Stratégie nationale pour les aires protégées 2030
Auteur moral
France. Ministère de la transition écologique et solidaire
;France. Ministère de la mer
;Office français de la biodiversité
Auteur secondaire
Résumé
Pour la première fois, une stratégie unifiée concernant les aires maritimes pour la métropole et les outre-mer et intégrée sur les enjeux terrestres et maritimes est développée. Elle se fonde sur l'ambition portée par le Président de la République de protéger 30 % de nos espaces nationaux sous juridiction dont un tiers sous une protection forte. Elle ambitionne d'ici à 2030 de contribuer à enrayer la perte de biodiversité terrestre et marine. Elle vise aussi à assurer la résilience des écosystèmes exceptionnels de métropole et d'outre-mer face aux changements globaux, via le développement quantitatif et qualitatif d'un réseau d'aires protégées dans tous ces territoires et à une échelle écorégionale pertinente.
Descripteur Urbamet
Descripteur écoplanete
aire marine protégée
Thème
Environnement - Paysage
Texte intégral
STRATÉGIE NATIONALE
POUR LES AIRES PROTÉGÉES
2030
STRATÉGIE NATIONALE
POUR LES AIRES PROTÉGÉES
Escale sur l'île de la Possession,
archipel de Crozet - Réserve naturelle nationale des terres australes françaises
« Il y a un autre dérèglement, je l?évoquais en
parlant d?un basculement de l?écosystème, qui est
indissociable du dérèglement climatique c?est
celui de la biodiversité. »
« Ce combat pour la biodiversité c?est d?abord un
combat pour notre propre survie car pour notre
alimentation, notre capacité à vivre, notre capa-
cité à nous habiller, à nous réchauffer, à continuer
à évoluer dans les écosystèmes qui sont habités
et qui sont les nôtres nous avons besoin de cette
biodiversité. »
« Je crois très profondément que le combat pour
la biodiversité est central et il est indissociable de
la lutte contre le réchauffement et le dérèglement
climatique car tout se tient et les implications d?un
échec d?un côté sont immédiats de l?autre côté. »
Extraits du discours prononcé par le Président de la République,
Emmanuel MACRON, à l?occasion du lancement de l?Office français de
la biodiversité le 13 février 2020 à Chamonix
Emmanuel Macron
Président de la République
Barbara Pompili
Ministre de la transition
écologique
La lutte pour la préservation de la biodiversité fait
partie de mes combats les plus chers. Dans ces
moments cruciaux comme celui que nous traversons,
du fait des enjeux climatiques et aujourd?hui plus
encore du fait de la crise sanitaire, il faut savoir se réin-
venter et regarder vers l?avenir.
Dans ce contexte, le Gouvernement engage le pays
dans une profonde transformation écologique, avec
pour objectif d?atteindre la neutralité carbone en 2050,
de transformer nos manières de produire, de
consommer, de nous loger, de nous déplacer, pour
faire de la France une société respectueuse de la biodi-
versité, résiliente devant les effets des changements
globaux. Une société capable d?affronter les défis du
siècle.
Pour être aux côtés des territoires, des élus de terrain
et des habitants, dans les crises comme dans leur anti-
cipation, pour inventer et déployer avec eux les
solutions qui marchent, celles qui protègent, dans la
durée, nous devons construire des stratégies inclusives
et partagées avec les acteurs. C?est le cas de la stra-
tégie nationale pour les aires protégées, qui, au travers
de ses plans d?actions, s?appuie résolument sur les
territoires.
Notre pays abrite un patrimoine vivant d?une richesse
inouïe. C?est une chance, et le protéger est un devoir.
Un devoir d?agir pour cette nature dont nous faisons
pleinement partie, qui nous rend tant de services et
sans laquelle nous n?avons simplement pas d?avenir.
En ce sens, les aires protégées constituent un maillon
essentiel de l?écosystème des territoires dans la transi-
tion écologique. Elles offrent des modèles de
développement durable, d?activités conciliant produc-
tion et protection de la nature. Les acteurs des
territoires doivent être des moteurs de cette transition,
et les aires protégées doivent constituer des sources
d?inspiration pour la société décarbonée que nous
voulons construire.
Pour cela, l?enjeu réside dans l?appropriation, la mobi-
lisation et la participation de tous, y compris des
citoyens. Mais cela passe également par la capacité des
réseaux d?aires protégées à rendre lisible la plus-value
qu?une protection apporte aux territoires, en termes
de cadre de vie, de préservation des ressources en eau,
de développement économique, en définitive, de
toutes ces aménités positives qui sont autant de
chances pour le développement local.
Dans notre combat pour léguer à nos enfants une
société plus verte, plus juste, et à même de relever
les défis de notre siècle, les aires protégées sont
une nécessité.
C?est cela, l?écologie à laquelle je crois : une écologie
de l?action, du concret. Une écologie des territoires et
du progrès, qui crée de l?emploi en inventant l?avenir.
Annick Girardin
Ministre de la mer
La mer est un territoire à protéger. Elle est un bien
commun de l?humanité. C?est par la planification,
sur le long-terme, et par la concertation avec tous
les acteurs, que nous parviendrons à trouver un
terrain d?entente pour satisfaire à une protection
utile, qui ne saurait exister sans les usages et les
usagers de la mer.
Les aires protégées s?inscrivent de ce fait au coeur
de mon ambition ministérielle : planifier les espaces
maritimes en conciliant préservation de l?environ-
nement et économie bleue. Cette stratégie aires
protégées répond dorénavant à cette ambition en
s?inscrivant dans le développement durable des
activités en mer. Pour la première fois, nous avons
défini une stratégie unique pour la terre et la mer.
C?est la reconnaissance du lien évident entre ces
deux terrains complémentaires, qu?il soit positif ?
apports nutritifs des terres, recyclage de l?eau par
les océans ? ou négatif ? pollutions d?origine
terrestre. Ce lien s?incarne par le littoral, et nous
connaissons tous son rôle écologique et l?intensité
des usages qui s?y déroulent. Parce qu?ils sont inter-
dépendants, il est essentiel de renforcer le cadre
commun pour la planification des espaces
terrestres et maritimes, et le ministère de la mer est
au coeur de cette réalité.
Ensuite, et sans contradiction, il est clair que les
spécificités marines existent et elles sont bien souli-
gnées dans la stratégie. En matière de gouvernance,
les documents stratégiques de façade et de bassin
maritime sont élaborés en concertation avec l?en-
semble des usagers de la mer. L?objectif est toujours
le même : trouver le bon équilibre entre préserva-
tion de l?exceptionnelle biodiversité de la mer et
exploitation durable des ressources, particulière-
ment pour la définition des zones de protection
forte. La concertation, déjà ancienne, qui a eu lieu
pour la définition du parc naturel marin en mer
d?Iroise est le bon exemple que nous suivons depuis
plusieurs années. Les aires protégées inspirent de
fait une forme de continuité et c?est à mettre au
crédit de notre pays. Nous en sommes à la 3e stra-
tégie pour les aires marines protégées. La première
remonte à 2007 suivie, en 2012, par une nouvelle
stratégie. Elles ont permis de constituer, en un peu
plus de 10 ans, un réseau qui couvre plus de 20 %
des zones sous juridiction française, en hexagone
et en outre-mer. Il reste des efforts à faire, des
zones à identifier, à partager, à planifier, des moyens
de gestion à mettre en place, des coopérations à
développer au plan national comme au plan inter-
national. La Stratégie pour les aires protégées nous
donne le cap pour cela.
L?engagement international prend d?ailleurs une
dimension particulière en ce qui concerne les
espaces maritimes. Nous avons la volonté de
construire un réseau d?aires protégées pour nous,
pour la sauvegarde de notre patrimoine, pour nos
usages, mais aussi pour la planète en Antarctique,
dans l?Atlantique Nord-Est, et au côté du programme
océan du Patrimoine mondial. Quand nous aurons
atteint 30% d?aires marines protégées, elles compte-
ront pour 1% de l?océan mondial. La France est
mobilisée pour faire reconnaitre par tous l?océan
comme bien commun de l?Humanité et pour que la
négociation sur la biodiversité en Haute-mer abou-
tisse rapidement à un traité ambitieux.
Notre approche des aires marines protégées mettra
toujours l?accent sur la mobilisation des acteurs et
cherchera un accompagnement vers des activités
durables plutôt qu?une exclusion a priori. Je crois
aussi à la valeur d?une aire marine protégée quand
elle est intégrée dans un projet de territoire. Cette
stratégie nous engage, mobilisons-nous !
Bérangère Abba
Secrétaire d?état chargée
de la biodiversité
Protéger nos espaces naturels et les espèces qu?ils
abritent, c?est protéger l?humanité, notre bien-être
et notre santé. La crise sanitaire et économique que
nous traversons nous a rappelé brutalement à nos
vulnérabilités et a démontré les risques d?un désé-
quilibre entre écosystèmes et activités humaines.
Nous connaissions les conséquences du changement
climatique et de la pollution, nous ne pouvons désor-
mais plus ignorer celles des atteintes à la
biodiversité.
Pour préserver, restaurer et valoriser notre capital
naturel, la protection des espèces et des espaces est
essentielle. C?est toute l?ambition de notre stratégie
nationale pour les aires protégées.
À horizon 2022, 30 % des écosystèmes terrestres et
marins français seront classés en aires protégées,
dont 10% sous protection forte là où nous n?en comp-
tons qu?1,8% aujourd?hui. Tous les espaces sont pris
en compte : métropole et outre-mer, terre et mer.
Cette nouvelle approche, plus globale, se décline en
plan d?actions triennaux concrets, avec des objectifs
opérationnels et évaluables.
Notre stratégie de protection « à la française » veut
retrouver les équilibres entre nature préservée et
activité humaine. Les dynamiques et initiatives
économiques s?y veulent exemplaires. Elles sont
source d?innovation, notamment par les solutions
fondées sur la nature. Ces espaces offrent au public
une nature accessible pour se ressourcer, retrouver
une connexion au vivant, et parfois même voir naître
des vocations professionnelles dans les emplois verts
d?aujourd?hui et de demain.
Retrouver ces équilibres, c?est redonner prise,
retrouver du sens.
Cette stratégie fait le pari des territoires. Avec diffé-
rents niveaux de protection, modes de gestion et
gouvernance qui s?adaptent aux réalités locales, elle
prend en compte les particularités de chaque espace,
comme un écosystème en soi, et permet de mettre
en oeuvre des projets qui concilient exigence envi-
ronnementale et fort potentiel de développement.
Avec elle, nous posons la première brique de la
Stratégie nationale Biodiversité 2021-2030. Nous
porterons également cette ambition dans les grands
rendez-vous internationaux, parce que les crises du
climat et de la biodiversité sont interdépendantes,
et pour que la COP 15 soit à la biodiversité ce que la
COP 21 a été au climat, un moment fondateur de la
mobilisation pour l?environnement.
PAGE 24
ACCOMPAGNER LA
MISE EN OEUVRE D?UNE
GESTION EFFICACE ET
ADAPTÉE DU RÉSEAU
D?AIRES PROTÉGÉES
Mesure 6 : Renforcer la formation des
gestionnaires d?aires protégées et
l?animation du réseau
p. 27
Mesure 7 : Renforcer la méthode de
pilotage, d?évaluation et d?adaptation
de la gestion des aires protégées
p. 28
OBJECTIF 2
Sommaire
PAGE 16
DÉVELOPPER UN RÉSEAU D?AIRES
PROTÉGÉES RÉSILIENT AUX CHANGEMENTS
GLOBAUX
Mesure 1 : Développer le réseau
d?aires protégées pour atteindre au
moins 30% de couverture du territoire
national et de nos espaces maritimes
p. 18
Mesure 2 : Renforcer le réseau d?aires
protégées pour atteindre 10 % du
territoire national et de nos espaces
maritimes protégés par des zones sous
protection forte
p. 18
OBJECTIF 1
Mesure 3 : En plus des actions à 2022,
sur la base de diagnostics territorialisés,
renforcer la protection, la cohérence
et la connectivité du réseau d?aires
protégées et de protection forte par
des concertations locales d?ici 2030
p. 20
Mesure 4 : Reconnaître et mobiliser les
outils qui contribuent à la cohérence
du réseau d?aires protégées
p. 22
Mesure 5 : S?appuyer sur le
renforcement des outils fonciers et
réglementaires existants pour étendre
le réseau d?aires protégées et de
protection forte
p.23
PAGE 6
Introduction
PAGE 14
Les objectifs
décennaux
1
2
Lac de Petit Saut, Guyane
Site du conservatoire du littoral
PAGE 48
Mise en oeuvre
de la stratégie
nationale3
PAGE 30
ACCOMPAGNER DES
ACTIVITÉS DURABLES
AU SEIN DU RÉSEAU
D?AIRES PROTÉGÉES
Mesure 8 : Garantir la compatibilité des
usages par un cadre de surveillance
et de contrôle des activités adaptés
aux enjeux de protection des aires
protégées
p. 32
Mesure 9 : Accompagner les usages
compatibles avec les objectifs de
conservation des aires protégées
p.33
OBJECTIF 3
PAGE 38
RENFORCER
LA COOPÉRATION
À L?INTERNATIONAL
POUR ENRAYER
L?ÉROSION DE LA
BIODIVERSITÉ
Mesure 13 : S?appuyer sur les aires
protégées pour défendre un cadre
mondial ambitieux pour la biodiversité
p. 39
Mesure 14 : Conforter la coopération
internationale et la place des aires
protégées françaises dans les réseaux
internationaux
p. 40
OBJECTIF 5
PAGE 34
CONFORTER
L?INTÉGRATION
DU RÉSEAU D?AIRES
PROTÉGÉES DANS
LES TERRITOIRES
Mesure 10 : Mieux intégrer les aires
protégées dans les différentes
politiques publiques et dans les projets
de territoire
p. 35
Mesure 11 : Favoriser et accompagner
les citoyens dans la gestion et dans la
gouvernance des aires protégées
p. 36
Mesure 12 : Faire des aires protégées
des lieux privilégiés de la connexion de
la société et notamment des jeunes à
la nature
p. 37
OBJECTIF 4
PAGE 42
UN RÉSEAU PÉRENNE
D?AIRES PROTÉGÉES
Mesure 15 : Consolider le financement
des aires protégées
p. 43
Mesure 16 : Accompagner un
changement de paradigme au
travers de la valorisation des services
rendus par les aires protégées et de
la mobilisation de l?ensemble de la
société dans le financement des aires
protégées
p. 43
OBJECTIF 6
PAGE 44
CONFORTER LE
RÔLE DES AIRES
PROTÉGÉES DANS LA
CONNAISSANCE DE
LA BIODIVERSITÉ
Mesure 17 : Faire bénéficier les
gestionnaires d?aires protégées et les
acteurs des territoires de l?acquisition
de connaissance
p. 45
Mesure 18 : Faire des aires protégées
des laboratoires d?études et de
recherche appliquée contribuant
à l?amélioration des connaissances
sur la biodiversité, les services
écosystémiques et les changements
climatiques
p. 46
OBJECTIF 7
8 Évaluation, surveillance et contrôle des
activités
9 Accompagnement des usages
compatibles avec la conservation de la
biodiversité
OBJECTIF 3
Des activités
durables au sein
du réseau d'aires
protégées
1 Élaboration des plans
d'action territoriaux
2 Animation
3 Suivi et évaluation
Mise en
oeuvre
territoriale
1 30% du territoire sous aires protégées
2 10% du territoire sous protection forte
3 Diagnostic et concertation locale pour
le renforcement de la protection, la
cohérence et la connectivité du réseau
4 Reconnaître et mobiliser de nouveaux
outils
5 Renforcement des outils
fonciers et réglementaires
OBJECTIF 1
Un réseau
résilient aux
changements
globaux
6 Formation des
gestionnaires et
animation du réseau
7 Évaluation et
adaptation de la
gestion des aires
protégées
OBJECTIF 2
Une gestion
adaptée et
efficace du réseau
d'aires protégées
10 Intégrer les aires protégées
dans les politiques et projets de
territoire
11 Citoyens, gouvernance et
gestion des aires protégées
12 Société et connexion à la nature
OBJECTIF 4
Un réseau intégré
dans les territoires
13 Défendre un cadre mondial
ambitieux pour la biodiversité
14 Aires protégées françaises et
réseaux internationaux
OBJECTIF 5
Un réseau
pour renforcer
la coopération
internationale
17 Partage et diffusion
des connaissances
18 Recherche,
acquisition et
amélioration des
connaissances
OBJECTIF 7
Aires protégées
et connaissances
15 Consolidation du financement des aires
protégées
16 Changement de paradigme pour
le financement des aires protégées et
valorisation des services rendus par les
aires protégées
OBJECTIF 6
Un réseau
pérenne d'aires
protégées
Stratégie
nationale
pour les
aires
protégées
2030
2 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
Transhumance au col de l?Asclier,
Parc national des Cévennes
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 3
AFD Agence Française de Développement
ARB Agence Régionale de la Biodiversité
AMG Aire Marine Gérée « Tainui Atea » de Polynésie française
CACEM Centre d?Appui au Contrôle de l?Environnement Marin
CDB Convention pour la Diversité Biologique
CGEDD Conseil Général de l?Environnement et du développement Durable
CNB Comité National de la Biodiversité
CNML Conseil National de la Mer et des Littoraux
CNRS Centre National de la Recherche Scientifique
CNPN Conseil National de la Protection de la Nature
COM Collectivité d?outre-mer
CRB Comité Régional de la Biodiversité
DCSMM Directive-cadre « stratégie pour le milieu marin »
DDT(M) Direction départementale des territoires (et de la mer)
DEAL Direction de l?Environnement, de l?Aménagement et du Logement
DIRM Direction InterRégionale de la Mer
DREAL Direction de l?Environnement, de l?Aménagement et du Logement
DROM Département et Régions d?outre-mer
DSBM Document Stratégique de Bassin Maritime
DSF Document Stratégique de Façade
FCEN Fédération des Conservatoires d?Espaces Naturels
FFEM Fond Français pour l?Environnement Mondial
IPBES Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Eco-
system Services / Plateforme intergouvernementale scientifique et
politique sur la biodiversité et les services écosystémiques
Acronymes
4 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
Acronymes
MISEN Mission Inter-Services de l?Eau et de la Nature
MTE Ministère de la Transition Écologique
MNHN Muséum national d?Histoire naturelle
OFB Office Français de la Biodiversité
ORE Obligation réelle environnementale
PNR Parc Naturel Régional
PLU Plan Local d?Urbanisme
PRFB Programme Régional de la Forêt et du Bois
RNF Réserves Naturelles de France
SAGE Schéma d?Aménagement et de Gestion des Eaux
SAR Schéma d?Aménagement Régional
SCAP Stratégie de Création des Aires Protégées
SCOT Schéma de Cohérence Territoriale
SCGAMP Stratégie de Création et de Gestion des Aires Marines Protégées
SDAGE Schéma Directeur d?Aménagement et de Gestion des Eaux
SNB Stratégie Nationale pour la Biodiversité
SRADDET Schéma Régional d?Aménagement, de Développement Durable et d?Éga-
lité des Territoires
UICN Union Internationale pour la Conservation de la Nature
UNESCO Organisation des Nations unies pour l?éducation, la science et la culture
TAAF Terres Australes et Antarctiques Françaises
UMS Unité Mixte de Service
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 5
6 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
Introduction
Plage et récif frangeant, Mayotte - Parc naturel marin de Mayotte
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 7
La biodiversité de notre planète s?effondre
« La nature décline globalement à un rythme sans précédent
dans l?histoire humaine et le taux d?extinction des espèces
s?accélère, provoquant dès à présent des effets graves sur les
populations humaines du monde entier », alerte le rapport
de la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et
les services écosystémiques (IPBES) en 2019. Le rapport
estime qu?environ 1 million d?espèces animales et végétales
sont aujourd?hui menacées d?extinction, notamment au cours
des prochaines décennies, ce qui n?a jamais eu lieu auparavant
dans l?histoire de l?humanité.
Cette crise s?amplifie et s?accélère
Les milieux naturels sont soumis à des pressions et des chan-
gements d?une amplitude et d?une rapidité inédites, du fait
notamment des pressions exercées par les activités humaines.
L?artificialisation du territoire, la fragmentation des milieux
naturels, les pollutions diverses, sont autant de menaces qui
pèsent sur les écosystèmes. Le changement climatique
constitue un défi inédit auquel le réseau d?aires protégées
devra s?adapter.
La crise de la Covid-19 a récemment mis en exergue les rela-
tions entre santé et biodiversité ainsi que la responsabilité de
certaines pressions anthropiques (déforestation, artificialisa-
tion des sols, chasse et consommation d?espèces protégées)
dans l?émergence de nouveaux agents pathogènes au sein de
nos sociétés, en particulier sous les latitudes tropicales et
équatoriales. De récents travaux scientifiques font état de ce
risque, notamment en Amazonie ou en Nouvelle-Calédonie.
Les aires protégées constituent une réponse préventive à ce
risque, en particulier dans les territoires ultramarins.
C?est la survie de l?humanité qui se joue
Cette biodiversité constitue un patrimoine commun, un
capital pour l?avenir. Car, au-delà de sa valeur propre, elle
fournit des services indispensables à notre quotidien (pollini-
sation, épuration de l?eau et de l?air, protection contre les
risques de submersion marine et les inondations, qualité et
diversité alimentaire, résilience face au changement clima-
tique, amélioration du cadre de vie, dilution des agents
infectieux, lutte contre les maladies chroniques, fourniture
de médicaments, etc.), mais aussi à nos identités culturelles
(paysages, savoirs et savoir-faire, etc.). Préserver la biodiversité,
c?est veiller sur un capital naturel dont dépendent notre santé,
notre qualité de vie et notre survie.
Une mobilisation mondiale est engagée
Depuis la Convention internationale sur la diversité biologique
de Rio en 1992, puis via les « Objectifs d'Aichi », qui consti-
tuent le « Plan stratégique pour la diversité biologique pour
la période 2011-2020 », de nombreux accords internationaux
apportent un éclairage aux ambitions mondiales de préser-
vation de la biodiversité, via notamment la création d?aires
protégées.
La nouvelle stratégie biodiversité de l?Union européenne et
la conférence des parties signataires de la Convention sur la
Diversité Biologique (CDB) qui se tiendra en Chine en 2021
fixeront le cadre international pour l?action en faveur de la
biodiversité et en particulier pour le développement des aires
protégées. La Commission européenne affiche d?ores et déjà
une ambition forte en la matière et se fixe pour objectif de
protéger au moins 30 % de la surface terrestre et 30 % de la
surface marine de l?Union d?ici 2030 dont au moins un tiers,
soit 10 % des terres et 10 % des mers de l?Union, devraient être
strictement protégées.
Les aires protégées constituent un élément
essentiel de cette mobilisation
La mobilisation mondiale a posé les bases d?accords interna-
tionaux ambitieux pour la préservation de la biodiversité,
notamment en termes de création d?aires protégées, outil
reconnu comme le fer de lance de la conservation de la biodi-
versité depuis des années. Le dernier rapport de l?IPBES 2019
a d?ailleurs rappelé avec force l?efficacité des aires protégées
comme solution pour lutter contre l?effondrement de la
biodiversité ; il a recommandé de les renforcer sur tous les
écosystèmes.
Les aires protégées contribuent directement à la protection
de la vie sauvage, la préservation de la diversité génétique,
des habitats naturels, des espèces des communautés et des
paysages, des sites d?intérêt géologique, au maintien des
processus naturels, des écosystèmes et de leurs fonctions.
Les aires protégées participent donc aussi indirectement à
l?atténuation et l?adaptation aux changements climatiques.
En effet, en appliquant des mesures efficaces dans des péri-
mètres définis sur une proportion suffisamment étendue du
territoire terrestre et du domaine marin, elles contribuent à
la reconquête de la biodiversité et de tous les services rendus
par le bon fonctionnement des écosystèmes.
La France, par la richesse et l?état de sa
biodiversité, est plus que jamais concernée
et engagée en première ligne
Avec ses nombreux territoires ultramarins, insulaires ou
continentaux, du Pacifique, des Amériques et de l?Océan
Indien, des zones Australes et Antarctiques mais également
avec la métropole en Europe, qui se situe au carrefour de
quatre régions biogéographiques terrestres et de deux régions
marines, la France porte une responsabilité particulière en
matière de conservation de la biodiversité mondiale.
8 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
De la Guyane aux Alpes, du Pacifique à la Méditerranée, des
Antilles à la Bretagne, la France présente une diversité de
milieux naturels et d?espèces, sur terre comme en mer. Ses
écosystèmes abritent environ 10 % des 1,8 million d?espèces
connues sur notre planète. En particulier, les territoires
d?outre-mer abritent 80 % de la biodiversité française, dont
4/5 des espèces endémiques des territoires français. Ces
écosystèmes si riches sont particulièrement menacés par la
destruction des milieux naturels, la surexploitation des
espèces sauvages, les pollutions, l?introduction d?espèces
envahissantes et le changement climatique.
Ainsi, grâce aux territoires d?outre-mer, la France exerce sa
juridiction sur le deuxième espace maritime mondial, incluant
55 000 km² de récifs coralliens et lagons, soit plus 10 % de la
superficie mondiale corallienne ainsi que 20 % des atolls
mondiaux. Encore, la France abrite en Guyane, plus de 7
millions d?hectares de forêt tropicale et dans les Terres
Australes et Antarctiques, les communautés d?oiseaux marins
les plus diversifiées au monde. Au total, sur une superficie
équivalente à 0,08 % de toutes les terres émergées, ce sont
plus de 3450 plantes vasculaires et 380 vertébrés qu?on ne
trouve nulle part ailleurs que dans les territoires d'outre-mer
français, soit davantage que dans toute l?Europe continentale.
Au niveau international, la France, engagée à mobiliser et à
agir pour la biodiversité, promouvra la création d?aires proté-
gées conciliant les objectifs de protection et de conservation
des écosystèmes naturels avec des objectifs de développe-
ment économiques et sociaux durables. Ainsi, dans le cadre
de sa coopération internationale et de son aide au dévelop-
pement, elle travaille notamment au profit des forêts
tropicales et elle oeuvre à la conservation de la biodiversité
en haute mer dans le cadre des négociations des Nations
Unies (BBNJ : Biodiversity Beyond National Jurisdictions).
La France peut s?appuyer sur des
acquis significatifs pour la biodiversité
et les aires protégées
La France travaille depuis presque 60 ans à la préservation de
la biodiversité. La loi de 1976 relative à la protection de la
nature pose les bases de la protection des habitats naturels
et des espèces sauvages et crée notamment les réserves
naturelles. Des séries artistiques des peintres de Barbizon à
la création de son 11ème parc national, le parc national de
forêts, la France s?inscrit dans un héritage fertile de protection
de la nature. La France a fondé au fil du temps un réseau
professionnel des aires protégées, vaste et diversifié, regrou-
pant de nombreux statuts et pratiques, dont la diversité, au
sein des territoires, est une richesse et une source de rési-
lience. La loi de 2016 pour la reconquête de la biodiversité, de
la nature et des paysages, a permis de doter la France d?un
opérateur puissant dédié à la protection et la restauration de
la biodiversité en métropole et dans les territoires d?outre-mer,
l?Office Français de la Biodiversité (OFB).
En matière d?aires protégées, la France s?est dotée en 2009
d?une stratégie de création d?aires protégées (SCAP), et en
2007 puis 2012, d?une stratégie de création et de gestion
d?aires marines protégées (SCGAMP). Ces stratégies ont
permis des avancées notables pour le réseau des aires proté-
gées, comme la création du parc national des Calanques ou
le développement du réseau des parcs naturels marins. Elles
ont aussi mis en lumière des difficultés que la nouvelle stra-
tégie nationale des aires protégées ambitionne de dépasser.
En outre-mer, la SCGAMP disposait d?un volet ultra-marin qui
a été complété par la trajectoire outre-mer 5.0 lancée en 2019.
Celle-ci donne un cadre de développement durable aux
actions nées de la dynamique du Livre bleu outre-mer, qui
guide l?action nationale depuis 2018.
Pour la première fois, une stratégie unifiée
pour la métropole et les outre-mer et intégrée
sur les enjeux terrestres et maritimes
Elle se fonde sur l?ambition portée par le Président de la
République de protéger 30 % de nos espaces nationaux
sous juridiction dont un tiers sous une protection forte.
Elle ambitionne d?ici à 2030 de contribuer à enrayer la
perte de biodiversité terrestre et marine. Elle vise aussi à
assurer la résilience des écosystèmes exceptionnels de
métropole et d?outre-mer face aux changements globaux,
via le développement quantitatif et qualitatif d?un réseau
d?aires protégées dans tous ces territoires et à une échelle
écorégionale pertinente.
En réponse à ces enjeux, et au regard du patrimoine naturel
ultramarin exceptionnel, pour la première fois, cette nouvelle
stratégie rassemble l?ensemble des aires protégées : en mer
comme sur terre, dans les outre-mer comme en métropole.
Pour cela elle misera sur l?amélioration de l?efficacité de l?en-
semble des aires protégées autant que par la création d?aires
nouvelles.
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 9
Pour une bonne connexion des aires
protégées avec leur territoire environnant
La nouvelle stratégie nationale pour les aires protégées
terrestres et marines devra permettre de penser les
problèmes de façon dynamique en portant une atten-
tion particulière au lien terre-mer. Notamment pour les
îles d?outre-mer et sur l?ensemble du littoral où ce lien
est particulièrement fort et impactant. Le littoral abrite
une biodiversité remarquable (mangroves, herbiers, etc.),
il est soumis à de nombreuses pressions anthropiques
et concentre de nombreux enjeux de la décennie
comme la lutte contre le changement climatique et
l?érosion du trait de côte. Il devra faire l?objet d?une
attention particulière et bénéficier du développement
d?un réseau d?aires protégées de qualité.
Pour une diversité des formats d?aires
protégées adaptés aux réalités locales
La stratégie apporte un renouveau en intégrant un panel
d?outils diversifiés ne se limitant pas aux outils réglemen-
taires et prenant en compte des territoires sous mesures
contractuelles ou incitatives en faveur de la biodiversité
et des patrimoines paysagers et culturels. Ces statuts
diversifiés sont importants car ils s?adaptent aux terri-
toires, offrant un gradient allant de la conservation de
la nature au développement durable. Cela permettra
de mieux prendre en compte les divers enjeux
écologiques et sociétaux en impliquant davantage la
population et les acteurs locaux. La bonne articulation
de ces différents outils entre eux et leur gestion adaptée
au sein des territoires permet de faire face à la diversité
des écosystèmes, des enjeux de gestion, des usages, des
cultures et d?accroître la résilience du réseau national
d?aires protégées.
Pour une gouvernance des aires protégées
qui mobilise les acteurs du territoire
La stratégie s?insère également dans un contexte insti-
tutionnel nouveau : les collectivités bénéficient
maintenant de compétences particulières et élargies
en matière de biodiversité et deviennent ainsi des parte-
naires essentiels, aux côtés de l?État, pour préserver la
biodiversité. La réussite de la stratégie nationale repo-
sera donc grandement sur sa capacité à mobiliser
largement dans les territoires, et à s?appuyer sur les
dynamiques locales. Ainsi, État et territoires, tant les
collectivités locales que les acteurs locaux, travailleront
main dans la main pour mettre en oeuvre la stratégie au
niveau des régions, des territoires ultra-marins et des
espaces maritimes. Les territoires assureront la mise en
oeuvre de la stratégie, mais feront aussi remonter les
projets d?aires protégées ou les enjeux locaux pour
implémenter les plans d?actions au cours des dix
prochaines années.
Il est primordial que les aires protégées puissent béné-
ficier de l?expertise et du soutien de tous pour construire
des solutions collectives. Le dialogue et la gouvernance
partagée seront les maîtres mots pour créer et pour
piloter les aires protégées comme solutions collectives
de « solidarité écologique » et comme des projets de
territoire. Le dialogue au sein de ces territoires aura pour
but d?intégrer les différentes parties prenantes (société
civile, acteurs socioprofessionnels, scientifiques, etc.)
aux prises de décisions. Ces acteurs de la transition
écologique pourront aussi s?appuyer sur un nouvel
établissement dédié à la biodiversité dans son ensemble,
l?Office Français de la Biodiversité, dont le rôle aux
niveaux national et territorial sera essentiel. Il appuiera
le Ministère de la transition écologique au niveau
national, mais aussi les préfets et collectivités dans les
territoires pour la mise en oeuvre de la stratégie plus
localement.
Une stratégie ancrée
dans les territoires
Les aires protégées sont des territoires vivants, pour certains à la fois
réservoirs de biodiversité et lieux de vie de nombre de nos concitoyens où
se dessine une autre relation à la nature. La nouvelle stratégie porte ainsi
l?ambition d?une meilleure implication des acteurs et une plus grande
intégration territoriale des aires protégées qui ne sont pas des « zones »
isolées mais bien des territoires eux-mêmes en interaction avec les territoires
qui les englobent.
10 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
Cette nouvelle vision stratégique pour la
période 2020-2030 ne sera pas limitée à
la création de nouvelles aires protégées,
mais dynamisera la qualité de la gestion
et soutiendra une approche intégrée au
développement du réseau d?aires proté-
gées pour la prochaine décennie. Elle se
veut le fruit d?une concertation et d?un
retour d?expérience des différents
acteurs acquis durant les dernières
années.
?Ainsi, la stratégie repose sur un
premier socle ambitieux de dévelop-
pement du réseau d?aires protégées
où des objectifs chiffrés visent
notamment l?atteinte de 30 % du
territoire national et des eaux mari-
times sous juridiction protégés par
des aires protégées dont 10 % sous
protection forte. Au regard des
enjeux actuels, il apparaît crucial de
mettre l?accent sur le développement
quantitatif d?un réseau d?aires proté-
gées écologiquement connectées et
résilientes aux changements globaux.
Néanmoins, cet objectif ne saurait vivre
pleinement sans l?accompagnement de
6 autres objectifs stratégiques assurant
le développement qualitatif et la péren-
nité du réseau d?aires protégées.
?Le deuxième objectif stratégique
repose ainsi sur l?accompagnement
de la mise en oeuvre d?une gestion
efficace et adaptée du réseau en
plaçant l?efficacité de la gestion des
aires protégées comme un élément
essentiel via l?investissement sur les
compétences, sur les méthodes de
pilotage (planification et évaluation),
et sur l?animation du réseau.
?Dans la continuité d?une bonne
gestion et pour mieux préserver le
patrimoine naturel, paysager et
culturel, le troisième objectif se foca-
lise sur l?accompagnement d?activités
durables au sein du réseau d?aires
protégées en développant avec les
acteurs socio-économiques des
pratiques vertueuses et compatibles
avec la préservation des milieux et en
veillant à la compatibilité des usages
au sein du réseau d?aires protégées.
? Ensuite, conforter l?intégration
du réseau d?aires protégées dans
les territoires apparaît comme un
objectif phare de cette nouvelle
stratégie, qui a vocation à mieux
lier les territoires à leurs aires proté-
gées et vice-versa. Cet objectif vise
l?intégration des aires protégées dans
les politiques publiques et dans les
projets de territoire, à mieux mobiliser
les citoyens et les partenaires dans
l?action et dans la gouvernance des
aires, et à faire des aires protégées les
lieux privilégiés de la connexion de la
société à la nature.
? Au niveau international, un cinquième
objectif se propose d?inscrire le
réseau d?aires protégées français dans
une volonté de coopération à
l?échelle mondiale au bénéfice de la
nature et de l?humanité en défendant
un cadre mondial ambitieux pour la
biodiversité et en assumant la respon-
sabilité française dans ce domaine en
co-construisant des projets de
conservation à l?échelle des solida-
rités écologiques régionales.
? Pour permettre la mise en place d?un
réseau d?aires protégées conséquent
et de qualité et d?en assurer une
bonne gestion, il est crucial d?y asso-
cier des ressources suffisantes sur du
long terme. Ainsi, le sixième objectif
transversal s?attelle à pérenniser le
réseau d?aires protégées en visant la
diversification et la pérennisation des
financements des besoins de création
et de gestion de 30 % du territoire
sous aires protégées et en particulier
pour atteindre 10 % du territoire placé
sous protection forte.
? Aussi, dans la même lignée, le dernier
objectif est consacré au renforce-
ment du rôle des aires protégées dans
la connaissance de la biodiversité. Cet
objectif transversal se focalisera sur
deux mesures complémentaires que
sont la mise à disposition de connais-
sances nécessaires aux gestionnaires
à la bonne gestion des aires protégées,
et la contribution des aires protégées
à produire de la connaissance partici-
pant directement à la conservation
de la nature.
La stratégie, ses objectifs déclinés en
mesures et son plan d?action forment
un cadre de travail national qui ne
recherche pas l?exhaustivité mais le
portage et l?impulsion. Celui-ci sera
complété au fil de l?eau par les actions
menées, dans le cadre de leurs compé-
tences, par les collectivités locales
(Régions, Départements, collectivités
ultra-marines). Elles alimenteront des
plans d?actions triennaux et les dyna-
miques territoriales.
Enfin, la stratégie sera évaluable et
évaluée régulièrement pour assurer un
déploiement adéquat au plus près des
enjeux nationaux et territoriaux.
Une stratégie clé pour la
France qui s?intégrera à la
nouvelle stratégie nationale
pour la biodiversité
La mise en oeuvre de la nouvelle
stratégie pour les aires protégées
contribuera activement aux politiques
internationales et nationales de
conservation de la biodiversité ainsi
qu?à l?adaptation et à l?atténuation des
changements globaux. Une attention
particulière sera portée à la mise en
cohérence de la stratégie nationale
des aires protégées avec les stratégies,
plans et programmes en vigueur,
principalement la stratégie nationale
pour la biodiversité, comme le plan
national d?adaptation au changement
climatique et la stratégie nationale bas
carbone adoptée en 2019 par exemple.
Le développement du réseau d?aires
protégées devra également prendre en
compte et veiller aux intérêts straté-
giques nationaux tels, par exemple, les
activités opérationnelles les plus
sensibles des armées.
La stratégie nationale des aires proté-
gées s?inscrira comme la contribution,
sur le volet aires protégées, de la
nouvelle stratégie nationale pour la
biodiversité qui sera révisée en 2021,
intégrant les engagements internatio-
naux pris à la 15e conférence des parties
de la convention sur la diversité biolo-
gique qui se tiendra en Chine, cette
même année.
La nouvelle stratégie française
vise ainsi le développement d?un
réseau d?aires protégées cohérent et
efficace, au travers de 7 objectifs
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 11
12 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
Définition qualitative commune
d?une aire protégée
Afin de garantir une cohérence avec le cadre international, la
nouvelle stratégie nationale pour les aires protégées se base
sur la définition des aires protégées élaborée par l?Union
Internationale pour la Conservation de la Nature. Cette défi-
nition est compatible avec le modèle français des aires
protégées, visant à conserver la nature mais aussi à parfois
protéger la biodiversité tout en assurant un développement
durable des activités et des territoires. Le réseau d?aires proté-
gées, au sens de la présente stratégie, intègre des espaces
protégés à vocation de conservation de la nature mais aussi
d?autres outils dont la préservation de la biodiversité
constitue la finalité, non exclusive des autres objectifs qui
constituent les trois piliers du développement durable.
Les précisions relatives aux caractéristiques des aires proté-
gées sont apportées en annexe 1.
Ainsi, une aire protégée est « un espace géographique clai-
rement défini, reconnu, consacré et géré, par tout moyen
efficace, juridique ou autre, afin d'assurer à long terme la
conservation de la nature ainsi que les services écosysté-
miques et les valeurs culturelles qui lui sont associés ».
Définition qualitative commune
de la protection forte
S?il n?existait pas de définition transversale et établie de la
protection forte, tant au niveau national qu?international, il
existait en France deux approches historiques de la protec-
tion forte. A terre, l?ensemble des surfaces classées en aires
protégées réglementaires (réserves naturelles, coeurs de parcs
nationaux, réserves biologiques, arrêtés de protection)
étaient comptées en protection forte (méthode de la stra-
tégie de création des aires protégées terrestres ? SCAP
2009/2019).
En mer, les surfaces de protection forte au sein des aires
marines protégées étaient évaluées au cas par cas en fonction
de 5 critères (définis au plan national en 2018 dans le cadre
de la mise en oeuvre des plans d?actions pour le milieu marin) :
couverture des enjeux écologiques prioritaires définis dans
les documents stratégiques de façade, insertion prioritaire-
ment dans une aire marine protégée, existence d?une
réglementation des activités, d?un document de gestion et
d?un dispositif de contrôle.
Cependant, la stratégie nationale en matière d?aires proté-
gées visant à rassembler les dynamiques sur les espaces
terrestres et marins, à mieux lier ces écosystèmes entre eux,
afin d?amplifier le partage de solutions intégrées aux change-
ments globaux, une définition commune est adoptée. Ceci
permet de regrouper l'ensemble des outils de protection
forte, allant de la réduction significative des impacts jusqu'aux
démarches de protection intégrale.
À ce titre, dans le cadre de la présente stratégie, une zone
de protection forte est « une zone géographique dans
laquelle les pressions engendrées par les activités humaines
susceptibles de compromettre la conservation des enjeux
écologiques de cet espace sont supprimées ou significative-
ment limitées, et ce de manière pérenne, grâce à la mise en
oeuvre d?une protection foncière ou d'une réglementation
adaptée, associée à un contrôle effectif des activités
concernées ».
Les définitions qualitatives ci-dessus devront par ailleurs être
articulées avec les objectifs européens actuellement en cours
de discussions, notamment dans le cadre de la mise en oeuvre
de la nouvelle stratégie européenne pour la biodiversité.
Comptabilisation nationale et internationale
La comptabilisation des nouvelles aires protégées dans les
chiffres nationaux sera réalisée après présentation au Conseil
national de la protection de la Nature. Les démarches de
reconnaissance internationale auprès des Nations-Unies
Environnement (UNEP) sont menées par l?Office français de
la biodiversité après validation et pour le compte du Ministère
de la Transition écologique.
La liste des outils correspondants à chacune des catégories
est récapitulée en annexe 1.
Une aire protégée en France,
qu?est-ce que c?est ?
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 13
14 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
Les objectifs
décennaux
Baie de Paulilles et Cap Béar - Site du conservatoire du littoral
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 15
DÉVELOPPER UN RÉSEAU
D?AIRES PROTÉGÉES RÉSILIENT
AUX CHANGEMENTS GLOBAUX
O
BJ
EC
TI
F
1
Protéger au moins 30 % du territoire,
dont un tiers sous protection forte
(soit 10 % du territoire)
La superficie du réseau d?aires protégées doit être
suffisante pour assurer la conservation du patrimoine
biologique, géologique, culturel et paysager et, le cas
échéant, permettre d?en améliorer l ?état de
conservation. Les écosystèmes de métropole et
d?outre-mer doivent faire face aux pressions
grandissantes émanant des changements globaux tant
climatiques qu?anthropiques qui peuvent, dans certaines
conditions, altérer leur bon état écologique. Ainsi,
l?artificialisation des sols, la surexploitation des
ressources naturelles, le changement climatique,
l?augmentation des pollutions diffuses, la forte
dynamique démographique ajoutée à l?accroissement
de la circulation des êtres humains et des échanges
commerciaux à la surface de la Terre sont autant de
phénomènes actuels qui posent la question du maintien
des écosystèmes en bon état de conservation.
Face à ces changements, la stratégie nationale pour les
aires protégées doit améliorer le réseau d?aires
protégées pour conserver et restaurer les écosystèmes
et ainsi leur assurer une meilleure résilience et résistance
au niveau national, mais aussi avec une approche
écorégionale.
Intensifier la protection des
écosystèmes d?intérêt remarquable
et particulièrement menacés
Pour être pleinement fonctionnel, le réseau d?aires
protégées doit s?appuyer sur des zones de protection
forte visant un haut degré de conservation de la nature.
Les zones de protection forte sont des outils fondamen-
taux pour protéger des secteurs prioritaires en matière
de conservation de la biodiversité ou de la géodiversité,
et pour réduire les pressions sur ces secteurs. En effet,
elles permettent la préservation de fonctionnalités
écologiques importantes via la réglementation de
certains usages et activités ou par une protection
foncière. Elles impliquent aussi parfois la mise en place
Le développement qualitatif du réseau d?aires protégées pour la prochaine décennie
doit s?appuyer sur le déploiement d?une ambition forte, conjuguant impulsion nationale
et dynamiques territoriales et sur une priorisation de l?action sur les écosystèmes les
plus riches en biodiversité ou les plus menacés. La qualité du réseau d?aires protégées
à l?avenir reposera également sur sa capacité à maintenir une connectivité écologique
entre les écosystèmes, en mobilisant les outils et politiques publiques qui peuvent,
indirectement servir de trame écologique reliant des aires protégées entre elles, ainsi
qu?en renforçant ou en adaptant certains outils existants. La cohérence du réseau devra
également s?apprécier à une échelle écorégionale.
Bécasseaux sanderling dans la réserve naturelle nationale du banc d'Arguin
16 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
de mesures de gestion ou de restauration. Ces mesures
incluent par exemple la création de zones de tranquillité pour
les espèces, l?amélioration de l?atteinte de stades matures
d'écosystèmes, la suppression des pollutions, la réglementa-
tion de prélèvements d?espèces, la libre évolution
d?écosystèmes, etc. Elles sont accompagnées par un dispositif
de surveillance et de contrôle adapté. De ce fait, la protection
forte des aires protégées contribue grandement à conserver
ou restaurer l?intégrité écologique et la résilience des milieux
naturels dans un contexte de changement global.
La stratégie vise donc à développer, de manière concertée,
des zones de protection forte, en ciblant prioritairement la
protection des écosystèmes remarquables et riches en biodi-
versité ou particulièrement vulnérables face aux changements
à venir tels que les zones humides (est visé le doublement des
zones humides placées sous protection forte en application
des engagements des Assises de l?eau), le littoral (mangroves,
savanes du littoral guyanais), les habitats marins sensibles
(sont visées la mise sous statut d?aire protégée de 100 % de
récifs coralliens d?ici à 2025, la protection d?herbiers, etc.), les
milieux insulaires, les zones de montagne ou des zones fores-
tières notamment de forêts subnaturelles. Une attention
particulière sera portée sur la biodiversité remarquable des
territoires ultra-marins.
Assurer la cohérence et la résilience du réseau
national d?aires protégées d?ici 2030
Conformément aux préconisations de la communauté scientifique
et des gestionnaires d?aires protégées, la présente stratégie vise à
assurer la cohérence globale du réseau d?aires protégées. Cette
cohérence nécessite que les aires protégées soient :
? Représentatives de l?ensemble du patrimoine biologique,
géologique, culturel et paysager
? D?une superficie suffisante, en cohérence avec la réparti-
tion des espèces et habitats cibles
? Répliquées, c?est-à-dire couvrant plusieurs fois les mêmes
espèces, habitats, entités géologiques, culturelles et
paysagères
? Connectées écologiquement selon une logique fonction-
nelle. La circulation des espèces à terre et en mer est
fondamentalement différente. Sur terre, l?objectif est d?as-
surer la mobilité des espèces, ce qui est nécessaire à leur
cycle de vie, et favorise leur adaptation aux changements
climatiques. Les réservoirs de biodiversité, les écotones,
zones de transition entre deux écosystèmes et les corridors
écologiques doivent donc être pleinement intégrés au
réseau d?aires protégées. En mer, la connectivité repose sur
des zones fonctionnelles interdépendantes. Les distances
entres les zones fonctionnelles en mer peuvent être
immenses, entre les zones frayères ou d?accouplement, les
zones de dispersion des larves ou les zones de nourrissage,
etc. (poissons de récifs et du large, mammifères marins,
tortues marines, etc.).
Cette ambition est essentielle pour renforcer la résilience du
réseau d?aires protégées aux changements globaux.
Toute la richesse et la complémentarité des outils existants
de protection de la nature au niveau national devront être
mobilisées pour assurer un développement efficace de ce
réseau dans les territoires. Tous les acteurs, l?État, les collec-
tivités en premier lieu mais aussi les acteurs privés et
associatifs, seront ainsi mis à contribution dans chaque terri-
toire avec l?appui d?expertises scientifiques.
Ce développement qualitatif du réseau pour la prochaine
décennie doit s?appuyer sur le déploiement d?une ambition
forte conjuguant impulsion nationale et dynamiques territo-
riales et sur une priorisation de l?action sur les écosystèmes
les plus riches, les moins couverts par le réseau d?aires proté-
gées ou les plus menacés (mesure 3). Mais la qualité du réseau
d?aires protégées reposera également sur la capacité à main-
tenir une connectivité entre les écosystèmes, en mobilisant
les outils et les politiques publiques qui peuvent y contribuer
(mesure 4), ainsi qu?en renforçant certains outils existants
(mesure 5).
Pour répondre à ces objectifs, la stratégie
propose de fonctionner selon deux approches
complémentaires :
- à court terme, et d?ici 2022, poursuivre la dynamique déjà
engagée pour augmenter la part d?aires protégées et de zones
sous protection forte sur le territoire français (mesures 1 et 2)
- à moyen-terme, s?appuyer sur des diagnostics dans les terri-
toires (régions, façades maritimes, bassins ultra-marins et
écorégions) et la diversité des outils à disposition pour déve-
lopper qualitativement le réseau d?aires protégées (mesures
3, 4 et 5).
CIBLE 11
D'ici 2022, couvrir au moins 30 % du territoire national et des
eaux maritimes sous juridiction ou souveraineté par un réseau
d?aires protégées cohérent*, et qui seront effectivement
gérées en 2030.
*Les critères permettant d?évaluer la cohérence du réseau d?aires
protégées sont rappelés ci-dessus.
CIBLE 2
D'ici 2022, 10% du territoire national et des eaux sous juridic-
tion ou souveraineté seront couverts par des zones de
protection forte qui seront effectivement gérées en 2030.
1. Il existe une distinction entre la création qui est l?acte juridique ou d?acquisition
foncière et la gestion effective qui est le fait de disposer de tous les attributs d?une
zone effectivement opérationnelle, matérialisée par exemple par : une équipe, des
moyens, une gouvernance, un plan de gestion ou équivalent, des dispositifs de contrôle
et d?évaluation. Plusieurs mois ou années peuvent s?écouler entre ces deux phases.
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 17
Mesure 1
Développer le réseau d?aires protégées pour atteindre au moins 30 % de
couverture du territoire national et de nos espaces maritimes
Il s?agit ici d?étendre le réseau national d?aires protégées en créant de nouvelles aires protégées sur des
zones ne faisant à ce jour pas l?objet d?une protection dédiée.
L?extension du réseau d?aires protégées s?appuiera sur la diversité des outils de protection français (parcs
naturels régionaux, réseau Natura 2000, réserves naturelles, etc.), que ce soit en métropole ou en outre-mer
et autant sur le domaine terrestre que maritime. Ces projets pourront être alimentés grâce aux différentes
étapes de concertations dans les territoires et sur les façades maritimes et bassins ultra-marins (voir mesure
n°3) prévues dans la présente stratégie. Par ailleurs, certains projets de création de nouvelles aires protégées
sont d?ores et déjà engagés et ce avant la publication de la présente stratégie. Ils doivent se poursuivre
pour contribuer en 2022 à l?ambition collective de porter à 30 % la couverture d'aires protégées du territoire
national et des espaces maritimes sous souveraineté et sous juridiction (métropole et outre-mer).
Mesure 2
Renforcer le réseau d'aires protégées pour atteindre 10 % du territoire
national et de nos espaces maritimes protégés par des zones sous pro-
tection forte
Face à l?urgence écologique, soulignée dans son rapport de mai 2019 par l?IPBES, il est nécessaire d?en-
gager des « changements transformateurs » et de renforcer à court terme le niveau de protection du
réseau d?aires protégées au niveau national, en terre et en mer.
Au travers de cette mesure, la stratégie nationale pour les aires protégées vise à développer le réseau
de protection forte en métropole et en outre-mer, sur une diversité d?écosystèmes à préserver, notam-
ment par des démarches :
? Dans les terres australes françaises avec le
renforcement des zones de protection dans les
îles Eparses ou dans les terres australes
? Via la création ou l?extension de 20 réserves
naturelles nationales (RNN) d?ici 2022, qui
permettront la protection de zones humides, de
milieux forestiers, de milieux ouverts mais
également d?espaces maritimes métropolitains
d?intérêt majeur
? Comme étape dans le cadre des engagements
des Assises de l?Eau, en doublant la superficie
des milieux humides sous protection forte en
métropole, en n'excluant pas la possibilité de
créer un parc national de zones humides
? L?extension des zones de protection forte dans
le cadre des documents stratégiques de façades
maritimes ou de bassins ultra-marins
? L'identification et la désignation de surfaces
forestières, en outre-mer ainsi qu?en métropole,
à placer sous statut de protection forte
(l'appréciation de l'atteinte des 10 % sera réalisée
à l'échelle nationale)
? Le renforcement de la protection de certains
écosystèmes marins et jugés prioritaires ;
? L?amélioration de la protection du littoral par
l ?ex tens ion du domaine protégé du
Conservatoire de l?espace littoral et des rivages
lacustres
L?objectif est d?atteindre une couverture nationale de 10 % de protection forte d?ici 2022.
18 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
Falaises du cap Blanc-Nez - Parc naturel régional des caps et marais d'Opale
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 19
Mesure 3
En plus des actions à 2022, sur la base de diagnostics territorialisés, ren-
forcer la protection, la cohérence et la connectivité du réseau d'aires
protégées et de protection forte par des concertations locales d?ici 2030
L?objectif de cette mesure est d?alimenter en projets futurs la stratégie nationale, sur la base d?un
échange entre les territoires et le niveau national, alimenté par des diagnostics territorialisés des
nouveaux espaces à protéger.
Au-delà des projets identifiés dans les mesures 1
et 2 et précisées dans le premier plan d?action,
chaque territoire (régions), façade maritime et
bassin ultra-marin se fixera des cibles progressives
de développement des aires protégées dont des
zones de protections fortes d?ici 2030.
L?objectif est que d?ici 2030, chaque région, façade
maritime et bassin ultramarin déploie progressi-
vement un réseau cohérent et bien géré d?aires
protégées.
Pour cela, cette mesure cible la protection d?éco-
systèmes d?intérêt remarquable pour le patrimoine
naturel, culturel et paysager, participant à la cohé-
rence écologique du réseau, par des outils adaptés
au contexte et sur la base de diagnostics
territoriaux.
En effet, certains écosystèmes, du fait de leur
intérêt biologique ou de leur vulnérabilité aux
changements globaux, doivent prioritairement
être ciblés pour le renforcement du réseau d?aires
protégées. C?est le cas notamment des récifs coral-
liens, des mangroves et des herbiers en outre-mer,
des zones humides, des milieux ouverts, de
certains écosystèmes forestiers, des littoraux.
L?identification de ces écosystèmes prioritaires à
l?échelle nationale sera complétée, dans certains
contextes particuliers - et notamment ultramarins
-, par d?autres écosystèmes patrimoniaux et vulné-
rables plus localisés
En mer, l?objectif de développement de protection
forte ne doit pas être exclusivement focalisé sur la
haute mer mais bien intégrer les eaux côtières. Il
sera mené sur l?ensemble des eaux sous juridiction.
Enfin, le renforcement du réseau des aires proté-
gées devra également contribuer à lutter contre
les phénomènes d?érosion côtière et de submer-
sion marine.
L?interface terre-mer devra aussi faire l?objet d?ana-
lyses et d?une prise en compte spécifique : les
secteurs en amont des zones récifales dans les
territoires ultramarins, des herbiers de phanéro-
games en outre-mer et en Méditerranée ou de tout
autre secteur situé en amont d?habitats remar-
quables du milieu marin devront faire l?objet d?une
évaluation particulière quant à la nécessité d?y
développer le réseau d?aires protégées et de zones
sous protection forte. Par exemple, les zones de
mangroves à Mayotte, en Guadeloupe mais égale-
ment dans les territoires du Pacifique (selon leurs
stratégies propres et dans le respect de leurs
compétences) pourront faire l?objet de protection
spécifique, compte tenu des nombreux services
écosystémiques assurés par ces écosystèmes :
protection des côtes, captation de carbone, viviers
et frayères, paysage (cadre de vie, tourisme), patri-
moine culturel, etc.
Les objectifs de développement des aires proté-
gées, incluant des zones de protection forte
devront tenir compte des évolutions liées aux
changements climatiques, et viseront à promou-
voir des stratégies d?atténuation et d?adaptation
aux changements climatiques pour le réseau
d?aires protégées.
Le cas échéant, le réseau d?aires protégées pourra
contribuer à renforcer la protection de zones clés
pour la migration des espèces comme les corridors
écologiques altitudinaux et latitudinaux. Cette
démarche devra s?appuyer sur les trames vertes et
bleues identifiées dans les territoires et sur d?autres
initiatives de type « trames noires » et trame brune,
pour intégrer d?autres dimensions écologiques de
la connectivité entre écosystèmes. Pour cela, le
développement du réseau d?aires protégées devra
s?inscrire ou être en cohérence avec les stratégies
régionales de biodiversité et avec les documents
stratégiques de façades maritimes et de bassins
maritimes.
20 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
Les objectifs de consolidation du réseau d?aires
protégées s?appuieront, en fonction des dyna-
miques locales, sur des contributions à
l?initiative des collectivités locales, en mobili-
sant les outils fonciers et réglementaires et en
s?appuyant sur les dynamiques de territoire.
La déclinaison de la stratégie nationale pour les
aires protégées dans les territoires (régions,
territoires d?outre-mer, façades maritimes,
bassins ultra-marins et à l?échelle écorégionale)
intégrera notamment le renforcement de la
protection forte au sein même du réseau
d?aires protégées existantes. Il s'agira de consa-
crer la protection forte de secteurs sensibles
dans certaines aires protégées, prioritairement
au sein des parcs naturels marins, du réseau
Natura 2000, des parcs naturels régionaux, et
des aires d'adhésion de parcs nationaux. En
effet, ces zones abritent des enjeux de biodi-
versité particulièrement importants. En
particulier, les outils de planification - chartes
ou cartes des vocations - pourront le cas
échéant être utilisés pour identifier les zones
de protection forte à développer au travers de
la hiérarchisation et de la spatialisation des
enjeux au sein de ces documents.
Pour les départements
et régions d?outre-mer
Une phase de diagnostic débutera dès le lance-
ment de la stratégie, afin de disposer, fin 2021,
d?analyses issues des territoires sur l?état du
réseau d?aires protégées, et d?identifier les
scenarii de développement ou d?extension
d?aires protégées sous protection forte.
Ce diagnostic pourra être également réalisé à
la demande des collectivités d?outre-Mer qui
disposent d?une compétence exclusive. Sous
l?impulsion de la collectivité compétente, il
pourra associer les collectivités et instances
représentatives locales, y compris les autorités
coutumières.
Pour les façades maritimes
de métropole
Un recensement des enjeux écologiques prio-
ritaires ainsi qu?un diagnostic de l?état du
réseau d?aires protégées de chaque façade ont
été menés en 2017-2018 en concertation avec
les parties prenantes, dont les collectivités
territoriales, dans le cadre de l?élaboration des
stratégies de façade maritime. Ces travaux
servent actuellement à identifier des zones de
protection forte potentielles, qui seront
incluses d?ici mars 2022 dans le plan d?actions
de chaque document stratégique de façade,
en concertation avec les acteurs concernés.
Ces cibles seront évaluées et de nouvelles
cibles définies le cas échéant à l?issue de ce
cycle de documents stratégiques d?ici 2026 et
ensuite. Les documents stratégiques de
façades (DSF) constituent ainsi le vecteur de la
territorialisation de la stratégie nationale des
aires protégées sur les façades maritimes
métropolitaines.
Pour les bassins ultramarins et les
eaux marines des collectivités
compétentes en matière
d?environnement (collectivités du
Pacifique et Saint-Barthélemy)
L?identification de projets de nouvelles aires
protégées sera menée soit dans le cadre de
l?adoption des documents stratégiques de
bassins, soit uniquement sous l?impulsion de la
collectivité compétente.
Massif du Piton de la Fournaise
Parc national de la Réunion
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 21
Mesure 4
Reconnaître et mobiliser les outils qui contribuent à la cohérence du
réseau d?aires protégées
Le maintien d?interactions et d?interconnexions entre milieux naturels est un enjeu fondamental pour
garantir la résilience et la conservation de la nature dans son ensemble, face aux changements rapides
qui l?impactent. C?est pourquoi la stratégie vise également, au travers de cette mesure, à porter la
réflexion au-delà du développement stricto-sensu du réseau d?aires protégées, afin d?assurer une
connectivité suffisante entre ces espaces, nécessaire au maintien des fonctions et services écosysté-
miques des milieux terrestres et marins.
Sans être strictement reconnus comme aires
protégées, un certain nombre d?initiatives ou d?ou-
tils concourent à la préservation des milieux
naturels (en termes de connectivité notamment).
La 10e réunion de la Conférence des Parties qui
s'est tenue dans le cadre de la Convention sur la
diversité biologique des Nations Unies en 2010
s?est accordée sur une définition commune au
niveau international pour ces initiatives ou outils.
Comme autre mesure de conservation est ainsi
définie « une zone géographiquement délimitée,
autre qu?une aire protégée, qui est réglementée et
gérée de façon à obtenir des résultats positifs et
durables à long terme pour la conservation in situ
de la diversité biologique, y compris des fonctions
et services écosystémiques connexes et, le cas
échéant, des valeurs culturelles, spirituelles,
socio-économiques et d?autres valeurs pertinentes
localement ».
En France, cela peut concerner notamment les
propriétés publiques (propriétés de l?État comme
les terrains militaires, d?établissements publics,
des collectivités etc.) ou privées, les démarches
de gestion participative (aires terrestres et aires
marines éducatives) ou encore des démarches
traditionnelles ou culturelles (rahui ou tapu en
Polynésie française, par exemple) sur lesquelles
l?objectif de conservation peut découler d?autres
objectifs : lutte contre l?étalement urbain, conser-
vation d?un patrimoine foncier naturel,
préservation des ressources en eau, restauration
de milieux dégradés, habitats d?intérêt cynégé-
tique ou halieutique, gestion durable par
l?application du régime forestier, statut de forêt
de protection, exploitation durable des ressources,
zones protégées pour leur caractère sacré, etc.
Ces espaces contribuent à la cohérence du réseau
national d?aires protégées, et doivent en ce sens
être reconnus et soutenus pour leurs
contributions.
Il convient également de souligner l?importance
des démarches de gestion intégrée et de planifi-
cation à grande échelle comme l?Aire marine gérée
(AMG) « Tainui Atea » de Polynésie française dont
la France valorisera l?importance pour la protec-
tion des espaces maritimes. Dans ce domaine,
l?État soutiendra la Polynésie française dans sa
politique en faveur du développement d?aires
protégées et confortera la démarche de sa recon-
naissance internationale comme outil contribuant
à la gestion durable des ressources, voire à la
protection de la biodiversité.
Par ailleurs, dans un contexte de changement
climatique, il convient de permettre l?extension
des périmètres existants et la création urgente de
nouvelles aires protégées sur des sites de report
pour anticiper et accompagner la disparition de
certaines espèces, habitats et fonctions associées
(par exemple par submersion marine des parties
terrestres du littoral), des sites ?corridors? assurant
la connectivité entre aires protégées pour favoriser
la migration des espèces et enfin pour préserver
les dernières zones de forts enjeux écologiques
actuellement non protégées par aucun statut.
Compte-tenu de la complexité des procédures
pour créer une aire protégée ou en modifier le
périmètre, la stratégie doit s?appuyer sur la diver-
sité des outils disponibles, y compris la création de
zones tampons, c?est-à-dire d?espaces périphé-
riques aux aires protégées transitionnels entre des
aires protégées vers des zones de plus forte acti-
vité. Une démarche devra être lancée en ce sens
de manière concertée, sur la base d?un travail préa-
lable de définition des outils et concepts que cela
recouvre.
22 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
L?AIRE MARINE GÉRÉE DE POLYNÉSIE FRANÇAISE
« La zone économique exclusive de la Polynésie française, d?une superficie de 4,8 millions
de km2, a été classée en aire marine gérée, baptisée « Tainui Atea » par arrêté du conseil
des ministres n° 507 / CM du 3 avril 2018 ». « L?administration de l?espace classé est assurée
par la Polynésie française [grâce à un plan de gestion intégré] ? qui présente les enjeux, les
objectifs et les mesures principales prises pour la bonne gestion de l?espace maritime
polynésien. Une grande partie des mesures de gestion, notamment réglementaires, sont
antérieures à la mise en place de l?aire marine gérée, certaines ayant plus de 20 ans. Le
parti pris par la Polynésie française est de défendre et privilégier une approche de la
préservation de l?environnement intégrant l?Homme et ses activités, axée à la fois sur la
précaution et la prévision. Une approche de la nature sans l?Homme n?est pas concevable
dans la culture polynésienne. L?enjeu est de trouver un équilibre durable entre le dévelop-
pement d?une économie bleue et une protection forte de l?environnement marin, en
procédant notamment à une réduction des pressions exercées par certaines activités ou
certains usages. Si la gestion de la zone économique exclusive constitue le coeur du plan
de gestion, elle ne peut être efficace sans une bonne gestion des espaces adjacents,
notamment l?espace côtier polynésien et la haute mer mais également les zones écono-
miques des Pays du Pacifique, l?ensemble formant un tout ». (Extraits du plan de gestion
adopté par arrêté n°4247 MCE du 06 avril 2020).
- À court terme, ce renforcement vise en particulier
les espaces sous protection forte : les arrêtés
préfectoraux de protection, qui feront l?objet d?un
plan stratégique d?amélioration des dispositifs en
place, les outils de maîtrise foncière déployés par
le Conservatoire de l?espace littoral et des rivages
lacustres ainsi que les sites acquis des conserva-
toires d?espaces naturels ou les départements
(Espaces Naturels Sensibles).
- À moyen terme, le renforcement des synergies
entre les outils réglementaires et les outils fonciers
publics (État et collectivités) et privés, pour
permettre d?assurer une efficacité optimale, en
particulier dans des contextes de forte pression
foncière (territoires périurbains).
Aussi, durant ces dix ans, l?objectif est d?innover
dans l?utilisation des outils de protection, pou-
vant être intégrés au panel d?outils de protection
forte, en fournissant les moyens et le cadre ins-
titutionnel nécessaire pour ce développement.
Mesure 5
S?appuyer sur le renforcement des outils fonciers et réglementaires exis-
tants pour étendre le réseau d?aires protégées et de protection forte
La France a développé depuis 1930 une pluralité d?outils de protection de la nature. De même, elle
a offert la possibilité à une multitude d?acteurs d?assurer la gestion de ces espaces. Cette diversité
constitue une richesse majeure par sa pluralité d?approches permettant de couvrir des enjeux de
conservation, mais aussi des enjeux de développement durable. Cette mesure vise à s?appuyer sur cette
richesse d?outils existants pour en renforcer l?efficacité, grâce à une optimisation de leur utilisation, à
reconnaître la contribution de certains outils de protection foncière dans la définition de protection
forte, et à renforcer les synergies entre outils.
Cette mesure consiste à renforcer le niveau de protection au sein des aires protégées, dont certaines
sous protection forte, grâce à un travail spécifique sur les outils existants notamment concernant les
protections foncières.
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 23
O
BJ
EC
TI
F
2
La France a fondé au fil du temps un réseau puissant
et compétent de professionnels des aires protégées.
Ce réseau se compose de différentes structures, fédé-
rations et autres réseaux aux compétences et
spécialités variées.
Ces structures et ces compétences constituent de
véritables atouts au service de la biodiversité et des
aires protégées. Les parcs nationaux, les parcs naturels
marins, le conservatoire de l?espace littoral et des
rivages lacustres, les conservatoires d?espaces naturels,
les réserves naturelles de France, les gestionnaires de
réserves naturelles, l?Office national des forêts, les
parcs naturels régionaux de France, le réseau des
opérateurs de sites Natura 2000, ... Tous ces réseaux
participent, par leur action quotidienne, à l?améliora-
tion de la gestion du réseau d?aires protégées. Ils
bénéficieront de la création de l?Office français de la
biodiversité, rassemblant les compétences d?établis-
sements anciennement en charge d?animation de
réseaux (conférence des aires protégées, Agence des
aires marines protégées, atelier technique des espaces
naturels, etc.).
Face aux défis à venir, il est nécessaire de mettre en
relation entre eux ces grands réseaux au plan national,
pour dégager des synergies et impulser l'émergence
d'actions transversales fortes traduisant la stratégie :
c?est la mission de la conférence nationale des aires
protégées (CAP), dont le pilotage et l?animation sont
assurés par l?Office français de la biodiversité (OFB).
L'OFB assurera un rôle central dans la mise en oeuvre
de la présente stratégie, tant en termes d?animation,
que d?expertise ou de gestion.
La stratégie propose ainsi de s?appuyer sur la richesse
et la compétence de ces réseaux, de les soutenir afin
qu?ils puissent contribuer collectivement à relever les
défis d?une gestion efficace et adaptée des aires
protégées au cours des dix prochaines années, dans
un contexte de changement climatique.
Pouvoir qualifier la qualité de la gestion et donc la capa-
cité d?une aire protégée à atteindre les objectifs pour
lesquels elle a été créée sont essentiels. Différents
outils sont nécessaires tels que des plans de gestion et
des tableaux de bord, par exemple. Cela permet de
rendre compte de l?efficacité des mesures réalisées
mais aussi d?adapter les actions ou réglementations si
nécessaire.
ACCOMPAGNER LA MISE
EN OEUVRE D?UNE GESTION
EFFICACE ET ADAPTÉE DU
RÉSEAU D?AIRES PROTÉGÉES
En résonance forte avec les conclusions des deux colloques de lancement de la
stratégie, tenus à Biarritz fin 2019, la stratégie nationale pour les aires protégées
promeut la mise en place d?une gestion de qualité du réseau national d?aires protégées
intégrant en priorité un objectif de planification et d?évaluation de la gestion des
aires protégées. L?efficacité de la gestion des aires protégées est essentielle pour
accompagner le développement du réseau d?aires protégées.
Une sapinière en libre évolution.
Réserve biologique intégrale de la Glacière,
forêt domaniale de la Joux - Jura
24 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
Une gestion de qualité,
sur quels principes ?
Au niveau de chaque aire protégée, la qualité de sa gestion repose
notamment sur :
? Un ou des gestionnaires en capacité (humaine,
technique et financière) de mettre en oeuvre
les actions
? Des documents de gestion actualisés
régulièrement
? Des outils de concertation et d?évaluation
? L?intégration des enjeux issus d?échelles terri-
toriales supérieures
? Une gouvernance équilibrée qui implique les
parties prenantes dont les citoyens bénévoles
? L?accès à des connaissances spécifiques et
pertinentes pour chaque aire protégée
? La mise en oeuvre de moyens de surveillance
et de contrôle des activités et en mer, des
outils réglementaires
La stratégie nationale des aires protégées doit également garantir aux gestionnaires d?aires
protégées des moyens en cohérence avec les enjeux de gestion pour renforcer l?efficacité de
leur gestion (Objectif 6).
En lien avec le contexte international, l?intégration toujours plus approfondie des aires
protégées françaises aux réseaux internationaux (coopération régionale) ainsi qu?à ses
standards pourra être recherchée (en lien notamment avec la labellisation sur la liste verte
des aires protégées de l?UICN, cf. Objectif 5).
À l?échelle du réseau d?aires protégées, la qualité de la gestion repose
sur les mêmes principes fondateurs :
? Disposer d?un réseau organisé et animé de
gestionnaires, appuyés par l?accès à des
ressources financières, humaines, techniques,
et scientifiques
? Être coordonné aux échelles territoriales
pertinentes
? Bénéficier d?une gouvernance entre aires
protégées, articulée avec les autres politiques,
impliquant les parties prenantes dans l?atteinte
des objectifs
? Intégrer les spécificités des différents types
d?aires protégées et leur complémentarité
? S?appuyer sur les scientifiques comme porteurs
des connaissances nécessaires à la mise en
place et à l?évaluation de l?efficacité des aires
protégées et sur les dernières évolutions de la
recherche sur des sujets émergents
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 25
Renforcer les compétences des gestionnaires
grâce à la structuration du réseau
La qualité de la gestion mise en oeuvre passe par une
structuration du réseau d?aires protégées aux échelles
territoriales pertinentes et bénéficiant d?une gouver-
nance la plus active possible. La qualité et le dynamisme
du réseau participeront directement au renforcement
et à l?adaptation des compétences des équipes gestion-
naires (mesure 6). La stratégie nationale visera le
renforcement des quatre points suivants :
? La planification et l?évaluation des résultats de la
gestion
? Le pilotage de la gestion : gouvernance, méthodes de
concertation, ingénierie de projet, financement
? La prise en compte du territoire et du contexte
socio-économique, l?accompagnement des usages, et
l?articulation avec les autres politiques publiques
? L?adaptation de la gestion des aires protégées aux
enjeux du changement climatique
Afin de passer d?une politique de moyens à une poli-
tique de résultats et de rapportage, rendant la politique
des aires protégées plus lisible et soutenue par les
acteurs et les citoyens, la stratégie promeut la mise en
place d?une gestion de qualité du réseau national d?aires
protégées en intégrant les principes de planification et
d?évaluation de la gestion des aires protégées (mesure
7), avec des documents de gestion, lisibles, basés sur
des objectifs priorisés, suivis par des indicateurs dans
un cadre de gouvernance approprié.
CIBLE 3
D?ici 2030, les aires protégées sont gérées
efficacement*.
* Les critères permettant d?évaluer l?efficacité de la
gestion d?une aire protégée sont rappelés dans l'encadré
page 25.
CIBLE 4
D?ici 2030, l?état de conservation de la biodiversité
s?améliore dans les aires protégées.
LA LISTE VERTE DES AIRES PROTÉGÉES
La France a pris une part active dans l?initiative internationale de la Liste verte des aires protégées,
qui vise à reconnaître et à valoriser à travers le monde des aires protégées et conservées équitables
et efficaces qui offrent aux populations et à la nature des résultats durables de conservation, et à en
augmenter le nombre. Dans ce cadre, la Liste verte des aires protégées de l?UICN (Union Internationale
pour la Conservation de la Nature) est un nouveau système de certification de la qualité de gestion
et de gouvernance des aires protégées, qui repose sur des normes définies à l?échelle internationale.
Cette initiative lancée officiellement en 2014 promeut une approche positive de la conservation, et
vise à reconnaître, encourager et valoriser les succès obtenus par les gestionnaires d?aires protégées.
Cette dynamique internationale de labellisation vient compléter et encourager le cadre stratégique
national visant à faire progresser la qualité de la gestion et de la gouvernance de l?ensemble des aires
protégées françaises. La création d?un réseau francophone de la Liste verte des aires protégées et
conservées contribuera à la mise en commun des expériences et à la montée en compétences en
matière de gestion et de gouvernance des aires protégées.
Écusson de l'Office Français de la Biodiversité
26 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
Mesure 6
Renforcer la formation des gestionnaires d?aires protégées et l?animation
du réseau
L?objectif est de disposer, d?ici 2030 dans chaque territoire, d?un réseau actif et fonctionnel de profes-
sionnels des aires protégées. Cette démarche a pour but de fournir un accès facilité, dans les territoires,
à la formation en continu pour que les gestionnaires puissent élaborer et réviser des plans de gestion
de qualité.
Il s?agira d?accompagner le développement des
compétences individuelles et collectives des
gestionnaires et de l?ensemble des acteurs
concernés du territoire, de renforcer une culture
commune autour des finalités et méthodes de
gestion des aires protégées. Cet effort sera à
mener aux niveaux national et régional, tous
statuts confondus, en s?appuyant sur les réseaux
constitués. Il combinera plusieurs modes
opératoires :
? L?échange entre gestionnaires (groupes
« métier »)
? L?accès aux ressources (information, expertise)
? La mise à disposition d?une offre de formation,
répondant à la demande des acteurs
À court terme, chaque territoire (régions, collec-
tivités d?outre-mer) devra disposer d?un réseau
actif de professionnels des aires protégées dans
le but de favoriser les échanges d?expériences et
de savoirs grâce à la mise en place de compagnon-
nage entre gestionnaires, de systèmes de
mutualisation /diffusion des ressources, d?identi-
fication des référents/experts sur des thématiques
ciblées (scientifiques, réglementaires, gouver-
nance, etc.).
Les agences régionales de la biodiversité ont voca-
tion à animer, impulser ou soutenir la mise en place
et le développement de ces réseaux territoriaux
de gestionnaires d?aires protégées, en s?appuyant
sur les réseaux existants.
L?OFB appuiera le ministère de la transition écolo-
gique, les têtes de réseau des gestionnaires et les
collectivités pour l?animation générale du réseau
des gestionnaires à travers des outils nationaux
comme les centres de ressources, l?offre de forma-
tion, le montage ou l?appui aux projets à caractère
national et inter-réseaux, la mise à disposition d?in-
formations et d?expertise.
Le développement d?un centre de ressource unifié
autour des documents de gestion (élaboration,
évaluation de la gestion) destiné à l?accompagne-
ment des gestionnaires ainsi que son animation par
l?OFB permettra d'accroître l?unification des
gestionnaires autour d?une ligne directrice
commune relative à l?efficacité de la gestion des
aires protégées.
Dans le but d?accompagner la montée en compé-
tences des équipes en charge de la gestion des
aires protégées, des ressources et des formations
adaptées à chacun seront mises à disposition d?ici
2021 sur les thématiques de la planification, de
l?évaluation, mais aussi de la gouvernance des aires
protégées notamment dans un contexte de chan-
gement climatique.
D?ici 2025, les gestionnaires d?aires protégées pour-
ront également proposer des vecteurs de
sensibilisation et d?échanges au sein de leur terri-
toire, notamment auprès des acteurs locaux, sur
les thématiques de la gestion des aires protégées
(notamment dans un contexte de changement
climatique) afin de les intégrer au mieux dans les
politiques publiques locales. Ainsi, les gestion-
naires auront la capacité d?apporter des solutions
aux acteurs des autres politiques sectorielles et
pourront plus facilement s?enrichir des retours
d?expériences des acteurs de leur territoire (pêche,
agriculture, gestion forestière?).
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 27
Mesure 7
Renforcer la méthode de pilotage, d?évaluation et d?adaptation de la ges-
tion des aires protégées
La gestion des aires protégées doit être évaluée et adaptée en continu afin de questionner et de redé-
finir les priorités pour mieux l?adapter aux évolutions des enjeux écologiques et socio-économiques,
voire climatiques.
La mise en oeuvre de cette mesure nécessite que
d?ici 2030 l?ensemble des aires protégées pour
lesquelles un document de gestion est prévu en
soient effectivement dotées. Au préalable, un état
des lieux des types de documents de gestion
validés génériques ou par types d?aires protégées
sera mené.
Ensuite, la méthodologie du guide d?élaboration
des plans de gestion des espaces naturels sera
adaptée à l?ensemble des statuts concernés, en
intégrant les spécificités des différents types
d?aires protégées. Il importe que les organes de
gouvernance de ces aires soient préalablement
installés. En particulier, la mise en place des
comités de pilotage des sites Natura 2000 et l?éla-
boration et la mise en oeuvre de leurs documents
d?objectifs sont cruciales pour atteindre les objec-
tifs de conservation de ces sites.
Les enjeux doivent être identifiés et hiérarchisés
afin de garantir la qualité de la gestion. Les enjeux
locaux, nationaux et internationaux - et en parti-
culier le changement climatique - devront être
identifiés, priorisés et traduits dans l?élaboration
et la révision des documents de gestion pour
garantir la cohérence et la pertinence de la gestion
à l?échelle du site ainsi qu?à l?échelle intersites.
Selon les cas, la gestion d?aires protégées super-
posées ou proches peut être mieux articulée
(gouvernance, mesures, évaluation) pour opti-
miser la gestion et la rendre plus efficace au regard
des objectifs de conservation. Un état des lieux
des expériences alimentera la réflexion sur les
moyens d?améliorer la coordination de la gestion
de plusieurs sites.
Ensuite, l?utilisation des tableaux de bords basés
sur des indicateurs, cohérents avec les statuts et
objectifs des aires protégées, sera généralisée. Ils
seront construits à l?échelle d?une aire protégée et
avec l?aide des réseaux. Ils participeront aux
rapportages et permettront de mieux conduire la
gestion. Les questions évaluatives sur les effets de
la gestion sur la protection la conservation des
écosystèmes et la diversité biologique donneront
lieu à un socle commun aux différentes aires
protégées.
À moyen terme, un dispositif d?évaluation de l?ef-
ficacité de la gestion des sites sera déployé pour
toutes les catégories d?aires protégées pour s?as-
surer de l?atteinte des objectifs de conservation
au regard des enjeux locaux, nationaux, européens
ou globaux.
Il conviendra de bancariser les données d?évalua-
tion dans des systèmes d?informations dont la
mise en cohérence permettra de satisfaire les obli-
gations internationales de rapportage. Les aires
protégées volontaires pourront également s?en-
gager dans des démarches de labellisation
internationale de la qualité de gestion et de
gouvernance de type Liste verte de l?UICN, afin
de bénéficier d?échanges d?expériences, d'amé-
liorer en continu leur performance et de valoriser
les réussites à l?échelle internationale.
Dans certains cas, la mise en oeuvre de dispositifs
d?évaluation nécessitera l?actualisation des docu-
ments de gestion existants.
Pour le réseau Natura 2000 en mer, les analyses des
risques d?atteinte aux objectifs de conservation
par la pêche maritime professionnelle, dispositif
prévu par l?article 91 de la loi biodiversité de 2016,
appelleront également une mise à jour des docu-
ments d?objectifs existants. La mise en oeuvre de
cette mesure supposera également l?existence de
dispositifs de suivi et de surveillance opérationnels,
permettant de suivre l?atteinte des objectifs des
aires protégées.
28 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
LE PROJET LIFE NATUR?ADAPT
Le projet LIFE Natur'Adapt, coordonné par
Réserves Naturelles de France, vise à inté-
grer les enjeux du changement climatique
dans la gestion des espaces naturels
protégés européens.
Prévu sur une période de 5 ans (2018-2023),
il s?appuie sur un processus d?apprentissage
collectif autour de trois axes :
? L?élaboration d?outils et de méthodes
opérationnels à destination des gestion-
naires d'espaces naturels, notamment
pour élaborer un diagnostic de vulnéra-
bilité au changement climatique et un
plan d?adaptation ;
? Le développement et l?animation d?une
communauté transdisciplinaire autour
des espaces naturels et du changement
climatique ;
? L?activation de tous les leviers (institution-
nels, f inanciers, sensibilisation?)
nécessaires pour la mise en oeuvre
concrète de l?adaptation.
Les différents outils et méthodes sont expé-
rimentés sur six réserves partenaires du
projet, puis seront revus et testés sur 15
autres sites avant d?être déployés aux
échelles nationale et européenne.
Les partenaires : Réserves Naturelles de
France, Europarc Federation, Muséum
national d?Histoire naturelle, Tela Botanica,
Ligue pour la protection des oiseaux, Asters
- Conservatoire des espaces naturels de
Haute-Savoie, Fédération des réserves natu-
relles catalanes, Syndicat mixte du Parc
naturel régional du Morvan, Syndicat mixte
du Parc naturel régional des Volcans d?Au-
vergne, Association Petite Camargue
Alsacienne
Les financeurs : Europe, Ministère de la
Transition écologique, Office Français de la
Biodiversité
Pour plus d?informations : naturadapt.com
La stratégie renforcera ainsi le rôle structurant des
aires protégées dans les suivis de long terme. Elle
les positionnera en véritables sentinelles, à travers
notamment des observatoires thématiques inter-
sites et inter-réseaux d?aires protégées, au service
des stratégies de gestion locale des aires protégées
et autres niveaux de rapportage.Îles Glorieuses - Réserve naturelle nationale de l'archipel des Glorieuses
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 29
ACCOMPAGNER DES ACTIVITÉS
DURABLES AU SEIN DU RÉSEAU
D?AIRES PROTÉGÉES
Les aires protégées, grâce à la qualité des services écosystémiques qu?elles offrent,
sont le support de nombreux usages, professionnels ou de loisir : pastoralisme,
agriculture, sylviculture, pêche, tourisme, chasse, cueillette, activités culturelles,
activités sportives, activités spirituelles, équipements ou aménagements divers
liés par exemple à la mobilité ou à l?approvisionnement en eau ou en énergie, etc.
Les usages, par leur présence à proximité de l?aire protégée ou en son sein, ont des
impacts potentiels sur l?état du patrimoine à protéger, qui peuvent être positifs ou
négatifs. C?est ainsi le premier objectif de toute aire protégée que de favoriser la
meilleure compatibilité des usages avec la conservation du patrimoine, et de valoriser
les services écosystémiques dont ces usages dépendent.
O
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EC
TI
F
3
De nombreux acteurs socio-économiques sont bien
souvent fortement engagés dans la gestion et la protec-
tion du réseau d?aires protégées et participent à la
gouvernance et à la gestion de ces espaces. Néanmoins,
certaines activités, au sein des aires protégées ou dans
leur environnement proche, peuvent aller à l?encontre
des objectifs de conservation des aires protégées.
Pour cela, il est essentiel de prendre en compte les effets
directs et indirects des activités ainsi que l?ensemble de
leurs effets cumulés afin de définir des critères de compa-
tibilité par activité au regard des enjeux, et d?en assurer la
compatibilité par des missions de contrôle.
L?enjeu de la stratégie est donc d?allier conservation du
patrimoine naturel et accompagnement des activités
durables lorsque cela est possible. Pour cela, la stratégie
agit selon deux approches complémentaires :
? D?une part, veiller à la compatibilité des usages au sein
du réseau d?aires protégées, par une connaissance fine
des pratiques compatibles assortie d?un contrôle
effectif des activités lorsqu'il existe des réglementations,
en particulier dans les zones de protection forte
(mesure 8)
? D?autre part, développer, avec les acteurs socio-écono-
miques, des pratiques vertueuses et compatibles avec
la préservation des écosystèmes, du patrimoine
paysager et culturel dans les aires protégées, dans une
démarche co-construite avec les filières concernées
(mesure 9), démarches pilotes qui peuvent ensuite être
promues hors des aires protégées.
Certains types d?aires protégées (parcs régionaux et natio-
naux, parcs naturels marins, certaines aires protégées des
collectivités du Pacifique, etc.) poursuivent des objectifs
de développement durable des activités, et sont alors
dotés d?une gouvernance adaptée à ces finalités. Ainsi, il
s?agit, pour ces aires protégées (et leurs éventuelles zones
Casiers sur le quai
et navire de pêche quittant le port
30 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
tampons) de favoriser la compatibilité des usages par
le soutien et l?accompagnement de certaines
pratiques durables via la sensibilisation, la formation,
les engagements contractuels, la labellisation, l?appui
technique, la surveillance et le contrôle et enfin l?en-
couragement financier.
Toutefois, une surveillance et un contrôle sont également
nécessaires pour s?assurer de la compatibilité entre les
activités et les objectifs de conservation des aires proté-
gées sous protection forte. Ceci doit s'accompagner
d'une bonne articulation avec la politique pénale. Cela
nécessite d?évaluer l?impact des activités sur les objectifs
de conservation des aires protégées, afin de n?autoriser
que les activités compatibles, et de s?assurer par des
contrôles adaptés du respect des mesures réglemen-
taires imposées dans les aires protégées,
particulièrement dans les zones de protection forte.
Cible 5
D?ici 2030, les aires protégées contribuent, par leur
niveau d?ambition en la matière, à atteindre à minima
les objectifs nationaux de transition écologique des
filières sur leur espaces.
LA SURVEILLANCE ET LE CONTRÔLE
En mer, les besoins de contrôle de chaque aire marine protégée sont intégrés dans le plan
de surveillance et de contrôle de façade maritime. La surveillance et le contrôle des acti-
vités ayant un impact sur l?environnement marin s?appuient sur la mobilisation de
l?ensemble des administrations de l?action de l?État en mer concourant à la mise en oeuvre
des plans de contrôle pour l?environnement marin de chaque bassin et façade maritime,
sous la coordination opérationnelle des préfets maritimes et des délégués du gouverne-
ment pour l?action de l?État en mer en outre-mer. Sont concernées principalement : les
Affaires maritimes, la Marine Nationale, la Gendarmerie nationale et les Douanes. La mise
en oeuvre des plans de contrôle pour l?environnement marin s?appuie également sur la
mobilisation des opérateurs de l?État (Office français de la biodiversité notamment). À ces
moyens s?ajoutent ceux des gestionnaires d?aires protégées. Le CACEM (centre d?appui au
contrôle de l?environnement marin) est chargé d?appuyer les unités et de centraliser le
rapportage.
Sur terre, la planification des contrôles en polices de l?eau et de la nature relève des MISEN,
pilotées par les DDT-M/DEAL. Les plans de contrôles départementaux sont arrêtés au
premier trimestre de chaque année et sont validés in fine par le préfet et le (ou les)
parquet(s) concerné(s), conformément à l?instruction du 22 août 2017 relative à l?organi-
sation et la pratique du contrôle par les services et établissements chargés de missions de
police de l?eau et de la nature.
Contrôle des pêcheurs à pied
effectué par l'OFB et la DDTM
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 31
Garantir la compatibilité des usages avec les objectifs
de conservation du patrimoine naturel requiert un
contrôle de la bonne mise en oeuvre des mesures régle-
mentaires dont bénéficient ces aires protégées :
? Évaluation a priori de la compatibilité des pro-
jets par évaluation de leur impact
? Contrôle a posteriori du respect des prescrip-
tions édictées (missions de police)
Évaluer la compatibilité
des usages en amont
Une analyse de la compatibilité des usages et des
enjeux de conservation devra être menée sur l?en-
semble des aires protégées.
En mer, une meilleure définition et mise en oeuvre
de critères de compatibilité au sein du réseau
d?aires protégées, couplées à la réalisation de
toutes les analyses de risques de la pêche maritime
sur les habitats d?intérêts communautaires dans
les sites Natura 2000 participeront directement à
cette évaluation globale à moyen terme.
Plus spécifiquement, sur les façades maritimes
métropolitaines et bassins ultra-marins, il
conviendra d?évaluer la compatibilité des activités
au regard des objectifs environnementaux des
documents stratégiques de façade et de bassins
ultra-marins. Dans ce cadre, il conviendra égale-
ment d?évaluer la compatibilité des activités
terrestres avec les objectifs de conservation des
aires marines protégées. Aussi, seront recherchées
les possibilités de renforcer la capacité pour des
aires marines protégées littorales, notamment
avec des écosystèmes récifaux, de pouvoir influer
sur la réglementation des projets d?aménagement
ou d?usages sur le bassin versant. Cela s?inscrit
notamment dans le cadre de la mise en oeuvre du
plan national récifs coralliens pris en 2019, dans la
philosophie des travaux relatifs aux zones tampons
ou dans les recommandations du CNML.
Renforcer les capacités de contrôle sur
certains secteurs clefs
L'amélioration de la conservation des aires proté-
gées, passe par le maintien, voire le renforcement
des capacités de surveillance et de contrôle de la
bonne mise en oeuvre des mesures réglementaires
ou autres. Le réseau des aires protégées, et notam-
ment de protection forte, doit faire partie des
priorités de contrôle au titre de la préservation de
l?environnement, avec des contrôles ciblés sur les
enjeux prioritaires. Les objectifs de surveillance et
de contrôle doivent être priorisés et ciblés selon
deux approches.
Par type d?aires protégées,
en ciblant plus particulièrement :
- les zones de protection forte
- les sites Natura 2000, dans lesquels l?accent doit
être mis sur le respect des prescriptions issues des
évaluations d?incidences et le renforcement des
réglementations des activités humaines
Par type de territoires
Au regard des surfaces imposantes à contrôler, de
la difficulté d?accès de ces espaces et surtout des
enjeux importants de biodiversité face à de
nombreuses pressions comme le braconnage ou
l?orpaillage illégal, certaines aires protégées,
notamment en contexte ultramarin (Guyane)
nécessitent de mettre en place des moyens
adaptés spécifiques pour assurer de manière effi-
cace les polices concourant à la protection
l?environnement. Ces moyens devront être péren-
nisés sur du long terme pour que les objectifs de
la stratégie portent leurs fruits en 2030, en cohé-
rence avec les schémas directeurs capacitaires des
moyens de l?État.
Consolider l?organisation de la surveillance
et des contrôles
En matière de polices concourant à la protection
de l?environnement, il conviendra de poursuivre
les avancées de la décennie précédente qui a
connu un renfort de la coordination des acteurs et
de la hiérarchisation des objectifs, notamment en
milieu terrestre, au travers des missions interser-
vices facilitant la coordination des établissements
publics (dans lesquels l?Etat a externalisé sa mission
régalienne de police) autour des préfets et des
procureurs, et permettant notamment une défi-
nition coordonnée des objectifs dans des plans de
contrôle. Les gestionnaires d?aires protégées qui
sont dotés de pouvoirs de police ou qui emploient
des agents exerçant certaines fonctions de police
judiciaire oeuvrent en priorité pour garantir le
respect des règles édictées dans ces espaces. Ils
peuvent le cas échéant être appuyés pas d?autres
agents de la police de l?environnement, et ce afin
de renforcer le dispositif de contrôle déjà présent
sur le terrain, selon des principes définis en MISEN.
Mesure 8
Garantir la compatibilité des usages par un cadre de surveillance et de
contrôle des activités adapté aux enjeux de protection des aires protégées
L?évaluation de la compatibilité des usages doit être réaffirmée, en terre comme en mer, en s?appuyant
sur les pratiques et les cadrages existants.
32 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
Pour le milieu marin, l?enjeu sera d?optimiser l?utili-
sation des moyens de surveillance et de contrôle
en mer dont disposent l?action de l?État en mer et
ses opérateurs. D?ici 2030, cette montée en puis-
sance des contrôles s?appuiera sur l?expertise du
Centre d?appui au contrôle de l?environnement
marin (CACEM).
Sur le moyen terme, il est nécessaire de poursuivre
la structuration de l?exercice des polices concou-
rant à la protection de l'environnement, par le
maintien de moyens mobilisables, la coordination
des moyens existants, la formation des forces de
contrôle mais également la sensibilisation des
magistrats ou encore l'amélioration des procé-
dures. En outre, il conviendra de renforcer
l'articulation entre la politique pénale et la poli-
tique de contrôle en la matière. L?enjeu est bien
de doter d?ici à 2030 l?ensemble des aires proté-
gées d?un cadre de surveillance et de contrôle
adapté aux enjeux et qui puisse être suivi
d'effets.
Cette mesure vise donc à accompagner et faire
connaître certaines pratiques durables déjà
déployées, tout au long de la mise en oeuvre de
cette stratégie, par les filières et usagers des aires
protégées.
Les nombreux progrès observés dans les aires
protégées pour le développement de pratiques à
impact positif se sont tous opérés sur la base d?un
partenariat étroit entre le gestionnaire de l?aire
protégée et les acteurs de chaque famille d?usage.
On peut citer comme exemples des mesures
agro-environnementales et climatiques au sein du
réseau Natura 2000, les dispositions de la charte
européenne du tourisme durable, ou encore l?ob-
servatoire de l?équilibre agro-sylvo-cynégétique
dans le parc national des Cévennes.
D?ici 2030, les changements de pratiques seront
soutenus au sein des filières en cohérence avec les
objectifs de conservation recherchés, que ce soit
par l?exemplarité (en participant à des réseaux de
sites de référence), par le déploiement de bonnes
pratiques ou encore par la valorisation d?innova-
tions au sein des aires protégées (labellisations de
type marques parc, partenariats entreprises/
espaces protégés).
L?ambition est de faire des aires protégées des
territoires exemplaires, voire d?excellence de la
transition écologique pour les différentes poli-
tiques publiques : grâce à des partenariats
recherchant des pratiques à impact positif. Par
ailleurs, les aires protégées se positionnent comme
territoires d?expérimentation et d?innovation pour
la transition écologique, incluant notamment la
prise en compte de la biodiversité et l?adaptation
au changement climatique dans les activités d?agri-
culture, de sylviculture, de pêche professionnelle,
de tourisme, de gestion de l?eau, de gestion de
l?énergie, etc.
Les aires protégées, de type parcs, qui ont comme
finalités également le soutien au développement
durable des activités et la gouvernance adéquate,
définiront leurs objectifs en la matière et seront
pleinement intégrées dans les politiques de
soutien à ces activités (agriculture, sylviculture,
pêche et tourisme durable, etc.). De plus, alors que
le besoin de connexion des citoyens aux espaces
naturels prend de l?ampleur, les aires protégées
doivent faire partie des stratégies coordonnées
l?échelle territoriale, notamment en faveur d?un
tourisme durable.
Enfin, d?ici 2030, l?objectif est également que les
politiques publiques au sein du réseau d?aires
protégées en matière d?aménagement du territoire,
de transition énergétique, de soutien aux filières,
de développement des activités de tourisme et de
plein air intègrent les objectifs de reconquête de
la biodiversité par les différents leviers dont ils
disposent.
Mesure 9
Accompagner les usages compatibles avec les objectifs de conservation
des aires protégées
Le modèle français d?aire protégée intègre des catégories où des activités sont possibles dès lors qu?elles
ne remettent pas en cause les objectifs de conservation du site. Ceci nécessite de travailler collective-
ment à accompagner les acteurs vers des modèles compatibles, en visant l?excellence environnementale.
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 33
CONFORTER L?INTÉGRATION
DU RÉSEAU D?AIRES PROTÉGÉES
DANS LES TERRITOIRES
Afin de répondre aux défis de préservation qui se posent à lui, le réseau d?aires
protégées doit mobiliser de façon large et inclusive l?ensemble des composantes
de son territoire et ainsi construire collectivement les réponses à l?érosion de la
biodiversité.
Les aires protégées sont au coeur des projets de déve-
loppement durable et d?aménagement des territoires
où elles se trouvent. La relation entre les aires protégées
et les acteurs de leurs territoires, notamment écono-
miques, doit être organisée et approfondie pour un
bénéfice réciproque.
Dans ce contexte, la présente stratégie vise à s?appuyer
sur les interactions fortes qui lient les aires protégées
avec le territoire qui les environne, mais également avec
la société qui vit auprès d?elles, voire en leur sein.
Ces interactions doivent être pensées dans une « soli-
darité écologique » : la protection d?un milieu sera
d?autant plus forte que les territoires environnants y
contribuent, la protection d?une aire sera d?autant plus
effective et durable qu?elle sera portée par les citoyens,
les acteurs et les institutions de son territoire.
La stratégie nationale des aires protégées
vise ainsi à :
? Mieux intégrer les aires protégées dans les politiques
publiques sectorielles et dans les projets de territoire
(mesure 10)
? Mieux mobiliser les citoyens et les partenaires dans l?action
et dans la gouvernance des aires protégées (mesure 11)
? Faire des aires protégées les lieux privilégiés de la
connexion de la société à la nature (mesure 12)
CIBLE 6
D?ici 2030, l?ensemble des documents de planification
territoriale aux échelles régionales, par façade maritime
ou bassins maritimes seront cohérents avec les enjeux
du réseau des aires protégées.
CIBLE 7
D?ici 2030, les aires protégées offrent une gouvernance
adaptée et garantissent un accès aux citoyens.
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Élèves gestionnaires de l'aire marine éducative
de Hakahetau - Ua Pou Iles Marquises
(Polynésie française) et partenariat avec la
Marine Nationale
34 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
Mesure 10
Mieux intégrer les aires protégées dans les différentes politiques publiques
et dans les projets de territoire
L?efficacité de la protection d?une aire protégée repose, certes, sur la pertinence des orien-
tations inscrites à son document de gestion, mais aussi sur la prise en compte de ces orienta-
tions par les différentes politiques publiques qui sont déployées sur le territoire : politiques
spatiales d?aménagement (aménagement du territoire, mobilité, urbanisme), et politiques sec-
torielles de gestion des ressources naturelles (agriculture, sylviculture, pêche maritime, tou-
risme, eau, énergie, etc). Réciproquement, une aire protégée sera portée par les citoyens, acteurs
et institutions de son territoire si elle s?y inscrit en cohérence avec les autres politiques publiques.
L?objectif est de renforcer l?articulation réciproque entre les documents de gestion des aires protégées
et les documents de planification élaborés par l?Etat et les collectivités en matière de politique maritime
intégrée (DSF, DSBM), d'aménagement (trame verte et bleue, SRADDET, SAR, SCOT, PLU, schémas de
mobilité, etc.) et de gestion des ressources naturelles (SDAGE et SAGE, PRFB, etc.).
Cette articulation est organisée
dans un but de cohérence :
? Prise en compte des orientations (selon plusieurs
niveaux : de la simple prise en compte à la
conformité, en passant par la compatibilité)
? Consultation lors de l?élaboration des docu-
ments (plus ou moins contraignante : avis simple,
avis conforme, association à l?élaboration, parti-
cipation croisée aux instances de pilotage)
Dans le cadre de la stratégie, l?articulation réci-
proque des objectifs et statuts des aires protégées
avec les politiques de planifications élaborées par
l?État et les collectivités seront analysés (niveau de
prise en compte, mode de consultation, etc.). Des
pistes de renforcement de l?articulation des
schémas de planification territoriale avec les poli-
tiques d?aires protégées seront alors proposées,
avec notamment l?intégration des enjeux de cohé-
rence écologique des aires protégées dans les
différents schémas régionaux et les documents de
bassin maritime. Pour le milieu marin en métropole,
la cohérence du réseau d?aires marines protégées
est en effet déjà prise en compte dans les docu-
ments stratégiques de façade.
Le déploiement du réseau d?aires protégées doit
se construire dans une parfaite cohérence avec les
politiques en matière de trames vertes et bleues,
à l?échelle de chaque territoire.
Dans ce cadre, une vigilance particulière sera
portée à l?interface terre/mer, afin de mieux
prendre en compte les effets des activités
terrestres sur les objectifs de conservation des
aires marines protégées. Afin de garantir une mise
en cohérence des politiques et le maintien des
fonctionnalités des écosystèmes préservés ou
restaurés par les aires protégées, l?ensemble des
schémas nationaux, par bassin et façade maritime
et régionaux (coordonnés par le SRADDET) d?amé-
nagement du territoire et de développement des
infrastructures devront privilégier strictement,
dès révision, l?évitement des impacts sur les aires
protégées dans l?application du cycle éviter/
réduire/compenser. Cela fera l?objet d?une évalua-
tion tous les 3 ans présentée au niveau régional
devant les CRB et national devant le CNB.
Par ailleurs, l?objectif est également que les actions
en matière de développement et de cohésion des
territoires intègrent pleinement les aires protégées
comme des atouts et des facteurs de cohésion à
travers les contractualisations, les projets de déve-
loppement, les mécanismes de solidarité. Pour cela,
les gestionnaires d?aires protégées sont accompa-
gnés pour développer les outils, méthodes et
démarches d?ancrage territorial.
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 35
La stratégie favorisera dans cette décennie l?enga-
gement des citoyens et des acteurs du territoire
dans les actions et la gouvernance des aires proté-
gées. L?engagement de chacun dans l?action des
aires protégées sera encouragé et valorisé, au-delà
des coopérations développées par les gestion-
naires des aires protégées avec les acteurs
économiques et les usagers dans le cadre de l?ac-
compagnement des usages (objectif 3) :
? Déploiement du service civique dans les aires
protégées
? Déploiement des programmes nationaux de
sciences participatives dans les aires protégées
avec un double objectif de sensibilisation du
public à la biodiversité et de production de
données naturalistes
? Déploiement des engagements en faveur de la
nature, proposés contre encouragements fiscaux
aux propriétaires de terrains dans les aires
protégées : obligations réelles environnementales,
chartes Natura 2000, travaux de restauration des
milieux déductibles, ou encore le comité de vie
local du Parc amazonien de Guyane qui
pourraient être transposés à d?autres territoires
ultra-marins
? Mise en place de reconnaissances des initiatives
citoyennes de contribution à la création et la
gestion des aires protégées (gestion participative,
aires marines ou terrestres éducatives)
La gouvernance des aires protégées devra
conforter l?implication des acteurs locaux dans leur
gestion et favoriser les processus participatifs.
D?importants progrès ont été réalisés ces dernières
années dans l?ouverture de la gouvernance ; cela
doit être poursuivi en ouvrant cette gouvernance
à l?ensemble des parties prenantes (élus, acteurs
économiques, associations, usagers, citoyens, etc.).
Afin de faire le point sur cette évolution et le cas
échéant de l?approfondir, les différents réseaux
d?aires protégées seront appelés à effectuer un
état des lieux et une évaluation de l?organisation
et du fonctionnement de la gouvernance, incluant
des enquêtes auprès des membres des instances,
et à activer en leur sein un partage des bonnes
pratiques en la matière. Ils pourront ainsi, si ce
travail collectif en révélait le besoin, prendre des
mesures collectives en leur sein.
Dans les territoires ultramarins, les enjeux d?associa-
tion des riverains et usagers des aires protégées sont
extrêmement prégnants. Des expérimentations
d?une gouvernance adaptée pourront être mises en
oeuvre au cas par cas et dans la concertation.
Mesure 11
Favoriser et accompagner les citoyens dans la gestion et dans la gouver-
nance des aires protégées
Les aires protégées produiront des résultats d?autant plus efficaces et durables qu?elles seront portées avec
les citoyens et les partenaires de leur territoire, que ce soit dans leurs orientations ou dans leurs actions.
En définitive, ce renforcement de
l?intégration des aires protégées
dans les politiques publiques
territoriales impliquera plusieurs
chantiers mobilisateurs :
? Un travail d?analyse sur l?existant
? Un potentiel travail législatif et réglementaire
pour offrir un cadre sécurisé aux mécanismes
d?articulation entre documents de planification
des politiques publiques
? Un chantier de sensibilisation des décideurs pour
un meilleur portage politique
? Un chantier de renforcement des capacités des
équipes en charge
En parallèle, des expérimentations de simplifica-
tion de la gouvernance territoriale des aires
protégées pourront être recherchées au cas par
cas et dans la concertation, lorsque les zonages se
superposent.
36 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
Mesure 12
Faire des aires protégées des lieux privilégiés de la connexion de la société
à la nature
Les sociétés industrialisées et urbanisées ont distendu leurs liens avec la nature, notamment pour les
citadins. La reconquête de ces liens est une des clefs de leur avenir. En offrant la nature en partage, par
l?éducation, l?immersion, la médiation du patrimoine et la communication, les aires protégées peuvent
être le lieu privilégié d?une meilleure connexion avec la nature, par la connaissance de cette dernière et
des savoir-faire et usages qui lui sont liés.
Les aires protégées doivent être le lieu privilégié
d?une meilleure connexion des citoyens avec la
nature, par la connaissance de cette dernière et des
savoir-faire et usages qui lui sont liés. Pour cela, d?ici
2030, il s?agit de renforcer le rôle d?accueil et péda-
gogique des aires protégées, notamment par le
déploiement d?outils de découverte ou interpréta-
tifs ou en organisant une diversité d'événements.
Les animations dans les aires protégées offrant à
tous les publics une expérience de la nature seront
renforcées et coordonnées. Partout en France les
aires protégées seront mobilisées de manière coor-
donnée en régions pour une participation active à
des évènements ciblés : fête de la nature, fête de la
science, fête de la mer, journée du patrimoine,
semaine du développement durable, « un espace
protégé près de chez vous », etc.
Enfin, d?ici 2030 l?ensemble des aires protégées, qui
peuvent le permettre au titre de leur accessibilité
ou de leur sensibilité, offriront un accès aux citoyens
(y compris en intégrant les enjeux d?accessibilité,
notamment pour les personnes à mobilité réduite).
Cet accès doit intégrer les politiques en matière
d?aménagement du territoire mais également de
santé, bien-être par l?axe santé et environnement.
Un plan de communication national pour les aires
protégées sera déployé et accompagné d?une série
d'événements conviviaux multipliant les expé-
riences autour de la nature et visant notamment à
susciter la mobilisation des élèves et des ensei-
gnants autour des enjeux du développement
durable.
L?action éducative en direction des jeunes dans les
aires protégées sera renforcée, avec les services de
l?éducation nationale, l?enseignement agricole et les
réseaux associatifs. Cette action reposera sur les
accords-cadres existants, encourageant les initia-
tives locales mais également via la formation initiale
et continue des enseignants de l?éducation natio-
nale et de l?enseignement agricole. La stratégie
ambitionne également de développer des
« parcours éducatifs nature », pour que chaque
jeune puisse bénéficier d?un parcours équivalent à
30 jours d?expérience construite en nature.
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 37
RENFORCER LA COOPÉRATION
À L?INTERNATIONAL POUR
ENRAYER L?ÉROSION DE LA
BIODIVERSITÉ
La lutte contre l?érosion de la biodiversité est un enjeu international de premier
ordre. Dans ce contexte, le réseau français des aires protégées constitue un outil
déterminant pour contribuer à cet effort, notamment en matière de coopération
régionale mais aussi internationale : coopérations transfrontalières et régionales
autour de l?Hexagone et de la Guyane, dans les Caraïbes et dans les océans Indien,
Pacifique, Antarctique Atlantique et Austral.
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Les spécificités des outre-mer constituent des atouts
considérables qui méritent d'être mis en exergue dans
leur environnement régional. La présence ultramarine
de la France dans la zone caraïbe, de l?océan Indien, de
l?Atlantique nord, de l?océan Austral et du Pacifique fait
d?elle un acteur majeur sur le plan international, à l?égard
des Etats voisins et des organisations multilatérales de
ces régions.
CIBLE 8
D?ici 2030, toutes les écorégions transfrontalières
auront fait l?objet d?un ou plusieurs programmes de
coopération régionale impliquant les aires protégées
françaises.
Baleine à bosse - Lagon de Mayotte - Parc naturel marin de Mayotte
38 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
Mesure 13
S?appuyer sur les aires protégées pour défendre un cadre mondial ambi-
tieux pour la biodiversité
Plaider pour un cadre ambitieux
Au niveau mondial, la France plaide pour la consti-
tution d?un réseau d?aires protégées représentatif,
connecté et effectivement géré couvrant au moins
30 % des écosystèmes terrestres et 30 % des écosys-
tèmes marins d?ici 2030. La France défend
l?inscription de cet objectif dans le cadre stratégique
mondial pour la biodiversité post-2020, qui sera
adopté à la COP15 de la Convention pour la Diversité
Biologique (CDB). Cet objectif a également été
retenu par la stratégie européenne en matière de
biodiversité pour 2030.
L?un des axes forts des négociations en cours à la
CDB concerne également l?amélioration de la qualité
de la gestion des aires protégées existantes et l?ef-
fectivité des mesures en faveur des écosystèmes.
La France est activement engagée auprès de la
Commission européenne dans le processus de négo-
ciation dans le cadre des Nations unies d?un accord
international ambitieux pour la protection de la
biodiversité en haute mer, dont l?un des objectifs
principaux est de définir un mécanisme de désigna-
tion et de gestion d?aires marines protégées au-delà
des juridictions nationales.
En s?appuyant sur l?exemplarité
Afin de défendre ce cadre ambitieux, la France :
? Soutient et porte les projets de création d'aires
marines protégées dans les zones situées au-delà
des juridictions nationales des États. La France
porte par exemple le projet d'aire marine protégée
« mont sous-marin Evlanov » dans le Nord-est de
l?Atlantique dans le cadre de la convention OSPAR
et les projets d'aire marine protégée en
Antarctique dans le cadre de la CCAMLR.
? OEuvre à la reconnaissance sur la liste du patri-
moine mondial de l?UNESCO de sites sur les
espaces sous juridiction nationale, avec comme
exemples les îles Marquises en Polynésie française.
Cela concerne aussi des sites situés en haute mer
en zone internationale, en soutenant par exemple
les candidatures du dôme thermal du Costa Rica,
proche de l?atoll français de Clipperton, ainsi que
de la mer des Sargasses, dans le cadre d?un projet
porté par la Commission de la mer des Sargasses.
? Contribue activement au développement du
réseau mondial de réserves de biosphère, sur terre
comme en mer. Il existe ainsi en France 14 réserves
de biosphère dont deux en outre-mer. Plusieurs
projets de nouvelles réserves de biosphère sont à
l?étude, notamment en Martinique, en Pays de
Sarrebourg, aux îles Australes en Polynésie fran-
çaise et sur le massif des Landes de Gascogne2. La
France poursuivra, dans la prochaine décennie, sa
contribution active au bénéfice de ces outils
reconnus internationalement.
Au-delà de l?adoption d?objectifs ambitieux à
l?échelle européenne (stratégie européenne pour la
biodiversité) et internationale (cadre mondial de la
CDB), l?engagement international de la France doit
servir de support pour améliorer la qualité de la
gestion des aires protégées, dans un bénéfice réci-
proque. Pour cela, la stratégie ambitionne de
renforcer le pilotage, de mieux valoriser le rappor-
tage et le partage des connaissances acquises en
matière de désignation, de gestion et d?évaluation
des actions mises en oeuvre dans les aires protégées.
L?appropriation et l?utilisation des outils découlant
de la mise en oeuvre des engagements de la France
au titre de la Convention sur la Diversité Biologique
(guides, référentiels, données, processus de rappor-
tage et d?évaluation de l?efficacité de la gestion, etc.)
seront renforcées.
D?autre part, une large diffusion des enseignements
tirés de l?expérience française en matière d?aires
protégées sera recherchée, en particulier concer-
nant l?articulation et la compatibilité des activités
humaines avec les objectifs de conservation de la
biodiversité et des services écosystémiques. Enfin,
l?expérience d?autres pays en matière de création,
de gestion et de financement des aires protégées
devra être capitalisée pour en faire bénéficier le
réseau d?aires protégées françaises.
2. https://www.mab-france.org/workspace/uploads/mab/documents/
mab-rapport-d-active-2018-2019.pdf
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 39
Mesure 14
Conforter la coopération internationale et la place des aires protégées
françaises dans les réseaux internationaux
La France, par sa présence sur de nombreux territoires et écosystèmes de la planète, poursuivra son
implication dans les réseaux et coopérations régionaux.
À ce titre, les conventions de mer régionales3 sont
les instances de coopération régionale privilégiées
pour agir concrètement en matière de création de
nouvelles aires protégées dans et au-delà des eaux
sous juridiction (notamment conventions OSPAR,
et la CCAMLR), de renforcement des moyens de
gestionnaires d?aires protégées, de création de
protocoles de surveillance communs ou cohérents
entre Etats partie aux conventions de mer régio-
nale, ou encore d?élaboration d?outils d?évaluation
communs de la gestion des aires protégées. La
France oeuvrera, en s?appuyant sur les instances
de travail existantes au sein des conventions de
mers régionale, au développement de réseaux
d?aires marines protégées dans les zones couvertes
par ces conventions, y compris en haute mer.
Par ailleurs, les gestionnaires d?espaces protégés,
dont les parcs nationaux, sont particulièrement
impliqués dans des démarches de mise en réseau
avec leurs homologues, dans le cadre d?accords de
coopération transfrontalière ou interrégionale. Les
gestionnaires d?aires protégées seront accompa-
gnés dans le développement de nouveaux accords
de collaboration inter-espaces protégés et le
renforcement des accords existants.
3. La France est partie contractante à six conventions de mers régionales
(CMR), sur les dix-huit existantes : Convention Oslo-Paris (OSPAR) pour
la protection du milieu marin de l?Atlantique Nord-est ; Convention
de Barcelone pour la protection du milieu marin et du littoral de la
mer Méditerranée ; Convention de Carthagène pour la mer des
Caraïbes ; Convention de Nairobi pour la protection, la gestion et la
mise en valeur du milieu marin et côtier de la région de l?océan Indien
occidental ; Conventions de Nouméa et d?Apia pour l?océan Pacifique
Sud ; Convention pour la conservation de la faune et la flore marines
de l?Antarctique (CCAMLR).
Un recensement de l?implication des gestionnaires
d?aires protégées au sein des réseaux européens
(Europarcs, Eurosites, réseaux ALPARC, et
REDPARQUES notamment) et internationaux
(WCPA, conventions OSPAR, CCAMLR, MEDPAN,
de Carthagène?) sera réalisé et les conditions de
son renforcement seront expertisées.
Enfin, d?ici 2030, le nombre d?aires protégées
faisant l?objet d?une reconnaissance au titre de
plusieurs dispositifs internationaux, parmi lesquels
les programmes « Man and Biosphere », « patri-
moine mondial » et le réseau des réserves de
biosphère portés par l?UNESCO, l?inscription sur la
liste verte des aires protégées de l?UICN sera signi-
f icativement augmenté pour valoriser la
biodiversité exceptionnelle et la qualité de la
gestion des sites.
Sur le plan scientifique, les coopérations portant
sur des échanges de données, la réalisation de
suivis communs et le partage d?expérience sont
également précieuses afin de développer et
diffuser la connaissance. Ces démarches seront
soutenues en métropole et outre-mer, notamment
dans la zone des Terres Australes et Antarctiques
Françaises, mais aussi dans la zone de Clipperton.
40 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
LE RÉSEAU D?AIRES MARINES PROTÉGÉES DES CARAÏBES
Dans le cadre de la stratégie nationale pour les aires protégées 2030, la France poursuivra,
notamment, son action en faveur du renforcement du réseau d?aires marines protégées
dans les Caraïbes.
Dans le cadre de la convention de Carthagène (protection et la mise en valeur du milieu
marin dans la région des Caraïbes), les vingt-six États Parties à la Convention ont décidé,
en 2019, d?inscrire de nouvelles aires sur la liste des aires spécialement protégées au titre
de cette convention, telles que les réserves naturelles nationales des marais de Kaw-Roura
et de l?Amana en Guyane, lesquelles participent activement à la conservation des écosys-
tèmes de mangroves (Kaw-Roura) et de tortues marines (Amana). Enfin, le Centre d?activités
régionales pour les zones et la vie sauvage spécialement protégées (CAR/SPAW), en
Guadeloupe, est un acteur de premier plan pour accompagner les vingt-six États dans la
création et la gestion durable d?aires marines protégées. Il joue un rôle pivot pour la coopé-
ration régionale dans ce domaine.
Baie du grand cul-de-sac marin - Parc national de la Guadeloupe
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 41
UN RÉSEAU PÉRENNE
D?AIRES PROTÉGÉES
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6
Les coûts des politiques de l'eau, d'infrastructures, de
logement, de soutien à l'agriculture sont reconnus et
légitimés de longue date, alors que ceux concernant la
nature sont moins connus (évaluation des services
écosystémiques et de la valeur de la biodiversité (2009,
travaux du Conseil d?Analyse Stratégique)) et reconnus :
la nature a tendance à être considérée comme gratuite
et sans entretien.
Il n'y a pas de « modèle économique » des aires proté-
gées et de la biodiversité, qui dépendent aujourd?hui
encore essentiellement du budget de l?État, alors que
les aires protégées concourent aux objectifs de
nombreuses autres politiques telles que le développe-
ment rural, l?éducation, les loisirs et le tourisme,
l?intégration sociale. Cette situation, dans le contexte
de la mise en oeuvre de la stratégie nationale pour les
aires protégées, appelle une recherche de diversifica-
tion et pérennisation des financements des aires
protégées dès le début de la mise en oeuvre de la
stratégie.
Les financements disponibles doivent être suffisants et
pérennes pour couvrir les besoins de création et de
gestion de 30 % d?aires protégées et en particulier pour
atteindre 10 % du territoire placé sous protection forte.
À ce titre, le Gouvernement s?est engagé afin d?accom-
pagner la stratégie nationale pour les aires protégées,
et des moyens supplémentaires ont été inscrits au projet
de loi de finances 2021, à destination des aires protégées
et de la biodiversité. A cela s?ajoute une mobilisation des
crédits France Relance à hauteur de plus de 60 millions
d?euros à destination exclusive des aires protégées.
Néanmoins, ces moyens supplémentaires sur le court-
terme devront s?accompagner de perspectives
financières nouvelles à moyen terme.
L?objectif est qu?en 2030, l?ensemble des aires protégées
disposent des ressources suffisantes, notamment grâce
à une participation du budget de l?État et ses opérateurs,
pour fonctionner, investir et in fine être gérées de
manière efficace. Ce fonctionnement doit être
complété ou assuré, par ailleurs, par des moyens des
collectivités ou d?acteurs privés, voire des contributions
des citoyens selon le type d?aires protégées.
Il importe à moyen terme d?être en capacité de mieux
appréhender et accompagner le modèle écono-
mique des aires protégées, de renforcer l?évaluation de
l?efficacité des actions et des financements mais égale-
ment des services rendus et d?organiser la montée en
capacité des gestionnaires sur ces aspects. Le finance-
ment des aires protégées en France n?a pas fait l?objet
d?une étude/analyse dédiée. Plusieurs travaux
permettent d?apporter un éclairage à ce sujet, toutefois
ils relèvent soit d?une approche par types d?acteurs
(exemples : études de RNF, Rivages de France et
Conservatoire du littoral, AMP), soit d?une approche
globale du financement de l?ensemble des politiques
publiques de l?eau, de la biodiversité et des milieux
marins (exemple : rapport du CGEDD, coordonnateur P.
Lavarde, 2016 et rapport CGEDD P. Lavarde, 2019).
Pic Coudreau du Sud Maripasoula - Parc amazonien de Guyane
42 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
Un diagnostic complet sera confié au commissariat
général à l?environnement et au développement durable
(CGEDD) et à l?Inspection générale des finances, afin
d?améliorer la connaissance et la lisibilité des structures
de coûts (fonctionnement et investissement), des
budgets et ressources humaines, des modes de finance-
ments publics et privés des aires protégées et des besoins
actuels et à venir du réseau d?ici à 2030. Cette étude
formulera des recommandations et des propositions
d?évolutions (budgétaires, fiscales, etc.) pour concourir
à la couverture des besoins des gestionnaires, y compris
dans une optique d?optimisation et de mise en synergie
de ces différentes sources de financements sectorielles
et interministérielles.
Ce diagnostic devra prendre en compte les besoins spéci-
fiques éventuels liés à la mise en oeuvre des cibles de
protection forte définies dans le cadre de l?objectif 1.
Mesure 15
Consolider le financement des aires protégées
Au-delà du budget général de l?État et des taxes
affectées à certains établissements publics
(exemple : conservatoire du littoral), deux princi-
pales ressources spécif iques contribuent
aujourd?hui au financement des aires protégées :
les redevances affectées aux agences de l?eau, ainsi
que la part départementale de la taxe d?aménage-
ment. Un diagnostic du fonctionnement des aires
protégées et de leurs modèles économiques, leurs
charges et leurs sources de financements (publics
et privés) sera réalisé, en intégrant les dimensions
incitatives ou pénalisantes de la fiscalité. Ces
analyses doivent porter sur l?ensemble des
ressources et des besoins des aires protégées d?ici
à 2030 et concerner tant les moyens de l?État que
des collectivités et de leurs opérateurs
respectifs.
L?objectif étant de définir les modalités les plus
adéquates (publiques et privées) pour financer les
aires protégées de façon à atteindre les objectifs
de préservation de la biodiversité décrits dans la
présente stratégie. Ceci sera réalisé dans le respect
des priorités gouvernementales en matière de
maîtrise des dépenses et de la fiscalité.
En complément de ces dispositifs nationaux,
plusieurs politiques et fonds européens, voire inter-
nationaux, sont susceptibles de contribuer au
financement des politiques en matière d?aires
protégées, dans le cadre de la Stratégie euro-
péenne pour la biodiversité et des autres politiques
(agriculture, maritime, nature, etc.). Il y a un fort
enjeu à développer et optimiser leur utilisation en
développant la capacité des gestionnaires à
monter et déposer des projets, assurer la trésorerie
dans l?attente des versements et consommer plei-
nement les financements reçus, ainsi qu?en
développant les espaces de coordination et de
dialogue entre financeurs et gestionnaires.
Mesure 16
Accompagner un changement de paradigme au travers de la valorisation
des services rendus par les aires protégées et de la mobilisation de l?en-
semble de la société dans le financement des aires protégées
L?objectif est, d?ici 2022, de présenter autrement
le financement des aires protégées, de façon inté-
grée et comme un investissement global, en
donnant par exemple des ordres de grandeur des
coûts et services rendus liés aux aires protégées.
Par ailleurs, l?objectif est également de renforcer
l?implication des acteurs privés, notamment par le
déploiement et la sécurisation du mécénat, voire
des contributions participatives, pour contribuer
à la résilience du réseau en 2030.
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 43
CONFORTER LE RÔLE DES
AIRES PROTÉGÉES DANS
LA CONNAISSANCE DE LA
BIODIVERSITÉ
A dapter la gestion des aires protégées dans un contexte de changement global
repose sur une double exigence : doter les aires protégées et leurs gestionnaires
des données nécessaires à l?orientation de la gestion, mais également mobiliser
les aires protégées comme sites d?études et d?observation de l?évolution du
vivant ou de la gestion des patrimoines, naturels, culturels ou paysagers.
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7
En premier lieu
Le réseau d?aires protégées doit offrir un formidable labo-
ratoire de recherche in situ qui doit permettre de produire
de la connaissance sur de nombreux sujets liés à la biodi-
versité, notamment celui de l?adaptation de notre
environnement aux changements globaux ou de l?impact
des pressions anthropiques. Les réseaux d?aires protégées
seront impliqués dans le développement des connais-
sances fondamentales sur la biodiversité par des grandes
campagnes de suivi et d?inventaires, des programmes de
sciences participatives et des programmes de recherche
et développement multidisciplinaires (évaluation de la
gestion des aires protégées, ancrage territorial des aires
protégées, etc.). La connaissance produite par les aires
protégées documentera notamment l?état des écosys-
tèmes et les services écosystémiques, les mécanismes de
pressions sur la biodiversité, la mise en oeuvre de la gestion
et ses résultats. Certaines aires protégées intègrent d?ail-
leurs une finalité dédiée de développement de la
connaissance (parcs nationaux et marins, réserve natio-
nale de chasse et de faune sauvage, réserve naturelle, etc.).
Des programmes d?acquisition de connaissance seront
lancés. Ils se concentreront à court terme sur : l?évaluation
de la gestion des aires protégées, l?intégration des
sciences humaines et sociales à cette gestion, et un
ensemble de thématiques identifiées comme prioritaires
à l?issue d?une consultation des acteurs de la recherche et
des gestionnaires d?aires protégées.
À moyen terme, ces contributions permettront, en plus
d?améliorer les connaissances du réseau national, de
mieux appréhender et anticiper les stratégies de conser-
vation au regard des changements globaux, dont le
changement climatique, et des autres pressions existantes,
en alimentant les réseaux nationaux et européens de
surveillance de la biodiversité terrestre, aquatique et
marine. En particulier, les améliorations des connaissances
pourront appuyer le développement des sites de protec-
tion au-delà de la mer territoriale (« au large ») et la mise
en oeuvre des directives communautaires (DCE, DCSMM,
DHFF, DO) et l?évolution des pratiques de gestion en lien
avec les solutions fondées sur la nature, la naturalité et la
libre évolution.
Le lynx boreal dans le parc naturel régional des Vosges du Nord
44 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
En second lieu
Dici 2030, les aires protégées doivent bénéficier d?un
accès suffisant à la donnée scientifique pour exercer
une gestion de qualité, en s?appuyant notamment sur
les données bancarisées dans les systèmes d?informa-
tion sur la biodiversité (SI Biodiversité), le milieu marin
(SIMM) et l?eau (SI Eau). Des rencontres régulières
seront organisées pour faciliter les échanges et des
outils de partage de l?information en réseau seront mis
en place via un portail collaboratif entre gestionnaires
et chercheurs. Un soin particulier sera porté à l?acces-
sibilité de la donnée grâce à des synthèses et
vulgarisations scientifiques multidisciplinaires. Par
ailleurs, les aires protégées contribueront de façon
exemplaire à alimenter ces différents systèmes d?in-
formation. Un accompagnement sera à prévoir pour
lever les éventuels freins concernant l'accès aux
données (convention d'Aarhus, loi Lemaire, etc.). Des
catalogues complets et actualisés de protocoles et
d?indicateurs seront mis à disposition des
gestionnaires.
La lisibilité des besoins en recherche devra être accrue
pour permettre le développement de programmes
de recherche sur les aires protégées. Les probléma-
tiques prioritaires de recherche seront définies à partir
d?échanges avec les têtes de réseau et d?ateliers
thématiques avec le monde de la recherche. Un travail
sera mené également pour identifier les leviers de
financement possibles..
Mesure 17
Faire bénéficier les gestionnaires d?aires protégées et les acteurs des ter-
ritoires de l?acquisition de connaissance
Le développement de la connaissance doit permettre de fournir aux gestionnaires des outils efficaces
d?aide à la gestion : méthodes et protocoles, indicateurs, retours d?expériences et dispositifs expérimen-
taux à grande échelle. Il doit aider les aires protégées à atteindre leurs objectifs et à mieux participer à
la connaissance de leurs territoires. Dans le cadre de la mise en oeuvre de l?objectif 1 de la stratégie, il
doit permet d?alimenter les diagnostics territorialisés prévus.
Pour permettre une évaluation
de l?efficacité des réseaux d?aires
protégées au niveau national et
écorégional, des indicateurs
seront conçus, calculés, diffusés
et mis à jour régulièrement à ces
échelles. Ils incluront des indica-
teurs des pressions, intégrant les
plus significatives pour chaque
écorégion, des indicateurs d?état,
en s?appuyant notamment sur
ceux définis au titre des poli-
tiques nationales et européennes
de préservation de la biodiversité
et des programmes de surveil-
lance terrestre et marines. Ils
permettront d?établir une
comparaison dans et hors réseau,
en prenant en compte la diver-
sité des outils.
L?effet de la gestion sera égale-
ment évalué par la mise en place
d?un réseau expérimental de
sites de démonstration afin de
pouvoir, sur la base de retours
d?expériences exemplaires,
diffuser et généraliser des
bonnes pratiques de gestion
tout en optimisant l?effort global
de suivi. L?évaluation de l?effica-
cité des mesures pour mettre en
réseau des sites avec un suivi
harmonisé se traduira par des
démarches de type appel à
manifestation d?intérêt (AMI).
A l?échelle des sites, des outils
méthodologiques adaptés
seront mis à disposition de l?en-
semble des gestionnaires : pour
les pressions les plus prégnantes,
leur compatibilité avec les objec-
tifs de conservation des aires
protégées sera évaluée. Des
grilles de sensibilité seront ainsi
établies avec la définition de
seuils quand cela s?avérera perti-
nent. En parallèle, la recherche
sera développée sur des
indicateurs d?atteinte des objec-
tifs de conservation des milieux,
notamment en termes de trajec-
t o i r e s f a v o r a b l e s d e s
écosystèmes. Les autres finalités
des aires protégées devront
également bénéficier du soutien
de la recherche en matière de
suivi et d?évaluation par un
ensemble de travaux coordonnés
en sciences humaines et sociales.
Des protocoles d?inventaire et
de suivi et des indicateurs
harmonisés seront également
fournis à l?ensemble du réseau,
disposant d?un tronc commun
cohérent avec le travail mené
dans le cadre de l?évaluation et
de la surveillance nationale de la
biodiversité. Un appui statis-
tique supplémentaire sera fourni
dans le cadre d?appels à manifes-
tation d?intérêt dédiés.
Repérage de bouquetins dans le parc national de la Vanoise
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 45
La gouvernance des aires proté-
gées constituant un sujet
prioritaire avec celle de l?évalua-
tion, les connaissances et
retours d?expériences seront
développés sur les thématiques
de concertation, d?appropria-
tion par les différentes parties
prenantes, et d?implication
citoyenne. La question de la
diffusion des connaissances
scientifiques comme outil de
concertation avec les différents
acteurs du territoire, ainsi que la
place à accorder aux services
écosystémiques dans la gestion
des aires protégées et leur inté-
gration territoriale, seront
également traitées.
Des cadres de collaboration
pérennes seront renforcés entre
équipes scientifiques, laboratoires
de recherche et gestionnaires
d?aires protégées par la mobilisa-
tion de conseils et de veilles
scientifiques, des colloques
réguliers et la création ou le main-
tien de structures de collaboration
de type Groupement d?Intérêt
Scientifique. Concernant le pilo-
tage scientifique des programmes
européens, la coopération inter-Di-
rectives sera développée au niveau
national.
Enfin, tous les acteurs des aires
protégées devront avoir accès
aux connaissances les plus à jour,
au niveau national et par écoré-
gion. Cet accès se fera en
particulier via les portails de
diffusion des données Nature
France, Milieu Marin France et
Eau France mis en place dans le
cadre du Système d?Information
sur la biodiversité, du Système
d?information sur le milieu marin
et du Système d'information sur
l'eau.
Un centre de ressources sur les
questions scientifiques appli-
quées à la gestion des aires
protégées sera mis en place,
incluant les retours d'expériences
et les transferts de résultats issus
de la recherche. Les systèmes
d?information métier relatifs à la
gestion des aires terrestres et
marines protégées faisant partie
du Système d'information sur la
Biodiversité et du Système d?in-
formation sur le milieu marin,
permettront de bancariser les
informations et données rela-
tives aux actions mises en oeuvre
par les gestionnaires d?aires
protégées, leur financement et
les indicateurs. Ces systèmes d'in-
f ormat ion d evront ê tre
opérationnels d?ici 2030 pour les
réseaux présentant une obligation
de rapportage. Pour les autres
réseaux, une analyse de l?existant
et des besoins permettra de faire
émerger l'organisation à mettre en
place.
Mesure 18
Faire des aires protégées des laboratoires d?études et de recherche appli-
quée contribuant à l?amélioration des connaissances sur la biodiversité,
les services écosystémiques et les changements climatiques
Les aires protégées ont vocation à être des territoires de production de connaissance, aussi bien en
ce qui concerne la biodiversité, les questions de sciences humaines ou en termes d?innovations. Elles
doivent aussi constituer des sites de référence pour le suivi des écosystèmes à l?échelle de l?ensemble
du territoire. Ces développements se feront prioritairement sur les questions d?évaluation et de gou-
vernance, et sur les thèmes retenus suite à la phase d?identification des besoins.
L?implication des aires protégées dans le dévelop-
pement des connaissances fondamentales et
appliquées sur la biodiversité sera amplifiée. Les
programmes de surveillance, de recherche et de
développement appliqués à la gestion des aires
protégées, intégrant l?écologie de la restauration
seront pérennisés et renforcés. Les gestionnaires
disposeront des moyens nécessaires à la mise en
oeuvre des programmes de recherche utiles à la
bonne compréhension de l?efficacité des mesures
de gestion et du fonctionnement des milieux natu-
rels. Les liens entre les travaux de recherche
soutenus par l?OFB, voire les autres organismes de
recherche nationaux, et les aires protégées seront
renforcés.
Les compétences et expertises scientifiques, dont
les compétences naturalistes, des gestionnaires
d?aires protégées seront recensées au sein d?an-
nuaires pour chaque réseau par écorégion, façade
ou bassin maritime ultramarin. Le partage de ces
annuaires sera assuré pour faciliter la construction
de projets multistructures et renforcer les liens
entre les gestionnaires et les chercheurs.
Des grands programmes d?inventaires, de type
Inventaire généralisé de la biodiversité (ATBI -
All-taxa biodiversity inventory) seront lancés dans
plusieurs espaces protégés, prioritairement sur les
grands types de milieux non encore ou peu pros-
pectés par cette approche. Ils permettront, entre
autres, d?établir des états de référence complets
pour ces écosystèmes. Ils contribueront au
46 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
maintien de réseaux d?expertise naturalistes et
taxinomiques locaux et au-delà. Ils offriront, par
ailleurs, de réelles opportunités en matière de
communication et de sensibilisation autour de la
biodiversité dans les territoires concernés.
Des appels à projets de recherche seront déve-
loppés : ils devront soit s?appuyer sur les espaces
protégés comme objet ou terrain d?étude, soit
financer des projets portés conjointement par les
deux communautés gestionnaires/chercheurs. Ils
seront autant que possible interdisciplinaires pour
intégrer les aspects scientifiques et socio-écono-
miques pour prendre au mieux en compte la
complexité des sujets. Ils pourront également se
concentrer sur les enjeux d?évaluation de la gestion,
de gouvernance et sur les besoins identifiés par les
gestionnaires et les chercheurs.
Au-delà de ces appels à projets, un travail sera
mené auprès des différents organismes de
recherches et développement et des institutions
de financement afin de mettre en avant le sujet
aires protégés dans les documents de program-
mation de la recherche existant à différentes
échelles.
Pour diffuser les résultats de ces études, des
synthèses thématiques de la littérature scienti-
f ique seront réalisées et les vecteurs de
vulgarisation techniques seront développés : de
nouvelles revues scientifiques seront lancées sur
les questions prioritaires. La valorisation des
travaux de recherche menés sur les aires protégées
et des données acquises, par des publications
scientifiques et naturalistes sera encouragée : à cet
effet, les formations techniques continueront
d?être fournies aux gestionnaires et un accompa-
gnement scientifique, y compris sous forme de
co-rédaction d?articles scientifiques, leur sera
apporté.
Les aires protégées seront intégrées aux dispositifs
nationaux et territoriaux de surveillance et de suivi
de la biodiversité terrestre et marine, en prenant
en compte l?impact des changements globaux. Le
réseau des aires protégées poursuivra également
sa contribution dans la surveillance des phéno-
mènes sanitaires, en mettant en oeuvre une
surveillance des événements sanitaires anormaux
et en contribuant aux programmes nationaux de
surveillance des dangers sanitaires et contami-
nants à enjeu.
Enfin, l?innovation sous toutes ses formes, sans se
limiter au domaine technologique et en favorisant
les licences libres, sera encouragée dans l?en-
semble du réseau. à ce titre, les réseaux de
gestionnaires seront mis en relation avec les orga-
nismes financeurs de l?innovation.
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 47
48 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
Mise en oeuvre de la
stratégie nationale
Le massif de la Meije, Parc national des Ecrins
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 49
Récif des Chesterfield - Parc Naturel de la mer de corail (Nouvelle-Calédonie)
L?une des conditions de réussite de la future stratégie
réside notamment dans l?opérationnalité de sa mise en
oeuvre, aux niveaux national et territorial, ainsi que dans
le suivi et l?évaluation dynamique des actions prévues.
Ainsi, la stratégie sera déclinée à travers 3 plans d?actions
triennaux successifs jusqu?en 2030.
Dans ce cadre, le lancement de la stratégie est accom-
pagné d?un premier plan d?actions national triennal
(2021-2023). Ce plan d?actions comporte des actions à
mettre en oeuvre au niveau national, des actions à mettre
en oeuvre au niveau territorial et des actions relevant de
plusieurs échelles territoriales. Des plans d?actions terri-
toriaux aux échelles régionales, par façade maritime et
bassin ultra-marins seront également déployés. Ils s?ali-
menteront des plans d?actions nationaux mais
permettront également de renforcer le plan d?action
national.
Notons que pour les façades maritimes de métropole, les
plans d?actions triennaux reprendront les actions figurant
dans les programmes de mesures 2016-2022 des plans
d?actions pour le milieu marin et les plans d?actions pour
le milieu marin 2022-2027 et 2028-2033 des documents
stratégiques de façade.
Gouvernance territoriale de la stratégie
Pour décliner la stratégie, les échelles administratives
suivantes ont été retenues :
? Échelle régionale en métropole et régions d?outre-mer,
et échelle de la collectivité4 dans les autres territoires
d?outre-mer sur terre
? Façade maritime en métropole et bassin maritime ultra-
marin en mer
Chaque territoire devra analyser et proposer des trajec-
toires de développement du réseau d?aires protégées en
précisant notamment l?ambition territoriale pour chacun
des grands objectifs thématiques de la nouvelle stratégie
nationale en matière d?aires protégées.
L?instance de pilotage territoriale aura donc deux voca-
tions : mettre en oeuvre et décliner la stratégie et le plan
d?action national, mais aussi faire remonter les projets et
actions de gestion en matière d?aires protégées ou les
enjeux au niveau national pour compléter le plan d?actions
triennal.
4. Pour les collectivités d'outre-mer, l'opportunité de telles démarches relève
de leur compétence et de leur organisation
50 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
Sur terre, en métropole et dans les
départements et régions d?outre-mer
Les préfets de région et les services déconcentrés de l?État seront mobilisés
pour porter, aux côtés des Régions, chefs de file des collectivités en matière
de biodiversité, le déploiement de la stratégie dans les territoires. Dès le
lancement de la stratégie, les préfets mettront en place une instance de
pilotage régionale co-présidée par le préfet et un représentant du Conseil
régional ou de la collectivité compétente, qui pourra s?appuyer ou se
confondre, le cas échéant, avec des instances en place régionalement
(comité régional de la biodiversité (CRB) ou les comités eau et biodiversité,
notamment). Ces instances de pilotage associeront étroitement opérateurs
de l?État, collectivités locales, gestionnaires d?aires protégées, associations
de protection de l?environnement, acteurs socioprofessionnels, société
civile et scientifiques afin de traduire une ambition collective. Ils s?appuie-
ront sur l?expertise des conseils scientifiques régionaux du patrimoine
naturel (CSRPN) et sur les collectifs régionaux constitués des services de
l?État, de la Région, de l?OFB, des ARB le cas échéant et des agences de l?eau.
Pour l?outre-mer5, en mer
Il est proposé de suivre la démarche et le calendrier terrestres (voir-ci-
dessus). Dans les bassins ultramarins, la concertation sur les plans d?actions
pourra avoir lieu dans les conseils maritimes de bassin. Elle sera pilotée par
les préfets et le haut-commissaire en collaboration ou en appui des collec-
tivités selon leur niveau de compétence.
Sur les façades maritimes métropolitaines
Le pilotage sera réalisé par les préfets coordonnateurs de façade maritime
en lien avec les élus et acteurs concerné. Par souci de cohérence, les
programmes de mesures et plans d?actions élaborés en application de la
directive-cadre Stratégie pour le milieu marin constitueront la déclinaison
territoriale de la stratégie nationale 2020-2030 en matière d?aires protégées.
Chaque façade est actuellement dotée de programmes de mesures,
adoptés en 2016 par les préfets coordonnateurs de façade (préfets mari-
times et préfets de région désignés par le code de l?environnement). La
concertation pourra être menée dans le cadre des comités maritimes de
façades. En mars 2022, ces programmes de mesures seront remplacés par
les plans d?actions des documents stratégiques de façade. Comme les
programmes de mesures actuels, ces plans d?actions encadreront le déve-
loppement et la consolidation du réseau d?aires marines protégées sur
chaque façade. Ces plans d?actions s?appliqueront durant six ans et seront
donc renouvelés fin 2027 après évaluation.
Dans la collectivité des terres australes
et antarctiques françaises
Le préfet, administrateur supérieur des TAAF, assurera le déploiement d?une
stratégie ambitieuse.
Dans les collectivités du Pacifique6
Chaque Haut-commissaire avec l?appui de l?OFB, de par ses fonctions sur
terre et en mer, appuiera les collectivités qui désirent s?inscrire ou inscrire
leur propre démarche dans la présente stratégie ou conduire leurs travaux
en la matière.
5. Pour les collectivités d'outre-mer, l'opportunité de telles démarches relève de leur compétence et de
leur organisation.
6. Pour les collectivités d'outre-mer, l'opportunité de telles démarches relève de leur compétence et de
leur organisation.
Stratégie nationale
et plans d?actions
Chacune des mesures a vocation à traiter
d?un enjeu de la stratégie pour les 10
prochaines années. C?est un regroupement
d?actions dont la mise en oeuvre sera
assurée par des plans d?actions triennaux.
Ains i , le p lan d ?ac tions national
triennal (2021-2023) comportera :
? Des actions à mettre en oeuvre au niveau
national
? Des actions à mettre en oeuvre au niveau
territorial
? Des actions susceptibles de relever de
plusieurs échelles territoriales
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 51
La réussite de la stratégie nationale repose grandement sur
sa capacité à mobiliser largement dans les territoires, et à
s?appuyer sur leurs expertises et dynamiques locales. Si le
portage national est essentiel, il doit s?accompagner d?un
aller-retour et d?un enrichissement permanent entre les
échelles de mise en oeuvre.
Sur cette base, concernant la terre et les outre-mer7 y compris
sur le volet maritime, il est proposé de formaliser, d?ici fin 2021,
à l?échelle régionale en métropole et de chaque territoire
ultramarin, la déclinaison territoriale de ce plan d?actions. Le
plan d?actions national ne vise pas l?exhaustivité, et chaque
territoire pourra proposer, dans son plan d?actions territorial,
des actions complémentaires qui devront répondre à l?une
des mesures de la stratégie.
Notons que pour les façades maritimes de métropole, les
plans d?actions triennaux reprendront les actions figurant
dans les programmes de mesures 2016-2022 des plans d?ac-
tions pour le milieu marin, puis les plans d?actions pour le
milieu marin 2022-2027 et 2028-2034 des documents straté-
giques de façade. Ces différents plans d?actions des
documents stratégiques de façade pourront ainsi contenir
les mesures de création de nouvelles zones de protection
fortes dans les eaux métropolitaines. D?un point de vue de la
mise en oeuvre de la stratégie et des plans d?actions, les
préfets maritimes auront un rôle central8, notamment pour
l?adoption des protections fortes mais aussi pour les mesures
réglementaires prises suite aux analyses de risques, etc.
Responsables de la coordination opérationnelle des moyens
de l?État en mer, ils sont également un acteur majeur de la
mise en oeuvre de la politique de surveillance et de contrôle
en faveur de l?environnement marin, mission jugée prioritaire
de l?action de l?État en mer par le comité interministériel de
la mer.
En 2023, sera dressé un bilan du plan d?actions national,
prenant en compte à la fois le bilan des actions relevant du
niveau national mais également le bilan des actions relevant
du niveau territorial et des actions complémentaires propo-
sées le cas échéant pour certains territoires. Ces bilans
permettront de formaliser un nouveau plan d?action national
triennal 2024-2026.
7. Pour les collectivités d'outre-mer, l'opportunité de telles démarches relève de
leur compétence et de leur organisation.
8. Les préfets maritimes ont autorité dans tous les domaines où s'exerce l'action
de l?État en mer. Ils ont donc un rôle majeur dans le pilotage du réseau des aires
marines protégées. A ce titre, il assurent la coordination technique du réseau
de sites Natura 2000 en mer, co-conduisent la procédure de création de parcs
naturels marins avec les préfets de département désignés et exercent la fonction
de commissaire du Gouvernement auprès des instances de ces parcs, président ou
co-président les différents organes de gouvernance des aires marines protégées
(sites N2000, réserves naturelles nationales?), suivent ou accompagnent la mise en
oeuvre des actions issues des documents de gestion (DOCOB, plans de gestion?)
et pilotent ou co-pilotent la création ou l?extension des périmètres. Du fait de leur
pouvoir réglementaire, ils adoptent les réglementations définies dans le cadre de
l?animation des AMP (arrêtés de protection de biotope, mesures de gestion pêche
dans les sites N2000, arrêtés réglementant le mouillage ou la navigation à des fins
environnementales?).Responsables de la coordination des moyens de l?État en mer,
ils sont un acteur majeur de la mise en oeuvre de la politique de surveillance et de
contrôle en faveur de l?environnement marin, mission jugée prioritaire de l?action
de l?État en mer par le comité interministériel de la mer.
Les plans d?action triennaux territoriaux devront conserver
un formalisme simple (feuille de route) et se structurer à la
discrétion des acteurs régionaux ou de façade ou de bassins
ultra-marins pour être élaborés dans les 12 mois qui suivent
le lancement du plan d?actions national.
En particulier, chaque région façade ou bassin ultra-marin
proposera d?ici la fin de l?année 2021, y compris en outre-mer,
une évaluation et une hiérarchisation des besoins de protec-
tion sur la base des enjeux de patrimoine naturel, des menaces
et des outils existants, en s?appuyant sur les données mises à
disposition dans le cadre de la mesure 3. Cette hiérarchisation
concertée à l?échelle régionale ou de façade ou du bassin
ultra-marin permettra de nourrir le plan d?action national
2024-2026.
Dans le cas des régions associées à une façade maritime ou
un bassin ultra-marin, un échange et une mise en commun
des plans d?actions devront être réalisés entre les acteurs des
milieux terrestres et ceux de du milieu marin. Il s?agira de
renforcer la cohérence des propositions et le lien terre-mer
au sein du réseau d?aires protégées.
Une organisation de niveau départemental pourra être
déployée en concertation avec le niveau régional, sous la
coordination des préfets de département et du Département.
Un comité associant l?ensemble des acteurs permettra de
proposer et déployer une stratégie départementale, basée
d?une part sur les priorités nationales et régionales, mais aussi
sur les spécificités locales, d?autre part.
Les services, les DREAL et DEAL appuieront la structuration
d?un réseau d?agents en charge du réseau d?aires protégées
au sein des services de l?État (DDT(M)).
Des opérateurs de l?Etat mobilisés
pour amplifier la future stratégie
Afin de mettre en oeuvre le plan d?actions de la présente
stratégie, l?Etat mobilisera les opérateurs publics pour que
chacun contribue, à hauteur de ses missions, à la préservation
de la biodiversité et au développement du réseau d?aires
protégées en France.
Afin de décliner et mettre en oeuvre la présente stratégie,
l?Office français de la biodiversité appuiera le Ministère de
la transition écologique (MTE) au niveau national, mais aussi
les préfets et collectivités dans les territoires.
En particulier, l?OFB assurera, auprès du MTE, l?animation et le
suivi de la stratégie. L?OFB sera chargé de l?évaluation des
indicateurs de la stratégie et de mettre à disposition des outils
cartographiques ou bibliographiques.
L?Office national des forêts, les établissements publics de
parcs nationaux, le conservatoire du littoral, les Agences de
l?eau, l?Agence nationale de la cohésion des territoires ainsi
que les établissements des collectivités à compétence propre
seront mobilisés.
52 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
Au niveau international, l?AFD et le FFEM appuieront les
actions de coopération internationales promouvant le déve-
loppement d?aires protégées et de leur gestion cohérente.
Animation de la mise en oeuvre au niveau national
Le pilotage général de la mise en oeuvre de la stratégie natio-
nale 2030 est assuré par le ministère de la transition
écologique en partenariat avec le ministère de la mer.
Au niveau national, il est nécessaire de faire perdurer une
dynamique entre l?ensemble des acteurs des aires protégées :
Etat, collectivités, opérateurs, représentants des acteurs
socioprofessionnels, associations de protection de la nature
ou représentants d?usagers, scientifiques, c?est l?ensemble de
cette communauté qui doit se sentir concernée et investie.
Les instances nationales seront à ce titre mobilisées.
Le Comité national de la biodiversité (CNB) est l?instance
d?information, d?échanges et de consultation sur les questions
stratégiques liées à la biodiversité. Il fait figure d?instance
privilégiée pour suivre dans le temps la mise en oeuvre, au
niveau national, de la stratégie en matière d?aires protégées.
Un bilan annuel lui sera présenté à partir de début 2022.
Le Conseil national de protection de la nature est l?instance
d'expertise scientifique et technique, compétente en matière
de protection de la biodiversité et plus particulièrement de
protection des espèces, des habitats, de la géodiversité et
des écosystèmes. Il participera à l?évaluation de la stratégie
via la formulation d?un avis technique et scientifique annuel
du bilan de la mise en oeuvre des mesures-clés de la stratégie,
en s?appuyant sur les travaux de la commission espaces
protégés. Il participera au suivi de la comptabilisation des
nouvelles aires protégées.
Le Conseil national de la mer et des littoraux est l?instance de
dialogue et de réflexion stratégique pour les politiques rela-
tives à la mer et aux littoraux. Il participera à l?évaluation de
la stratégie via la formulation d?un avis relatif sur le bilan de
la mise en oeuvre des mesures-clés de la stratégie en particu-
lier pour les milieux marins et littoraux.
Dans ce cadre, une évaluation triennale de l?atteinte des
objectifs de la stratégie et de la mise en oeuvre du plan d?ac-
tions sera réalisée par l?Office français de la biodiversité pour
le Ministère de la transition écologique, et sera présenté en
Comité national de la biodiversité (CNB), du Conseil national
de la protection de la nature (CNPN), et du Conseil national
de la mer et du littoral (CNML).
Suivi et évaluation de la stratégie
Fort des enseignements des précédentes stratégies et des
avis des instances nationales (CNB, CNPN, CNML), la stratégie
a été bâtie sur une logique évaluative autour de cibles à court
et moyens termes. Le suivi-évaluation de la stratégie doit
permettre d?une part un suivi annuel de la bonne mise en
oeuvre des actions prévues par les plans d?action triennaux
et d?autre part d?apprécier les résultats obtenus vis-à-vis des
cibles à atteindre d?ici 2030.
Ce suivi-évaluation est au coeur du dispositif d?animation et
de pilotage de la stratégie car il participe de l?investissement
des acteurs aux différentes échelles et permet d?adapter, si
nécessaire, les plans d?actions triennaux en tenant compte
des efforts déjà accomplis, des résultats obtenus et de la
marge de progression restante vers les cibles fixées.
Le suivi de la stratégie, annuel, vise à apprécier et rendre
compte de de la mise en oeuvre des actions des plans d?ac-
tions triennaux par des indicateurs de réalisation et de
moyens mis en oeuvre. Chaque pilote d?action identifié au
niveau national sera responsable de rendre compte de
l?avancée des actions et des éventuels problèmes
rencontrés.
L?évaluation de la stratégie, triennale, vise quant à elle à
rapporter sur l?atteinte des objectifs et des cibles fixées ainsi
qu?à prioriser les actions à mener, au niveau national ou dans
les territoires, renforcer la convergence de vues et la coopé-
ration entre les différentes parties prenantes et enfin
renforcer la transparence et communiquer vers les citoyens
en rendant compte des actions, des moyens et des résultats.
L?évaluation de la stratégie sera réalisée à la fin de de la mise
en oeuvre de chaque plan d?actions, à court terme (2024),
mi-parcours (2026) et avant la fin de la stratégie (2029).
L?animation du suivi-évaluation sera réalisée par l?Office fran-
çais de la biodiversité (OFB) sous le pilotage du Ministère de
la transition écologique. Ainsi, l?OFB proposera une méthode
qui sera validée par le Ministère de la transition écologique
après consultation.
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 53
DÉC
2021
Lancement de
la stratégie
nationale
pour les aires
protégées 2030
JAN
2022
1er suivi annuel
des actions
nationales
2021-2023
Mise en oeuvre
des plans
d'actions
territoriaux
2022-2023
JAN
2023
2nd suivi annuel
des actions
nationales
2021-2023
Recueil des
différentes
déclinaisons
territoriales au
niveau national
DÉC
2022
Transmission du
suivi des plans
d'actions locaux
au niveau national
JAN
2021
Lancement du 1er
plan d'actions
national
2021-2023
Concertation
et diagnostics
territoriaux
Calendrier
54 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
Plans territoriaux
alimentent le
nouveau plan
d'action national
DÉC
2023
Plan d'actions
territoriaux
2027-2030
PLANS D'ACTIONS NATIONAUX
PLANS D'ACTIONS TERRITORIAUX
JAN
2024
JUIN
2024
DÉC
2026
JAN
2027
à partir de
JUIN
2029
Présentation du
plan d'actions
national
2024-2026
Élaboration
d'un nouveau
plan d'actions
national
2024-2026
Mise en oeuvre
du plan d'actions
national
2024-2026
Bilan et
évaluation
des 1er plans
d'actions
territoriaux
2022-2023
avis instances
locales
Bilan et
évaluation
des 2nd plans
d'actions
territoriaux
2022-2023
avis instances locales
Élaboration
de nouveaux
plans d'actions
territorial
2024-2026
Mise en oeuvre
des plans
d'actions
territoriaux
2024-2026
Suivi annuel
et évaluation
triennale
Bilan et
évaluation
du 1er plan
d'actions
national
avis CNB, CNPN
et CNML
Bilan et
évaluation
du 2nd plan
d'actions
national
avis CNB, CNPN
et CNML
Bilan et
évaluation de
la stratégie
2030
Suivi annuel
et évaluation
triennale
Plan d'actions
national
2027-2030
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 55
Glossaire
Aires protégées
Espace géographique clairement défini, reconnu, consacré et géré, par tout moyen efficace,
juridique ou autre, afin d'assurer à long terme la conservation de la nature ainsi que les services
écosystémiques et les valeurs culturelles qui lui sont associés.
Aires marines et terrestres éducatives
Zone maritime littorale ou toute autre zone terrestre de petite taille qui est gérée de manière
participative par les élèves d?une école primaire suivant des principes définis par une charte.
Activités
Ensemble des actions diverses de quelqu'un, d'une entreprise, d'un pays, dans un domaine
défini et qui se manifestent dans un lieu.
Autres mesures de conservation efficaces par zones (AMCEZ/OECM)
Aire géographiquement définie autre qu'une aire protégée, régie et gérée de manière à obtenir
des résultats positifs et durables pour la conservation in situ de la biodiversité à long terme,
ainsi que pour les fonctions et services écosystémiques associés et, le cas échéant, les valeurs
culturelles, spirituelles, socioéconomiques, et d'autres valeurs pertinentes localement.
Ayant droit
L?ayant droit est celui qui est titulaire d?un droit. L?ayant droit est donc une personne bénéficiant
d?un droit en raison de sa situation juridique, financière ou fiscale ou de son lien familial avec
le bénéficiaire direct de ce droit. Par exemple, les héritiers sont les ayants droit du défunt.
Biodiversité
Selon le Code de l?Environnement (article L.110-1), « on entend par biodiversité, ou diversité
biologique, la variabilité des organismes vivants de toute origine, y compris les écosystèmes
terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques, ainsi que les complexes écologiques dont
ils font partie. Elle comprend la diversité au sein des espèces et entre espèces, la diversité des
écosystèmes ainsi que les interactions entre les organismes vivants. »
Cohérence
Ici, la cohérence écologique du réseau des aires protégées s?apprécie au travers de sa repré-
sentativité, de sa réplication, de son adéquation avec les enjeux écologiques présents, sa
connectivité et son niveau de protection du patrimoine naturel et de résilience aux change-
ments globaux.
Compatibilité
État d'une chose pouvant s'accorder à une autre, ici, caractéristiques ou état d?un usage lui
permettant de s?accorder avec les objectifs de conservation d?une aire protégée..
Connectivité
ici, désigne la connexion fonctionnelle et effective nécessaire au fonctionnement, à la stabilité
et à la résilience des écosystèmes sur le long terme.
Corridor écologique
Désigne un ou plusieurs éléments du paysage reliant fonctionnellement des réservoirs de
biodiversité, offrant aux espèces des conditions favorables à leur déplacement et à l?accom-
plissement de leur cycle de vie.
56 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
Critère
Principe, élément de référence qui permet de juger, d'estimer, de définir quelque chose, ici
éléments de référence permettant de juger de la compatibilité d?un usage avec les objectifs
de conservation d?une aire protégée.
Document de gestion
Un document de gestion est un document stratégique qui définit pour une aire protégée une
vision à long terme et une programmation opérationnelle à court/moyen terme. L?évaluation
basée sur les résultats au regard des enjeux est au coeur de la démarche de construction et
de mise en oeuvre du document de gestion.
Écotone
Désigne une zone de transition écologique entre deux écosystèmes. Par exemple, une zone
estuarienne est un écotone entre l'écosystème marin, l'écosystème fluvial et l'écosystème
terrestre.
Enjeux
Appliquée aux aires protégées, éléments du patrimoine (naturel, géologique ou culturel) ou
du fonctionnement (écologique ou socio-économique) de l?aire protégées pour lesquels cette
dernière à une responsabilité et que l'on doit préserver ou améliorer.
Espèces endémiques
On dit qu?une espèce est endémique d?un territoire lorsque l?ensemble des populations de
l?espèce sont présentes uniquement dans ce territoire. La notion d?endémisme est indissociable
d?une zone géographique donnée, par exemple, une espèce est endémique des Pyrénées ou
de l?île de la Réunion.
Espèce exotique envahissante (ou espèce invasive)
Espèce introduite artificiellement dans une zone géographique en dehors de son aire de
répartition naturelle, dont la survie et la propagation modifient en profondeur les écosystèmes
colonisés, pouvant à terme induire des disruptions de services écosystémiques d'intérêt
économique ou des risques sanitaires majeurs.
Espèces spécialistes/généralistes
Le niveau de spécialisation d?une espèce est généralement mesuré par le nombre de milieux
ou d?habitats fréquentés par une espèce. Cette mesure permet de classer les espèces de
spécialistes (présentes dans un nombre restreint d?habitats et possèdent une faible capacité
à coloniser des milieux différents) à généralistes (présentes dans un nombre varié d'habitats
avec une capacité de dispersion plus élevée).
Évaluation
Mise en oeuvre des méthodes et des procédures permettant d'estimer les conséquences
d'une politique, d'un programme, d'un projet ou d'une réalisation sur une entité, par exemple,
ici l?évaluation de l?efficacité de la gestion d?aires protégées.
Façades maritimes
Échelle géographique retenue en métropole pour l?élaboration de la planification en mer dans
les domaines de l?environnement et du développement durable. D?après le code de l?environ-
nement, les eaux marines métropolitaines comportent quatre façades maritimes : Manche
Est-mer du Nord, Nord-Atlantique Manche Ouest- Sud-Atlantique, Méditerranée.
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 57
Géodiversité
Selon le Code de l?Environnement (article L.110-1), «on entend par Géodiversité la diversité
géologique, géomorphologique, hydrologique et pédologique ainsi que l?ensemble des
processus dynamiques qui les régissent, y compris dans leurs interactions avec la faune, la
flore et le climat.»
Gestionnaire
Dans la présente stratégie, le terme de « gestionnaire » employé sans autres précision vise
l'organisme gestionnaire d'aire protégée (et ses représentants), au sens de gestionnaires du
projet pour ce territoire, tel que formalisé dans son document de référence pour la gestion
(plan de gestion, charte, document d'objectif. Cela n'obère en rien la qualité de gestionnaire
du territoire au sens de propriétaire ou exploitant foncier, ou de gestionnaire, dans la limite
des cadrages légaux, de stocks de ressources naturelles). Ces gestionnaires qui restent en place
peuvent ainsi contribuer aux objectifs de conservation de l?aire protégée si les conditions de
gouvernance le permettent.
Inventaire général de biodiversité
Un inventaire général de la biodiversité ou All Taxa Biodiversity Inventory (ATBI) est un processus
d'inventaire coordonné de l'ensemble des espèces présentes dans un espace donné dont
l?objectif est de faire progresser la connaissance taxonomique et chronologique et de mieux
comprendre les communautés écologiques et leurs interactions au sein des écosystèmes. Il
contribue, autant que possible, à une évaluation patrimoniale du territoire et à la mise en place
de suivis.
Liste verte UICN
Lancée en 2014, la Liste verte des aires protégées de l?UICN est un label international qui vise
à reconnaître à travers le monde, des aires protégées qui sont gérées équitablement et effi-
cacement, avec des impacts positifs sur la nature et les sociétés. Ce standard fournit une
référence mondiale en matière de gestion efficace et de gouvernance de qualité, qui incite à
améliorer la performance et l?atteinte des objectifs de conservation. Pour être inscrit sur la
Liste verte, un site doit en effet répondre à 17 critères d?excellence en matière de gouvernance,
de gestion, de planification et de résultats de conservation.
Naturalité
Notion reflétant le degré d'influence d'un milieu par l'homme, et donc son caractère plus ou
moins « sauvage ». Elle comporte deux volets : la « naturalité biologique », définie par ses
caractéristiques observables, qui la rapprochent plus ou moins d'un état « naturel », et la
« naturalité anthropique », liée au niveau d'intervention humaine, actuelle ou passée. Trois
critères complémentaires permettent de qualifier la naturalité d'un écosystème de forte à
faible : son intégrité biophysique (position sur un gradient d'originel à artificiel), sa spontanéité
(absence d'influence humaine actuelle, indépendamment de son histoire) et sa continuité
spatio-temporelle (taille, connectivité et ancienneté).
Points chauds de biodiversité
Terme générique désignant une zone à haute valeur biologique caractérisée par la richesse
des espèces ou des habitats ou l?endémisme.
Pression/ État/Réponse
Cette notion repose sur la notion de causalité : les activités humaines exercent des pressions
sur l?environnement et modifient la qualité et la quantité des ressources naturelles. La société
répond à ces changements en adoptant des mesures de protection, de dépollution, etc.
58 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
Protection forte
Espace naturel dans lequel les pressions engendrées par les activités humaines susceptibles
de compromettre la conservation des enjeux écologiques de cet espace sont supprimées ou
significativement limitées, et de manière pérenne, grâce à la mise en oeuvre d'une protection
foncière ou d?une réglementation adaptée, associée à un contrôle effectif des activités
concernée.
Région bio-géographique (ou écozone) et écorégions
Partie de la surface terrestre représentative d'une unité écologique à grande échelle, carac-
térisée par des facteurs abiotiques (non vivants) et biotiques (vivants) particuliers. À une plus
petite échelle, les régions biogéographiques sont subdivisées en écorégions selon la classifi-
cation des unités écologiques proposée par Miklos Udvardy dans le cadre du Programme sur
l'homme et la biosphère (MAB).
Représentativité
Appliquée aux aires protégées, la représentativité est un objectif qui consiste à couvrir et
refléter la diversité des écosystèmes, des habitats, des espèces et plus largement du patrimoine
naturel.
Réplication
Dans ce cas, désigne la protection d?un nombre suffisant de spécimens d?espèces, et d?habitats
ainsi que de processus écologiques dans des aires protégées suffisamment distantes pour
éviter leur perte en raison des risques affectant chaque aire protégée.
Réservoir de biodiversité
Dans le cadre de la Trame Verte et Bleu, les réservoirs de biodiversité sont définis comme des
espaces dans lesquels la biodiversité, rare ou commune, menacée ou non menacée, est la
plus riche ou la mieux représentée, où les espèces peuvent effectuer tout ou partie de leur
cycle de vie (alimentation, reproduction, repos) et où les habitats naturels peuvent assurer leur
fonctionnement, en ayant notamment une taille suffisante. Ce sont des espaces pouvant
abriter des noyaux de populations d?espèces à partir desquels les individus se dispersent, ou
susceptibles de permettre l?accueil de nouvelles populations d?espèces.
Services écosystémiques
Avantages socio-économiques retirés par l'homme de son utilisation durable des fonctions
écologiques des écosystèmes. Certains services écosystémiques sont des avantages matériels
liés à des processus naturels tels que la production de biens directement consommables,
l'autoépuration des eaux, la stabilisation des sols ou la pollinisation ; d'autres sont des avantages
immatériels, comme des activités récréatives ou culturelles.(exemple : production de biens
directement consommable (nourriture, matériaux, énergie, etc.), autoépuration des eaux,
stabilisation des sols ou la pollinisation ; d'autres sont des avantages immatériels, comme des
activités récréatives ou culturelles.
Territoires
Étendue de pays sur laquelle s'exerce une autorité, une juridiction. Pour décliner la stratégie,
les échelles administratives suivantes ont été retenues :
? Échelle régionale en métropole et régions d?outre-mer, et échelle de la collectivité dans les
autres territoires d?outre-mer sur terre
? Façade maritime en métropole et bassin maritime ultramarin en mer pour les départements,
régions, voire collectivités d'outre-mer
Usages
Pratique habituellement observée dans un domaine ou fonction que l?on peut attribuée à un
milieu, territoire, (aires protégées par exemple).
Glossaire
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 59
Liste d'outils associés à la
définition d'aire protégée
Définition des aires protégées
Une aire protégée est « un espace géographique clairement défini, reconnu,
consacré et géré, par tout moyen efficace, juridique ou autre, afin d'assurer à long
terme la conservation de la nature ainsi que les services écosystémiques et les
valeurs culturelles qui lui sont associes ».
Sont considérés comme des aires protégées :
? Parcs nationaux (zones de coeur et aire
d?adhésion)
? Réserves naturelles
? Réserves biologiques
? Arrêtés de protection préfectoraux (biotopes,
habitats naturels, et géotopes)
? Réserves nationales de chasse et de faune
sauvage
? Sites du conservatoire du littoral
? Sites du conservatoire des espaces naturels
(sites acquis et gérés)
? Parcs naturels régionaux
? Sites Natura 2000
? Sites RAMSAR (au titre des zones délimitées
par la France en application des instruments
régionaux ou internationaux)
? Biens inscrits sur la liste du patrimoine mondial
de l'UNESCO (au titre des zones délimitées par
la France en application des instruments régio-
naux ou internationaux)
? Réserves de biosphère (au titre des zones déli-
mitées par la France en application des
instruments régionaux ou internationaux)
Potentiels nouveaux outils à intégrer après analyse,
voire au cas par cas, lors du premier plan d'action :
? Périmètres de protection des réserves natu-
relles nationales après présentation en CNPN
? Espaces naturels sensibles (sous réserve de
critères à définir ? lors du premier plan
d?action)
? Sites acquis par les agences de l?eau (sous
réserve de critères à définir ? lors du premier
plan d?action)
? Sites classés ((sous réserve de critères à définir
? lors du premier plan d?action)
? Aires protégées créées en application des
réglementations de la Polynésie française, du
gouvernement et des provinces de Nouvelle-
Calédonie et de Wallis-et-Futuna (sous réserve
de critères à définir ? lors du premier plan d?ac-
tion) après présentation en CNPN
À TERRE
60 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
Annexe 1
L?ensemble des aires marines protégées figurant
à l?article L.334-1 du code de l?environnement :
? Parcs nationaux ayant une partie maritime
? Réserves naturelles ayant une partie maritime
et, le cas échéant, les périmètres de protec-
tion de ces réserves qui disposent d?un plan
de gestion validé par le ministère en charge de
l?environnement après avis du Conseil national
de protection de la nature - CNPN
? Arrêtés de protection des biotopes, des habi-
tats naturels et des sites d'intérêt géologique
ayant une partie maritime
? Parcs naturels marins
? Sites Natura 2000 ayant une partie maritime
? Parties maritimes du domaine relevant du
Conservatoire de l'espace littoral et des
rivages lacustres.
? Zones de conservation halieutiques
? Parties maritimes des parcs naturels
régionaux
? Réserves nationales de chasse et de faune
sauvage ayant une partie maritime
? Aires marines protégées créées en application
des réglementations de la Polynésie française,
du gouvernement et des provinces de
Nouvelle-Calédonie et de Wallis-et-Futuna
? Aires marines ou ayant une partie marine déli-
mitées par la France en application des
instruments régionaux ou internationaux
auxquels la France est partie
EN MER
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 61
PHRASE EXPLICATIONS
Espace
géographique
clairement défini
Inclut les aires terrestres, marines et côtières, d?eau douce ou une combinaison de deux
ou plusieurs d?entre elles. L?« espace » a trois dimensions, p. ex. lorsque l?espace aérien
au-dessus d?une aire protégée est protégé contre le vol en rase-motte ou, dans des aires
marines protégées, quand une certaine profondeur d?eau ou le fond de la mer sont
protégés mais que l?eau au-dessus ne l?est pas : par contre, les zones situées sous la surface
ne sont parfois pas protégées (p. ex. ouvertes à l?exploitation minière). « Clairement défini »
implique une aire définie dans l?espace avec des limites reconnues et marquées. Ces
limites peuvent parfois être définies par des caractéristiques physiques qui se déplacent
avec le temps (p. ex. berges de rivières) ou par des activités de Gestion (p. ex. zones de
non-prélèvement convenues).
Reconnu Implique que la protection peut inclure toute une gamme de types de gouvernance
déclarés par la population ainsi que ceux identifiés par l?état, mais que de tels sites doivent
être reconnus d?une certaine façon (en particulier en étant repris sur la liste de la Base de
données mondiale sur les aires protégées ? BDMAP).
Consacré Implique un certain engagement contraignant envers la conservation à long terme
passant par, p.ex. :
- Conventions et accords internationaux
- Loi nationale, provinciale et locale
- Droit coutumier
- Engagements des ONG
- Fiducies privées et politiques des sociétés
- Programmes de certification
Géré Suppose quelques démarches actives pour conserver les valeurs naturelles (et éventuel-
lement d?autres) pour lesquelles l?aire protégée fut créée ; notons que « géré » peut inclure
la décision de laisser l?aire intacte si c?est la meilleure stratégie de conservation.
par tout moyen
efficace,
juridique ou
autre
Signifie que les aires protégées doivent être soit enregistrées, c.-à-d. reconnues dans le
cadre de la loi civile statutaire), soit reconnues par une convention ou un accord inter-
national, ou encore gérées par d?autres moyens efficaces mais non enregistrés, comme
les réglementations traditionnelles reconnues selon lesquelles fonctionnent les aires du
patrimoine communautaire ou les politiques d?organisations non gouvernementales
confirmées.
Liste d?outils associés à la
définition d?aire protégée
À titre informatif, ci-dessous les lignes directrices de l?Union Internationale de la
Conservation de la Nature relatives à la définition d?une aire protégée
62 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
Annexe 1
PHRASE EXPLICATIONS
afin d?assurer Implique une certaine efficacité. Bien que la catégorie soit toujours déterminée par les
objectifs, l?efficacité de gestion sera progressivement notée dans la Base de données
mondiale sur les aires protégées et, avec le temps, elle deviendra un critère important
qui contribuera à l?identification et à la reconnaissance des aires protégées.
à long terme Les aires protégées doivent être gérées dans la durée et non comme une stratégie de
gestion temporaire.
la conservation Dans le contexte de cette définition, la conservation fait référence au maintien in-situ
d?écosystèmes et d?habitats naturels et semi-naturels et de populations viables d?espèces
dans leurs environnements naturels et, dans le cas d?espèces domestiquées ou cultivées
(voir la définition de l?agrobiodiversité dans l?Annexe), dans l?environnement où elles ont
développé leurs propriétés distinctives.
de la nature Dans ce contexte, la nature fait toujours référence à la biodiversité aux niveaux génétique,
de l?espèce et de l?écosystème et aussi, souvent, à la géodiversité, le modelé, et d?autres
valeurs naturelles plus générales.
et les services
écosystémiques
qui lui sont
associés
Signifie ici les services de l?écosystème qui sont liés mais n?interfèrent pas avec les objectifs
de la conservation de la nature. Ils peuvent comprendre des services d?approvisionne-
ment comme l?eau et la nourriture ; des services de régulation comme celles des
inondations, des sécheresses, de la dégradation des sols et des maladies ; des services
de soutien comme la formation des sols et le cycle des nutriments ; et des services
culturels comme les avantages récréatifs, spirituels, religieux et autres avantages non
matériels.
Valeurs
Culturelles
Inclut celles qui n?interfèrent pas avec le résultat de la conservation (toutes les valeurs
culturelles d?une aire protégée devraient répondre à ce critère), y compris en particulier :
- celles qui contribuent aux résultats de la conservation (p.ex. les pratiques de gestion
traditionnelles dont les espèces clés sont devenues tributaires)
- celles qui sont elles-mêmes menacées.
Notion
d?incompatibilité
avec des
activités
industrielles dans
les aires marines
protégées
À noter que l?UICN1 considère qu?une aire protégée n?est pas compatible avec des acti-
vités industrielles qui portent atteinte aux objectifs de conservation. Notamment, la
« pêche industrielle » (qui peut être définie par des navires de plus de 12 m et pratiquant
certains arts) ne doit pas être autorisée dans les AMP ou dans les autres mesures de
conservation efficaces par zone (AMCEZ), si/[dans la mesure où] elle n?est pas compatible
avec les objectifs de conservation et les objectifs de gestion de ces zones.
1. À noter l?explication de vote (abstention de la France) lors de l?adoption de la motion 066 lors du congrès de l?UICN 2020 « Attachée à garantir la durabilité des activités
de pêche aussi bien sur le plan environnemental que sur le plan économique et social, la France ne peut retenir une définition de la pêche industrielle qui aurait pour résul-
tat d?empêcher par principe certains segments de sa flotte de pêche d?exercer leur activité dans certaines zones. Par ailleurs, les autorités françaises considèrent que les
activités dans les aires protégées doivent être évaluées au cas par cas sur la base de données et de méthodes robustes, notamment sur la base d'évaluations d'impact envi-
ronnemental, et afin de respecter toujours les objectifs de conservation de l'aire protégée considérée, et de permettre ou préserver le bon état écologique de l'écosystème.
La France défend une approche des aires marines protégées qui peut permettre dans de nombreux cas la cohabitation des activités. L?enjeu est bien dans toutes les aires
marines protégées de supprimer les pressions qui pèsent sur les écosystèmes, ce qui ne signifie pas supprimer les usages durables. Une activité de pêche bien gérée peut
donc être compatible avec la conservation des espèces et des habitats dans une aire protégée, sans considération de la longueur du navire. La France appelle à l?application
stricte de l?ensemble des mesures permettant d?assurer l?exploitation durable des ressources biologiques de la mer, en particulier dans les aires marines protégées, et au
contrôle rigoureux de ces mesures, à travers notamment le renforcement de la lutte contre la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN). »
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 63
À TERRE EN MER
L'ensemble des outils ci-dessous, sauf ceux en gras
(ces nouvelles catégories de protection forte
seront prises en compte en fonction de critères
définis lors du premier plan d'action) sont reconnus
comme des zones de protection forte :
? Coeurs de parcs nationaux
? Réserves naturelles
? Réserves biologiques
? Arrêtés de protection (de biotope, de géotope
et d?habitat naturel)
? Périmètres de protection des réserves natu-
relles nationales après présentation en CNPN
? Réserves nationales de chasse et de faune
sauvage sous réserve de mise en place d?une
gestion conservatoire dédiée
? Sites acquis par le conservatoire du littoral
sous réserve de mise en place d?une gestion
conservatoire dédiée
? Sites acquis par les Conservatoires d?espaces
naturels sous réserve de la mise en place
d?une stratégie permettant de pérenniser ces
acquisitions
? La définition d'un outil existant ou nouveau
adapté à la protection forte de forêts
L?ensemble des aires marines protégées figurant à
l?article L.334-1 du code de l?environnement
peuvent accueillir une zone de protection forte :
? Parcs nationaux ayant une partie maritime
? Réserves naturelles ayant une partie maritime
et, le cas échéant, les périmètres de protec-
tion de ces réserves qui disposent d?un plan
de gestion validé par le ministère en charge de
l?environnement après avis du Conseil national
de protection de la nature - CNPN
? Arrêtés de protection des biotopes, des habi-
tats naturels et des sites d'intérêt géologique
ayant une partie maritime
? Parcs naturels marins
? Sites Natura 2000 ayant une partie maritime
? Parties maritimes du domaine relevant du
Conservatoire de l'espace littoral et des
rivages lacustres
? Zones de conservation halieutiques
? Parties maritimes des parcs naturels
régionaux
? Réserves nationales de chasse et de faune
sauvage ayant une partie maritime
? Aires marines protégées créées en application
des réglementations de la Polynésie française,
du gouvernement et des provinces de
Nouvelle-Calédonie et de Wallis-et-Futuna
? Aires marines ou ayant une partie marine déli-
mitées par la France en application des
instruments régionaux ou internationaux
auxquels la France est partie
Une zone de protection forte peut être créée au
sein des AMP susmentionnées à condition de
répondre aux cinq critères suivants, définis dans
Liste d'outils associés
à la définition de
protection forte
Définition de protection forte
Une aire protégée sous protection forte est « un espace naturel dans lequel les
pressions engendrées par les activités humaines susceptibles de compromettre la
conservation des enjeux écologiques de cet espace sont supprimées ou significa-
tivement limitées, de manière pérenne, grâce à la mise en oeuvre d?une protection
foncière ou d'une réglementation adaptée, associée à un contrôle effectif des
activités concernées. »
64 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
EN MER
Annexe 1
le cadrage national établi en 2018 par le Ministère
de la Transition écologique sur proposition de l?Of-
fice français de la biodiversité et en concertation
avec les autres ministères et les services déconcen-
trés de l?Etat (DREAL, DIRM, préfectures maritimes,
préfets de région) :
1. Porter sur des enjeux écologiques
prioritaires
2. Être prioritairement mise en place au sein
d?une aire marine protégée
3. Disposer d?une réglementation particulière
des activités pour permettre de diminuer
très significativement voire de supprimer les
principales pressions sur les enjeux écolo-
giques justifiant la protection forte
4. S?appuyer sur un document de gestion,
élaboré par l?organe de gouvernance de
l?AMP considérée, définissant des objectifs
de protection et un système d?évaluation de
l?efficacité du dispositif
5. Bénéficier d?un dispositif de contrôle
opérationnel des activités
Ces critères signifient que les aires marines proté-
gées qui ne sont pas dotées de plans de gestion,
comme les arrêtés préfectoraux de protection ou
les réserves nationales de chasse et de faune
sauvage, ne peuvent pas former à elles seules des
zones de protection forte. Il faut pour cela qu?elles
soient incluses dans des AMP dotées de plans de
gestion.
Par exemple, un arrêté préfectoral de protection
situé dans un parc naturel marin peut constituer
une zone de protection forte.
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 65
MÉTROPOLE/OM PROVINCES MEOW ÉCO-RÉGION ÉCHELLES DE GOUVERNANCE
Métropole Domaine alpin Région administrative
Métropole Domaine atlantique Région administrative
Métropole Domaine
continental Région administrative
Métropole Domaine
méditerranéen Région administrative
Métropole Northern
European
Seas
Manche
Mer du Nord
Façade Manche Est Mer du Nord
(MEMN)
Métropole Mers
Celtiques Façade Nord Atlant ique
Manche Ouest (NAMO)
Métropole
Lusitanian
Golfe de Gascogne
Nord
Métropole Golfe de Gascogne
Sud Façade Sud Atlantique (SA)
Métropole Mediterranean Sea Méditerranée
occidentale Façade Méditerranée (MED)
Saint-Pierre
et Miquelon
Cold Temp rate
Northwest Atlantic
Saint-Pierre et
Miquelon Bassin Saint-Pierre et Miquelon
Le suivi de l?atteinte des objectifs se fera à différentes
échelles dont l?échelle écorégionale.
Les écorégions se baseront ainsi sur le découpage MEOW, ou Marine Ecoregions of
the World, A. Spalding et al. 2007), en retenant le niveau intermédiaire : les provinces
(colonne F), qui semble le plus adapté. Pour le terrestre, plutôt que d?utiliser un
zonage biogéographique, qui amènerait à découper des territoires (îles notamment)
de surface réduite, nous proposons de rassembler tous les espaces terrestres se
trouvant au sein d'une même écorégion marine du MEOW.
Découpage écorégional
retenu pour le suivi national
du développement du réseau
d?aires protégées et de
protection forte
L?approche écorégionale de la future stratégie reposera sur le double
découpage suivant
66 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
Annexe 2
MÉTROPOLE/OM PROVINCES MEOW ÉCO-RÉGION ÉCHELLES DE GOUVERNANCE
Guadeloupe
Tropical
Northwestern
Atlantic
Antilles Bassin Antilles
Martinique
Saint-Martin
Saint-Barthélémy
Guyane North Brazil Shelf Guyane Bassin Guyane
Mayotte
Western lndian
Ocean Océan indien
Bassin Sud
Océan Indien
La Réunion
Glorieuses
Tromelin
Juan de Nova
Europa
Kerguelen
Subantactic Islands
Terres australes
et antarct iques
Crozet
Saint-Paul et
Amsterdam
Amsterdam
- St Paul
Terre Adélie Continental
High Antarctic
Clipperton Tropical Eastern
Pacific Clipperton Haut-commissaire de la République
Wallis et Futuna
Central Polynesia
Wallis et Futuna Wallis et Futuna
Marshall, Gilbert
and Ellis Islands
Polynésie française
Southeast
Polynesia Sud Polynésie
Polynésie française
Marquesas Marquises
Nouvelle-Calédonie
Tropical
Southwestern
Pacific Nouvelle-Calédonie Nouvelle-Calédonie
Lord Howe
and Norfolk Islands
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 67
Ministère de la Transition
écologique
244, boulevard Saint-Germain
75007 Paris
France
Tél. : 01 40 81 21 22
Ministère de la mer
20 avenue de Ségur
75007 Paris
Fance
Et avec la participation de
l'Office français de la biodiversité
https://www.ecologie.gouv.fr/
Crédits photos : Couverture Réserve naturelle nationale de la presqu?île
de la Caravelle - Martinique/L.Juhel - PNR Martinique, 2e couverture
B.Huet, sommaire F.Larrey - Conservatoire du littoral, page 3 O.Prohin
- PN des Cévennes, introduction A.Gigou - OFB, pages 14 et 15 www.
photo-hedelin.com, page 16 SEPANSO - RNN banc d'Arguin, page 19
F.Monbrun page 21 Clo & Clem - OFB, page 24 S.Gaudin - CNPF , page
26 D.Carles - Terra, page 28 et 29 S.Gelabert, page 30 D.Coutelier -
Terra, page 31 A.Bouissou - Terra, page 34 P.Erhel-Hatuuku, page 38
Y.Stephan - Mayotte Découvertes, page 41 F.Mazéas, page 42 G.Feuillet
- Parc amazonien de Guyane, page 44 M.Rauch - PNR des Vosges du
Nord, page 45 A.Bouissou - Terra Media, pages 48 et 49 P.Saulay - PN des
Ecrins, page 50 Parc Naturel de la Mer de Corail, 4e couverture Vallon de
Valfroide - Parc national des Ecrins/P.Saulay - PN des Ecrins.
Publication : janvier 2021
Appui à la conception et réalisation :
BIOTOPE ÉDITION ET COMMUNICATION
(ATTENTION: OPTION des procé-
dures. En outre, il conviendra de renforcer
l'articulation entre la politique pénale et la poli-
tique de contrôle en la matière. L?enjeu est bien
de doter d?ici à 2030 l?ensemble des aires proté-
gées d?un cadre de surveillance et de contrôle
adapté aux enjeux et qui puisse être suivi
d'effets.
Cette mesure vise donc à accompagner et faire
connaître certaines pratiques durables déjà
déployées, tout au long de la mise en oeuvre de
cette stratégie, par les filières et usagers des aires
protégées.
Les nombreux progrès observés dans les aires
protégées pour le développement de pratiques à
impact positif se sont tous opérés sur la base d?un
partenariat étroit entre le gestionnaire de l?aire
protégée et les acteurs de chaque famille d?usage.
On peut citer comme exemples des mesures
agro-environnementales et climatiques au sein du
réseau Natura 2000, les dispositions de la charte
européenne du tourisme durable, ou encore l?ob-
servatoire de l?équilibre agro-sylvo-cynégétique
dans le parc national des Cévennes.
D?ici 2030, les changements de pratiques seront
soutenus au sein des filières en cohérence avec les
objectifs de conservation recherchés, que ce soit
par l?exemplarité (en participant à des réseaux de
sites de référence), par le déploiement de bonnes
pratiques ou encore par la valorisation d?innova-
tions au sein des aires protégées (labellisations de
type marques parc, partenariats entreprises/
espaces protégés).
L?ambition est de faire des aires protégées des
territoires exemplaires, voire d?excellence de la
transition écologique pour les différentes poli-
tiques publiques : grâce à des partenariats
recherchant des pratiques à impact positif. Par
ailleurs, les aires protégées se positionnent comme
territoires d?expérimentation et d?innovation pour
la transition écologique, incluant notamment la
prise en compte de la biodiversité et l?adaptation
au changement climatique dans les activités d?agri-
culture, de sylviculture, de pêche professionnelle,
de tourisme, de gestion de l?eau, de gestion de
l?énergie, etc.
Les aires protégées, de type parcs, qui ont comme
finalités également le soutien au développement
durable des activités et la gouvernance adéquate,
définiront leurs objectifs en la matière et seront
pleinement intégrées dans les politiques de
soutien à ces activités (agriculture, sylviculture,
pêche et tourisme durable, etc.). De plus, alors que
le besoin de connexion des citoyens aux espaces
naturels prend de l?ampleur, les aires protégées
doivent faire partie des stratégies coordonnées
l?échelle territoriale, notamment en faveur d?un
tourisme durable.
Enfin, d?ici 2030, l?objectif est également que les
politiques publiques au sein du réseau d?aires
protégées en matière d?aménagement du territoire,
de transition énergétique, de soutien aux filières,
de développement des activités de tourisme et de
plein air intègrent les objectifs de reconquête de
la biodiversité par les différents leviers dont ils
disposent.
Mesure 9
Accompagner les usages compatibles avec les objectifs de conservation
des aires protégées
Le modèle français d?aire protégée intègre des catégories où des activités sont possibles dès lors qu?elles
ne remettent pas en cause les objectifs de conservation du site. Ceci nécessite de travailler collective-
ment à accompagner les acteurs vers des modèles compatibles, en visant l?excellence environnementale.
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 33
CONFORTER L?INTÉGRATION
DU RÉSEAU D?AIRES PROTÉGÉES
DANS LES TERRITOIRES
Afin de répondre aux défis de préservation qui se posent à lui, le réseau d?aires
protégées doit mobiliser de façon large et inclusive l?ensemble des composantes
de son territoire et ainsi construire collectivement les réponses à l?érosion de la
biodiversité.
Les aires protégées sont au coeur des projets de déve-
loppement durable et d?aménagement des territoires
où elles se trouvent. La relation entre les aires protégées
et les acteurs de leurs territoires, notamment écono-
miques, doit être organisée et approfondie pour un
bénéfice réciproque.
Dans ce contexte, la présente stratégie vise à s?appuyer
sur les interactions fortes qui lient les aires protégées
avec le territoire qui les environne, mais également avec
la société qui vit auprès d?elles, voire en leur sein.
Ces interactions doivent être pensées dans une « soli-
darité écologique » : la protection d?un milieu sera
d?autant plus forte que les territoires environnants y
contribuent, la protection d?une aire sera d?autant plus
effective et durable qu?elle sera portée par les citoyens,
les acteurs et les institutions de son territoire.
La stratégie nationale des aires protégées
vise ainsi à :
? Mieux intégrer les aires protégées dans les politiques
publiques sectorielles et dans les projets de territoire
(mesure 10)
? Mieux mobiliser les citoyens et les partenaires dans l?action
et dans la gouvernance des aires protégées (mesure 11)
? Faire des aires protégées les lieux privilégiés de la
connexion de la société à la nature (mesure 12)
CIBLE 6
D?ici 2030, l?ensemble des documents de planification
territoriale aux échelles régionales, par façade maritime
ou bassins maritimes seront cohérents avec les enjeux
du réseau des aires protégées.
CIBLE 7
D?ici 2030, les aires protégées offrent une gouvernance
adaptée et garantissent un accès aux citoyens.
O
BJ
EC
TI
F
4
Élèves gestionnaires de l'aire marine éducative
de Hakahetau - Ua Pou Iles Marquises
(Polynésie française) et partenariat avec la
Marine Nationale
34 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
Mesure 10
Mieux intégrer les aires protégées dans les différentes politiques publiques
et dans les projets de territoire
L?efficacité de la protection d?une aire protégée repose, certes, sur la pertinence des orien-
tations inscrites à son document de gestion, mais aussi sur la prise en compte de ces orienta-
tions par les différentes politiques publiques qui sont déployées sur le territoire : politiques
spatiales d?aménagement (aménagement du territoire, mobilité, urbanisme), et politiques sec-
torielles de gestion des ressources naturelles (agriculture, sylviculture, pêche maritime, tou-
risme, eau, énergie, etc). Réciproquement, une aire protégée sera portée par les citoyens, acteurs
et institutions de son territoire si elle s?y inscrit en cohérence avec les autres politiques publiques.
L?objectif est de renforcer l?articulation réciproque entre les documents de gestion des aires protégées
et les documents de planification élaborés par l?Etat et les collectivités en matière de politique maritime
intégrée (DSF, DSBM), d'aménagement (trame verte et bleue, SRADDET, SAR, SCOT, PLU, schémas de
mobilité, etc.) et de gestion des ressources naturelles (SDAGE et SAGE, PRFB, etc.).
Cette articulation est organisée
dans un but de cohérence :
? Prise en compte des orientations (selon plusieurs
niveaux : de la simple prise en compte à la
conformité, en passant par la compatibilité)
? Consultation lors de l?élaboration des docu-
ments (plus ou moins contraignante : avis simple,
avis conforme, association à l?élaboration, parti-
cipation croisée aux instances de pilotage)
Dans le cadre de la stratégie, l?articulation réci-
proque des objectifs et statuts des aires protégées
avec les politiques de planifications élaborées par
l?État et les collectivités seront analysés (niveau de
prise en compte, mode de consultation, etc.). Des
pistes de renforcement de l?articulation des
schémas de planification territoriale avec les poli-
tiques d?aires protégées seront alors proposées,
avec notamment l?intégration des enjeux de cohé-
rence écologique des aires protégées dans les
différents schémas régionaux et les documents de
bassin maritime. Pour le milieu marin en métropole,
la cohérence du réseau d?aires marines protégées
est en effet déjà prise en compte dans les docu-
ments stratégiques de façade.
Le déploiement du réseau d?aires protégées doit
se construire dans une parfaite cohérence avec les
politiques en matière de trames vertes et bleues,
à l?échelle de chaque territoire.
Dans ce cadre, une vigilance particulière sera
portée à l?interface terre/mer, afin de mieux
prendre en compte les effets des activités
terrestres sur les objectifs de conservation des
aires marines protégées. Afin de garantir une mise
en cohérence des politiques et le maintien des
fonctionnalités des écosystèmes préservés ou
restaurés par les aires protégées, l?ensemble des
schémas nationaux, par bassin et façade maritime
et régionaux (coordonnés par le SRADDET) d?amé-
nagement du territoire et de développement des
infrastructures devront privilégier strictement,
dès révision, l?évitement des impacts sur les aires
protégées dans l?application du cycle éviter/
réduire/compenser. Cela fera l?objet d?une évalua-
tion tous les 3 ans présentée au niveau régional
devant les CRB et national devant le CNB.
Par ailleurs, l?objectif est également que les actions
en matière de développement et de cohésion des
territoires intègrent pleinement les aires protégées
comme des atouts et des facteurs de cohésion à
travers les contractualisations, les projets de déve-
loppement, les mécanismes de solidarité. Pour cela,
les gestionnaires d?aires protégées sont accompa-
gnés pour développer les outils, méthodes et
démarches d?ancrage territorial.
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 35
La stratégie favorisera dans cette décennie l?enga-
gement des citoyens et des acteurs du territoire
dans les actions et la gouvernance des aires proté-
gées. L?engagement de chacun dans l?action des
aires protégées sera encouragé et valorisé, au-delà
des coopérations développées par les gestion-
naires des aires protégées avec les acteurs
économiques et les usagers dans le cadre de l?ac-
compagnement des usages (objectif 3) :
? Déploiement du service civique dans les aires
protégées
? Déploiement des programmes nationaux de
sciences participatives dans les aires protégées
avec un double objectif de sensibilisation du
public à la biodiversité et de production de
données naturalistes
? Déploiement des engagements en faveur de la
nature, proposés contre encouragements fiscaux
aux propriétaires de terrains dans les aires
protégées : obligations réelles environnementales,
chartes Natura 2000, travaux de restauration des
milieux déductibles, ou encore le comité de vie
local du Parc amazonien de Guyane qui
pourraient être transposés à d?autres territoires
ultra-marins
? Mise en place de reconnaissances des initiatives
citoyennes de contribution à la création et la
gestion des aires protégées (gestion participative,
aires marines ou terrestres éducatives)
La gouvernance des aires protégées devra
conforter l?implication des acteurs locaux dans leur
gestion et favoriser les processus participatifs.
D?importants progrès ont été réalisés ces dernières
années dans l?ouverture de la gouvernance ; cela
doit être poursuivi en ouvrant cette gouvernance
à l?ensemble des parties prenantes (élus, acteurs
économiques, associations, usagers, citoyens, etc.).
Afin de faire le point sur cette évolution et le cas
échéant de l?approfondir, les différents réseaux
d?aires protégées seront appelés à effectuer un
état des lieux et une évaluation de l?organisation
et du fonctionnement de la gouvernance, incluant
des enquêtes auprès des membres des instances,
et à activer en leur sein un partage des bonnes
pratiques en la matière. Ils pourront ainsi, si ce
travail collectif en révélait le besoin, prendre des
mesures collectives en leur sein.
Dans les territoires ultramarins, les enjeux d?associa-
tion des riverains et usagers des aires protégées sont
extrêmement prégnants. Des expérimentations
d?une gouvernance adaptée pourront être mises en
oeuvre au cas par cas et dans la concertation.
Mesure 11
Favoriser et accompagner les citoyens dans la gestion et dans la gouver-
nance des aires protégées
Les aires protégées produiront des résultats d?autant plus efficaces et durables qu?elles seront portées avec
les citoyens et les partenaires de leur territoire, que ce soit dans leurs orientations ou dans leurs actions.
En définitive, ce renforcement de
l?intégration des aires protégées
dans les politiques publiques
territoriales impliquera plusieurs
chantiers mobilisateurs :
? Un travail d?analyse sur l?existant
? Un potentiel travail législatif et réglementaire
pour offrir un cadre sécurisé aux mécanismes
d?articulation entre documents de planification
des politiques publiques
? Un chantier de sensibilisation des décideurs pour
un meilleur portage politique
? Un chantier de renforcement des capacités des
équipes en charge
En parallèle, des expérimentations de simplifica-
tion de la gouvernance territoriale des aires
protégées pourront être recherchées au cas par
cas et dans la concertation, lorsque les zonages se
superposent.
36 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
Mesure 12
Faire des aires protégées des lieux privilégiés de la connexion de la société
à la nature
Les sociétés industrialisées et urbanisées ont distendu leurs liens avec la nature, notamment pour les
citadins. La reconquête de ces liens est une des clefs de leur avenir. En offrant la nature en partage, par
l?éducation, l?immersion, la médiation du patrimoine et la communication, les aires protégées peuvent
être le lieu privilégié d?une meilleure connexion avec la nature, par la connaissance de cette dernière et
des savoir-faire et usages qui lui sont liés.
Les aires protégées doivent être le lieu privilégié
d?une meilleure connexion des citoyens avec la
nature, par la connaissance de cette dernière et des
savoir-faire et usages qui lui sont liés. Pour cela, d?ici
2030, il s?agit de renforcer le rôle d?accueil et péda-
gogique des aires protégées, notamment par le
déploiement d?outils de découverte ou interpréta-
tifs ou en organisant une diversité d'événements.
Les animations dans les aires protégées offrant à
tous les publics une expérience de la nature seront
renforcées et coordonnées. Partout en France les
aires protégées seront mobilisées de manière coor-
donnée en régions pour une participation active à
des évènements ciblés : fête de la nature, fête de la
science, fête de la mer, journée du patrimoine,
semaine du développement durable, « un espace
protégé près de chez vous », etc.
Enfin, d?ici 2030 l?ensemble des aires protégées, qui
peuvent le permettre au titre de leur accessibilité
ou de leur sensibilité, offriront un accès aux citoyens
(y compris en intégrant les enjeux d?accessibilité,
notamment pour les personnes à mobilité réduite).
Cet accès doit intégrer les politiques en matière
d?aménagement du territoire mais également de
santé, bien-être par l?axe santé et environnement.
Un plan de communication national pour les aires
protégées sera déployé et accompagné d?une série
d'événements conviviaux multipliant les expé-
riences autour de la nature et visant notamment à
susciter la mobilisation des élèves et des ensei-
gnants autour des enjeux du développement
durable.
L?action éducative en direction des jeunes dans les
aires protégées sera renforcée, avec les services de
l?éducation nationale, l?enseignement agricole et les
réseaux associatifs. Cette action reposera sur les
accords-cadres existants, encourageant les initia-
tives locales mais également via la formation initiale
et continue des enseignants de l?éducation natio-
nale et de l?enseignement agricole. La stratégie
ambitionne également de développer des
« parcours éducatifs nature », pour que chaque
jeune puisse bénéficier d?un parcours équivalent à
30 jours d?expérience construite en nature.
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 37
RENFORCER LA COOPÉRATION
À L?INTERNATIONAL POUR
ENRAYER L?ÉROSION DE LA
BIODIVERSITÉ
La lutte contre l?érosion de la biodiversité est un enjeu international de premier
ordre. Dans ce contexte, le réseau français des aires protégées constitue un outil
déterminant pour contribuer à cet effort, notamment en matière de coopération
régionale mais aussi internationale : coopérations transfrontalières et régionales
autour de l?Hexagone et de la Guyane, dans les Caraïbes et dans les océans Indien,
Pacifique, Antarctique Atlantique et Austral.
O
BJ
EC
TI
F
5
Les spécificités des outre-mer constituent des atouts
considérables qui méritent d'être mis en exergue dans
leur environnement régional. La présence ultramarine
de la France dans la zone caraïbe, de l?océan Indien, de
l?Atlantique nord, de l?océan Austral et du Pacifique fait
d?elle un acteur majeur sur le plan international, à l?égard
des Etats voisins et des organisations multilatérales de
ces régions.
CIBLE 8
D?ici 2030, toutes les écorégions transfrontalières
auront fait l?objet d?un ou plusieurs programmes de
coopération régionale impliquant les aires protégées
françaises.
Baleine à bosse - Lagon de Mayotte - Parc naturel marin de Mayotte
38 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
Mesure 13
S?appuyer sur les aires protégées pour défendre un cadre mondial ambi-
tieux pour la biodiversité
Plaider pour un cadre ambitieux
Au niveau mondial, la France plaide pour la consti-
tution d?un réseau d?aires protégées représentatif,
connecté et effectivement géré couvrant au moins
30 % des écosystèmes terrestres et 30 % des écosys-
tèmes marins d?ici 2030. La France défend
l?inscription de cet objectif dans le cadre stratégique
mondial pour la biodiversité post-2020, qui sera
adopté à la COP15 de la Convention pour la Diversité
Biologique (CDB). Cet objectif a également été
retenu par la stratégie européenne en matière de
biodiversité pour 2030.
L?un des axes forts des négociations en cours à la
CDB concerne également l?amélioration de la qualité
de la gestion des aires protégées existantes et l?ef-
fectivité des mesures en faveur des écosystèmes.
La France est activement engagée auprès de la
Commission européenne dans le processus de négo-
ciation dans le cadre des Nations unies d?un accord
international ambitieux pour la protection de la
biodiversité en haute mer, dont l?un des objectifs
principaux est de définir un mécanisme de désigna-
tion et de gestion d?aires marines protégées au-delà
des juridictions nationales.
En s?appuyant sur l?exemplarité
Afin de défendre ce cadre ambitieux, la France :
? Soutient et porte les projets de création d'aires
marines protégées dans les zones situées au-delà
des juridictions nationales des États. La France
porte par exemple le projet d'aire marine protégée
« mont sous-marin Evlanov » dans le Nord-est de
l?Atlantique dans le cadre de la convention OSPAR
et les projets d'aire marine protégée en
Antarctique dans le cadre de la CCAMLR.
? OEuvre à la reconnaissance sur la liste du patri-
moine mondial de l?UNESCO de sites sur les
espaces sous juridiction nationale, avec comme
exemples les îles Marquises en Polynésie française.
Cela concerne aussi des sites situés en haute mer
en zone internationale, en soutenant par exemple
les candidatures du dôme thermal du Costa Rica,
proche de l?atoll français de Clipperton, ainsi que
de la mer des Sargasses, dans le cadre d?un projet
porté par la Commission de la mer des Sargasses.
? Contribue activement au développement du
réseau mondial de réserves de biosphère, sur terre
comme en mer. Il existe ainsi en France 14 réserves
de biosphère dont deux en outre-mer. Plusieurs
projets de nouvelles réserves de biosphère sont à
l?étude, notamment en Martinique, en Pays de
Sarrebourg, aux îles Australes en Polynésie fran-
çaise et sur le massif des Landes de Gascogne2. La
France poursuivra, dans la prochaine décennie, sa
contribution active au bénéfice de ces outils
reconnus internationalement.
Au-delà de l?adoption d?objectifs ambitieux à
l?échelle européenne (stratégie européenne pour la
biodiversité) et internationale (cadre mondial de la
CDB), l?engagement international de la France doit
servir de support pour améliorer la qualité de la
gestion des aires protégées, dans un bénéfice réci-
proque. Pour cela, la stratégie ambitionne de
renforcer le pilotage, de mieux valoriser le rappor-
tage et le partage des connaissances acquises en
matière de désignation, de gestion et d?évaluation
des actions mises en oeuvre dans les aires protégées.
L?appropriation et l?utilisation des outils découlant
de la mise en oeuvre des engagements de la France
au titre de la Convention sur la Diversité Biologique
(guides, référentiels, données, processus de rappor-
tage et d?évaluation de l?efficacité de la gestion, etc.)
seront renforcées.
D?autre part, une large diffusion des enseignements
tirés de l?expérience française en matière d?aires
protégées sera recherchée, en particulier concer-
nant l?articulation et la compatibilité des activités
humaines avec les objectifs de conservation de la
biodiversité et des services écosystémiques. Enfin,
l?expérience d?autres pays en matière de création,
de gestion et de financement des aires protégées
devra être capitalisée pour en faire bénéficier le
réseau d?aires protégées françaises.
2. https://www.mab-france.org/workspace/uploads/mab/documents/
mab-rapport-d-active-2018-2019.pdf
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 39
Mesure 14
Conforter la coopération internationale et la place des aires protégées
françaises dans les réseaux internationaux
La France, par sa présence sur de nombreux territoires et écosystèmes de la planète, poursuivra son
implication dans les réseaux et coopérations régionaux.
À ce titre, les conventions de mer régionales3 sont
les instances de coopération régionale privilégiées
pour agir concrètement en matière de création de
nouvelles aires protégées dans et au-delà des eaux
sous juridiction (notamment conventions OSPAR,
et la CCAMLR), de renforcement des moyens de
gestionnaires d?aires protégées, de création de
protocoles de surveillance communs ou cohérents
entre Etats partie aux conventions de mer régio-
nale, ou encore d?élaboration d?outils d?évaluation
communs de la gestion des aires protégées. La
France oeuvrera, en s?appuyant sur les instances
de travail existantes au sein des conventions de
mers régionale, au développement de réseaux
d?aires marines protégées dans les zones couvertes
par ces conventions, y compris en haute mer.
Par ailleurs, les gestionnaires d?espaces protégés,
dont les parcs nationaux, sont particulièrement
impliqués dans des démarches de mise en réseau
avec leurs homologues, dans le cadre d?accords de
coopération transfrontalière ou interrégionale. Les
gestionnaires d?aires protégées seront accompa-
gnés dans le développement de nouveaux accords
de collaboration inter-espaces protégés et le
renforcement des accords existants.
3. La France est partie contractante à six conventions de mers régionales
(CMR), sur les dix-huit existantes : Convention Oslo-Paris (OSPAR) pour
la protection du milieu marin de l?Atlantique Nord-est ; Convention
de Barcelone pour la protection du milieu marin et du littoral de la
mer Méditerranée ; Convention de Carthagène pour la mer des
Caraïbes ; Convention de Nairobi pour la protection, la gestion et la
mise en valeur du milieu marin et côtier de la région de l?océan Indien
occidental ; Conventions de Nouméa et d?Apia pour l?océan Pacifique
Sud ; Convention pour la conservation de la faune et la flore marines
de l?Antarctique (CCAMLR).
Un recensement de l?implication des gestionnaires
d?aires protégées au sein des réseaux européens
(Europarcs, Eurosites, réseaux ALPARC, et
REDPARQUES notamment) et internationaux
(WCPA, conventions OSPAR, CCAMLR, MEDPAN,
de Carthagène?) sera réalisé et les conditions de
son renforcement seront expertisées.
Enfin, d?ici 2030, le nombre d?aires protégées
faisant l?objet d?une reconnaissance au titre de
plusieurs dispositifs internationaux, parmi lesquels
les programmes « Man and Biosphere », « patri-
moine mondial » et le réseau des réserves de
biosphère portés par l?UNESCO, l?inscription sur la
liste verte des aires protégées de l?UICN sera signi-
f icativement augmenté pour valoriser la
biodiversité exceptionnelle et la qualité de la
gestion des sites.
Sur le plan scientifique, les coopérations portant
sur des échanges de données, la réalisation de
suivis communs et le partage d?expérience sont
également précieuses afin de développer et
diffuser la connaissance. Ces démarches seront
soutenues en métropole et outre-mer, notamment
dans la zone des Terres Australes et Antarctiques
Françaises, mais aussi dans la zone de Clipperton.
40 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
LE RÉSEAU D?AIRES MARINES PROTÉGÉES DES CARAÏBES
Dans le cadre de la stratégie nationale pour les aires protégées 2030, la France poursuivra,
notamment, son action en faveur du renforcement du réseau d?aires marines protégées
dans les Caraïbes.
Dans le cadre de la convention de Carthagène (protection et la mise en valeur du milieu
marin dans la région des Caraïbes), les vingt-six États Parties à la Convention ont décidé,
en 2019, d?inscrire de nouvelles aires sur la liste des aires spécialement protégées au titre
de cette convention, telles que les réserves naturelles nationales des marais de Kaw-Roura
et de l?Amana en Guyane, lesquelles participent activement à la conservation des écosys-
tèmes de mangroves (Kaw-Roura) et de tortues marines (Amana). Enfin, le Centre d?activités
régionales pour les zones et la vie sauvage spécialement protégées (CAR/SPAW), en
Guadeloupe, est un acteur de premier plan pour accompagner les vingt-six États dans la
création et la gestion durable d?aires marines protégées. Il joue un rôle pivot pour la coopé-
ration régionale dans ce domaine.
Baie du grand cul-de-sac marin - Parc national de la Guadeloupe
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 41
UN RÉSEAU PÉRENNE
D?AIRES PROTÉGÉES
O
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TI
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6
Les coûts des politiques de l'eau, d'infrastructures, de
logement, de soutien à l'agriculture sont reconnus et
légitimés de longue date, alors que ceux concernant la
nature sont moins connus (évaluation des services
écosystémiques et de la valeur de la biodiversité (2009,
travaux du Conseil d?Analyse Stratégique)) et reconnus :
la nature a tendance à être considérée comme gratuite
et sans entretien.
Il n'y a pas de « modèle économique » des aires proté-
gées et de la biodiversité, qui dépendent aujourd?hui
encore essentiellement du budget de l?État, alors que
les aires protégées concourent aux objectifs de
nombreuses autres politiques telles que le développe-
ment rural, l?éducation, les loisirs et le tourisme,
l?intégration sociale. Cette situation, dans le contexte
de la mise en oeuvre de la stratégie nationale pour les
aires protégées, appelle une recherche de diversifica-
tion et pérennisation des financements des aires
protégées dès le début de la mise en oeuvre de la
stratégie.
Les financements disponibles doivent être suffisants et
pérennes pour couvrir les besoins de création et de
gestion de 30 % d?aires protégées et en particulier pour
atteindre 10 % du territoire placé sous protection forte.
À ce titre, le Gouvernement s?est engagé afin d?accom-
pagner la stratégie nationale pour les aires protégées,
et des moyens supplémentaires ont été inscrits au projet
de loi de finances 2021, à destination des aires protégées
et de la biodiversité. A cela s?ajoute une mobilisation des
crédits France Relance à hauteur de plus de 60 millions
d?euros à destination exclusive des aires protégées.
Néanmoins, ces moyens supplémentaires sur le court-
terme devront s?accompagner de perspectives
financières nouvelles à moyen terme.
L?objectif est qu?en 2030, l?ensemble des aires protégées
disposent des ressources suffisantes, notamment grâce
à une participation du budget de l?État et ses opérateurs,
pour fonctionner, investir et in fine être gérées de
manière efficace. Ce fonctionnement doit être
complété ou assuré, par ailleurs, par des moyens des
collectivités ou d?acteurs privés, voire des contributions
des citoyens selon le type d?aires protégées.
Il importe à moyen terme d?être en capacité de mieux
appréhender et accompagner le modèle écono-
mique des aires protégées, de renforcer l?évaluation de
l?efficacité des actions et des financements mais égale-
ment des services rendus et d?organiser la montée en
capacité des gestionnaires sur ces aspects. Le finance-
ment des aires protégées en France n?a pas fait l?objet
d?une étude/analyse dédiée. Plusieurs travaux
permettent d?apporter un éclairage à ce sujet, toutefois
ils relèvent soit d?une approche par types d?acteurs
(exemples : études de RNF, Rivages de France et
Conservatoire du littoral, AMP), soit d?une approche
globale du financement de l?ensemble des politiques
publiques de l?eau, de la biodiversité et des milieux
marins (exemple : rapport du CGEDD, coordonnateur P.
Lavarde, 2016 et rapport CGEDD P. Lavarde, 2019).
Pic Coudreau du Sud Maripasoula - Parc amazonien de Guyane
42 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
Un diagnostic complet sera confié au commissariat
général à l?environnement et au développement durable
(CGEDD) et à l?Inspection générale des finances, afin
d?améliorer la connaissance et la lisibilité des structures
de coûts (fonctionnement et investissement), des
budgets et ressources humaines, des modes de finance-
ments publics et privés des aires protégées et des besoins
actuels et à venir du réseau d?ici à 2030. Cette étude
formulera des recommandations et des propositions
d?évolutions (budgétaires, fiscales, etc.) pour concourir
à la couverture des besoins des gestionnaires, y compris
dans une optique d?optimisation et de mise en synergie
de ces différentes sources de financements sectorielles
et interministérielles.
Ce diagnostic devra prendre en compte les besoins spéci-
fiques éventuels liés à la mise en oeuvre des cibles de
protection forte définies dans le cadre de l?objectif 1.
Mesure 15
Consolider le financement des aires protégées
Au-delà du budget général de l?État et des taxes
affectées à certains établissements publics
(exemple : conservatoire du littoral), deux princi-
pales ressources spécif iques contribuent
aujourd?hui au financement des aires protégées :
les redevances affectées aux agences de l?eau, ainsi
que la part départementale de la taxe d?aménage-
ment. Un diagnostic du fonctionnement des aires
protégées et de leurs modèles économiques, leurs
charges et leurs sources de financements (publics
et privés) sera réalisé, en intégrant les dimensions
incitatives ou pénalisantes de la fiscalité. Ces
analyses doivent porter sur l?ensemble des
ressources et des besoins des aires protégées d?ici
à 2030 et concerner tant les moyens de l?État que
des collectivités et de leurs opérateurs
respectifs.
L?objectif étant de définir les modalités les plus
adéquates (publiques et privées) pour financer les
aires protégées de façon à atteindre les objectifs
de préservation de la biodiversité décrits dans la
présente stratégie. Ceci sera réalisé dans le respect
des priorités gouvernementales en matière de
maîtrise des dépenses et de la fiscalité.
En complément de ces dispositifs nationaux,
plusieurs politiques et fonds européens, voire inter-
nationaux, sont susceptibles de contribuer au
financement des politiques en matière d?aires
protégées, dans le cadre de la Stratégie euro-
péenne pour la biodiversité et des autres politiques
(agriculture, maritime, nature, etc.). Il y a un fort
enjeu à développer et optimiser leur utilisation en
développant la capacité des gestionnaires à
monter et déposer des projets, assurer la trésorerie
dans l?attente des versements et consommer plei-
nement les financements reçus, ainsi qu?en
développant les espaces de coordination et de
dialogue entre financeurs et gestionnaires.
Mesure 16
Accompagner un changement de paradigme au travers de la valorisation
des services rendus par les aires protégées et de la mobilisation de l?en-
semble de la société dans le financement des aires protégées
L?objectif est, d?ici 2022, de présenter autrement
le financement des aires protégées, de façon inté-
grée et comme un investissement global, en
donnant par exemple des ordres de grandeur des
coûts et services rendus liés aux aires protégées.
Par ailleurs, l?objectif est également de renforcer
l?implication des acteurs privés, notamment par le
déploiement et la sécurisation du mécénat, voire
des contributions participatives, pour contribuer
à la résilience du réseau en 2030.
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 43
CONFORTER LE RÔLE DES
AIRES PROTÉGÉES DANS
LA CONNAISSANCE DE LA
BIODIVERSITÉ
A dapter la gestion des aires protégées dans un contexte de changement global
repose sur une double exigence : doter les aires protégées et leurs gestionnaires
des données nécessaires à l?orientation de la gestion, mais également mobiliser
les aires protégées comme sites d?études et d?observation de l?évolution du
vivant ou de la gestion des patrimoines, naturels, culturels ou paysagers.
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7
En premier lieu
Le réseau d?aires protégées doit offrir un formidable labo-
ratoire de recherche in situ qui doit permettre de produire
de la connaissance sur de nombreux sujets liés à la biodi-
versité, notamment celui de l?adaptation de notre
environnement aux changements globaux ou de l?impact
des pressions anthropiques. Les réseaux d?aires protégées
seront impliqués dans le développement des connais-
sances fondamentales sur la biodiversité par des grandes
campagnes de suivi et d?inventaires, des programmes de
sciences participatives et des programmes de recherche
et développement multidisciplinaires (évaluation de la
gestion des aires protégées, ancrage territorial des aires
protégées, etc.). La connaissance produite par les aires
protégées documentera notamment l?état des écosys-
tèmes et les services écosystémiques, les mécanismes de
pressions sur la biodiversité, la mise en oeuvre de la gestion
et ses résultats. Certaines aires protégées intègrent d?ail-
leurs une finalité dédiée de développement de la
connaissance (parcs nationaux et marins, réserve natio-
nale de chasse et de faune sauvage, réserve naturelle, etc.).
Des programmes d?acquisition de connaissance seront
lancés. Ils se concentreront à court terme sur : l?évaluation
de la gestion des aires protégées, l?intégration des
sciences humaines et sociales à cette gestion, et un
ensemble de thématiques identifiées comme prioritaires
à l?issue d?une consultation des acteurs de la recherche et
des gestionnaires d?aires protégées.
À moyen terme, ces contributions permettront, en plus
d?améliorer les connaissances du réseau national, de
mieux appréhender et anticiper les stratégies de conser-
vation au regard des changements globaux, dont le
changement climatique, et des autres pressions existantes,
en alimentant les réseaux nationaux et européens de
surveillance de la biodiversité terrestre, aquatique et
marine. En particulier, les améliorations des connaissances
pourront appuyer le développement des sites de protec-
tion au-delà de la mer territoriale (« au large ») et la mise
en oeuvre des directives communautaires (DCE, DCSMM,
DHFF, DO) et l?évolution des pratiques de gestion en lien
avec les solutions fondées sur la nature, la naturalité et la
libre évolution.
Le lynx boreal dans le parc naturel régional des Vosges du Nord
44 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
En second lieu
Dici 2030, les aires protégées doivent bénéficier d?un
accès suffisant à la donnée scientifique pour exercer
une gestion de qualité, en s?appuyant notamment sur
les données bancarisées dans les systèmes d?informa-
tion sur la biodiversité (SI Biodiversité), le milieu marin
(SIMM) et l?eau (SI Eau). Des rencontres régulières
seront organisées pour faciliter les échanges et des
outils de partage de l?information en réseau seront mis
en place via un portail collaboratif entre gestionnaires
et chercheurs. Un soin particulier sera porté à l?acces-
sibilité de la donnée grâce à des synthèses et
vulgarisations scientifiques multidisciplinaires. Par
ailleurs, les aires protégées contribueront de façon
exemplaire à alimenter ces différents systèmes d?in-
formation. Un accompagnement sera à prévoir pour
lever les éventuels freins concernant l'accès aux
données (convention d'Aarhus, loi Lemaire, etc.). Des
catalogues complets et actualisés de protocoles et
d?indicateurs seront mis à disposition des
gestionnaires.
La lisibilité des besoins en recherche devra être accrue
pour permettre le développement de programmes
de recherche sur les aires protégées. Les probléma-
tiques prioritaires de recherche seront définies à partir
d?échanges avec les têtes de réseau et d?ateliers
thématiques avec le monde de la recherche. Un travail
sera mené également pour identifier les leviers de
financement possibles..
Mesure 17
Faire bénéficier les gestionnaires d?aires protégées et les acteurs des ter-
ritoires de l?acquisition de connaissance
Le développement de la connaissance doit permettre de fournir aux gestionnaires des outils efficaces
d?aide à la gestion : méthodes et protocoles, indicateurs, retours d?expériences et dispositifs expérimen-
taux à grande échelle. Il doit aider les aires protégées à atteindre leurs objectifs et à mieux participer à
la connaissance de leurs territoires. Dans le cadre de la mise en oeuvre de l?objectif 1 de la stratégie, il
doit permet d?alimenter les diagnostics territorialisés prévus.
Pour permettre une évaluation
de l?efficacité des réseaux d?aires
protégées au niveau national et
écorégional, des indicateurs
seront conçus, calculés, diffusés
et mis à jour régulièrement à ces
échelles. Ils incluront des indica-
teurs des pressions, intégrant les
plus significatives pour chaque
écorégion, des indicateurs d?état,
en s?appuyant notamment sur
ceux définis au titre des poli-
tiques nationales et européennes
de préservation de la biodiversité
et des programmes de surveil-
lance terrestre et marines. Ils
permettront d?établir une
comparaison dans et hors réseau,
en prenant en compte la diver-
sité des outils.
L?effet de la gestion sera égale-
ment évalué par la mise en place
d?un réseau expérimental de
sites de démonstration afin de
pouvoir, sur la base de retours
d?expériences exemplaires,
diffuser et généraliser des
bonnes pratiques de gestion
tout en optimisant l?effort global
de suivi. L?évaluation de l?effica-
cité des mesures pour mettre en
réseau des sites avec un suivi
harmonisé se traduira par des
démarches de type appel à
manifestation d?intérêt (AMI).
A l?échelle des sites, des outils
méthodologiques adaptés
seront mis à disposition de l?en-
semble des gestionnaires : pour
les pressions les plus prégnantes,
leur compatibilité avec les objec-
tifs de conservation des aires
protégées sera évaluée. Des
grilles de sensibilité seront ainsi
établies avec la définition de
seuils quand cela s?avérera perti-
nent. En parallèle, la recherche
sera développée sur des
indicateurs d?atteinte des objec-
tifs de conservation des milieux,
notamment en termes de trajec-
t o i r e s f a v o r a b l e s d e s
écosystèmes. Les autres finalités
des aires protégées devront
également bénéficier du soutien
de la recherche en matière de
suivi et d?évaluation par un
ensemble de travaux coordonnés
en sciences humaines et sociales.
Des protocoles d?inventaire et
de suivi et des indicateurs
harmonisés seront également
fournis à l?ensemble du réseau,
disposant d?un tronc commun
cohérent avec le travail mené
dans le cadre de l?évaluation et
de la surveillance nationale de la
biodiversité. Un appui statis-
tique supplémentaire sera fourni
dans le cadre d?appels à manifes-
tation d?intérêt dédiés.
Repérage de bouquetins dans le parc national de la Vanoise
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 45
La gouvernance des aires proté-
gées constituant un sujet
prioritaire avec celle de l?évalua-
tion, les connaissances et
retours d?expériences seront
développés sur les thématiques
de concertation, d?appropria-
tion par les différentes parties
prenantes, et d?implication
citoyenne. La question de la
diffusion des connaissances
scientifiques comme outil de
concertation avec les différents
acteurs du territoire, ainsi que la
place à accorder aux services
écosystémiques dans la gestion
des aires protégées et leur inté-
gration territoriale, seront
également traitées.
Des cadres de collaboration
pérennes seront renforcés entre
équipes scientifiques, laboratoires
de recherche et gestionnaires
d?aires protégées par la mobilisa-
tion de conseils et de veilles
scientifiques, des colloques
réguliers et la création ou le main-
tien de structures de collaboration
de type Groupement d?Intérêt
Scientifique. Concernant le pilo-
tage scientifique des programmes
européens, la coopération inter-Di-
rectives sera développée au niveau
national.
Enfin, tous les acteurs des aires
protégées devront avoir accès
aux connaissances les plus à jour,
au niveau national et par écoré-
gion. Cet accès se fera en
particulier via les portails de
diffusion des données Nature
France, Milieu Marin France et
Eau France mis en place dans le
cadre du Système d?Information
sur la biodiversité, du Système
d?information sur le milieu marin
et du Système d'information sur
l'eau.
Un centre de ressources sur les
questions scientifiques appli-
quées à la gestion des aires
protégées sera mis en place,
incluant les retours d'expériences
et les transferts de résultats issus
de la recherche. Les systèmes
d?information métier relatifs à la
gestion des aires terrestres et
marines protégées faisant partie
du Système d'information sur la
Biodiversité et du Système d?in-
formation sur le milieu marin,
permettront de bancariser les
informations et données rela-
tives aux actions mises en oeuvre
par les gestionnaires d?aires
protégées, leur financement et
les indicateurs. Ces systèmes d'in-
f ormat ion d evront ê tre
opérationnels d?ici 2030 pour les
réseaux présentant une obligation
de rapportage. Pour les autres
réseaux, une analyse de l?existant
et des besoins permettra de faire
émerger l'organisation à mettre en
place.
Mesure 18
Faire des aires protégées des laboratoires d?études et de recherche appli-
quée contribuant à l?amélioration des connaissances sur la biodiversité,
les services écosystémiques et les changements climatiques
Les aires protégées ont vocation à être des territoires de production de connaissance, aussi bien en
ce qui concerne la biodiversité, les questions de sciences humaines ou en termes d?innovations. Elles
doivent aussi constituer des sites de référence pour le suivi des écosystèmes à l?échelle de l?ensemble
du territoire. Ces développements se feront prioritairement sur les questions d?évaluation et de gou-
vernance, et sur les thèmes retenus suite à la phase d?identification des besoins.
L?implication des aires protégées dans le dévelop-
pement des connaissances fondamentales et
appliquées sur la biodiversité sera amplifiée. Les
programmes de surveillance, de recherche et de
développement appliqués à la gestion des aires
protégées, intégrant l?écologie de la restauration
seront pérennisés et renforcés. Les gestionnaires
disposeront des moyens nécessaires à la mise en
oeuvre des programmes de recherche utiles à la
bonne compréhension de l?efficacité des mesures
de gestion et du fonctionnement des milieux natu-
rels. Les liens entre les travaux de recherche
soutenus par l?OFB, voire les autres organismes de
recherche nationaux, et les aires protégées seront
renforcés.
Les compétences et expertises scientifiques, dont
les compétences naturalistes, des gestionnaires
d?aires protégées seront recensées au sein d?an-
nuaires pour chaque réseau par écorégion, façade
ou bassin maritime ultramarin. Le partage de ces
annuaires sera assuré pour faciliter la construction
de projets multistructures et renforcer les liens
entre les gestionnaires et les chercheurs.
Des grands programmes d?inventaires, de type
Inventaire généralisé de la biodiversité (ATBI -
All-taxa biodiversity inventory) seront lancés dans
plusieurs espaces protégés, prioritairement sur les
grands types de milieux non encore ou peu pros-
pectés par cette approche. Ils permettront, entre
autres, d?établir des états de référence complets
pour ces écosystèmes. Ils contribueront au
46 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
maintien de réseaux d?expertise naturalistes et
taxinomiques locaux et au-delà. Ils offriront, par
ailleurs, de réelles opportunités en matière de
communication et de sensibilisation autour de la
biodiversité dans les territoires concernés.
Des appels à projets de recherche seront déve-
loppés : ils devront soit s?appuyer sur les espaces
protégés comme objet ou terrain d?étude, soit
financer des projets portés conjointement par les
deux communautés gestionnaires/chercheurs. Ils
seront autant que possible interdisciplinaires pour
intégrer les aspects scientifiques et socio-écono-
miques pour prendre au mieux en compte la
complexité des sujets. Ils pourront également se
concentrer sur les enjeux d?évaluation de la gestion,
de gouvernance et sur les besoins identifiés par les
gestionnaires et les chercheurs.
Au-delà de ces appels à projets, un travail sera
mené auprès des différents organismes de
recherches et développement et des institutions
de financement afin de mettre en avant le sujet
aires protégés dans les documents de program-
mation de la recherche existant à différentes
échelles.
Pour diffuser les résultats de ces études, des
synthèses thématiques de la littérature scienti-
f ique seront réalisées et les vecteurs de
vulgarisation techniques seront développés : de
nouvelles revues scientifiques seront lancées sur
les questions prioritaires. La valorisation des
travaux de recherche menés sur les aires protégées
et des données acquises, par des publications
scientifiques et naturalistes sera encouragée : à cet
effet, les formations techniques continueront
d?être fournies aux gestionnaires et un accompa-
gnement scientifique, y compris sous forme de
co-rédaction d?articles scientifiques, leur sera
apporté.
Les aires protégées seront intégrées aux dispositifs
nationaux et territoriaux de surveillance et de suivi
de la biodiversité terrestre et marine, en prenant
en compte l?impact des changements globaux. Le
réseau des aires protégées poursuivra également
sa contribution dans la surveillance des phéno-
mènes sanitaires, en mettant en oeuvre une
surveillance des événements sanitaires anormaux
et en contribuant aux programmes nationaux de
surveillance des dangers sanitaires et contami-
nants à enjeu.
Enfin, l?innovation sous toutes ses formes, sans se
limiter au domaine technologique et en favorisant
les licences libres, sera encouragée dans l?en-
semble du réseau. à ce titre, les réseaux de
gestionnaires seront mis en relation avec les orga-
nismes financeurs de l?innovation.
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 47
48 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
Mise en oeuvre de la
stratégie nationale
Le massif de la Meije, Parc national des Ecrins
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 49
Récif des Chesterfield - Parc Naturel de la mer de corail (Nouvelle-Calédonie)
L?une des conditions de réussite de la future stratégie
réside notamment dans l?opérationnalité de sa mise en
oeuvre, aux niveaux national et territorial, ainsi que dans
le suivi et l?évaluation dynamique des actions prévues.
Ainsi, la stratégie sera déclinée à travers 3 plans d?actions
triennaux successifs jusqu?en 2030.
Dans ce cadre, le lancement de la stratégie est accom-
pagné d?un premier plan d?actions national triennal
(2021-2023). Ce plan d?actions comporte des actions à
mettre en oeuvre au niveau national, des actions à mettre
en oeuvre au niveau territorial et des actions relevant de
plusieurs échelles territoriales. Des plans d?actions terri-
toriaux aux échelles régionales, par façade maritime et
bassin ultra-marins seront également déployés. Ils s?ali-
menteront des plans d?actions nationaux mais
permettront également de renforcer le plan d?action
national.
Notons que pour les façades maritimes de métropole, les
plans d?actions triennaux reprendront les actions figurant
dans les programmes de mesures 2016-2022 des plans
d?actions pour le milieu marin et les plans d?actions pour
le milieu marin 2022-2027 et 2028-2033 des documents
stratégiques de façade.
Gouvernance territoriale de la stratégie
Pour décliner la stratégie, les échelles administratives
suivantes ont été retenues :
? Échelle régionale en métropole et régions d?outre-mer,
et échelle de la collectivité4 dans les autres territoires
d?outre-mer sur terre
? Façade maritime en métropole et bassin maritime ultra-
marin en mer
Chaque territoire devra analyser et proposer des trajec-
toires de développement du réseau d?aires protégées en
précisant notamment l?ambition territoriale pour chacun
des grands objectifs thématiques de la nouvelle stratégie
nationale en matière d?aires protégées.
L?instance de pilotage territoriale aura donc deux voca-
tions : mettre en oeuvre et décliner la stratégie et le plan
d?action national, mais aussi faire remonter les projets et
actions de gestion en matière d?aires protégées ou les
enjeux au niveau national pour compléter le plan d?actions
triennal.
4. Pour les collectivités d'outre-mer, l'opportunité de telles démarches relève
de leur compétence et de leur organisation
50 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
Sur terre, en métropole et dans les
départements et régions d?outre-mer
Les préfets de région et les services déconcentrés de l?État seront mobilisés
pour porter, aux côtés des Régions, chefs de file des collectivités en matière
de biodiversité, le déploiement de la stratégie dans les territoires. Dès le
lancement de la stratégie, les préfets mettront en place une instance de
pilotage régionale co-présidée par le préfet et un représentant du Conseil
régional ou de la collectivité compétente, qui pourra s?appuyer ou se
confondre, le cas échéant, avec des instances en place régionalement
(comité régional de la biodiversité (CRB) ou les comités eau et biodiversité,
notamment). Ces instances de pilotage associeront étroitement opérateurs
de l?État, collectivités locales, gestionnaires d?aires protégées, associations
de protection de l?environnement, acteurs socioprofessionnels, société
civile et scientifiques afin de traduire une ambition collective. Ils s?appuie-
ront sur l?expertise des conseils scientifiques régionaux du patrimoine
naturel (CSRPN) et sur les collectifs régionaux constitués des services de
l?État, de la Région, de l?OFB, des ARB le cas échéant et des agences de l?eau.
Pour l?outre-mer5, en mer
Il est proposé de suivre la démarche et le calendrier terrestres (voir-ci-
dessus). Dans les bassins ultramarins, la concertation sur les plans d?actions
pourra avoir lieu dans les conseils maritimes de bassin. Elle sera pilotée par
les préfets et le haut-commissaire en collaboration ou en appui des collec-
tivités selon leur niveau de compétence.
Sur les façades maritimes métropolitaines
Le pilotage sera réalisé par les préfets coordonnateurs de façade maritime
en lien avec les élus et acteurs concerné. Par souci de cohérence, les
programmes de mesures et plans d?actions élaborés en application de la
directive-cadre Stratégie pour le milieu marin constitueront la déclinaison
territoriale de la stratégie nationale 2020-2030 en matière d?aires protégées.
Chaque façade est actuellement dotée de programmes de mesures,
adoptés en 2016 par les préfets coordonnateurs de façade (préfets mari-
times et préfets de région désignés par le code de l?environnement). La
concertation pourra être menée dans le cadre des comités maritimes de
façades. En mars 2022, ces programmes de mesures seront remplacés par
les plans d?actions des documents stratégiques de façade. Comme les
programmes de mesures actuels, ces plans d?actions encadreront le déve-
loppement et la consolidation du réseau d?aires marines protégées sur
chaque façade. Ces plans d?actions s?appliqueront durant six ans et seront
donc renouvelés fin 2027 après évaluation.
Dans la collectivité des terres australes
et antarctiques françaises
Le préfet, administrateur supérieur des TAAF, assurera le déploiement d?une
stratégie ambitieuse.
Dans les collectivités du Pacifique6
Chaque Haut-commissaire avec l?appui de l?OFB, de par ses fonctions sur
terre et en mer, appuiera les collectivités qui désirent s?inscrire ou inscrire
leur propre démarche dans la présente stratégie ou conduire leurs travaux
en la matière.
5. Pour les collectivités d'outre-mer, l'opportunité de telles démarches relève de leur compétence et de
leur organisation.
6. Pour les collectivités d'outre-mer, l'opportunité de telles démarches relève de leur compétence et de
leur organisation.
Stratégie nationale
et plans d?actions
Chacune des mesures a vocation à traiter
d?un enjeu de la stratégie pour les 10
prochaines années. C?est un regroupement
d?actions dont la mise en oeuvre sera
assurée par des plans d?actions triennaux.
Ains i , le p lan d ?ac tions national
triennal (2021-2023) comportera :
? Des actions à mettre en oeuvre au niveau
national
? Des actions à mettre en oeuvre au niveau
territorial
? Des actions susceptibles de relever de
plusieurs échelles territoriales
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 51
La réussite de la stratégie nationale repose grandement sur
sa capacité à mobiliser largement dans les territoires, et à
s?appuyer sur leurs expertises et dynamiques locales. Si le
portage national est essentiel, il doit s?accompagner d?un
aller-retour et d?un enrichissement permanent entre les
échelles de mise en oeuvre.
Sur cette base, concernant la terre et les outre-mer7 y compris
sur le volet maritime, il est proposé de formaliser, d?ici fin 2021,
à l?échelle régionale en métropole et de chaque territoire
ultramarin, la déclinaison territoriale de ce plan d?actions. Le
plan d?actions national ne vise pas l?exhaustivité, et chaque
territoire pourra proposer, dans son plan d?actions territorial,
des actions complémentaires qui devront répondre à l?une
des mesures de la stratégie.
Notons que pour les façades maritimes de métropole, les
plans d?actions triennaux reprendront les actions figurant
dans les programmes de mesures 2016-2022 des plans d?ac-
tions pour le milieu marin, puis les plans d?actions pour le
milieu marin 2022-2027 et 2028-2034 des documents straté-
giques de façade. Ces différents plans d?actions des
documents stratégiques de façade pourront ainsi contenir
les mesures de création de nouvelles zones de protection
fortes dans les eaux métropolitaines. D?un point de vue de la
mise en oeuvre de la stratégie et des plans d?actions, les
préfets maritimes auront un rôle central8, notamment pour
l?adoption des protections fortes mais aussi pour les mesures
réglementaires prises suite aux analyses de risques, etc.
Responsables de la coordination opérationnelle des moyens
de l?État en mer, ils sont également un acteur majeur de la
mise en oeuvre de la politique de surveillance et de contrôle
en faveur de l?environnement marin, mission jugée prioritaire
de l?action de l?État en mer par le comité interministériel de
la mer.
En 2023, sera dressé un bilan du plan d?actions national,
prenant en compte à la fois le bilan des actions relevant du
niveau national mais également le bilan des actions relevant
du niveau territorial et des actions complémentaires propo-
sées le cas échéant pour certains territoires. Ces bilans
permettront de formaliser un nouveau plan d?action national
triennal 2024-2026.
7. Pour les collectivités d'outre-mer, l'opportunité de telles démarches relève de
leur compétence et de leur organisation.
8. Les préfets maritimes ont autorité dans tous les domaines où s'exerce l'action
de l?État en mer. Ils ont donc un rôle majeur dans le pilotage du réseau des aires
marines protégées. A ce titre, il assurent la coordination technique du réseau
de sites Natura 2000 en mer, co-conduisent la procédure de création de parcs
naturels marins avec les préfets de département désignés et exercent la fonction
de commissaire du Gouvernement auprès des instances de ces parcs, président ou
co-président les différents organes de gouvernance des aires marines protégées
(sites N2000, réserves naturelles nationales?), suivent ou accompagnent la mise en
oeuvre des actions issues des documents de gestion (DOCOB, plans de gestion?)
et pilotent ou co-pilotent la création ou l?extension des périmètres. Du fait de leur
pouvoir réglementaire, ils adoptent les réglementations définies dans le cadre de
l?animation des AMP (arrêtés de protection de biotope, mesures de gestion pêche
dans les sites N2000, arrêtés réglementant le mouillage ou la navigation à des fins
environnementales?).Responsables de la coordination des moyens de l?État en mer,
ils sont un acteur majeur de la mise en oeuvre de la politique de surveillance et de
contrôle en faveur de l?environnement marin, mission jugée prioritaire de l?action
de l?État en mer par le comité interministériel de la mer.
Les plans d?action triennaux territoriaux devront conserver
un formalisme simple (feuille de route) et se structurer à la
discrétion des acteurs régionaux ou de façade ou de bassins
ultra-marins pour être élaborés dans les 12 mois qui suivent
le lancement du plan d?actions national.
En particulier, chaque région façade ou bassin ultra-marin
proposera d?ici la fin de l?année 2021, y compris en outre-mer,
une évaluation et une hiérarchisation des besoins de protec-
tion sur la base des enjeux de patrimoine naturel, des menaces
et des outils existants, en s?appuyant sur les données mises à
disposition dans le cadre de la mesure 3. Cette hiérarchisation
concertée à l?échelle régionale ou de façade ou du bassin
ultra-marin permettra de nourrir le plan d?action national
2024-2026.
Dans le cas des régions associées à une façade maritime ou
un bassin ultra-marin, un échange et une mise en commun
des plans d?actions devront être réalisés entre les acteurs des
milieux terrestres et ceux de du milieu marin. Il s?agira de
renforcer la cohérence des propositions et le lien terre-mer
au sein du réseau d?aires protégées.
Une organisation de niveau départemental pourra être
déployée en concertation avec le niveau régional, sous la
coordination des préfets de département et du Département.
Un comité associant l?ensemble des acteurs permettra de
proposer et déployer une stratégie départementale, basée
d?une part sur les priorités nationales et régionales, mais aussi
sur les spécificités locales, d?autre part.
Les services, les DREAL et DEAL appuieront la structuration
d?un réseau d?agents en charge du réseau d?aires protégées
au sein des services de l?État (DDT(M)).
Des opérateurs de l?Etat mobilisés
pour amplifier la future stratégie
Afin de mettre en oeuvre le plan d?actions de la présente
stratégie, l?Etat mobilisera les opérateurs publics pour que
chacun contribue, à hauteur de ses missions, à la préservation
de la biodiversité et au développement du réseau d?aires
protégées en France.
Afin de décliner et mettre en oeuvre la présente stratégie,
l?Office français de la biodiversité appuiera le Ministère de
la transition écologique (MTE) au niveau national, mais aussi
les préfets et collectivités dans les territoires.
En particulier, l?OFB assurera, auprès du MTE, l?animation et le
suivi de la stratégie. L?OFB sera chargé de l?évaluation des
indicateurs de la stratégie et de mettre à disposition des outils
cartographiques ou bibliographiques.
L?Office national des forêts, les établissements publics de
parcs nationaux, le conservatoire du littoral, les Agences de
l?eau, l?Agence nationale de la cohésion des territoires ainsi
que les établissements des collectivités à compétence propre
seront mobilisés.
52 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
Au niveau international, l?AFD et le FFEM appuieront les
actions de coopération internationales promouvant le déve-
loppement d?aires protégées et de leur gestion cohérente.
Animation de la mise en oeuvre au niveau national
Le pilotage général de la mise en oeuvre de la stratégie natio-
nale 2030 est assuré par le ministère de la transition
écologique en partenariat avec le ministère de la mer.
Au niveau national, il est nécessaire de faire perdurer une
dynamique entre l?ensemble des acteurs des aires protégées :
Etat, collectivités, opérateurs, représentants des acteurs
socioprofessionnels, associations de protection de la nature
ou représentants d?usagers, scientifiques, c?est l?ensemble de
cette communauté qui doit se sentir concernée et investie.
Les instances nationales seront à ce titre mobilisées.
Le Comité national de la biodiversité (CNB) est l?instance
d?information, d?échanges et de consultation sur les questions
stratégiques liées à la biodiversité. Il fait figure d?instance
privilégiée pour suivre dans le temps la mise en oeuvre, au
niveau national, de la stratégie en matière d?aires protégées.
Un bilan annuel lui sera présenté à partir de début 2022.
Le Conseil national de protection de la nature est l?instance
d'expertise scientifique et technique, compétente en matière
de protection de la biodiversité et plus particulièrement de
protection des espèces, des habitats, de la géodiversité et
des écosystèmes. Il participera à l?évaluation de la stratégie
via la formulation d?un avis technique et scientifique annuel
du bilan de la mise en oeuvre des mesures-clés de la stratégie,
en s?appuyant sur les travaux de la commission espaces
protégés. Il participera au suivi de la comptabilisation des
nouvelles aires protégées.
Le Conseil national de la mer et des littoraux est l?instance de
dialogue et de réflexion stratégique pour les politiques rela-
tives à la mer et aux littoraux. Il participera à l?évaluation de
la stratégie via la formulation d?un avis relatif sur le bilan de
la mise en oeuvre des mesures-clés de la stratégie en particu-
lier pour les milieux marins et littoraux.
Dans ce cadre, une évaluation triennale de l?atteinte des
objectifs de la stratégie et de la mise en oeuvre du plan d?ac-
tions sera réalisée par l?Office français de la biodiversité pour
le Ministère de la transition écologique, et sera présenté en
Comité national de la biodiversité (CNB), du Conseil national
de la protection de la nature (CNPN), et du Conseil national
de la mer et du littoral (CNML).
Suivi et évaluation de la stratégie
Fort des enseignements des précédentes stratégies et des
avis des instances nationales (CNB, CNPN, CNML), la stratégie
a été bâtie sur une logique évaluative autour de cibles à court
et moyens termes. Le suivi-évaluation de la stratégie doit
permettre d?une part un suivi annuel de la bonne mise en
oeuvre des actions prévues par les plans d?action triennaux
et d?autre part d?apprécier les résultats obtenus vis-à-vis des
cibles à atteindre d?ici 2030.
Ce suivi-évaluation est au coeur du dispositif d?animation et
de pilotage de la stratégie car il participe de l?investissement
des acteurs aux différentes échelles et permet d?adapter, si
nécessaire, les plans d?actions triennaux en tenant compte
des efforts déjà accomplis, des résultats obtenus et de la
marge de progression restante vers les cibles fixées.
Le suivi de la stratégie, annuel, vise à apprécier et rendre
compte de de la mise en oeuvre des actions des plans d?ac-
tions triennaux par des indicateurs de réalisation et de
moyens mis en oeuvre. Chaque pilote d?action identifié au
niveau national sera responsable de rendre compte de
l?avancée des actions et des éventuels problèmes
rencontrés.
L?évaluation de la stratégie, triennale, vise quant à elle à
rapporter sur l?atteinte des objectifs et des cibles fixées ainsi
qu?à prioriser les actions à mener, au niveau national ou dans
les territoires, renforcer la convergence de vues et la coopé-
ration entre les différentes parties prenantes et enfin
renforcer la transparence et communiquer vers les citoyens
en rendant compte des actions, des moyens et des résultats.
L?évaluation de la stratégie sera réalisée à la fin de de la mise
en oeuvre de chaque plan d?actions, à court terme (2024),
mi-parcours (2026) et avant la fin de la stratégie (2029).
L?animation du suivi-évaluation sera réalisée par l?Office fran-
çais de la biodiversité (OFB) sous le pilotage du Ministère de
la transition écologique. Ainsi, l?OFB proposera une méthode
qui sera validée par le Ministère de la transition écologique
après consultation.
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 53
DÉC
2021
Lancement de
la stratégie
nationale
pour les aires
protégées 2030
JAN
2022
1er suivi annuel
des actions
nationales
2021-2023
Mise en oeuvre
des plans
d'actions
territoriaux
2022-2023
JAN
2023
2nd suivi annuel
des actions
nationales
2021-2023
Recueil des
différentes
déclinaisons
territoriales au
niveau national
DÉC
2022
Transmission du
suivi des plans
d'actions locaux
au niveau national
JAN
2021
Lancement du 1er
plan d'actions
national
2021-2023
Concertation
et diagnostics
territoriaux
Calendrier
54 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
Plans territoriaux
alimentent le
nouveau plan
d'action national
DÉC
2023
Plan d'actions
territoriaux
2027-2030
PLANS D'ACTIONS NATIONAUX
PLANS D'ACTIONS TERRITORIAUX
JAN
2024
JUIN
2024
DÉC
2026
JAN
2027
à partir de
JUIN
2029
Présentation du
plan d'actions
national
2024-2026
Élaboration
d'un nouveau
plan d'actions
national
2024-2026
Mise en oeuvre
du plan d'actions
national
2024-2026
Bilan et
évaluation
des 1er plans
d'actions
territoriaux
2022-2023
avis instances
locales
Bilan et
évaluation
des 2nd plans
d'actions
territoriaux
2022-2023
avis instances locales
Élaboration
de nouveaux
plans d'actions
territorial
2024-2026
Mise en oeuvre
des plans
d'actions
territoriaux
2024-2026
Suivi annuel
et évaluation
triennale
Bilan et
évaluation
du 1er plan
d'actions
national
avis CNB, CNPN
et CNML
Bilan et
évaluation
du 2nd plan
d'actions
national
avis CNB, CNPN
et CNML
Bilan et
évaluation de
la stratégie
2030
Suivi annuel
et évaluation
triennale
Plan d'actions
national
2027-2030
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 55
Glossaire
Aires protégées
Espace géographique clairement défini, reconnu, consacré et géré, par tout moyen efficace,
juridique ou autre, afin d'assurer à long terme la conservation de la nature ainsi que les services
écosystémiques et les valeurs culturelles qui lui sont associés.
Aires marines et terrestres éducatives
Zone maritime littorale ou toute autre zone terrestre de petite taille qui est gérée de manière
participative par les élèves d?une école primaire suivant des principes définis par une charte.
Activités
Ensemble des actions diverses de quelqu'un, d'une entreprise, d'un pays, dans un domaine
défini et qui se manifestent dans un lieu.
Autres mesures de conservation efficaces par zones (AMCEZ/OECM)
Aire géographiquement définie autre qu'une aire protégée, régie et gérée de manière à obtenir
des résultats positifs et durables pour la conservation in situ de la biodiversité à long terme,
ainsi que pour les fonctions et services écosystémiques associés et, le cas échéant, les valeurs
culturelles, spirituelles, socioéconomiques, et d'autres valeurs pertinentes localement.
Ayant droit
L?ayant droit est celui qui est titulaire d?un droit. L?ayant droit est donc une personne bénéficiant
d?un droit en raison de sa situation juridique, financière ou fiscale ou de son lien familial avec
le bénéficiaire direct de ce droit. Par exemple, les héritiers sont les ayants droit du défunt.
Biodiversité
Selon le Code de l?Environnement (article L.110-1), « on entend par biodiversité, ou diversité
biologique, la variabilité des organismes vivants de toute origine, y compris les écosystèmes
terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques, ainsi que les complexes écologiques dont
ils font partie. Elle comprend la diversité au sein des espèces et entre espèces, la diversité des
écosystèmes ainsi que les interactions entre les organismes vivants. »
Cohérence
Ici, la cohérence écologique du réseau des aires protégées s?apprécie au travers de sa repré-
sentativité, de sa réplication, de son adéquation avec les enjeux écologiques présents, sa
connectivité et son niveau de protection du patrimoine naturel et de résilience aux change-
ments globaux.
Compatibilité
État d'une chose pouvant s'accorder à une autre, ici, caractéristiques ou état d?un usage lui
permettant de s?accorder avec les objectifs de conservation d?une aire protégée..
Connectivité
ici, désigne la connexion fonctionnelle et effective nécessaire au fonctionnement, à la stabilité
et à la résilience des écosystèmes sur le long terme.
Corridor écologique
Désigne un ou plusieurs éléments du paysage reliant fonctionnellement des réservoirs de
biodiversité, offrant aux espèces des conditions favorables à leur déplacement et à l?accom-
plissement de leur cycle de vie.
56 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
Critère
Principe, élément de référence qui permet de juger, d'estimer, de définir quelque chose, ici
éléments de référence permettant de juger de la compatibilité d?un usage avec les objectifs
de conservation d?une aire protégée.
Document de gestion
Un document de gestion est un document stratégique qui définit pour une aire protégée une
vision à long terme et une programmation opérationnelle à court/moyen terme. L?évaluation
basée sur les résultats au regard des enjeux est au coeur de la démarche de construction et
de mise en oeuvre du document de gestion.
Écotone
Désigne une zone de transition écologique entre deux écosystèmes. Par exemple, une zone
estuarienne est un écotone entre l'écosystème marin, l'écosystème fluvial et l'écosystème
terrestre.
Enjeux
Appliquée aux aires protégées, éléments du patrimoine (naturel, géologique ou culturel) ou
du fonctionnement (écologique ou socio-économique) de l?aire protégées pour lesquels cette
dernière à une responsabilité et que l'on doit préserver ou améliorer.
Espèces endémiques
On dit qu?une espèce est endémique d?un territoire lorsque l?ensemble des populations de
l?espèce sont présentes uniquement dans ce territoire. La notion d?endémisme est indissociable
d?une zone géographique donnée, par exemple, une espèce est endémique des Pyrénées ou
de l?île de la Réunion.
Espèce exotique envahissante (ou espèce invasive)
Espèce introduite artificiellement dans une zone géographique en dehors de son aire de
répartition naturelle, dont la survie et la propagation modifient en profondeur les écosystèmes
colonisés, pouvant à terme induire des disruptions de services écosystémiques d'intérêt
économique ou des risques sanitaires majeurs.
Espèces spécialistes/généralistes
Le niveau de spécialisation d?une espèce est généralement mesuré par le nombre de milieux
ou d?habitats fréquentés par une espèce. Cette mesure permet de classer les espèces de
spécialistes (présentes dans un nombre restreint d?habitats et possèdent une faible capacité
à coloniser des milieux différents) à généralistes (présentes dans un nombre varié d'habitats
avec une capacité de dispersion plus élevée).
Évaluation
Mise en oeuvre des méthodes et des procédures permettant d'estimer les conséquences
d'une politique, d'un programme, d'un projet ou d'une réalisation sur une entité, par exemple,
ici l?évaluation de l?efficacité de la gestion d?aires protégées.
Façades maritimes
Échelle géographique retenue en métropole pour l?élaboration de la planification en mer dans
les domaines de l?environnement et du développement durable. D?après le code de l?environ-
nement, les eaux marines métropolitaines comportent quatre façades maritimes : Manche
Est-mer du Nord, Nord-Atlantique Manche Ouest- Sud-Atlantique, Méditerranée.
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 57
Géodiversité
Selon le Code de l?Environnement (article L.110-1), «on entend par Géodiversité la diversité
géologique, géomorphologique, hydrologique et pédologique ainsi que l?ensemble des
processus dynamiques qui les régissent, y compris dans leurs interactions avec la faune, la
flore et le climat.»
Gestionnaire
Dans la présente stratégie, le terme de « gestionnaire » employé sans autres précision vise
l'organisme gestionnaire d'aire protégée (et ses représentants), au sens de gestionnaires du
projet pour ce territoire, tel que formalisé dans son document de référence pour la gestion
(plan de gestion, charte, document d'objectif. Cela n'obère en rien la qualité de gestionnaire
du territoire au sens de propriétaire ou exploitant foncier, ou de gestionnaire, dans la limite
des cadrages légaux, de stocks de ressources naturelles). Ces gestionnaires qui restent en place
peuvent ainsi contribuer aux objectifs de conservation de l?aire protégée si les conditions de
gouvernance le permettent.
Inventaire général de biodiversité
Un inventaire général de la biodiversité ou All Taxa Biodiversity Inventory (ATBI) est un processus
d'inventaire coordonné de l'ensemble des espèces présentes dans un espace donné dont
l?objectif est de faire progresser la connaissance taxonomique et chronologique et de mieux
comprendre les communautés écologiques et leurs interactions au sein des écosystèmes. Il
contribue, autant que possible, à une évaluation patrimoniale du territoire et à la mise en place
de suivis.
Liste verte UICN
Lancée en 2014, la Liste verte des aires protégées de l?UICN est un label international qui vise
à reconnaître à travers le monde, des aires protégées qui sont gérées équitablement et effi-
cacement, avec des impacts positifs sur la nature et les sociétés. Ce standard fournit une
référence mondiale en matière de gestion efficace et de gouvernance de qualité, qui incite à
améliorer la performance et l?atteinte des objectifs de conservation. Pour être inscrit sur la
Liste verte, un site doit en effet répondre à 17 critères d?excellence en matière de gouvernance,
de gestion, de planification et de résultats de conservation.
Naturalité
Notion reflétant le degré d'influence d'un milieu par l'homme, et donc son caractère plus ou
moins « sauvage ». Elle comporte deux volets : la « naturalité biologique », définie par ses
caractéristiques observables, qui la rapprochent plus ou moins d'un état « naturel », et la
« naturalité anthropique », liée au niveau d'intervention humaine, actuelle ou passée. Trois
critères complémentaires permettent de qualifier la naturalité d'un écosystème de forte à
faible : son intégrité biophysique (position sur un gradient d'originel à artificiel), sa spontanéité
(absence d'influence humaine actuelle, indépendamment de son histoire) et sa continuité
spatio-temporelle (taille, connectivité et ancienneté).
Points chauds de biodiversité
Terme générique désignant une zone à haute valeur biologique caractérisée par la richesse
des espèces ou des habitats ou l?endémisme.
Pression/ État/Réponse
Cette notion repose sur la notion de causalité : les activités humaines exercent des pressions
sur l?environnement et modifient la qualité et la quantité des ressources naturelles. La société
répond à ces changements en adoptant des mesures de protection, de dépollution, etc.
58 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
Protection forte
Espace naturel dans lequel les pressions engendrées par les activités humaines susceptibles
de compromettre la conservation des enjeux écologiques de cet espace sont supprimées ou
significativement limitées, et de manière pérenne, grâce à la mise en oeuvre d'une protection
foncière ou d?une réglementation adaptée, associée à un contrôle effectif des activités
concernée.
Région bio-géographique (ou écozone) et écorégions
Partie de la surface terrestre représentative d'une unité écologique à grande échelle, carac-
térisée par des facteurs abiotiques (non vivants) et biotiques (vivants) particuliers. À une plus
petite échelle, les régions biogéographiques sont subdivisées en écorégions selon la classifi-
cation des unités écologiques proposée par Miklos Udvardy dans le cadre du Programme sur
l'homme et la biosphère (MAB).
Représentativité
Appliquée aux aires protégées, la représentativité est un objectif qui consiste à couvrir et
refléter la diversité des écosystèmes, des habitats, des espèces et plus largement du patrimoine
naturel.
Réplication
Dans ce cas, désigne la protection d?un nombre suffisant de spécimens d?espèces, et d?habitats
ainsi que de processus écologiques dans des aires protégées suffisamment distantes pour
éviter leur perte en raison des risques affectant chaque aire protégée.
Réservoir de biodiversité
Dans le cadre de la Trame Verte et Bleu, les réservoirs de biodiversité sont définis comme des
espaces dans lesquels la biodiversité, rare ou commune, menacée ou non menacée, est la
plus riche ou la mieux représentée, où les espèces peuvent effectuer tout ou partie de leur
cycle de vie (alimentation, reproduction, repos) et où les habitats naturels peuvent assurer leur
fonctionnement, en ayant notamment une taille suffisante. Ce sont des espaces pouvant
abriter des noyaux de populations d?espèces à partir desquels les individus se dispersent, ou
susceptibles de permettre l?accueil de nouvelles populations d?espèces.
Services écosystémiques
Avantages socio-économiques retirés par l'homme de son utilisation durable des fonctions
écologiques des écosystèmes. Certains services écosystémiques sont des avantages matériels
liés à des processus naturels tels que la production de biens directement consommables,
l'autoépuration des eaux, la stabilisation des sols ou la pollinisation ; d'autres sont des avantages
immatériels, comme des activités récréatives ou culturelles.(exemple : production de biens
directement consommable (nourriture, matériaux, énergie, etc.), autoépuration des eaux,
stabilisation des sols ou la pollinisation ; d'autres sont des avantages immatériels, comme des
activités récréatives ou culturelles.
Territoires
Étendue de pays sur laquelle s'exerce une autorité, une juridiction. Pour décliner la stratégie,
les échelles administratives suivantes ont été retenues :
? Échelle régionale en métropole et régions d?outre-mer, et échelle de la collectivité dans les
autres territoires d?outre-mer sur terre
? Façade maritime en métropole et bassin maritime ultramarin en mer pour les départements,
régions, voire collectivités d'outre-mer
Usages
Pratique habituellement observée dans un domaine ou fonction que l?on peut attribuée à un
milieu, territoire, (aires protégées par exemple).
Glossaire
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 59
Liste d'outils associés à la
définition d'aire protégée
Définition des aires protégées
Une aire protégée est « un espace géographique clairement défini, reconnu,
consacré et géré, par tout moyen efficace, juridique ou autre, afin d'assurer à long
terme la conservation de la nature ainsi que les services écosystémiques et les
valeurs culturelles qui lui sont associes ».
Sont considérés comme des aires protégées :
? Parcs nationaux (zones de coeur et aire
d?adhésion)
? Réserves naturelles
? Réserves biologiques
? Arrêtés de protection préfectoraux (biotopes,
habitats naturels, et géotopes)
? Réserves nationales de chasse et de faune
sauvage
? Sites du conservatoire du littoral
? Sites du conservatoire des espaces naturels
(sites acquis et gérés)
? Parcs naturels régionaux
? Sites Natura 2000
? Sites RAMSAR (au titre des zones délimitées
par la France en application des instruments
régionaux ou internationaux)
? Biens inscrits sur la liste du patrimoine mondial
de l'UNESCO (au titre des zones délimitées par
la France en application des instruments régio-
naux ou internationaux)
? Réserves de biosphère (au titre des zones déli-
mitées par la France en application des
instruments régionaux ou internationaux)
Potentiels nouveaux outils à intégrer après analyse,
voire au cas par cas, lors du premier plan d'action :
? Périmètres de protection des réserves natu-
relles nationales après présentation en CNPN
? Espaces naturels sensibles (sous réserve de
critères à définir ? lors du premier plan
d?action)
? Sites acquis par les agences de l?eau (sous
réserve de critères à définir ? lors du premier
plan d?action)
? Sites classés ((sous réserve de critères à définir
? lors du premier plan d?action)
? Aires protégées créées en application des
réglementations de la Polynésie française, du
gouvernement et des provinces de Nouvelle-
Calédonie et de Wallis-et-Futuna (sous réserve
de critères à définir ? lors du premier plan d?ac-
tion) après présentation en CNPN
À TERRE
60 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
Annexe 1
L?ensemble des aires marines protégées figurant
à l?article L.334-1 du code de l?environnement :
? Parcs nationaux ayant une partie maritime
? Réserves naturelles ayant une partie maritime
et, le cas échéant, les périmètres de protec-
tion de ces réserves qui disposent d?un plan
de gestion validé par le ministère en charge de
l?environnement après avis du Conseil national
de protection de la nature - CNPN
? Arrêtés de protection des biotopes, des habi-
tats naturels et des sites d'intérêt géologique
ayant une partie maritime
? Parcs naturels marins
? Sites Natura 2000 ayant une partie maritime
? Parties maritimes du domaine relevant du
Conservatoire de l'espace littoral et des
rivages lacustres.
? Zones de conservation halieutiques
? Parties maritimes des parcs naturels
régionaux
? Réserves nationales de chasse et de faune
sauvage ayant une partie maritime
? Aires marines protégées créées en application
des réglementations de la Polynésie française,
du gouvernement et des provinces de
Nouvelle-Calédonie et de Wallis-et-Futuna
? Aires marines ou ayant une partie marine déli-
mitées par la France en application des
instruments régionaux ou internationaux
auxquels la France est partie
EN MER
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 61
PHRASE EXPLICATIONS
Espace
géographique
clairement défini
Inclut les aires terrestres, marines et côtières, d?eau douce ou une combinaison de deux
ou plusieurs d?entre elles. L?« espace » a trois dimensions, p. ex. lorsque l?espace aérien
au-dessus d?une aire protégée est protégé contre le vol en rase-motte ou, dans des aires
marines protégées, quand une certaine profondeur d?eau ou le fond de la mer sont
protégés mais que l?eau au-dessus ne l?est pas : par contre, les zones situées sous la surface
ne sont parfois pas protégées (p. ex. ouvertes à l?exploitation minière). « Clairement défini »
implique une aire définie dans l?espace avec des limites reconnues et marquées. Ces
limites peuvent parfois être définies par des caractéristiques physiques qui se déplacent
avec le temps (p. ex. berges de rivières) ou par des activités de Gestion (p. ex. zones de
non-prélèvement convenues).
Reconnu Implique que la protection peut inclure toute une gamme de types de gouvernance
déclarés par la population ainsi que ceux identifiés par l?état, mais que de tels sites doivent
être reconnus d?une certaine façon (en particulier en étant repris sur la liste de la Base de
données mondiale sur les aires protégées ? BDMAP).
Consacré Implique un certain engagement contraignant envers la conservation à long terme
passant par, p.ex. :
- Conventions et accords internationaux
- Loi nationale, provinciale et locale
- Droit coutumier
- Engagements des ONG
- Fiducies privées et politiques des sociétés
- Programmes de certification
Géré Suppose quelques démarches actives pour conserver les valeurs naturelles (et éventuel-
lement d?autres) pour lesquelles l?aire protégée fut créée ; notons que « géré » peut inclure
la décision de laisser l?aire intacte si c?est la meilleure stratégie de conservation.
par tout moyen
efficace,
juridique ou
autre
Signifie que les aires protégées doivent être soit enregistrées, c.-à-d. reconnues dans le
cadre de la loi civile statutaire), soit reconnues par une convention ou un accord inter-
national, ou encore gérées par d?autres moyens efficaces mais non enregistrés, comme
les réglementations traditionnelles reconnues selon lesquelles fonctionnent les aires du
patrimoine communautaire ou les politiques d?organisations non gouvernementales
confirmées.
Liste d?outils associés à la
définition d?aire protégée
À titre informatif, ci-dessous les lignes directrices de l?Union Internationale de la
Conservation de la Nature relatives à la définition d?une aire protégée
62 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
Annexe 1
PHRASE EXPLICATIONS
afin d?assurer Implique une certaine efficacité. Bien que la catégorie soit toujours déterminée par les
objectifs, l?efficacité de gestion sera progressivement notée dans la Base de données
mondiale sur les aires protégées et, avec le temps, elle deviendra un critère important
qui contribuera à l?identification et à la reconnaissance des aires protégées.
à long terme Les aires protégées doivent être gérées dans la durée et non comme une stratégie de
gestion temporaire.
la conservation Dans le contexte de cette définition, la conservation fait référence au maintien in-situ
d?écosystèmes et d?habitats naturels et semi-naturels et de populations viables d?espèces
dans leurs environnements naturels et, dans le cas d?espèces domestiquées ou cultivées
(voir la définition de l?agrobiodiversité dans l?Annexe), dans l?environnement où elles ont
développé leurs propriétés distinctives.
de la nature Dans ce contexte, la nature fait toujours référence à la biodiversité aux niveaux génétique,
de l?espèce et de l?écosystème et aussi, souvent, à la géodiversité, le modelé, et d?autres
valeurs naturelles plus générales.
et les services
écosystémiques
qui lui sont
associés
Signifie ici les services de l?écosystème qui sont liés mais n?interfèrent pas avec les objectifs
de la conservation de la nature. Ils peuvent comprendre des services d?approvisionne-
ment comme l?eau et la nourriture ; des services de régulation comme celles des
inondations, des sécheresses, de la dégradation des sols et des maladies ; des services
de soutien comme la formation des sols et le cycle des nutriments ; et des services
culturels comme les avantages récréatifs, spirituels, religieux et autres avantages non
matériels.
Valeurs
Culturelles
Inclut celles qui n?interfèrent pas avec le résultat de la conservation (toutes les valeurs
culturelles d?une aire protégée devraient répondre à ce critère), y compris en particulier :
- celles qui contribuent aux résultats de la conservation (p.ex. les pratiques de gestion
traditionnelles dont les espèces clés sont devenues tributaires)
- celles qui sont elles-mêmes menacées.
Notion
d?incompatibilité
avec des
activités
industrielles dans
les aires marines
protégées
À noter que l?UICN1 considère qu?une aire protégée n?est pas compatible avec des acti-
vités industrielles qui portent atteinte aux objectifs de conservation. Notamment, la
« pêche industrielle » (qui peut être définie par des navires de plus de 12 m et pratiquant
certains arts) ne doit pas être autorisée dans les AMP ou dans les autres mesures de
conservation efficaces par zone (AMCEZ), si/[dans la mesure où] elle n?est pas compatible
avec les objectifs de conservation et les objectifs de gestion de ces zones.
1. À noter l?explication de vote (abstention de la France) lors de l?adoption de la motion 066 lors du congrès de l?UICN 2020 « Attachée à garantir la durabilité des activités
de pêche aussi bien sur le plan environnemental que sur le plan économique et social, la France ne peut retenir une définition de la pêche industrielle qui aurait pour résul-
tat d?empêcher par principe certains segments de sa flotte de pêche d?exercer leur activité dans certaines zones. Par ailleurs, les autorités françaises considèrent que les
activités dans les aires protégées doivent être évaluées au cas par cas sur la base de données et de méthodes robustes, notamment sur la base d'évaluations d'impact envi-
ronnemental, et afin de respecter toujours les objectifs de conservation de l'aire protégée considérée, et de permettre ou préserver le bon état écologique de l'écosystème.
La France défend une approche des aires marines protégées qui peut permettre dans de nombreux cas la cohabitation des activités. L?enjeu est bien dans toutes les aires
marines protégées de supprimer les pressions qui pèsent sur les écosystèmes, ce qui ne signifie pas supprimer les usages durables. Une activité de pêche bien gérée peut
donc être compatible avec la conservation des espèces et des habitats dans une aire protégée, sans considération de la longueur du navire. La France appelle à l?application
stricte de l?ensemble des mesures permettant d?assurer l?exploitation durable des ressources biologiques de la mer, en particulier dans les aires marines protégées, et au
contrôle rigoureux de ces mesures, à travers notamment le renforcement de la lutte contre la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN). »
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 63
À TERRE EN MER
L'ensemble des outils ci-dessous, sauf ceux en gras
(ces nouvelles catégories de protection forte
seront prises en compte en fonction de critères
définis lors du premier plan d'action) sont reconnus
comme des zones de protection forte :
? Coeurs de parcs nationaux
? Réserves naturelles
? Réserves biologiques
? Arrêtés de protection (de biotope, de géotope
et d?habitat naturel)
? Périmètres de protection des réserves natu-
relles nationales après présentation en CNPN
? Réserves nationales de chasse et de faune
sauvage sous réserve de mise en place d?une
gestion conservatoire dédiée
? Sites acquis par le conservatoire du littoral
sous réserve de mise en place d?une gestion
conservatoire dédiée
? Sites acquis par les Conservatoires d?espaces
naturels sous réserve de la mise en place
d?une stratégie permettant de pérenniser ces
acquisitions
? La définition d'un outil existant ou nouveau
adapté à la protection forte de forêts
L?ensemble des aires marines protégées figurant à
l?article L.334-1 du code de l?environnement
peuvent accueillir une zone de protection forte :
? Parcs nationaux ayant une partie maritime
? Réserves naturelles ayant une partie maritime
et, le cas échéant, les périmètres de protec-
tion de ces réserves qui disposent d?un plan
de gestion validé par le ministère en charge de
l?environnement après avis du Conseil national
de protection de la nature - CNPN
? Arrêtés de protection des biotopes, des habi-
tats naturels et des sites d'intérêt géologique
ayant une partie maritime
? Parcs naturels marins
? Sites Natura 2000 ayant une partie maritime
? Parties maritimes du domaine relevant du
Conservatoire de l'espace littoral et des
rivages lacustres
? Zones de conservation halieutiques
? Parties maritimes des parcs naturels
régionaux
? Réserves nationales de chasse et de faune
sauvage ayant une partie maritime
? Aires marines protégées créées en application
des réglementations de la Polynésie française,
du gouvernement et des provinces de
Nouvelle-Calédonie et de Wallis-et-Futuna
? Aires marines ou ayant une partie marine déli-
mitées par la France en application des
instruments régionaux ou internationaux
auxquels la France est partie
Une zone de protection forte peut être créée au
sein des AMP susmentionnées à condition de
répondre aux cinq critères suivants, définis dans
Liste d'outils associés
à la définition de
protection forte
Définition de protection forte
Une aire protégée sous protection forte est « un espace naturel dans lequel les
pressions engendrées par les activités humaines susceptibles de compromettre la
conservation des enjeux écologiques de cet espace sont supprimées ou significa-
tivement limitées, de manière pérenne, grâce à la mise en oeuvre d?une protection
foncière ou d'une réglementation adaptée, associée à un contrôle effectif des
activités concernées. »
64 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
EN MER
Annexe 1
le cadrage national établi en 2018 par le Ministère
de la Transition écologique sur proposition de l?Of-
fice français de la biodiversité et en concertation
avec les autres ministères et les services déconcen-
trés de l?Etat (DREAL, DIRM, préfectures maritimes,
préfets de région) :
1. Porter sur des enjeux écologiques
prioritaires
2. Être prioritairement mise en place au sein
d?une aire marine protégée
3. Disposer d?une réglementation particulière
des activités pour permettre de diminuer
très significativement voire de supprimer les
principales pressions sur les enjeux écolo-
giques justifiant la protection forte
4. S?appuyer sur un document de gestion,
élaboré par l?organe de gouvernance de
l?AMP considérée, définissant des objectifs
de protection et un système d?évaluation de
l?efficacité du dispositif
5. Bénéficier d?un dispositif de contrôle
opérationnel des activités
Ces critères signifient que les aires marines proté-
gées qui ne sont pas dotées de plans de gestion,
comme les arrêtés préfectoraux de protection ou
les réserves nationales de chasse et de faune
sauvage, ne peuvent pas former à elles seules des
zones de protection forte. Il faut pour cela qu?elles
soient incluses dans des AMP dotées de plans de
gestion.
Par exemple, un arrêté préfectoral de protection
situé dans un parc naturel marin peut constituer
une zone de protection forte.
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 65
MÉTROPOLE/OM PROVINCES MEOW ÉCO-RÉGION ÉCHELLES DE GOUVERNANCE
Métropole Domaine alpin Région administrative
Métropole Domaine atlantique Région administrative
Métropole Domaine
continental Région administrative
Métropole Domaine
méditerranéen Région administrative
Métropole Northern
European
Seas
Manche
Mer du Nord
Façade Manche Est Mer du Nord
(MEMN)
Métropole Mers
Celtiques Façade Nord Atlant ique
Manche Ouest (NAMO)
Métropole
Lusitanian
Golfe de Gascogne
Nord
Métropole Golfe de Gascogne
Sud Façade Sud Atlantique (SA)
Métropole Mediterranean Sea Méditerranée
occidentale Façade Méditerranée (MED)
Saint-Pierre
et Miquelon
Cold Temp rate
Northwest Atlantic
Saint-Pierre et
Miquelon Bassin Saint-Pierre et Miquelon
Le suivi de l?atteinte des objectifs se fera à différentes
échelles dont l?échelle écorégionale.
Les écorégions se baseront ainsi sur le découpage MEOW, ou Marine Ecoregions of
the World, A. Spalding et al. 2007), en retenant le niveau intermédiaire : les provinces
(colonne F), qui semble le plus adapté. Pour le terrestre, plutôt que d?utiliser un
zonage biogéographique, qui amènerait à découper des territoires (îles notamment)
de surface réduite, nous proposons de rassembler tous les espaces terrestres se
trouvant au sein d'une même écorégion marine du MEOW.
Découpage écorégional
retenu pour le suivi national
du développement du réseau
d?aires protégées et de
protection forte
L?approche écorégionale de la future stratégie reposera sur le double
découpage suivant
66 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
Annexe 2
MÉTROPOLE/OM PROVINCES MEOW ÉCO-RÉGION ÉCHELLES DE GOUVERNANCE
Guadeloupe
Tropical
Northwestern
Atlantic
Antilles Bassin Antilles
Martinique
Saint-Martin
Saint-Barthélémy
Guyane North Brazil Shelf Guyane Bassin Guyane
Mayotte
Western lndian
Ocean Océan indien
Bassin Sud
Océan Indien
La Réunion
Glorieuses
Tromelin
Juan de Nova
Europa
Kerguelen
Subantactic Islands
Terres australes
et antarct iques
Crozet
Saint-Paul et
Amsterdam
Amsterdam
- St Paul
Terre Adélie Continental
High Antarctic
Clipperton Tropical Eastern
Pacific Clipperton Haut-commissaire de la République
Wallis et Futuna
Central Polynesia
Wallis et Futuna Wallis et Futuna
Marshall, Gilbert
and Ellis Islands
Polynésie française
Southeast
Polynesia Sud Polynésie
Polynésie française
Marquesas Marquises
Nouvelle-Calédonie
Tropical
Southwestern
Pacific Nouvelle-Calédonie Nouvelle-Calédonie
Lord Howe
and Norfolk Islands
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 67
Ministère de la Transition
écologique
244, boulevard Saint-Germain
75007 Paris
France
Tél. : 01 40 81 21 22
Ministère de la mer
20 avenue de Ségur
75007 Paris
Fance
Et avec la participation de
l'Office français de la biodiversité
https://www.ecologie.gouv.fr/
Crédits photos : Couverture Réserve naturelle nationale de la presqu?île
de la Caravelle - Martinique/L.Juhel - PNR Martinique, 2e couverture
B.Huet, sommaire F.Larrey - Conservatoire du littoral, page 3 O.Prohin
- PN des Cévennes, introduction A.Gigou - OFB, pages 14 et 15 www.
photo-hedelin.com, page 16 SEPANSO - RNN banc d'Arguin, page 19
F.Monbrun page 21 Clo & Clem - OFB, page 24 S.Gaudin - CNPF , page
26 D.Carles - Terra, page 28 et 29 S.Gelabert, page 30 D.Coutelier -
Terra, page 31 A.Bouissou - Terra, page 34 P.Erhel-Hatuuku, page 38
Y.Stephan - Mayotte Découvertes, page 41 F.Mazéas, page 42 G.Feuillet
- Parc amazonien de Guyane, page 44 M.Rauch - PNR des Vosges du
Nord, page 45 A.Bouissou - Terra Media, pages 48 et 49 P.Saulay - PN des
Ecrins, page 50 Parc Naturel de la Mer de Corail, 4e couverture Vallon de
Valfroide - Parc national des Ecrins/P.Saulay - PN des Ecrins.
Publication : janvier 2021
Appui à la conception et réalisation :
BIOTOPE ÉDITION ET COMMUNICATION
INVALIDE) (ATTENTION: OPTION es aires proté-
gées d?un cadre de surveillance et de contrôle
adapté aux enjeux et qui puisse être suivi
d'effets.
Cette mesure vise donc à accompagner et faire
connaître certaines pratiques durables déjà
déployées, tout au long de la mise en oeuvre de
cette stratégie, par les filières et usagers des aires
protégées.
Les nombreux progrès observés dans les aires
protégées pour le développement de pratiques à
impact positif se sont tous opérés sur la base d?un
partenariat étroit entre le gestionnaire de l?aire
protégée et les acteurs de chaque famille d?usage.
On peut citer comme exemples des mesures
agro-environnementales et climatiques au sein du
réseau Natura 2000, les dispositions de la charte
européenne du tourisme durable, ou encore l?ob-
servatoire de l?équilibre agro-sylvo-cynégétique
dans le parc national des Cévennes.
D?ici 2030, les changements de pratiques seront
soutenus au sein des filières en cohérence avec les
objectifs de conservation recherchés, que ce soit
par l?exemplarité (en participant à des réseaux de
sites de référence), par le déploiement de bonnes
pratiques ou encore par la valorisation d?innova-
tions au sein des aires protégées (labellisations de
type marques parc, partenariats entreprises/
espaces protégés).
L?ambition est de faire des aires protégées des
territoires exemplaires, voire d?excellence de la
transition écologique pour les différentes poli-
tiques publiques : grâce à des partenariats
recherchant des pratiques à impact positif. Par
ailleurs, les aires protégées se positionnent comme
territoires d?expérimentation et d?innovation pour
la transition écologique, incluant notamment la
prise en compte de la biodiversité et l?adaptation
au changement climatique dans les activités d?agri-
culture, de sylviculture, de pêche professionnelle,
de tourisme, de gestion de l?eau, de gestion de
l?énergie, etc.
Les aires protégées, de type parcs, qui ont comme
finalités également le soutien au développement
durable des activités et la gouvernance adéquate,
définiront leurs objectifs en la matière et seront
pleinement intégrées dans les politiques de
soutien à ces activités (agriculture, sylviculture,
pêche et tourisme durable, etc.). De plus, alors que
le besoin de connexion des citoyens aux espaces
naturels prend de l?ampleur, les aires protégées
doivent faire partie des stratégies coordonnées
l?échelle territoriale, notamment en faveur d?un
tourisme durable.
Enfin, d?ici 2030, l?objectif est également que les
politiques publiques au sein du réseau d?aires
protégées en matière d?aménagement du territoire,
de transition énergétique, de soutien aux filières,
de développement des activités de tourisme et de
plein air intègrent les objectifs de reconquête de
la biodiversité par les différents leviers dont ils
disposent.
Mesure 9
Accompagner les usages compatibles avec les objectifs de conservation
des aires protégées
Le modèle français d?aire protégée intègre des catégories où des activités sont possibles dès lors qu?elles
ne remettent pas en cause les objectifs de conservation du site. Ceci nécessite de travailler collective-
ment à accompagner les acteurs vers des modèles compatibles, en visant l?excellence environnementale.
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 33
CONFORTER L?INTÉGRATION
DU RÉSEAU D?AIRES PROTÉGÉES
DANS LES TERRITOIRES
Afin de répondre aux défis de préservation qui se posent à lui, le réseau d?aires
protégées doit mobiliser de façon large et inclusive l?ensemble des composantes
de son territoire et ainsi construire collectivement les réponses à l?érosion de la
biodiversité.
Les aires protégées sont au coeur des projets de déve-
loppement durable et d?aménagement des territoires
où elles se trouvent. La relation entre les aires protégées
et les acteurs de leurs territoires, notamment écono-
miques, doit être organisée et approfondie pour un
bénéfice réciproque.
Dans ce contexte, la présente stratégie vise à s?appuyer
sur les interactions fortes qui lient les aires protégées
avec le territoire qui les environne, mais également avec
la société qui vit auprès d?elles, voire en leur sein.
Ces interactions doivent être pensées dans une « soli-
darité écologique » : la protection d?un milieu sera
d?autant plus forte que les territoires environnants y
contribuent, la protection d?une aire sera d?autant plus
effective et durable qu?elle sera portée par les citoyens,
les acteurs et les institutions de son territoire.
La stratégie nationale des aires protégées
vise ainsi à :
? Mieux intégrer les aires protégées dans les politiques
publiques sectorielles et dans les projets de territoire
(mesure 10)
? Mieux mobiliser les citoyens et les partenaires dans l?action
et dans la gouvernance des aires protégées (mesure 11)
? Faire des aires protégées les lieux privilégiés de la
connexion de la société à la nature (mesure 12)
CIBLE 6
D?ici 2030, l?ensemble des documents de planification
territoriale aux échelles régionales, par façade maritime
ou bassins maritimes seront cohérents avec les enjeux
du réseau des aires protégées.
CIBLE 7
D?ici 2030, les aires protégées offrent une gouvernance
adaptée et garantissent un accès aux citoyens.
O
BJ
EC
TI
F
4
Élèves gestionnaires de l'aire marine éducative
de Hakahetau - Ua Pou Iles Marquises
(Polynésie française) et partenariat avec la
Marine Nationale
34 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
Mesure 10
Mieux intégrer les aires protégées dans les différentes politiques publiques
et dans les projets de territoire
L?efficacité de la protection d?une aire protégée repose, certes, sur la pertinence des orien-
tations inscrites à son document de gestion, mais aussi sur la prise en compte de ces orienta-
tions par les différentes politiques publiques qui sont déployées sur le territoire : politiques
spatiales d?aménagement (aménagement du territoire, mobilité, urbanisme), et politiques sec-
torielles de gestion des ressources naturelles (agriculture, sylviculture, pêche maritime, tou-
risme, eau, énergie, etc). Réciproquement, une aire protégée sera portée par les citoyens, acteurs
et institutions de son territoire si elle s?y inscrit en cohérence avec les autres politiques publiques.
L?objectif est de renforcer l?articulation réciproque entre les documents de gestion des aires protégées
et les documents de planification élaborés par l?Etat et les collectivités en matière de politique maritime
intégrée (DSF, DSBM), d'aménagement (trame verte et bleue, SRADDET, SAR, SCOT, PLU, schémas de
mobilité, etc.) et de gestion des ressources naturelles (SDAGE et SAGE, PRFB, etc.).
Cette articulation est organisée
dans un but de cohérence :
? Prise en compte des orientations (selon plusieurs
niveaux : de la simple prise en compte à la
conformité, en passant par la compatibilité)
? Consultation lors de l?élaboration des docu-
ments (plus ou moins contraignante : avis simple,
avis conforme, association à l?élaboration, parti-
cipation croisée aux instances de pilotage)
Dans le cadre de la stratégie, l?articulation réci-
proque des objectifs et statuts des aires protégées
avec les politiques de planifications élaborées par
l?État et les collectivités seront analysés (niveau de
prise en compte, mode de consultation, etc.). Des
pistes de renforcement de l?articulation des
schémas de planification territoriale avec les poli-
tiques d?aires protégées seront alors proposées,
avec notamment l?intégration des enjeux de cohé-
rence écologique des aires protégées dans les
différents schémas régionaux et les documents de
bassin maritime. Pour le milieu marin en métropole,
la cohérence du réseau d?aires marines protégées
est en effet déjà prise en compte dans les docu-
ments stratégiques de façade.
Le déploiement du réseau d?aires protégées doit
se construire dans une parfaite cohérence avec les
politiques en matière de trames vertes et bleues,
à l?échelle de chaque territoire.
Dans ce cadre, une vigilance particulière sera
portée à l?interface terre/mer, afin de mieux
prendre en compte les effets des activités
terrestres sur les objectifs de conservation des
aires marines protégées. Afin de garantir une mise
en cohérence des politiques et le maintien des
fonctionnalités des écosystèmes préservés ou
restaurés par les aires protégées, l?ensemble des
schémas nationaux, par bassin et façade maritime
et régionaux (coordonnés par le SRADDET) d?amé-
nagement du territoire et de développement des
infrastructures devront privilégier strictement,
dès révision, l?évitement des impacts sur les aires
protégées dans l?application du cycle éviter/
réduire/compenser. Cela fera l?objet d?une évalua-
tion tous les 3 ans présentée au niveau régional
devant les CRB et national devant le CNB.
Par ailleurs, l?objectif est également que les actions
en matière de développement et de cohésion des
territoires intègrent pleinement les aires protégées
comme des atouts et des facteurs de cohésion à
travers les contractualisations, les projets de déve-
loppement, les mécanismes de solidarité. Pour cela,
les gestionnaires d?aires protégées sont accompa-
gnés pour développer les outils, méthodes et
démarches d?ancrage territorial.
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 35
La stratégie favorisera dans cette décennie l?enga-
gement des citoyens et des acteurs du territoire
dans les actions et la gouvernance des aires proté-
gées. L?engagement de chacun dans l?action des
aires protégées sera encouragé et valorisé, au-delà
des coopérations développées par les gestion-
naires des aires protégées avec les acteurs
économiques et les usagers dans le cadre de l?ac-
compagnement des usages (objectif 3) :
? Déploiement du service civique dans les aires
protégées
? Déploiement des programmes nationaux de
sciences participatives dans les aires protégées
avec un double objectif de sensibilisation du
public à la biodiversité et de production de
données naturalistes
? Déploiement des engagements en faveur de la
nature, proposés contre encouragements fiscaux
aux propriétaires de terrains dans les aires
protégées : obligations réelles environnementales,
chartes Natura 2000, travaux de restauration des
milieux déductibles, ou encore le comité de vie
local du Parc amazonien de Guyane qui
pourraient être transposés à d?autres territoires
ultra-marins
? Mise en place de reconnaissances des initiatives
citoyennes de contribution à la création et la
gestion des aires protégées (gestion participative,
aires marines ou terrestres éducatives)
La gouvernance des aires protégées devra
conforter l?implication des acteurs locaux dans leur
gestion et favoriser les processus participatifs.
D?importants progrès ont été réalisés ces dernières
années dans l?ouverture de la gouvernance ; cela
doit être poursuivi en ouvrant cette gouvernance
à l?ensemble des parties prenantes (élus, acteurs
économiques, associations, usagers, citoyens, etc.).
Afin de faire le point sur cette évolution et le cas
échéant de l?approfondir, les différents réseaux
d?aires protégées seront appelés à effectuer un
état des lieux et une évaluation de l?organisation
et du fonctionnement de la gouvernance, incluant
des enquêtes auprès des membres des instances,
et à activer en leur sein un partage des bonnes
pratiques en la matière. Ils pourront ainsi, si ce
travail collectif en révélait le besoin, prendre des
mesures collectives en leur sein.
Dans les territoires ultramarins, les enjeux d?associa-
tion des riverains et usagers des aires protégées sont
extrêmement prégnants. Des expérimentations
d?une gouvernance adaptée pourront être mises en
oeuvre au cas par cas et dans la concertation.
Mesure 11
Favoriser et accompagner les citoyens dans la gestion et dans la gouver-
nance des aires protégées
Les aires protégées produiront des résultats d?autant plus efficaces et durables qu?elles seront portées avec
les citoyens et les partenaires de leur territoire, que ce soit dans leurs orientations ou dans leurs actions.
En définitive, ce renforcement de
l?intégration des aires protégées
dans les politiques publiques
territoriales impliquera plusieurs
chantiers mobilisateurs :
? Un travail d?analyse sur l?existant
? Un potentiel travail législatif et réglementaire
pour offrir un cadre sécurisé aux mécanismes
d?articulation entre documents de planification
des politiques publiques
? Un chantier de sensibilisation des décideurs pour
un meilleur portage politique
? Un chantier de renforcement des capacités des
équipes en charge
En parallèle, des expérimentations de simplifica-
tion de la gouvernance territoriale des aires
protégées pourront être recherchées au cas par
cas et dans la concertation, lorsque les zonages se
superposent.
36 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
Mesure 12
Faire des aires protégées des lieux privilégiés de la connexion de la société
à la nature
Les sociétés industrialisées et urbanisées ont distendu leurs liens avec la nature, notamment pour les
citadins. La reconquête de ces liens est une des clefs de leur avenir. En offrant la nature en partage, par
l?éducation, l?immersion, la médiation du patrimoine et la communication, les aires protégées peuvent
être le lieu privilégié d?une meilleure connexion avec la nature, par la connaissance de cette dernière et
des savoir-faire et usages qui lui sont liés.
Les aires protégées doivent être le lieu privilégié
d?une meilleure connexion des citoyens avec la
nature, par la connaissance de cette dernière et des
savoir-faire et usages qui lui sont liés. Pour cela, d?ici
2030, il s?agit de renforcer le rôle d?accueil et péda-
gogique des aires protégées, notamment par le
déploiement d?outils de découverte ou interpréta-
tifs ou en organisant une diversité d'événements.
Les animations dans les aires protégées offrant à
tous les publics une expérience de la nature seront
renforcées et coordonnées. Partout en France les
aires protégées seront mobilisées de manière coor-
donnée en régions pour une participation active à
des évènements ciblés : fête de la nature, fête de la
science, fête de la mer, journée du patrimoine,
semaine du développement durable, « un espace
protégé près de chez vous », etc.
Enfin, d?ici 2030 l?ensemble des aires protégées, qui
peuvent le permettre au titre de leur accessibilité
ou de leur sensibilité, offriront un accès aux citoyens
(y compris en intégrant les enjeux d?accessibilité,
notamment pour les personnes à mobilité réduite).
Cet accès doit intégrer les politiques en matière
d?aménagement du territoire mais également de
santé, bien-être par l?axe santé et environnement.
Un plan de communication national pour les aires
protégées sera déployé et accompagné d?une série
d'événements conviviaux multipliant les expé-
riences autour de la nature et visant notamment à
susciter la mobilisation des élèves et des ensei-
gnants autour des enjeux du développement
durable.
L?action éducative en direction des jeunes dans les
aires protégées sera renforcée, avec les services de
l?éducation nationale, l?enseignement agricole et les
réseaux associatifs. Cette action reposera sur les
accords-cadres existants, encourageant les initia-
tives locales mais également via la formation initiale
et continue des enseignants de l?éducation natio-
nale et de l?enseignement agricole. La stratégie
ambitionne également de développer des
« parcours éducatifs nature », pour que chaque
jeune puisse bénéficier d?un parcours équivalent à
30 jours d?expérience construite en nature.
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 37
RENFORCER LA COOPÉRATION
À L?INTERNATIONAL POUR
ENRAYER L?ÉROSION DE LA
BIODIVERSITÉ
La lutte contre l?érosion de la biodiversité est un enjeu international de premier
ordre. Dans ce contexte, le réseau français des aires protégées constitue un outil
déterminant pour contribuer à cet effort, notamment en matière de coopération
régionale mais aussi internationale : coopérations transfrontalières et régionales
autour de l?Hexagone et de la Guyane, dans les Caraïbes et dans les océans Indien,
Pacifique, Antarctique Atlantique et Austral.
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5
Les spécificités des outre-mer constituent des atouts
considérables qui méritent d'être mis en exergue dans
leur environnement régional. La présence ultramarine
de la France dans la zone caraïbe, de l?océan Indien, de
l?Atlantique nord, de l?océan Austral et du Pacifique fait
d?elle un acteur majeur sur le plan international, à l?égard
des Etats voisins et des organisations multilatérales de
ces régions.
CIBLE 8
D?ici 2030, toutes les écorégions transfrontalières
auront fait l?objet d?un ou plusieurs programmes de
coopération régionale impliquant les aires protégées
françaises.
Baleine à bosse - Lagon de Mayotte - Parc naturel marin de Mayotte
38 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
Mesure 13
S?appuyer sur les aires protégées pour défendre un cadre mondial ambi-
tieux pour la biodiversité
Plaider pour un cadre ambitieux
Au niveau mondial, la France plaide pour la consti-
tution d?un réseau d?aires protégées représentatif,
connecté et effectivement géré couvrant au moins
30 % des écosystèmes terrestres et 30 % des écosys-
tèmes marins d?ici 2030. La France défend
l?inscription de cet objectif dans le cadre stratégique
mondial pour la biodiversité post-2020, qui sera
adopté à la COP15 de la Convention pour la Diversité
Biologique (CDB). Cet objectif a également été
retenu par la stratégie européenne en matière de
biodiversité pour 2030.
L?un des axes forts des négociations en cours à la
CDB concerne également l?amélioration de la qualité
de la gestion des aires protégées existantes et l?ef-
fectivité des mesures en faveur des écosystèmes.
La France est activement engagée auprès de la
Commission européenne dans le processus de négo-
ciation dans le cadre des Nations unies d?un accord
international ambitieux pour la protection de la
biodiversité en haute mer, dont l?un des objectifs
principaux est de définir un mécanisme de désigna-
tion et de gestion d?aires marines protégées au-delà
des juridictions nationales.
En s?appuyant sur l?exemplarité
Afin de défendre ce cadre ambitieux, la France :
? Soutient et porte les projets de création d'aires
marines protégées dans les zones situées au-delà
des juridictions nationales des États. La France
porte par exemple le projet d'aire marine protégée
« mont sous-marin Evlanov » dans le Nord-est de
l?Atlantique dans le cadre de la convention OSPAR
et les projets d'aire marine protégée en
Antarctique dans le cadre de la CCAMLR.
? OEuvre à la reconnaissance sur la liste du patri-
moine mondial de l?UNESCO de sites sur les
espaces sous juridiction nationale, avec comme
exemples les îles Marquises en Polynésie française.
Cela concerne aussi des sites situés en haute mer
en zone internationale, en soutenant par exemple
les candidatures du dôme thermal du Costa Rica,
proche de l?atoll français de Clipperton, ainsi que
de la mer des Sargasses, dans le cadre d?un projet
porté par la Commission de la mer des Sargasses.
? Contribue activement au développement du
réseau mondial de réserves de biosphère, sur terre
comme en mer. Il existe ainsi en France 14 réserves
de biosphère dont deux en outre-mer. Plusieurs
projets de nouvelles réserves de biosphère sont à
l?étude, notamment en Martinique, en Pays de
Sarrebourg, aux îles Australes en Polynésie fran-
çaise et sur le massif des Landes de Gascogne2. La
France poursuivra, dans la prochaine décennie, sa
contribution active au bénéfice de ces outils
reconnus internationalement.
Au-delà de l?adoption d?objectifs ambitieux à
l?échelle européenne (stratégie européenne pour la
biodiversité) et internationale (cadre mondial de la
CDB), l?engagement international de la France doit
servir de support pour améliorer la qualité de la
gestion des aires protégées, dans un bénéfice réci-
proque. Pour cela, la stratégie ambitionne de
renforcer le pilotage, de mieux valoriser le rappor-
tage et le partage des connaissances acquises en
matière de désignation, de gestion et d?évaluation
des actions mises en oeuvre dans les aires protégées.
L?appropriation et l?utilisation des outils découlant
de la mise en oeuvre des engagements de la France
au titre de la Convention sur la Diversité Biologique
(guides, référentiels, données, processus de rappor-
tage et d?évaluation de l?efficacité de la gestion, etc.)
seront renforcées.
D?autre part, une large diffusion des enseignements
tirés de l?expérience française en matière d?aires
protégées sera recherchée, en particulier concer-
nant l?articulation et la compatibilité des activités
humaines avec les objectifs de conservation de la
biodiversité et des services écosystémiques. Enfin,
l?expérience d?autres pays en matière de création,
de gestion et de financement des aires protégées
devra être capitalisée pour en faire bénéficier le
réseau d?aires protégées françaises.
2. https://www.mab-france.org/workspace/uploads/mab/documents/
mab-rapport-d-active-2018-2019.pdf
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 39
Mesure 14
Conforter la coopération internationale et la place des aires protégées
françaises dans les réseaux internationaux
La France, par sa présence sur de nombreux territoires et écosystèmes de la planète, poursuivra son
implication dans les réseaux et coopérations régionaux.
À ce titre, les conventions de mer régionales3 sont
les instances de coopération régionale privilégiées
pour agir concrètement en matière de création de
nouvelles aires protégées dans et au-delà des eaux
sous juridiction (notamment conventions OSPAR,
et la CCAMLR), de renforcement des moyens de
gestionnaires d?aires protégées, de création de
protocoles de surveillance communs ou cohérents
entre Etats partie aux conventions de mer régio-
nale, ou encore d?élaboration d?outils d?évaluation
communs de la gestion des aires protégées. La
France oeuvrera, en s?appuyant sur les instances
de travail existantes au sein des conventions de
mers régionale, au développement de réseaux
d?aires marines protégées dans les zones couvertes
par ces conventions, y compris en haute mer.
Par ailleurs, les gestionnaires d?espaces protégés,
dont les parcs nationaux, sont particulièrement
impliqués dans des démarches de mise en réseau
avec leurs homologues, dans le cadre d?accords de
coopération transfrontalière ou interrégionale. Les
gestionnaires d?aires protégées seront accompa-
gnés dans le développement de nouveaux accords
de collaboration inter-espaces protégés et le
renforcement des accords existants.
3. La France est partie contractante à six conventions de mers régionales
(CMR), sur les dix-huit existantes : Convention Oslo-Paris (OSPAR) pour
la protection du milieu marin de l?Atlantique Nord-est ; Convention
de Barcelone pour la protection du milieu marin et du littoral de la
mer Méditerranée ; Convention de Carthagène pour la mer des
Caraïbes ; Convention de Nairobi pour la protection, la gestion et la
mise en valeur du milieu marin et côtier de la région de l?océan Indien
occidental ; Conventions de Nouméa et d?Apia pour l?océan Pacifique
Sud ; Convention pour la conservation de la faune et la flore marines
de l?Antarctique (CCAMLR).
Un recensement de l?implication des gestionnaires
d?aires protégées au sein des réseaux européens
(Europarcs, Eurosites, réseaux ALPARC, et
REDPARQUES notamment) et internationaux
(WCPA, conventions OSPAR, CCAMLR, MEDPAN,
de Carthagène?) sera réalisé et les conditions de
son renforcement seront expertisées.
Enfin, d?ici 2030, le nombre d?aires protégées
faisant l?objet d?une reconnaissance au titre de
plusieurs dispositifs internationaux, parmi lesquels
les programmes « Man and Biosphere », « patri-
moine mondial » et le réseau des réserves de
biosphère portés par l?UNESCO, l?inscription sur la
liste verte des aires protégées de l?UICN sera signi-
f icativement augmenté pour valoriser la
biodiversité exceptionnelle et la qualité de la
gestion des sites.
Sur le plan scientifique, les coopérations portant
sur des échanges de données, la réalisation de
suivis communs et le partage d?expérience sont
également précieuses afin de développer et
diffuser la connaissance. Ces démarches seront
soutenues en métropole et outre-mer, notamment
dans la zone des Terres Australes et Antarctiques
Françaises, mais aussi dans la zone de Clipperton.
40 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
LE RÉSEAU D?AIRES MARINES PROTÉGÉES DES CARAÏBES
Dans le cadre de la stratégie nationale pour les aires protégées 2030, la France poursuivra,
notamment, son action en faveur du renforcement du réseau d?aires marines protégées
dans les Caraïbes.
Dans le cadre de la convention de Carthagène (protection et la mise en valeur du milieu
marin dans la région des Caraïbes), les vingt-six États Parties à la Convention ont décidé,
en 2019, d?inscrire de nouvelles aires sur la liste des aires spécialement protégées au titre
de cette convention, telles que les réserves naturelles nationales des marais de Kaw-Roura
et de l?Amana en Guyane, lesquelles participent activement à la conservation des écosys-
tèmes de mangroves (Kaw-Roura) et de tortues marines (Amana). Enfin, le Centre d?activités
régionales pour les zones et la vie sauvage spécialement protégées (CAR/SPAW), en
Guadeloupe, est un acteur de premier plan pour accompagner les vingt-six États dans la
création et la gestion durable d?aires marines protégées. Il joue un rôle pivot pour la coopé-
ration régionale dans ce domaine.
Baie du grand cul-de-sac marin - Parc national de la Guadeloupe
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 41
UN RÉSEAU PÉRENNE
D?AIRES PROTÉGÉES
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6
Les coûts des politiques de l'eau, d'infrastructures, de
logement, de soutien à l'agriculture sont reconnus et
légitimés de longue date, alors que ceux concernant la
nature sont moins connus (évaluation des services
écosystémiques et de la valeur de la biodiversité (2009,
travaux du Conseil d?Analyse Stratégique)) et reconnus :
la nature a tendance à être considérée comme gratuite
et sans entretien.
Il n'y a pas de « modèle économique » des aires proté-
gées et de la biodiversité, qui dépendent aujourd?hui
encore essentiellement du budget de l?État, alors que
les aires protégées concourent aux objectifs de
nombreuses autres politiques telles que le développe-
ment rural, l?éducation, les loisirs et le tourisme,
l?intégration sociale. Cette situation, dans le contexte
de la mise en oeuvre de la stratégie nationale pour les
aires protégées, appelle une recherche de diversifica-
tion et pérennisation des financements des aires
protégées dès le début de la mise en oeuvre de la
stratégie.
Les financements disponibles doivent être suffisants et
pérennes pour couvrir les besoins de création et de
gestion de 30 % d?aires protégées et en particulier pour
atteindre 10 % du territoire placé sous protection forte.
À ce titre, le Gouvernement s?est engagé afin d?accom-
pagner la stratégie nationale pour les aires protégées,
et des moyens supplémentaires ont été inscrits au projet
de loi de finances 2021, à destination des aires protégées
et de la biodiversité. A cela s?ajoute une mobilisation des
crédits France Relance à hauteur de plus de 60 millions
d?euros à destination exclusive des aires protégées.
Néanmoins, ces moyens supplémentaires sur le court-
terme devront s?accompagner de perspectives
financières nouvelles à moyen terme.
L?objectif est qu?en 2030, l?ensemble des aires protégées
disposent des ressources suffisantes, notamment grâce
à une participation du budget de l?État et ses opérateurs,
pour fonctionner, investir et in fine être gérées de
manière efficace. Ce fonctionnement doit être
complété ou assuré, par ailleurs, par des moyens des
collectivités ou d?acteurs privés, voire des contributions
des citoyens selon le type d?aires protégées.
Il importe à moyen terme d?être en capacité de mieux
appréhender et accompagner le modèle écono-
mique des aires protégées, de renforcer l?évaluation de
l?efficacité des actions et des financements mais égale-
ment des services rendus et d?organiser la montée en
capacité des gestionnaires sur ces aspects. Le finance-
ment des aires protégées en France n?a pas fait l?objet
d?une étude/analyse dédiée. Plusieurs travaux
permettent d?apporter un éclairage à ce sujet, toutefois
ils relèvent soit d?une approche par types d?acteurs
(exemples : études de RNF, Rivages de France et
Conservatoire du littoral, AMP), soit d?une approche
globale du financement de l?ensemble des politiques
publiques de l?eau, de la biodiversité et des milieux
marins (exemple : rapport du CGEDD, coordonnateur P.
Lavarde, 2016 et rapport CGEDD P. Lavarde, 2019).
Pic Coudreau du Sud Maripasoula - Parc amazonien de Guyane
42 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
Un diagnostic complet sera confié au commissariat
général à l?environnement et au développement durable
(CGEDD) et à l?Inspection générale des finances, afin
d?améliorer la connaissance et la lisibilité des structures
de coûts (fonctionnement et investissement), des
budgets et ressources humaines, des modes de finance-
ments publics et privés des aires protégées et des besoins
actuels et à venir du réseau d?ici à 2030. Cette étude
formulera des recommandations et des propositions
d?évolutions (budgétaires, fiscales, etc.) pour concourir
à la couverture des besoins des gestionnaires, y compris
dans une optique d?optimisation et de mise en synergie
de ces différentes sources de financements sectorielles
et interministérielles.
Ce diagnostic devra prendre en compte les besoins spéci-
fiques éventuels liés à la mise en oeuvre des cibles de
protection forte définies dans le cadre de l?objectif 1.
Mesure 15
Consolider le financement des aires protégées
Au-delà du budget général de l?État et des taxes
affectées à certains établissements publics
(exemple : conservatoire du littoral), deux princi-
pales ressources spécif iques contribuent
aujourd?hui au financement des aires protégées :
les redevances affectées aux agences de l?eau, ainsi
que la part départementale de la taxe d?aménage-
ment. Un diagnostic du fonctionnement des aires
protégées et de leurs modèles économiques, leurs
charges et leurs sources de financements (publics
et privés) sera réalisé, en intégrant les dimensions
incitatives ou pénalisantes de la fiscalité. Ces
analyses doivent porter sur l?ensemble des
ressources et des besoins des aires protégées d?ici
à 2030 et concerner tant les moyens de l?État que
des collectivités et de leurs opérateurs
respectifs.
L?objectif étant de définir les modalités les plus
adéquates (publiques et privées) pour financer les
aires protégées de façon à atteindre les objectifs
de préservation de la biodiversité décrits dans la
présente stratégie. Ceci sera réalisé dans le respect
des priorités gouvernementales en matière de
maîtrise des dépenses et de la fiscalité.
En complément de ces dispositifs nationaux,
plusieurs politiques et fonds européens, voire inter-
nationaux, sont susceptibles de contribuer au
financement des politiques en matière d?aires
protégées, dans le cadre de la Stratégie euro-
péenne pour la biodiversité et des autres politiques
(agriculture, maritime, nature, etc.). Il y a un fort
enjeu à développer et optimiser leur utilisation en
développant la capacité des gestionnaires à
monter et déposer des projets, assurer la trésorerie
dans l?attente des versements et consommer plei-
nement les financements reçus, ainsi qu?en
développant les espaces de coordination et de
dialogue entre financeurs et gestionnaires.
Mesure 16
Accompagner un changement de paradigme au travers de la valorisation
des services rendus par les aires protégées et de la mobilisation de l?en-
semble de la société dans le financement des aires protégées
L?objectif est, d?ici 2022, de présenter autrement
le financement des aires protégées, de façon inté-
grée et comme un investissement global, en
donnant par exemple des ordres de grandeur des
coûts et services rendus liés aux aires protégées.
Par ailleurs, l?objectif est également de renforcer
l?implication des acteurs privés, notamment par le
déploiement et la sécurisation du mécénat, voire
des contributions participatives, pour contribuer
à la résilience du réseau en 2030.
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 43
CONFORTER LE RÔLE DES
AIRES PROTÉGÉES DANS
LA CONNAISSANCE DE LA
BIODIVERSITÉ
A dapter la gestion des aires protégées dans un contexte de changement global
repose sur une double exigence : doter les aires protégées et leurs gestionnaires
des données nécessaires à l?orientation de la gestion, mais également mobiliser
les aires protégées comme sites d?études et d?observation de l?évolution du
vivant ou de la gestion des patrimoines, naturels, culturels ou paysagers.
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7
En premier lieu
Le réseau d?aires protégées doit offrir un formidable labo-
ratoire de recherche in situ qui doit permettre de produire
de la connaissance sur de nombreux sujets liés à la biodi-
versité, notamment celui de l?adaptation de notre
environnement aux changements globaux ou de l?impact
des pressions anthropiques. Les réseaux d?aires protégées
seront impliqués dans le développement des connais-
sances fondamentales sur la biodiversité par des grandes
campagnes de suivi et d?inventaires, des programmes de
sciences participatives et des programmes de recherche
et développement multidisciplinaires (évaluation de la
gestion des aires protégées, ancrage territorial des aires
protégées, etc.). La connaissance produite par les aires
protégées documentera notamment l?état des écosys-
tèmes et les services écosystémiques, les mécanismes de
pressions sur la biodiversité, la mise en oeuvre de la gestion
et ses résultats. Certaines aires protégées intègrent d?ail-
leurs une finalité dédiée de développement de la
connaissance (parcs nationaux et marins, réserve natio-
nale de chasse et de faune sauvage, réserve naturelle, etc.).
Des programmes d?acquisition de connaissance seront
lancés. Ils se concentreront à court terme sur : l?évaluation
de la gestion des aires protégées, l?intégration des
sciences humaines et sociales à cette gestion, et un
ensemble de thématiques identifiées comme prioritaires
à l?issue d?une consultation des acteurs de la recherche et
des gestionnaires d?aires protégées.
À moyen terme, ces contributions permettront, en plus
d?améliorer les connaissances du réseau national, de
mieux appréhender et anticiper les stratégies de conser-
vation au regard des changements globaux, dont le
changement climatique, et des autres pressions existantes,
en alimentant les réseaux nationaux et européens de
surveillance de la biodiversité terrestre, aquatique et
marine. En particulier, les améliorations des connaissances
pourront appuyer le développement des sites de protec-
tion au-delà de la mer territoriale (« au large ») et la mise
en oeuvre des directives communautaires (DCE, DCSMM,
DHFF, DO) et l?évolution des pratiques de gestion en lien
avec les solutions fondées sur la nature, la naturalité et la
libre évolution.
Le lynx boreal dans le parc naturel régional des Vosges du Nord
44 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
En second lieu
Dici 2030, les aires protégées doivent bénéficier d?un
accès suffisant à la donnée scientifique pour exercer
une gestion de qualité, en s?appuyant notamment sur
les données bancarisées dans les systèmes d?informa-
tion sur la biodiversité (SI Biodiversité), le milieu marin
(SIMM) et l?eau (SI Eau). Des rencontres régulières
seront organisées pour faciliter les échanges et des
outils de partage de l?information en réseau seront mis
en place via un portail collaboratif entre gestionnaires
et chercheurs. Un soin particulier sera porté à l?acces-
sibilité de la donnée grâce à des synthèses et
vulgarisations scientifiques multidisciplinaires. Par
ailleurs, les aires protégées contribueront de façon
exemplaire à alimenter ces différents systèmes d?in-
formation. Un accompagnement sera à prévoir pour
lever les éventuels freins concernant l'accès aux
données (convention d'Aarhus, loi Lemaire, etc.). Des
catalogues complets et actualisés de protocoles et
d?indicateurs seront mis à disposition des
gestionnaires.
La lisibilité des besoins en recherche devra être accrue
pour permettre le développement de programmes
de recherche sur les aires protégées. Les probléma-
tiques prioritaires de recherche seront définies à partir
d?échanges avec les têtes de réseau et d?ateliers
thématiques avec le monde de la recherche. Un travail
sera mené également pour identifier les leviers de
financement possibles..
Mesure 17
Faire bénéficier les gestionnaires d?aires protégées et les acteurs des ter-
ritoires de l?acquisition de connaissance
Le développement de la connaissance doit permettre de fournir aux gestionnaires des outils efficaces
d?aide à la gestion : méthodes et protocoles, indicateurs, retours d?expériences et dispositifs expérimen-
taux à grande échelle. Il doit aider les aires protégées à atteindre leurs objectifs et à mieux participer à
la connaissance de leurs territoires. Dans le cadre de la mise en oeuvre de l?objectif 1 de la stratégie, il
doit permet d?alimenter les diagnostics territorialisés prévus.
Pour permettre une évaluation
de l?efficacité des réseaux d?aires
protégées au niveau national et
écorégional, des indicateurs
seront conçus, calculés, diffusés
et mis à jour régulièrement à ces
échelles. Ils incluront des indica-
teurs des pressions, intégrant les
plus significatives pour chaque
écorégion, des indicateurs d?état,
en s?appuyant notamment sur
ceux définis au titre des poli-
tiques nationales et européennes
de préservation de la biodiversité
et des programmes de surveil-
lance terrestre et marines. Ils
permettront d?établir une
comparaison dans et hors réseau,
en prenant en compte la diver-
sité des outils.
L?effet de la gestion sera égale-
ment évalué par la mise en place
d?un réseau expérimental de
sites de démonstration afin de
pouvoir, sur la base de retours
d?expériences exemplaires,
diffuser et généraliser des
bonnes pratiques de gestion
tout en optimisant l?effort global
de suivi. L?évaluation de l?effica-
cité des mesures pour mettre en
réseau des sites avec un suivi
harmonisé se traduira par des
démarches de type appel à
manifestation d?intérêt (AMI).
A l?échelle des sites, des outils
méthodologiques adaptés
seront mis à disposition de l?en-
semble des gestionnaires : pour
les pressions les plus prégnantes,
leur compatibilité avec les objec-
tifs de conservation des aires
protégées sera évaluée. Des
grilles de sensibilité seront ainsi
établies avec la définition de
seuils quand cela s?avérera perti-
nent. En parallèle, la recherche
sera développée sur des
indicateurs d?atteinte des objec-
tifs de conservation des milieux,
notamment en termes de trajec-
t o i r e s f a v o r a b l e s d e s
écosystèmes. Les autres finalités
des aires protégées devront
également bénéficier du soutien
de la recherche en matière de
suivi et d?évaluation par un
ensemble de travaux coordonnés
en sciences humaines et sociales.
Des protocoles d?inventaire et
de suivi et des indicateurs
harmonisés seront également
fournis à l?ensemble du réseau,
disposant d?un tronc commun
cohérent avec le travail mené
dans le cadre de l?évaluation et
de la surveillance nationale de la
biodiversité. Un appui statis-
tique supplémentaire sera fourni
dans le cadre d?appels à manifes-
tation d?intérêt dédiés.
Repérage de bouquetins dans le parc national de la Vanoise
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 45
La gouvernance des aires proté-
gées constituant un sujet
prioritaire avec celle de l?évalua-
tion, les connaissances et
retours d?expériences seront
développés sur les thématiques
de concertation, d?appropria-
tion par les différentes parties
prenantes, et d?implication
citoyenne. La question de la
diffusion des connaissances
scientifiques comme outil de
concertation avec les différents
acteurs du territoire, ainsi que la
place à accorder aux services
écosystémiques dans la gestion
des aires protégées et leur inté-
gration territoriale, seront
également traitées.
Des cadres de collaboration
pérennes seront renforcés entre
équipes scientifiques, laboratoires
de recherche et gestionnaires
d?aires protégées par la mobilisa-
tion de conseils et de veilles
scientifiques, des colloques
réguliers et la création ou le main-
tien de structures de collaboration
de type Groupement d?Intérêt
Scientifique. Concernant le pilo-
tage scientifique des programmes
européens, la coopération inter-Di-
rectives sera développée au niveau
national.
Enfin, tous les acteurs des aires
protégées devront avoir accès
aux connaissances les plus à jour,
au niveau national et par écoré-
gion. Cet accès se fera en
particulier via les portails de
diffusion des données Nature
France, Milieu Marin France et
Eau France mis en place dans le
cadre du Système d?Information
sur la biodiversité, du Système
d?information sur le milieu marin
et du Système d'information sur
l'eau.
Un centre de ressources sur les
questions scientifiques appli-
quées à la gestion des aires
protégées sera mis en place,
incluant les retours d'expériences
et les transferts de résultats issus
de la recherche. Les systèmes
d?information métier relatifs à la
gestion des aires terrestres et
marines protégées faisant partie
du Système d'information sur la
Biodiversité et du Système d?in-
formation sur le milieu marin,
permettront de bancariser les
informations et données rela-
tives aux actions mises en oeuvre
par les gestionnaires d?aires
protégées, leur financement et
les indicateurs. Ces systèmes d'in-
f ormat ion d evront ê tre
opérationnels d?ici 2030 pour les
réseaux présentant une obligation
de rapportage. Pour les autres
réseaux, une analyse de l?existant
et des besoins permettra de faire
émerger l'organisation à mettre en
place.
Mesure 18
Faire des aires protégées des laboratoires d?études et de recherche appli-
quée contribuant à l?amélioration des connaissances sur la biodiversité,
les services écosystémiques et les changements climatiques
Les aires protégées ont vocation à être des territoires de production de connaissance, aussi bien en
ce qui concerne la biodiversité, les questions de sciences humaines ou en termes d?innovations. Elles
doivent aussi constituer des sites de référence pour le suivi des écosystèmes à l?échelle de l?ensemble
du territoire. Ces développements se feront prioritairement sur les questions d?évaluation et de gou-
vernance, et sur les thèmes retenus suite à la phase d?identification des besoins.
L?implication des aires protégées dans le dévelop-
pement des connaissances fondamentales et
appliquées sur la biodiversité sera amplifiée. Les
programmes de surveillance, de recherche et de
développement appliqués à la gestion des aires
protégées, intégrant l?écologie de la restauration
seront pérennisés et renforcés. Les gestionnaires
disposeront des moyens nécessaires à la mise en
oeuvre des programmes de recherche utiles à la
bonne compréhension de l?efficacité des mesures
de gestion et du fonctionnement des milieux natu-
rels. Les liens entre les travaux de recherche
soutenus par l?OFB, voire les autres organismes de
recherche nationaux, et les aires protégées seront
renforcés.
Les compétences et expertises scientifiques, dont
les compétences naturalistes, des gestionnaires
d?aires protégées seront recensées au sein d?an-
nuaires pour chaque réseau par écorégion, façade
ou bassin maritime ultramarin. Le partage de ces
annuaires sera assuré pour faciliter la construction
de projets multistructures et renforcer les liens
entre les gestionnaires et les chercheurs.
Des grands programmes d?inventaires, de type
Inventaire généralisé de la biodiversité (ATBI -
All-taxa biodiversity inventory) seront lancés dans
plusieurs espaces protégés, prioritairement sur les
grands types de milieux non encore ou peu pros-
pectés par cette approche. Ils permettront, entre
autres, d?établir des états de référence complets
pour ces écosystèmes. Ils contribueront au
46 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
maintien de réseaux d?expertise naturalistes et
taxinomiques locaux et au-delà. Ils offriront, par
ailleurs, de réelles opportunités en matière de
communication et de sensibilisation autour de la
biodiversité dans les territoires concernés.
Des appels à projets de recherche seront déve-
loppés : ils devront soit s?appuyer sur les espaces
protégés comme objet ou terrain d?étude, soit
financer des projets portés conjointement par les
deux communautés gestionnaires/chercheurs. Ils
seront autant que possible interdisciplinaires pour
intégrer les aspects scientifiques et socio-écono-
miques pour prendre au mieux en compte la
complexité des sujets. Ils pourront également se
concentrer sur les enjeux d?évaluation de la gestion,
de gouvernance et sur les besoins identifiés par les
gestionnaires et les chercheurs.
Au-delà de ces appels à projets, un travail sera
mené auprès des différents organismes de
recherches et développement et des institutions
de financement afin de mettre en avant le sujet
aires protégés dans les documents de program-
mation de la recherche existant à différentes
échelles.
Pour diffuser les résultats de ces études, des
synthèses thématiques de la littérature scienti-
f ique seront réalisées et les vecteurs de
vulgarisation techniques seront développés : de
nouvelles revues scientifiques seront lancées sur
les questions prioritaires. La valorisation des
travaux de recherche menés sur les aires protégées
et des données acquises, par des publications
scientifiques et naturalistes sera encouragée : à cet
effet, les formations techniques continueront
d?être fournies aux gestionnaires et un accompa-
gnement scientifique, y compris sous forme de
co-rédaction d?articles scientifiques, leur sera
apporté.
Les aires protégées seront intégrées aux dispositifs
nationaux et territoriaux de surveillance et de suivi
de la biodiversité terrestre et marine, en prenant
en compte l?impact des changements globaux. Le
réseau des aires protégées poursuivra également
sa contribution dans la surveillance des phéno-
mènes sanitaires, en mettant en oeuvre une
surveillance des événements sanitaires anormaux
et en contribuant aux programmes nationaux de
surveillance des dangers sanitaires et contami-
nants à enjeu.
Enfin, l?innovation sous toutes ses formes, sans se
limiter au domaine technologique et en favorisant
les licences libres, sera encouragée dans l?en-
semble du réseau. à ce titre, les réseaux de
gestionnaires seront mis en relation avec les orga-
nismes financeurs de l?innovation.
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 47
48 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
Mise en oeuvre de la
stratégie nationale
Le massif de la Meije, Parc national des Ecrins
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 49
Récif des Chesterfield - Parc Naturel de la mer de corail (Nouvelle-Calédonie)
L?une des conditions de réussite de la future stratégie
réside notamment dans l?opérationnalité de sa mise en
oeuvre, aux niveaux national et territorial, ainsi que dans
le suivi et l?évaluation dynamique des actions prévues.
Ainsi, la stratégie sera déclinée à travers 3 plans d?actions
triennaux successifs jusqu?en 2030.
Dans ce cadre, le lancement de la stratégie est accom-
pagné d?un premier plan d?actions national triennal
(2021-2023). Ce plan d?actions comporte des actions à
mettre en oeuvre au niveau national, des actions à mettre
en oeuvre au niveau territorial et des actions relevant de
plusieurs échelles territoriales. Des plans d?actions terri-
toriaux aux échelles régionales, par façade maritime et
bassin ultra-marins seront également déployés. Ils s?ali-
menteront des plans d?actions nationaux mais
permettront également de renforcer le plan d?action
national.
Notons que pour les façades maritimes de métropole, les
plans d?actions triennaux reprendront les actions figurant
dans les programmes de mesures 2016-2022 des plans
d?actions pour le milieu marin et les plans d?actions pour
le milieu marin 2022-2027 et 2028-2033 des documents
stratégiques de façade.
Gouvernance territoriale de la stratégie
Pour décliner la stratégie, les échelles administratives
suivantes ont été retenues :
? Échelle régionale en métropole et régions d?outre-mer,
et échelle de la collectivité4 dans les autres territoires
d?outre-mer sur terre
? Façade maritime en métropole et bassin maritime ultra-
marin en mer
Chaque territoire devra analyser et proposer des trajec-
toires de développement du réseau d?aires protégées en
précisant notamment l?ambition territoriale pour chacun
des grands objectifs thématiques de la nouvelle stratégie
nationale en matière d?aires protégées.
L?instance de pilotage territoriale aura donc deux voca-
tions : mettre en oeuvre et décliner la stratégie et le plan
d?action national, mais aussi faire remonter les projets et
actions de gestion en matière d?aires protégées ou les
enjeux au niveau national pour compléter le plan d?actions
triennal.
4. Pour les collectivités d'outre-mer, l'opportunité de telles démarches relève
de leur compétence et de leur organisation
50 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
Sur terre, en métropole et dans les
départements et régions d?outre-mer
Les préfets de région et les services déconcentrés de l?État seront mobilisés
pour porter, aux côtés des Régions, chefs de file des collectivités en matière
de biodiversité, le déploiement de la stratégie dans les territoires. Dès le
lancement de la stratégie, les préfets mettront en place une instance de
pilotage régionale co-présidée par le préfet et un représentant du Conseil
régional ou de la collectivité compétente, qui pourra s?appuyer ou se
confondre, le cas échéant, avec des instances en place régionalement
(comité régional de la biodiversité (CRB) ou les comités eau et biodiversité,
notamment). Ces instances de pilotage associeront étroitement opérateurs
de l?État, collectivités locales, gestionnaires d?aires protégées, associations
de protection de l?environnement, acteurs socioprofessionnels, société
civile et scientifiques afin de traduire une ambition collective. Ils s?appuie-
ront sur l?expertise des conseils scientifiques régionaux du patrimoine
naturel (CSRPN) et sur les collectifs régionaux constitués des services de
l?État, de la Région, de l?OFB, des ARB le cas échéant et des agences de l?eau.
Pour l?outre-mer5, en mer
Il est proposé de suivre la démarche et le calendrier terrestres (voir-ci-
dessus). Dans les bassins ultramarins, la concertation sur les plans d?actions
pourra avoir lieu dans les conseils maritimes de bassin. Elle sera pilotée par
les préfets et le haut-commissaire en collaboration ou en appui des collec-
tivités selon leur niveau de compétence.
Sur les façades maritimes métropolitaines
Le pilotage sera réalisé par les préfets coordonnateurs de façade maritime
en lien avec les élus et acteurs concerné. Par souci de cohérence, les
programmes de mesures et plans d?actions élaborés en application de la
directive-cadre Stratégie pour le milieu marin constitueront la déclinaison
territoriale de la stratégie nationale 2020-2030 en matière d?aires protégées.
Chaque façade est actuellement dotée de programmes de mesures,
adoptés en 2016 par les préfets coordonnateurs de façade (préfets mari-
times et préfets de région désignés par le code de l?environnement). La
concertation pourra être menée dans le cadre des comités maritimes de
façades. En mars 2022, ces programmes de mesures seront remplacés par
les plans d?actions des documents stratégiques de façade. Comme les
programmes de mesures actuels, ces plans d?actions encadreront le déve-
loppement et la consolidation du réseau d?aires marines protégées sur
chaque façade. Ces plans d?actions s?appliqueront durant six ans et seront
donc renouvelés fin 2027 après évaluation.
Dans la collectivité des terres australes
et antarctiques françaises
Le préfet, administrateur supérieur des TAAF, assurera le déploiement d?une
stratégie ambitieuse.
Dans les collectivités du Pacifique6
Chaque Haut-commissaire avec l?appui de l?OFB, de par ses fonctions sur
terre et en mer, appuiera les collectivités qui désirent s?inscrire ou inscrire
leur propre démarche dans la présente stratégie ou conduire leurs travaux
en la matière.
5. Pour les collectivités d'outre-mer, l'opportunité de telles démarches relève de leur compétence et de
leur organisation.
6. Pour les collectivités d'outre-mer, l'opportunité de telles démarches relève de leur compétence et de
leur organisation.
Stratégie nationale
et plans d?actions
Chacune des mesures a vocation à traiter
d?un enjeu de la stratégie pour les 10
prochaines années. C?est un regroupement
d?actions dont la mise en oeuvre sera
assurée par des plans d?actions triennaux.
Ains i , le p lan d ?ac tions national
triennal (2021-2023) comportera :
? Des actions à mettre en oeuvre au niveau
national
? Des actions à mettre en oeuvre au niveau
territorial
? Des actions susceptibles de relever de
plusieurs échelles territoriales
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 51
La réussite de la stratégie nationale repose grandement sur
sa capacité à mobiliser largement dans les territoires, et à
s?appuyer sur leurs expertises et dynamiques locales. Si le
portage national est essentiel, il doit s?accompagner d?un
aller-retour et d?un enrichissement permanent entre les
échelles de mise en oeuvre.
Sur cette base, concernant la terre et les outre-mer7 y compris
sur le volet maritime, il est proposé de formaliser, d?ici fin 2021,
à l?échelle régionale en métropole et de chaque territoire
ultramarin, la déclinaison territoriale de ce plan d?actions. Le
plan d?actions national ne vise pas l?exhaustivité, et chaque
territoire pourra proposer, dans son plan d?actions territorial,
des actions complémentaires qui devront répondre à l?une
des mesures de la stratégie.
Notons que pour les façades maritimes de métropole, les
plans d?actions triennaux reprendront les actions figurant
dans les programmes de mesures 2016-2022 des plans d?ac-
tions pour le milieu marin, puis les plans d?actions pour le
milieu marin 2022-2027 et 2028-2034 des documents straté-
giques de façade. Ces différents plans d?actions des
documents stratégiques de façade pourront ainsi contenir
les mesures de création de nouvelles zones de protection
fortes dans les eaux métropolitaines. D?un point de vue de la
mise en oeuvre de la stratégie et des plans d?actions, les
préfets maritimes auront un rôle central8, notamment pour
l?adoption des protections fortes mais aussi pour les mesures
réglementaires prises suite aux analyses de risques, etc.
Responsables de la coordination opérationnelle des moyens
de l?État en mer, ils sont également un acteur majeur de la
mise en oeuvre de la politique de surveillance et de contrôle
en faveur de l?environnement marin, mission jugée prioritaire
de l?action de l?État en mer par le comité interministériel de
la mer.
En 2023, sera dressé un bilan du plan d?actions national,
prenant en compte à la fois le bilan des actions relevant du
niveau national mais également le bilan des actions relevant
du niveau territorial et des actions complémentaires propo-
sées le cas échéant pour certains territoires. Ces bilans
permettront de formaliser un nouveau plan d?action national
triennal 2024-2026.
7. Pour les collectivités d'outre-mer, l'opportunité de telles démarches relève de
leur compétence et de leur organisation.
8. Les préfets maritimes ont autorité dans tous les domaines où s'exerce l'action
de l?État en mer. Ils ont donc un rôle majeur dans le pilotage du réseau des aires
marines protégées. A ce titre, il assurent la coordination technique du réseau
de sites Natura 2000 en mer, co-conduisent la procédure de création de parcs
naturels marins avec les préfets de département désignés et exercent la fonction
de commissaire du Gouvernement auprès des instances de ces parcs, président ou
co-président les différents organes de gouvernance des aires marines protégées
(sites N2000, réserves naturelles nationales?), suivent ou accompagnent la mise en
oeuvre des actions issues des documents de gestion (DOCOB, plans de gestion?)
et pilotent ou co-pilotent la création ou l?extension des périmètres. Du fait de leur
pouvoir réglementaire, ils adoptent les réglementations définies dans le cadre de
l?animation des AMP (arrêtés de protection de biotope, mesures de gestion pêche
dans les sites N2000, arrêtés réglementant le mouillage ou la navigation à des fins
environnementales?).Responsables de la coordination des moyens de l?État en mer,
ils sont un acteur majeur de la mise en oeuvre de la politique de surveillance et de
contrôle en faveur de l?environnement marin, mission jugée prioritaire de l?action
de l?État en mer par le comité interministériel de la mer.
Les plans d?action triennaux territoriaux devront conserver
un formalisme simple (feuille de route) et se structurer à la
discrétion des acteurs régionaux ou de façade ou de bassins
ultra-marins pour être élaborés dans les 12 mois qui suivent
le lancement du plan d?actions national.
En particulier, chaque région façade ou bassin ultra-marin
proposera d?ici la fin de l?année 2021, y compris en outre-mer,
une évaluation et une hiérarchisation des besoins de protec-
tion sur la base des enjeux de patrimoine naturel, des menaces
et des outils existants, en s?appuyant sur les données mises à
disposition dans le cadre de la mesure 3. Cette hiérarchisation
concertée à l?échelle régionale ou de façade ou du bassin
ultra-marin permettra de nourrir le plan d?action national
2024-2026.
Dans le cas des régions associées à une façade maritime ou
un bassin ultra-marin, un échange et une mise en commun
des plans d?actions devront être réalisés entre les acteurs des
milieux terrestres et ceux de du milieu marin. Il s?agira de
renforcer la cohérence des propositions et le lien terre-mer
au sein du réseau d?aires protégées.
Une organisation de niveau départemental pourra être
déployée en concertation avec le niveau régional, sous la
coordination des préfets de département et du Département.
Un comité associant l?ensemble des acteurs permettra de
proposer et déployer une stratégie départementale, basée
d?une part sur les priorités nationales et régionales, mais aussi
sur les spécificités locales, d?autre part.
Les services, les DREAL et DEAL appuieront la structuration
d?un réseau d?agents en charge du réseau d?aires protégées
au sein des services de l?État (DDT(M)).
Des opérateurs de l?Etat mobilisés
pour amplifier la future stratégie
Afin de mettre en oeuvre le plan d?actions de la présente
stratégie, l?Etat mobilisera les opérateurs publics pour que
chacun contribue, à hauteur de ses missions, à la préservation
de la biodiversité et au développement du réseau d?aires
protégées en France.
Afin de décliner et mettre en oeuvre la présente stratégie,
l?Office français de la biodiversité appuiera le Ministère de
la transition écologique (MTE) au niveau national, mais aussi
les préfets et collectivités dans les territoires.
En particulier, l?OFB assurera, auprès du MTE, l?animation et le
suivi de la stratégie. L?OFB sera chargé de l?évaluation des
indicateurs de la stratégie et de mettre à disposition des outils
cartographiques ou bibliographiques.
L?Office national des forêts, les établissements publics de
parcs nationaux, le conservatoire du littoral, les Agences de
l?eau, l?Agence nationale de la cohésion des territoires ainsi
que les établissements des collectivités à compétence propre
seront mobilisés.
52 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
Au niveau international, l?AFD et le FFEM appuieront les
actions de coopération internationales promouvant le déve-
loppement d?aires protégées et de leur gestion cohérente.
Animation de la mise en oeuvre au niveau national
Le pilotage général de la mise en oeuvre de la stratégie natio-
nale 2030 est assuré par le ministère de la transition
écologique en partenariat avec le ministère de la mer.
Au niveau national, il est nécessaire de faire perdurer une
dynamique entre l?ensemble des acteurs des aires protégées :
Etat, collectivités, opérateurs, représentants des acteurs
socioprofessionnels, associations de protection de la nature
ou représentants d?usagers, scientifiques, c?est l?ensemble de
cette communauté qui doit se sentir concernée et investie.
Les instances nationales seront à ce titre mobilisées.
Le Comité national de la biodiversité (CNB) est l?instance
d?information, d?échanges et de consultation sur les questions
stratégiques liées à la biodiversité. Il fait figure d?instance
privilégiée pour suivre dans le temps la mise en oeuvre, au
niveau national, de la stratégie en matière d?aires protégées.
Un bilan annuel lui sera présenté à partir de début 2022.
Le Conseil national de protection de la nature est l?instance
d'expertise scientifique et technique, compétente en matière
de protection de la biodiversité et plus particulièrement de
protection des espèces, des habitats, de la géodiversité et
des écosystèmes. Il participera à l?évaluation de la stratégie
via la formulation d?un avis technique et scientifique annuel
du bilan de la mise en oeuvre des mesures-clés de la stratégie,
en s?appuyant sur les travaux de la commission espaces
protégés. Il participera au suivi de la comptabilisation des
nouvelles aires protégées.
Le Conseil national de la mer et des littoraux est l?instance de
dialogue et de réflexion stratégique pour les politiques rela-
tives à la mer et aux littoraux. Il participera à l?évaluation de
la stratégie via la formulation d?un avis relatif sur le bilan de
la mise en oeuvre des mesures-clés de la stratégie en particu-
lier pour les milieux marins et littoraux.
Dans ce cadre, une évaluation triennale de l?atteinte des
objectifs de la stratégie et de la mise en oeuvre du plan d?ac-
tions sera réalisée par l?Office français de la biodiversité pour
le Ministère de la transition écologique, et sera présenté en
Comité national de la biodiversité (CNB), du Conseil national
de la protection de la nature (CNPN), et du Conseil national
de la mer et du littoral (CNML).
Suivi et évaluation de la stratégie
Fort des enseignements des précédentes stratégies et des
avis des instances nationales (CNB, CNPN, CNML), la stratégie
a été bâtie sur une logique évaluative autour de cibles à court
et moyens termes. Le suivi-évaluation de la stratégie doit
permettre d?une part un suivi annuel de la bonne mise en
oeuvre des actions prévues par les plans d?action triennaux
et d?autre part d?apprécier les résultats obtenus vis-à-vis des
cibles à atteindre d?ici 2030.
Ce suivi-évaluation est au coeur du dispositif d?animation et
de pilotage de la stratégie car il participe de l?investissement
des acteurs aux différentes échelles et permet d?adapter, si
nécessaire, les plans d?actions triennaux en tenant compte
des efforts déjà accomplis, des résultats obtenus et de la
marge de progression restante vers les cibles fixées.
Le suivi de la stratégie, annuel, vise à apprécier et rendre
compte de de la mise en oeuvre des actions des plans d?ac-
tions triennaux par des indicateurs de réalisation et de
moyens mis en oeuvre. Chaque pilote d?action identifié au
niveau national sera responsable de rendre compte de
l?avancée des actions et des éventuels problèmes
rencontrés.
L?évaluation de la stratégie, triennale, vise quant à elle à
rapporter sur l?atteinte des objectifs et des cibles fixées ainsi
qu?à prioriser les actions à mener, au niveau national ou dans
les territoires, renforcer la convergence de vues et la coopé-
ration entre les différentes parties prenantes et enfin
renforcer la transparence et communiquer vers les citoyens
en rendant compte des actions, des moyens et des résultats.
L?évaluation de la stratégie sera réalisée à la fin de de la mise
en oeuvre de chaque plan d?actions, à court terme (2024),
mi-parcours (2026) et avant la fin de la stratégie (2029).
L?animation du suivi-évaluation sera réalisée par l?Office fran-
çais de la biodiversité (OFB) sous le pilotage du Ministère de
la transition écologique. Ainsi, l?OFB proposera une méthode
qui sera validée par le Ministère de la transition écologique
après consultation.
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 53
DÉC
2021
Lancement de
la stratégie
nationale
pour les aires
protégées 2030
JAN
2022
1er suivi annuel
des actions
nationales
2021-2023
Mise en oeuvre
des plans
d'actions
territoriaux
2022-2023
JAN
2023
2nd suivi annuel
des actions
nationales
2021-2023
Recueil des
différentes
déclinaisons
territoriales au
niveau national
DÉC
2022
Transmission du
suivi des plans
d'actions locaux
au niveau national
JAN
2021
Lancement du 1er
plan d'actions
national
2021-2023
Concertation
et diagnostics
territoriaux
Calendrier
54 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
Plans territoriaux
alimentent le
nouveau plan
d'action national
DÉC
2023
Plan d'actions
territoriaux
2027-2030
PLANS D'ACTIONS NATIONAUX
PLANS D'ACTIONS TERRITORIAUX
JAN
2024
JUIN
2024
DÉC
2026
JAN
2027
à partir de
JUIN
2029
Présentation du
plan d'actions
national
2024-2026
Élaboration
d'un nouveau
plan d'actions
national
2024-2026
Mise en oeuvre
du plan d'actions
national
2024-2026
Bilan et
évaluation
des 1er plans
d'actions
territoriaux
2022-2023
avis instances
locales
Bilan et
évaluation
des 2nd plans
d'actions
territoriaux
2022-2023
avis instances locales
Élaboration
de nouveaux
plans d'actions
territorial
2024-2026
Mise en oeuvre
des plans
d'actions
territoriaux
2024-2026
Suivi annuel
et évaluation
triennale
Bilan et
évaluation
du 1er plan
d'actions
national
avis CNB, CNPN
et CNML
Bilan et
évaluation
du 2nd plan
d'actions
national
avis CNB, CNPN
et CNML
Bilan et
évaluation de
la stratégie
2030
Suivi annuel
et évaluation
triennale
Plan d'actions
national
2027-2030
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 55
Glossaire
Aires protégées
Espace géographique clairement défini, reconnu, consacré et géré, par tout moyen efficace,
juridique ou autre, afin d'assurer à long terme la conservation de la nature ainsi que les services
écosystémiques et les valeurs culturelles qui lui sont associés.
Aires marines et terrestres éducatives
Zone maritime littorale ou toute autre zone terrestre de petite taille qui est gérée de manière
participative par les élèves d?une école primaire suivant des principes définis par une charte.
Activités
Ensemble des actions diverses de quelqu'un, d'une entreprise, d'un pays, dans un domaine
défini et qui se manifestent dans un lieu.
Autres mesures de conservation efficaces par zones (AMCEZ/OECM)
Aire géographiquement définie autre qu'une aire protégée, régie et gérée de manière à obtenir
des résultats positifs et durables pour la conservation in situ de la biodiversité à long terme,
ainsi que pour les fonctions et services écosystémiques associés et, le cas échéant, les valeurs
culturelles, spirituelles, socioéconomiques, et d'autres valeurs pertinentes localement.
Ayant droit
L?ayant droit est celui qui est titulaire d?un droit. L?ayant droit est donc une personne bénéficiant
d?un droit en raison de sa situation juridique, financière ou fiscale ou de son lien familial avec
le bénéficiaire direct de ce droit. Par exemple, les héritiers sont les ayants droit du défunt.
Biodiversité
Selon le Code de l?Environnement (article L.110-1), « on entend par biodiversité, ou diversité
biologique, la variabilité des organismes vivants de toute origine, y compris les écosystèmes
terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques, ainsi que les complexes écologiques dont
ils font partie. Elle comprend la diversité au sein des espèces et entre espèces, la diversité des
écosystèmes ainsi que les interactions entre les organismes vivants. »
Cohérence
Ici, la cohérence écologique du réseau des aires protégées s?apprécie au travers de sa repré-
sentativité, de sa réplication, de son adéquation avec les enjeux écologiques présents, sa
connectivité et son niveau de protection du patrimoine naturel et de résilience aux change-
ments globaux.
Compatibilité
État d'une chose pouvant s'accorder à une autre, ici, caractéristiques ou état d?un usage lui
permettant de s?accorder avec les objectifs de conservation d?une aire protégée..
Connectivité
ici, désigne la connexion fonctionnelle et effective nécessaire au fonctionnement, à la stabilité
et à la résilience des écosystèmes sur le long terme.
Corridor écologique
Désigne un ou plusieurs éléments du paysage reliant fonctionnellement des réservoirs de
biodiversité, offrant aux espèces des conditions favorables à leur déplacement et à l?accom-
plissement de leur cycle de vie.
56 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
Critère
Principe, élément de référence qui permet de juger, d'estimer, de définir quelque chose, ici
éléments de référence permettant de juger de la compatibilité d?un usage avec les objectifs
de conservation d?une aire protégée.
Document de gestion
Un document de gestion est un document stratégique qui définit pour une aire protégée une
vision à long terme et une programmation opérationnelle à court/moyen terme. L?évaluation
basée sur les résultats au regard des enjeux est au coeur de la démarche de construction et
de mise en oeuvre du document de gestion.
Écotone
Désigne une zone de transition écologique entre deux écosystèmes. Par exemple, une zone
estuarienne est un écotone entre l'écosystème marin, l'écosystème fluvial et l'écosystème
terrestre.
Enjeux
Appliquée aux aires protégées, éléments du patrimoine (naturel, géologique ou culturel) ou
du fonctionnement (écologique ou socio-économique) de l?aire protégées pour lesquels cette
dernière à une responsabilité et que l'on doit préserver ou améliorer.
Espèces endémiques
On dit qu?une espèce est endémique d?un territoire lorsque l?ensemble des populations de
l?espèce sont présentes uniquement dans ce territoire. La notion d?endémisme est indissociable
d?une zone géographique donnée, par exemple, une espèce est endémique des Pyrénées ou
de l?île de la Réunion.
Espèce exotique envahissante (ou espèce invasive)
Espèce introduite artificiellement dans une zone géographique en dehors de son aire de
répartition naturelle, dont la survie et la propagation modifient en profondeur les écosystèmes
colonisés, pouvant à terme induire des disruptions de services écosystémiques d'intérêt
économique ou des risques sanitaires majeurs.
Espèces spécialistes/généralistes
Le niveau de spécialisation d?une espèce est généralement mesuré par le nombre de milieux
ou d?habitats fréquentés par une espèce. Cette mesure permet de classer les espèces de
spécialistes (présentes dans un nombre restreint d?habitats et possèdent une faible capacité
à coloniser des milieux différents) à généralistes (présentes dans un nombre varié d'habitats
avec une capacité de dispersion plus élevée).
Évaluation
Mise en oeuvre des méthodes et des procédures permettant d'estimer les conséquences
d'une politique, d'un programme, d'un projet ou d'une réalisation sur une entité, par exemple,
ici l?évaluation de l?efficacité de la gestion d?aires protégées.
Façades maritimes
Échelle géographique retenue en métropole pour l?élaboration de la planification en mer dans
les domaines de l?environnement et du développement durable. D?après le code de l?environ-
nement, les eaux marines métropolitaines comportent quatre façades maritimes : Manche
Est-mer du Nord, Nord-Atlantique Manche Ouest- Sud-Atlantique, Méditerranée.
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 57
Géodiversité
Selon le Code de l?Environnement (article L.110-1), «on entend par Géodiversité la diversité
géologique, géomorphologique, hydrologique et pédologique ainsi que l?ensemble des
processus dynamiques qui les régissent, y compris dans leurs interactions avec la faune, la
flore et le climat.»
Gestionnaire
Dans la présente stratégie, le terme de « gestionnaire » employé sans autres précision vise
l'organisme gestionnaire d'aire protégée (et ses représentants), au sens de gestionnaires du
projet pour ce territoire, tel que formalisé dans son document de référence pour la gestion
(plan de gestion, charte, document d'objectif. Cela n'obère en rien la qualité de gestionnaire
du territoire au sens de propriétaire ou exploitant foncier, ou de gestionnaire, dans la limite
des cadrages légaux, de stocks de ressources naturelles). Ces gestionnaires qui restent en place
peuvent ainsi contribuer aux objectifs de conservation de l?aire protégée si les conditions de
gouvernance le permettent.
Inventaire général de biodiversité
Un inventaire général de la biodiversité ou All Taxa Biodiversity Inventory (ATBI) est un processus
d'inventaire coordonné de l'ensemble des espèces présentes dans un espace donné dont
l?objectif est de faire progresser la connaissance taxonomique et chronologique et de mieux
comprendre les communautés écologiques et leurs interactions au sein des écosystèmes. Il
contribue, autant que possible, à une évaluation patrimoniale du territoire et à la mise en place
de suivis.
Liste verte UICN
Lancée en 2014, la Liste verte des aires protégées de l?UICN est un label international qui vise
à reconnaître à travers le monde, des aires protégées qui sont gérées équitablement et effi-
cacement, avec des impacts positifs sur la nature et les sociétés. Ce standard fournit une
référence mondiale en matière de gestion efficace et de gouvernance de qualité, qui incite à
améliorer la performance et l?atteinte des objectifs de conservation. Pour être inscrit sur la
Liste verte, un site doit en effet répondre à 17 critères d?excellence en matière de gouvernance,
de gestion, de planification et de résultats de conservation.
Naturalité
Notion reflétant le degré d'influence d'un milieu par l'homme, et donc son caractère plus ou
moins « sauvage ». Elle comporte deux volets : la « naturalité biologique », définie par ses
caractéristiques observables, qui la rapprochent plus ou moins d'un état « naturel », et la
« naturalité anthropique », liée au niveau d'intervention humaine, actuelle ou passée. Trois
critères complémentaires permettent de qualifier la naturalité d'un écosystème de forte à
faible : son intégrité biophysique (position sur un gradient d'originel à artificiel), sa spontanéité
(absence d'influence humaine actuelle, indépendamment de son histoire) et sa continuité
spatio-temporelle (taille, connectivité et ancienneté).
Points chauds de biodiversité
Terme générique désignant une zone à haute valeur biologique caractérisée par la richesse
des espèces ou des habitats ou l?endémisme.
Pression/ État/Réponse
Cette notion repose sur la notion de causalité : les activités humaines exercent des pressions
sur l?environnement et modifient la qualité et la quantité des ressources naturelles. La société
répond à ces changements en adoptant des mesures de protection, de dépollution, etc.
58 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
Protection forte
Espace naturel dans lequel les pressions engendrées par les activités humaines susceptibles
de compromettre la conservation des enjeux écologiques de cet espace sont supprimées ou
significativement limitées, et de manière pérenne, grâce à la mise en oeuvre d'une protection
foncière ou d?une réglementation adaptée, associée à un contrôle effectif des activités
concernée.
Région bio-géographique (ou écozone) et écorégions
Partie de la surface terrestre représentative d'une unité écologique à grande échelle, carac-
térisée par des facteurs abiotiques (non vivants) et biotiques (vivants) particuliers. À une plus
petite échelle, les régions biogéographiques sont subdivisées en écorégions selon la classifi-
cation des unités écologiques proposée par Miklos Udvardy dans le cadre du Programme sur
l'homme et la biosphère (MAB).
Représentativité
Appliquée aux aires protégées, la représentativité est un objectif qui consiste à couvrir et
refléter la diversité des écosystèmes, des habitats, des espèces et plus largement du patrimoine
naturel.
Réplication
Dans ce cas, désigne la protection d?un nombre suffisant de spécimens d?espèces, et d?habitats
ainsi que de processus écologiques dans des aires protégées suffisamment distantes pour
éviter leur perte en raison des risques affectant chaque aire protégée.
Réservoir de biodiversité
Dans le cadre de la Trame Verte et Bleu, les réservoirs de biodiversité sont définis comme des
espaces dans lesquels la biodiversité, rare ou commune, menacée ou non menacée, est la
plus riche ou la mieux représentée, où les espèces peuvent effectuer tout ou partie de leur
cycle de vie (alimentation, reproduction, repos) et où les habitats naturels peuvent assurer leur
fonctionnement, en ayant notamment une taille suffisante. Ce sont des espaces pouvant
abriter des noyaux de populations d?espèces à partir desquels les individus se dispersent, ou
susceptibles de permettre l?accueil de nouvelles populations d?espèces.
Services écosystémiques
Avantages socio-économiques retirés par l'homme de son utilisation durable des fonctions
écologiques des écosystèmes. Certains services écosystémiques sont des avantages matériels
liés à des processus naturels tels que la production de biens directement consommables,
l'autoépuration des eaux, la stabilisation des sols ou la pollinisation ; d'autres sont des avantages
immatériels, comme des activités récréatives ou culturelles.(exemple : production de biens
directement consommable (nourriture, matériaux, énergie, etc.), autoépuration des eaux,
stabilisation des sols ou la pollinisation ; d'autres sont des avantages immatériels, comme des
activités récréatives ou culturelles.
Territoires
Étendue de pays sur laquelle s'exerce une autorité, une juridiction. Pour décliner la stratégie,
les échelles administratives suivantes ont été retenues :
? Échelle régionale en métropole et régions d?outre-mer, et échelle de la collectivité dans les
autres territoires d?outre-mer sur terre
? Façade maritime en métropole et bassin maritime ultramarin en mer pour les départements,
régions, voire collectivités d'outre-mer
Usages
Pratique habituellement observée dans un domaine ou fonction que l?on peut attribuée à un
milieu, territoire, (aires protégées par exemple).
Glossaire
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 59
Liste d'outils associés à la
définition d'aire protégée
Définition des aires protégées
Une aire protégée est « un espace géographique clairement défini, reconnu,
consacré et géré, par tout moyen efficace, juridique ou autre, afin d'assurer à long
terme la conservation de la nature ainsi que les services écosystémiques et les
valeurs culturelles qui lui sont associes ».
Sont considérés comme des aires protégées :
? Parcs nationaux (zones de coeur et aire
d?adhésion)
? Réserves naturelles
? Réserves biologiques
? Arrêtés de protection préfectoraux (biotopes,
habitats naturels, et géotopes)
? Réserves nationales de chasse et de faune
sauvage
? Sites du conservatoire du littoral
? Sites du conservatoire des espaces naturels
(sites acquis et gérés)
? Parcs naturels régionaux
? Sites Natura 2000
? Sites RAMSAR (au titre des zones délimitées
par la France en application des instruments
régionaux ou internationaux)
? Biens inscrits sur la liste du patrimoine mondial
de l'UNESCO (au titre des zones délimitées par
la France en application des instruments régio-
naux ou internationaux)
? Réserves de biosphère (au titre des zones déli-
mitées par la France en application des
instruments régionaux ou internationaux)
Potentiels nouveaux outils à intégrer après analyse,
voire au cas par cas, lors du premier plan d'action :
? Périmètres de protection des réserves natu-
relles nationales après présentation en CNPN
? Espaces naturels sensibles (sous réserve de
critères à définir ? lors du premier plan
d?action)
? Sites acquis par les agences de l?eau (sous
réserve de critères à définir ? lors du premier
plan d?action)
? Sites classés ((sous réserve de critères à définir
? lors du premier plan d?action)
? Aires protégées créées en application des
réglementations de la Polynésie française, du
gouvernement et des provinces de Nouvelle-
Calédonie et de Wallis-et-Futuna (sous réserve
de critères à définir ? lors du premier plan d?ac-
tion) après présentation en CNPN
À TERRE
60 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
Annexe 1
L?ensemble des aires marines protégées figurant
à l?article L.334-1 du code de l?environnement :
? Parcs nationaux ayant une partie maritime
? Réserves naturelles ayant une partie maritime
et, le cas échéant, les périmètres de protec-
tion de ces réserves qui disposent d?un plan
de gestion validé par le ministère en charge de
l?environnement après avis du Conseil national
de protection de la nature - CNPN
? Arrêtés de protection des biotopes, des habi-
tats naturels et des sites d'intérêt géologique
ayant une partie maritime
? Parcs naturels marins
? Sites Natura 2000 ayant une partie maritime
? Parties maritimes du domaine relevant du
Conservatoire de l'espace littoral et des
rivages lacustres.
? Zones de conservation halieutiques
? Parties maritimes des parcs naturels
régionaux
? Réserves nationales de chasse et de faune
sauvage ayant une partie maritime
? Aires marines protégées créées en application
des réglementations de la Polynésie française,
du gouvernement et des provinces de
Nouvelle-Calédonie et de Wallis-et-Futuna
? Aires marines ou ayant une partie marine déli-
mitées par la France en application des
instruments régionaux ou internationaux
auxquels la France est partie
EN MER
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 61
PHRASE EXPLICATIONS
Espace
géographique
clairement défini
Inclut les aires terrestres, marines et côtières, d?eau douce ou une combinaison de deux
ou plusieurs d?entre elles. L?« espace » a trois dimensions, p. ex. lorsque l?espace aérien
au-dessus d?une aire protégée est protégé contre le vol en rase-motte ou, dans des aires
marines protégées, quand une certaine profondeur d?eau ou le fond de la mer sont
protégés mais que l?eau au-dessus ne l?est pas : par contre, les zones situées sous la surface
ne sont parfois pas protégées (p. ex. ouvertes à l?exploitation minière). « Clairement défini »
implique une aire définie dans l?espace avec des limites reconnues et marquées. Ces
limites peuvent parfois être définies par des caractéristiques physiques qui se déplacent
avec le temps (p. ex. berges de rivières) ou par des activités de Gestion (p. ex. zones de
non-prélèvement convenues).
Reconnu Implique que la protection peut inclure toute une gamme de types de gouvernance
déclarés par la population ainsi que ceux identifiés par l?état, mais que de tels sites doivent
être reconnus d?une certaine façon (en particulier en étant repris sur la liste de la Base de
données mondiale sur les aires protégées ? BDMAP).
Consacré Implique un certain engagement contraignant envers la conservation à long terme
passant par, p.ex. :
- Conventions et accords internationaux
- Loi nationale, provinciale et locale
- Droit coutumier
- Engagements des ONG
- Fiducies privées et politiques des sociétés
- Programmes de certification
Géré Suppose quelques démarches actives pour conserver les valeurs naturelles (et éventuel-
lement d?autres) pour lesquelles l?aire protégée fut créée ; notons que « géré » peut inclure
la décision de laisser l?aire intacte si c?est la meilleure stratégie de conservation.
par tout moyen
efficace,
juridique ou
autre
Signifie que les aires protégées doivent être soit enregistrées, c.-à-d. reconnues dans le
cadre de la loi civile statutaire), soit reconnues par une convention ou un accord inter-
national, ou encore gérées par d?autres moyens efficaces mais non enregistrés, comme
les réglementations traditionnelles reconnues selon lesquelles fonctionnent les aires du
patrimoine communautaire ou les politiques d?organisations non gouvernementales
confirmées.
Liste d?outils associés à la
définition d?aire protégée
À titre informatif, ci-dessous les lignes directrices de l?Union Internationale de la
Conservation de la Nature relatives à la définition d?une aire protégée
62 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
Annexe 1
PHRASE EXPLICATIONS
afin d?assurer Implique une certaine efficacité. Bien que la catégorie soit toujours déterminée par les
objectifs, l?efficacité de gestion sera progressivement notée dans la Base de données
mondiale sur les aires protégées et, avec le temps, elle deviendra un critère important
qui contribuera à l?identification et à la reconnaissance des aires protégées.
à long terme Les aires protégées doivent être gérées dans la durée et non comme une stratégie de
gestion temporaire.
la conservation Dans le contexte de cette définition, la conservation fait référence au maintien in-situ
d?écosystèmes et d?habitats naturels et semi-naturels et de populations viables d?espèces
dans leurs environnements naturels et, dans le cas d?espèces domestiquées ou cultivées
(voir la définition de l?agrobiodiversité dans l?Annexe), dans l?environnement où elles ont
développé leurs propriétés distinctives.
de la nature Dans ce contexte, la nature fait toujours référence à la biodiversité aux niveaux génétique,
de l?espèce et de l?écosystème et aussi, souvent, à la géodiversité, le modelé, et d?autres
valeurs naturelles plus générales.
et les services
écosystémiques
qui lui sont
associés
Signifie ici les services de l?écosystème qui sont liés mais n?interfèrent pas avec les objectifs
de la conservation de la nature. Ils peuvent comprendre des services d?approvisionne-
ment comme l?eau et la nourriture ; des services de régulation comme celles des
inondations, des sécheresses, de la dégradation des sols et des maladies ; des services
de soutien comme la formation des sols et le cycle des nutriments ; et des services
culturels comme les avantages récréatifs, spirituels, religieux et autres avantages non
matériels.
Valeurs
Culturelles
Inclut celles qui n?interfèrent pas avec le résultat de la conservation (toutes les valeurs
culturelles d?une aire protégée devraient répondre à ce critère), y compris en particulier :
- celles qui contribuent aux résultats de la conservation (p.ex. les pratiques de gestion
traditionnelles dont les espèces clés sont devenues tributaires)
- celles qui sont elles-mêmes menacées.
Notion
d?incompatibilité
avec des
activités
industrielles dans
les aires marines
protégées
À noter que l?UICN1 considère qu?une aire protégée n?est pas compatible avec des acti-
vités industrielles qui portent atteinte aux objectifs de conservation. Notamment, la
« pêche industrielle » (qui peut être définie par des navires de plus de 12 m et pratiquant
certains arts) ne doit pas être autorisée dans les AMP ou dans les autres mesures de
conservation efficaces par zone (AMCEZ), si/[dans la mesure où] elle n?est pas compatible
avec les objectifs de conservation et les objectifs de gestion de ces zones.
1. À noter l?explication de vote (abstention de la France) lors de l?adoption de la motion 066 lors du congrès de l?UICN 2020 « Attachée à garantir la durabilité des activités
de pêche aussi bien sur le plan environnemental que sur le plan économique et social, la France ne peut retenir une définition de la pêche industrielle qui aurait pour résul-
tat d?empêcher par principe certains segments de sa flotte de pêche d?exercer leur activité dans certaines zones. Par ailleurs, les autorités françaises considèrent que les
activités dans les aires protégées doivent être évaluées au cas par cas sur la base de données et de méthodes robustes, notamment sur la base d'évaluations d'impact envi-
ronnemental, et afin de respecter toujours les objectifs de conservation de l'aire protégée considérée, et de permettre ou préserver le bon état écologique de l'écosystème.
La France défend une approche des aires marines protégées qui peut permettre dans de nombreux cas la cohabitation des activités. L?enjeu est bien dans toutes les aires
marines protégées de supprimer les pressions qui pèsent sur les écosystèmes, ce qui ne signifie pas supprimer les usages durables. Une activité de pêche bien gérée peut
donc être compatible avec la conservation des espèces et des habitats dans une aire protégée, sans considération de la longueur du navire. La France appelle à l?application
stricte de l?ensemble des mesures permettant d?assurer l?exploitation durable des ressources biologiques de la mer, en particulier dans les aires marines protégées, et au
contrôle rigoureux de ces mesures, à travers notamment le renforcement de la lutte contre la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN). »
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 63
À TERRE EN MER
L'ensemble des outils ci-dessous, sauf ceux en gras
(ces nouvelles catégories de protection forte
seront prises en compte en fonction de critères
définis lors du premier plan d'action) sont reconnus
comme des zones de protection forte :
? Coeurs de parcs nationaux
? Réserves naturelles
? Réserves biologiques
? Arrêtés de protection (de biotope, de géotope
et d?habitat naturel)
? Périmètres de protection des réserves natu-
relles nationales après présentation en CNPN
? Réserves nationales de chasse et de faune
sauvage sous réserve de mise en place d?une
gestion conservatoire dédiée
? Sites acquis par le conservatoire du littoral
sous réserve de mise en place d?une gestion
conservatoire dédiée
? Sites acquis par les Conservatoires d?espaces
naturels sous réserve de la mise en place
d?une stratégie permettant de pérenniser ces
acquisitions
? La définition d'un outil existant ou nouveau
adapté à la protection forte de forêts
L?ensemble des aires marines protégées figurant à
l?article L.334-1 du code de l?environnement
peuvent accueillir une zone de protection forte :
? Parcs nationaux ayant une partie maritime
? Réserves naturelles ayant une partie maritime
et, le cas échéant, les périmètres de protec-
tion de ces réserves qui disposent d?un plan
de gestion validé par le ministère en charge de
l?environnement après avis du Conseil national
de protection de la nature - CNPN
? Arrêtés de protection des biotopes, des habi-
tats naturels et des sites d'intérêt géologique
ayant une partie maritime
? Parcs naturels marins
? Sites Natura 2000 ayant une partie maritime
? Parties maritimes du domaine relevant du
Conservatoire de l'espace littoral et des
rivages lacustres
? Zones de conservation halieutiques
? Parties maritimes des parcs naturels
régionaux
? Réserves nationales de chasse et de faune
sauvage ayant une partie maritime
? Aires marines protégées créées en application
des réglementations de la Polynésie française,
du gouvernement et des provinces de
Nouvelle-Calédonie et de Wallis-et-Futuna
? Aires marines ou ayant une partie marine déli-
mitées par la France en application des
instruments régionaux ou internationaux
auxquels la France est partie
Une zone de protection forte peut être créée au
sein des AMP susmentionnées à condition de
répondre aux cinq critères suivants, définis dans
Liste d'outils associés
à la définition de
protection forte
Définition de protection forte
Une aire protégée sous protection forte est « un espace naturel dans lequel les
pressions engendrées par les activités humaines susceptibles de compromettre la
conservation des enjeux écologiques de cet espace sont supprimées ou significa-
tivement limitées, de manière pérenne, grâce à la mise en oeuvre d?une protection
foncière ou d'une réglementation adaptée, associée à un contrôle effectif des
activités concernées. »
64 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
EN MER
Annexe 1
le cadrage national établi en 2018 par le Ministère
de la Transition écologique sur proposition de l?Of-
fice français de la biodiversité et en concertation
avec les autres ministères et les services déconcen-
trés de l?Etat (DREAL, DIRM, préfectures maritimes,
préfets de région) :
1. Porter sur des enjeux écologiques
prioritaires
2. Être prioritairement mise en place au sein
d?une aire marine protégée
3. Disposer d?une réglementation particulière
des activités pour permettre de diminuer
très significativement voire de supprimer les
principales pressions sur les enjeux écolo-
giques justifiant la protection forte
4. S?appuyer sur un document de gestion,
élaboré par l?organe de gouvernance de
l?AMP considérée, définissant des objectifs
de protection et un système d?évaluation de
l?efficacité du dispositif
5. Bénéficier d?un dispositif de contrôle
opérationnel des activités
Ces critères signifient que les aires marines proté-
gées qui ne sont pas dotées de plans de gestion,
comme les arrêtés préfectoraux de protection ou
les réserves nationales de chasse et de faune
sauvage, ne peuvent pas former à elles seules des
zones de protection forte. Il faut pour cela qu?elles
soient incluses dans des AMP dotées de plans de
gestion.
Par exemple, un arrêté préfectoral de protection
situé dans un parc naturel marin peut constituer
une zone de protection forte.
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 65
MÉTROPOLE/OM PROVINCES MEOW ÉCO-RÉGION ÉCHELLES DE GOUVERNANCE
Métropole Domaine alpin Région administrative
Métropole Domaine atlantique Région administrative
Métropole Domaine
continental Région administrative
Métropole Domaine
méditerranéen Région administrative
Métropole Northern
European
Seas
Manche
Mer du Nord
Façade Manche Est Mer du Nord
(MEMN)
Métropole Mers
Celtiques Façade Nord Atlant ique
Manche Ouest (NAMO)
Métropole
Lusitanian
Golfe de Gascogne
Nord
Métropole Golfe de Gascogne
Sud Façade Sud Atlantique (SA)
Métropole Mediterranean Sea Méditerranée
occidentale Façade Méditerranée (MED)
Saint-Pierre
et Miquelon
Cold Temp rate
Northwest Atlantic
Saint-Pierre et
Miquelon Bassin Saint-Pierre et Miquelon
Le suivi de l?atteinte des objectifs se fera à différentes
échelles dont l?échelle écorégionale.
Les écorégions se baseront ainsi sur le découpage MEOW, ou Marine Ecoregions of
the World, A. Spalding et al. 2007), en retenant le niveau intermédiaire : les provinces
(colonne F), qui semble le plus adapté. Pour le terrestre, plutôt que d?utiliser un
zonage biogéographique, qui amènerait à découper des territoires (îles notamment)
de surface réduite, nous proposons de rassembler tous les espaces terrestres se
trouvant au sein d'une même écorégion marine du MEOW.
Découpage écorégional
retenu pour le suivi national
du développement du réseau
d?aires protégées et de
protection forte
L?approche écorégionale de la future stratégie reposera sur le double
découpage suivant
66 STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030
Annexe 2
MÉTROPOLE/OM PROVINCES MEOW ÉCO-RÉGION ÉCHELLES DE GOUVERNANCE
Guadeloupe
Tropical
Northwestern
Atlantic
Antilles Bassin Antilles
Martinique
Saint-Martin
Saint-Barthélémy
Guyane North Brazil Shelf Guyane Bassin Guyane
Mayotte
Western lndian
Ocean Océan indien
Bassin Sud
Océan Indien
La Réunion
Glorieuses
Tromelin
Juan de Nova
Europa
Kerguelen
Subantactic Islands
Terres australes
et antarct iques
Crozet
Saint-Paul et
Amsterdam
Amsterdam
- St Paul
Terre Adélie Continental
High Antarctic
Clipperton Tropical Eastern
Pacific Clipperton Haut-commissaire de la République
Wallis et Futuna
Central Polynesia
Wallis et Futuna Wallis et Futuna
Marshall, Gilbert
and Ellis Islands
Polynésie française
Southeast
Polynesia Sud Polynésie
Polynésie française
Marquesas Marquises
Nouvelle-Calédonie
Tropical
Southwestern
Pacific Nouvelle-Calédonie Nouvelle-Calédonie
Lord Howe
and Norfolk Islands
STRATÉGIE NATIONALE POUR LES AIRES PROTÉGÉES 2030 67
Ministère de la Transition
écologique
244, boulevard Saint-Germain
75007 Paris
France
Tél. : 01 40 81 21 22
Ministère de la mer
20 avenue de Ségur
75007 Paris
Fance
Et avec la participation de
l'Office français de la biodiversité
https://www.ecologie.gouv.fr/
Crédits photos : Couverture Réserve naturelle nationale de la presqu?île
de la Caravelle - Martinique/L.Juhel - PNR Martinique, 2e couverture
B.Huet, sommaire F.Larrey - Conservatoire du littoral, page 3 O.Prohin
- PN des Cévennes, introduction A.Gigou - OFB, pages 14 et 15 www.
photo-hedelin.com, page 16 SEPANSO - RNN banc d'Arguin, page 19
F.Monbrun page 21 Clo & Clem - OFB, page 24 S.Gaudin - CNPF , page
26 D.Carles - Terra, page 28 et 29 S.Gelabert, page 30 D.Coutelier -
Terra, page 31 A.Bouissou - Terra, page 34 P.Erhel-Hatuuku, page 38
Y.Stephan - Mayotte Découvertes, page 41 F.Mazéas, page 42 G.Feuillet
- Parc amazonien de Guyane, page 44 M.Rauch - PNR des Vosges du
Nord, page 45 A.Bouissou - Terra Media, pages 48 et 49 P.Saulay - PN des
Ecrins, page 50 Parc Naturel de la Mer de Corail, 4e couverture Vallon de
Valfroide - Parc national des Ecrins/P.Saulay - PN des Ecrins.
Publication : janvier 2021
Appui à la conception et réalisation :
BIOTOPE ÉDITION ET COMMUNICATION
INVALIDE)