Rapport d'activité 2020
Auteur moral
France. Conseil national du bruit
Auteur secondaire
Résumé
Descripteur Urbamet
nuisance
Descripteur écoplanete
Thème
Ressources - Nuisances
Texte intégral
Rapport d?activité
Conseil National du Bruit Rapport d?activité 2020
3LE MOT DE LA PRÉSIDENTE
I - L?AGENDA DU CONSEIL NATIONAL DUBRUIT
EN 2020
II - SYNTHÈSE DES TRAVAUX ENGAGÉS
EN 2020
III - RÉACTUALISATION DE LA FEUILLE
DEROUTE : LES PRIORITÉS DU CNB
POUR LE 1ER SEMESTRE 2021
IV ? SYNTHÈSE DE L?ÉTUDE « CONFINEMENT
ETDÉCONFINEMENT : QUELLES CONSÉ-
QUENCES SUR L?ENVIRONNEMENT SONORE
ET SA PERCEPTION PAR LAPOPULATION???»
V - AVIS DU 5 OCTOBRE 2020
RELATIF AUX «?PICS DE BRUIT?» FERROVIAIRES
VI- AVIS DU 5 OCTOBRE 2020
RELATIF «?AUX PROPOSITIONS POUR PRENDRE
EN COMPTE LE VOLET ACOUSTIQUE DANS
LESOPÉRATIONS DE RÉNOVATION ÉNERGÉ-
TIQUE DES BÂTIMENTS ET DE RÉNOVATION
URBAINE PRÉVUES DANS LE CADRE DU PLAN
DE RELANCE ÉCONOMIQUE?»
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Conseil National du Bruit Rapport d?activité 2020
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LE MOT DE
LAPRÉSIDENTE
Conseil National du Bruit Rapport d?activité 2020
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Ce rapport d?activité 2020 du Conseil national du
Bruit (CNB) témoigne de l?impact de la crise sani-
taire du coronavirus sur la pollution sonore mais
également de la capacité des membres du CNB
à s?adapter aux situations nouvelles et à pour-
suivre les objectifs qu?ils s?étaient fixés.
Aussi difficile fut-il pour les Français, le confine-
ment de mars, avril et mai 2020 aura profondé-
ment modifié l?environnement sonore et permis
à chacun de prendre pleinement conscience, de
manière inédite, de son exposition aux bruits,
notamment dans les centres urbains. La très
forte diminution des trafics routiers, ferroviaires
et aériens, l?arrêt des chantiers et la fermeture de
la plupart des commerces ont laissé place pen-
dant plusieurs semaines au silence et aux sons
de la nature, si peu perceptibles habituellement.
À contrario, ce silence extérieur a rendu d?autant
plus difficiles à supporter les divers bruits inté-
rieurs occasionnés par le voisinage, et d?autant
plus préoccupant pour la santé auditive le port
excessif de casques et d?écouteurs.
Cette situation exceptionnelle en matière d?im-
pact sonore m?a conduite à demander au CNB
une étude d?impact des périodes de confinement
et de déconfinement, s?appuyant sur les relevés
et les analyses des observatoires du bruit, ainsi
que sur plusieurs enquêtes et avis d?experts. La
synthèse de cette étude, présentée dans ce rap-
port, témoigne de la place prépondérante des
nuisances sonores dans notre vie quotidienne.
Cette parenthèse silencieuse aura permis, si
besoin était, de prendre conscience de notre
exposition aux bruits intérieurs et extérieurs, et
de la nécessité de les réduire en interrogeant
nos modes de vies, nos comportements, nos
activités, nos mobilités.
La première vague de cette épidémie n?a pas
permis de tenir l?assemblée plénière du CNB, ini-
tialement prévue début juin 2020. Toutefois, les
travaux ont pu être poursuivis par visioconfé-
rence et une assemblée plénière du conseil s?est
tenue, à distance, le 5 octobre 2020. Elle a notam-
ment permis de dresser un bilan des études réa-
lisées mais aussi de présenter et d?adopter deux
nouveaux avis : l?un relatif à la prise en compte
des pics de bruit (suite à la saisine de la Ministre
de l?Écologie), le second dédié à la prise en
compte de l?acoustique dans la rénovation éner-
gétique des bâtiments.
Nous avons également poursuivi nos réflexions
sur les avancées importantes obtenues l?an
dernier, dans le cadre de la loi d?orientation
des mobilités (LOM) : la prise en compte des
pics de bruit et des vibrations dans la mesure
des nuisances, et l?expérimentation des radars
acoustiques.
Enfin, nous avons adapté notre feuille de route
pour les six mois à venir. Les réflexions engagées
seront poursuivies et de nouvelles seront enga-
gées, notamment la caractérisation du « droit à
vivre dans un environnement sonore sain » inté-
gré dans la LOM, ou encore le statut juridique des
enregistrements sonores au regard des libertés
individuelles.
Je tiens à remercier chaleureusement l?en-
semble des membres du CNB qui, grâce à leur
implication, ont permis, en dépit de ces cir-
constances exceptionnelles et de conditions de
travail toutes particulières, de tenir la feuille de
route ambitieuse que nous nous étions fixés l?an
dernier.
En ma qualité de Présidente, je veille à ce que le
Conseil national du Bruit contribue activement,
par ses précieux éclairages et ses proposi-
tions, à la lutte contre la pollution sonore dont
nous devons faire une politique publique à part
entière : sanitaire, environnementale et sociale.
Laurianne Rossi
Présidente du Conseil national du Bruit
Députée des Hauts-de-Seine
Conseil National du Bruit Rapport d?activité 2020
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I ? L?AGENDA DU
CONSEIL NATIONAL
DUBRUIT??EN??2020
Conseil National du Bruit Rapport d?activité 2020
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Jeudi 9 janvier : commission mixte
Vendredi 31 janvier : comité de pilotage surlesétudes
Lundi 3 février : commission mixte
Mardi 3 mars : commission mixte
Mi mars / fin mai : poursuite des travaux
engagésparéchanges téléphoniques ou par mails
Mai / juillet : réalisation de l?étude confinement
etdéconfinement
Mercredi 27 mai : réunion du bureau du CNB
envisioconférence
Mi-juillet : diffusion de l?étude confinement
etdéconfinement
Lundi 7 septembre : commission mixte envisioconférence
Mercredi 23 septembre : réunion du bureau du CNB
préparatoire à l?Assemblée plénière envisioconférence
Lundi 5 octobre : assemblée plénière envisioconférence
Lundi 23 novembre : commission mixte
envisioconférence
Lundi 30 novembre 2020 : première réunion du groupe
detravail « Aide à la prévention et à la lutte contre lebruit
par les collectivités » en visioconférence
Conseil National du Bruit Rapport d?activité 2020
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II ? SYNTHÈSE DES
TRAVAUX ENGAGÉS
EN 2020
Conseil National du Bruit Rapport d?activité 2020
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Les deux commissions « technique » et « santé /
environnement » s?étant regroupées pour tra-
vailler collégialement sur l?ensemble des sujets
abordés, le bilan annuel est présenté par
thématique :
1 ? Étude confinement et déconfinement
Cette étude intitulée « Confinement et décon-
finement : quelles conséquences sur l?en-
vironnement sonore et sa perception par la
population ? » s?appuie sur les relevés et les ana-
lyses des observatoires métrologiques, ainsi que
sur les enquêtes et avis d?experts. Elle porte sur
la période de confinement décrété en raison de
l?épidémie de Covid-19 (période de 8 semaines
allant du lundi 16 mars au 10 mai inclus ainsi
que sur la période suivante de déconfinement
progressif. Les observatoires métrologiques du
bruit qui existent au sein de certaines régions ou
agglomérations en France ont permis de suivre
et de quantifier les modifications d?environne-
ment sonore tout au long des huit semaines de
ces deux périodes distinctes. Parallèlement à
l?analyse des mesures physiques de niveaux
sonores, plusieurs enquêtes ont été lancées afin
de recueillir et d?évaluer le ressenti de la popula-
tion quant à la modification de l?environnement
sonore.
Une synthèse des principaux résultats est pré-
sentée en page 14 du présent rapport d?activité,
l?ensemble de cette étude peut être consultée
sur divers sites, notamment sur le site du minis-
tère de la transition écologique et celui du CIDB
(www.bruit.fr).
2 ? Avis du CNB sur les indicateurs
relatifs aux pics de bruit
desinfrastructures ferroviaires
Le Conseil avait adopté lors de son assemblée
plénière du 2 décembre 2019, une feuille de route
définissant ses priorités parmi lesquelles « la
poursuite des réflexions sur les pics de bruit des
infrastructures ferroviaires en vue de faciliter la
mise en oeuvre de la loi d?orientation des mobi-
lités (LOM) ». Il a été convenu que la réflexion
s?étende également aux nuisances aéropor-
tuaires, même si ce volet n?est pas inséré dans
cette loi.
Conseil National du Bruit Rapport d?activité 2020
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La DGITM et la DGPR ont confié au CEREMA le soin
de mener ces travaux préparatoires, notamment
sur les indicateurs pertinents et les seuils en
matière de pics de bruit. Il en va de même pour
les questions relatives aux vibrations.
Le CNB a été quant à lui mandaté le 4 novembre
2019 par la Ministre de la Transition écologique
et solidaire pour émettre un avis sur ces deux
sujets.
État d?avancement : En dépit de la crise sanitaire,
la commission mixte du CNB, animée par Mme
Fanny Mietlicki et M. René Gamba, s?est réunie à
cinq reprises entre janvier et octobre 2020 (pré-
sentiel ou visioconférence). Cet avis a été sou-
mis et adopté lors de l?Assemblée plénière du 5
octobre 2020. Il s?appuie sur la note de synthèse
réalisée par le CEREMA en août 2020.
Cet avis dont vous trouverez une large synthèse
page 22 du présent rapport doit être considéré
comme un « avis intermédiaire », en prolonge-
ment de l?avis du 12 juin 2019 sur les indicateurs
relatifs au bruit généré dans l?environnement.
Il est également consultable sur divers sites, notam-
ment sur le sur le site du ministère de la transition
écologique et celui du CIDB (www.bruit.fr).
3 ? Avis relatif à la prise en compte du volet
acoustique dans les opérations de rénovation
énergétique des bâtiments
Dans le contexte du plan de relance écono-
mique de sortie de crise COVID19, présenté par
le gouvernement en septembre 2020, le bureau
du CNB qui s?est réuni le 23 septembre 2020 a
considéré utile d?émettre rapidement un avis
sur la prise en compte du volet acoustique dans
les opérations de rénovation énergétique des
bâtiments et de rénovation urbaine notamment
celles prévues dans le cadre du plan de relance
économique. Les membres du Bureau ont donc
décidé d?user de la capacité d?autosaisine et
demandé à Monsieur René Gamba, président
de la commission technique du Conseil national
du bruit de formuler des propositions afin de
les soumettre à l?assemblée plénière du CNB du
5 octobre 2020.
État d?avancement : Le présent avis a donc été
élaboré sur la base d?un appel à contributions
auprès de l?ensemble des membres du CNB. Ila
été soumis et adopté lors de l?Assemblée plé-
nière du 5 octobre 2020. Vous trouverez cet avis
complet en page 28 du présent rapport. Il est
également consultable sur divers sites, notam-
ment sur le sur le site du ministère de la transition
écologique et celui du CIDB (www.bruit.fr).
4 - « Droit à vivre dans un environnement
sonore sain »
La loi d?orientation des mobilités (LOM) pro-
mulguée le 24 décembre 2019 consacre le
droit reconnu à chacun de vivre dans un envi-
ronnement sonore sain. Un nouvel article du
code de l?environnement (L. 571-1-A) précise
« Cette action d?intérêt général consiste à préve-
nir, surveiller, réduire ou supprimer les pollutions
sonores et à préserver la qualité acoustique ».
Il n?est plus question de la prévention des nui-
sances sonores, mais de la pollution sonore,
notion définie comme « l?émission ou la pro-
pagation des bruits ou des vibrations de nature
à présenter des dangers, à causer un trouble
excessif aux personnes, à nuire à leur santé ou à
porter atteinte à l?environnement. ».
Conseil National du Bruit Rapport d?activité 2020
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État d?avancement : La commission mixte a
débuté au cours des derniers mois de 2020 un
travail préparatoire en vue de disposer d?une
analyse des conséquences de l?introduction de
cette nouvelle terminologie dans la législation.
Ce travail sera poursuivi en 2021 en vue de l?éla-
boration d?un avis.
5 - Réglementation « sons amplifiés »
Le décret du 7 août 2017 relatif « à la prévention
des risques liés aux bruits et aux sons ampli-
fiés » vise à mieux protéger l?audition du public,
étendre les dispositions relatives à la protec-
tion de l?audition du public à d?autres lieux que
les établissements diffusant à titre habituel de
la musique amplifiée et réviser les dispositions
figurant dans le code de l?environnement rela-
tives aux nuisances sonores subies par les rive-
rains. Au vu des enjeux de cette réglementation et
des attentes d?un grand nombre de membres du
conseil, le conseil s?était auto-saisi en 2018 afin
de formuler des recommandations sur la mise
en oeuvre du dispositif et avait crée un comité de
pilotage chargé d?élaborer un guide présentant
les enjeux sanitaires et les actions de prévention
et sensibilisation, les lieux, les acteurs, les défi-
nitions et les procédures à suivre.
État d?avancement : Sous l?égide du CidB, le
comité de pilotage a terminé le guide d?accom-
pagnement de cette nouvelle réglementation
qui prend la forme d?un site web pour en faciliter
l?utilisation par l?ensemble des acteurs concer-
nés et pour permettre son évolutivité. Outre les
rubriques présentant les enjeux et expliquant
le texte, le guide comporte notamment une liste
de points de vigilance et des premiers retours
d?expérience de la mise en oeuvre du décret.
Compte tenu de la grande diversité des situa-
tions concernées par ce texte, qui impliquerait
une grande complexité méthodologique, l?ac-
cent est mis sur les démarches responsables et
sur les bonnes pratiques.
6 - Bruits de voisinage
Les deux référents bruit de voisinage du Conseil,
Messieurs Mignot et Garcia ont centralisé les
remontées de terrain qui ont été intégrées dans
l?étude « confinement et déconfinement ».
7 - Nouveau groupe de travail
« Aide à la prévention et à la lutte
contre le bruit par lescollectivités »
Lors de l?Assemblée plénière du 5 octobre 2020,
Mme Laurianne Rossi a accepté la proposition
de la représentante du Ministère de la Santé, de
créer un nouveau groupe de travail ayant pour
mission d?aider les collectivités à préserver la
qualité de l?environnement sonore, à mieux pré-
venir et lutter contre les nuisances sonores, ces
Conseil National du Bruit Rapport d?activité 2020
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objectifs étant en corrélation avec le Plan national
Santé-environnement (PNSE 4) en préparation.
La Direction Générale de la santé, après avoir
consulté la DGPR, a donc proposé un cadre de
travail à Mme Rossi qui l?a validé. Gilles Souet
(ARS Centre Val de Loire) et Laurent Droin (CIDB)
ont été sollicités pour animer ce groupe, ce qu?ils
ont accepté.
Ce groupe de travail aura deux missions :
? La première mission sera de rédiger un avis
sous forme de recommandations et de cahier
des charges pour créer un label « espaces
calmes et moments apaisés » qui pourrait
être décerné aux communes ou EPCI (voire à
d?autres structures telles que des entreprises,
établissements recevant du public?) mettant
en place :
Des espaces calmes, dans les lieux publics ou
partagés, préservés du bruit des transports
et des autres sources de bruits (bruits de
comportements...) ;
Des moments apaisés pendant les temps
d?activités scolaires, culturelles, sportives,
deloisirs...
? Dans un 2ème temps, ce groupe de travail sera
chargé de formuler des propositions visant
à renforcer les pouvoirs de police du maire
notamment en matière de constat des bruits
de voisinage, la réflexion s?orientant d?une part
sur les outils du constat et d?autre part sur les
aspects juridiques.
Conseil National du Bruit Rapport d?activité 2020
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III ?
RÉACTUALISATION
DE LA FEUILLE
DEROUTE :
LES PRIORITÉS
DÉFINIES POUR 2021
Conseil National du Bruit Rapport d?activité 2020
13
Afin de tenir compte de la situation sanitaire,
lafeuille de route du Conseil a été redéfinie lors
de l?assemblée plénière du 5 octobre 2021.
Concernant la méthode, il a été décidé :
? De concentrer les travaux
sur les sujets majeurs.
? De s?appuyer en priorité pour l?essentiel
destravaux sur la commission mixte
afindemutualiser les compétences.
? De continuer de travailler par visioconférence
tant que la situation sanitaire lenécessitera.
Concernant le contenu, les axes de travail
retenus sont les suivants pour 2021 :
? Poursuite des travaux sur les pics de bruit et
les vibrations : l?avis « intermédiaire » sur les
pics de bruit doit être complété, un avis sur les
vibrations doit être rédigé.
? Poursuite des travaux engagés en novembre
2020 par le groupe de travail « Aide à la
prévention et à la lutte contre le bruit par
lescollectivités »
? Suivi des dossiers radars sonores et coût social
du bruit
? Consultation de la CNIL sur l?utilisation des
enregistrements sonores susceptibles de por-
ter atteinte aux libertés individuelles.
? Engagement des réflexions sur la notion « du
droit de vivre dans un environnement sonore
sain » (LOM).
? Enfin les évolutions de la crise sanitaire déter-
mineront les modalités de mise en oeuvre d?un
colloque sur le « bruit de voisinage.
À l?issue du premier semestre 2021, un bilan
destravaux sera tiré et un nouveau calendrier
sera défini.
Conseil National du Bruit Rapport d?activité 2020
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IV ? CONFINEMENT
ET DÉCONFINEMENT :
QUELLES
CONSÉQUENCES SUR
L?ENVIRONNEMENT
SONORE ET
LAPOPULATION??
Conseil National du Bruit Rapport d?activité 2020
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Durant la période de confinement décrété en
raison de l?épidémie de Covid-19 (période de
8 semaines allant du lundi 16 mars1 au 10 mai
inclus), un calme inhabituel s?est installé par-
tout en France et plus spécifiquement dans
les centres urbains en lien avec les très fortes
diminutions des émissions sonores d?origine
anthropique du fait de la réduction drastique
des trafics routier, ferroviaire et aérien, de l?ar-
rêt temporaire de certains chantiers et de la fer-
meture des commerces non essentiels dont les
lieux d?activités récréatives (bars, restaurants
et établissements diffusant des sons amplifiés
notamment).
Des sonorités agréables et apaisantes,
jusqu?alors masquées, comme le chant des
oiseaux ou le bruissement des feuilles dans
les arbres ont pu être redécouvertes par une
grande partie des citadins, tandis que certains
bruits de voisinage (travaux de bricolage ou de
jardinage, téléviseurs et postes de radio, chaînes
HIFI, bruits de pas, de voix humaines) ont pu être
davantage perçus par certains habitants.
Les observatoires métrologiques du bruit qui
existent au sein de certaines régions ou agglo-
mérations en France ont permis de suivre et de
quantifier les modifications d?environnement
sonore tout au long des huit semaines de cette
période inédite de confinement ainsi qu?au
cours des semaines de déconfinement qui ont
suivi.
Parallèlement à l?analyse des mesures phy-
siques de niveaux sonores, plusieurs enquêtes
ont été lancées afin de recueillir et d?évaluer le
ressenti de la population quant à la modification
de l?environnement sonore.
Voici de manière synthétique les principaux
résultats des observations et enquêtes qui ont
pu être conduites. Celles-ci sont amenées à être
mises à jour et complétées, en fonction de l?évo-
lution de la crise sanitaire.
1 On notera que la restriction des déplacements
n?adébuté que le mardi 17 mars 2020 à 12h.
Conseil National du Bruit Rapport d?activité 2020
16
Résultats des analyses quantitatives produites par Bruitparif
et Acoucité, à partir de l?exploitation de leurs données de mesure de bruit
Source dominante
de bruit Principales observations
Bruit routier
Diminution moyenne de l?ordre de 5,3dB(A) selon l?indicateur Lden
(soit une baisse moyenne de 71%) avec toutefois desréductions
allant de 3,4 à 8,9dB(A) selon les stations, soitdesbaisses de 54%
à87% de l?énergie sonore.
Des diminutions relatives plus marquées les jours deweek-end
parrapport aux jours ouvrés.
En Île-de-France, des baisses relevées proportionnellement
plusimportantes la nuit qu?en journée.
Les baisses les plus importantes ont été observées entre la 2ème
et6ème semaine de confinement avec une remontée des niveaux
au cours des deux dernières semaines de confinement.
Retour à une situation proche de la normale depuis la mi-juin
avectoutefois encore un léger écart (-1dB(A)).
Bruit ferroviaire
Observations réalisées en Île-de-France :
Diminution moyenne de l?ordre de 5,3dB(A) selon l?indicateur Lden
(soit une baisse moyenne de 71%).
Des baisses relevées proportionnellement plus importantes la nuit
qu?en journée.
Les baisses les plus importantes ont été observées entre la 2ème
et 7ème semaine de confinement avec une légère remontée
desniveaux au cours de la dernière semaine de confinement.
Retour à une situation proche de la normale depuis
la mi-juin avec toutefois encore un léger écart (-1dB(A)).
Chantiers
Observations réalisées en Île-de-France :
L?arrêt de certains grands chantiers durant le confinement
aentraîné des diminutions de bruit ambiant pouvant atteindre
20dB(A). Le retour des nuisances sonores s?est opéré dès la fin
avril et début mai avec la reprise de bon nombre de ces chantiers.
Conseil National du Bruit Rapport d?activité 2020
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Bruit aérien
Très fort ralentissement du trafic aérien en général avec del?ordre
de 85 à 90% de moins de survols d?aéronefs au niveau national
durant le confinement par rapport à une période habituelle
enFrance ; seul le trafic cargo est resté relativement stable voire
enaugmentation. Légère reprise depuis le déconfinement mais
letrafic aérien reste très en-deçà de la normale.
Observations réalisées en Île-de-France :
Diminution drastique des niveaux de bruit aérien aux abords
desgrands aéroports franciliens (atteignant jusqu?à -30dB(A)
certaines semaines), notamment autour de Paris-Orly etdu dou-
bletSud de Paris-CDG qui ont été fermés durant une bonne partie
duconfinement.
À signaler des survols avec des avions de chasse plus nombreux
du fait d?entraînements aux manoeuvres effectués par les militaires
qui ont profité de l?espace aérien dégagé.
Autour des aérodromes, arrêt complet des vols de loisirs durant
la période de confinement avec quasi-disparition des nuisances
sonores associées, mais retour à une situation parfois plus
bruyante depuis le déconfinement et surtout depuis début juin.
Activités humaines
au sein des
quartiersanimés
Observations réalisées dans Paris :
Très fortes diminutions des niveaux sonores (entre 6 et 20dB(A)
de moins selon les quartiers et les types de jour ouvré / week-end)
sur le créneau de soirée/début de nuit (22h-2h) qui fait l?objet
habituellement de nuisances sonores pour les riverains au sein
des quartiers animés qui comptent de nombreux bars, restaurants
ou dont l?espace public estfortement fréquenté notamment aux
beauxjours.
Une remontée assez nette et progressive des niveaux sonores
qui accompagne les différentes phases du déconfinement (réap-
propriation partielle de l?espace public durant la phase 1 pendant
laquelle les établissements sont restés fermés), puis réouverture
des établissements (en terrasse seulement en Île-de-France et
réouverture complète ailleurs) au cours de la phase 2 entre le 2 juin
et le 14 juin puis réouverture totale partout des établissements et
forte réappropriation de l?espace public au détriment parfois même
des gestes barrière depuis le 15 juin.
Conseil National du Bruit Rapport d?activité 2020
18
Situation habituelle
Au coeur du confinement
Cartes du bruit
destransports selon
l?indicateur Lden pour
lasituation habituelle
etla situation observée
au coeur du confi-
nement pour la zone
dense francilienne
(10millions d?habitants)
Source : Bruitparif
Niveaux sonores
en dB (A)
Niveaux sonores
en dB (A)
< 45
< 45
70 - 75
70 - 75
45 - 50
45 - 50
> 75
> 75
50 - 55
50 - 55
60 - 65
60 - 65
55 - 60
55 - 60
65 -70
65 -70
Conseil National du Bruit Rapport d?activité 2020
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Les gains sanitaires théoriques résultant des
réductions observées de bruit des transports
durant le confinement ont pu être évalués par
les observatoires Acoucité et Bruitparif : ceux-ci
iraient de 45 à 70 % (soit 3,5 à 5,2 mois de vie en
bonne santé gagnés) pour les agglomérations
qui sont habituellement peu ou pas concernées
par les nuisances sonores aéroportuaires, alors
qu?ils atteindraient 67 % à 81 % (soit de 7,9 à 19,8
mois de vie en bonne santé gagnés) pour cer-
taines agglomérations franciliennes très survo-
lées habituellement.
Cet exercice prend sens pour le bruit routier
notamment du fait que des diminutions de bruit
de 4 à 6 dB(A) sur l?ensemble du réseau de voi-
rie pourraient être atteintes à grande échelle
avec des politiques de transports volontaristes,
en combinant différentes solutions techniques,
sans nécessairement réduire le volume de trafic
aussi drastiquement que durant le confinement.
Ces solutions consistent à réduire le bruit de rou-
lement des véhicules (via la pose de revêtement
de chaussée anti-bruit, l?utilisation de pneus
plus silencieux, ou la réduction des vitesses des
circulations) et à diminuer dans le même temps
les bruits de moteur via le développement de la
motorisation silencieuse des véhicules (scooters
et véhicules électriques ou hybrides), le recours
accru aux modes de transports doux et la limita-
tion des comportements inciviques de certains
conducteurs de deux-roues motorisés ou de
voitures sportives.
Résultats en termes de perception
de l?environnement sonore
Trois études de l?impact de la période de confi-
nement lié à la COVID sur la perception de l?en-
vironnement sonore ont été conduites selon
des approches distinctes et complémentaires.
La première enquête a été lancée en ligne par
Acoucité et s?est déroulée durant le confine-
ment. La seconde, consacrée à la perception
des bruits de voisinage, a été conduite conjoin-
tement par le réseau des ingénieurs territoriaux
en charge des bruits de voisinage, des experts et
l?AAbV, sur la base de retours d?expériences, de
remontées du terrain et d?une d?enquête auprès
des adhérents de l?association AAbV. La troi-
sième a été conduite par le CidB, à la sortie du
confinement, avec l?objectif d?évaluer les évolu-
tions de la perception du bruit et d?identifier les
pistes de changements en faveur de l?environne-
ment sonore, aux niveaux individuel et collectif.
Principaux résultats de l?enquête Acoucité
Une forte diminution de l?intensité perçue
du bruit toutes sources confondues : note de
bruyance passant en moyenne de 6,3 (avant le
confinement) à 2,4 (période de confinement),
soit une baisse importante de 3,9 points, statisti-
quement significative (sur une échelle de 0 à 10).
Une diminution de la perception des bruits
destransports :
? pour 90% des répondants en
cequiconcerne le trafic routier,
? pour 65% des répondants en cequiconcerne
le trafic aérien,
? pour 28% des répondants en
ce qui concerne le trafic ferroviaire.
Une très nette augmentation de la percep-
tion des sons d?origine naturelle, pour 80%
desrépondants.
De manière générale, les modifications d?envi-
ronnement sonore durant le confinement ont
été très majoritairement jugées positives et
perçues comme agréable, calme, ou paisible
par les répondants.
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Variation de la perception des sources
sonores entre avant et durant la période
deconfinement - Source : Acoucité
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Principaux résultats de l?étude sur
la perception des bruits de voisinage
Il est retenu dans le cadre du confinement que
l?abaissement du bruit de fond par la réduction
du trafic, la cessation de la majeure partie des
activités commerciales bruyantes (bars, restau-
rants?) ainsi qu?une plus grande occupation des
logements, ont contribué à accentuer la percep-
tion des bruits de comportement du voisinage ;
différents répondants aux questionnaires allé-
guant un manque de civisme et de respect d?au-
trui des voisins.
Il est encore observé l?allégation par les répon-
dants du défaut d?application de la réglemen-
tation au motif de l?insuffisance de contrôles et
de l?absence de verbalisations, et retenu dans
le cadre du déconfinement la difficulté devant
laquelle se trouvent placés les maires entre l?exi-
gence de tranquillité publique et l?impératif éco-
nomique lié à la vie de la commune, conduisant à
une forme de laissez-faire administratif.
Principaux résultats de l?enquête CidB
Si la période de quasi-silence due au confine-
ment imposé par l?épidémie Covid-19 a eu un
effet bénéfique sur la santé d?une majorité de
Français, elle a néanmoins rendu ceux-ci plus
sensibles au bruit qu?auparavant (57 %).
Après le confinement, bien que la reprise des
déplacements et des activités économiques
ait été progressive, la gêne face aux nuisances
sonores s?est révélée rapidement. Les bruits
vécus comme les plus gênants sont ceux géné-
rés par le trafic routier (49 %) suivis par les
bruits de voisinage (36 %) et les chantiers (8 %).
Concernant le trafic routier, il faut préciser que
la gêne se concentre sur les deux-roues moto-
risés (57 %), suivis par les voitures (25 %), les
klaxons (12 %) et les camions (6 %). Pour les bruits
de voisinage, la gêne est centrée sur les compor-
tements des voisins (62 %). Viennent ensuite, les
bars, restaurants et terrasses (14 %), la musique
(8 %), et les commerces (5 %).
Répartition de la gêne selon les sources de bruit
après confinement ? Source : CIDB
Ayant eu la possibilité de s?exprimer librement
sur les moyens d?action les plus efficaces pour
limiter la pollution sonore, ceux-ci se disent
prêts à changer de comportements pour amé-
liorer la qualité de leur environnement sonore.
Si certains souhaitent vouloir déménager pour
vivre au calme, d?autres dessinent une nou-
velle société où le télétravail serait favorisé tout
comme les mobilités douces afin de diminuer
les déplacements bruyants. Dans l?immédiat,
ils souhaitent la mise en place de périodes de
calme pour préserver le repos et une réactivité
plus grande des maires et des forces de l?ordre
(police et gendarmerie) afin de faire respecter la
réglementation.
22
AVIS DU CONSEIL
NATIONAL DUBRUIT
DU5OCTOBRE 2020
SUR LES PICS
DE BRUIT DES
INFRASTRUCTURES
FERROVIAIRES
Conseil National du Bruit Rapport d?activité 2020
23
Rappel de la saisine
Depuis 1982, le Conseil National du Bruit (CNB)
s?attache à améliorer la qualité de l?environne-
ment sonore de nos concitoyens. Il peut être
consulté sur toute question traitant de nuisances
sonores et sur tout projet de réglementation dans
ce domaine ; il propose des mesures propres à
améliorer la qualité de l?environnement sonore
et à réduire les nuisances sonores, informe et
sensibilise le public. Il est notamment doté d?une
capacité d?auto-saisine.
À l?occasion de la nomination de sa Présidente,
Mme Laurianne Rossi, et du renouvellement de
ses membres, le Conseil a adopté lors de son
assemblée plénière du 2 décembre 2019, une
feuille de route définissant ses priorités parmi
lesquelles « la poursuite des réflexions sur les
pics de bruit des infrastructures ferroviaires en
vue de faciliter la mise en oeuvre de la loi d?orien-
tation des mobilités (LOM) ». Il a été convenu que
la réflexion s?étende également aux nuisances
aéroportuaires, même si ce volet n?est pas inséré
dans cette loi.
L?article 90 de la LOM indique :« Les indicateurs
de gêne due au bruit des infrastructures de
transport ferroviaire prennent en compte des
critères d?intensité des nuisances ainsi que des
critères de répétitivité, en particulier à travers
la définition d?indicateurs de bruit événementiel
tenant compte notamment des pics de bruit.
Un arrêté conjoint des ministres chargés des
transports, de l?environnement et du logement
précise les modalités d?évaluation des nuisances
sonores des transports ferroviaires en fonction
des critères mentionnés au premier alinéa ».
La DGITM et la DGPR ont confié au CEREMA le soin
de mener ces travaux préparatoires, notamment
sur les indicateurs pertinents et les seuils en
matière de pics de bruit. Il en va de même pour
les questions relatives aux vibrations.
Le CNB a été quant à lui mandaté le 4 novembre
2019 par la Ministre de la Transition écologique
et solidaire pour émettre un avis sur ces deux
sujets.
Méthode d?élaboration
En dépit de la crise sanitaire liée à la COVID-19,
la commission mixte du CNB s?est réunie à cinq
reprises entre janvier et octobre 2020 (présen-
tiel ou visioconférence) afin de proposer un avis
intermédiaire soumis à l?Assemblée plénière du
5 octobre 2020. Son avis s?appuie sur la note de
synthèse réalisée par le CEREMA en août 2020.
Cet avis doit être considéré comme un « avis
intermédiaire », en prolongement de l?avis du
12 juin 2019 sur les indicateurs relatifs au bruit
généré dans l?environnement.
Le Conseil s?engage à l?avenir à poursuivre ses
travaux sur ce sujet afin de faciliter les travaux
préparatoires à la rédaction de l?arrêté.
État de l?art
De l?avis des experts, les connaissances scienti-
fiques recueillies à ce jour ne permettent pas de
se prononcer sur la pertinence et la sélection d?un
indicateur unique précis. La commission mixte
du CNB s?est donc efforcée en premier lieu d?éva-
luer la note de synthèse du CEREMA et d?examiner
toutes les pistes proposées par les membres de
la commission mixte, notamment les représen-
tants de Bruitparif, du GIAC, des représentants
associatifs et de SNCF réseau.
Elle s?est ensuite consacrée à dégager des points
de convergence et à faire des propositions pour
la poursuite des travaux visant à mieux contex-
tualiser les situations de nuisances ferroviaires
à l?aide d?indicateurs (ou de combinaison d?in-
dicateurs) complémentaires. Le présent avis
présente ainsi ces points d?accord et un tableau
récapitulatif identifiant les atouts et faiblesses
24
Conseil National du Bruit Rapport d?activité 2020
de chaque indicateur et de projections de com-
binaisons possibles d?indicateurs, aucun d?eux
ne paraissant à lui seul susceptible de répondre
aux besoins exprimés.
Le présent avis ouvre ainsi la voie à des travaux
complémentaires du Conseil sur l?association
d?indicateurs qui pourraient être retenus et leur
confrontation à la réalité du terrain.
Recommandations du CNB
Si l?utilisation de l?indicateur énergétique de long
terme de type LAeq, telle que prescrite dans la
réglementaire nationale et préconisée à l?échelle
européenne, à travers ses dérivés Lden et Ln via
la directive 2002/49/CE, ne saurait être remise
en cause, les membres du CNB s?accordent pour
dire qu?il apparaît nécessaire de compléter, voire
de moduler, l?utilisation de ce type d?indicateur
par des indicateurs s?intéressant au caractère
fluctuant du bruit généré par les circulations
ferroviaires, et notamment aux caractéristiques
des pics de bruit ainsi générés et à leur répéti-
tivité. Cette association complémentaire entre
indicateurs énergétiques de long terme et indi-
cateurs événementiels doit permettre de mieux
contextualiser les situations d?exposition au
bruit ferroviaire et de définir, dans une seconde
étape, des valeurs réglementaires pertinentes et
adaptées assorties d?objectifs à atteindre pour
les protections acoustiques à mettre en oeuvre,
en tenant compte de la spécificité des contextes
rencontrés.
Le fait d?adjoindre un ou plusieurs indicateurs
événementiels à l?indicateur de long terme LAeq
doit notamment permettre de distinguer claire-
ment les situations d?exposition des riverains au
bruit ferroviaire pour lesquelles le niveau LAeq
de long terme est identique mais qui corres-
pondent à des caractéristiques de circulation
très différentes sur une même période, comme
par exemple :
? 10 trains de fret de LAeq,TE 80dB(A)
? 100 trains intercités de LAeq,TE 70dB(A)
? 200 trains de LAeq,TE 67dB(A)
La règle d?égale énergie qui prévaut actuelle-
ment dans le calcul des indicateurs de type LAeq
(1 pic de bruit de LAeq,TE 70dB(A) est équivalent
à 2 pics de bruit de LAeq,TE 67dB(A) chacun) est
en effet souvent mise à mal dans les concerta-
tions autour des projets ferroviaires, les impacts
pour les riverains qui assistent par exemple à un
doublement du trafic, et donc du nombre de pics
de bruit, ne semblant pas pouvoir être totale-
ment compensés par un abaissement de 3dB(A)
de l?intensité de chacun des pics de bruit.
Le CNB considère qu?il n?existe pas à ce jour d?in-
dicateur défini et validé scientifiquement qui
permettrait à lui seul de tenir compte des prin-
cipaux paramètres acoustiques d?influence de
la gêne de long terme ressentie par les riverains
des infrastructures ferroviaires. Ces principaux
paramètres sont les suivants :
? la perturbation sonore générée au passage
d?un train qui est conditionnée par :
a) l?intensité du pic de bruit,
b) le différentiel de niveau sonore ambiant
résultant du passage du train par rapport
au bruit de fond ambiant résiduel (notion
d?« émergence événementielle »),
c) la durée pendant laquelle le bruit associé
au passage du train est perçu,
d) une signature sonore particulière ou une
contribution importante dans le signal
de basses fréquences (caractéristiques
par exemple des circulations TGV),
25
e) la présence simultanée de phénomènes
vibratoires, entraînant une démultiplica-
tion de l?effet ressenti par les populations
riveraines du fait d?une double compo-
sante acoustique et vibratoire.
? la période d?apparition des pics de bruit liés
aux circulations ferroviaires, la sensibilité au
bruit étant variable selon les périodes de pré-
sence des personnes à leur domicile et leur
vulnérabilité. Ainsi, la sensibilité des riverains
est généralement plus forte la nuit que durant
la soirée, et celle-ci étant elle-même plus forte
que durant la période de journée. De la même
manière, il peut être envisagé de tenir compte
de l?exposition plus longue des riverains les
jours de week-end et les jours fériés par rap-
port aux jours ouvrés et de leur aspiration à un
environnement sonore extérieur de qualité aux
beaux jours (du fait de l?utilisation plus impor-
tante des espaces extérieurs aux habitations
et de l?ouverture des fenêtres). Une attention
toute particulière devrait être accordée aux
personnes vulnérables (malades, personnes
âgées?) présentes à leur domicile une très
grande partie de leur temps.
? le caractère répétitif de l?apparition des pics de
bruit, et donc de leur nombre ou de leur durée
d?apparition cumulée, pour chaque période
d?intérêt.
Pour chacun de ces paramètres d?influence,
il existe des indicateurs acoustiques ou des
méthodes de prise en compte (bonus/malus
ou facteurs de pondération) qui apparaissent
pertinents mais qui présentent chacun des
forces et des faiblesses propres à leur méthode
d?évaluation ainsi qu?à leur approche parcellaire
de la problématique (voir tableau d?analyse en
annexe). Certains indicateurs permettent d?ap-
préhender de manière agrégée plusieurs para-
mètres d?influence à la fois.
Il apparaît en outre nécessaire que l?indicateur
ou l?association d?indicateurs qui sera retenu
puisse être traduit de manière pédagogique en
des termes explicites et compréhensibles par le
plus grand nombre en en particulier par le public.
À pertinence similaire sur le plan technique et
scientifique, le choix devra se porter sur les indi-
cateurs les plus faciles à comprendre. Dans le
même ordre d?idée, il conviendra d?attacher la
plus grande importance aux moyens d?informa-
tion et de communication à mettre en place vis-
à-vis de ces nouveaux indicateurs.
Le CNB est par ailleurs favorable à ce que les
futurs objectifs fixés tiennent compte, comme
c?est déjà le cas dans la réglementation actuelle,
des périodes de sensibilité différente au bruit
ainsi que de la sensibilité du public (nécessité
d?adapter les seuils en fonction du type de bâti-
ments sensibles : habitations, établissements de
santé, établissements scolaires...).
La sélection d?un indicateur ou d?une combinai-
son d?indicateurs nécessite de poursuivre les
travaux d?expérimentation et de confrontation
avec des situations réelles d?exposition au bruit
ferroviaire d?ores et déjà documentées par la
mesure et la modélisation. Il s?agit notamment
d?approfondir la détermination des contextes
pour lesquels l?introduction d?indicateur(s) com-
plémentaire(s) au LAeq de long terme permet-
trait de modifier ou de moduler les exigences
réglementaires pour mieux tenir compte des
effets extra-auditifs principaux (perturbation
du sommeil, gêne, difficulté d?apprentissage,
risques cardiovasculaires) induits pour les
populations riveraines exposées.
Si l?on peut considérer que les principaux fac-
teurs de sources d?inconforts et de perturbations
ressenties qui permettent d?enrichir la descrip-
tion de l?exposition au bruit ferroviaire sont rela-
tivement bien identifiés et connus de manière
qualitative (voir liste en page 3), il existe encore
un manque important de connaissances quant
Conseil National du Bruit Rapport d?activité 2020
Conseil National du Bruit Rapport d?activité 2020
26
ANNEXE : Tableau
« short list » d?indicateurs
intéressants à étudier
(seule une version réduite
est reproduite ici, nous
renvoyons le lecteur à l?avis
consultable dans son inté-
gralité sur le site du ministère
de la transition écologique
etcelui du CidB).
aux lois de variation quantitative des effets sani-
taires par rapport à ces différents facteurs et à
leur poids respectif.
Aussi, le CNB considère qu?il n?est pas possible à
ce stade de sélectionner précisément les indica-
teurs à retenir ni de définir ou moduler des seuils
réglementaires sans réaliser des études complé-
mentaires (étude de gêne en laboratoire et étude
sanitaire auprès d?un échantillon représentatif
de riverains soumis au bruit des différentes cir-
culations ferroviaires). Ces études complémen-
taires, dont la durée de mise en oeuvre envisagée
ne devrait pas excéder un an, devront être éga-
lement une opportunité pour aborder la double
question Acoustique-Vibratoire, caractéristique
de la problématique ferroviaire.
27
Paramètre ou combinaison
de paramètres
Indicateur ou méthode Portée
Intensité du pic de bruit LAmax CT
LAeq, TE avec TE : temps d?exposition
LAeq, TP avec TP : temps de passage
LAeq, event (déterminé sur la période correspondant à LAmax 10dB)
Différentiel de niveau sonore
aupassage
Émergence événementielle (bruit ambiant en présence du bruit ferro-
viaire ? bruit résiduel) pour un événement
CT
Durée d?exposition au bruit
du passage du train
Temps d?exposition TE correspondant à la durée de perception
dubruit lié au train
CT
Aggrégation: Intensité du pic de bruit
et durée (évaluée sur la période
correspondant à LAmax-10)
SEL CT
Forte présence de basses fréquences Niveau sonore par bandes de tiers d?octave ou d?actave centrées dans
les basses fréquences (20-200 HZ ou 25-250 Hz)
CT ou LT
CT ou LTContribution en BF (peut être évalué par l?indicateur (LCeqLAeq/LCeq,
en %)
Période d?appartition du pic Facteur de pondération à rajouter (ex : +5 dB(A) en soirée et dB(A)
lanuit) comme dans le calcul du Lden
CT ou LT
Ambiance sonore générale Facteur correctif pouvant être introduit pour tenir compte de l?am-
biance sonore de la zone en fonction de l?occupation du sol et donc
de sa sensibilité par rapport à l?introduction d?un nouveau bruit (zone
rurale, semi-urbaine, urbaine) ou en fonction d?une évaluation du bruit
résiduel (ambiance non modérée, très modérée, zone calme?)
CT ou LT
Caractère répétitif Nombre de circulations LT
Nombre d?événements au-dessus d?un seuil NAX (le LAmax ou leSEL
peuvent être utilisés pour ce type d?indicateurs)
Nombre d?événements ferroviaires générant une perturbation del?en-
vironnement sonore
Temps cumulé d?exposition au bruit ferroviaire (somme des durées
d?exposition au bruit lié aux passages de trains)
Aggrégation: Intensité des pics de
bruit
Valeur moyenne ou valeur médiane des LAmax sur une période LT
Aggrégation: Intensité des pics de
bruit et durée
Valeur moyenne ou valeur médiane des LAmax sur une période LT
Aggrégation: Différentiel de niveau
sonore au passage et durée
Émergence globale (évaluée sur l?ensemble des circulations
d?unepériode donnée)
LT
Caractère fluctuant du bruit Utilisation de l?analyse statistique des LAeq courts, avec les indices
fractiles Lx (niveau dépassé pendans x% du temps), combinés entre
eux ou avex le LAeq
LT
Aggrégation: Intensité des pics de
bruit et durée des pics de bruits et
prise en compte ambiance générale
et période d?apparition et caractère
répétitif
Compteur de bruit par points (du type de la proposition faite
parBruitparif avec remise en cause de la règle d?égale énergie)
LT
Conseil National du Bruit Rapport d?activité 2020
28
AVIS DU CONSEIL
NATIONAL DU BRUIT
DU 5 OCTOBRE 2020
PROPOSITIONS
POUR PRENDRE
ENCOMPTE LE
VOLET ACOUSTIQUE
DANSLES OPÉRA-
TIONS DE RÉNOVA-
TION ÉNERGÉTIQUE
DES BÂTIMENTS
ET DE RÉNOVATION
URBAINE
Conseil National du Bruit Rapport d?activité 2020
29
Rappel de la saisine
Depuis 1982, le Conseil National du Bruit s?at-
tache à améliorer la qualité de l?environnement
sonore de nos concitoyens. Il peut être consulté
sur toute question traitant de nuisances sonores
et sur tout projet de réglementation dans ce
domaine ; il propose des mesures propres à
améliorer la qualité de l?environnement sonore
et à réduire les nuisances sonores, informe et
sensibilise le public. Il est notamment doté d?une
capacité d?auto saisine.
Dans le contexte du plan de relance économique
de sortie de crise COVID19, présenté par le gou-
vernement en septembre 2020, le bureau du CNB
qui s?est réuni le 23 septembre 2020 a considéré
utile d?émettre rapidement un avis sur la prise en
compte du volet acoustique dans les opérations
de rénovation énergétique des bâtiments et de
rénovation urbaine notamment celles prévues
dans le cadre du plan de relance économique.
Les membres du Bureau ont donc décidé d?user
de la capacité d?autosaisine et demandé à René
GAMBA, président de la commission technique
du Conseil national du bruit de formuler des pro-
positions afin de les soumettre à l?assemblée
plénière du CNB du 5 octobre 2020.
Méthode d?élaboration
Etant donnée la contrainte de temps, et les
contraintes de la crise sanitaire, il n?a pas été
possible de réunir la commission technique,
ni un groupe de travail spécifique. Le pré-
sent avis a donc été élaboré sur la base d?un
appel à contributions auprès de l?ensemble des
membres du CNB.
Contexte technique,
économique,environnemental
La commission technique du CNB travaille
depuis 2008, sur les thèmes de l?insonorisation
des riverains de voies de transport, et d?une
approche globale et multidisciplinaire de la
rénovation des bâtiments, visant à intégrer la
prise en compte de la qualité acoustique dans la
même démarche, et au même titre que la qualité
de l?air intérieur, le confort thermique et les éco-
nomies d?énergie.
Dans ce cadre, le CNB a notamment suivi les
démarches mises en oeuvre dans le cadre de
l?insonorisation des riverains d?aéroports, et des
riverains de voies de transport terrestre, ainsi
que les travaux menés par l?ADEME en vue de
comprendre les freins rencontrés sur le ter-
rain à une approche globale, et promouvoir les
démarches permettant une intégration des pré-
occupations Climat, Énergie, Bruit, Santé.
Au niveau du bâti, ces aspects sont étroitement
liés : les actions visant économies d?énergie,
isolement acoustique et ventilation peuvent
être convergentes, ou au contraire se contrarier
l?une l?autre. Ce constat a été fait de longue date,
et les pouvoirs publics ont cherché très tôt les
conditions d?une synergie gagnante entre ces
trois facteurs dans les réglementations des bâti-
ments neufs.
Le plan de relance présenté par le gouverne-
ment en septembre 2020 se concentre sur les
opérations de rénovations énergétiques, sans
intégrer la gestion de la qualité acoustique des
bâtiments. Or la lutte contre le réchauffement
climatique ne peut être menée sans considéra-
tion des autres enjeux sanitaires, sociaux et envi-
ronnementaux, parmi lesquels, la lutte contre le
bruit et la qualité de l?air intérieur revêtent une
importance primordiale, aussi bien pour la santé
et le bien-être de ceux qui ont à en souffrir, que
pour les retombées économiques considérables
qui y sont associées.
Conseil National du Bruit Rapport d?activité 2020
30
Ainsi, le coût pour les Français de la mauvaise
qualité de l?environnement sonore a été chiffré
à 57milliards d?euros par an2 dont 20,6milliards
attribués au bruit des transports, et 11,5milliards
aux bruits de voisinage. Il faut bien noter que
ces 32,1milliards annuels sont en grande partie
en lien avec la mauvaise qualité du bâti existant,
puisqu?à l?évidence, si les logements anciens
étaient mieux isolés acoustiquement, leurs
occupants seraient moins exposés au bruit, que
celui-ci provienne des voisins ou des transports.
Les enjeux d?une prise en compte de l?acous-
tique dans tous les travaux de rénovation du
bâtiment sont donc non seulement sanitaires et
sociaux, mais également économiques. Le plan
de relance va rendre possible nombre d?opéra-
tions de rénovation des bâtiments, publics, et
privés, exposés ou non aux bruits des voies de
transport. Il est donc essentiel de se préoccuper
de la prise en compte de l?acoustique dans ces
différentes situations.
Quatre types de rénovation doivent
êtredistinguées :
? Les bâtiments exposés à des niveaux de
bruit faibles ou modérés, qui ne nécessitent
pas d?insonorisation vis-à-vis des bruits
extérieurs,
? Les bâtiments exposés à des bruits anorma-
lement élevés, dangereux pour la santé des
occupants, et qui doivent être corrigés, et
pour lesquels des dispositifs réglementaires
d?aide à l?insonorisation sont prévus,
? Un dispositif pour le bruit des avions
(TNSA),
? Un dispositif pour le bruit des transports
terrestres (PNB)
? Les bâtiments exposés à des niveaux sonores
élevés et même très élevés, mais pour lesquels
aucune aide à l?insonorisation n?estprévue
Les bâtiments exposés à des niveaux debruit
extérieurs faibles ou modérés
Les bâtiments anciens présentent pour la plu-
part de mauvais isolements acoustiques aussi
bien entre les logements que vis-à-vis de l?exté-
rieur. L?amélioration thermique de l?enveloppe
passe la plupart du temps par des changements
de fenêtres et éventuellement des doublages en
façade. En conséquence, l?isolement acoustique
vis-à-vis de l?extérieur est amélioré, et ainsi le
bruit des voisins (et donc la gêne associée) va
augmenter. Ce phénomène peut encore être
aggravé par le comportement de certains dou-
blages thermiques qui favorisent la transmission
du bruit d?un logement à l?autre.
Pour les travaux légers, il est important qu?une
étude acoustique préalable établisse les caracté-
ristiques initiales, et définisse les solutions tech-
niques à éviter pour ne pas aggraver la gêne due
aux bruits de voisinage.
Pour les rénovations lourdes, il est indispensable
qu?une étude acoustique préalable établisse les
caractéristiques initiales, définisse des objectifs
d?améliorations et définisse les solutions tech-
niques à mettre en oeuvre pour yparvenir.
2 Étude « Coût social d bruit en France » ADEME-CNB
réalisée par E&Y - 2016
Conseil National du Bruit Rapport d?activité 2020
31
Le dispositif d?aide à l?insonorisation
des« Points Noirs du Bruit »
Les « points noirs bruit » désignent les bâtiments
« sensibles » (accueillant des logements, des éta-
blissements scolaires, des centres de soins) bâtis
initialement en zones d?ambiance calme ou modé-
rée, construits avant 1978, et/ou pour lesquels
l?implantation de nouvelles voies de transport
terrestre (ou la modification de voies anciennes)
expose leurs occupants à niveaux de bruit jugés
dangereux ou très dangereux pour leur santé.
Leur résorption est prévue réglementairement,
et constitue un impératif social, en plus d?être une
opération rentable !
La reconnaissance comme un PNB routier et/ou
ferroviaire d?un bâtiment nécessite de connaître
l?exposition sonore et l?antériorité du bâtiment par
rapport à la voie. Chacun de ces critères néces-
sitant des investigations pour être apprécié. Le
caractère PNB d?un bâtiment n?est donc pas aisé-
ment accessible et n?est connu que si une étude
préalable d?identification et de confirmation a été
réalisée.
L?existence des PNB est pour la première fois
reconnue en 1981 (rapport Gilbert Batsch) ; par la
suite, d?autres rapports ont pointé l?existence de
ces PNB et la nécessité de les traiter : le rapport
du député Bernard Serrou (Serrou, 1994) et celui
de Claude Lamure (Lamure, 1998). La politique
de lutte contre le bruit des transports terrestres,
décrite dans la circulaire du 25 mai 2004, précise
les règles de programmation d?actions de résorp-
tion des PNB.
L?engagement n°153 du Grenelle a fixé pour objec-
tif « la révision de l?inventaire des points noirs de
bruit pour fin 2007 et la résorption en 5 à 7 ans des
plus dangereux pour la santé ».
Le rapport du comité opérationnel « bruit »
(COMOP n°18 du Grenelle), intitulé « Pour une
approche globale », insiste par ailleurs sur la
nécessité d?une démarche pluridisciplinaire
associant modernisation des infrastructures et
des véhicules, lutte contre le bruit, amélioration
thermique et qualité de l?air.
En 2015, le rapport Beauvais (BEAUVAIS
CONSULTANTS, 2015), commandé par l?ADEME,
a proposé des outils économiques permettant
une résorption de l?ensemble des PNB en vingt
ans, soit beaucoup moins que le temps qui est
passé depuis le début de la prise de conscience
du problème.
Enfin, le Plan Bruit de l?ADEME a participé, entre
2009 et 2020, au financement de 52 opérations
(110M¤) et au financement de 2fonds de concours
(42 M¤), pour un montant total débloqué par
l?ADEME de 152 millions d?euros, soit l?équivalent
de ce qui devrait être mobilisé chaque année.
Le gestionnaire de l?infrastructure de transport
générant des PNB est en charge de leur résorp-
tion, mais la réglementation ne lui attribue pas de
moyens. Par ailleurs, il peut arriver que 2 ou 3 ges-
tionnaires soient concernés par la même opéra-
tion en cas de multi exposition. Enfin, les riverains
sont confrontés à un parcours du combattant : ils
ignorent qu?ils ont droit à une aide avant qu?une
information leur soit donnée, ils n?ont ensuite
qu?un délai limité pour rentrer dans le dispositif,
enfin ils ont souvent à assumer un reste à charge,
en plus d?assumer des travaux en site occupé.
De fait, les projets de résorption de PNB sont peu
nombreux, à deux exceptions près :
? Ceux co-financés par le Plan Bruit
de l?ADEME,
? Ceux du réseau national routier et ferroviaire
(circulaire du 25 mai 2004).
À ce jour demeurent encore environ 300 000
logements Points Noirs du Bruit non traités en
France, représentant environ 1 million de per-
sonnes exposées.
Conseil National du Bruit Rapport d?activité 2020
32
Le dispositif d?aide à l?insonorisation
desriverains d?aéroports
1,2 millions de pfersonnes en France sont expo-
sées au bruit des plus grands aéroports fran-
çais. Les Plans d?Exposition au Bruit (PEB)
ont vocation à limiter l?exposition de nou-
velles populations en définissant des limites
de constructibilité, notamment en matière de
logements et définissent par ailleurs les per-
formances acoustiques minimales qui doivent
être respectées pour les bâtiments neufs dans
les zones autorisées.
Pour les populations qui sont déjà implantées et
exposées aux nuisances aéroportuaires, un dis-
positif particulier permet sur les 12principaux
aérodromes français (remplissant des critères
de trafic définis à l?article 1609 quatervicies A
du code général des impôts) d?aider les pro-
priétaires le souhaitant à insonoriser leur bien.
Il s?agit du dispositif d?aide financière à l?inso-
norisation des locaux situés dans le périmètre
des zones les plus exposées, telles que définies
dans un plan dit « Plan de Gêne Sonore » (PGS).
Le PGS est un document d?environnement déli-
mitant les zones d?éligibilité géographique au
dispositif d?aide.
L?article R751-86 du code de l?environnement
encadre les conditions d?éligibilité au disposi-
tif d?aide à l?insonorisation financé par la TNSA
(Taxe sur les Nuisances Sonores aériennes),
acquittée par les compagnies aériennes sur
le principe du pollueur-payeur. Cette taxe est
collectée par le service de gestion des taxes
aéroportuaires de la DGAC puis reversée aux
gestionnaires de onze des aéroports concer-
nés, l?aérodrome de Bâle-Mulhouse est doté
d?un PGS mais bénéficie d?un dispositif fiscal
spécifique (taxe bruit).
En 2019, ce sont 49,2M¤ qui ont été reversés aux
aérodromes relevant du dispositif d?aide à l?inso-
norisation financé par la TNSA.
Les recettes annuelles de la taxe sont plafonnées
à hauteur de 55 M¤ par la loi. L?ACNUSA a fait une
recommandation au Ministre du budget, pour
réévaluer le montant du plafond législatif à 60 M¤
par an. Cependant, la crise sanitaire actuelle a
conduit, en raison du trafic aérien, à une chute
importante des recettes, estimées désormais à
35 M¤, au lieu des 54,3 M¤ initialement prévues
(Le dispositif reposant sur le principe pollueur/
payeur, l?augmentation des recettes sera condi-
tionnée à la reprise du trafic).
Pour pouvoir bénéficier d?une aide à l?insonori-
sation, les bâtiments (logements, à l?exception
des hôtels, établissements d?enseignement et
établissements à caractère sanitaire ou social)
doivent répondre à deux conditions cumulatives :
? Être situés (c?est-à-dire avoir été autorisés ou
être existants) dans le Plan de Gêne Sonore
d?un aéroport à la date de sa publication. Le
PGS a vocation à déterminer les zones d?éligi-
bilité géographique à l?aide à l?insonorisation,
dont dépendent les montants attribués.
? Être construits dans une zone non-couverte
par un Plan d?Exposition au Bruit (PEB) à la date
de délivrance du permis de construire.
Les modalités pratiques de traitement peuvent
varier d?un aéroport à l?autre, mais ils suivent
toujours un certain nombre d?étapes obliga-
toires, depuis le dépôt du dossier de demande
d?aide jusqu?à la réception des travaux. Le fond
disponible étant pérenne, les riverains n?ont pas
de contrainte temporelle pour déposer leur dos-
sier (sauf si le PGS venait à diminuer suite à une
révision consécutive à une diminution du trafic).
En revanche, ils ont une durée limitée pour faire
progresser leur dossier à partir de son accep-
tation : Le code de l?environnement prévoit un
délai de 2 ans maximum pour effectuer les tra-
vaux à compter de la date de notification de la
convention avec l?exploitant d?aérodrome.
Conseil National du Bruit Rapport d?activité 2020
33
Chacun des aéroports opérant ce dispositif d?aide
à l?insonorisation est responsable de son anima-
tion et de la plus grande utilisation possible des
financements, en concertation avec les services
de l?État (DGAC et préfecture notamment). Le
préfet préside la commission consultative d?aide
aux riverains (composée à parts égales d?élus,
d?associations de riverains et de professionnels
de l?aéronautique) en charge d?examiner les dos-
siers et de valider l?octroi de l?aide financière. Un
service interne aux aéroports est gestionnaire
du dispositif et des bureaux d?études spécialisés
assurent les missions techniques de diagnostic
de l?état initial du local, de préconisation des tra-
vaux à réaliser, de suivi de la consultation et de
constat de la bonne réception des travaux (dans
le cadre d?une assistance à maîtrise d?ouvrage
du riverain).
Par exemple, pour les travaux d?insonorisation
d?un logement dans le cadre d?une demande
individuelle, le taux de prise en charge est défini
à 80% des prestations éligibles effectivement
réalisées dans la limite d?un montant forfaitaire
plafonné réglementairement. Ce plafond est
fonction de la zone du PGS où se situe le loge-
ment et du nombre de pièces àtraiter.
Le taux de prise en charge peut être porté à 90
ou 100% sous conditions de ressources. Il s?élève
à 95% en cas d?opérations groupées (coproprié-
tés par exemple).
L?existence d?un montant plafonné réglementai-
rement conduit la plupart du temps à l?appari-
tion d?un reste à charge pour les propriétaires, ce
qui a pour conséquence de décourager certains
d?entre eux qui n?ont pas les moyens de couvrir
cette dépense.
D?après les informations dont dispose la DGAC
(données fournies par les exploitants d?aéro-
dromes), le nombre de locaux restant à inso-
noriser 3 (au 31/12/2019) sur l?ensemble des
aérodromes concernés est d?environ 51 000
(dont 42 000 en Île-de-France).
On décompte aujourd?hui environ 67 000 loge-
ments traités depuis la mise en place du dispo-
sitif (entre 2004 et 2019).
La réglementation acoustique pour
leslogements en rénovation énergétique
L?article 14 de la loi Transition Energétique pour
la Croissance Verte (TECV) et son décret d?appli-
cation n°2016-798 du 14 juin 2016 relatif aux tra-
vaux d?isolation acoustique en cas de travaux de
rénovation importants, impose à tous les loge-
ments situés dans les zones de dépassement des
valeurs limites sur les cartes de bruit routier et/
ou ferroviaire (zones dites de type C au sens de
l?article R. 572-5 du code de l?environnement) et
dans les PGS, les prescriptions suivantes : « En
cas de travaux de rénovation importants, les
parois vitrées, portes, toitures et parois opaques
doivent respecter des performances acoustiques
supérieures au seuil défini dans l?arrêté du 13 avril
2017. Pour tous les logements situés en zone de
dépassement des seuils de bruit (Zone de type
?C?), l?objectif d?isolement acoustique à atteindre
doit être supérieur à 35 dB. Pour les logements
situés en zones 1,2 ou 3 d?un PGS, l?objectif d?isole-
ment acoustique à atteindre doit être supérieur à
respectivement 38 dB, 35 dB, ou 32 dB ».
Nota : le guide d?application de cette réglementa-
tion reste à paraître.
Expérimentation DGAC - ANAH
Des travaux visant à mieux articuler les aides
à la rénovation énergétique de l?ANAH avec le
dispositif d?aide à l?insonorisation TNSA est en
cours. Des expérimentations ont été lancées à
Paris-Orly et Toulouse-Blagnac à la demande
3 Le nombre de locaux restant à insonoriser est calculé à partir du nombre de
locaux éligibles situés dans les PGS (données issues du rapport du CGEDD de mai
2014) duquel est ensuite soustrait le nombre de locaux ayant déjà obtenu un avis
favorable de la CCAR pour bénéficier de l?aide à l?insonorisation (données fournies
par les exploitants d?aérodromes et suivies par les préfectures et la DGAC).
Conseil National du Bruit Rapport d?activité 2020
34
de la ministre de la transition écologique et
permettront d?identifier les leviers d?action pour
favoriser le couplage. De même, la préfecture
de Loire-Atlantique a initié de manière volon-
taire une démarche similaire d?expérimenta-
tion pour Nantes-Atlantique. Il sera intéressant
d?en connaître les conclusions le moment venu.
Énergie, Bruit, Santé ? L?étude de faisabilité
de l?ADEME (janvier 2020)
Cette étude de faisabilité commandée par
l?ADEME et menée en partenariat avec l?ANRU,
a été conduite par un groupement de bureaux
d?études intervenant dans le domaine et s?est
appuyée sur :
? Un groupe d?acteurs expérimentés, rompus à
la mise en oeuvre des démarches d?insonori-
sation et d?amélioration de l?efficacité éner-
gétique, en mode « intelligence collective » ;
? L?analyse d?un certain nombre d?opérations de
référence (rénovation acoustique et/ou éner-
gétique), conduites par les bureaux d?études
du groupement ;
? Un benchmarking sur les pratiques de nos
voisins européens.
L?analyse des opérations de référence a
mis en évidence les éléments suivants :
? Une animation nécessaire du dispositif : l?in-
formation et la motivation des propriétaires
nécessite de dépenser beaucoup d?énergie
en communication. Une simple information
en début d?opération est loin d?être suffisante
pour générer une adhésion significative.
? Sans financement, pas d?actions : la disponi-
bilité de financement extérieur est le moteur
le plus important ; quelques propriétaires, peu
nombreux, ont réalisé des travaux d?insono-
risation en auto-financement par le passé,
notamment les ménages les plus aisés.
? Des plafonds insuffisants : le reste à charge
pour les propriétaires (particuliers) est un frein
important. On peut considérer que beaucoup
d?opérations voient leur budget excéder les
plafonds alloués, dans des proportions signifi-
catives selon la typologie du bâti. Face à cette
charge, nombreux sont les propriétaires à
abandonner la démarche à l?issue du diagnos-
tic et de l?estimation des travaux qu?il contient.
Il est à noter que les habitants des logements
les plus exposés ont souvent des revenus
modestes.
? Des processus parallèles qui créent de la
complexité : les opérations de rénovation
énergétique et les opérations de rénovation
acoustique obéissent à des modalités et une
temporalité différente. Deux processus sont en
parallèle et génèrent une complexité qui peut
décourager les propriétaires.
? Une limitation dans le temps de l?ouverture
des candidatures qui pénalise le processus :
le dispositif d?aide ADEME limite dans le temps
la possibilité de faire acte de candidature pour
les propriétaires. Des efforts sont faits au lan-
cement de la démarche par les prestataires
en charge de la prise de contact avec les pro-
priétaires éligibles, par le biais de relances et
d?avertissement sur le caractère temporaire du
droit à l?aide à l?insonorisation, mais on constate
la plupart du temps un taux important d?échec,
soit parce que les propriétaires contactés n?ont
pas donné suite (car la temporalité des travaux
dans leur vie personnelle n?est pas compatible
dans les temps du dispositif), soit parce que la
prise de contact n?a pas pu être réalisée. Un
propriétaire qui souhaiterait intégrer le dispo-
sitif tardivement, peut s?en voir refuser l?accès.
Ceci diffère du dispositif d?aide à l?insonorisa-
tion des riverains des aéroports, qui laisse un
guichet ouvert de façon permanente, les finan-
cements demeurant disponibles à tout moment
(même s?il existe par contre des délais de trai-
tement importants sur les plateformes sur les-
Conseil National du Bruit Rapport d?activité 2020
35
quelles le besoin de financement est le plus fort
compte tenu du manque de ressources).
? Des riverains satisfaits des travaux réalisés :
quoi qu?il en soit, malgré les difficultés rencon-
trées, la satisfaction des riverains par rapport
aux travaux réalisés semble être une constante,
cette satisfaction s?exprimant plus sponta-
nément sur la partie acoustique, les résultats
étant immédiatement perceptibles.
? La jungle des textes réglementaires.
? Le maquis des dispositifs d?aides.
Le benchmark des pratiques de nos voisins euro-
péens a montré que les Pays-Bas et la Suisse
avait une politique de résorption obligatoire des
PNB (le premier apportant une aide financière
pour l?insonorisation des bâtiments, le second
tablant principalement sur la réduction du bruit
à la source).
Ce travail a conduit à la conclusion que faire
mieux et beaucoup plus efficace pour la réno-
vation acoustique ne constituait pas un obstacle
infranchissable, bien au contraire, même si les
dernières décennies pourraient laisser penser le
contraire.
Enfin, des recommandations ont émergé, pré-
mices du dispositif à mettre en place.
La mécanique de la rénovation globale
acoustique et énergétique
Le point de départ de la réflexion menée était
l?accrochage des opérations acoustiques à des
opérations de rénovation énergétique. Pour ce
faire, il est indispensable de mettre en commun
les données géographiques et de permettre
leur croisement : par exemple « zones ANRU »
et « Points Noirs du Bruit » pour les quartiers
prioritaires à la rénovation urbaine. A ce jour, les
données existent sous des formes hétérogènes
et ne sont pas mises en regard. Les conditions
de ce rapprochement des données devront être
définies. Notons que le même problème peut se
poser entre « zones PNB » et « zones PGS », et
qu?il faudra encore distinguer dans chacune de
ces zones, les riverains qui ne seraient éligibles
à aucun des deux dispositifs, ou à l?un d?eux seu-
lement (et lequel) ou au deux. Dans ce dernier
cas, il y aura lieu de déterminer comment choisir
entre l?aide TNSA et l?aide PNB.
Ensuite, un « guichet unique » apparaît indis-
pensable, c?est-à-dire un point central de coor-
dination au service du bailleur et de l?habitant.
Ce guichet unique pourrait être mis en oeuvre
en lien avec les campagnes FAIRE (Faciliter,
Accompagner et Informer pour la Rénovation
Énergétique) et SARE (Service d?Accompa-
gnement pour la Rénovation Energétique)
menées par les pouvoirs publics et l?ADEME pour
accompagner, conseiller et accorder des aides
financières dans le cadre des rénovations éner-
gétiques de logements.
Enfin, il s?agirait de proposer une offre « tout en
un », pour le financement des études et des tra-
vaux énergétiques et acoustiques, incluant les
aspects ventilation. C?est la base de la réussite
du nouveau dispositif : un seul dossier, un seul
interlocuteur, une seule opération globale acous-
tique et énergétique (incluant la ventilation).
Une fois les critères d?éligibilité vérifiés, le dos-
sier entamerait son parcours, balisé par les dif-
férentes étapes d?étude et de validation.
Une assistance technique et administrative
Le bon fonctionnement et le dynamisme d?un tel
dispositif nécessitent un support pour l?infor-
mation auprès des bénéficiaires potentiels, le
recueil des candidatures et l?instruction des dos-
siers et enfin l?accompagnement de la réalisation
des travaux.
Conseil National du Bruit Rapport d?activité 2020
36
L?assistance technique et administrative doit
donc se déployer à deux niveaux :
? Au niveau des agences en charge du dispositif ;
? Au niveau opérationnel (diagnostic, définition
du programme de travaux, suivi et réception
des travaux), en s?appuyant sur des structures
d?ingénierie spécialisées.
Il s?agira également de déployer la formation
nécessaire pour les agents en charge des dif-
férentes étapes du dispositif, de produire les
éléments de communication à destination des
bénéficiaires (campagnes d?information, site
internet, plaquettes de présentation, etc.) et de
baliser les prestations attendues pour l?accom-
pagnement technique opérationnel de la réalisa-
tion des travaux.
Le besoin d?un financement pérenne
Compte tenu du volume de financement néces-
saire pour la résorption des PNB, estimé à entre
deux et trois milliards d?Euros (l?incertitude sur le
nombre exact de logements à traiter est encore
assez grande) et du besoin de continuité pour
aller au bout dans un laps de temps contenu, il est
indispensable que le financement soit pérennisé
et qu?il soit donc d?une autre nature que le recours
à des financements existants qui ne sont pas très
stables dans le temps et n?ont pas une durée de
vie suffisante.
Deux éléments apparaissent indispensables :
? un cadre réglementaire qui définisse ce finance-
ment (éligibilité, travaux et honoraires d?études
couverts) ;
? une source de moyens financiers.
Ce qui est fait pour l?insonorisation des riverains
d?aéroports est un modèle intéressant ; la Taxe
sur les Nuisances Sonores Aériennes, collec-
tée par la Direction Générale de l?Aviation Civile
puis reversée aux gestionnaires des aéroports
concernés (à l?origine le reversement était effec-
tué à l?ADEME qui avait à l?époque la gestion du
dispositif), a permis depuis environ vingt-cinq
ans de traiter plusieurs dizaines de milliers de
logements. Ce financement n?a en principe pas
de durée limitée, ce qui offre la possibilité aux
propriétaires concernés (ou bailleurs) d?y avoir
recours sans limite de temps.
Un des freins constatés sur les opérations de
résorption des Points Noirs du Bruit et les inso-
norisations de riverains d?aéroport est l?existence
d?un montant plafonné pour les travaux et donc,
de fait, dans la plupart des cas une dépense
supplémentaire pour les propriétaires, qu?ils ne
peuvent pas toujours assumer. Ceci conduit à un
nombre non négligeable d?abandon de la procé-
dure par les propriétaires.
En plus du plafonnement forfaitaire des travaux,
la prise en charge à 80% crée un frein supplé-
mentaire. Ainsi, le passage temporaire, en 2011
dans le cas de l?insonorisation des riverains d?aé-
roports, à une prise en charge à hauteur de 100%
du montant plafonné a permis de dynamiser
un peu la demande, mais le retour à 80% a bien
entendu eu l?effet inverse.
Financer, comment et combien ?
En 2015, le rapport Beauvais commandé par
l?ADEME, a proposé des outils économiques per-
mettant une résorption de l?ensemble des PNB en
vingt ans, pour un montant de 2,2milliards d?eu-
ros, soit 110 M¤ par an pendant 20 ans. Notons
toutefois que l?estimation du Grenelle contre
le bruit (rapport du Comop N°18 de mars 2008)
tablait plutôt sur 450M¤ par an, mais considé-
rait à la fois un nombre plus élevé de logements
classés PNB, et une durée de travaux plus courte.
Les recommandations de ce rapport BEAUVAIS
sont pour certaines remarquables de simplicité
d?application :
Conseil National du Bruit Rapport d?activité 2020
37
il s?agirait en effet de prélever une ou plusieurs
taxes réparties sur plusieurs postes tels que la
carte grise, les pneumatiques ou le carburant. Le
plus simple (ne nécessitant aucune infrastruc-
ture et ne générant aucun coût de prélèvement)
consistant à ne prélever qu?une seule taxe sur le
carburant resterait indolore puisque cette taxe
conduirait à n?augmenter le prix du litre carburant
que de 0,0017¤ (0,17centimes), soit une augmen-
tation relative de 0,12% du prix du litre à la pompe
? base 2015). A la date de rédaction du présent
document, les auteurs n?ont pas connaissance
de suites favorables à ces propositions de la part
des gouvernements successifs.
La part strictement réservée à l?acoustique
(au sens d?une opération qui n?aurait que la voca-
tion d?améliorer l?isolation acoustique de l?enve-
loppe du bâtiment) est estimée par le groupe de
travail « Énergie Bruit Santé » à 150 M¤ par an
pendant vingt ans. Compte tenu des inévitables
glissements de planning liés à la réalité du ter-
rain, nous supposons que nous arriverons au
terme de l?opération d?ici vingt-cinq ans.
Notons que le Plan Bruit de l?ADEME a participé,
entre 2009 et 2020, au financement de 52 opé-
rations (110M¤) et au financement de 2fonds de
concours (42 M¤), pour un montant total déblo-
qué par l?ADEME de 152millions d?euros. Ce plan
bruit arrive à terme fin 2020, et il n?est pas prévu
de prolongements.
Le rapport suggère que le flux financier soit géré
via la Création d?un « Fond National d?Améliora-
tion Thermique et Acoustique Habitat » (FNATHA)
sur le modèle du « Fond National d?Aide à la
Pierre » (FNAP). Ce fond national attribuerait une
enveloppe annuelle disponible pour financer les
projets de rénovation.
Le cadre législatif
Pour mettre en oeuvre les principes décrits
ci-dessus, l?étude de faisabilité de l?ADEME pro-
pose de mettre en oeuvre un cadre législatif pour
définir les éléments suivants :
? Le mécanisme de collecte et de pérennisation
des fonds nécessaires aux financements des
opérations et de leur encadrement et pilotage
? La prise en charge à 100% pour les PNB
? Les incitations, aides et subventions possibles
? Les obligations de l?état, des gestionnaires
d?infrastructure, des collectivités, des agences,
des Maîtres d?Ouvrage.
Conseil National du Bruit Rapport d?activité 2020
38
Propositions du CNB
Le CNB partage les constats précédemment
exposés :
? Les riverains d?aéroports bénéficient d?un sys-
tème d?aide à l?insonorisation qui repose sur
le prélèvement d?une taxe, la TNSA, au titre du
principe pollueur/payeur,
? Les riverains « PNB » ont « droit » à une insono-
risation, MAIS :
? Ils ne le savent pas,
? Les budgets sont insuffisants, et manquent
de stabilité dans le temps,
? Les contraintes à respecter sont un frein
important,
? Pourtant le coût de l?inaction est élevé, et la
source de financement pérenne accessible ?
? Le plan de relance présenté par le gouverne-
ment en septembre 2020 ne favorise pas expli-
citement l?intégration de la qualité acoustique
et de la qualité de l?air intérieur à la rénovation
énergétique des bâtiments,
Le CNB propose d?inclure dans le plan de relance
un volet qui encadre la rénovation énergétique
ET l?insonorisation des bâtiments :
? En instituant des exigences acoustiques pour
toute opération de rénovation, qu?elle soit en
zone bruyante ou pas, avec des seuils variables
en fonction de l?importance des travaux de
rénovation,
? En instituant une source de financement
pérenne sur la base du rapport BEAUVAIS, pour
financer les aides des rénovations acoustiques
PNB, et les incitations pour l?acoustique des
autres rénovations
? En désignant l?agence en charge de la gestion
du dispositif,
? En fixant quatre catégories de riverains
exposés :
? les riverains « PNB »
(« zone C » &antériorité),
? les riverains « TNSA »
« PGS » &antériorité),
? les riverains « zone C » et/ou « PGS »
sans antériorité,
? les autres.
? En affectant aux différentes catégories de
riverains des droits variables (pour les PNB, et
TNSA) et des obligations et des incitations pour
les autres,
? Tous devraient avoir des obligations
(a minima ne pas détériorer la qualité acous-
tique préexistante, et respecter des seuils
variables en fonction, notamment de l?impor-
tance des travaux),
? En définissant le plafond et le taux de prise en
charge des aides pour les riverains « PNB »,
ainsi que les autres subventions, incitations et
aides à articuler le cas échéant,
? En instituant le guichet unique, et en précisant
des règles pérennes de répartition des finan-
cements privés/publics et en planifiant les
actions sur la durée (15 à 20 ans)
? En veillant à son articulation avec le disposi-
tif existant pour l?insonorisation autour des
12principaux aéroports
Cette démarche permettrait d?organiser la
filière et d?obtenir le meilleur rendement des
sommes investies, avec pour conséquence le
Conseil National du Bruit Rapport d?activité 2020
39
traitement de plus de logements pour la même
enveloppe globale « Rénovation énergétique » et
« Rénovation acoustique ».
Le CNB recommande de préparer ce cadre
législatif en concertation avec tous les acteurs
concernés, ministères (DGAC, DHUP, DGITM,
DGPR, ?), agences (ADEME, ANRU, ANAH, ?),
gestionnaires d?infrastructures (SNCF Réseau,
DREAL, ADP, ATB, ?), autorités de contrôle
(ACNUSA, ?), collectivités, organisations profes-
sionnelles (CAPEB, CINOV-GIAc, FFB, ?), asso-
ciations (CIDB, ?)
Le CNB considère que des difficultés sont encore
à résoudre pour articuler de façon fluide et effi-
cace les démarches acoustique et énergétique,
notamment en ce qui concerne :
? les aides, les incitations et les obligations pour
chacune d?elle,
? les contextes de multi expositions,
? l?articulation entre les agences nationales et les
services locaux
C?est pourquoi le CNB préconise dans un premier
temps, sur une durée de 18 à 24 mois, de pour-
suivre les expérimentations menées par l?ANAH,
la DGAC, l?ADEME et l?ANRU, et dans un deuxième
temps de définir le dispositif législatif et régle-
mentaire prenant en compte les enseignements
des expérimentations et susceptible d?accom-
pagner les rénovations acoustique et thermique
des bâtiments sur le long terme.
Conseil National du Bruit
Ministère de la Transition écologique
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