Maintien de navigabilité : interfaces entre acteurs
Auteur moral
France. Direction générale de l'aviation civile
Auteur secondaire
Résumé
Le symposium DSAC 2024 met en avant la promotion de la sécurité aérienne par la DSAC et l'OSAC. Il aborde la navigabilité des aéronefs, la coordination des actions de maintien de navigabilité, les interfaces humaines et les outils de gestion. Le livret synthétise les bonnes pratiques et les réflexions collaboratives pour améliorer la sécurité et la performance dans le domaine de l'aviation civile.
Descripteur Urbamet
Descripteur écoplanete
Thème
Transports
Texte intégral
LES SYMPOSIUMSfObject
Sécurité
i
BANKABLE SAFETY
SAFETY SCIENCES
2 3DSAC SYMPOSIUM 2024
Pour les États et les autorités de l?Aviation civile comme
la DSAC et OSAC, la promotion de la sécurité constitue
l?un des quatre piliers du programme de sécurité
de l?État. Pour faire vivre cette promotion et diffuser
une culture positive de la sécurité, la DSAC a construit
au cours des dix-huit dernières années une politique
active de dissémination des enseignements de sécurité,
dont l?un des rendez-vous est le symposium annuel
sur la sécurité du transport aérien qui fédère
et rassemble les parties prenantes autour
d?une thématique à forts enjeux.
Chaque symposium constitue une occasion unique et
privilégiée de partage d?informations et d?échanges
entre les partenaires intéressés, et permet à chacun de
communiquer sur sa vision du thème proposé.
Le présent livret constitue une synthèse des diverses
thématiques abordées au cours de cette journée, ou un
exposé de bonnes pratiques. C?est l?aboutissement d?un
travail de réflexion collaboratif où chaque contributeur
expose son angle de vue sur les enjeux relatifs aux
interfaces dans le domaine du maintien de navigabilité.
AVANT-PROPOS
2 3DSAC SYMPOSIUM 2024
SOMMAIRE
AVANT-PROPOS 2
1 LA NAVIGABILITÉ DES AÉRONEFS 4
1.1 Navigabilité initiale 6
1.2 Maintien de navigabilité 7
1.3 Les interfaces de la chaîne de maintien de navigabilité 9
1.4 Des interfaces menacées dans l?écosystème navigabilité 13
1.5 Le maintien de navigabilité vu par un TC Holder 17
2 COORDONNER LES ACTIONS DE MAINTIEN DE NAVIGABILITÉ 18
2.1 Le CAMO clef de voûte du maintien de navigabilité 19
2.2 Piloter la gestion du maintien de navigabilité (commander/contractualiser) 20
2.3 La sous-traitance 21
2.4 Les interfaces en maintenance en ligne 22
2.5 La mise en place d?un Système de Gestion Corporate dans l?organisation d?Air France 23
2.6 Les Safety Assessments de la DSAC au coeur de l?activité en escale 24
2.7 Utiliser la gestion du changement comme un outil de conduite de projet
? Retour d?expérience easyJet avec l?eTechlog 28
2.8 La responsabilité juridique et pénale des dirigeants
responsables et responsables désignés 32
3 LA COMPOSANTE HUMAINE DANS LES INTERFACES 34
3.1 La qualité des interfaces internes comme facteur clé des performances sociales,
économiques et de sécurité 35
3.2 Les freins aux bons fonctionnements des interfaces internes 41
3.3 La culture juste 44
3.4 La formation et le maintien de compétences 46
4 LES OUTILS 48
4.1 Méthode NITS (Nature-Intention-Temporalité-Spécificité) à Safran Helicopter Engines
? La patience au coeur d?une transformation 49
4.2 Méthode PDCA (Plan ? Do ? Check ? Act) pour améliorer la performance collective 51
4.3 Les apports de l?intelligence artificielle 52
4.4 Les outils de partage d?information en temps réel 54
4.5 Les apports de la predictive maintenance 55
5 ANNEXES 56
5.1 Soft et hard skills 57
5.2 Glossaire 58
5.3 Contributeurs 59
5.4 Figures et illustrations 60
1.
L A NAVIGABILITÉ
DES AÉRONEFS
4 DSAC
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5SYMPOSIUM 2024
1. L A NAVIGABILITÉ DES AÉRONEFS
La navigabilité (airworthiness) d?un aéronef désigne l?état
d?un aéronef quand il est conforme à une conception
(de type) approuvée et est en état de voler avec un
niveau de sécurité approprié.
Depuis le début des années 2000, la définition validant
la navigabilité d?un type d?aéronef est attestée par un
certificat de type (TC) délivré par l?Agence de l?Union
Européenne pour la Sécurité Aérienne (EASA) lorsque la
définition de ce type d?aéronef est conforme aux spé-
cifications de certification. C?est aussi l?EASA qui établit
par une consigne de navigabilité les dispositions obliga-
toires à appliquer à un aéronef pour restaurer sa
navigabilité après la décou-verte en service d?une condi-
tion pouvant compromettre le niveau de sécurité de
cet aéronef.
Dans ce système européen, la navigabilité individuelle
d?un aéronef est initialement caractérisée par la déli-
vrance, par l?Autorité d?immatriculation, d?un certificat
de navigabilité (CDN) et d?un certificat d?examen de
navigabilité (CEN) valide un an lorsque l?aéronef est
attesté conforme à un type approuvé.
Le maintien de la navigabilité désigne l?ensemble des
processus qui permettent de conserver, au cours du
temps, un aéronef dans un état navigable, c?est-à-dire
en assurant le maintien de la navigabilité et en effectuant
la maintenance requise.
Le CEN d?un aéronef est renouvelé dans des conditions
définies par la réglementation, souvent après un examen
documentaire et physique de l?aéronef, pour établir pour
un an supplémentaire la validité inscrite sur le CEN.
Toutefois, un CEN valide ne suffit pas pour attester qu?un
aéronef reste navigable jour après jour pendant la
période de validité du CEN.
C?est le processus de maintien de la navigabilité de type
par l?EASA et le processus de la gestion du maintien de
navigabilité individuelle d?un aéronef qui garantissent la
navigabilité quotidienne d?un aéronef, permettant ainsi
à un opérateur aérien d?entreprendre des vols avec un
aéronef navigable.
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Les acteurs de la navigabilité initiale sont :
? Les organismes détenteurs de Certificats de Type
(TC) ou de Suppléments de Certificats de Type
(STC) : il est de leur responsabilité de définir les
données de maintien de la navigabilité du type
d?aéronef nécessaires pour les exploitants indivi-
duels de chaque aéronef : instructions du maintien
de la navigabilité (ICA) et les autres données de
maintenance.
? Les organismes de production des aéronefs et de
leurs composants OEM.
? L?Agence et les autorités :
× EASA :
? Délivrance des certificats type, supplément au
certificat de type approbation de la conception
des réparations, de conception des équipements
(ETSO) ;
? Assurance du maintien de la validité de ces docu-
ments (émission des consignes de navigabilité) ;
? Délivrance et maintien de la validité des agré-
ments de conception (DOA)
× OSAC : Délivrance et surveillance des agréments
de production (POA)1.
La navigabilité initiale permet :
? D?attester la conception d?un aéronef à des normes
de sécurité au travers d?un processus de certification
de la conception du type d?aéronef effectué par
l?EASA ;
? De produire un aéronef individuel conforme à la
conception de type dans un processus réplicable
attesté par un agrément de production délivré à
l?organisme qui fabrique l?aéronef (agrément POA).
La conception de type de l?aéronef se matérialise par
un certificat de type (TC) délivré par l?EASA à l?orga-
nisme qui devient le détenteur de ce certificat (TCH).
Le détenteur de ce certificat détient un agrément qui
atteste de sa capacité à concevoir un aéronef et main-
tenir ce type d?aéronef conforme aux normes de
certification de la sécurité (agrément DOA).
La production d?un aéronef individuel conforme à son
type se matérialise par un certificat de production
individuel de l?aéronef (form 52 dans le système EASA).
1.1.
Navigabilité initiale
1. Sauf lorsque cette responsabilité a été transférée par l?État
français à l?EASA pour certains organismes : AIRBUS HELICOPTERS,
et AIRBUS SAS.
1. L A NAVIGABILITÉ DES AÉRONEFS
La navigabilité initiale
garantit la sécurité
d'un aéronef via une
certification de
conception effectuée
par l'EASA et assure que
chaque appareil produit
est conforme à cette
conception de type
dans un processus
réplicable, attesté par
un agrément de
production (POA).
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6 7DSAC SYMPOSIUM 2024
1. L A NAVIGABILITÉ DES AÉRONEFS
À l?issue de cette phase de navigabilité initiale, un aéronef
qui a été produit est éligible à l?obtention d?un document
individuel attestant de sa navigabilité, délivré par l?au-
torité du pays dans lequel il va être immatriculé, et
l?obtention d?un certificat d?immatriculation (CI).
Dans le système européen, la navigabilité individuelle
d?un aéronef est attestée par un certificat de navigabilité
(CDN) et un certificat d?examen de navigabilité (CEN).
Une fois le CDN, le CEN et le CI émis, l?aéronef est mis
en service et ce sont les règles de maintien de la naviga-
bilité qui s?appliquent.
Le CDN est délivré par l?autorité du pays d?immatricu-
lation une fois la conformité au type établi. Pour un
aéronef neuf, le CDN est délivré en échange du certificat
de production individuel (form 52). Le CDN a une validité
permanente sous réserve notamment de la validité du
type et de l?immatriculation. Le CEN a une date de vali-
dité d?un an. Il est renouvelé pour un an dans des
conditions définies par la réglementation, souvent après
un examen documentaire et physique de l?aéronef qui
montre que le maintien de la navigabilité a été conforme
aux règles depuis l?examen précédent.
C?est l?organisme en charge de la gestion du maintien
de la navigabilité (CAMO) qui a la responsabilité de s?as-
surer de la continuité de la conformité de l?aéronef aux
exigences de maintien de la navigabilité en utilisant des
données de maintien de navigabilité à jour.
Les acteurs du maintien de la navigabilité individuelle
d?un aéronef sont :
? Les organismes de gestion du maintien de la naviga-
bilité (CAMO) : ils suivent les données publiées par
les concepteurs des aéronefs et leurs équipements
et commandent les actions de maintenance
nécessaires ;
? Les organismes de maintenance des aéronefs (AMO)
qui exécutent les travaux de maintenance commandés
par le CAMO ;
? Les mécaniciens aéronautiques travaillant dans ces
AMO, pouvant être titulaires d?une licence de main-
tenance d?aéronefs (LMA) et d?une habilitation APRS
délivrée par l?organisme de maintenance certifiant la
maintenance réalisée ;
? Les détenteurs de la conception des aéronefs qui
doivent fournir et tenir à jour les instructions du main-
tien de la navigabilité (ICA) et les autres données de
maintenance ;
? L?opérateur de l?aéronef qui doit répondre aux
demandes du CAMO pour présenter à un organisme
de maintenance dûment agréé son aéronef pour les
travaux de maintenance requis, et fournir au CAMO
les données d?exploitation de l?aéronef servant à la
navigabilité : heures de vol, nombre de cycles, pannes
rencontrées, dommages de structure, etc.
? L?Agence et les autorités :
× L?EASA qui adopte et publie notamment les consignes
de navigabilité obligatoires pour modifier les instruc-
tions de maintenance des aéronefs ;
1.2.
Maintien de navigabilité
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8 9DSAC SYMPOSIUM 2024
1. L A NAVIGABILITÉ DES AÉRONEFS
× La DSAC pour l?immatriculation des aéronefs, la déli-
vrance de certificats de transporteur aérien et la
surveillance du domaine OPS ;
× OSAC pour la délivrance des CDN et des CEN dans
certains cas définis par la réglementation
européenne,
? Pour la délivrance et la surveillance des agréments
des organismes de gestion du maintien de la navi-
gabilité (partie CAMO) et des organismes de
maintenance (PART 145) ;
? Pour la délivrance et la surveillance des licences de
maintenance d?aéronefs (PART 66).
Les acteurs CAMO ou AMO peuvent également confier
des tâches à d?autres organismes CAMO ou AMO agréés,
et peuvent aussi sous-traiter des tâches sous leur respon-
sabilité et leur propre agrément à des organismes qui
n?ont pas d?agréments.
Ainsi qu?ils sont présentés dans les outils de gestion des
risques associés au plan Horizon 2028, les évènements
ultimes dans le champ du maintien de navigabilité sont :
? Pour la responsabilité des organismes CAMO, de laisser
un exploitant d?un aéronef entreprendre un vol avec
un aéronef non conforme aux exigences du maintien
de navigabilité ;
? Pour les organismes de maintenance, la livraison d?un
aéronef ou d?un composant d?aéronef non conforme
aux exigences de maintien de la navigabilité.
Ainsi, le maintien de la navigabilité des aéronefs en opé-
ration est un processus complexe : il dépend du bon
échange des informations de navigabilité entre les
acteurs du maintien de la navigabilité, cités ci-dessus,
mais aussi au sein même des organismes qui emploient
des personnels avec des compétences, des rôles, des
responsabilités, des expériences différentes.
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1. L A NAVIGABILITÉ DES AÉRONEFS
Le maintien de navigabilité implique une multitude
d?acteurs tant au sein des organisations qu?entre
organisations.
Un des enjeux majeurs est donc l?efficacité des inter-
faces et la coordination des actions au service du
maintien de la navigabilité qui doit être identifié comme
un objectif partagé.
1.3.1.
Les acteurs externes aux exploitants
Les exploitants détenteurs d?un certificat de
transporteur aérien (CTA) détiennent un agrément
gestion du maintien de la navigabilité, dit CAMO de la
compagnie aérienne : il est le garant de la navigabilité
des aéronefs en opération et a pour tâche d'établir des
programmes d'entretien d'aéronefs, et de commander
ou de coordonner les travaux de modification, de
réparation ou d'entretien nécessaires.
Il réalise également l'examen technique périodique des
aéronefs (s'ils disposent des privilèges à cette fin) et
gère les dossiers techniques des appareils et les
enregistrements de travaux.
Le CAMO peut confier certaines tâches de gestion du
maintien de la navigabilité à des sous-traitants, tout en
conservant la responsabilité de la gestion du maintien
de navigabilité.
Le CAMO des exploitants interagit avec les organismes
externes suivants :
? Les organismes détenteurs de certificats de type (TC
Holder) ou de suppléments de certificats de type
(STC Holder : Modifications, Flight Deviation
Condition's, Réparations, Documentation) ;
? Les organismes de maintenance PART 145 (ligne, base,
moteurs, équipements, sous-traitant de tâches du
PART 145) ;
? Les autorités ;
× DGAC : délivrance de certificats et surveillance des
opérateurs ;
× OSAC : délivrance de certificats et surveillance des
CAMO / AMO ;
? Les sous-traitants de CAMO ou de PART 145 ;
? Les organismes de formation à la maintenance PART
147 ;
? Les assistants en escale ;
? Les propriétaires d'aéronefs ou loueurs.
1.3.
Les interfaces de la chaîne de maintien
de navigabilité
Maintien de
Navigabilité
Propriétaires
Loueurs
Autorités
Agence EASA
Détenteurs de certificats de type
(ou de suppléments)
Organismes de production
Organismes de formation Part 147
Moteurs (AMO Catégorie B)
Équipements (AMO Catégorie C)
Sous-traitants
CAMO et Part 145
Maintenance en
base aéronefs
(AMO Catégorie A)
Assistance en escale
Maintenance en ligne aéronefs
(AMO Catégorie A)
CAMO d'exploitants
Figure 1 : acteurs externes à l?exploitant.
10 11DSAC SYMPOSIUM 2024
1. L A NAVIGABILITÉ DES AÉRONEFS
1.3.2.
Les acteurs internes au sein
des exploitants
Les interfaces internes au sein des exploitants se jouent
pour l?essentiel entre :
? Les équipages (PNT et PNC) ;
? L?Operations control center (OCC) ;
? Le CAMO : Le Maintenance Control Center (MCC),
l?engineering et le planning de maintenance ;
? Le sous-traitant de tâches CAMO ;
? L?atelier de maintenance PART 145 ;
? Le bureau d'étude OPS ;
? La programmation des vols (Flight Scheduling) ;
? Les départements Qualité/Conformité/Sécurité/
Sûreté ;
? Le dirigeant responsable, garant des engagements
financiers ;
? La direction générale définissant la stratégie de la
compagnie ;
? Le département commercial ;
? Le service logistique achats ;
? Le service de gestion du stock.
1.3.3.
La nature des interfaces
Entre les organismes ou au sein même de l?exploitant, les
interfaces sont de nature ?Client/Fournisseur?.
Des incompréhensions, voire des tensions, naissent
facilement lorsque chacun est focalisé sur les intérêts
propres à son organisation, à son service, ou à sa personne.
Mais la relation est, en réalité, bijective : en effet, les rôles
de client et de fournisseur s?échangent en fonction des
livrables.
INTERFACE CLIENT FOURNISSEUR LIVRABLES
Interne Direction générale
Département commercial
OCC
Équipages
Service programmation des
vols
CAMO/MOC Avion navigable et disponible
Qualité / Conformité /
Sécurité
Équipages
CAMO/MOC/PART 145
Application des procédures
Notifications d'évènements
exhaustives
CAMO/MCC/PART 145 Équipages
Service logistique et achats
Service gestion de stock
Service programmation des
vols
Notifications de défauts
Disponibilités des approvision-
nements
Disponibilités de créneaux de
travaux adéquats
PART 145 Service logistiques et achats
/ gestion de stock
Approvisionnements dispo-
nibles et conformes, selon les
priorités et délais requis
Externe CAMO/MCC PART 145 Réalisation des travaux com-
mandés conformes, selon les
priorités et délais requis
PART 145 CAMO/MCC Dossiers, bons de commandes
et documents support com-
plets et dans les délais requis
Commandes claires et concer-
tées en termes de ressources
TC Holder CAMO/Engineering Notification de défauts en
service
CAMO/Engineering TC Holder Documentation
Figure 2 : exemple de relations bijectives.
10 11DSAC SYMPOSIUM 2024
1. L A NAVIGABILITÉ DES AÉRONEFS
La mise en perspective de l?interdépendance des parties
souligne la nécessité de créer un véritable partenariat,
s?appuyant sur une confiance mutuelle, sur une
communication efficiente et sur une réelle coopération
au service d?objectifs qui ont du sens et un intérêt pour
chaque partie. Elle peut permettre de définir les critères
et attendus d?une relation équilibrée dans laquelle chacun
a intérêt à ce que le fonctionnement soit fluide et les
livrables réciproques de qualité.
Le dialogue, l?expression des besoins et des contraintes
de chaque acteur, les analyses conjointes de retours
d?expérience doivent prévaloir sur des fonctionnements
en silos organisationnels. Dans cette optique s'instaure
une culture de qualité et de satisfaction à l'intérieur de
l'organisation, en encourageant les différents services à
considérer les besoins et les attentes de leurs collègues
comme s'ils étaient des clients externes.
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12 13DSAC SYMPOSIUM 2024
1. L A NAVIGABILITÉ DES AÉRONEFS
Objectif
Sécurité
12 13DSAC SYMPOSIUM 2024
1.4.
Des interfaces menacées dans
l?écosystème navigabilité
Comme présenté précédemment, le maintien de la
navigabilité implique donc des interactions complexes
à différents niveaux, allant des échanges entre
organismes aux relations entre services d?un même
organisme et jusqu?aux relations entre individus.
Certaines de ces interactions complexes sont
identifiées comme des sujets de sécurité dans le plan
Horizon 2028 de la DSAC, sous la dénomination
sujets de sécurité ?Systèmes?.
1.4.1.
Les menaces génériques à l?échelle
des organisations
Chaque organisation doit gérer les menaces qui
relèvent de son contrôle managérial et de son
activité, mais doit également coopérer avec d?autres
parties prenantes pour aider à gérer les interactions
et les interfaces.
En effet, dans cette hiérarchie complexe de systèmes,
une menace pour un système est parfois l?évènement
indésirable d?un autre des systèmes en interface.
Par exemple, un déficit de formation est une menace
pour un atelier de maintenance PART 145 et un
évènement indésirable pour un centre de formation.
Un effet cascade peut ainsi affecter les interfaces
et in fine conduire à des écarts de conformité.
Cette cartographie liste les
spécificités des interfaces dans
le domaine du maintien de
navigabilité, sur le modèle
QQOQCP
1. L A NAVIGABILITÉ DES AÉRONEFS
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14 15DSAC SYMPOSIUM 2024
Il est donc important que l?identification des
menaces implique des représentants de toutes les
organisations des parties prenantes concernées, en
incluant les acteurs de première ligne.
Les menaces qui pèsent sur les interfaces sont
principalement :
? La conscience non partagée du concept de
navigabilité ;
? La distance au terrain/à l?opérationnel et donc
une conception différente des risques de sécurité
ou des risques mal appréhendés ;
? La pression opérationnelle ;
? La multiplicité et complexité des règlements/
documents et de leurs révisions ;
? L?équilibre économique des entreprises et son
impact sur les ressources (humaines, matérielles,
logicielles, etc.) ;
? Les environnements de travail différents (ligne,
hangar, bureaux, etc.) ;
? La temporalité désynchronisée des activités
(rythmes de production, d?opération, de travail)
(de 7/7 H24 et horaires administratifs) ;
? La(les) langue(s) utilisée(s) ;
? La localisation géographique et donc la culture ;
? Les niveaux de compétence ;
? La disponibilité des compétences et les tensions
du marché du travail dans le secteur du transport
aérien ;
? La recherche de la conformité réglementaire dans
les documents sans prendre en compte la réalité
des processus existants.
1. L A NAVIGABILITÉ DES AÉRONEFS
Figure 3 : exemple d?analyse de cause possible d?exploitation d?un aéronef non conforme sur la menace « ICA complexe ».
Figure 4 : exemple d?analyse de cause possible d?exploitation d?un aéronef non conforme sur la menace
« Déficit de transcription de défaut au CRM ».
? Exploitation
d'un aéronef
non conforme
Exploitant
? Enregistrement
d'entretien
erroné
? Caractérisation
incorrecte d'un
défaut
? Réalisation
d'une procédure
de rectification
de défaut
inadaptée
? Livraison d'un
appareil non
conforme
? ICA complexe
AMO
Détenteur
du certificat
de type
? Exploitation
d'un aéronef
avec des
défauts qui
pourraient
être corrigés
de manière
préventive
Exploitant
? Déficit de
données
relatives aux
défauts en
exploitation
? Pas
d'opportunité
de définir une
modification
? Manque de
données
d'entrée pour
le programme
de fiabilité lié
au programme
d'entretien ? Impossibilité
de traiter un
défaut
AMO
Détenteur
du certificat
de type
CAMO
? Déficit de
transcription
de défauts
au CRM
PNT
CAMO
14 15DSAC SYMPOSIUM 2024
1.4.2.
Les menaces comme précurseurs
de risques psychosociaux
Les interfaces entre individus sont le lieu de possibles
expressions de menaces pouvant engendrer des
risques psychosociaux (RPS). Les RPS correspondent
à des situations de travail où sont présents, combinés
ou non :
? Du stress : déséquilibre entre la perception qu?une
personne a des contraintes de son environnement
de travail et la perception qu?elle a de ses propres
ressources pour y faire face ;
? Des violences internes commises au sein de
l?entreprise par des salariés : harcèlement, conflits
exacerbés entre des personnes ou entre des
équipes ;
? Des violences externes commises sur des salariés
par des personnes externes à l?entreprise (insultes,
menaces, agressions, etc.).
Ce sont des risques qui peuvent être induits par
l?activité elle-même ou générés par l?organisation et
les relations de travail.
Ces risques peuvent entraîner des conséquences à
l?échelle de l?individu (dépression, maladies, burn out,
anxiété, suicide, troubles musculo-squelettiques)
mais aussi à l?échelle de l?entreprise (présentéisme,
absentéisme, démotivation, baisse de vigilance).
Ils ont donc potentiellement un impact sur le niveau
de sécurité des organisations.
Dans les domaines de la maintenance et de la gestion
du maintien de la navigabilité, les facteurs de stress
peuvent être, entre autres :
? Les exigences conflictuelles et le manque de clarté
dans la définition des rôles de chacun ;
? Le manque de contrôle sur la manière dont le travail
est effectué et/ou sur le rythme de travail (ressenti
de subir son travail) ;
? Le manque de soutien de la part des collègues et/
ou de la direction ;
? La mauvaise communication ou l?absence de
communication ;
? Le travail en équipe ;
? La pression opérationnelle ;
? Les changements organisationnels mal gérés ;
? Le télétravail ;
? Le travail isolé.
1. L A NAVIGABILITÉ DES AÉRONEFS
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16 17DSAC SYMPOSIUM 2024
1. L A NAVIGABILITÉ DES AÉRONEFS
Afin de prévenir ces facteurs de stress individuels et
de réduire leur impact sur la sécurité, il est crucial
d?adopter une approche globale dans l?environnement
de travail par une réflexion collaborative entre les
responsables, les employés et les représentants du
personnel autour des six domaines suivants :
? Les attendus : les exigences des emplois des
personnes, c?est-à-dire la pression induite par la
charge de travail, les modalités de travail et
l'environnement de travail ;
? Le contrôle : le niveau de contrôle que les individus
ont sur leur charge de travail, leur autonomie à
mettre en oeuvre les méthodes qui leur paraissent
appropriées.
? La solidarité : le soutien que les employés reçoivent
de leur responsable hiérarchique (soutien du
manager), de leurs collègues (soutien entre pairs)
et de l?organisation elle-même (procédures et
politique de gestion de la santé, du bien-être au
travail) ;
? Les relations au travail : le bon fonctionnement
des relations au sein du lieu de travail, y compris
la prévention du harcèlement et des intimidations,
la gestion des conflits et l?application d?une forme
de justice dans les relations ;
? Les définitions de fonctions : la clarté des rôles des
personnes au sein de leur lieu de travail est
importante au niveau de la compréhension du
périmètre de chacun et de l?interdépendance entre
les fonctions ;
? La gestion des changements : la manière dont le
changement est géré et communiqué dans le milieu
professionnel, la communication aux employés
sous un format compréhensible qui permet à
chacun de se projeter dans le changement à
l?échelle de leurs tâches et responsabilités.
Source https://www.hsa.ie/eng/
Source https://www.inrs.fr/risques/psychosociaux
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1.5.
Le maintien de navigabilité
vu par un TC Holder
Le métier de maintien de navigabilité au sein de l?organisme détenteur du certificat de
type, contribue à l?objectif commun de sécurité en maintenant la navigabilité de la
flotte et ainsi en prévenant les incidents et accidents. Il implique les activités nécessaires
pour garantir que tous les produits du TC Holder respectent les règles et normes de
navigabilité appropriées et sont sûrs pour l'exploitation tout au long de leur vie.
Il consiste à identifier et à corriger toute défaillance de conception ou de fabrication
(incluant la documentation de vol ou de maintenance) qui pourrait compromettre la
sécurité des produits tout au long de leur vie.
Pour cela, un système de collecte des évènements est en place et est principalement
alimenté par les utilisateurs (étape 1 du schéma).
Afin de se conformer à la réglementation en vigueur (règlements UE n° 376/2014 et UE
2015/1018), chaque rapport d?évènement est :
? Évalué en matière d?impact sur la sécurité des produits et des personnes (étape 2 du
schéma) ;
? Rapporté en 72 h à l?autorité de navigabilité s?il constitue une condition d?insécurité
(étape 2 du schéma) ;
? Analysé afin d?identifier les causes ayant mené à l'évènement, comprenant une
analyse des facteurs humains (étape 3 du schéma) ;
? Corrigé afin d'éviter toute récurrence (étapes 4 & 5 du schéma).
La collaboration de tous les acteurs du secteur de l?aviation constitue la force
principale de l?efficacité des procédures de maintien de navigabilité et de l?amélioration
continue de la sécurité aérienne.
1. L A NAVIGABILITÉ DES AÉRONEFS
Figure 5 : étapes de l?analyse d?évènements.
2.
COORDONNER
LES ACTIONS
DE MAINTIEN
DE NAVIGABILITÉ
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h
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d
M
ET
Z
G
ER
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D
G
A
C
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ST
A
C
18 DSAC
Par définition, le CAMO, Continuing Airworthiness
Management Organization ? en français : organisme de
gestion du maintien de la navigabilité ? est à la fois le
pilote du processus et la plaque tournante de l?informa-
tion du maintien de navigabilité.
Le CAMO tire sa légitimité non seulement des respon-
sabilités en matière de navigabilité que lui assigne la
réglementation, mais aussi de sa capacité à intégrer
d?autres dimensions fondamentales du management
de la compagnie :
? La performance opérationnelle des machines ;
? L?optimisation de la valeur des actifs en fonction de
la politique de gestion de la flotte.
Il travaille donc suivant une approche systémique afin
de garantir la capacité à faire le prochain vol mais aussi
la pérennité des opérations sur le long terme.
Sur le plan stratégique, il conçoit une politique de main-
tenance fondée sur un manuel d?entretien, un réseau de
prestataires de maintenance, une chaîne d'approvision-
nement et des objectifs de sécurité, de qualité et de
performance.
Sur le plan opérationnel, il agit à travers la planification
de l?entretien, la coordination des acteurs, la gestion de
la correction des défauts en fonction de leur criticité et
la supervision de la remise en service après chaque
maintenance.
2.1.
Le CAMO, clef de voûte
du maintien de navigabilité
2. COORDONNER LES ACTIONS DE MAINTIEN DE NAVIGABILITÉ
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C
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ST
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C
19SYMPOSIUM 2024
20 21DSAC SYMPOSIUM 2024
Le CAMO est l?entité qui commande les travaux pour
l?entretien des aéronefs qu?il détient en gestion de
navigabilité. Lors du lancement des travaux sur le work
order (bon de commande), il est essentiel que la liste
et les tâches à effectuer soient claires et précises.
La commande des travaux doit détailler notamment
l?équipement concerné, le programme d?entretien
applicable et la documentation constructeur au bon
indice de révision. Avec tous les éléments nécessaires
sur le work order, l?organisme d?entretien PART 145 sera
alors en mesure de planifier sa tâche de maintenance
(H2028 OGMN 3). Le rôle de l?organisme PART 145 est
d?exécuter la totalité du bon de commande, mais il n?a
pas la capacité de l?altérer sans l?accord du CAMO, qui
devra alors réviser la commande.
Il est important que le processus d?acceptation des
travaux différés soit clairement défini entre le CAMO
et le PART 145 en matière d?interlocuteur, de préavis et
d?évaluation d?impact sur le maintien de navigabilité
en fonction des prochains créneaux d?immobilisation
des appareils.
La responsabilité de la définition de l?entretien à réaliser
incombe bien au CAMO, clef de voûte de la navigabilité.
Le contrat de maintenance liant le CAMO et l?organisme
d?entretien présente une vision économique, juridique
et réglementaire des obligations entre les organismes.
Pour plus de précision terrain, le JPM (Joint Procedure
Manual) est un outil qui apporte une déclinaison
opérationnelle de ces interactions, à visée pédagogique
et méthodologique.
La rédaction de JPM associant les opérationnels, permet
de préciser ce qui est attendu en pratique de la part
des deux acteurs et détaille les modes opératoires. Ce
JPM est sujet à évolutions en fonction des changements
du contrat, et à la lumière des retours d?expérience
partagés sur la mise en oeuvre du contrat.
La rédaction du JPM est partie intégrante du management
of change relatif à la mise en oeuvre d?un nouveau
contrat ou d?une révision du périmètre d?un contrat
existant.
2.2.
Piloter la gestion du maintien
de navigabilité (commander/contractualiser)
2. COORDONNER LES ACTIONS DE MAINTIEN DE NAVIGABILITÉ
©
G
et
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Im
ag
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20 21DSAC SYMPOSIUM 2024
2. COORDONNER LES ACTIONS DE MAINTIEN DE NAVIGABILITÉ
Au préalable de la remise en service d?un aéronef ou
d?un équipement, les organismes d?entretien PART 145
mettent en place des revues de conformité à la
commande. Il s?agit de s?assurer que tout ce qui a été
commandé a bien été réalisé. En effet, le CAMO est le
donneur d?ordre et le PART 145 quant à lui exécute les
travaux.
Cette revue peut s?avérer complexe, notamment pour
les raisons suivantes :
? Révisions de bons de commande de la part du CAMO
(ajouts/annulations de tâches) ;
? Révisions des documents des constructeurs (Aircraft
Maintenance Manual ? AMM ; Component Maintenance
Manual ? CMM), impliquant des révisions de gammes
ou de cartes de travail ; en effet, il est impératif de
travailler avec des données approuvées à jour suivant
les exigences réglementaires MA.401/145.A.45 puisque
travailler avec des données obsolètes a un impact
sur la sécurité ;
? Nécessité de disposer de l'inventaire exhaustif des
travaux de rectifications de défauts ;
? Nécessité d?établir l'inventaire correct des travaux
reportés.
Il est important de rappeler la distinction
réglementaire entre sous-traitant et contractant dans
leur relation avec un donneur d?ordre :
Organisme sous-traitant : entité externe exécutant
des tâches spécifiées par un organisme donneur
d'ordre agréé et sous couvert de l?agrément de
celui-ci. La sous-traitance est l'opération par laquelle
une société délègue à une autre une partie de son
activité ou encore une partie d'un contrat obtenu
par le donneur d'ordre. Le sous-traitant s'engage à
exécuter un produit ou une tâche sur la base des
instructions de l'entreprise donneuse d'ordre qui con-
serve la haute main sur le produit et ses
caractéristiques. En cela le sous-traitant est distinct
du fournisseur dans la mesure où ce dernier est
totalement responsable du produit ou service qu'il
propose à son client.
Organisme contractant : entité externe ayant son
propre agrément et effectuant des tâches sous
couvert de ce dernier pour le compte d?une personne
physique ou d?un autre organisme également agréé.
L?organisme CAMO peut sous-traiter de nombreuses
tâches de maintien de navigabilité, à l?exclusion de
sa responsabilité. Il demeure donc responsable de la
gestion du maintien de navigabilité réalisée. La
répartition claire et précise des tâches avec le sous-
traitant du CAMO est une étape indispensable.
De la même manière, les organismes PART 145 peuvent
sous-traiter la réalisation de certaines tâches
(nettoyage, démontage/remontage, fabrications
spécifiques, manutention).
Les exigences de conformité avec les agréments des
donneurs d?ordre imposent parfois aux sous-traitants
la mise en oeuvre de process dédiés dans le domaine
de la sécurité ainsi qu?une disponibilité accrue,
notamment lors des audits périodiques.
Ceci peut être source de tensions dans la relation,
lorsqu?il n?y a pas de cohérence entre les contraintes
perçues et le bénéfice économique pour le sous-
traitant (faible volume d?activité versus contraintes
fortes).
Lorsque les capacités technologiques du sous-traitant
lui sont exclusives, ce déséquilibre peut menacer la
chaîne d'approvisionnement du donneur d?ordre et
le conduire à réduire sa liste de capacités.
Le CAMO ou le PART 145 doit également évaluer et
maîtriser son sous-traitant, en surveillant la conformité
des tâches effectuées.
En effet, le donneur d?ordre reste garant de son sous-
traitant, qui fait partie intégrante de son système de
gestion. Dans le cas d?une défaillance de son sous-
traitant, il doit mener une étude de risques afin de
prendre les actions appropriées.
2.3.
La sous-traitance
22 23DSAC SYMPOSIUM 2024
2. COORDONNER LES ACTIONS DE MAINTIEN DE NAVIGABILITÉ
Lors des escales, la supervision des opérations
d?entretien peut être coordonnée par le Maintenance
Control Center (MCC) des compagnies aériennes qui
est, en général, l?organe du CAMO qui pilote les activités
de maintenance en ligne, en interface avec un MRO
intégré ou contracté.
Il est important que les deux entités CAMO et MRO
définissent, en plus des éléments contractuels, un
manuel de procédures conjointes (Joint Procédure
Manual) qui décrit l?ensemble des interactions en
matière de livrables, délais, indicateurs de sécurité et
de performance et de mode de communication.
Les principales difficultés ? lors des opérations
quotidiennes ? résident dans :
? L?exhaustivité et la clarté des éléments portés au
CRM par les équipages, ainsi que les échanges au sein
du CAMO entre le service MCC et les services planning
et engineering ;
? La compréhension commune des priorités
d?intervention entre les défauts du compte rendu
matériel et les tâches de maintenance programmée
Out Of Phase* ; les arbitrages de priorité nécessitent
une vision de la charge à court terme, une prise en
compte adaptée des échéances et une vigilance sur
les effets d?entonnoir ;
? La coordination de la disponibilité des ressources
humaines (en spécialité et en volume), des matériels
(rotables et consommables) et des outillages sur les
créneaux d?immobilisation ciblés et programmés ;
? La mise en place d?un suivi partagé des procédures
de recherche de pannes, et de leur traçabilité
notamment lors des passages de consignes entre
équipes, soit du MCC, soit du MRO ;
? La pression opérationnelle liée à l?enchainement des
rotations.
En lien avec les recommandations de l?EPAS volume III
Safety risk portfolios 2024 Inade-quate management of
repetitive defects (SI-0050), les procédures de
qualification et les méthodes de suivi des défauts
répétitifs doivent faire l?objet d?une vigilance particulière.
2.4.
Les interfaces en maintenance en ligne
* La maintenance programmée ?Out Of Phase? (OOP) fait référence
à des tâches de maintenance qui ne suivent pas les intervalles
réguliers de maintenance principaux.
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d
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b
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22 23DSAC SYMPOSIUM 2024
2. COORDONNER LES ACTIONS DE MAINTIEN DE NAVIGABILITÉ
2.5.
La mise en place d?un Système
de Gestion Corporate dans l?organisation
d?Air France
Pour toutes les organisations dites complexes qui sont
tenues, entre autres, de respecter différentes
réglementations pour le maintien de leurs agréments et/
ou certificats, un Système de Gestion SG Corporate n'est
pas une obligation réglementaire mais permet la mise en
oeuvre d'un système cohérent.
C?est le cas d?Air France au travers des principales activités
suivantes :
? Compagnie aérienne : Air Ops (CTA) sous autorité de
la DSAC NO, Air Crew (ATO, FSTD) sous autorité de la
DSAC PN et CAMO sous autorité d'OSAC ;
? Organisme d'entretien PART 145 (avion/moteur et
équipements) sous autorité d'OSAC ;
? Organisme de Conception PART 21 J sous autorité de
l'EASA ;
? Organisme de Production PART 21 G sous autorité
d'OSAC.
La mise en place d'un SG Corporate permet de s'assurer
que la structure et les processus de l'entreprise couvrent
tout ou partie des éléments communs des quatre
composantes du système de management de la sécurité
dans l'ensemble de l'organisation, dont les principales
dynamiques sont :
? Des politiques et des objectifs de sécurité définis, mis
en oeuvre et améliorés de manière cohérente dans
l'ensemble des organisations avec un suivi régulier des
indicateurs de performance lors des instances
pertinentes ;
? Des risques de sécurité gérés de manière standardisée
dans les organisations interfacées (ex. : définition d'une
méthodologie commune en matière de risques de
sécurité, etc.) ;
? Des activités d'assurance de la sécurité gérées de
manière cohérente (ex. : suivi des tendances au travers
d'instances Activités et Corporate, mise en oeuvre
d'enquêtes sur les problèmes systémiques dans
l'ensemble des organisations, gestion du changement) ;
? Une promotion de la sécurité définie qui garantit le
partage des principes de sécurité de l?entreprise, des
priorités, des leçons apprises et des meilleures pratiques
entre les organisations par le biais d'évènements
d'entreprise sous l?égide du SG Corporate et de
moments sécurité et/ou de sessions de sensibilisation/
formation.
Pour cela l'organisation établit un manuel décrivant la
mise en oeuvre globale et commune du SG de l'organisme.
Les principaux avantages et inconvénients d'un SG
Corporate sont :
Avantages
? Harmonisation des pratiques : un SG unique permet
de standardiser les procédures de sécurité à travers
toutes les activités de l?entreprise (ex. : gestion des
risques grâce à une approche systémique de
l'identification, l'évaluation et le contrôle continu des
risques, etc.).
? Cela assure une cohérence dans la manière dont la
sécurité est gérée et appliquée, réduisant ainsi les
risques de confusion ou de non-conformité.
? Simplification : en centralisant la gestion de la sécurité
sous un seul système, l?entreprise peut rationaliser ses
processus, ce qui permet de :
× Réduire la duplication des efforts et améliorer
l?efficacité du SG,
× Simplifier la formation des employés sur la base
d?un socle unique de procédures,
× Faciliter le reporting et le suivi des indicateurs de
performance liés à la sécurité au travers d'instances
Corporate.
? Supervision et contrôle : avec un SG Corporate, la
direction peut surveiller et contrôler plus facilement
les pratiques de sécurité dans l?ensemble de l?entreprise.
? Culture de sécurité : en établissant un cadre de sécurité
commun, un SG Corporate aide à développer une
culture de sécurité plus solide et intégrée au sein de
l?entreprise, où tous les employés partagent les mêmes
valeurs et objectifs en matière de sécurité (ex. : les règles
d'or, etc.)
? Gestion de crise : mise en place de procédures de
réaction aux situations d'urgence, garantissant une
coordination et une meilleure gestion de crise
permettant de rapidement mettre sous contrôle une
situation.
24 25DSAC SYMPOSIUM 2024
Inconvénients
? Manque de flexibilité : un SG Corporate peut manquer
de flexibilité pour s?adapter aux besoins spécifiques des
activités de l?entreprise, surtout si celles-ci sont très
différentes les unes des autres (ex. : exigences
réglementaires différentes). Il peut être difficile de créer
un système qui soit à la fois suffisamment général pour
être applicable à toutes les activités, mais aussi
suffisamment détaillé pour répondre aux besoins
spécifiques de chacune, le SG Corporate devant
permettre à toutes les activités de s'identifier dans
celui-ci.
? Complexité : l?établissement d?un SG Corporate qui
couvre toutes les activités de l?entreprise peut être
complexe et prendre beaucoup de temps car il doit
s?adapter à la complexité des agréments concernés et
des organisations.
? Validation du manuel : la gestion du processus de
validation d'un manuel SG Corporate est cependant
plus complexe du fait de la multiplicité des autorités
aéronautiques compétentes en charge de la surveillance
de ses agréments et d'une non-reconnaissance / non-
standardisation de ces différentes autorités.
? Risques : en cherchant à harmoniser les pratiques et
outils, il y a un risque que le SG Corporate ne réponde
pas de manière optimale aux risques particuliers de
certaines activités (ex. : matrice de risques inadaptée à
l'activité pouvant conduire à des compromis
inappropriés qui pourraient affaiblir l?efficacité globale
de la sécurité).
? Promotion/Communication : un SG Corporate peut
parfois entraîner des problèmes de communication
entre les différents niveaux de l?organisation, surtout
si les informations ne sont pas bien partagées ou
comprises de la même manière par tous.
En conclusion, la décision de mettre en oeuvre un SG
Corporate dans un organisme dit complexe du fait de sa
multiplicité d?activités dépend de divers facteurs (la
nature des activités, les risques associés et la culture de
l?entreprise) et il nécessite par ailleurs une certaine
homogénéité des attentes des différentes autorités pour
assurer sa viabilité et réduire sa complexité.
Le SG Corporate est une approche équilibrée qui combine
les avantages de la centralisation avec une certaine
flexibilité pour adapter le système aux spécificités de
chaque activité et la mise en place d'un processus de
communication renforcé au travers d'instances
permettant de traiter entre autres les risques aux interfaces
semble être la meilleure solution afin de permettre une
coordination des risques multi-activités avec un impact
direct sur les opérations aériennes.
En plus des inspections d?aéronefs réalisées par OSAC
au titre de l?Aircraft Continuing Air-worthiness Monitoring
(ACAM) selon le M.B 303 et le ML.B 303, la DSAC réalise
3 types d?inspections en France :
? SANA : Safety Assessment of National Aircraft
? SACA : Safety Assessment of Community Aircraft
? SAFA : Safety Assessment of Foreign Aircraft
Piloté par l?EASA, le programme d?inspections au sol a
été initié au milieu des années 1990.
51 pays participent au programme : tous les états
européens ainsi que le Canada, le Maroc, Singapour,
l?Australie et le Brésil.
La France s?inscrit pleinement dans ce programme en
étant le principal contributeur en termes de nombre
2.6.
Les Safety Assessments de la DSAC
au coeur de l?activité en escale
2. COORDONNER LES ACTIONS DE MAINTIEN DE NAVIGABILITÉ
Autres : 30%
France : 16%
(1572 inspections)
Allemagne : 13%
(1345 inspections)
Espagne : 8% (877
inspections)
UK : 7%
(791 inspections)
Italie : 6%
Autriche : 3%
Belgique : 3%
Suisse : 3%
UAE : 2%
Pays-Bas :3%
Suède : 2%
Danemark : 2%
Israël : 1%
Figure 6 :
répartition par États
des inspections
SAFA/SACA en 2023.
24 25DSAC SYMPOSIUM 2024
d?inspections. Ainsi en 2023, 1 500 inspections SAFA/
SACA ont été effectuées, soit 16% des contrôles réalisés
par l?ensemble des participants (10 200 contrôles). Par
ailleurs, 500 inspections SANA ont également été
conduites.
Les inspections au sol, effectuées en exploitation, ont
comme objectif l?amélioration de la sécurité.
Elles sont réalisées de manière inopinée lors des escales,
permettent de s?assurer de la bonne mise en oeuvre
des normes de sécurité internationales par les
exploitants, et d?évaluer l?état technique de l?aéronef
ainsi que des procédures de gestion de la navigabilité
en exploitation.
La capacité à identifier, à notifier, à évaluer et à assurer
le suivi coordonné des problèmes techniques par les
opérateurs figure parmi les points vérifiés lors des
inspections.
Elles mettent indéniablement en évidence l?importance
de la qualité des visites prévol, la formation et la
communication entre les différents intervenants, PNT,
PNC, mécaniciens, agents d?escale, dans un contexte
opérationnel soumis à de nombreuses contraintes
(pression commerciale, pression temporelle,
disponibilité des ressources humaines et/ou des pièces
de rechange). La détection des problèmes techniques
est aussi facilitée par la mise à disposition d?équipements
adéquats mais peut être rendue difficile par de
mauvaises conditions climatiques ou de nuit.
2. COORDONNER LES ACTIONS DE MAINTIEN DE NAVIGABILITÉ
Figure 8 : cache d?entrée d?air de radiateur d?huile
manquant.
Figure 9 : blocker door de reverse endommagé (partie
manquante).
Figure 7 : inspection SAFA/SACA en France en 2023, écarts
de catégorie 3 les plus relevés.
N° ITEMS DESCRIPTION NBR
CAT 3
RELE-
VÉES
%
1 D03 Cargo stowage 64 17%
2 D01 General Condition
of Cargo Compartment
40 11%
3 B01 General Internal
Condition
36 10%
4 A23 Defect notification and
rectification (incl. Tech
log)
35 10%
5 A06 Navigation / Instrument
charts
29 7%
6 A13 Flight preparation 20 7%
7 B12 Acces to emergency exits 16 6%
8 B07 Emergency exit, lighting
/ marking, independent
porta-ble light
15 4%
L?absence de maintenance en ligne sur certaines escales
impose à l?équipage de communiquer avec le centre
de contrôle de la maintenance (MCC) afin de prendre
les décisions appropriées, que ce soit à la suite de
problèmes détectés au sol ou rencontrés en vol.
La notification sur les ATL/TLB des problèmes identifiés
et leur gestion en accord avec les procédures
constructeurs AMM, SRM, MEL, CDL sont fondamentaux
en matière de sécurité des vols.
La synergie et l?engagement entre tous ces intervenants
est ainsi primordiale pour assurer un haut niveau de
sécurité.
À titre d?exemples :
? Les défauts identifiés par les mécaniciens et les PNT
nécessitent d?être notifiés de manière à être évalués
et s?assurer que ceux-ci soient dans les limites définies
par le constructeur et compatibles avec le vol. La
gestion de ces défauts peut potentiellement être
associée à l?utilisation de la MEL, de la CDL et à des
limitations opérationnelles (bloc frein désactivé,
©
D
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C
©
D
SA
C
26 27DSAC SYMPOSIUM 2024
Figure 10 : crique sur un panneau de belly fairing.
Figure 11 : fuite de liquide hydraulique
sur un piston de bloc de frein.
2. COORDONNER LES ACTIONS DE MAINTIEN DE NAVIGABILITÉ
limitation passagers, restriction du niveau de vol,
etc.).
? Certains défauts, détectés par les PNC dans la cabine,
doivent également être gérés dans le cadre des
conditions définies par la MEL (chemin d?évacuation
lumineux, équipements de sécurité, etc.). Une
notification de ces défauts dans le Cabin Log Book
ne suffit pas, il est nécessaire de les reporter dans le
Technical Log Book ou équivalent, d?enregistrer les
défauts dans la liste des travaux reportés et d?appliquer
les procédures associées. La formation et la
sensibilisation des équipages de cabine à ces
procédures sont très importantes.
? Lors des escales, la mise à bord du chargement
bagages ou containers est effectuée par des agents
d?assistance en escale. Agissant comme sous-traitants
des compagnies aériennes qui en ont la responsabilité,
ces agents doivent être sensibilisés à la nécessité de
notifier aux mécaniciens les défauts identifiés en
soute (détecteurs de fumée, buses d?extincteur,
panneaux de décompression, systèmes d?arrimage,
filets de protection, intégrité du sealing tape, etc.) ou
sur les containers eux-mêmes.
En apportant un regard externe sur l?exploitation des
aéronefs, le programme d?inspection de l?autorité
permet ainsi d?évaluer le niveau de sécurité et les
procédures mises en place par les opérateurs pour
identifier, évaluer et assurer le suivi des défauts
techniques. Au-delà, il est attendu que l?exploitant
mette en place non seulement des actions curatives
mais aussi des actions préventives, visant à rendre plus
robuste son système de gestion de la navigabilité.
Les rapports d?inspection sont insérés dans une base
de données européenne permettant de partager et de
centraliser les résultats de toutes les inspections et
ceux-ci sont régulièrement analysés par des experts de
l?ensemble des états européens, et accessibles aux
compagnies. Dans certains cas, la Commission
Européenne et le comité de sécurité aérienne peuvent
être amenés à inscrire des compagnies en liste
d?interdiction européenne.
Les non-conformités identifiées font l?objet d?actions
correctives par les exploitants, permettent clairement
l?amélioration des procédures internes et contribuent
à l?amélioration de la sécurité des vols.
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C
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D
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26 27DSAC SYMPOSIUM 2024
Figure 12 : section de sentier photoluminescent défectueux.
Figure 13 : siège PNC ne se rétractant pas
automatiquement.
Figure 14 : panneau de décompression de soute
endommagé/déformé.
Figure 15 : capitonnage de soute endommagé.
2. COORDONNER LES ACTIONS DE MAINTIEN DE NAVIGABILITÉ
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28 29DSAC SYMPOSIUM 2024
Élément essentiel de la politique d?amélioration de la
sécurité, la gestion du changement est au coeur des
processus décisionnels d?un système de gestion. Les
exploitants sont tenus de maintenir en permanence la
conformité de leur exploitation aux exigences
réglementaires et de réaliser une gestion des risques liés
à leur exploitation afin de maintenir un niveau de sécurité
acceptable.
La gestion des changements a pour but de s?assurer que
l?exploitant procède à la double analyse au regard de la
conformité, d?une part, et de la sécurité, d?autre part,
de tous les changements qui interviennent dans son
exploitation.
Au sein d?easyJet, cette exigence est satisfaite par le
processus de gestion du changement nommé en interne
Operational Readiness (OPR), ou Préparation
opérationnelle.
Ce processus sert à identifier les changements pouvant
avoir un effet négatif sur la sécurité dans le cadre
notamment de la gestion du maintien de navigabilité,
des opérations de vol et des opérations au sol.
La décision d'easyJet de passer d'un système de Technical
Log papier à un système électronique a été une occasion
de dérouler les actions de l?OPR et d?en mesurer le
bénéfice sur la revue des risques liés à un changement
aussi important pour la compagnie.
En effet, les compagnies aériennes doivent utiliser un
système de Technical Log pour se conformer aux
exigences réglementaires imposées par les autorités. Il
s?agit d?une interface entre les différents acteurs
impliqués dans l'exploitation d'un aéronef. Il contient
des informations telles que : informations de vol,
acceptation du commandant de bord, approvision-
nement de carburant et d'huile, défauts relevés en
exploitation, réalisation d?actions de maintenance,
certification de navigabilité, etc.
En 2024, easyJet continue d'utiliser un classeur papier
avec des copies tripliquées comme son système
approuvé. Les pilotes, les agents au sol et les techniciens
de maintenance effectuent des entrées manuscrites
dans le log et retirent les copies détachables des pages
en cours d'utilisation pour satisfaire diverses procédures
lors des opérations au sol et de maintenance de l'aéronef.
Cette procédure peut manquer d?efficacité en raison
2.7.
Utiliser la gestion du changement
comme un outil de conduite
de projet ? Retour d?expérience easyJet
avec l?eTechlog
2. COORDONNER LES ACTIONS DE MAINTIEN DE NAVIGABILITÉ
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28 29DSAC SYMPOSIUM 2024
2. COORDONNER LES ACTIONS DE MAINTIEN DE NAVIGABILITÉ
de l'interface humaine. Chaque année, malgré un
processus de vérification des données optimisé et
continuellement amélioré, le CAMO d'easyJet identifie
un nombre important de pages comportant des erreurs
qui pourraient compromettre la fiabilité et/ou la
navigabilité de la flotte et qui donc nécessitent des
corrections manuelles.
C'est en 2023 qu'easyJet construit le projet
d'investissement pour la transition vers un système
électronique avec les raisons suivantes :
? Sécurité : la solution fournira des barrières de sécurité
supplémentaires pour empêcher les aéronefs d?être
pris en charge par les équipages dans un état de non-
navigabilité, et la validation des données en temps
réel réduira significativement les données incorrectes
dans les systèmes d?easyJet. Elle doit permettre une
réduction du nombre de rapports de sécurité aérienne
liés au Technical Log et minimisation du risque
d'incidents.
? Facilité et fiabilité : easyJet aura une visibilité en temps
réel de l'état des aéronefs et des anomalies, disponible
en temps réel pour le centre de contrôle de la
maintenance, les techniciens et les équipages. Les
techniciens n'auront plus à attendre que les passagers
débarquent avant d'accéder au Technical Log, leur
permettant de commencer les inspections/réparations
plus tôt, ce qui, dans certaines circonstances,
améliorera la sécurité et la ponctualité.
La suppression de la saisie de données manuelles dans
le système d?information AMOS augmentera la fiabilité
des informations ;
? Développement durable : une économie de carburant
grâce à la réduction de la documentation embarquée
et à l?élimination d?un volume important de papier
(330 000 feuilles par an à imprimer, manipuler et
stocker), permettant ainsi une baisse de 93 tonnes de
CO2 par an.
? Pour la clientèle : la maintenance aura une plus grande
visibilité sur l'état de la cabine, contribuant ainsi à
maintenir une qualité élevée de celle-ci. La possibilité
d'inclure des photos dans les rapports d?anomalies
permettra un traitement plus rapide et efficace de
celles-ci.
Le Technical log étant un document majeur dans la
transmission d?informations relative au maintien de
navigabilité des aéronefs, une gestion rigoureuse de ce
changement et une revue transverse des impacts en
termes de sécurité de la mise en place de ce nouvel outil
étaient primordiales.
Le processus OPR d'easyJet est généralement divisé en
trois phases principales : la phase de définition, la phase
de conception, la phase de mise en oeuvre.
2.7.1.
Phase de définition : le projet
d'investissement
Cette phase a pour but de :
? Définir la procédure ou l'activité à changer ;
? Identifier et impliquer les personnes ou groupes
ayant un intérêt (parties prenantes) ;
? Spécifier l'objectif de la procédure ou de l'activité,
comment cela s'intègre, et les risques à gérer.
À la fin de cette phase, tous les bénéfices potentiels,
qu'ils soient financiers ou non, sont identifiés, tout
comme les risques, dépendances et hypothèses.
Les parties prenantes se voient assignées des rôles de
prise de décision dans le cadre de l?OPR selon la
méthode « RAPID ».
Figure 16 : extrait du "OPR Manual" d'easyJet
sur le concept « RAPID ».
RAPID ROLE INTERFACE WITH OPR
Recommend The OPR Manager usually
Recommends a decision or
action. This is the individual
who leads and manages the
OPR to completion
Agree These are the OPR stakeholders
that MUST be consulted &
agree with the Recommender/
OPR Manager. They work
together to resolve any issues.
Perform OPR stakeholders may perform
the process, procedure or
activity that is the subject
of the OPR. They are usually
involved in the implementation
phase.
Input OPR stakeholders must input
into the OPR so their view may
be considered/ Only those with
relevant information should be
included.
Decide The stakeholder assigned the
"decide" role must make the
final decision. This commits the
organisation to action.
30 31DSAC SYMPOSIUM 2024
2. COORDONNER LES ACTIONS DE MAINTIEN DE NAVIGABILITÉ
2.7.2.
Phase de conception : une solution sur
mesure
La phase de conception a pour objectif de :
? Définir et détailler les prérequis vers une solution sur
mesure ;
? Développer une série de tâches qui mettent en
opération la nouvelle procédure ou la nouvelle
activité.
Lorsque la phase de définition est achevée,
l'investissement est approuvé, permettant ainsi de
définir les prérequis.
Pour proposer une solution sur mesure, des employés
de différents départements sont réunis au sein d'un
groupe de travail se réunissant à intervalle régulier pour
discuter et convenir des fonctionnalités que cette
solution doit avoir.
Des focus groups et des workshops peuvent également
impliquer des parties prenantes externes pour cibler
des aspects de développement spécifiques. Les
décisions sont prises au niveau d'un comité de pilotage,
réunissant les dirigeants de chaque département.
Un certain nombre de risques associés à la mise en
oeuvre d'un tel système électronique sont gérés et
atténués tout au long de la phase de conception. Ils
sont regroupés dans les catégories suivantes :
? Sécurité (ex. : entrées de données malveillantes via
un piratage, etc.) ;
? Conformité (ex. : données pas à jour en raison de
problèmes de connexion ; données saisies
incorrectement, etc.) ;
? Équipement (ex. : problèmes d'intégration avec les
systèmes existants, etc.) ;
? Commercial/Opérationnel (ex. : panne du système ;
équipement défectueux ; perte d?accès depuis le
centre de contrôle, etc.).
2.7.3.
Phase de mise en oeuvre : atténuer les
risques, documenter, et communiquer
La phase de mise en oeuvre de ce projet peut être lancée
une fois le développement et les tests achevés.
Pour atténuer davantage les risques identifiés lors de
la phase de conception, easyJet a opté pour une mise
en oeuvre par étapes. Les composants de cette dernière
phase sont les suivants :
Figure 17 : captures d?écran de la « solution sur mesure » en cours de développement chez easyJet.
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2. COORDONNER LES ACTIONS DE MAINTIEN DE NAVIGABILITÉ
Figure 18 : captures d?écran de la « solution sur mesure » en cours de développement chez easyJet.
1. Formation ;
2. Premier essai opérationnel, réservé à l'AOC#1 ;
3. Deuxième essai opérationnel, étendu aux AOC#2
et #3.
Le processus OPR d'easyJet stipule que les éléments
suivants doivent être confirmés et documentés pour
attester de la préparation, avant la finalisation de la
phase de mise en oeuvre :
1. Procédures : toutes les procédures pertinentes sont
en place ou prêtes à être émises ;
2. Personnel : formation reçue pour les opérateurs et
communication émise ou prête à être émise ;
3. Syndicats/comités d'entreprise informés et parties
prenantes internes informées ;
4. Équipement : tout l'équipement requis est acheté,
livré, installé et mis en service ; les installations sont
disponibles et adaptées à l'usage ;
5. Environnement : des conditions favorables existent
pour ce changement ;
6. Le cas échéant pour les activités sous-traitées : les
sous-traitants ont les autorisations, approbations,
ressources et compétences nécessaires.
De plus, toutes les parties prenantes doivent confirmer
leur statut et leur rôle RAPID assigné dans le système,
et accepter l'évaluation des risques.
La préparation opérationnelle sera enfin présentée au
Safety Action Group concerné au sein du SMS (Safety
Management System) pour une approbation formelle.
Une phase de révision peut suivre la phase de mise en
oeuvre après intégration pour déterminer si le
changement de la procédure ou de l'activité fonctionne
comme prévu, ou s'il existe des problèmes ou des
écarts.
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32 33DSAC SYMPOSIUM 2024
2. COORDONNER LES ACTIONS DE MAINTIEN DE NAVIGABILITÉ
2.8.
La responsabilité juridique et pénale
des dirigeants responsables
et responsables désignés
Le transport aérien n?a pas échappé à la
judiciarisation de la société française, notamment
à partir de la fin des années 1980 / début des années
1990, à la suite de plusieurs tragédies aériennes :
Habsheim en 1988, l?accident d?un DO228 aux
Marquises en 1991, celui d?un Falcon 20 au Bourget
en 1995 et celui d?un DHC-6 à Moorea en 2007. Le
procès de ce dernier a été l?occasion de préciser la
notion plus récente de « mise en danger de la vie
d?autrui ».
La responsabilité, qu?elle soit civile ou pénale,
repose sur trois piliers qui sont une faute, un
dommage, et un lien de causalité entre les deux,
c?est-à-dire un lien de cause à effet entre la faute
commise et le dommage survenu.
La différence fondamentale entre ces deux régimes
est qu?en matière civile, qui vise à réparer (souvent
financièrement) le dommage subi, la responsabilité
peut être supportée par l?employeur et, surtout, elle
est assurée. À l?inverse, en matière pénale, on ne
vise pas à réparer, mais à sanctionner : dans ce cadre,
chacun est responsable de son propre fait (même
si la responsabilité pénale des personnes morales,
à l?exclusion de l?État, peut également être engagée).
Or la pénalisation des évènements graves aériens a
souvent conduit à des incompréhensions au sein du
monde aéronautique, entraînant la comparution du
directeur général de la DGAC, d?un responsable du
SFACT, d?un inspecteur de surveillance, de directeurs
de programme d?aéronefs, de responsables de la
maintenance, de la formation, de l?exploitation alors
qu?aucun d?entre eux n?était aux commandes de
l?appareil accidenté.
Pour freiner la pénalisation à l?encontre de dirigeants
responsables ou de responsables désignés, le
législateur a créé, par la loi Fauchon de 2000, la
distinction entre les personnes qui avaient
directement commis une faute ayant causé le
dommage (ainsi une faute simple, légère, permet
d?engager leur responsabilité), et celles qui avaient
simplement créé, ou contribué à créer, la situation
qui a permis la réalisation du dommage, ou qui n?ont
pas pris les mesures permettant de l?éviter : pour
ces auteurs dits « indirects », perçus moins
sévèrement, il est nécessaire qu?ils aient commis une
faute lourde pour que leur responsabilité puisse être
engagée.
En matière pénale, le juge fait une appréciation
concrète des faits, et prend ainsi en compte,
notamment, le respect de la réglementation, ainsi
que les compétences, l?autorité et les moyens dont
disposaient les dirigeants responsables ou
responsables désignés.
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Objectif
Sécurité
2. COORDONNER LES ACTIONS DE MAINTIEN DE NAVIGABILITÉ
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3.
L A COMPOSANTE
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DANS LES
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3.1.1.
La théorie socio-économique
des organisations
Élaborée par l?ISEOR, la théorie socio-économique
des organisations vise à expliquer les phénomènes
organisationnels et à expérimenter des solutions
efficaces et durables. Elle est le fruit de longues
années d?implication et d?immersion de l?ISEOR au
sein d?entreprises, d?industries et de services publics
à l?échelle internationale.
Dans l?univers de gestion des organisations, le sec-
teur aérien se caractérise par sa complexité
(technologies, nombre des parties prenantes, diver-
sité des activités, réglementations, exigences de
sécurité, etc.) et, singulièrement, par la grande vul-
nérabilité aux interfaces, internes aux entreprises
qui concourent à cette activité et externes dans
leurs interrelations. Les interfaces significatives se
trouvent entre deux acteurs, deux équipes, deux
niveaux de responsabilité dans l?entreprise.
Les interfaces sont des points de concentration des
risques issus des dysfonctionnements dans la chaîne
de coopération interne et externe et leurs consé-
quences financières, généralement invisibles aux
yeux du contrôleur de gestion et de la direction de
l?entreprise. La vulnérabilité est due aux moyens
humains mis en place, aux environnements et
rythmes de travail, ainsi qu?à la pression opération-
nelle due aux difficultés de la gestion du temps. Ces
interfaces se caractérisent par leur multiplicité, leur
diversité ainsi que leurs fluctuations au cours du
temps.
Les travaux de l?ISEOR ont montré que dans les
entreprises où dominent les ingénieurs et les tech-
niciens, en quête semble-t-il de certitudes
techniques, un accent particulier doit être mis, dans
3.1.
La qualité des interfaces internes comme
facteur clé des performances sociales,
économiques et de sécurité.
3. L A COMPOSANTE HUMAINE DANS LES INTERFACES
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36 37DSAC SYMPOSIUM 2024
les processus de changement, sur l?accroissement
de la sensibilité de ces acteurs aux difficultés d?ap-
prendre, et de comprendre la complexité et
principalement les fluctuations de comportement,
c?est-à-dire l?instabilité humaine dans l?activité
professionnelle.
Généralement, les acteurs sont investis dans la
recherche des causes des problèmes, plutôt que
dans « l?invention des solutions » et leur modélisa-
tion souple, adaptable aux différents contextes que
l?on rencontre dans l?activité quotidienne comme
dans l?action stratégique. Cela nous incite à recom-
mander que l?on dépasse l?analyse des causes et que
l?on investisse en créativité dans les actions efficaces
générant les effets souhaités. Cela revient à placer
autrement l?allocation des ressources financières et
du temps des acteurs. Cela incite à développer des
pédagogies plus interactives et de former par les
gestes plutôt que par les idées.
En effet, l?analyse minutieuse des comportements
montre l?importance, dans la gestion de l?interface
entre deux acteurs ou deux équipes, des méca-
nismes cognitifs des acteurs environnants, quels que
soient leur formation d?origine ou leur métier, qui
interfèrent et perturbent ladite interface. C?est une
des causes fondamentales de leur vulnérabilité. Il
apparaît aussi que l?unité opérationnelle efficace
est l?équipe, ce qui implique que l?on progresse dans
l?élaboration de la compétence collective et non
seulement dans la compétence individuelle. Nous
avons énoncé l?hypothèse fondamentale suivante,
résultat de nos observations, qu?il n?existe pas de
déterminisme lié à ladite « personnalité » de l?indi-
vidu, l?efficacité opérationnelle et la qualité du
travail dépendent davantage de ce que nous avons
dénommé un déterminisme multidimensionnel,
multiforme et stochastique. Cela revient à dire que
les caractéristiques soi-disant structurelles des
acteurs, liées à leur « personnalité » intrinsèque,
importent moins que les particularités de leurs inte-
ractions complexes et, de surcroît, soumises à des
aléas conjoncturels. Plus simplement, cela peut se
résumer dans une formule très simple : la théorie
des rencontres. Le phénomène repéré est que des
individus, compétents et coopératifs, rencontrant
d?autres individus dans une équipe permanente ou
provisoire, ont un comportement souvent conflic-
tuel et pas naturellement convergent qui détruit
l?efficacité ou l?efficience de l?ensemble. Nous
reprendrons cette idée en conclusion.
3. L A COMPOSANTE HUMAINE DANS LES INTERFACES
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36 37DSAC SYMPOSIUM 2024
3. L A COMPOSANTE HUMAINE DANS LES INTERFACES
L?énoncé simple de la théorie socio-économique
consiste à représenter l?organisation comme un
ensemble interactif de structures relativement
stables et de comportements humains éminemment
instables.
Leurs interactions et leurs frictions provoquent des
dysfonctionnements, « douleurs » de fonctionne-
ment, qui absorbent et gaspillent des ressources
financières qui ne sont pas repérables (cachées) dans
les comptabilités usuelles et normées. La récurrence
observée de la plupart des dysfonctionnements
permet de les assimiler à des dangers et les rend,
d?une certaine manière, prédictibles.
Ces recherches ont démontré que les coûts cachés
des dysfonctionnements sont mesurables avec la
participation des acteurs, témoins de ces anomalies
de fonctionnement.
Cette théorie a permis d?identifier les facteurs géné-
riques de la performance socio-économique.
Celle-ci se décompose en deux éléments.
? La performance sociale d?une part, qui est la capa-
cité à satisfaire les besoins individuels et collectifs,
tels que par exemple la sécurité aérienne ;
? Et la performance économique d?autre part, qui
se décompose elle-même en deux éléments : les
résultats immédiats tels que le résultat bénéfi-
ciaire de l?activité ou l?équilibre budgétaire dans
les organisations à but non lucratif, et la création
de potentiel, à savoir les investissements matériels
et incorporels.
Cette recherche scientifique, effectuée par près de
700 chercheurs et jeunes chercheurs pendant plus
de cinquante ans, a permis d?identifier six sources
principales d?insatisfaction des collaborateurs dans
les entreprises, impliqués dans le service à leurs
clients : les conditions de travail, l?organisation du
travail, la gestion du temps, la communication/coor-
dination/concertation, la formation intégrée et la
mise en oeuvre stratégique.
3.1.2.
Le problème concret à résoudre :
d?innombrables dysfonctionnements
qui polluent la qualité du
fonctionnement de l?organisation
et de ses produits et constituent
des dangers
Les dysfonctionnements, véritables pathologies
organisationnelles, peuvent être assimilés à des
déchets générés par un fonctionnement inapproprié
de l?entreprise ou organisation. Cette recherche a
dénombré 5 200 types de dysfonctionnements
génériques que l?on retrouve, pour l?essentiel, dans
toutes sortes d?organisations et d?entreprises, quels
qu?en soient la taille ou le type d?activité, le pays ou
le milieu ambiant.
Ces dysfonctionnements sont en général absents
des documents, indicateurs et outils de pilotage des
activités. Beaucoup d?entre eux ne sont repérables
que par les managers de proximité, aux différents
niveaux de responsabilité de l?entreprise. Certains
sont très stratégiques et lourds de conséquences,
d?autres sont très nombreux, généralement négligés
et prosaïques, récurrents et présents quotidienne-
ment. Les uns et les autres provoquent des pertes
financières considérables : de 20 000 à 70 000 ¤ par
personne et par an.
Cinq indicateurs de coûts cachés interconnectés
permettent de calculer les déperditions de res-
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3. L A COMPOSANTE HUMAINE DANS LES INTERFACES
sources financières dues aux dysfonctionnements :
absentéisme, accident, rotation du personnel, qua-
lité et productivité directe. Chacun de ces indicateurs
est constitué de 6 composants mesurables : sursa-
laires, surtemps, surconsommations, non production,
non création de potentiel, risques. Ces éléments
n?apparaissent pas dans la comptabilité normée
usuelle.
Deux facteurs favorisent les dysfonctionnements :
le phénomène d?entropie et le virus TFW
(taylorisme-fayolisme-weberisme).
Le phénomène d?entropie affecte les bonnes pra-
tiques installées dans l?entreprise. Celles-ci sont
soumises à un cycle de vie, à une durée de vie limitée
car elles subissent une érosion inéluctable au fil du
temps. Cela explique pourquoi un recyclage pério-
dique des comportements, des réflexes et des
connaissances des acteurs doit être organisé afin
d?atténuer les conséquences de l?érosion des bonnes
pratiques ainsi que des améliorations.
53 % des coûts cachés calculés dans un échantillon
de 40 entreprises employant 6 500 personnes sont
dus aux coûts cachés à l?hyper-segmentation de
l?organisation des entreprises, favorisée par la
conception individualiste du poste de travail, de
l?organisation en silos d?équipes insuffisamment
interconnectées, de la dichotomie entre les activités
de conception et d?exécution. Ce problème, dû aux
carences des liaisons dans les interactions, les con-
nexions, les interfaces entre individus et entre
équipes, est principalement dû à une application
anachronique des théories de Taylor (1911), Fayol
(1916) et Weber (1924), nées dans un contexte
humain, social et culturel qui a considérablement
évolué en un siècle.
Nos recherches-interventions ont montré que le
niveau de dysfonctionnements et des coûts cachés
afférents ne sont pas une fatalité et qu?une partie
significative, entre 35 et 55% des coûts cachés
détectés, sont recyclables en récupération de valeur
ajoutée financière, en mobilisant le potentiel humain
de l?entreprise.
3.1.3.
Le remède : l?amélioration durable de
la sécurité sans besoin de ressources
financières supplémentaires
La théorie socio-économique ne se contente pas
de décrire et expliquer ces phénomènes, elle com-
porte une partie thérapeutique, c?est-à-dire une
méthodologie de résolution des problèmes que
constituent les dysfonctionnements chroniques.
La rationalité socio-économique est un mode de
raisonnement qui permet d?améliorer simultané-
ment, d?une part la sécurité et le maintien de la
navigabilité des aéronefs et, d?autre part, l?autofi-
nancement des améliorations au moyen du recyclage
des dysfonctionnements. Celui-ci permet, en effet,
de récupérer les ressources financières permettant
d?autofinancer les actions d?amélioration de la sécu-
rité et du maintien de la navigabilité des aéronefs,
sans coût supplémentaire.
L?axe principal qui synthétise les améliorations
durables abondamment expérimentées est l?inten-
sité et la qualité du pilotage des processus et des
comportements humains, et non tel ou tel mode
d?organisation du travail. Ce pilotage se décline en
trois leviers principaux : mettre en place des sys-
tèmes d? informations opérat ionnel les et
fonctionnelles humainement intégrées et stimu-
lantes (SIOFHIS), des dispositifs de synchronisation,
c?est-à-dire de coordination en temps réel, efficaces
et périodiquement « toilettés ». Cette fonction de ©
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38 39DSAC SYMPOSIUM 2024
3. L A COMPOSANTE HUMAINE DANS LES INTERFACES
toilettage périodique permet d?atténuer les effets
de l?entropie et de l?érosion des bonnes pratiques.
Le concept de SIOFHIS met en évidence le caractère
inerte de l?information car celle-ci n?induit pas direc-
tement la performance visée, elle doit subir une
première transformation, au moyen de l?intelligence
humaine. Toutefois, la compréhension qui en résulte
ne suffit pas à produire la performance recherchée.
Une deuxième transformation impliquant une
dépense d?énergie humaine devra produire une
action. Ainsi, la compréhension d?une situation n?in-
duit pas ipso facto une action pertinente et efficace
qui produira la performance. Un ingrédient supplé-
mentaire est requis, la compétence humaine qui
permet de réaliser le « passage à l?acte » productif.
Ainsi, deux déperditions affectent l?efficacité : d?une
part, l?écart entre la quantité d?information dispo-
nible et l?information assimilée et, d?autre part,
l?écart entre l?information comprise et le volume
d?information effectivement intégrée dans la per-
formance obtenue. La lecture des indicateurs de
sécurité ne suffit pas à accroître le niveau de sécu-
rité, c?est l?action humaine qui en résulte qui produira
la performance requise. La compétence des colla-
borateurs est le noeud de la transformation de
l ? information col lectée en per formance
souhaitée.
La théorie socio-économique met l?accent sur l?effet
de levier obtenu par l?amélioration de la qualité du
management des personnes et des processus sur la
qualité du fonctionnement de l?entreprise et, fina-
lement, sur la qualité des produits, biens et services
et la sécurité aérienne.
La durabilité des bonnes pratiques, de la qualité de
fonctionnement et de sécurité, du niveau de per-
formance compétitive et économique, exige, selon
nos travaux, une stratégie persévérante d?investis-
sement incorporel en développement qualitatif du
potentiel humain (II-DQPH). Une telle stratégie favo-
rise l?apprentissage individuel et collectif permanent,
selon un processus heuristique d?essai-erreur intel-
ligent. Cette stratégie présente un avantage
concurrentiel de très haute rentabilité que nous
avons pu mesurer à hauteur de 200 à 4 000 % soit,
selon les cas expérimentés, un facteur multiplicateur
tel que 1 ¤ investi rapporte de 2 à 40 ¤.
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3. L A COMPOSANTE HUMAINE DANS LES INTERFACES
Le potentiel humain a trois composantes : l?énergie,
les compétences et les comportements.
Contrairement à l?investissement matériel que les
entreprises concurrentes peuvent acheter aussi sur
le marché des technologies, l?IIDQPH se construit
à l?intérieur de sa propre entreprise et fait partie de
son identité et de sa force compétitive. Toutefois,
c?est le couplage de l?investissement technologique
et de l?investissement incorporel en potentiel
humain qui est le véritable facteur de rentabilité
durable pertinent.
3.1.4.
Conclusion
Un slogan peut permettre de conclure, en guise de
recommandation concernant le maintien de la navi-
gabilité des aéronefs et de la sécurité :
? « Occupez-vous bien de vos collaborateurs et ils
s?occuperont mieux de vos clients et de vos
machines. »
? « La stratégie externe d?une entreprise se joue
dans l?intensité et la qualité de la stratégie interne
qui consiste à mobiliser des acteurs et à renforcer
les réflexes de coopération, car celle-ci n?est pas
spontanée ou naturelle. »
? « Investissez dans la robustesse du « socle straté-
gique » interne et vous réussirez à l?extérieur de
l?entreprise, au moyen de l?effet de levier que
produit l?amélioration de la cohésion interne. »
Les chercheurs de l?ISEOR ont abondamment expé-
rimenté et validé des outils participatifs, de
mobilisation des personnes à l?intérieur de l?organi-
sation et dans le réseau que constitue l?ensemble
des entreprises d?une filière, leurs sous-traitants et
leurs clients. Ces outils stratégiques et opérationnels
sont :
? Le plan d?actions stratégiques internes externes,
à 3 ou 5 ans ;
? Le plan d?actions prioritaires semestrielles ;
? Le contrat d?activité périodiquement négociable
semestriel, assorti d?un bonus de rémunération ;
? Un séminaire interne semestriel permettant d?évi-
ter l?érosion de ces outils.
Appliquer le raisonnement socio-économique à la
question de la sécurité aérienne reviendrait à récu-
pérer une partie des ressources financières gaspillées
dans les coûts cachés des dysfonctionnements afin
de les réallouer aux améliorations de la sécurité et
de la navigabilité.
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3. L A COMPOSANTE HUMAINE DANS LES INTERFACES
En matière de gestion des risques, la maintenance et
l?engineering ne font pas exception aux autres
domaines des opérations aériennes.
Dans un système déjà très sûr, les gains de sécurité
significatifs ne sont plus dans l?optimisation locale,
mais dans la cohérence globale du système.
La vie des organisations étant faite à la fois d?ambiguïté
et d?asymétrie, comment alors assurer cette cohé-
rence ? La réponse paraît simple : en favorisant la
transversalité, en éliminant les frictions et les incohé-
rences qui se situent aux interfaces des composantes
d?un organisme. Mais si le constat est clair, il reste à
comprendre pourquoi fluidifier les interfaces est si
difficile, indépendamment des contingences atten-
dues (distance entre équipes, personnalités, objectifs
antagonistes, etc.).
Voici un retour d?expérience de près de trente ans de
recherche dans les facteurs humains et organisation-
nels identifiant quatre types de raisons de « grippage »
entre interfaces.
La première raison est de nature psychologique :
lorsque l?on s?intéresse aux interfaces, on remarque
rapidement que c?est à leur niveau que résident les
marges de liberté des acteurs. Bien des problèmes
peuvent être réglés avec des ajustements mineurs,
sans contraintes pour les parties respectives. Mais
décrire précisément les tâches, les responsabilités, les
besoins, modifie des éléments clés : répartition de
l?information, intérêt des tâches, butées temporelles,
pouvoirs, et les bénéfices secondaires liés aux identités
et valeurs (relations de camaraderie, attributs de pres-
tige, etc.).
Les résistances passives et discrètes sont très efficaces
pour conserver le statu quo et l?acceptation du chan-
gement n?est pas stimulée par l?adversité ou l?échec,
mais au contraire par le succès, le sentiment de com-
pétence et la conviction qu?il est atteignable. De plus,
les ambiguïtés des process sont aussi une façon de
déléguer aux acteurs de terrain la gestion de situations
pour lesquelles l?organisation n?a pas de réponses for-
melles. L?isolement des îlots de l?archipel organisationnel
est donc une façon de protéger tous les niveaux.
La deuxième raison est de nature organisationnelle :
le mode de fonctionnement spontané des organisa-
tions est le « silo », puisque le temps et l?attention sont
les deux ressources les plus rares. La productivité des
tâches locales est favorisée par la focalisation sur les
informations strictement utiles à leurs résultats immé-
3.2.
Les freins aux bons fonctionnements
des interfaces internes
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3. L A COMPOSANTE HUMAINE DANS LES INTERFACES
diats. Chaque entité protège ses process, ses objectifs
et ses marges de liberté en se rendant opaque aux
éléments extérieurs, souvent au détriment de l?en-
semble du système.
Par exemple, le CAMO, dans son plan d?entretien, peut
ne pas intégrer les contraintes d?accès des équipe-
ments par le MRO ou des horaires décalés des équipes.
Le MRO répond avec des marges de planification dans
le démontage des équipements.
Ou, alors que le plan d?entretien prévoit d?effectuer
les tâches susceptibles d?identifier les défauts les plus
pénalisants (inspections de structures à risques, etc.)
en début de visite, le MRO les réorganisera pour
répondre à ses propres contraintes (aléas techniques,
disponibilité des personnels, etc.) selon une séquence
qui augmentera le risque de remise en service retardée
en cas de détection de défauts.
Ou encore, un problème détecté lors d?une borosco-
pie effectuée le vendredi après-midi, ne permettra
pas une remise en ligne et la contrainte se propagera
sur les autres silos.
Ce jeu d?interactions et de négociations réciproques
est déterminant.
La sécurité finale est le résultat de la façon dont
chaque entité s?approprie ses objectifs de sécurité et
les intègre parmi ses autres enjeux.
Ce point doit être communiqué et partagé, faute de
quoi chaque entité ne verra que la sécurité à l?aune
de ses propres objectifs et contraintes. Parmi ces der-
nières, le temps est peut-être celle qui est la plus
structurante. Non seulement par sa rareté, mais sur-
tout par sa « désynchronisation » entre les cycles
« décision-action-réponse » de chaque îlot organisa-
tionnel (temps des solutions techniques, des
formations, de la régénération des moyens, etc.). Dans
ce jeu d?échange de contraintes, les problèmes, les
solutions et les évènements sont alors davantage
connectés par leur simultanéité que par leur
causalité.
Le manque de communication, même involontaire,
menace également de nombreux process et notam-
ment la gestion des risques, car des problèmes mineurs
isolés et convergents peuvent affecter significative-
ment la sécurité. Un exemple emblématique : une
succession de pannes mineures, à juste titre locale-
ment qualifiées de « tolérables », peut dégrader la
sécurité de façon invisible.
Bien que l?identification et la consolidation de dégra-
dations locales soient l?intérêt principal du SMS, sa
logique de production, souvent par domaines, cloi-
sonne l?information et complexifie l?analyse globale.
En faisant de la gestion des risques un concept pro-
babiliste centré sur les défaillances locales, beaucoup
d?organismes opacifient l?analyse.
Enfin, au-delà du partage d?information, il y a le sujet
de sa compréhension : ce n?est pas parce que l?on
« sait » que l?on « comprend » son exposition au risque.
Les aspects culturels sont la troisième raison qui peut
constituer un frein puissant à l?amélioration des inter-
faces, car les effets positifs des améliorations ne sont
visibles que tardivement.
Or, certaines cultures ont un rapport au temps qui
défavorise les décisions dont les effets sont éloignés
des objectifs immédiats.
L?attribution des causes d?une amélioration des inter-
faces joue également un rôle : certaines cultures
interprètent spontanément les réussites comme l?ex-
pression de la compétence de la hiérarchie, alors que
les échecs sont attribués à l?incompétence ou à la
mauvaise volonté des exécutants.
La vision occidentale de l?organisation, déterministe
et cartésienne, cherche à optimiser chaque compo-
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42 43DSAC SYMPOSIUM 2024
3. L A COMPOSANTE HUMAINE DANS LES INTERFACES
sant d?un système ; la vision japonaise est plutôt celle
d?un organisme vivant où chaque organe a son impor-
tance et où la notion de cohérence supplante celle
d?optimisation.
Dans ce cadre, il est naturel que les individus soient
évalués selon leur capacité à intégrer les contraintes
d?autres services, plutôt que sur des objectifs internes
aux leurs.
Les modèles de gestion des risques ne sont pas uni-
versels non plus. Des questions de fond recevront des
réponses différentes selon les cultures : l?amélioration
des interfaces favorise-t-elle la sécurité ? Comment
obtenir des informations sur les opérations ? Comment
mesurer la sécurité ? Comment les accidents se pro-
duisent-ils ? Faut-il punir les erreurs ?
Même au sein d?une même culture, les réponses dif-
féreront selon les business models et la distance aux
opérations physiques. Un « bon management des
risques » est avant tout celui qui est conforme aux
attentes locales d?un « bon management des risques ».
La quatrième raison est managériale et se divise en
deux sous-catégories : le défaut de leadership et un
système d?information de gestion défaillant.
Le défaut de leadership a pour conséquence l?impos-
sibilité de faire admettre des règles d?équilibres à des
entités dont les buts et contraintes respectives leur
donnent des perceptions différentes de la sécurité.
Quelques professionnels avec une grande aura interne
défendent des positions sans que le management ne
soit en mesure de trancher et de faire admettre des
compromis, ou alors ces derniers se font au détriment
des entités ayant le moins de pouvoir. Quelquefois, la
simple présence de ces professionnels dans les pro-
cessus est plus importante que le résultat lui-même,
nourrissant des postures qu?un management défaillant
peine à canaliser.
La plupart des informations collectées ont peu de
rapports avec la décision et servent davantage à la
justifier qu?à informer les décisions. Même si des com-
pléments sont exigés, ils ne sont pas utilisés et ne
servent qu?à masquer vainement l?absence de lea-
dership. Le manque de cohérence envers les équipes
est un autre signe de leadership défaillant.
Voici un exemple imaginaire : par procrastination, un
dirigeant oublie de réclamer un avoir de plusieurs mil-
liers de dollars à un pétrolier, alors même que ses
équipes le lui rappellent régulièrement. Mais le même
dirigeant réprimande un équipage présentant une
note de frais de quelques euros pour des bonbons
achetés pour le fils du VIP qu?il transportait...
Un système d?information de gestion performant est un
allié sous-estimé de la gestion des interfaces. En modé-
lisant les couples ressources-résultats, il rend visibles les
coûts générés par la désorganisation et leur impact sur
la sécurité.
Voici à nouveau quelques exemples imaginaires :
? Savoir que des commandes de pièces en AOG sur des
tâches programmées coûtent bien plus cher que l?achat
d?un logiciel et le recrutement de personnels
compétents.
? Ou, qu?acheter un avion moins cher avec une confi-
guration différente du reste de la flotte est une fausse
bonne affaire, car il générera des difficultés de gestion
de navigabilité, d?approvisionnement et de disponibilité
qui se paieront pendant des années.
Le système de gestion permet d?établir des décisions
sur des bases rationnelles, en objectivant les alternatives
et en rendant visibles celles qui dégradent autant la ren-
tabilité que la sécurité. Dans certains cas, il évite même
à des personnels compétents de continuellement faire
des compromis défavorables à la sécurité pour voler,
alors même que chaque vol est déficitaire.
Dans les faits, les impasses les plus graves pour la sécurité
sont rarement dues à des arbitrages conscients, mais
plutôt à un cumul d?approximations excessives, d?idées
superficielles et d?amateurismes managérial. Fonder ses
décisions sur des informations pertinentes et des ana-
lyses opportunes est une culture d?entreprise, quel que
soit l?objet des décisions.
Le neuroscientifique de renommée mondiale Francisco
Varela disait que « l?intelligence ne se définit pas comme
la capacité à résoudre un problème, mais comme celle
de pénétrer un monde partagé ».
La vie des opérations aériennes est un monde partagé,
fait d?asymétries, de contradictions et d?ambiguïtés.
Abattre les cloisons que la logique du fonctionnement
organisationnel sait si bien édifier n?est pas une chose
facile. Mais c?est un moyen de faire converger les deux
garants de la pérennité de l?organisme : la rentabilité et
la sécurité.
Les opérateurs les plus sûrs sont aussi les plus rentables :
en misant sur la cohérence ils résistent aux facilités du
temps court, des postures et d?une optimisation des
indicateurs au détriment des processus qu?ils reflètent.
En résumé, ils savent faire accepter des déséquilibres
tolérables pour éviter des déséquilibres qui rendent
inefficaces toutes les dimensions de la performance, y
compris la sécurité.
44 45DSAC SYMPOSIUM 2024
3. L A COMPOSANTE HUMAINE DANS LES INTERFACES
3.3.1.
La culture juste en quelques mots
En garantissant un haut niveau de protection aux agents
de première ligne ou à d'autres personnes pour leurs
actions, omissions ou décisions affectant la sécurité, dès
lors qu?elles ne sont connues que parce qu?elles ont été
notifiées et qu?elles ne correspondent pas à des viola-
tions volontaires, la culture juste est un système de
management qui devrait permettre d?obtenir une vision
plus précise du niveau de sécurité d?une activité et ainsi
d?engager de façon plus sûre les actions propices à son
accroissement. Toutefois, les négligences graves, les man-
quements délibérés et les comportements nuisibles ne
sont pas tolérés. Cette définition est précisée dans le
règlement (UE) N° 376/2014 concernant les rapports,
l'analyse et le suivi des évènements dans l'aviation civile.
Les opérateurs doivent être conscients que les accidents
et incidents ne sont pas toujours directement impu-
tables au personnel de terrain. Ce dernier peut se trouver
confronté à des situations complexes résultant de pra-
tiques inadaptées développées au fil du temps, d'un
manque de ressources nécessaires ou d?un besoin en
formation pour accomplir correctement son travail.
Pour permettre aux organisations d'apprendre des inci-
dents, il est important d?avoir conscience que les erreurs
humaines et les transgressions ne peuvent jamais être
totalement éradiquées, mais que leurs conséquences
peuvent être atténuées pour peu qu?elles soient connues.
La culture juste cherche ainsi à instaurer un environne-
ment de confiance, équitable et favorisant ainsi la
déclaration des évènements dans une optique d?amé-
lioration de la sécurité des vols.
3.3.2.
La culture juste dans le domaine de la
maintenance : moins de notifications
Dans le domaine de la maintenance et de la navigabilité,
les notifications d?évènements : de sécurité sont relati-
vement peu nombreuses sur la période 2020-2024, si
l'on compare le nombre de notifications provenant des
organismes de maintenance à celui des autres opéra-
teurs aériens, il apparaît que la proportion de rapports
d'évènements issus de ces organismes est très faible.
Par ailleurs, durant l'exercice 2021/2023, OSAC a relevé,
3.3.
La culture juste
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44 45DSAC SYMPOSIUM 2024
3. L A COMPOSANTE HUMAINE DANS LES INTERFACES
au cours de ses audits, 119 écarts par rapport aux règle-
ments pour l'ensemble des agréments confondus : EASA
PART 21 G, PART 145, PART CAMO et PART CAO.
Comme pour de nombreux autres organismes, les pro-
blématiques fréquemment identifiées concernent :
? L'amélioration de la formalisation des principes de la
culture juste dans les procédures applicables à la com-
pagnie, en tenant compte de sa complexité ;
? La consultation des organisations représentatives pour
l'application de ces principes ;
? La diffusion des principes d'application auprès du
personnel concerné ;
? L'application partielle des principes de la culture juste.
3.3.3.
Pourquoi moins de notifications
d?évènements dans le domaine
de la maintenance ?
Plusieurs raisons peuvent expliquer que les organismes
de maintenance aéronautique notifient moins d'évène-
ments que d?autres opérateurs aériens.
? Une première hypothèse, bien que discutable, pourrait
être que les organismes de maintenance, travaillant
dans un environnement contrôlé avec des procédures
strictes, seraient moins exposés aux incidents que
d'autres opérateurs évoluant dans des environne-
ments plus dynamiques et soumis à des aléas
climatiques.
? Une autre explication réside dans le fait que la culture
juste est peut-être moins développée dans certains
organismes de maintenance, ce qui peut entraîner
une réticence à signaler les incidents. De plus, certains
évènements, jugés mineurs, ne sont tout simplement
pas rapportés.
? Une troisième raison possible est que la complexité
administrative et la charge de travail peuvent décou-
rager la notification des incidents, car d'autres priorités
prennent le dessus.
Par ailleurs, les contrats de sous-traitance peuvent éga-
lement jouer un rôle dans la réduction des notifications
d'évènements de sécurité. Lorsque les tâches sont exter-
nalisées, les responsabilités en matière de signalement
peuvent être mal définies, avec des attentes ambiguës
entre le donneur d'ordre et le sous-traitant. Soucieux de
préserver leurs relations commerciales, les sous-traitants
pourraient hésiter à signaler des incidents par crainte
de nuire à leur réputation ou de perdre des contrats, ce
qui peut mener à une sous-déclaration, compromettant
ainsi la transparence et la gestion des risques.
3.3.4.
Perspectives d?amélioration
Le plan national pour la sécurité de l?aviation Horizon
2028 a identifié cette nécessité de continuer à promou-
voir la culture juste auprès de l?ensemble des opérateurs.
À ce titre, la DSAC veillera, dans la continuité de ce
symposium, au renforcement de la culture de notifica-
tions au travers d?actions de promotions telles que des
REX maintien de navigabilité, des séminaires, webinaires
etc.
Pour en savoir plus :
https://www.ecologie.gouv.fr/politiques-publiques/observa-
toire-culture-juste-laviation-civile
https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/documents/guide_
culture_juste.pdf
Figure 19 : répartition des notifications par organismes sur la période 2020-2024.
Organismes 21G & 21J
Organismes CAO (&MF)
Organismes CAMO (&MG)
Organismes 145
ATO Avion
Aéroports
DSNA
Exploitants
163
203
1633
2208
3650
52 953
124 601
187 562
RÉPARTITION DES NOTIFICATIONS DE SÉCURITÉ PAR ORGANISMES
46 47DSAC SYMPOSIUM 2024
3. L A COMPOSANTE HUMAINE DANS LES INTERFACES
La formation initiale des mécaniciens aéronautiques comporte les deux volets, pratique et théorique, qui sont
nécessaires et doivent être régulièrement adaptés aux évolutions technologiques.
Afin d?intéresser les futurs acteurs, une promotion active de la filière maintenance est à développer, mettant
l?accent sur des perspectives d?emploi et de carrière, de manière à susciter des vocations.
L?expérience du personnel de maintenance et de navigabilité s?acquiert de manière progressive.
Les organismes mettent en place les procédures d?évaluation des compétences qui permettent d?étendre les
privilèges de leurs collaborateurs en fonction de l?expertise acquise et constatée, et des besoins de leurs organi-
sations en conformité avec la réglementation existante.
Enfin, les organismes doivent s?assurer que la promotion de la sécurité est délivrée conformément aux engage-
ments managériaux et mise en pratique au quotidien.
3.4.
La formation
et le maintien de compétences
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46 47DSAC SYMPOSIUM 2024
Objectif
SécuritéObjectif
Sécurité
3. L A COMPOSANTE HUMAINE DANS LES INTERFACES
Les "Dirty Dozen" désignent les douze
fragilités ou principales causes d?erreurs
humaines identifiées dans le secteur de
l?aviation, pouvant compromettre la
sécurité. Elles incluent des facteurs
comme le manque de communication,
la complaisance, le stress, et la fatigue.
En sensibilisant les équipes à ces
risques, on améliore la vigilance et
réduit les erreurs, contribuant ainsi à la
sécurité.
48 DSAC
4.
LES OUTILS
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49SYMPOSIUM 2024
Une des missions de l?équipe centrale SMS est de cap-
ter les signaux faibles, d?écouter les salariés, et de
proposer des solutions adaptées à leurs besoins, en
matière de sécurité aérienne.
La méthodologie NITS utilisée par les personnels navi-
gants pour réduire les erreurs de communication a été
identifiée comme un outil pouvant enrichir les com-
pétences non-techniques des salariés. L?initiative vise
à adapter cette méthode aux spécificités des métiers
de Safran Helicopter Engines et à la mettre à la dispo-
sition des salariés.
Le processus d?appropriation de cette méthode suit
la courbe du changement illustré dans la figure
ci-dessous.
1. Tout d?abord, il s?agit de présenter la méthode et
donner du sens en expliquant le contexte, pourquoi
et comment cette méthode peut répondre au besoin
tout en soulignant les bénéfices potentiels.
2. Le changement des habitudes cognitives peut
générer des résistances. Pour y remédier, une écoute
attentive des craintes et des préoccupations des sala-
riés, sans jugement, a été un facteur clé. Cela a permis
d?ajuster l?outil en fonction des retours, tout en évitant
une approche autoritaire. En offrant ainsi la liberté
d?appliquer ou non la méthode, l?adhésion devient
plus volontaire et spontanée.
3. Pour soutenir l'appropriation de la méthode NITS,
un accompagnement sur mesure a été mis en place.
Cette étape a inclus des témoignages de contrôleurs
aériens et des ateliers pratiques. Ces derniers se sont
4.1.
Méthode NITS (Nature-Intention-
Temporalité-Spécificité) à Safran
Helicopter Engines ? La patience au coeur
d?une transformation
4. LES OUTILS
Figure 20 : courbe du changement.
DÉPART
Effet d'annonce
Information
REMISE EN QUESTION
Peur/incertitude : va-t-on y
arriver ? Quelle va être la
valeur ajoutée?
POINT DE BASCULE
Mise en pratique progressive
Déclic - Acceptation
REMOBILISATION
Mise en pratique avancée,
promotion des succès ?
Rassurement
ENGAGEMENT,
APPROPRIATION
COMPLÈTE
Bravo !
EFFORTS
SUCCÈS
1
2
3
4
5
INFORMER
GUIDER RECONNAÎTRE
ENCOURAGER
50 51DSAC SYMPOSIUM 2024
4. LES OUTILS
avérés très convaincants, aidant les participants à saisir
la simplicité, la pertinence et l?applicabilité de la
méthode.
4. Ensuite, une campagne de promotion a été mise
en oeuvre, avec des supports variés pour susciter l'in-
térêt, mettant en avant les succès obtenus, dont un
tutoriel disponible sur l?intranet de l?entreprise.
5. Pour finir, l?embarquement est considéré réussi
lorsque des salariés deviennent des ambassadeurs, en
partageant leurs expériences positives, et en recom-
mandant la méthode à leurs collègues.
La méthode NITS par son caractère simple et l?inté-
gration d?une conformation de bonne prise en compte
permet par exemple dans le cadre du passage de
consignes entre 2 équipes de techniciens d?améliorer
le dialogue, la prise en compte des priorités et du
statut des actions débutées.
En conclusion, les efforts se poursuivent pour garantir
une intégration harmonieuse, fluide et efficace de la
méthode NITS* afin qu?elle devienne naturellement
portée par les salariés eux-mêmes. L?appropriation de
compétences non-techniques ou soft-skills, peut s?as-
similer à un changement culturel qui peut prendre des
années. Patience et persévérance sont deux qualités
essentielles pour réussir une transformation.
Figure 21 : exemple de scenario de communication selon le NITS (Source Air formation).
CAS N°1 NITS
Vous devez, pour une visite client, vous assurer de la
bonne récupération d'un groupe par un chauffeur de
bus. Vous devez lui communiquer les informations
nécessaires.
Le groupe est à récupérer au The Lodge Hôtel,
1180 Av du 11 Novembre, 40440 Ondres.
Il est constitué de 43 personnes, plus
2 accompagnateurs. L'heure de rendez-vous
a été fixée à 08h00, pour un départ à 08h15
au plus tard.
Le groupe n'a pas fait preuve de beaucoup de
discipline jusqu'à présent, accumulant les retards et
les absences. Il est impératif de respecter les horaires
pour cette visite.
Il y a, dans le groupe, une personne à mobilité
réduite. Le véhicule devra être compatible pour le
transport.
Nature :
- Un bus doit transporter un groupe de 45 personnes.
Intention :
- Le groupe est à récupérer au The Lodge Hôtel,
1180 Av. du 11 Novembre, 40440 Ondres.
Temporalité :
- L?heure du rendez-vous est à 08h00 pour un départ
à 08h15 au plus tard.
Spécificité :
- Il est impératif de respecter les horaires.
- Il y a une personne à mobilité réduite.
Le véhicule doit être compatible.
CAS N°2 NITS
Lors du décollage d'un avion, l'équipage a dû faire
face à un dysfonctionnement du train d'atterrissage
après le décollage.
Les pilotes ont alors informé la tour de contrôle de ce
qui se passait et de leur nouvelle option : retourner à
l'aéroport pour effectuer un atterrissage d'urgence.
À ce moment précis, l'avion est lourd car rempli de
carburant et transporte 146 passagers ainsi que 6
membres d'équipage.
Nature :
- Tour de contrôle, nous avons un dysfonctionnement
du train d?atterrissage.
Intention :
- Nous retournons à l?aéroport pour un atterrissage
d?urgence.
Temporalité :
L?approche est prévue dans 10 min.
Spécificités :
- L?avion est lourd et rempli de carburant.
- Nous transportons 146 passagers et 6 membres
d?équipage.
50 51DSAC SYMPOSIUM 2024
4. LES OUTILS
Les relations contractuelles entre acteurs du maintien de navigabilité sont souvent détaillées dans des docu-
ments décrivant les interactions de type Joint Procédure Manual (JPM).
Il est important que ces documents soient rédigés de manière collaborative entre les parties, et revus régu-
lièrement pour s?assurer de la permanence dans le temps de leur adaptation aux usages et aux évolutions
des organisations ou de leur agrément.
Ils peuvent traiter des difficultés/menaces aux interfaces en prévoyant les moyens de mitigation que les
parties s?engagent à mettre en oeuvre.
Aussi, une revue des JPM à travers le prisme de la roue de Deming peut contribuer à une vision globale de
l?ensemble des interfaces en jeu dans la relation contractuelle, notamment en s?attachant à décrire pour
chaque étape Plan, Do, Check, Act les besoins de coordination, les contributions et engagements à faire de
chaque partie.
4.2.
Méthode PDCA (Plan ? Do ? Check ? Act)
pour améliorer la performance collective
Figure 22 : roue de Deming.
PENTE DU PROGRÈS
PLAN
ACT
DO
CHECK
Mise en
oeuvre
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OUI
NON
RÉSULTATS
Tableau de Bord/
Indicateurs
Réagir/Ajuster :
Actions correctives
si nécessaires
OBJECTIFS
cohérents avec
la stratégie
Qui? / Quoi ?
Quand ? / Comment ?
Valider
Rechercher
des causes
Cap
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Gén
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Objectif
Plans
d'actions
52 53DSAC SYMPOSIUM 2024
4. LES OUTILS
La mise en oeuvre de nouvelles technologies incluant l?in-
telligence artificielle peut être un moyen d?améliorer la
qualité des informations é changées ainsi que de réduire
les erreurs.
De nombreuses solutions voient le jour :
? Inspections robotisées (drones / scanners) qui per-
mettent d?automatiser les inspections de types General
Visual inspections (GVI) et de numériser les défauts sans
prise de cotes manuelle. Ceci apporte une réduction
du temps de travail et une meilleure précision des don-
nées de maintenance, notamment pour les documents
de type Dent and Buckle charts.
? Des interfaces Tchat bot sont expérimentées dans le
cadre du développement des capacités de l?IA géné-
rative ; chez Air France Industries, CHARLIE, un outil à
destination des équipes maintenance de la compagnie,
permet de rechercher au sein de la documentation de
la compagnie et des constructeurs la référence des
pièces d?un avion (part numbers). Cet outil en phase de
Proof Of Concept permettra de gagner un temps pré-
cieux lors de la réparation ou du remplacement de
pièces. Des interfaces de ce type, appliqués au domaine
de la gestion des enregistrements de maintenance per-
mettront aussi des recherches rapides et ciblées dans
les historiques de maintenance des aéronefs.
? Enfin, dans un contexte de tension du marché du travail
et de croissance du transport aérien, les outils d?intel-
ligence artificielle sont une source d?augmentation de
productivité qui peut libérer du temps pour un meilleur
focus des collaborateurs sur les tâches à forte valeur
ajoutée.
4.3.
Les apports de l?intelligence artificielle
Figure 23 : inspection de fuselage par drone.
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52 53DSAC SYMPOSIUM 2024
Sources :
McKinsey & Company ?The generative AI opportunity in aircraft maintenance?
Airways Publishing. ?Six ways to use AI in aircraft maintenance?
Air France https://corporate.airfrance.com/fr/actualites/comment-air-france-utilise-lintelligence-artificielle-ia-pour-optimiser-ses-activites-et#
Figure 24 : potentiel de productivité accessible avec un développement de solutions IA.
4. LES OUTILS
54 55DSAC SYMPOSIUM 2024
4. LES OUTILS
Une communication directe et à jour contribue à aligner les acteurs sur un plan d?action partagé avec des
objectifs clairs.
Dans le domaine du maintien de la navigabilité et compte tenu de l?activité soutenue des aéronefs en service,
de nombreuses informations doivent être échangées entre acteurs en temps réel et la capacité à partager les
informations est un enjeu majeur.
Du fait de l?existence de logiciels de suivi (maintenance information system) propre à chaque organisme, ces
échanges d?information se font sur des supports de type courriels, appels téléphoniques et ou fichiers Excel
qui se confrontent à des besoins de mise à jour permanents, et sont sujets à des risques d?erreur, de perte de
données et de mauvaise compréhension de la situation.
Un effort de rationalisation de ces échanges sur des supports mobiles (smartphones, tablettes) et transverses
peut simplifier, clarifier et prioriser les attendus et contraintes des acteurs et contribue à agir sur un mode
préventif et non plus réactif.
4.4.
Les outils de partage d?information
en temps réel
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Figure 25 : rationalisation des échanges par un outil de partage d?informations mobile en temps réel.
54 55DSAC SYMPOSIUM 2024
4. LES OUTILS
PROGNOS® for Aircraft est une solution de mainte-
nance prédictive lancée en 2015 dont l'objectif est
d'éviter l'immobilisation d'un avion à la suite d'une
défaillance à chaud, entraînant le non-départ du vol
et l'hébergement en urgence des passagers, voire
l'affrètement d'un nouvel appareil.
Cette solution repose sur la collecte et l'analyse de
données générées par les milliers de capteurs ins-
tallés sur les systèmes de nos avions (gouvernes,
réacteurs, systèmes d'airs/hydrauliques/électriques,
cabine, etc.).
Les données brutes transmises par l'avion sont col-
lectées, décodées, traitées et analysées par
l'application. Grâce à des algorithmes de Machine
Learning qui détectent les signes avant-coureurs de
défaillance d'un équipement, les centres de contrôle
de maintenance reçoivent des alertes sur les com-
posants défectueux et peuvent ainsi anticiper les
opérations de réparation et les effectuer, ni trop
tôt, ni trop tard.
L?idée de départ est que toute non-linéarité des
signaux peut être interprétée comme une panne à
venir.
Avec plus de huit ans de retour d?expérience, les
résultats sont positifs. La plus-value se retrouve aussi
bien dans nos capacités de prédiction des pannes
que dans la résolution des pannes complexes. En
effet, sur les équipements où des tolérances tech-
niques sont appliquées, l?usage de la donnée
continue brute constitue ? avec le message de
panne ? un atout décisif dans une résolution rapide
des pannes.
PROGNOS® n?a pu se construire que grâce à la force
du collectif, ingénieurs et techniciens métier, data
analystes, data scientistes, IT et management projet.
Toutes ces compétences sont disponibles en interne
chez AFKL.
Enfin, la donnée est disponible aussi bien pour les
mécaniciens avions que pour les techniciens dans
les ateliers. Plus la donnée est partagée en interne,
plus elle est valorisée.
En réduisant le nombre d?interfaces pour le traite-
ment des données, donc le risque de perte ou
d?altération de l?information, ces perspectives
devraient favoriser une approche intégrée de la
sécurité et son efficacité.
Pour rappel, seuls les documents constructeurs sont
ceux qui prévalent dans le domaine de la sécurité
de vols (MMEL)
4.5.
Les apports de la predictive maintenance
Figure 26 : exemple de déviation de tendance du paramètre RPM d?une Air Cycle Machine, conduisant à une surveillance et
éventuellement à une dépose préventive.
56 DSAC
5.
ANNEXES
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57SYMPOSIUM 2024
5. ANNEXES
1 - Les soft skills
Les soft skills relèvent des compétences transver-
sales. Ce sont des compétences qui peuvent être
mobilisées dans n'importe quelle situation et dans
n'importe quel cadre, peu importe le métier ou le
secteur d'activité. Un commercial qui, par exemple,
veut devenir professeur des écoles, ne se servira pas
de sa maîtrise de tel outil informatique de vente
dans son nouveau métier. Son savoir-faire acquis
dans la vente ne lui sera d'aucune utilité pour deve-
nir enseignant, mais son savoir-être en revanche, le
sera : son sens de l'écoute, sa capacité à s'adapter
ou encore son sens du relationnel.
2 - Les hard skills
Les hard skills font quant à elles référence aux com-
pétences techniques acquises, au savoir-faire. Ce
sont les compétences éprouvées par la pratique.
Elles englobent par exemple des compétences
apprises à l'école, des langues étrangères, la maîtrise
d'outils et de logiciels ou encore un langage pro-
grammatique.
Exemple : la maîtrise du pack Office, la connaissance
de techniques marketing, savoir coder en Python,
etc.
5.1.
Soft et Hard Skills
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Figure 26 : exemple de déviation de tendance du paramètre RPM d?une Air Cycle Machine, conduisant à une
surveillance et éventuellement à une dépose préventive.
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58 59DSAC SYMPOSIUM 2024
5. ANNEXES
5.2.
Glossaire
AAL : Above Aerodrome Level
ACAM : Aircraft Continuing
Airworthiness Monitoring (suivi de
gestion de navigabilité d'aéronef)
APRS : Approbation pour remise
en service
EASA : Agence de l'Union
européenne pour la sécurité
aérienne
AG : Aviation Générale
AMM : Aircraft Maintenance Manual
(manuel d?entretien de l?aéronef)
AMOS : solution logicielle de
maintenance, réparation et révision
AOC : Air Operator Certificate
(certificat de transporteur aérien)
AOG : Aircraft On Ground (aéronef
immobilisé)
APRS : Approbation pour remise
en service
ATL : Aircraft Technical Log System
(journal technique du système de
l'aéronef)
ATO : Approved Training
Organisation (organisme de
formation agréé)
AVI : Automated Visual Inspection
BEA : Bureau d'enquêtes et
d'analyses
CAMO : Continuing Airworthiness
Management Organisation
(organisme de gestion du maintien
de la navigabilité)
CAO : Combined Airworthiness
Organisation (organisme combiné
de maintien de navigabilité)
CDL : Configuration Deviation List
(liste de déviation de configuration)
CLB : Cabin Log Book (journal de
bord cabine)
CRM : Compte rendu matériel
CRS : Certificate of Release to
Service (certificat de remise en
service)
CTA : Certificat de transporteur
aérien
DCS : Direction du contrôle de la
sécurité (ex-SFACT)
DGAC : Direction générale de
l?aviation civile
DOA : Design Organisations
Approvals
DSAC : Direction de la sécurité de
l?aviation civile
DSAC/NO : Direction navigabilité
et opérations de la Direction de la
sécurité de l?aviation civile
DSNA : Direction des services de la
navigation aérienne
EPAS : European Plan for Aviation
Safety (plan européen pour la
sécurité aérienne)
ETSO : European Technical
Standard Order
FRMS : Fatigue Risk Management
System (système de gestion du
risque de fatigue)
FSTD : Flight Simulation Training
Device (dispositif d'entraînement à
la simulation de vol)
ICA : Instructions for Continued
Airworthiness (instructions pour le
maintien de la navigabilité)
IIDQPH : Investissement incorporel
en développement qualitatif du
potentiel humain
ISEOR : Institut de socio-économie
des entreprises et des organisations
JPM : Joint Procedure Manual
(manuel de procédures conjointes)
M.B.303 - M. BL 303 : Inspection
ciblée d?aéronefs
MCC : Maintenance Control
Center (centre de contrôle de la
maintenance)
MEL : Minimum Equipment List (liste
minimale d'équipements)
MMEL : Master Minimum Equipment
List (liste minimale d'équipement
de référence)
MPD : Maintenance Planning
Document (document de
planification de l?entretien)
MRO: Maintenance Repair
Organization (organisation de
réparation de maintenance)
NITS: Nature-Intention-
Temporalité-Spécificité
OCC : Operations Control Center
(centre de contrôle des opérations)
OEM : Original Equipment
Manufacturer (fabricant
d?équipement d?origine)
OPR : Operational Readiness
(préparation opérationnelle)
OPS : Opérations
OSAC : Organisme pour la sécurité
de l?aviation civile
PART-21 G : Réglementation
européenne pour la production
aéronautique
PART-21 J : Réglementation
européenne pour la conception
aéronautique
PART-145 : Réglementation
européenne pour la maintenance
aéronautique
PART-147 : Réglementation
européenne pour la formation à la
maintenance aéronautique
PDCA : Plan-Do-Check-Act
PEN : Personnel d?examen de
navigabilité
PNC : Personnel navigant
commercial
PNT : Personnel navigant technique
REX : Retour d?expérience
RPM : Revolution per minute
RPS : Risques psychosociaux
SANA : Safety Assessment of
National Aircraft (évaluation de la
sécurité des aéronefs nationaux)
SACA : Safety Assessment of
Community Aircraft (évaluation
de la sécurité des aéronefs
communautaires)
SAFA : Safety Assessment of Foreign
Aircraft (évaluation de la sécurité
des aéronefs étrangers)
SFACT : Service de la formation
aéronautique et du contrôle
technique
SIOFHIS : Systèmes d?informations
opérationnelles et fonctionnelles
humainement intégrées et
stimulantes
SMS : Safety Management System
(système de gestion de la sécurité)
TC : Type Certificate (certificat de
type)
TCH : Type Certificate Holder
(détenteur de certificat de type)
TLB : Technical Log Book (journal de
bord technique)
TPP : Transport public de passagers
SG : Système de gestion
SRM : Structural Repair Manual
(manuel de réparation de structure)
STC : Supplemental Type Certificate
(certificat supplémentaire de type)
STCH : Supplemental Type
Certificate Holder (détenteur d?un
certificat de type supplémentaire)
58 59DSAC SYMPOSIUM 2024
Philippe Auradé - DSAC
Frédéric Bérard - OSAC
Raphaëlle Bonvous - Safran Helicopter Engines
Alain Bouteille - Observatoire de la culture juste
Kevin Cadd - Keepflying
Arnaud Calonnec - OSAC
Hugues Carrière - OSAC
Tristan Charpentier - Crystal Aero Solutions
Stéphane Corcos - DSAC
Blandine Denat - Safran Helicopter Engines
Jean-François Deru - Air France Industries
Élisa Dubois - easyJet
Clément Dufix ? DSAC
François-Xavier Dulac - DSAC
Isabelle Échinard - Apave Aeroservices
Didier Fortuny ? Air France Industries
Laurent Goudeseune - Apave Aeroservices
Florian Granjon - OSAC
Sophie Guidici - Airbus Helicopters
Quentin Guiet - DSAC
Andy Hakes - Air eXpert
Bruno Heinrich - Air France
Christophe Houry - DSAC
Rhizlane Ismaili - CRAM Aero Repair
Marc Joubert - Aero expert
Aidan Kearney - easyJet
Lucas Lempereur de Saint-Pierre - Apave
Aeroservices
Thibaut Liblin - OSAC
Anne Loubet - OSAC
Xavier Malavergne - CRMA Aero repair
Yoni Malka - DSAC
Claude Mas - DSAC
Nunzia Mattei - Air Corsica
Fanny Maunand - OSAC
Éric Naveau - OSAC
David Nouvel - BEA
Ivan Pastorelli - Safety Science
Hervé Pierret - Air Corsica
Yann Poudoulec - CMA CGM Air Cargo
Amandine Pouvesle - CRMA Aero repair
Fabrice Pradon - Clyde & Co LLP
Yann Quéré - OSAC
Jean-Philippe Renaud - Apave Aeroservices
Thibaut Richard - Sabena Technics
Hervé Roué - DSAC
Benjamin Roustant - Sabena Technics
Jérôme Sandrone - Thrustflight
Henri Savall - ISEOR
Pascale Serra - Air Corsica
Charles-Henry Strauss - Groupe Dubreuil Aéro
Camille Suardi - OSAC
Richard Thummel - DSAC
Laurent Vallier - Air Formation
André Vernay - DSAC
Éric Videau - DSAC
Mickael Villermet - AMES
Audrey Villermin - Safran Ventilation System
Arnd Von-Fabeck - Airbus Helicopters
Ghislain Zaluski - OSAC
Véronique Zardet - ISEOR
Virginie Zibull - Bovis
5. ANNEXES
5.3.
Contributeurs
60 61DSAC SYMPOSIUM 2024
5. ANNEXES
5.4.
Figures et illustrations
Figure 1 : Acteurs externes à l?exploitant
Figure 2 : Exemple de relations bijectives
Figure 3 : Exemple d?analyse de cause possible
d?exploitation d?un aéronef non conforme sur la
menace ?ICA complexe?
Figure 4 : Exemple d?analyse de cause possible
d?exploitation d?un aéronef non conforme sur la
menace ?Déficit de transcription de défaut au CRM?
Figure 5 : Etapes de l?analyse d?évènements
Figure 6 : Répartition par états des inspections
SAFA/SACA en 2023
Figure 7 : Inspection SAFA/SACA en France en 2023,
écarts de catégorie 3 les plus relevés.
Figure 8 : Cache d?entrée d?air de radiateur d?huile
trouvé manquant à l?arrivée du vol
Figure 9 : Blocker door de reverse endommagé
(partie manquante)
Figure 10 : Crique sur un panneau de belly fairing
Figure 11 : Fuite de liquide hydraulique sur un piston
de bloc de frein
Figure 12 : Section de sentier photoluminescent
défectueux
Figure 13 : Siège PNC ne se rétractant pas
automatiquement
Figure 14 : Panneau de décompression endommagé/
déformé
Figure 15 : Capitonnage de soute endommagé
Figure 16 : Extrait du "OPR Manual" d'easyJet sur le
concept « RAPID »
Figure 17: Captures d?écran de la « solution sur
mesure » en cours de développement chez easyJet
Figure 18 : Captures d?écran de la « solution sur
mesure » en cours de développement chez easyJet
Figure 19 : Répartition des notifications par
organismes sur la période 2020-2024
Figure 20 : Courbe du changement
Figure 21 : Exemple de scenario de communication
selon le NITS (Source Air for-mation)
Figure 22 : Roue de Deming
Figure 23 : Inspection de fuselage par drone
Figure 24 : Potentiel de productivité accessible avec
un développement de solutions IA
Figure 25 : Rationalisation des échanges par un outil
de partage d?informations mobile en temps réel
Figure 26 : Exemple de déviation de tendance du
paramètre RPM d?une Air Cycle Machine, conduisant
à une surveillance et éventuellement à une dépose
préventive
60 61DSAC SYMPOSIUM 2024
Ce livret est établi dans le cadre du symposium sécurité de la DSAC du 5 décembre 2024.
Les informations contenues dans ce livret :
? Ne sont pas nécessairement complètes, exhaustives, exactes ou à jour ;
? Renvoient parfois à des sites extérieurs sur lesquels l?auteur n'a aucun contrôle et pour lesquels il décline toute responsabilité ;
? Ne sauraient remplacer une interprétation officielle ou des changements de réglemen-tation ;
? Ne constituent pas un avis juridique ;
L?utilisation de tout ou partie de ce livret pour démontrer une quelconque conformité à un règlement n?est pas acceptable. Les
informations contenues dans ce livret ne sauraient se substituer aux réglementations applicables.
62 DSAC
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(ATTENTION: OPTION s jugement, a été un facteur clé. Cela a permis
d?ajuster l?outil en fonction des retours, tout en évitant
une approche autoritaire. En offrant ainsi la liberté
d?appliquer ou non la méthode, l?adhésion devient
plus volontaire et spontanée.
3. Pour soutenir l'appropriation de la méthode NITS,
un accompagnement sur mesure a été mis en place.
Cette étape a inclus des témoignages de contrôleurs
aériens et des ateliers pratiques. Ces derniers se sont
4.1.
Méthode NITS (Nature-Intention-
Temporalité-Spécificité) à Safran
Helicopter Engines ? La patience au coeur
d?une transformation
4. LES OUTILS
Figure 20 : courbe du changement.
DÉPART
Effet d'annonce
Information
REMISE EN QUESTION
Peur/incertitude : va-t-on y
arriver ? Quelle va être la
valeur ajoutée?
POINT DE BASCULE
Mise en pratique progressive
Déclic - Acceptation
REMOBILISATION
Mise en pratique avancée,
promotion des succès ?
Rassurement
ENGAGEMENT,
APPROPRIATION
COMPLÈTE
Bravo !
EFFORTS
SUCCÈS
1
2
3
4
5
INFORMER
GUIDER RECONNAÎTRE
ENCOURAGER
50 51DSAC SYMPOSIUM 2024
4. LES OUTILS
avérés très convaincants, aidant les participants à saisir
la simplicité, la pertinence et l?applicabilité de la
méthode.
4. Ensuite, une campagne de promotion a été mise
en oeuvre, avec des supports variés pour susciter l'in-
térêt, mettant en avant les succès obtenus, dont un
tutoriel disponible sur l?intranet de l?entreprise.
5. Pour finir, l?embarquement est considéré réussi
lorsque des salariés deviennent des ambassadeurs, en
partageant leurs expériences positives, et en recom-
mandant la méthode à leurs collègues.
La méthode NITS par son caractère simple et l?inté-
gration d?une conformation de bonne prise en compte
permet par exemple dans le cadre du passage de
consignes entre 2 équipes de techniciens d?améliorer
le dialogue, la prise en compte des priorités et du
statut des actions débutées.
En conclusion, les efforts se poursuivent pour garantir
une intégration harmonieuse, fluide et efficace de la
méthode NITS* afin qu?elle devienne naturellement
portée par les salariés eux-mêmes. L?appropriation de
compétences non-techniques ou soft-skills, peut s?as-
similer à un changement culturel qui peut prendre des
années. Patience et persévérance sont deux qualités
essentielles pour réussir une transformation.
Figure 21 : exemple de scenario de communication selon le NITS (Source Air formation).
CAS N°1 NITS
Vous devez, pour une visite client, vous assurer de la
bonne récupération d'un groupe par un chauffeur de
bus. Vous devez lui communiquer les informations
nécessaires.
Le groupe est à récupérer au The Lodge Hôtel,
1180 Av du 11 Novembre, 40440 Ondres.
Il est constitué de 43 personnes, plus
2 accompagnateurs. L'heure de rendez-vous
a été fixée à 08h00, pour un départ à 08h15
au plus tard.
Le groupe n'a pas fait preuve de beaucoup de
discipline jusqu'à présent, accumulant les retards et
les absences. Il est impératif de respecter les horaires
pour cette visite.
Il y a, dans le groupe, une personne à mobilité
réduite. Le véhicule devra être compatible pour le
transport.
Nature :
- Un bus doit transporter un groupe de 45 personnes.
Intention :
- Le groupe est à récupérer au The Lodge Hôtel,
1180 Av. du 11 Novembre, 40440 Ondres.
Temporalité :
- L?heure du rendez-vous est à 08h00 pour un départ
à 08h15 au plus tard.
Spécificité :
- Il est impératif de respecter les horaires.
- Il y a une personne à mobilité réduite.
Le véhicule doit être compatible.
CAS N°2 NITS
Lors du décollage d'un avion, l'équipage a dû faire
face à un dysfonctionnement du train d'atterrissage
après le décollage.
Les pilotes ont alors informé la tour de contrôle de ce
qui se passait et de leur nouvelle option : retourner à
l'aéroport pour effectuer un atterrissage d'urgence.
À ce moment précis, l'avion est lourd car rempli de
carburant et transporte 146 passagers ainsi que 6
membres d'équipage.
Nature :
- Tour de contrôle, nous avons un dysfonctionnement
du train d?atterrissage.
Intention :
- Nous retournons à l?aéroport pour un atterrissage
d?urgence.
Temporalité :
L?approche est prévue dans 10 min.
Spécificités :
- L?avion est lourd et rempli de carburant.
- Nous transportons 146 passagers et 6 membres
d?équipage.
50 51DSAC SYMPOSIUM 2024
4. LES OUTILS
Les relations contractuelles entre acteurs du maintien de navigabilité sont souvent détaillées dans des docu-
ments décrivant les interactions de type Joint Procédure Manual (JPM).
Il est important que ces documents soient rédigés de manière collaborative entre les parties, et revus régu-
lièrement pour s?assurer de la permanence dans le temps de leur adaptation aux usages et aux évolutions
des organisations ou de leur agrément.
Ils peuvent traiter des difficultés/menaces aux interfaces en prévoyant les moyens de mitigation que les
parties s?engagent à mettre en oeuvre.
Aussi, une revue des JPM à travers le prisme de la roue de Deming peut contribuer à une vision globale de
l?ensemble des interfaces en jeu dans la relation contractuelle, notamment en s?attachant à décrire pour
chaque étape Plan, Do, Check, Act les besoins de coordination, les contributions et engagements à faire de
chaque partie.
4.2.
Méthode PDCA (Plan ? Do ? Check ? Act)
pour améliorer la performance collective
Figure 22 : roue de Deming.
PENTE DU PROGRÈS
PLAN
ACT
DO
CHECK
Mise en
oeuvre
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NON
RÉSULTATS
Tableau de Bord/
Indicateurs
Réagir/Ajuster :
Actions correctives
si nécessaires
OBJECTIFS
cohérents avec
la stratégie
Qui? / Quoi ?
Quand ? / Comment ?
Valider
Rechercher
des causes
Cap
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Objectif
Plans
d'actions
52 53DSAC SYMPOSIUM 2024
4. LES OUTILS
La mise en oeuvre de nouvelles technologies incluant l?in-
telligence artificielle peut être un moyen d?améliorer la
qualité des informations é changées ainsi que de réduire
les erreurs.
De nombreuses solutions voient le jour :
? Inspections robotisées (drones / scanners) qui per-
mettent d?automatiser les inspections de types General
Visual inspections (GVI) et de numériser les défauts sans
prise de cotes manuelle. Ceci apporte une réduction
du temps de travail et une meilleure précision des don-
nées de maintenance, notamment pour les documents
de type Dent and Buckle charts.
? Des interfaces Tchat bot sont expérimentées dans le
cadre du développement des capacités de l?IA géné-
rative ; chez Air France Industries, CHARLIE, un outil à
destination des équipes maintenance de la compagnie,
permet de rechercher au sein de la documentation de
la compagnie et des constructeurs la référence des
pièces d?un avion (part numbers). Cet outil en phase de
Proof Of Concept permettra de gagner un temps pré-
cieux lors de la réparation ou du remplacement de
pièces. Des interfaces de ce type, appliqués au domaine
de la gestion des enregistrements de maintenance per-
mettront aussi des recherches rapides et ciblées dans
les historiques de maintenance des aéronefs.
? Enfin, dans un contexte de tension du marché du travail
et de croissance du transport aérien, les outils d?intel-
ligence artificielle sont une source d?augmentation de
productivité qui peut libérer du temps pour un meilleur
focus des collaborateurs sur les tâches à forte valeur
ajoutée.
4.3.
Les apports de l?intelligence artificielle
Figure 23 : inspection de fuselage par drone.
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52 53DSAC SYMPOSIUM 2024
Sources :
McKinsey & Company ?The generative AI opportunity in aircraft maintenance?
Airways Publishing. ?Six ways to use AI in aircraft maintenance?
Air France https://corporate.airfrance.com/fr/actualites/comment-air-france-utilise-lintelligence-artificielle-ia-pour-optimiser-ses-activites-et#
Figure 24 : potentiel de productivité accessible avec un développement de solutions IA.
4. LES OUTILS
54 55DSAC SYMPOSIUM 2024
4. LES OUTILS
Une communication directe et à jour contribue à aligner les acteurs sur un plan d?action partagé avec des
objectifs clairs.
Dans le domaine du maintien de la navigabilité et compte tenu de l?activité soutenue des aéronefs en service,
de nombreuses informations doivent être échangées entre acteurs en temps réel et la capacité à partager les
informations est un enjeu majeur.
Du fait de l?existence de logiciels de suivi (maintenance information system) propre à chaque organisme, ces
échanges d?information se font sur des supports de type courriels, appels téléphoniques et ou fichiers Excel
qui se confrontent à des besoins de mise à jour permanents, et sont sujets à des risques d?erreur, de perte de
données et de mauvaise compréhension de la situation.
Un effort de rationalisation de ces échanges sur des supports mobiles (smartphones, tablettes) et transverses
peut simplifier, clarifier et prioriser les attendus et contraintes des acteurs et contribue à agir sur un mode
préventif et non plus réactif.
4.4.
Les outils de partage d?information
en temps réel
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Figure 25 : rationalisation des échanges par un outil de partage d?informations mobile en temps réel.
54 55DSAC SYMPOSIUM 2024
4. LES OUTILS
PROGNOS® for Aircraft est une solution de mainte-
nance prédictive lancée en 2015 dont l'objectif est
d'éviter l'immobilisation d'un avion à la suite d'une
défaillance à chaud, entraînant le non-départ du vol
et l'hébergement en urgence des passagers, voire
l'affrètement d'un nouvel appareil.
Cette solution repose sur la collecte et l'analyse de
données générées par les milliers de capteurs ins-
tallés sur les systèmes de nos avions (gouvernes,
réacteurs, systèmes d'airs/hydrauliques/électriques,
cabine, etc.).
Les données brutes transmises par l'avion sont col-
lectées, décodées, traitées et analysées par
l'application. Grâce à des algorithmes de Machine
Learning qui détectent les signes avant-coureurs de
défaillance d'un équipement, les centres de contrôle
de maintenance reçoivent des alertes sur les com-
posants défectueux et peuvent ainsi anticiper les
opérations de réparation et les effectuer, ni trop
tôt, ni trop tard.
L?idée de départ est que toute non-linéarité des
signaux peut être interprétée comme une panne à
venir.
Avec plus de huit ans de retour d?expérience, les
résultats sont positifs. La plus-value se retrouve aussi
bien dans nos capacités de prédiction des pannes
que dans la résolution des pannes complexes. En
effet, sur les équipements où des tolérances tech-
niques sont appliquées, l?usage de la donnée
continue brute constitue ? avec le message de
panne ? un atout décisif dans une résolution rapide
des pannes.
PROGNOS® n?a pu se construire que grâce à la force
du collectif, ingénieurs et techniciens métier, data
analystes, data scientistes, IT et management projet.
Toutes ces compétences sont disponibles en interne
chez AFKL.
Enfin, la donnée est disponible aussi bien pour les
mécaniciens avions que pour les techniciens dans
les ateliers. Plus la donnée est partagée en interne,
plus elle est valorisée.
En réduisant le nombre d?interfaces pour le traite-
ment des données, donc le risque de perte ou
d?altération de l?information, ces perspectives
devraient favoriser une approche intégrée de la
sécurité et son efficacité.
Pour rappel, seuls les documents constructeurs sont
ceux qui prévalent dans le domaine de la sécurité
de vols (MMEL)
4.5.
Les apports de la predictive maintenance
Figure 26 : exemple de déviation de tendance du paramètre RPM d?une Air Cycle Machine, conduisant à une surveillance et
éventuellement à une dépose préventive.
56 DSAC
5.
ANNEXES
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57SYMPOSIUM 2024
5. ANNEXES
1 - Les soft skills
Les soft skills relèvent des compétences transver-
sales. Ce sont des compétences qui peuvent être
mobilisées dans n'importe quelle situation et dans
n'importe quel cadre, peu importe le métier ou le
secteur d'activité. Un commercial qui, par exemple,
veut devenir professeur des écoles, ne se servira pas
de sa maîtrise de tel outil informatique de vente
dans son nouveau métier. Son savoir-faire acquis
dans la vente ne lui sera d'aucune utilité pour deve-
nir enseignant, mais son savoir-être en revanche, le
sera : son sens de l'écoute, sa capacité à s'adapter
ou encore son sens du relationnel.
2 - Les hard skills
Les hard skills font quant à elles référence aux com-
pétences techniques acquises, au savoir-faire. Ce
sont les compétences éprouvées par la pratique.
Elles englobent par exemple des compétences
apprises à l'école, des langues étrangères, la maîtrise
d'outils et de logiciels ou encore un langage pro-
grammatique.
Exemple : la maîtrise du pack Office, la connaissance
de techniques marketing, savoir coder en Python,
etc.
5.1.
Soft et Hard Skills
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Figure 26 : exemple de déviation de tendance du paramètre RPM d?une Air Cycle Machine, conduisant à une
surveillance et éventuellement à une dépose préventive.
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58 59DSAC SYMPOSIUM 2024
5. ANNEXES
5.2.
Glossaire
AAL : Above Aerodrome Level
ACAM : Aircraft Continuing
Airworthiness Monitoring (suivi de
gestion de navigabilité d'aéronef)
APRS : Approbation pour remise
en service
EASA : Agence de l'Union
européenne pour la sécurité
aérienne
AG : Aviation Générale
AMM : Aircraft Maintenance Manual
(manuel d?entretien de l?aéronef)
AMOS : solution logicielle de
maintenance, réparation et révision
AOC : Air Operator Certificate
(certificat de transporteur aérien)
AOG : Aircraft On Ground (aéronef
immobilisé)
APRS : Approbation pour remise
en service
ATL : Aircraft Technical Log System
(journal technique du système de
l'aéronef)
ATO : Approved Training
Organisation (organisme de
formation agréé)
AVI : Automated Visual Inspection
BEA : Bureau d'enquêtes et
d'analyses
CAMO : Continuing Airworthiness
Management Organisation
(organisme de gestion du maintien
de la navigabilité)
CAO : Combined Airworthiness
Organisation (organisme combiné
de maintien de navigabilité)
CDL : Configuration Deviation List
(liste de déviation de configuration)
CLB : Cabin Log Book (journal de
bord cabine)
CRM : Compte rendu matériel
CRS : Certificate of Release to
Service (certificat de remise en
service)
CTA : Certificat de transporteur
aérien
DCS : Direction du contrôle de la
sécurité (ex-SFACT)
DGAC : Direction générale de
l?aviation civile
DOA : Design Organisations
Approvals
DSAC : Direction de la sécurité de
l?aviation civile
DSAC/NO : Direction navigabilité
et opérations de la Direction de la
sécurité de l?aviation civile
DSNA : Direction des services de la
navigation aérienne
EPAS : European Plan for Aviation
Safety (plan européen pour la
sécurité aérienne)
ETSO : European Technical
Standard Order
FRMS : Fatigue Risk Management
System (système de gestion du
risque de fatigue)
FSTD : Flight Simulation Training
Device (dispositif d'entraînement à
la simulation de vol)
ICA : Instructions for Continued
Airworthiness (instructions pour le
maintien de la navigabilité)
IIDQPH : Investissement incorporel
en développement qualitatif du
potentiel humain
ISEOR : Institut de socio-économie
des entreprises et des organisations
JPM : Joint Procedure Manual
(manuel de procédures conjointes)
M.B.303 - M. BL 303 : Inspection
ciblée d?aéronefs
MCC : Maintenance Control
Center (centre de contrôle de la
maintenance)
MEL : Minimum Equipment List (liste
minimale d'équipements)
MMEL : Master Minimum Equipment
List (liste minimale d'équipement
de référence)
MPD : Maintenance Planning
Document (document de
planification de l?entretien)
MRO: Maintenance Repair
Organization (organisation de
réparation de maintenance)
NITS: Nature-Intention-
Temporalité-Spécificité
OCC : Operations Control Center
(centre de contrôle des opérations)
OEM : Original Equipment
Manufacturer (fabricant
d?équipement d?origine)
OPR : Operational Readiness
(préparation opérationnelle)
OPS : Opérations
OSAC : Organisme pour la sécurité
de l?aviation civile
PART-21 G : Réglementation
européenne pour la production
aéronautique
PART-21 J : Réglementation
européenne pour la conception
aéronautique
PART-145 : Réglementation
européenne pour la maintenance
aéronautique
PART-147 : Réglementation
européenne pour la formation à la
maintenance aéronautique
PDCA : Plan-Do-Check-Act
PEN : Personnel d?examen de
navigabilité
PNC : Personnel navigant
commercial
PNT : Personnel navigant technique
REX : Retour d?expérience
RPM : Revolution per minute
RPS : Risques psychosociaux
SANA : Safety Assessment of
National Aircraft (évaluation de la
sécurité des aéronefs nationaux)
SACA : Safety Assessment of
Community Aircraft (évaluation
de la sécurité des aéronefs
communautaires)
SAFA : Safety Assessment of Foreign
Aircraft (évaluation de la sécurité
des aéronefs étrangers)
SFACT : Service de la formation
aéronautique et du contrôle
technique
SIOFHIS : Systèmes d?informations
opérationnelles et fonctionnelles
humainement intégrées et
stimulantes
SMS : Safety Management System
(système de gestion de la sécurité)
TC : Type Certificate (certificat de
type)
TCH : Type Certificate Holder
(détenteur de certificat de type)
TLB : Technical Log Book (journal de
bord technique)
TPP : Transport public de passagers
SG : Système de gestion
SRM : Structural Repair Manual
(manuel de réparation de structure)
STC : Supplemental Type Certificate
(certificat supplémentaire de type)
STCH : Supplemental Type
Certificate Holder (détenteur d?un
certificat de type supplémentaire)
58 59DSAC SYMPOSIUM 2024
Philippe Auradé - DSAC
Frédéric Bérard - OSAC
Raphaëlle Bonvous - Safran Helicopter Engines
Alain Bouteille - Observatoire de la culture juste
Kevin Cadd - Keepflying
Arnaud Calonnec - OSAC
Hugues Carrière - OSAC
Tristan Charpentier - Crystal Aero Solutions
Stéphane Corcos - DSAC
Blandine Denat - Safran Helicopter Engines
Jean-François Deru - Air France Industries
Élisa Dubois - easyJet
Clément Dufix ? DSAC
François-Xavier Dulac - DSAC
Isabelle Échinard - Apave Aeroservices
Didier Fortuny ? Air France Industries
Laurent Goudeseune - Apave Aeroservices
Florian Granjon - OSAC
Sophie Guidici - Airbus Helicopters
Quentin Guiet - DSAC
Andy Hakes - Air eXpert
Bruno Heinrich - Air France
Christophe Houry - DSAC
Rhizlane Ismaili - CRAM Aero Repair
Marc Joubert - Aero expert
Aidan Kearney - easyJet
Lucas Lempereur de Saint-Pierre - Apave
Aeroservices
Thibaut Liblin - OSAC
Anne Loubet - OSAC
Xavier Malavergne - CRMA Aero repair
Yoni Malka - DSAC
Claude Mas - DSAC
Nunzia Mattei - Air Corsica
Fanny Maunand - OSAC
Éric Naveau - OSAC
David Nouvel - BEA
Ivan Pastorelli - Safety Science
Hervé Pierret - Air Corsica
Yann Poudoulec - CMA CGM Air Cargo
Amandine Pouvesle - CRMA Aero repair
Fabrice Pradon - Clyde & Co LLP
Yann Quéré - OSAC
Jean-Philippe Renaud - Apave Aeroservices
Thibaut Richard - Sabena Technics
Hervé Roué - DSAC
Benjamin Roustant - Sabena Technics
Jérôme Sandrone - Thrustflight
Henri Savall - ISEOR
Pascale Serra - Air Corsica
Charles-Henry Strauss - Groupe Dubreuil Aéro
Camille Suardi - OSAC
Richard Thummel - DSAC
Laurent Vallier - Air Formation
André Vernay - DSAC
Éric Videau - DSAC
Mickael Villermet - AMES
Audrey Villermin - Safran Ventilation System
Arnd Von-Fabeck - Airbus Helicopters
Ghislain Zaluski - OSAC
Véronique Zardet - ISEOR
Virginie Zibull - Bovis
5. ANNEXES
5.3.
Contributeurs
60 61DSAC SYMPOSIUM 2024
5. ANNEXES
5.4.
Figures et illustrations
Figure 1 : Acteurs externes à l?exploitant
Figure 2 : Exemple de relations bijectives
Figure 3 : Exemple d?analyse de cause possible
d?exploitation d?un aéronef non conforme sur la
menace ?ICA complexe?
Figure 4 : Exemple d?analyse de cause possible
d?exploitation d?un aéronef non conforme sur la
menace ?Déficit de transcription de défaut au CRM?
Figure 5 : Etapes de l?analyse d?évènements
Figure 6 : Répartition par états des inspections
SAFA/SACA en 2023
Figure 7 : Inspection SAFA/SACA en France en 2023,
écarts de catégorie 3 les plus relevés.
Figure 8 : Cache d?entrée d?air de radiateur d?huile
trouvé manquant à l?arrivée du vol
Figure 9 : Blocker door de reverse endommagé
(partie manquante)
Figure 10 : Crique sur un panneau de belly fairing
Figure 11 : Fuite de liquide hydraulique sur un piston
de bloc de frein
Figure 12 : Section de sentier photoluminescent
défectueux
Figure 13 : Siège PNC ne se rétractant pas
automatiquement
Figure 14 : Panneau de décompression endommagé/
déformé
Figure 15 : Capitonnage de soute endommagé
Figure 16 : Extrait du "OPR Manual" d'easyJet sur le
concept « RAPID »
Figure 17: Captures d?écran de la « solution sur
mesure » en cours de développement chez easyJet
Figure 18 : Captures d?écran de la « solution sur
mesure » en cours de développement chez easyJet
Figure 19 : Répartition des notifications par
organismes sur la période 2020-2024
Figure 20 : Courbe du changement
Figure 21 : Exemple de scenario de communication
selon le NITS (Source Air for-mation)
Figure 22 : Roue de Deming
Figure 23 : Inspection de fuselage par drone
Figure 24 : Potentiel de productivité accessible avec
un développement de solutions IA
Figure 25 : Rationalisation des échanges par un outil
de partage d?informations mobile en temps réel
Figure 26 : Exemple de déviation de tendance du
paramètre RPM d?une Air Cycle Machine, conduisant
à une surveillance et éventuellement à une dépose
préventive
60 61DSAC SYMPOSIUM 2024
Ce livret est établi dans le cadre du symposium sécurité de la DSAC du 5 décembre 2024.
Les informations contenues dans ce livret :
? Ne sont pas nécessairement complètes, exhaustives, exactes ou à jour ;
? Renvoient parfois à des sites extérieurs sur lesquels l?auteur n'a aucun contrôle et pour lesquels il décline toute responsabilité ;
? Ne sauraient remplacer une interprétation officielle ou des changements de réglemen-tation ;
? Ne constituent pas un avis juridique ;
L?utilisation de tout ou partie de ce livret pour démontrer une quelconque conformité à un règlement n?est pas acceptable. Les
informations contenues dans ce livret ne sauraient se substituer aux réglementations applicables.
62 DSAC
63SYMPOSIUM 2024
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Direction de la sécurité de l?aviation civile
50, rue Henry Farman
75720 Paris cedex 15
Téléphone : 01 58 09 43 21
www.ecologie.gouv.fr
BANKABLE SAFETY
SAFETY SCIENCES
INVALIDE) (ATTENTION: OPTION l?adhésion devient
plus volontaire et spontanée.
3. Pour soutenir l'appropriation de la méthode NITS,
un accompagnement sur mesure a été mis en place.
Cette étape a inclus des témoignages de contrôleurs
aériens et des ateliers pratiques. Ces derniers se sont
4.1.
Méthode NITS (Nature-Intention-
Temporalité-Spécificité) à Safran
Helicopter Engines ? La patience au coeur
d?une transformation
4. LES OUTILS
Figure 20 : courbe du changement.
DÉPART
Effet d'annonce
Information
REMISE EN QUESTION
Peur/incertitude : va-t-on y
arriver ? Quelle va être la
valeur ajoutée?
POINT DE BASCULE
Mise en pratique progressive
Déclic - Acceptation
REMOBILISATION
Mise en pratique avancée,
promotion des succès ?
Rassurement
ENGAGEMENT,
APPROPRIATION
COMPLÈTE
Bravo !
EFFORTS
SUCCÈS
1
2
3
4
5
INFORMER
GUIDER RECONNAÎTRE
ENCOURAGER
50 51DSAC SYMPOSIUM 2024
4. LES OUTILS
avérés très convaincants, aidant les participants à saisir
la simplicité, la pertinence et l?applicabilité de la
méthode.
4. Ensuite, une campagne de promotion a été mise
en oeuvre, avec des supports variés pour susciter l'in-
térêt, mettant en avant les succès obtenus, dont un
tutoriel disponible sur l?intranet de l?entreprise.
5. Pour finir, l?embarquement est considéré réussi
lorsque des salariés deviennent des ambassadeurs, en
partageant leurs expériences positives, et en recom-
mandant la méthode à leurs collègues.
La méthode NITS par son caractère simple et l?inté-
gration d?une conformation de bonne prise en compte
permet par exemple dans le cadre du passage de
consignes entre 2 équipes de techniciens d?améliorer
le dialogue, la prise en compte des priorités et du
statut des actions débutées.
En conclusion, les efforts se poursuivent pour garantir
une intégration harmonieuse, fluide et efficace de la
méthode NITS* afin qu?elle devienne naturellement
portée par les salariés eux-mêmes. L?appropriation de
compétences non-techniques ou soft-skills, peut s?as-
similer à un changement culturel qui peut prendre des
années. Patience et persévérance sont deux qualités
essentielles pour réussir une transformation.
Figure 21 : exemple de scenario de communication selon le NITS (Source Air formation).
CAS N°1 NITS
Vous devez, pour une visite client, vous assurer de la
bonne récupération d'un groupe par un chauffeur de
bus. Vous devez lui communiquer les informations
nécessaires.
Le groupe est à récupérer au The Lodge Hôtel,
1180 Av du 11 Novembre, 40440 Ondres.
Il est constitué de 43 personnes, plus
2 accompagnateurs. L'heure de rendez-vous
a été fixée à 08h00, pour un départ à 08h15
au plus tard.
Le groupe n'a pas fait preuve de beaucoup de
discipline jusqu'à présent, accumulant les retards et
les absences. Il est impératif de respecter les horaires
pour cette visite.
Il y a, dans le groupe, une personne à mobilité
réduite. Le véhicule devra être compatible pour le
transport.
Nature :
- Un bus doit transporter un groupe de 45 personnes.
Intention :
- Le groupe est à récupérer au The Lodge Hôtel,
1180 Av. du 11 Novembre, 40440 Ondres.
Temporalité :
- L?heure du rendez-vous est à 08h00 pour un départ
à 08h15 au plus tard.
Spécificité :
- Il est impératif de respecter les horaires.
- Il y a une personne à mobilité réduite.
Le véhicule doit être compatible.
CAS N°2 NITS
Lors du décollage d'un avion, l'équipage a dû faire
face à un dysfonctionnement du train d'atterrissage
après le décollage.
Les pilotes ont alors informé la tour de contrôle de ce
qui se passait et de leur nouvelle option : retourner à
l'aéroport pour effectuer un atterrissage d'urgence.
À ce moment précis, l'avion est lourd car rempli de
carburant et transporte 146 passagers ainsi que 6
membres d'équipage.
Nature :
- Tour de contrôle, nous avons un dysfonctionnement
du train d?atterrissage.
Intention :
- Nous retournons à l?aéroport pour un atterrissage
d?urgence.
Temporalité :
L?approche est prévue dans 10 min.
Spécificités :
- L?avion est lourd et rempli de carburant.
- Nous transportons 146 passagers et 6 membres
d?équipage.
50 51DSAC SYMPOSIUM 2024
4. LES OUTILS
Les relations contractuelles entre acteurs du maintien de navigabilité sont souvent détaillées dans des docu-
ments décrivant les interactions de type Joint Procédure Manual (JPM).
Il est important que ces documents soient rédigés de manière collaborative entre les parties, et revus régu-
lièrement pour s?assurer de la permanence dans le temps de leur adaptation aux usages et aux évolutions
des organisations ou de leur agrément.
Ils peuvent traiter des difficultés/menaces aux interfaces en prévoyant les moyens de mitigation que les
parties s?engagent à mettre en oeuvre.
Aussi, une revue des JPM à travers le prisme de la roue de Deming peut contribuer à une vision globale de
l?ensemble des interfaces en jeu dans la relation contractuelle, notamment en s?attachant à décrire pour
chaque étape Plan, Do, Check, Act les besoins de coordination, les contributions et engagements à faire de
chaque partie.
4.2.
Méthode PDCA (Plan ? Do ? Check ? Act)
pour améliorer la performance collective
Figure 22 : roue de Deming.
PENTE DU PROGRÈS
PLAN
ACT
DO
CHECK
Mise en
oeuvre
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Pla
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Att
ei
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des
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bje
ct
ifs
OUI
NON
RÉSULTATS
Tableau de Bord/
Indicateurs
Réagir/Ajuster :
Actions correctives
si nécessaires
OBJECTIFS
cohérents avec
la stratégie
Qui? / Quoi ?
Quand ? / Comment ?
Valider
Rechercher
des causes
Cap
ita
lis
er
Gén
ér
al
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Objectif
Plans
d'actions
52 53DSAC SYMPOSIUM 2024
4. LES OUTILS
La mise en oeuvre de nouvelles technologies incluant l?in-
telligence artificielle peut être un moyen d?améliorer la
qualité des informations é changées ainsi que de réduire
les erreurs.
De nombreuses solutions voient le jour :
? Inspections robotisées (drones / scanners) qui per-
mettent d?automatiser les inspections de types General
Visual inspections (GVI) et de numériser les défauts sans
prise de cotes manuelle. Ceci apporte une réduction
du temps de travail et une meilleure précision des don-
nées de maintenance, notamment pour les documents
de type Dent and Buckle charts.
? Des interfaces Tchat bot sont expérimentées dans le
cadre du développement des capacités de l?IA géné-
rative ; chez Air France Industries, CHARLIE, un outil à
destination des équipes maintenance de la compagnie,
permet de rechercher au sein de la documentation de
la compagnie et des constructeurs la référence des
pièces d?un avion (part numbers). Cet outil en phase de
Proof Of Concept permettra de gagner un temps pré-
cieux lors de la réparation ou du remplacement de
pièces. Des interfaces de ce type, appliqués au domaine
de la gestion des enregistrements de maintenance per-
mettront aussi des recherches rapides et ciblées dans
les historiques de maintenance des aéronefs.
? Enfin, dans un contexte de tension du marché du travail
et de croissance du transport aérien, les outils d?intel-
ligence artificielle sont une source d?augmentation de
productivité qui peut libérer du temps pour un meilleur
focus des collaborateurs sur les tâches à forte valeur
ajoutée.
4.3.
Les apports de l?intelligence artificielle
Figure 23 : inspection de fuselage par drone.
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52 53DSAC SYMPOSIUM 2024
Sources :
McKinsey & Company ?The generative AI opportunity in aircraft maintenance?
Airways Publishing. ?Six ways to use AI in aircraft maintenance?
Air France https://corporate.airfrance.com/fr/actualites/comment-air-france-utilise-lintelligence-artificielle-ia-pour-optimiser-ses-activites-et#
Figure 24 : potentiel de productivité accessible avec un développement de solutions IA.
4. LES OUTILS
54 55DSAC SYMPOSIUM 2024
4. LES OUTILS
Une communication directe et à jour contribue à aligner les acteurs sur un plan d?action partagé avec des
objectifs clairs.
Dans le domaine du maintien de la navigabilité et compte tenu de l?activité soutenue des aéronefs en service,
de nombreuses informations doivent être échangées entre acteurs en temps réel et la capacité à partager les
informations est un enjeu majeur.
Du fait de l?existence de logiciels de suivi (maintenance information system) propre à chaque organisme, ces
échanges d?information se font sur des supports de type courriels, appels téléphoniques et ou fichiers Excel
qui se confrontent à des besoins de mise à jour permanents, et sont sujets à des risques d?erreur, de perte de
données et de mauvaise compréhension de la situation.
Un effort de rationalisation de ces échanges sur des supports mobiles (smartphones, tablettes) et transverses
peut simplifier, clarifier et prioriser les attendus et contraintes des acteurs et contribue à agir sur un mode
préventif et non plus réactif.
4.4.
Les outils de partage d?information
en temps réel
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Figure 25 : rationalisation des échanges par un outil de partage d?informations mobile en temps réel.
54 55DSAC SYMPOSIUM 2024
4. LES OUTILS
PROGNOS® for Aircraft est une solution de mainte-
nance prédictive lancée en 2015 dont l'objectif est
d'éviter l'immobilisation d'un avion à la suite d'une
défaillance à chaud, entraînant le non-départ du vol
et l'hébergement en urgence des passagers, voire
l'affrètement d'un nouvel appareil.
Cette solution repose sur la collecte et l'analyse de
données générées par les milliers de capteurs ins-
tallés sur les systèmes de nos avions (gouvernes,
réacteurs, systèmes d'airs/hydrauliques/électriques,
cabine, etc.).
Les données brutes transmises par l'avion sont col-
lectées, décodées, traitées et analysées par
l'application. Grâce à des algorithmes de Machine
Learning qui détectent les signes avant-coureurs de
défaillance d'un équipement, les centres de contrôle
de maintenance reçoivent des alertes sur les com-
posants défectueux et peuvent ainsi anticiper les
opérations de réparation et les effectuer, ni trop
tôt, ni trop tard.
L?idée de départ est que toute non-linéarité des
signaux peut être interprétée comme une panne à
venir.
Avec plus de huit ans de retour d?expérience, les
résultats sont positifs. La plus-value se retrouve aussi
bien dans nos capacités de prédiction des pannes
que dans la résolution des pannes complexes. En
effet, sur les équipements où des tolérances tech-
niques sont appliquées, l?usage de la donnée
continue brute constitue ? avec le message de
panne ? un atout décisif dans une résolution rapide
des pannes.
PROGNOS® n?a pu se construire que grâce à la force
du collectif, ingénieurs et techniciens métier, data
analystes, data scientistes, IT et management projet.
Toutes ces compétences sont disponibles en interne
chez AFKL.
Enfin, la donnée est disponible aussi bien pour les
mécaniciens avions que pour les techniciens dans
les ateliers. Plus la donnée est partagée en interne,
plus elle est valorisée.
En réduisant le nombre d?interfaces pour le traite-
ment des données, donc le risque de perte ou
d?altération de l?information, ces perspectives
devraient favoriser une approche intégrée de la
sécurité et son efficacité.
Pour rappel, seuls les documents constructeurs sont
ceux qui prévalent dans le domaine de la sécurité
de vols (MMEL)
4.5.
Les apports de la predictive maintenance
Figure 26 : exemple de déviation de tendance du paramètre RPM d?une Air Cycle Machine, conduisant à une surveillance et
éventuellement à une dépose préventive.
56 DSAC
5.
ANNEXES
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57SYMPOSIUM 2024
5. ANNEXES
1 - Les soft skills
Les soft skills relèvent des compétences transver-
sales. Ce sont des compétences qui peuvent être
mobilisées dans n'importe quelle situation et dans
n'importe quel cadre, peu importe le métier ou le
secteur d'activité. Un commercial qui, par exemple,
veut devenir professeur des écoles, ne se servira pas
de sa maîtrise de tel outil informatique de vente
dans son nouveau métier. Son savoir-faire acquis
dans la vente ne lui sera d'aucune utilité pour deve-
nir enseignant, mais son savoir-être en revanche, le
sera : son sens de l'écoute, sa capacité à s'adapter
ou encore son sens du relationnel.
2 - Les hard skills
Les hard skills font quant à elles référence aux com-
pétences techniques acquises, au savoir-faire. Ce
sont les compétences éprouvées par la pratique.
Elles englobent par exemple des compétences
apprises à l'école, des langues étrangères, la maîtrise
d'outils et de logiciels ou encore un langage pro-
grammatique.
Exemple : la maîtrise du pack Office, la connaissance
de techniques marketing, savoir coder en Python,
etc.
5.1.
Soft et Hard Skills
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Figure 26 : exemple de déviation de tendance du paramètre RPM d?une Air Cycle Machine, conduisant à une
surveillance et éventuellement à une dépose préventive.
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58 59DSAC SYMPOSIUM 2024
5. ANNEXES
5.2.
Glossaire
AAL : Above Aerodrome Level
ACAM : Aircraft Continuing
Airworthiness Monitoring (suivi de
gestion de navigabilité d'aéronef)
APRS : Approbation pour remise
en service
EASA : Agence de l'Union
européenne pour la sécurité
aérienne
AG : Aviation Générale
AMM : Aircraft Maintenance Manual
(manuel d?entretien de l?aéronef)
AMOS : solution logicielle de
maintenance, réparation et révision
AOC : Air Operator Certificate
(certificat de transporteur aérien)
AOG : Aircraft On Ground (aéronef
immobilisé)
APRS : Approbation pour remise
en service
ATL : Aircraft Technical Log System
(journal technique du système de
l'aéronef)
ATO : Approved Training
Organisation (organisme de
formation agréé)
AVI : Automated Visual Inspection
BEA : Bureau d'enquêtes et
d'analyses
CAMO : Continuing Airworthiness
Management Organisation
(organisme de gestion du maintien
de la navigabilité)
CAO : Combined Airworthiness
Organisation (organisme combiné
de maintien de navigabilité)
CDL : Configuration Deviation List
(liste de déviation de configuration)
CLB : Cabin Log Book (journal de
bord cabine)
CRM : Compte rendu matériel
CRS : Certificate of Release to
Service (certificat de remise en
service)
CTA : Certificat de transporteur
aérien
DCS : Direction du contrôle de la
sécurité (ex-SFACT)
DGAC : Direction générale de
l?aviation civile
DOA : Design Organisations
Approvals
DSAC : Direction de la sécurité de
l?aviation civile
DSAC/NO : Direction navigabilité
et opérations de la Direction de la
sécurité de l?aviation civile
DSNA : Direction des services de la
navigation aérienne
EPAS : European Plan for Aviation
Safety (plan européen pour la
sécurité aérienne)
ETSO : European Technical
Standard Order
FRMS : Fatigue Risk Management
System (système de gestion du
risque de fatigue)
FSTD : Flight Simulation Training
Device (dispositif d'entraînement à
la simulation de vol)
ICA : Instructions for Continued
Airworthiness (instructions pour le
maintien de la navigabilité)
IIDQPH : Investissement incorporel
en développement qualitatif du
potentiel humain
ISEOR : Institut de socio-économie
des entreprises et des organisations
JPM : Joint Procedure Manual
(manuel de procédures conjointes)
M.B.303 - M. BL 303 : Inspection
ciblée d?aéronefs
MCC : Maintenance Control
Center (centre de contrôle de la
maintenance)
MEL : Minimum Equipment List (liste
minimale d'équipements)
MMEL : Master Minimum Equipment
List (liste minimale d'équipement
de référence)
MPD : Maintenance Planning
Document (document de
planification de l?entretien)
MRO: Maintenance Repair
Organization (organisation de
réparation de maintenance)
NITS: Nature-Intention-
Temporalité-Spécificité
OCC : Operations Control Center
(centre de contrôle des opérations)
OEM : Original Equipment
Manufacturer (fabricant
d?équipement d?origine)
OPR : Operational Readiness
(préparation opérationnelle)
OPS : Opérations
OSAC : Organisme pour la sécurité
de l?aviation civile
PART-21 G : Réglementation
européenne pour la production
aéronautique
PART-21 J : Réglementation
européenne pour la conception
aéronautique
PART-145 : Réglementation
européenne pour la maintenance
aéronautique
PART-147 : Réglementation
européenne pour la formation à la
maintenance aéronautique
PDCA : Plan-Do-Check-Act
PEN : Personnel d?examen de
navigabilité
PNC : Personnel navigant
commercial
PNT : Personnel navigant technique
REX : Retour d?expérience
RPM : Revolution per minute
RPS : Risques psychosociaux
SANA : Safety Assessment of
National Aircraft (évaluation de la
sécurité des aéronefs nationaux)
SACA : Safety Assessment of
Community Aircraft (évaluation
de la sécurité des aéronefs
communautaires)
SAFA : Safety Assessment of Foreign
Aircraft (évaluation de la sécurité
des aéronefs étrangers)
SFACT : Service de la formation
aéronautique et du contrôle
technique
SIOFHIS : Systèmes d?informations
opérationnelles et fonctionnelles
humainement intégrées et
stimulantes
SMS : Safety Management System
(système de gestion de la sécurité)
TC : Type Certificate (certificat de
type)
TCH : Type Certificate Holder
(détenteur de certificat de type)
TLB : Technical Log Book (journal de
bord technique)
TPP : Transport public de passagers
SG : Système de gestion
SRM : Structural Repair Manual
(manuel de réparation de structure)
STC : Supplemental Type Certificate
(certificat supplémentaire de type)
STCH : Supplemental Type
Certificate Holder (détenteur d?un
certificat de type supplémentaire)
58 59DSAC SYMPOSIUM 2024
Philippe Auradé - DSAC
Frédéric Bérard - OSAC
Raphaëlle Bonvous - Safran Helicopter Engines
Alain Bouteille - Observatoire de la culture juste
Kevin Cadd - Keepflying
Arnaud Calonnec - OSAC
Hugues Carrière - OSAC
Tristan Charpentier - Crystal Aero Solutions
Stéphane Corcos - DSAC
Blandine Denat - Safran Helicopter Engines
Jean-François Deru - Air France Industries
Élisa Dubois - easyJet
Clément Dufix ? DSAC
François-Xavier Dulac - DSAC
Isabelle Échinard - Apave Aeroservices
Didier Fortuny ? Air France Industries
Laurent Goudeseune - Apave Aeroservices
Florian Granjon - OSAC
Sophie Guidici - Airbus Helicopters
Quentin Guiet - DSAC
Andy Hakes - Air eXpert
Bruno Heinrich - Air France
Christophe Houry - DSAC
Rhizlane Ismaili - CRAM Aero Repair
Marc Joubert - Aero expert
Aidan Kearney - easyJet
Lucas Lempereur de Saint-Pierre - Apave
Aeroservices
Thibaut Liblin - OSAC
Anne Loubet - OSAC
Xavier Malavergne - CRMA Aero repair
Yoni Malka - DSAC
Claude Mas - DSAC
Nunzia Mattei - Air Corsica
Fanny Maunand - OSAC
Éric Naveau - OSAC
David Nouvel - BEA
Ivan Pastorelli - Safety Science
Hervé Pierret - Air Corsica
Yann Poudoulec - CMA CGM Air Cargo
Amandine Pouvesle - CRMA Aero repair
Fabrice Pradon - Clyde & Co LLP
Yann Quéré - OSAC
Jean-Philippe Renaud - Apave Aeroservices
Thibaut Richard - Sabena Technics
Hervé Roué - DSAC
Benjamin Roustant - Sabena Technics
Jérôme Sandrone - Thrustflight
Henri Savall - ISEOR
Pascale Serra - Air Corsica
Charles-Henry Strauss - Groupe Dubreuil Aéro
Camille Suardi - OSAC
Richard Thummel - DSAC
Laurent Vallier - Air Formation
André Vernay - DSAC
Éric Videau - DSAC
Mickael Villermet - AMES
Audrey Villermin - Safran Ventilation System
Arnd Von-Fabeck - Airbus Helicopters
Ghislain Zaluski - OSAC
Véronique Zardet - ISEOR
Virginie Zibull - Bovis
5. ANNEXES
5.3.
Contributeurs
60 61DSAC SYMPOSIUM 2024
5. ANNEXES
5.4.
Figures et illustrations
Figure 1 : Acteurs externes à l?exploitant
Figure 2 : Exemple de relations bijectives
Figure 3 : Exemple d?analyse de cause possible
d?exploitation d?un aéronef non conforme sur la
menace ?ICA complexe?
Figure 4 : Exemple d?analyse de cause possible
d?exploitation d?un aéronef non conforme sur la
menace ?Déficit de transcription de défaut au CRM?
Figure 5 : Etapes de l?analyse d?évènements
Figure 6 : Répartition par états des inspections
SAFA/SACA en 2023
Figure 7 : Inspection SAFA/SACA en France en 2023,
écarts de catégorie 3 les plus relevés.
Figure 8 : Cache d?entrée d?air de radiateur d?huile
trouvé manquant à l?arrivée du vol
Figure 9 : Blocker door de reverse endommagé
(partie manquante)
Figure 10 : Crique sur un panneau de belly fairing
Figure 11 : Fuite de liquide hydraulique sur un piston
de bloc de frein
Figure 12 : Section de sentier photoluminescent
défectueux
Figure 13 : Siège PNC ne se rétractant pas
automatiquement
Figure 14 : Panneau de décompression endommagé/
déformé
Figure 15 : Capitonnage de soute endommagé
Figure 16 : Extrait du "OPR Manual" d'easyJet sur le
concept « RAPID »
Figure 17: Captures d?écran de la « solution sur
mesure » en cours de développement chez easyJet
Figure 18 : Captures d?écran de la « solution sur
mesure » en cours de développement chez easyJet
Figure 19 : Répartition des notifications par
organismes sur la période 2020-2024
Figure 20 : Courbe du changement
Figure 21 : Exemple de scenario de communication
selon le NITS (Source Air for-mation)
Figure 22 : Roue de Deming
Figure 23 : Inspection de fuselage par drone
Figure 24 : Potentiel de productivité accessible avec
un développement de solutions IA
Figure 25 : Rationalisation des échanges par un outil
de partage d?informations mobile en temps réel
Figure 26 : Exemple de déviation de tendance du
paramètre RPM d?une Air Cycle Machine, conduisant
à une surveillance et éventuellement à une dépose
préventive
60 61DSAC SYMPOSIUM 2024
Ce livret est établi dans le cadre du symposium sécurité de la DSAC du 5 décembre 2024.
Les informations contenues dans ce livret :
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L?utilisation de tout ou partie de ce livret pour démontrer une quelconque conformité à un règlement n?est pas acceptable. Les
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Direction de la sécurité de l?aviation civile
50, rue Henry Farman
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Téléphone : 01 58 09 43 21
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