Objectif Zéro Artificialisation Nette : guide synthétique
Auteur moral
France.Ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires (2022-...)
Auteur secondaire
Résumé
La France s'est fixée, dans le cadre de la loi Climat et résilience, l'objectif d'atteindre le « zéro artificialisation nette des sols » en 2050, avec un objectif intermédiaire de réduction de moitié de la consommation d'espaces naturels, agricoles et forestiers dans les dix prochaines<br />
;années, d'ici à 2031.
Descripteur Urbamet
aménagement rural
;artificialisation des sols
Descripteur écoplanete
Thème
Aménagement urbain
Texte intégral
GUIDE SYNTHÉTIQUE
Version du 27/11/2023
Zéro
Artificialisation
Nette
ZÉRO ARTIFICIALISATION NETTE
GUIDE SYNTHÉTIQUE
PRÉAMBULE
C haque année, 24 000 ha d?espaces natu-
rels, agricoles et forestiers ont été urbani-
sés en moyenne en France lors de la der-
nière décennie, soit près de 5 terrains de
football par heure.
63 % de ces surfaces ont été consommés à destination
de l?habitat, 23 % pour des activités économiques,
7 % pour des infrastructures routières, 1 % pour des in-
frastructures ferroviaires et le reste à destination mixte.
Tous les territoires sont concernés, majoritairement
ceux sans tension immobilière (60 %).
Les opérations de moins de 8 logements par hectare
sont responsables de 51 % de la consommation d?es-
paces, pour une production de logements limitée (19 %
du total).
Les conséquences sont écologiques (érosion de la bio-
diversité, aggravation du risque d?inondation par ruis-
sellement, limitation du stockage carbone), mais aussi
socioéconomiques (coûts des équipements publics,
augmentation des temps de déplacement et de la fac-
ture énergétique des ménages, dévitalisation des terri-
toires en déprise, diminution du potentiel de produc-
tion agricole etc.).
Cette réforme résulte d'une recommandation de la
convention citoyenne pour le climat et d'un débat par-
lementaire, avec le vote de la loi Climat et résilience
le 22 août 20211, puis, à la quasi-unanimité, de la loi du
20 juillet 2023.
La France s?est fixée, dans le cadre de la loi Climat et ré-
silience, l?objectif d?atteindre le « zéro artificialisation
nette des sols » en 2050, avec un objectif intermédiaire
de réduction de moitié de la consommation d?espaces
naturels, agricoles et forestiers dans les dix prochaines
années, d?ici à 2031.
Cette trajectoire progressive est à décliner dans les do-
cuments de planification et d?urbanisme : les schémas
régionaux (SRADDET, SDRIF, SAR, PADDUC) doivent
intégrer et territorialiser cet objectif avant le 22 no-
vembre 2024, et les SCoT et PLU/Cartes communales
doivent être mis en compatibilité respectivement
avant le 22 février 2027 et le 22 février 2028.
La trajectoire de sobriété foncière doit être conciliée
avec l?objectif de soutien de la construction durable, en
particulier dans les territoires où l?offre de logements et
de surfaces économiques est insuffisante au regard de
la demande. La territorialisation de la trajectoire dans
les documents de planification et d?urbanisme vise en
effet à moduler le rythme d?artificialisation des sols en
tenant compte des besoins et des enjeux locaux.
De nouveaux modèles d?aménagement durable sont à
réinventer, en conjuguant sobriété et qualité urbaine. La
priorité est de transformer la ville existante, en revitalisant
les coeurs des petites et moyennes centralités, en recy-
clant les 170 000 ha de friches en France, en mobilisant les
1,1 millions de logements vacants, et en révélant le potentiel
des périphéries urbaines déqualifiées. La densité peut être
optimisée pour faciliter l?accessibilité aux services et activi-
tés, tout en améliorant le cadre de vie de nos concitoyens,
notamment en renforçant la présence de la nature en ville.
1. LOI n° 2021-1104 du 22 août 2021 portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets, modifiée
par la LOI n°2023-630 du 20 juillet 2023 visant à faciliter la mise en oeuvre des objectifs de lutte contre l'artificialisation des sols et à renforcer
l'accompagnement des élus locaux.
Consommation nationale d'ENAF
0
5 000
2011 2014 2019 2022 20262012 20172015
h
ec
ta
re
s
Consommation observée
1er janvier 2011 - 1er janvier 2021
(période de référence)
Consommation projetée
1er janvier 2021 - 1er janvier 2031
(- 50 % par rapport à la période de référence)
2020 2023 2027 20292013 20182016 2021 20252024 2028 2030
10 000
15 000
20 000
25 000
30 000
35 000
3
ZÉRO ARTIFICIALISATION NETTE
GUIDE SYNTHÉTIQUE
ZÉRO ARTIFICIALISATION NETTE
Des bénéfices pour la planète : les sols « vivants » favorisent la biodiversité,
limitent les risques d?inondation par ruissellement, stockent du carbone.
Des bénéfices pour les habitants : une ville moins étalée diminue les temps
et coûts de transport, limite la facture énergétique, favorise la proximité des espaces
naturels, préserve le potentiel de production des sols agricoles.
Des bénéfices pour les collectivités : moindre coût d?investissement
et de fonctionnement pour les équipements publics (réseaux, voirie, services?),
un territoire préservé et résilient.
L?artificialisation des sols est la 1ère
cause de l?érosion de la biodiversité.
La facture énergétique des ménages
serait 10 % plus faible sans l?étalement
urbain des 20 dernières années.
Rénovation des espaces
déjà urbanisés = plus de
logements, un centre-ville
dynamisé, de l?emploi local
Préservation du cadre naturel et
du patrimoine = renforcement
de l?attractivité du territoire et
développement de la nature en ville
Optimisation des coûts = baisse
des dépenses publiques par la
réduction des réseaux à entretenir
et l?optimisation des équipements
RÉPARER LA VILLE AMÉLIORER LE CADRE DE VIE OPTIMISATION DES COÛTS
1 ha d?étalement urbain entraîne
l?émission de 190 à 290 tCO2.
Les distances parcourues en voiture sont
1,5 moins importantes pour les habitants
des centralités urbaines que pour ceux des
périphéries.
POURQUOI RÉDUIRE
L?ARTIFICIALISATION DES SOLS ?
ZÉRO ARTIFICIALISATION NETTE
GUIDE SYNTHÉTIQUE
4
OBJECTIF « ZÉRO ARTIFICIALISATION NETTE » :
une trajectoire progressive et en deux étapes
--
On parle de consommation d?espaces naturels, agricoles et forestiers (ENAF),
quand on utilise ces espaces pour la création ou l?extension d?espaces urbanisés.
Sur la période 2021-2031, la loi fixe l?objectif de réduire de
moitié le rythme de consommation d?ENAF par rapport à la
décennie précédente (2011-2021).
Cet objectif vient encadrer une baisse tendancielle de la
consommation d?ENAF déjà constatée ; mais qu?il faut amplifier.
1re étape de la trajectoire : maîtriser l?étalement urbain
Comment calculer l?artificialisation nette d?un territoire ?
C?est le solde entre :
Les surfaces nouvellement artificialisées
(création de bâtiment, route ou parking
goudronnés, voie ferrée, décharges?)
Les surfaces nouvellement désartificialisées
(restauration de cours d?eau, de zones
humides, de mares, de terres agricoles, de
forêts, de prairies, création de parcs urbains
publics ou de jardins privés boisés...)
La loi Climat et résilience fixe l?objectif d?atteindre le « zéro artificialisation nette
des sols » en 2050. Elle définit l?artificialisation des sols comme l?altération
durable des fonctions écologiques d?un sol.
2e étape de la trajectoire : protéger les sols vivants, y compris
dans les espaces déjà urbanisés
à l?échelle d?un document de
planification et d?urbanisme.
sur une période donnée.
MESURER
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ZÉRO ARTIFICIALISATION NETTE
GUIDE SYNTHÉTIQUE
La consommation d?espaces et
l?artificialisation des sols, deux notions
distinctes et complémentaires
Pour la période 2021-2031, l?objectif est de réduire la consommation
d?espaces naturels, agricoles et forestiers (ENAF)
La mesure de la consommation d?ENAF permet de
quantifier les phénomènes d?étalement urbain et de
mitage.
La lutte contre l?artificialisation des sols concourt à la pré-
servation des sols, y compris au sein de l?espace urbanisé.
La loi Climat et résilience a introduit dans le code de l?ur-
banisme une définition articulée autour de deux volets :
? le processus d?artificialisation des sols, définie comme
l?altération durable de tout ou partie des fonctions
écologiques ainsi que du potentiel agronomique d?un
sol, par son occupation ou son usage ;
? le bilan surfacique de l?artificialisation nette pour
suivre les objectifs fixés dans les documents de plani-
fication et d?urbanisme.
Au sens de la loi Climat et résilience,
« la consommation d?espaces naturels, agricoles
et forestiers est entendue comme la création
ou l?extension effective d?espaces urbanisés
sur le territoire concerné ».
la transformation effective d?ENAF en espaces urbani-
sés observée sur le terrain entre deux dates. Sa mesure
est indépendante du zonage réglementaire des PLU(i)
ou des cartes communales. Un ENAF est considéré
comme effectivement consommé à compter du dé-
marrage des travaux et non à compter de la délivrance
de l?autorisation administrative.
La renaturation, ou « transformation effective d?es-
paces urbanisés en espaces naturels, agricoles et fores-
tiers » peut être compatibilisée en déduction de cette
consommation.
La consommation d?ENAF au cours de la période de ré-
férence de la trajectoire nationale (de 2011 à 2021) a été
de 243 136 hectares. Sa réduction de moitié constitue
l?enveloppe nationale cible pour la décennie suivante
(de 2021 à 2031) soit 121 568 hectares.
Le bilan surfacique s?effectue à l?échelle des docu-
ments de planification et d?urbanisme, régionaux et
locaux et non à l?échelle des projets.
Les surfaces terrestres sont qualifiées comme artificia-
lisées ou non artificialisées selon les catégories et les
seuils établis dans une nomenclature annexée à l?article
R. 101-1 du code de l?urbanisme, en fonction de l?occu-
pation effective constatée (couverture et usage).
Au niveau national, l?artificialisation nette est mesurée
par l?occupation des sols à grande échelle (OCSGE), en
cours de production par l?IGN.
À compter de 2031, les deux notions (consommation
d?ENAF et artificialisation nette), seront suivies de ma-
nière complémentaire par les autorités compétentes
en matière d?urbanisme.
Au niveau national, la consommation d?ENAF est
mesurée par les fichiers fonciers, produits par le CE-
REMA. Les collectivités peuvent utiliser les données
locales conformes à la définition légale. Le bilan de la
consommation d?ENAF correspond au décompte de
À partir de 2031, l?objectif est de réduire l?artificialisation nette des sols
Figure 1 Photographie
aérienne puis de
gauche à droite,
consommation d?ENAF
et artificialisation
des sols (source :
OCSGE)
« [..] L?artificialisation nette des sols est définie
comme le solde de l?artificialisation et de
la renaturation des sols constatées sur un
périmètre et sur une période donnés. [?] »
MESURER
6
ZÉRO ARTIFICIALISATION NETTE
GUIDE SYNTHÉTIQUE
OBJECTIF « ZÉRO ARTIFICIALISATION NETTE » :
tous les territoires sont concernés
La consommation d?espaces naturels, agricoles et forestiers a été constatée,
entre 2011 et 2021, à :
Des enjeux adaptés à chaque territoire
60 % 40 %
dans des zones où le marché
immobilier est détendu.
Les petites et moyennes villes dont
la périphérie s?étend et le centre
est délaissé.
Une priorité : faire revivre les espaces
déjà urbanisés, notamment
les friches.
dans des zones où le marché immobilier est tendu.
En périphérie des métropoles, parce que
le coût de l?immobilier éloigne les ménages
plus modestes des centres villes attractifs.
Une priorité : construire pour répondre à la demande
en privilégiant le recyclage des surfaces déjà
artificialisées, notamment les dents creuses.
La trajectoire de réduction de l?artificialisation
des sols doit être déclinée et adaptée dans
les documents de planification régionale
et d?urbanisme pour chaque territoire.
Elle prend en compte les besoins des
territoires et l?historique sur les 10 dernières
années notamment avec les critères suivants :
Une mise en place progressive et territorialisée
les efforts de sobriété
foncière déjà entrepris en tenant
compte du nombre d?emplois
et de ménages accueillis au
regard de la consommation
d?espace en réponse à un besoin
avéré de logement, de surface
économique ou d?équipement
sur le territoire ces dernières
années,
la préservation, la valorisation,
la remise en bon état et la restauration
des espaces naturels, agricoles et
forestiers ainsi que des continuités
écologiques,
les enjeux de maintien et de
développement des activités agricoles,
l?adaptation
des territoires
exposés à
des risques
naturels et la
recomposition
des communes
exposées au recul
du trait de côte.
les besoins
du territoire
au regard des
dynamiques
démographiques
et économiques,
les espaces
déjà artificialisés
mobilisables
comme les
friches et les
locaux vacants,
l'équilibre du
territoire en tenant
compte des pôles
urbains, du maillage des
infrastructures, des enjeux
de désenclavement
rural, des particularités
géographiques locales
(territoires littoraux et de
montagne),
PLANIFIER
https://artificialisation.developpement-durable.gouv.fr/zero-artificialisation-nette-retours-dexperiences-en-video
7
ZÉRO ARTIFICIALISATION NETTE
GUIDE SYNTHÉTIQUE
PLANIFIER
La trajectoire ZAN dans les documents
de planification et d?urbanisme
L?objectif général de sobriété foncière auquel doivent ré-
pondre les collectivités en matière d'urbanisme est très
transversal. Il constitue une opportunité de réinterroger
les pratiques en matière de planification urbaine et de ré-
pondre à un ensemble d?enjeux de sobriété au sens large.
La loi Climat et résilience a défini un cadre juridique pour
décliner la trajectoire ZAN au sein des documents de
planification et d?urbanisme. En effet, pour garantir la
mise en oeuvre locale du ZAN, l?objectif de réduction par
tranches de dix ans du rythme de l?artificialisation des sols
doit être territorialisé dès l?échelon régional, dans le cadre
de l?évolution des documents de planification régionale
(SRADDET1 pour la plupart des régions, SDRIF2 pour l?Ile-de-
France, SAR3 pour la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique,
Mayotte et La Réunion, PADDUC4 pour la Corse), ainsi
qu?au niveau des blocs intercommunaux et communaux
via les documents d?urbanisme (SCoT5, PLU6 intercommu-
naux et communaux et cartes communales).
La territorialisation permet d?adapter les efforts de
sobriété foncière à la réalité des besoins et aux efforts
déjà consentis par le passé.
Le dialogue territorial est renforcé, avec la création de
conférences régionales de gouvernance de la politique
de réduction de l?artificialisation des sols : pilotées par
les présidents de régions, elles associent les collectivités
concernées ainsi que l'État.
Pour la première tranche de dix ans (2021-2031), des
échéances sont fixées à chaque échelon territorial
pour la déclinaison de la trajectoire nationale dans les
documents de planification et d?urbanisme. Au niveau
régional, l?échéance est fixée au 22 novembre 2024. À
l?échelle locale, les SCoT ont jusqu?au 22 février 2027
pour intégrer ces objectifs, les PLU et cartes commu-
nales jusqu?au 22 février 2028.
? Si les SRADDET et le SDRIF n'ont pas été modifiés ou révisés avant
le 22 novembre 2024, une baisse uniforme de -50% s?applique à tous
les SCoT ou, en l?absence de SCoT, aux PLU(i) ou aux cartes com-
munales sur la période 2021-2031. Cette disposition ne s'applique
pas en cas de retard des SAR (Outre-mer) et du PADDUC (Corse) :
néanmoins, les documents d'urbanisme de ces territoires resteront
tenus d'évoluer pour intégrer des objectifs dans le calendrier prévu
(2027 pour les SCOT et 2028 pour les PLU et CC).
? Si le SCoT n?intègre pas d?objectifs de réduction compatibles avec
les documents régionaux avant le 22 février 2027 : les ouvertures à
l?urbanisation sont suspendues.
? Si les PLU(i) ou les cartes communales n?intègrent pas d?objectifs
de réduction, que ce soit par compatibilité avec le SCoT, ou à défaut
de SCoT, avec les schémas régionaux avant le 22 février 2028 : au-
cune autorisation d?urbanisme ne peut être délivrée dans une zone
à urbaniser (AU) du PLU ou dans les secteurs de la carte communale
où les constructions sont autorisées.
QUE SE PASSE-T-IL SI UNE RÉGION, OU LE BLOC
COMMUNAL, N'INTÈGRE PAS LA TRAJECTOIRE
DE SOBRIÉTÉ FONCIÈRE DANS SON DOCUMENT
DE PLANIFICATION OU D'URBANISME ?
1. SRADDET : schéma régional d'aménagement, de développement durable et d'égalité des territoires
2. SDRIF : schéma directeur de la Région Île-de-France
3. SAR : schéma d?aménagement régional
4. PADDUC : plan d?aménagement et de développement durable de la Corse
5. SCOT : schéma de cohérence territoriale
6. PLU(i) : plans locaux d?urbanisme (intercommunaux)
Les grands principes de la déclinaison de la loi dans les documents de planification et d?urbanisme
(1) Pour le SRADDET, intégration
d?un objectif d?au moins 54,5 % par
rapport à la période 2011-2021
(2) Si carence des schémas au
niveau régional, intégration directe
de l'objectif de réduction de
50 % de la consommation d'Enaf
2011-2021 dans les documents
d'urbanisme. Les territoires
ultramarins et Corse ne sont pas
concernés par cette disposition.
(3) ENAF = espaces naturels,
agricoles et forestiers
SRADDET(1)
SAR
PADDUC
SDRIF
SCoT(2)
PLU
Carte
communale
PLU
Carte
communale(2)
En l?absence
de SCoT
Modification pour intégrer :
Trajectoire ZAN dont les objectifs
par tranche de 10 ans, avec leur
déclinaison territoriale
Intégration des objectifs par tranche,
territorialisés par secteurs géographiques
Objectifs chiffrés de modération
de la consommation d?espace
Justification des ouvertures à l?urbanisation
1re décennie :
Objectif de
réduction de la
consommation
d?ENAF(3)
Définition de la
consommation
d?ENAF
(Art. 194 III)
22/11/2024
22/02/2027
22/02/2028
8
ZÉRO ARTIFICIALISATION NETTE
GUIDE SYNTHÉTIQUE
Principes de territorialisation
de la trajectoire ZAN
Les efforts passés,
Les enjeux de préservation des ENAF
et des continuités écologiques,
Les dynamiques démographiques et économiques
et les besoins locaux,
L?équilibre du territoire et notamment son maillage
et ses centralités,
la mobilisation du potentiel foncier existant
(friches, locaux vacants?),
Les spécificités locales (littoral, montagne,
risques naturels, érosion côtière?),
Les enjeux de maintien et de développement
des activités agricoles.
À ces critères s?ajoutent des dispositions spécifiques.
PLANIFIER
7. Les régions couvertes par un SRADDET ont consommé de l?ordre de 224 000 ha entre 2011 et 2021 d?après les données du Cerema en ligne sur
l?observatoire national de l?artificialisation. La loi fixe un objectif de réduction de moitié de la consommation d?ENAF entre 2021 et 2031 soit de
l?ordre de 112 000 ha. En réservant un forfait national de 10 000 ha pour ces régions, leur plafond de consommation (hors PENE) sera de 102 000 ha
soit une réduction de 54,5 %.
8. Par ailleurs, tous les 5 ans à compter de la loi Climat et résilience, le Gouvernement publie un rapport qui retrace la consommation d'ENAF
occasionnée par les PENE d'intérêt général majeur.
Pour 2021-2031, la consommation d?ENAF des projets
d'envergure nationale ou européenne est comptabilisée
dans le cadre d'un forfait au niveau national, et non au
niveau régional ou infrarégional. Après consultation des
régions, de la nouvelle conférence régionale de gouver-
nance et du public, ces projets sont listés par arrêté du
ministre chargé de l'urbanisme, en fonction de catégo-
ries définies par la loi. Les projets doivent présenter un
intérêt général pouvant être qualifié de majeur.
Ce forfait a été voté à 12 500 hectares pour 2021-2031,
dont :
? 2 500 hectares sont mutualisés pour les régions cou-
vertes par le SDRIF, les SAR et le PADDUC ;
? 10 000 hectares font l'objet d'une mutualisation entre
les régions couvertes par un SRADDET7.
En cas de dépassement du forfait, le surcroît de consom-
mation ne peut être imputé sur l'enveloppe des collecti-
vités territoriales ou de leurs groupements8.
Les projets d?envergure nationale ou européenne (PENE) d?intérêt général majeur
La « garantie communale »
Dans le cadre de la territorialisation des objectifs de
sobriété foncière, une commune ne peut être privée
d?une surface minimale de consommation d?ENAF
dès lors qu?elle est couverte par un document d?ur-
banisme prescrit (première délibération du conseil
municipal ou communautaire votée), arrêté ou ap-
prouvé avant le 22 août 2026. Les communes au RNU
qui n?ont pas prescrit ou arrêté un document d?urba-
nisme, avant cette échéance, ne bénéficient pas de
cette garantie communale.
Pour la décennie 2021-2031, cette garantie com-
munale est d?au moins d?un hectare. Pour les com-
munes nouvelles dont l?arrêté de création a été pris
après le 1er janvier 2011, une majoration de la sur-
face minimale de 0,5 hectare est appliquée pour
chaque commune déléguée, plafonnée à 2 hectares.
Cette garantie communale constitue moins « un
droit à consommer » qu?une possibilité offerte aux
communes, dont elles peuvent se saisir ou pas. Elle
peut être mutualisée au niveau intercommunal à la
demande des communes. Le bénéfice de la garantie
communale n?exonère pas du respect ni des dispo-
sitions du code de l?urbanisme, ni des servitudes ou
périmètres de protection environnementale, agricole
ou forestière en vigueur (ex : zone agricole protégée,
réserve biologique?). La garantie ne peut notamment
pas être opposée à la mise en oeuvre et au respect du
règlement national de l?urbanisme (RNU).
La garantie « trait de côte »
Les critères de territorialisation
La déclinaison territoriale doit tenir compte des enjeux
d?adaptation et de recomposition spatiale du territoire
des communes figurant sur un décret liste en permet-
tant notamment de réaliser les recompositions néces-
saires de constructions, d?ouvrages ou d?installations
menacées, tout en tenant compte des caractéristiques
géographiques locales, environnementales et paysagères.
Les surfaces artificialisées situées dans une zone exposée
au recul du trait de côte à horizon 30 ans pourront être
considérées comme désartificialisées, dès lors que ces
surfaces ont vocation à être renaturées dans le cadre d?un
projet de recomposition spatiale du territoire littoral.
9
ZÉRO ARTIFICIALISATION NETTE
GUIDE SYNTHÉTIQUE
PLANIFIER
Au niveau des schémas régionaux
d?aménagement
Les documents de planification régionale constituent
le premier échelon d?intervention pour parvenir à
l?objectif d?absence d?artificialisation nette à terme.
Ils doivent fixer une trajectoire pour atteindre le ZAN
avec un objectif de réduction du rythme d?artificiali-
sation par tranche de 10 ans.
S?agissant du SRADDET, pour la première tranche
(2021-2031), ces objectifs sont déterminés afin de
réduire de 54.5 % la consommation des espaces natu-
rels, agricoles et forestiers (ENAF) par rapport à celle
observée lors de la décennie précédente (2011-2021).
Les SRADDET sont composés d'un rapport d'objec-
tifs, qui s'impose avec un lien de prise en compte aux
documents infrarégionaux et d'un fascicule de règles
générales, qui s'impose avec un lien de compatibilité.
Les régions couvertes par un SRADDET doivent ter-
ritorialiser l?objectif de réduction de l?artificialisation
nette des sols entre les différentes parties de terri-
toires. À cet égard, des règles différenciées peuvent
être définies afin d'assurer la déclinaison des objectifs
entre les différentes parties du territoire en tenant
compte des périmètres des SCoT : en particulier, le
SRADDET peut fixer une cible chiffrée d?artificialisa-
tion nette à l?échelle infrarégionale.
Le SRADDET peuvent prévoir une part réservée pour
des projets d'envergure régionale dont la consomma-
tion ou l'artificialisation induite sera mutualisée au
niveau régional. Ces projets feront l?objet d?une liste
dans le fascicule des règles du schéma, dans le cadre
d?une part réservée à ces projets au niveau régional.
Il est également possible de mettre en place une part
réservée de l?artificialisation des sols pour des projets
à venir de création ou d?extension de constructions ou
d?installations nécessaires aux exploitations agricoles
et ce notamment pour contribuer aux objectifs et
orientations prévus dans les schémas directeurs régio-
naux des exploitations agricoles.
Du fait des spécificités géographiques et d'urbanisa-
tion de ces territoires, l?Île-de-France (SDRIF), les dé-
partements et régions d'outre-mer (SAR) ainsi que la
Corse (PADDUC) ne sont pas soumis aux mêmes obli-
gations que les SRADDET. Ces territoires définissent
librement leur trajectoire de réduction de consom-
mation foncière et de lutte contre l'artificialisation,
en fixant un objectif quantifié de réduction et en pro-
cédant à une territorialisation. Les documents d?ur-
banisme infrarégionaux doivent être compatibles au
SDRIF, aux SAR et au PADDUC.
850 ha
Plafond de consommation projetée
2021-2031 après déduction des surfaces
mutualisées, soit, dans le cas de cet
exemple, un effort moyen de -61%
CALCUL DU PLAFOND-CIBLE
REGIONAL DE CONSOMMATION
D?ENAF (valeurs hypothétiques)
TERRITORIALISATION DES OBJECTIFS & REGLES DE REDUCTION DE LA CONSOMMATION D?ENAF
ET D?ARTIFICIALISATION DES SOLS A L?ECHELLE REGIONALE
CONSOMMATION PASSEE 2011-2021
2 200 ha (bilan)
Partie du territoire régional (? 1 SCoT)
Perte de ménages / emplois
Gain de 0 à 15 ménages / emplois par ha
Gain de plus de 15 ménages / emplois par ha
750 ha
150 ha
LIMITE REGIONALE
450 ha
600 ha
250 ha
Partie du territoire régional (? 1 SCoT)
Projet d?envergure nationale
Projet d?envergure régionale
Cible de consommation par partie du territoire
TERRITORIALISATION 2021-2031
1000 ha (plafond régional)
LIMITE REGIONALE
300 ha (g: 100ha)
-50 %
97 ha (g: 20ha)
-61 %
270 ha (g: 40ha)
-64 %
39 ha (g: 5ha)
-74 %
144 ha (g: 85ha)
-68 %
-
PART
MUTUALISEE
150 ha
Faculté de mutualiser
à l?échelle régionale :
1/ les consommations projetées
des projets d?envergure régionale
2/ les réserves régionales
notamment pour les exploitations
agricoles (à partir de 2031)
1000 ha
-
54,5% *
1/ Objectif de réduction de la
moitié de la consommation
d?ENAF de la région sur la
période 2011-2021
2/ Péréquation des surfaces
projetées des projets
d?envergure nationale et
européenne pour la période
2021-2031
850 ha
15
0
h
a
2 200 ha
Consommation réelle
observée entre 2011-2021
Les cibles d'artificialisation sont déclinées dans les docs d'urbanisme infra-régionaux avec un lien de compatibilité, c'est-à-dire de non contrariété
[ cas des SRADDET ]
étape 1 : plafonnement de
pour tenir compte de :
étape 2 : territorialisation
*
*
*
*
modulation des efforts
[% ]
considérant les critères et tenant compte des
surfaces nécessaires pour les garanties (g:xha)
: les efforts passés sont évalués en tenant compte de la baisse du rythme de
consommation et du nombre d?emplois et de logements accueillis par ha consommé ou artificialisé
et donc des surfaces
à répartir par parties
de territoire en
tenant compte des
GARANTIES CRITERES
250 ha
communale &
recomposition littorale
600 ha
solde à moduler
PART TERRITORIALISEE
*La loi fixe un
objectif de
réduction de moitié
de la consommation
d?ENAF entre 2021
et 2031, soit 112 000
ha au niveau
national.
En réservant un
forfait national de
10 000 ha pour les
régions SRADDET,
leur plafond de
consommation (hors
PENE) sera de 102
000 ha, soit une
réduction de 54,5%
par région.
Territorialisation des objectifs de réduction de la consommation d?ENAF et
d?artificialisation des sols à l?échelle régionale (cas théorique)
10
ZÉRO ARTIFICIALISATION NETTE
GUIDE SYNTHÉTIQUE
Au niveau des documents d?urbanisme
(SCOT, PLU, cartes communales)
Le SCoT constitue l?échelon stratégique et une scène de
dialogue infra régionale et inter territoriale pour la mise
en oeuvre du ZAN.
Les objectifs chiffrés de réduction de la consommation
d?ENAF sont fixés par chacun des documents d?urba-
nisme (SCoT, PLU(i), carte communale), en compatibilité
avec le document supra. Ces objectifs sont ensuite dé-
clinés dans les zonages et leurs règles opposables.
Les orientations d?aménagement et de programmation
(OAP) du PLU(i) doivent définir un échéancier prévision-
nel global d?ouverture à l?urbanisation des zones à urba-
niser sur l?ensemble du territoire couvert par le PLU(i). Et
cet échéancier peut planifier certaines zones d?urbanisa-
tion futures ou réserves foncières au-delà de 2031 : dans
ce cas, elles n?entreront pas dans la comptabilisation au
titre de la période 2021-2031.
Les ouvertures à l?urbanisation planifiées dans les docu-
ments d?urbanisme peuvent donc excéder l?objectif de
consommation d?ENAF sur la période 2021-2031, d?une
part, au regard de la marge d'appréciation autorisée par
le lien de compatibilité, et d?autre part, par le calendrier
des ouvertures à l'urbanisation.
C?est au moment du bilan effectif de consommation,
effectué lors du rapport triennal ou de l?évaluation
du PLU à 6 ans que le respect de l?objectif fixé pour la
période décennale sera examiné. À l?occasion du bi-
lan, les projections pourront être ajustées, notamment
pour tenir compte d'une consommation plus faible
qu?escomptée dans certaines zones9.
PLANIFIER
9. À titre d?illustration, si un PLU dispose d?un objectif de 5 ha de consommation d?ENAF sur 2021-2031, il peut identifier 6 secteurs (A, B, C, D, E, F)
rendus potentiellement urbanisable de 1 ha chacun (total de 6 ha), dont un (le F) qui n'est mobilisable qu'à N (date entrée en vigueur du PLU) + 3 ans,
sous condition de n'avoir pas tout consommé. Lors du rapport triennal ou du bilan du PLU à 6 ans, la commune constate qu'elle a bien consommé
tout ou partie des zones A, B, C, D, mais rien dans la zone E. Elle pourra alors ouvrir la zone F (celle qu?elle avait mise en option dans le cadre de
l?échéancier), et fermer la zone E en contrepartie, pour éviter de surconsommer.
Dans le cadre du dialogue entre les collectivités territoriales et les
services de l?État local, mais également au titre du contrôle de léga-
lité, le rapport de compatibilité entre les documents d?urbanisme
doit conduire à porter une appréciation globale sur le respect du
document supérieur, incluant une marge d?appréciation dans l?at-
teinte de l?ensemble des objectifs fixés, dont celui de la réduction
de la consommation d?espaces.
En outre, pour renforcer la sécurité juridique des PLU(i), le préfet
peut prendre formellement position, à la demande de la collectivité
ou de l?EPCI au stade du projet de PLU(i) arrêté ou notifié, sur la sin-
cérité du diagnostic et la cohérence des projections en matière de
consommation foncière.
En pratique, il s?agit de limiter, pour les collectivités territoriales qui
le souhaitent, le risque contentieux en raison d?une analyse de la
consommation d'ENAF et d?une justification des objectifs de modé-
ration de cette consommation insuffisante au regard des exigences
fixées par l?article L. 151-4 du code de l?urbanisme, et de garantir
ainsi la cohérence entre l?analyse de cette consommation et les
objectifs chiffrés de modération de la consommation d?ENAF
prévue au PADD.
PRISE DE POSITION DU PRÉFET
11
ZÉRO ARTIFICIALISATION NETTE
GUIDE SYNTHÉTIQUE
PLANIFIER
Autres mesures pour faciliter la mise
en oeuvre du ZAN
Suivi des objectifs au niveau local
Sursis à statuer
La loi du 20 juillet 2023 a créé un nouveau dispositif
transitoire (d'ici 2031) de sursis à statuer, afin de
permettre aux collectivités, pendant l?élaboration ou
l'évolution de leur document d?urbanisme, d?éviter une
consommation excessive d?ENAF durant cette période,
qui obèrerait leur planification. Ce dispositif peut per-
mettre ainsi de bloquer un ou plusieurs projets forte-
ment consommateurs d?espace dans l?attente de leur
nouveau document.
Pour évaluer l?atteinte des objectifs fixés en matière
de sobriété foncière, le suivi de l?application de la
réforme « zéro artificialisation nette » et de ses effets
a été renforcé.
Au niveau local, la loi généralise les observatoires de
l?habitat et du foncier (adossés aux programmes lo-
caux de l?habitat et mis en place au niveau intercom-
munal), tout en étayant les recensements et analyses
qu?ils doivent conduire.
Par ailleurs, les communes ou intercommunalités do-
tées d?un document d?urbanisme doivent présenter un
rapport tous les 3 ans qui dresse le bilan de la consom-
mation d'espaces et de l'artificialisation des sols sur leur
territoire, en particulier au regard des objectifs établis
dans le document d?urbanisme en vigueur. Le premier
rapport doit être réalisé 3 ans après l?entrée en vigueur
de la loi Climat et résilience soit en 2024.
Les collectivités peuvent s?appuyer sur l?observatoire
national de l?artificialisation des sols, déployé depuis
juillet 2019.
Il se présente comme un portail permettant de télé-
charger des données et de trouver des ressources do-
cumentaires. Il met gratuitement à disposition des don-
nées nationales de consommation d?espace produites,
depuis 2009, à partir des fichiers fonciers, et d?autres
indicateurs (croissance démographique et emploi). Un
tableau de bord permet d?afficher plusieurs indicateurs
de consommation d?espace (selon la destination no-
tamment) à plusieurs échelles (commune, EPCI, dépar-
tements, régions, France). Ces données permettent, de
construire des portraits et des diagnostics territoriaux.
Les données OCSGE sont progressivement mises à dis-
position sur le portail national.
https://artificialisation.developpement-
durable.gouv.fr/
Droit de préemption « ZAN »
Une collectivité titulaire du droit de préemption urbain
peut instituer par délibération motivée sur son territoire
des secteurs prioritaires à mobiliser au regard de leur po-
tentiel foncier. Ces périmètres peuvent porter sur des
terrains contribuant à la préservation ou à la restaura-
tion de la nature en ville ; des zones présentant un fort
potentiel en matière de renaturation ; ou encore des
terrains susceptibles de contribuer au renouvellement
urbain, à l'optimisation de la densité des espaces urbani-
sés ou à la réhabilitation des friches.
Pour une opération d?aménagement prévue en tout ou partie sur des ENAF, l?élément déclencheur de la comptabi-
lisation de la consommation d?espaces n?est pas l?acte administratif de création ou de réalisation d?une ZAC, mais le
démarrage effectif des travaux. Compte tenu de leur ampleur, certaines ZAC réalisent leurs travaux en plusieurs phases.
Il est alors possible, soit de comptabiliser la consommation d?espaces de manière progressive, soit de comptabiliser
la ZAC en totalité au démarrage effectif des travaux. Cette règle est notamment applicable pour les ZAC dont les
travaux ont débuté avant 2021, et dont la consommation peut être intégralement comptée pour la période 2011-2021.
LA CONSOMMATION EMPORTÉE PAR UNE ZONE D?AMÉNAGEMENT CONCERTÉ (ZAC)
12
ZÉRO ARTIFICIALISATION NETTE
GUIDE SYNTHÉTIQUE
OBJECTIF « ZÉRO ARTIFICIALISATION NETTE » :
conjuguer sobriété et qualité urbaine
MOBILISER LES LEVIERS
La consommation foncière a augmenté 4 fois plus vite
que la population pendant les vingt dernières années.
Conséquence ? Des périphéries urbaines
souvent peu denses, éloignant les habitants
de l?emploi, des activités et des services.
Objectif ? Construire des villes et villages plus
sobres, tout en préservant la qualité du cadre
de vie des habitants.
COMMENT ?
POURQUOI ?
Mobiliser les surfaces déjà artificialisées en particulier
par le recyclage des friches et locaux vacants.
Préserver et créer des surfaces de nature
en particulier dans les villes denses.
Continuer à construire uniquement en réponse
à un besoin avéré de logement, de surface économique
ou d?équipement.
170 000 ha
de friches.
1,3 M de locaux
vacants.
Les habitants plébiscitent les habitats où les activités et services
de proximité sont accessibles en moins de 15 minutes à pied. - 15
80 % de la ville
de 2050 est déjà bâtie.
92 % des Français estiment qu?il
n?y a pas assez de nature en ville.
L?objectif de lutte contre l?artificialisation nette des sols ne signifie pas l?arrêt de la construction lorsqu?elle
est justifiée par des besoins de logements, d?activités économiques, de services ou d?équipements publics.
De nouveaux modèles d?aménagement durable sobres en foncier sont à réinventer. Au vu des changements
structurels qui doivent s?opérer à l?occasion de la révision des documents d?urbanisme, l?application de
la réforme ne se résume pas à l?intégration d?objectifs quantitatifs, mais se construit autour de projets de
territoires intégrant de nouveaux modèles d?aménagement créateurs de valeur.
13
ZÉRO ARTIFICIALISATION NETTE
GUIDE SYNTHÉTIQUE
Concilier densité et nature en ville
Maîtriser l?artificialisation due
aux activités économiques
Recycler les friches
La loi Climat et résilience renforce le rôle de la plani-
fication pour favoriser l?intensification urbaine. Parmi
les outils disponibles, on peut citer l?étude de densifi-
cation, obligatoire pour les PLU, qui permet de recen-
ser les gisements fonciers et bâtis vacants. Le règle-
ment d?un PLU peut imposer une densité minimale de
construction, dans des secteurs qu?il délimite, à proxi-
mité des transports collectifs, existants ou program-
més. Enfin, la loi permet des bonus de constructibilité
supplémentaires par dérogation aux règles du PLU, afin
de favoriser des opérations de densification et le recy-
clage des friches.
Plusieurs dispositions encouragent la sobriété foncière
des activités économiques.
Pour favoriser la requalification des zones d?activi-
tés économiques (ZAE), des inventaires doivent être
conduits par les EPCI afin d?améliorer la connaissance
de leur état de vacance et d?occupation. Les ZAE re-
présentent une part importante des surfaces urba-
nisées et artificialisées : selon le CEREMA, il existerait
jusqu?à 32 000 ZAE sur le territoire national, soit environ
450 000 hectares.
Par ailleurs, l?intégration dans la planification du volet
foncier économique est renforcée, notamment au sein
des schémas régionaux et des documents d?urbanisme
La mobilisation prioritaire des gisements fonciers dispo-
nibles et le renouvellement urbain sont des enjeux déter-
minants de la politique de lutte contre l?artificialisation
des sols et de gestion économe des espaces. Parmi ces
gisements, les friches représentent 170 000 hectares, à
l?échelle nationale, à reconquérir et valoriser.
L? inventaire national, Cartofriches, est mis à jour sur la
base notamment des travaux menés par les observa-
toires locaux. L?outil Urbanvitaliz accompagne des col-
lectivités dans leurs projets de recyclage de friches. Ces
ressources sont disponibles sur le portail national de l?ar-
tificialisation des sols.
https://artificialisation.developpement-
durable.gouv.fr/
La nature en ville est un enjeu d?acceptabilité sociale de
la densification. Là aussi, la planification offre des leviers.
Par exemple, le règlement des PLU doit intégrer des coef-
ficients de pleine terre ou de biotope en zone dense (obli-
gation de maintien ou de création de surfaces non imper-
méabilisées ou éco-aménageables sur l?unité foncière). En
outre, les SCoT et les PLU ont la possibilité de définir des
zones préférentielles pour la renaturation ou des orien-
tations d'aménagement et de programmation (OAP) sur
des secteurs à renaturer. Il s?agit d?identifier les gisements
d?espaces propices à la renaturation et de mener une
stratégie de renaturation à l?échelle d?un territoire.
locaux (document d'aménagement artisanal, commer-
cial et logistique du SCoT, OAP du PLU).
Un principe général d?interdiction de nouvelles zones
commerciales engendrant une artificialisation des
sols est institué, sauf dérogation pour des projets d?une
surface de vente inférieure à 10 000 m² et respectant
certains critères.
Enfin, dans le cadre de projets partenariaux d?aména-
gement (PPA) / grandes opérations d?urbanisme (GOU),
des moyens d?intervention renforcés sont mis en place
notamment pour faire évoluer les documents de plani-
fication ou bénéficier de potentielles dérogations aux
règles du PLU.
Au sens du code de l?urbanisme, « on entend par ? friche?
tout bien ou droit immobilier, bâti ou non bâti, inutilisé et
dont l?état, la configuration ou l?occupation totale ou par-
tielle ne permet pas un réemploi sans un aménagement
ou des travaux préalables ».
Des acteurs, des dispositifs et des outils sont mobili-
sables dans le cadre de la réhabilitation des friches tels
que les établissements publics fonciers (EPF) qui dis-
posent d?une connaissance des marchés fonciers (veille
foncière, connaissance du territoire via les convention-
nements et les projets portés), peuvent produire et cofi-
nancer des études avec des collectivités et les accompa-
gner dans l?identification des gisements fonciers.
MOBILISER LES LEVIERS
14
ZÉRO ARTIFICIALISATION NETTE
GUIDE SYNTHÉTIQUE
OBJECTIF « ZÉRO ARTIFICIALISATION NETTE » :
des collectivités engagées, des aides déployées
ACCOMPAGNER
Elles doivent intégrer la trajectoire de réduction de l?artificialisation
nette dans leurs documents de planification et d?urbanisme avant
novembre 2024 pour les documents régionaux, février 2027 pour
les SCoT et février 2028 pour les PLU et cartes communales.
Pour accompagner les territoires à s?engager en faveur de
la sobriété foncière, l?État a déployé plusieurs dispositifs
d?aides, avec le renforcement de l?ingénierie territoriale,
l?encouragement à la contractualisation ou la mobilisa-
tion de leviers fiscaux ou budgétaires. De nombreux ac-
teurs s?impliquent également et se mettent au service
des collectivités territoriales pour favoriser les pratiques
et des modèles d?aménagement durable du territoire
qui préservent les sols.
Conscient du caractère plus coûteux et plus complexe
de la « reconstruction de la ville sur la ville », l?objectif de
l?État est d?accompagner l?ensemble des collectivités ter-
ritoriales dans la lutte contre la vacance, la revitalisation
des territoires en déprise, le recyclage des friches et la
conduite de projets sobres en foncier et de renaturation.
--
Des résultats déjà constatés : En 2021/2022, le fonds friches, doté de 750 M¤,
a accompagné 1 385 lauréats, et permis le recyclage de l?ordre de 3 370 ha de friches
contribuant à la production de 6.7 Mm2 de logements et 4.9 Mm2 de surfaces
économiques.
Des aides à l?ingénierie des établissements
publics fonciers, du Cerema, de la Banque
des Territoires et de l?ANCT.
? 222 lauréates « Action Coeur de Ville »
? 1 600 « Petites villes de demain »
? Des établissements publics fonciers
présents sur 80 % du territoire national
Des outils numériques : un observatoire
national de l?artificialisation mettant
en ligne gratuitement les données de
consommation et d?artificialisation
des sols, un outil UrbanSimul d?appui à
l?élaboration des stratégies foncières.
pour le fonds vert
400 M¤/an
Pour les accompagner dans cette intégration,
l?État met en réseau l?ensemble des acteurs
de la planification urbaine
Les collectivités sont compétentes en matière d?urbanisme et d?aménagement.
Pour les accompagner, l?État met à disposition plusieurs aides
15
ZÉRO ARTIFICIALISATION NETTE
GUIDE SYNTHÉTIQUE
Déployer l?ingénierie en faveur
de la sobriété foncière
Mobiliser les outils fiscaux et budgétaires
De nombreux établissements, programmes et disposi-
tifs publics apportent une aide en ingénierie essentielle
dans les territoires. À cet égard, l?implication et le rôle
des établissements publics fonciers (EPF), de l?Agence
nationale pour la cohésion des territoires (ANCT) et
des agences d?urbanisme dans la lutte contre l?artifi-
cialisation des sols ont été réaffirmés par la loi.
En outre, les réseaux animés par les services de l?Etat
sont des lieux de dialogue, de partage d?expérience ain-
si que de diffusion de méthodes et d?outils pour aider
au changement de trajectoire.
Le foncier peut représenter jusqu?à la moitié des dé-
penses d?aménagement. Ce poids du foncier plaide en
faveur de mécanismes de régulation, au premier rang
desquels l?intervention des établissements publics fon-
ciers, mais également les outils d?intervention foncière
(droit de préemption, création de zones d?aménage-
ment différé, constitution de réserves foncières notam-
ment par déclaration d?utilité publique, dissociation de
la propriété du foncier et du bâti etc.).
Par ailleurs, il est plus coûteux pour l?aménageur de
conduire des opérations en renouvellement urbain
qu?en extension urbaine. Et ces coûts supplémentaires
ne sont généralement pas compensés par des recettes
équivalentes, en particulier dans les zones détendues ou
en secteur « politique de la ville ». Pour ces opérations
« hors marché », un soutien public est indispensable. Il
peut prendre la forme d?une aide fiscale ou budgétaire.
Le fonds d?accélération à la transition écologique des
territoires dit « fonds vert » inclut donc une mesure
de recyclage foncier (300 millions d?euros par an) qui
s?adresse aux projets de recyclage de friches dont les
bilans économiques restent déficitaires après prise en
compte de toutes les autres subventions publiques, et
malgré la recherche et l?optimisation de tous les autres
leviers d?équilibre (en particulier en matière de densité
et de mixité).
Le fonds vert inclut également une mesure pour la re-
naturation des villes et des villages (100 millions d?euros
par an) qui cible des actions participant à l?adaptation
des espaces urbanisés aux effets du changement cli-
matique, par la mise en oeuvre de solutions fondées sur
la nature (renaturation des sols, réouverture des cours
d?eau, végétalisation du bâti).
L?aménagement urbain durable s?incarne dans des pro-
jets de territoire intégrant les enjeux de sobriété, de
résilience, de mixité sociale et fonctionnelle, une offre
de logements adaptée, une accessibilité aux services
et à l?emploi et, plus généralement, assurant un cadre
de vie de qualité aux habitants. Différents dispositifs
contractuels et opérationnels, associant l'Etat et les
collectivités locales, sont mobilisables pour porter ces
projets, dont les projets partenariaux d?aménagement
(PPA) ou des opérations de revitalisation de territoire
(ORT).
Pour concourir au zéro artificialisation nette, les outils
fiscaux peuvent être mobilisés ou orientés en faveur de
trois objectifs :
? optimiser l?usage du foncier bâti,
? inciter à des modèles de construction d?une plus grande
sobriété foncière,
? et préserver le foncier non bâti.
Certaines mesures fiscales ont été traduites dans les
lois de finances récentes : élargissement du zonage de
la taxe sur les logements vacants, octroi d?avantages en
faveur de la transformation de locaux professionnels va-
cants en logements, de l?investissement locatif dans l?an-
cien (« Denormandie dans l?ancien »), de la remise sur le
marché locatif de logements vacants (« Loc?avantages »),
de la surélévation des bâtiments, de l?investissement
des particuliers dans le logement locatif intermédiaire,
« Pinel » recentré sur le logement collectif. Des évolutions
de la taxe d?aménagement ont été introduites dans l?uti-
lisation de son produit (en faveur de la renaturation) et
dans son calcul (exonération pour les places de station-
nement dans un plan vertical, pour les constructions
réalisées après dépollution, réévaluation des valeurs for-
faitaires pour les piscines et aires de stationnement?).
Voir les aides, ainsi que les dispositifs en ingénierie
sur la plateforme Aides- territoires : https://aides-ter-
ritoires.beta.gouv.fr/.
ACCOMPAGNER
400 M¤/an
ZÉRO ARTIFICIALISATION NETTE
GUIDE SYNTHÉTIQUE
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