Guide de gestion du risque minier post-exploitation
Auteur moral
Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (France)
;Geoderis
;Institut national de l'environnement industriel et des risques (France)
Auteur secondaire
Résumé
<span style="color: rgb(17, 17, 17); font-family: -apple-system, Roboto, SegoeUI, "Segoe UI", "Helvetica Neue", Helvetica, "Microsoft YaHei", "Meiryo UI", Meiryo, "Arial Unicode MS", sans-serif; font-size: 14px; font-style: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-caps: normal; font-weight: 400; letter-spacing: normal; orphans: 2; text-align: left; text-indent: 0px; text-transform: none; widows: 2; word-spacing: 0px; -webkit-text-stroke-width: 0px; white-space: normal; background-color: rgb(243, 243, 243); text-decoration-thickness: initial; text-decoration-style: initial; text-decoration-color: initial; display: inline !important; float: none;">Ce guide méthodologique, élaboré par l'INERIS et d'autres organismes, vise à gérer les risques miniers post-exploitation en France. Il détaille les outils techniques et réglementaires disponibles pour évaluer et atténuer les phénomènes dangereux liés aux anciennes exploitations minières, assurant ainsi la sécurité publique.</span>
Descripteur Urbamet
affaissement minier
Descripteur écoplanete
Thème
Ressources - Nuisances
Texte intégral
Guide de gestion du risque minier post-
exploitation
DRS-17-164640-01814A 13/11/2017
INERIS ? DRS-17-164640-01814A
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Guide de gestion du risque minier post-
exploitation
Direction des Risques du Sol et du Sous-sol
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REMERCIEMENTS
Ce guide méthodologique a été élaboré à la demande de la Direction Générale de
la Prévention des Risques (DGPR) au sein du Ministère de la Transition
Écologique et Solidaire.
Dans le cadre de ses missions d?appui pour le Ministère, l'Institut National de
l'Environnement Industriel et des Risques (INERIS) en a assuré le pilotage. Ce
document résulte du travail de différents organismes impliqués dans l?évaluation et
la gestion des risques miniers résiduels après la fin d?exploitation, plus
communément appelées la gestion de l?après-mine : INERIS, Cerema,
GEODERIS.
Ce document s?appuie également sur un précédent guide d?élaboration des Plans
de Prévention des Risques Miniers élaboré sous la coordination et la direction
scientifique de l?INERIS1.
Le Bureau du Sol et du Sous-sol (B3S) de la DGPR a assuré la vérification du
présent document, avec l?appui des Pôles Après-Mine.
Pilotage : M. SALMON (INERIS)
Auteurs : MM. SALMON et FRANCK (INERIS), Mme LOMBARD et M. THIERY
(Cerema), M. HADADOU (GEODERIS)
Comité de lecture : Mme MICHAUT et M. ASTIER (B3S), Mme HANOCQ (Pôle
Après-Mine Est), M. GIROUD (Pôle Après-Mine Sud), M. LEROY (Pôle Après-
Mine Ouest) ont contribué, par leur expérience et leur apport, aux différentes
étapes de l?élaboration de document.
1 « L?élaboration des Plans de Prévention des Risques Miniers. Guide Méthodologique. Volet
technique relatif à l?évaluation de l?aléa. Les risques de mouvements de terrain, d?inondations et
d?émissions de gaz de mine ». Rapport INERIS DRS-06-51198/R01, 04/05/2006.
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TABLE DES MATIÈRES
1. INTRODUCTION .............................................................................................. 7
2. LE CONTEXTE DE L?APRÈS-MINE EN FRANCE ............. ............................. 9
2.1 Bref historique de l?exploitation minière française ......................................... 9
2.2 Quelques principes du droit minier .............................................................. 10
2.2.1 Différences entre mines et carrières ........................................................ 10
2.2.2 Les titres miniers...................................................................................... 11
2.2.3 Les travaux miniers .................................................................................. 12
2.2.4 L'arrêt définitif des travaux et "l'après-mine" ............................................ 12
2.3 La gestion de l?après-mine en France ......................................................... 13
3. LES PHÉNOMÈNES REDOUTÉS DANS LA PHASE « APRÈS-MINE » ...... 17
4. LA GESTION DES RISQUES MINIERS .................... ..................................... 25
4.1 L?étude d?aléa .............................................................................................. 25
4.2 Les études environnementales ................................................................... 26
4.3 Les outils pour la gestion des risques existants .......................................... 27
4.4 Les outils pour la gestion des risques futurs ............................................... 27
4.4.1 Les Secteurs d?Information sur les Sols (SIS) ......................................... 28
4.4.2 L?information du public en matière d?aléas miniers résiduels ................... 28
4.4.3 Le porter à connaissance (PAC) de l?État vers les collectivités ............... 29
4.4.4 L?article R. 111-2 du code de l?urbanisme ................................................ 30
4.4.5 Le projet d?intérêt général (PIG) (articles L. 102-1 à L. 102-3 du code de
l'urbanisme) ............................................................................................. 30
4.4.6 Les documents de planification et d?urbanisme ....................................... 31
4.4.7 Les plans de prévention des risques miniers (PPRM) ............................. 31
4.4.8 Synthèse .................................................................................................. 31
5. QUEL OUTIL DE GESTION POUR QUEL ALÉA "APRÈS MINE" . ............... 35
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1. INTRODUCTION
Après avoir largement exploité, durant plusieurs siècles, les ressources minérales
présentes dans son sous-sol, la France a progressivement vu ses sites
d?extraction cesser leur activité. La cessation de l?activité minière n?a pas pour
autant induit la disparition des phénomènes susceptibles d?affecter les terrains de
surface situés dans l?emprise des anciennes exploitations. Ainsi, durant la période
qui suit l?exploitation, traditionnellement appelée « après-mine », de nombreux
désordres peuvent se développer, parfois dès l?arrêt des travaux mais également
beaucoup plus tardivement.
Outre les phénomènes de mouvements de terrain (affaissements, effondrements),
les anciens sites miniers peuvent parfois être affectés par des remontées de gaz
pouvant présenter des compositions dangereuses. De plus, les perturbations
irréversibles que les travaux d?extraction ont induites sur les circulations d?eau
souterraine peuvent être à l?origine d?éventuels désordres, tant pour ce qui
concerne le schéma de circulation des eaux (inondations des points bas,
perturbation du régime des cours d?eau) que pour ce qui concerne leur qualité
(pollution des eaux).
Afin de gérer les risques associés à ces phénomènes redoutés, l?État dispose d?un
certain nombre d?outils techniques et réglementaires. Ces outils ont pour vocation
de rassembler la connaissance des risques miniers résiduels dus aux anciennes
exploitations minières sur un territoire donné, de délimiter les zones qui y sont
exposées et d?y définir les conditions de construction, d?occupation et d?utilisation
des sols ainsi que les mesures relatives à l?aménagement, à l?utilisation ou à
l?exploitation des biens existants. La spécificité du risque minier résiduel tient au
fait que, en cas d'absence de titre minier valide, ou en cas de disparition ou de
défaillance de l?exploitant ou du titulaire du titre minier, le code minier rend l?État
garant de la réparation des dommages causés par les anciennes exploitations
minières qu?il a autorisées par le passé.
Ce guide a pour vocation d?accompagner et de faciliter la mise en oeuvre de ces
outils en cohérence avec la circulaire du 6 janvier 2012 relative à la prévention des
risques miniers résiduels. Il est destiné à l?ensemble des acteurs qui interviennent
dans la gestion du risque minier (services de l?État, collectivités, bureaux
d?études?).
Il est conçu comme un ouvrage opérationnel qui permet au lecteur d?identifier les
outils adaptés aux problématiques locales. Il sera complété de guides techniques
relatifs plus spécifiquement à la réalisation d?une étude d?aléa (DRS-17-164640-
01944A) et à la démarche de réalisation d?un Plan de Prévention des Risques
Miniers (PPRM).
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2. LE CONTEXTE DE L?APRÈS-MINE EN FRANCE
2.1 BREF HISTORIQUE DE L?EXPLOITATION MINIÈRE FRANÇAISE
Comme de nombreux autres pays européens, la France possède une longue
tradition minière. L?extraction et la valorisation des matières premières présentes
dans son sous-sol ont d?ailleurs contribué, de manière décisive, au développement
de la puissance industrielle française.
Sur notre territoire, les premiers indices d?exploitations souterraines de ressources
minérales (anciennes mines de silex, exploitation de sources salées) remontent au
Néolithique (du Vème au IIIème millénaire av. J.C.). Avant même l?occupation
romaine, les Celtes puis les Gaulois exploitaient régulièrement l?or et l?étain (Ier
millénaire av. J.C.). C?est toutefois durant l?époque gallo-romaine que l?activité
extractive prit un véritable essor puisque l?argent, le plomb, le cuivre et le fer
furent, à leur tour, recherchés et exploités. L?activité minière prenait alors la forme
d?une multitude de petites exploitations locales, réparties sur l?ensemble du
territoire (Ier et IIème siècles).
Après la chute de l?Empire romain, l?exploration et l?extraction minières se
poursuivirent à un rythme peu soutenu durant près d?un millénaire. Sous
l?influence de l?Europe Centrale et pour répondre aux besoins économiques
croissants résultant de l?essor démographique et de la stabilisation politique, les
travaux de prospection et d?exploitation minière ont en effet à nouveau proliféré
(XIème ?XIIIème siècles). C?est notamment l?époque où le charbon commença à être
exploité dans les bassins de l?Hérault, de la Provence et de la Sarre.
C?est toutefois la révolution industrielle (XVIIème ? XVIIIème siècles) qui constitua
l?impulsion décisive dans l?essor de l?activité minière française. Les progrès
technologiques ont en effet contribué à transformer une activité jusque-là
essentiellement artisanale en une activité industrielle de production. Outre la
naissance des grands bassins miniers (charbon, fer, sel?) qui participèrent
grandement à la richesse de l?économie nationale, le début du XIXème siècle se
caractérisa également par une importante diversification des matériaux
recherchés et exploités (pétrole, manganèse, fluorine, zinc?).
L?activité minière continua son essor en métropole durant la première moitié du
XXème siècle, principalement sous l?effet des deux conflits mondiaux.
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, l?effort national entrepris pour la
reconstruction du pays et la diminution de la dépendance énergétique de la
France a facilité la relance de l?activité minière. La production de charbon et de
lignite augmenta ainsi rapidement pour atteindre 60 millions de tonnes en 1958,
année record.
Différents facteurs économiques, le développement de l'utilisation des
hydrocarbures dans la production d'énergie, la concurrence des gisements
étrangers et l?épuisement de certains gisements ont progressivement engendré le
déclin de l?activité minière française. Initié au début des années 1960 pour le
charbon et le fer et au début des années 1980 pour l?exploitation des autres
substances, ce déclin s?est accéléré depuis le début des années 1990.
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La fermeture de la dernière mine de fer date de 1995 et l?ultime exploitation
d?uranium a cessé en 2001. L?exploitation des Potasses d?Alsace a cessé en 2003
et la dernière taille de charbon s?est arrêtée en 2004. Outre les gîtes
géothermiques profonds, les industries minières actives en France métropolitaine2
résultent désormais de l?extraction du sel, par mine souterraine ou par dissolution,
de la bauxite, et des exploitations d?hydrocarbures.
À la fin des années 90, la survenance de différents phénomènes ou nuisances
dans des zones d'anciennes exploitations minières et notamment des
mouvements de terrains engendrant des désordres sur des habitations
(affaissements miniers en Lorraine en 1996, 1997 et 1998, ayant au total concerné
plus d'une centaine d'habitations), a conduit l?État à mettre en place des outils de
gestion des conséquences de l'arrêt des activités minières dans une phase dite
« d'après-mine ».
Par ailleurs, les anciens bassins miniers et industriels en mutation depuis la
fermeture progressive des exploitations minières et des industries associées, ont
de forts enjeux d'aménagement du territoire qui peuvent se retrouver confrontés à
de potentiels risques d'origine minière.
Il est donc nécessaire d?identifier et de localiser aussi précisément que possible
les risques et nuisances susceptibles de perdurer après la fin de l?extraction
minière pour être en mesure de déterminer les possibilités d'aménagement et les
mesures opérationnelles adaptées à chaque contexte.
2.2 QUELQUES PRINCIPES DU DROIT MINIER
Le code minier a été créé en 1956 par la reprise de la loi de 1810. Plusieurs fois
remanié, sa recodification en 2011 a abouti à l'ordonnance n° 2011-91 du 20
janvier 2011, actuellement en vigueur. Un chantier de réforme du code minier est
en cours.
2.2.1 DIFFÉRENCES ENTRE MINES ET CARRIÈRES
L?esprit du droit minier français, tel qu?on le connaît aujourd?hui, date du début du
XIXème siècle. Soucieuse d?une bonne gestion des ressources minérales
considérées comme stratégiques pour la nation, la loi de 1810 a ainsi introduit la
notion de matériaux « concessibles » et de matériaux « non concessibles ».
Parmi les matériaux concessibles, on peut citer notamment :
? les métaux (fer, plomb, argent, uranium, or?) ;
? les hydrocarbures, aussi bien solides (charbon, lignite?), liquides (pétrole)
que gazeux (méthane) ;
? le sel, la potasse ou les phosphates?
2 L?exploitation du nickel reste pour sa part très active en Nouvelle Calédonie. De même, les
exploitations relatives à l?or sont conséquentes en Guyane.
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L?extraction des matériaux concessibles donne naissance aux mines, l?extraction
des matériaux non concessibles relevant du régime des carrières (principalement
matériaux de construction). C?est donc la nature du matériau extrait qui différencie
les mines des carrières et non la méthode d?exploitation (souterraine ou à ciel
ouvert).
Depuis la mise en place de cette réglementation spécifique en 1810, qui sera
codifiée par la création du code minier en 1956, l?État décide de l?octroi des
autorisations de recherche ou d?exploitation minière au travers des titres miniers
(permis de recherches et concessions). L'exploitation des substances minières ne
peut être opérée qu'en vertu d'une concession ou par l?État (L. 131-1 du code
minier).
Les travaux de recherche ou d?exploitation sont encadrés par la police des mines
qui a pour objet de prévenir et faire cesser les dommages et nuisances liées aux
activités minières et de faire respecter les obligations de l?exploitant. Elle est
exercée par les préfets qui s'appuient sur les Directions Régionales de
l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement (DREAL)3.
L'institution d'une concession crée un droit immobilier distinct de la propriété de la
surface (L. 132-8 du code minier). Les machines, puits, galeries et autres travaux
"établis à demeure" sont des biens immobiliers (L. 131-4 du code minier) et leur
propriété est donc distincte de la propriété de surface (elle est attachée à la
concession).
2.2.2 LES TITRES MINIERS
Le code minier donne à une entreprise la possibilité :
? de pratiquer des travaux d?exploration, via l?obtention d?un permis exclusif de
recherches, d?une autorisation de prospections préalables (pour les travaux en
mer) ou d?une autorisation de recherches de gîtes géothermiques ;
? d?exploiter une mine, via l?obtention d?une concession, et ce, même en
l?absence de l?autorisation du propriétaire du sol.
Le titre minier permet la reconnaissance des droits immobiliers de son détenteur
mais n?autorise pas l?ouverture des travaux qui font l'objet d'une procédure
distincte. Le titre minier est délivré par le ministre chargé des mines au demandeur
qui a notamment justifié de ses capacités techniques et financières.
Les procédures d?octroi des titres miniers sont réglementées par le décret n°
2006-648 du 2 juin 2006 relatif aux titres miniers et aux titres de stockage
souterrain.
3 La Direction Régionale et Interdépartementale de l'Environnement et de l'Énergie (DRIEE) en Île-
de-France, DEAL en outre-mer.
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2.2.3 LES TRAVAUX MINIERS
C?est dans le cadre de la procédure d?ouverture de travaux que l?on vérifie, de
façon approfondie, la prise en compte de la sensibilité de l?environnement du
projet au travers des éléments fournis par l?exploitant et que sont définies les
prescriptions adaptées à la protection de l?environnement du site. Selon les
dangers et risques qu'ils comportent, les travaux miniers doivent faire l'objet d'une
déclaration auprès du préfet, ou d'une autorisation, accordée après la tenue d'une
enquête publique et la fourniture d'une étude d'impact par le pétitionnaire. Le
décret n° 2006-649 du 2 juin 2006 relatif aux travaux miniers, aux travaux de
stockage souterrain et à la police des mines et des stockages souterrains définit le
cadre réglementaire des travaux miniers.
La police des mines (suivi, surveillance et inspection des travaux miniers) est
assurée en France par des ingénieurs et techniciens placés sous les ordres des
directeurs des DREAL. Les services assurant la police des mines assurent aussi
les missions d?inspection du travail dans les mines.
2.2.4 L'ARRÊT DÉFINITIF DES TRAVAUX ET "L'APRÈS-MINE"
La réglementation minière prévoit une procédure d?arrêt des travaux ainsi que des
mesures de prévention des risques miniers qui ne peuvent être supprimés.
Ces dispositions imposent à l?exploitant de prendre toutes les mesures
nécessaires pour prévenir les risques potentiels consécutifs à l?exploitation
(affaissements miniers, inondations, rejets d?effluents polluants...). L?arrêt des
travaux s?accompagne ainsi d?études sur les risques (liés aux mouvements de
terrain, à l?émission de gaz?), l?impact hydrologique et de divers travaux de mise
en sécurité (stabilisation des haldes et terrils, démolition d?installations vétustes,
prévention des risques de pollution des eaux?).
Le code minier institue la responsabilité de l?ancien exploitant minier, à défaut
celle du titulaire de la concession, sans limitation de durée pour les dommages
que pourraient provoquer ses activités. Néanmoins, si le responsable a disparu ou
est défaillant et ne peut pas assurer la réparation des dommages, l?État est garant
de la réparation des dommages et est subrogé dans les droits des victimes à
l?encontre du responsable, en application de l?article L. 155-3 du code minier.
Sous réserve que la procédure d?arrêt de travaux miniers ait été menée à terme, la
fin de validité du titre minier transfère à l?État la responsabilité de la surveillance et
de la prévention des risques importants d?affaissement de terrain ou
d?accumulation de gaz dangereux. La loi n° 99-245 du 30 mars 1999, dite "loi
après-mine", réformant le code minier, confie en particulier à l?État la prise en
charge des risques subsistant après la cessation de l?exploitation minière, au titre
de la solidarité nationale. Quand il subsiste des installations de surveillance et de
prévention des risques sur les anciens sites miniers, l?État est ainsi amené à
reprendre à sa charge leur entretien, mais moyennant le versement d?une soulte
par les exploitations dont l?arrêt des travaux est intervenu depuis cette loi.
Par ailleurs, après que les risques consécutifs à l?exploitation ont été supprimés ou
prévenus par des installations de surveillance (dans le cadre de l?arrêt des
travaux), il importe de maîtriser l?urbanisation afin de prévenir l?apparition de
nouveaux risques. Deux outils réglementaires ont été créés :
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? la réalisation et le porter à connaissance d?études détaillées des aléas miniers
et, le cas échéant, la réalisation de Plans de Prévention des Risques Miniers
(PPRM) ;
? l?application de la méthodologie de gestion des sites et sols pollués au cas des
sites miniers et les Secteurs d?Information sur les Sols (SIS).
2.3 LA GESTION DE L ?APRÈS-MINE EN FRANCE
Alors que l?activité minière en France est très ancienne, la gestion de l?après-mine4
a fortement évolué dans les dernières décennies. C?est en effet à la fin des
années 1990, après une série de mouvements de terrains inattendus qui ont
détruit plusieurs dizaines d?habitations dans le sud du bassin ferrifère de la
Lorraine (en France), qu?il a été décidé d?établir un dispositif permettant la gestion
durable des conséquences de l?activité minière. L?État a donc mis en place un
ensemble d?outils pour assurer cette gestion des risques de l?après-mine. Des
outils juridiques d?abord, avec la modification du code minier pour améliorer la
prévention des risques à long terme et permettre la réparation des dommages dus
à l?activité minière. Des outils opérationnels ensuite, avec d?une part le
développement d?une capacité d?expertise technique indépendante en matière
d?évaluation des risques au sein de GEODERIS, et d?autre part la constitution, par
transfert des compétences et du personnel de Charbonnages de France, d?une
compétence opérationnelle de gestion déléguée par l?État (mise en sécurité et
surveillance des sites) de l?après-mine au sein du Département Prévention et
Sécurité Minière (DPSM) du BRGM.
L?INERIS, le BRGM et le Cerema sont des appuis méthodologiques à
l?administration et sont impliqués dans le développement de méthodes de
surveillance alternatives aux visites de galeries ou aux forages.
Le rôle de l?État, usant de ces différents outils, se traduit au travers de trois
objectifs : anticiper le risque, le prévenir et enfin réparer les dommages résultant
de l?exploitation minière.
En effet, en plus des grands bassins miniers, en particulier de fer et de charbon,
développés industriellement au XXème siècle, il existe une multitude d?exploitations
plus petites (plus de 5000 titres miniers, plus de 3000 communes concernées),
parfois très anciennes, réparties sur l?ensemble du territoire5. Les travaux miniers,
situés pour la plupart à faible profondeur, sont susceptibles d?être à l?origine de
phénomènes d?instabilité en surface et/ou de rejets de substances polluantes.
4 Exploitation postérieure à la loi de 1810.
5 Les minières n?ont pas le statut d?exploitation minière au sens du code minier.
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Appui / expertise
Réseau scientifique et technique
?
Figure 1 : Les acteurs de la gestion des risques miniers (source : Session
Information « Risques miniers » aux DREAL)
Les principaux acteurs de l?après-mine sont les suivants :
? la DGPR : la Direction Générale de la Prévention des Risques élabore et met
en oeuvre des politiques relatives à la connaissance, l?évaluation, la prévention
et la réduction des risques liés à l?activité humaine et des risques naturels ;
? les Pôles de compétence après-mine assurent, à la fois, des missions
d?interface entre GEODERIS, le DPSM et les DREAL, de conseil et d?appui
inter-régional aux DREAL et constituent un relais entre l?administration centrale
et les services déconcentrés ;
? les DREAL : les Directions Régionales de l?Environnement, de l?Aménagement
et du Logement constituent l?échelon régional du Ministère de la Transition
écologique et solidaire ;
? les DDT(M) : les Directions Départementales des Territoires (et de la Mer)
mettent en oeuvre les politiques publiques d?aménagement et de
développement durable des territoires ;
? GEODERIS : GEODERIS est un Groupement d?Intérêt Public (GIP) constitué
entre le BRGM et l?INERIS apportant à l?État (administrations centrales et
services déconcentrés, en particulier les DREAL) l?assistance et l?expertise
techniques en matière d?après-mine ;
? le BRGM : le Bureau de Recherches Géologiques et Minières est
l'établissement public de référence dans les applications des sciences de la
Terre pour gérer les ressources et les risques du sol et du sous-sol ;
? le DPSM : au sein du BRGM, le Département Prévention et Sécurité Minière
du BRGM, est le maître d?ouvrage délégué de l?État (notamment les DREAL).
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Les principales missions qui lui ont été confiées sont décrites dans le décret
n°59-1205 relatif à l?organisation administrative et financière du BRGM.
? l?INERIS : l?Institut National de l?Environnement Industriel et des Risques a
pour mission de contribuer à la prévention des risques que les activités
économiques font peser sur la santé, la sécurité des personnes et des biens,
et sur l?environnement. Dans le cadre de l?après-mine, l?INERIS apporte un
appui technique à la DGPR pour l?évaluation des aléas et des risques ;
? le Cerema : le Centre d?études et d?expertise sur les risques, l?environnement,
la mobilité et l?aménagement est un établissement public ayant pour mission
d?apporter un appui scientifique et technique pour élaborer, mettre en oeuvre et
évaluer les politiques publiques de l?aménagement et du développement
durables, dont la prévention des risques. Dans le cadre de l?après-mine, le
Cerema apporte un appui technique à la DGPR et aux services déconcentrés
pour la prise en compte des risques miniers dans l?aménagement et
l?urbanisme.
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3. LES PHÉNOMÈNES REDOUTÉS DANS LA PHASE « APRÈS-
MINE »
Les phénomènes induits par une ancienne exploitation minière, peuvent être
notamment les suivants :
? la constitution d?importants vides résiduels en souterrain, de fronts rocheux de
grandes dimensions ou de volumineux dépôts de résidus d?exploitation
peuvent engendrer des mouvements de terrains , pouvant mettre en péril la
sécurité des personnes ou induire des dommages sur les constructions et les
infrastructures (fissures, écroulements, etc.) ;
? les travaux miniers, du moins les plus importants d?entre eux, ont pu contribuer
à perturber les conditions de circulation des eaux souterraines ou de surface
et, de manière concomitante ou non, ont pu conduire à des affaissements de
terrains en surface. L?arrêt de l'exploitation minière a pu s?accompagner de
l'arrêt du pompage des eaux souterraines qui permettait la conduite des
chantiers et, plus largement dans le bassin minier, la baisse des
consommations d'eau de la part des industries et de la collectivité. Dès lors,
l?arrêt des travaux miniers s?est accompagné d?une remontée de la nappe
d?eau souterraine qui a progressivement retrouvé son niveau naturel,
remplissant ainsi, intégralement ou pour partie, le réservoir de vides miniers
créés, et rejoignant, en surface, le réseau hydrographique ou les points bas
topographiques ayant pu être générés par l?exploitation minière. Ces
perturbations hydrologiques et hydrogéologiques peuvent être néfastes
pour l'occupation du sol ou du sous-sol ;
? l?extraction de minerai en souterrain a contribué à créer un réservoir qui peut
être rempli de gaz, issus de la roche exploitée ou d?origine plus lointaine. Ce
gaz est constitué d?un mélange de plusieurs constituants à des teneurs
variables. Sous l?effet de différents mécanismes, le gaz de mine peut être
acheminé vers la surface au travers de drains naturels (failles, fractures,
fissures?) ou artificiels (puits, galeries?). L?exploitation minière peut
également avoir généré des drains (fissures, crevasses?) mettant en liaison
des formations souterraines émettrices de gaz et la surface. Ces émissions
de gaz sont potentiellement dangereuses. Par ailleurs, des gaz naturellement
présents dans le massif encaissant peuvent voir leur mobilisation facilitée à la
suite d?une déstructuration occasionnée par les travaux miniers ;
? les travaux d?extraction ou de stockage d'importantes quantités de déchets
solides génèrent des instabilités physiques et chimiques qui peuvent perturber
durablement le milieu naturel. L?une des causes des pollutions et nuisances,
après exploitation minière, est l?interaction entre les travaux miniers et les flux
hydrauliques, avec pour conséquence des contaminations des sols et des
eaux de surface et souterraines. Les conditions de surface (air, eaux
météoriques) peuvent influer sur le rejet dans l'environnement de
substances potentiellement dommageables ou dangereu ses pour les
personnes et/ou les écosystèmes.
Le tableau ci-dessous décrit les phénomènes d'origine minière redoutés.
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Phénomènes
redoutés
Description
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Effondrements
localisés
Les effondrements localisés correspondent, selon
le mécanisme initiateur, aux phénomènes de
« fontis6 », d'effondrements de têtes de puits ou
têtes de galerie, ou encore d'effondrements par
rupture de piliers isolés7.
De manière générale, ils se caractérisent par
l'apparition soudaine en surface d'un cratère
d'effondrement dont l'extension horizontale varie
généralement de quelques mètres à quelques
dizaines de mètres de diamètre.
Les dimensions de l'effondrement localisé
dépendent de l'importance du vide et de la nature
des terrains qui le séparent de la surface.
Ces phénomènes peuvent provoquer des
dommages aux personnes et aux bâtis.
Schéma de principe d'un « fontis »
(source : Graphies, MEDD)
Affaissements
progressifs
Les affaissements progressifs résultent de
l?effondrement, au fond, de travaux souterrains de
grandes extensions. Ils se traduisent par la
formation en surface d'une "cuvette8" de quelques
dizaines à quelques centaines de mètres de
diamètre, sans rupture cassante importante.
Au centre de la cuvette, les terrains descendent
verticalement.
Sur les bords, les terrains se mettent en pente avec
un étirement sur les bords extérieurs (ouverture de
fractures) et un raccourcissement sur les bords
intérieurs (apparition de bourrelets).
Ces phénomènes se produisent progressivement
en quelques jours ou en quelques mois, selon une
dynamique propre au contexte minier et
géologique.
Ils ont généralement pour conséquences des
dommages sur les bâtiments situés en surface.
Schéma de principe
d'un affaissement progressif
(source : Graphies, MEDD)
6Les fontis font suite à une dégradation progressive de la « voûte » d'une galerie de mine, qui
remonte peu à peu dans le recouvrement, jusqu'à percer au jour.
7D'autres effondrements localisés peuvent résulter de la ruine d'un ou de plusieurs piliers au sein
d'une ancienne exploitation menée par la méthode des chambres et piliers. La dimension du
cratère formé en surface est généralement plus importante que celle résultant d'un fontis. Les
effondrements par rupture de piliers isolés sont des phénomènes ponctuels qui ne relèvent pas
d'une instabilité globale de l'exploitation, mais résultent plutôt de conditions locales
défavorables.
8Dépression topographique.
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Phénomènes
redoutés
Description
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Affaissements
cassants
Ce phénomène correspond à la rupture du toit par cisaillement le long des appuis de
certaines exploitations partielles dans des conditions très particulières. Les piliers
rompent par surcharge, le mouvement du toit s?ensuit ainsi que l?ensemble du
recouvrement jusqu?en surface. Comparativement à l?« affaissement progressif », le
caractère « d?affaissement cassant » vient du fait que ce recouvrement est globalement
rigide sur toute son épaisseur. On observe en surface un réseau de crevasses à
l?aplomb de la périphérie du panneau concerné. Compte tenu de la dynamique de ce
mécanisme, il peut s?accompagner d?une ou de plusieurs secousses sismiques.
Effondrements
généralisés
Les effondrements généralisés résultent également
de l?effondrement d?un quartier souterrain. Ils se
manifestent cependant dans des conditions
géologiques très particulières par une rupture,
souvent dynamique et quasi instantanée, de tout ou
partie d'une exploitation (entre le fond et la surface),
affectant ainsi la stabilité des terrains de surface sur
des étendues pouvant atteindre plusieurs hectares.
Une secousse sismique peut être ressentie.
La hauteur d'effondrement affectant la partie
centrale peut atteindre plusieurs mètres, voire
plusieurs dizaines de mètres dans le cas
d'effondrements de cavités de dissolution du sel.
Ces phénomènes peuvent provoquer des dangers
corporels et entraîner la destruction « irréversible »
des biens et des terrains en surface.
Schéma de principe
d'un effondrement généralisé
(source : Graphies, MEDD)
Crevasses
L?exploitation minière peut s?accompagner, dans
des cas particuliers, de manière concomitante à la
formation de cuvettes d?affaissement, de la création
de crevasses dans le recouvrement. Certaines
crevasses apparaissent au jour au moment de
l?exploitation, mais certaines d?entre elles sont
mises à jour ou apparaissent en surface plusieurs
années après celle-ci.
Les crevasses se présentent sous la forme de
fissures d?ouverture pluri-décimétriques du sol et
ont une extension pluri-métrique. La profondeur
« visible » de ces crevasses est pluri-métrique mais
la profondeur réelle n?est pas connue.
Crevasse apparue dans un jardin à
Cocheren en 2010 (source : GEODERIS)
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Phénomènes
redoutés
Description
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Tassements
Les tassements sont observés au sein de dépôts
miniers et parfois en zone remaniée par
l?exploitation minière. Dans ce dernier cas, ils sont
parfois dénommés « mouvements résiduels ». Ils
consistent en des mouvements résiduels de faible
ampleur, affectant les terrains de surface, tant en
matière d'abaissement de terrains (de l'ordre de
quelques décimètres) qu'en matière d'extension de
la surface affectée.
Sauf pour des configurations spécifiques, les effets
sont généralement limités et ne se font
généralement sentir que sur les bâtiments en
surface les plus sensibles (grandes emprises,
grandes hauteurs).
Fissures sur bâti, liées au phénomène de
tassement (source : INERIS)
Mouvements
de pente
Ces phénomènes sont observés sur les flancs des
dépôts miniers ou les versants de mines à ciel
ouvert constitués dans des terrains meubles.
On distingue :
? les mouvements superficiels (mettant en jeu
des volumes d'environ quelques dizaines de m3).
? les mouvements profonds (masse de terrain
importante glissant le long d'une surface, souvent
circulaire).
Verses de résidus de mine polymétallique
(source : INERIS)
Éboulements
Un éboulement rocheux est un mouvement de
pente soudain au cours duquel des masses
rocheuses, plus ou moins volumineuses, se
détachent d?une paroi généralement très raide et
sont mobilisés au pied du front. Ce type de
phénomène concerne donc essentiellement les
fronts de mines à ciel ouvert creusés dans des
massifs de roches dures, avec de forts angles de
talus.
En fonction du volume de roche éboulé, on parle de
chute de pierres, de blocs ou plutôt d?écroulements,
voire d?écroulements majeurs.
Éboulements de fronts, mine de bauxite
de Villeveyrac (34) (source : INERIS)
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Phénomènes
redoutés
Description
Perturbations
hydrologiques /
hydrogéologiques,
inondations
d'origine minière
Les risques d?inondation liés à des phénomènes
naturels (eaux de ruissellement, crue de cours
d?eau) ne relèvent pas du risque minier et ne sont
donc pas à étudier. Ils font l?objet d?études dans le
cadre des risques naturels.
Les anciens travaux miniers et l'évacuation des
eaux d'exhaure (pendant la phase d'exploitation) et
les phénomènes d'ennoyage (après l'exploitation),
peuvent perturber les circulations souterraines et
superficielles des eaux :
? augmentation ou réduction du débit des sources
ou des cours d'eau ;
? remontées de nappes avec apparition de zones
détrempées et de marécages ;
? inondations de points bas par des eaux
minières ;
? inondations brutales ; etc.
Les inondations par remontée de nappe peuvent
être conjointement dues à l?arrêt d?exhaure et une
variation à la baisse des consommations locales en
eau.
Ces phénomènes peuvent être pris en compte dans
le cadre de PPRN (Inondation).
Les inondations d'origine minière peuvent
également résulter de la rupture d'un bassin de
décantation des eaux de débordement d'une mine,
de la modification d'un exutoire à la suite de
l'éboulement ou au mauvais entretien d'une galerie
de débordement, ou encore de la rupture d'un
serrement d'obturation d'un réservoir minier.
Zone détrempée, mine de fer,
Pays-Haut Lorrain (54) (source :
GEODERIS)
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Phénomènes
redoutés
Description
Pollutions des
milieux
d'origine minière
Au droit des secteurs miniers, plusieurs sources de
pollution peuvent être présentes, associées aux
anciens travaux d?extraction et d?exploitation.
Ces sources, pouvant contenir des métaux (plomb,
nickel, mercure, etc.) et des métalloïdes (arsenic,
antimoine), sont susceptibles d?induire un risque pour
la santé humaine et l?environnement.
Les milieux naturels peuvent être contaminés par les
eaux de débordement d?ouvrages miniers ennoyés,
par les eaux de lessivage des dépôts de minerai, de
stériles ou de déchets de laverie, ou encore par les
eaux de percolation dans les anciens travaux.
L?impact des anciennes activités minières peut
concerner des territoires éloignés des anciens sites
miniers.
Pollution à l'arsenic d'un cours d'eau,
bassin minier des Cévennes (30).
(source : Cerema)
Pollution ? [Source + Transfert + Cible ]
Schéma montrant les différentes sources de pollution et les voies de transfert
des polluants dans le contexte minier (source : INERIS)
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Phénomènes
redoutés
Description
Émissions
de gaz en lien avec
l?exploitation
minière
Après l'arrêt de l'exploitation minière, les vides
souterrains non ennoyés peuvent constituer un
réservoir plus ou moins confiné, dans lequel les gaz
(qui sont dilués ou évacués par ventilation lors de
l'exploitation) peuvent s'accumuler à des
concentrations élevées et, en remontant à la surface
par les galeries souterraines ou par des failles ou
fractures naturelles dans la roche, devenir
potentiellement dangereux : intoxication, asphyxie,
inflammation, explosion.
Le gaz de mine est généralement un mélange de gaz
d'origines diverses, à des teneurs variables.
Certains gaz sont contenus dans le gisement avant
l'exploitation (méthane (CH4), dioxyde de carbone
(CO2), etc.), d'autres sont produits à partir d'une
transformation chimique du gisement ou de certains
éléments de la mine, pendant ou après l'exploitation
(monoxyde de carbone (CO), sulfure d'hydrogène
(H2S), etc.).9
Par ailleurs, l?exploitation minière peut mettre en
relation des horizons géologiques susceptibles
d?émettre du gaz sous certaines conditions avec la
surface.
Illustration de gaz de mine
débouchant au jour (source : INERIS)
Émissions
de rayonnements
ionisants
Les anciens sites miniers d?uranium peuvent être à l?origine d?expositions spécifiques
aux rayonnements ionisants, en raison des teneurs en uranium des matériaux et des
déchets qui s?y trouvent, ainsi que de la présence de radionucléides descendant de
l?uranium. Ces substances étaient déjà présentes dans les minerais et les roches avant
leur extraction du sous-sol et aucun produit radioactif nouveau n?a été ajouté par
l?activité minière. Celle-ci a par contre modifié la répartition et l?état physique de
l?uranium et des substances radioactives initialement présents dans le sous-sol,
entraînant du même coup un risque accru de dissémination dans l?environnement et
donc d?exposition humaine, même après l?arrêt de l?exploitation minière10.
9Le gaz probablement le plus connu est le « grisou », principalement composé de méthane dégagé
dans les mines de charbon et pouvant, à l'air ambiant, provoquer une explosion
(traditionnellement appelée « coup de grisou »).
10 « Les sources d?exposition aux rayonnements ionisants due aux anciens sites miniers
d?uranium», Fiche IRSN, 12 février 2009 (http://www.irsn.fr/FR/connaissances/Environnement/expe
rtises-locales/sites-miniers-uranium/Documents/irsn_mines-uranium_sources-exposition.pdf)
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Phénomènes
redoutés
Description
Combustions,
échauffements
de stériles miniers
Certains dépôts miniers contiennent des matériaux
combustibles et d'autres matières oxydables comme
les sulfures de fer (pyrite). Certains dépôts peuvent
entrer en combustion (au contact d'une source de
chaleur externe ou après des modifications au dépôt
initiant des phénomènes d'auto-échauffement).
La combustion d'un terril peut se propager lentement
de la surface vers la profondeur. La durée de
combustion peut dans ce cas atteindre plusieurs
décennies.
Les principaux risques associés sont les risques de
brûlure, de chute dans des cavités générées par la
combustion, d?incendie, liés aux gaz toxiques ou
inflammables11.
Combustion de terril ? site de
Rochebelle,
Bassin minier des Cévennes, Alès (30)
(source : GEODERIS)
Par ailleurs, la présence d?ouvrages débouchant au jour ouverts, insuffisamment
obturés, ou aux abords accidentés ou encore présentant des infrastructures
masquées, peut présenter des dangers et générer des risques corporels de par
leur accessibilité (chute/noyade dans un puits, chute de blocs dans une galerie,
intoxication/asphyxie...).
11 « Guide du détenteur de terrils et autres dépôts miniers issus de l'activité charbonnière (verse,
bassins de décantation, dépôts de cendres) ». Paquette Y., Laversanne J., 2003. Les fascicules de
l'Industrie Minérale, 37 p.
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4. LA GESTION DES RISQUES MINIERS
Les phénomènes redoutés présentés précédemment sont gérés à l?aide de
différents outils présentés dans ce chapitre. La grande majorité des phénomènes
font l?objet d?une « étude d?aléa ».
L?évaluation et la cartographie des aléas sont réalisées pour les phénomènes
suivants : mouvements de terrains, émissions de gaz en lien avec l?exploitation
minière, combustions / échauffements de stériles miniers, perturbations
hydrologiques / hydrogéologiques et inondations d'origine minière.
En revanche, pour l'aléa pollution consécutive à l'exploitation des mines, la
cartographie s'avère très complexe, voire impossible. En effet, l?évaluation de
l?impact environnemental des éventuelles pollutions requiert :
? une caractérisation satisfaisante des sources de pollution, et en particulier,
distinguée du fonds géochimique local ;
? la prise en compte des vecteurs de transfert de la pollution, notamment les
conditions météorologiques, susceptibles de conduire à une dispersion de la
pollution dans le temps et dans l?espace et ainsi impliquer des territoires
éloignés des sources de pollution ;
? la prise en compte des cibles et leur exposition qui dépendent fortement des
usages des milieux.
Ces caractéristiques ont conduit à considérer que la démarche d?évaluation de
l?aléa et de risque induit est inappropriée pour ce phénomène de pollution. La
prévention des risques liés à ces phénomènes ne se fait donc pas au moyen
d?une cartographie des aléas « pollution » mais au travers d?une étude
environnementale.
Pour ce qui concerne les aléas relatifs aux émissions de rayonnements ionisants,
une saisine de l?Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) peut être
réalisée par l?intermédiaire de la Mission de la Sûreté Nucléaire et de la
Radioprotection (MSNR), lorsque les enjeux le justifient.
4.1 L?ÉTUDE D?ALÉA
L?aléa est un terme très couramment employé en prévention des risques. Il
correspond à la probabilité qu?un phénomène ? d?origine minière dans le cas
présent ? se produise sur un site, au cours d?une période de référence, en
atteignant une intensité qualifiable ou quantifiable. La caractérisation d?un aléa
repose donc classiquement sur le croisement de l?intensité prévisible du
phénomène avec sa probabilité d?occurrence . La notion de probabilité
d?occurrence traduit la sensibilité d?un site à être affecté par un phénomène.
Quelle que soit la nature des événements redoutés, la complexité des
mécanismes, la nature hétérogène du milieu naturel, le caractère très partiel des
informations disponibles et le fait que de nombreux désordres, séquelles ou
nuisances ne soient pas répétitifs expliquent qu?il est généralement impossible de
raisonner sur une approche probabiliste. On privilégie donc une classification
qualitative caractérisant une prédisposition du site à être affecté par tel ou tel
type de phénomène.
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La connaissance des aléas liés aux travaux miniers a largement été développée
ces dernières années sur le territoire métropolitain.
Les recherches effectuées pour appréhender les aléas sur les zones d?emprise
d?anciennes exploitations minières se traduisent par la réalisation :
? d?une carte informative, qui présente le positionnement des travaux dans leur
environnement et les éléments nécessaires à l?évaluation de l?aléa minier ;
? d?une carte des aléas, établie à partir de la carte informative, qui localise et
hiérarchise les zones exposées à des phénomènes potentiels en surface. Les
aléas sont classés selon plusieurs niveaux, en tenant compte de la nature des
phénomènes, de leur prédisposition d?occurrence, et de leur intensité.
Elle n?intègre pas la nature de l?occupation de la surface. Elle transcrit, de
manière objective, le potentiel de dangers ou de nuisances que l?ancienne
exploitation minière est susceptible d?engendrer, à terme, dans le secteur
d?étude.
4.2 LES ÉTUDES ENVIRONNEMENTALES
Concernant l?évaluation de l?impact environnemental des éventuelles pollutions
d?origine minière, un inventaire des dépôts miniers a été établi entre 2009 et 2012,
sur le territoire métropolitain, en application de l?article 20 de la directive
européenne 2006/21/CE.
À l?issue de cet inventaire, les dépôts enregistrés ont été regroupés en secteurs
eux-mêmes hiérarchisés selon 6 classes : A, B, C-, C+, D et E. La classe E
concerne les secteurs susceptibles de présenter un risque très significatif pour la
santé humaine et l?environnement, tandis que la classe A est associée aux
secteurs ne présentant pas de risques pour la santé humaine et/ou
l?environnement.
Une démarche méthodologique, s?inspirant de celle élaborée dans le cadre de la
gestion des sites et sols pollués12, fixe le type d?étude à réaliser selon le
classement des secteurs considérés.
Ainsi les secteurs classés en D et en E font l?objet d?études environnementales
suivant la démarche d?Interprétation de l?État des Milieux qui permet d?évaluer de
manière détaillée l?impact des activités minières sur la qualité des milieux
d?exposition (sol, eau, air et denrées alimentaires) et de déduire si les usages
constatés et déjà fixés sont compatibles avec l?état des milieux. Les classes
intermédiaires C+/C- font quant à elles l?objet d?études « d?orientation » destinées
à apprécier le niveau de risque éventuel sur le secteur concerné.
12 L?application de la méthodologie de gestion des sites et sols pollués au cas particulier des
anciens sites miniers s?appuie sur la note du 19 avril 2017 relative aux sites et sols pollués.
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4.3 LES OUTILS POUR LA GESTION DES RISQUES EXISTANTS
Le risque est le croisement de l?aléa et des enjeux. Le risque est évalué pour les
constructions existantes, en fonction de l?aléa et de son niveau, et de l?état des
terrains (nature géologique et caractéristiques mécaniques des terrains). Les
services de l?État déterminent les mesures les plus appropriées à mettre en
oeuvre, à savoir :
? la surveillance ;
? le traitement de la zone (par exemple, comblement des vides, traitement par
dépollution, etc.). Le choix du mode de traitement dépend en premier lieu :
o des aspects techniques ;
o des aspects économiques ;
o des aspects environnementaux notamment en cas de fermeture
d?ouvrage.
Cependant, dans la mesure où les méthodes existantes ne sont pas
universelles, le choix dépend aussi :
o des objectifs à atteindre en termes de maîtrise du risque et de
destination du site ;
o des domaines d?utilisation, c?est-à-dire des configurations de site et des
caractéristiques du milieu dans lequel le traitement est envisagé ;
o du niveau de sécurité admissible en fonction des enjeux en surface ;
? l?expropriation (art. L. 174-6 du code minier) : la décision d?expropriation
n?intervient qu'en cas de menace grave pour les personnes lorsque les moyens
de sauvegarde et de protection des populations s'avèrent plus coûteux que
l'expropriation.
4.4 LES OUTILS POUR LA GESTION DES RISQUES FUTURS
La connaissance acquise, au travers d?une étude d?aléa par exemple ou dans le
cadre d?une étude environnementale, doit donner suite à un certain nombre
d?actions. Outre l?information du public en matière d?aléas miniers résiduels et le
porter à connaissance (PAC), ces informations, ainsi que les conditions
permettant d'assurer la prévention des risques miniers, doivent ensuite être prises
en compte dans l'aménagement des territoires, en particulier :
? lors de l'instruction des demandes d'autorisation d 'occupation du sol
(déclarations préalables, permis de construire, permis d'aménager) ;
? dans les documents de planification et d'urbanisme , en application de
l'article L. 101-2 du code de l'urbanisme (Directives Territoriales
d'Aménagement et de Développement Durables, Schémas de Cohérence
Territoriale, Plans Locaux d'Urbanisme (Intercommunaux), cartes
communales) ;
? via les documents modifiant ou influant sur les docume nts d'urbanisme
(Projets d'Intérêt Général) ;
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? dans les documents réglementaires spécifiques (Plans de Prévention des
Risques Miniers, pour les aléas ayant fait l?objet d?une étude et en fonction des
enjeux du territoire, Secteurs d?Information sur les Sols).
Ces outils sont complémentaires et permettent d'agir à différents niveaux
(orientations d'aménagement, prescriptions d'urbanisme et/ou prescriptions
constructives). Ils sont à utiliser en fonction des enjeux du territoire.
4.4.1 LES SECTEURS D?INFORMATION SUR LES SOLS (SIS)
L?article L.125-6 du code de l?environnement modifié par l?article 173 de la loi
ALUR du 26 mars 2014 prévoit que l?État élabore, au regard des informations dont
il dispose, des Secteurs d?Information sur les Sols (SIS). Ceux-ci doivent
comprendre les terrains où la connaissance de la pollution des sols justifie
(notamment en cas de changement d?usage) la réalisation d?études de sols et de
mesures de gestion de la pollution pour préserver la sécurité, la santé ou la
salubrité publique et l?environnement. Le décret n° 2015-1353 du 26 octobre 2015
relatif aux secteurs d'information sur les sols prévus par l'article L. 125-6 du code
de l'environnement et portant diverses dispositions sur la pollution des sols et les
risques miniers définit les modalités d?application.
Deux guides méthodologiques ont été élaborés pour accompagner les acteurs
dans la démarche SIS :
? un guide à l?attention des DREAL et acteurs concernés rédigé par le BRGM13 ;
? un guide à l?attention des collectivités ayant pour objectif de répondre aux
questionnements soulevés par les collectivités ou les usagers, rédigé par la
DGPR14.
4.4.2 L? INFORMATION DU PUBLIC EN MATIÈRE D ?ALÉAS MINIERS RÉSIDUELS
On distingue deux vecteurs d?information :
? au titre du code de l?environnement (art. L. 125-5 et L. 125-7) :
o les acquéreurs ou locataires de biens immobiliers situés dans des zones
couvertes par un plan de prévention des risques naturels prévisibles
(PPRN)* prescrit ou approuvé, sont informés par le vendeur ou le
bailleur de l'existence des risques visés par ce plan.
(* Les plans de prévention des risques miniers (PPRM) emportent les
mêmes effets que les PPRN (cf. art. L. 174-5 du code minier),
l?information acquéreurs - locataires s?applique donc dans les mêmes
conditions) ;
13 « Élaboration des secteurs d?information sur les sols (SIS) dans le cadre de la loi ALUR. Guide
méthodologique à l?attention des DREAL et acteurs concernés. ». Rapport BRGM/RP-64025-FR,
Novembre 2015.
14 « Guide méthodologique à l?attention des collectivités relatif aux secteurs d?information sur les
sols (SIS) et à la carte des anciens sites industriels et activités de service (CASIAS) », juin 2017.
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o lorsqu'un terrain situé en secteur d'information sur les sols [?] fait l'objet
d'un contrat de vente ou de location, le vendeur ou le bailleur du terrain
est tenu d'en informer par écrit l'acquéreur ou le locataire ;
? au titre du code minier (art. L. 154-2) : le vendeur d'un terrain sur le tréfonds
duquel une mine a été exploitée est tenu d'en informer par écrit l'acheteur. Il
l'informe également, pour autant qu'il les connaisse, des dangers ou
inconvénients importants qui résultent de l'exploitation. À défaut de cette
information, l'acheteur peut choisir soit de poursuivre la résolution de la vente,
soit de se faire restituer une partie du prix. Il peut aussi demander, aux frais du
vendeur, la suppression des dangers ou des inconvénients qui compromettent
un usage normal du terrain lorsque le coût de cette suppression ne paraît pas
disproportionné par rapport au prix de la vente.
Cette obligation d?information s'applique également à toute forme de mutation
immobilière autre que la vente (location, prêt, etc.).
Les modalités de mise à disposition des informations sont décrites dans la note
commune DGEMP/DARQSI du 23 avril 2007 qui distingue les cas suivants :
? Cas n° 1 : lorsqu?il existe encore un exploitant et que la concession n?est pas
renoncée, le renseignement minier est fourni par l?exploitant.
? Cas n° 2 : lorsque l?exploitant a disparu ou que le terrain, objet de la demande
de renseignement, concerne une concession renoncée, l?information est
disponible selon la situation :
o à la mairie ; si une carte d?aléas a été réalisée par l?État et portée à la
connaissance des collectivités (mairies ou EPCI compétents en matière
d?urbanisme) en application de l?article L. 121-2 du code de
l?urbanisme ;
o au département prévention et sécurité minière (DPSM) du BRGM ;
lorsque l?exploitant était Charbonnages de France (CdF), Mines de
potasses d?Alsace (MDPA) ou Mines d?or de Salsigne, le DPSM est
chargé de fournir le renseignement minier sur la base des archives de
ces exploitants dont il est le dépositaire ;
o à la DREAL ; elle fournit le renseignement minier sur la base des
archives dont elle dispose, dans les autres cas que ceux visés ci-
dessus.
Concernant les aléas relatifs aux émissions de rayonnements ionisants, le
Ministère du Développement Durable a demandé en 2003 à l?IRSN de lancer un
programme, appelé « MIMAUSA » (Mémoire et Impact des Mines d?urAniUm :
Synthèse et Archives), qui a pour but de recenser les sites sur lesquels ont été
pratiquées des activités d?exploration, d?extraction ou de traitement d?uranium en
France métropolitaine.
4.4.3 LE PORTER À CONNAISSANCE (PAC) DE L?ÉTAT VERS LES COLLECTIVITÉS
On distingue deux types de porter à connaissance :
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? au titre du code de l'urbanisme , en application des articles L. 132-1 à L. 132-
3 du code de l'urbanisme :
o l?autorité administrative (généralement le préfet) doit porter à
connaissance des maires ou des Établissements Publics de
Coopération Intercommunale (EPCI) compétents en matière
d'urbanisme, les études techniques dont elle dispose ;
o les communes ou EPCI doivent prendre en compte ces documents de
référence dans le cadre de l'élaboration ou de la révision de leurs
documents d'urbanisme (art. L. 101-2 du code de l?urbanisme) et dans
l'application du droit des sols.
? au titre du droit à l'information sur les risques m ajeurs , en application de
l'article L. 125-2 du code de l'environnement :
o les services de l'État doivent transmettre aux maires des communes
concernées, les informations nécessaires à la réalisation de l'information
préventive sur leur territoire et notamment de leur DICRIM (Document
d'Information Communal sur les RIsques Majeurs) ;
o depuis la circulaire du 2 mars 2011, un nouveau support a été introduit :
TIM (Transmission des Informations aux Maires) :
? format unique sur le territoire décliné à l'échelon territorial ;
? informations nécessaires à la connaissance des risques,
l'élaboration des documents d'urbanisme, et à l'information
préventive des populations.
4.4.4 L?ARTICLE R. 111-2 DU CODE DE L?URBANISME
L?article R. 111-2 du code de l?urbanisme dispose qu?un « projet peut être refusé
ou n'être accepté que sous réserve de l'observation de prescriptions spéciales s'il
est de nature à porter atteinte à la salubrité ou à la sécurité publique du fait de sa
situation, de ses caractéristiques, de son importance ou de son implantation à
proximité d'autres installations ». Cet article permet aux services compétents en
matière d?urbanisme, qu?il y ait un PPRM ou non, de réagir sur un projet
d?urbanisme situé dans une zone soumise à un aléa minier résiduel, en interdisant
le projet ou en prescrivant au pétitionnaire des mesures (d?urbanisme) adaptées.
Pour un projet situé dans une zone d?aléa minier résiduel de niveau faible, le
recours à cet article pourra ainsi, dans des cas exceptionnels, autoriser la
construction, si des prescriptions (ex. : dimensions des ouvertures en façade,
positionnement du bâti sur la parcelle, etc.) permettent de garantir un niveau de
sécurité suffisant.
4.4.5 LE PROJET D?INTÉRÊT GÉNÉRAL (PIG) (ARTICLES L. 102-1 À L. 102-3 DU
CODE DE L'URBANISME)
En présence d?aléas miniers résiduels importants et de forts enjeux, le préfet peut
arrêter un projet d?intérêt général, qu?il porte à la connaissance des communes ou
des établissements publics de coopération intercommunale en application de
l?article R. 102-1 du code de l?urbanisme. Ce PIG doit être pris en compte dans un
document d?urbanisme qui doit permettre sa réalisation. Le plan de zonage
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réglementaire et les dispositions du règlement des PLU(I) ne doivent pas
empêcher la réalisation du PIG, ce qui, en pratique, implique d?intégrer les
dispositions écrites et graphiques du PIG.
4.4.6 LES DOCUMENTS DE PLANIFICATION ET D ?URBANISME
L?article L. 101-2 du code de l?urbanisme dispose que « l?action des collectivités
publiques en matière d'urbanisme visent à atteindre [comme] objectif (?) [dans le
respect des objectifs du développement durable] (?) la prévention des risques
naturels prévisibles, des risques miniers, des risques technologiques, des
pollutions et des nuisances de toute nature ». Il est donc de la responsabilité des
communes ou de leurs groupements compétents en matière d?urbanisme de
prendre en compte dans leurs réflexions d?aménagement, lors de l?élaboration ou
de la révision des documents de planification et d?urbanisme (SCoT, PLU, PLUI,
cartes communales), les informations transmises par les services de l?État. Dans
le cas d?un PLU(I), ces informations sont prises en compte dans le projet
d?aménagement de développement durables (PADD), les orientations
d?aménagement et de programmation (OAP), dans le rapport de présentation,
dans les plans de zonage réglementaire et dans le règlement.
4.4.7 LES PLANS DE PRÉVENTION DES RISQUES MINIERS (PPRM)
Institués en application de l?article L. 174-5 du code minier, les plans de prévention
des risques miniers (PPRM) permettent, à partir de la connaissance des zones
d?aléas dues aux anciennes exploitations minières sur un territoire donné, d?y
définir les conditions de construction, d?occupation et d?utilisation des sols ainsi
que les mesures relatives à l?aménagement, à l?utilisation ou à l?exploitation des
biens existants. Les PPRM emportent les mêmes effets que les plans de
prévention des risques naturels (PPRN). Leur objectif principal est d?assurer la
sécurité des personnes et de limiter les risques pour les biens.
4.4.8 SYNTHÈSE
Pour la prise en compte des aléas miniers et/ou des risques environnementaux
dans l'aménagement et l'urbanisme, l'État et les collectivités disposent de
plusieurs outils : la prise en compte dans les documents de planification et
d'urbanisme (SCoT, PLU, PLUI, cartes communales), l'élaboration d'un plan de
prévention des risques miniers et la définition de secteurs d?information sur les
sols, le PIG.
Ces outils présentent des différences notamment en matière de prescriptions qui
s'appliquent aux constructions nouvelles. Un PLU permet la mise en oeuvre de
prescriptions d'urbanisme (implantation, dimensions, caractéristiques extérieures
d'un bâtiment) mais ne permet pas de prescrire des dispositions dites
« constructives » qui concernent la structure du bâtiment (fondations, localisation
et dimensionnement des murs porteurs, ?). Le PPRM en revanche, peut prescrire
ce type de dispositions.
Article R. 126-1 du code de la construction et de l?habitation :
« Les plans de préventions des risques naturels prévisibles prévus par les articles L.562-1 à
L.562-6 du code de l'environnement, ou les plans de prévention des risques miniers établis en
application de l'article 94* du code minier, peuvent fixer des règles particulières de
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construction d'aménagement et d'exploitation en ce qui concerne la nature et les
caractéristiques des bâtiments ainsi que leurs équipements et installations »
* devenu art. L. 174-5 du code minier.
Le tableau suivant synthétise les outils disponibles.
Tableau de comparaison des outils de prise en compte des risques miniers dans
l'urbanisme et l'aménagement (source : Cerema)
Liste des principaux outils de la
prise en compte des risques dans
l'aménagement
Échelle
d'application
Contexte
d'élaboration
et responsabilité
Contenu
Documents
de
planification
Directive Territoriale
d'Aménagement et
de Développement
Durable (DTADD)
Régionale
ou inter régionale
Élaborée à
l'initiative de l'État
et sous sa
responsabilité,
avec l'association
des collectivités
locales
Orientations d'aménagement
du territoire
(Déclinaison régionale des
politiques de l'État dans
différents domaines ou
déclinaison d'une politique en
particulier)
Schéma de
Cohérence
Territoriale (SCoT)
Supra communale
(agglomération,
arrondissement)
Instruit par les
collectivités locales
(EPCI15), avec
l'association des
services de l'État
Orientations d'aménagement
du territoire
Documents
d'urbanisme
Plan Local
d'Urbanisme
(Intercommunal)
(PLU(I))
Communale (PLU),
voire
intercommunale
(PLUI)
Instruit par une
collectivité locale
(commune), avec
l'association des
services de l'État
Prescriptions d'urbanisme
Définit les règles
d'aménagement, de
développement et d'usage des
sols sur le territoire concerné
Carte Communale
(CC)
Communale
Élaborée par les
services de l'État
pour le compte des
communes ou par
les communes
elles-mêmes
Prescriptions d'urbanisme
Traduction de l'application du
Règlement National d'Urbanisme
sur la commune
Documents
modifiant
ou influant
sur les
documents
d'urbanisme
Porter à
connaissance (PAC)
Communale État
Doit être mis en oeuvre
via les documents d'urbanisme
et l'application du droit des sols
Projet d'Intérêt
Général (PIG)
Communale ou
supra communale
État Prescriptions d'urbanisme
Règlement National d'Urbanisme
(article R. 111-2 du code de
l'urbanisme)
Parcelle / projet État / commune Prescriptions d'urbanisme
15EPCI : Établissement Public de Coopération Intercommunale.
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Liste des principaux outils de la
prise en compte des risques dans
l'aménagement
Échelle
d'application
Contexte
d'élaboration
et responsabilité
Contenu
Plan de Prévention des Risques
Miniers (PPRM)
Supra communale État
Prescriptions d'urbanisme 16
Prescriptions constructives 17
Définit :
? les conditions de construction,
d'occupation et d'utilisation des
sols ;
? les mesures relatives à
l'aménagement, à l'utilisation ou
à l'exploitation des biens
existants.
Secteurs d?Information sur les
Sols (SIS)
Parcelle/projet État
Identification, périmètre et
caractérisation des SIS.
16Au titre du code de l'urbanisme.
17Au titre de l'article R. 126-1 du code de la construction et de l'habitation.
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5. QUEL OUTIL DE GESTION POUR QUEL ALÉA "APRÈS MINE "
Les acteurs de la prévention des risques (État, collectivités) disposent d?un panel
d?outils de prévention. Le choix des outils adaptés dépendra d?une part du type de
risque (lié à un aléa pouvant être caractérisé par une étude d?aléas ou lié aux
secteurs d?informations sur les sols pour les risques de pollution) et d?autre part
des caractéristiques du territoire impacté .
La décision d'élaborer un PPRM n'est pas systématique et doit être prise en
tenant compte, d'une part du niveau d'aléa minier résiduel et d'autre part des
enjeux associés. Elle résulte de l?analyse de la carte des aléas par la DREAL,
dressée à la demande de cette dernière par l?expert de l?administration, et de
l?étude préliminaire des enjeux réalisée par la DDT(M).
L'objectif de cette étude préliminaire n'est pas d'aboutir à une analyse et une
cartographie détaillée des enjeux comme elle peut être réalisée dans le cadre du
PPRM mais d'évaluer l'impact des aléas sur le territoire concerné.
Elle consiste donc en une analyse territoriale succincte croisée avec les données
et la cartographie des aléas. Pour réaliser l'analyse territoriale on se basera
notamment sur les documents d'urbanisme des communes concernées, qui
permettent d'identifier et localiser les zones urbanisées et à urbaniser, de recenser
les projets de la commune, et d'analyser les données économiques et
démographiques contenues dans le rapport de présentation du PLU. Le
croisement de ces données avec la cartographie et les données sur les aléas,
permet d'évaluer l'impact des aléas miniers sur le territoire, d?identifier les
possibilités d'aménagement en dehors des zones d'aléas et de les comparer avec
les besoins du territoire en prenant en compte les éléments démographiques.
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Tableau des outils de gestion du risque minier en fonction des phénomènes
redoutés.
Phénomènes redoutés
Outils de gestion des
risques disponibles pour les
services de l?État
Outils de maitrise de
l?urbanisation disponibles
pour les collectivités
M
ou
ve
m
en
ts
d
e
te
rr
ai
ns
d
'o
rig
in
e
m
in
iè
re
Effondrements localisés
Étude des aléas (EDA)
PAC
Prise en compte dans l?instruction
des demandes d?autorisation
d?urbanisme
SCoT, PLU, PLUI , carte communale,
PIG et éventuellement PPRM dans
quelques cas particuliers
Affaissements progressifs
Affaissements cassants
Effondrements généralisés
Crevasses
Tassements
Mouvements de pente
Éboulements
Émissions
de gaz en lien avec l?exploitation minière
Combustions, échauffements
de stériles miniers
Perturbations hydrologiques /
hydrogéologiques, inondations d'origine
minière
Émissions
de rayonnements ionisants
Saisine de l?IRSN par
l?intermédiaire de la MSNR.
PAC
Prise en compte dans l?instruction
des demandes d?autorisation
d?urbanisme
PIG, SUP, et éventuellement RUP
(Restrictions d?usage entre parties),
RUCPE (Restriction d?usage
conventionnelle au profit de l?État),
PPRM dans quelques cas particuliers
Pollutions des milieux
d'origine minière
Méthodologie de gestions des sites
et sols pollués au cas des sites
miniers
Secteurs d?Information sur les Sols
(SIS)
PAC
Prise en compte dans l?instruction
des demandes d?autorisation
d?urbanisme
SCoT, PLU, PLUI, carte communale