Stratégie Nationale de la Recherche Énergétique
Auteur moral
France. Ministère de l'environnement, de l'énergie et de la mer
Auteur secondaire
Résumé
<span style="color: rgb(17, 17, 17); font-family: -apple-system, Roboto, SegoeUI, "Segoe UI", "Helvetica Neue", Helvetica, "Microsoft YaHei", "Meiryo UI", Meiryo, "Arial Unicode MS", sans-serif; font-size: 14px; font-style: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-caps: normal; font-weight: 400; letter-spacing: normal; orphans: 2; text-align: left; text-indent: 0px; text-transform: none; widows: 2; word-spacing: 0px; -webkit-text-stroke-width: 0px; white-space: normal; background-color: rgb(243, 243, 243); text-decoration-thickness: initial; text-decoration-style: initial; text-decoration-color: initial; display: inline !important; float: none;">Le rapport sur la Stratégie Nationale de la Recherche Energétique (SNRE) de 2016 détaille les orientations pour la transition énergétique en France. Il met l'accent sur l'efficacité énergétique, le développement des énergies renouvelables, la collaboration entre secteurs public et privé, et la gouvernance efficace pour atteindre les objectifs climatiques et énergétiques nationaux et internationaux.</span>
Descripteur Urbamet
climat
;transition énergétique
;ENERGIE RENOUVELABLE
Descripteur écoplanete
Thème
Texte intégral
1
Stratégie Nationale de la Recherche Energétique
Décembre 2016
Synthèse
La problématique énergétique s?inscrit dans un cadre complexe qui doit répondre à plusieurs
défis majeurs : garantir et sécuriser l?accès à l?énergie des populations et des organisations à
un coût abordable et compétitif, éviter la précarité énergétique, s?inscrire dans l?atténuation
du changement climatique et l?adaptation à ce changement, préserver la santé humaine et
l?environnement, offrir un mix énergétique durable. La France s?engage résolument, via la loi
relative à la transition énergétique pour la croissance verte et la ratification de l?accord de
Paris, tant pour orienter les choix technologiques et sociétaux que pour soutenir un effort de
recherche & développement (R&D) nécessaire à l?amélioration continue des filières
existantes et à l?émergence des filières nouvelles, permettant de répondre à ces grand défis.
L?article 183 de la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (LTECV)
prévoit l?élaboration d?une stratégie nationale de la recherche énergétique (SNRE), arrêtée
par les ministres de l?énergie et de la recherche et prenant en compte la Stratégie nationale
bas carbone (SNBC) et la programmation pluriannuelle de l?énergie (PPE). Cette stratégie,
qui précise le volet énergie de la stratégie nationale de recherche (SNR), vise à identifier les
enjeux de R&D et les verrous scientifiques à lever à différents horizons temporels et tout au
long de la chaîne d?innovation dans le domaine de l?énergie pour permettre la bonne
réalisation des objectifs de la loi, tout en s?inscrivant dans une perspective internationale plus
large. L?élaboration de la SNRE, menée conjointement par la Direction générale de l?énergie
et du climat (DGEC) et la Direction générale de la recherche et de l?innovation (DGRI) s?est
appuyée sur un comité de suivi réunissant les parties prenantes.
La stratégie est organisée selon 4 grandes orientations, comportant chacune des
propositions d?actions structurantes.
Orientation 1 : cibler les thématiques transformantes clés pour la transition
énergétique
L?orientation 1 permet de refléter les objectifs fixés par la loi et par le scénario de référence
de la SNBC (diversification du mix énergétique et développement des énergies
renouvelables - ENR, renforcement de l?efficacité énergétique dans tous les secteurs
d?activité, réduction de l?utilisation des ressources fossiles, etc.) en listant les défis
scientifiques et technologiques associés (flexibilité des systèmes pour l?intégration des ENR,
décentralisation et gouvernance multi échelles des systèmes énergétiques, rôle accru des
consommateurs, amélioration continue du nucléaire, etc.)
2
Dans cette perspective, il est proposé :
- d?accroître le caractère interdisciplinaire de la R&D (lien entre transition
énergétique et révolution numérique, enjeux environnementaux et inscription dans
l?économique circulaire, enjeux économiques et sociaux pour associer les
consommateurs et accompagner la décentralisation des systèmes), par des
travaux conjoints des alliances de recherche et des entreprises de chaque
domaine, par une programmation adaptée des financements et des appels à
projets spécifiques et par un travail accru de coordination interministérielle ; ces
dimensions transverses devront par ailleurs être prises en compte
systématiquement dans les feuilles de route de R&D des filières énergétiques ;
- de mener, dans une approche systémique, des analyses comparatives des
différentes solutions de flexibilité en cours de développement (effacements,
pilotage de la production, stockage, couplage de réseaux et de vecteurs, etc.) afin
de disposer pour les futures itérations de la SNBC et de la PPE d?une vision
consolidée des options technologiques à court, moyen et long terme. Ces
recherches viendront compléter les nombreux efforts en court sur les différents
moyens innovants de production (par exemple les énergies marines) ou de
maîtrise de la demande (par exemple les matériaux et procédés pour la
rénovation énergétique des bâtiments).
Orientation 2 : développer la R&D et l?innovation en lien avec les territoires et le tissu
industriel, en particulier les PME-ETI
L?orientation 2 souligne les enjeux économiques de maintien et d?amélioration des filières
matures les plus compétitives et de développement de nouvelles filières, qui s?inscrivent
dans un cadre international, au-delà des besoins de la transition énergétique en France. Afin
d?accélérer le transfert de technologies depuis les centres de R&D vers le marché, une
approche collaborative entre les secteurs public et privé et une démarche d?expérimentation
sont nécessaires. Il est notamment proposé :
- d?amplifier la démarche de soutien à la démonstration des nouvelles technologies
et solutions, en particulier dans les territoires, en lien avec les collectivités (par
exemple, à travers l?action du prochain PIA3, ou les appels à projets (AAP) tels
que ceux déjà menés pour les territoires pilotes sur les réseaux intelligents ou
l?hydrogène), et en utilisant tous les instruments financiers (aides d?Etat ou fonds
propres) ;
- de soutenir le développement des PME/ETI, non seulement par un
accompagnement financier (par exemple avec des AAP tels que les initiatives
PME de l?Ademe, en partenariat avec les pôles de compétitivité) mais aussi par
un accompagnement au positionnement sur les marchés (mise en relation avec
les industriels). Les grands groupes énergétiques, les grands organismes de
recherche et les Instituts Carnot ou les Instituts de la transition énergétique (ITE)
pourront jouer un rôle à cette fin ;
3
- de structurer les filières françaises, en renforçant les initiatives existantes au
niveau français (cf. plans de la Nouvelle France Industrielle, comités stratégiques
de filières), en menant des analyses régulières du positionnement des acteurs
français sur la scène internationale et mobilisant ces acteurs pour participer aux
initiatives européennes ou mondiales (Programme européen Horizon 2020,
initiative Mission Innovation lancée lors de la COP21?)
Orientation 3 : Développer les compétences et connaissances pour et par la R&D&I
L?orientation 3 vise le développement des compétences, tant pour la consolidation d?une
communauté de recherche sur l?énergie que pour la formation et l?information des différents
publics intéressés (professionnels, société civile, décideurs). Un accent fort est mis sur le
caractère pluridisciplinaire (cf. orientation 1) et la constitution d?une communauté des
sciences de base pour l?énergie, y compris les sciences humaines et sociales. Il est proposé
à cet effet :
- de renforcer les collaborations internationales et la visibilité mondiale des acteurs
de la R&D française dans le domaine de l?énergie ;
- de développer des réseaux thématiques de chercheurs, comme celui sur le
stockage électrochimique de l?énergie (RS2E), permettant de constituer des
masses critiques autour des laboratoires d?excellence existants, par exemple
dans le domaine des matériaux pour l?énergie ; de s?appuyer également sur les
grandes infrastructures de recherche pour développer des programmes pour
l?énergie ;
- de développer la capacité de modélisation et de prospective, en vue d?élaborer
des scénarios intégrant les différentes dimensions des systèmes énergétiques et
permettant de caractériser et orienter les choix du bouquet énergétique ;
- de développer des nouvelles formations pour les métiers de la transition
énergétique, avec l?appui des établissements d?enseignement supérieur ou des
instituts tels que les ITE ;
- d?associer la société civile aux projets de démonstration dans les territoires et au
retour d?expérience de ces démonstrations, afin de faciliter les débats et choix de
société et l?adoption des technologies apportant les meilleurs services.
Orientation 4 : Créer une gouvernance légère et performante permettant d?assurer le
pilotage opérationnel dynamique de la SNRE
Cette dernière orientation souligne le besoin de coordonner la mise en oeuvre de la SNRE
avec les initiatives existantes aux différentes échelles géographiques, du local (en particulier
au niveau régional) à l?international (en particulier au niveau européen avec le programme
Horizon 2020 et le SET Plan) et de consolider la gouvernance pour une mise en oeuvre
efficiente au-delà de la phase d?élaboration de la stratégie (conformément aux
recommandations de l?OPECST). Dans ce but, il est proposé :
4
- de réunir le comité des parties prenantes sur un rythme annuel après l?adoption
de la SNRE, pour impulser et en suivre la mise en oeuvre et préparer sa future
révision, selon un cycle de 5 ans, coordonné avec ceux de la SNBC, de la PPE et
de la SNR ;
- de prévoir une évaluation ex post de la SNRE par l?OPECST, qui avait déjà
évalué en 2009 la précédente SNRE de 2007;
- de mettre en place un échange régulier avec les régions sur les actions de
soutien à la R&D, les priorités et les données de financement, afin de permettre
une évolution coordonnée des stratégies respectives, de dégager des synergies
et de consolider les retours d?expérience de démonstration dans les territoires au
sein d?un « observatoire national des expérimentations » ;
- de suivre le respect par la France de l?engagement de doublement des
financements de la R&D dans les énergies vertes par l?Etat, pris dans le cadre de
l?initiative Mission innovation à la COP21 ;
- de s?assurer de la bonne complémentarité des dispositifs de financement de la
R&D au niveau français et international. Par exemple, la France pourra défendre
au niveau européen le renforcement des financements du programme Horizon
2020 sur la recherche amont (TRL bas) et s?assurer que le futur fonds de soutien
à l?innovation mis en place dans le cadre de la réforme du marché carbone
(directive ETS) apporte une source supplémentaire et des instruments adaptés de
financement de l?innovation bas carbone pour des projets de grande envergure.
Compte tenu de la spécificité du secteur de l?énergie, la levée de l?ensemble des verrous
scientifiques, technologiques et systémiques, ne pourra se faire qu?au travers d?actions
supportées à la fois par la recherche publique et par la recherche privée et d?une démarche
collaborative. La mobilisation de l?ensemble des acteurs pour la mise en oeuvre de cette
stratégie nationale de recherche énergétique est donc cruciale.
5
Sommaire
1. Introduction et contexte ................................................................................................................. 7
1.1 Une vision mondiale et européenne de la transition énergétique........................................ 7
1.2 Des objectifs nationaux ambitieux appelant une stratégie volontariste et visant l?ensemble
du système énergétique.................................................................................................................... 13
2. Processus d?élaboration de la SNRE .............................................................................................. 20
2.1 Une stratégie s?appuyant sur un socle de documents existants ......................................... 20
2.2 Un travail en concertation avec les parties prenantes ........................................................ 21
2.3 Un processus d?adoption prévu par la loi ............................................................................ 22
3. Orientations stratégiques de la SNRE......................................................................................... 23
Orientation stratégique 1 : Cibler les thématiques et dynamiques transformantes clés pour la
transition énergétique: ....................................................................................................................... 23
1.1 Priorité aux économies d?énergie et de ressources stratégiques........................................ 23
1.2 Evolution des systèmes pour diversifier le mix énergétique ............................................... 31
1.3 Actions structurantes proposées..................................................................................... 38
Orientation stratégique 2 : Développer la R&D et l?innovation en lien avec les territoires et le
tissu industriel, en particulier les PME-ETI, pour la réussite de la transition énergétique ...... 41
2.1 Enjeux internationaux.......................................................................................................... 41
2.2 Conforter la performance des actuelles filières énergétiques déjà leaders et/ou à
fort potentiel à l?export sur le marché mondial ........................................................................... 42
2.3 Permettre l?émergence de filières industrielles performantes (nationales et européennes)
pour accélérer la transition énergétique .......................................................................................... 44
2.4 Actions structurantes proposées..................................................................................... 45
Orientation stratégique 3 : Développer les compétences et connaissances pour et par la
R&D&I................................................................................................................................................... 47
3.1 Conforter une communauté nationale de la recherche de très haut niveau sur l?énergie. 47
6
3.2 Contribuer, à partir des compétences et connaissances développées par les activités de
recherche et d'innovation, à l?information et la formation .............................................................. 52
3.3 Actions structurantes proposées ................................................................................................ 54
Orientation stratégique 4 : Créer une gouvernance légère et performante permettant
d?assurer le pilotage opérationnel dynamique de la SNRE.......................................................... 58
4.1 Mise en place d?une gouvernance dédiée pour assurer le déploiement et
l?évaluation périodique de la SNRE dans une démarche prospective. .................................. 58
4.2 Recensement et mise en cohérence des différents outils de financement, de
soutien et de suivi de la R&I ......................................................................................................... 59
Annexes ............................................................................................................................................... 63
Annexe 1 Organismes de recherche................................................................................................. 63
Annexe 2 Liste des participants au comité de suivi et d?élaboration de la SNRE ............................. 64
Annexe 3 TRL ..................................................................................................................................... 66
Annexe 4 Principaux dispositifs nationaux de soutien à l?innovation............................................... 67
Annexe 5 Liste des fiches thématiques utilisées comme documents préparatoires........................ 68
7
1. Introduction et contexte
Les perspectives d?un développement durable sont dépendantes d?un approvisionnement en
énergie pérenne, sécurisé et compétitif avec un impact sur l?environnement réduit, tant à
l?échelle locale qu?à l?échelle globale. La problématique énergétique s?inscrit dans un cadre
complexe qui doit répondre à plusieurs défis majeurs : garantir l?accès à l?énergie des
populations et des organisations à un coût abordable, éviter la précarité énergétique,
s?inscrire dans l?atténuation et l?adaptation au changement climatique, préserver la santé
humaine et l?environnement, offrir un mix énergétique durable.
Ainsi, la forte croissance de la demande attendue d?ici 2030 au niveau mondial devrait être
satisfaite par une diversification large des sources d?énergie, par l?augmentation de la
production et de l?intégration au système d?une énergie défossilisée, notamment pour
contrôler les émissions de gaz à effet de serre ou pour limiter la dépendance à des stocks
irrégulièrement répartis et par nature limités. Pour répondre aux besoins de diversification
d?approvisionnement et aux grands enjeux climatiques, le XXIéme siècle sera donc celui de la
transition énergétique et la France s?engage résolument, via la loi relative à la transition
énergétique pour la croissance verte (LTECV) et la ratification de l?accord de Paris, tant pour
orienter les choix technologiques et sociétaux que pour soutenir une recherche nécessaire à
l?amélioration continue des filières existantes et à l?émergence des filières nouvelles.
La maîtrise du mix énergétique à l?horizon 2050 et au-delà est un défi majeur d?envergure
internationale qui conduit à de gros besoins en recherche et en équipements spécifiques.
Les systèmes énergétiques du futur, quelle qu?en soit la forme, requièrent d?importants
investissements, d?importants travaux de recherche et développement (R&D) avec un fort
besoin en infrastructures de recherche dédiées. Cela implique également de gérer les
incertitudes (prix, considérations géostratégiques, courbes d?apprentissage des différentes
technologies, comportements des acteurs?), pour prendre les décisions qui soient les moins
coûteuses à long terme.
1.1 Une vision mondiale et européenne de la transit ion énergétique
1.1.1 Une mobilisation mondiale de la R&D est néces saire pour lutter
contre le changement climatique
L?Accord de Paris conclu à l?issue de la COP21, en décembre 2015, a reconnu la nécessité
pour les pouvoirs publics, comme pour les entreprises et autres parties prenantes, de
soutenir l?accélération de l?innovation en faveur des technologies bas carbone, dans la
perspective d?une limitation de la hausse des températures moyennes mondiales bien en
dessous de 2°C par rapport aux niveaux pré-industriels et d?une poursuite des efforts pour
limiter cette hausse à 1,5°C par rapport aux niveaux pré-industriels.
A cet effet, la communauté internationale a notamment lancé en 2015 la « Mission
Innovation » et la « Breakthrough Energy Coalition » pour susciter et orienter les
8
investissements, en appui à d?autres stratégies et mesures de politiques énergie-climat
(réduction des subventions aux énergies fossiles, ?). Les membres1 de « Mission
Innovation » se sont ainsi engagés à doubler sur 5 ans leurs dépenses gouvernementales
annuelles en RD&D2 en faveur des énergies propres (« clean energy ») pour atteindre les
30 milliards de dollars US en 2021.
L?édition 2016 du rapport annuel « Energy Technology Perspectives » (ETP2016)3 de
l?Agence Internationale de l?Energie (AIE) analyse l?ampleur des évolutions nécessaires pour
lutter contre le changement climatique. Ainsi, il modélise le système énergétique mondial de
façon à présenter, notamment aux décideurs politiques, des projections quantitatives
jusqu?en 2050, sur la base de trois grands scénarios4:
? « 2DS » (2 Degree Scenario), scénario privilégié par l?AIE et sur lequel se focalise le
rapport précité ; ce scénario, qui envisage une transformation radicale du système
énergétique mondial de façon efficace et économique (« cost-effective »), est
compatible avec une limitation (à au moins 50% de probabilité) d?une hausse de
température ne dépassant pas 2°C, grâce à une baisse des émissions mondiales de
GES de près de 60% en 2050 par rapport à 2013 ; en cumulé de 2013 à 2050 ces
émissions atteindraient malgré tout 1 000 milliards de tonnes de CO2.
? « 4DS », qui tient compte des promesses récentes faites par les pays pour limiter
leurs émissions et améliorer leur efficacité énergétique, dans le but de limiter la
hausse de température à 4°C, ce qui occasionnerait cependant des dégâts
considérables à la Planète.
? « 6DS », qui est un scénario tendanciel d?ici 2050. Sans efforts supplémentaires à
ceux déjà mis en oeuvre, les émissions augmenteraient de 60% d?ici 2050 pour
atteindre, en cumulé sur la période, 1 700 milliards de tonnes de CO2, ce qui aurait
un effet dévastateur en termes de réchauffement et de dérèglement climatique.
Les graphiques de la Figure 1 ci-dessous mettent en évidence, d?une part, pour chacun des
trois scénarios, la transformation du système énergétique mondial, en distinguant les
évolutions des énergies fossiles et des énergies non fossiles et d?autre part, la réduction par
secteur des émissions de CO2 dans le scénario 2DS.
1
20 pays membres ainsi que la Commission européenne, voir http://www.mission-innovation.net/
2
Recherche, développement et démonstration
3
Energy Technology Perspectives 2016, voir https://www.iea.org/etp/
4
Ceux-ci sont complémentaires d?une autre étude prospective annuelle de l?AIE, à moins long terme, désignée
par « WEO » ou « World Energy Outlook »)
9
Note : 1 EJ (exajoule) vaut 23,88 Mtep.
Figure 1 Projections des scénarios AIE jusqu?en 2050 (Source : AIE, ETP 2016)
Le scénario 2DS nécessite d?investir5 environ 40 000 milliards de dollars US (valeur 2014),
en cumulé sur 2016-2050, par rapport à 6DS, soit un total d?investissements (additionnels et
incontournables) de 360 000 milliards de dollars pour l?ensemble du système énergétique
mondial, couvrant les secteurs du bâtiment, de l?industrie, des transports et de la production
d?électricité. Par exemple, la décarbonation du système électrique - qui joue un rôle central
au niveau mondial dans la quête de la transition énergétique ? nécessite des
investissements cumulés, additionnels dans 2DS par rapport à 6DS, qui s?élèvent sur la
5
Energy Technology Perspectives 2015, pages 64-65.
10
période 2016-2050 à 8 900 milliards de dollars ; pour le secteur des transports, ce même
montant atteint 18 000 milliards de dollars.
Cependant les économies d?énergie compensent largement ces dépenses d?investissements
et, selon l?AIE, le scénario 2DS entraînerait une réduction de coûts de combustibles
d?environ 115 000 milliards de dollars sur 2016-2050, offrant ainsi au monde un « bénéfice »
de 75 000 milliards de dollars.
Bien que le solde soit positif, la transition énergétique selon un scénario 2DS requiert de
mobiliser des ressources financières considérables que les pouvoirs publics à eux seuls ne
seront pas en mesure d?assurer. Divers modèles de financement public et de fonds de
soutien à la RD&D doivent être mobilisés pour tirer parti des capitaux privés de façon
innovante. Des instruments réglementaires ou législatifs doivent aussi être mis en place pour
lever les inquiétudes des investisseurs privés suscitées par les risques financiers et
politiques élevés en matière d?investissements énergétiques.
Pour l?ensemble des pays membres de l?AIE, les dépenses publiques consacrées à la RD&D
dans le secteur énergétique (cf. Figure 2 ) ont crû en valeur absolue depuis le creux de la fin
des années 1990, leur part dans la RD&D totale s'est stabilisée autour de 3% à 4% depuis
2000 bien loin du pic de 11% atteint en 1981.
Figure 2 Dépenses publiques de RD&D dédiées à l?énergie dans les pays membres de l?AIE
La France reste dans le peloton de tête des pays qui investissent le plus dans la RD&D
pour l?énergie, à hauteur de 0,5% du PIB, selon l?AIE (cf Figure 3).
11
Figure 3 Part des dépenses publiques de RD&D pour l?énergie en ? du PIB en 2013 (AIE)
0
200
400
600
800
1 000
1 200
2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014
B
ud
ge
t
dé
pe
ns
é
(M
¤)
Domaines de recherche transverses et non classés
Energies fossiles
Nouvelles technologies de l'énergie
Energie nucléaire
Figure 4 Financements publics (subventions) de R&D pour l'énergie en France (2004 à 2014)
12
1.1.2 Une SNRE forte d?une vision intégrée et systé mique de l?énergie en
cohérence avec le cadre européen.
La Commission européenne a fait de l?énergie une de ses priorités et a publié en février
2015 une communication présentant l?« l?Union de l?Energie » (COM(2015)80) assise sur 5
dimensions :
- la sécurité énergétique,
- la pleine intégration du marché européen de l?Energie ;
- l?efficacité énergétique comme moyen de modérer la demande ;
- la « décarbonisation » de l?économie ;
- la recherche, l?innovation et la compétitivité.
La R&D sur les technologies énergétiques est donc non seulement explicitement une des 5
dimensions mais elle est en outre aussi nécessaire pour la mise en oeuvre des quatre autres.
Pour cette 5ème dimension, qui constitue le SET Plan européen6, 4 priorités européennes
communes sont identifiées :
? être au premier rang mondial dans la mise au point de la prochaine génération
de technologies liées aux énergies renouvelables ;
? faciliter la participation des consommateurs à la transition énergétique grâce
aux réseaux et systèmes intelligents ;
? mettre en place des systèmes énergétiques efficients et maîtriser la
technologie requise pour que le parc immobilier accède à la neutralité
énergétique ;
? mettre en place des systèmes de transport plus durables.
En plus de ces quatre priorités communes, les États membres désireux d'utiliser les
technologies en question peuvent s?engager à collaborer activement au niveau européen
pour les 2 priorités optionnelles suivantes :
? développer le captage/stockage du carbone (CCS) et le captage/utilisation du
carbone (CCU) pour les secteurs industriels et la production d'électricité,
? conserver l?avance technologique dans le domaine nucléaire (fission et
fusion), notamment grâce à ITER.
Dix actions clés précisent les priorités dégagées et constituent la base d?un plan d?actions
concret.
La R&D française s?insérant dans ce cadre européen ainsi défini doit mettre l?accent sur les
questions systémiques que posent les défis énergétiques de demain liés aux nouveaux
modes de production (sources d?énergies renouvelables variables et distribuées), de
consommation (rôle proactif des consommateurs, efficacité énergétique, ?) de transport et
de stockage (réseaux intelligents, ?) de l?énergie. Elle contribuera ainsi aux défis
systémiques de la vision européenne exprimée dans le paquet « Union de l?énergie ».7
6
Le SET Plan (Strategic Energy Technologies) est une initiative conjointe des Etats et de la Commission
européenne pour stimuler la mise en oeuvre des nouvelles technologies de l?énergie (https://setis.ec.europa.eu)
7
Le paquet « Union de l?énergie » souligne dans sa page introductive combien la vision proposée est « celle
d?une Union de l?énergie focalisée sur le citoyen ? dans laquelle ce dernier prend à son compte la transition
énergétique [?] » - cf. COM(2015) 80 final, p. 2.
13
1.2 Des objectifs nationaux ambitieux appelant une stratégie volontariste et
visant l?ensemble du système énergétique
1.2.1 Une SNRE en cohérence avec la loi TECV et ses outi ls de mise en
oeuvre
1.2.1.1 Rappel des objectifs de la loi TECV
Outre des objectifs qualitatifs comme l?émergence d?une économie compétitive et riche en
emplois grâce à la mobilisation de toutes les filières industrielles, la sécurité
d?approvisionnement, la réduction de la dépendance aux importations tout en assurant la
préservation de la santé humaine et l?environnement, la loi TECV fixe notamment les grands
objectifs quantifiés suivants :
? Réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40 % entre 1990 et 2030 et
diviser par quatre les émissions de gaz à effet de serre entre 1990 et 2050 ;
? Réduire la consommation énergétique finale de 50 % en 2050 par rapport à la
référence 2012, en visant un objectif intermédiaire de 20 % en 2030 ;
? Réduire la consommation énergétique primaire des énergies fossiles de 30 %
en 2030 par rapport à l?année de référence 2012 ;
? Porter la part des énergies renouvelables à 23 % de la consommation finale
brute d?énergie en 2020 et à 32 % de cette consommation en 2030 ; à cette date,
pour parvenir à cet objectif, les énergies renouvelables doivent représenter 40 % de
la production d?électricité, 38 % de la consommation finale de chaleur, 15 % de la
consommation finale de carburant et 10 % de la consommation de gaz ;
? Diversifier les sources de production d?électricité et réduire la part du nucléaire
dans la production d?électricité à 50 % à l?horizon 2025 ;
? Contribuer à l?atteinte des objectifs de réduction de la pollution atmosphérique
prévus par le plan national de réduction des émissions de polluants
atmosphériques défini à l?article L. 222-9 du code de l?environnement ;
? Disposer d?un parc immobilier dont l?ensemble des bâtiments sont rénovés en
fonction des normes ?bâtiment basse consommation? ou assimilées, à l?horizon
2050 ;
? Parvenir à l?autonomie énergétique dans les départements d?outre-mer à
l?horizon 2030, avec, comme objectif intermédiaire, 50 % d?énergies renouvelables
à l?horizon 2020 ;
? Multiplier par cinq la quantité de chaleur et de froid renouvelables et de
récupération livrée par les réseaux de chaleur et de froid à l?horizon 2030.
Pour atteindre ces objectifs, la loi TECV propose d?associer les efforts de l?Etat, des
collectivités territoriales et de leurs groupements, des entreprises, des associations et des
citoyens. Elle positionne ainsi les territoires au carrefour de l?innovation.
14
L?article 183 de la loi TECV précise que la France se dotera d?une politique de recherche et
d?innovation en matière d?énergie, en cohérence avec la Stratégie Nationale de Recherche
(SNR) et prenant en compte les orientations de la politique énergétique et climatique définies
dans la stratégie nationale bas carbone. Par ailleurs, la stratégie nationale de recherche
énergétique est élaborée, selon les termes mêmes de la loi, en concertation avec les
régions.
1.2.1.2 Rappel des orientations de la SNBC
La Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC) instaurée par la loi TECV définit la marche à
suivre pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) et mettre en oeuvre la
transition vers une économie bas-carbone et durable.
La première SNBC et les budgets carbone afférents ont été fixés par le décret n°2015-1491
du 18 novembre 2015. La SNBC vise l?objectif de division par quatre des émissions de gaz à
effet de serre à l'horizon 2050, en respectant la trajectoire définie par les budgets carbone
fixés pour les périodes 2015-2018, 2019-2023 et 2024-2028, ainsi que l?engagement de la
France auprès de l?Union européenne, de réduire de 40% ses émissions de GES en 2030,
par rapport à 1990.
Figure 5 : Déclinaison sectorielle indicative des trois premiers budgets carbone
La première SNBC souligne la nécessité, pour mener à bien la transition vers une économie
bas-carbone, de renforcer de manière très importante les efforts d'économie d'énergie
et de baisser l'intensité carbone de l'énergie utilisée. Durant les 10 prochaines années,
la France veillera ainsi à réduire son empreinte carbone notamment par :
- une baisse de l'intensité carbone de l'économie, en développant les énergies
renouvelables (ENR), en mobilisant les matériaux bio-sourcés (par exemple le bois
dans la construction), en encourageant une mobilité maîtrisée et moins polluante,
15
notamment grâce aux technologies bas-carbone et à l?information des
consommateurs ;
- un développement majeur des économies d'énergie dans l'ensemble des
secteurs, en particulier l'industrie, les bâtiments, les transports ;
- le développement de l'économie circulaire, via l?écoconception, le réemploi, le
recyclage.
Le scénario de référence de la SNBC n?est pas normatif mais présente une trajectoire
possible pour l'atteinte de nos objectifs. Il illustre l?ampleur des efforts à accomplir et les
cobénéfices attendus et a permis de dégager des recommandations sectorielles de
court/moyen terme. Parmi ces recommandations sectorielles, un certain nombre de celles
concernant l?énergie sont susceptibles d?avoir une influence sur les orientations de la R&D.
La maîtrise et régulation de la demande :
- Développer l?efficacité énergétique, en focalisant autant que possible les efforts sur
les sources carbonées ;
- Promouvoir l?électrification des usages tout en atténuant les pointes de
consommation électrique saisonnières et journalières afin de limiter le recours aux
sources carbonées, par exemple via l?effacement, le pilotage de la demande et la
maîtrise des transferts d?usage vers le vecteur électrique (pilotage des recharges des
véhicules électriques, limitation de la thermo sensibilité de la consommation?)
La décarbonation et la flexibilité du mix énergétique :
- Prévoir le déploiement de systèmes de capture et stockage du carbone pour les
centrales fossiles qui auront vocation à fonctionner à l?horizon 2050 (au besoin en
retrofit) ;
- Améliorer la flexibilité des systèmes énergétiques et assurer la sécurité
d?approvisionnement sans augmenter les émissions, en intégrant une part croissante
d?ENR, en développant les capacités de flexibilité à différentes échelles ? production
de pointe, pilotage intelligent de la demande, transferts entre systèmes
(électricité/gaz/chaleur), stockage et interconnexions sont à combiner et optimiser ;
- Orienter la production de chaleur vers les sources renouvelables (biomasse,
géothermie, ?) et la récupération de chaleur fatale (processus industriels ou inertie
des bâtiments) et développer les réseaux de chaleur (en lien avec les dispositifs de
planification urbaine) afin de mieux mutualiser et utiliser ces sources.
1.2.1.3 Rappel des orientations de la PPE
La Programmation Pluriannuelle de l?Energie (PPE) fixe, en application de l?article 176 de la
loi TECV, les priorités d'actions des pouvoirs publics dans le domaine de l'énergie afin
d'atteindre les objectifs de la loi. L'ensemble des piliers de la politique énergétique (maîtrise
de la demande d?énergie, énergies renouvelables, sécurité d'approvisionnement, réseaux,
etc.) et l'ensemble des énergies sont traités dans une même stratégie, contrairement aux
Programmations Pluriannuelles des Investissements précédentes (PPI électricité, gaz,
chaleur), afin de tenir compte du lien fort entre les différentes dimensions de la politique
16
énergétique et de développer une vision transversale de l'énergie plus efficace pour atteindre
nos objectifs. La PPE doit être compatible avec les objectifs de réduction des émissions de
gaz à effet de serre fixés par les budgets carbone, en particulier pour le secteur de l?énergie,
ainsi qu?avec la stratégie bas-carbone plus généralement.
Conformément à la loi, la PPE se fonde sur différents « scénarios de besoins énergétiques
associés aux activités consommatrices d?énergie, reposant sur différentes hypothèses
d?évolution de la démographie, de la situation économique, de la balance commerciale et
d?efficacité énergétique ». Elle tient compte notamment pour le développement des énergies
renouvelables des incertitudes techniques et économiques et fixe des options hautes et
basses en fonction des hypothèses envisagées.
Deux scénarios ont ainsi été retenus :
? Le « scénario de référence » avec une évolution basse des besoins énergétiques
associés à la fourchette haute de développement des énergies renouvelables, qui
place la France sur la trajectoire lui permettant d?atteindre les objectifs de la loi à
l?horizon 2030 ;
? Une « Variante » avec une évolution haute des besoins énergétiques associés à la
fourchette basse de développement des énergies renouvelables, qui illustre la prise
en compte des incertitudes associées à la consommation d?énergie, et la nécessité si
ce scénario se réalise de modifier radicalement la trajectoire d?évolution de la
consommation et de la production après 2023 pour atteindre les objectifs de la loi en
2030.
La PPE, adoptée par le décret n° 2016-1442 du 27 octobre 2016, fixe des objectifs quantifiés
sur la période 2016-2023. Ces objectifs quantifiés s?accompagnent des orientations d?action
suivantes sur l?ensemble de la période :
- améliorer l?efficacité énergétique et baisser la consommation d?énergies fossiles en
préservant le pouvoir d?achat des consommateurs et la compétitivité des prix ;
- accélérer le développement des énergies renouvelables et de récupération ;
- maintenir un haut niveau de sécurité d?approvisionnement dans le respect des
exigences environnementales ;
- préparer le système énergétique de demain, plus flexible et décarboné, en
développant les infrastructures.
La PPE propose également des actions transverses, comme la mise à jour régulière des
études technico-économiques portant sur les synergies entre vecteurs énergétiques et leurs
usages, ou la publication de la stratégie nationale de recherche énergétique.
1.2.2 Rappel des orientations de la SNR concernant l?énergie
Les travaux réalisés lors de l?élaboration de la Stratégie Nationale de Recherche (SNR),
parue en 2015, ont conduit à identifier 5 orientations stratégiques pour le défi 2, intitulé « une
énergie propre, sûre et efficace ».
17
Gestion dynamique des systèmes énergétiques
Les sources d?énergie renouvelable de plus en plus nombreuses, diversifiées et localisées,
nécessitent une recherche sur les moyens d?intégration efficace et dynamique de ces
énergies dans les réseaux de distribution, grâce à des solutions techniques combinant de
façon optimale les sources d?énergie « bas carbone », souvent irrégulières, avec des
sources programmables. Cela suppose de développer différents vecteurs énergétiques, les
technologies de stockage et de conversion, ainsi que des réseaux d?énergie intelligents et
sûrs permettant de distribuer l?électricité au niveau local, comme de la transporter via les
grands réseaux européens.
Gouvernance multi échelles des nouveaux systèmes énergétiques
Il s?agira de s?interroger sur les besoins d?évolution des politiques locales, territoriales,
nationales et européennes, sur l?évolution de la régulation des marchés, pour concevoir une
gouvernance efficace et équitable prenant en compte un nombre croissant de petits
producteurs. Pour cela, il sera nécessaire de travailler à l?optimisation des interfaces entre
les différentes échelles, du local au global. Les modes de gouvernance prendront en compte
la gestion des énergies au niveau du territoire et leur articulation avec le niveau national, ils
devront inclure les coûts des systèmes énergétiques et anticiper les impacts sur les
entreprises et les particuliers.
Efficacité énergétique
Les efforts de recherche et d?innovation doivent être poursuivis pour limiter les besoins
énergétiques dans les secteurs du bâtiment, des transports et des systèmes productifs. Pour
être efficaces, les solutions développées devront combiner différentes technologies
innovantes (nouveaux isolants, récupération de chaleur, optimisation des moteurs,
compteurs intelligents?), une évolution des comportements d?acteurs, des logiques
collectives et des dispositifs d?incitation et de diffusion.
Réduction de la dépendance en matériaux stratégiques
Réduire le besoin et l?usage des matériaux stratégiques pour les systèmes énergétiques
passe par la mise en place d?une réflexion sur la chaîne allant de leur extraction à leur
recyclage en passant par leur utilisation. Il faudra regrouper les compétences sur ces trois
volets afin de soutenir l?émergence d?une filière durable (méthodes de production et de
recyclage innovantes et propres). Cela supposera notamment d?étudier les comportements
de ces matériaux sous sollicitations multiples, de trouver des matériaux de substitution,
d?optimiser les rendements et les durées de vie.
Substituts au carbone fossile pour l?énergie et la chimie
La production de biocarburants et les applications issues de la chimie biosourcée n?en sont
qu?à leur début. Pour que ces filières de substitution soient durables, il faudra rompre avec
des raisonnements de spécialité et penser le procédé chimique ou le biocarburant à la
lumière des applications concurrentes, de l?échelle (locale ou non) à laquelle la ressource et
le produit sont mobilisés et utilisés, de leurs conditions d?obtention, des possibilités de
recyclage du produit, de l?existence d?autres matériaux de substitution.
18
Les orientations liées au défi 2 « une énergie propre sûre et efficace » de la SNR sont
également en lien avec les autres défis :
La problématique « information pour l?énergie et énergie pour l?information » (Green-IT),
avec les nouvelles consommations, l?instrumentation et l?efficacité, la flexibilité de la
demande, les réseaux énergétiques intelligents, la gestion de l?intermittence et l?insertion des
ENR variables, intéresse le défi 7 « Société de l?information et de la communication »
Les questions autour des bioénergies, de la bioéconomie et de l?usage des sols font appel
aux travaux du défi 1 « gestion sobre des ressources et adaptation au changement
climatique ».
La thématique des matériaux stratégiques pour l?énergie avec notamment les nouveaux
matériaux pour la conversion des énergies renouvelables et le stockage électrochimique est
connexe avec le défi 1 pour les questions de connaissance et extraction, et le défi 3 « le
renouveau industriel » pour les questions de production - transformation, d?optimisation
des rendements, et de recyclage. Le défi 3 est également lié aux technologies et matériaux
pour l?efficacité énergétique, aux procédés industriels, à l?écologie industrielle et l?économie
circulaire.
L?énergie est également partie prenante dans les travaux du défi 6 « mobilité et systèmes
urbains durables » avec les thématiques des systèmes urbains et quartiers économes en
énergie et à faibles émissions et des systèmes transports adaptés et durables.
Enfin, le défi 2 partage avec le défi 8 « sociétés innovantes, intégratives et adaptatives »,
l?ambition d?ouvrir les processus d?innovation aux acteurs de la société, prenant en compte
leurs bénéfices (économiques, sociaux, environnementaux) comme les inégalités et les
risques dont ils peuvent être porteurs.
1.2.3 Une SNRE en cohérence avec les autres stratég ies thématiques
La SNRE doit s?élaborer en veillant à la cohérence avec les autres grandes stratégies
nationales plus thématiques qui contribuent à structurer une communauté de l?énergie. C?est
notamment le cas de :
? la Stratégie Nationale Bioéconomie (SNBE) ;
? la Stratégie Nationale de Développement de la Mobilité Propre, annexée à la PPE ;
? la Stratégie Nationale de Mobilisation de la Biomasse.
Enfin, sont également à prendre en compte la Stratégie Nationale de l?Enseignement
Supérieur (STRANES), la Stratégie Nationale de Transition Ecologique vers un
Développement Durable 2015-2020 (SNTEDD), la Stratégie Nationale des Infrastructures de
Recherche (SNIR).
19
1.2.4 Une SNRE couvrant l?ensemble de la chaîne de recherche, innovation
et formation à différents horizons temporels
La réussite de la transition énergétique repose sur un effort de recherche important, pour
constituer le socle de connaissances scientifiques et techniques et la gamme de solutions
permettant de répondre aux objectifs fixés par la loi aux différents horizons temporels, en
permettant à la fois des améliorations des systèmes énergétiques actuels et la préparation
des révolutions technologiques futures.
Il s?agit donc de couvrir toute la chaîne de la recherche et de l?innovation, allant des bas
TRL8 pour les actions de long terme (horizon 2050 et au-delà) qui requièrent une contribution
significative de la recherche amont jusqu?aux TRL les plus élevés pour les recherches de
moyen et court termes (horizons 2020-2030) dédiées aux phases de développement et
déploiement des nouvelles technologies (cf. Figure 6).
L?un des atouts importants de la filière française de l?énergie repose sur l?excellence à
préserver et développer de sa recherche qu?elle soit fondamentale, appliquée ou finalisée. Il
existe de grands opérateurs nationaux de la recherche spécialisés en énergie, notamment le
CEA, l?IFPEN, le CNRS associant au sein d?une alliance dédiée (l?alliance Ancre) les autres
organismes concernés par l?énergie9 dont la liste est donnée en annexe.
Les efforts de recherche sur la transition énergétique sont soutenus par les agences de l?Etat
ANR et Ademe, par la BPI10, et par le Programme d?Investissement d?Avenir (PIA) depuis
son lancement en 2010.
Sur ces bases, la SNRE s?attache à soutenir les grandes tendances des scénarios de la
transition énergétique, et à promouvoir l?émergence de nouvelles filières bas-carbone tout en
permettant aux filières énergétiques actuellement majoritaires de s?insérer dans un bouquet
énergétique diversifié. Il convient de souligner que la SNRE ne constitue pas un exercice
de programmation détaillé par filière mais vise à identifier, au niveau stratégique, les enjeux
principaux pour les acteurs de la R&D dans le domaine de l?énergie, à la fois en termes de
thématiques et en termes de coordination.
Compte tenu de la spécificité du secteur de l?énergie dans lequel la démonstration
préindustrielle est cruciale, la levée de l?ensemble des verrous scientifiques, technologiques
et systémiques, ne pourra se faire qu?au travers d?actions supportées à la fois par la
recherche publique et par la recherche privée et d?une démarche collaborative.
Enfin, la SNRE intègre les enjeux de formation et de développement des compétences, afin
d?assurer une bonne transmission des savoirs et des technologies vers le monde
économique et de permettre un échange éclairé sur les innovations avec la société, tant au
stade de leur conception que de leur déploiement.
8
TRL: Niveau de maturité technologique (Technological Readiness Level). Voir en annexe l?échelle TRL
9
Voir liste en Annexe 1 Organismes de recherche
10 Voir Annexe 4 Principaux dispositifs nationaux de soutien à l?innovation
20
Figure 6 Le système d?innovation
2. Processus d?élaboration de la SNRE
2.1 Une stratégie s?appuyant sur un socle de docume nts existants
La prise en compte de l?exercice 2007 et de son évaluation
La loi de programme n°2005-781 du 13 juillet 2005 fixant les orientations de la politique
énergétique (dite loi « POPE ») a prévu l?élaboration d?une stratégie nationale de recherche
énergétique, arrêtée par les ministres en charge de l?énergie et de la recherche et rendue
publique. Le rapport définissant la première SNRE a ainsi été transmis au Parlement en mai
2007. Il a ensuite fait l?objet d?une évaluation par l?Office parlementaire d?évaluation des
choix scientifiques et techniques (OPECST), publiée en 2009.
La présente SNRE tient compte de la première édition de 2007 et de son évaluation, qui a
notamment souligné un besoin de structurer la gouvernance de la recherche énergétique et
de se doter d?outils de suivi, d?appuyer le choix des priorités sur une grille d?analyse
(atouts/faiblesses/opportunités/menaces) et a mis en avant quelques thématiques dans
lesquelles l?effort de R&D devrait être renforcé ; c?est par exemple le cas des énergies
marines renouvelables, qui ont reçu un fort soutien public depuis quelques années.
Le lien avec la SNR et les COP des organismes de recherche
La LTECV a modifié l?article L.144-1 du code de l?énergie pour préciser le lien entre la SNRE
et la SNR, qui a été publiée en 2015 et dont les grandes orientations ont été rappelées au
paragraphe 1.2.2. La présente SNRE a pour objet de détailler le volet énergie de la SNR, en
proposant une granularité plus fine.
Il convient de rappeler par ailleurs que les contrats d?objectifs et de performances (COP) des
organismes de recherche actifs dans le domaine de l?énergie doivent être compatibles avec
la SNR, de même que la programmation de l?Agence nationale de la recherche (ANR).
21
Ainsi, la SNRE et les COP des organismes de recherche les plus marquants dans le
domaine de l?énergie sont des démarches complémentaires, élaborées selon des calendriers
et périodicités qui leur sont propres, mais il convient d?assurer leur cohérence dynamique. La
SNRE s?appuie donc sur la gamme des COP pertinents et alimentera leur mise à jour en
temps voulu.
Un ensemble de fiches relatives aux filières technologiques et usages de l?énergie
Un secrétariat permanent pour l?élaboration et le suivi de la SNRE a piloté les travaux de
préparation depuis le début de l?année 2015. Il regroupe la Direction générale de l?énergie et
du climat (DGEC) et le Commissariat général au développement durable (CGDD) pour le
Ministère de l?environnement, de l?énergie et de la mer (MEEM), la Direction générale de la
recherche et de l?innovation (DGRI) pour le Ministère de l?éducation nationale, de
l?enseignement supérieur et de la recherche (MENESR), et s?appuie sur l?aide de l?Ademe et
de l?alliance Ancre.
Ce secrétariat permanent a notamment finalisé une série de fiches, établies sur la base d?un
travail conjoint entre l?Ademe et Ancre, et qui dressent un état des lieux des connaissances
et identifient les verrous technologiques et non technologiques pour différentes filières11. Cet
ensemble de fiches, ainsi que les feuilles de routes existantes dans les différents domaines
concernés, ont constitué un socle documentaire de référence pour l?élaboration de la SNRE,
mis à disposition des parties prenantes dans le cadre de la concertation préalable.
2.2 Un travail en concertation avec les parties pre nantes
La mise en place d?un comité de suivi
Afin de contribuer à la définition des orientations stratégiques, un « comité de suivi » a été
mis en place en 2016. Il regroupe (voir la liste des organismes ayant participé à la phase
d?élaboration de la SNRE en annexe) l?ensemble des parties prenantes de la recherche
énergétique, avec notamment des représentants des organismes publics de R&D, des
alliances, et plus généralement du monde scientifique, des représentants des entreprises
actives dans la R&D et l?innovation dans l?énergie, et des représentants des organisations
membres du Conseil National de la Transition Ecologique ? CNTE - (fédérations
professionnelles, organisations syndicales, ONG et associations de protection de
l?environnement, collectivités territoriales, élus) et des administrations concernées. Le comité
de suivi est coprésidé par le DGEC et le DGRI.
Le comité s?est réuni successivement le 29 mars, le 20 juin et le 30 septembre 2016, afin de
définir la méthode et les axes de travail, de commenter et d?enrichir les orientations
stratégiques proposées, et de finaliser le document soumis au processus formel de
consultation et d?adoption par les ministres. Les membres du comité de suivi ont également
transmis des contributions écrites.
11
Cf. liste en Annexe 5 Liste des fiches thématiques utilisées comme documents préparatoires
22
Le travail en concertation avec les régions
Afin de prendre en compte l?activité croissante des régions dans l?animation de la R&D et de
l?innovation au plan local et de garantir une bonne cohérence avec les actions menées au
niveau national, la LTECV prévoit que la SNRE est élaborée en concertation avec les
régions.
Par conséquent, en plus de leur représentation au comité de suivi, avec la présence de
l?ARF en tant que membre du CNTE, les régions ont été associées à la préparation de la
SNRE par des échanges directs avec le MEEM et le MENESR, en particulier sur le contenu
et la mise en oeuvre des stratégies régionales et sur les schémas régionaux de spécialisation
intelligente, qui déterminent notamment l?utilisation des fonds européens.
Les régions sont désormais dans une phase de finalisation voire de mise en oeuvre des
schémas régionaux de développement économique, d'innovation et d'internationalisation
(SRDEII), prévus par la loi NOTRe du 7 août 2015. Ces processus de travail en parallèle aux
niveaux local et national doivent être coordonnés pour s?enrichir mutuellement.
2.3 Un processus d?adoption prévu par la loi
La LTECV prévoit la consultation pour avis du CNTE sur le projet de SNRE et l?adoption de
la stratégie conjointement par les ministres en charge de l?énergie et de la recherche.
Le CNTE a rendu un avis le 3 novembre 2016 (délibération n°2016-10). Cet avis souligne
notamment l?importance de disposer d?un outil de pilotage de la politique de recherche et
d?innovation dans le domaine de l?énergie intégrant l?ensemble de la chaîne, de la recherche
fondamentale à la démonstration préindustrielle, en vue de fournir des technologies et des
solutions aux différents horizons temporels, permettant d?atteindre de manière efficace les
objectifs fixés par la loi de transition énergétique pour la croissance verte. Le CNTE salue la
démarche de concertation menée pour l?élaboration de la SNRE et souhaite un suivi régulier
de la mise en oeuvre de la stratégie avec les parties prenantes.
Le Conseil supérieur de l?énergie (CSE) a également été consulté le 9 décembre 2016 et a
rendu un avis favorable sur le projet de SNRE.
23
3. Orientations stratégiques de la SNRE
La mise en oeuvre de la SNRE se fait selon 4 orientations stratégiques qui se nourrissent
des travaux d?élaboration de la SNR et sont rendues cohérentes avec les orientations de la
SNBC et de la PPE, présentées ci-avant. Ces 4 orientations sont les suivantes :
1. Cibler les thématiques et dynamiques transformantes clés pour la transition
énergétique
2. Développer la R&D et l?innovation en lien avec le tissu industriel
3. Développer les compétences et les connaissances pour et par la R&D et
l?innovation
4. Créer une gouvernance légère et performante pour assurer le pilotage
opérationnel dynamique de la SNRE
Chacune des trois premières orientations se termine, après une description ou un rappel des
enjeux stratégiques sur le fond ou au niveau de l?organisation collective, par la définition
d?actions structurantes. La quatrième orientation complète cette liste d?actions et propose un
mode de suivi de la mise en oeuvre de la SNRE dans le temps et avec les différentes parties
prenantes.
Orientation stratégique 1 : Cibler les thématiques et dynamiques
transformantes clés pour la transition énergétique:
1.1 Priorité aux économies d?énergie et de ressourc es stratégiques
1.1.1 Renforcer l?efficacité énergétique et réduire la consommation de
ressources
La France s?est engagée à réduire de 50% à l?horizon 2050 (avec une étape à 20% à
l?horizon 2030) sa consommation énergétique finale par rapport à la référence 2012.
L?atteinte de ce grand défi se fera en développant et diffusant :
? des produits et procédés innovants,
? des services et solutions compétitifs et économes en énergie,
dans les secteurs du bâtiment, de l?industrie, des technologies de l?information et de la
communication, du transport, de l?agriculture, du tertiaire, de la planification urbaine, et en
disposant des outils de mesure et de modélisation pour la conception de systèmes
économes.
1.1.1.1 Matériaux, équipements, procédés et systèm es
Dans le domaine du bâtiment, qui présente un potentiel majeur d?économies d?énergie, les
objectifs de rénovation énergétique des constructions anciennes conduisent à rechercher
des matériaux performants et à coût réduit pour l?isolation thermique par l?extérieur tout
comme par l?intérieur, constituant en général deux des principales étapes de la rénovation
24
énergétique. Un effort de recherche est ainsi à entreprendre sur les matériaux physiquement
et économiquement efficaces, produits dans le respect des règles d?éco conditionnalité. Un
effort sur les procédés d?installation des parois isolantes et la massification de leur
production est également nécessaire. Enfin, la recherche sur les équipements de chauffage
et de refroidissement doit se poursuivre vers une efficacité énergétique accrue et une plus
grande intégration des EnR, comme la biomasse, le solaire thermique ou la géothermie,
couplées à un dimensionnement et à un coût d?acquisition réduits.
Par ailleurs, un effort important doit être aussi consacré à l?optimisation des procédés
industriels (cf. par exemple infra la récupération de chaleur fatale) en considérant une
approche intégrée, allant de la conception à la sortie du produit manufacturé. Ce type de
réflexion peut également être étendu à l?optimisation des procédés agricoles.
Zoom sur la récupération de chaleur dans l?industrie :
Chaque opération industrielle dégrade en chaleur une partie de l'énergie utilisée. La
récupération de cette chaleur perdue représente un enjeu stratégique :
- pour l?industrie, en termes de valorisation économique et de compétitivité ;
- à l?échelle des territoires, car la chaleur peut être utilisée localement ;
- au niveau national, en contribuant à l?indépendance énergétique et à l?atteinte des objectifs
climatiques et énergétiques.
Les axes de R&D correspondants couvrent toute la chaîne de valorisation, depuis la collecte,
en passant par le stockage, le conditionnement et le transfert de vecteur énergétique.
La récupération de chaleur s?effectue par l?intermédiaire d?un échangeur thermique pour
lequel il s?agit, en particulier, de développer :
- les connaissances théoriques et outils de simulation numérique ;
- les connaissances dans le domaine des écoulements polyphasiques, du changement de
phase, du transfert thermique dans les microstructures et sur le mécanisme de
l?encrassement, etc.
Dans le domaine des pompes à chaleur, les recherches se concentrent sur les fluides de
travail, pour augmenter les niveaux de températures, ainsi que sur les cycles
thermodynamiques pour améliorer la performance des équipements y compris ceux pour la
transformation en électricité.
La question des procédés discontinus et du stockage de chaleur destiné à réduire les
appels thermiques est également importante
Dans le domaine du numérique, en très forte expansion, la sobriété des équipements
électroniques, data centers et des réseaux de télécommunications constitue un enjeu
important pour ne pas faire exploser la consommation d?énergie, ce qui peut d?ailleurs
s?avérer crucial pour l?autonomie des objets nomades. L?optimisation des équipements ou
des systèmes est donc à rechercher, avec en outre des opportunités à saisir concernant les
énergies de récupération et le couplage avec des consommateurs de chaleur par exemple.
25
1.1.1.2 Gestion / régulation
L?efficacité énergétique ne sera effective que si les flux d?énergie internes au bâtiment
(logements, bâtiments industriels ou tertiaires) et à l?îlot urbain sont gérés de façon optimale.
Les travaux de recherche actuels sur le bâtiment ou la ville numérique sont à développer
dans cet objectif, à la fois sur la nature des informations/prédicteurs nécessaires, leur
transmission à des centrales automatisées de gestion (internet des objets), à l?habitant et à
des opérateurs extérieurs. Le traitement des données, dans le respect de la vie privée et des
contraintes de sécurité, constitue également un enjeu de recherche dans le cadre du
domaine « Green IT ». Le développement de ces produits et systèmes nécessite, en
parallèle, celui des logiciels de modélisation et de simulation, de l?échelle du bâtiment à celle
de la ville, ce qui implique dans ce dernier cas d?y intégrer l?ensemble des fonctionnalités et
services urbains autres qu?énergétiques et leurs interactions.
Enfin, si les technologies « durables » sont nécessaires à l?optimisation de l?efficacité
énergétique, celle-ci ne se fera pas sans que l?habitant ne devienne un « consomm?acteur
responsable », c?est-à-dire conscient des risques et enjeux économiques et
environnementaux, se les appropriant avec les moyens mis à sa disposition. Un effort
important de recherche en étroite synergie avec le monde des SHS est à engager dans ce
secteur (cf. Infra la section 1.1.2).
Zoom sur la planification territoriale et énergétiq ue
L?articulation entre planification territoriale, dont urbaine, et planification énergétique aux
différentes échelles est un véritable enjeu qui demeure à mieux organiser et gérer. La
connaissance (offre, potentialités, demande), la gestion et l?élaboration de scénarii
énergétiques doivent permettre de servir l?aide à la décision en tenant compte des potentiels
impacts environnementaux, socioéconomiques et sanitaires.
Par ailleurs, les morphologies urbaines (pleins et vides, hauteurs, compacité) et les
systèmes urbains ont un impact déterminant sur les systèmes énergétiques et leur
performance qu?il convient de mieux appréhender dans une approche intégrée de
construction et de gestion des villes et des territoires. La forme bâtie en elle-même a des
répercussions sur les consommations énergétiques, déperditions thermiques, potentialités
de production, mutualisation à l?échelle de l?îlot, acheminement, mise en réseau au sein du
système urbain. Les réflexions à conduire relèvent donc non seulement du système urbain
dans son ensemble mais également de l?échelle micro-urbaine.
1.1.1.3 Systèmes de mobilité
Dans le domaine de la mobilité, premier émetteur de gaz à effet de serre (GES) en France
(28% en 2013), la priorité est à la réduction de l?impact des transports routiers12, via une
approche systémique intégrant l?organisation du transport, l?adaptation continue des offres
12
En effet, le système routier permet le transport de 90 % des marchandises (en tonne.kilomètre) et de 80 %
des voyageurs (en voyageur.kilomètre).
26
de transport (de personnes comme de marchandises) à la demande des usagers et de leurs
usages réels, et l?apport du numérique pour l?optimisation de ces usages et des
consommations de l?énergie, y compris au travers de l?optimisation des flux et des trajets
(tous modes confondus).
La cible des véhicules particuliers consommant moins de 2l/100 km est structurante. Elle
conduit au développement de groupes motopropulseurs à très haut rendement énergétique
et faibles rejets de polluants atmosphériques (systèmes de dépollution avancée), à la
réduction des masses des véhicules et des différentes pertes, etc. En outre, des
motorisations optimisées sur le plan énergétique en conditions réelles seront étudiées (aide
à la conduite, récupération de l?énergie thermique des moteurs, ?).
La cible de véhicules électriques avec un coût et une autonomie comparables à ceux des
véhicules thermiques est également structurante. Elle conduit au développement de
batteries à faible coût et à forte densité d?énergie et à des systèmes de recharge rapide ou
optimisés13.
La stratégie nationale de développement de la mobilité propre promeut également le
développement de nouveaux couples moteurs carburants permettant de réduire les
émissions et d?améliorer l?efficacité énergétique du puits à la roue et l?utilisation de
carburants alternatifs, moins émetteurs de GES et/ou de polluants : biocarburants avancés
(2ième et 3ième générations), gaz naturel, hydrogène.
Au-delà des défis technologiques propres au développement de certaines motorisations
(autonomie et compacité des batteries pour véhicules électriques, transmissions efficientes
pour motorisation hybride des véhicules, moyens de stockage sûrs et performants de
l?hydrogène pour la mobilité, électronique de puissance basse consommation et motorisation
électrique à faible coût et haut rendement, etc.), les carburants alternatifs posent des défis
plus systémiques, tels que la gestion des transferts d?usage vers le vecteur électrique,
l?intégration au réseau et le pilotage des infrastructures de recharge, l?intégration de la
mobilité hydrogène dans un panel d?usages multiples dépendant d?une même source
décarbonée.
Par ailleurs, la révolution numérique, amenant des véhicules connectés et in fine autonomes,
représente un axe de progrès potentiel pour l?efficacité énergétique des transports routiers à
travers l?optimisation des flux de circulation et des consommations des véhicules.
Les mutations des infrastructures routières à venir ouvrent plus largement des perspectives
intéressantes de contributions directes à la transition énergétique, à travers la production
(par ex. route solaire, route solaire hybride), le stockage ou la redistribution d'énergie. Ainsi,
la Route de 5ième Génération favorise l?émergence de solutions techniques innovantes,
visant à diminuer de manière importante les apports extérieurs d?énergie dans le système de
13
Les cibles retenues dans le cadre du SET Plan sont de 235 Wh/kg pour la densité d'énergie en 2020 et >250
en 2030 pour les packs, et respectivement 350 et >400 pour les cellules, avec des coûts cible de 90 ¤/kWh en
2022 et 75 en 2030. Voir https://setis.ec.europa.eu/system/files/action7_declaration_of_intent_0.pdf
27
transport et à positionner la route comme source d?énergie, à l?image des systèmes
développés depuis longtemps dans le bâtiment. Cela ouvre un vaste de champ de recherche
à l?interface de disciplines multiples.
Enfin, s?agissant du ferroviaire, les questions de R&D pour l?optimisation des échanges entre
infrastructures et matériels ou l?intermodalité sont également à prendre en compte.
S?agissant des transports maritimes et aériens, fortement dépendant des échanges
internationaux, la structuration de la recherche se fait en lien avec les organisations
internationales, telles l?OMI et l?OACI, ou européennes, comme l?ACARE (Advisory Council
for Aeronautics Research in Europe).
1.1.2 Observer et analyser les pratiques et modes d e vie pour mieux
accompagner les « consomm?acteurs »
Au-delà des seuls progrès techniques, la question du changement de comportement, et plus
généralement, de l?évolution de nos modes de vie, est un enjeu clé de la transition
énergétique. D?abord parce que l?adoption de nouvelles solutions techniques, de nouvelles
organisations ne va pas de soi, elle se confronte à des systèmes d?acteurs en place qui y ont
plus ou moins intérêt. D?autre part parce que plusieurs voies sont toujours envisageables
pour atteindre des objectifs qui peuvent entrer en concurrence les uns avec les autres. Enfin
parce que les changements souhaités doivent s?insérer dans des dynamiques sociales qui
ne vont pas nécessairement dans la même direction.
On assiste à l'heure actuelle à de nombreuses initiatives visant le changement de
comportement à tous les échelons territoriaux. Or, s?il existe un accord sur la nécessité de
faire évoluer les pratiques des personnes physiques ou organismes, les actions à mettre en
oeuvre pour atteindre cet objectif sont plus complexes à définir. En effet, si la marge de
manoeuvre à l?échelle individuelle est réelle, elle n?en reste pas moins limitée et les exercices
prospectifs mettent en évidence que seule l?articulation de leviers à l?échelle individuelle
(fréquence des voyages en avion, taux d?équipement en biens électriques et électroniques,
etc.) et à l?échelle collective (rénovation d?un bâtiment, organisation d?un quartier ou d?une
entreprise, répartition des activités sur un territoire, offre en transports collectifs, etc.) permet
d?atteindre des gains énergétiques à la hauteur des objectifs de la France.
Dans le cadre du pilotage de systèmes énergétiques, la maîtrise de la demande à l?échelle
individuelle mais aussi collective représente un levier de flexibilité important, une attention
particulière doit ainsi être portée aux services apportés aux usagers en matière de maîtrise
de la demande d?énergie (MDE), avec le cas échéant la prise en compte dans les solutions
développées du phénomène de précarité énergétique. Il s?agit par exemple de comprendre
les motivations du passage à l?acte, en particulier pour la rénovation énergétique des
logements.
Devant la multiplicité des outils disponibles (information et éducation, communication
engageante, marketing individualisé et social, accompagnement au changement, nudges,
etc., sans oublier les incitations économiques, les obligations réglementaires ou juridiques et
le développement de dispositifs, services ou produits), la question reste de savoir, pour une
pratique sociale donnée, quels sont les outils les plus efficaces, pour quelle catégorie de
28
personne ou d?organismes, à quel moment, à quelles conditions et à quels coûts. La
question est aussi d?identifier quelle est l?articulation la plus efficiente de ces outils entre eux
et quel est le plan d?action, multi acteur, qu?il faut alors mettre en oeuvre pour les déployer. Il
s?agit également d?identifier les verrous au changement et à la diffusion de nouvelles
technologies bénéfiques en termes environnementaux et de caractériser les enjeux
économiques, politiques, institutionnels et juridiques associés, ainsi que d?analyser les
nouveaux modèles économiques pour identifier les conditions d?émergence, les facteurs-clés
de succès et les paramètres de leur faisabilité sociale.
L?essor du numérique (objets connectés, produits nomades, smartphones, boîtiers
d?acquisition liés aux véhicules, compteurs communicants etc.) apporte un accès nouveau et
d?une dimension sans commune mesure (big data, data mining) par rapports aux outils
antérieurs (panel, enquête papier/téléphonique) qu?il convient d?exploiter au mieux pour
accompagner la transition énergétique. Pour autant cette technologie n?est pas toujours
acceptée.
Il est donc encore nécessaire de faire progresser nos connaissances et notre
compréhension des comportements dans la sphère individuelle et collective, en vue
d?élaborer les méthodes et les outils afin d?accompagner l?évolution de ces comportements.
Zoom sur le phénomène de précarité énergétique
En 2016, les travaux de l?Observatoire National de la Précarité Énergétique (ONPE) évaluent
à près de 6 millions les ménages victimes de précarité énergétique soit 12,2 millions
d?individus soit plus de 1 Français sur 5. Il est inscrit dans la LTECV que la lutte contre la
précarité énergétique est l?un des sept axes de la politique énergétique de la France.
Si l?évolution du phénomène de précarité énergétique est suivie depuis 1996, cette dernière
constitue encore un enjeu de connaissance et de compréhension en soi. Des travaux de
recherche et d?enquête auprès des parties concernées sont encore nécessaires pour définir
des critères et indicateurs de précarité énergétique afin de caractériser de façon précise et
rigoureuse le phénomène. Au-delà de l?habitat, les liens entre précarité énergétique et
enjeux de mobilité des personnes ou encore entre précarité, dispositifs d?effacement,
déploiement des technologies de l?information dans le domaine électrique doivent être
étudiés. Enfin, il importe d?évaluer les questions de précarité en lien avec leurs
conséquences dans le domaine sanitaire.
Zoom sur l?autoconsommation
L?autoconsommation peut se définir comme le fait de consommer sa propre production
d?énergie. Elle est associée à la notion d?autoproduction, qui est le fait de produire sa propre
consommation. Cette pratique se développe dans un contexte où les coûts de production
des installations d?électricité renouvelable diminuent et où les prix de l?électricité augmentent.
29
Ainsi, alors que le déploiement des petites installations renouvelables était porté depuis 2006
quasi-intégralement par les tarifs d?achat, les professionnels font état d?une multiplication des
offres commerciales en « autoconsommation » auxquelles le public est très réceptif pour
diverses raisons parmi lesquelles : augmenter son taux d?indépendance énergétique, être
acteur de sa consommation, réduire son impact environnemental, réduire sa facture
énergétique. Une analyse de ces éléments déterminants les comportements est utile pour
anticiper les impacts sur les niveaux de consommations, les systèmes énergétiques, les
modèles économiques, etc.
Ces offres s?appuient sur et suscitent un certain nombre d?innovations, en lien notamment
avec la recherche d?un optimum local de production et de consommation. Les innovations
portent ainsi, à titre d?exemple, sur l?élaboration d?outils permettant le pilotage à distance ou
automatique de ses équipements, sur la traçabilité de la production via de nouveaux outils
numériques tels les blockchains, sur le développement de systèmes de type « plug and
play », mais également sur l?amélioration des prévisions de production.
1.1.3 Développer de nouvelles ressources renouvelab les et favoriser le
développement de l?économie circulaire
1.1.3.1 Développer les connaissances sur les gisements et caractéristiques des
matières renouvelables ou minérales et des produits usagés
Diversifier les sources de carbone et de matières minérales pour réduire le recours aux
ressources fossiles et/ou critiques primaires est un enjeu majeur. Afin de s?engager dans une
démarche optimale de substitution tant d?un point de vue économique que technique, il faut
disposer d?une connaissance approfondie du gisement des ressources accessibles. Celles-ci
ont diverses origines : la biomasse (bois, cultures dédiées, déchets végétaux), les matières
premières secondaires, les matières valorisables, les matières réutilisables. Les moyens
permettant une connaissance précise et actualisée des différents gisements de matière, la
prévision et la modélisation de leurs flux, en qualité et en quantité doivent être développés.
Zoom sur la criticité des matériaux stratégiques pour l?énergie :
Certains matériaux de la famille des terres rares tels le néodyme (Nd) ou le dysprosium (Dy)
sont nécessaires pour la fabrication d?aimants permanents utilisés dans certaines éoliennes
et dans des véhicules hybrides par exemple. Bon nombre de ces matériaux sont
indispensables à la fabrication de batteries ou de composants électroniques. Des quantités
mondiales limitées ainsi que la concentration des capacités d?extraction voire des réserves
mondiales pour certaines substances, dans un nombre très réduits de pays (par exemple à
près de 90% en Chine pour le néodyme) ainsi que l?impact potentiel de leur extraction,
rendent opportuns l?examen et le déploiement des substituts possibles et des méthodes de
recyclage de ces matières.
30
1.1.3.2 Développer les procédés de préparation et transformation de ces matières
tout en limitant les impacts environnementaux et sanitaires
Des efforts de recherche ont été engagés, tant aux niveaux des procédés dans leur
intégralité (prétraitements, transformation thermochimique, transformation biotechnologique)
qu?au niveau des catalyseurs ? étape déterminante ? pour produire, à partir de sources
renouvelables, des carburants, des matériaux, des synthons et des intermédiaires
chimiques. Ces efforts sont portés notamment par des Instituts de la transition énergétique
(ITE) ainsi que par des appels à projets spécifiques du Programme des investissements
d?avenir (PIA) dans le domaine de la chimie verte et de l?économie circulaire. En matière de
biocarburants, qui constituent un levier clé pour l?augmentation de la part des EnR dans les
transports, la PPE donne la priorité au développement des biocarburants avancés (2ième et
3ième générations) tout en préservant les investissements réalisés.
Le développement de procédés permettant de récupérer, de purifier, d?utiliser des
ressources issues du gisement des matières premières secondaires (métaux et terres rares
dans les catalyseurs, recyclage chimique de déchets plastiques, recyclage des matériaux du
BTP, combustibles solides de récupération?) représente un axe fort de travail pour proposer
des systèmes économes en énergie, avec l?impact le plus faible possible sur l?environnement
et offrant des rendements matières élevés.
Zoom sur les biocarburants
Avec une croissance de 7%/an au niveau mondial sur la période 2010-2030, les
biocarburants pourraient satisfaire près de 6% des besoins en carburants et distillats
intermédiaires en 2025. En termes de R&I, les efforts doivent notamment porter sur le
développement de procédés flexibles et compétitifs adaptés à la biomasse cellulosique.
Dans ce cadre, la France s?est particulièrement bien positionnée avec le projet Futurol
(production, par voie biologique d?éthanol 2G) qui vise la commercialisation d?un procédé
industriel français d?ici 2017 et le projet BioTfuel qui vise une mise sur le marché d?ici 2019
d?une chaîne complète de procédés permettant de produire, par voie thermochimique des
bases pour le transport routier et pour le transport aérien. En outre, ces projets, qui associent
organismes de recherche et entreprises, devraient favoriser la mise en place de synergies
industrielles et commerciales entre la filière biocarburants 2G et la filière des bioproduits
comme les bio-alcools, bio-oléfines, bio-aromatiques.
Zoom sur les ITE de la chimie verte :
Les instituts pour la transition énergétique (ITE) sont des plates-formes interdisciplinaires
dans le domaine des énergies décarbonées, rassemblant les compétences de l?industrie et
de la recherche publique dans une logique de co-investissement public-privé et de
collaboration étroite entre tous les acteurs. Créés dès 2012, deux de ces instituts
s?intéressent au carbone biosourcé.
L?ITE PIVERT (Picardie Innovations Végétales Enseignements et Recherches
Technologiques) a pour objectif de créer un institut d?excellence de la chimie du végétal, des
31
technologies et de l?économie des bioraffineries de 3ème génération dans le domaine de la
biomasse oléagineuse et forestière.
L?ITE IFMAS (Institut Français des Matériaux Agricoles bioSourcés) est un outil au service
de la création d?une filière française structurée complète de l?amont à l?aval, pour produire
des plastiques végétaux éco conçus, durables et recyclables ou biodégradables et des
peintures et revêtements biosourcés à partir de plantes locales abondantes et renouvelables.
1.1.3.3 Accompagner l?émergence d?une filière de valorisation du CO2
L?utilisation de carbone de substitution provenant de rejets de CO2 industriel est un enjeu
important car c?est une voie susceptible de créer une filière industrielle locale pour l?énergie :
moyen de stockage, inter-conversion entre les vecteurs, production de composés chimiques
à valeur énergétique (carburant de synthèse), utilisation dans des procédés biologiques
(microalgues, biocatalyse), en particulier en combinaison avec l?utilisation de sources
d?énergie renouvelable ou bien encore utilisation dans les matériaux de construction
(valorisation minérale).
Mettre en oeuvre les conditions de création d?une filière de valorisation du CO2 allant au-delà
de l?utilisation industrielle classique que constitue, par exemple, la récupération assistée
d?hydrocarbures, requiert de traiter l?ensemble des interrogations inhérentes à la chaîne tant
énergétique que socio-économique.
1.1.3.4 Développer des outils et méthodes pour aider la société et les entreprises à
intégrer l?éco-conception dans leurs décisions stratégiques
La mesure de la performance environnementale des filières est essentielle dans les choix à
réaliser. Il faut, tant pour la société et les territoires que pour les stratégies industrielles, être
capable d?évaluer et modéliser les flux de matière primaire et secondaire et les impacts
potentiels des filières et de leur intégration dans les systèmes, du plus simple aux plus
complexes. Des dispositifs d?observation et d?analyse des flux de matière et d?énergie
(incluant la gestion au long terme des déchets) doivent être envisagés pour toutes les
sources d?énergie. Ces dispositifs sont nécessaires pour valider les modèles de
représentation et d?organisation des sociétés et des territoires, d?évolution des
comportements et les choix industriels. Ces observations concernent autant les filières, que
les territoires en considérant différents espaces géographiques, du plus urbain au plus rural,
notamment les mégapoles, les territoires agricoles et forestiers et les milieux marins.
Disposer de méthodologies d?analyse de cycle de vie et d?éco conception très largement
améliorées et adaptées aux enjeux énergétiques ainsi que partagées est donc un objectif
majeur.
1.2 Evolution des systèmes pour diversifier le mix énergétique
Les grands engagements de la France, autant en termes de réduction des consommations
qu?en termes d?offre compétitive en matière d?énergies décarbonées intégrées dans les
réseaux rendent nécessaire un nouveau modèle énergétique afin organiser la diversification
32
des filières énergétiques et sortir de la dépendance à une source d?énergie que cela soit
dans le domaine de l?électricité, de la chaleur ou bien encore dans le domaine des
carburants.
1.2.1 Gérer la diversification avec une approche systémique
1.2.1.1 Intégration des ENR variables
Le mix énergétique intègre progressivement aux côtés des ressources historiques une
quantité croissante de sources énergétiques variables comme l?éolien (terrestre ou en mer)
et le solaire qui sont aussi caractérisées par le foisonnement des lieux de production. Ces
particularités conduisent à de nombreux verrous qu?il faut lever pour permettre une
intégration optimale dans les réseaux prenant en compte la variabilité de la production tout
comme celle de la demande.
Cela rend en particulier nécessaire le développement d?outils, de méthodes, d?algorithmes et
de modèles (par exemple météorologiques) pour la prévision et l?anticipation des productions
des sources multiples en vue de leur intégration pour répondre aux besoins tout en assurant
la fiabilité et la sécurité des réseaux et en veillant à maximiser les rendements de production
dans des conditions économiques acceptables.
Il faut également chercher à développer la capacité de ces nouvelles installations de
production à participer aux services systèmes (par exemple réglage de fréquence ou de
tension sur le réseau électrique) et à augmenter leurs durées de fonctionnement et facteurs
de capacité et de flexibilité (tendance par exemple très forte pour les dernières générations
d?éoliennes).
1.2.1.2 Stockage de l?électricité et de la chaleur
La maîtrise de la production, de la consommation et de la récupération d?énergie demande
des moyens de stockage et de restitution efficaces et flexibles. Les formes de stockage
encore peu compétitives et qu?il faut développer concernent principalement l?électricité et la
chaleur. Quelles que soient les technologies qui les sous-tendent, les modes de stockage à
développer doivent en particulier correspondre aux besoins suivants pour l?électricité, qui
s?échelonnent dans le temps et s?adaptent aux situations des territoires :
- stockage hebdomadaire pour faire face à l?intermittence de l?éolien à l?horizon 2030
en France continentale;
- stockage journalier pour gérer la production photovoltaïque après 2030 en France
continentale lorsqu?elle atteindra des niveaux significatifs ;
- stockage de longue durée ou inter saisonnier à plus long terme, pour accompagner
de fortes proportions de sources intermittentes dans le mix énergétique ;
- tout type de stockage dès aujourd'hui dans les zones non interconnectées pour
participer à des services systèmes et augmenter le taux de pénétration des énergies
renouvelables variables.
Plus généralement, la R&D sur les technologies de stockage doit envisager l?intégration dans
des systèmes fonctionnels, qu?ils soient stationnaires, mobiles, nomades, etc. Par exemple, il
s?agit d?étudier l?optimisation temporelle des flux entre production, stockage et restitution, et
33
la pertinence de l?intégration des systèmes de stockage mobiles (véhicules électriques) au
sein des réseaux d?énergie.
Parmi les différentes technologies en compétition à ce jour, le stockage de l?électricité sous
forme électrochimique est un axe important de travail pour examiner les nouvelles
technologies de batteries à haute performance (densité d?énergie stockée, tenue aux cycles
charge/décharge) avec possibilités d?industrialisation en France, sans négliger les
supercondensateurs. Il convient d?examiner les possibilités de la structuration d?une filière
française et européenne de batteries pour rester dans la compétition mondiale.
Les autres thèmes de R&D liés au stockage concernent :
- la production d?hydrogène par électrolyse, tout en se plaçant dans une perspective
plus large liée aux multiples usages de l?hydrogène et à la constitution d?une filière
sur l?ensemble de la chaîne ;
- les volants d?inertie, le stockage sous forme d?air comprimé, le stockage magnétique ;
- l?amélioration des performances des stations de stockage d?énergie par pompage et
turbinage (STEP) ;
- les matériaux performants pour le stockage thermique ;
- le stockage souterrain de la chaleur.
1.2.1.3 Flexibilité des systèmes et intégration des différents
vecteurs (électricité, H2, chaleur, gaz, etc.)
L?intégration des sources renouvelables variables, notamment à l?échelle territoriale, la
montée en puissance de nouveaux usages de l?électricité (mobilité électrique, équipements
de haute technologie des foyers?) et le développement de l?autoproduction /
autoconsommation conduisent à un nombre de vecteurs énergétiques qui s?accroît avec une
gestion des flux d?énergie qui va devenir beaucoup plus complexe.
Ces évolutions nécessitent d?adapter les systèmes énergétiques vers plus d?intelligence, au
travers du développement équilibré des réseaux, du stockage et de la conversion des
énergies et du pilotage de la demande. Toutes les flexibilités envisageables sont à exploiter :
effacement, stockage, modulation de la consommation, foisonnement, couplage entre
réseaux, etc. Les opportunités offertes par les divers usages de l?hydrogène, notamment la
méthanation, doivent également continuer à être étudiées. L?interopérabilité entre
équipements constitue un axe important de travail.
Il est par exemple important de préparer les interactions entre les réseaux d?électricité, de
gaz et de chaleur (« power-to-gas » et « power-to-heat ») aux différentes échelles pour en
optimiser le fonctionnement et les coûts en lien avec les technologies de stockage.
Dans ce contexte, tout comme l?émergence de nouvelles technologies plus flexibles, le
développement de modèles prédictifs, intégrant différentes contraintes et fonctions d?entrée
comme les performances énergétiques en temps réel, l?impact socio-économique, la
performance environnementale, est déterminant.
34
1.2.1.4 Processus d?amélioration continue de la production d?électricité
d?origine nucléaire
L?énergie nucléaire reste une composante importante du mix énergétique français, reposant
sur une filière industrielle de grande ampleur et présente sur les marchés internationaux.
Son évolution requiert de grands programmes de recherche et d?innovation qui doivent se
focaliser en grande partie sur les trois défis majeurs que sont :
- la sûreté des installations ;
- la prolongation de la durée de vie des installations existantes et l?évolution du parc ;
- la maîtrise de la gestion des déchets radioactifs, en tenant compte de la politique de
cycle fermé du combustible, réaffirmée par la PPE.
Le maintien des installations existantes, la prolongation de leur durée de vie et l?évolution du
parc nucléaire, incluant les installations du cycle (cf. nouveaux combustibles), s?inscrivent à
la fois dans une démarche de progrès continu pour les réacteurs à eau pressurisée
(amélioration de la sûreté, fiabilité et capacités d?adaptation en termes de maîtrise des
risques tenant compte des progrès des connaissances, flexibilité et suivi de charge afin de
s?adapter à un mix électrique diversifié, compétitivité des filières, etc.) et dans une démarche
de rupture technologique avec le développement des systèmes des générations futures (i.e.
le projet ASTRID comme démonstrateur industriel de réacteur à neutrons rapides refroidi au
sodium ; le projet international ITER visant à démontrer la faisabilité de l?utilisation à plus
long terme de la fusion thermonucléaire). Les progrès scientifiques reposent sur une
compréhension fine des phénomènes physiques multi-échelles et nécessitent donc des outils
d?intégration des grands codes de physique des champs, des plateformes expérimentales
instrumentées, avec leurs laboratoires associés et des moyens performants de calcul
intensif. Les sciences humaines jouent également un rôle important pour le management des
risques industriels et l?amélioration des performances des installations.
La gestion des déchets est un enjeu majeur dont le socle repose sur une meilleure
connaissance de la nature des déchets radioactifs, le développement de solutions de
conditionnement adaptées et sur des études du comportement à long terme des matières
radioactives et des colis de déchets. Ces études reposeront principalement sur l?identification
des phénomènes physico-chimiques, biologiques, mécaniques et thermiques intervenant de
manière combinée lors du stockage.
1.2.1.5 Nouveaux modes d?organisation, nouveaux modèles
économiques et nouvelles gouvernances multi échelles
Habitants, associations, entreprises, collectivités territoriales, services publics? autant
d?acteurs, autant d?intérêts, de logiques, de ressources et de contraintes réunis par un même
territoire ou par un projet de développement. En interaction et liés entre eux par des rapports
sociaux et économiques, ces acteurs participent tous au développement de territoires (par
exemple les territoires à énergie positive pour la croissance verte) ou de filières, pour
lesquels le défi de la transition énergétique réside :
- non seulement dans la combinaison d?une offre de biens ou de services conduisant à
maîtriser la consommation de matières et d?énergies ;
35
- mais également dans la compréhension des enjeux liés à la gouvernance, pour
favoriser la construction d?un collectif et d?une dynamique.
Le défi de la transition écologique réside également dans l?articulation de différents niveaux
de gouvernance pour mettre en place, avec la participation des différents acteurs, des
actions adaptées, nécessitant alors la combinaison d?instruments politiques voir plus
radicalement d?instruments innovants.
Pour analyser et conforter les choix d?instruments de politiques publiques à mettre en oeuvre,
des travaux de prospective doivent être régulièrement conduits pour dessiner les grandes
lignes d?un scénario soutenable parmi l?ensemble des futurs possibles, en s?appuyant sur
des exercices de modélisation avec différentes approches (modèles macroéconomiques,
modèles technico-économiques sectoriels et multisectoriels, modèles hybrides?) pour en
évaluer la pertinence. De tels travaux contribuent à la mise en cohérence de visions du futur
à différentes échelles spatiales (locale, nationale, globale) et temporelles (court, moyen et
long termes) et doivent être articulés, de manière itérative, pour que l?impact des hypothèses
puisse être confronté avec ce qui est pressenti, à ces différentes échelles, comme
phénomènes émergents et évolutions sociales probables. Il s?agit également d?améliorer
et/ou de développer des méthodes multicritères d?évaluation des impacts environnementaux,
sociaux et économiques pour mieux éclairer la décision dans un contexte d?incertitude.
L?objectif est donc d?améliorer à l?aune des objectifs de la transition énergétique et
écologique la cohérence des choix politiques dans une double perspective d?espace
local/global et de temporalité court terme/long terme notamment en développant des outils
de prospective, de compréhension des processus de coordination et de création de
collectifs, et d?exploration des données par la construction d?indicateurs de formats variés et
de modèles d?aide à la décision. Ces exercices formalisés doivent être complétés par un
suivi, une analyse et une mise à contribution des multiples initiatives de territoires, pour
certaines très innovantes dans les domaines du climat et de l?énergie.
Enfin, la mise en débat sociétal est une étape difficilement contournable et souhaitable dans
le cadre d?une gouvernance multi échelles. Elle appelle l?existence d?expertises
contradictoires ce qui nécessite un soutien actif à la constitution d?expertises sur les futurs,
leurs technologies et leurs enjeux sociétaux, ainsi qu?un soutien à la compréhension des
conditions d?émergence et du rôle d?une expertise citoyenne.
Ces éléments trouveraient à s?appliquer notamment dans les domaines suivants :
- La gouvernance de l?énergie et les politiques publiques (émergence de nouveaux
acteurs, motivations de ces acteurs, nouveaux modes de gouvernance,
territorialisation des politiques et gouvernance multi échelles?) ;
- Les marchés, régulations et modes de consommation (nouveaux marchés et
nouveaux modes d?organisation, nouveaux modèles économiques).
Les SHS ont ici un rôle évident à jouer, non pas dans une simple logique d?accompagnement
mais bien en mobilisant leurs problématiques de recherche au meilleur niveau pour anticiper
les conditions de la transition énergétique.
36
1.2.2 Promouvoir de nouvelles productions nationales à coût économique et
impact environnemental acceptable
1.2.2.1 En prenant en compte l?ensemble des ressources (solaire, éolien,
hydraulique, géothermie, énergie marine, biomasse, etc.)
La diversification du mix énergétique nécessite la maîtrise de nombreuses sources
renouvelables, variables ou non. Pour ce faire, il convient d?identifier précisément les
ressources disponibles ou mobilisables (gisements de vents, biomasse, ensoleillement, etc.)
ainsi que les enjeux liés à la variété des territoires considérés pouvant permettre la mise en
place de démonstrateurs adaptés à leurs spécificités. C?est notamment le cas pour les
territoires îliens ne bénéficiant pas d?interconnexion, pour lesquels l?enjeu consiste à
déterminer une combinaison optimale entre ressources renouvelables disponibles selon les
zones, par exemple les énergies marines (hydrolien, énergie thermique des mers), et
stockages adaptés.
Les filières en développement comme l?énergie solaire, l?énergie éolienne, les énergies
marines, la géothermie, qui sont à des stades différents de maturité, doivent chacune
continuer à accroître leur compétitivité pour faire émerger des filières nationales :
augmentation des ratios performances/coûts, industrialisation des équipements ou de
l?exploitation, fiabilisation des systèmes, outils et méthodes de maintenance (y compris
prédictive), réduction des impacts, etc.
Pour la biomasse, le développement de filières nationales (production d?énergie, chimie
biosourcée, matériaux ?) passe notamment par la mobilisation des ressources d?une part et
par la gestion raisonnée des problématiques de concurrence d?usage d?autre part. Dans ces
conditions, outre les « ressources traditionnelles », il faut envisager des approvisionnements
peu ou pas exploités jusqu'à présent : il peut s'agir de nouvelles ressources en vue de
(re)valoriser certains espaces ou éléments du paysage (friches, zones de déprise
agricole...), de proposer des systèmes de culture intégrant des productions nouvelles
(cultures intermédiaires dans les rotations?) en lien avec le déploiement de l?agro écologie
et en s'assurant de la préservation des sols, ou encore d?imaginer des valorisations
énergétiques des biodéchets non utilisés et dont la production ne pourrait être évitée. Le
bilan carbone des différentes options de gestion et de mobilisation de la biomasse doit être
clairement évalué.
Zoom sur une énergie solaire photovoltaïque française et européenne compétitive
L?industrie photovoltaïque française, et plus largement, européenne souffre d?un défaut de
compétitivité devant ses concurrents asiatiques. A ce titre, la recherche et l?innovation ont un
rôle majeur à jouer afin de faire gagner en compétitivité les produits français et européens.
Un premier levier d?action est de parvenir à réduire les coûts de production des produits, à
travers notamment une amélioration des méthodes de production industrielle (plus grande
automatisation, gain de temps dans les procédés de fabrication) ou encore un gain sur le
coût des matières premières (économie des quantités de Si et In nécessaires). Un autre
37
levier d?action est de faire gagner les produits en qualité et en durabilité en allongeant la
durée de vie des systèmes et en améliorant leur recyclabilité.
Enfin, il convient également de poursuivre les efforts de recherche et développement sur
l?amélioration des rendements des cellules et des modules et plus en amont, d?explorer les
concepts en rupture, tels que les perovskites, susceptibles de devenir les technologies de
demain.
La France bénéficie d?un écosystème dynamique de laboratoires et d?entreprises innovantes,
capable de relever ces défis. En particulier, les travaux des ITE IPVF (couches minces) et
INES2 (silicium) pourront s?avérer déterminants pour répondre à ces enjeux.
1.2.2.2 En menant des recherches opérationnelles sur l?impact
environnemental, l?évaluation et la gestion des risques des systèmes
énergétiques
Il est indispensable de réaliser une analyse des impacts et des risques sur la santé et
l'environnement (risques accidentels, risques chroniques) de toutes les sources d?énergies et
de disposer à cet effet des méthodes, données et outils de mesures ou modélisation des
indicateurs recherchés. Un monitoring de la performance environnementale des différentes
sources sur chacune des catégories d?impact est ainsi nécessaire : émissions de GES,
pollution de l?air, de l?eau, polluants dans diverses matrices, espèces et écosystèmes
affectés, artificialisation des sols, usage des ressources, bruit? Une capacité d?analyse de la
résilience des systèmes énergétiques eux-mêmes aux différents risques est également
importante.
Ces évaluations ex ante concernent autant la production d?énergie que les réseaux de
fourniture, leurs usages, les aménagements nécessaires et les impacts sur les sols. Ces
études sont à construire sur la méthodologie des analyses environnementales et sociales du
cycle de vie (ACV) des biens et services, des matériaux et produits. Il est également
important d?ouvrir l?accès aux données nécessaires à ces analyses avec pour enjeu la
coopération entre acteurs. Plus globalement, l?évaluation des impacts environnementaux,
sociaux et économiques permettra en effet de faire des analyses coûts/bénéfices globales
des technologies dans la perspective d?une évaluation de la durabilité de la transition. Par
exemple, une analyse comparée des différents types de carburants, notamment de
biocarburants de différentes générations, peut permettre d?éclairer les choix sur le
développement des filières.
L?implication des SHS en amont, dès l?émergence des technologies concernées
(cf. section 1.2.1.5) et non plus exclusivement en aval sur les questions d'acceptabilité
sociales est nécessaire. Les SHS ont ici tout leur rôle à jouer dans l?analyse des enjeux (par
exemple équité, distribution des risques, justice environnementale) liés à l?accès aux
ressources, à l?introduction de nouveaux procédés ou à l?émergence de nouvelles filières.
Zoom sur l?analyse de l?impact environnemental des énergies marines
Le développement des énergies marines (éolien en mer posé ou flottant, hydrolien,
houlomoteur?) qui n?en est qu?à ses débuts ne doit pas empêcher d?identifier et de prévenir
38
les conséquences potentielles de leur utilisation sur les espèces, les milieux et plus
généralement tout l?environnement marin. Cela inclut notamment les conséquences du
passage des câbles sous-marins, l?impact des opérations de construction et de maintenance
mais également les effets du bruit et des champs électromagnétiques sur différentes
espèces, ou encore sur les mécanismes qui sous-tendent les comportements d?évitement.
Les recherches dans ce domaine encore nouveau pourraient s?appuyer, tout en les
complétant, sur les informations concernant les perturbations environnementales ainsi que
les modes d?atténuation déjà identifiés par exemple dans les secteurs du pétrole et du gaz
offshore ou de l?extraction de granulats.
1.3 Actions structurantes proposées
Le déploiement d?une stratégie nationale énergétique demande des actions précises sur un
ensemble de thèmes identifiés, qui font toutefois apparaître des axes transverses constituant
un socle commun et introduisant des liens avec des domaines connexes à l?énergie. Si les
objectifs majeurs que sont la recherche de l?efficacité énergétique, d?une part, et la transition
vers une économie bas carbone, d?autre part, conduisent à cibler des thématiques
prioritaires telles que le développement d?énergies renouvelables compétitives, de
techniques performantes et abordables de rénovation énergétique des bâtiments, de moyens
de mobilité à faibles émissions de gaz à effet de serre et de polluants atmosphériques, de
substituts au carbone fossile par la chimie verte ou de procédés industriels plus efficaces, la
stratégie de R&D doit veiller à intégrer une gestion dynamique des systèmes énergétiques et
à se placer dans une vision large de ces systèmes.
1.3.1 Placer la R&D énergétique dans un contexte élargi
Il est proposé, d?une part, de poursuivre et renforcer les coopérations entre acteurs de la
R&D de l?énergie et d?autres domaines, d?autre part, d?inclure ces approches transverses
dans les programmes d?animation et de soutien. Plusieurs dimensions sont à prendre en
compte dans cette perspective.
? Conjuguer les transitions énergétique et numérique
Le numérique a un rôle clé à jouer à chaque étape de la chaîne de la production jusqu?à la
consommation de l?énergie en passant par la distribution :
- capacité de transmission et de traitement de données massives, à court terme
(diagnostics et gestion en temps réel des réseaux ou équipements) comme à moyen
et long termes (simulation, analyse et optimisation des systèmes) ;
- interopérabilité et sécurité des systèmes (prévention des cyber attaques sur des
infrastructures essentielles de plus en plus connectées et protection des données)
ainsi que protection de la vie privée (en lien avec les SHS) ;
- émergence de nouveaux modèles de services intégrant le numérique et les enjeux de
la transition énergétique (domotique, mobilité?) ;
- réduction des coûts et maîtrise de la consommation, de la flexibilité et de la non
intrusivité des capteurs communicants.
39
? Respecter un degré élevé d?exigences environnementales
Etant donné les enjeux environnementaux actuels, de lutte contre la pollution et le
réchauffement climatique, de gestion sobre des ressources ou encore de préservation des
écosystèmes (y compris des écosystèmes producteurs de ressources énergétiques comme
la biomasse), il est nécessaire d?analyser systématiquement l?impact environnemental des
technologies et solutions pour l?énergie sur l?ensemble de leur cycle de vie.
Par exemple, dans le cas des matériaux pour l?énergie, pour lesquels de nombreux défis
émergent (besoin de nouvelles générations de matériaux plus légers, plus isolants, plus
résistants, y compris en conditions extrêmes, pour couvrir les besoins du transport, du
bâtiment, du stockage et de la conversion de l?énergie, etc.), l?anticipation des perspectives
de réemploi ou de recyclage ou, le cas échéant, la recherche de matériaux biosourcés
doivent devenir un réflexe et supposent un effort particulier pour s?inscrire dès la phase de
conception dans une logique d?économie circulaire.
? Intégrer les enjeux économiques et sociétaux dès la phase de R&D
Les enjeux d?accompagnement des consomm?acteurs (modification des comportements,
nouveaux rôles plus interactifs avec les systèmes énergétiques) et les défis de la
gouvernance multi-échelles des systèmes énergétiques (multiplication des acteurs locaux et
des échelles territoriales, bouleversement des marchés et des modèles économiques ou des
cadres réglementaires) font apparaître un besoin accru de recherches combinant le domaine
de l?énergie avec celui des sciences humaines et sociales.
Actions pour coordonner et animer la R&D sur les dimensions transverses identifiées
Afin d?assurer une coordination renforcée entre ministères sur l?ensemble des domaines
en lien avec l?énergie, on vise à établir un groupe de travail interministériel qui permettrait de
prendre en compte par un échange régulier l?ensemble des besoins de recherche et de
mettre en place ou de coordonner les outils de recherche adaptés.
Il s?agit en outre de favoriser des projets de R&D plus transverses par le biais :
- de critères d?éligibilité ou de sélection dans les appels à projets du domaine
énergétique, cf. notamment le critère d?éco-conditionnalité du PIA ;
- de programmes ou d?appels à projets spécifiques nécessitant des efforts de
recherche pluridisciplinaires et du travail collaboratif sur des questionnements
scientifiques mobilisant les acteurs de divers domaines, cf. notamment l?initiative
Greentech lancée en 2016 par le MEEM à la frontière entre numérique et transition
énergétique.
Par ailleurs, en lien avec les actions de structuration de la communauté de recherche
proposées dans l?orientation 3, il s?agit de poursuivre les rapprochements entre les
alliances concernées, notamment Ancre, Athena, Allenvi et Allistene, par exemple par des
groupes ou travaux/études en commun sur chaque dimension transverse, regroupant une ou
plusieurs de ces alliances et le cas échéant d?autres acteurs pertinents (entreprises?).
Il est enfin proposé :
- d?introduire dans toutes les feuilles de routes nationales relatives à la R&D
énergétique une projection spécifique concernant l?apport du numérique, une
40
démarche de développement de l?analyse environnementale et d?anticipation des
enjeux économiques et sociaux ;
- d?identifier explicitement l?application au champ de l?énergie dans le programme
d?action Big-Data mis en place au titre de la SNR ;
- de développer les applications au champ de l?énergie dans les actions de R&D mises
en place au titre de la dynamique Digitising European Industry impulsée par la
commission européenne.
1.3.2 Préparer les outils pour gérer la flexibilité et la complexité du système
énergétique à différents horizons temporels
De nombreux efforts de R&D sont en cours et doivent se poursuivre sur le développement
de moyens durables et performants (techniquement et économiquement) de production
d?énergie. L?accent a également été mis depuis quelques années sur une prise en compte
accrue de l?ensemble des usages et sur l?exploitation des potentiels d?économies d?énergie.
Dans un contexte de complexification croissante, la consolidation de connaissances et
d?outils pour la maîtrise des systèmes énergétique devient une priorité appelant des actions
nouvelles ou renforcées.
? Analyser les différents types de flexibilité
Dans la perspective de systèmes énergétiques plus flexibles à moyen et long termes et en
parallèle des efforts de R&D en cours pour développer une large gamme de moyens de
flexibilité à des échelles variées (stockage, pilotage de la demande, effacement, pilotage de
la production, etc.) qui pourront être complémentaires ou en compétition à l?avenir, il serait
utile de mener une comparaison de ces différents moyens, sur le plan technique
(performances attendues et services potentiels rendus aux systèmes), économique (coûts
cibles et délai de maturation pour arriver sur le marché), environnemental, pour faciliter les
choix futurs et alimenter, lors de chaque nouveau cycle les exercices stratégiques à venir
(SNBC/PPE/SNRE).
Action proposée : mener une analyse comparative des solutions de flexibilité et des
conditions de stabilité des systèmes, en impliquant l?ensemble des acteurs concernés.
? Cibler la valeur ajoutée des acteurs français de la R&D
Au-delà de la capacité d?intégration et de pilotage des différentes solutions de flexibilité aux
différents horizons temporels, pour les solutions les plus prometteuses, il est important
d?identifier les segments à forte valeur ajoutée sur lesquelles les acteurs ? chercheurs et
entreprises ? français peuvent se positionner et de consolider ou développer la capacité de
production des composants clés (par exemple pour l?électronique de puissance)
Action proposée : en lien avec l?orientation 2 sur la R&D en partenariat public/privé, mener
une analyse continue sur les forces/faiblesses/opportunités/risques dans le cadre des efforts
de structuration en filières.
41
Orientation stratégique 2 : Développer la R&D et l?innovation en lien
avec les territoires et le tissu industriel, en particulier les PME-ETI,
pour la réussite de la transition énergétique
Le transfert technologique des résultats de la R&D aux entreprises participe à la création de
richesse et d?emplois et la re-industrialisation du territoire national. Ce transfert emprunte des
voies multiples allant de la recherche collaborative avec l?industrie à la création de sociétés,
en passant par la prise de participations dans des jeunes entreprises innovantes ou la mise
en oeuvre de politique de soutien aux ETI et PME. Constituer des filières d?excellence sur les
thèmes spécifiques de l?énergie en faisant converger les efforts de R&D publics et les
stratégies industrielles permet de favoriser ce type d?innovation. Il faut tirer parti des atouts
nationaux que constituent la communauté de recherche académique, les organismes de
recherche et les filières énergétiques menées par des industriels dont certains sont des
leaders mondiaux (sur l?ensemble de la filière ou sur un segment particulier) : amplifier ces
atouts en renforçant l?articulation entre recherche, innovation, industrie et usages et en
s?appuyant sur les dynamiques de filières et de territoires.
2.1 Enjeux internationaux
La R&D en énergie doit permettre de favoriser le développement d?un tissu d?entreprises
innovantes notamment en encourageant la création de start-ups et le développement
d?entreprises de taille intermédiaire à vocation exportatrice. Il s?agit de mettre en oeuvre les
moyens qui permettront de conserver la compétitivité technologique et économique dans les
domaines énergétiques fortement exportateurs et pour lesquels la France occupe une
position de leader au plan international et de contribuer à l?émergence de nouvelles filières
industrielles dans le domaine des nouvelles technologies de l?énergie.
Ces actions visent à répondre aux besoins nationaux mais également internationaux de la
transition énergétique. En effet, les besoins nationaux sont prioritaires mais ne suffisent
généralement pas seuls à consolider une filière industrielle et à lui fournir des débouchés
satisfaisants. Le marché des technologies de l?énergie est très mondialisé. En outre,
certaines technologies présentent peu d?intérêt du seul point de vue du mix énergétique
français, en raison d?un faible gisement local, ou d?une faible demande, au-delà de quelques
possibilités de démonstration, mais peuvent répondre à des besoins importants d?autres
pays et représenter des opportunités à l?export. Il convient donc résolument de se placer
dans ce contexte international.
42
2.2 Conforter la performance des actuelles filières énergétiques déjà leaders
et/ou à fort potentiel à l?export sur le marché mondial
Les acquis nationaux dans les technologies de l?énergie sont importants. Il faudra capitaliser
sur les atouts compétitifs des filières énergétiques matures et pour lesquelles la France
compte des acteurs industriels d?envergure internationale (champions nationaux ou
européens) générant une activité économique importante. Ces filières qui contribuent
fortement à la sécurité énergétique nationale et disposent d?une capacité exportatrice doivent
être préservées. Leur expertise reconnue mondialement doit être accentuée par des actions
de R&D soutenues et un ressourcement des équipes de recherche pour leur permettre le
maintien au meilleur niveau.
Dans le domaine des ressources énergétiques et minérales stratégiques ou dans celui du
nucléaire, les recherches sur les technologies doivent permettre de renforcer cet avantage
concurrentiel en s?orientant vers une exploitation économiquement performante dans des
conditions respectueuses de l?environnement et en poursuivant l?amélioration de la sûreté.
Les efforts seront aussi poursuivis pour les énergies renouvelables dans lesquelles la France
a atteint un haut niveau de maîtrise comme pour l?énergie hydraulique ou la géothermie.
Ces différentes filières sont de poids économiques variés mais présentent de réelles
perspectives de développement à l?international chacune à leur échelle.
Zoom sur les hydrocarbures responsables
Satisfaire la demande de carburants et d?intermédiaires chimiques à faible impact
environnemental issue d?une production assurée dans les meilleures conditions de durabilité
et de performance est une priorité. Elle répond à l?absolue nécessité d?une industrie dont le
mode de développement se doit d?être exemplaire et respectueux de l?environnement, en
étant à la fois sobre et efficace en énergie. En outre, en cohérence avec les renforcements
des législations existantes pour réduire les émissions de polluants atmosphériques (soufre,
oléfines, polyaromatiques, benzène, etc.), les technologies et produits développés doivent
offrir les moyens de lutter contre l?aggravation de l?effet de serre et de réduire l?exposition
des citoyens à la pollution de l?air. En termes de R&D&I, les efforts devront porter sur les
logiciels de caractérisation et de modélisation de bassins et réservoirs, sur les technologies
éco efficientes de production d?hydrocarbures et sur les procédés et catalyseurs de
transformation et conversion des hydrocarbures, Les programmes de R&D sont
majoritairement portés par IFPEN auxquels le plus souvent sont directement associés les
grands industriels français leaders du domaine.
Zoom sur le nucléaire
L?industrie nucléaire française est un des leaders mondiaux avec une particularité unique :
des savoir-faire éprouvés et reconnus dans tous les secteurs de cette industrie (conception
et exploitation de réacteurs, production d?uranium, fabrication de combustible, gestion des
combustibles usés, gestion des déchets et une expertise en sûreté). Les marchés à l?export
concernent en particulier les réacteurs nucléaires, la gestion du combustible usé (usine de
43
recyclage et système d?entreposage à sec de longue durée), la décontamination d?effluents
et de terres en situation post-accidentelle, l?expertise sur l?assainissement/démantèlement
d?installations nucléaires anciennes dont le marché est considérable, l?expertise sur la
gestion des déchets allant de leur conditionnement jusqu?à leur stockage en surface ou en
grande profondeur et l?expertise en sûreté nucléaire. La globalité de l?expertise française qui
s?étend du contrôle des installations jusqu?à l?information des populations et la prévention
des risques est ainsi un atout à l?export. Ce leadership s?appuie sur des programmes de
R&D portés majoritairement par le CEA, l?IRSN et l?Andra auxquels sont le plus souvent
directement associés les industriels français EDF et AREVA. Au titre des missions que lui
confie la loi TECV en matière de recherche pour la sûreté nucléaire et la radioprotection,
l'ASN contribue également à l'orientation de la recherche dans le domaine.
En ce qui concerne le développement de réacteurs à l?export la compétition intense
demande aux acteurs français de mener des actions de recherche en rupture (nouvelles
méthodes de fabrication, intégration des outils et des objets de la révolution numérique,
réacteurs de nouvelle conception) pour conserver leur leadership et leur attractivité. Malgré
la sensibilité industrielle de la R&D menée dans ce domaine, de nombreuses collaborations
internationales existent, concourant à accroître la sûreté des réacteurs actuels, à développer
des réacteurs innovants (SMR ? « Small Modular Reactor », réacteurs de 4ème génération)
et les connaissances dans le domaine du stockage et du démantèlement. Ces collaborations
sont menées avec les plus grands pays nucléarisés (Russie, Chine, Japon, Etats-Unis, ?),
ainsi qu?avec de nombreux Etats membres Européens dans le cadre des programmes
soutenus par la Commission européenne.
Zoom sur la géothermie
La géothermie, énergie renouvelable non intermittente, offre un potentiel important à mettre
en regard de la faible occupation foncière nécessaire à son exploitation, à son potentiel de
compétitivité à l?échelle du territoire et à la garantie qu'elle offre en matière de sécurité
d'approvisionnement. Les différents types d?exploitation des ressources géothermiques :
électricité, réseau de chaleur pour le tertiaire et l'industrie, production de chaleur et
rafraîchissement pour le bâti offrent un large spectre de possibilités de valorisation mais il
faudra accomplir de nombreux progrès pour réussir le développement massif de la
géothermie, qu?elle soit profonde ou superficielle. Cependant, les freins et verrous de la
géothermie profonde concernent plutôt la maîtrise de la ressource en sous-sol tandis que les
progrès à accomplir pour valoriser au mieux la géothermie superficielle nécessitent
principalement des avancées sur les équipements et leur mise en oeuvre. La France dispose
d?un réseau d?industriels reconnus pour la géothermie haute, basse et très basse énergie qui
associé au potentiel de la recherche publique a les moyens de lever tous les grands verrous
pour offrir une offre industrielle à l?international, au moment où une alliance internationale (la
« Global Geothermal Alliance » ? GGA), créée lors de la COP21, promeut le développement
de cette énergie.
44
2.3 Permettre l?émergence de filières industrielles performantes (nationales
et européennes) pour accélérer la transition énergé tique
Outre la transition énergétique, l?émergence de telles filières participe à la création d?emplois
non délocalisables et à l?amélioration de l?équilibre de la balance commerciale, en réduisant
les importations de solutions technologiques et en développant l?export (énergies
renouvelables, solutions de flexibilité, etc.). Il s?agit de trouver un bon équilibre entre des
filières qui paraissent d?ores et déjà incontournables pour les futurs systèmes énergétiques,
comme les réseaux intelligents, et des paris technologiques plus risqués mais offrant un fort
potentiel si la maturité industrielle peut être atteinte, comme les énergies marines.
Assurer le transfert de technologies innovantes pour favoriser la création de nouvelles
activités économiques est au coeur du programme des investissements d?avenir (PIA). C?est
tout particulièrement le cas des initiatives du type de celles des instituts de la transition
énergétique (ITE) qui visent à constituer des campus d?excellence rassemblant recherche
académiques, grands groupes et tissus de PME sur des thèmes spécifiques de la transition
énergétique et favoriser l?innovation en faisant converger les efforts publics de R&D et les
stratégies industrielles.
Plus en aval dans la chaîne d?innovation, des appels à projet spécifiques (actions du PIA
pour la transition écologique et énergétique ou pour les véhicules et transports du futur)
aident à réaliser les démonstrateurs permettant de tester et mettre au point « en vraie
grandeur » des technologies, des services ou des organisations innovantes, préalablement à
leur possible déploiement.
Zoom sur les énergies renouvelables en mer (EMR)
Les EMR (éolien en mer posé ou flottant, hydrolienne, énergie houlomotrice, énergie
thermique des mers, ?) constituent un atout pour la France du fait de ses nombreuses
façades maritimes qui disposent de gisements potentiels tant en métropole qu?en outremer
et d?un potentiel à l?export notamment pour des zones iliennes.
Les principaux enjeux d?innovation pour ces filières consistent en particulier, outre la
caractérisation des sites (gisement?), en la modélisation et la mesure des impacts,
l?identification et le développement des technologies les plus prometteuses. Des
démonstrateurs et des fermes pilotes visent à confirmer, en conditions réelles, des méthodes
de construction, d?installation, d?exploitation, de raccordement, de maintenance et de
démantèlement des technologies avant d?envisager le développement de filières industrielles
structurées et compétitives et le déploiement de parc commerciaux.
Zoom sur les réseaux intelligents s?insérant dans les « Smart Cities »
Les réseaux intelligents (électricité, gaz, eau) permettent de répondre à quatre défis de la
transition énergétique : l'efficacité énergétique, l'optimisation des investissements dans les
réseaux, l'insertion massive des énergies renouvelables et du véhicule électrique sur les
réseaux électriques. Ces défis mettront les réseaux énergétiques sous contrainte. De
nouvelles « flexibilités » sont appelées à se développer (effacement de consommation ou de
45
production en fonction des besoins, lissage des charges et décharges des appareils
connectés au réseau électrique) tout comme les moyens de stockage d?énergie. Les
technologies numériques devraient également jouer un rôle clé au sein des réseaux
intelligents (design, gestion, contrôle) dans la (re)construction de la ville de demain et
l?orientation des politiques publiques locales.
Zoom sur le Captage et Stockage du CO2
En complémentarité avec la valorisation du CO2, telle qu?évoquée au 1.1, le captage, le
transport et le stockage du CO2 constituent, selon le GIEC et les modélisations de l?AIE, un
levier important d?action au regard des cibles de réduction des gaz à effet de serre de son
scénario 2DS. L?enjeu est de développer des technologies compétitives pour capter et
stocker le CO2 et de lever les freins sociétaux vis-à-vis du stockage et de caractériser au
mieux et à moindre coût les sites de stockage potentiels. Ainsi, les principaux verrous que
représentent la baisse du rendement énergétique liée au processus du captage, la prise en
compte des capacités de stockage en y incluant une dimension locale (proximité des sites
émetteurs) sont à traiter en priorité. Sur tous ces thèmes, des opérations de démonstrations
sont nécessaires pour pouvoir proposer des solutions. Par ailleurs, il faut intégrer le captage
et le stockage du CO2 dans un processus global de contrôle des émissions de CO2.
2.4 Actions structurantes proposées
2.4.1 Amplifier et coordonner les actions de démonstration ancrées dans
les territoires
- Poursuivre et amplifier les actions de soutien à la R&D, à l?innovation collaborative
et territoriale et à la démonstration industrielle, telles que celles mises en place
dans le cadre du programme des investissements d?avenir (PIA) ou des plans de la
Nouvelle France Industrielle, en particulier via des appels à projets « territoriaux »
sur le modèle de celui des territoires « Réseaux électriques intelligents » ou «
Hydrogène » associant entreprises et collectivités.
- Expérimenter de nouveaux modes de production/consommation en lien avec le
régulateur national et les opérateurs locaux afin de tester les nouvelles
technologies « à l?échelle » en complémentarité et en situation réelle (« living
labs »).
- Utiliser la palette des instruments financiers pour accompagner les solutions vers la
maturité industrielle (cf. aides d?Etat pour démonstrateurs mais aussi fonds propres
pour premières à grande échelle, expérimenté dans le PIA2 et renforcé
prochainement via le PIA3).
46
2.4.2 Soutenir le développement des PME/ETI innovantes
Favoriser la création de start-ups en encourageant la prise de risque et en développant les
mesures d?accompagnement financier, scientifique et technique, et institutionnel. S?appuyer
notamment sur le réseau des pôles de compétitivité et sur les organismes de recherche,
pour :
- amplifier les actions de soutien financier du type des appels à projets « Initiatives
PME » de l?Ademe sur des thèmes ciblés concernant l?énergie (stockage, efficacité
énergétique, ENR, réseaux intelligents, ?), en préservant leur simplicité et leur rapidité ;
- développer les mesures d?accompagnement non financières des start-ups leur
permettant notamment de se positionner sur les marchés prometteurs, en prévoyant par
exemple des dispositifs d?incubation, de test, de validation et de démonstration des
innovations des PME/ETI. S?appuyer à cette fin sur les écosystèmes existants, tels que
les instituts Carnot et les instituts de la transition énergétique, et également sur les
grandes entreprises du secteur de l?énergie.
2.4.3 Structurer les filières françaises
La mobilisation des acteurs français doit s?effectuer, tant au niveau national que dans le
cadre des programmes collaboratifs européens (programme Horizon 2020 et son
successeur) ou internationaux :
- En lien avec les acteurs des filières de la Nouvelle France Industrielle et de ses 9
initiatives, particulièrement les suivantes : Nouvelles ressources, Villes durables, Mobilité
écologique et Transports de demain. Dans ce cadre, et/ou dans le cadre de comités
stratégiques de filières, il faudra mener des analyses régulières du positionnement
(atouts et faiblesses, opportunités et menaces) des acteurs français, publics et privés, et
élaborer des feuilles de route partagées entre ces acteurs, permettant de donner une
visibilité sur les programmes de R&D à mener à moyen et long terme et sur
l?accompagnement nécessaire ;
- autour des « groupes miroirs » associés aux structures européennes de la RD&D
(SET plan par exemple) : des groupes de travail structurés autour de la dizaine d?actions
clés du SET plan se prêtent particulièrement au rapprochement avec des acteurs
européens (organisations de recherche ou entreprises) intervenant dans le même
domaine et peuvent faciliter la mise en réseau et l?élaboration de consortiums
susceptibles de répondre aux appels à projets collaboratifs européens ;
- en lien avec les groupes de coopération de l?AIE (« Technology Collaboration
Programmes ») dans lesquels la France est active : de la même manière qu?au plan
communautaire mais avec des perspectives d?ouverture au plan international, cette mise
en réseau permet de mettre en valeur les compétences des acteurs français, de
bénéficier de l?expertise des partenaires internationaux et de préparer des coopérations
futures.
47
Orientation stratégique 3 : Développer les compétences et
connaissances pour et par la R&D&I
Face aux défis de la transition énergétique et à une compétition économique exacerbée,
disposer d?un tissu de recherche, développement et innovation (R&D&I) au meilleur niveau
mondial apparaît comme indispensable. Il s?agit d?un enjeu reconnu comme clé par toutes
les nations. Le lancement de l?initiative internationale « Mission Innovation » à l?occasion de
la COP21 qui prévoit le doublement de l?effort de recherche et développement sur les
énergies décarbonées à l?appui de la transition énergétique souligne l?importance de la
R&D&I dans l?atteinte des objectifs de cette dernière.
Comme l?indique le rapport 2015 de la SNR, la France dispose dans le domaine de l?énergie
d?un tissu académique, d?organismes de recherche et d?innovation et de structures de
formation souvent au meilleur niveau mondial. Par ailleurs, le secteur de la recherche et
développement est bien structuré avec une alliance nationale, Ancre, qui coordonne
spécifiquement les efforts de recherche dans le secteur de l?énergie et au niveau territorial,
cinq pôles de compétitivité et des Instituts Carnot dédiés ainsi que les instituts pour la
transition énergétique (ITE) créés dans le cadre du PIA. Des liens forts ont également été
établis avec les grands acteurs industriels internationaux du secteur de l?énergie mais aussi
avec des PME et ETI par exemple à travers le syndicat des énergies renouvelables (SER),
les comités stratégiques de filières, ou encore l?action démonstrateurs de la transition
énergétique et écologique du PIA. De fait, l?effort de R&D-énergie par unité de PIB est
relativement élevé en France
La SNRE doit renforcer l?excellence de notre recherche en énergie, conforter les atouts du
tissu de R&D&I, augmenter l?intensité des interactions entre recherche publique et
entreprises et favoriser l?interdisciplinarité afin de lever certains verrous identifiés,
notamment grâce aux travaux de l?atelier Energie de la SNR.
3.1 Conforter une communauté nationale de la recherche de très haut niveau
sur l?énergie
3.1.1 En maintenant l?excellence de la recherche na tionale, en identifiant
des disciplines clés pour l?énergie autour de conce pts en rupture
Développer un socle de connaissances fondamentales et génériques au meilleur niveau
mondial constitue un enjeu majeur pour renforcer la capacité française à faire émerger des
concepts en rupture susceptibles d?aboutir à des produits et services innovants. L?approche
disciplinaire qui structure actuellement le monde académique doit nécessairement, pour
aborder un thème comme l?énergie, conduire à des associations, des entités, des projets,
voire des structures pluridisciplinaires. L?énergie solaire par exemple fait appel à la physique
pour la conversion, à la chimie pour les matériaux, aux sciences de la vie pour la
48
photosynthèse, à la thermique et à la mécanique pour la durée de vie des dispositifs, aux
STIC pour l?intégration au réseau, aux SHS pour l?autoconsommation? Cette constitution
d?entités pluridisciplinaires autour de l?énergie peut s?appuyer sur des éléments existants
comme la cellule énergie et les GdR du CNRS, ou bien encore sur les dynamiques initiées
par les sites universitaires (IDEX et Isite) : plusieurs sites ont en effet identifié l?énergie
comme une initiative de recherche transverse. De même plusieurs LABEX couvrent des
domaines ayant trait à l?énergie. Il convient de suivre ces dynamiques avec attention et d?en
favoriser les réussites.
La structuration en défis sociétaux de la programmation annuelle de l?ANR, dans laquelle un
défi est consacré à l?énergie (défi 2 « une énergie propre, sûre et efficace »), est un outil qui
favorise cette pluridisciplinarité tout en s?appuyant sur les orientations stratégiques issues de
la SNR. Toute initiative qui renforce cette pluridisciplinarité, en alliant des sciences de base
pour l?énergie, des sciences sociales, et en constituant dans la durée une véritable
communauté scientifique, doit être encouragée, à l?instar des initiatives similaires mises en
place par le DOE aux Etats Unis et par l?EERA dans le cadre européen et en interaction avec
elles.
S?il apparaît nécessaire d?intégrer plusieurs disciplines pour traiter la thématique énergie, il
est également nécessaire de considérer que l?énergie peut aussi être un élément d?une
approche encore plus large ; ces approches holistiques doivent être encouragées en
permettant que soient traités des enjeux globaux systémiques dans lesquels l'énergie joue
un rôle important, tels que la problématique intégrée "énergie - climat" ou celle "énergie - eau
- alimentation".
Pour favoriser cette approche plus systémique, il faut s?appuyer sur les alliances de
recherche qui structurent le paysage français en accentuant les travaux entre l?alliance
dédiée à l?énergie (Ancre) et les autres alliances représentant d?autres composantes telles
que l?environnement ou les sciences humaines. Il convient de soutenir la communauté de la
recherche en sciences sociales dans sa volonté de structuration autour des enjeux d?énergie
initiée en 2012.
De même, au-delà du paysage français, il existe sur le plan international plus d?une
quarantaine de campus universitaires qui ont structuré des initiatives pluridisciplinaires sur
l?énergie ayant un impact significatif sur les relations avec l?industrie, l?émergence de
thématiques originales, transverses et porteuses de ruptures et le rayonnement international
de ces sites14 Ces exemples de démarches pluridisciplinaires doivent inspirer des mises en
oeuvre analogues sur notre territoire.
3.1.2 En veillant à la coordination nationale des acteurs publics
Les opérateurs publics de recherche ayant une mission principale dans le domaine de
l?énergie sont le CEA et l?IFPEN. Le CNRS et les universités mobilisent également des
moyens importants sur le domaine de l?énergie. La complémentarité des actions de ces
acteurs entre eux d?une part et avec les acteurs spécialisés d?autre part (Inra, Inria, Ifsttar,
14
Cf. MIT Energy Initiative, USA ; BEARS et BECI - Berkeley, USA ; le Centre de l'Energie ? Lausanne, CH ;
DEMAND, UK ; Global Climate and Energy Project & Precourt Institute ? Stanford, USA.
49
CSTB, Ineris, Ifremer, IRSN, BRGM, etc.) est indispensable. Cette complémentarité de
l?action des opérateurs de recherche publics s?opère grâce à l?existence d?une stratégie de
recherche pour chacun d?eux, déclinée au travers des démarches de contractualisation avec
l?Etat. Des groupes programmatiques par filière et par usage des énergies existent déjà au
sein de l?alliance Ancre : la complémentarité des acteurs doit permettre de coordonner les
efforts mis en oeuvre pour lever les verrous technologiques et économiques sur la base de
feuilles de route technologiques. Il est souhaitable de viser une structuration systématique
des filières en intégrant un groupe de travail recherche à côté des comités de filières déjà en
place sur l?aspect industriel et de s'organiser systématiquement au plan national en miroir de
la structuration européenne lorsque celle?ci existe.
3.1.3 En favorisant la mise en réseaux des acteurs de la recherche
La mobilisation des masses critiques et coordonnées de chercheurs sur chaque thématique
prioritaire est indispensable. Dans cette optique, la mise en oeuvre opérationnelle de réseaux
sera renforcée, en s'inspirant à la fois de l'expérience du Réseau sur le stockage
électrochimique de l?énergie (RS2E), des Réseaux de recherche et d?innovation
Technologiques (R2IT) et des expériences des réseaux d'excellence européens. Ces
réseaux positionnés sur des TRL 1-4 doivent être thématiques, multidisciplinaires et avoir
une vision pré-programmatique, en mobilisant tout le spectre de la recherche, de sorte
qu?une osmose entre recherche fondamentale et finalisée se réalise. Ils peuvent faire
émerger des projets exploratoires allant jusqu?à une preuve de concept (approche bottom-
up), voire la création de start-ups, ou répondre à des commandes de recherche s?intégrant
dans les objectifs finalisés, destinés notamment à accompagner les révolutions
technologiques (approche top-down). Il est donc nécessaire de favoriser les collaborations
étroites entre EPIC, recherche académique et R&D des entreprises.
3.1.4 En inscrivant la démarche nationale dans un c adre cohérent avec les
actions de structuration locale et avec les program mes européens
Les régions sont désormais dans une phase de finalisation voire de mise en oeuvre des
schémas régionaux de développement économique, d'innovation et d'internationalisation
(SRDEII), prévus par la loi NOTRe du 7 août 2015. Les processus de travail menés en
parallèle aux niveaux local et national doivent être coordonnés.
De même, dans le cadre du programme cadre européen H2020, et de l?outil de R&D dédié à
l?énergie qu?est le SET-plan, 10 actions-clés ont été identifiées : les efforts de la France et de
ses acteurs de recherche doivent être considérés également selon cette cartographie afin de
les optimiser. L?organisation nationale doit tenir compte de la structuration européenne
lorsque celle-ci existe (alliance européenne EERA, Eranet-co-funds, JPI, JTI, association sur
le stockage de l?énergie, etc.). Le bénéfice d'une organisation miroir - alignée au plan
national - est d'une part de faciliter les interactions public-privé et d'autre part d'améliorer les
résultats au plan européen. L'exemple de la JTI « Hydrogen and Fuel Cells » appuyée sur le
research grouping N-Hergy et au plan national sur l'AFHYPAC illustre très clairement le gain
qui peut être attendu d'un tel montage.
S?agissant des sciences sociales, l?initiative européenne de constitution d?une plateforme
européenne SHS sur les enjeux d?énergie (« Energy-related Social Sciences and Humanities
50
platform » - LCE-32-2016) milite pour un soutien à la structuration dans ce sens au niveau
national.
3.1.5 En développant la prospective énergétique et la connaissance des
marchés et en anticipant le positionnement des usag ers et acteurs au
coeur des questions énergétiques
Il faut maintenir, développer et utiliser les compétences de recherche en matière de
modélisation et réalisation de scénarios prospectifs de déploiement de la maîtrise de la
demande d'énergie et d?évolution du mix énergétique. Ces compétences pourront être
utilisées tant pour aider le déploiement que pour quantifier les impacts et pour éclairer la
décision publique au plan national et européen. Par ailleurs, un effort systématique de
structuration des SHS et de collaborations avec le domaine des SHS sur les projets de
recherche amont doit être engagé. Ceci permettra de suivre les processus de recherche en
rupture et de mieux comprendre les délimitations et l?hybridation des enjeux politiques,
économiques et techniques au fil de ces processus, et de gagner en connaissance, en
réflexivité et en pratique sur la manière d?accompagner les technologies de leur émergence
à leur mise en projet.
3.1.6 En s?appuyant sur la stratégie nationale des infrastructures de
recherche
Les grands enjeux scientifiques, et notamment pour le milieu de l?énergie posent le défi de
disposer des moyens expérimentaux et des outils de recherche à la pointe des
connaissances scientifiques et technologiques. L?observation, la mesure, le stockage et le
partage de données supposent de grands instruments portant les capacités techniques au-
delà de l?existant et intégrant la porosité interdisciplinaire source d?innovation. Ces outils sont
les conditions des futures découvertes tout autant que le produit des dernières avancées
scientifiques et technologiques.
Des grands équipements ont ainsi été créés, pilotés par des organisations nationales
nécessitant une instrumentation de premier plan. Parallèlement à ces grands programmes,
se sont développés ces dernières années des instruments partagés entre de nombreux
acteurs sur des sites divers pour répondre aux grands enjeux et défis technologiques à venir
et notamment pour le domaine de l?énergie.
La stratégie nationale des infrastructures de recherche parue en 2016 a retenu des grands
équipements et infrastructures de recherche pour permettre à ces nouvelles filières de
disposer de moyens expérimentaux dédiés. Le domaine de l?énergie a ciblé d?une part
l?énergie solaire photovoltaïque et thermodynamique, les énergies marines, la fission et la
fusion nucléaire et d?autre part le stockage du CO2. De plus, ces nouvelles technologies de
l?énergie conduiront à développer de nouveaux matériaux qu?il faudra être en mesure de
caractériser et cette stratégie nationale des infrastructures de recherche a inscrit plusieurs
équipements adaptés à ces caractérisations. De même les infrastructures associées au
calcul numérique seront particulièrement utiles pour la validation des modèles de plus en
plus complexes et pour le traitement de volume de données en forte croissance.
51
3.1.7 En renforçant les interactions entre recherch e publique et recherche
privée
La France dispose d?atouts qui résultent de l?organisation des filières énergétiques, décrite
dans les fiches de la SNRE. Les actions menées au sein des filières ont permis l?émergence
d?un tissu de recherche national performant.
Les actions de coordination, menées par l?Ancre sur le plan académique (en lien avec
l?alliance européenne EERA dans le cadre européen), par le réseau des Instituts Carnot pour
ce qui concerne la recherche technologique et par les pôles de compétitivité (Capenergies,
Tennerdis, Derbi, S2E2, Mer, Energivie, PNB, Trimatec) pour le développement avec les
entreprises, doivent être poursuivies. L?articulation de ces pôles avec les neuf solutions
économiques de la Nouvelle France Industrielle doit être renforcée.
Dans le domaine de l?énergie, avec le développement des sources de production locales, il
est important de pouvoir amplifier et coordonner les actions territoriales sur les
démonstrateurs. Ces démonstrateurs pré-industriels jouent un rôle clé pour valider les
options technologiques retenues et évaluer le coût associé. A cet égard, les initiatives des
campus mondiaux leaders pourraient utilement servir d?inspiration à quelques initiatives
poussées par ces réseaux et déployées au sein des sites universitaires ayant fait de
l?énergie un thème fort. La promotion active des démonstrateurs est également confiée au
Commissariat général à l?investissement qui s?appuie sur l'Ademe dans le cadre du PIA.
Dans le PIA3, ces actions ont vocation à être amplifiées en intégrant la dimension
« territoires de démonstration ». Un effort particulier doit être fait pour consolider le retour
d?expérience pour permettre la comparabilité des résultats obtenus dans les différentes
expériences.
De même, le recours accru à des vecteurs de collaboration européens - comme les Eranet
Cofund ? qui permettent des collaborations public-privé, ou le déploiement de lignes pilotes
pour la production de composants du système énergétique permettent de favoriser ces
interactions entre recherche académique et recherche appliquée et pré-industrielle.
La création d?entreprises par les jeunes diplômés et les chercheurs, est également un outil
qui permet ce rapprochement. Cette démarche est un facteur d?attractivité et contribue au
développement de l?activité économique. Pour promouvoir ces initiatives, il s?agit, d?une part
de disposer d?une enveloppe suffisante pour des interventions en fonds propres dans le
domaine de l?énergie (ce qui est prévu dans le cadre du PIA3, avec l?action consacrée aux
démonstrateurs et territoires d?innovation), et d?autre part de spécialiser des équipes de
business développeurs conseils sur les sites universitaires pour lesquels l?énergie est un
thématique phare.
Enfin, une sensibilisation, voire une formation des chercheurs à l'entreprenariat et au monde
de l'entreprise permettrait de faciliter le rapprochement des cultures académiques et
entrepreneuriales.
52
3.2 Contribuer, à partir des compétences et connais sances développées par
les activités de recherche et d'innovation, à l?inf ormation et la formation
L?un des objectifs de la SNRE est de permettre à l?économie française de tirer le meilleur
parti de la transition énergétique, grâce aux efforts de R&D&I, à travers la création et le
renforcement de filières nationales visant les marchés mondiaux. Certains secteurs doivent
faire face à un renouvellement de leurs effectifs, de leurs métiers et des compétences
requises. On estime à plusieurs centaines de milliers d?emplois les gisements correspondant
à des niveaux de compétence variés, qu?il s?agisse du maintien et du renforcement des
filières industrielles ou des activités liées au déploiement de nouveaux produits et services
sur le territoire national. L?enjeu pour la France est de veiller à la cohérence entre les
objectifs de politique énergétique, le rythme de maturation des technologies et le maintien et
le déploiement de filières industrielles. Il s?agit, à travers les savoirs, savoir-faire et
compétences acquis par le public formé, de développer leur employabilité en leur permettant
d?être bien sûr opérationnels pour les postes et activités actuels des industries concernées
mais également d?être préparés aux évolutions de ces industries et donc formés aux métiers
associés à la transition énergétique.
3.2.1 À l?attention des professionnels
Les préconisations de la SNRE en matière de R&D invitent à une réflexion sur les
compétences requises et à un renforcement du développement de certaines aptitudes. Pour
ce faire il est judicieux, tant pour les cursus dédiés à l?énergie que pour les cursus en
connexion avec le monde de l?énergie (urbanismes, transports, industrie, etc.) :
- d?accroître l?interdisciplinarité des programmes (en particulier dans les formations de
niveau Master dans le domaine de l?énergie) afin de permettre une compréhension
profonde des transformations induites par la transition énergétique, en y incluant une
formation en sciences humaines et sociales ; et être ainsi en mesure de conférer une
vision systémique permettant une intégration optimale des technologies et intégrant
l?humain et l?environnement dans le système ;
- d?adapter les programmes de formation à des champs disciplinaires spécifiques
(électronique de puissance, matériaux en conditions extrêmes, réseaux de
télécommunications, ingénierie système, etc.) et de créer de nouvelles formations
(e.g. adaptation aux nouveaux types de marchés induits par la pénétration accrue
des énergies renouvelables, normalisation, sensibilisation à la propriété
intellectuelle) ;
- d?inscrire les programmes de formation dans une vision dynamique avec une aptitude
à s?adapter aux nouveaux besoins en compétences ; ainsi, au regard des délais
requis en matière de formation, l?évaluation des besoins devrait être conduite dès
maintenant, notamment en s?appuyant sur les initiatives européennes en la matière
(ex. : programme UNI-SET coordonné par l?European University Association ? EUA -
en association avec la KIC Inno-énergie). Ce travail doit associer les entreprises qui
seront in fine amenées à intégrer les implications en termes de formation
professionnelle, d?apprentissage et de stages (ouvriers, techniciens, ingénieurs).
Dans le même esprit, les formes d?apprentissage devront être développées ;
53
- de mettre en place (ou développer) les outils et structures de formation diplômante et
continue en favorisant le développement de la formation par la recherche, notamment
le doctorat (tout en poursuivant l?effort de reconnaissance de ce diplôme) et en
favorisant la création de chaires d?enseignement et de recherche ;
- d?accroître l?interaction entre les étudiants et la société (rôle de diffusion de
l?information scientifique et technique (cf. Infra), participation à des formations dans
des expériences de démonstration territoriale) ;
- d?accroître l?esprit entrepreneurial des étudiants et d?une manière générale,
développer les relations entre formations académiques et secteur concurrentiel ;
- de promouvoir des démarches d?innovation pédagogiques ambitieuses, en renforçant
le recours aux technologies numériques et en rendant davantage l?élève acteur de sa
formation.
Sur le plan international, l'existence de formations d'enseignement supérieur préparant à des
métiers de haut niveau en capacité de s?adapter aux transformations du secteur de l?énergie,
constitue un vecteur de compétitivité indéniable pour la France, mais aussi un facteur
d'attractivité pour les entreprises étrangères innovantes concernées. C?est également un
vecteur de diffusion de l?ingénierie. Un système de formation dans le domaine de l?énergie,
fort, ambitieux, intégratif et ouvert à l?international devra rendre disponibles les compétences
à destination des entreprises et ainsi adapter les cursus de formation aux nouveaux
paradigmes de la transition énergétique, que ce soit en formation initiale (techniciens,
ingénieurs ou chercheurs) ou en formation professionnelle.
3.2.2 À l?attention de la société civile
L?apparition de consommateurs-producteurs d?énergies (énergies renouvelables, cogéné-
ration, etc.), le développement des réseaux énergétiques intelligents, la nécessité de
modérer la demande, d?une part en adaptant les comportements vis-à-vis de l?énergie et
d?autre part, en adoptant des technologies ayant une meilleure efficacité énergétique,
placent de plus en plus le citoyen, consommateur (ou producteur d?énergie) en situation de
responsabilité et de choix (consom?acteur). Sur le plan européen, l?une des 10 actions clef du
SET-plan concerne le « consommateur au centre du système ».
Les transformations induites par la transition énergétique nécessitent plus largement des
grands choix politiques et de société, qui impliquent et mobilisent les citoyens, dans le cadre
d?un débat démocratique tel que le débat national sur la transition énergétique mené en 2012
en amont de la LTECV. Un tel débat peut être facilité par des éclairages scientifiques.
Plusieurs objectifs doivent donc être poursuivis pour favoriser la structuration d?expertises
multiples, scientifiques et citoyennes, sur les options et processus de transition :
- Développer de nouvelles technologies ou services liés à l?énergie, en prenant en
compte, via les disciplines des SHS, le client final, citoyen et consom?acteur ;
- Favoriser la diffusion de l?information scientifique et technique en direction de la
société civile (médias et grand public), par l?organisation de manifestations
scientifiques destinées à un public large permettant une sensibilisation accrue du
grand public, en s?appuyant notamment sur les universités et les écoles d?ingénieurs.
54
L?utilisation des réseaux sociaux aujourd?hui devenue incontournable doit aussi être
développée ;
- Bénéficier des expériences de démonstration dans les territoires en impliquant autant
que possible le citoyen et les associations aux côtés des entreprises, des acteurs de
la R&D et des pouvoirs publics, dont les collectivités locales, dans les retours
d?expérience.
3.2.3 À l?attention des décideurs publics et privés
Appuyer la décision publique sur des bases scientifiques, que ce soit au niveau international,
européen, national ou régional est une nécessité. Le développement rapide des nouvelles
technologies de l?énergie contribue en effet à une complexité croissante des systèmes
énergétiques et met en jeu un nombre important d?acteurs, de l?échelle territoriale à l?échelle
nationale, voire européenne. Cette multiplicité des décideurs fait aussi écho aux sources
potentielles de financement des investissements (programmes régionaux, nationaux ou
européens). Cette nécessité apparaît de manière particulièrement marquée au niveau des
nouvelles régions aux compétences économiques accrues, qui aspirent à transformer la
transition énergétique en opportunité économique favorisant la création d?emplois (l?un des
objectifs de la LTECV).
Dans ce contexte les acteurs de la R&D&I, présents régionalement au sein des universités
(COMUE, IDEX, ISITE), d?établissements nationaux structurant les activités de R&D&I d?une
ou plusieurs filières (EPST, EPIC), disposent de l?expertise nécessaire pour appuyer les
décideurs publics à plusieurs échelles. A l?échelle territoriale, il faut par exemple poursuivre
les initiatives développées sur des campus universitaires, qui associent l?ensemble des
acteurs pertinents de l?écosystème, et tirent le meilleur parti de ces démonstrations en vraie
grandeur de la transition énergétique et écologique.
Il faudra également que les acteurs de la R&D&I soient impliqués autant que faire se peut
dans les travaux de réflexion de prospective énergétique et technologique, dont les
conclusions participent activement à structurer la politique énergétique nationale, ou dans les
groupes de travail mis en place pour les grands projets nationaux. Ils pourront aussi être
consultés sur les projets de démonstration, permettant ainsi un retour d?expérience précieux
vers la R&D, ainsi que sur les projets de développement de nouvelles filières ou
investissements interrogeant le domaine de l?énergie.
3.3 Actions structurantes proposées
3.3.1 Renforcer les collaborations internationales, la visibilité mondiale des
acteurs de la R&D française dans le domaine de l?énergie
? Etablir un état des lieux des accords internationaux de collaboration avec les
opérateurs de recherche publics et avec les agences ou instances de
55
programmation étrangères15, afin de rechercher une cohérence et de dynamiser
ces accords ;
? Promouvoir, dans le cadre de l?initiative internationale Mission innovation les
priorités françaises de R&D sur les énergies décarbonées et rechercher des
coopérations en ce sens avec les pays membres ;
? Renforcer la participation et le leadership de la communauté française de R&D
dans la construction de l?espace européen de la recherche, avec notamment une
meilleure participation au dispositif européen ERA-NET cofund, permettant la
mise en synergie des moyens de la R&D des états participants et l?alignement
des politiques de R&D ;
? Développer des initiatives pluridisciplinaires autour de l?énergie sur des campus
universitaires à l?échelle française, à l?instar de certains campus ayant amorcé
une structuration dans ce sens, pour permettre une mobilisation forte, structurée
autour de la communauté académique de la problématique énergie et une mise
en réseau avec leurs homologues étrangers.
3.3.2 Favoriser une approche systémique
S?agissant de communautés de recherche couvrant des champs variés, l?ensemble des
Alliances de recherche doit être sollicité. On précise ci-dessous quelques initiatives
conjointes envisageables :
? L?action de rapprochement entre les communautés des sciences dites dures et
des SHS sera poursuivie grâce à une animation scientifique au travers de
programmes interdisciplinaires incitatifs que les alliances Ancre et Athena
mettront en oeuvre. L?alliance Athena a déjà transmis des éléments de position
des sciences humaines et sociales ainsi que des thèmes à potentiel structurant à
court terme sur lesquels cette communauté émergente peut se mobiliser16.
? Il existe des actions convergentes entre les transitions numérique et énergétique :
il est nécessaire de poursuivre l?action de rapprochement entre les alliances
Ancre et Allistene avec pour objectif l?élaboration d?une feuille de route commune
sur ces actions, en associant les entreprises du secteur.
? Les alliances Ancre et Allenvi collaborent déjà sur la thématique de la
bioéconomie : il convient de développer un nouveau thème de collaboration avec
pour objectif la quantification des impacts environnementaux de la transition
énergétique.
15 telles que DFG, BMBF, EPSRC, DOE, NSF, NEDO, ?
16 Cf. Le GPRO énergie-sciences sociales de l?alliance Athéna a publié en 2015 un agenda
scientifique L?énergie des sciences sociales afin de partager avec les autres communautés
scientifiques leurs fronts de recherche
56
3.3.3 Poursuivre la mise en réseau de l?ensemble des acteurs
A l?instar du Réseau sur le stockage électrochimique de l?énergie (RS2E), qui s?appuie sur le
labex Store-Ex, d?autres réseaux pourront être développés en conduisant des réflexions par
exemple dans un premier temps à partir des labex existants dans le domaine de l?énergie et
des matériaux : l?idée est d?élargir ces réseaux qui relient déjà les acteurs académiques
majeurs en y associant EPIC et entreprises.
3.3.4 Développer la capacité de modélisation et de prospective
Du fait de la complexité croissante du système énergétique (nombre grandissant d?acteurs,
décentralisation, incertitudes multiples et variées?), disposer d?outils adaptés et de
compétences de recherche dans le domaine de la modélisation des systèmes complexes
permet d?aider à la décision notamment pour caractériser et orienter les choix du bouquet
énergétique. Pour obtenir in fine un modèle intégré, il sera nécessaire de traiter tout d?abord
toutes les briques technologiques constituant le système énergétique (et ses impacts) puis
de réaliser leur intégration progressive, dans un modèle prédictif robuste adapté à
l?élaboration de scénarios. Ce constat s?applique à la fois au plan national ainsi que dans un
cadre européen ou international où il est opportun de disposer de données et de capacités
de modélisation en propre pour espérer jouer un rôle de premier plan dans les décisions
d?ampleur.
3.3.5 S?appuyer sur les infrastructures de recherche
? Les TGIR existantes dans le domaine de l?énergie sont au nombre de cinq (ECCSEL,
FR Solaris, Sophira, Theorem et West), couvrant des thématiques distinctes et toutes
sont les « noeuds français » d?infrastructures européennes futures ou existantes. Il
est primordial pour les équipes françaises de conforter la présence française au sein
de réseaux d?excellence européens : concernant l?énergie de fission, le réacteur de
recherche Jules Horowitz (RJH) constitue une infrastructure de recherche primordiale
à l?échelle nationale comme à l?échelle européenne. Ces actions autour de ces
infrastructures doivent être une priorité des organismes qui les conduisent (BRGM,
CNRS, CEA?)
? Le PIA3 et notamment l?action « équipements structurants pour la recherche » pourra
également être l?occasion de soutenir le renforcement du maillage des grandes
infrastructures de recherche associées au domaine de l?énergie.
3.3.6 Développer la formation et l?information
? La dynamique de la transition énergétique doit conduire à la création de nouvelles
formations, en tenant compte des besoins associés aux nouveaux types de marchés
(expertise technique, normalisation, propriété intellectuelle, ?). L?appui peut se faire
à partir des établissements d?enseignement supérieur notamment ceux spécialisés
dans l?énergie (comme IFP School ou INSTN) ou ceux qui appartiennent à un site
ayant privilégié la thématique de la transition énergétique (Paris-Saclay, Grenoble,
Lyon-Saint Etienne, Lorraine, Nancy, Aix-Marseille?), ou encore au travers des
57
actions de formation que les Instituts pour la Transition Energétique mènent,
conformément à leurs missions initialement définies par le PIA.
? Les instances en charge du retour d?expérience des démonstrateurs territoriaux,
mises en place par les collectivités locales ou avec leur appui, pourront faire
dialoguer le citoyen avec les acteurs technico-économiques, et ainsi participer à
l?association de la société civile.
58
Orientation stratégique 4 : Créer une gouvernance légère et
performante permettant d?assurer le pilotage opérationnel
dynamique de la SNRE
4.1 Mise en place d?une gouvernance dédiée pour assurer le déploiement et
l?évaluation périodique de la SNRE dans une démarche prospective.
4.1.1 Appui sur une structure dédiée de gouvernance
Comme l?a souligné l?OPECST en 2009 dans son rapport d?évaluation de la SNRE
précédente, une gouvernance adaptée doit être mise en place, tant pour la définition de la
stratégie que pour sa mise en oeuvre.
En conséquence, il est proposé de continuer à réunir de manière régulière, et dans le même
format que lors de la phase d?élaboration de la stratégie menée en 2016, le comité de suivi
regroupant l?ensemble des parties prenantes (cf. partie 2 ? processus d?élaboration) de la
R&D dans le domaine de l?énergie. Ce comité, coprésidé par le Directeur général de
l?énergie et du climat et le Directeur général de la recherche et de l?innovation, regroupera
des représentants des administrations concernées, des organismes publics de R&D dans le
domaine de l?énergie, des alliances, et plus généralement du monde scientifique, des
représentants des entreprises actives dans la R&D et l?innovation dans l?énergie, et des
représentants des organisations membres du CNTE (fédérations professionnelles,
organisations syndicales, ONG et associations de protection de l?environnement, collectivités
territoriales, élus). En particulier, les régions, qui tiennent une place prépondérante (voir
section 4.2.1 Infra), seront ainsi représentées à ce comité, a minima par l?association
Régions de France. Il conviendra de conserver le caractère informel et ouvert du comité,
notamment afin de permettre une bonne association des entreprises de toutes les tailles, de
manière régulière ou plus ponctuelle.
Ce comité aura pour objet de suivre, sur un rythme annuel ou bisannuel, l?état de mise en
oeuvre des orientations de la présente SNRE et de préparer progressivement sa future
révision, voire anticiper des réorientations éventuellement devenues nécessaires par des
ruptures du contexte énergétique, politiques, économiques ou technologiques.
Sans être un comité de programmation financière, le comité pourra permettre des échanges
sur la manière de prendre en compte concrètement les orientations de la SNRE dans les
dispositifs de soutien à la R&D&I (par exemple, appels à projets, portage de sujets au niveau
européen, etc.)
4.1.2 Evaluation et suivi des actions engagées
Un certain nombre d?indicateurs pourront être suivis par le comité, en cohérence avec les
indicateurs liés à la SNBC, la PPE et la SNR, relatifs à la R&D et l?innovation dans le
domaine de l?énergie. Des indicateurs détaillés correspondant aux actions structurantes
59
définies dans la présente stratégie pourront compléter cette première liste. Ils pourront être
proposés par le secrétariat permanent en concertation avec le comité.
Le secrétariat permanent pourra alors présenter au comité sur une base annuelle ou
bisannuelle, un rapport synthétique d?avancement de la mise en oeuvre de la stratégie et
d?état des indicateurs.
Par ailleurs, à l?instar de la SNRE de 2007, la présente SNRE fera l?objet d?une évaluation
externe par l?OPECST, en cours de cycle, afin d?alimenter les réflexions sur le cycle suivant.
4.1.3 Révision de la stratégie
De la même manière que pour la SNBC, la PPE et la SNR, la révision périodique de la
SNRE sera effectuée tous les 5 ans et permettra la prise en compte de l?évolution
progressive des politiques énergétiques et de recherche. Ce rythme de révision est
également en moyenne celui des COP des établissements et organismes de recherche
publique, ce qui facilitera des processus cohérents de mise à jour.
Le travail de révision de la stratégie pourra s?appuyer, comme cela a été le cas en 2016 (cf.
annexe 5), sur une analyse filière par filière, mais également selon les axes transverses et
les dimensions systémiques, de l?impact des actuelles orientations stratégiques et des
forces/faiblesses/opportunités/menaces pour les acteurs de la R&D en France. Ces travaux
pourront être menés par le secrétariat permanent et être alimentés notamment par les
réflexions des alliances.
4.2 Recensement et mise en cohérence des différents outils de financement,
de soutien et de suivi de la R&I
4.2.1 Au niveau local
Les régions ont défini ces dernières années des stratégies de spécialisation intelligentes,
notamment pour l?utilisation des fonds communautaires, qui ont fait apparaître pour la plupart
d?entre elles des priorités thématiques et des axes structurants pour la R&D&I énergétique.
Les nouvelles régions ont mené un processus de révision de ces stratégies et définissent
désormais plus globalement des schémas régionaux de développement économique,
d?innovation et d?internationalisation (SRDEII).
Pour permettre une meilleure visibilité globale sur l?action consolidée des régions et faciliter
la bonne coordination entre les actions régionales et l?action nationale, il est proposé de
mettre en place un échange systématique et régulier d?informations entre l?Etat et les
Conseils régionaux :
- Collecte annuelle de données par les services de l?Etat sur les financements
régionaux par thématiques et inversement diffusion des données consolidées et des
données nationales ;
- Échange sur les priorités et sur les plans d?actions des différents acteurs, par
exemple à l?occasion des réunions du comité de suivi.
60
Cette mise en commun pourrait permettre d?identifier à la fois les éventuelles synergies
possibles, les sujets nécessitant un soutien renforcé, à une échelle adaptée, et les
opportunités de financements complémentaires à rechercher au niveau supranational, en
particulier européen.
Au-delà de la vision consolidée des priorités et des financements respectifs des collectivités
et de l?Etat, un partage peut être envisagé dans ce même cadre, et avec l?ensemble des
acteurs concernés, sur les initiatives émergentes et sur les projets de démonstrations menés
dans les territoires, qu?ils soient de grande envergure (cf. par exemple les territoires pilotes
pour les réseaux électriques intelligents ou les futurs territoires d?expérimentation d?usages
multiples de l?hydrogène) ou plus localisés. Un tel échange permettra ainsi de constituer un
véritable « observatoire national des expérimentations » afin de consolider et d?optimiser les
retours d?expériences.
4.2.2 Au niveau national
Si le PIA a notamment pour objectif de mobiliser le dernier maillon de la chaîne de valeur de
l?expérimentation pré-industrielle, notamment à travers l?action « Démonstrateurs de la
transition écologique et énergétique », en associant entreprises, laboratoires et organismes
publics de recherche, le soutien à recherche est présent en France sur l?ensemble de la
chaîne de valeur de la R&D, à commencer par l?amont.
L?annexe 4 donne un aperçu de la gamme des dispositifs nationaux de soutien et de leurs
caractéristiques en termes de cibles (montants, TRL), qui appellent l?utilisation d?instruments
financiers variés et adaptés. Il est nécessaire pour l?Etat de continuer à veiller à la cohérence
et la complémentarité de ces dispositifs, dans un souci de lisibilité, d?attractivité et de
limitation de la complexité de gestion. L?architecture du PIA3 illustre par exemple la volonté
de rationaliser l?action en limitant le nombre d?opérateurs (ANR, Ademe, CDC, BPI). Il
conviendra de poursuivre le travail conjoint des ministères concernés (en particulier MEEM,
MENESR, ainsi que les ministères en charge de l?économie, de l?industrie et de l?agriculture)
pour assurer durablement cette cohérence. La mise en place d?un groupe de travail
interministériel tel que proposé à l?orientation 1 pourra y contribuer. Ce groupe pourra
associer à ses réflexions, en tant que de besoin, les agences de financement, les alliances,
voire l?ensemble du comité de suivi. Il pourra également contribuer à définir les positions à
porter aux niveaux européen et international pour la bonne articulation des dispositifs de
financement français avec les dispositifs de financements existants à ces échelons (voir
infra).
Le MEEM continuera en outre d?assurer la production annuelle du reporting à l?AIE sur le
financement par l?Etat de la recherche publique nationale sur l?énergie (moyens des agences
de financement + dotations aux établissements) en veillant à son degré de précision. Ces
données pourront être confrontées aux données des collectivités locales, mais également
contribuer à la mesure de l?engagement français dans l?initiative Mission innovation, lancée à
la COP21 fin 2015. Cet engagement de doublement du financement en 5 ans dans les
énergies vertes (ENR, stockage et réseaux intelligents, efficacité énergétique) s?appuie sur la
montée en puissance du PIA (engagement complet du PIA1&2 et lancement du PIA3).
61
Un travail sera par ailleurs mené par les ministères pour obtenir une meilleure vision,
actuellement peu consolidée, sur les financements des entreprises pour la R&D et
l?innovation dans le domaine de l?énergie, en tenant compte notamment de l?apport du crédit
impôt recherche.
4.2.3 Aux niveaux européen et international
L?Union européenne mobilise des moyens importants pour la R&D énergétique, en particulier
à travers le programme Horizon 2020 : un budget de 5 931 millions d?euros à été alloué à la
recherche sur l?énergie (hors nucléaire) pour la période 2014-2020 (dont 200 millions dédiés
aux activités de l?Institut européen de l?innovation et des technologies) et fait l?objet d?une
évaluation à mi-parcours.
La France participe à H2020 à hauteur de sa contribution au budget de l?Union, soit environ
16% en 2014. L?augmentation du taux de retour des crédits vers les projets portés par des
acteurs français (qui se situait aux alentours de 10% en 2014 et 2015) constitue donc un
enjeu important et des actions sont menées pour organiser la communauté de R&D
française dans cette optique, par exemple à travers l?animation des groupes et des points de
contacts nationaux pour influencer la définition des programmations et stimuler la réponse
aux appels à projets. Ces actions devront être poursuivies ou renforcées.
Les autorités françaises devront par ailleurs oeuvrer pour obtenir une bonne complémentarité
entre les outils de financement français et européens et un bon alignement des objectifs, tant
en ce qui concerne les thématiques que les types d?aides (instruments financiers) et les
niveaux de TRL visés. En particulier, la France pourra promouvoir un rééquilibrage du
programme H2020 pour ne pas négliger les TRL bas dans le domaine de l?énergie. Il faudra
également s?assurer que les fonds de soutien à l?innovation financés par les crédits issus des
marchés carbone, tels que le NER300 et les futures actions similaires, pourront permettre
d?apporter un soutien complémentaire au PIA pour les projets de démonstration de grande
envergure de technologies bas carbone.
La définition du plan d?actions détaillé du SET Plan devra autant que possible permettre la
mise en valeur des capacités françaises de R&D et fournir des opportunités de
collaborations avec les autres pays européens sur les priorités nationales notamment au
travers de l?alliance européenne EERA (European Energy Research Alliance) et de sa
quinzaine de programmes conjoints couvrant l?ensemble des thématiques de l?énergie. A cet
égard, il conviendra d?aligner si nécessaire les modalités et calendrier des programmes
nationaux, y compris de financement, avec nos partenaires européens, afin de faciliter le
lancement de nouvelles initiatives, tels que des ERANET, encore trop peu utilisés par la
France dans l?énergie à ce stade, malgré des opportunités réelles et une participation dans
les réseaux intelligents, la géothermie, le solaire et la biomasse forestière.
Au niveau mondial, la participation des acteurs français au « energy technology network » de
l?AIE ou aux travaux collaboratifs lancés dans le cadre de la Mission Innovation17 devra être
17
Un ensemble de défis (« innovation challenges ») a notamment été lancé dans le cadre de Mission Innovation
en novembre 2016 lors de la COP22 à Marrakech. Voir sur le site http://www.mission-innovation.net/
62
coordonnée pour cibler les thématiques clés, bénéficier des échanges avec les pays les plus
avancés et assurer une bonne diffusion des connaissances.
63
Annexes
Annexe 1 Organismes de recherche
Tableau 1 : Organismes de recherche dans le domaine de l?énergie membres de l?alliance Ancre
ANDRA Agence Nationale pour la gestion des Déchets Radioactifs
BRGM Bureau de Recherches Géologiques et Minières
CDEFI Conférence des Directeurs d'Ecoles Françaises d'Ingénieurs
CEA Commissariat à l'Energie Atomique et aux énergies alternatives
CIRAD Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement
CNRS Centre National de la Recherche Scientifique
CPU Conférence des Présidents d'Université
CSTB Centre Scientifique et Technique du Bâtiment
IFPEN IFP Energies Nouvelles
IFREMER Institut Français de Recherche pour l'Exploitation de la Mer
IFSTTAR Institut Français des Sciences et Technologies des Transports, de l'Aménagement et des
Réseaux
INERIS Institut National de l'Environnement Industriel et des Risques
INRA Institut National de la Recherche Agronomique
INRIA Institut National de Recherche en Informatique et en Automatique
IRD Institut de Recherche pour le Développement
IRSN Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire
IRSTEA Institut national de Recherche en Sciences et Technologies pour l'Environnement et
l'Agriculture (ex CEMAGREF)
LNE Laboratoire National de métrologie et d'Essais
ONERA Office National d'Etudes et de Recherches Aérospatiales
64
Annexe 2 Liste des participants au comité de suivi et d?élaboration de la SNRE
Les organismes suivants ont participé aux réunions du comité de suivi organisées en 2016
et/ou ont fourni des contributions.
Administrations (hors MEEM et MENESR) :
- Ministère de l?économie et des finances (MEF) : Direction générale des entreprises
(DGE)
- Ministère de l'Agriculture, de l'Agroalimentaire et de la Forêt (MAAF) : Direction
générale de la performance économique et environnementale des entreprises (DGPE),
Direction générale de l'enseignement et de la recherche (DGER)
- Commissariat général à l?investissement (CGI)
- Agence de l?environnement et de la maîtrise de l?énergie (ADEME)
- Agence nationale de la recherche (ANR)
- Autorité de sûreté nucléaire (ASN)
- France Stratégie
Organismes membres du CNTE :
- Association Régions de France (ARF)
- Conseil des Entreprises, Employeurs et Groupements de d?Économie Sociale (CEGES)
- Conseil Économique, Sociale et Environnemental (CESE)
- Confédération Française de l?Encadrement-Confédération Générale des Cadres (CFE-
CGC)
- Confédération Française des Travailleurs Chrétiens (CFTC)
- Confédération Générale du Travail (CGT)
- Fédération Nationale des Syndicats d?Exploitants Agricoles (FNSEA)
- Force ouvrière (FO)
- Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO)
- Mouvement des entreprises de France (MEDEF)
- Réseau Action Climat (RAC)
- Union Professionnelle Artisanale (UPA)
Autres participants :
- Académie des technologies
- Alliances Allenvi, Allistene, Ancre, Athena
- Assemblée permanente des chambres de métiers et de l?artisanat (APCMA)
- Association Nationale de la Recherche et de la Technologie (ANRT)
- AREVA
- Commissariat à l'Energie Atomique et aux énergies alternatives (CEA)
- CLER - Réseau pour la transition énergétique
- Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS)
- Conférence des Présidents d'Université (CPU)
- EDF
- General Electric
- GRT gaz
- IFP Energies Nouvelles (IFPEN)
65
- Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN)
- NegaWatt
- Pôles de compétitivité énergie
- Syndicat des énergies renouvelables (SER)
- Total
66
Annexe 3 TRL
Le TRL (ou niveau de maturité) est un système de mesure permettant d'évaluer le niveau de
maturité d'une technologie, avant de l'intégrer dans un système. Le TRL se fait sur une
échelle de 1 à 9.
Source : http://www.horizon2020.gouv.fr/cid72762/les-technologies-cles-generiques-ket-
dans-horizon-2020.html
Figure 7 : Liste des TRL (niveaux de maturité)
67
Annexe 4 Principaux dispositifs nationaux de soutie n à l?innovation
La figure ci-dessous illustre le positionnement des principaux dispositifs nationaux actuels
d?incitation tout au long de la chaîne de l?innovation dans le domaine de l?énergie.
68
Annexe 5 Liste des fiches thématiques utilisées com me documents
préparatoires
Les filières de production d?énergie
? Géothermie
? Energies solaires
? Energies marines
? Energies fossiles
? Eolien
? Captage, stockage, valorisation du CO2
? Hydraulique
? Nucléaire
? Hydrogène et piles à combustible
? Mobilisation et transformation de la biomasse
Les filières de gestion et d?usages de l?énergie
? Réseaux électriques intelligents
? Stockage d?énergie
? Energies et sociétés
? Efficacité énergétique des procédés industriels
? Efficacité énergétique des transports terrestres
? Efficacité énergétique des bâtiments
(ATTENTION: OPTION . section 1.2.1.5) et non plus exclusivement en aval sur les questions d'acceptabilité
sociales est nécessaire. Les SHS ont ici tout leur rôle à jouer dans l?analyse des enjeux (par
exemple équité, distribution des risques, justice environnementale) liés à l?accès aux
ressources, à l?introduction de nouveaux procédés ou à l?émergence de nouvelles filières.
Zoom sur l?analyse de l?impact environnemental des énergies marines
Le développement des énergies marines (éolien en mer posé ou flottant, hydrolien,
houlomoteur?) qui n?en est qu?à ses débuts ne doit pas empêcher d?identifier et de prévenir
38
les conséquences potentielles de leur utilisation sur les espèces, les milieux et plus
généralement tout l?environnement marin. Cela inclut notamment les conséquences du
passage des câbles sous-marins, l?impact des opérations de construction et de maintenance
mais également les effets du bruit et des champs électromagnétiques sur différentes
espèces, ou encore sur les mécanismes qui sous-tendent les comportements d?évitement.
Les recherches dans ce domaine encore nouveau pourraient s?appuyer, tout en les
complétant, sur les informations concernant les perturbations environnementales ainsi que
les modes d?atténuation déjà identifiés par exemple dans les secteurs du pétrole et du gaz
offshore ou de l?extraction de granulats.
1.3 Actions structurantes proposées
Le déploiement d?une stratégie nationale énergétique demande des actions précises sur un
ensemble de thèmes identifiés, qui font toutefois apparaître des axes transverses constituant
un socle commun et introduisant des liens avec des domaines connexes à l?énergie. Si les
objectifs majeurs que sont la recherche de l?efficacité énergétique, d?une part, et la transition
vers une économie bas carbone, d?autre part, conduisent à cibler des thématiques
prioritaires telles que le développement d?énergies renouvelables compétitives, de
techniques performantes et abordables de rénovation énergétique des bâtiments, de moyens
de mobilité à faibles émissions de gaz à effet de serre et de polluants atmosphériques, de
substituts au carbone fossile par la chimie verte ou de procédés industriels plus efficaces, la
stratégie de R&D doit veiller à intégrer une gestion dynamique des systèmes énergétiques et
à se placer dans une vision large de ces systèmes.
1.3.1 Placer la R&D énergétique dans un contexte élargi
Il est proposé, d?une part, de poursuivre et renforcer les coopérations entre acteurs de la
R&D de l?énergie et d?autres domaines, d?autre part, d?inclure ces approches transverses
dans les programmes d?animation et de soutien. Plusieurs dimensions sont à prendre en
compte dans cette perspective.
? Conjuguer les transitions énergétique et numérique
Le numérique a un rôle clé à jouer à chaque étape de la chaîne de la production jusqu?à la
consommation de l?énergie en passant par la distribution :
- capacité de transmission et de traitement de données massives, à court terme
(diagnostics et gestion en temps réel des réseaux ou équipements) comme à moyen
et long termes (simulation, analyse et optimisation des systèmes) ;
- interopérabilité et sécurité des systèmes (prévention des cyber attaques sur des
infrastructures essentielles de plus en plus connectées et protection des données)
ainsi que protection de la vie privée (en lien avec les SHS) ;
- émergence de nouveaux modèles de services intégrant le numérique et les enjeux de
la transition énergétique (domotique, mobilité?) ;
- réduction des coûts et maîtrise de la consommation, de la flexibilité et de la non
intrusivité des capteurs communicants.
39
? Respecter un degré élevé d?exigences environnementales
Etant donné les enjeux environnementaux actuels, de lutte contre la pollution et le
réchauffement climatique, de gestion sobre des ressources ou encore de préservation des
écosystèmes (y compris des écosystèmes producteurs de ressources énergétiques comme
la biomasse), il est nécessaire d?analyser systématiquement l?impact environnemental des
technologies et solutions pour l?énergie sur l?ensemble de leur cycle de vie.
Par exemple, dans le cas des matériaux pour l?énergie, pour lesquels de nombreux défis
émergent (besoin de nouvelles générations de matériaux plus légers, plus isolants, plus
résistants, y compris en conditions extrêmes, pour couvrir les besoins du transport, du
bâtiment, du stockage et de la conversion de l?énergie, etc.), l?anticipation des perspectives
de réemploi ou de recyclage ou, le cas échéant, la recherche de matériaux biosourcés
doivent devenir un réflexe et supposent un effort particulier pour s?inscrire dès la phase de
conception dans une logique d?économie circulaire.
? Intégrer les enjeux économiques et sociétaux dès la phase de R&D
Les enjeux d?accompagnement des consomm?acteurs (modification des comportements,
nouveaux rôles plus interactifs avec les systèmes énergétiques) et les défis de la
gouvernance multi-échelles des systèmes énergétiques (multiplication des acteurs locaux et
des échelles territoriales, bouleversement des marchés et des modèles économiques ou des
cadres réglementaires) font apparaître un besoin accru de recherches combinant le domaine
de l?énergie avec celui des sciences humaines et sociales.
Actions pour coordonner et animer la R&D sur les dimensions transverses identifiées
Afin d?assurer une coordination renforcée entre ministères sur l?ensemble des domaines
en lien avec l?énergie, on vise à établir un groupe de travail interministériel qui permettrait de
prendre en compte par un échange régulier l?ensemble des besoins de recherche et de
mettre en place ou de coordonner les outils de recherche adaptés.
Il s?agit en outre de favoriser des projets de R&D plus transverses par le biais :
- de critères d?éligibilité ou de sélection dans les appels à projets du domaine
énergétique, cf. notamment le critère d?éco-conditionnalité du PIA ;
- de programmes ou d?appels à projets spécifiques nécessitant des efforts de
recherche pluridisciplinaires et du travail collaboratif sur des questionnements
scientifiques mobilisant les acteurs de divers domaines, cf. notamment l?initiative
Greentech lancée en 2016 par le MEEM à la frontière entre numérique et transition
énergétique.
Par ailleurs, en lien avec les actions de structuration de la communauté de recherche
proposées dans l?orientation 3, il s?agit de poursuivre les rapprochements entre les
alliances concernées, notamment Ancre, Athena, Allenvi et Allistene, par exemple par des
groupes ou travaux/études en commun sur chaque dimension transverse, regroupant une ou
plusieurs de ces alliances et le cas échéant d?autres acteurs pertinents (entreprises?).
Il est enfin proposé :
- d?introduire dans toutes les feuilles de routes nationales relatives à la R&D
énergétique une projection spécifique concernant l?apport du numérique, une
40
démarche de développement de l?analyse environnementale et d?anticipation des
enjeux économiques et sociaux ;
- d?identifier explicitement l?application au champ de l?énergie dans le programme
d?action Big-Data mis en place au titre de la SNR ;
- de développer les applications au champ de l?énergie dans les actions de R&D mises
en place au titre de la dynamique Digitising European Industry impulsée par la
commission européenne.
1.3.2 Préparer les outils pour gérer la flexibilité et la complexité du système
énergétique à différents horizons temporels
De nombreux efforts de R&D sont en cours et doivent se poursuivre sur le développement
de moyens durables et performants (techniquement et économiquement) de production
d?énergie. L?accent a également été mis depuis quelques années sur une prise en compte
accrue de l?ensemble des usages et sur l?exploitation des potentiels d?économies d?énergie.
Dans un contexte de complexification croissante, la consolidation de connaissances et
d?outils pour la maîtrise des systèmes énergétique devient une priorité appelant des actions
nouvelles ou renforcées.
? Analyser les différents types de flexibilité
Dans la perspective de systèmes énergétiques plus flexibles à moyen et long termes et en
parallèle des efforts de R&D en cours pour développer une large gamme de moyens de
flexibilité à des échelles variées (stockage, pilotage de la demande, effacement, pilotage de
la production, etc.) qui pourront être complémentaires ou en compétition à l?avenir, il serait
utile de mener une comparaison de ces différents moyens, sur le plan technique
(performances attendues et services potentiels rendus aux systèmes), économique (coûts
cibles et délai de maturation pour arriver sur le marché), environnemental, pour faciliter les
choix futurs et alimenter, lors de chaque nouveau cycle les exercices stratégiques à venir
(SNBC/PPE/SNRE).
Action proposée : mener une analyse comparative des solutions de flexibilité et des
conditions de stabilité des systèmes, en impliquant l?ensemble des acteurs concernés.
? Cibler la valeur ajoutée des acteurs français de la R&D
Au-delà de la capacité d?intégration et de pilotage des différentes solutions de flexibilité aux
différents horizons temporels, pour les solutions les plus prometteuses, il est important
d?identifier les segments à forte valeur ajoutée sur lesquelles les acteurs ? chercheurs et
entreprises ? français peuvent se positionner et de consolider ou développer la capacité de
production des composants clés (par exemple pour l?électronique de puissance)
Action proposée : en lien avec l?orientation 2 sur la R&D en partenariat public/privé, mener
une analyse continue sur les forces/faiblesses/opportunités/risques dans le cadre des efforts
de structuration en filières.
41
Orientation stratégique 2 : Développer la R&D et l?innovation en lien
avec les territoires et le tissu industriel, en particulier les PME-ETI,
pour la réussite de la transition énergétique
Le transfert technologique des résultats de la R&D aux entreprises participe à la création de
richesse et d?emplois et la re-industrialisation du territoire national. Ce transfert emprunte des
voies multiples allant de la recherche collaborative avec l?industrie à la création de sociétés,
en passant par la prise de participations dans des jeunes entreprises innovantes ou la mise
en oeuvre de politique de soutien aux ETI et PME. Constituer des filières d?excellence sur les
thèmes spécifiques de l?énergie en faisant converger les efforts de R&D publics et les
stratégies industrielles permet de favoriser ce type d?innovation. Il faut tirer parti des atouts
nationaux que constituent la communauté de recherche académique, les organismes de
recherche et les filières énergétiques menées par des industriels dont certains sont des
leaders mondiaux (sur l?ensemble de la filière ou sur un segment particulier) : amplifier ces
atouts en renforçant l?articulation entre recherche, innovation, industrie et usages et en
s?appuyant sur les dynamiques de filières et de territoires.
2.1 Enjeux internationaux
La R&D en énergie doit permettre de favoriser le développement d?un tissu d?entreprises
innovantes notamment en encourageant la création de start-ups et le développement
d?entreprises de taille intermédiaire à vocation exportatrice. Il s?agit de mettre en oeuvre les
moyens qui permettront de conserver la compétitivité technologique et économique dans les
domaines énergétiques fortement exportateurs et pour lesquels la France occupe une
position de leader au plan international et de contribuer à l?émergence de nouvelles filières
industrielles dans le domaine des nouvelles technologies de l?énergie.
Ces actions visent à répondre aux besoins nationaux mais également internationaux de la
transition énergétique. En effet, les besoins nationaux sont prioritaires mais ne suffisent
généralement pas seuls à consolider une filière industrielle et à lui fournir des débouchés
satisfaisants. Le marché des technologies de l?énergie est très mondialisé. En outre,
certaines technologies présentent peu d?intérêt du seul point de vue du mix énergétique
français, en raison d?un faible gisement local, ou d?une faible demande, au-delà de quelques
possibilités de démonstration, mais peuvent répondre à des besoins importants d?autres
pays et représenter des opportunités à l?export. Il convient donc résolument de se placer
dans ce contexte international.
42
2.2 Conforter la performance des actuelles filières énergétiques déjà leaders
et/ou à fort potentiel à l?export sur le marché mondial
Les acquis nationaux dans les technologies de l?énergie sont importants. Il faudra capitaliser
sur les atouts compétitifs des filières énergétiques matures et pour lesquelles la France
compte des acteurs industriels d?envergure internationale (champions nationaux ou
européens) générant une activité économique importante. Ces filières qui contribuent
fortement à la sécurité énergétique nationale et disposent d?une capacité exportatrice doivent
être préservées. Leur expertise reconnue mondialement doit être accentuée par des actions
de R&D soutenues et un ressourcement des équipes de recherche pour leur permettre le
maintien au meilleur niveau.
Dans le domaine des ressources énergétiques et minérales stratégiques ou dans celui du
nucléaire, les recherches sur les technologies doivent permettre de renforcer cet avantage
concurrentiel en s?orientant vers une exploitation économiquement performante dans des
conditions respectueuses de l?environnement et en poursuivant l?amélioration de la sûreté.
Les efforts seront aussi poursuivis pour les énergies renouvelables dans lesquelles la France
a atteint un haut niveau de maîtrise comme pour l?énergie hydraulique ou la géothermie.
Ces différentes filières sont de poids économiques variés mais présentent de réelles
perspectives de développement à l?international chacune à leur échelle.
Zoom sur les hydrocarbures responsables
Satisfaire la demande de carburants et d?intermédiaires chimiques à faible impact
environnemental issue d?une production assurée dans les meilleures conditions de durabilité
et de performance est une priorité. Elle répond à l?absolue nécessité d?une industrie dont le
mode de développement se doit d?être exemplaire et respectueux de l?environnement, en
étant à la fois sobre et efficace en énergie. En outre, en cohérence avec les renforcements
des législations existantes pour réduire les émissions de polluants atmosphériques (soufre,
oléfines, polyaromatiques, benzène, etc.), les technologies et produits développés doivent
offrir les moyens de lutter contre l?aggravation de l?effet de serre et de réduire l?exposition
des citoyens à la pollution de l?air. En termes de R&D&I, les efforts devront porter sur les
logiciels de caractérisation et de modélisation de bassins et réservoirs, sur les technologies
éco efficientes de production d?hydrocarbures et sur les procédés et catalyseurs de
transformation et conversion des hydrocarbures, Les programmes de R&D sont
majoritairement portés par IFPEN auxquels le plus souvent sont directement associés les
grands industriels français leaders du domaine.
Zoom sur le nucléaire
L?industrie nucléaire française est un des leaders mondiaux avec une particularité unique :
des savoir-faire éprouvés et reconnus dans tous les secteurs de cette industrie (conception
et exploitation de réacteurs, production d?uranium, fabrication de combustible, gestion des
combustibles usés, gestion des déchets et une expertise en sûreté). Les marchés à l?export
concernent en particulier les réacteurs nucléaires, la gestion du combustible usé (usine de
43
recyclage et système d?entreposage à sec de longue durée), la décontamination d?effluents
et de terres en situation post-accidentelle, l?expertise sur l?assainissement/démantèlement
d?installations nucléaires anciennes dont le marché est considérable, l?expertise sur la
gestion des déchets allant de leur conditionnement jusqu?à leur stockage en surface ou en
grande profondeur et l?expertise en sûreté nucléaire. La globalité de l?expertise française qui
s?étend du contrôle des installations jusqu?à l?information des populations et la prévention
des risques est ainsi un atout à l?export. Ce leadership s?appuie sur des programmes de
R&D portés majoritairement par le CEA, l?IRSN et l?Andra auxquels sont le plus souvent
directement associés les industriels français EDF et AREVA. Au titre des missions que lui
confie la loi TECV en matière de recherche pour la sûreté nucléaire et la radioprotection,
l'ASN contribue également à l'orientation de la recherche dans le domaine.
En ce qui concerne le développement de réacteurs à l?export la compétition intense
demande aux acteurs français de mener des actions de recherche en rupture (nouvelles
méthodes de fabrication, intégration des outils et des objets de la révolution numérique,
réacteurs de nouvelle conception) pour conserver leur leadership et leur attractivité. Malgré
la sensibilité industrielle de la R&D menée dans ce domaine, de nombreuses collaborations
internationales existent, concourant à accroître la sûreté des réacteurs actuels, à développer
des réacteurs innovants (SMR ? « Small Modular Reactor », réacteurs de 4ème génération)
et les connaissances dans le domaine du stockage et du démantèlement. Ces collaborations
sont menées avec les plus grands pays nucléarisés (Russie, Chine, Japon, Etats-Unis, ?),
ainsi qu?avec de nombreux Etats membres Européens dans le cadre des programmes
soutenus par la Commission européenne.
Zoom sur la géothermie
La géothermie, énergie renouvelable non intermittente, offre un potentiel important à mettre
en regard de la faible occupation foncière nécessaire à son exploitation, à son potentiel de
compétitivité à l?échelle du territoire et à la garantie qu'elle offre en matière de sécurité
d'approvisionnement. Les différents types d?exploitation des ressources géothermiques :
électricité, réseau de chaleur pour le tertiaire et l'industrie, production de chaleur et
rafraîchissement pour le bâti offrent un large spectre de possibilités de valorisation mais il
faudra accomplir de nombreux progrès pour réussir le développement massif de la
géothermie, qu?elle soit profonde ou superficielle. Cependant, les freins et verrous de la
géothermie profonde concernent plutôt la maîtrise de la ressource en sous-sol tandis que les
progrès à accomplir pour valoriser au mieux la géothermie superficielle nécessitent
principalement des avancées sur les équipements et leur mise en oeuvre. La France dispose
d?un réseau d?industriels reconnus pour la géothermie haute, basse et très basse énergie qui
associé au potentiel de la recherche publique a les moyens de lever tous les grands verrous
pour offrir une offre industrielle à l?international, au moment où une alliance internationale (la
« Global Geothermal Alliance » ? GGA), créée lors de la COP21, promeut le développement
de cette énergie.
44
2.3 Permettre l?émergence de filières industrielles performantes (nationales
et européennes) pour accélérer la transition énergé tique
Outre la transition énergétique, l?émergence de telles filières participe à la création d?emplois
non délocalisables et à l?amélioration de l?équilibre de la balance commerciale, en réduisant
les importations de solutions technologiques et en développant l?export (énergies
renouvelables, solutions de flexibilité, etc.). Il s?agit de trouver un bon équilibre entre des
filières qui paraissent d?ores et déjà incontournables pour les futurs systèmes énergétiques,
comme les réseaux intelligents, et des paris technologiques plus risqués mais offrant un fort
potentiel si la maturité industrielle peut être atteinte, comme les énergies marines.
Assurer le transfert de technologies innovantes pour favoriser la création de nouvelles
activités économiques est au coeur du programme des investissements d?avenir (PIA). C?est
tout particulièrement le cas des initiatives du type de celles des instituts de la transition
énergétique (ITE) qui visent à constituer des campus d?excellence rassemblant recherche
académiques, grands groupes et tissus de PME sur des thèmes spécifiques de la transition
énergétique et favoriser l?innovation en faisant converger les efforts publics de R&D et les
stratégies industrielles.
Plus en aval dans la chaîne d?innovation, des appels à projet spécifiques (actions du PIA
pour la transition écologique et énergétique ou pour les véhicules et transports du futur)
aident à réaliser les démonstrateurs permettant de tester et mettre au point « en vraie
grandeur » des technologies, des services ou des organisations innovantes, préalablement à
leur possible déploiement.
Zoom sur les énergies renouvelables en mer (EMR)
Les EMR (éolien en mer posé ou flottant, hydrolienne, énergie houlomotrice, énergie
thermique des mers, ?) constituent un atout pour la France du fait de ses nombreuses
façades maritimes qui disposent de gisements potentiels tant en métropole qu?en outremer
et d?un potentiel à l?export notamment pour des zones iliennes.
Les principaux enjeux d?innovation pour ces filières consistent en particulier, outre la
caractérisation des sites (gisement?), en la modélisation et la mesure des impacts,
l?identification et le développement des technologies les plus prometteuses. Des
démonstrateurs et des fermes pilotes visent à confirmer, en conditions réelles, des méthodes
de construction, d?installation, d?exploitation, de raccordement, de maintenance et de
démantèlement des technologies avant d?envisager le développement de filières industrielles
structurées et compétitives et le déploiement de parc commerciaux.
Zoom sur les réseaux intelligents s?insérant dans les « Smart Cities »
Les réseaux intelligents (électricité, gaz, eau) permettent de répondre à quatre défis de la
transition énergétique : l'efficacité énergétique, l'optimisation des investissements dans les
réseaux, l'insertion massive des énergies renouvelables et du véhicule électrique sur les
réseaux électriques. Ces défis mettront les réseaux énergétiques sous contrainte. De
nouvelles « flexibilités » sont appelées à se développer (effacement de consommation ou de
45
production en fonction des besoins, lissage des charges et décharges des appareils
connectés au réseau électrique) tout comme les moyens de stockage d?énergie. Les
technologies numériques devraient également jouer un rôle clé au sein des réseaux
intelligents (design, gestion, contrôle) dans la (re)construction de la ville de demain et
l?orientation des politiques publiques locales.
Zoom sur le Captage et Stockage du CO2
En complémentarité avec la valorisation du CO2, telle qu?évoquée au 1.1, le captage, le
transport et le stockage du CO2 constituent, selon le GIEC et les modélisations de l?AIE, un
levier important d?action au regard des cibles de réduction des gaz à effet de serre de son
scénario 2DS. L?enjeu est de développer des technologies compétitives pour capter et
stocker le CO2 et de lever les freins sociétaux vis-à-vis du stockage et de caractériser au
mieux et à moindre coût les sites de stockage potentiels. Ainsi, les principaux verrous que
représentent la baisse du rendement énergétique liée au processus du captage, la prise en
compte des capacités de stockage en y incluant une dimension locale (proximité des sites
émetteurs) sont à traiter en priorité. Sur tous ces thèmes, des opérations de démonstrations
sont nécessaires pour pouvoir proposer des solutions. Par ailleurs, il faut intégrer le captage
et le stockage du CO2 dans un processus global de contrôle des émissions de CO2.
2.4 Actions structurantes proposées
2.4.1 Amplifier et coordonner les actions de démonstration ancrées dans
les territoires
- Poursuivre et amplifier les actions de soutien à la R&D, à l?innovation collaborative
et territoriale et à la démonstration industrielle, telles que celles mises en place
dans le cadre du programme des investissements d?avenir (PIA) ou des plans de la
Nouvelle France Industrielle, en particulier via des appels à projets « territoriaux »
sur le modèle de celui des territoires « Réseaux électriques intelligents » ou «
Hydrogène » associant entreprises et collectivités.
- Expérimenter de nouveaux modes de production/consommation en lien avec le
régulateur national et les opérateurs locaux afin de tester les nouvelles
technologies « à l?échelle » en complémentarité et en situation réelle (« living
labs »).
- Utiliser la palette des instruments financiers pour accompagner les solutions vers la
maturité industrielle (cf. aides d?Etat pour démonstrateurs mais aussi fonds propres
pour premières à grande échelle, expérimenté dans le PIA2 et renforcé
prochainement via le PIA3).
46
2.4.2 Soutenir le développement des PME/ETI innovantes
Favoriser la création de start-ups en encourageant la prise de risque et en développant les
mesures d?accompagnement financier, scientifique et technique, et institutionnel. S?appuyer
notamment sur le réseau des pôles de compétitivité et sur les organismes de recherche,
pour :
- amplifier les actions de soutien financier du type des appels à projets « Initiatives
PME » de l?Ademe sur des thèmes ciblés concernant l?énergie (stockage, efficacité
énergétique, ENR, réseaux intelligents, ?), en préservant leur simplicité et leur rapidité ;
- développer les mesures d?accompagnement non financières des start-ups leur
permettant notamment de se positionner sur les marchés prometteurs, en prévoyant par
exemple des dispositifs d?incubation, de test, de validation et de démonstration des
innovations des PME/ETI. S?appuyer à cette fin sur les écosystèmes existants, tels que
les instituts Carnot et les instituts de la transition énergétique, et également sur les
grandes entreprises du secteur de l?énergie.
2.4.3 Structurer les filières françaises
La mobilisation des acteurs français doit s?effectuer, tant au niveau national que dans le
cadre des programmes collaboratifs européens (programme Horizon 2020 et son
successeur) ou internationaux :
- En lien avec les acteurs des filières de la Nouvelle France Industrielle et de ses 9
initiatives, particulièrement les suivantes : Nouvelles ressources, Villes durables, Mobilité
écologique et Transports de demain. Dans ce cadre, et/ou dans le cadre de comités
stratégiques de filières, il faudra mener des analyses régulières du positionnement
(atouts et faiblesses, opportunités et menaces) des acteurs français, publics et privés, et
élaborer des feuilles de route partagées entre ces acteurs, permettant de donner une
visibilité sur les programmes de R&D à mener à moyen et long terme et sur
l?accompagnement nécessaire ;
- autour des « groupes miroirs » associés aux structures européennes de la RD&D
(SET plan par exemple) : des groupes de travail structurés autour de la dizaine d?actions
clés du SET plan se prêtent particulièrement au rapprochement avec des acteurs
européens (organisations de recherche ou entreprises) intervenant dans le même
domaine et peuvent faciliter la mise en réseau et l?élaboration de consortiums
susceptibles de répondre aux appels à projets collaboratifs européens ;
- en lien avec les groupes de coopération de l?AIE (« Technology Collaboration
Programmes ») dans lesquels la France est active : de la même manière qu?au plan
communautaire mais avec des perspectives d?ouverture au plan international, cette mise
en réseau permet de mettre en valeur les compétences des acteurs français, de
bénéficier de l?expertise des partenaires internationaux et de préparer des coopérations
futures.
47
Orientation stratégique 3 : Développer les compétences et
connaissances pour et par la R&D&I
Face aux défis de la transition énergétique et à une compétition économique exacerbée,
disposer d?un tissu de recherche, développement et innovation (R&D&I) au meilleur niveau
mondial apparaît comme indispensable. Il s?agit d?un enjeu reconnu comme clé par toutes
les nations. Le lancement de l?initiative internationale « Mission Innovation » à l?occasion de
la COP21 qui prévoit le doublement de l?effort de recherche et développement sur les
énergies décarbonées à l?appui de la transition énergétique souligne l?importance de la
R&D&I dans l?atteinte des objectifs de cette dernière.
Comme l?indique le rapport 2015 de la SNR, la France dispose dans le domaine de l?énergie
d?un tissu académique, d?organismes de recherche et d?innovation et de structures de
formation souvent au meilleur niveau mondial. Par ailleurs, le secteur de la recherche et
développement est bien structuré avec une alliance nationale, Ancre, qui coordonne
spécifiquement les efforts de recherche dans le secteur de l?énergie et au niveau territorial,
cinq pôles de compétitivité et des Instituts Carnot dédiés ainsi que les instituts pour la
transition énergétique (ITE) créés dans le cadre du PIA. Des liens forts ont également été
établis avec les grands acteurs industriels internationaux du secteur de l?énergie mais aussi
avec des PME et ETI par exemple à travers le syndicat des énergies renouvelables (SER),
les comités stratégiques de filières, ou encore l?action démonstrateurs de la transition
énergétique et écologique du PIA. De fait, l?effort de R&D-énergie par unité de PIB est
relativement élevé en France
La SNRE doit renforcer l?excellence de notre recherche en énergie, conforter les atouts du
tissu de R&D&I, augmenter l?intensité des interactions entre recherche publique et
entreprises et favoriser l?interdisciplinarité afin de lever certains verrous identifiés,
notamment grâce aux travaux de l?atelier Energie de la SNR.
3.1 Conforter une communauté nationale de la recherche de très haut niveau
sur l?énergie
3.1.1 En maintenant l?excellence de la recherche na tionale, en identifiant
des disciplines clés pour l?énergie autour de conce pts en rupture
Développer un socle de connaissances fondamentales et génériques au meilleur niveau
mondial constitue un enjeu majeur pour renforcer la capacité française à faire émerger des
concepts en rupture susceptibles d?aboutir à des produits et services innovants. L?approche
disciplinaire qui structure actuellement le monde académique doit nécessairement, pour
aborder un thème comme l?énergie, conduire à des associations, des entités, des projets,
voire des structures pluridisciplinaires. L?énergie solaire par exemple fait appel à la physique
pour la conversion, à la chimie pour les matériaux, aux sciences de la vie pour la
48
photosynthèse, à la thermique et à la mécanique pour la durée de vie des dispositifs, aux
STIC pour l?intégration au réseau, aux SHS pour l?autoconsommation? Cette constitution
d?entités pluridisciplinaires autour de l?énergie peut s?appuyer sur des éléments existants
comme la cellule énergie et les GdR du CNRS, ou bien encore sur les dynamiques initiées
par les sites universitaires (IDEX et Isite) : plusieurs sites ont en effet identifié l?énergie
comme une initiative de recherche transverse. De même plusieurs LABEX couvrent des
domaines ayant trait à l?énergie. Il convient de suivre ces dynamiques avec attention et d?en
favoriser les réussites.
La structuration en défis sociétaux de la programmation annuelle de l?ANR, dans laquelle un
défi est consacré à l?énergie (défi 2 « une énergie propre, sûre et efficace »), est un outil qui
favorise cette pluridisciplinarité tout en s?appuyant sur les orientations stratégiques issues de
la SNR. Toute initiative qui renforce cette pluridisciplinarité, en alliant des sciences de base
pour l?énergie, des sciences sociales, et en constituant dans la durée une véritable
communauté scientifique, doit être encouragée, à l?instar des initiatives similaires mises en
place par le DOE aux Etats Unis et par l?EERA dans le cadre européen et en interaction avec
elles.
S?il apparaît nécessaire d?intégrer plusieurs disciplines pour traiter la thématique énergie, il
est également nécessaire de considérer que l?énergie peut aussi être un élément d?une
approche encore plus large ; ces approches holistiques doivent être encouragées en
permettant que soient traités des enjeux globaux systémiques dans lesquels l'énergie joue
un rôle important, tels que la problématique intégrée "énergie - climat" ou celle "énergie - eau
- alimentation".
Pour favoriser cette approche plus systémique, il faut s?appuyer sur les alliances de
recherche qui structurent le paysage français en accentuant les travaux entre l?alliance
dédiée à l?énergie (Ancre) et les autres alliances représentant d?autres composantes telles
que l?environnement ou les sciences humaines. Il convient de soutenir la communauté de la
recherche en sciences sociales dans sa volonté de structuration autour des enjeux d?énergie
initiée en 2012.
De même, au-delà du paysage français, il existe sur le plan international plus d?une
quarantaine de campus universitaires qui ont structuré des initiatives pluridisciplinaires sur
l?énergie ayant un impact significatif sur les relations avec l?industrie, l?émergence de
thématiques originales, transverses et porteuses de ruptures et le rayonnement international
de ces sites14 Ces exemples de démarches pluridisciplinaires doivent inspirer des mises en
oeuvre analogues sur notre territoire.
3.1.2 En veillant à la coordination nationale des acteurs publics
Les opérateurs publics de recherche ayant une mission principale dans le domaine de
l?énergie sont le CEA et l?IFPEN. Le CNRS et les universités mobilisent également des
moyens importants sur le domaine de l?énergie. La complémentarité des actions de ces
acteurs entre eux d?une part et avec les acteurs spécialisés d?autre part (Inra, Inria, Ifsttar,
14
Cf. MIT Energy Initiative, USA ; BEARS et BECI - Berkeley, USA ; le Centre de l'Energie ? Lausanne, CH ;
DEMAND, UK ; Global Climate and Energy Project & Precourt Institute ? Stanford, USA.
49
CSTB, Ineris, Ifremer, IRSN, BRGM, etc.) est indispensable. Cette complémentarité de
l?action des opérateurs de recherche publics s?opère grâce à l?existence d?une stratégie de
recherche pour chacun d?eux, déclinée au travers des démarches de contractualisation avec
l?Etat. Des groupes programmatiques par filière et par usage des énergies existent déjà au
sein de l?alliance Ancre : la complémentarité des acteurs doit permettre de coordonner les
efforts mis en oeuvre pour lever les verrous technologiques et économiques sur la base de
feuilles de route technologiques. Il est souhaitable de viser une structuration systématique
des filières en intégrant un groupe de travail recherche à côté des comités de filières déjà en
place sur l?aspect industriel et de s'organiser systématiquement au plan national en miroir de
la structuration européenne lorsque celle?ci existe.
3.1.3 En favorisant la mise en réseaux des acteurs de la recherche
La mobilisation des masses critiques et coordonnées de chercheurs sur chaque thématique
prioritaire est indispensable. Dans cette optique, la mise en oeuvre opérationnelle de réseaux
sera renforcée, en s'inspirant à la fois de l'expérience du Réseau sur le stockage
électrochimique de l?énergie (RS2E), des Réseaux de recherche et d?innovation
Technologiques (R2IT) et des expériences des réseaux d'excellence européens. Ces
réseaux positionnés sur des TRL 1-4 doivent être thématiques, multidisciplinaires et avoir
une vision pré-programmatique, en mobilisant tout le spectre de la recherche, de sorte
qu?une osmose entre recherche fondamentale et finalisée se réalise. Ils peuvent faire
émerger des projets exploratoires allant jusqu?à une preuve de concept (approche bottom-
up), voire la création de start-ups, ou répondre à des commandes de recherche s?intégrant
dans les objectifs finalisés, destinés notamment à accompagner les révolutions
technologiques (approche top-down). Il est donc nécessaire de favoriser les collaborations
étroites entre EPIC, recherche académique et R&D des entreprises.
3.1.4 En inscrivant la démarche nationale dans un c adre cohérent avec les
actions de structuration locale et avec les program mes européens
Les régions sont désormais dans une phase de finalisation voire de mise en oeuvre des
schémas régionaux de développement économique, d'innovation et d'internationalisation
(SRDEII), prévus par la loi NOTRe du 7 août 2015. Les processus de travail menés en
parallèle aux niveaux local et national doivent être coordonnés.
De même, dans le cadre du programme cadre européen H2020, et de l?outil de R&D dédié à
l?énergie qu?est le SET-plan, 10 actions-clés ont été identifiées : les efforts de la France et de
ses acteurs de recherche doivent être considérés également selon cette cartographie afin de
les optimiser. L?organisation nationale doit tenir compte de la structuration européenne
lorsque celle-ci existe (alliance européenne EERA, Eranet-co-funds, JPI, JTI, association sur
le stockage de l?énergie, etc.). Le bénéfice d'une organisation miroir - alignée au plan
national - est d'une part de faciliter les interactions public-privé et d'autre part d'améliorer les
résultats au plan européen. L'exemple de la JTI « Hydrogen and Fuel Cells » appuyée sur le
research grouping N-Hergy et au plan national sur l'AFHYPAC illustre très clairement le gain
qui peut être attendu d'un tel montage.
S?agissant des sciences sociales, l?initiative européenne de constitution d?une plateforme
européenne SHS sur les enjeux d?énergie (« Energy-related Social Sciences and Humanities
50
platform » - LCE-32-2016) milite pour un soutien à la structuration dans ce sens au niveau
national.
3.1.5 En développant la prospective énergétique et la connaissance des
marchés et en anticipant le positionnement des usag ers et acteurs au
coeur des questions énergétiques
Il faut maintenir, développer et utiliser les compétences de recherche en matière de
modélisation et réalisation de scénarios prospectifs de déploiement de la maîtrise de la
demande d'énergie et d?évolution du mix énergétique. Ces compétences pourront être
utilisées tant pour aider le déploiement que pour quantifier les impacts et pour éclairer la
décision publique au plan national et européen. Par ailleurs, un effort systématique de
structuration des SHS et de collaborations avec le domaine des SHS sur les projets de
recherche amont doit être engagé. Ceci permettra de suivre les processus de recherche en
rupture et de mieux comprendre les délimitations et l?hybridation des enjeux politiques,
économiques et techniques au fil de ces processus, et de gagner en connaissance, en
réflexivité et en pratique sur la manière d?accompagner les technologies de leur émergence
à leur mise en projet.
3.1.6 En s?appuyant sur la stratégie nationale des infrastructures de
recherche
Les grands enjeux scientifiques, et notamment pour le milieu de l?énergie posent le défi de
disposer des moyens expérimentaux et des outils de recherche à la pointe des
connaissances scientifiques et technologiques. L?observation, la mesure, le stockage et le
partage de données supposent de grands instruments portant les capacités techniques au-
delà de l?existant et intégrant la porosité interdisciplinaire source d?innovation. Ces outils sont
les conditions des futures découvertes tout autant que le produit des dernières avancées
scientifiques et technologiques.
Des grands équipements ont ainsi été créés, pilotés par des organisations nationales
nécessitant une instrumentation de premier plan. Parallèlement à ces grands programmes,
se sont développés ces dernières années des instruments partagés entre de nombreux
acteurs sur des sites divers pour répondre aux grands enjeux et défis technologiques à venir
et notamment pour le domaine de l?énergie.
La stratégie nationale des infrastructures de recherche parue en 2016 a retenu des grands
équipements et infrastructures de recherche pour permettre à ces nouvelles filières de
disposer de moyens expérimentaux dédiés. Le domaine de l?énergie a ciblé d?une part
l?énergie solaire photovoltaïque et thermodynamique, les énergies marines, la fission et la
fusion nucléaire et d?autre part le stockage du CO2. De plus, ces nouvelles technologies de
l?énergie conduiront à développer de nouveaux matériaux qu?il faudra être en mesure de
caractériser et cette stratégie nationale des infrastructures de recherche a inscrit plusieurs
équipements adaptés à ces caractérisations. De même les infrastructures associées au
calcul numérique seront particulièrement utiles pour la validation des modèles de plus en
plus complexes et pour le traitement de volume de données en forte croissance.
51
3.1.7 En renforçant les interactions entre recherch e publique et recherche
privée
La France dispose d?atouts qui résultent de l?organisation des filières énergétiques, décrite
dans les fiches de la SNRE. Les actions menées au sein des filières ont permis l?émergence
d?un tissu de recherche national performant.
Les actions de coordination, menées par l?Ancre sur le plan académique (en lien avec
l?alliance européenne EERA dans le cadre européen), par le réseau des Instituts Carnot pour
ce qui concerne la recherche technologique et par les pôles de compétitivité (Capenergies,
Tennerdis, Derbi, S2E2, Mer, Energivie, PNB, Trimatec) pour le développement avec les
entreprises, doivent être poursuivies. L?articulation de ces pôles avec les neuf solutions
économiques de la Nouvelle France Industrielle doit être renforcée.
Dans le domaine de l?énergie, avec le développement des sources de production locales, il
est important de pouvoir amplifier et coordonner les actions territoriales sur les
démonstrateurs. Ces démonstrateurs pré-industriels jouent un rôle clé pour valider les
options technologiques retenues et évaluer le coût associé. A cet égard, les initiatives des
campus mondiaux leaders pourraient utilement servir d?inspiration à quelques initiatives
poussées par ces réseaux et déployées au sein des sites universitaires ayant fait de
l?énergie un thème fort. La promotion active des démonstrateurs est également confiée au
Commissariat général à l?investissement qui s?appuie sur l'Ademe dans le cadre du PIA.
Dans le PIA3, ces actions ont vocation à être amplifiées en intégrant la dimension
« territoires de démonstration ». Un effort particulier doit être fait pour consolider le retour
d?expérience pour permettre la comparabilité des résultats obtenus dans les différentes
expériences.
De même, le recours accru à des vecteurs de collaboration européens - comme les Eranet
Cofund ? qui permettent des collaborations public-privé, ou le déploiement de lignes pilotes
pour la production de composants du système énergétique permettent de favoriser ces
interactions entre recherche académique et recherche appliquée et pré-industrielle.
La création d?entreprises par les jeunes diplômés et les chercheurs, est également un outil
qui permet ce rapprochement. Cette démarche est un facteur d?attractivité et contribue au
développement de l?activité économique. Pour promouvoir ces initiatives, il s?agit, d?une part
de disposer d?une enveloppe suffisante pour des interventions en fonds propres dans le
domaine de l?énergie (ce qui est prévu dans le cadre du PIA3, avec l?action consacrée aux
démonstrateurs et territoires d?innovation), et d?autre part de spécialiser des équipes de
business développeurs conseils sur les sites universitaires pour lesquels l?énergie est un
thématique phare.
Enfin, une sensibilisation, voire une formation des chercheurs à l'entreprenariat et au monde
de l'entreprise permettrait de faciliter le rapprochement des cultures académiques et
entrepreneuriales.
52
3.2 Contribuer, à partir des compétences et connais sances développées par
les activités de recherche et d'innovation, à l?inf ormation et la formation
L?un des objectifs de la SNRE est de permettre à l?économie française de tirer le meilleur
parti de la transition énergétique, grâce aux efforts de R&D&I, à travers la création et le
renforcement de filières nationales visant les marchés mondiaux. Certains secteurs doivent
faire face à un renouvellement de leurs effectifs, de leurs métiers et des compétences
requises. On estime à plusieurs centaines de milliers d?emplois les gisements correspondant
à des niveaux de compétence variés, qu?il s?agisse du maintien et du renforcement des
filières industrielles ou des activités liées au déploiement de nouveaux produits et services
sur le territoire national. L?enjeu pour la France est de veiller à la cohérence entre les
objectifs de politique énergétique, le rythme de maturation des technologies et le maintien et
le déploiement de filières industrielles. Il s?agit, à travers les savoirs, savoir-faire et
compétences acquis par le public formé, de développer leur employabilité en leur permettant
d?être bien sûr opérationnels pour les postes et activités actuels des industries concernées
mais également d?être préparés aux évolutions de ces industries et donc formés aux métiers
associés à la transition énergétique.
3.2.1 À l?attention des professionnels
Les préconisations de la SNRE en matière de R&D invitent à une réflexion sur les
compétences requises et à un renforcement du développement de certaines aptitudes. Pour
ce faire il est judicieux, tant pour les cursus dédiés à l?énergie que pour les cursus en
connexion avec le monde de l?énergie (urbanismes, transports, industrie, etc.) :
- d?accroître l?interdisciplinarité des programmes (en particulier dans les formations de
niveau Master dans le domaine de l?énergie) afin de permettre une compréhension
profonde des transformations induites par la transition énergétique, en y incluant une
formation en sciences humaines et sociales ; et être ainsi en mesure de conférer une
vision systémique permettant une intégration optimale des technologies et intégrant
l?humain et l?environnement dans le système ;
- d?adapter les programmes de formation à des champs disciplinaires spécifiques
(électronique de puissance, matériaux en conditions extrêmes, réseaux de
télécommunications, ingénierie système, etc.) et de créer de nouvelles formations
(e.g. adaptation aux nouveaux types de marchés induits par la pénétration accrue
des énergies renouvelables, normalisation, sensibilisation à la propriété
intellectuelle) ;
- d?inscrire les programmes de formation dans une vision dynamique avec une aptitude
à s?adapter aux nouveaux besoins en compétences ; ainsi, au regard des délais
requis en matière de formation, l?évaluation des besoins devrait être conduite dès
maintenant, notamment en s?appuyant sur les initiatives européennes en la matière
(ex. : programme UNI-SET coordonné par l?European University Association ? EUA -
en association avec la KIC Inno-énergie). Ce travail doit associer les entreprises qui
seront in fine amenées à intégrer les implications en termes de formation
professionnelle, d?apprentissage et de stages (ouvriers, techniciens, ingénieurs).
Dans le même esprit, les formes d?apprentissage devront être développées ;
53
- de mettre en place (ou développer) les outils et structures de formation diplômante et
continue en favorisant le développement de la formation par la recherche, notamment
le doctorat (tout en poursuivant l?effort de reconnaissance de ce diplôme) et en
favorisant la création de chaires d?enseignement et de recherche ;
- d?accroître l?interaction entre les étudiants et la société (rôle de diffusion de
l?information scientifique et technique (cf. Infra), participation à des formations dans
des expériences de démonstration territoriale) ;
- d?accroître l?esprit entrepreneurial des étudiants et d?une manière générale,
développer les relations entre formations académiques et secteur concurrentiel ;
- de promouvoir des démarches d?innovation pédagogiques ambitieuses, en renforçant
le recours aux technologies numériques et en rendant davantage l?élève acteur de sa
formation.
Sur le plan international, l'existence de formations d'enseignement supérieur préparant à des
métiers de haut niveau en capacité de s?adapter aux transformations du secteur de l?énergie,
constitue un vecteur de compétitivité indéniable pour la France, mais aussi un facteur
d'attractivité pour les entreprises étrangères innovantes concernées. C?est également un
vecteur de diffusion de l?ingénierie. Un système de formation dans le domaine de l?énergie,
fort, ambitieux, intégratif et ouvert à l?international devra rendre disponibles les compétences
à destination des entreprises et ainsi adapter les cursus de formation aux nouveaux
paradigmes de la transition énergétique, que ce soit en formation initiale (techniciens,
ingénieurs ou chercheurs) ou en formation professionnelle.
3.2.2 À l?attention de la société civile
L?apparition de consommateurs-producteurs d?énergies (énergies renouvelables, cogéné-
ration, etc.), le développement des réseaux énergétiques intelligents, la nécessité de
modérer la demande, d?une part en adaptant les comportements vis-à-vis de l?énergie et
d?autre part, en adoptant des technologies ayant une meilleure efficacité énergétique,
placent de plus en plus le citoyen, consommateur (ou producteur d?énergie) en situation de
responsabilité et de choix (consom?acteur). Sur le plan européen, l?une des 10 actions clef du
SET-plan concerne le « consommateur au centre du système ».
Les transformations induites par la transition énergétique nécessitent plus largement des
grands choix politiques et de société, qui impliquent et mobilisent les citoyens, dans le cadre
d?un débat démocratique tel que le débat national sur la transition énergétique mené en 2012
en amont de la LTECV. Un tel débat peut être facilité par des éclairages scientifiques.
Plusieurs objectifs doivent donc être poursuivis pour favoriser la structuration d?expertises
multiples, scientifiques et citoyennes, sur les options et processus de transition :
- Développer de nouvelles technologies ou services liés à l?énergie, en prenant en
compte, via les disciplines des SHS, le client final, citoyen et consom?acteur ;
- Favoriser la diffusion de l?information scientifique et technique en direction de la
société civile (médias et grand public), par l?organisation de manifestations
scientifiques destinées à un public large permettant une sensibilisation accrue du
grand public, en s?appuyant notamment sur les universités et les écoles d?ingénieurs.
54
L?utilisation des réseaux sociaux aujourd?hui devenue incontournable doit aussi être
développée ;
- Bénéficier des expériences de démonstration dans les territoires en impliquant autant
que possible le citoyen et les associations aux côtés des entreprises, des acteurs de
la R&D et des pouvoirs publics, dont les collectivités locales, dans les retours
d?expérience.
3.2.3 À l?attention des décideurs publics et privés
Appuyer la décision publique sur des bases scientifiques, que ce soit au niveau international,
européen, national ou régional est une nécessité. Le développement rapide des nouvelles
technologies de l?énergie contribue en effet à une complexité croissante des systèmes
énergétiques et met en jeu un nombre important d?acteurs, de l?échelle territoriale à l?échelle
nationale, voire européenne. Cette multiplicité des décideurs fait aussi écho aux sources
potentielles de financement des investissements (programmes régionaux, nationaux ou
européens). Cette nécessité apparaît de manière particulièrement marquée au niveau des
nouvelles régions aux compétences économiques accrues, qui aspirent à transformer la
transition énergétique en opportunité économique favorisant la création d?emplois (l?un des
objectifs de la LTECV).
Dans ce contexte les acteurs de la R&D&I, présents régionalement au sein des universités
(COMUE, IDEX, ISITE), d?établissements nationaux structurant les activités de R&D&I d?une
ou plusieurs filières (EPST, EPIC), disposent de l?expertise nécessaire pour appuyer les
décideurs publics à plusieurs échelles. A l?échelle territoriale, il faut par exemple poursuivre
les initiatives développées sur des campus universitaires, qui associent l?ensemble des
acteurs pertinents de l?écosystème, et tirent le meilleur parti de ces démonstrations en vraie
grandeur de la transition énergétique et écologique.
Il faudra également que les acteurs de la R&D&I soient impliqués autant que faire se peut
dans les travaux de réflexion de prospective énergétique et technologique, dont les
conclusions participent activement à structurer la politique énergétique nationale, ou dans les
groupes de travail mis en place pour les grands projets nationaux. Ils pourront aussi être
consultés sur les projets de démonstration, permettant ainsi un retour d?expérience précieux
vers la R&D, ainsi que sur les projets de développement de nouvelles filières ou
investissements interrogeant le domaine de l?énergie.
3.3 Actions structurantes proposées
3.3.1 Renforcer les collaborations internationales, la visibilité mondiale des
acteurs de la R&D française dans le domaine de l?énergie
? Etablir un état des lieux des accords internationaux de collaboration avec les
opérateurs de recherche publics et avec les agences ou instances de
55
programmation étrangères15, afin de rechercher une cohérence et de dynamiser
ces accords ;
? Promouvoir, dans le cadre de l?initiative internationale Mission innovation les
priorités françaises de R&D sur les énergies décarbonées et rechercher des
coopérations en ce sens avec les pays membres ;
? Renforcer la participation et le leadership de la communauté française de R&D
dans la construction de l?espace européen de la recherche, avec notamment une
meilleure participation au dispositif européen ERA-NET cofund, permettant la
mise en synergie des moyens de la R&D des états participants et l?alignement
des politiques de R&D ;
? Développer des initiatives pluridisciplinaires autour de l?énergie sur des campus
universitaires à l?échelle française, à l?instar de certains campus ayant amorcé
une structuration dans ce sens, pour permettre une mobilisation forte, structurée
autour de la communauté académique de la problématique énergie et une mise
en réseau avec leurs homologues étrangers.
3.3.2 Favoriser une approche systémique
S?agissant de communautés de recherche couvrant des champs variés, l?ensemble des
Alliances de recherche doit être sollicité. On précise ci-dessous quelques initiatives
conjointes envisageables :
? L?action de rapprochement entre les communautés des sciences dites dures et
des SHS sera poursuivie grâce à une animation scientifique au travers de
programmes interdisciplinaires incitatifs que les alliances Ancre et Athena
mettront en oeuvre. L?alliance Athena a déjà transmis des éléments de position
des sciences humaines et sociales ainsi que des thèmes à potentiel structurant à
court terme sur lesquels cette communauté émergente peut se mobiliser16.
? Il existe des actions convergentes entre les transitions numérique et énergétique :
il est nécessaire de poursuivre l?action de rapprochement entre les alliances
Ancre et Allistene avec pour objectif l?élaboration d?une feuille de route commune
sur ces actions, en associant les entreprises du secteur.
? Les alliances Ancre et Allenvi collaborent déjà sur la thématique de la
bioéconomie : il convient de développer un nouveau thème de collaboration avec
pour objectif la quantification des impacts environnementaux de la transition
énergétique.
15 telles que DFG, BMBF, EPSRC, DOE, NSF, NEDO, ?
16 Cf. Le GPRO énergie-sciences sociales de l?alliance Athéna a publié en 2015 un agenda
scientifique L?énergie des sciences sociales afin de partager avec les autres communautés
scientifiques leurs fronts de recherche
56
3.3.3 Poursuivre la mise en réseau de l?ensemble des acteurs
A l?instar du Réseau sur le stockage électrochimique de l?énergie (RS2E), qui s?appuie sur le
labex Store-Ex, d?autres réseaux pourront être développés en conduisant des réflexions par
exemple dans un premier temps à partir des labex existants dans le domaine de l?énergie et
des matériaux : l?idée est d?élargir ces réseaux qui relient déjà les acteurs académiques
majeurs en y associant EPIC et entreprises.
3.3.4 Développer la capacité de modélisation et de prospective
Du fait de la complexité croissante du système énergétique (nombre grandissant d?acteurs,
décentralisation, incertitudes multiples et variées?), disposer d?outils adaptés et de
compétences de recherche dans le domaine de la modélisation des systèmes complexes
permet d?aider à la décision notamment pour caractériser et orienter les choix du bouquet
énergétique. Pour obtenir in fine un modèle intégré, il sera nécessaire de traiter tout d?abord
toutes les briques technologiques constituant le système énergétique (et ses impacts) puis
de réaliser leur intégration progressive, dans un modèle prédictif robuste adapté à
l?élaboration de scénarios. Ce constat s?applique à la fois au plan national ainsi que dans un
cadre européen ou international où il est opportun de disposer de données et de capacités
de modélisation en propre pour espérer jouer un rôle de premier plan dans les décisions
d?ampleur.
3.3.5 S?appuyer sur les infrastructures de recherche
? Les TGIR existantes dans le domaine de l?énergie sont au nombre de cinq (ECCSEL,
FR Solaris, Sophira, Theorem et West), couvrant des thématiques distinctes et toutes
sont les « noeuds français » d?infrastructures européennes futures ou existantes. Il
est primordial pour les équipes françaises de conforter la présence française au sein
de réseaux d?excellence européens : concernant l?énergie de fission, le réacteur de
recherche Jules Horowitz (RJH) constitue une infrastructure de recherche primordiale
à l?échelle nationale comme à l?échelle européenne. Ces actions autour de ces
infrastructures doivent être une priorité des organismes qui les conduisent (BRGM,
CNRS, CEA?)
? Le PIA3 et notamment l?action « équipements structurants pour la recherche » pourra
également être l?occasion de soutenir le renforcement du maillage des grandes
infrastructures de recherche associées au domaine de l?énergie.
3.3.6 Développer la formation et l?information
? La dynamique de la transition énergétique doit conduire à la création de nouvelles
formations, en tenant compte des besoins associés aux nouveaux types de marchés
(expertise technique, normalisation, propriété intellectuelle, ?). L?appui peut se faire
à partir des établissements d?enseignement supérieur notamment ceux spécialisés
dans l?énergie (comme IFP School ou INSTN) ou ceux qui appartiennent à un site
ayant privilégié la thématique de la transition énergétique (Paris-Saclay, Grenoble,
Lyon-Saint Etienne, Lorraine, Nancy, Aix-Marseille?), ou encore au travers des
57
actions de formation que les Instituts pour la Transition Energétique mènent,
conformément à leurs missions initialement définies par le PIA.
? Les instances en charge du retour d?expérience des démonstrateurs territoriaux,
mises en place par les collectivités locales ou avec leur appui, pourront faire
dialoguer le citoyen avec les acteurs technico-économiques, et ainsi participer à
l?association de la société civile.
58
Orientation stratégique 4 : Créer une gouvernance légère et
performante permettant d?assurer le pilotage opérationnel
dynamique de la SNRE
4.1 Mise en place d?une gouvernance dédiée pour assurer le déploiement et
l?évaluation périodique de la SNRE dans une démarche prospective.
4.1.1 Appui sur une structure dédiée de gouvernance
Comme l?a souligné l?OPECST en 2009 dans son rapport d?évaluation de la SNRE
précédente, une gouvernance adaptée doit être mise en place, tant pour la définition de la
stratégie que pour sa mise en oeuvre.
En conséquence, il est proposé de continuer à réunir de manière régulière, et dans le même
format que lors de la phase d?élaboration de la stratégie menée en 2016, le comité de suivi
regroupant l?ensemble des parties prenantes (cf. partie 2 ? processus d?élaboration) de la
R&D dans le domaine de l?énergie. Ce comité, coprésidé par le Directeur général de
l?énergie et du climat et le Directeur général de la recherche et de l?innovation, regroupera
des représentants des administrations concernées, des organismes publics de R&D dans le
domaine de l?énergie, des alliances, et plus généralement du monde scientifique, des
représentants des entreprises actives dans la R&D et l?innovation dans l?énergie, et des
représentants des organisations membres du CNTE (fédérations professionnelles,
organisations syndicales, ONG et associations de protection de l?environnement, collectivités
territoriales, élus). En particulier, les régions, qui tiennent une place prépondérante (voir
section 4.2.1 Infra), seront ainsi représentées à ce comité, a minima par l?association
Régions de France. Il conviendra de conserver le caractère informel et ouvert du comité,
notamment afin de permettre une bonne association des entreprises de toutes les tailles, de
manière régulière ou plus ponctuelle.
Ce comité aura pour objet de suivre, sur un rythme annuel ou bisannuel, l?état de mise en
oeuvre des orientations de la présente SNRE et de préparer progressivement sa future
révision, voire anticiper des réorientations éventuellement devenues nécessaires par des
ruptures du contexte énergétique, politiques, économiques ou technologiques.
Sans être un comité de programmation financière, le comité pourra permettre des échanges
sur la manière de prendre en compte concrètement les orientations de la SNRE dans les
dispositifs de soutien à la R&D&I (par exemple, appels à projets, portage de sujets au niveau
européen, etc.)
4.1.2 Evaluation et suivi des actions engagées
Un certain nombre d?indicateurs pourront être suivis par le comité, en cohérence avec les
indicateurs liés à la SNBC, la PPE et la SNR, relatifs à la R&D et l?innovation dans le
domaine de l?énergie. Des indicateurs détaillés correspondant aux actions structurantes
59
définies dans la présente stratégie pourront compléter cette première liste. Ils pourront être
proposés par le secrétariat permanent en concertation avec le comité.
Le secrétariat permanent pourra alors présenter au comité sur une base annuelle ou
bisannuelle, un rapport synthétique d?avancement de la mise en oeuvre de la stratégie et
d?état des indicateurs.
Par ailleurs, à l?instar de la SNRE de 2007, la présente SNRE fera l?objet d?une évaluation
externe par l?OPECST, en cours de cycle, afin d?alimenter les réflexions sur le cycle suivant.
4.1.3 Révision de la stratégie
De la même manière que pour la SNBC, la PPE et la SNR, la révision périodique de la
SNRE sera effectuée tous les 5 ans et permettra la prise en compte de l?évolution
progressive des politiques énergétiques et de recherche. Ce rythme de révision est
également en moyenne celui des COP des établissements et organismes de recherche
publique, ce qui facilitera des processus cohérents de mise à jour.
Le travail de révision de la stratégie pourra s?appuyer, comme cela a été le cas en 2016 (cf.
annexe 5), sur une analyse filière par filière, mais également selon les axes transverses et
les dimensions systémiques, de l?impact des actuelles orientations stratégiques et des
forces/faiblesses/opportunités/menaces pour les acteurs de la R&D en France. Ces travaux
pourront être menés par le secrétariat permanent et être alimentés notamment par les
réflexions des alliances.
4.2 Recensement et mise en cohérence des différents outils de financement,
de soutien et de suivi de la R&I
4.2.1 Au niveau local
Les régions ont défini ces dernières années des stratégies de spécialisation intelligentes,
notamment pour l?utilisation des fonds communautaires, qui ont fait apparaître pour la plupart
d?entre elles des priorités thématiques et des axes structurants pour la R&D&I énergétique.
Les nouvelles régions ont mené un processus de révision de ces stratégies et définissent
désormais plus globalement des schémas régionaux de développement économique,
d?innovation et d?internationalisation (SRDEII).
Pour permettre une meilleure visibilité globale sur l?action consolidée des régions et faciliter
la bonne coordination entre les actions régionales et l?action nationale, il est proposé de
mettre en place un échange systématique et régulier d?informations entre l?Etat et les
Conseils régionaux :
- Collecte annuelle de données par les services de l?Etat sur les financements
régionaux par thématiques et inversement diffusion des données consolidées et des
données nationales ;
- Échange sur les priorités et sur les plans d?actions des différents acteurs, par
exemple à l?occasion des réunions du comité de suivi.
60
Cette mise en commun pourrait permettre d?identifier à la fois les éventuelles synergies
possibles, les sujets nécessitant un soutien renforcé, à une échelle adaptée, et les
opportunités de financements complémentaires à rechercher au niveau supranational, en
particulier européen.
Au-delà de la vision consolidée des priorités et des financements respectifs des collectivités
et de l?Etat, un partage peut être envisagé dans ce même cadre, et avec l?ensemble des
acteurs concernés, sur les initiatives émergentes et sur les projets de démonstrations menés
dans les territoires, qu?ils soient de grande envergure (cf. par exemple les territoires pilotes
pour les réseaux électriques intelligents ou les futurs territoires d?expérimentation d?usages
multiples de l?hydrogène) ou plus localisés. Un tel échange permettra ainsi de constituer un
véritable « observatoire national des expérimentations » afin de consolider et d?optimiser les
retours d?expériences.
4.2.2 Au niveau national
Si le PIA a notamment pour objectif de mobiliser le dernier maillon de la chaîne de valeur de
l?expérimentation pré-industrielle, notamment à travers l?action « Démonstrateurs de la
transition écologique et énergétique », en associant entreprises, laboratoires et organismes
publics de recherche, le soutien à recherche est présent en France sur l?ensemble de la
chaîne de valeur de la R&D, à commencer par l?amont.
L?annexe 4 donne un aperçu de la gamme des dispositifs nationaux de soutien et de leurs
caractéristiques en termes de cibles (montants, TRL), qui appellent l?utilisation d?instruments
financiers variés et adaptés. Il est nécessaire pour l?Etat de continuer à veiller à la cohérence
et la complémentarité de ces dispositifs, dans un souci de lisibilité, d?attractivité et de
limitation de la complexité de gestion. L?architecture du PIA3 illustre par exemple la volonté
de rationaliser l?action en limitant le nombre d?opérateurs (ANR, Ademe, CDC, BPI). Il
conviendra de poursuivre le travail conjoint des ministères concernés (en particulier MEEM,
MENESR, ainsi que les ministères en charge de l?économie, de l?industrie et de l?agriculture)
pour assurer durablement cette cohérence. La mise en place d?un groupe de travail
interministériel tel que proposé à l?orientation 1 pourra y contribuer. Ce groupe pourra
associer à ses réflexions, en tant que de besoin, les agences de financement, les alliances,
voire l?ensemble du comité de suivi. Il pourra également contribuer à définir les positions à
porter aux niveaux européen et international pour la bonne articulation des dispositifs de
financement français avec les dispositifs de financements existants à ces échelons (voir
infra).
Le MEEM continuera en outre d?assurer la production annuelle du reporting à l?AIE sur le
financement par l?Etat de la recherche publique nationale sur l?énergie (moyens des agences
de financement + dotations aux établissements) en veillant à son degré de précision. Ces
données pourront être confrontées aux données des collectivités locales, mais également
contribuer à la mesure de l?engagement français dans l?initiative Mission innovation, lancée à
la COP21 fin 2015. Cet engagement de doublement du financement en 5 ans dans les
énergies vertes (ENR, stockage et réseaux intelligents, efficacité énergétique) s?appuie sur la
montée en puissance du PIA (engagement complet du PIA1&2 et lancement du PIA3).
61
Un travail sera par ailleurs mené par les ministères pour obtenir une meilleure vision,
actuellement peu consolidée, sur les financements des entreprises pour la R&D et
l?innovation dans le domaine de l?énergie, en tenant compte notamment de l?apport du crédit
impôt recherche.
4.2.3 Aux niveaux européen et international
L?Union européenne mobilise des moyens importants pour la R&D énergétique, en particulier
à travers le programme Horizon 2020 : un budget de 5 931 millions d?euros à été alloué à la
recherche sur l?énergie (hors nucléaire) pour la période 2014-2020 (dont 200 millions dédiés
aux activités de l?Institut européen de l?innovation et des technologies) et fait l?objet d?une
évaluation à mi-parcours.
La France participe à H2020 à hauteur de sa contribution au budget de l?Union, soit environ
16% en 2014. L?augmentation du taux de retour des crédits vers les projets portés par des
acteurs français (qui se situait aux alentours de 10% en 2014 et 2015) constitue donc un
enjeu important et des actions sont menées pour organiser la communauté de R&D
française dans cette optique, par exemple à travers l?animation des groupes et des points de
contacts nationaux pour influencer la définition des programmations et stimuler la réponse
aux appels à projets. Ces actions devront être poursuivies ou renforcées.
Les autorités françaises devront par ailleurs oeuvrer pour obtenir une bonne complémentarité
entre les outils de financement français et européens et un bon alignement des objectifs, tant
en ce qui concerne les thématiques que les types d?aides (instruments financiers) et les
niveaux de TRL visés. En particulier, la France pourra promouvoir un rééquilibrage du
programme H2020 pour ne pas négliger les TRL bas dans le domaine de l?énergie. Il faudra
également s?assurer que les fonds de soutien à l?innovation financés par les crédits issus des
marchés carbone, tels que le NER300 et les futures actions similaires, pourront permettre
d?apporter un soutien complémentaire au PIA pour les projets de démonstration de grande
envergure de technologies bas carbone.
La définition du plan d?actions détaillé du SET Plan devra autant que possible permettre la
mise en valeur des capacités françaises de R&D et fournir des opportunités de
collaborations avec les autres pays européens sur les priorités nationales notamment au
travers de l?alliance européenne EERA (European Energy Research Alliance) et de sa
quinzaine de programmes conjoints couvrant l?ensemble des thématiques de l?énergie. A cet
égard, il conviendra d?aligner si nécessaire les modalités et calendrier des programmes
nationaux, y compris de financement, avec nos partenaires européens, afin de faciliter le
lancement de nouvelles initiatives, tels que des ERANET, encore trop peu utilisés par la
France dans l?énergie à ce stade, malgré des opportunités réelles et une participation dans
les réseaux intelligents, la géothermie, le solaire et la biomasse forestière.
Au niveau mondial, la participation des acteurs français au « energy technology network » de
l?AIE ou aux travaux collaboratifs lancés dans le cadre de la Mission Innovation17 devra être
17
Un ensemble de défis (« innovation challenges ») a notamment été lancé dans le cadre de Mission Innovation
en novembre 2016 lors de la COP22 à Marrakech. Voir sur le site http://www.mission-innovation.net/
62
coordonnée pour cibler les thématiques clés, bénéficier des échanges avec les pays les plus
avancés et assurer une bonne diffusion des connaissances.
63
Annexes
Annexe 1 Organismes de recherche
Tableau 1 : Organismes de recherche dans le domaine de l?énergie membres de l?alliance Ancre
ANDRA Agence Nationale pour la gestion des Déchets Radioactifs
BRGM Bureau de Recherches Géologiques et Minières
CDEFI Conférence des Directeurs d'Ecoles Françaises d'Ingénieurs
CEA Commissariat à l'Energie Atomique et aux énergies alternatives
CIRAD Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement
CNRS Centre National de la Recherche Scientifique
CPU Conférence des Présidents d'Université
CSTB Centre Scientifique et Technique du Bâtiment
IFPEN IFP Energies Nouvelles
IFREMER Institut Français de Recherche pour l'Exploitation de la Mer
IFSTTAR Institut Français des Sciences et Technologies des Transports, de l'Aménagement et des
Réseaux
INERIS Institut National de l'Environnement Industriel et des Risques
INRA Institut National de la Recherche Agronomique
INRIA Institut National de Recherche en Informatique et en Automatique
IRD Institut de Recherche pour le Développement
IRSN Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire
IRSTEA Institut national de Recherche en Sciences et Technologies pour l'Environnement et
l'Agriculture (ex CEMAGREF)
LNE Laboratoire National de métrologie et d'Essais
ONERA Office National d'Etudes et de Recherches Aérospatiales
64
Annexe 2 Liste des participants au comité de suivi et d?élaboration de la SNRE
Les organismes suivants ont participé aux réunions du comité de suivi organisées en 2016
et/ou ont fourni des contributions.
Administrations (hors MEEM et MENESR) :
- Ministère de l?économie et des finances (MEF) : Direction générale des entreprises
(DGE)
- Ministère de l'Agriculture, de l'Agroalimentaire et de la Forêt (MAAF) : Direction
générale de la performance économique et environnementale des entreprises (DGPE),
Direction générale de l'enseignement et de la recherche (DGER)
- Commissariat général à l?investissement (CGI)
- Agence de l?environnement et de la maîtrise de l?énergie (ADEME)
- Agence nationale de la recherche (ANR)
- Autorité de sûreté nucléaire (ASN)
- France Stratégie
Organismes membres du CNTE :
- Association Régions de France (ARF)
- Conseil des Entreprises, Employeurs et Groupements de d?Économie Sociale (CEGES)
- Conseil Économique, Sociale et Environnemental (CESE)
- Confédération Française de l?Encadrement-Confédération Générale des Cadres (CFE-
CGC)
- Confédération Française des Travailleurs Chrétiens (CFTC)
- Confédération Générale du Travail (CGT)
- Fédération Nationale des Syndicats d?Exploitants Agricoles (FNSEA)
- Force ouvrière (FO)
- Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO)
- Mouvement des entreprises de France (MEDEF)
- Réseau Action Climat (RAC)
- Union Professionnelle Artisanale (UPA)
Autres participants :
- Académie des technologies
- Alliances Allenvi, Allistene, Ancre, Athena
- Assemblée permanente des chambres de métiers et de l?artisanat (APCMA)
- Association Nationale de la Recherche et de la Technologie (ANRT)
- AREVA
- Commissariat à l'Energie Atomique et aux énergies alternatives (CEA)
- CLER - Réseau pour la transition énergétique
- Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS)
- Conférence des Présidents d'Université (CPU)
- EDF
- General Electric
- GRT gaz
- IFP Energies Nouvelles (IFPEN)
65
- Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN)
- NegaWatt
- Pôles de compétitivité énergie
- Syndicat des énergies renouvelables (SER)
- Total
66
Annexe 3 TRL
Le TRL (ou niveau de maturité) est un système de mesure permettant d'évaluer le niveau de
maturité d'une technologie, avant de l'intégrer dans un système. Le TRL se fait sur une
échelle de 1 à 9.
Source : http://www.horizon2020.gouv.fr/cid72762/les-technologies-cles-generiques-ket-
dans-horizon-2020.html
Figure 7 : Liste des TRL (niveaux de maturité)
67
Annexe 4 Principaux dispositifs nationaux de soutie n à l?innovation
La figure ci-dessous illustre le positionnement des principaux dispositifs nationaux actuels
d?incitation tout au long de la chaîne de l?innovation dans le domaine de l?énergie.
68
Annexe 5 Liste des fiches thématiques utilisées com me documents
préparatoires
Les filières de production d?énergie
? Géothermie
? Energies solaires
? Energies marines
? Energies fossiles
? Eolien
? Captage, stockage, valorisation du CO2
? Hydraulique
? Nucléaire
? Hydrogène et piles à combustible
? Mobilisation et transformation de la biomasse
Les filières de gestion et d?usages de l?énergie
? Réseaux électriques intelligents
? Stockage d?énergie
? Energies et sociétés
? Efficacité énergétique des procédés industriels
? Efficacité énergétique des transports terrestres
? Efficacité énergétique des bâtiments
INVALIDE) (ATTENTION: OPTION ité, distribution des risques, justice environnementale) liés à l?accès aux
ressources, à l?introduction de nouveaux procédés ou à l?émergence de nouvelles filières.
Zoom sur l?analyse de l?impact environnemental des énergies marines
Le développement des énergies marines (éolien en mer posé ou flottant, hydrolien,
houlomoteur?) qui n?en est qu?à ses débuts ne doit pas empêcher d?identifier et de prévenir
38
les conséquences potentielles de leur utilisation sur les espèces, les milieux et plus
généralement tout l?environnement marin. Cela inclut notamment les conséquences du
passage des câbles sous-marins, l?impact des opérations de construction et de maintenance
mais également les effets du bruit et des champs électromagnétiques sur différentes
espèces, ou encore sur les mécanismes qui sous-tendent les comportements d?évitement.
Les recherches dans ce domaine encore nouveau pourraient s?appuyer, tout en les
complétant, sur les informations concernant les perturbations environnementales ainsi que
les modes d?atténuation déjà identifiés par exemple dans les secteurs du pétrole et du gaz
offshore ou de l?extraction de granulats.
1.3 Actions structurantes proposées
Le déploiement d?une stratégie nationale énergétique demande des actions précises sur un
ensemble de thèmes identifiés, qui font toutefois apparaître des axes transverses constituant
un socle commun et introduisant des liens avec des domaines connexes à l?énergie. Si les
objectifs majeurs que sont la recherche de l?efficacité énergétique, d?une part, et la transition
vers une économie bas carbone, d?autre part, conduisent à cibler des thématiques
prioritaires telles que le développement d?énergies renouvelables compétitives, de
techniques performantes et abordables de rénovation énergétique des bâtiments, de moyens
de mobilité à faibles émissions de gaz à effet de serre et de polluants atmosphériques, de
substituts au carbone fossile par la chimie verte ou de procédés industriels plus efficaces, la
stratégie de R&D doit veiller à intégrer une gestion dynamique des systèmes énergétiques et
à se placer dans une vision large de ces systèmes.
1.3.1 Placer la R&D énergétique dans un contexte élargi
Il est proposé, d?une part, de poursuivre et renforcer les coopérations entre acteurs de la
R&D de l?énergie et d?autres domaines, d?autre part, d?inclure ces approches transverses
dans les programmes d?animation et de soutien. Plusieurs dimensions sont à prendre en
compte dans cette perspective.
? Conjuguer les transitions énergétique et numérique
Le numérique a un rôle clé à jouer à chaque étape de la chaîne de la production jusqu?à la
consommation de l?énergie en passant par la distribution :
- capacité de transmission et de traitement de données massives, à court terme
(diagnostics et gestion en temps réel des réseaux ou équipements) comme à moyen
et long termes (simulation, analyse et optimisation des systèmes) ;
- interopérabilité et sécurité des systèmes (prévention des cyber attaques sur des
infrastructures essentielles de plus en plus connectées et protection des données)
ainsi que protection de la vie privée (en lien avec les SHS) ;
- émergence de nouveaux modèles de services intégrant le numérique et les enjeux de
la transition énergétique (domotique, mobilité?) ;
- réduction des coûts et maîtrise de la consommation, de la flexibilité et de la non
intrusivité des capteurs communicants.
39
? Respecter un degré élevé d?exigences environnementales
Etant donné les enjeux environnementaux actuels, de lutte contre la pollution et le
réchauffement climatique, de gestion sobre des ressources ou encore de préservation des
écosystèmes (y compris des écosystèmes producteurs de ressources énergétiques comme
la biomasse), il est nécessaire d?analyser systématiquement l?impact environnemental des
technologies et solutions pour l?énergie sur l?ensemble de leur cycle de vie.
Par exemple, dans le cas des matériaux pour l?énergie, pour lesquels de nombreux défis
émergent (besoin de nouvelles générations de matériaux plus légers, plus isolants, plus
résistants, y compris en conditions extrêmes, pour couvrir les besoins du transport, du
bâtiment, du stockage et de la conversion de l?énergie, etc.), l?anticipation des perspectives
de réemploi ou de recyclage ou, le cas échéant, la recherche de matériaux biosourcés
doivent devenir un réflexe et supposent un effort particulier pour s?inscrire dès la phase de
conception dans une logique d?économie circulaire.
? Intégrer les enjeux économiques et sociétaux dès la phase de R&D
Les enjeux d?accompagnement des consomm?acteurs (modification des comportements,
nouveaux rôles plus interactifs avec les systèmes énergétiques) et les défis de la
gouvernance multi-échelles des systèmes énergétiques (multiplication des acteurs locaux et
des échelles territoriales, bouleversement des marchés et des modèles économiques ou des
cadres réglementaires) font apparaître un besoin accru de recherches combinant le domaine
de l?énergie avec celui des sciences humaines et sociales.
Actions pour coordonner et animer la R&D sur les dimensions transverses identifiées
Afin d?assurer une coordination renforcée entre ministères sur l?ensemble des domaines
en lien avec l?énergie, on vise à établir un groupe de travail interministériel qui permettrait de
prendre en compte par un échange régulier l?ensemble des besoins de recherche et de
mettre en place ou de coordonner les outils de recherche adaptés.
Il s?agit en outre de favoriser des projets de R&D plus transverses par le biais :
- de critères d?éligibilité ou de sélection dans les appels à projets du domaine
énergétique, cf. notamment le critère d?éco-conditionnalité du PIA ;
- de programmes ou d?appels à projets spécifiques nécessitant des efforts de
recherche pluridisciplinaires et du travail collaboratif sur des questionnements
scientifiques mobilisant les acteurs de divers domaines, cf. notamment l?initiative
Greentech lancée en 2016 par le MEEM à la frontière entre numérique et transition
énergétique.
Par ailleurs, en lien avec les actions de structuration de la communauté de recherche
proposées dans l?orientation 3, il s?agit de poursuivre les rapprochements entre les
alliances concernées, notamment Ancre, Athena, Allenvi et Allistene, par exemple par des
groupes ou travaux/études en commun sur chaque dimension transverse, regroupant une ou
plusieurs de ces alliances et le cas échéant d?autres acteurs pertinents (entreprises?).
Il est enfin proposé :
- d?introduire dans toutes les feuilles de routes nationales relatives à la R&D
énergétique une projection spécifique concernant l?apport du numérique, une
40
démarche de développement de l?analyse environnementale et d?anticipation des
enjeux économiques et sociaux ;
- d?identifier explicitement l?application au champ de l?énergie dans le programme
d?action Big-Data mis en place au titre de la SNR ;
- de développer les applications au champ de l?énergie dans les actions de R&D mises
en place au titre de la dynamique Digitising European Industry impulsée par la
commission européenne.
1.3.2 Préparer les outils pour gérer la flexibilité et la complexité du système
énergétique à différents horizons temporels
De nombreux efforts de R&D sont en cours et doivent se poursuivre sur le développement
de moyens durables et performants (techniquement et économiquement) de production
d?énergie. L?accent a également été mis depuis quelques années sur une prise en compte
accrue de l?ensemble des usages et sur l?exploitation des potentiels d?économies d?énergie.
Dans un contexte de complexification croissante, la consolidation de connaissances et
d?outils pour la maîtrise des systèmes énergétique devient une priorité appelant des actions
nouvelles ou renforcées.
? Analyser les différents types de flexibilité
Dans la perspective de systèmes énergétiques plus flexibles à moyen et long termes et en
parallèle des efforts de R&D en cours pour développer une large gamme de moyens de
flexibilité à des échelles variées (stockage, pilotage de la demande, effacement, pilotage de
la production, etc.) qui pourront être complémentaires ou en compétition à l?avenir, il serait
utile de mener une comparaison de ces différents moyens, sur le plan technique
(performances attendues et services potentiels rendus aux systèmes), économique (coûts
cibles et délai de maturation pour arriver sur le marché), environnemental, pour faciliter les
choix futurs et alimenter, lors de chaque nouveau cycle les exercices stratégiques à venir
(SNBC/PPE/SNRE).
Action proposée : mener une analyse comparative des solutions de flexibilité et des
conditions de stabilité des systèmes, en impliquant l?ensemble des acteurs concernés.
? Cibler la valeur ajoutée des acteurs français de la R&D
Au-delà de la capacité d?intégration et de pilotage des différentes solutions de flexibilité aux
différents horizons temporels, pour les solutions les plus prometteuses, il est important
d?identifier les segments à forte valeur ajoutée sur lesquelles les acteurs ? chercheurs et
entreprises ? français peuvent se positionner et de consolider ou développer la capacité de
production des composants clés (par exemple pour l?électronique de puissance)
Action proposée : en lien avec l?orientation 2 sur la R&D en partenariat public/privé, mener
une analyse continue sur les forces/faiblesses/opportunités/risques dans le cadre des efforts
de structuration en filières.
41
Orientation stratégique 2 : Développer la R&D et l?innovation en lien
avec les territoires et le tissu industriel, en particulier les PME-ETI,
pour la réussite de la transition énergétique
Le transfert technologique des résultats de la R&D aux entreprises participe à la création de
richesse et d?emplois et la re-industrialisation du territoire national. Ce transfert emprunte des
voies multiples allant de la recherche collaborative avec l?industrie à la création de sociétés,
en passant par la prise de participations dans des jeunes entreprises innovantes ou la mise
en oeuvre de politique de soutien aux ETI et PME. Constituer des filières d?excellence sur les
thèmes spécifiques de l?énergie en faisant converger les efforts de R&D publics et les
stratégies industrielles permet de favoriser ce type d?innovation. Il faut tirer parti des atouts
nationaux que constituent la communauté de recherche académique, les organismes de
recherche et les filières énergétiques menées par des industriels dont certains sont des
leaders mondiaux (sur l?ensemble de la filière ou sur un segment particulier) : amplifier ces
atouts en renforçant l?articulation entre recherche, innovation, industrie et usages et en
s?appuyant sur les dynamiques de filières et de territoires.
2.1 Enjeux internationaux
La R&D en énergie doit permettre de favoriser le développement d?un tissu d?entreprises
innovantes notamment en encourageant la création de start-ups et le développement
d?entreprises de taille intermédiaire à vocation exportatrice. Il s?agit de mettre en oeuvre les
moyens qui permettront de conserver la compétitivité technologique et économique dans les
domaines énergétiques fortement exportateurs et pour lesquels la France occupe une
position de leader au plan international et de contribuer à l?émergence de nouvelles filières
industrielles dans le domaine des nouvelles technologies de l?énergie.
Ces actions visent à répondre aux besoins nationaux mais également internationaux de la
transition énergétique. En effet, les besoins nationaux sont prioritaires mais ne suffisent
généralement pas seuls à consolider une filière industrielle et à lui fournir des débouchés
satisfaisants. Le marché des technologies de l?énergie est très mondialisé. En outre,
certaines technologies présentent peu d?intérêt du seul point de vue du mix énergétique
français, en raison d?un faible gisement local, ou d?une faible demande, au-delà de quelques
possibilités de démonstration, mais peuvent répondre à des besoins importants d?autres
pays et représenter des opportunités à l?export. Il convient donc résolument de se placer
dans ce contexte international.
42
2.2 Conforter la performance des actuelles filières énergétiques déjà leaders
et/ou à fort potentiel à l?export sur le marché mondial
Les acquis nationaux dans les technologies de l?énergie sont importants. Il faudra capitaliser
sur les atouts compétitifs des filières énergétiques matures et pour lesquelles la France
compte des acteurs industriels d?envergure internationale (champions nationaux ou
européens) générant une activité économique importante. Ces filières qui contribuent
fortement à la sécurité énergétique nationale et disposent d?une capacité exportatrice doivent
être préservées. Leur expertise reconnue mondialement doit être accentuée par des actions
de R&D soutenues et un ressourcement des équipes de recherche pour leur permettre le
maintien au meilleur niveau.
Dans le domaine des ressources énergétiques et minérales stratégiques ou dans celui du
nucléaire, les recherches sur les technologies doivent permettre de renforcer cet avantage
concurrentiel en s?orientant vers une exploitation économiquement performante dans des
conditions respectueuses de l?environnement et en poursuivant l?amélioration de la sûreté.
Les efforts seront aussi poursuivis pour les énergies renouvelables dans lesquelles la France
a atteint un haut niveau de maîtrise comme pour l?énergie hydraulique ou la géothermie.
Ces différentes filières sont de poids économiques variés mais présentent de réelles
perspectives de développement à l?international chacune à leur échelle.
Zoom sur les hydrocarbures responsables
Satisfaire la demande de carburants et d?intermédiaires chimiques à faible impact
environnemental issue d?une production assurée dans les meilleures conditions de durabilité
et de performance est une priorité. Elle répond à l?absolue nécessité d?une industrie dont le
mode de développement se doit d?être exemplaire et respectueux de l?environnement, en
étant à la fois sobre et efficace en énergie. En outre, en cohérence avec les renforcements
des législations existantes pour réduire les émissions de polluants atmosphériques (soufre,
oléfines, polyaromatiques, benzène, etc.), les technologies et produits développés doivent
offrir les moyens de lutter contre l?aggravation de l?effet de serre et de réduire l?exposition
des citoyens à la pollution de l?air. En termes de R&D&I, les efforts devront porter sur les
logiciels de caractérisation et de modélisation de bassins et réservoirs, sur les technologies
éco efficientes de production d?hydrocarbures et sur les procédés et catalyseurs de
transformation et conversion des hydrocarbures, Les programmes de R&D sont
majoritairement portés par IFPEN auxquels le plus souvent sont directement associés les
grands industriels français leaders du domaine.
Zoom sur le nucléaire
L?industrie nucléaire française est un des leaders mondiaux avec une particularité unique :
des savoir-faire éprouvés et reconnus dans tous les secteurs de cette industrie (conception
et exploitation de réacteurs, production d?uranium, fabrication de combustible, gestion des
combustibles usés, gestion des déchets et une expertise en sûreté). Les marchés à l?export
concernent en particulier les réacteurs nucléaires, la gestion du combustible usé (usine de
43
recyclage et système d?entreposage à sec de longue durée), la décontamination d?effluents
et de terres en situation post-accidentelle, l?expertise sur l?assainissement/démantèlement
d?installations nucléaires anciennes dont le marché est considérable, l?expertise sur la
gestion des déchets allant de leur conditionnement jusqu?à leur stockage en surface ou en
grande profondeur et l?expertise en sûreté nucléaire. La globalité de l?expertise française qui
s?étend du contrôle des installations jusqu?à l?information des populations et la prévention
des risques est ainsi un atout à l?export. Ce leadership s?appuie sur des programmes de
R&D portés majoritairement par le CEA, l?IRSN et l?Andra auxquels sont le plus souvent
directement associés les industriels français EDF et AREVA. Au titre des missions que lui
confie la loi TECV en matière de recherche pour la sûreté nucléaire et la radioprotection,
l'ASN contribue également à l'orientation de la recherche dans le domaine.
En ce qui concerne le développement de réacteurs à l?export la compétition intense
demande aux acteurs français de mener des actions de recherche en rupture (nouvelles
méthodes de fabrication, intégration des outils et des objets de la révolution numérique,
réacteurs de nouvelle conception) pour conserver leur leadership et leur attractivité. Malgré
la sensibilité industrielle de la R&D menée dans ce domaine, de nombreuses collaborations
internationales existent, concourant à accroître la sûreté des réacteurs actuels, à développer
des réacteurs innovants (SMR ? « Small Modular Reactor », réacteurs de 4ème génération)
et les connaissances dans le domaine du stockage et du démantèlement. Ces collaborations
sont menées avec les plus grands pays nucléarisés (Russie, Chine, Japon, Etats-Unis, ?),
ainsi qu?avec de nombreux Etats membres Européens dans le cadre des programmes
soutenus par la Commission européenne.
Zoom sur la géothermie
La géothermie, énergie renouvelable non intermittente, offre un potentiel important à mettre
en regard de la faible occupation foncière nécessaire à son exploitation, à son potentiel de
compétitivité à l?échelle du territoire et à la garantie qu'elle offre en matière de sécurité
d'approvisionnement. Les différents types d?exploitation des ressources géothermiques :
électricité, réseau de chaleur pour le tertiaire et l'industrie, production de chaleur et
rafraîchissement pour le bâti offrent un large spectre de possibilités de valorisation mais il
faudra accomplir de nombreux progrès pour réussir le développement massif de la
géothermie, qu?elle soit profonde ou superficielle. Cependant, les freins et verrous de la
géothermie profonde concernent plutôt la maîtrise de la ressource en sous-sol tandis que les
progrès à accomplir pour valoriser au mieux la géothermie superficielle nécessitent
principalement des avancées sur les équipements et leur mise en oeuvre. La France dispose
d?un réseau d?industriels reconnus pour la géothermie haute, basse et très basse énergie qui
associé au potentiel de la recherche publique a les moyens de lever tous les grands verrous
pour offrir une offre industrielle à l?international, au moment où une alliance internationale (la
« Global Geothermal Alliance » ? GGA), créée lors de la COP21, promeut le développement
de cette énergie.
44
2.3 Permettre l?émergence de filières industrielles performantes (nationales
et européennes) pour accélérer la transition énergé tique
Outre la transition énergétique, l?émergence de telles filières participe à la création d?emplois
non délocalisables et à l?amélioration de l?équilibre de la balance commerciale, en réduisant
les importations de solutions technologiques et en développant l?export (énergies
renouvelables, solutions de flexibilité, etc.). Il s?agit de trouver un bon équilibre entre des
filières qui paraissent d?ores et déjà incontournables pour les futurs systèmes énergétiques,
comme les réseaux intelligents, et des paris technologiques plus risqués mais offrant un fort
potentiel si la maturité industrielle peut être atteinte, comme les énergies marines.
Assurer le transfert de technologies innovantes pour favoriser la création de nouvelles
activités économiques est au coeur du programme des investissements d?avenir (PIA). C?est
tout particulièrement le cas des initiatives du type de celles des instituts de la transition
énergétique (ITE) qui visent à constituer des campus d?excellence rassemblant recherche
académiques, grands groupes et tissus de PME sur des thèmes spécifiques de la transition
énergétique et favoriser l?innovation en faisant converger les efforts publics de R&D et les
stratégies industrielles.
Plus en aval dans la chaîne d?innovation, des appels à projet spécifiques (actions du PIA
pour la transition écologique et énergétique ou pour les véhicules et transports du futur)
aident à réaliser les démonstrateurs permettant de tester et mettre au point « en vraie
grandeur » des technologies, des services ou des organisations innovantes, préalablement à
leur possible déploiement.
Zoom sur les énergies renouvelables en mer (EMR)
Les EMR (éolien en mer posé ou flottant, hydrolienne, énergie houlomotrice, énergie
thermique des mers, ?) constituent un atout pour la France du fait de ses nombreuses
façades maritimes qui disposent de gisements potentiels tant en métropole qu?en outremer
et d?un potentiel à l?export notamment pour des zones iliennes.
Les principaux enjeux d?innovation pour ces filières consistent en particulier, outre la
caractérisation des sites (gisement?), en la modélisation et la mesure des impacts,
l?identification et le développement des technologies les plus prometteuses. Des
démonstrateurs et des fermes pilotes visent à confirmer, en conditions réelles, des méthodes
de construction, d?installation, d?exploitation, de raccordement, de maintenance et de
démantèlement des technologies avant d?envisager le développement de filières industrielles
structurées et compétitives et le déploiement de parc commerciaux.
Zoom sur les réseaux intelligents s?insérant dans les « Smart Cities »
Les réseaux intelligents (électricité, gaz, eau) permettent de répondre à quatre défis de la
transition énergétique : l'efficacité énergétique, l'optimisation des investissements dans les
réseaux, l'insertion massive des énergies renouvelables et du véhicule électrique sur les
réseaux électriques. Ces défis mettront les réseaux énergétiques sous contrainte. De
nouvelles « flexibilités » sont appelées à se développer (effacement de consommation ou de
45
production en fonction des besoins, lissage des charges et décharges des appareils
connectés au réseau électrique) tout comme les moyens de stockage d?énergie. Les
technologies numériques devraient également jouer un rôle clé au sein des réseaux
intelligents (design, gestion, contrôle) dans la (re)construction de la ville de demain et
l?orientation des politiques publiques locales.
Zoom sur le Captage et Stockage du CO2
En complémentarité avec la valorisation du CO2, telle qu?évoquée au 1.1, le captage, le
transport et le stockage du CO2 constituent, selon le GIEC et les modélisations de l?AIE, un
levier important d?action au regard des cibles de réduction des gaz à effet de serre de son
scénario 2DS. L?enjeu est de développer des technologies compétitives pour capter et
stocker le CO2 et de lever les freins sociétaux vis-à-vis du stockage et de caractériser au
mieux et à moindre coût les sites de stockage potentiels. Ainsi, les principaux verrous que
représentent la baisse du rendement énergétique liée au processus du captage, la prise en
compte des capacités de stockage en y incluant une dimension locale (proximité des sites
émetteurs) sont à traiter en priorité. Sur tous ces thèmes, des opérations de démonstrations
sont nécessaires pour pouvoir proposer des solutions. Par ailleurs, il faut intégrer le captage
et le stockage du CO2 dans un processus global de contrôle des émissions de CO2.
2.4 Actions structurantes proposées
2.4.1 Amplifier et coordonner les actions de démonstration ancrées dans
les territoires
- Poursuivre et amplifier les actions de soutien à la R&D, à l?innovation collaborative
et territoriale et à la démonstration industrielle, telles que celles mises en place
dans le cadre du programme des investissements d?avenir (PIA) ou des plans de la
Nouvelle France Industrielle, en particulier via des appels à projets « territoriaux »
sur le modèle de celui des territoires « Réseaux électriques intelligents » ou «
Hydrogène » associant entreprises et collectivités.
- Expérimenter de nouveaux modes de production/consommation en lien avec le
régulateur national et les opérateurs locaux afin de tester les nouvelles
technologies « à l?échelle » en complémentarité et en situation réelle (« living
labs »).
- Utiliser la palette des instruments financiers pour accompagner les solutions vers la
maturité industrielle (cf. aides d?Etat pour démonstrateurs mais aussi fonds propres
pour premières à grande échelle, expérimenté dans le PIA2 et renforcé
prochainement via le PIA3).
46
2.4.2 Soutenir le développement des PME/ETI innovantes
Favoriser la création de start-ups en encourageant la prise de risque et en développant les
mesures d?accompagnement financier, scientifique et technique, et institutionnel. S?appuyer
notamment sur le réseau des pôles de compétitivité et sur les organismes de recherche,
pour :
- amplifier les actions de soutien financier du type des appels à projets « Initiatives
PME » de l?Ademe sur des thèmes ciblés concernant l?énergie (stockage, efficacité
énergétique, ENR, réseaux intelligents, ?), en préservant leur simplicité et leur rapidité ;
- développer les mesures d?accompagnement non financières des start-ups leur
permettant notamment de se positionner sur les marchés prometteurs, en prévoyant par
exemple des dispositifs d?incubation, de test, de validation et de démonstration des
innovations des PME/ETI. S?appuyer à cette fin sur les écosystèmes existants, tels que
les instituts Carnot et les instituts de la transition énergétique, et également sur les
grandes entreprises du secteur de l?énergie.
2.4.3 Structurer les filières françaises
La mobilisation des acteurs français doit s?effectuer, tant au niveau national que dans le
cadre des programmes collaboratifs européens (programme Horizon 2020 et son
successeur) ou internationaux :
- En lien avec les acteurs des filières de la Nouvelle France Industrielle et de ses 9
initiatives, particulièrement les suivantes : Nouvelles ressources, Villes durables, Mobilité
écologique et Transports de demain. Dans ce cadre, et/ou dans le cadre de comités
stratégiques de filières, il faudra mener des analyses régulières du positionnement
(atouts et faiblesses, opportunités et menaces) des acteurs français, publics et privés, et
élaborer des feuilles de route partagées entre ces acteurs, permettant de donner une
visibilité sur les programmes de R&D à mener à moyen et long terme et sur
l?accompagnement nécessaire ;
- autour des « groupes miroirs » associés aux structures européennes de la RD&D
(SET plan par exemple) : des groupes de travail structurés autour de la dizaine d?actions
clés du SET plan se prêtent particulièrement au rapprochement avec des acteurs
européens (organisations de recherche ou entreprises) intervenant dans le même
domaine et peuvent faciliter la mise en réseau et l?élaboration de consortiums
susceptibles de répondre aux appels à projets collaboratifs européens ;
- en lien avec les groupes de coopération de l?AIE (« Technology Collaboration
Programmes ») dans lesquels la France est active : de la même manière qu?au plan
communautaire mais avec des perspectives d?ouverture au plan international, cette mise
en réseau permet de mettre en valeur les compétences des acteurs français, de
bénéficier de l?expertise des partenaires internationaux et de préparer des coopérations
futures.
47
Orientation stratégique 3 : Développer les compétences et
connaissances pour et par la R&D&I
Face aux défis de la transition énergétique et à une compétition économique exacerbée,
disposer d?un tissu de recherche, développement et innovation (R&D&I) au meilleur niveau
mondial apparaît comme indispensable. Il s?agit d?un enjeu reconnu comme clé par toutes
les nations. Le lancement de l?initiative internationale « Mission Innovation » à l?occasion de
la COP21 qui prévoit le doublement de l?effort de recherche et développement sur les
énergies décarbonées à l?appui de la transition énergétique souligne l?importance de la
R&D&I dans l?atteinte des objectifs de cette dernière.
Comme l?indique le rapport 2015 de la SNR, la France dispose dans le domaine de l?énergie
d?un tissu académique, d?organismes de recherche et d?innovation et de structures de
formation souvent au meilleur niveau mondial. Par ailleurs, le secteur de la recherche et
développement est bien structuré avec une alliance nationale, Ancre, qui coordonne
spécifiquement les efforts de recherche dans le secteur de l?énergie et au niveau territorial,
cinq pôles de compétitivité et des Instituts Carnot dédiés ainsi que les instituts pour la
transition énergétique (ITE) créés dans le cadre du PIA. Des liens forts ont également été
établis avec les grands acteurs industriels internationaux du secteur de l?énergie mais aussi
avec des PME et ETI par exemple à travers le syndicat des énergies renouvelables (SER),
les comités stratégiques de filières, ou encore l?action démonstrateurs de la transition
énergétique et écologique du PIA. De fait, l?effort de R&D-énergie par unité de PIB est
relativement élevé en France
La SNRE doit renforcer l?excellence de notre recherche en énergie, conforter les atouts du
tissu de R&D&I, augmenter l?intensité des interactions entre recherche publique et
entreprises et favoriser l?interdisciplinarité afin de lever certains verrous identifiés,
notamment grâce aux travaux de l?atelier Energie de la SNR.
3.1 Conforter une communauté nationale de la recherche de très haut niveau
sur l?énergie
3.1.1 En maintenant l?excellence de la recherche na tionale, en identifiant
des disciplines clés pour l?énergie autour de conce pts en rupture
Développer un socle de connaissances fondamentales et génériques au meilleur niveau
mondial constitue un enjeu majeur pour renforcer la capacité française à faire émerger des
concepts en rupture susceptibles d?aboutir à des produits et services innovants. L?approche
disciplinaire qui structure actuellement le monde académique doit nécessairement, pour
aborder un thème comme l?énergie, conduire à des associations, des entités, des projets,
voire des structures pluridisciplinaires. L?énergie solaire par exemple fait appel à la physique
pour la conversion, à la chimie pour les matériaux, aux sciences de la vie pour la
48
photosynthèse, à la thermique et à la mécanique pour la durée de vie des dispositifs, aux
STIC pour l?intégration au réseau, aux SHS pour l?autoconsommation? Cette constitution
d?entités pluridisciplinaires autour de l?énergie peut s?appuyer sur des éléments existants
comme la cellule énergie et les GdR du CNRS, ou bien encore sur les dynamiques initiées
par les sites universitaires (IDEX et Isite) : plusieurs sites ont en effet identifié l?énergie
comme une initiative de recherche transverse. De même plusieurs LABEX couvrent des
domaines ayant trait à l?énergie. Il convient de suivre ces dynamiques avec attention et d?en
favoriser les réussites.
La structuration en défis sociétaux de la programmation annuelle de l?ANR, dans laquelle un
défi est consacré à l?énergie (défi 2 « une énergie propre, sûre et efficace »), est un outil qui
favorise cette pluridisciplinarité tout en s?appuyant sur les orientations stratégiques issues de
la SNR. Toute initiative qui renforce cette pluridisciplinarité, en alliant des sciences de base
pour l?énergie, des sciences sociales, et en constituant dans la durée une véritable
communauté scientifique, doit être encouragée, à l?instar des initiatives similaires mises en
place par le DOE aux Etats Unis et par l?EERA dans le cadre européen et en interaction avec
elles.
S?il apparaît nécessaire d?intégrer plusieurs disciplines pour traiter la thématique énergie, il
est également nécessaire de considérer que l?énergie peut aussi être un élément d?une
approche encore plus large ; ces approches holistiques doivent être encouragées en
permettant que soient traités des enjeux globaux systémiques dans lesquels l'énergie joue
un rôle important, tels que la problématique intégrée "énergie - climat" ou celle "énergie - eau
- alimentation".
Pour favoriser cette approche plus systémique, il faut s?appuyer sur les alliances de
recherche qui structurent le paysage français en accentuant les travaux entre l?alliance
dédiée à l?énergie (Ancre) et les autres alliances représentant d?autres composantes telles
que l?environnement ou les sciences humaines. Il convient de soutenir la communauté de la
recherche en sciences sociales dans sa volonté de structuration autour des enjeux d?énergie
initiée en 2012.
De même, au-delà du paysage français, il existe sur le plan international plus d?une
quarantaine de campus universitaires qui ont structuré des initiatives pluridisciplinaires sur
l?énergie ayant un impact significatif sur les relations avec l?industrie, l?émergence de
thématiques originales, transverses et porteuses de ruptures et le rayonnement international
de ces sites14 Ces exemples de démarches pluridisciplinaires doivent inspirer des mises en
oeuvre analogues sur notre territoire.
3.1.2 En veillant à la coordination nationale des acteurs publics
Les opérateurs publics de recherche ayant une mission principale dans le domaine de
l?énergie sont le CEA et l?IFPEN. Le CNRS et les universités mobilisent également des
moyens importants sur le domaine de l?énergie. La complémentarité des actions de ces
acteurs entre eux d?une part et avec les acteurs spécialisés d?autre part (Inra, Inria, Ifsttar,
14
Cf. MIT Energy Initiative, USA ; BEARS et BECI - Berkeley, USA ; le Centre de l'Energie ? Lausanne, CH ;
DEMAND, UK ; Global Climate and Energy Project & Precourt Institute ? Stanford, USA.
49
CSTB, Ineris, Ifremer, IRSN, BRGM, etc.) est indispensable. Cette complémentarité de
l?action des opérateurs de recherche publics s?opère grâce à l?existence d?une stratégie de
recherche pour chacun d?eux, déclinée au travers des démarches de contractualisation avec
l?Etat. Des groupes programmatiques par filière et par usage des énergies existent déjà au
sein de l?alliance Ancre : la complémentarité des acteurs doit permettre de coordonner les
efforts mis en oeuvre pour lever les verrous technologiques et économiques sur la base de
feuilles de route technologiques. Il est souhaitable de viser une structuration systématique
des filières en intégrant un groupe de travail recherche à côté des comités de filières déjà en
place sur l?aspect industriel et de s'organiser systématiquement au plan national en miroir de
la structuration européenne lorsque celle?ci existe.
3.1.3 En favorisant la mise en réseaux des acteurs de la recherche
La mobilisation des masses critiques et coordonnées de chercheurs sur chaque thématique
prioritaire est indispensable. Dans cette optique, la mise en oeuvre opérationnelle de réseaux
sera renforcée, en s'inspirant à la fois de l'expérience du Réseau sur le stockage
électrochimique de l?énergie (RS2E), des Réseaux de recherche et d?innovation
Technologiques (R2IT) et des expériences des réseaux d'excellence européens. Ces
réseaux positionnés sur des TRL 1-4 doivent être thématiques, multidisciplinaires et avoir
une vision pré-programmatique, en mobilisant tout le spectre de la recherche, de sorte
qu?une osmose entre recherche fondamentale et finalisée se réalise. Ils peuvent faire
émerger des projets exploratoires allant jusqu?à une preuve de concept (approche bottom-
up), voire la création de start-ups, ou répondre à des commandes de recherche s?intégrant
dans les objectifs finalisés, destinés notamment à accompagner les révolutions
technologiques (approche top-down). Il est donc nécessaire de favoriser les collaborations
étroites entre EPIC, recherche académique et R&D des entreprises.
3.1.4 En inscrivant la démarche nationale dans un c adre cohérent avec les
actions de structuration locale et avec les program mes européens
Les régions sont désormais dans une phase de finalisation voire de mise en oeuvre des
schémas régionaux de développement économique, d'innovation et d'internationalisation
(SRDEII), prévus par la loi NOTRe du 7 août 2015. Les processus de travail menés en
parallèle aux niveaux local et national doivent être coordonnés.
De même, dans le cadre du programme cadre européen H2020, et de l?outil de R&D dédié à
l?énergie qu?est le SET-plan, 10 actions-clés ont été identifiées : les efforts de la France et de
ses acteurs de recherche doivent être considérés également selon cette cartographie afin de
les optimiser. L?organisation nationale doit tenir compte de la structuration européenne
lorsque celle-ci existe (alliance européenne EERA, Eranet-co-funds, JPI, JTI, association sur
le stockage de l?énergie, etc.). Le bénéfice d'une organisation miroir - alignée au plan
national - est d'une part de faciliter les interactions public-privé et d'autre part d'améliorer les
résultats au plan européen. L'exemple de la JTI « Hydrogen and Fuel Cells » appuyée sur le
research grouping N-Hergy et au plan national sur l'AFHYPAC illustre très clairement le gain
qui peut être attendu d'un tel montage.
S?agissant des sciences sociales, l?initiative européenne de constitution d?une plateforme
européenne SHS sur les enjeux d?énergie (« Energy-related Social Sciences and Humanities
50
platform » - LCE-32-2016) milite pour un soutien à la structuration dans ce sens au niveau
national.
3.1.5 En développant la prospective énergétique et la connaissance des
marchés et en anticipant le positionnement des usag ers et acteurs au
coeur des questions énergétiques
Il faut maintenir, développer et utiliser les compétences de recherche en matière de
modélisation et réalisation de scénarios prospectifs de déploiement de la maîtrise de la
demande d'énergie et d?évolution du mix énergétique. Ces compétences pourront être
utilisées tant pour aider le déploiement que pour quantifier les impacts et pour éclairer la
décision publique au plan national et européen. Par ailleurs, un effort systématique de
structuration des SHS et de collaborations avec le domaine des SHS sur les projets de
recherche amont doit être engagé. Ceci permettra de suivre les processus de recherche en
rupture et de mieux comprendre les délimitations et l?hybridation des enjeux politiques,
économiques et techniques au fil de ces processus, et de gagner en connaissance, en
réflexivité et en pratique sur la manière d?accompagner les technologies de leur émergence
à leur mise en projet.
3.1.6 En s?appuyant sur la stratégie nationale des infrastructures de
recherche
Les grands enjeux scientifiques, et notamment pour le milieu de l?énergie posent le défi de
disposer des moyens expérimentaux et des outils de recherche à la pointe des
connaissances scientifiques et technologiques. L?observation, la mesure, le stockage et le
partage de données supposent de grands instruments portant les capacités techniques au-
delà de l?existant et intégrant la porosité interdisciplinaire source d?innovation. Ces outils sont
les conditions des futures découvertes tout autant que le produit des dernières avancées
scientifiques et technologiques.
Des grands équipements ont ainsi été créés, pilotés par des organisations nationales
nécessitant une instrumentation de premier plan. Parallèlement à ces grands programmes,
se sont développés ces dernières années des instruments partagés entre de nombreux
acteurs sur des sites divers pour répondre aux grands enjeux et défis technologiques à venir
et notamment pour le domaine de l?énergie.
La stratégie nationale des infrastructures de recherche parue en 2016 a retenu des grands
équipements et infrastructures de recherche pour permettre à ces nouvelles filières de
disposer de moyens expérimentaux dédiés. Le domaine de l?énergie a ciblé d?une part
l?énergie solaire photovoltaïque et thermodynamique, les énergies marines, la fission et la
fusion nucléaire et d?autre part le stockage du CO2. De plus, ces nouvelles technologies de
l?énergie conduiront à développer de nouveaux matériaux qu?il faudra être en mesure de
caractériser et cette stratégie nationale des infrastructures de recherche a inscrit plusieurs
équipements adaptés à ces caractérisations. De même les infrastructures associées au
calcul numérique seront particulièrement utiles pour la validation des modèles de plus en
plus complexes et pour le traitement de volume de données en forte croissance.
51
3.1.7 En renforçant les interactions entre recherch e publique et recherche
privée
La France dispose d?atouts qui résultent de l?organisation des filières énergétiques, décrite
dans les fiches de la SNRE. Les actions menées au sein des filières ont permis l?émergence
d?un tissu de recherche national performant.
Les actions de coordination, menées par l?Ancre sur le plan académique (en lien avec
l?alliance européenne EERA dans le cadre européen), par le réseau des Instituts Carnot pour
ce qui concerne la recherche technologique et par les pôles de compétitivité (Capenergies,
Tennerdis, Derbi, S2E2, Mer, Energivie, PNB, Trimatec) pour le développement avec les
entreprises, doivent être poursuivies. L?articulation de ces pôles avec les neuf solutions
économiques de la Nouvelle France Industrielle doit être renforcée.
Dans le domaine de l?énergie, avec le développement des sources de production locales, il
est important de pouvoir amplifier et coordonner les actions territoriales sur les
démonstrateurs. Ces démonstrateurs pré-industriels jouent un rôle clé pour valider les
options technologiques retenues et évaluer le coût associé. A cet égard, les initiatives des
campus mondiaux leaders pourraient utilement servir d?inspiration à quelques initiatives
poussées par ces réseaux et déployées au sein des sites universitaires ayant fait de
l?énergie un thème fort. La promotion active des démonstrateurs est également confiée au
Commissariat général à l?investissement qui s?appuie sur l'Ademe dans le cadre du PIA.
Dans le PIA3, ces actions ont vocation à être amplifiées en intégrant la dimension
« territoires de démonstration ». Un effort particulier doit être fait pour consolider le retour
d?expérience pour permettre la comparabilité des résultats obtenus dans les différentes
expériences.
De même, le recours accru à des vecteurs de collaboration européens - comme les Eranet
Cofund ? qui permettent des collaborations public-privé, ou le déploiement de lignes pilotes
pour la production de composants du système énergétique permettent de favoriser ces
interactions entre recherche académique et recherche appliquée et pré-industrielle.
La création d?entreprises par les jeunes diplômés et les chercheurs, est également un outil
qui permet ce rapprochement. Cette démarche est un facteur d?attractivité et contribue au
développement de l?activité économique. Pour promouvoir ces initiatives, il s?agit, d?une part
de disposer d?une enveloppe suffisante pour des interventions en fonds propres dans le
domaine de l?énergie (ce qui est prévu dans le cadre du PIA3, avec l?action consacrée aux
démonstrateurs et territoires d?innovation), et d?autre part de spécialiser des équipes de
business développeurs conseils sur les sites universitaires pour lesquels l?énergie est un
thématique phare.
Enfin, une sensibilisation, voire une formation des chercheurs à l'entreprenariat et au monde
de l'entreprise permettrait de faciliter le rapprochement des cultures académiques et
entrepreneuriales.
52
3.2 Contribuer, à partir des compétences et connais sances développées par
les activités de recherche et d'innovation, à l?inf ormation et la formation
L?un des objectifs de la SNRE est de permettre à l?économie française de tirer le meilleur
parti de la transition énergétique, grâce aux efforts de R&D&I, à travers la création et le
renforcement de filières nationales visant les marchés mondiaux. Certains secteurs doivent
faire face à un renouvellement de leurs effectifs, de leurs métiers et des compétences
requises. On estime à plusieurs centaines de milliers d?emplois les gisements correspondant
à des niveaux de compétence variés, qu?il s?agisse du maintien et du renforcement des
filières industrielles ou des activités liées au déploiement de nouveaux produits et services
sur le territoire national. L?enjeu pour la France est de veiller à la cohérence entre les
objectifs de politique énergétique, le rythme de maturation des technologies et le maintien et
le déploiement de filières industrielles. Il s?agit, à travers les savoirs, savoir-faire et
compétences acquis par le public formé, de développer leur employabilité en leur permettant
d?être bien sûr opérationnels pour les postes et activités actuels des industries concernées
mais également d?être préparés aux évolutions de ces industries et donc formés aux métiers
associés à la transition énergétique.
3.2.1 À l?attention des professionnels
Les préconisations de la SNRE en matière de R&D invitent à une réflexion sur les
compétences requises et à un renforcement du développement de certaines aptitudes. Pour
ce faire il est judicieux, tant pour les cursus dédiés à l?énergie que pour les cursus en
connexion avec le monde de l?énergie (urbanismes, transports, industrie, etc.) :
- d?accroître l?interdisciplinarité des programmes (en particulier dans les formations de
niveau Master dans le domaine de l?énergie) afin de permettre une compréhension
profonde des transformations induites par la transition énergétique, en y incluant une
formation en sciences humaines et sociales ; et être ainsi en mesure de conférer une
vision systémique permettant une intégration optimale des technologies et intégrant
l?humain et l?environnement dans le système ;
- d?adapter les programmes de formation à des champs disciplinaires spécifiques
(électronique de puissance, matériaux en conditions extrêmes, réseaux de
télécommunications, ingénierie système, etc.) et de créer de nouvelles formations
(e.g. adaptation aux nouveaux types de marchés induits par la pénétration accrue
des énergies renouvelables, normalisation, sensibilisation à la propriété
intellectuelle) ;
- d?inscrire les programmes de formation dans une vision dynamique avec une aptitude
à s?adapter aux nouveaux besoins en compétences ; ainsi, au regard des délais
requis en matière de formation, l?évaluation des besoins devrait être conduite dès
maintenant, notamment en s?appuyant sur les initiatives européennes en la matière
(ex. : programme UNI-SET coordonné par l?European University Association ? EUA -
en association avec la KIC Inno-énergie). Ce travail doit associer les entreprises qui
seront in fine amenées à intégrer les implications en termes de formation
professionnelle, d?apprentissage et de stages (ouvriers, techniciens, ingénieurs).
Dans le même esprit, les formes d?apprentissage devront être développées ;
53
- de mettre en place (ou développer) les outils et structures de formation diplômante et
continue en favorisant le développement de la formation par la recherche, notamment
le doctorat (tout en poursuivant l?effort de reconnaissance de ce diplôme) et en
favorisant la création de chaires d?enseignement et de recherche ;
- d?accroître l?interaction entre les étudiants et la société (rôle de diffusion de
l?information scientifique et technique (cf. Infra), participation à des formations dans
des expériences de démonstration territoriale) ;
- d?accroître l?esprit entrepreneurial des étudiants et d?une manière générale,
développer les relations entre formations académiques et secteur concurrentiel ;
- de promouvoir des démarches d?innovation pédagogiques ambitieuses, en renforçant
le recours aux technologies numériques et en rendant davantage l?élève acteur de sa
formation.
Sur le plan international, l'existence de formations d'enseignement supérieur préparant à des
métiers de haut niveau en capacité de s?adapter aux transformations du secteur de l?énergie,
constitue un vecteur de compétitivité indéniable pour la France, mais aussi un facteur
d'attractivité pour les entreprises étrangères innovantes concernées. C?est également un
vecteur de diffusion de l?ingénierie. Un système de formation dans le domaine de l?énergie,
fort, ambitieux, intégratif et ouvert à l?international devra rendre disponibles les compétences
à destination des entreprises et ainsi adapter les cursus de formation aux nouveaux
paradigmes de la transition énergétique, que ce soit en formation initiale (techniciens,
ingénieurs ou chercheurs) ou en formation professionnelle.
3.2.2 À l?attention de la société civile
L?apparition de consommateurs-producteurs d?énergies (énergies renouvelables, cogéné-
ration, etc.), le développement des réseaux énergétiques intelligents, la nécessité de
modérer la demande, d?une part en adaptant les comportements vis-à-vis de l?énergie et
d?autre part, en adoptant des technologies ayant une meilleure efficacité énergétique,
placent de plus en plus le citoyen, consommateur (ou producteur d?énergie) en situation de
responsabilité et de choix (consom?acteur). Sur le plan européen, l?une des 10 actions clef du
SET-plan concerne le « consommateur au centre du système ».
Les transformations induites par la transition énergétique nécessitent plus largement des
grands choix politiques et de société, qui impliquent et mobilisent les citoyens, dans le cadre
d?un débat démocratique tel que le débat national sur la transition énergétique mené en 2012
en amont de la LTECV. Un tel débat peut être facilité par des éclairages scientifiques.
Plusieurs objectifs doivent donc être poursuivis pour favoriser la structuration d?expertises
multiples, scientifiques et citoyennes, sur les options et processus de transition :
- Développer de nouvelles technologies ou services liés à l?énergie, en prenant en
compte, via les disciplines des SHS, le client final, citoyen et consom?acteur ;
- Favoriser la diffusion de l?information scientifique et technique en direction de la
société civile (médias et grand public), par l?organisation de manifestations
scientifiques destinées à un public large permettant une sensibilisation accrue du
grand public, en s?appuyant notamment sur les universités et les écoles d?ingénieurs.
54
L?utilisation des réseaux sociaux aujourd?hui devenue incontournable doit aussi être
développée ;
- Bénéficier des expériences de démonstration dans les territoires en impliquant autant
que possible le citoyen et les associations aux côtés des entreprises, des acteurs de
la R&D et des pouvoirs publics, dont les collectivités locales, dans les retours
d?expérience.
3.2.3 À l?attention des décideurs publics et privés
Appuyer la décision publique sur des bases scientifiques, que ce soit au niveau international,
européen, national ou régional est une nécessité. Le développement rapide des nouvelles
technologies de l?énergie contribue en effet à une complexité croissante des systèmes
énergétiques et met en jeu un nombre important d?acteurs, de l?échelle territoriale à l?échelle
nationale, voire européenne. Cette multiplicité des décideurs fait aussi écho aux sources
potentielles de financement des investissements (programmes régionaux, nationaux ou
européens). Cette nécessité apparaît de manière particulièrement marquée au niveau des
nouvelles régions aux compétences économiques accrues, qui aspirent à transformer la
transition énergétique en opportunité économique favorisant la création d?emplois (l?un des
objectifs de la LTECV).
Dans ce contexte les acteurs de la R&D&I, présents régionalement au sein des universités
(COMUE, IDEX, ISITE), d?établissements nationaux structurant les activités de R&D&I d?une
ou plusieurs filières (EPST, EPIC), disposent de l?expertise nécessaire pour appuyer les
décideurs publics à plusieurs échelles. A l?échelle territoriale, il faut par exemple poursuivre
les initiatives développées sur des campus universitaires, qui associent l?ensemble des
acteurs pertinents de l?écosystème, et tirent le meilleur parti de ces démonstrations en vraie
grandeur de la transition énergétique et écologique.
Il faudra également que les acteurs de la R&D&I soient impliqués autant que faire se peut
dans les travaux de réflexion de prospective énergétique et technologique, dont les
conclusions participent activement à structurer la politique énergétique nationale, ou dans les
groupes de travail mis en place pour les grands projets nationaux. Ils pourront aussi être
consultés sur les projets de démonstration, permettant ainsi un retour d?expérience précieux
vers la R&D, ainsi que sur les projets de développement de nouvelles filières ou
investissements interrogeant le domaine de l?énergie.
3.3 Actions structurantes proposées
3.3.1 Renforcer les collaborations internationales, la visibilité mondiale des
acteurs de la R&D française dans le domaine de l?énergie
? Etablir un état des lieux des accords internationaux de collaboration avec les
opérateurs de recherche publics et avec les agences ou instances de
55
programmation étrangères15, afin de rechercher une cohérence et de dynamiser
ces accords ;
? Promouvoir, dans le cadre de l?initiative internationale Mission innovation les
priorités françaises de R&D sur les énergies décarbonées et rechercher des
coopérations en ce sens avec les pays membres ;
? Renforcer la participation et le leadership de la communauté française de R&D
dans la construction de l?espace européen de la recherche, avec notamment une
meilleure participation au dispositif européen ERA-NET cofund, permettant la
mise en synergie des moyens de la R&D des états participants et l?alignement
des politiques de R&D ;
? Développer des initiatives pluridisciplinaires autour de l?énergie sur des campus
universitaires à l?échelle française, à l?instar de certains campus ayant amorcé
une structuration dans ce sens, pour permettre une mobilisation forte, structurée
autour de la communauté académique de la problématique énergie et une mise
en réseau avec leurs homologues étrangers.
3.3.2 Favoriser une approche systémique
S?agissant de communautés de recherche couvrant des champs variés, l?ensemble des
Alliances de recherche doit être sollicité. On précise ci-dessous quelques initiatives
conjointes envisageables :
? L?action de rapprochement entre les communautés des sciences dites dures et
des SHS sera poursuivie grâce à une animation scientifique au travers de
programmes interdisciplinaires incitatifs que les alliances Ancre et Athena
mettront en oeuvre. L?alliance Athena a déjà transmis des éléments de position
des sciences humaines et sociales ainsi que des thèmes à potentiel structurant à
court terme sur lesquels cette communauté émergente peut se mobiliser16.
? Il existe des actions convergentes entre les transitions numérique et énergétique :
il est nécessaire de poursuivre l?action de rapprochement entre les alliances
Ancre et Allistene avec pour objectif l?élaboration d?une feuille de route commune
sur ces actions, en associant les entreprises du secteur.
? Les alliances Ancre et Allenvi collaborent déjà sur la thématique de la
bioéconomie : il convient de développer un nouveau thème de collaboration avec
pour objectif la quantification des impacts environnementaux de la transition
énergétique.
15 telles que DFG, BMBF, EPSRC, DOE, NSF, NEDO, ?
16 Cf. Le GPRO énergie-sciences sociales de l?alliance Athéna a publié en 2015 un agenda
scientifique L?énergie des sciences sociales afin de partager avec les autres communautés
scientifiques leurs fronts de recherche
56
3.3.3 Poursuivre la mise en réseau de l?ensemble des acteurs
A l?instar du Réseau sur le stockage électrochimique de l?énergie (RS2E), qui s?appuie sur le
labex Store-Ex, d?autres réseaux pourront être développés en conduisant des réflexions par
exemple dans un premier temps à partir des labex existants dans le domaine de l?énergie et
des matériaux : l?idée est d?élargir ces réseaux qui relient déjà les acteurs académiques
majeurs en y associant EPIC et entreprises.
3.3.4 Développer la capacité de modélisation et de prospective
Du fait de la complexité croissante du système énergétique (nombre grandissant d?acteurs,
décentralisation, incertitudes multiples et variées?), disposer d?outils adaptés et de
compétences de recherche dans le domaine de la modélisation des systèmes complexes
permet d?aider à la décision notamment pour caractériser et orienter les choix du bouquet
énergétique. Pour obtenir in fine un modèle intégré, il sera nécessaire de traiter tout d?abord
toutes les briques technologiques constituant le système énergétique (et ses impacts) puis
de réaliser leur intégration progressive, dans un modèle prédictif robuste adapté à
l?élaboration de scénarios. Ce constat s?applique à la fois au plan national ainsi que dans un
cadre européen ou international où il est opportun de disposer de données et de capacités
de modélisation en propre pour espérer jouer un rôle de premier plan dans les décisions
d?ampleur.
3.3.5 S?appuyer sur les infrastructures de recherche
? Les TGIR existantes dans le domaine de l?énergie sont au nombre de cinq (ECCSEL,
FR Solaris, Sophira, Theorem et West), couvrant des thématiques distinctes et toutes
sont les « noeuds français » d?infrastructures européennes futures ou existantes. Il
est primordial pour les équipes françaises de conforter la présence française au sein
de réseaux d?excellence européens : concernant l?énergie de fission, le réacteur de
recherche Jules Horowitz (RJH) constitue une infrastructure de recherche primordiale
à l?échelle nationale comme à l?échelle européenne. Ces actions autour de ces
infrastructures doivent être une priorité des organismes qui les conduisent (BRGM,
CNRS, CEA?)
? Le PIA3 et notamment l?action « équipements structurants pour la recherche » pourra
également être l?occasion de soutenir le renforcement du maillage des grandes
infrastructures de recherche associées au domaine de l?énergie.
3.3.6 Développer la formation et l?information
? La dynamique de la transition énergétique doit conduire à la création de nouvelles
formations, en tenant compte des besoins associés aux nouveaux types de marchés
(expertise technique, normalisation, propriété intellectuelle, ?). L?appui peut se faire
à partir des établissements d?enseignement supérieur notamment ceux spécialisés
dans l?énergie (comme IFP School ou INSTN) ou ceux qui appartiennent à un site
ayant privilégié la thématique de la transition énergétique (Paris-Saclay, Grenoble,
Lyon-Saint Etienne, Lorraine, Nancy, Aix-Marseille?), ou encore au travers des
57
actions de formation que les Instituts pour la Transition Energétique mènent,
conformément à leurs missions initialement définies par le PIA.
? Les instances en charge du retour d?expérience des démonstrateurs territoriaux,
mises en place par les collectivités locales ou avec leur appui, pourront faire
dialoguer le citoyen avec les acteurs technico-économiques, et ainsi participer à
l?association de la société civile.
58
Orientation stratégique 4 : Créer une gouvernance légère et
performante permettant d?assurer le pilotage opérationnel
dynamique de la SNRE
4.1 Mise en place d?une gouvernance dédiée pour assurer le déploiement et
l?évaluation périodique de la SNRE dans une démarche prospective.
4.1.1 Appui sur une structure dédiée de gouvernance
Comme l?a souligné l?OPECST en 2009 dans son rapport d?évaluation de la SNRE
précédente, une gouvernance adaptée doit être mise en place, tant pour la définition de la
stratégie que pour sa mise en oeuvre.
En conséquence, il est proposé de continuer à réunir de manière régulière, et dans le même
format que lors de la phase d?élaboration de la stratégie menée en 2016, le comité de suivi
regroupant l?ensemble des parties prenantes (cf. partie 2 ? processus d?élaboration) de la
R&D dans le domaine de l?énergie. Ce comité, coprésidé par le Directeur général de
l?énergie et du climat et le Directeur général de la recherche et de l?innovation, regroupera
des représentants des administrations concernées, des organismes publics de R&D dans le
domaine de l?énergie, des alliances, et plus généralement du monde scientifique, des
représentants des entreprises actives dans la R&D et l?innovation dans l?énergie, et des
représentants des organisations membres du CNTE (fédérations professionnelles,
organisations syndicales, ONG et associations de protection de l?environnement, collectivités
territoriales, élus). En particulier, les régions, qui tiennent une place prépondérante (voir
section 4.2.1 Infra), seront ainsi représentées à ce comité, a minima par l?association
Régions de France. Il conviendra de conserver le caractère informel et ouvert du comité,
notamment afin de permettre une bonne association des entreprises de toutes les tailles, de
manière régulière ou plus ponctuelle.
Ce comité aura pour objet de suivre, sur un rythme annuel ou bisannuel, l?état de mise en
oeuvre des orientations de la présente SNRE et de préparer progressivement sa future
révision, voire anticiper des réorientations éventuellement devenues nécessaires par des
ruptures du contexte énergétique, politiques, économiques ou technologiques.
Sans être un comité de programmation financière, le comité pourra permettre des échanges
sur la manière de prendre en compte concrètement les orientations de la SNRE dans les
dispositifs de soutien à la R&D&I (par exemple, appels à projets, portage de sujets au niveau
européen, etc.)
4.1.2 Evaluation et suivi des actions engagées
Un certain nombre d?indicateurs pourront être suivis par le comité, en cohérence avec les
indicateurs liés à la SNBC, la PPE et la SNR, relatifs à la R&D et l?innovation dans le
domaine de l?énergie. Des indicateurs détaillés correspondant aux actions structurantes
59
définies dans la présente stratégie pourront compléter cette première liste. Ils pourront être
proposés par le secrétariat permanent en concertation avec le comité.
Le secrétariat permanent pourra alors présenter au comité sur une base annuelle ou
bisannuelle, un rapport synthétique d?avancement de la mise en oeuvre de la stratégie et
d?état des indicateurs.
Par ailleurs, à l?instar de la SNRE de 2007, la présente SNRE fera l?objet d?une évaluation
externe par l?OPECST, en cours de cycle, afin d?alimenter les réflexions sur le cycle suivant.
4.1.3 Révision de la stratégie
De la même manière que pour la SNBC, la PPE et la SNR, la révision périodique de la
SNRE sera effectuée tous les 5 ans et permettra la prise en compte de l?évolution
progressive des politiques énergétiques et de recherche. Ce rythme de révision est
également en moyenne celui des COP des établissements et organismes de recherche
publique, ce qui facilitera des processus cohérents de mise à jour.
Le travail de révision de la stratégie pourra s?appuyer, comme cela a été le cas en 2016 (cf.
annexe 5), sur une analyse filière par filière, mais également selon les axes transverses et
les dimensions systémiques, de l?impact des actuelles orientations stratégiques et des
forces/faiblesses/opportunités/menaces pour les acteurs de la R&D en France. Ces travaux
pourront être menés par le secrétariat permanent et être alimentés notamment par les
réflexions des alliances.
4.2 Recensement et mise en cohérence des différents outils de financement,
de soutien et de suivi de la R&I
4.2.1 Au niveau local
Les régions ont défini ces dernières années des stratégies de spécialisation intelligentes,
notamment pour l?utilisation des fonds communautaires, qui ont fait apparaître pour la plupart
d?entre elles des priorités thématiques et des axes structurants pour la R&D&I énergétique.
Les nouvelles régions ont mené un processus de révision de ces stratégies et définissent
désormais plus globalement des schémas régionaux de développement économique,
d?innovation et d?internationalisation (SRDEII).
Pour permettre une meilleure visibilité globale sur l?action consolidée des régions et faciliter
la bonne coordination entre les actions régionales et l?action nationale, il est proposé de
mettre en place un échange systématique et régulier d?informations entre l?Etat et les
Conseils régionaux :
- Collecte annuelle de données par les services de l?Etat sur les financements
régionaux par thématiques et inversement diffusion des données consolidées et des
données nationales ;
- Échange sur les priorités et sur les plans d?actions des différents acteurs, par
exemple à l?occasion des réunions du comité de suivi.
60
Cette mise en commun pourrait permettre d?identifier à la fois les éventuelles synergies
possibles, les sujets nécessitant un soutien renforcé, à une échelle adaptée, et les
opportunités de financements complémentaires à rechercher au niveau supranational, en
particulier européen.
Au-delà de la vision consolidée des priorités et des financements respectifs des collectivités
et de l?Etat, un partage peut être envisagé dans ce même cadre, et avec l?ensemble des
acteurs concernés, sur les initiatives émergentes et sur les projets de démonstrations menés
dans les territoires, qu?ils soient de grande envergure (cf. par exemple les territoires pilotes
pour les réseaux électriques intelligents ou les futurs territoires d?expérimentation d?usages
multiples de l?hydrogène) ou plus localisés. Un tel échange permettra ainsi de constituer un
véritable « observatoire national des expérimentations » afin de consolider et d?optimiser les
retours d?expériences.
4.2.2 Au niveau national
Si le PIA a notamment pour objectif de mobiliser le dernier maillon de la chaîne de valeur de
l?expérimentation pré-industrielle, notamment à travers l?action « Démonstrateurs de la
transition écologique et énergétique », en associant entreprises, laboratoires et organismes
publics de recherche, le soutien à recherche est présent en France sur l?ensemble de la
chaîne de valeur de la R&D, à commencer par l?amont.
L?annexe 4 donne un aperçu de la gamme des dispositifs nationaux de soutien et de leurs
caractéristiques en termes de cibles (montants, TRL), qui appellent l?utilisation d?instruments
financiers variés et adaptés. Il est nécessaire pour l?Etat de continuer à veiller à la cohérence
et la complémentarité de ces dispositifs, dans un souci de lisibilité, d?attractivité et de
limitation de la complexité de gestion. L?architecture du PIA3 illustre par exemple la volonté
de rationaliser l?action en limitant le nombre d?opérateurs (ANR, Ademe, CDC, BPI). Il
conviendra de poursuivre le travail conjoint des ministères concernés (en particulier MEEM,
MENESR, ainsi que les ministères en charge de l?économie, de l?industrie et de l?agriculture)
pour assurer durablement cette cohérence. La mise en place d?un groupe de travail
interministériel tel que proposé à l?orientation 1 pourra y contribuer. Ce groupe pourra
associer à ses réflexions, en tant que de besoin, les agences de financement, les alliances,
voire l?ensemble du comité de suivi. Il pourra également contribuer à définir les positions à
porter aux niveaux européen et international pour la bonne articulation des dispositifs de
financement français avec les dispositifs de financements existants à ces échelons (voir
infra).
Le MEEM continuera en outre d?assurer la production annuelle du reporting à l?AIE sur le
financement par l?Etat de la recherche publique nationale sur l?énergie (moyens des agences
de financement + dotations aux établissements) en veillant à son degré de précision. Ces
données pourront être confrontées aux données des collectivités locales, mais également
contribuer à la mesure de l?engagement français dans l?initiative Mission innovation, lancée à
la COP21 fin 2015. Cet engagement de doublement du financement en 5 ans dans les
énergies vertes (ENR, stockage et réseaux intelligents, efficacité énergétique) s?appuie sur la
montée en puissance du PIA (engagement complet du PIA1&2 et lancement du PIA3).
61
Un travail sera par ailleurs mené par les ministères pour obtenir une meilleure vision,
actuellement peu consolidée, sur les financements des entreprises pour la R&D et
l?innovation dans le domaine de l?énergie, en tenant compte notamment de l?apport du crédit
impôt recherche.
4.2.3 Aux niveaux européen et international
L?Union européenne mobilise des moyens importants pour la R&D énergétique, en particulier
à travers le programme Horizon 2020 : un budget de 5 931 millions d?euros à été alloué à la
recherche sur l?énergie (hors nucléaire) pour la période 2014-2020 (dont 200 millions dédiés
aux activités de l?Institut européen de l?innovation et des technologies) et fait l?objet d?une
évaluation à mi-parcours.
La France participe à H2020 à hauteur de sa contribution au budget de l?Union, soit environ
16% en 2014. L?augmentation du taux de retour des crédits vers les projets portés par des
acteurs français (qui se situait aux alentours de 10% en 2014 et 2015) constitue donc un
enjeu important et des actions sont menées pour organiser la communauté de R&D
française dans cette optique, par exemple à travers l?animation des groupes et des points de
contacts nationaux pour influencer la définition des programmations et stimuler la réponse
aux appels à projets. Ces actions devront être poursuivies ou renforcées.
Les autorités françaises devront par ailleurs oeuvrer pour obtenir une bonne complémentarité
entre les outils de financement français et européens et un bon alignement des objectifs, tant
en ce qui concerne les thématiques que les types d?aides (instruments financiers) et les
niveaux de TRL visés. En particulier, la France pourra promouvoir un rééquilibrage du
programme H2020 pour ne pas négliger les TRL bas dans le domaine de l?énergie. Il faudra
également s?assurer que les fonds de soutien à l?innovation financés par les crédits issus des
marchés carbone, tels que le NER300 et les futures actions similaires, pourront permettre
d?apporter un soutien complémentaire au PIA pour les projets de démonstration de grande
envergure de technologies bas carbone.
La définition du plan d?actions détaillé du SET Plan devra autant que possible permettre la
mise en valeur des capacités françaises de R&D et fournir des opportunités de
collaborations avec les autres pays européens sur les priorités nationales notamment au
travers de l?alliance européenne EERA (European Energy Research Alliance) et de sa
quinzaine de programmes conjoints couvrant l?ensemble des thématiques de l?énergie. A cet
égard, il conviendra d?aligner si nécessaire les modalités et calendrier des programmes
nationaux, y compris de financement, avec nos partenaires européens, afin de faciliter le
lancement de nouvelles initiatives, tels que des ERANET, encore trop peu utilisés par la
France dans l?énergie à ce stade, malgré des opportunités réelles et une participation dans
les réseaux intelligents, la géothermie, le solaire et la biomasse forestière.
Au niveau mondial, la participation des acteurs français au « energy technology network » de
l?AIE ou aux travaux collaboratifs lancés dans le cadre de la Mission Innovation17 devra être
17
Un ensemble de défis (« innovation challenges ») a notamment été lancé dans le cadre de Mission Innovation
en novembre 2016 lors de la COP22 à Marrakech. Voir sur le site http://www.mission-innovation.net/
62
coordonnée pour cibler les thématiques clés, bénéficier des échanges avec les pays les plus
avancés et assurer une bonne diffusion des connaissances.
63
Annexes
Annexe 1 Organismes de recherche
Tableau 1 : Organismes de recherche dans le domaine de l?énergie membres de l?alliance Ancre
ANDRA Agence Nationale pour la gestion des Déchets Radioactifs
BRGM Bureau de Recherches Géologiques et Minières
CDEFI Conférence des Directeurs d'Ecoles Françaises d'Ingénieurs
CEA Commissariat à l'Energie Atomique et aux énergies alternatives
CIRAD Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement
CNRS Centre National de la Recherche Scientifique
CPU Conférence des Présidents d'Université
CSTB Centre Scientifique et Technique du Bâtiment
IFPEN IFP Energies Nouvelles
IFREMER Institut Français de Recherche pour l'Exploitation de la Mer
IFSTTAR Institut Français des Sciences et Technologies des Transports, de l'Aménagement et des
Réseaux
INERIS Institut National de l'Environnement Industriel et des Risques
INRA Institut National de la Recherche Agronomique
INRIA Institut National de Recherche en Informatique et en Automatique
IRD Institut de Recherche pour le Développement
IRSN Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire
IRSTEA Institut national de Recherche en Sciences et Technologies pour l'Environnement et
l'Agriculture (ex CEMAGREF)
LNE Laboratoire National de métrologie et d'Essais
ONERA Office National d'Etudes et de Recherches Aérospatiales
64
Annexe 2 Liste des participants au comité de suivi et d?élaboration de la SNRE
Les organismes suivants ont participé aux réunions du comité de suivi organisées en 2016
et/ou ont fourni des contributions.
Administrations (hors MEEM et MENESR) :
- Ministère de l?économie et des finances (MEF) : Direction générale des entreprises
(DGE)
- Ministère de l'Agriculture, de l'Agroalimentaire et de la Forêt (MAAF) : Direction
générale de la performance économique et environnementale des entreprises (DGPE),
Direction générale de l'enseignement et de la recherche (DGER)
- Commissariat général à l?investissement (CGI)
- Agence de l?environnement et de la maîtrise de l?énergie (ADEME)
- Agence nationale de la recherche (ANR)
- Autorité de sûreté nucléaire (ASN)
- France Stratégie
Organismes membres du CNTE :
- Association Régions de France (ARF)
- Conseil des Entreprises, Employeurs et Groupements de d?Économie Sociale (CEGES)
- Conseil Économique, Sociale et Environnemental (CESE)
- Confédération Française de l?Encadrement-Confédération Générale des Cadres (CFE-
CGC)
- Confédération Française des Travailleurs Chrétiens (CFTC)
- Confédération Générale du Travail (CGT)
- Fédération Nationale des Syndicats d?Exploitants Agricoles (FNSEA)
- Force ouvrière (FO)
- Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO)
- Mouvement des entreprises de France (MEDEF)
- Réseau Action Climat (RAC)
- Union Professionnelle Artisanale (UPA)
Autres participants :
- Académie des technologies
- Alliances Allenvi, Allistene, Ancre, Athena
- Assemblée permanente des chambres de métiers et de l?artisanat (APCMA)
- Association Nationale de la Recherche et de la Technologie (ANRT)
- AREVA
- Commissariat à l'Energie Atomique et aux énergies alternatives (CEA)
- CLER - Réseau pour la transition énergétique
- Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS)
- Conférence des Présidents d'Université (CPU)
- EDF
- General Electric
- GRT gaz
- IFP Energies Nouvelles (IFPEN)
65
- Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN)
- NegaWatt
- Pôles de compétitivité énergie
- Syndicat des énergies renouvelables (SER)
- Total
66
Annexe 3 TRL
Le TRL (ou niveau de maturité) est un système de mesure permettant d'évaluer le niveau de
maturité d'une technologie, avant de l'intégrer dans un système. Le TRL se fait sur une
échelle de 1 à 9.
Source : http://www.horizon2020.gouv.fr/cid72762/les-technologies-cles-generiques-ket-
dans-horizon-2020.html
Figure 7 : Liste des TRL (niveaux de maturité)
67
Annexe 4 Principaux dispositifs nationaux de soutie n à l?innovation
La figure ci-dessous illustre le positionnement des principaux dispositifs nationaux actuels
d?incitation tout au long de la chaîne de l?innovation dans le domaine de l?énergie.
68
Annexe 5 Liste des fiches thématiques utilisées com me documents
préparatoires
Les filières de production d?énergie
? Géothermie
? Energies solaires
? Energies marines
? Energies fossiles
? Eolien
? Captage, stockage, valorisation du CO2
? Hydraulique
? Nucléaire
? Hydrogène et piles à combustible
? Mobilisation et transformation de la biomasse
Les filières de gestion et d?usages de l?énergie
? Réseaux électriques intelligents
? Stockage d?énergie
? Energies et sociétés
? Efficacité énergétique des procédés industriels
? Efficacité énergétique des transports terrestres
? Efficacité énergétique des bâtiments
INVALIDE)