Evaluation des aléas miniers
Auteur moral
Institut national de l'environnement industriel et des risques (France)
Auteur secondaire
Résumé
Ce guide méthodologique a été élaboré à la demande de la direction générale de la prévention des risques (DGPR) au sein du ministère de la Transition écologique et solidaire. Dans le cadre de ses missions d'appui pour le Ministère, l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris) en a assuré le pilotage. Ce document s'appuie également sur un précédent guide d'élaboration des Plans de prévention des risques miniers établi sous la coordination et la direction scientifique de l'Ineris.
Descripteur Urbamet
risques industriels
Descripteur écoplanete
Thème
Ressources - Nuisances
Texte intégral
GUIDE
Ineris 17-164710-03375A2018 / Ineris 17-164640-01944A
Évaluation
des aléas miniers
3
ÉVALUATION DES ALÉAS MINIERS
3
Ce guide méthodologique a été élaboré à la demande de la direction
générale de la prévention des risques (DGPR) au sein du ministère
de la Transition écologique et solidaire.
Dans le cadre de ses missions d?appui pour le Ministère, l'Institut national
de l'environnement industriel et des risques (Ineris) en a assuré le pilotage.
Ce document s?appuie également sur un précédent guide d?élaboration
des Plans de prévention des risques miniers établi sous la coordination et
la direction scientifique de l?Ineris1.
Le bureau du sol et du sous-sol (B3S) de la DGPR a assuré la vérification
du présent document, avec l?appui de GEODERIS et des Pôles après-mine.
Pilotage :
Christian Franck et Romuald Salmon (Ineris)
Rédacteurs :
Christian Franck, Romuald Salmon, Christophe Didier, Yves Paquette,
Zbigniew Pokryszka (Ineris)
Comité de lecture :
? Olivier Astier, Valérie Michaut (B3S)
? Aline Lombard, Sébastien Thiery (Cerema)
? Rafik Hadadou (GEODERIS)
? Pascale Hanocq (Pôle Après-Mine Est)
? Dominique Leroy (Pôle Après-Mine Ouest)
? Jehan Giroud (Pôle Après-Mine Sud)
1 - L'élaboration des Plans de prévention des risques miniers. Guide Méthodologique. Volet technique relatif à l'évaluation de l'aléa. Les risques
de mouvements de terrain, d'inondations et d'émissions de gaz de mine. Rapport Ineris DRS-06-51198/R01, 04/05/2006.
Sommaire
1. INTRODUCTION ..........................................................................................................................................................................................................7
2. NOTIONS ET PRINCIPES IMPORTANTS RELATIFS À L?ÉVALUATION DE L?ALÉA ............9
2.1 Qu?est-ce que l?aléa 9
2.2 Comment évaluer et hiérarchiser l?aléa 9
2.2.1 Qualification des classes d?intensité 9
2.2.2 Qualification des classes de prédisposition 9
2.2.3 Qualification des classes d?aléa 10
2.3 Comment cartographier l?aléa 10
2.3.1 Évaluer l?extension des effets en surface 10
2.3.2 Tenir compte des incertitudes 10
3. LE DÉROULEMENT D?UNE ÉTUDE D?ALÉA ..........................................................................................................................11
3.1 Le périmètre géographique de l?étude 11
3.2 La phase informative 11
3.2.1 Recueil des données 11
3.2.2 Les cartes informatives 12
3.3 La phase d?évaluation des aléas 13
3.3.1 Le contenu du rapport d?évaluation des aléas 13
3.3.2 Les cartes d?aléas 14
4. LES ALÉAS LIÉS AUX MOUVEMENTS DE TERRAIN ................................................................................................15
4.1 Origine des phénomènes redoutés 15
4.1.1 Les travaux souterrains 15
4.1.2 Les travaux à ciel ouvert 15
4.1.3 Les ouvrages de dépôts 16
4.1.4 Synthèse des désordres possibles par type d?anciens ouvrages miniers 16
4.2 Les effondrements localisés 18
4.2.1 Le phénomène, les mécanismes, les effets 18
4.2.2 Effondrement localisé : qualification de l?aléa 18
4.2.3 Effondrement localisé : cartographie de l?aléa 21
4.3 Les affaissements progressifs 21
4.3.1 Le phénomène, les mécanismes, les effets 21
4.3.2 Affaissement progressif : qualification de l?aléa 23
4.3.3 Affaissement progressif : cartographie de l?aléa 25
4.4 Les affaissements cassants 25
4.4.1 Le phénomène, les mécanismes, les effets 25
4.4.2 Affaissement cassant : qualification de l?aléa 25
4.4.3 Affaissement cassant : cartographie de l?aléa 25
4.5 Les crevasses 25
4.5.1 Le phénomène, les mécanismes, les effets 25
4.5.2 Crevasses : qualification de l?aléa 26
4.5.3 Crevasses : cartographie de l?aléa 28
4.6 Les effondrements généralisés 28
4.6.1 Le phénomène, les mécanismes, les effets 28
4.6.2 Effondrement généralisé : qualification de l?aléa 29
4.6.3 Effondrement généralisé : cartographie de l?aléa 30
ÉVALUATION DES ALÉAS MINIERS
5
4.7 Les tassements 31
4.7.1 Les phénomènes, les mécanismes, les effets 31
4.7.2 Tassement : qualification de l?aléa 32
4.7.3 Tassement : cartographie de l?aléa 32
4.8 Les mouvements de pentes de matériaux meubles :
glissements, mouvements superficiels, coulées 32
4.8.1 Les phénomènes, les mécanismes, les effets 32
4.8.2 Mouvements de pente de matériaux meubles : qualification de l?aléa 33
4.8.3 Mouvements de pente de matériaux meubles : cartographie de l?aléa 34
4.9 Les mouvements de pentes rocheuses : éboulements, chutes de blocs 34
4.9.1 Le phénomène, les mécanismes, les effets 34
4.9.2 Mouvements de pentes rocheuses : qualification de l?aléa 35
4.9.3 Mouvements de pentes rocheuses : cartographie de l?aléa 36
5. LES ALÉAS LIÉS À L?ÉCHAUFFEMENT DES TERRAINS SUR DÉPÔT MINIER .....................37
5.1 Le phénomène, les mécanismes, les effets 37
5.2 Échauffement sur dépôt : qualification de l?aléa 38
5.2.1 Qualification de l?intensité 38
5.2.2 Qualification de la prédisposition 38
5.2.3 Échauffement sur dépôt : cartographie de l?aléa 38
6. LES ALÉAS LIÉS AUX PERTURBATIONS HYDROLOGIQUES
ET HYDROGEOLOGIQUES D?ORIGINE MINIÈRE ........................................................................................................ 39
6.1 Origine des phénomènes redoutés 39
6.2 Nature et identification des phénomènes redoutés 40
6.3 Modification des émergences 40
6.3.1 Le phénomène et ses mécanismes 40
6.3.2 Qualification de l?aléa « modification des émergences » 41
6.4 Inondation des points bas topographiques 42
6.4.1 Le phénomène et ses mécanismes 42
6.4.2 Qualification de l?aléa « inondation des points bas topographiques » 42
6.5 Modification du régime des cours d'eau 43
6.5.1 Le phénomène et ses mécanismes 43
6.5.2 Qualification de l?aléa « modification du régime des cours d?eau » 44
6.6 Inondations brutales 45
6.6.1 Le phénomène et ses mécanismes 45
6.6.2 Qualification de l?aléa 45
7. LES ALÉAS LIÉS AUX ÉMISSIONS DE GAZ EN LIEN AVEC L?EXPLOITATION MINIÈRE ....... 47
7.1 Le phénomène et ses mécanismes 47
7.2 Émission de gaz : qualification de l?aléa 48
7.2.1 Qualification de l?intensité 48
7.2.2 Qualification de la prédisposition 49
7.3 Émission de gaz : cartographie de l?aléa 49
8. DOCUMENTS DE RÉFÉRENCE ...............................................................................................................................................................51
9. BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE ..................................................................................................................................................................53
ÉVALUATION DES ALÉAS MINIERS
7
Le présent guide aborde successivement les différents
aléas qui peuvent se produire sur les territoires
marqués par la présence d?anciennes exploitations
minières.
Dans le cadre de la gestion du risque que ces anciens
travaux miniers peuvent générer, d?une part, et de
l?aménagement durable de ces territoires, d?autre part,
l?étude des aléas, et les cartes qui lui sont associées,
constituent une étape essentielle.
Il s?agit de délimiter les zones où des aléas existent et
d?en évaluer le niveau, afin de déterminer le risque pour
les biens existants et les possibilités de construction ou
d?aménagement pour le développement du territoire.
Cette étape technique clé permet aux services
instructeurs d?élaborer les procédures de gestion du
risque minier post-exploitation, aux collectivités de
mieux connaître et de s?adapter aux phénomènes
redoutés et aux aménageurs de mieux appréhender
les conditions de constructibilité.
Ce guide vient en complément et en filiation de
celui traitant de la gestion du risque minier post-
exploitation[7]. Le lecteur trouvera ici des informations
sur le phénomène auquel il peut être confronté,
des retours d?expérience qui en ont été établis, des
indications sur les paramètres concourant à évaluer
et cartographier l?aléa.
Ce document prolonge la démarche initiée par
le guide établi en 2006 sous la coordination et la
direction scientifique de l?Ineris [1], dont il établit un
condensé dédié exclusivement à l?évaluation de l?aléa.
Des phénomènes supplémentaires sont traités :
l?affaissement cassant, les crevasses ainsi que les
mécanismes spécifiques d?échauffement des dépôts
miniers.
L?évaluation de l?aléa effondrement localisé a été
sensiblement modifiée, bénéficiant des retours
d?expérience de mise en application par GEODERIS[2]
et de ceux relatifs aux désordres observés [5].
L?évaluation de l?aléa gaz de mine a également
été modifiée de façon sensible, en considérant les
avancées et conclusions du guide relatif à cet aléa
publié par l?Ineris en 2016 [6].
En revanche le guide ne traite pas de l?impact
environnemental et de l?émission de rayonnements
ionisants des activités minières. Les phénomènes
redoutés qui y sont associés font l?objet d?une
démarche d?évaluation et de gestion des risques
spécifique et différente de celle menée via l?étude
des aléas visée dans le guide de gestion du risque
minier post-exploitation [7].
INTRODUCTION1
9
ÉVALUATION DES ALÉAS MINIERS
2.1. Qu?est-ce que l?aléa
L?aléa est un terme couramment employé en
prévention des risques. Il correspond à la probabilité
qu?un phénomène (d?origine minière dans le cas
présent) se produise sur un site, au cours d?une
période de référence, en atteignant une intensité
qualifiable ou quantifiable. La caractérisation d?un
aléa repose classiquement sur le croisement de
l?intensité prévisible du phénomène avec sa probabilité
d?occurrence.
En matière de prévention des risques, on entend
comme période de référence une durée de l?ordre de
plusieurs dizaines, voire centaines d?années, pour fixer
un ordre de grandeur. Il est donc nécessaire d?intégrer
à l?analyse la dégradation inéluctable dans le temps
des anciennes mines et l?évolution des matériaux et
effluents (gaz, eaux) qui en sont issus à cette échelle
de temps.
L?intensité du phénomène correspond à l?ampleur
des désordres, séquelles ou nuisances susceptibles
de résulter du phénomène redouté. Cela intègre
une notion de grandeur des événements redoutés
(taille et profondeur d?un cratère, hauteur de tranche
d?eau, nature et teneur d?une émission de gaz?), mais
également leurs potentiels effets sur les personnes
et les biens.
La notion de probabilité d?occurrence traduit la
sensibilité d?un site à être affecté par un phénomène.
Quelle que soit la nature des événements d?origine
minière redoutés, la complexité des mécanismes,
la nature hétérogène du milieu naturel, le caractère
partiel des informations disponibles et le fait que
de nombreux désordres, séquelles ou nuisances
ne soient pas répétitifs, expliquent qu?i l est
généralement impossible de raisonner avec une
approche probabiliste quantitative. On utilise donc
une classification qualitative qui caractérise une
prédisposition du site à être affecté par tel ou tel
type de phénomène. C?est donc cette notion qui est
retenue dans la suite du document.
Dans une optique de gestion, les intensités et
probabilités sont regroupées en classes.
2.2. Comment évaluer et hiérarchiser l?aléa
L?aléa résulte donc du croisement d?une intensité
avec la prédisposition correspondante. Le principe
de qualification de l?aléa consiste donc à combiner
les critères permettant de caractériser, d?une part, la
classe d?intensité d?un phénomène redouté et, d?autre
part, sa classe de prédisposition.
2.2.1. Qualification des classes d?intensité
Des classes d?intensité sont nécessaires pour
hiérarchiser les dégâts ou nuisances potentielles en
fonction de la nature des phénomènes.
La démarche d?évaluation de l?intensité d?un phénomène
consiste à identifier la ou les grandeurs physiques les
plus discriminantes pour permettre de caractériser les
conséquences des événements redoutés. On pourra
ainsi choisir de s?intéresser à des critères portant sur
la taille des cratères d?effondrement, sur l?amplitude
des déformations horizontales des terrains de surface
ou sur la nature, la teneur et le débit d?éventuelles
émanations gazeuses, etc.
Caractériser les conséquences potentielles implique de
se rapporter à la notion de «gravité» des phénomènes
redoutés. On entend par gravité, l?importance des
conséquences prévisibles sur les enjeux susceptibles
d?être présents en surface. Celle-ci s?applique aux
personnes (victimes) et aux biens (dégâts).
Le nombre de classes d?intensité retenues pour
l?analyse peut varier en fonction du contexte de l?étude
et notamment de la précision et de l?exhaustivité des
données d?entrée.
Les études d?aléa établies dans le cadre de la prévention
des risques miniers utilisent les classes suivantes
pour définir l?intensité d?un phénomène: très limitée
(rarement employée, réservée aux phénomènes de
très faible incidence), limitée, modérée, élevée et très
élevée (rarement employée également, réservée à des
évènements dévastateurs d?intensité exceptionnelle).
2.2.2. Qualification des classes de prédisposition
La qualification de la prédisposition consiste en
une analyse de la possibilité d?apparition ou de
manifestation en surface d?un phénomène.
Cette analyse s?appuie, en premier lieu, sur le retour
d?expérience, à savoir l?existence passée, sur le site
étudié ou sur un site similaire, de désordres ou
nuisances.
Mais un site minier peut ne pas être le lieu de
désordres connus (certains ont pu être oubliés) et
receler néanmoins des configurations favorables
à la survenue de désordres. Il convient donc, en
deuxième lieu, de déceler ces configurations minières
par l?examen de la typologie et de la configuration
des travaux d?exploitation et de leur environnement
topographique, géologique et hydrogéologique.
Par ailleurs, les exploitations minières étant pour
la plupart anciennes sur le territoire français, on ne
dispose que rarement de l?ensemble des documents
et plans sur les travaux, ouvrages et anciens désordres
miniers. Certains de ces documents et plans sont par
NOTIONS ET PRINCIPES IMPORTANTS
RELATIFS À L?ÉVALUATION DE L?ALÉA2
10
ailleurs peu précis ou s?appuient sur des référentiels
qui ont disparus. Les incertitudes générées par
cette non-exhaustivité et ces lacunes d?information
peuvent donc conduire à intégrer, dans l?analyse
de la prédisposition, un critère de présomption de
présence de travaux et/ou ouvrages miniers pouvant
conduire à considérer un aléa. Cette démarche est
donc complexe et nécessite une expertise éprouvée.
La terminologie suivante est utilisée pour définir la
prédisposition d?un site: très peu sensible (rarement
employée), peu sensible, sensible, très sensible.
2.2.3. Qualification des classes d?aléa
Plusieurs principes, explicites ou implicites, permettent
de combiner entre elles des valeurs qualitatives ou
de croiser des critères qualitatifs et quantitatifs. On
citera pour mémoire les techniques par cotation, par
surclassement, par hiérarchisation multi-critères, etc.
Si c?est le principe des tableaux croisés qui est retenu,
on utilise une matrice dont un exemple est illustré
dans le tableau suivant, en rappelant que chaque site
peut donner lieu à des ajustements pour s?adapter au
contexte spécifique qui le caractérise. Pour chacun
des sites, le niveau d?aléa est évalué au cas par cas.
La terminologie suivante doit être utilisée pour
qualifier les trois classes d?aléas: faible, moyen et fort.
2.3. Comment cartographier l?aléa
2.3.1. Évaluer l?extension des effets en surface
La cartographie de l?aléa englobe l?ensemble des
terrains de surface concernés par les effets possibles
des phénomènes résultant des activités minières.
Il est fondamental de prendre en compte l?extension
latérale possible des désordres ou nuisances initiés
au sein des vides souterrains et se développant
jusqu?en surface. L?expérience montre en effet que les
instabilités ou les migrations de flux ne se limitent pas
à l?aplomb strict des secteurs anciennement exploités
mais peuvent déborder, parfois largement, sur des
terrains non directement sous-minés par l?exploitation.
2.3.2. Tenir compte des incertitudes
La cartographie de l?aléa doit intégrer les incertitudes
inhérentes aux plans et informations disponibles et
aux résultats des estimations et modélisations qui
sont nécessaires à l?évaluation des aléas.
Une base incontournable aux études consiste à
positionner sur un fond topographique actuel les
travaux et ouvrages miniers, sur lesquels les aléas sont
susceptibles de s?exprimer. Ce travail de calage peut
mettre en évidence des incertitudes particulièrement
importantes si les archives sont anciennes et peu
précises, d?origines variées ou même contradictoires.
Pour ce qui concerne les aléas «inondations», les
surfaces cartographiées sont le plus souvent le
résultat d?estimations relevant d?un calcul basé sur
des hypothèses ou le résultat d?un avis d?expert.
Tableau 1 : un exemple de tableau de croisement de la prédisposition et de l?intensité pour l?évaluation de l?aléa
Intensité
Prédisposition
Peu sensible Sensible Très sensible
Limitée Faible Faible Moyen
Modérée Faible Moyen Fort
Élevée Moyen Fort Fort
11
ÉVALUATION DES ALÉAS MINIERS
Une étude d?aléa se déroule en deux phases:
? une phase dite «informative», consistant en la
présentation des sites miniers étudiés (histoire
condensée, environnement géographique
et géologique, modal ités et agencements
d?exploitation, recensement des anciens désordres)
et le recueil et la valorisation des données d?archives
et de terrain nécessaires à l?évaluation de l?aléa. Cette
phase aboutit à l?établissement d?une ou plusieurs
cartes informatives;
? une phase d?évaluation des aléas, définissant, par
phénomène retenu comme étant pertinent sur
les sites étudiés et par configuration minière, les
critères d?intensité et de prédisposition évoqués
ci-avant et le niveau de l?aléa. Cette phase aboutit à
l?établissement d?une ou plusieurs cartes d?aléas en
fonction du nombre de phénomènes pertinents et
de l?étendue du territoire étudié.
Le rapport de l?étude d?aléa restitue ces deux phases.
3.1. Le périmètre géographique de l?étude
Il s?agit, dans un premier temps, de définir le périmètre
de l?étude. Un secteur minier couvre généralement le
territoire de plusieurs communes. Les cartes d?aléas
produites in fine sont portées à la connaissance de ces
communes, voire constituent les documents de base
à l?établissement d?un PPRM, il est donc important
que l?étude d?aléas traite de façon exhaustive, en
fonction de la connaissance des anciennes activités
minières, l?ensemble des sites et substances miniers
sur ces territoires. Par exemple, le territoire d?un bassin
houiller peut receler également la présence d?autres
extractions ou recherches (fer, polymétallique...)
méconnues voire oubliées et qui peuvent également
influer sur l?aménagement du territoire.
3.2. La phase informative
La phase informative est absolument fondamentale,
non seulement pour le bon accomplissement de la
phase d?évaluation des aléas qui en découle (fiabilité
de l?évaluation et de la cartographie de ceux-ci), mais
aussi pour sa bonne communication aux collectivités
territoriales. L?acceptation par celles-ci sera d?autant
plus aisée que l?ensemble des éléments miniers
disponibles auront été pris en considération et que
les incertitudes résiduelles auront été bien identifiées
et explicitées.
3.2.1. Recueil des données
3.2.1.1. La recherche de documents et archives
La première source d?information à valoriser est,
lorsqu?il existe (mines les plus récentes), le dossier
règlementaire d?abandon ou d?arrêt des travaux
miniers (DADT) établi par l?exploitant. Ce dossier
contient généralement la grande majorité des
informations indispensables à l?identification et la
hiérarchisation des aléas.
Pour les exploitations orphelines ou anciennes
abandonnées sans dossier d?arrêt, ou celles dont les
dossiers d?abandon sont anciens et jugés insuffisants
au regard des informations qu?ils contiennent pour
évaluer les aléas, des recherches complémentaires
doivent être entreprises. Il en est de même pour des
exploitations récentes sises sur des territoires où des
extractions minières anciennes sont répertoriées ou
supposées: le dossier d?abandon ou le DADT établi
par le dernier titulaire du titre minier peut ne pas
avoir intégré l?ensemble de ces vieux travaux, et il est
important d?opérer des recherches supplémentaires.
Toutes ces sources d?information doivent être
explorées. Les plus intéressantes, consultées
systématiquement, sont les archives des DREAL,
les archives nationales, du monde du travail,
départementales (notamment les séries dites « S », au
sein desquelles il existe presque systématiquement un
sous-répertoire «mines et carrières») ou communales.
Les archives de la DRAC, des archives des associations
spéléologiques, ou de reconnaissance ou de
valorisation des espaces souterrains (musées des
mines), la banque de données du sous-sol (BRGM),
les cartes géologiques, les Annales des Mines et les
publications spécialisées fournissent également des
compléments d?information à ne pas négliger.
La consultation de monographies anciennes,
d?ouvrages ou de publications spécialisés, et de
thèses, peut également fournir des renseignements
précis tout comme les archives de la presse locale
(événements produits).
L?objectif est de collecter le maximum d?informations
sur la (ou les) méthode(s) d?exploitation, la
localisation précise des travaux, les techniques de
mise en sécurité adoptées à la fermeture du site, les
données techniques importantes (plans, comptes-
rendus réglementaires de visite des ingénieurs des
mines, dossiers d?autorisation de fonçage de puits,
d?indemnisation?) ainsi que les connaissances de
désordres anciens survenus.
3.2.1.2. Le positionnement des plans miniers
La phase précédente de recherche de documents
permet de collecter des plans miniers datant de
LE DÉROULEMENT D?UNE ÉTUDE
D?ALÉA3
12
différentes époques de l?exploration à l?exploitation
du gisement jusqu?à son arrêt. Il s?agit alors, et c?est
une des étapes clés de cette phase informative, de
sélectionner les plans les plus fiables, exhaustifs et
précis pour cette phase informative et de les reporter
sur fond topographique ou orthophotographique
de surface, support de la future carte informative.
Le positionnement et le calage entre le fond et la
surface s?opèrent par repérage d?ouvrages miniers
débouchant au jour (puits, galeries) ou autres dépôts,
infrastructures ou éléments communs aux plans
miniers et au fond cartographique de surface.
Cette démarche est itérative dans la mesure où
les phases de reconnaissance sur site permettent
généralement de retrouver des ouvrages ou
infrastructures mentionnés sur les vieux plans miniers
et d?améliorer leur calage par rapport à la surface.
À l?issue de cette démarche itérative, le positionnement
des plans et des ouvrages est assorti d?une incertitude.
Celle-ci est intégrée par la suite dans la cartographie
de l?aléa dont elle constitue un élément important.
Le recours à l?analyse de photographies aériennes
à différentes époques peut par ailleurs fournir des
informations importantes sur l?évolution dans le temps
des installations minières de surface les plus récentes
(après 1945).
3.2.1.3. La reconnaissance sur site
Une reconnaissance détaillée du site doit être
systématiquement entreprise lors de cette phase
informative.
Il s?agit de procéder au repérage des traces des
anciennes installations de surface, des ouvrages
débouchant au jour et des dépôts miniers, dans
l?optique de pouvoir géoréférencer le plus précisément
possible les plans miniers. Dans les secteurs
dépourvus de plan, et où des travaux de recherche ou
d?exploitation sont supposés d?après la consultation
des archives, la découverte de galeries, de puits,
dépôts, travaux à ciel ouvert, anciennes extractions
ou autres ouvrages miniers, indices de mouvements
de surface, permet de fournir des indices de présence
de vides.
La reconnaissance sur site permet également de
retrouver des traces de désordres au droit des
secteurs sous-minés, en complément de ceux
mentionnés dans les archives ou signalés par les
acteurs locaux. On s?attache alors à identifier au mieux
les caractéristiques géométriques des désordres afin
de pouvoir les relier à un type de phénomène.
Il est distingué ainsi les ouvrages et désordres dits
«matérialisés» (vus sans ambiguïté sur le terrain) et
les ouvrages et désordres «localisés» (mentionnés
sur les plans miniers ou dans les archives mais non
vus sur le terrain).
Cette localisation doit être la plus précise possible,
afin de réduire au maximum leur incertitude de
positionnement intrinsèque, ainsi que celle des travaux
miniers souterrains.
Les visites sur site doivent également permettre de
recenser les autres indices de type topographique,
géologique (affleurements, failles) ou hydrogéologique
(sources, zones inondées) importants pour l?analyse.
Lorsque l?accessibilité aux vides et les conditions
de sécurité le permettent, cas de plus en plus rare
en raison de la fermeture de ces vieux travaux
encore accessibles, les visites de reconnaissance
des ouvrages souterrains permettent de valider ou
de préciser les plans d?exploitation existants ou, si
nécessaire, de les lever. Elles fournissent également
des informations importantes sur la ou les méthodes
d?exploitation mises en oeuvre (zones remblayées,
niveaux superposés?) ainsi que sur les mécanismes
et phénomènes d?instabilité qui prennent naissance
au sein des travaux miniers (piliers dégradés, cloches
d?éboulement au toit?).
Concernant les mines à ciel ouvert, les visites de
reconnaissance permettent d?observer et caractériser
l?état des fronts rocheux.
Cette phase de terrain permet par ailleurs d?apprécier
les enjeux présents dans le secteur d?étude
(habitations, autres bâtiments occupés, principales
infrastructures) bien que l?évaluation des aléas est
menée indépendamment de ceux-ci.
Cette phase permet également de recueillir des
informations auprès des personnes connaissant le
mieux l?environnement de l?ancienne exploitation
minière, à savoir les mairies, les populations et les
sachants locaux. Ces contacts sont l?occasion de
collecter des renseignements oraux, voire d?anciens
plans d?exploitation non disponibles dans les archives
publiques. L?implication des responsables communaux
est incontournable: elle doit permettre, avec une
bonne communication des objectifs de l?étude,
d?instaurer un climat de confiance favorable à la
transmission d?information.
3.2.2. Les cartes informatives
La carte informative est un outil qui recense les
éléments essentiels connus (localisation des travaux
et des ouvrages débouchant au jour, des désordres
ou nuisances passés ou présents, des données
géologiques et hydrogéologiques (émergences
minières?) ou parfois supposés (indices douteux en
surface?). Elle est le support de la carte d?identification
et d?évaluation des aléas. Les cartes informatives sont
généralement établies sur un orthophotoplan ou un
fond IGN à l?échelle du 1/5000. Des zooms sont
généralement proposés lorsqu?il y a une forte densité
d?information.
13
ÉVALUATION DES ALÉAS MINIERS
3.3. La phase d?évaluation des aléas
3.3.1. Le contenu du rapport d?évaluation des aléas
Le rapport d?évaluation des aléas présente d?abord les
résultats de la phase informative, telle que décrite au
chapitre 3.2, ainsi que les cartes informatives associées.
Le rapport décrit ensuite la phase d?évaluation des aléas:
? dans un premier temps, les aléas retenus sur le site
minier considéré sont listés. Il se peut que certains
phénomènes pressentis initialement, en raison de la
configuration des anciens travaux miniers et/ou de la
comparaison à des sites similaires, ne soient au final
pas retenus ou que d?autres le soient en fonction
d?indices récupérés lors de cette phase: dans ce cas,
il est important d?en expliciter les raisons;
? dans un deuxième temps, il est examiné, par
type d?aléa retenu, le phénomène redouté et les
mécanismes qui y concourent. L?évaluation du niveau
de l?aléa, par les qualifications de l?intensité et du
niveau de prédisposition évoqués au chapitre2.2,
puis leur croisement, s?ensuit. Pour un même aléa,
plusieurs typologies correspondant à des mécanismes
bien distincts peuvent apparaître (par exemple un
effondrement localisé peut survenir par rupture d?un
puits de mine, ou bien par rupture d?une galerie ou
cavité souterraine). Dans ce cas, l?évaluation de l?aléa
doit se faire de manière distinctive pour ne pas perdre
l?information sur la configuration ou la typologie
minière à laquelle elle se rattache.
Enfin, toujours par phénomène et, au sein de celui-
ci, par typologie ou configuration, les principes qui
ont concouru à cartographier l?aléa sont présentés.
Il s?agit de justifier les marges retenues, du fait de
la répercussion et des conséquences en surface du
phénomène redouté (marge d?influence), et du fait
de l?incertitude de positionnement des travaux et
ouvrages miniers par rapport à la surface (marge
d?incertitude). Des schémas explicatifs sont appréciés
car ils facilitent la compréhension.
Dans les chapitres détaillant les aléas, les principes
d?évaluation et de cartographie pour chaque
phénomène sont présentés.
Figure 1 : exemple de carte informative
Figure 2 : un exemple de présentation de marge d?aléa « effondrement
localisé» liée à la présence d?un puits. La marge d?influence E s?ajoute
à la marge d?incertitude I
I : marge d'incertitude liée à la localisation
du puits
E : marge d'influence liée à l'extension
latérale maximale du phénomène
14
Figure 3 : exemple de carte d?aléa et de zoom de détail sur fond d?orthophotoplan. L?aléa effondrement localisé lié aux travaux souterrains
apparaît ici en vert et celui lié aux ouvrages débouchant au jour est représenté par des périmètres circulaires
3.3.2. Les cartes d?aléas
Les cartes d?aléas sont établies par phénomène
redouté (des groupements de phénomènes sont
envisageables si la lecture n?en est pas altérée), pour
une commune ou un groupement de communes
donné. Ces cartes permettent de visualiser les zones
d?aléas et leur niveau (faible, moyen, fort). La position
des ouvrages miniers (ou des principaux d?entre eux)
est souvent associée, pour un meilleur repérage.
Ces cartes et les rapports associés constituent
un support de base au porter à connaissance des
communes réalisé par le préfet de département,
à l?inscription des aléas retenus dans un document
d?urbanisme (exemple: plan local d?urbanisme (PLU)),
voire à l?établissement d?un plan de prévention
des risques miniers (PPRM). Leur utilisation seule
est insuffisante : elles doivent être notamment
accompagnées du rapport de l?étude d?aléas
explicitant la démarche d?analyse. Ces cartes sont
généralement établies sur un orthophotoplan ou
un fond IGN à l?échelle du 1/5000. Comme pour la
carte informative, des zooms peuvent être proposés
lorsqu?il y a une forte densité d?information ou lorsque
l?étendue des aléas est très limitée.
15
ÉVALUATION DES ALÉAS MINIERS
4.1. Origine des phénomènes redoutés
L?exploitation minière a consisté à extraire du matériau,
parfois en grandes quantités, dans le but de pouvoir
en commercialiser une partie sous forme de minerai
valorisable. Les excavations ainsi créées, souterraines
ou à ciel ouvert, ont modifié de manière irréversible
les massifs rocheux où se trouvait le minerai.
Parallèlement, l?exploitation s?est accompagnée de
l?édification d?ouvrages de dépôt des stériles et résidus
de traitement susceptibles d?évoluer dans le temps.
4.1.1. Les travaux souterrains
La majorité de l?exploitation minière française s?est
effectuée par des travaux souterrains. Une grande
diversité de méthodes d?exploitation a été utilisée selon
la nature du gisement et l?évolution des techniques.
Du point de vue des risques résiduels de mouvement
de terrain après la fermeture de l?exploitation, on
peut distinguer deux grands types de méthodes : les
exploitations assurant un traitement intégral des vides
après extraction et celles permettant la persistance de
vides résiduels importants à la fermeture des travaux.
Dans les exploitations avec un traitement intégral des
vides (tailles foudroyées ou dépilages), l?éboulement
ou le remblayage des cavités datent de la période
d?exploitation. Il ne subsiste donc, après fermeture,
qu?une évolution possible des terrains remaniés par le
foudroyage (affaissement résiduel, tassement) ainsi
que des quelques vides liés aux galeries d?infrastructure
pouvant donner naissance à des effondrements localisés.
Dans les exploitations dites partielles où ont persisté
des vides résiduels importants (chambres et piliers,
chambres vides, cavités de dissolution), la stabilité
des anciens travaux peut être remise en cause par
l?altération ou le vieillissement du matériau ou par
les modifications de l?environnement des édifices
souterrains. En particulier, certains matériaux comme
le sel sont très sensibles à la circulation de l?eau. Du fait
de la persistance de vides importants, ces exploitations
peuvent être, en plus des phénomènes initiaux relevés
pour les exploitations avec un traitement intégral des
vides, à l?origine d?affaissements importants ou même
d?effondrements généralisés. Dans les deux cas, plus la
profondeur de l?exploitation est élevée, plus les effets en
surface seront minimisés en surface.
L?extension des zones d?instabilités potentielles dépend
de la configuration du gisement. Ainsi, les exploitations
fortement pentées sont moins susceptibles de produire
des désordres s?étendant sur de grandes superficies
que les exploitations en plateures à faible ou moyenne
profondeur s?étant développées au sein de vastes
bassins sédimentaires.
Ces travaux souterrains s?accompagnent imman-
quablement d?ouvrages (puits, galeries, descenderies?)
qui ont assuré l?extraction, le déplacement du personnel,
l?aérage, ou autres fonctions nécessaires ou connexes
à l?activité minière. Nombre d?ouvrages interceptent la
surface: ils sont alors dénommés «ouvrages débouchant
au jour». Leur stabilité n?est pas garantie en cas de
fermeture absente, insuffisante ou ancienne. Leur
instabilité engendre généralement des effondrements
localisés dont l?ampleur peut être importante si la
géologie est particulière, ou lorsqu?il y a présence ou
afflux d?eau. Ces ouvrages sont donc partie intégrante de
l?étude des aléas «mouvements de terrain».
4.1.2. Les travaux à ciel ouvert
Selon le contexte géologique, lorsque la profondeur
et la teneur du gisement et le contexte géologique
le permettaient, les mineurs ont pu exploiter le
minerai par mines à ciel ouvert. Les travaux les plus
anciens, lorsque le minerai affleurait, étaient effectués
par ce mode, généralement de façon artisanale
avant que les progrès techniques permettent de
structurer l?extraction. On parle ainsi de «grattages»,
«excavations» ou autres termes régionaux. Selon le
minerai extrait, on retrouve également le terme de
«ferrière», «charbonnière», «perrière», «minière2».
Au cours de la vie d?une mine, les conditions techniques
ou économiques pouvant se révéler avantageuses, il a
pu être créé des mines à ciel ouvert d?extension plus
importante afin de récupérer une grande partie voire
l?intégralité d?un gisement proche de la surface. Les
travaux consistaient à créer de larges fosses, parfois
après découverture d?une épaisseur importante de
terrains superficiels (d?où le nom de «découvertes»),
au sein desquelles on extrayait le minerai. Certaines
de ces fosses ont atteint de très grandes dimensions
(plusieurs centaines de mètres).
Le choix de la méthode d?exploitation, à savoir
principalement le dimensionnement de la géométrie
des flancs, résultait d?une optimisation entre la
rentabilité économique (limiter le volume de stérile
de couverture à déblayer) et la stabilité de l?ouvrage
minier (éviter les flancs trop pentés favorables aux
ruptures).
Sous l?effet du temps, de l?érosion hydraulique et du gel,
il est fréquent que ces flancs, généralement constitués
de gradins et de fronts rocheux, mais également parfois
de sols dans le cas des terrains superficiels, subissent
des instabilités pouvant aller de simples chutes de
blocs ou de ravinements, à la déstabilisation massive
d?un front de talus (éboulement, glissement dans le
cas d?un matériau meuble). La combinaison entre la
LES ALÉAS LIÉS
AUX MOUVEMENTS DE TERRAIN4
2 - Ce dernier terme peut correspondre par ailleurs à un régime d?extraction spécifique, accordé régionalement par arrêté préfectoral ou
ordonnance plus ancienne.
16
nature géologique des terrains, leur fracturation,
et la morphologie des flancs de fosse détermine le
volume des masses potentiellement instables ainsi
que le mécanisme susceptible d?initier la rupture.
4.1.3. Les ouvrages de dépôts
L?exploitation des mines, souterraines ou à ciel
ouvert, a souvent entraîné la constitution de dépôts
de résidus miniers à proximité des sites d?extraction.
On différencie les résidus d?exploitation et/ou de
recherche et les résidus issus d?un «process» de
traitement et de valorisation du minerai.
Les résidus d?exploitation, également appelés
stériles, sont essentiellement constitués de matériaux
granulaires mis en dépôt par voie sèche. Il peut s?agir de
stériles francs (forage de puits ou traçage de galeries
au rocher par exemple) ou de stériles minéralisés
(teneur en éléments valorisables inférieure à la teneur
économiquement exploitable au moment du dépôt).
Une fois amassés, ces résidus constituent des tas
de déblais communément appelés terrils, haldes ou
verses, suivant la forme du dépôt et la terminologie
régionale.
Les résidus de traitement, au sortir de la chaîne
de transformation, sont constitués d?un mélange
de matières solides fines et d?eau recueillies à
l?extrémité de la chaîne de traitement, lorsque
toutes les opérations de valorisation du minerai ont
été mises en oeuvre. Ils contiennent fréquemment
des teneurs significatives en éléments minéraux
accompagnateurs ou en substances secondaires tels
que les sulfures de fer et leurs produits d?oxydation.
Ils peuvent également contenir des concentrations
résiduelles non négligeables en réactifs utilisés pour
l?extraction, la séparation et la concentration des
métaux valorisables. Ils peuvent également contenir
des matières combustibles.
Ces résidus ont été décantés au sein de bassins de
rétention implantés dans des secteurs présentant des
contextes topographiques et géologiques adaptés
à cet effet (flanc de vallée, talwegs?) ou endigués
avec des ouvrages de rétention érigés en périphérie
de la zone de stockage. Ces ouvrages, appelés
communément et souvent de manière impropre
digues3, peuvent être en réalité des barrages, souvent
construits avec du stérile de pierres de mine dont
l?objectif principal est de constituer une retenue pour
le stockage de résidus de traitement du minerai.
La nature et la granulométrie des matériaux
constituant ces ouvrages peuvent être très variables.
La rupture ou la déformation des ouvrages de
dépôt résultent généralement de l?évolution
défavorable d?un ou plusieurs facteurs gouvernant
le comportement mécanique intrinsèque des déblais
ou résidus, plus souvent de leur assise. Les désordres
les plus caractéristiques susceptibles d?affecter ces
ouvrages sont, par ordre d?intensité croissante: les
mouvements superficiels (ravinements, glissements
superficiels), les glissements profonds et les coulées
boueuses.
4.1.4. Synthèse des désordres possibles par type
d?anciens ouvrages miniers
Le Tableau 2 suivant (voir p. 17) permet d?appréhender
de manière synthétique les principaux désordres
de type «mouvements de terrain» classiquement
rencontrés selon deux facteurs d?entrée classiques
(les phénomènes ou les types d?ouvrages miniers).
Il est ainsi possible de déterminer, pour chaque
type d?ouvrage minier, les principaux phénomènes
d?instabilités susceptibles d?affecter les terrains de
surface situés dans son emprise. Réciproquement,
le tableau permet de recenser l?ensemble des
ouvrages susceptibles de donner naissance à un type
de désordre donné et cartographié.
3 - Ces termes de « digue » et de « barrage » ont de plus une connotation réglementaire dont il convient de prendre garde dans les études d?aléas.
17
ÉVALUATION DES ALÉAS MINIERS
Ouvrage
minier
Phénomènes de «mouvement de terrain»
Effondrement
localisé
Affaissements
progressifs
Affaissements
cassants Crevasses Effondrement
généralisé Tassement
Mouvements
de pente
(terrains
meubles)
Mouvements
de pente
rocheuse
Ouvrages souterrains
Exploitation
totale
profonde
Possible
Possible
dans
des cas
particuliers
(voir 4.5)
Possible
Exploitation
partielle Possible Possible
Possible
dans
des cas
particuliers
(voir 4.4)
Possible
dans
des cas
particuliers
(voir 4.5)
Possible
dans
des cas
particuliers
(voir 4.6)
Possible
Exploitation
filonienne Possible Possible Possible
Exploitations
salines par
cavités de
dissolution
Possible Possible
Possible
dans
des cas
particuliers
(voir 4.6)
Anciens
travaux en
combustion
Possible Possible Possible
Ouvrages
miniers
débouchant
au jour
Possible Possible Possible
Zones
d?affleurement Possible Possible
Travaux à ciel ouvert
Découvertes
remblayées Possible Possible
Découvertes
non
remblayées en
roche dures
Possible
Découvertes
non
remblayées en
roche tendre
Possible
Ouvrages de dépôt
Terrils, verses,
dépôts
de stérile,
«digues»
Possible Possible Possible Possible
Bassin de
décantation,
rétention de
matériaux fins
avec ou sans
digue
Possible Possible
Tableau 2 : récapitulatif des principaux désordres susceptibles de se développer par type d?anciens ouvrages miniers
18
4.2. Les effondrements localisés
4.2.1. Le phénomène, les mécanismes, les effets
Un effondrement localisé se caractérise par l?apparition
soudaine en surface d?un cratère d?effondrement dont
l?extension horizontale varie généralement de quelques
mètres à quelques dizaines de mètres de diamètre. La
profondeur du cratère dépend principalement de la
profondeur et des dimensions des vides miniers à
l?origine. Si, dans la majorité des cas, la profondeur
du cratère se limite à quelques mètres, dans certaines
configurations particulières, elle peut atteindre voire
dépasser une dizaine de mètres (effondrement de tête
de puits par exemple).
En fonction du mécanisme initiateur du désordre et
de la nature des terrains de sub-surface, les parois du
cratère peuvent être subverticales ou inclinées, donnant
ainsi naissance à une forme caractéristique d?entonnoir.
Les dimensions du désordre et le caractère brutal de
sa manifestation en surface font que les effondrements
localisés sont des phénomènes potentiellement
dangereux pour les personnes et les biens, notamment
lorsqu?ils se développent au droit ou à proximité de
secteurs urbanisés.
Les principaux mécanismes ou scénarios initiateurs
sontprésentés de manière succincte dans le Tableau3
(voir p. 19).
4.2.2. Effondrement localisé: qualification de l?aléa
4.2.2.1. Qualification de l?intensité
Le phénomène d?effondrement localisé est de nature
à porter atteinte à la sécurité des personnes et des
biens présents en surface.
C?est principalement le diamètre de l?effondrement
qui influe sur les conséquences prévisibles sur la
sécurité des personnes et des biens présents dans la
zone d?influence du désordre. C?est donc ce paramètre
qui est retenu comme grandeur représentative. Assez
logiquement, c?est le diamètre maximal qui sera retenu
dans l?évaluation (configuration stabilisée sous forme
d?entonnoir). On gardera toutefois à l?esprit qu?en matière
de dangerosité, c?est plutôt le diamètre instantané (zone
affectée lors de l?effondrement), parfois sensiblement
moins important que le précédent, qui compte.
La profondeur du cratère peut également influer sur la
dangerosité du phénomène mais elle s?avère souvent
délicate à prévoir, notamment pour ce qui concerne
les fontis et les débourrages de puits.
Parmi les principaux facteurs susceptibles d?influer
sur la valeur du diamètre de l?effondrement, on citera:
la dimension des vides résiduels au sein des travaux
souterrains (volume des galeries) ainsi que l?épaisseur
et la nature des terrains constituant le recouvrement.
Notons, à ce propos, que l?épaisseur et la nature des
terrains de sub-surface jouent un rôle prépondérant, car
leur rupture (lorsqu?il s?agit de terrains déconsolidés)
peut contribuer pour beaucoup aux dimensions de
l?entonnoir d?effondrement en surface.
Le Tableau 4 propose une modification de la valeur
seuil qui distingue les intensités limitées et modérées
par rapport à la proposition du guide de 2006 [1].
La valeur seuil était de 3 m dans le guide de 2006, elle
est à présent de 5 m.
En effet, la réalisation des cartes d?aléa « mouvements
de terrain » liés à la présence d?anciens travaux miniers
montre que le phénomène majoritairement prévu en
termes de superficie d?aléa est l?effondrement localisé.
Ceci a conduit à réaliser une analyse statistique sur
plus de 1800 effondrements localisés miniers [5].
Cette analyse montre que:
? 90 % des effondrements miniers ont un diamètre
inférieur à 10 m : les effondrements de très grand
diamètre sont exceptionnels et correspondent à
des contextes miniers très spécifiques qui sortent
clairement des « cas courants » ;
? plus d?un tiers des effondrements ont un diamètre
strictement inférieur à 3 m et près des deux tiers ont
un diamètre inférieur à 5 m ;
? en zone d?aléa faible, plus de la moitié des
effondrements recensés ont un diamètre inférieur
à 3 m et plus de 80 % un diamètre inférieur à 5 m.
Par ailleurs, le CSTB fournit des dispositions
constructives sur les zones susceptibles d?être
affectées par un effondrement localisé de diamètre
inférieur à 5 m ([13]).
Ces considérations ont mené à modifier les classes
d?intensité de l?aléa effondrement localisé en modifiant
la valeur coupure du diamètre de 3 m à 5 m.
Photographie 1 : exemple d?effondrement localisé
Classe d?intensité
Diamètre de
l?effondrement
Très limitée
Effondrements auto-
remblayés à proximité
immédiate de la
surface (profondeur
centimétrique)
Limitée Ø < 5 m
Modérée 5 m < Ø < 10 m
Élevée Ø > 10 m
Tableau 4 : effondrement localisé : classes d?intensité
19
ÉVALUATION DES ALÉAS MINIERS
Mécanisme
initiateur
Mécanismes de propagation
Principales remarques, fréquence estimée
des configurations (en France)
L?effondrement
localisé par rupture
du toit d?une galerie
: le phénomène
de fontis
On parle de fontis lorsque l?instabilité qui affecte la
surface résulte de la remontée progressive en surface
d?une cheminée consécutivement à un éboulement initié
au sein d?une excavation souterraine (galerie, chambre
d?exploitation?).
L?apparition de ce type de désordre en surface
ne concerne que les travaux peu profonds, que ce soit
des galeries isolées ou des zones exploitées sur des
emprises plus importantes (tailles, chambres et piliers?).
Les retours d?expérience menés sur plusieurs
bassins miniers ont ainsi montré que, sauf spécificité
géologique ou d?exploitation, au-delà d?une
cinquantaine de mètres de profondeur (et parfois
moins), les anciens vides miniers ne sont plus
susceptibles de provoquer ce phénomène en surface.
Très fréquent
L?effondrement
par rupture de
pilier(s) isolé(s)
Au sein d?une exploitation partielle menée par la méthode
des chambres et piliers abandonnés, la ruine d?un
(ou de quelques) pilier(s) peut se traduire, en surface,
par un effondrement lorsque la profondeur des travaux
et l?épaisseur et la raideur du recouvrement ne sont pas
suffisamment importantes. On parle alors de rupture
de pilier(s) isolé(s).
L?apparition de ce type de désordre en surface
ne concerne que les travaux peu profonds (de l?ordre
de 50 m), exploités par chambres et piliers et sous
conditions particulières.
Peu fréquent compte tenu des configurations
particulières requises
L?effondrement
d?une tête de puits
Un ancien puits d?exploitation, mal remblayé (à l?aide
de matériaux qui peuvent être remobilisés, notamment
en présence d?eau), peut débourrer, c?est-à-dire voir
son remblai s?écouler au sein des ouvrages souterrains
auxquels il est raccordé, avec pour conséquence la
formation en surface d?un cratère présentant les mêmes
dimensions que la colonne du puits. Ce débourrage
peut s?accompagner, ou être suivi, d?une rupture du
revêtement du puits et d?un effondrement des terrains
peu cohésifs environnants, comme le sont généralement
les terrains superficiels. Il se produit alors un cône
d?effondrement dont les dimensions dépendent
des caractéristiques géologiques, hydrogéologiques
et mécaniques locales des terrains.
Le mécanisme de rupture du revêtement de puits peut
être occasionné pour un puits non remblayé et mal obturé.
Débourrage: fréquent sur les puits très anciens,
et en particulier pendant la période d?ennoyage
Effondrement de tête de puits: dépend de la nature
du revêtement, des éventuels ouvrages de sécurité:
peu fréquent
La rupture d?une
tête de filon
L?exploitation d?un filon à proximité de la surface peut
engendrer la rupture de la tête de filon.
Cette rupture peut se développer par cisaillement le long
des interfaces filon-épontes (on parle alors de rupture
du pilier couronne) ou par cisaillement subvertical de
l?éponte la plus sensible à une rupture en porte-à-faux.
La forme du cratère en surface dépend étroitement
de la nature des terrains et des caractéristiques
d?exploitation mais peut différer du fontis par
un contour plus allongé, aligné sur l?orientation
du filon. Si la largeur d?effondrement n?excède ainsi
que très rarement une dizaine de mètres, l?extension
longitudinale peut atteindre plusieurs dizaines de
mètres dans le prolongement du filon.
Assez fréquent
Débourrage d?un
chantier penté
remblayé
Ce mécanisme, susceptible d?affecter les couches
fortement pentées (filons, couches en dressant),
est assez similaire à celui d?un débourrage de puits.
Lorsque l?exploitation s?est développée jusqu?en surface
et a donné lieu à un remblayage des vides, la rupture d?un
barrage d?arrêt souterrain peut induire un débourrage
des produits de comblement vers des vides plus
profonds. Cet écoulement peut induire un effondrement
en surface dont la forme et les dimensions dépendent
directement des conditions d?exploitation.
Peu fréquent
Combustion Dans certaines configurations très spécifiques, la
combustion de matières carbonées présentes au sein
de travaux souterrains ou d?ouvrages de dépôt
d?anciennes mines de combustibles solides, peut
générer la formation de petites cavités proches de
la surface susceptibles de s?effondrer. Dans un tel
scénario, les conséquences potentielles sur les victimes
sont aggravées du fait de la température des terrains
incandescents des vapeurs ou des gaz émis.
Peu fréquent
Dissolution Le mécanisme de dissolution peut générer la formation
d?effondrements localisés dans des dépôts ou vides
souterrains peu profonds liés à l?exploitation d?évaporites
(sel, potasse).
Peu fréquent
Tableau 3 : effondrement localisé : principaux mécanismes initiateurs
20
4.2.2.2. Qualification de la prédisposition
L?évaluation de la prédisposition d?un site à l?apparition
d?un effondrement localisé dépend de trois classes de
paramètres :
? la présence de phénomènes analogues sur le site
ou dans des configurations (géologie, conditions
d?exploitation?) identiques ou proches ;
? des paramètres liés à la prédisposition à la rupture
de l?ouvrage souterrain : il s?agit principalement de la
largeur de la galerie ou de la chambre et de la nature
des premiers bancs du toit (épaisseur, résistance,
fracturation) ;
? des paramètres liés à la prédisposition à la remontée
de l?instabilité jusqu?en surface : on retrouve ici la
nature et l?épaisseur des bancs du recouvrement qui
détermineront le coefficient de foisonnement ou la
formation d?une voûte stable.
À ces paramètres peuvent s?ajouter un certain nombre
de facteurs aggravants ou déclenchant comme
l?hygrométrie et l?altération du milieu, le fluage et
l?influence du temps, la mise en charge hydraulique,
l?activité sismique et les facteurs anthropiques
(activités en surface).
Le tableau suivant identifie les classes de prédisposition
à l?effondrement localisé des travaux souterrains.
Prédisposition d?une zone
à la manifestation d?un
effondrement localisé
Éléments caractéristiques
Très sensible
? le phénomène s?est déjà produit à plusieurs reprises sur la zone concernée ;
? et les conditions sont remplies pour que le phénomène se produise plusieurs fois sur
la zone concernée à l?échelle de vies humaines (certitude sur l?existence de travaux,
connaissance suffisante des caractéristiques permettant de démontrer la réalisation
du phénomène, lithologie connue et favorable au développement du phénomène) ;
? ou la zone est connue pour présenter des conditions dégradées par rapport à une
situation de prédisposition « sensible » établie ;
? ou la zone est connue pour présenter des facteurs aggravants pouvant favoriser le
phénomène.
Sensible
? un phénomène similaire s?est déjà produit sur la zone concernée ou le phénomène s?est
déjà produit sur un site similaire à la zone concernée ;
? et les conditions pour que le phénomène se produise sur la zone concernée ne sont
pas remplies avec autant de certitude que dans le cas « très sensible » (par exemple :
manque de connaissance sur les dimensions des travaux dont l?existence est par ailleurs
avérée, sur l?état de remblaiement, sur la lithologie).
Peu sensible
? l?occurrence du phénomène sur la zone concernée est peu probable mais le retour
d?expérience est insuffisant pour pouvoir l?écarter complètement (cas de travaux
miniers avérés mais sans aucun phénomène similaire répertorié) ;
? et aucun facteur aggravant susceptible de favoriser le phénomène n?est connu.
Très peu sensible
? lithologie particulièrement favorable pour stopper la remontée d?un fontis
(bancs résistants massifs et épais) ;
? ou la présence de travaux est suspectée ou non connue avec certitude
(zone proche des affleurements présentant des caractéristiques géologiques favorables
à la réalisation de travaux miniers par exemple, déductions à partir d?informations?) ;
? ou la présence de travaux est connue mais leur localisation est mauvaise
(la surface des travaux est faible par rapport à la surface d?incertitude) ;
? et l?occurrence du phénomène sur la zone concernée est peu probable mais le retour
d?expérience est insuffisant pour pouvoir l?écarter complètement.
Tableau 5 : effondrement localisé : caractérisation de la prédisposition
La prédisposition à l?effondrement d?un puits doit
tenir compte des deux mécanismes possibles: le
débourrage du remblai au sein de celui-ci, et la rupture
de la tête de puits.
Le débourrage d?un remblai de puits est sensible aux
variations prévisibles du niveau hydrogéologique
dans l?ouvrage (remontée des eaux, battements
de nappe), à la présence de galeries connectées
au puits et non obturées par des serrements, à
l?ancienneté du remblayage et à l?existence de facteurs
aggravants dans l?environnement du puits tels que les
vibrations ou les surcharges. D?une manière générale,
21
ÉVALUATION DES ALÉAS MINIERS
l?hétérogénéité potentielle du remblai et le nombre
de connexions au puits augmente avec la profondeur
de celui-ci. En l?absence d?éléments plus précis sur
les puits, notamment ceux très anciens, ce critère
de profondeur est souvent pris en compte dans
l?évaluation de la prédisposition.
Il convient également d?apprécier la prédisposition à
l?effondrement de la structure mise en place en tête du
puits vide (plancher en bois, voûte en briques, dalle,
bouchon?). Dans ce cas, ce sont les caractéristiques
de cette structure (résistance, dimensions), son
altérabilité dans le long terme, la nature du revêtement
ou cuvelage du puits ainsi que la nature et la résistance
des terrains encaissants qui influeront directement sur
cette prédisposition à la rupture.
Le second phénomène peut être concomitant au premier.
Bien que ce cas soit relativement rare, il doit être considéré.
Les critères défavorables entrant alors en ligne de
compte sont l?ancienneté et l?état de dégradation du
revêtement du puits ainsi que la présence et l?épaisseur
de terrains sans cohésion en sub-surface qui peuvent
conduire à ce que le phénomène déborde largement
de l?emprise stricte du puits.
4.2.3. Effondrement localisé: cartographie de l?aléa
La cartographie de l?aléa comprend:
? une marge d?influence correspondant à l?emprise
potentielle du cône d?effondrement;
? à laquelle s?ajoute l?incertitude cartographique.
L?emprise du cône d?effondrement, c?est-à-dire
le diamètre prévisible d?un fontis en surface est le
résultat d?une analyse basée sur :
? le retour d?expérience disponible sur le site concerné
(caractéristiques de fontis observés) ;
? la connaissance de la géométrie du vide souterrain ;
? la nature et l?épaisseur des terrains peu cohésifs de
surface dans lesquels le cône d?effondrement peut
avoir une pente variable selon le type de matériau.
4.3. Les affaissements progressifs
4.3.1. Le phénomène, les mécanismes, les effets
L?affaissement se manifeste par un réajustement
des terrains de surface induit par l?éboulement de
cavités souterraines résultant de l?extraction ou de
la disparition (dissolution, combustion) de minerai.
Les désordres, dont le caractère est généralement
lent, progressif et souple, prennent la forme d?une
dépression topographique, sans rupture cassante
importante, présentant une allure de cuvette (Figure 4).
Ce type de manifestation concerne aussi bien
les exploitations en plateure menées à grande
profondeur (plusieurs centaines de mètres) et
présentant des extensions horizontales importantes
que les exploitations filoniennes ayant laissé des vides
résiduels importants après extraction.
L?amplitude de l?affaissement est directement
proportionnelle à l?ouverture des travaux souterrains.
Le coefficient de proportionnalité dépend notamment
de la profondeur des travaux et de la nature des
méthodes d?exploitation et de traitement des vides
(foudroyage, remblayage?). Dans la majorité des cas,
les amplitudes maximales observées au centre de la
cuvette, durant ou après l?exploitation, sont d?ordre
décimétrique à métrique.
Généralement, ce ne sont pas tant les déplacements
verticaux qui affectent principalement les bâtiments et
infrastructures de surface, mais plutôt les déformations
du sol (déplacements différentiels horizontaux, flexions,
mise en pente?). En fonction de leur position au
sein de la cuvette d?affaissement, les déplacements
différentiels horizontaux peuvent prendre la forme
de raccourcissements (zones en compression vers
l?intérieur de la cuvette) ou d?extension (zones en
traction vers l?extérieur de la cuvette).
Les déformations et les pentes sont proportionnelles
à l?affaissement maximum au centre de la cuvette
et inversement proportionnelles à la profondeur de
l?exploitation. Ainsi, pour une même épaisseur exploitée,
les effets seront d?autant plus faibles que l?exploitation
est profonde.
Figure 4 : principe d?une cuvette d?affaissement et de ses conséquences en surface.
22
Comme la plupart des autres phénomènes d?instabilité,
les affaissements miniers ne se limitent pas au strict
aplomb des contours de travaux souterrains. On
appelle «angle d?influence», l?angle défini entre la
verticale et la droite joignant la bordure souterraine
de l?exploitation et la limite extérieure de la cuvette
d?affaissement en surface (Figure 4). En fonction de
la nature et de l?épaisseur des terrains constituant le
recouvrement, l?angle d?influence varie classiquement
entre une dizaine et une quarantaine de degrés en
plateure. L?existence d?un pendage des travaux miniers
influe également directement sur les valeurs de l?angle
d?influence, tout comme la présence d?accidents
géologiques majeurs (failles).
Les principaux mécanismes ou scénarios initiateurs
sontprésentés de manière succincte dans le tableau
suivant :
Mécanisme initiateur Mécanismes de propagation
Principales remarques,
fréquence estimée des configurations
(en France)
Éboulement souterrain provoqué au
sein d?exploitations dites «totales»,
dans des terrains stratifiés.
Éboulement provoqué des bancs
du toit de l?exploitation souterraine,
foisonnement des matériaux éboulés,
fléchissement des terrains de
recouvrement, apparition progressive
d?une cuvette en surface.
La quasi-totalité de l?affaissement
se produit durant l?extraction, la
durée de l?affaissement résiduel
se limite à quelques années.
Reprises d?affaissement non exclues
si modification des conditions
environnementales.
Très peu fréquent du fait de
l?ancienneté des travaux miniers.
Éboulement souterrain au sein
d?exploitations partielles en terrains
stratifiés.
Rupture différée d?un ou plusieurs
éléments de maintien d?un quartier
souterrain étendu (piliers, intercalaires
entre couches, toit, mur). Mécanismes
de propagation vers la surface
similaire au cas précédent.
Le phénomène peut être initié
plusieurs années ou décennies après
la fermeture des travaux.
Assez fréquent mais configurations
spécifiques (exploitations souterraines
étendues).
Éboulement souterrain au sein
d?exploitations filoniennes.
Plusieurs mécanismes possibles selon
les méthodes d?exploitation.
Phénomène pertinent si le filon est
exploité sur une grande extension,
s?il possède une grande épaisseur et
n?est pas trop profond. Le pendage
du gisement influe également sur la
pertinence de retenir cet effet (faible
à nulle si le gisement est très penté)
[22].
Peu fréquent
Éboulement souterrain de cavités
salines.
Nappes salées actives au toit du sel
créées ou modifiées par une ancienne
activité d?exploitation (par pompage
et/ou dissolution).
Dissolution du sel au toit du sel
par introduction d?eau douce non
maîtrisée et se poursuivant en
situation de post-exploitation.
Plusieurs mécanismes possibles selon
les méthodes d?exploitation.
Selon les configurations,
la dissolution peut :
? être relativement concentrée
spatialement et générer des
cuvettes d?affaissement marquées
mais généralement peu étendues;
? ou se développer plus largement en
périphérie des zones éboulées ou
encore sur la totalité de la nappe
salée créée.
Assez fréquent
Tableau 6 : affaissement progressif : principaux mécanismes initiateurs
23
ÉVALUATION DES ALÉAS MINIERS
4.3.2. Affaissement progressif: qualification de l?aléa
4.3.2.1. Qualification de l?intensité
L?intensité est qualifiée par les déformations
différentielles horizontales et les effets de mise
en pente du sol qui sont généralement les plus
dommageables pour les biens situés en surface.
Ces deux paramètres étant directement reliés, l?effet
de mise en pente est le principal paramètre retenu.
Les classes d?intensité qualifient les effets prévisibles
sur les biens même si, au-delà de certaines valeurs
de déformations, les désordres infligés aux bâtiments
peuvent s?avérer de nature à mettre en péril la sécurité
des personnes.
Les valeurs seuils présentées dans le tableau suivant
sont fournies à titre purement indicatif. Elles pourront
être adaptées au contexte par l?expert en charge de
la réalisation de l?évaluation des aléas.
Tableau 7 : affaissement progressif : classes d?intensité
Principaux facteurs d?évaluation Classe d?intensité
Mise en pente
(en %)
Ouverture des travaux miniers souterrains, méthode
d?exploitation, taux de défruitement, profondeur et largeur
exploitées des panneaux, nature des terrains de recouvrement,
pendage des couches, topographie de surface, présence
d?accidents géologiques, etc.
Très limitée P < 1
Limitée 1 < P < 3
Modérée 3 < P < 6
Élevée P > 6
Photographie 2 : exemple d'affaissement
24
4.3.2.2. Qualification de la prédisposition
Quel que soit le contexte d?exploitation, l?existence
d ? ind ices d ?anc iens mouvements de type
«affaissement progressif» (encore visibles en surface
ou décrits dans les archives), dans un secteur proche
présentant des caractéristiques géologiques et
d?exploitation voisines, peut contribuer à augmenter
la prédisposition au développement futur de ce type
de phénomènes.
Les autres critères d?augmentation ou de diminution
de la prédisposition sont décrits ci-après:
Contexte
minier
Principaux critères de pertinence/
augmentation de la prédisposition
Principaux critères
de diminution/non
pertinence de la
prédisposition
Commentaires
Exploitations
totales par
foudroyage au
toit
Délai entre la date des exploitations
souterraines et l?étude d?aléa de l?ordre de
quelques années (cas de figure très rare).
Délai exploitation
souterraine/étude d?aléa
supérieure à dix ans. Cas
de figure général.
Reprises de mouvement
non exclues (présence
d?eau/surcharges
anthropiques). Voir dans
ce cas aléa tassement.
Exploitations
partielles
menées
en terrains
stratifiés
Lié à l?état de contraintes s?exerçant au
toit et sur les piliers des exploitations:
- taux de défruitement élevé ;
- profondeur exploitée élevée ;
- ratio largeur exploitée/profondeur
exploitée élevé ;
- conditions d?exploitation des secteurs
adjacents, pouvant augmenter l?état de
contraintes ;
- caractéristiques géométriques et de
position des piliers.
Lié à la résistance des piliers et du toit de
l?exploitation souterraine
- caractéristiques géomécaniques de la
roche ;
- aptitude à l?altération/au vieillissement de
la roche ;
- arrivée ou variation du niveau d?eau ;
- failles, fracturation de la roche.
Taux de défruitement
faible.
Ratio largeur exploitée/
profondeur exploitée
faible ou insuffisant.
Profondeur exploitée
insuffisante pour que la
contrainte s?exerçant sur
les travaux miniers soit le
critère le plus pertinent.
Le critère profondeur
des travaux joue,
en augmentant, sur
l?augmentation de la
prédisposition mais,
a contrario, sur la
diminution de l?intensité.
Exploitations
salines par
dissolution ou
par mine sèche
Présence ou invasion d?eau non saturée, à
fort potentiel de dissolution, à proximité ou
dans les cavités. Ouvrages débouchant au
jour, défaillants ou mal obturés et facilitant
le transit des eaux.
Perturbation de l?étanchéité des terrains par
des exploitations proches.
Pendage des couches au toit du sel
favorisant un effet de propagation «amont
pendage», accidents ou structures
géologiques facilitant la migration de l?eau
non saturée à potentiel de dissolution.
Cavités séparées des eaux
par formation géologique
étanche. Eaux saturées en
sel à faible potentiel de
dissolution.
Obturation des ouvrages
à long terme maîtrisée.
Absence de pendage,
accidents ou structures
géologiques défavorables.
Phénomène qui peut
être pérenne ou qui peut
s?atténuer puis disparaître
avec la mise en place d?un
équilibre hydrogéologique
favorable.
Exploitations
filoniennes
Grande épaisseur exploitée. Exploitation
inclinée ou pentée mais non subverticale.
Remblaiement douteux ou absent.
Exploitations très
pentées ou subverticales,
remblayées.
Couche de faible
puissance.
Critères de ratio état de
contrainte/résistance
similaires, sur le principe,
aux exploitations
stratifiées.
Tableau 8 : affaissement progressif : critères de prédisposition
25
ÉVALUATION DES ALÉAS MINIERS
4.3.3. Affaissement progressif: cartographie de
l?aléa
La cartographie de l?aléa doit tenir compte de la
marge d?influence d?un affaissement, qualifiant l?aire
de surface pouvant être affectée par un désordre.
Cette marge est souvent construite à partir de la
qualification d?un angle d?influence. Celui-ci bénéficie
des retours d?expérience des mesures effectuées lors
des périodes d?exploitation et du suivi de désordres
en surface. L?angle d?influence est défini par l?expert
en fonction:
? du contexte minier (voir les configurations ci-avant);
? des conditions d?exploitation aux abords du quartier
souterrain dont on qualifie l?aléa;
? de la nature géologique du recouvrement.
4.4. Les affaissements cassants
4.4.1. Le phénomène, les mécanismes, les effets
L?affaissement cassant est un phénomène qui
requiert des conditions d?exploitation et de nature du
recouvrement particulières [4]. Il peut être envisagé
lorsque les conditions suivantes sont réunies:
? il requiert l?existence de travaux miniers exploités
de manière partielle (par chambres et piliers
notamment) situés à quelques centaines de mètres
de profondeur;
? il requiert l?existence de vides résiduels importants
dans ces travaux miniers (pas de remblayages ou
d?effondrements au fond);
? le recouvrement au droit des travaux est
principalement constitué de matériaux cassants.
Dans ce scénario, le toit se rompt par cisaillement le
long des appuis (bord du panneau). La rupture peut
dès lors se propager jusqu?en surface et permettre
une descente en masse des terrains de recouvrement.
La zone affaissée en surface est dès lors délimitée par
un réseau de crevasses à l?aplomb de la périphérie du
panneau concerné, d?où le nom retenu « d?affaissement
cassant ».
C?est le développement possible de crevasses en
bordure de cuvette qui justifie la distinction de
l?affaissement cassant de l?affaissement progressif. Ces
crevasses peuvent présenter des risques structurels
pour les bâtiments situés dans leur emprise.
Une autre caractéristique de l?affaissement cassant
est la cinétique du phénomène qui pourrait s?avérer
beaucoup plus rapide que dans le cas d?un affaissement
progressif. En effet, bien que le phénomène s?initie
généralement en souterrain en place en l?espace de
plusieurs jours (fracturation et écrasement des piliers,
fracturation préliminaire du toit), la manifestation
en surface peut se faire brutalement (rupture d?un
toit fragile) et s?accompagner d?une ou de plusieurs
secousses susceptibles d?ébranler les édifices les
moins adaptés à ce type de sollicitations.
4.4.2. Affaissement cassant: qualification de l?aléa
4.4.2.1. Qualification de l?intensité
Compte tenu du caractère brutal du phénomène en
surface et de sa dangerosité, on retient forfaitairement
une intensité de niveau modéré à élevé pour l?aléa
affaissement cassant.
4.4.2.2. Qualification de la prédisposition
La manifestation d?un affaissement cassant requiert
des conditions très particulièresévoquées au 4.4.1.
4.4.3. Affaissement cassant: cartographie de l?aléa
Comme dans le cas de l?affaissement, la cartographie
de l?aléa doit tenir compte de la marge d?influence
d?un affaissement cassant, qualifiant l?aire de surface
pouvant être affectée par un désordre.
Dans le cas de l?affaissement cassant, la physique
du phénomène et le retour d?expérience sur les
événements de cette nature mettent en évidence que
la rupture est généralement subverticale à l?aplomb
des bords de la zone effondrée au fond. Compte tenu
du rôle majeur que peuvent jouer certaines failles dans
la propagation de ce type d?instabilité, on retient une
valeur d?angle d?influence de 10° pour la définition de
la marge d?influence.
4.5. Les crevasses
4.5.1. Le phénomène, les mécanismes, les effets
Les crevasses sont, si on les définit de manière
purement géométrique, des discontinuités marquées,
d?ouverture pluri-centimétrique à pluri-décimétrique,
d?extension pouvant aller de plusieurs mètres à
plusieurs dizaines de mètres, et de profondeur
variable pouvant atteindre plusieurs mètres.
Plusieurs typologies de phénomènes peuvent être à
l?origine de leur formation, évoquées dans le présent
guide: les affaissements, les affaissements cassants
et les effondrements généralisés.
Nous en établissons toutefois un chapitre particulier
parce que l?apparition et la découverte en surface de
ces crevasses, dans des conditions particulières, peut se
produire de nombreuses années voire plusieurs dizaines
d?années après leur formation (Figure 5, voir p. 26).
Les crevasses provoquées par les effets des
dépilages sont souvent découvertes à l?occasion
de travaux anthropiques de surface (terrassements
de voiries, infrastructures ou bâtiments). Plus
rarement, elles peuvent apparaître en surface lors
d?épisodes climatiques particuliers (pluviométrie
importante, épisodes de gel-dégel) ou lorsque
les activités anthropiques génèrent des flux d?eau
importants (fuites de réseaux). Dans ces deux derniers
cas, le mécanisme prépondérant est la mobilisation
par les écoulements des matériaux fins au droit ou
au sein de la crevasse qui migrent au fond de celle-ci,
entraînant par débourrage les terrains meubles sus-
jacents. Le phénomène est généralement brutal, voire
quasi-instantané.
26
Figure 5 : illustration des mécanismes à l?origine des crevasses dans le recouvrement et de leur apparition en surface après évolution dans
les terrains superficiels (d?après J. P. Piguet et O. Deck, 2014)
Sur le territoire français, il existe deux secteurs qui
regroupent la majorité, voire l?exclusivité, des désordres
de type crevasse dans ces conditions particulières de
manifestation en surface différée, longtemps après
l?exploitation minière. Ces secteurs sont le bassin
houiller lorrain et le bassin ferrifère lorrain.
Même si les typologies de ces deux bassins miniers sont
très différentes, on retrouve deux critères communs
propices à la formation des crevasses, qui peuvent
être extrapolés le cas échéant à d?autres configurations
minières: l?existence de quartiers qui se sont effondrés
et ont conduit à l?affaissement des terrains de
recouvrement, d?une part, et la nature géomécanique
rigide et cassante de ces derniers, d?autre part.
Lorsqu?un affaissement se produit, les terrains de
recouvrement subissent des déplacements verticaux et
horizontaux. Les terrains constitués de roches rigides
et cassantes, sans discontinuités initiales importantes,
ont tendance à donner lieu à des fractures et peuvent
donc générer a posteriori des crevasses à la surface.
Le critère principal d?apparition différée en surface est
la présence de terrains superficiels meubles pouvant
être remobilisés par l?érosion, les phénomènes
climatiques particuliers ou exceptionnels, ou encore
les activités anthropiques.
4.5.2. Crevasses: qualification de l?aléa
4.5.2.1. Qualification de l?intensité
Même si ces désordres sont marqués par une forte
anisotropie (grande longueur), qui peut constituer un
facteur aggravant si des fondations de bâtiments ou
infrastructures sont construites dans cette direction
de la longueur de la crevasse et au droit de celle-ci,
on peut considérer que l?extension - ou la largeur -
de ces crevasses qualifie en premier lieu l?intensité
du phénomène en surface (en incluant la marge
d?influence).
La profondeur réelle d?une crevasse est un critère
difficile à évaluer dans la mesure où cette discontinuité
est remplie de matériaux meubles pouvant en
masquer le fond. Cela ne constitue pas un facteur
discriminant pour l?évaluation de l?intensité.
Les retours d?expérience des crevasses observées sur
le territoire français indiquent une largeur moyenne
de l?ordre de 20 cm (bassin houiller lorrain) à 50 cm
environ (bassin ferrifère lorrain, cette valeur étant
à tempérer par le nombre bien plus faible de cas
d?observation [26]). Dans des conditions particulières
de terrains pentés, en contexte de coteau, cette largeur
peut être plus importante, du fait de l?érosion des
rebords au sein de la pente élargissant la discontinuité.
Celle-ci ne dépasse toutefois généralement pas le
mètre de largeur. Le cas le plus défavorable recensé en
France est une arrivée d?eau engendrant une vidange
brutale des matériaux et provoquant un ravinement
des terrains de surface: le désordre généré avait une
largeur de 2 m.
Les retours d?expérience des désordres sur les bassins
affectés montrent qu?ils n?ont conduit qu?à l?apparition
de fissures sur les bâtiments, sans que l?intégrité
de ceux-ci ne soit affectée. Les crevasses peuvent
27
ÉVALUATION DES ALÉAS MINIERS
toutefois occasionner des ruptures au sein de conduits
et réseaux souterrains.
Dans ces conditions décrites d?apparition très
postérieure aux travaux d?exploitation, le mouvement
minier engendrant une mise en pente des terrains de
surface s?est produit et stabilisé. Il se produit alors
ces mécanismes de migration brutale des matériaux
meubles entre les rebords de la crevasse. Aussi
peut-on considérer d?une manière générale que d?un
rebord à l?autre il n?existe pas de mouvement vertical
différentiel significatif.
Ces considérations conduisent à évaluer l?intensité
selon le Tableau 9. Les valeurs seuils présentées dans
le tableau suivant sont fournies à titre purement
indicatif. Elles pourront être adaptées au contexte
par l?expert en charge de la réalisation de l?évaluation
des aléas.
4.5.2.2. Qualification de la prédisposition
La prédisposition au phénomène de crevasse est
de prime abord liée à la présence en profondeur de
quartiers d?exploitation effondrés ayant conduit à un
affaissement du recouvrement, au caractère rigide et
cassant des roches qui constituent ce dernier, et à la
présence de terrains superficiels meubles conduisant
à différer l?apparition en surface.
Une étude récente établie par GEODERIS sur le
bassin houiller lorrain [3] indique que la valeur de
la déformation maximale de la ou des cuvettes
d?affaissement au droit des quartiers souterrains
plats ou peu pentés effondrés peut être considérée
comme un paramètre majeur permettant d?évaluer la
prédisposition. Plus cette valeur est élevée, plus les
mises en pente et contraintes de traction générées
dans les terrains de recouvrement sont importantes,
induisant ainsi l?apparition de fractures dans les
terrains rigides et cassants.
La prédisposition au droit de zones d?exploitation en
dressants, contexte où de nombreuses crevasses ont
été relevées dans le bassin houiller, est assujettie à la
hauteur et la densité des travaux d?exploitation.
Le tableau 10 regroupe les facteurs aggravants, ou au
contraire limitants, voire d?exclusion, relatifs à cette
prédisposition.
Classe d?intensité
Largeur de la crevasse
en surface
Très limitée l < 0,5 m
Limitée 0,5 m < l < 5 m
Tableau 9 : crevasses : classes d?intensité
Facteurs aggravants
La méthode d?exploitation par foudroyage a une influence aggravante sur la prédisposition
des crevasses, par rapport à une exploitation par chambres et piliers.
La présence et l?orientation de failles ou discontinuités géologiques majeures a pu faciliter les
cassures et le développement de crevasses vers la surface.
Facteurs limitants voire
d?exclusion
La présence, au-dessus du recouvrement rigide, de formations meubles sur une épaisseur
suffisamment importante, conduit à ce que les fractures ne puissent atteindre la surface et
générer des crevasses.
Les affaissements au droit de quartiers exploités et effondrés d?extension faible conduisent à
des valeurs de déformation négligeables à nulles en surface.
La position d?une zone de surface par rapport à l?affaissement souterrainest un critère
important: le centre d?une cuvette d?affaissement correctement délimitée est une zone où
la déformation des terrains s?est opérée uniquement en compression. En conséquence, la
formation de fractures et l?apparition de crevasses n?est pas possible.
Lorsqu?une même zone de surface a été affectée par plusieurs affaissements (exploitation
successive ou différée de panneaux situés à des profondeurs différentes), la délimitation de
zones de compression ou de traction est beaucoup plus délicate et nécessite des expertises
particulières. Cela peut constituer toutefois un facteur limitant voire d?exclusion lorsqu?une
zone initialement affectée par des mouvements de traction est soumise postérieurement
à des mouvements de compression: les fractures initialement générées se referment alors.
Tableau 10 : crevasses : facteurs aggravants, limitants voire d?exclusion de la prédisposition
28
4.5.3. Crevasses: cartographie de l?aléa
Dans le cas où un seul panneau minier s?est effondré,
la position des crevasses potentielles s?établit dans la
zone de déformation en extension de l?affaissement,
qui figure en jaune sur la Figure 6. Lorsque plusieurs
affaissements se sont superposés, la cartographie est
plus complexe et nécessite une expertise appropriée.
4.6. Les effondrements généralisés
4.6.1. Le phénomène, les mécanismes, les effets
Les effondrements généralisés, également appelés
effondrements en masse, se manifestent par la
rupture, souvent dynamique (quelques secondes),
de tout ou partie d?une exploitation, affectant ainsi
la stabilité des terrains de surface sur des étendues
pouvant atteindre plusieurs hectares. La hauteur
d?effondrement affectant la partie centrale peut
atteindre plusieurs mètres, et même plusieurs dizaines
de mètres dans le cas de l?effondrement d?une cavité
de dissolution saline. Cette zone centrale est bordée
par des fractures ouvertes, subverticales, délimitant
des «marches d?escalier» dont les conséquences
peuvent, elles aussi, s?avérer très dommageables pour
les personnes et les biens situés en surface.
Ce sont des phénomènes rares dont les conséquences
sont néanmoins potentiellement graves car ils
génèrent une quantité considérable d?énergie. Ils
peuvent ainsi s?accompagner de secousses sismiques
et d?effets de souffle susceptibles de projeter, sur de
grandes distances, des matériaux par les galeries et
les puits ouverts.
Les principaux mécanismes ou scénarios initiateurs
sontprésentés de manière succincte dans le tableau
suivant:
Figure 6 : profils de déformation et de mise en pente d?une cuvette
d?affaissement par rapport à un panneau exploité unitaire. La zone
en jaune est la zone de crevasses potentielle (avec O : ouverture de
la couche de charbon, h : la profondeur de la couche exploitée, Am :
amplitude maximale de l?affaissement produit en surface, L : largeur de la
zone exploitée, ? : angle de déformation maximale, ? : angle d?influence)
Mécanisme
initiateur
Configurations sensibles
Mécanismes de propagation
Principales remarques, fréquence
estimée des configurations (en France)
Effondrement
brutal de piliers
abandonnés
résultant d?une
rupture du toit
Quartier minier souterrain présentant un taux de
défruitement élevé, des volumes de vides importants, des
piliers sous-dimensionnés ou des exploitations multi-niveaux.
Recouvrement constitué d?un (ou des) horizon(s) raide(s)
atteignant la limite élastique et se rompant brutalement.
Surcharge soudaine sur les piliers qui rompent de manière
simultanée. Descente du recouvrement brutale (quelques
secondes).
Le phénomène peut être initié plusieurs
années ou décennies après la fermeture
des travaux. Les configurations requises
font que ce phénomène est très peu
fréquent.
Rupture en chaîne
des piliers
Piliers d?un quartier souterrain ayant atteint l?état-limite de
stabilité, affectés par la modification ou le développement
d?un facteur déclenchant.
Rupture de proche en proche des piliers. Le recouvrement
s?effondre en suivant le front d?éboulement souterrain.
Phénomène moins brutal que le précédent (quelques
minutes à quelques heures) mais reste potentiellement
dangereux.
Le phénomène peut être initié plusieurs
années ou décennies après la fermeture
des travaux. Les configurations requises
font que ce phénomène est peu fréquent.
Effondrement de
cavités salines de
dissolution
Rupture différée du toit de cavités salines. Cette rupture
peut être due à une dissolution complémentaire conduisant
à l?évolution de la taille des cavités jusqu?à la valeur limite
de rupture de l?ouvrage. Une évolution significative de la
charge hydraulique dans la cavité peut également conduire
à la rupture du toit.
Rupture généralement brutale du toit de la cavité, la
cinétique du mouvement étant conditionnée par l?évacuation
de la saumure et la présence de vide dans la cavité.
Le phénomène peut être initié plusieurs
années ou décennies après la fermeture
des travaux. Les configurations requises
font que ce phénomène est très peu
fréquent.
Tableau 11 : effondrement généralisé : principaux mécanismes initiateurs
29
ÉVALUATION DES ALÉAS MINIERS
4.6.2. Effondrement généralisé: qualification de l?aléa
4.6.2.1. Qualification de l?intensité
L?effondrement généralisé caractérise un mouvement
d?extension spatiale importante et dont l?occurrence,
quelle que soit l?amplitude de la descente des terrains
de surface (directement reliée à l?ouverture des
travaux et au taux de défruitement des chantiers),
peut mettre en péril la sécurité des personnes et des
biens situés dans l?emprise de l?instabilité.
Il n?y a donc pas lieu de définir une grandeur de
référence pour caractériser l?intensité de ce type de
désordre, la classe d?intensité étant systématiquement
élevée, du fait également de l?absence de parades
permettant de s?affranchir des conséquences
prévisibles d?un tel phénomène en surface.
Photographie 3 : conséquences en surface d?un effondrement
généralisé
Classe d?intensité Description
Élevée Effondrement en masse
de la surface
Tableau 12 : effondrement généralisé : classe d'intensité
30
4.6.2.2. Qualification de la prédisposition
Quel que soit le contexte d?exploitation, l?existence
d?indices d?anciens mouvements de type «effondrement
généralisé» (encore visibles en surface ou décrits dans
les archives), dans un secteur proche présentant des
caractéristiques géologiques et d?exploitation voisines,
peut contribuer à augmenter la prédisposition au
développement futur de ce type de phénomènes.
La prédisposition d?anciennes exploitations menées par
chambres et piliers abandonnés au développement d?un
effondrement généralisé dépend de la combinaison de
deux prédispositions: la rupture de l?ouvrage souterrain
et la rupture des terrains de recouvrement.
Contexte
minier
Principaux critères de pertinence/
augmentation de la prédisposition
Principaux critères de
diminution/non pertinence
de la prédisposition
Exploitations
partielles
menées
en terrains
stratifiés
Liés aux conditions souterraines
- contraintes élevées s?exerçant au sein des piliers (liées au taux
de défruitement, à la profondeur des travaux et aux conditions
d?exploitation des secteurs proches);
- configuration d?exploitation favorable à la rupture (piliers de fort
élancement, matériaux fragiles, mauvaises superpositions des
piliers?);
- présence de piliers sous-dimensionnés en grand nombre ;
- l?absence de «piliers barrières» susceptibles de bloquer la
propagation d?un front d?effondrement;
- autres facteurs tels que la sensibilité des matériaux à l?eau, le
comportement du mur (risque de poinçonnement, la présence de
failles?);
- pour les mines de sel exploitées par chambres et piliers, présence
d?aquifères ou toute masse d?eau libre importante (canaux, rivières,
lacs?) susceptibles de se déverser dans les anciens travaux et
fragiliser les piliers (par dissolution possible des piliers et/ ou
fragilisation du mur de la mine).
Lié à la possibilité d?une rupture brutale du recouvrement
- extension latérale d?exploitation suffisante au regard de l?épaisseur
de recouvrement;
- présence d?un (ou de) banc(s) raide(s) au sein du recouvrement
susceptible de se rompre de manière brutale.
Taux de défruitement faible.
Ratio largeur exploitée/
profondeur exploitée faible
ou insuffisant.
Piliers correctement ou sur
dimensionnés.
Profondeur exploitée
insuffisante pour que la
contrainte s?exerçant sur les
travaux miniers soit le critère
le plus pertinent.
Absence de banc(s) raide(s)
dans le recouvrement,
privilégiant une typologie de
phénomène «affaissement».
Cavités salines Grandes dimensions horizontales et faible profondeur de la cavité.
Planche de sel au toit de la cavité peu épaisse, voire totalement
inexistante. Le fait qu?une cavité ait déjà commencé à se développer
au sein des terrains recouvrant la formation salifère constitue, de ce
point de vue, un facteur très défavorable à la stabilité du site.
Présence d?un banc raide au sein du recouvrement qui permet, par
résistance à la traction, le développement de cavités de grande
extension et conduit à un effondrement en surface de caractère
brutal.
Existence d?une possible circulation d?eau non saturée contribuant
à dissoudre du sel et augmenter, par-là même, la dimension des
cavités.
Incertitude sur les dimensions exactes de la cavité (travaux très
anciens mal connus, mise en communication de cavités entre-elles).
Faibles dimensions
horizontales de la cavité.
Planche de sel au toit
suffisamment épaisse
participant à la stabilité de
l?édifice.
Absence de recouvrement
raide privilégiant une
typologie de phénomène
«affaissement».
Cavités séparées des eaux
par une formation géologique
étanche, eaux saturées en
sel à faible potentiel de
dissolution.
Tableau 13 : effondrement généralisé : critères de prédisposition
4.6.3. Effondrement généralisé: cartographie de l?aléa
La cartographie de l?aléa doit tenir compte de la marge
d?influence d?un effondrement généralisé, qualifiant
l?aire de surface pouvant être affectée par un désordre.
Cette marge d?influence est d?une manière générale
plus limitée que dans le cadre de l?affaissement. Dans
les configurations de rupture brutale d?un banc raide
au toit ou dans le recouvrement du quartier souterrain,
ou d?une cavité saline, l?emprise de l?effondrement en
surface peut s?approcher de l?aire des vides souterrains
potentiellement instables. Toutefois, du fait de l?intensité
élevée attendue, de l?incertitude de position des travaux
miniers, et, par ailleurs, de la présence de matériaux
meubles en surface pouvant augmenter l?emprise de
l?effondrement, même postérieurement à l?évènement
(ces matériaux atteignant un «profil d?équilibre»), une
marge de sécurité est généralement considérée.
31
ÉVALUATION DES ALÉAS MINIERS
4.7. Les tassements
4.7.1. Les phénomènes, les mécanismes, les effets
Le terme de tassement regroupe dans le cas présent
des phénomènes distincts liés au réarrangement
des terrains de surface, du fait de la présence de
travaux miniers souterrains, d?ouvrages de dépôt,
de découvertes ou ouvrages miniers remblayés, ou
encore du fait de perturbations hydrogéologiques
liées à l?ancienne activité minière.
Les conséquences redoutées sont limitées, sans
préjudice pour les vies humaines. Elles résultent
principalement du fait que les terrains de surface
peuvent être affectés par des tassements différentiels
qui sont susceptibles d?engendrer des effets sur les
bâtiments et les infrastructures.
Les principaux mécanismes ou scénarios initiateurs
sontprésentés de manière succincte dans le tableau
suivant:
Mécanisme Configurations sensibles
Principales remarques,
fréquence estimée des
configurations
(en France)
Réarrangement des
terrains au droit
d?anciennes zones
minières effondrées,
mal dépilées ou mal
remblayées
Les terrains au droit de travaux souterrains exploités à l?aide d?une
méthode induisant le foudroyage du toit (exploitation par taille ou par
piliers dépilés) peuvent être sujets au développement de tassements.
Les manifestations les plus perceptibles se développent à l?aplomb des
secteurs peu profonds (quelques dizaines de mètres sous la surface).
Dans ces conditions, en effet, le poids des terrains surmontant
les anciens chantiers miniers n?est pas suffisant pour garantir une
recompaction complète des terrains foudroyés au cours des années
suivant les travaux d?extraction. Ceci permet la persistance d?une
porosité artificielle élevée proche de la surface.
Par ailleurs, les plus anciens de ces travaux, du fait d?une configuration
d?exploitation moins régulière, voire anarchique, peuvent être moins
bien foudroyés ou remblayés et présenter des vides souterrains
résiduels. Si ces derniers sont de volume et d?extension limités,
la rupture au sein de ces travaux peut engendrer des tassements
(dénommés également dans ce cas «mouvements résiduels») dont
l?amplitude peut être importante, d?ordre décimétrique.
Le phénomène peut
être initié plusieurs
années ou décennies
après la fermeture
des travaux. Les
configurations requises
font que ce phénomène
est peu fréquent.
Tassement par
compaction/
consolidation de
matériaux meubles
Ces mécanismes concernent les ouvrages de dépôts, ainsi que les
sites de découvertes et autres ouvrages miniers remblayés. Les
stériles d?exploitation, mis en dépôt par voie sèche sous forme de
verses ou utilisés à des fins de remblayage d?anciennes découvertes,
peuvent présenter une composition assez hétérogène, tant en
termes de nature des matériaux que de granulométrie. Leur mise en
place, souvent assurée par simple déversement, ne garantit pas une
compaction complète des déblais. Il en va de même pour les puits ou
galeries d?accès remblayés. Les matériaux déversés dans ces ouvrages
peuvent se consolider et subir une compaction parfois importante,
susceptible d?engendrer la formation d?une dépression en surface.
Le phénomène
peut être initié
plusieurs années ou
décennies après la
fermeture des travaux,
notamment sous
l?effet de perturbations
extérieures. Les
configurations requises
font que ce phénomène
est fréquent.
Compaction
secondaire des
terrains
De caractère exceptionnel, ce mécanisme consiste en la modification
du régime hydrogéologique résultant de l?arrêt des travaux miniers,
induisant des remontées et/ou battements de la nappe au sein de
terrains sensibles à un phénomène de compaction secondaire (argiles
très plastiques, tourbes par exemple) ou de remobilisation et de
migration (sables fins).
Le phénomène peut
être initié plusieurs
années ou décennies
après la fermeture
des travaux. Les
configurations requises
font que ce phénomène
est très peu fréquent.
Soulèvement des
terrains
Lors de l?exploitation des mines profondes, les terrains encaissants
ont été désaturés par les pompages d?exhaure mis en oeuvre durant
l?exploitation. La resaturation des terrains pendant l?ennoyage peut,
dans certaines configurations, se traduire par une remontée lente et
très étalée de toute la zone précédemment dénoyée. L?amplitude des
mouvements verticaux observés peut atteindre quelques décimètres.
Ce phénomène se manifeste par une remontée et non un abaissement
des terrains de surface. Le mécanisme initiateur est toutefois
sensiblement le même que celui à l?origine des tassements.
Au regard des retours d?expérience disponibles, les mouvements
de ce type sont très étalés dans l?espace (faible courbure) et ne
provoquent pas d?effets visibles sur les bâtiments traditionnels.
Le phénomène peut
être initié plusieurs
années ou décennies
après la fermeture
des travaux. Les
configurations requises
font que ce phénomène
est très peu fréquent.
Tableau 14 : tassements : principaux mécanismes initiateurs
32
4.7.2. Tassement: qualification de l?aléa
4.7.2.1. Qualification de l?intensité
Les nuisances initiées par les phénomènes de
tassement résultent du développement de tassements
différentiels (différents en amplitude d?un point à
l?autre d?une fondation de bâtiment, infrastructure?).
C?est principalement l?amplitude verticale de ces
mouvements différentiels qui régit l?intensité du
phénomène, mais comme il est difficile d?évaluer
cette amplitude, on se réfère généralement à celle du
tassement maximal possible en un point donné.
Ce type de désordre est de nature à engendrer des
dégradations aux biens (bâti et infrastructures)
présents en surface mais pas à mettre en danger
les populations. Sauf exception, l?intensité des
conséquences d?un phénomène de tassement
demeure limitée (ordre centimétrique à décimétrique).
4.7.2.2. Qualification de la prédisposition
Quel que soit le contexte d?exploitation, deux
critères gouvernent la prédisposition d?un site au
développement de tassements:
? l?existence d?indices d?anciens mouvements de
type «tassements» (encore visibles en surface ou
décrits dans les archives), dans un secteur proche
présentant des caractéristiques géologiques et
d?exploitation voisines ;
? la présence d?ouvrages de dépôts, d?anciennes
découvertes et autres ouvrages miniers remblayés,
et ce même si peu d?indices ont été observés sur
le terrain. Les matériaux constitutifs, en général
meubles, sont en effet susceptibles d?être remobilisés
sous l?effet de surcharges et perturbations externes.
Dans le cas des ouvrages de dépôt, la prédisposition
peut être augmentée si :
? le dépôt possède une épaisseur importante ;
? s'il est constitué de matériaux aptes à se consolider ou
être compactés (les argiles ou matériaux constitués
de fractions très fines sont ainsi plus sensibles que
des sables, graviers ou graves). On notera que les
sables fins peuvent être mis en suspension et migrer
lorsqu?il y a un afflux important d?eau;
? la méthode de mise en place du dépôt a consisté
en un simple déversement, sans compactage
spécifique, qui engendre des dépôts dont le taux
de vide est plus important, et ainsi davantage aptes
à se réarranger.
Pour ce qui concerne les terrains situés au droit d?anciennes
exploitations menées par foudroyage du toit, ou encore
d?anciens dépilages mal foudroyés, la profondeur de
ceux-ci constitue le facteur principal de prédisposition
au tassement. On peut considérer que, hormis pour des
configurations spécifiques (importante épaisseur exploitée
par exemple), des travaux situés à plus de 50 mètres
de profondeur ne peuvent pas générer de tassements
perceptibles en surface.
Le mécanisme de compaction secondaire est rare
et exige la conjugaison de deux facteurs : d?une
part une modification marquée des conditions
hydrogéologiques du fait de l?exploitation minière
(remontée ou battement de nappe), d?autre part la
présence de terrains sensibles au phénomène de
compaction ou de remobilisation (tourbe, argiles
plastiques, sables fins dans le cas de la remobilisation).
4.7.3. Tassement: cartographie de l?aléa
La cartographie est variable selon le cas de figure:
? limitée à l?ouvrage de dépôt, la découverte ou l?ouvrage
remblayé;
? correspondant à l?emprise des travaux miniers
foudroyés ou mal dépilés pouvant être assortie
d?un angle d?influence tel que décrit dans le chapitre
relatif aux affaissements;
? limitée aux zones de terrains sensibles à la compaction
secondaire.
4.8. Les mouvements de pente de
matériaux meubles: glissements,
mouvements superficiels, coulées
4.8.1. Les phénomènes, les mécanismes, les effets
Les instabilités de pente constituent le type de
désordres le plus couramment observé sur les
ouvrages de dépôts ou versants, édifiés ou creusés
avec ou dans des matériaux meubles (roche très
altérée, sol, remblai anthropique, résidus). Ces
instabilités regroupent en réalité des phénomènes
distincts, dont les principaux sont: les glissements,
les mouvements superficiels et les coulées.
Les glissements résultent du mouvement d?une
masse de terrain le long d?une zone de rupture définie
par une surface continue (dont la forme peut être
circulaire, plane ou parfois complexe).
Les volumes concernés dépendent de la profondeur
de la zone de rupture. Ainsi on évoque le terme de
glissement profond lorsque la surface de rupture se
trouve à quelques dizaines de mètres de profondeur,
et de glissement superficiel lorsque cette surface est
sise à quelques mètres de profondeur.
Les conséquences d?un glissement profond peuvent
s?avérer importantes, celui-ci pouvant se répandre
vers l?aval de la pente sous forme de cône d?épandage
et être à l?origine de la dégradation des éventuels
bâtis et ouvrages. Il peut également affecter des
éventuelles constructions et infrastructures sises
en bordure sommitale de la pente, à proximité de
la zone de départ (dénommée également «niche
Tableau 15 : tassement : classes d?intensité
Classe
d?intensité
Amplitude
prévisible
Très limitée Amplitude d?ordre centimétrique
Limitée Amplitude d?ordre décimétrique
33
ÉVALUATION DES ALÉAS MINIERS
d?arrachement ») du glissement. Ainsi peut-on
considérer que les glissements profonds ne peuvent
affecter que des versants meubles, dépôts ou terrils
de hauteur conséquente (plusieurs dizaines de
mètres), ce qui limite le nombre de cas pouvant être
concernés.
Les conséquences d?un glissement superficiel sont
en revanche beaucoup plus limitées, ne concernant
que la pente elle-même ou ses proches abords amont
et aval. Ce phénomène est beaucoup plus fréquent
en raison du très grand nombre de cas de pentes et
versants miniers de hauteur limitée.
On regroupe dans le terme de mouvements superficiels
des phénomènes qui ne sont pas associés à l?existence
d?une surface de rupture bien définie: ce peut-être des
reptations de sols ou matériaux par modification de leur
comportement mécanique en présence d?eau, ou encore
du ravinement d?une pente par l?eau.
Les coulées sont des mouvements où le matériau de
la pente est totalement déstructuré et remobilisé du
fait d?une forte présence d?eau. Il se transforme alors
en un fluide visqueux qui s?écoule à une vitesse élevée
(généralement entre 1 m/s et 7 m/s). Cet écoulement
possède souvent un front, généralement raide,
composé de blocs de matériaux et de débris divers.
Dans le domaine des risques naturels en montagne
on emploie souvent le terme de lave torrentielle
correspondant au même mécanisme mais impliquant
des surfaces beaucoup plus importantes.
Les coulées constituent les désordres les plus
dangereux susceptibles d?affecter les personnes et
les biens situés dans l?environnement d?une pente.
Elles sont toutefois très rares, liées à un apport d?eau
(pluviométrie, ou d?origine anthropique) anormal ou
exceptionnel.
4.8.2. Mouvements de pente de matériaux meubles:
qualification de l?aléa
4.8.2.1. Qualification de l?intensité
Le paramètre principal pour l?évaluation de l?intensité
est le volume de matériau mis en mouvement.
Parmi les principaux facteurs susceptibles de
jouer sur ce volume, on citera : la nature et la
granulométrie des matériaux constituant la pente,
sa hauteur, son pendage et sa morphologie,
l?intensité des ruissellements prévisibles, l?existence
ou non de mesures d?aménagement (couverture,
engazonnement?).
Dans le cas spécifique de la coulée, qui est un
désordre de nature à porter atteinte à la sécurité des
personnes et des biens présents dans sa trajectoire, il
n?est pas aisé d?identifier une grandeur caractéristique
permettant de discriminer ses conséquences. Il est
donc retenu la hauteur de flux du fluide visqueux,
la cinétique du phénomène étant élevée et non
discriminante.
D?autres facteurs influent sur les caractéristiques de la
coulée : le volume de matériau mobilisable, la pente et
la morphologie du talus le long duquel s?initie la coulée,
la pente et la morphologie de la zone d?épandage
(gouvernant notamment la hauteur de flux), l?existence
d?obstacles à la propagation de la coulée, etc.
Les valeurs seuils présentées dans le tableau 16 sont
fournies à titre purement indicatif. Elles pourront être
adaptées au contexte par l?expert en charge de la
réalisation de l?évaluation des aléas.
Photographie 4 : glissement profond du terril Mieg, bassin minier
de Pechelbronn, Alsace
Classe d?intensité Description Paramètre et valeur seuil
Très limitée Reptations, ravinements Volume de quelques m3
Limitée Glissements superficiels, ravinements importants Volume de 10 à 100 m3
Modérée
Glissements profonds Volume de 100 à 5000 m3
Coulée capable de dégrader certains bâtiments et de
mettre en danger la circulation Hauteur de flux < 50 cm
Élevée
Glissements profonds majeurs Volume > 5 000 m3
Coulée dévastatrice pour les personnes et les biens Hauteur de flux > 50 cm
Tableau 16 : mouvements de pente de matériaux meubles : classes d?intensité
34
4.8.2.2. Qualification de la prédisposition
Les facteurs qui contribuent à augmenter la
prédisposition d?une pente sont les suivants:
? l?existence d?indices d?anciens mouvements, encore
visibles sur le terrain ou décrits dans les archives, dans
un secteur proche présentant des caractéristiques
géologiques et d?exploitation voisines ;
? la présence de signes traduisant l?activité des
mouvements déjà initiés (fissures de décompression,
bourrelets en pied, arbres penchés, rigoles, ravines?);
? la nature des matériaux constituant le talus: nature
et granulométrie des matériaux, existence de
discontinuités stratigraphiques ou tectoniques. La
présence de matériaux contenant une proportion
importante de particules fines augmentera par
exemple la prédisposition du site à être affecté par
des phénomènes d?érosion et de ravinement;
? la topographie, le pendage et la morphologie de la
pente;
? la nature, la topographie et les conditions
hydrogéologiques des terrains d?assise des
dépôts(terrains plastiques) ;
? l?éventuelle modification, d?origine naturelle ou
anthropique, des conditions hydrauliques locales
(affaiblissement de la butée de pied en cas de
crues sévères d?un cours d?eau en pied d?une
pente, altération du dispositif de drainage ou
d?aménagement des écoulements, création de
bassins de décantation, rupture de canalisation,
drains bouchés, canaux de ruissellement remplis
par des éboulis?);
? l?existence de facteurs aggravants tels que l?absence de
végétalisation adaptée en surface, l?existence possible
de sollicitations dynamiques (séismes, vibrations?), le
développement de certaines activités humaines (VTT,
moto-cross, surcharge en bord de crête?);
? la présence d?anciens travaux miniers souterrains
au droit de la pente, susceptible de se rompre et
d?engendrer la déstabilisation de celle-ci.
L?existence de réaménagements ou de parades
(couverture, végétalisation,soutènements, repro-
filages de pentes?) peut en revanche diminuer la
prédisposition.
4.8.3. Mouvements de pente de matériaux meubles:
cartographie de l?aléa
La cartographie de cet aléa doit tenir compte, non
seulement de la pente, mais également des zones
sommitales ou en aval pouvant être impliquées dans le
phénomène. C?est notamment le cas des glissements
profonds où la niche d?arrachement peut se trouver au
sein de la partie sommitale, et où la zone d?épandage
s?inscrit en partie aval du talus. Lorsqu?il n?est pas
observé sur le terrain de glissements actifs, il est
courant de considérer, par retour d?expérience, et en
fonction de la morphologie de la pente et de la nature
des matériaux constitutifs, des valeurs fraction de
la hauteur de la pente H, que ce soit pour l?aval ou,
de manière plus limitée, de l?amont de celle-ci. Ainsi
retrouve-t-on fréquemment les valeurs de H/2, H/3,
selon le cas considéré: l?aire cartographiée déborde
donc la zone pentée.
La zone d?épandage en aval est beaucoup plus
étendue dans le cas d?une coulée, et est tributaire
principalement de la morphologie de la surface en
pied de la pente. Selon qu?on soit en présence d?une
aire plane, ou a contrario d?un thalweg pouvant
canaliser la coulée, la limiter latéralement mais la
propager longitudinalement, l?aire cartographiée
sera très différente. L?observation de terrain et une
topographie précise du pied de la pente sont des
requis importants pour une cartographie pertinente
de l?aléa dans ce cas.
4.9. Les mouvements de pentes
rocheuses: éboulements, chutes de blocs
4.9.1. Le phénomène, les mécanismes, les effets
Les mouvements de pentes constituées dans des
roches (principalement les flancs d?anciennes mines
à ciel ouvert) sont la mobilisation de masses, plus ou
moins volumineuses, se détachant de la paroi et se
propageant au pied du front.
Les sollicitations géologiques et liées à l?exploitation
minière que ces pentes ont subies se traduisent par
des plans de fragilité et de rupture qui s?ajoutent aux
discontinuités existantes. Ces plans d?origines diverses
contribuent à découper le massif rocheux en blocs et
volumes dont la géométrie peut être variable.
Les fronts rocheux sont soumis à la gravité et aux
actions naturelles et climatiques (pluie, variation de
température, alternance de gel et dégel, vent?) qui
agissent sur la roche et ses discontinuités, conduisant
à une évolution lente du massif rocheux. De plus, ces
mécanismes naturels de démantèlement peuvent être
déclenchés ou amplifiés par :
? la végétation (action des racines dans les plans
de fragilité de la roche, action du vent sur la
déstabilisation ou le mouvement des arbres?) ;
Photographie 5 : front rocheux disloqué en blocs, bassin minier de
Villeveyrac
35
ÉVALUATION DES ALÉAS MINIERS
? les activités humaines (terrassements, extractions
de matériaux) ;
? les secousses sismiques.
En fonction du volume de roche écroulé, on parle
de chutes de pierres (< 0,1 m3), deblocs(0,1m3 à
10m3) ou plutôt d?éboulements (10 m3 à 104 m3), voire
d?éboulements majeurs(>104m3).
Quel que soit le volume mobilisé, la chute de masses
rocheuses présente un danger pour les personnes
se situant au sein de la zone d?épandage. À partir de
volumes supérieurs au m3, ce type de phénomène
peut également générer des dégâts irréversibles aux
biens.
Il est donc essentiel d?identifier, même de manière
approximative, l?extension de la zone rocheuse
mobilisée du fait de sa propagation. Cette dernière
dépend du volume potentiellement instable et de la
nature et de la pente des terrains situés en pied de
falaise. Ainsi, un pied de pente constitué de matériau
rocheux et orienté fortement vers l?aval sera favorable
à la propagation de blocs sur de grandes distances.
Plus la masse rocheuse écroulée sera fracturée et
plus elle pourra se disloquer en petits blocs au cours
de sa chute, ce qui peut favoriser une propagation
des éboulis vers l?aval. Enfin, la dimension de la zone
d?épandage dépend également du type et de la
cinétique du mouvement à l?origine de la rupture de
la masse rocheuse (basculement, glissement?).
4.9.2. Mouvements de pentes rocheuses :
qualification de l?aléa
Dans le cadre de la prévention des risques naturels,
la caractérisation de l?aléa de mouvements de pentes
rocheuses se décompose généralement en deux
mécanismes qui suivent les phases d?évolution du
mouvement rocheux :
? la déstabilisation et la mobilisation initiale des
matériaux (aléa de rupture) ;
? le mouvement des masses suivant une certaine
trajectoire, jusqu?à leur arrêt (aléa de propagation).
La combinaison de ces deux mécanismes aboutit à
un « aléa résultant ».
Dans le cas des fronts rocheux d?origine minière qui
concernent le présent guide, la qualification a été
volontairement simplifiée. Les raisons en sont que les
fronts ont généralement une hauteur relativement
limitée par comparaison aux versants naturels. Les
cas d?anciennes mines à ciel ouvert profondes existent
mais leur morphologie généralement circulaire et
circonscrite conduit à limiter l?aléa de propagation au
fond de la fosse.
4.9.2.1. Qualification de l?intensité
C?est le volume de matériau mis en mouvement qui est
retenu pour discriminer les clases d?intensité. Suivant
le volume de matériau éboulé, le type de désordre est
de nature à porter atteinte à la sécurité des personnes
et des biens présents en surface.
Les deux principaux facteurs susceptibles d?influer
sur le volume de matériau mis en mouvement sont
la morphologie du front rocheux et la densité de
discontinuités qui l?affectent.
Les valeurs seuils présentées dans le tableau suivant
sont fournies à titre purement indicatif. Elles pourront
être adaptées au contexte par l?expert en charge de
la réalisation de l?évaluation des aléas.
4.9.2.2. Qualification de la prédisposition
Les facteurs qui contribuent à augmenter la
prédisposition d?une pente rocheuse à la rupture sont
les suivants:
? l ?existence d?indices d?anciens mouvements,
encore visibles sur le terrain ou décrits dans les
archives, dans un secteur proche présentant des
caractéristiques géologiques et d?exploitation
voisines;
? la présence de signes traduisant une activité récente
de mouvement (blocs tombés au sol, éboulements,
cassures fraîches sur les fronts?) ;
? la géométrie des fronts : plus celle-ci est importante
et la pente prononcée et plus le front pourra être
marqué par des discontinuités préjudiciables à la
stabilité;
? le réseau de discontinuités affectant le massif est
un facteur primordial. Ces discontinuitéspeuvent
être des joints de stratification, des failles, fractures
ou diaclases, ou encore des contacts entre le
massif et les terrains superficiels. Ces discontinuités
découpent les masses rocheuses et facilitent leur
rupture. Différentes typologies existent, dont les
plus fréquentes sont : glissement plan, glissement
dièdre (selon une ligne intersectrice de deux plans
de fracturation), basculement, détachement?);
? de nombreux facteurs extérieurs peuvent jouer un
rôle aggravant: l?absence de système de gestion des
eaux de ruissellement, les phénomènes climatiques
de type gel/dégel, l?existence de sollicitations
dynamiques (séismes, tirs de mine?) ou statiques
(surcharge en crête de falaise), etc.
Classe
d?intensité
Description
Volume
mis en jeu
Limitée Chute de
pierres < 0,1 m3
Modérée Chute de blocs 0,1 m3 < v < 10 m3
Élevée Éboulement 10 m3 < v < 104 m3
Très élevée Éboulement
majeur > 104 m3
Tableau 17 : mouvements de pentes rocheuses : classes d?intensité
36
4.9.3. Mouvements de pentes rocheuses :
cartographie de l?aléa
Comme pour les talus constitués dans des matériaux
meubles, la cartographie doit tenir compte, non
seulement de la pente, mais également des zones
sommitales ou en aval pouvant être impliquées dans
le phénomène.
La zone sommitale peut en effet être concernée par
des éboulements, a fortiori par des éboulements
majeurs, l?aléa pouvant être déclenché au sein
de discontinuités débouchant dans le front mais
se prolongeant bien en amont au sein du rebord
supérieur de celui-ci.
La zone aval est concernée par la propagation de
la chute de blocs ou de l?éboulement : la phase
informative (analyse d?anciennes instabilités) et le
relevé sur le terrain de la distance au front de blocs
tombés ou éboulements sont des éléments de
justification précieux. Lorsqu?il n?est pas observé
sur le terrain de zones d?éboulement actives, il est
courant de considérer, par retour d?expérience, et
en fonction de la morphologie de la pente, de la
nature des matériaux constitutifs, et de la densité de
discontinuités, des valeurs fraction de la hauteur de la
pente H. Ainsi retrouve-t-on fréquemment les valeurs
de H/2, H/3, selon le cas considéré.
La zone de propagation en aval peut être beaucoup
plus étendue si la surface en pied est pentée.
L?observation de terrain, une topographie précise
du pied de la pente sont des requis importants pour
une cartographie pertinente de l?aléa. L?utilisation de
logiciels de trajectographie peut être utile pour les cas
les plus complexes.
37
ÉVALUATION DES ALÉAS MINIERS
5.1. Le phénomène, les mécanismes,
les effets
Les terrains sédimentaires renfermant des horizons
suffisamment riches en éléments carbonés solides
(charbon, lignite, schistes bitumineux, tourbes), sont
susceptibles d?être affectés par des combustions
in situ de massifs, vierges de travaux ou non. Ces
combustions peuvent être déclenchées par les effets
de travaux miniers ou de terrassements du fait de
l?auto-échauffement engendré par l?oxydation des
roches hydrogéno-carbonées mises au contact de
l?air (on parle alors de combustions spontanées), soit
provoquées par le contact de feux vifs au droit des
affleurements (feux de forêts naturels, écobuages?).
Les éléments pierreux stériles issus de l?extraction
des produits minéraux carbonés mis en dépôt sur
ces sites miniers (charbons cendreux, schistes
charbonneux, schistes bitumineux?) sont pareillement
sujets à échauffements. Ils peuvent entrer en
combustion spontanée peu de temps (quelques
mois à quelques années) après leur mise à dépôt,
par auto-échauffement des matériaux frais, lorsque
leur composition les rend particulièrement sensible à
l?oxydation (cas de certains charbons plus ou moins
pyriteux), ou, plus tardivement, au contact de feux
vifs sur les flancs des dépôts, voire après une période
d?exposition prolongée à un rayonnement thermique
solaire important (sécheresse).
La durée des phénomènes de combustion est très
variable selon le contexte, de quelques mois à
plusieurs dizaines d?années.
Le phénomène redouté caractérisé dans une étude
d?aléa est relatif au déclenchement de feux de
broussailles ou de forêts et aux brûlures accidentelles
de personnes sur ces sites sensibles:
? brûlures accidentelles de personnes: les risques
de brûlure pour les personnes sont importants
et d?autant plus élevés que les combustions sont
superficielles, principalement sur les flancs ventilés
des dépôts. De multiples accidents mortels
individuels ou collectifs sont survenus par le passé;
? déclenchement de feux de broussailles ou de forêts:
la présence de terrains en combustion à proximité de
la surface est susceptible de déclencher, en période
de sécheresse ou de grands vents, des feux de
broussailles ou de forêts pouvant avoir de graves
conséquences si l?on se situe notamment en région
méditerranéenne.
D?autres phénomènes dangereux peuvent résulter
d?un mécanisme d?échauffement:
Production de gaz toxiques et/ou asphyxiants
Les problèmes posés par l?entrée en combustion
d?anciens travaux miniers ou dépôts concernent en
premier lieu la toxicité des vapeurs de combustion qui
contiennent des gaz toxiques et/ou asphyxiants (CO,
CO2, CH4, SO2, NOx, H2S, HCN?), souvent malodorants
(produits soufrés, goudrons, mercaptans), chargés
d?éléments traces métalliques tels que mercure,
plomb, arsenic?. Ces vapeurs sont produites parfois
en grand volume lorsque les foyers sont superficiels
et bien ventilés. Les émanations peuvent être plus
sournoises (c?est-à-dire difficilement prévisibles)
lorsque la combustion est profonde et que les gaz
émis se diffusent vers la surface au travers de fissures
et de crevasses.
Production de gaz explosibles
Des cas d?explosion de gaz inflammables issus de la
combustion ou de la pyrolyse des produits organiques
(H2, CO, CH4, hydrocarbures) et accumulés dans des
cavités peuvent également survenir, tant sur des feux
de travaux souterrains que sur des échauffements de
dépôts. Les explosions peuvent être suffisamment
puissantes lorsqu?elles se produisent dans les vides
confinés présents dans les vieux travaux abandonnés.
Elles sont moins fortes et non confinées lorsqu?elles
concernent l?inflammation des gaz accumulés dans
les petites cavités ou crevasses formées sur les flancs
des dépôts houillers.
Affaissements ou effondrements de terrains
La réduction de volume des terrains affectés par la
combustion provoque l?affaissement ou l?effondrement
des terrains sus-jacents selon la profondeur et
LES ALÉAS LIÉS À L?ÉCHAUFFEMENT
DES TERRAINS SUR DÉPÔT MINIER5
Photographie 6 : défournement et arrosage d?un terril en combustion,
bassin minier du Gard
38
l?importance des foyers. Les dommages aux biens
peuvent être spectaculaires lorsqu?ils affectent les
bâtiments ou les voiries.
Impact hydrogéologique: minéralisation des eaux
souterraines
La lixiviation naturelle des terrains houillers ou dépôts
affectés par les effets de la combustion libère des
sels minéraux que l?on retrouve dans les nappes
environnantes. Il s?agit essentiellement de sulfates
produits par l?oxydation des pyrites, d?oxy-hydroxydes
de fer et de magnésium, outre l?arsenic issu des
arséno-pyrites.
Cas des échauffements souterrains
Les échauffements peuvent concerner des travaux
miniers souterrains et des ouvrages de dépôts. Dans
une étude d?aléa, les phénomènes redoutés liés à des
échauffements de travaux souterrains sont étudiés
dans le cadre de l?aléa «effondrement localisé» qui
en est la principale conséquence possible en surface.
L?aléa «échauffement» est limité aux ouvrages de
dépôt.
5.2. Échauffement sur dépôt: qualification
de l?aléa
5.2.1. Qualification de l?intensité
L?échauffement d?un ouvrage de dépôt est de nature
à porter atteinte à la sécurité des personnes et des
biens présents en surface ou aux abords proches en
raison des risques de brûlure, d?émanations gazeuses
ou de déclenchement de feux notamment.
C?est principalement le volume de matériau susceptible
d?entrer en combustion ou l?emprise de la zone en
surface impactée qui influe sur les conséquences
prévisibles sur la sécurité des personnes et des biens
présents dans la zone d?influence du désordre. Ce sont
donc des paramètres de volume et de superficie qui
peuvent être retenus comme grandeur représentative.
On retient couramment une intensité «modérée»
pour un aléa échauffement sur ouvrage de dépôt.
5.2.2. Qualification de la prédisposition
Les anciens dépôts issus de l?extraction des roches
combustibles demeurés imbrûlés conservent une
prédisposition à l?entrée en échauffement de la
fraction des éléments pierreux carbonés qu?ils
contiennent.
La prédisposition d?un ouvrage de dépôt à l?apparition
d?un échauffement dépend:
? de l?existence d?observations ou mesures thermiques
(par exemple par thermographie) attestant qu?un
mécanisme d?échauffement affecte l?ouvrage;
? de la manifestation de phénomènes analogues sur
d?autres ouvrages de dépôts, sur le site ou dans des
configurations identiques ou proches;
? de la nature des matériaux constitutifs de l?ouvrage
de dépôt:
- les terrils les plus prédisposés à entrer en combustion
sont les terrils dits de mine ou de fosse, constitués
de produits «tout-venant» issus des creusements
de galeries au rocher, de voies au charbon et
des résidus de scheidage du charbon extrait. Ils
sont composés de matériaux de granulométries
étendues (0-200 mm) et de natures très diverses
(blocs gréseux, schistes plus ou moins charbonneux,
bitumineux et pyriteux, argilites, charbon, bois de
mine, déchets divers plus ou moins combustibles...).
Les matériaux combustibles entrent pour 15 à 35?%
dans la composition des terrils de fosse;
- les terrils dits de lavoir sont constitués de matériaux
de granulométrie plus fine et plus régulière (0-
20 mm), de nature essentiellement schisteuse.
Ils peuvent contenir des matières carbonées en
proportion encore notable, mais d?autant moins que
les lavoirs dont ils sont issus sont plus modernes.
La teneur en cendres des stériles de lavoirs d?avant
la seconde guerre mondiale était de l?ordre de 75?%
contre 85?% pour les ouvrages récents. Les cas de
combustion de terrils issus de lavoirs modernes
sont rares.
5.2.3. Échauffement sur dépôt: cartographie de
l?aléa
La cartographie de l?aléa comprend l?emprise de
l?ouvrage de dépôt à laquelle s?ajoutent l?incertitude
de positionnement de l?ouvrage et l?incertitude liée au
support cartographique.
39
ÉVALUATION DES ALÉAS MINIERS
6.1. Origine des phénomènes redoutés
Les anciens travaux miniers, du moins en ce qui
concerne les plus importants d?entre eux, ont généré
parfois de profondes perturbations hydrologiques
et hydrogéologiques et modifié, souvent de manière
irréversible, la morphologie et la structure des bassins
versants superficiels, des réservoirs et aquifères
souterrains. En conséquence, les écoulements de l?eau,
tant superficiels que souterrains, ont été bouleversés.
Ces modifications se sont exercées pendant la phase
d?exploitation des mines mais se sont poursuivies
après cessation de l?activité (Figure 7).
Il faut toutefois ne pas oublier que pour les types
d?aléa qui résultent de ces perturbations, la cause
minière n?est parfois pas exclusive. L?activité
minière a par exemple pu en son temps contribuer
au développement économique d?un secteur, ce
qui a pu induire des prélèvements d?eau industrielle
et collective très importants et donc contribuer
au rabattement des aquifères. Dans de tels cas, le
niveau de remontée d?eau en final dépend de l?arrêt
des exhaures mais aussi des consommations d?eau
diverses résiduelles.
Les exploitations minières souterraines ont, pour la
plupart d?entre elles, été dénoyées durant les travaux
d?extraction. Les pompages opérés ont conduit à un
rabattement du niveau de la nappe phréatique avec
pour conséquence le tarissement de sources ou de
puits d?approvisionnement en eau proches, voire la
modification du débit des cours d?eau superficiels.
À l?issue de la période d?exploitation, l?arrêt des
pompages conduit à un ennoyage progressif (de
quelques mois à plusieurs dizaines voire centaine
d?années) des travaux miniers et à la remontée du
niveau hydrostatique. Un drainage naturel vers la
surface s?établit dans les points bas topographiques
(vallées, dépressions) souvent par l?intermédiaire de
galeries minières débouchant au jour. De nouvelles
émergences apparaissent ainsi.
Dans certains grands bassins miniers arrêtés à la fin
du xxe siècle, l?ennoyage est en cours actuellement, et
des pompages sont entrepris pour éviter l?ennoyage
futur des points bas topographiques et/ou la
contamination, par les eaux ayant rempli les réservoirs
miniers, des aquifères proches de la surface utilisés
pour l?alimentation.
Quel que soit le cas de figure, on peut considérer
que le niveau hydrostatique, dans les environs de
l?ancienne exploitation, ne retrouve pas sa position
initiale.
Dans le cas des mines à ciel ouvert, l?impact concerne
en premier lieu les écoulements de surface dans
la mesure où la topographie se trouve fortement
perturbée. Lorsque l?excavation a été suffisamment
profonde pour atteindre la nappe phréatique, des
pompages ont pu être entrepris.
Après arrêt de l?exploitation, la fosse se trouve le
plus souvent partiellement remblayée. La remontée
du niveau de la nappe due à l?arrêt des pompages
conduit à l?apparition d?un plan d?eau si ce niveau
dépasse celui du fond de la fosse ou recouvre tout
ou partie des remblais. Ce plan d?eau peut ou non
présenter un débordement apparent.
LES ALÉAS LIÉS AUX PERTURBATIONS
HYDROLOGIQUES ET HYDROGÉOLOGIQUES
D?ORIGINE MINIÈRE6
Figure 7 : schéma conceptuel de l?impact des travaux miniers souterrains sur
l'hydrodynamique pendant et après l'exploitation.
(1) niveau hydrostatique avant exploitation, (2) pendant l?exploitation, (3) après abandon
40
6.2. Nature et identification des
phénomènes redoutés
Les principales perturbations, dont on adoptera
par simplification le terme de phénomène, sont
présentées dans le Tableau 18 et développées au sein
de ce chapitre.
Rappelons que nous n?abordons dans ce chapitre que les
perturbations d?ordre hydrologique et hydrogéologique,
liées à la seule présence potentielle d?eau. Les aspects
liés à l?impact environnemental de ces eaux minières ne
sont pas traités dans le présent guide.
6.3. Modification des émergences
6.3.1. Le phénomène et ses mécanismes
Les exutoires des nappes d?eau souterraine, qu?ils
soient naturels (sources, résurgences) ou artificiels
(puits ou galeries débouchant au jour), peuvent
connaitre, du fait entre autres de la modification
engendrée par l?exploitation minière, des changements
qui peuvent être de diverses natures:
? simple modification des caractéristiques de
l ?écoulement à l ?exutoire (augmentation ou
diminution du débit moyen, modification de la
distribution du débit dans le temps?);
? réapparition d?émergences qui existaient avant
l?exploitation et que celle-ci avait asséchées. Les
caractéristiques de l?écoulement de ces exutoires
rétablis diffèrent en général des caractéristiques
anciennes, en particulier si des travaux ont modifié les
conditions d?émergence (remblayage, obturation?).
Il n?est pas rare que l?eau ne réapparaisse pas à
l?emplacement exact de l?ancienne source;
? apparition de nouvelles émergences. Ceci se produit
en particulier dans les parties les plus à l?aval d?un
bassin versant hydrogéologique. Une nouvelle
émergence peut résulter d?un ancien ouvrage
minier débouchant au jour ? dans la plupart des
cas une galerie ? aménagé pour servir de point
de débordement au réservoir minier. Elle peut
également prendre la forme d?une source ou d?une
résurgence «naturelle» apparaissant en un point
bas de la topographie. On notera par ailleurs que,
dans les parties les plus à l?amont des bassins
versants hydrogéologiques, certaines émergences
qui existaient avant l?exploitation minière peuvent
ne pas réapparaître après la cessation de celle-ci.
Dans tous les cas, les phénomènes observés
s?expliquent par la remontée du niveau piézométrique
des nappes d?eau souterraine causée par l?arrêt des
pompages d?exhaure. Cette remontée a pour résultat
de remettre en eau un milieu que l?exploitation avait
asséché ou contribué à assécher.
Ce milieu ayant été modifié, les nouvelles circulations
diffèrent souvent des anciennes. Elles empruntent
les cheminements anciens, mais également certains
cheminements nouveaux, créés entre autres par
l?exploitation (vides miniers et terrains fracturés voire
foudroyés, dont la perméabilité est très élevée). Il
s?établit alors, dans le sous-sol, une distribution de
la piézométrie différente de celle qui existait avant le
début de l?exploitation minière.
Nature du
«phénomène»
Fréquence
observée
(retour
d?expérience en
France)
Typologie très succincte
du bassin minier ou
de la configuration minière
Prégnance des
perturbations
(retour d?expérience
en France)
Modification des
émergences
Très fréquent Tout bassin minier ayant été l?objet de travaux
miniers nécessitant des pompages d?exhaure.
Présence de points bas topographiques et
d?ouvrages miniers constituant des nouvelles
émergences.
Limitée
Inondation de points
bas topographiques
Peu fréquent Exploitations minières ayant généré un fort
volume de vide sur des territoires étendus. Le
niveau hydrostatique intersecte la topographie
(celle-ci ayant pu être perturbée par des
mouvements de terrain d?origine minière). La
communication entre les eaux du réservoir minier
et les aquifères supérieurs peut constituer un
facteur aggravant.
Élevée lorsque les
points bas ont été
anthropisés
Modification du
régime des cours
d?eau
Peu fréquent Variable selon l?usage
des cours d?eau
Inondation brutale Très peu fréquent Obstruction naturelle, ou liée à des travaux
anthropiques, de nouvelles émergences minières.
Rupture brutale de ces obstacles.
Élevée si les zones
en aval de ces
émergences ont été
anthropisées
Tableau 18 : les principaux phénomènes d?ordre hydrologique et hydrogéologique d?origine minière
41
ÉVALUATION DES ALÉAS MINIERS
Le nouveau schéma d?écoulement qui s?établit dans une
ancienne zone minière ne présente pas nécessairement
la pérennité d?un schéma d?écoulement purement
naturel. Le milieu peut en effet se modifier au cours du
temps (effondrement de vides miniers, mobilisation de
discontinuités préexistantes de types karsts ou failles,
phénomènes physico-chimiques - entre autres des
phénomènes de dissolution-précipitation - modifiant
la perméabilité et les qualités géomécaniques du sous-
sol). Les situations les plus critiques se rencontrent
certainement dans les zones d?exploitation de substances
solubles (sel et potasse), dans lesquelles il est très difficile
de garantir que le régime d?écoulement qu?on observe à
un moment donné constitue un régime stable.
6.3.2. Qualification de l?aléa «modification des
émergences»
6.3.2.1. Qualification de l?intensité
Pour ce qui concerne le phénomène d?apparition de
résurgences en surface, c?est le débit des émergences
qui constitue le paramètre permettant de discriminer
les classes d?intensité.
Parmi les principaux facteurs susceptibles de jouer
sur la valeur de ce paramètre, on citera: la surface de
bassin versant drainée par l?émergence concernée;
la dénivellation sur le bassin versant qui influence
le gradient hydraulique, moteur de l?écoulement
souterrain; le volume du réservoir minier et sa capacité
à jouer un rôle tampon dans l?écoulement des eaux
(écrêtement des pics de crues); les caractéristiques
hydrauliques de l?exutoire (dimensions, existence
d?obstacles à l?écoulement).
Les valeurs seuils présentées dans le tableau suivant
sont fournies à titre purement indicatif. Elles pourront
être adaptées au contexte par l?expert en charge de
la réalisation de l?évaluation des aléas.
6.3.2.2. Qualification de la prédisposition
Le facteur déterminant qui influe sur la prédisposition
d?un site à voir apparaître de nouvelles émergences
est l?établissement d?une cote d?équilibre de la
surface piézométrique de la nappe au-dessus de la
cote des points bas de la surface topographique. Si
la nappe se stabilise sous le niveau des points bas
topographiques, il y a alors drainage vers un autre
bassin versant souterrain, et la probabilité d?apparition
de résurgences peut être considérée comme nulle sur
le secteur d?étude.
En présence de ce facteur déterminant, plusieurs autres
facteurs peuvent alors favoriser la prédisposition d?un
site à l?apparition de résurgences:
6.3.2.3. Cartographie de l?aléa
La cartographie de l?aléa doit a minima faire apparaître,
à l?échelle appropriée:
? la position des sources anciennes susceptibles d?être
réactivées;
? l?emprise des zones à risque d?apparition de nouvelles
émergences, en soulignant les discontinuités
naturelles pouvant exister et favoriser le phénomène
(failles, zones fracturées ou altérées?) et en
indiquant, lorsque cela est possible, une fourchette
pour les débits escomptés.
Photographie 7 : résurgence d?eau légèrement salée liée à une
exploitation de sel par dissolution en Franche-Comté
Existence d?indices d?anciennes sources situées, avant
l?exploitation minière, à proximité immédiate
Existence d?ouvrages miniers débouchant au jour
connectés au réservoir souterrain
Présence d?hétérogénéités naturelles (zones à forte
perméabilité, failles, fractures, conduits karstiques?)
susceptibles de jouer un rôle de drains préférentiels
Tableau 19 : modification des émergences : classes d?intensité
Classe
d?intensité
Description
Valeur du débit
de l?émergence
en dm3/s
Limitée Suintement < 1
Modérée Petit ruisseau < 10
Élevée Gros ruisseau < 100
Très élevée Résurgence
exceptionnelle > 100
42
6.4. Inondation des points bas
topographiques
6.4.1. Le phénomène et ses mécanismes
Il arrive que la remontée de la nappe résultant de
l?arrêt des pompages d?exhaure amène le niveau
de l?eau à s?établir à très faible profondeur sous la
surface du sol, voire dépasser temporairement ou
durablement le niveau topographique.
Dans le premier cas, les désordres ou nuisances
potentielles concernent les ouvrages implantés
partiellement ou totalement sous la surface du sol
(caves, parkings, réseaux enterrés, tunnels, égouts,
passages enterrés ou semi-enterrés?). Ceux-ci se
retrouvent noyés, soit en permanence, soit une partie
de l?année seulement, en fonction de leur profondeur
et des fluctuations saisonnières du niveau de la nappe.
Dans le deuxième cas, ce sont les parcelles même
situées dans ces points bas, ainsi que les infrastructures
ou bâtiments qui y ont été implantés, qui se retrouvent
ennoyés de manière transitoire ou permanente.
Les mécanismes à l?origine de ce type de désordre
sont sensiblement similaires à ceux qui sont à
l?origine des apparitions d?émergences (remontée
du niveau piézométrique lié à l?arrêt des pompages
d?exhaure, modifications des schémas de circulation
des eaux souterraines?).
Un facteur aggravant, dans les grands bassins miniers
où des aquifères d?extension régionale surincombent
les anciens travaux, est la mise en communication des
eaux du réservoir minier et de ces aquifères.
Quelles qu?en soient les causes ou interactions possibles,
ce sont les zones basses (comme les fonds de vallée)
qui sont les plus sensibles à la manifestation de ces
inondations. Les zones d?anciens affaissements miniers,
constituant souvent des dépressions topographiques
fermées, peuvent être également concernées par ces
inondations.
Du fait des fluctuations saisonnières du niveau des nappes
d?eau souterraine, les zones affectées par ce phénomène
peuvent, à certaines périodes de l?année, s?assécher. Cet
assèchement est facilité quand les couches de terrain
constituant le proche sous-sol ont une bonne capacité
drainante. A contrario, un proche sous-sol très peu
perméable constitue un facteur de prédisposition au
caractère pérenne de ce type de nuisance.
Enfin, dans les zones où l?on se prémunit contre
l?occurrence de telles nuisances en rabattant par
pompage le niveau de l?eau souterraine, il convient
d?analyser dans l?étude d?aléa la potentialité de
défaillance des stations de relevage, qui pourrait
conduire à la manifestation d?inondations.
6.4.2. Qualification de l?aléa «inondation des points
bas topographiques»
6.4.2.1. Qualification de l?intensité
Le paramètre discriminant les classes d?intensité est
la profondeur minimale de la nappe par rapport à
la surface du sol, en tenant compte de la variabilité
saisonnière de cette profondeur.
Les classes d?intensité sont discriminées en fonction
des restrictions d?usage du sous-sol. Nous avons
considéré que l?intensité était nulle au-delà d?une
profondeur de nappe de 20 m, partant du principe
que, même si dans certains cas très exceptionnels des
ouvrages pouvaient dépasser cette profondeur, des
études hydrogéologiques détaillées seraient réalisées
à cette occasion.
Les valeurs seuils présentées dans le tableau suivant
sont fournies à titre purement indicatif. Elles pourront
être adaptées au contexte par l?expert en charge de
la réalisation de l?évaluation des aléas.
Photographie 8 : zone humide due à la remontée
de la nappe phréatique avec incidence minière
Classe d?intensité Description
Valeur
Profondeur
de nappe
(en m)
Très limitée
Ouvrages
exceptionnellement
profonds affectés
10 à 20
Limitée Ouvrages profonds
affectés 3 à 10
Modérée
Caves et réseaux
affectés. Parcelles
impraticables
saisonnièrement
1 à 3
Élevée
Tout ouvrage en
sous-sol affecté.
Présence de
plan d?eau libre
intermittent ou
permanent
< 1
Tableau 20 : inondation des points bas topographiques :
classes d?intensité
43
ÉVALUATION DES ALÉAS MINIERS
6.4.2.2. Qualification de la prédisposition
Les facteurs de prédisposition à cet aléa sontles suivants :
Présence de points bas naturels de la topographie,
éventuellement influencés par les affaissements miniers;
Présence de terrains perméables en surface qui ne freinent
pas les remontées saisonnières de nappe et augmentent
le débit à drainer éventuellement;
De manière inverse, mais a posteriori, existence de
terrains peu perméables dans ces points bas empêchant
l?évacuation des eaux.
6.4.2.3. Cartographie de l?aléa
La cartographie de l?aléa doit a minima faire apparaître,
à l?échelle appropriée:
? la position des sources anciennes susceptibles d?être
réactivées;
? l?emprise des zones à risque d?apparition de
nouvelles émergences;
? le contour des zones potentiellement inondables;
? les courbes isovaleurs de la profondeur de la
nappe en hautes eaux, en distinguant les zones
de profondeur en fonction des classes d?intensité
retenues pour cet aléa.
6.5. Modification du régime des cours d?eau
6.5.1. Le phénomène et ses mécanismes
Les transferts d?eau entre les nappes et les cours
d?eau existent à l?état naturel. Le sens de ces échanges
dépend de la position relative des niveaux d?eau
entre le cours d?eau et la nappe. Le cours d?eau
draine la nappe lorsque le niveau de cette dernière
est supérieur à celui du cours d?eau. Le cours d?eau
recharge la nappe dans le cas contraire.
Les modifications du milieu induites par l?exploitation
minière puis par sa fermeture (arrêt des pompages)
peuvent modifier le sens et/ou le débit des échanges
nappe ? rivière. De manière schématique, les effets de
ces modifications sur le régime des cours d?eau peuvent
induire des désordres et nuisances de types opposés :
? un accroissement du débit moyen des cours d?eau
et des débits de crue;
? une diminution du débit d?étiage.
L?impact de la modification du régime des cours d?eau
peut s?étendre bien au-delà du seul secteur concerné
par l?exploitation minière et de ses abords immédiats.
Il peut concerner la partie du bassin hydrographique
située à l?aval du site minier.
6.5.1.1. Accroissement du débit des cours d?eau
Le schéma d?exhaure durant l?exploitation peut avoir
contribué à diminuer le débit de certains cours d?eau
initialement alimentés par des points de débordement
naturels de la nappe. L?exploitation minière se
développant généralement sur plusieurs dizaines
d?années, l?extension naturelle du lit mineur des cours
d?eau concernés ainsi que des zones inondables leur
correspondant s?estompe progressivement dans la
mémoire collective. Dans ces conditions, il arrive que :
? le lit mineur initial du cours d?eau soit aménagé voire
canalisé sous la pression de l?activité humaine ;
? des terrains soient aménagés en vue de leur
urbanisation, au sein du lit majeur - zones naturelles
d?épandages de crues -, voire dans le lit mineur naturel.
Le nouveau schéma de drainage après arrêt des
pompages peut contribuer à accroître le débit moyen
de certains cours d?eau et entraîner, de fait, une
augmentation du débit des crues et de leur fréquence,
incompatible avec les nouveaux aménagements.
Cet accroissement découle de l?une ou l?autre des
causes suivantes, voire de leur combinaison:
? les travaux d?aménagement en surface ont accru la
taille du bassin versant;
? la création de vides miniers a augmenté la surface du
bassin versant souterrain drainée par le cours d?eau;
? l?arrêt des pompages entraîne une remontée
générale de la nappe favorisant son drainage par
le cours d?eau considéré au niveau de son lit mineur
et par l?intermédiaire des sources qui s?y déversent;
? le nouveau schéma de circulation des eaux après
arrêt de l?exhaure peut concentrer l?ensemble des
écoulements souterrains vers un nombre réduit de
points de débordement, augmentant ainsi la surface
de bassin versant alimentant un même cours d?eau.
En période de hautes eaux, l?augmentation de taille
du bassin versant superficiel et/ou du bassin versant
souterrain peut conduire à l?accroissement du volume
des crues. De plus, l?existence d?un réseau de galeries
facilite dans des proportions considérables l?écoulement
de l?eau dans le sous-sol; ainsi, le temps de transfert de
l?eau entre la nappe et le cours d?eau se trouve réduit ce
qui accroît la rapidité de la montée des eaux et le débit
de pointe des crues.
6.5.1.2. Diminution du débit d?étiage
À l?inverse du phénomène d?accroissement du débit de
certaines rivières, le nouveau schéma de circulation des
eaux peut aussi contribuer à réduire le débit d?autres
cours d?eau. Ce phénomène entraîne une diminution de la
ressource en eau disponible dans le cours d?eau lui-même
ou dans une éventuelle nappe alluviale sous-jacente. Il en
résulte des conséquences sur les volumes disponibles
pour l?alimentation en eau pour divers usages.
Cette situation peut aussi conduire à :
? l?assèchement de points d?eau creusés dans la nappe
alluviale, voire l?assèchement du cours d?eau lui-
même;
? une détérioration de la qualité de l?eau et la mise en
danger d?écosystèmes aquatiques.
La diminution, plus ou moins prononcée, du débit
moyen des cours d?eau peut découler de l?une ou
l?autre des causes suivantes, voire de la combinaison
de plusieurs d?entre elles:
44
? les travaux d?aménagement en surface, ayant
diminué la taille du bassin versant superficiel en
dérivant une partie du ruissellement en direction
d?un autre bassin versant;
? l?existence de vides miniers entraînant l?écoulement
d?une partie de la nappe drainée antérieurement par
le cours d?eau vers un autre bassin versant;
? la fin de l?alimentation du cours d?eau concerné par
le rejet en surface de pompages d?exhaure.
6.5.2. Qualification de l?aléa «modification du régime
des cours d?eau»
6.5.2.1. Qualification de l?intensité
Dans la configuration d?accroissement du débit des
cours d?eau, le paramètre qui discrimine les classes
d?intensité est le débit maximal de crue du cours d?eau
qui se répercute sur l?extension de la zone inondée.
Ce paramètre est associé à la fréquence de l?inondation
par rapport à la situation de référence correspondant
à la période d?exploitation. Les facteurs influençant ce
paramètre sont la climatologie, l?extension du bassin
versant et les aménagements portant sur la gestion
de l?eau à la fermeture de la mine.
Nous distinguons deux classes en fonction du préju-
dice apporté à l?occupation des sols et des dangers
pour les biens.
Il importe surtout de déterminer si l?augmentation
escomptée du débit de crue liée aux anciens travaux
miniers est susceptible de contribuer de manière
négligeable ou a contrario sensible au développement
d?inondations par rapport à une situation vierge de
travaux miniers.
Dans la configuration de diminution du débit d?étiage,
le paramètre d?intensité retenu est le débit du cours
d?eau à l?étiage, associé à sa durée. Comme pour le cas
des crues, le facteur d?intensité est lié aux données
climatiques, à la taille du bassin versant et au mode de
gestion des eaux après arrêt de l?exploitation.
6.5.2.2. Qualification de la prédisposition
Les facteurs de prédisposition à cet aléa, dans la
configuration d?accroissement du débit des cours
d?eau,sont les suivants :
Extension de la plaine alluviale avec la présence d?une
nappe peu profonde pouvant facilement déborder
(phénomène susceptible d?être amplifié par la remontée
de la nappe à l?arrêt des travaux miniers)
Modification de la topographie du lit majeur sous l?effet
d?affaissements miniers passés ou à venir
Aménagements susceptibles de gêner la circulation
des eaux qui ont pu se développer pendant la phase
d?exploitation où le débit se trouvait réduit (voies de
circulation, constructions, déversement de matériaux,
non-entretien des berges)
Mode de gestion de l?eau après fermeture de la mine
amenant éventuellement à concentrer le drainage naturel
des travaux miniers en un nombre réduit de points de rejet
Dans la configuration de diminution du débit d?étiage,
le facteur de prédisposition essentiel est l?existence,
pendant la phase d?exploitation, de rejets d?exhaure
alimentant artificiellement le débit du cours d?eau
et ayant permis une modification de l?usage de l?eau
(utilisation de la ressource ou dilution d?effluents).
Le phénomène est aggravé si le cours d?eau n?est que
peu soutenu par le système aquifère ou, a fortiori,
si le cours d?eau alimente la nappe.
Classe
d?intensité Description Valeur
Modérée
Le cours d?eau ne sort
qu?occasionnellement de
son lit mineur
-
Élevée Le lit majeur est
régulièrement inondé -
Tableau 21 : modification du régime des cours d?eau
(accroissement du débit) : classes d?intensité
Classe
d?intensité Description
Valeur sous
forme de
variation du
débit d?étiage
en référence à
la situation en
exploitation
Très limitée
Le débit d?étiage
n?est influencé
que de façon peu
perceptible
Variation
< 50%
Limitée
Le débit d?étiage
est visiblement
influencé pendant
les périodes sèches
Variation
> 50%
Modérée
Le débit peut
s?annuler en
périodes sèches
Variation ~100%
Tableau 22 : modification du régime des cours d?eau
(diminution du débit d?étiage) : classes d?intensité
45
ÉVALUATION DES ALÉAS MINIERS
6.5.2.3. Cartographie de l?aléa
La cartographie doit inclure le réseau hydrographique,
notamment les tronçons de rivière dont les crues et
les étiages seront affectés par les conséquences des
travaux miniers. Pour les augmentations de débit, on
s?efforcera de donner une représentation des zones
potentiellement inondables en nuançant les contours
par la notion de prédisposition.
6.6. Inondations brutales
6.6.1. Le phénomène et ses mécanismes
Le phénomène d?inondation brutale résulte de l?émission
soudaine d?un très fort débit d?eau ou de boue par un
orifice en liaison avec un réservoir minier ennoyé. En
fonction du débit et du volume rejeté, l?effet peut être
plus ou moins dévastateur et aller d?une simple crue dans
le lit d?une rivière à une vague déferlante au fort pouvoir
destructeur.
L?intensité du phénomène est liée au volume d?eau
susceptible de se vidanger, aux caractéristiques
hydrodynamiques de l?orifice d?évacuation et à la
morphologie des terrains permettant l?écoulement en
aval. Les conséquences sont, a priori, d?autant plus graves
que le phénomène peut se développer dans un site où les
zones aval sont occupées par l?activité humaine.
Les mécanismes initiateurs d?un tel phénomène peuvent
résulter de plusieurs causes naturelles ou artificielles
dont l?existence exige toutefois des configurations
topographiques assez particulières.
La situation la plus fréquente est celle d?un réservoir
minier en altitude qui s?est constitué à la suite
d?obturations volontaires ou fortuites des orifices miniers
topographiquement les plus bas qui en permettaient la
vidange. La rupture d?un bouchon artificiel ou l?occurrence
d?un débourrage d?une galerie effondrée, ou d?un karst
colmaté, peuvent alors rapidement conduire à des débits
et des conséquences d?autant plus importants que la
charge derrière le bouchon est élevée et que le réservoir
est suffisamment volumineux pour que le phénomène
persiste durant plusieurs jours.
Une autre situation peut résulter du déversement d?un
réservoir karstique dans les travaux miniers entraînant
une crue soudaine à leur exutoire.
On citera également le risque de vague déferlante en
cas d?effondrement soudain de vides miniers ennoyés
de grande dimension.
Enfin dans le cas d?une ancienne mine à ciel ouvert
donnant lieu à un lac minier, ou encore d?une verse à
résidus sous eau, il faut envisager la possibilité d?une
instabilité mécanique entraînant le glissement d?une
grande masse de matériaux au sein de la retenue, ou
la rupture d?une digue avec pour conséquences le
déversement d?une lame d?eau et de boue en aval de
l?ouvrage.
6.6.2. Qualification de l?aléa
6.6.2.1. Qualification de l?intensité
Le phénomène se manifeste par une lame d?eau s?écoulant
avec une certaine vitesse pendant une durée variable.
À défaut d?un paramètre unique d?intensité du
phénomène physique, nous définirons des classes à partir
des effets sur les biens et les personnes, en évoquant
une simple valeur indicative de la hauteur d?eau atteinte
par l?inondation, partant du principe que la vitesse
d?écoulement est élevée.
Les facteurs influençant l?intensité sont la capacité du
réservoir minier susceptible d?être vidangé, la conductivité
hydraulique des accès entre le jour et le réservoir, la
capacité du milieu récepteur à évacuer un débit soudain
et intense.
Les valeurs seuils présentées dans le tableau suivant
sont fournies à titre purement indicatif. Elles pourront
être adaptées au contexte par l?expert en charge de la
réalisation de l?évaluation des aléas.
Classe
d?intensité Description
Valeur
Hauteur
d?eau
Limitée
Flux d?eau capable de fortes
érosions locales mais sans
dégradation des bâtiments ou
danger pour les personnes ou
les véhicules
< 20 cm
Modérée
Flux d?eau capable de
dégrader certains bâtiments
et de mettre en danger
localement la circulation
entre
20 cm et
50 cm
Élevée à
très élevée Flux d?eau dévastateur > 50 cm
Tableau 23 : inondation brutale : classes d?intensité
46
6.6.2.2. Qualification de la prédisposition
Le facteur de prédisposition essentiel est l?existence
d?un réservoir minier susceptible d?une vidange
brutale au jour. Ce réservoir occupe naturellement
les travaux miniers profonds en dessous de leur cote
de drainage, mais il peut également être perché par
rapport aux exutoires potentiels et avoir ainsi été
constitué volontairement à la fermeture de la mine
par obturation d?accès au jour, ou encore être apparu
de façon spontanée par obturation de conduits
de drainage suite à un effondrement. Les facteurs
aggravant l?aléa sont, selon les cas:
Impossibilité de surveiller et d?entretenir les bouchons
d?obturation
Impossibilité ou absence de surveillance du niveau d?eau
dans les travaux miniers
Risques d?instabilité des travaux miniers pouvant entraîner
un effondrement en masse
Possibilité d?alimentation intempestive du réservoir minier
par un karst en crue
Présence de terrains calcaires pouvant contenir des
conduits karstiques colmatés, susceptibles de communi-
quer avec les travaux miniers
6.6.2.3. Cartographie de l?aléa
Pour cartographier cet aléa, on s?attachera à identifier
tous les émissaires (orifices de galeries, de puits,
points bas d?une digue naturelle ou artificielle, terril
sur vallon?) susceptibles de fournir un écoulement
soudain et intense et on s?attachera à préciser, autant
que faire se peut, les contours présumés de la zone
concernée par la lame d?eau en aval.
47
ÉVALUATION DES ALÉAS MINIERS
L?évaluation détaillée de l?aléa gaz de mine est l?objet
d?un guide méthodologique établi en 2016 par
l?Ineris. Nous n?en établissons ici qu?une synthèse très
succincte et recommandons au lecteur de consulter
cet ouvrage pour plus de précision.
7.1. Le phénomène et ses mécanismes
Le phénomène redouté correspond à la remontée
en surface de gaz en lien avec l?exploitation minière.
Ce phénomène est susceptible de présenter des
dangers, principalement pour les personnes et, plus
exceptionnellement, pour les biens ou l?environnement.
Il s?agit des dangers d?inflammation, d?explosion,
d?asphyxie et d?intoxication.
Les gaz peuvent être d?origines endogène (au sein du
gisement avant l?exploitation minière, principalement le
méthane et ses homologues supérieurs, et le dioxyde
de carbone) ou exogène (au sein de l?environnement
extérieur perturbé pendant et après l?exploitation
minière). Les plus fréquemment rencontrés dans un
contexte post-minier sont le monoxyde de carbone, le
dioxyde de carbone et le sulfure d?hydrogène).
Les anciennes mines souterraines sont à même de
réunir trois éléments principaux, nécessaires pour
l?apparition du phénomène redouté:
? la présence de vides résiduels constituant un
réservoir souterrain plus ou moins confiné et
connecté. Ces vides peuvent être directement
d?origine minière ou apparus dans les terrains
encaissants, suite à l?influence d?une exploitation ;
? la présence de gaz dangereux ou d?atmosphères
appauvries en oxygène;
? la possibilité de production et/ou d?accumulation de
ces gaz en quantité significative et de migration, à
des teneurs dangereuses, vers la surface.
Les anciennes exploitations souterraines engendrent
en effet trois modifications du milieu :
? la création de vides résiduels provenant des travaux
d?exploitation et des ouvrages d?infrastructures
minières (galeries, puits. . .) . En fonction de
l?importance et du type d?exploitation, le volume des
vides résiduels peut être plus ou moins important ;
? la dégradation des terrains de recouvrement au-
dessus des anciennes exploitations minières, qui
induit l?augmentation de leur fracturation, et/ou
de leur porosité et facilite ainsi la migration des
fluides (eau et gaz). Le gaz peut provenir des
travaux miniers. Il peut, dans certaines conditions
géologiques particulières, être généré dans les
terrains de recouvrement fracturés par l?exploitation
minière ;
? le changement des conditions hydrogéologiques
postérieurement à l?exploitation minière souterraine,
qui se concrétise dans la plupart des cas par un
rabattement de la (des) nappe(s) aquifère(s). Ceci
facilite la migration de gaz au sein des vides post
miniers et dans les terrains de recouvrement.
Ces modifications favorisent directement le
dégagement, la production, l?accumulation et la
circulation degaz au sein des massifs rocheux.
LES ALÉAS LIÉS AUX ÉMISSIONS DE GAZ
EN LIEN AVEC L?EXPLOITATION MINIÈRE7
Figure 8 : principales voies de migration de gaz en lien avec l?exploitation minière
48
7.2. Émission de gaz: qualification de l?aléa
7.2.1. Qualification de l?intensité
L?intensité s?exprimepar la conjonction :
? de l?aptitude du réservoir minier à produire ou
à contenir des gaz dangereux (en termes de
composition et de quantité);
? de l?importance potentielle du flux de ces gaz vers
la surface.
Les dangers vis-à-vis des biens ou infrastructures
n ?ex istent que lorsque le gaz de mine est
inflammable, car son accumulation peut conduire à
une inflammation ou une explosion. Cependant, les
personnes étant également exposées dans un tel
scénario, il est considéré que l?intensité du phénomène
ne se traduit qu?en termes de dangerosité sur les
personnes.
Les classes d?intensité, issues du guide méthodologique
de 20164, sont les suivantes:
4 - Nous recommandons au lecteur de consulter le guide méthodologique de l?Ineris pour plus de précision sur l?évaluation de l?intensité et
sur les valeurs limites (TLR, LIE).
5 - Pour plus de précision sur la qualification d?émission faible, moyenne et importante, nous recommandons au lecteur de consulter le guide
méthodologique de l?Ineris [6].
Tableau 24 : émission de gaz en lien avec l'exploitation minière : classes d'intensité
Classes d?intensité Caractéristiques de l?émission de gaz au niveau des vides miniers
Limitée
Émission contenant:
- soit des gaz inflammables, à des teneurs inférieures à la Limite Inférieure d?Explosibilité (LIE);
- soit des gaz asphyxiants ou toxiques, à des teneurs dépassant les Teneurs Limites de Référence
(TLR) mais ne pouvant entraîner qu?un effet faible et réversible.
Modérée
Émission faible à moyenne5 contenant:
- soit des gaz inflammables, à des teneurs supérieures ou égales à la LIE;
- soit des gaz asphyxiants ou toxiques, à des teneurs pouvant entraîner un effet irréversible;
ou:
Émission faible contenant des gaz asphyxiants ou toxiques, à des teneurs pouvant entraîner un
effet létal.
Élevée
Émission importante5 contenantdes gaz :
- soit inflammables, à des teneurs supérieures ou égales à la LIE;
- soit asphyxiants ou toxiques, à des teneurs pouvant entraîner un effet irréversible.
Émission moyenne à importante contenant des gaz asphyxiants ou toxiques, à des teneurs pouvant
entraîner un effet létal.
49
ÉVALUATION DES ALÉAS MINIERS
7.2.2. Qualification de la prédisposition
La prédisposition d?un site post-minier à ce qu?il puisse
s?y produire des émissions de gaz en surface s?exprime
par les propriétés du milieu environnant de ce site à
permettre (ou au contraire à limiter) la migration vers
la surface de gaz présents au sein d?anciens travaux
miniers et des terrains encaissants.
L?évaluation de la prédisposition doit considérer les
deux voies principales de migration de gaz vers la
surface, qui sont:
? la migration de gaz à travers les terrains de
recouvrement, incluant les discontinuités éventuelles
de ces terrains;
? la migration par les ouvrages débouchant au jour.
La migration de gaz peut s?opérer sous forme dissoute
dans l?eau. Elle est alors à considérer dans le volet
relatif aux ouvrages débouchant au jour, car, dans la
plupart des cas, le dégazage des eaux minières ne se
manifeste qu?en liaison avec des émergences par les
ouvrages miniers.
Relativement aux terrains de recouvrement, les
principaux facteurs à prendre en compte, liés à la
résistance aéraulique (résistance à l?écoulement des
gaz) sont les suivants:
? l?épaisseur des terrains de recouvrement: toutes
choses égales par ailleurs, plus elle est importante
et plus elle constitue une résistance à l?écoulement
des gaz vers la surface;
? l?influence de l?exploitation minière, ayant pu
déstructurer et augmenter la porosité et/ou la
fracturation des terrains de recouvrement, et ainsi
faciliter l?écoulement des gaz;
? l?existence de formations géologiques particulières
pouvant augmenter la résistance aéraulique
(couches à très faible perméabilité, nappes perchées,
etc.);
? a contrario, l?existence de formations géologiques
ou de discontinuités très perméables, pouvant
constituer des drains préférentielspour le gaz;
? les instabilités géomécaniques au sein des terrains
de recouvrement, pouvant faciliter l?écoulement
gazeux.
Les ouvrages débouchant au jour reliant les vieux
travaux miniers à la surface constituent des points
singuliers par lesquels une migration de gaz de mine
peut être potentiellement facilitée, même s?ils ont été
traités et fermés après l?arrêt de l?exploitation.
Dans ce cas également, c?est la résistance aéraulique
de l?ouvrage qui constitue l?élément déterminant pour
la qualification de sa prédisposition à la migration de
gaz de mine. Il convient toutefois de tenir compte
de l?instabilité potentielle de ces ouvrages, qui peut
avoir une incidence sur l?émission de gaz en surface
(débourrage du remblai, effondrement...).
La typologie de l?ouvrage, le volume de vide en son
sein, le mode et la pérennité du remblayage et/ou
de la fermeture sont des critères importants. La
conjonction de plusieurs critères augmentant ou
limitant la prédisposition conduit à ce que chaque
ouvrage soit l?objet d?une analyse particulière.
7.3. Émission de gaz: cartographie de
l?aléa
Dans le cas de migration par les terrains de
recouvrement, le périmètre des différentes zones
d?aléa au droit des anciens travaux miniers est défini
tout d?abord par une projection verticale des limites
géométriques des travaux concernés.
Dans un deuxième temps, il est pris en compte
l?influence de l?exploitation en fonction de la
typologie de mouvements de terrains qui se sont
produits ou peuvent se produire. Cette influence
dite «géomécanique» peut modifier latéralement
les caractéristiques aérauliques des terrains de
recouvrement et les rendre plus perméables, donc
plus propices à permettre une migration de gaz.
Dans le cas de migration par les ouvrages débouchant
au jour, il convient de tenir compte de la zone
d?influence de l?ouvrage. Celle-ci doit intégrer:
? les éventuelles connexions à d?autres ouvrages en
surface ou sub-surface;
? l?existence de défauts d?étanchéité au droit du
dispositif de fermeture d?un ouvrage;
? l?état de fracturation des terrains environnant
l?ouvrage;
? la marge d?influence liée à un potentiel mouvement
de terrain si un tel aléa est pertinent.
51
ÉVALUATION DES ALÉAS MINIERS
DOCUMENTS DE RÉFÉRENCE8
[1] Collectif, INERIS, 2006. L?élaboration des Plans
de Prévention des Risques Miniers. Guide
Méthodologique. Volet technique relatif à
l?évaluation de l?aléa. Les risques de mouvements
de terrain, d?inondations et d?émissions de gaz.
INERIS-DRS-06-51198/R01, http://www.ineris.fr/
guide-pprm
[2] GEODERIS , 2012 . Guide prat ique pour
l?homogénéisation des études détaillées des aléas
miniers Volet « effondrement localisé ». GEODERIS
N2012/010DE
[3] GEODERIS, 2015. Bassin houiller lorrain. Évaluation
de la prédisposition de présence de crevasses.
GEODERIS E2015/062DE
[4] INERIS, 2010. Note d?information sur la nature
des mouvements de terrains susceptibles de se
développer à l?aplomb des anciennes exploitations
menées par chambres et piliers dans le bassin
houiller de Provence. INERIS DRS-10-116224-
09341A
[5] INERIS, 2015. Retour d?expérience sur les
effondrements localisés miniers. INERIS DRS-15-
149489-10509A, http://www.ineris.fr/centredoc/
drs-15-149489-10509a-fina-unique-1446806603.pdf
[6] INERIS, 2016. Évaluation de l?aléa «Gaz de mine».
Guide méthodologique. INERIS-DRS-15-149493-
10366B, http://www.ineris.fr/centredoc/alea-gaz-
de-mine-guide-ineris-2016-1457701762.pdf
[7] INERIS, Cerema, GEODERIS, 2017. Guide de gestion
du risque minier post-exploitation. INERIS-DRS-17-
164640-01814A, https://www.ineris.fr/sites/ineris.
fr/files/contribution/Documents/DRS-17-164640-
01814A-RAP-Guide%20de%20gestion%20des%20
risques%20miniers_v18.pdf
53
ÉVALUATION DES ALÉAS MINIERS
BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE9
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et partielle. Mémoire de thèse de doctorat de
l?Institut National Polytechnique de Lorraine, École
des Mines de Nancy.
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stériles concernant quelques exploitations minières
françaises. BRGM n° 80 SGN 433 GEG
[10] BRGM, 2008. L?élaboration des Plans de Prévention
des Risques Miniers. Guide méthodologique. Volet
technique relatif à l?évaluation de l?aléa «Pollution
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de la Société de l'industrie minérale, Mines et
carrières, p. 71-77.
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des conditions de constructibilité dans le bassin
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miniers. Référencé 26029541
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des Mines. 5 volumes. Paris. Éditions Dunod.
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minières. Éditions Armines.
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Éditions Masson.
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terrain. SSE-JTr-CDi/CS-95-21EP37/R01
[19] INERIS, 1997. Guide méthodologique pour
l?arrêt des exploitations minières souterraines.
Traitement des puits, galeries et descenderies
abandonnés. INERIS-SSE-CDi/CS-97-22EP46/
R04
[20] INERIS, 2001. Guide méthodologique pour l?arrêt
des exploitations minières souterraines. INERIS-
DRS-01-25750/R01
[21] INERIS, 2005. Évaluation des aléas liés aux feux
souterrains dans les anciennes exploitations de
charbon. INERIS ? DRS ? 05 ? 55108/R01
[22] INERIS, 2005. Contribution au développement
d?outils d?aide à l?évaluation des aléas dans le
cadre des PPRM Aléa «mouvements de terrain»
pour les gisements pentés et filoniens. Partie 2:
« Typologie des événements redoutés au droit
d'exploitations pentées et/ou filoniennes ».
INERIS-DRS-05-55102/R02
[23] INERIS, 2009. Annexe technique au guide
d?élaboration des Plans de Prévention des Risques
Miniers. Évaluation de l?aléa « effondrement
localisé ».INERIS DRS-09-103953-12226A
[24] ISRM, 2008. Mine closure and post-mining
management. International state-of-the-art. Non
référencé.
[25] JEGER C., 1976. « Étude des conditions de
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houillères françaises ». Revue de la Société de
l'industrie minérale, Mines et carrières, p. 116-140.
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prédisposition d'apparition et analyse d'intensité.
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nationale supérieure des Mines de Nancy.
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Springer-Verlag.
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l?aléa dû aux mouvements de terrain. Collection
« Environnement. Les risques naturels ». Paris.
Éditions du Laboratoire central des ponts et
chaussées.
[29] LCPC, 2004. Les études spécifiques d?aléa
lié aux éboulements rocheux. Collection
«Environnement. Les risques naturels ». Paris.
Éditions du Laboratoire central des ponts et
chaussées.
[30] LCPC, INERIS, MATE, 2002. Guide technique
d?évaluat ion des a léas l iés aux cavités
souterraines. Collection « Environnement. Les
risques naturels ». Paris. Éditions du Laboratoire
central des ponts et chaussées.
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Application of assymetrical influence functions
for subsidence prediction of gently inclined seam
extractions. Éditions Elsevier.
[32] MATE, METL, 1999. Plans de prévention des
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de terrain. Guide méthodologique. Paris. Éditions
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« Aspects hydrauliques des ouvrages de retenue des
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spécial Digues & Terrils, novembre. Éditions de
la Société de l'industrie minérale.
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houillers et crassiers sidérurgiques. » Mines et
carrières, numéro spécial Digues & Terrils,
novembre. Éditions de la Société de l'industrie
minérale.
[36] PAQUETTE Y., LAVERSANNE J., 2003. Guide
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de décantation, dépôts de cendres). Éditions de
la Société de l'industrie minérale.
[37] P IGUET J .P. , WOJTKOWIAK F. , 2000.
«Affaissements et déformations au-dessus des
exploitations minières : mécanismes et évolution
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juin 2000, p. 36-47. Éditions de la Société de
l'industrie minérale.
[38] PROUST A., 1964. « Étude sur les affaissements
miniers dans le bassin du Nord et du Pas-de-
Calais ». Revue de l?Industrie Minérale, juin-juillet
1964.
[39] STRACHER G., PRAKASH A. et al. Coal and peat
fires: a global perspective. Volumes 1 (2010),
2(2012), 3 (2014) et 4 (2015), Éditions Elsevier.
Crédits photos : Ineris (couverture, 13 ; 14 ; 18 ; 21 ; 23 ; 28 ; 29 ; 34 ; 37 ;
39 ; 41 ; 42 ; 47) ? GEODERIS (p. 33) ? Piguet J. P. et Deck O. (p. 26)
? Conception-réalisation : O?communication ? Les Récréateurs
Institut national de l?environnement industriel et des risques
Parc technologique Alata - BP 2 - F-60550 Verneuil-en-Halatte
03 44 55 66 77 - ineris@ineris.fr - www.ineris.fr
La connaissance des aléas liés aux travaux miniers a largement été développée ces dernières
années sur le territoire métropolitain. Les recherches effectuées pour appréhender les risques sur
les zones d?emprise d?anciennes exploitations minières se traduisent, pour la grande majorité des
phénomènes redoutés qui peuvent se produire sur ces zones, par la réalisation d?une « étude d?aléa ».
Le présent guide constitue la trame et les lignes directrices pour cette réalisation.
Dans le cadre de la gestion du risque que les anciens travaux miniers peuvent générer, d?une part, et
de l?aménagement durable de ces territoires, d?autre part, l?étude des aléas, et les cartes qui lui sont
associées, constituent une étape essentielle.
Il s?agit de délimiter les zones où des aléas existent et d?en évaluer le niveau, afin de déterminer le risque
pour les biens existants et les possibilités de construction ou d?aménagement pour le développement
du territoire.
Cette étape technique clé permet aux services instructeurs d?élaborer les procédures de gestion du
risque minier post-exploitation, aux collectivités de mieux connaître et de s?adapter aux phénomènes
redoutés et aux aménageurs de mieux appréhender les conditions de constructibilité.
Le lecteur trouvera dans ce guide des informations sur le phénomène d?origine minière auquel il
peut être confronté, des retours d?expérience qui en ont été établis, ainsi que des indications sur les
paramètres concourant à évaluer, hiérarchiser et cartographier l?aléa.
Knowledge of hazards associated with mining works has largely been developed in recent years
in metropolitan France. The research carried out to apprehend risks on the surface influenced by
old mining operations is realised through a "hazard study", for the vast majority of the dreaded
phenomena which can occur.
This handbook provides the framework and guidelines for this achievement.
In the framework of the risk management that these old mining works can generate, on the one hand,
and the sustainable development of these territories, on the other hand, the study of the hazards, and
associated maps, constitutes an essential step.
The objective is to map the zones where hazards exist and to evaluate their level, in order to determine
the risk for existing stakes and the possibilities of construction or development in terms of land planning.
This key technical step allows the instructor services to develop post-mining risk management
procedures, allowing local authorities to better know and adapt to the dreaded phenomena and land
planners to better understand the conditions of constructibility.
This handbook provides information on post-mining phenomena, the feedback that has been established
and indications on the parameters to be considered to evaluate and map the hazard.
(ATTENTION: OPTION lexe).
Les volumes concernés dépendent de la profondeur
de la zone de rupture. Ainsi on évoque le terme de
glissement profond lorsque la surface de rupture se
trouve à quelques dizaines de mètres de profondeur,
et de glissement superficiel lorsque cette surface est
sise à quelques mètres de profondeur.
Les conséquences d?un glissement profond peuvent
s?avérer importantes, celui-ci pouvant se répandre
vers l?aval de la pente sous forme de cône d?épandage
et être à l?origine de la dégradation des éventuels
bâtis et ouvrages. Il peut également affecter des
éventuelles constructions et infrastructures sises
en bordure sommitale de la pente, à proximité de
la zone de départ (dénommée également «niche
Tableau 15 : tassement : classes d?intensité
Classe
d?intensité
Amplitude
prévisible
Très limitée Amplitude d?ordre centimétrique
Limitée Amplitude d?ordre décimétrique
33
ÉVALUATION DES ALÉAS MINIERS
d?arrachement ») du glissement. Ainsi peut-on
considérer que les glissements profonds ne peuvent
affecter que des versants meubles, dépôts ou terrils
de hauteur conséquente (plusieurs dizaines de
mètres), ce qui limite le nombre de cas pouvant être
concernés.
Les conséquences d?un glissement superficiel sont
en revanche beaucoup plus limitées, ne concernant
que la pente elle-même ou ses proches abords amont
et aval. Ce phénomène est beaucoup plus fréquent
en raison du très grand nombre de cas de pentes et
versants miniers de hauteur limitée.
On regroupe dans le terme de mouvements superficiels
des phénomènes qui ne sont pas associés à l?existence
d?une surface de rupture bien définie: ce peut-être des
reptations de sols ou matériaux par modification de leur
comportement mécanique en présence d?eau, ou encore
du ravinement d?une pente par l?eau.
Les coulées sont des mouvements où le matériau de
la pente est totalement déstructuré et remobilisé du
fait d?une forte présence d?eau. Il se transforme alors
en un fluide visqueux qui s?écoule à une vitesse élevée
(généralement entre 1 m/s et 7 m/s). Cet écoulement
possède souvent un front, généralement raide,
composé de blocs de matériaux et de débris divers.
Dans le domaine des risques naturels en montagne
on emploie souvent le terme de lave torrentielle
correspondant au même mécanisme mais impliquant
des surfaces beaucoup plus importantes.
Les coulées constituent les désordres les plus
dangereux susceptibles d?affecter les personnes et
les biens situés dans l?environnement d?une pente.
Elles sont toutefois très rares, liées à un apport d?eau
(pluviométrie, ou d?origine anthropique) anormal ou
exceptionnel.
4.8.2. Mouvements de pente de matériaux meubles:
qualification de l?aléa
4.8.2.1. Qualification de l?intensité
Le paramètre principal pour l?évaluation de l?intensité
est le volume de matériau mis en mouvement.
Parmi les principaux facteurs susceptibles de
jouer sur ce volume, on citera : la nature et la
granulométrie des matériaux constituant la pente,
sa hauteur, son pendage et sa morphologie,
l?intensité des ruissellements prévisibles, l?existence
ou non de mesures d?aménagement (couverture,
engazonnement?).
Dans le cas spécifique de la coulée, qui est un
désordre de nature à porter atteinte à la sécurité des
personnes et des biens présents dans sa trajectoire, il
n?est pas aisé d?identifier une grandeur caractéristique
permettant de discriminer ses conséquences. Il est
donc retenu la hauteur de flux du fluide visqueux,
la cinétique du phénomène étant élevée et non
discriminante.
D?autres facteurs influent sur les caractéristiques de la
coulée : le volume de matériau mobilisable, la pente et
la morphologie du talus le long duquel s?initie la coulée,
la pente et la morphologie de la zone d?épandage
(gouvernant notamment la hauteur de flux), l?existence
d?obstacles à la propagation de la coulée, etc.
Les valeurs seuils présentées dans le tableau 16 sont
fournies à titre purement indicatif. Elles pourront être
adaptées au contexte par l?expert en charge de la
réalisation de l?évaluation des aléas.
Photographie 4 : glissement profond du terril Mieg, bassin minier
de Pechelbronn, Alsace
Classe d?intensité Description Paramètre et valeur seuil
Très limitée Reptations, ravinements Volume de quelques m3
Limitée Glissements superficiels, ravinements importants Volume de 10 à 100 m3
Modérée
Glissements profonds Volume de 100 à 5000 m3
Coulée capable de dégrader certains bâtiments et de
mettre en danger la circulation Hauteur de flux < 50 cm
Élevée
Glissements profonds majeurs Volume > 5 000 m3
Coulée dévastatrice pour les personnes et les biens Hauteur de flux > 50 cm
Tableau 16 : mouvements de pente de matériaux meubles : classes d?intensité
34
4.8.2.2. Qualification de la prédisposition
Les facteurs qui contribuent à augmenter la
prédisposition d?une pente sont les suivants:
? l?existence d?indices d?anciens mouvements, encore
visibles sur le terrain ou décrits dans les archives, dans
un secteur proche présentant des caractéristiques
géologiques et d?exploitation voisines ;
? la présence de signes traduisant l?activité des
mouvements déjà initiés (fissures de décompression,
bourrelets en pied, arbres penchés, rigoles, ravines?);
? la nature des matériaux constituant le talus: nature
et granulométrie des matériaux, existence de
discontinuités stratigraphiques ou tectoniques. La
présence de matériaux contenant une proportion
importante de particules fines augmentera par
exemple la prédisposition du site à être affecté par
des phénomènes d?érosion et de ravinement;
? la topographie, le pendage et la morphologie de la
pente;
? la nature, la topographie et les conditions
hydrogéologiques des terrains d?assise des
dépôts(terrains plastiques) ;
? l?éventuelle modification, d?origine naturelle ou
anthropique, des conditions hydrauliques locales
(affaiblissement de la butée de pied en cas de
crues sévères d?un cours d?eau en pied d?une
pente, altération du dispositif de drainage ou
d?aménagement des écoulements, création de
bassins de décantation, rupture de canalisation,
drains bouchés, canaux de ruissellement remplis
par des éboulis?);
? l?existence de facteurs aggravants tels que l?absence de
végétalisation adaptée en surface, l?existence possible
de sollicitations dynamiques (séismes, vibrations?), le
développement de certaines activités humaines (VTT,
moto-cross, surcharge en bord de crête?);
? la présence d?anciens travaux miniers souterrains
au droit de la pente, susceptible de se rompre et
d?engendrer la déstabilisation de celle-ci.
L?existence de réaménagements ou de parades
(couverture, végétalisation,soutènements, repro-
filages de pentes?) peut en revanche diminuer la
prédisposition.
4.8.3. Mouvements de pente de matériaux meubles:
cartographie de l?aléa
La cartographie de cet aléa doit tenir compte, non
seulement de la pente, mais également des zones
sommitales ou en aval pouvant être impliquées dans le
phénomène. C?est notamment le cas des glissements
profonds où la niche d?arrachement peut se trouver au
sein de la partie sommitale, et où la zone d?épandage
s?inscrit en partie aval du talus. Lorsqu?il n?est pas
observé sur le terrain de glissements actifs, il est
courant de considérer, par retour d?expérience, et en
fonction de la morphologie de la pente et de la nature
des matériaux constitutifs, des valeurs fraction de
la hauteur de la pente H, que ce soit pour l?aval ou,
de manière plus limitée, de l?amont de celle-ci. Ainsi
retrouve-t-on fréquemment les valeurs de H/2, H/3,
selon le cas considéré: l?aire cartographiée déborde
donc la zone pentée.
La zone d?épandage en aval est beaucoup plus
étendue dans le cas d?une coulée, et est tributaire
principalement de la morphologie de la surface en
pied de la pente. Selon qu?on soit en présence d?une
aire plane, ou a contrario d?un thalweg pouvant
canaliser la coulée, la limiter latéralement mais la
propager longitudinalement, l?aire cartographiée
sera très différente. L?observation de terrain et une
topographie précise du pied de la pente sont des
requis importants pour une cartographie pertinente
de l?aléa dans ce cas.
4.9. Les mouvements de pentes
rocheuses: éboulements, chutes de blocs
4.9.1. Le phénomène, les mécanismes, les effets
Les mouvements de pentes constituées dans des
roches (principalement les flancs d?anciennes mines
à ciel ouvert) sont la mobilisation de masses, plus ou
moins volumineuses, se détachant de la paroi et se
propageant au pied du front.
Les sollicitations géologiques et liées à l?exploitation
minière que ces pentes ont subies se traduisent par
des plans de fragilité et de rupture qui s?ajoutent aux
discontinuités existantes. Ces plans d?origines diverses
contribuent à découper le massif rocheux en blocs et
volumes dont la géométrie peut être variable.
Les fronts rocheux sont soumis à la gravité et aux
actions naturelles et climatiques (pluie, variation de
température, alternance de gel et dégel, vent?) qui
agissent sur la roche et ses discontinuités, conduisant
à une évolution lente du massif rocheux. De plus, ces
mécanismes naturels de démantèlement peuvent être
déclenchés ou amplifiés par :
? la végétation (action des racines dans les plans
de fragilité de la roche, action du vent sur la
déstabilisation ou le mouvement des arbres?) ;
Photographie 5 : front rocheux disloqué en blocs, bassin minier de
Villeveyrac
35
ÉVALUATION DES ALÉAS MINIERS
? les activités humaines (terrassements, extractions
de matériaux) ;
? les secousses sismiques.
En fonction du volume de roche écroulé, on parle
de chutes de pierres (< 0,1 m3), deblocs(0,1m3 à
10m3) ou plutôt d?éboulements (10 m3 à 104 m3), voire
d?éboulements majeurs(>104m3).
Quel que soit le volume mobilisé, la chute de masses
rocheuses présente un danger pour les personnes
se situant au sein de la zone d?épandage. À partir de
volumes supérieurs au m3, ce type de phénomène
peut également générer des dégâts irréversibles aux
biens.
Il est donc essentiel d?identifier, même de manière
approximative, l?extension de la zone rocheuse
mobilisée du fait de sa propagation. Cette dernière
dépend du volume potentiellement instable et de la
nature et de la pente des terrains situés en pied de
falaise. Ainsi, un pied de pente constitué de matériau
rocheux et orienté fortement vers l?aval sera favorable
à la propagation de blocs sur de grandes distances.
Plus la masse rocheuse écroulée sera fracturée et
plus elle pourra se disloquer en petits blocs au cours
de sa chute, ce qui peut favoriser une propagation
des éboulis vers l?aval. Enfin, la dimension de la zone
d?épandage dépend également du type et de la
cinétique du mouvement à l?origine de la rupture de
la masse rocheuse (basculement, glissement?).
4.9.2. Mouvements de pentes rocheuses :
qualification de l?aléa
Dans le cadre de la prévention des risques naturels,
la caractérisation de l?aléa de mouvements de pentes
rocheuses se décompose généralement en deux
mécanismes qui suivent les phases d?évolution du
mouvement rocheux :
? la déstabilisation et la mobilisation initiale des
matériaux (aléa de rupture) ;
? le mouvement des masses suivant une certaine
trajectoire, jusqu?à leur arrêt (aléa de propagation).
La combinaison de ces deux mécanismes aboutit à
un « aléa résultant ».
Dans le cas des fronts rocheux d?origine minière qui
concernent le présent guide, la qualification a été
volontairement simplifiée. Les raisons en sont que les
fronts ont généralement une hauteur relativement
limitée par comparaison aux versants naturels. Les
cas d?anciennes mines à ciel ouvert profondes existent
mais leur morphologie généralement circulaire et
circonscrite conduit à limiter l?aléa de propagation au
fond de la fosse.
4.9.2.1. Qualification de l?intensité
C?est le volume de matériau mis en mouvement qui est
retenu pour discriminer les clases d?intensité. Suivant
le volume de matériau éboulé, le type de désordre est
de nature à porter atteinte à la sécurité des personnes
et des biens présents en surface.
Les deux principaux facteurs susceptibles d?influer
sur le volume de matériau mis en mouvement sont
la morphologie du front rocheux et la densité de
discontinuités qui l?affectent.
Les valeurs seuils présentées dans le tableau suivant
sont fournies à titre purement indicatif. Elles pourront
être adaptées au contexte par l?expert en charge de
la réalisation de l?évaluation des aléas.
4.9.2.2. Qualification de la prédisposition
Les facteurs qui contribuent à augmenter la
prédisposition d?une pente rocheuse à la rupture sont
les suivants:
? l ?existence d?indices d?anciens mouvements,
encore visibles sur le terrain ou décrits dans les
archives, dans un secteur proche présentant des
caractéristiques géologiques et d?exploitation
voisines;
? la présence de signes traduisant une activité récente
de mouvement (blocs tombés au sol, éboulements,
cassures fraîches sur les fronts?) ;
? la géométrie des fronts : plus celle-ci est importante
et la pente prononcée et plus le front pourra être
marqué par des discontinuités préjudiciables à la
stabilité;
? le réseau de discontinuités affectant le massif est
un facteur primordial. Ces discontinuitéspeuvent
être des joints de stratification, des failles, fractures
ou diaclases, ou encore des contacts entre le
massif et les terrains superficiels. Ces discontinuités
découpent les masses rocheuses et facilitent leur
rupture. Différentes typologies existent, dont les
plus fréquentes sont : glissement plan, glissement
dièdre (selon une ligne intersectrice de deux plans
de fracturation), basculement, détachement?);
? de nombreux facteurs extérieurs peuvent jouer un
rôle aggravant: l?absence de système de gestion des
eaux de ruissellement, les phénomènes climatiques
de type gel/dégel, l?existence de sollicitations
dynamiques (séismes, tirs de mine?) ou statiques
(surcharge en crête de falaise), etc.
Classe
d?intensité
Description
Volume
mis en jeu
Limitée Chute de
pierres < 0,1 m3
Modérée Chute de blocs 0,1 m3 < v < 10 m3
Élevée Éboulement 10 m3 < v < 104 m3
Très élevée Éboulement
majeur > 104 m3
Tableau 17 : mouvements de pentes rocheuses : classes d?intensité
36
4.9.3. Mouvements de pentes rocheuses :
cartographie de l?aléa
Comme pour les talus constitués dans des matériaux
meubles, la cartographie doit tenir compte, non
seulement de la pente, mais également des zones
sommitales ou en aval pouvant être impliquées dans
le phénomène.
La zone sommitale peut en effet être concernée par
des éboulements, a fortiori par des éboulements
majeurs, l?aléa pouvant être déclenché au sein
de discontinuités débouchant dans le front mais
se prolongeant bien en amont au sein du rebord
supérieur de celui-ci.
La zone aval est concernée par la propagation de
la chute de blocs ou de l?éboulement : la phase
informative (analyse d?anciennes instabilités) et le
relevé sur le terrain de la distance au front de blocs
tombés ou éboulements sont des éléments de
justification précieux. Lorsqu?il n?est pas observé
sur le terrain de zones d?éboulement actives, il est
courant de considérer, par retour d?expérience, et
en fonction de la morphologie de la pente, de la
nature des matériaux constitutifs, et de la densité de
discontinuités, des valeurs fraction de la hauteur de la
pente H. Ainsi retrouve-t-on fréquemment les valeurs
de H/2, H/3, selon le cas considéré.
La zone de propagation en aval peut être beaucoup
plus étendue si la surface en pied est pentée.
L?observation de terrain, une topographie précise
du pied de la pente sont des requis importants pour
une cartographie pertinente de l?aléa. L?utilisation de
logiciels de trajectographie peut être utile pour les cas
les plus complexes.
37
ÉVALUATION DES ALÉAS MINIERS
5.1. Le phénomène, les mécanismes,
les effets
Les terrains sédimentaires renfermant des horizons
suffisamment riches en éléments carbonés solides
(charbon, lignite, schistes bitumineux, tourbes), sont
susceptibles d?être affectés par des combustions
in situ de massifs, vierges de travaux ou non. Ces
combustions peuvent être déclenchées par les effets
de travaux miniers ou de terrassements du fait de
l?auto-échauffement engendré par l?oxydation des
roches hydrogéno-carbonées mises au contact de
l?air (on parle alors de combustions spontanées), soit
provoquées par le contact de feux vifs au droit des
affleurements (feux de forêts naturels, écobuages?).
Les éléments pierreux stériles issus de l?extraction
des produits minéraux carbonés mis en dépôt sur
ces sites miniers (charbons cendreux, schistes
charbonneux, schistes bitumineux?) sont pareillement
sujets à échauffements. Ils peuvent entrer en
combustion spontanée peu de temps (quelques
mois à quelques années) après leur mise à dépôt,
par auto-échauffement des matériaux frais, lorsque
leur composition les rend particulièrement sensible à
l?oxydation (cas de certains charbons plus ou moins
pyriteux), ou, plus tardivement, au contact de feux
vifs sur les flancs des dépôts, voire après une période
d?exposition prolongée à un rayonnement thermique
solaire important (sécheresse).
La durée des phénomènes de combustion est très
variable selon le contexte, de quelques mois à
plusieurs dizaines d?années.
Le phénomène redouté caractérisé dans une étude
d?aléa est relatif au déclenchement de feux de
broussailles ou de forêts et aux brûlures accidentelles
de personnes sur ces sites sensibles:
? brûlures accidentelles de personnes: les risques
de brûlure pour les personnes sont importants
et d?autant plus élevés que les combustions sont
superficielles, principalement sur les flancs ventilés
des dépôts. De multiples accidents mortels
individuels ou collectifs sont survenus par le passé;
? déclenchement de feux de broussailles ou de forêts:
la présence de terrains en combustion à proximité de
la surface est susceptible de déclencher, en période
de sécheresse ou de grands vents, des feux de
broussailles ou de forêts pouvant avoir de graves
conséquences si l?on se situe notamment en région
méditerranéenne.
D?autres phénomènes dangereux peuvent résulter
d?un mécanisme d?échauffement:
Production de gaz toxiques et/ou asphyxiants
Les problèmes posés par l?entrée en combustion
d?anciens travaux miniers ou dépôts concernent en
premier lieu la toxicité des vapeurs de combustion qui
contiennent des gaz toxiques et/ou asphyxiants (CO,
CO2, CH4, SO2, NOx, H2S, HCN?), souvent malodorants
(produits soufrés, goudrons, mercaptans), chargés
d?éléments traces métalliques tels que mercure,
plomb, arsenic?. Ces vapeurs sont produites parfois
en grand volume lorsque les foyers sont superficiels
et bien ventilés. Les émanations peuvent être plus
sournoises (c?est-à-dire difficilement prévisibles)
lorsque la combustion est profonde et que les gaz
émis se diffusent vers la surface au travers de fissures
et de crevasses.
Production de gaz explosibles
Des cas d?explosion de gaz inflammables issus de la
combustion ou de la pyrolyse des produits organiques
(H2, CO, CH4, hydrocarbures) et accumulés dans des
cavités peuvent également survenir, tant sur des feux
de travaux souterrains que sur des échauffements de
dépôts. Les explosions peuvent être suffisamment
puissantes lorsqu?elles se produisent dans les vides
confinés présents dans les vieux travaux abandonnés.
Elles sont moins fortes et non confinées lorsqu?elles
concernent l?inflammation des gaz accumulés dans
les petites cavités ou crevasses formées sur les flancs
des dépôts houillers.
Affaissements ou effondrements de terrains
La réduction de volume des terrains affectés par la
combustion provoque l?affaissement ou l?effondrement
des terrains sus-jacents selon la profondeur et
LES ALÉAS LIÉS À L?ÉCHAUFFEMENT
DES TERRAINS SUR DÉPÔT MINIER5
Photographie 6 : défournement et arrosage d?un terril en combustion,
bassin minier du Gard
38
l?importance des foyers. Les dommages aux biens
peuvent être spectaculaires lorsqu?ils affectent les
bâtiments ou les voiries.
Impact hydrogéologique: minéralisation des eaux
souterraines
La lixiviation naturelle des terrains houillers ou dépôts
affectés par les effets de la combustion libère des
sels minéraux que l?on retrouve dans les nappes
environnantes. Il s?agit essentiellement de sulfates
produits par l?oxydation des pyrites, d?oxy-hydroxydes
de fer et de magnésium, outre l?arsenic issu des
arséno-pyrites.
Cas des échauffements souterrains
Les échauffements peuvent concerner des travaux
miniers souterrains et des ouvrages de dépôts. Dans
une étude d?aléa, les phénomènes redoutés liés à des
échauffements de travaux souterrains sont étudiés
dans le cadre de l?aléa «effondrement localisé» qui
en est la principale conséquence possible en surface.
L?aléa «échauffement» est limité aux ouvrages de
dépôt.
5.2. Échauffement sur dépôt: qualification
de l?aléa
5.2.1. Qualification de l?intensité
L?échauffement d?un ouvrage de dépôt est de nature
à porter atteinte à la sécurité des personnes et des
biens présents en surface ou aux abords proches en
raison des risques de brûlure, d?émanations gazeuses
ou de déclenchement de feux notamment.
C?est principalement le volume de matériau susceptible
d?entrer en combustion ou l?emprise de la zone en
surface impactée qui influe sur les conséquences
prévisibles sur la sécurité des personnes et des biens
présents dans la zone d?influence du désordre. Ce sont
donc des paramètres de volume et de superficie qui
peuvent être retenus comme grandeur représentative.
On retient couramment une intensité «modérée»
pour un aléa échauffement sur ouvrage de dépôt.
5.2.2. Qualification de la prédisposition
Les anciens dépôts issus de l?extraction des roches
combustibles demeurés imbrûlés conservent une
prédisposition à l?entrée en échauffement de la
fraction des éléments pierreux carbonés qu?ils
contiennent.
La prédisposition d?un ouvrage de dépôt à l?apparition
d?un échauffement dépend:
? de l?existence d?observations ou mesures thermiques
(par exemple par thermographie) attestant qu?un
mécanisme d?échauffement affecte l?ouvrage;
? de la manifestation de phénomènes analogues sur
d?autres ouvrages de dépôts, sur le site ou dans des
configurations identiques ou proches;
? de la nature des matériaux constitutifs de l?ouvrage
de dépôt:
- les terrils les plus prédisposés à entrer en combustion
sont les terrils dits de mine ou de fosse, constitués
de produits «tout-venant» issus des creusements
de galeries au rocher, de voies au charbon et
des résidus de scheidage du charbon extrait. Ils
sont composés de matériaux de granulométries
étendues (0-200 mm) et de natures très diverses
(blocs gréseux, schistes plus ou moins charbonneux,
bitumineux et pyriteux, argilites, charbon, bois de
mine, déchets divers plus ou moins combustibles...).
Les matériaux combustibles entrent pour 15 à 35?%
dans la composition des terrils de fosse;
- les terrils dits de lavoir sont constitués de matériaux
de granulométrie plus fine et plus régulière (0-
20 mm), de nature essentiellement schisteuse.
Ils peuvent contenir des matières carbonées en
proportion encore notable, mais d?autant moins que
les lavoirs dont ils sont issus sont plus modernes.
La teneur en cendres des stériles de lavoirs d?avant
la seconde guerre mondiale était de l?ordre de 75?%
contre 85?% pour les ouvrages récents. Les cas de
combustion de terrils issus de lavoirs modernes
sont rares.
5.2.3. Échauffement sur dépôt: cartographie de
l?aléa
La cartographie de l?aléa comprend l?emprise de
l?ouvrage de dépôt à laquelle s?ajoutent l?incertitude
de positionnement de l?ouvrage et l?incertitude liée au
support cartographique.
39
ÉVALUATION DES ALÉAS MINIERS
6.1. Origine des phénomènes redoutés
Les anciens travaux miniers, du moins en ce qui
concerne les plus importants d?entre eux, ont généré
parfois de profondes perturbations hydrologiques
et hydrogéologiques et modifié, souvent de manière
irréversible, la morphologie et la structure des bassins
versants superficiels, des réservoirs et aquifères
souterrains. En conséquence, les écoulements de l?eau,
tant superficiels que souterrains, ont été bouleversés.
Ces modifications se sont exercées pendant la phase
d?exploitation des mines mais se sont poursuivies
après cessation de l?activité (Figure 7).
Il faut toutefois ne pas oublier que pour les types
d?aléa qui résultent de ces perturbations, la cause
minière n?est parfois pas exclusive. L?activité
minière a par exemple pu en son temps contribuer
au développement économique d?un secteur, ce
qui a pu induire des prélèvements d?eau industrielle
et collective très importants et donc contribuer
au rabattement des aquifères. Dans de tels cas, le
niveau de remontée d?eau en final dépend de l?arrêt
des exhaures mais aussi des consommations d?eau
diverses résiduelles.
Les exploitations minières souterraines ont, pour la
plupart d?entre elles, été dénoyées durant les travaux
d?extraction. Les pompages opérés ont conduit à un
rabattement du niveau de la nappe phréatique avec
pour conséquence le tarissement de sources ou de
puits d?approvisionnement en eau proches, voire la
modification du débit des cours d?eau superficiels.
À l?issue de la période d?exploitation, l?arrêt des
pompages conduit à un ennoyage progressif (de
quelques mois à plusieurs dizaines voire centaine
d?années) des travaux miniers et à la remontée du
niveau hydrostatique. Un drainage naturel vers la
surface s?établit dans les points bas topographiques
(vallées, dépressions) souvent par l?intermédiaire de
galeries minières débouchant au jour. De nouvelles
émergences apparaissent ainsi.
Dans certains grands bassins miniers arrêtés à la fin
du xxe siècle, l?ennoyage est en cours actuellement, et
des pompages sont entrepris pour éviter l?ennoyage
futur des points bas topographiques et/ou la
contamination, par les eaux ayant rempli les réservoirs
miniers, des aquifères proches de la surface utilisés
pour l?alimentation.
Quel que soit le cas de figure, on peut considérer
que le niveau hydrostatique, dans les environs de
l?ancienne exploitation, ne retrouve pas sa position
initiale.
Dans le cas des mines à ciel ouvert, l?impact concerne
en premier lieu les écoulements de surface dans
la mesure où la topographie se trouve fortement
perturbée. Lorsque l?excavation a été suffisamment
profonde pour atteindre la nappe phréatique, des
pompages ont pu être entrepris.
Après arrêt de l?exploitation, la fosse se trouve le
plus souvent partiellement remblayée. La remontée
du niveau de la nappe due à l?arrêt des pompages
conduit à l?apparition d?un plan d?eau si ce niveau
dépasse celui du fond de la fosse ou recouvre tout
ou partie des remblais. Ce plan d?eau peut ou non
présenter un débordement apparent.
LES ALÉAS LIÉS AUX PERTURBATIONS
HYDROLOGIQUES ET HYDROGÉOLOGIQUES
D?ORIGINE MINIÈRE6
Figure 7 : schéma conceptuel de l?impact des travaux miniers souterrains sur
l'hydrodynamique pendant et après l'exploitation.
(1) niveau hydrostatique avant exploitation, (2) pendant l?exploitation, (3) après abandon
40
6.2. Nature et identification des
phénomènes redoutés
Les principales perturbations, dont on adoptera
par simplification le terme de phénomène, sont
présentées dans le Tableau 18 et développées au sein
de ce chapitre.
Rappelons que nous n?abordons dans ce chapitre que les
perturbations d?ordre hydrologique et hydrogéologique,
liées à la seule présence potentielle d?eau. Les aspects
liés à l?impact environnemental de ces eaux minières ne
sont pas traités dans le présent guide.
6.3. Modification des émergences
6.3.1. Le phénomène et ses mécanismes
Les exutoires des nappes d?eau souterraine, qu?ils
soient naturels (sources, résurgences) ou artificiels
(puits ou galeries débouchant au jour), peuvent
connaitre, du fait entre autres de la modification
engendrée par l?exploitation minière, des changements
qui peuvent être de diverses natures:
? simple modification des caractéristiques de
l ?écoulement à l ?exutoire (augmentation ou
diminution du débit moyen, modification de la
distribution du débit dans le temps?);
? réapparition d?émergences qui existaient avant
l?exploitation et que celle-ci avait asséchées. Les
caractéristiques de l?écoulement de ces exutoires
rétablis diffèrent en général des caractéristiques
anciennes, en particulier si des travaux ont modifié les
conditions d?émergence (remblayage, obturation?).
Il n?est pas rare que l?eau ne réapparaisse pas à
l?emplacement exact de l?ancienne source;
? apparition de nouvelles émergences. Ceci se produit
en particulier dans les parties les plus à l?aval d?un
bassin versant hydrogéologique. Une nouvelle
émergence peut résulter d?un ancien ouvrage
minier débouchant au jour ? dans la plupart des
cas une galerie ? aménagé pour servir de point
de débordement au réservoir minier. Elle peut
également prendre la forme d?une source ou d?une
résurgence «naturelle» apparaissant en un point
bas de la topographie. On notera par ailleurs que,
dans les parties les plus à l?amont des bassins
versants hydrogéologiques, certaines émergences
qui existaient avant l?exploitation minière peuvent
ne pas réapparaître après la cessation de celle-ci.
Dans tous les cas, les phénomènes observés
s?expliquent par la remontée du niveau piézométrique
des nappes d?eau souterraine causée par l?arrêt des
pompages d?exhaure. Cette remontée a pour résultat
de remettre en eau un milieu que l?exploitation avait
asséché ou contribué à assécher.
Ce milieu ayant été modifié, les nouvelles circulations
diffèrent souvent des anciennes. Elles empruntent
les cheminements anciens, mais également certains
cheminements nouveaux, créés entre autres par
l?exploitation (vides miniers et terrains fracturés voire
foudroyés, dont la perméabilité est très élevée). Il
s?établit alors, dans le sous-sol, une distribution de
la piézométrie différente de celle qui existait avant le
début de l?exploitation minière.
Nature du
«phénomène»
Fréquence
observée
(retour
d?expérience en
France)
Typologie très succincte
du bassin minier ou
de la configuration minière
Prégnance des
perturbations
(retour d?expérience
en France)
Modification des
émergences
Très fréquent Tout bassin minier ayant été l?objet de travaux
miniers nécessitant des pompages d?exhaure.
Présence de points bas topographiques et
d?ouvrages miniers constituant des nouvelles
émergences.
Limitée
Inondation de points
bas topographiques
Peu fréquent Exploitations minières ayant généré un fort
volume de vide sur des territoires étendus. Le
niveau hydrostatique intersecte la topographie
(celle-ci ayant pu être perturbée par des
mouvements de terrain d?origine minière). La
communication entre les eaux du réservoir minier
et les aquifères supérieurs peut constituer un
facteur aggravant.
Élevée lorsque les
points bas ont été
anthropisés
Modification du
régime des cours
d?eau
Peu fréquent Variable selon l?usage
des cours d?eau
Inondation brutale Très peu fréquent Obstruction naturelle, ou liée à des travaux
anthropiques, de nouvelles émergences minières.
Rupture brutale de ces obstacles.
Élevée si les zones
en aval de ces
émergences ont été
anthropisées
Tableau 18 : les principaux phénomènes d?ordre hydrologique et hydrogéologique d?origine minière
41
ÉVALUATION DES ALÉAS MINIERS
Le nouveau schéma d?écoulement qui s?établit dans une
ancienne zone minière ne présente pas nécessairement
la pérennité d?un schéma d?écoulement purement
naturel. Le milieu peut en effet se modifier au cours du
temps (effondrement de vides miniers, mobilisation de
discontinuités préexistantes de types karsts ou failles,
phénomènes physico-chimiques - entre autres des
phénomènes de dissolution-précipitation - modifiant
la perméabilité et les qualités géomécaniques du sous-
sol). Les situations les plus critiques se rencontrent
certainement dans les zones d?exploitation de substances
solubles (sel et potasse), dans lesquelles il est très difficile
de garantir que le régime d?écoulement qu?on observe à
un moment donné constitue un régime stable.
6.3.2. Qualification de l?aléa «modification des
émergences»
6.3.2.1. Qualification de l?intensité
Pour ce qui concerne le phénomène d?apparition de
résurgences en surface, c?est le débit des émergences
qui constitue le paramètre permettant de discriminer
les classes d?intensité.
Parmi les principaux facteurs susceptibles de jouer
sur la valeur de ce paramètre, on citera: la surface de
bassin versant drainée par l?émergence concernée;
la dénivellation sur le bassin versant qui influence
le gradient hydraulique, moteur de l?écoulement
souterrain; le volume du réservoir minier et sa capacité
à jouer un rôle tampon dans l?écoulement des eaux
(écrêtement des pics de crues); les caractéristiques
hydrauliques de l?exutoire (dimensions, existence
d?obstacles à l?écoulement).
Les valeurs seuils présentées dans le tableau suivant
sont fournies à titre purement indicatif. Elles pourront
être adaptées au contexte par l?expert en charge de
la réalisation de l?évaluation des aléas.
6.3.2.2. Qualification de la prédisposition
Le facteur déterminant qui influe sur la prédisposition
d?un site à voir apparaître de nouvelles émergences
est l?établissement d?une cote d?équilibre de la
surface piézométrique de la nappe au-dessus de la
cote des points bas de la surface topographique. Si
la nappe se stabilise sous le niveau des points bas
topographiques, il y a alors drainage vers un autre
bassin versant souterrain, et la probabilité d?apparition
de résurgences peut être considérée comme nulle sur
le secteur d?étude.
En présence de ce facteur déterminant, plusieurs autres
facteurs peuvent alors favoriser la prédisposition d?un
site à l?apparition de résurgences:
6.3.2.3. Cartographie de l?aléa
La cartographie de l?aléa doit a minima faire apparaître,
à l?échelle appropriée:
? la position des sources anciennes susceptibles d?être
réactivées;
? l?emprise des zones à risque d?apparition de nouvelles
émergences, en soulignant les discontinuités
naturelles pouvant exister et favoriser le phénomène
(failles, zones fracturées ou altérées?) et en
indiquant, lorsque cela est possible, une fourchette
pour les débits escomptés.
Photographie 7 : résurgence d?eau légèrement salée liée à une
exploitation de sel par dissolution en Franche-Comté
Existence d?indices d?anciennes sources situées, avant
l?exploitation minière, à proximité immédiate
Existence d?ouvrages miniers débouchant au jour
connectés au réservoir souterrain
Présence d?hétérogénéités naturelles (zones à forte
perméabilité, failles, fractures, conduits karstiques?)
susceptibles de jouer un rôle de drains préférentiels
Tableau 19 : modification des émergences : classes d?intensité
Classe
d?intensité
Description
Valeur du débit
de l?émergence
en dm3/s
Limitée Suintement < 1
Modérée Petit ruisseau < 10
Élevée Gros ruisseau < 100
Très élevée Résurgence
exceptionnelle > 100
42
6.4. Inondation des points bas
topographiques
6.4.1. Le phénomène et ses mécanismes
Il arrive que la remontée de la nappe résultant de
l?arrêt des pompages d?exhaure amène le niveau
de l?eau à s?établir à très faible profondeur sous la
surface du sol, voire dépasser temporairement ou
durablement le niveau topographique.
Dans le premier cas, les désordres ou nuisances
potentielles concernent les ouvrages implantés
partiellement ou totalement sous la surface du sol
(caves, parkings, réseaux enterrés, tunnels, égouts,
passages enterrés ou semi-enterrés?). Ceux-ci se
retrouvent noyés, soit en permanence, soit une partie
de l?année seulement, en fonction de leur profondeur
et des fluctuations saisonnières du niveau de la nappe.
Dans le deuxième cas, ce sont les parcelles même
situées dans ces points bas, ainsi que les infrastructures
ou bâtiments qui y ont été implantés, qui se retrouvent
ennoyés de manière transitoire ou permanente.
Les mécanismes à l?origine de ce type de désordre
sont sensiblement similaires à ceux qui sont à
l?origine des apparitions d?émergences (remontée
du niveau piézométrique lié à l?arrêt des pompages
d?exhaure, modifications des schémas de circulation
des eaux souterraines?).
Un facteur aggravant, dans les grands bassins miniers
où des aquifères d?extension régionale surincombent
les anciens travaux, est la mise en communication des
eaux du réservoir minier et de ces aquifères.
Quelles qu?en soient les causes ou interactions possibles,
ce sont les zones basses (comme les fonds de vallée)
qui sont les plus sensibles à la manifestation de ces
inondations. Les zones d?anciens affaissements miniers,
constituant souvent des dépressions topographiques
fermées, peuvent être également concernées par ces
inondations.
Du fait des fluctuations saisonnières du niveau des nappes
d?eau souterraine, les zones affectées par ce phénomène
peuvent, à certaines périodes de l?année, s?assécher. Cet
assèchement est facilité quand les couches de terrain
constituant le proche sous-sol ont une bonne capacité
drainante. A contrario, un proche sous-sol très peu
perméable constitue un facteur de prédisposition au
caractère pérenne de ce type de nuisance.
Enfin, dans les zones où l?on se prémunit contre
l?occurrence de telles nuisances en rabattant par
pompage le niveau de l?eau souterraine, il convient
d?analyser dans l?étude d?aléa la potentialité de
défaillance des stations de relevage, qui pourrait
conduire à la manifestation d?inondations.
6.4.2. Qualification de l?aléa «inondation des points
bas topographiques»
6.4.2.1. Qualification de l?intensité
Le paramètre discriminant les classes d?intensité est
la profondeur minimale de la nappe par rapport à
la surface du sol, en tenant compte de la variabilité
saisonnière de cette profondeur.
Les classes d?intensité sont discriminées en fonction
des restrictions d?usage du sous-sol. Nous avons
considéré que l?intensité était nulle au-delà d?une
profondeur de nappe de 20 m, partant du principe
que, même si dans certains cas très exceptionnels des
ouvrages pouvaient dépasser cette profondeur, des
études hydrogéologiques détaillées seraient réalisées
à cette occasion.
Les valeurs seuils présentées dans le tableau suivant
sont fournies à titre purement indicatif. Elles pourront
être adaptées au contexte par l?expert en charge de
la réalisation de l?évaluation des aléas.
Photographie 8 : zone humide due à la remontée
de la nappe phréatique avec incidence minière
Classe d?intensité Description
Valeur
Profondeur
de nappe
(en m)
Très limitée
Ouvrages
exceptionnellement
profonds affectés
10 à 20
Limitée Ouvrages profonds
affectés 3 à 10
Modérée
Caves et réseaux
affectés. Parcelles
impraticables
saisonnièrement
1 à 3
Élevée
Tout ouvrage en
sous-sol affecté.
Présence de
plan d?eau libre
intermittent ou
permanent
< 1
Tableau 20 : inondation des points bas topographiques :
classes d?intensité
43
ÉVALUATION DES ALÉAS MINIERS
6.4.2.2. Qualification de la prédisposition
Les facteurs de prédisposition à cet aléa sontles suivants :
Présence de points bas naturels de la topographie,
éventuellement influencés par les affaissements miniers;
Présence de terrains perméables en surface qui ne freinent
pas les remontées saisonnières de nappe et augmentent
le débit à drainer éventuellement;
De manière inverse, mais a posteriori, existence de
terrains peu perméables dans ces points bas empêchant
l?évacuation des eaux.
6.4.2.3. Cartographie de l?aléa
La cartographie de l?aléa doit a minima faire apparaître,
à l?échelle appropriée:
? la position des sources anciennes susceptibles d?être
réactivées;
? l?emprise des zones à risque d?apparition de
nouvelles émergences;
? le contour des zones potentiellement inondables;
? les courbes isovaleurs de la profondeur de la
nappe en hautes eaux, en distinguant les zones
de profondeur en fonction des classes d?intensité
retenues pour cet aléa.
6.5. Modification du régime des cours d?eau
6.5.1. Le phénomène et ses mécanismes
Les transferts d?eau entre les nappes et les cours
d?eau existent à l?état naturel. Le sens de ces échanges
dépend de la position relative des niveaux d?eau
entre le cours d?eau et la nappe. Le cours d?eau
draine la nappe lorsque le niveau de cette dernière
est supérieur à celui du cours d?eau. Le cours d?eau
recharge la nappe dans le cas contraire.
Les modifications du milieu induites par l?exploitation
minière puis par sa fermeture (arrêt des pompages)
peuvent modifier le sens et/ou le débit des échanges
nappe ? rivière. De manière schématique, les effets de
ces modifications sur le régime des cours d?eau peuvent
induire des désordres et nuisances de types opposés :
? un accroissement du débit moyen des cours d?eau
et des débits de crue;
? une diminution du débit d?étiage.
L?impact de la modification du régime des cours d?eau
peut s?étendre bien au-delà du seul secteur concerné
par l?exploitation minière et de ses abords immédiats.
Il peut concerner la partie du bassin hydrographique
située à l?aval du site minier.
6.5.1.1. Accroissement du débit des cours d?eau
Le schéma d?exhaure durant l?exploitation peut avoir
contribué à diminuer le débit de certains cours d?eau
initialement alimentés par des points de débordement
naturels de la nappe. L?exploitation minière se
développant généralement sur plusieurs dizaines
d?années, l?extension naturelle du lit mineur des cours
d?eau concernés ainsi que des zones inondables leur
correspondant s?estompe progressivement dans la
mémoire collective. Dans ces conditions, il arrive que :
? le lit mineur initial du cours d?eau soit aménagé voire
canalisé sous la pression de l?activité humaine ;
? des terrains soient aménagés en vue de leur
urbanisation, au sein du lit majeur - zones naturelles
d?épandages de crues -, voire dans le lit mineur naturel.
Le nouveau schéma de drainage après arrêt des
pompages peut contribuer à accroître le débit moyen
de certains cours d?eau et entraîner, de fait, une
augmentation du débit des crues et de leur fréquence,
incompatible avec les nouveaux aménagements.
Cet accroissement découle de l?une ou l?autre des
causes suivantes, voire de leur combinaison:
? les travaux d?aménagement en surface ont accru la
taille du bassin versant;
? la création de vides miniers a augmenté la surface du
bassin versant souterrain drainée par le cours d?eau;
? l?arrêt des pompages entraîne une remontée
générale de la nappe favorisant son drainage par
le cours d?eau considéré au niveau de son lit mineur
et par l?intermédiaire des sources qui s?y déversent;
? le nouveau schéma de circulation des eaux après
arrêt de l?exhaure peut concentrer l?ensemble des
écoulements souterrains vers un nombre réduit de
points de débordement, augmentant ainsi la surface
de bassin versant alimentant un même cours d?eau.
En période de hautes eaux, l?augmentation de taille
du bassin versant superficiel et/ou du bassin versant
souterrain peut conduire à l?accroissement du volume
des crues. De plus, l?existence d?un réseau de galeries
facilite dans des proportions considérables l?écoulement
de l?eau dans le sous-sol; ainsi, le temps de transfert de
l?eau entre la nappe et le cours d?eau se trouve réduit ce
qui accroît la rapidité de la montée des eaux et le débit
de pointe des crues.
6.5.1.2. Diminution du débit d?étiage
À l?inverse du phénomène d?accroissement du débit de
certaines rivières, le nouveau schéma de circulation des
eaux peut aussi contribuer à réduire le débit d?autres
cours d?eau. Ce phénomène entraîne une diminution de la
ressource en eau disponible dans le cours d?eau lui-même
ou dans une éventuelle nappe alluviale sous-jacente. Il en
résulte des conséquences sur les volumes disponibles
pour l?alimentation en eau pour divers usages.
Cette situation peut aussi conduire à :
? l?assèchement de points d?eau creusés dans la nappe
alluviale, voire l?assèchement du cours d?eau lui-
même;
? une détérioration de la qualité de l?eau et la mise en
danger d?écosystèmes aquatiques.
La diminution, plus ou moins prononcée, du débit
moyen des cours d?eau peut découler de l?une ou
l?autre des causes suivantes, voire de la combinaison
de plusieurs d?entre elles:
44
? les travaux d?aménagement en surface, ayant
diminué la taille du bassin versant superficiel en
dérivant une partie du ruissellement en direction
d?un autre bassin versant;
? l?existence de vides miniers entraînant l?écoulement
d?une partie de la nappe drainée antérieurement par
le cours d?eau vers un autre bassin versant;
? la fin de l?alimentation du cours d?eau concerné par
le rejet en surface de pompages d?exhaure.
6.5.2. Qualification de l?aléa «modification du régime
des cours d?eau»
6.5.2.1. Qualification de l?intensité
Dans la configuration d?accroissement du débit des
cours d?eau, le paramètre qui discrimine les classes
d?intensité est le débit maximal de crue du cours d?eau
qui se répercute sur l?extension de la zone inondée.
Ce paramètre est associé à la fréquence de l?inondation
par rapport à la situation de référence correspondant
à la période d?exploitation. Les facteurs influençant ce
paramètre sont la climatologie, l?extension du bassin
versant et les aménagements portant sur la gestion
de l?eau à la fermeture de la mine.
Nous distinguons deux classes en fonction du préju-
dice apporté à l?occupation des sols et des dangers
pour les biens.
Il importe surtout de déterminer si l?augmentation
escomptée du débit de crue liée aux anciens travaux
miniers est susceptible de contribuer de manière
négligeable ou a contrario sensible au développement
d?inondations par rapport à une situation vierge de
travaux miniers.
Dans la configuration de diminution du débit d?étiage,
le paramètre d?intensité retenu est le débit du cours
d?eau à l?étiage, associé à sa durée. Comme pour le cas
des crues, le facteur d?intensité est lié aux données
climatiques, à la taille du bassin versant et au mode de
gestion des eaux après arrêt de l?exploitation.
6.5.2.2. Qualification de la prédisposition
Les facteurs de prédisposition à cet aléa, dans la
configuration d?accroissement du débit des cours
d?eau,sont les suivants :
Extension de la plaine alluviale avec la présence d?une
nappe peu profonde pouvant facilement déborder
(phénomène susceptible d?être amplifié par la remontée
de la nappe à l?arrêt des travaux miniers)
Modification de la topographie du lit majeur sous l?effet
d?affaissements miniers passés ou à venir
Aménagements susceptibles de gêner la circulation
des eaux qui ont pu se développer pendant la phase
d?exploitation où le débit se trouvait réduit (voies de
circulation, constructions, déversement de matériaux,
non-entretien des berges)
Mode de gestion de l?eau après fermeture de la mine
amenant éventuellement à concentrer le drainage naturel
des travaux miniers en un nombre réduit de points de rejet
Dans la configuration de diminution du débit d?étiage,
le facteur de prédisposition essentiel est l?existence,
pendant la phase d?exploitation, de rejets d?exhaure
alimentant artificiellement le débit du cours d?eau
et ayant permis une modification de l?usage de l?eau
(utilisation de la ressource ou dilution d?effluents).
Le phénomène est aggravé si le cours d?eau n?est que
peu soutenu par le système aquifère ou, a fortiori,
si le cours d?eau alimente la nappe.
Classe
d?intensité Description Valeur
Modérée
Le cours d?eau ne sort
qu?occasionnellement de
son lit mineur
-
Élevée Le lit majeur est
régulièrement inondé -
Tableau 21 : modification du régime des cours d?eau
(accroissement du débit) : classes d?intensité
Classe
d?intensité Description
Valeur sous
forme de
variation du
débit d?étiage
en référence à
la situation en
exploitation
Très limitée
Le débit d?étiage
n?est influencé
que de façon peu
perceptible
Variation
< 50%
Limitée
Le débit d?étiage
est visiblement
influencé pendant
les périodes sèches
Variation
> 50%
Modérée
Le débit peut
s?annuler en
périodes sèches
Variation ~100%
Tableau 22 : modification du régime des cours d?eau
(diminution du débit d?étiage) : classes d?intensité
45
ÉVALUATION DES ALÉAS MINIERS
6.5.2.3. Cartographie de l?aléa
La cartographie doit inclure le réseau hydrographique,
notamment les tronçons de rivière dont les crues et
les étiages seront affectés par les conséquences des
travaux miniers. Pour les augmentations de débit, on
s?efforcera de donner une représentation des zones
potentiellement inondables en nuançant les contours
par la notion de prédisposition.
6.6. Inondations brutales
6.6.1. Le phénomène et ses mécanismes
Le phénomène d?inondation brutale résulte de l?émission
soudaine d?un très fort débit d?eau ou de boue par un
orifice en liaison avec un réservoir minier ennoyé. En
fonction du débit et du volume rejeté, l?effet peut être
plus ou moins dévastateur et aller d?une simple crue dans
le lit d?une rivière à une vague déferlante au fort pouvoir
destructeur.
L?intensité du phénomène est liée au volume d?eau
susceptible de se vidanger, aux caractéristiques
hydrodynamiques de l?orifice d?évacuation et à la
morphologie des terrains permettant l?écoulement en
aval. Les conséquences sont, a priori, d?autant plus graves
que le phénomène peut se développer dans un site où les
zones aval sont occupées par l?activité humaine.
Les mécanismes initiateurs d?un tel phénomène peuvent
résulter de plusieurs causes naturelles ou artificielles
dont l?existence exige toutefois des configurations
topographiques assez particulières.
La situation la plus fréquente est celle d?un réservoir
minier en altitude qui s?est constitué à la suite
d?obturations volontaires ou fortuites des orifices miniers
topographiquement les plus bas qui en permettaient la
vidange. La rupture d?un bouchon artificiel ou l?occurrence
d?un débourrage d?une galerie effondrée, ou d?un karst
colmaté, peuvent alors rapidement conduire à des débits
et des conséquences d?autant plus importants que la
charge derrière le bouchon est élevée et que le réservoir
est suffisamment volumineux pour que le phénomène
persiste durant plusieurs jours.
Une autre situation peut résulter du déversement d?un
réservoir karstique dans les travaux miniers entraînant
une crue soudaine à leur exutoire.
On citera également le risque de vague déferlante en
cas d?effondrement soudain de vides miniers ennoyés
de grande dimension.
Enfin dans le cas d?une ancienne mine à ciel ouvert
donnant lieu à un lac minier, ou encore d?une verse à
résidus sous eau, il faut envisager la possibilité d?une
instabilité mécanique entraînant le glissement d?une
grande masse de matériaux au sein de la retenue, ou
la rupture d?une digue avec pour conséquences le
déversement d?une lame d?eau et de boue en aval de
l?ouvrage.
6.6.2. Qualification de l?aléa
6.6.2.1. Qualification de l?intensité
Le phénomène se manifeste par une lame d?eau s?écoulant
avec une certaine vitesse pendant une durée variable.
À défaut d?un paramètre unique d?intensité du
phénomène physique, nous définirons des classes à partir
des effets sur les biens et les personnes, en évoquant
une simple valeur indicative de la hauteur d?eau atteinte
par l?inondation, partant du principe que la vitesse
d?écoulement est élevée.
Les facteurs influençant l?intensité sont la capacité du
réservoir minier susceptible d?être vidangé, la conductivité
hydraulique des accès entre le jour et le réservoir, la
capacité du milieu récepteur à évacuer un débit soudain
et intense.
Les valeurs seuils présentées dans le tableau suivant
sont fournies à titre purement indicatif. Elles pourront
être adaptées au contexte par l?expert en charge de la
réalisation de l?évaluation des aléas.
Classe
d?intensité Description
Valeur
Hauteur
d?eau
Limitée
Flux d?eau capable de fortes
érosions locales mais sans
dégradation des bâtiments ou
danger pour les personnes ou
les véhicules
< 20 cm
Modérée
Flux d?eau capable de
dégrader certains bâtiments
et de mettre en danger
localement la circulation
entre
20 cm et
50 cm
Élevée à
très élevée Flux d?eau dévastateur > 50 cm
Tableau 23 : inondation brutale : classes d?intensité
46
6.6.2.2. Qualification de la prédisposition
Le facteur de prédisposition essentiel est l?existence
d?un réservoir minier susceptible d?une vidange
brutale au jour. Ce réservoir occupe naturellement
les travaux miniers profonds en dessous de leur cote
de drainage, mais il peut également être perché par
rapport aux exutoires potentiels et avoir ainsi été
constitué volontairement à la fermeture de la mine
par obturation d?accès au jour, ou encore être apparu
de façon spontanée par obturation de conduits
de drainage suite à un effondrement. Les facteurs
aggravant l?aléa sont, selon les cas:
Impossibilité de surveiller et d?entretenir les bouchons
d?obturation
Impossibilité ou absence de surveillance du niveau d?eau
dans les travaux miniers
Risques d?instabilité des travaux miniers pouvant entraîner
un effondrement en masse
Possibilité d?alimentation intempestive du réservoir minier
par un karst en crue
Présence de terrains calcaires pouvant contenir des
conduits karstiques colmatés, susceptibles de communi-
quer avec les travaux miniers
6.6.2.3. Cartographie de l?aléa
Pour cartographier cet aléa, on s?attachera à identifier
tous les émissaires (orifices de galeries, de puits,
points bas d?une digue naturelle ou artificielle, terril
sur vallon?) susceptibles de fournir un écoulement
soudain et intense et on s?attachera à préciser, autant
que faire se peut, les contours présumés de la zone
concernée par la lame d?eau en aval.
47
ÉVALUATION DES ALÉAS MINIERS
L?évaluation détaillée de l?aléa gaz de mine est l?objet
d?un guide méthodologique établi en 2016 par
l?Ineris. Nous n?en établissons ici qu?une synthèse très
succincte et recommandons au lecteur de consulter
cet ouvrage pour plus de précision.
7.1. Le phénomène et ses mécanismes
Le phénomène redouté correspond à la remontée
en surface de gaz en lien avec l?exploitation minière.
Ce phénomène est susceptible de présenter des
dangers, principalement pour les personnes et, plus
exceptionnellement, pour les biens ou l?environnement.
Il s?agit des dangers d?inflammation, d?explosion,
d?asphyxie et d?intoxication.
Les gaz peuvent être d?origines endogène (au sein du
gisement avant l?exploitation minière, principalement le
méthane et ses homologues supérieurs, et le dioxyde
de carbone) ou exogène (au sein de l?environnement
extérieur perturbé pendant et après l?exploitation
minière). Les plus fréquemment rencontrés dans un
contexte post-minier sont le monoxyde de carbone, le
dioxyde de carbone et le sulfure d?hydrogène).
Les anciennes mines souterraines sont à même de
réunir trois éléments principaux, nécessaires pour
l?apparition du phénomène redouté:
? la présence de vides résiduels constituant un
réservoir souterrain plus ou moins confiné et
connecté. Ces vides peuvent être directement
d?origine minière ou apparus dans les terrains
encaissants, suite à l?influence d?une exploitation ;
? la présence de gaz dangereux ou d?atmosphères
appauvries en oxygène;
? la possibilité de production et/ou d?accumulation de
ces gaz en quantité significative et de migration, à
des teneurs dangereuses, vers la surface.
Les anciennes exploitations souterraines engendrent
en effet trois modifications du milieu :
? la création de vides résiduels provenant des travaux
d?exploitation et des ouvrages d?infrastructures
minières (galeries, puits. . .) . En fonction de
l?importance et du type d?exploitation, le volume des
vides résiduels peut être plus ou moins important ;
? la dégradation des terrains de recouvrement au-
dessus des anciennes exploitations minières, qui
induit l?augmentation de leur fracturation, et/ou
de leur porosité et facilite ainsi la migration des
fluides (eau et gaz). Le gaz peut provenir des
travaux miniers. Il peut, dans certaines conditions
géologiques particulières, être généré dans les
terrains de recouvrement fracturés par l?exploitation
minière ;
? le changement des conditions hydrogéologiques
postérieurement à l?exploitation minière souterraine,
qui se concrétise dans la plupart des cas par un
rabattement de la (des) nappe(s) aquifère(s). Ceci
facilite la migration de gaz au sein des vides post
miniers et dans les terrains de recouvrement.
Ces modifications favorisent directement le
dégagement, la production, l?accumulation et la
circulation degaz au sein des massifs rocheux.
LES ALÉAS LIÉS AUX ÉMISSIONS DE GAZ
EN LIEN AVEC L?EXPLOITATION MINIÈRE7
Figure 8 : principales voies de migration de gaz en lien avec l?exploitation minière
48
7.2. Émission de gaz: qualification de l?aléa
7.2.1. Qualification de l?intensité
L?intensité s?exprimepar la conjonction :
? de l?aptitude du réservoir minier à produire ou
à contenir des gaz dangereux (en termes de
composition et de quantité);
? de l?importance potentielle du flux de ces gaz vers
la surface.
Les dangers vis-à-vis des biens ou infrastructures
n ?ex istent que lorsque le gaz de mine est
inflammable, car son accumulation peut conduire à
une inflammation ou une explosion. Cependant, les
personnes étant également exposées dans un tel
scénario, il est considéré que l?intensité du phénomène
ne se traduit qu?en termes de dangerosité sur les
personnes.
Les classes d?intensité, issues du guide méthodologique
de 20164, sont les suivantes:
4 - Nous recommandons au lecteur de consulter le guide méthodologique de l?Ineris pour plus de précision sur l?évaluation de l?intensité et
sur les valeurs limites (TLR, LIE).
5 - Pour plus de précision sur la qualification d?émission faible, moyenne et importante, nous recommandons au lecteur de consulter le guide
méthodologique de l?Ineris [6].
Tableau 24 : émission de gaz en lien avec l'exploitation minière : classes d'intensité
Classes d?intensité Caractéristiques de l?émission de gaz au niveau des vides miniers
Limitée
Émission contenant:
- soit des gaz inflammables, à des teneurs inférieures à la Limite Inférieure d?Explosibilité (LIE);
- soit des gaz asphyxiants ou toxiques, à des teneurs dépassant les Teneurs Limites de Référence
(TLR) mais ne pouvant entraîner qu?un effet faible et réversible.
Modérée
Émission faible à moyenne5 contenant:
- soit des gaz inflammables, à des teneurs supérieures ou égales à la LIE;
- soit des gaz asphyxiants ou toxiques, à des teneurs pouvant entraîner un effet irréversible;
ou:
Émission faible contenant des gaz asphyxiants ou toxiques, à des teneurs pouvant entraîner un
effet létal.
Élevée
Émission importante5 contenantdes gaz :
- soit inflammables, à des teneurs supérieures ou égales à la LIE;
- soit asphyxiants ou toxiques, à des teneurs pouvant entraîner un effet irréversible.
Émission moyenne à importante contenant des gaz asphyxiants ou toxiques, à des teneurs pouvant
entraîner un effet létal.
49
ÉVALUATION DES ALÉAS MINIERS
7.2.2. Qualification de la prédisposition
La prédisposition d?un site post-minier à ce qu?il puisse
s?y produire des émissions de gaz en surface s?exprime
par les propriétés du milieu environnant de ce site à
permettre (ou au contraire à limiter) la migration vers
la surface de gaz présents au sein d?anciens travaux
miniers et des terrains encaissants.
L?évaluation de la prédisposition doit considérer les
deux voies principales de migration de gaz vers la
surface, qui sont:
? la migration de gaz à travers les terrains de
recouvrement, incluant les discontinuités éventuelles
de ces terrains;
? la migration par les ouvrages débouchant au jour.
La migration de gaz peut s?opérer sous forme dissoute
dans l?eau. Elle est alors à considérer dans le volet
relatif aux ouvrages débouchant au jour, car, dans la
plupart des cas, le dégazage des eaux minières ne se
manifeste qu?en liaison avec des émergences par les
ouvrages miniers.
Relativement aux terrains de recouvrement, les
principaux facteurs à prendre en compte, liés à la
résistance aéraulique (résistance à l?écoulement des
gaz) sont les suivants:
? l?épaisseur des terrains de recouvrement: toutes
choses égales par ailleurs, plus elle est importante
et plus elle constitue une résistance à l?écoulement
des gaz vers la surface;
? l?influence de l?exploitation minière, ayant pu
déstructurer et augmenter la porosité et/ou la
fracturation des terrains de recouvrement, et ainsi
faciliter l?écoulement des gaz;
? l?existence de formations géologiques particulières
pouvant augmenter la résistance aéraulique
(couches à très faible perméabilité, nappes perchées,
etc.);
? a contrario, l?existence de formations géologiques
ou de discontinuités très perméables, pouvant
constituer des drains préférentielspour le gaz;
? les instabilités géomécaniques au sein des terrains
de recouvrement, pouvant faciliter l?écoulement
gazeux.
Les ouvrages débouchant au jour reliant les vieux
travaux miniers à la surface constituent des points
singuliers par lesquels une migration de gaz de mine
peut être potentiellement facilitée, même s?ils ont été
traités et fermés après l?arrêt de l?exploitation.
Dans ce cas également, c?est la résistance aéraulique
de l?ouvrage qui constitue l?élément déterminant pour
la qualification de sa prédisposition à la migration de
gaz de mine. Il convient toutefois de tenir compte
de l?instabilité potentielle de ces ouvrages, qui peut
avoir une incidence sur l?émission de gaz en surface
(débourrage du remblai, effondrement...).
La typologie de l?ouvrage, le volume de vide en son
sein, le mode et la pérennité du remblayage et/ou
de la fermeture sont des critères importants. La
conjonction de plusieurs critères augmentant ou
limitant la prédisposition conduit à ce que chaque
ouvrage soit l?objet d?une analyse particulière.
7.3. Émission de gaz: cartographie de
l?aléa
Dans le cas de migration par les terrains de
recouvrement, le périmètre des différentes zones
d?aléa au droit des anciens travaux miniers est défini
tout d?abord par une projection verticale des limites
géométriques des travaux concernés.
Dans un deuxième temps, il est pris en compte
l?influence de l?exploitation en fonction de la
typologie de mouvements de terrains qui se sont
produits ou peuvent se produire. Cette influence
dite «géomécanique» peut modifier latéralement
les caractéristiques aérauliques des terrains de
recouvrement et les rendre plus perméables, donc
plus propices à permettre une migration de gaz.
Dans le cas de migration par les ouvrages débouchant
au jour, il convient de tenir compte de la zone
d?influence de l?ouvrage. Celle-ci doit intégrer:
? les éventuelles connexions à d?autres ouvrages en
surface ou sub-surface;
? l?existence de défauts d?étanchéité au droit du
dispositif de fermeture d?un ouvrage;
? l?état de fracturation des terrains environnant
l?ouvrage;
? la marge d?influence liée à un potentiel mouvement
de terrain si un tel aléa est pertinent.
51
ÉVALUATION DES ALÉAS MINIERS
DOCUMENTS DE RÉFÉRENCE8
[1] Collectif, INERIS, 2006. L?élaboration des Plans
de Prévention des Risques Miniers. Guide
Méthodologique. Volet technique relatif à
l?évaluation de l?aléa. Les risques de mouvements
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INERIS-DRS-06-51198/R01, http://www.ineris.fr/
guide-pprm
[2] GEODERIS , 2012 . Guide prat ique pour
l?homogénéisation des études détaillées des aléas
miniers Volet « effondrement localisé ». GEODERIS
N2012/010DE
[3] GEODERIS, 2015. Bassin houiller lorrain. Évaluation
de la prédisposition de présence de crevasses.
GEODERIS E2015/062DE
[4] INERIS, 2010. Note d?information sur la nature
des mouvements de terrains susceptibles de se
développer à l?aplomb des anciennes exploitations
menées par chambres et piliers dans le bassin
houiller de Provence. INERIS DRS-10-116224-
09341A
[5] INERIS, 2015. Retour d?expérience sur les
effondrements localisés miniers. INERIS DRS-15-
149489-10509A, http://www.ineris.fr/centredoc/
drs-15-149489-10509a-fina-unique-1446806603.pdf
[6] INERIS, 2016. Évaluation de l?aléa «Gaz de mine».
Guide méthodologique. INERIS-DRS-15-149493-
10366B, http://www.ineris.fr/centredoc/alea-gaz-
de-mine-guide-ineris-2016-1457701762.pdf
[7] INERIS, Cerema, GEODERIS, 2017. Guide de gestion
du risque minier post-exploitation. INERIS-DRS-17-
164640-01814A, https://www.ineris.fr/sites/ineris.
fr/files/contribution/Documents/DRS-17-164640-
01814A-RAP-Guide%20de%20gestion%20des%20
risques%20miniers_v18.pdf
53
ÉVALUATION DES ALÉAS MINIERS
BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE9
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des Mines de Nancy.
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stériles concernant quelques exploitations minières
françaises. BRGM n° 80 SGN 433 GEG
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des Mines. 5 volumes. Paris. Éditions Dunod.
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minières. Éditions Armines.
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Traitement des puits, galeries et descenderies
abandonnés. INERIS-SSE-CDi/CS-97-22EP46/
R04
[20] INERIS, 2001. Guide méthodologique pour l?arrêt
des exploitations minières souterraines. INERIS-
DRS-01-25750/R01
[21] INERIS, 2005. Évaluation des aléas liés aux feux
souterrains dans les anciennes exploitations de
charbon. INERIS ? DRS ? 05 ? 55108/R01
[22] INERIS, 2005. Contribution au développement
d?outils d?aide à l?évaluation des aléas dans le
cadre des PPRM Aléa «mouvements de terrain»
pour les gisements pentés et filoniens. Partie 2:
« Typologie des événements redoutés au droit
d'exploitations pentées et/ou filoniennes ».
INERIS-DRS-05-55102/R02
[23] INERIS, 2009. Annexe technique au guide
d?élaboration des Plans de Prévention des Risques
Miniers. Évaluation de l?aléa « effondrement
localisé ».INERIS DRS-09-103953-12226A
[24] ISRM, 2008. Mine closure and post-mining
management. International state-of-the-art. Non
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[25] JEGER C., 1976. « Étude des conditions de
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houillères françaises ». Revue de la Société de
l'industrie minérale, Mines et carrières, p. 116-140.
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nationale supérieure des Mines de Nancy.
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Springer-Verlag.
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l?aléa dû aux mouvements de terrain. Collection
« Environnement. Les risques naturels ». Paris.
Éditions du Laboratoire central des ponts et
chaussées.
[29] LCPC, 2004. Les études spécifiques d?aléa
lié aux éboulements rocheux. Collection
«Environnement. Les risques naturels ». Paris.
Éditions du Laboratoire central des ponts et
chaussées.
[30] LCPC, INERIS, MATE, 2002. Guide technique
d?évaluat ion des a léas l iés aux cavités
souterraines. Collection « Environnement. Les
risques naturels ». Paris. Éditions du Laboratoire
central des ponts et chaussées.
[31] LIN S., WHITTAKER B.N., REDDISH D.J., 1992.
Application of assymetrical influence functions
for subsidence prediction of gently inclined seam
extractions. Éditions Elsevier.
[32] MATE, METL, 1999. Plans de prévention des
risques naturels (PPRN). Risques de mouvements
de terrain. Guide méthodologique. Paris. Éditions
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[33] MICHALSKI E.R., OUVRY J.F., WOJTKOWIAKF., 1997.
« Aspects hydrauliques des ouvrages de retenue des
résidus industriels fins ». Mines et carrières, numéro
54
spécial Digues & Terrils, novembre. Éditions de la
Société de l'industrie minérale.
[34] PAQUETTE Y., HANTZ D., 1997. « Terrils et
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réhabilitation. » Mines et carrières, numéro
spécial Digues & Terrils, novembre. Éditions de
la Société de l'industrie minérale.
[35] PAQUETTE Y., 1997. « La combustion des remblais
houillers et crassiers sidérurgiques. » Mines et
carrières, numéro spécial Digues & Terrils,
novembre. Éditions de la Société de l'industrie
minérale.
[36] PAQUETTE Y., LAVERSANNE J., 2003. Guide
du détenteur de terrils et autres dépôts miniers
issus de l?activité charbonnière (verses, bassins
de décantation, dépôts de cendres). Éditions de
la Société de l'industrie minérale.
[37] P IGUET J .P. , WOJTKOWIAK F. , 2000.
«Affaissements et déformations au-dessus des
exploitations minières : mécanismes et évolution
dans le temps. » Mines et carrières Volume 82,
juin 2000, p. 36-47. Éditions de la Société de
l'industrie minérale.
[38] PROUST A., 1964. « Étude sur les affaissements
miniers dans le bassin du Nord et du Pas-de-
Calais ». Revue de l?Industrie Minérale, juin-juillet
1964.
[39] STRACHER G., PRAKASH A. et al. Coal and peat
fires: a global perspective. Volumes 1 (2010),
2(2012), 3 (2014) et 4 (2015), Éditions Elsevier.
Crédits photos : Ineris (couverture, 13 ; 14 ; 18 ; 21 ; 23 ; 28 ; 29 ; 34 ; 37 ;
39 ; 41 ; 42 ; 47) ? GEODERIS (p. 33) ? Piguet J. P. et Deck O. (p. 26)
? Conception-réalisation : O?communication ? Les Récréateurs
Institut national de l?environnement industriel et des risques
Parc technologique Alata - BP 2 - F-60550 Verneuil-en-Halatte
03 44 55 66 77 - ineris@ineris.fr - www.ineris.fr
La connaissance des aléas liés aux travaux miniers a largement été développée ces dernières
années sur le territoire métropolitain. Les recherches effectuées pour appréhender les risques sur
les zones d?emprise d?anciennes exploitations minières se traduisent, pour la grande majorité des
phénomènes redoutés qui peuvent se produire sur ces zones, par la réalisation d?une « étude d?aléa ».
Le présent guide constitue la trame et les lignes directrices pour cette réalisation.
Dans le cadre de la gestion du risque que les anciens travaux miniers peuvent générer, d?une part, et
de l?aménagement durable de ces territoires, d?autre part, l?étude des aléas, et les cartes qui lui sont
associées, constituent une étape essentielle.
Il s?agit de délimiter les zones où des aléas existent et d?en évaluer le niveau, afin de déterminer le risque
pour les biens existants et les possibilités de construction ou d?aménagement pour le développement
du territoire.
Cette étape technique clé permet aux services instructeurs d?élaborer les procédures de gestion du
risque minier post-exploitation, aux collectivités de mieux connaître et de s?adapter aux phénomènes
redoutés et aux aménageurs de mieux appréhender les conditions de constructibilité.
Le lecteur trouvera dans ce guide des informations sur le phénomène d?origine minière auquel il
peut être confronté, des retours d?expérience qui en ont été établis, ainsi que des indications sur les
paramètres concourant à évaluer, hiérarchiser et cartographier l?aléa.
Knowledge of hazards associated with mining works has largely been developed in recent years
in metropolitan France. The research carried out to apprehend risks on the surface influenced by
old mining operations is realised through a "hazard study", for the vast majority of the dreaded
phenomena which can occur.
This handbook provides the framework and guidelines for this achievement.
In the framework of the risk management that these old mining works can generate, on the one hand,
and the sustainable development of these territories, on the other hand, the study of the hazards, and
associated maps, constitutes an essential step.
The objective is to map the zones where hazards exist and to evaluate their level, in order to determine
the risk for existing stakes and the possibilities of construction or development in terms of land planning.
This key technical step allows the instructor services to develop post-mining risk management
procedures, allowing local authorities to better know and adapt to the dreaded phenomena and land
planners to better understand the conditions of constructibility.
This handbook provides information on post-mining phenomena, the feedback that has been established
and indications on the parameters to be considered to evaluate and map the hazard.
INVALIDE) (ATTENTION: OPTION res de profondeur,
et de glissement superficiel lorsque cette surface est
sise à quelques mètres de profondeur.
Les conséquences d?un glissement profond peuvent
s?avérer importantes, celui-ci pouvant se répandre
vers l?aval de la pente sous forme de cône d?épandage
et être à l?origine de la dégradation des éventuels
bâtis et ouvrages. Il peut également affecter des
éventuelles constructions et infrastructures sises
en bordure sommitale de la pente, à proximité de
la zone de départ (dénommée également «niche
Tableau 15 : tassement : classes d?intensité
Classe
d?intensité
Amplitude
prévisible
Très limitée Amplitude d?ordre centimétrique
Limitée Amplitude d?ordre décimétrique
33
ÉVALUATION DES ALÉAS MINIERS
d?arrachement ») du glissement. Ainsi peut-on
considérer que les glissements profonds ne peuvent
affecter que des versants meubles, dépôts ou terrils
de hauteur conséquente (plusieurs dizaines de
mètres), ce qui limite le nombre de cas pouvant être
concernés.
Les conséquences d?un glissement superficiel sont
en revanche beaucoup plus limitées, ne concernant
que la pente elle-même ou ses proches abords amont
et aval. Ce phénomène est beaucoup plus fréquent
en raison du très grand nombre de cas de pentes et
versants miniers de hauteur limitée.
On regroupe dans le terme de mouvements superficiels
des phénomènes qui ne sont pas associés à l?existence
d?une surface de rupture bien définie: ce peut-être des
reptations de sols ou matériaux par modification de leur
comportement mécanique en présence d?eau, ou encore
du ravinement d?une pente par l?eau.
Les coulées sont des mouvements où le matériau de
la pente est totalement déstructuré et remobilisé du
fait d?une forte présence d?eau. Il se transforme alors
en un fluide visqueux qui s?écoule à une vitesse élevée
(généralement entre 1 m/s et 7 m/s). Cet écoulement
possède souvent un front, généralement raide,
composé de blocs de matériaux et de débris divers.
Dans le domaine des risques naturels en montagne
on emploie souvent le terme de lave torrentielle
correspondant au même mécanisme mais impliquant
des surfaces beaucoup plus importantes.
Les coulées constituent les désordres les plus
dangereux susceptibles d?affecter les personnes et
les biens situés dans l?environnement d?une pente.
Elles sont toutefois très rares, liées à un apport d?eau
(pluviométrie, ou d?origine anthropique) anormal ou
exceptionnel.
4.8.2. Mouvements de pente de matériaux meubles:
qualification de l?aléa
4.8.2.1. Qualification de l?intensité
Le paramètre principal pour l?évaluation de l?intensité
est le volume de matériau mis en mouvement.
Parmi les principaux facteurs susceptibles de
jouer sur ce volume, on citera : la nature et la
granulométrie des matériaux constituant la pente,
sa hauteur, son pendage et sa morphologie,
l?intensité des ruissellements prévisibles, l?existence
ou non de mesures d?aménagement (couverture,
engazonnement?).
Dans le cas spécifique de la coulée, qui est un
désordre de nature à porter atteinte à la sécurité des
personnes et des biens présents dans sa trajectoire, il
n?est pas aisé d?identifier une grandeur caractéristique
permettant de discriminer ses conséquences. Il est
donc retenu la hauteur de flux du fluide visqueux,
la cinétique du phénomène étant élevée et non
discriminante.
D?autres facteurs influent sur les caractéristiques de la
coulée : le volume de matériau mobilisable, la pente et
la morphologie du talus le long duquel s?initie la coulée,
la pente et la morphologie de la zone d?épandage
(gouvernant notamment la hauteur de flux), l?existence
d?obstacles à la propagation de la coulée, etc.
Les valeurs seuils présentées dans le tableau 16 sont
fournies à titre purement indicatif. Elles pourront être
adaptées au contexte par l?expert en charge de la
réalisation de l?évaluation des aléas.
Photographie 4 : glissement profond du terril Mieg, bassin minier
de Pechelbronn, Alsace
Classe d?intensité Description Paramètre et valeur seuil
Très limitée Reptations, ravinements Volume de quelques m3
Limitée Glissements superficiels, ravinements importants Volume de 10 à 100 m3
Modérée
Glissements profonds Volume de 100 à 5000 m3
Coulée capable de dégrader certains bâtiments et de
mettre en danger la circulation Hauteur de flux < 50 cm
Élevée
Glissements profonds majeurs Volume > 5 000 m3
Coulée dévastatrice pour les personnes et les biens Hauteur de flux > 50 cm
Tableau 16 : mouvements de pente de matériaux meubles : classes d?intensité
34
4.8.2.2. Qualification de la prédisposition
Les facteurs qui contribuent à augmenter la
prédisposition d?une pente sont les suivants:
? l?existence d?indices d?anciens mouvements, encore
visibles sur le terrain ou décrits dans les archives, dans
un secteur proche présentant des caractéristiques
géologiques et d?exploitation voisines ;
? la présence de signes traduisant l?activité des
mouvements déjà initiés (fissures de décompression,
bourrelets en pied, arbres penchés, rigoles, ravines?);
? la nature des matériaux constituant le talus: nature
et granulométrie des matériaux, existence de
discontinuités stratigraphiques ou tectoniques. La
présence de matériaux contenant une proportion
importante de particules fines augmentera par
exemple la prédisposition du site à être affecté par
des phénomènes d?érosion et de ravinement;
? la topographie, le pendage et la morphologie de la
pente;
? la nature, la topographie et les conditions
hydrogéologiques des terrains d?assise des
dépôts(terrains plastiques) ;
? l?éventuelle modification, d?origine naturelle ou
anthropique, des conditions hydrauliques locales
(affaiblissement de la butée de pied en cas de
crues sévères d?un cours d?eau en pied d?une
pente, altération du dispositif de drainage ou
d?aménagement des écoulements, création de
bassins de décantation, rupture de canalisation,
drains bouchés, canaux de ruissellement remplis
par des éboulis?);
? l?existence de facteurs aggravants tels que l?absence de
végétalisation adaptée en surface, l?existence possible
de sollicitations dynamiques (séismes, vibrations?), le
développement de certaines activités humaines (VTT,
moto-cross, surcharge en bord de crête?);
? la présence d?anciens travaux miniers souterrains
au droit de la pente, susceptible de se rompre et
d?engendrer la déstabilisation de celle-ci.
L?existence de réaménagements ou de parades
(couverture, végétalisation,soutènements, repro-
filages de pentes?) peut en revanche diminuer la
prédisposition.
4.8.3. Mouvements de pente de matériaux meubles:
cartographie de l?aléa
La cartographie de cet aléa doit tenir compte, non
seulement de la pente, mais également des zones
sommitales ou en aval pouvant être impliquées dans le
phénomène. C?est notamment le cas des glissements
profonds où la niche d?arrachement peut se trouver au
sein de la partie sommitale, et où la zone d?épandage
s?inscrit en partie aval du talus. Lorsqu?il n?est pas
observé sur le terrain de glissements actifs, il est
courant de considérer, par retour d?expérience, et en
fonction de la morphologie de la pente et de la nature
des matériaux constitutifs, des valeurs fraction de
la hauteur de la pente H, que ce soit pour l?aval ou,
de manière plus limitée, de l?amont de celle-ci. Ainsi
retrouve-t-on fréquemment les valeurs de H/2, H/3,
selon le cas considéré: l?aire cartographiée déborde
donc la zone pentée.
La zone d?épandage en aval est beaucoup plus
étendue dans le cas d?une coulée, et est tributaire
principalement de la morphologie de la surface en
pied de la pente. Selon qu?on soit en présence d?une
aire plane, ou a contrario d?un thalweg pouvant
canaliser la coulée, la limiter latéralement mais la
propager longitudinalement, l?aire cartographiée
sera très différente. L?observation de terrain et une
topographie précise du pied de la pente sont des
requis importants pour une cartographie pertinente
de l?aléa dans ce cas.
4.9. Les mouvements de pentes
rocheuses: éboulements, chutes de blocs
4.9.1. Le phénomène, les mécanismes, les effets
Les mouvements de pentes constituées dans des
roches (principalement les flancs d?anciennes mines
à ciel ouvert) sont la mobilisation de masses, plus ou
moins volumineuses, se détachant de la paroi et se
propageant au pied du front.
Les sollicitations géologiques et liées à l?exploitation
minière que ces pentes ont subies se traduisent par
des plans de fragilité et de rupture qui s?ajoutent aux
discontinuités existantes. Ces plans d?origines diverses
contribuent à découper le massif rocheux en blocs et
volumes dont la géométrie peut être variable.
Les fronts rocheux sont soumis à la gravité et aux
actions naturelles et climatiques (pluie, variation de
température, alternance de gel et dégel, vent?) qui
agissent sur la roche et ses discontinuités, conduisant
à une évolution lente du massif rocheux. De plus, ces
mécanismes naturels de démantèlement peuvent être
déclenchés ou amplifiés par :
? la végétation (action des racines dans les plans
de fragilité de la roche, action du vent sur la
déstabilisation ou le mouvement des arbres?) ;
Photographie 5 : front rocheux disloqué en blocs, bassin minier de
Villeveyrac
35
ÉVALUATION DES ALÉAS MINIERS
? les activités humaines (terrassements, extractions
de matériaux) ;
? les secousses sismiques.
En fonction du volume de roche écroulé, on parle
de chutes de pierres (< 0,1 m3), deblocs(0,1m3 à
10m3) ou plutôt d?éboulements (10 m3 à 104 m3), voire
d?éboulements majeurs(>104m3).
Quel que soit le volume mobilisé, la chute de masses
rocheuses présente un danger pour les personnes
se situant au sein de la zone d?épandage. À partir de
volumes supérieurs au m3, ce type de phénomène
peut également générer des dégâts irréversibles aux
biens.
Il est donc essentiel d?identifier, même de manière
approximative, l?extension de la zone rocheuse
mobilisée du fait de sa propagation. Cette dernière
dépend du volume potentiellement instable et de la
nature et de la pente des terrains situés en pied de
falaise. Ainsi, un pied de pente constitué de matériau
rocheux et orienté fortement vers l?aval sera favorable
à la propagation de blocs sur de grandes distances.
Plus la masse rocheuse écroulée sera fracturée et
plus elle pourra se disloquer en petits blocs au cours
de sa chute, ce qui peut favoriser une propagation
des éboulis vers l?aval. Enfin, la dimension de la zone
d?épandage dépend également du type et de la
cinétique du mouvement à l?origine de la rupture de
la masse rocheuse (basculement, glissement?).
4.9.2. Mouvements de pentes rocheuses :
qualification de l?aléa
Dans le cadre de la prévention des risques naturels,
la caractérisation de l?aléa de mouvements de pentes
rocheuses se décompose généralement en deux
mécanismes qui suivent les phases d?évolution du
mouvement rocheux :
? la déstabilisation et la mobilisation initiale des
matériaux (aléa de rupture) ;
? le mouvement des masses suivant une certaine
trajectoire, jusqu?à leur arrêt (aléa de propagation).
La combinaison de ces deux mécanismes aboutit à
un « aléa résultant ».
Dans le cas des fronts rocheux d?origine minière qui
concernent le présent guide, la qualification a été
volontairement simplifiée. Les raisons en sont que les
fronts ont généralement une hauteur relativement
limitée par comparaison aux versants naturels. Les
cas d?anciennes mines à ciel ouvert profondes existent
mais leur morphologie généralement circulaire et
circonscrite conduit à limiter l?aléa de propagation au
fond de la fosse.
4.9.2.1. Qualification de l?intensité
C?est le volume de matériau mis en mouvement qui est
retenu pour discriminer les clases d?intensité. Suivant
le volume de matériau éboulé, le type de désordre est
de nature à porter atteinte à la sécurité des personnes
et des biens présents en surface.
Les deux principaux facteurs susceptibles d?influer
sur le volume de matériau mis en mouvement sont
la morphologie du front rocheux et la densité de
discontinuités qui l?affectent.
Les valeurs seuils présentées dans le tableau suivant
sont fournies à titre purement indicatif. Elles pourront
être adaptées au contexte par l?expert en charge de
la réalisation de l?évaluation des aléas.
4.9.2.2. Qualification de la prédisposition
Les facteurs qui contribuent à augmenter la
prédisposition d?une pente rocheuse à la rupture sont
les suivants:
? l ?existence d?indices d?anciens mouvements,
encore visibles sur le terrain ou décrits dans les
archives, dans un secteur proche présentant des
caractéristiques géologiques et d?exploitation
voisines;
? la présence de signes traduisant une activité récente
de mouvement (blocs tombés au sol, éboulements,
cassures fraîches sur les fronts?) ;
? la géométrie des fronts : plus celle-ci est importante
et la pente prononcée et plus le front pourra être
marqué par des discontinuités préjudiciables à la
stabilité;
? le réseau de discontinuités affectant le massif est
un facteur primordial. Ces discontinuitéspeuvent
être des joints de stratification, des failles, fractures
ou diaclases, ou encore des contacts entre le
massif et les terrains superficiels. Ces discontinuités
découpent les masses rocheuses et facilitent leur
rupture. Différentes typologies existent, dont les
plus fréquentes sont : glissement plan, glissement
dièdre (selon une ligne intersectrice de deux plans
de fracturation), basculement, détachement?);
? de nombreux facteurs extérieurs peuvent jouer un
rôle aggravant: l?absence de système de gestion des
eaux de ruissellement, les phénomènes climatiques
de type gel/dégel, l?existence de sollicitations
dynamiques (séismes, tirs de mine?) ou statiques
(surcharge en crête de falaise), etc.
Classe
d?intensité
Description
Volume
mis en jeu
Limitée Chute de
pierres < 0,1 m3
Modérée Chute de blocs 0,1 m3 < v < 10 m3
Élevée Éboulement 10 m3 < v < 104 m3
Très élevée Éboulement
majeur > 104 m3
Tableau 17 : mouvements de pentes rocheuses : classes d?intensité
36
4.9.3. Mouvements de pentes rocheuses :
cartographie de l?aléa
Comme pour les talus constitués dans des matériaux
meubles, la cartographie doit tenir compte, non
seulement de la pente, mais également des zones
sommitales ou en aval pouvant être impliquées dans
le phénomène.
La zone sommitale peut en effet être concernée par
des éboulements, a fortiori par des éboulements
majeurs, l?aléa pouvant être déclenché au sein
de discontinuités débouchant dans le front mais
se prolongeant bien en amont au sein du rebord
supérieur de celui-ci.
La zone aval est concernée par la propagation de
la chute de blocs ou de l?éboulement : la phase
informative (analyse d?anciennes instabilités) et le
relevé sur le terrain de la distance au front de blocs
tombés ou éboulements sont des éléments de
justification précieux. Lorsqu?il n?est pas observé
sur le terrain de zones d?éboulement actives, il est
courant de considérer, par retour d?expérience, et
en fonction de la morphologie de la pente, de la
nature des matériaux constitutifs, et de la densité de
discontinuités, des valeurs fraction de la hauteur de la
pente H. Ainsi retrouve-t-on fréquemment les valeurs
de H/2, H/3, selon le cas considéré.
La zone de propagation en aval peut être beaucoup
plus étendue si la surface en pied est pentée.
L?observation de terrain, une topographie précise
du pied de la pente sont des requis importants pour
une cartographie pertinente de l?aléa. L?utilisation de
logiciels de trajectographie peut être utile pour les cas
les plus complexes.
37
ÉVALUATION DES ALÉAS MINIERS
5.1. Le phénomène, les mécanismes,
les effets
Les terrains sédimentaires renfermant des horizons
suffisamment riches en éléments carbonés solides
(charbon, lignite, schistes bitumineux, tourbes), sont
susceptibles d?être affectés par des combustions
in situ de massifs, vierges de travaux ou non. Ces
combustions peuvent être déclenchées par les effets
de travaux miniers ou de terrassements du fait de
l?auto-échauffement engendré par l?oxydation des
roches hydrogéno-carbonées mises au contact de
l?air (on parle alors de combustions spontanées), soit
provoquées par le contact de feux vifs au droit des
affleurements (feux de forêts naturels, écobuages?).
Les éléments pierreux stériles issus de l?extraction
des produits minéraux carbonés mis en dépôt sur
ces sites miniers (charbons cendreux, schistes
charbonneux, schistes bitumineux?) sont pareillement
sujets à échauffements. Ils peuvent entrer en
combustion spontanée peu de temps (quelques
mois à quelques années) après leur mise à dépôt,
par auto-échauffement des matériaux frais, lorsque
leur composition les rend particulièrement sensible à
l?oxydation (cas de certains charbons plus ou moins
pyriteux), ou, plus tardivement, au contact de feux
vifs sur les flancs des dépôts, voire après une période
d?exposition prolongée à un rayonnement thermique
solaire important (sécheresse).
La durée des phénomènes de combustion est très
variable selon le contexte, de quelques mois à
plusieurs dizaines d?années.
Le phénomène redouté caractérisé dans une étude
d?aléa est relatif au déclenchement de feux de
broussailles ou de forêts et aux brûlures accidentelles
de personnes sur ces sites sensibles:
? brûlures accidentelles de personnes: les risques
de brûlure pour les personnes sont importants
et d?autant plus élevés que les combustions sont
superficielles, principalement sur les flancs ventilés
des dépôts. De multiples accidents mortels
individuels ou collectifs sont survenus par le passé;
? déclenchement de feux de broussailles ou de forêts:
la présence de terrains en combustion à proximité de
la surface est susceptible de déclencher, en période
de sécheresse ou de grands vents, des feux de
broussailles ou de forêts pouvant avoir de graves
conséquences si l?on se situe notamment en région
méditerranéenne.
D?autres phénomènes dangereux peuvent résulter
d?un mécanisme d?échauffement:
Production de gaz toxiques et/ou asphyxiants
Les problèmes posés par l?entrée en combustion
d?anciens travaux miniers ou dépôts concernent en
premier lieu la toxicité des vapeurs de combustion qui
contiennent des gaz toxiques et/ou asphyxiants (CO,
CO2, CH4, SO2, NOx, H2S, HCN?), souvent malodorants
(produits soufrés, goudrons, mercaptans), chargés
d?éléments traces métalliques tels que mercure,
plomb, arsenic?. Ces vapeurs sont produites parfois
en grand volume lorsque les foyers sont superficiels
et bien ventilés. Les émanations peuvent être plus
sournoises (c?est-à-dire difficilement prévisibles)
lorsque la combustion est profonde et que les gaz
émis se diffusent vers la surface au travers de fissures
et de crevasses.
Production de gaz explosibles
Des cas d?explosion de gaz inflammables issus de la
combustion ou de la pyrolyse des produits organiques
(H2, CO, CH4, hydrocarbures) et accumulés dans des
cavités peuvent également survenir, tant sur des feux
de travaux souterrains que sur des échauffements de
dépôts. Les explosions peuvent être suffisamment
puissantes lorsqu?elles se produisent dans les vides
confinés présents dans les vieux travaux abandonnés.
Elles sont moins fortes et non confinées lorsqu?elles
concernent l?inflammation des gaz accumulés dans
les petites cavités ou crevasses formées sur les flancs
des dépôts houillers.
Affaissements ou effondrements de terrains
La réduction de volume des terrains affectés par la
combustion provoque l?affaissement ou l?effondrement
des terrains sus-jacents selon la profondeur et
LES ALÉAS LIÉS À L?ÉCHAUFFEMENT
DES TERRAINS SUR DÉPÔT MINIER5
Photographie 6 : défournement et arrosage d?un terril en combustion,
bassin minier du Gard
38
l?importance des foyers. Les dommages aux biens
peuvent être spectaculaires lorsqu?ils affectent les
bâtiments ou les voiries.
Impact hydrogéologique: minéralisation des eaux
souterraines
La lixiviation naturelle des terrains houillers ou dépôts
affectés par les effets de la combustion libère des
sels minéraux que l?on retrouve dans les nappes
environnantes. Il s?agit essentiellement de sulfates
produits par l?oxydation des pyrites, d?oxy-hydroxydes
de fer et de magnésium, outre l?arsenic issu des
arséno-pyrites.
Cas des échauffements souterrains
Les échauffements peuvent concerner des travaux
miniers souterrains et des ouvrages de dépôts. Dans
une étude d?aléa, les phénomènes redoutés liés à des
échauffements de travaux souterrains sont étudiés
dans le cadre de l?aléa «effondrement localisé» qui
en est la principale conséquence possible en surface.
L?aléa «échauffement» est limité aux ouvrages de
dépôt.
5.2. Échauffement sur dépôt: qualification
de l?aléa
5.2.1. Qualification de l?intensité
L?échauffement d?un ouvrage de dépôt est de nature
à porter atteinte à la sécurité des personnes et des
biens présents en surface ou aux abords proches en
raison des risques de brûlure, d?émanations gazeuses
ou de déclenchement de feux notamment.
C?est principalement le volume de matériau susceptible
d?entrer en combustion ou l?emprise de la zone en
surface impactée qui influe sur les conséquences
prévisibles sur la sécurité des personnes et des biens
présents dans la zone d?influence du désordre. Ce sont
donc des paramètres de volume et de superficie qui
peuvent être retenus comme grandeur représentative.
On retient couramment une intensité «modérée»
pour un aléa échauffement sur ouvrage de dépôt.
5.2.2. Qualification de la prédisposition
Les anciens dépôts issus de l?extraction des roches
combustibles demeurés imbrûlés conservent une
prédisposition à l?entrée en échauffement de la
fraction des éléments pierreux carbonés qu?ils
contiennent.
La prédisposition d?un ouvrage de dépôt à l?apparition
d?un échauffement dépend:
? de l?existence d?observations ou mesures thermiques
(par exemple par thermographie) attestant qu?un
mécanisme d?échauffement affecte l?ouvrage;
? de la manifestation de phénomènes analogues sur
d?autres ouvrages de dépôts, sur le site ou dans des
configurations identiques ou proches;
? de la nature des matériaux constitutifs de l?ouvrage
de dépôt:
- les terrils les plus prédisposés à entrer en combustion
sont les terrils dits de mine ou de fosse, constitués
de produits «tout-venant» issus des creusements
de galeries au rocher, de voies au charbon et
des résidus de scheidage du charbon extrait. Ils
sont composés de matériaux de granulométries
étendues (0-200 mm) et de natures très diverses
(blocs gréseux, schistes plus ou moins charbonneux,
bitumineux et pyriteux, argilites, charbon, bois de
mine, déchets divers plus ou moins combustibles...).
Les matériaux combustibles entrent pour 15 à 35?%
dans la composition des terrils de fosse;
- les terrils dits de lavoir sont constitués de matériaux
de granulométrie plus fine et plus régulière (0-
20 mm), de nature essentiellement schisteuse.
Ils peuvent contenir des matières carbonées en
proportion encore notable, mais d?autant moins que
les lavoirs dont ils sont issus sont plus modernes.
La teneur en cendres des stériles de lavoirs d?avant
la seconde guerre mondiale était de l?ordre de 75?%
contre 85?% pour les ouvrages récents. Les cas de
combustion de terrils issus de lavoirs modernes
sont rares.
5.2.3. Échauffement sur dépôt: cartographie de
l?aléa
La cartographie de l?aléa comprend l?emprise de
l?ouvrage de dépôt à laquelle s?ajoutent l?incertitude
de positionnement de l?ouvrage et l?incertitude liée au
support cartographique.
39
ÉVALUATION DES ALÉAS MINIERS
6.1. Origine des phénomènes redoutés
Les anciens travaux miniers, du moins en ce qui
concerne les plus importants d?entre eux, ont généré
parfois de profondes perturbations hydrologiques
et hydrogéologiques et modifié, souvent de manière
irréversible, la morphologie et la structure des bassins
versants superficiels, des réservoirs et aquifères
souterrains. En conséquence, les écoulements de l?eau,
tant superficiels que souterrains, ont été bouleversés.
Ces modifications se sont exercées pendant la phase
d?exploitation des mines mais se sont poursuivies
après cessation de l?activité (Figure 7).
Il faut toutefois ne pas oublier que pour les types
d?aléa qui résultent de ces perturbations, la cause
minière n?est parfois pas exclusive. L?activité
minière a par exemple pu en son temps contribuer
au développement économique d?un secteur, ce
qui a pu induire des prélèvements d?eau industrielle
et collective très importants et donc contribuer
au rabattement des aquifères. Dans de tels cas, le
niveau de remontée d?eau en final dépend de l?arrêt
des exhaures mais aussi des consommations d?eau
diverses résiduelles.
Les exploitations minières souterraines ont, pour la
plupart d?entre elles, été dénoyées durant les travaux
d?extraction. Les pompages opérés ont conduit à un
rabattement du niveau de la nappe phréatique avec
pour conséquence le tarissement de sources ou de
puits d?approvisionnement en eau proches, voire la
modification du débit des cours d?eau superficiels.
À l?issue de la période d?exploitation, l?arrêt des
pompages conduit à un ennoyage progressif (de
quelques mois à plusieurs dizaines voire centaine
d?années) des travaux miniers et à la remontée du
niveau hydrostatique. Un drainage naturel vers la
surface s?établit dans les points bas topographiques
(vallées, dépressions) souvent par l?intermédiaire de
galeries minières débouchant au jour. De nouvelles
émergences apparaissent ainsi.
Dans certains grands bassins miniers arrêtés à la fin
du xxe siècle, l?ennoyage est en cours actuellement, et
des pompages sont entrepris pour éviter l?ennoyage
futur des points bas topographiques et/ou la
contamination, par les eaux ayant rempli les réservoirs
miniers, des aquifères proches de la surface utilisés
pour l?alimentation.
Quel que soit le cas de figure, on peut considérer
que le niveau hydrostatique, dans les environs de
l?ancienne exploitation, ne retrouve pas sa position
initiale.
Dans le cas des mines à ciel ouvert, l?impact concerne
en premier lieu les écoulements de surface dans
la mesure où la topographie se trouve fortement
perturbée. Lorsque l?excavation a été suffisamment
profonde pour atteindre la nappe phréatique, des
pompages ont pu être entrepris.
Après arrêt de l?exploitation, la fosse se trouve le
plus souvent partiellement remblayée. La remontée
du niveau de la nappe due à l?arrêt des pompages
conduit à l?apparition d?un plan d?eau si ce niveau
dépasse celui du fond de la fosse ou recouvre tout
ou partie des remblais. Ce plan d?eau peut ou non
présenter un débordement apparent.
LES ALÉAS LIÉS AUX PERTURBATIONS
HYDROLOGIQUES ET HYDROGÉOLOGIQUES
D?ORIGINE MINIÈRE6
Figure 7 : schéma conceptuel de l?impact des travaux miniers souterrains sur
l'hydrodynamique pendant et après l'exploitation.
(1) niveau hydrostatique avant exploitation, (2) pendant l?exploitation, (3) après abandon
40
6.2. Nature et identification des
phénomènes redoutés
Les principales perturbations, dont on adoptera
par simplification le terme de phénomène, sont
présentées dans le Tableau 18 et développées au sein
de ce chapitre.
Rappelons que nous n?abordons dans ce chapitre que les
perturbations d?ordre hydrologique et hydrogéologique,
liées à la seule présence potentielle d?eau. Les aspects
liés à l?impact environnemental de ces eaux minières ne
sont pas traités dans le présent guide.
6.3. Modification des émergences
6.3.1. Le phénomène et ses mécanismes
Les exutoires des nappes d?eau souterraine, qu?ils
soient naturels (sources, résurgences) ou artificiels
(puits ou galeries débouchant au jour), peuvent
connaitre, du fait entre autres de la modification
engendrée par l?exploitation minière, des changements
qui peuvent être de diverses natures:
? simple modification des caractéristiques de
l ?écoulement à l ?exutoire (augmentation ou
diminution du débit moyen, modification de la
distribution du débit dans le temps?);
? réapparition d?émergences qui existaient avant
l?exploitation et que celle-ci avait asséchées. Les
caractéristiques de l?écoulement de ces exutoires
rétablis diffèrent en général des caractéristiques
anciennes, en particulier si des travaux ont modifié les
conditions d?émergence (remblayage, obturation?).
Il n?est pas rare que l?eau ne réapparaisse pas à
l?emplacement exact de l?ancienne source;
? apparition de nouvelles émergences. Ceci se produit
en particulier dans les parties les plus à l?aval d?un
bassin versant hydrogéologique. Une nouvelle
émergence peut résulter d?un ancien ouvrage
minier débouchant au jour ? dans la plupart des
cas une galerie ? aménagé pour servir de point
de débordement au réservoir minier. Elle peut
également prendre la forme d?une source ou d?une
résurgence «naturelle» apparaissant en un point
bas de la topographie. On notera par ailleurs que,
dans les parties les plus à l?amont des bassins
versants hydrogéologiques, certaines émergences
qui existaient avant l?exploitation minière peuvent
ne pas réapparaître après la cessation de celle-ci.
Dans tous les cas, les phénomènes observés
s?expliquent par la remontée du niveau piézométrique
des nappes d?eau souterraine causée par l?arrêt des
pompages d?exhaure. Cette remontée a pour résultat
de remettre en eau un milieu que l?exploitation avait
asséché ou contribué à assécher.
Ce milieu ayant été modifié, les nouvelles circulations
diffèrent souvent des anciennes. Elles empruntent
les cheminements anciens, mais également certains
cheminements nouveaux, créés entre autres par
l?exploitation (vides miniers et terrains fracturés voire
foudroyés, dont la perméabilité est très élevée). Il
s?établit alors, dans le sous-sol, une distribution de
la piézométrie différente de celle qui existait avant le
début de l?exploitation minière.
Nature du
«phénomène»
Fréquence
observée
(retour
d?expérience en
France)
Typologie très succincte
du bassin minier ou
de la configuration minière
Prégnance des
perturbations
(retour d?expérience
en France)
Modification des
émergences
Très fréquent Tout bassin minier ayant été l?objet de travaux
miniers nécessitant des pompages d?exhaure.
Présence de points bas topographiques et
d?ouvrages miniers constituant des nouvelles
émergences.
Limitée
Inondation de points
bas topographiques
Peu fréquent Exploitations minières ayant généré un fort
volume de vide sur des territoires étendus. Le
niveau hydrostatique intersecte la topographie
(celle-ci ayant pu être perturbée par des
mouvements de terrain d?origine minière). La
communication entre les eaux du réservoir minier
et les aquifères supérieurs peut constituer un
facteur aggravant.
Élevée lorsque les
points bas ont été
anthropisés
Modification du
régime des cours
d?eau
Peu fréquent Variable selon l?usage
des cours d?eau
Inondation brutale Très peu fréquent Obstruction naturelle, ou liée à des travaux
anthropiques, de nouvelles émergences minières.
Rupture brutale de ces obstacles.
Élevée si les zones
en aval de ces
émergences ont été
anthropisées
Tableau 18 : les principaux phénomènes d?ordre hydrologique et hydrogéologique d?origine minière
41
ÉVALUATION DES ALÉAS MINIERS
Le nouveau schéma d?écoulement qui s?établit dans une
ancienne zone minière ne présente pas nécessairement
la pérennité d?un schéma d?écoulement purement
naturel. Le milieu peut en effet se modifier au cours du
temps (effondrement de vides miniers, mobilisation de
discontinuités préexistantes de types karsts ou failles,
phénomènes physico-chimiques - entre autres des
phénomènes de dissolution-précipitation - modifiant
la perméabilité et les qualités géomécaniques du sous-
sol). Les situations les plus critiques se rencontrent
certainement dans les zones d?exploitation de substances
solubles (sel et potasse), dans lesquelles il est très difficile
de garantir que le régime d?écoulement qu?on observe à
un moment donné constitue un régime stable.
6.3.2. Qualification de l?aléa «modification des
émergences»
6.3.2.1. Qualification de l?intensité
Pour ce qui concerne le phénomène d?apparition de
résurgences en surface, c?est le débit des émergences
qui constitue le paramètre permettant de discriminer
les classes d?intensité.
Parmi les principaux facteurs susceptibles de jouer
sur la valeur de ce paramètre, on citera: la surface de
bassin versant drainée par l?émergence concernée;
la dénivellation sur le bassin versant qui influence
le gradient hydraulique, moteur de l?écoulement
souterrain; le volume du réservoir minier et sa capacité
à jouer un rôle tampon dans l?écoulement des eaux
(écrêtement des pics de crues); les caractéristiques
hydrauliques de l?exutoire (dimensions, existence
d?obstacles à l?écoulement).
Les valeurs seuils présentées dans le tableau suivant
sont fournies à titre purement indicatif. Elles pourront
être adaptées au contexte par l?expert en charge de
la réalisation de l?évaluation des aléas.
6.3.2.2. Qualification de la prédisposition
Le facteur déterminant qui influe sur la prédisposition
d?un site à voir apparaître de nouvelles émergences
est l?établissement d?une cote d?équilibre de la
surface piézométrique de la nappe au-dessus de la
cote des points bas de la surface topographique. Si
la nappe se stabilise sous le niveau des points bas
topographiques, il y a alors drainage vers un autre
bassin versant souterrain, et la probabilité d?apparition
de résurgences peut être considérée comme nulle sur
le secteur d?étude.
En présence de ce facteur déterminant, plusieurs autres
facteurs peuvent alors favoriser la prédisposition d?un
site à l?apparition de résurgences:
6.3.2.3. Cartographie de l?aléa
La cartographie de l?aléa doit a minima faire apparaître,
à l?échelle appropriée:
? la position des sources anciennes susceptibles d?être
réactivées;
? l?emprise des zones à risque d?apparition de nouvelles
émergences, en soulignant les discontinuités
naturelles pouvant exister et favoriser le phénomène
(failles, zones fracturées ou altérées?) et en
indiquant, lorsque cela est possible, une fourchette
pour les débits escomptés.
Photographie 7 : résurgence d?eau légèrement salée liée à une
exploitation de sel par dissolution en Franche-Comté
Existence d?indices d?anciennes sources situées, avant
l?exploitation minière, à proximité immédiate
Existence d?ouvrages miniers débouchant au jour
connectés au réservoir souterrain
Présence d?hétérogénéités naturelles (zones à forte
perméabilité, failles, fractures, conduits karstiques?)
susceptibles de jouer un rôle de drains préférentiels
Tableau 19 : modification des émergences : classes d?intensité
Classe
d?intensité
Description
Valeur du débit
de l?émergence
en dm3/s
Limitée Suintement < 1
Modérée Petit ruisseau < 10
Élevée Gros ruisseau < 100
Très élevée Résurgence
exceptionnelle > 100
42
6.4. Inondation des points bas
topographiques
6.4.1. Le phénomène et ses mécanismes
Il arrive que la remontée de la nappe résultant de
l?arrêt des pompages d?exhaure amène le niveau
de l?eau à s?établir à très faible profondeur sous la
surface du sol, voire dépasser temporairement ou
durablement le niveau topographique.
Dans le premier cas, les désordres ou nuisances
potentielles concernent les ouvrages implantés
partiellement ou totalement sous la surface du sol
(caves, parkings, réseaux enterrés, tunnels, égouts,
passages enterrés ou semi-enterrés?). Ceux-ci se
retrouvent noyés, soit en permanence, soit une partie
de l?année seulement, en fonction de leur profondeur
et des fluctuations saisonnières du niveau de la nappe.
Dans le deuxième cas, ce sont les parcelles même
situées dans ces points bas, ainsi que les infrastructures
ou bâtiments qui y ont été implantés, qui se retrouvent
ennoyés de manière transitoire ou permanente.
Les mécanismes à l?origine de ce type de désordre
sont sensiblement similaires à ceux qui sont à
l?origine des apparitions d?émergences (remontée
du niveau piézométrique lié à l?arrêt des pompages
d?exhaure, modifications des schémas de circulation
des eaux souterraines?).
Un facteur aggravant, dans les grands bassins miniers
où des aquifères d?extension régionale surincombent
les anciens travaux, est la mise en communication des
eaux du réservoir minier et de ces aquifères.
Quelles qu?en soient les causes ou interactions possibles,
ce sont les zones basses (comme les fonds de vallée)
qui sont les plus sensibles à la manifestation de ces
inondations. Les zones d?anciens affaissements miniers,
constituant souvent des dépressions topographiques
fermées, peuvent être également concernées par ces
inondations.
Du fait des fluctuations saisonnières du niveau des nappes
d?eau souterraine, les zones affectées par ce phénomène
peuvent, à certaines périodes de l?année, s?assécher. Cet
assèchement est facilité quand les couches de terrain
constituant le proche sous-sol ont une bonne capacité
drainante. A contrario, un proche sous-sol très peu
perméable constitue un facteur de prédisposition au
caractère pérenne de ce type de nuisance.
Enfin, dans les zones où l?on se prémunit contre
l?occurrence de telles nuisances en rabattant par
pompage le niveau de l?eau souterraine, il convient
d?analyser dans l?étude d?aléa la potentialité de
défaillance des stations de relevage, qui pourrait
conduire à la manifestation d?inondations.
6.4.2. Qualification de l?aléa «inondation des points
bas topographiques»
6.4.2.1. Qualification de l?intensité
Le paramètre discriminant les classes d?intensité est
la profondeur minimale de la nappe par rapport à
la surface du sol, en tenant compte de la variabilité
saisonnière de cette profondeur.
Les classes d?intensité sont discriminées en fonction
des restrictions d?usage du sous-sol. Nous avons
considéré que l?intensité était nulle au-delà d?une
profondeur de nappe de 20 m, partant du principe
que, même si dans certains cas très exceptionnels des
ouvrages pouvaient dépasser cette profondeur, des
études hydrogéologiques détaillées seraient réalisées
à cette occasion.
Les valeurs seuils présentées dans le tableau suivant
sont fournies à titre purement indicatif. Elles pourront
être adaptées au contexte par l?expert en charge de
la réalisation de l?évaluation des aléas.
Photographie 8 : zone humide due à la remontée
de la nappe phréatique avec incidence minière
Classe d?intensité Description
Valeur
Profondeur
de nappe
(en m)
Très limitée
Ouvrages
exceptionnellement
profonds affectés
10 à 20
Limitée Ouvrages profonds
affectés 3 à 10
Modérée
Caves et réseaux
affectés. Parcelles
impraticables
saisonnièrement
1 à 3
Élevée
Tout ouvrage en
sous-sol affecté.
Présence de
plan d?eau libre
intermittent ou
permanent
< 1
Tableau 20 : inondation des points bas topographiques :
classes d?intensité
43
ÉVALUATION DES ALÉAS MINIERS
6.4.2.2. Qualification de la prédisposition
Les facteurs de prédisposition à cet aléa sontles suivants :
Présence de points bas naturels de la topographie,
éventuellement influencés par les affaissements miniers;
Présence de terrains perméables en surface qui ne freinent
pas les remontées saisonnières de nappe et augmentent
le débit à drainer éventuellement;
De manière inverse, mais a posteriori, existence de
terrains peu perméables dans ces points bas empêchant
l?évacuation des eaux.
6.4.2.3. Cartographie de l?aléa
La cartographie de l?aléa doit a minima faire apparaître,
à l?échelle appropriée:
? la position des sources anciennes susceptibles d?être
réactivées;
? l?emprise des zones à risque d?apparition de
nouvelles émergences;
? le contour des zones potentiellement inondables;
? les courbes isovaleurs de la profondeur de la
nappe en hautes eaux, en distinguant les zones
de profondeur en fonction des classes d?intensité
retenues pour cet aléa.
6.5. Modification du régime des cours d?eau
6.5.1. Le phénomène et ses mécanismes
Les transferts d?eau entre les nappes et les cours
d?eau existent à l?état naturel. Le sens de ces échanges
dépend de la position relative des niveaux d?eau
entre le cours d?eau et la nappe. Le cours d?eau
draine la nappe lorsque le niveau de cette dernière
est supérieur à celui du cours d?eau. Le cours d?eau
recharge la nappe dans le cas contraire.
Les modifications du milieu induites par l?exploitation
minière puis par sa fermeture (arrêt des pompages)
peuvent modifier le sens et/ou le débit des échanges
nappe ? rivière. De manière schématique, les effets de
ces modifications sur le régime des cours d?eau peuvent
induire des désordres et nuisances de types opposés :
? un accroissement du débit moyen des cours d?eau
et des débits de crue;
? une diminution du débit d?étiage.
L?impact de la modification du régime des cours d?eau
peut s?étendre bien au-delà du seul secteur concerné
par l?exploitation minière et de ses abords immédiats.
Il peut concerner la partie du bassin hydrographique
située à l?aval du site minier.
6.5.1.1. Accroissement du débit des cours d?eau
Le schéma d?exhaure durant l?exploitation peut avoir
contribué à diminuer le débit de certains cours d?eau
initialement alimentés par des points de débordement
naturels de la nappe. L?exploitation minière se
développant généralement sur plusieurs dizaines
d?années, l?extension naturelle du lit mineur des cours
d?eau concernés ainsi que des zones inondables leur
correspondant s?estompe progressivement dans la
mémoire collective. Dans ces conditions, il arrive que :
? le lit mineur initial du cours d?eau soit aménagé voire
canalisé sous la pression de l?activité humaine ;
? des terrains soient aménagés en vue de leur
urbanisation, au sein du lit majeur - zones naturelles
d?épandages de crues -, voire dans le lit mineur naturel.
Le nouveau schéma de drainage après arrêt des
pompages peut contribuer à accroître le débit moyen
de certains cours d?eau et entraîner, de fait, une
augmentation du débit des crues et de leur fréquence,
incompatible avec les nouveaux aménagements.
Cet accroissement découle de l?une ou l?autre des
causes suivantes, voire de leur combinaison:
? les travaux d?aménagement en surface ont accru la
taille du bassin versant;
? la création de vides miniers a augmenté la surface du
bassin versant souterrain drainée par le cours d?eau;
? l?arrêt des pompages entraîne une remontée
générale de la nappe favorisant son drainage par
le cours d?eau considéré au niveau de son lit mineur
et par l?intermédiaire des sources qui s?y déversent;
? le nouveau schéma de circulation des eaux après
arrêt de l?exhaure peut concentrer l?ensemble des
écoulements souterrains vers un nombre réduit de
points de débordement, augmentant ainsi la surface
de bassin versant alimentant un même cours d?eau.
En période de hautes eaux, l?augmentation de taille
du bassin versant superficiel et/ou du bassin versant
souterrain peut conduire à l?accroissement du volume
des crues. De plus, l?existence d?un réseau de galeries
facilite dans des proportions considérables l?écoulement
de l?eau dans le sous-sol; ainsi, le temps de transfert de
l?eau entre la nappe et le cours d?eau se trouve réduit ce
qui accroît la rapidité de la montée des eaux et le débit
de pointe des crues.
6.5.1.2. Diminution du débit d?étiage
À l?inverse du phénomène d?accroissement du débit de
certaines rivières, le nouveau schéma de circulation des
eaux peut aussi contribuer à réduire le débit d?autres
cours d?eau. Ce phénomène entraîne une diminution de la
ressource en eau disponible dans le cours d?eau lui-même
ou dans une éventuelle nappe alluviale sous-jacente. Il en
résulte des conséquences sur les volumes disponibles
pour l?alimentation en eau pour divers usages.
Cette situation peut aussi conduire à :
? l?assèchement de points d?eau creusés dans la nappe
alluviale, voire l?assèchement du cours d?eau lui-
même;
? une détérioration de la qualité de l?eau et la mise en
danger d?écosystèmes aquatiques.
La diminution, plus ou moins prononcée, du débit
moyen des cours d?eau peut découler de l?une ou
l?autre des causes suivantes, voire de la combinaison
de plusieurs d?entre elles:
44
? les travaux d?aménagement en surface, ayant
diminué la taille du bassin versant superficiel en
dérivant une partie du ruissellement en direction
d?un autre bassin versant;
? l?existence de vides miniers entraînant l?écoulement
d?une partie de la nappe drainée antérieurement par
le cours d?eau vers un autre bassin versant;
? la fin de l?alimentation du cours d?eau concerné par
le rejet en surface de pompages d?exhaure.
6.5.2. Qualification de l?aléa «modification du régime
des cours d?eau»
6.5.2.1. Qualification de l?intensité
Dans la configuration d?accroissement du débit des
cours d?eau, le paramètre qui discrimine les classes
d?intensité est le débit maximal de crue du cours d?eau
qui se répercute sur l?extension de la zone inondée.
Ce paramètre est associé à la fréquence de l?inondation
par rapport à la situation de référence correspondant
à la période d?exploitation. Les facteurs influençant ce
paramètre sont la climatologie, l?extension du bassin
versant et les aménagements portant sur la gestion
de l?eau à la fermeture de la mine.
Nous distinguons deux classes en fonction du préju-
dice apporté à l?occupation des sols et des dangers
pour les biens.
Il importe surtout de déterminer si l?augmentation
escomptée du débit de crue liée aux anciens travaux
miniers est susceptible de contribuer de manière
négligeable ou a contrario sensible au développement
d?inondations par rapport à une situation vierge de
travaux miniers.
Dans la configuration de diminution du débit d?étiage,
le paramètre d?intensité retenu est le débit du cours
d?eau à l?étiage, associé à sa durée. Comme pour le cas
des crues, le facteur d?intensité est lié aux données
climatiques, à la taille du bassin versant et au mode de
gestion des eaux après arrêt de l?exploitation.
6.5.2.2. Qualification de la prédisposition
Les facteurs de prédisposition à cet aléa, dans la
configuration d?accroissement du débit des cours
d?eau,sont les suivants :
Extension de la plaine alluviale avec la présence d?une
nappe peu profonde pouvant facilement déborder
(phénomène susceptible d?être amplifié par la remontée
de la nappe à l?arrêt des travaux miniers)
Modification de la topographie du lit majeur sous l?effet
d?affaissements miniers passés ou à venir
Aménagements susceptibles de gêner la circulation
des eaux qui ont pu se développer pendant la phase
d?exploitation où le débit se trouvait réduit (voies de
circulation, constructions, déversement de matériaux,
non-entretien des berges)
Mode de gestion de l?eau après fermeture de la mine
amenant éventuellement à concentrer le drainage naturel
des travaux miniers en un nombre réduit de points de rejet
Dans la configuration de diminution du débit d?étiage,
le facteur de prédisposition essentiel est l?existence,
pendant la phase d?exploitation, de rejets d?exhaure
alimentant artificiellement le débit du cours d?eau
et ayant permis une modification de l?usage de l?eau
(utilisation de la ressource ou dilution d?effluents).
Le phénomène est aggravé si le cours d?eau n?est que
peu soutenu par le système aquifère ou, a fortiori,
si le cours d?eau alimente la nappe.
Classe
d?intensité Description Valeur
Modérée
Le cours d?eau ne sort
qu?occasionnellement de
son lit mineur
-
Élevée Le lit majeur est
régulièrement inondé -
Tableau 21 : modification du régime des cours d?eau
(accroissement du débit) : classes d?intensité
Classe
d?intensité Description
Valeur sous
forme de
variation du
débit d?étiage
en référence à
la situation en
exploitation
Très limitée
Le débit d?étiage
n?est influencé
que de façon peu
perceptible
Variation
< 50%
Limitée
Le débit d?étiage
est visiblement
influencé pendant
les périodes sèches
Variation
> 50%
Modérée
Le débit peut
s?annuler en
périodes sèches
Variation ~100%
Tableau 22 : modification du régime des cours d?eau
(diminution du débit d?étiage) : classes d?intensité
45
ÉVALUATION DES ALÉAS MINIERS
6.5.2.3. Cartographie de l?aléa
La cartographie doit inclure le réseau hydrographique,
notamment les tronçons de rivière dont les crues et
les étiages seront affectés par les conséquences des
travaux miniers. Pour les augmentations de débit, on
s?efforcera de donner une représentation des zones
potentiellement inondables en nuançant les contours
par la notion de prédisposition.
6.6. Inondations brutales
6.6.1. Le phénomène et ses mécanismes
Le phénomène d?inondation brutale résulte de l?émission
soudaine d?un très fort débit d?eau ou de boue par un
orifice en liaison avec un réservoir minier ennoyé. En
fonction du débit et du volume rejeté, l?effet peut être
plus ou moins dévastateur et aller d?une simple crue dans
le lit d?une rivière à une vague déferlante au fort pouvoir
destructeur.
L?intensité du phénomène est liée au volume d?eau
susceptible de se vidanger, aux caractéristiques
hydrodynamiques de l?orifice d?évacuation et à la
morphologie des terrains permettant l?écoulement en
aval. Les conséquences sont, a priori, d?autant plus graves
que le phénomène peut se développer dans un site où les
zones aval sont occupées par l?activité humaine.
Les mécanismes initiateurs d?un tel phénomène peuvent
résulter de plusieurs causes naturelles ou artificielles
dont l?existence exige toutefois des configurations
topographiques assez particulières.
La situation la plus fréquente est celle d?un réservoir
minier en altitude qui s?est constitué à la suite
d?obturations volontaires ou fortuites des orifices miniers
topographiquement les plus bas qui en permettaient la
vidange. La rupture d?un bouchon artificiel ou l?occurrence
d?un débourrage d?une galerie effondrée, ou d?un karst
colmaté, peuvent alors rapidement conduire à des débits
et des conséquences d?autant plus importants que la
charge derrière le bouchon est élevée et que le réservoir
est suffisamment volumineux pour que le phénomène
persiste durant plusieurs jours.
Une autre situation peut résulter du déversement d?un
réservoir karstique dans les travaux miniers entraînant
une crue soudaine à leur exutoire.
On citera également le risque de vague déferlante en
cas d?effondrement soudain de vides miniers ennoyés
de grande dimension.
Enfin dans le cas d?une ancienne mine à ciel ouvert
donnant lieu à un lac minier, ou encore d?une verse à
résidus sous eau, il faut envisager la possibilité d?une
instabilité mécanique entraînant le glissement d?une
grande masse de matériaux au sein de la retenue, ou
la rupture d?une digue avec pour conséquences le
déversement d?une lame d?eau et de boue en aval de
l?ouvrage.
6.6.2. Qualification de l?aléa
6.6.2.1. Qualification de l?intensité
Le phénomène se manifeste par une lame d?eau s?écoulant
avec une certaine vitesse pendant une durée variable.
À défaut d?un paramètre unique d?intensité du
phénomène physique, nous définirons des classes à partir
des effets sur les biens et les personnes, en évoquant
une simple valeur indicative de la hauteur d?eau atteinte
par l?inondation, partant du principe que la vitesse
d?écoulement est élevée.
Les facteurs influençant l?intensité sont la capacité du
réservoir minier susceptible d?être vidangé, la conductivité
hydraulique des accès entre le jour et le réservoir, la
capacité du milieu récepteur à évacuer un débit soudain
et intense.
Les valeurs seuils présentées dans le tableau suivant
sont fournies à titre purement indicatif. Elles pourront
être adaptées au contexte par l?expert en charge de la
réalisation de l?évaluation des aléas.
Classe
d?intensité Description
Valeur
Hauteur
d?eau
Limitée
Flux d?eau capable de fortes
érosions locales mais sans
dégradation des bâtiments ou
danger pour les personnes ou
les véhicules
< 20 cm
Modérée
Flux d?eau capable de
dégrader certains bâtiments
et de mettre en danger
localement la circulation
entre
20 cm et
50 cm
Élevée à
très élevée Flux d?eau dévastateur > 50 cm
Tableau 23 : inondation brutale : classes d?intensité
46
6.6.2.2. Qualification de la prédisposition
Le facteur de prédisposition essentiel est l?existence
d?un réservoir minier susceptible d?une vidange
brutale au jour. Ce réservoir occupe naturellement
les travaux miniers profonds en dessous de leur cote
de drainage, mais il peut également être perché par
rapport aux exutoires potentiels et avoir ainsi été
constitué volontairement à la fermeture de la mine
par obturation d?accès au jour, ou encore être apparu
de façon spontanée par obturation de conduits
de drainage suite à un effondrement. Les facteurs
aggravant l?aléa sont, selon les cas:
Impossibilité de surveiller et d?entretenir les bouchons
d?obturation
Impossibilité ou absence de surveillance du niveau d?eau
dans les travaux miniers
Risques d?instabilité des travaux miniers pouvant entraîner
un effondrement en masse
Possibilité d?alimentation intempestive du réservoir minier
par un karst en crue
Présence de terrains calcaires pouvant contenir des
conduits karstiques colmatés, susceptibles de communi-
quer avec les travaux miniers
6.6.2.3. Cartographie de l?aléa
Pour cartographier cet aléa, on s?attachera à identifier
tous les émissaires (orifices de galeries, de puits,
points bas d?une digue naturelle ou artificielle, terril
sur vallon?) susceptibles de fournir un écoulement
soudain et intense et on s?attachera à préciser, autant
que faire se peut, les contours présumés de la zone
concernée par la lame d?eau en aval.
47
ÉVALUATION DES ALÉAS MINIERS
L?évaluation détaillée de l?aléa gaz de mine est l?objet
d?un guide méthodologique établi en 2016 par
l?Ineris. Nous n?en établissons ici qu?une synthèse très
succincte et recommandons au lecteur de consulter
cet ouvrage pour plus de précision.
7.1. Le phénomène et ses mécanismes
Le phénomène redouté correspond à la remontée
en surface de gaz en lien avec l?exploitation minière.
Ce phénomène est susceptible de présenter des
dangers, principalement pour les personnes et, plus
exceptionnellement, pour les biens ou l?environnement.
Il s?agit des dangers d?inflammation, d?explosion,
d?asphyxie et d?intoxication.
Les gaz peuvent être d?origines endogène (au sein du
gisement avant l?exploitation minière, principalement le
méthane et ses homologues supérieurs, et le dioxyde
de carbone) ou exogène (au sein de l?environnement
extérieur perturbé pendant et après l?exploitation
minière). Les plus fréquemment rencontrés dans un
contexte post-minier sont le monoxyde de carbone, le
dioxyde de carbone et le sulfure d?hydrogène).
Les anciennes mines souterraines sont à même de
réunir trois éléments principaux, nécessaires pour
l?apparition du phénomène redouté:
? la présence de vides résiduels constituant un
réservoir souterrain plus ou moins confiné et
connecté. Ces vides peuvent être directement
d?origine minière ou apparus dans les terrains
encaissants, suite à l?influence d?une exploitation ;
? la présence de gaz dangereux ou d?atmosphères
appauvries en oxygène;
? la possibilité de production et/ou d?accumulation de
ces gaz en quantité significative et de migration, à
des teneurs dangereuses, vers la surface.
Les anciennes exploitations souterraines engendrent
en effet trois modifications du milieu :
? la création de vides résiduels provenant des travaux
d?exploitation et des ouvrages d?infrastructures
minières (galeries, puits. . .) . En fonction de
l?importance et du type d?exploitation, le volume des
vides résiduels peut être plus ou moins important ;
? la dégradation des terrains de recouvrement au-
dessus des anciennes exploitations minières, qui
induit l?augmentation de leur fracturation, et/ou
de leur porosité et facilite ainsi la migration des
fluides (eau et gaz). Le gaz peut provenir des
travaux miniers. Il peut, dans certaines conditions
géologiques particulières, être généré dans les
terrains de recouvrement fracturés par l?exploitation
minière ;
? le changement des conditions hydrogéologiques
postérieurement à l?exploitation minière souterraine,
qui se concrétise dans la plupart des cas par un
rabattement de la (des) nappe(s) aquifère(s). Ceci
facilite la migration de gaz au sein des vides post
miniers et dans les terrains de recouvrement.
Ces modifications favorisent directement le
dégagement, la production, l?accumulation et la
circulation degaz au sein des massifs rocheux.
LES ALÉAS LIÉS AUX ÉMISSIONS DE GAZ
EN LIEN AVEC L?EXPLOITATION MINIÈRE7
Figure 8 : principales voies de migration de gaz en lien avec l?exploitation minière
48
7.2. Émission de gaz: qualification de l?aléa
7.2.1. Qualification de l?intensité
L?intensité s?exprimepar la conjonction :
? de l?aptitude du réservoir minier à produire ou
à contenir des gaz dangereux (en termes de
composition et de quantité);
? de l?importance potentielle du flux de ces gaz vers
la surface.
Les dangers vis-à-vis des biens ou infrastructures
n ?ex istent que lorsque le gaz de mine est
inflammable, car son accumulation peut conduire à
une inflammation ou une explosion. Cependant, les
personnes étant également exposées dans un tel
scénario, il est considéré que l?intensité du phénomène
ne se traduit qu?en termes de dangerosité sur les
personnes.
Les classes d?intensité, issues du guide méthodologique
de 20164, sont les suivantes:
4 - Nous recommandons au lecteur de consulter le guide méthodologique de l?Ineris pour plus de précision sur l?évaluation de l?intensité et
sur les valeurs limites (TLR, LIE).
5 - Pour plus de précision sur la qualification d?émission faible, moyenne et importante, nous recommandons au lecteur de consulter le guide
méthodologique de l?Ineris [6].
Tableau 24 : émission de gaz en lien avec l'exploitation minière : classes d'intensité
Classes d?intensité Caractéristiques de l?émission de gaz au niveau des vides miniers
Limitée
Émission contenant:
- soit des gaz inflammables, à des teneurs inférieures à la Limite Inférieure d?Explosibilité (LIE);
- soit des gaz asphyxiants ou toxiques, à des teneurs dépassant les Teneurs Limites de Référence
(TLR) mais ne pouvant entraîner qu?un effet faible et réversible.
Modérée
Émission faible à moyenne5 contenant:
- soit des gaz inflammables, à des teneurs supérieures ou égales à la LIE;
- soit des gaz asphyxiants ou toxiques, à des teneurs pouvant entraîner un effet irréversible;
ou:
Émission faible contenant des gaz asphyxiants ou toxiques, à des teneurs pouvant entraîner un
effet létal.
Élevée
Émission importante5 contenantdes gaz :
- soit inflammables, à des teneurs supérieures ou égales à la LIE;
- soit asphyxiants ou toxiques, à des teneurs pouvant entraîner un effet irréversible.
Émission moyenne à importante contenant des gaz asphyxiants ou toxiques, à des teneurs pouvant
entraîner un effet létal.
49
ÉVALUATION DES ALÉAS MINIERS
7.2.2. Qualification de la prédisposition
La prédisposition d?un site post-minier à ce qu?il puisse
s?y produire des émissions de gaz en surface s?exprime
par les propriétés du milieu environnant de ce site à
permettre (ou au contraire à limiter) la migration vers
la surface de gaz présents au sein d?anciens travaux
miniers et des terrains encaissants.
L?évaluation de la prédisposition doit considérer les
deux voies principales de migration de gaz vers la
surface, qui sont:
? la migration de gaz à travers les terrains de
recouvrement, incluant les discontinuités éventuelles
de ces terrains;
? la migration par les ouvrages débouchant au jour.
La migration de gaz peut s?opérer sous forme dissoute
dans l?eau. Elle est alors à considérer dans le volet
relatif aux ouvrages débouchant au jour, car, dans la
plupart des cas, le dégazage des eaux minières ne se
manifeste qu?en liaison avec des émergences par les
ouvrages miniers.
Relativement aux terrains de recouvrement, les
principaux facteurs à prendre en compte, liés à la
résistance aéraulique (résistance à l?écoulement des
gaz) sont les suivants:
? l?épaisseur des terrains de recouvrement: toutes
choses égales par ailleurs, plus elle est importante
et plus elle constitue une résistance à l?écoulement
des gaz vers la surface;
? l?influence de l?exploitation minière, ayant pu
déstructurer et augmenter la porosité et/ou la
fracturation des terrains de recouvrement, et ainsi
faciliter l?écoulement des gaz;
? l?existence de formations géologiques particulières
pouvant augmenter la résistance aéraulique
(couches à très faible perméabilité, nappes perchées,
etc.);
? a contrario, l?existence de formations géologiques
ou de discontinuités très perméables, pouvant
constituer des drains préférentielspour le gaz;
? les instabilités géomécaniques au sein des terrains
de recouvrement, pouvant faciliter l?écoulement
gazeux.
Les ouvrages débouchant au jour reliant les vieux
travaux miniers à la surface constituent des points
singuliers par lesquels une migration de gaz de mine
peut être potentiellement facilitée, même s?ils ont été
traités et fermés après l?arrêt de l?exploitation.
Dans ce cas également, c?est la résistance aéraulique
de l?ouvrage qui constitue l?élément déterminant pour
la qualification de sa prédisposition à la migration de
gaz de mine. Il convient toutefois de tenir compte
de l?instabilité potentielle de ces ouvrages, qui peut
avoir une incidence sur l?émission de gaz en surface
(débourrage du remblai, effondrement...).
La typologie de l?ouvrage, le volume de vide en son
sein, le mode et la pérennité du remblayage et/ou
de la fermeture sont des critères importants. La
conjonction de plusieurs critères augmentant ou
limitant la prédisposition conduit à ce que chaque
ouvrage soit l?objet d?une analyse particulière.
7.3. Émission de gaz: cartographie de
l?aléa
Dans le cas de migration par les terrains de
recouvrement, le périmètre des différentes zones
d?aléa au droit des anciens travaux miniers est défini
tout d?abord par une projection verticale des limites
géométriques des travaux concernés.
Dans un deuxième temps, il est pris en compte
l?influence de l?exploitation en fonction de la
typologie de mouvements de terrains qui se sont
produits ou peuvent se produire. Cette influence
dite «géomécanique» peut modifier latéralement
les caractéristiques aérauliques des terrains de
recouvrement et les rendre plus perméables, donc
plus propices à permettre une migration de gaz.
Dans le cas de migration par les ouvrages débouchant
au jour, il convient de tenir compte de la zone
d?influence de l?ouvrage. Celle-ci doit intégrer:
? les éventuelles connexions à d?autres ouvrages en
surface ou sub-surface;
? l?existence de défauts d?étanchéité au droit du
dispositif de fermeture d?un ouvrage;
? l?état de fracturation des terrains environnant
l?ouvrage;
? la marge d?influence liée à un potentiel mouvement
de terrain si un tel aléa est pertinent.
51
ÉVALUATION DES ALÉAS MINIERS
DOCUMENTS DE RÉFÉRENCE8
[1] Collectif, INERIS, 2006. L?élaboration des Plans
de Prévention des Risques Miniers. Guide
Méthodologique. Volet technique relatif à
l?évaluation de l?aléa. Les risques de mouvements
de terrain, d?inondations et d?émissions de gaz.
INERIS-DRS-06-51198/R01, http://www.ineris.fr/
guide-pprm
[2] GEODERIS , 2012 . Guide prat ique pour
l?homogénéisation des études détaillées des aléas
miniers Volet « effondrement localisé ». GEODERIS
N2012/010DE
[3] GEODERIS, 2015. Bassin houiller lorrain. Évaluation
de la prédisposition de présence de crevasses.
GEODERIS E2015/062DE
[4] INERIS, 2010. Note d?information sur la nature
des mouvements de terrains susceptibles de se
développer à l?aplomb des anciennes exploitations
menées par chambres et piliers dans le bassin
houiller de Provence. INERIS DRS-10-116224-
09341A
[5] INERIS, 2015. Retour d?expérience sur les
effondrements localisés miniers. INERIS DRS-15-
149489-10509A, http://www.ineris.fr/centredoc/
drs-15-149489-10509a-fina-unique-1446806603.pdf
[6] INERIS, 2016. Évaluation de l?aléa «Gaz de mine».
Guide méthodologique. INERIS-DRS-15-149493-
10366B, http://www.ineris.fr/centredoc/alea-gaz-
de-mine-guide-ineris-2016-1457701762.pdf
[7] INERIS, Cerema, GEODERIS, 2017. Guide de gestion
du risque minier post-exploitation. INERIS-DRS-17-
164640-01814A, https://www.ineris.fr/sites/ineris.
fr/files/contribution/Documents/DRS-17-164640-
01814A-RAP-Guide%20de%20gestion%20des%20
risques%20miniers_v18.pdf
53
ÉVALUATION DES ALÉAS MINIERS
BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE9
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stériles concernant quelques exploitations minières
françaises. BRGM n° 80 SGN 433 GEG
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des Risques Miniers. Guide méthodologique. Volet
technique relatif à l?évaluation de l?aléa «Pollution
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Traitement des puits, galeries et descenderies
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[20] INERIS, 2001. Guide méthodologique pour l?arrêt
des exploitations minières souterraines. INERIS-
DRS-01-25750/R01
[21] INERIS, 2005. Évaluation des aléas liés aux feux
souterrains dans les anciennes exploitations de
charbon. INERIS ? DRS ? 05 ? 55108/R01
[22] INERIS, 2005. Contribution au développement
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cadre des PPRM Aléa «mouvements de terrain»
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« Typologie des événements redoutés au droit
d'exploitations pentées et/ou filoniennes ».
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Miniers. Évaluation de l?aléa « effondrement
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Éditions du Laboratoire central des ponts et
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Calais ». Revue de l?Industrie Minérale, juin-juillet
1964.
[39] STRACHER G., PRAKASH A. et al. Coal and peat
fires: a global perspective. Volumes 1 (2010),
2(2012), 3 (2014) et 4 (2015), Éditions Elsevier.
Crédits photos : Ineris (couverture, 13 ; 14 ; 18 ; 21 ; 23 ; 28 ; 29 ; 34 ; 37 ;
39 ; 41 ; 42 ; 47) ? GEODERIS (p. 33) ? Piguet J. P. et Deck O. (p. 26)
? Conception-réalisation : O?communication ? Les Récréateurs
Institut national de l?environnement industriel et des risques
Parc technologique Alata - BP 2 - F-60550 Verneuil-en-Halatte
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La connaissance des aléas liés aux travaux miniers a largement été développée ces dernières
années sur le territoire métropolitain. Les recherches effectuées pour appréhender les risques sur
les zones d?emprise d?anciennes exploitations minières se traduisent, pour la grande majorité des
phénomènes redoutés qui peuvent se produire sur ces zones, par la réalisation d?une « étude d?aléa ».
Le présent guide constitue la trame et les lignes directrices pour cette réalisation.
Dans le cadre de la gestion du risque que les anciens travaux miniers peuvent générer, d?une part, et
de l?aménagement durable de ces territoires, d?autre part, l?étude des aléas, et les cartes qui lui sont
associées, constituent une étape essentielle.
Il s?agit de délimiter les zones où des aléas existent et d?en évaluer le niveau, afin de déterminer le risque
pour les biens existants et les possibilités de construction ou d?aménagement pour le développement
du territoire.
Cette étape technique clé permet aux services instructeurs d?élaborer les procédures de gestion du
risque minier post-exploitation, aux collectivités de mieux connaître et de s?adapter aux phénomènes
redoutés et aux aménageurs de mieux appréhender les conditions de constructibilité.
Le lecteur trouvera dans ce guide des informations sur le phénomène d?origine minière auquel il
peut être confronté, des retours d?expérience qui en ont été établis, ainsi que des indications sur les
paramètres concourant à évaluer, hiérarchiser et cartographier l?aléa.
Knowledge of hazards associated with mining works has largely been developed in recent years
in metropolitan France. The research carried out to apprehend risks on the surface influenced by
old mining operations is realised through a "hazard study", for the vast majority of the dreaded
phenomena which can occur.
This handbook provides the framework and guidelines for this achievement.
In the framework of the risk management that these old mining works can generate, on the one hand,
and the sustainable development of these territories, on the other hand, the study of the hazards, and
associated maps, constitutes an essential step.
The objective is to map the zones where hazards exist and to evaluate their level, in order to determine
the risk for existing stakes and the possibilities of construction or development in terms of land planning.
This key technical step allows the instructor services to develop post-mining risk management
procedures, allowing local authorities to better know and adapt to the dreaded phenomena and land
planners to better understand the conditions of constructibility.
This handbook provides information on post-mining phenomena, the feedback that has been established
and indications on the parameters to be considered to evaluate and map the hazard.
INVALIDE)