Contributions du groupe de travail cosmétique
Auteur moral
France.Ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires (2022-...)
Auteur secondaire
Résumé
<p class="MsoNormal">Le document présente la Stratégie Nationale Biodiversité 2030 pour le secteur cosmétique français. Il met en avant les défis et les actions collectives nécessaires pour préserver la biodiversité, incluant la traçabilité des matières premières, l'écoconception, et la réduction des impacts environnementaux. L'objectif est de guider les entreprises vers des pratiques plus durables et respectueuses de la nature.<o:p></o:p></p>
Descripteur Urbamet
nuisance
Descripteur écoplanete
Thème
Environnement - Paysage
;Ressources - Nuisances
Texte intégral
Stratégie
nationale
BIODIVERSITÉ
2030
ROQUELAURE
ENTREPRISES & BIODIVERSITÉ
CONTRIBUTIONS DU GROUPE DE TRAVAIL
COSMÉTIQUE
Stratégie Nationale Biodiversité
Roquelaure Entreprises & Biodiversité
Contribution du Groupe de Travail Cosmétique
Mars 2024
GT cosmétique « Entreprises & Biodiversité » 2
Sommaire
Résumé exécutif .................................................................................................................. 3
Synthèse des actions collectives ....................................................................................... 5
I.Contexte et cadrage des travaux ...................................................................................... 6
II. Comprendre les principaux enjeux nature & biodiversité de la filière cosmétique .... 9
III.Initiatives individuelles : les actions des entreprises de la cosmétique en faveur de
la biodiversité .....................................................................................................................14
IV.Une ambition collective pour démultiplier les actions et faciliter le passage à
l?échelle ...............................................................................................................................18
A. Mesure et Gouvernance ........................................................................................19
Comprendre et prendre en compte les interfaces avec la Nature ...............................19
B. Traçabilité, sourcing & innovation .........................................................................22
Viser la traçabilité de l?ensemble des matières...........................................................22
Diffuser les bonnes pratiques de sourcing durable .....................................................23
Améliorer les pratiques de culture et cueillettes des actifs cosmétiques.....................26
Améliorer les pratiques de culture des commodités agricoles ....................................28
Développer l?innovation pour réduire la dépendance aux matières non durables ou
pétro sourcées ...........................................................................................................30
C. Ecoconception des produits et communication responsable .................................32
Intégrer la biodiversité dans les démarches d?écoconception et la communication ....32
Réduire l?impact des emballages sur la biodiversité ...................................................34
D. Préservation de la nature et contribution positive ..................................................36
Réduire les impacts sur les sites détenus en propre ..................................................36
Déployer des actions de contribution positive : restaurer, régénérer et conserver ......37
V.Conditions de la mobilisation et du passage à l?échelle ..............................................40
GT cosmétique « Entreprises & Biodiversité » 3
Résumé exécutif
Leader mondial, l'industrie cosmétique française bénéficie d'une solide présence locale et d'une forte
ouverture internationale. Ce secteur est confronté à d'importants défis en matière de préservation
des écosystèmes et de la biodiversité, sur le territoire français et au niveau l?international, notamment
dans les pays d'approvisionnement. La biodiversité constitue la principale source d'ingrédients
cosmétiques, cependant le secteur contribue également aux pressions qui s?exercent sur elle,
particulièrement la dégradation des habitats et la surexploitation des ressources.
Consciente de ces interdépendances, la cosmétique française se mobilise pour la préservation de la
biodiversité aux côtés des parties prenantes publiques et privées. Au niveau national, la démarche
"Roquelaure Entreprises & Biodiversité? initiée par le Ministère de la Transition Écologique vise à
accélérer l'engagement des entreprises en faveur de la biodiversité. Dans ce contexte, le groupe de
travail (GT) dédié au secteur cosmétique a collaboré pour définir une ambition commune en la
matière. Cet effort collectif, mené entre décembre 2023 et février 2024, a abouti à un rapport
synthétisant les constats partagés par les membres du GT et les ambitions qu?ils proposent pour
accélérer la mobilisation de l'ensemble du secteur en faveur de la biodiversité.
Le GT a identifié les principaux défis auxquels est confrontée l'industrie cosmétique dans ses relations
avec la nature et la biodiversité. L?analyse des impacts et des dépendances tout au long de la chaîne
de valeur a mis l'accent sur la nécessité d?une collaboration sectorielle pour faire évoluer et permettre
le passage à l?échelle des pratiques agricoles, de l?innovation et des actions de protection et
régénération de la biodiversité. En parallèle, ces actions nécessiteraient un soutien financier et
organisationnel de la part de l?Etat.
Ce document présente les dix ambitions collectives proposées par le GT à l?ensemble de la filière. Ces
ambitions ont été regroupées sous quatre grands thèmes :
A. Mesure &
Gouvernance 1. Comprendre et prendre en compte les interfaces avec la Nature
B. Traçabilité,
approvisionnement &
innovation
2. Viser la traçabilité de l?ensemble des matières
3. Diffuser les bonnes pratiques d?approvisionnement responsables
4. Améliorer les pratiques de culture et cueillettes d?actifs
5. Améliorer les pratiques de culture des commodités agricoles
6. Développer l?innovation pour réduire la dépendance aux matières non
durables ou pétro sourcées
C. Ecoconception
7. Intégrer la biodiversité dans les démarches d?écoconception et la
communication responsable
8. Réduire l?impact des emballages sur la biodiversité
D. Préservation &
contribution positive
9. Réduire les impacts sur les sites détenus en propre
10. Déployer des actions de contribution positive : régénérer, restaurer et
conserver
GT cosmétique « Entreprises & Biodiversité » 4
Ces ambitions et recommandations visent à guider les entreprises du secteur dans leurs choix
stratégiques et à promouvoir une transformation à l'échelle de la filière vers des pratiques
respectueuses de la biodiversité. Pour autant, ce document n?a aucune valeur prescriptive : si le GT
évoque une ambition commune, les objectifs ainsi que les moyens pour les atteindre, restent définis
librement au niveau de chaque entreprise.
Ce document est destiné à être soumis à une consultation auprès d?un panel plus large d?entreprises
du secteur, organisée par le Secrétariat d?Etat à la Biodiversité.
GT cosmétique « Entreprises & Biodiversité » 5
Synthèse des actions collectives
Actions collectives déjà menées par le secteur et propositions du GT cosmétique
Actions collectives existantes Actions collectives proposées
Comprendre et prendre en
compte les interfaces avec la
Nature
Création d?une Fresque de la Cosmétique pour
faciliter le passage à l?action au sein des
entreprises du secteur
Réaliser une étude collective sur la quantification
financière des impacts et dépendances en lien
avec l?analyse de matérialité du secteur.
Viser la traçabilité de
l?ensemble des matières
Consortium TRASCE sur la cartographie des
chaînes d?approvisionnement des principales
matières premières des ingrédients et emballages
Diffuser les bonnes
pratiques de sourcing
durable
Identifications des impacts et risques liés aux
principales matières premières végétales utilisées
et les critères d?achats durables
Recours à des matières premières certifiées
Application de chartes de cueillettes
Réflexion méthodologique sur le sujet des filières
durables et de la transition vers des pratiques
agricoles durables.
Faire reconnaître officiellement les certifications
en les faisant apparaître sur la base de données de
la Commission Européenne
Améliorer les pratiques de
culture et cueillettes d?actifs
Participation à des coalitions et à des programmes
collectifs de préservation
Création d?une interprofession Plantes à Parfum,
Aromatiques et Médicinales
Améliorer les pratiques de
culture des commodités
agricoles
Associer la filière à des initiatives reconnues et
déjà opérantes sur le territoire français pour
accompagner la transition agroécologique des
filières de commodités telles que colza, tournesol
ou betterave
Développer l?innovation
pour réduire la dépendance
aux matières non durables
ou pétro sourcées
Appel à projet afin de permettre d?accélérer la
recherche sur les biotechnologies pour produire en
France des matières premières des substituts à
l?huile de palme
Intégrer la biodiversité dans
les démarches
d?écoconception et la
communication
Les outils d?Affichage Environnemental :
EcoBeautyScore et Green Impact Index.
Évaluation de l?emballage : SPICE
Intégrer la dimension biodiversité dans les
Contrats Climat pour influencer la représentation
de la nature par les consommateurs
Réduire l?impact des
emballages sur la
biodiversité
Consortium Pulp in Action
Consortium Pharma Recharge
Coalition Cosmétiques et Réemploi
Réduire les impacts sur les
sites détenus en propre
Co-construction de plans d?action avec des
associations expertes pour préserver la
biodiversité au sein des sites détenus en propre
Contributions positives :
régénérer, restaurer et
conserver
Cosmétopée : utilisation durable d'ingrédients
naturels, tout en préservant les savoirs
traditionnels, la biodiversité et les populations
autochtones
Réalisation d?un panorama des différents véhicules
de financement de la restauration et la
conservation des écosystèmes pour faciliter le
passage à l?action
GT cosmétique « Entreprises & Biodiversité » 6
I. Contexte et cadrage des travaux
Leader mondial du secteur avec 15% de part de marché, la cosmétique française représente 71
milliards d?euros de chiffres d'affaires et emploie 226.000 personnes1. Elle est à la fois une industrie
solidement implantée dans les territoires et résolument tournée vers l'international.
L?engagement du secteur cosmétique envers la biodiversité
Les entreprises de la cosmétique sont particulièrement confrontées aux enjeux liés à la protection des
écosystèmes et de la biodiversité. Les ressources naturelles qui composent la biodiversité
représentent une grande partie des ingrédients des formules cosmétiques : les commodités agricoles
pour la production d?éthanol, la glycérine et les tensio-actifs utilisés dans les produits de soin, diverses
plantes à parfum, aromatiques et médicinales entrent ainsi dans la composition des actifs botaniques
et des composants parfumés. Au-delà des matières premières d?origine végétale, le secteur
cosmétique est également très dépendant des ressources en eau - essentielle pour l?ensemble du cycle
de vie des produits - et de ressources fossiles et minérales. Symétriquement, les entreprises du secteur
cosmétique contribuent tout au long de leur chaîne de valeur aux pressions qui s?exercent sur la
biodiversité, qu?il s?agisse de la dégradation des habitats, de la surexploitation des ressources, ou des
pollutions de l?air, des sols et de l?eau.
Le secteur cosmétique est ainsi pleinement conscient de ses impacts et de ses dépendances envers la
nature, de l?urgence que représente l?effondrement du vivant au niveau planétaire et déterminé à se
mobiliser de manière collective pour la préservation et l?utilisation durable des ressources naturelles
aux côtés de l?ensemble des acteurs publics, privés et de la société civile2.
Le développement rapide de cadres internationaux de reporting et d?engagement en matière de
biodiversité et une pression réglementaire accrue à l?échelle européenne
Le Cadre Mondial de la Biodiversité de Kunming-Montréal (CMB) adopté en décembre 2022 lors de
la 15ème Conférence des Parties à la Convention sur la Diversité Biologique (CDB) représente un
engagement international crucial en faveur de la biodiversité. Dans un contexte marqué par le déclin
rapide de la biodiversité et des services écosystémiques associés, le CMB vise à stopper et inverser la
courbe d?érosion de la biodiversité en encourageant des actions collectives urgente associant
gouvernements, organisations internationales, société civile et secteur privé. Le cadre se compose
d?une vision et d?objectifs de long terme (à horizon 2050) pour construire une « société en harmonie
avec la nature » et de 23 cibles à atteindre d?ici 2030 : parmi celles-ci figurent notamment des cibles
relatives à la conservation et à la restauration des écosystèmes3, à l?incitation pour les entreprises à
évaluer et communiquer de manière transparente leurs risques, dépendances et incidences sur la
biodiversité, et à la réorientation des flux financiers avec l?élimination des subventions néfastes et
l?augmentation massive des ressources financières pour la biodiversité (y compris les financements
privés).
1 Etude ASTERES (2024) pour Cosmetic Valley
2 La FEBEA a dévoilé en 2021 la raison d?être du secteur cosmétique : ?Prendre soin de vous, respecter la beauté du
monde?.
3 de 30 % des zones terrestres, des eaux intérieures et des zones côtières et marines, la restauration de 30 % des écosystèmes
dégradés
GT cosmétique « Entreprises & Biodiversité » 7
En l?absence d?indicateurs de mesure standards et universellement partagés de la biodiversité,
plusieurs initiatives cohabitent. Les cadres SBTN (Science-Based Targets Network) et TNFD (Taskforce
on Nature-related Financial Disclosures) sont des initiatives majeures visant à aider les entreprises à
transformer leurs business models dans le sens d?une économie plus respectueuse de la nature.
S?appuyant sur les acquis de l'initiative Science-Based Targets (SBTi)4, le réseau SBTN entend appliquer
la même démarche aux enjeux de biodiversité et nature. Le réseau SBTN vise ainsi à accompagner les
entreprises dans l'établissement d'objectifs de réduction de leurs pressions sur la biodiversité,
fondés sur la science. En parallèle, la TNFD, modelée sur la Taskforce on Climate-related Financial
Disclosures (TCFD), cherche à standardiser la divulgation des impacts, dépendances, risques et
opportunités liés à la biodiversité pour les entreprises et les acteurs financiers. Ces cadres s'inscrivent
dans un contexte de prise de conscience croissante des risques physiques, de transition et
systémiques que l'effondrement de la biodiversité fait courir aux équilibres planétaires et ont pour
objectif d?offrir aux entreprises des leviers pour contribuer à la transformation des économies en
faveur de la nature à laquelle le Cadre Mondial nous appelle.
Au niveau européen, la Directive sur le Reporting de Durabilité des Entreprises (CSRD - Corporate
Sustainability Reporting Directive) a pour objectif de structurer les stratégies de durabilité des
entreprises à travers l?ensemble de leur chaîne de valeur. Parmi les ESRS5, la norme ESRS E4 spécifie
les obligations de publication sur le sujet de la biodiversité et des écosystèmes. Cette norme précise
les informations à publier et les méthodes recommandées6. Elle est structurée autour de 3 piliers
d?obligations de divulgation, à interpréter au regard des « exigences d?application » (EA) posées en
Annexe : 1) Stratégie, 2) Gestion des impacts, risques et opportunités et 3) Métriques et cibles. L?ESRS
E4 pose des ambitions et des exigences structurantes pour les reportings biodiversité des entreprises,
avec des attentes particulièrement fortes sur les opérations directes, sans omettre la chaîne de valeur.
En France, l?initiative gouvernementale ?Roquelaure Entreprises & Biodiversité?
Dans ce contexte et à la suite de la publication de la nouvelle Stratégie Nationale pour Biodiversité
pour la période 2022-2030, le gouvernement français entend accélérer la mobilisation des entreprises
pour lutter contre l?érosion de la biodiversité. Le Ministère de la Transition Écologique a ainsi lancé en
novembre 2023 l'initiative « Roquelaure Entreprises & Biodiversité », qui invite les entreprises à
publier des plans d?engagements sectoriels en faveur de la biodiversité.
Dans le cadre de cette initiative gouvernementale, un groupe de travail (GT) dédié au secteur
cosmétique a été constitué afin d?élaborer les grandes lignes d?une ambition commune pour la filière
cosmétique française en matière de biodiversité. Copiloté par Hélène Valade, Directrice
Développement Environnement du Groupe LVMH et Hervé Navellou, Président de L?Oréal France, il
est composé d?une dizaine d?entreprises de différentes tailles, marques et fournisseurs de matières
premières, de représentants du Cabinet du ministère de la transition écologique et du Commissariat
Général du Développement Durable. A la demande du Ministère, la FEBEA en assure le secrétariat, en
collaboration avec le cabinet de conseil I Care by BearingPoint.
4Lancée dans la suite de l?Accord de Paris pour encourager les entreprises à fixer des objectifs de réduction des émissions
de gaz à effet de serre basés sur des données scientifiques.
5 European Sustainability Reporting Standards, ou ?Normes européennes d'information en matière de durabilité?
6 D?autres ESRS se réfèrent explicitement à TNFD et SBTN.
GT cosmétique « Entreprises & Biodiversité » 8
Travaux conduits
Le GT s?est réuni à 5 reprises entre mi-décembre 2023 et fin février 2024. Ces réunions ont permis aux
participants de partager leurs bonnes pratiques et de confronter leurs approches sur différents sujets
clés de la biodiversité, en accord avec le cadre fourni par le Commissariat général au développement
durable (CGDD) : compréhension des interfaces avec la nature, actions individuelles, actions
collectives, possibles ambitions communes et identification des leviers pour accélérer la mobilisation
et le passage à l?échelle.
Les échanges très riches menés lors des réunions ont été nourris par des travaux conduits en amont
des différentes sessions. Certains sujets ont ainsi été travaillés de manière approfondie via des
questionnaires envoyés aux membres du GT ou grâce à des contributions ad-hoc des différents
membres. La tenue des discussions s?est inscrite dans le cadre des règles du droit de la concurrence
qui proscrit l?échange d?informations pouvant être qualifiées de sensibles. Les travaux ont également
été nourris par le contenu du Guide des bonnes pratiques du secteur cosmétique publié par la FEBEA
en 2021 à l?occasion du Congrès mondial de la Nature de l?UICN à Marseille, qui reprend de nombreux
exemples d?actions concrètes menées par le secteur7.
Résultats
Le résultat de ces travaux est un document synthétisant un ensemble de constats partagés et
d?ambitions proposées aux entreprises du secteur par le GT, pour accélérer la mobilisation de la filière
en faveur de la biodiversité. Ces propositions se veulent à la fois pragmatiques et ambitieuses et
entendent refléter la diversité des entreprises et des défis auxquels elles sont confrontées pour
accélérer leur transformation. Le document formule également l'attente et le besoin exprimés par les
membres du GT de politiques publiques ambitieuses, afin de faciliter l?adoption de pratiques agricoles
plus vertueuses en France et à l?international8, de stimuler l?innovation scientifique et
organisationnelle en faveur de filières plus responsables et de valoriser et amplifier les contributions
positives du secteur à la préservation et à l?utilisation durable des ressources de la biodiversité sous
toutes ses formes.
Ce document est destiné à être soumis à une consultation auprès d?un panel plus large d?entreprises
du secteur, organisée par le Secrétariat d?Etat à la Biodiversité.
Liste des entreprises contributrices :
Clarins
Expanscience
Firmenich
Graine de Pastel
Groupe l?Occitane
Groupe Rocher
L?Oréal
LVMH
Pierre Fabre
SEPPIC
SILAB
Sisley
Représentant de la filière :
Cosmetic Valley
Représentant des entreprises :
FEBEA
7 En décembre 2022, en collaboration avec la fédération allemande IKW, une version anglaise du guide enrichie de nouveaux
exemples a été portée à la COP15 de la Convention sur la Diversité Biologique à Montréal.
8 Dont notamment l'agriculture régénératrice, l'agroforesterie et l'agriculture biologique.
GT cosmétique « Entreprises & Biodiversité » 9
II. Comprendre les principaux enjeux nature &
biodiversité de la filière cosmétique
Approche
Les travaux du GT ont permis d?identifier les principaux enjeux de biodiversité de la filière
cosmétique. Du fait des attendus et du calendrier contraint du Roquelaure, les travaux n?ont pas eu
pour objectif de procéder à une identification exhaustive des impacts et dépendances des entreprises
de la filière, mais de dégager un diagnostic partagé des principaux enjeux sur l?ensemble de la chaîne
de valeur, pour construire les ambitions communes de la filière.
Cadrage et définitions
Afin d?identifier les principaux enjeux du secteur, le GT s?est appuyé sur la catégorisation des 5
pressions responsables de l?érosion de la biodiversité élaborée par la Plateforme
intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques
(IPBES) et qui sont les suivantes par ordre d?importance : le changement d?utilisation des terres et des
mers, l?exploitation directe des organismes, les changements climatiques, la pollution et les espèces
exotiques envahissantes9.Pour le travail de compréhension des principaux enjeux nature &
biodiversité de la filière cosmétique, cette catégorisation a été adaptée pour refléter une approche
large de l?enjeu biodiversité, non restreinte au monde vivant et à sa ?variabilité?10 (intraspécifique,
interspécifique et écosystémique), mais incluant les enjeux climat, eau, ressources minérales qui
composent plus largement la « nature » selon la définition fournie par exemple par la TNFD11.
Pour la suite des travaux relatifs aux propositions du Groupe de Travail, il a été décidé de concentrer
l?attention sur le périmètre spécifique de la biodiversité et des écosystèmes tels que définis dans la
norme ESRS E4 de la CSRD. Par conséquent, les recommandations du GT cosmétique excluent les
actions qui concernent la réduction des émissions de GES et la sobriété hydrique - déjà largement
traitées par ailleurs - afin de focaliser les efforts sur les sujets relatifs aux chaînes d?approvisionnement
des matières premières pour les ingrédients et emballages.
9 IPBES (2019): Global assessment report on biodiversity and ecosystem services of the Intergovernmental Science-Policy
Platform on Biodiversity and Ecosystem Services. E. S. Brondizio, J. Settele, S. Díaz, and H. T. Ngo (editors). IPBES secretariat,
Bonn, Germany. 1148 pages. https://doi.org/10.5281/zenodo.3831673
10 Dans le texte de la Convention sur la Diversité Biologique de 1992, la biodiversité est définie comme la ?variabilité des
organismes vivants de toute origine y compris [...] les écosystèmes terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques, [...]
les complexes écologiques dont ils font partie, [et] la diversité au sein des espèces et entre espèces ainsi que celle des
écosystèmes.?
11 Plus polysémique, le concept de nature fait l?objet d?une définition dans le cadre des travaux de la TNFD : elle est entendue
comme ?quatre domaines ? la Terre, l?Océan, l?Eau douce et l?Atmosphère, [qui] fournissent un point d?entrée pour
comprendre la dépendance des organisations et des personnes vis-à-vis du capital naturel et de leur impact sur celui-ci?
[https://tnfd.global/wp-content/uploads/2022/03/TNFD-Beta-launch-Ex-summary-FR.pdf].
GT cosmétique « Entreprises & Biodiversité » 10
Méthodologie
L?exercice de priorisation a été réalisé principalement à dire d?expert12: les entreprises membres ayant
réalisé des travaux parfois très approfondis pour l?identification de leurs impacts, les résultats de ces
travaux ont pu être remontés pour nourrir le diagnostic collectif.
Ces éléments ont été complétés par des éclairages fournis par le WWF France, qui a souhaité soutenir
les travaux du GT en appliquant au secteur cosmétique l?outil Materiality Screening Tool (MST)
développé par l?initiative Science-based Targets for Nature13 (SBTN).
Ce diagnostic a été enrichi par une rapide revue documentaire, qui a permis de prendre en compte les
enseignements de certains rapports clés. Parmi ces derniers, il faut notamment citer les publications
du World Economic Forum « Nature Positive : Role of the Household and Personal Care Products
Sector » (septembre 2023) et « Sector Transitions to Nature Positive : Deep Dive on beauty and
Biodiversity » de l?UEBT (2023).
Enfin, il est à noter que la question des dépendances a été moins approfondie.
Principaux enjeux
Comme toute activité économique, la filière cosmétique contribue, à divers degrés, aux pressions qui
s?exercent sur la biodiversité, telles que définies par l?IPBES. Les contributions des membres du GT
ont permis de préciser certaines spécificités du secteur. En complément, l?utilisation de l?outil MST
avec l?appui du WWF a permis d?identifier les activités économiques qui, dans la chaîne de valeur de
la filière, engendrent les impacts les plus matériels.
Les paragraphes suivants dressent un panorama de ces impacts.
Le changement d'utilisation des terres et des mers
Le changement d'utilisation des terres et des mers14 est la première cause de perte de biodiversité au
niveau mondial d?après l?IPBES. Le secteur cosmétique peut avoir un impact sur la dégradation des
écosystèmes terrestres, notamment à travers l?utilisation et la transformation des terres associées à
la production des matières premières d?origine agricole, entrant dans la composition des ingrédients
ou des emballages.
? Dans ce contexte, le GT a identifié les impacts associés aux grandes commodités agricoles telles
que l?huile de palme et l?huile de coco - la monoculture de palmiers à huile et de noix de coco
étant associées à la déforestation notamment en Asie du Sud-Est. L?huile de palme, sous sa
12 Sur la base des perceptions et analyses partagées par les membres du GT.
13 S'appuyant sur la dynamique de l'initiative Science Based Target (SBTi) lancée en 2015, les principaux partenaires
fondateurs de SBTi (des ONG dont le WWF et des entreprises à missions) ont établi le Science Based Targets Network en
2019 pour s'attaquer à la perte de biodiversité. Cet effort collaboratif vise à aider les entreprises ainsi que les villes à fixer
des objectifs pour la nature fondés sur la science, entendus comme "des objectifs mesurables, actionnables et limités dans
le temps, fondés sur la meilleure science disponible, qui permettent aux acteurs de s'aligner sur les limites planétaires et les
objectifs de durabilité de la société."
14 L?IPBES précise que ?dans les écosystèmes terrestres et d?eau douce, le changement d?utilisation des terres est le facteur
direct ayant eu l?incidence relative la plus néfaste sur la nature depuis 1970 - la forme la plus répandue [étant] l?expansion
agricole [qui] s?est principalement faite aux dépens des forêts (en grande partie des forêts tropicales primaires), des zones
humides et des prairies.? (IPBES 2019)
GT cosmétique « Entreprises & Biodiversité » 11
forme brute ou via des dérivés, est ainsi utilisée dans environ 70% des produits de beauté et
d?hygiène15. Plus largement, la demande croissante de formules cosmétiques à base
d?ingrédients biosourcés et naturels16 peut entraîner la conversion de terrains précédemment
dédiés à l'agriculture vivrière ou conservés dans leur état naturel, en monocultures dédiées à
la production d'huiles ou d'extraits végétaux. Concernant les emballages, le GT a également
identifié les impacts de la déforestation associés à l?utilisation de fibres cellulosiques, avec des
risques de conversion d'écosystèmes naturels en plantations forestières pour la production de
bois à pulpe.
? En l?absence de mesures de contrôle, l?augmentation du recours aux matières premières
naturelles pourrait contribuer à aggraver la tension engendrée par l?exploitation des sols,
avec une intensification de la concurrence pour l?usage des terres.
Exploitation des ressources
L?exploitation des ressources, entendue comme l?exploitation directe des organismes qui composent
la biodiversité, est la deuxième cause de perte de biodiversité au niveau mondial d?après l?IPBES17. Si
ce sont surtout la pêche, l?exploitation d?espèces de bois et, dans une moindre mesure, la chasse qui
sont visées par l?IPBES, la récolte d?espèces sauvages constitue un facteur de pression non
négligeable, comme le montre son récent rapport d?évaluation dédié au sujet18. Cette surexploitation
peut également toucher les ressources en eau, les ressources minérales etc., qui engendrent de
nombreux impacts indirects sur la biodiversité. Dans la mesure où il fait appel à une grande variété de
ressources naturelles renouvelables (dont des matières premières issues d?espèces sauvages) et
non-renouvelables, le secteur cosmétique est spécifiquement concerné par cet enjeu. Les
paragraphes suivants détaillent ces pressions :
x Exploitation directe des organismes : La pression exercée par la récolte d?espèces sauvages
concerne directement la cosmétique, afin d?obtenir un certain nombre d'actifs botaniques. La
valeur commerciale mondiale des plantes médicinales et aromatiques a augmenté de plus de
75% au cours des deux dernières décennies19. L?exploitation intensive de certaines ressources
botaniques précieuses peut entraîner une surexploitation des espèces, qui menace leur survie
dans la nature. Il s?agit par exemple du cas de l?encens et du jatamansi, du genévrier, de l?argan,
du karité ou du candellila.
x Exploitation de matières premières non renouvelables : Certains ingrédients cosmétiques,
tels que les pigments minéraux et les colorants métalliques, sont extraits de ressources
minérales comme le mica, le talc, le zinc, le fer et le titane. L'extraction minière de ces
15 Voir UEBT (2023). Sector Transitions to Nature Positive: Deep Dive on Beauty and Biodiversity. Ce chiffre doit cependant
être mis en perspective avec les grands secteurs de destination de l?huile de palme, utilisée à 80 % pour l?alimentaire (vs
10% pour la cosmétique) au niveau mondial et à 49 % pour l?alimentaire et à 34% pour les biocarburants au niveau de l?UE.
(Source : Ministère de Transition Écologique)
16 Les ingrédients biosourcés et naturels sont tous les deux issus de matières naturelles mais on parle de matières biosourcés
pour celles qui ont subi un certain degré de transformation chimique, versus des sources naturelles utilisées sans modification
significative.
17 L?IPBES précise que ?l?exploitation directe, et en particulier la surexploitation, des animaux, des plantes et d?autres
organismes (collecte, exploitation forestière, chasse et pêche) [est le deuxième] facteur direct ayant eu l?incidence relative la
plus néfaste depuis 1970? pour les écosystèmes terrestres et d?eau douce et le premier dans écosystèmes marins
(principalement la pêche).
18 Voir IPBES (2023). Thematic Assessment Report on Invasive Alien Species and their Control of the Intergovernmental
Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services.
19 Schindler, C., Heral, E., Drinkwater, E., Timoshyna, A., Muir, G., Walter, S., Leaman, D.J. and Schippmann, U. 2022. Wild
check - Assessing risks and opportunities of trade in wild plant ingredients. Rome, FAO.
https://www.fao.org/3/cb9267en/cb9267en.pdf
https://www.fao.org/3/cb9267en/cb9267en.pdf
GT cosmétique « Entreprises & Biodiversité » 12
minéraux peut entraîner des dommages environnementaux, y compris la dégradation des sols,
la pollution de l'eau et la destruction des habitats naturels. De plus, la production des
matériaux d?emballage nécessite des ressources naturelles telles que le sable ou le bois. Enfin,
la fabrication de produits cosmétiques est dépendante de ressources fossiles pour certains
ingrédients (huiles minérales ou glycérine par exemple) ou des emballages en plastique.
x Exploitation des ressources en eau : Les produits cosmétiques sont extrêmement dépendants
des ressources en eau, à toutes les étapes du cycle de vie des produits. L?eau est souvent le
premier ingrédient des formules, une des principales commodités dans les processus
industriels et indispensable à l?utilisation de nombreux produits d?hygiène. La chaîne
d?approvisionnement des cosmétiques peut également altérer la qualité de l?eau, polluée par
des produits chimiques ou des particules solides, tels que les plastiques issus des emballages
ou les intrants chimiques pour les productions agricoles dont sont issus de nombreux
ingrédients.
Changement climatique
Le changement climatique20 est la troisième cause de perte de biodiversité au niveau mondial d?après
l?IPBES. Comme toute autre activité humaine, le secteur cosmétique émet lui aussi des gaz à effet de
serre (GES) tout au long de sa chaîne de valeur et contribue à cette pression.
x En amont de la chaîne d?approvisionnement, la production de certains ingrédients nécessite
des processus d?extraction parfois intensifs en énergie. Les procédés de fabrication des
ingrédients nécessitent l?utilisation d?équipements pour chauffer ou refroidir les installations.
Le transport des matières premières et produits finis, notamment par fret aérien, est une
source importante d?émission de GES.
x En ce qui concerne les emballages, la production de matériaux tels que le verre, l?aluminium
ou l?acier sont très émetteurs de GES. Le plastique contribue également au changement
climatique à travers tout son cycle de vie.
x La phase d?usage des produits rincés émet également des GES à travers le chauffage de l?eau
sanitaire, l?utilisation des produits représentant au global 45% du scope 3 du bilan carbone des
entreprises21.
Pollutions plastique et chimique
Les pollutions de l?air, de l?eau et des sols sont la quatrième cause de perte de biodiversité au niveau
mondial d?après l?IPBES22. Le secteur cosmétique est concerné par cet enjeu tout au long du cycle de
vie des produits, depuis l?amont agricole et extractif jusqu?aux phases de distribution et d?utilisation,
en passant par la fabrication.
20 Comme le précise l?IPBES, ?les changements climatiques sont un facteur de changement direct qui exacerbe de façon
croissante l?impact d?autres facteurs sur la nature et le bien-être humain? (Source : IPBES 2019).
21 Etude FEBEA ? Carbone 4 (2023)
22 Comme le précise l?IPBES, ?bien que les tendances au niveau mondial soient variées, la pollution de l?air, de l?eau et du sol
continue d?augmenter dans certaines régions. La pollution marine par les plastiques, en particulier, a été multipliée par dix
depuis 1980, affectant au moins 267 espèces, dont 86 % des tortues marines, 44 % des oiseaux marins et 43 % des
mammifères marins. [De plus], les déchets urbains et ruraux non traités, les polluants issus de l?activité industrielle, minière
et agricole, les déversements d?hydrocarbures et les décharges sauvages de déchets toxiques ont des effets désastreux sur
les sols, la qualité des eaux douces et marines, et l?atmosphère.? (Source : IPBES 2019)
GT cosmétique « Entreprises & Biodiversité » 13
x Les emballages cosmétiques représentent 5% du total des emballages plastiques mis sur le
marché en France23. Lorsque les infrastructures de gestion sont absentes ou insuffisantes, les
emballages cosmétiques peuvent, comme les autres emballages en plastique, se retrouver
sous forme de déchets dans des milieux naturels. S?ils ne sont pas collectés, ils se dégradent
lentement en microplastiques et peuvent contaminer les organismes de ces milieux.
x Concernant la formulation, la réglementation s?est considérablement renforcée sur
l?utilisation de nombreuses substances et les acteurs développent des formules plus
biodégradables. Certains ingrédients, comme certains filtres solaires, ont un impact important
sur la faune marine.
x Les risques de pollution sont également présents en amont de la chaîne, notamment à travers
les usages de produits phytosanitaires pour les cultures, ou lors des phases industrielles de
transformation.
Espèces exotiques envahissantes
La pression associée aux espèces exotiques envahissantes est moins bien connue mais identifiée par
l?IPBES comme le 5ème facteur majeur d?érosion de la biodiversité24. Ce GT n?a pas permis d?identifier
sur ce sujet d?impacts attribuables au secteur cosmétique autres que ceux, génériques, liés au
transport international.
23 Guide 4R des emballages de l?hygiène-beauté, CITEO (2022)
24 Comme le précise l?IPBES, ?la présence cumulative d?espèces exotiques s?est accrue de 40 % depuis 1980, et est associée à
l?intensification des échanges commerciaux ainsi qu?à la dynamique et aux tendances démographiques. Près du cinquième
de la surface terrestre est menacé par des invasions végétales et animales nuisibles aux espèces endémiques, aux fonctions
écosystémiques et aux contributions de la nature aux populations, ainsi qu?à l?économie et à la santé humaine.?
GT cosmétique « Entreprises & Biodiversité » 14
III. Initiatives individuelles : les actions des
entreprises de la cosmétique en faveur de
la biodiversité
Périmètre
Comme précisé précédemment, le GT cosmétique a fait le choix de focaliser ses travaux sur le
périmètre de la norme ESRS E4 « Biodiversité et écosystèmes », c'est-à-dire en ne considérant pas
les actions qui concernent la réduction des émissions de gaz à effet de serre, la sobriété hydrique ou
la réduction des pollutions. Sans négliger l?importance des autres facteurs d?érosion de la biodiversité,
ce choix a permis une définition plus précise du périmètre d'étude, une utilisation plus efficace du
temps disponible et une meilleure cohérence des résultats. Cette approche ciblée a également permis
d'approfondir les réflexions sur les chaînes d'approvisionnement des matières premières et des
emballages, offrant ainsi des recommandations plus pertinentes pour aborder les enjeux spécifiques
liés à la biodiversité dans l'industrie cosmétique.
Aperçu des initiatives individuelles
Les entreprises de la cosmétique sont fortement impliquées sur les enjeux de biodiversité et nature,
et leurs actions révèlent un certain degré de maturité. Leurs actions s?orientent autour de quatre
grands axes : 1) mesure des impacts environnementaux et de l?empreinte biodiversité, 2) mise en place
de filières d?approvisionnement responsables, 3) réduction des impacts et restauration des espaces
naturels et 4) écoconception, recherche et innovation. L?étude FEBEA « Biodiversité - les bonnes
pratiques du secteur cosmétique »25, sur laquelle s?appuie ce bref aperçu offre un panorama bien plus
complet et plus riche des actions mises en oeuvre par les entreprises.
Mesure des impacts environnementaux et de l?empreinte biodiversité
Les acteurs sont très nombreux à mesurer l?impact environnemental et parfois spécifiquement
l?empreinte biodiversité de leurs matières premières, de leur portefeuille de produits ou de leurs
activités à un niveau plus large. De nombreuses méthodes cohabitent et les approches varient, en
combinant souvent des analyses globales à des analyses conduites une échelle plus granulaire, voire
locale. Malgré sa complexité, le Global Biodiversity Score26 (GBS - développé par la CDC Biodiversité)
est déployé par quelques acteurs pour évaluer de manière quantitative l?empreinte biodiversité de
leur organisation. Des analyses plus spécifiques sont également réalisées à partir de bases de données
de référence telles que :
x Des outils cartographiques tels que le Global Forest Watch (GFW), la World Database on
Protected Areas (WDPA) ou le Integrated Biodiversity Assessment Tool (IBAT) ;
x Des bases de données statistiques comme FAO Stats ;
25 https://www.febea.fr/etudes-et-rapports/guide-biodiversite-bonnes-pratiques-du-secteur-cosmetique
26 https://www.cdc-biodiversite.fr/le-global-biodiversity-score/
GT cosmétique « Entreprises & Biodiversité » 15
x Des classifications d?espèces comme les Annexes de la CITES pour les espèces dont le
commerce international est réglementé ou la Liste rouge des espèces menacées de l?UICN ;
x Différentes bases de données utilisées en analyse de cycle de vie telles que ASKOR (développé
par EVEA) ou Ecoinvent database ;
x Des bases de données sectorielles comme celles du International Aluminium Institute.
Les acteurs utilisent également des outils tels que ENCORE27 ou l?IIEB28 (Indicateur d?Interdépendance
de l?Entreprise à la Biodiversité - développé par Orée) pour une évaluation qualitative de leur
empreinte.
Actions sur l?approvisionnement en matières premières
Une grande variété de matières premières est utilisée dans la fabrication des ingrédients des produits
de beauté. Le travail sur la durabilité des chaînes d?approvisionnement constitue ainsi un axe phare
des actions des entreprises :
Afin de garantir un approvisionnement responsable et de préserver les écosystèmes et la biodiversité,
les entreprises cosmétiques sélectionnent des matières issues de l?agriculture biologique ou de
l?agroécologie, des matières certifiées qui garantissent l?absence de déforestation, privilégiant des
matières premières non menacées29 et non surexploitées. Les matières premières doivent répondre
à des exigences de traçabilité, de respect des Droits de l?Homme et de conformité avec le Protocole
de Nagoya. Plusieurs acteurs se sont ainsi engagés sur différentes trajectoires telles que 100% de
matières premières biosourcées issues de ressources durables ou de la non-conversion des sols.
Les acteurs s'engagent donc activement dans l'amélioration de la durabilité de leurs filières
d'approvisionnement en ressources naturelles en adoptant une approche holistique et proactive, à
travers des initiatives visant à favoriser des pratiques agricoles responsables ainsi que le soutien aux
communautés locales pour une gestion durable des ressources. A cette fin, les entreprises
cosmétiques mettent en place des partenariats stratégiques avec les fournisseurs pour garantir la
traçabilité et la transparence tout au long de la chaîne d'approvisionnement. Elles accompagnent
également leurs fournisseurs en leur apportant un soutien technique sur la mise en place de bonnes
pratiques de culture ou en permettant d?améliorer les techniques de première transformation de la
matière végétale, par exemple en équipant une coopérative d?un alambic de distillation qui permet
d?épargner au moins 90% du bois traditionnellement brûlé pour extraire l?huile essentielle des fleurs
d?Ylang, en remplaçant le combustible par des briquettes de biomasse.
Les plans d?action concernent des filières en France comme à l?international. Parmi quelques
ressources naturelles qui bénéficient de plans de protection des écosystèmes ou d?accompagnement
des producteurs, on peut citer la lavande de Provence, la culture de la betterave en agroécologie,
l?argan du Maroc ou la Centella asiatica aux Comores. La filière du karité est par exemple un modèle
de développement durable qui concilie protection de l'environnement et développement socio-
économique : les arbres de karité, endémiques à l?Afrique de l'Ouest, sont souvent cultivés en
agroforesterie, favorisant ainsi la biodiversité et la préservation des sols. La récolte et le traitement
27 https://www.encorenature.org/en
28 http://www.oree.org/indicateur-d-interdependance-de-l-entreprise-a-la-biodiversite.html
29 Notamment à travers le respect de la Convention sur le commerce international des espèces de
faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES) qui a pour but de veiller à ce que le
commerce international des spécimens d'animaux et de plantes sauvages ne menace pas la survie
des espèces auxquelles ils appartiennent.
https://fra01.safelinks.protection.outlook.com/?url=https%3A%2F%2Fwww.encorenature.org%2Fen&data=05%7C02%7Cslumbers%40febea.fr%7C1b106e0149674bcdbc1f08dc106d2391%7Ca4a3ef1c2ccc42c5b07aef4ca4c376c1%7C0%7C0%7C638403308151542567%7CUnknown%7CTWFpbGZsb3d8eyJWIjoiMC4wLjAwMDAiLCJQIjoiV2luMzIiLCJBTiI6Ik1haWwiLCJXVCI6Mn0%3D%7C3000%7C%7C%7C&sdata=%2BMvNo%2F%2Fjgc3ldDsX1%2Bx7Sdrub%2BCdbhj0s%2FU%2BQE9O5OE%3D&reserved=0
GT cosmétique « Entreprises & Biodiversité » 16
des noix de karité impliquent principalement des communautés locales, offrant des opportunités
d'emploi et de revenus, en particulier aux femmes rurales.
Des efforts sont également déployés pour améliorer les pratiques de cueillette de plantes sauvages,
notamment en privilégiant le prélèvement d?espèces non surexploitées et non menacées (selon la liste
rouge de l?UICN) et en prêtant une attention particulière aux espèces inscrites aux Annexes de la CITES.
Un soutien technique peut également être dispensé aux cueilleurs et des programmes de reforestation
et de protection des habitats peuvent être mis en place. L?approvisionnement des plantes est ainsi
réalisé de manière à favoriser le développement économique des producteurs et le respect des
savoirs traditionnels issus de la biodiversité, en conformité avec les principes du Protocole de
Nagoya. Les espèces botaniques à l?origine des matières premières biosourcées qui présentent de forts
enjeux liés à la biodiversité (espèce menacée ou impact de la production sur les milieux naturels) font
l?objet de plans d?action spécifiques engagés avec les fournisseurs et bénéficient, si nécessaire, de
l?appui systématique de tiers externes indépendants, afin de gérer les impacts réels sur les territoires
d?origine des ingrédients.
Préservation et régénération sur les territoires et sites en propre
Les acteurs de la cosmétique s?engagent pour la préservation et la régénération de la biodiversité sur
leurs territoires et sites détenus en propre, ainsi qu?en dehors de leur chaine de valeur.
? Au niveau des sites détenus en propres, le foncier peut ainsi bénéficier d?une gestion
raisonnée (fauchage tardif, zéro pesticide, toits végétalisés, parkings enherbés, inventaires
botaniques) ou alimenter des réservoirs écologiques favorables au maintien des habitats
naturels et au développement de la biodiversité. Dans ce contexte, des acteurs s?engagent
pour réduire l?empreinte au sol des bâtiments et réhabiliter des sites existants plutôt que
d?artificialiser de nouvelles surfaces.
? Les acteurs du secteur s?engagent également dans des programmes de protection, de
plantations, de réhabilitations ou de création d?aires protégées et de jardins expérimentaux
qui permettent de tester des techniques avant de les déployer à plus grande échelle.
? Certains acteurs réalisent également des actions de mécénat visant à restaurer ou conserver
des écosystèmes sensibles tels que les haies, les mangroves ou les zones humides. Au-delà des
actions philanthropiques, certaines entreprises s?engagent également dans le financement
d?activités de restauration ou de conservation à grande échelle, via des fonds
d?investissements à impact. Les entreprises de la cosmétique sont ainsi impliquées dans de
nombreux projets à travers le monde (Madagascar, Maroc, Brésil, Vietnam, etc.) tout autant
que sur le territoire français.
Ecoconception, recherche et innovation
Les acteurs de la cosmétique s?engagent également en faveur de la nature en activant les leviers de
l?écoconception, de la recherche et de l?innovation :
L?écoconception vise ainsi à réduire dès leur conception les impacts environnementaux des formules
(accroître la biodégradabilité et la non-toxicité) et des emballages (réduction, substitution des
matériaux, réemploi, recyclabilité).
GT cosmétique « Entreprises & Biodiversité » 17
La recherche et l?innovation permettent d?investir dans la chimie verte30, pratiquer l?upcycling,
recourir aux biotechnologies, ou financer des programmes de recherche. Depuis 10 ans, près de 150
projets collaboratifs public-privé pour développer des actifs upcyclés ou issus de matières premières
végétales ont été accompagnés et labellisés par Cosmetic Valley : 36 de ces projets sont en cours pour
un montant total de 100 M¤.
Limites de l?action individuelle
Au-delà de ces engagements et actions, à l?échelle d?une seule entreprise la capacité à transformer les
chaînes de valeur est limitée, surtout au vu des faibles volumes que représente le secteur de la
cosmétique par rapport à l?industrie agroalimentaire ou encore à celui des biocarburants, notamment
pour les grandes cultures de commodités (palme, coco, colza par exemple).
La coopération collective devient alors clé pour déployer les pratiques et projets nécessaires dans
l?ensemble de la filière, accélérer le passage à l?échelle et diffuser la connaissance nécessaire pour
véritablement transformer les pratiques à travers l?ensemble de la filière.
30 La chimie verte est un domaine de la chimie qui vise à concevoir et à développer des processus
chimiques et des produits qui réduisent ou éliminent l'utilisation et la production de substances
nocives pour l'environnement et la santé humaine.
GT cosmétique « Entreprises & Biodiversité » 18
IV. Une ambition collective pour démultiplier
les actions et faciliter le passage à l?échelle
La portée et la complexité des défis environnementaux et sociaux auxquels est confronté le secteur de
la cosmétique exigent des mesures audacieuses et collectives. Car les actions isolées ou fragmentées
ne suffisent pas à engager des changements significatifs et durables, il est essentiel de déployer des
efforts collectifs, afin de permettre un véritable passage à l?échelle à travers :
x La mise en commun des ressources et des efforts entre les acteurs de l'industrie : en unissant
leurs forces, les entreprises, les fournisseurs, les gouvernements, les organisations non
gouvernementales et d'autres parties prenantes peuvent partager les meilleures pratiques,
optimiser l'utilisation des ressources disponibles et créer des synergies qui favorisent
l'innovation et l'efficacité.
x La mutualisation de certains investissements nécessaires pour la recherche et le
développement de nouvelles technologies, l?expérimentation de nouveaux modèles et
pratiques, l'amélioration des techniques de production et la formation des collaborateurs, les
entreprises peuvent faciliter et accélérer la transition vers des modèles plus durables.
x Enfin, la définition d?objectifs communs pour renforcer l'engagement des parties prenantes
et favoriser une culture de responsabilité partagée au sein du secteur. Cela permet de créer
un élan positif qui encourage d'autres acteurs à rejoindre le mouvement et contribue à
développer un environnement propice à l'innovation et à la durabilité à long terme.
Les actions collectives peuvent prendre plusieurs formes, selon le degré de collaboration entre les
acteurs et les ressources mises en commun :
x Le développement d?outils et des projets de sensibilisation peuvent permettre aux entreprises
de toute taille de mieux mesurer les impacts et dépendances à la biodiversité et leur prise en
compte dans leurs stratégies.
x D?autres actions s?inscrivent dans la démultiplication des démarches entreprises à l?échelle
individuelles.
x Enfin, le secteur a également pour ambition de mutualiser les ressources pour agir de manière
collective et accélérer sa transition environnementale.
Les actions collectives identifiées doivent également permettre de préserver un cadre concurrentiel
sain et se conformer aux règles en vigueur en la matière. A ce titre, si le GT évoque une ambition
commune, les objectifs, ainsi que les moyens pour les atteindre, restent fixés librement au niveau de
chaque entreprise, sauf mention d?un cadre contraignant adressé par la Loi ou un Règlement
européen.
Les paragraphes qui suivent formulent 10 ambitions collectives correspondant aux leviers d?action
identifiés à travers les échanges et réflexions du Groupe de Travail. Elles ont été regroupées autour de
4 thèmes : A) mesure & gouvernance, B) traçabilité, sourcing & innovation, C) démarche
d?écoconception, et D) préservation & contribution positive.
GT cosmétique « Entreprises & Biodiversité » 19
Il appartiendra aux entreprises du secteur de s?approprier ces recommandations pour décider des
engagements et des plans d?actions qu?elles souhaiteront mettre en oeuvre.
A. Mesure et Gouvernance
Comprendre et prendre en compte les interfaces avec la Nature
Les impacts sur la biodiversité sont souvent moins bien compris et mesurés que les émissions de GES,
bien que l?effondrement de la biodiversité soit un enjeu tout aussi critique que celui du réchauffement
climatique. Une des raisons en est la complexité intrinsèque des enjeux biodiversité : mesure multi-
échelles, absence de métrique unique, etc. De plus en plus, des outils et des cadres se développent
pour accompagner les entreprises dans des démarches basées sur la science (TNFD, SBTN). En
parallèle, la réglementation européenne pousse également à intégrer ces impacts et dépendances
dans les modèles d?affaires, notamment à travers la CSRD.
Par ailleurs, la mesure des impacts sur la biodiversité ne doit pas être une condition préalable pour le
passage à l?action : il est nécessaire d?adapter l?ambition d?objectifs chiffrés aux ressources matérielles
et humaines dont disposent les entreprises.
Ainsi, Il est essentiel que les entreprises de la filière collaborent pour accélérer sur ce sujet, de manière
adaptée à leurs moyens humains et financiers. Une sensibilisation à ces questions apparaît
indispensable pour que les sujets de biodiversité soient intégrés dans les stratégies de l?ensemble des
acteurs économiques.
Ambition collective n°1 proposée par le GT
« Le GT invite toutes les entreprises de la filière à avancer dans la
compréhension de leurs impacts et dépendances vis-à-vis de
biodiversité et des risques et opportunités associés tout au long
de la chaîne de valeur, au moyen d?approches rigoureuses adaptées
à leur taille et à leurs moyens.
Le GT recommande particulièrement aux grandes entreprises de la
filière d'adopter des approches d?identification et de pilotage de
leurs impacts sur la nature basées sur la science tels que TNFD,
SBTN, etc. »
Mise en oeuvre
Afin de traduire concrètement l?ambition formulée ci-dessus, le GT propose les actions suivantes :
1. Impliquer et sensibiliser à tous les niveaux des entreprises
GT cosmétique « Entreprises & Biodiversité » 20
Le GT cosmétique souscrit aux recommandations formulées par le Groupe de Travail transverse
« Gouvernance » sur l?importance centrale d?impliquer les organes de décision des entreprises dans
l?identification des impacts, risques et opportunités liés à la biodiversité et leur intégration à la
stratégie.
Une sensibilisation forte des collaborateurs est également essentielle pour permettre aux entreprises
de mieux appréhender l'importance de la biodiversité et les avantages de sa prise en compte dans
leurs stratégies, en connexion avec la directive CSRD. Afin de partager un socle de connaissance
commun entre acteurs, les fédérations professionnelles auront un rôle à jouer dans la proposition de
webinaires, conférences ou guides de bonnes pratiques sur le sujet de la biodiversité et sa prise en
compte dans les stratégies des entreprises.
La FEBEA et ses adhérents développent notamment une « Fresque de la cosmétique responsable » qui
mettra en avant des pistes d?action concrètes pour différents métiers du secteur et qui laisse une
grande place aux enjeux liés à la biodiversité. Cet outil pédagogique est destiné à être diffusé à travers
les entreprises de la filière pour faciliter la compréhension des enjeux et le passage à l?action.
Les entreprises sont aussi encouragées à investir dans des programmes de formation plus approfondis
et spécialisés sur les enjeux biodiversité pour certains de leurs collaborateurs. Une compréhension
approfondie des enjeux spécifiques à leur domaine d'activité ainsi que des outils et des techniques
nécessaires pour intégrer efficacement ces considérations dans leurs décisions et processus
opérationnels sont à diffuser le plus largement possible.
2. Développer des outils ou produire des données spécifiques au secteur
Plusieurs acteurs sont déjà impliqués dans la mise en oeuvre de cadres méthodologiques de référence
tels que la TNFD ou le SBTN, via différents pilotes.
Le GT recommande d?utiliser des outils ou produire des données spécifiques au secteur qui
permettront aux entreprises d?objectiver leurs impacts, risques et dépendances à la biodiversité. Ces
outils devront être adaptés en fonction des capacités, besoins et ressources des entreprises. Une
plateforme « Entreprises et biodiversité » est notamment en construction sous l?impulsion de
l?association Orée et l?OFB. Elle sera lancée en mai 2024 et sera adaptée à toutes les tailles
d?entreprises y compris les PME ; et pourra servir de base à un outil dédié au secteur si cela s?avérait
nécessaire.
Action proposée par le GT
Réaliser une étude collective sur la quantification financière des risques et opportunités associés aux
impacts et dépendances liés à la biodiversité. Cette étude pourrait fournir aux entreprises du secteur
des données tangibles pour évaluer les risques financiers liés à leurs activités et stimuler l'adoption
de modèles commerciaux plus responsables.
Ce travail sera à réaliser en lien avec l?analyse de double matérialité sectorielle menée par la FEBEA
au premier semestre 2024, destiné à faciliter la mise en oeuvre de la CSRD pour les entreprises de la
GT cosmétique « Entreprises & Biodiversité » 21
cosmétique. Elle prendra donc en compte les enjeux identifiés par les différentes parties prenantes
du secteur, telles que les associations environnementales ou les associations de consommateurs.
3. Fixation d?objectifs et de trajectoires basées sur la science
Le GT encourage les grandes entreprises à se fixer des objectifs et trajectoires biodiversité basés sur la
science : les entreprises qui possèdent les ressources matérielles et humaines de le faire sont
encouragées à prendre des engagements en termes de trajectoire biodiversité, alignée avec l?accord
de Kunming-Montréal, et adossés à des cadres de reporting basés sur la science, tels que la TNFD,
SBTN, GRI ou Business for Nature.
Toutes les entreprises sont encouragées à mettre en place et à communiquer un plan d?action en
faveur de la biodiversité, par exemple en rejoignant le programme Entreprises Engagées pour la Nature
de l?OFB (Office Français de la Biodiversité).
GT cosmétique « Entreprises & Biodiversité » 22
B. Traçabilité, sourcing & innovation
Le caractère responsable de l?utilisation des matières premières peut se matérialiser à travers 5 grands
axes de travail : la traçabilité, la mise en oeuvre de bonnes pratiques d?approvisionnement, les
pratiques agricoles et de cueillette, l?innovation.
Viser la traçabilité de l?ensemble des matières
Suivre de manière transparente les chaînes d?approvisionnement cosmétiques, souvent longues et
complexes, est un préalable incontournable à la définition de plans de progrès pertinents.
La traçabilité facilite la mise en place de mesures visant à réduire l'impact socio-environnemental des
produits cosmétiques en identifiant précisément l'origine des matières premières. Les réglementations
telles que le Règlement déforestation et la Directive Devoir de vigilance imposent aux entreprises des
obligations spécifiques en matière de transparence et de responsabilité tout au long de leur chaîne
d'approvisionnement, incitant ainsi à une gestion plus responsable des ressources naturelles et à un
respect accru des droits humains.
Ambition collective n°2 proposée par le GT
« Les entreprises de la filière s?engagent à se mobiliser pour améliorer
la traçabilité des principales matières premières intervenant dans la
composition des ingrédients et des emballages »
Mise en oeuvre
Les chaînes de valeur de l?industrie sont complexes et fragmentées. Les événements sanitaires,
climatiques et géopolitiques inédits de ces dernières années, à l?origine de ruptures dans les chaînes
d?approvisionnement, en ont été les révélateurs. Par ailleurs, le renforcement tangible de la
réglementation publique, locale et internationale, à l?instar de la Directive Européenne sur le Devoir
de vigilance ou du Règlement Européen contre la déforestation et la dégradation des forêts, ont mis
en exergue la responsabilité du premier donneur d?ordre dans nos modes de production.
Face à ces constats, il est devenu indispensable d'approfondir la connaissance des filières du secteur
pour mieux piloter les risques associés et accompagner leur transition vers un modèle plus durable et
résilient.
Alors que différentes initiatives individuelles ont vu le jour ces dernières années en matière de
traçabilité au sein de l?industrie, le consortium TRASCE (TRaceability Alliance for Sustainable
CosmEtics) est né de la nécessité d?un changement d?échelle. Les membres fondateurs se sont engagés
à travailler collectivement à la cartographie de leurs chaînes d?approvisionnement sur l?ensemble de
la chaîne de valeur sur une plateforme digitale commune, Transparency-One.
À l?initiative de CHANEL, cette alliance sectorielle, réunissant Albéa, CHANEL, Clarins, Cosfibel powered
by GPA Global, The Estée Lauder Companies, Groupe Pochet, L?Occitane en Provence, L?Oréal Groupe,
Merck, Neyret, Nuxe, Parfums Christian Dior (LVMH), Sensient, Shiseido et Sisley, vise à accélérer la
GT cosmétique « Entreprises & Biodiversité » 23
transformation durable des filières. La FEBEA (Fédération des Entreprises de la Beauté) soutient
également le projet en tant que sponsor officiel.
Le consortium, annoncé en janvier 2024, vise à améliorer la traçabilité des chaînes
d'approvisionnement des composants clés des formules et des emballages de la filière cosmétique. À
terme, le consortium a l?ambition de consolider une approche collective de l?analyse des risques RSE
liés, pour interpréter les données collectées et définir des plans de progrès communs. TRASCE répond
ainsi à trois enjeux fondamentaux pour l?industrie : renforcer la compréhension collective des chaînes
d'approvisionnement, évaluer les risques sociaux et environnementaux liés et déterminer les actions
nécessaires pour accompagner les filières dans leur transition.
Diffuser les bonnes pratiques de sourcing durable
Le secteur cosmétique est conscient de son devoir d?exemplarité et d?utilisation de sa capacité
d?influence pour transformer de manière positive les filières biosourcées, avec des ingrédients tracés
de manière transparente qui contribuent positivement aux territoires dont ils sont issus.
Les filières identifiées comme sensibles par les entreprises peuvent faire l?objet d?alternatives
technologiques ou géographiques mais, lorsque cela est possible, les donneurs d?ordre peuvent
contribuer à les transformer grâce à l?accompagnement des producteurs. Cette démarche de
promotion des pratiques éthiques évite de priver d?emplois des communautés déjà vulnérables et de
conduire à des phénomènes de déplacement des dégradations environnementales, comme les
« fuites » de déforestation (« deforestation leakage »).
La mise en place de stratégies d?approvisionnement plus responsables, notamment en matières
premières d'origine végétale, à travers des engagements ambitieux et outils, permet de garantir que
les matières premières utilisées dans la fabrication des produits cosmétiques sont cultivées, récoltées
et transformées de manière écologiquement plus durable et socialement plus responsable.
Les échanges au sein du GT ont permis de faire ressortir que tous les ingrédients naturels ne sont pas
intrinsèquement durables mais sous certaines conditions seulement (le mica et l?huile de palme sont
des exemples). En complément, certains ingrédients synthétiques peuvent aussi avoir des avantages
lorsque produits dans des conditions éthiques, locales et responsables. Les impacts des alternatives
pétrosourcées ou synthétiques versus sources renouvelables doivent donc être analysées de manière
approfondie selon les critères d?atteinte à la biodiversité.
Ambition collective n°3 proposée par le GT
« Le GT recommande aux entreprises de la filière de se doter de
stratégies d?approvisionnement plus responsables visant à éviter et
réduire au maximum les impacts négatifs associés aux matières
premières à travers l?utilisation de matières certifiées, à soutenir la
transformation durable de ces filières et à contribuer positivement aux
territoires dont ces matières premières sont issues. »
GT cosmétique « Entreprises & Biodiversité » 24
Mise en oeuvre
Le GT encourage les entreprises à mettre en oeuvre des politiques d?approvisionnement plus durables
pour l?ensemble de leurs ingrédients issus de matières végétales à travers notamment :
1. L?analyse ou cartographie des risques des filières : les entreprises de la filière pourront envisager
le partage de données sur certaines grandes commodités, par exemple, les rendements des dérivés
d?huiles végétales pour affiner l?estimation de l?utilisation des terres.
La FEBEA travaille notamment sur l?identification des principales matières premières végétales
utilisées dans les ingrédients cosmétiques et l?analyse de leurs impacts et risques. Ce travail a pour
but d?accroître la compréhension de ses membres des enjeux socio-environnementaux et sera
enrichi des critères d?achats responsables pour chaque matière.
2. Mettre en place une charte d?approvisionnement responsable ou des clauses RSE dans les
contrats d?achat qui définissent des critères d?approvisionnement précis pour la sélection des
fournisseurs : l?adoption de pratiques agricoles respectueuses de l?environnement, la transparence
et la traçabilité des matières et des exigences éthiques et de responsabilité sociale, mesurées par
des évaluations reposant sur le principe d?amélioration continue.
3. Valoriser et payer un prix juste aux opérateurs de production (producteurs agricoles, cueill) est
également un levier important pour éviter la surexploitation des ressources et financer la transition
agroécologique
4. Le recours à des matières certifiées : Le secteur cosmétique souhaite apporter son soutien aux
filières de l?agriculture biologique actuellement fragilisées mais déjà structurées grâce à un
mécanisme de certification solide et exigeant. D?autres certifications peuvent être considérées
comme exigeantes : Regenerative Organic Certified (ROC), Fairwild, Rainforest Alliance, UEBT,
RSPO, Fair For Life, etc.
5. L?évaluation des fournisseurs et les audits terrain : au-delà des critères pris en compte par les
certifications, il sera possible de co-construire des questionnaires d?audits environnementaux et
sociaux communs pour la chaîne d?approvisionnement.
6. Eviter au maximum l?utilisation des espèces identifiées par les listes rouges de l'UICN (nationales
et régionales) : que ces utilisations soient strictement conformes aux réglementations en vigueur,
scientifiquement fondées et intégrées dans des stratégies globales de conservation visant à assurer
la survie à long terme des espèces concernées et de leurs habitats.
7. Appliquer des chartes de cueillette reconnues telles que Fair Wild ou la charte de l?Association
Française des Professionnels de la Cueillette (AFC) : L?exploitation des ressources végétales
sauvages peut constituer à la fois une menace pour des habitats fragiles et des plantes rares, et une
opportunité de développement économique pour des territoires en difficulté. L?articulation des
connaissances scientifiques avec l?expertise empirique des cueilleurs permet de définir les
pratiques optimales de cueillette permettant de préserver la ressource.
Le GT recommande également aux entreprises d?amplifier et de poursuivre leurs travaux au sein de
coalitions existantes, parmi lesquelles :
GT cosmétique « Entreprises & Biodiversité » 25
? L'initiative OP2B, ou « One Planet Business for Biodiversity », est une coalition mondiale
d'entreprises engagées à prendre des mesures concrètes pour préserver la biodiversité de la
planète. Lancée lors du Sommet Action Climat de l'ONU en 2019, cette initiative vise à
mobiliser le secteur privé à intégrer la protection de la biodiversité dans leurs activités
commerciales via l?adoption de pratiques durables. Les entreprises membres s'engagent à
promouvoir une agriculture régénératrice, à réduire leur empreinte écologique, à protéger les
écosystèmes fragiles et à encourager des chaînes d'approvisionnement responsables. OP2B
cherche ainsi à accélérer la transition vers un modèle économique plus respectueux de la
nature, essentiel pour assurer la santé des écosystèmes et la durabilité des activités humaines.
? L?ASD « Action for Sustainable Derivatives » est une initiative collaborative qui rassemble des
entreprises des secteurs de la cosmétique, de l?entretien et de l'oléochimie pour s'attaquer
collectivement aux impacts de l?approvisionnement en huile de palme et dérivés de l?huile de
palmiste. Par l?harmonisation des exigences, la standardisation des outils et méthodologies en
mutualisant les efforts, l?ASD entend accroître la transparence de la chaîne
d'approvisionnement mondiale des produits dérivés d?huile de palme, surveiller
collectivement les risques et les activités tout au long de la chaîne d'approvisionnement et
mettre en oeuvre des projets d'actions collectives pour résoudre les difficultés sociales et
environnementales rencontrées sur le terrain. L?ASD étend ses activités au coco (en
collaboration avec Sustainable Coconut Charter) et au soja.
? Earthworm Foundation accompagne les entreprises et les communautés vers la production
de produits plus responsables. Intervenant sur le terrain, dans les forêts, les exploitations
agricoles et les usines, Earthworm Foundation aide à créer des produits plus respectueux de
l'environnement tout en améliorant les conditions de vie des populations locales. En
accompagnant les entreprises à transformer leurs chaînes d'approvisionnement en matières
premières, Earthworm vise à limiter la déforestation, garantissant ainsi que les produits
respectent des normes environnementales et sociales. En France, l?association travaille
notamment sur le projet « Sols vivants » qui vise à développer la fertilité naturelle des sols en
partenariat avec les agriculteurs et les filières dans les territoires.
? Canopy Planet est une ONG qui s?engage pour la protection des forêts en travaillant main dans
la main avec les entreprises pour transformer les chaînes d?approvisionnement non durables,
agir comme un catalyseur pour des solutions innovantes et contribuer à faire progresser les
droits des communautés locales.
Actions proposées par le GT
? L?accompagnement des fournisseurs dans une transition vers des cultures biologiques ou
agroécologiques certifiées.
Le GT propose d?engager une réflexion méthodologique sur le sujet des filières responsables
et de la transition vers des pratiques agricoles plus durables. Un Groupe de Travail dédié
pourra être constitué afin de définir la notion de durabilité dans le cadre de filières
GT cosmétique « Entreprises & Biodiversité » 26
cosmétiques et objectiver les impacts des différentes pratiques (agriculture biologique,
régénérative, agroécologie, etc.).
Ces travaux pourront servir à terme à mettre en place des indicateurs de durabilité des
filières qui permettront de mesurer les impacts négatifs et positifs, d'identifier les
opportunités d'amélioration, de renforcer la transparence et la confiance, de promouvoir le
benchmarking des bonnes pratiques et de favoriser la collaboration à l'échelle de la filière
pour atteindre des objectifs communs de durabilité.
Cette transition nécessitera également un soutien de la puissance publique pérenne, à la
hauteur des services écosystémiques rendus par ces pratiques et de sa contribution à
l?atteinte des accords de Montréal.
? Faire reconnaître officiellement les certifications en les intégrant à la base de données de
la Commission Européenne
Le secteur utilise et dépend de nombreuses certifications privées, dont certaines
mentionnées plus haut. Leur reconnaissance officielle par les autorités européennes
permettrait d?en renforcer la crédibilité, encouragerait leur adoption et renforcerait la
confiance des parties prenantes. Le GT propose donc d?entamer des démarches en ce sens
pour faire reconnaître officiellement les plus importantes certifications dont dépend le
secteur cosmétique.
Améliorer les pratiques de culture et cueillettes des actifs
cosmétiques
Le secteur de la cosmétique a une responsabilité particulière au regard des filières agricoles
permettant de sourcer les matières premières naturelles souvent hautement valorisées indispensables
à de nombreuses formulations cosmétiques, telles que les huiles essentielles, les extraits végétaux, les
beurres végétaux, et autres ingrédients actifs. Dès l?étape de R&D, l?utilisation de ces matières
premières sont notamment règlementées par le Protocole de Nagoya issu de la Convention sur la
Diversité Biologique (CDB) qui encadre l?Accès aux ressources génétiques et aux connaissances
traditionnelles associées et le Partage juste et équitable des Avantages découlant de leur utilisation.
S?agissant des espèces sauvages, la cueillette permet, si les prélèvements sont pratiqués dans le
respect des taux de renouvellement, une utilisation durable des ressources de la diversité biologique,
porteuse de co-bénéfices environnementaux et sociaux.
Tout en répondant à la demande croissante des consommateurs pour des produits naturels et
respectueux de l'environnement, ces filières sont des cas concrets de modèles d?affaires intégrant la
biodiversité : il appartient donc au secteur de faire en sorte que ces filières soient irréprochables et
porteuses de nombreux co-bénéfices pour les communautés locales dont elles sont issues, en France
hexagonale autant que dans les territoires ultramarins ou à l?international.
GT cosmétique « Entreprises & Biodiversité » 27
Ambition collective n°4 proposée par le GT
« Le GT recommande aux entreprises de la filière de contribuer de
manière proactive à la transformation durable des filières végétales
dont sont issus les ingrédients actifs, avec pour ambition d?avoir 100%
d?actifs issus de filières responsables, c?est-à-dire cultivées en
agriculture biologique, en agroécologie ou régénératrice, ou issues de
pratiques de cueillette responsables et porteuses de bénéfices
environnementaux et sociaux.»
Mise en oeuvre
Le GT recommande aux entreprises de soutenir ou de mettre en oeuvre des programmes de soutien
pour les filières de leurs principaux ingrédients actifs, en portant une attention particulière à l?enjeu
des droits humains.
Ces cultures spécifiques au secteur sont des sources de revenus alternatifs et complémentaires pour
les agriculteurs locaux, réduisant ainsi leur dépendance aux grandes cultures mondialisées. En
promouvant des pratiques agricoles plus durables et respectueuses de l'environnement, elles peuvent
contribuer à la préservation des écosystèmes locaux, assurant ainsi la durabilité à long terme des
ressources naturelles et le maintien de la biodiversité. En investissant dans des programmes de
formation des communautés locales, ainsi que dans des infrastructures de transformation et de
commercialisation adaptées, ces cultures végétales peuvent contribuer à un cercle vertueux où le
développement économique et social va de pair avec la préservation de l'environnement, améliorant
de manière significative et durable le bien-être des populations locales.
Parmi les ingrédients actifs utilisés par les marques du secteur cosmétique, on peut citer la Centella
asiatica de Madagascar, le Monoï de Polynésie, l?Aloe vera, l?Ylang-ylang, le Karité ou l?Argan. Chacun
de ces ingrédients possède des caractéristiques propres liées à sa biologie, la fragilité des écosystèmes
dont il est issu et la pression anthropique subie, la situation socio-économique des populations locales
et les différentes interactions entre ces facteurs.
Action proposée par le GT
Le GT soutient la création d?une interprofession « Plantes à Parfum, Aromatiques et Médicinales »
qui couvrira l?ensemble des plantes utilisées par le secteur cosmétique, au-delà des seules huiles
essentielles.
Cette organisation réunira l?amont et l?aval de la filière en vue afin d?en assurer la gestion et
valorisation. Elle aura pour objectif de défendre les intérêts économiques de la filière et d?être le
porte-parole de la profession. Elle permettra également la mise en place d?actions en faveur de la
protection de la biodiversité, indispensable à la pérennité de ces activités.
Le projet regroupe à la fois des producteurs industriels, des producteurs artisanaux et les
représentants des utilisateurs, dont la FEBEA.
GT cosmétique « Entreprises & Biodiversité » 28
Améliorer les pratiques de culture des commodités agricoles
Par « commodités » sont entendues des matières standardisées et interchangeables de l?industrie
agricole ou chimique, disponibles chez un grand nombre de fournisseurs, soit les ingrédients de base
des formules cosmétiques. Leur origine agricole ou synthétique est difficile à maîtriser : il s?agit souvent
de mélanges de différentes sources agricoles dont la composition centésimale reste incertaine et issus
de plusieurs filières d?approvisionnement par les acheteurs pour sécuriser les portefeuilles. Il s?agit
notamment de dérivés d?huile de palme, de coco, de colza, tournesol, canne à sucre, betterave. Ces
matières sont également caractérisées par des chaînes de transformation longues entre le premier
échelon de la culture agricole et l?ingrédient final.
Bien que le secteur de la cosmétique achète de faibles volumes de ces matières au regard des volumes
d?autres industries telles que l?agroalimentaire ou les biocarburants notamment, les impacts relatifs
engendrés par la culture de ces commodités sont forts (déforestation, conversion d?écosystèmes
naturels, etc.) et encadrés de manière croissante par la réglementation (notamment par le Règlement
déforestation31).Ainsi, le secteur a un rôle à jouer dans la transformation positive de ces filières
agricoles, en collaboration avec d?autres secteurs, notamment agroalimentaire.
5 grandes commodités ont été identifiés par le GT :
Ambition collective n°5 proposée par le GT
« Le GT recommande à la filière d?accélérer la transformation durable
des filières de commodités agricoles, en France et à l?international, en
éliminant progressivement les matières premières non tracées, en
privilégiant les matières premières certifiées et en soutenant les
pratiques agricoles responsables comme l?agroécologie, l?agriculture
régénératrice ou l?agriculture biologique. Le GT recommande
31 Règlement (UE) 2023/1115 du Parlement européen et du Conseil du 31 mai 2023 relatif à la mise à
disposition sur le marché de l?Union et à l?exportation à partir de l?Union de certains produits de base
et produits associés à la déforestation et à la dégradation des forêts, et abrogeant le règlement (UE)
n°995/2010 (RDUE) a été publié au Journal officiel de l?UE le 9 juin 2023.
GT cosmétique « Entreprises & Biodiversité » 29
également de travailler dans une perspective holistique qui prend
notamment en compte les droits humains. »
Mise en oeuvre
1. Matières issues de cultures à l?international (dérivés de palme, coco, soja, canne à sucre)
A cause d?une transparence limitée dans des chaînes d?approvisionnement longues, ramifiées et
fragmentées ; de petits volumes d'achats et donc un effet de levier limité lors des négociations avec
les fournisseurs en amont ; une duplication des efforts d?engagement de la filière par les donneurs
d?ordre, les entreprises de la cosmétique rencontrent des difficultés pour limiter l?impact de ces
commodités. Il apparaît donc nécessaire qu?elles combinent leurs efforts pour peser sur l?amélioration
des pratiques.
Pour ce faire, le GT recommande d?analyser les risques liés à chaque filière, réduire ces risques puis à
privilégier l?usage de certifications internationalement reconnues, telles que Roundtable on
Sustainable Palm Oil (RSPO) pour l'huile de palme, Bonsucro (canne à sucre) ou Round Table on
Responsible Soy (RTRS) pour le soja.
De plus, le secteur cosmétique pourra travailler en partenariat avec d'autres acteurs de l'industrie, tels
que le secteur agroalimentaire, afin de promouvoir des pratiques agricoles responsables et des chaînes
d'approvisionnement équitables. Ces collaborations peuvent permettre de partager les meilleures
pratiques, de financer des projets communs et de renforcer la traçabilité des matières premières
agricoles.
Le secteur pourra également explorer la possibilité des substituts à l?huile de palme sur la base
d?analyses environnementales comparatives (voir page 30).
Commodités cultivées en France (colza, tournesol, betterave)
Les solutions pour réduire l'impact des commodités issues de cultures françaises et européennes, sont
souvent plus faciles à activer que celles pour les cultures géographiquement éloignées : les chaînes
d'approvisionnement sont généralement plus courtes et donc plus facilement traçables, les
réglementations et normes socio-environnementales harmonisées et le soutien institutionnel
(subventions, incitations fiscales ou programmes de développement) plus disponible.
Les industriels de la cosmétique ont également un rôle important à jouer dans la transformation
positive de ces filières, en s'appuyant sur le leadership d?autres secteurs. Le GT a émis le souhait de
valoriser le travail agricole et coopérer afin de déployer des mécanismes de financement et
d?investissement pour soutenir les innovations agroécologiques, les expérimentations et pour
accélérer et changer d?échelle les pratiques d?intérêt écologiques sur l?eau, les sols et la biodiversité.
Les pouvoirs publics jouent également un rôle crucial dans le processus de transition des filières
agricoles en termes de financement et de soutien technique (voir page 40).
GT cosmétique « Entreprises & Biodiversité » 30
Action proposée par le GT
Le GT propose de s?associer à des initiatives reconnues et déjà opérantes sur le territoire français
qui permettent de mieux caractériser les liens entre pratiques agricoles et biodiversité afin de mieux
intégrer sa préservation dans le pilotage des filières agroalimentaires, des fournisseurs aux
consommateurs, et ainsi accompagner la transition agroécologique des filières agricoles produisant
des matières premières cosmétiques32.
Cette action pourra s?articuler avec un programme dans le cadre du plan France Relance relatif aux
oléagineux et protéoléagineux afin de développer des dérivés cosmétiques issus de filières
françaises (en complément des filières palme ou coco par exemple).
Développer l?innovation pour réduire la dépendance aux matières
non durables ou pétro sourcées
La recherche et l'innovation sont une piste pour réduire la dépendance du secteur cosmétique aux
ingrédients dérivés du pétrole ou d'autres sources non renouvelables. De nombreuses entreprises
adoptent une stratégie de substitution en remplaçant les composés synthétiques par des ingrédients
naturels plus durables, qu'ils soient d'origine naturelle ou biosourcés. Cette démarche nécessite une
expansion continue des gammes de produits des fournisseurs, impliquant la recherche d'ingrédients
de valeur dans les résidus ou déchets de la production industrielle, notamment dans l'industrie
agroalimentaire.
Ambition collective n°6 proposée par le GT
« Le GT propose au secteur de coopérer pour soutenir l?innovation et
son passage à l?échelle afin de développer des sources alternatives et
plus responsables d?ingrédients »
Mise en oeuvre
En investissant dans la recherche et l'innovation, le secteur souhaite réduire progressivement sa
dépendance aux matières premières non durables. Les entreprises cosmétiques peuvent investir dans
la recherche de nouvelles ressources renouvelables telles que les plantes, les algues, les champignons
et les micro-organismes, ainsi qu'en valorisant les sous-produits agricoles ou industriels. L'utilisation
de technologies avancées telles que la biotechnologie, la bio-ingénierie et la chimie verte facilite la
32 Parmi les initiatives existantes, on peut mentionner les travaux réalisés au sein du Club AGATA
(AGroAlimentaire et Transition Agroécologique), fondé par la CDC Biodiversité et l?association Noé.
GT cosmétique « Entreprises & Biodiversité » 31
transformation efficace et durable de ces matières premières en ingrédients cosmétiques de haute
qualité, tout en optimisant les processus de production, réduisant les déchets et les émissions.
Les biotechnologies peuvent notamment concerner la production de molécules alternatives ou le
développement de procédés de production, en en s?assurant que les projets soient conçus avec les
perspectives de montée à l?échelle et de coûts acceptables par le marché.
La collaboration entre les entreprises, les instituts de recherche, les universités et les gouvernements
peut favoriser l'innovation dans le domaine des ingrédients responsables pour la cosmétique. Le
partage des connaissances, des ressources et des meilleures pratiques peut accélérer le
développement de solutions innovantes et durables pour l'ensemble du secteur.
Le GT souhaite promouvoir l?utilisation de déchets et de co-produits, appelé « upcycling », pour la
fabrication d?actifs cosmétiques. L'upcycling représente une stratégie prometteuse pour réduire le
gaspillage alimentaire et promouvoir la circularité des ressources. Ce processus consiste à transformer
les sous-produits industriels en matières premières à haute valeur ajoutée, contribuant ainsi à une
économie circulaire et à la durabilité environnementale. En exploitant des co-produits riches en
composés bioactifs tels que des vitamines, des minéraux et des composés phénoliques, cette approche
permet de créer des ingrédients cosmétiques durables et efficaces, tout en réduisant les dépenses
liées au traitement des déchets et leur impact environnemental associé.
Action proposée par le GT
Le GT propose de réaliser un appel à projet collectif afin de permettre d?accélérer la recherche sur
les biotechnologies pour produire en France des matières premières (telles que les acides palmiques
& palmitiques) à moindre impact environnemental. Le développement de ces nouvelles technologies
requiert des innovations organisationnelles et non pas uniquement de la recherche fondamentale.
Il sera également indispensable d'analyser la durabilité des biotechnologies blanches (levures) et
vertes (CCV, microalgues) avant de réaliser les substitutions des matières végétales cultivées.
Ces travaux nécessiteront un dialogue à travers la filière, notamment entre les responsables de la
mise sur le marché des produits, les fournisseurs d?ingrédients et les fédérations qui les
représentent.
Ces travaux de recherche et d?innovation nécessiteront un appui institutionnel pour accélérer leur
développement (voir point sur le financement page 40).
GT cosmétique « Entreprises & Biodiversité » 32
C. Ecoconception des produits et communication
responsable
Intégrer la biodiversité dans les démarches d?écoconception et la
communication
Une démarche d'écoconception pour des produits cosmétiques consiste à intégrer des principes de
durabilité et de respect de l'environnement à toutes les étapes du cycle de vie du produit, depuis sa
conception jusqu'à sa fin de vie. Cela inclut notamment la sélection des ingrédients, le choix des
formules, l?optimisation des processus de fabrication, la minimisation des emballages et la prise en
compte de la fin de vie.
Ambition collective n°7 proposée par le GT
« Le GT recommande de déployer de manière systématique des
stratégies d?écoconception des produits, et d?y intégrer des critères
relatifs à la biodiversité.»
Mise en oeuvre
La démarche d'éco-conception doit permettre d?identifier les étapes les plus impactantes du cycle de
vie des produits, en permettant la comparaison avec des alternatives plus durables et en facilitant
l'amélioration continue du portefeuille de produits.
Le secteur cosmétique propose déjà plusieurs initiatives spécifiques qui permettent de mesurer
l?impact environnemental des produits, emballages ou ingrédients. En fournissant des données
transparentes et accessibles, ces outils guident les concepteurs vers des décisions éclairées, favorisant
ainsi l'intégration proactive de considérations environnementales dès les premières phases du
processus de conception.
1. Les outils d?Affichage Environnemental
Le Consortium EcoBeautyScore vise à développer un système d?évaluation et de notation de l?impact
environnemental des produits cosmétiques, vérifié par des parties indépendantes. Rassemblant plus
de 70 acteurs, le Consortium travaille également avec des experts externes, notamment des
scientifiques, des universitaires et des ONG. La méthodologie s?appuie sur les principes de la méthode
scientifique PEF de l?Union européenne et fait appel à une base de données des impacts
environnementaux des ingrédients standards et des matières premières utilisées dans les formules et
les emballages. Il donnera lieu à un système de notation harmonisé et à un outil utilisable par des non-
experts, qui permet à chaque marque de calculer l'impact environnemental de chaque produit et la
notation associée.
Les travaux développés par le Consortium seront publiés et pourront être utilisés sur une base
strictement volontaire tant par les participants du Consortium que par toutes les autres parties
intéressées.
GT cosmétique « Entreprises & Biodiversité » 33
Le Green Impact Index est un outil d?affichage de l?impact environnemental et sociétal des produits
cosmétiques, des compléments alimentaires et des produits de bien-être et de santé familiale fondé
sur la méthodologie du document de référence AFNOR Spec 2215 publié en juin 2023. Grâce à une
cotation graduée de A à E, cet outil permettra aux consommateurs de choisir leurs produits de manière
éclairée. Cet outil est porté par le consortium Green Impact Index avec pour mission d?être accessible
à toutes les entreprises et toutes les marques, quelle que soit leur taille.
Près de 50 critères sont pris en compte, tous quantifiables. Ils permettent d?évaluer l?impact
environnemental pour 80% de la note et l?impact sociétal pour 20% de la note, en prenant en compte
chaque étape du cycle de vie du produit. Il intègre pleinement les enjeux de biodiversité (déforestation,
méthode de collecte ou de culture de la plante, pratiques agricoles, certification des filières).
2. Évaluation des emballages : SPICE développe et publie des méthodologies et des données
économiques pour soutenir les prises de décision résilientes afin d'améliorer la performance
environnementale de l'ensemble de la chaîne de valeur de l'emballage.
Spice a édité un guide des risques biodiversité qui présente un état des lieux qualitatif des impacts
régionalisés sur la biodiversité engendrés par l?utilisation des matières premières pour les emballages
cosmétiques. Cette vue globale des chaînes d'approvisionnement des matériaux d'emballage intègre
les principales zones de production et risques qualitatifs pour la biodiversité. L?objectif n?est pas de
comparer les matières premières entre elles mais plutôt de mettre en évidence les zones à risques de
la biodiversité de chaque chaîne de valeur matérielle.
3. La grille d?évaluation ERI360° d?Innov?Alliance est un exemple de mesure de la durabilité de la
fabrication d?un ingrédient. Le référentiel analyse toute la chaîne de la valeur, depuis la culture et la
récolte de la plante, jusqu?à la sortie de l?usine en s?appuyant sur une centaine d?indicateurs qualité,
RSE et environnement.
Communication et allégations environnementales
Conformément à la règlementation, les allégations relatives à l?écoconception, et de manière générale,
les allégations environnementales doivent être proportionnées, claires et non ambiguës et étayées par
des preuves. A ce propos, les entreprises sont encouragées à se référer au « Guide pratique des
allégations environnementales » publié par le CNC en 2023 et au projet de Directive « Empowering
consumers for the green transitions ».
Par ailleurs, les marques de cosmétiques sont en position d?influencer les représentations de la
biodiversité auprès des consommateurs à travers leur communication. A ce titre, les « Contrats
Climat33 » ont pour objectif d?encourager la représentation dans la publicité des modes de vie et de
consommation ayant moins d?impact sur l?environnement. Le GT recommande de prendre en compte
la dimension biodiversité dans ces démarches.
33 Le « contrat climat » est un outil de démarche volontaire qui vise à favoriser la transition écologique
du champ de la communication commerciale, instauré par l?article 14 de la loi n° 2021-1104 du 22
août 2021 portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses
effets.
GT cosmétique « Entreprises & Biodiversité » 34
Réduire l?impact des emballages sur la biodiversité
La réduction de l?utilisation d?emballages contribue à diminuer les impacts des produits cosmétiques
sur la biodiversité à travers la réduction des déchets qui menacent de polluer les océans, les sols et les
écosystèmes terrestres et en réduisant la demande en ressources renouvelables et non renouvelables.
Ambition collective n°8 proposée par le GT
« Le GT recommande de réduire l?impact des emballages des produits,
en travaillant d?abord la réduction e, puis le réemploi et enfin le
recyclage des emballages, et en systématisant l?utilisation de matières
premières recyclées et/ou issues de filières durables »
Mise en oeuvre
Le secteur cosmétique est engagé depuis 2021 dans la réduction de son empreinte plastique à travers
la première feuille de route sectorielle de la stratégie nationale 3R. Le Plastic Act est un plan d?actions
ambitieuses, concrètes et pragmatiques, accessibles à toutes les entreprises cosmétiques qui s?articule
autour des « 4R » pour, d?ici 2025 :
x Réduire les volumes d?emballage de 15%
x Réemployer 20% des emballages
x Réincorporer 10 à 25% de plastique recyclé
x Recycler 100% des emballages.
Le Plastic Act se décline de manière opérationnelle à travers différents projets collectifs pour accélérer
le passage à l?échelle et substituer le plastique par de la fibre cellulosique ainsi que développer des
solutions de réemploi des emballages.
Un bilan chiffré du Plastic Act permettra de revoir les objectifs de cette feuille de route, notamment à
travers l?indicateur de l?intensité plastique (volumes d?emballages ramenés aux produits vendus).
1. Consortium Pulp in Action
A l?issue de la publication de cette feuille de route, 12 entreprises majeures du secteur se sont réunies
au sein du consortium de R&D Pulp in Action, piloté par (RE)SET, un cabinet de conseil dédié à la
transition écologique et économique : Biocodex, Chanel, Groupe L?Occitane, Kenvue, L?Oréal, LVMH,
Mustela, NAOS, Pierre Fabre, Shiseido et Sisley.
Ce consortium de R&D vise à faire des emballages en cellulose une réalité pour le secteur cosmétique.
Il s?agit donc de relever le défi de la fonctionnalisation du papier/carton/cellulose moulée pour les
emballages primaires des produits d?hygiène et de soin cosmétiques : s?affranchir du plastique et
tendre vers des solutions bio-sourcées, recyclables et avec un ratio papier de 85% minimum, telle est
l?ambition forte que porte le consortium
GT cosmétique « Entreprises & Biodiversité » 35
Ce programme permet de réaliser des combinaisons de technologies inédites imaginées avec des
innovants sélectionnés et des travaux de R&D menés à tous les niveaux (nouveaux formats, additifs
dans la pulpe de cellulose, dépose de nano-couche hautes barrières).
En 2 ans, plus de 2000 innovations ont été sourcées dans le monde entier et 45 pilotes ont été lancés
pour 4 formats (échantillons, tube, recharges souple (doypack) ou rigide (cup)). Les premiers pilotes
arrivent à un niveau de maturité qui permet aux marques de partager leurs connaissances et solutions
développées avec leur chaîne de valeur afin de leur donner une réalité industrielle.
2. Consortium Pharma Recharge
Huit marques de dermo-cosmétiques ? Mustela (Laboratoires Expanscience), Garancia, La Rosée,
Bioderma (NAOS), A-Derma, Ducray, Eluday, Klorane (Laboratoires Pierre Fabre), soutenues par
(RE)SET, agence de conseil spécialisée dans la transition économique et environnementale ? testent
ainsi depuis juin 2023 un système de recharge en point de vente de 15 références de produits
d?hygiène (gels douche, shampoings, eau micellaire).
3. Coalition Cosmétiques et Réemploi
Onze acteurs majeurs du marché français de la beauté, comprenant neuf marques (L?Oréal, Chanel,
Pierre Fabre, Laboratoires SVR, Yves Rocher, Clarins, Melvita, La Rosée et Aroma Zone) ainsi que deux
détaillants (Nocibé et Sephora), ont uni leurs forces pour former une coalition visant à explorer les
opportunités et les défis de la mise en place d'un système de consigne pour les produits cosmétiques.
Ce système implique la collecte des emballages usagés en point de vente, leur envoi à un centre de
lavage spécialisé, puis leur renvoi à la marque pour être remplis à nouveau en usine.
Initiée par Circul?R, société de conseil et de formation en économie circulaire, avec le soutien du
cabinet de conseil en développement durable We Don?t Need Roads (WDNR) et l'appui du fonds
réemploi de Citeo, cette coalition vise à lancer un projet pilote de consigne en points de vente pour les
produits de soin de la peau d'ici la fin de l'année 2024.
4. Le GT encourage également les acteurs de la filière à l?utilisation de papier et carton issus de la filière
bois durable certifiés FSC / PEFC ou certifiés par Canopy qui s?attache à la protection des forêts
primaires et aux bonnes pratiques bois / papier pour l?utilisation de sources alternatives de fibres
issues notamment de co-produits agricoles.
GT cosmétique « Entreprises & Biodiversité » 36
D. Préservation de la nature et contribution positive
Réduire les impacts sur les sites détenus en propre
Les 6000 sites34 secondaires (sites de production) et tertiaires (bureaux et logistique) du secteur
représentent des poches potentielles de biodiversité à préserver Or, sous le contrôle direct des
entreprises, la mise en place de pratiques favorables à la protection de la biodiversité dans la gestion
des sites industriels peut contribuer à réduire les impacts liés à l?artificialisation des milieux naturels,
nourrir des continuités écologiques, enrichir la faune et la flore locales. Les co-bénéfices sont
nombreux : enrichissement du cadre de travail, sensibilisation des collaborateurs, protection des sites
lors d?épisodes climatiques extrêmes grâce à la plantation de haies ou l?aménagement de noues
végétalisées par exemple.
Ambition collective n°9 proposée par le GT
« Le GT recommande d?éviter et de réduire au maximum les
impacts des sites détenus en propre, notamment en cherchant de
manière systématique à prévenir l'artificialisation de nouvelles
surfaces, et à contribuer à la restauration et à la régénération de la
biodiversité présente dans et autour des sites »
Mise en oeuvre
Dans la CSRD, l?ESRS E4 vise à identifier les incidences négatives des sites situés à l?intérieur ou à
proximité de zones sensibles pour la biodiversité. L?ensemble des acteurs de la filière sont donc
encouragés à utiliser des outils tels que le Biodiversity risk filter (ou équivalent) pour évaluer la fragilité
des écosystèmes des zones d?implantation de leurs sites secondaires et tertiaires et pour intégrer la
biodiversité dans leurs systèmes de management environnemental lorsqu?ils existent.
Action proposée par le GT
Le GT propose de co-construire un plan d?action avec des associations expertes telles que la LPO,
Pollinis, FNE, Biodiversio, les Jardins de Noé, les CEN régionaux ou des acteurs institutionnels tels
que les agences régionales de la biodiversité, pour encourager le plus grand nombre de sites détenus
par les entreprises à améliorer l?intégration et préservation de la biodiversité dans leurs systèmes
de gestion.
Ces actions pourront conduire à la création de couloirs écologiques à travers la gestion de leurs
espaces verts, la création d?habitats variés et de refuges pour la faune, ainsi que par des actions de
renaturation ou de ré-ensauvagement.
34 Source étude Asteres (2018)
GT cosmétique « Entreprises & Biodiversité » 37
Déployer des actions de contribution positive : restaurer, régénérer
et conserver
Les dernières décennies ont été marquées par une dégradation massive des écosystèmes terrestres
et marins. Dans ce contexte, l?ambition collective, entérinée à Montréal lors de la COP 15, d?inverser
la courbe d'érosion de la biodiversité d?ici à 2030 implique de combiner des actions de réduction des
impacts négatifs avec des actions d'amplification des contributions positives pour la nature. Le Cadre
Mondial de la Biodiversité fixe notamment comme cibles que d?ici à 2030, ?au moins 30% des zones
d'écosystèmes terrestres, d'eaux intérieures et d'écosystèmes marins et côtiers dégradés fassent l'objet
de mesures de remise en état efficaces? et que ?, au moins 30 % des zones terrestres et des eaux
intérieures, ainsi que des zones marines et côtières, en particulier les zones d?une grande importance
pour la biodiversité et les fonctions et services écosystémiques, soient dûment conservées et gérées
écologiques?, notamment au moyen d?aires protégées et par une utilisation responsable de la
biodiversité.
Les entreprises de la cosmétique sont invitées à prendre leur part dans cet effort collectif, en
mobilisant des solutions fondées sur la nature, en mettant en oeuvre des actions de restauration, de
régénération35 et de conservation dans leur chaîne de valeur et en s?impliquant au-delà dans des
projets mutualisés permettent d?agir à plus grande échelle.
Ambition collective n°10 proposée par le GT
« Le GT recommande aux entreprises de contribuer à la
restauration, à la régénération et à la conservation de la nature,
au-delà des obligations légales, au sein et en dehors de leurs
chaînes de valeur, à la hauteur des possibilités de chacun.
Dans ce contexte, les grandes entreprises de la filière sont
encouragées à poursuivre et intensifier leurs contributions, en lien avec
les objectifs posés par le Cadre Mondial de Kunming-Montréal »
Mise en oeuvre
Promouvoir la Cosmétopée
La cosmétopée, initiée par Cosmetic Valley au nom de la filière parfumerie-cosmétique française en
2010, s'inspire du concept de pharmacopée pour explorer les ressources naturelles et leurs usages
traditionnels en cosmétique. Cette approche collaborative implique la mise en place de programmes
de recherche, de partenariats universitaires et de réseaux transnationaux dans les territoires d'Outre-
Mer et à l?échelle internationale de l?océan Indien, d'Amazonie et des Caraïbes. Elle vise à promouvoir
35 La restauration de la nature implique une intervention humaine directe pour retrouver des
caractéristiques écologiques d?un écosystème dégradé, la régénération met l?accent sur un processus
naturel de renouvellement et de croissance.
GT cosmétique « Entreprises & Biodiversité » 38
l'utilisation responsable d'ingrédients naturels, tout en préservant les savoirs traditionnels, la
biodiversité et les populations autochtones, en conformité avec le protocole de Nagoya.
Dans un contexte où les consommateurs sont de plus en plus sensibles aux produits naturels et à leur
impact environnemental, la cosmétopée émerge comme une source innovante d'ingrédients
respectueux de l'environnement et des traditions. Elle contribue à la conservation de la biodiversité
en documentant les usages traditionnels des plantes et en sensibilisant à leur préservation face au
changement climatique et à la perte de biodiversité.
En plus de ses bénéfices environnementaux, la cosmétopée offre des opportunités de recherche, de
formation, d'engagement durable et de développement économique pour les territoires. La filière
parfumerie-cosmétique souhaite accélérer cette dynamique en développant des partenariats au coeur
des territoires pour soutenir le développement économique local et valoriser la cosmétopée, tout en
s'inscrivant dans une dynamique de collaboration internationale et de promotion des politiques
publiques en faveur de la biodiversité.
Les premiers travaux de recherche sur le sujet ont été publiés en 2016 en Polynésie française.
Aujourd?hui la dynamique s?exporte à l?international incitant les pays à s?en emparer pour agir en
faveur de la préservation de la biodiversité. Dans cette logique, COSMETIC VALLEY a lancé à l?occasion
du One Forest Summit de Libreville en 2023 un Fonds de plus de 500 k¤ à destination des Etats du
Bassin du Congo.
La filière souhaite en particulier accélérer le déploiement de cette dynamique dans les territoires
français d?outre-mer où la cosmétopée revêt un intérêt majeur. Cosmetic Valley a ouvert deux
antennes en Guyane (2022) et en Martinique (2023) et la dynamique est engagée dans tous les
territoires ultramarins avec le soutien du ministère des outre-mers pour favoriser le développement
économique des acteurs locaux, valoriser la cosmétopée et oeuvrer ainsi à la préservation de leur
biodiversité locale. L?excellence française s?inscrit ainsi au coeur de nos territoires ultra-marins,
aujourd?hui concurrencée par les pays voisins souvent contraints par des exigences moindres de
qualité.
Financement d?actions de restauration ou de conservation
Les différentes actions de conservation ou de restauration de la biodiversité comprennent la
protection des habitats naturels, la restauration des écosystèmes dégradés ou la conservation des
espèces menacées, impactées par la chaîne de valeur, à travers du mécénat et de la philanthropie ou
à travers de mécanismes d?investissement à impact. Les entreprises contribuent à travers une grande
variété de véhicules : partenariat avec des associations, fonds à impact positif, crédits carbones à haute
valeur environnementale, compensation volontaire, etc. Or, la multiplicité des moyens d?agir et la
difficulté à comprendre ce qui les distinguent peuvent être un frein au passage à l?action pour les
entreprises, notamment celles de plus petite taille.
Mesure proposée par le GT
GT cosmétique « Entreprises & Biodiversité » 39
Le GT souhaite réaliser un panorama des différentes solutions disponibles pour contribuer à des
actions de conservation, de régénération ou restauration de la Nature, notamment les fonds
philanthropiques, les crédits et marchés de compensation, les paiements pour services
environnementaux ou des investissements responsables. Il s?agira donc de lister les outils existants
et de décrire les objectifs et limites de chaque typologie d?action, incluant Il les dispositifs de
financement de recherche-action à différentes échelles (européennes, nationales, régionales) et
sectorielles.
GT cosmétique « Entreprises & Biodiversité » 40
V. Conditions de la mobilisation et du
passage à l?échelle
Pour accélérer le passage à l'échelle des actions visant à réduire les impacts du secteur cosmétique sur
la biodiversité, l'État peut jouer un rôle de catalyseur dans la transformation du secteur cosmétique.
Le soutien financier à travers les fonds France Industrie Verte permet de financer des projets de
recherche et de développement de solutions durables. En parallèle, les acteurs privés ont également
besoin d?un soutien organisationnel pour faciliter la coordination entre les acteurs de l'industrie, les
organismes gouvernementaux et les organisations de conservation, favorisant ainsi l'échange de
bonnes pratiques. Enfin, les pouvoirs publics ont également un rôle important à jouer pour clarifier et
adapter les règles de la concurrence de manière à faciliter et sécuriser les collaborations entre acteurs.
Soutenir et faciliter la conversion vers l'agriculture biologique et les pratiques
agroécologiques
Le GT souhaite que l?Etat soutienne et facilite la conversion vers l?agriculture biologique et les pratiques
agroécologiques. Des incitations financières, des subventions et des programmes d'accompagnement
peuvent être mis en place pour encourager les agriculteurs à modifier leurs pratiques de culture. Cela
peut inclure des aides à la conversion, des formations sur les techniques biologiques de culture et de
la sensibilisation afin de promouvoir les avantages de l'agriculture biologique et des pratiques
agroécologiques.
Des programmes de recherche et de développement peuvent également être financés afin de
promouvoir les meilleures pratiques agroécologiques et soutenir les agriculteurs dans leur transition
vers des pratiques agricoles qui favorisent la biodiversité, la santé des sols et la résilience des
écosystèmes tout en minimisant l'utilisation de pesticides et d'engrais chimiques.
Soutien à l?innovation
La France semble prendre du retard dans l?émergence de start-up dédiées à la substitution d?huiles
végétales non durables. Une proposition forte de ce Groupe de Travail est de mettre en place un appel
à projet pour identifier et financer des projets de recherche en France. Il s?agit d?un levier potentiel et
important de réduction de la déforestation importée et de relocalisation qui doit aussi être soutenu
par l?action publique, notamment à travers des financements par France Industrie Verte. Parmi les
start-ups françaises qui pourraient bénéficier d?un soutien de l?Etat, le secteur a notamment identifié
des entreprises telles que Global Bioenergies, Microphyt, Pili, Afyren, BGen ou BioC3.
Il est à noter que la relocalisation de ces filières implique également la réintégration des outils de
transformation des matières premières, notamment la relocalisation d?unités de raffinage des huiles
en France.
GT cosmétique « Entreprises & Biodiversité » 41
Par ailleurs, certains projets de développement d?ingrédients à base de coproduits impliquent des
partenariats de recherche. Le soutien de la puissance publique envers ces projets, souvent
territorialisés en lien avec le monde agricole, est à consolider.
Par ailleurs, la disponibilité et la qualité des coproduits ou déchets agricoles peuvent varier en fonction
de facteurs tels que la saisonnalité des cultures, les pratiques agricoles et les contraintes logistiques. Il
peut être difficile de garantir un approvisionnement constant en matières premières de haute qualité
pour la production d'ingrédients cosmétiques. Un appui de l?Etat permettrait de faciliter la
mutualisation et l?orientation des flux, par exemple à travers la création d?une plateforme
multisectorielle.
Définir un cadre pour l?agriculture régénérative
Les préoccupations exprimées par des experts quant à l?absence de standardisation et de certification
des pratiques de régénération soulignent la nécessité de normes claires pour éviter le greenwashing
et garantir des pratiques véritablement durables.
Une norme portée par l'État pour l'agriculture régénérative pourrait jouer un rôle crucial en
encourageant son adoption tout en réduisant les risques de greenwashing. Un tel cadre établirait des
critères clairs et rigoureux définissant ce qu'est réellement l'agriculture régénérative, en mettant
l'accent sur des pratiques spécifiques qui favorisent la régénération des sols, la biodiversité et la
durabilité environnementale. En imposant des exigences strictes de conformité, l'État pourrait garantir
que seules les exploitations agricoles respectant ces normes reçoivent une certification officielle. Cela
aiderait à dissuader les pratiques de greenwashing et à renforcer la confiance des consommateurs
dans les produits agricoles prétendant être régénératifs. En parallèle, l'État pourrait également offrir
des incitations financières ou des subventions pour encourager la transition vers des pratiques
agricoles régénératives, ce qui contribuerait à accélérer leur adoption à grande échelle.
Faciliter l?action collective en clarifiant les règles anti-trust
L?Autorité de la concurrence a publié en décembre 2023 un projet de communiqué relatif aux
orientations informelles de l?Autorité en matière de développement durable, qu?elle a soumis à
consultation publique jusqu?au 23 février 2024.
L?Autorité y précise que le développement durable constitue l?une des priorités de sa feuille de route
actuelle et qu?elle entend accompagner les acteurs dans l?examen, au regard des règles de
concurrence, de leurs projets poursuivant des objectifs de développement durable.
Compte tenu de la nouveauté, des spécificités et des enjeux importants de la traduction des
problématiques de développement durable dans le champ de l?analyse concurrentielle, l?Autorité a
décidé de mener une politique de « porte ouverte », en invitant les entreprises qui souhaitent
développer des projets vertueux en termes de développement durable à les soumettre au rapporteur
général qui pourra formuler des orientations informelles quant à leur compatibilité ou non avec le
droit de la concurrence. Cette approche doit être étendue aux initiatives émanant des différents corps
de l?Etat.
GT cosmétique « Entreprises & Biodiversité » 42
Étant donné l?importance cruciale que revêt la coopération entre acteurs dans les processus de
transformation des pratiques en vue de la diminution des impacts environnementaux des activités
économiques, le GT insiste sur l?importance de règles du droit de la concurrence claires et
pragmatiques qui permettent d?encadrer mais aussi de sécuriser ces actions collectives. Il est
important que les administrations impliquées dialogues régulièrement avec l?Autorité de la
concurrence, au même titre que les entreprises, afin de sécuriser les initiatives publiques et privées.
* *
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(ATTENTION: OPTION impacts liés à l?artificialisation des milieux naturels,
nourrir des continuités écologiques, enrichir la faune et la flore locales. Les co-bénéfices sont
nombreux : enrichissement du cadre de travail, sensibilisation des collaborateurs, protection des sites
lors d?épisodes climatiques extrêmes grâce à la plantation de haies ou l?aménagement de noues
végétalisées par exemple.
Ambition collective n°9 proposée par le GT
« Le GT recommande d?éviter et de réduire au maximum les
impacts des sites détenus en propre, notamment en cherchant de
manière systématique à prévenir l'artificialisation de nouvelles
surfaces, et à contribuer à la restauration et à la régénération de la
biodiversité présente dans et autour des sites »
Mise en oeuvre
Dans la CSRD, l?ESRS E4 vise à identifier les incidences négatives des sites situés à l?intérieur ou à
proximité de zones sensibles pour la biodiversité. L?ensemble des acteurs de la filière sont donc
encouragés à utiliser des outils tels que le Biodiversity risk filter (ou équivalent) pour évaluer la fragilité
des écosystèmes des zones d?implantation de leurs sites secondaires et tertiaires et pour intégrer la
biodiversité dans leurs systèmes de management environnemental lorsqu?ils existent.
Action proposée par le GT
Le GT propose de co-construire un plan d?action avec des associations expertes telles que la LPO,
Pollinis, FNE, Biodiversio, les Jardins de Noé, les CEN régionaux ou des acteurs institutionnels tels
que les agences régionales de la biodiversité, pour encourager le plus grand nombre de sites détenus
par les entreprises à améliorer l?intégration et préservation de la biodiversité dans leurs systèmes
de gestion.
Ces actions pourront conduire à la création de couloirs écologiques à travers la gestion de leurs
espaces verts, la création d?habitats variés et de refuges pour la faune, ainsi que par des actions de
renaturation ou de ré-ensauvagement.
34 Source étude Asteres (2018)
GT cosmétique « Entreprises & Biodiversité » 37
Déployer des actions de contribution positive : restaurer, régénérer
et conserver
Les dernières décennies ont été marquées par une dégradation massive des écosystèmes terrestres
et marins. Dans ce contexte, l?ambition collective, entérinée à Montréal lors de la COP 15, d?inverser
la courbe d'érosion de la biodiversité d?ici à 2030 implique de combiner des actions de réduction des
impacts négatifs avec des actions d'amplification des contributions positives pour la nature. Le Cadre
Mondial de la Biodiversité fixe notamment comme cibles que d?ici à 2030, ?au moins 30% des zones
d'écosystèmes terrestres, d'eaux intérieures et d'écosystèmes marins et côtiers dégradés fassent l'objet
de mesures de remise en état efficaces? et que ?, au moins 30 % des zones terrestres et des eaux
intérieures, ainsi que des zones marines et côtières, en particulier les zones d?une grande importance
pour la biodiversité et les fonctions et services écosystémiques, soient dûment conservées et gérées
écologiques?, notamment au moyen d?aires protégées et par une utilisation responsable de la
biodiversité.
Les entreprises de la cosmétique sont invitées à prendre leur part dans cet effort collectif, en
mobilisant des solutions fondées sur la nature, en mettant en oeuvre des actions de restauration, de
régénération35 et de conservation dans leur chaîne de valeur et en s?impliquant au-delà dans des
projets mutualisés permettent d?agir à plus grande échelle.
Ambition collective n°10 proposée par le GT
« Le GT recommande aux entreprises de contribuer à la
restauration, à la régénération et à la conservation de la nature,
au-delà des obligations légales, au sein et en dehors de leurs
chaînes de valeur, à la hauteur des possibilités de chacun.
Dans ce contexte, les grandes entreprises de la filière sont
encouragées à poursuivre et intensifier leurs contributions, en lien avec
les objectifs posés par le Cadre Mondial de Kunming-Montréal »
Mise en oeuvre
Promouvoir la Cosmétopée
La cosmétopée, initiée par Cosmetic Valley au nom de la filière parfumerie-cosmétique française en
2010, s'inspire du concept de pharmacopée pour explorer les ressources naturelles et leurs usages
traditionnels en cosmétique. Cette approche collaborative implique la mise en place de programmes
de recherche, de partenariats universitaires et de réseaux transnationaux dans les territoires d'Outre-
Mer et à l?échelle internationale de l?océan Indien, d'Amazonie et des Caraïbes. Elle vise à promouvoir
35 La restauration de la nature implique une intervention humaine directe pour retrouver des
caractéristiques écologiques d?un écosystème dégradé, la régénération met l?accent sur un processus
naturel de renouvellement et de croissance.
GT cosmétique « Entreprises & Biodiversité » 38
l'utilisation responsable d'ingrédients naturels, tout en préservant les savoirs traditionnels, la
biodiversité et les populations autochtones, en conformité avec le protocole de Nagoya.
Dans un contexte où les consommateurs sont de plus en plus sensibles aux produits naturels et à leur
impact environnemental, la cosmétopée émerge comme une source innovante d'ingrédients
respectueux de l'environnement et des traditions. Elle contribue à la conservation de la biodiversité
en documentant les usages traditionnels des plantes et en sensibilisant à leur préservation face au
changement climatique et à la perte de biodiversité.
En plus de ses bénéfices environnementaux, la cosmétopée offre des opportunités de recherche, de
formation, d'engagement durable et de développement économique pour les territoires. La filière
parfumerie-cosmétique souhaite accélérer cette dynamique en développant des partenariats au coeur
des territoires pour soutenir le développement économique local et valoriser la cosmétopée, tout en
s'inscrivant dans une dynamique de collaboration internationale et de promotion des politiques
publiques en faveur de la biodiversité.
Les premiers travaux de recherche sur le sujet ont été publiés en 2016 en Polynésie française.
Aujourd?hui la dynamique s?exporte à l?international incitant les pays à s?en emparer pour agir en
faveur de la préservation de la biodiversité. Dans cette logique, COSMETIC VALLEY a lancé à l?occasion
du One Forest Summit de Libreville en 2023 un Fonds de plus de 500 k¤ à destination des Etats du
Bassin du Congo.
La filière souhaite en particulier accélérer le déploiement de cette dynamique dans les territoires
français d?outre-mer où la cosmétopée revêt un intérêt majeur. Cosmetic Valley a ouvert deux
antennes en Guyane (2022) et en Martinique (2023) et la dynamique est engagée dans tous les
territoires ultramarins avec le soutien du ministère des outre-mers pour favoriser le développement
économique des acteurs locaux, valoriser la cosmétopée et oeuvrer ainsi à la préservation de leur
biodiversité locale. L?excellence française s?inscrit ainsi au coeur de nos territoires ultra-marins,
aujourd?hui concurrencée par les pays voisins souvent contraints par des exigences moindres de
qualité.
Financement d?actions de restauration ou de conservation
Les différentes actions de conservation ou de restauration de la biodiversité comprennent la
protection des habitats naturels, la restauration des écosystèmes dégradés ou la conservation des
espèces menacées, impactées par la chaîne de valeur, à travers du mécénat et de la philanthropie ou
à travers de mécanismes d?investissement à impact. Les entreprises contribuent à travers une grande
variété de véhicules : partenariat avec des associations, fonds à impact positif, crédits carbones à haute
valeur environnementale, compensation volontaire, etc. Or, la multiplicité des moyens d?agir et la
difficulté à comprendre ce qui les distinguent peuvent être un frein au passage à l?action pour les
entreprises, notamment celles de plus petite taille.
Mesure proposée par le GT
GT cosmétique « Entreprises & Biodiversité » 39
Le GT souhaite réaliser un panorama des différentes solutions disponibles pour contribuer à des
actions de conservation, de régénération ou restauration de la Nature, notamment les fonds
philanthropiques, les crédits et marchés de compensation, les paiements pour services
environnementaux ou des investissements responsables. Il s?agira donc de lister les outils existants
et de décrire les objectifs et limites de chaque typologie d?action, incluant Il les dispositifs de
financement de recherche-action à différentes échelles (européennes, nationales, régionales) et
sectorielles.
GT cosmétique « Entreprises & Biodiversité » 40
V. Conditions de la mobilisation et du
passage à l?échelle
Pour accélérer le passage à l'échelle des actions visant à réduire les impacts du secteur cosmétique sur
la biodiversité, l'État peut jouer un rôle de catalyseur dans la transformation du secteur cosmétique.
Le soutien financier à travers les fonds France Industrie Verte permet de financer des projets de
recherche et de développement de solutions durables. En parallèle, les acteurs privés ont également
besoin d?un soutien organisationnel pour faciliter la coordination entre les acteurs de l'industrie, les
organismes gouvernementaux et les organisations de conservation, favorisant ainsi l'échange de
bonnes pratiques. Enfin, les pouvoirs publics ont également un rôle important à jouer pour clarifier et
adapter les règles de la concurrence de manière à faciliter et sécuriser les collaborations entre acteurs.
Soutenir et faciliter la conversion vers l'agriculture biologique et les pratiques
agroécologiques
Le GT souhaite que l?Etat soutienne et facilite la conversion vers l?agriculture biologique et les pratiques
agroécologiques. Des incitations financières, des subventions et des programmes d'accompagnement
peuvent être mis en place pour encourager les agriculteurs à modifier leurs pratiques de culture. Cela
peut inclure des aides à la conversion, des formations sur les techniques biologiques de culture et de
la sensibilisation afin de promouvoir les avantages de l'agriculture biologique et des pratiques
agroécologiques.
Des programmes de recherche et de développement peuvent également être financés afin de
promouvoir les meilleures pratiques agroécologiques et soutenir les agriculteurs dans leur transition
vers des pratiques agricoles qui favorisent la biodiversité, la santé des sols et la résilience des
écosystèmes tout en minimisant l'utilisation de pesticides et d'engrais chimiques.
Soutien à l?innovation
La France semble prendre du retard dans l?émergence de start-up dédiées à la substitution d?huiles
végétales non durables. Une proposition forte de ce Groupe de Travail est de mettre en place un appel
à projet pour identifier et financer des projets de recherche en France. Il s?agit d?un levier potentiel et
important de réduction de la déforestation importée et de relocalisation qui doit aussi être soutenu
par l?action publique, notamment à travers des financements par France Industrie Verte. Parmi les
start-ups françaises qui pourraient bénéficier d?un soutien de l?Etat, le secteur a notamment identifié
des entreprises telles que Global Bioenergies, Microphyt, Pili, Afyren, BGen ou BioC3.
Il est à noter que la relocalisation de ces filières implique également la réintégration des outils de
transformation des matières premières, notamment la relocalisation d?unités de raffinage des huiles
en France.
GT cosmétique « Entreprises & Biodiversité » 41
Par ailleurs, certains projets de développement d?ingrédients à base de coproduits impliquent des
partenariats de recherche. Le soutien de la puissance publique envers ces projets, souvent
territorialisés en lien avec le monde agricole, est à consolider.
Par ailleurs, la disponibilité et la qualité des coproduits ou déchets agricoles peuvent varier en fonction
de facteurs tels que la saisonnalité des cultures, les pratiques agricoles et les contraintes logistiques. Il
peut être difficile de garantir un approvisionnement constant en matières premières de haute qualité
pour la production d'ingrédients cosmétiques. Un appui de l?Etat permettrait de faciliter la
mutualisation et l?orientation des flux, par exemple à travers la création d?une plateforme
multisectorielle.
Définir un cadre pour l?agriculture régénérative
Les préoccupations exprimées par des experts quant à l?absence de standardisation et de certification
des pratiques de régénération soulignent la nécessité de normes claires pour éviter le greenwashing
et garantir des pratiques véritablement durables.
Une norme portée par l'État pour l'agriculture régénérative pourrait jouer un rôle crucial en
encourageant son adoption tout en réduisant les risques de greenwashing. Un tel cadre établirait des
critères clairs et rigoureux définissant ce qu'est réellement l'agriculture régénérative, en mettant
l'accent sur des pratiques spécifiques qui favorisent la régénération des sols, la biodiversité et la
durabilité environnementale. En imposant des exigences strictes de conformité, l'État pourrait garantir
que seules les exploitations agricoles respectant ces normes reçoivent une certification officielle. Cela
aiderait à dissuader les pratiques de greenwashing et à renforcer la confiance des consommateurs
dans les produits agricoles prétendant être régénératifs. En parallèle, l'État pourrait également offrir
des incitations financières ou des subventions pour encourager la transition vers des pratiques
agricoles régénératives, ce qui contribuerait à accélérer leur adoption à grande échelle.
Faciliter l?action collective en clarifiant les règles anti-trust
L?Autorité de la concurrence a publié en décembre 2023 un projet de communiqué relatif aux
orientations informelles de l?Autorité en matière de développement durable, qu?elle a soumis à
consultation publique jusqu?au 23 février 2024.
L?Autorité y précise que le développement durable constitue l?une des priorités de sa feuille de route
actuelle et qu?elle entend accompagner les acteurs dans l?examen, au regard des règles de
concurrence, de leurs projets poursuivant des objectifs de développement durable.
Compte tenu de la nouveauté, des spécificités et des enjeux importants de la traduction des
problématiques de développement durable dans le champ de l?analyse concurrentielle, l?Autorité a
décidé de mener une politique de « porte ouverte », en invitant les entreprises qui souhaitent
développer des projets vertueux en termes de développement durable à les soumettre au rapporteur
général qui pourra formuler des orientations informelles quant à leur compatibilité ou non avec le
droit de la concurrence. Cette approche doit être étendue aux initiatives émanant des différents corps
de l?Etat.
GT cosmétique « Entreprises & Biodiversité » 42
Étant donné l?importance cruciale que revêt la coopération entre acteurs dans les processus de
transformation des pratiques en vue de la diminution des impacts environnementaux des activités
économiques, le GT insiste sur l?importance de règles du droit de la concurrence claires et
pragmatiques qui permettent d?encadrer mais aussi de sécuriser ces actions collectives. Il est
important que les administrations impliquées dialogues régulièrement avec l?Autorité de la
concurrence, au même titre que les entreprises, afin de sécuriser les initiatives publiques et privées.
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INVALIDE) (ATTENTION: OPTION e travail, sensibilisation des collaborateurs, protection des sites
lors d?épisodes climatiques extrêmes grâce à la plantation de haies ou l?aménagement de noues
végétalisées par exemple.
Ambition collective n°9 proposée par le GT
« Le GT recommande d?éviter et de réduire au maximum les
impacts des sites détenus en propre, notamment en cherchant de
manière systématique à prévenir l'artificialisation de nouvelles
surfaces, et à contribuer à la restauration et à la régénération de la
biodiversité présente dans et autour des sites »
Mise en oeuvre
Dans la CSRD, l?ESRS E4 vise à identifier les incidences négatives des sites situés à l?intérieur ou à
proximité de zones sensibles pour la biodiversité. L?ensemble des acteurs de la filière sont donc
encouragés à utiliser des outils tels que le Biodiversity risk filter (ou équivalent) pour évaluer la fragilité
des écosystèmes des zones d?implantation de leurs sites secondaires et tertiaires et pour intégrer la
biodiversité dans leurs systèmes de management environnemental lorsqu?ils existent.
Action proposée par le GT
Le GT propose de co-construire un plan d?action avec des associations expertes telles que la LPO,
Pollinis, FNE, Biodiversio, les Jardins de Noé, les CEN régionaux ou des acteurs institutionnels tels
que les agences régionales de la biodiversité, pour encourager le plus grand nombre de sites détenus
par les entreprises à améliorer l?intégration et préservation de la biodiversité dans leurs systèmes
de gestion.
Ces actions pourront conduire à la création de couloirs écologiques à travers la gestion de leurs
espaces verts, la création d?habitats variés et de refuges pour la faune, ainsi que par des actions de
renaturation ou de ré-ensauvagement.
34 Source étude Asteres (2018)
GT cosmétique « Entreprises & Biodiversité » 37
Déployer des actions de contribution positive : restaurer, régénérer
et conserver
Les dernières décennies ont été marquées par une dégradation massive des écosystèmes terrestres
et marins. Dans ce contexte, l?ambition collective, entérinée à Montréal lors de la COP 15, d?inverser
la courbe d'érosion de la biodiversité d?ici à 2030 implique de combiner des actions de réduction des
impacts négatifs avec des actions d'amplification des contributions positives pour la nature. Le Cadre
Mondial de la Biodiversité fixe notamment comme cibles que d?ici à 2030, ?au moins 30% des zones
d'écosystèmes terrestres, d'eaux intérieures et d'écosystèmes marins et côtiers dégradés fassent l'objet
de mesures de remise en état efficaces? et que ?, au moins 30 % des zones terrestres et des eaux
intérieures, ainsi que des zones marines et côtières, en particulier les zones d?une grande importance
pour la biodiversité et les fonctions et services écosystémiques, soient dûment conservées et gérées
écologiques?, notamment au moyen d?aires protégées et par une utilisation responsable de la
biodiversité.
Les entreprises de la cosmétique sont invitées à prendre leur part dans cet effort collectif, en
mobilisant des solutions fondées sur la nature, en mettant en oeuvre des actions de restauration, de
régénération35 et de conservation dans leur chaîne de valeur et en s?impliquant au-delà dans des
projets mutualisés permettent d?agir à plus grande échelle.
Ambition collective n°10 proposée par le GT
« Le GT recommande aux entreprises de contribuer à la
restauration, à la régénération et à la conservation de la nature,
au-delà des obligations légales, au sein et en dehors de leurs
chaînes de valeur, à la hauteur des possibilités de chacun.
Dans ce contexte, les grandes entreprises de la filière sont
encouragées à poursuivre et intensifier leurs contributions, en lien avec
les objectifs posés par le Cadre Mondial de Kunming-Montréal »
Mise en oeuvre
Promouvoir la Cosmétopée
La cosmétopée, initiée par Cosmetic Valley au nom de la filière parfumerie-cosmétique française en
2010, s'inspire du concept de pharmacopée pour explorer les ressources naturelles et leurs usages
traditionnels en cosmétique. Cette approche collaborative implique la mise en place de programmes
de recherche, de partenariats universitaires et de réseaux transnationaux dans les territoires d'Outre-
Mer et à l?échelle internationale de l?océan Indien, d'Amazonie et des Caraïbes. Elle vise à promouvoir
35 La restauration de la nature implique une intervention humaine directe pour retrouver des
caractéristiques écologiques d?un écosystème dégradé, la régénération met l?accent sur un processus
naturel de renouvellement et de croissance.
GT cosmétique « Entreprises & Biodiversité » 38
l'utilisation responsable d'ingrédients naturels, tout en préservant les savoirs traditionnels, la
biodiversité et les populations autochtones, en conformité avec le protocole de Nagoya.
Dans un contexte où les consommateurs sont de plus en plus sensibles aux produits naturels et à leur
impact environnemental, la cosmétopée émerge comme une source innovante d'ingrédients
respectueux de l'environnement et des traditions. Elle contribue à la conservation de la biodiversité
en documentant les usages traditionnels des plantes et en sensibilisant à leur préservation face au
changement climatique et à la perte de biodiversité.
En plus de ses bénéfices environnementaux, la cosmétopée offre des opportunités de recherche, de
formation, d'engagement durable et de développement économique pour les territoires. La filière
parfumerie-cosmétique souhaite accélérer cette dynamique en développant des partenariats au coeur
des territoires pour soutenir le développement économique local et valoriser la cosmétopée, tout en
s'inscrivant dans une dynamique de collaboration internationale et de promotion des politiques
publiques en faveur de la biodiversité.
Les premiers travaux de recherche sur le sujet ont été publiés en 2016 en Polynésie française.
Aujourd?hui la dynamique s?exporte à l?international incitant les pays à s?en emparer pour agir en
faveur de la préservation de la biodiversité. Dans cette logique, COSMETIC VALLEY a lancé à l?occasion
du One Forest Summit de Libreville en 2023 un Fonds de plus de 500 k¤ à destination des Etats du
Bassin du Congo.
La filière souhaite en particulier accélérer le déploiement de cette dynamique dans les territoires
français d?outre-mer où la cosmétopée revêt un intérêt majeur. Cosmetic Valley a ouvert deux
antennes en Guyane (2022) et en Martinique (2023) et la dynamique est engagée dans tous les
territoires ultramarins avec le soutien du ministère des outre-mers pour favoriser le développement
économique des acteurs locaux, valoriser la cosmétopée et oeuvrer ainsi à la préservation de leur
biodiversité locale. L?excellence française s?inscrit ainsi au coeur de nos territoires ultra-marins,
aujourd?hui concurrencée par les pays voisins souvent contraints par des exigences moindres de
qualité.
Financement d?actions de restauration ou de conservation
Les différentes actions de conservation ou de restauration de la biodiversité comprennent la
protection des habitats naturels, la restauration des écosystèmes dégradés ou la conservation des
espèces menacées, impactées par la chaîne de valeur, à travers du mécénat et de la philanthropie ou
à travers de mécanismes d?investissement à impact. Les entreprises contribuent à travers une grande
variété de véhicules : partenariat avec des associations, fonds à impact positif, crédits carbones à haute
valeur environnementale, compensation volontaire, etc. Or, la multiplicité des moyens d?agir et la
difficulté à comprendre ce qui les distinguent peuvent être un frein au passage à l?action pour les
entreprises, notamment celles de plus petite taille.
Mesure proposée par le GT
GT cosmétique « Entreprises & Biodiversité » 39
Le GT souhaite réaliser un panorama des différentes solutions disponibles pour contribuer à des
actions de conservation, de régénération ou restauration de la Nature, notamment les fonds
philanthropiques, les crédits et marchés de compensation, les paiements pour services
environnementaux ou des investissements responsables. Il s?agira donc de lister les outils existants
et de décrire les objectifs et limites de chaque typologie d?action, incluant Il les dispositifs de
financement de recherche-action à différentes échelles (européennes, nationales, régionales) et
sectorielles.
GT cosmétique « Entreprises & Biodiversité » 40
V. Conditions de la mobilisation et du
passage à l?échelle
Pour accélérer le passage à l'échelle des actions visant à réduire les impacts du secteur cosmétique sur
la biodiversité, l'État peut jouer un rôle de catalyseur dans la transformation du secteur cosmétique.
Le soutien financier à travers les fonds France Industrie Verte permet de financer des projets de
recherche et de développement de solutions durables. En parallèle, les acteurs privés ont également
besoin d?un soutien organisationnel pour faciliter la coordination entre les acteurs de l'industrie, les
organismes gouvernementaux et les organisations de conservation, favorisant ainsi l'échange de
bonnes pratiques. Enfin, les pouvoirs publics ont également un rôle important à jouer pour clarifier et
adapter les règles de la concurrence de manière à faciliter et sécuriser les collaborations entre acteurs.
Soutenir et faciliter la conversion vers l'agriculture biologique et les pratiques
agroécologiques
Le GT souhaite que l?Etat soutienne et facilite la conversion vers l?agriculture biologique et les pratiques
agroécologiques. Des incitations financières, des subventions et des programmes d'accompagnement
peuvent être mis en place pour encourager les agriculteurs à modifier leurs pratiques de culture. Cela
peut inclure des aides à la conversion, des formations sur les techniques biologiques de culture et de
la sensibilisation afin de promouvoir les avantages de l'agriculture biologique et des pratiques
agroécologiques.
Des programmes de recherche et de développement peuvent également être financés afin de
promouvoir les meilleures pratiques agroécologiques et soutenir les agriculteurs dans leur transition
vers des pratiques agricoles qui favorisent la biodiversité, la santé des sols et la résilience des
écosystèmes tout en minimisant l'utilisation de pesticides et d'engrais chimiques.
Soutien à l?innovation
La France semble prendre du retard dans l?émergence de start-up dédiées à la substitution d?huiles
végétales non durables. Une proposition forte de ce Groupe de Travail est de mettre en place un appel
à projet pour identifier et financer des projets de recherche en France. Il s?agit d?un levier potentiel et
important de réduction de la déforestation importée et de relocalisation qui doit aussi être soutenu
par l?action publique, notamment à travers des financements par France Industrie Verte. Parmi les
start-ups françaises qui pourraient bénéficier d?un soutien de l?Etat, le secteur a notamment identifié
des entreprises telles que Global Bioenergies, Microphyt, Pili, Afyren, BGen ou BioC3.
Il est à noter que la relocalisation de ces filières implique également la réintégration des outils de
transformation des matières premières, notamment la relocalisation d?unités de raffinage des huiles
en France.
GT cosmétique « Entreprises & Biodiversité » 41
Par ailleurs, certains projets de développement d?ingrédients à base de coproduits impliquent des
partenariats de recherche. Le soutien de la puissance publique envers ces projets, souvent
territorialisés en lien avec le monde agricole, est à consolider.
Par ailleurs, la disponibilité et la qualité des coproduits ou déchets agricoles peuvent varier en fonction
de facteurs tels que la saisonnalité des cultures, les pratiques agricoles et les contraintes logistiques. Il
peut être difficile de garantir un approvisionnement constant en matières premières de haute qualité
pour la production d'ingrédients cosmétiques. Un appui de l?Etat permettrait de faciliter la
mutualisation et l?orientation des flux, par exemple à travers la création d?une plateforme
multisectorielle.
Définir un cadre pour l?agriculture régénérative
Les préoccupations exprimées par des experts quant à l?absence de standardisation et de certification
des pratiques de régénération soulignent la nécessité de normes claires pour éviter le greenwashing
et garantir des pratiques véritablement durables.
Une norme portée par l'État pour l'agriculture régénérative pourrait jouer un rôle crucial en
encourageant son adoption tout en réduisant les risques de greenwashing. Un tel cadre établirait des
critères clairs et rigoureux définissant ce qu'est réellement l'agriculture régénérative, en mettant
l'accent sur des pratiques spécifiques qui favorisent la régénération des sols, la biodiversité et la
durabilité environnementale. En imposant des exigences strictes de conformité, l'État pourrait garantir
que seules les exploitations agricoles respectant ces normes reçoivent une certification officielle. Cela
aiderait à dissuader les pratiques de greenwashing et à renforcer la confiance des consommateurs
dans les produits agricoles prétendant être régénératifs. En parallèle, l'État pourrait également offrir
des incitations financières ou des subventions pour encourager la transition vers des pratiques
agricoles régénératives, ce qui contribuerait à accélérer leur adoption à grande échelle.
Faciliter l?action collective en clarifiant les règles anti-trust
L?Autorité de la concurrence a publié en décembre 2023 un projet de communiqué relatif aux
orientations informelles de l?Autorité en matière de développement durable, qu?elle a soumis à
consultation publique jusqu?au 23 février 2024.
L?Autorité y précise que le développement durable constitue l?une des priorités de sa feuille de route
actuelle et qu?elle entend accompagner les acteurs dans l?examen, au regard des règles de
concurrence, de leurs projets poursuivant des objectifs de développement durable.
Compte tenu de la nouveauté, des spécificités et des enjeux importants de la traduction des
problématiques de développement durable dans le champ de l?analyse concurrentielle, l?Autorité a
décidé de mener une politique de « porte ouverte », en invitant les entreprises qui souhaitent
développer des projets vertueux en termes de développement durable à les soumettre au rapporteur
général qui pourra formuler des orientations informelles quant à leur compatibilité ou non avec le
droit de la concurrence. Cette approche doit être étendue aux initiatives émanant des différents corps
de l?Etat.
GT cosmétique « Entreprises & Biodiversité » 42
Étant donné l?importance cruciale que revêt la coopération entre acteurs dans les processus de
transformation des pratiques en vue de la diminution des impacts environnementaux des activités
économiques, le GT insiste sur l?importance de règles du droit de la concurrence claires et
pragmatiques qui permettent d?encadrer mais aussi de sécuriser ces actions collectives. Il est
important que les administrations impliquées dialogues régulièrement avec l?Autorité de la
concurrence, au même titre que les entreprises, afin de sécuriser les initiatives publiques et privées.
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