Balcons : points de vigilance
THOMAS, Jean-Pierre
Auteur moral
France. Ministère de la transition écologique et solidaire
;France. ministère de la cohésion des territoires
Auteur secondaire
Résumé
<p class="Pa10" style="margin-top:11.0pt;text-align:justify;line-height:115%"><span style="font-family:"Arial",sans-serif">Le grand public s'est ému d'évènements dramatiques d'effondrement de balcons, en particulier lorsqu'en octobre 2016 quatre personnes ont trouvé la mort à Angers. L'objectif du présent rapport, en réponse à la demande du Ministre, est de faire un état des lieux des désordres observés sur les balcons, de la fissuration à l'effondrement, puis de catégoriser les pathologies rencontrées et d'en faire une analyse, ce qui doit permettre à la filière d'en tirer des conclusions et de prendre des dispositions avec l'appui de l'administration. Nous attirons l'attention du lecteur sur certaines limites relatives au corpus de données de la présente étude... En effet, il n'existe ni données statistiques de tous les sinistres ni inventaire de tous les balcons en France. Ainsi, le rapport ne se fonde que sur un échantillon de rapports d'expertise à la représentativité relative, tant géographique que par type d'ouvrage, ou par type de matériau. Les données récoltées par l'AQC permettent seulement la production d'une monographie des typologies de sinistres sur les balcons. En particulier, il n'est pas possible d'en déduire si une période de construction, voire un type de procédé constructif, est plus porteur de sinistralité qu'un(e) autre.</span></p>
Editeur
Direction de l'Habitat, de l'Urbanisme et du Paysage (DGALN)
Descripteur Urbamet
architecture
;façade
;rénovation
;gros oeuvre
;sinistre
;matériau de construction
;comportement des matériaux
Descripteur écoplanete
prévention des risques
Thème
Construction
Texte intégral
Crédit photo: @AQC
PÔLE
PRÉVENTION
PRODUITS MIS
EN OEUVRE
Novembre 2019
BALCONS :
POINTS DE VIGILANCE
Crédit photo : @AQC
Cette étude a été réalisée par M. Jean-Pierre THOMAS, expert de la Direction technique
d?EURISK, spécialiste Béton CRAC, ancien professeur en application de Béton Armé,
à l?ESTP, section Bâtiment
Photo couverture : ©AQC
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2 BALCONS : POINTS DE VIGILANCE
AVANT-PROPOS 4
RÉSUMÉ DE L'ÉTUDE 6
Les balcons en béton 6
Les balcons en bois 7
Les balcons métalliques 8
Les balcons en pierre 8
Atteinte à la sécurité des personnes 8
En perspective 8
INTRODUCTION 9
Définition du champ de l?étude 9
Contenu de la mission 9
1. DESCRIPTION DE L?ECHANTILLON PAR
TYPOLOGIE 10
1.1 Caractéristiques de l?échantillon 10
1.2 Implantation régionale des sites étudiés 11
1.3 Typologie par nature des matériaux
constitutifs 13
1.4 Typologie par destination de bâtiment 13
1.5 Typologie par âge des ouvrages 13
2. RÉFÉRENTIEL TECHNIQUE ET
RÈGLEMENTAIRE 15
3. TYPOLOGIES DES PATHOLOGIES 16
3.1 Pathologie des balcons en béton 17
3.2 Pathologie des balcons en bois 20
3.3 Pathologie des balcons métalliques 21
3.4 Pathologie des balcons en pierre 21
3.5 Atteinte à la sécurité aux chutes 22
3.6 Les pathologies à l'étranger 23
4. FACTEURS D?INFLUENCE DES
PATHOLOGIES 24
5. ANALYSE DES PATHOLOGIES 24
5.1 Pathologies d?infiltrations 25
5.2 Pathologies affectant la solidité 26
5.3 Pathologies affectant les revêtements 28
5.4 La nécessité d?une analyse spécifique pour les
ouvrages à ossature en bois 28
6. COÛTS DE REPRISE DES PATHOLOGIES 29
7. PERSPECTIVES 29
7.1 Perspectives relatives à la construction 29
7.2 Perspectives relatives au contrôle ultérieur des
ouvrages 31
8. CONCLUSION 33
9. REMERCIEMENTS 33
BIBLIOGRAPHIE 34
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BALCONS : POINTS DE VIGILANCE 3
4 BALCONS : POINTS DE VIGILANCE
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Le grand public s?est ému d?évènements dramatiques
d?effondrement de balcons, en particulier lorsqu?en octobre
2016 quatre personnes ont trouvé la mort à Angers.
L?expression de cette sensibilisation s?est traduite à l?occasion
d?une question parlementaire au Ministre Jacques Mézard,
qui a alors annoncé une étude confiée à l?Agence Qualité
Construction (AQC) sur les causes de ce type d?évènement,
afin d?émettre des points de vigilance grâce à l?analyse de
la sinistralité connue. D?autres sinistres ont été médiatisés
depuis, en 2018 à Nanterre (92), à Yvetot (76) laissant des
blessés graves, aux Mureaux (78), à Bordeaux (33)? Mais
aussi à l?étranger (Allemagne, Grande Bretagne, États Unis,
Australie, Suisse?).
L?objectif du présent rapport, en réponse à la demande
du Ministre, est de faire un état des lieux des désordres
observés sur les balcons, de la fissuration à l?effondrement,
puis de catégoriser les pathologies rencontrées et d?en faire
une analyse, ce qui doit permettre à la filière d?en tirer des
conclusions et de prendre des dispositions avec l?appui de
l?administration.
Nous attirons l?attention du lecteur sur certaines limites
relatives au corpus de données de la présente étude... En
effet, il n?existe ni données statistiques de tous les sinistres
ni inventaire de tous les balcons en France. Ainsi, le rapport
ne se fonde que sur un échantillon de rapports d?expertise à
la représentativité relative, tant géographique que par type
d?ouvrage, ou par type de matériau. Les données récoltées
par l?AQC permettent seulement la production d?une
AVANT-PROPOS
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BALCONS : POINTS DE VIGILANCE 5
monographie des typologies de sinistres sur les balcons. En
particulier, il n?est pas possible d?en déduire si une période
de construction, voire un type de procédé constructif, est
plus porteur de sinistralité qu?un(e) autre.
Ce rapport a été commandé par la DHUP (Direction de
l?Habitat, de l?Urbanisme et des Paysages) à l?AQC dans le
cadre d?un cofinancement État/AQC. Un groupe de travail
a été mis en place sous le pilotage de l?AQC et Jean-Pierre
Thomas, expert de la Direction technique d?Eurisk, a été
chargé de la rédaction du rapport désormais achevé.
La DHUP (Direction de l?Habitat, de l?Urbanisme et
des Paysages) fait partie de la Direction générale de
l?aménagement, du logement et de la nature, rattachée
conjointement au Ministère de la Cohésion des Territoires
et des Relations avec les Collectivités Territoriales et au
Ministère de la Transition Écologique et Solidaire.
RÉSUMÉ DE L?ÉTUDE
Le présent rapport, réponse à la demande du Ministre
Jacques Mézard, fait un état des lieux des désordres
observés sur les balcons, de la fissuration à l?effondrement,
puis catégorise les pathologies rencontrées et en fait
une analyse qui doit permettre aux filières d?en tirer des
conclusions et de prendre des dispositions avec l?appui de
l?administration.
Pour rappel, il n?existe pas de référentiel technique
particulier spécifique à la conception et la réalisation de
ce type d?ouvrage.
Le présent rapport se fonde sur un échantillon de rapports
d?expertise, non statistiquement représentatif des
désordres sur les balcons, tant géographiquement que
par type d?ouvrage, ou par type de matériau. Les données
dont dispose l?AQC permettent seulement la production
d?une monographie des typologies de sinistres sur les
balcons. En particulier, il n?est pas possible d?en déduire
si une période de construction, voire un type de procédé
constructif, est plus porteuse de sinistralité qu?un(e) autre.
Les balcons en béton
Les sinistres sur blacon en béton (mode constructif le plus
fréquent) concernent 94% de l?échantillon. Les familles de
pathologies sont les suivantes?:
Les infiltrations et défauts d?étanchéité pour une part
prépondérante (près de 60% des rapports étudiés). Leur
origine est liée :
? Pour la moitié des cas, à une fissuration « naturelle »
des ouvrages à la jonction longitudinale entre façade
et balcon, induisant une corrosion des armatures à
long terme, entre retour de façade et balcon ou au
niveau du seuil donnant sur le balcon.
? À des défauts d?étanchéité au droit de rupteurs
thermiques, de menuiserie extérieure ou de
couvertines.
? À des contrepentes, insuffisance ou absence de pente
ou orientation de la pente vers les façades, absence
ou insuffisance de ressaut entre niveau intérieur et
extérieur.
? À une garde minimale insuffisante entre pied
d?isolation thermique par l?extérieur de façade, et le
sol du balcon.
Les recommandations proposées sont les suivantes :
? Présence d?un ressaut entre niveaux intérieur et
extérieur.
? Présence d?une pente des sols de balcons (1,5%
minimum), orientée vers l?extérieur.
? Nécessité d?une réflexion sur l?étanchéité des
balcons, laissée au libre choix du concepteur et du
maître d?ouvrage, en fonction des paramètres de la
configuration de l?ouvrage. Avec une formulation
adaptée du béton mis en oeuvre et un profil du balcon
adapté, une étanchéité n?est pas indispensable.
Les atteintes à la solidité qui affectent 15% des rapports
étudiés , se manifestent par une flexion excessive et des
fissurations à la liaison aux façades, conduisant à des
infiltrations, ou une corrosion des armatures qui aggrave
le phénomène. Leur origine est liée à :
? Une insuffisance de section d?armatures mises en
place (pouvant aller, dans un nombre de cas réduit
(3) jusqu?à l?effondrement).
? Des défauts de positionnement horizontal ou de
répartition des armatures.
? Un excès d?enrobage des armatures de flexion
placées trop bas dans la section verticale de la dalle.
? Un défaut d?ancrage.
On note aussi des dégradations secondaires (fissuration
ou éclatement du béton), par porosité trop élevée du
matériau, insuffisance d?enrobage provoquant une
corrosion prématurée des armatures, et une absence de
revêtement d?étanchéité sur une dalle insuffisamment
pentée.
Le sujet essentiel de la solidité des ouvrages dépasse
largement le seul critère du délai décennal de la
présomption de responsabilité des constructeurs et des
obligations d?assurance qui s?y rattachent.
Sur les ouvrages anciens, quand les données techniques
sont disponibles, on note des porte-à-faux de faible
longueur (< 1m), des dalles minces (un peu plus de
0,10m), et souvent des aciers de flexion disposés en fibre
inférieure.
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6 BALCONS : POINTS DE VIGILANCE
Le très faible nombre d?effondrements relevé sur les
ouvrages anciens, au regard du nombre de balcons
construits chaque année, ne permet pas de conclure
sur une éventuelle aggravation de la sinistralité pour les
ouvrages les plus récents, ni de façon certaine sur l?âge
auquel se manifeste ce type de désordre extrême (de
moins de dix ans à plus d?un demi-siècle pour les cas
recensés).
Les recommandations proposées sont les suivantes :
En phase chantier
? Une vérification systématique de la mise en place
correcte des armatures in situ (contrôles interne et
externe), telles que prévues aux plans d?exécution.
? Une formalisation de ces contrôles et auto-contrôles,
notamment en présence de rupteurs thermiques
ou de dispositions masquant la liaison de la dalle de
balcon à la façade.
? Une définition de dispositions constructives pour le
respect des règles parasismiques, adaptées pour les
ouvrages les plus courants (à l?image des règles PS-MI).
En phase d?exploitation
? Définir des mesures d?entretien minimales à
envisager sur les balcons, et les manifestations
susceptibles d?alerter les bailleurs, propriétaires,
syndics et gestionnaires de patrimoine d?un risque
avancé d?atteinte à la solidité des ouvrages.
? Faire respecter les charges permanentes et
d?exploitation appliquées aux ouvrages, telles que
prévues à la conception.
? Éliminer toute disposition favorisant les stagnations
d?eau, notamment dans les zones d?encastrement
et de liaison aux façades, au droit des joints de
fractionnement, etc.
Différents cas d?effondrement recensés sur des ouvrages
en béton d?âge variable, en Angleterre, en Allemagne, en
Australie, et aux États-Unis montrent des causes similaires
aux cas français. Les mêmes défauts constructifs
conduisent, quel que soit le pays concerné, aux mêmes
conséquences de pathologies sur les ouvrages.
La dégradation des revêtements de sol des balcons,
affecte 7 % des rapports étudiés, elle est essentiellement
due à des décollements de carrelage (absence de
fractionnement ou périphérique, défaut de pente, ou
dosage du mortier de scellement insuffisant) et quelques
soulèvements en l?absence de joint périphérique.
Ces pathologies ne diffèrent pas de celles connues pour
les différents revêtements mis en oeuvre, sans spécificité
particulière, et peuvent être prévenues par un respect
des dispositions techniques prévues dans les référentiels
normatifs applicables.
La dégradation des revêtements en face verticale
extérieure, affectant 7% des cas étudiés, est
essentiellement due à des décollements en raison de
l?absence de protection en tête, d?un défaut d?étanchéité
des joints de fractionnement ou de couvertines, ou
l?absence de fractionnement, l?absence de goutte d?eau,
ou l?arrachement de couvertine en raison d?un défaut de
fixation.
Les balcons en bois
Les balcons en bois sont concernés dans 5% des rapports
étudiés, parmi eux plusieurs cas d?attaque fongique
génèrent déformations et fissures, d?autres concernent la
solidité (défaut de dimensionnement), des problèmes de
glissance, la déformation de platelage, l?emploi inadapté
de platelage ajouré en étages superposés, ou défaut
de fixation d?un revêtement en sous-face avec chute
d?éléments.
Du fait de la sensibilité du matériau constitutif à la
dégradation par attaque fongique, la conception et la
réalisation des balcons sur les bâtiments à ossature en bois
doivent être particulièrement approfondies et soignées.
Compte tenu du développement croissant de ce type de
construction, il est nécessaire de définir des prescriptions
normatives en la matière, en se fondant sur les principes
géométriques détaillés ci-avant, complétés des spécificités
liées au matériau bois (recommandation des essences de
bois utilisables, de traitement de protection à prévoir,
comportement au fluage, de stagnation d?eau, de reprise
d?humidité, etc.).
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BALCONS : POINTS DE VIGILANCE 7
Les balcons métalliques
Les balcons métalliques peuvent être affectés de
corrosion, de défauts de contreventement des structures,
ou de défauts de liaison aux structures en béton pour les
éléments métalliques préfabriqués rapportés.
Les balcons en pierre
Les balcons en pierre peuvent être affectés de défaut de
protection à l?eau d?un élément en porte-à-faux, intégré
à la façade, ou d?insuffisance de résistance au gel du
matériau.
Atteinte à la sécurité des
personnes
Enfin on relève des désordres entrainant des risques pour
la sécurité des personnes, qui concernent 6% des rapports
étudiés toutes typologies confondues, par défaut de
résistance mécanique des garde-corps, liées à :
? Pour les garde-corps en béton : une fissuration liée à la
flexion du balcon, un défaut de reprise de bétonnage,
une insuffisance d?armatures, un éclatement des
murets par corrosion d?armatures, en raison d?un
défaut d?étanchéité de joints de couvertine.
? Pour les garde-corps métalliques : une corrosion liée
à des insuffisances de protection.
? Pour les garde-corps en bois : une attaque fongique.
? Pour les remplissages vitrés : un défaut de tenue et
de constitution du vitrage.
EN PERSPECTIVE
Les pouvoirs publics et l?autorité administrative
pourraient hiérarchiser clairement les exigences
applicables à la conception et à la réalisation des
ouvrages de balcons, en mettant nécessairement
au premier plan les exigences en termes de solidité
structurelle et de pérennité des ouvrages, ainsi
que l?étanchéité des espaces intérieurs vis-à-vis
des risques d?infiltrations d?eau depuis l?extérieur.
Ceci implique une analyse approfondie et une
évaluation technico-économique des risques et
des coûts induits par les obligations réglementaires
envisagées, avant de fixer de nouvelles règles.
Pour les ouvrages existants, il est recommandé la
réalisation de diagnostics relatifs à la solidité des
ouvrages de balcons, plus ou moins approfondis
en fonction de l?état général des ouvrages, qui
pourraient être imposés selon une périodicité
à définir. Des exemples de signes susceptibles
d?alerter d?une atteinte avancée à la solidité, sont
cités dans l?étude.
L?ensemble des professionnels de la construction,
est vivement incité à prendre l?initiative de
la rédaction de règles professionnelles de
conception et de réalisation de ce type d?ouvrage,
en détaillant les questions minimales que les
concepteurs doivent nécessairement se poser
face à ce type d?ouvrages, et les pistes de réflexion
qu?ils doivent impérativement intégrer à leur
conception. Ces règles devront se décliner par
nature de matériau. Des pistes de réflexion sur
les principes à retenir sont détaillées dans l?étude.
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8 BALCONS : POINTS DE VIGILANCE
INTRODUCTION
Définition du champ de l?étude
Pour cerner le périmètre de la présente étude quant au
champ des ouvrages concernés, nous rappellerons la
définition du balcon selon le Littré :
Construction en saillie sur la façade d'un bâtiment à l'un des
étages, et communiquant avec les appartements.
Et celle donnée par le Dicobat :
Plate-forme à hauteur de plancher, formant saillie sur une
façade, et fermée par une balustrade ou un garde-corps. Un
balcon n?est accessible que de l?intérieur du bâtiment.
Nous considèrerons donc sous ce vocable dans la
présente étude, les ouvrages semi-horizontaux construits
en porte-à-faux à l?extérieur des façades, principalement
des bâtiments d?habitation ou résidentiels.
Contenu de la mission
La mission d?analyse réalisée comprenait les phases
suivantes :
Participation aux réunions du groupe de travail pour
mise au point de la structuration de l?enquête et la
méthodologie d?évaluation, suivi de l?avancement de
l?enquête, et présentation du rapport de synthèse pour
validation.
Lecture et analyse technique des rapports d?expertise
issus de la collecte du dispositif Alerte, et mis à disposition
par l?AQC, auxquels s?ajoutent ceux dont dispose la
Direction Technique d?Eurisk sur le sujet, et l?expérience
acquise par celle-ci dans le domaine technique concerné
. Conduite d?entretiens avec des experts judiciaires ayant
eu à traiter des sinistres sur ce type d?ouvrages, des
entreprises de renforcement intervenant en réparation
de pathologies les concernant, de contrôleurs
techniques sensibilisés à celles-ci, des entreprises de
gros oeuvre réalisant ce type d?ouvrages et leurs SAV, des
organismes professionnels en charge de la certification
d?éléments incorporés à ceux-ci, et tous professionnels
connaissant les problématiques techniques liées à leur
conception, leur réalisation et modes de mise en oeuvre.
Recherche d?informations sur la pathologie des balcons
au niveau européen, voire international.
Classement typologique des pathologies relevées et
de leurs causalités, en relation avec les facteurs ou
paramètres significatifs mis en évidence, et les critères
prépondérants ressortant de l?étude, avec tendances
statistiques éventuellement émergentes.
Rédaction de la présente note de synthèse détaillant
et récapitulant les résultats de l?étude conduite, après
échanges et mise au point avec le groupe de travail pour
finalisation du rendu sous la conduite de l?AQC.
Nous avons associé à cette mission différents rapports
issus de nos données internes, et dont le sujet pouvait
enrichir les données de la présente analyse, ainsi que des
données issues de la veille des pathologies d?effondrement
signalées dans la presse et les médias, fournis par la MRN
(Mission des sociétés d?assurances pour la connaissance
et la prévention des Risques Naturels), association des
professionnels de l?assurance, pour l?AQC.
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BALCONS : POINTS DE VIGILANCE 9
1. DESCRIPTION DE
L?ÉCHANTILLON PAR
TYPOLOGIE
1.1 Caractéristiques de
l?échantillon
L?échantillon de rapports d?expertise étudiés est constitué
de 192 dossiers (dont 149 provenant du dispositif
Alerte), avec pour certains plusieurs rapports successifs
permettant de mieux analyser la nature des ouvrages, des
désordres les affectant, de connaître les investigations
conduites, et de mieux saisir l?origine des pathologies
rencontrées, ce qui représente au total 348 rapports
d?expertise analysés (dont 288 provenant du dispositif
Alerte).
Sur l?ensemble des dossiers analysés, 83 (soit 43 % de
l?échantillon étudié) se concentrent sur 29 opérations, avec
une récurrence moyenne pour chacune d?elles d?environ 3
dossiers (de 2 à un maximum de 10 dossiers pour celle
en comportant le plus). Pour 86 % de ces opérations, les
désordres successifs relèvent toujours du même type de
pathologie.
Les rapports étudiés, qui concernent un total de 192
dossiers répartis sur 138 opérations, ont été établis
pour un cas isolé le 24/10/1996, et pour le reste entre
le 12/10/2007 et le 21/12/2018, pour des déclarations,
pour un cas isolé le 30/08/1996, et pour le reste entre le
12/03/2007 et le 6/04/2018, soit étendues sur une période
principale de onze ans.
Les cas pathologiques d?effondrement, de menaces
d?effondrement et de chutes d?éléments de balcons,
signalés via la veille médiatique, au nombre de 67,
s?étendent, en dates de manifestation, du 21/02/2004
au 4/02/2019, soit une période de quinze ans, sur des
immeubles d?âges très variables (connu dans 39 % des
cas), allant de 1923 à 2012, voire en cours de travaux (un
cas en 2018).
Nous rappellerons que la communication des rapports au
dispositif Alerte est fondée pour une part sur la base du
volontariat, et pour l?autre sur le choix de codes Sycodès
correspondant à des domaines pathologiques identifiés,
mais assez larges, dépendant d?une déclaration préalable
aux différents régimes de l?assurance-construction
(dommages-ouvrage principalement, et responsabilité
civile décennale des constructeurs, voire responsabilité
civile ou tous risques chantier, pour les sinistres
survenus avant réception) conduisant à une procédure
d?expertise, amiable pour l?essentiel. L?échantillon
étudié ne peut prétendre donc à une exhaustivité de la
sinistralité ou des natures de pathologies, mais plutôt à
une représentativité relative, tant géographique, que par
type d?ouvrage, ou par nature de matériau.
De plus, même si l?échantillonnage disponible est
conséquent, sa subdivision par types de pathologie
ou de cause, corrélée aux constitutions des supports,
destination de locaux, implantation géographique, réduit
le nombre de cas pour chacun de ces sous-groupes, à
des effectifs insuffisants pour être statistiquement
véritablement significatifs.
Les résultats et cas pathologiques exposés peuvent
également pour partie résulter d?habitude ou de
préférence techniques locales, à des époques
particulières pour certaines, ce qui rend hasardeuse
toute exploitation statistique réellement significative,
compte tenu de la taille limitée des échantillons
disponibles évoqués dans ce qui suit.
Les descriptions contenues dans la présente étude se
veulent donc principalement de nature informative
et qualitative, pour éclairer les traits particuliers aussi
significatifs que possibles, de l?échantillon étudié et des
pathologies rencontrées les affectant.
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10 BALCONS : POINTS DE VIGILANCE
1.2 Implantation régionale des
sites étudiés
Les régions mentionnées ci-après sont celles
correspondant au découpage administratif antérieur à
celui du 1er/01/2016 instauré par la Loi n° 2015-29 du
16/01/2015, afin d?assurer une description géographique
plus fine de la répartition des dossiers étudiés.
Cette répartition régionale des dossiers d?expertise
étudiés se décompose comme suit, sur l?ensemble du
territoire métropolitain et ultramarin :
45 cas dans le Centre-Ouest (44 en Pays-de-la-Loire, 1 en
Poitou-Charentes), soit 24 % de l?effectif.
32 cas dans l?Est (31 en Lorraine, 1 en Champagne-
Ardenne), soit 17 % de l?effectif.
29 cas dans le Centre (Ile-de-France), soit 15 % de l?effectif.
25 cas dans l?Ouest (21 en Bretagne, 4 en Normandie),
soit 13 % de l?effectif.
19 cas dans le Sud-Ouest (10 en Aquitaine, 5 en
Languedoc-Roussillon, 4 en Midi-Pyrénées), soit 10 % de
l?effectif.
19 cas dans le Centre-Est (15 en Rhône-Alpes, 3 en
Auvergne, 1 en Bourgogne), soit 10 % de l?effectif total de
dossiers étudiés.
13 cas dans le Sud-Est (12 en Provence-Alpes-Côte d?Azur,
1 en Corse), soit 7 % de l?effectif.
8 dans le Nord (7 en Picardie, 1 dans le Nord-Pas-de-
Calais), soit 4 % de l?effectif.
2 dans les DOM (à La Réunion), soit 1 % de l?effectif.
Pour évaluer une répartition régionale de pourcentage
de sinistres représentative, il faudrait pouvoir rapporter
ce nombre de dossiers au nombre d?opérations de
construction réalisées dans les régions concernées.
Répartition régionale du nombre de dossiers recensés dans la présente étude
(Crédit illustration : AQC)
Sinistres Balcon
0-1
8-10
18-29
1-8
10-18
29-44
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BALCONS : POINTS DE VIGILANCE 11
L?analyse générale de ces dossiers ne fait pas véritablement
émerger de sinistralité régionale spécifique particulière.
La partition régionale des 29 opérations où plusieurs
sinistres ont été déclarés est à 80 % concentrée sur le
Centre-Ouest, l?Ouest, le Centre et l?Est (respectivement 37
%, 10 %, 13 % et 20 %), soit 86 % des sinistres successifs
rencontrés sur la totalité de ces opérations.
La répartition régionale des dossiers issus de la veille
médiatique se décompose comme suit, sur l?ensemble du
territoire métropolitain et ultramarin :
14 dans le Centre (2 en région Centre, 12 en Ile-de-
France), soit 21 % de l?effectif.
14 dans le Sud-Ouest (4 en Aquitaine, 4 en Languedoc-
Roussillon, 6 en Midi-Pyrénées), soit 21 % de l?effectif.
9 dans le Sud-Est (7 en Provence-Alpes-Côte d?Azur, 2 en
Corse), soit 13 % de l?effectif.
7 dans le Centre-Ouest (5 en Pays-de-la-Loire, 2 en
Poitou-Charentes), soit 10 % de l?effectif.
7 dans l?Est (4 en Alsace, 3 en Lorraine), soit 10 % de
l?effectif.
6 dans le Centre-Est (en région Rhône-Alpes), soit 9 % de
l?effectif.
4 dans l?Ouest (1 en Bretagne, 3 en Normandie), soit 6 %
de l?effectif.
3 dans les DOM (2 en Guadeloupe, 1 à La Réunion), soit
4 % de l?effectif.
3 dans Le Nord (2 dans le Nord-Pas-de-Calais, 1 en
Picardie), soit 4 % de l?effectif.
Là aussi, pour obtenir une répartition régionale de
pourcentage de sinistres représentative, il faudrait
pouvoir rapporter ce nombre de dossiers au nombre de
constructions existantes dans les régions concernées.
L?ordre de l?implantation régionale des sites impactés
par les sinistres n?est pas le même entre ceux résultant
des dossiers d?expertise et ceux résultant de la veille
médiatique.
Répartition régionale du nombre de cas recensés via la veille médiatique
(Crédit illustration : AQC)
0-2
3-5
6-7
2-3
5-6
7-12
Sinistres Balcon
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12 BALCONS : POINTS DE VIGILANCE
1.3 Typologie par nature des
matériaux constitutifs
Dans l?échantillon étudié, la nature du matériau constitutif
des balcons est très majoritairement du béton
(181 cas, soit 94 % du total de l?échantillon), ce qui est en
relation avec les modes constructifs les plus pratiqués
nationalement, suivi pour quelques cas par le bois (10 cas,
soit 5 %) et un en pierre, le métal n?étant pas représenté.
Les cas signalés par la veille médiatique concernent,
quand leur constitution est connue (dans 58 cas, soit
86 ?% du total), 38 ouvrages en béton (56 % du total des
cas signalés), 12 en pierre (18 %), 7 en bois (10 %), et 1 en
métal.
En ce qui concerne, les matériaux constitutifs des garde-
corps de balcons affectés de pathologie affectant la
sécurité aux chutes, on relève trois types de matériaux
principaux : le bois (5 cas), le béton (4 cas), et l?acier (2 cas).
La veille médiatique signale deux cas, un concernant un
garde-corps métallique, l?autre un garde-corps en bois.
1.4 Typologie par destination de
bâtiment
Les types d?ouvrages concernés par les pathologies
étudiées sont très majoritairement résidentiels (98 %), et
se répartissent comme suit :
188 cas concernant des bâtiments destinés à
l?habitation dont 11 maisons individuelles et 177
bâtiments d?habitation collectifs (soit respectivement
6 % et 92 % de l?effectif total), majoritairement en
béton pour les collectifs (98 %), et pour moitié en
bois ou en béton pour les maisons individuelles.
Dans les opérations comportant des dossiers récurrents,
les proportions sont de 4 % de maisons individuelles et
96 % de bâtiments d?habitation collectifs.
1 bâtiment de bureaux, soit 0,5 % de l?effectif total.
3 bâtiments résidentiels médicalisés, soit 1,5 % de
l?effectif total.
1.5 Typologie par âge des ouvrages
Les Déclarations d?Ouverture de Chantier (DOC) s?étendent,
hors un cas isolé le 1/07/1984, du 1/04/2000 au 1/12/2016,
soit sur une période d?un peu plus de seize ans.
La réception s?étend, hors un cas isolé le 31/10/1986, du
2/10/2001 au 1/12/2015, soit sur une période d?un peu
plus de quatorze ans. 5 dossiers concernent des atteintes
à la solidité (quatre prises de flèche excessives et un
effondrement), révélées en cours de travaux, sur des
opérations non réceptionnées.
La durée de chantier des opérations concernées par les
dossiers d?expertise, varie de 1 à 53 mois (moyenne 23
mois).
L?apparition des désordres se manifeste de façon très
variable de 5 mois à 10 ans après réception, avec une
moyenne d?apparition à 5,1 ans, et pour cinq cas avant
réception, sur une période de onze ans.
RÉCEPTION
DÉCLARATION SINISTRE
Sinistres Balcon
02-10-/2001 01-12-2015
12-03-2007 6-04-2018
DÉCLARATIONS D?OUVERTURE DE CHANTIER
01-04-2000 01-12-2016
+16
ANS
+14
ANS
1 À 53
MOIS
MOYENNE DE
5,1 ANS
Agence Qualité Construction · 2019
BALCONS : POINTS DE VIGILANCE 13
Ce délai moyen de déclaration après réception, varie en
fonction de la nature des pathologies, selon les valeurs
suivantes :
4,7 ans pour les problèmes d?infiltrations (dans une plage
étendue de 5 mois à 10 ans).
5,7 ans pour les problèmes affectant la solidité (dans une
plage étendue d?un peu moins de 2 ans à presque 10
ans).
6 ans pour les balcons en bois (dans une plage étendue
de 7 mois à 10 ans).
6,3 ans pour les revêtements extérieurs (dans une plage
étendue de 1,5 à 10 ans).
6,5 ans pour les garde-corps (dans une plage étendue de
14 mois à presque 10 ans).
6,6 ans pour les revêtements de sol (dans une plage
étendue d?un peu plus de 2 ans à presque 10 ans).
Les cas pathologiques d?effondrement, de menaces
d?effondrement et de chutes d?éléments de balcons,
signalés via la veille médiatique, se manifestent sur des
immeubles d?âges très variables (connu dans 24 cas soit
36 % du total, mais dans près de la moitié des 41 cas
d?effondrement, et moins d?un tiers pour les dix cas de
menace), allant de 1923 à 2012, voire en cours de travaux
(trois cas).
Dans les cas d?effondrement, l?âge des immeubles
concernés quand il est connu (soit 19 cas sur les 41
recensés), est pour 6 cas compris entre 30 et 40 ans,
pour 5 cas entre 20 et 30 ans, pour 3 cas > 50 ans, pour
1 cas entre 10 et 20 ans, pour 1 cas < 10 ans, et pour 3
cas l?effondrement est survenu en cours de travaux. L?âge
moyen de l?ensemble des bâtiments concernés est de 33
ans.
Répartition en âge de l?ensemble des cas signalés par la veille médiatique
(Crédit illustration : AQC)
Répartition en âge des cas d?effondrement signalés par la veille médiatique
(Crédit illustration : AQC)
6 CAS
7 CAS5 CAS
2 CAS
1 CAS
3 CAS
> 50 ans
en cours de travaux
30 et 40 ans
20 et 30 ans
10 et 20 ans
< 10 ans
24 CAS
AU TOTAL
3 CAS
6 CAS
5 CAS
1 CAS
1 CAS
3 CAS
> 50 ans
en cours de travaux
30 et 40 ans
20 et 30 ans
10 et 20 ans
< 10 ans
19 CAS
AU TOTAL
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14 BALCONS : POINTS DE VIGILANCE
2. RÉFÉRENTIEL
TECHNIQUE ET
RÈGLEMENTAIRE
Les ouvrages de balcons n?étant pas visés par des
textes particuliers spécifiques à leur conception et leur
réalisation, il n?est pas possible de lister un référentiel de
textes à caractère réglementaire ou normatif exhaustif.
Nous rappelons donc ci-après ceux qui nous paraissent
principalement pertinents dans la description de la
conception et la réalisation de ce type d?ouvrage.
Règles de calcul Eurocodes (par matériau) et Eurocode 8
(calcul de résistance aux séismes) (normes NF EN 1990 à
NF EN 1998).
Cahier des prescriptions techniques communes « CPT-
Planchers » :
? Titre I Planchers nervurés à poutrelles préfabriquées
(cahier du CSTB 3718_V2 d?avril 2018), en particulier
sa section A § 105,6.
? Titre II Dalles pleines confectionnées à partir de
prédalles préfabriquées (cahier du CSTB 2892_V2
d?avril 2016), en particulier ses sections A § 5 et C §
2.2.
Fascicule FD P 18-717 de décembre 2013 (guide
d?application de l?Eurocode 2), en particulier ses §§ 7.3.3
(1) et 7.4.1 (4) (III).
Norme NF DTU 20.1 d?octobre 2008 (ouvrages en
maçonnerie), en particulier ses parties P 1-1 § 5.1.2 et
P 4 § 3.1.7.
DTU 20.12 (NF P 10-203) de septembre 1993 (gros oeuvre
en maçonnerie support d?étanchéité).
Norme NF DTU 21 P 1-1 de juin 2017 (ouvrages en béton),
en particulier son annexe B § B.2.1.
Norme NF DTU 23.2 P 1-1 d?août 2008 (planchers à dalles
alvéolées préfabriquées en béton), en particulier son §
6.2.
Norme NF DTU 31.2 de janvier 2011 (bâtiments à
ossature en bois), en particulier son § 8.5.
Norme NF DTU 32.3 de septembre 2015 (bâtiments à
ossature en acier).
Norme NF B 10-601 de mars 2014 (prescriptions
générales d?emploi des pierres naturelles), en particulier
le tableau 1 de son § 4.5.
Fascicule FD P 05-100 de septembre 1991 Conditions
d?usage normal d?un logement.
Fascicule FD P 05-101 de septembre 2003 Guide pour
l'élaboration de notices de surveillance et d'entretien des
immeubles collectifs de logements ou de bureaux.
Guide RAGE Balcons et coursives métalliques rapportés
Conception et mise en oeuvre ? Neuf (mai 2013).
Guide RAGE Balcons et coursives métalliques rapportés
Conception et mise en oeuvre ? Rénovation (septembre
2013).
Pour les éléments d?ouvrages contigus ou connexes aux
balcons :
Norme NF DTU 36.5 d?avril 2010 (menuiseries
extérieures), en particulier son § 5.10.3.
Norme NF DTU 43.1 de novembre 2004 (étanchéité avec
éléments porteurs en maçonnerie en climat de plaine),
en particulier son § 8.4.
Norme NF DTU 60.11 P 3 d?août 2013 (Règles de calcul
des évacuations d?eaux pluviales).
CPT des systèmes d?isolation thermique extérieure par
enduit sur polystyrène expansé (cahier du CSTB 3035_V3
de septembre 2018), en particulier le § 5.2 Figures A 3.1
et A.3.2.
Règles professionnelles de septembre 1999 Systèmes
d?Etanchéité Liquide sur planchers extérieurs en maçonnerie
dominant des parties non closes du bâtiment.
Guide RAGE Mise en oeuvre des rupteurs de ponts
thermiques sous Avis Techniques ? Neuf (février 2013), en
particulier son § 4.4.
Pour les éléments de protection aux chutes des personnes
dans les zones accessibles au séjour
Pour les efforts appliqués aux ouvrages de protection
aux chutes, il convient de se reporter aux charges
définies dans l?Eurocode 1 (normes NF EN 1991-1-1 de
mars 2003 § 6.4, et NF P 06-111-2 de juin 2004 et son
amendement A1 de mars 2009).
Norme NF P 01-012 de juillet 1988 Dimensions des garde-
corps.
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BALCONS : POINTS DE VIGILANCE 15
Norme NF P 01-013 d?août 1988 Essais des garde-corps.
Fascicule FD DTU 39 P 5 de juillet 2017 Choix des vitrages
en fonction de l?exposition aux risques de blessures, en
particulier son § 4 et ses annexes A et B.
CPT des garde-corps non traditionnels en produits
verriers encastrés (cahier du CSTB 3034_V2 d?octobre
2018).
Ne sont pas visés ici les dispositifs de protection aux
chutes spécifiques relatifs exclusivement au personnel
d?entretien et de maintenance.
Exigences règlementaires :
Réglementation relative au Plan Local d?Urbanisme
(Code de l?Urbanisme Articles L 151-1 et suivants, R
151-1 et suivants, notamment article R 151-49, et textes
d?application) .
Réglementation relative à l?accessibilité aux handicapés
(Code de la Construction et de l?Habitation, articles L
111-7 à L 111-8-4, et R 111-18 à R 111-19-63, et textes
d?application).
Règlementation thermique, dite RT 2012 (Code de la
Construction et de l?Habitation, articles L 111-9 à L 111-
10-5, et R 111-20 à R 111-20-6, et textes d?application).
Réglementation parasismique (Code de l?Environnement,
articles L 563-1 et R 563-1 à D 563-8-1, et textes
d?application).
Règlementation contre l?incendie (arrêté du 31/01/1986
modifié pour les bâtiments d?habitation, arrêté du 25
Juin 1980 modifié pour les établissements recevant du
public, et textes d?application), et notamment la règle
dite du « C + D ».
3. TYPOLOGIE DES
PATHOLOGIES
Dans l?échantillon étudié, on relève différentes familles de
pathologies détaillées ci-après.
Afin de les caractériser, nous avons adopté la classification
suivante, par nature de matériau constitutif :
Pour les balcons en béton :
? Les problèmes d?infiltration et de défauts d?étanchéité.
? Les atteintes à la solidité.
? La dégradation des revêtements de sol de balcon.
? La dégradation des revêtements extérieurs verticaux.
Les balcons en bois.
Les balcons en pierre.
L?atteinte à la sécurité aux chutes.
Dans la veille médiatique, sur la période recensée,
uniquement pour des problèmes liés à la solidité des
ouvrages, on dénombre :
41 cas d?effondrement.
10 cas de menaces d?effondrement.
14 cas de chutes de morceaux provenant des balcons.
2 défaillances de garde-corps.
Dans cette veille, le nombre de cas observés annuellement
se révèle trop faible pour véritablement pouvoir
apprécier une éventuelle évolution des cas recensés
d?effondrement ou de menace d?effondrement au fil des
années d?observation. En sus des très faibles échantillons
par année (quelques unités), l?incertitude sur l?exhaustivité
du recensement rend délicate l?interprétation de
l?accroissement des cas recensés sur la période de 2016
à 2018.
On note seulement que ces trois années cumulent la
moitié du nombre de cas d?effondrement recensés,
mais sans certitude sur l?origine effective de ce constat
(exhaustivité du recensement, collecte rendue plus visible
au fil des années, mémoire médiatique d?évènements plus
récents,?). On note également que les années 2017 et
2018 concentrent en moyenne des ouvrages plus anciens
(40 à 50 ans), mais cette observation est bien évidemment
à interpréter avec circonspection compte tenu des
éléments évoqués ci-avant.
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16 BALCONS : POINTS DE VIGILANCE
3.1 Pathologie des balcons en
béton
3.1.1 Les infiltrations et les défauts d?étanchéité
Ce type de pathologie constitue la part prépondérante des
dossiers d?expertise observés (aucun signalement dans
les dossiers émanant de la veille médiatique), puisqu?en
ce qui concerne les infiltrations intérieures, on recense
89 cas (soit 46 % du total des dossiers étudiés) dont la
manifestation se situe pour 38 cas en cueillie de plafond,
24 cas en pied de cloisons, et 12 cas sous le seuil d?une
porte-fenêtre.
L?origine des phénomènes d?infiltration intérieure
constatés provient dans près de la moitié des cas de ce
type de pathologie, de fissuration (45 %), soit d?une fissure
naturelle située à la jonction longitudinale entre façade et
balcon (pour les 2/3 de ces cas), soit à la jonction latérale
entre un retour de façade et le balcon (pour 1/5), ou pour
le reste au niveau du seuil donnant sur le balcon.
On relève dans presque 20 % des autres cas de ce type de
pathologie, des problèmes liés à des défauts d?étanchéité
(absence de revêtement d?étanchéité, absence de relevé,
absence d?étanchéité sur joint de fractionnement, (les
joints de fractionnement ont bien été réalisés, mais ne
sont pas étanchés correctement) défaut au droit des
siphons de sol ou au raccordement d?évacuation d?eaux
pluviales).
On relève également des causes liées à des contrepentes
ou des insuffisances de pente (8 % des cas de ce type
de pathologie), ou une absence de ressaut entre niveau
intérieur du logement et niveau extérieur du balcon (6 %
des cas).
Les autres cas concernent des défauts d?étanchéité au
droit de rupteurs thermiques, de menuiserie extérieure
ou de couvertines, des défauts de réalisation en pied
d?isolation thermique par l?extérieur à son raccordement
sur le balcon, ou de protection à l?eau sur des corniches.
Absence d?étanchéité au niveau du seuil de balcon
(Crédit photo : AQC)
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BALCONS : POINTS DE VIGILANCE 17
On peut aussi rattacher à cette catégorie les infiltrations
en sous-face de balcons (13 % du total des 192 dossiers
étudiés), même s?ils sont étanchés. On retrouve pour
les trois quarts de ces cas, à parts égales, une absence
d?étanchéité ou des défauts de celle-ci (sur joints de
fractionnement, sur relevés, au droit des siphons de sols
et des raccordements d?évacuation d?eaux pluviales),
et pour le reste des défauts de pente, des fissures sur
retours latéraux de façade et des défauts d?étanchéité de
couvertine.
3.1.2 Les atteintes à la solidité
15 % du total des dossiers étudiés relèvent de cette
catégorie, se manifestant par une flexion excessive pour
plus du tiers (36 %), en raison :
d?excès d?enrobage ou d?insuffisance de section
d?armatures mises en place, pouvant aller, heureusement
dans un nombre de cas réduit (3) jusqu?à l?effondrement;
de défauts de position et de mise en place des armatures;
des excès d?enrobage des armatures de flexion placées
trop bas dans la section verticale de la dalle;
ou de défaut d?ancrage de ces armatures.
À noter que sont rarement connues :
la longueur du porte-à-faux des balcons (connue dans à
peine 5 % de la totalité des dossiers étudiés, et 18 % des
cas pour cette pathologie);
l?épaisseur des balcons (connue dans à peine 5 % de la
totalité des dossiers étudiés, et 25 % des cas pour cette
pathologie);
la nature du mode de réalisation des balcons (coulés sur
site ou préfabriqués), qui n?est jamais mentionnée dans
les dossiers étudiés.
D?autres atteintes (36 %) se manifestent par une
dégradation, une fissuration ou un éclatement du
béton, liés à une porosité trop élevée du matériau, une
insuffisance d?enrobage des armatures et une absence de
revêtement d?étanchéité sur l?arase supérieure de la dalle
insuffisamment pentue, ou une corrosion des armatures
de flexion en raison d?une insuffisance d?enrobage.
L?échantillon de cas observés se révèle trop faible pour
apprécier une éventuelle évolution du nombre de
cas d?atteinte à la solidité en fonction des années de
construction.
Infiltrations en sous-face de balcon par fissuration en cueillie latérale
(Crédit photo : Socabat)
Fissuration d?un angle de balcon filant liée à un positionnement incorrect
des armatures de reprise du double porte-à-faux
(Crédit photo : Eurisk)
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18 BALCONS : POINTS DE VIGILANCE
Dans la veille médiatique, sur la période recensée, pour
les problèmes liés à la solidité des ouvrages, on recense,
pour les balcons en béton :
27 cas d?effondrement (deux tiers des cas de ce type), et
4 en matériau de nature non déterminée;
5 cas de menaces d?effondrement (soit la moitié des cas
de ce type de pathologie), et 3 en matériau de nature
non déterminée;
5 cas de chutes de morceaux provenant de ce type de
balcons (36 % des cas de ce type de pathologie) et un en
matériau de nature non déterminée.
7 cas d?effondrement concernent des empilements de 2
à 7 balcons à l?aplomb les uns des autres, à partir de la
rupture d?un balcon d?un niveau supérieur.
Dans les quelques cas où des données techniques sont
disponibles, on note des porte-à-faux de faible longueur
(inférieure au mètre), avec des dalles d?épaisseur assez
mince (un peu plus de 0,10 m), et souvent des positions
d?armatures inadaptées (aciers de flexion disposés en
fibre inférieure, dans la zone comprimée de la section des
dalles). Un chargement postérieur des balcons concernés
au-delà de la charge habituellement supportée (sans
pour autant dépasser la charge nominale théorique pour
laquelle ils ont été conçus), peut souvent être le révélateur,
parfois très tardif au regard du délai d?apparition du
sinistre par rapport à l?achèvement de la construction,
d?une faiblesse constructive intrinsèque, mais dans
lequel le vieillissement de l?ouvrage contribue de façon
défavorable certaine.
3.1.3 La dégradation des revêtements de sol des
balcons
Pour ce type de pathologie représentant 7 % du total des
dossiers examinés, on recense essentiellement (86 % des
cas) un phénomène de décollement de carrelage de sol,
en raison d?une absence de joint de fractionnement ou
périphérique, d?un défaut de pente, ou d?un dosage du
mortier de scellement insuffisant (possiblement lié à un
défaut de drainage sous ce lit de pose).
Le solde se manifeste par un soulèvement des revêtements
en raison d?une absence de joint périphérique.
Effondrement d?un balcon
(Crédit photo : AQC)
Dégradation des joints de carrelage liée à une insuffisance de pente
(Crédit photo : Eurisk)
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BALCONS : POINTS DE VIGILANCE 19
3.1.4 La dégradation des revêtements extérieurs
verticaux
Pour ce type de pathologie représentant également 7 % du
total des dossiers examinés, on recense essentiellement
(86 % des cas) un phénomène de décollement d?enduit
sur la face verticale extérieure ou du revêtement en nez
de balcon, en raison de l?absence de protection de la
tête du revêtement, d?un défaut d?étanchéité des joints
de fractionnement ou d?une couvertine, ou l?absence de
fractionnement.
On relève également un cas de traces de coulures en
rives, en raison de l?absence d?un dispositif formant goutte
d?eau, et un arrachement de couvertine, en raison d?un
défaut de fixation.
3.2 Pathologie des balcons en bois
On ne recense que 10 cas sur le total des dossiers étudiés
(soit 5 %), dont le matériau constitutif des balcons est en
bois.
Les dommages résultent pour un tiers d?attaque fongique
générant déformation et fissures, en raison de défaut
de protection ou de prise en compte des risques de
stagnation d?eau.
Les autres cas, relèvent d?une atteinte à la solidité, en raison
d?un défaut de dimensionnement, ou de déformation de
platelage, ou d?impropriété (problème de glissance, par
exemple).
Dans la veille médiatique, sur la période recensée, pour
les problèmes liés à la solidité des ouvrages, on recense 7
cas d?effondrement de balcons en bois.
Dégradation de structure porteuse de balcon en bois par attaque
(Crédit photo : Saretec)
Dégradation de structure porteuse de balcon en bois par attaque
(Crédit photo : Saretec)
Décollements de revêtements en rives de nez de balcon
(Crédit photo : Eurisk)
Décollements de revêtements en rives de nez de balcon
(Crédit photo : Eurisk)
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20 BALCONS : POINTS DE VIGILANCE
3.3 Pathologie des balcons
métalliques
Aucun cas n?a été recensé dans l?ensemble des dossiers
étudiés, mais on peut valablement considérer par
expérience, que les pathologies de ce type d?ouvrage
concerneraient principalement la corrosion ou des
défauts de contreventement des structures.
On peut y ajouter aussi les pathologies potentielles
liées aux ouvrages métalliques préfabriqués rapportés,
liaisonnés aux structures en béton par inserts (rails par
exemple) ou chevilles métalliques, qui font aujourd?hui
l?objet de règles de dimensionnement en partie 4 de
l?Eurocode 2 (NF EN 1992-4 de septembre 2018 Calcul des
structures en béton ? Conception et calcul des éléments
de fixation pour béton).
Dans la veille médiatique, sur la période recensée, pour les
problèmes liés à la solidité des ouvrages, on recense un
seul cas d?effondrement de balcon à ossature métallique
(avec plancher en bois).
3.4 Pathologie des balcons en
pierre
Un seul cas a été recensé sur l?ensemble des dossiers
étudiés, et concerne un défaut de protection à l?eau d?un
élément en pierre en porte-à-faux, intégré à la façade, et
ayant conduit à une infiltration intérieure.
On peut aussi considérer que des pathologies seraient
susceptibles d?apparaître en raison d?une insuffisance de
résistance au gel du matériau.
Il convient de rappeler que la norme NF B 10-601
définit des critères d?aptitude à l?emploi, c?est-à-dire
des caractéristiques permettant d?évaluer l?aptitude
du matériau à l?usage auquel on le destine, donc avant
exécution des travaux, et non des critères de vérification a
posteriori des caractéristiques du matériau mis en oeuvre.
Elle ne définit non plus aucun critère permettant de
contrôler les caractéristiques du matériau mis en oeuvre
soumis à l?usage, aux sollicitations et aux conditions
d?exposition pendant une certaine durée.
Dans la veille médiatique, sur la période recensée, pour
les problèmes liés à la solidité des ouvrages, on recense
pour les balcons en pierre :
2 cas d?effondrement.
2 cas de menaces d?effondrement.
8 cas de chutes de morceaux provenant de ce type de
balcons (57 % des cas de ce type).
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BALCONS : POINTS DE VIGILANCE 21
3.5 Atteinte à la sécurité aux
chutes
Les désordres affectant les ouvrages de protection aux
chutes des personnes sur les balcons accessibles au
séjour, qui concernent 6 % du total des dossiers étudiés,
relèvent d?atteinte à leur résistance mécanique, et donc à
leur fonction.
Pour les garde-corps en béton (45 % des cas), on
recense des problèmes de fissuration liés à la flexion du
balcon, à des défauts de reprise de bétonnage, à une
insuffisance d?armatures, ou à un éclatement des murets
et une corrosion de leurs armatures, en raison d?un défaut
d?étanchéité des joints de couvertine.
Pour les garde-corps métalliques, les désordres concernent
un problème de corrosion lié à des insuffisances de
protection.
Pour les garde-corps en bois, les problèmes essentiels
concernent une attaque fongique, en raison d?un défaut
de traitement de préservation, de la présence d?aubier,
ou de défaut de drainage des assemblages des éléments
constitutifs, et secondairement un problème de retrait
des bois générant des jeux dans les assemblages.
On note également un cas de fissuration d?un séparatif
vitré entre balcons privatifs en raison d?un défaut de tenue
en tête (absence de fixation sur une hauteur de 1,40 m).
Bien que non rencontrés, on peut aussi citer dans cette
catégorie d?éventuels problèmes liés au remplissage de
garde-corps vitrés (tenue et constitution du vitrage) ou
translucides (nature et mode de pose d?un remplissage en
matériau organique).
Dans la veille médiatique, sur la période recensée, pour les
problèmes liés à la protection aux chutes des personnes,
on relève deux cas de rupture de garde-corps (l?un en
métal, l?autre en bois).
Dégradation de garde-corps en bois
(Crédit photo : Eurisk)
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22 BALCONS : POINTS DE VIGILANCE
3.6 Les pathologies à l?étranger
Le CROSS (Confidential Report Of Structure Safety), est une
des deux entités de Structural Safety, groupe anglo-saxon,
à vocation internationale, financé par l?ISE (Institution of
Structural Engineers, organisation mondiale se consacrant
à l?ingénierie des structures), l?ICE (Institution of Civil
Engineers, organisme professionnel) et le HSE (Health
and Safety Executive, organisme institutionnel britannique
pour la santé et la sécurité, notamment dans le monde du
travail). Il établit des comptes rendus destinés à analyser
et faire partager les retours d?expérience sur la sécurité de
conception et d?exécution des structures réalisées en tous
types de matériaux.
Dans le cadre de ses travaux, le CROSS compile différents
cas de pathologies d?effondrement de balcons à travers le
monde, mais, compte tenu de son champ d?intervention
beaucoup plus vaste, sans faire de veille exhaustive ou
statistique sur le sujet. Il a recensé des cas en Angleterre,
en Allemagne, en France, en Australie, ou aux États-Unis.
Une demi-douzaine de cas recensés rapportés, montrent
des causes à l?origine des effondrements similaires à ce que
les cas relevés en France mettent en évidence : mauvais
positionnement et enrobage excessif d?armatures,
fissuration à l?encastrement favorisant les infiltrations et
corrosion consécutive des armatures.
En analyse très rapide, on peut donc constater que les
mêmes défauts constructifs conduisent, quel que soit le
pays concerné, aux mêmes conséquences de pathologies
sur les ouvrages, à terme.
?
Agence Qualité Construction · 2019
BALCONS : POINTS DE VIGILANCE 23
4. FACTEURS D?INFLUENCE
DES PATHOLOGIES
La durée des travaux n?a pas d?incidence notable, sauf
pour les dommages liés aux infiltrations dont la proportion
augmente avec la durée des travaux, ce qui reste difficile à
interpréter, compte tenu de la taille des sous-groupes de
l?échantillon étudiés, et des multiples facteurs susceptibles
d?intervenir dans l?apparition de ce type de pathologie en
fonction de ses différents modes de manifestation.
La nature du matériau constitutif étant très majoritairement
concentrée sur des balcons en béton, elle impacte
nécessairement la nature des pathologies observées,
notamment en ce qui concerne la cause des phénomènes
de flexion importante observés et leurs conséquences
(infiltrations et atteinte à la solidité).
L?influence de l?orientation des façades (rarement connue
dans l?échantillon des dossiers étudiés) ou de la proximité
du littoral, nécessitant une analyse plus approfondie,
n?a pas pu faire l?objet d?un examen spécifique dans le
cadre de la présente étude, en raison du temps d?analyse
nécessaire à chaque cas d?espèce, et qui dépassait les
limites de la présente étude. On peut imaginer que
les façades plus exposées au vent de pluie dominant
ou les étages des constructions les plus élevés soient
plus sensibles aux phénomènes d?infiltration, mais cela
ne ressort pas clairement de l?étude, les infiltrations
intérieures se répartissant à parts quasiment égales entre
les différents niveaux du 1er au 3e étage et un peu plus
faiblement pour les niveaux supérieurs, quand il en existe
sur les immeubles concernés. La composition, le dosage
et la classe d?exposition des bétons mis en oeuvre, ne sont
jamais connus dans les dossiers analysés.
Le nombre de cas des échantillons relatifs correspondant
aux autres pathologies est insuffisant pour en tirer des
informations statistiques pertinentes qui pourraient être
en relation avec les étages où elles se manifestent.
5. ANALYSE DES
PATHOLOGIES
Dans l?analyse qui peut être faite des pathologies recensées,
telle que nous la détaillons dans le présent chapitre, on
peut noter que les exigences réglementaires en constante
évolution, et qui se sont accrues depuis un peu plus d?une
décennie, se cumulent souvent défavorablement avec
les nécessités constructives, qui apparaissent cependant
primordiales dans l?approche conceptuelle et la réalisation
de ces ouvrages, tant en terme de solidité que d?étanchéité
vis-à-vis des risques d?infiltrations intérieures, et que nous
développons ci-après.
Il nous paraît essentiel de rappeler que tant les obligations
en matière d?accessibilité aux handicapés des espaces
extérieurs, que le traitement des ponts thermiques,
ne doivent affaiblir ou faire passer au second plan ces
exigences primordiales pour la sécurité et la pérennité
des ouvrages, bien au-delà des critères des seules
garanties légales qui s?y rapportent et des obligations
d?assurance qui y sont attachées. Il semble nécessaire
de produire des exigences réglementaires logiques
et compatibles entre les différents objectifs fixés,
nécessairement hiérarchie la réalisation effective
d?ouvrages sûrs, solides, mais aussi accessibles et
thermiquement performants, en évitant le risque de
solutions techniques trop complexes ne permettant
pas raisonnablement de garantir des possibilités de
mise en oeuvre satisfaisantes.
Même si les facteurs évoqués dans ce qui suit ne
ressortent pas directement d?observation de l?échantillon
limité faisant l?objet de la présente étude, leur caractère
essentiel nous a conduits à les intégrer dans le cadre
d?une réflexion élargie sur l?amélioration globale des
bonnes pratiques des intervenants destinées à réduire
les pathologies évoquées. Afin d?éviter toute méprise sur
le sens à donner à cette analyse, il ne s?agit aucunement
d?une quelconque mise en cause de certains principes ou
modes constructifs dont les constructeurs restent libres
du choix, mais bien de la nécessité de prise en compte de
la spécificité de ces techniques et de la vigilance qu?elle
doit conduire à adopter sur différents points particuliers.
Agence Qualité Construction · 2019
24 BALCONS : POINTS DE VIGILANCE
5.1 Pathologies d?infiltrations
On peut noter que les pathologies liées aux infiltrations,
qui représentent près de 60 % des cas étudiés, résultent
de différents facteurs éventuellement concomitants
et cumulatifs : la fissuration « naturelle » des ouvrages
liée à la flexion normale des éléments en porte-à-faux,
l?insuffisance ou l?absence de pente sur la dalle de balcon,
ou l?orientation de la pente vers les façades, l?absence ou
l?insuffisance de ressaut aux seuils des portes-fenêtres, et
l?absence ou des défauts d?exécution de l?étanchéité ou au
droit de points singuliers.
La fissuration à l?encastrement, résultant de la flexion des
ouvrages en porte-à-faux, même si elle est en principe de
faible ampleur d?ouverture, se trouve souvent amplifiée
par les principes et phasages constructifs habituellement
adoptés, avec reprise de bétonnage dans cette zone. On
peut citer les principes de coulage de la dalle extérieure
en porte-à-faux décalé dans le temps par rapport à celui
du plancher intérieur avec armatures laissées en attente,
l?intégration de rupteurs thermiques au niveau de cette
liaison, ou au contraire l?emploi d?éléments préfabriqués
dont les armatures d?encastrement sont enrobées dans
le plancher intérieur coulé en seconde phase. Cette
fissuration, même si elle ne génère pas d?atteinte à la
solidité dans un délai décennal, influe défavorablement
sur celle-ci à plus long terme, en raison de la corrosion des
armatures induite par les infiltrations qu?elle permet (cf. §
6.2 ci-après).
Même si cette cause d?infiltration n?apparaît pas de façon
significative dans l?échantillon étudié, il paraît nécessaire
d?insister sur le respect d?une garde minimale de 10 mm
entre le pied d?une isolation thermique par l?extérieur
de façade, et le sol d?un balcon, tel que décrit en figure
A 3.1 du § 5.2 du CPT des systèmes d?isolation thermique
extérieure par enduit sur polystyrène expansé, les
dispositions de la figure A 3.2 avec pente vers la façade
nous semblant à éviter le plus possible (voir ci-après).
Le non-respect de cette garde génère des phénomènes
de siphonnage favorisant l?apparition de pathologie
d?infiltration intérieure.
5.1.1 La nécessité d?une pente des sols de balcons
Bien qu?aucun texte à caractère général ne définisse de
pente minimale pour les dalles extérieures, notamment
quand elles ne sont pas revêtues, le bon sens et la logique
imposent d?en prévoir une, sur un sol inévitablement
exposé au recueil des précipitations météorologiques,
qu?il convient donc d?évacuer.
On peut regretter que le § 1.4.2.5 des Carnets de détails
pour l?accessibilité des balcons, des loggias et des terrasses
dans les constructions neuves Réf MBPD 10 001 publié
par le CSTB en juin 2010, rappelle la nécessité d?une
pente du sol des balcons en indiquant une valeur de 1
% minimum, alors que le § 5.1.1 de la partie 1-1 du DTU
43.1 de novembre 2004 prévoit une pente minimale de
1,5 % pour les terrasses accessibles aux piétons avec
protection autre que par dalles sur plots, en rappelant
en note que « par suite des tolérances d?exécution, les
toitures de pente < 2 % peuvent présenter des contrepentes,
flaches et retenues d?eau?». Le § 6 du NF DTU 52.1 P 1-1 de
novembre 2010 visant les revêtements de sol scellés et le
§ 6.2.3 du NF DTU 52.2 P 1-1-3 de décembre 2009 visant
les revêtements de sol céramiques collés, prescrivent la
même pente minimale de 1,5 % en sols extérieurs. Le §
7.3.3.3 du NF DTU 52.1 P 1-1 rappelle de même en note
qu?une valeur « < 2 % conduit généralement à des retenues
locales d?eau ». Une valeur nominale de 2 % (compatible
avec les exigences en termes de dévers admissible
pour l?accessibilité aux handicapés) apparaît donc
comme une valeur cible à retenir dans la conception
des ouvrages pour une évacuation correcte des eaux.
Il paraît également hautement préférable de retenir
une pente orientée vers l?extérieur, avec récupération
et évacuation des eaux adaptées, plutôt que vers la
façade, pour ne pas favoriser les risques d?apparition de
pathologie d?infiltrations.
Cette disposition peut être contrariée par les exigences
de l?article 681 du Code Civil qui autorise de déverser les
eaux pluviales sur la voie publique, mais pas sur le fonds
de son voisin, et surtout celles résultant du règlement
du Plan Local d?Urbanisme (PLU) qui peut édicter des
règles souvent plus strictes en imposant le recueil des
eaux pluviales vers les réseaux d?assainissement, depuis
l?intérieur de la propriété.
À noter que le règlement sanitaire département type
(circulaire du 9 août 1978 modifiée) ne prescrit rien de
particulier en terme d?évacuation des eaux des balcons,
mais les règlements locaux peuvent se révéler plus
contraignants, et s?ajouter aux prescriptions du PLU.
Agence Qualité Construction · 2019
BALCONS : POINTS DE VIGILANCE 25
5.1.2 La nécessité d?un ressaut entre niveaux
intérieur et extérieur
Il est de même important de rappeler que le § 5.1.2 du NF
DTU 20.1 P 1-1 prescrit la possibilité d?un décrochement
vertical nécessaire de 2 cm minimum entre l?arase
supérieure de la dalle de balcon et le niveau brut du
plancher intérieur, sur un balcon « avec forme de pente
sans possibilité de rétention d?eau à la base du mur »,
c?est-à-dire avec pente vers l?extérieur, a minima.
Cette disposition nous paraît préférable à l?alternative de
mise en place d?une simple coupure de capillarité sous
maçonnerie, sans décrochement vertical entre dalles
intérieure et extérieure. Ce décrochement minimal devrait
être rappelé au § 3.1.7.3 de la partie P 4 de ce NF DTU, et
systématisé à tous les cas de planchers extérieurs en
continuité avec des volumes intérieurs habitables.
À noter également que le § 5.10.3 du NF DTU 36.5 P 1-1
prescrit une garde à l?eau de 5 cm minimum entre le
revêtement extérieur et le seuil où doit être posée
la pièce d?appui de la porte-fenêtre. L?intégration de
cette valeur à tous les seuils d?accès à des balcons paraît
une nécessité pour limiter le risque d?apparition des
pathologies d?infiltration.
5.1.3 La question de l?étanchéité des balcons
On rappellera que le § 8.4 de la partie 1-1 du DTU 43.1
indique que « pour les parties de la construction ne
recouvrant pas directement des locaux, les documents
particuliers du marché indiquent lesquelles peuvent être
revêtues d?étanchéité (loggias surmontant d?autres loggias,
balcons, auvents,?) ».
Autrement dit, la nécessité d?une étanchéité des balcons
est laissée au libre choix du concepteur et du maître
d?ouvrage, et se retrouve souvent occultée pour des raisons
principalement économiques, alors qu?une approche en
coût global intégrant la maintenance et l?entretien à long
terme, conduirait certainement à des conclusions et des
choix constructifs différents.
Le sujet de la mise en oeuvre d?une étanchéité des
dalles de balcons mérite cependant une réflexion
approfondie des concepteurs en fonction de l?ensemble
des paramètres de la configuration de l?ouvrage (situation
géographique et exposition aux intempéries (voire aux
embruns) du site de construction, orientation de la pente
des balcons, dispositions de collecte et d?évacuation des
eaux pluviales, présence d?un revêtement rapporté sur les
dalles de balcon, présence de rupteurs thermiques, d?une
dalle de protection à l?étage supérieur, dimensions, etc.).
5.2 Pathologies affectant la solidité
5.2.1 La nécessité d?un contrôle systématique des
ouvrages
En ce qui concerne les atteintes à la solidité, les problèmes
proviennent majoritairement de défauts de mise en
oeuvre des armatures (excès d?enrobage des armatures
de flexion situées en fibre supérieure de la section des
dalles de balcons, insuffisance de section d?armatures,
défaut d?ancrage de celles-ci). Ces défauts génèrent des
flexions importantes, des fissurations à la liaison aux
façades (en cause dans de nombreux cas conduisant à
des infiltrations, comme détaillé au § 6.1 ci-avant), ou une
corrosion des armatures qui aggrave le phénomène.
Les défauts de mise en oeuvre des armatures sur des
éléments d?ouvrage en porte-à-faux, donc strictement
isostatique, et sans redondance ou possibilité
de réadaptation plastique, doivent conduire les
professionnels à imposer une vérification systématique
de la mise en place correcte des armatures in situ,
telles que prévues aux plans d?exécution, ces plans
étant eux-mêmes vérifiés par le bureau d?études, et
par un contrôleur technique quand il est missionné,
tant en position (hauteur de calage, profondeur
d?enrobage), qu?en nombre, en section, en espacement
et en position horizontale.
Il nous semble donc que, dans l?objectif d?une maîtrise
accrue des risques et d?une meilleure prévention des aléas,
et afin de réduire les marges d?erreur et les incertitudes,
l?obligation d?un contrôle systématique in situ impliquant
l?ensemble des différents protagonistes (contrôles interne
et externe), chacun dans le cadre de son intervention
(maître d?oeuvre, contrôleur technique, entreprises),
devrait être explicitement prévue à leur contrat.
Dans ce cadre, et en ce qui concerne les opérations
d?autocontrôle (qui résultent des vérifications techniques
visées par l?article R 111-40 du Code de la Construction
et de l?Habitation), elles devraient être officialisées par un
rappel explicite au § B.2.1 de l?annexe B du NF DTU 21 P
1-1, largement justifié, notamment en raison du titre de
ce paragraphe « Ouvrages pour lesquels le positionnement
Agence Qualité Construction · 2019
26 BALCONS : POINTS DE VIGILANCE
de défaut dans l?application de ces règles, l?intégration
des paramètres correspondants et la définition de
dispositions constructives adaptées pour les ouvrages
les plus courants, plutôt que de complexes justifications
par le calcul selon l?Eurocode 8 (à l?image des règles PS-MI),
parait être une solution permettant de mieux maîtriser les
risques en la matière, dont les conséquences en terme
de nécessité de reprises et de renforcement, pourraient
s?avérer coûteuses.
5.2.3. Critères relatifs à la pérennité de la solidité des
ouvrages
On notera que le sujet essentiel de la solidité des
ouvrages dépasse largement le seul critère du délai
décennal de la présomption de responsabilité des
constructeurs et des obligations d?assurance qui s?y
rattachent.
La veille médiatique analysée dans le cadre de la présente
étude révèle, sans doute de façon sensiblement inférieure
à l?étendue réelle du phénomène (à défaut d?autre source
statistique officielle plus complète ou plus précise), une
moyenne de près de trois effondrements par an, ce qui peut
paraître (heureusement) statistiquement extrêmement
peu au regard du nombre de balcons construits chaque
année, mais toujours trop au regard des enjeux financiers
et humains qui en résultent, et de la gravité potentielle
des conséquences de ce type d?évènement.
Le faible nombre d?évènements étudiés ne permet pas de
conclure sur une éventuelle aggravation de la sinistralité
pour les ouvrages les plus récents, ni de façon certaine
sur l?âge auquel se manifeste ce type de désordre extrême
(de moins de dix ans à plus d?un demi-siècle pour les cas
recensés).
La question se pose d?une définition des mesures
d?entretien minimales à envisager sur les balcons,
et les manifestations en mesure d?alerter les
propriétaires et gestionnaires de patrimoine d?un
risque avancé d?atteinte à la solidité des ouvrages
d?âge plus ou moins anciens, qui pourrait compléter
les mesures déjà proposées au point 8.4 du tableau 2
du § 5.3 du fascicule FD P 05-101, et porté largement à
la connaissance des bailleurs, propriétaires, syndics et
gestionnaires de patrimoine. Ces mesures pourraient être
également rappelées dans le fascicule FD P 05-100, et dans
précis des armatures est déterminant » (c?est nous qui
soulignons), et qu?un exemple de modèle de rapport
d?autocontrôle devrait être proposé à titre informatif, en
annexe à cette norme, puisque les professionnels en ont
déjà établi.
Ce rappel de l?obligation de vérification de la mise en
oeuvre des armatures devrait être complété de celle
d?une vérification du traitement des surfaces de reprise,
particulièrement dans le cas de mise en oeuvre d?éléments
préfabriqués, et d?une coordination impérative des
bureaux d?études des fabricants de ces éléments et des
entreprises en charge de la structure, afin d?assurer une
conception pour l?exécution, globale et complète, qui
prenne en compte l?ensemble des critères et des exigences
en terme de calcul notamment, permettant de garantir la
qualité de l?ouvrage.
La démarche volontaire de certification des acteurs, qui
valorise les actions de formation continue des personnels
d?exécution et la qualité de leur encadrement, peut aussi
être une solution de renforcement des garanties de bonne
mise en oeuvre des dispositions constructives, parfois
complexes, et toujours nécessairement exigeantes,
relatives aux balcons.
La présence de rupteurs thermiques ou de dispositions
masquant la liaison de la dalle de balcon à la façade dans la
configuration de l?ouvrage achevé (isolation thermique par
l?extérieur, revêtement rapporté sur la dalle, caniveau ou
dispositif similaire devant les baies d?accès au balcon, etc.),
rend à notre avis d?autant plus nécessaire la formalisation
de ces contrôles et autocontrôles, notamment au regard
des conséquences de la nature des malfaçons à prévenir,
sur la pérennité des ouvrages.
Une concrétisation effective de la prise de conscience
collective sur ce sujet passe à notre avis par une incitation
forte des pouvoirs publics en ce sens vers les maitres
d?ouvrage et les professionnels de l?acte de construire,
en intégrant nécessairement mais objectivement,
les contraintes économiques incontournables qui s?y
associent.
5.2.2 La conformité aux règles parasismiques
Bien qu?il ne figure pas dans l?échantillon des dossiers
étudiés, de cas affectés par des non-conformités aux
règles parasismiques ou d?atteinte à la solidité en raison
Agence Qualité Construction · 2019
BALCONS : POINTS DE VIGILANCE 27
une annexe des DTU concernés (DTU 21 pour les ouvrages
en béton, DTU 31.2 pour les constructions à ossature en
bois, DTU 32.3 pour les constructions à ossature en acier).
De façon générale, nous ne pouvons qu?insister
sur les principes généraux de respect des charges
permanentes et d?exploitation appliquées aux
ouvrages en évitant les sollicitations excessives ou
dynamiques (stockage de jardinières lourdes par
exemple, regroupement de personnes en nombre
important, etc.), et l?élimination de toute disposition
favorisant les stagnations d?eau, notamment dans les
zones d?encastrement et de liaison aux façades, au
droit des joints de fractionnement, etc.
5.3 Pathologies affectant les
revêtements
Les pathologies répertoriées dans le cadre de la présente
étude ne diffèrent pas de celles connues pour les
différents matériaux de revêtements mis en oeuvre, et
ne présentent pas de spécificités qui généreraient des
pathologies particulières.
Le respect des dispositions techniques prévues dans
les référentiels normatifs qui leur sont applicables,
est de nature à prévenir correctement les pathologies
observées, sans qu?il apparaisse nécessaire d?envisager
de les compléter.
5.4 La nécessité d?une analyse
spécifique pour les ouvrages à
ossature en bois
Du fait de la sensibilité du matériau constitutif à la
dégradation par attaque fongique, la conception et la
réalisation des balcons sur les bâtiments à ossature
en bois doivent être particulièrement approfondies
et soignées, en évitant toute approximation ou
adaptation de chantier préjudiciable à la pérennité
de l?ouvrage. Des prescriptions normatives en la matière
seraient les bienvenues, compte tenu du développement
croissant de ce type de construction, en se fondant sur
les principes détaillés précédemment (valeur de la pente
des sols de balcons, orientation de la pente, ressaut
entre niveaux intérieur et extérieur des planchers, etc.),
complétés des spécificités du matériau (recommandation
des essences de bois utilisables, de traitement de
protection à prévoir, comportement au fluage, protection
des risques d?accumulation ou de stagnation d?eau, de
reprise d?humidité, etc.).
?
Agence Qualité Construction · 2019
28 BALCONS : POINTS DE VIGILANCE
6. COÛTS DE REPRISE DES
PATHOLOGIES
La majorité des dossiers étudiés (86 %) donnent des
indications des coûts de reprise des dommages déclarés
et garantis, sur une amplitude extrêmement vaste (de 273
¤ à plus d?un million d?euros), en raison de la diversité des
pathologies signalées. La moyenne se situe à un peu plus
de 28 000 ¤, avec une médiane à 3 800 ¤, relativement
modérée, en raison des nombreux sinistres de faible
ampleur.
7. PERSPECTIVES
7.1 Perspectives relatives à la
construction
Pour ce qui concerne les pouvoirs publics et l?autorité
administrative, il apparaît nécessaire de hiérarchiser
clairement les exigences applicables à la conception et
à la réalisation des ouvrages de balcons, en mettant
nécessairement au premier plan les exigences en terme
de solidité structurelle et de pérennité des ouvrages, en
y associant l?étanchéité des espaces intérieurs vis-à-vis
des risques d?infiltrations d?eau depuis l?extérieur, puis
d?envisager en second lieu l?intégration des exigences
en terme d?accessibilité aux personnes handicapées
ou de traitement des ponts thermiques à la liaison de
ces ouvrages aux façades, à des niveaux réalistes et
raisonnables.
Une analyse approfondie et une évaluation technico-
économique des risques et des coûts induits par les
obligations réglementaires envisagées, paraissent
nécessaires avant de fixer de nouvelles règles impératives,
qui doivent à notre avis, nécessairement recevoir l?aval
des professionnels concernés. Cette analyse doit inclure
tant les aspects théoriques en termes de performance
globale des ouvrages, que les aspects pratiques en
termes de faisabilité et de complexité de réalisation,
sur la base d?objectifs raisonnables et économiquement
supportables.
Pour ce qui concerne les acteurs de la construction,
compte tenu de l?importance du sujet, des implications
et conséquences des pathologies pouvant affecter la
pérennité des ouvrages de balcons, bien au-delà du délai
décennal fixé par le régime juridique de présomption
de responsabilité des constructeurs et d?assurance
obligatoire, on ne peut qu?inciter vivement l?ensemble
des professionnels à prendre l?initiative d?envisager la
rédaction de règles professionnelles de conception et de
réalisation de ce type d?ouvrages (comme il en existe par
exemple pour les vérandas), en détaillant les questions
minimales que les concepteurs doivent nécessairement se
poser face à ce type d?ouvrages, et les pistes de réflexion
Par nature de pathologie, le coût moyen de
reprise peut être détaillé comme suit :
5 730 ¤ pour les problèmes d?infiltration
9 076 ¤ pour les revêtements de sol de balcons
19 380 ¤ pour les revêtements verticaux
extérieurs de balcons en béton
20 996 ¤ pour les balcons en bois
75 605 ¤ pour les garde-corps, du fait de
problèmes souvent généralisés à un nombre
important de balcons
119 379 ¤ pour les problèmes d?atteinte
à la solidité, ce qui paraît cohérent avec
l?importance nécessairement beaucoup plus
conséquente des travaux à envisager pour y
pallier.
Agence Qualité Construction · 2019
BALCONS : POINTS DE VIGILANCE 29
qu?ils doivent impérativement intégrer à leurs réflexions.
Ces règles devront, à notre avis se décliner par nature
de matériau (on notera que le sujet des balcons est
quasiment absent du NF DTU 31.2 P 1-1 pour les bâtiments
à ossature en bois, et totalement du NF DTU 32.3 P 1-1
pour les bâtiments à ossature en acier), et intégrer les
problématiques liées à la prise en compte de l?ensemble des
exigences applicables hiérarchisées et raisonnablement
déterminées en ce qui concerne la réglementation, en
concertation avec l?autorité administrative qui l?édicte
(solidité et calcul, éventuellement résistance aux séismes,
récupération et évacuation des eaux pour assurer leur
étanchéité vis-à-vis de l?intérieur du bâtiment, accessibilité
aux handicapés, isolation thermique et performance
énergétique de la construction, etc.).
Notre (modeste) expérience et les leçons
que nous retiendrons à l?issue de la présente
étude, nous conduit à recommander des
pistes de réflexion sur les principes suivants :
Principes d?encastrement des dalles en
porte-à-faux à la façade, définis pour limiter
la complexité des dispositions d?armatures
correspondantes dans le cas d?ouvrages
en béton, et par voie de conséquence, les
risques de mauvaise mise en place ayant une
implication directe sur la solidité et la stabilité
de l?ouvrage.
Mise en place de contrôles interne et externe
systématisés et formalisés, officialisés
par l?intégration d?exemple de modèle de
documents à titre informatif dans les textes
normatifs de référence.
La définition d?une pente minimale des dalles
de balcon, quel que soit le parement prévu
au final en face supérieure (1,5 % semble
une valeur consensuellement admise par
différents textes déjà existants et cités plus
haut), avec une orientation à l?opposé des
façades.
Des dispositions de recueil et d?évacuation
des eaux pluviales mieux décrites, rappelant
les principes généraux des textes existants
et fixant des valeurs minimales de section de
cunettes, de déversoirs ou de pissettes, qui ne
figurent pas explicitement en l?état dans le NF
DTU 60.11 P 3.
La définition de critères permettant d?orienter
le choix des concepteurs quant à l?utilité ou la
nécessité d?une étanchéité des ouvrages, en
complétant par exemple les dispositions du §
8.4 de la partie 1-1 du DTU 43.1 évoquées au
§ 6.1.3 ci-avant, afin d?éviter qu?elles ne soient
occultées pour des raisons principalement
économiques, en approfondissant les critères
en fonction de l?ensemble des paramètres
de la configuration de l?ouvrage (situation
géographique et exposition aux intempéries
(voire aux embruns) du site de construction,
orientation de la pente des balcons,
dispositions de collecte et d?évacuation des
eaux pluviales, présence d?un revêtement
rapporté sur les dalles de balcon, présence de
rupteurs thermiques, d?une dalle de protection
à l?étage supérieur, dimensions, etc.).
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30 BALCONS : POINTS DE VIGILANCE
7.2 Perspectives relatives au
contrôle ultérieur des ouvrages
Au vu des constats et analyses développés dans le cadre
de la présente étude, il semble utile de recommander la
réalisation de diagnostics relatifs à la solidité des ouvrages
de balcons, plus ou moins approfondis en fonction de l?état
général des ouvrages, qu?on peut imaginer voir imposés
selon une périodicité à définir, dans le cas de vente
d?ouvrages au-delà d?un certain âge (par analogie avec
ce qui est prévu pour le contrôle technique automobile,
par exemple), ainsi que dans le cas de rénovation
d?importance, ou de simple ravalement d?immeuble, ce
qui permettrait de connaître la situation des ouvrages à un
instant donné, et d?envisager les mesures de surveillance
ou de renforcement nécessaires, dans des délais et selon
des échéances adaptés à chaque cas d?espèce.
Il est par exemple possible de s?inspirer de la réglementation
monégasque et de son Arrêté ministériel n° 2005-238 du
09/05/2005 modifié, fixant les conditions d?occupation
des balcons, loggias et terrasses des immeubles lors des
Grands Prix automobiles, et qui impose de faire vérifier les
structures de balcons par une personne ou un organisme
agréé.
Pour les signes susceptibles d?alerter d?une atteinte
avancée à la solidité, on peut citer (sans que l?on
puisse considérer cette énumération générale comme
présentant un caractère exhaustif, ou qu?elle ne puisse
remplacer l?analyse et l?examen de professionnels avertis
et qualifiés) :
Présence de fissure longitudinale à la jonction des
balcons avec les façades.
Traces de rejaillissement en pied de façade à
l?encastrement des dalles de balcons.
Présence de traces de calcite ou de rouille au droit
des jonctions à la façade, au droit des joints de
fractionnement, ou en sous-face de dalle de balcons.
Traces de coulures ou d?infiltrations en façades ou en
sous-face de dalle de balcons.
Eclatements de béton plus ou moins étendus en
différents endroits du balcon.
Fissuration en l?absence de joint de fractionnement d?un balcon
(Crédit photo : Sacobat)
Éclatement en sous-face de balcon par corrosion d?armatures.
(Crédit photo : Eurisk)
Agence Qualité Construction · 2019
BALCONS : POINTS DE VIGILANCE 31
Décollement ou dégradation de revêtement de sol
des dalles ou de murets de balcons, ou d?élément de
protection type couvertines par exemple.
Fissures sur les ouvrages maçonnés, traces de
corrosion sur les ouvrages métalliques, de pourriture
sur les ouvrages en bois, jaunissement d?élément de
remplissage en matériau organique translucide, et
tout jeu ou défaut d?assemblage des éléments formant
garde-corps et pouvant affecter la protection aux chutes
des personnes.
Le diagnostic des ouvrages doit être confié à des bureaux
d?étude et professionnels qualifiés, qui en complément
d?un examen visuel et de contrôles de plans éventuellement
disponibles, conduiront des investigations adaptées
(sondages, auscultation dynamique, pachométrie ou
réflectométrie, etc.).
Les mesures de reprise ou de renforcement peuvent se
décliner de façon très variée en fonction de la nature des
pathologies rencontrées, des sollicitations auxquelles
les balcons ont été soumis, de l?âge des ouvrages, etc.
(scellement d?armatures complémentaires, renforcement
par tissus de fibres de carbone, précontrainte, ossature
de renfort, etc.), mais doivent nécessairement faire
l?objet d?études approfondies par des bureaux d?études
spécialisés. Toute improvisation ou sous-estimation des
mesures à envisager pourrait en effet s?avérer funeste.
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32 BALCONS : POINTS DE VIGILANCE
8. CONCLUSION
Dans le cadre du contexte général qui en a été à l?origine
(cf. l?avant-propos exposé plus haut), l?issue de la présente
étude porte au final sur l?élaboration de points de vigilance
relatifs à la conception, la réalisation et l?entretien de
balcons.
Cette étude a été l?occasion de faire état des différentes
natures de pathologies susceptibles d?affecter ce type
d?ouvrage, telles que détaillées ci-avant, et de permettre
d?en conclure, d?une part le réel besoin d?une évolution
des normes d?application volontaire s?y rapportant, et
d?autre part de la nécessité certaine d?une hiérarchisation
beaucoup plus évidente des exigences réglementaires.
Nous restons confiants dans la capacité de tous les acteurs
à se saisir pleinement du sujet et à y apporter des solutions
mûries, adaptées, et permettant d?améliorer continûment
les principes et les pratiques professionnelles relatives à
ce type d?ouvrages, afin de mieux en assurer la pérennité.
Nous faisons confiance aux pouvoirs publics pour édicter
des exigences réglementaires raisonnées, issues d?une
large concertation avec les acteurs de la construction,
intégrant les contraintes technico-économiques
hiérarchisées et mises en regard des bénéfices attendus
des nouvelles dispositions envisagées.
On rappellera enfin utilement que, quel que soit le
respect de règles et normes techniques aussi complètes
et détaillées qu?elles soient, il n?exonérera jamais les
constructeurs de la présomption de responsabilité dont
ils sont débiteurs de par l?article 1792 du Code Civil. En
conséquence, chaque intervenant à l?acte de construire
doit être pleinement conscient de la nécessité de conduire
une réflexion approfondie et parfaitement mûrie, ne
négligeant aucun des nombreux aspects interférant avec
ce type d?ouvrage, dans le but d?aboutir à des solutions
techniques et architecturales fiables et pérennes, en
évitant le plus possible les risques d?apparition de
pathologies, par la plus grande maîtrise des aléas qui
peuvent y conduire.
9. REMERCIEMENTS
Dans le cadre de la présente étude, nous tenons à
remercier l?ensemble de nos confrères dont les rapports
alimentent le dispositif Alerte, et qui, par les données,
détails, descriptions et constats qu?ils contiennent, aussi
précis qu?ils ont pu en rendre compte, nous ont permis de
conduire notre analyse avec le plus de précision possible.
Nous remercions également tous les professionnels qui
ont bien voulu nous accorder de leur temps pour nous
faire part de leur irremplaçable retour d?expérience,
parfois sur de nombreuses années, voire décennies, de
leur connaissance intime et passionnée de leur métier,
et de leur vision du contexte général de leur pratique
quotidienne, dans l?environnement des opérations de
bâtiment auxquelles ils participent. L?apport de leur
éclairage, a grandement enrichi notre analyse et le rendu
que constitue la présente synthèse. Nous les remercions
de leur implication dans le partage de leurs connaissances
et de ce dont ils ont pu nous faire profiter pour enrichir
notre réflexion sur le vaste sujet de la présente étude.
Nous remercions aussi les fédérations, unions, syndicats et
organismes professionnels que nous avons pu rencontrer
et consulter, qui ont rendu possible ces contacts, et qui
restent des interlocuteurs privilégiés pour prendre en
compte les nombreux facteurs qui impactent leur pratique
professionnelle. Leur implication constante et assidue
dans la recherche de solutions visant à améliorer ces
pratiques et réduire la sinistralité, mérite d?être soulignée
et encouragée.
Nous remercions enfin tout spécialement les membres du
groupe de travail réunis par l?Agence Qualité Construction
pour l?élaboration de la présente étude, et dont
l?implication active et les remarques avisées ont permis
d?enrichir notre réflexion via un travail collaboratif utile,
au plus grand profit du contenu de la présente étude.
Attentif à leurs suggestions pertinentes, nous avons tenté
de les intégrer aussi complètement que possible, et leur
en sommes vivement reconnaissants.
Agence Qualité Construction · 2019
BALCONS : POINTS DE VIGILANCE 33
34 BALCONS : POINTS DE VIGILANCE
Agence Qualité Construction · 2019
BIBLIOGRAPHIE
Désordres sous les balcons et loggias in CSTB Magazine
n° 116 juillet-août, 1998.
Les désordres affectant les Balcons in Revue
Qualité Construction n° 84 mai-juin, 2004. (www.
qualiteconstruction.com/sites/default/files/pdf/84/
qc84-06.pdf)
Carnets de détails pour l?accessibilité des balcons, des
loggias et des terrasses dans les constructions neuves ?
Convention Y 08-15 ? Action 19 ? Réf MBPD 10 001 ?
CSTB, juin 2010.
Balcons, loggias Coursives Prévenir les infiltrations
d?eau in Revue Qualité Construction n° 128, septembre-
octobre 2011. (www.qualiteconstruction.com/sites/
default/files/pdf/128/qc128-06.pdf)
Les fissures et autres désordres sur les balcons sont-
ils graves ? 20/04/2015. (www.conseil-construction.fr/
desordres-balcons)
Les pathologies des balcons Conférence du 3/02/2017
à l?IUT GC Bordeaux, organisé par le Pôle CREAHD
Aquitaine (Construction Ressources Environnement
Aménagement et Habitat Durables), association créée
en 2006. (www.creahd.com/sites/default/files/upload/
actualites/4_balcon_.pdf)
Balcons en béton armé Collection Focus ? Cated, 2017.
Fiche pathologie bâtiment B07 « Fissuration et
effondrement de balcons » (www.qualiteconstruction/
nos-ressources)
Agence Qualité Construction · 2019
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DANS LA MÊME
COLLECTION
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SOLS CARRELÉS : POINTS DE
VIGILANCE
Cette étude met en exergue les points de
vigilance sur les travaux des revêtements
de sols céramiques, quel que soit la
nature de mise en oeuvre, collée ou
scellée.
Elle présente une analyse précise et
qualitative à partir de rapports d?expertise
afin de comprendre les origines des
désordres pour mieux les éviter.
FENÊTRES : POINTS DE VIGILANCE
Cofinancée par la DHUP, cette étude
met en exergue les points de vigilance
sur les fenêtres, quel que soit le type de
matériaux constitutifs (PVC, Aluminium,
Bois, Mixte).
Elle présente une analyse précise et
qualitative à partir de rapports d?expertise
afin de comprendre les origines des
désordres pour mieux les éviter.
DYSFONCTIONNEMENTS
ÉLECTRIQUES DES INSTALLATIONS
PHOTOVOLTAÏQUES : POINTS DE
VIGILANCE
Réalisée en partenariat par HESPUL et
l?AQC, cette étude met en exergue les
dysfonctionnements électriques des
installations photovoltaïques et livre les
bonnes pratiques à adopter dès la phase
conception.
ISOLANTS BIOSOURCÉS : POINTS DE VIGILANCE
CONSTRUCTION ET
RÉHABILITATION EN TERRE CRUE :
POINTS DE VIGILANCE
Cofinancée par la DHUP et l?AQC, cette
étude met en exergue les principaux
points de vigilance de la construction
et de la réhabilitation en terre crue.
Elle aborde trois techniques porteuses
(l'adobe et brique de terre crue, la
bauge et le pisé), deux techniques non
porteuses (la terre-paille et le torchis) et
les enduits de terre crue.
COMPLEXES D'ÉTANCHÉITÉ AVEC ISOLANT : POINTS DE VIGILANCE
INSTALLATIONS GÉOTHERMIQUES BASSE TEMPÉRATURE : POINTS DE VIGILANCE