Feuille de route décarbonation du cycle de vie du bâtiment : propositions de la filière
Auteur moral
France.Ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires (2022-...)
Auteur secondaire
Résumé
Les filières du bâtiment et de l'immobilier ont toutes deux intégré l'impérieuse nécessité de décarboner leurs ressources, actes et process, ce qui exige formations accrues, innovations et travail collectif. Les réponses aux défis posés par le changement climatique ne pourront être que collectives et nécessiteront une mobilisation sans faille de chacun pour concevoir et mettre en oeuvre les solutions les plus adaptées. Par ce travail collectif qui est à la fois riche et ambitieux, le bâtiment et l'immobilier montrent la détermination de tous leurs acteurs à agir collectivement pour réduire les émissions de gaz à effet de serre du secteur du bâtiment, et ainsi à prendre toute leur part dans la transformation requise, vers une société davantage attentive à la santé et au bien-être de ses membres, comme à la préservation des ressources de notre terre.
Editeur
France.Ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires (2022-...)
Descripteur Urbamet
pollution atmosphérique
;DECARBONATION
;neutralité carbone
Descripteur écoplanete
gaz à effet de serre
Thème
Construction
Texte intégral
Feuille de route
décarbonation du cycle
de vie du bâtiment
Les propositions de la filière
JANVIER 2023
MINISTÈRE
DE LA TRANSITION
ÉCOLOGIQUE
ET DE LA COHÉSION
DES TERRITOIRES
Cette feuille de route a été élaborée par le secteur lui-même et constitue
une proposition adressée aux pouvoirs publics.
Elle vient enrichir le travail du gouvernement de mise en oeuvre de la
planification écologique, mais ne constitue pas la feuille de route du
gouvernement.
REMERCIEMENTS 3
MOT D?INTRODUCTION DES CO-PRÉSIDENTS 4
RÉSUMÉ EXÉCUTIF 5
PRÉSENTATION DE LA FEUILLE DE ROUTE
DE DÉCARBONATION DU BÂTIMENT
ET DE L?ORGANISATION DES TRAVAUX 10
PRÉSENTATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR
CYCLE DE VIE DU BÂTIMENT 12
PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION
À DÉPLOYER POUR ATTEINDRE LES OBJECTIFS
CLIMATIQUES 15
COMPOSANTS DES OUVRAGES 16
CONSTRUCTION NEUVE 28
RÉNOVATION 36
USAGES 44
LEVIERS TRANSVERSAUX 49
ADAPTATION DES EMPLOIS ET
DES COMPÉTENCES À LA DÉCARBONATION 55
ANNEXES 59
SOMMAIRE
2 - FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT
FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT - 3
Merci
Chers tous,
La décarbonation de nos filières économiques, et plus largement de notre société,
est l?un des principaux enjeux des décennies à venir. Pour le secteur du bâtiment,
second émetteur de gaz à effet de serre en France, ce défi est d?une ampleur sans
précédent considérant l?évolution profonde et durable qu?il implique, à court et
moyen terme.
D?horizons différents, vous avez été très nombreux à répondre à l?appel du légis-
lateur, à vous joindre aux groupes de travail tenus régulièrement pendant presque
un an, à participer à leur organisation, à débattre des conditions et objectifs de ce
grand projet, à construire collectivement et malgré des intérêts parfois divergents
une vision partagée de la marche à suivre pour placer la filière du bâtiment sur la
bonne trajectoire. Nous savons l?investissement qu?une telle démarche demande
et les efforts que vous avez consentis. Pour cet engagement sans faille et pour les
résultats qui en découlent, un immense merci.
En identifiant des leviers de décarbonation répartis sur l?ensemble de la chaîne de
valeur du bâtiment, ce travail, fruit de l?intelligence collective, est d?une richesse
rare. Les services de l?État s?en sont d?ores et déjà emparés afin d?en extraire les
idées et informations qui alimenteront demain la nouvelle Stratégie française
Énergie et Climat et plus largement orienteront les travaux de la Direction générale
de l?aménagement, du logement et de la nature.
Le chemin qu?il nous reste à parcourir pour atteindre l?objectif de la neutralité
carbone est encore long. Forts de cette nouvelle boussole et de l?élan collectif
que vous avez su créer, il nous incombe de continuer ensemble à faire avancer
votre secteur dans la direction d?un futur durable. Le succès de cet exercice ne
laisse aucun doute sur le fait que nous y parviendrons.
BRICE HUET
Adjoint à la Directrice générale
de l?aménagement,
du logement et de la nature
REMERCIEMENTS
4 - FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT
MOT D?INTRODUCTION DES COPRÉSIDENTS
Le changement climatique constitue probablement le plus
important défi auquel l?humanité a été, est et sera confrontée.
Il n?aura de réponse que collective qui passera par une prise de conscience, une
mise à l?agenda et un programme d?action et de transformation en profondeur. Son
urgence fait que la mise à l?agenda doit s?effectuer maintenant et son programme
de travail être conçu et mis en oeuvre sans délai.
Pour ancrer cette prise de conscience et élaborer ce plan d?action, le parlement
a souhaité que chaque filière élabore sa propre feuille de route pour que celle-ci
puisse venir alimenter la planification écologique et vérifier sa capacité à prendre
sa part dans l?effort collectif.
La filière bâtiment, l?ensemble de sa chaîne de valeur, a été mobilisée dans cet exer-
cice. Cet acte fondateur ? qui préfigure l?engagement de l?ensemble de la filière ?
est à hauteur du poids du bâtiment dans notre empreinte carbone nationale.
La mobilisation des acteurs a été exemplaire, et il faut les en remercier : près de
500 personnes ont oeuvré au sein de groupes de travail thématiques, favorisant
ainsi des consensus de place ; plus de 500 autres acteurs ont pu, à l?occasion de réu-
nions de concertation régionales, infléchir les premières propositions des groupes
de travail, à la lumière d?expériences territoriales bas-carbone déjà nourries.
De cette effervescence féconde surgissent deux évidences : les filières du bâtiment
et de l?immobilier ont toutes deux intégré l?impérieuse nécessité de décarboner
leurs ressources, actes et process, ce qui exige formations accrues, innovations
et travail collectif. Les réponses aux défis posés par le changement climatique ne
pourront être que collectives et nécessiteront une mobilisation sans faille de cha-
cun pour concevoir et mettre en oeuvre les solutions les plus adaptées.
Par ce travail collectif qui est à la fois riche et ambitieux, le bâtiment et l?immobilier
montrent la détermination de tous leurs acteurs à agir collectivement pour réduire
les émissions de gaz à effet de serre du secteur du bâtiment, et ainsi à prendre toute
leur part dans la transformation requise, vers une société davantage attentive à
la santé et au bien-être de ses membres, comme à la préservation des ressources
de notre terre.
C?est un formidable appel à l?action.
Nous n?avons pas de doute que toutes et tous se mobiliseront dans les mois et les
années à venir pour y répondre.
PHILIPPE
PELLETIER
Président du
Plan Bâtiment
Durable
ÉTIENNE
CRÉPON
Président
du CSTB
FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT - 5
RÉSUMÉ EXÉCUTIF
L?augmentation des émissions de gaz à effet de
serre (GES) jouant un rôle indéniable dans l?accélé-
ration du changement climatique, l?article 301 de la
loi Climat et résilience demande que, pour chaque
secteur fortement émetteur de gaz à effet de serre
(GES), une feuille de route soit établie conjointement
par les représentants des filières économiques, le
Gouvernement et les représentants des collectivités
territoriales.
L?empreinte carbone de la chaîne de valeur du bâti-
ment représente 153 Mt CO2 en 2019, soit 25 % de
l?empreinte carbone annuelle de la France. Le secteur
du bâtiment et de l?immobilier était donc concerné
au premier rang par cette demande de la loi Climat
et résilience. Le Centre scientifique et technique
du bâtiment (CSTB) et le Plan Bâtiment Durable ont
été mandatés par le ministère en charge du déve-
loppement durable pour coprésider l?élaboration
de la Feuille de route
« Décarbonation de la
chaîne de valeur cycle
de vie du bâtiment ».
Ce travail a réuni l?en-
semble des acteurs du
secteur au travers de
quatre groupes de tra-
vail : « composants du
bâtiment », « construction neuve », « rénovation » et
« usages ». Au total, près d?une quarantaine de réu-
nions incluant, à des degrés divers, plus d?une cen-
taine d?organismes se sont tenues tout au long de
l?année 2022. En parallèle, un processus de concer-
tation territoriale a fait l?objet d?évènements répartis
sur l?ensemble du territoire national, coportés par
des acteurs territoriaux représentatifs de la diversité
des parties prenantes de la chaîne de valeur cycle de
vie du bâtiment.
Le présent document est le résultat de leurs travaux.
Il précise le cadre général de la démarche d?élaboration des
feuilles de route de décarbonation prévues par l?article 301
de la loi Climat et résilience et les dispositions spécifiques
mises en place s?agissant du secteur du bâtiment (§ 4), il
présente la chaîne de valeur cycle de vie du bâtiment, les
objectifs fixés à ce jour par les pouvoirs publics dans le cadre
de la Stratégie Nationale
Bas-Carbone (SNBC), ainsi
que le périmètre des émis-
sions retenu pour la feuille
de route de décarbonation
de la chaîne de valeur du
cycle de vie du bâtiment (§ 5,
annexe 8.3).
La chaîne de valeur du cycle
de vie bâtiment intègre l?ex-
ploitation de l?ensemble des
bâtiments présents sur le
sol français, mais également
leur construction, entretien,
rénovation et démolition.
Les impacts sur l?environ-
nement de cette chaîne de
valeur bâtiment sont la
résultante de l?ensemble
des décisions et actions non
seulement des acteurs de la
construction et des usagers
des ouvrages mais égale-
ment d?autres acteurs en
amont : filières de production d?énergie, chimie, transport,
etc. Lorsque le bilan des émissions de gaz à effet de serre
de la filière est réalisé, sont inclues les émissions ayant lieu
sur le territoire français ainsi que les émissions dites « impor-
tées » (i.e. induites par l?achat d?énergie ou de matériaux,
composants importés).
La feuille de route propose une synthèse des 25 leviers à
mobiliser, proposés par les acteurs de la filière. Les ver-
sions complètes des fiches leviers correspondantes sont
disponibles en annexes, en est proposé ici un résumé
non-exhaustif.
Feuille de route
de décarbonation
de la chaîne de
valeur cycle de
vie du bâtiment
25 %
de l?empreinte
carbone annuelle
de la France
La chaîne de
valeur du cycle
de vie bâtiment
intègre
l?exploitation
de l?ensemble
des bâtiments
présents sur le sol
français, mais
également leur
construction,
entretien,
rénovation et
démolition.
6 - FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT
RÉSUMÉ EXÉCUTIF
COMPOSANTS DU BÂTIMENT
Pour répondre à l?objectif de décarbonation, il apparait
essentiel de réduire le poids carbone des produits et sys-
tèmes constructifs par l?ensemble des leviers disponibles,
qu?il s?agisse d?optimisation des processus industriels, de
réduction de la ponction sur les ressources naturelles en
développant le recyclage ou par allongement de la durée de
vie des produits et systèmes par le réemploi. Afin d?objecti-
ver ces gains d?efficacité, la mise à disposition de données
environnementales appropriables par tous a été estimée
comme indispensable. Enfin, le développement de nou-
veaux modèles autour de l?économie de la fonctionnalité
est apparu particulièrement prometteur pour les parties
d?ouvrages démontables.
Le recours accru à des composants bas-carbone qui ne
sont pas les standards d?aujourd?hui (produits innovants et
bas-carbone, biosourcés, géosourcés, matériaux issus du
réemploi, etc.) et à des ressources et solutions locales, appa-
raît également comme un levier essentiel pour atteindre
l?objectif de décarbonation du bâtiment. Il nécessite des
investissements dans la recherche et la caractérisation, ainsi
que de faire connaître ces composants ou encore de facili-
ter leur assurabilité.
La décarbonation du bâtiment passera inévitablement par
des procédés industriels moins carbonés. Plusieurs filières
(ciment, acier, bois, terre cuite...) ont d?ores et déjà publié
leurs feuilles de route de décarbonation. Celles-ci couvrent
environ un tiers de l?empreinte carbone des ouvrages (essen-
tiellement le gros oeuvre). Les autres filières doivent être
encouragées et accompagnées afin qu?elles s?engagent à
leur tour dans ce processus. Parmi les difficultés et questions
à résoudre : le remplacement des combustibles fossiles, la
valorisation économique d?engagements environnementaux
dans un contexte concurrentiel international.
L?optimisation de la durabilité, le réemploi et le recyclage
des composants du bâtiment sont également essentiels
pour baisser les émissions de CO2 du secteur. Il faut pour
cela lever de nombreux freins aux différentes échelles.
À commencer par anticiper, dès la conception des bâti-
ments, le possible changement d?usage des composants,
des systèmes et des ouvrages eux-mêmes (traçabilité,
démontabilité, modes d?assemblage?), mais également
« assouplir » les plans locaux d?urbanismes (PLU) en mettant
en place dans les textes des dispositions pour le réemploi
(réglementation, normes produit, Règlement des Produits
de Construction...), organiser l?évaluation de la qualité des
matériaux issus du réemploi pour leur usage, ou encore,
concernant le recyclage, monter en compétence sur les
technologies de séparation sélective et enfin encourager
la demande, notamment via la commande publique.
La généralisation des analyses de cycle de vie des bâti-
ments et de l?ensemble de leurs composants constitue un
premier levier de la décarbonation en apportant une infor-
mation objective, première marche de l?écoconception des
ouvrages et des composants et permettant une prescription
de ces derniers intégrant les aspects environnementaux.
La France dispose de la base INIES (et des programmes
associés), probablement l?une des plus avancées au niveau
international. Cependant, de nombreux défis restent à rele-
ver pour, d?une part, accélérer la production de nouvelles
déclarations environnementales (manque de compétences
en ACV en nombre suffisant, coût élevé de la réalisation des
données, réglementation à adapter...) et, d?autre part, en
faciliter l?accès dans l?objectif de la performance environ-
nementale des bâtiments, du choix des produits.
Enfin, le développement de l?économie de la fonctionna-
lité, qui consiste à remplacer la vente d?un bien par celle
de l?usage du bien, peut également contribuer à l?objectif
de décarbonation du bâtiment. Cela a en effet pour vertu
de privilégier certains critères dans le choix des matériaux
et produits (durée de vie plus longue, facilement mainte-
nables, réparables et réutilisables) ainsi qu?une meilleure
maintenance. De nombreuses questions restent toutefois
à aborder en termes de responsabilité (notamment en cas
de sinistre), de financement (de nouveaux business modèles
sont nécessaires) ou de montages juridiques. La mise en
oeuvre de démonstrateurs serait un premier pas utile.
Il apparaît essentiel de
réduire le poids carbone
des produits et systèmes
constructifs par l?ensemble
des leviers disponibles.
L?optimisation de la durabilité,
le réemploi et le recyclage des
composants du bâtiment sont
également essentiels pour baisser
les émissions de CO2 du secteur.
FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT - 7
CONSTRUCTION NEUVE
La réduction de l?impact carbone de l?acte de construire,
qui représente de l?ordre de 26 %1 des 153 Mt CO2e en 2019
de l?empreinte carbone de la chaîne de valeur bâtiment,
passe par l?analyse du cycle de vie réalisée en amont du pro-
jet par les différents acteurs impliqués (industriels, maîtrise
d?ouvrage, maîtrise d?oeuvre, entreprises de construction,
promoteurs, exploitants). C?est cette analyse objective qui
permet d?agir en priorité sur les facteurs essentiels de ces
impacts.
Dans cette optique, la Réglementation environnementale
récemment adoptée (RE2020) constitue un socle sur lequel
l?ensemble des acteurs entendent s?appuyer. Il s?agit de
l?étendre à davantage de typologies de bâtiments et de
territoires, y compris en outre-mer, de la compléter pour
les bâtiments aujourd?hui hors champ de la RT2012 et de
la RE2020. Pour permettre aux acteurs de se préparer, il est
apparu indispensable de donner de la visibilité sur les futurs
seuils applicables en 2040 et 2050.
Les leviers identifiés par les acteurs concernent la phase
de conception du projet de construction : il s?agit d?opti-
miser chaque m² construit en anticipant l?usage des bâti-
ments, le nombre d?occupants, leurs besoins futurs et en
prévoyant des espaces flexibles pour mieux les mutualiser.
Cette optimisation permet des gains immédiats lorsque des
surfaces ne sont pas construites et permet de réduire les
émissions de GES et les consommations énergétiques des
futurs ouvrages.
L?acte de construire doit être pensé au travers du prisme
du carbone et de la sobriété de la consommation des res-
sources. La culture du bas-carbone doit être encouragée
pour que les équipes de conception fassent émerger de
nouvelles solutions techniques, organisationnelles à plus
faible impact.
Enfin, la surélévation des bâtiments pour réduire l?extension
urbaine et la végétalisation du bâti et de la parcelle sont éga-
lement des mesures qui doivent être étudiées dans l?objectif
de diminuer les émissions de gaz à effet de serre.
RÉNOVATION
L?exploitation des bâtiments existants représentant de l?ordre
de 103 Mt CO2e en 2019, la rénovation des bâtiments est la
clef de voûte pour atteindre l?objectif de neutralité carbone
d?ici 2050. Outre la réduction des consommations d?énergie
des bâtiments et de leurs émissions, elle permet de faire
baisser la facture d?énergie et de lutter contre la précarité
énergétique. Sachant que l?on
dénombre aujourd?hui 5,2 mil-
lions de passoires thermiques
parmi les résidences princi-
pales en France2, l?impératif
de rénovation énergétique
des bâtiments s?intensifie et
impose une stratégie d?action
coordonnée entre les pouvoirs
publics et les acteurs de la filière. Pour y parvenir, quatre
leviers ont été identifiés : renforcer l?exigence d?efficacité
énergétique et carbone, massifier la rénovation globale,
rehausser les objectifs de rénovation et mesurer la perfor-
mance obtenue.
Le premier levier consiste à renforcer les exigences quant à
la performance énergétique et à introduire la performance
carbone des bâtiments existants. À savoir, viser l?efficacité
de l?exploitation du bâtiment après les travaux et optimiser
le choix des matériaux pour réduire leur poids carbone. La
mise à disposition d?outils permettant cette optimisation
est essentielle.
Le deuxième levier se concentre sur l?enjeu de la massifica-
tion de la rénovation globale, qui ne représente aujourd?hui
qu?un dixième des projets de rénovation entrepris alors
qu?elle constitue le mode le plus efficace. Un préalable indis-
pensable est de définir ce que sont une rénovation perfor-
mante et une rénovation globale. Les acteurs appellent par
ailleurs une simplification des dispositifs d?aides qui sont
considérés comme trop diffus et trop complexes et une
augmentation des régimes d?aides aux rénovations globales.
RÉSUMÉ EXÉCUTIF
1. 80 % des impacts liés aux produits et matériaux de construction sont
affectés à la construction neuve. Les 26 % n?intègrent que l?acte de
construire et excluent l?exploitation des bâtiments.
2. Source : Observatoire National de la Rénovation Énergétique.
5,2
millions
de passoires
thermiques
L?acte de construire doit être
pensé au travers du prisme
du carbone et de la sobriété de
la consommation des ressources.
8 - FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT
Le troisième levier consiste à rehausser les objectifs de la
rénovation en visant un niveau de consommation BBC3 pour
l?ensemble du parc immobilier (logement et tertiaire). Ce
niveau permet en effet d?atteindre des seuils performants,
d?éviter des travaux de rénovation ultérieurs et de garan-
tir un meilleur retour sur investissement de la dépense
publique. La barre est cependant haute : il faudrait multi-
plier par dix les rénovations performantes au niveau BBC
d?ici 2030 (soit 600 000 à un million de logements rénovés
BBC par an). La solution pourrait être de mettre en place
une réglementation environnementale ambitieuse pour la
rénovation, avec des critères de performance énergétique,
carbone et des logiques de confort d?été avec, à la clef, des
mesures incitatives.
Le dernier levier identifié concerne la mesure de la perfor-
mance des rénovations via un suivi et des contrôles réguliers
tout au long des travaux puis lors de l?exploitation. Cette
exigence de résultat, développant une culture du résultat
performant, couplé aux incitations de la mise en oeuvre des
rénovations permettrait d?être plus efficace avec un mini-
mum de ressources.
Ces quatre leviers sont autant de clefs qui permettront de
soutenir et massifier une rénovation globale, performante
et efficace.
USAGES
En phase d?exploitation du bâtiment, les émissions de gaz à
effet de serre proviennent essentiellement de leurs consom-
mations énergétiques. Si les réglementations thermiques
successives ont permis d?améliorer considérablement l?ef-
ficacité énergétique des bâtiments, la performance énergé-
tique en service d?un bâtiment dépend à la fois de l?état du
bâti, de la performance intrinsèque des équipements tech-
niques et de l?usage optimisé du bâtiment par les occupants.
Aussi, l?atteinte des objectifs de décarbonation des bâti-
ments à l?horizon 2050 passe par le développement d?une
culture de l?exploitation et de l?usage sobre et bas-carbone
des bâtiments, notamment par la mise en place des cam-
pagnes de sensibilisation axées sur les écogestes et l?inves-
tissement dans des systèmes de mesure.
Envisager des opérations concrètes pour la maintenance
et l?exploitation des systèmes techniques pour une exploi-
tation sobre et bas-carbone des bâtiments est également
nécessaire pour améliorer leur performance énergétique.
Par ailleurs, des solutions techniques peuvent être déployées
pour réduire la consommation énergétique lors des pics de
consommation observés dans les bâtiments, dont l?usage
peut être partagé ou converti en cours d?exploitation pour
une meilleure distribution de l?énergie.
RÉSUMÉ EXÉCUTIF
3. Bâtiment Basse Consommation.
Quatre leviers ont été
identifiés : renforcer
l?exigence d?efficacité
énergétique et carbone,
massifier la rénovation
globale, rehausser les
objectifs de rénovation
et mesurer la
performance obtenue.
Aussi, l?atteinte des objectifs
de décarbonation des bâtiments
à l?horizon 2050 passe par le
développement d?une culture de
l?exploitation et de l?usage sobre
et bas-carbone des bâtiments.
FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT - 9
LEVIERS TRANSVERSAUX
La décarbonation impacte profondément les habitudes et
pratiques du secteur du bâtiment. Plusieurs outils, trans-
verses par nature, doivent être déployés et adaptés comme
les outils financiers, la production d?énergies renouvelables,
l?emploi et la formation ou encore les systèmes constructifs.
En premier lieu, les travaux des GT « construction neuve »
et « rénovation » ont fait ressortir le besoin d?une méthode
multicritères permettant de mesurer et de comparer les dif-
férents scénarios envisageables pour un bâtiment existant
entre déconstruction, densification ou rénovation, avec ou
sans extension du bâtiment. La complexité du sujet et son
nécessaire besoin de contextualisation n?a pas permis de
faire aboutir ces travaux dans les délais impartis à l?élabo-
ration de la feuille de route.
Les dispositifs financiers, peu connus des ménages, sont
aussi complexes et les délais d?instruction sont longs. Il
apparaît nécessaire de renforcer et rendre plus visibles les
dispositifs financiers mis en place par les banques et les
investisseurs, de faire en sorte « d?absorber » le surcoût
des biens très performants sur le plan environnemental ou
encore de poursuivre les travaux de fiabilisation de l?outil
DPE.
Autre levier : favoriser la production des énergies renouve-
lables et les systèmes de récupérations d?énergie comme
les solutions photovoltaïques et de production de chaleur
et de froid (PAC), les systèmes de récupération, hybrides et
biocombustibles. Ils permettent notamment de décarboner
le mix électrique, d?augmenter la résilience du réseau de
distribution et d?engager les usagers vers la sobriété éner-
gétique. Cependant, les règles d?urbanisme, normatives ou
de lotissements freinent parfois l?installation de panneaux
photovoltaïques ou de PAC. À cela s?ajoutent la complexité
des règles de vente d?énergie entre des utilisateurs privés de
logements ou de bureaux et le manque d?information des
acteurs locaux, en particulier les collectivités territoriales.
La préfabrication, autre levier, peut-être une des clefs de
l?objectif de décarbonation (moindre pénibilité, plus grande
variété des fonctions, etc.). En effet, la fabrication hors-site
présente plusieurs avantages en faveur de la décarbona-
tion. Au-delà des avantages connus (délai, coût, qualité,
traçabilité?), elle pourrait, par des implantations d?ateliers
de préfabrication auprès de fournisseurs locaux, favoriser
les circuits courts et le recours aux matériaux locaux, per-
mettre l?emploi de matières premières de seconde vie et/ou
de matériaux décarbonés, biosourcés ou encore optimiser
les matériaux employés en limitant chutes, rebus et déchets.
Plusieurs freins, notamment normatifs, restent à lever pour
en faire un mode de fabrication plus répandu : le recours à
la commande publique pour favoriser l?émergence du hors-
site est une des pistes.
Pour chaque levier, les acteurs
de la filière se sont attachés
à contextualiser leur proposi-
tion, à identifier les éventuels
freins pouvant exister, à pro-
poser des mesures concrètes
pour son déploiement en
distinguant entre des actions
à leur « main » et des pro-
positions d?évolutions des
politiques publiques (régle-
mentation, fiscalité, finan-
cement, etc.) (§ 6, annexe 8.8). Au total ce sont plus de
120 mesures qui sont présentées par les acteurs de la filière.
Lorsque des données, des méthodes et des outils étaient
disponibles, une estimation des effets attendus en termes
de réduction des émissions de GES a été faite (annexe 8.2).
Pour accompagner cette transition du secteur du bâtiment,
il va être primordial d?adapter les parcours de formation,
initiale comme continue, en intégrant la décarbonation
des bâtiments dans les programmes, et de déployer de
nouvelles compétences. Quant à l?emploi, le secteur devra
répondre à un besoin de main-d?oeuvre supplémentaire et
doté de compétences spécifiques, afin d?anticiper l?accrois-
sement des tensions que connaît déjà le secteur. Il faut donc
attirer des jeunes vers les métiers du bâtiment, et égale-
ment accompagner la reconversion en provenance d?autres
filières. Un dernier chapitre est consacré spécifiquement à
ce sujet de l?adaptation des emplois et des compétences à
la décarbonation qui concerne tous les acteurs et tous les
métiers sont concernés (§ 7).
RÉSUMÉ EXÉCUTIF
25
leviers
à mobiliser
et plus de
120 mesures
proposées
par la filière
10 - FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT
PRÉSENTATION DE LA DÉMARCHE
D?ÉLABORATION DES FEUILLES DE
ROUTE DE DÉCARBONATION PRÉVUES
PAR L?ARTICLE 301 DE LA LOI CLIMAT
ET RÉSILIENCE
L?article 301 de la loi n° 2021-1104 du 22 août 2021
portant lutte contre le dérèglement climatique et
renforcement de la résilience face à ses effets, dite loi
Climat et résilience, dispose que, pour chaque secteur
fortement émetteur de gaz à effet de serre, une feuille
de route est établie conjointement par les représen-
tants des filières économiques, le Gouvernement et
les représentants des collectivités territoriales pour les
secteurs dans lesquels ils exercent une compétence.
Cette feuille de route assemble les actions mises en
oeuvre par chacune des parties pour atteindre les
objectifs de baisse des émissions de gaz à effet de serre
fixés par la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC).
L?élaboration de chacune des feuilles de route pré-
vues par la loi suit une démarche itérative afin d?im-
pliquer les filières économiques dans la planification
écologique :
? Dans un premier temps, tout au long de l?an-
née 2022, chaque filière a élaboré une proposition
de feuille de route de décarbonation qui recense
les leviers de décarbonation qu?elle privilégie, les freins à
lever, les actions qu?elle se propose de mettre en place
et les propositions d?évolution des politiques publiques
qu?elle adresse aux pouvoirs publics pour accompagner
cette transition ;
? Ces propositions de feuille de route de décarbonation
émanant des différentes filières sont remises au gouver-
nement au début de l?année 2023. Elles viendront utile-
ment nourrir les décisions et orientations qui seront prises
dans le cadre de la planification écologique (répartition
des objectifs de baisse des émissions entre secteurs, plans
de financement, arbitrages intersectoriels pour répartir
les ressources rares, évolution des usages et place de la
sobriété, etc.) ;
? Une fois les orientations de la planification écologique
décidées, les feuilles de route seront retravaillées par
chaque filière conjointement avec l?État et les représen-
tants des collectivités locales pour y intégrer les objec-
tifs fixés par la SNBC et plus largement la planification
écologique. Elles seront alors transmises au Parlement et
constitueront dès lors le plan d?action commun entre les
pouvoirs publics et les filières économiques pour garantir
l?atteinte des objectifs climatiques.
Le présent document constitue donc la proposition de feuille
de route élaborée par les acteurs de la filière et adressée aux
pouvoirs publics début 2023 pour alimenter les chantiers
FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION
Présentation de
la feuille de route
de décarbonation
du bâtiment et
de l?organisation
des travaux
FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT - 11
FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION
de la planification écologique. Les propositions d?évolution
des politiques publiques qu?il contient n?engagent pas l?État.
PRÉSENTATION DE LA DÉMARCHE
D?ÉLABORATION DE LA FEUILLE DE ROUTE
DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE
DE VALEUR CYCLE DE VIE DU BÂTIMENT
Par lettres de mission1 en date du 10 mai 2022, la ministre
de la Transition écologique Barbara Pompili et la ministre
déléguée chargée du Logement Emmanuelle Wargon ont
chargé le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment
(CSTB) et le Plan Bâtiment Durable de coprésider, aux côtés
de la Direction Générale de l?Aménagement, du Logement
et de la Nature (DGALN), le comité de pilotage de la feuille
de route « Décarbonation de la chaîne de valeur cycle de vie
du bâtiment » qui a réuni l?ensemble des acteurs du secteur
tout au long de l?année 2022.
Les travaux d?élaboration de la feuille de route ont débuté à
la fin du mois d?avril 2022 et ont été organisés selon quatre
groupes de travail thématiques encadrés par des acteurs de
la filière, désignés par les coprésidents :
? GT 1 : composants des ouvrages, encadré par le Comité
Stratégique de Filière « Industries pour la Construction »
(CSF IPC) et l?Union Sociale pour l?Habitat (USH) ;
? GT 2 : construction neuve, encadré par la Fédération
Française du Bâtiment (FFB) et la Fédération Syntec ;
? GT 3 : rénovation du parc existant, encadré par la
Confédération de l?Artisanat et des Petites Entreprises du
Bâtiment (CAPEB) et le Conseil National de l?Ordre des
Architectes (CNOA) ;
? GT 4 : exploitation et usage des bâtiments dans leur envi-
ronnement, encadré par la Fédération des Promoteurs
Immobiliers (FPI) et la Fédération des industries Électriques,
Électroniques et de Communication (FIEEC).
Les travaux de construction de la feuille de route se sont
déroulés en plusieurs temps :
? Les 4 groupes de travail de la feuille de route de décar-
bonation de la chaîne de valeur cycle de vie du bâtiment
ont d?abord travaillé à l?identification de leviers à mobiliser
pour décarboner leur filière, en s?appuyant sur les travaux
existants ainsi que sur de nombreuses auditions2, avec le
soutien technique du CSTB.
? Les acteurs économiques ont ensuite travaillé à décliner
ces leviers en actions, à la main de la filière et en proposi-
tions d?évolution des politiques publiques. Ce travail s?est
accompagné d?un travail d?identification, pour chacun de
ces leviers, des freins opérationnels à leur déploiement,
des investissements nécessaires et des considérations liées
en termes d?emplois et de compétences, tels que présen-
tés dans la présente feuille de route.
Au total, près d?une quarantaine de réunions incluant, à
des degrés divers, plus d?une centaine d?organismes, se sont
tenues tout au long de l?année 2022.
En parallèle, un processus de concertation territoriale3 mené
par le Plan Bâtiment Durable a fait l?objet d?évènements
répartis sur l?ensemble du territoire national, coportés par
des acteurs territoriaux représentatifs de la diversité des
parties prenantes de la chaîne de valeur cycle de vie du
bâtiment.
Une liste provisoire de leviers de décarbonation à mettre
en place pour atteindre les objectifs, élaborée par les
acteurs des filières économiques eux-mêmes a été soumise
à la concertation, ouvrant un dialogue entre l?ensemble des
acteurs afin de faire émerger une vision de la décarbonation
et d?identifier les actions communes à mettre en place pour
les décliner et engager la trajectoire de transition de la chaîne
de valeur. Ces temps d?échanges ont permis l?identification
des freins opérationnels au déploiement de certains leviers,
des considérations en termes d?emploi et de compétence
à y associer.
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Réunions de travail GT
Concstruction
des GT, identification
des leviers mobilisables,
identification des
auditions à réaliser,
recensement des besoins
en biblio et notes
techniques.
Réunions de travail GT
Auditions, qualifications
des leviers à mobiliser
(périmètre, temporalité,
etc.), réflexions
préliminaires :
énoncé des actions,
identification des freins
et des investissements
nécessaires.
Réunions de travail GT et levier
Prise en compte des retours
issus de la concertation,
finalisation de la description
des leviers à mobiliser, freins et
actions associés, quantification
et identification des besoins
reliés en termes d?emploi et
compétences.
Rédaction de la version
finale de la feuille
de route
Travail de sélection
des leviers, rédaction,
inscription des
dissensus, publication
et regroupement
de dynamique
d?engagement.
Remise au
gouvernement
et publication de
la feuille de route
début 2023
Concertations
territoriales
1. Les lettres de mission sont disponibles en annexes 8.1.
2. La liste des auditions réalisées est disponible en annexe 8.5.
3. La liste des réunions régionales organisées ainsi que la retranscription
des échanges sont disponibles en annexe 8.6.
COPIL
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ille
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12 - FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT
CHAÎNE DE VALEUR CYCLE DE VIE DU BÂTIMENT
PRÉSENTATION DE LA CHAÎNE
DE VALEUR CYCLE DE VIE
DU BÂTIMENT
Démarche commune à l?ensemble des feuilles de
route « décarbonation », l?approche sous format
« chaîne de valeur » permet d?identifier l?intégra-
lité des sources d?émissions liées à l?activité du
bâtiment mais surtout l?ensemble des acteurs qui y
interviennent tout au long de sa longue existence.
En France, ces intervenants sont nombreux : près
de 400 000 entreprises et 1 756 000 actifs, dont
1 245 000 salariés et 108 000 intérimaires en équiva-
lent-emplois à temps plein4.
Ces acteurs, d?horizons divers, interviennent tout au
long du « cycle de vie » du bâtiment, à chacune des
étapes qu?il traversera. Pour le bâtiment, objet vivant
et évolutif s?il en est, ces étapes sont nombreuses :
extraction et production des composants, concep-
tion-construction, usages divers, rénovation, chan-
gement éventuel d?usage et enfin démolition. Faire
travailler l?ensemble de ces parties à la rédaction
d?un document et d?une vision commune permet
notamment à chacun de considérer son activité à
l?aune de l?impact global du secteur.
La chaîne de valeur « cycle de vie du bâtiment » a ainsi réuni
des représentants de secteurs et industries très divers :
industriels, maîtres d?ouvrage privés et publics, maîtres
d?oeuvre (architectes, bureaux d?études), économistes,
artisans et entreprises générales, logistique, professions de
l?entretien et maintenance mais aussi banques, assurances
et bien d?autres.
ÉMISSIONS DU BÂTIMENT, OBJECTIFS
FIXÉS PAR LES POUVOIRS PUBLICS
ET PÉRIMÈTRE DES TRAVAUX
La France tient une comptabilité des émissions directes,
ayant lieu sur le territoire français par grand secteur d?acti-
vités, via les inventaires produits annuellement par le Citepa
au format Secten5. C?est sur la base de cette comptabilité
qu?elle a pris des engagements, au travers notamment la
SNBC et c?est également cette comptabilité qui permet à
l?État de suivre l?effet des différentes politiques d?atténua-
tion mises en place.
Pour l?exercice d?élaboration de la feuille de route de décar-
bonation du cycle de vie du bâtiment, il est apparu pertinent
de disposer et de partager des chiffres relatifs à l?ensemble
de la chaîne de valeur du cycle de vie du bâtiment.
Présentation de la chaîne
de valeur cycle
de vie du bâtiment
FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT - 13
CHAÎNE DE VALEUR CYCLE DE VIE DU BÂTIMENT
ÉVOLUTIONS DES ÉMISSIONS DE GAZ À EFFET
DE SERRE DU SECTEUR DU BÂTIMENT AU SENS
DE LA SNBC6
Les émissions du secteur résidentiel/tertiaire s?élèvent en 2020
à 71,0 Mt CO2e
7 en scope 1 et à 93,8 Mt CO2e en scopes 1 et
2 (en considérant les émissions liées à la production d?éner-
gie consommée dans les bâtiments [scope 2]). En scope 1, les
émissions du secteur résidentiel/tertiaire ont baissé de 23 %
entre 1990 et 2020 (et de 16 % entre 2015 et 2020). En scope 2,
les émissions ont baissé continuellement de 2017 à 2020. Les
premières estimations du secteur du bâtiment en scope 1
pour l?année 2021 sont de 74,9 Mt CO2e, en hausse de 5,5 %
par rapport à 2020. Ce rebond des émissions est dû à une
hausse des consommations d?énergie, attribuée à la fois au
rebond post-covid pour le tertiaire, et, en partie, à un climat
plus rigoureux impactant le chauffage pour le résidentiel et
le tertiaire.
Le secteur des bâtiments respecte depuis trois ans ses
parts indicatives annuelles de budget carbone8, ce qui est
encourageant en particulier pour l?année 2021 qui a connu
un indice de rigueur climatique légèrement supérieur à
la moyenne9.
L?évolution des émissions de gaz à effet de serre est for-
tement impactée par celle des émissions de CO2 étant
donné que ces dernières représentent, depuis le début de
la comptabilisation des émissions de ce secteur, pour le rési-
dentiel-tertiaire, plus de 85 % des émissions de gaz à effet
de serre (GES) en CO2 équivalent (entre 82 et 92 %). La part
de la contribution des gaz fluorés est croissante, de 1 % en
1995 à 8 % en 2020 (le pic ayant été atteint en 2014 avec
12,5 % des émissions de GES du secteur). La contribution du
CH4 aux émissions GES du secteur a baissé de 7 % dans les
années 1990 à 4 à 5 % depuis 2014. Enfin, la contribution du
N2O est très faible : elle ne représente que 1 % des émissions
de GES du secteur.
OBJECTIFS CLIMATIQUES ACTUELS FIXÉS AU SECTEUR
DU BÂTIMENT PAR LA SNBC
La Stratégie Nationale Bas-Carbone en vigueur (SNBC-2),
feuille de route de la France pour mener sa politique
d?atténuation du changement climatique, prévoit
une réduction de 48 % des émissions du secteur des
bâtiments à l?horizon 2030 par rapport à 201510 et une
décarbonation quasi-complète11 à l?horizon 2050 (scopes 1
et 212), avec une réduction d?environ 3,5 Mt eqCO2/an
sur la période 2019-2023.
Pour permettre une visibilité à moyen terme des trajectoires
de réduction, la SNBC fixe des plafonds d?émission natio-
naux de GES à ne pas dépasser par période de cinq ans
(les budgets carbone) cohérents avec la trajectoire visant la
neutralité carbone et des budgets carbone annuels indica-
tifs. Les budgets carbone actuels couvrent la période 2019-
203313. Pour le secteur des bâtiments, ils s?élèvent à 77 Mt
CO2e (2e budget carbone 2019-2023), 59 Mt CO2e (3e bud-
get carbone 2024-2028), et 42 Mt CO2e (4e budget car-
bone 2029-2033).
Pour infléchir la trajectoire, la SNBC-2 s?appuie sur
quatre grandes orientations pour le secteur des bâtiments :
? Orientation B1 : guider l?évolution du mix énergétique sur
la phase d?usage des bâtiments existants et neufs vers
une consommation énergétique totalement décarbonée ;
? Orientation B2 : inciter à une rénovation de l?ensemble
du parc existant résidentiel et tertiaire afin d?atteindre à
l?horizon 2050 un parc de bâtiments sobres en énergie et
faiblement émetteurs de gaz à effet de serre ;
? Orientation B3 : accroître les niveaux de performance
énergie et carbone sur les bâtiments neufs dans les
futures réglementations environnementales ;
? Orientation B4 : viser une meilleure efficacité énergétique
des équipements et une sobriété des usages.
4. Source : FFB chiffres clés, juin 2022.
5. Le rapport Secten, réalisé par le Citepa, présente l?évolution des
émissions de gaz à effet de serre et de polluants atmosphériques en France,
par secteur et sous-secteur, et par substance. Mis à jour chaque année, il
constitue le rapport de référence pour comprendre quels sont les secteurs
émetteurs et où en est la France par rapport aux objectifs de réduction
nationaux, européens et internationaux.
6. La définition et le suivi des objectifs de la SNBC se basent sur l?inventaire
national des émissions de gaz à effet de serre établi annuellement par le
Citepa, au format Secten. Ce format n?évalue que les émissions du scope
des bâtiments soient les émissions directes liées aux consommations
d?énergie pendant la phase d?usage des bâtiments (gaz, fioul, etc.) et aux
fuites de fluides frigorigènes. Les paragraphes suivants relatent également
l?évolution des émissions de GES en scope 2, calculées par la DGEC, c?est-à-
dire les émissions indirectes liées notamment à la production d?électricité,
de chaleur ou de froid via les réseaux urbains, consommée dans les
bâtiments (ces émissions sont comptabilisées dans le secteur « industrie de
l?énergie » de l?inventaire national au format Secten).
7. Source : Citepa, avril 2022 ? Format Secten.
8. Pour permettre une visibilité à moyen terme des trajectoires de
réduction, la SNBC fixe des plafonds d?émission nationaux de GES à ne pas
dépasser par période de cinq ans (les budgets carbone) cohérents avec
la trajectoire visant la neutralité carbone et des budgets carbone annuels
indicatifs (cf. Partie Objectifs climatiques).
9. 2015 à 2020 ont été des années chaudes, pas 2021 ? la trajectoire objectif
est fixée en corrigeant les variations climatiques, ce qui explique l?écart au
départ. En corrigeant du climat les émissions réelles, on serait globalement
sur la trajectoire SNBC-2.
10. Corrigée des variations climatiques, la trajectoire porte l?effort du
secteur des bâtiments à l?horizon 2030 à - 52 % par rapport à 2015.
11. Décarbonation quasi-complète en raison des fuites résiduelles
incompressibles de gaz dans les bâtiments (gaz fluorés notamment).
12. Objectif scope 3 du secteur « bâtiment » non précisé dans la SNBC-2.
Le secteur de l?industrie (notamment de l?industrie cimentière et
sidérurgique) doit réduire de 81 % ses émissions entre 2015 et 2050.
13. https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/Ajustement%20
technique%20des%20budgets%20carbone-1.pdf
14 - FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT
Ces objectifs ne couvrent pas les émissions de GES liées à
l?amont et à l?aval de la chaîne de valeur (production des
énergies, fabrication des matériaux de construction ? acier,
verre, ciment... ?, etc.), comptabilisés dans d?autres secteurs
de la SNBC (secteur industrie...).
Le rehaussement européen du jalon 2030 (objectif euro-
péen à l?horizon 2030 de réduction des émissions de GES
rehaussé de - 40 % brutes à - 55 % nettes par rapport à 1990),
inscrit dans la loi européenne sur le climat entrée en vigueur
le 1er juillet 2021, impactera directement les objectifs natio-
naux à cette échéance. Cette ambition rehaussée est au
coeur des travaux d?élaboration de la future stratégie fran-
çaise sur l?énergie et le climat (SFEC).
En partant d?une hypothèse où la déclinaison française de
l?ambition européenne se traduit par un objectif national
de réduction des émissions de GES - 50 % à l?horizon 2030
par rapport à 1990 et en augmentant de manière théorique
l?effort supplémentaire (- 8,4 %) de manière égale pour cha-
cun des secteurs, l?objectif 2030 indicatif Fit for 55 serait
de - 57 % pour le secteur des bâtiments (il est de - 48 %
actuellement).
PÉRIMÈTRE DES ÉMISSIONS RETENU POUR LA FEUILLE
DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE
VALEUR DU CYCLE DE VIE DU BÂTIMENT
La chaîne de valeur cycle de vie bâtiment intègre l?exploita-
tion de l?ensemble des bâtiments présents sur le sol français,
mais également leur construction, entretien, rénovation et
démolition. Sont inclues les émissions ayant lieu sur le terri-
toire français ainsi que les émissions dites « importées » (i.e.
induites par l?achat d?énergie ou de matériaux, composants
importés).
L?empreinte carbone de la chaîne de valeur cycle de vie du
bâtiment est estimée à 153 Mt CO2e en 2019. Le schéma
ci-dessous donne la répartition des émissions sur différents
segments : par scope, par typologie d?ouvrage, par émissions
sur/hors territoire national.
Se reporter à l?annexe 8.3 pour plus de détails sur l?em-
preinte carbone de la chaîne de valeur cycle de vie du bâti-
ment et pour mieux comprendre la coexistence entre les
deux comptabilités : empreinte carbone du secteur bâti-
ment d?une part et émissions directes du secteur bâtiment
selon la SNBC d?autre part.
CHAÎNE DE VALEUR CYCLE DE VIE DU BÂTIMENT
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Émissions de GES du secteur des bâtiments (scopes 1 et 2)
1990 1995 2000 2005 2010 2015 2020 2025 2030 2050
Émissions de gaz à effet de serre Scope 1
Émissions de GES Scope 1 et Scope 2
Parts annuelles indicatives des budgets carbone Scope 1
Objectif de réduction des
émissions de GES à l?horizon 2050
selon la trajectoire SN BC-2
RÉPARTITION DES ÉMISSIONS DE CARBONE DE LA CHAINE DE VALEUR BÂTIMENT (ANNÉE DE RÉFÉRENCE : 2019)
Exploitation des bâtiments - émissions directes et indirectes (1)
Résidentiel Tertiaire Construction neuve Rénovation
Sur le territoire français Émissions importées
Produits de construction et équipements
(1) Émissions comptabilisées selon le cycle de vie des vecteurs énergetiques. L?utilisation de produits domestiques est partiellement incluse.
Sont exclus : les déchets et brûlage domestiques et eaux usées, les engins domestiques (ex : jardinage).
(2) Autres émissions liées aux consommations d?énergie : celles relatives à l?usage de l?électricité, de réseaux de chaud/froid provenant de réseaux urbains.
Émissions de gaz
fluorés
Émissions liées aux consommations d?énergie
quand il y a combustion dans le bâtiment
Autres émissions (2) Extraction, fabrication, transport, mise en oeuvre,
renouvellement, gestion des déchets...
scope 1
54 %
scope 3
33 %
20 %80 %
40 %60 %
20 Mt75 Mt8 Mt
80 % 20 %
50 Mt
scope 2
13 %
FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT - 15
PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION
Ce chapitre présente de façon synthétique les leviers mobilisables
proposés par les quatre groupes de travail pour atteindre l?objectif
de décarbonation de la chaîne de valeur cycle de vie du bâtiment.
Les versions intégrales des fiches leviers figurent en annexe 8.8
du présent document.
Présentation des leviers
de décarbonation
à déployer pour atteindre
les objectifs climatiques
PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION
COMPOSANTS DES OUVRAGES
Plusieurs thématiques devant être traitées à l?échelle des produits, matériaux et com-
posant des bâtiments apparaissent comme essentielles à l?objectif de décarbonation
des bâtiments : la production et la mise à disposition des données environnementales,
ainsi bien évidemment que la mise à disposition de composants bas-carbone et locaux,
le réemploi, le recyclage et l?économie de la fonctionnalité.
La généralisation des Analyses de Cycle de Vie (ACV) des bâtiments et de l?ensemble
de leurs composants constitue un premier levier de la décarbonation en apportant une
information objective, première marche de l?écoconception des ouvrages et des compo-
sants et permettant une prescription de ces derniers intégrant les aspects environnemen-
taux. La France dispose de la base INIES14 (et des programmes associés), probablement
l?une des plus avancées au niveau international. Cependant, de nombreux défis restent
à relever pour accélérer la production de nouvelles déclarations environnementales
(manque de compétences en nombre en ACV, coût élevé de la réalisation des données,
réglementation à adapter?) et pour en faciliter l?accès pour la performance environne-
mentale des bâtiments et le choix des produits.
Le recours accru à des composants bas-carbone qui ne sont pas les standards d?au-
jourd?hui (produits innovants et bas-carbone, biosourcés, géosourcés, matériaux issus
du réemploi, etc.) et à des ressources et solutions locales, apparaît également comme
un levier essentiel pour atteindre l?objectif de décarbonation du bâtiment. Il nécessite
des investissements dans la recherche et la caractérisation, ainsi que de faire connaître
ces composants ou encore de faciliter leur assurabilité.
La décarbonation du bâtiment passera inévitablement par des procédés industriels moins
carbonés. Plusieurs filières (ciment, acier, bois, terre cuite?) ont d?ores et déjà publié leurs
feuilles de route de décarbonation. Celles-ci couvrent environ un tiers de l?empreinte
carbone des ouvrages (essentiellement le gros oeuvre). Les autres filières doivent être
encouragées et accompagnées afin qu?elles s?engagent à leur tour dans ce processus.
Parmi les difficultés et questions à résoudre : le remplacement des combustibles fos-
siles, la valorisation économique d?engagements environnementaux dans un contexte
concurrentiel international.
L?optimisation de la durabilité, le réemploi et le recyclage des composants du bâtiment
apparaissent également essentiels pour baisser les émissions de CO2 du secteur. Il faut
pour cela lever de nombreux freins aux différentes échelles. À commencer par anticiper,
dès la conception des bâtiments, le possible changement d?usage des composants, des
systèmes et des ouvrages eux-mêmes (traçabilité, démontabilité, modes d?assemblage?),
mais également « assouplir » les plans locaux d?urbanismes (PLU) en mettant en place dans
les textes des dispositions pour le réemploi (réglementation, normes produit, Règlement
des Produits de Construction?), organiser l?évaluation de la qualité des matériaux issus du
réemploi pour leur usage, ou encore, concernant le recyclage, monter en compétence
sur les technologies de séparation sélective et encourager la demande, notamment via
la commande publique15.
Enfin, le développement de l?économie de la fonctionnalité qui consiste à remplacer la
vente d?un bien par celle de l?usage du bien peut également contribuer à l?objectif de
décarbonation du bâtiment. Cela a en effet pour vertu de privilégier certains critères dans
le choix des matériaux et produits (durée de vie plus longue, facilement maintenables,
réparables et réutilisables) ainsi qu?une meilleure maintenance. De nombreuses questions
restent toutefois à lever en termes de responsabilité (notamment en cas de sinistre), de
financement (de nouveaux business modèles sont nécessaires) ou de montages juri-
diques. La mise en oeuvre de démonstrateurs serait un premier pas utile.
14. INIES est la base de données nationale de référence sur les données environnementales et sanitaires
des produits et équipements de la construction.
15. La mise en place de ces leviers permettrait des gains d?émissions considérables : rien que pour
le recyclage, sur la base de 18 millions de tonnes de déchets de bétons de déconstruction, jusqu?à
3,5 tonnes/CO2 par an pourraient être économisées, soit 30 % des émissions liées à la production de ciment.
16 - FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT
FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT - 17
COMPOSANTS DES OUVRAGES PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION
ACCÉLÉRER LA RÉALISATION ET L?ACCÈS AUX DONNÉES ENVIRONNEMENTALES
POUR UN CHOIX ÉCLAIRÉ AUX DIFFÉRENTES ÉTAPES DU PROJET
1LE
VIE
R
La réalisation et l?accès aux données environnementales (base INIES) sont des conditions essentielles
à la réalisation d?ACV de bâtiments, dans l?objectif de maîtriser et de réduire leur impact carbone.
La France a fait des progrès significatifs sur le sujet dans la dernière décennie. La base INIES contient ainsi
à ce jour une quantité de données importante (plus de 4 000 déclarations environnementales FDES16
et PEP17) et continue à s?enrichir de façon exponentielle. Cette base est probablement l?une des plus
avancées aux niveaux européen et international.
Afin d?améliorer la mesure et la réduction de l?empreinte carbone des bâtiments, de nombreux défis
restent pour autant à relever pour :
D?une part, accélérer la production de nouvelles données :
? Manque de compétences en ACV sur les produits, les systèmes et les bâtiments ;
? Coût élevé de la réalisation des données ;
? Réglementation pouvant freiner l?emploi de données individuelles et collectives ;
? Création de données pas encore systématique pour tous les industriels.
D?autre part, faciliter l?accès aux données environnementales :
? Nécessité de « vulgariser » l?accès à la base, de la rendre facile d?utilisation ;
? Développer des outils pour utiliser les données à des fins d?analyse et d?optimisation des projets de
bâtiments et d?ouvrages.
Proposition d?évolution des politiques publiques :
? Accompagner la réalisation des déclarations environnementales en poursuivant
notamment l?accompagnement financier apporté par l?ADEME pour la rédaction
de fiches collectives ;
? Supprimer la modulation permise pour l?emploi de données par défaut en
Réglementation environnementale RE2020 ;
? Réexaminer les données par défaut des DED18 et ne maintenir que celles qui sont
sur les familles où il n?y a aucune autre donnée.
Actions à mener par la filière :
? Identifier les familles de produits pour lesquelles les données sont manquantes,
incomplètes ou pas à jour, et faire en sorte que ces dernières soient produites (INIES
et industriels) ;
? Valoriser les bâtiments dont les calculs d?ACV reposent sur un nombre élevé de
déclarations environnementales spécifiques (maître d?ouvrage, maître d?oeuvre,
entreprises de construction, industriels, promoteurs) ;
? Développer des outils d?ACV simples d?utilisation et adaptés aux besoins des
différents corps de métiers et maîtres d?ouvrages ;
? Développer un programme de communication/sensibilisation sur la base INIES
et ses données auprès des différents corps de métiers ;
? Développer des cursus de formation sur des compétences en analyse de cycle
de vie.
18 - FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT
PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION COMPOSANTS DES OUVRAGES
1LE
VIE
R
? Nombre de familles de produits sans données ;
? Nombre de données produites et disponibles % de FDES à jour
(EN15804+A2) ;
? Nombre d?outils d?ACV adaptés aux corps de métier en charge
de la conception/réalisation des bâtiments accessibles à
chaque corps de métier ;
? Utilisation des données par défaut.
INDICATEURS
DE SUIVI
______
16. Une FDES (fiche de données environnementales et sanitaires) est une déclaration environnementale de produits
de construction, établie sous la responsabilité des fabricants (ou syndicat professionnel) du produit. La norme NF EN
15804+A2 et son complément national fournissent la méthode d?obtention et le format de déclaration des informations
environnementales et sanitaires. Une FDES présente les résultats de l?Analyse de Cycle de Vie (ACV) d?un produit ainsi que
des informations sanitaires dans la perspective du calcul de la performance environnementale et sanitaire de bâtiment.
17. Un PEP (profil environnemental produit) est une déclaration environnementale d?un équipement électrique,
électronique ou de génie climatique, basée sur les résultats de son Analyse du Cycle de Vie, dans la perspective du calcul
de la performance environnementale du bâtiment. Il suit le PCR (product category rules) édition 4.
18. DED : une DED (donnée environnementale par défaut) est une donnée de substitution mise à disposition par le
ministère en charge de la construction à utiliser en l?absence de déclaration environnementale spécifique du produit de
construction, ou de l?équipement choisi. Les impacts environnementaux du produit ou équipement sont majorés pour
couvrir l?incertitude du produit installé.
FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT - 19
CRÉER LES CONDITIONS POUR RASSURER ET DONC ACCÉLÉRER
LE RECOURS AUX COMPOSANTS BAS-CARBONE
2LE
VIE
R
La décarbonation du secteur de la construction passera en partie par un recours accru à des compo-
sants bas-carbone qui ne sont pas les standards d?aujourd?hui (procédés innovants et bas-carbone,
biosourcés, géosourcés, matériaux issus du réemploi, etc.).
Si le recours à certains de ces composants est en croissance, de nombreux freins à la généralisation
rapide de ces produits ont été identifiés et méritent d?être levés :
? Absence de déclarations environnementales (FDES/PEP) et de validations techniques des performances ;
? Besoins d?investissement dans la recherche et dans les capacités d?analyse et de caractérisation
(moyens humains et équipements) pour permettre leur mise sur le marché ;
? Connaissance insuffisante des différents composants « alternatifs » disponibles ;
? Problématique d?assurabilité en l?absence d?agrément technique.
Pour répondre à ces défis et accélérer le recours aux composants bas-carbone des actions de diffu-
sion de la connaissance, de démonstration des différents procédés ou encore d?accompagnement de
filières apparaissent nécessaires. Le cadre normatif réglementaire européen et français (adaptation du
Règlement des Produits de Construction, adaptation des procédures d?évaluation technique) ainsi que
la commande publique constituent pour les acteurs des leviers à privilégier.
Propositions d?évolution des politiques publiques :
? Accompagner les industriels et les entreprises de bâtiment dans l?expérimentation ;
? Créer des plans nationaux propices à la recherche prénormative (type PN
RECYBETON, PN Terre crue ou PN PERFDUB) et poursuivre les programmes
de filière (Profeel par exemple) ;
? Adapter l?outil de l?évaluation technique pour faciliter la mise sur le marché des innovations
(à la fois en temps, mais également en coûts d?essais qui peuvent être très élevés) ;
? Accélérer la rédaction de normes produit harmonisées au plan européen pour
les produits et matériaux innovants ;
? Soutenir les démarches d?Appréciation Technique d?Expérimentation (ATex),
Avis Technique (ATec) ou Évaluation Technique Européenne (ETE) ;
? Accroître les capacités (moyens humains et équipements) des centres de recherche
et centres techniques accrédités à mener des essais auprès des industriels de façon à
caractériser les propriétés des nouveaux matériaux ou matériaux issus du réemploi ;
? Inciter à l?exemplarité environnementale dans la commande publique : aider à
développer les bonnes pratiques.
Actions à mener par la filière :
? Rassurer (problématique d?assurabilité) vis-à-vis de l?intégration de procédés
innovants ou produits/procédés issus du réemploi en s?appuyant sur des démarches
de certification (industriels, maîtres d?ouvrage, maîtres d?oeuvre, entreprises du
bâtiment) en faisant connaître aux acteurs de la chaîne de valeurs (maître d?ouvrage,
promoteurs, maître d?oeuvre, entreprise, industriels, contrôleurs techniques), avec
des outils pédagogiques, l?organisation des référentiels suivant deux domaines :
produits et procédés traditionnels/produits et procédés innovants ;
? Information auprès des industriels pour les accompagner dans la caractérisation des
produits et des procédés innovants, et sur le lien entre caractéristiques des produits
et procédés et domaine d?emploi des ouvrages.
COMPOSANTS DES OUVRAGES PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION
20 - FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT
2LE
VIE
R
? Nombres d?expérimentations réalisées ;
? Nombre d?évaluations techniques (ATec, ATex, etc.) délivrées
à des produits innovants.
INDICATEURS
DE SUIVI
______
PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION COMPOSANTS DES OUVRAGES
FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT - 21
DÉCARBONATION DES PROCÉDÉS INDUSTRIELS ? GÉNÉRALISER LES ACTIONS
DES INDUSTRIELS EN FAVEUR DE LA DÉCARBONATION
3LE
VIE
R
Le tissu industriel des entreprises productrices de produits et matériaux de construction et équipements
(gros oeuvre, second oeuvre et équipements) présente une grande diversité que ce soit au niveau des
procédés de production, de la taille des entreprises ou de leur niveau d?émissions.
Pour différentes filières industrielles, des feuilles de route de décarbonation ont d?ores et déjà été
publiées ou sont en cours de finalisation. Elles couvrent environ un tiers de l?empreinte carbone des
ouvrages (essentiellement le gros oeuvre).
Les travaux menés dans le cadre de l?élaboration de ces feuilles de route et de la présente démarche
permettent d?identifier les freins suivants à la décarbonation des procédés industriels :
? Difficultés d?accès à la ressource pour accélérer la substitution des combustibles fossiles ;
? Difficulté à valoriser (économiquement) les investissements dans la décarbonation ;
? Difficulté à susciter un travail de « filière » sur des sujets stratégiques dans un contexte de concurrence ;
? Besoin de substituer les matières premières carbonées par des matières moins carbonées.
Pour relever ces défis, la multiplication de travaux des filières apparaît nécessaire afin de susciter les
engagements et de valoriser les actions qui peuvent être prises.
Propositions d?évolution des politiques publiques :
? Permettre un accès facilité aux énergies décarbonées, compétitives et stables
(cadre réglementaire favorable, aide aux investissements, incitations fiscales?)
(électricité et gaz) ;
? Préparer le déploiement des technologies de rupture de demain ;
? Pérenniser les mécanismes de soutien aux projets de décarbonation.
Actions à mener par la filière :
? Création d?un club des engagés pour :
? Rendre visible l?engagement en faveur du climat des entreprises et des industries
pour la construction ;
? Mobiliser par effet d?entraînement et accompagner l?ensemble de la chaîne de valeur
de ces entreprises, afin de démultiplier les actions en faveur de la décarbonation via
une sensibilisation et une mobilisation de l?ensemble de l?écosystème des entreprises ;
? Rédiger une charte d?engagement des entreprises des industries pour la construction.
? Nombre de
membres du
« club des
engagés » et de
signataires de la
charte.
Estimation de l?impact du levier sur la réduction des GES :
Les travaux conduits par les 4 filières les plus émettrices
de carbone conduisent à une réduction estimée de 6,5
Mt CO2/an à l?horizon 2050.
Les hypothèses de travail sur la décarbonation des filières
acier, ciment, briques et tuiles de terre cuite et verre
correspondent à une réduction des émissions de la chaîne
de valeur bâtiment de 1,7 Mt CO2/an à l?horizon 2030 et
de 6,5 Mt CO2/an à l?horizon 2050. Ce levier, quantifié
uniquement sur les filières disposant de données publiées
et avec une hypothèse d?un maintien des volumes
de production actuels, représenterait pour 2050 une
réduction d?un peu plus de 4 % de l?empreinte de la chaîne
de valeur bâtiment en 2019, estimée à 153 Mt CO2/an.
Pour plus de détail, se reporter à l?annexe 8.4.2.
INDICATEUR
DE SUIVI
______
COMPOSANTS DES OUVRAGES PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION
22 - FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT
ACCÉLÉRER L?EMPLOI DES COMPOSANTS AVEC UN BAS POIDS CARBONE,
AVEC UNE PERFORMANCE QUI RÉPONDE AU BESOIN
4LE
VIE
R
L?emploi de composants bas-carbone constitue l?un des leviers pour réduire l?empreinte carbone
de l?acte de construire et de rénover.
Cet emploi se heurte néanmoins à plusieurs obstacles. Les produits innovants et bas-carbone peuvent
présenter un surcoût être mal identifiés, peu connus, considérés comme techniques non courantes
(assurabilité) : ceci freine leur demande et/ou la structuration de leurs filières de production. Leur
usage par les maîtres d?ouvrage est freiné par un défaut d?assurabilité lorsque l?évaluation de leur
aptitude à l?emploi, une procédure qui reste onéreuse (cf. levier 3) pour les acteurs de certaines
filières émergentes, n?a pas été réalisée. Le manque d?outils ou de données permettant aux maîtres
d?ouvrage et d?oeuvre d?estimer l?impact de ces composants sur les émissions du bâtiment sur son
cycle de vie n?incite pas à leur utilisation.
L?accélération de leur emploi nécessite donc d?agir à la fois sur l?offre et la demande. L?offre peut
être enrichie par une facilitation de l?accès au marché. Un investissement significatif pour accom-
pagner les actions de recherche et développement (R&D) peut avoir pour effet de structurer les
filières existantes, et de favoriser l?émergence de nouvelles filières. La demande peut être stimulée
par une exigence accrue de la MOA publique et une incitation de la maîtrise d?ouvrage privée, une
prescription facilitée et mieux outillée ce qui passe notamment par une clarté et une nomenclature
optimisée des données disponibles.
Propositions d?évolution des politiques publiques :
? Mettre en place et financer des programmes R&D pour identifier et lever les
principaux verrous scientifiques et techniques à l?estimation des risques associés à
l?emploi des composants bas-carbones (État et filière) (cf. levier 3) ;
? Encourager l?exemplarité environnementale dans la commande publique en se
fondant sur les critères définis dans l?arrêté du 12 octobre 2016 relatif aux conditions
à remplir pour bénéficier du dépassement des règles de constructibilité ; inciter les
maîtrises d?ouvrages privées à cette exemplarité environnementale.
Action à mener par la filière :
? Développement d?outils de prescription (cf. levier 2) pour le choix des produits/
équipements pour construire des bâtiments bas-carbone (données, guides, outils
numériques, retours d?expérience consolidés) à destination des acteurs du secteur
pour les aider à choisir quelle que soit l?étape ou la nature du projet, sur des critères
carbone, à l?instar des outils existants permettant de calculer les performances
techniques et sanitaires (tenue mécanique des ouvrages, performances énergétiques
résistance au feu?) (maîtres d?ouvrage, maîtres d?oeuvre, entreprises de construction,
promoteurs).
INDICATEURS
DE SUIVI
______
? Nombre d?évaluations techniques (ATec, ATex, etc.) favorables
délivrées pour l?aptitude à l?emploi de composants bas-carbone.
? Budgets publics annuels alloués à la R&D portant sur la levée
des verrous (via appels à projets [AAP] des Agences de l?État).
? Part des commandes publiques et privées se fondant sur les
critères de l?exemplarité environnementale.
PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION COMPOSANTS DES OUVRAGES
FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT - 23
4LE
VIE
R
Estimation de l?impact du levier sur la réduction des GES :
Le déploiement de meilleures pratiques actuelles permettrait de gagner 8 Mt CO2/an
à l?horizon 2050.
Le gisement d?émissions relatif au déploiement des meilleures pratiques courantes ?
observées via l?observatoire E+C- et comparées aux pratiques médianes ? est estimé à
7,7 Mt CO2/an pour 2030 et 2050 avec des volumes de construction identiques à 2019.
Ce levier, qui concerne la construction neuve de bâtiments résidentiels, de bureaux et
ceux liés à l?enseignement, représenterait une réduction de 5 % de l?empreinte de la
chaîne de valeur bâtiment en 2019, estimée à 153 Mt CO2/an. Couplé à des réductions
de volume de construction ? comme estimé dans la SNBC ? le gisement s?élève à
17,4 Mt CO2/an pour 2030 et 25 Mt CO2/an pour 2050, soit au maximum une réduction
de 16 % de l?empreinte de la chaîne de valeur bâtiment en 2019.
Pour plus de détail, se reporter à l?annexe 8.4.3.
COMPOSANTS DES OUVRAGES PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION
24 - FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT
5LE
VIE
R
Actions à mener par la filière :
? Coordonner les outils opérationnels mis à disposition des acteurs pour identifier,
qualifier et quantifier les ressources/solutions locales via la création d?un observatoire
national agrégeant des données locales, le développement d?un système
d?informations (portails, cartes, etc.) à l?usage des prescripteurs, maîtres d?ouvrage,
et entreprises et la réalisation des fiches de caractérisation Produit Équipement
Matériaux Déchet (maître d?ouvrage, maître d?oeuvre, entreprises de construction,
industriels, promoteurs, exploitants/mainteneurs, collectivités territoriales) ;
? Développer et/ou relocaliser, dans des conditions à définir, la production de
matériaux et matériels, en fonction des besoins locaux, des modes constructifs,
des exigences architecturales, etc.
? Le nombre d?acteurs mobilisés (compétences techniques,
présences locales?) pour la mise en place de l?observatoire ;
? Le nombre d?utilisateurs potentiels ;
? L?éventail de solutions techniques bas-carbone, estimation
du carbone évité, indicateurs de coûts ;
? Les statistiques d?utilisation du site Internet.
INDICATEURS
DE SUIVI
______
S?APPUYER SUR DES RESSOURCES ET DES SOLUTIONS LOCALES
Favoriser les ressources et solutions locales implique de privilégier le recours aux matières premières, aux
services et ressources humaines présents dans les territoires dès la conception d?un projet de construc-
tion ou de rénovation (extraction, transformation, utilisation et réduction des déplacements). Il s?agit
également de valoriser les architectures et savoir-faire locaux et de conserver le caractère patrimonial
des bâtiments, un paramètre clé dans la revitalisation des centres historiques.
Au-delà des avantages apportés par la proximité des ressources, des matières premières, etc. locales
tant dans leur extraction, transformation, utilisation et dans la réduction des déplacements, ce levier
permettrait la préservation des ressources par les filières de réemploi, de recyclage, l?utilisation des
matériaux biosourcés, géosourcés, s?inscrivant facilement dans l?environnement, et apportant un
confort adapté aux réalités climatiques et géographiques.
Les principaux freins identifiés à la mise en oeuvre de ce levier sont liés à la réglementation européenne
qui ne permet pas de prendre le critère local comme critère de choix dans un marché public. Un autre
frein vient du fait que certaines ressources ainsi que certaines filières (capacité de production) ne sont
pas forcément développées localement : raisonner en échelle pertinente via l?ACV pourrait permettre
de les développer.
Ainsi, afin de faire connaître les ressources bas-carbone locales et d?en favoriser leur utilisation, le
développement d?un système d?informations (de type portail cartographiant les principales ressources
locales spécifiques à chaque région) est nécessaire. Une partie de l?investissement doit être dédiée à
la mise en place d?un observatoire des principales ressources locales spécifiques à chaque région et
à l?accompagnement des pilotes/démonstrateurs qui vont conduire des actions innovantes ou des
expérimentations (ex : procédés constructifs locaux).
PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION COMPOSANTS DES OUVRAGES
FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT - 25
OPTIMISER LA DURABILITÉ, LE RÉEMPLOI ET LE RECYCLAGE
DES COMPOSANTS DU BÂTIMENT
6LE
VIE
R
En conformité avec la stratégie des trois R (Réduire, Réemployer, Recycler), la baisse des émissions
liées aux composants nécessite d?abord de réduire la quantité de matériaux utilisée et d?améliorer
leur durabilité via l?écoconception et la baisse des rebuts de production. Dès la conception, anticiper
autant que possible les évolutions futures des usages du bâti, permettrait d?adapter les bâtiments
et ainsi leur donner plusieurs vies. Des déconstructions prématurées et donc des émissions de GES
pourraient ainsi être facilement évitées. Parmi les causes de ces déconstructions figurent les PLU, qui
contraignent souvent le changement de destination d?un bâtiment, ou encore des modes d?assemblage
qui ne permettent pas l?évolutivité des usages.
Il convient ensuite de favoriser le réemploi des matériaux des ouvrages existants ou futurs via un dia-
gnostic ressources. La massification du réemploi de matériaux se heurte aujourd?hui à un certain nombre
de freins tels que le manque de traçabilité dès la conception, la méconnaissance de ce sujet par les
prescripteurs et les acteurs de la construction ou encore à l?absence d?évaluation technique de leur
aptitude à l?emploi, empêchant de facto leur assurabilité.
Enfin, il faut que les matériaux ne pouvant être réemployés soient davantage recyclés au travers de
l?organisation de leur collecte et de la production de recyclats de bonne qualité. Par exemple, le recy-
clage dominant du béton est un recyclage « en boucle ouverte » qui se limite à remplacer des granulats
vierges dans des applications à faible valeur ajoutée (remblais et techniques routières). Le recyclage
« en boucle fermée », plus qualitatif, n?est pas assez développé. Cela s?explique d?une part par l?imma-
turité des technologies de séparation sélective, qui ne permettent pas de suffisamment bien séparer le
béton des autres produits et matériaux de construction tels que le plâtre ou le plastique par exemple,
et d?autre part par une demande insuffisante.
Actions à mener par la filière :
? Définir les protocoles d?évaluation de la qualité et de l?aptitude au réemploi des
matériaux du bâtiment, condition à leur assurabilité ;
? Planifier la réemployabilité pour les futurs ouvrages en anticipant le réemploi
des matériaux et composants dès leur sortie d?usine : traçabilité des matériaux
(maquette numérique), intégration par la réglementation du réemploi dans les
DOE (dossiers d?ouvrages exécutés), création d?un corps central de collecte et de
sauvegarde, révision des DTU pour intégrer les phases de démontage, stockage
et remontage (maîtres d?ouvrage, maîtres d?oeuvre, entreprises de construction,
industriels, promoteurs, exploitants/mainteneurs) ;
? Travailler avec les offreurs de solutions (ex. Comité Stratégique de Filière, Industrie
du Futur) pour développer les technologies de recyclage (ex. séparation sélective
des constituants du béton en fin de vie, carbonatation accélérée) (industriels) ;
? Adaptabilité et démontabilité : promouvoir les solutions légères (proposition
de nouvelle action).
COMPOSANTS DES OUVRAGES PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION
26 - FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT
6LE
VIE
R
Propositions d?évolution des politiques publiques :
? Assouplir les PLU pour faciliter la mise en oeuvre de principes d?évolutivité dans les
bâtiments et introduire des exigences d?intégration de l?évolutivité des bâtiments
dans le cadre des dépôts des permis de construire (État, collectivité) ;
? Renforcer les justifications à apporter pour les permis de démolir (diagnostic PEMD)
et la mise en application du futur décret sur l?étude d?évolutivité ;
? Réviser les normes d?évaluation environnementale (ACV) pour définir une durée
de vie adaptée à chaque type d?ouvrage et qui corresponde à sa durée de vie
réelle et des exigences de démontabilité et d?adaptabilité dans le futur cadre de
référence post-RE2020 ;
? Encourager des niveaux accrus d?incorporation de matériaux ou composants
recyclés pour différentes applications ;
? Développer des indicateurs appropriés pour mesurer l?efficacité des ressources
sur la base du cycle de vie complet encourager le développement de techniques de
construction permettant le tri aisé des déchets ;
? S?appuyer sur la commande publique pour soutenir l?adoption de technologies
nouvelles, innovantes de recyclage et l?utilisation de matériaux de substitution ;
accompagner la réalisation de projets démonstrateurs à l?échelle commerciale.
Estimation de l?impact du levier sur la réduction des GES :
Par exemple, sur la base de 18 millions de tonnes de déchets de bétons de
déconstruction, la mise en place de ces leviers pourrait économiser jusqu?à 3,5 tonnes/
CO2 par an, soit 30 % des émissions liées à la production de ciment.
PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION COMPOSANTS DES OUVRAGES
FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT - 27
DÉVELOPPER L?ÉCONOMIE DE LA FONCTIONNALITÉ
7LE
VIE
R
L?économie de la fonctionnalité consiste à remplacer la vente du bien par celle de la vente de l?usage
du bien, ce qui entraîne le découplage de la valeur ajoutée et de la consommation d?énergie et de
matières premières. Elle repose sur le consentement des usagers à payer une valeur d?usage et non
un transfert de propriété.
Le principal bénéfice est lié à l?usage optimisé des ressources : durée de vie plus longue des produits
(produits conçus pour durer, être facilement maintenables et réutilisables ; meilleure maintenance/
meilleur entretien), réparabilité, réutilisation ou recyclage plus simple des produits.
L?économie de la fonctionnalité dans le secteur de la construction est encore à un stade embryon-
naire bien que des réflexions, voire des expérimentations, soient menées à l?étranger sur ce sujet (en
Europe, les Pays-Bas sont le pays le plus avancé en la matière). Peu d?offres commerciales existent,
principalement dans le secteur tertiaire et dans le domaine des équipements : ascenseurs, éclairage.
De fait de nombreuses questions restent à lever en termes :
? De responsabilité (notamment en cas de sinistre) ;
? De financement : de nouveaux business modèles sont nécessaires (le produit qui fait l?objet de la
prestation de service reste inscrit au bilan de l?entreprise qui le fabrique ; le chiffre d?affaires lié à la
vente du produit est remplacé par un loyer) ;
? De montages juridiques au niveau des projets mais aussi des fournisseurs qui deviennent des pres-
tataires de service.
La mise en oeuvre de démonstrateurs serait un premier pas utile pour avancer dans la compréhension
des opportunités et des enjeux liés à l?économie de la fonctionnalité.
Actions à mener par la filière :
? Contourner les obstacles socio-économiques identifiés en :
? Développant de nouveaux « business-model » ;
? Mettant en oeuvre des démonstrateurs (avec des études de faisabilité sur les aspects
juridiques et financiers).
? Quantité et qualité des offres répondant aux critères
de l?économie de la fonctionnalité ;
? Nombre de projets démonstrateurs menés en France.
INDICATEURS
DE SUIVI
______
COMPOSANTS DES OUVRAGES PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION
19. 80 % des impacts liés aux produits et matériaux de construction sont
affectés à la construction neuve. Les 26 % n?intègrent que l?acte
de construire et excluent l?exploitation des bâtiments.
CONSTRUCTION NEUVE
La réduction de l?impact carbone de l?acte de construire qui
représente de l?ordre de 26 % 19 des 153 Mt CO2e en 2019 de
l?empreinte carbone de la chaîne de valeur bâtiment, passe
par l?analyse du cycle de vie réalisée en amont du projet
par les différents acteurs impliqués (industriels, maîtrise
d?ouvrage, maîtrise d?oeuvre, entreprises de construction,
promoteurs, exploitants). C?est cette analyse objective qui
permet d?agir en priorité sur les facteurs essentiels de ces
impacts.
Dans cette optique, déployer plus encore le champ d?appli-
cation de la réglementation environnementale RE2020 est
un levier essentiel. Il s?agit de l?étendre à davantage de typo-
logies de bâtiments et de territoires, y compris en outre-mer,
d?élaborer une réglementation environnementale pour les
bâtiments aujourd?hui hors champ de la réglementation
thermique RT2012 et de la RE2020 et de donner de la visi-
bilité sur les futurs seuils applicables en 2040 et 2050 pour
ceux qui y sont déjà ou seront prochainement soumis.
Les leviers identifiés par les acteurs concernent la phase
de conception du projet de construction : il s?agit d?opti-
miser chaque m² construit en anticipant l?usage des bâti-
ments, le nombre d?occupants, leurs besoins futurs et en
prévoyant des espaces flexibles pour mieux les mutualiser.
Cette optimisation permet des gains immédiats lorsque des
surfaces ne sont pas construites et permet de réduire les
émissions de GES et les consommations énergétiques des
futurs ouvrages.
L?acte de construire doit être pensé au travers du prisme
du carbone et de la sobriété de la consommation des res-
sources. La culture du bas-carbone doit être encouragée
pour que les équipes de conception fassent émerger de
nouvelles solutions techniques, organisationnelles à plus
faible impact.
Enfin, la surélévation des bâtiments pour réduire l?exten-
sion urbaine et la végétalisation du bâti et de la parcelle
sont également des mesures qui doivent être étudiées dans
l?objectif de diminuer les émissions de gaz à effet de serre.
28 - FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT
PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION
FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT - 29
OPTIMISER LE M²
1LE
VIE
R
Rationaliser les surfaces et les espaces implique la prise en compte du nombre d?occupants et des
usages. Cela s?inscrit dans une logique de partage des espaces, de flexibilité, de réduction de l?artificia-
lisation et d?anticipation des futurs besoins des usagers. Idéalement pensée dès la phase de conception
du projet, l?optimisation des m² doit s?examiner au regard d?études comparatives préalables prouvant sa
viabilité sur le plan économique et de son impact sur la réduction des GES (via la réduction des quantités
de matériaux) les consommations énergétiques et l?artificialisation des sols.
La mutualisation des espaces et le coliving (qui regroupe la colocation, la cohabitation entre plu-
sieurs générations d?une même famille ou la cohabitation de plusieurs foyers) apportent une
réponse satisfaisante à l?optimisation des surfaces construites par personne. Les usagers doivent
trouver un intérêt à opter pour l?un et l?autre. À noter que le co-usage peut également concerner
les équipements (ex : buanderie avec lave-linge commun).
Par ailleurs, la complexité des nombreuses réglementations existantes, qui ne sont pas du même ordre
suivant les catégories de bâtiment, représente un frein à la mutualisation et l?optimisation des espaces.
On constate également que les règles d?urbanisme (PLU, loi d?orientation des mobilités, loi Climat et
Résilience, majoration des droits à construire?) ne sont pas encore assez appliquées par les services
instructeurs, alors que la densification urbaine est une réponse à l?étalement urbain, à l?artificialisation
des sols, au développement de l?usage de l?automobile, etc.
Propositions d?évolution des politiques publiques :
? Favoriser le développement de programmes ou la réhabilitation de tissus existants
avec espaces partagés favorisant la vie communautaire et en coliving (qui regroupe
la colocation, la cohabitation entre plusieurs générations d?une même famille ou
la cohabitation de plusieurs foyers) en adaptant les aides au logement pour les (co)
locataires et en instaurant une fiscalité incitative pour les (co)propriétaires ;
? Imposer l?exploitation intégrale des droits à construire issus des documents
d?urbanisme ;
? Harmoniser les réglementations et les règles d?assurance pour faciliter la
mutualisation d?espaces et réfléchir à de nouveaux modèles de financement
à l?investissement et au fonctionnement de ces espaces partagés.
Action à mener par la filière :
? Déterminer les critères de m² heureux, déterminer, en fonction des évolutions
démographiques, sociales et environnementales, les m² minimums par habitant
nécessaires au confort. Augmenter le volume de programmes avec espaces partagés.
? Taux de projets en coliving et mutualisés ;
? Évolution du ratio surface/occupant par type de bâtiment ;
? Évolution du « taux de remplissage » ou du taux de respect
des gabarits maximum autorisés.
INDICATEURS
DE SUIVI
______
CONSTRUCTION NEUVE PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION
30 - FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT
ÉTENDRE LE CHAMP D?APPLICATION DE LA RE2020
2LE
VIE
R
Dans ce contexte, pour atteindre l?objectif de neutralité carbone en 2050 il apparaît nécessaire
d?étendre le champ d?application de la RE2020 aux bâtiments non déjà soumis à une réglementation
environnementale (bâtiments tertiaires encore soumis à la RT2012, bâtiments dans les DROM), d?éla-
borer une réglementation environnementale pour les bâtiments aujourd?hui totalement exemptés
et d?envisager, en concertation avec la filière et sur la base des retours de l?observatoire RE2020 et
des ambitions définies à l?échelle communautaire, la fixation de seuils à appliquer à l?horizon 2040
et au-delà.
Généraliser l?écoconception des produits de construction, élargir le champ d?évaluation de la perfor-
mance environnementale, exploiter davantage les indicateurs environnementaux disponibles dans
les FDES/PEP, développer les filières de matériaux bas-carbone et opter pour des sources d?énergie
décarbonée contribuent à la décarbonation massive des bâtiments exigée par la RE2020.
Mais quelques obstacles d?ordre assurantiels subsistent, quand il s?agit de nouveaux produits et de
réemploi, mais aussi réglementaires (complexité des réglementations, respect des règles du PLU,
réticence des services instructeurs ou des élus à la densification, souhaits des riverains?).).
Propositions d?évolution des politiques publiques :
? Faire un premier bilan sur l?application de la RE2020 et organiser une grande
concertation avec l?ensemble des acteurs de la filière, sur la base des retours
de l?observatoire et des ambitions définies à l?échelle communautaire, en vue
de définir les seuils Icénergie et Icconstruction au-delà de 2031 pour les bâtiments déjà
soumis à la RE2020 ;
? Fixer un objectif de seuil des coefficients Icénergie et Icconstruction en 2031, puis
tous les cinq ans, pour les bâtiments actuellement non soumis à la RT2012 ou à
la RE2020 en cohérence avec l?objectif de contribution du secteur à la neutralité
carbone en 2050 ;
? Mettre en place un cadre d?évaluation de la performance énergétique et
environnementale adapté pour chaque département et région d?outre-mer (DROM).
Action à mener par la filière :
? Élaborer des méthodes adaptées pour mesurer la performance énergétique et
environnementale des bâtiments actuellement non soumis à la RT2012 ou à la
RE2020 (maîtres d?ouvrage, maîtres d?oeuvre, entreprises de construction, industriels,
promoteurs, bureaux de contrôle, certificateurs d?ouvrage).
? Disponibilité des seuils Icénergie et Icconstruction au-delà 2031 ;
? Disponibilité d?un cadre d?évaluation de la performance
énergétique et environnementale adapté aux DOM-TOM.
INDICATEURS
DE SUIVI
______
PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION CONSTRUCTION NEUVE
FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT - 31
2LE
VIE
R
Estimation de l?impact du levier sur la réduction des GES :
L?application de la RE2020 doit permettre un gain de 14 Mt CO2/an à l?horizon 2050.
L?application de la RE2020, telle qu?elle est prévue aujourd?hui, devrait permettre
une réduction de 11,3 Mt CO2/an en 2030 et de 14,2 Mt CO2/an en 2050 pour un
volume de construction identique à celui de 2019. Cela représentera une réduction
d?un peu moins de 10 % de l?empreinte de la chaîne de valeur bâtiment en 2019,
estimée à 153 Mt CO2/an. Une poursuite graduelle des efforts au-delà de 2031 pour
les bâtiments déjà soumis à la RE2020 aujourd?hui laisse envisager un gain maximal
de 29,7 Mt CO2/an en 2050 pour un même volume de construction qu?en 2019. Des
évolutions de surfaces telles qu?intégrées dans la SNBC, respectivement les scénarios
AME et AMS, conduisent à envisager des plafonds de réduction d?émissions de 35,6
voire de 37,4 Mt CO2/an en 2050 ; soit une réduction de 24 % de l?empreinte de la
chaîne de valeur bâtiment en 2019.
Pour plus de détail, se reporter à l?annexe 8.4.4.
CONSTRUCTION NEUVE PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION
32 - FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT
VÉGÉTALISER LE BÂTI ET LA PARCELLE
3LE
VIE
R
Végétaliser le bâti (façades, toitures-terrasses) et la parcelle (en pleine terre, sur dalle bétonnée) apporte
une série de cobénéfices : gestion des eaux pluviales, accueil de la biodiversité, création d?îlots de fraî-
cheur, protection de l?étanchéité, gain esthétique de la renaturation, amélioration du confort d?été et
de l?acoustique et bien-être des occupants.
Les végétaux, le substrat et l?irrigation renforceraient en effet l?isolation d?un bâtiment et favoriseraient
son inertie thermique, mais leur impact effectif est encore mal appréhendé, faute d?études consoli-
dées. La compensation du poids carbone lié à l?installation des aménagements végétaux par l?apport
thermique de la végétalisation au bâti doit ainsi être évaluée par des études ACV complètes, couplées
à la mesure du potentiel effectif de la captation et séquestration carbone.
Par ailleurs, au-delà du coût qu?elle représente (50 à 300 ¤/m² environ, puis frais d?exploitation et d?en-
tretien) et de la réticence des architectes à son déploiement sur les toits plats, le développement
des toitures-terrasses végétalisées peut se retrouver en concurrence avec l?installation de panneaux
photovoltaïques.
Plus généralement, les espaces végétalisés attenants aux bâtiments et les toitures végétalisées sont
encore considérés comme des sols artificialisés par la démarche Zéro Artificialisation Nette (ZAN).
Actions à mener par la filière :
? Engager un programme de R&D afin d?établir des standards d?étude/règles de calcul
pour mieux apprécier la performance environnementale et énergétique des gestes
de la végétalisation du bâti : résistance thermique équivalente de la végétalisation
du bâti (substrat, palette, irrigation), ACV complètes ;
? Mobiliser et diffuser les outils de mesure de la performance de la renaturation :
CBS h (Coefficient de biotope par surface - harmonisé - qui exprime le ratio entre
les surfaces favorables à la nature et la surface totale de la parcelle) et outils
complémentaires.
Propositions d?évolution des politiques publiques :
? Encourager la formalisation de FDES « Végétaux » en mobilisant des centres de
recherche et les filières horticoles ;
? Établir dans les règles de calcul de la RE2020 et dans le Diagnostic de performance
énergétique (DPE), la contribution de la végétalisation sur la thermique du bâtiment
(maîtres d?ouvrage, maître d?oeuvre, entreprises, promoteurs) ;
? Redéfinir la ZAN au regard de l?intérêt de la végétalisation du bâti et de la parcelle.
? Méthode de calcul des FDES « Végétaux » admise par la filière
(PCR Végétaux) ;
? Disponibilité de FDES « Végétaux » dans la base INIES ;
? Règles de calcul admises par la profession (Conseil supérieur
de la construction et de l?efficacité énergétique).
INDICATEURS
DE SUIVI
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PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION CONSTRUCTION NEUVE
FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT - 33
ENCOURAGER LA SURÉLÉVATION AU REGARD DE L?ENJEU ZÉRO
ARTIFICIALISATION NETTE DES SOLS
4LE
VIE
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Encourager la surélévation des bâtiments est l?un des moyens pour réduire l?extension urbaine et, ainsi,
atteindre l?objectif de « zéro artificialisation nette » des sols prévu par le Plan Biodiversité pour 2050,
avec un objectif ambitieux de réduire de moitié l?artificialisation en 2030.
Dans le cas d?une rénovation, ajouter des étages supplémentaires participe à la requalification du bâti
existant et à cette occasion peut permettre de le rendre plus vertueux. Repenser l?aménagement urbain
en optimisant l?espace en hauteur élargit l?offre de logements et de bureaux et favorise le lien social.
Au-delà du surcoût des fondations à prévoir, l?acceptabilité des parties prenantes (services instructeurs,
architectes, copropriétés, syndics) est le frein majeur à la surélévation des bâtiments. Sur le volet régle-
mentaire, on constate par ailleurs que le PLU n?est pas toujours appliqué par les élus locaux, parfois
réfractaires à une densification trop importante.
Action à mener par la filière :
? Permettre aux acteurs de prendre des décisions éclairées relatives à la surélévation
en réalisant un guide pédagogique et en proposant des formations à destination des
acteurs impliqués (élus, collectivités, maîtres d?ouvrage, maîtres d?oeuvre, entreprises
de construction, industriels, promoteurs).
Propositions d?évolution des politiques publiques :
? Simplifier l?instruction des projets de surélévation en désignant un guichet existant
comme interlocuteur unique ;
? Faciliter la surélévation dans les règles des PLU (dérogation en tout ou partie aux
obligations de création d?aires de stationnement, appliquer l?octroi d?un bonus de
constructibilité en cas de projet plus vertueux que ce que la réglementation impose) ;
? Encourager l?anticipation de surélévation future pour les immeubles neufs, dans
zones urbaines, ou cela paraît pertinent.
? Réalisation d?un guide sur la surélévation et d?un catalogue
recensant l?offre de formations traitant de ce sujet ;
? Modification des PLU/surélévation ;
? Nombre de logements réalisés en surélévation par rapport à
ceux réalisés au sol.
INDICATEURS
DE SUIVI
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CONSTRUCTION NEUVE PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION
34 - FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT
DÉVELOPPER L?ARCHITECTURE FRUGALE POUR GAGNER
SUR LES RESSOURCES ET LES CONSOMMATIONS
5LE
VIE
R
L?architecture frugale repose sur une démarche économe tant en ressources utilisées, privilégiant les
matériaux et les savoir-faire locaux, qu?en énergie. Elle vise un bâtiment plus compact, ajusté aux besoins
de ses occupants, avec notamment une réflexion sur les surfaces en relation avec les usages, et aux
formes simples.
Des premières estimations et retours d?expérience donnent à penser que l?architecture frugale permettrait
d?éviter à minima, et sans vraiment de difficultés, de l?ordre de 10 % de matière. Les gisements de la frugalité
existent principalement dans le tertiaire du fait de la part importante des équipements.
Les freins tiennent pour une large part à la perception négative que maîtres d?ouvrage et maîtres
d?oeuvre peuvent rattacher à la sobriété, à la frugalité, suscitant un problème d?acceptabilité.
Le développement de l?architecture frugale/sobre passe par une sensibilisation des citoyens comme des
acteurs de la filière, par des mesures sur la formation initiale et continue, par l?incitation à la réalisation
de projets démonstrateurs et l?organisation du partage des enseignements à en retenir.
Action à mener par la filière :
? Définir l?architecture sobre et intégrer sa pratique dans l?enseignement initial
et la formation continue des différents acteurs de la filière : écoles d?architecture,
écoles d?ingénieurs, centres de formation des apprentis et compagnons?
Propositions d?évolution des politiques publiques :
? Mettre en place des aides à la phase de conception pour des projets frugaux/
sobres (ouvertes à toutes les typologies de bâtiment) : financements incitatifs portés
par les CAUE ;
? Sensibiliser les citoyens et les collectivités territoriales en organisant une biennale
de l?architecture frugale/sobre et/ou en promouvant les évènements existants
sur ce sujet ;
? S?appuyer sur la commande publique pour réaliser des bâtiments démonstrateurs
dans chaque région et sur chaque typologie de bâtiment ;
? Au sein de l?observatoire de la RE2020, créer un volet spécifique à l?architecture
frugale/sobre, sur la base d?indicateurs partagés, permettant de recenser et partager
les retours d?expérience, méthodes et outils développés dans le cadre
des réalisations sur le territoire.
? Mise en place du dispositif d?aide à la phase de conception des
projets frugaux/sobres ;
? Développement du nombre de projets sobres ;
? Volet « Architecture frugale » au sein de l?Observatoire RE2020.
INDICATEURS
DE SUIVI
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PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION CONSTRUCTION NEUVE
FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT - 35
6LE
VIE
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REPENSER LES SYSTÈMES CONSTRUCTIFS POUR OPTIMISER
LA QUANTITÉ DE MATÉRIAUX
Les produits de construction et équipements (PCE) constituent le premier contributeur du bilan
carbone des bâtiments neufs. Diminuer le bilan carbone d?un projet de construction passe donc par
la diminution de l?impact des produits et équipements employés.
Cette diminution peut venir de l?utilisation de produits et équipements présentant un bilan bas-car-
bone, ouvrant à la mixité des matériaux utilisés, ainsi que de l?optimisation de la quantité des matériaux
utilisés avec pour objectif de préserver la qualité de l?ouvrage. Certaines dispositions réglementaires
et/ou normatives, trop prévenantes, sont identifiées comme un frein à l?optimisation de la quantité
de matière, nécessitant leur révision en vue de redéfinir des valeurs seuils ou des coefficients de
sécurité qui peuvent imposer des surquantités de matière.
Si le lot superstructure, en lien avec celui des fondations et des infrastructures, est celui qui contribue
le plus au bilan carbone du bâtiment, tous les lots sont concernés par l?objectif d?optimisation de la
quantité de matériaux.
Proposition d?évolution des politiques publiques :
? Engager les études et les essais qui pourraient conduire à réviser certaines
réglementations et normes à performance équivalente conduisant à optimiser la
quantité de matériaux des ouvrages et donc à améliorer leur empreinte carbone.
Actions à mener par la filière :
? Engager les filières qui ne l?ont pas encore fait, à établir les feuilles de route de
décarbonation de leurs procédés de fabrication des matériaux et composants
(action également proposée par le GT1 levier 5 « Décarbonation des filières de
construction ») ;
? Développer des outils d?aide à la décision sur l?optimisation multicritère des
matériaux, produits et systèmes constructifs employés dans un projet de bâtiment.
? Révision des coefficients de sécurité des réglementations
et Eurocodes.
INDICATEUR
DE SUIVI
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CONSTRUCTION NEUVE PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION
RÉNOVATION
La rénovation des bâtiments est la clef de voûte pour atteindre l?objectif
de neutralité carbone d?ici 2050. Outre la réduction des consommations
d?énergie des bâtiments et de leurs émissions, elle permet de faire baisser
la facture d?énergie et de lutter contre la précarité énergétique. Sachant
qu?on dénombre aujourd?hui 5,2 millions de passoires thermiques en France,
l?impératif de rénovation énergétique des bâtiments s?intensifie et impose
une stratégie d?action coordonnée entre les pouvoirs publics et acteurs de
la filière. Pour y parvenir, quatre leviers ont été identifiés : renforcer l?exi-
gence d?efficacité énergétique et carbone, massifier la rénovation globale,
rehausser les objectifs de rénovation et mesurer la performance obtenue.
Le premier levier consiste à renforcer les exigences quant à la performance
énergétique et à introduire la performance carbone des bâtiments existants.
À savoir viser l?efficacité de l?exploitation du bâtiment après les travaux et
optimiser le choix des matériaux pour réduire leur poids carbone. La mise à
disposition d?outils permettant cette optimisation est essentielle.
Le deuxième levier se concentre sur l?enjeu de la massification de la réno-
vation globale, qui ne représente aujourd?hui qu?un dixième des projets
de rénovation entrepris alors qu?elle constitue le mode le plus efficace. En
cause de ce retard, un flou quant à la définition de ce qu?est une rénovation
performante, des dispositifs d?aides diffus et trop complexes et aussi un
manque de soutien financier spécifique à ce type de rénovation en par-
ticulier. Raisons pour lesquelles, il apparaît nécessaire de mieux en définir
les contours, de définir et prioriser les travaux (isolation de l?enveloppe et
amélioration de la ventilation en premier), enfin de simplifier les dispositifs
d?aides et d?en augmenter le montant.
Afin de réussir la massification de la rénovation, l?ensemble de la filière
appelle à une augmentation sensible des aides publiques à la rénovation
(État, certificats d?économies d?énergie [CEE], collectivités territoriales).
Le troisième levier consiste à rehausser les objectifs de la rénovation en
visant un niveau de consommation BBC (bâtiment basse consommation)
pour l?ensemble du parc immobilier (logement et tertiaire). Ce niveau per-
met en effet d?atteindre des seuils performants, d?éviter des travaux de
rénovation ultérieurs et de garantir un meilleur retour sur investissement
de la dépense publique. La barre est cependant haute : il faudrait multiplier
par dix les rénovations performantes au niveau BBC d?ici 2030 (soit 600 000
à un million de logements rénovés BBC par an). La solution pourrait être de
mettre en place une réglementation environnementale ambitieuse pour la
rénovation, avec des critères de performance énergétique, carbone et des
logiques de confort d?été avec, à la clef, des mesures incitatives.
Le dernier levier identifié concerne la mesure de la performance des réno-
vations via un suivi et des contrôles réguliers tout au long des travaux puis
lors de l?exploitation. Cette exigence de résultat, développant une culture
du résultat performant, couplé aux incitations de la mise en oeuvre des réno-
vations permettrait d?être plus efficace avec un minimum de ressources.
Ces quatre leviers sont autant de clefs qui permettront de soutenir et mas-
sifier une rénovation globale, performante et efficace.
36 - FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT
PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION
FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT - 37
RENFORCER L?EXIGENCE D?EFFICACITÉ DE LA RÉNOVATION
1LE
VIE
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L?exigence d?efficacité de la rénovation doit être double : énergétique bien sûr mais également carbone.
Deux leviers sont proposés pour en améliorer les performances : optimiser les matériaux utilisés lors des
travaux pour réduire leur poids carbone et viser l?efficacité de l?exploitation du bâtiment en termes de
consommation après les travaux, phase la plus impactante en termes de baisse des émissions de GES.
Cela suppose d?effectuer une analyse en cycle de vie du bâtiment avant la rénovation pour disposer
d?une vision globale et prendre les bonnes décisions. Et de proposer des outils de calculs ACV simples
d?utilisation (ceux disponibles sur le marché sont encore bien trop complexes).
La performance de la rénovation se joue aussi au-delà de la conception et de la mise en oeuvre, elle
doit être pérennisée par la maintenance et l?entretien des systèmes (chauffage, eau chaude sanitaire,
ventilation, etc.), ainsi que par l?usage. Sur ce point le manque d?accompagnement post travaux par les
professionnels pour les particuliers constitue un frein, surtout en maison individuelle.
Enfin, alors que de nombreuses études démontrent l?intérêt de rénovations globales et que des aides
existent, seules 0,2 % des rénovations sur le résidentiel et le tertiaire sur la période 2012-2016 seraient
des rénovations globales (rapport Sichel, mars 2021). Le marché de la rénovation demeure bien à ce jour
majoritairement porté par des actions dites monogeste, uniques, voire juxtaposées dans le temps, qui
ne permettent pas d?atteindre l?objectif de performance souhaitable. L?enjeu est de taille puisque la
SNBC estime qu?il faudra réaliser de l?ordre de 700 000 rénovations performantes par an pour atteindre
les objectifs climatiques de 2050.
Propositions d?évolution des politiques publiques :
? Orienter progressivement les incitations (aides et financements) vers la rénovation
globale, en une fois ou par étapes (jusqu?à 3 maximum). Réserver le soutien au
monogeste aux ménages modestes ou à l?entrée dans un parcours par étapes,
celui-ci étant cadré dans le temps (3 à 5 ans), adapté à la typologie du bâtiment,
la première étape d?un parcours doit prioritairement porter sur les travaux de
l?enveloppe et de la ventilation ;
? Élargir les aides publiques à la rénovation aux études, tant en conception qu?en suivi
des travaux.
Actions à mener par la filière :
? Proposer des outils de calcul ACV simples d?utilisation, d?utilisation volontaire,
pour guider la conception dès le début du projet (cf. outil développé dans le
programme Profeel) ;
? Encourager et mieux accompagner les travaux d?entretien et de maintenance,
par les professionnels, en s?appuyant sur les outils numériques tels que le Carnet
d?information logement (CIL) ou le dossier Utilisateur exploitation maintenance
(maîtres d?oeuvre, entreprises de construction, exploitants/mainteneurs).
? Outil(s) de calcul ACV simple(s) d?utilisation disponible(s) ;
? Évolution du nombre de rénovations par geste et de
rénovations globales réalisées ;
? Nombre de rénovations accompagnées par une maîtrise
d?oeuvre.
INDICATEURS
DE SUIVI
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RÉNOVATION PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION
38 - FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT
MASSIFIER LA RÉNOVATION GLOBALE
2LE
VIE
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La rénovation globale est sans nul doute le mode le plus efficace pour réduire les émissions de gaz
à effet de serre et les consommations d?énergie. Raison pour laquelle elle doit être très largement
déployée pour rénover l?ensemble du parc d?ici à 2050. Ce qui est loin d?être le cas : chez les
propriétaires particuliers, les rénovations globales ne représentent aujourd?hui qu?une petite fraction
des travaux entrepris, la majorité des rénovations réalisées étant partielles.
Ces chiffres attestent d?un grand retard et sont très loin derrière les objectifs visés par la SNBC de
porter l?ensemble du parc résidentiel à un niveau « bâtiment basse consommation » d?ici à 2050
(étiquettes A et B). En cause de ce retard, un flou quant à la définition d?une rénovation globale et
performante jusqu?à la loi Climat et résilience en 2021, des dispositifs d?aides trop nombreux et trop
complexes (MaPrimeRénov?, Certificats d?Économie d?Énergie, éco-PTZ, aides locales?) et un soutien
financier très insuffisant au regard du coût de ce type de rénovation en particulier.
Parmi les propositions avancées pour massifier la rénovation globale et performante, il apparaît
nécessaire de mieux en définir les contours : que ce soit en une seule fois ou par étapes jusqu?à trois
maximum (source : ADEME, la rénovation performante par étapes, janvier 2021). Même si ce mode
de rénovation est inscrit dans la loi Climat et résilience, des éléments semblent manquer dans les
définitions, notamment sur les questions d?étanchéité du bâtiment et de performance de l?enveloppe.
L?arrêté BBC Rénovation est en ce sens plus clair. Il semblerait également nécessaire de prioriser, lors
d?une rénovation par étapes, la performance de l?enveloppe et la ventilation dès la première étape.
Parmi les autres actions proposées : augmenter le montant des aides et en simplifier les dispositifs
avec, par exemple, un dossier unique avec un seul service instructeur. Autant de clefs qui permettront
de soutenir et massifier la rénovation globale.
Actions à mener par la filière :
? S?appuyer sur les compétences locales pour fournir des solutions sur-mesure
réplicables ;
? Développer localement des solutions innovantes et adaptées aux situations
des territoires ;
? Organiser la mise en place d?offres packagées de travaux de rénovation globale
et performante, de façon à favoriser la réplicabilité des travaux et à raisonner à
l?échelle de l?îlot, associant les compétences des délégataires CEE, des maîtres
d?oeuvre, des établissements bancaires et des artisans.
PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION RÉNOVATION
FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT - 39
2LE
VIE
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Propositions d?évolution des politiques publiques :
? Simplifiez les dispositifs d?aide et d?accompagnement, en mettant notamment en place
un dossier unique avec un seul service instructeur pour la collecte des financements
auprès des différents organismes gestionnaires des financements. Le montant des aides
doit aussi être stabilisé ;
? Réhausser nettement les aides publiques vers la rénovation globale dès 2024.
Concernant la rénovation par étapes (jusqu?à 3 trois maximum), elle doit être cadrée
dans le temps (3 à 5 ans), adaptée à la typologie du bâtiment et prioriser dès la première
étape la performance de l?enveloppe et la ventilation. Un prêt pour les étapes ultérieures
pourrait être proposé et transformé en subvention en cas de réalisation ;
? Sensibiliser les ménages, à l?occasion des travaux d?entretien ou de rénovation de leur
logement, pour les inciter à rendre celui-ci plus résilient aux risques climatiques et aux
évolutions sociales et démographiques (vieillissement, handicap?) ;
? Rendre possible le cumul de toutes les aides attachées au logement (énergétique,
adaptation au vieillissement...), et ce tant dans le parc privé que dans le parc social ;
? Créer dans MaPrimeRenov? un bonus lors : de la période d?achat/vente pour faciliter le
passage à l?acte de rénovation, et lors de la réalisation de la dernière étape d?un parcours
pour encourager la finalisation des travaux ;
? Lever les contraintes liées aux règlements de copropriété et de colotissement : repasser
au vote à la majorité simple pour voter les travaux de rénovation en copropriété ;
exonérer temporairement de taxes foncières sur le bâti (TFBP) pour inciter les
colotissements à approuver, sur proposition des collectivités locales, la modification de
cahiers des charges de lotissement empêchant leur densification ;
? Interdire la location des passoires thermiques dans le parc tertiaire pour les bureaux dont
l?étiquette DPE est F et G en 2030 voire E à plus long terme (2034 pour les logements).
Pour ce faire, revoir le calcul DPE conventionnel pour le parc tertiaire ;
? Communiquer simplement et efficacement sur les solutions globales (contrat de
rénovation global et forfaitaire, groupements d?entreprises et d?artisans...) et développer
un outil simple à destination des ménages démontrant les avantages des rénovations
performantes et globales, intégrant les travaux d?entretien (cf. Rex de l?observatoire BBC
et de l?APR ADEME « Perf in Mind ») ;
? Réduire les frais de mutation en cas d?engagement de rénovation performante, en les
alignant par exemple sur ceux du neuf ;
? Pour les marchés <100 k¤ HT, supprimer la solidarité conventionnelle du mandataire commun
et des cotraitants dans le cadre des Groupements Momentanés d?Entreprises pour encourager
les groupements d?entreprises et d?artisans, afin de réaliser davantage de rénovations globales.
? Nombre d?aides à la rénovation globale en une seule fois et par
étapes distribuées selon l?avancement du parcours travaux ;
? Évolution du nombre de rénovations globales ;
? Nombre de passoires thermiques (logements et tertiaires).
INDICATEURS
DE SUIVI
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Estimation de l?impact du levier sur la réduction des GES :
La rénovation massive et globale du parc résidentiel représente un gisement de 39
Mt CO2/an pour 2050.
La massification de la rénovation globale, qui implique le passage à une rénovation
complète de 700 000 logements par an, représente un gisement de 16,7 Mt CO2/an
pour 2030 et 39,2 Mt CO2/an pour 2050. Ce bénéfice inclut uniquement les gains sur le
chauffage des logements. Ce levier représente une réduction d?un peu plus de 25 % de
l?empreinte de la chaîne de valeur bâtiment en 2019, estimée à 153 Mt CO2/an.
Pour plus de détail, se reporter à l?annexe 8.4.5.
RÉNOVATION PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION
40 - FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT
REHAUSSER LES OBJECTIFS DE LA RÉNOVATION
3LE
VIE
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Pour atteindre les objectifs nationaux de neutralité carbone en 2050 et permettre une sobriété éner-
gétique, les objectifs de la rénovation doivent être revus à la hausse. Seule l?atteinte d?un niveau de
consommation BBC en moyenne en 2050 pour l?ensemble du parc immobilier (logement et tertiaire)
permettrait de remplir les objectifs de la SNBC en 2050.
Pour y parvenir, les rénovations performantes au niveau BBC20, en une fois ou par étapes, doivent être
multipliées par dix, soit un objectif de 600 000 à 1 million de logements rénovés BBC d?ici 2030. Loin
de ce qui est pratiqué aujourd?hui : sur les 700 000 rénovations financées par MaPrimeRénov? ? qui
priorisent les monogestes axés sur les équipements ?, seuls 42 610 logements sont labellisés BBC en
2021 (source : Effinergie). Il est aujourd?hui nécessaire de rehausser les objectifs de la rénovation afin
d?atteindre des seuils performants, d?éviter des travaux de rénovation ultérieurs et de garantir un
meilleur retour sur investissement de la dépense publique.
La solution proposée est de réfléchir à une réglementation environnementale ambitieuse pour la
rénovation. Elle inclurait, à l?instar de la RE2020, des critères de performance énergétique, carbone
et des logiques de confort d?été.
La rénovation globale représente cependant un coût plus important qu?une rénovation partielle : le
montant estimé des travaux est de 366 ¤ HT/m² par logement pour les maisons individuelles21 et de
285 ¤ HT/m² pour les logements collectifs22. À cela s?ajoutent les coûts de l?obtention du label (audit
énergétique) et des tests de perméabilité. Des mesures incitatives pourraient être proposées comme
un coût d?abattement de 166 ¤/tCO2eq économisée pour la rénovation d?une maison individuelle au
niveau BBC.
Propositions d?évolution des politiques publiques :
? Concevoir une réglementation environnementale pour la rénovation intégrant
des critères ambitieux de performance énergétique, de performance carbone
et de confort d?été.
? À court terme, pour la réglementation thermique (RT) globale, il est proposé
de rehausser les objectifs pour les aligner sur ceux du niveau BBC rénovation
et d?élargir l?assiette des projets assujettis à la RT globale (les critères actuels
d?assujettissement étant : bâtiments construits après 1948, de plus de 1000 m²
avec un coût supérieur à 25 %). Concernant la RT par élément, rehausser les
exigences. Puis ajouter un seuil carbone au dispositif Éco Énergie Tertiaire.
? À moyen terme, l?assiette des projets assujettis au décret tertiaire pourrait
être élargie afin d?intégrer les bâtiments de moins de 1000 m² et pourrait
inclure une dimension carbone liée à l?usage des énergies. La méthode de calcul
actuellement utilisée en conception (THC-ex) pourrait évoluer tout comme
le DPE vers une nouvelle méthode de calcul proche de la RE2020 avec des
exigences sur le confort d?été et l?ACV.
? Inciter à la labellisation des opérations pour dépasser les objectifs réglementaires.
Pistes envisagées : renforcement de la bonification des aides (MaPrimeRénov?,
CEE) pour les projets labellisés BBC rénovation ; modulation de la dotation de
l?État aux collectivités ; exonération provisoire de taxes foncières ; renforcement du
dispositif De Normandie pour les investissements locatifs en cas de rénovation BBC ;
une avance de travaux avec un taux préférentiel ou le rattachement du prêt de
financement des travaux à la pierre en cas d?obtention du label BBC rénovation.
? Ceci représente des coûts supplémentaires : obtention du label (100 ¤ pour
les logements collectifs et de 1 000 ¤ pour les maisons individuelles), test de
perméabilité (600 ¤) et des montants de travaux plus importants (366 ¤ HT/m²
par logement pour les maisons individuelles ; 285 ¤ HT/m² par logement23
pour les collectifs).
PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION RÉNOVATION
FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT - 41
3LE
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? Nombre de logements et nombre de m² de tertiaire labellisés
BBC rénovation/an ;
? Pourcentage de chantiers publics (y compris parc social)
labellisés BBC rénovation ;
? Évolution de la réglementation intégrant des critères carbone
reposant sur une ACV en rénovation.
INDICATEURS
DE SUIVI
______
20.L?arrêté définissant les labels BBC rénovation et BBC par étapes est en cours de finalisation par la DHUP. Il porte
sur les étiquettes A ou B du DPE (énergie et carbone), le confort d?été, la qualité de l?enveloppe, le tout contrôlé et vérifié
par des organismes accrédités COFRAC et des mesures sur site (perméabilité à l?air du bâtiment, ventilation).
21. Source : https://www.effinergie.org/web/images/attach/base_doc/2912/20210429etude-renovation.pdf
22. Source : https://www.effinergie.org/web/images/attach/base_doc/3091/20220209_SYNTHESE_ETUDE%20RENOVATION.pdf
23. https://www.effinergie.org/web/images/attach/base_doc/3091/20220209_SYNTHESE_ETUDE%20RENOVATION.pdf
RÉNOVATION PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION
42 - FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT
MESURER LA PERFORMANCE
Au regard de l?ampleur de l?enjeu de la décarbonation du bâtiment, du temps comme des ressources qui
sont limitées, mesurer la performance des rénovations ressort comme essentiel à l?atteinte des objectifs.
Mesurer la performance permet en effet d?améliorer la qualité des rénovations, d?identifier les bonnes
pratiques, de les partager et ainsi de contribuer à faire monter en compétence la filière. Bref, être aussi
efficace que possible avec un minimum de ressources.
Mesurer la performance rend également possible la contractualisation de l?atteinte des performances.
Elle favorise la qualité des rénovations (globales ou par étapes) et du niveau de performance attendu
en exploitation.
Ceci implique un suivi efficace et doit être associé à des contrôles pendant et à la fin des travaux de
rénovation, puis lors de l?exploitation des bâtiments.
Sur ce plan, le développement d?outils de gestion technique du bâtiment pour le suivi et le pilotage à
distance peut être un atout et une source de réduction des consommations énergétiques. Le pilotage
permettrait en effet un gain de 18 % de consommations énergétiques et l?individualisation des frais de
chauffage, un gain de 15 % (sources Fedene). Ces développements, bien qu?intéressants, impliquent
des coûts supplémentaires (mesure, outils, suivi des consommations).
4LE
VIE
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Proposition d?évolution des politiques publiques :
? Encourager la contractualisation de l?atteinte de la performance des travaux
de rénovation via des aides particulières, des bonifications, voire faire de cette
contractualisation une condition à l?obtention de l?aide publique.
Actions à mener par la filière :
? Mesurer, sans contrainte associée, l?efficacité des travaux à la réception. Pour
cela des outils de mesure de la performance in situ doivent être développés et
déployés. Dans le cas d?une rénovation globale (engagement sur la performance
mesurée in situ), il convient de s?appuyer sur le protocole SEREINE 2 lancé dans le
cadre du programme Profeel. Ce dernier propose notamment une cartographie
des différentes méthodes de mesure de la performance réelle de l?enveloppe d?une
maison individuelle : un outil utile pour faciliter la prise de décision des maîtres
d?ouvrage.
? Aujourd?hui, les dispositifs d?aides financières sont soumis à une comparaison
état initial/état projeté, imposant une mesure avant et après travaux. Il est
préconisé de ne faire qu?une mesure au stade de la réception et d?intégrer
une nouvelle mécanique sur la base de la valeur mesurée in situ après travaux.
Un coût supplémentaire doit être envisagé pour les opérateurs de mesure
(investissement dans les kits de mesure) et pour les maîtres d?ouvrage ou clients
(prix de la mesure) ;
? Faciliter la mesure de la performance au long cours, notamment à distance grâce
à des outils adaptés (compteurs connectés, logiciels de suivi à distance?). La mise
en place d?un équivalent au décret BACS pour le logement collectif puis individuel
pourrait être envisagée. Parmi les autres pistes, un système de pilotage dans le DPE ;
? Déployer des contrôles de performance carbone et énergie lors de la rénovation
(et de l?exploitation) pour s?assurer de l?atteinte des économies attendues. Ces
contrôles, effectués pendant et à la fin des travaux, permettraient de vérifier
l?atteinte de la performance pour les travaux d?enveloppe qui restent complexes
et demandent une bonne coordination.
PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION RÉNOVATION
FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT - 43
4LE
VIE
R
? Protocoles et outils de mesure de la performance in situ
disponibles pour les différents types de bâtiments et types de
rénovation ;
? Développement d?outils adaptés au suivi au long cours et à
distance de la performance des bâtiments ;
? Nombre annuel de projets de rénovation pour lesquels la
performance a été mesurée ;
? Nombre annuel de projets de rénovation faisant l?objet d?une
contractualisation de l?atteinte de la performance (observatoire
des contrats de performance énergétique [CPE]).
INDICATEURS
DE SUIVI
______
RÉNOVATION PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION
USAGES
La rénovation des bâtiments est la clef de voûte.
En phase d?exploitation du bâtiment, les émissions
de gaz à effet de serre (GES) proviennent essen-
tiellement de leurs consommations énergétiques.
Si les réglementations thermiques successives ont
permis d?améliorer considérablement l?efficacité
énergétique des bâtiments, la performance éner-
gétique en service d?un bâtiment dépend à la fois
de l?état du bâti, de la performance intrinsèque
des équipements techniques et de l?usage opti-
misé du bâtiment par les occupants.
Aussi, l?atteinte des objectifs de décarbonation
des bâtiments à l?horizon 2050 passe par le déve-
loppement d?une culture de l?exploitation et de
l?usage sobre et bas-carbone des bâtiments,
notamment par la mise en place des campagnes
de sensibilisation axées sur les écogestes et l?in-
vestissement dans des systèmes de mesure.
Envisager des opérations concrètes pour la main-
tenance et l?exploitation des systèmes techniques
pour une exploitation sobre et bas-carbone des
bâtiments est également nécessaire pour amélio-
rer leur performance énergétique.
Par ailleurs, des solutions techniques peuvent
être déployées pour réduire la consommation
énergétique lors des pics de consommation
observés dans les bâtiments, dont l?usage peut
être partagé ou converti en cours d?exploitation
pour une meilleure distribution de l?énergie.
44 - FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT
PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION
FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT - 45
DÉVELOPPER UNE CULTURE DE L?EXPLOITATION ET DE L?USAGE,
SOBRE ET BAS-CARBONE DES BÂTIMENTS
1LE
VIE
R
La performance énergétique des bâtiments tertiaires et résidentiels en phase d?usage dépend de trois
leviers interdépendants : l?état du bâti, la performance intrinsèque des équipements techniques et l?usage
optimisé du bâtiment par l?occupant.
Éléments clés pour maintenir la performance énergétique dans le temps, le rôle de l?occupant et la bonne
exploitation du bâtiment doivent être davantage pris en compte par les politiques publiques.
Sensibiliser et former sur les leviers et les gains possibles d?une exploitation et d?un usage optimisés s?avère
également indispensable pour assurer un engagement des acteurs concernés (particuliers, exploitants,
gestionnaires) sur le long terme.
La pertinence économique d?une exploitation performante et bas-carbone devra être prouvée car son
coût est perçu actuellement comme le principal frein. Les axes de connaissance à diffuser recouvrent à
la fois l?efficacité (consommer moins) et la flexibilité énergétique (consommer au bon moment).
Un tel levier suppose de mettre en place des campagnes de sensibilisation axées sur les écogestes (qui
génèrent environ 7 % d?économie d?énergie) et d?investir dans les systèmes de mesure. En effet, le comp-
tage et l?affichage des consommations d?énergie associés à de la pédagogie et à la mobilisation des
occupants permettent environ 5 à 20 % d?économie d?énergie.
Cette démarche implique donc un fort besoin en formation (formation d?ambassadeurs énergie, amélio-
ration de la connaissance des maîtres d?ouvrage...) et un recrutement important, à la fois pour la phase
d?usage et d?exploitation. L?objectif est de 120 000 emplois pour accompagner les entreprises dans la tran-
sition énergétique pour porter le projet, assurer la promotion au sein de la structure de manière pérenne.
Propositions d?évolution des politiques publiques :
? Sensibiliser le grand public en pérennisant les campagnes de communication
sur les bons gestes de réduction de consommation et d?usage sobre et bas-carbone
des bâtiments ;
? Sensibiliser les usagers en intégrant les notions d?écogestes et d?entretien
des équipements présents dans les logements dans le Carnet d?information
du logement, inciter à intégrer une prestation de sensibilisation des usagers
dans les contrats d?exploitation.
Actions à mener par la filière :
? Sensibiliser le grand public à une sobriété d?usage des bâtiments en déployant
des ateliers, des formations, des concours type CUBE-S, etc. (écoles/universités,
entreprises, particuliers, maîtres d?ouvrage, acteurs de la filière) ;
? Former les gestionnaires de bâtiments à l?efficacité énergétique et la flexibilité dans
le tertiaire et le logement collectif via des programmes comme Perf-actee pour les
entreprises privées ou Baisse les watts (concierges, exploitants de bâtiments tertiaires).
USAGES PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION
46 - FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT
DÉVELOPPER LES CONDITIONS TECHNIQUES, OPÉRATIONNELLES
POUR UNE EXPLOITATION SOBRE ET BAS-CARBONE DES BÂTIMENTS
2LE
VIE
R
Une exploitation sobre en énergie, et en carbone, à niveau de confort souhaité, passe nécessairement
par la mise en oeuvre de solutions techniques, sur la base de référentiels techniques (normes, règlements,
certification, incitations financières, etc.) et le renforcement des actions opérationnelles d?exploitation
et de maintenance.
Ce levier propose ainsi des opérations concrètes pour accompagner et renforcer les actions d?instal-
lation, de maintenance et d?exploitation des systèmes techniques du bâtiment. Il s?agit de déployer
les moyens et outils nécessaires à la bonne exploitation du bâtiment, en s?appuyant principalement
sur les systèmes de gestion technique du bâtiment (GTB). Il est ainsi proposé de compléter le cadre
réglementaire et les dispositifs incitatifs (dispositif Éco Énergie Tertiaire, CEE) par une valorisation des
systèmes de régulation et de GTB dans les méthodes de calcul réglementaires (3CL, RT Globale, éva-
luation carbone, etc.).
Cette démarche met en avant l?existence de solutions et de références techniques robustes. L?enjeu
repose sur la capacité à massifier ces actions dans un temps rapide et à coûts maîtrisés, notamment
via la mise en place d?objectifs de résultats (cadre réglementaire) et la mobilisation des financements
nécessaires (financement public, outils CEE, etc.).
Actions à mener par la filière :
? Développer un indicateur d?efficience en kWh/personne/temps d?occupation,
définir une méthode fiabilisée de bilan carbone lié à la consommation énergétique
à déployer dans les contrats d?exploitation et élargir les évaluations énergétiques et
carbone (numérique, autres usages de l?énergie, ameublement, gestion des déchets) ;
? Améliorer la prise en compte de la régulation, de la GTB, du pilotage en intégrant
des fonctions de régulation et des GTB performantes dans les méthodes
d?évaluation de la performance énergétique des bâtiments (DPE notamment),
proposer d?abaisser le seuil de 290 kW à 70 kW pour l?obligation d?installation d?une
GTB performante dans la révision de la Directive sur la performance énergétique des
bâtiments (DPEB), étendre l?obligation aux bâtiments résidentiels (maîtres d?ouvrage,
maîtres d?oeuvre, industriels, exploitants, intégrateurs) ;
? Adapter les contrats d?exploitation afin de renforcer les travaux sur le pilotage,
l?équilibrage et le désembouage pour contrebalancer la difficulté d?une température
de consigne souvent différente de la température ressentie ;
? Installer les systèmes et équipements indispensables à l?exploitation bas-carbone
(systèmes de comptage et d?affichage des consommations d?énergie, de suivi à
distance, de pilotage, etc.).
? Respect des obligations réglementaires.INDICATEUR
DE SUIVI
______
PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION USAGES
FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT - 47
CONSOMMER AUTREMENT (MIEUX ET AU BON MOMENT) L?ÉNERGIE
DANS LA PHASE D?EXPLOITATION
3LE
VIE
R
Ce levier propose d?optimiser la consommation énergétique des bâtiments avec pour objectif de réduire
la consommation du bâtiment dans sa phase d?exploitation lors des pics de consommation. Pour ce
faire,il s?appuie sur la mise en relation de l?offre et la demande (flexibilité/effacement) et sur des solutions
techniques permettant de consommer autrement (mieux et au bon moment).
Cela implique tout d?abord de standardiser la mesure du potentiel de flexibilité en facilitant le recrute-
ment d?un maximum de sites tertiaires pour calculer leur étiquette GOFLEX (un indice dédié à la mesure
du potentiel de flexibilité énergétique des bâtiments), puis de la mettre en visibilité au travers de la
plateforme ACTEE-RTE en cours de développement. Consultée par les opérateurs de service (type agré-
gateurs, gestionnaire de réseau, syndicats d?énergie...) celle-ci mettra en relation l?offre et la demande
de flexibilité/effacement.
La réduction lors des pics de consommation du bâtiment durant son exploitation peut également se
faire au travers de solutions techniques comme le pilotage de la recharge intelligente des véhicules
électriques pour neutraliser l?impact sur le pic de consommation journalier ou encore la synchronisation
du paramétrage des systèmes de gestion technique des bâtiments (GTB) avec les signaux ECOWATT
ou ECOGAZ qui qualifient en temps réel le niveau de consommation des Français, pour les décliner en
scénarios préprogrammés, adaptés aux besoins du réseau électrique.
Actions à mener par la filière :
? Déployer des solutions de pilotage de la recharge/recharge intelligente des véhicules
électriques pour neutraliser l?impact sur le pic de consommation journalier et
favoriser l?intégration des énergies renouvelables sur le réseau de distribution ;
? Aider à l?intervention de technicien pour la synchronisation du paramétrage des
GTB avec le signal ECOWATT et ECOGAZ en vue de décliner les trois scénarios
préprogrammés : viser un objectif d?effacement en % de la consommation initiale en
modes ECOWATT ORANGE ou ROUGE, selon les besoins du réseau électrique ;
? Mettre en relation l?offre et la demande de flexibilité/effacement au travers de
la plateforme en cours de développement (ACTEE ? RTE) (maîtres d?ouvrage ;
exploitants/mainteneurs ; agrégateurs ; opérateurs de réseau, opérateurs
d?agrégateurs).
? Nombre de sites tertiaires recrutés ;
? Gisement de flexibilité progressivement identifié ;
? Déclaration de l?étiquette GOFLEX dans OPERAT (plateforme
de recueil et de suivi des consommations d?énergie du secteur
tertiaire) ;
? Nombre de contrats de flexibilité passés, et puissance associée ;
? Taux d?échec lors des tests d?activation annuels.
INDICATEURS
DE SUIVI
______
USAGES PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION
48 - FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT
FACILITER LA DENSIFICATION PARCELLAIRE ET LE MULTIUSAGE
DANS UN BÂTIMENT EXISTANT
4LE
VIE
R
Faciliter la densification parcellaire passe notamment par l?encouragement du multiusage. Le multiu-
sage renvoie aux différentes capacités d?utilisation d?un même lieu (stationnement privatif et place de
parking, locaux, partagés, etc.). Cette notion englobe également la cohabitation (ou coliving) ainsi que
le multiusage (la possibilité de convertir l?usage d?un bâtiment existant en incorporant d?autres usages,
tout en faisant évoluer les usages existants).
Considérer la possibilité de convertir l?usage d?un bâtiment existant en incorporant d?autres usages per-
met de ne pas construire un nouveau bâtiment. Cela permet aussi de mieux gérer la distribution d?énergie,
favoriser le lien social et répondre aux préoccupations de la démarche Zéro Artificialisation Nette. Cela
permet également de ne pas chauffer deux sites distincts, ou encore de réduire les déplacements en
repensant la mobilité, les parcours et les transports.
Ce levier se heurte au frein des réglementations (incendie, accessibilité, hygiène et santé...) qui varient selon
les usages et aux difficultés de l?application réglementaire de la construction neuve aux bâtiments existants
alors que les textes réglementaires ne visent que la construction neuve. Est également à souligner un frein
juridique lié au droit de propriété et aux assurances et enfin des problèmes techniques liés à l?adaptation
particulière pour mettre à niveau des bâtiments aux usages différents.
Pour répondre à la notion de multiusage, de destinations d?ouvrage, de la capacité d?exploitation d?un lieu
et du travail nécessaire concernant la cohabitation, l?enjeu majeur identifié est celui de l?harmonisation
des réglementations et de la fiscalité pour simplifier les conversions du bâti.
La temporalité doit également être prise en compte via l?optimisation de l?exploitation d?un lieu par
une juxtaposition des usages dans le temps (ex. le préau d?une école peut accueillir des événements
associatifs le soir).
Propositions d?évolution des politiques publiques :
? Faciliter les changements d?usage tertiaire vers résidentiel en instaurant un dispositif
de révision des plans locaux d?urbanisme (PLU) favorisant la mixité des fonctions
dans les zones ;
? Harmoniser des réglementations pour permettre la mutualisation des usages au sein
d?un même bâtiment et faciliter la densification des bâtiments existants (extensions,
surélévations, etc.) : réglementations sur le neuf et l?existant, taux de TVA, etc.
Action à mener par la filière :
? S?assurer que le bâti existant est mobilisé à son plein potentiel : cartographier
les usages, estimer le taux d?usage du bâti (via l?analyse des consommations
d?énergie et d?eau) et de la parcelle.
? Accomplissement de la cartographie et exploitation
de la base de données ;
? Évolution du taux d?usage du bâti ;
? Nombre de cas de changement d?usage du tertiaire
vers le résidentiel ;
? Nombre de changements dans des espaces zonés
pour des usages tertiaires ;
? Évolution du nombre d?espaces partagés et de leur surface.
INDICATEURS
DE SUIVI
______
PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION USAGES
PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION
LEVIERS TRANSVERSAUX
La décarbonation impacte profondément les habitudes et pratiques du
secteur du bâtiment. Plusieurs outils, transverses par nature, doivent être
déployés et adaptés comme les outils financiers, la production d?énergies
renouvelables, l?emploi et la formation ou encore les systèmes constructifs.
Les dispositifs financiers d?abord. Peu connus des ménages, ils sont aussi
complexes et les délais d?instruction sont longs. Il apparaît nécessaire de
renforcer et rendre plus visibles les dispositifs financiers mis en place par
les banques et les investisseurs, de faire en sorte « d?absorber » le surcoût
des biens très performants sur le plan environnemental ou encore de
poursuivre les travaux de fiabilisation de l?outil DPE.
Autre levier : favoriser la production des énergies renouvelables et les sys-
tèmes de récupérations d?énergie comme les solutions photovoltaïques et
de production de chaleur et de froid (PAC), les systèmes de récupération,
hybrides et biocombustibles. Ils permettent notamment de décarboner
le mix électrique, d?augmenter la résilience du réseau de distribution et
d?engager les usagers vers la sobriété énergétique. Cependant, les règles
d?urbanisme, normatives ou de lotissements freinent parfois l?installation
de panneaux photovoltaïques ou de PAC. À cela s?ajoutent la complexité
des règles de vente d?énergie entre des utilisateurs privés de logements ou
de bureaux et le manque d?information des acteurs locaux, en particulier
les collectivités territoriales.
La préfabrication, autre levier, peut être une des clefs de l?objectif de
décarbonation (moindre pénibilité, plus grande variété des fonctions,
etc.). En effet, la fabrication hors-site présente plusieurs avantages en
faveur de la décarbonation. Au-delà des avantages connus (délai, coût,
qualité, traçabilité?), elle pourrait, par des implantations d?ateliers de pré-
fabrication auprès de fournisseurs locaux, favoriser les circuits courts et le
recours aux matériaux locaux, permettre l?emploi de matières premières
de seconde vie et/ou de matériaux décarbonés, biosourcés ou encore
optimiser les matériaux employés en limitant chutes, rebus et déchets.
Plusieurs freins, notamment normatifs, restent à lever pour en faire un
mode de fabrication plus répandu : le recours à la commande publique
pour favoriser l?émergence du hors-site est une des pistes.
Enfin pour accompagner cette transition majeure du secteur du bâti-
ment, il va être primordial d?adapter les parcours de formation, initiale
comme continue, en intégrant la décarbonation des bâtiments dans les
programmes et de déployer de nouvelles compétences. Quant à l?emploi,
le secteur devra répondre à un besoin de main-d?oeuvre supplémentaire
et doté de compétences spécifiques, afin d?anticiper l?accroissement des
tensions que connaît déjà le secteur. Il faut donc attirer des jeunes vers
les métiers du bâtiment, et également accompagner la reconversion en
provenance d?autres filières (cf. §7).
FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT - 49
50 - FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT
ASSURER UN OPTIMUM ENTRE DÉCONSTRUCTION ET RÉNOVATION
1LE
VIE
R
La recherche d?une minimisation des émissions de GES à l?échelle du parc français conduit à interroger
le bilan comparatif des options de « fin de vie » des bâtiments et à identifier, au cas par cas, la solution
la plus optimale d?un point de vue environnemental.
En première approche et d?un point de vue « strictement carbone », une opération de démolition puis
la reconstruction d?un bâtiment présente un bilan carbone supérieur à celui d?une opération de réno-
vation dont la performance énergétique résultante serait équivalente.
Le bilan environnemental n?apparaît pas aujourd?hui être un critère suffisamment pris en compte dans
l?arbitrage entre rénovation et reconstruction. L?enjeu central est donc d?identifier des moyens de
faire intégrer ces enjeux environnementaux à la prise de décision lors d?une opération intégrant une
démolition.
Dans les faits, de nombreux autres facteurs jouent en réalité sur l?arbitrage : nature de la démolition
éventuellement envisagée, enjeux patrimoniaux et architecturaux, enjeux sociaux, dysfonctionnements
urbanistiques, nature de la rénovation envisagée, modification de l?usage (densification ou dédensi-
fication par exemple), bilan économique, capacité à atteindre une performance énergétique élevée
en rénovation (contraintes techniques), autres facteurs environnementaux, facteurs de confort, etc.
Il apparaît ainsi essentiel d?approfondir la connaissance partagée du secteur sur le sujet et de donner
des éléments de méthode afin de faire intégrer ces enjeux environnementaux à la prise de décision.
Proposition d?évolution des politiques publiques :
? Développer avec les acteurs de la filière une méthodologie de comparaison
reconstruction/rénovation afin de prendre la meilleure décision selon une approche
multicritère intégrant la dimension carbone.
Actions à mener par la filière :
? Construire des retours d?expérience sur les premiers arbitrages faits avec des bilans
économiques et d?usage à l?appui ;
? Créer un dispositif concourant à la prise en compte de l?impact carbone lors de
l?arbitrage en fin de vie du bâtiment.
? Méthodologie et outils disponibles pour les maîtres d?ouvrage ;
? Nombre de retours d?expérience étudiés.
INDICATEURS
DE SUIVI
______
PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION LEVIERS TRANSVERSAUX
FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT - 51
AMÉLIORER ET COMPLÉTER LES DISPOSITIFS PROPOSÉS PAR LES ACTEURS
FINANCIERS POUR MASSIFIER LA DÉCARBONATION DES BÂTIMENTS,
À TOUTES LES ÉCHELLES
2LE
VIE
R
La massification de la rénovation globale, la mise en place de la RE2020 pour la construction neuve
et le déploiement des autres leviers de décarbonation du secteur nécessiteront des investissements
significatifs, impliquant de renforcer les dispositifs financiers actuels mis en place par les banques et
les investisseurs et de concevoir de nouveaux mécanismes permettant d?absorber le surcoût des biens
très performants sur le plan environnemental. Les assureurs exercent également un rôle essentiel pour
assurer les matériaux (cf. leviers sur l?emploi de composants bas-carbone et le réemploi et recyclage).
Un frein au déploiement de ces dispositifs financiers réside dans le manque de connaissance des ménages
sur les outils déjà existants, tels que le prêt et crédit habitat à destination des propriétaires de passoire
thermique proposés par certaines banques comme le Crédit mutuel, la Banque postale et le Crédit agricole.
Par ailleurs, les banques et investisseurs ne disposent pas systématiquement d?outils fiables de mesure
de la performance environnementale sur lesquels s?appuyer pour orienter ou bonifier leurs aides.
Les délais et la complexité du système d?aides publiques en faveur de la rénovation (cf. levier sur la
massification de la rénovation) sont un autre frein : ils peuvent retarder ou dissuader l?implication des
acteurs financiers. Le rapport pour une réhabilitation énergétique massive, simple et inclusive des
logements privés remis en 2021 par Olivier Sichel pointe ainsi l?importance de mettre en place de façon
plus large des avances publiques afin de sécuriser les décisions d?investissements et de solvabiliser des
ménages en vue d?impliquer des financeurs.
Enfin, la prudence des banques en matière de prêts peut également freiner la mise en place de dispositifs
« vertueux » qui couvriraient sur le long terme le surcoût lié à l?utilisation de produits ou composants
très performants sur le plan environnemental, tels que les prêts remboursables adossés à la valeur du
bien à terme plutôt qu?à la personne ou encore la hausse des durées d?amortissement.
Propositions d?évolution des politiques publiques :
? Améliorer la qualité de réalisation du DPE pour permettre aux financeurs de s?appuyer
dessus pour orienter et bonifier leurs dispositifs : préciser les règles de coexistence
de l?ancien et nouveau DPE sur le logement notamment en vue de l?application de la
taxonomie européenne, poursuivre l?accompagnement des diagnostiqueurs, harmoniser
le DPE tertiaire, oeuvrer au niveau européen pour harmoniser les DPE notamment dans
le cadre de la révision prochaine de la Directive européenne DPEB (État) ;
? Revoir au niveau européen les règles prudentielles appliquées aux banques pour alléger
le besoin de capital alloué aux financements vertueux (État).
Actions à mener par la filière :
? Communiquer sur les produits et dispositifs existants notamment proposés par
les banques : produire un kit de communication intégrant des bases existantes
fiables et estampillées par la puissance publique et lancer des campagnes de
communication à destination du public (banques, État) ;
? Concevoir des dispositifs de financement à long terme afin d?absorber les surcoûts
associés à des travaux de rénovations et/ou de constructions 2050-compatibles, par
exemple par des prêts remboursables adossés à la valeur du bien à terme ; étudier
la faisabilité d?attacher au bâtiment le prêt pour le financement des travaux en cas
d?obtention du label BBC rénovation (banques, investisseurs, État) ;
? Sensibiliser les acteurs financiers afin d?orienter les fonds des investissements bancaires
vers des prêts en faveur d?une rénovation BBC, permettant de remplir les critères
environnementaux de la taxonomie verte européenne (banques, investisseurs, État).
LEVIERS TRANSVERSAUX PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION
52 - FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT
FAVORISER L?INSTALLATION ET L?UTILISATION DANS LES BÂTIMENTS
DE SYSTÈMES TRÈS PERFORMANTS D?ÉNERGIES RENOUVELABLES
ET DE RÉCUPÉRATION
3LE
VIE
R
Les systèmes très performants d?énergies renouvelables et de récupération recouvrent les solutions
photovoltaïques et de production de chaleur et de froid - pompes à chaleur (PAC), solaire thermique,
systèmes de récupération d?énergie, systèmes hybrides, et biocombustibles.
Le déploiement de solutions photovoltaïques permet de décarboner le mix électrique, d?augmenter
la résilience du réseau et d?engager les usagers, qui produisent alors leur propre électricité, dans une
démarche de sobriété en les responsabilisant et en favorisant le développement de communautés
énergétiques. Les installations d?équipements solaires en toiture sont néanmoins freinées par les règles
d?urbanisme, notamment les avis conformes des architectes des Bâtiments de France, par les délais
d?instructions des demandes de raccordement par Enedis et par un traitement défavorable de l?auto-
consommation dans la RE2020.
Les solutions de production de chaleur et de froid permettent de consommer de l?énergie décarbonée
et de partager les excédents de cette énergie entre bâtiments. Elles sont déjà présentes sur le marché
à un stade de maturité élevé. Plusieurs freins, notamment réglementaires, pénalisent leur déploiement
dans les projets : les restrictions dans les PLU sur le positionnement des PAC ou leur interdiction par
certains règlements de lotissement, la complexité des règles de vente d?énergie entre des utilisateurs
privés de logements ou de bureaux. Le manque d?information des acteurs locaux, en particulier dans
les collectivités territoriales, est également un frein.
Propositions d?évolution des politiques publiques :
? Transformer l?avis conforme des architectes des Bâtiments de France en avis simple,
pour l?installation d?équipements solaires en toiture ou ombrière dans les espaces
protégés au titre du code du Patrimoine (État) ;
? Moderniser les moyens d?Enedis pour automatiser les procédures de demande
de raccordement pour l?installation d?infrastructures de production d?énergie
solaire photovoltaïque et renforcer l?administration du réseau (Enedis, État) ;
? Valoriser l?autoconsommation et l?export d?énergie dans la réglementation
environnementale RE2020 en reprenant le mode de valorisation proposé
par le label E+ C- (État) ;
? Informer et sensibiliser les acteurs locaux au développement des infrastructures
de production d?énergie décarbonée in situ (État) ;
? Simplifier les règles de vente d?énergie entre privés et permettre à une maîtrise
d?ouvrage ou un utilisateur privé de vendre son énergie excédentaire à tarif
préférentiel (État).
? Taux d?autoconsommation de la France en temps réel ;
? Délai de réponse d?Enedis aux demandes de raccordement ;
? Augmentation de la part de marché des PAC en logement
collectif.
INDICATEURS
DE SUIVI
______
PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION LEVIERS TRANSVERSAUX
FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT - 53
FABRICATION MANUFACTURÉE EN ATELIER DE BRIQUES CONSTRUCTIVES
À FAIBLE NIVEAU GLOBAL D?ÉMISSION CARBONE
4LE
VIE
R
La fabrication hors-site permet de faire remonter des heures de travail du chantier vers des ateliers
mettant en oeuvre des procédés industrialisés de fabrication.
La fabrication hors-site peut présenter plusieurs avantages en faveur de la décarbonation de la
construction ou de la réhabilitation des bâtiments (dont massification de la rénovation thermique).
En premier lieu, le hors-site pourrait favoriser les circuits courts et le recours aux matériaux locaux,
en créant autour de l?atelier ou de l?usine, un écosystème de partenaires (entreprises de fabrication
de fenêtres, de construction bois, d?isolants...). En deuxième lieu, la fabrication hors-site permettrait
d?utiliser davantage de matières premières de seconde vie et/ou de matériaux biosourcés, grâce à
une baisse des coûts et à des processus de contrôles renforcés du secteur de l?industrie, conditions
à leur réemploi (respect des normes, assurabilité simplifiée, meilleure acceptabilité des marchés?).
En troisième lieu, la fabrication hors-site, par l?optimisation de ses processus industrialisés, pourrait
également favoriser l?écoconception des matériaux et composants (limitation des chutes, rebus et
déchets donc des consommations induites, intégration numérique?). Ceci tout en permettant une
meilleure traçabilité des constituants des systèmes constructifs ainsi que leur démontage, en vue
d?adaptations du bâti (réponse à l?obsolescence des usages) ou du réemploi en fin de vie (meilleure
circularité). En quatrième lieu, le hors-site fournit possiblement une réponse économique aux chantiers
peu ou non viables en construction traditionnelle, tels que les sites occupés fortement contraints,
en accès difficile ou limité (nuisances liées aux travaux non tolérées, dents creuses peu accessibles,
implantation de base vie complexe?) qui nécessitent la mise en place de chantiers rapides.
Enfin, le hors-site pourrait être un élément de réponse à l?enjeu d?attractivité de la filière compte tenu
des avantages que peut présenter pour certains actifs le travail en ateliers par rapport au chantier
(moindre pénibilité, proximité des équipes, parcours facilités de formation, plus grande variété des
fonctions...).
Toutefois, le recours à la fabrication hors-site est encore aujourd?hui peu répandu en France et peut
encore faire l?objet d?une possible connotation négative auprès des maîtres d?ouvrage et des consom-
mateurs finaux pour plusieurs raisons. D?abord, le processus est peu valorisé et peut renvoyer à une
fausse idée de qualité moindre. Ensuite, son potentiel pour la décarbonation ne fait pas aujourd?hui
l?objet d?une certification donc d?un consensus sur la base de retours d?expérience qui permettrait
de promouvoir ce mode constructif auprès de la profession et des donneurs d?ordre. Le hors-site
ne fait pas non plus l?objet d?une définition partagée au sein de la filière, notamment concernant
les différents niveaux et degrés de fabrication hors-site par rapport au chantier. Enfin, la fabrication
hors-site n?est pas intégrée dans le tissu normatif, notamment dans les documents techniques uni-
fiés (NF-DTU), ce qui ralentit les avis des bureaux de contrôles, complexifie son assurabilité, et donc
compromet son adoption et le déploiement de ses bénéfices.
Actions à mener par la filière :
? Rédiger des règles professionnelles spécifiques au hors-site (DTU), sur le modèle des
actions déployées pour la construction en bois dans le cadre du programme Règles
de l?Art Grenelle Environnement programme (RAGE) lancé en 2012 (filière, AFNOR) ;
? Mettre en place un plan de communication à destination des donneurs d?ordre et des
prescripteurs sur les avantages du hors-site, dont le cahier des charges sera concerté
avec les organisations professionnelles et les syndicats concernés (filière, État).
LEVIERS TRANSVERSAUX PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION
54 - FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT
4LE
VIE
R
Propositions d?évolution des politiques publiques :
? Lancer un programme de R&D autour d?un tiers de confiance pour certifier le
potentiel de décarbonation du hors-site ;
? Promouvoir des « AMI décarbonation hors-site », démonstrateurs pour l?ensemble
de la profession avec un haut niveau d?exigence bas-carbone car jouant sur les
différentes opportunités du processus ;
? Recourir à la commande publique pour favoriser l?émergence du hors-site).
PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION LEVIERS TRANSVERSAUX
FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT - 55
La décarbonation va impacter profondément les emplois et
les compétences des acteurs de la filière bâtiment.
Depuis le Grenelle de l?environnement, la filière construc-
tion s?est engagée dans la transition environnementale
avec la mise en place du programme de formation FEEBAT,
le lancement du label RGE (« reconnu garant de l?environ-
nement »), l?amélioration des procédures et des modes
d?intervention avec le programme Profeel, les référentiels
des diplômes et des certifications intégrant les questions
de la performance énergétique puis environnementale. La
décarbonation concerne tous les acteurs, tous les métiers
du bâtiment : elle nécessite de développer l?interopérabilité
entre eux.
De plus le secteur devra répondre à un besoin de main-
d?oeuvre supplémentaire et disposant des compétences
nécessaires pour exercer un des métiers du bâtiment. Cela
va accroître les tensions que connaît déjà le secteur depuis
de nombreuses années. Selon des études réalisées par
l?Observatoire des métiers du BTP24 et France Stratégie25, 7
entreprises du bâtiment sur 10 connaissent des difficultés de
recrutement dans un contexte où le secteur pourrait créer
200 000 emplois entre 2019 et 2030. Face à ces tensions,
il apparaît nécessaire d?augmenter le nombre de jeunes
s?orientant vers les métiers du bâtiment., l?insuffisance des
jeunes dans les formations du BTP étant la principale cause
des problèmes de recrutement rencontrés par les entre-
prises selon l?observatoire des métiers. Il convient ensuite
de développer auprès des entreprises une dynamique de
Gestion Prévisionnelle des Emplois et Compétences en
nouant notamment des relations avec les écoles et les
organismes de formation. Enfin, les entreprises du bâtiment
se tournant peu vers les demandeurs d?emploi comparé à
d?autres secteurs, il apparaît nécessaire de renforcer les liens
avec les partenaires institutionnels intervenant sur le champ
de l?orientation, de la formation et de l?emploi.
Si la rénovation apparaît comme le chantier majeur de
décarbonation en termes d?emplois et de compétence, la
plupart des autres mentionnés dans la présente feuille de
route nécessitent également des évolutions, comme l?il-
lustre le tableau de la page suivante.
Adaptation des emplois
et des compétences à la décarbonation
24. Les métiers en tension - Observatoire des métiers du BTP, 2021.
25. Les métiers en 2030, Rapport du groupe Prospective des métiers
et qualifications, France Stratégie et Dares, Mars 2022.
ADAPTATION DES EMPLOIS ET DES COMPÉTENCES
Propositions d?évolution des
politiques publiques :
? À partir de l?analyse des besoins en termes
de compétence (cf. supra), intégrer
progressivement les nouvelles compétences
lors des révisions des certifications
professionnelles (diplômes Éducation
nationale, titres ministère du Travail) et des
référentiels des CQP ;
? Intégrer la décarbonation dans les
contenus des formations existantes ayant
trait à l?amélioration de la performance
énergétique (exemple de FEEBAT) et,
au-delà, dans toutes les formations initiales
et continues du secteur (État) ;
? Promouvoir le secteur auprès des jeunes :
former, sensibiliser les parents sur les
évolutions des métiers du bâtiment
en vue de valoriser le secteur de la
construction, renforcer les dispositifs
de transition professionnelle (mobilité
interprofessionnelle) pour l?intégration de
publics adultes issus d?autres secteurs (État).
Actions à mener par la filière :
? Analyser plus précisément et plus
régulièrement les besoins en termes
de compétence que va entraîner la
décarbonation (Porteur non défini) ;
? Impliquer les dirigeants et les salariés de
la filière construction en développant des
outils d?information et de sensibilisation
sur les enjeux de la décarbonation pour les
TPE/PME et des outils d?accompagnement
à l?attention des professionnels dirigeants
d?entreprise et artisans (Porteur non défini).
? Nombres de certifications adaptées ou
créées en lien avec la décarbonation ;
? Formations (nombre, heures, contenu)
mises en oeuvre en lien avec les marchés
de la décarbonation.
INDICATEURS
DE SUIVI
______
56 - FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT
ADAPTATION DES EMPLOIS ET DES COMPÉTENCES
BESOINS EN COMPÉTENCES ET EMPLOIS POUR DÉPLOYER LES LEVIERS
DE DÉCARBONATION DE LA FEUILLE DE ROUTE
DÉCARBONATION DES COMPOSANTS
NOM DU LEVIER NOUVELLES COMPÉTENCES BESOINS EN EMPLOIS
SUPPLÉMENTAIRES
Décarbonation des procédés
de fabrication des matériaux
et composants
? Former les acteurs à la réalisation
d?ACV.
? Montée en compétence dans le
domaine de l?écoconception.
Besoin de spécialistes ACV et
écoconception : ressources critiques
particulièrement recherchées par les
entreprises.
Accélérer l?emploi des composants
avec un bas poids carbone, avec une
performance qui réponde au besoin
? Montée en compétence en ACV
bâtiment (BET pas spécialisé en
environnement).
? Montée en compétence en ACV
produit (ingénieur environnement/éco-
conception).
? Montée en compétence des bureaux
de contrôle/certificateurs d?ouvrage.
? Montée en compétence des
entreprises en termes de mise en
oeuvre de produit avec un bas poids
carbone.
? Montée en compétence des
prescripteurs.
?
Optimiser la durabilité/le réemploi/
le recyclage ? Fin de vie du bâtiment
? Former les artisans pour la phase de
démontage.
? Compétences liées à la reconnaissance
de la ré-employabilité sur toute la
chaîne de valeur, notamment lors de la
dépose des matériaux.
Besoin de certificateurs pour les
matériaux de réemploi.
S?appuyer sur des ressources/solutions
locales
? Développer pour tous les acteurs de
la filière des compétences transverses
entre les services et matériaux bas-
carbone (biosourcé et géosourcé).
Création et valorisation d?emploi local
et des savoir-faire locaux à fort contenu
environnemental (performance
énergétique, décarbonation?).
Accélérer la réalisation de données
environnementales
? Former les différents corps de métiers
aux nouveaux développements
d?outils d?ACV de bâtiments simples
d?utilisation.
? Former les petits industriels et
professionnels à la réalisation des FDES
et PEP.
?
Logistique : massification maillage,
mutualisation, etc. pour réduire le
poids du transport
? Développer des compétences dans
les métiers de l?amont (conception,
développement, montages juridiques
et financement des offres).
?
Créer les conditions pour rassurer,
et donc accélérer
? Former les professionnels et la
MOA/MOE à la prise en compte des
produits et des procédés innovants,
sur la provenance des matériaux et au
réemploi.
?
FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT - 57
CONSTRUCTION NEUVE ET RÉNOVATION
NOM DU LEVIER NOUVELLES COMPÉTENCES BESOINS EN EMPLOIS
SUPPLÉMENTAIRES
Développement d?une architecture
sobre pour gagner sur les
consommations et les ressources
? Intégrer le sujet de la « sobriété »
aux formations initiale et continue.
Tous les métiers du bâtiment sont
concernés par ce sujet (architectes, les
maîtres d?ouvrages, les compagnons et
les bureaux d?études).
Besoin de spécialistes ACV et
écoconception : ressources critiques
particulièrement recherchées par les
entreprises.
Repenser les systèmes constructifs
pour optimiser la quantité de matériaux
? Redévelopper/revisiter des métiers
pour certaines filières traditionnelles à
partir des savoir-faire encore présents
dans certaines régions (construction en
pierre, en terre crue, bois et terre...).
? Développer les compétences pour
les projets mixtes, faisant intervenir
plusieurs types de matériaux.
Besoin de main-d?oeuvre pour répondre
à l?augmentation du volume affectant
la capacité des entreprises existantes.
Hausse du besoin en artisans pour
faire face à la hausse de la demande
en volume.
Étendre la RE 2020 aux autres
bâtiments tertiaires encore soumis à la
RT 2012, élaborer une réglementation
environnementale pour les bâtiments
aujourd?hui totalement exemptés et
envisager la définition de nouveaux
seuils de la RE 2020 applicables en
2040 et 2050
? Permettre la montée en compétence
sur les « nouvelles » filières (produits
décarbonées, biosourcées, énergies
renouvelables).
? Former les contrôleurs à la vérification
des études réglementaires RE2020
(ACV). Qualifier les « individus » et non
les « organismes ».
?
Végétalisation du bâti et de la parcelle
? Former les acteurs (maîtres d?ouvrages,
maîtres d?oeuvre, entreprises), dans le
cas de création de FDES végétaux pour
la construction neuve.
Hausse du besoin en emploi pour
les acteurs de la MOE (architectes,
BET, concepteurs paysagistes?), les
entreprises de travaux et d?entretien
des espaces verts.
7 000 emplois pour l?installation de
1,6 M de m² de TTV par an : ratio
permettant de prendre en compte
l?accroissement de la renaturation du
bâtiment.
Besoin de diagnostiqueurs, dans le cas
de création de FDES végétaux pour la
construction neuve.
Encourager la surélévation au regard
de l?enjeu zéro artificialisation nette
des sols
? Former les syndics et les
copropriétaires à la surélévation.
? Mettre en place à destination de la
MOE des programmes de formations
spécifiques sur la « surélévation »
(Copros Vertes, RECIF, APC /GEPA,
etc.).
?
ADAPTATION DES EMPLOIS ET DES COMPÉTENCES
58 - FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT
USAGES DU BÂTIMENT
NOM DU LEVIER NOUVELLES COMPÉTENCES BESOINS EN EMPLOIS
SUPPLÉMENTAIRES
Développer une culture de
l?exploitation et de l?usage, sobre
et bas-carbone des bâtiments
? Former des ambassadeurs énergie (en
vue de la sensibilisation des occupants/
usagers finaux).
? Utiliser les programmes CEE pour
former des concierges sur les actions
du quotidien permettant de maîtriser
la consommation d?énergie.
Objectif de 120 000 emplois pour
accompagner les entreprises et LC
dans la transition énergétique (source
Fedene) pour la phase d?usage et
exploitation.
Développer les conditions techniques,
opérationnelles pour une exploitation
sobre et bas-carbone des bâtiments
(optimisation, niveaux de confort?)
? Former les acteurs du bâtiment aux
usages du numérique dans le cadre
de la digitalisation des contrats
d?exploitation.
?
Consommer autrement (mieux et au
bon moment) l?énergie dans la phase
d?exploitation
?
Besoin en techniciens pour assurer la
synchronisation du paramétrage des
gestions techniques des bâtiments avec
le signal ECOWATT et ECOGAZ.
LEVIERS TRANSVERSAUX
NOM DU LEVIER NOUVELLES COMPÉTENCES BESOINS EN EMPLOIS
SUPPLÉMENTAIRES
Mettre en place des dispositifs
financiers pour accompagner les leviers
de décarbonation du secteur (banque,
assurances, investisseurs)
? Former les financiers pour une
meilleure compréhension des tenants
et aboutissants d?une action de
rénovation efficace pour accompagner
correctement les acteurs particuliers
et entreprises.
? Former les assureurs pour qu?ils
soient en capacité d?accompagner le
déploiement de la filière de recyclage
sur les chantiers.
? Poursuivre l?accompagnement des
diagnostiqueurs pour fiabiliser la
qualité de réalisation des DPE.
Apparition de nouveaux métiers : AMO
au réemploi, diagnostiqueur PEMD.
Favoriser l?installation et l?utilisation
de systèmes très performants,
d?énergies renouvelables et de
récupérations dans les bâtiments
(dont mutualisation entre bâtiments)
? Former les acteurs des métiers
de la conception et du conseil
dans le bâtiment au sujet des usages
et de la production d?énergie in situ.
? Consolider un socle commun sur
l?énergie au sein des formations
initiales et continues.
?
Fabrication manufacturée en atelier
de briques constructives à
faible niveau global d?émission
carbone. Manufacture - Ateliers &
Décarbonation"
? Former au « hors-site » sur toute
la chaîne de valeur : sensibilisation
des MOA, expertises des MOE, mise
en place de formations dédiées
dans l?enseignement supérieur, etc.
Le « hors-site » pourrait faciliter la
formation des personnes.
Domaine permettant de développer
l?attractivité de la filière.
Facilitateur de création d?emplois et
d?intégration du personnel aujourd?hui
absent ou peu présent (inclusion,
féminisation, handicap, variété du
travail, numérisation).
ADAPTATION DES EMPLOIS ET DES COMPÉTENCES
ANNEXES
Annexes
8.1 LETTRES DE MISSION
8.2 COMPOSITION DU COMITÉ DE PILOTAGE
8.3 L?EMPREINTE CARBONE DE LA CHAÎNE DE VALEUR CYCLE DE VIE
DU BÂTIMENT : EN 2019 ET OBJECTIFS POUR 2030 ET 2050
8.4 QUANTIFICATION DES GISEMENTS DE CARBONE
8.4.1 Introduction
8.4.2 Quantification du gisement de décarbonation du levier
« Décarbonation des procédés de fabrication des matériaux
et composants » (GT1 levier 4)
8.4.3 Quantification du gisement de décarbonation du levier
« Accélération de l?emploi de composants bas carbone,
avec une performance qui réponde au besoin » (GT1 levier 5)
8.4.4 Quantification du gisement de décarbonation du levier
« Étendre le champ d?application de la RE2020 » (GT2 levier 2)
8.4.5 Quantification du gisement de décarbonation du levier
« Massifier la rénovation globale » (GT3 levier 2)
8.5 AUDITIONS
8.6 CONCERTATIONS TERRITORIALES
8.6.1 Introduction
8.6.2 Hauts-de-France, Lille le 14 octobre, avec la Fédération
des entreprises sociales pour l?habitat (ESH) et l?Union Régionale
pour l?Habitat : relevé des échanges
8.6.3 Auvergne-Rhône-Alpes, Lyon le 18 octobre, avec le Réseau Bâtiment
Durable et le Cluster Eco-bâtiment : relevé des échanges
8.6.4 Grand-Est, Reims le 25 octobre, avec Action Logement :
relevé des échanges
8.6.5 Bretagne, Vitré le 8 novembre, avec Action coeur de ville
et la Mairie de Vitré : relevé des échanges
8.6.6 Occitanie, Toulouse le 9 novembre, avec le Plan Bâtiment
Durable Occitanie : relevé des échanges
8.7 OBSERVATIONS DES ORGANISATIONS PROFESSIONNELLES
SUR LES LEVIERS ET MESURES DE LA FEUILLE DE ROUTE
8.7.1 Observations de la FFB et du Pôle Habitat FFB
8.7.2 Observations du SFIC
8.7.3 Observations de la FPI
8.7.4 Observations de Filiance
8.8 FICHES LEVIERS : VERSIONS INTÉGRALES
8.8.1 Introduction
8.8.2 Composants des ouvrages
8.8.3 Construction neuve
8.8.4 Rénovation
8.8.5 Usages
8.8.6 Leviers transversaux
TÉLÉCHARGER TOUTES LES ANNEXES
https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/8-1%20Lettres%20de%20mission.pdf
https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/8-2-Composition-du-COPIL.pdf
https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/8-3-Empreinte-carbone.pdf
https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/8-4-Quantification-de-gisement.pdf
https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/8-5-Auditions.pdf
https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/8-6-Concertations-territoriales.pdf
https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/8-7-Observations-des-organisations-professionnelles.pdf
https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/8-8-Fiches-leviers.pdf
https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/8-0-Annexes-global.pdf
MINISTÈRE
DE LA TRANSITION
ÉCOLOGIQUE
ET DE LA COHÉSION
DES TERRITOIRES
Page vierge
Button1:
(ATTENTION: OPTION r l?exi-
gence d?efficacité énergétique et carbone, massifier la rénovation globale,
rehausser les objectifs de rénovation et mesurer la performance obtenue.
Le premier levier consiste à renforcer les exigences quant à la performance
énergétique et à introduire la performance carbone des bâtiments existants.
À savoir viser l?efficacité de l?exploitation du bâtiment après les travaux et
optimiser le choix des matériaux pour réduire leur poids carbone. La mise à
disposition d?outils permettant cette optimisation est essentielle.
Le deuxième levier se concentre sur l?enjeu de la massification de la réno-
vation globale, qui ne représente aujourd?hui qu?un dixième des projets
de rénovation entrepris alors qu?elle constitue le mode le plus efficace. En
cause de ce retard, un flou quant à la définition de ce qu?est une rénovation
performante, des dispositifs d?aides diffus et trop complexes et aussi un
manque de soutien financier spécifique à ce type de rénovation en par-
ticulier. Raisons pour lesquelles, il apparaît nécessaire de mieux en définir
les contours, de définir et prioriser les travaux (isolation de l?enveloppe et
amélioration de la ventilation en premier), enfin de simplifier les dispositifs
d?aides et d?en augmenter le montant.
Afin de réussir la massification de la rénovation, l?ensemble de la filière
appelle à une augmentation sensible des aides publiques à la rénovation
(État, certificats d?économies d?énergie [CEE], collectivités territoriales).
Le troisième levier consiste à rehausser les objectifs de la rénovation en
visant un niveau de consommation BBC (bâtiment basse consommation)
pour l?ensemble du parc immobilier (logement et tertiaire). Ce niveau per-
met en effet d?atteindre des seuils performants, d?éviter des travaux de
rénovation ultérieurs et de garantir un meilleur retour sur investissement
de la dépense publique. La barre est cependant haute : il faudrait multiplier
par dix les rénovations performantes au niveau BBC d?ici 2030 (soit 600 000
à un million de logements rénovés BBC par an). La solution pourrait être de
mettre en place une réglementation environnementale ambitieuse pour la
rénovation, avec des critères de performance énergétique, carbone et des
logiques de confort d?été avec, à la clef, des mesures incitatives.
Le dernier levier identifié concerne la mesure de la performance des réno-
vations via un suivi et des contrôles réguliers tout au long des travaux puis
lors de l?exploitation. Cette exigence de résultat, développant une culture
du résultat performant, couplé aux incitations de la mise en oeuvre des réno-
vations permettrait d?être plus efficace avec un minimum de ressources.
Ces quatre leviers sont autant de clefs qui permettront de soutenir et mas-
sifier une rénovation globale, performante et efficace.
36 - FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT
PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION
FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT - 37
RENFORCER L?EXIGENCE D?EFFICACITÉ DE LA RÉNOVATION
1LE
VIE
R
L?exigence d?efficacité de la rénovation doit être double : énergétique bien sûr mais également carbone.
Deux leviers sont proposés pour en améliorer les performances : optimiser les matériaux utilisés lors des
travaux pour réduire leur poids carbone et viser l?efficacité de l?exploitation du bâtiment en termes de
consommation après les travaux, phase la plus impactante en termes de baisse des émissions de GES.
Cela suppose d?effectuer une analyse en cycle de vie du bâtiment avant la rénovation pour disposer
d?une vision globale et prendre les bonnes décisions. Et de proposer des outils de calculs ACV simples
d?utilisation (ceux disponibles sur le marché sont encore bien trop complexes).
La performance de la rénovation se joue aussi au-delà de la conception et de la mise en oeuvre, elle
doit être pérennisée par la maintenance et l?entretien des systèmes (chauffage, eau chaude sanitaire,
ventilation, etc.), ainsi que par l?usage. Sur ce point le manque d?accompagnement post travaux par les
professionnels pour les particuliers constitue un frein, surtout en maison individuelle.
Enfin, alors que de nombreuses études démontrent l?intérêt de rénovations globales et que des aides
existent, seules 0,2 % des rénovations sur le résidentiel et le tertiaire sur la période 2012-2016 seraient
des rénovations globales (rapport Sichel, mars 2021). Le marché de la rénovation demeure bien à ce jour
majoritairement porté par des actions dites monogeste, uniques, voire juxtaposées dans le temps, qui
ne permettent pas d?atteindre l?objectif de performance souhaitable. L?enjeu est de taille puisque la
SNBC estime qu?il faudra réaliser de l?ordre de 700 000 rénovations performantes par an pour atteindre
les objectifs climatiques de 2050.
Propositions d?évolution des politiques publiques :
? Orienter progressivement les incitations (aides et financements) vers la rénovation
globale, en une fois ou par étapes (jusqu?à 3 maximum). Réserver le soutien au
monogeste aux ménages modestes ou à l?entrée dans un parcours par étapes,
celui-ci étant cadré dans le temps (3 à 5 ans), adapté à la typologie du bâtiment,
la première étape d?un parcours doit prioritairement porter sur les travaux de
l?enveloppe et de la ventilation ;
? Élargir les aides publiques à la rénovation aux études, tant en conception qu?en suivi
des travaux.
Actions à mener par la filière :
? Proposer des outils de calcul ACV simples d?utilisation, d?utilisation volontaire,
pour guider la conception dès le début du projet (cf. outil développé dans le
programme Profeel) ;
? Encourager et mieux accompagner les travaux d?entretien et de maintenance,
par les professionnels, en s?appuyant sur les outils numériques tels que le Carnet
d?information logement (CIL) ou le dossier Utilisateur exploitation maintenance
(maîtres d?oeuvre, entreprises de construction, exploitants/mainteneurs).
? Outil(s) de calcul ACV simple(s) d?utilisation disponible(s) ;
? Évolution du nombre de rénovations par geste et de
rénovations globales réalisées ;
? Nombre de rénovations accompagnées par une maîtrise
d?oeuvre.
INDICATEURS
DE SUIVI
______
RÉNOVATION PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION
38 - FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT
MASSIFIER LA RÉNOVATION GLOBALE
2LE
VIE
R
La rénovation globale est sans nul doute le mode le plus efficace pour réduire les émissions de gaz
à effet de serre et les consommations d?énergie. Raison pour laquelle elle doit être très largement
déployée pour rénover l?ensemble du parc d?ici à 2050. Ce qui est loin d?être le cas : chez les
propriétaires particuliers, les rénovations globales ne représentent aujourd?hui qu?une petite fraction
des travaux entrepris, la majorité des rénovations réalisées étant partielles.
Ces chiffres attestent d?un grand retard et sont très loin derrière les objectifs visés par la SNBC de
porter l?ensemble du parc résidentiel à un niveau « bâtiment basse consommation » d?ici à 2050
(étiquettes A et B). En cause de ce retard, un flou quant à la définition d?une rénovation globale et
performante jusqu?à la loi Climat et résilience en 2021, des dispositifs d?aides trop nombreux et trop
complexes (MaPrimeRénov?, Certificats d?Économie d?Énergie, éco-PTZ, aides locales?) et un soutien
financier très insuffisant au regard du coût de ce type de rénovation en particulier.
Parmi les propositions avancées pour massifier la rénovation globale et performante, il apparaît
nécessaire de mieux en définir les contours : que ce soit en une seule fois ou par étapes jusqu?à trois
maximum (source : ADEME, la rénovation performante par étapes, janvier 2021). Même si ce mode
de rénovation est inscrit dans la loi Climat et résilience, des éléments semblent manquer dans les
définitions, notamment sur les questions d?étanchéité du bâtiment et de performance de l?enveloppe.
L?arrêté BBC Rénovation est en ce sens plus clair. Il semblerait également nécessaire de prioriser, lors
d?une rénovation par étapes, la performance de l?enveloppe et la ventilation dès la première étape.
Parmi les autres actions proposées : augmenter le montant des aides et en simplifier les dispositifs
avec, par exemple, un dossier unique avec un seul service instructeur. Autant de clefs qui permettront
de soutenir et massifier la rénovation globale.
Actions à mener par la filière :
? S?appuyer sur les compétences locales pour fournir des solutions sur-mesure
réplicables ;
? Développer localement des solutions innovantes et adaptées aux situations
des territoires ;
? Organiser la mise en place d?offres packagées de travaux de rénovation globale
et performante, de façon à favoriser la réplicabilité des travaux et à raisonner à
l?échelle de l?îlot, associant les compétences des délégataires CEE, des maîtres
d?oeuvre, des établissements bancaires et des artisans.
PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION RÉNOVATION
FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT - 39
2LE
VIE
R
Propositions d?évolution des politiques publiques :
? Simplifiez les dispositifs d?aide et d?accompagnement, en mettant notamment en place
un dossier unique avec un seul service instructeur pour la collecte des financements
auprès des différents organismes gestionnaires des financements. Le montant des aides
doit aussi être stabilisé ;
? Réhausser nettement les aides publiques vers la rénovation globale dès 2024.
Concernant la rénovation par étapes (jusqu?à 3 trois maximum), elle doit être cadrée
dans le temps (3 à 5 ans), adaptée à la typologie du bâtiment et prioriser dès la première
étape la performance de l?enveloppe et la ventilation. Un prêt pour les étapes ultérieures
pourrait être proposé et transformé en subvention en cas de réalisation ;
? Sensibiliser les ménages, à l?occasion des travaux d?entretien ou de rénovation de leur
logement, pour les inciter à rendre celui-ci plus résilient aux risques climatiques et aux
évolutions sociales et démographiques (vieillissement, handicap?) ;
? Rendre possible le cumul de toutes les aides attachées au logement (énergétique,
adaptation au vieillissement...), et ce tant dans le parc privé que dans le parc social ;
? Créer dans MaPrimeRenov? un bonus lors : de la période d?achat/vente pour faciliter le
passage à l?acte de rénovation, et lors de la réalisation de la dernière étape d?un parcours
pour encourager la finalisation des travaux ;
? Lever les contraintes liées aux règlements de copropriété et de colotissement : repasser
au vote à la majorité simple pour voter les travaux de rénovation en copropriété ;
exonérer temporairement de taxes foncières sur le bâti (TFBP) pour inciter les
colotissements à approuver, sur proposition des collectivités locales, la modification de
cahiers des charges de lotissement empêchant leur densification ;
? Interdire la location des passoires thermiques dans le parc tertiaire pour les bureaux dont
l?étiquette DPE est F et G en 2030 voire E à plus long terme (2034 pour les logements).
Pour ce faire, revoir le calcul DPE conventionnel pour le parc tertiaire ;
? Communiquer simplement et efficacement sur les solutions globales (contrat de
rénovation global et forfaitaire, groupements d?entreprises et d?artisans...) et développer
un outil simple à destination des ménages démontrant les avantages des rénovations
performantes et globales, intégrant les travaux d?entretien (cf. Rex de l?observatoire BBC
et de l?APR ADEME « Perf in Mind ») ;
? Réduire les frais de mutation en cas d?engagement de rénovation performante, en les
alignant par exemple sur ceux du neuf ;
? Pour les marchés <100 k¤ HT, supprimer la solidarité conventionnelle du mandataire commun
et des cotraitants dans le cadre des Groupements Momentanés d?Entreprises pour encourager
les groupements d?entreprises et d?artisans, afin de réaliser davantage de rénovations globales.
? Nombre d?aides à la rénovation globale en une seule fois et par
étapes distribuées selon l?avancement du parcours travaux ;
? Évolution du nombre de rénovations globales ;
? Nombre de passoires thermiques (logements et tertiaires).
INDICATEURS
DE SUIVI
______
Estimation de l?impact du levier sur la réduction des GES :
La rénovation massive et globale du parc résidentiel représente un gisement de 39
Mt CO2/an pour 2050.
La massification de la rénovation globale, qui implique le passage à une rénovation
complète de 700 000 logements par an, représente un gisement de 16,7 Mt CO2/an
pour 2030 et 39,2 Mt CO2/an pour 2050. Ce bénéfice inclut uniquement les gains sur le
chauffage des logements. Ce levier représente une réduction d?un peu plus de 25 % de
l?empreinte de la chaîne de valeur bâtiment en 2019, estimée à 153 Mt CO2/an.
Pour plus de détail, se reporter à l?annexe 8.4.5.
RÉNOVATION PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION
40 - FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT
REHAUSSER LES OBJECTIFS DE LA RÉNOVATION
3LE
VIE
R
Pour atteindre les objectifs nationaux de neutralité carbone en 2050 et permettre une sobriété éner-
gétique, les objectifs de la rénovation doivent être revus à la hausse. Seule l?atteinte d?un niveau de
consommation BBC en moyenne en 2050 pour l?ensemble du parc immobilier (logement et tertiaire)
permettrait de remplir les objectifs de la SNBC en 2050.
Pour y parvenir, les rénovations performantes au niveau BBC20, en une fois ou par étapes, doivent être
multipliées par dix, soit un objectif de 600 000 à 1 million de logements rénovés BBC d?ici 2030. Loin
de ce qui est pratiqué aujourd?hui : sur les 700 000 rénovations financées par MaPrimeRénov? ? qui
priorisent les monogestes axés sur les équipements ?, seuls 42 610 logements sont labellisés BBC en
2021 (source : Effinergie). Il est aujourd?hui nécessaire de rehausser les objectifs de la rénovation afin
d?atteindre des seuils performants, d?éviter des travaux de rénovation ultérieurs et de garantir un
meilleur retour sur investissement de la dépense publique.
La solution proposée est de réfléchir à une réglementation environnementale ambitieuse pour la
rénovation. Elle inclurait, à l?instar de la RE2020, des critères de performance énergétique, carbone
et des logiques de confort d?été.
La rénovation globale représente cependant un coût plus important qu?une rénovation partielle : le
montant estimé des travaux est de 366 ¤ HT/m² par logement pour les maisons individuelles21 et de
285 ¤ HT/m² pour les logements collectifs22. À cela s?ajoutent les coûts de l?obtention du label (audit
énergétique) et des tests de perméabilité. Des mesures incitatives pourraient être proposées comme
un coût d?abattement de 166 ¤/tCO2eq économisée pour la rénovation d?une maison individuelle au
niveau BBC.
Propositions d?évolution des politiques publiques :
? Concevoir une réglementation environnementale pour la rénovation intégrant
des critères ambitieux de performance énergétique, de performance carbone
et de confort d?été.
? À court terme, pour la réglementation thermique (RT) globale, il est proposé
de rehausser les objectifs pour les aligner sur ceux du niveau BBC rénovation
et d?élargir l?assiette des projets assujettis à la RT globale (les critères actuels
d?assujettissement étant : bâtiments construits après 1948, de plus de 1000 m²
avec un coût supérieur à 25 %). Concernant la RT par élément, rehausser les
exigences. Puis ajouter un seuil carbone au dispositif Éco Énergie Tertiaire.
? À moyen terme, l?assiette des projets assujettis au décret tertiaire pourrait
être élargie afin d?intégrer les bâtiments de moins de 1000 m² et pourrait
inclure une dimension carbone liée à l?usage des énergies. La méthode de calcul
actuellement utilisée en conception (THC-ex) pourrait évoluer tout comme
le DPE vers une nouvelle méthode de calcul proche de la RE2020 avec des
exigences sur le confort d?été et l?ACV.
? Inciter à la labellisation des opérations pour dépasser les objectifs réglementaires.
Pistes envisagées : renforcement de la bonification des aides (MaPrimeRénov?,
CEE) pour les projets labellisés BBC rénovation ; modulation de la dotation de
l?État aux collectivités ; exonération provisoire de taxes foncières ; renforcement du
dispositif De Normandie pour les investissements locatifs en cas de rénovation BBC ;
une avance de travaux avec un taux préférentiel ou le rattachement du prêt de
financement des travaux à la pierre en cas d?obtention du label BBC rénovation.
? Ceci représente des coûts supplémentaires : obtention du label (100 ¤ pour
les logements collectifs et de 1 000 ¤ pour les maisons individuelles), test de
perméabilité (600 ¤) et des montants de travaux plus importants (366 ¤ HT/m²
par logement pour les maisons individuelles ; 285 ¤ HT/m² par logement23
pour les collectifs).
PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION RÉNOVATION
FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT - 41
3LE
VIE
R
? Nombre de logements et nombre de m² de tertiaire labellisés
BBC rénovation/an ;
? Pourcentage de chantiers publics (y compris parc social)
labellisés BBC rénovation ;
? Évolution de la réglementation intégrant des critères carbone
reposant sur une ACV en rénovation.
INDICATEURS
DE SUIVI
______
20.L?arrêté définissant les labels BBC rénovation et BBC par étapes est en cours de finalisation par la DHUP. Il porte
sur les étiquettes A ou B du DPE (énergie et carbone), le confort d?été, la qualité de l?enveloppe, le tout contrôlé et vérifié
par des organismes accrédités COFRAC et des mesures sur site (perméabilité à l?air du bâtiment, ventilation).
21. Source : https://www.effinergie.org/web/images/attach/base_doc/2912/20210429etude-renovation.pdf
22. Source : https://www.effinergie.org/web/images/attach/base_doc/3091/20220209_SYNTHESE_ETUDE%20RENOVATION.pdf
23. https://www.effinergie.org/web/images/attach/base_doc/3091/20220209_SYNTHESE_ETUDE%20RENOVATION.pdf
RÉNOVATION PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION
42 - FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT
MESURER LA PERFORMANCE
Au regard de l?ampleur de l?enjeu de la décarbonation du bâtiment, du temps comme des ressources qui
sont limitées, mesurer la performance des rénovations ressort comme essentiel à l?atteinte des objectifs.
Mesurer la performance permet en effet d?améliorer la qualité des rénovations, d?identifier les bonnes
pratiques, de les partager et ainsi de contribuer à faire monter en compétence la filière. Bref, être aussi
efficace que possible avec un minimum de ressources.
Mesurer la performance rend également possible la contractualisation de l?atteinte des performances.
Elle favorise la qualité des rénovations (globales ou par étapes) et du niveau de performance attendu
en exploitation.
Ceci implique un suivi efficace et doit être associé à des contrôles pendant et à la fin des travaux de
rénovation, puis lors de l?exploitation des bâtiments.
Sur ce plan, le développement d?outils de gestion technique du bâtiment pour le suivi et le pilotage à
distance peut être un atout et une source de réduction des consommations énergétiques. Le pilotage
permettrait en effet un gain de 18 % de consommations énergétiques et l?individualisation des frais de
chauffage, un gain de 15 % (sources Fedene). Ces développements, bien qu?intéressants, impliquent
des coûts supplémentaires (mesure, outils, suivi des consommations).
4LE
VIE
R
Proposition d?évolution des politiques publiques :
? Encourager la contractualisation de l?atteinte de la performance des travaux
de rénovation via des aides particulières, des bonifications, voire faire de cette
contractualisation une condition à l?obtention de l?aide publique.
Actions à mener par la filière :
? Mesurer, sans contrainte associée, l?efficacité des travaux à la réception. Pour
cela des outils de mesure de la performance in situ doivent être développés et
déployés. Dans le cas d?une rénovation globale (engagement sur la performance
mesurée in situ), il convient de s?appuyer sur le protocole SEREINE 2 lancé dans le
cadre du programme Profeel. Ce dernier propose notamment une cartographie
des différentes méthodes de mesure de la performance réelle de l?enveloppe d?une
maison individuelle : un outil utile pour faciliter la prise de décision des maîtres
d?ouvrage.
? Aujourd?hui, les dispositifs d?aides financières sont soumis à une comparaison
état initial/état projeté, imposant une mesure avant et après travaux. Il est
préconisé de ne faire qu?une mesure au stade de la réception et d?intégrer
une nouvelle mécanique sur la base de la valeur mesurée in situ après travaux.
Un coût supplémentaire doit être envisagé pour les opérateurs de mesure
(investissement dans les kits de mesure) et pour les maîtres d?ouvrage ou clients
(prix de la mesure) ;
? Faciliter la mesure de la performance au long cours, notamment à distance grâce
à des outils adaptés (compteurs connectés, logiciels de suivi à distance?). La mise
en place d?un équivalent au décret BACS pour le logement collectif puis individuel
pourrait être envisagée. Parmi les autres pistes, un système de pilotage dans le DPE ;
? Déployer des contrôles de performance carbone et énergie lors de la rénovation
(et de l?exploitation) pour s?assurer de l?atteinte des économies attendues. Ces
contrôles, effectués pendant et à la fin des travaux, permettraient de vérifier
l?atteinte de la performance pour les travaux d?enveloppe qui restent complexes
et demandent une bonne coordination.
PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION RÉNOVATION
FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT - 43
4LE
VIE
R
? Protocoles et outils de mesure de la performance in situ
disponibles pour les différents types de bâtiments et types de
rénovation ;
? Développement d?outils adaptés au suivi au long cours et à
distance de la performance des bâtiments ;
? Nombre annuel de projets de rénovation pour lesquels la
performance a été mesurée ;
? Nombre annuel de projets de rénovation faisant l?objet d?une
contractualisation de l?atteinte de la performance (observatoire
des contrats de performance énergétique [CPE]).
INDICATEURS
DE SUIVI
______
RÉNOVATION PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION
USAGES
La rénovation des bâtiments est la clef de voûte.
En phase d?exploitation du bâtiment, les émissions
de gaz à effet de serre (GES) proviennent essen-
tiellement de leurs consommations énergétiques.
Si les réglementations thermiques successives ont
permis d?améliorer considérablement l?efficacité
énergétique des bâtiments, la performance éner-
gétique en service d?un bâtiment dépend à la fois
de l?état du bâti, de la performance intrinsèque
des équipements techniques et de l?usage opti-
misé du bâtiment par les occupants.
Aussi, l?atteinte des objectifs de décarbonation
des bâtiments à l?horizon 2050 passe par le déve-
loppement d?une culture de l?exploitation et de
l?usage sobre et bas-carbone des bâtiments,
notamment par la mise en place des campagnes
de sensibilisation axées sur les écogestes et l?in-
vestissement dans des systèmes de mesure.
Envisager des opérations concrètes pour la main-
tenance et l?exploitation des systèmes techniques
pour une exploitation sobre et bas-carbone des
bâtiments est également nécessaire pour amélio-
rer leur performance énergétique.
Par ailleurs, des solutions techniques peuvent
être déployées pour réduire la consommation
énergétique lors des pics de consommation
observés dans les bâtiments, dont l?usage peut
être partagé ou converti en cours d?exploitation
pour une meilleure distribution de l?énergie.
44 - FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT
PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION
FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT - 45
DÉVELOPPER UNE CULTURE DE L?EXPLOITATION ET DE L?USAGE,
SOBRE ET BAS-CARBONE DES BÂTIMENTS
1LE
VIE
R
La performance énergétique des bâtiments tertiaires et résidentiels en phase d?usage dépend de trois
leviers interdépendants : l?état du bâti, la performance intrinsèque des équipements techniques et l?usage
optimisé du bâtiment par l?occupant.
Éléments clés pour maintenir la performance énergétique dans le temps, le rôle de l?occupant et la bonne
exploitation du bâtiment doivent être davantage pris en compte par les politiques publiques.
Sensibiliser et former sur les leviers et les gains possibles d?une exploitation et d?un usage optimisés s?avère
également indispensable pour assurer un engagement des acteurs concernés (particuliers, exploitants,
gestionnaires) sur le long terme.
La pertinence économique d?une exploitation performante et bas-carbone devra être prouvée car son
coût est perçu actuellement comme le principal frein. Les axes de connaissance à diffuser recouvrent à
la fois l?efficacité (consommer moins) et la flexibilité énergétique (consommer au bon moment).
Un tel levier suppose de mettre en place des campagnes de sensibilisation axées sur les écogestes (qui
génèrent environ 7 % d?économie d?énergie) et d?investir dans les systèmes de mesure. En effet, le comp-
tage et l?affichage des consommations d?énergie associés à de la pédagogie et à la mobilisation des
occupants permettent environ 5 à 20 % d?économie d?énergie.
Cette démarche implique donc un fort besoin en formation (formation d?ambassadeurs énergie, amélio-
ration de la connaissance des maîtres d?ouvrage...) et un recrutement important, à la fois pour la phase
d?usage et d?exploitation. L?objectif est de 120 000 emplois pour accompagner les entreprises dans la tran-
sition énergétique pour porter le projet, assurer la promotion au sein de la structure de manière pérenne.
Propositions d?évolution des politiques publiques :
? Sensibiliser le grand public en pérennisant les campagnes de communication
sur les bons gestes de réduction de consommation et d?usage sobre et bas-carbone
des bâtiments ;
? Sensibiliser les usagers en intégrant les notions d?écogestes et d?entretien
des équipements présents dans les logements dans le Carnet d?information
du logement, inciter à intégrer une prestation de sensibilisation des usagers
dans les contrats d?exploitation.
Actions à mener par la filière :
? Sensibiliser le grand public à une sobriété d?usage des bâtiments en déployant
des ateliers, des formations, des concours type CUBE-S, etc. (écoles/universités,
entreprises, particuliers, maîtres d?ouvrage, acteurs de la filière) ;
? Former les gestionnaires de bâtiments à l?efficacité énergétique et la flexibilité dans
le tertiaire et le logement collectif via des programmes comme Perf-actee pour les
entreprises privées ou Baisse les watts (concierges, exploitants de bâtiments tertiaires).
USAGES PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION
46 - FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT
DÉVELOPPER LES CONDITIONS TECHNIQUES, OPÉRATIONNELLES
POUR UNE EXPLOITATION SOBRE ET BAS-CARBONE DES BÂTIMENTS
2LE
VIE
R
Une exploitation sobre en énergie, et en carbone, à niveau de confort souhaité, passe nécessairement
par la mise en oeuvre de solutions techniques, sur la base de référentiels techniques (normes, règlements,
certification, incitations financières, etc.) et le renforcement des actions opérationnelles d?exploitation
et de maintenance.
Ce levier propose ainsi des opérations concrètes pour accompagner et renforcer les actions d?instal-
lation, de maintenance et d?exploitation des systèmes techniques du bâtiment. Il s?agit de déployer
les moyens et outils nécessaires à la bonne exploitation du bâtiment, en s?appuyant principalement
sur les systèmes de gestion technique du bâtiment (GTB). Il est ainsi proposé de compléter le cadre
réglementaire et les dispositifs incitatifs (dispositif Éco Énergie Tertiaire, CEE) par une valorisation des
systèmes de régulation et de GTB dans les méthodes de calcul réglementaires (3CL, RT Globale, éva-
luation carbone, etc.).
Cette démarche met en avant l?existence de solutions et de références techniques robustes. L?enjeu
repose sur la capacité à massifier ces actions dans un temps rapide et à coûts maîtrisés, notamment
via la mise en place d?objectifs de résultats (cadre réglementaire) et la mobilisation des financements
nécessaires (financement public, outils CEE, etc.).
Actions à mener par la filière :
? Développer un indicateur d?efficience en kWh/personne/temps d?occupation,
définir une méthode fiabilisée de bilan carbone lié à la consommation énergétique
à déployer dans les contrats d?exploitation et élargir les évaluations énergétiques et
carbone (numérique, autres usages de l?énergie, ameublement, gestion des déchets) ;
? Améliorer la prise en compte de la régulation, de la GTB, du pilotage en intégrant
des fonctions de régulation et des GTB performantes dans les méthodes
d?évaluation de la performance énergétique des bâtiments (DPE notamment),
proposer d?abaisser le seuil de 290 kW à 70 kW pour l?obligation d?installation d?une
GTB performante dans la révision de la Directive sur la performance énergétique des
bâtiments (DPEB), étendre l?obligation aux bâtiments résidentiels (maîtres d?ouvrage,
maîtres d?oeuvre, industriels, exploitants, intégrateurs) ;
? Adapter les contrats d?exploitation afin de renforcer les travaux sur le pilotage,
l?équilibrage et le désembouage pour contrebalancer la difficulté d?une température
de consigne souvent différente de la température ressentie ;
? Installer les systèmes et équipements indispensables à l?exploitation bas-carbone
(systèmes de comptage et d?affichage des consommations d?énergie, de suivi à
distance, de pilotage, etc.).
? Respect des obligations réglementaires.INDICATEUR
DE SUIVI
______
PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION USAGES
FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT - 47
CONSOMMER AUTREMENT (MIEUX ET AU BON MOMENT) L?ÉNERGIE
DANS LA PHASE D?EXPLOITATION
3LE
VIE
R
Ce levier propose d?optimiser la consommation énergétique des bâtiments avec pour objectif de réduire
la consommation du bâtiment dans sa phase d?exploitation lors des pics de consommation. Pour ce
faire,il s?appuie sur la mise en relation de l?offre et la demande (flexibilité/effacement) et sur des solutions
techniques permettant de consommer autrement (mieux et au bon moment).
Cela implique tout d?abord de standardiser la mesure du potentiel de flexibilité en facilitant le recrute-
ment d?un maximum de sites tertiaires pour calculer leur étiquette GOFLEX (un indice dédié à la mesure
du potentiel de flexibilité énergétique des bâtiments), puis de la mettre en visibilité au travers de la
plateforme ACTEE-RTE en cours de développement. Consultée par les opérateurs de service (type agré-
gateurs, gestionnaire de réseau, syndicats d?énergie...) celle-ci mettra en relation l?offre et la demande
de flexibilité/effacement.
La réduction lors des pics de consommation du bâtiment durant son exploitation peut également se
faire au travers de solutions techniques comme le pilotage de la recharge intelligente des véhicules
électriques pour neutraliser l?impact sur le pic de consommation journalier ou encore la synchronisation
du paramétrage des systèmes de gestion technique des bâtiments (GTB) avec les signaux ECOWATT
ou ECOGAZ qui qualifient en temps réel le niveau de consommation des Français, pour les décliner en
scénarios préprogrammés, adaptés aux besoins du réseau électrique.
Actions à mener par la filière :
? Déployer des solutions de pilotage de la recharge/recharge intelligente des véhicules
électriques pour neutraliser l?impact sur le pic de consommation journalier et
favoriser l?intégration des énergies renouvelables sur le réseau de distribution ;
? Aider à l?intervention de technicien pour la synchronisation du paramétrage des
GTB avec le signal ECOWATT et ECOGAZ en vue de décliner les trois scénarios
préprogrammés : viser un objectif d?effacement en % de la consommation initiale en
modes ECOWATT ORANGE ou ROUGE, selon les besoins du réseau électrique ;
? Mettre en relation l?offre et la demande de flexibilité/effacement au travers de
la plateforme en cours de développement (ACTEE ? RTE) (maîtres d?ouvrage ;
exploitants/mainteneurs ; agrégateurs ; opérateurs de réseau, opérateurs
d?agrégateurs).
? Nombre de sites tertiaires recrutés ;
? Gisement de flexibilité progressivement identifié ;
? Déclaration de l?étiquette GOFLEX dans OPERAT (plateforme
de recueil et de suivi des consommations d?énergie du secteur
tertiaire) ;
? Nombre de contrats de flexibilité passés, et puissance associée ;
? Taux d?échec lors des tests d?activation annuels.
INDICATEURS
DE SUIVI
______
USAGES PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION
48 - FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT
FACILITER LA DENSIFICATION PARCELLAIRE ET LE MULTIUSAGE
DANS UN BÂTIMENT EXISTANT
4LE
VIE
R
Faciliter la densification parcellaire passe notamment par l?encouragement du multiusage. Le multiu-
sage renvoie aux différentes capacités d?utilisation d?un même lieu (stationnement privatif et place de
parking, locaux, partagés, etc.). Cette notion englobe également la cohabitation (ou coliving) ainsi que
le multiusage (la possibilité de convertir l?usage d?un bâtiment existant en incorporant d?autres usages,
tout en faisant évoluer les usages existants).
Considérer la possibilité de convertir l?usage d?un bâtiment existant en incorporant d?autres usages per-
met de ne pas construire un nouveau bâtiment. Cela permet aussi de mieux gérer la distribution d?énergie,
favoriser le lien social et répondre aux préoccupations de la démarche Zéro Artificialisation Nette. Cela
permet également de ne pas chauffer deux sites distincts, ou encore de réduire les déplacements en
repensant la mobilité, les parcours et les transports.
Ce levier se heurte au frein des réglementations (incendie, accessibilité, hygiène et santé...) qui varient selon
les usages et aux difficultés de l?application réglementaire de la construction neuve aux bâtiments existants
alors que les textes réglementaires ne visent que la construction neuve. Est également à souligner un frein
juridique lié au droit de propriété et aux assurances et enfin des problèmes techniques liés à l?adaptation
particulière pour mettre à niveau des bâtiments aux usages différents.
Pour répondre à la notion de multiusage, de destinations d?ouvrage, de la capacité d?exploitation d?un lieu
et du travail nécessaire concernant la cohabitation, l?enjeu majeur identifié est celui de l?harmonisation
des réglementations et de la fiscalité pour simplifier les conversions du bâti.
La temporalité doit également être prise en compte via l?optimisation de l?exploitation d?un lieu par
une juxtaposition des usages dans le temps (ex. le préau d?une école peut accueillir des événements
associatifs le soir).
Propositions d?évolution des politiques publiques :
? Faciliter les changements d?usage tertiaire vers résidentiel en instaurant un dispositif
de révision des plans locaux d?urbanisme (PLU) favorisant la mixité des fonctions
dans les zones ;
? Harmoniser des réglementations pour permettre la mutualisation des usages au sein
d?un même bâtiment et faciliter la densification des bâtiments existants (extensions,
surélévations, etc.) : réglementations sur le neuf et l?existant, taux de TVA, etc.
Action à mener par la filière :
? S?assurer que le bâti existant est mobilisé à son plein potentiel : cartographier
les usages, estimer le taux d?usage du bâti (via l?analyse des consommations
d?énergie et d?eau) et de la parcelle.
? Accomplissement de la cartographie et exploitation
de la base de données ;
? Évolution du taux d?usage du bâti ;
? Nombre de cas de changement d?usage du tertiaire
vers le résidentiel ;
? Nombre de changements dans des espaces zonés
pour des usages tertiaires ;
? Évolution du nombre d?espaces partagés et de leur surface.
INDICATEURS
DE SUIVI
______
PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION USAGES
PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION
LEVIERS TRANSVERSAUX
La décarbonation impacte profondément les habitudes et pratiques du
secteur du bâtiment. Plusieurs outils, transverses par nature, doivent être
déployés et adaptés comme les outils financiers, la production d?énergies
renouvelables, l?emploi et la formation ou encore les systèmes constructifs.
Les dispositifs financiers d?abord. Peu connus des ménages, ils sont aussi
complexes et les délais d?instruction sont longs. Il apparaît nécessaire de
renforcer et rendre plus visibles les dispositifs financiers mis en place par
les banques et les investisseurs, de faire en sorte « d?absorber » le surcoût
des biens très performants sur le plan environnemental ou encore de
poursuivre les travaux de fiabilisation de l?outil DPE.
Autre levier : favoriser la production des énergies renouvelables et les sys-
tèmes de récupérations d?énergie comme les solutions photovoltaïques et
de production de chaleur et de froid (PAC), les systèmes de récupération,
hybrides et biocombustibles. Ils permettent notamment de décarboner
le mix électrique, d?augmenter la résilience du réseau de distribution et
d?engager les usagers vers la sobriété énergétique. Cependant, les règles
d?urbanisme, normatives ou de lotissements freinent parfois l?installation
de panneaux photovoltaïques ou de PAC. À cela s?ajoutent la complexité
des règles de vente d?énergie entre des utilisateurs privés de logements ou
de bureaux et le manque d?information des acteurs locaux, en particulier
les collectivités territoriales.
La préfabrication, autre levier, peut être une des clefs de l?objectif de
décarbonation (moindre pénibilité, plus grande variété des fonctions,
etc.). En effet, la fabrication hors-site présente plusieurs avantages en
faveur de la décarbonation. Au-delà des avantages connus (délai, coût,
qualité, traçabilité?), elle pourrait, par des implantations d?ateliers de pré-
fabrication auprès de fournisseurs locaux, favoriser les circuits courts et le
recours aux matériaux locaux, permettre l?emploi de matières premières
de seconde vie et/ou de matériaux décarbonés, biosourcés ou encore
optimiser les matériaux employés en limitant chutes, rebus et déchets.
Plusieurs freins, notamment normatifs, restent à lever pour en faire un
mode de fabrication plus répandu : le recours à la commande publique
pour favoriser l?émergence du hors-site est une des pistes.
Enfin pour accompagner cette transition majeure du secteur du bâti-
ment, il va être primordial d?adapter les parcours de formation, initiale
comme continue, en intégrant la décarbonation des bâtiments dans les
programmes et de déployer de nouvelles compétences. Quant à l?emploi,
le secteur devra répondre à un besoin de main-d?oeuvre supplémentaire
et doté de compétences spécifiques, afin d?anticiper l?accroissement des
tensions que connaît déjà le secteur. Il faut donc attirer des jeunes vers
les métiers du bâtiment, et également accompagner la reconversion en
provenance d?autres filières (cf. §7).
FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT - 49
50 - FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT
ASSURER UN OPTIMUM ENTRE DÉCONSTRUCTION ET RÉNOVATION
1LE
VIE
R
La recherche d?une minimisation des émissions de GES à l?échelle du parc français conduit à interroger
le bilan comparatif des options de « fin de vie » des bâtiments et à identifier, au cas par cas, la solution
la plus optimale d?un point de vue environnemental.
En première approche et d?un point de vue « strictement carbone », une opération de démolition puis
la reconstruction d?un bâtiment présente un bilan carbone supérieur à celui d?une opération de réno-
vation dont la performance énergétique résultante serait équivalente.
Le bilan environnemental n?apparaît pas aujourd?hui être un critère suffisamment pris en compte dans
l?arbitrage entre rénovation et reconstruction. L?enjeu central est donc d?identifier des moyens de
faire intégrer ces enjeux environnementaux à la prise de décision lors d?une opération intégrant une
démolition.
Dans les faits, de nombreux autres facteurs jouent en réalité sur l?arbitrage : nature de la démolition
éventuellement envisagée, enjeux patrimoniaux et architecturaux, enjeux sociaux, dysfonctionnements
urbanistiques, nature de la rénovation envisagée, modification de l?usage (densification ou dédensi-
fication par exemple), bilan économique, capacité à atteindre une performance énergétique élevée
en rénovation (contraintes techniques), autres facteurs environnementaux, facteurs de confort, etc.
Il apparaît ainsi essentiel d?approfondir la connaissance partagée du secteur sur le sujet et de donner
des éléments de méthode afin de faire intégrer ces enjeux environnementaux à la prise de décision.
Proposition d?évolution des politiques publiques :
? Développer avec les acteurs de la filière une méthodologie de comparaison
reconstruction/rénovation afin de prendre la meilleure décision selon une approche
multicritère intégrant la dimension carbone.
Actions à mener par la filière :
? Construire des retours d?expérience sur les premiers arbitrages faits avec des bilans
économiques et d?usage à l?appui ;
? Créer un dispositif concourant à la prise en compte de l?impact carbone lors de
l?arbitrage en fin de vie du bâtiment.
? Méthodologie et outils disponibles pour les maîtres d?ouvrage ;
? Nombre de retours d?expérience étudiés.
INDICATEURS
DE SUIVI
______
PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION LEVIERS TRANSVERSAUX
FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT - 51
AMÉLIORER ET COMPLÉTER LES DISPOSITIFS PROPOSÉS PAR LES ACTEURS
FINANCIERS POUR MASSIFIER LA DÉCARBONATION DES BÂTIMENTS,
À TOUTES LES ÉCHELLES
2LE
VIE
R
La massification de la rénovation globale, la mise en place de la RE2020 pour la construction neuve
et le déploiement des autres leviers de décarbonation du secteur nécessiteront des investissements
significatifs, impliquant de renforcer les dispositifs financiers actuels mis en place par les banques et
les investisseurs et de concevoir de nouveaux mécanismes permettant d?absorber le surcoût des biens
très performants sur le plan environnemental. Les assureurs exercent également un rôle essentiel pour
assurer les matériaux (cf. leviers sur l?emploi de composants bas-carbone et le réemploi et recyclage).
Un frein au déploiement de ces dispositifs financiers réside dans le manque de connaissance des ménages
sur les outils déjà existants, tels que le prêt et crédit habitat à destination des propriétaires de passoire
thermique proposés par certaines banques comme le Crédit mutuel, la Banque postale et le Crédit agricole.
Par ailleurs, les banques et investisseurs ne disposent pas systématiquement d?outils fiables de mesure
de la performance environnementale sur lesquels s?appuyer pour orienter ou bonifier leurs aides.
Les délais et la complexité du système d?aides publiques en faveur de la rénovation (cf. levier sur la
massification de la rénovation) sont un autre frein : ils peuvent retarder ou dissuader l?implication des
acteurs financiers. Le rapport pour une réhabilitation énergétique massive, simple et inclusive des
logements privés remis en 2021 par Olivier Sichel pointe ainsi l?importance de mettre en place de façon
plus large des avances publiques afin de sécuriser les décisions d?investissements et de solvabiliser des
ménages en vue d?impliquer des financeurs.
Enfin, la prudence des banques en matière de prêts peut également freiner la mise en place de dispositifs
« vertueux » qui couvriraient sur le long terme le surcoût lié à l?utilisation de produits ou composants
très performants sur le plan environnemental, tels que les prêts remboursables adossés à la valeur du
bien à terme plutôt qu?à la personne ou encore la hausse des durées d?amortissement.
Propositions d?évolution des politiques publiques :
? Améliorer la qualité de réalisation du DPE pour permettre aux financeurs de s?appuyer
dessus pour orienter et bonifier leurs dispositifs : préciser les règles de coexistence
de l?ancien et nouveau DPE sur le logement notamment en vue de l?application de la
taxonomie européenne, poursuivre l?accompagnement des diagnostiqueurs, harmoniser
le DPE tertiaire, oeuvrer au niveau européen pour harmoniser les DPE notamment dans
le cadre de la révision prochaine de la Directive européenne DPEB (État) ;
? Revoir au niveau européen les règles prudentielles appliquées aux banques pour alléger
le besoin de capital alloué aux financements vertueux (État).
Actions à mener par la filière :
? Communiquer sur les produits et dispositifs existants notamment proposés par
les banques : produire un kit de communication intégrant des bases existantes
fiables et estampillées par la puissance publique et lancer des campagnes de
communication à destination du public (banques, État) ;
? Concevoir des dispositifs de financement à long terme afin d?absorber les surcoûts
associés à des travaux de rénovations et/ou de constructions 2050-compatibles, par
exemple par des prêts remboursables adossés à la valeur du bien à terme ; étudier
la faisabilité d?attacher au bâtiment le prêt pour le financement des travaux en cas
d?obtention du label BBC rénovation (banques, investisseurs, État) ;
? Sensibiliser les acteurs financiers afin d?orienter les fonds des investissements bancaires
vers des prêts en faveur d?une rénovation BBC, permettant de remplir les critères
environnementaux de la taxonomie verte européenne (banques, investisseurs, État).
LEVIERS TRANSVERSAUX PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION
52 - FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT
FAVORISER L?INSTALLATION ET L?UTILISATION DANS LES BÂTIMENTS
DE SYSTÈMES TRÈS PERFORMANTS D?ÉNERGIES RENOUVELABLES
ET DE RÉCUPÉRATION
3LE
VIE
R
Les systèmes très performants d?énergies renouvelables et de récupération recouvrent les solutions
photovoltaïques et de production de chaleur et de froid - pompes à chaleur (PAC), solaire thermique,
systèmes de récupération d?énergie, systèmes hybrides, et biocombustibles.
Le déploiement de solutions photovoltaïques permet de décarboner le mix électrique, d?augmenter
la résilience du réseau et d?engager les usagers, qui produisent alors leur propre électricité, dans une
démarche de sobriété en les responsabilisant et en favorisant le développement de communautés
énergétiques. Les installations d?équipements solaires en toiture sont néanmoins freinées par les règles
d?urbanisme, notamment les avis conformes des architectes des Bâtiments de France, par les délais
d?instructions des demandes de raccordement par Enedis et par un traitement défavorable de l?auto-
consommation dans la RE2020.
Les solutions de production de chaleur et de froid permettent de consommer de l?énergie décarbonée
et de partager les excédents de cette énergie entre bâtiments. Elles sont déjà présentes sur le marché
à un stade de maturité élevé. Plusieurs freins, notamment réglementaires, pénalisent leur déploiement
dans les projets : les restrictions dans les PLU sur le positionnement des PAC ou leur interdiction par
certains règlements de lotissement, la complexité des règles de vente d?énergie entre des utilisateurs
privés de logements ou de bureaux. Le manque d?information des acteurs locaux, en particulier dans
les collectivités territoriales, est également un frein.
Propositions d?évolution des politiques publiques :
? Transformer l?avis conforme des architectes des Bâtiments de France en avis simple,
pour l?installation d?équipements solaires en toiture ou ombrière dans les espaces
protégés au titre du code du Patrimoine (État) ;
? Moderniser les moyens d?Enedis pour automatiser les procédures de demande
de raccordement pour l?installation d?infrastructures de production d?énergie
solaire photovoltaïque et renforcer l?administration du réseau (Enedis, État) ;
? Valoriser l?autoconsommation et l?export d?énergie dans la réglementation
environnementale RE2020 en reprenant le mode de valorisation proposé
par le label E+ C- (État) ;
? Informer et sensibiliser les acteurs locaux au développement des infrastructures
de production d?énergie décarbonée in situ (État) ;
? Simplifier les règles de vente d?énergie entre privés et permettre à une maîtrise
d?ouvrage ou un utilisateur privé de vendre son énergie excédentaire à tarif
préférentiel (État).
? Taux d?autoconsommation de la France en temps réel ;
? Délai de réponse d?Enedis aux demandes de raccordement ;
? Augmentation de la part de marché des PAC en logement
collectif.
INDICATEURS
DE SUIVI
______
PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION LEVIERS TRANSVERSAUX
FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT - 53
FABRICATION MANUFACTURÉE EN ATELIER DE BRIQUES CONSTRUCTIVES
À FAIBLE NIVEAU GLOBAL D?ÉMISSION CARBONE
4LE
VIE
R
La fabrication hors-site permet de faire remonter des heures de travail du chantier vers des ateliers
mettant en oeuvre des procédés industrialisés de fabrication.
La fabrication hors-site peut présenter plusieurs avantages en faveur de la décarbonation de la
construction ou de la réhabilitation des bâtiments (dont massification de la rénovation thermique).
En premier lieu, le hors-site pourrait favoriser les circuits courts et le recours aux matériaux locaux,
en créant autour de l?atelier ou de l?usine, un écosystème de partenaires (entreprises de fabrication
de fenêtres, de construction bois, d?isolants...). En deuxième lieu, la fabrication hors-site permettrait
d?utiliser davantage de matières premières de seconde vie et/ou de matériaux biosourcés, grâce à
une baisse des coûts et à des processus de contrôles renforcés du secteur de l?industrie, conditions
à leur réemploi (respect des normes, assurabilité simplifiée, meilleure acceptabilité des marchés?).
En troisième lieu, la fabrication hors-site, par l?optimisation de ses processus industrialisés, pourrait
également favoriser l?écoconception des matériaux et composants (limitation des chutes, rebus et
déchets donc des consommations induites, intégration numérique?). Ceci tout en permettant une
meilleure traçabilité des constituants des systèmes constructifs ainsi que leur démontage, en vue
d?adaptations du bâti (réponse à l?obsolescence des usages) ou du réemploi en fin de vie (meilleure
circularité). En quatrième lieu, le hors-site fournit possiblement une réponse économique aux chantiers
peu ou non viables en construction traditionnelle, tels que les sites occupés fortement contraints,
en accès difficile ou limité (nuisances liées aux travaux non tolérées, dents creuses peu accessibles,
implantation de base vie complexe?) qui nécessitent la mise en place de chantiers rapides.
Enfin, le hors-site pourrait être un élément de réponse à l?enjeu d?attractivité de la filière compte tenu
des avantages que peut présenter pour certains actifs le travail en ateliers par rapport au chantier
(moindre pénibilité, proximité des équipes, parcours facilités de formation, plus grande variété des
fonctions...).
Toutefois, le recours à la fabrication hors-site est encore aujourd?hui peu répandu en France et peut
encore faire l?objet d?une possible connotation négative auprès des maîtres d?ouvrage et des consom-
mateurs finaux pour plusieurs raisons. D?abord, le processus est peu valorisé et peut renvoyer à une
fausse idée de qualité moindre. Ensuite, son potentiel pour la décarbonation ne fait pas aujourd?hui
l?objet d?une certification donc d?un consensus sur la base de retours d?expérience qui permettrait
de promouvoir ce mode constructif auprès de la profession et des donneurs d?ordre. Le hors-site
ne fait pas non plus l?objet d?une définition partagée au sein de la filière, notamment concernant
les différents niveaux et degrés de fabrication hors-site par rapport au chantier. Enfin, la fabrication
hors-site n?est pas intégrée dans le tissu normatif, notamment dans les documents techniques uni-
fiés (NF-DTU), ce qui ralentit les avis des bureaux de contrôles, complexifie son assurabilité, et donc
compromet son adoption et le déploiement de ses bénéfices.
Actions à mener par la filière :
? Rédiger des règles professionnelles spécifiques au hors-site (DTU), sur le modèle des
actions déployées pour la construction en bois dans le cadre du programme Règles
de l?Art Grenelle Environnement programme (RAGE) lancé en 2012 (filière, AFNOR) ;
? Mettre en place un plan de communication à destination des donneurs d?ordre et des
prescripteurs sur les avantages du hors-site, dont le cahier des charges sera concerté
avec les organisations professionnelles et les syndicats concernés (filière, État).
LEVIERS TRANSVERSAUX PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION
54 - FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT
4LE
VIE
R
Propositions d?évolution des politiques publiques :
? Lancer un programme de R&D autour d?un tiers de confiance pour certifier le
potentiel de décarbonation du hors-site ;
? Promouvoir des « AMI décarbonation hors-site », démonstrateurs pour l?ensemble
de la profession avec un haut niveau d?exigence bas-carbone car jouant sur les
différentes opportunités du processus ;
? Recourir à la commande publique pour favoriser l?émergence du hors-site).
PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION LEVIERS TRANSVERSAUX
FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT - 55
La décarbonation va impacter profondément les emplois et
les compétences des acteurs de la filière bâtiment.
Depuis le Grenelle de l?environnement, la filière construc-
tion s?est engagée dans la transition environnementale
avec la mise en place du programme de formation FEEBAT,
le lancement du label RGE (« reconnu garant de l?environ-
nement »), l?amélioration des procédures et des modes
d?intervention avec le programme Profeel, les référentiels
des diplômes et des certifications intégrant les questions
de la performance énergétique puis environnementale. La
décarbonation concerne tous les acteurs, tous les métiers
du bâtiment : elle nécessite de développer l?interopérabilité
entre eux.
De plus le secteur devra répondre à un besoin de main-
d?oeuvre supplémentaire et disposant des compétences
nécessaires pour exercer un des métiers du bâtiment. Cela
va accroître les tensions que connaît déjà le secteur depuis
de nombreuses années. Selon des études réalisées par
l?Observatoire des métiers du BTP24 et France Stratégie25, 7
entreprises du bâtiment sur 10 connaissent des difficultés de
recrutement dans un contexte où le secteur pourrait créer
200 000 emplois entre 2019 et 2030. Face à ces tensions,
il apparaît nécessaire d?augmenter le nombre de jeunes
s?orientant vers les métiers du bâtiment., l?insuffisance des
jeunes dans les formations du BTP étant la principale cause
des problèmes de recrutement rencontrés par les entre-
prises selon l?observatoire des métiers. Il convient ensuite
de développer auprès des entreprises une dynamique de
Gestion Prévisionnelle des Emplois et Compétences en
nouant notamment des relations avec les écoles et les
organismes de formation. Enfin, les entreprises du bâtiment
se tournant peu vers les demandeurs d?emploi comparé à
d?autres secteurs, il apparaît nécessaire de renforcer les liens
avec les partenaires institutionnels intervenant sur le champ
de l?orientation, de la formation et de l?emploi.
Si la rénovation apparaît comme le chantier majeur de
décarbonation en termes d?emplois et de compétence, la
plupart des autres mentionnés dans la présente feuille de
route nécessitent également des évolutions, comme l?il-
lustre le tableau de la page suivante.
Adaptation des emplois
et des compétences à la décarbonation
24. Les métiers en tension - Observatoire des métiers du BTP, 2021.
25. Les métiers en 2030, Rapport du groupe Prospective des métiers
et qualifications, France Stratégie et Dares, Mars 2022.
ADAPTATION DES EMPLOIS ET DES COMPÉTENCES
Propositions d?évolution des
politiques publiques :
? À partir de l?analyse des besoins en termes
de compétence (cf. supra), intégrer
progressivement les nouvelles compétences
lors des révisions des certifications
professionnelles (diplômes Éducation
nationale, titres ministère du Travail) et des
référentiels des CQP ;
? Intégrer la décarbonation dans les
contenus des formations existantes ayant
trait à l?amélioration de la performance
énergétique (exemple de FEEBAT) et,
au-delà, dans toutes les formations initiales
et continues du secteur (État) ;
? Promouvoir le secteur auprès des jeunes :
former, sensibiliser les parents sur les
évolutions des métiers du bâtiment
en vue de valoriser le secteur de la
construction, renforcer les dispositifs
de transition professionnelle (mobilité
interprofessionnelle) pour l?intégration de
publics adultes issus d?autres secteurs (État).
Actions à mener par la filière :
? Analyser plus précisément et plus
régulièrement les besoins en termes
de compétence que va entraîner la
décarbonation (Porteur non défini) ;
? Impliquer les dirigeants et les salariés de
la filière construction en développant des
outils d?information et de sensibilisation
sur les enjeux de la décarbonation pour les
TPE/PME et des outils d?accompagnement
à l?attention des professionnels dirigeants
d?entreprise et artisans (Porteur non défini).
? Nombres de certifications adaptées ou
créées en lien avec la décarbonation ;
? Formations (nombre, heures, contenu)
mises en oeuvre en lien avec les marchés
de la décarbonation.
INDICATEURS
DE SUIVI
______
56 - FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT
ADAPTATION DES EMPLOIS ET DES COMPÉTENCES
BESOINS EN COMPÉTENCES ET EMPLOIS POUR DÉPLOYER LES LEVIERS
DE DÉCARBONATION DE LA FEUILLE DE ROUTE
DÉCARBONATION DES COMPOSANTS
NOM DU LEVIER NOUVELLES COMPÉTENCES BESOINS EN EMPLOIS
SUPPLÉMENTAIRES
Décarbonation des procédés
de fabrication des matériaux
et composants
? Former les acteurs à la réalisation
d?ACV.
? Montée en compétence dans le
domaine de l?écoconception.
Besoin de spécialistes ACV et
écoconception : ressources critiques
particulièrement recherchées par les
entreprises.
Accélérer l?emploi des composants
avec un bas poids carbone, avec une
performance qui réponde au besoin
? Montée en compétence en ACV
bâtiment (BET pas spécialisé en
environnement).
? Montée en compétence en ACV
produit (ingénieur environnement/éco-
conception).
? Montée en compétence des bureaux
de contrôle/certificateurs d?ouvrage.
? Montée en compétence des
entreprises en termes de mise en
oeuvre de produit avec un bas poids
carbone.
? Montée en compétence des
prescripteurs.
?
Optimiser la durabilité/le réemploi/
le recyclage ? Fin de vie du bâtiment
? Former les artisans pour la phase de
démontage.
? Compétences liées à la reconnaissance
de la ré-employabilité sur toute la
chaîne de valeur, notamment lors de la
dépose des matériaux.
Besoin de certificateurs pour les
matériaux de réemploi.
S?appuyer sur des ressources/solutions
locales
? Développer pour tous les acteurs de
la filière des compétences transverses
entre les services et matériaux bas-
carbone (biosourcé et géosourcé).
Création et valorisation d?emploi local
et des savoir-faire locaux à fort contenu
environnemental (performance
énergétique, décarbonation?).
Accélérer la réalisation de données
environnementales
? Former les différents corps de métiers
aux nouveaux développements
d?outils d?ACV de bâtiments simples
d?utilisation.
? Former les petits industriels et
professionnels à la réalisation des FDES
et PEP.
?
Logistique : massification maillage,
mutualisation, etc. pour réduire le
poids du transport
? Développer des compétences dans
les métiers de l?amont (conception,
développement, montages juridiques
et financement des offres).
?
Créer les conditions pour rassurer,
et donc accélérer
? Former les professionnels et la
MOA/MOE à la prise en compte des
produits et des procédés innovants,
sur la provenance des matériaux et au
réemploi.
?
FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT - 57
CONSTRUCTION NEUVE ET RÉNOVATION
NOM DU LEVIER NOUVELLES COMPÉTENCES BESOINS EN EMPLOIS
SUPPLÉMENTAIRES
Développement d?une architecture
sobre pour gagner sur les
consommations et les ressources
? Intégrer le sujet de la « sobriété »
aux formations initiale et continue.
Tous les métiers du bâtiment sont
concernés par ce sujet (architectes, les
maîtres d?ouvrages, les compagnons et
les bureaux d?études).
Besoin de spécialistes ACV et
écoconception : ressources critiques
particulièrement recherchées par les
entreprises.
Repenser les systèmes constructifs
pour optimiser la quantité de matériaux
? Redévelopper/revisiter des métiers
pour certaines filières traditionnelles à
partir des savoir-faire encore présents
dans certaines régions (construction en
pierre, en terre crue, bois et terre...).
? Développer les compétences pour
les projets mixtes, faisant intervenir
plusieurs types de matériaux.
Besoin de main-d?oeuvre pour répondre
à l?augmentation du volume affectant
la capacité des entreprises existantes.
Hausse du besoin en artisans pour
faire face à la hausse de la demande
en volume.
Étendre la RE 2020 aux autres
bâtiments tertiaires encore soumis à la
RT 2012, élaborer une réglementation
environnementale pour les bâtiments
aujourd?hui totalement exemptés et
envisager la définition de nouveaux
seuils de la RE 2020 applicables en
2040 et 2050
? Permettre la montée en compétence
sur les « nouvelles » filières (produits
décarbonées, biosourcées, énergies
renouvelables).
? Former les contrôleurs à la vérification
des études réglementaires RE2020
(ACV). Qualifier les « individus » et non
les « organismes ».
?
Végétalisation du bâti et de la parcelle
? Former les acteurs (maîtres d?ouvrages,
maîtres d?oeuvre, entreprises), dans le
cas de création de FDES végétaux pour
la construction neuve.
Hausse du besoin en emploi pour
les acteurs de la MOE (architectes,
BET, concepteurs paysagistes?), les
entreprises de travaux et d?entretien
des espaces verts.
7 000 emplois pour l?installation de
1,6 M de m² de TTV par an : ratio
permettant de prendre en compte
l?accroissement de la renaturation du
bâtiment.
Besoin de diagnostiqueurs, dans le cas
de création de FDES végétaux pour la
construction neuve.
Encourager la surélévation au regard
de l?enjeu zéro artificialisation nette
des sols
? Former les syndics et les
copropriétaires à la surélévation.
? Mettre en place à destination de la
MOE des programmes de formations
spécifiques sur la « surélévation »
(Copros Vertes, RECIF, APC /GEPA,
etc.).
?
ADAPTATION DES EMPLOIS ET DES COMPÉTENCES
58 - FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT
USAGES DU BÂTIMENT
NOM DU LEVIER NOUVELLES COMPÉTENCES BESOINS EN EMPLOIS
SUPPLÉMENTAIRES
Développer une culture de
l?exploitation et de l?usage, sobre
et bas-carbone des bâtiments
? Former des ambassadeurs énergie (en
vue de la sensibilisation des occupants/
usagers finaux).
? Utiliser les programmes CEE pour
former des concierges sur les actions
du quotidien permettant de maîtriser
la consommation d?énergie.
Objectif de 120 000 emplois pour
accompagner les entreprises et LC
dans la transition énergétique (source
Fedene) pour la phase d?usage et
exploitation.
Développer les conditions techniques,
opérationnelles pour une exploitation
sobre et bas-carbone des bâtiments
(optimisation, niveaux de confort?)
? Former les acteurs du bâtiment aux
usages du numérique dans le cadre
de la digitalisation des contrats
d?exploitation.
?
Consommer autrement (mieux et au
bon moment) l?énergie dans la phase
d?exploitation
?
Besoin en techniciens pour assurer la
synchronisation du paramétrage des
gestions techniques des bâtiments avec
le signal ECOWATT et ECOGAZ.
LEVIERS TRANSVERSAUX
NOM DU LEVIER NOUVELLES COMPÉTENCES BESOINS EN EMPLOIS
SUPPLÉMENTAIRES
Mettre en place des dispositifs
financiers pour accompagner les leviers
de décarbonation du secteur (banque,
assurances, investisseurs)
? Former les financiers pour une
meilleure compréhension des tenants
et aboutissants d?une action de
rénovation efficace pour accompagner
correctement les acteurs particuliers
et entreprises.
? Former les assureurs pour qu?ils
soient en capacité d?accompagner le
déploiement de la filière de recyclage
sur les chantiers.
? Poursuivre l?accompagnement des
diagnostiqueurs pour fiabiliser la
qualité de réalisation des DPE.
Apparition de nouveaux métiers : AMO
au réemploi, diagnostiqueur PEMD.
Favoriser l?installation et l?utilisation
de systèmes très performants,
d?énergies renouvelables et de
récupérations dans les bâtiments
(dont mutualisation entre bâtiments)
? Former les acteurs des métiers
de la conception et du conseil
dans le bâtiment au sujet des usages
et de la production d?énergie in situ.
? Consolider un socle commun sur
l?énergie au sein des formations
initiales et continues.
?
Fabrication manufacturée en atelier
de briques constructives à
faible niveau global d?émission
carbone. Manufacture - Ateliers &
Décarbonation"
? Former au « hors-site » sur toute
la chaîne de valeur : sensibilisation
des MOA, expertises des MOE, mise
en place de formations dédiées
dans l?enseignement supérieur, etc.
Le « hors-site » pourrait faciliter la
formation des personnes.
Domaine permettant de développer
l?attractivité de la filière.
Facilitateur de création d?emplois et
d?intégration du personnel aujourd?hui
absent ou peu présent (inclusion,
féminisation, handicap, variété du
travail, numérisation).
ADAPTATION DES EMPLOIS ET DES COMPÉTENCES
ANNEXES
Annexes
8.1 LETTRES DE MISSION
8.2 COMPOSITION DU COMITÉ DE PILOTAGE
8.3 L?EMPREINTE CARBONE DE LA CHAÎNE DE VALEUR CYCLE DE VIE
DU BÂTIMENT : EN 2019 ET OBJECTIFS POUR 2030 ET 2050
8.4 QUANTIFICATION DES GISEMENTS DE CARBONE
8.4.1 Introduction
8.4.2 Quantification du gisement de décarbonation du levier
« Décarbonation des procédés de fabrication des matériaux
et composants » (GT1 levier 4)
8.4.3 Quantification du gisement de décarbonation du levier
« Accélération de l?emploi de composants bas carbone,
avec une performance qui réponde au besoin » (GT1 levier 5)
8.4.4 Quantification du gisement de décarbonation du levier
« Étendre le champ d?application de la RE2020 » (GT2 levier 2)
8.4.5 Quantification du gisement de décarbonation du levier
« Massifier la rénovation globale » (GT3 levier 2)
8.5 AUDITIONS
8.6 CONCERTATIONS TERRITORIALES
8.6.1 Introduction
8.6.2 Hauts-de-France, Lille le 14 octobre, avec la Fédération
des entreprises sociales pour l?habitat (ESH) et l?Union Régionale
pour l?Habitat : relevé des échanges
8.6.3 Auvergne-Rhône-Alpes, Lyon le 18 octobre, avec le Réseau Bâtiment
Durable et le Cluster Eco-bâtiment : relevé des échanges
8.6.4 Grand-Est, Reims le 25 octobre, avec Action Logement :
relevé des échanges
8.6.5 Bretagne, Vitré le 8 novembre, avec Action coeur de ville
et la Mairie de Vitré : relevé des échanges
8.6.6 Occitanie, Toulouse le 9 novembre, avec le Plan Bâtiment
Durable Occitanie : relevé des échanges
8.7 OBSERVATIONS DES ORGANISATIONS PROFESSIONNELLES
SUR LES LEVIERS ET MESURES DE LA FEUILLE DE ROUTE
8.7.1 Observations de la FFB et du Pôle Habitat FFB
8.7.2 Observations du SFIC
8.7.3 Observations de la FPI
8.7.4 Observations de Filiance
8.8 FICHES LEVIERS : VERSIONS INTÉGRALES
8.8.1 Introduction
8.8.2 Composants des ouvrages
8.8.3 Construction neuve
8.8.4 Rénovation
8.8.5 Usages
8.8.6 Leviers transversaux
TÉLÉCHARGER TOUTES LES ANNEXES
https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/8-1%20Lettres%20de%20mission.pdf
https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/8-2-Composition-du-COPIL.pdf
https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/8-3-Empreinte-carbone.pdf
https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/8-4-Quantification-de-gisement.pdf
https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/8-5-Auditions.pdf
https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/8-6-Concertations-territoriales.pdf
https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/8-7-Observations-des-organisations-professionnelles.pdf
https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/8-8-Fiches-leviers.pdf
https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/8-0-Annexes-global.pdf
MINISTÈRE
DE LA TRANSITION
ÉCOLOGIQUE
ET DE LA COHÉSION
DES TERRITOIRES
Page vierge
Button1:
INVALIDE) (ATTENTION: OPTION rcer les exigences quant à la performance
énergétique et à introduire la performance carbone des bâtiments existants.
À savoir viser l?efficacité de l?exploitation du bâtiment après les travaux et
optimiser le choix des matériaux pour réduire leur poids carbone. La mise à
disposition d?outils permettant cette optimisation est essentielle.
Le deuxième levier se concentre sur l?enjeu de la massification de la réno-
vation globale, qui ne représente aujourd?hui qu?un dixième des projets
de rénovation entrepris alors qu?elle constitue le mode le plus efficace. En
cause de ce retard, un flou quant à la définition de ce qu?est une rénovation
performante, des dispositifs d?aides diffus et trop complexes et aussi un
manque de soutien financier spécifique à ce type de rénovation en par-
ticulier. Raisons pour lesquelles, il apparaît nécessaire de mieux en définir
les contours, de définir et prioriser les travaux (isolation de l?enveloppe et
amélioration de la ventilation en premier), enfin de simplifier les dispositifs
d?aides et d?en augmenter le montant.
Afin de réussir la massification de la rénovation, l?ensemble de la filière
appelle à une augmentation sensible des aides publiques à la rénovation
(État, certificats d?économies d?énergie [CEE], collectivités territoriales).
Le troisième levier consiste à rehausser les objectifs de la rénovation en
visant un niveau de consommation BBC (bâtiment basse consommation)
pour l?ensemble du parc immobilier (logement et tertiaire). Ce niveau per-
met en effet d?atteindre des seuils performants, d?éviter des travaux de
rénovation ultérieurs et de garantir un meilleur retour sur investissement
de la dépense publique. La barre est cependant haute : il faudrait multiplier
par dix les rénovations performantes au niveau BBC d?ici 2030 (soit 600 000
à un million de logements rénovés BBC par an). La solution pourrait être de
mettre en place une réglementation environnementale ambitieuse pour la
rénovation, avec des critères de performance énergétique, carbone et des
logiques de confort d?été avec, à la clef, des mesures incitatives.
Le dernier levier identifié concerne la mesure de la performance des réno-
vations via un suivi et des contrôles réguliers tout au long des travaux puis
lors de l?exploitation. Cette exigence de résultat, développant une culture
du résultat performant, couplé aux incitations de la mise en oeuvre des réno-
vations permettrait d?être plus efficace avec un minimum de ressources.
Ces quatre leviers sont autant de clefs qui permettront de soutenir et mas-
sifier une rénovation globale, performante et efficace.
36 - FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT
PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION
FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT - 37
RENFORCER L?EXIGENCE D?EFFICACITÉ DE LA RÉNOVATION
1LE
VIE
R
L?exigence d?efficacité de la rénovation doit être double : énergétique bien sûr mais également carbone.
Deux leviers sont proposés pour en améliorer les performances : optimiser les matériaux utilisés lors des
travaux pour réduire leur poids carbone et viser l?efficacité de l?exploitation du bâtiment en termes de
consommation après les travaux, phase la plus impactante en termes de baisse des émissions de GES.
Cela suppose d?effectuer une analyse en cycle de vie du bâtiment avant la rénovation pour disposer
d?une vision globale et prendre les bonnes décisions. Et de proposer des outils de calculs ACV simples
d?utilisation (ceux disponibles sur le marché sont encore bien trop complexes).
La performance de la rénovation se joue aussi au-delà de la conception et de la mise en oeuvre, elle
doit être pérennisée par la maintenance et l?entretien des systèmes (chauffage, eau chaude sanitaire,
ventilation, etc.), ainsi que par l?usage. Sur ce point le manque d?accompagnement post travaux par les
professionnels pour les particuliers constitue un frein, surtout en maison individuelle.
Enfin, alors que de nombreuses études démontrent l?intérêt de rénovations globales et que des aides
existent, seules 0,2 % des rénovations sur le résidentiel et le tertiaire sur la période 2012-2016 seraient
des rénovations globales (rapport Sichel, mars 2021). Le marché de la rénovation demeure bien à ce jour
majoritairement porté par des actions dites monogeste, uniques, voire juxtaposées dans le temps, qui
ne permettent pas d?atteindre l?objectif de performance souhaitable. L?enjeu est de taille puisque la
SNBC estime qu?il faudra réaliser de l?ordre de 700 000 rénovations performantes par an pour atteindre
les objectifs climatiques de 2050.
Propositions d?évolution des politiques publiques :
? Orienter progressivement les incitations (aides et financements) vers la rénovation
globale, en une fois ou par étapes (jusqu?à 3 maximum). Réserver le soutien au
monogeste aux ménages modestes ou à l?entrée dans un parcours par étapes,
celui-ci étant cadré dans le temps (3 à 5 ans), adapté à la typologie du bâtiment,
la première étape d?un parcours doit prioritairement porter sur les travaux de
l?enveloppe et de la ventilation ;
? Élargir les aides publiques à la rénovation aux études, tant en conception qu?en suivi
des travaux.
Actions à mener par la filière :
? Proposer des outils de calcul ACV simples d?utilisation, d?utilisation volontaire,
pour guider la conception dès le début du projet (cf. outil développé dans le
programme Profeel) ;
? Encourager et mieux accompagner les travaux d?entretien et de maintenance,
par les professionnels, en s?appuyant sur les outils numériques tels que le Carnet
d?information logement (CIL) ou le dossier Utilisateur exploitation maintenance
(maîtres d?oeuvre, entreprises de construction, exploitants/mainteneurs).
? Outil(s) de calcul ACV simple(s) d?utilisation disponible(s) ;
? Évolution du nombre de rénovations par geste et de
rénovations globales réalisées ;
? Nombre de rénovations accompagnées par une maîtrise
d?oeuvre.
INDICATEURS
DE SUIVI
______
RÉNOVATION PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION
38 - FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT
MASSIFIER LA RÉNOVATION GLOBALE
2LE
VIE
R
La rénovation globale est sans nul doute le mode le plus efficace pour réduire les émissions de gaz
à effet de serre et les consommations d?énergie. Raison pour laquelle elle doit être très largement
déployée pour rénover l?ensemble du parc d?ici à 2050. Ce qui est loin d?être le cas : chez les
propriétaires particuliers, les rénovations globales ne représentent aujourd?hui qu?une petite fraction
des travaux entrepris, la majorité des rénovations réalisées étant partielles.
Ces chiffres attestent d?un grand retard et sont très loin derrière les objectifs visés par la SNBC de
porter l?ensemble du parc résidentiel à un niveau « bâtiment basse consommation » d?ici à 2050
(étiquettes A et B). En cause de ce retard, un flou quant à la définition d?une rénovation globale et
performante jusqu?à la loi Climat et résilience en 2021, des dispositifs d?aides trop nombreux et trop
complexes (MaPrimeRénov?, Certificats d?Économie d?Énergie, éco-PTZ, aides locales?) et un soutien
financier très insuffisant au regard du coût de ce type de rénovation en particulier.
Parmi les propositions avancées pour massifier la rénovation globale et performante, il apparaît
nécessaire de mieux en définir les contours : que ce soit en une seule fois ou par étapes jusqu?à trois
maximum (source : ADEME, la rénovation performante par étapes, janvier 2021). Même si ce mode
de rénovation est inscrit dans la loi Climat et résilience, des éléments semblent manquer dans les
définitions, notamment sur les questions d?étanchéité du bâtiment et de performance de l?enveloppe.
L?arrêté BBC Rénovation est en ce sens plus clair. Il semblerait également nécessaire de prioriser, lors
d?une rénovation par étapes, la performance de l?enveloppe et la ventilation dès la première étape.
Parmi les autres actions proposées : augmenter le montant des aides et en simplifier les dispositifs
avec, par exemple, un dossier unique avec un seul service instructeur. Autant de clefs qui permettront
de soutenir et massifier la rénovation globale.
Actions à mener par la filière :
? S?appuyer sur les compétences locales pour fournir des solutions sur-mesure
réplicables ;
? Développer localement des solutions innovantes et adaptées aux situations
des territoires ;
? Organiser la mise en place d?offres packagées de travaux de rénovation globale
et performante, de façon à favoriser la réplicabilité des travaux et à raisonner à
l?échelle de l?îlot, associant les compétences des délégataires CEE, des maîtres
d?oeuvre, des établissements bancaires et des artisans.
PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION RÉNOVATION
FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT - 39
2LE
VIE
R
Propositions d?évolution des politiques publiques :
? Simplifiez les dispositifs d?aide et d?accompagnement, en mettant notamment en place
un dossier unique avec un seul service instructeur pour la collecte des financements
auprès des différents organismes gestionnaires des financements. Le montant des aides
doit aussi être stabilisé ;
? Réhausser nettement les aides publiques vers la rénovation globale dès 2024.
Concernant la rénovation par étapes (jusqu?à 3 trois maximum), elle doit être cadrée
dans le temps (3 à 5 ans), adaptée à la typologie du bâtiment et prioriser dès la première
étape la performance de l?enveloppe et la ventilation. Un prêt pour les étapes ultérieures
pourrait être proposé et transformé en subvention en cas de réalisation ;
? Sensibiliser les ménages, à l?occasion des travaux d?entretien ou de rénovation de leur
logement, pour les inciter à rendre celui-ci plus résilient aux risques climatiques et aux
évolutions sociales et démographiques (vieillissement, handicap?) ;
? Rendre possible le cumul de toutes les aides attachées au logement (énergétique,
adaptation au vieillissement...), et ce tant dans le parc privé que dans le parc social ;
? Créer dans MaPrimeRenov? un bonus lors : de la période d?achat/vente pour faciliter le
passage à l?acte de rénovation, et lors de la réalisation de la dernière étape d?un parcours
pour encourager la finalisation des travaux ;
? Lever les contraintes liées aux règlements de copropriété et de colotissement : repasser
au vote à la majorité simple pour voter les travaux de rénovation en copropriété ;
exonérer temporairement de taxes foncières sur le bâti (TFBP) pour inciter les
colotissements à approuver, sur proposition des collectivités locales, la modification de
cahiers des charges de lotissement empêchant leur densification ;
? Interdire la location des passoires thermiques dans le parc tertiaire pour les bureaux dont
l?étiquette DPE est F et G en 2030 voire E à plus long terme (2034 pour les logements).
Pour ce faire, revoir le calcul DPE conventionnel pour le parc tertiaire ;
? Communiquer simplement et efficacement sur les solutions globales (contrat de
rénovation global et forfaitaire, groupements d?entreprises et d?artisans...) et développer
un outil simple à destination des ménages démontrant les avantages des rénovations
performantes et globales, intégrant les travaux d?entretien (cf. Rex de l?observatoire BBC
et de l?APR ADEME « Perf in Mind ») ;
? Réduire les frais de mutation en cas d?engagement de rénovation performante, en les
alignant par exemple sur ceux du neuf ;
? Pour les marchés <100 k¤ HT, supprimer la solidarité conventionnelle du mandataire commun
et des cotraitants dans le cadre des Groupements Momentanés d?Entreprises pour encourager
les groupements d?entreprises et d?artisans, afin de réaliser davantage de rénovations globales.
? Nombre d?aides à la rénovation globale en une seule fois et par
étapes distribuées selon l?avancement du parcours travaux ;
? Évolution du nombre de rénovations globales ;
? Nombre de passoires thermiques (logements et tertiaires).
INDICATEURS
DE SUIVI
______
Estimation de l?impact du levier sur la réduction des GES :
La rénovation massive et globale du parc résidentiel représente un gisement de 39
Mt CO2/an pour 2050.
La massification de la rénovation globale, qui implique le passage à une rénovation
complète de 700 000 logements par an, représente un gisement de 16,7 Mt CO2/an
pour 2030 et 39,2 Mt CO2/an pour 2050. Ce bénéfice inclut uniquement les gains sur le
chauffage des logements. Ce levier représente une réduction d?un peu plus de 25 % de
l?empreinte de la chaîne de valeur bâtiment en 2019, estimée à 153 Mt CO2/an.
Pour plus de détail, se reporter à l?annexe 8.4.5.
RÉNOVATION PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION
40 - FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT
REHAUSSER LES OBJECTIFS DE LA RÉNOVATION
3LE
VIE
R
Pour atteindre les objectifs nationaux de neutralité carbone en 2050 et permettre une sobriété éner-
gétique, les objectifs de la rénovation doivent être revus à la hausse. Seule l?atteinte d?un niveau de
consommation BBC en moyenne en 2050 pour l?ensemble du parc immobilier (logement et tertiaire)
permettrait de remplir les objectifs de la SNBC en 2050.
Pour y parvenir, les rénovations performantes au niveau BBC20, en une fois ou par étapes, doivent être
multipliées par dix, soit un objectif de 600 000 à 1 million de logements rénovés BBC d?ici 2030. Loin
de ce qui est pratiqué aujourd?hui : sur les 700 000 rénovations financées par MaPrimeRénov? ? qui
priorisent les monogestes axés sur les équipements ?, seuls 42 610 logements sont labellisés BBC en
2021 (source : Effinergie). Il est aujourd?hui nécessaire de rehausser les objectifs de la rénovation afin
d?atteindre des seuils performants, d?éviter des travaux de rénovation ultérieurs et de garantir un
meilleur retour sur investissement de la dépense publique.
La solution proposée est de réfléchir à une réglementation environnementale ambitieuse pour la
rénovation. Elle inclurait, à l?instar de la RE2020, des critères de performance énergétique, carbone
et des logiques de confort d?été.
La rénovation globale représente cependant un coût plus important qu?une rénovation partielle : le
montant estimé des travaux est de 366 ¤ HT/m² par logement pour les maisons individuelles21 et de
285 ¤ HT/m² pour les logements collectifs22. À cela s?ajoutent les coûts de l?obtention du label (audit
énergétique) et des tests de perméabilité. Des mesures incitatives pourraient être proposées comme
un coût d?abattement de 166 ¤/tCO2eq économisée pour la rénovation d?une maison individuelle au
niveau BBC.
Propositions d?évolution des politiques publiques :
? Concevoir une réglementation environnementale pour la rénovation intégrant
des critères ambitieux de performance énergétique, de performance carbone
et de confort d?été.
? À court terme, pour la réglementation thermique (RT) globale, il est proposé
de rehausser les objectifs pour les aligner sur ceux du niveau BBC rénovation
et d?élargir l?assiette des projets assujettis à la RT globale (les critères actuels
d?assujettissement étant : bâtiments construits après 1948, de plus de 1000 m²
avec un coût supérieur à 25 %). Concernant la RT par élément, rehausser les
exigences. Puis ajouter un seuil carbone au dispositif Éco Énergie Tertiaire.
? À moyen terme, l?assiette des projets assujettis au décret tertiaire pourrait
être élargie afin d?intégrer les bâtiments de moins de 1000 m² et pourrait
inclure une dimension carbone liée à l?usage des énergies. La méthode de calcul
actuellement utilisée en conception (THC-ex) pourrait évoluer tout comme
le DPE vers une nouvelle méthode de calcul proche de la RE2020 avec des
exigences sur le confort d?été et l?ACV.
? Inciter à la labellisation des opérations pour dépasser les objectifs réglementaires.
Pistes envisagées : renforcement de la bonification des aides (MaPrimeRénov?,
CEE) pour les projets labellisés BBC rénovation ; modulation de la dotation de
l?État aux collectivités ; exonération provisoire de taxes foncières ; renforcement du
dispositif De Normandie pour les investissements locatifs en cas de rénovation BBC ;
une avance de travaux avec un taux préférentiel ou le rattachement du prêt de
financement des travaux à la pierre en cas d?obtention du label BBC rénovation.
? Ceci représente des coûts supplémentaires : obtention du label (100 ¤ pour
les logements collectifs et de 1 000 ¤ pour les maisons individuelles), test de
perméabilité (600 ¤) et des montants de travaux plus importants (366 ¤ HT/m²
par logement pour les maisons individuelles ; 285 ¤ HT/m² par logement23
pour les collectifs).
PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION RÉNOVATION
FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT - 41
3LE
VIE
R
? Nombre de logements et nombre de m² de tertiaire labellisés
BBC rénovation/an ;
? Pourcentage de chantiers publics (y compris parc social)
labellisés BBC rénovation ;
? Évolution de la réglementation intégrant des critères carbone
reposant sur une ACV en rénovation.
INDICATEURS
DE SUIVI
______
20.L?arrêté définissant les labels BBC rénovation et BBC par étapes est en cours de finalisation par la DHUP. Il porte
sur les étiquettes A ou B du DPE (énergie et carbone), le confort d?été, la qualité de l?enveloppe, le tout contrôlé et vérifié
par des organismes accrédités COFRAC et des mesures sur site (perméabilité à l?air du bâtiment, ventilation).
21. Source : https://www.effinergie.org/web/images/attach/base_doc/2912/20210429etude-renovation.pdf
22. Source : https://www.effinergie.org/web/images/attach/base_doc/3091/20220209_SYNTHESE_ETUDE%20RENOVATION.pdf
23. https://www.effinergie.org/web/images/attach/base_doc/3091/20220209_SYNTHESE_ETUDE%20RENOVATION.pdf
RÉNOVATION PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION
42 - FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT
MESURER LA PERFORMANCE
Au regard de l?ampleur de l?enjeu de la décarbonation du bâtiment, du temps comme des ressources qui
sont limitées, mesurer la performance des rénovations ressort comme essentiel à l?atteinte des objectifs.
Mesurer la performance permet en effet d?améliorer la qualité des rénovations, d?identifier les bonnes
pratiques, de les partager et ainsi de contribuer à faire monter en compétence la filière. Bref, être aussi
efficace que possible avec un minimum de ressources.
Mesurer la performance rend également possible la contractualisation de l?atteinte des performances.
Elle favorise la qualité des rénovations (globales ou par étapes) et du niveau de performance attendu
en exploitation.
Ceci implique un suivi efficace et doit être associé à des contrôles pendant et à la fin des travaux de
rénovation, puis lors de l?exploitation des bâtiments.
Sur ce plan, le développement d?outils de gestion technique du bâtiment pour le suivi et le pilotage à
distance peut être un atout et une source de réduction des consommations énergétiques. Le pilotage
permettrait en effet un gain de 18 % de consommations énergétiques et l?individualisation des frais de
chauffage, un gain de 15 % (sources Fedene). Ces développements, bien qu?intéressants, impliquent
des coûts supplémentaires (mesure, outils, suivi des consommations).
4LE
VIE
R
Proposition d?évolution des politiques publiques :
? Encourager la contractualisation de l?atteinte de la performance des travaux
de rénovation via des aides particulières, des bonifications, voire faire de cette
contractualisation une condition à l?obtention de l?aide publique.
Actions à mener par la filière :
? Mesurer, sans contrainte associée, l?efficacité des travaux à la réception. Pour
cela des outils de mesure de la performance in situ doivent être développés et
déployés. Dans le cas d?une rénovation globale (engagement sur la performance
mesurée in situ), il convient de s?appuyer sur le protocole SEREINE 2 lancé dans le
cadre du programme Profeel. Ce dernier propose notamment une cartographie
des différentes méthodes de mesure de la performance réelle de l?enveloppe d?une
maison individuelle : un outil utile pour faciliter la prise de décision des maîtres
d?ouvrage.
? Aujourd?hui, les dispositifs d?aides financières sont soumis à une comparaison
état initial/état projeté, imposant une mesure avant et après travaux. Il est
préconisé de ne faire qu?une mesure au stade de la réception et d?intégrer
une nouvelle mécanique sur la base de la valeur mesurée in situ après travaux.
Un coût supplémentaire doit être envisagé pour les opérateurs de mesure
(investissement dans les kits de mesure) et pour les maîtres d?ouvrage ou clients
(prix de la mesure) ;
? Faciliter la mesure de la performance au long cours, notamment à distance grâce
à des outils adaptés (compteurs connectés, logiciels de suivi à distance?). La mise
en place d?un équivalent au décret BACS pour le logement collectif puis individuel
pourrait être envisagée. Parmi les autres pistes, un système de pilotage dans le DPE ;
? Déployer des contrôles de performance carbone et énergie lors de la rénovation
(et de l?exploitation) pour s?assurer de l?atteinte des économies attendues. Ces
contrôles, effectués pendant et à la fin des travaux, permettraient de vérifier
l?atteinte de la performance pour les travaux d?enveloppe qui restent complexes
et demandent une bonne coordination.
PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION RÉNOVATION
FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT - 43
4LE
VIE
R
? Protocoles et outils de mesure de la performance in situ
disponibles pour les différents types de bâtiments et types de
rénovation ;
? Développement d?outils adaptés au suivi au long cours et à
distance de la performance des bâtiments ;
? Nombre annuel de projets de rénovation pour lesquels la
performance a été mesurée ;
? Nombre annuel de projets de rénovation faisant l?objet d?une
contractualisation de l?atteinte de la performance (observatoire
des contrats de performance énergétique [CPE]).
INDICATEURS
DE SUIVI
______
RÉNOVATION PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION
USAGES
La rénovation des bâtiments est la clef de voûte.
En phase d?exploitation du bâtiment, les émissions
de gaz à effet de serre (GES) proviennent essen-
tiellement de leurs consommations énergétiques.
Si les réglementations thermiques successives ont
permis d?améliorer considérablement l?efficacité
énergétique des bâtiments, la performance éner-
gétique en service d?un bâtiment dépend à la fois
de l?état du bâti, de la performance intrinsèque
des équipements techniques et de l?usage opti-
misé du bâtiment par les occupants.
Aussi, l?atteinte des objectifs de décarbonation
des bâtiments à l?horizon 2050 passe par le déve-
loppement d?une culture de l?exploitation et de
l?usage sobre et bas-carbone des bâtiments,
notamment par la mise en place des campagnes
de sensibilisation axées sur les écogestes et l?in-
vestissement dans des systèmes de mesure.
Envisager des opérations concrètes pour la main-
tenance et l?exploitation des systèmes techniques
pour une exploitation sobre et bas-carbone des
bâtiments est également nécessaire pour amélio-
rer leur performance énergétique.
Par ailleurs, des solutions techniques peuvent
être déployées pour réduire la consommation
énergétique lors des pics de consommation
observés dans les bâtiments, dont l?usage peut
être partagé ou converti en cours d?exploitation
pour une meilleure distribution de l?énergie.
44 - FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT
PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION
FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT - 45
DÉVELOPPER UNE CULTURE DE L?EXPLOITATION ET DE L?USAGE,
SOBRE ET BAS-CARBONE DES BÂTIMENTS
1LE
VIE
R
La performance énergétique des bâtiments tertiaires et résidentiels en phase d?usage dépend de trois
leviers interdépendants : l?état du bâti, la performance intrinsèque des équipements techniques et l?usage
optimisé du bâtiment par l?occupant.
Éléments clés pour maintenir la performance énergétique dans le temps, le rôle de l?occupant et la bonne
exploitation du bâtiment doivent être davantage pris en compte par les politiques publiques.
Sensibiliser et former sur les leviers et les gains possibles d?une exploitation et d?un usage optimisés s?avère
également indispensable pour assurer un engagement des acteurs concernés (particuliers, exploitants,
gestionnaires) sur le long terme.
La pertinence économique d?une exploitation performante et bas-carbone devra être prouvée car son
coût est perçu actuellement comme le principal frein. Les axes de connaissance à diffuser recouvrent à
la fois l?efficacité (consommer moins) et la flexibilité énergétique (consommer au bon moment).
Un tel levier suppose de mettre en place des campagnes de sensibilisation axées sur les écogestes (qui
génèrent environ 7 % d?économie d?énergie) et d?investir dans les systèmes de mesure. En effet, le comp-
tage et l?affichage des consommations d?énergie associés à de la pédagogie et à la mobilisation des
occupants permettent environ 5 à 20 % d?économie d?énergie.
Cette démarche implique donc un fort besoin en formation (formation d?ambassadeurs énergie, amélio-
ration de la connaissance des maîtres d?ouvrage...) et un recrutement important, à la fois pour la phase
d?usage et d?exploitation. L?objectif est de 120 000 emplois pour accompagner les entreprises dans la tran-
sition énergétique pour porter le projet, assurer la promotion au sein de la structure de manière pérenne.
Propositions d?évolution des politiques publiques :
? Sensibiliser le grand public en pérennisant les campagnes de communication
sur les bons gestes de réduction de consommation et d?usage sobre et bas-carbone
des bâtiments ;
? Sensibiliser les usagers en intégrant les notions d?écogestes et d?entretien
des équipements présents dans les logements dans le Carnet d?information
du logement, inciter à intégrer une prestation de sensibilisation des usagers
dans les contrats d?exploitation.
Actions à mener par la filière :
? Sensibiliser le grand public à une sobriété d?usage des bâtiments en déployant
des ateliers, des formations, des concours type CUBE-S, etc. (écoles/universités,
entreprises, particuliers, maîtres d?ouvrage, acteurs de la filière) ;
? Former les gestionnaires de bâtiments à l?efficacité énergétique et la flexibilité dans
le tertiaire et le logement collectif via des programmes comme Perf-actee pour les
entreprises privées ou Baisse les watts (concierges, exploitants de bâtiments tertiaires).
USAGES PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION
46 - FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT
DÉVELOPPER LES CONDITIONS TECHNIQUES, OPÉRATIONNELLES
POUR UNE EXPLOITATION SOBRE ET BAS-CARBONE DES BÂTIMENTS
2LE
VIE
R
Une exploitation sobre en énergie, et en carbone, à niveau de confort souhaité, passe nécessairement
par la mise en oeuvre de solutions techniques, sur la base de référentiels techniques (normes, règlements,
certification, incitations financières, etc.) et le renforcement des actions opérationnelles d?exploitation
et de maintenance.
Ce levier propose ainsi des opérations concrètes pour accompagner et renforcer les actions d?instal-
lation, de maintenance et d?exploitation des systèmes techniques du bâtiment. Il s?agit de déployer
les moyens et outils nécessaires à la bonne exploitation du bâtiment, en s?appuyant principalement
sur les systèmes de gestion technique du bâtiment (GTB). Il est ainsi proposé de compléter le cadre
réglementaire et les dispositifs incitatifs (dispositif Éco Énergie Tertiaire, CEE) par une valorisation des
systèmes de régulation et de GTB dans les méthodes de calcul réglementaires (3CL, RT Globale, éva-
luation carbone, etc.).
Cette démarche met en avant l?existence de solutions et de références techniques robustes. L?enjeu
repose sur la capacité à massifier ces actions dans un temps rapide et à coûts maîtrisés, notamment
via la mise en place d?objectifs de résultats (cadre réglementaire) et la mobilisation des financements
nécessaires (financement public, outils CEE, etc.).
Actions à mener par la filière :
? Développer un indicateur d?efficience en kWh/personne/temps d?occupation,
définir une méthode fiabilisée de bilan carbone lié à la consommation énergétique
à déployer dans les contrats d?exploitation et élargir les évaluations énergétiques et
carbone (numérique, autres usages de l?énergie, ameublement, gestion des déchets) ;
? Améliorer la prise en compte de la régulation, de la GTB, du pilotage en intégrant
des fonctions de régulation et des GTB performantes dans les méthodes
d?évaluation de la performance énergétique des bâtiments (DPE notamment),
proposer d?abaisser le seuil de 290 kW à 70 kW pour l?obligation d?installation d?une
GTB performante dans la révision de la Directive sur la performance énergétique des
bâtiments (DPEB), étendre l?obligation aux bâtiments résidentiels (maîtres d?ouvrage,
maîtres d?oeuvre, industriels, exploitants, intégrateurs) ;
? Adapter les contrats d?exploitation afin de renforcer les travaux sur le pilotage,
l?équilibrage et le désembouage pour contrebalancer la difficulté d?une température
de consigne souvent différente de la température ressentie ;
? Installer les systèmes et équipements indispensables à l?exploitation bas-carbone
(systèmes de comptage et d?affichage des consommations d?énergie, de suivi à
distance, de pilotage, etc.).
? Respect des obligations réglementaires.INDICATEUR
DE SUIVI
______
PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION USAGES
FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT - 47
CONSOMMER AUTREMENT (MIEUX ET AU BON MOMENT) L?ÉNERGIE
DANS LA PHASE D?EXPLOITATION
3LE
VIE
R
Ce levier propose d?optimiser la consommation énergétique des bâtiments avec pour objectif de réduire
la consommation du bâtiment dans sa phase d?exploitation lors des pics de consommation. Pour ce
faire,il s?appuie sur la mise en relation de l?offre et la demande (flexibilité/effacement) et sur des solutions
techniques permettant de consommer autrement (mieux et au bon moment).
Cela implique tout d?abord de standardiser la mesure du potentiel de flexibilité en facilitant le recrute-
ment d?un maximum de sites tertiaires pour calculer leur étiquette GOFLEX (un indice dédié à la mesure
du potentiel de flexibilité énergétique des bâtiments), puis de la mettre en visibilité au travers de la
plateforme ACTEE-RTE en cours de développement. Consultée par les opérateurs de service (type agré-
gateurs, gestionnaire de réseau, syndicats d?énergie...) celle-ci mettra en relation l?offre et la demande
de flexibilité/effacement.
La réduction lors des pics de consommation du bâtiment durant son exploitation peut également se
faire au travers de solutions techniques comme le pilotage de la recharge intelligente des véhicules
électriques pour neutraliser l?impact sur le pic de consommation journalier ou encore la synchronisation
du paramétrage des systèmes de gestion technique des bâtiments (GTB) avec les signaux ECOWATT
ou ECOGAZ qui qualifient en temps réel le niveau de consommation des Français, pour les décliner en
scénarios préprogrammés, adaptés aux besoins du réseau électrique.
Actions à mener par la filière :
? Déployer des solutions de pilotage de la recharge/recharge intelligente des véhicules
électriques pour neutraliser l?impact sur le pic de consommation journalier et
favoriser l?intégration des énergies renouvelables sur le réseau de distribution ;
? Aider à l?intervention de technicien pour la synchronisation du paramétrage des
GTB avec le signal ECOWATT et ECOGAZ en vue de décliner les trois scénarios
préprogrammés : viser un objectif d?effacement en % de la consommation initiale en
modes ECOWATT ORANGE ou ROUGE, selon les besoins du réseau électrique ;
? Mettre en relation l?offre et la demande de flexibilité/effacement au travers de
la plateforme en cours de développement (ACTEE ? RTE) (maîtres d?ouvrage ;
exploitants/mainteneurs ; agrégateurs ; opérateurs de réseau, opérateurs
d?agrégateurs).
? Nombre de sites tertiaires recrutés ;
? Gisement de flexibilité progressivement identifié ;
? Déclaration de l?étiquette GOFLEX dans OPERAT (plateforme
de recueil et de suivi des consommations d?énergie du secteur
tertiaire) ;
? Nombre de contrats de flexibilité passés, et puissance associée ;
? Taux d?échec lors des tests d?activation annuels.
INDICATEURS
DE SUIVI
______
USAGES PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION
48 - FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT
FACILITER LA DENSIFICATION PARCELLAIRE ET LE MULTIUSAGE
DANS UN BÂTIMENT EXISTANT
4LE
VIE
R
Faciliter la densification parcellaire passe notamment par l?encouragement du multiusage. Le multiu-
sage renvoie aux différentes capacités d?utilisation d?un même lieu (stationnement privatif et place de
parking, locaux, partagés, etc.). Cette notion englobe également la cohabitation (ou coliving) ainsi que
le multiusage (la possibilité de convertir l?usage d?un bâtiment existant en incorporant d?autres usages,
tout en faisant évoluer les usages existants).
Considérer la possibilité de convertir l?usage d?un bâtiment existant en incorporant d?autres usages per-
met de ne pas construire un nouveau bâtiment. Cela permet aussi de mieux gérer la distribution d?énergie,
favoriser le lien social et répondre aux préoccupations de la démarche Zéro Artificialisation Nette. Cela
permet également de ne pas chauffer deux sites distincts, ou encore de réduire les déplacements en
repensant la mobilité, les parcours et les transports.
Ce levier se heurte au frein des réglementations (incendie, accessibilité, hygiène et santé...) qui varient selon
les usages et aux difficultés de l?application réglementaire de la construction neuve aux bâtiments existants
alors que les textes réglementaires ne visent que la construction neuve. Est également à souligner un frein
juridique lié au droit de propriété et aux assurances et enfin des problèmes techniques liés à l?adaptation
particulière pour mettre à niveau des bâtiments aux usages différents.
Pour répondre à la notion de multiusage, de destinations d?ouvrage, de la capacité d?exploitation d?un lieu
et du travail nécessaire concernant la cohabitation, l?enjeu majeur identifié est celui de l?harmonisation
des réglementations et de la fiscalité pour simplifier les conversions du bâti.
La temporalité doit également être prise en compte via l?optimisation de l?exploitation d?un lieu par
une juxtaposition des usages dans le temps (ex. le préau d?une école peut accueillir des événements
associatifs le soir).
Propositions d?évolution des politiques publiques :
? Faciliter les changements d?usage tertiaire vers résidentiel en instaurant un dispositif
de révision des plans locaux d?urbanisme (PLU) favorisant la mixité des fonctions
dans les zones ;
? Harmoniser des réglementations pour permettre la mutualisation des usages au sein
d?un même bâtiment et faciliter la densification des bâtiments existants (extensions,
surélévations, etc.) : réglementations sur le neuf et l?existant, taux de TVA, etc.
Action à mener par la filière :
? S?assurer que le bâti existant est mobilisé à son plein potentiel : cartographier
les usages, estimer le taux d?usage du bâti (via l?analyse des consommations
d?énergie et d?eau) et de la parcelle.
? Accomplissement de la cartographie et exploitation
de la base de données ;
? Évolution du taux d?usage du bâti ;
? Nombre de cas de changement d?usage du tertiaire
vers le résidentiel ;
? Nombre de changements dans des espaces zonés
pour des usages tertiaires ;
? Évolution du nombre d?espaces partagés et de leur surface.
INDICATEURS
DE SUIVI
______
PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION USAGES
PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION
LEVIERS TRANSVERSAUX
La décarbonation impacte profondément les habitudes et pratiques du
secteur du bâtiment. Plusieurs outils, transverses par nature, doivent être
déployés et adaptés comme les outils financiers, la production d?énergies
renouvelables, l?emploi et la formation ou encore les systèmes constructifs.
Les dispositifs financiers d?abord. Peu connus des ménages, ils sont aussi
complexes et les délais d?instruction sont longs. Il apparaît nécessaire de
renforcer et rendre plus visibles les dispositifs financiers mis en place par
les banques et les investisseurs, de faire en sorte « d?absorber » le surcoût
des biens très performants sur le plan environnemental ou encore de
poursuivre les travaux de fiabilisation de l?outil DPE.
Autre levier : favoriser la production des énergies renouvelables et les sys-
tèmes de récupérations d?énergie comme les solutions photovoltaïques et
de production de chaleur et de froid (PAC), les systèmes de récupération,
hybrides et biocombustibles. Ils permettent notamment de décarboner
le mix électrique, d?augmenter la résilience du réseau de distribution et
d?engager les usagers vers la sobriété énergétique. Cependant, les règles
d?urbanisme, normatives ou de lotissements freinent parfois l?installation
de panneaux photovoltaïques ou de PAC. À cela s?ajoutent la complexité
des règles de vente d?énergie entre des utilisateurs privés de logements ou
de bureaux et le manque d?information des acteurs locaux, en particulier
les collectivités territoriales.
La préfabrication, autre levier, peut être une des clefs de l?objectif de
décarbonation (moindre pénibilité, plus grande variété des fonctions,
etc.). En effet, la fabrication hors-site présente plusieurs avantages en
faveur de la décarbonation. Au-delà des avantages connus (délai, coût,
qualité, traçabilité?), elle pourrait, par des implantations d?ateliers de pré-
fabrication auprès de fournisseurs locaux, favoriser les circuits courts et le
recours aux matériaux locaux, permettre l?emploi de matières premières
de seconde vie et/ou de matériaux décarbonés, biosourcés ou encore
optimiser les matériaux employés en limitant chutes, rebus et déchets.
Plusieurs freins, notamment normatifs, restent à lever pour en faire un
mode de fabrication plus répandu : le recours à la commande publique
pour favoriser l?émergence du hors-site est une des pistes.
Enfin pour accompagner cette transition majeure du secteur du bâti-
ment, il va être primordial d?adapter les parcours de formation, initiale
comme continue, en intégrant la décarbonation des bâtiments dans les
programmes et de déployer de nouvelles compétences. Quant à l?emploi,
le secteur devra répondre à un besoin de main-d?oeuvre supplémentaire
et doté de compétences spécifiques, afin d?anticiper l?accroissement des
tensions que connaît déjà le secteur. Il faut donc attirer des jeunes vers
les métiers du bâtiment, et également accompagner la reconversion en
provenance d?autres filières (cf. §7).
FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT - 49
50 - FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT
ASSURER UN OPTIMUM ENTRE DÉCONSTRUCTION ET RÉNOVATION
1LE
VIE
R
La recherche d?une minimisation des émissions de GES à l?échelle du parc français conduit à interroger
le bilan comparatif des options de « fin de vie » des bâtiments et à identifier, au cas par cas, la solution
la plus optimale d?un point de vue environnemental.
En première approche et d?un point de vue « strictement carbone », une opération de démolition puis
la reconstruction d?un bâtiment présente un bilan carbone supérieur à celui d?une opération de réno-
vation dont la performance énergétique résultante serait équivalente.
Le bilan environnemental n?apparaît pas aujourd?hui être un critère suffisamment pris en compte dans
l?arbitrage entre rénovation et reconstruction. L?enjeu central est donc d?identifier des moyens de
faire intégrer ces enjeux environnementaux à la prise de décision lors d?une opération intégrant une
démolition.
Dans les faits, de nombreux autres facteurs jouent en réalité sur l?arbitrage : nature de la démolition
éventuellement envisagée, enjeux patrimoniaux et architecturaux, enjeux sociaux, dysfonctionnements
urbanistiques, nature de la rénovation envisagée, modification de l?usage (densification ou dédensi-
fication par exemple), bilan économique, capacité à atteindre une performance énergétique élevée
en rénovation (contraintes techniques), autres facteurs environnementaux, facteurs de confort, etc.
Il apparaît ainsi essentiel d?approfondir la connaissance partagée du secteur sur le sujet et de donner
des éléments de méthode afin de faire intégrer ces enjeux environnementaux à la prise de décision.
Proposition d?évolution des politiques publiques :
? Développer avec les acteurs de la filière une méthodologie de comparaison
reconstruction/rénovation afin de prendre la meilleure décision selon une approche
multicritère intégrant la dimension carbone.
Actions à mener par la filière :
? Construire des retours d?expérience sur les premiers arbitrages faits avec des bilans
économiques et d?usage à l?appui ;
? Créer un dispositif concourant à la prise en compte de l?impact carbone lors de
l?arbitrage en fin de vie du bâtiment.
? Méthodologie et outils disponibles pour les maîtres d?ouvrage ;
? Nombre de retours d?expérience étudiés.
INDICATEURS
DE SUIVI
______
PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION LEVIERS TRANSVERSAUX
FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT - 51
AMÉLIORER ET COMPLÉTER LES DISPOSITIFS PROPOSÉS PAR LES ACTEURS
FINANCIERS POUR MASSIFIER LA DÉCARBONATION DES BÂTIMENTS,
À TOUTES LES ÉCHELLES
2LE
VIE
R
La massification de la rénovation globale, la mise en place de la RE2020 pour la construction neuve
et le déploiement des autres leviers de décarbonation du secteur nécessiteront des investissements
significatifs, impliquant de renforcer les dispositifs financiers actuels mis en place par les banques et
les investisseurs et de concevoir de nouveaux mécanismes permettant d?absorber le surcoût des biens
très performants sur le plan environnemental. Les assureurs exercent également un rôle essentiel pour
assurer les matériaux (cf. leviers sur l?emploi de composants bas-carbone et le réemploi et recyclage).
Un frein au déploiement de ces dispositifs financiers réside dans le manque de connaissance des ménages
sur les outils déjà existants, tels que le prêt et crédit habitat à destination des propriétaires de passoire
thermique proposés par certaines banques comme le Crédit mutuel, la Banque postale et le Crédit agricole.
Par ailleurs, les banques et investisseurs ne disposent pas systématiquement d?outils fiables de mesure
de la performance environnementale sur lesquels s?appuyer pour orienter ou bonifier leurs aides.
Les délais et la complexité du système d?aides publiques en faveur de la rénovation (cf. levier sur la
massification de la rénovation) sont un autre frein : ils peuvent retarder ou dissuader l?implication des
acteurs financiers. Le rapport pour une réhabilitation énergétique massive, simple et inclusive des
logements privés remis en 2021 par Olivier Sichel pointe ainsi l?importance de mettre en place de façon
plus large des avances publiques afin de sécuriser les décisions d?investissements et de solvabiliser des
ménages en vue d?impliquer des financeurs.
Enfin, la prudence des banques en matière de prêts peut également freiner la mise en place de dispositifs
« vertueux » qui couvriraient sur le long terme le surcoût lié à l?utilisation de produits ou composants
très performants sur le plan environnemental, tels que les prêts remboursables adossés à la valeur du
bien à terme plutôt qu?à la personne ou encore la hausse des durées d?amortissement.
Propositions d?évolution des politiques publiques :
? Améliorer la qualité de réalisation du DPE pour permettre aux financeurs de s?appuyer
dessus pour orienter et bonifier leurs dispositifs : préciser les règles de coexistence
de l?ancien et nouveau DPE sur le logement notamment en vue de l?application de la
taxonomie européenne, poursuivre l?accompagnement des diagnostiqueurs, harmoniser
le DPE tertiaire, oeuvrer au niveau européen pour harmoniser les DPE notamment dans
le cadre de la révision prochaine de la Directive européenne DPEB (État) ;
? Revoir au niveau européen les règles prudentielles appliquées aux banques pour alléger
le besoin de capital alloué aux financements vertueux (État).
Actions à mener par la filière :
? Communiquer sur les produits et dispositifs existants notamment proposés par
les banques : produire un kit de communication intégrant des bases existantes
fiables et estampillées par la puissance publique et lancer des campagnes de
communication à destination du public (banques, État) ;
? Concevoir des dispositifs de financement à long terme afin d?absorber les surcoûts
associés à des travaux de rénovations et/ou de constructions 2050-compatibles, par
exemple par des prêts remboursables adossés à la valeur du bien à terme ; étudier
la faisabilité d?attacher au bâtiment le prêt pour le financement des travaux en cas
d?obtention du label BBC rénovation (banques, investisseurs, État) ;
? Sensibiliser les acteurs financiers afin d?orienter les fonds des investissements bancaires
vers des prêts en faveur d?une rénovation BBC, permettant de remplir les critères
environnementaux de la taxonomie verte européenne (banques, investisseurs, État).
LEVIERS TRANSVERSAUX PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION
52 - FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT
FAVORISER L?INSTALLATION ET L?UTILISATION DANS LES BÂTIMENTS
DE SYSTÈMES TRÈS PERFORMANTS D?ÉNERGIES RENOUVELABLES
ET DE RÉCUPÉRATION
3LE
VIE
R
Les systèmes très performants d?énergies renouvelables et de récupération recouvrent les solutions
photovoltaïques et de production de chaleur et de froid - pompes à chaleur (PAC), solaire thermique,
systèmes de récupération d?énergie, systèmes hybrides, et biocombustibles.
Le déploiement de solutions photovoltaïques permet de décarboner le mix électrique, d?augmenter
la résilience du réseau et d?engager les usagers, qui produisent alors leur propre électricité, dans une
démarche de sobriété en les responsabilisant et en favorisant le développement de communautés
énergétiques. Les installations d?équipements solaires en toiture sont néanmoins freinées par les règles
d?urbanisme, notamment les avis conformes des architectes des Bâtiments de France, par les délais
d?instructions des demandes de raccordement par Enedis et par un traitement défavorable de l?auto-
consommation dans la RE2020.
Les solutions de production de chaleur et de froid permettent de consommer de l?énergie décarbonée
et de partager les excédents de cette énergie entre bâtiments. Elles sont déjà présentes sur le marché
à un stade de maturité élevé. Plusieurs freins, notamment réglementaires, pénalisent leur déploiement
dans les projets : les restrictions dans les PLU sur le positionnement des PAC ou leur interdiction par
certains règlements de lotissement, la complexité des règles de vente d?énergie entre des utilisateurs
privés de logements ou de bureaux. Le manque d?information des acteurs locaux, en particulier dans
les collectivités territoriales, est également un frein.
Propositions d?évolution des politiques publiques :
? Transformer l?avis conforme des architectes des Bâtiments de France en avis simple,
pour l?installation d?équipements solaires en toiture ou ombrière dans les espaces
protégés au titre du code du Patrimoine (État) ;
? Moderniser les moyens d?Enedis pour automatiser les procédures de demande
de raccordement pour l?installation d?infrastructures de production d?énergie
solaire photovoltaïque et renforcer l?administration du réseau (Enedis, État) ;
? Valoriser l?autoconsommation et l?export d?énergie dans la réglementation
environnementale RE2020 en reprenant le mode de valorisation proposé
par le label E+ C- (État) ;
? Informer et sensibiliser les acteurs locaux au développement des infrastructures
de production d?énergie décarbonée in situ (État) ;
? Simplifier les règles de vente d?énergie entre privés et permettre à une maîtrise
d?ouvrage ou un utilisateur privé de vendre son énergie excédentaire à tarif
préférentiel (État).
? Taux d?autoconsommation de la France en temps réel ;
? Délai de réponse d?Enedis aux demandes de raccordement ;
? Augmentation de la part de marché des PAC en logement
collectif.
INDICATEURS
DE SUIVI
______
PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION LEVIERS TRANSVERSAUX
FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT - 53
FABRICATION MANUFACTURÉE EN ATELIER DE BRIQUES CONSTRUCTIVES
À FAIBLE NIVEAU GLOBAL D?ÉMISSION CARBONE
4LE
VIE
R
La fabrication hors-site permet de faire remonter des heures de travail du chantier vers des ateliers
mettant en oeuvre des procédés industrialisés de fabrication.
La fabrication hors-site peut présenter plusieurs avantages en faveur de la décarbonation de la
construction ou de la réhabilitation des bâtiments (dont massification de la rénovation thermique).
En premier lieu, le hors-site pourrait favoriser les circuits courts et le recours aux matériaux locaux,
en créant autour de l?atelier ou de l?usine, un écosystème de partenaires (entreprises de fabrication
de fenêtres, de construction bois, d?isolants...). En deuxième lieu, la fabrication hors-site permettrait
d?utiliser davantage de matières premières de seconde vie et/ou de matériaux biosourcés, grâce à
une baisse des coûts et à des processus de contrôles renforcés du secteur de l?industrie, conditions
à leur réemploi (respect des normes, assurabilité simplifiée, meilleure acceptabilité des marchés?).
En troisième lieu, la fabrication hors-site, par l?optimisation de ses processus industrialisés, pourrait
également favoriser l?écoconception des matériaux et composants (limitation des chutes, rebus et
déchets donc des consommations induites, intégration numérique?). Ceci tout en permettant une
meilleure traçabilité des constituants des systèmes constructifs ainsi que leur démontage, en vue
d?adaptations du bâti (réponse à l?obsolescence des usages) ou du réemploi en fin de vie (meilleure
circularité). En quatrième lieu, le hors-site fournit possiblement une réponse économique aux chantiers
peu ou non viables en construction traditionnelle, tels que les sites occupés fortement contraints,
en accès difficile ou limité (nuisances liées aux travaux non tolérées, dents creuses peu accessibles,
implantation de base vie complexe?) qui nécessitent la mise en place de chantiers rapides.
Enfin, le hors-site pourrait être un élément de réponse à l?enjeu d?attractivité de la filière compte tenu
des avantages que peut présenter pour certains actifs le travail en ateliers par rapport au chantier
(moindre pénibilité, proximité des équipes, parcours facilités de formation, plus grande variété des
fonctions...).
Toutefois, le recours à la fabrication hors-site est encore aujourd?hui peu répandu en France et peut
encore faire l?objet d?une possible connotation négative auprès des maîtres d?ouvrage et des consom-
mateurs finaux pour plusieurs raisons. D?abord, le processus est peu valorisé et peut renvoyer à une
fausse idée de qualité moindre. Ensuite, son potentiel pour la décarbonation ne fait pas aujourd?hui
l?objet d?une certification donc d?un consensus sur la base de retours d?expérience qui permettrait
de promouvoir ce mode constructif auprès de la profession et des donneurs d?ordre. Le hors-site
ne fait pas non plus l?objet d?une définition partagée au sein de la filière, notamment concernant
les différents niveaux et degrés de fabrication hors-site par rapport au chantier. Enfin, la fabrication
hors-site n?est pas intégrée dans le tissu normatif, notamment dans les documents techniques uni-
fiés (NF-DTU), ce qui ralentit les avis des bureaux de contrôles, complexifie son assurabilité, et donc
compromet son adoption et le déploiement de ses bénéfices.
Actions à mener par la filière :
? Rédiger des règles professionnelles spécifiques au hors-site (DTU), sur le modèle des
actions déployées pour la construction en bois dans le cadre du programme Règles
de l?Art Grenelle Environnement programme (RAGE) lancé en 2012 (filière, AFNOR) ;
? Mettre en place un plan de communication à destination des donneurs d?ordre et des
prescripteurs sur les avantages du hors-site, dont le cahier des charges sera concerté
avec les organisations professionnelles et les syndicats concernés (filière, État).
LEVIERS TRANSVERSAUX PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION
54 - FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT
4LE
VIE
R
Propositions d?évolution des politiques publiques :
? Lancer un programme de R&D autour d?un tiers de confiance pour certifier le
potentiel de décarbonation du hors-site ;
? Promouvoir des « AMI décarbonation hors-site », démonstrateurs pour l?ensemble
de la profession avec un haut niveau d?exigence bas-carbone car jouant sur les
différentes opportunités du processus ;
? Recourir à la commande publique pour favoriser l?émergence du hors-site).
PRÉSENTATION DES LEVIERS DE DÉCARBONATION LEVIERS TRANSVERSAUX
FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT - 55
La décarbonation va impacter profondément les emplois et
les compétences des acteurs de la filière bâtiment.
Depuis le Grenelle de l?environnement, la filière construc-
tion s?est engagée dans la transition environnementale
avec la mise en place du programme de formation FEEBAT,
le lancement du label RGE (« reconnu garant de l?environ-
nement »), l?amélioration des procédures et des modes
d?intervention avec le programme Profeel, les référentiels
des diplômes et des certifications intégrant les questions
de la performance énergétique puis environnementale. La
décarbonation concerne tous les acteurs, tous les métiers
du bâtiment : elle nécessite de développer l?interopérabilité
entre eux.
De plus le secteur devra répondre à un besoin de main-
d?oeuvre supplémentaire et disposant des compétences
nécessaires pour exercer un des métiers du bâtiment. Cela
va accroître les tensions que connaît déjà le secteur depuis
de nombreuses années. Selon des études réalisées par
l?Observatoire des métiers du BTP24 et France Stratégie25, 7
entreprises du bâtiment sur 10 connaissent des difficultés de
recrutement dans un contexte où le secteur pourrait créer
200 000 emplois entre 2019 et 2030. Face à ces tensions,
il apparaît nécessaire d?augmenter le nombre de jeunes
s?orientant vers les métiers du bâtiment., l?insuffisance des
jeunes dans les formations du BTP étant la principale cause
des problèmes de recrutement rencontrés par les entre-
prises selon l?observatoire des métiers. Il convient ensuite
de développer auprès des entreprises une dynamique de
Gestion Prévisionnelle des Emplois et Compétences en
nouant notamment des relations avec les écoles et les
organismes de formation. Enfin, les entreprises du bâtiment
se tournant peu vers les demandeurs d?emploi comparé à
d?autres secteurs, il apparaît nécessaire de renforcer les liens
avec les partenaires institutionnels intervenant sur le champ
de l?orientation, de la formation et de l?emploi.
Si la rénovation apparaît comme le chantier majeur de
décarbonation en termes d?emplois et de compétence, la
plupart des autres mentionnés dans la présente feuille de
route nécessitent également des évolutions, comme l?il-
lustre le tableau de la page suivante.
Adaptation des emplois
et des compétences à la décarbonation
24. Les métiers en tension - Observatoire des métiers du BTP, 2021.
25. Les métiers en 2030, Rapport du groupe Prospective des métiers
et qualifications, France Stratégie et Dares, Mars 2022.
ADAPTATION DES EMPLOIS ET DES COMPÉTENCES
Propositions d?évolution des
politiques publiques :
? À partir de l?analyse des besoins en termes
de compétence (cf. supra), intégrer
progressivement les nouvelles compétences
lors des révisions des certifications
professionnelles (diplômes Éducation
nationale, titres ministère du Travail) et des
référentiels des CQP ;
? Intégrer la décarbonation dans les
contenus des formations existantes ayant
trait à l?amélioration de la performance
énergétique (exemple de FEEBAT) et,
au-delà, dans toutes les formations initiales
et continues du secteur (État) ;
? Promouvoir le secteur auprès des jeunes :
former, sensibiliser les parents sur les
évolutions des métiers du bâtiment
en vue de valoriser le secteur de la
construction, renforcer les dispositifs
de transition professionnelle (mobilité
interprofessionnelle) pour l?intégration de
publics adultes issus d?autres secteurs (État).
Actions à mener par la filière :
? Analyser plus précisément et plus
régulièrement les besoins en termes
de compétence que va entraîner la
décarbonation (Porteur non défini) ;
? Impliquer les dirigeants et les salariés de
la filière construction en développant des
outils d?information et de sensibilisation
sur les enjeux de la décarbonation pour les
TPE/PME et des outils d?accompagnement
à l?attention des professionnels dirigeants
d?entreprise et artisans (Porteur non défini).
? Nombres de certifications adaptées ou
créées en lien avec la décarbonation ;
? Formations (nombre, heures, contenu)
mises en oeuvre en lien avec les marchés
de la décarbonation.
INDICATEURS
DE SUIVI
______
56 - FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT
ADAPTATION DES EMPLOIS ET DES COMPÉTENCES
BESOINS EN COMPÉTENCES ET EMPLOIS POUR DÉPLOYER LES LEVIERS
DE DÉCARBONATION DE LA FEUILLE DE ROUTE
DÉCARBONATION DES COMPOSANTS
NOM DU LEVIER NOUVELLES COMPÉTENCES BESOINS EN EMPLOIS
SUPPLÉMENTAIRES
Décarbonation des procédés
de fabrication des matériaux
et composants
? Former les acteurs à la réalisation
d?ACV.
? Montée en compétence dans le
domaine de l?écoconception.
Besoin de spécialistes ACV et
écoconception : ressources critiques
particulièrement recherchées par les
entreprises.
Accélérer l?emploi des composants
avec un bas poids carbone, avec une
performance qui réponde au besoin
? Montée en compétence en ACV
bâtiment (BET pas spécialisé en
environnement).
? Montée en compétence en ACV
produit (ingénieur environnement/éco-
conception).
? Montée en compétence des bureaux
de contrôle/certificateurs d?ouvrage.
? Montée en compétence des
entreprises en termes de mise en
oeuvre de produit avec un bas poids
carbone.
? Montée en compétence des
prescripteurs.
?
Optimiser la durabilité/le réemploi/
le recyclage ? Fin de vie du bâtiment
? Former les artisans pour la phase de
démontage.
? Compétences liées à la reconnaissance
de la ré-employabilité sur toute la
chaîne de valeur, notamment lors de la
dépose des matériaux.
Besoin de certificateurs pour les
matériaux de réemploi.
S?appuyer sur des ressources/solutions
locales
? Développer pour tous les acteurs de
la filière des compétences transverses
entre les services et matériaux bas-
carbone (biosourcé et géosourcé).
Création et valorisation d?emploi local
et des savoir-faire locaux à fort contenu
environnemental (performance
énergétique, décarbonation?).
Accélérer la réalisation de données
environnementales
? Former les différents corps de métiers
aux nouveaux développements
d?outils d?ACV de bâtiments simples
d?utilisation.
? Former les petits industriels et
professionnels à la réalisation des FDES
et PEP.
?
Logistique : massification maillage,
mutualisation, etc. pour réduire le
poids du transport
? Développer des compétences dans
les métiers de l?amont (conception,
développement, montages juridiques
et financement des offres).
?
Créer les conditions pour rassurer,
et donc accélérer
? Former les professionnels et la
MOA/MOE à la prise en compte des
produits et des procédés innovants,
sur la provenance des matériaux et au
réemploi.
?
FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT - 57
CONSTRUCTION NEUVE ET RÉNOVATION
NOM DU LEVIER NOUVELLES COMPÉTENCES BESOINS EN EMPLOIS
SUPPLÉMENTAIRES
Développement d?une architecture
sobre pour gagner sur les
consommations et les ressources
? Intégrer le sujet de la « sobriété »
aux formations initiale et continue.
Tous les métiers du bâtiment sont
concernés par ce sujet (architectes, les
maîtres d?ouvrages, les compagnons et
les bureaux d?études).
Besoin de spécialistes ACV et
écoconception : ressources critiques
particulièrement recherchées par les
entreprises.
Repenser les systèmes constructifs
pour optimiser la quantité de matériaux
? Redévelopper/revisiter des métiers
pour certaines filières traditionnelles à
partir des savoir-faire encore présents
dans certaines régions (construction en
pierre, en terre crue, bois et terre...).
? Développer les compétences pour
les projets mixtes, faisant intervenir
plusieurs types de matériaux.
Besoin de main-d?oeuvre pour répondre
à l?augmentation du volume affectant
la capacité des entreprises existantes.
Hausse du besoin en artisans pour
faire face à la hausse de la demande
en volume.
Étendre la RE 2020 aux autres
bâtiments tertiaires encore soumis à la
RT 2012, élaborer une réglementation
environnementale pour les bâtiments
aujourd?hui totalement exemptés et
envisager la définition de nouveaux
seuils de la RE 2020 applicables en
2040 et 2050
? Permettre la montée en compétence
sur les « nouvelles » filières (produits
décarbonées, biosourcées, énergies
renouvelables).
? Former les contrôleurs à la vérification
des études réglementaires RE2020
(ACV). Qualifier les « individus » et non
les « organismes ».
?
Végétalisation du bâti et de la parcelle
? Former les acteurs (maîtres d?ouvrages,
maîtres d?oeuvre, entreprises), dans le
cas de création de FDES végétaux pour
la construction neuve.
Hausse du besoin en emploi pour
les acteurs de la MOE (architectes,
BET, concepteurs paysagistes?), les
entreprises de travaux et d?entretien
des espaces verts.
7 000 emplois pour l?installation de
1,6 M de m² de TTV par an : ratio
permettant de prendre en compte
l?accroissement de la renaturation du
bâtiment.
Besoin de diagnostiqueurs, dans le cas
de création de FDES végétaux pour la
construction neuve.
Encourager la surélévation au regard
de l?enjeu zéro artificialisation nette
des sols
? Former les syndics et les
copropriétaires à la surélévation.
? Mettre en place à destination de la
MOE des programmes de formations
spécifiques sur la « surélévation »
(Copros Vertes, RECIF, APC /GEPA,
etc.).
?
ADAPTATION DES EMPLOIS ET DES COMPÉTENCES
58 - FEUILLE DE ROUTE DE DÉCARBONATION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DU BÂTIMENT
USAGES DU BÂTIMENT
NOM DU LEVIER NOUVELLES COMPÉTENCES BESOINS EN EMPLOIS
SUPPLÉMENTAIRES
Développer une culture de
l?exploitation et de l?usage, sobre
et bas-carbone des bâtiments
? Former des ambassadeurs énergie (en
vue de la sensibilisation des occupants/
usagers finaux).
? Utiliser les programmes CEE pour
former des concierges sur les actions
du quotidien permettant de maîtriser
la consommation d?énergie.
Objectif de 120 000 emplois pour
accompagner les entreprises et LC
dans la transition énergétique (source
Fedene) pour la phase d?usage et
exploitation.
Développer les conditions techniques,
opérationnelles pour une exploitation
sobre et bas-carbone des bâtiments
(optimisation, niveaux de confort?)
? Former les acteurs du bâtiment aux
usages du numérique dans le cadre
de la digitalisation des contrats
d?exploitation.
?
Consommer autrement (mieux et au
bon moment) l?énergie dans la phase
d?exploitation
?
Besoin en techniciens pour assurer la
synchronisation du paramétrage des
gestions techniques des bâtiments avec
le signal ECOWATT et ECOGAZ.
LEVIERS TRANSVERSAUX
NOM DU LEVIER NOUVELLES COMPÉTENCES BESOINS EN EMPLOIS
SUPPLÉMENTAIRES
Mettre en place des dispositifs
financiers pour accompagner les leviers
de décarbonation du secteur (banque,
assurances, investisseurs)
? Former les financiers pour une
meilleure compréhension des tenants
et aboutissants d?une action de
rénovation efficace pour accompagner
correctement les acteurs particuliers
et entreprises.
? Former les assureurs pour qu?ils
soient en capacité d?accompagner le
déploiement de la filière de recyclage
sur les chantiers.
? Poursuivre l?accompagnement des
diagnostiqueurs pour fiabiliser la
qualité de réalisation des DPE.
Apparition de nouveaux métiers : AMO
au réemploi, diagnostiqueur PEMD.
Favoriser l?installation et l?utilisation
de systèmes très performants,
d?énergies renouvelables et de
récupérations dans les bâtiments
(dont mutualisation entre bâtiments)
? Former les acteurs des métiers
de la conception et du conseil
dans le bâtiment au sujet des usages
et de la production d?énergie in situ.
? Consolider un socle commun sur
l?énergie au sein des formations
initiales et continues.
?
Fabrication manufacturée en atelier
de briques constructives à
faible niveau global d?émission
carbone. Manufacture - Ateliers &
Décarbonation"
? Former au « hors-site » sur toute
la chaîne de valeur : sensibilisation
des MOA, expertises des MOE, mise
en place de formations dédiées
dans l?enseignement supérieur, etc.
Le « hors-site » pourrait faciliter la
formation des personnes.
Domaine permettant de développer
l?attractivité de la filière.
Facilitateur de création d?emplois et
d?intégration du personnel aujourd?hui
absent ou peu présent (inclusion,
féminisation, handicap, variété du
travail, numérisation).
ADAPTATION DES EMPLOIS ET DES COMPÉTENCES
ANNEXES
Annexes
8.1 LETTRES DE MISSION
8.2 COMPOSITION DU COMITÉ DE PILOTAGE
8.3 L?EMPREINTE CARBONE DE LA CHAÎNE DE VALEUR CYCLE DE VIE
DU BÂTIMENT : EN 2019 ET OBJECTIFS POUR 2030 ET 2050
8.4 QUANTIFICATION DES GISEMENTS DE CARBONE
8.4.1 Introduction
8.4.2 Quantification du gisement de décarbonation du levier
« Décarbonation des procédés de fabrication des matériaux
et composants » (GT1 levier 4)
8.4.3 Quantification du gisement de décarbonation du levier
« Accélération de l?emploi de composants bas carbone,
avec une performance qui réponde au besoin » (GT1 levier 5)
8.4.4 Quantification du gisement de décarbonation du levier
« Étendre le champ d?application de la RE2020 » (GT2 levier 2)
8.4.5 Quantification du gisement de décarbonation du levier
« Massifier la rénovation globale » (GT3 levier 2)
8.5 AUDITIONS
8.6 CONCERTATIONS TERRITORIALES
8.6.1 Introduction
8.6.2 Hauts-de-France, Lille le 14 octobre, avec la Fédération
des entreprises sociales pour l?habitat (ESH) et l?Union Régionale
pour l?Habitat : relevé des échanges
8.6.3 Auvergne-Rhône-Alpes, Lyon le 18 octobre, avec le Réseau Bâtiment
Durable et le Cluster Eco-bâtiment : relevé des échanges
8.6.4 Grand-Est, Reims le 25 octobre, avec Action Logement :
relevé des échanges
8.6.5 Bretagne, Vitré le 8 novembre, avec Action coeur de ville
et la Mairie de Vitré : relevé des échanges
8.6.6 Occitanie, Toulouse le 9 novembre, avec le Plan Bâtiment
Durable Occitanie : relevé des échanges
8.7 OBSERVATIONS DES ORGANISATIONS PROFESSIONNELLES
SUR LES LEVIERS ET MESURES DE LA FEUILLE DE ROUTE
8.7.1 Observations de la FFB et du Pôle Habitat FFB
8.7.2 Observations du SFIC
8.7.3 Observations de la FPI
8.7.4 Observations de Filiance
8.8 FICHES LEVIERS : VERSIONS INTÉGRALES
8.8.1 Introduction
8.8.2 Composants des ouvrages
8.8.3 Construction neuve
8.8.4 Rénovation
8.8.5 Usages
8.8.6 Leviers transversaux
TÉLÉCHARGER TOUTES LES ANNEXES
https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/8-1%20Lettres%20de%20mission.pdf
https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/8-2-Composition-du-COPIL.pdf
https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/8-3-Empreinte-carbone.pdf
https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/8-4-Quantification-de-gisement.pdf
https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/8-5-Auditions.pdf
https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/8-6-Concertations-territoriales.pdf
https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/8-7-Observations-des-organisations-professionnelles.pdf
https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/8-8-Fiches-leviers.pdf
https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/8-0-Annexes-global.pdf
MINISTÈRE
DE LA TRANSITION
ÉCOLOGIQUE
ET DE LA COHÉSION
DES TERRITOIRES
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