Systèmes de transports routiers automatisés : éléments de caractérisation des fonctions d'intervention à distance
Auteur moral
France. Direction générale des infrastructures, des transports et de la mer
Auteur secondaire
Résumé
<span style="color: rgb(17, 17, 17); font-family: -apple-system, Roboto, SegoeUI, "Segoe UI", "Helvetica Neue", Helvetica, "Microsoft YaHei", "Meiryo UI", Meiryo, "Arial Unicode MS", sans-serif; font-size: 14px; font-style: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-caps: normal; font-weight: 400; letter-spacing: normal; orphans: 2; text-align: left; text-indent: 0px; text-transform: none; widows: 2; word-spacing: 0px; -webkit-text-stroke-width: 0px; white-space: normal; background-color: rgb(243, 243, 243); text-decoration-thickness: initial; text-decoration-style: initial; text-decoration-color: initial; display: inline !important; float: none;">Ce document méthodologique explore les approches pour la sélection de scénarios de conduite afin de démontrer la sécurité des systèmes automatisés. Il présente deux méthodes principales : une approche déductive basée sur la génération de scénarios et une approche inductive basée sur l'expertise. L'objectif est de garantir la représentativité et la gestion des scénarios critiques.</span>
Descripteur Urbamet
véhicule
;conduite automatique
Descripteur écoplanete
Thème
Transports
Texte intégral
1
DGITM/DMR/TUD le 25 janvier 2024
Systèmes de transports routiers automatisés :
éléments de caractérisation des fonctions d?intervention à distance
Document méthodologique
Préambule
L?intervention à distance constitue une des fonctions participant à la sécurité de l?exploitation d?un système
de transport routier automatisé déployé sur son parcours ou sa zone prédéfini.
Dans le cas où le déploiement du système prévoit une intervention à distance, celle-ci doit être intégrée à la
démonstration de la sécurité du système, démonstration dans laquelle l?utilisation des scénarios de conduite
potentiellement rencontrés par le système, joue un rôle central.
Ce document, à caractère méthodologique, propose de premiers éléments méthodologiques préalables à la
prise en compte des différentes modalités d?intervention à distance, ou de fonctions qui lui sont connexes,
dans l?approche par scénarios :
? Il présente une taxonomie des différents concepts sous-jacents à la notion d?interaction entre le système
de conduite automatisé et l?humain, qu?il ait une action sur le système ou qu?il agisse en support de
l?exploitation ;
? Il revient sur la définition des fonctions d?intervention à distance, en tentant d?articuler les fonctions
décrites dans le cadre règlementaire (national et européen) sur les systèmes de transport routier
automatisés, et des fonctions que l?on pourrait qualifier de « connexes », dont certaines présentent
néanmoins des enjeux de sécurité importants ;
? Il aborde ensuite la question du rôle de l?intervenant à distance pour ces tâches « connexes », sous l?angle
du partage (ou non) des tâches entre plusieurs agents au sein d?un même poste de supervision.
Ces éléments pourront ainsi servir à alimenter les futurs travaux pour intégrer l?intervention à distance dans
les axes de scénarios proposés jusqu?alors dans la méthodologie de description et de génération de scénarios.
Par ailleurs, ces travaux relatifs à l?intervention à distance pourront permettre d?alimenter les réflexions sur
les compétences et la qualification des opérateurs d?intervention à distance.
Ce document, à caractère méthodologique, n?a pas de portée règlementaire et n?engage pas, à ce stade, de
position de la DGITM sur le rattachement des différentes fonctions identifiées ci-après, au concept
d?intervention à distance et aux obligations règlementaires qui s?y attachent.
2
Table des matières
Préambule ......................................................................................................................................................... 1
1. Définition de l?intervention à distance : références .................................................................................. 3
Cadre réglementaire national ....................................................................................................................... 3
Cadre européen : règlement UE ? ADS ......................................................................................................... 3
Quelques références étymologiques ............................................................................................................. 5
2. Typologies d?interactions homme-machine : taxonomie sommaire......................................................... 6
3. Analyse des fonctions attachées à l?intervention à distance .................................................................... 7
3.1. Approche « macro » : éléments caractéristiques de l?intervention à distance ................................. 7
3.2. Approche détaillée : fonctions d?intervention à distance et fonctions connexes ............................. 8
a. Exploitation commerciale du service et missions des véhicules ....................................................... 9
b. Surveillance de l?environnement de conduite et perception augmentée par l?intervention ......... 10
c. Gestion d?un changement de mode de fonctionnement ................................................................ 11
d. Surveillance de l?état du véhicule .................................................................................................... 12
e. Intervention sur les fonctions et organes non automatisés du véhicule ........................................ 12
f. Intervention sur des fonctions automatisées de chargement / déchargement ............................. 12
g. Intervention sur des éléments de connectivité et capacités déportées du système ADS .............. 13
h. Communication avec les personnels d?intervention, de secours et des forces de l?ordre ............. 14
i. Communication avec des tiers exploitants d?infrastructures .......................................................... 15
j. Communication, alerte et assistance aux passagers ....................................................................... 15
k. Traçabilité des actions de système et production des alertes ........................................................ 17
3.3. Synthèse .......................................................................................................................................... 18
4. Articulation des fonctions d?intervention à distance et de tâches connexes entre différents agents ... 20
5. Premières pistes pour l?intégration de l?intervention à distance dans l?approche par scénarios ........... 22
Annexe 1 : taxonomie des concepts de fonctionnalités à distance par la SAE et lien avec les concepts
français ............................................................................................................................................................ 25
Annexe 2 : taxonomie de l?hypervision proposée par beti ............................................................................. 29
Annexe 3 : taxonomie des tâches distantes proposée par DriveU.auto ......................................................... 30
3
1. Définition de l?intervention à distance : références
Cadre réglementaire national
Le décret n° 2021-873 (STRA) définit l?intervention à distance comme : action exercée par la personne
habilitée mentionnée à l?article L. 3151-3, située à l?extérieur du véhicule, dans le cadre d?un système de
transport routier automatisé, aux fins :
a) D?activer, de désactiver le système, de donner l?instruction d?effectuer, modifier, interrompre une
manoeuvre, ou d?acquitter des manoeuvres proposées par le système ;
b) De donner instruction au système de navigation opérant sur le système de choisir ou de modifier la
planification d?un itinéraire ou des points d?arrêt pour les usagers ;
Par ailleurs, l?ordonnance n° 2021-443 prévoit que « toute intervention à distance ne peut être effectuée que
par une personne habilitée, titulaire du permis de conduire correspondant à la catégorie du véhicule
considéré ». L?arrêté du 2 août 2022 précise les dispositions relatives à l?habilitation des intervenants à
distance. Cet arrêté rappelle notamment la notion d?intervention à distance telle que définie dans le code
des transports, tout en distinguant deux rôles, pour ces fonctions :
o opérateur chargé d'exécuter des missions d'intervention à distance, en application des procédures et
modes opératoires du système ;
o encadrant exerçant une responsabilité de vérification de la mise en oeuvre des procédures et modes
opératoires d'intervention à distance.
Cadre européen : règlement UE ? ADS
Le règlement européen 2022/1426 sur l?homologation des systèmes automatisés comporte des éléments de
définition et d?exigences de sécurité sur l?intervention à distance.
L?article 2 introduit la notion d?intervention à distance et propose les définitions suivantes :
? « opérateur d?intervention à distance » : lorsque cela s?applique au concept de sécurité du système ADS,
une ou des personnes ne se trouvant pas à bord du véhicule entièrement automatisé qui peuvent
accomplir à distance les tâches de l?opérateur à bord, à condition que cela puisse se faire en toute
sécurité. L?opérateur d?intervention à distance ne conduit pas le véhicule entièrement automatisé et le
système ADS continue d?accomplir la tâche de conduite dynamique ;
? « capacités à distance » : des capacités spécifiquement conçues pour soutenir l?intervention à distance.
Au titre des exigences de description du système ADS de l?annexe I, le règlement recouvre :
? les conditions pour déclencher une demande [?.] à l?opérateur d?intervention à distance ;
? le concept d?interaction homme/machine avec l?opérateur d?intervention à distance ;
? le rôle attendu de l?opérateur d?intervention à distance ;
? les mesures opérationnelles de l?opérateur d?intervention à distance ;
? les instructions pour l?opérateur d?intervention à distance en cas de défaillance et demande du système
ADS ;
? les liens et l?interface de l?ADS avec d?autres systèmes du véhicule, éléments matériels/logiciels non
présents à bord et capacités à distance ;
? pour le mode de fonctionnement avec efficacité partielle (= dégradé), la stratégie d?avertissement de
l?opérateur, de l?opérateur à distance ;
? pour chaque condition de défaillance [?.], le signal d?avertissement à donner à l?opérateur à distance.
4
Au titre des exigences de sécurité liées aux performances du système en annexe II, le règlement dispose que :
? la stratégie de contrôle du véhicule face aux aléas recouvre l?intervention à distance ;
? postérieurement à un accident, la reprise du fonctionnement normal du système ADS ne doit pas être
possible avant que l?état de fonctionnement sûr du véhicule entièrement automatisé ait été confirmé
par les autocontrôles du système ADS et/ou l?opérateur à bord (le cas échéant) ou l?opérateur
d?intervention à distance (le cas échéant) ;
? lorsque le système ADS atteint les limites de l?ODD, il effectue une MRM pour atteindre une MRC et en
avertit l?opérateur à bord (le cas échéant)/l?opérateur à distance (le cas échéant) ;
? dès qu?il les détecte, le système ADS signale les défaillances majeures et le statut opérationnel qui en
résulte aux occupants du véhicule, à l?opérateur à bord (le cas échéant) ou à l?opérateur d?intervention
à distance (le cas échéant) [?.] ;
? le véhicule entièrement automatisé ne quitte la situation de risque minimal qu?après confirmation par
les autocontrôles du système ADS ou/et par l?opérateur à bord (le cas échéant) ou l?opérateur
d?intervention à distance (le cas échéant) que la ou les causes de la MRM ne sont plus présentes ;
? si un opérateur d?intervention à distance fait partie du concept de sécurité du système ADS
o le véhicule entièrement automatisé doit fournir aux occupants du véhicule les moyens d?appeler
un opérateur d?intervention à distance via une interface audiovisuelle à bord du véhicule
entièrement automatisé ;
o le véhicule entièrement automatisé doit fournir des moyens de vision de l?espace occupants à
l?intérieur du véhicule et des alentours du véhicule afin de permettre à l?opérateur d?intervention
à distance d?évaluer la situation à l?intérieur et à l?extérieur du véhicule ;
o il doit être possible, pour l?opérateur d?intervention à distance, d?ouvrir à distance la porte de
service à commande électrique ;
? les enregistreurs de données d?événements enregistrent
o les demandes envoyées par le système ADS à l?opérateur d?intervention à distance (si
applicable) ;
o les demandes / commandes envoyées par l?opérateur d?intervention à distance (si applicable) ;
? le manuel d?utilisation, remis à l?opérateur d?intervention à distance, garantit l?utilisation en toute
sécurité du véhicule entièrement automatisé au moyen d?instructions détaillées s?adressant [?] à
l?opérateur d?intervention à distance et inclut les mesures techniques [?.] par exemple, présence d?un
opérateur d?intervention à distance ; les instructions destinées [?.] à l?opérateur d?intervention à
distance (le cas échéant) [?] en cas de défaillances et de demande de la part du système ADS.
Au titre de l?annexe III qui détaille les exigences sur l?évaluation de la conformité, le règlement stipule que :
? les scénarios doivent inclure :
o les défaillances et les dangers du trafic provenant des capacités à distance correspondantes
lorsque les capacités du système ADS dépendent de ces capacités ;
o les problèmes de capacités à distance, par exemple, l?absence de l?opérateur d?intervention à
distance ;
? les essais doivent comprendre :
o des scénarios dans lesquels l?opérateur d?intervention à distance (le cas échéant) neutralise le
système ADS ;
o des aspects qui peuvent avoir un impact sur la capacité de contrôler le véhicule et d?informer les
utilisateurs (aspects HMI, notamment l?interaction avec l?opérateur à distance) ;
5
? l?autorité compétente en matière de réception par type doit procéder à une évaluation de l?application
de la ou des approches analytiques, qui doivent couvrir [?.]
o les risques déraisonnables en raison de perturbations opérationnelles (dont incompréhension de
la réaction de l?opérateur d?intervention à distance ;
o les erreurs ou incompréhension de l?opérateur à distance ;
o les aspects relatifs à la sûreté opérationnelle [?] en rapport avec l?infrastructure d?appui hors
véhicule et l?opérateur d?intervention à distance, perte de connectivité ;
? les remontées d?incidents (= « occurrences ») doivent couvrir [?.] :
o les interactions avec l?opérateur à distance (le cas échéant) relatives à des défaillances majeures
du système ADS ou du véhicule
o les défaillances du système ADS conduisant à une demande d?intervention de l?opérateur
d?intervention à distance
Quelques références étymologiques
Le terme intervention provient du verbe latin intervenere, et est défini comme suit dans le dictionnaire de la
langue française (à propos d?une chose) :
? fait d?agir, d?avoir un rôle déterminant (parmi d?autres éléments, d?autres facteurs) ; synonymes :
action, rôle
? action de se produire au cours d?une évolution ; étymologie : action d?intervenir, fait de survenir
La définition du Littré apporte la notion de médiation ou de supériorité de l?intervention (action par laquelle
on intervient soit comme médiateur, soit comme supérieur). La définition de l?Encyclopédie (1751) précise
que l?intervention peut intervenir soit en première instance, soit en cause d?appel.
Ainsi, en s?en tenant aux définitions françaises du terme « intervention », l?intervention à distance est
caractérisée par une action, réalisée à distance en support (médiation) ou forcée (supérieur), en première
instance ou en rappel, sur un élément (système).
On peut par ailleurs noter que la supervision présente un sens proche, mais différent : sa racine latine est
décomposée en deux parties :
? super : au-dessus
? videre : voir, être témoin de, juger, examiner
En langue anglaise, la définition juridique mise en avant est « Ongoing process performed by a supervisor
who monitors the performance of the person supervised and provides regular, documented individual
consultation, guidance and instruction with respect to the skills and competencies of the person supervised ».
Ces définitions convergent vers la notion d?intervention à distance comme l?action d?exercer le contrôle (idée
de supériorité pendant l?action) par la personne qui supervise, afin de délier une situation observée par le
haut (vision surplombante, surveillance).
6
2. Typologies d?interactions homme-machine : taxonomie sommaire
L?intervention à distance telle que prévue par le cadre règlementaire, s?inscrit dans une palette plus large de
modalités d?interaction entre l?humain et un système de transport routier automatisés. La littérature
s?empare de ces différents concepts sous le terme générique de la teleoperation (du grec têle, signifiant « au
loin, à distance »). Diverses contributions tentent de dresser une taxonomie de ces concepts1.
Différentes notions se combinent en fait dans la typologie de ces modalités d?interaction, que l?on peut
synthétiser ainsi :
o la « vision » à distance (sans action) : dans ce cas, l?humain n?a pas de vision directe de son véhicule ni
de son environnement de conduite (la notion de « à distance » s?oppose alors aux notions de « à bord »
ou « à proximité ») ;
o l?intervention à distance sur un système automatisé (visée par le cadre règlementaire national, objet du
présent document) ;
o la conduite à distance : par opposition à l?automatisation du système caractérisée par la réalisation de
l?intégralité de la tâche de conduite dynamique par le système de conduite automatisé, la conduite à
distance est caractérisée par la réalisation de la tâche de conduite par un humain à distance, a priori sans
vision « à l?oeil nu » sur le véhicule et son environnement ;
o la distinction entre l?action (intervention) sur le véhicule et sa conduite d?un côté, les relations avec les
usagers d?autre part ;
o la notion de « proximité directe » (qui se distingue donc de la position « à distance » par le fait que
l?humain a une vision directe sur le véhicule et son environnement : ce concept a été apporté par la
règlementation européenne2, fixant le concept de proximité à moins de 10 m du véhicule) ;
o la notion de « haut-le pied » : ce concept, mis en avant par les exploitants, en référence au monde
ferroviaire, consiste à amener un véhicule depuis son dépôt vers son parcours de service (ou vice-
versa) ou toute autre déplacement non commercial sur le réseau ; on note que cette notion est
orthogonale à la définition des actions sur le véhicule (conduite manuelle, conduite à distance, conduite
à proximité, intervention à distance, intervention à proximité) ;
o la notion de « prêter la main » : ce concept recouvre l?idée, à l?issue d?une mise en sécurité d?un système
automatisé, à ce qu?un humain « apporte son concours » au véhicule pour qu?il reprenne son service ; ce
concept se caractérise notamment par sa portée limitée en termes de manoeuvre (distance, vitesse) ;
comme ci-dessus, cette notion est a priori orthogonale à la définition des actions sur le véhicule (conduite
manuelle, conduite à distance, conduite à proximité, intervention à distance, intervention à proximité).
1 Cf. parmi d?autres, la taxonomie proposée par la SAE en annexe 1.
2 La conduite à proximité directe du véhicule est introduite et permise par le règlement (UE) 2022/1426 dans les
conditions suivantes :
- pour le besoin de la maintenance ou de la reprise en main à la suite d?une manoeuvre à risque minimal,
- le véhicule doit être limité à 6 km/h,
- il n?est pas nécessaire que le conducteur reste à bord du véhicule,
- la commande peut être exécutée via une télécommande à proximité du véhicule, à condition que le véhicule
reste dans la ligne de vue directe du conducteur, à une distance maximale de 10 m.
En application de cette disposition, le règlement européen introduit deux situations distinctes dans lesquelles la
conduite manuelle à proximité directe du véhicule, à l?aide d?une télécommande et à faible vitesse est possible :
- le déplacement non commercial du véhicule pour des besoins de maintenance ou haut-le-pied, incluant le fait
de transporter ledit véhicule, sans voyageurs à bord, depuis ou vers un lieu de dépôt ou de maintenance de ce
véhicule, jusqu?au premier point d?emport de voyageurs ou depuis le dernier point d?emport de voyageurs ;
- le convoyage entre deux points d?emports de voyageurs entre deux parcours.
7
L?objectif de ce document n?étant pas de traiter de ces concepts de façon détaillée (en particulier pas de la
conduite à distance), ce document se limite aux caractérisations succinctes ci-dessus. Malgré son caractère
succinct, cette articulation des concepts semble néanmoins utile pour analyser la proximité plus ou moins
grande d?une fonction donnée avec la notion d?intervention à distance (ou, a contrario, avec d?autres notions
citées plus haut, notamment de vision à distance).
Cette analyse des différentes fonctions au regard de la définition règlementaire d?intervention à distance fait
l?objet des parties suivantes de ce document.
3. Analyse des fonctions attachées à l?intervention à distance
La définition de l?intervention à distance, comme mentionné dans la partie précédente, inclut les actions non
relatives à la conduite (exécution de la tâche dynamique de conduite) et participant à la sécurité, réalisées
par un opérateur distant.
En ce sens et en complémentarité de ce qui a été décrit précédemment, il n?existe plus la notion de frontière
entre les performances du système et celles de l?opérateur humain, puisque la tâche de conduite est
entièrement réalisée par le système de conduite automatisé.
Comme décrit plus haut, les actions imputées à l?opérateur de l?intervention à distance sont les suivantes :
a) D?activer, de désactiver le système, de donner l?instruction d?effectuer, modifier, interrompre une
manoeuvre, ou d?acquitter des manoeuvres proposées par le système ;
b) De donner instruction au système de navigation opérant sur le système de choisir ou de modifier la
planification d?un itinéraire ou des points d?arrêt pour les usagers ;
3.1. Approche « macro » : éléments caractéristiques de l?intervention à distance
La définition de l?intervention à distance issue du cadre réglementaire national renvoie à différentes notions.
Comme expliqué précédemment, la notion d?intervention comporte la notion de réponse apportée par un
opérateur face à une situation rencontrée par le système.
La notion de manoeuvre renvoie à toute action qui participe au contrôle dynamique du véhicule tel que défini
au R. 311-1-1 du Code des Transports. Cette notion est par nature assez large et peut intégrer différentes
configurations que le document tend à explorer.
La notion de « donner instruction de » est à distinguer de la commande pure dans le sens où elle signifie la
prise en compte de l?instruction par le système, lequel doit s?employer pour réaliser l?action demandée dans
le respect de la sécurité des personnes, et en gardant la responsabilité de la réalisation de la manoeuvre
demandée. Ce même principe s?applique à la modification et à l?interruption d?une manoeuvre.
Dans le cas de l?acquittement d?une manoeuvre proposée par le système, il est également important de
rappeler que c?est bien le système qui garde la responsabilité de la réalisation de la manoeuvre qu?il a
proposée, si celle-ci est acquittée.
La notion d?instruction donnée au système de navigation concerne la planification que ce soit la planification
spatiale du parcours ou sa planification temporelle. Peuvent être par exemple rattachées à cette notion les
modifications apportées aux temps de parcours suite au changement de mode d?exploitation demandé par
l?opérateur. La planification de l?itinéraire ou la modification de la desserte en temps réel peuvent être
consécutives à la survenue sur le parcours d?un élément susceptible de dégrader le niveau d?intégrité des
personnes transportées ou des tiers (incendie, manifestation non prévue).
Il semble important de préciser que l?opérateur distant peut être amené à réaliser des actions ne relevant
pas de l?intervention à distance, mais présentant un enjeu de sécurité. Ces actions relèvent alors des « tâches
de sécurité » telles que mentionnées par l?article R. 3152-19 du Code des Transports.
8
Ces actions, leurs conditions de réalisation et la qualité de l?opérateur qui les réalise, font partie de la
démonstration de sécurité.
Même si cet opérateur n?est alors pas obligatoirement la personne habilitée mentionnée à l?article L 3151-3,
celui-ci doit être cependant obligatoirement habilité selon les modalités fixées par le système de gestion de
la sécurité en exploitation, lequel fait partie intégrante du système et de la démonstration de sécurité.
3.2. Approche détaillée : fonctions d?intervention à distance et fonctions connexes
Cette partie propose de premiers éléments d?analyse de la palette d?actions pouvant être exercées à distance
sur le véhicule et son environnement, afin de mieux cerner comment elles entrent dans la définition de
l?intervention à distance ou s?articulent avec elle.
Il importe en préalable de rappeler une notion règlementaire fondamentale dans la définition de
l?intervention à distance : cette intervention ne porte que sur le système de conduite automatisé du véhicule,
aux fins d?exercer une action sur celui-ci, sans se substituer à l?action de ce système sur la tâche de conduite
dynamique. Dans cette définition, le fait qu?une action d?intervention à distance prévale sur une action
provenant du système ne signifie pas que l?opérateur distant prend le contrôle de la tâche de conduite
dynamique du véhicule ; à tout instant, le système de conduite automatisé exerce entièrement la tâche de
conduite dynamique du véhicule.
A l?inverse, en l?absence d?action sur le système de conduite automatisée ou si l?action porte sur un autre
élément que le système de conduite automatisé du véhicule, il ne s?agit pas a priori d?une intervention à
distance.
Les paragraphes ci-après tentent d?appliquer ces éléments généraux à une liste de fonctions détaillées afin
d?identifier dans quelle mesure l?on peut considérer qu?un certain nombre de fonctions n?entrent pas
strictement dans la définition de l?intervention à distance, mais peuvent en constituer des outils ou leviers
(« enablers ») dans certaines situations d?aléa (ou « scénarios »).
La liste des fonctions ci-après correspond à l?état d?initialisation du présent document. Elle pourra être
enrichie ultérieurement.
9
a. Exploitation commerciale du service et missions des véhicules
On parle ici de décision de route, desserte, arrêt, horaires, temps d?attente, prise de passagers.
Il convient ici de distinguer ces fonctions au regard de la constante de temps qui les caractérise :
o Lorsque ces décisions sont prises « ex ante » par rapport à la circulation en mode automatisé (ex :
horaires planifiés, ou choix de desserte pris à l?ouverture du service pour les dessertes de la journée, ou
choix de desserte des arrêts ou d?itinéraires effectués au moment du démarrage de la mission), on sort
du champ qui semble visé par la définition règlementaire ;
o Lorsque ce type de décision intervient à plus court terme, mais n?est pas lié au fonctionnement du
système automatisé ou aux aléas qu?il rencontre (par exemple renoncer à desservir un arrêt compte-
tenu qu?aucun usager ne le sollicite), on conçoit également qu?elle n?entre pas dans la définition de
l?intervention à distance (on peut alors parler de décision d?exploitation commerciale) ;
o Lorsque la décision porte sur une instruction donnée au système automatisé de modifier, à court terme,
son itinéraire ou ses arrêts, pour répondre à un aléa (approche OEDR), on se situe alors plus clairement
dans le champs visé par la définition règlementaire de l?intervention à distance. On peut tenter de
préciser les choses en se référant à la notion de tâche de conduite dynamique définie dans le cadre
européen3, qui distingue :
? les fonctions stratégiques telles que la programmation du voyage et la sélection des destinations
et points de parcours ;
? les fonctions tactiques, dont la planification des manoeuvres et des fonctions intervenant sur une
constante de temps de secondes et incluant des tâches telles que le choix de la voie, l?acceptation
de l?intervalle et le dépassement.
Le périmètre visé par la définition règlementaire apparaît donc proche de la couche « tactique » de la
tâche de conduite dynamique : il s?agit par exemple de décider de tourner à la première intersection
disponible ou de renoncer à un arrêt au dernier moment, pour éviter un aléa identifié (par le système ou
l?intervenant) : on conçoit qu?il s?agit de décisions dont le pas de temps se compte en secondes (soit, en
distance d?anticipation, de l?ordre de la centaine de mètres pour 10 secondes de préavis en circulation à
30 à 50 km/h). La distinction semble ainsi pouvoir raisonnablement être faite entre la notion de
composante tactique de la tâche de conduite dynamique, qui relèverait alors de l?intervention à distance
et la composante stratégique (indépendante des aléas ou d?un pas de temps supérieur à une ou deux
dizaines de secondes), qui n?en relèverait pas (même si des situations intermédiaires entre ces deux
notions restent envisageables et devraient relever d?une analyse plus fine). De façon concrète, on peut
citer ici deux exemples qui semblent bien illustrer la différence entre les deux notions :
3 Cf. Règlement UE ? ADS 2022/1426 :
4) «tâche de conduite dynamique» («DDT»): toutes les fonctions opérationnelles en temps réel et fonctions tactiques requises pour
exploiter le véhicule, à l?exclusion des fonctions stratégiques telles que la programmation du voyage et la sélection des destinations
et points de parcours et incluant, sans limitation, les sous-tâches suivantes :
a) contrôle de mouvement latéral du véhicule via la commande de direction (opérationnel);
b) contrôle de mouvement longitudinal du véhicule via l?accélération et la décélération (opérationnel);
c) surveillance de l?environnement de conduite via la détection et la reconnaissance et la classification d?objets et
d?événements, et préparation de la réaction (opérationnelle et tactique);
d) exécution de la réaction à la présence d?un objet et à la survenue d?un événement (opérationnelle et tactique);
e) planification de manoeuvre (tactique);
f) renforcement de la perceptibilité via l?éclairage, l?avertisseur sonore, les clignotants, la signalisation, etc. (tactique);
5) «fonctions opérationnelles» de la DDT: des fonctions intervenant sur une constante de temps de millisecondes et qui comprennent
des tâches telles que des instructions de direction à prendre dans une voie ou le freinage pour éviter un danger imminent;
6) «fonctions tactiques» de la DDT: des fonctions intervenant sur une constante de temps de secondes et incluant des tâches telles
que le choix de la voie, l?acceptation de l?intervalle et le dépassement;
10
o le fait d?ordonner de bifurquer pour éviter un aléa de circulation affectant potentiellement la sécurité,
alors que la manoeuvre nominale en cours consistait à aller tout droit (et sous réserve que cette
bifurcation reste dans l?ODD), relèverait de l?intervention à distance ;
o le fait de renoncer, au début de la mission ou en cours de mission, mais sans motif de sécurité (OEDR) à
un desservir un arrêt, ne relèverait pas de l?intervention à distance.
b. Surveillance de l?environnement de conduite et perception augmentée par l?intervention
De façon générale, la surveillance de l?état du parcours ou de l?environnement de conduite en situation
nominale de circulation, n?a pas été conçue comme faisant partie de l?intervention à distance, même si elle
en constitue un soutien (elle peut par exemple permettre de repérer des difficultés ou aléas de circulation,
conduisant à une intervention à distance consistant à modifier la route ou ordonner une MRM le cas
échéant)4.
La question se pose néanmoins de l?action consistant, pendant une séquence de réponse à un aléa dans
laquelle l?intervention à distance est activée (ie via des instructions ou acquittements de manoeuvres), à cibler
ou augmenter la surveillance du véhicule pour permettre ces modalités d?intervention à distance (par
exemple : zoomer sur un objet encombrant ; faire pivoter des angles de vision des capteurs pour cibler une
zone de vision particulière ; augmenter la puissance, la portée ou la résolution de certains capteurs).
Ces actions de « surveillance augmentée », qui peuvent en théorie intervenir dans des situations amont, aval
ou pendant un scénario d?aléa, posent question dès lors que l?opérateur à distance peut être amené à
modifier les fonctions de composants qui font partie du système de conduite automatisé (en particulier en
modifiant les fonctions de perception du système : cf. angle des caméras, zoom sur une particularité). Cette
forme de prise en main des fonctions de perception par l?opérateur, dans l?optique d?apporter un
complément à la perception du véhicule afin de lui permettre de continuer à performer la tâche de conduite,
signifierait que l?opérateur par son action, modifie les capacités de détection ou de perception du système.
L?intervention sur ces organes du système de conduite automatisé apparaît critique dans la mesure où
l?opérateur peut apporter une modification de l?environnement perçu par le véhicule et, le cas échéant, créer
un biais de perception pouvant affecter la sécurité.
Les éléments ci-dessus conduiraient à considérer que l?action à distance visant à modifier la perception du
véhicule, pendant une séquence de réponses du système à des aléas, fait partie de l?intervention à distance.
Or, à y regarder de plus près, si l?on considère que la perception augmentée s?apparente à donner des
instructions au système de conduite automatisé (d?augmenter sa vision), et d?acquitter ses propositions (au
sens de prendre en considération la vision augmentée proposée par le système), cette acception ne
correspond pas exactement à la définition du décret qui mentionne des instructions et des acquittements de
manoeuvres donnés par l?intervenant à distance.
De plus, le concept d?intervention à distance a été conçu à l?origine pour apporter une réponse à des
situations que le système ne parviendrait pas à gérer (ex : sortie du domaine d?emploi ? ODD ou après une
manoeuvre de mise en sécurité - MRM), sans réaliser la tâche dynamique de conduite.
Or, la perception fait partie de la tâche de conduite dynamique, au sens de la règlementation et, lors de
l?intervention à distance, le système est supposé conserver la tâche de conduite dynamique :
- Le décret STRA indique notamment : Contrôle dynamique : exécution de toutes les fonctions
opérationnelles et tactiques en temps réel nécessaires au déplacement du véhicule. Il s'agit
notamment du contrôle du déplacement latéral et longitudinal du véhicule, de la surveillance de
4 Les industriels considèrent ces fonctionnalités comme non disponibles au plan opérationnel au stade actuel.
11
l'environnement routier, des réactions aux événements survenant dans la circulation routière et de
la préparation et du signalement des manoeuvres ;
- Le règlement UE ADS indique : Tâche de conduite dynamique («DDT»): toutes les fonctions
opérationnelles en temps réel et fonctions tactiques requises pour exploiter le véhicule, à l?exclusion
des fonctions stratégiques telles que la programmation du voyage et la sélection des destinations et
points de parcours et incluant : [?] surveillance de l?environnement de conduite via la détection et
la reconnaissance et la classification d?objets et d?événements, et préparation de la réaction
(opérationnelle et tactique).
Pour résoudre ces apparents écarts de définition, une possibilité serait de considérer que, lorsqu?intervenant
à distance agit sur le système de conduite automatisé pour modifier la perception, il ne peut le faire qu?en
l?absence de toute manoeuvre, i.e. à l?arrêt post MRM et/ou avant activation du système. Et, pendant le laps
de temps où il modifie les capacités de perception, le système de conduite automatisé n?est pas actif, il ne le
redevient que lorsque les capacités de perception sont revenues au niveau décidé par le système de conduite
automatisé lui-même.
Cette séparation des tâches conduirait à dire que l?action d?augmenter la perception ne constitue pas de
l?intervention à distance (puisque la tâche de conduite dynamique n?est pas active pendant ces laps de
temps). Pour autant, l?action décidée par l?intervenant sur la base de cette vision augmentée, consistant à
donner une instruction ou un acquittement de manoeuvre, resterait partie intégrante de l?intervention à
distance.
Si le système de vision augmentée du véhicule utilisé par le superviseur est séparé et redondant par rapport
au système de perception du système automatisé, ce qui se traduirait par la présence d?un système de
caméras distinct de celui utilisé par le système de conduite automatisé et dont un changement d?angle ou de
zoom exécuté par l?opérateur de l?intervention à distance n?aurait pas d?impact sur la tâche de conduite du
système de conduite automatisé, alors rien n?empêche que les actions du superviseur interviennent pendant
des manoeuvres, et elles ne sont pas considérées comme de l?intervention à distance, que ce soit en situation
nominale ou dans le cadre d?une réponse à un aléa.
c. Gestion d?un changement de mode de fonctionnement
Un système de transport routier automatisé peut, dans certains cas, être conçu comme définissant des
fonctions automatisées différentes selon le domaine d?emploi (par exemple : tourner à gauche non permis
dans certaines conditions d?environnement). Le fait de sortir d?un ODD pour passer à un autre, amène alors
à ce que l?on peut qualifier de « changement de mode d?automatisation ». Par extension, ce concept recouvre
celui de sortie du domaine d?emploi, devant amener alors le système à quitter le mode automatisé (au besoin
via une manoeuvre de mise en sécurité).
Ces changements de mode (entre différentes fonctions d?automatisation ou vers le mode non automatisé)
au moment du changement d?ODD, peuvent appeler une intervention à distance, même si le principe doit
être conservé selon lequel le système doit savoir reconnaître s?il franchit les limites de son ODD, donc, par
extension, s?il passe la frontière entre un ODD A et un ODD B.
Si le système est conçu pour appeler un acquittement lors du passage du mode d?automatisation A au mode
d?automatisation B lors du passage de l?ODD A à l?ODD B, ou pour ordonner le passage du mode
d?automatisation A au mode d?automatisation B (par exemple si l?appréciation des frontières entre ODD A et
ODD B d?une personne extérieure au véhicule doit compléter l?appréciation par le système du véhicule), alors
ces fonctions relèvent du concept d?intervention à distance, au sens où elles sont intermédiaires entre la
fonction d?activation / désactivation du système et la fonction d?acquittement / ordre de manoeuvre, toutes
deux couvertes par la définition règlementaire de l?intervention à distance.
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d. Surveillance de l?état du véhicule
La question de savoir si la surveillance de l?état du véhicule relève ou non de l?intervention à distance, doit
s?analyser, comme pour la perception de l?environnement de conduite, au regard des définitions
règlementaires de l?automatisation, et notamment de la tâche de conduite dynamique.
Le règlement européen ne semble pas inclure la surveillance de l?état du véhicule dans la tâche de conduite
dynamique, même si cette surveillance fait partie des exigences de sécurité. De même, le cadre national ne
fait référence qu?à des ordres et acquittements de manoeuvres.
Il en résulte que la surveillance « nominale » de l?état du véhicule, effectuée par un superviseur, ne constitue
pas a priori une forme d?intervention à distance.
S?agissant des cas de défaillance ou de dysfonctionnement, signalés par le système à l?opérateur ou repérés
par l?opérateur, et qui peuvent avoir pour conséquence une action sur le système de conduite automatisé
(MRM, arrêt), on peut dire que, même dans ce cas, la notion de surveillance s?assimile à un complément ou
une brique nécessaire à une action de l?intervention à distance, mais ne peut pas être considérée comme
une action de l?intervention à distance stricto-sensu.
S?agissant d?une éventuelle surveillance « augmentée » des organes du véhicule, consécutive à un aléa (par
exemple : vérification de l?état d?un capteur ayant pu être endommagé au cours d?un aléa), on peut
considérer, au vu des définitions règlementaires, qu?elle ne constitue pas une composante de l?intervention
à distance. Si des actions de surveillance « augmentée » sont diligentées par l?intervenant à distance, et
affectent les modalités de surveillance des organes de conduite automatisée pilotées par le système ADS, ces
actions devraient, par analogie avec les actions de perception augmentée, n?être possibles qu?en dehors des
manoeuvres conduites par le système automatisé, sauf si le système de surveillance augmenté est
complémentaire / redondant par rapport à celui utilisé par le système de conduite automatisé lorsqu?il est
activé. Dans ce dernier cas, ces actions peuvent être considérées comme indépendantes de l?automatisation,
et peuvent être menées lorsque le système automatisé est activé ; elles ne relèvent pas, en tout état de
cause, de l?intervention à distance.
e. Intervention sur les fonctions et organes non automatisés du véhicule
On s?intéresse ici à des fonctions telles que l?éclairage intérieur, le réglage de la température, l?ouverture des
portes. A priori, ces fonctions, même automatisées (ex : thermostat ; capteurs de lumière), ne font pas partie
de la tâche de conduite dynamique. Toute intervention distante sur ces fonctions ou toute action sur leur
version éventuellement automatisée, ne constituerait donc pas une intervention à distance.
Par contre, il importe de rappeler que la tâche de conduite dynamique recouvre, dans la définition du
règlement UE ADS : [?] « le renforcement de la perceptibilité via l?éclairage, l?avertisseur sonore, les
clignotants, la signalisation, etc. (tactique) ». Si l?intervenant donne l?instruction ou acquitte des propositions
d?action sur ces fonctions, ceci constitue alors de l?intervention à distance.
De même, si le véhicule comporte des fonctions automatisées de chargement-déchargement : ex :
marchandises, matériel des PMR, etc. ? ces fonctions ne sont pas considérées comme des fonctions
d?automatisation de la conduite. Elles participent cependant au service de mobilité routière automatisée et
méritent une attention particulière ; elles sont abordées ci-après.
f. Intervention sur des fonctions automatisées de chargement / déchargement
Comme indiqué ci-dessus, si des fonctions de chargement-déchargement sont automatisées à bord d?un
véhicule automatisé (ce qui sera possiblement le cas dans un service de fret et logistique automatisés), ces
fonctions ne peuvent pas ex ante être considérées comme des fonctions d?automatisation de la conduite et
l?analyse relève d?une approche au cas par cas. En tout état de cause, les enjeux de sécurité de ces fonctions
justifient que ces fonctions soient intégrées dans la démonstration de sécurité, notamment via l?élaboration
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de scénarios adaptés. La partie 5 de ce document propose de premières pistes en ce sens, qui seront
approfondies dans le cadre de l?élaboration du cadre règlementaire du fret et de la logistique automatisés.
En particulier, la question de l?articulation de ces fonctions avec l?intervention à distance se pose lorsque :
o certaines fonctions de chargement-déchargement sont asservies à des fonctions d?automatisation de la
conduite (dont la perception), ou réciproquement (ex : conditionnement de l?activation du système
et/ou de certaines manoeuvres, à l?état du chargement-déchargement ; dés-attelage automatique d?une
remorque) ;
o une même action à distance agit simultanément sur des manoeuvres du système ADS et sur des actions
de chargement-déchargement ou d?attelage-dés-attelage d?une remorque ;
o une action à distance agit simultanément sur des fonctions de perception du système de conduite
automatisé aux fins de piloter des actions de chargement-déchargement ou assimilées (ex : zoom ou
réorientation de certains capteurs vers les flancs ou zones de chargement-déchargement).
Dans les cas où certaines fonctions de conduite automatisée ou manoeuvres seraient asservies à des tâches
de chargement-déchargement-attelage-dés-attelage, deux sous-cas sont a priori envisageables :
o les fonctions automatisées de chargement-déchargement-attelage-dés-attelage ont été conçues comme
faisant partie de l?ADS, et l?on devrait alors considérer qu?intervenir sur les fonctions de chargement-
déchargement relève de l?intervention à distance ;
o les fonctions automatisées de chargement-déchargement-attelage-dés-attelage ont été conçues comme
ne faisant pas partie de l?ADS : dans ce cas, formellement, il semble que l?on ne doive pas considérer
qu?intervenir sur les fonctions de chargement-déchargement relève de l?intervention à distance ;
cependant, si une instruction ou un acquittement sur une manoeuvre de chargement-déchargement-
attelage-dés-attelage se traduit, via l?asservissement, par une instruction ou un acquittement de
manoeuvre, l?intervention apparaît entrer dans la définition réglementaire de l?intervention à distance ;
pour ne pas considérer ce type d?intervention comme de l?intervention à distance, il conviendrait que,
dans les situations concernées, les séquences d?instruction et d?acquittement soient dédoublées, i.e.
portent séparément sur la conduite d?une part, les fonctions de chargement-déchargement-attelage-
dés-attelage d?autre part ; ceci revient à désactiver les asservissements lors de l?intervention à distance.
Dans les cas où l?intervention sur des tâches de chargement-déchargement-attelage-dés-attelage sollicite et
modifie les fonctions de perception de la conduite automatisée, il semble que l?on puisse appliquer l?analyse
développée plus haut pour la perception augmentée de l?environnement de conduite ou la surveillance
diligentée des organes du véhicule : si des actions de surveillance « augmentée » attachées au chargement-
déchargement-attelage-dés-attelage sont diligentées par l?intervenant à distance, et affectent les modalités
de surveillance des organes de conduite automatisée pilotées par le système ADS, ces actions devraient
n?être possibles qu?en dehors des manoeuvres conduites par le système automatisé, sauf si le système de
surveillance augmentée du chargement-déchargement est complémentaire par rapport à celui utilisé par le
système de conduite automatisé lorsqu?il est activé.
g. Intervention sur des éléments de connectivité et capacités déportées du système ADS
On s?intéresse ici à des dispositifs techniques ou fonctions assurées depuis l?infrastructure ou plus largement
de l?extérieur du véhicule, concourant à la sécurité du système automatisé. Parmi ces dispositifs, on peut
citer des feux connectés ou des éléments de fermeture / ouverture de l?accès à des voies ou des sites
réservés, les éléments de vision étendue implantés sur l?infrastructure, qui peuvent être définis comme
partie intégrante du système de perception de l?ADS, et plus généralement, les éléments de connectivité
auxquels le système de conduite automatisé est asservi.
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Toute action sur ces dispositifs ou fonctions peut, au regard de la définition de l?intervention à distance dans
le règlement UE, être considérée comme de l?intervention à distance dès lors que ces dispositifs ou fonctions
sont conçus comme partie de l?ADS. Au regard de la définition nationale (décret STRA) de l?intervention à
distance (qui ne mentionne pas explicitement le périmètre de l?ADS), on pourrait également considérer que
toute action sur un élément de connectivité et/ou déporté sur l?infrastructure qui participe à l?exécution
d?une manoeuvre automatisée (à ordonner ou à acquitter), fait partie de l?intervention à distance, sauf
éventuellement à démontrer que cet élément de connectivité et/ou déporté sur l?infrastructure est
redondant par rapport au système de perception de l?ADS au moment de ladite manoeuvre.
Le cas particulier des défaillances de ces éléments de connectivité ou déportés doit également être analysé :
- si une défaillance ou une insuffisance fonctionnelle de ces dispositifs est constatée par un superviseur,
ce qui le conduit à bloquer ou substituer la connectivité, on peut considérer que, si celui-ci modifie (certes
pour des motifs de sécurité), les fonctions de perception du système, alors cette action est présumée
relever de l?intervention à distance, si au moins un des deux critères ci-dessous est rempli :
o ce dispositif fait partie du système ADS (approche UE de la définition de l?intervention à
distance)
o cette action a lieu pendant une manoeuvre ou au moment de l?instruction ou de
l?acquittement d?une manoeuvre (approche FR de la définition de l?intervention à distance) ;
- si le système repère une défaillance ou une insuffisance fonctionnelle de ces dispositifs et demande un
éventuel acquittement à distance pour substituer, modifier ou déconnecter ces dispositifs ou pour
entreprendre une manoeuvre, la qualification vis-à-vis de l?intervention à distance répond à la même
logique que ci-dessus : elle relève de l?intervention à distance si ces dispositifs font partie de la
conception du système ADS ou si l?action a lieu pendant une manoeuvre, une instruction ou un
acquittement ;
- dans le cas extrême où c?est la connectivité support de l?intervention à distance qui présente des
défaillances ou des insuffisances fonctionnelles, qu?elles soient constatées par l?intervenant ou par le
système, le raisonnement ci-dessus s?applique : l?intervention à distance fait partie du système ADS
lorsqu?elle est active, modifier son support de connectivité (exemple : changer de mode de connectivité)
relève donc également de l?intervention à distance ; en tout état de cause, une défaillance ou une
insuffisance fonctionnelle du support de connectivité entre le système de conduite automatisé affectant
les capacités de l?intervenant à distance de remplir les missions (instructions et acquittements de
manoeuvres, changements d?arrêts et de parcours), relève d?une défaillance grave devant donner lieu à
mise en sécurité.
La qualification règlementaire proposée ci-dessus, qui milite pour considérer les actions sur la connectivité
et les fonctions déportées comme de l?intervention à distance, n?emporte pas de considération sur
l?opportunité de multiplier les actions possibles de l?intervention à distance sur la gestion des interfaces avec
des éléments débarqués : ceux-ci participant à la sécurité du système de conduite automatisé, l?éventuelle
multiplication des interventions possibles présente notamment, outre les enjeux de charge cognitive pour
l?intervenant, des risques spécifiques de cybersécurité.
h. Communication avec les personnels d?intervention, de secours et des forces de l?ordre
La question du statut des interactions avec les agents des forces de l?ordre et les véhicules prioritaires ou
bénéficiant de facilités de passage vis-à-vis de l?intervention à distance se pose. Dans les travaux jusqu?alors
réalisés, les interactions avec les forces de l?ordre ont été considérées dans la réponse du système (cf. axes
de description des scénarios de conduite) à un événement, constitué par une injonction ou une priorité. De
cette manière, le système en circulation, dès lors qu?il est soumis à une interaction avec un agent des forces
de l?ordre ou d?un véhicule prioritaire ou bénéficiant de facilités de passage, doit être en mesure de le
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détecter, de le reconnaître et de réagir de façon soit à répondre à l?injonction reçue (AFO), soit s?écarter et
céder le passage au véhicule, soit faciliter son passage.
Dans la mesure où les agents des forces de l?ordre et/ou véhicules prioritaires n?ont pas de lien direct avec le
véhicule ou son système de conduite automatisé, ils ne peuvent pas être considérés comme faisant partie de
l?intervention à distance : ils n?exercent pas d?action sur le système.
Lorsque, pour faciliter les interactions entre le système et les situations impliquant ces tiers spécifiques, un
lien est établi entre le poste d?intervention à distance et en particulier l?opérateur et les agents des forces de
l?ordre, cette communication peut aboutir à une action de l?opérateur distant sur le système ; mais dans ce
cas, l?intervention à distance relève de l?opérateur et non des agents des forces de l?ordre ou du véhicule
prioritaire.
De même, lorsqu?un véhicule prioritaire ou un agent des forces de l?ordre émet un message de connectivité
signalant sa présence ou comportant une demande ou une injonction de manoeuvre, cette interaction ne
relève pas du concept d?intervention à distance : en effet :
- soit le système ADS interprète seul cette information pour ses décisions de manoeuvre, et dans ce cas, il
n?y a pas d?intervention à distance ;
- soit le système ADS demande un acquittement voire une instruction de manoeuvre à l?intervenant à
distance, qui reste seul en charge de donner l?acquittement ou l?instruction, sans que l?émetteur de
l?information d?origine (force de l?ordre ou véhicule prioritaire) puisse être considéré comme relevant de
l?intervention à distance.
Dans cette mesure, les interactions avec les forces de l?ordre et les véhicules prioritaires (ou bénéficiant de
facilités de passage) n?ont pas vocation à être considérées comme relevant de l?intervention à distance.
i. Communication avec des tiers exploitants d?infrastructures
On s?intéresse ici à des interactions avec des acteurs tels que des gestionnaires routiers, de parking ou pôles
multimodaux, qui ne relèvent pas d?interventions directs sur des éléments de gestion de trafic, mais passent
par des intervenants humains dans l?exploitation. Il peut s?agir par exemple de demandes d?autorisation de
pénétrer dans une enceinte, de lever de barrières, d?action sur les feux de circulation, l?activation de
panneaux à message variable, ?
A priori, ces interactions n?affectant pas, par l?action de l?intervenant lui-même, les fonctions du système
ADS, elles peuvent être considérées comme ne faisant pas partie de l?intervention à distance.
j. Communication, alerte et assistance aux passagers
La communication, et, le cas échéant l?émission d?alerte ou le fait de diligenter une assistance aux passagers,
constituent des éléments-clés de la sécurité d?un système de transports de personnes. Ces fonctions
appellent par nature des actions à distance.
Le règlement UE ADS indique que les obligations de « prêter assistance, dans des situations dûment
identifiées, aux passagers d?un véhicule entièrement automatisé », s?appliquent à l?opérateur à bord et que
l?opérateur d?intervention à distance peut accomplir cette tâche « lorsque cela s?applique au concept de
sécurité du système ADS [?], à condition que cela puisse se faire en toute sécurité ».
Le cadre règlementaire national (décret STRA) ne mentionne pas les communications et l?assistance aux
passagers parmi les fonctions de l?intervention à distance.
Pour autant, la question se pose de la qualification des diverses formes de communication d?alerte ou
d?assistance aux passagers au regard de la définition de l?intervention à distance.
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On peut d?ores et déjà noter que les différents types de réponses à des communications ou alertes adressées
par les passagers relèvent, schématiquement, de cinq catégories :
i. Action d?intervention à distance au sens du décret STRA
ii. Mission d?une assistance humaine à bord
iii. Action sur les organes non automatisés du véhicule (ex : température)
iv. Action automatisée sur des fonctions ne faisant pas partie du système ADS (ex : ouverture des portes)
v. Action sur des capacités techniques déportées sur l?infrastructure faisant partie de l?ADS
vi. Action de lever de doute ou d?approfondissement de la situation ayant fait l?objet de l?alerte
Cette catégorisation des réponses conduit aux éléments d?analyse suivants :
i. Les réponses relevant d?instructions ou d?acquittement de manoeuvres ; de modification des
parcours et points d?arrêts suite à l?aléa origine de l?alerte constituent, par eux-mêmes, de
l?intervention à distance, lorsque l?intervenant les active ;
ii. Missionner sur place une assistance humaine (dont l?intervention des forces de l?ordre ou de
secours), ne fait pas partie des fonctions d?intervention à distance, même si cette action peut être
consécutive à une action d?intervention à distance (telle de la demande d?une MRM ou d?un détour
par exemple) ;
iii. L?action sur les organes non automatisés du véhicule, comme indiqué ci-dessus, ne relève pas de
l?intervention à distance ;
iv. Le cas particulier des actions de conduite de l?ADS déclenchées de façon automatique par une action
des passagers doit être analysé de près. On peut se référer ici aux prescriptions sur les fonctions
d?arrêt automatique prévues dans le projet d?arrêté « navettes urbaines » en cours d?élaboration :
cette commande, nommée « système de demande d?arrêt sécurité passagers », est activable par un
bouton-poussoir ou une poignée actionnable spécifique et dédié à l?intérieur du véhicule.
? La demande d?arrêt sécurité passagers doit être remontée à l?opérateur, qui doit pouvoir identifier le
véhicule dans lequel elle a été activée,
? La demande d?arrêt sécurité passagers doit être maintenue jusqu?à un acquittement de l?opérateur
(inhibition),
? L?activation du système de demande d?arrêt sécurité passagers commande automatiquement l?arrêt
du véhicule dans les conditions suivantes :
? si le véhicule est en station ou quitte la station : immédiatement ;
? si le véhicule est en dehors d?une station :
? dès qu?il est possible d?effectuer une manoeuvre à risque minimal, sauf si la demande
d?arrêt sécurité passagers est acquittée par l?opérateur avant que la manoeuvre ne
soit effectuée,
? au maximum 30 secondes après activation de l?alarme voyageurs, sauf si la demande
d?arrêt sécurité passagers est acquittée par l?opérateur avant ce délai.
v. L?action sur des éléments de connectivité et capacités déportées éventuellement intégrées
fonctionnellement au système ADS paraît devoir être examinée selon les critères proposés ci-dessus :
le fait que cette action soit déclenchée en réponse à une communication ou une alerte initiée par
des passagers ne modifie pas le statut de l?action vis-à-vis de l?intervention à distance ;
vi. Le cas particulier des levers de doute doit être examiné de la même façon que les actions de
surveillance de l?état de l?environnement de circulation ou de l?état du véhicule : il ne s?agit pas
d?intervention à distance, modulo l?examen plus approfondi de deux sous-cas :
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a. Lorsque les organes de perception utilisés par l?ADS pourraient être affectés par l?action à
distance, ce qui suppose qu?ils le soient à l?arrêt ou qu?ils puissent être considérés comme
redondants au sein du système ADS ;
b. Lorsque le lever de doute suppose une instruction de manoeuvre ou une demande suivie
d?un acquittement de manoeuvre (par exemple pour vérifier l?état de l?environnement du
véhicule ou d?un de ses composants).
En particulier, les navettes urbaines automatisées sont équipées d?une commande permettant une
communication directe avec l?opérateur lorsqu?il s?agit d?une urgence nécessitant une action sur le système
de conduite automatisé du véhicule.
On peut par ailleurs présupposer qu?un passager puisse entrer en communication avec l?opérateur et plus
généralement le poste d?intervention afin de signaler un aléa interne au véhicule (malaise voyageur, incendie,
incident à bord du véhicule), un aléa extérieur au véhicule qui informe l?opérateur d?un danger extérieur qui
nécessite une prise de décision et une action de l?opérateur.
k. Traçabilité des actions de système et production des alertes
La traçabilité des actions du système semble présenter un enjeu majeur dans le cadre du suivi et des audits
réalisés du système en circulation. Le recueil d?un certain nombre d?indicateurs de fonctionnement et des
interactions entre l?intervention à distance et le système est un outil de traçabilité. Parmi ces indicateurs
pourraient être considérés par exemple les alertes remontées par le système ou les demandes d?intervention
à distance sollicitées par le système.
La question de la gestion des itérations des alertes dans le cadre du suivi de l?intervention à distance est
intrinsèquement liée à la définition de ces remontées. Le choix des remontées et leurs caractéristiques est
particulièrement déterminant dans cette optique.
La question peut se poser du statut, vis-à-vis de l?intervention à distance, d?une action d?un humain situé à
l?extérieur du véhicule, de modifier les critères de remontée des alertes du système (par exemple
modification du nombre d?alertes par unité de temps) ou d?agir sur les paramètres du système définissant
comment les alertes sont priorisées les unes par rapport aux autres en cas de superposition d?alertes en
situation dégradée. Il peut s?agir par exemple de demander au système d?être plus ou moins discriminant
(i.e. plus ou moins sélectif) dans les alertes produites, par exemple en fonction du niveau de risque perçu ou
de charge cognitive de l?humain situé à distance.
Même si la gestion des alertes caractérise directement les interactions entre l?opérateur de l?intervention à
distance et le système de conduite automatisé, l?action sur la remontée de ces alertes et leur paramétrage
n?apparaît pas relever de l?intervention à distance en ce qu?elle n?est pas gérable en temps réel aux fins de
délivrer une commande ou une réponse au système.
La gestion de la remontée d?alertes apparaît de fait être une fonctionnalité de mise à jour du système non
opérationnellement liée à l?intervention à distance en propre, non l?objet du document.
Par ailleurs, l?action de l?opérateur sur les alertes d?exploitation, indépendamment des alertes remontées par
le véhicule sur son état, sur des éléments de détection et de perception lié à son fonctionnement, peut être
considérée comme fonction de l?intervention à distance permettant de définir le niveau de pertinence des
alertes, pouvant affecter le type d?action requise en réponse à ces alertes en exploitation. Elles participent
ainsi à la prise de décision dans les réponses de l?intervenant et apparaissent intimement liées aux tâches
d?intervention à distance.
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3.3. Synthèse
Le tableau ci-dessous synthétise les éléments d?analyse des liens entre les fonctions connexes à l?intervention
à distance et l?intervention à distance elle-même.
Tâche Points spécifiques liés aux fonctions d?intervention à distance
Exploitation commerciale du
service et missions des véhicules
(hors modification de parcours
et d?arrêt suite à un aléa)
Seules les modifications de circulation consécutives à des aléas de circulation ou
des défaillances du système relèvent de l?intervention à distance ; les
modifications de missions pour des raisons commerciales (fluctuations de la
demande ou du trafic) ne relèvent pas a priori de l?intervention à distance.
Surveillance de l?environnement
de conduite et perception
augmentée par l?intervention
La surveillance de l?environnement de conduite relève des fonctions
règlementaires du système ADS. (Il convient de se poser la question de prescrire
qu?agir à distance sur ces fonctions (par exemple pour augmenter ou modifier la
vision sur un événement), ne soit possible qu?à l?arrêt, le système ADS ne
reprenant la manoeuvre que lorsque les fonctions de perception sont revenues au
niveau utilisé par le système ADS, exemptes des modifications de l?intervenant à
distance). La possibilité de dédoubler les organes de perception du système au
profit d?actions de contrôle de l?opérateur d?intervention à distance sans
conséquence sur la perception du système ne relèverait pas de l?intervention à
distance.
Gestion d?une bascule de mode
de fonctionnement / passage en
changement d?ODD (ou
conditions de circulation
dégradées)
Si la conception du système intègre la possibilité d?une action extérieure au
système ADS pour l?acquittement voire l?instruction de la bascule d?un domaine
d?emploi à l?autre, alors cette fonction est considérée comme de l?intervention à
distance. Par extension, si la conception du système inclut la possibilité de
fonctionnement dégradé, le passage d?un mode de fonctionnement dit nominal à
dégradé, et qu?une intervention extérieure est possible pour acquitter ou
ordonner ce passage, alors cette fonction relève de l?intervention à distance.
Surveillance de l?état du
véhicule
A priori, le système ADS doit être en mesure de repérer les défaillances qui
affectent son fonctionnement. Cette fonction ne relève donc pas a priori de
l?intervention à distance. Si l?intervention à distance agit à distance sur ces
fonctions (par exemple pour augmenter ou modifier la vision sur une défaillance),
il convient de se poser la question de prescrire que ceci ne soit possible qu?à
l?arrêt, le système ADS ne reprenant la manoeuvre que lorsque les fonctions de
surveillance sont revenues au niveau utilisé par le système ADS, exemptes des
modifications de l?intervenant à distance.
Intervention sur les fonctions et
organes non automatisés du
véhicule
A priori, ne relève pas de l?intervention à distance.
Intervention sur des éléments
de connectivité ou capacités
déportées sur l?infrastructure
Relève a priori de l?intervention à distance dès lors que, soit ces éléments ont été
déclarés comme partie intégrante du système ADS (cf. définition européenne),
soit sont mobilisés par le système pour une manoeuvre (cf. définition nationale).
Intervention sur des fonctions
automatisées de chargement /
déchargement
Ne relève de l?intervention à distance que si les fonctions de délégation de
conduite leurs sont asservies et si les fonctions de chargement / déchargement
ont été déclarées comme partie intégrante du système ADS (cf. définition
européenne), soit sont mobilisées par le système pour une manoeuvre (cf.
définition nationale).
Communication avec les
personnels d?intervention, de
secours et des forces de l?ordre
A priori, ne relève pas de l?intervention à distance
Communication avec des tiers
exploitants d?infrastructures
A priori, ne relève pas de l?intervention à distance
Communication et assistance
aux passagers
Ne relève pas de l?intervention à distance ; si des fonctions parties intégrantes du
système sont affectées dans le cadre de ces actions (ex : utilisation des capacités
de perception du véhicule pour lever des doutes ou faciliter l?assistance), il
convient de se poser la question de prescrire que cela ne puisse se faire qu?hors
manoeuvre.
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Traçabilité des actions du
système et de l?intervention à
distance
La capacité de l?intervenant à distance d?agir sur la remontée des alertes du
système en temps réel ne semble pas être opérationnellement possible, ce qui
tendrait à exclure ces fonctions de l?intervention à distance.
20
4. Articulation des fonctions d?intervention à distance et de tâches connexes entre différents agents
Cette partie propose de premiers considérants quant à l?articulation des rôles autour des différentes tâches
identifiées dans la partie précédente. Elle aborde notamment la question de l?unicité de la personne chargée
de l?intervention à distance stricto-sensu et de certaines tâches qui lui sont intimement liées (ou, a contrario,
les enjeux de répartir les tâches entre celles, centrales, dévolues à l?intervenant, et d?autres, suffisamment
éloignées pour être réalisées par d?autre acteurs). Un des enjeux de cette analyse porte sur l?étendue de
l?obligation de détenir le permis de conduire du véhicule concerné, pour certaines tâches, étant rappelé que
l?ordonnance du 14 avril 2021 (article L. 3151-3 du code des transports) prévoit que « Toute intervention à
distance telle que définie par voie réglementaire, ne peut être effectuée que par une personne habilitée,
titulaire du permis de conduire correspondant à la catégorie du véhicule considéré ».
De façon générale, il apparaît que certaines fonctions « connexes » à l?intervention à distance, présentent
des adhérences fortes avec celle-ci, surtout pendant la prise de décision de l?intervenant à distance sur un
véhicule particulier en situation d?aléa. Les critères d?analyse de ces « adhérences » méritent sans doute
d?être affinés.
o Une première famille de critères pourrait être déduite d?une approche dans laquelle on évalue, dans la
situation la plus proche possible de celle d?un conducteur, les informations dont il devrait disposer de
façon concomitante pendant une décision de réaction face à un danger (que l?on peut estimer, en
moyenne, à 1 seconde).
o Une deuxième famille de critères pourrait être de considérer, là aussi sous l?angle de la conduite (même
si l?intervention à distance ne relève pas de la conduite à distance), les leviers d?action dont il devrait
disposer de façon concomitante pendant une décision de réaction face à un danger.
Cette approche revient à considérer que, dans ces situations, le dédoublement de ces fonctions entre deux
personnes, pourrait générer des risques d?incohérence de la décision. Ce raisonnement ne s?appliquerait
néanmoins pas à l?intervention à distance sur deux véhicules distincts, qui peut a priori être séparée plus
aisément entre deux intervenants, y compris en situation d?aléa, dès lors qu?il n?y a pas d?interaction directe
de courte portée entre les deux véhicules.
Le tableau ci-dessous propose une première application qualitative de ces critères aux différentes tâches et
sous-tâches connexes à l?intervention à distance.
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Tâche Sous-tâche particulièrement adhérente aux fonctions
d?intervention à distance pendant la réaction face à un danger
Exploitation commerciale du service et missions
des véhicules (hors modification de parcours et
d?arrêt suite à un aléa)
Néant : cette tâche n?apparaît pas relever d?un délai de réaction
de conduite face à un danger.
Surveillance de l?environnement de conduite et
perception augmentée par l?intervention
Lecture des résultats de la perception augmentée (+++)
Action d?augmentation de la perception (++)
Gestion de la bascule des modes au regard des
domaines d?emploi ou d?un mode dégradé
Acquittement de la demande de bascule par le système
Surveillance de l?état du véhicule A priori néant : le système automatisé devant normalement
repérer les défaillances l?empêchant de poursuivre en mode
activé, la gestion (action / lecture) de ce type d?informations
n?apparaît pas devoir être considérée comme partie intégrante de
la prise de décision de l?intervenant face à un danger.
Intervention sur les fonctions et organes non
automatisés du véhicule
Néant
Intervention sur des éléments de connectivité
ou capacités déportées sur l?infrastructure
A priori, la segmentation proposée ci-dessus (capacités intégrées
au système ADS ou action pendant une manoeuvre = intervention
à distance), devraient suffire à définir les tâches réellement
adhérentes (en fait, incluses) à l?intervention à distance.
Intervention sur des fonctions automatisées de
chargement / déchargement
A priori, ces fonctions concernent l?environnement immédiat de
circulation du véhicule (personnels circulant autour du
véhicule) et pourraient justifier que la personne en charge de
l?intervention à distance les gère ; néanmoins, certains angles de
vision peuvent être spécifiques (intérieur du véhicule) et l?on peut
supposer que ces interventions se font à l?arrêt, ce qui permet
alors de considérer le « dédoublement » d?avec l?intervention à
distance stricto-sensu. Ces tâches sont probablement les plus
délicates au regard de l?éventuel dédoublement entre intervenant
à distance / autre agent de supervision. On peut rappeler que,
dans le transport public classique, le chauffeur reste responsable
de la sécurité des passagers y compris pendant l?embarquement /
débarquement.
Communication avec les personnels
d?intervention, de secours et des forces de
l?ordre
Néant : cette tâche n?apparaît pas relever d?un délai de réaction
de conduite face à un danger ; de plus, la charge cognitive
d?interaction avec ces acteurs n?apparaît pas de même nature que
celle relative à la conduite
Communication avec des tiers exploitants
d?infrastructures
Néant : cette tâche n?apparaît pas relever d?un délai de réaction
de conduite face à un danger ; de plus, la charge cognitive
d?interaction avec ces acteurs n?apparaît pas de même nature que
celle relative à la conduite
Communication et assistance aux passagers A priori, cette tâche n?apparaît pas relever d?un délai de réaction
de conduite face à un danger. La charge cognitive d?interprétation
et de lever de doute face aux événements internes au véhicule
n?apparaît pas de même nature que celle relative à la conduite.
Traçabilité des actions du système Néant : cette tâche n?apparaît pas comme de l?intervention à
distance car difficilement gérable en temps réel et pas du ressort
de l?opération du système au regard de l?intervention à distance
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5. Premières pistes pour l?intégration de l?intervention à distance dans l?approche par scénarios
L?approche par les scénarios de conduite a vocation à aider à caractériser l?ensemble des situations que le
système peut rencontrer, de façon raisonnablement prévisible, dans son domaine d?emploi. Cette approche
a vocation à intégrer les scénarios dans lesquels l?intervention à distance participe à la réponse du système,
et/ou participe aux aléas (défaillances ou insuffisances fonctionnelles).
L?objectif des travaux qui conduiront à cette intégration en aval du présent document est de pouvoir générer
des types de scénarios tenant compte des différentes fonctions de l?intervention à distance, mais également
des fonctions connexes listées ci-dessus, dont on voit qu?elles sont intimement liées à l?intervention à
distance dans la gestion de la sécurité, même si elles ne relèvent pas de l?intervention à distance au sens des
définitions règlementaires européenne et nationale.
Cette partie ébauche des pistes pour combiner les spécificités de l?intervention à distance aux descripteurs
de scénarios déjà proposés dans les documents méthodologiques de la DGITM. Elle n?a pas pour ambition de
présenter la liste de tous les scénarios d?intervention à distance mais d?initier une augmentation pas à pas
de l?ensemble de ces scénarios, que ce soit pour des situations pouvant mener à une intervention de
l?opérateur distant, des situations dans laquelle l?intervention à distance est source d?aléas, et des situations
dans lesquelles les fonctions connexes à l?intervention à distance listées en partie 3 participent à la réponse
ou à la génération de l?aléa.
Dans cette approche, il est proposé de ne pas couvrir l?intervention à distance en dehors de l?exploitation du
système automatisé sur son parcours ou de la zone prédéfini. En particulier, le parcours d?approche et/ou
l?éventuelle conduite à distance, s?il ne fait pas partie du système automatisé et de son parcours ou sa zone
prédéfinis, n?ont pas vocation à être intégrés dans cette approche.
Cette partie se limite à l?intervention à distance stricto-sensu, à l?exclusion des fonctions connexes analysées
en partie 3 ci-dessus.
Dans ce contexte, l?intervention à distance peut s?intégrer, dans les « layers » de scénarios de la
méthodologie de génération proposée par la DGITM :
o Comme une modalité de réponse à un aléa de circulation, une défaillance ou une insuffisance
fonctionnelle ;
o Comme une source de défaillance ou d?insuffisance fonctionnelle :
? En situation de réponse à un aléa ;
? En situation nominale : cette catégorie peut, de façon générale, être considérée comme
théorique, l?absence durable d?aléa de circulation étant très peu probable ; par contre, cette
situation peut prendre un sens dans le contexte de l?intervention à distance, puisqu?elle reflète
théoriquement les situations de l?ODD où l?intervention à distance n?est pas sollicitée dans la
réponse aux aléas ;
Par ailleurs, il convient probablement (ce qui est confirmé par l?analyse ci-dessus des fonctions connexes à
l?intervention à distance), de distinguer les situations dans lesquelles l?action de l?intervenant se fait sur le
système soit à l?arrêt soit en circulation.
Lorsque l?intervention à distance est analysée comme réponse à un aléa, il apparaît utile que le scénario soit
caractérisé, outre l?état du système, par l?entité primaire qui l?a sollicitée, i.e. celle qui a signalé l?aléa. Sous
cet angle, une intervention à distance, qu?elle soit réalisée en circulation ou post arrêt, peut être initiée :
? par le système lui-même qui détecte une sortie imminente de son ODD et/ou de ses capacités ;
? par l?opérateur à distance qui estime que le système a besoin de son intervention ;
? par un passager pour signaler un aléa quelconque ou demander une assistance.
23
La combinatoire de ces caractéristiques des scénarios de l?intervention à distance nécessite de définir les
liens entre les attributs de description.
En particulier, les actions remontées par les passagers des véhicules sont limitées. La seule action
commandée directement par les passagers est la demande d?arrêt sécurité passagers, réservé aux cas
d?urgence (cf. ci-dessus).
Le tableau suivant résume l?ensemble des catégories possibles pour caractériser l?intervention à distance par
les scénarios, qu?elles que soient la gravité des demandes d?intervention à distance.
Dynamique Requis par A cause de
Post arrêt
Le système
Aléa externe (usager tiers)
Défaillance technique
Insuffisance fonctionnelle
Aléa interne (passager)
Un passager
Aléa externe (usager tiers)
Aléa interne (passager)
L?opérateur distant habilité
Aléa externe (usager tiers)
Défaillance technique
Insuffisance fonctionnelle
Aléa interne (passager)
En circulation
Le système
Aléa externe (usager tiers)
Défaillance technique
Insuffisance fonctionnelle
Aléa interne (passager)
Un passager
Aléa externe (usager tiers)
Aléa interne (passager)
L?opérateur distant habilité
Aléa externe (usager tiers)
Défaillance technique
Insuffisance fonctionnelle
Aléa interne (passager)
Afin de préciser les typologies d?intervention à distance, qu?elles soient issues d?une remontée du système
ou de l?opérateur lui-même ou encore d?un passager, la prise en considération du type de sollicitation, doit
permettre de hiérarchiser les dépendances entre les demandes d?intervention à distance.
24
Couches de
description des
scénarios de
conduite
1- Environnement
de circulation
(statique)
2- Manoeuvre
nominale
3- Aléa(s)
4- Réponse du
système
5- Aléa(s) affectant
la réponse
Approche générique par les
SCENARIOS de conduite
Arborescence de l?approche par les scénarios de conduite appliquée à la construction des scénarios d?intervention à distance
Objet de l?intervention
1- Intervention requise par le
système
2- Aide aux usagers/passagers
3- Intervention requise par
l?intervenant à distance ? détection
par l?opérateur
Typologie de l?aléa
Aléa provoqué par
un tiers externe
Défaillance d?un
composant de
système ou d?un
sous-système
Insuffisance
fonctionnelle
Aléa interne au
système
Couches
scénarios
1- Infra
2- Intention
de conduite
3- Aléa(s)
4- Réponse
5- Aléas type
MASQUE
Intervention à
distance requise
1- Post arrêt (MU,
MRM)
2- En circulation ?
modification de
manoeuvres
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Annexe 1 : taxonomie des concepts de fonctionnalités à distance par la SAE5 et lien avec les
concepts français
Résumé exécutif
L?automatisation des véhicules repose sur le présupposé que les véhicules sont capables de réaliser
l?intégralité de la tâche de conduite dans un domaine d?emploi spécifique et défini. Aux limites de ce
domaine d?emploi, le système doit être capable d?amener le véhicule à un état de risque minimal et
peut solliciter une intervention humaine située dans un centre déporté.
Cette intervention humaine (remote assistance) est caractérisée par un ensemble de suggestions, de
recommandations et d?ordres envoyés au système depuis un centre déporté afin d?améliorer les
capacités du système ainsi que les performances globales de celui-ci, mais exclut tout contrôle
dynamique du véhicule par un humain déporté.
La conception d?un système intégrant des fonctionnalités d?intervention à distance nécessite d?assurer
leur adéquation aux concepts de sécurité et d?en démontrer la sécurité. En particulier, les fonctions de
l?intervention à distance doivent décrire le champ d?application, les limites et les capacités permises
par une actions humaines extérieures sur le système.
Le document inclut la définition des typologies d?événements qui peuvent déclencher une intervention
à distance. Par ailleurs, les raisonnements logiques concernant les modules à bord et les prises de
décisions ne sont pas abordés. Les recommandations restent agnostiques des véhicules, des systèmes
de conduite automatisés ainsi que de l?architecture fonctionnelle et des cas d?usage commerciaux.
Le concept d?intervention à distance est décrit comme applicable dans le cas de la circulation de
véhicules équipés de système de conduite automatisés et ne concerne pas la conduite manuelle,
l?assignement d?une flotte de véhicule et les supports d?exploitation à destination des passagers ou
des autres usagers de la route.
1. Définitions
Exploitation d?une flotte : les activités en soutien de la gestion d?une flotte de véhicules équipés d?un
système de conduite automatisés en exploitation qui peuvent inclure sans limitation : assurer la
préparation opérationnelle, assigner les véhicules à l?exploitation, autoriser les courses, fournir des
services de gestion de flotte en circulation, servir d?agent responsable auprès des forces de l?ordre,
désengager le système, réaliser la maintenance et les réparations au besoin.
Support auprès des clients : fonctions en support auprès des usagers pour fournir une assistance
avant, pendant et après leur interaction avec les véhicules dont l?objectif est de répondre aux requêtes,
aux problèmes rencontrés et favoriser une expérience positive des usagers.
« Dispatch » : placer un véhicule équipé d?un ADS en état d?exploitation en engageant le système.
Monitoring (gestion) : surveillance continue de l?exploitation des véhicules au-delà de la ligne de
vision.
Assistance à distance : fourniture d?informations ou de conseils par une personne située à distance à
un véhicule afin de faciliter la poursuite de la course lorsque celui-ci est confronté à une situation qu?il
ne peut pas gérer.
5 Automated Vehicle Safety Consortium. 2023. AVSC Best Practice for ADS Remote Assistance Use Case. SAE Industry
Technologies Consortia.
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L?assistance à distance n?inclut aucune tâche de conduite dynamique du véhicule mais peut inclure une
révision du trajet et des tâches. L?assistance à distance n?inclut pas la planification stratégique et les
instructions relatives à la sélection des arrêts et des actions de « dispatch ».
Exemples de fonctions de l?assistance (intervention) à distance :
? Confirmation ou modification du comportement tactique, des plans de manoeuvres,
? Confirmation ou modification des trajectoires planifiées,
? Confirmation / augmentation des classifications d?objets (donner une classe à un objet inconnu
au système, donner du contexte pour la modélisation des mouvements),
? Modifications temporaires des règles de conduite de l?ADS,
? Changement de zone temporaire (zone inaccessible temporairement suite à une intervention
d?urgence).
Conduite à distance : réalisation de l?intégralité de la tâche de conduite par un conducteur à distance,
qui n?est pas assis en position de conduite manuelle mais est capable d?opérer le véhicule. Le
conducteur à distance peut inclure une personne à l?intérieur du véhicule avec le champ de vision ou
au-delà de ce champ de vision.
Un conducteur à distance n?est pas la même personne qu?un « dispatcher ».
Opérations à distance : action de conduite à distance, d?assistance ou de gestion à distance.
Attention situationnelle : perception des éléments de l?environnement, la compréhension de leur
signification et la projection de leur statut dans le futur.
Attention stratégique : fonctions stratégiques impliquant les étapes de planification d?un trajet,
incluant la détermination de l?objectif du trajet, de la route et du choix du véhicule et l?évaluation des
coûts et risques impliqués.
Fonctions tactiques : fonctions délivrées au cours du temps de façon périodique en secondes et
incluant les tâches comme le choix de voie, le dépassement, l?acceptation de l?écart.
Fonctions opérationnelles : fonctions délivrées au cours du temps de façon périodique en
millisecondes et incluant les tâches comme l?action sur les commandes directionnelles (volant) et de
freinage pour éviter une collision.
Comportement tactique : exécution par l?ADS des tâches de court terme comme les manoeuvres et
leur composition, qui sont sélectionnées pour atteindre un objectif de haut niveau (itinéraire planifié)
dans le contexte du modèle de perception.
Déclenchement : événement ou condition qui invite l?ADS à demander un support additionnel auprès
des opérateurs humains ou des assistants dépotés. Les déclenchements sont prédéfinis par des seuils
ou des situations définis par les concepteurs et peuvent être initiés directement par l?ADS, un
utilisateur ou par un autre acteur.
2. Objectifs et fonctions de l?assistance à distance
L?objectif de l?assistance à distance (intervention à distance) est de compléter les capacités du système
de conduite automatisé et d?augmenter les performances globales du système en fournissant des
indications, des suggestions sur les scénarios qui étendent les capacités de la conception.
L?intervention à distance est une des fonctionnalités des opérations à distance.
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Encadré : parallèle avec le cadre français
Les définitions présentées dans le document SAE sont conformes aux concept présentés dans le document
méthodologique sur l?intervention à distance.
Le tableau suivant présente la correspondance des termes.
Concepts SAE 2023 (schéma SAE) Document
méthodologique DGITM
2024 (typologies
d?interactions homme-
machine ? taxonomie
sommaire)
Actions définies
(SAE)
Interactions avec le véhicule et la flotte
Remote operations = ensemble des
fonctionnalités réalisées à distance
Behavioral
awareness
Remote monitoring contrôle par la vision
de l?environnement du
véhicule et de son état
(performances) des
véhicules
Vision à distance (sans
action)
Situational
awareness
réponse aux anomalies
techniques du véhicule
Action consécutive à la
surveillance de l?état du
véhicule
Dispatching = affectation des véhicules sur le
parcours et planification de leurs itinéraires
Planification de
l?exploitation
Strategic awareness
Remote assistance = fournit des ordres et des
informations en temps réel au véhicules dans
certains scénarios spécifiques sans prise en
charge du contrôle dynamique du véhicule
Intervention à distance
(définition réglementaire)
Tactical functions
Remote driving = réalisation de tout ou partie
de la tâche de conduite dynamique par un
conducteur à distance
Conduite à distance Operational
functions
Interactions avec un humain
Customer support = assistance aux passagers
(e.g. un passager oublie ses clefs dans le
véhicule)
Partie de l?exploitation non
considérée dans
l?intervention à distance
pure :
? service d?assistance aux
passagers pendant et a
posteriori
? lien avec les autorités et
les services de secours
? lien avec les autres
usagers de la route
Sans objet
Authorities interactions = interactions avec
les autorités et véhicules prioritaires (forces
de l?ordre et services d?urgence) en cas
d?accident impliquant un ADS
Other road users supports = e.g. un usager de
la route est bloqué par un véhicule stationné
et contact le support à distance
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Formation de l?intervention à distance
Les opérateurs d?intervention à distance doivent recevoir une formation afin d?avoir une
compréhension approfondie sur les aspects opérationnels de l?ADS et les subtilités des interfaces du
système d?intervention à distance.
Exemples de considérations à prendre en compte pour les formations :
? Recevoir à la fois des connaissances conceptuelles et une expériences pratique des
fonctionnalités ADS et des interfaces de l?intervention à distance,
? Le processus de formation doit impliquer un ensemble d?activités d?apprentissage autonome
et conduites par un instructeur,
? Une formation intégrant toutes les compétences et les capacités que l?opérateur est censé
maîtriser,
? Mettre une attention particulière sur la compréhension des comportements de l?ADS et des
éléments de l?ODD, permettant aux opérateurs de répondre à des situations qui dépassent les
capacités de l?ADS,
? Garantir l?attention de l?opérateur vis-à-vis des règles du code de la route, applicables à la zone
de circulation,
? Une formation spécialisée peut aussi inclure les opérateurs à se spécialiser dans des
compétences spécifiques, augmentant leur maîtrise de certains aspects de l?intervention à
distance.
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Annexe 2 : taxonomie de l?hypervision proposée par beti
Construit sur le modèle des niveaux d?automatisation de la SAE, ce schéma propose des niveaux
d?intervention à distance en lien avec l?exploitation d?une flotte dans le cadre d?un service.
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Annexe 3 : taxonomie des tâches distantes proposée par DriveU.auto
Le schéma ci-dessous, publié par DriveU.auto, qui développe une plateforme connectée de supervision
pour l?exploitation de flottes de véhicules automatisés :
Construit sur le modèle des niveaux d?automatisation de la SAE, ce schéma propose des niveaux
d?intervention à distance à partir des capacités allouées à l?opérateur distant.