Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Auteur moral
France. Ministère de l'écologie, du développement durable et de l'énergie
Auteur secondaire
Résumé
<p class="MsoNormal"><a href="https://edgeservices.bing.com/edgesvc/chat?udsframed=1&form=SHORUN&clientscopes=chat,noheader,udsedgeshop,channelstable,ntpquery,devtoolsapi,udsinwin10,udsdlpconsent,udscstart,cspgrd,&shellsig=74ea6119709ecfb7ee07d2468f52d92f3727f584&setlang=fr&lightschemeovr=1&udsps=0&udspp=0#sjevt%7CDiscover.Chat.SydneyClickPageCitation%7Cadpclick%7C0%7C6a7576cd-36af-4c09-9587-99ba6f795407"><span style="color:windowtext;text-decoration:none;text-underline:none">La Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020 de la France vise à promouvoir un modèle de société alliant progrès économique, écologique et humain</span></a>. Elle se concentre sur l'économie circulaire, la réduction des inégalités et la mobilisation nationale pour une croissance verte, en préparation de la Conférence Paris Climat en décembre 2015.<o:p></o:p></p>
Descripteur Urbamet
développement durable
;ECONOMIE CIRCULAIRE
;croissance verte
;transition écologique
Descripteur écoplanete
Thème
Environnement - Paysage
Texte intégral
La stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015- 2020
a été adoptée en Conseil des ministres le 4 février 2015
AVANT-PROPOS
Faire émerger un nouveau modèle de société qui
allie progrès économique, écologique et humain
est à notre portée.
Durant ces quarante dernières années, depuis le
sommet de Stockholm, des appels ont été lancés,
des initiatives ont été prises, des progrès ont été
réalisés, mais toujours en deçà de l?action
nécessaire. La route est longue pour passer de la
clairvoyance de quelques-uns au passage à l?acte
décisif où les forces se joignent pour relever les
défis écologiques. Ces défis ne sont pas une contrainte à subir mais une chance à saisir pour
qu?une nouvelle approche l?emporte sur le vieux modèle à bout de souffle et permette des
résultats concrets maintenant qui s?inscriront durablement dans l?avenir de notre planète.
Aujourd?hui, les conditions sont réunies comme jamais pour un changement d?échelle et une
mobilisation nationale, européenne, mondiale de tous les acteurs de la transition écologique et
énergétique vers un développement durable. La France en a à la fois la légitimité, par son
engagement international continu dans le développement durable, et le devoir dans la
perspective de l?accueil de la Conférence Paris Climat en décembre 2015. Et surtout la France
en a les ressources, les compétences et les talents.
La loi relative à la transition énergétique pour une croissance verte crée un formidable élan
d?écologie positive qui lève les freins, libère les initiatives et apporte dès aujourd?hui des
bénéfices tangibles à chacun. Cet élan sera poursuivi, alimenté et amplifié pour nous
engager ensemble sur le chemin d?une croissance verte, porteuse d?innovation et créatrice
d?activité, bonne pour le climat, l?emploi et la santé. Economiser l?énergie, lutter contre le
gaspillage, faire monter en puissance les énergies renouvelables, réduire les inégalités
environnementales et territoriales, développer les transports propres, rendre nos villes
désirables et nos territoires attractifs, promouvoir l?économie circulaire, partager nos
connaissances, faciliter l?innovation, simplifier les procédures sans reculer sur les exigences
environnementales et donner à chacun le pouvoir d?agir pour créer des emplois dans le domaine
de la croissance verte en luttant plus efficacement contre le dérèglement climatique, telles sont
les priorités qui doivent nous rassembler.
La bonne nouvelle, c?est que les citoyens sont prêts à se mobiliser, si les informations sont
accessibles et s?ils disposent d?outils adaptés. Des pans entiers du monde économique et de
nouvelles filières industrielles d?avenir font le choix de la croissance verte, car il en va de leur
compétitivité. Les territoires font souvent la démonstration probante du possible. L?Etat se met
également en mouvement pour ouvrir la voie de l?exemplarité.
Pour que nous réussissions à engager pleinement cette transition par une politique de la preuve,
la mobilisation des forces vives du pays doit être le maître mot et elle est en marche. Il nous
appartient à tous de l?accélérer et c?est ce que je souhaite avec cette stratégie, qu?elle nous
mette tous en capacité pour faire de ce moment historique celui d?une révolution écologique,
pacifique et bénéfique à notre peuple et à notre planète.
SEGOLENE ROYAL
4
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Introduction 6
Modalités de suivi et de mise en oeuvre
de la SNTEDD 2015-2020 14
Les 9 axes transversaux de la SNTEDD 2015-
2020 20
Développer des territoires durables et
résilients 23
Préserver et renforcer la capacité des
territoires à fournir et à bénéficier des services
écosystémiques........................................... 25
Assurer la résilience des territoires............... 28
Développer des modèles urbains durables... 29
Co-construire des projets territoriaux de
développement durable................................ 31
S?engager dans l?économie circulaire et
sobre en carbone 35
Réorienter les modèles de production,
d?échange et de consommation.................... 37
Rendre notre économie moins dépendante des
ressources non renouvelables ..................... 39
Mettre en place une nouvelle politique
industrielle et agricole plus économe en
ressources et s'appuyant sur l'innovation ..... 41
Mobiliser les territoires et favoriser les
initiatives locales.......................................... 44
Prévenir et réduire les inégalités
environnementales, sociales et territoriales
47
Réduire et prévenir la vulnérabilité énergétique
dans l?habitat et les transports...................... 48
Prévenir et s'adapter aux impacts du
changement climatique ................................ 50
Prévenir et lutter contre les inégalités en santé
environnement............................................. 53
Inventer de nouveaux modèles
économiques et financiers 59
Élaborer un nouveau cadre des pratiques
d?investissement pour attirer les financements
vers des projets liés à la transition écologique
.................................................................... 62
Modifier les comportements des acteurs
individuels en changeant les modèles
d?incitation et de rémunération de leur
performance économique.............................64
Associer les acteurs à l?adaptation des
modèles économiques..................................66
Accompagner la mutation écologique des
activités économiques 69
Anticiper les mutations économiques liées à la
transition écologique et leurs effets sociaux..72
Accompagner les transitions
professionnelles????????????..73
Informer, inciter et conseiller tous les acteurs
économiques, notamment les PME et TPE...75
Faire de la responsabilité sociétale des
entreprises un levier pour accompagner les
mutations sociales et professionnelles..........76
Orienter la production de connaissances, la
recherche et l?innovation vers la transition
écologique 79
Impliquer les parties prenantes dans
l'orientation de la recherche..........................81
Faciliter les démarches d?innovation avec tous
les acteurs....................................................83
Associer les parties prenantes à une
production efficace de données et de
connaissances .............................................85
Faciliter et favoriser l?accès aux données et
aux résultats scientifiques.............................86
Éduquer, former et sensibiliser pour la
transition écologique et le développement
durable 89
Généraliser l?éducation à l?environnement et au
développement durable de la maternelle à
l?enseignement supérieur..............................91
Promouvoir le développement d?initiatives,
expérimentations et innovations citoyennes..92
Favoriser la diffusion et le partage de
l?information sur notre environnement...........94
Aider à la modification des choix et
comportements de la société........................95
SOMMAIRE
5
Mobiliser les acteurs à toutes les échelles
99
Encourager l'exercice de sa responsabilité par
chaque acteur............................................ 101
Développer les alliances, les synergies et les
stratégies « gagnant gagnant », notamment
par le renforcement de la participation publique
.................................................................. 104
Promouvoir le développement durable aux
niveaux européen et international 109
Renforcer la gouvernance internationale de
l'environnement et du développement durable
.................................................................. 110
Mener à bien les négociations sur le climat 112
Renforcer la protection et la valorisation des
écosystèmes et milieux naturels................. 113
Promouvoir la transition écologique de
l?économie..................................................114
Intégrer le développement durable dans les
politiques thématiques de l?Union européenne
..................................................................115
Adapter la politique d?aide au développement
..................................................................116
Liste des abréviations et des sigles????...118
Glossaire???????????????....121
Index???????????????? ?..128
6
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
7
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
La transition écologique vers un développement dura ble,
une opportunité pour l?économie et la société
Du Sommet de Rio en 1992 à celui de Rio+20
en 2012, la communauté internationale a pris
conscience de la nécessité d?un
développement durable et de l?urgence à
répondre aux grands enjeux écologiques du
XXIe siècle.
Dans ce contexte, les moyens mis en oeuvre
pour initier, à qualité de vie égale ou
supérieure, de nouveaux modes de vie plus
respectueux des écosystèmes, des ressources
naturelles et des citoyens constituent des
leviers vers un développement durable. De
nombreuses actions et politiques ont ainsi été
lancées depuis le Sommet de Rio, permettant
des premières inflexions tant au niveau
multilatéral et européen que national et
territorial.
Sous l'impulsion de ces politiques, ces
dernières années ont vu l'émergence de
nouvelles pratiques, la structuration de
nouvelles filières économiques et industrielles
et le développement de nouveaux marchés, en
France comme ailleurs dans le monde. La
multiplication des écoquartiers s?inscrit par
exemple dans une dynamique de mutations
urbaines à l?oeuvre en France, qui se
positionne également comme un pays en
pointe sur le marché de la ville durable à
l?export. Entre 2004 et 2012, le nombre
d?emplois dans les éco-activités a quant à lui
augmenté dans notre pays de près de 36 %,
soit à un rythme annuel moyen de 3,9 % très
supérieur à celui de l?ensemble de l?économie
(0,3 %). Ces emplois représentent aujourd?hui
1,8% de l?emploi intérieur total1. Ces exemples
montrent qu'une dynamique vertueuse a été
enclenchée, mais qu'elle doit être amplifiée et
accélérée.
1 Les éco-activités et l'emploi environnemental en 2012 : premiers résultats,
Commissariat général au développement durable, Chiffres et statistiques n°523,
mai 2014
Les enjeux écologiques restent toutefois plus
que jamais d'actualité et leurs conséquences
même s'amplifient, comme le soulignent
régulièrement les rapports d?organismes tels
que le Groupe d'experts intergouvernemental
sur l'évolution du climat (GIEC) ou
l?Organisation mondiale de la santé (OMS). La
lutte contre le changement climatique, la
reconquête de la biodiversité, la sobriété dans
l?utilisation des ressources, la réduction des
risques sanitaires environnementaux
demeurent des défis à relever qui conditionnent
notre cohésion sociale et la vitalité de nos
économies (voir encadré ci-après). Le rapport
sur l'état de l'environnement que la France a
publié en décembre 2014 étaye ce constat par
un panorama détaillé de la situation et des
pressions qui s'exercent sur l'environnement et
notre territoire. La France est ainsi directement
concernée par ces enjeux, son poids
diplomatique lui conférant également une
responsabilité particulière pour inciter tous les
pays à agir de concert.
La crise écologique se mêle et se conjugue à la
crise économique et sociale touchant la France
comme les autres pays depuis plusieurs
années. Elle vient nous rappeler non
seulement que notre mode de consommation
et de développement n?est pas durable pour les
générations futures, mais qu'il est également
de plus en plus inéquitable pour les
générations actuelles.
Face à ce constat, il est à présent nécessaire
de franchir un nouveau cap en opérant
progressivement une « transition écologique »
de la France, permettant de changer d?échelle
en dépassant le stade de la prise de
conscience, des initiatives pionnières et des
premières mesures sectorielles, pour aller vers
une mise en mouvement coordonnée de
l?ensemble des acteurs de la société et
secteurs de l?économie.
INTRODUCTION
8
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Mener à bien cette transformation d'ampleur de
l'économie et de la société suppose à la fois de
conforter et renforcer les dynamiques
vertueuses déjà à l?oeuvre, et de corriger
certaines trajectoires. Ces évolutions
apporteront une réponse aux défis écologiques
que nous devons relever et constituent
également des opportunités pour l'emploi, la
compétitivité et la cohésion sociale.
Quatre enjeux écologiques majeurs
Le changement climatique
Les émissions anthropiques de gaz à effet de serre (GES) connaissent une croissance quasiment
ininterrompue depuis le début de l?ère industrielle, ce rythme s?étant fortement accéléré depuis la
deuxième moitié du XXe siècle avec le recours massif aux énergies fossiles. Les multiples impacts du
changement climatique sont d?ores et déjà visibles et devraient s?accentuer au fil du temps, comme en
attestent les conclusions du 5ème rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du
climat (GIEC) 2013-2014 : multiplication des événements extrêmes, élévation du niveau des mers,
extinction d?espèces, pénuries d?eau? Les territoires devront s?adapter face aux conséquences socio-
économiques de ces dérèglements sur les populations et les activités économiques, comme des
déplacements des populations installées en zone littorale, une extension des risques sanitaires ou
encore des impacts sur la productivité des activités agricoles et forestières.
Or les engagements pris par de nombreux pays restent encore largement insuffisants pour espérer
limiter le réchauffement en dessous de 2°C, objectif que s?est fixé la communauté internationale. Pour
y parvenir, il faudrait une réduction des émissions mondiales de GES de 50% en 2050 par rapport à
1990. La Conférence des Nations Unies sur le climat que la France accueillera en 2015 (COP21) sera
à cet égard cruciale pour aboutir à un accord universel à la hauteur des enjeux.
En France comme dans l?Union européenne, la tendance est à la baisse des émissions (-12% entre
1990 et 2012 pour la France), mais l?atteinte des objectifs fixés à moyen et long terme (comme le
facteur 4 en France qui consiste à diviser par quatre les émissions entre 1990 et 2050) nécessitera
une profonde et rapide évolution de l?ensemble des secteurs de l?économie.
La perte accélérée de biodiversité
Sur la période 2000-2050, la valeur annuelle des pertes de biodiversité à l'échelle mondiale est
estimée à environ 2 000 à 4 500 milliards de dollars soit environ 3,3 % à 7,5 % du PIB mondial, selon
l'étude « The Economics of Ecosystems and Biodiversity » de 2010. La France, pays doté d?une
biodiversité très riche, notamment en outre-mer, est concernée au premier plan par ces enjeux.
Malgré une prise de conscience croissante et la mise en oeuvre de multiples actions (diffusion de
pratiques favorables à la biodiversité, délimitation d?aires protégées terrestres et marines, plans
d?action pour les espèces menacées, stratégies de lutte contre les espèces envahissantes,
sensibilisation, politique en faveur de la trame verte et bleue, etc.), les menaces et pressions
anthropiques sur la biodiversité, notamment sur les espaces marins et côtiers et les zones humides,
particulièrement fragiles, sont pour la plupart en augmentation.
La fragmentation des espaces et l?artificialisation des milieux naturels se poursuivent à un rythme
important en France (près de 80 000 hectares artificialisés chaque année, soit l?équivalent d?un
département tous les 7 ans), menaçant les habitats comme les espèces. Les pollutions d?origine
anthropique restent également une préoccupation majeure, en particulier les nitrates et les pesticides.
La surexploitation des ressources halieutiques et la dégradation des écosystèmes marins par diverses
activités maritimes entraînent quant à elles non seulement une diminution et un déséquilibre de la
diversité de la faune et de la flore marines mais également à terme, si elles ne sont pas maîtrisées, le
déclin économique des pêcheries concernées. Les politiques menées ces dernières années, et en
particulier la politique commune des pêches, ont toutefois permis une certaine amélioration de l?état
des stocks européens.
9
La raréfaction des ressources
La croissance économique et l'évolution démographique mondiale se sont accompagnées d'une forte
augmentation de la demande de ressources naturelles. Leur exploitation mal maîtrisée et leur
utilisation accrue génèrent des émissions de substances polluantes, de déchets et d'effets collatéraux
(changement climatique, pollution des nappes d'eau, des sols, perte de biodiversité...), au risque de
compromettre les grands équilibres écosystémiques et d?augmenter la vulnérabilité du système
d'approvisionnement en certaines ressources.
Malgré cette forte consommation de ressources, une part importante de la population mondiale reste
actuellement privée de services de base comme l'accès à une nourriture suffisante, à l'eau et à
l?énergie. Dans les vingt prochaines années, l?accroissement de près de trois milliards du nombre de «
consommateurs de classe moyenne » va se traduire par une pression accrue sur la demande en
énergie, en nourriture, en eau et en minéraux. Les ressources naturelles sont donc susceptibles de
faire l'objet d'une forte compétition sur les marchés, se caractérisant non seulement par une
augmentation importante des prix mais aussi par une plus grande volatilité. Les économies fortement
dépendantes de leurs importations de ressources naturelles risquent d'être particulièrement
vulnérables. A ces tensions économiques pourraient s'ajouter des tensions politiques et sociales liées
aux inégalités de répartition des ressources. La France, qui importe la totalité des métaux qu'elle
utilise pour les besoins de son économie, et la quasi-totalité de ses combustibles fossiles, avec un fort
impact sur sa balance commerciale, est directement concernée par cet enjeu. Ainsi, la facture
énergétique de la France a établi en 2012 un nouveau record historique, à près de 69 milliards
d'euros, en raison notamment de la hausse quasi générale du prix des énergies importées, avant de
légèrement baisser en 2013 (66 milliards).
La multiplication des risques sanitaires en
La qualité de l'environnement est un déterminant majeur de l'état de santé des populations.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) estime ainsi que 19% des cas de cancers seraient dus
aux dégradations de l'environnement. La prise en compte de la problématique santé-environnement
est d'ailleurs reconnue comme une priorité par l'OMS depuis plusieurs années. L'OCDE estime par
exemple que la pollution atmosphérique causée par le trafic routier en France serait à l'origine chaque
année d'environ 18 500 décès prématurés, pour un coût de 40 milliards d'euros.
Malgré des actions importantes menées par la France ces dix dernières années, l'augmentation de
certaines pathologies (asthme, cancers, diabète, etc.) se poursuit, en France comme dans l'ensemble
des pays développés. Chaque individu réagit différemment en fonction de son âge, de son état de
santé ou de son patrimoine génétique et de son environnement. L?exposition varie également en
fonction du lieu et du mode de vie. Les populations urbaines à bas revenus sont ainsi davantage
exposées car elles vivent dans des territoires cumulant les risques et nuisances, qualifiés de « points
noirs environnementaux ». Ces inégalités environnementales sont encore insuffisamment prises en
compte aujourd?hui.
De nouveaux risques apparaissent également en lien avec des changements profonds en matière
d'innovation technique et de modes de vie. Ces risques dits « émergents » (radiations non ionisantes,
nanomatériaux, perturbateurs endocriniens, agents biologiques...) sont sources d'incertitudes, voire de
controverses, devant les difficultés objectives à repérer et mesurer leurs effets, notamment les effets
combinés entre substances (« effet cocktail ») sur la santé. Limiter l'exposition de la population, et en
particulier celle des populations sensibles, à ces risques constitue un enjeu important de santé
publique.
10
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Engager la transition écologique, c?est évoluer
vers un nouveau modèle économique et social,
un modèle qui renouvelle nos façons de
consommer, de produire, de travailler, de vivre
ensemble. La transition écologique va au-delà
d'un simple verdissement de notre modèle de
société actuel. Elle repose sur deux volets
essentiels et indissociables :
- L'innovation sociale et sociétale , avec
une rénovation de nos modes de pensée et
de notre socle culturel : la transition
écologique suppose de faire émerger de
nouvelles gouvernances, de nouvelles
manières d?agir, de produire, de nouvelles
pratiques de consommation plus sobres et
qui soient construites et partagées par
l'ensemble des acteurs pour constituer
progressivement de nouvelles références
collectives.
- L?innovation technologique et la
recherche et développement en matière
d'organisation et de procédés industriels : il
est nécessaire de travailler sur toutes les
modalités permettant d?économiser les
ressources naturelles et de réduire les
impacts environnementaux. C'est en
particulier le cas pour des secteurs
caractérisés par un faible rythme de
renouvellement des infrastructures et des
équipements (production d'énergies,
bâtiment, transports, etc.), pour lesquels les
choix des prochaines années seront
déterminants pour infléchir la trajectoire de
long terme.
C'est en conjuguant cette innovation sociale et
sociétale avec l'innovation technologique qu'il
sera possible de mettre le progrès au service
d'une prospérité renouvelée et d?un nouveau
modèle de société reposant sur le « mieux
consommer » et le « mieux vivre ensemble » et
permettant de sortir d'un choix binaire entre
modèle de croissance et modèle de
décroissance pour s'intéresser plutôt au
contenu qualitatif du développement.
L?orientation des financements publics et privés
sera décisive pour mener à bien une telle
transformation, car la transition écologique
nécessitera d'importants investissements dans
les années à venir. L'enjeu ne sera pas tant de
dégager des financements supplémentaires
pour couvrir à court ou moyen terme le surcoût
lié à la transition écologique, que d'envoyer les
bons signaux pour une réorientation de
l?épargne existante.
La résistance face au changement reste un
frein à l'adhésion collective à la transition
écologique et à la mise en place de ces
orientations. Ces réticences à l'évolution des
comportements et des pratiques s'expriment
d'autant plus dans le contexte de crise
économique que nous connaissons depuis
plusieurs années, faisant courir le risque de
retarder de manière conséquente la nécessaire
transformation de notre économie et de notre
société. Le coût social, économique et
environnemental de l?inaction serait alors
particulièrement élevé pour nos enfants et les
générations futures.
La transition écologique, au contraire, constitue
l?un des éléments de solution face à la crise, en
étant un levier pour une croissance
économique respectueuse de l?environnement,
porteuse d?emplois, d?une amélioration du
pouvoir d?achat des ménages et d?un avantage
compétitif pour les entreprises. La transition
écologique peut et doit être également un
vecteur de progrès social en contribuant à
réduire les inégalités, par la mise en place des
politiques d'accompagnement adéquates pour
lever les obstacles, susciter l?adhésion
collective et être source d'opportunités pour
tous avec des bénéfices à court comme à
moyen ou long terme.
Dépasser les politiques sectorielles, les actions
isolées et de court terme est tout l?objectif de la
stratégie nationale de la transition écologique
vers un développement durable en proposant
une vision intégrée (écologique, économique et
sociale) et commune à horizon 2020. Elle trace
ainsi le chemin vers une société plus sobre et
vertueuse.
11
La SNTEDD 2015-2020, neuf axes pour faire de la tra nsition écologique
une réalité
S'inscrivant dans la dynamique de mobilisation
des acteurs amorcée avec la stratégie
nationale de développement durable 2010-
2013, à laquelle elle succède, la SNTEDD
2015-2020 fixe un nouveau cap pour la France
en matière de développement durable en
insufflant une vision transversale et de long
terme pour répondre aux enjeux
interdépendants de la transition écologique et à
leurs implications économiques et sociales.
La SNTEDD, en portant sur la période 2015-
2020, a vocation à réconcilier temps long et
temps court et à favoriser l?appropriation
progressive et dans la durée de la transition
écologique par les acteurs. Il s'agit de
déterminer aujourd'hui des orientations
prioritaires permettant d'enclencher une
dynamique dont les résultats ne seront parfois
pleinement visibles que dans plusieurs
décennies, du fait du temps nécessaire à
l'évolution des modes de vie et au
renouvellement des infrastructures. La
transition écologique ne saurait toutefois être
vue comme un sacrifice du présent pour
assurer un futur meilleur. Par exemple, 75%
des logements qui seront habités en 2050 sont
déjà construits. Ce sont ainsi 25 millions de
résidences principales sur lesquelles il est
possible d'agir dès à présent et de récolter les
fruits des réhabilitations engagées. De
nombreuses solutions doivent ainsi être mises
en oeuvre dès maintenant pour avoir un impact
bénéfique dans les prochaines années.
L?horizon temporel de 2020 coïncide en outre
avec de nombreux objectifs et échéances fixés
aux niveaux aussi bien national, européen
qu?international.
De multiples stratégies thématiques ou
sectorielles existent déjà (stratégie nationale
pour la biodiversité 2011-2020, plan national
d'adaptation au changement climatique 2011-
2015, stratégie nationale de gestion du risque
inondation, troisième plan national santé-
environnement, projet agro-écologique, etc.) ou
sont en cours d'élaboration (stratégie bas
carbone, stratégie nationale pour la mer et les
littoraux, etc.) dans les domaines de la
transition écologique. La SNTEDD vient
compléter ces stratégies en leur apportant une
cohérence d'ensemble. Elle s'appuie ainsi sur
les stratégies préexistantes, dont elle fait
ressortir les facteurs clés permettant de
répondre aux enjeux et besoins spécifiques de
la transition écologique, et fournit un cadre
dans lequel les stratégies futures s'inscriront.
Plus globalement, la transition écologique
concernant l'ensemble des politiques
publiques, la SNTEDD doit également irriguer
les différentes stratégies en matière
industrielle, de recherche, d'éducation, de
santé, etc.
Les 9 axes de la SNTEDD 2015-2020
une société plus sobre à
horizon 2020
des leviers pour accélérer et
accompagner la mutation de la
société
une pédagogie et une
gouvernance pour favoriser
l'appropriation et l'action de
tous
Axe 1 : développer des
territoires durables et résilients
Axe 4 : inventer de nouveaux
modèles économiques et
financiers
Axe 7 : éduquer, former et
sensibiliser pour la transition
écologique et le
développement durable
Axe 2 : s?engager dans
l?économie circulaire et sobre
en carbone
Axe 5 : accompagner la
mutation écologique des
activités économiques
Axe 8 : mobiliser les acteurs à
toutes les échelles
Axe 3 : prévenir et réduire les
inégalités environnementales,
sociales et territoriales
Axe 6 : orienter la production
de connaissances, la
recherche et l'innovation vers
la transition écologique
Axe 9 : promouvoir le
développement durable aux
niveaux européen et
international
12
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
C'est à travers 9 axes transversaux, eux-
mêmes déclinés en priorités, que la SNTEDD
2015-2020 identifie les voies qu?il est proposé à
l'ensemble des acteurs privés et publics de
construire et d?emprunter afin de concrétiser
cette ambition. La SNTEDD présente une
vision commune pour tendre vers une société
plus sobre à horizon 2020 (axes 1 à 3), en
proposant les leviers adéquats pour accélérer
et accompagner la transformation du modèle
économique et social (axes 4 à 6) et en
renforçant la pédagogie et la gouvernance pour
favoriser l'appropriation et l'action de tous (axes
7 à 9).
Ces 9 axes constituent autant de facettes
indissociables de la mutation à engager, et qui
se renforcent mutuellement. La transition
écologique ne peut se résumer à un outil
miracle ou à une technologie de rupture. C'est
en agissant de concert sur l'ensemble des
leviers à disposition qu'il sera possible de faire
de la transition écologique une réalité, en
s?appuyant aussi bien sur des outils
règlementaires qu?incitatifs et des démarches
volontaires, et sur des politiques de court,
moyen ou long terme.
Une stratégie au service d'une transition écologiqu e qui doit être l'affaire
de tous
S?inscrivant dans les principes de la
« Déclaration de Rio» de 1992, dans le cadre
de la stratégie européenne de développement
durable (2006-2011) et dans la dynamique de
la précédente stratégie nationale de
développement durable (2010-2013), la
SNTEDD 2015-2020 doit faire de la transition
écologique l'objectif partagé et structurant des
stratégies et actions des acteurs publics et
privés, en proposant un cadre fédérateur. Elle
constitue un repère collectif dans la contribution
de tous à la réponse aux enjeux nationaux et
planétaires.
La SNTEDD assure la cohérence de l?action
publique en faveur d?une transition écologique.
Elle fournit des objectifs qui se traduisent et se
déclinent dans les orientations inscrites dans
les documents structurant l?action publique
dans les territoires (Contrats de plan État
régions?).
L?État infléchit ses politiques publiques en
mobilisant le gouvernement dans son
ensemble. Dès 2012, le Président de la
République a ainsi décidé de l'organisation
d'une conférence environnementale annuelle,
réunissant les acteurs de la société et se
traduisant par l'adoption d'une feuille de route
gouvernementale fixant des engagements
concrets en faveur de la transition écologique
sur plusieurs grands thèmes. Ces
engagements sont ensuite déclinés dans des
lettres de cadrage que le Premier ministre
adresse à chacun des ministres.
Ce cycle annuel de la transition écologique, qui
traduit une mobilisation continue du
gouvernement reposant sur une gouvernance
environnementale rénovée, est aujourd'hui
complété par la SNTEDD 2015-2020 à travers
les orientations structurantes qu?elle propose.
Année après année, les conférences
environnementales et leurs déclinaisons, en
permettant de faire le point sur l'avancement
des chantiers engagés, d'ajuster les moyens
aux objectifs et de définir un nouveau
programme de travail pour l'année suivante,
contribuent à la mise en oeuvre effective de la
transition écologique dans la durée.
La SNTEDD souligne le besoin de synergie
entre les acteurs publics et privés. Ce sont tous
les acteurs de la société, collectivités
territoriales, associations, entreprises ou
citoyens, qui par leurs initiatives dessineront
progressivement un autre modèle de
développement. La SNTEDD facilitera
l'appropriation par le plus grand nombre des
enjeux de la transition écologique et des
solutions à apporter, autour d'axes et de
priorités partagés.
13
Le Conseil national de la transition écologique
(CNTE) est l?instance de dialogue avec la
société civile présidée par le ministre chargé de
l?écologie. Instauré par la loi du 27 décembre
2012 relative à la mise en oeuvre du principe de
participation du public défini à l'article 7 de la
Charte de l'environnement, le CNTE est
associé aux projets de lois et aux chantiers
concourant à la transition écologique, au
premier rang desquels la SNTEDD. Il a
également vocation à en suivre sa mise en
oeuvre.
Conformément à l?article 1er de la loi n° 2009-
967 du 3 août 2009, la SNTEDD a été élaborée
en concertation avec l?ensemble des acteurs de
la société, les représentants des collectivités,
des employeurs, des organisations syndicales,
des citoyens, des parlementaires. Elle a été
ainsi concertée au sein du CNTE, qui a rendu
un avis le 26 janvier 2015, et soumise à
consultation du public via Internet. L?éclairage
de philosophes, sociologues, économistes et
autres acteurs académiques a également
enrichi le contenu de la SNTEDD et ses
modalités de mise en oeuvre pour
accompagner les changements de culture et de
comportements qu?induisent les orientations de
cette stratégie. La SNTEDD a été adoptée en
Conseil des ministres le 4 février 2015.
Pour soutenir l?ambition de la SNTEDD dans la
durée, ce document pourra être adapté et
précisé en cours de période 2015-2020, en
fonction des évolutions majeures nationales,
européennes ou internationales, notamment au
regard de la future stratégie européenne de
développement durable et des objectifs de
développement durable en cours d?élaboration
au niveau international. Cette adaptation de la
SNTEDD pourra par ailleurs s?inspirer des
meilleures pratiques internationales,
notamment des États membres de l'Union
européenne, en matière de politiques
publiques.
La SNTEDD 2015-2020 fera l?objet d?un rapport
annuel au Parlement, faisant état de sa mise
en oeuvre et soumis à l?avis du CNTE.
L?élaboration de ce rapport est coordonnée par
le Délégué interministériel au développement
durable. Ce rapport s?appuiera notamment sur
les indicateurs de suivi de la stratégie.
14
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Une mise en oeuvre au sein des pouvoirs publics
Au niveau national :
Chaque ministère, notamment via la
contribution du comité des hauts fonctionnaires
au développement durable, participe à
l?élaboration, à la mise en oeuvre et au suivi de
la SNTEDD 2015-2020. L?animation de ce
réseau est assurée par le Délégué
interministériel au développement durable, qui
préside les réunions du Comité (art D134-11 du
code de l?environnement).
- Les ministères sont invités à croiser les
politiques publiques dont ils sont porteurs
avec les axes et les priorités de la SNTEDD
afin d?identifier les inflexions à apporter.
- Les hauts fonctionnaires au développement
durable sont chargés au sein de chaque
ministère d?organiser la mise en place
d?une large gouvernance interne permettant
de préparer une contribution partagée de
leur administration à la SNTEDD, de
coordonner l?élaboration des stratégies et
plans d?action correspondants et d?en
suivre l?application. Ils peuvent à cet effet
s?appuyer sur les services du Commissariat
général au développement durable ainsi
que sur des organismes de formation (aide
à la structuration interne de réseaux,
formation des « ambassadeurs de la
SNTEDD », méthodologie, etc.).
- Les ministères, via leur haut fonctionnaire
au développement durable et sur la base
de dispositifs d?animation interne, rendront
compte chaque année de la mise en oeuvre
de la SNTEDD au Délégué interministériel
au développement durable chargé de
l?élaboration du rapport annuel au
Parlement et du suivi des lettres de
cadrages ministérielles. A cette fin, le haut
fonctionnaire au développement durable
réalisera pour la fin du mois de mai de
chaque année un rapport valorisant les
actions et les politiques contribuant à la
transition écologique vers un
développement durable pour son périmètre
ministériel, en veillant à associer les
services déconcentrés. Les modalités de
mise en place de ce suivi sont précisées
dans le cadre du comité des hauts
fonctionnaires au développement durable.
Les ministères veilleront en outre à la prise en
compte, par leurs opérateurs et par les
organismes publics dont ils assurent la tutelle,
des objectifs identifiés par la SNTEDD,
notamment à l?occasion du renouvellement des
conventions d?objectifs ou de performance. En
tant qu?organisations, les services centraux et
déconcentrés de l?État, ainsi que ses
établissements publics, sont concernés par les
principes de la responsabilité sociétale. La
circulaire relative au plan d?action
« Administration exemplaire » précise à cet
égard que d?ici le 31 décembre 2016, tous les
établissements publics de l?Etat et opérateurs
de plus de 250 agents intégreront des critères
environnementaux dans leur fonctionnement
interne. Les ministères pourront encourager
cette même démarche pour les établissements
de taille inférieure sous leurs tutelles. D?autres
entités publiques nationales pourront
volontairement suivre le dispositif en
s?adressant au délégué interministériel au
développement durable.
Au niveau territorial :
Echelon de mise en oeuvre des politiques
publiques, l?échelle locale permet une meilleure
appropriation des enjeux de transition
écologique et de développement durable par
tous ceux qui partagent un même territoire. Par
son périmètre et les enjeux auxquels elle
répond, la SNTEDD appelle une inflexion de
l?ensemble des politiques publiques pour une
transition écologique vers un développement
durable et concerne tous les services de l?État.
Elle constitue un outil essentiel au service de la
cohérence transversale de l?action de l?État sur
le territoire, favorisant ainsi une évolution des
Modalités de suivi et de mise en
oeuvre de la SNTEDD 2015-2020
15
comportements des acteurs publics et privés,
contribuant à l?émergence de nouvelles
pratiques professionnelles et citoyennes. Les
Préfets de région, les Chefs de cour du
Ministère de la Justice et les Recteurs
d?académie sont chargés d?assurer la prise en
compte des objectifs de la transition écologique
vers un développement durable dans la mise
en oeuvre des politiques publiques,
programmes et actions dont ils ont la charge.
En particulier, les contrats de plan État région
2015-2020 fixent un cadre favorable pour la
mise en oeuvre de la SNTEDD à l?échelon
régional en prenant en compte dans leurs
objectifs la transition écologique. A cet égard,
les DREAL seront un rouage essentiel sur
lesquels les Préfets pourront s?appuyer pour la
définition et l?animation territoriale de la
SNTEDD.
Pour faciliter l?animation des nombreux acteurs
locaux de la transition écologique, la
constitution de comités régionaux de la
transition écologique (CRTE) réunissant les
parties prenantes sera encouragée, en liaison
avec les Conseils régionaux et les Conseils
économiques, sociaux et environnementaux
régionaux (CESER). Ces lieux d?échanges,
d?analyse, d?évaluation pourraient constituer un
excellent moyen d?ouverture favorisant
l?émergence d?une culture commune de tous
les acteurs et par conséquent les changements
de comportements indispensables à la mise en
oeuvre de la transition écologique vers un
développement durable.
Élaborée en concertation avec les parties
prenantes à travers le CNTE et porteuse
d?enjeux collectivement définis, la SNTEDD
2015-2020 a vocation à être utilisée par les
partenaires locaux et tout particulièrement les
collectivités territoriales, dont les nouvelles
compétences et la nouvelle organisation
renforcent le rôle.
A la croisée des enjeux locaux, des objectifs
nationaux de la SNTEDD et des cinq finalités
du développement durable (Art. L.110.1 du
code de l?environnement : la lutte contre le
changement climatique ; la préservation de la
biodiversité, des milieux et des ressources ; la
cohésion sociale et la solidarité entre les
territoires et les générations ; l'épanouissement
de tous les êtres humains ; une dynamique de
développement suivant des modes de
production et de consommation responsables),
les collectivités territoriales, avec l?appui des
services de l?État, poursuivront l?élaboration et
le déploiement de projets territoriaux de
développement durable et d?Agendas 21
locaux. Des conventions territoriales
particulières pourront en outre être conclues
entre l?État et les collectivités territoriales ou
leurs groupements (Art. 254 de la loi du 12
juillet 2010 portant engagement national pour
l?environnement) afin de soutenir les actions
contribuant à la réalisation des objectifs de la
SNTEDD.
Une appropriation par la société civile et une mise en synergie des
actions : les engagements volontaires
La mise en oeuvre de la SNTEDD passe par
la mobilisation de tous les acteurs, afin de
renforcer la capacité individuelle et collective
à agir., Ainsi, les personnes morales
publiques et privées sont invitées à adhérer,
par une démarche d?engagement volontaire,
à la vision, à l?ambition, aux principes de
gouvernance, aux orientions et aux objectifs
de la stratégie. Cette démarche permettra
ainsi de structurer et d?amplifier leurs actions
en faveur de la transition écologique vers un
développement durable.
Un engagement volontaire relève de l?intégralité
ou de plusieurs des neuf axes de la SNTEDD.
Outre la transversalité de l?approche adoptée qui
doit combiner les dimensions environnementale,
économique et sociale, l?engagement volontaire
se traduit par un ensemble d'actions concrètes à
mettre en oeuvre et des objectifs mesurables
(objectifs chiffrés et indicateurs). L?engagement
16
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
volontaire doit s?inscrire dans un système de
gouvernance partagée et/ou d?un système
participatif impliquant les différents
partenaires en externe et contribuant à
l'appropriation des enjeux en interne.
L?ambition de l?engagement est essentielle,
la démarche va en effet au-delà des
obligations légales et réglementaires et la
signature de l?engagement se fait au plus
haut niveau. Enfin, l?engagement volontaire
respecte le principe de l?amélioration
continue, c?est à dire que les objectifs et les
actions du projet évoluent et s'intègrent dans
une ambition progressive, afin de toujours
augmenter le niveau de performance
écologique de l'organisme.
A l?issue de l?appel à engagement annuel,
les acteurs volontaires soumettent un
dossier d?engagement comprenant la
description du projet, de ses partenaires, de son
champ d?intervention et de ses objectifs
accompagnés d?indicateurs de réalisation. Ce
dossier fait l?objet d?un examen par le
Commissariat général au développement durable
(CGDD) puis d?une validation au sein d?une
commission spécialisée du Conseil national de la
transition écologique (CNTE). Une fois validé,
l?engagement volontaire dure trois ans. L?acteur
engagé présente un bilan d?avancement à mi-
parcours, puis, au terme de son engagement, un
bilan final plus approfondi qui fait l?objet d?une
évaluation par le CGDD et la commission
spécialisée du CNTE. A l?issue de cette évaluation,
un renouvellement pour deux années
supplémentaires peut être proposé.
L?engagement est possible tout au long de la
durée de la SNTEDD. Les engagements
volontaires seront notamment valorisés dans le
rapport annuel de mise en oeuvre de la SNTEDD.
Les indicateurs de suivi de la SNTEDD
Des indicateurs de suivi ont été élaborés pour
mesurer l?impact des actions et politiques
publiques dans le cadre de la SNTEDD.
Une commission spécialisée du Conseil
national de la transition écologique (CNTE) a
été créée par décret du 16 août 2013. Cette
commission est chargée de l?élaboration des
indicateurs nationaux de la transition
écologique et de l?économie verte. Présidée
par le chef du service de l?observation et des
statistiques du Ministère de l?écologie, du
développement durable et de l?énergie
(MEDDE), elle est composée de membres du
CNTE, de représentants des services
statistiques de l?État et de personnalités
qualifiées.
Les indicateurs ont été choisis selon les
principaux critères suivants : la pertinence par
rapport au sujet, la lisibilité, l?existence d?une
méthodologie robuste, la cohérence dans le
temps et géographique, la disponibilité de
données pour pouvoir les quantifier.
De nombreux indicateurs retenus permettent
une comparabilité internationale, notamment
européenne, ainsi qu?une déclinaison
territoriale adaptable aux enjeux locaux.
La commission s?est appuyée autant que
possible sur les travaux des observatoires
spécialisés sur certains thèmes comme
l?Observatoire national de la Biodiversité ou le
groupe de travail sur les indicateurs de
l?économie circulaire.
Un tableau de bord de 39 indicateurs
essentiels a ainsi été constitué, composé :
- d?une part de 22 indicateurs de suivi des
quatre enjeux majeurs identifiés dans la
stratégie (changement climatique, perte
accélérée de biodiversité, raréfaction des
ressources, multiplication des risques
sanitaires environnementaux) ;
- d?autre part de 17 indicateurs de 1er niveau
pour le suivi des neuf axes stratégiques.
En complément de ce tableau de bord, des
indicateurs de deuxième niveau ont également
été établis pour le suivi des neuf axes.
17
La commission spécialisée rendra compte
régulièrement devant le CNTE de l?évolution de
ces indicateurs. Une synthèse annuelle,
présentant l?évolution du tableau de bord et
s?appuyant sur le résultat des indicateurs
essentiels, sera présentée notamment dans le
rapport annuel au Parlement de mise en oeuvre
de la SNTEDD, après avis du CNTE. Un
rapport détaillé, retraçant l?évolution de
l?ensemble des indicateurs (y compris ceux de
deuxième niveau), sera examiné au sein de la
commission spécialisée puis mis en ligne.
Les travaux au sein de cette commission ont
également permis de faire émerger des idées
d?indicateurs à explorer pour suivre au plus
près certaines priorités définies dans la
SNTEDD. Quelques nouveaux indicateurs
pourront ainsi venir compléter et affiner le suivi
de la SNTEDD au fur et à mesure de sa mise
en oeuvre.
18
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Tableau de bord des indicateurs essentiels de suivi de la SNTEDD 2015-2020
INDICATEURS DE SUIVI DES ENJEUX ECOLOGIQUES
CHANGEMENT
CLIMATIQUE
PERTE ACCELEREE DE
BIODIVERSITE
RAREFACTION DES
RESSOURCES
RISQUES SANITAIRES
ENVIRONNEMENTAUX
Émissions de gaz à effet de
serre sur le territoire national :
évolution depuis 1990 du total
et par secteur économique
Artificialisation des sols
Consommation intérieure
de matières et intensité
matières
Évolution de l?indice de
pollution de l?air en milieu
urbain
Empreinte carbone de la
demande finale intérieure
Évolution des populations
d'oiseaux communs
spécialistes
Consommation
d?énergies fossiles
Évolution de l?indice de
pollution des cours d?eau
(nitrates, phosphates) et
de l?indice de pollution
des eaux souterraines
(nitrates)
Évolution de la température
en France métropolitaine
depuis 1901
Consommation de
produits phytosanitaires
Prix des matières
premières : pétrole et gaz
Évolution de la concentration
en carbone de l'atmosphère
(niveau mondial)
État de conservation des
habitats naturels
Évolution de la part du
territoire occupée par des
sols artificialisés, des
terres agricoles et par des
espaces naturels ou
forestiers
Déplacement des espèces
avec le changement
climatique
Proportion d'espèces
éteintes ou menacées
dans les listes rouges
Qualité des cours d'eau et
des nappes d'eau
souterraine (directive
cadre sur l?eau)
Évolution du nombre
d?évènements naturels très
graves
État de santé des récifs
coralliens
Population exposée à la
vulnérabilité énergétique
Logements et population en
zone basse littorale, exposés
à des risques de submersion
marine
Montant des indemnisations
versées par les assurances
au titre des catastrophes
naturelles
19
INDICATEURS DE SUIVI DES AXES STRATEGIQUES (1 ER NIVEAU)
AXES INDICATEURS
Niveau de qualification des jeunes par zones
d?emploi
1. Développer des territoires durables et résilient s
Population exposée au risque d?inondation par
cours d?eau
Productivité matières et consommation intérieure de
matières par personne
Évolution de la consommation finale d?énergie, son
intensité, et par secteurs
2. S?engager dans l?économie circulaire et sobre en
carbone
Taux de recyclage des déchets municipaux
3. Prévenir et réduire les inégalités
environnementales, sociales et territoriales
Espérance de vie : disparités par catégories socio-
professionnelles, disparités régionales, F-H
Part des recettes fiscales environnementales dans
les prélèvements obligatoires et dans le PIB
Part des investissements consacrés à l?économie
d?énergie dans l?industrie
Évolution des encours d?investissement socialement
responsables (ISR)
4. Inventer de nouveaux modèles économiques et
financiers
Évolution des encours d?obligations durables
5. Accompagner la mutation écologique des activités
économiques
Valeur ajoutée des éco-activités
6. Orienter la production de connaissances, la
recherche et l?innovation vers la transition écolog ique
Dépenses de R&D publiques et privées dont celles
consacrées à l?environnement
Effectifs en dernière année de formation initiale en
environnement 7. Eduquer, former et sensibiliser pour la transiti on
écologique et le développement durable
Nombre de projets d'éducation au développement
durable dans les écoles, les collèges et les lycées
8. Mobiliser les acteurs à toutes les échelles
Nombre d?agendas 21 locaux et part de la
population concernée
Part de l'aide publique au développement dans le
revenu national brut 9. Promouvoir le développement durable au niveau
européen et international
Montant de l'aide publique au développement pour
la biodiversité et le climat
En italique, les indicateurs encore exploratoires
20
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
21
Une société plus sobre à horizon 2020
Développer des territoires durables et résilients
S?engager dans l?économie circulaire et
sobre en carbone
Prévenir et réduire les inégalités
environnementales, sociales et territoriales
Des leviers pour accélérer et accompagner la mutati on de la société
Inventer de nouveaux modèles
économiques et financiers
Accompagner la mutation écologique
des activités économiques
Orienter la production de connaissances,
la recherche et l?innovation vers
la transition écologique
Une pédagogie et une gouvernance pour favoriser l'a ppropriation et
l'action de tous
Éduquer, former et sensibiliser pour la transition
écologique et le développement durable
Mobiliser les acteurs à toutes les échelles
Promouvoir le développement durable
aux niveaux européen et international
AXE 1
AXE 3
AXE 2
AXE 4
AXE 5
AXE 7
AXE 8
AXE 9
AXE 6
22
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
23
Développer des territoires durables
et résilients
PRIORITÉ 1
Préserver et renforcer la capacité des territoires à fournir et à bénéficier des services
écosystémiques
PRIORITÉ 2
Assurer la résilience des territoires
PRIORITÉ 3
Développer des modèles urbains durables
PRIORITÉ 4
Co-construire des projets territoriaux de développement durable
INDICATEURS DE SUIVI DE L?AXE 1
Niveau de qualification des jeunes par zones d?empl oi
Population exposée au risque d?inondation par cours d?eau
Consommation d?espaces agricoles, naturels ou forestiers par l?artificialisation
Évolution des superficies boisées
Utilisation des transports en commun pour les trajets domicile-travail
Temps d?accès au travail en voiture dans les aires urbaines
Nombre d?agendas 21 locaux et part de la population concernée
Part du territoire national couvert par des Scot incluant les enjeux de préservation de la biodiversité et de
limitation de la consommation d?espace
Indicateurs de 1er niveau en gras (suivis dans le tableau de bord essentiel)
AXE 1
24
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Le territoire, en tant qu?espace physique, est le
lieu où se créent et s?expriment les interactions
entre les activités humaines et les
écosystèmes. Ces interactions entre facteurs
naturels, sociaux et culturels sont multiples,
complexes, imbriquées et parfois
contradictoires. Les leviers d?actions portant
sur les territoires partagent un objectif
commun : conduire à un équilibre dynamique
permettant de maintenir la capacité
d?adaptation et d?anticipation du territoire,
indispensable dans le contexte de changement
global. Au-delà, il s?agit de reconquérir les
territoires, de réhabiliter les paysages, les
espaces de vie, de recréer un sentiment
d?appartenance à un territoire et de maintenir
ou créer une attractivité économique, culturelle
et sociale.
Les activités humaines dépendent de façon
directe ou indirecte des écosystèmes et des
services qu?ils rendent. Les ressources
naturelles renouvelables constituent un capital
écologique que nous devons maintenir :
l?agriculture, la sylviculture et la pêche sont, par
exemple, des activités directement utilisatrices
de la nature. La biodiversité est une source
d?innovation (bio-mimétisme, substances
actives,?) et représente dès lors une valeur
potentielle importante. Mais d?autres activités
dépendent également directement de ce capital
écologique, comme la recherche et l?économie
verte.
Les écosystèmes peuvent aussi servir de
régulateur face à des événements naturels ou
des pollutions : régulation des pluies ou des
inondations, auto-épuration du sol, de l?eau ou
de certains déchets, stockage du carbone? Un
territoire durable et résilient permet de
bénéficier pleinement de ces services de
régulation afin de s?adapter en permanence
aux changements, qu?ils soient globaux ou
locaux. La reconquête de la biodiversité doit
donc s?envisager non seulement pour elle-
même (dimension éthique, liée à une valeur
intrinsèque accordée à la nature) mais aussi
pour les services qu?elle rend.
Inversement, les activités humaines, qui par
nature s?exercent dans les territoires, ont un
impact sur les écosystèmes et leur
fonctionnement. Cet impact est parfois positif :
en France métropolitaine, tous les
écosystèmes ont peu ou prou été façonnés par
l?homme, particulièrement par les agriculteurs.
Les activités agricoles et sylvicoles qui
occupent plus des ? du territoire jouent donc
un rôle essentiel. C?est tout l?enjeu de
l?évolution de notre agriculture vers l?agro-
écologie et du maintien d?une foresterie durable
ainsi que de la bonne association de
l?ensemble des usagers de la nature à une
gestion équilibrée des différents espaces et en
particulier de la « nature ordinaire ».
En raison des transformations des modes de
production survenues au XXème siècle,
accompagnés d?une urbanisation importante,
d?un développement des métropoles au
détriment des zones rurales et de l?évolution
des besoins de déplacements, les activités
humaines exercent globalement une pression
de plus en plus grande sur les ressources et
les milieux : artificialisation des sols,
fragmentation des habitats (mitage), pollutions,
surexploitation des ressources naturelles et
des espèces, changement climatique?. La
dynamique enclenchée par les Conférences
environnementales, qui ont consacré des
tables rondes à la biodiversité et à la politique
de l?eau, doit à cet égard être poursuivie pour
limiter les pressions.
La France accueille une grande diversité de
territoires, urbains, ruraux ou intermédiaires,
avec des spécificités qui leur sont propres. Les
territoires ruraux, dont la surface représente
2/3 du territoire national, disposent d?un capital
écologique important qu?il convient de
préserver tout en veillant au maintien du
développement équilibré du tissu économique
local. Les territoires littoraux sont des zones
particulièrement riches ou remarquables d?un
point de vue écologique. Cet espace limité,
particulièrement attractif, exposé aux risques
naturels, fait l?objet d?une pression foncière
toujours plus grande. La recherche d?un
développement durable de ces territoires y
prend donc tout son sens. Les territoires
urbains, qui accueillent 80 % de la population
française, constituent des écosystèmes à part
entière où les frictions entre les activités
humaines, la préservation des milieux et les
risques naturels s?expriment avec une intensité
accrue. Les territoires ultra-marins sont de
25
PRIORITÉ 1
véritables réservoirs de biodiversité. Leur
insularité, avec ses atouts et ses fragilités, en
fait des territoires d?expérimentation
permanente.
Les interactions entre activités humaines et
écosystèmes sont également dynamiques dans
le temps : le changement climatique et ses
conséquences sur la gestion des risques
naturels modifient la nature ou l?ampleur des
pressions qui s?exercent sur un territoire.
Les étapes successives de la décentralisation
ont donné et donneront une place toujours plus
grande aux territoires et aux collectivités
territoriales. Assurer des interactions positives
entre l?homme et son environnement repose
sur des projets territoriaux de développement
durable fédérant les acteurs, identifiant et
valorisant les atouts du territoire, notamment
toutes ses forces vives dans une dynamique de
progrès et de mise en réseau, tout en
s?intégrant pleinement dans son
environnement.
Préserver et renforcer la capacité des territoires à fournir et à bénéficier des services
écosystémiques
Chaque territoire a ses propres richesses, son
propre potentiel de services rendus par la
nature, qui diffère d?un territoire à l?autre. Il
s?agit donc de l?identifier, de le préserver, et
aussi de le partager avec les autres territoires.
Certains territoires sont davantage
consommateurs de ressources (territoires
urbains), d?autres producteurs de ressources
(territoires ruraux). Certains territoires sont
isolés (territoires ultra-marins, zones de
montagne), d?autres fortement dépendants des
territoires voisins (territoires marins et littoraux).
La relation entre ces territoires doit être
renouvelée au regard des besoins et des
enjeux de la transition écologique, en
renforçant le principe de solidarité écologique :
ce sera l?objet du projet de loi relatif à la
biodiversité que d?ancrer ce principe dans la
réalité des territoires. Il permet de prendre en
compte ces interdépendances en
appréhendant différemment la façon de gérer
l?espace pour lutter contre la fragmentation de
l?espace naturel et des espaces urbanisés. La
Stratégie nationale pour la biodiversité 2011-
26
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
2020 fixe d?ores et déjà un cadre cohérent
mobilisant l?ensemble des acteurs pour
préserver et restaurer, renforcer et valoriser la
biodiversité. Elle sera redynamisée pour
améliorer le lien entre l?engagement volontaire
des acteurs et les logiques de chaque territoire,
en lien avec les stratégies régionales de la
biodiversité que le projet de loi relatif à la
biodiversité va rendre obligatoire.
La mise en place d?un régime de protection
des espaces naturels et paysagers
remarquables ou ordinaires sera désormais
considérée à la fois comme une opportunité
pour éviter la destruction de valeur écologique
et culturelle et une opportunité sociale et
économique. Le parc naturel marin d?Arcachon
et les parcs naturels régionaux du Marais
Poitevin et du golfe du Morbihan, qui viennent
d?être créés ou recréés, s?inscrivent
complètement dans cette logique, de même
que le projet de parc national des forêts de
Champagne et Bourgogne. Par ailleurs, afin de
disposer d?une véritable infrastructure
écologique cohérente et continue pour
permettre aux espèces animales et végétales,
de circuler, de s?alimenter, de se reproduire, de
se reposer..., il s?agira d?accélérer la mise en
place des trames vertes et bleues et de
développer le concept de trame bleue marine,
ainsi que la mise en oeuvre des schémas
régionaux de cohérence écologique, en lien
avec les autres schémas régionaux pour un
impact amplifié. La lutte contre la fragmentation
des espaces naturels implique également de
mettre l?accent sur la préservation des cours
d?eau et milieux humides et le développement
des infrastructures agro-écologiques (haies,
bosquets, pelouses, prairies, mares?), en
amplification du plan pour les milieux humides
lancé en mai 2014.
Une gestion locale rationnelle des ressources
et une préservation des biens rares que
constituent les sols passeront par une
nouvelle réflexion pour limiter
l?artificialisation et la consommation des
terres agricoles . La loi d?avenir pour
l?agriculture, l?alimentation et la forêt du 13
octobre 2014 comme la loi pour l?accès au
logement et un urbanisme rénové du 24 mars
2014 qui définit le cadre juridique d?une ville
plus dense et moins consommatrice d?espace,
en encourageant la densification concourent à
la réduction de l?artificialisation des sols. Cette
évolution permet d?imaginer des territoires de
proximité où l?extension tentaculaire et
anarchique des nouveaux faubourgs de la ville
(zones d?activités, extensions pavillonnaires ?)
ne serait plus la référence.
Maintenir la capacité de résilience des
territoires et des écosystèmes associés doit
s?accompagner de mesures pour limiter les
pressions environnementales sur les territoires
(air, eau, sol) et pour restaurer les
écosystèmes.
L'accent doit être mis en priorité sur les
actions préventives , permettant de limiter et
réduire les pollutions à la source, plutôt que sur
les actions curatives, intervenant une fois les
pollutions constatées, qui sont généralement
coûteuses ou techniquement difficiles à mettre
en oeuvre. Les bonnes pratiques déjà en place
dans les territoires doivent être encouragées et
à ce titre, l?action « terre saine, commune sans
pesticides » doit être généralisée afin d?éliminer
les produits phytosanitaires dans l?entretien des
Le phénomène d?artificialisation des sols
se poursuit : de 1992 à 2003 le rythme
d'artificialisation des sols était d?environ
610 km2 par an. De 2006 à 2012, ce
rythme est passé à 680 km2 environ par
an, avec cependant un ralentissement du
phénomène depuis 2008 (source : Enquête
Teruti-Lucas, 2012). La progression de
l?artificialisation est plus importante dans
les communes littorales que sur le reste du
territoire. 2/3 des espaces littoraux restent
non artificialisés et sans protection élevée
pour limiter l?artificialisation. 1/3 des
communes littorales conjuguent pression
démographique forte, faible artificialisation
et faible niveau de protection : ces
communes sont particulièrement
menacées par l?artificialisation du littoral.
Pour lutter contre ce phénomène, un tiers
du linéaire côtier français sera protégé à
l?horizon 2050. Un effort particulier sera fait
en faveur des écosystèmes littoraux
ultramarins, notamment les mangroves,
compte tenu de leur sensibilité et de leur
intérêt écologique.
27
espaces publics. Au regard des technologies et
connaissances actuelles, l?exploitation des gaz
de schiste restera quant à elle exclue. La
doctrine « éviter, réduire, compenser », qui
s?applique aux projets d?aménagement,
contribue en outre à répondre aux
engagements communautaires et
internationaux de la France en matière de
préservation des milieux naturels.
Au niveau des territoires, la transition
énergétique et le développement de l?écologie
industrielle territoriale doivent être encouragés,
afin de favoriser un processus vertueux
d?optimisation des ressources locales (cf.
axe 2). L?État soutiendra et accompagnera
l?élaboration de projets territoriaux
d?écologie industrielle : réutilisation et
réemploi, retraitement et recyclage (eaux,
effluents d?élevage, substances, déchets...),
mutualisation des ressources, coproduction ou
production jointe sur un même site, production
décentralisée d'énergie, projets de
cogénération capables d'optimiser la ressource
locale, de fournir des énergies renouvelables et
d'assurer une activité industrielle rurale,
développement de circuits courts (alimentaires
et non alimentaires) pour l?organisation de
filières économiques locales lorsque le bilan
environnemental est positif... Ce processus doit
s?appuyer sur le tissu économique local,
notamment les entreprises implantées
localement, et sur les initiatives volontaires des
entreprises. Des partenariats public-privé, à
l?instar des démarches communautaires
« LEADER 2 » visant à soutenir des projets
pilotes de développement rural local, peuvent y
contribuer.
De par ses interactions et interdépendances
avec l?environnement, une attention particulière
sera portée à l?évolution du modèle agricole.
Les pratiques agro-écologiques, la
préservation de la diversité des territoires et
la lutte contre l?artificialisation des sols sont
à développer dans cette perspective. Le plan
Ecophyto sera revu pour atteindre
effectivement son objectif de réduction de 50%
de l?usage des produits phytosanitaires. La loi
d?avenir pour l?agriculture, l?alimentation et la
forêt permet de donner de nouveaux outils pour
2 Liaison entre actions de développement de l?économie rurale
développer des démarches collectives
volontaires émanant des territoires, afin de
modifier les systèmes de productions vers plus
de performance économique et
environnementale. La nouvelle politique
agricole commune (PAC) offre des
opportunités pour accompagner l?évolution de
l?agriculture française vers l?agro-écologie et la
promotion de systèmes agricoles intégrant le
fonctionnement des écosystèmes dans les
systèmes de production. La mise en oeuvre en
France de la PAC devra contribuer au
développement d?une agriculture performante
et respectueuse de l?environnement. Elle
s?articulera avec la politique de l?eau pour
favoriser l?atteinte du bon état des masses
d?eau. En application des principes définis lors
de la communication en conseil des ministres
de juillet 2014, les nouveaux schémas
directeurs d?aménagement et de gestion des
eaux (SDAGE) 2016-2021 qui la déclinent
feront de la lutte contre les pollutions diffuses
agricoles une de leurs priorités, et veilleront à
l?implantation territoriale la plus efficace
possible des actions au niveau des bassins
hydrographiques.
L'agro-écologie est un projet pour
l'agriculture partagé entre tous les
acteurs du secteur : Etat, filières,
agriculteurs... Son ambition est de
conjuguer les dimensions
environnementale et sanitaire,
économique, humaine et sociale, en
traçant des perspectives mobilisatrices et
créatrices de richesses et d?emploi. Ces
dimensions doivent être abordées
globalement et de manière articulée, en
intégrant le caractère systémique de
l'exploitation et ses interactions avec son
environnement. Cela passe en particulier
par la gestion économe des intrants
(engrais, produits phytosanitaires?), de
la ressource en eau et de l'énergie, par la
diversification des successions des
cultures, par le renforcement de
l'autonomie des productions animales ou
encore par le développement de l'action
collective et implique aussi bien la
production que la formation, la
sensibilisation ou l'accompagnement des
acteurs.
28
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
PRIORITÉ 2
Le développement de l?agriculture
biologique , notamment sur les zones les plus
sensibles (captage d?eau potable, zones
naturelles fragiles) sera également encouragé
dans le cadre du programme Ambition bio 2017
qui fixe un objectif de doublement des surfaces
en bio par rapport à 2012. Le moratoire sur la
culture des organismes génétiquement
modifiés (OGM) sera maintenu. Une attention
particulière sera portée au patrimoine forestier
français, afin de mettre en place une gestion
durable de la forêt permettant de concilier
préservation de la biodiversité, capacité
productive de la forêt et attractivité des
espaces forestiers pour l?ensemble des
usages.
Les espaces marins et côtiers concentrent
un grand nombre d'usages et d'activités et
présentent également une grande richesse en
matière de biodiversité et d'écosystèmes. La
grande majorité des pollutions des eaux
marines et côtières trouvent leur origine sur
terre. Ces pollutions, outre leur impact sur les
milieux et sur la biodiversité, peuvent
également compromettre le maintien de
certaines activités (aquaculture, pêche,
baignade...) : la réduction de ces pollutions à la
source est donc une priorité. La mise en
oeuvre de la directive cadre stratégie pour le
milieu marin visera à préserver et à
reconquérir les écosystèmes marins et
littoraux, en conciliant l'ensemble des usages
et en intégrant pleinement le lien terre-mer. Les
activités de pêche devront également recourir à
des techniques respectueuses des
écosystèmes.
Assurer la résilience des territoires
Les territoires sont de plus en plus vulnérables
face à des risques d?ordre naturel,
technologique ou sanitaire, dans un contexte
de très forte mutation économique, sociale et
écologique. La résilience territoriale s?impose
comme le moyen de dépasser les situations de
crise et d?engager les territoires dans une
vision à plus long terme qui intègre le risque et
s?appuie sur les forces et les potentialités
locales, ainsi que sur le développement des
liens et partenariats établis entre territoires
urbains, péri-urbains et ruraux.
Cette résilience combine robustesse
(résistance face aux chocs ou aux mutations)
et adaptation (capacité à accepter le
changement). Elle peut s?initier dans le cadre
d?un choc soudain (risque environnemental ou
naturel) mais également d?une transformation
progressive comme les effets du changement
climatique ou une mutation économique.
Renforcer la résilience est une démarche
dynamique positive, qui doit s?enraciner dans le
tissu territorial diversifié et s?appuyer sur les
capacités du territoire. L?identification et la
valorisation des potentialités du territoire
(population, aménités et ressources naturelles,
patrimoine, paysage, accessibilité des emplois
et services urbains et ruraux) et des forces
locales sur lesquelles s?appuyer devront
constituer un préalable à la mise en oeuvre de
toute stratégie de résilience territoriale. La
délimitation du territoire concerné s?appuiera
sur la recherche des liens de causalité, de
synergie et de solidarité qui préexistent entre
les acteurs locaux. Le rôle de la biodiversité
locale en matière de résilience, par les services
qu?elle rend et la diversité des espèces qui la
constitue, sera également valorisé, notamment
face au changement climatique.
L?instauration d?une gouvernance partagée
et équilibrée entre tous les acteurs (élus et
techniciens locaux, acteurs économiques et
sociaux, habitants) est indispensable tant dans
la période de gestion de crise qu?en période de
reconstruction ou de retour à la normale pour
élaborer et mettre en oeuvre des stratégies
29
PRIORITÉ 3
intégrées autour de projets fédérateurs. Cette
gouvernance doit être instituée non seulement
en période de crise, mais dans le cadre plus
global d?une réflexion partagée sur les
territoires. Elle s?appuiera sur une plus grande
responsabilité du citoyen, conscient du
risque, informé et prévenu . Une
responsabilisation accrue des acteurs doit
également être recherchée dans la réforme
envisagée du dispositif national assurantiel des
catastrophes naturelles, sans remettre en
cause son principe premier de solidarité
nationale.
La gestion des risques doit combiner des
actions en matière d?occupation des sols,
de gestion des ressources, de prévention
des risques, de prévisions et d?alerte, de
construction, de développement
économique local, de culture du risque et
d?accessibilité sociale . Certains territoires
attractifs, en particulier les bords de rivières,
les zones littorales et les outre-mers qui
conjuguent différents types de vulnérabilités
(risques de submersion, érosion du trait de
côte, risques industriels, pollutions maritimes
massives, risques sismiques aux Antilles) ou
les zones de montagne soumises à des risques
multiples (crues ou laves torrentielles,
glissements de terrains, avalanches, risque
glaciaire...) devront être pris en compte de
manière spécifique. Le risque d?inondation est
le risque naturel majeur auquel la France est
exposé. La stratégie nationale de gestion du
risque d?inondation propose un cadre et des
outils pour permettre à chaque acteur de jouer
son rôle pour protéger les personnes, réduire
les coûts des dommages et accélérer la sortie
de crise et le retour à la normale.
La prise en compte des effets prévisibles du
changement climatique doit se faire le plus en
amont possible, notamment par l?intermédiaire
de mesures « sans regrets » (cf. axe 3). Par
ailleurs, les mutations économiques sur un
bassin de vie doivent également être anticipées
et accompagnées afin de créer de nouvelles
opportunités et dynamiques territoriales (cf. axe
5).
La résilience territoriale , s?inscrivant dans le
long terme, devra bénéficier de travaux de
prospective territoriale visant à éclairer et
anticiper les évolutions futures : effets du
changement climatique, consommation
d?espaces naturels et agricoles, articulation
urbain/rural dans les bassins de vie, cohésion
sociale, aléas économiques, pression
démographique et artificialisation des sols sur
le littoral, tourisme en montagne, urbanisation
massive sur la frange littorale particulièrement
en Outre-Mer.
Développer des modèles urbains durables
Les villes concentrent une part
prépondérante de l?activité humaine et
économique. Ce sont aussi des lieux de
créativité sur le plan culturel, d?invention de
nouvelles pratiques et de nouveaux usages
qui concourent à la transition écologique. En
contrepartie, les villes sont le lieu de la
majorité des émissions de GES et de la
consommation d?énergie, elles contribuent à
accroître la pression sur l?utilisation des
ressources et apparaissent particulièrement
vulnérables aux risques. Au croisement de
l?innovation et des pressions sur les ressources,
les villes cristallisent les enjeux de la transition
écologique et amènent à repenser leur modèle de
développement.
La transition vers des modèles urbains durables
ne saurait se faire sans définir au préalable une
vision partagée par le plus grand nombre de
l?avenir de la ville prenant en compte le territoire
urbain dans ses différentes dimensions
économique, sociale, culturelle, environnementale
et sportive, en associant tous les acteurs
30
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
concernés : État, collectivités territoriales,
acteurs économiques et sociaux, citoyens.
C?est l?objectif de la loi de programmation
pour la ville et la cohésion urbaine que de
proposer une nouvelle méthode de co-
construction de la politique de la ville, avec
les habitants.
Développer des modèles urbains durables
implique une plus grande sobriété dans
l?utilisation des ressources à toutes les
échelles (agglomération, quartier, bâtiment).
Une attention particulière doit être portée sur
l?aménagement des territoires urbains afin
de maîtriser les phénomènes d?étalement
urbain qui ont un impact économique, social
et environnemental sur l?organisation et le
fonctionnement des villes et des campagnes
environnantes : augmentation de la
consommation d'énergie et des émissions
de gaz à effet de serre, pollution sonore et
lumineuse, impacts direct sur
l?environnement (perte de biodiversité,
augmentation du ruissellement et des
inondations urbaines, banalisation des
paysages?), disparition des zones agricoles
de proximité et perte de potentiel agricole,
aggravation des inégalités sociales avec
phénomènes de ségrégation spatiale? Il est
donc nécessaire de mettre l?accent sur la
notion de proximité en favorisant la mixité
fonctionnelle, y compris le commerce et
l?artisanat qui contribuent au dynamisme et à
l?attractivité d?un territoire urbain ; il faut
également privilégier des formes urbaines
compactes, mais une compacité vivable, où
les espaces de biodiversité et de respiration
trouvent leur place, et de renforcer les
interrelations entre centre-ville et périphérie,
en particulier par les circuits courts de
produits alimentaires. La régénération du
foncier délaissé constitue une opportunité
pour développer de nouveaux modèles
urbains et relancer l?attractivité des villes.
Une gestion plus efficace des ressources
doit être mise en place, favorisant le
recyclage des ressources, le recours aux
énergies renouvelables et les économies
d?énergie en particulier dans le bâtiment
(approche du bâtiment en analyse du cycle
de vie). La biodiversité doit être prise en
compte dès la phase amont des projets,
dans la conception des bâtiments et des
formes urbaines et intégrée au sein même des
infrastructures. Des exigences fortes en matière
de développement durable seront fixées au
programme de renouvellement urbain. Les
approches de reconstruction de la ville sur la ville
seront développées. L?agriculture urbaine, par la
mise en place de jardins partagés en ville,
collectifs et familiaux, permet également de
réintroduire des espaces pour la biodiversité, tout
en présentant des intérêts sociaux et
économiques.
La qualité de vie ainsi que la qualité architecturale
du bâti, qui contribuent à rendre la ville désirable,
constituent une autre composante du
développement urbain durable et plus intégré. Les
villes développent, à partir de leur identité
patrimoniale (qui ne se résume pas aux centres
historiques mais englobe la diversité des
paysages urbains), un sentiment d'appartenance,
facteur de cohésion sociale. Des projets visant à
valoriser l?eau ou à restaurer la nature en ville
améliorent le cadre de vie et contribuent à adapter
la ville au changement climatique, à réduire la
pollution, à préserver la biodiversité et à
économiser l?énergie. De même la poursuite des
actions en faveur d?une mobilité plus durable ,
qu?il s?agisse de favoriser les modes de transports
décarbonés individuels ou collectifs, les nouvelles
pratiques de mobilité (co-voiturage,
autopartage ..), ou la mobilité active (vélo, marche
à pieds) contribue au bien-être de la population et
à l?attractivité urbaine. De manière
complémentaire, la logistique urbaine doit être
traitée dans le sens d?une optimisation des
tournées et d?un recours à des modes de
transport décarbonés pour le dernier kilomètre.
Le déploiement de nouveaux modèles de
développement urbain plus durable et plus
favorables à la santé, qui intrinsèquement
apportent une plus-value en termes de services
ou de qualité de vie, doit profiter à tous. Il convient
d?être vigilant et de prévenir par des mesures
d?accompagnement toutes formes de précarité
ou d?exclusion causées par l?alourdissement des
charges liées à la mobilité ou au logement, le
développement de biens ou services payants et
une technicisation accrue liée au développement
des technologies de l'information et de la
communication.
31
PRIORITÉ 4
Enfin, une gestion urbaine plus performante
doit permettre de produire de meilleurs
services à un coût maîtrisé (économique,
social et environnemental) en limitant les
effets négatifs sur l?environnement
(amélioration de la qualité de l?air, économie
d?eau, d?énergie ...). Il s?agit de favoriser les
synergies entre mobilité, urbanisme,
énergie, eau, logement, activités
économiques pour améliorer la
performance globale de la ville, au-delà de la
performance de chacune de ses
composantes. Le développement des
technologies de l?information et de la
communication peut favoriser ces synergies
et participer à rendre la ville plus
performante à travers la régulation du
fonctionnement des réseaux, l?optimisation
des déplacements, la rationalisation de la
logistique, le report modal vers des modes
de transport plus durables (auto partage,
mobilité active)...
La France compte des entreprises
particulièrement en pointe dans les secteurs
de l?eau, de l?air, des déchets, des
transports, de l?efficacité énergétique, du
génie écologique et sur l'ensemble des
métiers, de l?architecture à l?industrie, en
passant par l?ingénierie, les services? Ces
atouts , importants pour une accélération de ces
évolutions en France, doivent aussi être
valorisés à l?international . C?est le sens de la
création de la marque Vivapolis et des démarches
ville durable à l?export, dont la coordination doit
être renforcée.
Co-construire des projets territoriaux de développement durable
Le développement de territoires durables et
résilients ne sera opérationnel qu?en recourant
à des projets de territoires globaux et
cohérents. En effet, ces derniers font interagir
en synergie les acteurs, les outils et les
politiques sectorielles à mobiliser. Il revient aux
collectivités de construire ces projets, en étroite
collaboration avec les parties prenantes. Ces
projets sont la base d?une stratégie visant à
mettre en cohérence les politiques publiques
sectorielles, en intégrant les enjeux locaux, en
articulation avec les enjeux internationaux,
européens et nationaux, d?où le besoin
d?assurer la bonne coordination des leviers
d?action.
La construction d?un projet de territoire repose
sur l?élaboration d?une vision partagée, d?un
projet de « vivre ensemble », d?une volonté
commune de faire évoluer le territoire pour le
rendre plus résilient, plus attractif, avec une
meilleure qualité de vie. La construction de ce
projet ne peut se concevoir que dans la
mobilisation de l?ensemble des parties
prenantes qui composent le territoire, avec une
attention particulière à l?association des
citoyens.
La ville intelligente constitue aujourd?hui
un axe d?innovation très prometteur pour
les villes mais aussi pour les industriels des
secteurs concernés. Grâce notamment au
Programme des Investissements d?Avenir,
plusieurs villes françaises ont engagé des
projets favorisant une intégration des
infrastructures (transport, eau, énergie?)
ou une mutualisation des données. La
Commission européenne s?est saisie du
sujet et en a fait une de ses 12 priorités
dans le cadre du programme Horizon 2020.
De nombreux appels à projets seront
lancés au cours de la période 2015-2020
pour favoriser la mise en oeuvre et le
déploiement de projets innovants qui
représentent des opportunités pour les
villes françaises.
32
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
L?élaboration d?un diagnostic initial partagé ,
précis et spatialisé, exploitant les documents
existants, est indispensable pour initier le
dialogue multi-acteurs et pour identifier les
évolutions à mettre en oeuvre. Ce diagnostic
peut reposer sur des outils multiples (profils
environnementaux, documents d?urbanisme,
rapports de développement durable, inventaire
des ressources locales et des inégalités,
chartes forestières de territoire, vulnérabilité
aux risques naturels et notamment cartes des
zones inondables, politiques de santé,
d?habitat, politique de la ville, culture, atlas de
la biodiversité?), pour disposer d?une vision
éclairée de la situation et des tendances
d?évolution (atouts, faiblesses, opportunités,
risques).
Un projet de territoire ne peut qu?être adapté
aux spécificités du territoire identifiées dans le
diagnostic initial. Ce diagnostic repose sur des
paramètres très fortement dépendants du
contexte local, pour une réponse adaptée au
territoire. Il est également cohérent avec les
priorités d?action globales au niveau national
(emploi, accès au logement, insertion des
jeunes, économie des ressources et des sols,
accès aux biens et services essentiels, lutte
contre les inégalités), européen et international
(climat?), notamment en s?inscrivant dans le
cadre de la Déclaration de Rio de 1992 et des
Objectifs du développement durable.
La transition écologique doit se décliner aux
différentes échelles de territoires, en fonction
des paramètres physiques,
géomorphologiques, paysagers, économiques
(bassins d?emplois) et sociaux (bassins de vie).
Pour la mise en oeuvre des projets, l?échelon
régional s?affirme de plus en plus comme
l?échelon d?intervention privilégié pour les
missions de planification et la mise en
cohérence des politiques entre elles, en étroite
relation avec les autres échelles de territoires
(départements, métropoles, intercommunalités,
communes, bassins hydrographiques, façades
maritimes?).
Renforcées par les lois de décentralisation, les
collectivités territoriales ont un rôle majeur
dans le processus d?élaboration de projets,
notamment pour innover et fédérer l?ensemble
des initiatives locales. Pour élaborer, mettre en
oeuvre et suivre ces projets, les collectivités
territoriales se doteront d?une stratégie
d?ensemble de leur territoire, et d?une
gouvernance locale multi-acteurs
ambitieuse visant à un partage de
l?information, une appropriation collective des
enjeux locaux et planétaires et une vision
commune et partagée de la transformation du
territoire, ainsi qu?à un portage de l?animation
qu?impliquent de tels projets de territoire.
Les pouvoirs publics doivent les inciter et les
accompagner dans cette voie : l?État doit
assurer l?animation régulière de réseaux de
projets de territoire afin de favoriser leurs
interconnexions, d?échanger les meilleures
pratiques, de monter en capacité collective et
d?encourager leur amélioration progressive.
C'est dans ce but qu'ont été élaborés le cadre
de référence et le référentiel pour l'évaluation
stratégique des projets territoriaux de
développement durable et des Agendas 21
locaux ainsi qu?un dispositif de reconnaissance
de ces projets. Ces outils ont permis ces
dernières années une accélération du nombre
d'Agendas 21 engagés par les collectivités
territoriales. La réaffirmation des Agendas 21
comme projets stratégiques et politiques
correspond à une nouvelle étape qui intègre les
nouveaux enjeux (résilience territoriale,
transition énergétique des territoires pour une
croissance verte, écologie industrielle
territoriale...). L?Atelier des territoires, démarche
d?accompagnement par l?État des élus locaux
avec l?apport d?une équipe projet
pluridisciplinaire et extérieure, répond
également à cette préoccupation.
La prospective territoriale
L?identification des enjeux d?un territoire et
la détermination d?objectifs, conduisant à
une stratégie, constituent les fondamentaux
d?un Agenda 21 et d?un projet territorial de
développement durable. La prospective
territoriale est un moyen de les aborder en
réfléchissant collectivement au futur
souhaité du territoire. Elle facilite
l?orientation des politiques publiques à
mettre en oeuvre en les adossant à ce futur
désirable.
33
Il convient, par ailleurs, d?assurer la
cohérence des projets territoriaux entre
eux, soit parce qu?ils interviennent sur des
territoires qui s?emboîtent, soit parce que les
territoires sont interconnectés, dans un
contexte institutionnel mouvant, notamment
avec la montée en puissance des
intercommunalités. En effet, l?articulation et la
cohérence des politiques publiques sont des
vecteurs de réussite de la transition écologique
vers un développement durable : au niveau
régional avec la mise en place d?un schéma
régional stratégique, mettant en cohérence
les schémas régionaux sectoriels, au niveau
local avec les documents réglementaires (plans
locaux d?urbanisme intercommunaux) et
stratégiques (schémas de cohérence
territoriale) destinés à l?aménagement durable
mais également les schémas et documents
liées aux politiques sociales, culturelles,
économiques et environnementales
(PCAET?). L?émergence de projets comme les
écoquartiers, l?aménagement d?une rivière est
également une opportunité pour agir ensemble
et collectivement et pour conduire à la
construction d?un projet territorial de
développement durable.
Quelque soit le projet, il est enfin nécessaire de
se doter d?outils de mesure de suivi et
d?impact partagées de la mise en oeuvre des
projets, notamment avec les acteurs locaux et
les habitants. L?objectif, en réponse à la
stratégie initiale, est d?évaluer l?évolution du
territoire dans une logique d?amélioration
continue (développement d?indicateurs
régionaux, en appui sur les observatoires
nationaux et régionaux, réseaux régionaux,
encouragement des pratiques d?évaluation des
projets).
34
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
35
S?engager dans l?économie circulaire
et sobre en carbone
PRIORITÉ 1
Réorienter les modèles de production, d?échange et de consommation
PRIORITÉ 2
Rendre notre économie moins dépendante des ressources non renouvelables
PRIORITÉ 3
Mettre en place une nouvelle politique industrielle et agricole plus économe en
ressources et s'appuyant sur l'innovation
PRIORITÉ 4
Mobiliser les territoires et favoriser les initiatives locales
INDICATEURS DE SUIVI DE L?AXE 2
Productivité matières et consommation intérieure de matières par personne
Évolution de la consommation finale d?énergie, son intensité et par secteur
Taux de recyclage des déchets municipaux
Quantité de déchets non minéraux acheminés en centres de stockage
Part modale des transports collectifs de voyageurs (hors aérien) dans le transport intérieur terrestre de
voyageurs
Part modale des transports de marchandises non routiers dans le transport intérieur terrestre de marchandises
Nombre de vélos mis en libre-service
Évolution de la consommation primaire d?énergies fossiles et part des énergies fossiles dans la consommation
primaire d?énergie
Part des énergies renouvelables dans la consommation finale brute d'énergie
Part du nucléaire dans la production d?électricité
Part de l?électricité d?origine renouvelable dans la consommation d?électricité nationale et par région
Dépenses de R&D publiques et privées dont en environnement
Investissements antipollution dans l?industrie et l?agroalimentaire
Evolution des émissions de CO2 du parc automobile
Surfaces cultivées en agriculture biologique
Consommation de produits phytosanitaires
Indicateurs de 1
er
niveau en gras
AXE 2
36
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Le schéma linéaire « produire, consommer,
jeter » du système économique traditionnel
atteint ses limites : d'ici une trentaine d?années,
la population mondiale aura augmenté de 2
milliards d'individus, et d'ici une quinzaine
d?années les classes moyennes compteront 3
milliards de personnes de plus. Les pays riches
consomment en moyenne quatre fois plus de
ressources par habitant que les pays pauvres.
Poursuivre notre consommation de ressources
au rythme actuel pour satisfaire nos besoins
n?est pas soutenable sur le long terme et les
émissions de gaz à effet de serre associées
causeraient un changement climatique
irréversible, tandis que l?érosion de la
biodiversité aurait des conséquences majeures
sur nos conditions de vie. Il est temps de
changer de paradigme en accélérant la
transition vers un système économique plus
circulaire, économe en ressources, sobre en
carbone et ménageant les écosystèmes. Le
Conseil mondial des entreprises pour le
développement durable (WBCSD) estime ainsi
qu'il faudra d'ici 2050 multiplier la productivité
des ressources par un facteur compris entre 4
et 10 pour tenir compte de la limite des
ressources de la planète3.
Ce nouveau modèle d'économie circulaire,
sobre en carbone et en ressources naturelles
peut se définir comme un système économique
de production, d'échange et de consommation
conçu et organisé pour minimiser les
prélèvements nets de ressources (énergies
fossiles, matières premières, eau, foncier,
milieux) et les émissions polluantes, sources
d'impacts environnementaux et sanitaires
négatifs, tant locaux que globaux.
La poursuite d'une croissance économique
durable et la préservation de notre qualité de
vie ne seront ainsi possibles que si l'on arrive à
découpler la richesse d'une part et la
consommation de ressources et les impacts
environnementaux associés d'autre part. Cet
enjeu de découplage, inscrit en France dans la
loi relative à la transition énergétique pour la
croissance verte, structure aussi la feuille de
route de la Commission européenne pour une
Europe efficace dans l?utilisation des
ressources, et qui fait partie intégrante de la
3 Vision 2050, The new agenda for business, WBCSD, 2010
stratégie de croissance de l?UE sur la période
2010-2020. Il constitue également le principal
enjeu du paquet européen sur l?économie
circulaire et les déchets.
37
PRIORITÉ 1
Ce découplage nécessite de promouvoir en
premier lieu une culture de la sobriété et du
mieux consommer. Il implique également de
mettre l'augmentation de la productivité des
ressources et la réduction des impacts
environnementaux au coeur des
préoccupations des acteurs économiques, qui
sont amenés à anticiper dès maintenant des
changements de grande ampleur. Dans un
monde de plus en plus interdépendant et
global, ces engagements devront être portés
par tous les pays pour lutter contre les
transferts internationaux d'impacts et ne pas
créer de distorsions de concurrence. Le
développement de méthodologies et de
standards internationaux (critères de durabilité
sur les matières premières par exemple)
seront, à cet égard, fondamentaux.
Au-delà de la réponse qu?elle peut apporter aux
enjeux environnementaux, cette approche sera
porteuse de bénéfices en termes de création
de valeur et de compétitivité des entreprises,
de sécurisation de l?accès aux matières
premières, de réduction de la dépendance des
ménages vis-à-vis des ressources et de la
fluctuation de leur prix ou encore de création
d?activités et d?emplois dont une part est non
délocalisable. Les économies réalisables
annuellement en Europe rien que sur les
matières premières sont ainsi estimées à terme
entre 520 et 630 milliards de dollars, ce qui
représente 3,9% du PIB (base 2010 - Source :
Toward Circular Economy, fondation Ellen
Macarthur, 2013). Elle demandera néanmoins
des investissements financiers importants et
une mutation profonde de certains secteurs
que l?État devra accompagner. Ces enjeux
sont particulièrement prégnants dans les outre-
mer en raison de leur insularité, qui pourraient
ainsi constituer des démonstrateurs de
l'économie circulaire et sobre en carbone.
Le changement qui s'annonce nécessite la
mise en place d'un cadre stratégique :
- promouvant de nouveaux modes de
production et de consommation ;
- offrant des opportunités économiques et
permettant une meilleure sécurité
d'approvisionnement grâce à une nouvelle
conception des produits, à la promotion de
la réutilisation, du recyclage et de la
substitution de matériaux, aux économies
de ressources et au développement des
énergies renouvelables ;
- récompensant l'innovation et l'utilisation
efficace des ressources ;
- et mobilisant les territoires pour développer
les initiatives locales.
Ces inflexions permettront de poursuivre la
dynamique enclenchée par la Conférence
environnementale de septembre 2013 qui a
consacré une table ronde à l'économie
circulaire.
Elles favoriseront également le passage d?une
société fondée sur la consommation abondante
d?énergies fossiles à une société plus sobre en
énergie et faiblement carbonée, selon la
trajectoire et les orientations définies dans la loi
relative à la transition énergétique pour la
croissance verte.
Réorienter les modèles de production, d?échange et de consommation
Se nourrir, se loger, se vêtir, se déplacer et se
divertir sont des besoins et activités qui
mobilisent des ressources et génèrent des
impacts environnementaux. La consommation
totale de matières en France s?est élevée à 24
tonnes par habitant en 2011. De nouvelles
approches sont requises. Elles se déclinent :
- au niveau des biens et services en
optimisant l'utilisation des ressources sur
l'ensemble de leur cycle de vie, et les
38
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
services de transports associés
(optimisation des flux, logistique inversée4,
cycles courts...) à travers les actions des
entreprises et les comportements des
consommateurs ;
- au niveau des politiques publiques que
l?État et les collectivités territoriales doivent
décloisonner pour dépasser les approches
purement sectorielles, à l?exemple de
l?élaboration et la mise en oeuvre de
stratégies régionales d?économie circulaire
par les Conseils régionaux ;
- au niveau géographique, car nos
importations génèrent des impacts
environnementaux à l'étranger. La
certification de la durabilité des matières,
par exemple, permet d?agir à l'extérieur de
nos frontières.
La coopération entre les différents acteurs est
essentielle. Un producteur de biens, en
l'absence d'incitation ou d'obligation, se
préoccupe encore insuffisamment du caractère
durable des ressources qu'il utilise ou de la
facilité avec laquelle le produit qu?il met sur le
marché se recycle. L?État peut favoriser une
telle coopération via des accords
volontaires (à l?image des travaux
actuellement en cours dans les comités
stratégiques de filières du Conseil national de
l?industrie) ou via la mobilisation des filières
de responsabilité élargie des producteurs .
La composition des biens, leur durée de vie, la
facilité de leur réparation ou de leur recyclage
et leur performance énergétique, sont
déterminées au moment de leur conception.
L?extension de l'approche cycle de vie des
produits et de l?éco-conception, ainsi que le
développement du recours aux énergies
bas carbone sont donc déterminants.
La lutte contre l?obsolescence programmée
sera un levier de mobilisation des
consommateurs et des industriels afin de
favoriser un nouveau modèle de production et
de consommation. La loi relative à la
consommation constitue une première étape
pour renforcer l?information et les droits du
consommateur sur les questions de la durée de
4 La logistique inversée désigne la gestion des flux provenant du consommateur
en direction du producteur
vie des produits, et allonge la durée légale de
garantie des produits.
La prise de conscience par les entreprises
de l?intérêt économique de cette démarche
doit être renforcée et s?accompagner d?une
information et d'une responsabilisation du
consommateur (affichage environnemental
des produits, interdiction des sacs plastiques
non réutilisables, etc.). L?État se mobilisera
également pour que le potentiel de la
directive européenne sur l'éco-conception
(extension du périmètre des produits,
intégration progressive d'autres critères que
l'énergie et d'autres étapes que l'utilisation) soit
davantage exploité. De même, l'intégration de
critères environnementaux et sociaux dans
la commande publique est un levier de l?État
et des collectivités territoriales pour orienter
l'offre dans le sens du développement durable.
Il est également primordial d'inscrire la
sobriété et l?efficacité, notamment
énergétique, au coeur de nos modes de
consommation. Une telle ambition, déclinée
dans la loi relative à la transition énergétique
pour la croissance verte, est indispensable
pour réduire de moitié la consommation
énergétique finale à l'horizon 2050.
De nombreux produits restent sous-utilisés :
mutualiser l'usage de ces biens à travers des
systèmes marchands (location, achats en
commun à l?instar des coopératives d?utilisation
de matériel agricole?) ou non marchands
(ludothèque?) crée de nouvelles activités et
permet aux consommateurs d'accéder à un
large panel de biens, de meilleure qualité, et de
préserver leur pouvoir d'achat.
Trop de produits endommagés ou tout
simplement usagés qui deviennent des déchets
pourraient pourtant être réutilisés au moyen de
structures adéquates (réparation, refabrication,
ressourceries...). Dans ce contexte,
l'émergence de nouveaux modèles
économiques et de nouveaux
comportements des consommateurs ,
comme l?économie de fonctionnalité reposant
sur la vente de l'usage au lieu de la vente d'un
bien (auto-partage ou service de
location/entretien d?articles de textile par
exemple), est à promouvoir, en s?appuyant
39
PRIORITÉ 2
notamment sur la révolution numérique qui
facilite la mise en relation des consommateurs
dans une démarche d?économie collaborative,
et en accompagnant les entreprises.
Toutes ces activités seraient favorisées si le
prix des ressources reflétait davantage les
impacts environnementaux liés à leur utilisation
et leur rareté, incitant ainsi les acteurs
économiques à les économiser. Les taxes sur
les émissions, la consommation d?espace, la
facturation proportionnée (comme par exemple
la tarification incitative pour les déchets) et la
suppression des subventions dommageables
sont autant d?instruments susceptibles
d?envoyer un signal prix au producteur ou
au consommateur pour une utilisation plus
efficace des ressources . Des financements
adaptés pourraient également orienter les
comportements des entreprises et des
particuliers , à l'instar des dispositifs mis en
place pour la rénovation énergétique :
allègements fiscaux, éco-prêt à taux zéro ou
bien encore mise en place du tiers financement
pour faire l?avance des coûts des travaux aux
particuliers.
Par ailleurs, le développement de nouveaux
modèles de rémunération de services basée
sur la performance est à étudier. Des
initiatives de ce type existent déjà dans les
services d?eau potable (contrats de délégation
de service publics dans lesquels la
rémunération du délégataire est en partie
fonction de la performance du service).
Rendre notre économie moins dépendante des ressources non renouvelables
Réduire l'utilisation des ressources non
renouvelables (combustibles fossiles, métaux,
granulats, terres,..) et la vulnérabilité de notre
économie vis-à-vis de ces ressources doit
devenir une orientation stratégique forte des
politiques publiques, notamment via le recours
accru aux matières premières de recyclage, le
développement massif des énergies
renouvelables, l?utilisation accrue et optimisée
de la biomasse et le frein à l'artificialisation.
Cette évolution doit se faire tout en veillant à ne
pas transférer les pressions et notre
dépendance d?une ressource sur une autre.
L?ensemble des activités présentées dans cette
section peut de plus constituer des
opportunités pour les entreprises françaises de
développer des savoir-faire spécifiques et de
créer des emplois, avec un fort ancrage
territorial.
La substitution de ressources non
renouvelables par des ressources
renouvelables durables
L?émergence d?une économie sobre en
carbone implique une restructuration du
système énergétique, devant également
contribuer à renforcer la sécurité énergétique,
redresser la balance commerciale, préserver la
compétitivité des entreprises et lutter contre la
précarité énergétique.
Reposant sur ces grands principes fixés dans
la loi relative à la transition énergétique pour la
croissance verte, cette transition énergétique
doit jouer de manière complémentaire sur la
réduction de la demande (sobriété et
efficacité énergétique) et sur l'offre, en
rééquilibrant le mix énergétique, à travers
notamment la réduction de la part du nucléaire
dans la production d?électricité de 50 % à
l?horizon 2025 et le développement
d'alternatives aux combustibles fossiles (et plus
particulièrement un recours accru aux énergies
renouvelables : solaire, éolien, hydraulique,
géothermie, énergies marines, biomasse) pour
la production de chaleur, d'électricité et de
substituts au pétrole et au gaz. Une telle
évolution est nécessaire pour atteindre l'objectif
de réduction de 30% de la consommation
d'énergies fossiles en 2030.
40
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
La loi relative à la transition énergétique pour la
croissance verte prévoira notamment
l?élaboration d?une stratégie bas carbone pour
répondre à ces enjeux majeurs, et placera les
territoires au coeur de cette transition en
mettant à la portée des acteurs des moyens
concrets de s?impliquer et de coopérer.
Pour s'inscrire dans une perspective bas
carbone et en complémentarité avec le
développement accéléré des énergies
renouvelables, la diversification du mix
énergétique s'appuiera sur des politiques et
actions volontaristes de sobriété et d'efficacité
énergétique dans tous les secteurs (bâtiment,
transports, industrie, agriculture...) et chez tous
les acteurs.
Les modalités de soutien aux énergies
renouvelables devront par ailleurs évoluer
afin d'accompagner leur développement dans
la durée grâce à un cadre incitatif et financier
stable, et de maximiser le retour en emplois de
ces investissements. Elles viseront également
une meilleure intégration dans les systèmes
énergétiques européens (électricité, gaz,
chaleur...) et la complémentarité entre
production d'électricité et de chaleur.
Ces nouveaux modes de production d?énergie,
qui induisent une demande croissante de
certaines ressources (acier, bois, métaux,
terres agricoles), doivent s?inscrire dans une
perspective de gestion durable des ressources.
La bio-économie, la chimie verte, ainsi que
la gestion dynamique, multifonctionnelle et
durable de la forêt doivent être
développées .
Les prélèvements en matières premières
associés à ces filières rendent nécessaire une
meilleure prise en compte des impacts
environnementaux et sociaux de nos
importations, à travers l?instauration de
critères environnementaux et/ou sociaux
aux niveaux international et européen , à
l?image de ce que l'Union européenne met en
place pour les biocarburants (critères liés aux
émissions de GES et à l?utilisation des sols).
La substitution de ressources vierges par
des ressources secondaires
L?utilisation des matières premières de
recyclage permet de réduire substantiellement
les pressions environnementales liées à
l?extraction des matières premières vierges et
de réduire la dépendance de l?industrie
française vis-à-vis des importations. Ce
recours accru aux matières premières de
41
PRIORITÉ 3
recyclage , notamment celles à haute valeur
ajoutée, passe par la suppression des
substances toxiques ou à risque et par
l?anticipation et l?organisation des usages en
cascade. Cela suppose une diminution
soutenue des flux allant en décharge.
L?orientation des déchets vers les filières de
recyclage les plus efficaces constitue
également un levier pour réduire les pertes de
matières, ce qui passe par la lutte contre les
trafics et installations illicites via un contrôle
renforcé de l?État par l?appui au développement
d?infrastructures de recyclage en France. Ces
orientations, largement déclinées dans le plan
de réduction et de valorisation des déchets
2014 ? 2020, doivent être complétées par un
appui technique et financier aux pays en voie
de développement dans ce domaine.
Pour mobiliser les différentes composantes de
notre mine urbaine (masse de déchets dont on
peut extraire les matières premières qu?ils
contiennent), les pouvoirs publics, en
collaboration avec les acteurs économiques,
veilleront à améliorer la connaissance des
flux et gisements , en particulier concernant
les déchets d?activités économiques et sur les
matières offrant un fort potentiel de création de
valeur ajoutée.
Une attention particulière est à porter à
certaines matières premières critiques (dont
les terres rares) indispensables aux entreprises
françaises qui veulent être compétitives dans
l?offre de solutions liées à la transition
énergétique.
La réutilisation des eaux usées traitées doit
être promue , en particulier dans l?agriculture.
Les initiatives déjà existantes (comme pour les
eaux de lavage des véhicules) doivent être
soutenues. La fertilisation issue d?effluents
d?élevage en substitution à l?azote minéral doit
également être développée dans la limite de
l?équilibre de la fertilisation des sols et de la
réglementation en matière de nitrates.
La réutilisation des eaux issues des stations
d?épuration est en outre intégrée à l'un des
axes de travail du plan "qualité de l'eau et
gestion de la rareté", dans le cadre de la
Nouvelle France Industrielle.
Mettre en place une nouvelle politique industrielle et agricole plus économe en
ressources et s'appuyant sur l'innovation
Des innovations ont d?ores et déjà permis
d?améliorer les performances
environnementales des procédés. Ces progrès
restent insuffisants et nécessitent des
technologies de rupture et des innovations
partagées entre les différents acteurs de la
chaîne de valeur autour de projets collaboratifs,
axe majeur de la politique de soutien à
l?innovation et de renforcement de la
compétitivité des entreprises. Ces innovations
pourront notamment s?inspirer du
fonctionnement du vivant, le bio-mimétisme
permettant de produire des biens et services
plus durables. L?ensemble des activités
industrielles et agricoles sont concernées. Des
dispositifs de soutien à ces innovations seront
mis en place pour financer les opérations de la
recherche de base jusqu?à la mise en place
opérationnelle, notamment dans le cadre des
34 plans de reconquête industrielle dont une
large part est déterminante pour la transition
écologique.
S?agissant des procédés industriels , les
industries intensives en énergie (acier, chimie)
ont déjà réalisés d?importants progrès qu?il
s?agit d?étendre aux secteurs non soumis au
marché carbone européen et au tissu des
PME, notamment par un déploiement
progressif des technologies disponibles les
plus performantes et par un
accompagnement technique et financier
approprié . Hors énergie, l'apparition de
nouvelles technologies de simulation et de
production par impression 3D devrait permettre
des économies de matières.
42
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Dans le secteur des déchets , des gains de
productivité (adaptation des fréquences,
optimisation des tournées) et des innovations
de rupture (réseaux de collecte enterrés,
logistique inversée) sont attendus en matière
de collecte. A l'étape du tri et de la valorisation,
l'accès à la matière peut être complexe, même
après une démarche d'éco-conception, et
nécessite le développement de nouvelles
technologies faisant appel à la mécanique, la
robotique, l?optique et la métrologie. Enfin,
l'incorporation croissante de matières
premières de recyclage dans la fabrication
nécessite d?accroître la traçabilité des flux et
la caractérisation des matières .
Concernant l?agriculture , les efforts doivent
être renforcés en matière d?efficacité
d?utilisation et de réduction de l'usage des
intrants chimiques, énergétiques et de l'eau, de
préservation et de restauration de la
biodiversité, des capacités de stockage de
carbone des écosystèmes et de la
fonctionnalité des sols. Ces évolutions
constitutives de l'agro-écologie , conciliant
performance économique et environnementale,
doivent s?accompagner du développement
de systèmes d'alimentation durable , incluant
la lutte contre le gaspillage alimentaire. Cela
contribuera à une offre alimentaire sûre,
diversifiée et issue de modes de production
respectueux de l'environnement.
Dans le secteur de la construction et de la
rénovation des bâtis existants, les politiques
en faveur de l?efficacité énergétique et des
énergies renouvelables doivent être intégrées à
une conception globale du bâti , et être
renforcées et complétées par une utilisation
plus efficace des ressources tout au long
du cycle de vie des bâtiments et des
infrastructures . Le recours au bois, et plus
largement aux matériaux biosourcés, un
recyclage accru des déchets du BTP, une
meilleure conception reposant sur des
approches architecturales adaptées aux
différents contextes et une évolution des
réglementations permettraient de donner des
relais de croissance à ce secteur.
Les systèmes de transports répondent aux
besoins de mobilité mais sont consommateurs
d'énergie et engendrent des effets négatifs sur
l'environnement. Pour relever ces défis ainsi
que répondre aux enjeux identifiés par la
commission Mobilité 21 (la desserte et
l?accessibilité des territoires nationaux et
européens, les besoins de mobilité du
quotidien, les enjeux environnementaux et
énergétiques et la soutenabilité financière),
quatre grands axes d'innovation doivent être
poursuivis :
- les véhicules propres et sobres , qui
comprennent les véhicules électriques ainsi
que les véhicules de toutes motorisations et
de toutes sources d?énergie produisant de
faibles niveaux d?émissions de GES et de
polluants atmosphériques. Le déploiement
des véhicules électriques routiers s'appuie
sur un réseau de points de recharge dont la
diffusion est accélérée grâce au
Programme d?investissements d?avenir
(PIA). Le programme « véhicule du futur »
opéré par l'ADEME a comme objectif
d?accélérer le développement
des véhicules routiers faiblement émetteurs
de CO2, des solutions de mobilité, du
ferroviaire (train du futur), du maritime et du
fluvial (navires du futur, complété par un
appel à projets d'aide aux investissements
pour des ferries propres) ;
- Les infrastructures routières innovantes
et économes en énergie , à travers
l?utilisation de techniques et matériaux
économes en énergie, le recyclage de
matériaux, l?efficacité énergétique des
équipements de la route, la capacité de
stockage et de restitution d?énergie
thermique des chaussées, l?intégration de
production électrique, la conception
modulaire, permettant d?optimiser
l?entretien ou le renouvellement, la capacité
dépolluante des revêtements.
L?engagement des acteurs économiques au
côté de l?État et des collectivités est
indispensable pour relever le défi du
déploiement de ces infrastructures. Des
démonstrateurs fourniront une vitrine du
savoir-faire français à l?international ;
- la logistique et gestion de flux ,
s'appuyant sur des véhicules propres, sur
le report modal, sur une organisation
innovante des chaînes logistiques et sur les
systèmes de transport intelligents. La
conférence nationale sur la logistique
organisée en 2015 aura pour objectif
43
d?améliorer la performance de la logistique
en France au service de son économie.
L?article 41 de la loi du 28 mai 2013 portant
diverses dispositions transport prévoit son
organisation et l?évaluation de
l'opportunité de mettre en oeuvre un
schéma directeur national de la logistique.
La logistique urbaine génère en particulier
une opportunité de mêler des offres
s'appuyant sur des véhicules décarbonés
mais aussi sur des véhicules silencieux de
grands gabarits livrant leurs marchandises
en horaires décalés. Les initiatives locales
se multiplient en ce sens. L?État doit
accompagner la diffusion des pratiques
innovantes, en lien avec les collectivités,
responsables du droit du sol et des
réglementations de la circulation et du
stationnement, interlocuteurs
indispensables des entreprises de transport
et de logistique urbaine.
- Les systèmes et services de transports
intelligents, dispositifs utilisant des
technologies de l?informatique et des
communications, qui sont à la base du
développement de nouvelles formes de
mobilité fondées sur l?information. La
stratégie nationale sur les transports
intelligents « Mobilité 2.0 » initiée en 2014
vise à favoriser les transports intelligents
par le développement de l?information
multimodale porte-à-porte, le lancement du
débat national sur l?ouverture des données
transport, le lancement d?un projet national
pilote sur les systèmes coopératifs
(véhicules connectés), la mise en commun
des besoins des autorités organisatrices et
gestionnaires de réseaux, la facilitation de
l?expérimentation in situ, notamment des
véhicules autonomes et par le
développement des compétences. Pour
accompagner cette stratégie, il importe que
la filière française des systèmes de
transports intelligents se structure,
notamment pour développer sa capacité
d?innovation collective et sa capacité
d?exportation.
Les réseaux de transport et de distribution
d?électricité, de gaz et de chaleur sont au
coeur de la transition énergétique, de la
Nouvelle France Industrielle et des
Programmes d?Investissements d?Avenir. Les
réseaux d?électricité sont de plus en plus
sollicités, aux niveaux local, national et
européen, pour intégrer les sources de
production d?électricité décentralisées et
intermittentes. Trois axes d'évolution
permettent de répondre à ces défis, en
s'appuyant sur l'expérience des zones non
interconnectées telles que les outre-mers et la
Corse :
- le développement des réseaux
intelligents qui permettent l'échange
d'informations entre consommateurs,
producteurs et gestionnaires de réseaux
(compteurs communicants) ;
- l'augmentation des capacités de
stockage de l'électricité , que ce soit par
des solutions éprouvées (stations de
transfert d'eau par pompage) ou
émergentes (hydrogène et piles à
combustible notamment) ;
- Le développement ou l?optimisation de
technologies de transfert entre réseaux
(technologie hybrides, Power to Gas, ...)
notamment grâce à une gestion de la
pointe mutualisée entre les réseaux.
Les conflits sur les usages de l'eau dans un
contexte de changement climatique poussent à
traiter à la fois sa disponibilité et sa qualité.
L'amélioration de la qualité de l'eau dans les
milieux naturels permettra de réduire le
traitement de l'eau potable et les coûts
associés. L'instrumentation des réseaux et le
suivi des données collectées en temps réel
favoriseront la détection précoce des fuites.
Les stations d'épuration peuvent devenir
neutres en carbone (récupération de chaleur
dans les réseaux d'eaux usées, valorisation
Le fonctionnement à très basse
température de réseaux de chaleur
permettrait de multiplier les sources de
chaleur dispersées sur le territoire urbain
et de faciliter le stockage de chaleur, en
particulier dans le sous-sol. Leur
déploiement suppose le développement de
réseaux intelligents, qui favorisent la
circulation d?information en temps réel du
consommateur vers le producteur et
inversement, semblable au déploiement
des compteurs intelligents Linky pour le
réseau électrique.
44
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
PRIORITÉ 4
énergétique des boues) et les boues peuvent
fournir des ingrédients d'intérêt, notamment le
phosphore, par des procédés à industrialiser.
Les industries extractives et de première
transformation ont déjà réalisé d'importants
progrès pour réduire les impacts
environnementaux liés à leurs activités.
Néanmoins, des progrès sont encore
possibles, par exemple via la symbiose
industrielle et l?éco-conception ou encore
avec le développement du concept de mine
responsable et l?encouragement à sa mise en
oeuvre effective. Ces efforts participeront à une
meilleure acceptabilité sociale de ces activités,
indispensable à une réindustrialisation
française. Ils permettront également de
s?assurer que les biens produits répondent à
des critères environnementaux, sanitaires et
sociaux de qualité. Le concept de mine
responsable ainsi que ses applications seront
portés dans les instances européennes et
mondiales de façon à réduire également les
impacts associés à nos importations de
matières premières et de produits. La
modernisation du modèle minier français sera
poursuivie en réformant le code minier pour
améliorer les conditions de sécurité des
activités extractives et la gestion de l?après-
mine dans le respect des exigences
environnementales, de transparence et de
rareté des ressources.
Mobiliser les territoires et favoriser les initiatives locales
Les territoires sont à la croisée des enjeux
économiques, sociaux et environnementaux.
Les projets d?écologie industrielle territoriale
sont une voie pour relever ces défis et garantir
l?attractivité et la résilience des territoires.
Il s?agit de repenser les activités économiques
dans leur ensemble à l?échelle du territoire
comme un écosystème spécifique, et ce en
concertation avec l?ensemble des acteurs
locaux, publics comme privés. L?écologie
industrielle territoriale se concrétise par la mise
en oeuvre sur un territoire ou sur une zone
d?activités de synergies de plusieurs types :
l?échange et la valorisation de ressources
(chaleur, eaux industrielles, déchets...), le
partage d?équipements (parc de stationnement,
lieu de réunion, réseau de chaleur?), la
mutualisation de services (restauration
interentreprises, gestion collective des
déchets...) et la création d?activités et le
développement de filières locales de
valorisation de ressources (recyclage des
déchets ou énergie décentralisée par
exemple). Les projets d?écologie industrielle et
territoriale concernent tous les
secteurs (l?industrie, les services, l?agriculture)
et tout type d?entreprises (des plus grandes à
l?artisanat ou aux commerces de proximité). Ils
jouent par ailleurs un rôle essentiel dans les
villes - territoires qui concentrent aujourd?hui
une large part des enjeux économiques,
La mine responsable s'inscrit dans un
projet de territoire. Elle veille à réduire les
impacts environnementaux, sanitaires ainsi
que les nuisances (destruction du paysage,
bruit...) à toutes les étapes de son cycle de
vie : exploitation souterraine profonde de
façon à perturber le moins possible la
surface et les premiers cent mètres, qui sont
ceux de la coexistence des zones de vie
(eau, paysage, biologie, etc.) ; valorisation
de l?ensemble des minerais et métaux ;
intégration de la gestion de l?espace
souterrain (recyclage de l?eau, stockage des
déchets de l?extraction dans les cavités
abandonnées). Associant étroitement les
parties prenantes et ce le plus à l?amont
possible du projet, la mine responsable a
également comme objectif la création et la
stabilité du tissu social. Elle anticipe ainsi la
gestion sociale de l?après-mine (préparation
de la reconversion du territoire).
45
humains et environnementaux. Cette
intégration de l?écologie industrielle dans les
problématiques de ville durable doit également
favoriser le développement de vitrines
industrielles, favorisant la compétitivité des
entreprises françaises en France et à
l?international.
Il s?agit également de faciliter le
développement de filières et de sites de
proximité exemplaires , de renforcer la
pédagogie sur les bénéfices liés au recyclage
de proximité (emplois créés, utilisation de
l?énergie issue de certains flux de déchets :
méthanisation en exploitations agricoles,
cogénérations en scieries, application
intelligente du principe de proximité...), de
favoriser les circuits courts de
commercialisation . Au niveau national voire
européen, il s?agira de clarifier les possibilités
d?action en faveur du recyclage de proximité et
des marges de manoeuvre juridiques tout en
restant dans le cadre de la concurrence
internationale. Des évolutions sont attendues
concernant le code des marchés publics et plus
généralement de la commande publique. Une
forte attente concerne le secteur du BTP : la
rénovation urbaine et la densification autour
des transports en commun vont être la source
de nombreuses opportunités de réutilisation de
déblais et de gravats.
Il est en outre essentiel de promouvoir et de
pérenniser les activités liées au réemploi, à
la réutilisation et au recyclage , car elles
génèrent de nombreux emplois non
délocalisables, notamment au sein de
l?économie sociale et solidaire.
En France et à l?international, plusieurs
initiatives ont été lancées en faveur de
l?écologie industrielle territoriale, avec la
mobilisation de multiples acteurs (industriels,
services, politiques, académiques), et
rencontrent un soutien public croissant
(lancement d?expérimentations, appel à projet
territoires « zéro déchet », financement de
programmes de symbioses industrielles,?).
Les collectivités territoriales sont au coeur de la
démarche, en particulier les régions car elles
sont en charge du développement économique
sur leur territoire et sont mobilisées pour
construire et mettre en oeuvre des
stratégies régionales d?économie circulaire .
Elles pourront également s?appuyer sur les
chambres consulaires en tant que promoteurs
des démarches d?économie circulaire auprès
des entreprises.
Les collectivités territoriales disposent de
leviers importants : la commande publique
(par exemple la soumission des projets
industriels ou d?aménagement de zone
d?activités à un critère d'éco-conditionnalité), la
formation professionnelle (par exemple la
formation d?animateur de projets d?écologie
territoriale), la planification locale
(généralisation de la prise en compte de
l?utilisation efficace des ressources dans les
différents plans et schémas locaux) et le
financement (par exemple les fonds
européens).
L?État et ses services déconcentrés ont
également un rôle clé à jouer en créant un
cadre national favorable au déploiement de
telles démarches (intégration dans les
orientations stratégiques, financement des
projets d?écologie industrielle territoriale,
formation et éducation, R&D, concertation
multi-acteurs, encouragement de démarches
volontaires, réglementation...) et en
accompagnant les collectivités territoriales (par
exemple par la fourniture de guides
méthodologiques) et les entreprises.
Pour stimuler les initiatives locales et accélérer
la transition énergétique au niveau territorial,
des appels à projets seront ainsi lancés tels
que ceux sur les territoires à énergie positive
(TEPOS) et sur la méthanisation pour produire
de l?énergie à partir de déchets agricoles.
46
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
47
Prévenir et réduire les inégalités
environnementales, sociales et
territoriales
PRIORITÉ 1
Réduire et prévenir la vulnérabilité énergétique dans l?habitat et les transports
PRIORITÉ 2
Prévenir et s'adapter aux impacts du changement climatique
PRIORITÉ 3
Prévenir et lutter contre les inégalités en santé environnement
INDICATEURS DE SUIVI DE L?AXE 3
Espérance de vie : disparités par catégories socio- professionnelles, disparités régionales, F-H
Évolution des inégalités de niveau de vie aux niveaux national et territorial
Part du budget des ménages consacré à l?énergie (logement et déplacements)
Montant des indemnisations versées par les assurances au titre des catastrophes naturelles
Exposition de la population aux risques climatiques
Logements et population en zone basse littorale, exposés à des risques de submersion marine
Population exposée au risque d?inondation par cours d?eau
Part des agglomérations ayant dépassé dans l?année le seuil journalier de protection de la santé humaine pour
les particules PM10
Nombre de captages pour l?eau potable fermés
Proportion de captages pour l'alimentation en eau potable, ou part des volumes d'eau prélevés, dont la
concentration en nitrates est supérieure à 50 mg/l
Inégalités de temps d?accès aux soins de proximité
Indicateurs de 1er niveau en gras. En italique, indicateur encore exploratoire
AXE 3
48
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
PRIORITÉ 1
Nos sociétés sont confrontées à de nouveaux
facteurs de fragilité en raison de l'augmentation
des prix de l'énergie qui accentue fortement le
phénomène de précarité énergétique, de la
hausse de la fréquence et de l?intensité des
risques naturels, notamment liés au
changement climatique, mais aussi de la
présence de plus en plus forte de risques
sanitaires liés à l?environnement. Ces facteurs
de fragilité touchent plus fortement les
populations déjà vulnérables et les territoires
ne sont pas égaux face aux risques
environnementaux. Ainsi, les outre-mer et les
zones littorales seront plus touchés par le
changement climatique que d?autres parties du
territoire français. Aussi la protection contre les
impacts des différents enjeux
environnementaux et l?égalité pour nos
concitoyens à bénéficier d?un accès à la nature
sera un objectif constant des politiques
publiques, dans une exigence de cohésion
sociale et territoriale, de compétitivité
économique et de justice environnementale.
L'exigence de cohésion sociale, définie par le
Conseil de l?Europe comme « la capacité d'une
société à assurer le bien-être de tous ses
membres, incluant un accès équitable aux
ressources disponibles, le respect de la dignité
dans la diversité, l'autonomie personnelle et
collective et la participation responsable » doit
être plus impérative encore dans le contexte de
la transition écologique. En effet, cette
transition ne pourra advenir que si elle
contribue à réduire les inégalités, et non à les
aggraver : de nombreuses analyses
internationales et nationales lient réduction des
inégalités sociales, notamment de revenu, et
transition écologique. Par ailleurs,
l?accroissement des coûts des ressources
naturelles fragilise les entreprises, notamment
les petites et moyennes, qui sont déjà affectées
par la crise économique.
L?exigence de justice environnementale a été
renforcée en 2005 par la Charte de
l'environnement, qui place au premier rang
l'égalité, avec l?affirmation du droit de chacun à
« vivre dans un environnement équilibré et
respectueux de la santé » dès son article
premier. Faire de la justice environnementale
un axe majeur des politiques publiques en
matière de logement, d?agriculture, d?eau, de
biodiversité, d?énergie, de travail sera une
préoccupation permanente.
Réduire et prévenir la vulnérabilité énergétique dans l?habitat et les transports
Environ huit millions de personnes en France
sont touchées par la précarité énergétique.
L?ampleur du phénomène, qui mobilise en
France comme dans la plupart des pays
développés les acteurs du social, de l?habitat et
de l?énergie, rend nécessaire, pour mieux agir,
une approche par la vulnérabilité énergétique
globale des ménages. En effet, la hausse
inévitable à terme des prix de l?énergie
affectera à la fois les dépenses de chauffage
(ou de rafraîchissement pour les outre-mer) et
de déplacements professionnels ou de loisirs.
La vulnérabilité énergétique traverse les
classes sociales. Les ménages actifs des
classes modestes et moyennes habitant le
secteur périurbain lointain, non ou mal
Aux termes de la loi du 12 juillet 2010, « est
en situation de précarité énergétique une
personne qui éprouve dans son logement
des difficultés particulières à disposer de la
fourniture d?énergie nécessaire à la
satisfaction de ses besoins élémentaires en
raison de l?inadaptation de ses ressources
et de ses conditions d?habitat. »
49
desservis par les transports publics, sont
identifiés comme spécifiquement vulnérables5.
L'étalement périurbain accroît leur dépendance
à la voiture individuelle pour les déplacements
domicile-travail, requérant souvent un
équipement multiple et allongeant les
kilomètres parcourus. Des ménages sont
contraints de limiter leurs dépenses de
chauffage. Les personnes âgées isolées et les
familles monoparentales, qui concernent le
plus souvent des femmes, sont
particulièrement vulnérables. Le
renchérissement du coût de l?énergie affecte
aussi les petites entreprises artisanales et
industrielles. L?alourdissement des charges
contraintes liées à la mobilité se conjugue à
celles du logement et au coût des travaux de
rénovation. Ces coûts peuvent freiner la
recherche d?emploi, créant un cercle vicieux.
La définition d?usage de la précarité
énergétique, c?est à dire consacrer plus de
10% de ses revenus à des dépenses
énergétiques dans le logement, est donc
partielle. Les dépenses énergétiques
contraintes peuvent faire basculer sous le seuil
de pauvreté des ménages qui en sont proches,
mais tous les ménages «pauvres» ne sont pas
forcément précaires du point de vue
énergétique. Les situations de précarité
énergétique sont également très présentes en
milieu rural isolé, faute, le plus souvent, de
système de transport individuel alternatif à
l?automobile et en outre-mer, où l?habitat est
mal desservi par les services publics en
réseau.
Le projet de loi relatif à la transition énergétique
pour la croissance verte contribuera à la lutte
contre la précarité énergétique, en réduisant
les consommations d?énergie et en créant un
« chèque énergie ».
Les signaux-prix de l?énergie jouent un rôle
stratégique dans la distribution des facteurs de
vulnérabilité à moyen et long terme, ils
orientent l?innovation et les choix de localisation
et de consommation, en favorisant ou non
l?étalement urbain. Il faut renforcer les
signaux-prix de l?énergie par une fiscalité
adaptée , en l?accompagnant de dispositifs
5 Observatoire de la précarité énergétique, mai 2013
ciblés pour les personnes vulnérables tels
que le chèque énergie.
Pour mieux connaître et mesurer la
vulnérabilité énergétique, des indicateurs de
vulnérabilité seront développés en lien avec
l?observatoire de la précarité énergétique. Ils
cibleront les publics concernés et les
circonstances déclenchantes, en éclairant les
multiples dimensions et prenant en compte les
inégalités sociales et territoriales. La France
fera également progresser une approche
harmonisée et coopérative de la précarité
énergétique au plan européen .
La détection de la précarité énergétique sera
organisée au plus près des populations et des
territoires.
Le plan de rénovation énergétique de l?habitat
répond à l?engagement du chef de l?État de
rénover sur le plan énergétique 500 000
logements par an d?ici à 2017 (120 000 dans le
parc social et 380 000 dans le parc privé), et
ainsi de contribuer à réduire de 38 % la
consommation d?énergie dans le secteur du
bâtiment à horizon 2020. Dans ce cadre, a été
lancé, entre autres, le plan de rénovation
énergétique de l?habitat, dont le dispositif
"J?éco-rénove, j?économise" est opérationnel
depuis septembre 2013.
Les actions engagées à destination des
ménages modestes , que ce soit dans le parc
social ou dans le parc privé, seront
poursuivies , notamment grâce au programme
Habiter Mieux de l?Anah.
Le dispositif d?accompagnement des
particuliers , constitué principalement des
Points rénovation info service (Pris) répartis sur
tout le territoire, sera développé , en
s?appuyant sur les collectivités territoriales et
les réseaux des Espaces Info Energie de
l?Agence de l?environnement et de la maîtrise
de l?énergie (Ademe), des Agences
départementales d?information sur le logement
(Adil) et le réseau Agence nationale
d?amélioration de l?habitat (Anah). Enfin, la
montée en compétence des professionnels
sera poursuivie , afin de garantir la qualité des
travaux et les gains d?énergie. La convention
sur la formation aux économies d?énergie des
50
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
PRIORITÉ 2
entreprises et artisans du bâtiment (FEEBAT)
signée en 2014 entre l?État et les
professionnels du secteur y contribuera
largement, ainsi que la mise en place
d?avantages en cas de recours à ces
entreprises labellisées (éco-conditionnalité).
Un bouclier énergétique global en substitution
ou en complément des tarifs sociaux pour aider
l?ensemble des ménages précaires, y compris
ceux qui sont aujourd?hui exclus des tarifs
sociaux, et pour éviter les situations de
privation, pourrait être étudié.
L?efficacité de la lutte contre la précarité
énergétique dans le logement passe par la
coordination des aides et l?amélioration de
l?accès aux droits.
Il faut conjuguer accès équitable à la mobilité et
transition écologique, en mobilisant tous les
acteurs. Des campagnes de sensibilisation au
budget consacré à la mobilité inciteront aux
changements de pratiques, en mettant
notamment en évidence les coûts complets de
la propriété individuelle d?une voiture (achat,
entretien, usage), dont les études montrent
qu?ils sont sous-estimés par les ménages. La
période 2015-2020 sera celle de la mobilité
dans le périurbain et dans les zones non
interconnectées telles que les territoires
ruraux : offre de mobilité intégrant les
nouveaux modes de déplacement,
intermodalité et coopération entre les autorités
organisatrices de transports seront favorisés.
L?accès de tous aux équipements efficaces
sera amélioré . Ils sont souvent plus chers à
l?achat mais rentabilisés à l?usage. Les
compteurs intelligents, la lutte contre les pertes
à la source, l'éco-conception, l'éducation des
ménages et la domotique sont des pistes
prometteuses. La formation des professionnels
sera développée.
En France, les projets citoyens ou locaux
restent minoritaires, bien qu?en augmentation. Il
est essentiel que chacun ait la capacité d?être
acteur de la transition énergétique.
Les consommateurs seront informés de
manière toujours plus transparente sur
leurs factures , avec une meilleure lisibilité des
composantes de la part fixe des abonnements
à l?électricité et au gaz. Les dispositifs de
prévention, de subvention et
d?accompagnement par les associations et
les collectivités seront renforcés . L?auto-
réhabilitation accompagnée des logements
sera favorisée grâce au développement d?une
assistance à la maîtrise d?ouvrage intégrant
une approche globale du projet, la prévention
et l?usage maîtrisé et raisonné de l?énergie, en
même temps que l'adaptation au climat actuel
et futur.
Prévenir et s'adapter aux impacts du changement climatique
Le diagnostic des impacts
environnementaux du changement climatique
souligne la diversité des territoires face aux
risques (inondations, incendies, sécheresse,
submersion marine, mouvements de terrain,
salinisation) et ses conséquences pour les
populations. Le changement climatique peut
ainsi avoir un impact sur la santé des
personnes, avec notamment des vagues de
froid ou de chaleur provoquant des morts
prématurées. La hausse des températures peut
entraîner la prolifération de certains vecteurs
de maladie, modifier leur répartition et leur
prévalence. Le changement climatique
impactera significativement la quantité et la
nature de la production alimentaire.
Ce diagnostic met en évidence la nécessité
d?anticiper les risques pour apporter des
réponses socialement justes, innovantes et
adaptées pour l?ensemble des populations
concernées, résidents permanents et
51
occasionnels, professionnels, entreprises,
salariés.
Accroître la connaissance des impacts du
changement climatique sur la population,
sur les structures et moyens de production
et sur le patrimoine
Les impacts économiques, environnementaux,
sociaux et sanitaires du changement climatique
doivent être mieux connus.
L?analyse des risques par les collectivités
territoriales sera développée . Le changement
climatique sera pris en compte dans la politique
de prévention des risques naturels et de
planification urbaine, par l?intermédiaire des
plans locaux d?urbanisme et des plans de
prévention des risques naturels, y compris par
la requalification de zones en fonction de
l?évolution de l?environnement immédiat
(érosion côtière, risques de crues,
ruissellement). Les stratégies locales de
gestion du risque inondation y contribueront.
La sensibilisation et l?information des citoyens
sont essentielles. La sensibilisation au risque
doit avoir lieu à l?école, en entreprise, sur
les lieux de loisir . Elle doit associer les
autorités municipales, compétentes en matière
de risque naturel, et être adaptée à la
spécificité territoriale. Elle recouvre
l?apprentissage d?une culture du risque
intégrant notamment la prévention et la gestion
du risque, la mise en place et l?usage des
signaux d?alerte.
Des outils seront par ailleurs développés
pour évaluer l'efficacité des mesures prises
en matière d'adaptation Il conviendra
également de valoriser et diffuser les mesures
d?adaptation mises en oeuvre. Les entreprises
devront poursuivre les actions qu?elles ont pour
certaines déjà engagées.
52
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Favoriser l?adaptation des activités
économiques au changement climatique
L?objectif est d?adapter les dynamiques de
développement territorial pour les mettre en
cohérence avec le changement climatique.
L?adaptation au changement climatique doit
être un sujet du dialogue social national et
sectoriel Il s?agira d?étudier avec les
professionnels des secteurs les plus
concernés (construction, assurance, tourisme,
agriculture, forêt, pêche, aquaculture, énergie,
industrie et, à terme, d?autres services ) les
scenarii d?adaptation et de relocalisation
éventuelle à long terme des activités
économiques : évolution des modes
d?agriculture, d?élevage, d?aquaculture, création
de nouvelles filières agricoles, agroforesterie,
choix des essences forestières de
reboisement, adaptation des infrastructures de
transports et portuaires, stimulation des filières
d?exploitation de la forêt et de transformation
locale ou nationale du bois en particulier du
bois de construction, modification des trames
vertes et bleues, adaptation du tourisme et de
l?offre de loisirs due à l?augmentation des
températures moyennes. Afin de garantir une
offre alimentaire sûre et diversifiée dans un
contexte de changement climatique, il sera
nécessaire d?agir en synergie sur la sobriété
dans l?usage de la ressource en eau, l?évolution
des types cultures et les capacités de stockage
d?eau.
Protéger les populations en renforçant les
capacités d?intervention face aux crises
climatiques, dans un souci de cohésion
sociale et territoriale
Les moyens de protection contre les crues
devront à terme être adaptés en fonction de
l'impact du changement climatique sur les
phénomènes naturels extrêmes (précipitations,
tempêtes...). L'évaluation de cet impact est une
priorité. Des méthodes d'adaptation des
ouvrages de protection dans les zones
littorales et les estuaires sont d?ores et déjà
développées pour anticiper sans attendre la
Le site www.drias-climat.fr, très fréquenté
depuis son lancement en juillet 2012, met
à disposition des bureaux d?études, des
collectivités et de nos concitoyens, des
projections climatiques régionalisées ,
réalisées dans les laboratoires français de
modélisation du climat. Les informations
climatiques sont délivrées sous différentes
formes graphiques ou numériques, avec
une démarche d?appropriation en trois
étapes : Espace Accompagnement,
Espace Découverte, Espace Données et
Produits.
53
PRIORITÉ 3
surélévation du niveau de la mer ; d?autres
modèles seront étudiés et mis en oeuvre tels
que le repli stratégique. Une attention
spécifique sera portée aux territoires d?outre-
mer.
La nouvelle compétence de gestion des milieux
aquatiques et de prévention des inondations
confiée aux établissements publics de
coopération intercommunale (EPCI) permettra
de mieux répondre à ces enjeux.
Au plan sanitaire, ce sont les populations
vulnérables qu?il faudra protéger en priorité
du risque de canicule, notamment les
personnes âgées, grâce à la sensibilisation et
l?information, l?amélioration du système d?alerte
précoce, la promotion de la solidarité
intergénérationnelle, l?identification et le
traitement des îlots de chaleur urbains. Le
projet de loi de Santé prévoit la réorganisation
des dispositifs de vigilance et l?instauration d?un
dispositif d?organisation du système de santé
(ORSAN) en cas de situation sanitaire
exceptionnelle.
Tous les lieux recevant du public, sur tous les
territoires seront incités à adopter et mettre en
oeuvre des plans d?adaptation immédiate
aux alertes climatiques , à l?instar de pays
comme le Canada : déclenchement du
télétravail et recours à des horaires décalés,
adaptation du fonctionnement des services à la
population.
Prévoir le financement des impacts
économiques et sociaux des risques liés au
changement climatique
Le changement climatique entraîne des risques
sanitaires, économiques et sociaux : risque de
perte matérielles, perte d?emploi, de l?outil de
production, variations accrues des stocks de
ressources biologiques marines (dont
dépendent la pêche et l?aquaculture), de
contrainte économique de court terme liée à la
réduction des émissions de carbone, risque
enfin de morbidité et de mortalité accrue. Il
faudra donc intégrer les coûts sociaux
potentiels dans les projets et
investissements par des études de sensibilité
au risque climat présent et de vulnérabilité au
climat futur. Dans le prolongement des
mesures fixées par le Plan national
d?adaptation au changement climatique
(PNACC) sur le financement et l?assurance, le
renforcement de la couverture assurantielle
sera lié de manière plus efficace à la
politique de prévention . Produits innovants
en matière d?assurance, primes à la
relocalisation, bonus/malus, prêts à taux zéro
pour les habitations moins énergivores et plus
résilientes au changement climatique, auto-
réhabilitation accompagnée, prise en compte
de ce risque dans l?investissement socialement
responsable et systèmes de mutualisation des
risques seront encouragés (cf. axe 4).
Prévenir et lutter contre les inégalités en santé environnement
Le lien entre environnement, mode de vie et
santé nécessite d?avancer sur plusieurs fronts
pour lutter contre les inégalités
environnementales, sociales et territoriales de
santé.
Les inégalités en santé environnement se
creusent de façon diverse au sein des
territoires face aux nuisances engendrées par
l?expansion urbaine, les risques industriels et
naturels, les nouvelles technologies et la perte
de qualité des écosystèmes. Face à des
pathologies en augmentation, certaines
populations sont plus touchées que d?autres,
en raison du cumul avec des inégalités
sociales, de revenu, d?emploi et d?accès aux
54
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
soins. En outre, les conditions de vie, de travail
et la qualité de l?environnement ont un impact
important sur la fréquence des comportements
à risque.
La situation sanitaire de la France est donc
marquée par un paradoxe, souligné par
l?Organisation mondiale de la santé (OMS) :
une espérance de vie à la naissance parmi les
plus élevées d?Europe, mais des inégalités de
santé parmi les plus importantes.
Faire de la problématique des inégalités
environnementales et sociales de santé un
des axes structurants des politiques
publiques territoriales
Malgré les travaux lancés par le Plan national
santé-environnement précédent (PNSE 2), les
inégalités environnementales demeurent peu
évaluées et donc peu traitées en tant que telles
par les pouvoirs publics. En effet, il n?existe pas
à ce jour de données spatialisées pour
l?ensemble des risques ni de méthodologie
opérationnelle pour les additionner. Aussi,
l?évaluation des risques encourus sur un
territoire donné par les populations exposées
aux pressions environnementales (pollution et
nuisances dans l?air, l?eau, le sol, bruit, ondes),
n?est pas envisagée de la même manière par
les différents acteurs, faute de cadre d?analyse
commun.
Le PNSE 3 2015-2019 poursuit l?identification
et le traitement des points noirs
d?exposition à des nuisances
environnementales , avec des actions ciblées.
Il propose des actions pour améliorer le recueil
des données environnementales et de santé,
leur centralisation, leur disponibilité, leur
traitement, avec l?objectif d?établir des liens
entre les expositions et leurs effets sur la
santé. Il est articulé avec les autres stratégies
et plans concernant la santé, la gestion des
eaux, le climat et l?énergie.
Le PNSE 3 témoigne ainsi de la volonté du
gouvernement de réduire autant que possible
et de façon la plus efficace les impacts des
facteurs environnementaux sur la santé afin de
permettre à chacun de vivre dans un
environnement favorable à la santé.
A horizon 2020, il faut poursuivre deux objectifs
majeurs : d?une part la prise en compte
effective de la réalité des expositions
auxquelles sont soumises les populations
dans les différentes situations de leur vie,
privée, scolaire, professionnelle ; et d?autre part
mieux connaître et évaluer les situations de
multi-expositions , qu?il s?agisse d?effets
cocktails chimiques ou d?interactions entre des
polluants chimiques et des agents physiques
tels que les ondes ou le bruit.
Savoir pour pouvoir agir : faire progresser
la connaissance et les outils de diagnostic
sur les inégalités en santé environnement
L?effet cumulatif entre inégalités
environnementales et sociales, qui
accentue la ségrégation spatiale, doit être
mis en évidence . Le décloisonnement des
55
sciences environnementales et sociales est
indispensable. La recherche relative au
développement d?outils spatialisés visant à
mieux caractériser les inégalités doit être
encouragée. Une plate forme commune des
méthodologies de référence pour caractériser
les inégalités environnementales de santé sera
développée. Les méthodes et outils d?analyse
doivent prendre en compte les dimensions
environnementale, comportementale,
démographique, sociétale, et géographique
pour mieux définir les impacts sanitaires sur les
territoires. Le recueil de données
environnementales, sociales et de santé à
l?échelle de l?IRIS (Ilots regroupés pour
l'information statistique) doit être amélioré.
L?observation doit inclure spécifiquement les
situations en outre-mer.
Prévenir et agir sur ce que l?on sait.
Faire le choix de la prévention c?est vouloir agir
tôt sur tout ce qui a une influence sur la santé,
c?est prendre en compte les déterminants de
santé et nous interroger sur les conséquences
de la dégradation de notre environnement sur
l'augmentation d'un certain nombre de
pathologies chroniques. Cet effort de
prévention contribue également au
redressement des comptes publics en
réduisant le surcoût sur le système de santé.
Les actions menées dans le cadre des
Plans nationaux santé environnement
(PNSE) en vue de réduire les émissions de
polluants dans l?air et dans l?eau sont
renforcées et complétées dans le PNSE 3 ,
en intégrant notamment la question des sols. Il
faudra veiller à leur mise en oeuvre, à travers
les Plans régionaux santé-environnement.
Bien des situations relèvent de la prévention.
La lutte contre les logements insalubres est
une priorité nationale . En outre-mer, les
actions doivent prendre en compte à la fois les
besoins de résorption de l?habitat insalubre et
l?exposition à des risques naturels
(cycloniques, sismiques?).
La formation à la santé environnementale
doit être développée . La formation des
professionnels de santé comportera une
sensibilisation à l'origine environnementale des
pathologies. Les architectes, urbanistes et la
plupart des corps d?ingénieurs devront aussi y
être formés.
Les outils spatialisés les plus récents, qui
croisent les modèles d?exposition et les
données de biosurveillance, épidémiologiques,
sociales et sanitaires, tels que les outils
« Plaine » et « Equit?area » seront diffusés et
leur appropriation au plan local encouragée. La
construction de synergies entre les acteurs
territoriaux sera favorisée, notamment par la
déclinaison territoriale du PNSE 3. Le projet de
loi sur la Santé prévoit par ailleurs pour les
zones peu denses l?amélioration du service
territorial de santé, du parcours de soin et de
l?accès aux premiers secours.
Les faibles doses et leurs effets
Des risques chroniques et diffus sont liés à
des expositions à de faibles doses sur de
plus ou moins longues périodes. Ceci
remet en question la base actuelle de
l?évaluation des risques associés aux
produits chimiques, à savoir que: « C?est la
dose qui fait le poison.». Bien souvent les
études de danger sont réalisées dans des
contextes d'exposition importante. Les
études épidémiologiques sont effectuées à
la suite d'une exposition accidentelle ou au
sein de certains groupes qui ont subi une
forte exposition, professionnelle par
exemple. Pour connaître les risques à
faible dose, il est nécessaire d'extrapoler
les risques obtenus pour des doses plus
élevées et étudier la relation entre la dose
et l'effet. L'étude de ces relations permet
d'établir les valeurs toxicologiques de
référence. Les effets peuvent être différés
dans le temps, cumulés (« effets
cocktails » ou interactions), voire
transgénérationnels. L?hypothèse des
effets à faible dose ne s?applique pas à
toutes les substances chimiques. Les
substances qui présentent des effets à
faible dose sont principalement les
«substances actives sur le système
endocrinien».
56
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Poursuivre la réduction des expositions
responsables de pathologies à fort impact
sur la santé dans tous les milieux de vie en
ciblant les populations vulnérables
On constate depuis plusieurs années
l?augmentation de pathologies telles que
l?asthme, le cancer, les maladies de la thyroïde,
les allergies, le diabète, l?obésité. Les femmes
enceintes, les enfants et d?autres populations
fragiles en raison de leur âge, de leur situation
personnelle, sociale, professionnelle ou
géographique sont plus vulnérables face à ces
expositions.
Le PNSE 3 programme des travaux sur les
polluants impliqués plus spécifiquement dans
certaines pathologies pour proposer des
actions de réduction des expositions ainsi que
des hypothèses étayant les associations entre
polluants et pathologies et l?existence de
populations particulièrement vulnérables. Les
relations entre habitat et santé, pollution
urbaine et santé, ainsi qu?entre qualité des
écosystèmes et santé seront également
abordées. La pratique régulière d?une activité
sportive ainsi que l?amélioration des habitudes
alimentaires constituent par ailleurs des
facteurs déterminants de prévention des
maladies chroniques.
La part des cancers d?origine professionnelle
est estimée entre 4 à 8,5 %, ce qui représente
en France entre 14 000 et 30 000 nouveaux
cas par an (sur les 355 000 nouveaux cas de
cancers estimés en 2012), une large part étant
due à l?amiante. 82 substances cancérogènes,
mutagènes ou reprotoxiques ont été identifiées
entre 2006 et 2008 comme prioritaires pour la
substitution. La transformation de l?organisation
du travail nécessite une veille accrue des
responsabilités des entreprises dans la chaîne
de sous-traitance. Il faut faire évoluer les
approches de la santé au travail pour
qu?elles soient plus transversales, pour
établir des liens et une coordination plus
étroite avec les politiques de santé publique
et de santé environnementale.
Les mesures en faveur de l?amélioration de
la qualité de l?air doivent aller vers plus
d?efficacité, de durabilité et de justice
sociale . Les coûts annuels des effets
sanitaires de la pollution de l?air sont évalués
entre 20 et 30 milliards d?euros annuels par la
Commission des comptes et de l?économie de
l?environnement en 2012 pour la France
métropolitaine. Compte tenu de l'impact
sanitaire important de la pollution
atmosphérique (maladies cardio-respiratoires,
cardio-vasculaires, cérébrales, cancers) et du
contexte réglementaire (procédure
contentieuse européenne en cours), des
mesures en faveur de l?amélioration de la
qualité de l'air ambitieuses et efficaces doivent
être mises en oeuvre pour réduire
significativement, d'ici 2020, le taux de
population exposée à des dépassements des
valeurs réglementaires des polluants comme
les particules et les oxydes d'azote (Nox). Les
objectifs de qualité rendus publics par l?OMS
en 2013 font référence.
Cela implique de réduire significativement
les émissions de polluants atmosphériques
dans tous les secteurs d'activité
contributeurs : dans les transports en donnant
par exemple aux collectivités territoriales la
possibilité de mettre en place des mesures de
restriction de la circulation sur tout ou partie de
leur territoire, en créant des Zones de
restriction de la circulation (ZRC), un dispositif
d?identification des véhicules en fonction de
leurs émissions polluantes (prévu pour 2015) ;
dans l?agriculture par des actions sur les
techniques d?épandage et de couverture des
fosses à lisier) ; dans l?industrie.
Ce sera l?objet du Plan de réduction des
émissions de polluants atmosphériques
(PREPA), qui poursuit l?objectif de respect
plafonds d?émissions (Directive NEC), valeurs
limites européennes (directive qualité de l?air).
Ce plan sera le programme national d?actions
pour la qualité de l?air. Il s?appuiera sur d?autres
outils (schémas régionaux climat-air-énergie,
plans de protection de l?atmosphère,
communication) pour la mise en oeuvre efficace
d?une politique intégrée "climat-air-énergie". Il
comportera des actions et mesures
hiérarchisées et évaluées techniquement,
économiquement et socialement. Sa
publication est prévue au plus tard le 31
décembre 2015.
57
La trajectoire fixée en matière de réduction de
l?usage de pesticides est loin d?être atteinte.
L?indicateur de suivi du plan Ecophyto 2018,
adopté en vue de réduire de 50% l?usage des
pesticides au niveau national d?ici 2018 par
rapport à 2008, n'a pas diminué sur la période
2008-2012. Dans le même temps, les ventes
de substances cancérogènes, mutagènes et
reprotoxiques ont en revanche connu une forte
baisse. Les feuilles de route pour la transition
écologique pour 2012 et pour 2013 ont fixé de
nouveaux objectifs, comme par exemple le
développement du biocontrôle, et l?interdiction
de l?épandage aérien de pesticides.
Les concentrations de pesticides dans l?air,
surveillées notamment par les Associations
agréées de surveillance de la qualité de l'air
(AASQA) depuis de nombreuses années, ont
soulevé des interrogations sanitaires dans
certaines zones du territoire.
Une accélération des actions engagées par les
ministères en charge de l?écologie, de
l?agriculture et de la santé pour contrôler et
réduire l?usage des pesticides a été décidée
lors de la troisième conférence
environnementale de novembre 2014. Une
campagne de surveillance des pesticides dans
l?air extérieur sera lancée. Les usages de
pesticides par les particuliers seront
documentés. Les substances les plus
dangereuses seront interdites. Les produits
phytopharmaceutiques contenant des
substances préoccupantes seront retirés.
L?épandage aérien des pesticides sera
définitivement interdit fin 2015.
Mieux gérer les risques à forte incertitude
(précaution)
Afin de mieux prendre en compte les
problématiques liées aux risques émergents, il
faut en priorité établir pour les
nanotechnologies et les perturbateurs
endocriniens des définitions réglementaires
et harmonisées au niveau européen et
promouvoir la thématique des perturbateurs
endocriniens au niveau européen. Le 7ème
Programme d?action pour l?environnement
(PAE), l?axe Environnement du nouveau
Programme Cadre de Recherche et
Développement (2014-2020) et la stratégie
nationale sur les perturbateurs endocriniens
adoptée en mai 2014 fixent à cet égard des
orientations sur lesquelles s?appuyer.
Il faut également faire évoluer la législation et
encourager les démarches volontaires pour
réduire l?exposition à des substances
dangereuses pour la santé et l?environnement,
tel que le bisphénol A, dont l'interdiction dans
les tickets de caisse et les contenants
alimentaires sera effective en 2015.
Il est nécessaire de mieux prendre en charge
les patients présentant des pathologies en lien
avec des expositions environnementales. Une
meilleure articulation entre les centres de
consultation de pathologies professionnelles et
les autres spécialités sera encouragée.
58
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
59
Inventer de nouveaux modèles
économiques et financiers
PRIORITÉ 1
Élaborer un nouveau cadre des pratiques d?investissement pour attirer les
financements vers des projets liés à la transition écologique
PRIORITÉ 2
Modifier les comportements des acteurs individuels en changeant les modèles
d?incitation et de rémunération de leur performance économique
PRIORITÉ 3
Associer les acteurs à l?adaptation des modèles économiques
INDICATEURS DE SUIVI DE L?AXE 4
Part des recettes fiscales environnementales dans l es prélèvements obligatoires et dans le PIB
Part des investissements consacrés à l?économie d?é nergie dans l?industrie
Évolution des encours d?investissements socialement responsables (ISR)
Évolution des encours d?obligations durables
Évolution de l?emploi dans l?économie sociale et solidaire
Indicateurs de 1er niveau en gras
AXE 4
60
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
La transition écologique recouvre une diversité
d?enjeux, de trajectoires technologiques et de
besoins. Pour répondre à cette diversité,
favoriser la pluralité des comportements
d?achat, de financement et d?investissement au
bénéfice d?une croissance innovante,
soutenable et socialement juste devient
incontournable. Concrètement, il s?agit à la fois
d?adapter des outils existants pour assurer leur
compatibilité avec la transition écologique et de
favoriser le développement de nouveaux
modèles économiques et financiers (tels que
l?économie sociale et solidaire, la finance
participative, l?économie collaborative,
l?économie circulaire et l?économie d?usage).
Les crises financière, économique,
environnementale et sociale ont marqué en
profondeur notre pays depuis 2008. Elles ont
brutalement remis en exergue les limites et les
défaillances des modèles économiques et
financiers dominants utilisés depuis la seconde
moitié du XXe siècle dans les choix de
consommation, de production, de financement
et d?investissement, et la définition des
politiques publiques.
Tout modèle repose sur des hypothèses et des
règles de décision, explicites ou implicites, pour
certaines extrêmement complexes au point de
les rendre opaques. Si, au plan global, ces
hypothèses et règles de décision ont vocation à
simuler des comportements collectifs au travers
de l?évolution de l?offre, la demande,
l?investissement, le niveau général des prix?,
elles présupposent, en revanche, le
comportement des acteurs pris
individuellement dans leurs choix de
consommation, d?investissement, d?épargne ou
dans leurs modèles d?affaires. Elles intègrent
une représentation simplifiée de la réalité et de
son fonctionnement, voire erronée6, avec des
impacts majeurs sur la croissance et l?emploi.
Ainsi, les impacts sur l?environnement,
considéré au sens large (enjeux écologiques,
sociaux et sociétaux) sont peu ou pas pris en
6 En mai 2008, l?agence de notation Standard & Poor?s admet une erreur dans son
modèle informatique d'évaluation de ses produits de dette à effet de levier, qui
aurait conduit à leur surévaluation.
En janvier 2013, le Fonds monétaire international reconnaît que la modélisation
mathématique utilisée pour ses prévisions de croissance en fonction des coupes
budgétaires est erronée? et l?impact auto-aggravant des politiques d?austérité
préconisées.
compte dans les modèles économiques,
financiers et d?affaires, même si les initiatives
en ce sens se multiplient depuis plusieurs
années. Et pour cause, les représentations
théoriques (efficience des marchés, modèles
d?équilibre des actifs financiers, d?évaluation
d?entreprise, critères d?évaluation de la
performance et systèmes de récompense des
dirigeants et des collaborateurs?) ne prennent
pas en compte les enjeux climato-
énergétiques, les services rendus par les
écosystèmes, l?épuisement des ressources
naturelles? sans parler de la diversité des
logiques d?acteurs.
L'indicateur phare de mesure de la croissance
d'un pays, le produit intérieur brut, présente le
même type de limites pour rendre compte de
l'évolution du bien-être. Comme l'a
recommandé la commission Sen-Stiglitz-
Fitoussi, différents indicateurs le complétant
sont désormais publiés sans qu?ils fassent
encore partie des indicateurs clés des
performances économiques et du progrès
social.
Investir dans la transition écologique,
notamment dans le capital écologique, un bien
commun 7 , revient à anticiper les
bouleversements environnementaux et leurs
conséquences économiques et sociales. Dès
lors, l?enjeu, traité dans le Livre blanc sur le
financement de la transition écologique, est de
flécher et d?orienter les capitaux vers les bons
investissements qui correspondent à la fois à la
rationalité économique et aux orientations
bénéfiques pour la société. Par exemple, pour
engager la transition énergétique de notre
pays, les besoins de financement dépendront
fortement de l'évolution du coût des
technologies et des conditions de marché. Les
investissements ont été estimés lors du débat
national de la transition énergétique à
37 milliards d'euros annuels et ils devraient
croître de 50 % à l'horizon 2050. En appui de la
loi relative à la transition énergétique pour la
croissance verte, les travaux engagés dans le
7 Engagement C de la Stratégie Nationale pour la Biodiversité
61
cadre de la conférence bancaire et financière
pour la transition énergétique se sont attachés
à répondre à cet enjeu.
Pour assurer l?efficacité écologique des
politiques et des projets publics et privés8, il est
nécessaire d?éclairer et d?orienter les décisions
économiques de l?ensemble des acteurs
publics et privés (d?achat ou de vente d?un
produit, d?un service, d?une entreprise ;
d?investissement dans un projet ou une
entreprise ; d?allocation d?actifs d?un portefeuille
d?investissement ; de mise en place d?une
réglementation?), vers des choix compatibles
avec la transition écologique de nos
économies. À cette fin, de nouveaux
mécanismes économiques et financiers et de
nouveaux modèles d?affaires doivent être
inventés, qui mobiliseront les capitaux
disponibles dont l?épargne vers les
investissements nécessaires à la transition
écologique. Cela suppose de reconsidérer les
pratiques d?investissement et de transformer
les dispositifs d?incitation individuels, tout en
veillant au maintien de conditions de
concurrence internationale équitables. Ainsi les
subventions publiques dommageables à
l?environnement seront supprimées,
conformément aux engagements de la France
à Rio en 1992 et à Johannesburg en 2002, d?ici
2022. Et comme tout changement de modèle,
cela induit des ruptures qu?il s?agit
d?accompagner avec soin, notamment pour les
populations les plus exposées.
8 Objectif 15 de la Stratégie Nationale pour la Biodiversité
« Le coût global de la transition écologique
est celui d?une anticipation collective » 9
Plusieurs études se sont focalisées sur le coût
de l?inaction , que ce soit vis-à-vis du
changement climatique ou de l?érosion de la
biodiversité. Nicholas Stern a ainsi estimé en
2006 que l?action contre le changement
climatique coûterait 1% du Produit intérieur
brut (PIB) mondial chaque année, alors que les
conséquences en cas d?inaction abaisseront
d?environ 5% ce PiB. En 2009, il a réévalué ces
chiffres respectivement à 2% du PIB et de 5 à
20% du PIB 10. L?érosion de la biodiversité,
elle est susceptible de faire diminuer de 7%
le PIB mondial à l?horizon 2050 11. La pollution
atmosphérique causé par le trafic routier en
France serait quant à elle à l'origine chaque
année d'environ 18 500 décès prématurés
selon l?OCDE, pour un coût de 40 milliards
d'euros. Le coût de la transition écologique
peut alors apparaître comme une prime
d?assurance. Par exemple, le développement
des énergies éoliennes et photovoltaïques peut
constituer uneassurance contre l?évolution des
prix des énergies fossiles 12 . Le génie
écologique qui permet la restauration des
écosystèmes en constitue une autre pour une
meilleure résilience des territoires notamment
face aux changements climatiques.
10 Avis du Conseil économique, social et environnemental sur le financement de la
transition écologique et énergétique, 10 septembre 2013
11 A blue print for a safer planet, Nicholas Stern, London Vintage books, 2009.
12 The Cost of Policy Inaction : The case of not meeting the 2010 biodiversity
target ? Alterra & iEEP, Braat, ten Brink et al. étude européenne
13 Evaluation socio-économique du programme de production d?électricité éolienne
et photovoltaïque - Coûts et bénéfices du «Grenelle de l?environnement» pour les
énergies renouvelables - Koleda G., Didier M. - COE-REXECOdE - N.12, octobre
2009
« Le coût global de la transition
écologique est celui d?une anticipation
collective » 10
Plusieurs études se sont focalisées sur le
coût de l?inaction , que ce soit vis-à-vis du
changement climatique ou de l?érosion de la
biodiversité. Nicholas Stern a ainsi estimé en
2006 que l?action contre le changement
climatique coûterait 1% du Produit intérieur
brut (PIB) mondial chaque année, alors que
les conséquences en cas d?inaction
abaisseront d?environ 5% ce PIB. En 2009, il
a réévalué ces chiffres respectivement à 2%
du PIB et de 5 à 20% du PIB 11. L?érosion
de la biodiversité, elle, est susceptible de
faire diminuer de 7% le PIB mondial à
l?horizon 2050 12. La pollution atmosphérique
causée par le trafic routier en France serait
quant à elle à l'origine chaque année
d'environ 18 500 décès prématurés selon
l?OCDE, pour un coût de 40 milliards d'euros.
Le coût de la transition écologique peut alors
apparaître comme une prime d?assurance.
Par exemple, le développement des énergies
éoliennes et photovoltaïques peut constituer
une assurance contre l?évolution des prix des
énergies fossiles13. Le génie écologique qui
permet la restauration des écosystèmes en
constitue une autre pour une meilleure
résilience des territoires notamment face aux
changements climatiques.
62
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
PRIORITÉ 1
Élaborer un nouveau cadre des pratiques d?investissement pour attirer les
financements vers des projets liés à la transition écologique
Les freins au financement de la plupart des
projets liés à la transition écologique relèvent
autant de ceux du financement de long terme
que des particularités liées à une orientation
résolument écologique de l?outil de production
car ils sont caractérisés par un niveau de
risque élevé (incertitudes quant au délai du
retour sur investissement, aux stratégies
technologiques innovantes gagnantes?).
Aussi pour lever ces freins faut-il transformer la
« norme d?investissement ». Il s?agit de mettre
en place des instruments économiques
innovants et de renforcer les mécanismes
existants pour agir sur l?offre de capitaux
publics et privés gérée par les investisseurs.
Introduire les enjeux de la transition
écologique et du long terme dans les choix
de financement et d?investissement de
l?ensemble des acteurs
Dès l?élaboration des politiques, des mesures
législatives et réglementaires et des projets
d?investissements, les décideurs publics
doivent pleinement s?inscrire dans une
trajectoire de long terme en intégrant
davantage les effets environnementaux et
sociaux dans leurs critères de choix . Les
choix ainsi faits rendront lisibles et crédibles les
mesures engagées par les pouvoirs publics en
faveur de la transition écologique et
permettront, pour les entreprises de faire les
choix technologiques nécessaires à la mutation
écologique de notre pays, et pour les ménages
et les collectivités de réaliser les
investissements contribuant à la limitation des
pressions notamment environnementales. C'est
notamment le cas du plan d'investissement de
la Commission Européenne (dit plan "Juncker")
qui prévoit de mobiliser 21 milliards d'euros de
fonds publics pour un investissement total de
315 milliards d'euros et dont deux des priorités
sont l'énergie et les transports.
Marquer la préférence pour le futur dans les
choix d?investissements publics (cela
implique notamment de poursuivre la réflexion
sur les taux d?actualisation utilisés, dont le
choix, pour un projet donné, doit répondre à
des préoccupations plus stratégiques que
techniques), dans une programmation
pluriannuelle de la mise en oeuvre des
politiques publiques, notamment celles
concourant à la transition écologique, est
également essentiel pour intégrer, au-delà des
préoccupations environnementales, le bien-être
des générations futures.
Le secteur (para-)public, au regard de son
poids dans les marchés financiers (notamment
à travers les participations de l?État dans les
entreprises) et dans le financement de
l?économie et des territoires, doit rechercher
l?émulation chez les autres investisseurs en
s?appliquant des règles de financement
intégrant pleinement les enjeux portés par
la transition écologique . Par exemple, le
soutien des acteurs financiers publics aux
collectivités qui s?engagent dans la transition
énergétique est à encourager, à l'image de la
dotation de 5 milliards de prêts de la Caisse
des Dépôts et Consignations (CDC) pour
accélérer les investissements des collectivités.
En complément de ce qui est exigé des
entreprises, une responsabilité sociétale
institutionnelle, élargissant leur responsabilité
fiduciaire aux enjeux portés par la transition
écologique, devra être mise en place pour
les investisseurs institutionnels privés et
publics.
En requérant des gérants de fonds
d?investissement collectifs et des sociétés de
gestion d?informer sur la manière dont leurs
politiques d?investissement et de vote
prennent en compte des critères sociaux,
environnementaux et de qualité de
gouvernance (ESG) , l?article 224 de la loi du
12 juillet 2010 a franchi une première étape
décisive. Il manque pourtant un maillon
63
essentiel, celui du donneur d?ordre (c?est-à-dire
l?investisseur) qui, au travers de mandats de
gestion, délègue tout ou partie de la gestion de
ses actifs sans avoir l?obligation de spécifier
ses attentes en matière de prise en compte de
critères ESG ou de transition écologique.
L?extension de ce dispositif aux
investisseurs institutionnels permettrait
également de couvrir leur gestion pour compte
propre.
Mettre en place la traçabilité et la
transparence des investissements pour
encourager l?épargne longue
Une labellisation de la contribution des
investissements au financement de la
transition écologique doit être privilégiée .
Cette labellisation autoriserait l?instauration
progressive d?une écoconditionnalité des
avantages fiscaux attachés aux produits
d?épargne longue (tels que l?épargne salariale,
l?assurance-vie, les plans épargne-retraite, les
placements en valeurs mobilières en général),
permettant d?infléchir les décisions des
épargnants. Tout en prenant garde de ne pas
créer un label supplémentaire, une des voies
à explorer consiste à enrichir les
démarches de labellisation ISR
(investissement socialement responsable)
existantes , comme cela peut exister pour la
finance solidaire avec le label Finansol, en les
faisant converger autour d?un référentiel
constitué de quatre pôles complémentaires
indissociables :
- une prise en compte renforcée des critères
ESG dans le processus d?investissement
des fonds ;
- un dialogue accru avec les émetteurs et
une politique de vote systématique sur les
enjeux ESG ;
- une transparence renforcée sur les
pratiques de gestion financière des fonds ;
- la démonstration de l?impact positif des
fonds sur le développement d?une
économie décarbonée, économe en
ressources, préservant les régulations
naturelles et les écosystèmes, résiliente et
inclusive.
Engager les entreprises et les investisseurs
à rendre compte de leurs contributions à la
transition écologique
Les entreprises concernées sont celles visées
par les seuils définis par la loi portant
engagement national pour l?environnement du
12 juillet 2010 dans ses articles 225 et 226.
L?une des voies à privilégier est celle du
rapportage (financier et extra-financier) intégré.
Il convient d?intégrer davantage les
politiques de développement durable et de
transition écologique dans les stratégies de
développement et de compétitivité des
entreprises en développant des indicateurs
de performance adaptés. Il s?agit de traduire
la contribution de ces politiques à la viabilité
économique et financière des entreprises en
répondant également à ce que la société est en
droit d?exiger de ses acteurs économiques au
plan social et environnemental. Ces indicateurs
conduiront de facto à la valorisation dans les
choix d?investissements des enjeux
environnementaux, sociaux, sociétaux (y
compris les droits humains, l?égalité femme-
homme et la prise en compte de la diversité
culturelle) et de bonne gouvernance dans la
valorisation des entreprises et, par voie de
conséquence, celle des portefeuilles
d?investissement. La traduction de la prise en
compte des enjeux de la transition écologique
dans les stratégies d?allocation des
portefeuilles d?investissement, toujours
balbutiante, devient centrale dans la réflexion
de certains investisseurs engagés, notamment
pour son volet climato-énergétique. Un
indicateur relatif à la cohérence des
investissements avec l?objectif de limitation du
réchauffement climatique en-dessous de 2°C
permettrait d?aller dans ce sens.
La convergence des nombreuses initiatives
européennes et internationales conduisant
à l?alignement du statut des informations
extra-financières sur celui des informations
financières , à la fois dans les modèles
d?affaires des entreprises et des investisseurs,
doit être encouragée . La France, pionnière
dans ce domaine, s?attachera à promouvoir
cette convergence dans le cadre de sa
présidence du Groupe des amis du paragraphe
64
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
PRIORITÉ 2
47 de la déclaration finale de Rio +20 (cf.
encadré axe 9).
Promouvoir et sécuriser les pratiques
innovantes d?investissement
Le champ de la transition écologique porte sur
l?ensemble du cycle économique, de
l?approvisionnement à la consommation en
passant par la recherche et développement et
la production. Son échelle territoriale est à la
fois globale, continentale, nationale et locale.
Cette diversité de situations correspond à des
équilibres économiques divers, des horizons
et des taux de rentabilité financière et socio-
économique multiples, qui se reflètent
nécessairement dans la diversité des types de
financement et des types d?acteurs, depuis les
ménages jusqu?aux différents financeurs et
investisseurs institutionnels.
L?unicité des modèles n?est plus de mise. C?est
cette diversité de modalités de financement
(obligation « vertes », de « projet », fonds de
long terme comme cela existe au niveau
européen ou encore les instruments financiers
proposés par la micro-finance, la finance
participative ou « crowdfunding », la sensibilité
croissante des épargnants au profit des
produits financiers solidaires, les
investissements socialement responsables?)
qu?il s?agit de promouvoir et de sécuriser
au travers de la reconception de nos
modèles d?investissement . La conférence
bancaire et financière pour la transition
énergétique a initié des actions en ce sens.
Modifier les comportements des acteurs individuels en changeant les modèles
d?incitation et de rémunération de leur performance économique
Si la plupart des acteurs individuels ont
conscience des enjeux environnementaux,
leurs comportements de consommation ou
d?épargne n?intègrent pas spontanément le
coût des dommages qu?ils causent à
l?environnement et encore moins les risques
que l?épuisement des ressources vivantes ou la
dégradation des systèmes de régulation
naturels font peser sur les générations futures.
Pour les orienter vers des comportements plus
vertueux, trois leviers doivent être renforcés.
Enrichir les critères de choix des acteurs
par une information incontestable? et
lisible
La finance participative pourrait
constituer un levier de la transition
écologique. La diversité de modalités de
financement combinée à l?appropriation
de l?investissement par le citoyen est
aujourd?hui à l?origine de son essor. Les
montants investis à travers la finance
participative sont en nette augmentation,
passant de 25 millions d?euros en 2012 à
33 millions en 2013 (Finance Participative
France, Baromètre du crowdfunding en
France, 2013). Elle s?incarne au travers
de plateformes internet, chacune
spécialisée dans un type
d?investissement spécifique (capital
investissement, émissions d?obligations,
dons?) ou un secteur (énergies
renouvelables, infrastructures?). Il s?agit
d?accompagner l?émergence de ce
nouveau modèle d?investissement, qui
contribue, en partie, à la transition
écologique, en facilitant l?accès à ces
plateformes tout en garantissant la
sécurité des investissements des
citoyens.
65
Les informations environnementales sur les
émissions ou consommations de ressources
naturelles (empreintes carbone, biodiversité,
indicateur de durée de vie) sont véhiculées à
travers des labels sur les produits de
consommation, l?étiquetage des produits en
cours d?expérimentation ou encore les bilans
carbone des entreprises et des collectivités.
L?ensemble des informations devra être
rendu plus lisible, plus robuste et plus
crédible pour les consommateurs et les
épargnants . En cela, l?expérimentation
nationale de l?affichage environnemental des
produits de grande consommation est novatrice
en associant en amont les secteurs
professionnels pour aboutir à un dispositif
solide et partagé, reposant sur une démarche
progressive et volontaire, et qui s?insère dans
une réflexion plus globale pour un cadre
européen. Ces approches devraient être
reprises pour les produits d?investissement
et d?épargne, notamment financiers afin
d?orienter l?épargne des ménages vers les
investissements de la transition écologique.
L?obligation des bilans carbone pourra être
étendue à d?autres thématiques en tenant
compte de leurs spécificités (eau, matières
premières, etc.). Plus généralement, la
réflexion sur l?intégration des externalités, dont
la perte de biodiversité, dans les règles
comptables sera poursuivie. Les informations
sociales, pour autant qu?elles relèvent des
effets de la transition écologique, seront
progressivement incluses dans le champ de
ces expérimentations.
Donner la priorité aux choix de transition
écologique les plus performants en
intégrant dans les prix le coût des impacts
environnementaux
Le Président de la République, lors de la
Conférence environnementale en 2012, a fixé
l?objectif de faire converger la fiscalité
écologique française vers la moyenne de
l?Union Européenne (4,16% des prélèvements
obligatoires en France contre 6,19% en
moyenne européenne)13.
La mise en place d?une taxation des émissions
polluantes et consommations de ressources
13 Chiffres EuroStat 2013
naturelles, à l'instar de l'introduction depuis
2014 d'une composante carbone dans la
fiscalité des énergies fossiles 14 et de
l?augmentation des taxes sur le gazole en
2015, conduira à infléchir le comportement de
chaque acteur économique qui arbitre entre
payer la taxe et polluer ou réduire sa pollution
pour payer moins de taxe.
Ainsi, dans le domaine de l'eau, plusieurs taxes
visent à limiter les pressions sur la ressource.
Leurs recettes sont utilisées au niveau local
pour financer des actions qui aident les acteurs
à modifier leurs comportements.
La fiscalité écologique vise à orienter le
comportement des acteurs. Elle intègre, dans
le coût supporté par l?acteur économique, les
coûts sociaux et environnementaux que ce
dernier occasionne (« externalités »). Elle
organise un transfert de charge entre les
différents facteurs de production, tout en
veillant à protéger les acteurs les plus
vulnérables.
Pour une cohérence d?ensemble, la fiscalité
écologique doit donc s'inscrire dans une
réforme plus large de la fiscalité en France.
Il s?agit d?une part de trouver un équilibre entre
la mise en place de la fiscalité écologique et la
baisse des prélèvements obligatoires, et
d?autre part de s?assurer que le système
fiscal entier encourage la transition
écologique. Une des priorités est donc de
réformer les subventions dommageables à
l?environnement.
Parallèlement, d?autres outils peuvent être
également améliorés pour que les acteurs
individuels adoptent un comportement plus
vertueux :
- Une évolution des modalités de
facturation des biens et des services par
l?intermédiaire d?une tarification
proportionnelle, en fonction des volumes de
consommation, notamment par la
généralisation des systèmes de comptage
individuels de déchets ou d?eau ;
- L?encouragement
de l?écoconditionnalité des aides , qu?elle
qu?en soit la nature et le bénéficiaire (public
14 Composante proportionnelle aux émissions de CO2, intégrée dans la taxe
intérieure de consommation sur les produits énergétiques
66
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
PRIORITÉ 3
ou privé), et politiques d?achat publiques.
Elle permettra en outre de développer des
filières vertes et des services innovants sur
le territoire.
Intégrer des objectifs environnementaux,
sociaux et sociétaux dans les systèmes de
rémunération de la performance
économique et financière
La révision du cadre de rémunération des
dirigeants du secteur tant privé que public
et des acteurs de marché , notamment celles
des gérants et des sociétés de gestion, doit
être poursuivie afin de mieux prendre en
compte les enjeux de la transition écologique et
de long terme.
Des entreprises subordonnent une partie de la
rémunération des dirigeants, notamment la part
variable, à l?atteinte d?objectifs sociaux et
environnementaux. 29% des entreprises cotées
du FTSE Eurofirst300 se sont ainsi engagées à
lier les bonus des dirigeants à l?atteinte de
critères ESG (source : Eurosif). De telles
expérimentations seront activement
soutenues . Les entreprises publiques et celles
dans lesquelles l?État détient une participation
devront être, à cet égard, exemplaires.
Associer les acteurs à l?adaptation des modèles économiques
La transition écologique doit amener à un
meilleur partage des richesses, analysé au
sens large (entre les différentes catégories
d?acteurs, au sein d?une même catégorie ou
entre les générations actuelles et futures). Mais
comme tout changement de modèle, il implique
une adhésion aux inflexions apportées. La
réussite de la mise en oeuvre de nouveaux
modèles économiques et financiers impose
donc une organisation de leur gouvernance et
un accompagnement ciblé des différentes
catégories d?acteurs concernés.
Améliorer le dialogue entre acteurs dans la
réforme des modèles économiques et
financiers par la mise en cohérence des
dispositifs existants et par le
développement d?expertises contradictoires
La France dispose d?ores et déjà d?un certain
nombre de dispositifs formalisés d?association
des parties prenantes au débat public ou à la
mise en oeuvre de politiques. Au-delà de la
mise en cohérence de ces dispositifs, ce sont
surtout les modalités concrètes de mise en
oeuvre de la concertation avec les parties
prenantes qui doivent être renforcées (cf.
axe 8) pour identifier, dès la conception des
nouveaux modèles, les freins et les réticences
au changement perçus par les différents
groupes d?acteurs.
La qualité et les résultats des évaluations et
études d?impact devront jouer un rôle
majeur pour assurer la mise à disposition de
connaissances et préparer le dialogue. Les
parties prenantes devront être associées dans
Le code de gouvernement d?entreprise
des sociétés cotées AFEP/ MEDEF
précise un certain nombre de principes de
bon fonctionnement et de transparence
propres à améliorer la gestion, le pilotage
et le contrôle des sociétés cotées. Parmi
les nouveautés de la version de juin 2013 :
l?introduction d?un vote consultatif sur les
rémunérations des dirigeants mandataires
sociaux, la limitation du nombre de
mandats pour les dirigeants mandataires
sociaux, la transparence des
rémunérations variables pluriannuelles?
Cette rémunération est conditionnée par la
réalisation d?une performance effective et
déterminée par des critères quantitatifs et
qualitatifs.
67
les évaluations a priori et a posteriori. Il faudra
également assurer une pédagogie enrichie et
ciblée des nouvelles mesures et co-construire
les mesures d?accompagnement
nécessaires dans un contexte de
transparence, notamment avec les acteurs les
plus exposés. Enfin, il sera nécessaire de
s?assurer que les actions soient dirigées au bon
niveau de la chaîne d?acteurs.
De plus, les expertises contradictoires,
portées par la société civile, le monde
académique, etc., devraient être
développées , notamment lorsque les
thématiques abordées requièrent une certaine
technicité, ce qui est le cas de la sphère
financière. Ces expertises permettraient de
compléter les études de faisabilité et d?impact
usuelles réalisées préalablement à la mise en
oeuvre de ces nouvelles dispositions.
Au-delà de l?évolution, voire de la refonte, de
certains instruments, il est également
nécessaire d?accompagner l?évolution des
pratiques et des mentalités pour les adapter à
un contexte inédit. La prise en compte des
enjeux de la transition écologique doit faire
l?objet d?un dialogue permanent à engager
avec les acteurs financiers privés et
publics , mais avec l?appui contradictoire de la
société civile.
Ce dialogue devra permettre d?aboutir à des
propositions et des actions concrètes de ces
acteurs pour contribuer à la transition
écologique. Au titre de l?exemplarité de l?État,
un Club des investisseurs publics de la
transition écologique pourrait ainsi être
créé pour participer à ce dialogue , comme le
propose le Livre blanc sur le financement de la
transition écologique. Cette appropriation
nationale permettrait également d?engager un
mouvement plus large sur le plan européen.
Accompagner les acteurs pour lever les
freins au changement, notamment par des
mesures compensatoires économiques et
sociales pour les entreprises et les
ménages les plus vulnérables
La recherche en sciences
comportementales pourra être mobilisée
pour aider à identifier et à promouvoir des
comportements favorables à la transition
écologique, et encourager une adhésion
volontaire aux nouvelles mesures dont l'intérêt
social est avéré.
Donner une lisibilité de moyen terme,
notamment par une programmation des
mesures envisagées , permet aux acteurs
économiques d'anticiper les évolutions dans la
durée. Ceux-ci n?ont pas tous la même
capacité à faire évoluer leur situation : des
mesures compensatoires à la modernisation
tant pour les TPE et les PME que pour les
ménages les plus modestes pourront être
mises en place , dans un souci de compétitivité
des entreprises et de justice sociale.
Enfin, l?appui des acteurs dans la transition
écologique des modèles économiques et
financiers doit se traduire par une
représentation adaptée des métiers. Le rôle
de la formation professionnelle y sera
essentiel, notamment pour accompagner la
mutation de certains bassins d?emploi (cf.
axe 5).
Un soutien financier massif a été apporté
par la Commission européenne à la
création de l?association Finance Watch ,
portée par plus de 200 parlementaires
européens. Cette association a pour objet
d?apporter une expertise contradictoire
dans le cadre du développement des
réformes successives des marchés
financiers.
68
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
69
Accompagner la mutation
écologique des activités
économiques
PRIORITÉ 1
Anticiper les mutations économiques liées à la transition écologique et leurs effets
sociaux
PRIORITÉ 2
Accompagner les transitions professionnelles
PRIORITÉ 3
Informer, inciter et conseiller tous les acteurs économiques, notamment les PME et
TPE
PRIORITÉ 4
Faire de la responsabilité sociétale des entreprises un levier pour accompagner les
mutations sociales et professionnelles
INDICATEURS DE SUIVI DE L?AXE 5
Valeur ajoutée des éco-activités par rapport au PIB
Effectifs en dernière année de formation initiale en environnement
Demandes et offres d?emplois pour les métiers verts et verdissants
Insertion professionnelle des jeunes issus des formations environnementales par domaine
Indicateurs de 1er niveau en gras
AXE 5
70
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
La transition écologique doit être à la fois une
opportunité de développement économique,
une source de création d?emplois favorisant la
cohésion sociale et territoriale et un ensemble
de droits humains, sociaux et
environnementaux, qu?un cadre de
responsabilité sociétale des entreprises et
organisations permet de mieux faire respecter
et de faire progresser. Les écoindustries
symbolisent déjà ce développement : les « éco-
activités » sont en croissance et porteuses
d?emploi. La balance commerciale des
écoindustries de l'eau, des déchets, de
l'efficacité énergétique et des énergies
renouvelables, accompagnées notamment
dans le cadre du Comité stratégique des
écoindustries (COSEI), a été excédentaire de
3 milliards d'euros en 2012 et elle est en
croissance depuis 10 ans.
Au-delà des éco-activités, ce sont tous les
secteurs d?activité et domaines qui peuvent
bénéficier de la transition écologique en
anticipant et prenant mieux en compte les
évolutions quantitatives et qualitatives sur tous
les emplois. Quelles que soient leur taille et
leur secteur d?activité, les entreprises doivent
en effet questionner aussi bien leur
gouvernance que l?organisation du travail ou le
besoin de nouvelles compétences. Si la
mutation écologique des activités
économiques, pour certaines, est déjà
enclenchée, c'est toutefois un véritable
changement de culture qu'il faut opérer.
Ainsi ces transformations impliquent
d?appréhender différemment deux fonctions
économiques fondamentales :
- Entreprendre autrement : il s?agit de
poursuivre la transformation de la
gouvernance des entreprises et des
organisations pour intégrer les enjeux du
développement durable et de la transition
écologique dans la définition des stratégies
globales de performance. La seule
maximisation des profits, sans prise en
compte des effets sociaux et
environnementaux, ne peut plus être
considérée comme soutenable dans un
Emploi dans les éco-activités
133
135
141
151
156
166
112 113 114
112 111 112
100
110
120
130
140
150
160
170
1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011
(p)
Emploi dans les éco-activités
Emploi intérieur total
In
di
ce
b
as
e
10
0
en
1
99
7
(n
om
br
e
d'
em
pl
oi
s)
Note : 2011 = données provisoires.
Source : SOeS, compte des éco-activités, 2012 - Dom inclus
(455 600)
(426 800)
(414 600)
(386 500)
(371 700)
(365 100)
En 2012, il y avait 447 500 emplois dans les activités environnementales (soit une progression
de 3,9% en moyenne annuelle depuis 2004), près d?un million dans les « activités de
l?économie verte » et entre 3 et 4 millions dans les métiers « verdissants » (chiffres de
l?observatoire national des métiers de l'économie verte ? ONEMEV).
71
contexte où les démarches de
responsabilité sociétale des entreprises
(RSE) notamment, sont devenues un
critère d'évaluation à part entière de toutes
les organisations. L?économie sociale et
solidaire, levier du développement durable
et source d?innovation, doit être mieux
reconnue et soutenue. C?est l?objet de la loi
du 31 juillet 2014 relative à l'économie
sociale et solidaire et la directive
2014/95/UE du Parlement européen et du
Conseil du 22 octobre 2014 modifiant la
directive 2013/34/UE en ce qui concerne la
publication d'informations non financières
et d'informations relatives à la diversité par
certaines grandes entreprises et certains
groupes.
- Produire autrement : il est ensuite
question de transformer les activités et les
modes de production et par là même, le
travail et l?emploi. Les évolutions liées à la
transition écologique touchent les métiers
et la manière de les exercer d?un double
point de vue : elles sont porteuses de
croissance et de développement des
compétences et des tâches dans certaines
filières, alors que d?autres filières
connaissent des évolutions profondes de
besoins en compétences et de modes
d?organisation du travail qui peuvent
entraîner à court terme des destructions
d?emplois, voire des disparitions de
fonctions ou de métiers qu?il convient donc
expressément d?accompagner. Ces
mutations en termes de formation, de
compétences et de qualifications, et au final
ces reconversions, reviennent à faire de la
transition écologique et énergétique une
opportunité pour l?emploi.
Pour préparer au mieux ces évolutions et
atteindre ainsi l?objectif de création de 100 000
emplois à horizon 2016, quatre exigences
doivent être prises en considération :
- Anticiper les mutations économiques liées
à la transition écologique et leurs effets
sociaux ; il s?agit ici de se mettre en
position d?identifier les besoins (en emplois,
en compétences) des salariés et des
entreprises ;
- Accompagner les transitions
professionnelles liées à la transition
écologique par une politique de formation
initiale et continue permettant de sécuriser
les parcours professionnels ; l?« outil »
formation étant bien entendu à considérer
comme un investissement et non comme
un coût ;
- Informer, inciter et conseiller tous les
acteurs économiques afin de faire
comprendre et partager les enjeux de la
transition écologique en terme de mutations
sociales et professionnelles (l?enjeu est ici
de mobiliser l?ensemble des acteurs publics
et privés) ;
- Faire de la responsabilité sociale/sociétale
des entreprises et des organisations un
levier pour accompagner les mutations
sociales et professionnelles.
72
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Anticiper les mutations économiques liées à la transition écologique et leurs effets
sociaux
La qualité d'analyse et de connaissance des
phénomènes de mutations liés à la transition
écologique permettra d'anticiper les besoins en
qualifications, compétences, formations et de
préparer les reconversions.
Des politiques de filières sont définies sous
forme de politiques publiques d?incitation. Dans
ce cadre, les filières porteuses de
développement économique territorial et en
emplois doivent être particulièrement ciblées.
Dans le même temps et en coordination, des
mesures d?accompagnement à la
restructuration des filières en reconversion
et/ou en transformation profonde doivent être
engagées.
Les filières économiques les plus
concernées par la transition écologique et
énergétique seront passées en revue , sur le
fondement des analyses menées, dans la
continuité de la Conférence sociale, tant par
France stratégie, le Conseil national de
l?industrie (CNI), le Conseil économique, social
et environnemental (CESE) ou les
administrations en charge de l?écologie
(Observatoire national des emplois et métiers
de l?économie verte), du travail et de
l?économie, que par les acteurs locaux,
collectivités et associations.
Les filières et activités en développement et les
technologies afférentes qui, demain, pourront
être mises au service d'une économie verte
seront ainsi identifiées, de même que les
opportunités, freins et menaces.
Un dispositif de mise à jour des analyses et
informations recueillies ainsi que des
perspectives d'évolution des différentes
filières sera institué , dans la suite des
Conférence sociale et Conférence
environnementale. Ces travaux prospectifs
étudieront les évolutions nécessaires à
l'économie de demain. Les observatoires
prospectifs de branches seront fortement
impliqués, avec le souci de renforcer et
généraliser les initiatives intersectorielles
pour les métiers à la lisière de plusieurs
branches15.
Les organismes de formation, les
universités, les grandes écoles, les centres
d'apprentissage et de formation
professionnelle pourront ainsi se servir de
ces travaux pour faire évoluer leurs
programmes de formation . Cela concerne les
pratiques pédagogiques, les disciplines
enseignées, mais aussi le mode de
fonctionnement du système éducatif dans les
territoires. Cette démarche d?anticipation et
d?accompagnement doit être conçue comme un
levier pour la compétitivité, la croissance et
l'emploi.
Ces travaux seront partagés avec les instances
spécialisées dans la relation formation-emploi
placées auprès des ministres chargés de
l?éducation nationale et de l?enseignement
supérieur, en lien avec tous les ministères
certificateurs.
15 Cf. par exemple le projet de loi de programmation sur la transition énergétique
Conférence environnementale 2013 -
feuille de route « emploi, formation et
transition écologique »
Mesure 3 : « Les filières émergentes sont
accompagnées dans le cadre du Conseil
national de l?industrie/Comité stratégique
des écoindustries et de la Commission
nationale des services. Un soutien
renforcé sera apporté à quatre filières
(bâtiment, efficacité énergétique active,
biodiversité et génie écologique, bois) en
vue de leur permettre d?exprimer
pleinement leur potentiel emploi et de faire
face aux défis d?évolution des
compétences qu?elles rencontrent ».
PRIORITÉ 1
73
PRIORITÉ 2
Ces différents travaux seront par ailleurs
présentés systématiquement aux instances
nationales de consultation ou de concertation
en matière d?emploi et de formation (loi n°
2014-288 du 5 mars 2014 relative à la
formation professionnelle, à l'emploi et à la
démocratie sociale) afin d?en éclairer les
décisions.
Un groupe de travail « emploi, formation et
transition écologique » a été créé au sein du
CNEFOP. Il a vocation à dialoguer, avec
d?autres acteurs, notamment ceux présents au
Conseil national de la transition écologique.
Au niveau territorial, ces travaux devront
être déclinés et adaptés au sein des
instances déjà existantes (selon les cas, au
niveau des régions, départements, bassins
d?emploi) de pilotage de stratégies régionales
« emploi-formation » et de « gestion territoriale
des emplois et compétences (GTEC) ».
Les régions qui n?ont pas encore mis en
place de politiques de filières intégrant la
transition écologique seront par ailleurs
encouragées à le faire , par le moyen des
contrats de plan État Régions (CPER) et en
s?appuyant sur les pôles territoriaux de
coopération économique qui font place à des
formes d?économie sociale et solidaire pour le
développement des filières territorialisées, ainsi
que sur les conseils économiques, sociaux et
environnementaux régionaux (CESER).
Tant pour l?anticipation que pour les actions
d?accompagnement au niveau régional, les
instruments communautaires tels les fonds
structurels (FSE en premier lieu) devront être
plus et mieux sollicités/activés , pour un effet
de soutien et d?accentuation des politiques
publiques nationales.
Accompagner les transitions professionnelles
À partir de diagnostics partagés, l?action
publique de structuration des filières
industrielles de la croissance verte pourra être
réorientée, relancée et nourrir une stratégie
globale de verdissement des métiers et des
emplois. C?est une politique publique de
formation et d?acquisition des compétences
liées ou induites par la transition
écologique qui doit être mise en oeuvre 16 ;
non seulement dans une optique de
développement de l?économie verte, mais
aussi de restructuration et de reconversion des
filières traditionnelles et des bassins d?emplois
en difficulté. Une telle politique de formation
16 Extrait de l?article 235 de la Déclaration de Rio 2012 : « Une mobilisation de
long terme en faveur des métiers de l?emploi et des métiers dans un contexte de
transition écologique doit viser à adapter aux réalités et perspectives de cette
transition le marché de l?emploi et les services de la formation et de l?orientation. »
A la suite de la conférence
environnementale 2013 (table ronde emploi,
formation et transition écologique), une
expérimentation de « trois démonstrateurs
territoriaux de soutien aux reconversions
professionnelles, dans des bassins d?emploi
particulièrement concernés par la transition
écologique et énergétique, visant à sécuriser
les parcours de salariés ou de demandeurs
d?emploi passant d?un métier fragilisé à un
métier en développement lié à la transition
écologique » a été engagée en Alsace
(bassin de Molsheim), Haute-Normandie (Le
Havre-Fécamp) et PACA (étang de Berre).
Le résultat de ces travaux et leurs suites
auront vocation à être diffusés dans les
démarches de gestion prévisionnelle de
l?emploi et des compétences territoriales
soutenues par les pouvoirs publics».
74
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
continue, initiale et professionnelle (pour
laquelle les régions ont vu leur compétence
générale renforcée) doit permettre :
- d?orienter ou de réorienter les crédits vers
les formations les plus appropriées17 ;
- de dégager des typologies de territoires,
régions, bassins d?emplois « de l?économie
verte » et de nourrir une stratégie globale
de verdissement des métiers et emplois
dans le cadre de la transition écologique ;
- de réguler les effets de reconversion et de
restructuration de la transition écologique,
notamment dans les secteurs en difficulté,
tels que l?automobile classique, le raffinage,
la chimie, dont les salariés sont les plus
susceptibles de se trouver face à une
nécessité de reconversion ;
- de faire progresser la transition vers
l?économie verte et la responsabilité
sociétale des entreprises et d?améliorer la
compétitivité de l?économie.
Cette politique publique d?acquisition des
compétences de la transition écologique et
d?appui aux reconversions des territoires et des
salariés doit se décliner de façon
contractuelle et conventionnelle dans les
Contrats de plan régionaux de
développement des formations et de
l?orientation professionnelles (CPRDFOP) ,
notamment sur le sujet de la formation, dans
les contrats de filières (industrielles et non
industrielles) et par voie conventionnelle entre
les partenaires sociaux, au niveau des
branches et des entreprises.
Il est également nécessaire d?orienter
davantage la formation professionnelle vers
les métiers, les compétences et les
parcours de professionnalisation de
l'économie verte . L?offre de formation
continue sera modifiée en concertation avec
les organismes paritaires collecteurs agréés
17 De telles réorientations devant bien entendu faire l?objet d?évaluation quant à
leurs conséquences.
(OPCA) et les partenaires sociaux. Des
schémas régionaux de formation
professionnelle initiale (apprentissage,
alternance) et continue seront établis afin
d'adapter les formations aux besoins futurs de
chaque économie régionale, qu?il s?agisse
d?adaptation aux emplois (postes) de travail, ou
d?accompagnement des évolutions
professionnelles dans les filières d?emploi.
La gestion prévisionnelle des emplois et
des compétences (GPEC) développera
l?identification et la qualification des
parcours de professionnalisation dans les
métiers verts et verdissants , aussi bien au
niveau des branches que des territoires et
bassins d?emploi (gestion territoriale des
emplois et compétences).
Dans le cadre des négociations de
branches , celles-ci seront invitées
lorsqu?elles mettent en oeuvre des contrats
d?études prospectives (CEP) à fixer une
priorité stratégique sur la transition
écologique . L?amélioration des garanties
attachées à la personne et la sécurisation
des parcours professionnels , qui devront
rendre effectifs les droits des salariés,
faciliteront la mobilité professionnelle.
Au niveau local (région), le service public de
l?emploi sera mobilisé sur ces mêmes
objectifs et sur l?intensification des démarches
d?accompagnement des reconversions
individuelles et collectives dans les filières et
métiers de l?économie verte et sur les
compétences vertes et « métiers verdissants ».
Enfin, un répertoire évolutif des métiers de
l?économie verte sera établi et actualisé.
75
Informer, inciter et conseiller tous les acteurs économiques, notamment les PME et
TPE
Aujourd?hui, de nouveaux marchés liés à
l?économie verte se développent, dans le
bâtiment, les transports alternatifs à la voiture
particulière, l?énergie, mais aussi dans les
services et dans d?autres secteurs. Les clients
et les usagers, de plus en plus sensibles aux
enjeux du développement durable, attendent
des solutions et des produits respectueux de
l?environnement et socialement responsables.
En intégrant le développement durable au
fonctionnement de l?entreprise, il est ainsi
possible d?anticiper les évolutions
réglementaires, d?appréhender les leviers de
croissance offerts par l?économie verte, par
l?économie sociale et solidaire, de mobiliser ses
salariés et d?améliorer son image de marque.
D?une manière générale, la transition
écologique et le développement durable
doivent continuer à se diffuser dans l?économie
et auprès de tous les acteurs, notamment les
PME/TPE. Les pouvoirs publics ont le devoir
d?informer, de sensibiliser, d?inciter par tous les
moyens et d?apporter une assistance technique
et de conseil adaptée à tous les acteurs
économiques, au-delà de l?application
régalienne. L?accompagnement des mutations
sociales et professionnelles doit être déployé
au plus près du terrain pour toucher au mieux
les acteurs auxquels elle est destinée. C?est
pourquoi les élus et responsables locaux sont
les premiers destinataires des actions de
formation et de sensibilisation.
Dans ce cadre, il s?agit tout à la fois :
- de prendre en compte les conséquences
de la réglementation environnementale
sur les acteurs économiques et
l?emploi ;
- de former les décideurs publics et
privés aux enjeux du développement
durable ? élus nationaux et locaux,
représentants de l?État, chefs d?entreprises,
fédérations professionnelles, syndicats ;
- d?accompagner les entrepreneurs en les
sensibilisant, informant ou formant aux
enjeux de la transition écologique, en
mettant en place selon des modalités
adaptées des prestations de conseil et
d?appui aux PME/TPE notamment, mais
aussi mettre à jour, dans les conventions
collectives et statuts publics, les critères
permettant de reconnaître les nouvelles
compétences exigées par la transition
écologique dans les grilles de
classifications. Ces missions doivent
notamment être conduites en s?appuyant
sur les organisations professionnelles des
secteurs concernés et/ou
interprofessionnelles ;
- d?aider et d?inciter les organisations
publiques et privées à sensibiliser et
former tous leurs salariés aux enjeux et
méthodes de la transition écologique en
s?appuyant prioritairement sur les structures
déjà existantes 18 avant d?en créer de
nouvelles.
La valorisation de secteurs et métiers
particulièrement porteurs (déchets, eau, etc.)
et la mise en place d?une approche paritaire
femme/homme dans la valorisation des
nouveaux emplois des filières vertes
permettront également d?agir efficacement en
ce domaine. Il y a un enjeu spécifique à
étudier l?insertion professionnelle des
jeunes issus des filières
environnementales , pour ensuite procéder à
l?amélioration de cette insertion.
Enfin, il pourra être utile de former les
fédérations professionnelles et
représentants des salariés aux méthodes de
calcul d?impact (carbone, biodiversité,
pollution, empreinte, analyse de cycle de vie
?).
18 Tel le Centre de formation du développement durable et de l?environnement
(CFDE).
PRIORITÉ 3
76
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
PRIORITÉ 4
Faire de la responsabilité sociétale des entreprises un levier pour accompagner les
mutations sociales et professionnelles
La mutation écologique des activités
économiques dépasse le cadre de l?activité de
création de richesse de l?entreprise.
L?entreprise doit également prendre en compte
les effets potentiellement négatifs et positifs
qu?elle peut exercer sur l?environnement et la
société, en optimisant ses comportements
décisionnels, managériaux et professionnels.
La responsabilité sociétale des entreprises
(RSE) doit s?appréhender au regard de la
définition de la Commission européenne
(communication du 25 juin 2011) comme étant
« la responsabilité des entreprises vis-à-vis des
effets qu?elles exercent sur la société ». Afin de
s?acquitter pleinement de leur responsabilité
sociétale au-delà du socle que constitue le
respect du droit social légal et conventionnel, il
convient que « les entreprises aient engagé, en
collaboration étroite avec toutes leurs parties
prenantes, un processus destiné à intégrer les
préoccupations en matière sociale,
environnementale, éthique, de droits de
l?homme et de consommateurs dans leurs
activités commerciales et leur stratégie de
base ».
Ce processus vise :
- à optimiser la création d?une communauté
de valeurs pour leurs
propriétaires/actionnaires, ainsi que pour
les autres parties prenantes et l?ensemble
de la société;
- à recenser, prévenir et atténuer les effets
négatifs potentiels que les entreprises
peuvent exercer.
C?est cette définition de la RSE qui est
aujourd?hui encouragée à travers la mise en
place de la plate-forme nationale RSE placée
auprès du Premier ministre et destinée à
engager un développement ambitieux pour la
RSE. Les premiers thèmes de travail ? « la
RSE comme outil de compétitivité », « la
transparence », « la responsabilité dans la
chaîne de valeur de l?entreprise (sociétés
mères, filiales, sous-traitants, fournisseurs) » et
« l?investissement socialement responsable »
(ISR) illustrent cette volonté de considérer la
RSE comme un atout pour la performance
sociétale de la transition écologique et pour
l?orientation de l?économie vers un
développement durable, en s?appuyant sur ses
3 piliers traditionnels :
- le respect de l?environnement comme
élément structurant du projet stratégique
de l?entreprise ;
- le renforcement des relations avec les
parties prenantes (partenaires, sous-
traitants, collectivités, ONG?) selon des
schémas collaboratifs ;
- des relations sociales légitimes et utilisées
au-delà des champs traditionnels des
rapports du travail dans l?entreprise.
A cette fin, la formation de formateurs, en
distinguant ce qui relève de la formation des
enseignants et ce qui concerne celle des
formateurs, doit être encouragée.
D?après l?enquête de l?INSEE sur les
entreprises de plus de 10 salariés et le
développement durable en 2011, 52% des
entreprises déclarent s?impliquer dans des
démarches de RSE.
Pour les entreprises de plus de 500
salariés, elles sont 84% à mener des
actions en faveur de la RSE et 23% pour
les petites entreprises de moins de 50
salariés.
77
En outre, la mobilisation d?autres institutions
telles l?Institut national de recherche et de
sécurité (INRS) doit être recherchée pour la
prise en compte des impacts de la transition
écologique dans la gestion des risques.
D?une manière générale, toutes les initiatives
internationales et européennes doivent être
mises à profit pour accompagner la RSE.
Enfin, il semble opportun d?accentuer les
travaux sur les questions de sécurité
(risques spécifiques) et de qualité de l?emploi
(dans une perspective de responsabilité
sociétale des organisations) concernant les
métiers de l'économie verte à toutes les étapes
de la chaine de valeur de l?entreprise.
78
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
79
Orienter la production de
connaissances, la recherche et
l?innovation vers la transition
écologique
PRIORITÉ 1
Impliquer les parties prenantes dans l'orientation de la recherche
PRIORITÉ 2
Faciliter les démarches d?innovation avec tous les acteurs
PRIORITÉ 3
Associer les parties prenantes à une production efficace de données et de
connaissances
PRIORITÉ 4
Faciliter et favoriser l?accès aux données et aux résultats scientifiques
INDICATEURS DE SUIVI DE L?AXE 6
Dépenses de R&D publiques et privées dont en enviro nnement
Investissements d?avenir opérés par l?Ademe : effet d?entraînement de l?intervention publique sur les
investissements privés
Nombre de participants aux sciences participatives dans le domaine de la biodiversité
Évolution du nombre de ressources mises à disposition sur le portail « Tout sur l?environnement »
Évolution du nombre de données dans le système d?information sur la nature et les paysages
Indicateur de 1er niveau en gras
AXE 6
80
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Pour atteindre ses objectifs, la transition
écologique va devoir tracer de nouvelles voies
d?actions collectives et individuelles, dans les
domaines environnementaux, économiques et
sociaux, et qui prennent en compte les
incertitudes tant sur la compréhension de
phénomènes actuels que sur leur évolution.
Elle a ainsi besoin de s?appuyer sur des
données et des connaissances (facteurs
physiques, biologiques, technologiques et
comportementaux), en partie déjà disponibles
ou à confirmer mais dont il convient de combler
les manques, ainsi que sur l?innovation
technologique et sociale ou organisationnelle.
La nécessaire mobilisation de la recherche et
de l?innovation en faveur de la transition
écologique s?inscrit dans la continuité des
évolutions observées et des initiatives
institutionnelles actuelles, tant en France qu?en
Europe. Par exemple, les communautés
scientifiques françaises se sont coordonnées
dans le cadre de cinq alliances, concernant
l?environnement (Allenvi), l?énergie (Ancre), la
santé (Aviesan), le numérique (Allistène) et les
sciences humaines et sociales (Athena). Ces
alliances sont à même d?identifier facilement
les forces en R&D positionnées et mobilisables
sur les différentes thématiques. Le Comité
spécialisé pour la recherche marine , maritime
et littorale (COMER) du Conseil national de la
mer et des littoraux pourra également y
contribuer sur ses domaines de compétences.
La Stratégie nationale de recherche (SNR)
initiée par la loi relative à l?enseignement
supérieur et à la recherche de juillet 2013, est
élaborée autour d?enjeux sociétaux qu?elle
partage avec la stratégie européenne Horizon
2020 et qui prennent en compte la transition
écologique. Acteurs de la recherche, de
l?innovation et ministères ont été associés à ce
travail qui permettra au gouvernement de
promouvoir des priorités prenant en compte les
impératifs économiques, sociaux et
environnementaux tout en maintenant le socle
indispensable à l?ensemble des disciplines et
particulièrement en recherche fondamentale.
Le projet de loi relatif à la transition énergétique
pour la croissance verte met en exergue
l?importance de la recherche, et définit
l?articulation de la Stratégie nationale de la
recherche énergétique à la fois avec la SNR et
avec la stratégie bas-carbone ou encore la
programmation pluriannuelle de l?énergie. Des
orientations spécifiques en matière de
recherche sont également élaborées par
d?autres démarches sectorielles comme par
exemple le 3ème Plan national santé
environnement (PNSE), ou encore la Stratégie
nationale pour la mer et les littoraux, en
préparation.
Dans ce contexte, la SNTEDD s?attache à
identifier les facteurs clés qui permettront
d?orienter et de mener les travaux de recherche
et leur valorisation en réponse aux enjeux et
aux besoins spécifiques de la transition
écologique.
L?attention forte accordée à l?innovation a
conduit à la mise en place récente, en France,
de différents volets de politique publique et de
démarches collectives génériques, comme la
« Nouvelle donne pour l?innovation » engagée
par le gouvernement, à la lumière des
orientations préconisées par différents rapports
publics. Une partie des 34 plans de la
« Nouvelle France industrielle » et des feuilles
de route associées porte sur des filières ou des
produits essentiels pour la transition écologique
(les transports, l'énergie, les ressources), tout
comme une partie des priorités identifiées par
la Commission Innovation (par exemple le
stockage de l?énergie ou le recyclage de
matières), priorités faisant notamment l?objet
d?un concours mondial d?innovations. Dans
cette dynamique, il est nécessaire d?identifier et
de mettre en exergue les questions cruciales
d?une innovation au service de la transition
écologique.
De plus, les aides aux investissements et à la
recherche devront être plus ou mieux ciblées
vers les secteurs contribuant à l?économie
verte, notamment en orientant les
investissements de la Banque publique
d'investissement (BPI France), pour permettre
un meilleur accompagnement des activités
économiques intégrant les objectifs de la
transition écologique et pour soutenir les
filières émergentes dans tous les domaines, et
en particulier les TPE-PME.
Aux niveaux européen, national et régional, les
domaines des technologies vertes et de
l?énergie appellent une attention particulière en
81
matière d?innovation : des technologies sobres
et durables sont un facteur de compétitivité
pour l?industrie qui les met en oeuvre et pour
les entreprises qui les conçoivent et les
diffusent.
Pour prendre des décisions dans des situations
d?incertitude ou de controverse, pour amener à
des changements de comportements
individuels et collectifs, il est crucial que la
méthode scientifique, les données qu?elle
exploite, les connaissances qui en sont issues,
les incertitudes qui leur sont associées soient
comprises et partagées. La concertation, la
décision et l?action collectives ont besoin de
s?appuyer sur un socle partagé de données et
de connaissances dont l?accès doit être facilité.
C?est dans cet objectif que de nombreuses
initiatives ont été prises pour faciliter l?accès
aux données environnementales d?une part,
aux données publiques d?autre part, pour
mieux encadrer les travaux d?expertise et pour
protéger légalement le lancement d?alertes
dans le domaine de l?environnement et de la
santé environnementale. De surcroît, au-delà
du principe établi de l?accès pour le plus grand
nombre aux connaissances
environnementales, se définissent actuellement
les protocoles et formats visant à
l?interopérabilité de ces données.
Pour passer de l?innovation, qu?elle soit
technologique ou institutionnelle, au
changement, il est indispensable que cette
innovation soit comprise, acceptée et mieux
appropriée par les acteurs. Suivant les
domaines ou les questions traitées, cette
appropriation peut être facilitée par
l?association des parties prenantes aux
processus d?innovation ou à la définition et à la
construction de questions de recherche. C?est
une des conditions pour que les perspectives
d?innovation conduisent à des progrès collectifs
effectifs.
Les transformations nécessaires pour mener à
bien la transition écologique vont s?exprimer
dans des contextes locaux et globaux
complexes en évolution : occupation des sols
et des territoires, milieux, climat, activités
économiques, institutions et gouvernance...
Pour conduire et orienter la transition
écologique, il est indispensable de pouvoir
analyser et anticiper les transformations à
l?oeuvre, et évaluer les politiques publiques et
l?action collective. Le pilotage de la transition
devra donc s?appuyer sur la recherche, en
particulier sur une recherche interdisciplinaire
associant les sciences de la vie et de la terre,
les sciences de l?ingénieur et de l?architecte
ainsi que les sciences de l?homme et de la
société.
Impliquer les parties prenantes dans l'orientation de la recherche
Pour réussir la transition écologique, pour
anticiper et s?adapter aux évolutions futures
globales ou locales, à différents horizons de
temps, les connaissances et résultats
scientifiques aujourd?hui disponibles ne sont
pas suffisants. Les travaux de recherche
doivent prendre en compte les enjeux et
besoins prioritaires de cette transition, qui
concerne des actions collectives ou l?activité
d?acteurs économiques, le niveau « national »
ou le « terrain », dans des calendriers adaptés.
Il est aussi crucial que la recherche soit en
mesure de développer des travaux de long
terme, d?anticiper ou d?alerter, et de porter un
regard d?évaluation critique indépendant.
La question de l?articulation potentielle entre
recherche publique et recherche privée
(positionnement, complémentarité,
collaboration,?) se pose domaine par
domaine, en fonction des enjeux, des
compétences et moyens en place et des
modes de construction et de valorisation
propres à chacun de ces domaines.
PRIORITÉ 1
82
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Pour que les parties prenantes soient en
mesure d?accompagner le transfert et la mise
en application des résultats, il est important
que certaines questions de recherche
puissent être co-construites par les
scientifiques et les parties prenantes, qui
doivent avoir un rôle proactif, et que ces
dernières soient également consultées pour la
définition des programmes en pleine légitimité
en intégrant les spécificités de temporalités de
la recherche. Différents travaux scientifiques
peuvent en effet nécessiter des durées très
différentes.
Même si les programmes et les priorités,
définis par exemple dans le cadre d?Horizon
2020 ou de la SNR, prennent en compte les
enjeux de la transition écologique, ils peuvent
laisser des questions spécifiques orphelines ou
trop peu développées. Il apparaît donc
important que les porteurs d?enjeux et de
politiques puissent directement susciter et
soutenir des travaux scientifiques , en
complémentarité des financeurs génériques de
la recherche.
La logique de co-construction de la recherche,
lorsqu?elle répond à des enjeux sociétaux bien
identifiés, est, par ailleurs, un facteur favorisant
efficacement les constructions scientifiques
pluri- et interdisciplinaires indispensables à de
nombreux champs thématiques considérés
dans la présente stratégie.
En s?inspirant de façon adaptée de la
gouvernance élargie mise en place dans les
champs liés à l?environnement, il est important
d?associer des représentants diversifiés de
la société civile aux travaux d?orientation
des établissements développant des activités
de recherche et d?expertise dans les domaines
thématiques contribuant à la transition
écologique. Il s?agit également d?identifier dans
chaque domaine comment faciliter et
améliorer le transfert et l?utilisation des
résultats de la recherche . On note à cet
égard l?attention portée par la stratégie Horizon
2020 à l?implication des PME dans les projets
de recherche.
L?appui scientifique qui peut être apporté aux
décideurs et gestionnaires ne vient pas se
substituer à leurs responsabilités, ni simplifier
des situations complexes, mais il constitue un
outil d?aide à la décision et apporte un
accompagnement à la prise en compte de cette
complexité. Ce mode d?interaction nécessite de
développer les pratiques et de partager les
expériences réussies , en complémentarité et
en articulation avec les appuis de natures
technique, culturelle et artistique, managériale.
Ces questions pourraient faire l?objet d?actions
collectives au sein d?associations ou de
plateformes multi-acteurs d?une part, et
d?animations ou de formations pour les
décideurs et leurs services d?autre part.
Dans le cadre de la transition écologique,
diverses thématiques doivent être
soutenues, dans une logique pleinement
interdisciplinaire , comme par exemple la
vulnérabilité et les capacités d?adaptation des
territoires, des milieux et des activités
humaines face au changement climatique,
l?évolution des risques sanitaires
environnementaux, la valorisation et la
restauration des services rendus par la nature,
les mutations en matière de mobilité des
personnes et des marchandises.
Les méthodes et outils disponibles permettant
de traiter de façon claire et transparente des
risques émergents liés aux nouvelles
La Commission d' orientation de la recherche
et de l'expertise (CORE) de l?Institut national de
l?environnement industriel et des risques (Ineris)
identifie et propose des questions à traiter en
priorité, peut donner un avis sur les finalités des
programmes de recherche et d?appui envisagés
par l?Institut. Elle est consultée sur les modalités
de diffusion des travaux scientifiques permettant
de rendre ceux-ci accessibles au public ainsi
que sur le contenu de certains rapports d?étude.
Elle est composée de personnalités qualifiées
de l'enseignement supérieur ou de la recherche
et de collèges représentant la diversité des
parties prenantes : industriels, associations,
syndicats, élus, Etat.
On peut mentionner de même le Conseil
d?Orientation Stratégique de la Fondation pour la
Recherche sur la Biodiversité, qui rassemble les
porteurs d'enjeux de la biodiversité (plus de 110
organismes, au sein de 40 groupes). Ces
derniers, en apportant leur expertise de terrain et
en formulant des questions à la recherche,
participent activement à certaines activités de la
Fondation.
83
PRIORITÉ 2
technologies restent par ailleurs insuffisants.
Pour y remédier, il s?agirait d?une part, de
développer les activités de recherche,
contribuant aux connaissances et aux
méthodes et d?autre part, de soutenir
quantitativement et qualitativement une
filière opérationnelle qui soit capable de co-
développer avec la recherche des tests
innovants, et de les mettre en oeuvre pour faire
face aux besoins d?évaluation. Des modalités
efficaces d?interaction devraient être mises en
place entre la recherche publique et cette
filière, pour qu?elle puisse se placer à la pointe
des connaissances.
Il apparaîtrait utile d?analyser, de comprendre
voire d?évaluer la contribution à la transition
écologique de la recherche appliquée ,
comme par exemple dans le cadre de
programmes de recherche français européens
ou internationaux, de programmes
d?investissements d?avenir, des activités de
pôles de compétitivité, des activités liées aux
grandes infrastructures de recherche? Pour ce
faire, un travail méthodologique devra mobiliser
à la fois les parties prenantes directes de la
transition et les représentants du monde de la
recherche.
Les Conférences environnementales ont mis
en avant des besoins de renforcement de
champs scientifiques (toxicologie et
écotoxicologie préventives, recherches
systémiques sur la biodiversité et les services
qu?elle rend?) comme des objectifs plus ciblés
(connaissance des espèces et écosystèmes
marins de diverses régions et notamment en
outre-mer, possibilités techniques de recyclage
et analyses systémiques traitant des
dimensions économiques et sociologiques,
véhicules consommant 2 litres d?essence
aux 100 kilomètres, ?).
Faciliter les démarches d?innovation avec tous les acteurs
L'innovation, c'est-à-dire la mise au point et
l'introduction d'un service, d'un produit ou d'un
procédé nouveau ou significativement
amélioré, est portée et impulsée par un grand
nombre de parties prenantes, en partenariat ou
en interaction : entreprises, pouvoirs publics
nationaux et locaux, citoyens, etc. L'innovation
pour la transition écologique ne peut se réduire
au seul volet technologique et doit également
impliquer des évolutions en termes de
méthodes et de gouvernance. Elle n'a de sens
que si elle est mise en oeuvre pour tendre vers
des modes de vie et de production plus
durables. L?innovation ne constitue pas un
progrès par elle-même ; elle le devient ou y
contribue à condition qu?elle réponde à des
besoins des acteurs, qu?elle respecte les
intérêts collectifs majeurs et qu?elle s?intègre
dans un système de gestion opérationnelle
permettant sa pérennité.
Dans ces conditions, l'innovation est un levier
d?une croissance économique durable.
Néanmoins, s'il s'agit bien d?accroître la
compétitivité du tissu économique français, il
convient aussi d'inventer et de se renouveler,
notamment en matière de politiques publiques,
pour être capable d?assurer la transition
84
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
écologique et de s?adapter aux changements
complexes de société qui s?opèrent ou que l?on
veut orienter. Pour y contribuer, 50% de
l?ensemble des volets innovation du
Programme d?investissements d?avenir (PIA)
sera consacré directement ou indirectement à
la transition écologique. On peut mentionner à
titre d?exemple l?une des actions du deuxième
PIA consacrée aux démonstrateurs de la
transition écologique et énergétique.
L?État stratège cherchera à renforcer sa
capacité d'analyse prospective et
d'anticipation , en particulier en menant des
analyses globales par filière afin de déterminer
les priorités d?action en regard des enjeux
(ressources, énergie, impacts sur le climat,
modes de vie), le cas échéant adaptés aux
spécificités locales, et pour évaluer finement
les innovations ou perspectives d?innovations.
De même, au niveau européen, il importe
d?assurer la mise en oeuvre effective des
réflexions des Partenariats européens
d?innovation (PEI), qui mobilisent les acteurs
publics et privés concernés, et dont l?objectif
est de stimuler l?innovation au travers d?une
approche intégrée des politiques et des
procédures sectorielles. L'action publique
devra porter sur l'analyse globale et
intégrée des freins à l'innovation, en
intégrant les questions liées à la sécurité et à la
sûreté ainsi que celles liées au risque financier.
Ces analyses seront à conduire en tenant
compte d?un spectre plus large qui est celui des
changements de société à un horizon de temps
de 20 ans, de l?évolution des modes de vie et
des pratiques qui se profilent d?ores et déjà.
Des innovations sont à développer et à évaluer
dans les domaines des services urbains ou
territoriaux et des infrastructures
correspondantes dans les domaines du
bâtiment, du génie écologique, du
développement territorial et de
l?environnement. Pour ce faire, il peut s?avérer
nécessaire de recourir à des
expérimentations en vraie grandeur (par
exemple, des dispositifs décentralisés de
gestion de l?eau, incluant des traitements
partiels et des réutilisations nouvelles,
individuelles ou collectives, d?eaux usées).
Certaines de ces expérimentations sont encore
limitées ou même interdites en vertu de règles
et normes en vigueur définies dans des cadres
plus larges (sécurité, santé, achat public?).
Pour ce faire, dans le respect du principe de
précaution qui est aussi un principe
d?innovation, la réglementation et les normes
doivent pouvoir accompagner l'expérimentation
dans un cadre fixé, lorsque des évaluations
scientifiques, techniques et/ou sociales
sérieuses ont été entreprises au préalable et
permettent de donner les garanties
nécessaires (explicitation et caractérisation
objectives des risques et des incertitudes, des
irréversibilités potentielles, diagnostic validé
et/ou pluraliste, transparence ou confidentialité
encadrée?). De même, puisque l'innovation
dans les techniques retenues par une
collectivité constitue toujours une grande prise
de risques financière et sociétale, des
solutions de partage collectif de ces risques
seront recherchées , en imaginant par
exemple la mise en place de systèmes
assurantiels.
En complémentarité et en parfaite cohérence
avec les stratégies françaises de la recherche
et de l'innovation, et l?objectif de simplification,
l'accès des PME , véritables piliers de
l'innovation, aux aides sera facilité .
Les transports intelligents sont des
dispositifs innovants appliquant les NTIC
aux transports. Ils recouvrent l'information
aux usagers et l'aide à la gestion
dynamique des réseaux. Ils s'étendent de
plus en plus aux nouveaux services à la
mobilité. Ces dispositifs favorisent la
sécurité, le confort, l'accessibilité pour
tous, notamment les personnes en
situation de handicap ou encore la
réduction des impacts environnementaux.
Les progrès technologiques récents et les
expérimentations permettent à présent de
passer au pré-déploiement, en particulier
sur le véhicule connecté. L'Etat s'est donc
engagé en février 2014 dans l'élaboration
d'orientations stratégiques visant
notamment à définir les services
prioritaires et leurs spécifications
fonctionnelles et techniques.
85
Chacun des acteurs peut être porteur ou co-
porteur de l'innovation. Il s'agit alors de faciliter
l?expression et l?expérimentation des
innovations portées par la société civile et
les acteurs intermédiaires (notamment les
bureaux d?études et les architectes), et de
renforcer le rôle et l?implication des
collectivités territoriales et des autres
maîtres d'ouvrages . Ce seront en effet les
acteurs majeurs du déploiement des
innovations et de leur mise en oeuvre sur les
territoires. Les formations de niveau master et
doctorat peuvent également agir comme
vecteurs de diffusion des nouvelles
technologies et des résultats de la recherche.
Pour une meilleure circulation et adaptation
des innovations, il sera important de
développer d?une part des échanges et d?autre
part des collaborations, entre des organismes
qui peuvent être selon les cas homologues ou
complémentaires.
Associer les parties prenantes à une production efficace de données et de
connaissances
Pour comprendre et évaluer, il faut pouvoir
s?appuyer sur des données clairement définies,
pertinentes et recueillies sur des durées et
dans des limites géographiques cohérentes
avec les questions soulevées. C?est tout
particulièrement le cas pour les enjeux de la
présente stratégie. Il est important de
maintenir, et dans certains cas de
développer, des systèmes d?observation à
long terme, à vocation scientifique ou
opérationnelle .
En matière de production de connaissances et
de données, les acteurs sont très divers et par
conséquent souvent difficiles à mobiliser.
Pourtant, depuis longtemps, de nombreux
bénévoles ont constitué des réseaux
d?information qui ont permis de contribuer à
l?avancement des connaissances dans des
domaines très variés, par exemple en
météorologie ou en écologie. Il est nécessaire
de reconnaître et de soutenir ce mode
d?action collective qui relève des sciences
participatives tout en s?assurant de la fiabilité
des résultats et du protocole mis en place. La
Conférence environnementale de 2013 a ainsi
souligné l?importance de mobiliser ces
dernières au sein d?un plan d?actions priorisées
Le biomimétisme est une démarche qui
consiste à aller chercher notre inspiration,
pour une innovation durable, dans la
nature, où l?on trouve des stratégies à la
fois performantes, efficientes et résilientes
pour synthétiser et dégrader des
matériaux, se fixer ou se déplacer, stocker
ou distribuer l'énergie, traiter l'information,
organiser les réseaux et les échanges, et
bien d'autres choses encore. Outre les
autres enjeux de la biodiversité, il y a là de
formidables gisements d'innovation pour
les entreprises, les réseaux
d'infrastructures, l'aménagement du
territoire et l'agriculture. En France, des
réseaux de recherche, de diffusion de la
connaissance, ou encore d?appui aux
développements normatifs internationaux
se structurent, à travers des clusters, des
pôles de compétences, des associations
spécialisés et une commission française
de normalisation dédiée, pour
accompagner les entreprises et les
territoires dans ce nouveau champ, par
nature transdisciplinaire, de l'innovation.
PRIORITÉ 3
86
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
pour l?acquisition, la diffusion et la valorisation
des connaissances scientifiques et techniques
sur les écosystèmes marins.
Dans le domaine de l?entreprise , les données
sont assez rarement rendues publiques de
manière spontanée ; certaines d?entre elles
seraient pourtant de précieux apports à la
connaissance collective. Des explorations et
des ouvertures doivent être opérées dans
ce sens dans le respect de la protection du
secret industriel, et en veillant à ne pas
compromettre l?avance de la communauté
scientifique dans des domaines très
compétitifs. Les Chambres de commerce et
d?industrie (CCI) pourraient être des acteurs clé
de telles réflexions et actions.
En particulier grâce aux nouvelles
technologies, les échanges ne connaissent
aucune limite géographique et démultiplient le
savoir ainsi constitué. L'explosion d?Internet
permet l?échange, la divulgation et la mise en
commun d?informations de toutes natures. La
question se pose alors de leurs conditions de
production et d?utilisation. L'enjeu est
d?organiser, voire de solliciter ces
informations , car souvent elles ne peuvent
prendre valeur de données de référence que
lorsqu'elles sont caractérisées et cohérentes, et
assez nombreuses pour être représentatives.
Intégrer les données des tiers de manière
optimale selon des protocoles connus et
formalisés, adapter les systèmes
d'information au versement de données de
producteurs multiples , encourager les
plateformes renvoyant sur l?information issue
d?une part de systèmes d?observation
scientifique, d?autre part de systèmes
d?observation opérationnelle, poursuivre la
création de protocoles pour
l?interopérabilité dans les secteurs pertinents,
sont autant de perspectives de mutualisation et
d'accélération de la connaissance.
Faciliter et favoriser l?accès aux données et aux résultats scientifiques
L?accès à l?information et à la connaissance,
pour les citoyens, consommateurs et usagers,
comme pour les porteurs d?innovation et
d?activités économiques, est un enjeu
considérable. Comme le précise la politique
gouvernementale en matière d?Opendata et
d?accès aux données publiques, l?accès aux
données est un enjeu démocratique offrant au
citoyen un droit de regard, d?interprétation et
d?utilisation. En 2012, la conférence
environnementale a ainsi conclu à la mise à
disposition du public des principaux avis et
résultats existants, produits par les organismes
publics, sur les risques sanitaires
environnementaux, en particuliers les risques
émergents.
Pour autant, il peut être très difficile pour le
citoyen de qualifier les données et résultats,
d?en percevoir le sens et les limites et d?en
mesurer la portée. L?accès à la connaissance
scientifique joue par ailleurs un rôle particulier
pour éclairer et faciliter les débats, l?action et la
décision sur les sujets d?incertitudes,
d?anticipations ou de controverses, nombreux
en matière de santé, d?énergie, de risques,
d?évolution climatique, etc. La multiplicité des
sources d?information, loin de faciliter
l?appropriation des données mises à
disposition, peut être un facteur limitant et ne
fait que renforcer la nécessité de structurer la
mise à disposition des données scientifiques.
Développer la culture de l?accès à une
information pluraliste de qualité , et au-delà
la culture de la constitution d?une vision
partagée sur l?information disponible, entre
parties prenantes, est un gage d?efficacité dans
l?adaptation chronique que notre société devra
PRIORITÉ 4
87
opérer face aux facteurs de changements
globaux et locaux.
L?administration produit des données, avec une
obligation croissante de mise à disposition.
Dans un contexte de réduction des moyens
publics, il s?agit de veiller à l?efficacité et à la
hiérarchisation de ces actions .
L?accès aux données environnementales est
un principe aujourd?hui établi, et les cadres
opérationnels correspondants continuent de se
mettre en place. Ils devront notamment veiller
à ce que les données exportables soient
accompagnées des informations sur leur
signification, leurs limites et leur portée ,
sous des formes accessibles aux parties
prenantes. La table ronde sur la politique de
l?eau, au sein de la Conférence
environnementale de 2013, a ainsi débouché
sur l?objectif de garantie et de fiabilisation de
l?accès, pour le citoyen, à des données sur
l?eau facilement compréhensibles.
La mise à disposition et la communication des
résultats scientifiques est inscrite dans la loi.
L?attention voulue par le législateur à ce que
les pratiques et référentiels d?évaluation des
scientifiques et de leurs activités intègrent
parfaitement toutes ces missions revêt une
importance particulière dans les champs de la
transition écologique. Au-delà des réflexions en
cours sur l?accès aux publications scientifiques,
il est important de produire des documents
de vulgarisation, de les mettre à disposition
et de les associer autant que de besoin aux
bases de données issues de travaux de
recherche .
La mise en oeuvre généralisée des
dispositifs transparents de suivi et
d?information pour toutes les parties
prenantes (sous réserve des principes de
protection de la vie privée et de la propriété
industrielle), est un levier pour accompagner et
faciliter les expérimentations d?innovations en
grandeur réelle, en particulier si l?on déroge à
des règles générales à des fins
d?expérimentation, après évaluation préalable,
à l?image de ce qui existe réglementairement
pour certaines installations présentant des
risques.
Afin d?améliorer progressivement les modalités
d?accès aux connaissances et aux données, il
convient de favoriser des recherches et
études sur le partage et la perception des
informations au sein des groupes sociaux ,
dans les domaines thématiques de la présente
stratégie, et de constituer une base de
données ouverte de résultats de ces travaux.
88
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
89
Éduquer, former et sensibiliser pour
la transition écologique et le
développement durable
PRIORITÉ 1
Généraliser l?éducation à l?environnement et au développement durable de la
maternelle à l?enseignement supérieur
PRIORITÉ 2
Promouvoir le développement d?initiatives, expérimentations et innovations citoyennes
PRIORITÉ 3
Favoriser la diffusion et le partage de l?information sur notre environnement
PRIORITÉ 4
Aider à la modification des choix et des comportements de la société
INDICATEURS DE SUIVI DE L?AXE 7
Effectifs en dernière année de formation initiale e n environnement
Nombre de projets d'éducation au développement dura ble dans les écoles, les collèges et les lycées
Nombre de participants aux sciences participatives dans le domaine de la biodiversité
Évolution de la fréquentation du portail « Tout sur l?environnement »
Consommation déclarée de produits écolabellisés
Indicateurs de 1er niveau en gras
AXE 7
90
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
La transition écologique vers un
développement durable implique une manière
renouvelée d?appréhender une nouvelle
représentation du monde, du cadre et des
modes de vie ainsi que de nouvelles
temporalités.
Sa réussite suppose que les diverses
composantes de la société s?approprient les
enjeux et adoptent de nouvelles références et
de nouveaux comportements individuels et
collectifs pour y faire face. L?élévation continue
du niveau global de formation de la population,
observé en France, offre un contexte favorable
pour avancer résolument en ce sens.
Investir pour l?avenir, en faisant de la transition
écologique une perspective positive partagée
par le plus grand nombre, s?appuie sur la
sensibilisation, l?information, l?éducation et la
formation de tous.
En aidant à formaliser une vision d?ensemble
partagée par les différents publics, l?éducation
à l?environnement et au développement
durable (EEDD) donne à chacun des clés et
des moyens d?appréhender l?évolution du
monde et les enjeux de la transition
écologique, pour y contribuer de manière active
et réussie.
Il importe en cela d?agir de manière simultanée
et convergente dans tous les champs et les
étapes d?éducation et de formation, dont les
effets s?inscrivent dans des temporalités
différentes , afin d?assurer le continuum
nécessaire à l?accroissement des capacités
individuelles et collectives pour la transition
écologique.
Cela suppose, en complémentarité de la
formation tout au long de la vie au service de
l?emploi et des activités, telle qu?évoquée dans
l?axe 5, de poursuivre et d?amplifier l?intégration
des enjeux dans l?éducation scolaire, péri et
extra-scolaire et la formation supérieure, et au-
delà de mobiliser et de s?appuyer sur toute la
diversité des approches éducatives (accueils et
loisirs jeunesse, activités culturelles, artistiques
et sportives, initiatives citoyennes,
sensibilisation des consommateurs, etc.).
Une nouvelle ambition pour l?éducation à
l?environnement et au développement durable
(EEDD) est à mettre en oeuvre. Cette politique
s?appuiera sur l?action volontariste des pouvoirs
publics et sur le développement concerté de
projets multi-partenariaux impliquant la
diversité des acteurs publics et de la société
civile, à toutes les échelles des territoires.
Comme mis en évidence lors de la Conférence
environnementale 2013, la mobilisation des
différentes sphères d?acteurs implique la
coordination des différentes politiques et
initiatives dans ces domaines en :
- généralisant l?éducation à l?environnement
et au développement durable de la
maternelle à l?enseignement supérieur ;
- promouvant le développement d?initiatives,
expérimentations et innovations
citoyennes ;
- favorisant la diffusion et le partage de
l?information ;
- aidant à la modification des choix et
comportements individuels et des
organisations.
L?accueil en France, en 2015, de la Conférence
des Nations Unies sur le changement
climatique (COP21) donnera ainsi tout son
sens à cette ambition éducative par la
mobilisation de la jeunesse et plus largement
de la société française.
91
Généraliser l?éducation à l?environnement et au développement durable de la
maternelle à l?enseignement supérieur
Afin d?inscrire les dynamiques du
développement durable et de la transition
écologique dans la durée, il est nécessaire que
les systèmes d?éducation et de formation
initiaux, de l?enseignement primaire et
secondaire général, technologique et
professionnel, et de l?enseignement supérieur
en intègrent les enjeux de façon généralisée.
Conformément à la loi de Refondation de
l'École de la République, l?éducation à
l?environnement et au développement durable
est inscrite dans le Code de l?éducation. Les
orientations définies par le Conseil Supérieur
des Programmes visent à approfondir la
généralisation de l?éducation au
développement durable en intégrant les
problématiques propres à ces enjeux
transversaux dans l?ensemble des
programmes d?enseignement . Cette
démarche est mise en oeuvre dans les
formations et les diplômes des sections
générales, technologiques et professionnelles
de l?enseignement scolaire et de
l?enseignement technique agricole, y compris
dans l?approche des métiers auxquels elles
préparent.
La loi pour la refondation de l'École de la
République donne aussi un cadre pour former
les futurs enseignants aux enjeux majeurs
que sont notamment le changement climatique,
la biodiversité, la transition énergétique, la
santé, les risques, la solidarité internationale,
au sein des Ecoles Supérieures du
Professorat et de l'Education (ESPE) et des
écoles doctorales en favorisant les approches
interdisciplinaires.
Plus largement, il s?agit de faire des
établissements scolaires de l?école au
lycée, de l?enseignement supérieur, de
l?enseignement technique agricole, des
lieux d?apprentissage et d?expérimentation.
Pour y parvenir, les écoles et les
établissements scolaires peuvent
développer des projets sous forme de
démarches globales de développement
durable (labellisation E3D), tout en multipliant
les actions éducatives transversales (dont
les sorties scolaires, les classes de
découvertes, les sciences participatives, les
projets éducatifs territoriaux, les initiatives
académiques) et en développant des
partenariats multiples avec les acteurs
territoriaux, en lien notamment avec les
enseignements disciplinaires.
Des outils de partage d?expériences et de
ressources sur les projets pédagogiques de
développement durable seront développés
pour soutenir les équipes pédagogiques
académiques et locales. Une attention
particulière est accordée à la formation des
personnels portant ces démarches globales,
afin de soutenir leur développement, dans la
durée, concourant ainsi à l?objectif d?engager
10 000 projets d?écoles et d?établissements
mettant en oeuvre ces démarches à l?horizon
Évolution du contenu des référentiels et de
la formation des personnels enseignants,
redéfinition du rôle des exploitations
agricoles des établissements, renforcement
de la gouvernance régionale, tels sont les
axes du plan d?action « Enseigner à
produire autrement » pour préparer les
agriculteurs de demain à être les acteurs
de la transition agro-écologique portée par
la loi d?avenir pour l?agriculture,
l?alimentation et la forêt du 11 septembre
2014. Dans ce cadre, des projets innovants
sont engagés par les établissements
d?enseignement agricole pour développer
des formes d?agriculture performantes sur
les plans économique, social et
environnemental, répondant aux principes
de l?agro-écologie. Les changements ainsi
observés sur le terrain sont évalués, décrits
puis insérés dans des programmes
pédagogiques dans lesquels les élèves
s?impliquent activement.
PRIORITÉ 1
92
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
2017 tel que prévu dans la feuille de route pour
la transition écologique de 2013.
En ce sens, il importe également de
poursuivre et de renforcer l?intégration de
l?environnement et du développement
durable dans les cursus de l?enseignement
supérieur par exemple en élaborant, en
association avec les parties prenantes, un
référentiel de compétences génériques et
de connaissances en matière de
développement durable, valorisant les
compétences acquises par les étudiants, y
compris dans le cadre d?engagements
bénévoles.
La valorisation accrue des démarches
d?exemplarité et de responsabilité sociétale des
universités et des grandes écoles, notamment
par la labellisation, ainsi que par l?intégration
de critères liés au développement durable
dans les mécanismes d?habilitation ou
d?accréditation en matière de formations
supérieures ou dans le cas d?une profession
réglementée comme celle d?architecte par les
compétences exigées par la directive
européenne, seront mises en oeuvre à partir de
2015 pour faire de ces établissements des
lieux de pédagogie intégrale au service de la
transition écologique.
Accompagner le nouveau cap de ce champ
éducatif, c?est aussi engager des actions
volontaristes d?études et de recherches
relatives à l?éducation à l?environnement et
au développement durable (EEDD)
s?appuyant notamment sur les recherches en
sciences de l?éducation, en sciences humaines,
sociales, économiques, etc. Il importe d?étudier,
notamment par la recherche-action, les
stratégies pédagogiques et les dispositifs
didactiques susceptibles de donner plus de
sens aux enjeux présentés et aux
changements demandés aux citoyens, donc de
mieux prendre en compte les résistances ou
les inquiétudes pour les dépasser.
Le développement d?un tel champ de
recherche en France est indispensable pour
permettre l?enrichissement et la mise en
oeuvre accrue d?offres de formation
appropriées sur les enjeux de l?environnement
et du développement durable, et ce, pour tous
les éducateurs, formateurs et professionnels
oeuvrant dans le champ de l?éducation formelle,
de l?animation et du sport, et de la formation.
Promouvoir le développement d?initiatives, expérimentations et innovations citoyennes
La transition écologique se pense et se met en
oeuvre en même temps qu?elle s?élabore. Ses
enjeux en seront d?autant plus facilement
appréhendés que les initiatives et les projets
proposés seront concrets et donc appropriés
directement par les individus et les
organisations.
Les solutions à trouver doivent s?inscrire dans
un cadre dynamique qui favorise les
innovations tous azimuts, y compris dans de
nouvelles formes de participation ou d?auto
apprentissage. En outre, notre pays a
fortement besoin de pouvoir s?appuyer sur une
nouvelle culture d?entrepreunariat, renforçant
les capacités d?adaptation de chacun à la
nécessaire transformation des activités, des
modes de production et de consommation.
Cette mise en mouvement et ce processus
« apprenant » sont déjà à l?oeuvre, en
particulier dans le cadre d?expérimentations
locales, de projets territoriaux, d?innovations
sociales, ainsi qu?au sein des familles, acteurs
essentiels des processus d?éducation, de
socialisation et de construction des modes de
vie.
Ceux-ci s?appuient sur des dynamiques de
concertation, de participation et de
PRIORITÉ 2
93
pédagogies accompagnées notamment par le
monde associatif ou par de nouvelles formes
d?organisation collective des citoyens
(consommation collaborative, réseaux
d?échanges de savoirs, espaces de
concertation pour l?EEDD, autoformation dans
le cadre de projets d?auto réhabilitation du bâti,
etc.).
Les cadres d?actions et d?accompagnement
de la citoyenneté par l?éducation populaire,
par les pratiques de l?économie sociale et
solidaire , par l?éducation préventive au risque,
participent également de cette dynamique.
Toutes ces occasions seront encouragées et
l?exemplarité valorisée. Cela passe, par
exemple, par un développement accru du
service civique, du bénévolat associatif, du
volontariat international, des réserves
communales de sécurité civile, en
accompagnement de projets pour une société,
soutenable et solidaire.
De même, sous l?impulsion des collectivités ,
de nouvelles formes d?implication sont
proposées aux citoyens dans le cadre de
politiques transversales et systémiques,
comme les Agendas 21 qui reposent sur un
apprentissage collaboratif et autour du
renouvellement de projets territoriaux de
développement durable. A cet égard, les élus
locaux sont des acteurs essentiels du soutien
aux démarches éducatives et participatives.
Concourent aussi à cette démarche toutes les
formes et tous les supports artistiques et
culturels qui assurent la médiation entre les
enjeux et les citoyens par l?approche
sensible et festive (dont cinéma, théâtre,
musique, art urbain, bande dessinée,
littérature, festivals,?). Ce sont des vecteurs
complémentaires pour se projeter positivement
dans la perspective des « futurs possibles ».
Ces processus pionniers jouent un rôle
fédérateur indispensable qui facilite la
participation, l?engagement volontaire,
l?entraînement entre pairs (habitants, salariés,
étudiants, entrepreneurs, élus,
consommateurs, etc.). Ils stimulent les
apprentissages informels, individuels et
collectifs et peuvent faire évoluer le système de
pensée. Ces processus gagneraient à être
valorisés pour en médiatiser plus largement les
aspects partageables et les éléments
d?innovation.
Dans le cadre d?initiatives concertées entre les
acteurs publics et privés en faveur d?une
société plus participative, une meilleure
visibilité sera donnée aux divers systèmes
d?engagements volontaires et de
reconnaissance co-évalués, ainsi que de
labels co-construits .
Ces démarches contribuent au développement
des alliances, des synergies, et des stratégies
de coopération telles que mises en avant dans
l?axe 8.
Une initiative régionale dans le Nord-Pas-
de-Calais, adressée à tous les publics
(enfants, familles, habitants) propose des
ateliers participatifs pour apprendre et
faire par soi-même. On peut y apprendre
à connaître son environnement proche
(balades et cueillette), à consommer
autrement en réutilisant (atelier réparation
de vélo) et en faisant des économies
d?énergie mais aussi à lutter contre le
gaspillage (faire un lombricomposteur,
faire des conserves de fruits ou légumes)
et à faire des choix plus écologiques au
quotidien (usages des produits
d?entretien).
Ces ateliers permettent de se réapproprier
des savoirs et techniques avec
l?importance de l?échange d?idées et de
partage.
94
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Favoriser la diffusion et le partage de l?information sur notre environnement
Pour comprendre son environnement et agir,
chaque citoyen doit pouvoir disposer d?une
information de qualité pour connaître les enjeux
associés aux résultats de la recherche et
pouvoir échanger en tant que partie prenante
avec des élus, des industriels, des chercheurs
et des services publics. Il est important de faire
dialoguer tous les "savoirs" mais aussi d?y
associer toutes les formes participatives de
débat. Cela permet de faire progresser les
capacités d?expertise collective.
Ces « savoirs » doivent être mis à la
disposition du plus grand nombre, par exemple
en s?appuyant sur des processus comme les
cours en ligne ouverts à tous.
Dans un contexte démocratique, les constats et
diagnostics doivent être partagés par le plus
grand nombre ; à défaut, les politiques qui s?en
inspirent peuvent rencontrer des obstacles à
leur adhésion. L?information, notamment
environnementale, diffusée doit être claire et
fiable.
En ce sens, le renforcement et l?adaptation
de l'information sur les enjeux
environnementaux à destination des
différentes familles d'acteurs de la société
(décideurs, grand public, professionnels,
citoyens, consommateurs, acteurs
économiques, administrations...) sont des
impératifs à poursuivre. Dans le même temps,
une meilleure médiatisation des résultats
d?observation, de suivi et d'expertise sur l'état
de l'environnement tenant compte de
« l?expertise collective des usages » est
indispensable pour faire évoluer positivement
les représentations sociales, références
culturelles et schémas de pensée.
Renforcer l'accès du public à l'information en
matière d'avis et d'études sur les risques
sanitaires émergents (ondes,
nanotechnologies?), réhabiliter dans l?opinion
la place des savoirs d?usage, par exemple sur
la nature et la biodiversité (évènements
météorologiques, saisonnalité du potager, etc.),
sur la mémoire des risques naturels (repères
de crues, documents d?information sur les
risques naturels majeurs, séismes) ou encore
sur l?évolution des paysages, participent au
partage de savoirs, savoir-faire et savoir être
qui sont à favoriser dans le cadre d?échanges
intra et intergénérationnels.
Les divers lieux de construction et de
diffusion de la connaissance (établissements
d?enseignements supérieurs, réseaux
d?éducation populaire et centres de ressources
scientifiques, fédérations syndicales et
professionnelles, associations et fondations,
agences publiques,) doivent se rapprocher
pour faire progresser ensemble la diffusion
d?une connaissance actualisée et
vulgarisée, adaptée au plus grand nombre
de citoyens, sur tous les grands défis
contemporains. Les grandes manifestations, à
l?image de la Fête de la Science, de l?Université
de tous les Savoirs, de la Fête de la Nature, les
forums et les grandes rencontres nationales,
les expositions et événements des
établissements culturels, artistiques, sportifs,
les grands documentaires cinématographiques
contribuent utilement à cette diffusion auprès
du grand public.
Les professionnels des médias (audio-
visuels ou digitaux) ont également dans ces
domaines la responsabilité de devoir mieux
s?approprier les notions complexes relatives
aux grands enjeux de société afin de pouvoir
diffuser les informations sur des bases solides.
Une adaptation des formations initiales et
PRIORITÉ 3
95
continues de ce secteur professionnel reste
à conduire pour y intégrer les enjeux de la
transition écologique.
La communication digitale désormais
largement installée, constitue un vecteur
essentiel de l?amplification et de la
démultiplication des informations auprès du
plus grand nombre en mettant à la
disposition des citoyens de plus en plus
d?outils d?informations, à vocation
opérationnelle .
Des études et recherches prospectives sur
l?évolution des modes de vie liés aux nouvelles
technologies de l?information et de la
communication pourront utilement contribuer à
ébaucher les pratiques favorables de ces
nouveaux outils de « sociabilité » et de partage
de connaissances, tout en intégrant leurs
limites.
Aider à la modification des choix et des comportements de la société
Encourager et soutenir l?évolution des
pratiques et le passage de la prise de
conscience à « l?acte » sont essentiels pour
s?engager lucidement dans la transition
écologique. Faire évoluer les choix et les
comportements du citoyen est une priorité ; les
citoyens doivent devenir « co-acteurs » et
« consomm?acteurs » des progrès réalisés en
matière de transition écologique vers un mode
de développement durable. En effet, si ces
derniers pressentent qu?une partie des
avancées et des solutions est entre leurs
mains, leurs questions et doutes restent
cependant des freins puissants : en matière de
développement durable, il n?existe pas une
seule réponse mais un ensemble de solutions
adaptées aux contraintes environnementales,
territoriales, budgétaires et sociales de chacun.
Mobilités alternatives et déplacements doux,
consommation responsable, alimentation
durable, réduction et tri des déchets, réparation
et recyclage des objets domestiques,
écojardinage, croissance verte et solidaire,
participation citoyenne sont des sujets pour
lesquels chacun souhaite bénéficier de
conseils, tester des savoir-faire facilement
reproductibles, connaître l?impact de ses
comportements pour s?investir plus avant dans
leur évolution.
Les modes d?accompagnement pertinents
sont à co-construire en y impliquant les
citoyens pour qu?ils soient adaptés aux enjeux
de leurs territoires et aux attentes des
habitants.
Des campagnes de mobilisation sur les
thématiques prioritaires de la transition
écologique seront engagées par les
pouvoirs publics , en s?appuyant sur tous les
canaux de diffusion traditionnels ou innovants.
Le recours aux outils digitaux devient
incontournable pour accompagner la
sensibilisation au plus près des
consommateurs. Les réseaux sociaux, la
téléphonie mobile mais aussi la télévision
interactive ou les objets communicants, grâce
aux applications numériques, sont autant de
canaux de diffusion qu?il convient d?intégrer
dans les modes de communication utilisables
D?autres modes d?accompagnement et de
formes d?incitations doivent être étudiés et
testés , notamment la formalisation de corpus
de messages consensuels sur les bénéfices
liés aux comportements éco-socio-
responsables, ou bien par exemple des
pratiques étudiées dans le cadre de l?économie
comportementale telles que les « nudges ».
PRIORITÉ 4
96
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Cela passe également par l?accompagnement
de la communication des entreprises
concernant certaines de leurs obligations
d?informations aux clients (par exemple les
entreprises de transport de personnes et de
marchandises dans la mise en oeuvre
obligatoire d?une information sur les émissions
de CO2 émises lors de leur prestation)et par la
promotion d?outils d?information existants sur
les réglementations environnementales.
Le développement de la démarche
volontaire d?affichage environnemental des
produits et services , permettant aux
consommateurs d?intégrer le critère
environnemental dans leur choix d?achat,
relève des mêmes inflexions à engager.
La mise à disposition d?outils d?information
permettant aux acteurs publics et privés de
communiquer sur leurs pratiques
responsables sera largement promue , tels
l?établissement de baromètres « carbone » sur
les grandes manifestations festives et les
grands événements culturels et sportifs mais
aussi les guides recensant les labels et les
référentiels donnant des repères aux
consommateurs et aux usagers sur le cycle de
vie des produits de consommation.
La communication des pouvoirs publics
s?appuiera davantage sur le partenariat afin
de mutualiser les moyens de communication et
de démultiplier les messages auprès des cibles
proactives : du citoyen à l?entreprise en
passant par les associations.
Un « nudge », au sens littéral « coup de
pouce » est une incitation positive donnée
à l?individu, sans être prescriptive ou
culpabilisante, pour encourager au
passage à l?action. Issus des politiques de
santé publique, les « nudges » sont d?ores
et déjà expérimentés dans d?autres pays
pour favoriser les économies d?énergie ou
lutter contre la pollution. Des études sont
menées en France afin d?en évaluer la
pertinence mais aussi les limites.
97
98
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
99
Mobiliser les acteurs à toutes les
échelles
PRIORITÉ 1
Encourager l'exercice de sa responsabilité par chaque acteur
PRIORITÉ 2
Développer les alliances, les synergies et les stratégies « gagnant-gagnant »,
notamment par le renforcement de la participation publique
INDICATEURS DE SUIVI DE L?AXE 8
Nombre d?agendas 21 locaux et part de la population concernée
Population couverte par une tarification incitative déchets
Part du territoire national couvert par des Scot incluant les enjeux de préservation de la biodiversité et de
limitation de la consommation d?espace
Indicateur de 1er niveau en gras
AXE 8
100
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
La réussite de la transition écologique vers un
développement durable, parce qu?elle implique
un véritable changement de modèle de société,
passe par la mobilisation de tous, aussi bien à
leur propre niveau qu?en interaction et en
synergie avec les autres acteurs d?un territoire,
d?un projet ou d?un secteur. Une étape
préalable passe par des actions d?éducation,
de formation et de sensibilisation (cf. axe 7).
Chacun, mis en capacité d?agir, contribuera
aux enjeux (économie durable, cohésion
sociale, préservation de la biodiversité et des
ressources) de manière transversale. La
construction d?une culture de la pédagogie par
l?action permettra de s?adapter aux
changements et transformations inhérents à la
transition écologique.
Les initiatives en faveur de la transition
écologique se sont multipliées ces dernières
années, portées par des acteurs pionniers
parmi les collectivités territoriales, entreprises,
corps intermédiaires, organisations syndicales,
associations ou citoyens, faisant émerger de
nouvelles manières de produire, d?échanger,
de financer, de se déplacer ou de se loger.
Elles contribuent à créer un élan et un
dynamisme indispensables pour traduire la
transition écologique dans les faits.
Les missions de l?État ont en parallèle évolué,
en lien notamment avec les politiques de
décentralisation. Au-delà de ses missions
régaliennes, l?État a développé un rôle
d?accompagnement des acteurs, en renforçant
la gouvernance en matière d?environnement et
de développement durable, au niveau national
comme au niveau local. Le dialogue
environnemental a ainsi été approfondi, avec la
mise en place du Conseil national de la
transition écologique (CNTE), et les
Conférences environnementales annuelles.
Ces dernières poursuivent et pérennisent la
démarche de concertation avec les parties
prenantes pour définir et mettre en oeuvre les
politiques de transition écologique. Dans les
territoires, la dynamique des Agendas 21
permet de faire participer les acteurs locaux et
les habitants à la réflexion sur l?avenir de leur
territoire et à l?élaboration d?une stratégie et
d?un programme d?actions partagés. Plus de
mille Agendas 21 ont ainsi été engagés à ce
jour.
Cette mobilisation de tous les acteurs s?appuie
sur un cadre international (Déclaration de Rio
en 1992 et Convention d?Aarhus en 1998) et
européen19 qui se renforce progressivement.
En France, la Charte pour l'environnement a
imposé en 2005, dans son article 7, la
participation du public pour toutes les décisions,
nationales ou locales, ayant une incidence sur
l'environnement. La loi du 27 décembre 2012
étend cette participation à l'élaboration des
textes juridiques.
Le foisonnement d?initiatives vertueuses reste
encore limité à un nombre trop restreint
d?acteurs. L?écart persiste entre la prise de
conscience d?un côté et le passage à l?action
de l?autre 20 . Démultiplier les démarches
innovantes, encourager et faciliter l?action de
tous et à tous les niveaux est une nécessité
pour franchir un cap supplémentaire mettant
l?ensemble de la société en mouvement de
manière coordonnée, dans un effet
d?entraînement collectif.
19 Directives 2003/4/CE et 2003/35
20 Voir par exemple l?étude « Chiffres et Statistiques n°505 » de mars 2014
réalisée par le ministère du Développement durable, portant sur les opinions et
pratiques environnementales des Français en 2013.
Créé par la loi du 27 décembre 2012
relative à la mise en oeuvre du principe de
participation du public, le Conseil
national de la transition écologique
(CNTE) est la nouvelle l'instance
consultative en matière de transition
écologique et de développement durable.
Sa création vise à renforcer le dialogue
environnemental .
Installé en septembre 2013, le CNTE est
consulté sur les projets de loi concernant,
à titre principal, l?environnement ou
l?énergie, ainsi que sur les stratégies
nationales relatives au développement
durable, à la biodiversité et au
développement de la responsabilité
sociétale et environnementale des
entreprises.
101
Cette dynamique s?appuiera sur deux piliers :
- l?exercice de sa responsabilité par chaque
acteur (État, citoyens, consommateurs,
entreprises, collectivités territoriales,
syndicats, associations, réseaux
consulaires), et les possibilités d?action
dont il dispose à son échelle ; l?État a à cet
égard un rôle particulier à jouer pour
impulser, catalyser et fédérer ces actions
par la mise en place d?un cadre propice, ce
qui implique qu?il soit lui-même exemplaire
dans son fonctionnement interne ;
- les alliances, synergies et stratégies de
coopération « gagnant-gagnant » entre
acteurs, venant mettre du sens et faire
converger les actions de chacun dans une
direction commune ; elles s?appuieront
notamment sur l?implication et la
participation des individus et organisations
au débat public.
Encourager l'exercice de sa responsabilité par chaque acteur
Chaque acteur, à son niveau, exerce une part
de responsabilité dans la transition écologique
vers un développement durable : leurs
décisions, activités et comportements
impactent la société et l?environnement, et c?est
donc tout d?abord à chacun d?agir.
Au niveau de l?État
L?État parviendra d?autant plus à impulser,
convaincre et accompagner la transition
écologique vers un développement durable
qu?il agit concrètement, innove et s?appuie sur
sa propre pratique en se montrant exemplaire
et moteur. Il doit pour cela renforcer
l?intégration de la transition écologique et des
principes du développement durable dans ses
missions de conception et de mise en oeuvre
de politiques publiques et dans son
fonctionnement interne, à toutes les échelles. Il
s?appuiera également sur la systématisation
d?une action coordonnée entre administrations.
Intégrer pleinement la transition vers un
développement durable dans les missions de
l?État
Dans sa mission de création et d?application de
normes, l?État s?engage à évaluer et réviser
régulièrement les textes. Pour faciliter la vie
des particuliers, des entreprises et des
collectivités tout en assurant un niveau élevé
de protection de l?environnement, l?État doit
donner la priorité au chantier
gouvernemental de simplification du droit
dans lequel il s?est engagé et en particulier
celui de la modernisation du droit de
l?environnement . Il assurera ainsi la lisibilité,
la clarté, la compréhension et l?effectivité du
droit, en veillant à bien appliquer la
réglementation existante. Le projet de loi relatif
à la transition énergétique pour la croissance
verte prévoit par exemple une simplification
des procédures administratives applicables aux
énergies renouvelables et à la méthanisation.
Dans sa mission d?évaluation et d?expertise,
l?État s?engage à consolider son rôle de
référent pour penser les mutations sociales,
culturelles et économiques de la transition
écologique. Il offrira à l?ensemble des
acteurs le cadre de méthode et d?évaluation
de cette transition , en en faisant un outil de
progrès collectif et non de contrôle. Il
développera la réflexion prospective , en
prenant le risque d?innover pour expérimenter
de nouvelles voies et faciliter la progression
des autres acteurs, en visant le long terme. Il
réorganisera ses capacités d?expertise et
d?ingénierie pour répondre plus efficacement
aux besoins des acteurs et en particulier des
collectivités et des territoires, notamment avec
la création de l?Agence française pour la
biodiversité. Il s?appuiera sur son réseau de
chercheurs et d?experts , notamment par son
réseau scientifique et technique, et en
particulier, le Centre d?études et d?expertises
sur les risques, l?environnement, la mobilité et
l?aménagement (CEREMA).
PRIORITÉ 1
102
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Dans sa mission de maître d?ouvrage de plans,
programmes et projets, l?État s?engage à
adapter ses méthodes de conception à
l?exigence de la transition écologique , à
innover si nécessaire et à faire profiter de son
expérience tous les acteurs de la société.
Dans sa mission de promoteur du
développement durable et de partenaire, l?État
s?engage à donner l?impulsion en apportant
son éclairage et à favoriser les échanges et
la capitalisation entre les acteurs . A cet effet,
il encouragera le développement de plateforme
d?échange comme le Club développement
durable des entreprises et établissements
publics, et maintiendra ses missions
d?animation au niveau national et régional.
Intégrer pleinement la transition vers un
développement durable dans le fonctionnement
de l?État
L?État doit montrer la voie et encourager les
autres acteurs à agir dans le même sens, mais
il dispose également, de par son poids dans
l?économie, d?un véritable effet de levier pour
stimuler de nouveaux marchés et de nouvelles
filières (par exemple à travers le parc
automobile de l?État).
Il renforcera les échanges avec ses
partenaires, fournisseurs et usagers pour
progresser vers un fonctionnement plus sobre.
Il mènera une politique de commande
publique durable ambitieuse , soutenant
l?achat de produits et services issus du
commerce équitable, engageant ses
partenaires dans le cadre du Plan national
d?action pour les achats publics durables, et
réduira l?impact environnemental du
fonctionnement de ses administrations . La
circulaire 21 relative à l'exemplarité de l?État
au regard du développement durable dans le
fonctionnement de ses services et de ses
établissements publics sera révisée afin de
fixer des objectifs aux services de l'État pour
2020. Elle prendra mieux en compte la
responsabilité sociale de l'État employeur,
permettra à chaque ministère de définir son
plan administration exemplaire en fonction de
ses enjeux prioritaires en matière de
21 Circulaire du Premier ministre n°5351/SG du 3 décembre 2008
développement durable, tout en continuant à
viser l?exemplarité de l?État. La
professionnalisation accrue des réseaux
d?acheteurs publics (État, collectivités
territoriales et hôpitaux) et la mise à disposition
d?outils montrant l?intérêt économique de
l?achat durable devront notamment à contribuer
à l?appropriation de la notion de coûts du cycle
de vie.
Premier employeur à l?échelle nationale, l?État
conduira une politique de responsabilité
sociale dans ses services et établissements
publics , développera un management
responsable aidant à la conduite du
changement et formera systématiquement
ses agents , notamment les décideurs, aux
enjeux du développement durable et de la
transition écologique. La gestion des
ressources humaines, les recrutements et les
compétences de l?État devront également être
mieux adaptés aux missions d?avenir.
Au niveau des collectivités territoriales
Dans le contexte des lois de décentralisation,
la responsabilité croissante des collectivités
territoriales, qui conduisent la plupart des
plans, projets et investissements publics, leur
permet de jouer un rôle central dans
l?intégration effective de la transition écologique
et du développement durable dans les
territoires. En tant qu?acteurs de proximité
également mobilisés au niveau européen et
international, elles sont un relais d?information
et de mise en synergie, et créent ou favorisent
des dynamiques locales fédératrices.
103
L?action des collectivités territoriales doit
être soutenue et encouragée par une double
dynamique de renforcement des processus
existants -comme les Agendas 21 locaux qui
permettent de rompre avec les logiques
sectorielles cloisonnées, de porter une
dynamique prospective pour leur territoire et de
créer des dispositifs de concertation et
d?implication des habitants-, et de nouveaux
processus et outils. A ce titre, leur activité
s?appuiera utilement sur l?élaboration de
référentiels de méthode et d?évaluation ; elle
sera soutenue par un appui méthodologique
aux processus de rapportage (rapports
développement durable des collectivités), et
pourra bénéficier d?une mobilisation conjointe
avec l?État pour répondre aux appels à projets
européens de financement sur la transition
écologique et le développement durable.
Au niveau du citoyen
Dans une société en transition vers un modèle
durable, le citoyen est gestionnaire et co-
responsable des biens communs (ressources
naturelles et culturelles), qu?il agisse
individuellement ou dans le cadre associatif.
C?est en faisant prendre conscience à chacun
de cette responsabilité que l?action individuelle
pourra avoir une influence sur les
comportements collectifs, orientant
progressivement la société et l?économie vers
un nouveau modèle de développement.
Cette mise en mouvement est déjà à l?oeuvre et
doit s?accélérer dans le cadre
d?expérimentations locales et de projets
territoriaux, d?initiatives citoyennes,
d?innovations sociales, de dynamiques
urbaines, de bénévolat associatif notamment
dans le domaine sportif, de service civique, de
festivals artistiques, de sciences participatives,
de réseaux d?échanges de savoirs, d?auto
réhabilitation du bâti, etc. Ces processus
pionniers gagneraient à être largement
médiatisés pour faciliter leur démultiplication
et produire une émulation plus significative.
Cette responsabilité du citoyen s?exercera
d?autant mieux que des espaces de
concertation, notamment au niveau d?un
territoire, quelle qu?en soit la forme, auront
été prévus, et que la société civile, en
particulier via des associations, sera soutenue
dans ses actions contribuant à la mise en
oeuvre de politiques publiques.
Au niveau des entreprises
Les entreprises, entendues au sens de
l?ensemble de ses composantes (dirigeants,
salariés, organisations syndicales) doivent être
« responsables vis-à-vis des effets qu?elles
exercent sur la société (définition de la RSE
donnée par la commission européenne en
2011)». La responsabilité sociétale des
entreprises (RSE ) constitue un outil de
l?évaluation de la performance globale au
regard du développement durable (prise en
compte des impacts des décisions et activités
sur la société et l?environnement). Elle est
Les biens communs recouvrent trois
types de ressources : la nature (l?air, l?eau,
les sols, les animaux, les plantes?), la
culture (la langue, la philosophie, la
musique?) et la communauté (les rues,
les équipements, les institutions, les
règles?). Nous en avons hérité, ils
peuvent sembler abondants, parfois
invisibles.
Selon Elinor Ostrom, politologue et prix
Nobel de sciences économiques en 2009,
la préservation des biens communs
suppose « l?agir en commun » , selon
trois briques : les ressources, les gens, les
règles et normes qui permettent de lier
entre elles ces composantes.
104
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
également un outil de négociation entre les
entreprises et la société ainsi qu?un levier pour
leur compétitivité et leur efficacité. Son
développement nécessite notamment
l?extension à l?ensemble des organisations
privées -notamment les PME- ou publiques, de
la politique d?incitation à rendre compte aux
parties prenantes des impacts sociaux,
sociétaux et environnementaux de leur activité.
La poursuite et l?approfondissement du Plan
national d?actions en faveur de la RSE et de la
plate-forme nationale RSE, comme lieu de
débat permanent et de référence en matière de
responsabilité, participeront à ce
développement.
Dans ce cadre, les entreprises multiplieront
les certifications environnementales,
renforceront la lutte contre la discrimination
et la promotion de la diversité et de l?égalité
femme - homme dans le cadre des nouvelles
obligations législatives et réglementaires. Pour
les TPE-PME, l?approfondissement de la
question de la labellisation des entreprises
responsables est une piste à l?étude .
Acteurs majeurs des territoires, les
entreprises , en s?appuyant sur les réseaux
consulaires, doivent devenir des partenaires
actifs et engagés dans des démarches
volontaires collectives et partagées avec les
parties prenantes à l?échelle des territoires, des
parcs d?activités, des professions,
d?interprofessions?
Développer les alliances, les synergies et les stratégies « gagnant-gagnant »,
notamment par le renforcement de la participation publique
Face à l?ampleur de la complexité des enjeux
écologiques et compte tenu du partage des
responsabilités, la recherche de synergies et
de stratégies de coopérations et alliances
devra être encouragée à tous les niveaux pour
que la transition écologique soit conduite de
manière efficace et qu?elle soit source
d?opportunités nouvelles.
La capacité des territoires à construire des
accords stratégiques entre eux, entre échelons
territoriaux, avec l?État et l?Union européenne,
sera désormais l?une des clés de leur
attractivité économique et de leur contribution à
la transition écologique. La réussite de ces
stratégies passe par la possibilité de
contractualisations ouvertes, dynamiques
et à géométrie variable, entre territoires
alliés face aux enjeux de la transition ainsi que
par le repositionnement de l?appui de l?État
au service des coopérations entre
territoires . En effet des conventions
territoriales peuvent être conclues entre l?État
et les collectivités 22 . Les fonds européens,
dans le cadre de l?accord de partenariat entre
la France et l?Union européenn, portant le
développement durable comme axe transversal
et comme objectif thématique «poursuivre la
transition écologique et énergétique et la
gestion durable des ressources naturelles, et
les contrats de plan État Région (CPER)
peuvent également favoriser ces partenariats.
La relance de la croissance et de l?emploi
pourra s?appuyer sur le développement de
l?économie sociale et solidaire, grâce
notamment à la loi sur l?économie sociale et
solidaire du 31 juillet 2014, qui permettra aux
citoyens de réaliser des investissements
socialement responsables et d?identifier les
pratiques les plus responsables au travers des
dispositifs de labellisation. Il permettra
également d'inciter les donneurs d'ordre, les
consommateurs et les citoyens, à mieux
prendre en compte ce secteur dans leurs
22 Article 254 de la loi portant engagement national pour l?environnement
PRIORITÉ 2
105
activités et à orienter davantage leur demande
vers ce secteur, dont le mode de
fonctionnement est cohérent avec les enjeux
de la transition écologique.
Les défis posés par la transition écologique
nécessitent de renouveler la relation entre
secteurs public et privé pour partager les
enjeux, réunir les compétences nécessaires à
l?analyse des problèmes complexes et définir et
mettre en oeuvre des cadres d?action
permettant à chacun de participer efficacement
à la transition écologique. Pour cela, le
développement de formes adaptées,
dépassant les formes classiques du
partenariat public-privé , de mise en
commun d?ingénierie et d?expertise pour
traiter de problématiques complexes liées à la
transition sera encouragé .
La promotion des conventions
d?engagement volontaire par secteur/filière
sera aussi poursuivie , en les accompagnant
de dispositifs de suivi, d?évaluation et de
capitalisation de l?expérience, et en renforçant
leur visibilité, comme l?illustre l?intérêt porté à
cette démarche dans le domaine de l?économie
circulaire dans le cadre de la Conférence
environnementale 2013. Le Conseil national de
l'industrie mobilise l'ensemble de ses filières
afin de définir des parcours de progrès en
matière d'économie circulaire, notamment afin
de développer de nouveaux marchés, dans
l'esprit des Green Deals Néerlandais, où des
entreprises peuvent s'engager dans des
démarches innovantes, du point de vue de la
protection de l'environnement tout en
développant de nouveaux modèles
économiques, avec le soutien des ministères
de l'économie et de l'écologie.
Le soutien au mécénat environnemental , qui
permet de tisser des liens entre porteurs de
projets et entreprises, sera accru . Le mécénat
environnemental est une opportunité pour les
partenaires, qui peut en fonction des projets
portés stimuler la création d?emplois et la
réinsertion sociale (chantiers de volontaires,
brigades nature, conseillers en écologie,
opérateurs en milieu urbain...) et favoriser un
renforcement des liens avec les collectivités
territoriales.
La Stratégie nationale pour la biodiversité
(SNB) 2011-2020 a mis en place un cadre
cohérent qui permet à tous les acteurs, publics
et privés, aux différents niveaux territoriaux et
dans tous les secteurs d?activités, de contribuer
à la préservation de la biodiversité sur une
base volontaire.
Le mécanisme de mobilisation associé à la
stratégie est très innovant et comprend deux
étapes :
- les acteurs volontaires signent d?abord
« l?adhésion à la SNB » pour manifester
leur intérêt, valoriser et faire connaître la
SNB23.
- chaque adhérent est ensuite invité à agir
concrètement en présentant un
« engagement volontaire » (projet
contenant un ensemble d?actions
cohérentes et significatives qui s'inscrivent
au coeur de l'activité de l'organisme, au-
delà du simple respect de la législation et
proportionnées à la capacité du porteur).
Lors des deux premiers appels à
reconnaissance SNB lancé en 2012 et 2013,
80 acteurs avaient déposé un projet
d?engagement volontaire. 55 projets émanant
principalement d?entreprises, mais aussi du
secteur associatif, des collectivités territoriales
et du monde syndical ont été reconnus.
Ces stratégies de coopération devront
également s?appuyer sur le renforcement de
la participation publique, appelé de ses voeux
par le Président de la République lors du
lancement du grand chantier sur la démocratie
participative à l?occasion de l?ouverture de la
Conférence environnementale 2014. La
participation publique permet le développement
de la capacité à débattre et à agir, en
reconnaissant l?expertise intrinsèque de
chaque acteur, et plus particulièrement des
habitants, et en les associant aux instances de
décision et de gestion publique pour créer une
23 Début mai 2014, 394 structures avaient adhéré à la SNB : 154 associations, 145
entreprises ou organisations professionnelles, 47 établissements publics, 46 collectivités
territoriales et 2 syndicats de salariés.
La Stratégie nationale pour la
biodiversité (SNB) 2011-2020 a mis en
place un cadre cohérent qui permet à tous
les acteurs, publics et privés, aux différents
niveaux territoriaux et dans tous les
secteurs d?activités, de contribuer à la
préservation de la biodiversité sur une base
volontaire.
Le mécanisme de mobilisation associé à la
stratégie est très innovant et comprend deux
étapes :
- les acteurs volontaires signent d?abord
« l?adhésion à la SNB » pour manifester
leur intérêt, valoriser et faire connaître la
SNB24 ;
- chaque adhérent est ensuite invité à agir
concrètement en présentant un
« engagement volontaire » (projet
contenant un ensemble d?actions
cohérentes et significatives qui
s'inscrivent au coeur de l'activité de
l'organisme, au-delà du simple respect
de la législation et proportionnées à la
capacité du porteur).
Lors des deux premiers appels à
reconnaissance SNB lancé en 2012 et
2013, 80 acteurs avaient déposé un projet
d?engagement volontaire. 55 projets
émanant principalement d?entreprises, mais
aussi du secteur associatif, des collectivités
territoriales et du monde syndical ont été
reconnus.
106
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
intelligence collective du territoire (jurys
d?appels d?offres, gestion urbaine de proximité
durable?). Ce développement de la capacité à
débattre et à agir pourra également être facilité
par l?expérimentation de territoires de
coresponsabilité pour mettre en oeuvre des
plans d'actions collectifs, au niveau d'un
quartier, d'une institution, d?un territoire (urbain
ou rural).
La participation publique permet également
l'amélioration de la décision ou du projet. Les
dispositifs participatifs s'appuient sur
certains principes qu?il conviendra
d?afficher plus explicitement (égalité de
traitement, transparence, argumentation, rendu
compte) pour la crédibilité du processus. Une
communication sera systématiquement faite
sur les impacts et conséquences des
projets débattus.
Afin d?assurer une meilleure représentativité,
une grande attention sera portée à la
diversité des publics participants , et
notamment à l?implication des populations en
difficulté. Pour y arriver, il est important de
s?appuyer sur les réseaux d?échanges de
savoirs, les dispositifs d?insertion, et les
associations. La mutualisation des outils de
participation sur le territoire (débat public,
concertation en environnement, urbanisme,
politique de la ville?.) permettra d?avoir une
vision stratégique.
La participation publique doit devenir un
mode de gouvernance et de management
intégré à la culture d?entreprise. Les
processus de participation engendrent des
modifications dans les modes d'organisation :
ils nécessitent de la transversalité, un
changement de culture professionnelle et
politique. Ainsi, les dispositifs de formation
initiale et continue devront développer les
formations à l?ingénierie de la participation. Les
garants et commissaires enquêteurs seront
systématiquement formés afin de construire
une culture de la concertation en matière
d?enquête public. La fonction d?acteur-relais
médiateur sera développée (associations et
régies de quartier, pôles ruraux?) pour animer
les dispositifs de mobilisation citoyenne.
De nouveaux outils viendront incarner cette
évolution de la gouvernance, comme des
chartes de la participation, permettant
d?encadrer la mise en place d?un dialogue
territorial entre élus des divers échelons de
territoire, associations, parties prenantes. Les
conseils de développement à l?échelle
intercommunale et dans les territoires de projet
seront rendus obligatoires, et seront mandatés
sur le suivi-évaluation et la prospective
territoriale.
Un territoire de coresponsabilité est un
territoire (quartier, commune,
intercommunalité...) dans lequel est
organisé un processus de concertation
pour élaborer et réaliser de nouvelles
formes de co-responsabilisation des
acteurs collectifs (pouvoirs publics,
organisations, associations...), des
entreprises, de leurs représentants et des
citoyens visant à assumer les
changements nécessaires à l?assurance du
bien-être de tous, selon des modes
d?actions solidaires, qui préservent
l?environnement et les ressources et
intègrent les générations futures.
Appliqué dans un certain nombre de
communes d?Europe et hors Europe, ce
concept a donné lieu à la constitution d?un
Réseau International des Territoires de
Coresponsabilité : « Together », porté par
le Conseil de l?Europe avec des
collectivités pionnières, dont Mulhouse,
Braine-L'Alleud (Belgique), la Plateforme
inter-municipale du grand Lisbonne
(Portugal) et Kavala (Grèce).
107
108
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
109
Promouvoir le développement
durable aux niveaux européen et
international
PRIORITÉ 1
Renforcer la gouvernance internationale de l'environnement et du développement
durable
PRIORITÉ 2
Mener à bien les négociations sur le climat
PRIORITÉ 3
Renforcer la protection et la valorisation des écosystèmes et milieux naturels
PRIORITÉ 4
Promouvoir la transition écologique de l?économie
PRIORITÉ 5
Intégrer le développement durable dans les politiques thématiques de l?Union
européenne
PRIORITÉ 6
Adapter la politique d?aide au développement
INDICATEURS DE SUIVI DE L?AXE 9
Part de l'aide publique au développement dans le re venu national brut
Montant de l'aide publique au développement pour la biodiversité et le climat
Part des eaux marines françaises en aires marines protégées
État de conservation des habitats naturels
Indicateur de 1er niveau en gras
AXE 9
110
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Les grands enjeux écologiques dépassent nos
frontières et ne peuvent être résolus au seul
niveau national : ils requièrent aussi une action
aux échelles européenne et internationale.
Qu?ils soient démographiques, géopolitiques ou
environnementaux, de profonds changements
sont intervenus à l?échelle mondiale ces
dernières années et l?humanité se heurte
aujourd?hui à de nombreux défis intimement
liés entre eux, notamment en termes
d?éradication de la pauvreté et d?atteinte d?un
développement durable dans ses trois
dimensions. Ces défis sont d?une telle ampleur
et d?une telle complexité qu?ils requièrent des
actions renforcées et coordonnées de tous les
pays, du sud au nord, à tous les niveaux de
territoire et dans tous les secteurs. Ils
nécessitent également des engagements
politiques internationaux forts conclus au plus
haut niveau et mobilisant une participation
accrue de tous les acteurs de la société. Faire
face à ces défis contribue aussi à prévenir les
conflits liés à la raréfaction des ressources ou
au changement climatique.
En juin 2012, lors de la conférence des Nations
Unies sur le développement durable dite
« Rio+20 », la communauté internationale a
décidé de renforcer son action, que ce soit en
termes de gouvernance internationale ou
d?élaboration d?objectifs universels de
développement durable.
La France est très impliquée dans la mise en
oeuvre des engagements de Rio+20, ainsi que
dans la promotion d?un agenda unique et
universel faisant converger, à partir de 2015,
objectifs de développement durable et objectifs
du millénaire pour le développement. Pays
hôte de la conférence internationale sur le
climat en 2015, la France porte une ambition
élevée à l'international en matière de lutte
contre le changement climatique. De même, la
richesse en biodiversité de son territoire,
notamment outre-mer, la place parmi les
premiers pays agissant pour la protection et la
valorisation des écosystèmes et des milieux
naturels. Elle a accueilli le forum mondial de
l?eau en 2012 et accompagne, via la
coopération entre bassins versants, la prise en
compte du droit à l?eau au niveau mondial.
Malgré une importante mobilisation
internationale, beaucoup reste à faire dans un
contexte de grave crise économique et sociale.
Mais cette crise mondiale doit aussi être
regardée comme une opportunité de
transformer nos modèles économiques et nos
modes de consommation et de production. Il
s'agit d?intégrer systématiquement le
développement durable aussi bien dans les
politiques économiques que sectorielles, au
sein de chaque instance pertinente, notamment
au sein de l?Union européenne qui constitue un
échelon essentiel d?impulsion, d?élaboration et
de mise en oeuvre des politiques de
développement durable et de mobilisation des
pays tiers vers la transition écologique.
C?est enfin dans sa stratégie d?aide au
développement et dans l?ensemble des outils
de l?aide internationale que la France
matérialisera son message du développement
durable, en association étroite avec tous les
acteurs concernés.
Renforcer la gouvernance internationale de l'environnement et du développement
durable
Le développement durable, et notamment sa
dimension environnementale, peine à s?inscrire
de manière cohérente dans les priorités
internationales. En l?absence d?autorité en
mesure de fixer les priorités stratégiques de
l?agenda environnemental mondial, les accords
multilatéraux sur l?environnement se sont
multipliés ces vingt dernières années. En
matière de développement durable, il n?existe
actuellement pas de véritable cadre
PRIORITÉ 1
111
institutionnel mondial en mesure de donner les
grandes orientations et de proposer des
recommandations. En outre, le développement
durable est un objectif international qui ne peut
se réduire à être mis en oeuvre par un nombre
limité de pays.
Or les modèles de croissance économique
actuels sont obsolètes. Il nous est impossible
de garantir une vie décente à 9 milliards de
personnes en 2050 sur notre planète aux
ressources limitées sans prendre en compte
simultanément les dimensions sociale,
économique et environnementale. La
conférence Rio+20 de juin 2012 a été une
étape importante vers cet objectif.
Les enjeux pour la France sont :
- d?oeuvrer pour une gouvernance
rénovée et renforcée de
l?environnement, capable d'assurer la
cohérence de l'ensemble des sujets
environnementaux (climat, biodiversité,
dégradation des terres, produits chimiques
et déchets, déforestation, appauvrissement
des ressources?),
- de renforcer la gouvernance du
développement durable au niveau
mondial et régional et d?assurer le suivi
des engagements pris ,
- d?appuyer l?intégration du développement
durable dans toutes les politiques
publiques aux niveaux national, régional et
international.
Dans la continuité de Rio+20, la France a donc
pour objectifs :
- la promotion d?un agenda unique et
universel du développement durable
après 2015 , intégrant de manière
équilibrée les trois composantes du
développement durable et visant
l?élimination de la pauvreté ;
- la transformation du Programme des
Nations unies pour l'Environnement
(PNUE) en agence spécialisée des
Nations unies pour l?environnement ,
autorité dotée de financements stables,
permettant une intégration des sujets
environnementaux et un renforcement de
l?interface science-politique. La création de
l?Assemblée des Nations Unies pour
l?environnement est un pas important en ce
sens, mais il convient d?aller plus loin ;
- la consolidation et la montée en puissance
du Forum politique de Haut niveau sur le
développement durable. Garant d?une
meilleure coordination au sein des Nations
Unies du suivi des activités liées au
développement durable, il insufflera une
nouvelle dynamique permettant d?intégrer
ses enjeux au plus haut niveau dans les
priorités internationales ;
- une participation accrue de tous les
acteurs de la société dans cette
gouvernance rénovée.
Le Groupe des amis du paragraphe
47
Lancée en juin 2012 à l?initiative de 4
pays, dont la France, le Groupe des
amis du paragraphe 47 de la déclaration
de Rio+20 est une initiative
intergouvernementale visant à
promouvoir le rapportage
Développement Durable des
entreprises, considéré comme un levier
incontournable du bon fonctionnement
d?une économie de marché et de la
contribution du secteur privé au
développement d?une économie
décarbonée, résiliente et socialement
juste. Considérant l?enjeu du rapportage
extra-financier comme central dans la
promotion d?une économie durable, la
France en assure actuellement la
présidence au travers du Ministère de
l?écologie, avec l?appui du Ministère des
affaires étrangères.
112
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Mener à bien les négociations sur le climat
Les signes d?un dérèglement climatique se
multipliant, et les engagements actuels des
différents pays étant incompatibles avec
l'objectif de limiter l'augmentation de la
température moyenne mondiale à 2°C, une
action internationale concertée à la hauteur des
enjeux est plus que jamais une nécessité.
Lors de la conférence de Durban fin 2011, les
États ont ouvert un nouveau cycle de
négociation en convenant d?élaborer d?ici 2015
un accord les engageant tous et devant entrer
en vigueur d?ici 2020.
Ce nouveau cycle doit définir un cadre pour les
engagements des pays d?ici, et après 2020. Il
doit relever trois défis :
- comment réussir à engager chacun, à la
hauteur de ses responsabilités et
capacités, dans un cadre juridiquement
contraignant à partir de 2020 ?
- comment faire que ce cadre soit évolutif et
incitatif, et que l?ambition individuelle et
collective se renforce au cours du temps?
- comment renforcer dès à présent et d?ici
2020 les actions d'atténuation et
d'adaptation au changement climatique ?
Pays hôte de la conférence de 2015, la France
se doit d?être exemplaire et fédératrice, de tenir
compte des intérêts de tous les pays et de
valoriser les initiatives des gouvernements,
des collectivités et de la société civile, pour
la réduction des émissions et pour
l?adaptation . La réussite de la COP21
reposera sur quatre piliers dont son action
diplomatique devra viser la mise en place en
2015 : (i) d?un accord pérenne comprenant
des mesures d?atténuation et d?adaptation au
changement climatique ; (ii) de contributions
nationales des pays au futur accord, c?est à
dire leurs futurs engagements possibles ;
(iii) d?un « agenda des solutions », qui devra
mettre en valeur les résultats et les
opportunités des initiatives pour le climat qui
agissent sans attendre 2020, en complément
de l?action renforcée des pays ; (iv) de
financements de long terme pour le climat ,
par les pays (la capitalisation de plus de 10
Mds de dollars du Fonds vert est un exemple)
mais aussi et surtout par tous les investisseurs,
ainsi que le développement et le transfert de
savoir-faire et de technologies . L?obtention
d?un accord passera par la valorisation des
opportunités d?une transition bas carbone pour
le développement et la croissance. En matière
d'adaptation, une articulation devra être
recherchée avec la fixation en 2015 du
nouveau cadre d'action post-Hyogo de
réduction des risques de catastrophes
naturelles.
En pointe pour le climat, l?Union européenne
(UE) a un rôle central à jouer, qu?il s?agisse de
ratifier rapidement la deuxième période du
protocole de Kyoto, de remplir les
engagements pris au titre de ce protocole et de
s?engager avec ambition pour l?après-2020.
Ainsi, le Président de la République s?est
engagé à défendre un objectif européen de
réduction des émissions de gaz à effet de
serre, par rapport à 1990, de 40 % en 2030 et
de 60 % en 2040.
Avec l?accord sur le cadre énergie-climat
2030 adopté par le Conseil européen en
octobre 2014 , l?Union européenne se place en
pointe dans la perspective de la conférence de
Paris en décembre 2015. Ce cadre européen
fixe, d?ici 2030, un objectif contraignant au
niveau national de réduction des émissions de
GES d?au moins 40 %, un objectif indicatif
d?efficacité énergétique d?au moins 27% et un
objectif contraignant au niveau européen de
27 % de part d?énergies renouvelables dans la
consommation énergétique. L?objectif
d?efficacité énergétique sera réexaminé d?ici
2020, dans l?optique de le porter à 30 %. Pour
être pleinement effectifs, ces objectifs devront
rapidement être traduits sur le plan législatif
européen, sur la base des propositions à venir
de la Commission européenne.
PRIORITÉ 2
113
Renforcer la protection et la valorisation des écosystèmes et milieux naturels
La France a une forte responsabilité en matière
de préservation de la biodiversité terrestre et
marine, tant en métropole qu?en outre-mer où
ses territoires hébergent une biodiversité
d'importance mondiale mais qui n?échappe pas
à la dégradation. Elle porte également une
ambition élevée au niveau international dans
ce domaine, et peut mettre en avant son
expertise scientifique et son savoir-faire en
matière de protection et de valorisation.
La demande croissante d?espaces, de
ressources et de services fournis par les
écosystèmes conduit à un appauvrissement
mondial de la biodiversité et des milieux
naturels et fragilise les économies. Les
engagements mondiaux de Nagoya, déclinés
en 20 objectifs (« objectifs d?Aïchi »), pris en
2010 ont établi un cadre d?action transversal
pour la protection de la biodiversité. Des
instruments communautaires y contribuent tels
que le réseau Natura 2000, la directive cadre
stratégie pour le milieu marin et la stratégie
pour la biodiversité à l?horizon 2020. La France
intègre ces engagements dans ses politiques
nationales. Le panorama mondial reste
toutefois dispersé.
En haute mer, la France et l?UE soutiennent
la mise en place d?un cadre juridique
mondial sur la biodiversité, dont l?absence
freine l?établissement d?aires protégées.
L?identification scientifique de zones
marines d'intérêt écologique ou biologique
par la Convention sur la diversité biologique
facilitera la désignation de réseaux d?aires
protégées dans les mers régionales . Des
initiatives telle la Conférence ministérielle
d?Ajaccio pour la préservation des océans ont
permis de redynamiser l?impulsion politique
mais les ressources financières mobilisées ou
envisagées restent en deçà de l'enjeu. Par
exemple, à l?initiative de la France et de
Monaco, un fonds fiduciaire pour les aires
marines protégées en Méditerranée est en
cours de création. Une priorité accrue sera
accordée à la mise en oeuvre efficace des
engagements, à l?implication de la société civile
et notamment des acteurs économiques, à la
mobilisation de financements ciblés et à la
pleine application des nouveaux instruments,
en particulier le Protocole de Nagoya sur les
ressources génétiques et la plateforme
scientifique internationale sur la biodiversité
(IPBES).
La France se mobilisera en faveur de
l?intégration des objectifs de Nagoya au sein
des conventions de Rio (biodiversité, climat et
désertification), des autres enceintes
mondiales et régionales traitant de la
biodiversité, de l'eau et de la haute mer, et des
organisations sectorielles internationales. Elle
oeuvrera pour l?atteinte des engagements
financiers mondiaux en faveur de la
biodiversité, l?AFD ayant notamment prévu
notamment de doubler les financements dédiés
aux actions de coopération dans le domaine de
la biodiversité.
L?atteinte de cet objectif renforcera une
croissance économe en ressources naturelles,
rejoignant l?objectif d?utilisation efficace des
ressources de la stratégie de croissance de
l?UE « Europe 2020 ». Il soutiendra la
mobilisation et la valorisation internationales de
l?expertise, notamment scientifique. 55 % des
emplois de l?UE et 84 % de ceux des pays en
développement ont en outre un lien direct et
significatif avec les services écosystémiques24.
24 Source : "The Social Dimension of Biodiversity Policy", rapport pour la
Commission européenne, février 2011
PRIORITÉ 3
114
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Promouvoir la transition écologique de l?économie
La France et l'UE, à travers son 7ème
programme d?action pour l?environnement, ont
un niveau d?exigence environnementale plus
élevé que de nombreux autres pays. Mais des
efforts restent à faire pour que la préservation
de l'environnement devienne une dimension à
part entière des politiques macroéconomiques
et de leur compétitivité, au même titre que la
croissance et l?emploi. L?UE, les Nations unies,
l?OCDE, le G20 incitent à cette transition.
Pour la France, l?enjeu est triple :
- mieux utiliser les instruments
économiques et financiers en vue
d?atteindre ses objectifs environnementaux,
- accroître sa compétitivité dans les
secteurs de l'économie verte par
l?innovation, le dépôt de brevets, la mise en
place de filières, la formation des salariés,
etc.
- faire en sorte que les règles du jeu
européen et mondial créent un contexte
favorable à une meilleure prise en
compte de l'environnement dans
l?économie et à la demande de biens et
services des secteurs de l'économie verte.
La France défendra ainsi la mise en place de
règles visant à une meilleure intégration des
enjeux environnementaux dans l?activité
économique :
- au sein de l?UE : oeuvrer pour une
réglementation ambitieuse de la fiscalité de
l'énergie en encourageant la Commission
européenne à poursuivre les discussions
sur le sujet ; supprimer à terme les
subventions aux énergies fossiles ; mieux
intégrer le développement durable dans la
commande publique ainsi que dans la
politique industrielle de l?UE ; veiller à ce
que l?utilisation efficace des ressources
reste une priorité forte de la Commission ;
encourager les travaux européens en
matière d?affichage environnemental des
produits et soutenir la généralisation de leur
mise en oeuvre ; influencer les orientations
en matière de consommation et production
durables, y compris par la responsabilité
sociétale des entreprises et le rapportage
extra-financier des entreprises, en
instaurant des critères de durabilité des
produits, avec l?objectif de réduire
l?empreinte écologique de l?Europe sur
toute la planète ; renforcer le chapitre
développement durable des accords de
libre échange, notamment en améliorant
les études d'impact sur le développement
durable et en y mentionnant les principes
directeurs de l'OCDE à l'intention des
multinationales ;
- à l'OMC : plaider pour une meilleure prise
en compte de la préservation de
l'environnement et des normes sociales
dans les règles du commerce international ;
améliorer la cohérence entre les accords
environnementaux multilatéraux et l'OMC ;
encourager l'élimination des droits de
douane et des obstacles non tarifaires sur
les biens et services environnementaux ;
- aux Nations Unies : soutenir la mise en
oeuvre des objectifs et des programmes
issus de Rio+20 et y participer activement,
notamment le cadre décennal pour la
consommation et la production durables, la
promotion du rapportage extra-financier
des entreprises (y compris secteur
Affichage environnemental des
produits
Dès le lancement du projet, la France a
activement porté le sujet au niveau
communautaire, dans le contexte d?une
multiplication des initiatives du même
type en Europe (nouveaux labels relatifs
au climat et à l?environnement). Ces
efforts ont porté leurs fruits, en
contribuant à amener la Commission
européenne à lancer en 2013 sa propre
expérimentation de l?affichage, cette fois
à l?échelle européenne. La France
participe activement à cette phase pilote
de trois ans.
PRIORITÉ 4
115
financier) et le développement d?indicateurs
complémentaires du PIB ;
- à l'OCDE : amplifier la déclinaison des
principes de croissance verte dans les
différents domaines (agriculture, santé,
innovation, urbanisme...) ; se mobiliser pour
la mise en oeuvre des recommandations
issues de l'examen 2015 des performances
environnementales de la France ;
- à la FAO : contribuer à mieux faire
connaître les pratiques agroécologiques
aux pays membres, pour une mise en
oeuvre de celles-ci la plus large possible au
niveau mondial.
- au G20 : rendre effectif l?engagement pris
d?éliminer progressivement et de
rationaliser à moyen terme les subventions
inefficaces aux énergies fossiles qui
encouragent la surconsommation ; mieux
intégrer les coûts environnementaux dans
le prix des énergies fossiles ; encourager
les travaux sur la croissance verte, le
développement durable et le climat, et y
valoriser les travaux français.
Intégrer le développement durable dans les politiques thématiques de l?Union
européenne
L?un des défis des négociations européennes
réside dans l?intégration des enjeux du
développement durable dans la stratégie de
croissance de l?UE « Europe 2020 », qui
priorise les aspects économiques et d?emploi,
ainsi que dans le verdissement du semestre
européen, processus de revue budgétaire et
macroéconomique des États membres. Les
politiques sectorielles, ainsi que les grands
programmes d?investissements, tel que le Plan
européen d?investissement, devront également
intégrer ces enjeux, pour devenir des leviers
favorisant la transition écologique.
Concernant la Politique agricole commune
(PAC), les orientations de la période 2014-
2020 marquent une étape importante au niveau
européen. Cette étape ne sera néanmoins pas
suffisante pour assurer la transition vers l'agro-
écologie et devra être complétée à l?échelle
mondiale : la France portera cette perspective
également devant les instances internationales
(OMC), notamment pour développer les
incitations à l'agro-écologie.
S?agissant de la Politique commune de la
pêche (PCP), l?enjeu est d?assurer une
exploitation durable des ressources
halieutiques tout en tenant compte des impacts
socio-économiques d?une adaptation qui doit
rester progressive. Pour cela, la France défend
un objectif d?atteinte du rendement maximal
durable en 2015 là où c?est possible et en 2020
au plus tard, c?est-à-dire un niveau qui ne
remette pas en cause la pérennité des stocks.
La politique maritime intégrée aborde les
questions maritimes de manière plus cohérente
et renforce la coordination entre les différents
domaines politiques, qu'il s'agisse du transport,
de l'énergie, de la recherche marine, de la
pêche, du tourisme ou de l'environnement
(avec la directive-cadre "stratégie pour le milieu
marin"). La France est particulièrement
attachée à la défense de cette vision
transversale qui répond aux exigences du
développement durable. Cette politique à
vocation holistique s'est récemment
concrétisée par un premier texte contraignant,
sur la planification spatiale en mer.
Dans le domaine de la santé et de
l?environnement, la France défend un degré
élevé de protection dans les accords et
stratégies internationaux. La stratégie nationale
sur les perturbateurs endocriniens (tels que le
bisphénol A), adoptée en avril 2014, nourrira
les réflexions communautaires. Elle comporte
PRIORITÉ 5
116
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
des perspectives d?encadrement réglementaire
et de gestion ainsi que des actions d?expertise,
de recherche et d?information du public. La
France promouvra par ailleurs une politique
européenne ambitieuse pour l?alimentation
durable.
En ce qui concerne la gestion des risques
sanitaires et environnementaux liés à
l?utilisation des nanomatériaux, le règlement
européen sur les produits chimiques (REACH)
apparaît comme le meilleur cadre
réglementaire existant. Pour autant, la France
souhaite poursuivre l?acquisition des
connaissances sur ces substances et leurs
marchés et milite pour le développement d?un
système européen de déclaration des
nanoparticules. Une base de données unique
permettrait en effet d?harmoniser les exigences
des différents systèmes de déclaration
existants ou en cours de développement en
Europe, de mieux évaluer les risques et, in fine,
d?alimenter les réflexions sur le cadre adapté
de gestion des nanomatériaux.
La stratégie européenne de développement
durable devrait être révisée, au regard
notamment du futur agenda du développement
durable post-2015, et sa mise en oeuvre
revivifiée. C?est en effet actuellement le seul
cadre stratégique européen complémentaire
d?Europe 2020 sur les enjeux de la transition
écologique et du développement durable. La
mise en place d?une semaine européenne du
développement durable à partir de 2015 sera
en outre de nature à favoriser les initiatives des
citoyens et de tous les acteurs de la société, à
l?échelle de toute l?Europe.
Adapter la politique d?aide au développement
L?aide au développement a permis des
avancées considérables dans les pays du Sud,
notamment dans le cadre de la mise en oeuvre
des Objectifs du millénaire pour le
développement (OMD). La France joue un rôle
central en tant que quatrième donateur mondial
et apporte son expertise à de nombreux pays.
Les Assises du développement et de la
solidarité internationale, conduites par la
France et réunissant l?ensemble des acteurs
concernés, ont néanmoins mis en exergue le
manque de cohérence entre les réalités
nationales et les stratégies d?aide
internationale. Elles ont aussi souligné la
nécessité d?intégrer le développement durable
dans les outils de l?aide. Une nouvelle
stratégie, objet d?une loi d?orientation et de
programmation sur le développement et la
solidarité internationale , vise ainsi à
promouvoir un développement durable dans
les pays en développement, dans ses
composantes économique, sociale et
environnementale.
En outre, la France jouera un rôle moteur
dans l?élaboration et la mise en oeuvre de
l?agenda post-2015 basé sur des Objectifs
de développement durable (ODD) .
Le Livre Blanc « Défense et sécurité
nationale » de 2013 réaffirme la volonté
de la France de participer pleinement au
maintien de la stabilité internationale et
de renforcer les institutions
internationales permettant d?agir pour la
paix et la sécurité dans le monde. Son
engagement, au-delà des opérations
militaires, se traduit par des actions
civilo-militaires qui visent à favoriser le
tissu économique local et à permettre
aux populations de bénéficier de ses
infrastructures : rénovation d?écoles,
soins aux populations locales, formation
d?infirmiers.
Par ailleurs, en cas de catastrophe
naturelle ou technologique et de risques
sanitaires majeurs dans le monde, la
France mobilise l?ensemble de ses
moyens civils et militaires pour
participer pleinement aux actions de la
communauté internationale.
PRIORITÉ 6
117
La France a également pour objectif de réduire
progressivement les concours apportés aux
énergies fossiles dans le cadre de sa
politique de développement et de solidarité
internationale, et de porter cette position dans
l?ensemble des banques multilatérales de
développement. Dans cette perspective, elle
publiera d?ici 2016 une stratégie fondée sur une
évaluation de l?impact environnemental et
économique de sa politique d?aide au
développement.
Les enjeux pour la France portent aussi sur la
cohérence entre les différents outils
multilatéraux, régionaux et bilatéraux d?aide
et sur la recherche de nouvelles sources de
financement au-delà de la seule aide publique
au développement (APD), tels les
financements innovants, ou encore le
renforcement de la coopération Sud-Sud. De
telles sources seront recherchées
conformément aux engagements de la
conférence de Busan sur l?efficacité de l?aide.
La mobilisation financière des acteurs français
devra répondre à ces exigences de cohérence,
d?efficacité et de transparence.
L?intégration du développement durable
dans l'APD française devra se poursuivre et
s'accélérer , non seulement à travers les
instruments dont dispose l?Agence française de
développement (AFD) mais aussi dans le cadre
du Fonds français pour l?environnement
mondial (FFEM) et de ses contributions aux
fonds mondiaux tels que le Fonds vert pour le
climat et le Fonds pour l?environnement
mondial (FEM).
Enfin, la création en décembre 2013 du
conseil national du développement et de la
solidarité internationale (CNDSI) permettra
de maintenir de manière souple mais
néanmoins institutionnelle une concertation
régulière entre l?État et la société civile.
Pays pionnier en matière de financements
innovants pour le développement, la France
promeut la mise en oeuvre d?une taxe
globale sur les transactions financières
(TTF).
Introduite en France le 1er août 2012, la TTF
s?applique notamment aux transactions
d?actions d?entreprises françaises cotées en
bourse et dont la capitalisation boursière
dépasse 1 Md¤ (0,2%). 11 Etats européens
(Allemagne, France, Espagne, Italie,
Belgique, Portugal, Grèce, Autriche, Estonie,
Slovénie, Slovaquie) ont bâti une coopération
renforcée pour adopter une TTF européenne.
La France se mobilise pour favoriser
l?affectation d?une part significative de ses
recettes au développement, avec deux
priorités identifiées : l?environnement (lutte
contre le changement climatique) et la santé
(lutte contre les grandes pandémies).
118
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Liste des abréviations et sigles
ADEME Agence de l?environnement et de la maîtrise de l?énergie
ADIL Agence départementale d'information sur le logement
AFD Agence française de développement
AFEP Association française des entreprises privées
AIE Agence internationale de l'énergie
ALLENVI Alliance nationale de recherche pour l'environnement
ALLISTENE Alliance des sciences et technologies du numérique
ANAH Agence nationale d?amélioration de l?habitat
ANCRE Alliance nationale de coordination de la recherche pour l?énergie
APD Aide publique au développement
ATHENA Alliance nationale des sciences humaines et sociales
AVIESAN Alliance nationale pour les sciences de la vie et de la santé
BPI Banque publique d?investissement
BTP Bâtiments et travaux publics
CCI Chambre de commerce et d?industrie
CEP Contrat d?études prospectives
CEREMA Centre d?études et d?expertises sur les risques, l?environnement, la
mobilité et l?aménagement
CESE Conseil économique, social et environnemental
CESER Conseils économiques, sociaux et environnementaux régionaux
CFDE Centre de formation du développement durable et de l?environnement
CGDD Commissariat général au développement durable
CNDSI Conseil national du développement et de la solidarité internationale
CNI Conseil national de l?industrie
CNEFOP Conseil national de l?emploi, de la formation et de l?orientation
professionnelles
CNTE Conseil national de la transition écologique
COMER Comité spécialisé pour la recherche marine, maritime et littorale
CORE Comité d?orientation de la recherche et de l?expertise
COSEI Comité stratégique de filière des écoindustries
CPER Contrat de plan État Région
CPRDFOP Contrats de plan régionaux de développement des formations et de
l?orientation professionnelles
EEDD Education à l?environnement et au développement durable
119
EPCI Etablissements publics de coopération intercommunale
ESG (critères) environnementaux, sociaux et de gouvernance
ESPE Ecoles supérieures du professorat et de l?éducation
FEEBAT Formation aux économies d'énergies des entreprises et artisans
du bâtiment
FEM Fonds pour l?environnement mondial
FFEM Fonds français pour l?environnement mondial
FSE Fonds social européen
FTSE Financial Times Stock Exchange
GES Gaz a Effet de Serre
GIEC Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat
GIEE Groupement d?intérêt économique et environnemental
GPEC Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences
GTEC Gestion territoriale des emplois et compétences
INERIS Institut national de l?environnement industriel et des risques
INRS Institut national de la recherche et de sécurité
INSEE Institut national de la statistique et des études économiques
IPBES Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem
Services / Plate-forme intergouvernementale sur la biodiversité et les
services écosystémiques
ISR Investissement socialement responsable
MEDEF Mouvement des entreprises de France
NTIC Nouvelles technologies de l?information et de la communication
OCDE Organisation de coopération et de développement économiques
OMC Organisation mondiale du commerce
OMD Objectifs du millénaire pour le développement
OMS Organisation Mondiale de la Santé
ONEMEV Observatoire national des métiers de l?économie verte
ONG Organisation non gouvernementale
OPCA Organismes paritaires collecteurs agréés
PAC Politique agricole commune
PAE Programme d?action pour l?environnement
PCP Politique commune de la pêche
PEI Partenariat européen d?innovation
PIA Programme d?investissements d?avenir
PIB Produit Intérieur Brut
120
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
PME Petites et moyennes entreprises
PNACC Plan national d'adaptation au changement climatique
PNSE Plan national santé environnement
PREPA Plan de réduction des émissions polluantes
PRIS Point Rénovation Info-Service
R&D Recherche et développement
REACH Registration, Evaluation, Authorization and Restriction of Chemicals /
Règlement sur l'enregistrement, l'évaluation, l'autorisation et les
restrictions des substances chimiques
RSE Responsabilité sociétale des entreprises
RSO Responsabilité sociétale des organisations
SCOT Schéma de cohérence territoriale
SDAGE Schéma directeur d'aménagement et de gestion des eaux
SNB Stratégie nationale pour la biodiversité
SNR Stratégie nationale de recherche
TPE Très petites entreprises
TTF Taxe sur les transactions financières
UE Union européenne
WBCSD World Business Council for Sustainable Development / Conseil mondial
des entreprises pour le développement durable
ZRC Zones de restriction de circulation
121
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Glossaire
Agenda 21 : outil inventé au Sommet de la
terre à Rio en 1992 pour mettre en oeuvre
concrètement le développement durable dans
les territoires. Il s?agit d?un programme
d?actions associant les habitants et les parties
prenantes à son élaboration. Il existe un cadre
de référence pour les projets territoriaux de
développement durable et agendas 21.
Agro-écologie : façon de concevoir des
systèmes de production qui s?appuient sur les
fonctionnalités offertes par les écosystèmes.
Elle les amplifie tout en visant à diminuer les
pressions sur l?environnement et à préserver
les ressources naturelles.
Aménité : une aménité environnementale est
tout aspect de l'environnement appréciable et
agréable pour l'homme, dans un lieu ou site
particulier. Les aménités environnementales
sont a priori gratuitement offertes par la nature,
non-quantifiables, notamment par la monnaie,
et donc inestimables.
Analyse du cycle de vie (ACV) : son utilisation
a pour but de quantifier les flux de matière
dans les écosystèmes. L?ACV est la mesure
des ressources nécessaires (flux de matière)
pour fabriquer un produit ou donner accès à un
service, suivie de la quantification des impacts
potentiels de cette fabrication sur
l?environnement. Par extension, toute activité
peut faire l?objet d?une analyse de cycle de vie.
Plusieurs méthodes peuvent être utilisées pour
les calculs de ces flux, notamment pour
connaître les répercussions complètes de
l?utilisation d?un produit, d'une activité ou d?une
technologie sur l'environnement.
Artificialisation (des sols) : surface retirée de
son état naturel (friche, prairie naturelle, zone
humide etc.), forestier ou agricole, qu?elle soit
bâtie ou non et qu?elle soit revêtue (exemple :
parking) ou non (exemple : jardin de maison
pavillonnaire). Les surfaces artificialisées
incluent donc également les espaces
artificialisés non bâtis (espaces verts urbains,
équipements sportifs et de loisirs etc.) et
peuvent se situer hors des aires urbaines, à la
périphérie de villes de moindre importance
voire de villages, à proximité des dessertes du
réseau d?infrastructures, ou encore en pleine
campagne (phénomène d?urbanisme diffus).
Bassin hydrographique : territoire drainé par
des eaux souterraines ou superficielles qui se
déversent dans un collecteur principal (cours
d'eau, lac) et délimité par une ligne de partage
des eaux.
Biocontrôle : l?ensemble des méthodes de
protection des végétaux par l?utilisation de
mécanismes naturels. Il vise à la protection des
plantes par le recours aux mécanismes et
interactions qui régissent les relations entre
espèces dans le milieu naturel. Ainsi, le
principe du biocontrôle est fondé sur la gestion
des équilibres des populations d?agresseurs
plutôt que sur leur éradication.
Bio-économie : ensemble d?activités
économiques liées à l?innovation, au
développement, à la production et à l?utilisation
de produits et de procédés biologiques.
Biomasse : matière organique (paille, bois,
déchets verts, etc.) qui peut fournir de l?énergie
en étant brûlée pour produire de la chaleur ou
de l?électricité. Elle peut aussi engendrer du
biogaz (méthane) ou des biocarburants
destinés aux véhicules.
Bio-mimétisme : démarche d?innovation, qui fait
appel au transfert et à l?adaptation des
principes et stratégies élaborés par les
organismes vivant et les écosystèmes, afin de
produire des biens et des services de manière
durable, et rendre les sociétés humaines
compatibles avec la biosphère.
Capital écologique : ressources telles que
minéraux, plantes, animaux, air, vus comme
moyens de production de biens et services
écosystémiques : production d?oxygène,
épuration naturelle de l?eau, prévention de
l?érosion, pollinisation des cultures, et même
122
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
fourniture de services récréatifs. Le capital
écologique est l?un des cinq capitaux mobilisés
pour la production de richesse, les quatre
autres étant le capital humain, le capital
financier, le capital social et le capital physique.
Changement climatique : variation du climat
due à des facteurs naturels ou humains. Dans
le cas où l?évolution du climat est due aux
émissions de GES engendrées par les activités
humaines, et altérant la composition de
l'atmosphère de la planète, on parle alors de
changement climatique d?origine anthropique.
Circuits courts : les circuits courts constituent
un mode de distribution de produits agricoles
qui s?exerce soit par la vente directe du
producteur au consommateur, soit par la vente
indirecte, à condition qu'il n'y ait qu'un seul
intermédiaire.
Co-construction : processus d?élaboration
conjointe par l?ensemble des parties prenantes
d?une décision, procédant aux concertations et
consultations jugées utiles par ces parties
prenantes ; l?autorité reste responsable de
l?arbitrage des points ne faisant pas consensus.
Concertation : attitude globale de demande
d?avis sur un projet, par la consultation de
personnes intéressées par une décision avant
qu?elle ne soit prise. L?autorité qui veut prendre
une décision la présente aux personnes
concernées et engage un dialogue avec eux.
L?autorité reste libre de sa décision. La
concertation peut être engagée très en amont
de la décision.
Consultation : processus par lequel les
décideurs demandent l?avis de la population
afin de connaître leur opinion, attentes et
besoins, à n?importe quel stade de
l?avancement d?un projet. Celle-ci n?a
cependant pas de certitude que ses remarques
ou contributions soient prises en compte dans
la décision finale.
Coût global : le coût global est une notion
apparue à la fin des années 1990 dans le coût
de revient d'un bâtiment. Elle témoigne de la
prise de conscience de l'importance des coûts
différés dans une construction. Elle invite à
privilégier les choix d'investissement en regard
des économies qu'ils peuvent générer ensuite
pendant la vie du bâtiment (fonctionnement :
chauffage, rénovation des matériaux, etc.).
Critères « Environnementaux, Sociaux et de
gouvernance » (ESG) : ce sont des critères
extra-financiers, pris en compte dans la gestion
et dans l?investissement socialement
responsable (ISR). Ils permettent d?évaluer la
mesure de la responsabilité d?une entreprise
vis-à-vis de l?environnement, de la société et de
ses différentes parties prenantes (chaînes de
valeurs, sous-traitants, employés, salariés,
partenaires?).
Découplage : il s'agit, pour une même
production de richesse, de réduire continûment
ses impacts, notamment en matière de
consommation de ressources naturelles.
Par exemple, si le PIB français a connu une
hausse d?environ 40% au cours des 20
dernières années, les émissions de gaz à effet
de serre ont quant à elles chuté de plus de
10%. La croissance du PIB qui paraissait
jusqu?ici mécaniquement lié aux émissions de
GES s?est découplée de cette valeur grâce aux
mesures d?atténuation engagées.
Développement durable : la définition
conventionnelle retenue du développement
durable a été formulée en 1987 par la
commission mondiale sur l?environnement et le
développement des Nations unies : « Le
développement durable est un développement
qui répond aux besoins des générations du
présent sans compromettre la capacité des
générations futures à répondre aux leurs ».
Écoconception : l?éco-conception consiste à
intégrer la protection de l?environnement dès la
conception des biens ou services. Elle a pour
objectif de réduire les impacts
environnementaux des produits tout au long de
leur cycle de vie : extraction des matières
premières, production, distribution, utilisation et
fin de vie.
Écologie industrielle : l?écologie industrielle et
territoriale s?inspire du fonctionnement des
écosystèmes naturels pour recréer à l?échelle
du système industriel une organisation
caractérisée par un usage optimal des
ressources et un fort taux de recyclage de la
123
matière et de l?énergie. Concrètement, il s?agit
d?inciter les acteurs économiques à développer
des synergies, de sorte à réutiliser localement
les résidus de production et mutualiser certains
services et équipements.
Économie circulaire : système économique de
production, d'échange et de consommation
conçu et organisé pour minimiser les
prélèvements nets de ressources (énergies
fossiles, matières premières, eau, foncier,
milieux) et les émissions polluantes sources
d'impacts environnementaux et sanitaires
négatifs, tant locaux que globaux.
Économie de fonctionnalité : consiste à
remplacer l?achat d?un bien (ex. : télévision,
voiture, imprimante) par un service (location de
voiture, vélo en libre service, imprimante en
réseau?) de façon à optimiser l?usage du bien.
Économie sociale et solidaire : rassemble les
entreprises organisées sous forme de
coopératives, mutuelles, associations, ou
fondations, dont le fonctionnement interne et
les activités sont fondés sur un principe de
solidarité et d'utilité sociale. Ces entreprises
adoptent des modes de gestion démocratiques
et participatifs. Elles encadrent strictement
l'utilisation des bénéfices qu'elles réalisent : le
profit individuel est proscrit et les résultats sont
réinvestis. Leurs ressources financières sont
généralement en partie publiques.
Économie verte : économie porteuse
d?amélioration du bien-être humain et de
l?équité sociale tout en réduisant de manière
significative les risques environnementaux et la
pénurie de ressources (définition PNUE).
Écosystème : ensemble formé par une
communauté d?êtres vivant entre eux et, par
extension, entre cette communauté et son
environnement. L?écosystème est caractérisé
par des relations d?interdépendance qui
permettent le maintien et le développement de
la vie en son sein (notion de chaînes
alimentaires, de cycles, de niches
écologiques...).
Effet de serre : à l'origine phénomène naturel, il
permet à la température de la basse
atmosphère de se maintenir à 15°C en
moyenne. Il est lié à la présence dans
l'atmosphère de certains gaz dioxyde de
carbone, méthane...) qui piègent le
rayonnement émis par la Terre et renvoie une
partie de ce rayonnement en direction du sol,
contribuant ainsi à réchauffer l?atmosphère. Du
fait de la production par l'homme de gaz à effet
de serre additionnels, la température terrestre
moyenne est en augmentation.
Efficacité écologique : capacité pour un projet à
minimiser son impact négatif sur la biodiversité
et à maximiser les impacts positifs (tout comme
l?efficacité économique concerne la recherche
d?une rentabilité maximale du capital
économique).
Efficacité énergétique : capacité à produire ou
consommer la même quantité de biens et de
services en utilisant moins d?énergie
qu?auparavant.
Externalité : on parle d'externalités lorsque les
actions d'un agent économique ont un impact
positif ou négatif sur le bien-être et le
comportement d'autres agents et que cet
impact n'est pas pris en compte dans les
calculs de l'agent qui le génère. La pollution
engendrée par un site industriel est un exemple
d?externalité environnementale négative car
l'activité industrielle engendre des coûts
négatifs qui ne sont pas supportés par
l'entreprise polluante mais par l'ensemble de la
communauté concernée par les conséquences
négatives.
Facteur 4 : objectif que la France s?est fixé en
2005 (loi d?orientation sur l?énergie) qui vise à
diminuer par quatre nos émissions de gaz à
effet de serre d?ici 2050 (au regard de notre
niveau d?émissions de 1990).
Financement participatif (crowdfunding) :
mécanisme de financement de projets ou
d?entreprises permettant de collecter des fonds
auprès du public en limitant les intermédiaires.
Le financement participatif fonctionne
actuellement principalement par le biais de
plateformes internet. La finance participative
permet, notamment, de financer des projets de
proximité ou défendant certaines valeurs.
124
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Fiscalité écologique : la fiscalité écologique
vise à intégrer dans les coûts supportés par les
acteurs économiques (entreprises, ménages,
secteur public?) le coût des dommages
environnementaux causés par leurs activités.
Elle représente ainsi un moyen
économiquement efficace pour modifier le
comportement des acteurs, conformément au
principe de « pollueur-payeur ».
Gaz à effet de serre : constituants gazeux de
l?atmosphère, naturels ou artificiels, qui
absorbent et réémettent le rayonnement
infrarouge terrestre. Les principaux gaz à effet
de serre sont : la vapeur d?eau (H2O), le
dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4),
le protoxyde d?azote (N2O), l?ozone (O3), les
gaz fluorés (HFC, PFC, SF6), etc.
Gouvernance : mode de régulation des
rapports sociaux et économiques, fondé sur la
reconnaissance mutuelle, le dialogue, la
concertation à différentes échelles de territoire
et entre différents types de parties prenantes,
en vue d?une prise de décision.
Impact environnemental : ensemble des
modifications de l?environnement, qu?elles
soient négatives ou positives, dues à un
organisme, à un aménagement ou à un produit.
L?étude d?impact environnemental est utilisée
pour permettre à l'aménageur de diminuer les
dommages de son projet sur l'environnement.
Infrastructure écologique : cette notion repose
sur une volonté d?intégrer, préserver, restaurer
les espaces naturels dans les politiques
d?aménagement et de gestion du territoire et de
reconnaître leur importante pour la société, en
raison des services qu?ils rendent au même
titre que certaines infrastructures construites.
Intrants : en agriculture, on appelle « intrants »
les différents produits apportés aux terres et
aux cultures, qui ne proviennent ni de
l?exploitation agricole, ni de sa proximité. Les
intrants ne sont pas naturellement présents
dans le sol, ils y sont rajoutés pour améliorer le
rendement des cultures :
- les produits fertilisants : engrais et
amendements,
- les produits phytosanitaires, de la
famille des pesticides : produits utilisés pour
l?éradication des parasites des cultures.
- les activateurs ou retardateurs de
croissance,
- les semences et plants.
Plus généralement on entend par intrant tout
produit nécessaire à la marche d?une
exploitation agricole. Cela va du matériel
agricole aux honoraires du vétérinaire.
Investissement socialement responsable :
processus de sélection par les sociétés de
gestion de portefeuille des valeurs mobilières
qui composent leur portefeuille prenant
systématiquement en compte, en plus de
critères financiers, les pratiques
environnementales, sociales/sociétales et de
gouvernance (ESG) de l?entreprise.
Irréversibilité : impossibilité pour un système de
retrouver spontanément et de manière exacte
son état antérieur à une modification ;
s'applique notamment au capital naturel «
critique » (exceptionnel) ainsi qu'aux
phénomènes de faible ampleur, mais
cumulatifs.
Mitage : prolifération non maîtrisée de
constructions en milieu rural ou en périphérie
des agglomérations.
Modèles d'affaires (business model) :
représentation décrivant les principaux aspects
de l'activité d'une organisation, du point de vue
de ses objectifs et des ressources et moyens
déployés pour les atteindre. Le but d?une telle
démarche est d?identifier l'existence et le
partage de valeur ajoutée entre parties
prenantes sur une période et pour un domaine
d'activité clairement identifiés.
Nanotechnologies : terme générique qui décrit
des applications dans de nombreux domaines
scientifiques mais recouvre d'une manière
générale la recherche sur les principes et
propriétés existant à l'échelle nanométrique,
c'est-à-dire au niveau des atomes et des
molécules. L'objectif des nanotechnologies
consiste à produire des objets ou matériaux
inférieurs à 100 nanomètres.
Nanomatériaux : matériaux caractérisés par
leur taille ou leur structure de base, qui se situe
125
dans l?échelle de 1 à 100 milliardièmes de
mètre. Ils peuvent être utilisés dans de
multiples articles destinés notamment aux
consommateurs, tels que les articles de sport,
les cosmétiques, les peintures, l?électronique et
bien d?autres secteurs?
Normes d'investissement : une norme
d?investissement constitue les modalités
définies comme acceptables (d?un point de vue
légal, ou d?un point de vue social, par exemple)
dans les pratiques d?investissement et inclut les
produits dans lesquels les fonds sont investis.
Obsolescence programmée : l?obsolescence
programmée ou planifiée est le processus par
lequel un bien devient obsolète pour un
utilisateur donné, parce que l?objet en question
n?est plus à la mode ou qu?il n?est plus utilisable.
Obligation de projet : issue d?une démarche
conjointe de la Commission européenne et de
la Banque Européenne d?Investissement, une
obligation de projet est un titre de créance émis
par une entreprise pour stimuler le financement
sur les marchés de grands projets
d?infrastructure dans les domaines des réseaux
transeuropéens de transport et d?énergie.
Obligation verte : titre de créance émis par une
entreprise ou une entité publique (les banques
de développement) qui sert à financer des
projets environnementaux de développement
des énergies renouvelables ou d'amélioration
de l'efficacité énergétique.
Participation du public : le principe de
participation du public posé, pour la première
fois, par la Convention d?Aarhus a été consacré
en 2004 par l?article 7 de la Charte de
l?environnement comme un principe à valeur
constitutionnelle : il permet à toute personne
d?être associée à l?élaboration des décisions
publiques ayant un impact sur l?environnement,
en formulant ses observations sur le projet de
décision.
Perturbateurs endocriniens : les perturbateurs
endocriniens sont des substances chimiques
d?origine naturelle ou artificielle étrangères à
l?organisme qui peuvent interférer avec le
fonctionnement du système endocrinien. Les
plus souvent cités dans les produits de
consommation courante sont, par exemple, le
bisphénol A et les phtalates.
Politique agricole commune : la politique
agricole commune (PAC) est une politique
mise en place en 1962 à l'échelle de l'Union
européenne, concentrée initialement autour de
cinq objectifs majeurs :
- accroître la productivité de l?agriculture en
développant le progrès technique
- assurer ainsi un niveau de vie équitable à la
population agricole
- stabiliser les marchés
- garantir la sécurité des approvisionnements
- assurer des prix raisonnables dans les
livraisons aux consommateurs
La PAC a régulièrement connu des réformes
depuis sa création, conduisant notamment à
une plus grande prise en compte des
thématiques liées à l?environnement, à la
gestion des territoires, ainsi que des enjeux de
qualité et de sécurité alimentaire.
Précarité énergétique : selon les termes de la
loi du 12 juillet 2010, « est en situation de
précarité énergétique une personne qui
éprouve dans son logement des difficultés
particulières à disposer de la fourniture
d?énergie nécessaire à la satisfaction de ses
besoins élémentaires en raison de
l?inadaptation de ses ressources et de ses
conditions d?habitat. »
Pression anthropique : résultat des effets et
impacts générés par les activités humaines sur
les ressources naturelles et les écosystèmes.
Principe de précaution : principe préconisant
une action préventive face à des dangers. «
Lorsque la réalisation d?un dommage, bien
qu?incertaine en l?état des connaissances
scientifiques, pourrait affecter de manière
grave et irréversible l?environnement, les
autorités publiques veillent, par application du
principe de précaution et dans leurs domaines
d?attributions, à la mise en oeuvre de
procédures d?évaluation des risques et à
l?adoption de mesures provisoires et
proportionnées afin de parer à la réalisation du
dommage »
126
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Protocole de Kyoto : adopté en 1997, le
protocole de Kyoto explicite les objectifs et les
moyens pour mettre en oeuvre la Convention-
cadre des Nations Unies sur les changements
climatiques (CCNUCC).
Reporting extra-financier : procédure de
production de données portant sur des critères
ESG et de transparence d?une entreprise ainsi
que sur son impact environnemental, social,
voire sociétal et de gouvernance accessible au
public.
Réseaux intelligents : réseaux matériels de
distributions de fluides (électricité, eau, gaz,
pétrole, transport...), et/ou d'information
(télécommunications) associés à des systèmes
informatiques, capteurs, interfaces
informatiques et électromécaniques permettant
les échanges bidirectionnel de manière à
optimiser les flux.
Résilience : capacité d'un système à résister et
à survivre à des altérations ou à des
perturbations affectant sa structure ou son
fonctionnement, et à trouver, à terme, un
nouvel équilibre.
Responsabilité fiduciaire : la responsabilité
fiduciaire englobe l?ensemble des devoirs de la
personne physique ou morale (généralement
une société de fiducie) qui a la responsabilité
des valeurs déposées en fiducie (par exemple
des actions ou des obligations et qui doit veiller
à ce que toutes les clauses de l?acte de fiducie
soit respecté.
Responsabilité sociétale des entreprises
(RSE), des organisations (RSO): contribution
des entreprises ou organisations aux enjeux du
développement durable. La démarche
consiste à prendre en compte les impacts
sociaux et environnementaux de leurs activités
pour adopter les meilleures pratiques possibles
et contribuer ainsi à l?amélioration de la société
et à la protection de l?environnement. La RSE
(ou RSO) permet d?associer logique
économique, responsabilité sociale et
écoresponsabilité.
Ressourceries : les ressourceries, ou
recycleries, sont des établissements ayant pour
objectif principal de favoriser le réemploi ou la
réutilisation de certains matériaux considérés
comme des déchets. Ces installations
proposent une solution aux collectivités et aux
entreprises pour l'élimination de déchets tels
que les encombrants.
Ressources secondaires : matières premières
(matériaux, substances, organismes) ayant
déjà fait l?objet d?une transformation. (ex : le
plastique, le gasoil, huiles d?origine animale)
Services écosystémiques : avantage matériel
ou immatériel que l'homme retire des
écosystèmes. Ce sont, par exemple, la
production de l?oxygène de l?air, l?épuration
naturelle des eaux, les ressources qui
nourrissent les animaux domestiqués ou
chassés, l?activité des pollinisateurs des
cultures.
Sobriété : la sobriété détermine un modèle de
consommation qui interroge les besoins
essentiels des activités humaines dans la
perspective d?une utilisation des ressources ne
menaçant pas leur disponibilité aujourd?hui et
dans le futur.
Taux d?actualisation : taux qui permet de
rendre comparable un revenu ou une dépense
futurs à un revenu ou une dépense immédiats.
Le taux d?actualisation représente notamment
la préférence pour le présent (par exemple : la
préférence d?avoir 10 euros aujourd?hui plutôt
que 100 euros dans 5 ans). Cette dépréciation
s?explique notamment du fait de l?inflation,
laquelle érode la valeur monétaire, mais
également du risque associé au degré
d?incertitude de la rentabilité futur du projet ou
de l?entreprise
Trames vertes et bleues : outil d?aménagement
du territoire qui vise à (re)constituer un réseau
écologique cohérent, à l?échelle du territoire
national, pour permettre aux espèces animales
et végétales d?assurer leur survie et permettre
aux écosystèmes de continuer à rendre à
l?homme leurs services. Elle inclut une
composante verte qui fait référence aux milieux
naturels et semi-naturels terrestres et une
composante bleue qui fait référence au réseau
aquatique et humide (fleuves, rivières, zones
humides...).
127
Transition écologique : évolution vers un
nouveau modèle économique et social, un
modèle de développement durable qui
renouvelle nos façons de consommer, de
produire, de travailler, de vivre ensemble pour
répondre aux grands enjeux
environnementaux, ceux du changement
climatique, de la rareté des ressources, de la
perte accélérée de la biodiversité et de la
multiplication des risques sanitaires
environnementaux.
Transition énergétique : passage d?une société
fondée sur la consommation abondante
d?énergies fossiles, à une société plus sobre et
plus écologique.
Valorisation énergétique : récupération de
l?énergie dégagée par l?incinération des
déchets ou du biogaz notamment produit dans
les décharges.
Vulnérabilité énergétique : la vulnérabilité
énergétique globale des ménages peut être
définie comme l?exposition des ménages à une
hausse durable du coût de l?énergie et du poids
de celle-ci dans les budgets de la vie
quotidienne et d?activité. Pour les ménages les
plus vulnérables, ce type de hausse pourrait se
traduire par une situation de précarité
énergétique structurelle ou ponctuelle. Bien
qu?ils ne soient pas considérés comme pauvres
au sens de la définition de l?Insee, les ménages
conjuguant des revenus moyens, une forte
dépendance à l?automobile et un éloignement
domicile-travail /activités peuvent être «
vulnérables ».
128
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Index
A
affichage 38, 67, 98, 116
agenda 21 15, 33, 95, 105,122
agriculture 24, 26, 27, 30, 40, 41,
42, 45, 50, 54, 58, 117
air 18, 26, 31, 56, 57, 58
aires marines 111, 115
aménagement 27, 30, 33, 45, 104,125,
127
artificialisation 7, 18, 24, 26, 27, 29, 39,
122
association 11, 24, 32, 52, 58, 68,
74, 83, 84, 94, 96, 98,
102, 103, 105, 107, 108,
112
asthme 8, 57
B
bâtiment 9, 30, 40, 42, 51, 52, 77,
86, t 123
biodiversité 6, 7, 8, 10, 15, 16, 24,
25, 27, 28, 29, 30, 32,
36, 42, 50, 62, 63, 66,
67, 77, 85, 93, 96, 102,
103, 107, 111, 112, 113,
115,
bio-économie 40
biomasse,
biocarburants 39, 40
bio-mimétisme 24, 41
bois 40, 42, 54
bruit 56
C
cancers 8, 57, 58
carbone 10, 18, 21, 24, 35, 36,
37, 38, 39, 40, 41, 42,
44, 49, 55, 66, 67, 77,
98, 114
changement
climatique 6, 7, 8, 10, 15, 16, 18,
24, 25, 28, 29, 30, 36,
44, 49, 50, 52, 53, 54,
55, 63, 84, 92, 93, 112,
114
chimie, chimique 40, 41, 42, 56, 76, 113,
118
circuits courts 27, 30, 45
citoyen 6, 11, 12, 15, 30, 32, 52,
53, 85, 88, 91, 92, 94,
95, 96, 97, 102, 103,
105, 106, 108, 118
climat 6, 7, 32, 52, 55, 56, 58,
67, 83, 86, 111, 112,
113, 114, 115, 119
commerce 30, 88, 104, 116
Commission
européenne 36, 78, 115
communes 32
communication 31, 58, 89, 97, 98, 108
compétitivité 37, 39, 41, 45, 50, 65,
69, 74, 76, 78, 83, 85,
86, 106, 116
concertation 12, 15, 44, 46, 68, 75,
76, 83, 95, 102, 105,
108, 119
consommateur 8, 25, 38, 39, 42, 43, 52,
66, 78, 88, 92, 95, 96,
97, 98, 103, 106
consommation 6, 8, 9, 15, 19, 26, 29,
30, 35, 36, 37, 38, 39,
51, 58, 62, 65, 66, 67,
91, 94, 95, 97, 98, 112,
116
129
construction 29, 30, 32, 33, 42, 54,
57, 74, 83, 84, 94, 96,
102
croissance verte 75, 97, 116, 117
cycle de vie 30, 37, 38, 42, 77, 98,
104
D
déchet 8, 19, 24, 27, 31, 35, 38,
39, 41, 42, 44, 45, 46,
67, 72, 77, 97, 101, 113
découplage 36, 37
départements 32, 75
déplacement 7, 24, 31, 50, 51, 52, 97
développement
durable 6, 9, 10, 11, 12, 14, 15,
16, 19, 21, 23, 24, 25,
30, 32, 33, 36, 38, 65,
72, 77, 78, 91, 92, 93,
94, 95, 97, 102, 103,
104, 105, 106, 111, 112,
113, 116, 117, 118, 119
E
eau 7, 8, 18, 24, 26, 27, 30,
31, 36, 39, 42, 43, 44,
49, 50, 54, 56, 57, 67,
72, 77, 81, 86, 89, 112,
115
économie 6, 7, 8, 9, 16, 19, 21, 24,
27, 31, 32, 35, 36, 37,
38, 39, 45, 58, 61, 62,
64, 73, 74, 75, 76, 77,
78, 79, 82, 95, 97, 102,
104, 105, 106, 107, 111,
116
économie circulaire 16, 19, 21, 35, 36, 37,
38, 45, 62, 107
économie sociale
et solidaire 45, 61, 62, 73, 75, 77,
95, 106
économie verte 16, 24, 74, 75, 76, 77,
79, 82, 116
écosystème 6, 7, 24, 25, 26, 27, 28,
36, 42, 44, 55, 58, 62,
63, 85, 88, 111, 112,
115
éducation 10, 19, 46, 52, 74, 91,
92, 93, 94, 95, 96, 102
efficacité énergétique 31, 39, 40, 42, 72
égalité 50, 65, 106, 108
électricité 35, 39, 40, 43, 52, 63
emploi 6, 9, 28, 32, 37, 39, 45,
51, 55, 61, 62, 69, 71,
72, 73, 74, 75, 76, 77,
79, 92, 106, 107, 115,
116
énergie 8, 16, 19, 27, 29, 30, 31,
35, 37, 38, 40, 42, 45,
46, 49, 50, 51, 52, 54,
56, 58, 61, 67, 74, 77,
81, 82, 86, 88, 93, 116,
117
énergies fossiles 7, 18, 35, 36, 37, 39, 63,
117, 119
énergies
renouvelables 27, 30, 35, 37, 39, 40,
42, 63, 72, 103
entreprise 9, 11, 27, 31, 36, 37, 38,
39, 41, 43, 45, 46, 50,
51, 52, 53, 58, 62, 63,
64, 65, 66, 68, 69, 72,
73, 76, 77, 78, 79, 83,
85, 86, 88, 98, 102, 103,
104, 105, 106, 107, 108,
116
éolien 39, 63
étalement urbain 30, 51
État 11, 14, 15, 16, 18, 27,
30, 32, 37, 38, 41, 51,
52, 68, 69, 75, 102, 103,
104, 105, 106, 111
étiquetage 66
Europe 6, 10, 11, 12, 16, 21, 32,
36, 37, 38, 40, 41, 43,
45, 50, 51, 56, 58, 59,
63, 66, 67, 69, 82, 86,
94, 102, 104, 112, 114,
115, 116, 117, 118
130
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
externalités 67
F
femme 51, 57, 65, 77, 106
ferroviaire 42
financement 9, 39, 45, 46, 55, 61, 62,
63, 64, 65, 66, 69, 105,
113, 115, 119
fiscalité 51, 67, 116
fluvial 42
forêt 24, 27, 40, 54
formation 14, 45, 46, 51, 52, 57,
69, 71, 73, 74, 75, 76,
77, 78, 92, 93, 94, 102,
108, 116
G
gaspillage 42
gaz 18, 27, 39, 40, 43, 52
gaz à effet de serre 7, 30, 36, 114
gouvernance 11, 14, 29, 32, 64, 65,
68, 72, 83, 84, 85, 102,
108, 111, 112, 113
H
habitat 7, 18, 24, 32, 49, 50, 51,
57, 58, 111
halieutiques 7, 117
handicap 86
I
impacts 7, 9, 30, 36, 37, 38, 39,
40, 44, 49, 50, 52, 53,
55, 56, 62, 67, 79, 86,
105, 108, 117
importations 8, 38, 40, 41, 44
indicateurs 12, 16, 17, 18, 19, 33,
35, 49, 51, 61, 62, 65,
71, 81, 91, 101, 111,
116
industrie 7, 10, 19, 27, 31, 33, 35,
38, 40, 41, 44, 45, 46,
54, 58, 61, 72, 82, 83,
88, 89, 116
inégalité 8, 9, 19, 21, 30, 32, 49,
50, 51, 55, 56, 57
information 31, 32, 38, 43, 51, 53,
55, 58, 65, 66, 67, 74,
81, 88, 89, 91, 92, 96,
97, 98, 104, 117
innovation 8, 9, 19, 21, 24, 30, 35,
37, 41, 42, 51, 73, 81,
82, 83, 85, 86, 87, 88,
89, 91, 92, 94, 95, 105,
116, 117
inondation 10, 24, 29, 30, 52, 53,
55
insertion 32, 77, 108
international 10, 12, 21, 31, 32, 40,
45, 95, 102, 104, 112,
113, 116
investissements 9, 19, 37, 55, 61, 62, 63,
64, 65, 66, 67, 73, 78,
81, 82, 85, 86, 104, 106
J
jeunes, jeunesse 32, 77, 92
justice 50, 58, 69
L
littoral 29
logement 10, 23, 26, 31, 32, 49,
50, 51, 52, 57
M
matières premières 18, 36, 37, 39, 40, 41,
42, 44, 67
mer, marine, maritime 7, 10, 18, 26, 28, 39, 42,
51, 52, 55, 57, 82, 115,
117
131
métropoles 24, 32
milieux naturels 7, 27, 44, 111, 112, 115
ministère 14, 74, 82, 104
mobilité 30, 31, 42, 51, 52, 76,
84, 104
mode de vie 6, 8, 10, 55, 58, 85, 86,
92, 94, 97
N
nanomatériaux,
nanotechnologies 8, 59, 96, 118
nitrates 7, 18, 41
nucléaire 35, 40
nuisances 8, 55, 56
O
obsolescence 38
ondes 56, 96
outre-mer 7, 29, 37, 43, 50, 112,
115
P
partenariat 27, 28, 85, 86, 93, 98,
106, 107
perturbateurs
endocriniens 8, 59, 117
pesticides 7, 27, 58
pétrole 18, 39
photovoltaïque 63
PIB 7, 18, 19, 35, 37, 63, 71,
116
PME/TPE 77
politiques publiques 10, 11, 12, 14, 16, 32,
33, 38, 39, 50, 62, 64,
74, 75, 83, 86, 103, 105,
113
pollution 7, 8, 18, 24, 26, 27, 28,
29, 30, 56, 58, 63, 67,
77
population 8, 19, 24, 28, 30, 36, 49,
53, 55, 58, 92, 101
précarité énergétique 18, 39, 50, 51, 52
prévention 29, 52, 53, 55, 57, 58
principe de précaution 86
prospective 29, 86, 103, 105, 108
Q
quartier 30, 108
R
réchauffement climatique 65
recherche 9, 10, 19, 21, 24, 28, 41,
42, 51, 56, 66, 69, 79,
81, 82, 83, 84, 85, 87,
89, 94, 96, 106, 117,
119
récupération 44
recyclage 19, 27, 30, 35, 37, 38,
39, 41, 42, 45, 82, 85,
97
région 11, 15, 45, 75, 76, 85,
106
réseau 14, 25, 31, 32, 33, 42,
43, 44, 45, 51, 88, 95,
96, 97, 103, 104, 105,
106, 108, 111, 115
résilience 23, 26, 28, 29, 33, 44,
63
responsabilité
sociétale 14, 64, 72, 73, 76, 78,
79, 94, 105, 116
ressource 6, 7, 8, 9, 15, 16, 18, 24,
25, 26, 27, 28, 29, 30,
32, 35, 36, 37, 38, 39,
40, 41, 42, 44, 46, 50,
54, 55, 59, 62, 66, 67,
81, 86, 93, 96, 102, 104,
105, 106, 112, 113, 115,
116, 117
risques industriels 29, 55
risques naturels 24, 25, 32, 50, 53, 57,
96
132
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
risques sanitaires 6, 7, 8, 16, 50, 55, 84,
88, 96, 118
ruraux 24, 25, 28, 52, 108
S
santé 6, 8, 10, 18, 32, 49, 50,
52, 55, 56, 57, 58, 59,
82, 83, 86, 88, 93, 117
sensibilisation 7, 52, 53, 55, 77, 92, 97,
102
sobriété 6, 30, 37, 38, 39, 40, 54
social 9, 11, 30, 31, 50, 51, 54,
62, 65, 69, 74, 78
société 6, 9, 11, 12, 15, 37, 50,
62, 65, 69, 78, 83, 84,
86, 87, 89, 91, 92, 95,
96, 97, 102, 103, 104,
105, 112, 113, 114, 115,
118, 119
solaire 39
solidarité 15, 25, 29, 55, 93, 118,
119
sols 8, 18, 24, 26, 27, 29, 32,
40, 41, 42, 57, 83
sport 30, 58, 94, 96, 98
syndicats,
organisations
syndicales 12, 77, 102, 103, 105,
107
T
télétravail 55
territoire, territorial 6, 7, 8, 11, 14, 15, 18,
19, 21, 23, 24, 25, 26,
27, 28, 29, 30, 32, 33,
35, 37, 39, 40, 44, 45,
46, 49, 50, 51, 52, 54,
55, 56, 57, 58, 63, 64,
67, 74, 75, 76, 83, 84,
86, 87, 92, 97, 102, 103,
104, 105, 106, 108, 112,
115
tourisme 29, 54, 117
traçabilité 42, 65
trames vertes
et bleues 26, 54
transition écologique 6, 9, 10, 11, 12, 14, 15,
16, 19, 21, 25, 29, 32,
33, 41, 50, 52, 58, 61,
62, 63, 64, 65, 67, 68,
69, 71, 72, 73, 74, 75,
76, 77, 78, 79, 82, 83,
84, 85, 86, 89, 92, 93,
94, 97, 102, 103, 104,
105, 106, 107, 111, 112,
116, 117, 118
transition énergétique 27, 33, 39, 41, 43, 46,
51, 52, 62, 64, 66, 74
transparence 44, 65, 69, 78, 86, 108,
119
transport 9, 23, 30, 31, 35, 38, 40,
42, 43, 45, 49, 50, 51,
52, 58, 74, 77, 98, 117
U
Union européenne 7, 12, 40, 106, 111, 112,
114, 117
université 74, 94
urbain 23, 24, 25, 26, 28, 29,
30, 31, 32, 33, 41, 43,
45, 53, 55, 58, 86, 95,
107, 108, 117
V
valorisation
énergétique 44
véhicule 41, 42, 43, 58, 85
vélo 30
villes 29, 30, 45
voiture 51, 52, 77
vulnérabilité
énergétique 49, 50, 51
Z
zone d?activités 44, 45
zones humides 7, 26
133
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
134
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Crédits photos : A. Bouissou, O. Chatté, G. Crossay, T. Degen, D.
Joseph-Reinette, L. Mignaux, B. Suard / MEDDE-METLR - Stéphane Mahé /
DREAL Bretagne - Yann Werdefroy
Contact
Délégation au développement durable ?
Tour Séquoïa
92055 La Défense Cedex
01 40 81 34 65
135
(ATTENTION: OPTION uits,
intégration progressive d'autres critères que
l'énergie et d'autres étapes que l'utilisation) soit
davantage exploité. De même, l'intégration de
critères environnementaux et sociaux dans
la commande publique est un levier de l?État
et des collectivités territoriales pour orienter
l'offre dans le sens du développement durable.
Il est également primordial d'inscrire la
sobriété et l?efficacité, notamment
énergétique, au coeur de nos modes de
consommation. Une telle ambition, déclinée
dans la loi relative à la transition énergétique
pour la croissance verte, est indispensable
pour réduire de moitié la consommation
énergétique finale à l'horizon 2050.
De nombreux produits restent sous-utilisés :
mutualiser l'usage de ces biens à travers des
systèmes marchands (location, achats en
commun à l?instar des coopératives d?utilisation
de matériel agricole?) ou non marchands
(ludothèque?) crée de nouvelles activités et
permet aux consommateurs d'accéder à un
large panel de biens, de meilleure qualité, et de
préserver leur pouvoir d'achat.
Trop de produits endommagés ou tout
simplement usagés qui deviennent des déchets
pourraient pourtant être réutilisés au moyen de
structures adéquates (réparation, refabrication,
ressourceries...). Dans ce contexte,
l'émergence de nouveaux modèles
économiques et de nouveaux
comportements des consommateurs ,
comme l?économie de fonctionnalité reposant
sur la vente de l'usage au lieu de la vente d'un
bien (auto-partage ou service de
location/entretien d?articles de textile par
exemple), est à promouvoir, en s?appuyant
39
PRIORITÉ 2
notamment sur la révolution numérique qui
facilite la mise en relation des consommateurs
dans une démarche d?économie collaborative,
et en accompagnant les entreprises.
Toutes ces activités seraient favorisées si le
prix des ressources reflétait davantage les
impacts environnementaux liés à leur utilisation
et leur rareté, incitant ainsi les acteurs
économiques à les économiser. Les taxes sur
les émissions, la consommation d?espace, la
facturation proportionnée (comme par exemple
la tarification incitative pour les déchets) et la
suppression des subventions dommageables
sont autant d?instruments susceptibles
d?envoyer un signal prix au producteur ou
au consommateur pour une utilisation plus
efficace des ressources . Des financements
adaptés pourraient également orienter les
comportements des entreprises et des
particuliers , à l'instar des dispositifs mis en
place pour la rénovation énergétique :
allègements fiscaux, éco-prêt à taux zéro ou
bien encore mise en place du tiers financement
pour faire l?avance des coûts des travaux aux
particuliers.
Par ailleurs, le développement de nouveaux
modèles de rémunération de services basée
sur la performance est à étudier. Des
initiatives de ce type existent déjà dans les
services d?eau potable (contrats de délégation
de service publics dans lesquels la
rémunération du délégataire est en partie
fonction de la performance du service).
Rendre notre économie moins dépendante des ressources non renouvelables
Réduire l'utilisation des ressources non
renouvelables (combustibles fossiles, métaux,
granulats, terres,..) et la vulnérabilité de notre
économie vis-à-vis de ces ressources doit
devenir une orientation stratégique forte des
politiques publiques, notamment via le recours
accru aux matières premières de recyclage, le
développement massif des énergies
renouvelables, l?utilisation accrue et optimisée
de la biomasse et le frein à l'artificialisation.
Cette évolution doit se faire tout en veillant à ne
pas transférer les pressions et notre
dépendance d?une ressource sur une autre.
L?ensemble des activités présentées dans cette
section peut de plus constituer des
opportunités pour les entreprises françaises de
développer des savoir-faire spécifiques et de
créer des emplois, avec un fort ancrage
territorial.
La substitution de ressources non
renouvelables par des ressources
renouvelables durables
L?émergence d?une économie sobre en
carbone implique une restructuration du
système énergétique, devant également
contribuer à renforcer la sécurité énergétique,
redresser la balance commerciale, préserver la
compétitivité des entreprises et lutter contre la
précarité énergétique.
Reposant sur ces grands principes fixés dans
la loi relative à la transition énergétique pour la
croissance verte, cette transition énergétique
doit jouer de manière complémentaire sur la
réduction de la demande (sobriété et
efficacité énergétique) et sur l'offre, en
rééquilibrant le mix énergétique, à travers
notamment la réduction de la part du nucléaire
dans la production d?électricité de 50 % à
l?horizon 2025 et le développement
d'alternatives aux combustibles fossiles (et plus
particulièrement un recours accru aux énergies
renouvelables : solaire, éolien, hydraulique,
géothermie, énergies marines, biomasse) pour
la production de chaleur, d'électricité et de
substituts au pétrole et au gaz. Une telle
évolution est nécessaire pour atteindre l'objectif
de réduction de 30% de la consommation
d'énergies fossiles en 2030.
40
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
La loi relative à la transition énergétique pour la
croissance verte prévoira notamment
l?élaboration d?une stratégie bas carbone pour
répondre à ces enjeux majeurs, et placera les
territoires au coeur de cette transition en
mettant à la portée des acteurs des moyens
concrets de s?impliquer et de coopérer.
Pour s'inscrire dans une perspective bas
carbone et en complémentarité avec le
développement accéléré des énergies
renouvelables, la diversification du mix
énergétique s'appuiera sur des politiques et
actions volontaristes de sobriété et d'efficacité
énergétique dans tous les secteurs (bâtiment,
transports, industrie, agriculture...) et chez tous
les acteurs.
Les modalités de soutien aux énergies
renouvelables devront par ailleurs évoluer
afin d'accompagner leur développement dans
la durée grâce à un cadre incitatif et financier
stable, et de maximiser le retour en emplois de
ces investissements. Elles viseront également
une meilleure intégration dans les systèmes
énergétiques européens (électricité, gaz,
chaleur...) et la complémentarité entre
production d'électricité et de chaleur.
Ces nouveaux modes de production d?énergie,
qui induisent une demande croissante de
certaines ressources (acier, bois, métaux,
terres agricoles), doivent s?inscrire dans une
perspective de gestion durable des ressources.
La bio-économie, la chimie verte, ainsi que
la gestion dynamique, multifonctionnelle et
durable de la forêt doivent être
développées .
Les prélèvements en matières premières
associés à ces filières rendent nécessaire une
meilleure prise en compte des impacts
environnementaux et sociaux de nos
importations, à travers l?instauration de
critères environnementaux et/ou sociaux
aux niveaux international et européen , à
l?image de ce que l'Union européenne met en
place pour les biocarburants (critères liés aux
émissions de GES et à l?utilisation des sols).
La substitution de ressources vierges par
des ressources secondaires
L?utilisation des matières premières de
recyclage permet de réduire substantiellement
les pressions environnementales liées à
l?extraction des matières premières vierges et
de réduire la dépendance de l?industrie
française vis-à-vis des importations. Ce
recours accru aux matières premières de
41
PRIORITÉ 3
recyclage , notamment celles à haute valeur
ajoutée, passe par la suppression des
substances toxiques ou à risque et par
l?anticipation et l?organisation des usages en
cascade. Cela suppose une diminution
soutenue des flux allant en décharge.
L?orientation des déchets vers les filières de
recyclage les plus efficaces constitue
également un levier pour réduire les pertes de
matières, ce qui passe par la lutte contre les
trafics et installations illicites via un contrôle
renforcé de l?État par l?appui au développement
d?infrastructures de recyclage en France. Ces
orientations, largement déclinées dans le plan
de réduction et de valorisation des déchets
2014 ? 2020, doivent être complétées par un
appui technique et financier aux pays en voie
de développement dans ce domaine.
Pour mobiliser les différentes composantes de
notre mine urbaine (masse de déchets dont on
peut extraire les matières premières qu?ils
contiennent), les pouvoirs publics, en
collaboration avec les acteurs économiques,
veilleront à améliorer la connaissance des
flux et gisements , en particulier concernant
les déchets d?activités économiques et sur les
matières offrant un fort potentiel de création de
valeur ajoutée.
Une attention particulière est à porter à
certaines matières premières critiques (dont
les terres rares) indispensables aux entreprises
françaises qui veulent être compétitives dans
l?offre de solutions liées à la transition
énergétique.
La réutilisation des eaux usées traitées doit
être promue , en particulier dans l?agriculture.
Les initiatives déjà existantes (comme pour les
eaux de lavage des véhicules) doivent être
soutenues. La fertilisation issue d?effluents
d?élevage en substitution à l?azote minéral doit
également être développée dans la limite de
l?équilibre de la fertilisation des sols et de la
réglementation en matière de nitrates.
La réutilisation des eaux issues des stations
d?épuration est en outre intégrée à l'un des
axes de travail du plan "qualité de l'eau et
gestion de la rareté", dans le cadre de la
Nouvelle France Industrielle.
Mettre en place une nouvelle politique industrielle et agricole plus économe en
ressources et s'appuyant sur l'innovation
Des innovations ont d?ores et déjà permis
d?améliorer les performances
environnementales des procédés. Ces progrès
restent insuffisants et nécessitent des
technologies de rupture et des innovations
partagées entre les différents acteurs de la
chaîne de valeur autour de projets collaboratifs,
axe majeur de la politique de soutien à
l?innovation et de renforcement de la
compétitivité des entreprises. Ces innovations
pourront notamment s?inspirer du
fonctionnement du vivant, le bio-mimétisme
permettant de produire des biens et services
plus durables. L?ensemble des activités
industrielles et agricoles sont concernées. Des
dispositifs de soutien à ces innovations seront
mis en place pour financer les opérations de la
recherche de base jusqu?à la mise en place
opérationnelle, notamment dans le cadre des
34 plans de reconquête industrielle dont une
large part est déterminante pour la transition
écologique.
S?agissant des procédés industriels , les
industries intensives en énergie (acier, chimie)
ont déjà réalisés d?importants progrès qu?il
s?agit d?étendre aux secteurs non soumis au
marché carbone européen et au tissu des
PME, notamment par un déploiement
progressif des technologies disponibles les
plus performantes et par un
accompagnement technique et financier
approprié . Hors énergie, l'apparition de
nouvelles technologies de simulation et de
production par impression 3D devrait permettre
des économies de matières.
42
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Dans le secteur des déchets , des gains de
productivité (adaptation des fréquences,
optimisation des tournées) et des innovations
de rupture (réseaux de collecte enterrés,
logistique inversée) sont attendus en matière
de collecte. A l'étape du tri et de la valorisation,
l'accès à la matière peut être complexe, même
après une démarche d'éco-conception, et
nécessite le développement de nouvelles
technologies faisant appel à la mécanique, la
robotique, l?optique et la métrologie. Enfin,
l'incorporation croissante de matières
premières de recyclage dans la fabrication
nécessite d?accroître la traçabilité des flux et
la caractérisation des matières .
Concernant l?agriculture , les efforts doivent
être renforcés en matière d?efficacité
d?utilisation et de réduction de l'usage des
intrants chimiques, énergétiques et de l'eau, de
préservation et de restauration de la
biodiversité, des capacités de stockage de
carbone des écosystèmes et de la
fonctionnalité des sols. Ces évolutions
constitutives de l'agro-écologie , conciliant
performance économique et environnementale,
doivent s?accompagner du développement
de systèmes d'alimentation durable , incluant
la lutte contre le gaspillage alimentaire. Cela
contribuera à une offre alimentaire sûre,
diversifiée et issue de modes de production
respectueux de l'environnement.
Dans le secteur de la construction et de la
rénovation des bâtis existants, les politiques
en faveur de l?efficacité énergétique et des
énergies renouvelables doivent être intégrées à
une conception globale du bâti , et être
renforcées et complétées par une utilisation
plus efficace des ressources tout au long
du cycle de vie des bâtiments et des
infrastructures . Le recours au bois, et plus
largement aux matériaux biosourcés, un
recyclage accru des déchets du BTP, une
meilleure conception reposant sur des
approches architecturales adaptées aux
différents contextes et une évolution des
réglementations permettraient de donner des
relais de croissance à ce secteur.
Les systèmes de transports répondent aux
besoins de mobilité mais sont consommateurs
d'énergie et engendrent des effets négatifs sur
l'environnement. Pour relever ces défis ainsi
que répondre aux enjeux identifiés par la
commission Mobilité 21 (la desserte et
l?accessibilité des territoires nationaux et
européens, les besoins de mobilité du
quotidien, les enjeux environnementaux et
énergétiques et la soutenabilité financière),
quatre grands axes d'innovation doivent être
poursuivis :
- les véhicules propres et sobres , qui
comprennent les véhicules électriques ainsi
que les véhicules de toutes motorisations et
de toutes sources d?énergie produisant de
faibles niveaux d?émissions de GES et de
polluants atmosphériques. Le déploiement
des véhicules électriques routiers s'appuie
sur un réseau de points de recharge dont la
diffusion est accélérée grâce au
Programme d?investissements d?avenir
(PIA). Le programme « véhicule du futur »
opéré par l'ADEME a comme objectif
d?accélérer le développement
des véhicules routiers faiblement émetteurs
de CO2, des solutions de mobilité, du
ferroviaire (train du futur), du maritime et du
fluvial (navires du futur, complété par un
appel à projets d'aide aux investissements
pour des ferries propres) ;
- Les infrastructures routières innovantes
et économes en énergie , à travers
l?utilisation de techniques et matériaux
économes en énergie, le recyclage de
matériaux, l?efficacité énergétique des
équipements de la route, la capacité de
stockage et de restitution d?énergie
thermique des chaussées, l?intégration de
production électrique, la conception
modulaire, permettant d?optimiser
l?entretien ou le renouvellement, la capacité
dépolluante des revêtements.
L?engagement des acteurs économiques au
côté de l?État et des collectivités est
indispensable pour relever le défi du
déploiement de ces infrastructures. Des
démonstrateurs fourniront une vitrine du
savoir-faire français à l?international ;
- la logistique et gestion de flux ,
s'appuyant sur des véhicules propres, sur
le report modal, sur une organisation
innovante des chaînes logistiques et sur les
systèmes de transport intelligents. La
conférence nationale sur la logistique
organisée en 2015 aura pour objectif
43
d?améliorer la performance de la logistique
en France au service de son économie.
L?article 41 de la loi du 28 mai 2013 portant
diverses dispositions transport prévoit son
organisation et l?évaluation de
l'opportunité de mettre en oeuvre un
schéma directeur national de la logistique.
La logistique urbaine génère en particulier
une opportunité de mêler des offres
s'appuyant sur des véhicules décarbonés
mais aussi sur des véhicules silencieux de
grands gabarits livrant leurs marchandises
en horaires décalés. Les initiatives locales
se multiplient en ce sens. L?État doit
accompagner la diffusion des pratiques
innovantes, en lien avec les collectivités,
responsables du droit du sol et des
réglementations de la circulation et du
stationnement, interlocuteurs
indispensables des entreprises de transport
et de logistique urbaine.
- Les systèmes et services de transports
intelligents, dispositifs utilisant des
technologies de l?informatique et des
communications, qui sont à la base du
développement de nouvelles formes de
mobilité fondées sur l?information. La
stratégie nationale sur les transports
intelligents « Mobilité 2.0 » initiée en 2014
vise à favoriser les transports intelligents
par le développement de l?information
multimodale porte-à-porte, le lancement du
débat national sur l?ouverture des données
transport, le lancement d?un projet national
pilote sur les systèmes coopératifs
(véhicules connectés), la mise en commun
des besoins des autorités organisatrices et
gestionnaires de réseaux, la facilitation de
l?expérimentation in situ, notamment des
véhicules autonomes et par le
développement des compétences. Pour
accompagner cette stratégie, il importe que
la filière française des systèmes de
transports intelligents se structure,
notamment pour développer sa capacité
d?innovation collective et sa capacité
d?exportation.
Les réseaux de transport et de distribution
d?électricité, de gaz et de chaleur sont au
coeur de la transition énergétique, de la
Nouvelle France Industrielle et des
Programmes d?Investissements d?Avenir. Les
réseaux d?électricité sont de plus en plus
sollicités, aux niveaux local, national et
européen, pour intégrer les sources de
production d?électricité décentralisées et
intermittentes. Trois axes d'évolution
permettent de répondre à ces défis, en
s'appuyant sur l'expérience des zones non
interconnectées telles que les outre-mers et la
Corse :
- le développement des réseaux
intelligents qui permettent l'échange
d'informations entre consommateurs,
producteurs et gestionnaires de réseaux
(compteurs communicants) ;
- l'augmentation des capacités de
stockage de l'électricité , que ce soit par
des solutions éprouvées (stations de
transfert d'eau par pompage) ou
émergentes (hydrogène et piles à
combustible notamment) ;
- Le développement ou l?optimisation de
technologies de transfert entre réseaux
(technologie hybrides, Power to Gas, ...)
notamment grâce à une gestion de la
pointe mutualisée entre les réseaux.
Les conflits sur les usages de l'eau dans un
contexte de changement climatique poussent à
traiter à la fois sa disponibilité et sa qualité.
L'amélioration de la qualité de l'eau dans les
milieux naturels permettra de réduire le
traitement de l'eau potable et les coûts
associés. L'instrumentation des réseaux et le
suivi des données collectées en temps réel
favoriseront la détection précoce des fuites.
Les stations d'épuration peuvent devenir
neutres en carbone (récupération de chaleur
dans les réseaux d'eaux usées, valorisation
Le fonctionnement à très basse
température de réseaux de chaleur
permettrait de multiplier les sources de
chaleur dispersées sur le territoire urbain
et de faciliter le stockage de chaleur, en
particulier dans le sous-sol. Leur
déploiement suppose le développement de
réseaux intelligents, qui favorisent la
circulation d?information en temps réel du
consommateur vers le producteur et
inversement, semblable au déploiement
des compteurs intelligents Linky pour le
réseau électrique.
44
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
PRIORITÉ 4
énergétique des boues) et les boues peuvent
fournir des ingrédients d'intérêt, notamment le
phosphore, par des procédés à industrialiser.
Les industries extractives et de première
transformation ont déjà réalisé d'importants
progrès pour réduire les impacts
environnementaux liés à leurs activités.
Néanmoins, des progrès sont encore
possibles, par exemple via la symbiose
industrielle et l?éco-conception ou encore
avec le développement du concept de mine
responsable et l?encouragement à sa mise en
oeuvre effective. Ces efforts participeront à une
meilleure acceptabilité sociale de ces activités,
indispensable à une réindustrialisation
française. Ils permettront également de
s?assurer que les biens produits répondent à
des critères environnementaux, sanitaires et
sociaux de qualité. Le concept de mine
responsable ainsi que ses applications seront
portés dans les instances européennes et
mondiales de façon à réduire également les
impacts associés à nos importations de
matières premières et de produits. La
modernisation du modèle minier français sera
poursuivie en réformant le code minier pour
améliorer les conditions de sécurité des
activités extractives et la gestion de l?après-
mine dans le respect des exigences
environnementales, de transparence et de
rareté des ressources.
Mobiliser les territoires et favoriser les initiatives locales
Les territoires sont à la croisée des enjeux
économiques, sociaux et environnementaux.
Les projets d?écologie industrielle territoriale
sont une voie pour relever ces défis et garantir
l?attractivité et la résilience des territoires.
Il s?agit de repenser les activités économiques
dans leur ensemble à l?échelle du territoire
comme un écosystème spécifique, et ce en
concertation avec l?ensemble des acteurs
locaux, publics comme privés. L?écologie
industrielle territoriale se concrétise par la mise
en oeuvre sur un territoire ou sur une zone
d?activités de synergies de plusieurs types :
l?échange et la valorisation de ressources
(chaleur, eaux industrielles, déchets...), le
partage d?équipements (parc de stationnement,
lieu de réunion, réseau de chaleur?), la
mutualisation de services (restauration
interentreprises, gestion collective des
déchets...) et la création d?activités et le
développement de filières locales de
valorisation de ressources (recyclage des
déchets ou énergie décentralisée par
exemple). Les projets d?écologie industrielle et
territoriale concernent tous les
secteurs (l?industrie, les services, l?agriculture)
et tout type d?entreprises (des plus grandes à
l?artisanat ou aux commerces de proximité). Ils
jouent par ailleurs un rôle essentiel dans les
villes - territoires qui concentrent aujourd?hui
une large part des enjeux économiques,
La mine responsable s'inscrit dans un
projet de territoire. Elle veille à réduire les
impacts environnementaux, sanitaires ainsi
que les nuisances (destruction du paysage,
bruit...) à toutes les étapes de son cycle de
vie : exploitation souterraine profonde de
façon à perturber le moins possible la
surface et les premiers cent mètres, qui sont
ceux de la coexistence des zones de vie
(eau, paysage, biologie, etc.) ; valorisation
de l?ensemble des minerais et métaux ;
intégration de la gestion de l?espace
souterrain (recyclage de l?eau, stockage des
déchets de l?extraction dans les cavités
abandonnées). Associant étroitement les
parties prenantes et ce le plus à l?amont
possible du projet, la mine responsable a
également comme objectif la création et la
stabilité du tissu social. Elle anticipe ainsi la
gestion sociale de l?après-mine (préparation
de la reconversion du territoire).
45
humains et environnementaux. Cette
intégration de l?écologie industrielle dans les
problématiques de ville durable doit également
favoriser le développement de vitrines
industrielles, favorisant la compétitivité des
entreprises françaises en France et à
l?international.
Il s?agit également de faciliter le
développement de filières et de sites de
proximité exemplaires , de renforcer la
pédagogie sur les bénéfices liés au recyclage
de proximité (emplois créés, utilisation de
l?énergie issue de certains flux de déchets :
méthanisation en exploitations agricoles,
cogénérations en scieries, application
intelligente du principe de proximité...), de
favoriser les circuits courts de
commercialisation . Au niveau national voire
européen, il s?agira de clarifier les possibilités
d?action en faveur du recyclage de proximité et
des marges de manoeuvre juridiques tout en
restant dans le cadre de la concurrence
internationale. Des évolutions sont attendues
concernant le code des marchés publics et plus
généralement de la commande publique. Une
forte attente concerne le secteur du BTP : la
rénovation urbaine et la densification autour
des transports en commun vont être la source
de nombreuses opportunités de réutilisation de
déblais et de gravats.
Il est en outre essentiel de promouvoir et de
pérenniser les activités liées au réemploi, à
la réutilisation et au recyclage , car elles
génèrent de nombreux emplois non
délocalisables, notamment au sein de
l?économie sociale et solidaire.
En France et à l?international, plusieurs
initiatives ont été lancées en faveur de
l?écologie industrielle territoriale, avec la
mobilisation de multiples acteurs (industriels,
services, politiques, académiques), et
rencontrent un soutien public croissant
(lancement d?expérimentations, appel à projet
territoires « zéro déchet », financement de
programmes de symbioses industrielles,?).
Les collectivités territoriales sont au coeur de la
démarche, en particulier les régions car elles
sont en charge du développement économique
sur leur territoire et sont mobilisées pour
construire et mettre en oeuvre des
stratégies régionales d?économie circulaire .
Elles pourront également s?appuyer sur les
chambres consulaires en tant que promoteurs
des démarches d?économie circulaire auprès
des entreprises.
Les collectivités territoriales disposent de
leviers importants : la commande publique
(par exemple la soumission des projets
industriels ou d?aménagement de zone
d?activités à un critère d'éco-conditionnalité), la
formation professionnelle (par exemple la
formation d?animateur de projets d?écologie
territoriale), la planification locale
(généralisation de la prise en compte de
l?utilisation efficace des ressources dans les
différents plans et schémas locaux) et le
financement (par exemple les fonds
européens).
L?État et ses services déconcentrés ont
également un rôle clé à jouer en créant un
cadre national favorable au déploiement de
telles démarches (intégration dans les
orientations stratégiques, financement des
projets d?écologie industrielle territoriale,
formation et éducation, R&D, concertation
multi-acteurs, encouragement de démarches
volontaires, réglementation...) et en
accompagnant les collectivités territoriales (par
exemple par la fourniture de guides
méthodologiques) et les entreprises.
Pour stimuler les initiatives locales et accélérer
la transition énergétique au niveau territorial,
des appels à projets seront ainsi lancés tels
que ceux sur les territoires à énergie positive
(TEPOS) et sur la méthanisation pour produire
de l?énergie à partir de déchets agricoles.
46
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
47
Prévenir et réduire les inégalités
environnementales, sociales et
territoriales
PRIORITÉ 1
Réduire et prévenir la vulnérabilité énergétique dans l?habitat et les transports
PRIORITÉ 2
Prévenir et s'adapter aux impacts du changement climatique
PRIORITÉ 3
Prévenir et lutter contre les inégalités en santé environnement
INDICATEURS DE SUIVI DE L?AXE 3
Espérance de vie : disparités par catégories socio- professionnelles, disparités régionales, F-H
Évolution des inégalités de niveau de vie aux niveaux national et territorial
Part du budget des ménages consacré à l?énergie (logement et déplacements)
Montant des indemnisations versées par les assurances au titre des catastrophes naturelles
Exposition de la population aux risques climatiques
Logements et population en zone basse littorale, exposés à des risques de submersion marine
Population exposée au risque d?inondation par cours d?eau
Part des agglomérations ayant dépassé dans l?année le seuil journalier de protection de la santé humaine pour
les particules PM10
Nombre de captages pour l?eau potable fermés
Proportion de captages pour l'alimentation en eau potable, ou part des volumes d'eau prélevés, dont la
concentration en nitrates est supérieure à 50 mg/l
Inégalités de temps d?accès aux soins de proximité
Indicateurs de 1er niveau en gras. En italique, indicateur encore exploratoire
AXE 3
48
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
PRIORITÉ 1
Nos sociétés sont confrontées à de nouveaux
facteurs de fragilité en raison de l'augmentation
des prix de l'énergie qui accentue fortement le
phénomène de précarité énergétique, de la
hausse de la fréquence et de l?intensité des
risques naturels, notamment liés au
changement climatique, mais aussi de la
présence de plus en plus forte de risques
sanitaires liés à l?environnement. Ces facteurs
de fragilité touchent plus fortement les
populations déjà vulnérables et les territoires
ne sont pas égaux face aux risques
environnementaux. Ainsi, les outre-mer et les
zones littorales seront plus touchés par le
changement climatique que d?autres parties du
territoire français. Aussi la protection contre les
impacts des différents enjeux
environnementaux et l?égalité pour nos
concitoyens à bénéficier d?un accès à la nature
sera un objectif constant des politiques
publiques, dans une exigence de cohésion
sociale et territoriale, de compétitivité
économique et de justice environnementale.
L'exigence de cohésion sociale, définie par le
Conseil de l?Europe comme « la capacité d'une
société à assurer le bien-être de tous ses
membres, incluant un accès équitable aux
ressources disponibles, le respect de la dignité
dans la diversité, l'autonomie personnelle et
collective et la participation responsable » doit
être plus impérative encore dans le contexte de
la transition écologique. En effet, cette
transition ne pourra advenir que si elle
contribue à réduire les inégalités, et non à les
aggraver : de nombreuses analyses
internationales et nationales lient réduction des
inégalités sociales, notamment de revenu, et
transition écologique. Par ailleurs,
l?accroissement des coûts des ressources
naturelles fragilise les entreprises, notamment
les petites et moyennes, qui sont déjà affectées
par la crise économique.
L?exigence de justice environnementale a été
renforcée en 2005 par la Charte de
l'environnement, qui place au premier rang
l'égalité, avec l?affirmation du droit de chacun à
« vivre dans un environnement équilibré et
respectueux de la santé » dès son article
premier. Faire de la justice environnementale
un axe majeur des politiques publiques en
matière de logement, d?agriculture, d?eau, de
biodiversité, d?énergie, de travail sera une
préoccupation permanente.
Réduire et prévenir la vulnérabilité énergétique dans l?habitat et les transports
Environ huit millions de personnes en France
sont touchées par la précarité énergétique.
L?ampleur du phénomène, qui mobilise en
France comme dans la plupart des pays
développés les acteurs du social, de l?habitat et
de l?énergie, rend nécessaire, pour mieux agir,
une approche par la vulnérabilité énergétique
globale des ménages. En effet, la hausse
inévitable à terme des prix de l?énergie
affectera à la fois les dépenses de chauffage
(ou de rafraîchissement pour les outre-mer) et
de déplacements professionnels ou de loisirs.
La vulnérabilité énergétique traverse les
classes sociales. Les ménages actifs des
classes modestes et moyennes habitant le
secteur périurbain lointain, non ou mal
Aux termes de la loi du 12 juillet 2010, « est
en situation de précarité énergétique une
personne qui éprouve dans son logement
des difficultés particulières à disposer de la
fourniture d?énergie nécessaire à la
satisfaction de ses besoins élémentaires en
raison de l?inadaptation de ses ressources
et de ses conditions d?habitat. »
49
desservis par les transports publics, sont
identifiés comme spécifiquement vulnérables5.
L'étalement périurbain accroît leur dépendance
à la voiture individuelle pour les déplacements
domicile-travail, requérant souvent un
équipement multiple et allongeant les
kilomètres parcourus. Des ménages sont
contraints de limiter leurs dépenses de
chauffage. Les personnes âgées isolées et les
familles monoparentales, qui concernent le
plus souvent des femmes, sont
particulièrement vulnérables. Le
renchérissement du coût de l?énergie affecte
aussi les petites entreprises artisanales et
industrielles. L?alourdissement des charges
contraintes liées à la mobilité se conjugue à
celles du logement et au coût des travaux de
rénovation. Ces coûts peuvent freiner la
recherche d?emploi, créant un cercle vicieux.
La définition d?usage de la précarité
énergétique, c?est à dire consacrer plus de
10% de ses revenus à des dépenses
énergétiques dans le logement, est donc
partielle. Les dépenses énergétiques
contraintes peuvent faire basculer sous le seuil
de pauvreté des ménages qui en sont proches,
mais tous les ménages «pauvres» ne sont pas
forcément précaires du point de vue
énergétique. Les situations de précarité
énergétique sont également très présentes en
milieu rural isolé, faute, le plus souvent, de
système de transport individuel alternatif à
l?automobile et en outre-mer, où l?habitat est
mal desservi par les services publics en
réseau.
Le projet de loi relatif à la transition énergétique
pour la croissance verte contribuera à la lutte
contre la précarité énergétique, en réduisant
les consommations d?énergie et en créant un
« chèque énergie ».
Les signaux-prix de l?énergie jouent un rôle
stratégique dans la distribution des facteurs de
vulnérabilité à moyen et long terme, ils
orientent l?innovation et les choix de localisation
et de consommation, en favorisant ou non
l?étalement urbain. Il faut renforcer les
signaux-prix de l?énergie par une fiscalité
adaptée , en l?accompagnant de dispositifs
5 Observatoire de la précarité énergétique, mai 2013
ciblés pour les personnes vulnérables tels
que le chèque énergie.
Pour mieux connaître et mesurer la
vulnérabilité énergétique, des indicateurs de
vulnérabilité seront développés en lien avec
l?observatoire de la précarité énergétique. Ils
cibleront les publics concernés et les
circonstances déclenchantes, en éclairant les
multiples dimensions et prenant en compte les
inégalités sociales et territoriales. La France
fera également progresser une approche
harmonisée et coopérative de la précarité
énergétique au plan européen .
La détection de la précarité énergétique sera
organisée au plus près des populations et des
territoires.
Le plan de rénovation énergétique de l?habitat
répond à l?engagement du chef de l?État de
rénover sur le plan énergétique 500 000
logements par an d?ici à 2017 (120 000 dans le
parc social et 380 000 dans le parc privé), et
ainsi de contribuer à réduire de 38 % la
consommation d?énergie dans le secteur du
bâtiment à horizon 2020. Dans ce cadre, a été
lancé, entre autres, le plan de rénovation
énergétique de l?habitat, dont le dispositif
"J?éco-rénove, j?économise" est opérationnel
depuis septembre 2013.
Les actions engagées à destination des
ménages modestes , que ce soit dans le parc
social ou dans le parc privé, seront
poursuivies , notamment grâce au programme
Habiter Mieux de l?Anah.
Le dispositif d?accompagnement des
particuliers , constitué principalement des
Points rénovation info service (Pris) répartis sur
tout le territoire, sera développé , en
s?appuyant sur les collectivités territoriales et
les réseaux des Espaces Info Energie de
l?Agence de l?environnement et de la maîtrise
de l?énergie (Ademe), des Agences
départementales d?information sur le logement
(Adil) et le réseau Agence nationale
d?amélioration de l?habitat (Anah). Enfin, la
montée en compétence des professionnels
sera poursuivie , afin de garantir la qualité des
travaux et les gains d?énergie. La convention
sur la formation aux économies d?énergie des
50
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
PRIORITÉ 2
entreprises et artisans du bâtiment (FEEBAT)
signée en 2014 entre l?État et les
professionnels du secteur y contribuera
largement, ainsi que la mise en place
d?avantages en cas de recours à ces
entreprises labellisées (éco-conditionnalité).
Un bouclier énergétique global en substitution
ou en complément des tarifs sociaux pour aider
l?ensemble des ménages précaires, y compris
ceux qui sont aujourd?hui exclus des tarifs
sociaux, et pour éviter les situations de
privation, pourrait être étudié.
L?efficacité de la lutte contre la précarité
énergétique dans le logement passe par la
coordination des aides et l?amélioration de
l?accès aux droits.
Il faut conjuguer accès équitable à la mobilité et
transition écologique, en mobilisant tous les
acteurs. Des campagnes de sensibilisation au
budget consacré à la mobilité inciteront aux
changements de pratiques, en mettant
notamment en évidence les coûts complets de
la propriété individuelle d?une voiture (achat,
entretien, usage), dont les études montrent
qu?ils sont sous-estimés par les ménages. La
période 2015-2020 sera celle de la mobilité
dans le périurbain et dans les zones non
interconnectées telles que les territoires
ruraux : offre de mobilité intégrant les
nouveaux modes de déplacement,
intermodalité et coopération entre les autorités
organisatrices de transports seront favorisés.
L?accès de tous aux équipements efficaces
sera amélioré . Ils sont souvent plus chers à
l?achat mais rentabilisés à l?usage. Les
compteurs intelligents, la lutte contre les pertes
à la source, l'éco-conception, l'éducation des
ménages et la domotique sont des pistes
prometteuses. La formation des professionnels
sera développée.
En France, les projets citoyens ou locaux
restent minoritaires, bien qu?en augmentation. Il
est essentiel que chacun ait la capacité d?être
acteur de la transition énergétique.
Les consommateurs seront informés de
manière toujours plus transparente sur
leurs factures , avec une meilleure lisibilité des
composantes de la part fixe des abonnements
à l?électricité et au gaz. Les dispositifs de
prévention, de subvention et
d?accompagnement par les associations et
les collectivités seront renforcés . L?auto-
réhabilitation accompagnée des logements
sera favorisée grâce au développement d?une
assistance à la maîtrise d?ouvrage intégrant
une approche globale du projet, la prévention
et l?usage maîtrisé et raisonné de l?énergie, en
même temps que l'adaptation au climat actuel
et futur.
Prévenir et s'adapter aux impacts du changement climatique
Le diagnostic des impacts
environnementaux du changement climatique
souligne la diversité des territoires face aux
risques (inondations, incendies, sécheresse,
submersion marine, mouvements de terrain,
salinisation) et ses conséquences pour les
populations. Le changement climatique peut
ainsi avoir un impact sur la santé des
personnes, avec notamment des vagues de
froid ou de chaleur provoquant des morts
prématurées. La hausse des températures peut
entraîner la prolifération de certains vecteurs
de maladie, modifier leur répartition et leur
prévalence. Le changement climatique
impactera significativement la quantité et la
nature de la production alimentaire.
Ce diagnostic met en évidence la nécessité
d?anticiper les risques pour apporter des
réponses socialement justes, innovantes et
adaptées pour l?ensemble des populations
concernées, résidents permanents et
51
occasionnels, professionnels, entreprises,
salariés.
Accroître la connaissance des impacts du
changement climatique sur la population,
sur les structures et moyens de production
et sur le patrimoine
Les impacts économiques, environnementaux,
sociaux et sanitaires du changement climatique
doivent être mieux connus.
L?analyse des risques par les collectivités
territoriales sera développée . Le changement
climatique sera pris en compte dans la politique
de prévention des risques naturels et de
planification urbaine, par l?intermédiaire des
plans locaux d?urbanisme et des plans de
prévention des risques naturels, y compris par
la requalification de zones en fonction de
l?évolution de l?environnement immédiat
(érosion côtière, risques de crues,
ruissellement). Les stratégies locales de
gestion du risque inondation y contribueront.
La sensibilisation et l?information des citoyens
sont essentielles. La sensibilisation au risque
doit avoir lieu à l?école, en entreprise, sur
les lieux de loisir . Elle doit associer les
autorités municipales, compétentes en matière
de risque naturel, et être adaptée à la
spécificité territoriale. Elle recouvre
l?apprentissage d?une culture du risque
intégrant notamment la prévention et la gestion
du risque, la mise en place et l?usage des
signaux d?alerte.
Des outils seront par ailleurs développés
pour évaluer l'efficacité des mesures prises
en matière d'adaptation Il conviendra
également de valoriser et diffuser les mesures
d?adaptation mises en oeuvre. Les entreprises
devront poursuivre les actions qu?elles ont pour
certaines déjà engagées.
52
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Favoriser l?adaptation des activités
économiques au changement climatique
L?objectif est d?adapter les dynamiques de
développement territorial pour les mettre en
cohérence avec le changement climatique.
L?adaptation au changement climatique doit
être un sujet du dialogue social national et
sectoriel Il s?agira d?étudier avec les
professionnels des secteurs les plus
concernés (construction, assurance, tourisme,
agriculture, forêt, pêche, aquaculture, énergie,
industrie et, à terme, d?autres services ) les
scenarii d?adaptation et de relocalisation
éventuelle à long terme des activités
économiques : évolution des modes
d?agriculture, d?élevage, d?aquaculture, création
de nouvelles filières agricoles, agroforesterie,
choix des essences forestières de
reboisement, adaptation des infrastructures de
transports et portuaires, stimulation des filières
d?exploitation de la forêt et de transformation
locale ou nationale du bois en particulier du
bois de construction, modification des trames
vertes et bleues, adaptation du tourisme et de
l?offre de loisirs due à l?augmentation des
températures moyennes. Afin de garantir une
offre alimentaire sûre et diversifiée dans un
contexte de changement climatique, il sera
nécessaire d?agir en synergie sur la sobriété
dans l?usage de la ressource en eau, l?évolution
des types cultures et les capacités de stockage
d?eau.
Protéger les populations en renforçant les
capacités d?intervention face aux crises
climatiques, dans un souci de cohésion
sociale et territoriale
Les moyens de protection contre les crues
devront à terme être adaptés en fonction de
l'impact du changement climatique sur les
phénomènes naturels extrêmes (précipitations,
tempêtes...). L'évaluation de cet impact est une
priorité. Des méthodes d'adaptation des
ouvrages de protection dans les zones
littorales et les estuaires sont d?ores et déjà
développées pour anticiper sans attendre la
Le site www.drias-climat.fr, très fréquenté
depuis son lancement en juillet 2012, met
à disposition des bureaux d?études, des
collectivités et de nos concitoyens, des
projections climatiques régionalisées ,
réalisées dans les laboratoires français de
modélisation du climat. Les informations
climatiques sont délivrées sous différentes
formes graphiques ou numériques, avec
une démarche d?appropriation en trois
étapes : Espace Accompagnement,
Espace Découverte, Espace Données et
Produits.
53
PRIORITÉ 3
surélévation du niveau de la mer ; d?autres
modèles seront étudiés et mis en oeuvre tels
que le repli stratégique. Une attention
spécifique sera portée aux territoires d?outre-
mer.
La nouvelle compétence de gestion des milieux
aquatiques et de prévention des inondations
confiée aux établissements publics de
coopération intercommunale (EPCI) permettra
de mieux répondre à ces enjeux.
Au plan sanitaire, ce sont les populations
vulnérables qu?il faudra protéger en priorité
du risque de canicule, notamment les
personnes âgées, grâce à la sensibilisation et
l?information, l?amélioration du système d?alerte
précoce, la promotion de la solidarité
intergénérationnelle, l?identification et le
traitement des îlots de chaleur urbains. Le
projet de loi de Santé prévoit la réorganisation
des dispositifs de vigilance et l?instauration d?un
dispositif d?organisation du système de santé
(ORSAN) en cas de situation sanitaire
exceptionnelle.
Tous les lieux recevant du public, sur tous les
territoires seront incités à adopter et mettre en
oeuvre des plans d?adaptation immédiate
aux alertes climatiques , à l?instar de pays
comme le Canada : déclenchement du
télétravail et recours à des horaires décalés,
adaptation du fonctionnement des services à la
population.
Prévoir le financement des impacts
économiques et sociaux des risques liés au
changement climatique
Le changement climatique entraîne des risques
sanitaires, économiques et sociaux : risque de
perte matérielles, perte d?emploi, de l?outil de
production, variations accrues des stocks de
ressources biologiques marines (dont
dépendent la pêche et l?aquaculture), de
contrainte économique de court terme liée à la
réduction des émissions de carbone, risque
enfin de morbidité et de mortalité accrue. Il
faudra donc intégrer les coûts sociaux
potentiels dans les projets et
investissements par des études de sensibilité
au risque climat présent et de vulnérabilité au
climat futur. Dans le prolongement des
mesures fixées par le Plan national
d?adaptation au changement climatique
(PNACC) sur le financement et l?assurance, le
renforcement de la couverture assurantielle
sera lié de manière plus efficace à la
politique de prévention . Produits innovants
en matière d?assurance, primes à la
relocalisation, bonus/malus, prêts à taux zéro
pour les habitations moins énergivores et plus
résilientes au changement climatique, auto-
réhabilitation accompagnée, prise en compte
de ce risque dans l?investissement socialement
responsable et systèmes de mutualisation des
risques seront encouragés (cf. axe 4).
Prévenir et lutter contre les inégalités en santé environnement
Le lien entre environnement, mode de vie et
santé nécessite d?avancer sur plusieurs fronts
pour lutter contre les inégalités
environnementales, sociales et territoriales de
santé.
Les inégalités en santé environnement se
creusent de façon diverse au sein des
territoires face aux nuisances engendrées par
l?expansion urbaine, les risques industriels et
naturels, les nouvelles technologies et la perte
de qualité des écosystèmes. Face à des
pathologies en augmentation, certaines
populations sont plus touchées que d?autres,
en raison du cumul avec des inégalités
sociales, de revenu, d?emploi et d?accès aux
54
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
soins. En outre, les conditions de vie, de travail
et la qualité de l?environnement ont un impact
important sur la fréquence des comportements
à risque.
La situation sanitaire de la France est donc
marquée par un paradoxe, souligné par
l?Organisation mondiale de la santé (OMS) :
une espérance de vie à la naissance parmi les
plus élevées d?Europe, mais des inégalités de
santé parmi les plus importantes.
Faire de la problématique des inégalités
environnementales et sociales de santé un
des axes structurants des politiques
publiques territoriales
Malgré les travaux lancés par le Plan national
santé-environnement précédent (PNSE 2), les
inégalités environnementales demeurent peu
évaluées et donc peu traitées en tant que telles
par les pouvoirs publics. En effet, il n?existe pas
à ce jour de données spatialisées pour
l?ensemble des risques ni de méthodologie
opérationnelle pour les additionner. Aussi,
l?évaluation des risques encourus sur un
territoire donné par les populations exposées
aux pressions environnementales (pollution et
nuisances dans l?air, l?eau, le sol, bruit, ondes),
n?est pas envisagée de la même manière par
les différents acteurs, faute de cadre d?analyse
commun.
Le PNSE 3 2015-2019 poursuit l?identification
et le traitement des points noirs
d?exposition à des nuisances
environnementales , avec des actions ciblées.
Il propose des actions pour améliorer le recueil
des données environnementales et de santé,
leur centralisation, leur disponibilité, leur
traitement, avec l?objectif d?établir des liens
entre les expositions et leurs effets sur la
santé. Il est articulé avec les autres stratégies
et plans concernant la santé, la gestion des
eaux, le climat et l?énergie.
Le PNSE 3 témoigne ainsi de la volonté du
gouvernement de réduire autant que possible
et de façon la plus efficace les impacts des
facteurs environnementaux sur la santé afin de
permettre à chacun de vivre dans un
environnement favorable à la santé.
A horizon 2020, il faut poursuivre deux objectifs
majeurs : d?une part la prise en compte
effective de la réalité des expositions
auxquelles sont soumises les populations
dans les différentes situations de leur vie,
privée, scolaire, professionnelle ; et d?autre part
mieux connaître et évaluer les situations de
multi-expositions , qu?il s?agisse d?effets
cocktails chimiques ou d?interactions entre des
polluants chimiques et des agents physiques
tels que les ondes ou le bruit.
Savoir pour pouvoir agir : faire progresser
la connaissance et les outils de diagnostic
sur les inégalités en santé environnement
L?effet cumulatif entre inégalités
environnementales et sociales, qui
accentue la ségrégation spatiale, doit être
mis en évidence . Le décloisonnement des
55
sciences environnementales et sociales est
indispensable. La recherche relative au
développement d?outils spatialisés visant à
mieux caractériser les inégalités doit être
encouragée. Une plate forme commune des
méthodologies de référence pour caractériser
les inégalités environnementales de santé sera
développée. Les méthodes et outils d?analyse
doivent prendre en compte les dimensions
environnementale, comportementale,
démographique, sociétale, et géographique
pour mieux définir les impacts sanitaires sur les
territoires. Le recueil de données
environnementales, sociales et de santé à
l?échelle de l?IRIS (Ilots regroupés pour
l'information statistique) doit être amélioré.
L?observation doit inclure spécifiquement les
situations en outre-mer.
Prévenir et agir sur ce que l?on sait.
Faire le choix de la prévention c?est vouloir agir
tôt sur tout ce qui a une influence sur la santé,
c?est prendre en compte les déterminants de
santé et nous interroger sur les conséquences
de la dégradation de notre environnement sur
l'augmentation d'un certain nombre de
pathologies chroniques. Cet effort de
prévention contribue également au
redressement des comptes publics en
réduisant le surcoût sur le système de santé.
Les actions menées dans le cadre des
Plans nationaux santé environnement
(PNSE) en vue de réduire les émissions de
polluants dans l?air et dans l?eau sont
renforcées et complétées dans le PNSE 3 ,
en intégrant notamment la question des sols. Il
faudra veiller à leur mise en oeuvre, à travers
les Plans régionaux santé-environnement.
Bien des situations relèvent de la prévention.
La lutte contre les logements insalubres est
une priorité nationale . En outre-mer, les
actions doivent prendre en compte à la fois les
besoins de résorption de l?habitat insalubre et
l?exposition à des risques naturels
(cycloniques, sismiques?).
La formation à la santé environnementale
doit être développée . La formation des
professionnels de santé comportera une
sensibilisation à l'origine environnementale des
pathologies. Les architectes, urbanistes et la
plupart des corps d?ingénieurs devront aussi y
être formés.
Les outils spatialisés les plus récents, qui
croisent les modèles d?exposition et les
données de biosurveillance, épidémiologiques,
sociales et sanitaires, tels que les outils
« Plaine » et « Equit?area » seront diffusés et
leur appropriation au plan local encouragée. La
construction de synergies entre les acteurs
territoriaux sera favorisée, notamment par la
déclinaison territoriale du PNSE 3. Le projet de
loi sur la Santé prévoit par ailleurs pour les
zones peu denses l?amélioration du service
territorial de santé, du parcours de soin et de
l?accès aux premiers secours.
Les faibles doses et leurs effets
Des risques chroniques et diffus sont liés à
des expositions à de faibles doses sur de
plus ou moins longues périodes. Ceci
remet en question la base actuelle de
l?évaluation des risques associés aux
produits chimiques, à savoir que: « C?est la
dose qui fait le poison.». Bien souvent les
études de danger sont réalisées dans des
contextes d'exposition importante. Les
études épidémiologiques sont effectuées à
la suite d'une exposition accidentelle ou au
sein de certains groupes qui ont subi une
forte exposition, professionnelle par
exemple. Pour connaître les risques à
faible dose, il est nécessaire d'extrapoler
les risques obtenus pour des doses plus
élevées et étudier la relation entre la dose
et l'effet. L'étude de ces relations permet
d'établir les valeurs toxicologiques de
référence. Les effets peuvent être différés
dans le temps, cumulés (« effets
cocktails » ou interactions), voire
transgénérationnels. L?hypothèse des
effets à faible dose ne s?applique pas à
toutes les substances chimiques. Les
substances qui présentent des effets à
faible dose sont principalement les
«substances actives sur le système
endocrinien».
56
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Poursuivre la réduction des expositions
responsables de pathologies à fort impact
sur la santé dans tous les milieux de vie en
ciblant les populations vulnérables
On constate depuis plusieurs années
l?augmentation de pathologies telles que
l?asthme, le cancer, les maladies de la thyroïde,
les allergies, le diabète, l?obésité. Les femmes
enceintes, les enfants et d?autres populations
fragiles en raison de leur âge, de leur situation
personnelle, sociale, professionnelle ou
géographique sont plus vulnérables face à ces
expositions.
Le PNSE 3 programme des travaux sur les
polluants impliqués plus spécifiquement dans
certaines pathologies pour proposer des
actions de réduction des expositions ainsi que
des hypothèses étayant les associations entre
polluants et pathologies et l?existence de
populations particulièrement vulnérables. Les
relations entre habitat et santé, pollution
urbaine et santé, ainsi qu?entre qualité des
écosystèmes et santé seront également
abordées. La pratique régulière d?une activité
sportive ainsi que l?amélioration des habitudes
alimentaires constituent par ailleurs des
facteurs déterminants de prévention des
maladies chroniques.
La part des cancers d?origine professionnelle
est estimée entre 4 à 8,5 %, ce qui représente
en France entre 14 000 et 30 000 nouveaux
cas par an (sur les 355 000 nouveaux cas de
cancers estimés en 2012), une large part étant
due à l?amiante. 82 substances cancérogènes,
mutagènes ou reprotoxiques ont été identifiées
entre 2006 et 2008 comme prioritaires pour la
substitution. La transformation de l?organisation
du travail nécessite une veille accrue des
responsabilités des entreprises dans la chaîne
de sous-traitance. Il faut faire évoluer les
approches de la santé au travail pour
qu?elles soient plus transversales, pour
établir des liens et une coordination plus
étroite avec les politiques de santé publique
et de santé environnementale.
Les mesures en faveur de l?amélioration de
la qualité de l?air doivent aller vers plus
d?efficacité, de durabilité et de justice
sociale . Les coûts annuels des effets
sanitaires de la pollution de l?air sont évalués
entre 20 et 30 milliards d?euros annuels par la
Commission des comptes et de l?économie de
l?environnement en 2012 pour la France
métropolitaine. Compte tenu de l'impact
sanitaire important de la pollution
atmosphérique (maladies cardio-respiratoires,
cardio-vasculaires, cérébrales, cancers) et du
contexte réglementaire (procédure
contentieuse européenne en cours), des
mesures en faveur de l?amélioration de la
qualité de l'air ambitieuses et efficaces doivent
être mises en oeuvre pour réduire
significativement, d'ici 2020, le taux de
population exposée à des dépassements des
valeurs réglementaires des polluants comme
les particules et les oxydes d'azote (Nox). Les
objectifs de qualité rendus publics par l?OMS
en 2013 font référence.
Cela implique de réduire significativement
les émissions de polluants atmosphériques
dans tous les secteurs d'activité
contributeurs : dans les transports en donnant
par exemple aux collectivités territoriales la
possibilité de mettre en place des mesures de
restriction de la circulation sur tout ou partie de
leur territoire, en créant des Zones de
restriction de la circulation (ZRC), un dispositif
d?identification des véhicules en fonction de
leurs émissions polluantes (prévu pour 2015) ;
dans l?agriculture par des actions sur les
techniques d?épandage et de couverture des
fosses à lisier) ; dans l?industrie.
Ce sera l?objet du Plan de réduction des
émissions de polluants atmosphériques
(PREPA), qui poursuit l?objectif de respect
plafonds d?émissions (Directive NEC), valeurs
limites européennes (directive qualité de l?air).
Ce plan sera le programme national d?actions
pour la qualité de l?air. Il s?appuiera sur d?autres
outils (schémas régionaux climat-air-énergie,
plans de protection de l?atmosphère,
communication) pour la mise en oeuvre efficace
d?une politique intégrée "climat-air-énergie". Il
comportera des actions et mesures
hiérarchisées et évaluées techniquement,
économiquement et socialement. Sa
publication est prévue au plus tard le 31
décembre 2015.
57
La trajectoire fixée en matière de réduction de
l?usage de pesticides est loin d?être atteinte.
L?indicateur de suivi du plan Ecophyto 2018,
adopté en vue de réduire de 50% l?usage des
pesticides au niveau national d?ici 2018 par
rapport à 2008, n'a pas diminué sur la période
2008-2012. Dans le même temps, les ventes
de substances cancérogènes, mutagènes et
reprotoxiques ont en revanche connu une forte
baisse. Les feuilles de route pour la transition
écologique pour 2012 et pour 2013 ont fixé de
nouveaux objectifs, comme par exemple le
développement du biocontrôle, et l?interdiction
de l?épandage aérien de pesticides.
Les concentrations de pesticides dans l?air,
surveillées notamment par les Associations
agréées de surveillance de la qualité de l'air
(AASQA) depuis de nombreuses années, ont
soulevé des interrogations sanitaires dans
certaines zones du territoire.
Une accélération des actions engagées par les
ministères en charge de l?écologie, de
l?agriculture et de la santé pour contrôler et
réduire l?usage des pesticides a été décidée
lors de la troisième conférence
environnementale de novembre 2014. Une
campagne de surveillance des pesticides dans
l?air extérieur sera lancée. Les usages de
pesticides par les particuliers seront
documentés. Les substances les plus
dangereuses seront interdites. Les produits
phytopharmaceutiques contenant des
substances préoccupantes seront retirés.
L?épandage aérien des pesticides sera
définitivement interdit fin 2015.
Mieux gérer les risques à forte incertitude
(précaution)
Afin de mieux prendre en compte les
problématiques liées aux risques émergents, il
faut en priorité établir pour les
nanotechnologies et les perturbateurs
endocriniens des définitions réglementaires
et harmonisées au niveau européen et
promouvoir la thématique des perturbateurs
endocriniens au niveau européen. Le 7ème
Programme d?action pour l?environnement
(PAE), l?axe Environnement du nouveau
Programme Cadre de Recherche et
Développement (2014-2020) et la stratégie
nationale sur les perturbateurs endocriniens
adoptée en mai 2014 fixent à cet égard des
orientations sur lesquelles s?appuyer.
Il faut également faire évoluer la législation et
encourager les démarches volontaires pour
réduire l?exposition à des substances
dangereuses pour la santé et l?environnement,
tel que le bisphénol A, dont l'interdiction dans
les tickets de caisse et les contenants
alimentaires sera effective en 2015.
Il est nécessaire de mieux prendre en charge
les patients présentant des pathologies en lien
avec des expositions environnementales. Une
meilleure articulation entre les centres de
consultation de pathologies professionnelles et
les autres spécialités sera encouragée.
58
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
59
Inventer de nouveaux modèles
économiques et financiers
PRIORITÉ 1
Élaborer un nouveau cadre des pratiques d?investissement pour attirer les
financements vers des projets liés à la transition écologique
PRIORITÉ 2
Modifier les comportements des acteurs individuels en changeant les modèles
d?incitation et de rémunération de leur performance économique
PRIORITÉ 3
Associer les acteurs à l?adaptation des modèles économiques
INDICATEURS DE SUIVI DE L?AXE 4
Part des recettes fiscales environnementales dans l es prélèvements obligatoires et dans le PIB
Part des investissements consacrés à l?économie d?é nergie dans l?industrie
Évolution des encours d?investissements socialement responsables (ISR)
Évolution des encours d?obligations durables
Évolution de l?emploi dans l?économie sociale et solidaire
Indicateurs de 1er niveau en gras
AXE 4
60
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
La transition écologique recouvre une diversité
d?enjeux, de trajectoires technologiques et de
besoins. Pour répondre à cette diversité,
favoriser la pluralité des comportements
d?achat, de financement et d?investissement au
bénéfice d?une croissance innovante,
soutenable et socialement juste devient
incontournable. Concrètement, il s?agit à la fois
d?adapter des outils existants pour assurer leur
compatibilité avec la transition écologique et de
favoriser le développement de nouveaux
modèles économiques et financiers (tels que
l?économie sociale et solidaire, la finance
participative, l?économie collaborative,
l?économie circulaire et l?économie d?usage).
Les crises financière, économique,
environnementale et sociale ont marqué en
profondeur notre pays depuis 2008. Elles ont
brutalement remis en exergue les limites et les
défaillances des modèles économiques et
financiers dominants utilisés depuis la seconde
moitié du XXe siècle dans les choix de
consommation, de production, de financement
et d?investissement, et la définition des
politiques publiques.
Tout modèle repose sur des hypothèses et des
règles de décision, explicites ou implicites, pour
certaines extrêmement complexes au point de
les rendre opaques. Si, au plan global, ces
hypothèses et règles de décision ont vocation à
simuler des comportements collectifs au travers
de l?évolution de l?offre, la demande,
l?investissement, le niveau général des prix?,
elles présupposent, en revanche, le
comportement des acteurs pris
individuellement dans leurs choix de
consommation, d?investissement, d?épargne ou
dans leurs modèles d?affaires. Elles intègrent
une représentation simplifiée de la réalité et de
son fonctionnement, voire erronée6, avec des
impacts majeurs sur la croissance et l?emploi.
Ainsi, les impacts sur l?environnement,
considéré au sens large (enjeux écologiques,
sociaux et sociétaux) sont peu ou pas pris en
6 En mai 2008, l?agence de notation Standard & Poor?s admet une erreur dans son
modèle informatique d'évaluation de ses produits de dette à effet de levier, qui
aurait conduit à leur surévaluation.
En janvier 2013, le Fonds monétaire international reconnaît que la modélisation
mathématique utilisée pour ses prévisions de croissance en fonction des coupes
budgétaires est erronée? et l?impact auto-aggravant des politiques d?austérité
préconisées.
compte dans les modèles économiques,
financiers et d?affaires, même si les initiatives
en ce sens se multiplient depuis plusieurs
années. Et pour cause, les représentations
théoriques (efficience des marchés, modèles
d?équilibre des actifs financiers, d?évaluation
d?entreprise, critères d?évaluation de la
performance et systèmes de récompense des
dirigeants et des collaborateurs?) ne prennent
pas en compte les enjeux climato-
énergétiques, les services rendus par les
écosystèmes, l?épuisement des ressources
naturelles? sans parler de la diversité des
logiques d?acteurs.
L'indicateur phare de mesure de la croissance
d'un pays, le produit intérieur brut, présente le
même type de limites pour rendre compte de
l'évolution du bien-être. Comme l'a
recommandé la commission Sen-Stiglitz-
Fitoussi, différents indicateurs le complétant
sont désormais publiés sans qu?ils fassent
encore partie des indicateurs clés des
performances économiques et du progrès
social.
Investir dans la transition écologique,
notamment dans le capital écologique, un bien
commun 7 , revient à anticiper les
bouleversements environnementaux et leurs
conséquences économiques et sociales. Dès
lors, l?enjeu, traité dans le Livre blanc sur le
financement de la transition écologique, est de
flécher et d?orienter les capitaux vers les bons
investissements qui correspondent à la fois à la
rationalité économique et aux orientations
bénéfiques pour la société. Par exemple, pour
engager la transition énergétique de notre
pays, les besoins de financement dépendront
fortement de l'évolution du coût des
technologies et des conditions de marché. Les
investissements ont été estimés lors du débat
national de la transition énergétique à
37 milliards d'euros annuels et ils devraient
croître de 50 % à l'horizon 2050. En appui de la
loi relative à la transition énergétique pour la
croissance verte, les travaux engagés dans le
7 Engagement C de la Stratégie Nationale pour la Biodiversité
61
cadre de la conférence bancaire et financière
pour la transition énergétique se sont attachés
à répondre à cet enjeu.
Pour assurer l?efficacité écologique des
politiques et des projets publics et privés8, il est
nécessaire d?éclairer et d?orienter les décisions
économiques de l?ensemble des acteurs
publics et privés (d?achat ou de vente d?un
produit, d?un service, d?une entreprise ;
d?investissement dans un projet ou une
entreprise ; d?allocation d?actifs d?un portefeuille
d?investissement ; de mise en place d?une
réglementation?), vers des choix compatibles
avec la transition écologique de nos
économies. À cette fin, de nouveaux
mécanismes économiques et financiers et de
nouveaux modèles d?affaires doivent être
inventés, qui mobiliseront les capitaux
disponibles dont l?épargne vers les
investissements nécessaires à la transition
écologique. Cela suppose de reconsidérer les
pratiques d?investissement et de transformer
les dispositifs d?incitation individuels, tout en
veillant au maintien de conditions de
concurrence internationale équitables. Ainsi les
subventions publiques dommageables à
l?environnement seront supprimées,
conformément aux engagements de la France
à Rio en 1992 et à Johannesburg en 2002, d?ici
2022. Et comme tout changement de modèle,
cela induit des ruptures qu?il s?agit
d?accompagner avec soin, notamment pour les
populations les plus exposées.
8 Objectif 15 de la Stratégie Nationale pour la Biodiversité
« Le coût global de la transition écologique
est celui d?une anticipation collective » 9
Plusieurs études se sont focalisées sur le coût
de l?inaction , que ce soit vis-à-vis du
changement climatique ou de l?érosion de la
biodiversité. Nicholas Stern a ainsi estimé en
2006 que l?action contre le changement
climatique coûterait 1% du Produit intérieur
brut (PIB) mondial chaque année, alors que les
conséquences en cas d?inaction abaisseront
d?environ 5% ce PiB. En 2009, il a réévalué ces
chiffres respectivement à 2% du PIB et de 5 à
20% du PIB 10. L?érosion de la biodiversité,
elle est susceptible de faire diminuer de 7%
le PIB mondial à l?horizon 2050 11. La pollution
atmosphérique causé par le trafic routier en
France serait quant à elle à l'origine chaque
année d'environ 18 500 décès prématurés
selon l?OCDE, pour un coût de 40 milliards
d'euros. Le coût de la transition écologique
peut alors apparaître comme une prime
d?assurance. Par exemple, le développement
des énergies éoliennes et photovoltaïques peut
constituer uneassurance contre l?évolution des
prix des énergies fossiles 12 . Le génie
écologique qui permet la restauration des
écosystèmes en constitue une autre pour une
meilleure résilience des territoires notamment
face aux changements climatiques.
10 Avis du Conseil économique, social et environnemental sur le financement de la
transition écologique et énergétique, 10 septembre 2013
11 A blue print for a safer planet, Nicholas Stern, London Vintage books, 2009.
12 The Cost of Policy Inaction : The case of not meeting the 2010 biodiversity
target ? Alterra & iEEP, Braat, ten Brink et al. étude européenne
13 Evaluation socio-économique du programme de production d?électricité éolienne
et photovoltaïque - Coûts et bénéfices du «Grenelle de l?environnement» pour les
énergies renouvelables - Koleda G., Didier M. - COE-REXECOdE - N.12, octobre
2009
« Le coût global de la transition
écologique est celui d?une anticipation
collective » 10
Plusieurs études se sont focalisées sur le
coût de l?inaction , que ce soit vis-à-vis du
changement climatique ou de l?érosion de la
biodiversité. Nicholas Stern a ainsi estimé en
2006 que l?action contre le changement
climatique coûterait 1% du Produit intérieur
brut (PIB) mondial chaque année, alors que
les conséquences en cas d?inaction
abaisseront d?environ 5% ce PIB. En 2009, il
a réévalué ces chiffres respectivement à 2%
du PIB et de 5 à 20% du PIB 11. L?érosion
de la biodiversité, elle, est susceptible de
faire diminuer de 7% le PIB mondial à
l?horizon 2050 12. La pollution atmosphérique
causée par le trafic routier en France serait
quant à elle à l'origine chaque année
d'environ 18 500 décès prématurés selon
l?OCDE, pour un coût de 40 milliards d'euros.
Le coût de la transition écologique peut alors
apparaître comme une prime d?assurance.
Par exemple, le développement des énergies
éoliennes et photovoltaïques peut constituer
une assurance contre l?évolution des prix des
énergies fossiles13. Le génie écologique qui
permet la restauration des écosystèmes en
constitue une autre pour une meilleure
résilience des territoires notamment face aux
changements climatiques.
62
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
PRIORITÉ 1
Élaborer un nouveau cadre des pratiques d?investissement pour attirer les
financements vers des projets liés à la transition écologique
Les freins au financement de la plupart des
projets liés à la transition écologique relèvent
autant de ceux du financement de long terme
que des particularités liées à une orientation
résolument écologique de l?outil de production
car ils sont caractérisés par un niveau de
risque élevé (incertitudes quant au délai du
retour sur investissement, aux stratégies
technologiques innovantes gagnantes?).
Aussi pour lever ces freins faut-il transformer la
« norme d?investissement ». Il s?agit de mettre
en place des instruments économiques
innovants et de renforcer les mécanismes
existants pour agir sur l?offre de capitaux
publics et privés gérée par les investisseurs.
Introduire les enjeux de la transition
écologique et du long terme dans les choix
de financement et d?investissement de
l?ensemble des acteurs
Dès l?élaboration des politiques, des mesures
législatives et réglementaires et des projets
d?investissements, les décideurs publics
doivent pleinement s?inscrire dans une
trajectoire de long terme en intégrant
davantage les effets environnementaux et
sociaux dans leurs critères de choix . Les
choix ainsi faits rendront lisibles et crédibles les
mesures engagées par les pouvoirs publics en
faveur de la transition écologique et
permettront, pour les entreprises de faire les
choix technologiques nécessaires à la mutation
écologique de notre pays, et pour les ménages
et les collectivités de réaliser les
investissements contribuant à la limitation des
pressions notamment environnementales. C'est
notamment le cas du plan d'investissement de
la Commission Européenne (dit plan "Juncker")
qui prévoit de mobiliser 21 milliards d'euros de
fonds publics pour un investissement total de
315 milliards d'euros et dont deux des priorités
sont l'énergie et les transports.
Marquer la préférence pour le futur dans les
choix d?investissements publics (cela
implique notamment de poursuivre la réflexion
sur les taux d?actualisation utilisés, dont le
choix, pour un projet donné, doit répondre à
des préoccupations plus stratégiques que
techniques), dans une programmation
pluriannuelle de la mise en oeuvre des
politiques publiques, notamment celles
concourant à la transition écologique, est
également essentiel pour intégrer, au-delà des
préoccupations environnementales, le bien-être
des générations futures.
Le secteur (para-)public, au regard de son
poids dans les marchés financiers (notamment
à travers les participations de l?État dans les
entreprises) et dans le financement de
l?économie et des territoires, doit rechercher
l?émulation chez les autres investisseurs en
s?appliquant des règles de financement
intégrant pleinement les enjeux portés par
la transition écologique . Par exemple, le
soutien des acteurs financiers publics aux
collectivités qui s?engagent dans la transition
énergétique est à encourager, à l'image de la
dotation de 5 milliards de prêts de la Caisse
des Dépôts et Consignations (CDC) pour
accélérer les investissements des collectivités.
En complément de ce qui est exigé des
entreprises, une responsabilité sociétale
institutionnelle, élargissant leur responsabilité
fiduciaire aux enjeux portés par la transition
écologique, devra être mise en place pour
les investisseurs institutionnels privés et
publics.
En requérant des gérants de fonds
d?investissement collectifs et des sociétés de
gestion d?informer sur la manière dont leurs
politiques d?investissement et de vote
prennent en compte des critères sociaux,
environnementaux et de qualité de
gouvernance (ESG) , l?article 224 de la loi du
12 juillet 2010 a franchi une première étape
décisive. Il manque pourtant un maillon
63
essentiel, celui du donneur d?ordre (c?est-à-dire
l?investisseur) qui, au travers de mandats de
gestion, délègue tout ou partie de la gestion de
ses actifs sans avoir l?obligation de spécifier
ses attentes en matière de prise en compte de
critères ESG ou de transition écologique.
L?extension de ce dispositif aux
investisseurs institutionnels permettrait
également de couvrir leur gestion pour compte
propre.
Mettre en place la traçabilité et la
transparence des investissements pour
encourager l?épargne longue
Une labellisation de la contribution des
investissements au financement de la
transition écologique doit être privilégiée .
Cette labellisation autoriserait l?instauration
progressive d?une écoconditionnalité des
avantages fiscaux attachés aux produits
d?épargne longue (tels que l?épargne salariale,
l?assurance-vie, les plans épargne-retraite, les
placements en valeurs mobilières en général),
permettant d?infléchir les décisions des
épargnants. Tout en prenant garde de ne pas
créer un label supplémentaire, une des voies
à explorer consiste à enrichir les
démarches de labellisation ISR
(investissement socialement responsable)
existantes , comme cela peut exister pour la
finance solidaire avec le label Finansol, en les
faisant converger autour d?un référentiel
constitué de quatre pôles complémentaires
indissociables :
- une prise en compte renforcée des critères
ESG dans le processus d?investissement
des fonds ;
- un dialogue accru avec les émetteurs et
une politique de vote systématique sur les
enjeux ESG ;
- une transparence renforcée sur les
pratiques de gestion financière des fonds ;
- la démonstration de l?impact positif des
fonds sur le développement d?une
économie décarbonée, économe en
ressources, préservant les régulations
naturelles et les écosystèmes, résiliente et
inclusive.
Engager les entreprises et les investisseurs
à rendre compte de leurs contributions à la
transition écologique
Les entreprises concernées sont celles visées
par les seuils définis par la loi portant
engagement national pour l?environnement du
12 juillet 2010 dans ses articles 225 et 226.
L?une des voies à privilégier est celle du
rapportage (financier et extra-financier) intégré.
Il convient d?intégrer davantage les
politiques de développement durable et de
transition écologique dans les stratégies de
développement et de compétitivité des
entreprises en développant des indicateurs
de performance adaptés. Il s?agit de traduire
la contribution de ces politiques à la viabilité
économique et financière des entreprises en
répondant également à ce que la société est en
droit d?exiger de ses acteurs économiques au
plan social et environnemental. Ces indicateurs
conduiront de facto à la valorisation dans les
choix d?investissements des enjeux
environnementaux, sociaux, sociétaux (y
compris les droits humains, l?égalité femme-
homme et la prise en compte de la diversité
culturelle) et de bonne gouvernance dans la
valorisation des entreprises et, par voie de
conséquence, celle des portefeuilles
d?investissement. La traduction de la prise en
compte des enjeux de la transition écologique
dans les stratégies d?allocation des
portefeuilles d?investissement, toujours
balbutiante, devient centrale dans la réflexion
de certains investisseurs engagés, notamment
pour son volet climato-énergétique. Un
indicateur relatif à la cohérence des
investissements avec l?objectif de limitation du
réchauffement climatique en-dessous de 2°C
permettrait d?aller dans ce sens.
La convergence des nombreuses initiatives
européennes et internationales conduisant
à l?alignement du statut des informations
extra-financières sur celui des informations
financières , à la fois dans les modèles
d?affaires des entreprises et des investisseurs,
doit être encouragée . La France, pionnière
dans ce domaine, s?attachera à promouvoir
cette convergence dans le cadre de sa
présidence du Groupe des amis du paragraphe
64
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
PRIORITÉ 2
47 de la déclaration finale de Rio +20 (cf.
encadré axe 9).
Promouvoir et sécuriser les pratiques
innovantes d?investissement
Le champ de la transition écologique porte sur
l?ensemble du cycle économique, de
l?approvisionnement à la consommation en
passant par la recherche et développement et
la production. Son échelle territoriale est à la
fois globale, continentale, nationale et locale.
Cette diversité de situations correspond à des
équilibres économiques divers, des horizons
et des taux de rentabilité financière et socio-
économique multiples, qui se reflètent
nécessairement dans la diversité des types de
financement et des types d?acteurs, depuis les
ménages jusqu?aux différents financeurs et
investisseurs institutionnels.
L?unicité des modèles n?est plus de mise. C?est
cette diversité de modalités de financement
(obligation « vertes », de « projet », fonds de
long terme comme cela existe au niveau
européen ou encore les instruments financiers
proposés par la micro-finance, la finance
participative ou « crowdfunding », la sensibilité
croissante des épargnants au profit des
produits financiers solidaires, les
investissements socialement responsables?)
qu?il s?agit de promouvoir et de sécuriser
au travers de la reconception de nos
modèles d?investissement . La conférence
bancaire et financière pour la transition
énergétique a initié des actions en ce sens.
Modifier les comportements des acteurs individuels en changeant les modèles
d?incitation et de rémunération de leur performance économique
Si la plupart des acteurs individuels ont
conscience des enjeux environnementaux,
leurs comportements de consommation ou
d?épargne n?intègrent pas spontanément le
coût des dommages qu?ils causent à
l?environnement et encore moins les risques
que l?épuisement des ressources vivantes ou la
dégradation des systèmes de régulation
naturels font peser sur les générations futures.
Pour les orienter vers des comportements plus
vertueux, trois leviers doivent être renforcés.
Enrichir les critères de choix des acteurs
par une information incontestable? et
lisible
La finance participative pourrait
constituer un levier de la transition
écologique. La diversité de modalités de
financement combinée à l?appropriation
de l?investissement par le citoyen est
aujourd?hui à l?origine de son essor. Les
montants investis à travers la finance
participative sont en nette augmentation,
passant de 25 millions d?euros en 2012 à
33 millions en 2013 (Finance Participative
France, Baromètre du crowdfunding en
France, 2013). Elle s?incarne au travers
de plateformes internet, chacune
spécialisée dans un type
d?investissement spécifique (capital
investissement, émissions d?obligations,
dons?) ou un secteur (énergies
renouvelables, infrastructures?). Il s?agit
d?accompagner l?émergence de ce
nouveau modèle d?investissement, qui
contribue, en partie, à la transition
écologique, en facilitant l?accès à ces
plateformes tout en garantissant la
sécurité des investissements des
citoyens.
65
Les informations environnementales sur les
émissions ou consommations de ressources
naturelles (empreintes carbone, biodiversité,
indicateur de durée de vie) sont véhiculées à
travers des labels sur les produits de
consommation, l?étiquetage des produits en
cours d?expérimentation ou encore les bilans
carbone des entreprises et des collectivités.
L?ensemble des informations devra être
rendu plus lisible, plus robuste et plus
crédible pour les consommateurs et les
épargnants . En cela, l?expérimentation
nationale de l?affichage environnemental des
produits de grande consommation est novatrice
en associant en amont les secteurs
professionnels pour aboutir à un dispositif
solide et partagé, reposant sur une démarche
progressive et volontaire, et qui s?insère dans
une réflexion plus globale pour un cadre
européen. Ces approches devraient être
reprises pour les produits d?investissement
et d?épargne, notamment financiers afin
d?orienter l?épargne des ménages vers les
investissements de la transition écologique.
L?obligation des bilans carbone pourra être
étendue à d?autres thématiques en tenant
compte de leurs spécificités (eau, matières
premières, etc.). Plus généralement, la
réflexion sur l?intégration des externalités, dont
la perte de biodiversité, dans les règles
comptables sera poursuivie. Les informations
sociales, pour autant qu?elles relèvent des
effets de la transition écologique, seront
progressivement incluses dans le champ de
ces expérimentations.
Donner la priorité aux choix de transition
écologique les plus performants en
intégrant dans les prix le coût des impacts
environnementaux
Le Président de la République, lors de la
Conférence environnementale en 2012, a fixé
l?objectif de faire converger la fiscalité
écologique française vers la moyenne de
l?Union Européenne (4,16% des prélèvements
obligatoires en France contre 6,19% en
moyenne européenne)13.
La mise en place d?une taxation des émissions
polluantes et consommations de ressources
13 Chiffres EuroStat 2013
naturelles, à l'instar de l'introduction depuis
2014 d'une composante carbone dans la
fiscalité des énergies fossiles 14 et de
l?augmentation des taxes sur le gazole en
2015, conduira à infléchir le comportement de
chaque acteur économique qui arbitre entre
payer la taxe et polluer ou réduire sa pollution
pour payer moins de taxe.
Ainsi, dans le domaine de l'eau, plusieurs taxes
visent à limiter les pressions sur la ressource.
Leurs recettes sont utilisées au niveau local
pour financer des actions qui aident les acteurs
à modifier leurs comportements.
La fiscalité écologique vise à orienter le
comportement des acteurs. Elle intègre, dans
le coût supporté par l?acteur économique, les
coûts sociaux et environnementaux que ce
dernier occasionne (« externalités »). Elle
organise un transfert de charge entre les
différents facteurs de production, tout en
veillant à protéger les acteurs les plus
vulnérables.
Pour une cohérence d?ensemble, la fiscalité
écologique doit donc s'inscrire dans une
réforme plus large de la fiscalité en France.
Il s?agit d?une part de trouver un équilibre entre
la mise en place de la fiscalité écologique et la
baisse des prélèvements obligatoires, et
d?autre part de s?assurer que le système
fiscal entier encourage la transition
écologique. Une des priorités est donc de
réformer les subventions dommageables à
l?environnement.
Parallèlement, d?autres outils peuvent être
également améliorés pour que les acteurs
individuels adoptent un comportement plus
vertueux :
- Une évolution des modalités de
facturation des biens et des services par
l?intermédiaire d?une tarification
proportionnelle, en fonction des volumes de
consommation, notamment par la
généralisation des systèmes de comptage
individuels de déchets ou d?eau ;
- L?encouragement
de l?écoconditionnalité des aides , qu?elle
qu?en soit la nature et le bénéficiaire (public
14 Composante proportionnelle aux émissions de CO2, intégrée dans la taxe
intérieure de consommation sur les produits énergétiques
66
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
PRIORITÉ 3
ou privé), et politiques d?achat publiques.
Elle permettra en outre de développer des
filières vertes et des services innovants sur
le territoire.
Intégrer des objectifs environnementaux,
sociaux et sociétaux dans les systèmes de
rémunération de la performance
économique et financière
La révision du cadre de rémunération des
dirigeants du secteur tant privé que public
et des acteurs de marché , notamment celles
des gérants et des sociétés de gestion, doit
être poursuivie afin de mieux prendre en
compte les enjeux de la transition écologique et
de long terme.
Des entreprises subordonnent une partie de la
rémunération des dirigeants, notamment la part
variable, à l?atteinte d?objectifs sociaux et
environnementaux. 29% des entreprises cotées
du FTSE Eurofirst300 se sont ainsi engagées à
lier les bonus des dirigeants à l?atteinte de
critères ESG (source : Eurosif). De telles
expérimentations seront activement
soutenues . Les entreprises publiques et celles
dans lesquelles l?État détient une participation
devront être, à cet égard, exemplaires.
Associer les acteurs à l?adaptation des modèles économiques
La transition écologique doit amener à un
meilleur partage des richesses, analysé au
sens large (entre les différentes catégories
d?acteurs, au sein d?une même catégorie ou
entre les générations actuelles et futures). Mais
comme tout changement de modèle, il implique
une adhésion aux inflexions apportées. La
réussite de la mise en oeuvre de nouveaux
modèles économiques et financiers impose
donc une organisation de leur gouvernance et
un accompagnement ciblé des différentes
catégories d?acteurs concernés.
Améliorer le dialogue entre acteurs dans la
réforme des modèles économiques et
financiers par la mise en cohérence des
dispositifs existants et par le
développement d?expertises contradictoires
La France dispose d?ores et déjà d?un certain
nombre de dispositifs formalisés d?association
des parties prenantes au débat public ou à la
mise en oeuvre de politiques. Au-delà de la
mise en cohérence de ces dispositifs, ce sont
surtout les modalités concrètes de mise en
oeuvre de la concertation avec les parties
prenantes qui doivent être renforcées (cf.
axe 8) pour identifier, dès la conception des
nouveaux modèles, les freins et les réticences
au changement perçus par les différents
groupes d?acteurs.
La qualité et les résultats des évaluations et
études d?impact devront jouer un rôle
majeur pour assurer la mise à disposition de
connaissances et préparer le dialogue. Les
parties prenantes devront être associées dans
Le code de gouvernement d?entreprise
des sociétés cotées AFEP/ MEDEF
précise un certain nombre de principes de
bon fonctionnement et de transparence
propres à améliorer la gestion, le pilotage
et le contrôle des sociétés cotées. Parmi
les nouveautés de la version de juin 2013 :
l?introduction d?un vote consultatif sur les
rémunérations des dirigeants mandataires
sociaux, la limitation du nombre de
mandats pour les dirigeants mandataires
sociaux, la transparence des
rémunérations variables pluriannuelles?
Cette rémunération est conditionnée par la
réalisation d?une performance effective et
déterminée par des critères quantitatifs et
qualitatifs.
67
les évaluations a priori et a posteriori. Il faudra
également assurer une pédagogie enrichie et
ciblée des nouvelles mesures et co-construire
les mesures d?accompagnement
nécessaires dans un contexte de
transparence, notamment avec les acteurs les
plus exposés. Enfin, il sera nécessaire de
s?assurer que les actions soient dirigées au bon
niveau de la chaîne d?acteurs.
De plus, les expertises contradictoires,
portées par la société civile, le monde
académique, etc., devraient être
développées , notamment lorsque les
thématiques abordées requièrent une certaine
technicité, ce qui est le cas de la sphère
financière. Ces expertises permettraient de
compléter les études de faisabilité et d?impact
usuelles réalisées préalablement à la mise en
oeuvre de ces nouvelles dispositions.
Au-delà de l?évolution, voire de la refonte, de
certains instruments, il est également
nécessaire d?accompagner l?évolution des
pratiques et des mentalités pour les adapter à
un contexte inédit. La prise en compte des
enjeux de la transition écologique doit faire
l?objet d?un dialogue permanent à engager
avec les acteurs financiers privés et
publics , mais avec l?appui contradictoire de la
société civile.
Ce dialogue devra permettre d?aboutir à des
propositions et des actions concrètes de ces
acteurs pour contribuer à la transition
écologique. Au titre de l?exemplarité de l?État,
un Club des investisseurs publics de la
transition écologique pourrait ainsi être
créé pour participer à ce dialogue , comme le
propose le Livre blanc sur le financement de la
transition écologique. Cette appropriation
nationale permettrait également d?engager un
mouvement plus large sur le plan européen.
Accompagner les acteurs pour lever les
freins au changement, notamment par des
mesures compensatoires économiques et
sociales pour les entreprises et les
ménages les plus vulnérables
La recherche en sciences
comportementales pourra être mobilisée
pour aider à identifier et à promouvoir des
comportements favorables à la transition
écologique, et encourager une adhésion
volontaire aux nouvelles mesures dont l'intérêt
social est avéré.
Donner une lisibilité de moyen terme,
notamment par une programmation des
mesures envisagées , permet aux acteurs
économiques d'anticiper les évolutions dans la
durée. Ceux-ci n?ont pas tous la même
capacité à faire évoluer leur situation : des
mesures compensatoires à la modernisation
tant pour les TPE et les PME que pour les
ménages les plus modestes pourront être
mises en place , dans un souci de compétitivité
des entreprises et de justice sociale.
Enfin, l?appui des acteurs dans la transition
écologique des modèles économiques et
financiers doit se traduire par une
représentation adaptée des métiers. Le rôle
de la formation professionnelle y sera
essentiel, notamment pour accompagner la
mutation de certains bassins d?emploi (cf.
axe 5).
Un soutien financier massif a été apporté
par la Commission européenne à la
création de l?association Finance Watch ,
portée par plus de 200 parlementaires
européens. Cette association a pour objet
d?apporter une expertise contradictoire
dans le cadre du développement des
réformes successives des marchés
financiers.
68
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
69
Accompagner la mutation
écologique des activités
économiques
PRIORITÉ 1
Anticiper les mutations économiques liées à la transition écologique et leurs effets
sociaux
PRIORITÉ 2
Accompagner les transitions professionnelles
PRIORITÉ 3
Informer, inciter et conseiller tous les acteurs économiques, notamment les PME et
TPE
PRIORITÉ 4
Faire de la responsabilité sociétale des entreprises un levier pour accompagner les
mutations sociales et professionnelles
INDICATEURS DE SUIVI DE L?AXE 5
Valeur ajoutée des éco-activités par rapport au PIB
Effectifs en dernière année de formation initiale en environnement
Demandes et offres d?emplois pour les métiers verts et verdissants
Insertion professionnelle des jeunes issus des formations environnementales par domaine
Indicateurs de 1er niveau en gras
AXE 5
70
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
La transition écologique doit être à la fois une
opportunité de développement économique,
une source de création d?emplois favorisant la
cohésion sociale et territoriale et un ensemble
de droits humains, sociaux et
environnementaux, qu?un cadre de
responsabilité sociétale des entreprises et
organisations permet de mieux faire respecter
et de faire progresser. Les écoindustries
symbolisent déjà ce développement : les « éco-
activités » sont en croissance et porteuses
d?emploi. La balance commerciale des
écoindustries de l'eau, des déchets, de
l'efficacité énergétique et des énergies
renouvelables, accompagnées notamment
dans le cadre du Comité stratégique des
écoindustries (COSEI), a été excédentaire de
3 milliards d'euros en 2012 et elle est en
croissance depuis 10 ans.
Au-delà des éco-activités, ce sont tous les
secteurs d?activité et domaines qui peuvent
bénéficier de la transition écologique en
anticipant et prenant mieux en compte les
évolutions quantitatives et qualitatives sur tous
les emplois. Quelles que soient leur taille et
leur secteur d?activité, les entreprises doivent
en effet questionner aussi bien leur
gouvernance que l?organisation du travail ou le
besoin de nouvelles compétences. Si la
mutation écologique des activités
économiques, pour certaines, est déjà
enclenchée, c'est toutefois un véritable
changement de culture qu'il faut opérer.
Ainsi ces transformations impliquent
d?appréhender différemment deux fonctions
économiques fondamentales :
- Entreprendre autrement : il s?agit de
poursuivre la transformation de la
gouvernance des entreprises et des
organisations pour intégrer les enjeux du
développement durable et de la transition
écologique dans la définition des stratégies
globales de performance. La seule
maximisation des profits, sans prise en
compte des effets sociaux et
environnementaux, ne peut plus être
considérée comme soutenable dans un
Emploi dans les éco-activités
133
135
141
151
156
166
112 113 114
112 111 112
100
110
120
130
140
150
160
170
1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011
(p)
Emploi dans les éco-activités
Emploi intérieur total
In
di
ce
b
as
e
10
0
en
1
99
7
(n
om
br
e
d'
em
pl
oi
s)
Note : 2011 = données provisoires.
Source : SOeS, compte des éco-activités, 2012 - Dom inclus
(455 600)
(426 800)
(414 600)
(386 500)
(371 700)
(365 100)
En 2012, il y avait 447 500 emplois dans les activités environnementales (soit une progression
de 3,9% en moyenne annuelle depuis 2004), près d?un million dans les « activités de
l?économie verte » et entre 3 et 4 millions dans les métiers « verdissants » (chiffres de
l?observatoire national des métiers de l'économie verte ? ONEMEV).
71
contexte où les démarches de
responsabilité sociétale des entreprises
(RSE) notamment, sont devenues un
critère d'évaluation à part entière de toutes
les organisations. L?économie sociale et
solidaire, levier du développement durable
et source d?innovation, doit être mieux
reconnue et soutenue. C?est l?objet de la loi
du 31 juillet 2014 relative à l'économie
sociale et solidaire et la directive
2014/95/UE du Parlement européen et du
Conseil du 22 octobre 2014 modifiant la
directive 2013/34/UE en ce qui concerne la
publication d'informations non financières
et d'informations relatives à la diversité par
certaines grandes entreprises et certains
groupes.
- Produire autrement : il est ensuite
question de transformer les activités et les
modes de production et par là même, le
travail et l?emploi. Les évolutions liées à la
transition écologique touchent les métiers
et la manière de les exercer d?un double
point de vue : elles sont porteuses de
croissance et de développement des
compétences et des tâches dans certaines
filières, alors que d?autres filières
connaissent des évolutions profondes de
besoins en compétences et de modes
d?organisation du travail qui peuvent
entraîner à court terme des destructions
d?emplois, voire des disparitions de
fonctions ou de métiers qu?il convient donc
expressément d?accompagner. Ces
mutations en termes de formation, de
compétences et de qualifications, et au final
ces reconversions, reviennent à faire de la
transition écologique et énergétique une
opportunité pour l?emploi.
Pour préparer au mieux ces évolutions et
atteindre ainsi l?objectif de création de 100 000
emplois à horizon 2016, quatre exigences
doivent être prises en considération :
- Anticiper les mutations économiques liées
à la transition écologique et leurs effets
sociaux ; il s?agit ici de se mettre en
position d?identifier les besoins (en emplois,
en compétences) des salariés et des
entreprises ;
- Accompagner les transitions
professionnelles liées à la transition
écologique par une politique de formation
initiale et continue permettant de sécuriser
les parcours professionnels ; l?« outil »
formation étant bien entendu à considérer
comme un investissement et non comme
un coût ;
- Informer, inciter et conseiller tous les
acteurs économiques afin de faire
comprendre et partager les enjeux de la
transition écologique en terme de mutations
sociales et professionnelles (l?enjeu est ici
de mobiliser l?ensemble des acteurs publics
et privés) ;
- Faire de la responsabilité sociale/sociétale
des entreprises et des organisations un
levier pour accompagner les mutations
sociales et professionnelles.
72
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Anticiper les mutations économiques liées à la transition écologique et leurs effets
sociaux
La qualité d'analyse et de connaissance des
phénomènes de mutations liés à la transition
écologique permettra d'anticiper les besoins en
qualifications, compétences, formations et de
préparer les reconversions.
Des politiques de filières sont définies sous
forme de politiques publiques d?incitation. Dans
ce cadre, les filières porteuses de
développement économique territorial et en
emplois doivent être particulièrement ciblées.
Dans le même temps et en coordination, des
mesures d?accompagnement à la
restructuration des filières en reconversion
et/ou en transformation profonde doivent être
engagées.
Les filières économiques les plus
concernées par la transition écologique et
énergétique seront passées en revue , sur le
fondement des analyses menées, dans la
continuité de la Conférence sociale, tant par
France stratégie, le Conseil national de
l?industrie (CNI), le Conseil économique, social
et environnemental (CESE) ou les
administrations en charge de l?écologie
(Observatoire national des emplois et métiers
de l?économie verte), du travail et de
l?économie, que par les acteurs locaux,
collectivités et associations.
Les filières et activités en développement et les
technologies afférentes qui, demain, pourront
être mises au service d'une économie verte
seront ainsi identifiées, de même que les
opportunités, freins et menaces.
Un dispositif de mise à jour des analyses et
informations recueillies ainsi que des
perspectives d'évolution des différentes
filières sera institué , dans la suite des
Conférence sociale et Conférence
environnementale. Ces travaux prospectifs
étudieront les évolutions nécessaires à
l'économie de demain. Les observatoires
prospectifs de branches seront fortement
impliqués, avec le souci de renforcer et
généraliser les initiatives intersectorielles
pour les métiers à la lisière de plusieurs
branches15.
Les organismes de formation, les
universités, les grandes écoles, les centres
d'apprentissage et de formation
professionnelle pourront ainsi se servir de
ces travaux pour faire évoluer leurs
programmes de formation . Cela concerne les
pratiques pédagogiques, les disciplines
enseignées, mais aussi le mode de
fonctionnement du système éducatif dans les
territoires. Cette démarche d?anticipation et
d?accompagnement doit être conçue comme un
levier pour la compétitivité, la croissance et
l'emploi.
Ces travaux seront partagés avec les instances
spécialisées dans la relation formation-emploi
placées auprès des ministres chargés de
l?éducation nationale et de l?enseignement
supérieur, en lien avec tous les ministères
certificateurs.
15 Cf. par exemple le projet de loi de programmation sur la transition énergétique
Conférence environnementale 2013 -
feuille de route « emploi, formation et
transition écologique »
Mesure 3 : « Les filières émergentes sont
accompagnées dans le cadre du Conseil
national de l?industrie/Comité stratégique
des écoindustries et de la Commission
nationale des services. Un soutien
renforcé sera apporté à quatre filières
(bâtiment, efficacité énergétique active,
biodiversité et génie écologique, bois) en
vue de leur permettre d?exprimer
pleinement leur potentiel emploi et de faire
face aux défis d?évolution des
compétences qu?elles rencontrent ».
PRIORITÉ 1
73
PRIORITÉ 2
Ces différents travaux seront par ailleurs
présentés systématiquement aux instances
nationales de consultation ou de concertation
en matière d?emploi et de formation (loi n°
2014-288 du 5 mars 2014 relative à la
formation professionnelle, à l'emploi et à la
démocratie sociale) afin d?en éclairer les
décisions.
Un groupe de travail « emploi, formation et
transition écologique » a été créé au sein du
CNEFOP. Il a vocation à dialoguer, avec
d?autres acteurs, notamment ceux présents au
Conseil national de la transition écologique.
Au niveau territorial, ces travaux devront
être déclinés et adaptés au sein des
instances déjà existantes (selon les cas, au
niveau des régions, départements, bassins
d?emploi) de pilotage de stratégies régionales
« emploi-formation » et de « gestion territoriale
des emplois et compétences (GTEC) ».
Les régions qui n?ont pas encore mis en
place de politiques de filières intégrant la
transition écologique seront par ailleurs
encouragées à le faire , par le moyen des
contrats de plan État Régions (CPER) et en
s?appuyant sur les pôles territoriaux de
coopération économique qui font place à des
formes d?économie sociale et solidaire pour le
développement des filières territorialisées, ainsi
que sur les conseils économiques, sociaux et
environnementaux régionaux (CESER).
Tant pour l?anticipation que pour les actions
d?accompagnement au niveau régional, les
instruments communautaires tels les fonds
structurels (FSE en premier lieu) devront être
plus et mieux sollicités/activés , pour un effet
de soutien et d?accentuation des politiques
publiques nationales.
Accompagner les transitions professionnelles
À partir de diagnostics partagés, l?action
publique de structuration des filières
industrielles de la croissance verte pourra être
réorientée, relancée et nourrir une stratégie
globale de verdissement des métiers et des
emplois. C?est une politique publique de
formation et d?acquisition des compétences
liées ou induites par la transition
écologique qui doit être mise en oeuvre 16 ;
non seulement dans une optique de
développement de l?économie verte, mais
aussi de restructuration et de reconversion des
filières traditionnelles et des bassins d?emplois
en difficulté. Une telle politique de formation
16 Extrait de l?article 235 de la Déclaration de Rio 2012 : « Une mobilisation de
long terme en faveur des métiers de l?emploi et des métiers dans un contexte de
transition écologique doit viser à adapter aux réalités et perspectives de cette
transition le marché de l?emploi et les services de la formation et de l?orientation. »
A la suite de la conférence
environnementale 2013 (table ronde emploi,
formation et transition écologique), une
expérimentation de « trois démonstrateurs
territoriaux de soutien aux reconversions
professionnelles, dans des bassins d?emploi
particulièrement concernés par la transition
écologique et énergétique, visant à sécuriser
les parcours de salariés ou de demandeurs
d?emploi passant d?un métier fragilisé à un
métier en développement lié à la transition
écologique » a été engagée en Alsace
(bassin de Molsheim), Haute-Normandie (Le
Havre-Fécamp) et PACA (étang de Berre).
Le résultat de ces travaux et leurs suites
auront vocation à être diffusés dans les
démarches de gestion prévisionnelle de
l?emploi et des compétences territoriales
soutenues par les pouvoirs publics».
74
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
continue, initiale et professionnelle (pour
laquelle les régions ont vu leur compétence
générale renforcée) doit permettre :
- d?orienter ou de réorienter les crédits vers
les formations les plus appropriées17 ;
- de dégager des typologies de territoires,
régions, bassins d?emplois « de l?économie
verte » et de nourrir une stratégie globale
de verdissement des métiers et emplois
dans le cadre de la transition écologique ;
- de réguler les effets de reconversion et de
restructuration de la transition écologique,
notamment dans les secteurs en difficulté,
tels que l?automobile classique, le raffinage,
la chimie, dont les salariés sont les plus
susceptibles de se trouver face à une
nécessité de reconversion ;
- de faire progresser la transition vers
l?économie verte et la responsabilité
sociétale des entreprises et d?améliorer la
compétitivité de l?économie.
Cette politique publique d?acquisition des
compétences de la transition écologique et
d?appui aux reconversions des territoires et des
salariés doit se décliner de façon
contractuelle et conventionnelle dans les
Contrats de plan régionaux de
développement des formations et de
l?orientation professionnelles (CPRDFOP) ,
notamment sur le sujet de la formation, dans
les contrats de filières (industrielles et non
industrielles) et par voie conventionnelle entre
les partenaires sociaux, au niveau des
branches et des entreprises.
Il est également nécessaire d?orienter
davantage la formation professionnelle vers
les métiers, les compétences et les
parcours de professionnalisation de
l'économie verte . L?offre de formation
continue sera modifiée en concertation avec
les organismes paritaires collecteurs agréés
17 De telles réorientations devant bien entendu faire l?objet d?évaluation quant à
leurs conséquences.
(OPCA) et les partenaires sociaux. Des
schémas régionaux de formation
professionnelle initiale (apprentissage,
alternance) et continue seront établis afin
d'adapter les formations aux besoins futurs de
chaque économie régionale, qu?il s?agisse
d?adaptation aux emplois (postes) de travail, ou
d?accompagnement des évolutions
professionnelles dans les filières d?emploi.
La gestion prévisionnelle des emplois et
des compétences (GPEC) développera
l?identification et la qualification des
parcours de professionnalisation dans les
métiers verts et verdissants , aussi bien au
niveau des branches que des territoires et
bassins d?emploi (gestion territoriale des
emplois et compétences).
Dans le cadre des négociations de
branches , celles-ci seront invitées
lorsqu?elles mettent en oeuvre des contrats
d?études prospectives (CEP) à fixer une
priorité stratégique sur la transition
écologique . L?amélioration des garanties
attachées à la personne et la sécurisation
des parcours professionnels , qui devront
rendre effectifs les droits des salariés,
faciliteront la mobilité professionnelle.
Au niveau local (région), le service public de
l?emploi sera mobilisé sur ces mêmes
objectifs et sur l?intensification des démarches
d?accompagnement des reconversions
individuelles et collectives dans les filières et
métiers de l?économie verte et sur les
compétences vertes et « métiers verdissants ».
Enfin, un répertoire évolutif des métiers de
l?économie verte sera établi et actualisé.
75
Informer, inciter et conseiller tous les acteurs économiques, notamment les PME et
TPE
Aujourd?hui, de nouveaux marchés liés à
l?économie verte se développent, dans le
bâtiment, les transports alternatifs à la voiture
particulière, l?énergie, mais aussi dans les
services et dans d?autres secteurs. Les clients
et les usagers, de plus en plus sensibles aux
enjeux du développement durable, attendent
des solutions et des produits respectueux de
l?environnement et socialement responsables.
En intégrant le développement durable au
fonctionnement de l?entreprise, il est ainsi
possible d?anticiper les évolutions
réglementaires, d?appréhender les leviers de
croissance offerts par l?économie verte, par
l?économie sociale et solidaire, de mobiliser ses
salariés et d?améliorer son image de marque.
D?une manière générale, la transition
écologique et le développement durable
doivent continuer à se diffuser dans l?économie
et auprès de tous les acteurs, notamment les
PME/TPE. Les pouvoirs publics ont le devoir
d?informer, de sensibiliser, d?inciter par tous les
moyens et d?apporter une assistance technique
et de conseil adaptée à tous les acteurs
économiques, au-delà de l?application
régalienne. L?accompagnement des mutations
sociales et professionnelles doit être déployé
au plus près du terrain pour toucher au mieux
les acteurs auxquels elle est destinée. C?est
pourquoi les élus et responsables locaux sont
les premiers destinataires des actions de
formation et de sensibilisation.
Dans ce cadre, il s?agit tout à la fois :
- de prendre en compte les conséquences
de la réglementation environnementale
sur les acteurs économiques et
l?emploi ;
- de former les décideurs publics et
privés aux enjeux du développement
durable ? élus nationaux et locaux,
représentants de l?État, chefs d?entreprises,
fédérations professionnelles, syndicats ;
- d?accompagner les entrepreneurs en les
sensibilisant, informant ou formant aux
enjeux de la transition écologique, en
mettant en place selon des modalités
adaptées des prestations de conseil et
d?appui aux PME/TPE notamment, mais
aussi mettre à jour, dans les conventions
collectives et statuts publics, les critères
permettant de reconnaître les nouvelles
compétences exigées par la transition
écologique dans les grilles de
classifications. Ces missions doivent
notamment être conduites en s?appuyant
sur les organisations professionnelles des
secteurs concernés et/ou
interprofessionnelles ;
- d?aider et d?inciter les organisations
publiques et privées à sensibiliser et
former tous leurs salariés aux enjeux et
méthodes de la transition écologique en
s?appuyant prioritairement sur les structures
déjà existantes 18 avant d?en créer de
nouvelles.
La valorisation de secteurs et métiers
particulièrement porteurs (déchets, eau, etc.)
et la mise en place d?une approche paritaire
femme/homme dans la valorisation des
nouveaux emplois des filières vertes
permettront également d?agir efficacement en
ce domaine. Il y a un enjeu spécifique à
étudier l?insertion professionnelle des
jeunes issus des filières
environnementales , pour ensuite procéder à
l?amélioration de cette insertion.
Enfin, il pourra être utile de former les
fédérations professionnelles et
représentants des salariés aux méthodes de
calcul d?impact (carbone, biodiversité,
pollution, empreinte, analyse de cycle de vie
?).
18 Tel le Centre de formation du développement durable et de l?environnement
(CFDE).
PRIORITÉ 3
76
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
PRIORITÉ 4
Faire de la responsabilité sociétale des entreprises un levier pour accompagner les
mutations sociales et professionnelles
La mutation écologique des activités
économiques dépasse le cadre de l?activité de
création de richesse de l?entreprise.
L?entreprise doit également prendre en compte
les effets potentiellement négatifs et positifs
qu?elle peut exercer sur l?environnement et la
société, en optimisant ses comportements
décisionnels, managériaux et professionnels.
La responsabilité sociétale des entreprises
(RSE) doit s?appréhender au regard de la
définition de la Commission européenne
(communication du 25 juin 2011) comme étant
« la responsabilité des entreprises vis-à-vis des
effets qu?elles exercent sur la société ». Afin de
s?acquitter pleinement de leur responsabilité
sociétale au-delà du socle que constitue le
respect du droit social légal et conventionnel, il
convient que « les entreprises aient engagé, en
collaboration étroite avec toutes leurs parties
prenantes, un processus destiné à intégrer les
préoccupations en matière sociale,
environnementale, éthique, de droits de
l?homme et de consommateurs dans leurs
activités commerciales et leur stratégie de
base ».
Ce processus vise :
- à optimiser la création d?une communauté
de valeurs pour leurs
propriétaires/actionnaires, ainsi que pour
les autres parties prenantes et l?ensemble
de la société;
- à recenser, prévenir et atténuer les effets
négatifs potentiels que les entreprises
peuvent exercer.
C?est cette définition de la RSE qui est
aujourd?hui encouragée à travers la mise en
place de la plate-forme nationale RSE placée
auprès du Premier ministre et destinée à
engager un développement ambitieux pour la
RSE. Les premiers thèmes de travail ? « la
RSE comme outil de compétitivité », « la
transparence », « la responsabilité dans la
chaîne de valeur de l?entreprise (sociétés
mères, filiales, sous-traitants, fournisseurs) » et
« l?investissement socialement responsable »
(ISR) illustrent cette volonté de considérer la
RSE comme un atout pour la performance
sociétale de la transition écologique et pour
l?orientation de l?économie vers un
développement durable, en s?appuyant sur ses
3 piliers traditionnels :
- le respect de l?environnement comme
élément structurant du projet stratégique
de l?entreprise ;
- le renforcement des relations avec les
parties prenantes (partenaires, sous-
traitants, collectivités, ONG?) selon des
schémas collaboratifs ;
- des relations sociales légitimes et utilisées
au-delà des champs traditionnels des
rapports du travail dans l?entreprise.
A cette fin, la formation de formateurs, en
distinguant ce qui relève de la formation des
enseignants et ce qui concerne celle des
formateurs, doit être encouragée.
D?après l?enquête de l?INSEE sur les
entreprises de plus de 10 salariés et le
développement durable en 2011, 52% des
entreprises déclarent s?impliquer dans des
démarches de RSE.
Pour les entreprises de plus de 500
salariés, elles sont 84% à mener des
actions en faveur de la RSE et 23% pour
les petites entreprises de moins de 50
salariés.
77
En outre, la mobilisation d?autres institutions
telles l?Institut national de recherche et de
sécurité (INRS) doit être recherchée pour la
prise en compte des impacts de la transition
écologique dans la gestion des risques.
D?une manière générale, toutes les initiatives
internationales et européennes doivent être
mises à profit pour accompagner la RSE.
Enfin, il semble opportun d?accentuer les
travaux sur les questions de sécurité
(risques spécifiques) et de qualité de l?emploi
(dans une perspective de responsabilité
sociétale des organisations) concernant les
métiers de l'économie verte à toutes les étapes
de la chaine de valeur de l?entreprise.
78
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
79
Orienter la production de
connaissances, la recherche et
l?innovation vers la transition
écologique
PRIORITÉ 1
Impliquer les parties prenantes dans l'orientation de la recherche
PRIORITÉ 2
Faciliter les démarches d?innovation avec tous les acteurs
PRIORITÉ 3
Associer les parties prenantes à une production efficace de données et de
connaissances
PRIORITÉ 4
Faciliter et favoriser l?accès aux données et aux résultats scientifiques
INDICATEURS DE SUIVI DE L?AXE 6
Dépenses de R&D publiques et privées dont en enviro nnement
Investissements d?avenir opérés par l?Ademe : effet d?entraînement de l?intervention publique sur les
investissements privés
Nombre de participants aux sciences participatives dans le domaine de la biodiversité
Évolution du nombre de ressources mises à disposition sur le portail « Tout sur l?environnement »
Évolution du nombre de données dans le système d?information sur la nature et les paysages
Indicateur de 1er niveau en gras
AXE 6
80
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Pour atteindre ses objectifs, la transition
écologique va devoir tracer de nouvelles voies
d?actions collectives et individuelles, dans les
domaines environnementaux, économiques et
sociaux, et qui prennent en compte les
incertitudes tant sur la compréhension de
phénomènes actuels que sur leur évolution.
Elle a ainsi besoin de s?appuyer sur des
données et des connaissances (facteurs
physiques, biologiques, technologiques et
comportementaux), en partie déjà disponibles
ou à confirmer mais dont il convient de combler
les manques, ainsi que sur l?innovation
technologique et sociale ou organisationnelle.
La nécessaire mobilisation de la recherche et
de l?innovation en faveur de la transition
écologique s?inscrit dans la continuité des
évolutions observées et des initiatives
institutionnelles actuelles, tant en France qu?en
Europe. Par exemple, les communautés
scientifiques françaises se sont coordonnées
dans le cadre de cinq alliances, concernant
l?environnement (Allenvi), l?énergie (Ancre), la
santé (Aviesan), le numérique (Allistène) et les
sciences humaines et sociales (Athena). Ces
alliances sont à même d?identifier facilement
les forces en R&D positionnées et mobilisables
sur les différentes thématiques. Le Comité
spécialisé pour la recherche marine , maritime
et littorale (COMER) du Conseil national de la
mer et des littoraux pourra également y
contribuer sur ses domaines de compétences.
La Stratégie nationale de recherche (SNR)
initiée par la loi relative à l?enseignement
supérieur et à la recherche de juillet 2013, est
élaborée autour d?enjeux sociétaux qu?elle
partage avec la stratégie européenne Horizon
2020 et qui prennent en compte la transition
écologique. Acteurs de la recherche, de
l?innovation et ministères ont été associés à ce
travail qui permettra au gouvernement de
promouvoir des priorités prenant en compte les
impératifs économiques, sociaux et
environnementaux tout en maintenant le socle
indispensable à l?ensemble des disciplines et
particulièrement en recherche fondamentale.
Le projet de loi relatif à la transition énergétique
pour la croissance verte met en exergue
l?importance de la recherche, et définit
l?articulation de la Stratégie nationale de la
recherche énergétique à la fois avec la SNR et
avec la stratégie bas-carbone ou encore la
programmation pluriannuelle de l?énergie. Des
orientations spécifiques en matière de
recherche sont également élaborées par
d?autres démarches sectorielles comme par
exemple le 3ème Plan national santé
environnement (PNSE), ou encore la Stratégie
nationale pour la mer et les littoraux, en
préparation.
Dans ce contexte, la SNTEDD s?attache à
identifier les facteurs clés qui permettront
d?orienter et de mener les travaux de recherche
et leur valorisation en réponse aux enjeux et
aux besoins spécifiques de la transition
écologique.
L?attention forte accordée à l?innovation a
conduit à la mise en place récente, en France,
de différents volets de politique publique et de
démarches collectives génériques, comme la
« Nouvelle donne pour l?innovation » engagée
par le gouvernement, à la lumière des
orientations préconisées par différents rapports
publics. Une partie des 34 plans de la
« Nouvelle France industrielle » et des feuilles
de route associées porte sur des filières ou des
produits essentiels pour la transition écologique
(les transports, l'énergie, les ressources), tout
comme une partie des priorités identifiées par
la Commission Innovation (par exemple le
stockage de l?énergie ou le recyclage de
matières), priorités faisant notamment l?objet
d?un concours mondial d?innovations. Dans
cette dynamique, il est nécessaire d?identifier et
de mettre en exergue les questions cruciales
d?une innovation au service de la transition
écologique.
De plus, les aides aux investissements et à la
recherche devront être plus ou mieux ciblées
vers les secteurs contribuant à l?économie
verte, notamment en orientant les
investissements de la Banque publique
d'investissement (BPI France), pour permettre
un meilleur accompagnement des activités
économiques intégrant les objectifs de la
transition écologique et pour soutenir les
filières émergentes dans tous les domaines, et
en particulier les TPE-PME.
Aux niveaux européen, national et régional, les
domaines des technologies vertes et de
l?énergie appellent une attention particulière en
81
matière d?innovation : des technologies sobres
et durables sont un facteur de compétitivité
pour l?industrie qui les met en oeuvre et pour
les entreprises qui les conçoivent et les
diffusent.
Pour prendre des décisions dans des situations
d?incertitude ou de controverse, pour amener à
des changements de comportements
individuels et collectifs, il est crucial que la
méthode scientifique, les données qu?elle
exploite, les connaissances qui en sont issues,
les incertitudes qui leur sont associées soient
comprises et partagées. La concertation, la
décision et l?action collectives ont besoin de
s?appuyer sur un socle partagé de données et
de connaissances dont l?accès doit être facilité.
C?est dans cet objectif que de nombreuses
initiatives ont été prises pour faciliter l?accès
aux données environnementales d?une part,
aux données publiques d?autre part, pour
mieux encadrer les travaux d?expertise et pour
protéger légalement le lancement d?alertes
dans le domaine de l?environnement et de la
santé environnementale. De surcroît, au-delà
du principe établi de l?accès pour le plus grand
nombre aux connaissances
environnementales, se définissent actuellement
les protocoles et formats visant à
l?interopérabilité de ces données.
Pour passer de l?innovation, qu?elle soit
technologique ou institutionnelle, au
changement, il est indispensable que cette
innovation soit comprise, acceptée et mieux
appropriée par les acteurs. Suivant les
domaines ou les questions traitées, cette
appropriation peut être facilitée par
l?association des parties prenantes aux
processus d?innovation ou à la définition et à la
construction de questions de recherche. C?est
une des conditions pour que les perspectives
d?innovation conduisent à des progrès collectifs
effectifs.
Les transformations nécessaires pour mener à
bien la transition écologique vont s?exprimer
dans des contextes locaux et globaux
complexes en évolution : occupation des sols
et des territoires, milieux, climat, activités
économiques, institutions et gouvernance...
Pour conduire et orienter la transition
écologique, il est indispensable de pouvoir
analyser et anticiper les transformations à
l?oeuvre, et évaluer les politiques publiques et
l?action collective. Le pilotage de la transition
devra donc s?appuyer sur la recherche, en
particulier sur une recherche interdisciplinaire
associant les sciences de la vie et de la terre,
les sciences de l?ingénieur et de l?architecte
ainsi que les sciences de l?homme et de la
société.
Impliquer les parties prenantes dans l'orientation de la recherche
Pour réussir la transition écologique, pour
anticiper et s?adapter aux évolutions futures
globales ou locales, à différents horizons de
temps, les connaissances et résultats
scientifiques aujourd?hui disponibles ne sont
pas suffisants. Les travaux de recherche
doivent prendre en compte les enjeux et
besoins prioritaires de cette transition, qui
concerne des actions collectives ou l?activité
d?acteurs économiques, le niveau « national »
ou le « terrain », dans des calendriers adaptés.
Il est aussi crucial que la recherche soit en
mesure de développer des travaux de long
terme, d?anticiper ou d?alerter, et de porter un
regard d?évaluation critique indépendant.
La question de l?articulation potentielle entre
recherche publique et recherche privée
(positionnement, complémentarité,
collaboration,?) se pose domaine par
domaine, en fonction des enjeux, des
compétences et moyens en place et des
modes de construction et de valorisation
propres à chacun de ces domaines.
PRIORITÉ 1
82
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Pour que les parties prenantes soient en
mesure d?accompagner le transfert et la mise
en application des résultats, il est important
que certaines questions de recherche
puissent être co-construites par les
scientifiques et les parties prenantes, qui
doivent avoir un rôle proactif, et que ces
dernières soient également consultées pour la
définition des programmes en pleine légitimité
en intégrant les spécificités de temporalités de
la recherche. Différents travaux scientifiques
peuvent en effet nécessiter des durées très
différentes.
Même si les programmes et les priorités,
définis par exemple dans le cadre d?Horizon
2020 ou de la SNR, prennent en compte les
enjeux de la transition écologique, ils peuvent
laisser des questions spécifiques orphelines ou
trop peu développées. Il apparaît donc
important que les porteurs d?enjeux et de
politiques puissent directement susciter et
soutenir des travaux scientifiques , en
complémentarité des financeurs génériques de
la recherche.
La logique de co-construction de la recherche,
lorsqu?elle répond à des enjeux sociétaux bien
identifiés, est, par ailleurs, un facteur favorisant
efficacement les constructions scientifiques
pluri- et interdisciplinaires indispensables à de
nombreux champs thématiques considérés
dans la présente stratégie.
En s?inspirant de façon adaptée de la
gouvernance élargie mise en place dans les
champs liés à l?environnement, il est important
d?associer des représentants diversifiés de
la société civile aux travaux d?orientation
des établissements développant des activités
de recherche et d?expertise dans les domaines
thématiques contribuant à la transition
écologique. Il s?agit également d?identifier dans
chaque domaine comment faciliter et
améliorer le transfert et l?utilisation des
résultats de la recherche . On note à cet
égard l?attention portée par la stratégie Horizon
2020 à l?implication des PME dans les projets
de recherche.
L?appui scientifique qui peut être apporté aux
décideurs et gestionnaires ne vient pas se
substituer à leurs responsabilités, ni simplifier
des situations complexes, mais il constitue un
outil d?aide à la décision et apporte un
accompagnement à la prise en compte de cette
complexité. Ce mode d?interaction nécessite de
développer les pratiques et de partager les
expériences réussies , en complémentarité et
en articulation avec les appuis de natures
technique, culturelle et artistique, managériale.
Ces questions pourraient faire l?objet d?actions
collectives au sein d?associations ou de
plateformes multi-acteurs d?une part, et
d?animations ou de formations pour les
décideurs et leurs services d?autre part.
Dans le cadre de la transition écologique,
diverses thématiques doivent être
soutenues, dans une logique pleinement
interdisciplinaire , comme par exemple la
vulnérabilité et les capacités d?adaptation des
territoires, des milieux et des activités
humaines face au changement climatique,
l?évolution des risques sanitaires
environnementaux, la valorisation et la
restauration des services rendus par la nature,
les mutations en matière de mobilité des
personnes et des marchandises.
Les méthodes et outils disponibles permettant
de traiter de façon claire et transparente des
risques émergents liés aux nouvelles
La Commission d' orientation de la recherche
et de l'expertise (CORE) de l?Institut national de
l?environnement industriel et des risques (Ineris)
identifie et propose des questions à traiter en
priorité, peut donner un avis sur les finalités des
programmes de recherche et d?appui envisagés
par l?Institut. Elle est consultée sur les modalités
de diffusion des travaux scientifiques permettant
de rendre ceux-ci accessibles au public ainsi
que sur le contenu de certains rapports d?étude.
Elle est composée de personnalités qualifiées
de l'enseignement supérieur ou de la recherche
et de collèges représentant la diversité des
parties prenantes : industriels, associations,
syndicats, élus, Etat.
On peut mentionner de même le Conseil
d?Orientation Stratégique de la Fondation pour la
Recherche sur la Biodiversité, qui rassemble les
porteurs d'enjeux de la biodiversité (plus de 110
organismes, au sein de 40 groupes). Ces
derniers, en apportant leur expertise de terrain et
en formulant des questions à la recherche,
participent activement à certaines activités de la
Fondation.
83
PRIORITÉ 2
technologies restent par ailleurs insuffisants.
Pour y remédier, il s?agirait d?une part, de
développer les activités de recherche,
contribuant aux connaissances et aux
méthodes et d?autre part, de soutenir
quantitativement et qualitativement une
filière opérationnelle qui soit capable de co-
développer avec la recherche des tests
innovants, et de les mettre en oeuvre pour faire
face aux besoins d?évaluation. Des modalités
efficaces d?interaction devraient être mises en
place entre la recherche publique et cette
filière, pour qu?elle puisse se placer à la pointe
des connaissances.
Il apparaîtrait utile d?analyser, de comprendre
voire d?évaluer la contribution à la transition
écologique de la recherche appliquée ,
comme par exemple dans le cadre de
programmes de recherche français européens
ou internationaux, de programmes
d?investissements d?avenir, des activités de
pôles de compétitivité, des activités liées aux
grandes infrastructures de recherche? Pour ce
faire, un travail méthodologique devra mobiliser
à la fois les parties prenantes directes de la
transition et les représentants du monde de la
recherche.
Les Conférences environnementales ont mis
en avant des besoins de renforcement de
champs scientifiques (toxicologie et
écotoxicologie préventives, recherches
systémiques sur la biodiversité et les services
qu?elle rend?) comme des objectifs plus ciblés
(connaissance des espèces et écosystèmes
marins de diverses régions et notamment en
outre-mer, possibilités techniques de recyclage
et analyses systémiques traitant des
dimensions économiques et sociologiques,
véhicules consommant 2 litres d?essence
aux 100 kilomètres, ?).
Faciliter les démarches d?innovation avec tous les acteurs
L'innovation, c'est-à-dire la mise au point et
l'introduction d'un service, d'un produit ou d'un
procédé nouveau ou significativement
amélioré, est portée et impulsée par un grand
nombre de parties prenantes, en partenariat ou
en interaction : entreprises, pouvoirs publics
nationaux et locaux, citoyens, etc. L'innovation
pour la transition écologique ne peut se réduire
au seul volet technologique et doit également
impliquer des évolutions en termes de
méthodes et de gouvernance. Elle n'a de sens
que si elle est mise en oeuvre pour tendre vers
des modes de vie et de production plus
durables. L?innovation ne constitue pas un
progrès par elle-même ; elle le devient ou y
contribue à condition qu?elle réponde à des
besoins des acteurs, qu?elle respecte les
intérêts collectifs majeurs et qu?elle s?intègre
dans un système de gestion opérationnelle
permettant sa pérennité.
Dans ces conditions, l'innovation est un levier
d?une croissance économique durable.
Néanmoins, s'il s'agit bien d?accroître la
compétitivité du tissu économique français, il
convient aussi d'inventer et de se renouveler,
notamment en matière de politiques publiques,
pour être capable d?assurer la transition
84
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
écologique et de s?adapter aux changements
complexes de société qui s?opèrent ou que l?on
veut orienter. Pour y contribuer, 50% de
l?ensemble des volets innovation du
Programme d?investissements d?avenir (PIA)
sera consacré directement ou indirectement à
la transition écologique. On peut mentionner à
titre d?exemple l?une des actions du deuxième
PIA consacrée aux démonstrateurs de la
transition écologique et énergétique.
L?État stratège cherchera à renforcer sa
capacité d'analyse prospective et
d'anticipation , en particulier en menant des
analyses globales par filière afin de déterminer
les priorités d?action en regard des enjeux
(ressources, énergie, impacts sur le climat,
modes de vie), le cas échéant adaptés aux
spécificités locales, et pour évaluer finement
les innovations ou perspectives d?innovations.
De même, au niveau européen, il importe
d?assurer la mise en oeuvre effective des
réflexions des Partenariats européens
d?innovation (PEI), qui mobilisent les acteurs
publics et privés concernés, et dont l?objectif
est de stimuler l?innovation au travers d?une
approche intégrée des politiques et des
procédures sectorielles. L'action publique
devra porter sur l'analyse globale et
intégrée des freins à l'innovation, en
intégrant les questions liées à la sécurité et à la
sûreté ainsi que celles liées au risque financier.
Ces analyses seront à conduire en tenant
compte d?un spectre plus large qui est celui des
changements de société à un horizon de temps
de 20 ans, de l?évolution des modes de vie et
des pratiques qui se profilent d?ores et déjà.
Des innovations sont à développer et à évaluer
dans les domaines des services urbains ou
territoriaux et des infrastructures
correspondantes dans les domaines du
bâtiment, du génie écologique, du
développement territorial et de
l?environnement. Pour ce faire, il peut s?avérer
nécessaire de recourir à des
expérimentations en vraie grandeur (par
exemple, des dispositifs décentralisés de
gestion de l?eau, incluant des traitements
partiels et des réutilisations nouvelles,
individuelles ou collectives, d?eaux usées).
Certaines de ces expérimentations sont encore
limitées ou même interdites en vertu de règles
et normes en vigueur définies dans des cadres
plus larges (sécurité, santé, achat public?).
Pour ce faire, dans le respect du principe de
précaution qui est aussi un principe
d?innovation, la réglementation et les normes
doivent pouvoir accompagner l'expérimentation
dans un cadre fixé, lorsque des évaluations
scientifiques, techniques et/ou sociales
sérieuses ont été entreprises au préalable et
permettent de donner les garanties
nécessaires (explicitation et caractérisation
objectives des risques et des incertitudes, des
irréversibilités potentielles, diagnostic validé
et/ou pluraliste, transparence ou confidentialité
encadrée?). De même, puisque l'innovation
dans les techniques retenues par une
collectivité constitue toujours une grande prise
de risques financière et sociétale, des
solutions de partage collectif de ces risques
seront recherchées , en imaginant par
exemple la mise en place de systèmes
assurantiels.
En complémentarité et en parfaite cohérence
avec les stratégies françaises de la recherche
et de l'innovation, et l?objectif de simplification,
l'accès des PME , véritables piliers de
l'innovation, aux aides sera facilité .
Les transports intelligents sont des
dispositifs innovants appliquant les NTIC
aux transports. Ils recouvrent l'information
aux usagers et l'aide à la gestion
dynamique des réseaux. Ils s'étendent de
plus en plus aux nouveaux services à la
mobilité. Ces dispositifs favorisent la
sécurité, le confort, l'accessibilité pour
tous, notamment les personnes en
situation de handicap ou encore la
réduction des impacts environnementaux.
Les progrès technologiques récents et les
expérimentations permettent à présent de
passer au pré-déploiement, en particulier
sur le véhicule connecté. L'Etat s'est donc
engagé en février 2014 dans l'élaboration
d'orientations stratégiques visant
notamment à définir les services
prioritaires et leurs spécifications
fonctionnelles et techniques.
85
Chacun des acteurs peut être porteur ou co-
porteur de l'innovation. Il s'agit alors de faciliter
l?expression et l?expérimentation des
innovations portées par la société civile et
les acteurs intermédiaires (notamment les
bureaux d?études et les architectes), et de
renforcer le rôle et l?implication des
collectivités territoriales et des autres
maîtres d'ouvrages . Ce seront en effet les
acteurs majeurs du déploiement des
innovations et de leur mise en oeuvre sur les
territoires. Les formations de niveau master et
doctorat peuvent également agir comme
vecteurs de diffusion des nouvelles
technologies et des résultats de la recherche.
Pour une meilleure circulation et adaptation
des innovations, il sera important de
développer d?une part des échanges et d?autre
part des collaborations, entre des organismes
qui peuvent être selon les cas homologues ou
complémentaires.
Associer les parties prenantes à une production efficace de données et de
connaissances
Pour comprendre et évaluer, il faut pouvoir
s?appuyer sur des données clairement définies,
pertinentes et recueillies sur des durées et
dans des limites géographiques cohérentes
avec les questions soulevées. C?est tout
particulièrement le cas pour les enjeux de la
présente stratégie. Il est important de
maintenir, et dans certains cas de
développer, des systèmes d?observation à
long terme, à vocation scientifique ou
opérationnelle .
En matière de production de connaissances et
de données, les acteurs sont très divers et par
conséquent souvent difficiles à mobiliser.
Pourtant, depuis longtemps, de nombreux
bénévoles ont constitué des réseaux
d?information qui ont permis de contribuer à
l?avancement des connaissances dans des
domaines très variés, par exemple en
météorologie ou en écologie. Il est nécessaire
de reconnaître et de soutenir ce mode
d?action collective qui relève des sciences
participatives tout en s?assurant de la fiabilité
des résultats et du protocole mis en place. La
Conférence environnementale de 2013 a ainsi
souligné l?importance de mobiliser ces
dernières au sein d?un plan d?actions priorisées
Le biomimétisme est une démarche qui
consiste à aller chercher notre inspiration,
pour une innovation durable, dans la
nature, où l?on trouve des stratégies à la
fois performantes, efficientes et résilientes
pour synthétiser et dégrader des
matériaux, se fixer ou se déplacer, stocker
ou distribuer l'énergie, traiter l'information,
organiser les réseaux et les échanges, et
bien d'autres choses encore. Outre les
autres enjeux de la biodiversité, il y a là de
formidables gisements d'innovation pour
les entreprises, les réseaux
d'infrastructures, l'aménagement du
territoire et l'agriculture. En France, des
réseaux de recherche, de diffusion de la
connaissance, ou encore d?appui aux
développements normatifs internationaux
se structurent, à travers des clusters, des
pôles de compétences, des associations
spécialisés et une commission française
de normalisation dédiée, pour
accompagner les entreprises et les
territoires dans ce nouveau champ, par
nature transdisciplinaire, de l'innovation.
PRIORITÉ 3
86
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
pour l?acquisition, la diffusion et la valorisation
des connaissances scientifiques et techniques
sur les écosystèmes marins.
Dans le domaine de l?entreprise , les données
sont assez rarement rendues publiques de
manière spontanée ; certaines d?entre elles
seraient pourtant de précieux apports à la
connaissance collective. Des explorations et
des ouvertures doivent être opérées dans
ce sens dans le respect de la protection du
secret industriel, et en veillant à ne pas
compromettre l?avance de la communauté
scientifique dans des domaines très
compétitifs. Les Chambres de commerce et
d?industrie (CCI) pourraient être des acteurs clé
de telles réflexions et actions.
En particulier grâce aux nouvelles
technologies, les échanges ne connaissent
aucune limite géographique et démultiplient le
savoir ainsi constitué. L'explosion d?Internet
permet l?échange, la divulgation et la mise en
commun d?informations de toutes natures. La
question se pose alors de leurs conditions de
production et d?utilisation. L'enjeu est
d?organiser, voire de solliciter ces
informations , car souvent elles ne peuvent
prendre valeur de données de référence que
lorsqu'elles sont caractérisées et cohérentes, et
assez nombreuses pour être représentatives.
Intégrer les données des tiers de manière
optimale selon des protocoles connus et
formalisés, adapter les systèmes
d'information au versement de données de
producteurs multiples , encourager les
plateformes renvoyant sur l?information issue
d?une part de systèmes d?observation
scientifique, d?autre part de systèmes
d?observation opérationnelle, poursuivre la
création de protocoles pour
l?interopérabilité dans les secteurs pertinents,
sont autant de perspectives de mutualisation et
d'accélération de la connaissance.
Faciliter et favoriser l?accès aux données et aux résultats scientifiques
L?accès à l?information et à la connaissance,
pour les citoyens, consommateurs et usagers,
comme pour les porteurs d?innovation et
d?activités économiques, est un enjeu
considérable. Comme le précise la politique
gouvernementale en matière d?Opendata et
d?accès aux données publiques, l?accès aux
données est un enjeu démocratique offrant au
citoyen un droit de regard, d?interprétation et
d?utilisation. En 2012, la conférence
environnementale a ainsi conclu à la mise à
disposition du public des principaux avis et
résultats existants, produits par les organismes
publics, sur les risques sanitaires
environnementaux, en particuliers les risques
émergents.
Pour autant, il peut être très difficile pour le
citoyen de qualifier les données et résultats,
d?en percevoir le sens et les limites et d?en
mesurer la portée. L?accès à la connaissance
scientifique joue par ailleurs un rôle particulier
pour éclairer et faciliter les débats, l?action et la
décision sur les sujets d?incertitudes,
d?anticipations ou de controverses, nombreux
en matière de santé, d?énergie, de risques,
d?évolution climatique, etc. La multiplicité des
sources d?information, loin de faciliter
l?appropriation des données mises à
disposition, peut être un facteur limitant et ne
fait que renforcer la nécessité de structurer la
mise à disposition des données scientifiques.
Développer la culture de l?accès à une
information pluraliste de qualité , et au-delà
la culture de la constitution d?une vision
partagée sur l?information disponible, entre
parties prenantes, est un gage d?efficacité dans
l?adaptation chronique que notre société devra
PRIORITÉ 4
87
opérer face aux facteurs de changements
globaux et locaux.
L?administration produit des données, avec une
obligation croissante de mise à disposition.
Dans un contexte de réduction des moyens
publics, il s?agit de veiller à l?efficacité et à la
hiérarchisation de ces actions .
L?accès aux données environnementales est
un principe aujourd?hui établi, et les cadres
opérationnels correspondants continuent de se
mettre en place. Ils devront notamment veiller
à ce que les données exportables soient
accompagnées des informations sur leur
signification, leurs limites et leur portée ,
sous des formes accessibles aux parties
prenantes. La table ronde sur la politique de
l?eau, au sein de la Conférence
environnementale de 2013, a ainsi débouché
sur l?objectif de garantie et de fiabilisation de
l?accès, pour le citoyen, à des données sur
l?eau facilement compréhensibles.
La mise à disposition et la communication des
résultats scientifiques est inscrite dans la loi.
L?attention voulue par le législateur à ce que
les pratiques et référentiels d?évaluation des
scientifiques et de leurs activités intègrent
parfaitement toutes ces missions revêt une
importance particulière dans les champs de la
transition écologique. Au-delà des réflexions en
cours sur l?accès aux publications scientifiques,
il est important de produire des documents
de vulgarisation, de les mettre à disposition
et de les associer autant que de besoin aux
bases de données issues de travaux de
recherche .
La mise en oeuvre généralisée des
dispositifs transparents de suivi et
d?information pour toutes les parties
prenantes (sous réserve des principes de
protection de la vie privée et de la propriété
industrielle), est un levier pour accompagner et
faciliter les expérimentations d?innovations en
grandeur réelle, en particulier si l?on déroge à
des règles générales à des fins
d?expérimentation, après évaluation préalable,
à l?image de ce qui existe réglementairement
pour certaines installations présentant des
risques.
Afin d?améliorer progressivement les modalités
d?accès aux connaissances et aux données, il
convient de favoriser des recherches et
études sur le partage et la perception des
informations au sein des groupes sociaux ,
dans les domaines thématiques de la présente
stratégie, et de constituer une base de
données ouverte de résultats de ces travaux.
88
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
89
Éduquer, former et sensibiliser pour
la transition écologique et le
développement durable
PRIORITÉ 1
Généraliser l?éducation à l?environnement et au développement durable de la
maternelle à l?enseignement supérieur
PRIORITÉ 2
Promouvoir le développement d?initiatives, expérimentations et innovations citoyennes
PRIORITÉ 3
Favoriser la diffusion et le partage de l?information sur notre environnement
PRIORITÉ 4
Aider à la modification des choix et des comportements de la société
INDICATEURS DE SUIVI DE L?AXE 7
Effectifs en dernière année de formation initiale e n environnement
Nombre de projets d'éducation au développement dura ble dans les écoles, les collèges et les lycées
Nombre de participants aux sciences participatives dans le domaine de la biodiversité
Évolution de la fréquentation du portail « Tout sur l?environnement »
Consommation déclarée de produits écolabellisés
Indicateurs de 1er niveau en gras
AXE 7
90
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
La transition écologique vers un
développement durable implique une manière
renouvelée d?appréhender une nouvelle
représentation du monde, du cadre et des
modes de vie ainsi que de nouvelles
temporalités.
Sa réussite suppose que les diverses
composantes de la société s?approprient les
enjeux et adoptent de nouvelles références et
de nouveaux comportements individuels et
collectifs pour y faire face. L?élévation continue
du niveau global de formation de la population,
observé en France, offre un contexte favorable
pour avancer résolument en ce sens.
Investir pour l?avenir, en faisant de la transition
écologique une perspective positive partagée
par le plus grand nombre, s?appuie sur la
sensibilisation, l?information, l?éducation et la
formation de tous.
En aidant à formaliser une vision d?ensemble
partagée par les différents publics, l?éducation
à l?environnement et au développement
durable (EEDD) donne à chacun des clés et
des moyens d?appréhender l?évolution du
monde et les enjeux de la transition
écologique, pour y contribuer de manière active
et réussie.
Il importe en cela d?agir de manière simultanée
et convergente dans tous les champs et les
étapes d?éducation et de formation, dont les
effets s?inscrivent dans des temporalités
différentes , afin d?assurer le continuum
nécessaire à l?accroissement des capacités
individuelles et collectives pour la transition
écologique.
Cela suppose, en complémentarité de la
formation tout au long de la vie au service de
l?emploi et des activités, telle qu?évoquée dans
l?axe 5, de poursuivre et d?amplifier l?intégration
des enjeux dans l?éducation scolaire, péri et
extra-scolaire et la formation supérieure, et au-
delà de mobiliser et de s?appuyer sur toute la
diversité des approches éducatives (accueils et
loisirs jeunesse, activités culturelles, artistiques
et sportives, initiatives citoyennes,
sensibilisation des consommateurs, etc.).
Une nouvelle ambition pour l?éducation à
l?environnement et au développement durable
(EEDD) est à mettre en oeuvre. Cette politique
s?appuiera sur l?action volontariste des pouvoirs
publics et sur le développement concerté de
projets multi-partenariaux impliquant la
diversité des acteurs publics et de la société
civile, à toutes les échelles des territoires.
Comme mis en évidence lors de la Conférence
environnementale 2013, la mobilisation des
différentes sphères d?acteurs implique la
coordination des différentes politiques et
initiatives dans ces domaines en :
- généralisant l?éducation à l?environnement
et au développement durable de la
maternelle à l?enseignement supérieur ;
- promouvant le développement d?initiatives,
expérimentations et innovations
citoyennes ;
- favorisant la diffusion et le partage de
l?information ;
- aidant à la modification des choix et
comportements individuels et des
organisations.
L?accueil en France, en 2015, de la Conférence
des Nations Unies sur le changement
climatique (COP21) donnera ainsi tout son
sens à cette ambition éducative par la
mobilisation de la jeunesse et plus largement
de la société française.
91
Généraliser l?éducation à l?environnement et au développement durable de la
maternelle à l?enseignement supérieur
Afin d?inscrire les dynamiques du
développement durable et de la transition
écologique dans la durée, il est nécessaire que
les systèmes d?éducation et de formation
initiaux, de l?enseignement primaire et
secondaire général, technologique et
professionnel, et de l?enseignement supérieur
en intègrent les enjeux de façon généralisée.
Conformément à la loi de Refondation de
l'École de la République, l?éducation à
l?environnement et au développement durable
est inscrite dans le Code de l?éducation. Les
orientations définies par le Conseil Supérieur
des Programmes visent à approfondir la
généralisation de l?éducation au
développement durable en intégrant les
problématiques propres à ces enjeux
transversaux dans l?ensemble des
programmes d?enseignement . Cette
démarche est mise en oeuvre dans les
formations et les diplômes des sections
générales, technologiques et professionnelles
de l?enseignement scolaire et de
l?enseignement technique agricole, y compris
dans l?approche des métiers auxquels elles
préparent.
La loi pour la refondation de l'École de la
République donne aussi un cadre pour former
les futurs enseignants aux enjeux majeurs
que sont notamment le changement climatique,
la biodiversité, la transition énergétique, la
santé, les risques, la solidarité internationale,
au sein des Ecoles Supérieures du
Professorat et de l'Education (ESPE) et des
écoles doctorales en favorisant les approches
interdisciplinaires.
Plus largement, il s?agit de faire des
établissements scolaires de l?école au
lycée, de l?enseignement supérieur, de
l?enseignement technique agricole, des
lieux d?apprentissage et d?expérimentation.
Pour y parvenir, les écoles et les
établissements scolaires peuvent
développer des projets sous forme de
démarches globales de développement
durable (labellisation E3D), tout en multipliant
les actions éducatives transversales (dont
les sorties scolaires, les classes de
découvertes, les sciences participatives, les
projets éducatifs territoriaux, les initiatives
académiques) et en développant des
partenariats multiples avec les acteurs
territoriaux, en lien notamment avec les
enseignements disciplinaires.
Des outils de partage d?expériences et de
ressources sur les projets pédagogiques de
développement durable seront développés
pour soutenir les équipes pédagogiques
académiques et locales. Une attention
particulière est accordée à la formation des
personnels portant ces démarches globales,
afin de soutenir leur développement, dans la
durée, concourant ainsi à l?objectif d?engager
10 000 projets d?écoles et d?établissements
mettant en oeuvre ces démarches à l?horizon
Évolution du contenu des référentiels et de
la formation des personnels enseignants,
redéfinition du rôle des exploitations
agricoles des établissements, renforcement
de la gouvernance régionale, tels sont les
axes du plan d?action « Enseigner à
produire autrement » pour préparer les
agriculteurs de demain à être les acteurs
de la transition agro-écologique portée par
la loi d?avenir pour l?agriculture,
l?alimentation et la forêt du 11 septembre
2014. Dans ce cadre, des projets innovants
sont engagés par les établissements
d?enseignement agricole pour développer
des formes d?agriculture performantes sur
les plans économique, social et
environnemental, répondant aux principes
de l?agro-écologie. Les changements ainsi
observés sur le terrain sont évalués, décrits
puis insérés dans des programmes
pédagogiques dans lesquels les élèves
s?impliquent activement.
PRIORITÉ 1
92
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
2017 tel que prévu dans la feuille de route pour
la transition écologique de 2013.
En ce sens, il importe également de
poursuivre et de renforcer l?intégration de
l?environnement et du développement
durable dans les cursus de l?enseignement
supérieur par exemple en élaborant, en
association avec les parties prenantes, un
référentiel de compétences génériques et
de connaissances en matière de
développement durable, valorisant les
compétences acquises par les étudiants, y
compris dans le cadre d?engagements
bénévoles.
La valorisation accrue des démarches
d?exemplarité et de responsabilité sociétale des
universités et des grandes écoles, notamment
par la labellisation, ainsi que par l?intégration
de critères liés au développement durable
dans les mécanismes d?habilitation ou
d?accréditation en matière de formations
supérieures ou dans le cas d?une profession
réglementée comme celle d?architecte par les
compétences exigées par la directive
européenne, seront mises en oeuvre à partir de
2015 pour faire de ces établissements des
lieux de pédagogie intégrale au service de la
transition écologique.
Accompagner le nouveau cap de ce champ
éducatif, c?est aussi engager des actions
volontaristes d?études et de recherches
relatives à l?éducation à l?environnement et
au développement durable (EEDD)
s?appuyant notamment sur les recherches en
sciences de l?éducation, en sciences humaines,
sociales, économiques, etc. Il importe d?étudier,
notamment par la recherche-action, les
stratégies pédagogiques et les dispositifs
didactiques susceptibles de donner plus de
sens aux enjeux présentés et aux
changements demandés aux citoyens, donc de
mieux prendre en compte les résistances ou
les inquiétudes pour les dépasser.
Le développement d?un tel champ de
recherche en France est indispensable pour
permettre l?enrichissement et la mise en
oeuvre accrue d?offres de formation
appropriées sur les enjeux de l?environnement
et du développement durable, et ce, pour tous
les éducateurs, formateurs et professionnels
oeuvrant dans le champ de l?éducation formelle,
de l?animation et du sport, et de la formation.
Promouvoir le développement d?initiatives, expérimentations et innovations citoyennes
La transition écologique se pense et se met en
oeuvre en même temps qu?elle s?élabore. Ses
enjeux en seront d?autant plus facilement
appréhendés que les initiatives et les projets
proposés seront concrets et donc appropriés
directement par les individus et les
organisations.
Les solutions à trouver doivent s?inscrire dans
un cadre dynamique qui favorise les
innovations tous azimuts, y compris dans de
nouvelles formes de participation ou d?auto
apprentissage. En outre, notre pays a
fortement besoin de pouvoir s?appuyer sur une
nouvelle culture d?entrepreunariat, renforçant
les capacités d?adaptation de chacun à la
nécessaire transformation des activités, des
modes de production et de consommation.
Cette mise en mouvement et ce processus
« apprenant » sont déjà à l?oeuvre, en
particulier dans le cadre d?expérimentations
locales, de projets territoriaux, d?innovations
sociales, ainsi qu?au sein des familles, acteurs
essentiels des processus d?éducation, de
socialisation et de construction des modes de
vie.
Ceux-ci s?appuient sur des dynamiques de
concertation, de participation et de
PRIORITÉ 2
93
pédagogies accompagnées notamment par le
monde associatif ou par de nouvelles formes
d?organisation collective des citoyens
(consommation collaborative, réseaux
d?échanges de savoirs, espaces de
concertation pour l?EEDD, autoformation dans
le cadre de projets d?auto réhabilitation du bâti,
etc.).
Les cadres d?actions et d?accompagnement
de la citoyenneté par l?éducation populaire,
par les pratiques de l?économie sociale et
solidaire , par l?éducation préventive au risque,
participent également de cette dynamique.
Toutes ces occasions seront encouragées et
l?exemplarité valorisée. Cela passe, par
exemple, par un développement accru du
service civique, du bénévolat associatif, du
volontariat international, des réserves
communales de sécurité civile, en
accompagnement de projets pour une société,
soutenable et solidaire.
De même, sous l?impulsion des collectivités ,
de nouvelles formes d?implication sont
proposées aux citoyens dans le cadre de
politiques transversales et systémiques,
comme les Agendas 21 qui reposent sur un
apprentissage collaboratif et autour du
renouvellement de projets territoriaux de
développement durable. A cet égard, les élus
locaux sont des acteurs essentiels du soutien
aux démarches éducatives et participatives.
Concourent aussi à cette démarche toutes les
formes et tous les supports artistiques et
culturels qui assurent la médiation entre les
enjeux et les citoyens par l?approche
sensible et festive (dont cinéma, théâtre,
musique, art urbain, bande dessinée,
littérature, festivals,?). Ce sont des vecteurs
complémentaires pour se projeter positivement
dans la perspective des « futurs possibles ».
Ces processus pionniers jouent un rôle
fédérateur indispensable qui facilite la
participation, l?engagement volontaire,
l?entraînement entre pairs (habitants, salariés,
étudiants, entrepreneurs, élus,
consommateurs, etc.). Ils stimulent les
apprentissages informels, individuels et
collectifs et peuvent faire évoluer le système de
pensée. Ces processus gagneraient à être
valorisés pour en médiatiser plus largement les
aspects partageables et les éléments
d?innovation.
Dans le cadre d?initiatives concertées entre les
acteurs publics et privés en faveur d?une
société plus participative, une meilleure
visibilité sera donnée aux divers systèmes
d?engagements volontaires et de
reconnaissance co-évalués, ainsi que de
labels co-construits .
Ces démarches contribuent au développement
des alliances, des synergies, et des stratégies
de coopération telles que mises en avant dans
l?axe 8.
Une initiative régionale dans le Nord-Pas-
de-Calais, adressée à tous les publics
(enfants, familles, habitants) propose des
ateliers participatifs pour apprendre et
faire par soi-même. On peut y apprendre
à connaître son environnement proche
(balades et cueillette), à consommer
autrement en réutilisant (atelier réparation
de vélo) et en faisant des économies
d?énergie mais aussi à lutter contre le
gaspillage (faire un lombricomposteur,
faire des conserves de fruits ou légumes)
et à faire des choix plus écologiques au
quotidien (usages des produits
d?entretien).
Ces ateliers permettent de se réapproprier
des savoirs et techniques avec
l?importance de l?échange d?idées et de
partage.
94
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Favoriser la diffusion et le partage de l?information sur notre environnement
Pour comprendre son environnement et agir,
chaque citoyen doit pouvoir disposer d?une
information de qualité pour connaître les enjeux
associés aux résultats de la recherche et
pouvoir échanger en tant que partie prenante
avec des élus, des industriels, des chercheurs
et des services publics. Il est important de faire
dialoguer tous les "savoirs" mais aussi d?y
associer toutes les formes participatives de
débat. Cela permet de faire progresser les
capacités d?expertise collective.
Ces « savoirs » doivent être mis à la
disposition du plus grand nombre, par exemple
en s?appuyant sur des processus comme les
cours en ligne ouverts à tous.
Dans un contexte démocratique, les constats et
diagnostics doivent être partagés par le plus
grand nombre ; à défaut, les politiques qui s?en
inspirent peuvent rencontrer des obstacles à
leur adhésion. L?information, notamment
environnementale, diffusée doit être claire et
fiable.
En ce sens, le renforcement et l?adaptation
de l'information sur les enjeux
environnementaux à destination des
différentes familles d'acteurs de la société
(décideurs, grand public, professionnels,
citoyens, consommateurs, acteurs
économiques, administrations...) sont des
impératifs à poursuivre. Dans le même temps,
une meilleure médiatisation des résultats
d?observation, de suivi et d'expertise sur l'état
de l'environnement tenant compte de
« l?expertise collective des usages » est
indispensable pour faire évoluer positivement
les représentations sociales, références
culturelles et schémas de pensée.
Renforcer l'accès du public à l'information en
matière d'avis et d'études sur les risques
sanitaires émergents (ondes,
nanotechnologies?), réhabiliter dans l?opinion
la place des savoirs d?usage, par exemple sur
la nature et la biodiversité (évènements
météorologiques, saisonnalité du potager, etc.),
sur la mémoire des risques naturels (repères
de crues, documents d?information sur les
risques naturels majeurs, séismes) ou encore
sur l?évolution des paysages, participent au
partage de savoirs, savoir-faire et savoir être
qui sont à favoriser dans le cadre d?échanges
intra et intergénérationnels.
Les divers lieux de construction et de
diffusion de la connaissance (établissements
d?enseignements supérieurs, réseaux
d?éducation populaire et centres de ressources
scientifiques, fédérations syndicales et
professionnelles, associations et fondations,
agences publiques,) doivent se rapprocher
pour faire progresser ensemble la diffusion
d?une connaissance actualisée et
vulgarisée, adaptée au plus grand nombre
de citoyens, sur tous les grands défis
contemporains. Les grandes manifestations, à
l?image de la Fête de la Science, de l?Université
de tous les Savoirs, de la Fête de la Nature, les
forums et les grandes rencontres nationales,
les expositions et événements des
établissements culturels, artistiques, sportifs,
les grands documentaires cinématographiques
contribuent utilement à cette diffusion auprès
du grand public.
Les professionnels des médias (audio-
visuels ou digitaux) ont également dans ces
domaines la responsabilité de devoir mieux
s?approprier les notions complexes relatives
aux grands enjeux de société afin de pouvoir
diffuser les informations sur des bases solides.
Une adaptation des formations initiales et
PRIORITÉ 3
95
continues de ce secteur professionnel reste
à conduire pour y intégrer les enjeux de la
transition écologique.
La communication digitale désormais
largement installée, constitue un vecteur
essentiel de l?amplification et de la
démultiplication des informations auprès du
plus grand nombre en mettant à la
disposition des citoyens de plus en plus
d?outils d?informations, à vocation
opérationnelle .
Des études et recherches prospectives sur
l?évolution des modes de vie liés aux nouvelles
technologies de l?information et de la
communication pourront utilement contribuer à
ébaucher les pratiques favorables de ces
nouveaux outils de « sociabilité » et de partage
de connaissances, tout en intégrant leurs
limites.
Aider à la modification des choix et des comportements de la société
Encourager et soutenir l?évolution des
pratiques et le passage de la prise de
conscience à « l?acte » sont essentiels pour
s?engager lucidement dans la transition
écologique. Faire évoluer les choix et les
comportements du citoyen est une priorité ; les
citoyens doivent devenir « co-acteurs » et
« consomm?acteurs » des progrès réalisés en
matière de transition écologique vers un mode
de développement durable. En effet, si ces
derniers pressentent qu?une partie des
avancées et des solutions est entre leurs
mains, leurs questions et doutes restent
cependant des freins puissants : en matière de
développement durable, il n?existe pas une
seule réponse mais un ensemble de solutions
adaptées aux contraintes environnementales,
territoriales, budgétaires et sociales de chacun.
Mobilités alternatives et déplacements doux,
consommation responsable, alimentation
durable, réduction et tri des déchets, réparation
et recyclage des objets domestiques,
écojardinage, croissance verte et solidaire,
participation citoyenne sont des sujets pour
lesquels chacun souhaite bénéficier de
conseils, tester des savoir-faire facilement
reproductibles, connaître l?impact de ses
comportements pour s?investir plus avant dans
leur évolution.
Les modes d?accompagnement pertinents
sont à co-construire en y impliquant les
citoyens pour qu?ils soient adaptés aux enjeux
de leurs territoires et aux attentes des
habitants.
Des campagnes de mobilisation sur les
thématiques prioritaires de la transition
écologique seront engagées par les
pouvoirs publics , en s?appuyant sur tous les
canaux de diffusion traditionnels ou innovants.
Le recours aux outils digitaux devient
incontournable pour accompagner la
sensibilisation au plus près des
consommateurs. Les réseaux sociaux, la
téléphonie mobile mais aussi la télévision
interactive ou les objets communicants, grâce
aux applications numériques, sont autant de
canaux de diffusion qu?il convient d?intégrer
dans les modes de communication utilisables
D?autres modes d?accompagnement et de
formes d?incitations doivent être étudiés et
testés , notamment la formalisation de corpus
de messages consensuels sur les bénéfices
liés aux comportements éco-socio-
responsables, ou bien par exemple des
pratiques étudiées dans le cadre de l?économie
comportementale telles que les « nudges ».
PRIORITÉ 4
96
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Cela passe également par l?accompagnement
de la communication des entreprises
concernant certaines de leurs obligations
d?informations aux clients (par exemple les
entreprises de transport de personnes et de
marchandises dans la mise en oeuvre
obligatoire d?une information sur les émissions
de CO2 émises lors de leur prestation)et par la
promotion d?outils d?information existants sur
les réglementations environnementales.
Le développement de la démarche
volontaire d?affichage environnemental des
produits et services , permettant aux
consommateurs d?intégrer le critère
environnemental dans leur choix d?achat,
relève des mêmes inflexions à engager.
La mise à disposition d?outils d?information
permettant aux acteurs publics et privés de
communiquer sur leurs pratiques
responsables sera largement promue , tels
l?établissement de baromètres « carbone » sur
les grandes manifestations festives et les
grands événements culturels et sportifs mais
aussi les guides recensant les labels et les
référentiels donnant des repères aux
consommateurs et aux usagers sur le cycle de
vie des produits de consommation.
La communication des pouvoirs publics
s?appuiera davantage sur le partenariat afin
de mutualiser les moyens de communication et
de démultiplier les messages auprès des cibles
proactives : du citoyen à l?entreprise en
passant par les associations.
Un « nudge », au sens littéral « coup de
pouce » est une incitation positive donnée
à l?individu, sans être prescriptive ou
culpabilisante, pour encourager au
passage à l?action. Issus des politiques de
santé publique, les « nudges » sont d?ores
et déjà expérimentés dans d?autres pays
pour favoriser les économies d?énergie ou
lutter contre la pollution. Des études sont
menées en France afin d?en évaluer la
pertinence mais aussi les limites.
97
98
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
99
Mobiliser les acteurs à toutes les
échelles
PRIORITÉ 1
Encourager l'exercice de sa responsabilité par chaque acteur
PRIORITÉ 2
Développer les alliances, les synergies et les stratégies « gagnant-gagnant »,
notamment par le renforcement de la participation publique
INDICATEURS DE SUIVI DE L?AXE 8
Nombre d?agendas 21 locaux et part de la population concernée
Population couverte par une tarification incitative déchets
Part du territoire national couvert par des Scot incluant les enjeux de préservation de la biodiversité et de
limitation de la consommation d?espace
Indicateur de 1er niveau en gras
AXE 8
100
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
La réussite de la transition écologique vers un
développement durable, parce qu?elle implique
un véritable changement de modèle de société,
passe par la mobilisation de tous, aussi bien à
leur propre niveau qu?en interaction et en
synergie avec les autres acteurs d?un territoire,
d?un projet ou d?un secteur. Une étape
préalable passe par des actions d?éducation,
de formation et de sensibilisation (cf. axe 7).
Chacun, mis en capacité d?agir, contribuera
aux enjeux (économie durable, cohésion
sociale, préservation de la biodiversité et des
ressources) de manière transversale. La
construction d?une culture de la pédagogie par
l?action permettra de s?adapter aux
changements et transformations inhérents à la
transition écologique.
Les initiatives en faveur de la transition
écologique se sont multipliées ces dernières
années, portées par des acteurs pionniers
parmi les collectivités territoriales, entreprises,
corps intermédiaires, organisations syndicales,
associations ou citoyens, faisant émerger de
nouvelles manières de produire, d?échanger,
de financer, de se déplacer ou de se loger.
Elles contribuent à créer un élan et un
dynamisme indispensables pour traduire la
transition écologique dans les faits.
Les missions de l?État ont en parallèle évolué,
en lien notamment avec les politiques de
décentralisation. Au-delà de ses missions
régaliennes, l?État a développé un rôle
d?accompagnement des acteurs, en renforçant
la gouvernance en matière d?environnement et
de développement durable, au niveau national
comme au niveau local. Le dialogue
environnemental a ainsi été approfondi, avec la
mise en place du Conseil national de la
transition écologique (CNTE), et les
Conférences environnementales annuelles.
Ces dernières poursuivent et pérennisent la
démarche de concertation avec les parties
prenantes pour définir et mettre en oeuvre les
politiques de transition écologique. Dans les
territoires, la dynamique des Agendas 21
permet de faire participer les acteurs locaux et
les habitants à la réflexion sur l?avenir de leur
territoire et à l?élaboration d?une stratégie et
d?un programme d?actions partagés. Plus de
mille Agendas 21 ont ainsi été engagés à ce
jour.
Cette mobilisation de tous les acteurs s?appuie
sur un cadre international (Déclaration de Rio
en 1992 et Convention d?Aarhus en 1998) et
européen19 qui se renforce progressivement.
En France, la Charte pour l'environnement a
imposé en 2005, dans son article 7, la
participation du public pour toutes les décisions,
nationales ou locales, ayant une incidence sur
l'environnement. La loi du 27 décembre 2012
étend cette participation à l'élaboration des
textes juridiques.
Le foisonnement d?initiatives vertueuses reste
encore limité à un nombre trop restreint
d?acteurs. L?écart persiste entre la prise de
conscience d?un côté et le passage à l?action
de l?autre 20 . Démultiplier les démarches
innovantes, encourager et faciliter l?action de
tous et à tous les niveaux est une nécessité
pour franchir un cap supplémentaire mettant
l?ensemble de la société en mouvement de
manière coordonnée, dans un effet
d?entraînement collectif.
19 Directives 2003/4/CE et 2003/35
20 Voir par exemple l?étude « Chiffres et Statistiques n°505 » de mars 2014
réalisée par le ministère du Développement durable, portant sur les opinions et
pratiques environnementales des Français en 2013.
Créé par la loi du 27 décembre 2012
relative à la mise en oeuvre du principe de
participation du public, le Conseil
national de la transition écologique
(CNTE) est la nouvelle l'instance
consultative en matière de transition
écologique et de développement durable.
Sa création vise à renforcer le dialogue
environnemental .
Installé en septembre 2013, le CNTE est
consulté sur les projets de loi concernant,
à titre principal, l?environnement ou
l?énergie, ainsi que sur les stratégies
nationales relatives au développement
durable, à la biodiversité et au
développement de la responsabilité
sociétale et environnementale des
entreprises.
101
Cette dynamique s?appuiera sur deux piliers :
- l?exercice de sa responsabilité par chaque
acteur (État, citoyens, consommateurs,
entreprises, collectivités territoriales,
syndicats, associations, réseaux
consulaires), et les possibilités d?action
dont il dispose à son échelle ; l?État a à cet
égard un rôle particulier à jouer pour
impulser, catalyser et fédérer ces actions
par la mise en place d?un cadre propice, ce
qui implique qu?il soit lui-même exemplaire
dans son fonctionnement interne ;
- les alliances, synergies et stratégies de
coopération « gagnant-gagnant » entre
acteurs, venant mettre du sens et faire
converger les actions de chacun dans une
direction commune ; elles s?appuieront
notamment sur l?implication et la
participation des individus et organisations
au débat public.
Encourager l'exercice de sa responsabilité par chaque acteur
Chaque acteur, à son niveau, exerce une part
de responsabilité dans la transition écologique
vers un développement durable : leurs
décisions, activités et comportements
impactent la société et l?environnement, et c?est
donc tout d?abord à chacun d?agir.
Au niveau de l?État
L?État parviendra d?autant plus à impulser,
convaincre et accompagner la transition
écologique vers un développement durable
qu?il agit concrètement, innove et s?appuie sur
sa propre pratique en se montrant exemplaire
et moteur. Il doit pour cela renforcer
l?intégration de la transition écologique et des
principes du développement durable dans ses
missions de conception et de mise en oeuvre
de politiques publiques et dans son
fonctionnement interne, à toutes les échelles. Il
s?appuiera également sur la systématisation
d?une action coordonnée entre administrations.
Intégrer pleinement la transition vers un
développement durable dans les missions de
l?État
Dans sa mission de création et d?application de
normes, l?État s?engage à évaluer et réviser
régulièrement les textes. Pour faciliter la vie
des particuliers, des entreprises et des
collectivités tout en assurant un niveau élevé
de protection de l?environnement, l?État doit
donner la priorité au chantier
gouvernemental de simplification du droit
dans lequel il s?est engagé et en particulier
celui de la modernisation du droit de
l?environnement . Il assurera ainsi la lisibilité,
la clarté, la compréhension et l?effectivité du
droit, en veillant à bien appliquer la
réglementation existante. Le projet de loi relatif
à la transition énergétique pour la croissance
verte prévoit par exemple une simplification
des procédures administratives applicables aux
énergies renouvelables et à la méthanisation.
Dans sa mission d?évaluation et d?expertise,
l?État s?engage à consolider son rôle de
référent pour penser les mutations sociales,
culturelles et économiques de la transition
écologique. Il offrira à l?ensemble des
acteurs le cadre de méthode et d?évaluation
de cette transition , en en faisant un outil de
progrès collectif et non de contrôle. Il
développera la réflexion prospective , en
prenant le risque d?innover pour expérimenter
de nouvelles voies et faciliter la progression
des autres acteurs, en visant le long terme. Il
réorganisera ses capacités d?expertise et
d?ingénierie pour répondre plus efficacement
aux besoins des acteurs et en particulier des
collectivités et des territoires, notamment avec
la création de l?Agence française pour la
biodiversité. Il s?appuiera sur son réseau de
chercheurs et d?experts , notamment par son
réseau scientifique et technique, et en
particulier, le Centre d?études et d?expertises
sur les risques, l?environnement, la mobilité et
l?aménagement (CEREMA).
PRIORITÉ 1
102
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Dans sa mission de maître d?ouvrage de plans,
programmes et projets, l?État s?engage à
adapter ses méthodes de conception à
l?exigence de la transition écologique , à
innover si nécessaire et à faire profiter de son
expérience tous les acteurs de la société.
Dans sa mission de promoteur du
développement durable et de partenaire, l?État
s?engage à donner l?impulsion en apportant
son éclairage et à favoriser les échanges et
la capitalisation entre les acteurs . A cet effet,
il encouragera le développement de plateforme
d?échange comme le Club développement
durable des entreprises et établissements
publics, et maintiendra ses missions
d?animation au niveau national et régional.
Intégrer pleinement la transition vers un
développement durable dans le fonctionnement
de l?État
L?État doit montrer la voie et encourager les
autres acteurs à agir dans le même sens, mais
il dispose également, de par son poids dans
l?économie, d?un véritable effet de levier pour
stimuler de nouveaux marchés et de nouvelles
filières (par exemple à travers le parc
automobile de l?État).
Il renforcera les échanges avec ses
partenaires, fournisseurs et usagers pour
progresser vers un fonctionnement plus sobre.
Il mènera une politique de commande
publique durable ambitieuse , soutenant
l?achat de produits et services issus du
commerce équitable, engageant ses
partenaires dans le cadre du Plan national
d?action pour les achats publics durables, et
réduira l?impact environnemental du
fonctionnement de ses administrations . La
circulaire 21 relative à l'exemplarité de l?État
au regard du développement durable dans le
fonctionnement de ses services et de ses
établissements publics sera révisée afin de
fixer des objectifs aux services de l'État pour
2020. Elle prendra mieux en compte la
responsabilité sociale de l'État employeur,
permettra à chaque ministère de définir son
plan administration exemplaire en fonction de
ses enjeux prioritaires en matière de
21 Circulaire du Premier ministre n°5351/SG du 3 décembre 2008
développement durable, tout en continuant à
viser l?exemplarité de l?État. La
professionnalisation accrue des réseaux
d?acheteurs publics (État, collectivités
territoriales et hôpitaux) et la mise à disposition
d?outils montrant l?intérêt économique de
l?achat durable devront notamment à contribuer
à l?appropriation de la notion de coûts du cycle
de vie.
Premier employeur à l?échelle nationale, l?État
conduira une politique de responsabilité
sociale dans ses services et établissements
publics , développera un management
responsable aidant à la conduite du
changement et formera systématiquement
ses agents , notamment les décideurs, aux
enjeux du développement durable et de la
transition écologique. La gestion des
ressources humaines, les recrutements et les
compétences de l?État devront également être
mieux adaptés aux missions d?avenir.
Au niveau des collectivités territoriales
Dans le contexte des lois de décentralisation,
la responsabilité croissante des collectivités
territoriales, qui conduisent la plupart des
plans, projets et investissements publics, leur
permet de jouer un rôle central dans
l?intégration effective de la transition écologique
et du développement durable dans les
territoires. En tant qu?acteurs de proximité
également mobilisés au niveau européen et
international, elles sont un relais d?information
et de mise en synergie, et créent ou favorisent
des dynamiques locales fédératrices.
103
L?action des collectivités territoriales doit
être soutenue et encouragée par une double
dynamique de renforcement des processus
existants -comme les Agendas 21 locaux qui
permettent de rompre avec les logiques
sectorielles cloisonnées, de porter une
dynamique prospective pour leur territoire et de
créer des dispositifs de concertation et
d?implication des habitants-, et de nouveaux
processus et outils. A ce titre, leur activité
s?appuiera utilement sur l?élaboration de
référentiels de méthode et d?évaluation ; elle
sera soutenue par un appui méthodologique
aux processus de rapportage (rapports
développement durable des collectivités), et
pourra bénéficier d?une mobilisation conjointe
avec l?État pour répondre aux appels à projets
européens de financement sur la transition
écologique et le développement durable.
Au niveau du citoyen
Dans une société en transition vers un modèle
durable, le citoyen est gestionnaire et co-
responsable des biens communs (ressources
naturelles et culturelles), qu?il agisse
individuellement ou dans le cadre associatif.
C?est en faisant prendre conscience à chacun
de cette responsabilité que l?action individuelle
pourra avoir une influence sur les
comportements collectifs, orientant
progressivement la société et l?économie vers
un nouveau modèle de développement.
Cette mise en mouvement est déjà à l?oeuvre et
doit s?accélérer dans le cadre
d?expérimentations locales et de projets
territoriaux, d?initiatives citoyennes,
d?innovations sociales, de dynamiques
urbaines, de bénévolat associatif notamment
dans le domaine sportif, de service civique, de
festivals artistiques, de sciences participatives,
de réseaux d?échanges de savoirs, d?auto
réhabilitation du bâti, etc. Ces processus
pionniers gagneraient à être largement
médiatisés pour faciliter leur démultiplication
et produire une émulation plus significative.
Cette responsabilité du citoyen s?exercera
d?autant mieux que des espaces de
concertation, notamment au niveau d?un
territoire, quelle qu?en soit la forme, auront
été prévus, et que la société civile, en
particulier via des associations, sera soutenue
dans ses actions contribuant à la mise en
oeuvre de politiques publiques.
Au niveau des entreprises
Les entreprises, entendues au sens de
l?ensemble de ses composantes (dirigeants,
salariés, organisations syndicales) doivent être
« responsables vis-à-vis des effets qu?elles
exercent sur la société (définition de la RSE
donnée par la commission européenne en
2011)». La responsabilité sociétale des
entreprises (RSE ) constitue un outil de
l?évaluation de la performance globale au
regard du développement durable (prise en
compte des impacts des décisions et activités
sur la société et l?environnement). Elle est
Les biens communs recouvrent trois
types de ressources : la nature (l?air, l?eau,
les sols, les animaux, les plantes?), la
culture (la langue, la philosophie, la
musique?) et la communauté (les rues,
les équipements, les institutions, les
règles?). Nous en avons hérité, ils
peuvent sembler abondants, parfois
invisibles.
Selon Elinor Ostrom, politologue et prix
Nobel de sciences économiques en 2009,
la préservation des biens communs
suppose « l?agir en commun » , selon
trois briques : les ressources, les gens, les
règles et normes qui permettent de lier
entre elles ces composantes.
104
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
également un outil de négociation entre les
entreprises et la société ainsi qu?un levier pour
leur compétitivité et leur efficacité. Son
développement nécessite notamment
l?extension à l?ensemble des organisations
privées -notamment les PME- ou publiques, de
la politique d?incitation à rendre compte aux
parties prenantes des impacts sociaux,
sociétaux et environnementaux de leur activité.
La poursuite et l?approfondissement du Plan
national d?actions en faveur de la RSE et de la
plate-forme nationale RSE, comme lieu de
débat permanent et de référence en matière de
responsabilité, participeront à ce
développement.
Dans ce cadre, les entreprises multiplieront
les certifications environnementales,
renforceront la lutte contre la discrimination
et la promotion de la diversité et de l?égalité
femme - homme dans le cadre des nouvelles
obligations législatives et réglementaires. Pour
les TPE-PME, l?approfondissement de la
question de la labellisation des entreprises
responsables est une piste à l?étude .
Acteurs majeurs des territoires, les
entreprises , en s?appuyant sur les réseaux
consulaires, doivent devenir des partenaires
actifs et engagés dans des démarches
volontaires collectives et partagées avec les
parties prenantes à l?échelle des territoires, des
parcs d?activités, des professions,
d?interprofessions?
Développer les alliances, les synergies et les stratégies « gagnant-gagnant »,
notamment par le renforcement de la participation publique
Face à l?ampleur de la complexité des enjeux
écologiques et compte tenu du partage des
responsabilités, la recherche de synergies et
de stratégies de coopérations et alliances
devra être encouragée à tous les niveaux pour
que la transition écologique soit conduite de
manière efficace et qu?elle soit source
d?opportunités nouvelles.
La capacité des territoires à construire des
accords stratégiques entre eux, entre échelons
territoriaux, avec l?État et l?Union européenne,
sera désormais l?une des clés de leur
attractivité économique et de leur contribution à
la transition écologique. La réussite de ces
stratégies passe par la possibilité de
contractualisations ouvertes, dynamiques
et à géométrie variable, entre territoires
alliés face aux enjeux de la transition ainsi que
par le repositionnement de l?appui de l?État
au service des coopérations entre
territoires . En effet des conventions
territoriales peuvent être conclues entre l?État
et les collectivités 22 . Les fonds européens,
dans le cadre de l?accord de partenariat entre
la France et l?Union européenn, portant le
développement durable comme axe transversal
et comme objectif thématique «poursuivre la
transition écologique et énergétique et la
gestion durable des ressources naturelles, et
les contrats de plan État Région (CPER)
peuvent également favoriser ces partenariats.
La relance de la croissance et de l?emploi
pourra s?appuyer sur le développement de
l?économie sociale et solidaire, grâce
notamment à la loi sur l?économie sociale et
solidaire du 31 juillet 2014, qui permettra aux
citoyens de réaliser des investissements
socialement responsables et d?identifier les
pratiques les plus responsables au travers des
dispositifs de labellisation. Il permettra
également d'inciter les donneurs d'ordre, les
consommateurs et les citoyens, à mieux
prendre en compte ce secteur dans leurs
22 Article 254 de la loi portant engagement national pour l?environnement
PRIORITÉ 2
105
activités et à orienter davantage leur demande
vers ce secteur, dont le mode de
fonctionnement est cohérent avec les enjeux
de la transition écologique.
Les défis posés par la transition écologique
nécessitent de renouveler la relation entre
secteurs public et privé pour partager les
enjeux, réunir les compétences nécessaires à
l?analyse des problèmes complexes et définir et
mettre en oeuvre des cadres d?action
permettant à chacun de participer efficacement
à la transition écologique. Pour cela, le
développement de formes adaptées,
dépassant les formes classiques du
partenariat public-privé , de mise en
commun d?ingénierie et d?expertise pour
traiter de problématiques complexes liées à la
transition sera encouragé .
La promotion des conventions
d?engagement volontaire par secteur/filière
sera aussi poursuivie , en les accompagnant
de dispositifs de suivi, d?évaluation et de
capitalisation de l?expérience, et en renforçant
leur visibilité, comme l?illustre l?intérêt porté à
cette démarche dans le domaine de l?économie
circulaire dans le cadre de la Conférence
environnementale 2013. Le Conseil national de
l'industrie mobilise l'ensemble de ses filières
afin de définir des parcours de progrès en
matière d'économie circulaire, notamment afin
de développer de nouveaux marchés, dans
l'esprit des Green Deals Néerlandais, où des
entreprises peuvent s'engager dans des
démarches innovantes, du point de vue de la
protection de l'environnement tout en
développant de nouveaux modèles
économiques, avec le soutien des ministères
de l'économie et de l'écologie.
Le soutien au mécénat environnemental , qui
permet de tisser des liens entre porteurs de
projets et entreprises, sera accru . Le mécénat
environnemental est une opportunité pour les
partenaires, qui peut en fonction des projets
portés stimuler la création d?emplois et la
réinsertion sociale (chantiers de volontaires,
brigades nature, conseillers en écologie,
opérateurs en milieu urbain...) et favoriser un
renforcement des liens avec les collectivités
territoriales.
La Stratégie nationale pour la biodiversité
(SNB) 2011-2020 a mis en place un cadre
cohérent qui permet à tous les acteurs, publics
et privés, aux différents niveaux territoriaux et
dans tous les secteurs d?activités, de contribuer
à la préservation de la biodiversité sur une
base volontaire.
Le mécanisme de mobilisation associé à la
stratégie est très innovant et comprend deux
étapes :
- les acteurs volontaires signent d?abord
« l?adhésion à la SNB » pour manifester
leur intérêt, valoriser et faire connaître la
SNB23.
- chaque adhérent est ensuite invité à agir
concrètement en présentant un
« engagement volontaire » (projet
contenant un ensemble d?actions
cohérentes et significatives qui s'inscrivent
au coeur de l'activité de l'organisme, au-
delà du simple respect de la législation et
proportionnées à la capacité du porteur).
Lors des deux premiers appels à
reconnaissance SNB lancé en 2012 et 2013,
80 acteurs avaient déposé un projet
d?engagement volontaire. 55 projets émanant
principalement d?entreprises, mais aussi du
secteur associatif, des collectivités territoriales
et du monde syndical ont été reconnus.
Ces stratégies de coopération devront
également s?appuyer sur le renforcement de
la participation publique, appelé de ses voeux
par le Président de la République lors du
lancement du grand chantier sur la démocratie
participative à l?occasion de l?ouverture de la
Conférence environnementale 2014. La
participation publique permet le développement
de la capacité à débattre et à agir, en
reconnaissant l?expertise intrinsèque de
chaque acteur, et plus particulièrement des
habitants, et en les associant aux instances de
décision et de gestion publique pour créer une
23 Début mai 2014, 394 structures avaient adhéré à la SNB : 154 associations, 145
entreprises ou organisations professionnelles, 47 établissements publics, 46 collectivités
territoriales et 2 syndicats de salariés.
La Stratégie nationale pour la
biodiversité (SNB) 2011-2020 a mis en
place un cadre cohérent qui permet à tous
les acteurs, publics et privés, aux différents
niveaux territoriaux et dans tous les
secteurs d?activités, de contribuer à la
préservation de la biodiversité sur une base
volontaire.
Le mécanisme de mobilisation associé à la
stratégie est très innovant et comprend deux
étapes :
- les acteurs volontaires signent d?abord
« l?adhésion à la SNB » pour manifester
leur intérêt, valoriser et faire connaître la
SNB24 ;
- chaque adhérent est ensuite invité à agir
concrètement en présentant un
« engagement volontaire » (projet
contenant un ensemble d?actions
cohérentes et significatives qui
s'inscrivent au coeur de l'activité de
l'organisme, au-delà du simple respect
de la législation et proportionnées à la
capacité du porteur).
Lors des deux premiers appels à
reconnaissance SNB lancé en 2012 et
2013, 80 acteurs avaient déposé un projet
d?engagement volontaire. 55 projets
émanant principalement d?entreprises, mais
aussi du secteur associatif, des collectivités
territoriales et du monde syndical ont été
reconnus.
106
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
intelligence collective du territoire (jurys
d?appels d?offres, gestion urbaine de proximité
durable?). Ce développement de la capacité à
débattre et à agir pourra également être facilité
par l?expérimentation de territoires de
coresponsabilité pour mettre en oeuvre des
plans d'actions collectifs, au niveau d'un
quartier, d'une institution, d?un territoire (urbain
ou rural).
La participation publique permet également
l'amélioration de la décision ou du projet. Les
dispositifs participatifs s'appuient sur
certains principes qu?il conviendra
d?afficher plus explicitement (égalité de
traitement, transparence, argumentation, rendu
compte) pour la crédibilité du processus. Une
communication sera systématiquement faite
sur les impacts et conséquences des
projets débattus.
Afin d?assurer une meilleure représentativité,
une grande attention sera portée à la
diversité des publics participants , et
notamment à l?implication des populations en
difficulté. Pour y arriver, il est important de
s?appuyer sur les réseaux d?échanges de
savoirs, les dispositifs d?insertion, et les
associations. La mutualisation des outils de
participation sur le territoire (débat public,
concertation en environnement, urbanisme,
politique de la ville?.) permettra d?avoir une
vision stratégique.
La participation publique doit devenir un
mode de gouvernance et de management
intégré à la culture d?entreprise. Les
processus de participation engendrent des
modifications dans les modes d'organisation :
ils nécessitent de la transversalité, un
changement de culture professionnelle et
politique. Ainsi, les dispositifs de formation
initiale et continue devront développer les
formations à l?ingénierie de la participation. Les
garants et commissaires enquêteurs seront
systématiquement formés afin de construire
une culture de la concertation en matière
d?enquête public. La fonction d?acteur-relais
médiateur sera développée (associations et
régies de quartier, pôles ruraux?) pour animer
les dispositifs de mobilisation citoyenne.
De nouveaux outils viendront incarner cette
évolution de la gouvernance, comme des
chartes de la participation, permettant
d?encadrer la mise en place d?un dialogue
territorial entre élus des divers échelons de
territoire, associations, parties prenantes. Les
conseils de développement à l?échelle
intercommunale et dans les territoires de projet
seront rendus obligatoires, et seront mandatés
sur le suivi-évaluation et la prospective
territoriale.
Un territoire de coresponsabilité est un
territoire (quartier, commune,
intercommunalité...) dans lequel est
organisé un processus de concertation
pour élaborer et réaliser de nouvelles
formes de co-responsabilisation des
acteurs collectifs (pouvoirs publics,
organisations, associations...), des
entreprises, de leurs représentants et des
citoyens visant à assumer les
changements nécessaires à l?assurance du
bien-être de tous, selon des modes
d?actions solidaires, qui préservent
l?environnement et les ressources et
intègrent les générations futures.
Appliqué dans un certain nombre de
communes d?Europe et hors Europe, ce
concept a donné lieu à la constitution d?un
Réseau International des Territoires de
Coresponsabilité : « Together », porté par
le Conseil de l?Europe avec des
collectivités pionnières, dont Mulhouse,
Braine-L'Alleud (Belgique), la Plateforme
inter-municipale du grand Lisbonne
(Portugal) et Kavala (Grèce).
107
108
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
109
Promouvoir le développement
durable aux niveaux européen et
international
PRIORITÉ 1
Renforcer la gouvernance internationale de l'environnement et du développement
durable
PRIORITÉ 2
Mener à bien les négociations sur le climat
PRIORITÉ 3
Renforcer la protection et la valorisation des écosystèmes et milieux naturels
PRIORITÉ 4
Promouvoir la transition écologique de l?économie
PRIORITÉ 5
Intégrer le développement durable dans les politiques thématiques de l?Union
européenne
PRIORITÉ 6
Adapter la politique d?aide au développement
INDICATEURS DE SUIVI DE L?AXE 9
Part de l'aide publique au développement dans le re venu national brut
Montant de l'aide publique au développement pour la biodiversité et le climat
Part des eaux marines françaises en aires marines protégées
État de conservation des habitats naturels
Indicateur de 1er niveau en gras
AXE 9
110
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Les grands enjeux écologiques dépassent nos
frontières et ne peuvent être résolus au seul
niveau national : ils requièrent aussi une action
aux échelles européenne et internationale.
Qu?ils soient démographiques, géopolitiques ou
environnementaux, de profonds changements
sont intervenus à l?échelle mondiale ces
dernières années et l?humanité se heurte
aujourd?hui à de nombreux défis intimement
liés entre eux, notamment en termes
d?éradication de la pauvreté et d?atteinte d?un
développement durable dans ses trois
dimensions. Ces défis sont d?une telle ampleur
et d?une telle complexité qu?ils requièrent des
actions renforcées et coordonnées de tous les
pays, du sud au nord, à tous les niveaux de
territoire et dans tous les secteurs. Ils
nécessitent également des engagements
politiques internationaux forts conclus au plus
haut niveau et mobilisant une participation
accrue de tous les acteurs de la société. Faire
face à ces défis contribue aussi à prévenir les
conflits liés à la raréfaction des ressources ou
au changement climatique.
En juin 2012, lors de la conférence des Nations
Unies sur le développement durable dite
« Rio+20 », la communauté internationale a
décidé de renforcer son action, que ce soit en
termes de gouvernance internationale ou
d?élaboration d?objectifs universels de
développement durable.
La France est très impliquée dans la mise en
oeuvre des engagements de Rio+20, ainsi que
dans la promotion d?un agenda unique et
universel faisant converger, à partir de 2015,
objectifs de développement durable et objectifs
du millénaire pour le développement. Pays
hôte de la conférence internationale sur le
climat en 2015, la France porte une ambition
élevée à l'international en matière de lutte
contre le changement climatique. De même, la
richesse en biodiversité de son territoire,
notamment outre-mer, la place parmi les
premiers pays agissant pour la protection et la
valorisation des écosystèmes et des milieux
naturels. Elle a accueilli le forum mondial de
l?eau en 2012 et accompagne, via la
coopération entre bassins versants, la prise en
compte du droit à l?eau au niveau mondial.
Malgré une importante mobilisation
internationale, beaucoup reste à faire dans un
contexte de grave crise économique et sociale.
Mais cette crise mondiale doit aussi être
regardée comme une opportunité de
transformer nos modèles économiques et nos
modes de consommation et de production. Il
s'agit d?intégrer systématiquement le
développement durable aussi bien dans les
politiques économiques que sectorielles, au
sein de chaque instance pertinente, notamment
au sein de l?Union européenne qui constitue un
échelon essentiel d?impulsion, d?élaboration et
de mise en oeuvre des politiques de
développement durable et de mobilisation des
pays tiers vers la transition écologique.
C?est enfin dans sa stratégie d?aide au
développement et dans l?ensemble des outils
de l?aide internationale que la France
matérialisera son message du développement
durable, en association étroite avec tous les
acteurs concernés.
Renforcer la gouvernance internationale de l'environnement et du développement
durable
Le développement durable, et notamment sa
dimension environnementale, peine à s?inscrire
de manière cohérente dans les priorités
internationales. En l?absence d?autorité en
mesure de fixer les priorités stratégiques de
l?agenda environnemental mondial, les accords
multilatéraux sur l?environnement se sont
multipliés ces vingt dernières années. En
matière de développement durable, il n?existe
actuellement pas de véritable cadre
PRIORITÉ 1
111
institutionnel mondial en mesure de donner les
grandes orientations et de proposer des
recommandations. En outre, le développement
durable est un objectif international qui ne peut
se réduire à être mis en oeuvre par un nombre
limité de pays.
Or les modèles de croissance économique
actuels sont obsolètes. Il nous est impossible
de garantir une vie décente à 9 milliards de
personnes en 2050 sur notre planète aux
ressources limitées sans prendre en compte
simultanément les dimensions sociale,
économique et environnementale. La
conférence Rio+20 de juin 2012 a été une
étape importante vers cet objectif.
Les enjeux pour la France sont :
- d?oeuvrer pour une gouvernance
rénovée et renforcée de
l?environnement, capable d'assurer la
cohérence de l'ensemble des sujets
environnementaux (climat, biodiversité,
dégradation des terres, produits chimiques
et déchets, déforestation, appauvrissement
des ressources?),
- de renforcer la gouvernance du
développement durable au niveau
mondial et régional et d?assurer le suivi
des engagements pris ,
- d?appuyer l?intégration du développement
durable dans toutes les politiques
publiques aux niveaux national, régional et
international.
Dans la continuité de Rio+20, la France a donc
pour objectifs :
- la promotion d?un agenda unique et
universel du développement durable
après 2015 , intégrant de manière
équilibrée les trois composantes du
développement durable et visant
l?élimination de la pauvreté ;
- la transformation du Programme des
Nations unies pour l'Environnement
(PNUE) en agence spécialisée des
Nations unies pour l?environnement ,
autorité dotée de financements stables,
permettant une intégration des sujets
environnementaux et un renforcement de
l?interface science-politique. La création de
l?Assemblée des Nations Unies pour
l?environnement est un pas important en ce
sens, mais il convient d?aller plus loin ;
- la consolidation et la montée en puissance
du Forum politique de Haut niveau sur le
développement durable. Garant d?une
meilleure coordination au sein des Nations
Unies du suivi des activités liées au
développement durable, il insufflera une
nouvelle dynamique permettant d?intégrer
ses enjeux au plus haut niveau dans les
priorités internationales ;
- une participation accrue de tous les
acteurs de la société dans cette
gouvernance rénovée.
Le Groupe des amis du paragraphe
47
Lancée en juin 2012 à l?initiative de 4
pays, dont la France, le Groupe des
amis du paragraphe 47 de la déclaration
de Rio+20 est une initiative
intergouvernementale visant à
promouvoir le rapportage
Développement Durable des
entreprises, considéré comme un levier
incontournable du bon fonctionnement
d?une économie de marché et de la
contribution du secteur privé au
développement d?une économie
décarbonée, résiliente et socialement
juste. Considérant l?enjeu du rapportage
extra-financier comme central dans la
promotion d?une économie durable, la
France en assure actuellement la
présidence au travers du Ministère de
l?écologie, avec l?appui du Ministère des
affaires étrangères.
112
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Mener à bien les négociations sur le climat
Les signes d?un dérèglement climatique se
multipliant, et les engagements actuels des
différents pays étant incompatibles avec
l'objectif de limiter l'augmentation de la
température moyenne mondiale à 2°C, une
action internationale concertée à la hauteur des
enjeux est plus que jamais une nécessité.
Lors de la conférence de Durban fin 2011, les
États ont ouvert un nouveau cycle de
négociation en convenant d?élaborer d?ici 2015
un accord les engageant tous et devant entrer
en vigueur d?ici 2020.
Ce nouveau cycle doit définir un cadre pour les
engagements des pays d?ici, et après 2020. Il
doit relever trois défis :
- comment réussir à engager chacun, à la
hauteur de ses responsabilités et
capacités, dans un cadre juridiquement
contraignant à partir de 2020 ?
- comment faire que ce cadre soit évolutif et
incitatif, et que l?ambition individuelle et
collective se renforce au cours du temps?
- comment renforcer dès à présent et d?ici
2020 les actions d'atténuation et
d'adaptation au changement climatique ?
Pays hôte de la conférence de 2015, la France
se doit d?être exemplaire et fédératrice, de tenir
compte des intérêts de tous les pays et de
valoriser les initiatives des gouvernements,
des collectivités et de la société civile, pour
la réduction des émissions et pour
l?adaptation . La réussite de la COP21
reposera sur quatre piliers dont son action
diplomatique devra viser la mise en place en
2015 : (i) d?un accord pérenne comprenant
des mesures d?atténuation et d?adaptation au
changement climatique ; (ii) de contributions
nationales des pays au futur accord, c?est à
dire leurs futurs engagements possibles ;
(iii) d?un « agenda des solutions », qui devra
mettre en valeur les résultats et les
opportunités des initiatives pour le climat qui
agissent sans attendre 2020, en complément
de l?action renforcée des pays ; (iv) de
financements de long terme pour le climat ,
par les pays (la capitalisation de plus de 10
Mds de dollars du Fonds vert est un exemple)
mais aussi et surtout par tous les investisseurs,
ainsi que le développement et le transfert de
savoir-faire et de technologies . L?obtention
d?un accord passera par la valorisation des
opportunités d?une transition bas carbone pour
le développement et la croissance. En matière
d'adaptation, une articulation devra être
recherchée avec la fixation en 2015 du
nouveau cadre d'action post-Hyogo de
réduction des risques de catastrophes
naturelles.
En pointe pour le climat, l?Union européenne
(UE) a un rôle central à jouer, qu?il s?agisse de
ratifier rapidement la deuxième période du
protocole de Kyoto, de remplir les
engagements pris au titre de ce protocole et de
s?engager avec ambition pour l?après-2020.
Ainsi, le Président de la République s?est
engagé à défendre un objectif européen de
réduction des émissions de gaz à effet de
serre, par rapport à 1990, de 40 % en 2030 et
de 60 % en 2040.
Avec l?accord sur le cadre énergie-climat
2030 adopté par le Conseil européen en
octobre 2014 , l?Union européenne se place en
pointe dans la perspective de la conférence de
Paris en décembre 2015. Ce cadre européen
fixe, d?ici 2030, un objectif contraignant au
niveau national de réduction des émissions de
GES d?au moins 40 %, un objectif indicatif
d?efficacité énergétique d?au moins 27% et un
objectif contraignant au niveau européen de
27 % de part d?énergies renouvelables dans la
consommation énergétique. L?objectif
d?efficacité énergétique sera réexaminé d?ici
2020, dans l?optique de le porter à 30 %. Pour
être pleinement effectifs, ces objectifs devront
rapidement être traduits sur le plan législatif
européen, sur la base des propositions à venir
de la Commission européenne.
PRIORITÉ 2
113
Renforcer la protection et la valorisation des écosystèmes et milieux naturels
La France a une forte responsabilité en matière
de préservation de la biodiversité terrestre et
marine, tant en métropole qu?en outre-mer où
ses territoires hébergent une biodiversité
d'importance mondiale mais qui n?échappe pas
à la dégradation. Elle porte également une
ambition élevée au niveau international dans
ce domaine, et peut mettre en avant son
expertise scientifique et son savoir-faire en
matière de protection et de valorisation.
La demande croissante d?espaces, de
ressources et de services fournis par les
écosystèmes conduit à un appauvrissement
mondial de la biodiversité et des milieux
naturels et fragilise les économies. Les
engagements mondiaux de Nagoya, déclinés
en 20 objectifs (« objectifs d?Aïchi »), pris en
2010 ont établi un cadre d?action transversal
pour la protection de la biodiversité. Des
instruments communautaires y contribuent tels
que le réseau Natura 2000, la directive cadre
stratégie pour le milieu marin et la stratégie
pour la biodiversité à l?horizon 2020. La France
intègre ces engagements dans ses politiques
nationales. Le panorama mondial reste
toutefois dispersé.
En haute mer, la France et l?UE soutiennent
la mise en place d?un cadre juridique
mondial sur la biodiversité, dont l?absence
freine l?établissement d?aires protégées.
L?identification scientifique de zones
marines d'intérêt écologique ou biologique
par la Convention sur la diversité biologique
facilitera la désignation de réseaux d?aires
protégées dans les mers régionales . Des
initiatives telle la Conférence ministérielle
d?Ajaccio pour la préservation des océans ont
permis de redynamiser l?impulsion politique
mais les ressources financières mobilisées ou
envisagées restent en deçà de l'enjeu. Par
exemple, à l?initiative de la France et de
Monaco, un fonds fiduciaire pour les aires
marines protégées en Méditerranée est en
cours de création. Une priorité accrue sera
accordée à la mise en oeuvre efficace des
engagements, à l?implication de la société civile
et notamment des acteurs économiques, à la
mobilisation de financements ciblés et à la
pleine application des nouveaux instruments,
en particulier le Protocole de Nagoya sur les
ressources génétiques et la plateforme
scientifique internationale sur la biodiversité
(IPBES).
La France se mobilisera en faveur de
l?intégration des objectifs de Nagoya au sein
des conventions de Rio (biodiversité, climat et
désertification), des autres enceintes
mondiales et régionales traitant de la
biodiversité, de l'eau et de la haute mer, et des
organisations sectorielles internationales. Elle
oeuvrera pour l?atteinte des engagements
financiers mondiaux en faveur de la
biodiversité, l?AFD ayant notamment prévu
notamment de doubler les financements dédiés
aux actions de coopération dans le domaine de
la biodiversité.
L?atteinte de cet objectif renforcera une
croissance économe en ressources naturelles,
rejoignant l?objectif d?utilisation efficace des
ressources de la stratégie de croissance de
l?UE « Europe 2020 ». Il soutiendra la
mobilisation et la valorisation internationales de
l?expertise, notamment scientifique. 55 % des
emplois de l?UE et 84 % de ceux des pays en
développement ont en outre un lien direct et
significatif avec les services écosystémiques24.
24 Source : "The Social Dimension of Biodiversity Policy", rapport pour la
Commission européenne, février 2011
PRIORITÉ 3
114
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Promouvoir la transition écologique de l?économie
La France et l'UE, à travers son 7ème
programme d?action pour l?environnement, ont
un niveau d?exigence environnementale plus
élevé que de nombreux autres pays. Mais des
efforts restent à faire pour que la préservation
de l'environnement devienne une dimension à
part entière des politiques macroéconomiques
et de leur compétitivité, au même titre que la
croissance et l?emploi. L?UE, les Nations unies,
l?OCDE, le G20 incitent à cette transition.
Pour la France, l?enjeu est triple :
- mieux utiliser les instruments
économiques et financiers en vue
d?atteindre ses objectifs environnementaux,
- accroître sa compétitivité dans les
secteurs de l'économie verte par
l?innovation, le dépôt de brevets, la mise en
place de filières, la formation des salariés,
etc.
- faire en sorte que les règles du jeu
européen et mondial créent un contexte
favorable à une meilleure prise en
compte de l'environnement dans
l?économie et à la demande de biens et
services des secteurs de l'économie verte.
La France défendra ainsi la mise en place de
règles visant à une meilleure intégration des
enjeux environnementaux dans l?activité
économique :
- au sein de l?UE : oeuvrer pour une
réglementation ambitieuse de la fiscalité de
l'énergie en encourageant la Commission
européenne à poursuivre les discussions
sur le sujet ; supprimer à terme les
subventions aux énergies fossiles ; mieux
intégrer le développement durable dans la
commande publique ainsi que dans la
politique industrielle de l?UE ; veiller à ce
que l?utilisation efficace des ressources
reste une priorité forte de la Commission ;
encourager les travaux européens en
matière d?affichage environnemental des
produits et soutenir la généralisation de leur
mise en oeuvre ; influencer les orientations
en matière de consommation et production
durables, y compris par la responsabilité
sociétale des entreprises et le rapportage
extra-financier des entreprises, en
instaurant des critères de durabilité des
produits, avec l?objectif de réduire
l?empreinte écologique de l?Europe sur
toute la planète ; renforcer le chapitre
développement durable des accords de
libre échange, notamment en améliorant
les études d'impact sur le développement
durable et en y mentionnant les principes
directeurs de l'OCDE à l'intention des
multinationales ;
- à l'OMC : plaider pour une meilleure prise
en compte de la préservation de
l'environnement et des normes sociales
dans les règles du commerce international ;
améliorer la cohérence entre les accords
environnementaux multilatéraux et l'OMC ;
encourager l'élimination des droits de
douane et des obstacles non tarifaires sur
les biens et services environnementaux ;
- aux Nations Unies : soutenir la mise en
oeuvre des objectifs et des programmes
issus de Rio+20 et y participer activement,
notamment le cadre décennal pour la
consommation et la production durables, la
promotion du rapportage extra-financier
des entreprises (y compris secteur
Affichage environnemental des
produits
Dès le lancement du projet, la France a
activement porté le sujet au niveau
communautaire, dans le contexte d?une
multiplication des initiatives du même
type en Europe (nouveaux labels relatifs
au climat et à l?environnement). Ces
efforts ont porté leurs fruits, en
contribuant à amener la Commission
européenne à lancer en 2013 sa propre
expérimentation de l?affichage, cette fois
à l?échelle européenne. La France
participe activement à cette phase pilote
de trois ans.
PRIORITÉ 4
115
financier) et le développement d?indicateurs
complémentaires du PIB ;
- à l'OCDE : amplifier la déclinaison des
principes de croissance verte dans les
différents domaines (agriculture, santé,
innovation, urbanisme...) ; se mobiliser pour
la mise en oeuvre des recommandations
issues de l'examen 2015 des performances
environnementales de la France ;
- à la FAO : contribuer à mieux faire
connaître les pratiques agroécologiques
aux pays membres, pour une mise en
oeuvre de celles-ci la plus large possible au
niveau mondial.
- au G20 : rendre effectif l?engagement pris
d?éliminer progressivement et de
rationaliser à moyen terme les subventions
inefficaces aux énergies fossiles qui
encouragent la surconsommation ; mieux
intégrer les coûts environnementaux dans
le prix des énergies fossiles ; encourager
les travaux sur la croissance verte, le
développement durable et le climat, et y
valoriser les travaux français.
Intégrer le développement durable dans les politiques thématiques de l?Union
européenne
L?un des défis des négociations européennes
réside dans l?intégration des enjeux du
développement durable dans la stratégie de
croissance de l?UE « Europe 2020 », qui
priorise les aspects économiques et d?emploi,
ainsi que dans le verdissement du semestre
européen, processus de revue budgétaire et
macroéconomique des États membres. Les
politiques sectorielles, ainsi que les grands
programmes d?investissements, tel que le Plan
européen d?investissement, devront également
intégrer ces enjeux, pour devenir des leviers
favorisant la transition écologique.
Concernant la Politique agricole commune
(PAC), les orientations de la période 2014-
2020 marquent une étape importante au niveau
européen. Cette étape ne sera néanmoins pas
suffisante pour assurer la transition vers l'agro-
écologie et devra être complétée à l?échelle
mondiale : la France portera cette perspective
également devant les instances internationales
(OMC), notamment pour développer les
incitations à l'agro-écologie.
S?agissant de la Politique commune de la
pêche (PCP), l?enjeu est d?assurer une
exploitation durable des ressources
halieutiques tout en tenant compte des impacts
socio-économiques d?une adaptation qui doit
rester progressive. Pour cela, la France défend
un objectif d?atteinte du rendement maximal
durable en 2015 là où c?est possible et en 2020
au plus tard, c?est-à-dire un niveau qui ne
remette pas en cause la pérennité des stocks.
La politique maritime intégrée aborde les
questions maritimes de manière plus cohérente
et renforce la coordination entre les différents
domaines politiques, qu'il s'agisse du transport,
de l'énergie, de la recherche marine, de la
pêche, du tourisme ou de l'environnement
(avec la directive-cadre "stratégie pour le milieu
marin"). La France est particulièrement
attachée à la défense de cette vision
transversale qui répond aux exigences du
développement durable. Cette politique à
vocation holistique s'est récemment
concrétisée par un premier texte contraignant,
sur la planification spatiale en mer.
Dans le domaine de la santé et de
l?environnement, la France défend un degré
élevé de protection dans les accords et
stratégies internationaux. La stratégie nationale
sur les perturbateurs endocriniens (tels que le
bisphénol A), adoptée en avril 2014, nourrira
les réflexions communautaires. Elle comporte
PRIORITÉ 5
116
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
des perspectives d?encadrement réglementaire
et de gestion ainsi que des actions d?expertise,
de recherche et d?information du public. La
France promouvra par ailleurs une politique
européenne ambitieuse pour l?alimentation
durable.
En ce qui concerne la gestion des risques
sanitaires et environnementaux liés à
l?utilisation des nanomatériaux, le règlement
européen sur les produits chimiques (REACH)
apparaît comme le meilleur cadre
réglementaire existant. Pour autant, la France
souhaite poursuivre l?acquisition des
connaissances sur ces substances et leurs
marchés et milite pour le développement d?un
système européen de déclaration des
nanoparticules. Une base de données unique
permettrait en effet d?harmoniser les exigences
des différents systèmes de déclaration
existants ou en cours de développement en
Europe, de mieux évaluer les risques et, in fine,
d?alimenter les réflexions sur le cadre adapté
de gestion des nanomatériaux.
La stratégie européenne de développement
durable devrait être révisée, au regard
notamment du futur agenda du développement
durable post-2015, et sa mise en oeuvre
revivifiée. C?est en effet actuellement le seul
cadre stratégique européen complémentaire
d?Europe 2020 sur les enjeux de la transition
écologique et du développement durable. La
mise en place d?une semaine européenne du
développement durable à partir de 2015 sera
en outre de nature à favoriser les initiatives des
citoyens et de tous les acteurs de la société, à
l?échelle de toute l?Europe.
Adapter la politique d?aide au développement
L?aide au développement a permis des
avancées considérables dans les pays du Sud,
notamment dans le cadre de la mise en oeuvre
des Objectifs du millénaire pour le
développement (OMD). La France joue un rôle
central en tant que quatrième donateur mondial
et apporte son expertise à de nombreux pays.
Les Assises du développement et de la
solidarité internationale, conduites par la
France et réunissant l?ensemble des acteurs
concernés, ont néanmoins mis en exergue le
manque de cohérence entre les réalités
nationales et les stratégies d?aide
internationale. Elles ont aussi souligné la
nécessité d?intégrer le développement durable
dans les outils de l?aide. Une nouvelle
stratégie, objet d?une loi d?orientation et de
programmation sur le développement et la
solidarité internationale , vise ainsi à
promouvoir un développement durable dans
les pays en développement, dans ses
composantes économique, sociale et
environnementale.
En outre, la France jouera un rôle moteur
dans l?élaboration et la mise en oeuvre de
l?agenda post-2015 basé sur des Objectifs
de développement durable (ODD) .
Le Livre Blanc « Défense et sécurité
nationale » de 2013 réaffirme la volonté
de la France de participer pleinement au
maintien de la stabilité internationale et
de renforcer les institutions
internationales permettant d?agir pour la
paix et la sécurité dans le monde. Son
engagement, au-delà des opérations
militaires, se traduit par des actions
civilo-militaires qui visent à favoriser le
tissu économique local et à permettre
aux populations de bénéficier de ses
infrastructures : rénovation d?écoles,
soins aux populations locales, formation
d?infirmiers.
Par ailleurs, en cas de catastrophe
naturelle ou technologique et de risques
sanitaires majeurs dans le monde, la
France mobilise l?ensemble de ses
moyens civils et militaires pour
participer pleinement aux actions de la
communauté internationale.
PRIORITÉ 6
117
La France a également pour objectif de réduire
progressivement les concours apportés aux
énergies fossiles dans le cadre de sa
politique de développement et de solidarité
internationale, et de porter cette position dans
l?ensemble des banques multilatérales de
développement. Dans cette perspective, elle
publiera d?ici 2016 une stratégie fondée sur une
évaluation de l?impact environnemental et
économique de sa politique d?aide au
développement.
Les enjeux pour la France portent aussi sur la
cohérence entre les différents outils
multilatéraux, régionaux et bilatéraux d?aide
et sur la recherche de nouvelles sources de
financement au-delà de la seule aide publique
au développement (APD), tels les
financements innovants, ou encore le
renforcement de la coopération Sud-Sud. De
telles sources seront recherchées
conformément aux engagements de la
conférence de Busan sur l?efficacité de l?aide.
La mobilisation financière des acteurs français
devra répondre à ces exigences de cohérence,
d?efficacité et de transparence.
L?intégration du développement durable
dans l'APD française devra se poursuivre et
s'accélérer , non seulement à travers les
instruments dont dispose l?Agence française de
développement (AFD) mais aussi dans le cadre
du Fonds français pour l?environnement
mondial (FFEM) et de ses contributions aux
fonds mondiaux tels que le Fonds vert pour le
climat et le Fonds pour l?environnement
mondial (FEM).
Enfin, la création en décembre 2013 du
conseil national du développement et de la
solidarité internationale (CNDSI) permettra
de maintenir de manière souple mais
néanmoins institutionnelle une concertation
régulière entre l?État et la société civile.
Pays pionnier en matière de financements
innovants pour le développement, la France
promeut la mise en oeuvre d?une taxe
globale sur les transactions financières
(TTF).
Introduite en France le 1er août 2012, la TTF
s?applique notamment aux transactions
d?actions d?entreprises françaises cotées en
bourse et dont la capitalisation boursière
dépasse 1 Md¤ (0,2%). 11 Etats européens
(Allemagne, France, Espagne, Italie,
Belgique, Portugal, Grèce, Autriche, Estonie,
Slovénie, Slovaquie) ont bâti une coopération
renforcée pour adopter une TTF européenne.
La France se mobilise pour favoriser
l?affectation d?une part significative de ses
recettes au développement, avec deux
priorités identifiées : l?environnement (lutte
contre le changement climatique) et la santé
(lutte contre les grandes pandémies).
118
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Liste des abréviations et sigles
ADEME Agence de l?environnement et de la maîtrise de l?énergie
ADIL Agence départementale d'information sur le logement
AFD Agence française de développement
AFEP Association française des entreprises privées
AIE Agence internationale de l'énergie
ALLENVI Alliance nationale de recherche pour l'environnement
ALLISTENE Alliance des sciences et technologies du numérique
ANAH Agence nationale d?amélioration de l?habitat
ANCRE Alliance nationale de coordination de la recherche pour l?énergie
APD Aide publique au développement
ATHENA Alliance nationale des sciences humaines et sociales
AVIESAN Alliance nationale pour les sciences de la vie et de la santé
BPI Banque publique d?investissement
BTP Bâtiments et travaux publics
CCI Chambre de commerce et d?industrie
CEP Contrat d?études prospectives
CEREMA Centre d?études et d?expertises sur les risques, l?environnement, la
mobilité et l?aménagement
CESE Conseil économique, social et environnemental
CESER Conseils économiques, sociaux et environnementaux régionaux
CFDE Centre de formation du développement durable et de l?environnement
CGDD Commissariat général au développement durable
CNDSI Conseil national du développement et de la solidarité internationale
CNI Conseil national de l?industrie
CNEFOP Conseil national de l?emploi, de la formation et de l?orientation
professionnelles
CNTE Conseil national de la transition écologique
COMER Comité spécialisé pour la recherche marine, maritime et littorale
CORE Comité d?orientation de la recherche et de l?expertise
COSEI Comité stratégique de filière des écoindustries
CPER Contrat de plan État Région
CPRDFOP Contrats de plan régionaux de développement des formations et de
l?orientation professionnelles
EEDD Education à l?environnement et au développement durable
119
EPCI Etablissements publics de coopération intercommunale
ESG (critères) environnementaux, sociaux et de gouvernance
ESPE Ecoles supérieures du professorat et de l?éducation
FEEBAT Formation aux économies d'énergies des entreprises et artisans
du bâtiment
FEM Fonds pour l?environnement mondial
FFEM Fonds français pour l?environnement mondial
FSE Fonds social européen
FTSE Financial Times Stock Exchange
GES Gaz a Effet de Serre
GIEC Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat
GIEE Groupement d?intérêt économique et environnemental
GPEC Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences
GTEC Gestion territoriale des emplois et compétences
INERIS Institut national de l?environnement industriel et des risques
INRS Institut national de la recherche et de sécurité
INSEE Institut national de la statistique et des études économiques
IPBES Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem
Services / Plate-forme intergouvernementale sur la biodiversité et les
services écosystémiques
ISR Investissement socialement responsable
MEDEF Mouvement des entreprises de France
NTIC Nouvelles technologies de l?information et de la communication
OCDE Organisation de coopération et de développement économiques
OMC Organisation mondiale du commerce
OMD Objectifs du millénaire pour le développement
OMS Organisation Mondiale de la Santé
ONEMEV Observatoire national des métiers de l?économie verte
ONG Organisation non gouvernementale
OPCA Organismes paritaires collecteurs agréés
PAC Politique agricole commune
PAE Programme d?action pour l?environnement
PCP Politique commune de la pêche
PEI Partenariat européen d?innovation
PIA Programme d?investissements d?avenir
PIB Produit Intérieur Brut
120
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
PME Petites et moyennes entreprises
PNACC Plan national d'adaptation au changement climatique
PNSE Plan national santé environnement
PREPA Plan de réduction des émissions polluantes
PRIS Point Rénovation Info-Service
R&D Recherche et développement
REACH Registration, Evaluation, Authorization and Restriction of Chemicals /
Règlement sur l'enregistrement, l'évaluation, l'autorisation et les
restrictions des substances chimiques
RSE Responsabilité sociétale des entreprises
RSO Responsabilité sociétale des organisations
SCOT Schéma de cohérence territoriale
SDAGE Schéma directeur d'aménagement et de gestion des eaux
SNB Stratégie nationale pour la biodiversité
SNR Stratégie nationale de recherche
TPE Très petites entreprises
TTF Taxe sur les transactions financières
UE Union européenne
WBCSD World Business Council for Sustainable Development / Conseil mondial
des entreprises pour le développement durable
ZRC Zones de restriction de circulation
121
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Glossaire
Agenda 21 : outil inventé au Sommet de la
terre à Rio en 1992 pour mettre en oeuvre
concrètement le développement durable dans
les territoires. Il s?agit d?un programme
d?actions associant les habitants et les parties
prenantes à son élaboration. Il existe un cadre
de référence pour les projets territoriaux de
développement durable et agendas 21.
Agro-écologie : façon de concevoir des
systèmes de production qui s?appuient sur les
fonctionnalités offertes par les écosystèmes.
Elle les amplifie tout en visant à diminuer les
pressions sur l?environnement et à préserver
les ressources naturelles.
Aménité : une aménité environnementale est
tout aspect de l'environnement appréciable et
agréable pour l'homme, dans un lieu ou site
particulier. Les aménités environnementales
sont a priori gratuitement offertes par la nature,
non-quantifiables, notamment par la monnaie,
et donc inestimables.
Analyse du cycle de vie (ACV) : son utilisation
a pour but de quantifier les flux de matière
dans les écosystèmes. L?ACV est la mesure
des ressources nécessaires (flux de matière)
pour fabriquer un produit ou donner accès à un
service, suivie de la quantification des impacts
potentiels de cette fabrication sur
l?environnement. Par extension, toute activité
peut faire l?objet d?une analyse de cycle de vie.
Plusieurs méthodes peuvent être utilisées pour
les calculs de ces flux, notamment pour
connaître les répercussions complètes de
l?utilisation d?un produit, d'une activité ou d?une
technologie sur l'environnement.
Artificialisation (des sols) : surface retirée de
son état naturel (friche, prairie naturelle, zone
humide etc.), forestier ou agricole, qu?elle soit
bâtie ou non et qu?elle soit revêtue (exemple :
parking) ou non (exemple : jardin de maison
pavillonnaire). Les surfaces artificialisées
incluent donc également les espaces
artificialisés non bâtis (espaces verts urbains,
équipements sportifs et de loisirs etc.) et
peuvent se situer hors des aires urbaines, à la
périphérie de villes de moindre importance
voire de villages, à proximité des dessertes du
réseau d?infrastructures, ou encore en pleine
campagne (phénomène d?urbanisme diffus).
Bassin hydrographique : territoire drainé par
des eaux souterraines ou superficielles qui se
déversent dans un collecteur principal (cours
d'eau, lac) et délimité par une ligne de partage
des eaux.
Biocontrôle : l?ensemble des méthodes de
protection des végétaux par l?utilisation de
mécanismes naturels. Il vise à la protection des
plantes par le recours aux mécanismes et
interactions qui régissent les relations entre
espèces dans le milieu naturel. Ainsi, le
principe du biocontrôle est fondé sur la gestion
des équilibres des populations d?agresseurs
plutôt que sur leur éradication.
Bio-économie : ensemble d?activités
économiques liées à l?innovation, au
développement, à la production et à l?utilisation
de produits et de procédés biologiques.
Biomasse : matière organique (paille, bois,
déchets verts, etc.) qui peut fournir de l?énergie
en étant brûlée pour produire de la chaleur ou
de l?électricité. Elle peut aussi engendrer du
biogaz (méthane) ou des biocarburants
destinés aux véhicules.
Bio-mimétisme : démarche d?innovation, qui fait
appel au transfert et à l?adaptation des
principes et stratégies élaborés par les
organismes vivant et les écosystèmes, afin de
produire des biens et des services de manière
durable, et rendre les sociétés humaines
compatibles avec la biosphère.
Capital écologique : ressources telles que
minéraux, plantes, animaux, air, vus comme
moyens de production de biens et services
écosystémiques : production d?oxygène,
épuration naturelle de l?eau, prévention de
l?érosion, pollinisation des cultures, et même
122
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
fourniture de services récréatifs. Le capital
écologique est l?un des cinq capitaux mobilisés
pour la production de richesse, les quatre
autres étant le capital humain, le capital
financier, le capital social et le capital physique.
Changement climatique : variation du climat
due à des facteurs naturels ou humains. Dans
le cas où l?évolution du climat est due aux
émissions de GES engendrées par les activités
humaines, et altérant la composition de
l'atmosphère de la planète, on parle alors de
changement climatique d?origine anthropique.
Circuits courts : les circuits courts constituent
un mode de distribution de produits agricoles
qui s?exerce soit par la vente directe du
producteur au consommateur, soit par la vente
indirecte, à condition qu'il n'y ait qu'un seul
intermédiaire.
Co-construction : processus d?élaboration
conjointe par l?ensemble des parties prenantes
d?une décision, procédant aux concertations et
consultations jugées utiles par ces parties
prenantes ; l?autorité reste responsable de
l?arbitrage des points ne faisant pas consensus.
Concertation : attitude globale de demande
d?avis sur un projet, par la consultation de
personnes intéressées par une décision avant
qu?elle ne soit prise. L?autorité qui veut prendre
une décision la présente aux personnes
concernées et engage un dialogue avec eux.
L?autorité reste libre de sa décision. La
concertation peut être engagée très en amont
de la décision.
Consultation : processus par lequel les
décideurs demandent l?avis de la population
afin de connaître leur opinion, attentes et
besoins, à n?importe quel stade de
l?avancement d?un projet. Celle-ci n?a
cependant pas de certitude que ses remarques
ou contributions soient prises en compte dans
la décision finale.
Coût global : le coût global est une notion
apparue à la fin des années 1990 dans le coût
de revient d'un bâtiment. Elle témoigne de la
prise de conscience de l'importance des coûts
différés dans une construction. Elle invite à
privilégier les choix d'investissement en regard
des économies qu'ils peuvent générer ensuite
pendant la vie du bâtiment (fonctionnement :
chauffage, rénovation des matériaux, etc.).
Critères « Environnementaux, Sociaux et de
gouvernance » (ESG) : ce sont des critères
extra-financiers, pris en compte dans la gestion
et dans l?investissement socialement
responsable (ISR). Ils permettent d?évaluer la
mesure de la responsabilité d?une entreprise
vis-à-vis de l?environnement, de la société et de
ses différentes parties prenantes (chaînes de
valeurs, sous-traitants, employés, salariés,
partenaires?).
Découplage : il s'agit, pour une même
production de richesse, de réduire continûment
ses impacts, notamment en matière de
consommation de ressources naturelles.
Par exemple, si le PIB français a connu une
hausse d?environ 40% au cours des 20
dernières années, les émissions de gaz à effet
de serre ont quant à elles chuté de plus de
10%. La croissance du PIB qui paraissait
jusqu?ici mécaniquement lié aux émissions de
GES s?est découplée de cette valeur grâce aux
mesures d?atténuation engagées.
Développement durable : la définition
conventionnelle retenue du développement
durable a été formulée en 1987 par la
commission mondiale sur l?environnement et le
développement des Nations unies : « Le
développement durable est un développement
qui répond aux besoins des générations du
présent sans compromettre la capacité des
générations futures à répondre aux leurs ».
Écoconception : l?éco-conception consiste à
intégrer la protection de l?environnement dès la
conception des biens ou services. Elle a pour
objectif de réduire les impacts
environnementaux des produits tout au long de
leur cycle de vie : extraction des matières
premières, production, distribution, utilisation et
fin de vie.
Écologie industrielle : l?écologie industrielle et
territoriale s?inspire du fonctionnement des
écosystèmes naturels pour recréer à l?échelle
du système industriel une organisation
caractérisée par un usage optimal des
ressources et un fort taux de recyclage de la
123
matière et de l?énergie. Concrètement, il s?agit
d?inciter les acteurs économiques à développer
des synergies, de sorte à réutiliser localement
les résidus de production et mutualiser certains
services et équipements.
Économie circulaire : système économique de
production, d'échange et de consommation
conçu et organisé pour minimiser les
prélèvements nets de ressources (énergies
fossiles, matières premières, eau, foncier,
milieux) et les émissions polluantes sources
d'impacts environnementaux et sanitaires
négatifs, tant locaux que globaux.
Économie de fonctionnalité : consiste à
remplacer l?achat d?un bien (ex. : télévision,
voiture, imprimante) par un service (location de
voiture, vélo en libre service, imprimante en
réseau?) de façon à optimiser l?usage du bien.
Économie sociale et solidaire : rassemble les
entreprises organisées sous forme de
coopératives, mutuelles, associations, ou
fondations, dont le fonctionnement interne et
les activités sont fondés sur un principe de
solidarité et d'utilité sociale. Ces entreprises
adoptent des modes de gestion démocratiques
et participatifs. Elles encadrent strictement
l'utilisation des bénéfices qu'elles réalisent : le
profit individuel est proscrit et les résultats sont
réinvestis. Leurs ressources financières sont
généralement en partie publiques.
Économie verte : économie porteuse
d?amélioration du bien-être humain et de
l?équité sociale tout en réduisant de manière
significative les risques environnementaux et la
pénurie de ressources (définition PNUE).
Écosystème : ensemble formé par une
communauté d?êtres vivant entre eux et, par
extension, entre cette communauté et son
environnement. L?écosystème est caractérisé
par des relations d?interdépendance qui
permettent le maintien et le développement de
la vie en son sein (notion de chaînes
alimentaires, de cycles, de niches
écologiques...).
Effet de serre : à l'origine phénomène naturel, il
permet à la température de la basse
atmosphère de se maintenir à 15°C en
moyenne. Il est lié à la présence dans
l'atmosphère de certains gaz dioxyde de
carbone, méthane...) qui piègent le
rayonnement émis par la Terre et renvoie une
partie de ce rayonnement en direction du sol,
contribuant ainsi à réchauffer l?atmosphère. Du
fait de la production par l'homme de gaz à effet
de serre additionnels, la température terrestre
moyenne est en augmentation.
Efficacité écologique : capacité pour un projet à
minimiser son impact négatif sur la biodiversité
et à maximiser les impacts positifs (tout comme
l?efficacité économique concerne la recherche
d?une rentabilité maximale du capital
économique).
Efficacité énergétique : capacité à produire ou
consommer la même quantité de biens et de
services en utilisant moins d?énergie
qu?auparavant.
Externalité : on parle d'externalités lorsque les
actions d'un agent économique ont un impact
positif ou négatif sur le bien-être et le
comportement d'autres agents et que cet
impact n'est pas pris en compte dans les
calculs de l'agent qui le génère. La pollution
engendrée par un site industriel est un exemple
d?externalité environnementale négative car
l'activité industrielle engendre des coûts
négatifs qui ne sont pas supportés par
l'entreprise polluante mais par l'ensemble de la
communauté concernée par les conséquences
négatives.
Facteur 4 : objectif que la France s?est fixé en
2005 (loi d?orientation sur l?énergie) qui vise à
diminuer par quatre nos émissions de gaz à
effet de serre d?ici 2050 (au regard de notre
niveau d?émissions de 1990).
Financement participatif (crowdfunding) :
mécanisme de financement de projets ou
d?entreprises permettant de collecter des fonds
auprès du public en limitant les intermédiaires.
Le financement participatif fonctionne
actuellement principalement par le biais de
plateformes internet. La finance participative
permet, notamment, de financer des projets de
proximité ou défendant certaines valeurs.
124
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Fiscalité écologique : la fiscalité écologique
vise à intégrer dans les coûts supportés par les
acteurs économiques (entreprises, ménages,
secteur public?) le coût des dommages
environnementaux causés par leurs activités.
Elle représente ainsi un moyen
économiquement efficace pour modifier le
comportement des acteurs, conformément au
principe de « pollueur-payeur ».
Gaz à effet de serre : constituants gazeux de
l?atmosphère, naturels ou artificiels, qui
absorbent et réémettent le rayonnement
infrarouge terrestre. Les principaux gaz à effet
de serre sont : la vapeur d?eau (H2O), le
dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4),
le protoxyde d?azote (N2O), l?ozone (O3), les
gaz fluorés (HFC, PFC, SF6), etc.
Gouvernance : mode de régulation des
rapports sociaux et économiques, fondé sur la
reconnaissance mutuelle, le dialogue, la
concertation à différentes échelles de territoire
et entre différents types de parties prenantes,
en vue d?une prise de décision.
Impact environnemental : ensemble des
modifications de l?environnement, qu?elles
soient négatives ou positives, dues à un
organisme, à un aménagement ou à un produit.
L?étude d?impact environnemental est utilisée
pour permettre à l'aménageur de diminuer les
dommages de son projet sur l'environnement.
Infrastructure écologique : cette notion repose
sur une volonté d?intégrer, préserver, restaurer
les espaces naturels dans les politiques
d?aménagement et de gestion du territoire et de
reconnaître leur importante pour la société, en
raison des services qu?ils rendent au même
titre que certaines infrastructures construites.
Intrants : en agriculture, on appelle « intrants »
les différents produits apportés aux terres et
aux cultures, qui ne proviennent ni de
l?exploitation agricole, ni de sa proximité. Les
intrants ne sont pas naturellement présents
dans le sol, ils y sont rajoutés pour améliorer le
rendement des cultures :
- les produits fertilisants : engrais et
amendements,
- les produits phytosanitaires, de la
famille des pesticides : produits utilisés pour
l?éradication des parasites des cultures.
- les activateurs ou retardateurs de
croissance,
- les semences et plants.
Plus généralement on entend par intrant tout
produit nécessaire à la marche d?une
exploitation agricole. Cela va du matériel
agricole aux honoraires du vétérinaire.
Investissement socialement responsable :
processus de sélection par les sociétés de
gestion de portefeuille des valeurs mobilières
qui composent leur portefeuille prenant
systématiquement en compte, en plus de
critères financiers, les pratiques
environnementales, sociales/sociétales et de
gouvernance (ESG) de l?entreprise.
Irréversibilité : impossibilité pour un système de
retrouver spontanément et de manière exacte
son état antérieur à une modification ;
s'applique notamment au capital naturel «
critique » (exceptionnel) ainsi qu'aux
phénomènes de faible ampleur, mais
cumulatifs.
Mitage : prolifération non maîtrisée de
constructions en milieu rural ou en périphérie
des agglomérations.
Modèles d'affaires (business model) :
représentation décrivant les principaux aspects
de l'activité d'une organisation, du point de vue
de ses objectifs et des ressources et moyens
déployés pour les atteindre. Le but d?une telle
démarche est d?identifier l'existence et le
partage de valeur ajoutée entre parties
prenantes sur une période et pour un domaine
d'activité clairement identifiés.
Nanotechnologies : terme générique qui décrit
des applications dans de nombreux domaines
scientifiques mais recouvre d'une manière
générale la recherche sur les principes et
propriétés existant à l'échelle nanométrique,
c'est-à-dire au niveau des atomes et des
molécules. L'objectif des nanotechnologies
consiste à produire des objets ou matériaux
inférieurs à 100 nanomètres.
Nanomatériaux : matériaux caractérisés par
leur taille ou leur structure de base, qui se situe
125
dans l?échelle de 1 à 100 milliardièmes de
mètre. Ils peuvent être utilisés dans de
multiples articles destinés notamment aux
consommateurs, tels que les articles de sport,
les cosmétiques, les peintures, l?électronique et
bien d?autres secteurs?
Normes d'investissement : une norme
d?investissement constitue les modalités
définies comme acceptables (d?un point de vue
légal, ou d?un point de vue social, par exemple)
dans les pratiques d?investissement et inclut les
produits dans lesquels les fonds sont investis.
Obsolescence programmée : l?obsolescence
programmée ou planifiée est le processus par
lequel un bien devient obsolète pour un
utilisateur donné, parce que l?objet en question
n?est plus à la mode ou qu?il n?est plus utilisable.
Obligation de projet : issue d?une démarche
conjointe de la Commission européenne et de
la Banque Européenne d?Investissement, une
obligation de projet est un titre de créance émis
par une entreprise pour stimuler le financement
sur les marchés de grands projets
d?infrastructure dans les domaines des réseaux
transeuropéens de transport et d?énergie.
Obligation verte : titre de créance émis par une
entreprise ou une entité publique (les banques
de développement) qui sert à financer des
projets environnementaux de développement
des énergies renouvelables ou d'amélioration
de l'efficacité énergétique.
Participation du public : le principe de
participation du public posé, pour la première
fois, par la Convention d?Aarhus a été consacré
en 2004 par l?article 7 de la Charte de
l?environnement comme un principe à valeur
constitutionnelle : il permet à toute personne
d?être associée à l?élaboration des décisions
publiques ayant un impact sur l?environnement,
en formulant ses observations sur le projet de
décision.
Perturbateurs endocriniens : les perturbateurs
endocriniens sont des substances chimiques
d?origine naturelle ou artificielle étrangères à
l?organisme qui peuvent interférer avec le
fonctionnement du système endocrinien. Les
plus souvent cités dans les produits de
consommation courante sont, par exemple, le
bisphénol A et les phtalates.
Politique agricole commune : la politique
agricole commune (PAC) est une politique
mise en place en 1962 à l'échelle de l'Union
européenne, concentrée initialement autour de
cinq objectifs majeurs :
- accroître la productivité de l?agriculture en
développant le progrès technique
- assurer ainsi un niveau de vie équitable à la
population agricole
- stabiliser les marchés
- garantir la sécurité des approvisionnements
- assurer des prix raisonnables dans les
livraisons aux consommateurs
La PAC a régulièrement connu des réformes
depuis sa création, conduisant notamment à
une plus grande prise en compte des
thématiques liées à l?environnement, à la
gestion des territoires, ainsi que des enjeux de
qualité et de sécurité alimentaire.
Précarité énergétique : selon les termes de la
loi du 12 juillet 2010, « est en situation de
précarité énergétique une personne qui
éprouve dans son logement des difficultés
particulières à disposer de la fourniture
d?énergie nécessaire à la satisfaction de ses
besoins élémentaires en raison de
l?inadaptation de ses ressources et de ses
conditions d?habitat. »
Pression anthropique : résultat des effets et
impacts générés par les activités humaines sur
les ressources naturelles et les écosystèmes.
Principe de précaution : principe préconisant
une action préventive face à des dangers. «
Lorsque la réalisation d?un dommage, bien
qu?incertaine en l?état des connaissances
scientifiques, pourrait affecter de manière
grave et irréversible l?environnement, les
autorités publiques veillent, par application du
principe de précaution et dans leurs domaines
d?attributions, à la mise en oeuvre de
procédures d?évaluation des risques et à
l?adoption de mesures provisoires et
proportionnées afin de parer à la réalisation du
dommage »
126
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Protocole de Kyoto : adopté en 1997, le
protocole de Kyoto explicite les objectifs et les
moyens pour mettre en oeuvre la Convention-
cadre des Nations Unies sur les changements
climatiques (CCNUCC).
Reporting extra-financier : procédure de
production de données portant sur des critères
ESG et de transparence d?une entreprise ainsi
que sur son impact environnemental, social,
voire sociétal et de gouvernance accessible au
public.
Réseaux intelligents : réseaux matériels de
distributions de fluides (électricité, eau, gaz,
pétrole, transport...), et/ou d'information
(télécommunications) associés à des systèmes
informatiques, capteurs, interfaces
informatiques et électromécaniques permettant
les échanges bidirectionnel de manière à
optimiser les flux.
Résilience : capacité d'un système à résister et
à survivre à des altérations ou à des
perturbations affectant sa structure ou son
fonctionnement, et à trouver, à terme, un
nouvel équilibre.
Responsabilité fiduciaire : la responsabilité
fiduciaire englobe l?ensemble des devoirs de la
personne physique ou morale (généralement
une société de fiducie) qui a la responsabilité
des valeurs déposées en fiducie (par exemple
des actions ou des obligations et qui doit veiller
à ce que toutes les clauses de l?acte de fiducie
soit respecté.
Responsabilité sociétale des entreprises
(RSE), des organisations (RSO): contribution
des entreprises ou organisations aux enjeux du
développement durable. La démarche
consiste à prendre en compte les impacts
sociaux et environnementaux de leurs activités
pour adopter les meilleures pratiques possibles
et contribuer ainsi à l?amélioration de la société
et à la protection de l?environnement. La RSE
(ou RSO) permet d?associer logique
économique, responsabilité sociale et
écoresponsabilité.
Ressourceries : les ressourceries, ou
recycleries, sont des établissements ayant pour
objectif principal de favoriser le réemploi ou la
réutilisation de certains matériaux considérés
comme des déchets. Ces installations
proposent une solution aux collectivités et aux
entreprises pour l'élimination de déchets tels
que les encombrants.
Ressources secondaires : matières premières
(matériaux, substances, organismes) ayant
déjà fait l?objet d?une transformation. (ex : le
plastique, le gasoil, huiles d?origine animale)
Services écosystémiques : avantage matériel
ou immatériel que l'homme retire des
écosystèmes. Ce sont, par exemple, la
production de l?oxygène de l?air, l?épuration
naturelle des eaux, les ressources qui
nourrissent les animaux domestiqués ou
chassés, l?activité des pollinisateurs des
cultures.
Sobriété : la sobriété détermine un modèle de
consommation qui interroge les besoins
essentiels des activités humaines dans la
perspective d?une utilisation des ressources ne
menaçant pas leur disponibilité aujourd?hui et
dans le futur.
Taux d?actualisation : taux qui permet de
rendre comparable un revenu ou une dépense
futurs à un revenu ou une dépense immédiats.
Le taux d?actualisation représente notamment
la préférence pour le présent (par exemple : la
préférence d?avoir 10 euros aujourd?hui plutôt
que 100 euros dans 5 ans). Cette dépréciation
s?explique notamment du fait de l?inflation,
laquelle érode la valeur monétaire, mais
également du risque associé au degré
d?incertitude de la rentabilité futur du projet ou
de l?entreprise
Trames vertes et bleues : outil d?aménagement
du territoire qui vise à (re)constituer un réseau
écologique cohérent, à l?échelle du territoire
national, pour permettre aux espèces animales
et végétales d?assurer leur survie et permettre
aux écosystèmes de continuer à rendre à
l?homme leurs services. Elle inclut une
composante verte qui fait référence aux milieux
naturels et semi-naturels terrestres et une
composante bleue qui fait référence au réseau
aquatique et humide (fleuves, rivières, zones
humides...).
127
Transition écologique : évolution vers un
nouveau modèle économique et social, un
modèle de développement durable qui
renouvelle nos façons de consommer, de
produire, de travailler, de vivre ensemble pour
répondre aux grands enjeux
environnementaux, ceux du changement
climatique, de la rareté des ressources, de la
perte accélérée de la biodiversité et de la
multiplication des risques sanitaires
environnementaux.
Transition énergétique : passage d?une société
fondée sur la consommation abondante
d?énergies fossiles, à une société plus sobre et
plus écologique.
Valorisation énergétique : récupération de
l?énergie dégagée par l?incinération des
déchets ou du biogaz notamment produit dans
les décharges.
Vulnérabilité énergétique : la vulnérabilité
énergétique globale des ménages peut être
définie comme l?exposition des ménages à une
hausse durable du coût de l?énergie et du poids
de celle-ci dans les budgets de la vie
quotidienne et d?activité. Pour les ménages les
plus vulnérables, ce type de hausse pourrait se
traduire par une situation de précarité
énergétique structurelle ou ponctuelle. Bien
qu?ils ne soient pas considérés comme pauvres
au sens de la définition de l?Insee, les ménages
conjuguant des revenus moyens, une forte
dépendance à l?automobile et un éloignement
domicile-travail /activités peuvent être «
vulnérables ».
128
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Index
A
affichage 38, 67, 98, 116
agenda 21 15, 33, 95, 105,122
agriculture 24, 26, 27, 30, 40, 41,
42, 45, 50, 54, 58, 117
air 18, 26, 31, 56, 57, 58
aires marines 111, 115
aménagement 27, 30, 33, 45, 104,125,
127
artificialisation 7, 18, 24, 26, 27, 29, 39,
122
association 11, 24, 32, 52, 58, 68,
74, 83, 84, 94, 96, 98,
102, 103, 105, 107, 108,
112
asthme 8, 57
B
bâtiment 9, 30, 40, 42, 51, 52, 77,
86, t 123
biodiversité 6, 7, 8, 10, 15, 16, 24,
25, 27, 28, 29, 30, 32,
36, 42, 50, 62, 63, 66,
67, 77, 85, 93, 96, 102,
103, 107, 111, 112, 113,
115,
bio-économie 40
biomasse,
biocarburants 39, 40
bio-mimétisme 24, 41
bois 40, 42, 54
bruit 56
C
cancers 8, 57, 58
carbone 10, 18, 21, 24, 35, 36,
37, 38, 39, 40, 41, 42,
44, 49, 55, 66, 67, 77,
98, 114
changement
climatique 6, 7, 8, 10, 15, 16, 18,
24, 25, 28, 29, 30, 36,
44, 49, 50, 52, 53, 54,
55, 63, 84, 92, 93, 112,
114
chimie, chimique 40, 41, 42, 56, 76, 113,
118
circuits courts 27, 30, 45
citoyen 6, 11, 12, 15, 30, 32, 52,
53, 85, 88, 91, 92, 94,
95, 96, 97, 102, 103,
105, 106, 108, 118
climat 6, 7, 32, 52, 55, 56, 58,
67, 83, 86, 111, 112,
113, 114, 115, 119
commerce 30, 88, 104, 116
Commission
européenne 36, 78, 115
communes 32
communication 31, 58, 89, 97, 98, 108
compétitivité 37, 39, 41, 45, 50, 65,
69, 74, 76, 78, 83, 85,
86, 106, 116
concertation 12, 15, 44, 46, 68, 75,
76, 83, 95, 102, 105,
108, 119
consommateur 8, 25, 38, 39, 42, 43, 52,
66, 78, 88, 92, 95, 96,
97, 98, 103, 106
consommation 6, 8, 9, 15, 19, 26, 29,
30, 35, 36, 37, 38, 39,
51, 58, 62, 65, 66, 67,
91, 94, 95, 97, 98, 112,
116
129
construction 29, 30, 32, 33, 42, 54,
57, 74, 83, 84, 94, 96,
102
croissance verte 75, 97, 116, 117
cycle de vie 30, 37, 38, 42, 77, 98,
104
D
déchet 8, 19, 24, 27, 31, 35, 38,
39, 41, 42, 44, 45, 46,
67, 72, 77, 97, 101, 113
découplage 36, 37
départements 32, 75
déplacement 7, 24, 31, 50, 51, 52, 97
développement
durable 6, 9, 10, 11, 12, 14, 15,
16, 19, 21, 23, 24, 25,
30, 32, 33, 36, 38, 65,
72, 77, 78, 91, 92, 93,
94, 95, 97, 102, 103,
104, 105, 106, 111, 112,
113, 116, 117, 118, 119
E
eau 7, 8, 18, 24, 26, 27, 30,
31, 36, 39, 42, 43, 44,
49, 50, 54, 56, 57, 67,
72, 77, 81, 86, 89, 112,
115
économie 6, 7, 8, 9, 16, 19, 21, 24,
27, 31, 32, 35, 36, 37,
38, 39, 45, 58, 61, 62,
64, 73, 74, 75, 76, 77,
78, 79, 82, 95, 97, 102,
104, 105, 106, 107, 111,
116
économie circulaire 16, 19, 21, 35, 36, 37,
38, 45, 62, 107
économie sociale
et solidaire 45, 61, 62, 73, 75, 77,
95, 106
économie verte 16, 24, 74, 75, 76, 77,
79, 82, 116
écosystème 6, 7, 24, 25, 26, 27, 28,
36, 42, 44, 55, 58, 62,
63, 85, 88, 111, 112,
115
éducation 10, 19, 46, 52, 74, 91,
92, 93, 94, 95, 96, 102
efficacité énergétique 31, 39, 40, 42, 72
égalité 50, 65, 106, 108
électricité 35, 39, 40, 43, 52, 63
emploi 6, 9, 28, 32, 37, 39, 45,
51, 55, 61, 62, 69, 71,
72, 73, 74, 75, 76, 77,
79, 92, 106, 107, 115,
116
énergie 8, 16, 19, 27, 29, 30, 31,
35, 37, 38, 40, 42, 45,
46, 49, 50, 51, 52, 54,
56, 58, 61, 67, 74, 77,
81, 82, 86, 88, 93, 116,
117
énergies fossiles 7, 18, 35, 36, 37, 39, 63,
117, 119
énergies
renouvelables 27, 30, 35, 37, 39, 40,
42, 63, 72, 103
entreprise 9, 11, 27, 31, 36, 37, 38,
39, 41, 43, 45, 46, 50,
51, 52, 53, 58, 62, 63,
64, 65, 66, 68, 69, 72,
73, 76, 77, 78, 79, 83,
85, 86, 88, 98, 102, 103,
104, 105, 106, 107, 108,
116
éolien 39, 63
étalement urbain 30, 51
État 11, 14, 15, 16, 18, 27,
30, 32, 37, 38, 41, 51,
52, 68, 69, 75, 102, 103,
104, 105, 106, 111
étiquetage 66
Europe 6, 10, 11, 12, 16, 21, 32,
36, 37, 38, 40, 41, 43,
45, 50, 51, 56, 58, 59,
63, 66, 67, 69, 82, 86,
94, 102, 104, 112, 114,
115, 116, 117, 118
130
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
externalités 67
F
femme 51, 57, 65, 77, 106
ferroviaire 42
financement 9, 39, 45, 46, 55, 61, 62,
63, 64, 65, 66, 69, 105,
113, 115, 119
fiscalité 51, 67, 116
fluvial 42
forêt 24, 27, 40, 54
formation 14, 45, 46, 51, 52, 57,
69, 71, 73, 74, 75, 76,
77, 78, 92, 93, 94, 102,
108, 116
G
gaspillage 42
gaz 18, 27, 39, 40, 43, 52
gaz à effet de serre 7, 30, 36, 114
gouvernance 11, 14, 29, 32, 64, 65,
68, 72, 83, 84, 85, 102,
108, 111, 112, 113
H
habitat 7, 18, 24, 32, 49, 50, 51,
57, 58, 111
halieutiques 7, 117
handicap 86
I
impacts 7, 9, 30, 36, 37, 38, 39,
40, 44, 49, 50, 52, 53,
55, 56, 62, 67, 79, 86,
105, 108, 117
importations 8, 38, 40, 41, 44
indicateurs 12, 16, 17, 18, 19, 33,
35, 49, 51, 61, 62, 65,
71, 81, 91, 101, 111,
116
industrie 7, 10, 19, 27, 31, 33, 35,
38, 40, 41, 44, 45, 46,
54, 58, 61, 72, 82, 83,
88, 89, 116
inégalité 8, 9, 19, 21, 30, 32, 49,
50, 51, 55, 56, 57
information 31, 32, 38, 43, 51, 53,
55, 58, 65, 66, 67, 74,
81, 88, 89, 91, 92, 96,
97, 98, 104, 117
innovation 8, 9, 19, 21, 24, 30, 35,
37, 41, 42, 51, 73, 81,
82, 83, 85, 86, 87, 88,
89, 91, 92, 94, 95, 105,
116, 117
inondation 10, 24, 29, 30, 52, 53,
55
insertion 32, 77, 108
international 10, 12, 21, 31, 32, 40,
45, 95, 102, 104, 112,
113, 116
investissements 9, 19, 37, 55, 61, 62, 63,
64, 65, 66, 67, 73, 78,
81, 82, 85, 86, 104, 106
J
jeunes, jeunesse 32, 77, 92
justice 50, 58, 69
L
littoral 29
logement 10, 23, 26, 31, 32, 49,
50, 51, 52, 57
M
matières premières 18, 36, 37, 39, 40, 41,
42, 44, 67
mer, marine, maritime 7, 10, 18, 26, 28, 39, 42,
51, 52, 55, 57, 82, 115,
117
131
métropoles 24, 32
milieux naturels 7, 27, 44, 111, 112, 115
ministère 14, 74, 82, 104
mobilité 30, 31, 42, 51, 52, 76,
84, 104
mode de vie 6, 8, 10, 55, 58, 85, 86,
92, 94, 97
N
nanomatériaux,
nanotechnologies 8, 59, 96, 118
nitrates 7, 18, 41
nucléaire 35, 40
nuisances 8, 55, 56
O
obsolescence 38
ondes 56, 96
outre-mer 7, 29, 37, 43, 50, 112,
115
P
partenariat 27, 28, 85, 86, 93, 98,
106, 107
perturbateurs
endocriniens 8, 59, 117
pesticides 7, 27, 58
pétrole 18, 39
photovoltaïque 63
PIB 7, 18, 19, 35, 37, 63, 71,
116
PME/TPE 77
politiques publiques 10, 11, 12, 14, 16, 32,
33, 38, 39, 50, 62, 64,
74, 75, 83, 86, 103, 105,
113
pollution 7, 8, 18, 24, 26, 27, 28,
29, 30, 56, 58, 63, 67,
77
population 8, 19, 24, 28, 30, 36, 49,
53, 55, 58, 92, 101
précarité énergétique 18, 39, 50, 51, 52
prévention 29, 52, 53, 55, 57, 58
principe de précaution 86
prospective 29, 86, 103, 105, 108
Q
quartier 30, 108
R
réchauffement climatique 65
recherche 9, 10, 19, 21, 24, 28, 41,
42, 51, 56, 66, 69, 79,
81, 82, 83, 84, 85, 87,
89, 94, 96, 106, 117,
119
récupération 44
recyclage 19, 27, 30, 35, 37, 38,
39, 41, 42, 45, 82, 85,
97
région 11, 15, 45, 75, 76, 85,
106
réseau 14, 25, 31, 32, 33, 42,
43, 44, 45, 51, 88, 95,
96, 97, 103, 104, 105,
106, 108, 111, 115
résilience 23, 26, 28, 29, 33, 44,
63
responsabilité
sociétale 14, 64, 72, 73, 76, 78,
79, 94, 105, 116
ressource 6, 7, 8, 9, 15, 16, 18, 24,
25, 26, 27, 28, 29, 30,
32, 35, 36, 37, 38, 39,
40, 41, 42, 44, 46, 50,
54, 55, 59, 62, 66, 67,
81, 86, 93, 96, 102, 104,
105, 106, 112, 113, 115,
116, 117
risques industriels 29, 55
risques naturels 24, 25, 32, 50, 53, 57,
96
132
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
risques sanitaires 6, 7, 8, 16, 50, 55, 84,
88, 96, 118
ruraux 24, 25, 28, 52, 108
S
santé 6, 8, 10, 18, 32, 49, 50,
52, 55, 56, 57, 58, 59,
82, 83, 86, 88, 93, 117
sensibilisation 7, 52, 53, 55, 77, 92, 97,
102
sobriété 6, 30, 37, 38, 39, 40, 54
social 9, 11, 30, 31, 50, 51, 54,
62, 65, 69, 74, 78
société 6, 9, 11, 12, 15, 37, 50,
62, 65, 69, 78, 83, 84,
86, 87, 89, 91, 92, 95,
96, 97, 102, 103, 104,
105, 112, 113, 114, 115,
118, 119
solaire 39
solidarité 15, 25, 29, 55, 93, 118,
119
sols 8, 18, 24, 26, 27, 29, 32,
40, 41, 42, 57, 83
sport 30, 58, 94, 96, 98
syndicats,
organisations
syndicales 12, 77, 102, 103, 105,
107
T
télétravail 55
territoire, territorial 6, 7, 8, 11, 14, 15, 18,
19, 21, 23, 24, 25, 26,
27, 28, 29, 30, 32, 33,
35, 37, 39, 40, 44, 45,
46, 49, 50, 51, 52, 54,
55, 56, 57, 58, 63, 64,
67, 74, 75, 76, 83, 84,
86, 87, 92, 97, 102, 103,
104, 105, 106, 108, 112,
115
tourisme 29, 54, 117
traçabilité 42, 65
trames vertes
et bleues 26, 54
transition écologique 6, 9, 10, 11, 12, 14, 15,
16, 19, 21, 25, 29, 32,
33, 41, 50, 52, 58, 61,
62, 63, 64, 65, 67, 68,
69, 71, 72, 73, 74, 75,
76, 77, 78, 79, 82, 83,
84, 85, 86, 89, 92, 93,
94, 97, 102, 103, 104,
105, 106, 107, 111, 112,
116, 117, 118
transition énergétique 27, 33, 39, 41, 43, 46,
51, 52, 62, 64, 66, 74
transparence 44, 65, 69, 78, 86, 108,
119
transport 9, 23, 30, 31, 35, 38, 40,
42, 43, 45, 49, 50, 51,
52, 58, 74, 77, 98, 117
U
Union européenne 7, 12, 40, 106, 111, 112,
114, 117
université 74, 94
urbain 23, 24, 25, 26, 28, 29,
30, 31, 32, 33, 41, 43,
45, 53, 55, 58, 86, 95,
107, 108, 117
V
valorisation
énergétique 44
véhicule 41, 42, 43, 58, 85
vélo 30
villes 29, 30, 45
voiture 51, 52, 77
vulnérabilité
énergétique 49, 50, 51
Z
zone d?activités 44, 45
zones humides 7, 26
133
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
134
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Crédits photos : A. Bouissou, O. Chatté, G. Crossay, T. Degen, D.
Joseph-Reinette, L. Mignaux, B. Suard / MEDDE-METLR - Stéphane Mahé /
DREAL Bretagne - Yann Werdefroy
Contact
Délégation au développement durable ?
Tour Séquoïa
92055 La Défense Cedex
01 40 81 34 65
135
INVALIDE) (ATTENTION: OPTION dans
la commande publique est un levier de l?État
et des collectivités territoriales pour orienter
l'offre dans le sens du développement durable.
Il est également primordial d'inscrire la
sobriété et l?efficacité, notamment
énergétique, au coeur de nos modes de
consommation. Une telle ambition, déclinée
dans la loi relative à la transition énergétique
pour la croissance verte, est indispensable
pour réduire de moitié la consommation
énergétique finale à l'horizon 2050.
De nombreux produits restent sous-utilisés :
mutualiser l'usage de ces biens à travers des
systèmes marchands (location, achats en
commun à l?instar des coopératives d?utilisation
de matériel agricole?) ou non marchands
(ludothèque?) crée de nouvelles activités et
permet aux consommateurs d'accéder à un
large panel de biens, de meilleure qualité, et de
préserver leur pouvoir d'achat.
Trop de produits endommagés ou tout
simplement usagés qui deviennent des déchets
pourraient pourtant être réutilisés au moyen de
structures adéquates (réparation, refabrication,
ressourceries...). Dans ce contexte,
l'émergence de nouveaux modèles
économiques et de nouveaux
comportements des consommateurs ,
comme l?économie de fonctionnalité reposant
sur la vente de l'usage au lieu de la vente d'un
bien (auto-partage ou service de
location/entretien d?articles de textile par
exemple), est à promouvoir, en s?appuyant
39
PRIORITÉ 2
notamment sur la révolution numérique qui
facilite la mise en relation des consommateurs
dans une démarche d?économie collaborative,
et en accompagnant les entreprises.
Toutes ces activités seraient favorisées si le
prix des ressources reflétait davantage les
impacts environnementaux liés à leur utilisation
et leur rareté, incitant ainsi les acteurs
économiques à les économiser. Les taxes sur
les émissions, la consommation d?espace, la
facturation proportionnée (comme par exemple
la tarification incitative pour les déchets) et la
suppression des subventions dommageables
sont autant d?instruments susceptibles
d?envoyer un signal prix au producteur ou
au consommateur pour une utilisation plus
efficace des ressources . Des financements
adaptés pourraient également orienter les
comportements des entreprises et des
particuliers , à l'instar des dispositifs mis en
place pour la rénovation énergétique :
allègements fiscaux, éco-prêt à taux zéro ou
bien encore mise en place du tiers financement
pour faire l?avance des coûts des travaux aux
particuliers.
Par ailleurs, le développement de nouveaux
modèles de rémunération de services basée
sur la performance est à étudier. Des
initiatives de ce type existent déjà dans les
services d?eau potable (contrats de délégation
de service publics dans lesquels la
rémunération du délégataire est en partie
fonction de la performance du service).
Rendre notre économie moins dépendante des ressources non renouvelables
Réduire l'utilisation des ressources non
renouvelables (combustibles fossiles, métaux,
granulats, terres,..) et la vulnérabilité de notre
économie vis-à-vis de ces ressources doit
devenir une orientation stratégique forte des
politiques publiques, notamment via le recours
accru aux matières premières de recyclage, le
développement massif des énergies
renouvelables, l?utilisation accrue et optimisée
de la biomasse et le frein à l'artificialisation.
Cette évolution doit se faire tout en veillant à ne
pas transférer les pressions et notre
dépendance d?une ressource sur une autre.
L?ensemble des activités présentées dans cette
section peut de plus constituer des
opportunités pour les entreprises françaises de
développer des savoir-faire spécifiques et de
créer des emplois, avec un fort ancrage
territorial.
La substitution de ressources non
renouvelables par des ressources
renouvelables durables
L?émergence d?une économie sobre en
carbone implique une restructuration du
système énergétique, devant également
contribuer à renforcer la sécurité énergétique,
redresser la balance commerciale, préserver la
compétitivité des entreprises et lutter contre la
précarité énergétique.
Reposant sur ces grands principes fixés dans
la loi relative à la transition énergétique pour la
croissance verte, cette transition énergétique
doit jouer de manière complémentaire sur la
réduction de la demande (sobriété et
efficacité énergétique) et sur l'offre, en
rééquilibrant le mix énergétique, à travers
notamment la réduction de la part du nucléaire
dans la production d?électricité de 50 % à
l?horizon 2025 et le développement
d'alternatives aux combustibles fossiles (et plus
particulièrement un recours accru aux énergies
renouvelables : solaire, éolien, hydraulique,
géothermie, énergies marines, biomasse) pour
la production de chaleur, d'électricité et de
substituts au pétrole et au gaz. Une telle
évolution est nécessaire pour atteindre l'objectif
de réduction de 30% de la consommation
d'énergies fossiles en 2030.
40
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
La loi relative à la transition énergétique pour la
croissance verte prévoira notamment
l?élaboration d?une stratégie bas carbone pour
répondre à ces enjeux majeurs, et placera les
territoires au coeur de cette transition en
mettant à la portée des acteurs des moyens
concrets de s?impliquer et de coopérer.
Pour s'inscrire dans une perspective bas
carbone et en complémentarité avec le
développement accéléré des énergies
renouvelables, la diversification du mix
énergétique s'appuiera sur des politiques et
actions volontaristes de sobriété et d'efficacité
énergétique dans tous les secteurs (bâtiment,
transports, industrie, agriculture...) et chez tous
les acteurs.
Les modalités de soutien aux énergies
renouvelables devront par ailleurs évoluer
afin d'accompagner leur développement dans
la durée grâce à un cadre incitatif et financier
stable, et de maximiser le retour en emplois de
ces investissements. Elles viseront également
une meilleure intégration dans les systèmes
énergétiques européens (électricité, gaz,
chaleur...) et la complémentarité entre
production d'électricité et de chaleur.
Ces nouveaux modes de production d?énergie,
qui induisent une demande croissante de
certaines ressources (acier, bois, métaux,
terres agricoles), doivent s?inscrire dans une
perspective de gestion durable des ressources.
La bio-économie, la chimie verte, ainsi que
la gestion dynamique, multifonctionnelle et
durable de la forêt doivent être
développées .
Les prélèvements en matières premières
associés à ces filières rendent nécessaire une
meilleure prise en compte des impacts
environnementaux et sociaux de nos
importations, à travers l?instauration de
critères environnementaux et/ou sociaux
aux niveaux international et européen , à
l?image de ce que l'Union européenne met en
place pour les biocarburants (critères liés aux
émissions de GES et à l?utilisation des sols).
La substitution de ressources vierges par
des ressources secondaires
L?utilisation des matières premières de
recyclage permet de réduire substantiellement
les pressions environnementales liées à
l?extraction des matières premières vierges et
de réduire la dépendance de l?industrie
française vis-à-vis des importations. Ce
recours accru aux matières premières de
41
PRIORITÉ 3
recyclage , notamment celles à haute valeur
ajoutée, passe par la suppression des
substances toxiques ou à risque et par
l?anticipation et l?organisation des usages en
cascade. Cela suppose une diminution
soutenue des flux allant en décharge.
L?orientation des déchets vers les filières de
recyclage les plus efficaces constitue
également un levier pour réduire les pertes de
matières, ce qui passe par la lutte contre les
trafics et installations illicites via un contrôle
renforcé de l?État par l?appui au développement
d?infrastructures de recyclage en France. Ces
orientations, largement déclinées dans le plan
de réduction et de valorisation des déchets
2014 ? 2020, doivent être complétées par un
appui technique et financier aux pays en voie
de développement dans ce domaine.
Pour mobiliser les différentes composantes de
notre mine urbaine (masse de déchets dont on
peut extraire les matières premières qu?ils
contiennent), les pouvoirs publics, en
collaboration avec les acteurs économiques,
veilleront à améliorer la connaissance des
flux et gisements , en particulier concernant
les déchets d?activités économiques et sur les
matières offrant un fort potentiel de création de
valeur ajoutée.
Une attention particulière est à porter à
certaines matières premières critiques (dont
les terres rares) indispensables aux entreprises
françaises qui veulent être compétitives dans
l?offre de solutions liées à la transition
énergétique.
La réutilisation des eaux usées traitées doit
être promue , en particulier dans l?agriculture.
Les initiatives déjà existantes (comme pour les
eaux de lavage des véhicules) doivent être
soutenues. La fertilisation issue d?effluents
d?élevage en substitution à l?azote minéral doit
également être développée dans la limite de
l?équilibre de la fertilisation des sols et de la
réglementation en matière de nitrates.
La réutilisation des eaux issues des stations
d?épuration est en outre intégrée à l'un des
axes de travail du plan "qualité de l'eau et
gestion de la rareté", dans le cadre de la
Nouvelle France Industrielle.
Mettre en place une nouvelle politique industrielle et agricole plus économe en
ressources et s'appuyant sur l'innovation
Des innovations ont d?ores et déjà permis
d?améliorer les performances
environnementales des procédés. Ces progrès
restent insuffisants et nécessitent des
technologies de rupture et des innovations
partagées entre les différents acteurs de la
chaîne de valeur autour de projets collaboratifs,
axe majeur de la politique de soutien à
l?innovation et de renforcement de la
compétitivité des entreprises. Ces innovations
pourront notamment s?inspirer du
fonctionnement du vivant, le bio-mimétisme
permettant de produire des biens et services
plus durables. L?ensemble des activités
industrielles et agricoles sont concernées. Des
dispositifs de soutien à ces innovations seront
mis en place pour financer les opérations de la
recherche de base jusqu?à la mise en place
opérationnelle, notamment dans le cadre des
34 plans de reconquête industrielle dont une
large part est déterminante pour la transition
écologique.
S?agissant des procédés industriels , les
industries intensives en énergie (acier, chimie)
ont déjà réalisés d?importants progrès qu?il
s?agit d?étendre aux secteurs non soumis au
marché carbone européen et au tissu des
PME, notamment par un déploiement
progressif des technologies disponibles les
plus performantes et par un
accompagnement technique et financier
approprié . Hors énergie, l'apparition de
nouvelles technologies de simulation et de
production par impression 3D devrait permettre
des économies de matières.
42
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Dans le secteur des déchets , des gains de
productivité (adaptation des fréquences,
optimisation des tournées) et des innovations
de rupture (réseaux de collecte enterrés,
logistique inversée) sont attendus en matière
de collecte. A l'étape du tri et de la valorisation,
l'accès à la matière peut être complexe, même
après une démarche d'éco-conception, et
nécessite le développement de nouvelles
technologies faisant appel à la mécanique, la
robotique, l?optique et la métrologie. Enfin,
l'incorporation croissante de matières
premières de recyclage dans la fabrication
nécessite d?accroître la traçabilité des flux et
la caractérisation des matières .
Concernant l?agriculture , les efforts doivent
être renforcés en matière d?efficacité
d?utilisation et de réduction de l'usage des
intrants chimiques, énergétiques et de l'eau, de
préservation et de restauration de la
biodiversité, des capacités de stockage de
carbone des écosystèmes et de la
fonctionnalité des sols. Ces évolutions
constitutives de l'agro-écologie , conciliant
performance économique et environnementale,
doivent s?accompagner du développement
de systèmes d'alimentation durable , incluant
la lutte contre le gaspillage alimentaire. Cela
contribuera à une offre alimentaire sûre,
diversifiée et issue de modes de production
respectueux de l'environnement.
Dans le secteur de la construction et de la
rénovation des bâtis existants, les politiques
en faveur de l?efficacité énergétique et des
énergies renouvelables doivent être intégrées à
une conception globale du bâti , et être
renforcées et complétées par une utilisation
plus efficace des ressources tout au long
du cycle de vie des bâtiments et des
infrastructures . Le recours au bois, et plus
largement aux matériaux biosourcés, un
recyclage accru des déchets du BTP, une
meilleure conception reposant sur des
approches architecturales adaptées aux
différents contextes et une évolution des
réglementations permettraient de donner des
relais de croissance à ce secteur.
Les systèmes de transports répondent aux
besoins de mobilité mais sont consommateurs
d'énergie et engendrent des effets négatifs sur
l'environnement. Pour relever ces défis ainsi
que répondre aux enjeux identifiés par la
commission Mobilité 21 (la desserte et
l?accessibilité des territoires nationaux et
européens, les besoins de mobilité du
quotidien, les enjeux environnementaux et
énergétiques et la soutenabilité financière),
quatre grands axes d'innovation doivent être
poursuivis :
- les véhicules propres et sobres , qui
comprennent les véhicules électriques ainsi
que les véhicules de toutes motorisations et
de toutes sources d?énergie produisant de
faibles niveaux d?émissions de GES et de
polluants atmosphériques. Le déploiement
des véhicules électriques routiers s'appuie
sur un réseau de points de recharge dont la
diffusion est accélérée grâce au
Programme d?investissements d?avenir
(PIA). Le programme « véhicule du futur »
opéré par l'ADEME a comme objectif
d?accélérer le développement
des véhicules routiers faiblement émetteurs
de CO2, des solutions de mobilité, du
ferroviaire (train du futur), du maritime et du
fluvial (navires du futur, complété par un
appel à projets d'aide aux investissements
pour des ferries propres) ;
- Les infrastructures routières innovantes
et économes en énergie , à travers
l?utilisation de techniques et matériaux
économes en énergie, le recyclage de
matériaux, l?efficacité énergétique des
équipements de la route, la capacité de
stockage et de restitution d?énergie
thermique des chaussées, l?intégration de
production électrique, la conception
modulaire, permettant d?optimiser
l?entretien ou le renouvellement, la capacité
dépolluante des revêtements.
L?engagement des acteurs économiques au
côté de l?État et des collectivités est
indispensable pour relever le défi du
déploiement de ces infrastructures. Des
démonstrateurs fourniront une vitrine du
savoir-faire français à l?international ;
- la logistique et gestion de flux ,
s'appuyant sur des véhicules propres, sur
le report modal, sur une organisation
innovante des chaînes logistiques et sur les
systèmes de transport intelligents. La
conférence nationale sur la logistique
organisée en 2015 aura pour objectif
43
d?améliorer la performance de la logistique
en France au service de son économie.
L?article 41 de la loi du 28 mai 2013 portant
diverses dispositions transport prévoit son
organisation et l?évaluation de
l'opportunité de mettre en oeuvre un
schéma directeur national de la logistique.
La logistique urbaine génère en particulier
une opportunité de mêler des offres
s'appuyant sur des véhicules décarbonés
mais aussi sur des véhicules silencieux de
grands gabarits livrant leurs marchandises
en horaires décalés. Les initiatives locales
se multiplient en ce sens. L?État doit
accompagner la diffusion des pratiques
innovantes, en lien avec les collectivités,
responsables du droit du sol et des
réglementations de la circulation et du
stationnement, interlocuteurs
indispensables des entreprises de transport
et de logistique urbaine.
- Les systèmes et services de transports
intelligents, dispositifs utilisant des
technologies de l?informatique et des
communications, qui sont à la base du
développement de nouvelles formes de
mobilité fondées sur l?information. La
stratégie nationale sur les transports
intelligents « Mobilité 2.0 » initiée en 2014
vise à favoriser les transports intelligents
par le développement de l?information
multimodale porte-à-porte, le lancement du
débat national sur l?ouverture des données
transport, le lancement d?un projet national
pilote sur les systèmes coopératifs
(véhicules connectés), la mise en commun
des besoins des autorités organisatrices et
gestionnaires de réseaux, la facilitation de
l?expérimentation in situ, notamment des
véhicules autonomes et par le
développement des compétences. Pour
accompagner cette stratégie, il importe que
la filière française des systèmes de
transports intelligents se structure,
notamment pour développer sa capacité
d?innovation collective et sa capacité
d?exportation.
Les réseaux de transport et de distribution
d?électricité, de gaz et de chaleur sont au
coeur de la transition énergétique, de la
Nouvelle France Industrielle et des
Programmes d?Investissements d?Avenir. Les
réseaux d?électricité sont de plus en plus
sollicités, aux niveaux local, national et
européen, pour intégrer les sources de
production d?électricité décentralisées et
intermittentes. Trois axes d'évolution
permettent de répondre à ces défis, en
s'appuyant sur l'expérience des zones non
interconnectées telles que les outre-mers et la
Corse :
- le développement des réseaux
intelligents qui permettent l'échange
d'informations entre consommateurs,
producteurs et gestionnaires de réseaux
(compteurs communicants) ;
- l'augmentation des capacités de
stockage de l'électricité , que ce soit par
des solutions éprouvées (stations de
transfert d'eau par pompage) ou
émergentes (hydrogène et piles à
combustible notamment) ;
- Le développement ou l?optimisation de
technologies de transfert entre réseaux
(technologie hybrides, Power to Gas, ...)
notamment grâce à une gestion de la
pointe mutualisée entre les réseaux.
Les conflits sur les usages de l'eau dans un
contexte de changement climatique poussent à
traiter à la fois sa disponibilité et sa qualité.
L'amélioration de la qualité de l'eau dans les
milieux naturels permettra de réduire le
traitement de l'eau potable et les coûts
associés. L'instrumentation des réseaux et le
suivi des données collectées en temps réel
favoriseront la détection précoce des fuites.
Les stations d'épuration peuvent devenir
neutres en carbone (récupération de chaleur
dans les réseaux d'eaux usées, valorisation
Le fonctionnement à très basse
température de réseaux de chaleur
permettrait de multiplier les sources de
chaleur dispersées sur le territoire urbain
et de faciliter le stockage de chaleur, en
particulier dans le sous-sol. Leur
déploiement suppose le développement de
réseaux intelligents, qui favorisent la
circulation d?information en temps réel du
consommateur vers le producteur et
inversement, semblable au déploiement
des compteurs intelligents Linky pour le
réseau électrique.
44
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
PRIORITÉ 4
énergétique des boues) et les boues peuvent
fournir des ingrédients d'intérêt, notamment le
phosphore, par des procédés à industrialiser.
Les industries extractives et de première
transformation ont déjà réalisé d'importants
progrès pour réduire les impacts
environnementaux liés à leurs activités.
Néanmoins, des progrès sont encore
possibles, par exemple via la symbiose
industrielle et l?éco-conception ou encore
avec le développement du concept de mine
responsable et l?encouragement à sa mise en
oeuvre effective. Ces efforts participeront à une
meilleure acceptabilité sociale de ces activités,
indispensable à une réindustrialisation
française. Ils permettront également de
s?assurer que les biens produits répondent à
des critères environnementaux, sanitaires et
sociaux de qualité. Le concept de mine
responsable ainsi que ses applications seront
portés dans les instances européennes et
mondiales de façon à réduire également les
impacts associés à nos importations de
matières premières et de produits. La
modernisation du modèle minier français sera
poursuivie en réformant le code minier pour
améliorer les conditions de sécurité des
activités extractives et la gestion de l?après-
mine dans le respect des exigences
environnementales, de transparence et de
rareté des ressources.
Mobiliser les territoires et favoriser les initiatives locales
Les territoires sont à la croisée des enjeux
économiques, sociaux et environnementaux.
Les projets d?écologie industrielle territoriale
sont une voie pour relever ces défis et garantir
l?attractivité et la résilience des territoires.
Il s?agit de repenser les activités économiques
dans leur ensemble à l?échelle du territoire
comme un écosystème spécifique, et ce en
concertation avec l?ensemble des acteurs
locaux, publics comme privés. L?écologie
industrielle territoriale se concrétise par la mise
en oeuvre sur un territoire ou sur une zone
d?activités de synergies de plusieurs types :
l?échange et la valorisation de ressources
(chaleur, eaux industrielles, déchets...), le
partage d?équipements (parc de stationnement,
lieu de réunion, réseau de chaleur?), la
mutualisation de services (restauration
interentreprises, gestion collective des
déchets...) et la création d?activités et le
développement de filières locales de
valorisation de ressources (recyclage des
déchets ou énergie décentralisée par
exemple). Les projets d?écologie industrielle et
territoriale concernent tous les
secteurs (l?industrie, les services, l?agriculture)
et tout type d?entreprises (des plus grandes à
l?artisanat ou aux commerces de proximité). Ils
jouent par ailleurs un rôle essentiel dans les
villes - territoires qui concentrent aujourd?hui
une large part des enjeux économiques,
La mine responsable s'inscrit dans un
projet de territoire. Elle veille à réduire les
impacts environnementaux, sanitaires ainsi
que les nuisances (destruction du paysage,
bruit...) à toutes les étapes de son cycle de
vie : exploitation souterraine profonde de
façon à perturber le moins possible la
surface et les premiers cent mètres, qui sont
ceux de la coexistence des zones de vie
(eau, paysage, biologie, etc.) ; valorisation
de l?ensemble des minerais et métaux ;
intégration de la gestion de l?espace
souterrain (recyclage de l?eau, stockage des
déchets de l?extraction dans les cavités
abandonnées). Associant étroitement les
parties prenantes et ce le plus à l?amont
possible du projet, la mine responsable a
également comme objectif la création et la
stabilité du tissu social. Elle anticipe ainsi la
gestion sociale de l?après-mine (préparation
de la reconversion du territoire).
45
humains et environnementaux. Cette
intégration de l?écologie industrielle dans les
problématiques de ville durable doit également
favoriser le développement de vitrines
industrielles, favorisant la compétitivité des
entreprises françaises en France et à
l?international.
Il s?agit également de faciliter le
développement de filières et de sites de
proximité exemplaires , de renforcer la
pédagogie sur les bénéfices liés au recyclage
de proximité (emplois créés, utilisation de
l?énergie issue de certains flux de déchets :
méthanisation en exploitations agricoles,
cogénérations en scieries, application
intelligente du principe de proximité...), de
favoriser les circuits courts de
commercialisation . Au niveau national voire
européen, il s?agira de clarifier les possibilités
d?action en faveur du recyclage de proximité et
des marges de manoeuvre juridiques tout en
restant dans le cadre de la concurrence
internationale. Des évolutions sont attendues
concernant le code des marchés publics et plus
généralement de la commande publique. Une
forte attente concerne le secteur du BTP : la
rénovation urbaine et la densification autour
des transports en commun vont être la source
de nombreuses opportunités de réutilisation de
déblais et de gravats.
Il est en outre essentiel de promouvoir et de
pérenniser les activités liées au réemploi, à
la réutilisation et au recyclage , car elles
génèrent de nombreux emplois non
délocalisables, notamment au sein de
l?économie sociale et solidaire.
En France et à l?international, plusieurs
initiatives ont été lancées en faveur de
l?écologie industrielle territoriale, avec la
mobilisation de multiples acteurs (industriels,
services, politiques, académiques), et
rencontrent un soutien public croissant
(lancement d?expérimentations, appel à projet
territoires « zéro déchet », financement de
programmes de symbioses industrielles,?).
Les collectivités territoriales sont au coeur de la
démarche, en particulier les régions car elles
sont en charge du développement économique
sur leur territoire et sont mobilisées pour
construire et mettre en oeuvre des
stratégies régionales d?économie circulaire .
Elles pourront également s?appuyer sur les
chambres consulaires en tant que promoteurs
des démarches d?économie circulaire auprès
des entreprises.
Les collectivités territoriales disposent de
leviers importants : la commande publique
(par exemple la soumission des projets
industriels ou d?aménagement de zone
d?activités à un critère d'éco-conditionnalité), la
formation professionnelle (par exemple la
formation d?animateur de projets d?écologie
territoriale), la planification locale
(généralisation de la prise en compte de
l?utilisation efficace des ressources dans les
différents plans et schémas locaux) et le
financement (par exemple les fonds
européens).
L?État et ses services déconcentrés ont
également un rôle clé à jouer en créant un
cadre national favorable au déploiement de
telles démarches (intégration dans les
orientations stratégiques, financement des
projets d?écologie industrielle territoriale,
formation et éducation, R&D, concertation
multi-acteurs, encouragement de démarches
volontaires, réglementation...) et en
accompagnant les collectivités territoriales (par
exemple par la fourniture de guides
méthodologiques) et les entreprises.
Pour stimuler les initiatives locales et accélérer
la transition énergétique au niveau territorial,
des appels à projets seront ainsi lancés tels
que ceux sur les territoires à énergie positive
(TEPOS) et sur la méthanisation pour produire
de l?énergie à partir de déchets agricoles.
46
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
47
Prévenir et réduire les inégalités
environnementales, sociales et
territoriales
PRIORITÉ 1
Réduire et prévenir la vulnérabilité énergétique dans l?habitat et les transports
PRIORITÉ 2
Prévenir et s'adapter aux impacts du changement climatique
PRIORITÉ 3
Prévenir et lutter contre les inégalités en santé environnement
INDICATEURS DE SUIVI DE L?AXE 3
Espérance de vie : disparités par catégories socio- professionnelles, disparités régionales, F-H
Évolution des inégalités de niveau de vie aux niveaux national et territorial
Part du budget des ménages consacré à l?énergie (logement et déplacements)
Montant des indemnisations versées par les assurances au titre des catastrophes naturelles
Exposition de la population aux risques climatiques
Logements et population en zone basse littorale, exposés à des risques de submersion marine
Population exposée au risque d?inondation par cours d?eau
Part des agglomérations ayant dépassé dans l?année le seuil journalier de protection de la santé humaine pour
les particules PM10
Nombre de captages pour l?eau potable fermés
Proportion de captages pour l'alimentation en eau potable, ou part des volumes d'eau prélevés, dont la
concentration en nitrates est supérieure à 50 mg/l
Inégalités de temps d?accès aux soins de proximité
Indicateurs de 1er niveau en gras. En italique, indicateur encore exploratoire
AXE 3
48
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
PRIORITÉ 1
Nos sociétés sont confrontées à de nouveaux
facteurs de fragilité en raison de l'augmentation
des prix de l'énergie qui accentue fortement le
phénomène de précarité énergétique, de la
hausse de la fréquence et de l?intensité des
risques naturels, notamment liés au
changement climatique, mais aussi de la
présence de plus en plus forte de risques
sanitaires liés à l?environnement. Ces facteurs
de fragilité touchent plus fortement les
populations déjà vulnérables et les territoires
ne sont pas égaux face aux risques
environnementaux. Ainsi, les outre-mer et les
zones littorales seront plus touchés par le
changement climatique que d?autres parties du
territoire français. Aussi la protection contre les
impacts des différents enjeux
environnementaux et l?égalité pour nos
concitoyens à bénéficier d?un accès à la nature
sera un objectif constant des politiques
publiques, dans une exigence de cohésion
sociale et territoriale, de compétitivité
économique et de justice environnementale.
L'exigence de cohésion sociale, définie par le
Conseil de l?Europe comme « la capacité d'une
société à assurer le bien-être de tous ses
membres, incluant un accès équitable aux
ressources disponibles, le respect de la dignité
dans la diversité, l'autonomie personnelle et
collective et la participation responsable » doit
être plus impérative encore dans le contexte de
la transition écologique. En effet, cette
transition ne pourra advenir que si elle
contribue à réduire les inégalités, et non à les
aggraver : de nombreuses analyses
internationales et nationales lient réduction des
inégalités sociales, notamment de revenu, et
transition écologique. Par ailleurs,
l?accroissement des coûts des ressources
naturelles fragilise les entreprises, notamment
les petites et moyennes, qui sont déjà affectées
par la crise économique.
L?exigence de justice environnementale a été
renforcée en 2005 par la Charte de
l'environnement, qui place au premier rang
l'égalité, avec l?affirmation du droit de chacun à
« vivre dans un environnement équilibré et
respectueux de la santé » dès son article
premier. Faire de la justice environnementale
un axe majeur des politiques publiques en
matière de logement, d?agriculture, d?eau, de
biodiversité, d?énergie, de travail sera une
préoccupation permanente.
Réduire et prévenir la vulnérabilité énergétique dans l?habitat et les transports
Environ huit millions de personnes en France
sont touchées par la précarité énergétique.
L?ampleur du phénomène, qui mobilise en
France comme dans la plupart des pays
développés les acteurs du social, de l?habitat et
de l?énergie, rend nécessaire, pour mieux agir,
une approche par la vulnérabilité énergétique
globale des ménages. En effet, la hausse
inévitable à terme des prix de l?énergie
affectera à la fois les dépenses de chauffage
(ou de rafraîchissement pour les outre-mer) et
de déplacements professionnels ou de loisirs.
La vulnérabilité énergétique traverse les
classes sociales. Les ménages actifs des
classes modestes et moyennes habitant le
secteur périurbain lointain, non ou mal
Aux termes de la loi du 12 juillet 2010, « est
en situation de précarité énergétique une
personne qui éprouve dans son logement
des difficultés particulières à disposer de la
fourniture d?énergie nécessaire à la
satisfaction de ses besoins élémentaires en
raison de l?inadaptation de ses ressources
et de ses conditions d?habitat. »
49
desservis par les transports publics, sont
identifiés comme spécifiquement vulnérables5.
L'étalement périurbain accroît leur dépendance
à la voiture individuelle pour les déplacements
domicile-travail, requérant souvent un
équipement multiple et allongeant les
kilomètres parcourus. Des ménages sont
contraints de limiter leurs dépenses de
chauffage. Les personnes âgées isolées et les
familles monoparentales, qui concernent le
plus souvent des femmes, sont
particulièrement vulnérables. Le
renchérissement du coût de l?énergie affecte
aussi les petites entreprises artisanales et
industrielles. L?alourdissement des charges
contraintes liées à la mobilité se conjugue à
celles du logement et au coût des travaux de
rénovation. Ces coûts peuvent freiner la
recherche d?emploi, créant un cercle vicieux.
La définition d?usage de la précarité
énergétique, c?est à dire consacrer plus de
10% de ses revenus à des dépenses
énergétiques dans le logement, est donc
partielle. Les dépenses énergétiques
contraintes peuvent faire basculer sous le seuil
de pauvreté des ménages qui en sont proches,
mais tous les ménages «pauvres» ne sont pas
forcément précaires du point de vue
énergétique. Les situations de précarité
énergétique sont également très présentes en
milieu rural isolé, faute, le plus souvent, de
système de transport individuel alternatif à
l?automobile et en outre-mer, où l?habitat est
mal desservi par les services publics en
réseau.
Le projet de loi relatif à la transition énergétique
pour la croissance verte contribuera à la lutte
contre la précarité énergétique, en réduisant
les consommations d?énergie et en créant un
« chèque énergie ».
Les signaux-prix de l?énergie jouent un rôle
stratégique dans la distribution des facteurs de
vulnérabilité à moyen et long terme, ils
orientent l?innovation et les choix de localisation
et de consommation, en favorisant ou non
l?étalement urbain. Il faut renforcer les
signaux-prix de l?énergie par une fiscalité
adaptée , en l?accompagnant de dispositifs
5 Observatoire de la précarité énergétique, mai 2013
ciblés pour les personnes vulnérables tels
que le chèque énergie.
Pour mieux connaître et mesurer la
vulnérabilité énergétique, des indicateurs de
vulnérabilité seront développés en lien avec
l?observatoire de la précarité énergétique. Ils
cibleront les publics concernés et les
circonstances déclenchantes, en éclairant les
multiples dimensions et prenant en compte les
inégalités sociales et territoriales. La France
fera également progresser une approche
harmonisée et coopérative de la précarité
énergétique au plan européen .
La détection de la précarité énergétique sera
organisée au plus près des populations et des
territoires.
Le plan de rénovation énergétique de l?habitat
répond à l?engagement du chef de l?État de
rénover sur le plan énergétique 500 000
logements par an d?ici à 2017 (120 000 dans le
parc social et 380 000 dans le parc privé), et
ainsi de contribuer à réduire de 38 % la
consommation d?énergie dans le secteur du
bâtiment à horizon 2020. Dans ce cadre, a été
lancé, entre autres, le plan de rénovation
énergétique de l?habitat, dont le dispositif
"J?éco-rénove, j?économise" est opérationnel
depuis septembre 2013.
Les actions engagées à destination des
ménages modestes , que ce soit dans le parc
social ou dans le parc privé, seront
poursuivies , notamment grâce au programme
Habiter Mieux de l?Anah.
Le dispositif d?accompagnement des
particuliers , constitué principalement des
Points rénovation info service (Pris) répartis sur
tout le territoire, sera développé , en
s?appuyant sur les collectivités territoriales et
les réseaux des Espaces Info Energie de
l?Agence de l?environnement et de la maîtrise
de l?énergie (Ademe), des Agences
départementales d?information sur le logement
(Adil) et le réseau Agence nationale
d?amélioration de l?habitat (Anah). Enfin, la
montée en compétence des professionnels
sera poursuivie , afin de garantir la qualité des
travaux et les gains d?énergie. La convention
sur la formation aux économies d?énergie des
50
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
PRIORITÉ 2
entreprises et artisans du bâtiment (FEEBAT)
signée en 2014 entre l?État et les
professionnels du secteur y contribuera
largement, ainsi que la mise en place
d?avantages en cas de recours à ces
entreprises labellisées (éco-conditionnalité).
Un bouclier énergétique global en substitution
ou en complément des tarifs sociaux pour aider
l?ensemble des ménages précaires, y compris
ceux qui sont aujourd?hui exclus des tarifs
sociaux, et pour éviter les situations de
privation, pourrait être étudié.
L?efficacité de la lutte contre la précarité
énergétique dans le logement passe par la
coordination des aides et l?amélioration de
l?accès aux droits.
Il faut conjuguer accès équitable à la mobilité et
transition écologique, en mobilisant tous les
acteurs. Des campagnes de sensibilisation au
budget consacré à la mobilité inciteront aux
changements de pratiques, en mettant
notamment en évidence les coûts complets de
la propriété individuelle d?une voiture (achat,
entretien, usage), dont les études montrent
qu?ils sont sous-estimés par les ménages. La
période 2015-2020 sera celle de la mobilité
dans le périurbain et dans les zones non
interconnectées telles que les territoires
ruraux : offre de mobilité intégrant les
nouveaux modes de déplacement,
intermodalité et coopération entre les autorités
organisatrices de transports seront favorisés.
L?accès de tous aux équipements efficaces
sera amélioré . Ils sont souvent plus chers à
l?achat mais rentabilisés à l?usage. Les
compteurs intelligents, la lutte contre les pertes
à la source, l'éco-conception, l'éducation des
ménages et la domotique sont des pistes
prometteuses. La formation des professionnels
sera développée.
En France, les projets citoyens ou locaux
restent minoritaires, bien qu?en augmentation. Il
est essentiel que chacun ait la capacité d?être
acteur de la transition énergétique.
Les consommateurs seront informés de
manière toujours plus transparente sur
leurs factures , avec une meilleure lisibilité des
composantes de la part fixe des abonnements
à l?électricité et au gaz. Les dispositifs de
prévention, de subvention et
d?accompagnement par les associations et
les collectivités seront renforcés . L?auto-
réhabilitation accompagnée des logements
sera favorisée grâce au développement d?une
assistance à la maîtrise d?ouvrage intégrant
une approche globale du projet, la prévention
et l?usage maîtrisé et raisonné de l?énergie, en
même temps que l'adaptation au climat actuel
et futur.
Prévenir et s'adapter aux impacts du changement climatique
Le diagnostic des impacts
environnementaux du changement climatique
souligne la diversité des territoires face aux
risques (inondations, incendies, sécheresse,
submersion marine, mouvements de terrain,
salinisation) et ses conséquences pour les
populations. Le changement climatique peut
ainsi avoir un impact sur la santé des
personnes, avec notamment des vagues de
froid ou de chaleur provoquant des morts
prématurées. La hausse des températures peut
entraîner la prolifération de certains vecteurs
de maladie, modifier leur répartition et leur
prévalence. Le changement climatique
impactera significativement la quantité et la
nature de la production alimentaire.
Ce diagnostic met en évidence la nécessité
d?anticiper les risques pour apporter des
réponses socialement justes, innovantes et
adaptées pour l?ensemble des populations
concernées, résidents permanents et
51
occasionnels, professionnels, entreprises,
salariés.
Accroître la connaissance des impacts du
changement climatique sur la population,
sur les structures et moyens de production
et sur le patrimoine
Les impacts économiques, environnementaux,
sociaux et sanitaires du changement climatique
doivent être mieux connus.
L?analyse des risques par les collectivités
territoriales sera développée . Le changement
climatique sera pris en compte dans la politique
de prévention des risques naturels et de
planification urbaine, par l?intermédiaire des
plans locaux d?urbanisme et des plans de
prévention des risques naturels, y compris par
la requalification de zones en fonction de
l?évolution de l?environnement immédiat
(érosion côtière, risques de crues,
ruissellement). Les stratégies locales de
gestion du risque inondation y contribueront.
La sensibilisation et l?information des citoyens
sont essentielles. La sensibilisation au risque
doit avoir lieu à l?école, en entreprise, sur
les lieux de loisir . Elle doit associer les
autorités municipales, compétentes en matière
de risque naturel, et être adaptée à la
spécificité territoriale. Elle recouvre
l?apprentissage d?une culture du risque
intégrant notamment la prévention et la gestion
du risque, la mise en place et l?usage des
signaux d?alerte.
Des outils seront par ailleurs développés
pour évaluer l'efficacité des mesures prises
en matière d'adaptation Il conviendra
également de valoriser et diffuser les mesures
d?adaptation mises en oeuvre. Les entreprises
devront poursuivre les actions qu?elles ont pour
certaines déjà engagées.
52
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Favoriser l?adaptation des activités
économiques au changement climatique
L?objectif est d?adapter les dynamiques de
développement territorial pour les mettre en
cohérence avec le changement climatique.
L?adaptation au changement climatique doit
être un sujet du dialogue social national et
sectoriel Il s?agira d?étudier avec les
professionnels des secteurs les plus
concernés (construction, assurance, tourisme,
agriculture, forêt, pêche, aquaculture, énergie,
industrie et, à terme, d?autres services ) les
scenarii d?adaptation et de relocalisation
éventuelle à long terme des activités
économiques : évolution des modes
d?agriculture, d?élevage, d?aquaculture, création
de nouvelles filières agricoles, agroforesterie,
choix des essences forestières de
reboisement, adaptation des infrastructures de
transports et portuaires, stimulation des filières
d?exploitation de la forêt et de transformation
locale ou nationale du bois en particulier du
bois de construction, modification des trames
vertes et bleues, adaptation du tourisme et de
l?offre de loisirs due à l?augmentation des
températures moyennes. Afin de garantir une
offre alimentaire sûre et diversifiée dans un
contexte de changement climatique, il sera
nécessaire d?agir en synergie sur la sobriété
dans l?usage de la ressource en eau, l?évolution
des types cultures et les capacités de stockage
d?eau.
Protéger les populations en renforçant les
capacités d?intervention face aux crises
climatiques, dans un souci de cohésion
sociale et territoriale
Les moyens de protection contre les crues
devront à terme être adaptés en fonction de
l'impact du changement climatique sur les
phénomènes naturels extrêmes (précipitations,
tempêtes...). L'évaluation de cet impact est une
priorité. Des méthodes d'adaptation des
ouvrages de protection dans les zones
littorales et les estuaires sont d?ores et déjà
développées pour anticiper sans attendre la
Le site www.drias-climat.fr, très fréquenté
depuis son lancement en juillet 2012, met
à disposition des bureaux d?études, des
collectivités et de nos concitoyens, des
projections climatiques régionalisées ,
réalisées dans les laboratoires français de
modélisation du climat. Les informations
climatiques sont délivrées sous différentes
formes graphiques ou numériques, avec
une démarche d?appropriation en trois
étapes : Espace Accompagnement,
Espace Découverte, Espace Données et
Produits.
53
PRIORITÉ 3
surélévation du niveau de la mer ; d?autres
modèles seront étudiés et mis en oeuvre tels
que le repli stratégique. Une attention
spécifique sera portée aux territoires d?outre-
mer.
La nouvelle compétence de gestion des milieux
aquatiques et de prévention des inondations
confiée aux établissements publics de
coopération intercommunale (EPCI) permettra
de mieux répondre à ces enjeux.
Au plan sanitaire, ce sont les populations
vulnérables qu?il faudra protéger en priorité
du risque de canicule, notamment les
personnes âgées, grâce à la sensibilisation et
l?information, l?amélioration du système d?alerte
précoce, la promotion de la solidarité
intergénérationnelle, l?identification et le
traitement des îlots de chaleur urbains. Le
projet de loi de Santé prévoit la réorganisation
des dispositifs de vigilance et l?instauration d?un
dispositif d?organisation du système de santé
(ORSAN) en cas de situation sanitaire
exceptionnelle.
Tous les lieux recevant du public, sur tous les
territoires seront incités à adopter et mettre en
oeuvre des plans d?adaptation immédiate
aux alertes climatiques , à l?instar de pays
comme le Canada : déclenchement du
télétravail et recours à des horaires décalés,
adaptation du fonctionnement des services à la
population.
Prévoir le financement des impacts
économiques et sociaux des risques liés au
changement climatique
Le changement climatique entraîne des risques
sanitaires, économiques et sociaux : risque de
perte matérielles, perte d?emploi, de l?outil de
production, variations accrues des stocks de
ressources biologiques marines (dont
dépendent la pêche et l?aquaculture), de
contrainte économique de court terme liée à la
réduction des émissions de carbone, risque
enfin de morbidité et de mortalité accrue. Il
faudra donc intégrer les coûts sociaux
potentiels dans les projets et
investissements par des études de sensibilité
au risque climat présent et de vulnérabilité au
climat futur. Dans le prolongement des
mesures fixées par le Plan national
d?adaptation au changement climatique
(PNACC) sur le financement et l?assurance, le
renforcement de la couverture assurantielle
sera lié de manière plus efficace à la
politique de prévention . Produits innovants
en matière d?assurance, primes à la
relocalisation, bonus/malus, prêts à taux zéro
pour les habitations moins énergivores et plus
résilientes au changement climatique, auto-
réhabilitation accompagnée, prise en compte
de ce risque dans l?investissement socialement
responsable et systèmes de mutualisation des
risques seront encouragés (cf. axe 4).
Prévenir et lutter contre les inégalités en santé environnement
Le lien entre environnement, mode de vie et
santé nécessite d?avancer sur plusieurs fronts
pour lutter contre les inégalités
environnementales, sociales et territoriales de
santé.
Les inégalités en santé environnement se
creusent de façon diverse au sein des
territoires face aux nuisances engendrées par
l?expansion urbaine, les risques industriels et
naturels, les nouvelles technologies et la perte
de qualité des écosystèmes. Face à des
pathologies en augmentation, certaines
populations sont plus touchées que d?autres,
en raison du cumul avec des inégalités
sociales, de revenu, d?emploi et d?accès aux
54
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
soins. En outre, les conditions de vie, de travail
et la qualité de l?environnement ont un impact
important sur la fréquence des comportements
à risque.
La situation sanitaire de la France est donc
marquée par un paradoxe, souligné par
l?Organisation mondiale de la santé (OMS) :
une espérance de vie à la naissance parmi les
plus élevées d?Europe, mais des inégalités de
santé parmi les plus importantes.
Faire de la problématique des inégalités
environnementales et sociales de santé un
des axes structurants des politiques
publiques territoriales
Malgré les travaux lancés par le Plan national
santé-environnement précédent (PNSE 2), les
inégalités environnementales demeurent peu
évaluées et donc peu traitées en tant que telles
par les pouvoirs publics. En effet, il n?existe pas
à ce jour de données spatialisées pour
l?ensemble des risques ni de méthodologie
opérationnelle pour les additionner. Aussi,
l?évaluation des risques encourus sur un
territoire donné par les populations exposées
aux pressions environnementales (pollution et
nuisances dans l?air, l?eau, le sol, bruit, ondes),
n?est pas envisagée de la même manière par
les différents acteurs, faute de cadre d?analyse
commun.
Le PNSE 3 2015-2019 poursuit l?identification
et le traitement des points noirs
d?exposition à des nuisances
environnementales , avec des actions ciblées.
Il propose des actions pour améliorer le recueil
des données environnementales et de santé,
leur centralisation, leur disponibilité, leur
traitement, avec l?objectif d?établir des liens
entre les expositions et leurs effets sur la
santé. Il est articulé avec les autres stratégies
et plans concernant la santé, la gestion des
eaux, le climat et l?énergie.
Le PNSE 3 témoigne ainsi de la volonté du
gouvernement de réduire autant que possible
et de façon la plus efficace les impacts des
facteurs environnementaux sur la santé afin de
permettre à chacun de vivre dans un
environnement favorable à la santé.
A horizon 2020, il faut poursuivre deux objectifs
majeurs : d?une part la prise en compte
effective de la réalité des expositions
auxquelles sont soumises les populations
dans les différentes situations de leur vie,
privée, scolaire, professionnelle ; et d?autre part
mieux connaître et évaluer les situations de
multi-expositions , qu?il s?agisse d?effets
cocktails chimiques ou d?interactions entre des
polluants chimiques et des agents physiques
tels que les ondes ou le bruit.
Savoir pour pouvoir agir : faire progresser
la connaissance et les outils de diagnostic
sur les inégalités en santé environnement
L?effet cumulatif entre inégalités
environnementales et sociales, qui
accentue la ségrégation spatiale, doit être
mis en évidence . Le décloisonnement des
55
sciences environnementales et sociales est
indispensable. La recherche relative au
développement d?outils spatialisés visant à
mieux caractériser les inégalités doit être
encouragée. Une plate forme commune des
méthodologies de référence pour caractériser
les inégalités environnementales de santé sera
développée. Les méthodes et outils d?analyse
doivent prendre en compte les dimensions
environnementale, comportementale,
démographique, sociétale, et géographique
pour mieux définir les impacts sanitaires sur les
territoires. Le recueil de données
environnementales, sociales et de santé à
l?échelle de l?IRIS (Ilots regroupés pour
l'information statistique) doit être amélioré.
L?observation doit inclure spécifiquement les
situations en outre-mer.
Prévenir et agir sur ce que l?on sait.
Faire le choix de la prévention c?est vouloir agir
tôt sur tout ce qui a une influence sur la santé,
c?est prendre en compte les déterminants de
santé et nous interroger sur les conséquences
de la dégradation de notre environnement sur
l'augmentation d'un certain nombre de
pathologies chroniques. Cet effort de
prévention contribue également au
redressement des comptes publics en
réduisant le surcoût sur le système de santé.
Les actions menées dans le cadre des
Plans nationaux santé environnement
(PNSE) en vue de réduire les émissions de
polluants dans l?air et dans l?eau sont
renforcées et complétées dans le PNSE 3 ,
en intégrant notamment la question des sols. Il
faudra veiller à leur mise en oeuvre, à travers
les Plans régionaux santé-environnement.
Bien des situations relèvent de la prévention.
La lutte contre les logements insalubres est
une priorité nationale . En outre-mer, les
actions doivent prendre en compte à la fois les
besoins de résorption de l?habitat insalubre et
l?exposition à des risques naturels
(cycloniques, sismiques?).
La formation à la santé environnementale
doit être développée . La formation des
professionnels de santé comportera une
sensibilisation à l'origine environnementale des
pathologies. Les architectes, urbanistes et la
plupart des corps d?ingénieurs devront aussi y
être formés.
Les outils spatialisés les plus récents, qui
croisent les modèles d?exposition et les
données de biosurveillance, épidémiologiques,
sociales et sanitaires, tels que les outils
« Plaine » et « Equit?area » seront diffusés et
leur appropriation au plan local encouragée. La
construction de synergies entre les acteurs
territoriaux sera favorisée, notamment par la
déclinaison territoriale du PNSE 3. Le projet de
loi sur la Santé prévoit par ailleurs pour les
zones peu denses l?amélioration du service
territorial de santé, du parcours de soin et de
l?accès aux premiers secours.
Les faibles doses et leurs effets
Des risques chroniques et diffus sont liés à
des expositions à de faibles doses sur de
plus ou moins longues périodes. Ceci
remet en question la base actuelle de
l?évaluation des risques associés aux
produits chimiques, à savoir que: « C?est la
dose qui fait le poison.». Bien souvent les
études de danger sont réalisées dans des
contextes d'exposition importante. Les
études épidémiologiques sont effectuées à
la suite d'une exposition accidentelle ou au
sein de certains groupes qui ont subi une
forte exposition, professionnelle par
exemple. Pour connaître les risques à
faible dose, il est nécessaire d'extrapoler
les risques obtenus pour des doses plus
élevées et étudier la relation entre la dose
et l'effet. L'étude de ces relations permet
d'établir les valeurs toxicologiques de
référence. Les effets peuvent être différés
dans le temps, cumulés (« effets
cocktails » ou interactions), voire
transgénérationnels. L?hypothèse des
effets à faible dose ne s?applique pas à
toutes les substances chimiques. Les
substances qui présentent des effets à
faible dose sont principalement les
«substances actives sur le système
endocrinien».
56
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Poursuivre la réduction des expositions
responsables de pathologies à fort impact
sur la santé dans tous les milieux de vie en
ciblant les populations vulnérables
On constate depuis plusieurs années
l?augmentation de pathologies telles que
l?asthme, le cancer, les maladies de la thyroïde,
les allergies, le diabète, l?obésité. Les femmes
enceintes, les enfants et d?autres populations
fragiles en raison de leur âge, de leur situation
personnelle, sociale, professionnelle ou
géographique sont plus vulnérables face à ces
expositions.
Le PNSE 3 programme des travaux sur les
polluants impliqués plus spécifiquement dans
certaines pathologies pour proposer des
actions de réduction des expositions ainsi que
des hypothèses étayant les associations entre
polluants et pathologies et l?existence de
populations particulièrement vulnérables. Les
relations entre habitat et santé, pollution
urbaine et santé, ainsi qu?entre qualité des
écosystèmes et santé seront également
abordées. La pratique régulière d?une activité
sportive ainsi que l?amélioration des habitudes
alimentaires constituent par ailleurs des
facteurs déterminants de prévention des
maladies chroniques.
La part des cancers d?origine professionnelle
est estimée entre 4 à 8,5 %, ce qui représente
en France entre 14 000 et 30 000 nouveaux
cas par an (sur les 355 000 nouveaux cas de
cancers estimés en 2012), une large part étant
due à l?amiante. 82 substances cancérogènes,
mutagènes ou reprotoxiques ont été identifiées
entre 2006 et 2008 comme prioritaires pour la
substitution. La transformation de l?organisation
du travail nécessite une veille accrue des
responsabilités des entreprises dans la chaîne
de sous-traitance. Il faut faire évoluer les
approches de la santé au travail pour
qu?elles soient plus transversales, pour
établir des liens et une coordination plus
étroite avec les politiques de santé publique
et de santé environnementale.
Les mesures en faveur de l?amélioration de
la qualité de l?air doivent aller vers plus
d?efficacité, de durabilité et de justice
sociale . Les coûts annuels des effets
sanitaires de la pollution de l?air sont évalués
entre 20 et 30 milliards d?euros annuels par la
Commission des comptes et de l?économie de
l?environnement en 2012 pour la France
métropolitaine. Compte tenu de l'impact
sanitaire important de la pollution
atmosphérique (maladies cardio-respiratoires,
cardio-vasculaires, cérébrales, cancers) et du
contexte réglementaire (procédure
contentieuse européenne en cours), des
mesures en faveur de l?amélioration de la
qualité de l'air ambitieuses et efficaces doivent
être mises en oeuvre pour réduire
significativement, d'ici 2020, le taux de
population exposée à des dépassements des
valeurs réglementaires des polluants comme
les particules et les oxydes d'azote (Nox). Les
objectifs de qualité rendus publics par l?OMS
en 2013 font référence.
Cela implique de réduire significativement
les émissions de polluants atmosphériques
dans tous les secteurs d'activité
contributeurs : dans les transports en donnant
par exemple aux collectivités territoriales la
possibilité de mettre en place des mesures de
restriction de la circulation sur tout ou partie de
leur territoire, en créant des Zones de
restriction de la circulation (ZRC), un dispositif
d?identification des véhicules en fonction de
leurs émissions polluantes (prévu pour 2015) ;
dans l?agriculture par des actions sur les
techniques d?épandage et de couverture des
fosses à lisier) ; dans l?industrie.
Ce sera l?objet du Plan de réduction des
émissions de polluants atmosphériques
(PREPA), qui poursuit l?objectif de respect
plafonds d?émissions (Directive NEC), valeurs
limites européennes (directive qualité de l?air).
Ce plan sera le programme national d?actions
pour la qualité de l?air. Il s?appuiera sur d?autres
outils (schémas régionaux climat-air-énergie,
plans de protection de l?atmosphère,
communication) pour la mise en oeuvre efficace
d?une politique intégrée "climat-air-énergie". Il
comportera des actions et mesures
hiérarchisées et évaluées techniquement,
économiquement et socialement. Sa
publication est prévue au plus tard le 31
décembre 2015.
57
La trajectoire fixée en matière de réduction de
l?usage de pesticides est loin d?être atteinte.
L?indicateur de suivi du plan Ecophyto 2018,
adopté en vue de réduire de 50% l?usage des
pesticides au niveau national d?ici 2018 par
rapport à 2008, n'a pas diminué sur la période
2008-2012. Dans le même temps, les ventes
de substances cancérogènes, mutagènes et
reprotoxiques ont en revanche connu une forte
baisse. Les feuilles de route pour la transition
écologique pour 2012 et pour 2013 ont fixé de
nouveaux objectifs, comme par exemple le
développement du biocontrôle, et l?interdiction
de l?épandage aérien de pesticides.
Les concentrations de pesticides dans l?air,
surveillées notamment par les Associations
agréées de surveillance de la qualité de l'air
(AASQA) depuis de nombreuses années, ont
soulevé des interrogations sanitaires dans
certaines zones du territoire.
Une accélération des actions engagées par les
ministères en charge de l?écologie, de
l?agriculture et de la santé pour contrôler et
réduire l?usage des pesticides a été décidée
lors de la troisième conférence
environnementale de novembre 2014. Une
campagne de surveillance des pesticides dans
l?air extérieur sera lancée. Les usages de
pesticides par les particuliers seront
documentés. Les substances les plus
dangereuses seront interdites. Les produits
phytopharmaceutiques contenant des
substances préoccupantes seront retirés.
L?épandage aérien des pesticides sera
définitivement interdit fin 2015.
Mieux gérer les risques à forte incertitude
(précaution)
Afin de mieux prendre en compte les
problématiques liées aux risques émergents, il
faut en priorité établir pour les
nanotechnologies et les perturbateurs
endocriniens des définitions réglementaires
et harmonisées au niveau européen et
promouvoir la thématique des perturbateurs
endocriniens au niveau européen. Le 7ème
Programme d?action pour l?environnement
(PAE), l?axe Environnement du nouveau
Programme Cadre de Recherche et
Développement (2014-2020) et la stratégie
nationale sur les perturbateurs endocriniens
adoptée en mai 2014 fixent à cet égard des
orientations sur lesquelles s?appuyer.
Il faut également faire évoluer la législation et
encourager les démarches volontaires pour
réduire l?exposition à des substances
dangereuses pour la santé et l?environnement,
tel que le bisphénol A, dont l'interdiction dans
les tickets de caisse et les contenants
alimentaires sera effective en 2015.
Il est nécessaire de mieux prendre en charge
les patients présentant des pathologies en lien
avec des expositions environnementales. Une
meilleure articulation entre les centres de
consultation de pathologies professionnelles et
les autres spécialités sera encouragée.
58
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
59
Inventer de nouveaux modèles
économiques et financiers
PRIORITÉ 1
Élaborer un nouveau cadre des pratiques d?investissement pour attirer les
financements vers des projets liés à la transition écologique
PRIORITÉ 2
Modifier les comportements des acteurs individuels en changeant les modèles
d?incitation et de rémunération de leur performance économique
PRIORITÉ 3
Associer les acteurs à l?adaptation des modèles économiques
INDICATEURS DE SUIVI DE L?AXE 4
Part des recettes fiscales environnementales dans l es prélèvements obligatoires et dans le PIB
Part des investissements consacrés à l?économie d?é nergie dans l?industrie
Évolution des encours d?investissements socialement responsables (ISR)
Évolution des encours d?obligations durables
Évolution de l?emploi dans l?économie sociale et solidaire
Indicateurs de 1er niveau en gras
AXE 4
60
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
La transition écologique recouvre une diversité
d?enjeux, de trajectoires technologiques et de
besoins. Pour répondre à cette diversité,
favoriser la pluralité des comportements
d?achat, de financement et d?investissement au
bénéfice d?une croissance innovante,
soutenable et socialement juste devient
incontournable. Concrètement, il s?agit à la fois
d?adapter des outils existants pour assurer leur
compatibilité avec la transition écologique et de
favoriser le développement de nouveaux
modèles économiques et financiers (tels que
l?économie sociale et solidaire, la finance
participative, l?économie collaborative,
l?économie circulaire et l?économie d?usage).
Les crises financière, économique,
environnementale et sociale ont marqué en
profondeur notre pays depuis 2008. Elles ont
brutalement remis en exergue les limites et les
défaillances des modèles économiques et
financiers dominants utilisés depuis la seconde
moitié du XXe siècle dans les choix de
consommation, de production, de financement
et d?investissement, et la définition des
politiques publiques.
Tout modèle repose sur des hypothèses et des
règles de décision, explicites ou implicites, pour
certaines extrêmement complexes au point de
les rendre opaques. Si, au plan global, ces
hypothèses et règles de décision ont vocation à
simuler des comportements collectifs au travers
de l?évolution de l?offre, la demande,
l?investissement, le niveau général des prix?,
elles présupposent, en revanche, le
comportement des acteurs pris
individuellement dans leurs choix de
consommation, d?investissement, d?épargne ou
dans leurs modèles d?affaires. Elles intègrent
une représentation simplifiée de la réalité et de
son fonctionnement, voire erronée6, avec des
impacts majeurs sur la croissance et l?emploi.
Ainsi, les impacts sur l?environnement,
considéré au sens large (enjeux écologiques,
sociaux et sociétaux) sont peu ou pas pris en
6 En mai 2008, l?agence de notation Standard & Poor?s admet une erreur dans son
modèle informatique d'évaluation de ses produits de dette à effet de levier, qui
aurait conduit à leur surévaluation.
En janvier 2013, le Fonds monétaire international reconnaît que la modélisation
mathématique utilisée pour ses prévisions de croissance en fonction des coupes
budgétaires est erronée? et l?impact auto-aggravant des politiques d?austérité
préconisées.
compte dans les modèles économiques,
financiers et d?affaires, même si les initiatives
en ce sens se multiplient depuis plusieurs
années. Et pour cause, les représentations
théoriques (efficience des marchés, modèles
d?équilibre des actifs financiers, d?évaluation
d?entreprise, critères d?évaluation de la
performance et systèmes de récompense des
dirigeants et des collaborateurs?) ne prennent
pas en compte les enjeux climato-
énergétiques, les services rendus par les
écosystèmes, l?épuisement des ressources
naturelles? sans parler de la diversité des
logiques d?acteurs.
L'indicateur phare de mesure de la croissance
d'un pays, le produit intérieur brut, présente le
même type de limites pour rendre compte de
l'évolution du bien-être. Comme l'a
recommandé la commission Sen-Stiglitz-
Fitoussi, différents indicateurs le complétant
sont désormais publiés sans qu?ils fassent
encore partie des indicateurs clés des
performances économiques et du progrès
social.
Investir dans la transition écologique,
notamment dans le capital écologique, un bien
commun 7 , revient à anticiper les
bouleversements environnementaux et leurs
conséquences économiques et sociales. Dès
lors, l?enjeu, traité dans le Livre blanc sur le
financement de la transition écologique, est de
flécher et d?orienter les capitaux vers les bons
investissements qui correspondent à la fois à la
rationalité économique et aux orientations
bénéfiques pour la société. Par exemple, pour
engager la transition énergétique de notre
pays, les besoins de financement dépendront
fortement de l'évolution du coût des
technologies et des conditions de marché. Les
investissements ont été estimés lors du débat
national de la transition énergétique à
37 milliards d'euros annuels et ils devraient
croître de 50 % à l'horizon 2050. En appui de la
loi relative à la transition énergétique pour la
croissance verte, les travaux engagés dans le
7 Engagement C de la Stratégie Nationale pour la Biodiversité
61
cadre de la conférence bancaire et financière
pour la transition énergétique se sont attachés
à répondre à cet enjeu.
Pour assurer l?efficacité écologique des
politiques et des projets publics et privés8, il est
nécessaire d?éclairer et d?orienter les décisions
économiques de l?ensemble des acteurs
publics et privés (d?achat ou de vente d?un
produit, d?un service, d?une entreprise ;
d?investissement dans un projet ou une
entreprise ; d?allocation d?actifs d?un portefeuille
d?investissement ; de mise en place d?une
réglementation?), vers des choix compatibles
avec la transition écologique de nos
économies. À cette fin, de nouveaux
mécanismes économiques et financiers et de
nouveaux modèles d?affaires doivent être
inventés, qui mobiliseront les capitaux
disponibles dont l?épargne vers les
investissements nécessaires à la transition
écologique. Cela suppose de reconsidérer les
pratiques d?investissement et de transformer
les dispositifs d?incitation individuels, tout en
veillant au maintien de conditions de
concurrence internationale équitables. Ainsi les
subventions publiques dommageables à
l?environnement seront supprimées,
conformément aux engagements de la France
à Rio en 1992 et à Johannesburg en 2002, d?ici
2022. Et comme tout changement de modèle,
cela induit des ruptures qu?il s?agit
d?accompagner avec soin, notamment pour les
populations les plus exposées.
8 Objectif 15 de la Stratégie Nationale pour la Biodiversité
« Le coût global de la transition écologique
est celui d?une anticipation collective » 9
Plusieurs études se sont focalisées sur le coût
de l?inaction , que ce soit vis-à-vis du
changement climatique ou de l?érosion de la
biodiversité. Nicholas Stern a ainsi estimé en
2006 que l?action contre le changement
climatique coûterait 1% du Produit intérieur
brut (PIB) mondial chaque année, alors que les
conséquences en cas d?inaction abaisseront
d?environ 5% ce PiB. En 2009, il a réévalué ces
chiffres respectivement à 2% du PIB et de 5 à
20% du PIB 10. L?érosion de la biodiversité,
elle est susceptible de faire diminuer de 7%
le PIB mondial à l?horizon 2050 11. La pollution
atmosphérique causé par le trafic routier en
France serait quant à elle à l'origine chaque
année d'environ 18 500 décès prématurés
selon l?OCDE, pour un coût de 40 milliards
d'euros. Le coût de la transition écologique
peut alors apparaître comme une prime
d?assurance. Par exemple, le développement
des énergies éoliennes et photovoltaïques peut
constituer uneassurance contre l?évolution des
prix des énergies fossiles 12 . Le génie
écologique qui permet la restauration des
écosystèmes en constitue une autre pour une
meilleure résilience des territoires notamment
face aux changements climatiques.
10 Avis du Conseil économique, social et environnemental sur le financement de la
transition écologique et énergétique, 10 septembre 2013
11 A blue print for a safer planet, Nicholas Stern, London Vintage books, 2009.
12 The Cost of Policy Inaction : The case of not meeting the 2010 biodiversity
target ? Alterra & iEEP, Braat, ten Brink et al. étude européenne
13 Evaluation socio-économique du programme de production d?électricité éolienne
et photovoltaïque - Coûts et bénéfices du «Grenelle de l?environnement» pour les
énergies renouvelables - Koleda G., Didier M. - COE-REXECOdE - N.12, octobre
2009
« Le coût global de la transition
écologique est celui d?une anticipation
collective » 10
Plusieurs études se sont focalisées sur le
coût de l?inaction , que ce soit vis-à-vis du
changement climatique ou de l?érosion de la
biodiversité. Nicholas Stern a ainsi estimé en
2006 que l?action contre le changement
climatique coûterait 1% du Produit intérieur
brut (PIB) mondial chaque année, alors que
les conséquences en cas d?inaction
abaisseront d?environ 5% ce PIB. En 2009, il
a réévalué ces chiffres respectivement à 2%
du PIB et de 5 à 20% du PIB 11. L?érosion
de la biodiversité, elle, est susceptible de
faire diminuer de 7% le PIB mondial à
l?horizon 2050 12. La pollution atmosphérique
causée par le trafic routier en France serait
quant à elle à l'origine chaque année
d'environ 18 500 décès prématurés selon
l?OCDE, pour un coût de 40 milliards d'euros.
Le coût de la transition écologique peut alors
apparaître comme une prime d?assurance.
Par exemple, le développement des énergies
éoliennes et photovoltaïques peut constituer
une assurance contre l?évolution des prix des
énergies fossiles13. Le génie écologique qui
permet la restauration des écosystèmes en
constitue une autre pour une meilleure
résilience des territoires notamment face aux
changements climatiques.
62
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
PRIORITÉ 1
Élaborer un nouveau cadre des pratiques d?investissement pour attirer les
financements vers des projets liés à la transition écologique
Les freins au financement de la plupart des
projets liés à la transition écologique relèvent
autant de ceux du financement de long terme
que des particularités liées à une orientation
résolument écologique de l?outil de production
car ils sont caractérisés par un niveau de
risque élevé (incertitudes quant au délai du
retour sur investissement, aux stratégies
technologiques innovantes gagnantes?).
Aussi pour lever ces freins faut-il transformer la
« norme d?investissement ». Il s?agit de mettre
en place des instruments économiques
innovants et de renforcer les mécanismes
existants pour agir sur l?offre de capitaux
publics et privés gérée par les investisseurs.
Introduire les enjeux de la transition
écologique et du long terme dans les choix
de financement et d?investissement de
l?ensemble des acteurs
Dès l?élaboration des politiques, des mesures
législatives et réglementaires et des projets
d?investissements, les décideurs publics
doivent pleinement s?inscrire dans une
trajectoire de long terme en intégrant
davantage les effets environnementaux et
sociaux dans leurs critères de choix . Les
choix ainsi faits rendront lisibles et crédibles les
mesures engagées par les pouvoirs publics en
faveur de la transition écologique et
permettront, pour les entreprises de faire les
choix technologiques nécessaires à la mutation
écologique de notre pays, et pour les ménages
et les collectivités de réaliser les
investissements contribuant à la limitation des
pressions notamment environnementales. C'est
notamment le cas du plan d'investissement de
la Commission Européenne (dit plan "Juncker")
qui prévoit de mobiliser 21 milliards d'euros de
fonds publics pour un investissement total de
315 milliards d'euros et dont deux des priorités
sont l'énergie et les transports.
Marquer la préférence pour le futur dans les
choix d?investissements publics (cela
implique notamment de poursuivre la réflexion
sur les taux d?actualisation utilisés, dont le
choix, pour un projet donné, doit répondre à
des préoccupations plus stratégiques que
techniques), dans une programmation
pluriannuelle de la mise en oeuvre des
politiques publiques, notamment celles
concourant à la transition écologique, est
également essentiel pour intégrer, au-delà des
préoccupations environnementales, le bien-être
des générations futures.
Le secteur (para-)public, au regard de son
poids dans les marchés financiers (notamment
à travers les participations de l?État dans les
entreprises) et dans le financement de
l?économie et des territoires, doit rechercher
l?émulation chez les autres investisseurs en
s?appliquant des règles de financement
intégrant pleinement les enjeux portés par
la transition écologique . Par exemple, le
soutien des acteurs financiers publics aux
collectivités qui s?engagent dans la transition
énergétique est à encourager, à l'image de la
dotation de 5 milliards de prêts de la Caisse
des Dépôts et Consignations (CDC) pour
accélérer les investissements des collectivités.
En complément de ce qui est exigé des
entreprises, une responsabilité sociétale
institutionnelle, élargissant leur responsabilité
fiduciaire aux enjeux portés par la transition
écologique, devra être mise en place pour
les investisseurs institutionnels privés et
publics.
En requérant des gérants de fonds
d?investissement collectifs et des sociétés de
gestion d?informer sur la manière dont leurs
politiques d?investissement et de vote
prennent en compte des critères sociaux,
environnementaux et de qualité de
gouvernance (ESG) , l?article 224 de la loi du
12 juillet 2010 a franchi une première étape
décisive. Il manque pourtant un maillon
63
essentiel, celui du donneur d?ordre (c?est-à-dire
l?investisseur) qui, au travers de mandats de
gestion, délègue tout ou partie de la gestion de
ses actifs sans avoir l?obligation de spécifier
ses attentes en matière de prise en compte de
critères ESG ou de transition écologique.
L?extension de ce dispositif aux
investisseurs institutionnels permettrait
également de couvrir leur gestion pour compte
propre.
Mettre en place la traçabilité et la
transparence des investissements pour
encourager l?épargne longue
Une labellisation de la contribution des
investissements au financement de la
transition écologique doit être privilégiée .
Cette labellisation autoriserait l?instauration
progressive d?une écoconditionnalité des
avantages fiscaux attachés aux produits
d?épargne longue (tels que l?épargne salariale,
l?assurance-vie, les plans épargne-retraite, les
placements en valeurs mobilières en général),
permettant d?infléchir les décisions des
épargnants. Tout en prenant garde de ne pas
créer un label supplémentaire, une des voies
à explorer consiste à enrichir les
démarches de labellisation ISR
(investissement socialement responsable)
existantes , comme cela peut exister pour la
finance solidaire avec le label Finansol, en les
faisant converger autour d?un référentiel
constitué de quatre pôles complémentaires
indissociables :
- une prise en compte renforcée des critères
ESG dans le processus d?investissement
des fonds ;
- un dialogue accru avec les émetteurs et
une politique de vote systématique sur les
enjeux ESG ;
- une transparence renforcée sur les
pratiques de gestion financière des fonds ;
- la démonstration de l?impact positif des
fonds sur le développement d?une
économie décarbonée, économe en
ressources, préservant les régulations
naturelles et les écosystèmes, résiliente et
inclusive.
Engager les entreprises et les investisseurs
à rendre compte de leurs contributions à la
transition écologique
Les entreprises concernées sont celles visées
par les seuils définis par la loi portant
engagement national pour l?environnement du
12 juillet 2010 dans ses articles 225 et 226.
L?une des voies à privilégier est celle du
rapportage (financier et extra-financier) intégré.
Il convient d?intégrer davantage les
politiques de développement durable et de
transition écologique dans les stratégies de
développement et de compétitivité des
entreprises en développant des indicateurs
de performance adaptés. Il s?agit de traduire
la contribution de ces politiques à la viabilité
économique et financière des entreprises en
répondant également à ce que la société est en
droit d?exiger de ses acteurs économiques au
plan social et environnemental. Ces indicateurs
conduiront de facto à la valorisation dans les
choix d?investissements des enjeux
environnementaux, sociaux, sociétaux (y
compris les droits humains, l?égalité femme-
homme et la prise en compte de la diversité
culturelle) et de bonne gouvernance dans la
valorisation des entreprises et, par voie de
conséquence, celle des portefeuilles
d?investissement. La traduction de la prise en
compte des enjeux de la transition écologique
dans les stratégies d?allocation des
portefeuilles d?investissement, toujours
balbutiante, devient centrale dans la réflexion
de certains investisseurs engagés, notamment
pour son volet climato-énergétique. Un
indicateur relatif à la cohérence des
investissements avec l?objectif de limitation du
réchauffement climatique en-dessous de 2°C
permettrait d?aller dans ce sens.
La convergence des nombreuses initiatives
européennes et internationales conduisant
à l?alignement du statut des informations
extra-financières sur celui des informations
financières , à la fois dans les modèles
d?affaires des entreprises et des investisseurs,
doit être encouragée . La France, pionnière
dans ce domaine, s?attachera à promouvoir
cette convergence dans le cadre de sa
présidence du Groupe des amis du paragraphe
64
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
PRIORITÉ 2
47 de la déclaration finale de Rio +20 (cf.
encadré axe 9).
Promouvoir et sécuriser les pratiques
innovantes d?investissement
Le champ de la transition écologique porte sur
l?ensemble du cycle économique, de
l?approvisionnement à la consommation en
passant par la recherche et développement et
la production. Son échelle territoriale est à la
fois globale, continentale, nationale et locale.
Cette diversité de situations correspond à des
équilibres économiques divers, des horizons
et des taux de rentabilité financière et socio-
économique multiples, qui se reflètent
nécessairement dans la diversité des types de
financement et des types d?acteurs, depuis les
ménages jusqu?aux différents financeurs et
investisseurs institutionnels.
L?unicité des modèles n?est plus de mise. C?est
cette diversité de modalités de financement
(obligation « vertes », de « projet », fonds de
long terme comme cela existe au niveau
européen ou encore les instruments financiers
proposés par la micro-finance, la finance
participative ou « crowdfunding », la sensibilité
croissante des épargnants au profit des
produits financiers solidaires, les
investissements socialement responsables?)
qu?il s?agit de promouvoir et de sécuriser
au travers de la reconception de nos
modèles d?investissement . La conférence
bancaire et financière pour la transition
énergétique a initié des actions en ce sens.
Modifier les comportements des acteurs individuels en changeant les modèles
d?incitation et de rémunération de leur performance économique
Si la plupart des acteurs individuels ont
conscience des enjeux environnementaux,
leurs comportements de consommation ou
d?épargne n?intègrent pas spontanément le
coût des dommages qu?ils causent à
l?environnement et encore moins les risques
que l?épuisement des ressources vivantes ou la
dégradation des systèmes de régulation
naturels font peser sur les générations futures.
Pour les orienter vers des comportements plus
vertueux, trois leviers doivent être renforcés.
Enrichir les critères de choix des acteurs
par une information incontestable? et
lisible
La finance participative pourrait
constituer un levier de la transition
écologique. La diversité de modalités de
financement combinée à l?appropriation
de l?investissement par le citoyen est
aujourd?hui à l?origine de son essor. Les
montants investis à travers la finance
participative sont en nette augmentation,
passant de 25 millions d?euros en 2012 à
33 millions en 2013 (Finance Participative
France, Baromètre du crowdfunding en
France, 2013). Elle s?incarne au travers
de plateformes internet, chacune
spécialisée dans un type
d?investissement spécifique (capital
investissement, émissions d?obligations,
dons?) ou un secteur (énergies
renouvelables, infrastructures?). Il s?agit
d?accompagner l?émergence de ce
nouveau modèle d?investissement, qui
contribue, en partie, à la transition
écologique, en facilitant l?accès à ces
plateformes tout en garantissant la
sécurité des investissements des
citoyens.
65
Les informations environnementales sur les
émissions ou consommations de ressources
naturelles (empreintes carbone, biodiversité,
indicateur de durée de vie) sont véhiculées à
travers des labels sur les produits de
consommation, l?étiquetage des produits en
cours d?expérimentation ou encore les bilans
carbone des entreprises et des collectivités.
L?ensemble des informations devra être
rendu plus lisible, plus robuste et plus
crédible pour les consommateurs et les
épargnants . En cela, l?expérimentation
nationale de l?affichage environnemental des
produits de grande consommation est novatrice
en associant en amont les secteurs
professionnels pour aboutir à un dispositif
solide et partagé, reposant sur une démarche
progressive et volontaire, et qui s?insère dans
une réflexion plus globale pour un cadre
européen. Ces approches devraient être
reprises pour les produits d?investissement
et d?épargne, notamment financiers afin
d?orienter l?épargne des ménages vers les
investissements de la transition écologique.
L?obligation des bilans carbone pourra être
étendue à d?autres thématiques en tenant
compte de leurs spécificités (eau, matières
premières, etc.). Plus généralement, la
réflexion sur l?intégration des externalités, dont
la perte de biodiversité, dans les règles
comptables sera poursuivie. Les informations
sociales, pour autant qu?elles relèvent des
effets de la transition écologique, seront
progressivement incluses dans le champ de
ces expérimentations.
Donner la priorité aux choix de transition
écologique les plus performants en
intégrant dans les prix le coût des impacts
environnementaux
Le Président de la République, lors de la
Conférence environnementale en 2012, a fixé
l?objectif de faire converger la fiscalité
écologique française vers la moyenne de
l?Union Européenne (4,16% des prélèvements
obligatoires en France contre 6,19% en
moyenne européenne)13.
La mise en place d?une taxation des émissions
polluantes et consommations de ressources
13 Chiffres EuroStat 2013
naturelles, à l'instar de l'introduction depuis
2014 d'une composante carbone dans la
fiscalité des énergies fossiles 14 et de
l?augmentation des taxes sur le gazole en
2015, conduira à infléchir le comportement de
chaque acteur économique qui arbitre entre
payer la taxe et polluer ou réduire sa pollution
pour payer moins de taxe.
Ainsi, dans le domaine de l'eau, plusieurs taxes
visent à limiter les pressions sur la ressource.
Leurs recettes sont utilisées au niveau local
pour financer des actions qui aident les acteurs
à modifier leurs comportements.
La fiscalité écologique vise à orienter le
comportement des acteurs. Elle intègre, dans
le coût supporté par l?acteur économique, les
coûts sociaux et environnementaux que ce
dernier occasionne (« externalités »). Elle
organise un transfert de charge entre les
différents facteurs de production, tout en
veillant à protéger les acteurs les plus
vulnérables.
Pour une cohérence d?ensemble, la fiscalité
écologique doit donc s'inscrire dans une
réforme plus large de la fiscalité en France.
Il s?agit d?une part de trouver un équilibre entre
la mise en place de la fiscalité écologique et la
baisse des prélèvements obligatoires, et
d?autre part de s?assurer que le système
fiscal entier encourage la transition
écologique. Une des priorités est donc de
réformer les subventions dommageables à
l?environnement.
Parallèlement, d?autres outils peuvent être
également améliorés pour que les acteurs
individuels adoptent un comportement plus
vertueux :
- Une évolution des modalités de
facturation des biens et des services par
l?intermédiaire d?une tarification
proportionnelle, en fonction des volumes de
consommation, notamment par la
généralisation des systèmes de comptage
individuels de déchets ou d?eau ;
- L?encouragement
de l?écoconditionnalité des aides , qu?elle
qu?en soit la nature et le bénéficiaire (public
14 Composante proportionnelle aux émissions de CO2, intégrée dans la taxe
intérieure de consommation sur les produits énergétiques
66
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
PRIORITÉ 3
ou privé), et politiques d?achat publiques.
Elle permettra en outre de développer des
filières vertes et des services innovants sur
le territoire.
Intégrer des objectifs environnementaux,
sociaux et sociétaux dans les systèmes de
rémunération de la performance
économique et financière
La révision du cadre de rémunération des
dirigeants du secteur tant privé que public
et des acteurs de marché , notamment celles
des gérants et des sociétés de gestion, doit
être poursuivie afin de mieux prendre en
compte les enjeux de la transition écologique et
de long terme.
Des entreprises subordonnent une partie de la
rémunération des dirigeants, notamment la part
variable, à l?atteinte d?objectifs sociaux et
environnementaux. 29% des entreprises cotées
du FTSE Eurofirst300 se sont ainsi engagées à
lier les bonus des dirigeants à l?atteinte de
critères ESG (source : Eurosif). De telles
expérimentations seront activement
soutenues . Les entreprises publiques et celles
dans lesquelles l?État détient une participation
devront être, à cet égard, exemplaires.
Associer les acteurs à l?adaptation des modèles économiques
La transition écologique doit amener à un
meilleur partage des richesses, analysé au
sens large (entre les différentes catégories
d?acteurs, au sein d?une même catégorie ou
entre les générations actuelles et futures). Mais
comme tout changement de modèle, il implique
une adhésion aux inflexions apportées. La
réussite de la mise en oeuvre de nouveaux
modèles économiques et financiers impose
donc une organisation de leur gouvernance et
un accompagnement ciblé des différentes
catégories d?acteurs concernés.
Améliorer le dialogue entre acteurs dans la
réforme des modèles économiques et
financiers par la mise en cohérence des
dispositifs existants et par le
développement d?expertises contradictoires
La France dispose d?ores et déjà d?un certain
nombre de dispositifs formalisés d?association
des parties prenantes au débat public ou à la
mise en oeuvre de politiques. Au-delà de la
mise en cohérence de ces dispositifs, ce sont
surtout les modalités concrètes de mise en
oeuvre de la concertation avec les parties
prenantes qui doivent être renforcées (cf.
axe 8) pour identifier, dès la conception des
nouveaux modèles, les freins et les réticences
au changement perçus par les différents
groupes d?acteurs.
La qualité et les résultats des évaluations et
études d?impact devront jouer un rôle
majeur pour assurer la mise à disposition de
connaissances et préparer le dialogue. Les
parties prenantes devront être associées dans
Le code de gouvernement d?entreprise
des sociétés cotées AFEP/ MEDEF
précise un certain nombre de principes de
bon fonctionnement et de transparence
propres à améliorer la gestion, le pilotage
et le contrôle des sociétés cotées. Parmi
les nouveautés de la version de juin 2013 :
l?introduction d?un vote consultatif sur les
rémunérations des dirigeants mandataires
sociaux, la limitation du nombre de
mandats pour les dirigeants mandataires
sociaux, la transparence des
rémunérations variables pluriannuelles?
Cette rémunération est conditionnée par la
réalisation d?une performance effective et
déterminée par des critères quantitatifs et
qualitatifs.
67
les évaluations a priori et a posteriori. Il faudra
également assurer une pédagogie enrichie et
ciblée des nouvelles mesures et co-construire
les mesures d?accompagnement
nécessaires dans un contexte de
transparence, notamment avec les acteurs les
plus exposés. Enfin, il sera nécessaire de
s?assurer que les actions soient dirigées au bon
niveau de la chaîne d?acteurs.
De plus, les expertises contradictoires,
portées par la société civile, le monde
académique, etc., devraient être
développées , notamment lorsque les
thématiques abordées requièrent une certaine
technicité, ce qui est le cas de la sphère
financière. Ces expertises permettraient de
compléter les études de faisabilité et d?impact
usuelles réalisées préalablement à la mise en
oeuvre de ces nouvelles dispositions.
Au-delà de l?évolution, voire de la refonte, de
certains instruments, il est également
nécessaire d?accompagner l?évolution des
pratiques et des mentalités pour les adapter à
un contexte inédit. La prise en compte des
enjeux de la transition écologique doit faire
l?objet d?un dialogue permanent à engager
avec les acteurs financiers privés et
publics , mais avec l?appui contradictoire de la
société civile.
Ce dialogue devra permettre d?aboutir à des
propositions et des actions concrètes de ces
acteurs pour contribuer à la transition
écologique. Au titre de l?exemplarité de l?État,
un Club des investisseurs publics de la
transition écologique pourrait ainsi être
créé pour participer à ce dialogue , comme le
propose le Livre blanc sur le financement de la
transition écologique. Cette appropriation
nationale permettrait également d?engager un
mouvement plus large sur le plan européen.
Accompagner les acteurs pour lever les
freins au changement, notamment par des
mesures compensatoires économiques et
sociales pour les entreprises et les
ménages les plus vulnérables
La recherche en sciences
comportementales pourra être mobilisée
pour aider à identifier et à promouvoir des
comportements favorables à la transition
écologique, et encourager une adhésion
volontaire aux nouvelles mesures dont l'intérêt
social est avéré.
Donner une lisibilité de moyen terme,
notamment par une programmation des
mesures envisagées , permet aux acteurs
économiques d'anticiper les évolutions dans la
durée. Ceux-ci n?ont pas tous la même
capacité à faire évoluer leur situation : des
mesures compensatoires à la modernisation
tant pour les TPE et les PME que pour les
ménages les plus modestes pourront être
mises en place , dans un souci de compétitivité
des entreprises et de justice sociale.
Enfin, l?appui des acteurs dans la transition
écologique des modèles économiques et
financiers doit se traduire par une
représentation adaptée des métiers. Le rôle
de la formation professionnelle y sera
essentiel, notamment pour accompagner la
mutation de certains bassins d?emploi (cf.
axe 5).
Un soutien financier massif a été apporté
par la Commission européenne à la
création de l?association Finance Watch ,
portée par plus de 200 parlementaires
européens. Cette association a pour objet
d?apporter une expertise contradictoire
dans le cadre du développement des
réformes successives des marchés
financiers.
68
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
69
Accompagner la mutation
écologique des activités
économiques
PRIORITÉ 1
Anticiper les mutations économiques liées à la transition écologique et leurs effets
sociaux
PRIORITÉ 2
Accompagner les transitions professionnelles
PRIORITÉ 3
Informer, inciter et conseiller tous les acteurs économiques, notamment les PME et
TPE
PRIORITÉ 4
Faire de la responsabilité sociétale des entreprises un levier pour accompagner les
mutations sociales et professionnelles
INDICATEURS DE SUIVI DE L?AXE 5
Valeur ajoutée des éco-activités par rapport au PIB
Effectifs en dernière année de formation initiale en environnement
Demandes et offres d?emplois pour les métiers verts et verdissants
Insertion professionnelle des jeunes issus des formations environnementales par domaine
Indicateurs de 1er niveau en gras
AXE 5
70
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
La transition écologique doit être à la fois une
opportunité de développement économique,
une source de création d?emplois favorisant la
cohésion sociale et territoriale et un ensemble
de droits humains, sociaux et
environnementaux, qu?un cadre de
responsabilité sociétale des entreprises et
organisations permet de mieux faire respecter
et de faire progresser. Les écoindustries
symbolisent déjà ce développement : les « éco-
activités » sont en croissance et porteuses
d?emploi. La balance commerciale des
écoindustries de l'eau, des déchets, de
l'efficacité énergétique et des énergies
renouvelables, accompagnées notamment
dans le cadre du Comité stratégique des
écoindustries (COSEI), a été excédentaire de
3 milliards d'euros en 2012 et elle est en
croissance depuis 10 ans.
Au-delà des éco-activités, ce sont tous les
secteurs d?activité et domaines qui peuvent
bénéficier de la transition écologique en
anticipant et prenant mieux en compte les
évolutions quantitatives et qualitatives sur tous
les emplois. Quelles que soient leur taille et
leur secteur d?activité, les entreprises doivent
en effet questionner aussi bien leur
gouvernance que l?organisation du travail ou le
besoin de nouvelles compétences. Si la
mutation écologique des activités
économiques, pour certaines, est déjà
enclenchée, c'est toutefois un véritable
changement de culture qu'il faut opérer.
Ainsi ces transformations impliquent
d?appréhender différemment deux fonctions
économiques fondamentales :
- Entreprendre autrement : il s?agit de
poursuivre la transformation de la
gouvernance des entreprises et des
organisations pour intégrer les enjeux du
développement durable et de la transition
écologique dans la définition des stratégies
globales de performance. La seule
maximisation des profits, sans prise en
compte des effets sociaux et
environnementaux, ne peut plus être
considérée comme soutenable dans un
Emploi dans les éco-activités
133
135
141
151
156
166
112 113 114
112 111 112
100
110
120
130
140
150
160
170
1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011
(p)
Emploi dans les éco-activités
Emploi intérieur total
In
di
ce
b
as
e
10
0
en
1
99
7
(n
om
br
e
d'
em
pl
oi
s)
Note : 2011 = données provisoires.
Source : SOeS, compte des éco-activités, 2012 - Dom inclus
(455 600)
(426 800)
(414 600)
(386 500)
(371 700)
(365 100)
En 2012, il y avait 447 500 emplois dans les activités environnementales (soit une progression
de 3,9% en moyenne annuelle depuis 2004), près d?un million dans les « activités de
l?économie verte » et entre 3 et 4 millions dans les métiers « verdissants » (chiffres de
l?observatoire national des métiers de l'économie verte ? ONEMEV).
71
contexte où les démarches de
responsabilité sociétale des entreprises
(RSE) notamment, sont devenues un
critère d'évaluation à part entière de toutes
les organisations. L?économie sociale et
solidaire, levier du développement durable
et source d?innovation, doit être mieux
reconnue et soutenue. C?est l?objet de la loi
du 31 juillet 2014 relative à l'économie
sociale et solidaire et la directive
2014/95/UE du Parlement européen et du
Conseil du 22 octobre 2014 modifiant la
directive 2013/34/UE en ce qui concerne la
publication d'informations non financières
et d'informations relatives à la diversité par
certaines grandes entreprises et certains
groupes.
- Produire autrement : il est ensuite
question de transformer les activités et les
modes de production et par là même, le
travail et l?emploi. Les évolutions liées à la
transition écologique touchent les métiers
et la manière de les exercer d?un double
point de vue : elles sont porteuses de
croissance et de développement des
compétences et des tâches dans certaines
filières, alors que d?autres filières
connaissent des évolutions profondes de
besoins en compétences et de modes
d?organisation du travail qui peuvent
entraîner à court terme des destructions
d?emplois, voire des disparitions de
fonctions ou de métiers qu?il convient donc
expressément d?accompagner. Ces
mutations en termes de formation, de
compétences et de qualifications, et au final
ces reconversions, reviennent à faire de la
transition écologique et énergétique une
opportunité pour l?emploi.
Pour préparer au mieux ces évolutions et
atteindre ainsi l?objectif de création de 100 000
emplois à horizon 2016, quatre exigences
doivent être prises en considération :
- Anticiper les mutations économiques liées
à la transition écologique et leurs effets
sociaux ; il s?agit ici de se mettre en
position d?identifier les besoins (en emplois,
en compétences) des salariés et des
entreprises ;
- Accompagner les transitions
professionnelles liées à la transition
écologique par une politique de formation
initiale et continue permettant de sécuriser
les parcours professionnels ; l?« outil »
formation étant bien entendu à considérer
comme un investissement et non comme
un coût ;
- Informer, inciter et conseiller tous les
acteurs économiques afin de faire
comprendre et partager les enjeux de la
transition écologique en terme de mutations
sociales et professionnelles (l?enjeu est ici
de mobiliser l?ensemble des acteurs publics
et privés) ;
- Faire de la responsabilité sociale/sociétale
des entreprises et des organisations un
levier pour accompagner les mutations
sociales et professionnelles.
72
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Anticiper les mutations économiques liées à la transition écologique et leurs effets
sociaux
La qualité d'analyse et de connaissance des
phénomènes de mutations liés à la transition
écologique permettra d'anticiper les besoins en
qualifications, compétences, formations et de
préparer les reconversions.
Des politiques de filières sont définies sous
forme de politiques publiques d?incitation. Dans
ce cadre, les filières porteuses de
développement économique territorial et en
emplois doivent être particulièrement ciblées.
Dans le même temps et en coordination, des
mesures d?accompagnement à la
restructuration des filières en reconversion
et/ou en transformation profonde doivent être
engagées.
Les filières économiques les plus
concernées par la transition écologique et
énergétique seront passées en revue , sur le
fondement des analyses menées, dans la
continuité de la Conférence sociale, tant par
France stratégie, le Conseil national de
l?industrie (CNI), le Conseil économique, social
et environnemental (CESE) ou les
administrations en charge de l?écologie
(Observatoire national des emplois et métiers
de l?économie verte), du travail et de
l?économie, que par les acteurs locaux,
collectivités et associations.
Les filières et activités en développement et les
technologies afférentes qui, demain, pourront
être mises au service d'une économie verte
seront ainsi identifiées, de même que les
opportunités, freins et menaces.
Un dispositif de mise à jour des analyses et
informations recueillies ainsi que des
perspectives d'évolution des différentes
filières sera institué , dans la suite des
Conférence sociale et Conférence
environnementale. Ces travaux prospectifs
étudieront les évolutions nécessaires à
l'économie de demain. Les observatoires
prospectifs de branches seront fortement
impliqués, avec le souci de renforcer et
généraliser les initiatives intersectorielles
pour les métiers à la lisière de plusieurs
branches15.
Les organismes de formation, les
universités, les grandes écoles, les centres
d'apprentissage et de formation
professionnelle pourront ainsi se servir de
ces travaux pour faire évoluer leurs
programmes de formation . Cela concerne les
pratiques pédagogiques, les disciplines
enseignées, mais aussi le mode de
fonctionnement du système éducatif dans les
territoires. Cette démarche d?anticipation et
d?accompagnement doit être conçue comme un
levier pour la compétitivité, la croissance et
l'emploi.
Ces travaux seront partagés avec les instances
spécialisées dans la relation formation-emploi
placées auprès des ministres chargés de
l?éducation nationale et de l?enseignement
supérieur, en lien avec tous les ministères
certificateurs.
15 Cf. par exemple le projet de loi de programmation sur la transition énergétique
Conférence environnementale 2013 -
feuille de route « emploi, formation et
transition écologique »
Mesure 3 : « Les filières émergentes sont
accompagnées dans le cadre du Conseil
national de l?industrie/Comité stratégique
des écoindustries et de la Commission
nationale des services. Un soutien
renforcé sera apporté à quatre filières
(bâtiment, efficacité énergétique active,
biodiversité et génie écologique, bois) en
vue de leur permettre d?exprimer
pleinement leur potentiel emploi et de faire
face aux défis d?évolution des
compétences qu?elles rencontrent ».
PRIORITÉ 1
73
PRIORITÉ 2
Ces différents travaux seront par ailleurs
présentés systématiquement aux instances
nationales de consultation ou de concertation
en matière d?emploi et de formation (loi n°
2014-288 du 5 mars 2014 relative à la
formation professionnelle, à l'emploi et à la
démocratie sociale) afin d?en éclairer les
décisions.
Un groupe de travail « emploi, formation et
transition écologique » a été créé au sein du
CNEFOP. Il a vocation à dialoguer, avec
d?autres acteurs, notamment ceux présents au
Conseil national de la transition écologique.
Au niveau territorial, ces travaux devront
être déclinés et adaptés au sein des
instances déjà existantes (selon les cas, au
niveau des régions, départements, bassins
d?emploi) de pilotage de stratégies régionales
« emploi-formation » et de « gestion territoriale
des emplois et compétences (GTEC) ».
Les régions qui n?ont pas encore mis en
place de politiques de filières intégrant la
transition écologique seront par ailleurs
encouragées à le faire , par le moyen des
contrats de plan État Régions (CPER) et en
s?appuyant sur les pôles territoriaux de
coopération économique qui font place à des
formes d?économie sociale et solidaire pour le
développement des filières territorialisées, ainsi
que sur les conseils économiques, sociaux et
environnementaux régionaux (CESER).
Tant pour l?anticipation que pour les actions
d?accompagnement au niveau régional, les
instruments communautaires tels les fonds
structurels (FSE en premier lieu) devront être
plus et mieux sollicités/activés , pour un effet
de soutien et d?accentuation des politiques
publiques nationales.
Accompagner les transitions professionnelles
À partir de diagnostics partagés, l?action
publique de structuration des filières
industrielles de la croissance verte pourra être
réorientée, relancée et nourrir une stratégie
globale de verdissement des métiers et des
emplois. C?est une politique publique de
formation et d?acquisition des compétences
liées ou induites par la transition
écologique qui doit être mise en oeuvre 16 ;
non seulement dans une optique de
développement de l?économie verte, mais
aussi de restructuration et de reconversion des
filières traditionnelles et des bassins d?emplois
en difficulté. Une telle politique de formation
16 Extrait de l?article 235 de la Déclaration de Rio 2012 : « Une mobilisation de
long terme en faveur des métiers de l?emploi et des métiers dans un contexte de
transition écologique doit viser à adapter aux réalités et perspectives de cette
transition le marché de l?emploi et les services de la formation et de l?orientation. »
A la suite de la conférence
environnementale 2013 (table ronde emploi,
formation et transition écologique), une
expérimentation de « trois démonstrateurs
territoriaux de soutien aux reconversions
professionnelles, dans des bassins d?emploi
particulièrement concernés par la transition
écologique et énergétique, visant à sécuriser
les parcours de salariés ou de demandeurs
d?emploi passant d?un métier fragilisé à un
métier en développement lié à la transition
écologique » a été engagée en Alsace
(bassin de Molsheim), Haute-Normandie (Le
Havre-Fécamp) et PACA (étang de Berre).
Le résultat de ces travaux et leurs suites
auront vocation à être diffusés dans les
démarches de gestion prévisionnelle de
l?emploi et des compétences territoriales
soutenues par les pouvoirs publics».
74
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
continue, initiale et professionnelle (pour
laquelle les régions ont vu leur compétence
générale renforcée) doit permettre :
- d?orienter ou de réorienter les crédits vers
les formations les plus appropriées17 ;
- de dégager des typologies de territoires,
régions, bassins d?emplois « de l?économie
verte » et de nourrir une stratégie globale
de verdissement des métiers et emplois
dans le cadre de la transition écologique ;
- de réguler les effets de reconversion et de
restructuration de la transition écologique,
notamment dans les secteurs en difficulté,
tels que l?automobile classique, le raffinage,
la chimie, dont les salariés sont les plus
susceptibles de se trouver face à une
nécessité de reconversion ;
- de faire progresser la transition vers
l?économie verte et la responsabilité
sociétale des entreprises et d?améliorer la
compétitivité de l?économie.
Cette politique publique d?acquisition des
compétences de la transition écologique et
d?appui aux reconversions des territoires et des
salariés doit se décliner de façon
contractuelle et conventionnelle dans les
Contrats de plan régionaux de
développement des formations et de
l?orientation professionnelles (CPRDFOP) ,
notamment sur le sujet de la formation, dans
les contrats de filières (industrielles et non
industrielles) et par voie conventionnelle entre
les partenaires sociaux, au niveau des
branches et des entreprises.
Il est également nécessaire d?orienter
davantage la formation professionnelle vers
les métiers, les compétences et les
parcours de professionnalisation de
l'économie verte . L?offre de formation
continue sera modifiée en concertation avec
les organismes paritaires collecteurs agréés
17 De telles réorientations devant bien entendu faire l?objet d?évaluation quant à
leurs conséquences.
(OPCA) et les partenaires sociaux. Des
schémas régionaux de formation
professionnelle initiale (apprentissage,
alternance) et continue seront établis afin
d'adapter les formations aux besoins futurs de
chaque économie régionale, qu?il s?agisse
d?adaptation aux emplois (postes) de travail, ou
d?accompagnement des évolutions
professionnelles dans les filières d?emploi.
La gestion prévisionnelle des emplois et
des compétences (GPEC) développera
l?identification et la qualification des
parcours de professionnalisation dans les
métiers verts et verdissants , aussi bien au
niveau des branches que des territoires et
bassins d?emploi (gestion territoriale des
emplois et compétences).
Dans le cadre des négociations de
branches , celles-ci seront invitées
lorsqu?elles mettent en oeuvre des contrats
d?études prospectives (CEP) à fixer une
priorité stratégique sur la transition
écologique . L?amélioration des garanties
attachées à la personne et la sécurisation
des parcours professionnels , qui devront
rendre effectifs les droits des salariés,
faciliteront la mobilité professionnelle.
Au niveau local (région), le service public de
l?emploi sera mobilisé sur ces mêmes
objectifs et sur l?intensification des démarches
d?accompagnement des reconversions
individuelles et collectives dans les filières et
métiers de l?économie verte et sur les
compétences vertes et « métiers verdissants ».
Enfin, un répertoire évolutif des métiers de
l?économie verte sera établi et actualisé.
75
Informer, inciter et conseiller tous les acteurs économiques, notamment les PME et
TPE
Aujourd?hui, de nouveaux marchés liés à
l?économie verte se développent, dans le
bâtiment, les transports alternatifs à la voiture
particulière, l?énergie, mais aussi dans les
services et dans d?autres secteurs. Les clients
et les usagers, de plus en plus sensibles aux
enjeux du développement durable, attendent
des solutions et des produits respectueux de
l?environnement et socialement responsables.
En intégrant le développement durable au
fonctionnement de l?entreprise, il est ainsi
possible d?anticiper les évolutions
réglementaires, d?appréhender les leviers de
croissance offerts par l?économie verte, par
l?économie sociale et solidaire, de mobiliser ses
salariés et d?améliorer son image de marque.
D?une manière générale, la transition
écologique et le développement durable
doivent continuer à se diffuser dans l?économie
et auprès de tous les acteurs, notamment les
PME/TPE. Les pouvoirs publics ont le devoir
d?informer, de sensibiliser, d?inciter par tous les
moyens et d?apporter une assistance technique
et de conseil adaptée à tous les acteurs
économiques, au-delà de l?application
régalienne. L?accompagnement des mutations
sociales et professionnelles doit être déployé
au plus près du terrain pour toucher au mieux
les acteurs auxquels elle est destinée. C?est
pourquoi les élus et responsables locaux sont
les premiers destinataires des actions de
formation et de sensibilisation.
Dans ce cadre, il s?agit tout à la fois :
- de prendre en compte les conséquences
de la réglementation environnementale
sur les acteurs économiques et
l?emploi ;
- de former les décideurs publics et
privés aux enjeux du développement
durable ? élus nationaux et locaux,
représentants de l?État, chefs d?entreprises,
fédérations professionnelles, syndicats ;
- d?accompagner les entrepreneurs en les
sensibilisant, informant ou formant aux
enjeux de la transition écologique, en
mettant en place selon des modalités
adaptées des prestations de conseil et
d?appui aux PME/TPE notamment, mais
aussi mettre à jour, dans les conventions
collectives et statuts publics, les critères
permettant de reconnaître les nouvelles
compétences exigées par la transition
écologique dans les grilles de
classifications. Ces missions doivent
notamment être conduites en s?appuyant
sur les organisations professionnelles des
secteurs concernés et/ou
interprofessionnelles ;
- d?aider et d?inciter les organisations
publiques et privées à sensibiliser et
former tous leurs salariés aux enjeux et
méthodes de la transition écologique en
s?appuyant prioritairement sur les structures
déjà existantes 18 avant d?en créer de
nouvelles.
La valorisation de secteurs et métiers
particulièrement porteurs (déchets, eau, etc.)
et la mise en place d?une approche paritaire
femme/homme dans la valorisation des
nouveaux emplois des filières vertes
permettront également d?agir efficacement en
ce domaine. Il y a un enjeu spécifique à
étudier l?insertion professionnelle des
jeunes issus des filières
environnementales , pour ensuite procéder à
l?amélioration de cette insertion.
Enfin, il pourra être utile de former les
fédérations professionnelles et
représentants des salariés aux méthodes de
calcul d?impact (carbone, biodiversité,
pollution, empreinte, analyse de cycle de vie
?).
18 Tel le Centre de formation du développement durable et de l?environnement
(CFDE).
PRIORITÉ 3
76
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
PRIORITÉ 4
Faire de la responsabilité sociétale des entreprises un levier pour accompagner les
mutations sociales et professionnelles
La mutation écologique des activités
économiques dépasse le cadre de l?activité de
création de richesse de l?entreprise.
L?entreprise doit également prendre en compte
les effets potentiellement négatifs et positifs
qu?elle peut exercer sur l?environnement et la
société, en optimisant ses comportements
décisionnels, managériaux et professionnels.
La responsabilité sociétale des entreprises
(RSE) doit s?appréhender au regard de la
définition de la Commission européenne
(communication du 25 juin 2011) comme étant
« la responsabilité des entreprises vis-à-vis des
effets qu?elles exercent sur la société ». Afin de
s?acquitter pleinement de leur responsabilité
sociétale au-delà du socle que constitue le
respect du droit social légal et conventionnel, il
convient que « les entreprises aient engagé, en
collaboration étroite avec toutes leurs parties
prenantes, un processus destiné à intégrer les
préoccupations en matière sociale,
environnementale, éthique, de droits de
l?homme et de consommateurs dans leurs
activités commerciales et leur stratégie de
base ».
Ce processus vise :
- à optimiser la création d?une communauté
de valeurs pour leurs
propriétaires/actionnaires, ainsi que pour
les autres parties prenantes et l?ensemble
de la société;
- à recenser, prévenir et atténuer les effets
négatifs potentiels que les entreprises
peuvent exercer.
C?est cette définition de la RSE qui est
aujourd?hui encouragée à travers la mise en
place de la plate-forme nationale RSE placée
auprès du Premier ministre et destinée à
engager un développement ambitieux pour la
RSE. Les premiers thèmes de travail ? « la
RSE comme outil de compétitivité », « la
transparence », « la responsabilité dans la
chaîne de valeur de l?entreprise (sociétés
mères, filiales, sous-traitants, fournisseurs) » et
« l?investissement socialement responsable »
(ISR) illustrent cette volonté de considérer la
RSE comme un atout pour la performance
sociétale de la transition écologique et pour
l?orientation de l?économie vers un
développement durable, en s?appuyant sur ses
3 piliers traditionnels :
- le respect de l?environnement comme
élément structurant du projet stratégique
de l?entreprise ;
- le renforcement des relations avec les
parties prenantes (partenaires, sous-
traitants, collectivités, ONG?) selon des
schémas collaboratifs ;
- des relations sociales légitimes et utilisées
au-delà des champs traditionnels des
rapports du travail dans l?entreprise.
A cette fin, la formation de formateurs, en
distinguant ce qui relève de la formation des
enseignants et ce qui concerne celle des
formateurs, doit être encouragée.
D?après l?enquête de l?INSEE sur les
entreprises de plus de 10 salariés et le
développement durable en 2011, 52% des
entreprises déclarent s?impliquer dans des
démarches de RSE.
Pour les entreprises de plus de 500
salariés, elles sont 84% à mener des
actions en faveur de la RSE et 23% pour
les petites entreprises de moins de 50
salariés.
77
En outre, la mobilisation d?autres institutions
telles l?Institut national de recherche et de
sécurité (INRS) doit être recherchée pour la
prise en compte des impacts de la transition
écologique dans la gestion des risques.
D?une manière générale, toutes les initiatives
internationales et européennes doivent être
mises à profit pour accompagner la RSE.
Enfin, il semble opportun d?accentuer les
travaux sur les questions de sécurité
(risques spécifiques) et de qualité de l?emploi
(dans une perspective de responsabilité
sociétale des organisations) concernant les
métiers de l'économie verte à toutes les étapes
de la chaine de valeur de l?entreprise.
78
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
79
Orienter la production de
connaissances, la recherche et
l?innovation vers la transition
écologique
PRIORITÉ 1
Impliquer les parties prenantes dans l'orientation de la recherche
PRIORITÉ 2
Faciliter les démarches d?innovation avec tous les acteurs
PRIORITÉ 3
Associer les parties prenantes à une production efficace de données et de
connaissances
PRIORITÉ 4
Faciliter et favoriser l?accès aux données et aux résultats scientifiques
INDICATEURS DE SUIVI DE L?AXE 6
Dépenses de R&D publiques et privées dont en enviro nnement
Investissements d?avenir opérés par l?Ademe : effet d?entraînement de l?intervention publique sur les
investissements privés
Nombre de participants aux sciences participatives dans le domaine de la biodiversité
Évolution du nombre de ressources mises à disposition sur le portail « Tout sur l?environnement »
Évolution du nombre de données dans le système d?information sur la nature et les paysages
Indicateur de 1er niveau en gras
AXE 6
80
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Pour atteindre ses objectifs, la transition
écologique va devoir tracer de nouvelles voies
d?actions collectives et individuelles, dans les
domaines environnementaux, économiques et
sociaux, et qui prennent en compte les
incertitudes tant sur la compréhension de
phénomènes actuels que sur leur évolution.
Elle a ainsi besoin de s?appuyer sur des
données et des connaissances (facteurs
physiques, biologiques, technologiques et
comportementaux), en partie déjà disponibles
ou à confirmer mais dont il convient de combler
les manques, ainsi que sur l?innovation
technologique et sociale ou organisationnelle.
La nécessaire mobilisation de la recherche et
de l?innovation en faveur de la transition
écologique s?inscrit dans la continuité des
évolutions observées et des initiatives
institutionnelles actuelles, tant en France qu?en
Europe. Par exemple, les communautés
scientifiques françaises se sont coordonnées
dans le cadre de cinq alliances, concernant
l?environnement (Allenvi), l?énergie (Ancre), la
santé (Aviesan), le numérique (Allistène) et les
sciences humaines et sociales (Athena). Ces
alliances sont à même d?identifier facilement
les forces en R&D positionnées et mobilisables
sur les différentes thématiques. Le Comité
spécialisé pour la recherche marine , maritime
et littorale (COMER) du Conseil national de la
mer et des littoraux pourra également y
contribuer sur ses domaines de compétences.
La Stratégie nationale de recherche (SNR)
initiée par la loi relative à l?enseignement
supérieur et à la recherche de juillet 2013, est
élaborée autour d?enjeux sociétaux qu?elle
partage avec la stratégie européenne Horizon
2020 et qui prennent en compte la transition
écologique. Acteurs de la recherche, de
l?innovation et ministères ont été associés à ce
travail qui permettra au gouvernement de
promouvoir des priorités prenant en compte les
impératifs économiques, sociaux et
environnementaux tout en maintenant le socle
indispensable à l?ensemble des disciplines et
particulièrement en recherche fondamentale.
Le projet de loi relatif à la transition énergétique
pour la croissance verte met en exergue
l?importance de la recherche, et définit
l?articulation de la Stratégie nationale de la
recherche énergétique à la fois avec la SNR et
avec la stratégie bas-carbone ou encore la
programmation pluriannuelle de l?énergie. Des
orientations spécifiques en matière de
recherche sont également élaborées par
d?autres démarches sectorielles comme par
exemple le 3ème Plan national santé
environnement (PNSE), ou encore la Stratégie
nationale pour la mer et les littoraux, en
préparation.
Dans ce contexte, la SNTEDD s?attache à
identifier les facteurs clés qui permettront
d?orienter et de mener les travaux de recherche
et leur valorisation en réponse aux enjeux et
aux besoins spécifiques de la transition
écologique.
L?attention forte accordée à l?innovation a
conduit à la mise en place récente, en France,
de différents volets de politique publique et de
démarches collectives génériques, comme la
« Nouvelle donne pour l?innovation » engagée
par le gouvernement, à la lumière des
orientations préconisées par différents rapports
publics. Une partie des 34 plans de la
« Nouvelle France industrielle » et des feuilles
de route associées porte sur des filières ou des
produits essentiels pour la transition écologique
(les transports, l'énergie, les ressources), tout
comme une partie des priorités identifiées par
la Commission Innovation (par exemple le
stockage de l?énergie ou le recyclage de
matières), priorités faisant notamment l?objet
d?un concours mondial d?innovations. Dans
cette dynamique, il est nécessaire d?identifier et
de mettre en exergue les questions cruciales
d?une innovation au service de la transition
écologique.
De plus, les aides aux investissements et à la
recherche devront être plus ou mieux ciblées
vers les secteurs contribuant à l?économie
verte, notamment en orientant les
investissements de la Banque publique
d'investissement (BPI France), pour permettre
un meilleur accompagnement des activités
économiques intégrant les objectifs de la
transition écologique et pour soutenir les
filières émergentes dans tous les domaines, et
en particulier les TPE-PME.
Aux niveaux européen, national et régional, les
domaines des technologies vertes et de
l?énergie appellent une attention particulière en
81
matière d?innovation : des technologies sobres
et durables sont un facteur de compétitivité
pour l?industrie qui les met en oeuvre et pour
les entreprises qui les conçoivent et les
diffusent.
Pour prendre des décisions dans des situations
d?incertitude ou de controverse, pour amener à
des changements de comportements
individuels et collectifs, il est crucial que la
méthode scientifique, les données qu?elle
exploite, les connaissances qui en sont issues,
les incertitudes qui leur sont associées soient
comprises et partagées. La concertation, la
décision et l?action collectives ont besoin de
s?appuyer sur un socle partagé de données et
de connaissances dont l?accès doit être facilité.
C?est dans cet objectif que de nombreuses
initiatives ont été prises pour faciliter l?accès
aux données environnementales d?une part,
aux données publiques d?autre part, pour
mieux encadrer les travaux d?expertise et pour
protéger légalement le lancement d?alertes
dans le domaine de l?environnement et de la
santé environnementale. De surcroît, au-delà
du principe établi de l?accès pour le plus grand
nombre aux connaissances
environnementales, se définissent actuellement
les protocoles et formats visant à
l?interopérabilité de ces données.
Pour passer de l?innovation, qu?elle soit
technologique ou institutionnelle, au
changement, il est indispensable que cette
innovation soit comprise, acceptée et mieux
appropriée par les acteurs. Suivant les
domaines ou les questions traitées, cette
appropriation peut être facilitée par
l?association des parties prenantes aux
processus d?innovation ou à la définition et à la
construction de questions de recherche. C?est
une des conditions pour que les perspectives
d?innovation conduisent à des progrès collectifs
effectifs.
Les transformations nécessaires pour mener à
bien la transition écologique vont s?exprimer
dans des contextes locaux et globaux
complexes en évolution : occupation des sols
et des territoires, milieux, climat, activités
économiques, institutions et gouvernance...
Pour conduire et orienter la transition
écologique, il est indispensable de pouvoir
analyser et anticiper les transformations à
l?oeuvre, et évaluer les politiques publiques et
l?action collective. Le pilotage de la transition
devra donc s?appuyer sur la recherche, en
particulier sur une recherche interdisciplinaire
associant les sciences de la vie et de la terre,
les sciences de l?ingénieur et de l?architecte
ainsi que les sciences de l?homme et de la
société.
Impliquer les parties prenantes dans l'orientation de la recherche
Pour réussir la transition écologique, pour
anticiper et s?adapter aux évolutions futures
globales ou locales, à différents horizons de
temps, les connaissances et résultats
scientifiques aujourd?hui disponibles ne sont
pas suffisants. Les travaux de recherche
doivent prendre en compte les enjeux et
besoins prioritaires de cette transition, qui
concerne des actions collectives ou l?activité
d?acteurs économiques, le niveau « national »
ou le « terrain », dans des calendriers adaptés.
Il est aussi crucial que la recherche soit en
mesure de développer des travaux de long
terme, d?anticiper ou d?alerter, et de porter un
regard d?évaluation critique indépendant.
La question de l?articulation potentielle entre
recherche publique et recherche privée
(positionnement, complémentarité,
collaboration,?) se pose domaine par
domaine, en fonction des enjeux, des
compétences et moyens en place et des
modes de construction et de valorisation
propres à chacun de ces domaines.
PRIORITÉ 1
82
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Pour que les parties prenantes soient en
mesure d?accompagner le transfert et la mise
en application des résultats, il est important
que certaines questions de recherche
puissent être co-construites par les
scientifiques et les parties prenantes, qui
doivent avoir un rôle proactif, et que ces
dernières soient également consultées pour la
définition des programmes en pleine légitimité
en intégrant les spécificités de temporalités de
la recherche. Différents travaux scientifiques
peuvent en effet nécessiter des durées très
différentes.
Même si les programmes et les priorités,
définis par exemple dans le cadre d?Horizon
2020 ou de la SNR, prennent en compte les
enjeux de la transition écologique, ils peuvent
laisser des questions spécifiques orphelines ou
trop peu développées. Il apparaît donc
important que les porteurs d?enjeux et de
politiques puissent directement susciter et
soutenir des travaux scientifiques , en
complémentarité des financeurs génériques de
la recherche.
La logique de co-construction de la recherche,
lorsqu?elle répond à des enjeux sociétaux bien
identifiés, est, par ailleurs, un facteur favorisant
efficacement les constructions scientifiques
pluri- et interdisciplinaires indispensables à de
nombreux champs thématiques considérés
dans la présente stratégie.
En s?inspirant de façon adaptée de la
gouvernance élargie mise en place dans les
champs liés à l?environnement, il est important
d?associer des représentants diversifiés de
la société civile aux travaux d?orientation
des établissements développant des activités
de recherche et d?expertise dans les domaines
thématiques contribuant à la transition
écologique. Il s?agit également d?identifier dans
chaque domaine comment faciliter et
améliorer le transfert et l?utilisation des
résultats de la recherche . On note à cet
égard l?attention portée par la stratégie Horizon
2020 à l?implication des PME dans les projets
de recherche.
L?appui scientifique qui peut être apporté aux
décideurs et gestionnaires ne vient pas se
substituer à leurs responsabilités, ni simplifier
des situations complexes, mais il constitue un
outil d?aide à la décision et apporte un
accompagnement à la prise en compte de cette
complexité. Ce mode d?interaction nécessite de
développer les pratiques et de partager les
expériences réussies , en complémentarité et
en articulation avec les appuis de natures
technique, culturelle et artistique, managériale.
Ces questions pourraient faire l?objet d?actions
collectives au sein d?associations ou de
plateformes multi-acteurs d?une part, et
d?animations ou de formations pour les
décideurs et leurs services d?autre part.
Dans le cadre de la transition écologique,
diverses thématiques doivent être
soutenues, dans une logique pleinement
interdisciplinaire , comme par exemple la
vulnérabilité et les capacités d?adaptation des
territoires, des milieux et des activités
humaines face au changement climatique,
l?évolution des risques sanitaires
environnementaux, la valorisation et la
restauration des services rendus par la nature,
les mutations en matière de mobilité des
personnes et des marchandises.
Les méthodes et outils disponibles permettant
de traiter de façon claire et transparente des
risques émergents liés aux nouvelles
La Commission d' orientation de la recherche
et de l'expertise (CORE) de l?Institut national de
l?environnement industriel et des risques (Ineris)
identifie et propose des questions à traiter en
priorité, peut donner un avis sur les finalités des
programmes de recherche et d?appui envisagés
par l?Institut. Elle est consultée sur les modalités
de diffusion des travaux scientifiques permettant
de rendre ceux-ci accessibles au public ainsi
que sur le contenu de certains rapports d?étude.
Elle est composée de personnalités qualifiées
de l'enseignement supérieur ou de la recherche
et de collèges représentant la diversité des
parties prenantes : industriels, associations,
syndicats, élus, Etat.
On peut mentionner de même le Conseil
d?Orientation Stratégique de la Fondation pour la
Recherche sur la Biodiversité, qui rassemble les
porteurs d'enjeux de la biodiversité (plus de 110
organismes, au sein de 40 groupes). Ces
derniers, en apportant leur expertise de terrain et
en formulant des questions à la recherche,
participent activement à certaines activités de la
Fondation.
83
PRIORITÉ 2
technologies restent par ailleurs insuffisants.
Pour y remédier, il s?agirait d?une part, de
développer les activités de recherche,
contribuant aux connaissances et aux
méthodes et d?autre part, de soutenir
quantitativement et qualitativement une
filière opérationnelle qui soit capable de co-
développer avec la recherche des tests
innovants, et de les mettre en oeuvre pour faire
face aux besoins d?évaluation. Des modalités
efficaces d?interaction devraient être mises en
place entre la recherche publique et cette
filière, pour qu?elle puisse se placer à la pointe
des connaissances.
Il apparaîtrait utile d?analyser, de comprendre
voire d?évaluer la contribution à la transition
écologique de la recherche appliquée ,
comme par exemple dans le cadre de
programmes de recherche français européens
ou internationaux, de programmes
d?investissements d?avenir, des activités de
pôles de compétitivité, des activités liées aux
grandes infrastructures de recherche? Pour ce
faire, un travail méthodologique devra mobiliser
à la fois les parties prenantes directes de la
transition et les représentants du monde de la
recherche.
Les Conférences environnementales ont mis
en avant des besoins de renforcement de
champs scientifiques (toxicologie et
écotoxicologie préventives, recherches
systémiques sur la biodiversité et les services
qu?elle rend?) comme des objectifs plus ciblés
(connaissance des espèces et écosystèmes
marins de diverses régions et notamment en
outre-mer, possibilités techniques de recyclage
et analyses systémiques traitant des
dimensions économiques et sociologiques,
véhicules consommant 2 litres d?essence
aux 100 kilomètres, ?).
Faciliter les démarches d?innovation avec tous les acteurs
L'innovation, c'est-à-dire la mise au point et
l'introduction d'un service, d'un produit ou d'un
procédé nouveau ou significativement
amélioré, est portée et impulsée par un grand
nombre de parties prenantes, en partenariat ou
en interaction : entreprises, pouvoirs publics
nationaux et locaux, citoyens, etc. L'innovation
pour la transition écologique ne peut se réduire
au seul volet technologique et doit également
impliquer des évolutions en termes de
méthodes et de gouvernance. Elle n'a de sens
que si elle est mise en oeuvre pour tendre vers
des modes de vie et de production plus
durables. L?innovation ne constitue pas un
progrès par elle-même ; elle le devient ou y
contribue à condition qu?elle réponde à des
besoins des acteurs, qu?elle respecte les
intérêts collectifs majeurs et qu?elle s?intègre
dans un système de gestion opérationnelle
permettant sa pérennité.
Dans ces conditions, l'innovation est un levier
d?une croissance économique durable.
Néanmoins, s'il s'agit bien d?accroître la
compétitivité du tissu économique français, il
convient aussi d'inventer et de se renouveler,
notamment en matière de politiques publiques,
pour être capable d?assurer la transition
84
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
écologique et de s?adapter aux changements
complexes de société qui s?opèrent ou que l?on
veut orienter. Pour y contribuer, 50% de
l?ensemble des volets innovation du
Programme d?investissements d?avenir (PIA)
sera consacré directement ou indirectement à
la transition écologique. On peut mentionner à
titre d?exemple l?une des actions du deuxième
PIA consacrée aux démonstrateurs de la
transition écologique et énergétique.
L?État stratège cherchera à renforcer sa
capacité d'analyse prospective et
d'anticipation , en particulier en menant des
analyses globales par filière afin de déterminer
les priorités d?action en regard des enjeux
(ressources, énergie, impacts sur le climat,
modes de vie), le cas échéant adaptés aux
spécificités locales, et pour évaluer finement
les innovations ou perspectives d?innovations.
De même, au niveau européen, il importe
d?assurer la mise en oeuvre effective des
réflexions des Partenariats européens
d?innovation (PEI), qui mobilisent les acteurs
publics et privés concernés, et dont l?objectif
est de stimuler l?innovation au travers d?une
approche intégrée des politiques et des
procédures sectorielles. L'action publique
devra porter sur l'analyse globale et
intégrée des freins à l'innovation, en
intégrant les questions liées à la sécurité et à la
sûreté ainsi que celles liées au risque financier.
Ces analyses seront à conduire en tenant
compte d?un spectre plus large qui est celui des
changements de société à un horizon de temps
de 20 ans, de l?évolution des modes de vie et
des pratiques qui se profilent d?ores et déjà.
Des innovations sont à développer et à évaluer
dans les domaines des services urbains ou
territoriaux et des infrastructures
correspondantes dans les domaines du
bâtiment, du génie écologique, du
développement territorial et de
l?environnement. Pour ce faire, il peut s?avérer
nécessaire de recourir à des
expérimentations en vraie grandeur (par
exemple, des dispositifs décentralisés de
gestion de l?eau, incluant des traitements
partiels et des réutilisations nouvelles,
individuelles ou collectives, d?eaux usées).
Certaines de ces expérimentations sont encore
limitées ou même interdites en vertu de règles
et normes en vigueur définies dans des cadres
plus larges (sécurité, santé, achat public?).
Pour ce faire, dans le respect du principe de
précaution qui est aussi un principe
d?innovation, la réglementation et les normes
doivent pouvoir accompagner l'expérimentation
dans un cadre fixé, lorsque des évaluations
scientifiques, techniques et/ou sociales
sérieuses ont été entreprises au préalable et
permettent de donner les garanties
nécessaires (explicitation et caractérisation
objectives des risques et des incertitudes, des
irréversibilités potentielles, diagnostic validé
et/ou pluraliste, transparence ou confidentialité
encadrée?). De même, puisque l'innovation
dans les techniques retenues par une
collectivité constitue toujours une grande prise
de risques financière et sociétale, des
solutions de partage collectif de ces risques
seront recherchées , en imaginant par
exemple la mise en place de systèmes
assurantiels.
En complémentarité et en parfaite cohérence
avec les stratégies françaises de la recherche
et de l'innovation, et l?objectif de simplification,
l'accès des PME , véritables piliers de
l'innovation, aux aides sera facilité .
Les transports intelligents sont des
dispositifs innovants appliquant les NTIC
aux transports. Ils recouvrent l'information
aux usagers et l'aide à la gestion
dynamique des réseaux. Ils s'étendent de
plus en plus aux nouveaux services à la
mobilité. Ces dispositifs favorisent la
sécurité, le confort, l'accessibilité pour
tous, notamment les personnes en
situation de handicap ou encore la
réduction des impacts environnementaux.
Les progrès technologiques récents et les
expérimentations permettent à présent de
passer au pré-déploiement, en particulier
sur le véhicule connecté. L'Etat s'est donc
engagé en février 2014 dans l'élaboration
d'orientations stratégiques visant
notamment à définir les services
prioritaires et leurs spécifications
fonctionnelles et techniques.
85
Chacun des acteurs peut être porteur ou co-
porteur de l'innovation. Il s'agit alors de faciliter
l?expression et l?expérimentation des
innovations portées par la société civile et
les acteurs intermédiaires (notamment les
bureaux d?études et les architectes), et de
renforcer le rôle et l?implication des
collectivités territoriales et des autres
maîtres d'ouvrages . Ce seront en effet les
acteurs majeurs du déploiement des
innovations et de leur mise en oeuvre sur les
territoires. Les formations de niveau master et
doctorat peuvent également agir comme
vecteurs de diffusion des nouvelles
technologies et des résultats de la recherche.
Pour une meilleure circulation et adaptation
des innovations, il sera important de
développer d?une part des échanges et d?autre
part des collaborations, entre des organismes
qui peuvent être selon les cas homologues ou
complémentaires.
Associer les parties prenantes à une production efficace de données et de
connaissances
Pour comprendre et évaluer, il faut pouvoir
s?appuyer sur des données clairement définies,
pertinentes et recueillies sur des durées et
dans des limites géographiques cohérentes
avec les questions soulevées. C?est tout
particulièrement le cas pour les enjeux de la
présente stratégie. Il est important de
maintenir, et dans certains cas de
développer, des systèmes d?observation à
long terme, à vocation scientifique ou
opérationnelle .
En matière de production de connaissances et
de données, les acteurs sont très divers et par
conséquent souvent difficiles à mobiliser.
Pourtant, depuis longtemps, de nombreux
bénévoles ont constitué des réseaux
d?information qui ont permis de contribuer à
l?avancement des connaissances dans des
domaines très variés, par exemple en
météorologie ou en écologie. Il est nécessaire
de reconnaître et de soutenir ce mode
d?action collective qui relève des sciences
participatives tout en s?assurant de la fiabilité
des résultats et du protocole mis en place. La
Conférence environnementale de 2013 a ainsi
souligné l?importance de mobiliser ces
dernières au sein d?un plan d?actions priorisées
Le biomimétisme est une démarche qui
consiste à aller chercher notre inspiration,
pour une innovation durable, dans la
nature, où l?on trouve des stratégies à la
fois performantes, efficientes et résilientes
pour synthétiser et dégrader des
matériaux, se fixer ou se déplacer, stocker
ou distribuer l'énergie, traiter l'information,
organiser les réseaux et les échanges, et
bien d'autres choses encore. Outre les
autres enjeux de la biodiversité, il y a là de
formidables gisements d'innovation pour
les entreprises, les réseaux
d'infrastructures, l'aménagement du
territoire et l'agriculture. En France, des
réseaux de recherche, de diffusion de la
connaissance, ou encore d?appui aux
développements normatifs internationaux
se structurent, à travers des clusters, des
pôles de compétences, des associations
spécialisés et une commission française
de normalisation dédiée, pour
accompagner les entreprises et les
territoires dans ce nouveau champ, par
nature transdisciplinaire, de l'innovation.
PRIORITÉ 3
86
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
pour l?acquisition, la diffusion et la valorisation
des connaissances scientifiques et techniques
sur les écosystèmes marins.
Dans le domaine de l?entreprise , les données
sont assez rarement rendues publiques de
manière spontanée ; certaines d?entre elles
seraient pourtant de précieux apports à la
connaissance collective. Des explorations et
des ouvertures doivent être opérées dans
ce sens dans le respect de la protection du
secret industriel, et en veillant à ne pas
compromettre l?avance de la communauté
scientifique dans des domaines très
compétitifs. Les Chambres de commerce et
d?industrie (CCI) pourraient être des acteurs clé
de telles réflexions et actions.
En particulier grâce aux nouvelles
technologies, les échanges ne connaissent
aucune limite géographique et démultiplient le
savoir ainsi constitué. L'explosion d?Internet
permet l?échange, la divulgation et la mise en
commun d?informations de toutes natures. La
question se pose alors de leurs conditions de
production et d?utilisation. L'enjeu est
d?organiser, voire de solliciter ces
informations , car souvent elles ne peuvent
prendre valeur de données de référence que
lorsqu'elles sont caractérisées et cohérentes, et
assez nombreuses pour être représentatives.
Intégrer les données des tiers de manière
optimale selon des protocoles connus et
formalisés, adapter les systèmes
d'information au versement de données de
producteurs multiples , encourager les
plateformes renvoyant sur l?information issue
d?une part de systèmes d?observation
scientifique, d?autre part de systèmes
d?observation opérationnelle, poursuivre la
création de protocoles pour
l?interopérabilité dans les secteurs pertinents,
sont autant de perspectives de mutualisation et
d'accélération de la connaissance.
Faciliter et favoriser l?accès aux données et aux résultats scientifiques
L?accès à l?information et à la connaissance,
pour les citoyens, consommateurs et usagers,
comme pour les porteurs d?innovation et
d?activités économiques, est un enjeu
considérable. Comme le précise la politique
gouvernementale en matière d?Opendata et
d?accès aux données publiques, l?accès aux
données est un enjeu démocratique offrant au
citoyen un droit de regard, d?interprétation et
d?utilisation. En 2012, la conférence
environnementale a ainsi conclu à la mise à
disposition du public des principaux avis et
résultats existants, produits par les organismes
publics, sur les risques sanitaires
environnementaux, en particuliers les risques
émergents.
Pour autant, il peut être très difficile pour le
citoyen de qualifier les données et résultats,
d?en percevoir le sens et les limites et d?en
mesurer la portée. L?accès à la connaissance
scientifique joue par ailleurs un rôle particulier
pour éclairer et faciliter les débats, l?action et la
décision sur les sujets d?incertitudes,
d?anticipations ou de controverses, nombreux
en matière de santé, d?énergie, de risques,
d?évolution climatique, etc. La multiplicité des
sources d?information, loin de faciliter
l?appropriation des données mises à
disposition, peut être un facteur limitant et ne
fait que renforcer la nécessité de structurer la
mise à disposition des données scientifiques.
Développer la culture de l?accès à une
information pluraliste de qualité , et au-delà
la culture de la constitution d?une vision
partagée sur l?information disponible, entre
parties prenantes, est un gage d?efficacité dans
l?adaptation chronique que notre société devra
PRIORITÉ 4
87
opérer face aux facteurs de changements
globaux et locaux.
L?administration produit des données, avec une
obligation croissante de mise à disposition.
Dans un contexte de réduction des moyens
publics, il s?agit de veiller à l?efficacité et à la
hiérarchisation de ces actions .
L?accès aux données environnementales est
un principe aujourd?hui établi, et les cadres
opérationnels correspondants continuent de se
mettre en place. Ils devront notamment veiller
à ce que les données exportables soient
accompagnées des informations sur leur
signification, leurs limites et leur portée ,
sous des formes accessibles aux parties
prenantes. La table ronde sur la politique de
l?eau, au sein de la Conférence
environnementale de 2013, a ainsi débouché
sur l?objectif de garantie et de fiabilisation de
l?accès, pour le citoyen, à des données sur
l?eau facilement compréhensibles.
La mise à disposition et la communication des
résultats scientifiques est inscrite dans la loi.
L?attention voulue par le législateur à ce que
les pratiques et référentiels d?évaluation des
scientifiques et de leurs activités intègrent
parfaitement toutes ces missions revêt une
importance particulière dans les champs de la
transition écologique. Au-delà des réflexions en
cours sur l?accès aux publications scientifiques,
il est important de produire des documents
de vulgarisation, de les mettre à disposition
et de les associer autant que de besoin aux
bases de données issues de travaux de
recherche .
La mise en oeuvre généralisée des
dispositifs transparents de suivi et
d?information pour toutes les parties
prenantes (sous réserve des principes de
protection de la vie privée et de la propriété
industrielle), est un levier pour accompagner et
faciliter les expérimentations d?innovations en
grandeur réelle, en particulier si l?on déroge à
des règles générales à des fins
d?expérimentation, après évaluation préalable,
à l?image de ce qui existe réglementairement
pour certaines installations présentant des
risques.
Afin d?améliorer progressivement les modalités
d?accès aux connaissances et aux données, il
convient de favoriser des recherches et
études sur le partage et la perception des
informations au sein des groupes sociaux ,
dans les domaines thématiques de la présente
stratégie, et de constituer une base de
données ouverte de résultats de ces travaux.
88
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
89
Éduquer, former et sensibiliser pour
la transition écologique et le
développement durable
PRIORITÉ 1
Généraliser l?éducation à l?environnement et au développement durable de la
maternelle à l?enseignement supérieur
PRIORITÉ 2
Promouvoir le développement d?initiatives, expérimentations et innovations citoyennes
PRIORITÉ 3
Favoriser la diffusion et le partage de l?information sur notre environnement
PRIORITÉ 4
Aider à la modification des choix et des comportements de la société
INDICATEURS DE SUIVI DE L?AXE 7
Effectifs en dernière année de formation initiale e n environnement
Nombre de projets d'éducation au développement dura ble dans les écoles, les collèges et les lycées
Nombre de participants aux sciences participatives dans le domaine de la biodiversité
Évolution de la fréquentation du portail « Tout sur l?environnement »
Consommation déclarée de produits écolabellisés
Indicateurs de 1er niveau en gras
AXE 7
90
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
La transition écologique vers un
développement durable implique une manière
renouvelée d?appréhender une nouvelle
représentation du monde, du cadre et des
modes de vie ainsi que de nouvelles
temporalités.
Sa réussite suppose que les diverses
composantes de la société s?approprient les
enjeux et adoptent de nouvelles références et
de nouveaux comportements individuels et
collectifs pour y faire face. L?élévation continue
du niveau global de formation de la population,
observé en France, offre un contexte favorable
pour avancer résolument en ce sens.
Investir pour l?avenir, en faisant de la transition
écologique une perspective positive partagée
par le plus grand nombre, s?appuie sur la
sensibilisation, l?information, l?éducation et la
formation de tous.
En aidant à formaliser une vision d?ensemble
partagée par les différents publics, l?éducation
à l?environnement et au développement
durable (EEDD) donne à chacun des clés et
des moyens d?appréhender l?évolution du
monde et les enjeux de la transition
écologique, pour y contribuer de manière active
et réussie.
Il importe en cela d?agir de manière simultanée
et convergente dans tous les champs et les
étapes d?éducation et de formation, dont les
effets s?inscrivent dans des temporalités
différentes , afin d?assurer le continuum
nécessaire à l?accroissement des capacités
individuelles et collectives pour la transition
écologique.
Cela suppose, en complémentarité de la
formation tout au long de la vie au service de
l?emploi et des activités, telle qu?évoquée dans
l?axe 5, de poursuivre et d?amplifier l?intégration
des enjeux dans l?éducation scolaire, péri et
extra-scolaire et la formation supérieure, et au-
delà de mobiliser et de s?appuyer sur toute la
diversité des approches éducatives (accueils et
loisirs jeunesse, activités culturelles, artistiques
et sportives, initiatives citoyennes,
sensibilisation des consommateurs, etc.).
Une nouvelle ambition pour l?éducation à
l?environnement et au développement durable
(EEDD) est à mettre en oeuvre. Cette politique
s?appuiera sur l?action volontariste des pouvoirs
publics et sur le développement concerté de
projets multi-partenariaux impliquant la
diversité des acteurs publics et de la société
civile, à toutes les échelles des territoires.
Comme mis en évidence lors de la Conférence
environnementale 2013, la mobilisation des
différentes sphères d?acteurs implique la
coordination des différentes politiques et
initiatives dans ces domaines en :
- généralisant l?éducation à l?environnement
et au développement durable de la
maternelle à l?enseignement supérieur ;
- promouvant le développement d?initiatives,
expérimentations et innovations
citoyennes ;
- favorisant la diffusion et le partage de
l?information ;
- aidant à la modification des choix et
comportements individuels et des
organisations.
L?accueil en France, en 2015, de la Conférence
des Nations Unies sur le changement
climatique (COP21) donnera ainsi tout son
sens à cette ambition éducative par la
mobilisation de la jeunesse et plus largement
de la société française.
91
Généraliser l?éducation à l?environnement et au développement durable de la
maternelle à l?enseignement supérieur
Afin d?inscrire les dynamiques du
développement durable et de la transition
écologique dans la durée, il est nécessaire que
les systèmes d?éducation et de formation
initiaux, de l?enseignement primaire et
secondaire général, technologique et
professionnel, et de l?enseignement supérieur
en intègrent les enjeux de façon généralisée.
Conformément à la loi de Refondation de
l'École de la République, l?éducation à
l?environnement et au développement durable
est inscrite dans le Code de l?éducation. Les
orientations définies par le Conseil Supérieur
des Programmes visent à approfondir la
généralisation de l?éducation au
développement durable en intégrant les
problématiques propres à ces enjeux
transversaux dans l?ensemble des
programmes d?enseignement . Cette
démarche est mise en oeuvre dans les
formations et les diplômes des sections
générales, technologiques et professionnelles
de l?enseignement scolaire et de
l?enseignement technique agricole, y compris
dans l?approche des métiers auxquels elles
préparent.
La loi pour la refondation de l'École de la
République donne aussi un cadre pour former
les futurs enseignants aux enjeux majeurs
que sont notamment le changement climatique,
la biodiversité, la transition énergétique, la
santé, les risques, la solidarité internationale,
au sein des Ecoles Supérieures du
Professorat et de l'Education (ESPE) et des
écoles doctorales en favorisant les approches
interdisciplinaires.
Plus largement, il s?agit de faire des
établissements scolaires de l?école au
lycée, de l?enseignement supérieur, de
l?enseignement technique agricole, des
lieux d?apprentissage et d?expérimentation.
Pour y parvenir, les écoles et les
établissements scolaires peuvent
développer des projets sous forme de
démarches globales de développement
durable (labellisation E3D), tout en multipliant
les actions éducatives transversales (dont
les sorties scolaires, les classes de
découvertes, les sciences participatives, les
projets éducatifs territoriaux, les initiatives
académiques) et en développant des
partenariats multiples avec les acteurs
territoriaux, en lien notamment avec les
enseignements disciplinaires.
Des outils de partage d?expériences et de
ressources sur les projets pédagogiques de
développement durable seront développés
pour soutenir les équipes pédagogiques
académiques et locales. Une attention
particulière est accordée à la formation des
personnels portant ces démarches globales,
afin de soutenir leur développement, dans la
durée, concourant ainsi à l?objectif d?engager
10 000 projets d?écoles et d?établissements
mettant en oeuvre ces démarches à l?horizon
Évolution du contenu des référentiels et de
la formation des personnels enseignants,
redéfinition du rôle des exploitations
agricoles des établissements, renforcement
de la gouvernance régionale, tels sont les
axes du plan d?action « Enseigner à
produire autrement » pour préparer les
agriculteurs de demain à être les acteurs
de la transition agro-écologique portée par
la loi d?avenir pour l?agriculture,
l?alimentation et la forêt du 11 septembre
2014. Dans ce cadre, des projets innovants
sont engagés par les établissements
d?enseignement agricole pour développer
des formes d?agriculture performantes sur
les plans économique, social et
environnemental, répondant aux principes
de l?agro-écologie. Les changements ainsi
observés sur le terrain sont évalués, décrits
puis insérés dans des programmes
pédagogiques dans lesquels les élèves
s?impliquent activement.
PRIORITÉ 1
92
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
2017 tel que prévu dans la feuille de route pour
la transition écologique de 2013.
En ce sens, il importe également de
poursuivre et de renforcer l?intégration de
l?environnement et du développement
durable dans les cursus de l?enseignement
supérieur par exemple en élaborant, en
association avec les parties prenantes, un
référentiel de compétences génériques et
de connaissances en matière de
développement durable, valorisant les
compétences acquises par les étudiants, y
compris dans le cadre d?engagements
bénévoles.
La valorisation accrue des démarches
d?exemplarité et de responsabilité sociétale des
universités et des grandes écoles, notamment
par la labellisation, ainsi que par l?intégration
de critères liés au développement durable
dans les mécanismes d?habilitation ou
d?accréditation en matière de formations
supérieures ou dans le cas d?une profession
réglementée comme celle d?architecte par les
compétences exigées par la directive
européenne, seront mises en oeuvre à partir de
2015 pour faire de ces établissements des
lieux de pédagogie intégrale au service de la
transition écologique.
Accompagner le nouveau cap de ce champ
éducatif, c?est aussi engager des actions
volontaristes d?études et de recherches
relatives à l?éducation à l?environnement et
au développement durable (EEDD)
s?appuyant notamment sur les recherches en
sciences de l?éducation, en sciences humaines,
sociales, économiques, etc. Il importe d?étudier,
notamment par la recherche-action, les
stratégies pédagogiques et les dispositifs
didactiques susceptibles de donner plus de
sens aux enjeux présentés et aux
changements demandés aux citoyens, donc de
mieux prendre en compte les résistances ou
les inquiétudes pour les dépasser.
Le développement d?un tel champ de
recherche en France est indispensable pour
permettre l?enrichissement et la mise en
oeuvre accrue d?offres de formation
appropriées sur les enjeux de l?environnement
et du développement durable, et ce, pour tous
les éducateurs, formateurs et professionnels
oeuvrant dans le champ de l?éducation formelle,
de l?animation et du sport, et de la formation.
Promouvoir le développement d?initiatives, expérimentations et innovations citoyennes
La transition écologique se pense et se met en
oeuvre en même temps qu?elle s?élabore. Ses
enjeux en seront d?autant plus facilement
appréhendés que les initiatives et les projets
proposés seront concrets et donc appropriés
directement par les individus et les
organisations.
Les solutions à trouver doivent s?inscrire dans
un cadre dynamique qui favorise les
innovations tous azimuts, y compris dans de
nouvelles formes de participation ou d?auto
apprentissage. En outre, notre pays a
fortement besoin de pouvoir s?appuyer sur une
nouvelle culture d?entrepreunariat, renforçant
les capacités d?adaptation de chacun à la
nécessaire transformation des activités, des
modes de production et de consommation.
Cette mise en mouvement et ce processus
« apprenant » sont déjà à l?oeuvre, en
particulier dans le cadre d?expérimentations
locales, de projets territoriaux, d?innovations
sociales, ainsi qu?au sein des familles, acteurs
essentiels des processus d?éducation, de
socialisation et de construction des modes de
vie.
Ceux-ci s?appuient sur des dynamiques de
concertation, de participation et de
PRIORITÉ 2
93
pédagogies accompagnées notamment par le
monde associatif ou par de nouvelles formes
d?organisation collective des citoyens
(consommation collaborative, réseaux
d?échanges de savoirs, espaces de
concertation pour l?EEDD, autoformation dans
le cadre de projets d?auto réhabilitation du bâti,
etc.).
Les cadres d?actions et d?accompagnement
de la citoyenneté par l?éducation populaire,
par les pratiques de l?économie sociale et
solidaire , par l?éducation préventive au risque,
participent également de cette dynamique.
Toutes ces occasions seront encouragées et
l?exemplarité valorisée. Cela passe, par
exemple, par un développement accru du
service civique, du bénévolat associatif, du
volontariat international, des réserves
communales de sécurité civile, en
accompagnement de projets pour une société,
soutenable et solidaire.
De même, sous l?impulsion des collectivités ,
de nouvelles formes d?implication sont
proposées aux citoyens dans le cadre de
politiques transversales et systémiques,
comme les Agendas 21 qui reposent sur un
apprentissage collaboratif et autour du
renouvellement de projets territoriaux de
développement durable. A cet égard, les élus
locaux sont des acteurs essentiels du soutien
aux démarches éducatives et participatives.
Concourent aussi à cette démarche toutes les
formes et tous les supports artistiques et
culturels qui assurent la médiation entre les
enjeux et les citoyens par l?approche
sensible et festive (dont cinéma, théâtre,
musique, art urbain, bande dessinée,
littérature, festivals,?). Ce sont des vecteurs
complémentaires pour se projeter positivement
dans la perspective des « futurs possibles ».
Ces processus pionniers jouent un rôle
fédérateur indispensable qui facilite la
participation, l?engagement volontaire,
l?entraînement entre pairs (habitants, salariés,
étudiants, entrepreneurs, élus,
consommateurs, etc.). Ils stimulent les
apprentissages informels, individuels et
collectifs et peuvent faire évoluer le système de
pensée. Ces processus gagneraient à être
valorisés pour en médiatiser plus largement les
aspects partageables et les éléments
d?innovation.
Dans le cadre d?initiatives concertées entre les
acteurs publics et privés en faveur d?une
société plus participative, une meilleure
visibilité sera donnée aux divers systèmes
d?engagements volontaires et de
reconnaissance co-évalués, ainsi que de
labels co-construits .
Ces démarches contribuent au développement
des alliances, des synergies, et des stratégies
de coopération telles que mises en avant dans
l?axe 8.
Une initiative régionale dans le Nord-Pas-
de-Calais, adressée à tous les publics
(enfants, familles, habitants) propose des
ateliers participatifs pour apprendre et
faire par soi-même. On peut y apprendre
à connaître son environnement proche
(balades et cueillette), à consommer
autrement en réutilisant (atelier réparation
de vélo) et en faisant des économies
d?énergie mais aussi à lutter contre le
gaspillage (faire un lombricomposteur,
faire des conserves de fruits ou légumes)
et à faire des choix plus écologiques au
quotidien (usages des produits
d?entretien).
Ces ateliers permettent de se réapproprier
des savoirs et techniques avec
l?importance de l?échange d?idées et de
partage.
94
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Favoriser la diffusion et le partage de l?information sur notre environnement
Pour comprendre son environnement et agir,
chaque citoyen doit pouvoir disposer d?une
information de qualité pour connaître les enjeux
associés aux résultats de la recherche et
pouvoir échanger en tant que partie prenante
avec des élus, des industriels, des chercheurs
et des services publics. Il est important de faire
dialoguer tous les "savoirs" mais aussi d?y
associer toutes les formes participatives de
débat. Cela permet de faire progresser les
capacités d?expertise collective.
Ces « savoirs » doivent être mis à la
disposition du plus grand nombre, par exemple
en s?appuyant sur des processus comme les
cours en ligne ouverts à tous.
Dans un contexte démocratique, les constats et
diagnostics doivent être partagés par le plus
grand nombre ; à défaut, les politiques qui s?en
inspirent peuvent rencontrer des obstacles à
leur adhésion. L?information, notamment
environnementale, diffusée doit être claire et
fiable.
En ce sens, le renforcement et l?adaptation
de l'information sur les enjeux
environnementaux à destination des
différentes familles d'acteurs de la société
(décideurs, grand public, professionnels,
citoyens, consommateurs, acteurs
économiques, administrations...) sont des
impératifs à poursuivre. Dans le même temps,
une meilleure médiatisation des résultats
d?observation, de suivi et d'expertise sur l'état
de l'environnement tenant compte de
« l?expertise collective des usages » est
indispensable pour faire évoluer positivement
les représentations sociales, références
culturelles et schémas de pensée.
Renforcer l'accès du public à l'information en
matière d'avis et d'études sur les risques
sanitaires émergents (ondes,
nanotechnologies?), réhabiliter dans l?opinion
la place des savoirs d?usage, par exemple sur
la nature et la biodiversité (évènements
météorologiques, saisonnalité du potager, etc.),
sur la mémoire des risques naturels (repères
de crues, documents d?information sur les
risques naturels majeurs, séismes) ou encore
sur l?évolution des paysages, participent au
partage de savoirs, savoir-faire et savoir être
qui sont à favoriser dans le cadre d?échanges
intra et intergénérationnels.
Les divers lieux de construction et de
diffusion de la connaissance (établissements
d?enseignements supérieurs, réseaux
d?éducation populaire et centres de ressources
scientifiques, fédérations syndicales et
professionnelles, associations et fondations,
agences publiques,) doivent se rapprocher
pour faire progresser ensemble la diffusion
d?une connaissance actualisée et
vulgarisée, adaptée au plus grand nombre
de citoyens, sur tous les grands défis
contemporains. Les grandes manifestations, à
l?image de la Fête de la Science, de l?Université
de tous les Savoirs, de la Fête de la Nature, les
forums et les grandes rencontres nationales,
les expositions et événements des
établissements culturels, artistiques, sportifs,
les grands documentaires cinématographiques
contribuent utilement à cette diffusion auprès
du grand public.
Les professionnels des médias (audio-
visuels ou digitaux) ont également dans ces
domaines la responsabilité de devoir mieux
s?approprier les notions complexes relatives
aux grands enjeux de société afin de pouvoir
diffuser les informations sur des bases solides.
Une adaptation des formations initiales et
PRIORITÉ 3
95
continues de ce secteur professionnel reste
à conduire pour y intégrer les enjeux de la
transition écologique.
La communication digitale désormais
largement installée, constitue un vecteur
essentiel de l?amplification et de la
démultiplication des informations auprès du
plus grand nombre en mettant à la
disposition des citoyens de plus en plus
d?outils d?informations, à vocation
opérationnelle .
Des études et recherches prospectives sur
l?évolution des modes de vie liés aux nouvelles
technologies de l?information et de la
communication pourront utilement contribuer à
ébaucher les pratiques favorables de ces
nouveaux outils de « sociabilité » et de partage
de connaissances, tout en intégrant leurs
limites.
Aider à la modification des choix et des comportements de la société
Encourager et soutenir l?évolution des
pratiques et le passage de la prise de
conscience à « l?acte » sont essentiels pour
s?engager lucidement dans la transition
écologique. Faire évoluer les choix et les
comportements du citoyen est une priorité ; les
citoyens doivent devenir « co-acteurs » et
« consomm?acteurs » des progrès réalisés en
matière de transition écologique vers un mode
de développement durable. En effet, si ces
derniers pressentent qu?une partie des
avancées et des solutions est entre leurs
mains, leurs questions et doutes restent
cependant des freins puissants : en matière de
développement durable, il n?existe pas une
seule réponse mais un ensemble de solutions
adaptées aux contraintes environnementales,
territoriales, budgétaires et sociales de chacun.
Mobilités alternatives et déplacements doux,
consommation responsable, alimentation
durable, réduction et tri des déchets, réparation
et recyclage des objets domestiques,
écojardinage, croissance verte et solidaire,
participation citoyenne sont des sujets pour
lesquels chacun souhaite bénéficier de
conseils, tester des savoir-faire facilement
reproductibles, connaître l?impact de ses
comportements pour s?investir plus avant dans
leur évolution.
Les modes d?accompagnement pertinents
sont à co-construire en y impliquant les
citoyens pour qu?ils soient adaptés aux enjeux
de leurs territoires et aux attentes des
habitants.
Des campagnes de mobilisation sur les
thématiques prioritaires de la transition
écologique seront engagées par les
pouvoirs publics , en s?appuyant sur tous les
canaux de diffusion traditionnels ou innovants.
Le recours aux outils digitaux devient
incontournable pour accompagner la
sensibilisation au plus près des
consommateurs. Les réseaux sociaux, la
téléphonie mobile mais aussi la télévision
interactive ou les objets communicants, grâce
aux applications numériques, sont autant de
canaux de diffusion qu?il convient d?intégrer
dans les modes de communication utilisables
D?autres modes d?accompagnement et de
formes d?incitations doivent être étudiés et
testés , notamment la formalisation de corpus
de messages consensuels sur les bénéfices
liés aux comportements éco-socio-
responsables, ou bien par exemple des
pratiques étudiées dans le cadre de l?économie
comportementale telles que les « nudges ».
PRIORITÉ 4
96
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Cela passe également par l?accompagnement
de la communication des entreprises
concernant certaines de leurs obligations
d?informations aux clients (par exemple les
entreprises de transport de personnes et de
marchandises dans la mise en oeuvre
obligatoire d?une information sur les émissions
de CO2 émises lors de leur prestation)et par la
promotion d?outils d?information existants sur
les réglementations environnementales.
Le développement de la démarche
volontaire d?affichage environnemental des
produits et services , permettant aux
consommateurs d?intégrer le critère
environnemental dans leur choix d?achat,
relève des mêmes inflexions à engager.
La mise à disposition d?outils d?information
permettant aux acteurs publics et privés de
communiquer sur leurs pratiques
responsables sera largement promue , tels
l?établissement de baromètres « carbone » sur
les grandes manifestations festives et les
grands événements culturels et sportifs mais
aussi les guides recensant les labels et les
référentiels donnant des repères aux
consommateurs et aux usagers sur le cycle de
vie des produits de consommation.
La communication des pouvoirs publics
s?appuiera davantage sur le partenariat afin
de mutualiser les moyens de communication et
de démultiplier les messages auprès des cibles
proactives : du citoyen à l?entreprise en
passant par les associations.
Un « nudge », au sens littéral « coup de
pouce » est une incitation positive donnée
à l?individu, sans être prescriptive ou
culpabilisante, pour encourager au
passage à l?action. Issus des politiques de
santé publique, les « nudges » sont d?ores
et déjà expérimentés dans d?autres pays
pour favoriser les économies d?énergie ou
lutter contre la pollution. Des études sont
menées en France afin d?en évaluer la
pertinence mais aussi les limites.
97
98
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
99
Mobiliser les acteurs à toutes les
échelles
PRIORITÉ 1
Encourager l'exercice de sa responsabilité par chaque acteur
PRIORITÉ 2
Développer les alliances, les synergies et les stratégies « gagnant-gagnant »,
notamment par le renforcement de la participation publique
INDICATEURS DE SUIVI DE L?AXE 8
Nombre d?agendas 21 locaux et part de la population concernée
Population couverte par une tarification incitative déchets
Part du territoire national couvert par des Scot incluant les enjeux de préservation de la biodiversité et de
limitation de la consommation d?espace
Indicateur de 1er niveau en gras
AXE 8
100
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
La réussite de la transition écologique vers un
développement durable, parce qu?elle implique
un véritable changement de modèle de société,
passe par la mobilisation de tous, aussi bien à
leur propre niveau qu?en interaction et en
synergie avec les autres acteurs d?un territoire,
d?un projet ou d?un secteur. Une étape
préalable passe par des actions d?éducation,
de formation et de sensibilisation (cf. axe 7).
Chacun, mis en capacité d?agir, contribuera
aux enjeux (économie durable, cohésion
sociale, préservation de la biodiversité et des
ressources) de manière transversale. La
construction d?une culture de la pédagogie par
l?action permettra de s?adapter aux
changements et transformations inhérents à la
transition écologique.
Les initiatives en faveur de la transition
écologique se sont multipliées ces dernières
années, portées par des acteurs pionniers
parmi les collectivités territoriales, entreprises,
corps intermédiaires, organisations syndicales,
associations ou citoyens, faisant émerger de
nouvelles manières de produire, d?échanger,
de financer, de se déplacer ou de se loger.
Elles contribuent à créer un élan et un
dynamisme indispensables pour traduire la
transition écologique dans les faits.
Les missions de l?État ont en parallèle évolué,
en lien notamment avec les politiques de
décentralisation. Au-delà de ses missions
régaliennes, l?État a développé un rôle
d?accompagnement des acteurs, en renforçant
la gouvernance en matière d?environnement et
de développement durable, au niveau national
comme au niveau local. Le dialogue
environnemental a ainsi été approfondi, avec la
mise en place du Conseil national de la
transition écologique (CNTE), et les
Conférences environnementales annuelles.
Ces dernières poursuivent et pérennisent la
démarche de concertation avec les parties
prenantes pour définir et mettre en oeuvre les
politiques de transition écologique. Dans les
territoires, la dynamique des Agendas 21
permet de faire participer les acteurs locaux et
les habitants à la réflexion sur l?avenir de leur
territoire et à l?élaboration d?une stratégie et
d?un programme d?actions partagés. Plus de
mille Agendas 21 ont ainsi été engagés à ce
jour.
Cette mobilisation de tous les acteurs s?appuie
sur un cadre international (Déclaration de Rio
en 1992 et Convention d?Aarhus en 1998) et
européen19 qui se renforce progressivement.
En France, la Charte pour l'environnement a
imposé en 2005, dans son article 7, la
participation du public pour toutes les décisions,
nationales ou locales, ayant une incidence sur
l'environnement. La loi du 27 décembre 2012
étend cette participation à l'élaboration des
textes juridiques.
Le foisonnement d?initiatives vertueuses reste
encore limité à un nombre trop restreint
d?acteurs. L?écart persiste entre la prise de
conscience d?un côté et le passage à l?action
de l?autre 20 . Démultiplier les démarches
innovantes, encourager et faciliter l?action de
tous et à tous les niveaux est une nécessité
pour franchir un cap supplémentaire mettant
l?ensemble de la société en mouvement de
manière coordonnée, dans un effet
d?entraînement collectif.
19 Directives 2003/4/CE et 2003/35
20 Voir par exemple l?étude « Chiffres et Statistiques n°505 » de mars 2014
réalisée par le ministère du Développement durable, portant sur les opinions et
pratiques environnementales des Français en 2013.
Créé par la loi du 27 décembre 2012
relative à la mise en oeuvre du principe de
participation du public, le Conseil
national de la transition écologique
(CNTE) est la nouvelle l'instance
consultative en matière de transition
écologique et de développement durable.
Sa création vise à renforcer le dialogue
environnemental .
Installé en septembre 2013, le CNTE est
consulté sur les projets de loi concernant,
à titre principal, l?environnement ou
l?énergie, ainsi que sur les stratégies
nationales relatives au développement
durable, à la biodiversité et au
développement de la responsabilité
sociétale et environnementale des
entreprises.
101
Cette dynamique s?appuiera sur deux piliers :
- l?exercice de sa responsabilité par chaque
acteur (État, citoyens, consommateurs,
entreprises, collectivités territoriales,
syndicats, associations, réseaux
consulaires), et les possibilités d?action
dont il dispose à son échelle ; l?État a à cet
égard un rôle particulier à jouer pour
impulser, catalyser et fédérer ces actions
par la mise en place d?un cadre propice, ce
qui implique qu?il soit lui-même exemplaire
dans son fonctionnement interne ;
- les alliances, synergies et stratégies de
coopération « gagnant-gagnant » entre
acteurs, venant mettre du sens et faire
converger les actions de chacun dans une
direction commune ; elles s?appuieront
notamment sur l?implication et la
participation des individus et organisations
au débat public.
Encourager l'exercice de sa responsabilité par chaque acteur
Chaque acteur, à son niveau, exerce une part
de responsabilité dans la transition écologique
vers un développement durable : leurs
décisions, activités et comportements
impactent la société et l?environnement, et c?est
donc tout d?abord à chacun d?agir.
Au niveau de l?État
L?État parviendra d?autant plus à impulser,
convaincre et accompagner la transition
écologique vers un développement durable
qu?il agit concrètement, innove et s?appuie sur
sa propre pratique en se montrant exemplaire
et moteur. Il doit pour cela renforcer
l?intégration de la transition écologique et des
principes du développement durable dans ses
missions de conception et de mise en oeuvre
de politiques publiques et dans son
fonctionnement interne, à toutes les échelles. Il
s?appuiera également sur la systématisation
d?une action coordonnée entre administrations.
Intégrer pleinement la transition vers un
développement durable dans les missions de
l?État
Dans sa mission de création et d?application de
normes, l?État s?engage à évaluer et réviser
régulièrement les textes. Pour faciliter la vie
des particuliers, des entreprises et des
collectivités tout en assurant un niveau élevé
de protection de l?environnement, l?État doit
donner la priorité au chantier
gouvernemental de simplification du droit
dans lequel il s?est engagé et en particulier
celui de la modernisation du droit de
l?environnement . Il assurera ainsi la lisibilité,
la clarté, la compréhension et l?effectivité du
droit, en veillant à bien appliquer la
réglementation existante. Le projet de loi relatif
à la transition énergétique pour la croissance
verte prévoit par exemple une simplification
des procédures administratives applicables aux
énergies renouvelables et à la méthanisation.
Dans sa mission d?évaluation et d?expertise,
l?État s?engage à consolider son rôle de
référent pour penser les mutations sociales,
culturelles et économiques de la transition
écologique. Il offrira à l?ensemble des
acteurs le cadre de méthode et d?évaluation
de cette transition , en en faisant un outil de
progrès collectif et non de contrôle. Il
développera la réflexion prospective , en
prenant le risque d?innover pour expérimenter
de nouvelles voies et faciliter la progression
des autres acteurs, en visant le long terme. Il
réorganisera ses capacités d?expertise et
d?ingénierie pour répondre plus efficacement
aux besoins des acteurs et en particulier des
collectivités et des territoires, notamment avec
la création de l?Agence française pour la
biodiversité. Il s?appuiera sur son réseau de
chercheurs et d?experts , notamment par son
réseau scientifique et technique, et en
particulier, le Centre d?études et d?expertises
sur les risques, l?environnement, la mobilité et
l?aménagement (CEREMA).
PRIORITÉ 1
102
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Dans sa mission de maître d?ouvrage de plans,
programmes et projets, l?État s?engage à
adapter ses méthodes de conception à
l?exigence de la transition écologique , à
innover si nécessaire et à faire profiter de son
expérience tous les acteurs de la société.
Dans sa mission de promoteur du
développement durable et de partenaire, l?État
s?engage à donner l?impulsion en apportant
son éclairage et à favoriser les échanges et
la capitalisation entre les acteurs . A cet effet,
il encouragera le développement de plateforme
d?échange comme le Club développement
durable des entreprises et établissements
publics, et maintiendra ses missions
d?animation au niveau national et régional.
Intégrer pleinement la transition vers un
développement durable dans le fonctionnement
de l?État
L?État doit montrer la voie et encourager les
autres acteurs à agir dans le même sens, mais
il dispose également, de par son poids dans
l?économie, d?un véritable effet de levier pour
stimuler de nouveaux marchés et de nouvelles
filières (par exemple à travers le parc
automobile de l?État).
Il renforcera les échanges avec ses
partenaires, fournisseurs et usagers pour
progresser vers un fonctionnement plus sobre.
Il mènera une politique de commande
publique durable ambitieuse , soutenant
l?achat de produits et services issus du
commerce équitable, engageant ses
partenaires dans le cadre du Plan national
d?action pour les achats publics durables, et
réduira l?impact environnemental du
fonctionnement de ses administrations . La
circulaire 21 relative à l'exemplarité de l?État
au regard du développement durable dans le
fonctionnement de ses services et de ses
établissements publics sera révisée afin de
fixer des objectifs aux services de l'État pour
2020. Elle prendra mieux en compte la
responsabilité sociale de l'État employeur,
permettra à chaque ministère de définir son
plan administration exemplaire en fonction de
ses enjeux prioritaires en matière de
21 Circulaire du Premier ministre n°5351/SG du 3 décembre 2008
développement durable, tout en continuant à
viser l?exemplarité de l?État. La
professionnalisation accrue des réseaux
d?acheteurs publics (État, collectivités
territoriales et hôpitaux) et la mise à disposition
d?outils montrant l?intérêt économique de
l?achat durable devront notamment à contribuer
à l?appropriation de la notion de coûts du cycle
de vie.
Premier employeur à l?échelle nationale, l?État
conduira une politique de responsabilité
sociale dans ses services et établissements
publics , développera un management
responsable aidant à la conduite du
changement et formera systématiquement
ses agents , notamment les décideurs, aux
enjeux du développement durable et de la
transition écologique. La gestion des
ressources humaines, les recrutements et les
compétences de l?État devront également être
mieux adaptés aux missions d?avenir.
Au niveau des collectivités territoriales
Dans le contexte des lois de décentralisation,
la responsabilité croissante des collectivités
territoriales, qui conduisent la plupart des
plans, projets et investissements publics, leur
permet de jouer un rôle central dans
l?intégration effective de la transition écologique
et du développement durable dans les
territoires. En tant qu?acteurs de proximité
également mobilisés au niveau européen et
international, elles sont un relais d?information
et de mise en synergie, et créent ou favorisent
des dynamiques locales fédératrices.
103
L?action des collectivités territoriales doit
être soutenue et encouragée par une double
dynamique de renforcement des processus
existants -comme les Agendas 21 locaux qui
permettent de rompre avec les logiques
sectorielles cloisonnées, de porter une
dynamique prospective pour leur territoire et de
créer des dispositifs de concertation et
d?implication des habitants-, et de nouveaux
processus et outils. A ce titre, leur activité
s?appuiera utilement sur l?élaboration de
référentiels de méthode et d?évaluation ; elle
sera soutenue par un appui méthodologique
aux processus de rapportage (rapports
développement durable des collectivités), et
pourra bénéficier d?une mobilisation conjointe
avec l?État pour répondre aux appels à projets
européens de financement sur la transition
écologique et le développement durable.
Au niveau du citoyen
Dans une société en transition vers un modèle
durable, le citoyen est gestionnaire et co-
responsable des biens communs (ressources
naturelles et culturelles), qu?il agisse
individuellement ou dans le cadre associatif.
C?est en faisant prendre conscience à chacun
de cette responsabilité que l?action individuelle
pourra avoir une influence sur les
comportements collectifs, orientant
progressivement la société et l?économie vers
un nouveau modèle de développement.
Cette mise en mouvement est déjà à l?oeuvre et
doit s?accélérer dans le cadre
d?expérimentations locales et de projets
territoriaux, d?initiatives citoyennes,
d?innovations sociales, de dynamiques
urbaines, de bénévolat associatif notamment
dans le domaine sportif, de service civique, de
festivals artistiques, de sciences participatives,
de réseaux d?échanges de savoirs, d?auto
réhabilitation du bâti, etc. Ces processus
pionniers gagneraient à être largement
médiatisés pour faciliter leur démultiplication
et produire une émulation plus significative.
Cette responsabilité du citoyen s?exercera
d?autant mieux que des espaces de
concertation, notamment au niveau d?un
territoire, quelle qu?en soit la forme, auront
été prévus, et que la société civile, en
particulier via des associations, sera soutenue
dans ses actions contribuant à la mise en
oeuvre de politiques publiques.
Au niveau des entreprises
Les entreprises, entendues au sens de
l?ensemble de ses composantes (dirigeants,
salariés, organisations syndicales) doivent être
« responsables vis-à-vis des effets qu?elles
exercent sur la société (définition de la RSE
donnée par la commission européenne en
2011)». La responsabilité sociétale des
entreprises (RSE ) constitue un outil de
l?évaluation de la performance globale au
regard du développement durable (prise en
compte des impacts des décisions et activités
sur la société et l?environnement). Elle est
Les biens communs recouvrent trois
types de ressources : la nature (l?air, l?eau,
les sols, les animaux, les plantes?), la
culture (la langue, la philosophie, la
musique?) et la communauté (les rues,
les équipements, les institutions, les
règles?). Nous en avons hérité, ils
peuvent sembler abondants, parfois
invisibles.
Selon Elinor Ostrom, politologue et prix
Nobel de sciences économiques en 2009,
la préservation des biens communs
suppose « l?agir en commun » , selon
trois briques : les ressources, les gens, les
règles et normes qui permettent de lier
entre elles ces composantes.
104
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
également un outil de négociation entre les
entreprises et la société ainsi qu?un levier pour
leur compétitivité et leur efficacité. Son
développement nécessite notamment
l?extension à l?ensemble des organisations
privées -notamment les PME- ou publiques, de
la politique d?incitation à rendre compte aux
parties prenantes des impacts sociaux,
sociétaux et environnementaux de leur activité.
La poursuite et l?approfondissement du Plan
national d?actions en faveur de la RSE et de la
plate-forme nationale RSE, comme lieu de
débat permanent et de référence en matière de
responsabilité, participeront à ce
développement.
Dans ce cadre, les entreprises multiplieront
les certifications environnementales,
renforceront la lutte contre la discrimination
et la promotion de la diversité et de l?égalité
femme - homme dans le cadre des nouvelles
obligations législatives et réglementaires. Pour
les TPE-PME, l?approfondissement de la
question de la labellisation des entreprises
responsables est une piste à l?étude .
Acteurs majeurs des territoires, les
entreprises , en s?appuyant sur les réseaux
consulaires, doivent devenir des partenaires
actifs et engagés dans des démarches
volontaires collectives et partagées avec les
parties prenantes à l?échelle des territoires, des
parcs d?activités, des professions,
d?interprofessions?
Développer les alliances, les synergies et les stratégies « gagnant-gagnant »,
notamment par le renforcement de la participation publique
Face à l?ampleur de la complexité des enjeux
écologiques et compte tenu du partage des
responsabilités, la recherche de synergies et
de stratégies de coopérations et alliances
devra être encouragée à tous les niveaux pour
que la transition écologique soit conduite de
manière efficace et qu?elle soit source
d?opportunités nouvelles.
La capacité des territoires à construire des
accords stratégiques entre eux, entre échelons
territoriaux, avec l?État et l?Union européenne,
sera désormais l?une des clés de leur
attractivité économique et de leur contribution à
la transition écologique. La réussite de ces
stratégies passe par la possibilité de
contractualisations ouvertes, dynamiques
et à géométrie variable, entre territoires
alliés face aux enjeux de la transition ainsi que
par le repositionnement de l?appui de l?État
au service des coopérations entre
territoires . En effet des conventions
territoriales peuvent être conclues entre l?État
et les collectivités 22 . Les fonds européens,
dans le cadre de l?accord de partenariat entre
la France et l?Union européenn, portant le
développement durable comme axe transversal
et comme objectif thématique «poursuivre la
transition écologique et énergétique et la
gestion durable des ressources naturelles, et
les contrats de plan État Région (CPER)
peuvent également favoriser ces partenariats.
La relance de la croissance et de l?emploi
pourra s?appuyer sur le développement de
l?économie sociale et solidaire, grâce
notamment à la loi sur l?économie sociale et
solidaire du 31 juillet 2014, qui permettra aux
citoyens de réaliser des investissements
socialement responsables et d?identifier les
pratiques les plus responsables au travers des
dispositifs de labellisation. Il permettra
également d'inciter les donneurs d'ordre, les
consommateurs et les citoyens, à mieux
prendre en compte ce secteur dans leurs
22 Article 254 de la loi portant engagement national pour l?environnement
PRIORITÉ 2
105
activités et à orienter davantage leur demande
vers ce secteur, dont le mode de
fonctionnement est cohérent avec les enjeux
de la transition écologique.
Les défis posés par la transition écologique
nécessitent de renouveler la relation entre
secteurs public et privé pour partager les
enjeux, réunir les compétences nécessaires à
l?analyse des problèmes complexes et définir et
mettre en oeuvre des cadres d?action
permettant à chacun de participer efficacement
à la transition écologique. Pour cela, le
développement de formes adaptées,
dépassant les formes classiques du
partenariat public-privé , de mise en
commun d?ingénierie et d?expertise pour
traiter de problématiques complexes liées à la
transition sera encouragé .
La promotion des conventions
d?engagement volontaire par secteur/filière
sera aussi poursuivie , en les accompagnant
de dispositifs de suivi, d?évaluation et de
capitalisation de l?expérience, et en renforçant
leur visibilité, comme l?illustre l?intérêt porté à
cette démarche dans le domaine de l?économie
circulaire dans le cadre de la Conférence
environnementale 2013. Le Conseil national de
l'industrie mobilise l'ensemble de ses filières
afin de définir des parcours de progrès en
matière d'économie circulaire, notamment afin
de développer de nouveaux marchés, dans
l'esprit des Green Deals Néerlandais, où des
entreprises peuvent s'engager dans des
démarches innovantes, du point de vue de la
protection de l'environnement tout en
développant de nouveaux modèles
économiques, avec le soutien des ministères
de l'économie et de l'écologie.
Le soutien au mécénat environnemental , qui
permet de tisser des liens entre porteurs de
projets et entreprises, sera accru . Le mécénat
environnemental est une opportunité pour les
partenaires, qui peut en fonction des projets
portés stimuler la création d?emplois et la
réinsertion sociale (chantiers de volontaires,
brigades nature, conseillers en écologie,
opérateurs en milieu urbain...) et favoriser un
renforcement des liens avec les collectivités
territoriales.
La Stratégie nationale pour la biodiversité
(SNB) 2011-2020 a mis en place un cadre
cohérent qui permet à tous les acteurs, publics
et privés, aux différents niveaux territoriaux et
dans tous les secteurs d?activités, de contribuer
à la préservation de la biodiversité sur une
base volontaire.
Le mécanisme de mobilisation associé à la
stratégie est très innovant et comprend deux
étapes :
- les acteurs volontaires signent d?abord
« l?adhésion à la SNB » pour manifester
leur intérêt, valoriser et faire connaître la
SNB23.
- chaque adhérent est ensuite invité à agir
concrètement en présentant un
« engagement volontaire » (projet
contenant un ensemble d?actions
cohérentes et significatives qui s'inscrivent
au coeur de l'activité de l'organisme, au-
delà du simple respect de la législation et
proportionnées à la capacité du porteur).
Lors des deux premiers appels à
reconnaissance SNB lancé en 2012 et 2013,
80 acteurs avaient déposé un projet
d?engagement volontaire. 55 projets émanant
principalement d?entreprises, mais aussi du
secteur associatif, des collectivités territoriales
et du monde syndical ont été reconnus.
Ces stratégies de coopération devront
également s?appuyer sur le renforcement de
la participation publique, appelé de ses voeux
par le Président de la République lors du
lancement du grand chantier sur la démocratie
participative à l?occasion de l?ouverture de la
Conférence environnementale 2014. La
participation publique permet le développement
de la capacité à débattre et à agir, en
reconnaissant l?expertise intrinsèque de
chaque acteur, et plus particulièrement des
habitants, et en les associant aux instances de
décision et de gestion publique pour créer une
23 Début mai 2014, 394 structures avaient adhéré à la SNB : 154 associations, 145
entreprises ou organisations professionnelles, 47 établissements publics, 46 collectivités
territoriales et 2 syndicats de salariés.
La Stratégie nationale pour la
biodiversité (SNB) 2011-2020 a mis en
place un cadre cohérent qui permet à tous
les acteurs, publics et privés, aux différents
niveaux territoriaux et dans tous les
secteurs d?activités, de contribuer à la
préservation de la biodiversité sur une base
volontaire.
Le mécanisme de mobilisation associé à la
stratégie est très innovant et comprend deux
étapes :
- les acteurs volontaires signent d?abord
« l?adhésion à la SNB » pour manifester
leur intérêt, valoriser et faire connaître la
SNB24 ;
- chaque adhérent est ensuite invité à agir
concrètement en présentant un
« engagement volontaire » (projet
contenant un ensemble d?actions
cohérentes et significatives qui
s'inscrivent au coeur de l'activité de
l'organisme, au-delà du simple respect
de la législation et proportionnées à la
capacité du porteur).
Lors des deux premiers appels à
reconnaissance SNB lancé en 2012 et
2013, 80 acteurs avaient déposé un projet
d?engagement volontaire. 55 projets
émanant principalement d?entreprises, mais
aussi du secteur associatif, des collectivités
territoriales et du monde syndical ont été
reconnus.
106
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
intelligence collective du territoire (jurys
d?appels d?offres, gestion urbaine de proximité
durable?). Ce développement de la capacité à
débattre et à agir pourra également être facilité
par l?expérimentation de territoires de
coresponsabilité pour mettre en oeuvre des
plans d'actions collectifs, au niveau d'un
quartier, d'une institution, d?un territoire (urbain
ou rural).
La participation publique permet également
l'amélioration de la décision ou du projet. Les
dispositifs participatifs s'appuient sur
certains principes qu?il conviendra
d?afficher plus explicitement (égalité de
traitement, transparence, argumentation, rendu
compte) pour la crédibilité du processus. Une
communication sera systématiquement faite
sur les impacts et conséquences des
projets débattus.
Afin d?assurer une meilleure représentativité,
une grande attention sera portée à la
diversité des publics participants , et
notamment à l?implication des populations en
difficulté. Pour y arriver, il est important de
s?appuyer sur les réseaux d?échanges de
savoirs, les dispositifs d?insertion, et les
associations. La mutualisation des outils de
participation sur le territoire (débat public,
concertation en environnement, urbanisme,
politique de la ville?.) permettra d?avoir une
vision stratégique.
La participation publique doit devenir un
mode de gouvernance et de management
intégré à la culture d?entreprise. Les
processus de participation engendrent des
modifications dans les modes d'organisation :
ils nécessitent de la transversalité, un
changement de culture professionnelle et
politique. Ainsi, les dispositifs de formation
initiale et continue devront développer les
formations à l?ingénierie de la participation. Les
garants et commissaires enquêteurs seront
systématiquement formés afin de construire
une culture de la concertation en matière
d?enquête public. La fonction d?acteur-relais
médiateur sera développée (associations et
régies de quartier, pôles ruraux?) pour animer
les dispositifs de mobilisation citoyenne.
De nouveaux outils viendront incarner cette
évolution de la gouvernance, comme des
chartes de la participation, permettant
d?encadrer la mise en place d?un dialogue
territorial entre élus des divers échelons de
territoire, associations, parties prenantes. Les
conseils de développement à l?échelle
intercommunale et dans les territoires de projet
seront rendus obligatoires, et seront mandatés
sur le suivi-évaluation et la prospective
territoriale.
Un territoire de coresponsabilité est un
territoire (quartier, commune,
intercommunalité...) dans lequel est
organisé un processus de concertation
pour élaborer et réaliser de nouvelles
formes de co-responsabilisation des
acteurs collectifs (pouvoirs publics,
organisations, associations...), des
entreprises, de leurs représentants et des
citoyens visant à assumer les
changements nécessaires à l?assurance du
bien-être de tous, selon des modes
d?actions solidaires, qui préservent
l?environnement et les ressources et
intègrent les générations futures.
Appliqué dans un certain nombre de
communes d?Europe et hors Europe, ce
concept a donné lieu à la constitution d?un
Réseau International des Territoires de
Coresponsabilité : « Together », porté par
le Conseil de l?Europe avec des
collectivités pionnières, dont Mulhouse,
Braine-L'Alleud (Belgique), la Plateforme
inter-municipale du grand Lisbonne
(Portugal) et Kavala (Grèce).
107
108
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
109
Promouvoir le développement
durable aux niveaux européen et
international
PRIORITÉ 1
Renforcer la gouvernance internationale de l'environnement et du développement
durable
PRIORITÉ 2
Mener à bien les négociations sur le climat
PRIORITÉ 3
Renforcer la protection et la valorisation des écosystèmes et milieux naturels
PRIORITÉ 4
Promouvoir la transition écologique de l?économie
PRIORITÉ 5
Intégrer le développement durable dans les politiques thématiques de l?Union
européenne
PRIORITÉ 6
Adapter la politique d?aide au développement
INDICATEURS DE SUIVI DE L?AXE 9
Part de l'aide publique au développement dans le re venu national brut
Montant de l'aide publique au développement pour la biodiversité et le climat
Part des eaux marines françaises en aires marines protégées
État de conservation des habitats naturels
Indicateur de 1er niveau en gras
AXE 9
110
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Les grands enjeux écologiques dépassent nos
frontières et ne peuvent être résolus au seul
niveau national : ils requièrent aussi une action
aux échelles européenne et internationale.
Qu?ils soient démographiques, géopolitiques ou
environnementaux, de profonds changements
sont intervenus à l?échelle mondiale ces
dernières années et l?humanité se heurte
aujourd?hui à de nombreux défis intimement
liés entre eux, notamment en termes
d?éradication de la pauvreté et d?atteinte d?un
développement durable dans ses trois
dimensions. Ces défis sont d?une telle ampleur
et d?une telle complexité qu?ils requièrent des
actions renforcées et coordonnées de tous les
pays, du sud au nord, à tous les niveaux de
territoire et dans tous les secteurs. Ils
nécessitent également des engagements
politiques internationaux forts conclus au plus
haut niveau et mobilisant une participation
accrue de tous les acteurs de la société. Faire
face à ces défis contribue aussi à prévenir les
conflits liés à la raréfaction des ressources ou
au changement climatique.
En juin 2012, lors de la conférence des Nations
Unies sur le développement durable dite
« Rio+20 », la communauté internationale a
décidé de renforcer son action, que ce soit en
termes de gouvernance internationale ou
d?élaboration d?objectifs universels de
développement durable.
La France est très impliquée dans la mise en
oeuvre des engagements de Rio+20, ainsi que
dans la promotion d?un agenda unique et
universel faisant converger, à partir de 2015,
objectifs de développement durable et objectifs
du millénaire pour le développement. Pays
hôte de la conférence internationale sur le
climat en 2015, la France porte une ambition
élevée à l'international en matière de lutte
contre le changement climatique. De même, la
richesse en biodiversité de son territoire,
notamment outre-mer, la place parmi les
premiers pays agissant pour la protection et la
valorisation des écosystèmes et des milieux
naturels. Elle a accueilli le forum mondial de
l?eau en 2012 et accompagne, via la
coopération entre bassins versants, la prise en
compte du droit à l?eau au niveau mondial.
Malgré une importante mobilisation
internationale, beaucoup reste à faire dans un
contexte de grave crise économique et sociale.
Mais cette crise mondiale doit aussi être
regardée comme une opportunité de
transformer nos modèles économiques et nos
modes de consommation et de production. Il
s'agit d?intégrer systématiquement le
développement durable aussi bien dans les
politiques économiques que sectorielles, au
sein de chaque instance pertinente, notamment
au sein de l?Union européenne qui constitue un
échelon essentiel d?impulsion, d?élaboration et
de mise en oeuvre des politiques de
développement durable et de mobilisation des
pays tiers vers la transition écologique.
C?est enfin dans sa stratégie d?aide au
développement et dans l?ensemble des outils
de l?aide internationale que la France
matérialisera son message du développement
durable, en association étroite avec tous les
acteurs concernés.
Renforcer la gouvernance internationale de l'environnement et du développement
durable
Le développement durable, et notamment sa
dimension environnementale, peine à s?inscrire
de manière cohérente dans les priorités
internationales. En l?absence d?autorité en
mesure de fixer les priorités stratégiques de
l?agenda environnemental mondial, les accords
multilatéraux sur l?environnement se sont
multipliés ces vingt dernières années. En
matière de développement durable, il n?existe
actuellement pas de véritable cadre
PRIORITÉ 1
111
institutionnel mondial en mesure de donner les
grandes orientations et de proposer des
recommandations. En outre, le développement
durable est un objectif international qui ne peut
se réduire à être mis en oeuvre par un nombre
limité de pays.
Or les modèles de croissance économique
actuels sont obsolètes. Il nous est impossible
de garantir une vie décente à 9 milliards de
personnes en 2050 sur notre planète aux
ressources limitées sans prendre en compte
simultanément les dimensions sociale,
économique et environnementale. La
conférence Rio+20 de juin 2012 a été une
étape importante vers cet objectif.
Les enjeux pour la France sont :
- d?oeuvrer pour une gouvernance
rénovée et renforcée de
l?environnement, capable d'assurer la
cohérence de l'ensemble des sujets
environnementaux (climat, biodiversité,
dégradation des terres, produits chimiques
et déchets, déforestation, appauvrissement
des ressources?),
- de renforcer la gouvernance du
développement durable au niveau
mondial et régional et d?assurer le suivi
des engagements pris ,
- d?appuyer l?intégration du développement
durable dans toutes les politiques
publiques aux niveaux national, régional et
international.
Dans la continuité de Rio+20, la France a donc
pour objectifs :
- la promotion d?un agenda unique et
universel du développement durable
après 2015 , intégrant de manière
équilibrée les trois composantes du
développement durable et visant
l?élimination de la pauvreté ;
- la transformation du Programme des
Nations unies pour l'Environnement
(PNUE) en agence spécialisée des
Nations unies pour l?environnement ,
autorité dotée de financements stables,
permettant une intégration des sujets
environnementaux et un renforcement de
l?interface science-politique. La création de
l?Assemblée des Nations Unies pour
l?environnement est un pas important en ce
sens, mais il convient d?aller plus loin ;
- la consolidation et la montée en puissance
du Forum politique de Haut niveau sur le
développement durable. Garant d?une
meilleure coordination au sein des Nations
Unies du suivi des activités liées au
développement durable, il insufflera une
nouvelle dynamique permettant d?intégrer
ses enjeux au plus haut niveau dans les
priorités internationales ;
- une participation accrue de tous les
acteurs de la société dans cette
gouvernance rénovée.
Le Groupe des amis du paragraphe
47
Lancée en juin 2012 à l?initiative de 4
pays, dont la France, le Groupe des
amis du paragraphe 47 de la déclaration
de Rio+20 est une initiative
intergouvernementale visant à
promouvoir le rapportage
Développement Durable des
entreprises, considéré comme un levier
incontournable du bon fonctionnement
d?une économie de marché et de la
contribution du secteur privé au
développement d?une économie
décarbonée, résiliente et socialement
juste. Considérant l?enjeu du rapportage
extra-financier comme central dans la
promotion d?une économie durable, la
France en assure actuellement la
présidence au travers du Ministère de
l?écologie, avec l?appui du Ministère des
affaires étrangères.
112
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Mener à bien les négociations sur le climat
Les signes d?un dérèglement climatique se
multipliant, et les engagements actuels des
différents pays étant incompatibles avec
l'objectif de limiter l'augmentation de la
température moyenne mondiale à 2°C, une
action internationale concertée à la hauteur des
enjeux est plus que jamais une nécessité.
Lors de la conférence de Durban fin 2011, les
États ont ouvert un nouveau cycle de
négociation en convenant d?élaborer d?ici 2015
un accord les engageant tous et devant entrer
en vigueur d?ici 2020.
Ce nouveau cycle doit définir un cadre pour les
engagements des pays d?ici, et après 2020. Il
doit relever trois défis :
- comment réussir à engager chacun, à la
hauteur de ses responsabilités et
capacités, dans un cadre juridiquement
contraignant à partir de 2020 ?
- comment faire que ce cadre soit évolutif et
incitatif, et que l?ambition individuelle et
collective se renforce au cours du temps?
- comment renforcer dès à présent et d?ici
2020 les actions d'atténuation et
d'adaptation au changement climatique ?
Pays hôte de la conférence de 2015, la France
se doit d?être exemplaire et fédératrice, de tenir
compte des intérêts de tous les pays et de
valoriser les initiatives des gouvernements,
des collectivités et de la société civile, pour
la réduction des émissions et pour
l?adaptation . La réussite de la COP21
reposera sur quatre piliers dont son action
diplomatique devra viser la mise en place en
2015 : (i) d?un accord pérenne comprenant
des mesures d?atténuation et d?adaptation au
changement climatique ; (ii) de contributions
nationales des pays au futur accord, c?est à
dire leurs futurs engagements possibles ;
(iii) d?un « agenda des solutions », qui devra
mettre en valeur les résultats et les
opportunités des initiatives pour le climat qui
agissent sans attendre 2020, en complément
de l?action renforcée des pays ; (iv) de
financements de long terme pour le climat ,
par les pays (la capitalisation de plus de 10
Mds de dollars du Fonds vert est un exemple)
mais aussi et surtout par tous les investisseurs,
ainsi que le développement et le transfert de
savoir-faire et de technologies . L?obtention
d?un accord passera par la valorisation des
opportunités d?une transition bas carbone pour
le développement et la croissance. En matière
d'adaptation, une articulation devra être
recherchée avec la fixation en 2015 du
nouveau cadre d'action post-Hyogo de
réduction des risques de catastrophes
naturelles.
En pointe pour le climat, l?Union européenne
(UE) a un rôle central à jouer, qu?il s?agisse de
ratifier rapidement la deuxième période du
protocole de Kyoto, de remplir les
engagements pris au titre de ce protocole et de
s?engager avec ambition pour l?après-2020.
Ainsi, le Président de la République s?est
engagé à défendre un objectif européen de
réduction des émissions de gaz à effet de
serre, par rapport à 1990, de 40 % en 2030 et
de 60 % en 2040.
Avec l?accord sur le cadre énergie-climat
2030 adopté par le Conseil européen en
octobre 2014 , l?Union européenne se place en
pointe dans la perspective de la conférence de
Paris en décembre 2015. Ce cadre européen
fixe, d?ici 2030, un objectif contraignant au
niveau national de réduction des émissions de
GES d?au moins 40 %, un objectif indicatif
d?efficacité énergétique d?au moins 27% et un
objectif contraignant au niveau européen de
27 % de part d?énergies renouvelables dans la
consommation énergétique. L?objectif
d?efficacité énergétique sera réexaminé d?ici
2020, dans l?optique de le porter à 30 %. Pour
être pleinement effectifs, ces objectifs devront
rapidement être traduits sur le plan législatif
européen, sur la base des propositions à venir
de la Commission européenne.
PRIORITÉ 2
113
Renforcer la protection et la valorisation des écosystèmes et milieux naturels
La France a une forte responsabilité en matière
de préservation de la biodiversité terrestre et
marine, tant en métropole qu?en outre-mer où
ses territoires hébergent une biodiversité
d'importance mondiale mais qui n?échappe pas
à la dégradation. Elle porte également une
ambition élevée au niveau international dans
ce domaine, et peut mettre en avant son
expertise scientifique et son savoir-faire en
matière de protection et de valorisation.
La demande croissante d?espaces, de
ressources et de services fournis par les
écosystèmes conduit à un appauvrissement
mondial de la biodiversité et des milieux
naturels et fragilise les économies. Les
engagements mondiaux de Nagoya, déclinés
en 20 objectifs (« objectifs d?Aïchi »), pris en
2010 ont établi un cadre d?action transversal
pour la protection de la biodiversité. Des
instruments communautaires y contribuent tels
que le réseau Natura 2000, la directive cadre
stratégie pour le milieu marin et la stratégie
pour la biodiversité à l?horizon 2020. La France
intègre ces engagements dans ses politiques
nationales. Le panorama mondial reste
toutefois dispersé.
En haute mer, la France et l?UE soutiennent
la mise en place d?un cadre juridique
mondial sur la biodiversité, dont l?absence
freine l?établissement d?aires protégées.
L?identification scientifique de zones
marines d'intérêt écologique ou biologique
par la Convention sur la diversité biologique
facilitera la désignation de réseaux d?aires
protégées dans les mers régionales . Des
initiatives telle la Conférence ministérielle
d?Ajaccio pour la préservation des océans ont
permis de redynamiser l?impulsion politique
mais les ressources financières mobilisées ou
envisagées restent en deçà de l'enjeu. Par
exemple, à l?initiative de la France et de
Monaco, un fonds fiduciaire pour les aires
marines protégées en Méditerranée est en
cours de création. Une priorité accrue sera
accordée à la mise en oeuvre efficace des
engagements, à l?implication de la société civile
et notamment des acteurs économiques, à la
mobilisation de financements ciblés et à la
pleine application des nouveaux instruments,
en particulier le Protocole de Nagoya sur les
ressources génétiques et la plateforme
scientifique internationale sur la biodiversité
(IPBES).
La France se mobilisera en faveur de
l?intégration des objectifs de Nagoya au sein
des conventions de Rio (biodiversité, climat et
désertification), des autres enceintes
mondiales et régionales traitant de la
biodiversité, de l'eau et de la haute mer, et des
organisations sectorielles internationales. Elle
oeuvrera pour l?atteinte des engagements
financiers mondiaux en faveur de la
biodiversité, l?AFD ayant notamment prévu
notamment de doubler les financements dédiés
aux actions de coopération dans le domaine de
la biodiversité.
L?atteinte de cet objectif renforcera une
croissance économe en ressources naturelles,
rejoignant l?objectif d?utilisation efficace des
ressources de la stratégie de croissance de
l?UE « Europe 2020 ». Il soutiendra la
mobilisation et la valorisation internationales de
l?expertise, notamment scientifique. 55 % des
emplois de l?UE et 84 % de ceux des pays en
développement ont en outre un lien direct et
significatif avec les services écosystémiques24.
24 Source : "The Social Dimension of Biodiversity Policy", rapport pour la
Commission européenne, février 2011
PRIORITÉ 3
114
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Promouvoir la transition écologique de l?économie
La France et l'UE, à travers son 7ème
programme d?action pour l?environnement, ont
un niveau d?exigence environnementale plus
élevé que de nombreux autres pays. Mais des
efforts restent à faire pour que la préservation
de l'environnement devienne une dimension à
part entière des politiques macroéconomiques
et de leur compétitivité, au même titre que la
croissance et l?emploi. L?UE, les Nations unies,
l?OCDE, le G20 incitent à cette transition.
Pour la France, l?enjeu est triple :
- mieux utiliser les instruments
économiques et financiers en vue
d?atteindre ses objectifs environnementaux,
- accroître sa compétitivité dans les
secteurs de l'économie verte par
l?innovation, le dépôt de brevets, la mise en
place de filières, la formation des salariés,
etc.
- faire en sorte que les règles du jeu
européen et mondial créent un contexte
favorable à une meilleure prise en
compte de l'environnement dans
l?économie et à la demande de biens et
services des secteurs de l'économie verte.
La France défendra ainsi la mise en place de
règles visant à une meilleure intégration des
enjeux environnementaux dans l?activité
économique :
- au sein de l?UE : oeuvrer pour une
réglementation ambitieuse de la fiscalité de
l'énergie en encourageant la Commission
européenne à poursuivre les discussions
sur le sujet ; supprimer à terme les
subventions aux énergies fossiles ; mieux
intégrer le développement durable dans la
commande publique ainsi que dans la
politique industrielle de l?UE ; veiller à ce
que l?utilisation efficace des ressources
reste une priorité forte de la Commission ;
encourager les travaux européens en
matière d?affichage environnemental des
produits et soutenir la généralisation de leur
mise en oeuvre ; influencer les orientations
en matière de consommation et production
durables, y compris par la responsabilité
sociétale des entreprises et le rapportage
extra-financier des entreprises, en
instaurant des critères de durabilité des
produits, avec l?objectif de réduire
l?empreinte écologique de l?Europe sur
toute la planète ; renforcer le chapitre
développement durable des accords de
libre échange, notamment en améliorant
les études d'impact sur le développement
durable et en y mentionnant les principes
directeurs de l'OCDE à l'intention des
multinationales ;
- à l'OMC : plaider pour une meilleure prise
en compte de la préservation de
l'environnement et des normes sociales
dans les règles du commerce international ;
améliorer la cohérence entre les accords
environnementaux multilatéraux et l'OMC ;
encourager l'élimination des droits de
douane et des obstacles non tarifaires sur
les biens et services environnementaux ;
- aux Nations Unies : soutenir la mise en
oeuvre des objectifs et des programmes
issus de Rio+20 et y participer activement,
notamment le cadre décennal pour la
consommation et la production durables, la
promotion du rapportage extra-financier
des entreprises (y compris secteur
Affichage environnemental des
produits
Dès le lancement du projet, la France a
activement porté le sujet au niveau
communautaire, dans le contexte d?une
multiplication des initiatives du même
type en Europe (nouveaux labels relatifs
au climat et à l?environnement). Ces
efforts ont porté leurs fruits, en
contribuant à amener la Commission
européenne à lancer en 2013 sa propre
expérimentation de l?affichage, cette fois
à l?échelle européenne. La France
participe activement à cette phase pilote
de trois ans.
PRIORITÉ 4
115
financier) et le développement d?indicateurs
complémentaires du PIB ;
- à l'OCDE : amplifier la déclinaison des
principes de croissance verte dans les
différents domaines (agriculture, santé,
innovation, urbanisme...) ; se mobiliser pour
la mise en oeuvre des recommandations
issues de l'examen 2015 des performances
environnementales de la France ;
- à la FAO : contribuer à mieux faire
connaître les pratiques agroécologiques
aux pays membres, pour une mise en
oeuvre de celles-ci la plus large possible au
niveau mondial.
- au G20 : rendre effectif l?engagement pris
d?éliminer progressivement et de
rationaliser à moyen terme les subventions
inefficaces aux énergies fossiles qui
encouragent la surconsommation ; mieux
intégrer les coûts environnementaux dans
le prix des énergies fossiles ; encourager
les travaux sur la croissance verte, le
développement durable et le climat, et y
valoriser les travaux français.
Intégrer le développement durable dans les politiques thématiques de l?Union
européenne
L?un des défis des négociations européennes
réside dans l?intégration des enjeux du
développement durable dans la stratégie de
croissance de l?UE « Europe 2020 », qui
priorise les aspects économiques et d?emploi,
ainsi que dans le verdissement du semestre
européen, processus de revue budgétaire et
macroéconomique des États membres. Les
politiques sectorielles, ainsi que les grands
programmes d?investissements, tel que le Plan
européen d?investissement, devront également
intégrer ces enjeux, pour devenir des leviers
favorisant la transition écologique.
Concernant la Politique agricole commune
(PAC), les orientations de la période 2014-
2020 marquent une étape importante au niveau
européen. Cette étape ne sera néanmoins pas
suffisante pour assurer la transition vers l'agro-
écologie et devra être complétée à l?échelle
mondiale : la France portera cette perspective
également devant les instances internationales
(OMC), notamment pour développer les
incitations à l'agro-écologie.
S?agissant de la Politique commune de la
pêche (PCP), l?enjeu est d?assurer une
exploitation durable des ressources
halieutiques tout en tenant compte des impacts
socio-économiques d?une adaptation qui doit
rester progressive. Pour cela, la France défend
un objectif d?atteinte du rendement maximal
durable en 2015 là où c?est possible et en 2020
au plus tard, c?est-à-dire un niveau qui ne
remette pas en cause la pérennité des stocks.
La politique maritime intégrée aborde les
questions maritimes de manière plus cohérente
et renforce la coordination entre les différents
domaines politiques, qu'il s'agisse du transport,
de l'énergie, de la recherche marine, de la
pêche, du tourisme ou de l'environnement
(avec la directive-cadre "stratégie pour le milieu
marin"). La France est particulièrement
attachée à la défense de cette vision
transversale qui répond aux exigences du
développement durable. Cette politique à
vocation holistique s'est récemment
concrétisée par un premier texte contraignant,
sur la planification spatiale en mer.
Dans le domaine de la santé et de
l?environnement, la France défend un degré
élevé de protection dans les accords et
stratégies internationaux. La stratégie nationale
sur les perturbateurs endocriniens (tels que le
bisphénol A), adoptée en avril 2014, nourrira
les réflexions communautaires. Elle comporte
PRIORITÉ 5
116
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
des perspectives d?encadrement réglementaire
et de gestion ainsi que des actions d?expertise,
de recherche et d?information du public. La
France promouvra par ailleurs une politique
européenne ambitieuse pour l?alimentation
durable.
En ce qui concerne la gestion des risques
sanitaires et environnementaux liés à
l?utilisation des nanomatériaux, le règlement
européen sur les produits chimiques (REACH)
apparaît comme le meilleur cadre
réglementaire existant. Pour autant, la France
souhaite poursuivre l?acquisition des
connaissances sur ces substances et leurs
marchés et milite pour le développement d?un
système européen de déclaration des
nanoparticules. Une base de données unique
permettrait en effet d?harmoniser les exigences
des différents systèmes de déclaration
existants ou en cours de développement en
Europe, de mieux évaluer les risques et, in fine,
d?alimenter les réflexions sur le cadre adapté
de gestion des nanomatériaux.
La stratégie européenne de développement
durable devrait être révisée, au regard
notamment du futur agenda du développement
durable post-2015, et sa mise en oeuvre
revivifiée. C?est en effet actuellement le seul
cadre stratégique européen complémentaire
d?Europe 2020 sur les enjeux de la transition
écologique et du développement durable. La
mise en place d?une semaine européenne du
développement durable à partir de 2015 sera
en outre de nature à favoriser les initiatives des
citoyens et de tous les acteurs de la société, à
l?échelle de toute l?Europe.
Adapter la politique d?aide au développement
L?aide au développement a permis des
avancées considérables dans les pays du Sud,
notamment dans le cadre de la mise en oeuvre
des Objectifs du millénaire pour le
développement (OMD). La France joue un rôle
central en tant que quatrième donateur mondial
et apporte son expertise à de nombreux pays.
Les Assises du développement et de la
solidarité internationale, conduites par la
France et réunissant l?ensemble des acteurs
concernés, ont néanmoins mis en exergue le
manque de cohérence entre les réalités
nationales et les stratégies d?aide
internationale. Elles ont aussi souligné la
nécessité d?intégrer le développement durable
dans les outils de l?aide. Une nouvelle
stratégie, objet d?une loi d?orientation et de
programmation sur le développement et la
solidarité internationale , vise ainsi à
promouvoir un développement durable dans
les pays en développement, dans ses
composantes économique, sociale et
environnementale.
En outre, la France jouera un rôle moteur
dans l?élaboration et la mise en oeuvre de
l?agenda post-2015 basé sur des Objectifs
de développement durable (ODD) .
Le Livre Blanc « Défense et sécurité
nationale » de 2013 réaffirme la volonté
de la France de participer pleinement au
maintien de la stabilité internationale et
de renforcer les institutions
internationales permettant d?agir pour la
paix et la sécurité dans le monde. Son
engagement, au-delà des opérations
militaires, se traduit par des actions
civilo-militaires qui visent à favoriser le
tissu économique local et à permettre
aux populations de bénéficier de ses
infrastructures : rénovation d?écoles,
soins aux populations locales, formation
d?infirmiers.
Par ailleurs, en cas de catastrophe
naturelle ou technologique et de risques
sanitaires majeurs dans le monde, la
France mobilise l?ensemble de ses
moyens civils et militaires pour
participer pleinement aux actions de la
communauté internationale.
PRIORITÉ 6
117
La France a également pour objectif de réduire
progressivement les concours apportés aux
énergies fossiles dans le cadre de sa
politique de développement et de solidarité
internationale, et de porter cette position dans
l?ensemble des banques multilatérales de
développement. Dans cette perspective, elle
publiera d?ici 2016 une stratégie fondée sur une
évaluation de l?impact environnemental et
économique de sa politique d?aide au
développement.
Les enjeux pour la France portent aussi sur la
cohérence entre les différents outils
multilatéraux, régionaux et bilatéraux d?aide
et sur la recherche de nouvelles sources de
financement au-delà de la seule aide publique
au développement (APD), tels les
financements innovants, ou encore le
renforcement de la coopération Sud-Sud. De
telles sources seront recherchées
conformément aux engagements de la
conférence de Busan sur l?efficacité de l?aide.
La mobilisation financière des acteurs français
devra répondre à ces exigences de cohérence,
d?efficacité et de transparence.
L?intégration du développement durable
dans l'APD française devra se poursuivre et
s'accélérer , non seulement à travers les
instruments dont dispose l?Agence française de
développement (AFD) mais aussi dans le cadre
du Fonds français pour l?environnement
mondial (FFEM) et de ses contributions aux
fonds mondiaux tels que le Fonds vert pour le
climat et le Fonds pour l?environnement
mondial (FEM).
Enfin, la création en décembre 2013 du
conseil national du développement et de la
solidarité internationale (CNDSI) permettra
de maintenir de manière souple mais
néanmoins institutionnelle une concertation
régulière entre l?État et la société civile.
Pays pionnier en matière de financements
innovants pour le développement, la France
promeut la mise en oeuvre d?une taxe
globale sur les transactions financières
(TTF).
Introduite en France le 1er août 2012, la TTF
s?applique notamment aux transactions
d?actions d?entreprises françaises cotées en
bourse et dont la capitalisation boursière
dépasse 1 Md¤ (0,2%). 11 Etats européens
(Allemagne, France, Espagne, Italie,
Belgique, Portugal, Grèce, Autriche, Estonie,
Slovénie, Slovaquie) ont bâti une coopération
renforcée pour adopter une TTF européenne.
La France se mobilise pour favoriser
l?affectation d?une part significative de ses
recettes au développement, avec deux
priorités identifiées : l?environnement (lutte
contre le changement climatique) et la santé
(lutte contre les grandes pandémies).
118
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Liste des abréviations et sigles
ADEME Agence de l?environnement et de la maîtrise de l?énergie
ADIL Agence départementale d'information sur le logement
AFD Agence française de développement
AFEP Association française des entreprises privées
AIE Agence internationale de l'énergie
ALLENVI Alliance nationale de recherche pour l'environnement
ALLISTENE Alliance des sciences et technologies du numérique
ANAH Agence nationale d?amélioration de l?habitat
ANCRE Alliance nationale de coordination de la recherche pour l?énergie
APD Aide publique au développement
ATHENA Alliance nationale des sciences humaines et sociales
AVIESAN Alliance nationale pour les sciences de la vie et de la santé
BPI Banque publique d?investissement
BTP Bâtiments et travaux publics
CCI Chambre de commerce et d?industrie
CEP Contrat d?études prospectives
CEREMA Centre d?études et d?expertises sur les risques, l?environnement, la
mobilité et l?aménagement
CESE Conseil économique, social et environnemental
CESER Conseils économiques, sociaux et environnementaux régionaux
CFDE Centre de formation du développement durable et de l?environnement
CGDD Commissariat général au développement durable
CNDSI Conseil national du développement et de la solidarité internationale
CNI Conseil national de l?industrie
CNEFOP Conseil national de l?emploi, de la formation et de l?orientation
professionnelles
CNTE Conseil national de la transition écologique
COMER Comité spécialisé pour la recherche marine, maritime et littorale
CORE Comité d?orientation de la recherche et de l?expertise
COSEI Comité stratégique de filière des écoindustries
CPER Contrat de plan État Région
CPRDFOP Contrats de plan régionaux de développement des formations et de
l?orientation professionnelles
EEDD Education à l?environnement et au développement durable
119
EPCI Etablissements publics de coopération intercommunale
ESG (critères) environnementaux, sociaux et de gouvernance
ESPE Ecoles supérieures du professorat et de l?éducation
FEEBAT Formation aux économies d'énergies des entreprises et artisans
du bâtiment
FEM Fonds pour l?environnement mondial
FFEM Fonds français pour l?environnement mondial
FSE Fonds social européen
FTSE Financial Times Stock Exchange
GES Gaz a Effet de Serre
GIEC Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat
GIEE Groupement d?intérêt économique et environnemental
GPEC Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences
GTEC Gestion territoriale des emplois et compétences
INERIS Institut national de l?environnement industriel et des risques
INRS Institut national de la recherche et de sécurité
INSEE Institut national de la statistique et des études économiques
IPBES Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem
Services / Plate-forme intergouvernementale sur la biodiversité et les
services écosystémiques
ISR Investissement socialement responsable
MEDEF Mouvement des entreprises de France
NTIC Nouvelles technologies de l?information et de la communication
OCDE Organisation de coopération et de développement économiques
OMC Organisation mondiale du commerce
OMD Objectifs du millénaire pour le développement
OMS Organisation Mondiale de la Santé
ONEMEV Observatoire national des métiers de l?économie verte
ONG Organisation non gouvernementale
OPCA Organismes paritaires collecteurs agréés
PAC Politique agricole commune
PAE Programme d?action pour l?environnement
PCP Politique commune de la pêche
PEI Partenariat européen d?innovation
PIA Programme d?investissements d?avenir
PIB Produit Intérieur Brut
120
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
PME Petites et moyennes entreprises
PNACC Plan national d'adaptation au changement climatique
PNSE Plan national santé environnement
PREPA Plan de réduction des émissions polluantes
PRIS Point Rénovation Info-Service
R&D Recherche et développement
REACH Registration, Evaluation, Authorization and Restriction of Chemicals /
Règlement sur l'enregistrement, l'évaluation, l'autorisation et les
restrictions des substances chimiques
RSE Responsabilité sociétale des entreprises
RSO Responsabilité sociétale des organisations
SCOT Schéma de cohérence territoriale
SDAGE Schéma directeur d'aménagement et de gestion des eaux
SNB Stratégie nationale pour la biodiversité
SNR Stratégie nationale de recherche
TPE Très petites entreprises
TTF Taxe sur les transactions financières
UE Union européenne
WBCSD World Business Council for Sustainable Development / Conseil mondial
des entreprises pour le développement durable
ZRC Zones de restriction de circulation
121
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Glossaire
Agenda 21 : outil inventé au Sommet de la
terre à Rio en 1992 pour mettre en oeuvre
concrètement le développement durable dans
les territoires. Il s?agit d?un programme
d?actions associant les habitants et les parties
prenantes à son élaboration. Il existe un cadre
de référence pour les projets territoriaux de
développement durable et agendas 21.
Agro-écologie : façon de concevoir des
systèmes de production qui s?appuient sur les
fonctionnalités offertes par les écosystèmes.
Elle les amplifie tout en visant à diminuer les
pressions sur l?environnement et à préserver
les ressources naturelles.
Aménité : une aménité environnementale est
tout aspect de l'environnement appréciable et
agréable pour l'homme, dans un lieu ou site
particulier. Les aménités environnementales
sont a priori gratuitement offertes par la nature,
non-quantifiables, notamment par la monnaie,
et donc inestimables.
Analyse du cycle de vie (ACV) : son utilisation
a pour but de quantifier les flux de matière
dans les écosystèmes. L?ACV est la mesure
des ressources nécessaires (flux de matière)
pour fabriquer un produit ou donner accès à un
service, suivie de la quantification des impacts
potentiels de cette fabrication sur
l?environnement. Par extension, toute activité
peut faire l?objet d?une analyse de cycle de vie.
Plusieurs méthodes peuvent être utilisées pour
les calculs de ces flux, notamment pour
connaître les répercussions complètes de
l?utilisation d?un produit, d'une activité ou d?une
technologie sur l'environnement.
Artificialisation (des sols) : surface retirée de
son état naturel (friche, prairie naturelle, zone
humide etc.), forestier ou agricole, qu?elle soit
bâtie ou non et qu?elle soit revêtue (exemple :
parking) ou non (exemple : jardin de maison
pavillonnaire). Les surfaces artificialisées
incluent donc également les espaces
artificialisés non bâtis (espaces verts urbains,
équipements sportifs et de loisirs etc.) et
peuvent se situer hors des aires urbaines, à la
périphérie de villes de moindre importance
voire de villages, à proximité des dessertes du
réseau d?infrastructures, ou encore en pleine
campagne (phénomène d?urbanisme diffus).
Bassin hydrographique : territoire drainé par
des eaux souterraines ou superficielles qui se
déversent dans un collecteur principal (cours
d'eau, lac) et délimité par une ligne de partage
des eaux.
Biocontrôle : l?ensemble des méthodes de
protection des végétaux par l?utilisation de
mécanismes naturels. Il vise à la protection des
plantes par le recours aux mécanismes et
interactions qui régissent les relations entre
espèces dans le milieu naturel. Ainsi, le
principe du biocontrôle est fondé sur la gestion
des équilibres des populations d?agresseurs
plutôt que sur leur éradication.
Bio-économie : ensemble d?activités
économiques liées à l?innovation, au
développement, à la production et à l?utilisation
de produits et de procédés biologiques.
Biomasse : matière organique (paille, bois,
déchets verts, etc.) qui peut fournir de l?énergie
en étant brûlée pour produire de la chaleur ou
de l?électricité. Elle peut aussi engendrer du
biogaz (méthane) ou des biocarburants
destinés aux véhicules.
Bio-mimétisme : démarche d?innovation, qui fait
appel au transfert et à l?adaptation des
principes et stratégies élaborés par les
organismes vivant et les écosystèmes, afin de
produire des biens et des services de manière
durable, et rendre les sociétés humaines
compatibles avec la biosphère.
Capital écologique : ressources telles que
minéraux, plantes, animaux, air, vus comme
moyens de production de biens et services
écosystémiques : production d?oxygène,
épuration naturelle de l?eau, prévention de
l?érosion, pollinisation des cultures, et même
122
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
fourniture de services récréatifs. Le capital
écologique est l?un des cinq capitaux mobilisés
pour la production de richesse, les quatre
autres étant le capital humain, le capital
financier, le capital social et le capital physique.
Changement climatique : variation du climat
due à des facteurs naturels ou humains. Dans
le cas où l?évolution du climat est due aux
émissions de GES engendrées par les activités
humaines, et altérant la composition de
l'atmosphère de la planète, on parle alors de
changement climatique d?origine anthropique.
Circuits courts : les circuits courts constituent
un mode de distribution de produits agricoles
qui s?exerce soit par la vente directe du
producteur au consommateur, soit par la vente
indirecte, à condition qu'il n'y ait qu'un seul
intermédiaire.
Co-construction : processus d?élaboration
conjointe par l?ensemble des parties prenantes
d?une décision, procédant aux concertations et
consultations jugées utiles par ces parties
prenantes ; l?autorité reste responsable de
l?arbitrage des points ne faisant pas consensus.
Concertation : attitude globale de demande
d?avis sur un projet, par la consultation de
personnes intéressées par une décision avant
qu?elle ne soit prise. L?autorité qui veut prendre
une décision la présente aux personnes
concernées et engage un dialogue avec eux.
L?autorité reste libre de sa décision. La
concertation peut être engagée très en amont
de la décision.
Consultation : processus par lequel les
décideurs demandent l?avis de la population
afin de connaître leur opinion, attentes et
besoins, à n?importe quel stade de
l?avancement d?un projet. Celle-ci n?a
cependant pas de certitude que ses remarques
ou contributions soient prises en compte dans
la décision finale.
Coût global : le coût global est une notion
apparue à la fin des années 1990 dans le coût
de revient d'un bâtiment. Elle témoigne de la
prise de conscience de l'importance des coûts
différés dans une construction. Elle invite à
privilégier les choix d'investissement en regard
des économies qu'ils peuvent générer ensuite
pendant la vie du bâtiment (fonctionnement :
chauffage, rénovation des matériaux, etc.).
Critères « Environnementaux, Sociaux et de
gouvernance » (ESG) : ce sont des critères
extra-financiers, pris en compte dans la gestion
et dans l?investissement socialement
responsable (ISR). Ils permettent d?évaluer la
mesure de la responsabilité d?une entreprise
vis-à-vis de l?environnement, de la société et de
ses différentes parties prenantes (chaînes de
valeurs, sous-traitants, employés, salariés,
partenaires?).
Découplage : il s'agit, pour une même
production de richesse, de réduire continûment
ses impacts, notamment en matière de
consommation de ressources naturelles.
Par exemple, si le PIB français a connu une
hausse d?environ 40% au cours des 20
dernières années, les émissions de gaz à effet
de serre ont quant à elles chuté de plus de
10%. La croissance du PIB qui paraissait
jusqu?ici mécaniquement lié aux émissions de
GES s?est découplée de cette valeur grâce aux
mesures d?atténuation engagées.
Développement durable : la définition
conventionnelle retenue du développement
durable a été formulée en 1987 par la
commission mondiale sur l?environnement et le
développement des Nations unies : « Le
développement durable est un développement
qui répond aux besoins des générations du
présent sans compromettre la capacité des
générations futures à répondre aux leurs ».
Écoconception : l?éco-conception consiste à
intégrer la protection de l?environnement dès la
conception des biens ou services. Elle a pour
objectif de réduire les impacts
environnementaux des produits tout au long de
leur cycle de vie : extraction des matières
premières, production, distribution, utilisation et
fin de vie.
Écologie industrielle : l?écologie industrielle et
territoriale s?inspire du fonctionnement des
écosystèmes naturels pour recréer à l?échelle
du système industriel une organisation
caractérisée par un usage optimal des
ressources et un fort taux de recyclage de la
123
matière et de l?énergie. Concrètement, il s?agit
d?inciter les acteurs économiques à développer
des synergies, de sorte à réutiliser localement
les résidus de production et mutualiser certains
services et équipements.
Économie circulaire : système économique de
production, d'échange et de consommation
conçu et organisé pour minimiser les
prélèvements nets de ressources (énergies
fossiles, matières premières, eau, foncier,
milieux) et les émissions polluantes sources
d'impacts environnementaux et sanitaires
négatifs, tant locaux que globaux.
Économie de fonctionnalité : consiste à
remplacer l?achat d?un bien (ex. : télévision,
voiture, imprimante) par un service (location de
voiture, vélo en libre service, imprimante en
réseau?) de façon à optimiser l?usage du bien.
Économie sociale et solidaire : rassemble les
entreprises organisées sous forme de
coopératives, mutuelles, associations, ou
fondations, dont le fonctionnement interne et
les activités sont fondés sur un principe de
solidarité et d'utilité sociale. Ces entreprises
adoptent des modes de gestion démocratiques
et participatifs. Elles encadrent strictement
l'utilisation des bénéfices qu'elles réalisent : le
profit individuel est proscrit et les résultats sont
réinvestis. Leurs ressources financières sont
généralement en partie publiques.
Économie verte : économie porteuse
d?amélioration du bien-être humain et de
l?équité sociale tout en réduisant de manière
significative les risques environnementaux et la
pénurie de ressources (définition PNUE).
Écosystème : ensemble formé par une
communauté d?êtres vivant entre eux et, par
extension, entre cette communauté et son
environnement. L?écosystème est caractérisé
par des relations d?interdépendance qui
permettent le maintien et le développement de
la vie en son sein (notion de chaînes
alimentaires, de cycles, de niches
écologiques...).
Effet de serre : à l'origine phénomène naturel, il
permet à la température de la basse
atmosphère de se maintenir à 15°C en
moyenne. Il est lié à la présence dans
l'atmosphère de certains gaz dioxyde de
carbone, méthane...) qui piègent le
rayonnement émis par la Terre et renvoie une
partie de ce rayonnement en direction du sol,
contribuant ainsi à réchauffer l?atmosphère. Du
fait de la production par l'homme de gaz à effet
de serre additionnels, la température terrestre
moyenne est en augmentation.
Efficacité écologique : capacité pour un projet à
minimiser son impact négatif sur la biodiversité
et à maximiser les impacts positifs (tout comme
l?efficacité économique concerne la recherche
d?une rentabilité maximale du capital
économique).
Efficacité énergétique : capacité à produire ou
consommer la même quantité de biens et de
services en utilisant moins d?énergie
qu?auparavant.
Externalité : on parle d'externalités lorsque les
actions d'un agent économique ont un impact
positif ou négatif sur le bien-être et le
comportement d'autres agents et que cet
impact n'est pas pris en compte dans les
calculs de l'agent qui le génère. La pollution
engendrée par un site industriel est un exemple
d?externalité environnementale négative car
l'activité industrielle engendre des coûts
négatifs qui ne sont pas supportés par
l'entreprise polluante mais par l'ensemble de la
communauté concernée par les conséquences
négatives.
Facteur 4 : objectif que la France s?est fixé en
2005 (loi d?orientation sur l?énergie) qui vise à
diminuer par quatre nos émissions de gaz à
effet de serre d?ici 2050 (au regard de notre
niveau d?émissions de 1990).
Financement participatif (crowdfunding) :
mécanisme de financement de projets ou
d?entreprises permettant de collecter des fonds
auprès du public en limitant les intermédiaires.
Le financement participatif fonctionne
actuellement principalement par le biais de
plateformes internet. La finance participative
permet, notamment, de financer des projets de
proximité ou défendant certaines valeurs.
124
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Fiscalité écologique : la fiscalité écologique
vise à intégrer dans les coûts supportés par les
acteurs économiques (entreprises, ménages,
secteur public?) le coût des dommages
environnementaux causés par leurs activités.
Elle représente ainsi un moyen
économiquement efficace pour modifier le
comportement des acteurs, conformément au
principe de « pollueur-payeur ».
Gaz à effet de serre : constituants gazeux de
l?atmosphère, naturels ou artificiels, qui
absorbent et réémettent le rayonnement
infrarouge terrestre. Les principaux gaz à effet
de serre sont : la vapeur d?eau (H2O), le
dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4),
le protoxyde d?azote (N2O), l?ozone (O3), les
gaz fluorés (HFC, PFC, SF6), etc.
Gouvernance : mode de régulation des
rapports sociaux et économiques, fondé sur la
reconnaissance mutuelle, le dialogue, la
concertation à différentes échelles de territoire
et entre différents types de parties prenantes,
en vue d?une prise de décision.
Impact environnemental : ensemble des
modifications de l?environnement, qu?elles
soient négatives ou positives, dues à un
organisme, à un aménagement ou à un produit.
L?étude d?impact environnemental est utilisée
pour permettre à l'aménageur de diminuer les
dommages de son projet sur l'environnement.
Infrastructure écologique : cette notion repose
sur une volonté d?intégrer, préserver, restaurer
les espaces naturels dans les politiques
d?aménagement et de gestion du territoire et de
reconnaître leur importante pour la société, en
raison des services qu?ils rendent au même
titre que certaines infrastructures construites.
Intrants : en agriculture, on appelle « intrants »
les différents produits apportés aux terres et
aux cultures, qui ne proviennent ni de
l?exploitation agricole, ni de sa proximité. Les
intrants ne sont pas naturellement présents
dans le sol, ils y sont rajoutés pour améliorer le
rendement des cultures :
- les produits fertilisants : engrais et
amendements,
- les produits phytosanitaires, de la
famille des pesticides : produits utilisés pour
l?éradication des parasites des cultures.
- les activateurs ou retardateurs de
croissance,
- les semences et plants.
Plus généralement on entend par intrant tout
produit nécessaire à la marche d?une
exploitation agricole. Cela va du matériel
agricole aux honoraires du vétérinaire.
Investissement socialement responsable :
processus de sélection par les sociétés de
gestion de portefeuille des valeurs mobilières
qui composent leur portefeuille prenant
systématiquement en compte, en plus de
critères financiers, les pratiques
environnementales, sociales/sociétales et de
gouvernance (ESG) de l?entreprise.
Irréversibilité : impossibilité pour un système de
retrouver spontanément et de manière exacte
son état antérieur à une modification ;
s'applique notamment au capital naturel «
critique » (exceptionnel) ainsi qu'aux
phénomènes de faible ampleur, mais
cumulatifs.
Mitage : prolifération non maîtrisée de
constructions en milieu rural ou en périphérie
des agglomérations.
Modèles d'affaires (business model) :
représentation décrivant les principaux aspects
de l'activité d'une organisation, du point de vue
de ses objectifs et des ressources et moyens
déployés pour les atteindre. Le but d?une telle
démarche est d?identifier l'existence et le
partage de valeur ajoutée entre parties
prenantes sur une période et pour un domaine
d'activité clairement identifiés.
Nanotechnologies : terme générique qui décrit
des applications dans de nombreux domaines
scientifiques mais recouvre d'une manière
générale la recherche sur les principes et
propriétés existant à l'échelle nanométrique,
c'est-à-dire au niveau des atomes et des
molécules. L'objectif des nanotechnologies
consiste à produire des objets ou matériaux
inférieurs à 100 nanomètres.
Nanomatériaux : matériaux caractérisés par
leur taille ou leur structure de base, qui se situe
125
dans l?échelle de 1 à 100 milliardièmes de
mètre. Ils peuvent être utilisés dans de
multiples articles destinés notamment aux
consommateurs, tels que les articles de sport,
les cosmétiques, les peintures, l?électronique et
bien d?autres secteurs?
Normes d'investissement : une norme
d?investissement constitue les modalités
définies comme acceptables (d?un point de vue
légal, ou d?un point de vue social, par exemple)
dans les pratiques d?investissement et inclut les
produits dans lesquels les fonds sont investis.
Obsolescence programmée : l?obsolescence
programmée ou planifiée est le processus par
lequel un bien devient obsolète pour un
utilisateur donné, parce que l?objet en question
n?est plus à la mode ou qu?il n?est plus utilisable.
Obligation de projet : issue d?une démarche
conjointe de la Commission européenne et de
la Banque Européenne d?Investissement, une
obligation de projet est un titre de créance émis
par une entreprise pour stimuler le financement
sur les marchés de grands projets
d?infrastructure dans les domaines des réseaux
transeuropéens de transport et d?énergie.
Obligation verte : titre de créance émis par une
entreprise ou une entité publique (les banques
de développement) qui sert à financer des
projets environnementaux de développement
des énergies renouvelables ou d'amélioration
de l'efficacité énergétique.
Participation du public : le principe de
participation du public posé, pour la première
fois, par la Convention d?Aarhus a été consacré
en 2004 par l?article 7 de la Charte de
l?environnement comme un principe à valeur
constitutionnelle : il permet à toute personne
d?être associée à l?élaboration des décisions
publiques ayant un impact sur l?environnement,
en formulant ses observations sur le projet de
décision.
Perturbateurs endocriniens : les perturbateurs
endocriniens sont des substances chimiques
d?origine naturelle ou artificielle étrangères à
l?organisme qui peuvent interférer avec le
fonctionnement du système endocrinien. Les
plus souvent cités dans les produits de
consommation courante sont, par exemple, le
bisphénol A et les phtalates.
Politique agricole commune : la politique
agricole commune (PAC) est une politique
mise en place en 1962 à l'échelle de l'Union
européenne, concentrée initialement autour de
cinq objectifs majeurs :
- accroître la productivité de l?agriculture en
développant le progrès technique
- assurer ainsi un niveau de vie équitable à la
population agricole
- stabiliser les marchés
- garantir la sécurité des approvisionnements
- assurer des prix raisonnables dans les
livraisons aux consommateurs
La PAC a régulièrement connu des réformes
depuis sa création, conduisant notamment à
une plus grande prise en compte des
thématiques liées à l?environnement, à la
gestion des territoires, ainsi que des enjeux de
qualité et de sécurité alimentaire.
Précarité énergétique : selon les termes de la
loi du 12 juillet 2010, « est en situation de
précarité énergétique une personne qui
éprouve dans son logement des difficultés
particulières à disposer de la fourniture
d?énergie nécessaire à la satisfaction de ses
besoins élémentaires en raison de
l?inadaptation de ses ressources et de ses
conditions d?habitat. »
Pression anthropique : résultat des effets et
impacts générés par les activités humaines sur
les ressources naturelles et les écosystèmes.
Principe de précaution : principe préconisant
une action préventive face à des dangers. «
Lorsque la réalisation d?un dommage, bien
qu?incertaine en l?état des connaissances
scientifiques, pourrait affecter de manière
grave et irréversible l?environnement, les
autorités publiques veillent, par application du
principe de précaution et dans leurs domaines
d?attributions, à la mise en oeuvre de
procédures d?évaluation des risques et à
l?adoption de mesures provisoires et
proportionnées afin de parer à la réalisation du
dommage »
126
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Protocole de Kyoto : adopté en 1997, le
protocole de Kyoto explicite les objectifs et les
moyens pour mettre en oeuvre la Convention-
cadre des Nations Unies sur les changements
climatiques (CCNUCC).
Reporting extra-financier : procédure de
production de données portant sur des critères
ESG et de transparence d?une entreprise ainsi
que sur son impact environnemental, social,
voire sociétal et de gouvernance accessible au
public.
Réseaux intelligents : réseaux matériels de
distributions de fluides (électricité, eau, gaz,
pétrole, transport...), et/ou d'information
(télécommunications) associés à des systèmes
informatiques, capteurs, interfaces
informatiques et électromécaniques permettant
les échanges bidirectionnel de manière à
optimiser les flux.
Résilience : capacité d'un système à résister et
à survivre à des altérations ou à des
perturbations affectant sa structure ou son
fonctionnement, et à trouver, à terme, un
nouvel équilibre.
Responsabilité fiduciaire : la responsabilité
fiduciaire englobe l?ensemble des devoirs de la
personne physique ou morale (généralement
une société de fiducie) qui a la responsabilité
des valeurs déposées en fiducie (par exemple
des actions ou des obligations et qui doit veiller
à ce que toutes les clauses de l?acte de fiducie
soit respecté.
Responsabilité sociétale des entreprises
(RSE), des organisations (RSO): contribution
des entreprises ou organisations aux enjeux du
développement durable. La démarche
consiste à prendre en compte les impacts
sociaux et environnementaux de leurs activités
pour adopter les meilleures pratiques possibles
et contribuer ainsi à l?amélioration de la société
et à la protection de l?environnement. La RSE
(ou RSO) permet d?associer logique
économique, responsabilité sociale et
écoresponsabilité.
Ressourceries : les ressourceries, ou
recycleries, sont des établissements ayant pour
objectif principal de favoriser le réemploi ou la
réutilisation de certains matériaux considérés
comme des déchets. Ces installations
proposent une solution aux collectivités et aux
entreprises pour l'élimination de déchets tels
que les encombrants.
Ressources secondaires : matières premières
(matériaux, substances, organismes) ayant
déjà fait l?objet d?une transformation. (ex : le
plastique, le gasoil, huiles d?origine animale)
Services écosystémiques : avantage matériel
ou immatériel que l'homme retire des
écosystèmes. Ce sont, par exemple, la
production de l?oxygène de l?air, l?épuration
naturelle des eaux, les ressources qui
nourrissent les animaux domestiqués ou
chassés, l?activité des pollinisateurs des
cultures.
Sobriété : la sobriété détermine un modèle de
consommation qui interroge les besoins
essentiels des activités humaines dans la
perspective d?une utilisation des ressources ne
menaçant pas leur disponibilité aujourd?hui et
dans le futur.
Taux d?actualisation : taux qui permet de
rendre comparable un revenu ou une dépense
futurs à un revenu ou une dépense immédiats.
Le taux d?actualisation représente notamment
la préférence pour le présent (par exemple : la
préférence d?avoir 10 euros aujourd?hui plutôt
que 100 euros dans 5 ans). Cette dépréciation
s?explique notamment du fait de l?inflation,
laquelle érode la valeur monétaire, mais
également du risque associé au degré
d?incertitude de la rentabilité futur du projet ou
de l?entreprise
Trames vertes et bleues : outil d?aménagement
du territoire qui vise à (re)constituer un réseau
écologique cohérent, à l?échelle du territoire
national, pour permettre aux espèces animales
et végétales d?assurer leur survie et permettre
aux écosystèmes de continuer à rendre à
l?homme leurs services. Elle inclut une
composante verte qui fait référence aux milieux
naturels et semi-naturels terrestres et une
composante bleue qui fait référence au réseau
aquatique et humide (fleuves, rivières, zones
humides...).
127
Transition écologique : évolution vers un
nouveau modèle économique et social, un
modèle de développement durable qui
renouvelle nos façons de consommer, de
produire, de travailler, de vivre ensemble pour
répondre aux grands enjeux
environnementaux, ceux du changement
climatique, de la rareté des ressources, de la
perte accélérée de la biodiversité et de la
multiplication des risques sanitaires
environnementaux.
Transition énergétique : passage d?une société
fondée sur la consommation abondante
d?énergies fossiles, à une société plus sobre et
plus écologique.
Valorisation énergétique : récupération de
l?énergie dégagée par l?incinération des
déchets ou du biogaz notamment produit dans
les décharges.
Vulnérabilité énergétique : la vulnérabilité
énergétique globale des ménages peut être
définie comme l?exposition des ménages à une
hausse durable du coût de l?énergie et du poids
de celle-ci dans les budgets de la vie
quotidienne et d?activité. Pour les ménages les
plus vulnérables, ce type de hausse pourrait se
traduire par une situation de précarité
énergétique structurelle ou ponctuelle. Bien
qu?ils ne soient pas considérés comme pauvres
au sens de la définition de l?Insee, les ménages
conjuguant des revenus moyens, une forte
dépendance à l?automobile et un éloignement
domicile-travail /activités peuvent être «
vulnérables ».
128
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Index
A
affichage 38, 67, 98, 116
agenda 21 15, 33, 95, 105,122
agriculture 24, 26, 27, 30, 40, 41,
42, 45, 50, 54, 58, 117
air 18, 26, 31, 56, 57, 58
aires marines 111, 115
aménagement 27, 30, 33, 45, 104,125,
127
artificialisation 7, 18, 24, 26, 27, 29, 39,
122
association 11, 24, 32, 52, 58, 68,
74, 83, 84, 94, 96, 98,
102, 103, 105, 107, 108,
112
asthme 8, 57
B
bâtiment 9, 30, 40, 42, 51, 52, 77,
86, t 123
biodiversité 6, 7, 8, 10, 15, 16, 24,
25, 27, 28, 29, 30, 32,
36, 42, 50, 62, 63, 66,
67, 77, 85, 93, 96, 102,
103, 107, 111, 112, 113,
115,
bio-économie 40
biomasse,
biocarburants 39, 40
bio-mimétisme 24, 41
bois 40, 42, 54
bruit 56
C
cancers 8, 57, 58
carbone 10, 18, 21, 24, 35, 36,
37, 38, 39, 40, 41, 42,
44, 49, 55, 66, 67, 77,
98, 114
changement
climatique 6, 7, 8, 10, 15, 16, 18,
24, 25, 28, 29, 30, 36,
44, 49, 50, 52, 53, 54,
55, 63, 84, 92, 93, 112,
114
chimie, chimique 40, 41, 42, 56, 76, 113,
118
circuits courts 27, 30, 45
citoyen 6, 11, 12, 15, 30, 32, 52,
53, 85, 88, 91, 92, 94,
95, 96, 97, 102, 103,
105, 106, 108, 118
climat 6, 7, 32, 52, 55, 56, 58,
67, 83, 86, 111, 112,
113, 114, 115, 119
commerce 30, 88, 104, 116
Commission
européenne 36, 78, 115
communes 32
communication 31, 58, 89, 97, 98, 108
compétitivité 37, 39, 41, 45, 50, 65,
69, 74, 76, 78, 83, 85,
86, 106, 116
concertation 12, 15, 44, 46, 68, 75,
76, 83, 95, 102, 105,
108, 119
consommateur 8, 25, 38, 39, 42, 43, 52,
66, 78, 88, 92, 95, 96,
97, 98, 103, 106
consommation 6, 8, 9, 15, 19, 26, 29,
30, 35, 36, 37, 38, 39,
51, 58, 62, 65, 66, 67,
91, 94, 95, 97, 98, 112,
116
129
construction 29, 30, 32, 33, 42, 54,
57, 74, 83, 84, 94, 96,
102
croissance verte 75, 97, 116, 117
cycle de vie 30, 37, 38, 42, 77, 98,
104
D
déchet 8, 19, 24, 27, 31, 35, 38,
39, 41, 42, 44, 45, 46,
67, 72, 77, 97, 101, 113
découplage 36, 37
départements 32, 75
déplacement 7, 24, 31, 50, 51, 52, 97
développement
durable 6, 9, 10, 11, 12, 14, 15,
16, 19, 21, 23, 24, 25,
30, 32, 33, 36, 38, 65,
72, 77, 78, 91, 92, 93,
94, 95, 97, 102, 103,
104, 105, 106, 111, 112,
113, 116, 117, 118, 119
E
eau 7, 8, 18, 24, 26, 27, 30,
31, 36, 39, 42, 43, 44,
49, 50, 54, 56, 57, 67,
72, 77, 81, 86, 89, 112,
115
économie 6, 7, 8, 9, 16, 19, 21, 24,
27, 31, 32, 35, 36, 37,
38, 39, 45, 58, 61, 62,
64, 73, 74, 75, 76, 77,
78, 79, 82, 95, 97, 102,
104, 105, 106, 107, 111,
116
économie circulaire 16, 19, 21, 35, 36, 37,
38, 45, 62, 107
économie sociale
et solidaire 45, 61, 62, 73, 75, 77,
95, 106
économie verte 16, 24, 74, 75, 76, 77,
79, 82, 116
écosystème 6, 7, 24, 25, 26, 27, 28,
36, 42, 44, 55, 58, 62,
63, 85, 88, 111, 112,
115
éducation 10, 19, 46, 52, 74, 91,
92, 93, 94, 95, 96, 102
efficacité énergétique 31, 39, 40, 42, 72
égalité 50, 65, 106, 108
électricité 35, 39, 40, 43, 52, 63
emploi 6, 9, 28, 32, 37, 39, 45,
51, 55, 61, 62, 69, 71,
72, 73, 74, 75, 76, 77,
79, 92, 106, 107, 115,
116
énergie 8, 16, 19, 27, 29, 30, 31,
35, 37, 38, 40, 42, 45,
46, 49, 50, 51, 52, 54,
56, 58, 61, 67, 74, 77,
81, 82, 86, 88, 93, 116,
117
énergies fossiles 7, 18, 35, 36, 37, 39, 63,
117, 119
énergies
renouvelables 27, 30, 35, 37, 39, 40,
42, 63, 72, 103
entreprise 9, 11, 27, 31, 36, 37, 38,
39, 41, 43, 45, 46, 50,
51, 52, 53, 58, 62, 63,
64, 65, 66, 68, 69, 72,
73, 76, 77, 78, 79, 83,
85, 86, 88, 98, 102, 103,
104, 105, 106, 107, 108,
116
éolien 39, 63
étalement urbain 30, 51
État 11, 14, 15, 16, 18, 27,
30, 32, 37, 38, 41, 51,
52, 68, 69, 75, 102, 103,
104, 105, 106, 111
étiquetage 66
Europe 6, 10, 11, 12, 16, 21, 32,
36, 37, 38, 40, 41, 43,
45, 50, 51, 56, 58, 59,
63, 66, 67, 69, 82, 86,
94, 102, 104, 112, 114,
115, 116, 117, 118
130
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
externalités 67
F
femme 51, 57, 65, 77, 106
ferroviaire 42
financement 9, 39, 45, 46, 55, 61, 62,
63, 64, 65, 66, 69, 105,
113, 115, 119
fiscalité 51, 67, 116
fluvial 42
forêt 24, 27, 40, 54
formation 14, 45, 46, 51, 52, 57,
69, 71, 73, 74, 75, 76,
77, 78, 92, 93, 94, 102,
108, 116
G
gaspillage 42
gaz 18, 27, 39, 40, 43, 52
gaz à effet de serre 7, 30, 36, 114
gouvernance 11, 14, 29, 32, 64, 65,
68, 72, 83, 84, 85, 102,
108, 111, 112, 113
H
habitat 7, 18, 24, 32, 49, 50, 51,
57, 58, 111
halieutiques 7, 117
handicap 86
I
impacts 7, 9, 30, 36, 37, 38, 39,
40, 44, 49, 50, 52, 53,
55, 56, 62, 67, 79, 86,
105, 108, 117
importations 8, 38, 40, 41, 44
indicateurs 12, 16, 17, 18, 19, 33,
35, 49, 51, 61, 62, 65,
71, 81, 91, 101, 111,
116
industrie 7, 10, 19, 27, 31, 33, 35,
38, 40, 41, 44, 45, 46,
54, 58, 61, 72, 82, 83,
88, 89, 116
inégalité 8, 9, 19, 21, 30, 32, 49,
50, 51, 55, 56, 57
information 31, 32, 38, 43, 51, 53,
55, 58, 65, 66, 67, 74,
81, 88, 89, 91, 92, 96,
97, 98, 104, 117
innovation 8, 9, 19, 21, 24, 30, 35,
37, 41, 42, 51, 73, 81,
82, 83, 85, 86, 87, 88,
89, 91, 92, 94, 95, 105,
116, 117
inondation 10, 24, 29, 30, 52, 53,
55
insertion 32, 77, 108
international 10, 12, 21, 31, 32, 40,
45, 95, 102, 104, 112,
113, 116
investissements 9, 19, 37, 55, 61, 62, 63,
64, 65, 66, 67, 73, 78,
81, 82, 85, 86, 104, 106
J
jeunes, jeunesse 32, 77, 92
justice 50, 58, 69
L
littoral 29
logement 10, 23, 26, 31, 32, 49,
50, 51, 52, 57
M
matières premières 18, 36, 37, 39, 40, 41,
42, 44, 67
mer, marine, maritime 7, 10, 18, 26, 28, 39, 42,
51, 52, 55, 57, 82, 115,
117
131
métropoles 24, 32
milieux naturels 7, 27, 44, 111, 112, 115
ministère 14, 74, 82, 104
mobilité 30, 31, 42, 51, 52, 76,
84, 104
mode de vie 6, 8, 10, 55, 58, 85, 86,
92, 94, 97
N
nanomatériaux,
nanotechnologies 8, 59, 96, 118
nitrates 7, 18, 41
nucléaire 35, 40
nuisances 8, 55, 56
O
obsolescence 38
ondes 56, 96
outre-mer 7, 29, 37, 43, 50, 112,
115
P
partenariat 27, 28, 85, 86, 93, 98,
106, 107
perturbateurs
endocriniens 8, 59, 117
pesticides 7, 27, 58
pétrole 18, 39
photovoltaïque 63
PIB 7, 18, 19, 35, 37, 63, 71,
116
PME/TPE 77
politiques publiques 10, 11, 12, 14, 16, 32,
33, 38, 39, 50, 62, 64,
74, 75, 83, 86, 103, 105,
113
pollution 7, 8, 18, 24, 26, 27, 28,
29, 30, 56, 58, 63, 67,
77
population 8, 19, 24, 28, 30, 36, 49,
53, 55, 58, 92, 101
précarité énergétique 18, 39, 50, 51, 52
prévention 29, 52, 53, 55, 57, 58
principe de précaution 86
prospective 29, 86, 103, 105, 108
Q
quartier 30, 108
R
réchauffement climatique 65
recherche 9, 10, 19, 21, 24, 28, 41,
42, 51, 56, 66, 69, 79,
81, 82, 83, 84, 85, 87,
89, 94, 96, 106, 117,
119
récupération 44
recyclage 19, 27, 30, 35, 37, 38,
39, 41, 42, 45, 82, 85,
97
région 11, 15, 45, 75, 76, 85,
106
réseau 14, 25, 31, 32, 33, 42,
43, 44, 45, 51, 88, 95,
96, 97, 103, 104, 105,
106, 108, 111, 115
résilience 23, 26, 28, 29, 33, 44,
63
responsabilité
sociétale 14, 64, 72, 73, 76, 78,
79, 94, 105, 116
ressource 6, 7, 8, 9, 15, 16, 18, 24,
25, 26, 27, 28, 29, 30,
32, 35, 36, 37, 38, 39,
40, 41, 42, 44, 46, 50,
54, 55, 59, 62, 66, 67,
81, 86, 93, 96, 102, 104,
105, 106, 112, 113, 115,
116, 117
risques industriels 29, 55
risques naturels 24, 25, 32, 50, 53, 57,
96
132
Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
risques sanitaires 6, 7, 8, 16, 50, 55, 84,
88, 96, 118
ruraux 24, 25, 28, 52, 108
S
santé 6, 8, 10, 18, 32, 49, 50,
52, 55, 56, 57, 58, 59,
82, 83, 86, 88, 93, 117
sensibilisation 7, 52, 53, 55, 77, 92, 97,
102
sobriété 6, 30, 37, 38, 39, 40, 54
social 9, 11, 30, 31, 50, 51, 54,
62, 65, 69, 74, 78
société 6, 9, 11, 12, 15, 37, 50,
62, 65, 69, 78, 83, 84,
86, 87, 89, 91, 92, 95,
96, 97, 102, 103, 104,
105, 112, 113, 114, 115,
118, 119
solaire 39
solidarité 15, 25, 29, 55, 93, 118,
119
sols 8, 18, 24, 26, 27, 29, 32,
40, 41, 42, 57, 83
sport 30, 58, 94, 96, 98
syndicats,
organisations
syndicales 12, 77, 102, 103, 105,
107
T
télétravail 55
territoire, territorial 6, 7, 8, 11, 14, 15, 18,
19, 21, 23, 24, 25, 26,
27, 28, 29, 30, 32, 33,
35, 37, 39, 40, 44, 45,
46, 49, 50, 51, 52, 54,
55, 56, 57, 58, 63, 64,
67, 74, 75, 76, 83, 84,
86, 87, 92, 97, 102, 103,
104, 105, 106, 108, 112,
115
tourisme 29, 54, 117
traçabilité 42, 65
trames vertes
et bleues 26, 54
transition écologique 6, 9, 10, 11, 12, 14, 15,
16, 19, 21, 25, 29, 32,
33, 41, 50, 52, 58, 61,
62, 63, 64, 65, 67, 68,
69, 71, 72, 73, 74, 75,
76, 77, 78, 79, 82, 83,
84, 85, 86, 89, 92, 93,
94, 97, 102, 103, 104,
105, 106, 107, 111, 112,
116, 117, 118
transition énergétique 27, 33, 39, 41, 43, 46,
51, 52, 62, 64, 66, 74
transparence 44, 65, 69, 78, 86, 108,
119
transport 9, 23, 30, 31, 35, 38, 40,
42, 43, 45, 49, 50, 51,
52, 58, 74, 77, 98, 117
U
Union européenne 7, 12, 40, 106, 111, 112,
114, 117
université 74, 94
urbain 23, 24, 25, 26, 28, 29,
30, 31, 32, 33, 41, 43,
45, 53, 55, 58, 86, 95,
107, 108, 117
V
valorisation
énergétique 44
véhicule 41, 42, 43, 58, 85
vélo 30
villes 29, 30, 45
voiture 51, 52, 77
vulnérabilité
énergétique 49, 50, 51
Z
zone d?activités 44, 45
zones humides 7, 26
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Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
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Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020
Crédits photos : A. Bouissou, O. Chatté, G. Crossay, T. Degen, D.
Joseph-Reinette, L. Mignaux, B. Suard / MEDDE-METLR - Stéphane Mahé /
DREAL Bretagne - Yann Werdefroy
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92055 La Défense Cedex
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135
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