Promouvoir le capital humain écologique. Un cadre d'analyse et d'orientation politiques.
Auteur moral
Unesco
;France. Ministère de la transition écologique et solidaire
;Agence française de développement
Auteur secondaire
Résumé
"Si elle est bien gérée, la transition écologique peut devenir un puissant moteur de création d'emplois et de justice sociale. Il existe un immense potentiel de création d'emplois décents dans la transition vers les énergies renouvelables, les bâtiments écologiques, les services environnementaux, le transport non polluant, l'agriculture biologique et ainsi de suite. D'un autre côté, des pertes d'emplois sont attendues, en particulier dans les secteurs les plus polluants, si bien que l'anticipation des transitions professionnelles est indispensable. De plus, l'ensemble des activités économiques et des professions doivent faire face à l'évolution de leurs pratiques et à la nécessité d'adapter leurs compétences. En effet, un déficit de compétences peut constituer un obstacle majeur au progrès écologique et retarder ainsi la transformation technologique et économique. Des interventions publiques sont donc requises pour aider les marchés de l'emploi et les systèmes d'enseignement et de formation à s'adapter aux nouvelles exigences d'une économie verte.<br />
;Dans chaque pays, les acteurs publics et économiques doivent unir leurs forces afin de définir une feuille de route pour l'adaptation nécessaire des compétences aux exigences de l'économie verte. Ces processus sont spécifiques à chaque pays puisque, dans l'idéal, ils doivent être adaptés à chaque contexte social, économique et administratif particulier. Toutefois, des considérations d'ordre général peuvent guider le processus de conception et de mise en oeuvre de ces politiques dans l'objectif de déclencher, d'encourager et de coordonner des actions de la part des différentes parties prenantes participant au développement économique et à la gestion du capital humain.<br />
;Premièrement, une fois que l'engagement politique en faveur du verdissement du marché du travail est pris, le point de départ incontournable consiste à identifier les secteurs et les emplois prioritaires de même que les besoins actuels et futurs en compétences, en se basant sur des informations solides relatives au marché du travail et sur le dialogue social. Dans un deuxième temps, toute stratégie politique en faveur des compétences et emplois verts doit se concentrer et se structurer autour de la participation des parties prenantes telles que les partenaires<br />
;sociaux, les entreprises privées, les organisations non-gouvernementales (ONG), les institutions d'enseignement et de formation. Il s'agit de s'appuyer sur la complémentarité des approches descendantes et ascendantes en nourrissant l'élaboration des politiques grâce aux initiatives sectorielles et/ou locales. À un stade plus avancé du développement des politiques, les administrations nationales et internationales doivent définir un cadre financier et réglementaire pour soutenir les investissements en faveur de l'adaptation des compétences aux enjeux de la transition écologique. Enfin, et l'importance de cette dernière étape ne doit pas être sous-estimée, un modèle complet de gouvernance doit garantir la cohérence des actions dans l'ensemble des secteurs et à tous les niveaux décisionnels. C'est pourquoi une gouvernance de projet largement multipartite et décentralisée devrait émerger, tandis qu'une vision et une coordination politiques globales devraient persister au niveau national."(Intro)
Descripteur Urbamet
formation professionnelle
;emploi
;transition écologique
;croissance verte
Descripteur écoplanete
Thème
Emploi - Formation - Education
Texte intégral
Promouvoir le capital humain écologique : Un cadre d'analyse et d'orientation politiques
1
Promouvoir le capital
humain écologique
UN CADRE D'ANALYSE ET D'ORIENTATION POLITIQUES
Conseils sur l?utilisation du présent document
Le présent document est une publication de la Plateforme pour la promotion du capital humain
écologique (Platform for Advancing Green Human Capital - PAGHC), une tribune internationale créée
pour débattre des implications de la transition écologique sur les politiques relatives au marché du
travail, à la formation et à l'éducation, et exploiter les synergies importantes entre l'économie verte et
le capital humain.
Le présent document a été préparé dans l'objectif d?énoncer un ensemble de considérations générales
pouvant contribuer à guider la conception et la mise en oeuvre de ce type de politiques. Ce document
appelle également l'ensemble des responsables politiques et des acteurs économiques à unir leurs
forces autour de la question de l'adaptation du capital humain à la transition écologique en tant
qu'élément crucial et intrinsèque de leurs efforts pour établir un nouveau modèle de développement.
La Plateforme invite l'ensemble des représentants politiques et des autres parties prenantes
concernées par ces efforts à faire part de leur état d'avancement dans le cadre politique et sur le
degré d'utilité de ce dispositif pour guider leurs progrès.
Grâce à vos commentaires et contributions, la PAGHC sera en mesure d'améliorer ce dispositif et de
créer de nouveaux outils ainsi que de nouvelles initiatives au service de la dynamique mondiale en
faveur d'une société véritablement inclusive et durable.
Table des matières
Tableaux, figures et encadrés 4
Glossaire 5
Sigles et abréviations 6
Résumé 7
Introduction: un contexte international pour pour le verdissement des emplois et des compétences 8
I. Pourquoi promouvoir le capital humain écologique? 9
I.1. Impacts de la transition écologique sur l'emploi 9
I.2. Le rôle de l?enseignement et de la formation techniques et professionnels (EFTP) 11
I.3. Vers un engagement multipartite et coordonné 12
II. Cadre politique pour le développement d'emplois 15
II.1. Domaine de politique A: Analyse du marché et orientation des politiques 17
II.2. Domaine de politique B: Sensibilisation des parties prenantes et appropriation 18
II.3. Domaine de politique C: Gouvernance intégrée 19
III. Références pour guider les actions futures 20
III.1. Principes directeurs pour une transition juste vers des économies et
des sociétés écologiquement durables pour tous (OIT, 2015b) 20
III.2. Comparative Analysis of Methods of Identification of Skill Needs on the Labour Market in
Transition to the Low Carbon Economy (Analyse comparative des méthodes d?identification des
besoins en compétences sur le marché du travail en transition vers une économie à faibles émissions
de carbone) (OIT et Union européenne, 2011) 21
III.3. Anticipating Skill Needs for Green Jobs: A Practical Guide (Anticipation des besoins en
compétences pour l'emploi vert: guide pratique) (OIT, 2015a) 22
III.4. Écologiser l'économie mondiale: Le défi des compétences (OIT, 2011b) 23
III.5. Meeting Skill Needs for Green Jobs: Policy Recommendations (Répondre aux besoins en
compétences pour l'emploi vert: recommandations politiques) (OIT et al., 2013) 23
III.6. Unleashing the Potential: Transforming Technical and Vocational Education and Training
(Libérer le potentiel : transformer l?enseignement et la formation techniques et professionnels)
(Marope et al., 2015) 24
III.7. Facilitating Green Skills and Jobs in Developing Countries (Faciliter les compétences et les
emplois verts dans les pays en développement) (Rademaekers et al., 2017) 24
III.8. Le kit méthodologique d?accompagnement des transitions professionnelles dans les
filières industrielles touchées par la transition écologique et énergétique (France, 2016) 25
Conclusion: une invitation à l'action 26
Références 27
Annexe 1
Exemples d'actions portées par le ministère français en charge de l'environnement
pour le développement d'emplois décents et de compétences dans l'économie verte 29
Annexe 2
Forum de Unesco-Unevoc sur l?enseignement et la formation techniques et professionnels :
Résumé des discussions sur les politiques de verdissement du capital humain 33
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Tableaux, figures et encadrés
Tableau 1 Secteurs les plus touchés par la transition écologique
Tableau 2 Questions de recherche et types de méthodologie adaptés
Tableau 3 Structure d'un aperçu qualitatif au niveau de l'économie entière
Tableau 4 Parties prenantes du processus de verdissement par spécialisation
Tableau 5 Recommandations visant à soutenir les compétences et les emplois verts à différents niveaux
Figure 1 Cadre politique synthétique pour le développement d'emplois décents et de compétences dans l?économie verte
Figure 2 Composantes d'un plan d'accompagnement des transitions professionnelles
Encadré 1 Enseignements tirés des transitions visant l?abandon du charbon
Encadré 2 Messages tirés des dialogues politiques de la COP 21 sur la promotion du capital humain écologique
Encadré 3 Le développement des énergies renouvelables en Afrique face aux défis des compétences
Encadré 4 Mesures politiques pour instaurer un environnement propice aux entreprises
Encadré 5 L?Observatoire national des emplois et métiers de l'économie verte, dirigé par le ministère français de l?environnement
Encadré 6 Écologiser la formation des enseignants au Nigeria
Encadré 7 Systèmes de formation décentralisés au Danemark
Encadré 8 Directives de l?OIT relatives aux politiques de développement des compétences
Encadré 9 Liste de contrôle des politiques visant à relever le défi de verdissement des compétences
Encadré 10 Recommandations politiques pour répondre aux défis liés aux besoins en compétences des emplois verts
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Glossaire
Capital humain écologique : l'ensemble des compétences vertes dont dispose la population active
d'une société.
Compétences transférables : des compétences recherchées dans un éventail de secteurs et de catégories
de professions, facilitant les transitions professionnelles.
Compétences vertes : les connaissances, aptitudes, valeurs et attitudes professionnelles requises pour la
transition vers une économie verte.
Développement durable : le modèle économique et social d'une société qui s'efforce de répondre aux
besoins matériels et non matériels de l'ensemble de ses membres tout en garantissant la préservation des
ressources naturelles afin d?en respecter les limites planétaires.
Développement inclusif : la voie économique et sociale empruntée par une société afin de réduire la
pauvreté, promouvoir la solidarité entre ses membres et permettre la participation de tous ses membres
aux processus économiques, sociaux et décisionnels.
Verdissement des compétences : le processus de développement de nouvelles compétences vertes parmi
la population active et/ou d'adaptation des compétences actuelles aux besoins de l'économie verte.
Verdissement des emplois : Le processus d'adaptation des professions existantes aux besoins de
l'économie verte.
Économie verte : un système économique qui utilise les ressources naturelles de manière efficiente
et privilégie les activités respectueuses de l'environnement au détriment des activités polluantes et
gourmandes en ressources.
EFTP (enseignement et formation techniques et professionnels) : un système d'éducation et de
formation initiales et continues qui transmet les compétences requises dans un métier particulier ou un
groupe de métiers apparentés.
Emplois décents : des emplois qui aident à répondre aux aspirations des travailleurs, sans discrimination,
sur le plan des revenus, des droits, de la représentation, de la reconnaissance, de la stabilité familiale et de
l'épanouissement personnel.
Emplois verts : emplois visant à préserver ou restaurer la qualité de l'environnement.
Transition écologique : le processus de transformation d'un système social et économique en faveur du
respect de l'environnement.
Transition professionnelle : le processus par lequel une personne passe d'une profession à une autre,
le plus souvent en se basant sur une évaluation de ses compétences transférables, mais qui implique
également une reconversion afin d'acquérir les compétences adaptées à la nouvelle profession.
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Sigles et abréviations
AFD Agence française de développement
Cedefop Centre européen pour le développement de la formation professionnelle
CETVETAR Centre pour l'enseignement, la formation et la recherche techniques et professionnels (Nigeria)
EFPC enseignement et formation professionnels continus
IDDRI Institut du développement durable et des relations internationales
OIT Organisation internationale du travail
IRENA Agence internationale de l'énergie renouvelable
EFPI enseignement et formation professionnels initiaux
ONG Organisation non gouvernementale
OCDE Organisation de coopération et de développement économiques
Onemev Observatoire national des emplois et métiers de l'économie verte (France)
PAGHC Plateforme pour la promotion du capital humain écologique
ODD Objectifs de développement durable
PME petite et moyenne entreprise
EFTP enseignement et formation techniques et professionnels
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Résumé
Si elle est bien gérée, la transition écologique peut devenir un puissant moteur de
création d'emplois et de justice sociale. Il existe un immense potentiel de création
d?emplois décents dans la transition vers les énergies renouvelables, les bâtiments
écologiques, les services environnementaux, le transport non polluant, l'agriculture
biologique et ainsi de suite. D'un autre côté, des pertes d'emplois sont attendues,
en particulier dans les secteurs les plus polluants, si bien que l?anticipation des
transitions professionnelles est indispensable. De plus, l'ensemble des activités
économiques et des professions doivent faire face à l'évolution de leurs pratiques
et à la nécessité d'adapter leurs compétences. En effet, un déficit de compétences
peut constituer un obstacle majeur au progrès écologique et retarder ainsi la
transformation technologique et économique. Des interventions publiques sont
donc requises pour aider les marchés de l'emploi et les systèmes d'enseignement
et de formation à s'adapter aux nouvelles exigences d'une économie verte.
Dans chaque pays, les acteurs publics et économiques doivent unir leurs forces
afin de définir une feuille de route pour l'adaptation nécessaire des compétences
aux exigences de l'économie verte. Ces processus sont spécifiques à chaque pays
puisque, dans l'idéal, ils doivent être adaptés à chaque contexte social, économique
et administratif particulier. Toutefois, des considérations d?ordre général peuvent
guider le processus de conception et de mise en oeuvre de ces politiques dans
l'objectif de déclencher, d'encourager et de coordonner des actions de la part des
différentes parties prenantes participant au développement économique et à la
gestion du capital humain.
Premièrement, une fois que l'engagement politique en faveur du verdissement du
marché du travail est pris, le point de départ incontournable consiste à identifier
les secteurs et les emplois prioritaires de même que les besoins actuels et futurs
en compétences, en se basant sur des informations solides relatives au marché
du travail et sur le dialogue social. Dans un deuxième temps, toute stratégie
politique en faveur des compétences et emplois verts doit se concentrer et se
structurer autour de la participation des parties prenantes telles que les partenaires
sociaux, les entreprises privées, les organisations non-gouvernementales (ONG),
les institutions d'enseignement et de formation. Il s'agit de s'appuyer sur la
complémentarité des approches descendantes et ascendantes en nourrissant
l'élaboration des politiques grâce aux initiatives sectorielles et/ou locales. À un
stade plus avancé du développement des politiques, les administrations nationales
et internationales doivent définir un cadre financier et réglementaire pour soutenir
les investissements en faveur de l'adaptation des compétences aux enjeux de la
transition écologique. Enfin, et l'importance de cette dernière étape ne doit pas
être sous-estimée, un modèle complet de gouvernance doit garantir la cohérence
des actions dans l'ensemble des secteurs et à tous les niveaux décisionnels. C'est
pourquoi une gouvernance de projet largement multipartite et décentralisée
devrait émerger, tandis qu?une vision et une coordination politiques globales
devraient persister au niveau national.
Promouvoir le capital humain écologique : Un cadre d'analyse et d'orientation politiques
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Introduction: un contexte international pour
le verdissement des emplois et des compétences
La transition écologique est l'un des grands défis auxquels la communauté internationale est confrontée. La tension
exercée par l'augmentation de la demande mondiale en biens et services et l'épuisement rapide des ressources ne peut être
soulagée qu?en transformant radicalement les approches du cycle production-consommation. À cette fin, il est impératif
de transformer nos cadres économiques et institutionnels afin de favoriser l'adaptation des technologies et des modèles
opérationnels existants ou l'apparition de nouveaux modèles. Si ces changements sont planifiés et gérés correctement, ils
pourront se traduire par des innovations environnementales favorables à l'emploi, à la productivité et à la compétitivité,
mais aussi être l'un des meilleurs moyens de minimiser les coûts économiques de la transition vers un modèle plus
respectueux de l'environnement, en créant parallèlement des opportunités pour une plus grande justice sociale.
La PAGHC vise à accélérer, notamment par la création de
nouvelles opportunités, une transition équitable pour tous,
en facilitant le débat sur les implications de la transition
écologique pour les politiques relatives au marché du
travail, à la formation et à l'éducation. Ces dialogues sur
les politiques profitent des réunions internationales, par
exemple la Conférence des Parties des Nations Unies sur
les changements climatiques de 2015 (COP21) et le Forum
asiatique pour l'énergie propre (Asia Clean Energy Forum),
pour informer sur l?importance d'intégrer les politiques
relatives à l'emploi, à la formation et à l'enseignement aux
politiques économiques, de manière à poursuivre plus
efficacement les objectifs nationaux et internationaux
en matière de protection climatique de développement
durable. Les dialogues politiques mis en avant par la
PAGHC répondent à diverses questions, notamment:
Comment pouvons-nous relever le profil des compétences
pour favoriser la transition écologique? Quelles initiatives
les gouvernements, les acteurs du développement, les
partenaires sociaux et les institutions financières mettent-ils
déjà en pratique? Quelles directives pouvons-nous proposer,
en particulier dans le cadre des ODD?
Ce document présente une réflexion structurée basée sur
des initiatives réussies et sur les travaux conduits depuis
2015 par les partenaires de la plateforme mais aussi
d'autres travaux publiés sur ce sujet, dans l'objectif de
fournir aux gouvernements et aux autres parties prenantes
du monde entier un cadre stratégique qui leur permettra
de faire avancer ces objectifs. Il est avant tout destiné
aux gouvernements nationaux mais il pourra également
servir de base de réflexion et d'action aux institutions
infranationales et à toutes les parties prenantes dans les
domaines de l'éducation et de la formation ou encore du
développement durable. Alors que nous nous concentrons
sur la responsabilité des gouvernements et les questions
liées à l'offre de compétences, il ne faut pas pour autant
sous-estimer l'importance des approches ascendantes vis-
à-vis du développement des compétences, ni la nécessité
de créer un environnement propice au développement de
pratiques commerciales responsables, d?une finance verte,
d'infrastructures et de technologies propres.
Après une réflexion descriptive sur les enjeux et le rôle des
politiques de développement des compétences (Partie I),
le présent document fournit un cadre d'orientation pour
le développement des politiques (Partie II) de même
que des références à d'autres guides existants relatifs aux
compétences et aux emplois d?une économie verte
(Partie III).
En ces temps de crise environnementale profonde et de taux
de chômage élevés, les politiques publiques ont l'occasion
mais aussi la responsabilité de se concentrer sur le faisceau
d'activités susceptibles d?impulser un développement à la
fois durable et inclusif. Si elles sont gérées avec précision
et détermination, ces politiques peuvent être l'occasion de
construire un nouveau modèle socio-économique robuste,
adapté aux nombreux défis du XXIe siècle. Avec l'Accord
de Paris sur le changement climatique, les Objectifs de
développement durable (ODD) et d'autres engagements
importants, le contexte de la politique internationale fournit
une vision ambitieuse ainsi qu?un cadre cohérent pour
relever ces défis de manière concertée.
Le lien entre l'enseignement, la formation, la justice sociale et
la protection de l?environnement est un élément important
des ODD adoptés par la communauté internationale en 2015.
L'ODD no4, qui porte sur l'éducation de qualité, fixe à l?échelle
mondiale l?objectif de «faire en sorte que tous les élèves
acquièrent les connaissances et compétences nécessaires
pour promouvoir le développement durable» d?ici 2030.
L'ODD no8, qui promeut une croissance économique
partagée et durable, l?emploi et un travail décent pour
tous, vise à «réduire considérablement la proportion de
jeunes non scolarisés et sans emploi ni formation» d?ici
2020. Quant à l'ODD no12 relatif à la consommation et à la
production responsables, il prévoit entre autres de «faire
en sorte que toutes les personnes, partout dans le monde,
aient les informations et connaissances nécessaires au
développement durable et à un style de vie en harmonie
avec la nature». De surcroît, de nombreux objectifs détaillés
dans le cadre des ODD, par exemple «renforcer la recherche
scientifique, perfectionner les capacités technologiques des
secteurs industriels» (ODD no9), appellent implicitement
à l'émergence d'une population active disposant de
compétences adaptées et, par conséquent, à des efforts
particuliers dans les domaines de l'enseignement et de la
formation. Dans les faits, tous les objectifs impliquent que les
personnes, en leur qualité de citoyens ou de professionnels,
acquièrent les connaissances, les compétences, les valeurs
et les comportements qui leur donneront les moyens de
contribuer au développement durable1.
La Plateforme pour la promotion du capital humain
écologique (Platform for Advancing Green Human Capital -
PAGHC) est un partenariat international forgé en 2015 pour
fournir une tribune permettant d?exploiter les synergies
importantes entre l'économie verte et le capital humain,
deux aspects vitaux du développement durable.
1 C'est le raisonnement qui sous-tend le guide de l'Unesco sur l?Éducation au
service du développement durable, s?adressant aux spécialistes de l'éducation et
qui traduit chaque ODD en objectif d'apprentissage (Unesco, 2017).
Promouvoir le capital humain écologique : Un cadre d'analyse et d'orientation politiques
9
I. Pourquoi promouvoir le capital humain écologique?
I.1. Impacts de la transition écologique sur l'emploi
Au cours de la transition vers une économie verte, la structure de l'emploi subit des évolutions contrastées tant sur le plan
quantitatif (créations et pertes d'emplois) que qualitatif (évolution des compétences et de la qualité des emplois). Ces
évolutions se traduisent par trois types d'impact sur l'emploi et le système de formation (Cedefop, 2012):
Ñ Les changements structurels entraînent une augmentation de la demande pour certains emplois et une baisse de la
demande pour d?autres.
Ñ Dans un grand nombre de professions et de secteurs existants, les tâches évolueront pour devenir plus respectueuses de
l'environnement, si bien qu'il faudra ajuster les cadres de formation et de qualification actuels.
Ñ Dans une moindre mesure, les nouvelles activités économiques pourront créer de nouveaux métiers un besoin en nouveaux
profils de compétences et de nouveaux cadres de qualification et de formation.
L'Organisation internationale du travail (OIT) a identifié huit grands secteurs économiques dans lesquels le marché de l'emploi
sera soumis à d'importants changements (voir le Tableau 1).
Tableau 1: Secteurs les plus touchés par la transition écologique
Agriculture L'agriculture est le plus grand secteur d'emploi au monde avec plus d'un milliard de travailleurs, dont un grand
nombre de travailleurs agricoles pauvres et d'agriculteurs de subsistance (principalement des femmes). De solides
investissements dans les compétences, les infrastructures rurales et les organisations professionnelles permettraient
aux petits exploitants agricoles d'adopter des pratiques plus productives et plus respectueuses de l'environnement,
de renforcer la sécurité alimentaire, de réduire la pauvreté et d'endiguer l'exode rural.
Industries
forestières
Dans l'industrie forestière, des pratiques insoutenables ont déjà entraîné des pertes d'emplois, parfois à très grande
échelle. La gestion durable des forêts fournit aux autres secteurs à la fois des services environnementaux essentiels
et des matières premières renouvelables, tout en créant des emplois de qualité.
Pêche Dans le cadre de transition écologique, le secteur de la pêche doit surmonter un défi taille du fait de la surpêche.
Fait particulièrement préoccupant, 95% des 45 millions de travailleurs employés dans ce secteur sont des pêcheurs
pauvres pratiquant une pêche côtière artisanale et vivant dans un pays en développement. Dans de nombreuses
pêches, une réduction temporaire des captures doit être imposée afin d'éviter l'effondrement des stocks de poissons
et leur permettre de se reconstituer pour garantir la durabilité de la production alimentaire et des emplois.
Énergie Dans le secteur de l'énergie, la croissance rapide des énergies renouvelables, les avancées en matière d'efficacité
énergétique et l'amélioration de l'accès à l'énergie peuvent donner lieu à une multitude de nouvelles possibilités
d'emploi et de revenus et par d'importants avantages environnementaux. En revanche, des pertes d'emplois sont
à anticiper dans la production des énergies fossiles, ce qui appelle à l'élaboration de politiques garantissant une
transition équitable pour les travailleurs et leurs communautés.
Industries
manufacturières
Les industries manufacturières gourmandes en ressources perdent des emplois depuis plusieurs décennies, un
processus dans lequel l'environnement est un facteur secondaire. Toutefois, une économie verte pourrait stimuler la
demande en produits issus de ces industries, contribuant ainsi au renforcement de la compétitivité et, parallèlement,
à la protection des emplois existants, voire à la création de nouveaux.
Recyclage Le recyclage est essentiel à l'efficience énergétique, la réduction des déchets, le traitement sans risque des déchets
dangereux et la récupération des matériaux de valeur. L'amélioration des taux de recyclage pourrait se traduire
par une augmentation considérable du nombre d?emplois tandis que la formalisation de ce secteur présente un
fort potentiel d'amélioration de l'inclusion sociale et de réduction de la pauvreté, dans la mesure où la majorité des
ramasseurs de déchets, qui sont principalement des femmes et des enfants, occupent des emplois informels.
Construction Les bâtiments à haute efficacité énergétique présentent le plus grand potentiel de réduction des émissions de gaz
à effet de serre et de l'utilisation des ressources. De nombreux nouveaux emplois pourraient également être créés
grâce à la construction de bâtiments durables, et bien davantage en procédant à la modernisation de grands parcs
immobiliers ou de bâtiments anciens. Pour réussir, la stratégie adoptée doit s'articuler autour du développement
des compétences mais aussi de la préparation et de la mise à niveau des petites et moyennes entreprises (PME), qui
dominent le secteur.
Transport Le transport est indispensable au fonctionnement des économies modernes et au développement mais il s'agit
également de la source d'émissions de gaz à effet de serre ayant connu la croissance la plus rapide. Cependant,
ce secteur peut également être à l?origine d?importants gains d'emploi en opérant une transition vers le transport
collectif et des véhicules plus économes en énergie.
Source: OIT
Promouvoir le capital humain écologique : Un cadre d'analyse et d'orientation politiques
10
Les recherches mettent en lumière le potentiel de création
de nouveaux emplois de la transition vers les énergies
renouvelables, les bâtiments écologiques, les services
environnementaux, le transport propre, l'agriculture
biologique et l'écotourisme, pour ne citer que quelques
exemples. Dans le domaine des énergies propres en
particulier, le potentiel de création d'emplois est immense.
Le rapport d'évaluation de 2017 sur l'énergie renouvelable
et les emplois de l'Agence internationale de l'énergie
renouvelable (IRENA) estime que les effectifs mondiaux du
secteur de l'énergie renouvelable s'élèvent à 9,8millions de
personnes, soit un chiffre 40 % plus élevé qu'en 2012 (IRENA,
2017). En doublant la part des énergies renouvelables dans
le mix énergétique d'ici 2030, le nombre d?emplois directs
et indirects dans ce secteur pourrait atteindre un total de
24,4millions. Les recherches indiquent également que les
nouveaux emplois du secteur des énergies renouvelables sont
de bonne qualité et sont dans leur grande majorité des postes
permanents et à plein temps. En Chine, les employés de
fermes éoliennes bénéficient d'un revenu annuel moyen plus
élevé et d'une meilleure sécurité de l'emploi, mais aussi de
meilleures conditions de travail et de mesures de protection
sur leur lieu de travail plus strictes que leurs homologues des
centrales électriques conventionnelles (OIT, 2013).
Néanmoins, il faut également s'attendre à ce que la transition
écologique entraîne des pertes d'emplois, notamment à court
terme dans les secteurs fortement émetteurs de carbone, par
exemple sous l'effet de la fermeture des mines de charbon et
d'industries de la transformation. On prévoit ainsi que plus
d'un million d?emplois seront supprimés juste pour la Chine.
Afin de faciliter et d?optimiser les impacts positifs et de
minimiser les impacts négatifs sur l'emploi, la question de
l'aide apportée aux professionnels pour s'adapter aux besoins
de l'économie verte dans différents secteurs économiques
doit être prise en considération. Cela signifie que les
transitions professionnelles doivent être accompagnées par
des services publics ou privés adaptés à travers la reconversion
professionnelle des travailleurs et des demandeurs d'emploi.
Afin d'éclairer la marche à suivre dans les régions productrices
de charbon, l'Institut du développement durable et des
relations internationales (IDDRI) et Climate Strategies
ont publié, en 2017, un rapport détaillant les principaux
enseignements tirés des transitions visant l?abandon du
charbon dans plusieurs pays (Caldecott et al., 2017). Ce
rapport souligne également l?importance d'anticiper les
transitions professionnelles dans la mesure où l'économie tout
entière en bénéficiera (voir l?Encadré1).
Afin de faciliter et d?optimiser les
impacts positifs et de minimiser les
impacts négatifs sur l'emploi,
la question de l'aide apportée
aux professionnels pour s'adapter
aux besoins de l'économie verte dans
différents secteurs économiques doit
être prise en considération.
Encadré1: Enseignements tirés des transitions visant l?abandon
du charbon déjà opérées
Une sortie du charbon bien gérée implique une transition
pouvant s?opérer sur 25 ans, afin de permettre la création de
nouveaux emplois pour les travailleurs, la relance économique de
la région et le réinvestissement des entreprises dans de nouveaux
modèles d?activités. Compte tenu de l?impérieuse nécessité et de
la forte probabilité de l?arrêt progressif mais relativement rapide
de l'utilisation mondiale de charbon à partir des années 2020, les
parties prenantes doivent amorcer dès aujourd'hui une transition
gérée et contrôlée. Dans le cas contraire, elles s'exposent à des
conséquences plus graves engendrées par des changements plus
soudains et incontrôlables dans un avenir plus lointain. Une fois
amorcées, les transitions pour sortir du charbon peuvent évoluer
rapidement, si bien que les gouvernements n'ont alors plus la
capacité de les gérer de manière efficace.
L'exemple de la région de Limbourg aux Pays-Bas a démontré
qu?avec du temps, des investissements et un consensus
politique et social suffisant, il était possible de stimuler le taux
de retour à l'emploi, le réinvestissement des entreprises dans
de nouveaux modèles d?activités et la relance économique
régionale. Par exemple, dans ce cas précis, la transition d'environ
75000 travailleurs du secteur minier vers de nouveaux emplois
(ou dans certains cas, la retraite) s?est opérée sur une période
de 10ans. Un pourcentage élevé des travailleurs concernés a
également pu bénéficier d'une reconversion professionnelle et
trouver un nouvel emploi dans la même entreprise celle-ci ayant
diversifié ses activités dans la région, notamment dans le secteur
des produits chimiques.
À l'inverse, les transitions non planifiées ont souvent engendré
de nombreux problèmes: des taux plus élevés de chômage de
longue durée et des travailleurs de la première tranche d'âge
inactifs et incapables de se réinsérer à la population active, un
risque plus élevé de faillite parmi les grandes entreprises, un
rendement économique régional moins profitable sur le long
terme, une baisse des recettes fiscales pour financer les services
locaux, le non-financement de la restauration environnementale
et le non-financement des programmes de retraite et/ou de santé.
Par exemple, dans les années 1980, le Royaume-Uni a retiré son
appui à l'extraction du charbon sans avoir suffisamment anticipé
ni géré activement le processus, si bien que même 30années plus
tard, les anciennes régions charbonnières du pays affichent un
taux de chômage 3 à 6% supérieur à la moyenne nationale.
En plus des autres coûts non monétaires, tels que les
impacts sociaux, environnementaux et humains, les
coûts financiers de la reconversion des travailleurs et de
l'ajustement économique de la région sont souvent bien
inférieurs aux coûts liés à l'absence de transition gérée.
Source: Caldecott et al. (2017).
En dehors des secteurs les plus touchés par la transition
écologique, toutes les activités économiques et les
professions participent au mouvement mondial vers
une économie durable, si bien qu'elles sont confrontées à
l'évolution de leurs pratiques et aux besoins de développer
de nouvelles attitudes, connaissances et compétences.
La population active subit les effets des problématiques
environnementales en raison de plusieurs facteurs:
Ñ l?évolution de l'environnement physique (qui modifie
déjà les pratiques professionnelles et les besoins en
compétences des travailleurs agricoles, en particulier
dans les régions arides et semi-arides)
Promouvoir le capital humain écologique : Un cadre d'analyse et d'orientation politiques
11
Ñ les politiques et les réglementations environnementales,
qui incitent les secteurs à devenir plus durables, ce qui
accroît la demande en compétences spécifiques
Ñ l'innovation verte, qui oblige des milliers de techniciens à
maîtriser de nouvelles méthodes de travail
Ñ l'évolution de la demande des consommateurs (par exemple,
la demande en aliments biologiques, qui fait naître de
nouvelles entreprises ayant besoin de travailleurs aux
compétences spécifiques) (OCDE et al., 2015).
Parallèlement, l'évolution de l'emploi n'est pas seulement une
conséquence de la transition vers une économie verte mais
également un facteur déterminant de son succès puisque
la population active peut être un moteur puissant en faveur
de l'économie verte. Inversement, un déficit de compétences
peut constituer un obstacle de taille aux progrès écologiques
et retarder par là-même la transformation technologique et
économique. Dans son rapport de 2015 intitulé «Harmoniser
les politiques pour une économie bas-carbone» (OCDE et al,
2015), l'Organisation de coopération et de développement
économiques (OCDE) et ses partenaires suggèrent que les
compétences adaptées sont toujours requises pour « impulser
le changement technologique au service de la transition
et servir les nouveaux marchés stimulés par les mesures
politiques relatives au climat». Le rapport ajoute également
que des interventions publiques sont nécessaires pour aider les
marchés du travail et les systèmes d'éducation et de formation
à s'adapter aux nouvelles exigences d'une économie à faibles
émissions de carbone et éviter les déficits de compétences qui
compromettent l'efficacité des mesures politiques.
Le besoin de développement des compétences se fait
sentir à tous les niveaux de qualification. L'expérience de
l'Australie avec son programme d'isolation des domiciles
(Home Insulation Programme) lancé en 2009 illustre le
type de problèmes pouvant apparaître lorsque l?offre de
formation n'est pas à la hauteur, dans ce cas à des niveaux
de qualification peu élevés. Ce programme avait été conçu
en partie pour créer des emplois pour les travailleurs peu
qualifiés dans les secteurs du logement et du bâtiment.
Au départ, seuls les superviseurs devaient disposer de
compétences techniques minimales dans le domaine de
l'isolation. Cependant, au bout de quelques mois, des
incendies ont été signalés dans les logements récemment
isolés, ce qui a ébranlé la confiance du public et abouti à
l'annulation du programme en février 2010. Une série de
contrôles menés ultérieurement a révélé que près de 30%
des installations présentaient des défaillances plus ou moins
graves. Une enquête a ensuite permis d?identifier le faible
niveau de compétences dans l'industrie et l?inadéquation
de l?offre de formation parmi les facteurs de cet insuccès
(Banque mondiale, 2012).
En bref, les efforts pour accompagner la transition de la
population active et des marchés du travail vers l'économie
verte doivent être intégrés à toute stratégie politique en
faveur de la durabilité, dans la mesure où ils apportent un
triple dividende: un dividende environnemental (permettre
la transition écologique et l'accélérer), un dividende
social (créer des emplois décents et mettre à niveau les
compétences, en particulier chez les jeunes, les femmes et
les travailleurs peu qualifiés) et un dividende économique
(éviter les coûts à long terme liés à l'étiolement du tissu
économique et au chômage).
I.2. Le rôle de l?enseignement et de la
formation techniques et professionnels
(EFTP)
L?impératif d?adaptation des emplois et des travailleurs se
fait sentir dans de nombreux secteurs, à commencer par
l'agriculture, la chimie et les secteurs de l'énergie et du
bâtiment, où apparaissent de nouveaux «emplois verts» (par
exemple, auditeur énergétique), tandis que d'autres emplois
connaissent un déclin progressif ou d'importantes mutations
(par exemple, un spécialiste de la pétrochimie qui se
réoriente vers la chimie du végétal) et que des changements
mineurs sont apportés aux activités quotidiennes de certains
employés (par exemple, l'éco-conduite pour les coursiers).
Ces évolutions mettent en évidence le rôle des systèmes
d'enseignement et de formation dans l'adaptation de la main-
d'oeuvre aux nouvelles exigences en matière d'écologie.
Bien entendu, les processus informels jouent eux aussi un rôle
important dans le développement des compétences. Dans
le monde entier, les travailleurs acquièrent une grande partie
de leurs compétences par l'exercice de leurs fonctions et en
échangeant avec leurs homologues. Toutefois, la capacité de la
formation informelle à anticiper et développer l'ensemble des
compétences requises dans le contexte d'une économie verte
est limitée. Par conséquent, pour garantir une adaptation
uniforme et généralisée, il est nécessaire d'apporter une
réponse institutionnelle impliquant la modification des
systèmes formels d'enseignement et de formation. Ici, le rôle
de l'enseignement et de la formation est de sensibiliser,
d'encourager et de favoriser les pratiques écologiques dans
tous les secteurs professionnels.
Le développement durable ne peut avoir lieu sans la participation
active de chacun, agissant en qualité de citoyen ou de
professionnel. À cette fin, la sensibilisation environnementale
est plus que jamais nécessaire, de même que certains types
de compétences, tels que la capacité à analyser des systèmes
complexes couvrant différents domaines (société, environnement,
économie) et déployés à différents niveaux (du local au mondial)
(PAGE, 2016). L'enseignement peut jouer un rôle décisif pour
aider les citoyens à devenir des éco-citoyens et de futurs
professionnels capables de s'adapter. L'accès à l'enseignement
primaire et au premier cycle de l'enseignement secondaire est
une première étape permettant l'acquisition de connaissances et
de compétences fondamentales. C'est sur ces compétences que
les individus peuvent bâtir leur employabilité future, y compris
leur capacité à acquérir de nouvelles compétences et à s'adapter
à différentes et exigences professionnelles tout au long de leur vie
active (OIT, 2014).
L?EFTP constitue une autre étape du développement qui, en
raison de ses liens avec le marché du travail, fournit toutes les
clés nécessaires pour faciliter le développement durable et la
responsabilité sociétale des entreprises. En effet, l'EFTP vise à
développer tant les compétences techniques (les compétences
requises pour maîtriser, par exemple, de nouvelles
technologies ou de nouvelles techniques commerciales) que
les compétences non techniques (telles que la capacité à
favoriser la transformation ou la collaboration), appliquées à
des métiers spécifiques, y compris les plus sollicités et les plus
transformés dans le cadre de la transition écologique. C'est
pourquoi les institutions d?EFTP ont un rôle central à jouer,
en particulier les institutions centrées sur les secteurs et les
métiers les plus touchés par la transition écologique.
Promouvoir le capital humain écologique : Un cadre d'analyse et d'orientation politiques
12
Cependant, dans les faits, l'EFTP est considéré dans de
nombreux pays comme un système de deuxième classe par
rapport à l'enseignement universitaire. Ainsi, pour mettre
à niveau les compétences de manière à répondre aux
besoins de la transition vers une économie verte, il est
indispensable d?améliorer l'image de l?EFTP pour la rendre
aussi attrayante que l'université. Il faudra donc redoubler
d'efforts pour comprendre les dynamiques en jeu. Les parties
intéressées à tous les niveaux doivent être mieux sensibilisées
au rôle de l?EFTP dans ce processus de développement tandis
que les compétences doivent être formalisées par le biais de
programmes de certification et de qualification.
Des efforts doivent également être consentis pour intégrer
les changements aux formations, réviser les programmes de
formation et en introduire de nouveaux, en vue de garantir
l'employabilité des travailleurs dans un monde évoluant
rapidement. En effet, la transition écologique se caractérise
avant tout par une demande en compétences renforcées
dans des professions établies, bien plus que par la création de
professions totalement nouvelles (OIT et al, 2013). Dans ces deux
situations, au fur et à mesure que les marchés verts évoluent
et arrivent à maturation, les emplois concernés ont tendance
à exiger des personnels plus spécialisés et mieux formés,
disposant de préférence de qualifications formelles. Alors
que le système de formation initiale joue un rôle pour préparer
la nouvelle génération de professionnels aux opportunités et
aux défis du XXIe siècle, la formation continue est essentielle
pour que les professionnels en emploi puissent s'adapter
à l'évolution rapide et aux besoins urgents de l'économie
verte. Si les systèmes d?EFTP parviennent à répondre à temps
aux préoccupations liées au développement durable et à la
demande en compétences associées, ils pourront alors entrer
dans un cycle vertueux d'interaction avec le marché du travail.
En revanche, s'ils n'y parviennent pas, ils ne feront que creuser
l'écart entre la demande et l'offre de compétences.
Il convient donc d'adopter une approche d'adaptation des
compétences axée sur la demande: les besoins du marché
économique en termes d'emplois et de compétences
doivent être identifiés pour pouvoir y répondre par des offres
de formation adaptées, dans l'objectif ultime de garantir
l'employabilité des professionnels et des futurs professionnels
dans l'économie verte. Cependant, malgré certaines évolutions
récentes, de nombreux employeurs manquent toujours de
connaissances sur les compétences liées au développement
durable et ne demandent pas explicitement à leurs employés
de disposer de telles compétences ou qualifications (Strietska-
Ilina et al., 2011). C'est pourquoi le système d'EFTP ne doit pas
se limiter à un simple fournisseur répondant aux besoins
économiques. Il a également l'opportunité, mais aussi la
responsabilité, de contribuer à l'émergence d'une nouvelle
génération de travailleurs et d'entrepreneurs ayant la volonté
et les moyens de façonner un modèle économique conforme
aux principes du développement durable, en suivant un
processus en adéquation avec l'orientation politique du pays
(Majumdar, 2010). Pour avancer vers la durabilité en renforçant
parallèlement la qualité et le prestige de l'EFTP, nous aurons
besoin de dirigeants innovants et vecteurs de transformations
dans toutes les sphères politiques, économiques et éducatives,
capables de saisir les opportunités qui se présentent pour
créer une nouvelle vision des compétences, des emplois, des
économies et des sociétés au XXIe siècle.
Le système d'EFTP ne doit pas se limiter
à un simple fournisseur répondant aux
besoins économiques. Il a également
la responsabilité, mais aussi l?opportunité,
de contribuer à l'émergence d'une
nouvelle génération de travailleurs et
d'entrepreneurs ayant la volonté et les
moyens de façonner un modèle
économique conforme aux principes du
développement durable, en suivant
un processus en adéquation avec
l'orientation politique du pays.
I.3. Vers un engagement multipartite et
coordonné
La création d'emplois décents et l'anticipation des compétences
dans une économie verte peuvent revêtir de nombreuses
formes et résulter de l'initiative d'un grand éventail de parties
prenantes, dont les gouvernements, les entreprises privées,
les ONG, les établissements d'enseignement et de formation
ou encore les partenaires sociaux. Afin d'avancer vers une
vision collective et cohérente du développement durable, un
environnement propice dans lequel cette multitude d'acteurs
et d'initiatives peuvent collaborer et s'épanouir doit être mis
en place. À l'instar des forces du marché, les gouvernements
doivent eux aussi veiller à ce que le marché du travail réagisse
de manière adéquate afin d'optimiser les impacts positifs des
politiques environnementales sur l'emploi. Pour toutes ces
raisons importantes, il est primordial que les politiques vertes
répondent non seulement à la question des infrastructures
lourdes mais aussi à celle du capital social et humain par le
développement des compétences de la population active.
La responsabilité des gouvernements consiste à définir des
politiques articulées autour de l'engagement des acteurs
publics, privés et les communautés locales, y compris les
partenaires sociaux, et couvrant tant les employeurs que les
employés. Trois messages clés résument la marche à suivre
en vue d?élaborer des politiques cohérentes s?agissant des
compétences et de la transition écologique:
Ñ l'importance des relations mutuelles entre les secteurs et
les politiques correspondantes
Ñ la mobilisation des parties prenantes par l'organisation
d'un dialogue social à l?échelle nationale et locale
Ñ le besoin d'une stratégie globale qui dépasse la simple
formation pour inclure les politiques sociales (marché du
travail, protection sociale) et les politiques environnementales
(infrastructures, normes environnementales et ainsi de suite).
Ces trois préceptes comptent parmi les messages clés des
dialogues politiques organisés par la PAGHC lors de la COP21
à Paris, en décembre 2015 (voir l?Encadré 2).
Promouvoir le capital humain écologique : Un cadre d'analyse et d'orientation politiques
13
Encadré 2: Messages tirés des dialogues politiques de la COP 21
sur la promotion du capital humain écologique
L'économie, l'investissement, l'emploi et le développement
des compétences sont des domaines interconnectés.
Ñ Les investissements nécessaires à la promotion des
énergies propres doivent être envisagés dans une
perspective intersectorielle afin que les efforts déployés
optimisent l'emploi et l'employabilité.
Ñ Nous devons élaborer des politiques en faveur de la
transition vers les énergies propres de manière intégrée
aux niveaux international, régional, national et local.
Notre façon de penser doit évoluer.
Pour anticiper les changements, la mobilisation de toutes
les parties prenantes est indispensable.
Ñ L'anticipation des compétences requises pour le
développement des énergies propres doit s'appuyer sur
des politiques articulées autour de l'engagement des
parties prenantes publiques, privées et communautaires,
y compris les partenaires sociaux (employeurs et
travailleurs) afin de prendre en compte les questions liées
au développement des compétences.
Ñ Alors des cadres de politiques nationaux sont essentiels
pour garantir l'harmonisation des politiques entre les
ministères et les agences, leur mise en oeuvre au niveau
local par les acteurs municipaux et communautaires, de
même qu'au niveau des entreprises (par les travailleurs et
la direction), est cruciale.
Ñ La coordination des acteurs publics et privés est indispensable
pour garantir la cohérence des politiques et atteindre les
objectifs communs en matière d'énergies propres.
Afin de répondre aux besoins de l'économie verte, il est
essentiel de définir une stratégie générale pour promouvoir
et gérer les actions visant à développer des stratégies de
verdissement des compétences.
Ñ Les programmes d'enseignement et de formation doivent
être révisés et adaptés pour répondre aux besoins en
compétences et mieux satisfaire les exigences du marché
du travail vis-à-vis des professions existantes et émergentes.
Ñ À cette fin, il convient de forger des partenariats
multipartites pour faciliter l'identification des besoins en
formation et en compétences professionnelles, ainsi que
l?élaboration des programmes de formation.
Ñ Les compétences dans les métiers existants doivent
également être perfectionnées pour permettre aux
travailleurs et aux entreprises de répondre aux besoins
des énergies propres. Il est essentiel que tous les pays
oeuvrent à promouvoir cette question, même si leurs
perspectives de développement varient.
Tous les pays devraient faire des efforts pour adapter les
connaissances et les compétences professionnelles, et ces efforts
devraient être coordonnés au niveau supranational, dans la
mesure où les défis à surmonter sont d'envergure mondiale et
généralisés. Pour les pays en développement rapide et les pays
les moins développés, l'investissement dans les connaissances et
les compétences est d?autant plus crucial qu?il est indispensable
pour pouvoir saisir les opportunités de développer les marchés
des nouvelles technologies, attirer les investissements et créer
des emplois durables, décents et verts pour une population
active en pleine croissance (OIT, 2014). En outre, certains pays
sont plus vulnérables que d'autres aux impacts du changement
climatique et de la dégradation environnementale tandis
qu'ils se heurtent à des difficultés sociales plus aiguës et
disposent de capacités limitées pour mettre en oeuvre des
politiques et des mesures ambitieuses. Dans un tel contexte, les
investissements dans l'économie verte peuvent représenter une
opportunité manquée de stimuler l'emploi local et la richesse
économique dans les pays en développement, comme en
témoigne l'exemple du développement de l'énergie éolienne
en Afrique (voir l'Encadré3). Il est donc important de renforcer la
collaboration internationale.
Encadré 3: Le développement des énergies renouvelables en
Afrique face aux défis des compétences2
L?implication des acteurs du privé est particulièrement
importante dans le secteur de l'énergie, et d'autant plus en
Afrique. Seulement 30% de la population africaine a accès à
l'électricité, tandis que 80% recoure à la biomasse pour la cuisson
(principalement le bois et le charbon), et que 600000 enfants
décèdent chaque année des effets de la pollution intérieure
provoquée par les émanations de fumée. Pourtant, en 2014,
l'Afrique concentrait toujours moins de 10% des investissements
mondiaux dans les énergies renouvelables (environ 80milliards
USD) en dépit de son potentiel considérable.
On peut notamment expliquer cette situation par le
déficit de compétences techniques dans le secteur des
énergies renouvelables dont souffre la population active
africaine, qui contraint les entreprises investissant dans
le développement de ces énergies à importer de la main
d?oeuvre qualifiée. Pour les gouvernements africains, le
défi consiste à offrir des programmes de formation adaptés
permettant de transmettre les compétences requises par le
secteur privé pour développer les énergies renouvelables et
améliorer l'employabilité des jeunes dans ce secteur.
Le plus grand parc éolien d'Afrique est en cours de construction
au Kenya, avec une capacité de production de 300MW pour
un investissement total avoisinant les 900millions USD. Ce
chantier nécessite environ 2500 travailleurs du bâtiment tandis
que plus de 200 employés permanents devront être recrutés
pour assurer l'exploitation et l'entretien du site. L'entreprise qui
fournit et exploite les éoliennes envisage de recruter jusqu'à
80% des techniciens spécialisés dans la technologie éolienne
sur le marché du travail international car les compétences
requises ne sont pas disponibles au niveau local. Au Nigeria,
plusieurs accords d'investissement ont été signés et devraient
aboutir à une production cumulée d'environ 5GW d'énergie
solaire. Le plus grand de ces projets, une centrale photovoltaïque
de 5milliards USD qui produira 3GW, devrait créer 30000
emplois. Malheureusement, aucun programme de formation
professionnelle n'a été mis en place pour la population locale.
Alors que plus de 60% de la population africaine réside en milieu
rural, l'amélioration de l'accès à l'énergie implique de s'appuyer
sur un tissu dynamique de petites et moyennes entreprises
capables d'apporter des innovations techniques et sociales, de
proposer des produits et des services et de baser leurs activités
sur des modèles économiques adaptés aux marchés ruraux
africains. Cependant, les jeunes entrepreneurs souhaitant créer
une entreprise viable sont confrontés à différents obstacles, par
exemple le manque de compétences techniques, le manque de
réseaux et les contraintes entravant l'accès aux financements.
Afin de lever ces obstacles, il faut mettre en place des
programmes intégrés d'entrepreneuriat vert qui s'appuient sur
les enseignements tirés dans d'autres secteurs. S'ils bénéficient
du soutien nécessaire, ces projets pourraient avoir d'importantes
retombées positives, en particulier pour les jeunes et les femmes.
Source: AFD (2017)
Les travailleurs et les communautés défavorisés auront
besoin d'une assistance ciblée pour opérer la transition
vers de nouvelles pratiques. Par ailleurs, en ce qui concerne
2 AFD, 2017. Annexe au cadre d'intervention transversal climat.
Promouvoir le capital humain écologique : Un cadre d'analyse et d'orientation politiques
14
l'agriculture et la foresterie, il est toujours plus largement
admis que les connaissances et les pratiques traditionnelles
des peuples autochtones jouent un rôle important pour agir
efficacement face au changement climatique et garantir des
moyens d'existence durables. Ainsi, les déficits de compétences
et la non-reconnaissance des compétences traditionnelles
continuent de représenter des enjeux importants (OIT, 2016).
Le développement durable peut uniquement s?opérer par
une combinaison d'approches ascendantes et descendantes.
C'est pourquoi l'intégration des stratégies et des actions est
aussi décisive au niveau des acteurs économiques. À terme,
le succès des politiques vertes et la création d'emplois
verts dépendra de l'établissement d'un environnement
robuste favorable à l?initiative des acteurs économiques,
en particulier les petites entreprises. L'offre de programmes
d'enseignement et de formation adaptés est un élément
intrinsèque de ces politiques favorables à l?initiative, mais
pas l?unique composante (voir l'Encadré4).
Encadré4: Mesures politiques pour créer un environnement
propice pour les entreprises
La tendance que nous observons confirme que la responsabilité
sociétale des entreprises est profitable aux activités. Les acteurs
économiques prennent conscience qu'en améliorant leurs
performances environnementales, ils peuvent non seulement
agir en faveur de la société mais aussi réduire leurs coûts de
production et agrandir leur image efficacement. Ils constatent
également que les activités vertes peuvent donner lieu à de
nouvelles opportunités commerciales et à la création d'emplois à
long terme. Toutefois, nous devons anticiper que pour un grand
nombre d'entre eux, et particulièrement pour les PME, il est
difficile de parvenir à mettre en place des processus de production
écologiques en l'absence d'investissements dans les nouvelles
technologies et dans le développement du capital humain.
En plus de favoriser la mise en place d'un système adaptatif de
développement des compétences, ce processus implique la
diffusion d?informations commerciales ciblées et de conseils sur
les pratiques professionnelles vertes et l'éco-innovation, mais
aussi sur les systèmes financiers et réglementaires susceptibles
de faciliter l'adoption de technologies vertes et de pratiques
commerciales responsables. On peut ainsi identifier trois grands
domaines de politique qui contribuent à la création d'un
environnement propice à des activités commerciales durables et
des emplois verts (AFD, 2017):
Ñ Réformer la fiscalité environnementale: La fiscalité
exerce une influence considérable sur l'orientation des
activités et, par conséquent, la création d'emplois. À
l'échelle mondiale, si les émissions de carbone étaient
taxées et si les recettes engrangées étaient utilisées pour
réduire le coût de la main-d'oeuvre, jusqu'à 14millions
d'emplois nets pourraient alors être créés.
Ñ Encourager les investissements dans l'économie verte :
Les investissements ont été insuffisants dans de nombreux
domaines, notamment les sources d'énergie propres et
modernes, le logement à haute efficacité énergétique, le
secteur manufacturier et le transport, l'agriculture durable
et les infrastructures rurales, ou encore la réhabilitation
des services écosystémiques. Des programmes ciblés
accompagnés d'investissements dans les services
environnementaux, y compris les programmes de travaux
publics, pourraient créer de nombreux emplois.
Ñ Soutenir l'entrepreneuriat et les PME: Les petites et
les micro-entreprises joueront un rôle crucial dans la
transformation vers une économie plus verte dans la mesure
où les PME fourniront les deux tiers, voire plus, de l?ensemble
des emplois et que les start-ups sont une importante source
d'innovation. Les réglementations environnementales, la
recherche et développement et la passation de marchés
publics doivent prendre en compte les besoins et les limites
des petites et des micro-entreprises.
Le temps est venu d'agir avec audace: nous devons procéder à
une véritable réorientation des politiques en faveur de l'emploi
et du développement des compétences, comme moyen
d'avancer sur la voie du développement durable et de réduire
la pauvreté. Nous devons mettre l'accent sur la création d'un
environnement propice au développement des entreprises,
sur les compétences qui permettront de rendre ces entreprises
productives et compétitives et sur un système de protection
sociale qui permettra d?amortir et de faciliter le processus de
transition.
En dépit des nombreux exemples de développement
innovant des compétences favorisant la transition vers une
économie verte, les pays n'établissent pas systématiquement
de cadre politique et de gouvernance propice aux initiatives.
Dans de nombreux cas, ce sont des projets pilotes dirigés
par des entreprises individuelles, des enseignants ou des
institutions d'EFTP qui impulsent le changement, et non une
approche politique et de gouvernance englobant l?ensemble
du système.
En outre, lorsque les gouvernements choisissent d'agir sur
le sujet, ils sont susceptibles d'accorder une plus grande
importance à l'élaboration des politiques qu'à leur mise en
oeuvre et à leur évaluation ultérieures. En accordant une
plus grande priorité à l'élaboration qu'à la mise en oeuvre,
il est possible que des politiques bien conçues en faveur
de la transition vers un développement plus durable ne
parviennent pas à se traduire en actions ou à atteindre
la phase de mise en oeuvre. Dans un tel contexte, pour
obtenir des répercussions à grande échelle, les pays doivent
développer des politiques nationales et des systèmes de
gouvernance adaptés au développement des compétences
et se concentrer sur les actions concrètes. À cette fin, le
verdissement des compétences appelle à la coordination
d'un large éventail de politiques publiques, sous la forme
d'une coordination horizontale entre les différents domaines
politiques et d'une harmonisation verticale entre les
différents niveaux d?application (supranational, national,
infranational et local). Même si des outils et des manuels
sont disponibles pour élaborer une approche efficace au
niveau des institutions éducatives, des efforts concertés
demeurent indispensables pour garantir un meilleur
fonctionnement du système dans son ensemble et adopter
une approche transversale.
Promouvoir le capital humain écologique : Un cadre d'analyse et d'orientation politiques
15
II. Cadre politique pour le développement d'emplois
décents et de compétences dans l'économie verte
Dans chaque pays, les acteurs publics et économiques doivent
unir leurs forces afin de définir une feuille de route pour
l'adaptation nécessaire des compétences aux exigences de
l'économie verte et du développement durable. Ces processus
sont spécifiques à chaque pays car, dans l'idéal, ils seront
adaptés au contexte social, économique et administratif.
Toutefois, ils reposent sur des facteurs difficiles à changer. De
ce fait, les plans de développement des compétences doivent
être conformes à une vision répondant aux besoins de la
transformation écologique, sociale et économique.
L'analyse suivante est conçue pour aider les pays à imaginer
un cadre permettant d'identifier les domaines de politique
prioritaires susceptibles d'améliorer leurs performances en
fonction de leur situation spécifique. Ce cadre est avant tout
destiné à être utilisé par les gouvernements nationaux mais
il peut également à servir de base de réflexion et d'action
aux décideurs et aux institutions à l'échelle infranationale,
de même qu'à toutes les parties prenantes dans les
domaines de l'éducation et de la formation mais aussi du
développement durable.
Ce cadre présente trois domaines d'action: A) observation
et orientation, B) sensibilisation des parties prenantes et
appropriation, et C) gouvernance intégrée. Des sujets de
politique sont donnés à chaque niveau pour guider les
actions et les objectifs. Les objectifs concernent des actions
menées par différents représentants politiques et ciblant
différents groupes de parties prenantes ; ils peuvent être
atteints lors de la mise en oeuvre des différentes phases
d'une politique.
Les étapes décrites dans la section suivante composent
un itinéraire permettant d'intégrer progressivement les
politiques de développement des compétences aux
politiques vertes et économiques. Les mesures sont
proposées dans un ordre chronologique pertinent pour
les politiques. En effet, les pays initiant un processus de
verdissement des compétences peuvent bénéficier d'une
gouvernance centralisée pour analyser et comprendre les
questions en jeu, fournir une orientation politique (domaine
de politiqueA), sensibiliser l'ensemble des parties prenantes
et les inciter à agir (domaine de politiqueB). Lorsque le
processus atteint une phase plus avancée, une gouvernance
multipartite, étendue au secteur privé ainsi qu'aux territoires
(ou aux États), est essentielle pour permettre un suivi optimal
des actions (domaine de politiqueC).
Domaine de
politique A:
Analyse du marché
et orientation des
politiques
Objectif: Les grands responsables de différents portefeuilles
au sein du gouvernement sont conscients des liens entre les
politiques sociales, environnementales et relatives à l'emploi, et de
l'importance d'agir en faveur de verdissement des compétences
Objectif: Le gouvernement central s'engage véritablement
sur la voie du développement durable et du développement
des compétences
Objectif: Les systèmes d'information sur le marché du travail
intègrent les recherches sur les dynamiques de l'économie
verte aux niveaux sectoriel et professionnel
Objectif: Des priorités sont établies parmi les secteurs, les
professions et les programmes de formation s?agissant de leurs
implications (potentielles) dans l'évolution vers une économie verte
Objectif: Une vision de verdissement de l'EFTP et des
compétences dans tous les secteurs est intégrée aux
politiques en matière de compétences et d?emploi
Objectif: Un groupe de travail ou un observatoire spécial est établi
pour collecter et analyser les informations relatives à l'économie
verte et aux compétences associées dans tous les secteurs
Objectif: Les compétences requises dans chaque profession
sont standardisées et les compétences transférables sont
identifiées
Phase politique A.1:
Volonté politique et vision
stratégique
Phase politique A.2:
Informations sur le
développement économique,
les marchés du travail et les
compétences
Phase politique
A.3: Identification et
standardisation des emplois
et des compétences liés au
développement durable
Promouvoir le capital humain écologique : Un cadre d'analyse et d'orientation politiques
16
Cependant, cet itinéraire de progression ne doit pas être considéré comme séquentiel puisque de nombreuses mesures proposées
peuvent bénéficier d?une mise en oeuvre simultanée. Enfin, il convient d'émettre une dernière recommandation importante: alors
que nous abordons ici les questions relatives aux compétences et au marché du travail, ces considérations doivent être strictement et
consciencieusement complétée par des considérations semblables dans les domaines du financement vert, des infrastructures et du
développement technologique.
Domaine de
politique B:
Mobilisation des
parties prenantes
Objectif: Un plan de communication garantit que les informations
sur les politiques environnementales, les dynamiques de
l'économie verte et les emplois et compétences associés sont
largement diffusées aux parties prenantes concernées.
Objectif: Des représentants clés des parties prenantes sont
identifiés et participent à l'élaboration d'un plan national
pour une mobilisation générale en faveur du verdissement
des emplois et des compétences
Objectif: Les établissements d?EFTP font partie de groupes
de travail sectoriels; les enseignants et les formateurs suivent
des formations régulières sur les technologies vertes et les
questions de développement durable
Objectif: Les actions politiques se basent sur un fondement
juridique composé de lois, décrets et d'autres formes de
réglementation, qui structure les efforts d'adaptation des
emplois, des compétences et de l'EFTP dans différents secteurs
Objectif: Des réseaux et des partenariats tripartites
sectoriels sont établis dans l'objectif d'entreprendre des
efforts communs de réflexion et de coordination en vue du
verdissement de l?EFTP et des compétences
Objectif: Les représentants des acteurs économiques et
de la formation adoptent des objectifs sectoriels et des
plans d'action en vue de développer l?emploi vert et les
compétences associées
Objectif: Les autorités nationales et les parties prenantes
sectorielles adoptent des engagements et des programmes
financiers pour financer les efforts et les mesures en faveur
du verdissement des compétences et de la promotion des
emplois verts
Phase politique B.1:
Diffusion des informations
et mobilisation des parties
prenantes
Phase politique B.2:
Engagement des parties
prenantes par le biais de
réseaux et de partenariats
sectoriels
Phase politique B.3:
Un cadre législatif et un
plan financier pour agir en
faveur du verdissement des
compétences
Domaine de
politique C:
Gouvernance
intégrée
Objectif: Les pouvoirs locaux reconnaissent et assument leur
responsabilité, clairement définie, d?observer les besoins en
matière du verdissement des compétences et de prendre les
mesures nécessaires
Objectif: Les pouvoirs publics locaux, les acteurs économiques,
les partenaires sociaux, les représentants du secteur de la
formation et les chercheurs unissent leurs forces, en créant des
groupes et d'autres types de partenariats, pour faire progresser le
verdissement du capital humain au niveau local
Phase politique C.2:
Renforcement mutuel entre
les politiques et les objectifs
dans tous les secteurs et à tous
les niveaux de gouvernance
Objectif: Les autorités nationales et infranationales sont
engagées, au moyen de contrats politiques, dans la
promotion du capital humain écologique dans les secteurs
prioritaires aux niveaux régional et local
Objectif: Des stratégies intersectorielles sont définies
pour écologiser les emplois, encourager les transitions
professionnelles et identifier les compétences transférables,
et assorties d'objectifs quantitatifs et qualitatifs
Objectif: Les mesures mises en oeuvre dans les différents secteurs
et territoires sont compilées, analysées, évaluées et diffusées
en vue d?alimenter et d'accélérer les efforts nationaux pour
développer les compétences liées au développement durable
Phase politique C.1:
Groupes et partenariats
locaux
Promouvoir le capital humain écologique : Un cadre d'analyse et d'orientation politiques
17
II.1. Domaine de politique A: Analyse du
marché et orientation des politiques
Au cours de la première étape de leur stratégie d'adaptation
des compétences, les nations doivent définir une vision et une
orientation, mettre en place des réseaux de parties prenantes
tant pour l'analyse sectorielle qu'intersectorielle et identifier
les nouveaux besoins en compétences. Cette démarche doit
être coordonnée entre les différents ministères au niveau
central ou fédéral, dans la mesure où le gouvernement central
a un rôle essentiel à jouer pour initier une stratégie nationale
cohérente pouvant déclencher des actions en cascade dans
tous les secteurs et à tous les niveaux de décision.
Phase politique A.1: Volonté politique et vision
stratégique
Condition préalable à l'élaboration de politiques, les
responsables politiques et les représentants gouvernementaux
doivent avoir conscience des liens entre les politiques sociales,
environnementales et relatives à l'emploi, et la volonté d'agir
pour promouvoir les compétences vertes. Partant de cette prise
de conscience et de cette volonté, les ministères concernés
doivent manifester clairement leurs engagements à coordonner
leurs efforts. Le gouvernement doit avoir une vision claire des
objectifs qu'il souhaite atteindre dans la transition vers une
économie verte, afin de définir l'orientation et les objectifs du
développement des compétences. À son tour, cette vision agit
comme une incitation à renforcer la coordination.
à Objectif: Les grands responsables de différents
portefeuilles au sein du gouvernement sont conscients
des liens entre les politiques sociales, environnementales
et relatives à l'emploi, et de l'importance d'agir en faveur
de verdissement des compétences.
à Objectif: Le gouvernement central s'engage
véritablement sur la voie du développement durable et
du développement des compétences.
à Objectif: Une vision du verdissement de l'EFTP et des
compétences dans tous les secteurs est intégrée aux
politiques en matière de compétences et d?emploi.
Phase politique A.2: Informations sur le
développement économique, les marchés de
l?emploi et les compétences
La collecte de renseignements économiques constitue
l'une des pierres angulaires d'un système d'EFTP efficace
dans la mesure où ces données permettent de garantir que
les décisions en matière de formation et les compétences
acquises sont adaptées au marché du travail. Les mécanismes
institutionnels existants tels que les conseils sectoriels des
compétences, les observatoires et les groupes consultatifs sur
les compétences, fournissent généralement une plateforme
pour un dialogue social impliquant l'ensemble des partenaires
concernés. Toutefois, lorsque les systèmes d'identification des
compétences existants sont organisés en suivant les divisions
sectorielles, il faut alors mettre en place des initiatives pour
relier les différents secteurs, afin de saisir la nature transversale
des activités économiques vertes (dans des domaines tels que
la gestion de l'énergie et la chimie du végétal) (OIT, 2011a).
Les enquêtes ponctuelles ciblant les entreprises d'un secteur
particulier doivent être complétées par une approche plus
systématique, entreprise par des observatoires spéciaux ou
dans le cadre de mécanismes d'observation existants.
à Objectif: Les systèmes d'information sur le marché du
travail intègrent les recherches sur les dynamiques de
l'économie verte aux niveaux sectoriel et professionnel.
à Objectif: Un groupe de travail ou un observatoire spécial
est établi pour collecter et analyser les informations
relatives à l'économie verte et aux compétences associées
dans tous les secteurs.
Phase politique A.3: Identification et
standardisation des emplois et des compétences
liés au développement durable
En se basant sur les objectifs des politiques vertes et les
résultats de l'analyse économique sur l'évolution des besoins
en matière d'emploi et de compétences, les gouvernements
doivent identifier, en collaboration étroite avec les autres
parties prenantes, les besoins précis et les priorités afin de
développer les emplois et les compétences. Dans l'idéal,
ces besoins et ces priorités devront être caractérisés tant
sur le plan qualitatif (identification des professions et des
compétences requises dans l'économie verte, en particulier
les compétences transférables qui permettent la mobilité
professionnelle) que quantitatif (nombre d'emplois et de
programmes de formation qu'il faudra créer ou adapter), et
s?harmoniser avec les contextes sectoriel et régional.
à Objectif: Des priorités sont établies pour les secteurs, les
professions et les programmes de formation s?agissant de
leurs implications (potentielles) dans l'évolution vers une
économie verte.
à Objectif: Des normes sont définies pour spécifier les
compétences requises dans chaque profession et les
compétences transférables sont identifiées.
Encadré 5: L?Observatoire national des emplois et métiers de
l'économie verte, piloté par le ministère français de l?environnement
En 2009, le gouvernement français a lancé son «plan
national» pour l?adaptation des emplois à l'économie
verte. Coordonné par le ministère français chargé de
l'environnement, ce plan vise à accompagner les acteurs
économiques afin d'anticiper les besoins en compétences
et en formation dans le cadre de la transition vers une
économie verte, robuste et équitable. L'Observatoire national
des emplois et métiers de l'économie verte (Onemev) a
été établi en 2010 dans le cadre de ce plan national. Il est
chargé de définir des méthodes, de produire des statistiques
et des analyses, et de diffuser les connaissances relatives
aux emplois et aux compétences dans l'économie verte. Il
réunit des représentants du ministère de l'Environnement
et du ministère du Travail, de l'Institut national de la
statistique et des études économiques (INSEE), de l'agence
nationale des services de l'emploi, de l'Agence nationale
de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME),
des prestataires de formation et des représentants
d'observatoires régionaux de l'emploi et de la formation.
Promouvoir le capital humain écologique : Un cadre d'analyse et d'orientation politiques
18
L?Onemev s?est vu confier deux grandes missions:
Ñ Détermination des périmètres, méthodologies
statistiques et suivi, et analyse du marché du travail,
tendances du recrutement et mobilité se rapportant aux
emplois dans l'économie verte (en se basant à la fois
sur les emplois dans les secteurs verts et les professions
vertes dans les différents secteurs).
Ñ Identification des compétences et analyse de la relation
entre emploi-formation dans l'économie verte.
La poursuite des travaux de l'observatoire au niveau régional
est un grand défi, que relèvent des organes régionaux
étudiant la question de l'adaptation des compétences dans la
transition vers une économie verte.
Source: France (2016).
II.2. Domaine de politique B: Sensibilisation
des parties prenantes et appropriation
Le processus d'adaptation de la population active aux
besoins du développement durable est entre les mains d'un
large éventail de parties prenantes: représentants publics
issus de différents niveaux de gouvernance et domaines de
politique, spécialistes des questions économiques, sociales
et environnementales, acteurs du marché et acteurs sociaux
(employeurs, syndicats, ONG et autres), sans oublier bien
entendu les établissements d'orientation professionnelle
et d?EFTP. Ainsi, la compréhension et la prise en compte
par toutes les parties prenantes des enjeux et des objectifs
des politiques de transition vers les emplois verts est un
élément indispensable de ces mêmes politiques. À cette
étape, il convient de définir un plan de communication et de
mobilisation. Enfin, la mobilisation des parties prenantes sera
stimulée par d'autres actions qui impliqueront de modifier
les cadres juridiques et réglementaires et de mettre en place
des mesures incitatives et un soutien financier aux projets.
Phase politique B.1: Diffusion des informations
et mobilisation des parties prenantes
La disponibilité en temps utile d'informations exactes sur les
marchés du travail, l'emploi et les indicateurs de développement
des compétences, de même que la connaissance de
l'orientation politique vis-à-vis du développement durable et
des compétences associées, peuvent servir de catalyseur à la
collaboration et à l'engagement des parties prenantes en faveur
de l'adaptation des compétences à la transition écologique.
à Objectif: Un plan de communication garantit que les
informations sur les politiques vertes, les dynamiques
de l'économie verte et les emplois et compétences
associés sont largement diffusées aux parties prenantes
concernées.
à Objectif: Des représentants clés des parties prenantes
sont identifiés et participent à l'élaboration d'un plan
national pour une mobilisation générale en faveur du
verdissement des emplois et des compétences.
Phase politique B.2: Engagement des parties
prenantes par le biais de réseaux et de
partenariats sectoriels
Le processus d'adaptation des compétences donne à
un large éventail de parties prenantes l'occasion de se
rencontrer et de travailler ensemble vers un objectif
commun. La gouvernance sectorielle s'est avérée être
un moyen efficace d?adhésion des établissements de
formation et des employeurs, même si elle prend des formes
différentes en fonction du contexte national. Par exemple,
dans plusieurs pays, les conseils sectoriels des compétences
tripartites jouent un rôle de premier plan dans l'anticipation
du développement des compétences à travers un dialogue
social, et leur action doit être encouragée.
à Objectif: Des réseaux et des partenariats sectoriels
tripartites sont établis dans l'objectif d'entreprendre
des efforts communs de réflexion et de coordination en
faveur du verdissement de l?EFTP et des compétences.
à Objectif: Les actions politiques se basent sur un
fondement juridique composé de lois, décrets et d'autres
formes de réglementation, qui structure les efforts
d'adaptation des emplois, des compétences et de l'EFTP
dans différents secteurs.
à Objectif: Les représentants des acteurs économiques et
de la formation adoptent des objectifs sectoriels et des
plans d'action en vue de développer l?emploi vert et les
compétences associées.
Phase politique B.3: Un cadre législatif et un plan
financier pour agir en faveur du verdissement
des compétences
Un cadre législatif, juridique et financier doit être mis
en place pour encourager, imposeret/ou permettre des
mesures relatives au verdissement des compétences et
accompagner les transitions professionnelles, en prêtant une
attention particulière aux groupes défavorisés. Les autorités
centrales ont un rôle précis à jouer en mettant en place cet
environnement propice qui permettra aux parties prenantes
d'agir en conformité avec les objectifs nationaux pour une
économie verte.
à Objectif: Les actions politiques se basent sur un
fondement juridique composé de lois organiques,
décrets et d'autres formes de réglementation, qui
structure les efforts d'adaptation des emplois, des
compétences et de l'EFTP dans différents secteurs.
à Objectif: Les autorités nationales et les parties
prenantes sectorielles adoptent des engagements et
des programmes pour financer les efforts et les mesures
en faveur du verdissement des compétences et de la
promotion des emplois verts.
Promouvoir le capital humain écologique : Un cadre d'analyse et d'orientation politiques
19
Encadré 6: Verdir la formation des enseignants au Nigeria
Le Département de formation des professeurs de
l'enseignement professionnel du Centre d?enseignement
technique et professionnel, de formation et de recherche
(CETVETAR) du Nigéria a réexaminé et révisé son programme
de formation des enseignants. Celui-ci comprend dorénavant
deux cours présentiels obligatoires intégrés au programme
de troisième cycle: «Technologies vertes et développement
des compétences» et «Questions et innovations émergentes
dans l'enseignement technologique». Ces deux cours
abordent des questions relatives à l'économie verte.
Les activités externes du CETVETAR destinées aux professeurs
de l'EFTP incluent une série d'ateliers sur le verdissement de
l'EFTP visant à promouvoir les meilleures approches pour
intégrer les nouveaux concepts et les nouvelles idées en
matière d'écologie au programme des institutions et des
départements d'EFTP et à partager les expériences à leur
sujet. Une autre intervention vise à renforcer les capacités
des professeurs de l'EFTP à répondre aux besoins urgents
en matière de formation aux enjeux écologiques, sur la
base de résultats de recherches portant sur les besoins en
compétences des enseignants.
Source: Contribution de 2015 du CEVETAR à UNESCO-UNEVOC
(2017).
II.3. Domaine de politique C:
Gouvernance intégrée
Le succès de la stratégie de verdissement des compétences
dépendra des interactions entre les ministères et les politiques
nationales et locales mais aussi de l'appropriation et de
l'évaluation des stratégies par les acteurs de l'ensemble des
secteurs, des activités et des niveaux territoriaux: pouvoirs
locaux, secteur privé, associations, organisations de la société
civile et communautés. Lorsque les politiques arrivent à un
stade de maturité avancé, une gouvernance de projet largement
multipartite et décentralisée apparaît, tandis que persistent une
vision politique globale et une coordination au niveau national.
Phase politique C.1: Groupes et partenariats locaux
En ce qui concerne la mise en oeuvre des politiques, le niveau
local de gouvernance doit tenir un rôle de premier plan. Le
dialogue direct entre les autorités nationales et régionales
et les partenaires sociaux ne peut se transformer en actions
que lorsque des engagements sont pris et des ressources
sont allouées à plus petite échelle et que les dividendes
immédiats sont évidents pour tous les partenaires impliqués
(OIT et Cedefop, 2011). Dans de nombreux pays, l'EFTP et le
développement des compétences sont déjà la prérogative
des autorités infranationales. En effet, les caractéristiques
des marchés du travail et des tissus économiques dépendent
en grande partie des contextes territoriaux, où les parties
prenantes sont en contact direct. Des partenariats locaux
doivent être noués pour travailler sur l'adéquation entre,
d'un côté, les politiques vertes nationales et locales et les
dynamiques de l'économie locale et, de l?autre, l'offre de
compétences et de formation.
à Objectif: Les pouvoirs locaux reconnaissent et assument
leur responsabilité, clairement définie, d?observer les
besoins en matière de verdissement des compétences et
de prendre les mesures nécessaires.
à Objectif: Les pouvoirs publics locaux, les acteurs
économiques, les partenaires sociaux, les représentants
du secteur de la formation et les chercheurs unissent
leurs forces, en créant des groupes et d'autres types de
partenariats, pour faire progresser le verdissement du
capital humain au niveau local.
Phase politique C.2: Renforcement mutuel
entre les politiques et les objectifs dans tous les
secteurs et à tous les niveaux de gouvernance
Lors du passage de la conception à la mise en oeuvre des
politiques, les questions intersectorielles et les interactions
entre les niveaux national et local de la prise de décision
politique doivent être prises en considération. En effet,
un grand nombre des nouvelles activités et des nouveaux
emplois liés à l'économie verte brouillent les frontières
des secteurs actuels et des disciplines traditionnelles. De
plus, on observe une tendance à la décentralisation et à la
déconcentration dans de nombreux pays, selon leur taille
et leur structure de gouvernance. Il est donc important
d'assurer la coordination entre les différents secteurs et
niveaux de gouvernance pour garantir la cohérence et
l'efficacité des mesures.
à Objectif: Des stratégies intersectorielles sont définies
pour verdir les emplois, encourager les transitions
professionnelles et identifier les compétences transférables,
et assorties d'objectifs quantitatifs et qualitatifs.
à Objectif: Les autorités nationales et infranationales
sont engagées, au moyen de contrats politiques, dans
la promotion du capital humain écologique dans les
secteurs prioritaires aux niveaux régional et local.
à Objectif: Les mesures mises en oeuvre dans les différents
secteurs et territoires sont compilées, analysées, évaluées
et diffusées en vue de d?alimenter et d'accélérer les
efforts nationaux pour développer les compétences liées
au développement durable.
Encadré7: Systèmes de formation décentralisés au Danemark
Par une série de réformes engagées depuis 2000, le système
danois d'enseignement et de formation professionnels a
progressivement donné plus d'autonomie au niveau local
pour adapter les programmes d'enseignement aux besoins du
marché du travail en fixant des objectifs basés sur les résultats et
les compétences, sans définir d?exigences normatives détaillées
pour le programme d'enseignement. Dans la nouvelle structure
nationale de formation et d'enseignement professionnel
continus, 13 centres ont été constitués afin de mettre en contact
les prestataires de la formation professionnelle continue et de
l'éducation de base des adultes dans une infrastructure plus
transparente. Ces centres sont également chargés d'anticiper et
de suivre l'évolution des compétences au niveau local. En outre,
cette réforme a initié la standardisation des qualifications de
l'enseignement et de la formation professionnels initiaux (EFPI)
et des certifications d'EFTP afin que ces dernières puissent être
intégrées aux programmes d?EFPI et prises en compte pour
l'obtention de crédits d?EFPI.
Source: OIT et Cedefop (2011).
Promouvoir le capital humain écologique : Un cadre d'analyse et d'orientation politiques
20
III. Références pour guider les actions futures
Cette section présente quelques publications utiles,
qui fournissent des directives détaillées et des outils
pour les gouvernements, les institutions d'EFTP et
les autres parties prenantes souhaitant anticiper
et adapter les compétences et accompagner les
transitions professionnelles vers l'économie verte.
Après une brève présentation du contenu et de la
finalité de ces guides, la présente section offre un
extrait de chacun d'entre eux, sélectionné pour
illustrer certaines des recommandations politiques
proposées dans le cadre décrit précédemment.
III.1. Principes directeurs pour une
transition juste vers des économies
et des sociétés écologiquement
durables pour tous (OIT, 2015b)
En octobre 2015, préalablement à la COP21, l'OIT
a adopté de nouveaux principes directeurs visant
à permettre aux gouvernements, aux travailleurs
et aux employeurs du monde entier de tirer parti
du changement structurel en cours vers une
économie plus verte sobre en carbone, à créer des
emplois décents à grande échelle et à promouvoir
la protection sociale. Face à ces défis, les principes
appellent à l'adoption d'une approche intégrée:
«Compte tenu de l?ampleur et de l?urgence de ces
enjeux dans le domaine de l?environnement et de
l?emploi, le monde n?aura manifestement ni les
ressources ni le temps de les aborder séparément
ou consécutivement. Les aborder conjointement
n?est pas une option, c?est une nécessité.» Ils ont
été rédigés dans le cadre d'une réunion tripartite
d'experts internationaux.
Ces principes permettent de mettre en pratique
au niveau national un ensemble de conclusions
pour parvenir à un développement durable et créer
des emplois décents et verts, en agissant dans les
domaines suivants:
Ñ Cohérence des politiques et dispositions
institutionnelles en vue d?une transition juste
pour tous
Ñ Politiques relatives au dialogue social et au
tripartisme
Ñ Politiques macroéconomiques et politiques de
croissance
Ñ Politiques industrielles et sectorielles
Ñ Politiques concernant l?entreprise
Ñ Politiques de développement des compétences
(voir l?Encadré 8)
Ñ Politiques de sécurité et santé au travail
Ñ Politiques de protection sociale
Ñ Politiques actives du marché du travail.
Encadré 8: Directives de l?OIT relatives aux politiques de
développement des compétences
Les gouvernements devraient, en consultation avec les partenaires
sociaux :
a soutenir la transition vers des économies plus durables
écologiquement en révisant les politiques de développement des
compétences afin qu?elles favorisent la réactivité de la formation,
le renforcement des capacités et l?amélioration des programmes ;
b coordonner les politiques de développement des compétences
et les systèmes d?enseignement et de formation techniques
et professionnels avec les politiques environnementales et le
verdissement de l?économie, et envisager la conclusion d?accords
bipartites ou tripartites sur le développement des compétences ;
c mettre en adéquation l?offre et la demande en compétences
grâce à l?évaluation des besoins, aux informations sur le marché
du travail et au développement des compétences fondamentales,
en collaboration avec les secteurs concernés et les établissements
de formation ;
d accorder une priorité élevée et allouer des ressources à
l?identification et à l?anticipation de l?évolution des besoins en
compétences, ainsi qu?à l?analyse et à l?harmonisation des profils de
compétences professionnelles et des programmes de formation ;
e encourager l?acquisition de compétences générales et
de compétences en sciences, technologie, ingénierie et
mathématiques et leur intégration dans les programmes de
formation initiale et d?apprentissage tout au long de la vie.
Les gouvernements et les partenaires sociaux devraient :
a prendre part au dialogue social en faveur d?institutions du marché
du travail et de systèmes de formation réactifs et collaboratifs, et
coordonner les besoins des acteurs concernés à toutes les étapes
de l?élaboration et de la mise en oeuvre des politiques d?éducation
et de développement des compétences ;
b promouvoir l?égalité d?accès à la formation et à la reconnaissance
pour tous, en particulier pour les jeunes, les femmes, les travailleurs qui
doivent changer d?affectation, y compris à l?étranger, ainsi que pour
les propriétaires et les travailleurs de moyennes, petites et micro-
entreprises en leur offrant des services de formation ciblés, dont la
durée et les horaires sont convenables, et en favorisant des politiques
d?accompagnement permettant à chacun d?atteindre un équilibre entre
vie professionnelle, vie privée et apprentissage tout au long de la vie ;
c encourager la formation liée au travail et l?expérience
professionnelle dans le cadre des processus de formation afin
d?améliorer l?employabilité des demandeurs d?emploi ;
d concevoir une politique de développement des compétences intégrée
pour promouvoir des compétences en matière d?emplois verts
cohérentes avec les politiques environnementales, notamment des
mécanismes de reconnaissance par la certification des compétences ;
e encourager l?apprentissage par les pairs parmi les entreprises
et les travailleurs, et l?enseignement et la formation en matière
d?entrepreneuriat vert afin de généraliser les pratiques respectueuses
de l?environnement et l?usage des technologies vertes ;
f accompagner les entreprises, en particulier les moyennes, petites et
micro-entreprises, y compris les coopératives, dans leur collaboration
avec les gouvernements et les prestataires de formation, pour
améliorer leur gestion et les compétences de leur personnel,
anticiper les profils professionnels et les besoins en compétences
de demain et veiller à ce que les travailleurs acquièrent des
compétences transférables favorisant leur employabilité.
Source: OIT (2015b).
Promouvoir le capital humain écologique : Un cadre d'analyse et d'orientation politiques
21
III.2. Comparative Analysis of Methods
of Identification of Skill Needs on the
Labour Market in Transition to the Low
Carbon Economy (Analyse comparative
des méthodes d?identification des besoins
en compétences sur le marché du travail en
transition vers une économie bas carbone)
(OIT et Union européenne, 2011)
Cette étude est le fruit d'un projet conjoint entre la
Commission européenne et l'OIT, intitulé «Partage de
connaissances pour une évaluation précoce des besoins
en compétences». Ce projet couvrait plus de 30 pays
en développement et développés à travers le monde et
bénéficiait de l'appui du Programme de l'Union européenne
pour l'emploi et la solidarité sociale ? PROGRESS (2007-13). Il
a été mis en oeuvre dans le cadre de l'Initiative pour l?emploi
vert, un partenariat entre l'OIT, le Programme de l'ONU pour
l'environnement, la Confédération syndicale internationale
(CSI) et l'Organisation internationale des employeurs (OIE).
Cette étude s'appuie sur un rapport de synthèse réalisé par
l'Institut de recherche en économique politique (PERI), une
analyse de la disponibilité des données et des classifications,
des opinions d'experts et un vaste examen documentaire.
Dans le cadre de cet accord conjoint de gestion, trois rapports
mondiaux complémentaires ont été produits:
Ñ Analyses comparatives de méthodes d?identification
des besoins en compétences sur le marché du travail en
transition vers une économie bas carbone
Ñ Besoins en compétences et besoins professionnels dans
la construction durable
Ñ Besoins en compétences et besoins professionnels dans
les énergies renouvelables.
L'objectif de l'analyse comparative est d'examiner les
méthodologies utilisées pour évaluer les conséquences
sur les compétences et sur l'emploi des différents aspects
de la transition vers les énergies propres et des économies
plus vertes. Cet examen porte à la fois les méthodes
quantitatives et qualitatives. Dans le contexte de ce rapport,
les «méthodes quantitatives» se rapportent aux méthodes
impliquant une modélisation quantitative tandis que les
«méthodes qualitatives» se rapportent aux méthodes
telles que les entretiens, les études de cas et les enquêtes,
pouvant apporter des informations tant qualitatives que
quantitatives. Le Tableau 2 illustre les questions permettant
de cadrer l'analyse des compétences dans le contexte
d'une économie bas carbone et recommande les types de
méthodologies adaptés pour répondre à ces questions.
Tableau2: Questions de recherche et types de méthodologie adaptés
Niveau des
questions
Type de
question
Exemples de questions-clés générales Type de méthodologie
Économie entière Secteur
Emplois Quantitatif Combien d'emplois directs maintenant et à l'avenir? Quantitatif,
Qualitatif
Quantitatif,
Qualitatif
Quantitatif Combien d'emplois indirects maintenant et à l'avenir? Quantitatif,
Qualitatif
Quantitatif,
Qualitatif
Quantitatif Combien d'emplois induits maintenant et à l'avenir? Quantitatif,
Qualitatif
Quantitatif,
Qualitatif
Professions/
compétences
Qualitatif Quelles professions? Comment faudrait-il les définir?
Comment faudrait-il les définir? Où se situent les
limites entre les professions?
Qualitatif Qualitatif
Quantitatif Combien de personnes dans chaque profession?
Quelle est la demande en compétences qui en résulte ?
Quantitatif,
Qualitatif
Quantitatif,
Qualitatif
Qualitatif Quelles compétences et aptitudes? Dans quelle
mesure celles-ci se rapportent-elles aux professions?
Qualitatif Qualitatif
Enseignement
et formation
Qualitatif Quelles sont les sources de compétences disponibles?
Quels sont les types d'enseignement et de formation
requis? Comment peuvent-ils être dispensés?
Qualitatif Qualitatif
Quantitatif Quels sont les effectifs existants disposant des
compétences et de la formation adaptées pouvant être
immédiatement recrutés? Quel est le volume actuel
de personnes nouvellement formées pouvant être
immédiatement recrutées? Quel volume sera requis à
l'avenir?
Quantitatif,
Qualitatif
Quantitatif,
Qualitatif
Source: OIT et Union européenne (2011).
Promouvoir le capital humain écologique : Un cadre d'analyse et d'orientation politiques
22
III.3. Anticipating Skill Needs for Green
Jobs: A Practical Guide (Anticipation des
besoins en compétences pour l'emploi vert:
guide pratique) (OIT, 2015a)
Ce guide s'appuie sur des recherches et des applications
concrètes antérieures, et donne des conseils pour entreprendre
l'identification des besoins en compétences actuels et anticiper
les besoins futurs pour l'économie verte et l'emploi vert. Destiné
principalement à aider les chercheurs et les analystes, ce
guide aborde les méthodologies qualitatives et quantitatives,
les classifications et les sources de données, les processus de
recherche et les modalités institutionnelles. Il propose également
des méthodes pour entreprendre différents types de recherche
au niveau de l'économie et au niveau sectoriel.
En ce qui concerne les compétences requises pour l'emploi
vert au niveau de l'économie dans son ensemble, les études
qualitatives constituent l'approche privilégiée. De telles
recherches sont conçues pour donner un aperçu de la
situation actuelle d'un pays (ou de plusieurs pays) vis-à-vis
des compétences et des formations favorables à l'emploi vert
et des futurs besoins en compétences et en formation. Une
structure de ces analyses est proposée dans le résumé au
Tableau 3.
Tableau3: Structure d'un aperçu qualitatif au niveau de l'économie entière
Principaux défis et priorités pour l'économie verte
Ñ grandes questions environnementales qui doivent orienter la réponse politique écologique dans le
pays et ayant des répercussions sur l'économie, l'emploi et le marché du travail
Changements structurels écologiques et besoins en formation/recyclage
Ñ le changement climatique et les impératifs d'écologisation de l'économie impliquent une importante réorientation de l?emploi
entre et au sein de l?ensemble des secteurs et des activités économiques
Ñ identification des compétences, des métiers et des professions qui deviennent obsolètes
Stratégie de réponse
Ñ stratégie nationale générale, plans d'investissement et mesures d'adaptation et d'atténuation en
réponse au changement climatique et à la dégradation de l?environnement
Apparition et évolution des besoins en compétences
Ñ compétences requises pour les nouvelles professions vertes, et apparition ou évolution des besoins en compétences pour les
professions existantes (déficit des compétences) dans le contexte de l'écologisation de l'économie
Stratégie de développement des compétences en réponse à l'écologisation
Ñ stratégie de développement des compétences dans le cadre d'une réponse politique nationale cohérente face au changement
climatique et à la dégradation de l?environnement ? cohérence, complémentarité, pertinence et coordination des politiques
Conclusions
Ñ s'appuyer sur l?ensemble complet de recherches pour l'étude du pays
Recommandations
Ñ mesures et recherches complémentaires recommandées
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Principaux défis et priorités pour l'économie verte
Ñ grandes questions environnementales qui doivent orienter la réponse politique écologique dans le pays et
ayant des répercussions sur l'économie, l'emploi et le marché du travail
Changements structurels écologiques et besoins en formation/reconversion
Ñ le changement climatique et les impératifs de verdissement de l'économie impliquent une importante
réorientation de l?emploi au sein de l?ensemble des secteurs et des activités économiques
Ñ identification des compétences et des métiers qui deviennent obsolètes
Stratégie de réponse
Ñ stratégie nationale générale, plans d'investissement et mesures d'adaptation et d'atténuation en réponse au
changement climatique et à la dégradation de l?environnement
Apparition et évolution des besoins en compétences
Ñ compétences requises pour les nouvelles professions vertes, et apparition ou évolution des besoins en compétences
pour les professions existantes (déficit des compétences) dans le contexte de verdissement de l'économie
Stratégie de développement des compétences en réponse au verdissement
Ñ stratégie de développement des compétences dans le cadre d'une réponse politique nationale cohérente face
au changement climatique et à la dégradation de l?environnement ? cohérence, complémentarité, pertinence et
coordination des politiques
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Source: OIT (2015a).
Promouvoir le capital humain écologique : Un cadre d'analyse et d'orientation politiques
23
III.4. Écologiser l'économie mondiale: Le
défi des compétences (OIT, 2011b)
Cette note d'orientation pour les politiques attire l'attention
des responsables et des partenaires sociaux des pays en
développement et des pays développés sur le rôle du
développement des compétences pour faciliter la transition
vers une économie plus verte et saisir les opportunités que
cette transition apporte en matière d'emploi. Elle découle de
l'Initiative pour l'emploi vert mentionnée précédemment. Elle
se fonde sur des recherches appliquées aux politiques et de
nombreuses études de cas décrivant les expériences et les
meilleures pratiques des pays, conduites en collaboration avec
le Centre européen pour le développement de la formation
professionnelle (Cedefop) et la Commission européenne. Les
principales considérations pouvant guider l'élaboration de
politiques en faveur de compétences menant à des emplois
verts et décents sont proposées dans la note d'orientation et
présentées dans l'Encadré9.
Encadré 9: Liste de contrôle pour les politiques visant à relever
le défi du verdissement des compétences
1 Votre pays coordonne-t-il les politiques
environnementales et les politiques visant au
développement des compétences nécessaires pour
les emplois verts? Dans l?affirmative, comment ces
questions de compétences sont-elles incorporées dans
les stratégies environnementales nationales?
2 Comment les besoins en formation et en reconversion
professionnelle sont-ils anticipés et satisfaits dans les
industries où s?opèrent d?importantes transformations
écologiques?
3 Comment les services publics de l?emploi communiquent-ils
les informations sur les cours de reconversion professionnelle
pour les emplois verts et sur les possibilités d?inscription?
4 La sensibilisation à l?environnement est-elle un volet
habituel de l?enseignement général et technique et de la
formation professionnelle?
5 Les programmes de formation aux emplois verts sont-
ils proposés aux jeunes défavorisés, aux personnes
handicapées, aux communautés rurales et autres groupes
vulnérables, et sont-ils abordable pour cette population?
Quels sont les instruments utilisés pour inclure les
groupes défavorisés dans le processus de verdissement de
l?économie?
6 Votre pays a-t-il une politique ou des mesures d?incitation
pour appuyer l?inscription des femmes aux programmes
d?enseignement technique et de formation dans les
domaines de la science, de l?ingénierie et autres?
7 Les programmes de formation initiale et de formation
continue s?adressant aux enseignants et aux formateurs
comportent-ils des volets relatifs à la sensibilisation aux
questions environnementales, aux nouveaux services
verts et aux méthodes de production écologiques?
8 Votre pays dispose-t-il d?un système permettant de déceler
les nouvelles demandes de compétences? Est-il utilisé
pour déceler les compétences qui émergent du fait du
verdissement? Comment votre pays améliore-t-il le système
pour tenir compte des faits nouveaux dans l?économie verte?
9 Le système visant à anticiper les besoins en compétences
inclut-il un mécanisme de coordination permettant
de déterminer les compétences et d?échanger des
informations entre les secteurs verts et les ministères
compétents? Est-il utilisé pour déterminer les
compétences nécessaires pour les emplois verts?
Source: OIT (2011b).
III.5. Meeting Skill Needs for Green Jobs:
Policy Recommendations (Répondre aux
besoins en compétences pour l'emploi vert:
recommandations politiques) (OIT et al., 2013)
Cet ensemble de recommandations politiques a été préparé et
publié en 2013 à la demande du Groupe de travail du G20 sur le
développement, dans le cadre du Pilier de développement des
ressources humaines par le Groupe de travail interagences sur le
verdissement de l'enseignement et de la formation techniques
et professionnels et le développement des compétences, qui
se compose de l'OIT, de l'OCDE, de l?UNESCO-UNEVOC, du
Cedefop, de la Fondation européenne pour la formation et de
l?Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche
(UNITAR). Ces recommandations ont été élaborées par l'OIT,
en coopération avec l'OCDE, l'Unesco et le Cedefop, qui ont
apporté leurs contributions. Elles sont présentées ici pour
éclairer et conseiller les gouvernements du G20 sur les différents
moyens d'anticiper les besoins en compétences des marchés du
travail et d?y répondre, tout en poursuivant le développement
durable et la croissance verte. Ces recommandations sont
résumées dans l'Encadré10.
Encadré 10: Recommandations politiques pour répondre aux
défis liés aux besoins en compétences des emplois verts
1 Améliorer la coordination des politiques et encourager le
dialogue social.
2 Concentrer les efforts sur le développement de
compétences transférables tout au long de la vie afin
d'encourager la mobilité professionnelle.
3 Encourager les personnes et les entreprises à investir
dans le développement de compétences favorables à
une croissance verte.
4 Réviser les programmes d'enseignement en vue
d'augmenter l'adaptabilité des personnes.
5 Rendre les possibilités de reconversion accessibles à tous
et donner la priorité à la formation des groupes fragiles
et défavorisés.
6 Renforcer l'orientation professionnelle vers l?emploi vert.
7 Permettre aux formateurs et aux enseignants de mettre à
jour les compétences requises pour l'emploi vert.
8 Améliorer les systèmes d'identification et d'anticipation
des besoins en compétences.
9 Soutenir les prestataires de formation en tant qu'acteurs
actifs du développement durable local.
10 Utiliser des indicateurs comme outils de renforcement
des capacités et d'apprentissage par les politiques dans
le processus de verdissement de l?EFTP.
11 Optimiser le potentiel de création d'emplois de la
transition vers une croissance verte.
12 Mettre à profit les formations pour améliorer la qualité
des emplois.
13 Inclure le verdissement de l?EFTP dans les programmes
d'enseignement et de développement durable de
l'après-2014.
14 Favoriser l'apprentissage mutuel pour le verdissement
de l?EFTP et le développement des compétences.
Source: OIT et al. (2013).
Promouvoir le capital humain écologique : Un cadre d'analyse et d'orientation politiques
24
III.6. Unleashing the Potential: Transforming Technical and Vocational
Education and Training (Libérer le potentiel : transformer l?enseignement et la
formation techniques et professionnels) (Marope et al., 2015)
Avec sa série de publications «Education on the Move», l'Unesco vise à faire connaître aux spécialistes de l'éducation des
analyses approfondies et des idées originales susceptibles de renforcer la pertinence et l'efficacité des politiques et des
programmes. Dans le cadre de cette série, l'Unesco a publié en 2015 «Unleashing the Potential: Transforming Technical and
Vocational Education and Training» (Libérer le potentiel : transformer l?enseignement et la formation techniques et professionnels)
(Marope et al., 2015). Cet ouvrage propose une approche analytique détaillée s?adressant aux décideurs, aux éducateurs et
aux autres parties prenantes de la communauté de l'EFTP qui souhaitent utiliser le développement des compétences comme
vecteur du progrès humain. Le Tableau4 est adapté d'une liste indicative de parties prenantes qui pourraient éventuellement
contribuer aux politiques d'adaptation de l'EFTP à la transition écologique, comme le suggèrent les auteurs de cet ouvrage.
Tableau4: Parties prenantes du processus de verdissement des compétences, par spécialisation
Spécialistes de l'économie Spécialistes sociaux Spécialistes de l'environnement
Représentants publics Fonctionnaires des
ministères de l'économie,
de la planification, du
commerce, de l'industrie?
Fonctionnaires des ministères
du travail, des politiques
sociales, de l'éducation, de la
santé, des questions de genre?
Fonctionnaires des ministères
de l'environnement, des
ressources naturelles
Exportations Économistes, spécialistes
du marché du travail,
sociologues industriels,
spécialistes de l'éducation
Sociologues, experts en
développement, avocats
spécialisés dans les droits
de l?homme, spécialistes
des questions de genre,
spécialistes de la santé,
spécialistes de l'éducation
Géographes, scientifiques de
l'environnement
Partenaires de marché et
partenaires sociaux
Associations d'employeurs,
associations professionnelles,
syndicats, associations
de consommateurs,
entrepreneurs
Représentants des groupes
marginalisés et défavorisés,
associations du secteur
informel, ONG oeuvrant pour le
développement, organisations
communautaires
Agences environnementales,
ONG oeuvrant pour la
conservation, représentants
d'entreprises écologiques
Représentants de l?EFTP Fournisseurs publics et privés d?EFTP
Source: Marope et al. (2015)
III.7. Facilitating Green Skills and Jobs in Developing Countries (Faciliter les compétences
et les emplois verts dans les pays en développement) (Rademaekers et al., 2017)
Les compétences et les emplois étant des concepts relativement nouveaux, cette étude publiée par l'Agence française de
développement vise à fournir une base de connaissances sur leur rôle dans la transition vers une économie durable, dans
le contexte des pays en développement. Cette étude a sélectionné et analysé 10 organisations techniques et financières
déployant leurs activités dans le domaine de l'économie verte et des compétences et emplois verts à un niveau stratégique
et opérationnel, et mené 5études de cas sur des initiatives visant à promouvoir les compétences et les emplois verts
dans différentes régions et différents secteurs. Partant de cette analyse, cette étude émet des recommandations pour
mieux intégrer les compétences et les emplois verts aux politiques et programmes, à l?échelle internationale, nationale et
opérationnelle. Le Tableau 5 résume les principales recommandations formulées par cette étude.
Tableau 5: Recommandations visant à soutenir les compétences et les emplois verts à différents niveaux
Recommandations
Adopter une définition pratique pour les emplois verts, en spécifiant les secteurs ciblés
International National Opérationnel
Ñ Cadrer les compétences et les
emplois verts au sein des missions
et des priorités de l'établissement
Ñ Dresser la liste des instruments
proposés (c-à-d prêts, AT, dons) et
définir l'aide qu'ils peuvent apporter
Ñ Conseils sur l'évaluation de la taille
et de la portée des emplois verts
Ñ Suggérer des facteurs favorables à
l?initiative et encourager le partage
des connaissances
Ñ RÉFLÉCHIR
Ñ PLANIFIER: Incorporer les
compétences/emplois verts à la
vision nationale
Ñ AGIR: Harmoniser les politiques et
les initiatives en matière d'emploi et
d'éducation avec la nouvelle vision
Ñ VÉRIFIER: Données de référence
et suivi pour les emplois verts et
évaluation de l'impact des initiatives
Ñ Identifier les projets
Ñ Formuler les projets
Ñ Obtenir des engagements fermes
Ñ Planification et mise en oeuvre
Ñ Suivi et rapports
Promouvoir le capital humain écologique : Un cadre d'analyse et d'orientation politiques
25
III.8. Le kit méthodologique d?accompagnement des transitions
professionnelles dans les filières industrielles impactées par la
transition écologique et énergétique (France, 2016)
Les ministères français de l'Environnement et du Travail ont élaboré conjointement un kit
méthodologique pour accompagner les transitions professionnelles. Cet outil est destiné à tous les
acteurs d?un territoire dont l?objectif est d?accompagner et sécuriser les transitions professionnelles
des salariés ou des demandeurs d?emploi des filières industrielles en déclin vers des emplois dans les
domaines de l?écologie ou des énergies propres. Ce kit s'appuie sur les principes directeurs, les pratiques
et les outils testés en France sur plusieurs territoires pilotes. Il fournit aux acteurs chargés des politiques
territoriales de développement économique (institutions, branches professionnelles, partenaires sociaux,
entreprises, etc.) des principes directeurs et des outils pour:
Ñ Identifier les proximités de compétences entre les emplois dans les secteurs industriels faisant face à
des défis de mutation et les emplois dans les activités vertes existantes ou émergentes ;
Ñ Identifier et créer des possibilités de reconversion, sur la base de viviers de compétences transférables ;
Ñ Soutenir l'emploi et sécuriser les parcours professionnels des salariés et des demandeurs d'emploi.
Ce kit est organisé en quatre sections indépendantes, présentées à la Figure 2, correspondant aux
différentes composantes de tout plan visant à accompagner les transitions professionnelles.
Figure 2: Composantes d'un plan d'accompagnement des transitions professionnelles
4.
Les parcours
de transition
2.
Les besoins et les
évolutions attendus
3.
Les passerelles
possibles
1.
La gouvernance
et le pilotage
Ñ Comment organiser efficacement les parcours de transition ?
Ñ Comment installer durablement de nouvelles modalités de mise
en relation entre offre et demande d?emploi ?
Ñ Comment identifier les
besoins des industries
fragilisées ?
Ñ Quels sont les besoins en
compétences des filières
vertes émergentes ?
Ñ Quels sont les outils existants
pour identifier les passerelles
professionnelles ?
Ñ Comment renforcer les
passerelles entre les métiers des
industries fragilisées et les métiers
émergents des filières vertes ?
Ñ Qu?entend-on par « territoire » ?
Ñ Quels sont les facteurs déclencheurs d?un
projet territorial ?
Ñ Quels sont les acteurs à mobiliser ?
Ñ Comment assurer la gouvernance et le
pilotage de cette démarche ?
Promouvoir le capital humain écologique : Un cadre d'analyse et d'orientation politiques
26
Conclusion: une invitation à l'action
L'adoption progressive d'un modèle de développement plus durable implique une transformation totale du
capital matériel et du capital immatériel, c'est-à-dire des technologies et des infrastructures mais aussi des
cultures et des valeurs, des comportements et des pratiques. Tandis que l'un des principaux obstacles aux
changements technologiques et infrastructurels provient du montant élevé des investissements financiers
nécessaires, la modification des comportements individuels et collectifs pose un immense défi tant sur le
plan de la sensibilité politique que sur le plan de l'engagement et de la coordination des parties prenantes.
Ce défi est omniprésent lorsqu'est étudiée la question de l'adaptation des pratiques et des acteurs
économiques en général, et des comportements et des compétences des travailleurs en particulier. Pour
ces raisons, mais aussi au vu de l?importance de cet enjeu dans le processus de transition vers une économie
verte et inclusive, la question de l'adaptation des compétences professionnelles mérite toute l'attention des
responsables politiques. Déjà, on peut constater que le manque d'attention portée au capital humain, qui
se traduit également par un manque d'investissement, entrave le développement de l'économie verte et de
ses opportunités économiques et sociales, notamment les possibilités d'emploi décent.
La plupart des pays ont entrepris de définir un cadre politique pour le verdissement des emplois et
des compétences, même s'ils se trouvent à différents stades de développement et dans des contextes
économiques, sociaux et institutionnels très différents. Le présent document a pour objectif d?énoncer
un ensemble de considérations générales pouvant contribuer à guider la conception et la mise en oeuvre
de ce type de politiques. Le présent document a pour objectif d?énoncer un ensemble de considérations
générales pouvant contribuer à guider la conception et la mise en oeuvre de ce type de politiques. Ce
document appelle également l'ensemble des responsables politiques et des acteurs économiques à
unir leurs forces autour de la question du verdissement du capital humain en tant qu'élément crucial
et intrinsèque de leurs efforts pour établir un nouveau modèle de développement. Le cadre politique
proposé ici est destiné à servir d?outil d'orientation pour analyser les politiques élaborées à cette fin, mais
aussi pour agir afin de définir un plan cohérent et ambitieux de verdissement des compétences.
Dans cette optique constructive, la Plateforme pour la promotion du capital humain écologique invite
l'ensemble des représentants politiques et des autres parties prenantes concernées par ces efforts à
faire part de leur état d'avancement. Un fil consultatif a été ouvert à ce sujet sur le forum dédié à la
formation professionnelle de l'UNESCO-UNEVOC en décembre 2017. L'Annexe 2 propose un résumé de
ces discussions. Pour compléter ces réflexions et contribuer vous aussi à nourrir les actions de la PAGHC,
merci d'envoyer vos commentaires par courrier électronique à l'adresse suivante: isabelle.richaud@
developpement-durable.gouv.fr.
Grâce à vos commentaires et contributions, la PAGHC sera en mesure d'améliorer ce dispositif et de créer
de nouveaux outils ainsi que de nouvelles initiatives au service de la dynamique mondiale en faveur
d'une société véritablement inclusive et durable.
mailto:isabelle.richaud%40developpement-durable.gouv.fr?subject=
mailto:isabelle.richaud%40developpement-durable.gouv.fr?subject=
Promouvoir le capital humain écologique : Un cadre d'analyse et d'orientation politiques
27
Références
Les principales références recommandées en tant que lectures
complémentaires sont identifiées par un astérisque*.
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et métiers verts: Revue de la documentation de l'OIT [Green
work and professions: review of ILO documentation]. Paris,
AFD.
Caldecott, B., Sartor, O. and Spencer, T. 2017. Lessons
from previous ?coal transitions?: high-level summary for
decision-makers. IDDRI, Climate Strategies. www.iddri.org/
Publications/Lessons-from-previous-coal-transitions-High-
level-summary-for-decision-makers (Consulté le 26 octobre
2017.)
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professionnelles des filières industrielles impactés par la
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Mer et Ministère du Travail, de l'Emploi de la Formation
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priorities and steering action. Guidance note. Institut
des Nations Unies pour la formation et la recherche
(UNITAR) au nom de PAGE. www.un-page.org/files/
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Skills for Green Jobs: A Global View. Genève, OIT.
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Education and Training: A Practical Guide for Institutions.
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green growth policies for labor markets and job creation.
In: Inclusive Green Growth: The Pathway to Sustainable
Development. Washington DC, Banque mondiale.
siteresources.worldbank.org/EXTSDNET/.../Inclusive-Green-
Growth-Chapter4.pdf (Consulté le 26 octobre 2017.)
Promouvoir le capital humain écologique : Un cadre d'analyse et d'orientation politiques
29
Annexe 1
Exemples d'actions portées par le ministère français en charge de l'environnement
pour le développement d'emplois décents et de compétences dans l'économie verte
Promouvoir le capital humain écologique : Un cadre d'analyse et d'orientation politiques
30
Domaine de politique A : Analyse du marché et orientation des politiques
Phase politique A.1 : Volonté politique et vision stratégique
Lancé en 2009 et piloté par le ministère en charge de l'environnement, le Plan national de mobilisation pour les emplois et les métiers dans
l?économie verte a vocation à mobiliser les acteurs, structurer la réflexion sur les filières, analyser les évolutions des métiers, des compétences,
accompagner les secteurs économiques et les inciter à adapter leur stratégie de formation des salariés. Le plan de mobilisation a d?abord focalisé
ses travaux sur onze filières parmi les plus concernées par la transition écologique et énergétique, avec la création des comités de domaine. Il les a
ensuite étendus progressivement à l?ensemble des secteurs d?activité et a notamment piloté des études sur les secteurs financier, du commerce et
de la distribution.
Quatre conférences environnementales se sont tenues depuis 2012. La thématique de l?emploi, des compétences et de la formation a été
traitée de manière approfondie dans les conférences de 2013 et de 2016, avec l'organisation de tables rondes dédiées voulues par les parties
prenantes ? État, partenaires sociaux, organisations non gouvernementales écologiques, collectivités. Par ailleurs, la conférence sociale d?octobre
2015 a intégré la thématique de la transition énergétique dans une table ronde dédiée. Ces conférences ont débouché sur différentes actions, par
exemple:
Ñ L?élaboration d?un Kit d?accompagnement des transitions professionnelles des filières industrielles impactées par la transition écologique et
énergétique (voir plus bas).
Ñ La poursuite de la prise en compte de l'éducation à l?environnement et au développement durable dans les formations technologiques et
professionnelles de l'enseignement scolaire et supérieur.
Ñ L'intégration de la transition écologique comme un volet obligatoire des contrats de plan régionaux de développement des formations
professionnelles.
Ñ Le développement de formations des demandeurs d'emploi aux métiers porteurs de la transition écologique.
Phase politique A.2 : Informations sur le développement économique, les marchés de l?emploi et les
compétences
L'Observatoire national des emplois et métiers de l?économie verte (Onemev) été mis en place dans le cadre du Plan de mobilisation
pour les emplois et les métiers dans l'économie verte afin d?identifier et de mieux cerner les emplois de l?économie verte dans un contexte de
réorientation de notre modèle économique national. L?observatoire produit des méthodes, des chiffrages de référence ainsi que des analyses
utiles à la diffusion de la connaissance sur les emplois et les métiers, les recrutements, les mobilités, les tensions sur le marché du travail dans
l'économie verte. S?inscrivant dans une démarche partenariale, il est un lieu de concertation, de partage d?information et de coordination. Il
s'est d'abord traduit par l'organisation de cinq ateliers de travail puis la mise en place de deux pôles, l'un portant sur les aspects quantitatifs de
l'emploi (voir plus bas) et l'autre sur les aspects qualitatifs d'évolution des métiers et des compétences. Chacun de ces pôles se réunissent en
différents groupes de travail portant sur des études et des publications thématiques ou sectorielles.
Les périmètres et chiffrages produits par l'Onemev sont aujourd?hui largement utilisés, notamment par les acteurs régionaux pour réaliser
leurs propres études sur l?économie verte. Le travail réalisé sur l'évaluation des métiers et des compétences a, lui, permis d'affiner l'adaptation
des formations initiales et continues aux besoins des acteurs économiques. Ces travaux constituent donc une référence sur les questions
du marché de l?emploi de l?économie verte et ont initié une prise de conscience des acteurs qui s?est traduite par une appropriation des
thématiques en lien avec la transition écologique. En témoigne la création d?autres structures/réseaux autour des questions de l?économie
verte.
Phase politique A.3 : Identification et standardisation des emplois et des compétences liés
au développement durable
Le pôle de l'Onemev portant sur les aspects quantitatif des emplois liés au développement durable a pour mission principale de déterminer
le périmètre de référence des emplois de l?économie verte et d?assurer le suivi statistique de ces emplois. Il est piloté par le service «statistiques»
du ministère en charge de l'environnement et réunit notamment le ministère en charge du travail, Pôle emploi et des réseaux d'organismes de
formation. Les travaux de ce groupe de travail ont abouti à la définition d'un périmètre de référence des activités de l?économie verte (éco-activités
et activités périphériques) et la mise à jour annuelle des données d?emploi. Les approches quantitatives réalisées par l?observatoire, soumises aux
nomenclatures et sources statistiques, se doivent d?être complétées d?analyses de terrain. C'est pourquoi l'Onemev consulte régulièrement les
représentants des branches professionnelles pour rapprocher la liste des métiers verts et verdissants de la réalité des professionnels de terrain.
Concernant les métiers et les compétences, le pôle «analyse, capitalisation, partage» de l'Onemev qualifie et liste, en partenariat avec les
professionnels, les métiers «verts» (dont la finalité est la préservation ou la restauration de l'environnement) et les métiers dits «verdissants»
(dont le geste métier évolue fortement sous l'impact de la transition écologique).
Promouvoir le capital humain écologique : Un cadre d'analyse et d'orientation politiques
31
Domaine de politique B : Sensibilisation des parties prenantes et appropriation
Phase politique B.1 : Diffusion des informations et mobilisation des parties prenantes
Les «Rendez-vous des métiers de l'économie verte» sont des événements organisés par le ministère en charge de l'environnement, proposant
depuis 2009 aux acteurs économiques et institutionnels d?échanger sur des sujets d?actualité à forts enjeux concernant l?impact de la transition
écologique sur les métiers et les formations. Ils s?adressent aux professionnels et experts de l?emploi comme les services de ressources humaines
d?entreprises, des bureaux d?études, des administrations et organismes consulaires.
Le Kit méthodologique d?accompagnement des transitions professionnelles des filières industrielles impactées par la transition écologique et
énergétique est un outil élaboré par le ministère en charge de l'environnement à destination de tous les acteurs d?un territoire (souvent au niveau
d?un bassin d?emploi) et dont l?objectif est d?accompagner et sécuriser les transitions professionnelles des salariés ou des demandeurs d?emploi
des filières industrielles fragilisées vers des emplois de la transition écologique et énergétique. Ce kit s'appuie sur les pratiques et les outils testés
en France sur trois territoires pilotes dans des bassins d?emploi particulièrement concernés par la transition écologique et énergétique. La mise en
oeuvre de ses préconisations on fait l'objet d'un appel à projet destinée aux régions (voir plus bas).
Le Kit été conçu de façon modulaire afin de s?adapter au mieux aux caractéristiques propres à chaque territoire et à chaque projet. Il fournit
aux acteurs chargés des politiques territoriales de développement économique (institutions, branches professionnelles, partenaires sociaux,
entreprises, etc.) des principes directeurs et des outils pour:
Ñ Identifier les proximités de compétences entre les emplois dans les secteurs industriels faisant face à des défis de mutation et les emplois dans
les activités vertes existantes ou émergentes ;
Ñ Identifier et créer des possibilités de reconversion, sur la base de viviers de compétences transférables ;
Ñ Soutenir l'emploi et sécuriser les parcours professionnels des salariés et des demandeurs d'emploi.
Phase politique B.2 : Engagement des parties prenantes par le biais de réseaux et de partenariats sectoriels
Le Comité stratégique de la filière éco-industries (CSF EI) a été créé en juillet 2008 par les ministres chargés de l?économie et de l?environnement,
qui le co-président. Il fait partie du Conseil national de l?industrie (CNI), une instance permanente d?expertise et de consultation pour le
gouvernement, représentative de tous les acteurs de l?industrie et permettant le dialogue entre les filières professionnelles, l?administration et les
organisations syndicales. Le CSF EI est structuré en 8 groupes de travail, dont un groupe de travail dédié aux questions d'emploi-formation (GTEF).
Celui-ci ayant pour mission le soutien à des projets plutôt que le portage d'initiatives, la mobilisation des acteurs des filières est un facteur essentiel
à ses travaux.
La section thématique «emploi et compétences» du CNI a mené des expérimentations de «vision prospective partagée emplois et
compétences» (VPPEC) dans deux filières à fort potentiel d'évolution de l'emploi: le numérique et la valorisation industrielle des déchets.
Les membres du GTEF du CSF EI ont travaillé sur la filière valorisation industrielle des déchets. Le GTEF a permis d?élaborer un projet de cahier
des charges de cette expérimentation et de mobiliser les acteurs des branches professionnelles concernées. Ces initiatives ont pris la forme de
réunions de travail entre divers acteurs des filières concernées et de la thématique emploi-formation et ont abouti à la publication de rapports
approfondis.
Le CSF EI du Conseil national de l'industrie a également été à l'origine de la création d'un outil de certification «référent énergie dans
l'industrie». L'objectif de cette initiative est de formaliser l?activité de référent énergie dans l?industrie pour répondre aux enjeux de
développement et d?évolution de l?activité d?efficacité énergétique dans l?industrie et favoriser l?employabilité des salariés en proposant une
offre certifiante. Après l'identification de l'offre de formation existante sur l'efficacité énergétique dans l'industrie, une enquête auprès des
entreprises adhérentes des branches professionnelles a été menée pour définir le profil des activités du référent énergétique et rédiger une
fiche métier. Le lancement du processus officiel de création d?un outil de certification, encore en cours, a été lancé en 2016 à travers l'analyse
des besoins de compétence communs, l'identification des compétences spécifiques à certains secteurs puis l'écriture des référentiels
proprement dits. Cette action a également permis de créer des liens avec les autres branches et secteurs professionnels et prévoit des
activités de déploiement d'une offre de formation sur le territoire national.
Promouvoir le capital humain écologique : Un cadre d'analyse et d'orientation politiques
32
Phase politique B.3 : Un cadre législatif et un plan financier pour agir
en faveur du verdissement des compétences
La loi du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte engage l'État, les régions et les partenaires sociaux à veiller
à la prise en compte des besoins d'évolution en matière d'emploi et de compétences sur les territoires et dans les secteurs professionnels au
regard de la transition écologique et énergétique et des orientations fixées par la programmation pluriannuelle de l'énergie.
Dans le cadre du dialogue de gestion avec ses services déconcentrés (les DREAL: Directions régionales de l'environnement, de l'aménagement
et du logement), le ministère en charge de l'environnement a lancé en 2016 et 2017 des appels à projets visant à soutenir les filières ou activités
relevant de l?économie verte confrontées à des problématiques de manque de qualifications et de compétences, et en particulier à soutenir
l'application des recommandations du Kit méthodologique d?accompagnement des transitions professionnelle (voir plus haut). Le ministère de
l'environnement apporte un soutien financier et méthodologique aux DREAL, et donc aux territoires, dont le projet a été sélectionné.
Domaine de politique C : Gouvernance intégrée
Phase politique C.1 : Groupes et partenariats locaux
Les Conseil régionaux disposent de compétences renforcées en matière de développement économique, d?emploi et de formation
professionnelle. Ils disposent à ce titre de plusieurs moyens d?action en matière de politique de l?emploi et de la formation. Le principal outil à leur
disposition en termes de programmation de politique publique est le contrat de plan régional de développement des formations et d?orientation
professionnelle. De leur côté, les centres d'animation et de ressources d'information sur la formation, et les observatoires régionaux sur l?emploi
et la formation (Carif-Oref) sont missionnés par les conseils régionaux afin d?analyser les données de l?économie verte et d?apporter une vision
territoriale des enjeux de la croissance verte.
Phase politique C.2 : Renforcement mutuel entre les politiques et les objectifs dans tous les secteurs et
à tous les niveaux de gouvernance
Des conventions de partenariat ont été signées par le ministère en charge de l'environnement avec différents partenaires afin d?accélérer la
mobilisation et l?implication des acteurs de toute nature : des secteurs professionnels, des organismes nationaux (Pôle emploi, les chambres de
commerce et d'industrie de France), des acteurs de la formation, des entreprises.
Un atelier spécifique de l'Observatoire national des métiers de l'économie verte a servi de lieu d?échanges entre le ministère en charge de
l'environnement, les services déconcentrés de l?État et les acteurs régionaux de la formation (CARIF OREF) sur les initiatives régionales
en termes d?emplois, formations, compétences de l?économie verte et verdissante. Dans ce cadre, le ministère a élaboré un outil qui recense,
rassemble et met en valeur les actions menées par les services de l?État, les régions et les acteurs territoriaux concernant les métiers de l?économie
verte et les métiers verts et verdissants. Son objectif était de réaliser un inventaire de toutes les actions menées sur les territoires grâce à un
outil actualisé et ergonomique. Cet atelier, aujourd'hui clos, a permis de lancer une dynamique ayant abouti à la création de réseaux d?échanges
régionaux permettant de communiquer de manière plus systématique sur leurs actions en matière d'économie verte et d'emploi. Ces réseaux sont
soit gérés de manière décentralisée, soit animés par le ministère.
Dans le cadre du Plan national de mobilisation pour les emplois et les métiers dans l?économie verte, le ministère en charge de l'environnement
a proposé aux Conseils régionaux de nouer des conventions d'expérimentation régionale permettant la mise en place d'actions communes
pour amplifier le développement des activités et des emplois de l'économie verte, articuler démarche nationale et démarche locale et faire de
l'économie verte une opportunité d'accès à l'emploi pour les publics les plus en difficulté.
Plusieurs régions se sont portées volontaires sur des thématiques variées reflétant leurs propres priorités économiques: efficacité énergétique,
énergies renouvelables, agriculture, forêt, biodiversité, tourisme, déconstruction, transports? Cette expérimentation a conduit chaque région
volontaire à :
Ñ monter un observatoire régional des emplois et des formations de la croissance verte (en lien avec l'observatoire national) ;
Ñ faire un diagnostic régional des emplois de la croissance verte portant sur l'ensemble des territoires et bassins d'emplois prioritaires ;
Ñ favoriser des projets territoriaux à caractère innovant.
Promouvoir le capital humain écologique : Un cadre d'analyse et d'orientation politiques
33
Annexe 2
Forum de Unesco-Unevoc sur l?enseignement et la formation techniques et professionnels :
Résumé des discussions sur les politiques de verdissement du capital humain
Rôles des gouvernements :
Ñ Soutenir et faciliter le développement d'une économie verte, en particulier:
l Informer et éduquer tous les acteurs économiques sur les questions écologiques.
l Créer un cadre juridique pour la protection de l'environnement et en assurer l'application.
l Anticiper et accompagner les transformations techniques, économiques et sociales liées au développement d'une économie verte.
Ñ Soutenir et faciliter la recherche sur les compétences et les emplois verts, en particulier:
l Créer des conditions incitatives pour les organisations professionnelles afin qu'elles menent des études sur les compétences vertes,
en collaboration avec la société civile, les représentants privés et publics (éducation / formation, syndicats, investisseurs, ministères,
agences sectorielles).
Ñ Soutenir et faciliter l'adaptation de la formation professionnelle et la collaboration entre les parties prenantes, par exemple:
l Lancer un appel général pour la mise à niveau des programmes.
l Créer une référence au niveau national afin de guider et d'évaluer les progrès de chaque organisme de formation dans son processus
d'écologisation.
Ñ Mettre l'accent sur des systèmes d'incitation décentralisés plutôt que sur la coercition afin d'assurer la conception, la mise en oeuvre et
l'évaluation efficaces des politiques, ainsi que l'adhésion aux politiques d'écologisation des compétences.
Rôles de l'enseignement et de la formation professionnels :
Ñ Veiller à ce que les droits et la protection des individus soient reconnus et appliqués, puisque la protection des personnes est une
condition préalable à leur capacité à prendre en compte l'intérêt général. et éduquer tous les acteurs économiques sur les questions
écologiques.
Ñ Mettre en place une vision et un leadership pour le développement durable et intégrer la responsabilité environnementale dans le
fonctionnement quotidien des organismes de formation, afin d'offrir aux stagiaires et aux enseignants un environnement propice
aux comportements écologiques..
Ñ Identifier et développer les connaissances et les compétences requises pour les professionnels travaillant dans une économie verte,
en particulier:
l Les compétences techniques liées à des interventions pratiques dans l'environnement physique, telles que le recyclage des déchets,
l'installation de pistes cyclables, l'agriculture urbaine, etc.
l Les compétences transversales comme les aptitudes interpersonnelles ou l'entrepreneuriat.
Ñ Former les formateurs pour un effet multiplicateur et leur offrir des ressources didactiques.
Ñ Favoriser le passage d'une approche centrée sur la compétitivité et l'individualisme à une approche plus collaborative, y compris par
l'apprentissage entre pairs, qui font des formateurs des facilitateurs plutôt que de simples transmetteurs de savoirs.
Ñ Diffuser des informations sur l'écologie, l'économie circulaire et les possibilités de nouveaux modèles économiques.
Promouvoir le capital humain écologique : Un cadre d'analyse et d'orientation politiques
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Enjeux dans les pays en développement :
Ñ Le développement et la réorientation des compétences sont essentielles pour maintenir un emploi décent et préserver les ressources
naturelles à la lumière de la croissance démographique prévu.
Ñ Pourtant, la dépendance économique vis-à-vis de l'exploitation des ressources naturelles, qui repose sur des ressources humaines peu
qualifiées, peut entraver la volonté d'investir dans le développement des compétences.
Ñ Les systèmes d'intelligence économique peuvent être rares et dysfonctionnels en raison d'organisations professionnelles ou sectorielles mal
structurées.
Ñ Le moyen le plus efficace de s'engager dans une stratégie d'écologisation dans de nombreux pays en développement est d'engager d'abord
un travail au niveau sectoriel afin de faciliter la participation des parties prenantes et de permettre un consensus et des plans d'action
concrets.
Réussites :
Ñ Maroc : le développement de l'énergie solaire suscite une vision politique forte et des investissements dans la formation de la main-d'oeuvre,
qui devraient être promus en particulier pour inspirer d'autres pays en développement et émergents.
Ñ Nigeria : un ministère de l'environnement fort et un bureau transversal dédié aux objectifs de développement durable soutiennent l'action en
faveur de l'éducation et de la formation écologiques, avec la création d'un diplôme national dans le domaine des énergies renouvelables.
Ñ Ouganda : la Stratégie de croissance verte fournit un bon cadre d'orientation. Dans ce cadre, une étude a été menée dans le nord de
l'Ouganda pour identifier la disponibilité et les besoins en ressources humaines. Cependant, il est nécessaire d'impliquer davantage de
parties prenantes, en particulier les organismes de formation.
Ñ Kenya : les parties prenantes sont sensibilisées à l'économie verte, notamment à travers des colloques régionaux et des ateliers soutenus
par différents ministères. Le passage d'un cursus académique à un curriculum axé sur les compétences permet de mettre l'accent sur les
compétences vertes.
Ñ Brésil et Amérique latine : le « Service national de formation industrielle » (SENAI) implique un large éventail de parties prenantes. Le
SENAI a déjà formé des millions de travailleurs dans divers domaines industriels et a développé un modèle pour anticiper les besoins en
compétences professionnelles en collaboration avec des universités, des entreprises et des centres scientifiques et technologiques.
Ñ Province de Barcelone : un plan ambitieux permet d'offrir un soutien politique, économique, technique, juridique et de communication
aux autorités locales désireuses d'agir sur le changement climatique et la transition énergétique.
Promouvoir le capital humain écologique : Un cadre d'analyse et d'orientation politiques
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Promouvoir le capital humain écologique : Un cadre d'analyse et d'orientation politiques
36
(ATTENTION: OPTION essions vertes, et apparition ou évolution des besoins en compétences
pour les professions existantes (déficit des compétences) dans le contexte de verdissement de l'économie
Stratégie de développement des compétences en réponse au verdissement
Ñ stratégie de développement des compétences dans le cadre d'une réponse politique nationale cohérente face
au changement climatique et à la dégradation de l?environnement ? cohérence, complémentarité, pertinence et
coordination des politiques
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Source: OIT (2015a).
Promouvoir le capital humain écologique : Un cadre d'analyse et d'orientation politiques
23
III.4. Écologiser l'économie mondiale: Le
défi des compétences (OIT, 2011b)
Cette note d'orientation pour les politiques attire l'attention
des responsables et des partenaires sociaux des pays en
développement et des pays développés sur le rôle du
développement des compétences pour faciliter la transition
vers une économie plus verte et saisir les opportunités que
cette transition apporte en matière d'emploi. Elle découle de
l'Initiative pour l'emploi vert mentionnée précédemment. Elle
se fonde sur des recherches appliquées aux politiques et de
nombreuses études de cas décrivant les expériences et les
meilleures pratiques des pays, conduites en collaboration avec
le Centre européen pour le développement de la formation
professionnelle (Cedefop) et la Commission européenne. Les
principales considérations pouvant guider l'élaboration de
politiques en faveur de compétences menant à des emplois
verts et décents sont proposées dans la note d'orientation et
présentées dans l'Encadré9.
Encadré 9: Liste de contrôle pour les politiques visant à relever
le défi du verdissement des compétences
1 Votre pays coordonne-t-il les politiques
environnementales et les politiques visant au
développement des compétences nécessaires pour
les emplois verts? Dans l?affirmative, comment ces
questions de compétences sont-elles incorporées dans
les stratégies environnementales nationales?
2 Comment les besoins en formation et en reconversion
professionnelle sont-ils anticipés et satisfaits dans les
industries où s?opèrent d?importantes transformations
écologiques?
3 Comment les services publics de l?emploi communiquent-ils
les informations sur les cours de reconversion professionnelle
pour les emplois verts et sur les possibilités d?inscription?
4 La sensibilisation à l?environnement est-elle un volet
habituel de l?enseignement général et technique et de la
formation professionnelle?
5 Les programmes de formation aux emplois verts sont-
ils proposés aux jeunes défavorisés, aux personnes
handicapées, aux communautés rurales et autres groupes
vulnérables, et sont-ils abordable pour cette population?
Quels sont les instruments utilisés pour inclure les
groupes défavorisés dans le processus de verdissement de
l?économie?
6 Votre pays a-t-il une politique ou des mesures d?incitation
pour appuyer l?inscription des femmes aux programmes
d?enseignement technique et de formation dans les
domaines de la science, de l?ingénierie et autres?
7 Les programmes de formation initiale et de formation
continue s?adressant aux enseignants et aux formateurs
comportent-ils des volets relatifs à la sensibilisation aux
questions environnementales, aux nouveaux services
verts et aux méthodes de production écologiques?
8 Votre pays dispose-t-il d?un système permettant de déceler
les nouvelles demandes de compétences? Est-il utilisé
pour déceler les compétences qui émergent du fait du
verdissement? Comment votre pays améliore-t-il le système
pour tenir compte des faits nouveaux dans l?économie verte?
9 Le système visant à anticiper les besoins en compétences
inclut-il un mécanisme de coordination permettant
de déterminer les compétences et d?échanger des
informations entre les secteurs verts et les ministères
compétents? Est-il utilisé pour déterminer les
compétences nécessaires pour les emplois verts?
Source: OIT (2011b).
III.5. Meeting Skill Needs for Green Jobs:
Policy Recommendations (Répondre aux
besoins en compétences pour l'emploi vert:
recommandations politiques) (OIT et al., 2013)
Cet ensemble de recommandations politiques a été préparé et
publié en 2013 à la demande du Groupe de travail du G20 sur le
développement, dans le cadre du Pilier de développement des
ressources humaines par le Groupe de travail interagences sur le
verdissement de l'enseignement et de la formation techniques
et professionnels et le développement des compétences, qui
se compose de l'OIT, de l'OCDE, de l?UNESCO-UNEVOC, du
Cedefop, de la Fondation européenne pour la formation et de
l?Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche
(UNITAR). Ces recommandations ont été élaborées par l'OIT,
en coopération avec l'OCDE, l'Unesco et le Cedefop, qui ont
apporté leurs contributions. Elles sont présentées ici pour
éclairer et conseiller les gouvernements du G20 sur les différents
moyens d'anticiper les besoins en compétences des marchés du
travail et d?y répondre, tout en poursuivant le développement
durable et la croissance verte. Ces recommandations sont
résumées dans l'Encadré10.
Encadré 10: Recommandations politiques pour répondre aux
défis liés aux besoins en compétences des emplois verts
1 Améliorer la coordination des politiques et encourager le
dialogue social.
2 Concentrer les efforts sur le développement de
compétences transférables tout au long de la vie afin
d'encourager la mobilité professionnelle.
3 Encourager les personnes et les entreprises à investir
dans le développement de compétences favorables à
une croissance verte.
4 Réviser les programmes d'enseignement en vue
d'augmenter l'adaptabilité des personnes.
5 Rendre les possibilités de reconversion accessibles à tous
et donner la priorité à la formation des groupes fragiles
et défavorisés.
6 Renforcer l'orientation professionnelle vers l?emploi vert.
7 Permettre aux formateurs et aux enseignants de mettre à
jour les compétences requises pour l'emploi vert.
8 Améliorer les systèmes d'identification et d'anticipation
des besoins en compétences.
9 Soutenir les prestataires de formation en tant qu'acteurs
actifs du développement durable local.
10 Utiliser des indicateurs comme outils de renforcement
des capacités et d'apprentissage par les politiques dans
le processus de verdissement de l?EFTP.
11 Optimiser le potentiel de création d'emplois de la
transition vers une croissance verte.
12 Mettre à profit les formations pour améliorer la qualité
des emplois.
13 Inclure le verdissement de l?EFTP dans les programmes
d'enseignement et de développement durable de
l'après-2014.
14 Favoriser l'apprentissage mutuel pour le verdissement
de l?EFTP et le développement des compétences.
Source: OIT et al. (2013).
Promouvoir le capital humain écologique : Un cadre d'analyse et d'orientation politiques
24
III.6. Unleashing the Potential: Transforming Technical and Vocational
Education and Training (Libérer le potentiel : transformer l?enseignement et la
formation techniques et professionnels) (Marope et al., 2015)
Avec sa série de publications «Education on the Move», l'Unesco vise à faire connaître aux spécialistes de l'éducation des
analyses approfondies et des idées originales susceptibles de renforcer la pertinence et l'efficacité des politiques et des
programmes. Dans le cadre de cette série, l'Unesco a publié en 2015 «Unleashing the Potential: Transforming Technical and
Vocational Education and Training» (Libérer le potentiel : transformer l?enseignement et la formation techniques et professionnels)
(Marope et al., 2015). Cet ouvrage propose une approche analytique détaillée s?adressant aux décideurs, aux éducateurs et
aux autres parties prenantes de la communauté de l'EFTP qui souhaitent utiliser le développement des compétences comme
vecteur du progrès humain. Le Tableau4 est adapté d'une liste indicative de parties prenantes qui pourraient éventuellement
contribuer aux politiques d'adaptation de l'EFTP à la transition écologique, comme le suggèrent les auteurs de cet ouvrage.
Tableau4: Parties prenantes du processus de verdissement des compétences, par spécialisation
Spécialistes de l'économie Spécialistes sociaux Spécialistes de l'environnement
Représentants publics Fonctionnaires des
ministères de l'économie,
de la planification, du
commerce, de l'industrie?
Fonctionnaires des ministères
du travail, des politiques
sociales, de l'éducation, de la
santé, des questions de genre?
Fonctionnaires des ministères
de l'environnement, des
ressources naturelles
Exportations Économistes, spécialistes
du marché du travail,
sociologues industriels,
spécialistes de l'éducation
Sociologues, experts en
développement, avocats
spécialisés dans les droits
de l?homme, spécialistes
des questions de genre,
spécialistes de la santé,
spécialistes de l'éducation
Géographes, scientifiques de
l'environnement
Partenaires de marché et
partenaires sociaux
Associations d'employeurs,
associations professionnelles,
syndicats, associations
de consommateurs,
entrepreneurs
Représentants des groupes
marginalisés et défavorisés,
associations du secteur
informel, ONG oeuvrant pour le
développement, organisations
communautaires
Agences environnementales,
ONG oeuvrant pour la
conservation, représentants
d'entreprises écologiques
Représentants de l?EFTP Fournisseurs publics et privés d?EFTP
Source: Marope et al. (2015)
III.7. Facilitating Green Skills and Jobs in Developing Countries (Faciliter les compétences
et les emplois verts dans les pays en développement) (Rademaekers et al., 2017)
Les compétences et les emplois étant des concepts relativement nouveaux, cette étude publiée par l'Agence française de
développement vise à fournir une base de connaissances sur leur rôle dans la transition vers une économie durable, dans
le contexte des pays en développement. Cette étude a sélectionné et analysé 10 organisations techniques et financières
déployant leurs activités dans le domaine de l'économie verte et des compétences et emplois verts à un niveau stratégique
et opérationnel, et mené 5études de cas sur des initiatives visant à promouvoir les compétences et les emplois verts
dans différentes régions et différents secteurs. Partant de cette analyse, cette étude émet des recommandations pour
mieux intégrer les compétences et les emplois verts aux politiques et programmes, à l?échelle internationale, nationale et
opérationnelle. Le Tableau 5 résume les principales recommandations formulées par cette étude.
Tableau 5: Recommandations visant à soutenir les compétences et les emplois verts à différents niveaux
Recommandations
Adopter une définition pratique pour les emplois verts, en spécifiant les secteurs ciblés
International National Opérationnel
Ñ Cadrer les compétences et les
emplois verts au sein des missions
et des priorités de l'établissement
Ñ Dresser la liste des instruments
proposés (c-à-d prêts, AT, dons) et
définir l'aide qu'ils peuvent apporter
Ñ Conseils sur l'évaluation de la taille
et de la portée des emplois verts
Ñ Suggérer des facteurs favorables à
l?initiative et encourager le partage
des connaissances
Ñ RÉFLÉCHIR
Ñ PLANIFIER: Incorporer les
compétences/emplois verts à la
vision nationale
Ñ AGIR: Harmoniser les politiques et
les initiatives en matière d'emploi et
d'éducation avec la nouvelle vision
Ñ VÉRIFIER: Données de référence
et suivi pour les emplois verts et
évaluation de l'impact des initiatives
Ñ Identifier les projets
Ñ Formuler les projets
Ñ Obtenir des engagements fermes
Ñ Planification et mise en oeuvre
Ñ Suivi et rapports
Promouvoir le capital humain écologique : Un cadre d'analyse et d'orientation politiques
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III.8. Le kit méthodologique d?accompagnement des transitions
professionnelles dans les filières industrielles impactées par la
transition écologique et énergétique (France, 2016)
Les ministères français de l'Environnement et du Travail ont élaboré conjointement un kit
méthodologique pour accompagner les transitions professionnelles. Cet outil est destiné à tous les
acteurs d?un territoire dont l?objectif est d?accompagner et sécuriser les transitions professionnelles
des salariés ou des demandeurs d?emploi des filières industrielles en déclin vers des emplois dans les
domaines de l?écologie ou des énergies propres. Ce kit s'appuie sur les principes directeurs, les pratiques
et les outils testés en France sur plusieurs territoires pilotes. Il fournit aux acteurs chargés des politiques
territoriales de développement économique (institutions, branches professionnelles, partenaires sociaux,
entreprises, etc.) des principes directeurs et des outils pour:
Ñ Identifier les proximités de compétences entre les emplois dans les secteurs industriels faisant face à
des défis de mutation et les emplois dans les activités vertes existantes ou émergentes ;
Ñ Identifier et créer des possibilités de reconversion, sur la base de viviers de compétences transférables ;
Ñ Soutenir l'emploi et sécuriser les parcours professionnels des salariés et des demandeurs d'emploi.
Ce kit est organisé en quatre sections indépendantes, présentées à la Figure 2, correspondant aux
différentes composantes de tout plan visant à accompagner les transitions professionnelles.
Figure 2: Composantes d'un plan d'accompagnement des transitions professionnelles
4.
Les parcours
de transition
2.
Les besoins et les
évolutions attendus
3.
Les passerelles
possibles
1.
La gouvernance
et le pilotage
Ñ Comment organiser efficacement les parcours de transition ?
Ñ Comment installer durablement de nouvelles modalités de mise
en relation entre offre et demande d?emploi ?
Ñ Comment identifier les
besoins des industries
fragilisées ?
Ñ Quels sont les besoins en
compétences des filières
vertes émergentes ?
Ñ Quels sont les outils existants
pour identifier les passerelles
professionnelles ?
Ñ Comment renforcer les
passerelles entre les métiers des
industries fragilisées et les métiers
émergents des filières vertes ?
Ñ Qu?entend-on par « territoire » ?
Ñ Quels sont les facteurs déclencheurs d?un
projet territorial ?
Ñ Quels sont les acteurs à mobiliser ?
Ñ Comment assurer la gouvernance et le
pilotage de cette démarche ?
Promouvoir le capital humain écologique : Un cadre d'analyse et d'orientation politiques
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Conclusion: une invitation à l'action
L'adoption progressive d'un modèle de développement plus durable implique une transformation totale du
capital matériel et du capital immatériel, c'est-à-dire des technologies et des infrastructures mais aussi des
cultures et des valeurs, des comportements et des pratiques. Tandis que l'un des principaux obstacles aux
changements technologiques et infrastructurels provient du montant élevé des investissements financiers
nécessaires, la modification des comportements individuels et collectifs pose un immense défi tant sur le
plan de la sensibilité politique que sur le plan de l'engagement et de la coordination des parties prenantes.
Ce défi est omniprésent lorsqu'est étudiée la question de l'adaptation des pratiques et des acteurs
économiques en général, et des comportements et des compétences des travailleurs en particulier. Pour
ces raisons, mais aussi au vu de l?importance de cet enjeu dans le processus de transition vers une économie
verte et inclusive, la question de l'adaptation des compétences professionnelles mérite toute l'attention des
responsables politiques. Déjà, on peut constater que le manque d'attention portée au capital humain, qui
se traduit également par un manque d'investissement, entrave le développement de l'économie verte et de
ses opportunités économiques et sociales, notamment les possibilités d'emploi décent.
La plupart des pays ont entrepris de définir un cadre politique pour le verdissement des emplois et
des compétences, même s'ils se trouvent à différents stades de développement et dans des contextes
économiques, sociaux et institutionnels très différents. Le présent document a pour objectif d?énoncer
un ensemble de considérations générales pouvant contribuer à guider la conception et la mise en oeuvre
de ce type de politiques. Le présent document a pour objectif d?énoncer un ensemble de considérations
générales pouvant contribuer à guider la conception et la mise en oeuvre de ce type de politiques. Ce
document appelle également l'ensemble des responsables politiques et des acteurs économiques à
unir leurs forces autour de la question du verdissement du capital humain en tant qu'élément crucial
et intrinsèque de leurs efforts pour établir un nouveau modèle de développement. Le cadre politique
proposé ici est destiné à servir d?outil d'orientation pour analyser les politiques élaborées à cette fin, mais
aussi pour agir afin de définir un plan cohérent et ambitieux de verdissement des compétences.
Dans cette optique constructive, la Plateforme pour la promotion du capital humain écologique invite
l'ensemble des représentants politiques et des autres parties prenantes concernées par ces efforts à
faire part de leur état d'avancement. Un fil consultatif a été ouvert à ce sujet sur le forum dédié à la
formation professionnelle de l'UNESCO-UNEVOC en décembre 2017. L'Annexe 2 propose un résumé de
ces discussions. Pour compléter ces réflexions et contribuer vous aussi à nourrir les actions de la PAGHC,
merci d'envoyer vos commentaires par courrier électronique à l'adresse suivante: isabelle.richaud@
developpement-durable.gouv.fr.
Grâce à vos commentaires et contributions, la PAGHC sera en mesure d'améliorer ce dispositif et de créer
de nouveaux outils ainsi que de nouvelles initiatives au service de la dynamique mondiale en faveur
d'une société véritablement inclusive et durable.
mailto:isabelle.richaud%40developpement-durable.gouv.fr?subject=
mailto:isabelle.richaud%40developpement-durable.gouv.fr?subject=
Promouvoir le capital humain écologique : Un cadre d'analyse et d'orientation politiques
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Références
Les principales références recommandées en tant que lectures
complémentaires sont identifiées par un astérisque*.
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et métiers verts: Revue de la documentation de l'OIT [Green
work and professions: review of ILO documentation]. Paris,
AFD.
Caldecott, B., Sartor, O. and Spencer, T. 2017. Lessons
from previous ?coal transitions?: high-level summary for
decision-makers. IDDRI, Climate Strategies. www.iddri.org/
Publications/Lessons-from-previous-coal-transitions-High-
level-summary-for-decision-makers (Consulté le 26 octobre
2017.)
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Thessalonique, Grèce, Cedefop.
France. 2016a. L?observatoire national des emplois et
métiers de l?économie verte. Paris, Ministère de la transition
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gouv.fr/lobservatoire-national-des-emplois-et-metiers-
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???. 2016b. 2016. Accompagnement des transitions
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Anticipating skill needs for the low carbon economy? Difficult,
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???. 2011b. Greening the global economy ? the skills
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2017. Renewable Energy and Jobs: Annual Review 2017. Abu
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Majumdar, S. 2010. Greening TVET: Connecting the Dots in
TVET for Sustainable Development. Document présenté
lors de la 16e conférence internationale IVETA-CPSC sur le
thème de l?éducation en faveur du développement durable
dans l?EFPT, Manille, Philippines. http://www.voced.edu.au/
content/ngv%3A57647 (Consulté le 26 octobre 2017.)
*Marope, P. T. M., Chakroun, B. and Holmes, K. P. 2015.
Unleashing the Potential: Transforming Technical and
Vocational Education and Training. Série «Education on the
move». Paris, UNESCO.
OCDE (Organisation de coopération et de développement
économiques), Agence internationale de l'énergie (AIE),
Forum international des transports (FIT) et Agence pour
l'énergie nucléaire (AEN). 2015. Aligning Policies for a
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9789264233294-en.htm (Consulté le 26 octobre 2017.)
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Promouvoir le capital humain écologique : Un cadre d'analyse et d'orientation politiques
28
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priorities and steering action. Guidance note. Institut
des Nations Unies pour la formation et la recherche
(UNITAR) au nom de PAGE. www.un-page.org/files/
public/guidance_note_learning_for_an_inclusive_green_
economy_8_12_2016_lr_.pdf (Consulté le 26 octobre 2017.)
*Rademaekers, K., Svatikova, K. and Yearwood, J. 2017.
Facilitating Green Skills and Jobs in Developing Countries.
Paris, AFD.
Strietska-Ilina, O., Hofmann, C., Haro, M. D. and Jeon, S. 2011.
Skills for Green Jobs: A Global View. Genève, OIT.
UNESCO. 2017. Education for Sustainable Development
Goals ? Learning Objectives. Paris, UNESCO.
UNESCO-UNEVOC,. 2017. Greening Technical and Vocational
Education and Training: A Practical Guide for Institutions.
Bonn, Allemagne, UNESCO-UNEVOC/
Banque mondiale. 2012. Human capital: implications of
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In: Inclusive Green Growth: The Pathway to Sustainable
Development. Washington DC, Banque mondiale.
siteresources.worldbank.org/EXTSDNET/.../Inclusive-Green-
Growth-Chapter4.pdf (Consulté le 26 octobre 2017.)
Promouvoir le capital humain écologique : Un cadre d'analyse et d'orientation politiques
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Annexe 1
Exemples d'actions portées par le ministère français en charge de l'environnement
pour le développement d'emplois décents et de compétences dans l'économie verte
Promouvoir le capital humain écologique : Un cadre d'analyse et d'orientation politiques
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Domaine de politique A : Analyse du marché et orientation des politiques
Phase politique A.1 : Volonté politique et vision stratégique
Lancé en 2009 et piloté par le ministère en charge de l'environnement, le Plan national de mobilisation pour les emplois et les métiers dans
l?économie verte a vocation à mobiliser les acteurs, structurer la réflexion sur les filières, analyser les évolutions des métiers, des compétences,
accompagner les secteurs économiques et les inciter à adapter leur stratégie de formation des salariés. Le plan de mobilisation a d?abord focalisé
ses travaux sur onze filières parmi les plus concernées par la transition écologique et énergétique, avec la création des comités de domaine. Il les a
ensuite étendus progressivement à l?ensemble des secteurs d?activité et a notamment piloté des études sur les secteurs financier, du commerce et
de la distribution.
Quatre conférences environnementales se sont tenues depuis 2012. La thématique de l?emploi, des compétences et de la formation a été
traitée de manière approfondie dans les conférences de 2013 et de 2016, avec l'organisation de tables rondes dédiées voulues par les parties
prenantes ? État, partenaires sociaux, organisations non gouvernementales écologiques, collectivités. Par ailleurs, la conférence sociale d?octobre
2015 a intégré la thématique de la transition énergétique dans une table ronde dédiée. Ces conférences ont débouché sur différentes actions, par
exemple:
Ñ L?élaboration d?un Kit d?accompagnement des transitions professionnelles des filières industrielles impactées par la transition écologique et
énergétique (voir plus bas).
Ñ La poursuite de la prise en compte de l'éducation à l?environnement et au développement durable dans les formations technologiques et
professionnelles de l'enseignement scolaire et supérieur.
Ñ L'intégration de la transition écologique comme un volet obligatoire des contrats de plan régionaux de développement des formations
professionnelles.
Ñ Le développement de formations des demandeurs d'emploi aux métiers porteurs de la transition écologique.
Phase politique A.2 : Informations sur le développement économique, les marchés de l?emploi et les
compétences
L'Observatoire national des emplois et métiers de l?économie verte (Onemev) été mis en place dans le cadre du Plan de mobilisation
pour les emplois et les métiers dans l'économie verte afin d?identifier et de mieux cerner les emplois de l?économie verte dans un contexte de
réorientation de notre modèle économique national. L?observatoire produit des méthodes, des chiffrages de référence ainsi que des analyses
utiles à la diffusion de la connaissance sur les emplois et les métiers, les recrutements, les mobilités, les tensions sur le marché du travail dans
l'économie verte. S?inscrivant dans une démarche partenariale, il est un lieu de concertation, de partage d?information et de coordination. Il
s'est d'abord traduit par l'organisation de cinq ateliers de travail puis la mise en place de deux pôles, l'un portant sur les aspects quantitatifs de
l'emploi (voir plus bas) et l'autre sur les aspects qualitatifs d'évolution des métiers et des compétences. Chacun de ces pôles se réunissent en
différents groupes de travail portant sur des études et des publications thématiques ou sectorielles.
Les périmètres et chiffrages produits par l'Onemev sont aujourd?hui largement utilisés, notamment par les acteurs régionaux pour réaliser
leurs propres études sur l?économie verte. Le travail réalisé sur l'évaluation des métiers et des compétences a, lui, permis d'affiner l'adaptation
des formations initiales et continues aux besoins des acteurs économiques. Ces travaux constituent donc une référence sur les questions
du marché de l?emploi de l?économie verte et ont initié une prise de conscience des acteurs qui s?est traduite par une appropriation des
thématiques en lien avec la transition écologique. En témoigne la création d?autres structures/réseaux autour des questions de l?économie
verte.
Phase politique A.3 : Identification et standardisation des emplois et des compétences liés
au développement durable
Le pôle de l'Onemev portant sur les aspects quantitatif des emplois liés au développement durable a pour mission principale de déterminer
le périmètre de référence des emplois de l?économie verte et d?assurer le suivi statistique de ces emplois. Il est piloté par le service «statistiques»
du ministère en charge de l'environnement et réunit notamment le ministère en charge du travail, Pôle emploi et des réseaux d'organismes de
formation. Les travaux de ce groupe de travail ont abouti à la définition d'un périmètre de référence des activités de l?économie verte (éco-activités
et activités périphériques) et la mise à jour annuelle des données d?emploi. Les approches quantitatives réalisées par l?observatoire, soumises aux
nomenclatures et sources statistiques, se doivent d?être complétées d?analyses de terrain. C'est pourquoi l'Onemev consulte régulièrement les
représentants des branches professionnelles pour rapprocher la liste des métiers verts et verdissants de la réalité des professionnels de terrain.
Concernant les métiers et les compétences, le pôle «analyse, capitalisation, partage» de l'Onemev qualifie et liste, en partenariat avec les
professionnels, les métiers «verts» (dont la finalité est la préservation ou la restauration de l'environnement) et les métiers dits «verdissants»
(dont le geste métier évolue fortement sous l'impact de la transition écologique).
Promouvoir le capital humain écologique : Un cadre d'analyse et d'orientation politiques
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Domaine de politique B : Sensibilisation des parties prenantes et appropriation
Phase politique B.1 : Diffusion des informations et mobilisation des parties prenantes
Les «Rendez-vous des métiers de l'économie verte» sont des événements organisés par le ministère en charge de l'environnement, proposant
depuis 2009 aux acteurs économiques et institutionnels d?échanger sur des sujets d?actualité à forts enjeux concernant l?impact de la transition
écologique sur les métiers et les formations. Ils s?adressent aux professionnels et experts de l?emploi comme les services de ressources humaines
d?entreprises, des bureaux d?études, des administrations et organismes consulaires.
Le Kit méthodologique d?accompagnement des transitions professionnelles des filières industrielles impactées par la transition écologique et
énergétique est un outil élaboré par le ministère en charge de l'environnement à destination de tous les acteurs d?un territoire (souvent au niveau
d?un bassin d?emploi) et dont l?objectif est d?accompagner et sécuriser les transitions professionnelles des salariés ou des demandeurs d?emploi
des filières industrielles fragilisées vers des emplois de la transition écologique et énergétique. Ce kit s'appuie sur les pratiques et les outils testés
en France sur trois territoires pilotes dans des bassins d?emploi particulièrement concernés par la transition écologique et énergétique. La mise en
oeuvre de ses préconisations on fait l'objet d'un appel à projet destinée aux régions (voir plus bas).
Le Kit été conçu de façon modulaire afin de s?adapter au mieux aux caractéristiques propres à chaque territoire et à chaque projet. Il fournit
aux acteurs chargés des politiques territoriales de développement économique (institutions, branches professionnelles, partenaires sociaux,
entreprises, etc.) des principes directeurs et des outils pour:
Ñ Identifier les proximités de compétences entre les emplois dans les secteurs industriels faisant face à des défis de mutation et les emplois dans
les activités vertes existantes ou émergentes ;
Ñ Identifier et créer des possibilités de reconversion, sur la base de viviers de compétences transférables ;
Ñ Soutenir l'emploi et sécuriser les parcours professionnels des salariés et des demandeurs d'emploi.
Phase politique B.2 : Engagement des parties prenantes par le biais de réseaux et de partenariats sectoriels
Le Comité stratégique de la filière éco-industries (CSF EI) a été créé en juillet 2008 par les ministres chargés de l?économie et de l?environnement,
qui le co-président. Il fait partie du Conseil national de l?industrie (CNI), une instance permanente d?expertise et de consultation pour le
gouvernement, représentative de tous les acteurs de l?industrie et permettant le dialogue entre les filières professionnelles, l?administration et les
organisations syndicales. Le CSF EI est structuré en 8 groupes de travail, dont un groupe de travail dédié aux questions d'emploi-formation (GTEF).
Celui-ci ayant pour mission le soutien à des projets plutôt que le portage d'initiatives, la mobilisation des acteurs des filières est un facteur essentiel
à ses travaux.
La section thématique «emploi et compétences» du CNI a mené des expérimentations de «vision prospective partagée emplois et
compétences» (VPPEC) dans deux filières à fort potentiel d'évolution de l'emploi: le numérique et la valorisation industrielle des déchets.
Les membres du GTEF du CSF EI ont travaillé sur la filière valorisation industrielle des déchets. Le GTEF a permis d?élaborer un projet de cahier
des charges de cette expérimentation et de mobiliser les acteurs des branches professionnelles concernées. Ces initiatives ont pris la forme de
réunions de travail entre divers acteurs des filières concernées et de la thématique emploi-formation et ont abouti à la publication de rapports
approfondis.
Le CSF EI du Conseil national de l'industrie a également été à l'origine de la création d'un outil de certification «référent énergie dans
l'industrie». L'objectif de cette initiative est de formaliser l?activité de référent énergie dans l?industrie pour répondre aux enjeux de
développement et d?évolution de l?activité d?efficacité énergétique dans l?industrie et favoriser l?employabilité des salariés en proposant une
offre certifiante. Après l'identification de l'offre de formation existante sur l'efficacité énergétique dans l'industrie, une enquête auprès des
entreprises adhérentes des branches professionnelles a été menée pour définir le profil des activités du référent énergétique et rédiger une
fiche métier. Le lancement du processus officiel de création d?un outil de certification, encore en cours, a été lancé en 2016 à travers l'analyse
des besoins de compétence communs, l'identification des compétences spécifiques à certains secteurs puis l'écriture des référentiels
proprement dits. Cette action a également permis de créer des liens avec les autres branches et secteurs professionnels et prévoit des
activités de déploiement d'une offre de formation sur le territoire national.
Promouvoir le capital humain écologique : Un cadre d'analyse et d'orientation politiques
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Phase politique B.3 : Un cadre législatif et un plan financier pour agir
en faveur du verdissement des compétences
La loi du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte engage l'État, les régions et les partenaires sociaux à veiller
à la prise en compte des besoins d'évolution en matière d'emploi et de compétences sur les territoires et dans les secteurs professionnels au
regard de la transition écologique et énergétique et des orientations fixées par la programmation pluriannuelle de l'énergie.
Dans le cadre du dialogue de gestion avec ses services déconcentrés (les DREAL: Directions régionales de l'environnement, de l'aménagement
et du logement), le ministère en charge de l'environnement a lancé en 2016 et 2017 des appels à projets visant à soutenir les filières ou activités
relevant de l?économie verte confrontées à des problématiques de manque de qualifications et de compétences, et en particulier à soutenir
l'application des recommandations du Kit méthodologique d?accompagnement des transitions professionnelle (voir plus haut). Le ministère de
l'environnement apporte un soutien financier et méthodologique aux DREAL, et donc aux territoires, dont le projet a été sélectionné.
Domaine de politique C : Gouvernance intégrée
Phase politique C.1 : Groupes et partenariats locaux
Les Conseil régionaux disposent de compétences renforcées en matière de développement économique, d?emploi et de formation
professionnelle. Ils disposent à ce titre de plusieurs moyens d?action en matière de politique de l?emploi et de la formation. Le principal outil à leur
disposition en termes de programmation de politique publique est le contrat de plan régional de développement des formations et d?orientation
professionnelle. De leur côté, les centres d'animation et de ressources d'information sur la formation, et les observatoires régionaux sur l?emploi
et la formation (Carif-Oref) sont missionnés par les conseils régionaux afin d?analyser les données de l?économie verte et d?apporter une vision
territoriale des enjeux de la croissance verte.
Phase politique C.2 : Renforcement mutuel entre les politiques et les objectifs dans tous les secteurs et
à tous les niveaux de gouvernance
Des conventions de partenariat ont été signées par le ministère en charge de l'environnement avec différents partenaires afin d?accélérer la
mobilisation et l?implication des acteurs de toute nature : des secteurs professionnels, des organismes nationaux (Pôle emploi, les chambres de
commerce et d'industrie de France), des acteurs de la formation, des entreprises.
Un atelier spécifique de l'Observatoire national des métiers de l'économie verte a servi de lieu d?échanges entre le ministère en charge de
l'environnement, les services déconcentrés de l?État et les acteurs régionaux de la formation (CARIF OREF) sur les initiatives régionales
en termes d?emplois, formations, compétences de l?économie verte et verdissante. Dans ce cadre, le ministère a élaboré un outil qui recense,
rassemble et met en valeur les actions menées par les services de l?État, les régions et les acteurs territoriaux concernant les métiers de l?économie
verte et les métiers verts et verdissants. Son objectif était de réaliser un inventaire de toutes les actions menées sur les territoires grâce à un
outil actualisé et ergonomique. Cet atelier, aujourd'hui clos, a permis de lancer une dynamique ayant abouti à la création de réseaux d?échanges
régionaux permettant de communiquer de manière plus systématique sur leurs actions en matière d'économie verte et d'emploi. Ces réseaux sont
soit gérés de manière décentralisée, soit animés par le ministère.
Dans le cadre du Plan national de mobilisation pour les emplois et les métiers dans l?économie verte, le ministère en charge de l'environnement
a proposé aux Conseils régionaux de nouer des conventions d'expérimentation régionale permettant la mise en place d'actions communes
pour amplifier le développement des activités et des emplois de l'économie verte, articuler démarche nationale et démarche locale et faire de
l'économie verte une opportunité d'accès à l'emploi pour les publics les plus en difficulté.
Plusieurs régions se sont portées volontaires sur des thématiques variées reflétant leurs propres priorités économiques: efficacité énergétique,
énergies renouvelables, agriculture, forêt, biodiversité, tourisme, déconstruction, transports? Cette expérimentation a conduit chaque région
volontaire à :
Ñ monter un observatoire régional des emplois et des formations de la croissance verte (en lien avec l'observatoire national) ;
Ñ faire un diagnostic régional des emplois de la croissance verte portant sur l'ensemble des territoires et bassins d'emplois prioritaires ;
Ñ favoriser des projets territoriaux à caractère innovant.
Promouvoir le capital humain écologique : Un cadre d'analyse et d'orientation politiques
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Annexe 2
Forum de Unesco-Unevoc sur l?enseignement et la formation techniques et professionnels :
Résumé des discussions sur les politiques de verdissement du capital humain
Rôles des gouvernements :
Ñ Soutenir et faciliter le développement d'une économie verte, en particulier:
l Informer et éduquer tous les acteurs économiques sur les questions écologiques.
l Créer un cadre juridique pour la protection de l'environnement et en assurer l'application.
l Anticiper et accompagner les transformations techniques, économiques et sociales liées au développement d'une économie verte.
Ñ Soutenir et faciliter la recherche sur les compétences et les emplois verts, en particulier:
l Créer des conditions incitatives pour les organisations professionnelles afin qu'elles menent des études sur les compétences vertes,
en collaboration avec la société civile, les représentants privés et publics (éducation / formation, syndicats, investisseurs, ministères,
agences sectorielles).
Ñ Soutenir et faciliter l'adaptation de la formation professionnelle et la collaboration entre les parties prenantes, par exemple:
l Lancer un appel général pour la mise à niveau des programmes.
l Créer une référence au niveau national afin de guider et d'évaluer les progrès de chaque organisme de formation dans son processus
d'écologisation.
Ñ Mettre l'accent sur des systèmes d'incitation décentralisés plutôt que sur la coercition afin d'assurer la conception, la mise en oeuvre et
l'évaluation efficaces des politiques, ainsi que l'adhésion aux politiques d'écologisation des compétences.
Rôles de l'enseignement et de la formation professionnels :
Ñ Veiller à ce que les droits et la protection des individus soient reconnus et appliqués, puisque la protection des personnes est une
condition préalable à leur capacité à prendre en compte l'intérêt général. et éduquer tous les acteurs économiques sur les questions
écologiques.
Ñ Mettre en place une vision et un leadership pour le développement durable et intégrer la responsabilité environnementale dans le
fonctionnement quotidien des organismes de formation, afin d'offrir aux stagiaires et aux enseignants un environnement propice
aux comportements écologiques..
Ñ Identifier et développer les connaissances et les compétences requises pour les professionnels travaillant dans une économie verte,
en particulier:
l Les compétences techniques liées à des interventions pratiques dans l'environnement physique, telles que le recyclage des déchets,
l'installation de pistes cyclables, l'agriculture urbaine, etc.
l Les compétences transversales comme les aptitudes interpersonnelles ou l'entrepreneuriat.
Ñ Former les formateurs pour un effet multiplicateur et leur offrir des ressources didactiques.
Ñ Favoriser le passage d'une approche centrée sur la compétitivité et l'individualisme à une approche plus collaborative, y compris par
l'apprentissage entre pairs, qui font des formateurs des facilitateurs plutôt que de simples transmetteurs de savoirs.
Ñ Diffuser des informations sur l'écologie, l'économie circulaire et les possibilités de nouveaux modèles économiques.
Promouvoir le capital humain écologique : Un cadre d'analyse et d'orientation politiques
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Enjeux dans les pays en développement :
Ñ Le développement et la réorientation des compétences sont essentielles pour maintenir un emploi décent et préserver les ressources
naturelles à la lumière de la croissance démographique prévu.
Ñ Pourtant, la dépendance économique vis-à-vis de l'exploitation des ressources naturelles, qui repose sur des ressources humaines peu
qualifiées, peut entraver la volonté d'investir dans le développement des compétences.
Ñ Les systèmes d'intelligence économique peuvent être rares et dysfonctionnels en raison d'organisations professionnelles ou sectorielles mal
structurées.
Ñ Le moyen le plus efficace de s'engager dans une stratégie d'écologisation dans de nombreux pays en développement est d'engager d'abord
un travail au niveau sectoriel afin de faciliter la participation des parties prenantes et de permettre un consensus et des plans d'action
concrets.
Réussites :
Ñ Maroc : le développement de l'énergie solaire suscite une vision politique forte et des investissements dans la formation de la main-d'oeuvre,
qui devraient être promus en particulier pour inspirer d'autres pays en développement et émergents.
Ñ Nigeria : un ministère de l'environnement fort et un bureau transversal dédié aux objectifs de développement durable soutiennent l'action en
faveur de l'éducation et de la formation écologiques, avec la création d'un diplôme national dans le domaine des énergies renouvelables.
Ñ Ouganda : la Stratégie de croissance verte fournit un bon cadre d'orientation. Dans ce cadre, une étude a été menée dans le nord de
l'Ouganda pour identifier la disponibilité et les besoins en ressources humaines. Cependant, il est nécessaire d'impliquer davantage de
parties prenantes, en particulier les organismes de formation.
Ñ Kenya : les parties prenantes sont sensibilisées à l'économie verte, notamment à travers des colloques régionaux et des ateliers soutenus
par différents ministères. Le passage d'un cursus académique à un curriculum axé sur les compétences permet de mettre l'accent sur les
compétences vertes.
Ñ Brésil et Amérique latine : le « Service national de formation industrielle » (SENAI) implique un large éventail de parties prenantes. Le
SENAI a déjà formé des millions de travailleurs dans divers domaines industriels et a développé un modèle pour anticiper les besoins en
compétences professionnelles en collaboration avec des universités, des entreprises et des centres scientifiques et technologiques.
Ñ Province de Barcelone : un plan ambitieux permet d'offrir un soutien politique, économique, technique, juridique et de communication
aux autorités locales désireuses d'agir sur le changement climatique et la transition énergétique.
Promouvoir le capital humain écologique : Un cadre d'analyse et d'orientation politiques
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Promouvoir le capital humain écologique : Un cadre d'analyse et d'orientation politiques
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INVALIDE) (ATTENTION: OPTION loppement des compétences en réponse au verdissement
Ñ stratégie de développement des compétences dans le cadre d'une réponse politique nationale cohérente face
au changement climatique et à la dégradation de l?environnement ? cohérence, complémentarité, pertinence et
coordination des politiques
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Source: OIT (2015a).
Promouvoir le capital humain écologique : Un cadre d'analyse et d'orientation politiques
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III.4. Écologiser l'économie mondiale: Le
défi des compétences (OIT, 2011b)
Cette note d'orientation pour les politiques attire l'attention
des responsables et des partenaires sociaux des pays en
développement et des pays développés sur le rôle du
développement des compétences pour faciliter la transition
vers une économie plus verte et saisir les opportunités que
cette transition apporte en matière d'emploi. Elle découle de
l'Initiative pour l'emploi vert mentionnée précédemment. Elle
se fonde sur des recherches appliquées aux politiques et de
nombreuses études de cas décrivant les expériences et les
meilleures pratiques des pays, conduites en collaboration avec
le Centre européen pour le développement de la formation
professionnelle (Cedefop) et la Commission européenne. Les
principales considérations pouvant guider l'élaboration de
politiques en faveur de compétences menant à des emplois
verts et décents sont proposées dans la note d'orientation et
présentées dans l'Encadré9.
Encadré 9: Liste de contrôle pour les politiques visant à relever
le défi du verdissement des compétences
1 Votre pays coordonne-t-il les politiques
environnementales et les politiques visant au
développement des compétences nécessaires pour
les emplois verts? Dans l?affirmative, comment ces
questions de compétences sont-elles incorporées dans
les stratégies environnementales nationales?
2 Comment les besoins en formation et en reconversion
professionnelle sont-ils anticipés et satisfaits dans les
industries où s?opèrent d?importantes transformations
écologiques?
3 Comment les services publics de l?emploi communiquent-ils
les informations sur les cours de reconversion professionnelle
pour les emplois verts et sur les possibilités d?inscription?
4 La sensibilisation à l?environnement est-elle un volet
habituel de l?enseignement général et technique et de la
formation professionnelle?
5 Les programmes de formation aux emplois verts sont-
ils proposés aux jeunes défavorisés, aux personnes
handicapées, aux communautés rurales et autres groupes
vulnérables, et sont-ils abordable pour cette population?
Quels sont les instruments utilisés pour inclure les
groupes défavorisés dans le processus de verdissement de
l?économie?
6 Votre pays a-t-il une politique ou des mesures d?incitation
pour appuyer l?inscription des femmes aux programmes
d?enseignement technique et de formation dans les
domaines de la science, de l?ingénierie et autres?
7 Les programmes de formation initiale et de formation
continue s?adressant aux enseignants et aux formateurs
comportent-ils des volets relatifs à la sensibilisation aux
questions environnementales, aux nouveaux services
verts et aux méthodes de production écologiques?
8 Votre pays dispose-t-il d?un système permettant de déceler
les nouvelles demandes de compétences? Est-il utilisé
pour déceler les compétences qui émergent du fait du
verdissement? Comment votre pays améliore-t-il le système
pour tenir compte des faits nouveaux dans l?économie verte?
9 Le système visant à anticiper les besoins en compétences
inclut-il un mécanisme de coordination permettant
de déterminer les compétences et d?échanger des
informations entre les secteurs verts et les ministères
compétents? Est-il utilisé pour déterminer les
compétences nécessaires pour les emplois verts?
Source: OIT (2011b).
III.5. Meeting Skill Needs for Green Jobs:
Policy Recommendations (Répondre aux
besoins en compétences pour l'emploi vert:
recommandations politiques) (OIT et al., 2013)
Cet ensemble de recommandations politiques a été préparé et
publié en 2013 à la demande du Groupe de travail du G20 sur le
développement, dans le cadre du Pilier de développement des
ressources humaines par le Groupe de travail interagences sur le
verdissement de l'enseignement et de la formation techniques
et professionnels et le développement des compétences, qui
se compose de l'OIT, de l'OCDE, de l?UNESCO-UNEVOC, du
Cedefop, de la Fondation européenne pour la formation et de
l?Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche
(UNITAR). Ces recommandations ont été élaborées par l'OIT,
en coopération avec l'OCDE, l'Unesco et le Cedefop, qui ont
apporté leurs contributions. Elles sont présentées ici pour
éclairer et conseiller les gouvernements du G20 sur les différents
moyens d'anticiper les besoins en compétences des marchés du
travail et d?y répondre, tout en poursuivant le développement
durable et la croissance verte. Ces recommandations sont
résumées dans l'Encadré10.
Encadré 10: Recommandations politiques pour répondre aux
défis liés aux besoins en compétences des emplois verts
1 Améliorer la coordination des politiques et encourager le
dialogue social.
2 Concentrer les efforts sur le développement de
compétences transférables tout au long de la vie afin
d'encourager la mobilité professionnelle.
3 Encourager les personnes et les entreprises à investir
dans le développement de compétences favorables à
une croissance verte.
4 Réviser les programmes d'enseignement en vue
d'augmenter l'adaptabilité des personnes.
5 Rendre les possibilités de reconversion accessibles à tous
et donner la priorité à la formation des groupes fragiles
et défavorisés.
6 Renforcer l'orientation professionnelle vers l?emploi vert.
7 Permettre aux formateurs et aux enseignants de mettre à
jour les compétences requises pour l'emploi vert.
8 Améliorer les systèmes d'identification et d'anticipation
des besoins en compétences.
9 Soutenir les prestataires de formation en tant qu'acteurs
actifs du développement durable local.
10 Utiliser des indicateurs comme outils de renforcement
des capacités et d'apprentissage par les politiques dans
le processus de verdissement de l?EFTP.
11 Optimiser le potentiel de création d'emplois de la
transition vers une croissance verte.
12 Mettre à profit les formations pour améliorer la qualité
des emplois.
13 Inclure le verdissement de l?EFTP dans les programmes
d'enseignement et de développement durable de
l'après-2014.
14 Favoriser l'apprentissage mutuel pour le verdissement
de l?EFTP et le développement des compétences.
Source: OIT et al. (2013).
Promouvoir le capital humain écologique : Un cadre d'analyse et d'orientation politiques
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III.6. Unleashing the Potential: Transforming Technical and Vocational
Education and Training (Libérer le potentiel : transformer l?enseignement et la
formation techniques et professionnels) (Marope et al., 2015)
Avec sa série de publications «Education on the Move», l'Unesco vise à faire connaître aux spécialistes de l'éducation des
analyses approfondies et des idées originales susceptibles de renforcer la pertinence et l'efficacité des politiques et des
programmes. Dans le cadre de cette série, l'Unesco a publié en 2015 «Unleashing the Potential: Transforming Technical and
Vocational Education and Training» (Libérer le potentiel : transformer l?enseignement et la formation techniques et professionnels)
(Marope et al., 2015). Cet ouvrage propose une approche analytique détaillée s?adressant aux décideurs, aux éducateurs et
aux autres parties prenantes de la communauté de l'EFTP qui souhaitent utiliser le développement des compétences comme
vecteur du progrès humain. Le Tableau4 est adapté d'une liste indicative de parties prenantes qui pourraient éventuellement
contribuer aux politiques d'adaptation de l'EFTP à la transition écologique, comme le suggèrent les auteurs de cet ouvrage.
Tableau4: Parties prenantes du processus de verdissement des compétences, par spécialisation
Spécialistes de l'économie Spécialistes sociaux Spécialistes de l'environnement
Représentants publics Fonctionnaires des
ministères de l'économie,
de la planification, du
commerce, de l'industrie?
Fonctionnaires des ministères
du travail, des politiques
sociales, de l'éducation, de la
santé, des questions de genre?
Fonctionnaires des ministères
de l'environnement, des
ressources naturelles
Exportations Économistes, spécialistes
du marché du travail,
sociologues industriels,
spécialistes de l'éducation
Sociologues, experts en
développement, avocats
spécialisés dans les droits
de l?homme, spécialistes
des questions de genre,
spécialistes de la santé,
spécialistes de l'éducation
Géographes, scientifiques de
l'environnement
Partenaires de marché et
partenaires sociaux
Associations d'employeurs,
associations professionnelles,
syndicats, associations
de consommateurs,
entrepreneurs
Représentants des groupes
marginalisés et défavorisés,
associations du secteur
informel, ONG oeuvrant pour le
développement, organisations
communautaires
Agences environnementales,
ONG oeuvrant pour la
conservation, représentants
d'entreprises écologiques
Représentants de l?EFTP Fournisseurs publics et privés d?EFTP
Source: Marope et al. (2015)
III.7. Facilitating Green Skills and Jobs in Developing Countries (Faciliter les compétences
et les emplois verts dans les pays en développement) (Rademaekers et al., 2017)
Les compétences et les emplois étant des concepts relativement nouveaux, cette étude publiée par l'Agence française de
développement vise à fournir une base de connaissances sur leur rôle dans la transition vers une économie durable, dans
le contexte des pays en développement. Cette étude a sélectionné et analysé 10 organisations techniques et financières
déployant leurs activités dans le domaine de l'économie verte et des compétences et emplois verts à un niveau stratégique
et opérationnel, et mené 5études de cas sur des initiatives visant à promouvoir les compétences et les emplois verts
dans différentes régions et différents secteurs. Partant de cette analyse, cette étude émet des recommandations pour
mieux intégrer les compétences et les emplois verts aux politiques et programmes, à l?échelle internationale, nationale et
opérationnelle. Le Tableau 5 résume les principales recommandations formulées par cette étude.
Tableau 5: Recommandations visant à soutenir les compétences et les emplois verts à différents niveaux
Recommandations
Adopter une définition pratique pour les emplois verts, en spécifiant les secteurs ciblés
International National Opérationnel
Ñ Cadrer les compétences et les
emplois verts au sein des missions
et des priorités de l'établissement
Ñ Dresser la liste des instruments
proposés (c-à-d prêts, AT, dons) et
définir l'aide qu'ils peuvent apporter
Ñ Conseils sur l'évaluation de la taille
et de la portée des emplois verts
Ñ Suggérer des facteurs favorables à
l?initiative et encourager le partage
des connaissances
Ñ RÉFLÉCHIR
Ñ PLANIFIER: Incorporer les
compétences/emplois verts à la
vision nationale
Ñ AGIR: Harmoniser les politiques et
les initiatives en matière d'emploi et
d'éducation avec la nouvelle vision
Ñ VÉRIFIER: Données de référence
et suivi pour les emplois verts et
évaluation de l'impact des initiatives
Ñ Identifier les projets
Ñ Formuler les projets
Ñ Obtenir des engagements fermes
Ñ Planification et mise en oeuvre
Ñ Suivi et rapports
Promouvoir le capital humain écologique : Un cadre d'analyse et d'orientation politiques
25
III.8. Le kit méthodologique d?accompagnement des transitions
professionnelles dans les filières industrielles impactées par la
transition écologique et énergétique (France, 2016)
Les ministères français de l'Environnement et du Travail ont élaboré conjointement un kit
méthodologique pour accompagner les transitions professionnelles. Cet outil est destiné à tous les
acteurs d?un territoire dont l?objectif est d?accompagner et sécuriser les transitions professionnelles
des salariés ou des demandeurs d?emploi des filières industrielles en déclin vers des emplois dans les
domaines de l?écologie ou des énergies propres. Ce kit s'appuie sur les principes directeurs, les pratiques
et les outils testés en France sur plusieurs territoires pilotes. Il fournit aux acteurs chargés des politiques
territoriales de développement économique (institutions, branches professionnelles, partenaires sociaux,
entreprises, etc.) des principes directeurs et des outils pour:
Ñ Identifier les proximités de compétences entre les emplois dans les secteurs industriels faisant face à
des défis de mutation et les emplois dans les activités vertes existantes ou émergentes ;
Ñ Identifier et créer des possibilités de reconversion, sur la base de viviers de compétences transférables ;
Ñ Soutenir l'emploi et sécuriser les parcours professionnels des salariés et des demandeurs d'emploi.
Ce kit est organisé en quatre sections indépendantes, présentées à la Figure 2, correspondant aux
différentes composantes de tout plan visant à accompagner les transitions professionnelles.
Figure 2: Composantes d'un plan d'accompagnement des transitions professionnelles
4.
Les parcours
de transition
2.
Les besoins et les
évolutions attendus
3.
Les passerelles
possibles
1.
La gouvernance
et le pilotage
Ñ Comment organiser efficacement les parcours de transition ?
Ñ Comment installer durablement de nouvelles modalités de mise
en relation entre offre et demande d?emploi ?
Ñ Comment identifier les
besoins des industries
fragilisées ?
Ñ Quels sont les besoins en
compétences des filières
vertes émergentes ?
Ñ Quels sont les outils existants
pour identifier les passerelles
professionnelles ?
Ñ Comment renforcer les
passerelles entre les métiers des
industries fragilisées et les métiers
émergents des filières vertes ?
Ñ Qu?entend-on par « territoire » ?
Ñ Quels sont les facteurs déclencheurs d?un
projet territorial ?
Ñ Quels sont les acteurs à mobiliser ?
Ñ Comment assurer la gouvernance et le
pilotage de cette démarche ?
Promouvoir le capital humain écologique : Un cadre d'analyse et d'orientation politiques
26
Conclusion: une invitation à l'action
L'adoption progressive d'un modèle de développement plus durable implique une transformation totale du
capital matériel et du capital immatériel, c'est-à-dire des technologies et des infrastructures mais aussi des
cultures et des valeurs, des comportements et des pratiques. Tandis que l'un des principaux obstacles aux
changements technologiques et infrastructurels provient du montant élevé des investissements financiers
nécessaires, la modification des comportements individuels et collectifs pose un immense défi tant sur le
plan de la sensibilité politique que sur le plan de l'engagement et de la coordination des parties prenantes.
Ce défi est omniprésent lorsqu'est étudiée la question de l'adaptation des pratiques et des acteurs
économiques en général, et des comportements et des compétences des travailleurs en particulier. Pour
ces raisons, mais aussi au vu de l?importance de cet enjeu dans le processus de transition vers une économie
verte et inclusive, la question de l'adaptation des compétences professionnelles mérite toute l'attention des
responsables politiques. Déjà, on peut constater que le manque d'attention portée au capital humain, qui
se traduit également par un manque d'investissement, entrave le développement de l'économie verte et de
ses opportunités économiques et sociales, notamment les possibilités d'emploi décent.
La plupart des pays ont entrepris de définir un cadre politique pour le verdissement des emplois et
des compétences, même s'ils se trouvent à différents stades de développement et dans des contextes
économiques, sociaux et institutionnels très différents. Le présent document a pour objectif d?énoncer
un ensemble de considérations générales pouvant contribuer à guider la conception et la mise en oeuvre
de ce type de politiques. Le présent document a pour objectif d?énoncer un ensemble de considérations
générales pouvant contribuer à guider la conception et la mise en oeuvre de ce type de politiques. Ce
document appelle également l'ensemble des responsables politiques et des acteurs économiques à
unir leurs forces autour de la question du verdissement du capital humain en tant qu'élément crucial
et intrinsèque de leurs efforts pour établir un nouveau modèle de développement. Le cadre politique
proposé ici est destiné à servir d?outil d'orientation pour analyser les politiques élaborées à cette fin, mais
aussi pour agir afin de définir un plan cohérent et ambitieux de verdissement des compétences.
Dans cette optique constructive, la Plateforme pour la promotion du capital humain écologique invite
l'ensemble des représentants politiques et des autres parties prenantes concernées par ces efforts à
faire part de leur état d'avancement. Un fil consultatif a été ouvert à ce sujet sur le forum dédié à la
formation professionnelle de l'UNESCO-UNEVOC en décembre 2017. L'Annexe 2 propose un résumé de
ces discussions. Pour compléter ces réflexions et contribuer vous aussi à nourrir les actions de la PAGHC,
merci d'envoyer vos commentaires par courrier électronique à l'adresse suivante: isabelle.richaud@
developpement-durable.gouv.fr.
Grâce à vos commentaires et contributions, la PAGHC sera en mesure d'améliorer ce dispositif et de créer
de nouveaux outils ainsi que de nouvelles initiatives au service de la dynamique mondiale en faveur
d'une société véritablement inclusive et durable.
mailto:isabelle.richaud%40developpement-durable.gouv.fr?subject=
mailto:isabelle.richaud%40developpement-durable.gouv.fr?subject=
Promouvoir le capital humain écologique : Un cadre d'analyse et d'orientation politiques
27
Références
Les principales références recommandées en tant que lectures
complémentaires sont identifiées par un astérisque*.
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AFD.
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Publications/Lessons-from-previous-coal-transitions-High-
level-summary-for-decision-makers (Consulté le 26 octobre
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Thessalonique, Grèce, Cedefop.
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professionnelles des filières industrielles impactés par la
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Mer et Ministère du Travail, de l'Emploi de la Formation
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Promouvoir le capital humain écologique : Un cadre d'analyse et d'orientation politiques
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priorities and steering action. Guidance note. Institut
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Education and Training: A Practical Guide for Institutions.
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green growth policies for labor markets and job creation.
In: Inclusive Green Growth: The Pathway to Sustainable
Development. Washington DC, Banque mondiale.
siteresources.worldbank.org/EXTSDNET/.../Inclusive-Green-
Growth-Chapter4.pdf (Consulté le 26 octobre 2017.)
Promouvoir le capital humain écologique : Un cadre d'analyse et d'orientation politiques
29
Annexe 1
Exemples d'actions portées par le ministère français en charge de l'environnement
pour le développement d'emplois décents et de compétences dans l'économie verte
Promouvoir le capital humain écologique : Un cadre d'analyse et d'orientation politiques
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Domaine de politique A : Analyse du marché et orientation des politiques
Phase politique A.1 : Volonté politique et vision stratégique
Lancé en 2009 et piloté par le ministère en charge de l'environnement, le Plan national de mobilisation pour les emplois et les métiers dans
l?économie verte a vocation à mobiliser les acteurs, structurer la réflexion sur les filières, analyser les évolutions des métiers, des compétences,
accompagner les secteurs économiques et les inciter à adapter leur stratégie de formation des salariés. Le plan de mobilisation a d?abord focalisé
ses travaux sur onze filières parmi les plus concernées par la transition écologique et énergétique, avec la création des comités de domaine. Il les a
ensuite étendus progressivement à l?ensemble des secteurs d?activité et a notamment piloté des études sur les secteurs financier, du commerce et
de la distribution.
Quatre conférences environnementales se sont tenues depuis 2012. La thématique de l?emploi, des compétences et de la formation a été
traitée de manière approfondie dans les conférences de 2013 et de 2016, avec l'organisation de tables rondes dédiées voulues par les parties
prenantes ? État, partenaires sociaux, organisations non gouvernementales écologiques, collectivités. Par ailleurs, la conférence sociale d?octobre
2015 a intégré la thématique de la transition énergétique dans une table ronde dédiée. Ces conférences ont débouché sur différentes actions, par
exemple:
Ñ L?élaboration d?un Kit d?accompagnement des transitions professionnelles des filières industrielles impactées par la transition écologique et
énergétique (voir plus bas).
Ñ La poursuite de la prise en compte de l'éducation à l?environnement et au développement durable dans les formations technologiques et
professionnelles de l'enseignement scolaire et supérieur.
Ñ L'intégration de la transition écologique comme un volet obligatoire des contrats de plan régionaux de développement des formations
professionnelles.
Ñ Le développement de formations des demandeurs d'emploi aux métiers porteurs de la transition écologique.
Phase politique A.2 : Informations sur le développement économique, les marchés de l?emploi et les
compétences
L'Observatoire national des emplois et métiers de l?économie verte (Onemev) été mis en place dans le cadre du Plan de mobilisation
pour les emplois et les métiers dans l'économie verte afin d?identifier et de mieux cerner les emplois de l?économie verte dans un contexte de
réorientation de notre modèle économique national. L?observatoire produit des méthodes, des chiffrages de référence ainsi que des analyses
utiles à la diffusion de la connaissance sur les emplois et les métiers, les recrutements, les mobilités, les tensions sur le marché du travail dans
l'économie verte. S?inscrivant dans une démarche partenariale, il est un lieu de concertation, de partage d?information et de coordination. Il
s'est d'abord traduit par l'organisation de cinq ateliers de travail puis la mise en place de deux pôles, l'un portant sur les aspects quantitatifs de
l'emploi (voir plus bas) et l'autre sur les aspects qualitatifs d'évolution des métiers et des compétences. Chacun de ces pôles se réunissent en
différents groupes de travail portant sur des études et des publications thématiques ou sectorielles.
Les périmètres et chiffrages produits par l'Onemev sont aujourd?hui largement utilisés, notamment par les acteurs régionaux pour réaliser
leurs propres études sur l?économie verte. Le travail réalisé sur l'évaluation des métiers et des compétences a, lui, permis d'affiner l'adaptation
des formations initiales et continues aux besoins des acteurs économiques. Ces travaux constituent donc une référence sur les questions
du marché de l?emploi de l?économie verte et ont initié une prise de conscience des acteurs qui s?est traduite par une appropriation des
thématiques en lien avec la transition écologique. En témoigne la création d?autres structures/réseaux autour des questions de l?économie
verte.
Phase politique A.3 : Identification et standardisation des emplois et des compétences liés
au développement durable
Le pôle de l'Onemev portant sur les aspects quantitatif des emplois liés au développement durable a pour mission principale de déterminer
le périmètre de référence des emplois de l?économie verte et d?assurer le suivi statistique de ces emplois. Il est piloté par le service «statistiques»
du ministère en charge de l'environnement et réunit notamment le ministère en charge du travail, Pôle emploi et des réseaux d'organismes de
formation. Les travaux de ce groupe de travail ont abouti à la définition d'un périmètre de référence des activités de l?économie verte (éco-activités
et activités périphériques) et la mise à jour annuelle des données d?emploi. Les approches quantitatives réalisées par l?observatoire, soumises aux
nomenclatures et sources statistiques, se doivent d?être complétées d?analyses de terrain. C'est pourquoi l'Onemev consulte régulièrement les
représentants des branches professionnelles pour rapprocher la liste des métiers verts et verdissants de la réalité des professionnels de terrain.
Concernant les métiers et les compétences, le pôle «analyse, capitalisation, partage» de l'Onemev qualifie et liste, en partenariat avec les
professionnels, les métiers «verts» (dont la finalité est la préservation ou la restauration de l'environnement) et les métiers dits «verdissants»
(dont le geste métier évolue fortement sous l'impact de la transition écologique).
Promouvoir le capital humain écologique : Un cadre d'analyse et d'orientation politiques
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Domaine de politique B : Sensibilisation des parties prenantes et appropriation
Phase politique B.1 : Diffusion des informations et mobilisation des parties prenantes
Les «Rendez-vous des métiers de l'économie verte» sont des événements organisés par le ministère en charge de l'environnement, proposant
depuis 2009 aux acteurs économiques et institutionnels d?échanger sur des sujets d?actualité à forts enjeux concernant l?impact de la transition
écologique sur les métiers et les formations. Ils s?adressent aux professionnels et experts de l?emploi comme les services de ressources humaines
d?entreprises, des bureaux d?études, des administrations et organismes consulaires.
Le Kit méthodologique d?accompagnement des transitions professionnelles des filières industrielles impactées par la transition écologique et
énergétique est un outil élaboré par le ministère en charge de l'environnement à destination de tous les acteurs d?un territoire (souvent au niveau
d?un bassin d?emploi) et dont l?objectif est d?accompagner et sécuriser les transitions professionnelles des salariés ou des demandeurs d?emploi
des filières industrielles fragilisées vers des emplois de la transition écologique et énergétique. Ce kit s'appuie sur les pratiques et les outils testés
en France sur trois territoires pilotes dans des bassins d?emploi particulièrement concernés par la transition écologique et énergétique. La mise en
oeuvre de ses préconisations on fait l'objet d'un appel à projet destinée aux régions (voir plus bas).
Le Kit été conçu de façon modulaire afin de s?adapter au mieux aux caractéristiques propres à chaque territoire et à chaque projet. Il fournit
aux acteurs chargés des politiques territoriales de développement économique (institutions, branches professionnelles, partenaires sociaux,
entreprises, etc.) des principes directeurs et des outils pour:
Ñ Identifier les proximités de compétences entre les emplois dans les secteurs industriels faisant face à des défis de mutation et les emplois dans
les activités vertes existantes ou émergentes ;
Ñ Identifier et créer des possibilités de reconversion, sur la base de viviers de compétences transférables ;
Ñ Soutenir l'emploi et sécuriser les parcours professionnels des salariés et des demandeurs d'emploi.
Phase politique B.2 : Engagement des parties prenantes par le biais de réseaux et de partenariats sectoriels
Le Comité stratégique de la filière éco-industries (CSF EI) a été créé en juillet 2008 par les ministres chargés de l?économie et de l?environnement,
qui le co-président. Il fait partie du Conseil national de l?industrie (CNI), une instance permanente d?expertise et de consultation pour le
gouvernement, représentative de tous les acteurs de l?industrie et permettant le dialogue entre les filières professionnelles, l?administration et les
organisations syndicales. Le CSF EI est structuré en 8 groupes de travail, dont un groupe de travail dédié aux questions d'emploi-formation (GTEF).
Celui-ci ayant pour mission le soutien à des projets plutôt que le portage d'initiatives, la mobilisation des acteurs des filières est un facteur essentiel
à ses travaux.
La section thématique «emploi et compétences» du CNI a mené des expérimentations de «vision prospective partagée emplois et
compétences» (VPPEC) dans deux filières à fort potentiel d'évolution de l'emploi: le numérique et la valorisation industrielle des déchets.
Les membres du GTEF du CSF EI ont travaillé sur la filière valorisation industrielle des déchets. Le GTEF a permis d?élaborer un projet de cahier
des charges de cette expérimentation et de mobiliser les acteurs des branches professionnelles concernées. Ces initiatives ont pris la forme de
réunions de travail entre divers acteurs des filières concernées et de la thématique emploi-formation et ont abouti à la publication de rapports
approfondis.
Le CSF EI du Conseil national de l'industrie a également été à l'origine de la création d'un outil de certification «référent énergie dans
l'industrie». L'objectif de cette initiative est de formaliser l?activité de référent énergie dans l?industrie pour répondre aux enjeux de
développement et d?évolution de l?activité d?efficacité énergétique dans l?industrie et favoriser l?employabilité des salariés en proposant une
offre certifiante. Après l'identification de l'offre de formation existante sur l'efficacité énergétique dans l'industrie, une enquête auprès des
entreprises adhérentes des branches professionnelles a été menée pour définir le profil des activités du référent énergétique et rédiger une
fiche métier. Le lancement du processus officiel de création d?un outil de certification, encore en cours, a été lancé en 2016 à travers l'analyse
des besoins de compétence communs, l'identification des compétences spécifiques à certains secteurs puis l'écriture des référentiels
proprement dits. Cette action a également permis de créer des liens avec les autres branches et secteurs professionnels et prévoit des
activités de déploiement d'une offre de formation sur le territoire national.
Promouvoir le capital humain écologique : Un cadre d'analyse et d'orientation politiques
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Phase politique B.3 : Un cadre législatif et un plan financier pour agir
en faveur du verdissement des compétences
La loi du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte engage l'État, les régions et les partenaires sociaux à veiller
à la prise en compte des besoins d'évolution en matière d'emploi et de compétences sur les territoires et dans les secteurs professionnels au
regard de la transition écologique et énergétique et des orientations fixées par la programmation pluriannuelle de l'énergie.
Dans le cadre du dialogue de gestion avec ses services déconcentrés (les DREAL: Directions régionales de l'environnement, de l'aménagement
et du logement), le ministère en charge de l'environnement a lancé en 2016 et 2017 des appels à projets visant à soutenir les filières ou activités
relevant de l?économie verte confrontées à des problématiques de manque de qualifications et de compétences, et en particulier à soutenir
l'application des recommandations du Kit méthodologique d?accompagnement des transitions professionnelle (voir plus haut). Le ministère de
l'environnement apporte un soutien financier et méthodologique aux DREAL, et donc aux territoires, dont le projet a été sélectionné.
Domaine de politique C : Gouvernance intégrée
Phase politique C.1 : Groupes et partenariats locaux
Les Conseil régionaux disposent de compétences renforcées en matière de développement économique, d?emploi et de formation
professionnelle. Ils disposent à ce titre de plusieurs moyens d?action en matière de politique de l?emploi et de la formation. Le principal outil à leur
disposition en termes de programmation de politique publique est le contrat de plan régional de développement des formations et d?orientation
professionnelle. De leur côté, les centres d'animation et de ressources d'information sur la formation, et les observatoires régionaux sur l?emploi
et la formation (Carif-Oref) sont missionnés par les conseils régionaux afin d?analyser les données de l?économie verte et d?apporter une vision
territoriale des enjeux de la croissance verte.
Phase politique C.2 : Renforcement mutuel entre les politiques et les objectifs dans tous les secteurs et
à tous les niveaux de gouvernance
Des conventions de partenariat ont été signées par le ministère en charge de l'environnement avec différents partenaires afin d?accélérer la
mobilisation et l?implication des acteurs de toute nature : des secteurs professionnels, des organismes nationaux (Pôle emploi, les chambres de
commerce et d'industrie de France), des acteurs de la formation, des entreprises.
Un atelier spécifique de l'Observatoire national des métiers de l'économie verte a servi de lieu d?échanges entre le ministère en charge de
l'environnement, les services déconcentrés de l?État et les acteurs régionaux de la formation (CARIF OREF) sur les initiatives régionales
en termes d?emplois, formations, compétences de l?économie verte et verdissante. Dans ce cadre, le ministère a élaboré un outil qui recense,
rassemble et met en valeur les actions menées par les services de l?État, les régions et les acteurs territoriaux concernant les métiers de l?économie
verte et les métiers verts et verdissants. Son objectif était de réaliser un inventaire de toutes les actions menées sur les territoires grâce à un
outil actualisé et ergonomique. Cet atelier, aujourd'hui clos, a permis de lancer une dynamique ayant abouti à la création de réseaux d?échanges
régionaux permettant de communiquer de manière plus systématique sur leurs actions en matière d'économie verte et d'emploi. Ces réseaux sont
soit gérés de manière décentralisée, soit animés par le ministère.
Dans le cadre du Plan national de mobilisation pour les emplois et les métiers dans l?économie verte, le ministère en charge de l'environnement
a proposé aux Conseils régionaux de nouer des conventions d'expérimentation régionale permettant la mise en place d'actions communes
pour amplifier le développement des activités et des emplois de l'économie verte, articuler démarche nationale et démarche locale et faire de
l'économie verte une opportunité d'accès à l'emploi pour les publics les plus en difficulté.
Plusieurs régions se sont portées volontaires sur des thématiques variées reflétant leurs propres priorités économiques: efficacité énergétique,
énergies renouvelables, agriculture, forêt, biodiversité, tourisme, déconstruction, transports? Cette expérimentation a conduit chaque région
volontaire à :
Ñ monter un observatoire régional des emplois et des formations de la croissance verte (en lien avec l'observatoire national) ;
Ñ faire un diagnostic régional des emplois de la croissance verte portant sur l'ensemble des territoires et bassins d'emplois prioritaires ;
Ñ favoriser des projets territoriaux à caractère innovant.
Promouvoir le capital humain écologique : Un cadre d'analyse et d'orientation politiques
33
Annexe 2
Forum de Unesco-Unevoc sur l?enseignement et la formation techniques et professionnels :
Résumé des discussions sur les politiques de verdissement du capital humain
Rôles des gouvernements :
Ñ Soutenir et faciliter le développement d'une économie verte, en particulier:
l Informer et éduquer tous les acteurs économiques sur les questions écologiques.
l Créer un cadre juridique pour la protection de l'environnement et en assurer l'application.
l Anticiper et accompagner les transformations techniques, économiques et sociales liées au développement d'une économie verte.
Ñ Soutenir et faciliter la recherche sur les compétences et les emplois verts, en particulier:
l Créer des conditions incitatives pour les organisations professionnelles afin qu'elles menent des études sur les compétences vertes,
en collaboration avec la société civile, les représentants privés et publics (éducation / formation, syndicats, investisseurs, ministères,
agences sectorielles).
Ñ Soutenir et faciliter l'adaptation de la formation professionnelle et la collaboration entre les parties prenantes, par exemple:
l Lancer un appel général pour la mise à niveau des programmes.
l Créer une référence au niveau national afin de guider et d'évaluer les progrès de chaque organisme de formation dans son processus
d'écologisation.
Ñ Mettre l'accent sur des systèmes d'incitation décentralisés plutôt que sur la coercition afin d'assurer la conception, la mise en oeuvre et
l'évaluation efficaces des politiques, ainsi que l'adhésion aux politiques d'écologisation des compétences.
Rôles de l'enseignement et de la formation professionnels :
Ñ Veiller à ce que les droits et la protection des individus soient reconnus et appliqués, puisque la protection des personnes est une
condition préalable à leur capacité à prendre en compte l'intérêt général. et éduquer tous les acteurs économiques sur les questions
écologiques.
Ñ Mettre en place une vision et un leadership pour le développement durable et intégrer la responsabilité environnementale dans le
fonctionnement quotidien des organismes de formation, afin d'offrir aux stagiaires et aux enseignants un environnement propice
aux comportements écologiques..
Ñ Identifier et développer les connaissances et les compétences requises pour les professionnels travaillant dans une économie verte,
en particulier:
l Les compétences techniques liées à des interventions pratiques dans l'environnement physique, telles que le recyclage des déchets,
l'installation de pistes cyclables, l'agriculture urbaine, etc.
l Les compétences transversales comme les aptitudes interpersonnelles ou l'entrepreneuriat.
Ñ Former les formateurs pour un effet multiplicateur et leur offrir des ressources didactiques.
Ñ Favoriser le passage d'une approche centrée sur la compétitivité et l'individualisme à une approche plus collaborative, y compris par
l'apprentissage entre pairs, qui font des formateurs des facilitateurs plutôt que de simples transmetteurs de savoirs.
Ñ Diffuser des informations sur l'écologie, l'économie circulaire et les possibilités de nouveaux modèles économiques.
Promouvoir le capital humain écologique : Un cadre d'analyse et d'orientation politiques
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Enjeux dans les pays en développement :
Ñ Le développement et la réorientation des compétences sont essentielles pour maintenir un emploi décent et préserver les ressources
naturelles à la lumière de la croissance démographique prévu.
Ñ Pourtant, la dépendance économique vis-à-vis de l'exploitation des ressources naturelles, qui repose sur des ressources humaines peu
qualifiées, peut entraver la volonté d'investir dans le développement des compétences.
Ñ Les systèmes d'intelligence économique peuvent être rares et dysfonctionnels en raison d'organisations professionnelles ou sectorielles mal
structurées.
Ñ Le moyen le plus efficace de s'engager dans une stratégie d'écologisation dans de nombreux pays en développement est d'engager d'abord
un travail au niveau sectoriel afin de faciliter la participation des parties prenantes et de permettre un consensus et des plans d'action
concrets.
Réussites :
Ñ Maroc : le développement de l'énergie solaire suscite une vision politique forte et des investissements dans la formation de la main-d'oeuvre,
qui devraient être promus en particulier pour inspirer d'autres pays en développement et émergents.
Ñ Nigeria : un ministère de l'environnement fort et un bureau transversal dédié aux objectifs de développement durable soutiennent l'action en
faveur de l'éducation et de la formation écologiques, avec la création d'un diplôme national dans le domaine des énergies renouvelables.
Ñ Ouganda : la Stratégie de croissance verte fournit un bon cadre d'orientation. Dans ce cadre, une étude a été menée dans le nord de
l'Ouganda pour identifier la disponibilité et les besoins en ressources humaines. Cependant, il est nécessaire d'impliquer davantage de
parties prenantes, en particulier les organismes de formation.
Ñ Kenya : les parties prenantes sont sensibilisées à l'économie verte, notamment à travers des colloques régionaux et des ateliers soutenus
par différents ministères. Le passage d'un cursus académique à un curriculum axé sur les compétences permet de mettre l'accent sur les
compétences vertes.
Ñ Brésil et Amérique latine : le « Service national de formation industrielle » (SENAI) implique un large éventail de parties prenantes. Le
SENAI a déjà formé des millions de travailleurs dans divers domaines industriels et a développé un modèle pour anticiper les besoins en
compétences professionnelles en collaboration avec des universités, des entreprises et des centres scientifiques et technologiques.
Ñ Province de Barcelone : un plan ambitieux permet d'offrir un soutien politique, économique, technique, juridique et de communication
aux autorités locales désireuses d'agir sur le changement climatique et la transition énergétique.
Promouvoir le capital humain écologique : Un cadre d'analyse et d'orientation politiques
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