPARSES (TAAF) CLIPPERTONPOLYNÉSIE FRANÇAISE SAINT-BARTHÉLEMY WALLIS ET FUTUNA SAINT-MARTIN NOUVELLE-CALÉDONIE LA RÉUNION PROTECTION DES RÉCIFS Pourcentage de récifs protégés Pourcentage de protection forte Surface non protégée Pr ot ec tio n PROTECTION DES RÉCIFS CORALLIENS DES OUTRE-MER (OFB, 2019) Protections fortes : coeur de parcs et réserves naturelles nationales marines ; pour la Nouvelle-Calédonie : réserves naturelles intégrales, dont saisonnières, et réserves naturelles ; Clipperton : aire de protection de biotope PROTECTION (OFB) Guadeloupe Saint- Barthélemy Saint-Martin Martinique La Réunion Mayotte Iles Éparses Polynésie française Nouvelle- Calédonie Wallis et Futuna Clipperton Nombre d?AMP 7 1 1 18 1 9 2 14 24 0 1 71 % 11RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS / 2020 - État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français / IFRECOR La dynamique naturelle des communautés coralliennes est intimement liée aux conditions environnementales dans lesquelles elles se développent. Ces conditions sont influencées : ? par les pressions anthropiques (pollutions, pêche, aménagements) qui, de manière chronique et sur le long terme, induisent des modifications de la qualité des eaux conduisant à des transformations lentes mais continues des communautés ; ? par les évènements extrêmes (hausse anormale de la température, cyclones, fortes houles), et autres perturbations (infestations d?Acanthaster planci, espèces exotiques envahissantes, maladies coralliennes), souvent beaucoup plus soudains, qui entraînent de brusques réductions de la couverture corallienne, affectant davantage certains types de coraux. C?est le cas des coraux branchus, particulièrement sensibles qui, contrairement aux coraux plus massifs, offrent de nombreux habitats et dont la disparition impacte la faune récifale qui y trouve refuge. La diminution de la couverture corallienne s?accompagne souvent d?une augmentation de la couverture algale (phénomène de « coral-algal phase shifts »), dont le développement est favorisé par l?enrichissement du milieu en polluants et nutriments et par la réduction des populations d?herbivores qui assurent leur régulation, tels que les oursins aux Antilles ou les poissons perroquets à La Réunion.Et at de s r éc ifs Activités humaines Cyclone Acanthaster Epizooties Coulée de boue Acanthaster Blanchissement Cyclone Blanchissement Blanchissement Maladies Ré sil ie nc e Ré sil ie nc e Impact des activités humaines + évènements extrêmes de plus en plus fréquents = Tendance globale à la décroissance Dynamique d?évolution des récifs coralliens dans le temps Années État de santé Les algues à croissance rapide entrent en compétition pour l?espace avec les coraux, limitant leur expansion. Elles empêchent également les possibilités d?installation des larves de coraux, celles-ci ne pouvant se fixer que sur des substrats durs. Les épisodes de dégradation brutale peuvent être suivis d?une reprise de la couverture corallienne plus ou moins rapide selon l?état initial du récif, les pressions auxquelles il est soumis, et donc sa capacité de résilience face aux perturbations. Mais ces épisodes de plus en plus fréquents affaiblissent progressivement les récifs qui n?ont pas le temps de récupérer entre deux évènements, conduisant à des états écologiques différents. Si la dégradation des communautés coralliennes est immédiatement visible, l?effet sur les peuplements biologiques qu?elles abritent (poissons, invertébrés) peut survenir de manière différée (mois, voire années). Sur le long terme, l?ensemble de ces perturbations conduit, par des effets en cascade, à des modifications en profondeur des paysages récifaux. Dynamique d?évolution des récifs coralliens dans le temps, notamment du recouvrement corallien, sous les impacts cumulés des activités humaines et des évènements extrêmes © Gaby Barathieu Les rapports internationaux sur l?avenir des récifs à l?échelle mondiale : Rapports de la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES, 2019) et du Groupe d?experts intergouvernemental sur l?évolution du climat (IPCC, 2019). ? Près d?un tiers des coraux qui constituent les récifs sont actuellement menacés. ? Les récifs coralliens sont particulièrement vulnérables aux changements climatiques (réchauffement des eaux ; acidification), or il est prévu que la fréquence des événements extrêmes de réchauffement augmente, avec un temps de récupération plus court entre deux événements. ? Une grande partie des récifs coralliens tropicaux va subir un recul notable de leur couverture corallienne et connaître des extinctions locales en conséquence d?épisodes de blanchissement massif : déclin de 70 à 90 % si le réchauffement est de 1,5°C, et de plus de 99 % s?il est de 2°C. ? Les récifs construits par les coraux restants devraient être différents des récifs actuels par leur composition et leur diversité. ? Le déclin des récifs compromettra fortement les services qu?ils procurent aux sociétés humaines, tels que l?apport de nourriture, la protection des côtes et le tourisme. ? Les risques accrus qui pèsent sur la sécurité alimentaire liée aux produits de la mer, combinés à la baisse des ressources halieutiques, mettront davantage en péril la santé nutritionnelle de certaines populations fortement dépendantes des ressources marines, par exemple dans les petits États insulaires en développement. © Matt Curnock ÉTAT DES RÉCIFS Dynamique des récifs coralliens dans le monde 12 13IFRECOR / État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français - 2020 / RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS / 2020 - État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français / IFRECOR L?état des récifs coralliens a été évalué selon trois échelles temporelles: ? l?état actuel (sur la base des données les plus récentes, le plus souvent de 2019) ; ? l?évolution de cet état depuis le dernier bilan de l?état de santé de 2015 ; ? l?évolution sur le long terme des recouvrements coralliens et algaux et des peuplements de poissons récifaux depuis le début des suivis dans les territoires. PACIFIQUE ET ÎLES ÉPARSES: DES CONDITIONS GÉNÉRALEMENT BONNES En 2020, la majorité (70 %) des récifs inventoriés sur l?ensemble de ces territoires sont en bon état (classes 1 ou 2). Dans la plupart des îles Éparses (sauf Juan de Nova), les taux de recouvrement corallien sont bons, parfois très élevés notamment sur les pentes externes(plus de 80 % à Europa). En Nouvelle-Calédonie, 75 % des zones étudiées sont dans un état « bon à satisfaisant » selon la classification utilisée sur ce territoire (classe 1 ou classe 2), 50 % en Polynésie. À Wallis-et-Futuna, les secteurs abrités des cyclones sont préservés. Dans ces territoires, les peuplements ichtyologiques se maintiennent avec des biomasses et des diversités parfois exceptionnelles. Cependant, les situations peuvent être très contrastées, au sein d?un même territoire, avec localement des récifs très dégradés, en classe 4. C?est le cas par exemple à Juan de Nova, où le recouvrement corallien atteint seulement 9 % en 2019, en raison d?épisodes de blanchissement ou des secteurs sous l?influence des cyclones à Wallis. Les limites de l?exercice ? La représentativité des résultats est en partie (mais pas uniquement) fonction du nombre de stations par rapport à la surface et à la diversité de situation des récifs. Celle-ci est très variable : avec, par exemple, 14 stations pour 16 200 km² de récifs et 120 îles en Polynésie française, contre 14 stations pour 18,2 km² de récifs à La Réunion, les écarts sont très importants. ? L?état de référence, auquel la situation actuelle et son évolution sont comparées, est variable selon les collectivités. ? Les objectifs diffèrent entre les réseaux de suivi. ? Les disparités, entre les territoires, de méthodes, de durée des séries temporelles, ou encore d?indicateurs d?état des récifs, rendent difficile l?établissement d?un diagnostic global. Les résultats ne sont donc représentatifs que de l?échantillonnage des stations suivies, selon un état de référence propre à chaque région, voire collectivité. État des récifs des outre-mer français L?état de santé/écologique actuel des récifs français a été évalué en quatre classes. Selon les collectivités, les critères employés pour évaluer les états de santé diffèrent, mais pour chacun des territoires, ces classes caractérisent les conditions suivantes : ? classe 1: des conditions optimales, avec des taux de recouvrement corallien généralement élevés et des récifs en très bon état de santé ; ? classe 2 : de bonnes conditions, avec des impacts légers, par exemple quelques signes de nécroses coralliennes, une faible présence de macroalgues et de bons taux de recouvrement corallien ; ? classe 3 : des conditions dégradées, avec un milieu modérément à très impacté, de nombreux coraux nécrosés, une dominance de macroalgues et/ou un fort envasement et des taux de recouvrement corallien réduits ; ? classe 4: des conditions très dégradées, avec un milieu très fortement impacté (océan Indien), une majorité de coraux morts et des fonds recouverts de macroalgues et/ou entièrement envasés (Antilles), de très faibles taux de recouvrement corallien. Classe d?état de santé Antilles françaises Mayotte et La Réunion Iles Éparses Nouvelle-Calédonie et Wallis et Futuna Polynésie française 1 Les coraux ne présentent pratiquement pas de signes de nécrose et le peuplement végétal est consitué par un gazon algal Conditions naturelles hors d'impact Conditions pristines Taux de recouvrement corallien compris entre 41 et 100 % Bon état : les valeurs atteintes par toutes les variables indicatrices de la santé des récifs sont optimales vis-à-vis du type de récif inventorié. Couverture corallienne = 76-100 % 2 Les coraux ont peu de signes de nécrose, quelques macroalgues se développent et/ou des signes discrets d'envasement des fonds apparaissent Proche des conditions naturelles, impact très léger Proche des conditions pristines Taux de recouvrement corallien compris entre 31 et 40 % Etat satisfaisant : une des variables indicatrices de la santé des récifs n?est pas optimale vis-à-vis du type de récif inventorié. Couverture corallienne = 31-75 % 3 De nombreux coraux sont plus ou moins nécrosés, le peuplement algal est dominé par des macroalgues et/ou un envasement important des fonds est observable. Milieu modérément à très impacté Milieu modérément dégradé Taux de recouvrement corallien compris entre 21 et 30 % Etat moyen : deux des variables indicatrices de la santé des récifs ne sont pas optimales vis-à-vis du type de récif inventorié. Couverture corallienne = 11-30 % 4 La majorité des coraux sont morts et ceux-ci, ainsi que le reste des fonds, sont envahis par des macroalgues et/ou entièrement envasés. Milieu très fortement impacté, ou situation quasi-irreversible à moyen terme Milieu fortement dégradé Taux de recouvrement corallien compris entre 0 et 20 % Mauvais état : les valeurs atteintes par toutes les variables indicatrices de la santé des récifs ne sont pas optimales vis-à-vis du type de récif inventorié. Couverture corallienne = 0-10 % © Y. Bouchon Navaro © Julien Wickel État trés dégradé 4 État dégradé 3 Bon état 2 État optimal 1 État trés dégradé 4 État dégradé 3 Bon état 2 État optimal 1 État trés dégradé4 État dégradé3 Bon état2 État optimal1 État trés dégradé 4 État dégradé 3 Bon état 2 État optim al 1 La dynamique des récifs des outre-mer suit généralement les tendances évolutives classiques des récifs dans le monde (cf. schéma page précédente) : stabilité - mortalité après perturbation ? résilience plus ou moins importante. Toutefois, l?état de santé des récifs varie fortement entre les régions, les territoires, et au sein d?un même territoire. Sous réserve des limites méthodologiques (cf. encadré), on distinguede façon globale : ? les territoires étendus, à faible démographie ou inhabités, avec des zones côtières soumises à des pressions faibles ou modérées, où les récifs sont plutôt préservés : dans le Pacifique (Nouvelle-Calédonie, Wallis-et-Futuna, Polynésie française ? hors archipel de la Société ?), et dans les îles Éparses(Europa, Tromelin) ; ? des territoires plus réduits, soumis à une forte pression démographique et très anthropisés, où la majorité des récifs sont plutôt dégradés: dans les Antilles françaises et dans l?océan Indien (Mayotte, La Réunion). 47 stations 129 stations Pourcentages de stations par classe d?état de santé Antilles françaises Pourcentages de stations par classe d?état de santé Pourcentages de stations par classe d?état de santé 1 (optimal) - 2 (bon) - 3 (dégradé) - 4 (trés dégradé) 51 stations Pourcentages de stations par classe d?état de santé Océan Indien 107 stations Pourcentages de stations par classe d?état de santé Pacifique État actuel des récifs (Pacifique et îles Éparses) 76 stations État actuel des récifs (Antilles, Mayotte, La Réunion) 29 % optimal 24 % bon 6 % trés dégradé 41 % dégradé 30 % optimal 39 % bon 8 % trés dégradé 23 % dégradé 3 % optimal 35 % bon 4 % trés dégradé 58 % dégradé 36 % optimal 34 % bon 9 % trés dégradé 21 % dégradé 4 % optimal 36 % bon 7 % trés dégradé 53 % dégradé 14 15IFRECOR / État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français - 2020 / RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS / 2020 - État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français / IFRECOR naturellement plus réduits (10-20 %) dans les îles du Nord (Saint-Martin et Saint-Barthélemy). Partout, le recouvrement en macroalgues ou en assemblages algaux est important. Dans ces territoires, les abondances et biomasses des peuplements de poissons associés aux récifs sont généralement faibles; on constate notamment une diminution inquiétante de la richesse spécifique à Mayotte, conséquence probable du dernier épisode de blanchissement majeur en 2016. Depuis 2015 Depuis le dernier bilan (en 2015), la tendance est à la stabilité sur ces territoires. Bien que quelques sites montrent une amélioration (10 %), la majorité des récifs inventoriés est restée stable (57 %) ou s?est dégradée (33 %) depuis le dernier bilan. Depuis le dernier bilan en 2015 : 10 % des stations présentent une amélioration 57 % sont restées stables 33 % se sont dégradées Tendances sur le long terme Sur le long terme, les trajectoires de ces récifs vont, dans l?ensemble, dans le sens d?une dégradation. ? Antilles françaises : on observe une dégradation importante des récifs de la région dès le début des années 1970 (maladies, surpêche, blanchissements), avec un remplacement progressif des coraux par les macroalgues. Cette tendance se poursuit jusqu?à aujourd?hui, malgré des disparités locales et quelques sites qui présentent encore des caractéristiques exceptionnelles pour la région, comme Caye d?Olbian, situé dans le sud de la Martinique (57 % de couverture corallienne en 2019). Les peuplements de poissons ont été soumis à une forte pression de pêche et les classes de tailles sont réduites, avec des abondances et des biomasses relativement faibles. On observe notamment un déclin significatif dans la baie de Grand Cul- de-sac Marin, en Guadeloupe. Toutefois, à Saint-Martin et Saint-Barthélemy, les réserves naturelles marines ont un effet positif sur les les poissons herbivores. ? La Réunion: on observe une perte de couverture corallienne, au profit des gazons algaux qui entrent en compétition avec les coraux et limitent les possibilités de leur recrutement. Depuis 2002, la diminution de la biomasse globale de poissons est de 80 %. Elle se maintient à un niveau globalement bas, avec un déséquilibre des catégories de haut niveau trophique. ? Mayotte : malgré des zones encore bien vivantes et résilientessur les récifs interne et barrière, le recouvrement corallien est globalement en diminution. Les niveaux généraux des peuplements de poissons (diversité, densité et biomasse totale) sont à la baisse depuis le début des suivis. Depuis 2015 Depuis le dernier bilan de l?état de santé des récifs coralliens (en 2015), la tendance est à la stabilité pour les états de santé sur ces territoires. En Nouvelle-Calédonie et en Polynésie française (dans les archipels autres que la Société), 69 % des récifs inventoriés sont stables, 16 % présentent une amélioration et seuls 15 % se dégradent. Dans l?archipel de la Société, la tendance à l?augmentation globale du recouvrement corallien sur la période 2015-2019 a été suivie d?une rupture entre 2019 et 2020 due à un blanchissement massif ayant affecté tous les sites de cet archipel courant 2019. L?évolution des états de santé depuis le dernier bilan n?a pas pu être évaluée pour les îles Éparses (données non disponibles) et Wallis et Futuna (suivis trop récents). Depuis le dernier bilan en 2015 : 16 % des stations présentent une amélioration 69 % sont restées stables 15 % se sont dégradées Tendances sur le long terme Sur le long terme également, les récifs de ces territoires sont globalement stables et montrent pour le moment une bonne résilience après des évènements extrêmes. ? Nouvelle-Calédonie : malgré la dégradation localisée de certains récifs de la Grande-Terre, particulièrement ceux côtiers de la côte est, la tendance générale de l?état de santé des récifs est à la stabilité, avec une bonne résilience. Les populations de poissons récifaux sont plutôt stables et localement exceptionnelles. ? Polynésie française : compte tenu de l?étendue particulièrement importante de la Polynésie en latitude et en longitude, l?état des récifs est naturellement variable selon les archipels. Les évolutions sur le long terme sont donc variables elles aussi, et très fortement dépendantes des événements. Les récifs des îles de la Société présentent sur les 15 dernières années des variations très fortes à la suite de perturbations (Acanthaster, blanchissement, parfois cyclone), avec de fortes dégradations suivies d?une remarquable résilience. Mais la composition des communautés coralliennes a beaucoup changé (fort déclin des Acropora). Dans les îles des autres archipels, les récifs, qui n?ont pas subi de perturbation majeure dans les 10 dernières années, sont en relative stabilité. La biomasse totale de poissons, en revanche, décroît sur les 10 dernières années. ? À Wallis et Futuna, les tendances sont variables selon l?exposition aux cyclones et aux vents dominants. Les récifs exposés ont subi des pertes coralliennes importantes, tandis que les récifs abrités sont soit stables (Futuna), soit en nette progression corallienne au cours du temps (Alofi et Wallis). ? Îles Éparses: le bon état de santé actuel traduit pour l?instant une bonne résilience des récifs, même si l?augmentation de la fréquence des événements de blanchissement sur les îles situées dans le nord du Canal Mozambique, suggère une trajectoire potentiellement en déclin. L?évolution des biomasses de poissons est généralement en augmentation sur les pentes externes, stable ou en diminution à Juan de Nova et aux Glorieuses. ANTILLES FRANÇAISES ET OCÉAN INDIEN (HORS ÎLES ÉPARSES): DES SITUATIONS PLUS PRÉOCCUPANTES En 2020, la majorité (62 %) des récifs inventoriés sur ces territoires sont dégradés (classes 3 ou 4). Selon les territoires et la classification utilisée, ces récifs sont caractérisés par des milieux modérément à très impactés (classification océan Indien), avec des coraux plus ou moins nécrosés, des peuplements algaux dominés par les macroalgues et/ou des fonds envasés (classification Antilles). À Mayotte et à La Réunion, les recouvrements coralliens sont de l?ordre de 20 à 30 %, même s?ils peuvent localement atteindre 70 % à Mayotte par exemple. Aux Antilles, ils sont également relativement faibles, avec 20 à 45 % en Guadeloupe et en Martinique (mais peuvent localement atteindre jusqu?à 57 %, ce qui est exceptionnel pour la zone) ; ils sont 0 20 40 60 80 1999 2002 2005 2008 2011 2014 20172019 Corail vivant Assemblages algaux La Réunion - Pente ExterneLA RÉUNION / PENTES EXTERNES Évolutions moyennes des recouvrements en corail vivant (bleu) et en algues (vert) sur 20 ans. St-Barthélemy : suivis GCRMN, Reef Check, AMP. La Réunion : suivis GCRMN, pente externes. 0 10 20 30 40 50 2002 2005 2008 2011 2014 2017 2020 Corail vivant Macroalgues Saint Barthelemy _ GCRMN AMP RCSAINT-BARTHÉLEMY Nouvelle-Calédonie : données temporelles de recouvrement corallien (en %) extension du réseau de suivi RORC dans le temps, KNS à partir de 2013, tous récifs barrières confondus donc masquant les évolutions à l?échelle des unités géormophologiques - côtier, lagon, barrière. 0 20 40 60 2004 2007 2010 2013 2016 20192019 Corail vivant Macroalgues Nouvelle Calédonie - Barrière - RORC KNS NOUVELLE-CALÉDONIE / RÉCIFS BARRIÈRES - RORC KNS Polynésie française : évolutions moyennes sur 25 ans (de 1993 à 2019), des recouvrements en coraux vivants (Archipel de La Société). ÎLES DE L?ARCHIPEL DE LA SOCIÉTÉ 0 2 4 6 8 1993 1996 1999 2002 2005 2008 2011 2014 2017 2019 Nombre de stations 0 5 10 15 1993 1996 1999 2002 2005 2008 2011 2014 2017 2019 Porites (%) 0 10 20 30 40 Pocillopora (%) 0 20 40 60 Recouvrement corallien (%) 0 5 10 15 20 Acropora (%) 0 10 20 0 2 4 6 8 10 12 1993 1996 1999 2002 2005 2008 2011 2014 2017 2019 Nombre de stations 0 20 40 60 0 10 20 30 40 0 5 10 15 1993 1996 1999 2002 2005 2008 2011 2014 2017 2019 Porites (%) Pocillopora (%) Recouvrement corallien (%) Acropora (%) Porites (%) Pocillopora (%) Recouvrement corallien (%) Acropora (%) 0 2 4 6 1994 1997 2000 2003 2006 2009 2012 2015 2018 2019 Nombre de stations 0 20 40 0 10 20 0 10 20 30 0.0 2.5 5.0 7.5 10.0 1994 1997 2000 2003 2006 2009 2012 2015 2018 2019 0 2 4 6 8 1993 1996 1999 2002 2005 2008 2011 2014 2017 2019 Nombre de stations 0 5 10 15 1993 1996 1999 2002 2005 2008 2011 2014 2017 2019 Porites (%) 0 10 20 30 40 Pocillopora (%) 0 20 40 60 Recouvrement corallien (%) 0 5 10 15 20 Acropora (%) 0 10 20 0 2 4 6 8 10 12 1993 1996 1999 2002 2005 2008 2011 2014 2017 2019 Nombre de stations 0 20 40 60 0 10 20 30 40 0 5 10 15 1993 1996 1999 2002 2005 2008 2011 2014 2017 2019 Porites (%) Pocillopora (%) Recouvrement corallien (%) Acropora (%) Porites (%) Pocillopora (%) Recouvrement corallien (%) Acropora (%) 0 2 4 6 1994 1997 2000 2003 2006 2009 2012 2015 2018 2019 Nombre de stations 0 20 40 0 10 20 0 10 20 30 0.0 2.5 5.0 7.5 10.0 1994 1997 2000 2003 2006 2009 2012 2015 2018 2019 47 stations 129 stations Pourcentages de stations par classe d?état de santé Antilles françaises Pourcentages de stations par classe d?état de santé Pourcentages de stations par classe d?état de santé 1 (optimal) - 2 (bon) - 3 (dégradé) - 4 (trés dégradé) 51 stations Pourcentages de stations par classe d?état de santé Océan Indien 107 stations Pourcentages de stations par classe d?état de santé Pacifique État actuel des récifs (Pacifique et îles Éparses) 76 stations État actuel des récifs (Antilles, Mayotte, La Réunion) 29 % optimal 24 % bon 6 % trés dégradé 41 % dégradé 30 % optimal 39 % bon 8 % trés dégradé 23 % dégradé 3 % optimal 35 % bon 4 % trés dégradé 58 % dégradé 36 % optimal 34 % bon 9 % trés dégradé 21 % dégradé 4 % optimal 36 % bon 7 % trés dégradé 53 % dégradé Une vigilance particulière doit être accordée à ces récifs, qui pourraient encore se régénérer si des mesures sont prises pour inverser la tendance, ou continuer à se dégrader dans le cas contraire. Recouvrement corallien (%) Saint-Martin © Laurent Juhel 16 17IFRECOR / État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français - 2020 / RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS / 2020 - État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français / IFRECOR DES RÉSILIENCE REMARQUABLES De nombreux exemples de résilience1 des récifs ont été observés, avec un recouvrement corallien récupéré au bout de quelques années, à la suite d?une destruction massive. Nouvelle-Calédonie et le cyclone Erica (2003) En mars 2003, le passage du cyclone Erica a impacté un grand nombre de récifs. Aujourd?hui, les trois réseaux de suivi historiques considérés dans ce rapport démontrent une récupération des peuplements coralliens en une décennie : pour les récifs lagonaires et barrière de KNS, pour les récifs du lagon du Grand Nouméa, et pour les récifs du RORC Grande- Terre. Le suivi du lagon du Grand Nouméa indique que l?ichtyofaune, le macrobenthos et l?habitat avaient retrouvé dès 2014 un état comparable à celui précédant le cyclone Erica (2003). Nouvelle-Calédonie et les impacts de la mine Si, en mettant les sols à nu, l?activité minière contribue à la dynamique des apports sédimentaires vers le lagon, les suivis en place par les miniers ne mettent pas en évidence d?impacts aigus de l?activité. Il est possible que les coraux des récifs sous l?impact de ces mines se soient adaptés et présentent une certaine résilience dans le contexte d?influence terrigène chronique. Polynésie française, les Acanthaster et le cyclone Oli En 2010, les îles de la Société ont été touchées par une explosion d?acanthasters, suivie du cyclone Oli, réduisant drastiquement la couverture corallienne ; à Tahiti et Moorea, les couvertures coralliennes des récifs suivis ont fortement baissé, passant de 30-40 % à moins de 5 %. En 2019 (avant le blanchissement), soit presque 10 ans après, le recouvrement en corail vivant présentait des valeurs parmi les plus hautes jamais atteintes depuis le début des suivis (1992). Mayotte et les blanchissements coralliens successifs : huit ans après le blanchissement de 2010 qui avait entraîné une forte mortalité, les récifs de la passe en S présentent à nouveau un bon état de santé ; ils ont également bien résisté au blanchissement de 2016. Le récif de la Surprise a aussi été très affecté par le blanchissement de 2016, mais ce récif a toujours montré de fortes capacités de régénération suite aux mortalités passées. C?est également vrai pour les peuplements de poissons : 10 ans après l?épisode de blanchissement planétaire de 1998, les populations avaient retrouvé des niveaux d?abondance et de biomasse similaires à ceux pré- événement. DES EFFETS RÉSERVES AVÉRÉS Nouvelle-Calédonie: lagon du Grand Nouméa Les effets des AMP du lagon Grand Nouméa, mises en place depuis 1990, ont pu être démontrés par des niveaux de populations de poissons commerciaux (richesse, densité et biomasse) supérieurs en leur sein à ceux des zones non protégées, particulièrement pour les deux espèces les plus ciblées par la pêche : le dawa (Naso unicornis) et la saumonée (Plectropomus leopardus). La Réunion: réserve naturelle nationale marine (RNMR) L?effet réserve ne se fait pas sentir sur les communautés benthiques (sauf localement dans le sanctuaire de pente externe de La Saline), mais pour les poissons, l?impact de la protection est avéré: ? sur les pentes externes des sanctuaires, notamment sur les récifs de La Saline et de Saint-Leu, avec une augmentation de la biomasse des espèces d?intérêt commercial (67 %) et en particulier du mérou Variola Louti ; ? sur les platiers, en zones non pêchées, avec une augmentation significative de densités et de biomasse pour le mérou Epinephelus merra, avec un potentiel effet de débordement (spillover). Saint-Barthélemy et Saint-Martin : réserves naturelles nationales Un effet positif des réserves marines est constaté sur les peuplements de poissons : ? les résultats des suivis du réseau AMP montrent pour Saint-Barthélemy une abondance totale (pour les espèces cibles considérées) supérieure dans la station en réserve et pour Saint-Martin des biomasses en herbivores plus élevées en réserve ; ? les suivis GCRMN, quant à eux, montrent que les biomasses des poissons herbivores et carnivores sont en moyenne plus élevées en réserve. La biodiversité totale est stable au cours du temps, ce qui traduit une grande résilience des peuplements de poissons. État du récif de Moorea (Tiahura) en 2010 après infestation d?Acanthaster et cyclone Oli © Chancerelle Y./CRIOBE/SNO Corail État du récif de Moorea (Tiahura) en 2015 en phase de résilience © Chancerelle Y./CRIOBE/SNO Corail État du récif de Moorea (Tiahura) en 2019 pendant le blanchissement © Chancerelle Y./CRIOBE/SNO Corail1- Résilience : capacité du récif à se régénérer après une destruction. Cette régénération peut être plus ou moins rapide selon les conditions environnementales, la zone du récif, etc. 18 19IFRECOR / État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français - 2020 / RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS / 2020 - État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français / IFRECOR Tendances long terme : dégradation ? Situation très contrastée selon les zones ? Dynamique corallienne principalement régie par des phénomènes régionaux : brusques dégradations des récifs (mortalité corallienne de 25 % par exemple après le blanchissement de 2016), suivies de reprises variables ? Peuplements de poissons globalement à la baisse depuis le début du suivi ? Signes de pression forts sur certaines espèces commerciales ? Impact significatif du blanchissement corallien sur la richesse spécifique des poissons 15 stations 60 % dégradé 40 % bon Depuis 2015 14 % 43 % 43 % MAYOTTE - Surface récifs : 1 406 km2 État actuel Tendances long terme : dégradation ? Diminution moyenne du recouvrement corallien de 17 % sur les platiers et 43 % sur les pentes ? Pentes externes : modification de la composition des communautés, perte très rapide de richesse spécifique et de possibilités d'habitats pour la faune ? Augmentation du recouvrement en algues ? Platier : Diminution de la biomasse des herbivores (Naso spp.) ; faiblesse (densité et biomasse) des carnivores-piscivores ? Pentes externes : 80% de diminution de la biomasse globale sur les pentes externes ; déséquilibre des hauts niveaux trophiques 14 stations 71 % dégradé 29 % bon Depuis 2015 8 % 69 % 23 % LA RÉUNION - Surface récifs : 18 km2 État actuel Tendances long terme : stabilité ? Tendance générale à la stabilité, particulièrement pour les récifs de la Grande-Terre sous influence océanique et les îles Loyauté ? Dégradations sévères et localisées depuis 2012, sur la Grande Terre uniquement ? Régénération de certains récifs en cours ? Bonne résilience, globalement Résultats des suivis miniers et patrimoine mondial : ? Stabilité à l?échelle du territoire, structuration fonctionnelle des peuplements préservée ? Perturbations locales concomitantes avec celles des habitats ? Peuplements localement exceptionnels 81 stations 9 % trés dégradé 15 % dégradé 37 % bon 39 % optimal Depuis 2015 7 % 75 % 18 % NOUVELLE-CALÉDONIE - Surface récifs : 35 873 km2 État actuel Tendances long terme : variable selon exposition ? Dynamique de la couverture corallienne des pentes externes principalement régie par les cyclone : les côtes abritées abritent davantage de corail vivant, stable (Futuna) ou en progression (Alofi et Wallis) ? Suivi trop irrégulier pour conclure sur l?évolution des communautés de poissons ? Peuplements variés, plus denses et de plus grosse taille à Wallis qu?à Futuna et Alofi. ? Signes de pression sur les stocks de poissons (rareté des poissons commerciaux et des prédateurs de grande taille) 12 stations8 % trés dégradé 25 % dégradé 17 % optimal 50 % bon Depuis 2015 - % - % - % WALLIS ET FUTUNA - Surface récifs : 932 km2 État actuel Tendances long terme : ? Évolution des recouvrements coralliens et algaux depuis le début des suivis ? Évolution des peuplements de poissons récifaux depuis le début des suivis État évalué à partir des dernières données disponibles (2018 à 2020, selon les territoires). Pourcentage de station par classe d?état de santé (sauf pour IE : pourcentage par classes de recouvrement corallien) Nbr. de stations% état trés dégradé % état dégradé % état optimal % bon état Depuis 2015 Pourcentage de l?évolution de l?état de santé des stations depuis 2015 % en hausse % stable % en dégradation État actuel Tendances long terme : fortes variations selon les épisodes ? Hétérogénéité spatiale (entre archipels) et temporelle ? Sur les pentes externes, alternance de phases d?accroissement, de déclin rapide et de résilience plus ou moins forte, principalement en lien avec des évènements naturels (Acanthaster, blanchissement) ? Importante modification de la structure des communautés coralliennes suite à la réduction des formes branchues après les destructions des récifs de la Société en 2010 ? Décroissance des biomasses totale de poissons 14 stations 43 % dégradé 57 % bon Depuis 2015 69 % 31 % 0 % POLYNÉSIE FRANÇAISE - Surface récifs : 16 200 km2 État actuel Tendances long terme : stabilité ? Situation variable selon les iles ? Épargnés des pressions anthropiques directes, états dits «pristine» : pour Europa, plusieurs zones des Glorieuses et Tromelin. Juan de Nova, plus impacté présente un état de santé moyen à dégradé Recouvrement moyen de corail vivant : 40 à 60 % (jusqu?à 80 % à Europa) ? Relative stabilité en termes de richesse spécifique ? Biomasses de poissons généralement stables sur les pentes externes, ou en diminution à Juan de Nova et aux Glorieuses ? Biomasse totale localement exceptionnelle (Europa) 22 stations 9 % dégradé 14 % dégradé 9 % bon 68 % optimal Depuis 2015 - % - % - % ILES ÉPARSES (TAAF) - Surface récifs : 794 km2 État actuel Tendances long terme : stabilité ? Alternance de phases de déclin/reprise du recouvrement corallien, plus élevé en réserve. ? Relative stabilité des peuplements coralliens du réseau GCRMN ? Pas de tendance pour l?abondance des espèces cibles mais tendance à l?augmentation des biomasses depuis 2012. Effet réserve avec des biomasses supérieures en réserve ( jusqu?à 4 fois plus) 4 stations 50 % dégradé 50 % bon Depuis 2015 0 % 25 % 75 % SAINT-BARTHÉLEMY - Surface récifs : 14 km2 État actuel Tendances long terme : dégradation ? Diminution de la couverture corallienne, sauf sur la côte sous le vent où les recouvrements sont stables ? Couverture en macroalgues : stable mais élevée dans la baie de Grand cul-de-sac Marin ; en augmentation sur la côte au vent ? Augmentation des abondances et biomasses des espèces cibles sur la côte sous le vent. ? Pas de tendance ou déclin pour les autres secteurs 23 stations 70 % dégradé 30 % bon Depuis 2015 4 % 52 % 43 % GUADELOUPE - Surface récifs : 289 km2 État actuel Tendances long terme : dégradation ? Habitat récifal en régression sur le long terme, mais récente stabilité relative ? Fluctuations des peuplements, mais tendance moyenne relativement stable ? Valeurs de biomasse et d?abondance faibles ? Classes de tailles réduites 14 stations27 % dégradé 13 % dégradé 47 % bon 13 % bon Depuis 2015 20 % 80 % 0 % MARTINIQUE - Surface récifs : 473 km2 État actuel Tendances long terme : dégradation ? Dégradation des récifs depuis le début des suivis (déclin du recouvrement en corail et du recrutement corallien). Mais lente progression des recouvrements en corail depuis 2015. ? Effet réserve, avec des biomasses moyennes d?herbivores plus élevées en réserve 5 stations 60 % dégradé 20 % trés dégradé 20 % bon Depuis 2015 0 % 50 % 50 % SAINT-MARTIN - Surface récifs : 19 km2 État actuel (données non disponibles) (absence de données en 2015) Légende 21RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS / 2020 - État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français / IFRECOR Dans le monde, une espèce de phanérogame marine sur cinq est désormais répertoriée comme étant en danger, vulnérable, presque menacée ou présentant un risque accru d?extinction dans la liste de rouge de l?UICN. Près de 30 % des herbiers marins du globe ont d?ores et déjà disparu depuis la fin du XIXème siècle. Parmi les espèces de phanérogames marines inventoriées dans les territoires ultramarins, deux sont inscrites dans la catégorie « vulnérable » de la Liste rouge des espèces menacées d?extinction de l?UICN et montrent des tendances globales au déclin (d?Halophila bailonni et Zostera capensis). He rb ie rs ÉTAT DES HERBIERS © Fanny Kerninon L?état de santé des mangroves françaises est variable selon les territoires: ? bonne santé pour les mangroves de Guyane, Europa, Juan de Nova et Wallis, et la plus grande partie des mangroves de Nouvelle-Calédonie; ? des pressions qui affectent leur état de santé pour les mangroves de Martinique et de Guadeloupe et certaines mangroves de Nouvelle-Calédonie (principalement aux abords de Nouméa); ? conditions dégradées pour les mangroves de Mayotte, de Saint-Martin et de Saint-Barthélemy ; ? en Polynésie française, la mangrove a été introduite ; il n?est pas question de statuer sur son état de santé. M an gr ov es ÉTAT DES MANGROVES © Florent Bignon Saint-Martin Saint-Barthélemy Guadeloupe Martinique Guyane Europa Juan de Nova Mayotte Nouvelle-Calédonie Wallis Etat général des mangroves à l?échelle du territoire = Trés mauvais état = Mauvais état = État moyen = Bon état = Trés bon état Site en bon état © Fanny Kerninon Site en mauvais état © Fanny Kerninon Les tendances évolutives, encore difficiles à établir en raison d?une grande hétérogénéité du réseau de stations et des indicateurs utilisés, sont variables selon les territoires : ? Pacifique : stabilité des herbiers malgré quelques perturbations proches des centres urbains. ? Antilles : modification progressive de la composition spécifique des herbiers et déclin de leur densité, notamment les herbiers à Thalassia testudinum à haut potentiel fonctionnel; invasion par la phanérogame marine Halophila. stipulacea. ? Océan indien : à l?exception des îles Éparses où ils sont stables, ils déclinent à La Réunion mais surtout à Mayotte, où la disparition rapide des grands herbiers denses à Thalassodendron ciliatum est alarmante. - + 23RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS / 2020 - État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français / IFRECOR Les écosystèmes marins des territoires ultramarins sont soumis à des pressions locales et régionales. À L? ÉCHELLE LOCALE Les pressions locales sont liées aux aux activités humaines, sur les bassins versants (agriculture, mines, urbanisation, etc.) et en zone côtière (aménagements côtier), ou sur le milieu marin (plaisance, transport maritime, ?). L?intensité des pratiques a beaucoup évolué avec l?augmentation des populations et le changement de style de vie : les zones côtières constituent les régions les plus densément peuplées du monde et la pression démographique est forte sur plusieurs territoires (Mayotte, La Réunion, Antilles). Les pressions induites par ces activités ont un impact plus ou moins marqué sur les écosystèmes côtiers, selon la sensibilité des habitats, leur distance à la source de la pression, l?intensité et la fréquence de la pression. L?urbanisation littorale, qui imperméabilise les sols et favorise le ruissellement, les développements agricoles, les mines, les feux parfois dévastateurs, qui érodent les sols, ont conduit à une augmentation des apports en sédiments, nutriments et polluants dans les eaux côtières. Ces apports ont considérablement altéré les conditions environnementales des écosystèmes marins adjacents, notamment dans les territoires les plus densément peuplés. Dans les îles les moins peuplées, ces pressions sont généralement plus localisées. Les types et la gravité des effets induits sont variables : destruction des habitats, perte de fonctionnalité des écosystèmes, réduction de la calcification des récifs (donc de leur croissance) modification de la structure des communautés, forte réduction de la richesse en espèces, etc. Les impacts affectent la reproduction, le recrutement et la survie des espèces, notamment au stade larvaire, particulièrement fragile. À L? ÉCHELLE GLOBALE ET RÉGIONALE Les pressions à l?échelle globale sont induites par des évènements naturels (cyclones, augmentation de la température des océans), accentués par le changement climatique (augmentation de la fréquence et de l?intensité de ces évènements, acidification, modification du régime des précipitations, montée du niveau de la mer) (GIEC, 2013). S?y ajoutent d?autres pressions probablement renforcées à la fois par le changement climatique et par les activités humaines locales : explosions de populations d?Acanthaster et de Drupella (des prédateurs de coraux), maladies coralliennes, espèces exotiques envahissantes, comme le poisson-lion, ou encore échouages de sargasses pélagiques dans les Caraïbes. Ces cinq dernières années, entre 2015 et 2020, plusieurs épisodes de blanchissement ont touché le Pacifique (deux épisodes) et l?océan Indien (trois épisodes), dont l?un particulièrement important en 2016 ; neuf cyclones ont par ailleurs traversé les collectivités ultra-marines. Les îles du nord des Antilles ont été fortement impactées par l?ouragan Irma, de catégorie 5, en 2017, et l?ensemble des Antilles Le s p re ss io ns LES PRESSIONS françaises ont vu l?appartition de la maladie de la perte de tissus coralliens (SCTLD) en 2020. Ces épisodes, de plus en plus fréquents, impactent durablement les récifs. Les pressions agissent à 2 échelles : les pressions de faible intensité mais chroniques (eaux usées par exemple) ont des effets sur le long terme ; elles impactent durablement les récifs. Et les pressions d?intensité brutale qui ont un fort impact immédiat (cyclone, rejet brutal de sédiment, gros aménagement littoral). Ces différentes pressions interagissent, rendant difficile l?analyse des impacts, d?autant que toutes les composantes des écosystèmes ne réagissent pas de façon similaire face à une pollution. 2016 Pacifique et Océan indien blanchissement majeur 2019 Pacifique et Océan indien blanchissement Antilles blanchissement 2020 Océan Indien blanchissement 2017 Antilles cyclone Irma (catégorie 3) La Réunion cyclones et fortes pluies : coulées de boue La Réunion cyclone Antilles, apparition de la maladie de la perte de tissus coralliens / SCTLD - (Stony Coral tissue loss disease) 20202015 2016 2017 2018 2019 2015 © P. Dumas / IRD Avec une densité de population de près de 500 à 700 hab/km² à Mayotte, Saint-Martin et Saint-Barthélemy, des besoins en infrastructures pour des millions de touristes dans les Antilles, d?importants défrichements (notamment de mangroves), feux de forêts et brûlis illégaux à Mayotte (environ 230 ha entre 2004 à 2012, mais 150 ha en 2013), ou en Nouvelle-Calédonie (27 000 ha de végétation brûlés chaque année), des dysfonctionnements d?assainissement dans quasiment tous les territoires, les récifs coralliens, herbiers et mangroves ultramarins sont exposés de façon chronique à une qualité des eaux altérée par les apports de matières en suspension, polluants, et déchets. Agriculture & Aquaculture Urbanisation Industrie & eaux usées Tourisme Activité portuaire & pêche Mines & extraction materiaux coralliens Évènements majeurs 24 25IFRECOR / État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français - 2020 / RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS / 2020 - État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français / IFRECOR GUADELOUPE MARTINIQUE MAYOTTE ILES ÉPARSES (TAAF) Densité pop. : 340 hab./km2 ? SAU* 19 % ? 14% du littoral aménagé ? Fort impact des eaux usées non traitées ? Imperméabilisation des sols + fortes pentes : eaux de ruissèlement (blanchissement de 80 % des colonies d?Acropores à Saint-Leu (2017) ? Pratiques nautiques : piétinement des platiers récifaux Densité pop. : inhabité ? Pêche illégale importante / période 2013-2016 ? 20 à 40 % déchets provenant de l?industrie de la pêche ? Risque de pollution hydrocarbures (trafic maritime du canal du Mozambique) Densité pop. : 686 hab./km2 ? Fortes démographie et précarité ? Accroissement population +3,8 % (2012-2017) ? Forte érosion des sols par défrichement, brûlis, mauvaises pratiques agricoles, urbanisation ? 90% non raccordés à un réseau d?assainissement et fort impact des assainissements diffus ? Pression de pêche ? Déchets dans les mangroves et sur les récifs ? Pression d?herbivorie sur les herbiers Densité pop. : 15 hab/km2 ? Sols nus ou dégradés (feux, mines, EEE, agriculture, artificialisation) : apports sédimentaires accrus autour de la Grande-Terre ? Pêche récifo-lagonaire : pression localement forte (zones urbaines) et sur certaines espèces ? Intensification des usages récréatifs et du tourisme : pression localisée (Grand Nouméa et sites d?accueil des navires de croisière) Densité pop. : 83 hab./km2 ? Élevage porcs (95 000 lisiers/jour peu ou mal traités) ? Pas de réseau d?assainissement collectif, réseaux individuels défectueux ? Extraction de matériaux coralliens Densité pop. : 74 hab./km2 ? Population inégalement repartie ? Aménagement du littoral ? 8 % de la population raccordée à un réseau d?assainissement public (2013) ? Dysfonctionnement des réseaux d?assainissement individuels (points de rejets diffus) ? Pas de système de gestion des eaux pluviales ? Aménagement du littoral et extraction de matériaux coralliens Densité pop. : 330 hab./km2 ? SAU* 20 % / 18 % sols artificialisés à moins de 500 m de la mer ? Hypersédimentation en fonds de baies liée aux assainissements collectifs ? Nombreux assainissements non collectifs ? Sucreries / distilleries / canne à sucre / bananes Densité pop. : 229 hab./km2 ? SAU* 32 % ? Hypersédimentation en fonds de baies liée aux assainissements collectifs ? Nombreux assainissements non collectifs ? Sucreries / distilleries / canne à sucre / bananes Densité pop. : 474 hab./km2 ? Caprins provoquant hypersédimentation côtière ? Urbanisation ? Accroissement population + 5,8 % (2009-2013) ? Rejets désalinisation privée ? Ancrage sur les récifs Densité pop : 674 hab./km2 ? Forte démographie / précarité 40 % pop. non raccordée au réseau d?assainissement ? Trafic maritime en hausse ? Infrastructures impactées par Irma (2017) POLYNÉSIE FRANÇAISE SAINT-BARTHÉLEMY WALLIS ET FUTUNA SAINT-MARTIN NOUVELLE-CALÉDONIE LA RÉUNION Agriculture / Élevage Extraction materiaux Urbanisation /Aménagements Trafic maritime Pêche Industries Assainissement Agriculture / Élevage Extraction materiaux Urbanisation /Aménagements Trafic maritime Pêche Industries Assainissement Agriculture / Élevage Extraction materiaux Urbanisation /Aménagements Trafic maritime Pêche Industries Assainissement Agriculture / Élevage Feux Extraction materiaux Urbanisation /Aménagements Aménagements portuaires Trafic maritime / activités récréatives Pêche Industries Assainissement Agriculture / Élevage Extraction materiaux Urbanisation /Aménagements Aménagements portuaires Trafic maritime / activités récréatives Pêche Industries Assainissement Agriculture / Élevage Extraction materiaux Urbanisation /Aménagements Aménagements portuaires Trafic maritime / activités récréatives Pêche Industries Assainissement Agriculture / Élevage Extraction materiaux Urbanisation /Aménagements Aménagements portuaires Trafic maritime / activités récréatives Pêche Industries Assainissement Agriculture / Élevage Extraction materiaux Urbanisation /Aménagements Aménagements portuaires Trafic maritime / activités récréatives Pêche Industries Assainissement Agriculture / Élevage Extraction materiaux Urbanisation /Aménagements Aménagements portuaires Trafic maritime / activités récréatives Pêche Industries Assainissement Agriculture / Élevage Extraction materiaux Urbanisation /Aménagements Aménagements portuaires Trafic maritime / activités récréatives Pêche Industries Assainissement Agriculture / Élevage Extraction materiaux Feux Urbanisation /Aménagements Aménagements portuaires Trafic maritime / activités récréatives Pêche Industries Assainissement Forte intensité Intensité moyenne Intensité faible ou localisée Intensité inexistante ou non renseignée Intensité des pressions anthropiques dans les outre-mer coralliens Intensité des pressions principales Urbanisation Continuité hydrologique Pollutions Saint-Martin Forte Moyenne Moyenne Saint- Barthélemy Forte Forte Moyenne Guadeloupe Forte Moyenne Moyenne Martinique Forte Moyenne Moyenne Guyane Faible Faible Faible Europa Faible Faible Faible Juan de Nova Faible Faible Faible Mayotte Forte Moyenne Forte Nouvelle- Calédonie Moyenne Faible Faible Wallis Moyenne Faible Moyenne Mangroves des outre-mer : les principales pressions et leur intensité Déchets en mangroves, Saint-Martin ©PRZHT Palétuviers morts, Guadeloupe ©PRZHT Sur les herbiers : Dans la plupart des territoires, comme à l?échelle mondiale, les principales menaces sur les herbiers sont liées à la dégradation de la qualité de l?eau (augmentation de la charge en nutriments, polluants, de la turbidité et de l?envasement) et aux perturbations physiques (remblais, piétinement, dégâts causés par les ancres des bateaux). Sur les mangroves : Les principales pressions qui affectent les mangroves des outre-mer français sont l?urbanisation (reconversion de mangroves en surfaces constructibles), la modification des continuités hydrologiques (canalisations, artificialisation des sols en amont de la mangrove, déviation de cours d?eau)et les pollutions issues des bassins-versants ou de la mer. © Fanny Kerninon © Nathaniel Cornuet 27RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS / 2020 - État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français / IFRECOR Alors qu?aujourd?hui les Solutions fondées sur la Nature (SfN3) sont largement mises en avant pour relever les défis globaux, les récifs coralliens, les herbiers marins et les mangroves constituent, pour autant qu?ils restent en bon état, des solutions naturelles pour lutter contre les effets du changement climatique. Dans la crise écologique actuelle, marquée par un important déclin de la biodiversité, la protection des récifs coralliens, hauts lieux de la biodiversité marine mondiale, est essentielle. Ce bilan 2020 s?inscrit dans la lignée des rapports régionaux et des précédents bilans et confirme la tendance générale à la dégradation de ces écosystèmes, dans un contexte de changement global, bien que certaines zones soient encore préservées ou montrent des signes de résilience. Devant les pressions et menaces auxquelles sont confrontés les récifs coralliens, les herbiers marins et les mangroves, l?une des principales recommandations de ce rapport, concerne la limitation des pressions anthropiques directes, afin d?accroître la résilience des écosystèmes ; faisant écho aux recommandations récentes d?un collectif de scientifiques internationaux (cf. encadré). Ce n?est qu?au prix d?un forte volonté politique de réduire ces pressions que l?objectif de 100 % de protection des récifs coralliens en 2025, pourra être atteint. Re co m m an - da tio ns RECOMMANDATIONS2 Récifs RÉDUIRE LES PRESSIONS Renforcer la résilience des écosystèmes en réduisant les impacts anthropiques directs et indirects, passe par des politiques volontaristes et cohérentes en matière d?aménagement du territoire, de gestion des eaux, de développement agricole et de la pêche. Il est recommandé de: ? améliorer les réseaux et infrastructures de traitement des eaux usées: dans tous les territoires, l?amélioration de l?état de santé des écosystèmes récifaux passe par la maitrise du traitement des eaux usées et des eaux pluviales: mise en place de stations d?épuration, amélioration de l?efficacité des traitements, généralisation des réseaux collectifs, disparition des rejets en mer des eaux usées non ou mal traitées, gestion des eaux pluviales chargées de boues, issues des bassins-versants ; ? favoriser une agriculture respectueuse de l?environnement en améliorant les pratiques agricoles, notamment en contrôlant l?importation des produits phytosanitaires, en développant des filières agricoles qui se libèrent de l?usage massif des intrants, et en améliorant les pratiques de culture, avec une meilleure maîtrise de l?érosion ; ? assurer une meilleure gestion des risques d?impacts des aménagement sur bassins versants et sur les littoraux, notamment en favorisant l?appropriation et la mise en oeuvre par les aménageurs et les services instructeurs de la séquence ERC, Eviter-Réduire-Compenser ; ? collaborer au niveau régional dans la lutte contre les espèces exotiques envahissantes, notamment en mettant en oeuvre les stratégies régionales de régulation et de suivi ; ? réduire l?impact des mouillages en favorisant l?utilisation de mouillages écologiques, en limitant l?ancrage à des zones écologiquement non sensibles ; ? encadrer la fréquentation et les usages sur les zones marines à enjeux (zones de plus haute diversité, zones résilientes, nurseries?) ; ? d?une façon générale, s?assurer de la prise en compte des récifs coralliens, herbiers marins et mangroves dans toutes les politiques publiques (aménagement du territoire littoral, pêche, etc.). PROTÉGER Les aires marines protégées couvrent actuellement 67 % des récifs coralliens, dont 27 % en protection forte3, et leurs effets bénéfiques sur les populations de poissons notamment commerciaux, sont avérés. Cette tendance peut s?accentuer en renforçant ce réseau, en particulier en multipliant et en étendant les zones de protection forte et en accentuant la surveillance de ces zones : ? zones de plus forte biodiversité ; ? zones de plus forte résilience au changement climatique ; ? zones d?intérêt halieutique (zones de reproduction, nurseries, ...) ; ? zones permettant d?assurer la protection des continuités écologiques. SURVEILLER Les réseaux de surveillance sont essentiels pour suivre l?évolution des écosystèmes et adapter les politiques et la gestion en conséquence. Le réseau de suivi des récifs en outre-mer est déjà important, avec plus de 700 stations surveillées plus ou moins régulièrement, mais néanmoins insuffisant dans certaines collectivités au regard de la surface de leurs récifs ; les moyens alloués sont par ailleurs souvent trop faibles pour assurer un suivi régulier. Il est recommandé de: ? pérenniser et renforcer le réseau de suivi des récifs ; ? améliorer la cohérence des différents réseaux de surveillance sur un même territoire, mutualiser si possible les sites de suivi ; ? identifier des indicateurs robustes et intégrés de l?état de santé des récifs, rendant compte de l?état de l?écosystème dans son ensemble ; ? informer les indicateurs du suivi mondial recommandé par l?ICRI ; ? travailler sur la mise en place d?un indicateur intégré d?état de santé pour chacun des territoires, tenant compte de leurs spécificités. Cet indicateur devra s?appuyer, outre le compartiment benthique, sur le compartiment ichtyologique, afin de mieux appréhender les dynamiques temporelles et les interactions entre compartiments. On s?appuiera pour ce faire sur le programme en cours Score- Reef. Développer également un indicateur national de l?état de santé des récifs, pour renseigner l?observatoire national de la biodiversité ; ? améliorer la bancarisation des données de suivi ; ? poursuivre le réseau de sciences participatives, permettant une bonne sensibilisation des citoyens et pouvant servir de réseau d?alerte notamment sur les récifs isolés (atolls de Polynésie, par exemple) ; ? conforter l?observatoire du changement climatique pour assurer le suivi des paramètres impactant et de leurs effets ; ? assurer une veille et un suivi des évènements impactant les récifs (blanchissement, maladies, espèces exotiques envahissantes, ...) ; ? nouvelles technologies : favoriser le développement et l?utilisation des nouvelles technologies pour améliorer les dispositifs de suivi, notamment dans les récifs les plus isolés (Clipperton, Îles Éparses, certains archipels de Polynésie française, etc.). © DR Pour la survie des récifs coralliens : les scientifiques rappellent que (Kleypas et al, 2021) : ? Si rien n?est entrepris, les écosystèmes coralliens vont continuer à décliner de manière significative et globale. ? L?atténuation du changement climatique est une action essentielle mais insuffisante pour préserver les récifs. ? L?adaptation des coraux au réchauffement ne sera efficace que dans le cadre de scénarios à faibles émissions. ? La protection des récifs et les innovations visant à accroître la résilience des coraux doivent se développer rapidement. ? La sauvegarde des récifs coralliens exige des efforts et des financements comparables à ceux d?autres grands défis. Les trois piliers de la survie des récifs sont donc : l?atténuation du changement climatique, la réduction des pressions anthropiques et l?innovation permettant de renforcer la résilience. 2 - Les enjeux et recommandations propres à chacun des territoires figurent dans les chapitres locaux. Seules les recommandations d?ordre général sont reprises ici. 3 - SfN : Les Solutions fondées sur la Nature sont définies par l?UICN comme ?les actions visant à protéger, gérer de manière durable et restaurer des écosystèmes naturels ou modifiés pour relever directement les défis de société de manière efficace et adaptative, tout en assurant le bien-être humain et en produisant des bénéfices pour la biodiversité?. 4 - Protections fortes : coeur de parcs et réserves naturelles nationales marines ; pour la Nouvelle-Calédonie : réserves naturelles intégrales, dont saisonnières, et réserves naturelles ; Clipperton : aire de protection de biotope (source : OFB, 2019) 28 29IFRECOR / État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français - 2020 / RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS / 2020 - État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français / IFRECOR RENFORCER LES CONNAISSANCES L?évolution rapide des dynamiques des écosystèmes sous les forçages climatiques, anthropiques directs et indirects, rend nécessaire un développement important des connaissances sur plusieurs sujets: ? impact des usages et de leurs pressions sur les récifs, herbiers et mangroves (lien pression-état); ? l?impact des changements climatiques: si les coraux sont les premiers organismes à être directement affectés par les épisodes récurrents de blanchissement corallien, la réponse de l?ensemble de l?écosystème récifal, plus tardive, reste encore méconnue. La question de l?impact du phénomène sur la biodiversité des principaux organismes structurant les récifs (poissons, algues, échinodermes, mollusques) demeure à ce jour entière. Une meilleure appréhension de ces phénomènes fournira ainsi aux gestionnaires des milieux naturels des éléments afin de prendre des mesures efficaces de protection de certaines espèces ou groupes taxonomiques cibles, affectés par le blanchissement et/ou impliqués dans la résilience écologique de l?écosystème récifal; ? les dynamiques d?explosions démographiques d?Acanthaster, sur la connaissance des maladies coralliennes; ? les zones marines encore méconnues, souvent éloignées, et sur les habitats mésophotiques (récifs profonds), qui pourraient être des sources de réensemencement corallien; ? la compréhension de la résilience des écosystèmes et du rôle des AMP dans cette résilience; ? le développement du travail sur les Listes Rouges nationales relatives aux écosystèmes et espèces menacées ; ? la mise à jour de l?évaluation de la valeur des services écosystémiques et porter largement les résultats à connaissance. ? la promotion de l?innovation dédiée au renforcement de la résilience des écosystèmes. SENSIBILISER-ÉDUQUER Pour une bonne appropriation des enjeux, pour éduquer et mobiliser tous les acteurs, les actions dans les outre-mer sont déjà très nombreuses et de longue date. Les efforts doivent se poursuivreen : ? favorisant l?implication des acteurs et citoyens sur les enjeux de protection des récifs coralliens, herbiers sous- marins et mangroves ; ? communiquant et sensibilisant sur l?importance des récifs coralliens, herbiers sous-marins et mangroves pour la société ; ? mobilisant les élus nationaux et tous les élus locaux, qui jouent un rôle essentiel dans la bonne gestion des bassins versants, des zones littorales et marines. Herbiers Ce bilan de l?état de santé des herbiers ultramarins met en lumière des tendances préoccupantes, notamment dans la Caraïbe et dans l?océan Indien, qui ne sont pas de bon augure pour l?avenir de ces écosystèmes. Ces tendances qui s?inscrivent dans un contexte de déclin et de dégradation globale de l?état de santé des herbiers marins doivent alerter et constituer un levier pour renforcer la mise en oeuvre de mesures de gestion à la hauteur des enjeux. Diverses préconisations peuvent être établies, en cohérence avec les recommandations internationales (Programme des Nations unies pour l?environnement, 2020) et le programme d?action de l?IFRECOR : ? pérenniser les groupes de travail à l?interface science ? gestion afin d?apporter des solutions concrètes et opérationnelles pour la gestion et la préservation des herbiers ultramarins aux échelles locale, régionale, nationale et internationale; ? assurer la reconnaissance des herbiers dans les plans de gestion des aires marines protégées afin de prévenir leur déclin et maintenir les nombreux services écosystémiques fournis; ? initier des suivis stationnels visant à évaluer l?état de santé des herbiers notamment au sein des AMP et zones à enjeux (faune patrimoniale associée) dans les territoires où ils sont dépourvus, renforcer et pérenniser les actions de suivis des herbiers dans les territoires où elles sont déjà initiées; adapter les protocoles; ? préciser la cartographie des herbiers dans les secteurs où les données sont insuffisantes ou anciennes et mettre en place des suivis cartographiques automatisés lorsque les types d?herbiers et la profondeur le permettent ; ? renforcer la conservation et la préservation concrète des herbiers d?outre-mer afin de renverser la tendance au déclin et permettre la restauration des services écosystémiques associés, en les intégrant davantage dans les politiques publiques globales de conservation et d?aménagement territorial s?appliquant dans les territoires ultramarins, au même titre que les récifs et les mangroves ; ? favoriser une mise en oeuvre intégrée des politiques publiques s?appliquant dans les outre-mer en oeuvrant à la mutualisation des actions selon un principe de complémentarité et de non redondance ; ? renforcer la gestion selon un continuum terre-mer et initier des actions intégrant la connectivité entre les mangroves, les herbiers et les récifs coralliens au sein de plans d?action spécifiques ; ? promouvoir les herbiers comme Solutions fondées sur la Nature en s?appuyant sur les services écosystémiques fournis ; ? accentuer l?attention porté aux herbiers, écosystème encore méconnu par des actions de sensibilisation sur leur intérêt et les conséquences de leur déclin afin de renforcer la conscience collective. Mangroves La synthèse des principales pressions, qui met en parallèle un état global des mangroves au regard des pressions qui s?y exercent, permet d?avoir un premier aperçu des enjeux de préservation pour chaque territoire et des priorités d?actions. Les recommandations principales découlant de ce constat et concernant les pressions actuelles sur les mangroves des outre-mer français sont les suivantes : ? dans les territoires où le Conservatoire du Littoral est présent, poursuivre le travail d?acquisition foncière des mangroves et concentrer les efforts sur une mise en gestion efficace de celles-ci, en lien avec les gestionnaires désignés, pour mettre en place des mesures de conservation de ces écosystèmes et limiter les aménagements (constructions diverses, aéroport, port, zones industrielle) ; ? renforcer les actions de formation et d?accompagnement à la gestion des mangroves, y compris par le biais du Réseau d?Observation et d?Aide à la gestion de mangroves (ROM) du pôle-relais zones humides tropicales ; ? renforcer les actions de contrôle sur les mangroves, afin d?éviter les occupations ou utilisations illégales (notamment les décharges sauvages et dépôts de remblais) ; ? promouvoir les mangroves comme Solutions fondées sur la Nature et les inclure comme telles dans les documents d?aménagement, de planification et de gestion du risque, en prenant en compte les impacts attendus du changement climatique notamment sur leur migration en amont ; ? mieux considérer les enjeux relatifs aux mangroves dans les politiques sectorielles de développement, y compris au sein des dispositifs de financements européens (notamment agricoles et aquacoles) et étatiques : intégration dans les budgets et les dispositifs fiscaux (y compris la défiscalisation) de considérations environnementales ; ? poursuivre les actions de sensibilisation des communautés locales, de la jeunesse et des élus sur des mangroves : faire connaître et apprécier leur valeur écologique, économique et patrimoniale. © Fanny Kerninon © DR En conclusion Toutes ces recommandations ne pourront être mises en oeuvre que si les moyens financiers sont à la hauteur des enjeux que représentent ces écosystèmes marins tropicaux pour la biodiversité française et pour les services rendus aux habitants et territoires d?outre-mer. 31RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS / 2020 - État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français / IFRECOR Région Caraïbe LE CONTEXTE Situées dans les Petites Antilles, entre 14°23?N et 18°00?N, les Antilles françaises comprennent la Martinique, l?archipel de la Guadeloupe et les îles du Nord, Saint-Martin et Saint- Barthélemy. Au total, ces collectivités s?étendent sur un espace maritime de 151 076 km2 et les récifs coralliens couvrent 480 km2. Trois grands types de formations coralliennes sont présents dans les Antilles : les récifs frangeants, qui bordent la côte, les récifs barrières (ceinture récifale séparée de la côte par un lagon de profondeur variable) et les fonds coralliens non bioconstruits. Ces derniers constituent des communautés souvent plus riches et plus florissantes sur les côtes caraïbes (sous le vent) que sur les formations récifales des côtes atlantiques. La couverture vivante des coraux constructeurs de récifs des Caraïbes a fortement diminué depuis la fin des années 1970. Au cours de cette période, de nombreux récifs dominés par les peuplements de coraux bioconstructeurs ont permuté vers des récifs dominés par des assemblages de macroalgues, éponges et invertébrés autres que les coraux. Ce déclin a été mis en lien avec la pêche, les pressions provenant des bassins-versants, le réchauffement des océans et les épizooties touchant les coraux et les oursins. Les premières études écologiques relatives aux récifs des Caraïbes ont commencé à la fin des années 1960, moins d?une décennie avant qu?une série d?événements aigus n?agissent en synergie pour transformer rapidement les communautés coralliennes de la région. A la fin des années 1970 et au début des années 1980, la «maladie de la bande blanche» (WBD) a décimé plus de 80 % des populations d?Acropora palmata et d?Acropora cervicornis, qui dominaient autrefois les zones de fronts récifaux ou les parties supérieures des pentes externes (récifs peu profonds). Puis, la mortalité massive de l?oursin Diadema antillarum en 1983-1984, due à un pathogène non identifié, a quasiment éradiqué cet herbivore clé des récifs, déjà largement dépourvus de grands poissons herbivores en Ét at d es ré ci fs pa r r ég io n ÉTAT DES RÉCIFS FRANÇAIS : RÉSULTATS PAR RÉGION OCÉAN INDIEN OCÉAN PACIFIQUE OCÉAN ATLANTIQUE Mayotte La Réunion Îles Éparses Nouvelle-Calédonie Wallis et Futuna Clipperton Polynesie-Française Saint-Martin Saint-Barthélemy Guadeloupe Martinique raison de la surpêche. La mortalité des diadèmes a dépassé 90 %, limitant la régulation des peuplements de macroalgues, dont la croissance rapide a été favorisée par les conditions d?eutrophisation côtière sur les récifs des Caraïbes. Ces événements ont été suivis par des épisodes de blanchissement des coraux à partir de la fin des années 1980, suivis par des épidémies régionales dans les années 1990, entraînant une nouvelle augmentation des maladies des coraux et, dans certains cas, un nouveau remplacement des coraux par des macroalgues (Bouchon et al., 2008b ; Cramer et al., 2020). Ainsi, des dégradations majeures se sont produites avant le démarrage des suivis sur lesquels repose ce bilan (début 2000). La forte anthropisation (229 à 654 habitants/km2), l?effet cumulé des pressions issues des activités humaines (défaillance des réseaux d?assainissement, aménagements littoraux, agriculture/élevage, etc.), les évènements climatiques (ouragans, blanchissements) et les épidémies coralliennes continuent d?impacter les récifs. La dynamique des récifs des Antilles françaises sur le long terme s?inscrit donc dans la tendance générale de dégradation décrite pour toute la région caraïbe depuis le début des années 1980 (Bouchon et al., 2008b; Jackson et al., 2014; Cramer et al., 2020). Toutefois, une grande variabilité écologique est observée selon les sites, leur localisation géographique ? atlantique, caraïbe, zones exposées, fonds de baie. Situation globale des récifs coralliens dans la région (GCRMN Caraïbes) En 2014, le rapport GCRMN Caraïbes (Jackson et al., 2014) faisait état d?une couverture corallienne moyenne pour la Grande Région Caraïbe comprise entre 14,3 et 16,8 % (allant de 2,8 à 53,1 %). Dans 75 % des sites (88 sites), la couverture corallienne avait décliné, passant de 34,8 % (pour la période 1970-1983) à 19,1 % (1984-1998) puis 16,3 % (période 1999-2011), avec de grandes disparités entre les sites. À l?inverse, la couverture en macroalgues avait augmenté de 7 % à 23,6 % entre 1984 et 1998. ÉTAT ACTUEL ET ÉVOLUTIONS RÉCENTES En 2020, sur les 47 stations considérées dans les Antilles françaises, 60 % sont dégradés (classes 3 ou 4) et 40 % sont en bon état (classes 1 ou 2). La majorité des sites présente des coraux nécrosés, des peuplements algaux dominés par les macroalgues et/ou un fort envasement des fonds. Depuis le dernier bilan en 2015: 9 % des stations présentent une amélioration 59 % sont restées stables 33 % se sont dégradées Localement, les situations sont contrastées selon le secteur considéré (côte au vent, côte sous le vent, baies), les communautés rencontrées et les conditions hydrodynamiques et pressions auxquelles elles sont soumises. En Martinique, 47 % des sites sont en bon état (classe 2), 27 % sont dégradés (classe 3). Les récifs des côtes au vent et sous le vent sont relativement préservés, avec des taux de couvertures coralliennes de 22 à 45 % (côte au vent). Très exposées aux courants et à la houle, les communautés benthiques de la côte atlantique sont différentes des autres secteurs de l?île, avec des colonies de formes plutôt encroûtantes. Les récifs frangeants du sud de l?île sont classés de la classe 4 à la classe 1, selon un gradient de pression est-ouest, allant de la sortie de la baie du Marin, soumise à des pressions anthropiques importantes, jusqu?au Diamant, plus préservé. Le site Caye d?Olbian est caractérisé par une couverture corallienne exceptionnelle pour la région des Antilles (57 % en 2019) et très stable depuis le premier suivi (2011). Les baies présentent les situations les plus critiques. Bien que les taux de recouvrement corallien y soient globalement élevés (30-50 %), les communautés benthiques y survivent dans des zones d?accumulation de pressions anthropiques, avec notamment un fort envasement. Depuis le dernier bilan, la majorité des sites (80 %) est restée stable. En Guadeloupe, 70 % des sites sont dégradés (classe 3). Ceux de la côte au vent sont affectés par la prolifération des macroalgues, qui s?est aggravée depuis 2015, au détriment de la couverture corallienne. Dans la baie du Grand Cul-de- sac Marin, la pression des macroalgues pour l?occupation des fonds est également forte, mais l?état des récifs est resté relativement stable depuis le dernier bilan. C?est sur la côte sous le vent que les communautés coralliennes présentent les meilleurs états de santé (majorité de classe 2), mais tous les sites présentent toutefois une diminution de leur couverture corallienne depuis le dernier bilan, conséquence probable du passage des cyclones Irma et Maria de 2017. Entre 2015 et 2020, l?état de santé des communautés coralliennes est resté stable pour 52 % des sites, et 44 % d?entre eux se sont dégradés. Seule la station de Fajou Nord montre une amélioration. À Saint-Barthélemy, l?état de santé des récifs est évalué sur quatre sites, dont la moitié sont en bon état (classe 2) et l?autre moitié dégradés (classe 3). Le recouvrement corallien est compris entre 9 et 23 %, avec des valeurs plus élevées dans les stations en réserve, alors que la couverture en macroalgues atteint jusqu?à 50 % dans les deux stations Reef Check. La biomasse totale des poissons (60 espèces cibles) et celles des herbivores et des carnivores sont plus élevées dans les stations situées en réserve (jusqu?à 3,7 et 4 fois plus pour les herbivores et carnivores). Fin 2019, des signes de blanchissement ont été observés dans plusieurs stations de la côte sous le vent, mais la mortalité induite est restée faible. L?état de santé des récifs s?est globalement dégradé depuis le dernier bilan de 2015. À Saint-Martin, trois des cinq stations évaluées sont dégradées (classe 3), les deux autres sont en classe 2 et 4. Le recouvrement corallien moyen est de l?ordre de 14 % en 2020, en déclin après le passage de l?ouragan Irma, tout comme le recrutement en juvéniles de coraux. La couverture en © Bastien Preuss 47 stations 129 stations Pourcentages de stations par classe d?état de santé Antilles françaises Pourcentages de stations par classe d?état de santé Pourcentages de stations par classe d?état de santé 1 (optimal) - 2 (bon) - 3 (dégradé) - 4 (trés dégradé) 51 stations Pourcentages de stations par classe d?état de santé Océan Indien 107 stations Pourcentages de stations par classe d?état de santé Pacifique État actuel des récifs (Pacifique et îles Éparses) 76 stations État actuel des récifs (Antilles, Mayotte, La Réunion) 29 % optimal 24 % bon 6 % trés dégradé 41 % dégradé 30 % optimal 39 % bon 8 % trés dégradé 23 % dégradé 3 % optimal 35 % bon 4 % trés dégradé 58 % dégradé 36 % optimal 34 % bon 9 % trés dégradé 21 % dégradé 4 % optimal 36 % bon 7 % trés dégradé 53 % dégradé 32 33IFRECOR / État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français - 2020 / RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS / 2020 - État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français / IFRECOR macroalgues, inférieure à 25 % dans les stations des réseaux Reef Check et AMP, atteint 57 % dans la station Chicot, située en réserve. Pour les poissons, la biomasse des herbivores et des carnivores (esp. cibles) présente les valeurs les plus élevées depuis le début des suivis. Depuis le dernier bilan, deux stations présentent un état stable, et deux autres se sont dégradées. TENDANCES SUR LE LONG TERME Sur le long terme, le recouvrement corallien est globalement en déclin avec, là encore, des situations locales particulières montrant des signes de reprise ou de stabilité. Les tendances des peuplements de poissons sont moins marquées, mais montrent également un déclin sur les sites dégradés. En Martinique, les valeurs moyennes de recouvrement corallien en 2019 varient de 12 % à 57 % selon les sites, contre 21 à 50 % lors des premiers suivis (2001 à 2010 selon les stations). L?habitat récif corallien est globalement en régression par rapport aux suivis initiaux, bien que des sites exceptionnels soient identifiés (Caye d?Olbian, Corps de Garde) et que certains montrent des signes de régénération (Jardin Tropical). Le récif frangeant du sud de la Martinique présente différentes dynamiques avec des récifs en très bon état et stables à l?ouest et des sites très dégradés à l?est. Les sites ayant subi des contraintes environnementales fortes après 2005 et exposés à des pollutions chroniques sont dans un état très dégradé, atteint en 9 ans (réduction de 75 % du taux de corail vivant à Pointe Borgnesse entre 2001 et 2010). Le taux de recouvrement corallien dans les récifs atlantiques est stable dans le temps, autour de 30 %, avec un taux équivalant de macroalgues. Les récifs des baies caraïbes et atlantiques sont stables avec des taux de corail vivant globalement élevés (30 à 50 %), sauf au Marin (10 % - état mauvais). La couverture corallienne moyenne des communautés des côtes rocheuses caraïbes décroit de presque 50 % entre 2001 et 2010, puis une légère augmentation est observée jusqu?en 2019. Les peuplements de poissons (espèces cibles) associés aux récifs de Martinique fluctuent et dépendent de la structure géomorphologique des sites. Les valeurs de biomasse et d?abondance des herbivores sont très variables d?un site à l?autre et relativement constantes depuis le début des suivis. La biomasse des carnivores 2 et piscivores (qui mangent principalement des invertébrés benthiques et des poissons) est globalement faible (8360 g/300m2 en 2019), mais parmi les plus hautes dans la caraïbe de l?est. Elle atteint un minimum en 2005, puis augmente en 2019 vers une valeur légèrement supérieure aux premiers suivis. Leur abondance est stable au cours du temps. Cette tendance est visible sur tous les sites, avec des fluctuations importantes. En Guadeloupe, la couverture corallienne a régressé sur les récifs de la côte au vent, de 30 % en 2007 à 15 % en 2019, alors que celle des macroalgues a augmenté de 15 % à 40 % sur la même période. Cette tendance est également observée dans la baie de Grand Cul-de-sac Marin, avec une diminution de la couverture corallienne (passant de 28 % en 2002 à 15 % en 2019) et du recrutement en juvéniles de coraux, alors que le recouvrement en macroalgues est relativement stable et toujours élevé, dépassant régulièrement 30 % à partir de 2008. Dans ce secteur, les peuplements de poissons ont également décliné de façon importante, que l?on considère l?ensemble des 60 espèces cibles, ou uniquement les herbivores ou les Quelques chiffres marquants ? 53 % des stations considérées sont en état dégradé (coraux nécrosés, macroalgues, envasement) en 2020. ? Jusqu?à 57 % de recouvrement en macroalgues dans la station Chicot, située dans la réserve de Saint-Martin. ? 50 %: la couverture corallienne moyenne des récifs de la côte au vent de la Guadeloupe a diminué de moitié, passant de 30 à 15 % entre 2007 et 2019. Celle des macroalgues a plus que doublé dans le même temps. ? Près de 50 % de réduction de la couverture corallienne moyenne sur les côtes rocheuses caraïbes de la Martinique entre 2001 et 2010. Une légère reprise est ensuite observée jusqu?en 2019. prédateurs. Sur la côte sous le vent, en revanche, les sites suivis ne montrent pas de tendance significative sur le long terme pour les communautés benthiques. À Saint-Barthélemy, la couverture corallienne présente une alternance de phases de déclin et de reprise sur les stations fixes du réseau GCRMN, sans toutefois atteindre les valeurs du début des suivis (en 2002). Sur les stations non fixes du réseau AMP, la tendance est plutôt à l?augmentation depuis 2012 (28,3 % en 2018). La biomasse totale des espèces cibles et des herbivores tend également à augmenter sur le long terme dans les stations en réserve. À Saint-Martin, l?état des récifs s?est globalement dégradé, marqué par la diminution du recouvrement en coraux durs vivants et le déclin du recrutement corallien. Toutefois, la couverture corallienne connait une lente reprise depuis 2015, sans atteindre les valeurs du début des suivis. Les abondances et biomasses des espèces cibles de poissons ne présentent pas de tendance significative. Cependant, la biomasse des herbivores montre une augmentation régulière entre 2014 et 2017, et un pic important en 2019. Sur le long terme, un effet réserve est observé pour les herbivores. Évènements majeurs depuis 2015 ? 2017 : L?ouragan Irma (Cat. 5) a frappé les îles du nord des petites Antilles, occasionnant d?importants dégâts humains, matériels et environnementaux. ? Fin 2019: un épisode de blanchissement corallien a frappé les Antilles, touchant près de la moitié des espèces de coraux. La mortalité induite par le phénomène a toutefois été faible. ? 2019-2020 : L?apparition d?une nouvelle maladie corallienne (maladie de la perte de tissus coralliens) inquiète les experts locaux : tous les territoires sont désormais touchés et les premières observations indiquent une forte mortalité, en particulier sur les espèces les plus sensibles comme Meandrina meandrites, M. Jacksoni ou Colpophyllia natans (34 espèces touchées). © Franck Mazéas Évènements majeurs Mortalité massive de poissons 2005 Pic de temperature Blanchissement massif 2019 Pics de temperature Maladie SCTLD, perte de tissus coralliens Blanchissement massif Impacts sur peuplements ichtyofaune Recouvrement massif d'H. stipulacea sur substrats nus et au sein des herbiers indigène préexistants 1989 Cyclone Hugo Mortalité massive de poissons Mortalité massive de poissons 1989 Cyclone Lenny Mortalité massive de poissons 2017 Saint-martin et Saint-Barthélemy cyclone Irma Guadeloupe cyclone Maria 2007 Martinique et Gaudeloupe cyclone Dean 20201980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015 2016 2017 2018 2019 Régression Oursin diadème, Diadema antillorum Régression Acropora palmata 1980 1980 - 1982 Guadeloupe Épizooties 2010 - 2011 Envahissements Poisson-lion Pterois volitans Herbier Halophila stipulacea 34 35IFRECOR / État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français - 2020 / RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS / 2020 - État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français / IFRECOR Océan Indien occidental LE CONTEXTE Située à l?extrême ouest de la province biogéographique indo- pacifique, la région de l?océan Indien occidental s?étend sur 22 millions de km² ; elle compte 50 000 km² de formations récifo-lagonaires, dont près de 15 000 km² de récifs construits (Millennium Coral Reef Mapping), répartis le long de la côte est africaine (Kenya, Tanzanie, Mozambique, Afrique du sud) et autour des îles (Madagascar, Maurice/Rodrigues, Seychelles et territoires français de l?outre-mer). Les territoires français de l?océan Indien sont représentés par deux départements, La Réunion et Mayotte, et une collectivité sui generis, les Terres australes et antarctiques françaises (TAAF), qui comptent cinq îles, s?étendant le long du canal du Mozambique (Glorieuses, Juan de Nova, Bassas da India et Europa) et au nord-est de Madagascar (Tromelin). Au total, sur un espace maritime de 1 million de km², les récifs de ces territoires s?étendent sur 2000 km², (Mayotte 1406 km² environ, La Réunion 18 km² et les Iles Eparses 794 km² au total), dont 546 km² de zones construites. Leur diversité géomorphologique, qui résulte de leur histoire géologique, est importante: récifs frangeants à La Réunion, l?île la plus jeune, bancs récifaux et atolls dans les îles Eparses; Mayotte, l?île la plus ancienne, compte des récifs frangeants et l?un des plus beaux récifs barrière de la région, ainsi qu?une double barrière. Les mangroves sont présentes uniquement sur Mayotte (623 ha), Europa (626 ha) et Juan de Nova (0,26 ha) et les herbiers sont présents partout mais peu développés. Au sein de cette région, la partie nord du canal du Mozambique constitue le deuxième triangle de biodiversité récifale au monde, après celui centré autour de l?Indonésie, Mayotte et les Glorieuses sont situées au sein de ce triangle de richesse. Les îles sont très diversement peuplées: les Iles Eparses sont inhabitées, constituant ainsi une référence et un observatoire pour des récifs sans pressions anthropiques directes, La Réunion présente une densité de population de 340 hab/km² se situant dans la moyenne des outre-mer, tandis que Mayotte (686 hab./km²) présente la plus forte densité de population de tous les outre-mer français. Les principales pressions qui impactent les récifs, les herbiers, les mangroves et conduisent à de lentes dégradations chroniques des récifs à La Réunion et à Mayotte sont liées (i) à l?érosion des sols, en lien avec l?aménagement du territoire, les pratiques culturales, et (ii) la pollution des eaux résultant des traitements déficients des eaux usées et des eaux pluviales, dont le ruissellement est renforcé par l?imperméabilisation des sols urbanisés. À La Réunion, les récifs étroits et accolés à la côte sont directement sous influence de ces pressions ; à Mayotte, le contexte socio-économique et géopolitique est à l?origine d?une augmentation particulièrement rapide de la population humaine et des pressions associées. Les îles Éparses, en revanche, sont donc très peu soumises aux pressions anthropiques, à l?exception d?une pêche illégale parfois forte (sur Juan de Nova par exemple, jusqu?à récemment) mais aujourd?hui à peu près contrôlée (surveillance renforcée). Les suivis de l?état de santé des récifs coralliens ont commencé, dans le cadre du GCRMN, dès la fin des années 1990 à Mayotte et La Réunion, et au début des années 2000 dans les îles Éparses. La région compte aujourd?hui plusieurs réseaux de surveillance (GCRMN, Reef Check, AMP, DCE) mobilisés très irrégulièrement, notamment dans les îles Éparses compte tenu des difficultés d?accès aux îles. Durant la période 2015-2020, plusieurs épisodes climatiques ont impacté les récifs : trois épisodes de blanchissement corallien et plusieurs cyclones (voir la frise page suivante). ÉTAT ACTUEL ET ÉVOLUTIONS RÉCENTES En 2020, sur les 51 stations considérées à l?échelle de la région, 29 % sont dans un état optimal (classe 1), toutes situées dans les îles Éparses ; 24 % sont en bon état (classe 2) et 41 % sont dégradées (classe 3). Enfin, 6 % sont très dégradées (2 stations à Juan de Nova et 1 station aux Glorieuses). Depuis le dernier bilan en 20155 : 11 % des stations présentent une amélioration 56 % sont restées stables 33 % se sont dégradées Les situations sont toujours contrastées, avec de fortes hétérogénéités spatiales tant du recouvrement corallien que des peuplements de poissons (richesse spécifique, abondance, biomasse) : contrastes à La Réunion, entre les platiers et les pentes externes, dans les îles Éparses entre les îles et entre platiers, terrasses lagonaires et pentes externes, et à Mayotte entre récifs frangeants, récifs internes et récifs barrières ; contrastes également, dans tous les cas, selon les secteurs géographiques, leur exposition, les conditions hydrodynamiques et les taux de sédimentation et/ou de pollution auxquels ils sont soumis. Les recouvrements coralliens: en 2020, la majorité des récifs à La Réunion (71 % des stations) et à Mayotte (60 %), sont dans un état dégradé. Les taux de recouvrements coralliens sont de 20 à 30 % pour les plus bas et à 70 % localement, pour les plus élevés. Dans les îles Éparses, 77 % des stations sont dans un état optimal ou bon (classes 1 à 2), principalement sur les stations de pente externe sur l?ensemble des îles. Mais surtout sur l?île d?Europa, où les taux de recouvrements coralliens sur la pente externe atteignent jusqu?à 80 %. Aux Glorieuses, les résultats sont plus mitigés et la couverture corallienne excède très rarement les 50 %, en raison des conditions environnementales particulières ; tandis qu?à Juan de Nova, fortement soumise aux phénomènes de blanchissement corallien (températures parfois supérieures à 32°C), les récifs sont très dégradés sur les terrasses lagonaires et présentent un faible recouvrement corallien (9 % au maximum en 2019). Les peuplements ichtyologiques : la richesse spécifique en poissons est particulièrement élevée dans les îles Éparses, notamment aux Glorieuses (jusqu?à 57 sp/250m²), situé au centre du triangle de biodiversité, et à Europa 35 à 50 sp/250m²; à Mayotte, toutes espèces confondues, les valeurs fluctuent de 13 à 46 sp/250m² sur les récifs frangeants, la plus forte diversité se situant sur les récifs barrières avec des valeurs comprises entre 30 et 52 sp/250m². À Mayotte, la biomasse en espèces d?intérêt commercial est très faible sur les récifs frangeants, sauf ponctuellement, mais localement élevée sur le récif barrière (jusqu?à 6-7 kg/100 m²) et dans les passes. À La Réunion, les biomasses sont partout très faibles (1,5 kg/100 m² pour les 30 espèces indicatrices), à la fois pour les prédateurs apicaux (au plus haut de la chaine trophique) et les poissons perroquets, qui jouent un rôle-clé dans la résilience des récifs en gérant l?expansion des algues. C?est dans les îles Éparses que les biomasses sont les plus élevées (jusqu?à plus de 100 kg/100m² sur les pentes externes d?Europa). L?évolution de l?état de santé des récifs depuis le dernier bilan (2015), à l?échelle de la région (Mayotte et La Réunion), montre que 56 % des stations présentent un état stable et 33 % sont dégradées. ? On note une grande stabilité à La Réunion (69 % de stations stables). ? À Mayotte, en revanche, l?évolution va dans le sens d?une diminution globale significative de l?état des communautés coralliennes (43 % des stations en dégradation), avec 25 % de mortalité corallienne en moyenne suite à l?impact majeur du blanchissement de 2016. En 2019, la saison chaude aura été à nouveau marquée par des élévations anormales de la température des eaux donnant lieu à des phénomènes de blanchissement corallien massifs, qui ont touché différemment les récifs du Sud-Ouest de l?océan Indien : ? à La Réunion, un blanchissement important (40 % de la couverture corallienne sur la pente externe et les platiers) mais une mortalité faible à moyenne (15 % sur les platiers et 12 % sur la pente externe); ? à Mayotte, un blanchissement faible et pas de mortalité notable; ? sur les îles Éparses, pas de blanchissement observé lors de la rotation du Marion Dufresnes en avril 2019; L?année 2020 a été marquée par le premier blanchissement avéré sur l?île d?Europa (températures supérieures à 31° sur plusieurs semaines en février 2020). L?investigation d?une seule station GCRMN sur le platier récifal a montré un taux de mortalité d?environ 60 %. Les familles les plus touchées sont les Pocilloporidae et Milleporidae. Mais aucune perte de biodiversité n?est à déplorer. Ce constat ne peut être extrapolé à l?ensemble du récif par manque de données. © Shawn Wolfe Situation globale des récifs coralliens dans la région de l?océan Indien (Obura et al, 2017, Wickel et al., 2013, 2018, 2020, Nicet et al, 2019, 2020) En 1998, les récifs coralliens de l?océan Indien occidental ont franchi un seuil, en raison de l?impact du plus grand évènement de blanchissement mondial connu: ? en moyenne, la couverture corallienne a diminué de 25 % par rapport aux niveaux initiaux, le recouvrement passant de 40 % avant 1998 à 30 % après; ? le recouvrement en algues a été multiplié par 2, passant de 15 % avant 1998 à 30 %; ? la structure des communautés de poissons a été modifiée; elle est maintenant dominée par des herbivores et des détritivores de petite taille (environ 80 % de la biomasse totale). En 2016, le deuxième plus grand évènement de blanchissement de l?océan Indien occidental a également eu un impact considérable : ? 30 % des récifs ont présenté des signes de blanchissement important ou grave, et la couverture corallienne a diminué de 10 %; ? tandis que la résistance des coraux au blanchissement de 2016 a été importante (2/3 des coraux blanchis ont récupéré), le potentiel de récupération des récifs sera probablement moindre qu?en 1998 en raison de la couverture corallienne déjà réduite, de la couverture algale plus élevée et du rôle croissant de la dynamique entre les poissons herbivores et les algues. 47 stations 129 stations Pourcentages de stations par classe d?état de santé Antilles françaises Pourcentages de stations par classe d?état de santé Pourcentages de stations par classe d?état de santé 1 (optimal) - 2 (bon) - 3 (dégradé) - 4 (trés dégradé) 51 stations Pourcentages de stations par classe d?état de santé Océan Indien 107 stations Pourcentages de stations par classe d?état de santé Pacifique État actuel des récifs (Pacifique et îles Éparses) 76 stations État actuel des récifs (Antilles, Mayotte, La Réunion) 29 % optimal 24 % bon 6 % trés dégradé 41 % dégradé 30 % optimal 39 % bon 8 % trés dégradé 23 % dégradé 3 % optimal 35 % bon 4 % trés dégradé 58 % dégradé 36 % optimal 34 % bon 9 % trés dégradé 21 % dégradé 4 % optimal 36 % bon 7 % trés dégradé 53 % dégradé OCÉAN INDIEN OCÉAN PACIFIQUE OCÉAN ATLANTIQUE Mayotte La Réunion Îles Éparses Nouvelle-Calédonie Wallis et Futuna Clipperton Polynesie-Française Saint-Martin Saint-Barthélemy Guadeloupe Martinique 5 - Sur La Réunion et Mayotte seulement, données 2015 non disponibles pour les îles Éparses. 36 37IFRECOR / État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français - 2020 / RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS / 2020 - État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français / IFRECOR Mayotte forte mortalité corallienne Réunion mortalité massive de poissons Réunion Impact modéré Mayotte mortalité forte à modérée Mortalité corallienne Réunion : 10% Mayotte : 25% Îles Éparses : impact important sur Juan de Nova et Glorieuses Réunion impacts locaux avec mortalité massive sur platier (diminution locale de 40% de la couverture corallienne) 1er blanchissement sur Europa : mortalité localisée (1 station suivie) Réunion : blanchissement important (40% sur la pente externe et les platiers) mais mortalité faible à moyenne (15% sur les platiers et 12% sur la pente externe) Mayotte : blanchissement faible et pas de mortalité notable 1998 Fort épisode de blanchissement corallien mondial 2010 Episode de blanchissement corallien 2016 Episode de blanchissement corallien 2020 Episode de blanchissement corallien Episode de blanchissement corallien Réunion 1er signes de dégradation Mayotte Dégradations massives (jusqu?à 90 % de mortalité corallienne localement) Réunion 1er signes de dégradation 1980 Cyclone Firinga 2018 Cyclones Berguitta, Dumazile, Fakir Coulées de boue 2002 Cyclone Dina 2019 Cyclone Idal 20201975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015 2016 2017 2018 2019 1975 1977 Invasion Acanthaster Mayotte mortalité corallienne 2001 Invasion Acanthaster TENDANCES SUR LE LONG TERME Sur le long terme, la dynamique de la couverture corallienne est régie par les pressions anthropiques diffuses auxquelles s?ajoutent les événements extrêmes, tels les infestations d?Acanthaster planci, l?impact des cyclones, et les épisodes de température des eaux élevée, induisant des phénomènes de blanchissement corallien, de plus en plus fréquents (1983, 1998, 2010, 2016, 2019, 2020). Le blanchissement est différemment impactant selon les épisodes, et les zones de récifs ; ainsi, à Mayotte les récifs frangeants semblent mieux résister et être davantage résilients que les barrières. Ces évènements s?accompagnent localement de brusques diminutions de la couverture corallienne, puis d?une reprise plus ou moins rapide selon la résilience des stations suivies. Ainsi à La Réunion, le recouvrement corallien est en diminution continue depuis 2000 sur la plupart des stations de pente récifale (et le recrutement corallien est faible). Les dégradations se traduisent par une disparition locale des coraux sensibles (Acropora) au profit de formes résistantes (massives et encroûtantes), dont l?habitabilité pour la faune associée est moindre, et par l?augmentation des recouvrements en algues (pentes externes de La Réunion + 32 % en 10 ans). L?état des « origines » à La Réunion et Mayotte (fin des années 1970) La Réunion : la pente externe présentait une couverture corallienne d?au moins 50 % (sur l?horizon 5-15m) avec une dominance des Acropora et notamment les formes tabulaires, submassives et/ou branchues (qui,mis à part dans le secteur de Saint-Pierre, ont aujourd?hui quasiment disparu au profit des Pocillopora, Astreopora et Porites notamment). À l?inverse, la couverture en algues dressées était plus faible qu?aujourd?hui. Mayotte : le récif barrière avait une couverture corallienne d?environ 60 % (récif barrière Est) à 70 % (barrière ouest) avec une dominance des coraux Acropores (plus de 50 % des peuplements coralliens), notamment les formes tabulaires. Le récif frangeant présentait un recouvrement de plus de 60 %, avec les coraux Acropores dominants, notamment les Acropores branchus et tabulaires. Liste rouge des coraux constructeurs de récifs des îles françaises de l?océan Indien Le risque de disparition de l?ensemble des coraux constructeurs de récifs de La Réunion, de Mayotte et des îles Éparses a été évalué dans le cadre de la Liste rouge des espèces menacées en France. L?état des lieux montre que 15 % des espèces sont menacées ou quasi menacées à La Réunion, 12 % à Mayotte et 6 % dans les îles Éparses. Quelques chiffres marquants ? La Réunion (pente externe) : diminution du recouvrement corallien (de 49 à 28 %)entre 2000 et 2019 et doublement des recouvrements en algues (de 27 à 59 % sur la même période) ? Mayotte : 87 % de diminution de la densité des mérous babonne (Plectropomus laevis) entre 2008 et 2019 ? Europa (platier récifal) : diminution du recouvrement corallien entre 2011 et 2016 (de 40,8 % à 17,5 %), mais augmentation en 2019. ? Tromelin : diminution du recouvrement corallien (de 60 à 16 %) sur terrasse lagonaire,mais forte augmentation entre 2011 et 2019 sur les pentes externes ? Juan de Nova : diminution du recouvrement corallien (de 35 à 9 %) de 2013 à 2019 sur pente externe ; et diminution de 62 % de la biomasse de poissons entre 2004 et 2019 sur terrasses lagonaires Région Pacifique LE CONTEXTE Cette région comprend les trois collectivités du Pacifique sud occidental: la Nouvelle-Calédonie, Wallis et Futuna et la Polynésie française, auxquelles s?ajoute l?atoll de Clipperton plus à l?est. La zone maritime de ces territoires compte pour 80 % de l?espace maritime des outre-mer récifaux (pour 62 % de l?ensemble de l?espace maritime français) et pour 95 % de ses surfaces récifo-lagonaires. La Nouvelle-Calédonie, quant à elle, représente 64 % des surfaces récifales françaises (près de 35 873 km²). La diversité des formations récifales est très importante dans la région. La Nouvelle-Calédonie est ceinturée par une barrière récifale de 1 600 km de longueur, des récifs barrières internes, imbriqués et multiples, des récifs frangeants et de nombreux récifs et îlots de lagon. Elle compte également des atolls, des récifs submergés et des bancs coralliens. La Polynésie française compte cinq archipels pour une surface récifo-lagonaire d?environ 16 200 km² répartie sur près de 120 îles, dont 85 atolls de grande diversité (40 % du nombre d?atolls dans le monde). Wallis est entourée d?un récif barrière (218 km² de lagons et récifs), Futuna et Alofi sont bordées par un étroit platier de récif frangeant («récif tablier») et, dans la ZEE, de nombreux atolls et bancs ennoyés s?étendent sur une surface totale (680 km2), bien supérieure à celle des deux îles océaniques. Non seulement ces territoires comptent les récifs les plus étendus, mais ils sont également les moins peuplés (moins de 100 hab./km², contre plus de 200 et jusqu?à 600 pour toutes les autres régions de l?outre-mer). Les pressions sur ces territoires sont donc plus réduites et localisées (îles et zones urbaines, exploitations agricoles, industrielles et minières). Les suivis de l?état de santé y sont très anciens (1970 pour Moorea, 1990 pour la Nouvelle-Calédonie, 1999 pour Wallis pour les premiers relevés), et les récifs de Moorea font partie des plus étudiés au monde, avec des séries temporelles particulièrement longues, ce qui est précieux pour comprendre la dynamique à long terme des récifs et leur fonctionnement. Plusieurs réseaux sont à l?oeuvre, notamment en Polynésie (12 réseaux de 3 à 53 stations, répondant à des objectifs différents), mais également en Nouvelle-Calédonie (plusieurs programmes pouvant être considérés comme réguliers et à large échelle spatiale, dont quatre ont pu être considéré ici, soit un total de 468 stations pour l?ensemble des réseaux), et deux à Wallis et Futuna, dont l?un récent. À Clipperton, l?isolement de l?île contraint à des suivis sporadiques. Le nombre total de stations suivies dans la région est très élevé, près de 700 stations tous réseaux confondus (468 en Nouvelle-Calédonie, 184 en Polynésie française, 21 sur Wallis et Futuna). Toutefois ce bilan ne s?appuie que sur une faible proportion de ces stations. ÉTAT ACTUEL ET ÉVOLUTIONS RÉCENTES Durant la période 2015-2019, plusieurs évènements ont affecté les récifs, dont deux évènements de températures élevées (2016 en Nouvelle- Calédonie ; 2016 et 2019 en Polynésie française), ayant entraîné des blanchissements coralliens aux effets plus ou moins sévères, des épisodes d?explosions démographiques d?Acanthaster, localisées pour la Nouvelle-Calédonie. Sur Wallis-et-Futuna, les observations ont été rares sur cette période, ne permettant pas de déterminer avec précision les causes d?évolution récente des récifs. Les récifs suivis dans la région Pacifique sont majoritairement en bonne santé : 69 % sont dans un état bon à optimal. En 2019, à Wallis et Futuna, 67 % des récifs suivis dans le cadre du réseau FEO sont dans un état de santé bon à satisfaisant (classes 1 ou 2). Sur Wallis, la majorité des récifs suivis sont en classe 2, abritant des couvertures coralliennes globalement élevées, mais aux richesse et abondance en poissons ou invertébrés qui pourraient être plus importantes, compte tenu du type de récif. Sur Futuna et Alofi, l?état de santé est moyen à bon (classes 2 ou 3), avec des taux de recouvrement corallien assez élevés (30 à 50 % selon les récifs) et des populations de poissons cibles moyennement variées et abondantes. En Polynésie française, les récifs de l?archipel de la Société montraient jusqu?en 2019 un taux de corail vivant relativement élevé (30-50 %), en forte croissance depuis 2010, mais avec une décroissance récente dans les îles du vent, en raison de l?épisode particulièrement intense de blanchissement en 2019, ayant entraîné une mortalité corallienne sévère (jusqu?à 50 % sur les pentes externes de Moorea). Dans les autres Sur les pentes externes de l?ensemble des îles Éparses, de manière globale, le recouvrement en corail vivant est élevé et relativement stable dans le temps (moyennes variant entre 40 et 60 %). À Mayotte, ces dégradations de l?habitat et la pression de pêche toujours plus forte (35 % du tonnage des captures concernent des peuplements ichtyologiques) se traduisent par une diminution inquiétante des paramètres généraux des peuplements de poissons (diversité, densité et biomasse totale). La diminution de la ressource depuis 10 ans est illustrée par celle du mérou babonne (Plectropomus laevis), espèce emblématique très vulnérable aux activités de pêche, encore commune il y a 10 ans et aujourd?hui rare (87 % de diminution entre 2008 et aujourd?hui). À La Réunion, les peuplements de poissons sont également affectés par la modification de leur habitat qui, ajoutée à la surexploitation des ressources halieutiques, engendre une diminution de la biomasse globale (80 % depuis 2002), avec des niveaux toujours bas depuis et un déséquilibre des catégories de haut niveau trophique. Dans les îles Éparses, l?évolution des biomasses de poissons est généralement stables sur les pentes externes, ou en diminution à Juan de Nova et aux Glorieuses ; elle a diminué sur les terrasses lagonaires de Juan de Nova entre 2013 et 2019. Évènements majeurs 47 stations 129 stations Pourcentages de stations par classe d?état de santé Antilles françaises Pourcentages de stations par classe d?état de santé Pourcentages de stations par classe d?état de santé 1 (optimal) - 2 (bon) - 3 (dégradé) - 4 (trés dégradé) 51 stations Pourcentages de stations par classe d?état de santé Océan Indien 107 stations Pourcentages de stations par classe d?état de santé Pacifique État actuel des récifs (Pacifique et îles Éparses) 76 stations État actuel des récifs (Antilles, Mayotte, La Réunion) 29 % optimal 24 % bon 6 % trés dégradé 41 % dégradé 30 % optimal 39 % bon 8 % trés dégradé 23 % dégradé 3 % optimal 35 % bon 4 % trés dégradé 58 % dégradé 36 % optimal 34 % bon 9 % trés dégradé 21 % dégradé 4 % optimal 36 % bon 7 % trés dégradé 53 % dégradé OCÉAN INDIEN OCÉAN PACIFIQUE OCÉAN ATLANTIQUE Mayotte La Réunion Îles Éparses Nouvelle-Calédonie Wallis et Futuna Clipperton Polynesie-Française Saint-Martin Saint-Barthélemy Guadeloupe Martinique 38 39IFRECOR / État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français - 2020 / RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS / 2020 - État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français / IFRECOR archipels (Tuamotu, Australes et Marquises), les taux de recouvrement sont moins élevés (< 30 %) mais stables, voire en augmentation. En Nouvelle-Calédonie, 75 % des récifs suivis dans le cadre du RORC sont toujours dans un état de santé bon à satisfaisant (classes 1 ou 2), toutefois la majorité des dégradations enregistrées ont eu lieu sur les cinq dernières années. Si, la Nouvelle-Calédonie avait auparavant été épargnée par les événements de blanchissement massif, l?évènement de 2016 a impacté de nombreux récifs, avec une atteinte variable, mais une résilience forte: au large de Nouméa, 70 à 80 % des colonies blanchies suivies dans le cadre du projet BLANCO avaient totalement récupéré leur vitalité au bout de deux ans ; un constat similaire avait été fait pour les récifs du RORC. Les communautés de poissons récifaux sont globalement préservées et, dans les sites du patrimoine mondial par exemple, d?une exceptionnelle diversité. TENDANCES SUR LE LONG TERME Sur le long terme, les dynamiques d?évolution de la couverture corallienne sont principalement régies par les cyclones à Wallis et Futuna, en Nouvelle-Calédonie (fort impact du cyclone Erica en 2003) et en Polynésie française (impacts moins fréquents mais potentiellement très destructeurs comme les cyclones de 1982-83 ou 2010 par exemple). Sur Wallis et Futuna, les récifs exposés aux cyclones ont subi des pertes coralliennes importantes, tandis que les récifs abrités apparaissent soit stables (Futuna), soit en nette progression corallienne au cours du temps (Alofi et Wallis). Les suivis GCRMN étant peu fréquents et irréguliers, ils ne permettent pas en l?état de conclure avec précision sur l?évolution des peuplements de poissons. Sur les quinze dernières années l?état des récifs coralliens suivis en Nouvelle-Calédonie est caractérisé par une tendance globale à la stabilité, particulièrement marquée sur les récifs sous influence océanique (Grande-Terre et îles Loyauté). Cette tendance ne doit pas occulter des dégradations ponctuelles mais sévères de certains récifs (récifs côtiers de la côte est majoritairement), ni la nette augmentation du couvert corallien d?un nombre non négligeable de zones inventoriées. À l?échelle du RORC, il a été mesuré que les régressions et les croissances coralliennes se sont globalement compensées sur les 15 dernières années. En Polynésie française, les événements les plus destructeurs ont été les épisodes de blanchissement corallien et les explosions démographiques d?Acanthaster (très importantes en 1979, 1986, et plus récemment entre 2006 et 2010, puis 2016 et 2018) ; ces évènements ont sévèrement détruit de nombreux récifs dans les îles de la Société et déstructuré les communautés de coraux (forte réduction des formes branchues). Les évolutions sont donc très variables entre : ? les récifs des îles de la Société, qui présentent sur les 15 dernières années des variations très fortes du recouvrement corallien, sur des durées relativement courtes, inférieures à la décennie ; celui-ci passe en effet d?un extrême (recouvrement inférieur à 10 % en 2010- 2011, en raison d?une prolifération d?Acanthaster et du cyclone Oli) à l?autre (forte résilience avec une hausse parfois spectaculaire sur la période 2010-2019) ; Dans les zones dégradées, les peuplements coralliens branchus sont davantage impactés que les coraux massifs ; ? les récifs des autres archipels, qui n?ont pas subi de perturbation majeure dans les 10 dernières années et sont en relative stabilité, avec des recouvrements coralliens moyens, sauf aux Marquises où les conditions naturelles ne permettent pas la formation de récifs coralliens et où les recouvrements sont naturellement assez faibles sur le substrat (5 % environ). La biomasse totale en poissons montre une décroissance depuis 2008-2010, quelle que soit l?échelle géographique considérée, dans l?archipel de la Société et davantage encore dans les archipels périphériques, avec une forte décroissance, notamment depuis 2010. À ce stade, il est difficile de donner une raison particulière et l?on peut envisager la combinaison d?efforts de pêche accrus et d?un effet de l?environnement. Mais, si les dynamiques d?évolution brutale des recouvrements coralliens sont liées aux évènements climatiques et autres Quelques chiffres marquants ? De 40 % à 10 % : diminution en 10 ans (2007-2018) du taux de recouvrement corallien brut en Polynésie (pour les archipels autres que la Société); ? 50 % de mortalité corallienne sur les pentes externes de Moorea suite au blanchissement de 2019; ? 50-60 %: bon recouvrement corallien sur certaines pentes externes d?atolls de Polynésie; ? tendance globale à la stabilité, voire à l?amélioration, des taux de corail vivant des récifs calédoniens. Évènements majeurs aléas, elles ne doivent pas occulter l?effet des pressions anthropiques, sédimentation, pollutions, aménagements littoraux, qui impactent de façon plus insidieuse les récifs depuis de très longues années. On rappellera, à titre d?exemple, que les estimations des destructions liées aux remblais ou à l?extraction des matériaux coralliens dans les iles de la Société avaient été évaluées en 2006 à environ 6 % de la surface cumulée des récifs frangeants des îles de Tahiti, Moorea et quelques îles Sous-le-Vent ; que les grands travaux hydroélectriques, l?urbanisation ou les pratiques agricoles en Polynésie, ou encore les explorations pour le nickel en Nouvelle-Calédonie, ont conduit à des apports terrigènes sans précédents sur les récifs ; ou encore que les problèmes de pollutions et d?eutrophisation par les eaux usées sont prégnants sur les îles hautes de Polynésie ou sur Wallis. © Bastien Preuss Mortalité coralienne en Polynésie française 1991 & 1994 Pic de temperature Polynésie française 2002 Pic de temperature Polynésie française 2019 Pic de temperature Polynésie française blanchissement massifNouvelle- calédonie important blanchissement Mortalité corallienne en Polynésie françaisePolynésie française blanchissement massif (Îles de la Société) Polynésie française blanchissement massif (Îles de la Société) 1991 Cyclones Wasa, PF 2010 Cyclones Thomas à Wallis et Futuna, Cyclone Oli en PF 2013 Cyclones : Freda en NC, Evan à W&F 2016 - 2017 Cyclones : Cook en NC, Amos & Ella à W&F Infestation Acanthaster Pic de temperature Cyclone Oli destructeur en Polynésie française Wallis et Futuna, cyclone Evan particulièrement destructeur 1998 & 2001 4 Cyclones en PF Waka, Wallis et Futuna 20201980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015 2016 2017 2018 2019 Forte mortalité corallienne en Polynésie française 1980 1970, 1979, 1980, 1982 Infestation Acanthaster 2004 - 2013 Infestation Acanthaster Polynésie française (PF), Wallis et Futuna (WF), Nouvelle-Calédonie (NC) ÉTAT DE SANTÉ DES RÉCIFS CORALLIENS, HERBIERS MARINS ET MANGROVES DES OUTRE-MER FRANÇAIS 20 20 Résumé pour décideurs IFRECOR, 2021 / Bilan 2020 (ATTENTION: OPTION tal LE CONTEXTE Située à l?extrême ouest de la province biogéographique indo- pacifique, la région de l?océan Indien occidental s?étend sur 22 millions de km² ; elle compte 50 000 km² de formations récifo-lagonaires, dont près de 15 000 km² de récifs construits (Millennium Coral Reef Mapping), répartis le long de la côte est africaine (Kenya, Tanzanie, Mozambique, Afrique du sud) et autour des îles (Madagascar, Maurice/Rodrigues, Seychelles et territoires français de l?outre-mer). Les territoires français de l?océan Indien sont représentés par deux départements, La Réunion et Mayotte, et une collectivité sui generis, les Terres australes et antarctiques françaises (TAAF), qui comptent cinq îles, s?étendant le long du canal du Mozambique (Glorieuses, Juan de Nova, Bassas da India et Europa) et au nord-est de Madagascar (Tromelin). Au total, sur un espace maritime de 1 million de km², les récifs de ces territoires s?étendent sur 2000 km², (Mayotte 1406 km² environ, La Réunion 18 km² et les Iles Eparses 794 km² au total), dont 546 km² de zones construites. Leur diversité géomorphologique, qui résulte de leur histoire géologique, est importante: récifs frangeants à La Réunion, l?île la plus jeune, bancs récifaux et atolls dans les îles Eparses; Mayotte, l?île la plus ancienne, compte des récifs frangeants et l?un des plus beaux récifs barrière de la région, ainsi qu?une double barrière. Les mangroves sont présentes uniquement sur Mayotte (623 ha), Europa (626 ha) et Juan de Nova (0,26 ha) et les herbiers sont présents partout mais peu développés. Au sein de cette région, la partie nord du canal du Mozambique constitue le deuxième triangle de biodiversité récifale au monde, après celui centré autour de l?Indonésie, Mayotte et les Glorieuses sont situées au sein de ce triangle de richesse. Les îles sont très diversement peuplées: les Iles Eparses sont inhabitées, constituant ainsi une référence et un observatoire pour des récifs sans pressions anthropiques directes, La Réunion présente une densité de population de 340 hab/km² se situant dans la moyenne des outre-mer, tandis que Mayotte (686 hab./km²) présente la plus forte densité de population de tous les outre-mer français. Les principales pressions qui impactent les récifs, les herbiers, les mangroves et conduisent à de lentes dégradations chroniques des récifs à La Réunion et à Mayotte sont liées (i) à l?érosion des sols, en lien avec l?aménagement du territoire, les pratiques culturales, et (ii) la pollution des eaux résultant des traitements déficients des eaux usées et des eaux pluviales, dont le ruissellement est renforcé par l?imperméabilisation des sols urbanisés. À La Réunion, les récifs étroits et accolés à la côte sont directement sous influence de ces pressions ; à Mayotte, le contexte socio-économique et géopolitique est à l?origine d?une augmentation particulièrement rapide de la population humaine et des pressions associées. Les îles Éparses, en revanche, sont donc très peu soumises aux pressions anthropiques, à l?exception d?une pêche illégale parfois forte (sur Juan de Nova par exemple, jusqu?à récemment) mais aujourd?hui à peu près contrôlée (surveillance renforcée). Les suivis de l?état de santé des récifs coralliens ont commencé, dans le cadre du GCRMN, dès la fin des années 1990 à Mayotte et La Réunion, et au début des années 2000 dans les îles Éparses. La région compte aujourd?hui plusieurs réseaux de surveillance (GCRMN, Reef Check, AMP, DCE) mobilisés très irrégulièrement, notamment dans les îles Éparses compte tenu des difficultés d?accès aux îles. Durant la période 2015-2020, plusieurs épisodes climatiques ont impacté les récifs : trois épisodes de blanchissement corallien et plusieurs cyclones (voir la frise page suivante). ÉTAT ACTUEL ET ÉVOLUTIONS RÉCENTES En 2020, sur les 51 stations considérées à l?échelle de la région, 29 % sont dans un état optimal (classe 1), toutes situées dans les îles Éparses ; 24 % sont en bon état (classe 2) et 41 % sont dégradées (classe 3). Enfin, 6 % sont très dégradées (2 stations à Juan de Nova et 1 station aux Glorieuses). Depuis le dernier bilan en 20155 : 11 % des stations présentent une amélioration 56 % sont restées stables 33 % se sont dégradées Les situations sont toujours contrastées, avec de fortes hétérogénéités spatiales tant du recouvrement corallien que des peuplements de poissons (richesse spécifique, abondance, biomasse) : contrastes à La Réunion, entre les platiers et les pentes externes, dans les îles Éparses entre les îles et entre platiers, terrasses lagonaires et pentes externes, et à Mayotte entre récifs frangeants, récifs internes et récifs barrières ; contrastes également, dans tous les cas, selon les secteurs géographiques, leur exposition, les conditions hydrodynamiques et les taux de sédimentation et/ou de pollution auxquels ils sont soumis. Les recouvrements coralliens: en 2020, la majorité des récifs à La Réunion (71 % des stations) et à Mayotte (60 %), sont dans un état dégradé. Les taux de recouvrements coralliens sont de 20 à 30 % pour les plus bas et à 70 % localement, pour les plus élevés. Dans les îles Éparses, 77 % des stations sont dans un état optimal ou bon (classes 1 à 2), principalement sur les stations de pente externe sur l?ensemble des îles. Mais surtout sur l?île d?Europa, où les taux de recouvrements coralliens sur la pente externe atteignent jusqu?à 80 %. Aux Glorieuses, les résultats sont plus mitigés et la couverture corallienne excède très rarement les 50 %, en raison des conditions environnementales particulières ; tandis qu?à Juan de Nova, fortement soumise aux phénomènes de blanchissement corallien (températures parfois supérieures à 32°C), les récifs sont très dégradés sur les terrasses lagonaires et présentent un faible recouvrement corallien (9 % au maximum en 2019). Les peuplements ichtyologiques : la richesse spécifique en poissons est particulièrement élevée dans les îles Éparses, notamment aux Glorieuses (jusqu?à 57 sp/250m²), situé au centre du triangle de biodiversité, et à Europa 35 à 50 sp/250m²; à Mayotte, toutes espèces confondues, les valeurs fluctuent de 13 à 46 sp/250m² sur les récifs frangeants, la plus forte diversité se situant sur les récifs barrières avec des valeurs comprises entre 30 et 52 sp/250m². À Mayotte, la biomasse en espèces d?intérêt commercial est très faible sur les récifs frangeants, sauf ponctuellement, mais localement élevée sur le récif barrière (jusqu?à 6-7 kg/100 m²) et dans les passes. À La Réunion, les biomasses sont partout très faibles (1,5 kg/100 m² pour les 30 espèces indicatrices), à la fois pour les prédateurs apicaux (au plus haut de la chaine trophique) et les poissons perroquets, qui jouent un rôle-clé dans la résilience des récifs en gérant l?expansion des algues. C?est dans les îles Éparses que les biomasses sont les plus élevées (jusqu?à plus de 100 kg/100m² sur les pentes externes d?Europa). L?évolution de l?état de santé des récifs depuis le dernier bilan (2015), à l?échelle de la région (Mayotte et La Réunion), montre que 56 % des stations présentent un état stable et 33 % sont dégradées. ? On note une grande stabilité à La Réunion (69 % de stations stables). ? À Mayotte, en revanche, l?évolution va dans le sens d?une diminution globale significative de l?état des communautés coralliennes (43 % des stations en dégradation), avec 25 % de mortalité corallienne en moyenne suite à l?impact majeur du blanchissement de 2016. En 2019, la saison chaude aura été à nouveau marquée par des élévations anormales de la température des eaux donnant lieu à des phénomènes de blanchissement corallien massifs, qui ont touché différemment les récifs du Sud-Ouest de l?océan Indien : ? à La Réunion, un blanchissement important (40 % de la couverture corallienne sur la pente externe et les platiers) mais une mortalité faible à moyenne (15 % sur les platiers et 12 % sur la pente externe); ? à Mayotte, un blanchissement faible et pas de mortalité notable; ? sur les îles Éparses, pas de blanchissement observé lors de la rotation du Marion Dufresnes en avril 2019; L?année 2020 a été marquée par le premier blanchissement avéré sur l?île d?Europa (températures supérieures à 31° sur plusieurs semaines en février 2020). L?investigation d?une seule station GCRMN sur le platier récifal a montré un taux de mortalité d?environ 60 %. Les familles les plus touchées sont les Pocilloporidae et Milleporidae. Mais aucune perte de biodiversité n?est à déplorer. Ce constat ne peut être extrapolé à l?ensemble du récif par manque de données. © Shawn Wolfe Situation globale des récifs coralliens dans la région de l?océan Indien (Obura et al, 2017, Wickel et al., 2013, 2018, 2020, Nicet et al, 2019, 2020) En 1998, les récifs coralliens de l?océan Indien occidental ont franchi un seuil, en raison de l?impact du plus grand évènement de blanchissement mondial connu: ? en moyenne, la couverture corallienne a diminué de 25 % par rapport aux niveaux initiaux, le recouvrement passant de 40 % avant 1998 à 30 % après; ? le recouvrement en algues a été multiplié par 2, passant de 15 % avant 1998 à 30 %; ? la structure des communautés de poissons a été modifiée; elle est maintenant dominée par des herbivores et des détritivores de petite taille (environ 80 % de la biomasse totale). En 2016, le deuxième plus grand évènement de blanchissement de l?océan Indien occidental a également eu un impact considérable : ? 30 % des récifs ont présenté des signes de blanchissement important ou grave, et la couverture corallienne a diminué de 10 %; ? tandis que la résistance des coraux au blanchissement de 2016 a été importante (2/3 des coraux blanchis ont récupéré), le potentiel de récupération des récifs sera probablement moindre qu?en 1998 en raison de la couverture corallienne déjà réduite, de la couverture algale plus élevée et du rôle croissant de la dynamique entre les poissons herbivores et les algues. 47 stations 129 stations Pourcentages de stations par classe d?état de santé Antilles françaises Pourcentages de stations par classe d?état de santé Pourcentages de stations par classe d?état de santé 1 (optimal) - 2 (bon) - 3 (dégradé) - 4 (trés dégradé) 51 stations Pourcentages de stations par classe d?état de santé Océan Indien 107 stations Pourcentages de stations par classe d?état de santé Pacifique État actuel des récifs (Pacifique et îles Éparses) 76 stations État actuel des récifs (Antilles, Mayotte, La Réunion) 29 % optimal 24 % bon 6 % trés dégradé 41 % dégradé 30 % optimal 39 % bon 8 % trés dégradé 23 % dégradé 3 % optimal 35 % bon 4 % trés dégradé 58 % dégradé 36 % optimal 34 % bon 9 % trés dégradé 21 % dégradé 4 % optimal 36 % bon 7 % trés dégradé 53 % dégradé OCÉAN INDIEN OCÉAN PACIFIQUE OCÉAN ATLANTIQUE Mayotte La Réunion Îles Éparses Nouvelle-Calédonie Wallis et Futuna Clipperton Polynesie-Française Saint-Martin Saint-Barthélemy Guadeloupe Martinique 5 - Sur La Réunion et Mayotte seulement, données 2015 non disponibles pour les îles Éparses. 36 37IFRECOR / État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français - 2020 / RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS / 2020 - État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français / IFRECOR Mayotte forte mortalité corallienne Réunion mortalité massive de poissons Réunion Impact modéré Mayotte mortalité forte à modérée Mortalité corallienne Réunion : 10% Mayotte : 25% Îles Éparses : impact important sur Juan de Nova et Glorieuses Réunion impacts locaux avec mortalité massive sur platier (diminution locale de 40% de la couverture corallienne) 1er blanchissement sur Europa : mortalité localisée (1 station suivie) Réunion : blanchissement important (40% sur la pente externe et les platiers) mais mortalité faible à moyenne (15% sur les platiers et 12% sur la pente externe) Mayotte : blanchissement faible et pas de mortalité notable 1998 Fort épisode de blanchissement corallien mondial 2010 Episode de blanchissement corallien 2016 Episode de blanchissement corallien 2020 Episode de blanchissement corallien Episode de blanchissement corallien Réunion 1er signes de dégradation Mayotte Dégradations massives (jusqu?à 90 % de mortalité corallienne localement) Réunion 1er signes de dégradation 1980 Cyclone Firinga 2018 Cyclones Berguitta, Dumazile, Fakir Coulées de boue 2002 Cyclone Dina 2019 Cyclone Idal 20201975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015 2016 2017 2018 2019 1975 1977 Invasion Acanthaster Mayotte mortalité corallienne 2001 Invasion Acanthaster TENDANCES SUR LE LONG TERME Sur le long terme, la dynamique de la couverture corallienne est régie par les pressions anthropiques diffuses auxquelles s?ajoutent les événements extrêmes, tels les infestations d?Acanthaster planci, l?impact des cyclones, et les épisodes de température des eaux élevée, induisant des phénomènes de blanchissement corallien, de plus en plus fréquents (1983, 1998, 2010, 2016, 2019, 2020). Le blanchissement est différemment impactant selon les épisodes, et les zones de récifs ; ainsi, à Mayotte les récifs frangeants semblent mieux résister et être davantage résilients que les barrières. Ces évènements s?accompagnent localement de brusques diminutions de la couverture corallienne, puis d?une reprise plus ou moins rapide selon la résilience des stations suivies. Ainsi à La Réunion, le recouvrement corallien est en diminution continue depuis 2000 sur la plupart des stations de pente récifale (et le recrutement corallien est faible). Les dégradations se traduisent par une disparition locale des coraux sensibles (Acropora) au profit de formes résistantes (massives et encroûtantes), dont l?habitabilité pour la faune associée est moindre, et par l?augmentation des recouvrements en algues (pentes externes de La Réunion + 32 % en 10 ans). L?état des « origines » à La Réunion et Mayotte (fin des années 1970) La Réunion : la pente externe présentait une couverture corallienne d?au moins 50 % (sur l?horizon 5-15m) avec une dominance des Acropora et notamment les formes tabulaires, submassives et/ou branchues (qui,mis à part dans le secteur de Saint-Pierre, ont aujourd?hui quasiment disparu au profit des Pocillopora, Astreopora et Porites notamment). À l?inverse, la couverture en algues dressées était plus faible qu?aujourd?hui. Mayotte : le récif barrière avait une couverture corallienne d?environ 60 % (récif barrière Est) à 70 % (barrière ouest) avec une dominance des coraux Acropores (plus de 50 % des peuplements coralliens), notamment les formes tabulaires. Le récif frangeant présentait un recouvrement de plus de 60 %, avec les coraux Acropores dominants, notamment les Acropores branchus et tabulaires. Liste rouge des coraux constructeurs de récifs des îles françaises de l?océan Indien Le risque de disparition de l?ensemble des coraux constructeurs de récifs de La Réunion, de Mayotte et des îles Éparses a été évalué dans le cadre de la Liste rouge des espèces menacées en France. L?état des lieux montre que 15 % des espèces sont menacées ou quasi menacées à La Réunion, 12 % à Mayotte et 6 % dans les îles Éparses. Quelques chiffres marquants ? La Réunion (pente externe) : diminution du recouvrement corallien (de 49 à 28 %)entre 2000 et 2019 et doublement des recouvrements en algues (de 27 à 59 % sur la même période) ? Mayotte : 87 % de diminution de la densité des mérous babonne (Plectropomus laevis) entre 2008 et 2019 ? Europa (platier récifal) : diminution du recouvrement corallien entre 2011 et 2016 (de 40,8 % à 17,5 %), mais augmentation en 2019. ? Tromelin : diminution du recouvrement corallien (de 60 à 16 %) sur terrasse lagonaire,mais forte augmentation entre 2011 et 2019 sur les pentes externes ? Juan de Nova : diminution du recouvrement corallien (de 35 à 9 %) de 2013 à 2019 sur pente externe ; et diminution de 62 % de la biomasse de poissons entre 2004 et 2019 sur terrasses lagonaires Région Pacifique LE CONTEXTE Cette région comprend les trois collectivités du Pacifique sud occidental: la Nouvelle-Calédonie, Wallis et Futuna et la Polynésie française, auxquelles s?ajoute l?atoll de Clipperton plus à l?est. La zone maritime de ces territoires compte pour 80 % de l?espace maritime des outre-mer récifaux (pour 62 % de l?ensemble de l?espace maritime français) et pour 95 % de ses surfaces récifo-lagonaires. La Nouvelle-Calédonie, quant à elle, représente 64 % des surfaces récifales françaises (près de 35 873 km²). La diversité des formations récifales est très importante dans la région. La Nouvelle-Calédonie est ceinturée par une barrière récifale de 1 600 km de longueur, des récifs barrières internes, imbriqués et multiples, des récifs frangeants et de nombreux récifs et îlots de lagon. Elle compte également des atolls, des récifs submergés et des bancs coralliens. La Polynésie française compte cinq archipels pour une surface récifo-lagonaire d?environ 16 200 km² répartie sur près de 120 îles, dont 85 atolls de grande diversité (40 % du nombre d?atolls dans le monde). Wallis est entourée d?un récif barrière (218 km² de lagons et récifs), Futuna et Alofi sont bordées par un étroit platier de récif frangeant («récif tablier») et, dans la ZEE, de nombreux atolls et bancs ennoyés s?étendent sur une surface totale (680 km2), bien supérieure à celle des deux îles océaniques. Non seulement ces territoires comptent les récifs les plus étendus, mais ils sont également les moins peuplés (moins de 100 hab./km², contre plus de 200 et jusqu?à 600 pour toutes les autres régions de l?outre-mer). Les pressions sur ces territoires sont donc plus réduites et localisées (îles et zones urbaines, exploitations agricoles, industrielles et minières). Les suivis de l?état de santé y sont très anciens (1970 pour Moorea, 1990 pour la Nouvelle-Calédonie, 1999 pour Wallis pour les premiers relevés), et les récifs de Moorea font partie des plus étudiés au monde, avec des séries temporelles particulièrement longues, ce qui est précieux pour comprendre la dynamique à long terme des récifs et leur fonctionnement. Plusieurs réseaux sont à l?oeuvre, notamment en Polynésie (12 réseaux de 3 à 53 stations, répondant à des objectifs différents), mais également en Nouvelle-Calédonie (plusieurs programmes pouvant être considérés comme réguliers et à large échelle spatiale, dont quatre ont pu être considéré ici, soit un total de 468 stations pour l?ensemble des réseaux), et deux à Wallis et Futuna, dont l?un récent. À Clipperton, l?isolement de l?île contraint à des suivis sporadiques. Le nombre total de stations suivies dans la région est très élevé, près de 700 stations tous réseaux confondus (468 en Nouvelle-Calédonie, 184 en Polynésie française, 21 sur Wallis et Futuna). Toutefois ce bilan ne s?appuie que sur une faible proportion de ces stations. ÉTAT ACTUEL ET ÉVOLUTIONS RÉCENTES Durant la période 2015-2019, plusieurs évènements ont affecté les récifs, dont deux évènements de températures élevées (2016 en Nouvelle- Calédonie ; 2016 et 2019 en Polynésie française), ayant entraîné des blanchissements coralliens aux effets plus ou moins sévères, des épisodes d?explosions démographiques d?Acanthaster, localisées pour la Nouvelle-Calédonie. Sur Wallis-et-Futuna, les observations ont été rares sur cette période, ne permettant pas de déterminer avec précision les causes d?évolution récente des récifs. Les récifs suivis dans la région Pacifique sont majoritairement en bonne santé : 69 % sont dans un état bon à optimal. En 2019, à Wallis et Futuna, 67 % des récifs suivis dans le cadre du réseau FEO sont dans un état de santé bon à satisfaisant (classes 1 ou 2). Sur Wallis, la majorité des récifs suivis sont en classe 2, abritant des couvertures coralliennes globalement élevées, mais aux richesse et abondance en poissons ou invertébrés qui pourraient être plus importantes, compte tenu du type de récif. Sur Futuna et Alofi, l?état de santé est moyen à bon (classes 2 ou 3), avec des taux de recouvrement corallien assez élevés (30 à 50 % selon les récifs) et des populations de poissons cibles moyennement variées et abondantes. En Polynésie française, les récifs de l?archipel de la Société montraient jusqu?en 2019 un taux de corail vivant relativement élevé (30-50 %), en forte croissance depuis 2010, mais avec une décroissance récente dans les îles du vent, en raison de l?épisode particulièrement intense de blanchissement en 2019, ayant entraîné une mortalité corallienne sévère (jusqu?à 50 % sur les pentes externes de Moorea). Dans les autres Sur les pentes externes de l?ensemble des îles Éparses, de manière globale, le recouvrement en corail vivant est élevé et relativement stable dans le temps (moyennes variant entre 40 et 60 %). À Mayotte, ces dégradations de l?habitat et la pression de pêche toujours plus forte (35 % du tonnage des captures concernent des peuplements ichtyologiques) se traduisent par une diminution inquiétante des paramètres généraux des peuplements de poissons (diversité, densité et biomasse totale). La diminution de la ressource depuis 10 ans est illustrée par celle du mérou babonne (Plectropomus laevis), espèce emblématique très vulnérable aux activités de pêche, encore commune il y a 10 ans et aujourd?hui rare (87 % de diminution entre 2008 et aujourd?hui). À La Réunion, les peuplements de poissons sont également affectés par la modification de leur habitat qui, ajoutée à la surexploitation des ressources halieutiques, engendre une diminution de la biomasse globale (80 % depuis 2002), avec des niveaux toujours bas depuis et un déséquilibre des catégories de haut niveau trophique. Dans les îles Éparses, l?évolution des biomasses de poissons est généralement stables sur les pentes externes, ou en diminution à Juan de Nova et aux Glorieuses ; elle a diminué sur les terrasses lagonaires de Juan de Nova entre 2013 et 2019. Évènements majeurs 47 stations 129 stations Pourcentages de stations par classe d?état de santé Antilles françaises Pourcentages de stations par classe d?état de santé Pourcentages de stations par classe d?état de santé 1 (optimal) - 2 (bon) - 3 (dégradé) - 4 (trés dégradé) 51 stations Pourcentages de stations par classe d?état de santé Océan Indien 107 stations Pourcentages de stations par classe d?état de santé Pacifique État actuel des récifs (Pacifique et îles Éparses) 76 stations État actuel des récifs (Antilles, Mayotte, La Réunion) 29 % optimal 24 % bon 6 % trés dégradé 41 % dégradé 30 % optimal 39 % bon 8 % trés dégradé 23 % dégradé 3 % optimal 35 % bon 4 % trés dégradé 58 % dégradé 36 % optimal 34 % bon 9 % trés dégradé 21 % dégradé 4 % optimal 36 % bon 7 % trés dégradé 53 % dégradé OCÉAN INDIEN OCÉAN PACIFIQUE OCÉAN ATLANTIQUE Mayotte La Réunion Îles Éparses Nouvelle-Calédonie Wallis et Futuna Clipperton Polynesie-Française Saint-Martin Saint-Barthélemy Guadeloupe Martinique 38 39IFRECOR / État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français - 2020 / RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS / 2020 - État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français / IFRECOR archipels (Tuamotu, Australes et Marquises), les taux de recouvrement sont moins élevés (< 30 %) mais stables, voire en augmentation. En Nouvelle-Calédonie, 75 % des récifs suivis dans le cadre du RORC sont toujours dans un état de santé bon à satisfaisant (classes 1 ou 2), toutefois la majorité des dégradations enregistrées ont eu lieu sur les cinq dernières années. Si, la Nouvelle-Calédonie avait auparavant été épargnée par les événements de blanchissement massif, l?évènement de 2016 a impacté de nombreux récifs, avec une atteinte variable, mais une résilience forte: au large de Nouméa, 70 à 80 % des colonies blanchies suivies dans le cadre du projet BLANCO avaient totalement récupéré leur vitalité au bout de deux ans ; un constat similaire avait été fait pour les récifs du RORC. Les communautés de poissons récifaux sont globalement préservées et, dans les sites du patrimoine mondial par exemple, d?une exceptionnelle diversité. TENDANCES SUR LE LONG TERME Sur le long terme, les dynamiques d?évolution de la couverture corallienne sont principalement régies par les cyclones à Wallis et Futuna, en Nouvelle-Calédonie (fort impact du cyclone Erica en 2003) et en Polynésie française (impacts moins fréquents mais potentiellement très destructeurs comme les cyclones de 1982-83 ou 2010 par exemple). Sur Wallis et Futuna, les récifs exposés aux cyclones ont subi des pertes coralliennes importantes, tandis que les récifs abrités apparaissent soit stables (Futuna), soit en nette progression corallienne au cours du temps (Alofi et Wallis). Les suivis GCRMN étant peu fréquents et irréguliers, ils ne permettent pas en l?état de conclure avec précision sur l?évolution des peuplements de poissons. Sur les quinze dernières années l?état des récifs coralliens suivis en Nouvelle-Calédonie est caractérisé par une tendance globale à la stabilité, particulièrement marquée sur les récifs sous influence océanique (Grande-Terre et îles Loyauté). Cette tendance ne doit pas occulter des dégradations ponctuelles mais sévères de certains récifs (récifs côtiers de la côte est majoritairement), ni la nette augmentation du couvert corallien d?un nombre non négligeable de zones inventoriées. À l?échelle du RORC, il a été mesuré que les régressions et les croissances coralliennes se sont globalement compensées sur les 15 dernières années. En Polynésie française, les événements les plus destructeurs ont été les épisodes de blanchissement corallien et les explosions démographiques d?Acanthaster (très importantes en 1979, 1986, et plus récemment entre 2006 et 2010, puis 2016 et 2018) ; ces évènements ont sévèrement détruit de nombreux récifs dans les îles de la Société et déstructuré les communautés de coraux (forte réduction des formes branchues). Les évolutions sont donc très variables entre : ? les récifs des îles de la Société, qui présentent sur les 15 dernières années des variations très fortes du recouvrement corallien, sur des durées relativement courtes, inférieures à la décennie ; celui-ci passe en effet d?un extrême (recouvrement inférieur à 10 % en 2010- 2011, en raison d?une prolifération d?Acanthaster et du cyclone Oli) à l?autre (forte résilience avec une hausse parfois spectaculaire sur la période 2010-2019) ; Dans les zones dégradées, les peuplements coralliens branchus sont davantage impactés que les coraux massifs ; ? les récifs des autres archipels, qui n?ont pas subi de perturbation majeure dans les 10 dernières années et sont en relative stabilité, avec des recouvrements coralliens moyens, sauf aux Marquises où les conditions naturelles ne permettent pas la formation de récifs coralliens et où les recouvrements sont naturellement assez faibles sur le substrat (5 % environ). La biomasse totale en poissons montre une décroissance depuis 2008-2010, quelle que soit l?échelle géographique considérée, dans l?archipel de la Société et davantage encore dans les archipels périphériques, avec une forte décroissance, notamment depuis 2010. À ce stade, il est difficile de donner une raison particulière et l?on peut envisager la combinaison d?efforts de pêche accrus et d?un effet de l?environnement. Mais, si les dynamiques d?évolution brutale des recouvrements coralliens sont liées aux évènements climatiques et autres Quelques chiffres marquants ? De 40 % à 10 % : diminution en 10 ans (2007-2018) du taux de recouvrement corallien brut en Polynésie (pour les archipels autres que la Société); ? 50 % de mortalité corallienne sur les pentes externes de Moorea suite au blanchissement de 2019; ? 50-60 %: bon recouvrement corallien sur certaines pentes externes d?atolls de Polynésie; ? tendance globale à la stabilité, voire à l?amélioration, des taux de corail vivant des récifs calédoniens. Évènements majeurs aléas, elles ne doivent pas occulter l?effet des pressions anthropiques, sédimentation, pollutions, aménagements littoraux, qui impactent de façon plus insidieuse les récifs depuis de très longues années. On rappellera, à titre d?exemple, que les estimations des destructions liées aux remblais ou à l?extraction des matériaux coralliens dans les iles de la Société avaient été évaluées en 2006 à environ 6 % de la surface cumulée des récifs frangeants des îles de Tahiti, Moorea et quelques îles Sous-le-Vent ; que les grands travaux hydroélectriques, l?urbanisation ou les pratiques agricoles en Polynésie, ou encore les explorations pour le nickel en Nouvelle-Calédonie, ont conduit à des apports terrigènes sans précédents sur les récifs ; ou encore que les problèmes de pollutions et d?eutrophisation par les eaux usées sont prégnants sur les îles hautes de Polynésie ou sur Wallis. © Bastien Preuss Mortalité coralienne en Polynésie française 1991 & 1994 Pic de temperature Polynésie française 2002 Pic de temperature Polynésie française 2019 Pic de temperature Polynésie française blanchissement massifNouvelle- calédonie important blanchissement Mortalité corallienne en Polynésie françaisePolynésie française blanchissement massif (Îles de la Société) Polynésie française blanchissement massif (Îles de la Société) 1991 Cyclones Wasa, PF 2010 Cyclones Thomas à Wallis et Futuna, Cyclone Oli en PF 2013 Cyclones : Freda en NC, Evan à W&F 2016 - 2017 Cyclones : Cook en NC, Amos & Ella à W&F Infestation Acanthaster Pic de temperature Cyclone Oli destructeur en Polynésie française Wallis et Futuna, cyclone Evan particulièrement destructeur 1998 & 2001 4 Cyclones en PF Waka, Wallis et Futuna 20201980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015 2016 2017 2018 2019 Forte mortalité corallienne en Polynésie française 1980 1970, 1979, 1980, 1982 Infestation Acanthaster 2004 - 2013 Infestation Acanthaster Polynésie française (PF), Wallis et Futuna (WF), Nouvelle-Calédonie (NC) ÉTAT DE SANTÉ DES RÉCIFS CORALLIENS, HERBIERS MARINS ET MANGROVES DES OUTRE-MER FRANÇAIS 20 20 Résumé pour décideurs IFRECOR, 2021 / Bilan 2020 INVALIDE) (ATTENTION: OPTION mations récifo-lagonaires, dont près de 15 000 km² de récifs construits (Millennium Coral Reef Mapping), répartis le long de la côte est africaine (Kenya, Tanzanie, Mozambique, Afrique du sud) et autour des îles (Madagascar, Maurice/Rodrigues, Seychelles et territoires français de l?outre-mer). Les territoires français de l?océan Indien sont représentés par deux départements, La Réunion et Mayotte, et une collectivité sui generis, les Terres australes et antarctiques françaises (TAAF), qui comptent cinq îles, s?étendant le long du canal du Mozambique (Glorieuses, Juan de Nova, Bassas da India et Europa) et au nord-est de Madagascar (Tromelin). Au total, sur un espace maritime de 1 million de km², les récifs de ces territoires s?étendent sur 2000 km², (Mayotte 1406 km² environ, La Réunion 18 km² et les Iles Eparses 794 km² au total), dont 546 km² de zones construites. Leur diversité géomorphologique, qui résulte de leur histoire géologique, est importante: récifs frangeants à La Réunion, l?île la plus jeune, bancs récifaux et atolls dans les îles Eparses; Mayotte, l?île la plus ancienne, compte des récifs frangeants et l?un des plus beaux récifs barrière de la région, ainsi qu?une double barrière. Les mangroves sont présentes uniquement sur Mayotte (623 ha), Europa (626 ha) et Juan de Nova (0,26 ha) et les herbiers sont présents partout mais peu développés. Au sein de cette région, la partie nord du canal du Mozambique constitue le deuxième triangle de biodiversité récifale au monde, après celui centré autour de l?Indonésie, Mayotte et les Glorieuses sont situées au sein de ce triangle de richesse. Les îles sont très diversement peuplées: les Iles Eparses sont inhabitées, constituant ainsi une référence et un observatoire pour des récifs sans pressions anthropiques directes, La Réunion présente une densité de population de 340 hab/km² se situant dans la moyenne des outre-mer, tandis que Mayotte (686 hab./km²) présente la plus forte densité de population de tous les outre-mer français. Les principales pressions qui impactent les récifs, les herbiers, les mangroves et conduisent à de lentes dégradations chroniques des récifs à La Réunion et à Mayotte sont liées (i) à l?érosion des sols, en lien avec l?aménagement du territoire, les pratiques culturales, et (ii) la pollution des eaux résultant des traitements déficients des eaux usées et des eaux pluviales, dont le ruissellement est renforcé par l?imperméabilisation des sols urbanisés. À La Réunion, les récifs étroits et accolés à la côte sont directement sous influence de ces pressions ; à Mayotte, le contexte socio-économique et géopolitique est à l?origine d?une augmentation particulièrement rapide de la population humaine et des pressions associées. Les îles Éparses, en revanche, sont donc très peu soumises aux pressions anthropiques, à l?exception d?une pêche illégale parfois forte (sur Juan de Nova par exemple, jusqu?à récemment) mais aujourd?hui à peu près contrôlée (surveillance renforcée). Les suivis de l?état de santé des récifs coralliens ont commencé, dans le cadre du GCRMN, dès la fin des années 1990 à Mayotte et La Réunion, et au début des années 2000 dans les îles Éparses. La région compte aujourd?hui plusieurs réseaux de surveillance (GCRMN, Reef Check, AMP, DCE) mobilisés très irrégulièrement, notamment dans les îles Éparses compte tenu des difficultés d?accès aux îles. Durant la période 2015-2020, plusieurs épisodes climatiques ont impacté les récifs : trois épisodes de blanchissement corallien et plusieurs cyclones (voir la frise page suivante). ÉTAT ACTUEL ET ÉVOLUTIONS RÉCENTES En 2020, sur les 51 stations considérées à l?échelle de la région, 29 % sont dans un état optimal (classe 1), toutes situées dans les îles Éparses ; 24 % sont en bon état (classe 2) et 41 % sont dégradées (classe 3). Enfin, 6 % sont très dégradées (2 stations à Juan de Nova et 1 station aux Glorieuses). Depuis le dernier bilan en 20155 : 11 % des stations présentent une amélioration 56 % sont restées stables 33 % se sont dégradées Les situations sont toujours contrastées, avec de fortes hétérogénéités spatiales tant du recouvrement corallien que des peuplements de poissons (richesse spécifique, abondance, biomasse) : contrastes à La Réunion, entre les platiers et les pentes externes, dans les îles Éparses entre les îles et entre platiers, terrasses lagonaires et pentes externes, et à Mayotte entre récifs frangeants, récifs internes et récifs barrières ; contrastes également, dans tous les cas, selon les secteurs géographiques, leur exposition, les conditions hydrodynamiques et les taux de sédimentation et/ou de pollution auxquels ils sont soumis. Les recouvrements coralliens: en 2020, la majorité des récifs à La Réunion (71 % des stations) et à Mayotte (60 %), sont dans un état dégradé. Les taux de recouvrements coralliens sont de 20 à 30 % pour les plus bas et à 70 % localement, pour les plus élevés. Dans les îles Éparses, 77 % des stations sont dans un état optimal ou bon (classes 1 à 2), principalement sur les stations de pente externe sur l?ensemble des îles. Mais surtout sur l?île d?Europa, où les taux de recouvrements coralliens sur la pente externe atteignent jusqu?à 80 %. Aux Glorieuses, les résultats sont plus mitigés et la couverture corallienne excède très rarement les 50 %, en raison des conditions environnementales particulières ; tandis qu?à Juan de Nova, fortement soumise aux phénomènes de blanchissement corallien (températures parfois supérieures à 32°C), les récifs sont très dégradés sur les terrasses lagonaires et présentent un faible recouvrement corallien (9 % au maximum en 2019). Les peuplements ichtyologiques : la richesse spécifique en poissons est particulièrement élevée dans les îles Éparses, notamment aux Glorieuses (jusqu?à 57 sp/250m²), situé au centre du triangle de biodiversité, et à Europa 35 à 50 sp/250m²; à Mayotte, toutes espèces confondues, les valeurs fluctuent de 13 à 46 sp/250m² sur les récifs frangeants, la plus forte diversité se situant sur les récifs barrières avec des valeurs comprises entre 30 et 52 sp/250m². À Mayotte, la biomasse en espèces d?intérêt commercial est très faible sur les récifs frangeants, sauf ponctuellement, mais localement élevée sur le récif barrière (jusqu?à 6-7 kg/100 m²) et dans les passes. À La Réunion, les biomasses sont partout très faibles (1,5 kg/100 m² pour les 30 espèces indicatrices), à la fois pour les prédateurs apicaux (au plus haut de la chaine trophique) et les poissons perroquets, qui jouent un rôle-clé dans la résilience des récifs en gérant l?expansion des algues. C?est dans les îles Éparses que les biomasses sont les plus élevées (jusqu?à plus de 100 kg/100m² sur les pentes externes d?Europa). L?évolution de l?état de santé des récifs depuis le dernier bilan (2015), à l?échelle de la région (Mayotte et La Réunion), montre que 56 % des stations présentent un état stable et 33 % sont dégradées. ? On note une grande stabilité à La Réunion (69 % de stations stables). ? À Mayotte, en revanche, l?évolution va dans le sens d?une diminution globale significative de l?état des communautés coralliennes (43 % des stations en dégradation), avec 25 % de mortalité corallienne en moyenne suite à l?impact majeur du blanchissement de 2016. En 2019, la saison chaude aura été à nouveau marquée par des élévations anormales de la température des eaux donnant lieu à des phénomènes de blanchissement corallien massifs, qui ont touché différemment les récifs du Sud-Ouest de l?océan Indien : ? à La Réunion, un blanchissement important (40 % de la couverture corallienne sur la pente externe et les platiers) mais une mortalité faible à moyenne (15 % sur les platiers et 12 % sur la pente externe); ? à Mayotte, un blanchissement faible et pas de mortalité notable; ? sur les îles Éparses, pas de blanchissement observé lors de la rotation du Marion Dufresnes en avril 2019; L?année 2020 a été marquée par le premier blanchissement avéré sur l?île d?Europa (températures supérieures à 31° sur plusieurs semaines en février 2020). L?investigation d?une seule station GCRMN sur le platier récifal a montré un taux de mortalité d?environ 60 %. Les familles les plus touchées sont les Pocilloporidae et Milleporidae. Mais aucune perte de biodiversité n?est à déplorer. Ce constat ne peut être extrapolé à l?ensemble du récif par manque de données. © Shawn Wolfe Situation globale des récifs coralliens dans la région de l?océan Indien (Obura et al, 2017, Wickel et al., 2013, 2018, 2020, Nicet et al, 2019, 2020) En 1998, les récifs coralliens de l?océan Indien occidental ont franchi un seuil, en raison de l?impact du plus grand évènement de blanchissement mondial connu: ? en moyenne, la couverture corallienne a diminué de 25 % par rapport aux niveaux initiaux, le recouvrement passant de 40 % avant 1998 à 30 % après; ? le recouvrement en algues a été multiplié par 2, passant de 15 % avant 1998 à 30 %; ? la structure des communautés de poissons a été modifiée; elle est maintenant dominée par des herbivores et des détritivores de petite taille (environ 80 % de la biomasse totale). En 2016, le deuxième plus grand évènement de blanchissement de l?océan Indien occidental a également eu un impact considérable : ? 30 % des récifs ont présenté des signes de blanchissement important ou grave, et la couverture corallienne a diminué de 10 %; ? tandis que la résistance des coraux au blanchissement de 2016 a été importante (2/3 des coraux blanchis ont récupéré), le potentiel de récupération des récifs sera probablement moindre qu?en 1998 en raison de la couverture corallienne déjà réduite, de la couverture algale plus élevée et du rôle croissant de la dynamique entre les poissons herbivores et les algues. 47 stations 129 stations Pourcentages de stations par classe d?état de santé Antilles françaises Pourcentages de stations par classe d?état de santé Pourcentages de stations par classe d?état de santé 1 (optimal) - 2 (bon) - 3 (dégradé) - 4 (trés dégradé) 51 stations Pourcentages de stations par classe d?état de santé Océan Indien 107 stations Pourcentages de stations par classe d?état de santé Pacifique État actuel des récifs (Pacifique et îles Éparses) 76 stations État actuel des récifs (Antilles, Mayotte, La Réunion) 29 % optimal 24 % bon 6 % trés dégradé 41 % dégradé 30 % optimal 39 % bon 8 % trés dégradé 23 % dégradé 3 % optimal 35 % bon 4 % trés dégradé 58 % dégradé 36 % optimal 34 % bon 9 % trés dégradé 21 % dégradé 4 % optimal 36 % bon 7 % trés dégradé 53 % dégradé OCÉAN INDIEN OCÉAN PACIFIQUE OCÉAN ATLANTIQUE Mayotte La Réunion Îles Éparses Nouvelle-Calédonie Wallis et Futuna Clipperton Polynesie-Française Saint-Martin Saint-Barthélemy Guadeloupe Martinique 5 - Sur La Réunion et Mayotte seulement, données 2015 non disponibles pour les îles Éparses. 36 37IFRECOR / État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français - 2020 / RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS / 2020 - État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français / IFRECOR Mayotte forte mortalité corallienne Réunion mortalité massive de poissons Réunion Impact modéré Mayotte mortalité forte à modérée Mortalité corallienne Réunion : 10% Mayotte : 25% Îles Éparses : impact important sur Juan de Nova et Glorieuses Réunion impacts locaux avec mortalité massive sur platier (diminution locale de 40% de la couverture corallienne) 1er blanchissement sur Europa : mortalité localisée (1 station suivie) Réunion : blanchissement important (40% sur la pente externe et les platiers) mais mortalité faible à moyenne (15% sur les platiers et 12% sur la pente externe) Mayotte : blanchissement faible et pas de mortalité notable 1998 Fort épisode de blanchissement corallien mondial 2010 Episode de blanchissement corallien 2016 Episode de blanchissement corallien 2020 Episode de blanchissement corallien Episode de blanchissement corallien Réunion 1er signes de dégradation Mayotte Dégradations massives (jusqu?à 90 % de mortalité corallienne localement) Réunion 1er signes de dégradation 1980 Cyclone Firinga 2018 Cyclones Berguitta, Dumazile, Fakir Coulées de boue 2002 Cyclone Dina 2019 Cyclone Idal 20201975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015 2016 2017 2018 2019 1975 1977 Invasion Acanthaster Mayotte mortalité corallienne 2001 Invasion Acanthaster TENDANCES SUR LE LONG TERME Sur le long terme, la dynamique de la couverture corallienne est régie par les pressions anthropiques diffuses auxquelles s?ajoutent les événements extrêmes, tels les infestations d?Acanthaster planci, l?impact des cyclones, et les épisodes de température des eaux élevée, induisant des phénomènes de blanchissement corallien, de plus en plus fréquents (1983, 1998, 2010, 2016, 2019, 2020). Le blanchissement est différemment impactant selon les épisodes, et les zones de récifs ; ainsi, à Mayotte les récifs frangeants semblent mieux résister et être davantage résilients que les barrières. Ces évènements s?accompagnent localement de brusques diminutions de la couverture corallienne, puis d?une reprise plus ou moins rapide selon la résilience des stations suivies. Ainsi à La Réunion, le recouvrement corallien est en diminution continue depuis 2000 sur la plupart des stations de pente récifale (et le recrutement corallien est faible). Les dégradations se traduisent par une disparition locale des coraux sensibles (Acropora) au profit de formes résistantes (massives et encroûtantes), dont l?habitabilité pour la faune associée est moindre, et par l?augmentation des recouvrements en algues (pentes externes de La Réunion + 32 % en 10 ans). L?état des « origines » à La Réunion et Mayotte (fin des années 1970) La Réunion : la pente externe présentait une couverture corallienne d?au moins 50 % (sur l?horizon 5-15m) avec une dominance des Acropora et notamment les formes tabulaires, submassives et/ou branchues (qui,mis à part dans le secteur de Saint-Pierre, ont aujourd?hui quasiment disparu au profit des Pocillopora, Astreopora et Porites notamment). À l?inverse, la couverture en algues dressées était plus faible qu?aujourd?hui. Mayotte : le récif barrière avait une couverture corallienne d?environ 60 % (récif barrière Est) à 70 % (barrière ouest) avec une dominance des coraux Acropores (plus de 50 % des peuplements coralliens), notamment les formes tabulaires. Le récif frangeant présentait un recouvrement de plus de 60 %, avec les coraux Acropores dominants, notamment les Acropores branchus et tabulaires. Liste rouge des coraux constructeurs de récifs des îles françaises de l?océan Indien Le risque de disparition de l?ensemble des coraux constructeurs de récifs de La Réunion, de Mayotte et des îles Éparses a été évalué dans le cadre de la Liste rouge des espèces menacées en France. L?état des lieux montre que 15 % des espèces sont menacées ou quasi menacées à La Réunion, 12 % à Mayotte et 6 % dans les îles Éparses. Quelques chiffres marquants ? La Réunion (pente externe) : diminution du recouvrement corallien (de 49 à 28 %)entre 2000 et 2019 et doublement des recouvrements en algues (de 27 à 59 % sur la même période) ? Mayotte : 87 % de diminution de la densité des mérous babonne (Plectropomus laevis) entre 2008 et 2019 ? Europa (platier récifal) : diminution du recouvrement corallien entre 2011 et 2016 (de 40,8 % à 17,5 %), mais augmentation en 2019. ? Tromelin : diminution du recouvrement corallien (de 60 à 16 %) sur terrasse lagonaire,mais forte augmentation entre 2011 et 2019 sur les pentes externes ? Juan de Nova : diminution du recouvrement corallien (de 35 à 9 %) de 2013 à 2019 sur pente externe ; et diminution de 62 % de la biomasse de poissons entre 2004 et 2019 sur terrasses lagonaires Région Pacifique LE CONTEXTE Cette région comprend les trois collectivités du Pacifique sud occidental: la Nouvelle-Calédonie, Wallis et Futuna et la Polynésie française, auxquelles s?ajoute l?atoll de Clipperton plus à l?est. La zone maritime de ces territoires compte pour 80 % de l?espace maritime des outre-mer récifaux (pour 62 % de l?ensemble de l?espace maritime français) et pour 95 % de ses surfaces récifo-lagonaires. La Nouvelle-Calédonie, quant à elle, représente 64 % des surfaces récifales françaises (près de 35 873 km²). La diversité des formations récifales est très importante dans la région. La Nouvelle-Calédonie est ceinturée par une barrière récifale de 1 600 km de longueur, des récifs barrières internes, imbriqués et multiples, des récifs frangeants et de nombreux récifs et îlots de lagon. Elle compte également des atolls, des récifs submergés et des bancs coralliens. La Polynésie française compte cinq archipels pour une surface récifo-lagonaire d?environ 16 200 km² répartie sur près de 120 îles, dont 85 atolls de grande diversité (40 % du nombre d?atolls dans le monde). Wallis est entourée d?un récif barrière (218 km² de lagons et récifs), Futuna et Alofi sont bordées par un étroit platier de récif frangeant («récif tablier») et, dans la ZEE, de nombreux atolls et bancs ennoyés s?étendent sur une surface totale (680 km2), bien supérieure à celle des deux îles océaniques. Non seulement ces territoires comptent les récifs les plus étendus, mais ils sont également les moins peuplés (moins de 100 hab./km², contre plus de 200 et jusqu?à 600 pour toutes les autres régions de l?outre-mer). Les pressions sur ces territoires sont donc plus réduites et localisées (îles et zones urbaines, exploitations agricoles, industrielles et minières). Les suivis de l?état de santé y sont très anciens (1970 pour Moorea, 1990 pour la Nouvelle-Calédonie, 1999 pour Wallis pour les premiers relevés), et les récifs de Moorea font partie des plus étudiés au monde, avec des séries temporelles particulièrement longues, ce qui est précieux pour comprendre la dynamique à long terme des récifs et leur fonctionnement. Plusieurs réseaux sont à l?oeuvre, notamment en Polynésie (12 réseaux de 3 à 53 stations, répondant à des objectifs différents), mais également en Nouvelle-Calédonie (plusieurs programmes pouvant être considérés comme réguliers et à large échelle spatiale, dont quatre ont pu être considéré ici, soit un total de 468 stations pour l?ensemble des réseaux), et deux à Wallis et Futuna, dont l?un récent. À Clipperton, l?isolement de l?île contraint à des suivis sporadiques. Le nombre total de stations suivies dans la région est très élevé, près de 700 stations tous réseaux confondus (468 en Nouvelle-Calédonie, 184 en Polynésie française, 21 sur Wallis et Futuna). Toutefois ce bilan ne s?appuie que sur une faible proportion de ces stations. ÉTAT ACTUEL ET ÉVOLUTIONS RÉCENTES Durant la période 2015-2019, plusieurs évènements ont affecté les récifs, dont deux évènements de températures élevées (2016 en Nouvelle- Calédonie ; 2016 et 2019 en Polynésie française), ayant entraîné des blanchissements coralliens aux effets plus ou moins sévères, des épisodes d?explosions démographiques d?Acanthaster, localisées pour la Nouvelle-Calédonie. Sur Wallis-et-Futuna, les observations ont été rares sur cette période, ne permettant pas de déterminer avec précision les causes d?évolution récente des récifs. Les récifs suivis dans la région Pacifique sont majoritairement en bonne santé : 69 % sont dans un état bon à optimal. En 2019, à Wallis et Futuna, 67 % des récifs suivis dans le cadre du réseau FEO sont dans un état de santé bon à satisfaisant (classes 1 ou 2). Sur Wallis, la majorité des récifs suivis sont en classe 2, abritant des couvertures coralliennes globalement élevées, mais aux richesse et abondance en poissons ou invertébrés qui pourraient être plus importantes, compte tenu du type de récif. Sur Futuna et Alofi, l?état de santé est moyen à bon (classes 2 ou 3), avec des taux de recouvrement corallien assez élevés (30 à 50 % selon les récifs) et des populations de poissons cibles moyennement variées et abondantes. En Polynésie française, les récifs de l?archipel de la Société montraient jusqu?en 2019 un taux de corail vivant relativement élevé (30-50 %), en forte croissance depuis 2010, mais avec une décroissance récente dans les îles du vent, en raison de l?épisode particulièrement intense de blanchissement en 2019, ayant entraîné une mortalité corallienne sévère (jusqu?à 50 % sur les pentes externes de Moorea). Dans les autres Sur les pentes externes de l?ensemble des îles Éparses, de manière globale, le recouvrement en corail vivant est élevé et relativement stable dans le temps (moyennes variant entre 40 et 60 %). À Mayotte, ces dégradations de l?habitat et la pression de pêche toujours plus forte (35 % du tonnage des captures concernent des peuplements ichtyologiques) se traduisent par une diminution inquiétante des paramètres généraux des peuplements de poissons (diversité, densité et biomasse totale). La diminution de la ressource depuis 10 ans est illustrée par celle du mérou babonne (Plectropomus laevis), espèce emblématique très vulnérable aux activités de pêche, encore commune il y a 10 ans et aujourd?hui rare (87 % de diminution entre 2008 et aujourd?hui). À La Réunion, les peuplements de poissons sont également affectés par la modification de leur habitat qui, ajoutée à la surexploitation des ressources halieutiques, engendre une diminution de la biomasse globale (80 % depuis 2002), avec des niveaux toujours bas depuis et un déséquilibre des catégories de haut niveau trophique. Dans les îles Éparses, l?évolution des biomasses de poissons est généralement stables sur les pentes externes, ou en diminution à Juan de Nova et aux Glorieuses ; elle a diminué sur les terrasses lagonaires de Juan de Nova entre 2013 et 2019. Évènements majeurs 47 stations 129 stations Pourcentages de stations par classe d?état de santé Antilles françaises Pourcentages de stations par classe d?état de santé Pourcentages de stations par classe d?état de santé 1 (optimal) - 2 (bon) - 3 (dégradé) - 4 (trés dégradé) 51 stations Pourcentages de stations par classe d?état de santé Océan Indien 107 stations Pourcentages de stations par classe d?état de santé Pacifique État actuel des récifs (Pacifique et îles Éparses) 76 stations État actuel des récifs (Antilles, Mayotte, La Réunion) 29 % optimal 24 % bon 6 % trés dégradé 41 % dégradé 30 % optimal 39 % bon 8 % trés dégradé 23 % dégradé 3 % optimal 35 % bon 4 % trés dégradé 58 % dégradé 36 % optimal 34 % bon 9 % trés dégradé 21 % dégradé 4 % optimal 36 % bon 7 % trés dégradé 53 % dégradé OCÉAN INDIEN OCÉAN PACIFIQUE OCÉAN ATLANTIQUE Mayotte La Réunion Îles Éparses Nouvelle-Calédonie Wallis et Futuna Clipperton Polynesie-Française Saint-Martin Saint-Barthélemy Guadeloupe Martinique 38 39IFRECOR / État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français - 2020 / RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS RÉSUMÉ POUR DÉCIDEURS / 2020 - État de santé des récifs coralliens et écosystemes associés des outre-mer français / IFRECOR archipels (Tuamotu, Australes et Marquises), les taux de recouvrement sont moins élevés (< 30 %) mais stables, voire en augmentation. En Nouvelle-Calédonie, 75 % des récifs suivis dans le cadre du RORC sont toujours dans un état de santé bon à satisfaisant (classes 1 ou 2), toutefois la majorité des dégradations enregistrées ont eu lieu sur les cinq dernières années. Si, la Nouvelle-Calédonie avait auparavant été épargnée par les événements de blanchissement massif, l?évènement de 2016 a impacté de nombreux récifs, avec une atteinte variable, mais une résilience forte: au large de Nouméa, 70 à 80 % des colonies blanchies suivies dans le cadre du projet BLANCO avaient totalement récupéré leur vitalité au bout de deux ans ; un constat similaire avait été fait pour les récifs du RORC. Les communautés de poissons récifaux sont globalement préservées et, dans les sites du patrimoine mondial par exemple, d?une exceptionnelle diversité. TENDANCES SUR LE LONG TERME Sur le long terme, les dynamiques d?évolution de la couverture corallienne sont principalement régies par les cyclones à Wallis et Futuna, en Nouvelle-Calédonie (fort impact du cyclone Erica en 2003) et en Polynésie française (impacts moins fréquents mais potentiellement très destructeurs comme les cyclones de 1982-83 ou 2010 par exemple). Sur Wallis et Futuna, les récifs exposés aux cyclones ont subi des pertes coralliennes importantes, tandis que les récifs abrités apparaissent soit stables (Futuna), soit en nette progression corallienne au cours du temps (Alofi et Wallis). Les suivis GCRMN étant peu fréquents et irréguliers, ils ne permettent pas en l?état de conclure avec précision sur l?évolution des peuplements de poissons. Sur les quinze dernières années l?état des récifs coralliens suivis en Nouvelle-Calédonie est caractérisé par une tendance globale à la stabilité, particulièrement marquée sur les récifs sous influence océanique (Grande-Terre et îles Loyauté). Cette tendance ne doit pas occulter des dégradations ponctuelles mais sévères de certains récifs (récifs côtiers de la côte est majoritairement), ni la nette augmentation du couvert corallien d?un nombre non négligeable de zones inventoriées. À l?échelle du RORC, il a été mesuré que les régressions et les croissances coralliennes se sont globalement compensées sur les 15 dernières années. En Polynésie française, les événements les plus destructeurs ont été les épisodes de blanchissement corallien et les explosions démographiques d?Acanthaster (très importantes en 1979, 1986, et plus récemment entre 2006 et 2010, puis 2016 et 2018) ; ces évènements ont sévèrement détruit de nombreux récifs dans les îles de la Société et déstructuré les communautés de coraux (forte réduction des formes branchues). Les évolutions sont donc très variables entre : ? les récifs des îles de la Société, qui présentent sur les 15 dernières années des variations très fortes du recouvrement corallien, sur des durées relativement courtes, inférieures à la décennie ; celui-ci passe en effet d?un extrême (recouvrement inférieur à 10 % en 2010- 2011, en raison d?une prolifération d?Acanthaster et du cyclone Oli) à l?autre (forte résilience avec une hausse parfois spectaculaire sur la période 2010-2019) ; Dans les zones dégradées, les peuplements coralliens branchus sont davantage impactés que les coraux massifs ; ? les récifs des autres archipels, qui n?ont pas subi de perturbation majeure dans les 10 dernières années et sont en relative stabilité, avec des recouvrements coralliens moyens, sauf aux Marquises où les conditions naturelles ne permettent pas la formation de récifs coralliens et où les recouvrements sont naturellement assez faibles sur le substrat (5 % environ). La biomasse totale en poissons montre une décroissance depuis 2008-2010, quelle que soit l?échelle géographique considérée, dans l?archipel de la Société et davantage encore dans les archipels périphériques, avec une forte décroissance, notamment depuis 2010. À ce stade, il est difficile de donner une raison particulière et l?on peut envisager la combinaison d?efforts de pêche accrus et d?un effet de l?environnement. Mais, si les dynamiques d?évolution brutale des recouvrements coralliens sont liées aux évènements climatiques et autres Quelques chiffres marquants ? De 40 % à 10 % : diminution en 10 ans (2007-2018) du taux de recouvrement corallien brut en Polynésie (pour les archipels autres que la Société); ? 50 % de mortalité corallienne sur les pentes externes de Moorea suite au blanchissement de 2019; ? 50-60 %: bon recouvrement corallien sur certaines pentes externes d?atolls de Polynésie; ? tendance globale à la stabilité, voire à l?amélioration, des taux de corail vivant des récifs calédoniens. Évènements majeurs aléas, elles ne doivent pas occulter l?effet des pressions anthropiques, sédimentation, pollutions, aménagements littoraux, qui impactent de façon plus insidieuse les récifs depuis de très longues années. On rappellera, à titre d?exemple, que les estimations des destructions liées aux remblais ou à l?extraction des matériaux coralliens dans les iles de la Société avaient été évaluées en 2006 à environ 6 % de la surface cumulée des récifs frangeants des îles de Tahiti, Moorea et quelques îles Sous-le-Vent ; que les grands travaux hydroélectriques, l?urbanisation ou les pratiques agricoles en Polynésie, ou encore les explorations pour le nickel en Nouvelle-Calédonie, ont conduit à des apports terrigènes sans précédents sur les récifs ; ou encore que les problèmes de pollutions et d?eutrophisation par les eaux usées sont prégnants sur les îles hautes de Polynésie ou sur Wallis. © Bastien Preuss Mortalité coralienne en Polynésie française 1991 & 1994 Pic de temperature Polynésie française 2002 Pic de temperature Polynésie française 2019 Pic de temperature Polynésie française blanchissement massifNouvelle- calédonie important blanchissement Mortalité corallienne en Polynésie françaisePolynésie française blanchissement massif (Îles de la Société) Polynésie française blanchissement massif (Îles de la Société) 1991 Cyclones Wasa, PF 2010 Cyclones Thomas à Wallis et Futuna, Cyclone Oli en PF 2013 Cyclones : Freda en NC, Evan à W&F 2016 - 2017 Cyclones : Cook en NC, Amos & Ella à W&F Infestation Acanthaster Pic de temperature Cyclone Oli destructeur en Polynésie française Wallis et Futuna, cyclone Evan particulièrement destructeur 1998 & 2001 4 Cyclones en PF Waka, Wallis et Futuna 20201980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015 2016 2017 2018 2019 Forte mortalité corallienne en Polynésie française 1980 1970, 1979, 1980, 1982 Infestation Acanthaster 2004 - 2013 Infestation Acanthaster Polynésie française (PF), Wallis et Futuna (WF), Nouvelle-Calédonie (NC) ÉTAT DE SANTÉ DES RÉCIFS CORALLIENS, HERBIERS MARINS ET MANGROVES DES OUTRE-MER FRANÇAIS 20 20 Résumé pour décideurs IFRECOR, 2021 / Bilan 2020 INVALIDE)

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