Prise en compte de l'élévation du niveau de la mer en vue de l'estimation des impacts du changement climatique et des mesures d'adaptation possibles
Auteur moral
France. Direction générale de l'énergie et du climat
Auteur secondaire
Résumé
Le document examine l'élévation du niveau de la mer due au changement climatique et propose des mesures d'adaptation. Il prévoit une hausse de 0,40 m à 1 m d'ici 2100, selon différents scénarios d'émissions de gaz à effet de serre. Les impacts régionaux et les facteurs influençant ces variations sont également discutés, avec des recommandations pour la métropole et l'outre-mer.
Descripteur Urbamet
risques naturels
;changement climatique
;GAZ A EFFET DE SERRE
Descripteur écoplanete
Thème
Risques
Texte intégral
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Synthèse
Prise en compte de l'élévation du niveau
de la mer en vue de l'estimation des
impacts du changement climatique et des
mesures d'adaptation possibles
S
Y
N
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H
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S
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DIRECTION GENERALE
DE L?ENERGIE
ET DU CLIMAT
Service du climat et de
l?efficacité énergétique
Observatoire national
Sur les effets du
réchauffement
climatique
Synthèse n°2 ? février 2010 ?
Direction générale de l?énergie et du climat / Service du climat et de l?efficacité énergétique / Observatoire
national sur les effets du réchauffement climatique
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sur les Effets du Réchauffement Climatique
Variation du niveau moyen de la mer sur le Globe à la fin du XXIème siècle
D'après le 4ème rapport d'évaluation du GIEC (AR4, 2007), le niveau moyen de la mer dans le
monde s'est élevé de 0,18 m environ entre 1870 et 2000. Il existe des disparités importantes
selon les régions du monde sur la valeur de cette augmentation au cours des deux dernières
décennies, en lien notamment avec des inhomogénéités de température et de salinité de l'eau
de mer, qui sont influencées par des fluctuations pluriannuelles encore mal comprises comme
El Niño.
Ce même rapport du GIEC annonce pour la décennie 2090-2099 une élévation du niveau
moyen de la mer dans le monde située entre 0,18 et 0,59 m au-dessus de ce niveau moyen
observé sur la période 1980-1999 (Tableau SPM.3 du rapport du Groupe 1 du GIEC reproduit
ci-dessous).
Cette fourchette a été établie en effectuant une analyse statistique des résultats des modèles
de calcul du niveau de la mer alors disponibles, en fonction de différents scénarios d'émissions
de gaz à effet de serre (GES). Par émissions croissantes, les scénarios considérés sont les
scénarios B1, A1T, B2, A1B, A2, A1FI).
1. Le scénario d'émissions de GES le plus bas présenté par le GIEC est le scénario
B1. Ce scénario produit en moyenne en 2100 une concentration en CO2 de l'ordre
de 520 ppm (cf. Tableau RT.6 du Rapport de Synthèse de l?AR4), ce qui est encore
très supérieur aux 450 ppm tous GES compris correspondant à la valeur supérieure
recommandée par l'UE. Pour ce scénario B1, le plus optimiste, plus de 90% des
simulations produisent une élévation du niveau de la mer située entre 0,18 et 0,38
m (figure TS.27 du rapport du groupe I du GIEC). La valeur de 0,38 m correspond
au modèle d'océan le plus pessimiste dans le cas du scénario d'émissions le plus
optimiste. Cependant, les observations entre 1993 et 2003 indiquent un rythme
d?élévation nettement supérieur à celui sous-tendu par cette valeur et il est prudent
de tenir compte également du fait que nombre de recherches actuelles semblent
mettre en évidence une accélération de la perte de masse des calottes polaires
(Groenland et Antarctique de l?ouest). Compte tenu de ces éléments, on ferait la
recommandation suivante:
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L'hypothèse « optimiste » retenue pour l'élévation du niveau moyen de la mer en 2100
sera de 0,40 m (valeur de 0,38 m pour le scénario B1 arrondie à 0,40 m)
2. Selon cette même figure TS.27 de l'AR4, 5% des modèles réalisés d'après le
scénario A1FI, qui représente le profil d'émissions le plus élevé, fournissent une
valeur supérieure à 0,59 m en 2095. On peut donc assurer que très peu de
simulations, tous scénarios d'émissions confondus, sont à plus de 0,60 m. Pour les
mêmes raisons que ci-dessus, c?est la valeur haute de la fourchette qui est choisie.
L'hypothèse « pessimiste » retenue pour l'élévation du niveau moyen de la mer en 2100
sera de 0,60 m (valeur arrondie à partir de 0,59 m en 2090-2099).
3. Un débat existe actuellement dans la communauté scientifique au sujet de la prise
en compte d'une possible accélération de la perte de masse de glace au Groenland
et en Antarctique, qui pourrait conduire à une élévation plus rapide du niveau de la
mer. Les modèles climatiques ne prennent pas en compte pour l'instant les
phénomènes dynamiques découverts récemment au Groenland et en Antarctique
de l'Ouest. Les observations par satellite montrent assez clairement, au cours des
dernières années, une accélération de la perte de masse de glace dans ces
régions. Toutefois, il n'est pas possible de dire aujourd'hui si ce phénomène va
s'emballer ou s'il n'est que transitoire. Certains auteurs (par exemple Rahmstorf,
2007) annoncent en 2100 une élévation possible de 1 à 2 m à partir d?une méthode
semi-empirique. Ce débat n'étant actuellement pas tranché, il convient de
recommander également une hypothèse extrême.
L'hypothèse «extrême» retenue pour l'élévation du niveau de la mer en 2100 sera de 1
m.
Application à la métropole et à l'outre-mer
La variation du niveau moyen de la mer en un point donné de la côte peut être différente de la
variation de ce niveau moyen sur les océans du globe. Les facteurs possibles à l'origine de
telles différences sont décrits en détail dans le chapitre 5 du 4ème rapport d'évaluation du
GIEC, et incluent :
1. les variations de température et de salinité de l'eau de mer, en lien avec des
fluctuations à long terme comme par exemple El Niño
2. des changements dans la circulation des océans
3. des modifications des pressions atmosphériques en surface
4. des changements liés à la réponse de la Terre solide à la dernière grande
glaciation (rebond post glaciaire) : ce phénomène induit des déformations
locales de la croûte terrestre, (comme par exemple la remontée isostatique
du sol observée autour de la mer du Nord et qui affecte notamment les côtes
des Pays Bas et de l'Angleterre) mais affecte aussi le niveau de la mer
?absolu? en raison d?effets gravitationnels liés à la redistribution des masses
de glace et d?eau et d?effets sur la forme des bassins océaniques (donc sur le
volume d?eau contenu dans l?océan).
5. localement, on doit aussi tenir compte de mouvements verticaux du sol
(principalement des subsidences, liées par exemple au pompage des eaux
souterraines et à l?extraction du pétrole et du gaz). Dans certaines régions
côtières ?ex dans le golfe du Mexique-, ces subsidences sont actuellement
plus grandes que la hausse ?climatique? du niveau de la mer.
Le problème de la variabilité régionale du niveau de la mer est très complexe. Pour les 15
dernières années, nous observons, avec l'altimétrie spatiale, une variabilité régionale très
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marquée. D'après les études actuelles, on pense que la variabilité régionale des vitesses de
variation du niveau de la mer des 15 dernières années est dominée par les grandes
perturbations climatiques du système couplé océan atmosphère (El Nino, Oscillation Nord
Atlantique, etc.) et qu?elle se superpose à la hausse liée au réchauffement à long terme. Or les
échelles de temps de ces perturbations sont décennales/multidécennales et ne sont pas encore
prises en compte par les modèles climatiques. Il est vrai que le long des côtes de la métropole,
les tendances observées au cours des 15 dernières années sont assez proches de la moyenne
globale donc assez peu influencées par cette variabilité décennale. Mais c'est déjà moins vrai
pour les Antilles, la Réunion et la Polynésie. De plus, au niveau du littoral, il y a d'autres
facteurs qui interviennent, comme les mouvements verticaux de la croûte terrestre (assez
faibles le long des côtes de métropole). Ensuite, au plan des impacts, la hausse du niveau de
la mer n'est qu'une des composantes du recul des côtes. Plusieurs facteurs se combinent :
direction des courants côtiers et du vent, apport de sédiments, morphologie des côtes, etc.
Pour la fin du siècle sur les côtes françaises, si l'on excepte Saint Pierre et Miquelon et peut-
être certaines îles au voisinage de l'Antarctique, la figure 10.32, page 813 du rapport du Groupe
I du GIEC, reproduite ci-dessous, ne montre pas de déviation importante de la montée du
niveau de la mer en 2080-2099 par rapport à la moyenne globale. Cependant, ce qui est
présenté dans la figure 10.32 ne correspond qu'à une partie des évolutions possibles,
correspondant à la composante régionale due à l'expansion thermique (réchauffement futur des
océans). Cette carte ne rend pas compte, entre autres, de phénomènes tels que la variabilité
régionale quasi-décennale liée aux phénomènes El Nino dont l'effet est certainement important,
les modifications possibles des courants océaniques, les effets de déformation des bassins
océaniques en réponse à l'apport de masses d'eau dues à la fonte des glaces (effet
probablement assez faible toutefois), etc. La figure 10.32 indique que le long des côtes de la
métropole, la variabilité régionale (due seulement à l'expansion thermique) conduirait vers
2090 à + 5 cm au-dessus de la hausse moyenne; il paraît cependant difficile d'avancer un
chiffre précis sur la hausse totale escomptée à la fin du siècle pour les côtes françaises en
raison de toutes les incertitudes évoquées ci-dessus.
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Cependant, ces incertitudes géographiques devraient rester bornées du fait de la redistribution
horizontale des paramètres océaniques; il est donc proposé de ne pas en tenir compte, et de
retenir pour l'ensemble des côtes françaises, Méditerranée et Outre-mer compris, les mêmes
valeurs que pour l'élévation globale du niveau de la mer, soit 40, 60 et 100 cm.
Proposition d?estimation pour les échéances intermédiaires
Pour les échéances intermédiaires, entre 1870 et 2100, on utilisera une fonction d'interpolation
parabolique, valant 0m en 1870, 0,18m en 2000 et l'une des trois valeurs ci-dessus
(respectivement 58 cm, 78 cm et 118 cm par rapport au niveau de 1870) en 2100 selon que
l'hypothèse retenue est optimiste, pessimiste ou extrême.
En suivant un tel ajustement, on arrive pour les projections d?élévation du niveau de la mer par
rapport aux valeurs de la fin du XX
ème
siècle, exprimées en cm en fonction de l'année, au
tableau suivant :
Hypothèse 2030 2050 2100
Optimiste 10 17 40
Pessimiste 14 25 60
Extrême 22 41 100
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Recommandation
Dans le cadre des études sur les impacts du changement climatique et les
mesures d?adaptation possibles, il y a lieu d?utiliser les hypothèses
suivantes dans la prise en compte de l?élévation du niveau de la mer.
Cette recommandation pourra être revue en fonction de l?état des connaissances
scientifiques.
contact : michel.galliot@developpement-durable.gouv.fr
Direction
Générale Energie
et Climat
Grande Arche ?
Paroi nord
92 055 La Défense
Cedex
tél : 01 40 81 21 22
Directeur de la
publication :
Pierre-Franck
Chevet
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- compte tenu de la précision des moyens
cartographiques actuels, en particulier pour localiser les
infrastructures et de l?incertitude sur les projections, il
n?est pas judicieux de distinguer les hypothèses en
fonction des scénarios (B1, B2, A2 etc?.) ;
- on retiendra 3 hypothèses à l?horizon 2100 :
o hypothèse optimiste : 0,40 m,
o hypothèse pessimiste : 0,60 m,
o hypothèse extrême : 1 m ;
- on utilisera la même hypothèse quelle que soit la
zone étudiée.
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ET DU CLIMAT
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énergétique
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réchauffement
climatique