Rapport d'enquête technique sur l'incendie de l'entrepôt Highway France Logistics 8 à Grand-Couronne (76)
Auteur moral
France. Bureau d'enquêtes et d'analyses sur les risques industriels
Auteur secondaire
Résumé
<div style="text-align: justify;">Rapport de l'enquête réalisée par le BEA-RI sur l'incendie survenu dans l'entrepôt Highway France Logistics 8 à Grand-Couronne en Seine-Maritime (76) le 16 janvier 2023. Cet entrepôt de logistique est composé de quatre cellules louées à des entreprises. Une de ces entreprises stocke plusieurs milliers de batteries usagées de type Lithium Métal Polymère (LPM), celulle d'origine du départ de feu. Le BEA-RI tire de cet accident plusieurs enseignements de sécurité portant sur l'emballement des batteries LMP "froide", sur les caractéristiques de cet emballement thermique, sur la dangerosité des fumées et la nature des gaz produits en phase de déclin de l'incendie, sur les effets de l'extinction à l'eau et sur la modélisation d'un incendie de cellule de stockage de ce type de batterie. En outre, le BEA-RI adresse un certain nombre de recommandations à destination du fabricant des batteries, de l'exploitant de l'entrepôt et de l'autorité réglementaire.</div>
Editeur
BEA-RI
Descripteur Urbamet
incendie
;enquête
;entrepôt
;logistique
Descripteur écoplanete
batterie
;lithium
Thème
Ressources - Nuisances
Texte intégral
Inspection générale de l?environnement
et du développement durable
Bureau d?Enquêtes et d?Analyses
sur les Risques Industriels
Rapport d?Enquête
Sur l'incendie de l'entrepôt
Highway France Logistics 8 Ã
Grand-Couronne (76) le 16 janvier
2023
Rapport d?enquête sur l'incendie de l'entrepôt Highway France Logistics 8 à Grand-Couronne (76) le 16 janvier 2023
N° MTE-BEARI-2025-004 P a g e 2 | 62
Bordereau documentaire
Organisme auteur : Bureau d?Enquêtes et d?analyses sur les risques industriels (BEA-RI)
Titre du document : Rapport d?enquête technique sur l'incendie de l'entrepôt Highway France Logistics
8 Ã Grand-Couronne (76)
N° : MTE-BEARI-2025-04
Date du rapport : 28/03/2025
Proposition de mots-clés : incendie, batterie, lithium métal, LMP, défense incendie, entrepôt,
logistique ...
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Avertissement
L?enquête technique faisant l?objet du présent rapport est réalisée dans le cadre des articles L. 501-1 à L.
501-19 du Code de l?Environnement.
Cette enquête a pour seul objet de prévenir de futurs accidents. Sans préjudice, le cas échéant, de
l?enquête judiciaire qui peut être ouverte, elle consiste à collecter et analyser les informations utiles, Ã
déterminer les circonstances et les causes certaines ou possibles de l?évènement, de l?accident ou de
l?incident et, s?il y a lieu, à établir des recommandations de sécurité. Elle ne vise pas à déterminer des
responsabilités.
En conséquence, l?utilisation de ce rapport à d?autres fins que la prévention pourrait conduire à des
interprétations erronées.
Au titre de ce rapport on entend par :
- Cause de l?accident : toute action ou événement de nature technique ou organisationnelle, volontaire
ou involontaire, active ou passive, ayant conduit à la survenance de l?accident. Elle peut être établie par
les éléments collectés lors de l?enquête, ou supposée de manière indirecte. Dans ce cas le rapport
d?enquête le précise explicitement.
- Facteur contributif : élément qui, sans être déterminant, a pu jouer un rôle dans la survenance ou dans
l?aggravation de l?accident.
- Enseignement de sécurité : élément de retour d?expérience tiré de l?analyse de l?évènement. Il peut
s?agir de pratiques à développer car de nature à éviter ou limiter les conséquences d?un accident, ou Ã
éviter car pouvant favoriser la survenance de l?accident ou aggraver ses conséquences.
- Recommandation de sécurité : proposition d?amélioration de la sécurité formulée par le BEA-RI, sur la
base des informations rassemblées dans le cadre de l?enquête de sécurité, en vue de prévenir des
accidents ou des incidents. Cette recommandation est adressée, au moment de la parution du rapport
définitif, à une personne physique ou morale qui dispose de deux mois à réception, pour faire part au
BEA des suites qu?elle entend y donner. La réponse est publiée sur le site du BEA-RI.
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Synthèse
La société Highway France Logistics 8 possède à Grand Couronne un entrepôt de logistique composé
de quatre cellules qu'elle loue à des entreprises. Une de ces entreprises stocke, pour le compte de la
société Blue Solutions, plusieurs milliers de batteries usagées de type Lithium Métal Polymère.
Le lundi 16 janvier 2023, vers 16h30, des opérateurs présents dans l'entrepôt détectent une vive lumière
et un départ de feu dans un des racks dans lesquels sont stockées les batteries. Compte-tenu de
l'importance du feu dès les premières minutes, les personnels n'interviennent pas. Ils appellent les
secours publics et donnent pour consigne d'évacuer les lieux.
S'en suivra un incendie de forte intensité alimenté tout d'abord par les batteries, puis par le stock de
pneumatiques présent dans la cellule voisine et par des produits combustibles présents dans une
troisième cellule. Le feu sera déclaré éteint le 18 janvier à 22h30 au terme d'une longue phase de
surveillance. Les cellules 1 à 3 seront entièrement détruites. La cellule 4 sera préservée des flammes.
Sur la base de l'ensemble des éléments recueillis au cours de l'enquête et des essais réalisés par l'Ineris,
le BEA-RI privilégie l'hypothèse d'un départ d'incendie par emballement thermique d'un des modules
stockés dans la cellule 1. Bien que plusieurs hypothèses aient été identifiées, la cause de cet emballement
n'a pas pu être établie (chocs ou court-circuit-interne). Compte tenu des caractéristiques du phénomène
produit et des conditions de stockage, le système d'extinction automatique n'a eu aucun effet sur
l'évolution de l'incendie qui a pu se développer puis se propager aux autres cellules.
Le BEA-RI tire de cet accident plusieurs enseignements de sécurité portant sur l'emballement des
batteries LMP "froide", sur les caractéristiques de cet emballement thermique, sur la dangerosité des
fumées et la nature des gaz produits en phase de déclin de l'incendie, sur les effets de l'extinction à l'eau
et sur la modélisation d'un incendie de cellule de stockage de ce type de batterie.
En outre, le BEA-RI adresse un certain nombre de recommandations :
À destination du fabricant des batteries
? Conduire une réflexion sur le conditionnement des modules au transport pour identifier, le
cas échéant, des dispositifs techniques qui permettraient de ralentir la propagation de
l'emballement thermique au sein d?une caisse de transport et/ou de stockage.
? Étudier l'effet du taux de charge sur les modules en termes de sensibilité à l'emballement
thermique ou de comportement dans un incendie généralisé.
? Poursuivre la recherche sur la mise au point d'un système d'extinction automatique adapté
au mode de stockage retenu qui soit efficace pour stopper la propagation de l'incendie (Les
résultats obtenus sur les essais avec sprinklage laissant entrevoir des possibilités de maîtrise
de la propagation).
? Conduire une réflexion sur la sécurité du stockage de ses propres batteries. Cette réflexion
devra aboutir à des préconisations en matière de quantités maximales stockables par cellule
compte-tenu des distances d'effets générées, de distances d'exclusion vis-à -vis des murs
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coupe-feu, d'îlotages et de hauteurs de stockage, de dimensionnement de la détection
incendie du système d'extinction automatique et du désenfumage.
? Compléter la fiche de données de sécurité pour préciser le caractère hydroréactif des résidus
de combustion et la production de phosphine en présence d'eau.
? Établir et diffuser auprès des utilisateurs et des services de secours publics un protocole
d'intervention en cas de départ d'emballement thermique sur un module pour prévenir le
risque de propagation, gérer la phase d'extinction (avec en particulier la question des
émissions de phosphine) et maîtriser les risques liés à l'élimination des résidus.
? Définir une procédure de gestion des modules qui ont été choqués ou endommagés en
tenant compte du risque d'emballement thermique différé dans le temps.
À destination de l'exploitant de l'entrepôt
? Améliorer son organisation en cas de crise pour assurer ses obligations en matière
d'information des tiers et de collaboration avec les services de secours, notamment en leur
fournissant toutes les informations pertinentes (nature des produits dangereux, plans des
installations, présence et fonctionnement des moyens de lutte et de protection contre
l'incendie etc.).
? Réévaluer périodiquement la pertinence des moyens d?intervention en cas de sinistre en
fonction de la dangerosité des matières stockées.
À destination de l'autorité réglementaire
? Dans un contexte d'électrification des usages et des mobilités, faire évoluer la réglementation
pour mieux encadrer l?implantation, les dispositions constructives, l?exploitation et la gestion
en cas d'accident des sites de stockage des batteries neuves ou usagées, en fonction des
typologies de batteries, compte-tenu notamment des enseignements techniques tirés de la
présente enquête.
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Sommaire
I. Rappel sur l?enquête de sécurité .............................................................................................................. 8
II. Constats immédiats et engagement de l?enquête ............................................................................... 8
II.1 Les circonstances de l?accident ........................................................................................................................... 8
II.2 Le bilan de l?accident ............................................................................................................................................ 8
II.3 Les mesures prises après l?accident .................................................................................................................... 9
II.4 L?engagement et l?organisation de l?enquête ................................................................................................... 9
III. Contextualisation ........................................................................................................................................ 9
III.1 L?entreprise ............................................................................................................................................................. 9
III.2 La cellule exploitée par Bolloré Logistics .........................................................................................................12
III.2.1 Le maillon d'une chaîne d'approvisionnement du groupe Bolloré ............................................ 12
III.2.2 Batterie : cellule électrochimique, pack ou module .................................................................... 12
III.2.3 La nature des batteries stockées à Rouen ..................................................................................... 14
III.2.4 Le stock de batteries de Rouen en chiffres ................................................................................... 16
IV. Compte-rendu des investigations menées........................................................................................... 18
IV.1 Reconnaissance de terrain .................................................................................................................................18
IV.2 Relevés de terrain ................................................................................................................................................18
IV.2.1 La cellule 1 ......................................................................................................................................... 20
IV.2.2 La cellule 2 ........................................................................................................................................ 24
IV.2.3 La cellule 3 ........................................................................................................................................ 25
IV.2.4 La cellule 4 ........................................................................................................................................ 26
IV.2.5 L'exploitation des images de vidéo-surveillance et des témoignages ...................................... 26
IV.3 Analyse de l?INERIS ............................................................................................................................................ 30
IV.3.1 L'étude des causes ........................................................................................................................... 32
IV.3.2 L'incendie de module ...................................................................................................................... 34
IV.3.3 Les autres observations issues des essais ...................................................................................... 40
V. Déroulement de l?évènement ................................................................................................................. 44
V.1 Déclenchement de l?évènement ....................................................................................................................... 44
V.2 L?intervention des secours publics ................................................................................................................... 44
VI. Conclusions sur le scénario de l?événement ........................................................................................ 48
VI.1 Scénario ................................................................................................................................................................ 48
VI.2 Facteurs contributifs ...........................................................................................................................................51
VI.2.1 L'absence de dispositif de confinement du phénomène d'emballement thermique ............ 51
VI.2.2 La cinétique de propagation .......................................................................................................... 52
VI.2.3 L'absence de procédure d'intervention sur des départs d'incendie ........................................ 53
VI.2.4 L'absence d'un système d'extinction adapté aux marchandises stockées .............................. 53
VI.2.5 La quantité de modules stockés .................................................................................................... 53
VI.2.6 L'absence d'un système d'extinction opérationnel sur l'incendie des autres cellules ........... 53
VI.2.7 La présence de produits combustibles et explosifs dans la même cellule .............................. 54
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VI.2.8 Des difficultés opérationnelles ...................................................................................................... 54
VI.2.9 Le défaut d'étanchéité des murs intercellules ............................................................................. 54
VII. Enseignements de sécurité ...................................................................................................................... 54
VII.1 Emballement des batteries LMP en sommeil ................................................................................................ 54
VII.2 Caractéristiques d'un emballement thermique de batterie LMP ............................................................ 54
VII.3 Les fumées d'incendies de module LMP ....................................................................................................... 55
VII.4 Les gaz produits en phase de déclin de l'incendie ...................................................................................... 55
VII.5 Effet de l'extinction à l'eau.............................................................................................................................. 56
VII.6 La modélisation d'un incendie de cellule de stockage de batteries ........................................................ 56
VIII. Recommandations de sécurité ............................................................................................................. 58
VIII.1 À destination du fabricant des batteries LMP ............................................................................................. 58
VIII.2 À destination de l'exploitant de l'entrepôt ................................................................................................ 59
VIII.3 À destination de l'autorité réglementaire ................................................................................................... 59
IX. Annexes ....................................................................................................................................................... 60
Annexe 1 Rapport d'appui technique de l?INERIS à l'enquête du BEA-RI ouverte suite à l?incendie survenu le
16 janvier 2023 au sein de la société Highway France Logistics 8 sur son site de Grand-Couronne (76) (ref. Ineris -
219921 - 2791447 - v2.0 du 25/03/2024) ..................................................................................................................61
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Rapport d?Enquête
Sur l?incendie de l'entrepôt Highway France Logistics 8 Ã
Grand-Couronne (76)
I. Rappel sur l?enquête de sécurité
L?enquête technique faisant l?objet du présent rapport est réalisée dans le cadre des articles L. 501-1 Ã
L. 501-19 du Code de l?Environnement. Cette enquête a pour seul objet de prévenir de futurs accidents.
Sans préjudice, le cas échéant, de l?enquête judiciaire qui peut être ouverte, elle consiste à collecter et
analyser les informations utiles, à déterminer les circonstances et les causes certaines ou possibles de
l?évènement, de l?accident ou de l?incident et, s?il y a lieu, à établir des recommandations de sécurités.
Elle ne vise pas à déterminer des responsabilités. En conséquence, l?utilisation de ce rapport à d?autres
fins que la prévention pourrait conduire à des interprétations erronées.
II. Constats immédiats et engagement de l?enquête
II.1 Les circonstances de l?accident
La société Highway France Logistics 8 est propriétaire à Rouen d'un entrepôt qu'elle loue à quatre
entreprises. Le lundi 16 janvier 2023, l'activité de chaque entreprise se déroule de manière tout à fait
normale et aucun fait marquant n'est signalé. Vers 16h30, alors qu'il préparait des commandes, un
opérateur travaillant dans la cellule n°1 perçoit un bruit bref, "sourd et étouffé" suivi d'un second, une
minute plus tard. Dans les secondes qui suivent, il constate une lueur vive suivie d'un début d'incendie
d'une ampleur suffisante pour exclure toute intervention d'extinction à l'eau et pour ordonner
l'évacuation des lieux. Il s'en suivra un incendie de plusieurs jours.
II.2 Le bilan de l?accident
L?incendie n'a fait aucune victime, l'alerte ayant permis l'évacuation des salariés présents sur le site.
L'incendie a détruit totalement 3 des 4 cellules de l'entrepôt, représentant une surface de stockage de
17 700 m², et la totalité des stocks et des équipements qui s'y trouvaient.
L'incendie a duré plusieurs jours et a généré une quantité importante de fumées et de déchets. En dépit
des moyens déployés pour pomper stocker et éliminer les eaux d'incendie, une partie de celles-ci n'a
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pas pu être confinée sur site et s'est infiltrée dans les sols. Elles ont causé une pollution de la nappe
phréatique qui est traitée par Highway France Logistics 8 à la demande du Préfet dans le cadre de la
gestion post-accidentelle, au même titre que le nettoyage et la dépollution du site.
II.3 Les mesures prises après l?accident
À la suite de l?accident, le site a fait l'objet d'une surveillance par les services de secours publics, en
raison de la subsistance de points chauds, notamment dans la cellule où le feu a pris naissance. Il a
ensuite été placé sous scellés par la police judiciaire, dans le cadre de l'enquête ouverte par le parquet
de Rouen. Des études ont été demandées pour caractériser l'impact de l'incendie et des eaux d'incendie
(auxquelles s'ajoutent les eaux météoriques compte tenu de l'absence de mesure de confinement des
déchets) sur l'environnement.
II.4 L?engagement et l?organisation de l?enquête
Au vu des circonstances et du contexte de l?accident, le directeur du bureau d?enquêtes et d?analyses
sur les risques industriels (BEA-RI) a décidé l?ouverture d?une enquête.
Les enquêteurs techniques du BEA-RI se sont rendus sur place le lundi 23 janvier pour participer aux
investigations organisées dans le cadre de l'enquête judiciaire. Ils ont par la suite rencontré les
représentants des sociétés Bolloré Logistics, Blue Solutions, Highway France Logistics 8, du Service
d'incendie et de secours de Seine-Maritime et de la DREAL Normandie.
Ils ont recueilli les témoignages ou déclarations écrites des acteurs impliqués dans l?évènement et dans
sa gestion. Ils ont eu, consécutivement à ces entretiens et aux réunions techniques organisées par la
suite, communication des pièces et documents nécessaires à leur enquête.
III. Contextualisation
III.1 L?entreprise
L'entrepôt impliqué dans l'incendie est une installation classée pour la protection de l'environnement
relevant du régime de l'enregistrement. Il a été autorisé par arrêté en date du 16 septembre 2009 pour
un volume de stockage de 236 000 m3. Il se compose de 4 cellules de 5900 m² pour une hauteur de
stockage limitée à 9m70. À la suite d'un changement de nomenclature par décret du 13 avril 2010, le site
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est passé au régime de l'enregistrement pour les rubriques 15101, 15302, 15323, 2663-24 et déclaration
pour les rubriques " D " pour 29255, 43206, 43307, 43318 et 47419.
En avril 2022, l'arrêté a été transféré à Highway France Logistics n°8 qui est une société de gestion d'actifs
mobiliers. Cette société se fait assister d'un bureau d'étude de conseils techniques et d'un bureau
d'étude de conseil en réglementation ICPE. Au quotidien, elle confie l'exploitation de l'entrepôt aux
quatre locataires des cellules que sont :
? Pour la cellule n° 1 : BOLLORE LOGISTICS10 dédié essentiellement au stockage de batteries LMP
et d'équipements automobiles,
? Pour la cellule n°2 : DISTRICASH, grossiste en pneumatiques et pièces détachées automobiles,
? Pour la cellule n°3 : ZIEGLER entreprise de transport et de logistique,
? Pour la cellule n°4 : SETCARGO entreprise de transport et logistique internationale.
Photographie 1 : Vue aérienne de l'entrepôt et des cellules (source : Google, BEA-RI)
1 Stockage de matières, produits ou substances combustibles
2 Dépôts de papiers, cartons ou matériaux combustibles analogues
3 Stockage de bois ou de matériaux combustibles analogues
4 Stockage de pneumatiques
5 Stockage d'ateliers de charge d'accumulateurs électriques
6 Stockage d'aérosols extrêmement inflammables ou inflammables de catégorie 1 ou 2
7 Stockage de liquides inflammables de catégorie 1
8 Stockage de liquides inflammables de catégorie 2
9 Stockage de mélanges d'hypochlorite de sodium
10 Bolloré Logistics est une société de transport et de logistique filiale du groupe Bolloré. Elle a été acquise par groupe CMA CGM
en février 2024 et prend progressivement le nom de CEVA Logistics, filiale du groupe.
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Figure 1 : Synoptique des différentes raisons sociales mentionnées dans le rapport
Avant 2021, toutes les cellules bénéficiaient du même système d'extinction automatique. Il s'agissait
d'un système par sprinklage de type ESFR conçu pour répondre rapidement à un incendie dans le but
de l?éteindre avant qu'il ne se propage. L'installation avait été dimensionnée en application du
référentiel NFPA 13 de 2010 pour des marchandises de type matière plastique non expansée pour une
hauteur de faîtage de 12,45 m et une hauteur de stockage de 10,7 m11.
Compte tenu de l'arrivée en 2020 d'une entreprise de vente de pneumatiques, l'installation de
sprinklage de la cellule 2 a été modifiée, toujours en application du référentiel NFPA 1312.
11 Sur la base de ces critères les têtes retenues étaient du type ESFR k14 à 5,2 bars et k25 à 2,8 bars, température de
déclenchement 74°C
12 Passage à des sprinkler type ESFR k25 à 5,2 bars.
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Le système est dimensionné pour alimenter un maximum de 12 sprinklers avec une pression donnée
pendant 1 heure. Au-delà de la durée d'une heure et du nombre de têtes déclenchées, la source d?eau
n?est plus en mesure de couvrir le débit demandé et l?autonomie de la réserve d?eau prévue pour
l'intervention des services de secours publics n'est plus garantie .
Aucune évolution n'avait été apportée au système de sprinklage de la cellule 1 pour tenir compte de la
spécificité des incendies de batteries LMP, non portée à la connaissance du propriétaire, ni par le
locataire de la cellule, ni par le fabricant des modules.
III.2 La cellule exploitée par Bolloré Logistics
III.2.1 Le maillon d'une chaîne d'approvisionnement du groupe Bolloré
La cellule exploitée par Bolloré Logistics est un maillon de la chaîne d'approvisionnement en pièces
détachées pour les véhicules commercialisés ou équipés par les filiales du groupe :
? Blue Solutions anciennement Batscap qui commercialise les batteries,
? Bluecar qui a commercialisé la Bluecar13,
? Bluebus, filiale du groupe Bolloré, fabricant de bus.
Ce faisant, Bolloré Logistics gère, entre autres, pour le compte de ces sociétés, un stock de pièces
détachées servant à l'entretien et la réparation des véhicules du groupe : pièces mécaniques, éléments
de carrosserie, accessoires et pièces moteur.
La cellule sert également de lieu de stockage pour les batteries usagées14 qui équipent les véhicules en
circulation. Il peut s'agir de véhicules fabriqués par le groupe (Bluecar ou Bluebus) comme des véhicules
d'autres constructeurs qui recourent à la technologie des batteries développée par Blue solutions.
III.2.2 Batterie : cellule électrochimique, pack ou module
Ce que l'on désigne sous le terme générique de batterie recouvre en réalité deux types d'objet : le pack
ou le module. Un pack est un coffre métallique qui contient des modules et un BMS ("battery
management system"). Blue solutions commercialise deux versions de pack : une version à 6 modules et
une version à 9 modules. Ils délivrent une énergie de 30 kWh ou 63 kWh et pèsent 330 kg ou 450 kg.
13 Véhicule léger notamment utilisé en libre-service dans le cadre du service "Autolib" mis en place à Paris entre 2011 et 2018.
14 Dans la suite du présent rapport le terme " batterie usagée " regroupe toute batterie ayant déjà été installée dans un véhicule
et ayant fait l?objet d?un retrait du véhicule sans préjuger de sa capacité ou non d?être réutilisée.
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Figure 2 : Vue éclatée d'un pack batterie comprenant 9 modules
et un BMS.
Chaque module est quant à lui composé d'un empilement de cellules électrochimiques (EC15) placées
dans un boîtier métallique soudé, étanche et sous atmosphère inerte.
Concernant les cellules électrochimiques, BlueSolutions est un des rares fabricants de batteries à avoir
fait le choix de la batterie "tout solide" Lithium Metal Polymère (LMP). Le courant est produit par deux
électrodes dont l'une est en lithium métal, séparées par un polymère solide (lorsque la batterie est Ã
température ambiante) qui joue le rôle de conducteur ionique (électrolyte). Pour les générations de
modules présents à Rouen, la conductivité ionique n'est possible que si l'électrolyte est porté à une
température très supérieure à la température ambiante (plus de 60°C).
15 EC : Electrochemical Cell (Cellule électrochimique)
IT2 IT3
Masse 330 kg 450 kg
Nombre de modules 6 9
Tension 450 V 650V
T° ext. de fonctionnement -30°C à +65°C
Capacité énergétique 30 kWh 63 kWh
Figure 3 : Vue éclatée d'un module
(source : site internet BlueSolutions)
Un module se présente sous la forme
d'un parallélépipède de dimensions
192 mm x 225 mm x 705 mm (HxlxL)
et d'une masse de 42 kg.
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Une cellule électrochimique est constituée d'un empilement successif de couches d'anode,
d'électrolyte, de cathode, de collecteur de courant et d'isolant. Cette technologie offre une meilleure
densité énergétique grâce à l'utilisation du lithium métal par rapport aux autres technologies. En termes
de sécurité, elle présente l'avantage de ne contenir aucun électrolyte liquide à température ambiante
ce qui peut présenter un intérêt dans la mesure où ces électrolytes, généralement constitués de produits
inflammables, peuvent fuir ou s'enflammer. Elle est en outre moins sensibles aux chaleurs excessives.
III.2.3 La nature des batteries stockées à Rouen
Blue Solutions est un fabricant de batteries qui équipe plusieurs modèles de bus et de voitures
particulières de marques différentes. Les batteries qui étaient stockées sur le site de Rouen étaient des
batteries usagées provenant essentiellement de véhicules en circulation.
Les raisons pour lesquelles ces batteries n'équipent plus de véhicules sont diverses : fin de vie du
véhicule (Blue Solutions reste propriétaire de la batterie), retrait faisant suite à une panne ou, de manière
préventive, sur constat de dérive lors d'un diagnostic16. Ce retrait a pu aussi s'opérer à l'initiative du
fabricant dans le cadre d'une campagne de rappel à la suite de la découverte d'un défaut de fabrication.
La chaîne logistique qui nous a été présentée est la suivante. Le pack batterie est démonté au niveau du
garage ou de l'atelier partenaire après diagnostic. En fonction de son type, il peut être expédié soit vers
16 En synthèse, il existe trois niveaux de diagnostic au cours desquels des paramètres de fonctionnement sont contrôlés :
? En circulation, le fonctionnement de chaque module fait l'objet d'une surveillance permanente assurée par des organes
de supervision de type BMS.
? Avant la charge, l'état de santé de chaque module est contrôlé.
? Lors des opérations de maintenance et d'entretien du véhicule
Figure 4 : Description de la cellule électrochimique LMP (source : site internet BlueSolutions)
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le site Bolloré Logistics de Rouen, en attente de contrôles plus poussés, soit vers l'usine Blue Solutions
de Quimper pour y être expertisé ou réparé. Lorsqu'une panne ou une perte performance affecte un
des modules, le module défaillant (non fonctionnel à l'instant t) est remplacé par un module fonctionnel.
Le module défaillant est envoyé sur le site de Rouen et le pack peut être réutilisé.
A chaque niveau du processus, les modules identifiés comme fortement endommagés ou dangereux ou
irréparables font l'objet d'une procédure de gestion et de transport spécifique à basse température en
vue de leur élimination au sein d'une installation autorisée à le faire17. Blue Solutions a recours à une
entreprise spécialisée dans l'élimination des déchets pour procéder à la destruction des modules dont
elle souhaite se défaire.
Figure 5 : Synoptique indicatif des flux de batteries retirés de la circulation
Pour Blue Solutions, interrogé sur le sujet, l'entrepôt de Rouen constituait ainsi un stock susceptible de
fournir des modules de rechange (sous réserve, pour certains modules, d'une remise en état) aux clients
de Blue Solutions durant toute la période de garantie.
17 Conformément aux préconisations de Blue Solutions, la cellule exploitée par Bolloré Logistics disposait d'un local de stockage
réfrigérée pour parer à toute éventualités (visible photographie 7).
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En pratique, il est difficile d'avoir un état des lieux consolidé de la situation technique de ces modules.
La lecture de quelques fiches de suivi permet de constater que l'état de santé d'un module est variable
et pourrait aller jusqu'à nécessiter des opérations de maintenance complexes18 s'il fallait qu'il retrouve
des performances optimales. Ainsi le BEA-RI en déduit que le stock était susceptible de compter :
? Des modules usés mais réutilisables en l'état à des fins de mobilité ;
? Des modules destinés à un usage de deuxième vie, c?est-à -dire des modules impropres à l'usage
mobilité mais dont les performances permettent un autre usage (utilisation en stockage
stationnaire d'énergie par exemple) ;
? Des modules défectueux qui auraient nécessité d'être réparés au sein de l'usine de Quimper
avant d'envisager un nouvel usage.
III.2.4 Le stock de batteries de Rouen en chiffres
Le site de Rouen accueillait ainsi dans la cellule n°1 de l?entrepôt :
? Près de 1300 packs IT2 composés de 6 modules d'une masse unitaire de 330kg d'une capacité
totale de 30 kWh ;
? Près de 11 000 modules IT3 d'une masse unitaire de 42 kg et d'une capacité de 7 kWh
conditionnés en caisse en carton de 6 ou 7 modules ou caisses en bois de 12 modules.
Exemples de conditionnement de modules IT3
18 Les modules sont sous atmosphère inerte, et les boîtiers sont soudés. Les réparations qui nécessitent l'ouverture du module
doivent comporter des travaux de découpe et doivent être réalisés en salle sèche (à hygrométrie contrôlée).
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Exemples de conditionnement de modules et de pack IT2
Si on examine le stock de batteries au cours des trimestres précédents l?incendie, on constate une
augmentation quasi exponentielle sur les trois dernières années du nombre d'unités entreposées sur le
site de Rouen. Sans que ce point ait été approfondi, le BEA-RI constate que cette augmentation coïncide
avec la fin de l'offre d'autopartage mise en place dans différentes agglomérations françaises ou
européennes (Paris, Bordeaux, Lyon, Turin ?). Elle coïncide aussi avec l'arrivée des modules usagés
provenant des packs IT3 qui équipent les bus et dont la montée en puissance débute en 202019. Enfin,
le BEA-RI relève, sans établir de lien de causalité avec l'incendie, l'ouverture en 2022, d'une campagne
de rappel concernant des bus équipés de modules IT3 présentant des défauts de fabrication20 dont on
peut supposer qu'elle puisse avoir un impact sur l'état des stocks.
19 Une voiture utilise un pack de 6 modules tandis qu'un bus de 12 mètres nécessite 6 packs de 9 modules soit 54 modules.
20 Motif de la fiche avancé sur le site rappel Conso "Le positionnement défectueux de la feuille isolante mylar (placée entre 2
cellules adjacentes dans la batterie) peut conduire à un court-circuit, augmentant le risque d?incendie.
https://rappel.conso.gouv.fr/fiche-rappel/21649/Rapex
0
2000
4000
6000
8000
10000
12000
14000
16000
Stock batteries de Rouen
flux trimestriel stock Expon. (stock)
Graphique 1 : stocks de
batteries en unité de
manutention
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Nonobstant la volonté de l'industriel de disposer d'un stock de pièces de rechanges, l'augmentation du
nombre d'unités résulte de l'écart manifestement croissant entre les retours de modules usagés et pour
la plupart non fonctionnels (pour de la mobilité), et les débouchés que pourrait offrir un marché de la
batterie de deuxième vie soit au travers du développement d'usages stationnaires, soit au travers du ré-
emploi de modules "reconditionnés". En tout état de cause, l'absence de perspective d'inversion de
tendance de ce marché (qui permettrait d'envisager un recours accru à ce gisement de pièces de
rechange ) laisse supposer que l'incendie s'est produit alors que le stock de Rouen était durablement
inscrit dans une phase de croissance.
C'est pourquoi, si ces modules étaient officiellement voués à connaître un nouvel usage, le BEA-RI ne
peut écarter l'hypothèse que, face aux difficultés d'écouler ce stock, les coûts de conservation et de
reconditionnement de ces modules auraient à terme conduit le fabricant à envisager d'autres solutions
de résorption et de valorisation.
IV. Compte-rendu des investigations menées
IV.1 Reconnaissance de terrain
Les enquêteurs techniques du BEA-RI se sont rendus sur site le 23 janvier 2023 afin de procéder aux
premiers constats et mener les premières investigations sur les installations impliquées. Ils ont par la
suite conduit différents entretiens avec plusieurs entités concernées directement ou indirectement par
l'accident. Sans reprendre dans le détail l'ensemble des constatations dressées, les enquêteurs
retiennent les éléments marquants suivants.
IV.2 Relevés de terrain
L'examen du bâtiment montre une dégradation importante des cellules 1, 2 et 3. La cellule 4 a été
relativement préservée (notamment quelques dégradations au niveau du murs coupe-feu) grâce Ã
l'intervention des pompiers.
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Photographie 2 : Vue des cellules 4, 3 et 2 (de gauche à droite)
Photographie 3 : Vue des cellules 3, 2 et 1 (de gauche à droite)
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IV.2.1 La cellule 1
La toiture de la cellule, réalisée en bac acier double peau avec isolant thermique, a été entièrement
détruite à l'exception de la zone proche des bureaux administratifs et de la sous-cellule prévue
initialement pour le stockage de produits dangereux21. Une partie des tôles sont restées pendantes le
long du mur coupe-feu qui sépare la cellule 1 de la cellule 2. Sur les 14 piliers qui supportent la structure,
trois ont été entièrement détruits. Les poutres de structure de la toiture ont été détruites. Sur les 27
poutres de la structure, 12 sont tombées au sol, les autres poutres qui sont restées en place ont subi des
dommages très importants et présentent des marques d'éclatement du béton. La structure s'est
globalement bien comportée vis-à -vis du risque de ruine en chaîne (à l'exception du pignon ouest).
Concernant le comportement à l'effondrement du bâtiment (exigence de la réglementation), on note
des chutes de plaques de béton préfabriquées à l'extérieur du bâtiment au niveau de la façade ouest.
L'examen du mur inter-cellule après incendie permet de constater qu'il a conservé son intégrité sur
7/8eme de sa longueur (photographies 2, 3, 4 et 6). Des éclatements de béton sont observés au niveau des
passages de canalisations de chauffage (photographie 6). À sa jonction avec sa façade sud, le mur s'est
effondré (photographie 15). C'est une zone où passent les tuyauteries du système de sprinklage. Celles-
ci sont parfaitement identifiables mais ne sont plus soutenues (photographie 15). En partie sommitale
du mur, l'examen de la jonction entre les plaques de béton et la poutre porteuse permet de constater
un espace qui a pu faciliter le passage des fumées (photographie 9). Cet espace semble être consécutif
à l'incendie et à la destruction du matériau (ou du produit) qui assurait auparavant l'étanchéité.
La porte coupe-feu sud a été en partie ouverte par la chute d'une poutre (photographie 10).
L'observation des résidus et des traces d'incendie par drone permet de voir distinctement une zone où
les dégâts à la structure sont plus marqués (mur d'enceinte, piliers de soutènement et poutres) et où les
armatures des racks ont totalement fondu contrairement à d'autres endroits où, bien que déformées,
les armatures sont parfaitement identifiables (photographie 11). Ces observations donnent des éléments
sur l'intensité de l'incendie qui a dépassé localement la température de fusion de l'acier des racks
(supérieure à 1400°C).
21 L?entrepôt bénéficiait d?une déclaration ICPE pour le stockage de 40 tonnes de bombes aérosols, 100 bouteilles de gaz 13kg, et
88 m³ de liquides inflammables en petits contenants. L'inventaire communiqué ne mentionne pas la présence de bouteille de
gaz et d'aérosol et les quantités de liquides inflammables étaient très en deçà du seuil autorisé. Les produits dangereux stockées
au moment des faits en ne présentaient pas de caractère d'inflammabilité.
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Photographie 4 : Vue du mur intercellules 1-2 avec une partie de
la couverture encore accrochée.
Photographie 5 : photo du mur intercellules 1-2 qui semble avoir
bien résisté dans son ensemble.
Photographie 6 : Gros plan sur la partie haute du mur
intercellules particulièrement dégradé par les effets de
l'incendie.
Photographie 7 : Remorque réfrigérée servant à la mise en
sécurité des modules présentant des signes de dangerosité
(Préconisation du fabricant Blue Solutions)
Photographie 8 : Portion de mur intercellules 1-2 détruite du
côté de l'arrivée des tuyauteries du système de sprinklage.
Photographie 9 : mur intercellule 1-2 qui fait apparaître un
espace entre le mur et la poutre qui est particulièrement
détériorée (ferrailles apparentes)
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Photographie 10 (Ã droite) : Photo de la porte coupe-feu
intercellules 1-2 sortie de son rail.
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Photographie 11 : Vue de la cellule 1. En Rouge, la zone au sein de laquelle les traces d'incendie sont le plus marquées (disparition
quasi totale des racks et des éléments de la toiture), présence au sol d'une épaisse couche de résidus de combustion. Le mur
périphérique extérieur a subi des dommages importants qui ont localement conduit à son effondrement vers l'extérieur du
bâtiment (cf. Photographie 14). Les atteintes à la structure (poutre béton) sont notablement plus importantes en comparaison
celles constatées sur la cellule voisine, où étaient stockés 70 000 pneumatiques.
Photographie 12 : La majorité des poutres constituant la
structure du toit se sont effondrées pendant l'incendie. Celles
restées en place montrent qu?elles ont été exposées à des
températures importantes.
Photographie 13 : le mur intercellules 1-2 présente des
dommages au niveau des passages de canalisations.
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Photographie 14 : Effondrement du mur d'enceinte à l'extérieur
du bâtiment en façade ouest. L'heure exacte de l'effondrement
n'est pas établie.
Photographie 15 : (Ã droite) Tuyauteries principales
d'alimentation du système d'extinction automatique des
cellules 1 et 2
IV.2.2 La cellule 2
Si la toiture de la cellule 2 a été détruite en totalité, la structure qui la supporte a été moins endommagée
que sur la cellule 1. À l'exception de trois poutres tombées au sol, les poutres et les piliers sont encore
en place parfaitement identifiables et présentent des dégradations moins importantes que sur la cellule
précédente.
L'examen après incendie du mur coupe-feu intercellules 2-3 présente des dégradations comparables aux
dégradations du mur intercellules 1-2 mais dans des proportions moindres. La reconnaissance visuelle au
drone permet de constater un espace au sommet du mur coupe-feu sous la poutre porteuse en sous-
face de toiture sur la quasi-totalité de sa longueur du mur. Cet espace semble être consécutif à l'incendie
et à la destruction du matériau (ou du produit) qui assurait auparavant l'étanchéité.
La reconnaissance aérienne de la cellule montre des traces d'incendie homogènes et permet de
distinguer les racks effondrés sur lesquels étaient stockés les pneumatiques.
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Photographie 16 : Vue de la cellule 2.
Photographie 17 : Vue de la partie supérieure du mur
intercellules 2-3. Un espace est clairement visible entre la
dernière plaque de béton et la poutre.
Photographie 18 : Trou dans le mur intercellules 2-3 provoqué
par un projectile.
IV.2.3 La cellule 3
La cellule 3 est la dernière cellule qui a brûlé au cours de l'incendie.
Sa toiture a également subi des dégâts importants puisque, à l'exception de quelques zones (travées
proches des bureaux, et la travée située en façade sud), la totalité de la toiture a été détruite par
l'incendie.
La structure a subi également des destructions importantes puisque sur les 7 poutres qui viennent en
appui du mur intercellules 3-4, 5 se sont effondrées. Les piliers, eux, sont encore en place.
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L'observation des traces d'incendie par drone permet de constater des détériorations le long du mur
intercellules 3-4 mais ici encore, les racks servant aux stockages, bien que déformés, sont parfaitement
identifiables.
IV.2.4 La cellule 4
La cellule 4 a été protégée par l'action du SDIS, le feu ne s'y est donc pas propagé. Les dégâts
bâtimentaires que l'on peut constater sont peu nombreux en comparaison des autres cellules.
En revanche, l'examen du mur intercellules 3-4 permet, d'une part, de constater que la jonction pilier-
dalle préfabriquée n'est plus réalisée et que, par conséquent, des fumées et des gaz d'incendie peuvent
se diffuser par ces interstices. On constate également que des premiers points de fragilité peuvent
apparaître au niveau du passage de canalisations du chauffage et à la jonction des dalles de béton
préfabriquées.
Photographie 19 : détérioration du mur autour du passage de la tuyauterie de
chauffage.
Photographie 20 : liaison poteau-mur
préfabriqué.
IV.2.5 L'exploitation des images de vidéo-surveillance et des témoignages
Les témoignages permettent de dire que l'évènement initiateur s'est produit dans une zone où étaient
stockées diverses marchandises dont des caisses de stockage de modules de batteries. Il est environ
16h30 lorsque l'un des opérateurs rapporte avoir entendu un bruit sourd puis perçu une lueur suivie d'un
début d'incendie.
L'exploitation des vidéos et des témoignages permettent d'établir la séquence suivante :
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Chronologie Évènement
T0 - 1min Les opérateurs discutent proche du
quai de déchargement au niveau des
portes 16 et D. Aucun des opérateurs
n'identifie de signe d'incendie.
T0 Depuis ce même endroit, un des
opérateurs, alerté par un bruit sourd
(qui s'est produit 10 à 15 s plus tôt),
découvre l'incendie, ordonne l'arrêt
des opérations de chargement et
l'évacuation du bâtiment. Il
déclenche l'alarme. Les opérateurs
quittent la cellule en courant
T0 + 1min Départ du camion qui était à quai
T0 + 2 min Fermeture de la porte de quai,
l'opérateur passe par l'extérieur.
T0 + 2 min 43s Les premières eaux de sprinklage
apparaissent au sol sur l?une des
caméras de vidéo-surveillance
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T0 + 4min 50s Flash important et premier
phénomène dont les lueurs sont
clairement perceptibles sur les
portes de quais filmées par une des
caméras.
Ces lueurs sont également visibles
depuis la caméra 15 qui filme l'entrée
piétonne latérale. Les lueurs
permettent de voir que la zone où le
foyer a démarré est dans le
prolongement de ce cheminement.
Ces lueurs sont caractéristiques d'un
phénomène d'emballement
thermique de module.
T0 + 10min La caméra est occultée par les fumées
et les gaz produits par le phénomène
en cours
T0 + 57 min Ruissellement de gouttes d'eau sur
l'objectif de la caméra
Tableau 1 : Chronologie des événements établis sur la base des images collectées par les caméras 12, 13 et 15
Il ressort de cette séquences les constats suivants :
? Une minute avant l'alerte, les opérateurs ne semblent percevoir aucun signe d'incendie alors
même qu'un des deux opérateurs regarde dans la direction où sera découvert l'incendie.
? L'opérateur découvre l'incendie de l'endroit où il se trouvait une minute plus tôt. Il n'a pas besoin
de s'approcher pour procéder à la levée de doute. Les flammes sont donc déjà clairement visibles
et suffisamment importantes ce qui donne une indication sur l'ampleur de l'incendie à cet
instant.
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? Les premières eaux d'incendie apparaissent à la vidéo un peu moins de 3 minutes après l'alerte
ce qui est un délai rapide pour un déclenchement de tête de sprinklage. Pour que le sprinklage
se déclenche, il faut que la température dépasse durablement les 74°C au niveau de la tête de
sprinklage. Cette tête est située en partie haute de la cellule à une distance qui varie entre 5 et
10 mètres en fonction de la position théorique du départ de feu dans le rack.
? Le premier flash important intervient entre 4 et 5 min après la découverte des premières
flammes. Ce flash ressemble à celui produit par l'emballement thermique d'un module.
Une autre séquence vidéo extérieures a retenu l'attention des enquêteurs. Alors même que les services
de secours et d'incendie sont déjà sur place (donc bien plus tard que la phase précédemment décrite),
la séquence fait distinctement apparaître des effets de souffle probablement dus à des phénomènes de
surpression à l'intérieur de la cellule. Ces explosions sont suffisamment puissantes pour faire bouger les
bardages sur lesquels sont fixées les caméras et expulser des fumées blanches par les ouvertures (portes
de quai ou sorties de secours).
Photographie 21 : Émission de fumées consécutives à une
explosion à l'intérieur de la cellule 1 (Façade ouest).
Photographie 22 : Émission de fumées en façade nord.
Come évoqué précédemment, l'incendie a une cinétique rapide. Le phénomène produit aussi une
importante quantité de fumée qui s'accumule sous le toit de la cellule. En une dizaine de minutes, le
plafond de fumée est descendu suffisamment bas pour occulter les caméras de vidéosurveillance situées
à 5 m environ. Cela représente un volume de 30 000 m3.
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Photographie 23 : Zoom sur le flash
lumineux produit au bout de 4 Ã 5 min
après l'apparition des premières
flammes et l'alerte donnée par les
opérateurs. L'ombre portée sur la
porte 19 du bras du transpalette visible
au premier plan de la photo permet de
situer le module sur lequel se produit
l'emballement thermique au niveau
des allée M ou N.
Photographie 24 : Plafond de fumées
visible sur le haut de l'image juste
avant occultation de la caméra.
IV.3 Analyse de l?INERIS
Le BEA-RI a sollicité l?appui de l?Ineris sur plusieurs points spécifiques de l?enquête, sa contribution est
jointe en annexe I du présent rapport (Rapport Ineris - 219921219921 - 2791447 - v2.0 du 25/03/2025).
Il a été demandé à l'INERIS de réaliser des essais sur des modules ou sur des cellules électrochimiques
en vue :
? De déterminer, en simulant différents modes d'agression, si des modes de défaillance de
modules dits "froids" (c?est-à -dire à température ambiante) peuvent être à l'origine d'un
emballement thermique ;
? D'étudier les mécanismes de propagation de l'incendie en tenant compte du mode de stockage
utilisé dans l'entrepôt et d'évaluer le rôle du système d'extinction automatique ;
? D'établir sur la base des mesures et des observations réalisées à l'occasion des essais si les
modules de batterie peuvent être à l'origine des explosions et des projections constatées lors de
l'incendie ;
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? D'évaluer, au besoin par comparaison avec d'autres types de feux connus et documentés,
l'efficacité des dispositifs de protection incendie communément utilisés dans le domaine de la
logistique (mur REI22, dispositif de désenfumage) ;
? D'évaluer la dangerosité des substances émises, le cas échéant, en les comparant aux substances
émises par des feux plus communément rencontrés et déjà documentés ;
? De préciser au regard des résultats obtenus en matière d'analyse si les moyens de protection
utilisés en phase accidentelle (y compris dans les dernières heures d'extinction) permettent de
protéger convenablement les intervenants.
Sur la base de ces demandes, l'Ineris a établi un protocole définissant pour chaque essai, son objectif,
sa nature, les conditions de mise en oeuvre, les moyens d'analyses et les besoins en produits à tester
(modules et cellules électrochimiques). Le protocole a été communiqué à Blue Solutions qui a eu la
possibilité de faire part de ses observations. Les seuls essais qui n'ont pas été discutés dans leur principe
lors de cette phase préparatoire sont les tests de caractérisation des résidus de combustion des modules
qui ont été décidés à la suite de la découverte du caractère hydro-réactifs de ces déchets.
Le fabricant a fourni l'ensemble des modules et des caisses de transport afin de disposer d'objets les
plus représentatifs de ceux impliqués dans l'incendie et permettre la bonne réalisation des essais. Il
convient de préciser que les cellules électrochimiques ont été spécifiquement préparées, conditionnées
et mises à disposition par le fabricant. De tels composants ne sortent jamais de l'usine de fabrication
sous cette forme mais exclusivement dans le module scellé près à fonctionner. Les essais ont été réalisés
en présence du fabricant.
Les essais ont été menés sur des modules (ou des cellules électrochimiques) à température ambiante et
à SOC 100%. Ils ont porté sur :
Tests Objet testé
Étude des causes
possibles
Test de compression choc chute Module
Test au clou Cellule électrochimique (EC23)
Test de court-circuit inter EC Cellule électrochimique (EC)
Comportement des
modules dans un
incendie
Test d'échauffement localisé Cellule électrochimique / module
Comportement d?une caisse de
modules LMP prise dans un incendie
(essai feu sur caisse)
Caisse de modules
22 REI XXX signifie stable au feu (R), étanche aux fumées et aux flammes (E) et isolant thermiquement pendant XXX minutes
23 EC : Electrochemical Cell (Cellule électrochimique)
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Propagation de l?emballement
thermique d?un module au sein d?une
caisse (essai de propagation sur caisse)
Caisse de modules
Influence du sprinklage : essai de
propagation caisse
Caisse de modules
Influence du sprinklage sur l?incendie :
essai feu englobant sur caisse
Caisse de modules
Caractérisation d'un
incendie de batteries
LMP
Analyse des effluents gaz, particules et
eaux d?extinction
Ensemble des tests instrumentés
Exploitation des mesures de flux
thermique
Ensemble des tests instrumentés
Tableau 2 : Tableau de synthèse des essais et nature des objets testés
IV.3.1 L'étude des causes
S'agissant de l'étude des causes, la démarche a consisté à soumettre le module ou la cellule
électrochimique à différents modes de dégradation (court-circuit, échauffement, agression mécanique)
afin de provoquer l'emballement thermique et évaluer ainsi la sensibilité du module.
Pour étudier l'hypothèse du défaut provoqué par une agression externe, des tests d'écrasements quasi-
statiques ont été réalisés sur des modules. Ils ont démontré la possibilité de déclencher un emballement
thermique par abus mécanique. L'INERIS précise qu'il est possible de corréler les énergies d'écrasement
mises en oeuvre à des hypothèses d'agression externe (chute d?objet sur une caisse, chute d?une caisse
ou coup de fourche de chariot) tout en relevant que les modules étant placés dans des caisses et que
celles-ci doivent influer positivement sur la protection des modules.
La seconde hypothèse étudiée est celle d?un défaut interne de type court-circuit sur un module Ã
température ambiante. Un court-circuit est un phénomène électrique qui se produit notamment lorsque
deux parties chargées électriquement sont mises en contact direct, le plus souvent accidentellement. Il
se traduit par une augmentation brusque de l'intensité du courant et une augmentation de la
température par effet joule jusqu?à provoquer l'incendie ou, dans le cas des batteries lithium, le
démarrage du phénomène d'emballement thermique.
Cette hypothèse ne peut être écartée dans la mesure où :
? Elle a été privilégiée par le BEA-TT comme cause des incendies de bus qui se sont produits à Paris
en avril 202224 (précisons ici qu'il s'agissait de modules en fonctionnement donc de modules
"chauds") ;
? Certains modules de batteries stockées dans la cellule n°1 étaient similaires à ceux impliqués dans
les incendies des deux bus.
24 https://www.bea-tt.developpement-durable.gouv.fr/rapport-d-enquete-sur-les-incendies-de-deux-bus-a1324.html
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L'INERIS a donc réalisé des essais pour simuler un tel défaut sur des modules ou des cellules
électrochimiques à température ambiante, état dans lequel étaient stockés les modules dans l'entrepôt
au moment où s'est produit le départ de l'incendie.
Pour tester cette hypothèse, l'INERIS a procédé à plusieurs types d'essais : un essai de perforation
mécanique appelé essai clou25, un essai de défaut intentionnel26.
L'essai clou s'est déroulé dans des conditions satisfaisantes et n?a pas conduit au déclenchement de
l?emballement thermique27 durant la durée de l'essai. Le test montre une assez bonne résistance de la
cellule à ce type d'abus. Les mesures permettent font état d'une élévation de température localisée de
2°C insuffisante pour déclencher un emballement thermique.
L'essai de défaut intentionnel s'est soldé par un échec (non-fonctionnement du dispositif d'amorçage)
et son résultat n'a pas pu être exploité. C'est la raison pour laquelle il ne figure pas dans le rapport d'essai
de l'Ineris.
Compte-tenu de la difficulté de reproduire un court-circuit interne ou inter-cellules électrochimiques,
l'INERIS a proposé par ailleurs un test ne simulant pas le défaut mais ses conséquences, c?est-à -dire un
échauffement rapide localisé. Cette méthode d'essai est inspirée de protocoles d'homologation
appliqués au batterie lithium-Ion28.
Réalisé sur un module, cet essai n'a pas provoqué l'emballement thermique29 du module.
Le même essai de chauffe localisée30 a été réalisé directement à la surface d?une cellule électrochimique.
Il a provoqué l'emballement thermique de la cellule qui s?est ensuite propagé à la cellule en série placée
dessous.
Le test de chauffe localisée à des fins de simulation de court-circuit interne pose des questions de
représentativité car il n'apporte pas la preuve que le phénomène de court-circuit est physiquement
possible. Il présuppose que le défaut interne se produit, sans apporter la démonstration de sa faisabilité,
et dans des proportions suffisantes pour libérer par effet joule une chaleur comparable celle produite
par le dispositif de chauffe.
25 L'essai consiste à enfoncer un clou d'un diamètre de 10 mm dans un empilement de deux cellules électrochimiques dans le but
de provoquer des courts-circuits internes à une cellule puis entre deux cellules.
26 L'essai consiste à introduire à la conception de la cellule électrochimique testée un dispositif thermo fusible qui provoquera en
chauffant le court-circuit interne.
27 Plusieurs facteurs peuvent expliquer l'issue de ce test : vitesse de pénétration, le diamètre du clou et la position de percement
et la durée d'observation de l'essai.
28 ISO 6469-2 ou série 05 du Règlement 100, adoptée en GRSP en décembre 2024 (annexe III du rapport Ineris)
29 Le dispositif était posé sur le dessus du module sur la face extérieure supérieur du casing. Après analyse de l'essai, il semble
que le dispositif de chauffe (de taille réduite pour réaliser un échauffement ponctuel) ait été trop éloigné de la première cellule
électrochimique.
30 Le dispositif de chauffe (pad) a pour dimension 25 mm x 25 mm et la cellule électrochimique (275 mm x 645 mm). La surface de
chauffe représente 0,35% de la surface de la cellule électrochimique.
Rapport d?enquête sur l'incendie de l'entrepôt Highway France Logistics 8 à Grand-Couronne (76) le 16 janvier 2023
N° MTE-BEARI-2025-004 P a g e 34 | 62
En conclusion, les deux tests mécaniques réalisés n'ont pas conduit à l'emballement thermique des
cellules. Comparativement à d'autre technologie lithium, le test au clou montre même une bonne tenue
du module LMP à température ambiante. Pour autant, compte tenu des nombreux paramètres qui
peuvent influencer l'issue du test31, l'unique essai au clou réalisé ne permet à lui seul d'exclure ce
scenario. Dans ce contexte, le test de chauffe localisée montre qu'un échauffement ponctuel de la
cellule électrochimique peut suffire à déclencher l'emballement thermique de cette dernière.
IV.3.2 L'incendie de module
S'agissant du comportement des modules dans l'incendie, l'objectif des tests était de déterminer les
caractéristiques de la propagation de l'emballement thermique, d'étudier le comportement des caisses
de modules dans un incendie et d'évaluer l'influence du sprinklage du type de celui qui équipait la cellule
n°1.
Essais
Paramètres Unités
Feu sur module
placé dans une
virole
Feu sur caisse
Feu sur caisse
avec sprinklage
Propagation sur
caisse
Propagation sur
caisse avec
sprinklage
Nombre de modules testés - 1 7 7 6 6
Nombre de modules qui ont
réagi
- 1 7 4 6 6
Type d'agression -
Flux thermique
de
10 Ã 15 kW/m2
Feu englobant32 >
100 kW/m2
Feu englobant33 >
100 kW/m2
pad chauffant sur
un module
pad chauffant sur
un module
Débit calorifique maximal kW 2400 5500 5000 9000 9000
Température d'emballement
(ordre de grandeur)
°C NM* <200 154 164 172
Durée de l'agression avant
emballement du premier
module
min 15 11 9.9 11 9.8
Durée totale de réaction des
modules
min 2.5 10 18 9 14
Températures maximales
mesurées par les TC
°C >1200 >1200 >1200 >1200 >1200
Températures maximales
mesurées par la caméra
thermique
°C NM* 1615 >1400 NM* 1400
Températures moyennes
pendant le sprinklage
°C NP* NP* 600 NP* 600
31 Tensions appliquées aux bornes des cellules, vitesse de pénétration, diamètre du clou, positionnement du clou ?
32 Il s'agit d'un feu produit par un brûleur qui produit un feu réparti sur une surface de 2m x 1,40m, alimenté par un débit de
propane d'un débit fixé à 25 g/s, et qui place la caisse d'une une ambiance de 900 °C et d'une puissance de 1500 kW.
Rapport d?enquête sur l'incendie de l'entrepôt Highway France Logistics 8 à Grand-Couronne (76) le 16 janvier 2023
N° MTE-BEARI-2025-004 P a g e 35 | 62
Emittance maximale calculée
(ordre de grandeur)
kW/m2 170 165-200 NM* 180 NM*
Flux radiatif maximal reçu Ã
3 m
kW/m2 11 10 18 18 12
Tableau 3 : Extrait du tableau de synthèse rapport INERIS en annexe du présent rapport
*NM : Non Mesuré, *NP : Non Pertinent
Au terme de ces essais, l'INERIS apporte les réponses suivantes aux questions qui lui ont été adressées :
Questionnement Réponses de l'Ineris
Déterminer, en
simulant différents
modes d'agression,
si des modes de
défaillance de
modules dit
"froids" peuvent
être à l'origine d'un
emballement
thermique
? Les écrasements quasi-statiques menés sur les deux axes ont démontré
la possibilité de déclencher un emballement thermique par abus
mécanique. Sur l?un des axes, les énergies nécessaires pour provoquer
un début d?échauffement du module correspondent à une chute d?une
masse de 40 kg de 5 m. Sur l?autre axe, l?énergie correspond à une chute
de 6,5 m d?une masse de 280 kg. Les hypothèses d?une chute d?objet sur
la caisse, de la chute d?une caisse ou d?un coup de fourche de chariot
élévateur semblent donc des hypothèses plausibles même s?il faut noter
que les modules étant placés dans des caisses, celles-ci doivent influer
positivement sur la protection des modules.
Ces essais montrent aussi que la détermination du point de démarrage
de l?emballement thermique est plus compliquée que pour du Li-ion car
la réaction se produit avec un décalage temporel important par rapport
à l?abus. Signifiant que les limites d?énergie tolérables sont moins faciles
à déterminer et que, d?un point de vue accidentel, l?abus a pu avoir lieu
plusieurs minutes/heures avant la réaction (ce qui reste parfois possible
mais dans une moindre mesure pour le Li-ion). ;
? La seconde hypothèse étudiée est celle d?un défaut interne de type
court-circuit entre cellules ou interne à certaines cellules constitutives
des modules. Pour tester cette hypothèse, un essai clou a été réalisé. Il
n?a pas permis le déclenchement de l?emballement thermique d?un EC.
Toutefois, même si ce test démontre une assez bonne résistance de la
technologie à ce type d?abus, plusieurs facteurs pourraient modifier
l?issue du test : vitesse de pénétration, le diamètre du clou et la position
de percement. Afin de s?affranchir de ces nombreux paramètres de test,
un test ne simulant non pas le défaut mais les conséquences d?un défaut,
c?est-à -dire un échauffement rapide localisé, sera proposé dans la partie
suivante du rapport.
D?autres hypothèses comme le court-circuit externe, un défaut d?étanchéité ou
la surdécharge n?ont pas été étudiées car non considérées comme susceptibles
d?être la source de départ d?un emballement thermique pour un module Ã
température ambiante en condition de stockage.
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N° MTE-BEARI-2025-004 P a g e 36 | 62
Etudier les
mécanismes de
propagation de
l'incendie en
tenant compte du
mode de stockage
utilisé dans
l'entrepôt et établir
sur la base des
mesures et des
observations
réalisées Ã
l'occasion des
essais si les
modules de
batterie peuvent
être à l'origine des
explosions et des
projections
constatées lors de
l'incendie
De manière générale, les essais menés ont permis de caractériser le
comportement des batteries LMP produites par Blue Solutions en situation
abusive. Il ressort de l?analyse que :
? Peu de signes avant-coureurs sont observables avant que le module
n?entre en réaction violente. La réaction est quasi instantanément très
violente ;
? La détermination d?abus maximal tolérable avant l?emballement
thermique est compliquée à déterminer car la réaction se produit avec
un décalage temporel important par rapport à l?abus. Ce
comportement est observé particulièrement lors d?abus mécaniques ;
? Des jets de métal en fusion sont observés dès les premiers instants de la
réaction et se poursuivent tout au long de la réaction. Ces jets sont
potentiellement une source de propagation de l?incendie et/ou de
danger envers les personnes ;
? Des températures très élevées sont observées (1615°C), ce qui, en plus
de jouer un rôle important sur le rayonnement et donc la propagation,
peut affecter la tenue des structures métalliques ou en bêton ;
? Des coulées de métaux/résidus en fusion très chaudes sont observées et
restent chaudes plusieurs minutes au sol. Cela favorise la propagation
verticale (vers le bas) et horizontale, de la même manière qu?un feu de
nappe le ferait en s?étalant au sol.
En complément de ces observations, des valeurs précises concernant les
paramètres de combustion ont pu être déterminées. L?énergie de combustion
spécifique des modules LMP Blue Solutions est supérieure par rapport à ce qui
a pu être déjà observé à l?Ineris sur des cellules Li-ion NMC tandis que le débit
calorifique spécifique des modules LMP Blue Solutions atteint des valeurs
comparables avec ce qui a pu être déjà observé à l?Ineris ou dans la littérature
sur des cellules Li-ion NMC. Si l?on compare maintenant ces valeurs à celles
observées sur des modules Li-ion de type automobile, le débit calorifique
mesuré sur les modules LMP Blue Solutions est également nettement supérieur.
Cet écart s?explique à la fois par les propriétés intrinsèques de la technologie et
par les choix d?ingénierie faits par Blue Solutions, aboutissant à l?absence de
séparation physique entre les éléments du module (7 kWh) qui permettrait de
ralentir la propagation et limiter la quantité de matériaux réagissant
simultanément.
Rapport d?enquête sur l'incendie de l'entrepôt Highway France Logistics 8 à Grand-Couronne (76) le 16 janvier 2023
N° MTE-BEARI-2025-004 P a g e 37 | 62
Evaluer la
dangerosité des
substances émises,
le cas échéant, en
les comparant aux
substances émises
par des feux plus
communément
rencontrés et déjÃ
documentés
Lors de la combustion des modules, des émissions de gaz importantes sont
observées. Le mélange gazeux est en très large majorité composé de CO2, issu
de la combustion intense. Comme autres produits de combustion, du CO est
mesuré (en quantité 30 fois inférieure) et du NO est détecté en quantités
relativement faibles mais significatives. D?autres gaz et COV plus spécifiques
sont détectés, on pourra citer le méthane (CH4), le fluorure d?hydrogène (HF),
le dihydrogène (H2), le dioxyde de soufre (SO2) ainsi que des traces de benzène
(C6H6), de propane (C3H8) et parfois de chlorure d?hydrogène (HCl).
Le mélange gazeux observé n?est pas inflammable33 contrairement à ce qui est
parfois le cas avec du Liion. Ici, en l?absence d?électrolyte liquide à faible point
d?ébullition, un régime de réaction fumigène sans feu violent parait impossible.
L?aspersion d?eau modifie cependant sensiblement ce mélange gazeux. En effet,
s?il reste très largement composé de CO2, les teneurs en certains gaz
inflammables et/ou toxiques (CO, H2, CH4) augmentent sensiblement. Certains
gaz ne sont plus détectés (HF, SO2) tandis que de la phosphine (PH3) a été
détectée pour la première fois dans ces conditions. L?extinction à l?eau peut
expliquer la formation de ces gaz inflammables et/ou pyrophoriques.
Ces essais ont aussi été l?occasion d?évaluer les émissions particulaires émises
dans les fumées et à proximité des batteries.
? Dans les fumées, le flux de particules est estimé de 6x1014 particules/s,
au pic de réaction d?un module. Ces particules ont un diamètre
"médian" compris entre 81 nm et 190 nm selon les essais. Beaucoup de
ces particules sont d?origines organiques (goudron, suies, ?) et une
analyse élémentaire des prélèvements sur filtres permet de démontrer
un enrichissement marqué en lithium, en phosphore et en fluor ainsi
que, dans une moindre mesure, en soufre, fer et aluminium. Une pseudo
quantification très approximative permet de donner les ordres de
grandeur d?émission de ~290 g de lithium, ~230 g de phosphore et ~60 g
de soufre par module.
? A proximité de l?échantillon, les meilleurs traceurs des émissions sont,
de loin, le lithium et le fluor. Des traceurs organiques de type PCB et
PCDD/F peuvent être identifiés. On pourra retenir les PCB 126 et, dans
une moindre mesure 157 et 169 et le 2,3,7,8 TCDF. Les analyses révèlent
également l?absence de HAP.
33 Le caractère ininflammable du mélange tient au fait que les gaz inflammables dont la présence a été décelée sont dans des
concentrations très inférieures à leur limite inférieure d'inflammabilité.
Rapport d?enquête sur l'incendie de l'entrepôt Highway France Logistics 8 à Grand-Couronne (76) le 16 janvier 2023
N° MTE-BEARI-2025-004 P a g e 38 | 62
Évaluer le rôle du
système
d'extinction
automatique
Lors de cette campagne, des essais ont été réalisés visant à évaluer l?efficacité
et les conséquences d?une extinction à l?eau d?un feu naissant (deux ou trois
modules en emballement). Nous concluons que le sprinklage a permis de
ralentir la propagation entre caisses superposées sans toutefois l?empêcher. Le
sprinklage a aussi pu avoir un impact positif sur la propagation horizontale au
sein d?une même caisse puisqu?il a permis d?arrêter la propagation entre
modules au sein de la caisse. Les essais réalisés ne permettent pas de conclure
formellement sur la possibilité de propagation vers une caisse située au-dessous
de la caisse en emballement mais les coulées de métal en fusion restant
plusieurs dizaines de minutes à plus de 1000 °C laissent penser qu?une
propagation rapide aura lieu.
L?extinction à eau, semble donc pouvoir être recommandée sur ce type de feu.
Même s?il est clair que cela ne permettra pas d?éteindre un module en cours de
réaction, si elle intervient dans les premiers instants, qu?elle est correctement
dimensionnée et que les caisses sont disposées dans une configuration propice
(empilement par deux comme ici testé par exemple), elle peut permettre de
limiter la propagation de l?incendie. Si elle intervient dans un délai plus long,
l?arrêt de la propagation ne peut pas être garantie par les essais réalisés mais
elle sera vraisemblablement bénéfique en ralentissant la propagation,
diminuant le débit calorifique et refroidissant les alentours. Il y a cependant des
contreparties à prendre en compte : la projection de métal en fusion ; la
production de gaz toxiques et inflammable (CO, H2, ?).
Aussi une fois la phase intense de l?incendie terminée il faut limiter les apports
d?eau car ceux-ci contribuent à entretenir la réaction des résidus de combustion
des batteries qui sont hydro réactifs et émettent des gaz toxiques et
inflammables. Aussi, il est recommandé de retenir les eaux d?extinction qui sont
contaminées.
Évaluer, au besoin
par comparaison
avec d'autres types
de feux connus et
documentés,
l'efficacité des
dispositifs de
protection
incendie,
communément
utilisés dans le
domaine de la
logistique (mur REI,
Les conclusions, transposées à des conditions de stockage en entrepôt
montrent que les distances d?effets associées à l?incendie d?un tel entrepôt
atteindraient des valeurs jusqu?à 5 fois celles observées sur des entrepôts de
produits courants. Elles montrent également que la tenue mécanique des murs
REI120 serait compromise en cas de stockage de palettes à proximité du mur
(quelques mètres) au regard des températures atteintes (de l?ordre de 1400 °C).
Le débit calorifique de l?incendie atteindrait des valeurs très importantes
(plusieurs dizaines de GW pour des durées d?incendie limitées (possiblement
inférieure à 1 h).
Rapport d?enquête sur l'incendie de l'entrepôt Highway France Logistics 8 à Grand-Couronne (76) le 16 janvier 2023
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dispositifs de
désenfumage);
Graphique 2 : comparaisons du flux mesuré avec 3 flux de référence : palette flumilog 1510, palette
NMC flumilog et ce que serait une palette flumilog LMP. Afin d?affiner la comparaison, l?énergie libérée
par l?incendie de la caisse de 7 modules LMP est extrapolée à celle d?un stockage unitaire de volume
égal à celui de la palette standard 1510, soit 1.44 m3, au prorata du volume. Cela représente environ
25 modules. Ce mode de conditionnement palette est cohérent celui pratiqué dans l'entrepôt et
recommandé par Blue Solutions (empilement sur 4 niveaux de palette comportant une caisse de 7
modules).
Préciser au regard
des résultats
obtenus en matière
d'analyse si les
moyens de
protection utilisés
en phase
accidentelle (y
compris dans les
dernières heures
d'extinction)
permettent de
protéger
convenablement
les intervenants
Afin de préciser si les moyens de protection utilisés dans les dernières heures
d'extinction permettent de protéger convenablement les intervenants et après
des observations préliminaires de réactivité des résidus d?essais, des essais de
détermination de l?hydro réactivité, suivant l?épreuve N.5 du Manuel d?épreuves
et de critères de l?ONU (ST/SG/AC.10/11/Rev.8) ont été réalisés sur le résidu de
combustion de batteries prélevé « Tel Quel » et permettent de conclure que :
? Un fort dégagement gazeux a été observé systématiquement pour
chaque phase de l?épreuve dans les conditions d?essais, et une
inflammation immédiate et vive des gaz générés a été mise en évidence
lors des tentatives d?inflammation à l?aide d?une flamme produite par
un brûleur à gaz (à distance d?environ 30 cm minimum) ;
? Des débits de gaz allant jusqu?à environ 576 L/h.kg en débit maximal sur
1 h ont été mesurés ;
? Le résidu de combustion est donc considéré comme étant hydro réactif.
Cette réactivité conduisant à des émissions de chaleur et de gaz
toxique/inflammable/pyrophorique que sont l?acétylène (C2H2), la phosphine
(PH3) et probablement le dihydrogène (H2). Cette réactivité est expliquée par
la présence de Li3P, de Li2C2 et de lithium métal dans les résidus. Ceci rend, les
derniers moments de l?extinction, et plus généralement la gestion post
accidentelle, complexe et nécessitant une protection adéquate de
intervenants.
Rapport d?enquête sur l'incendie de l'entrepôt Highway France Logistics 8 à Grand-Couronne (76) le 16 janvier 2023
N° MTE-BEARI-2025-004 P a g e 40 | 62
L'INERIS assortit ses réponses des recommandations suivantes :
"Enfin, cette étude connait certaines limitations et d?autres études pourraient être nécessaires afin de
mieux définir les conditions de stockages optimales de ces modules. L?ensemble des modules testés
étaient complètement chargés (SOC 100 %) or il est reconnu qu?une réduction de l?état de charge
permet de diminuer la réactivité des batteries Li-ion, l?influence de l?état de charge pour des batteries
Li-métal reste à déterminer. Les essais de cette campagne ont eu lieu à température ambiante. Étudier
l?effet d?une réduction de température sur la possibilité de ces modules à réagir et sur les possibilités de
propager un incendie revêt un intérêt, d?autant plus que des dérogations au transport pour des modules
endommagés ont été émises sous cette condition.
Nous noterons aussi la possibilité d?extrapolation de certains de ces résultats à d?autres batteries
contenant du Li-métal à l?anode, ce qui semble être l?option favorisée par les constructeurs automobiles
dans leurs feuilles de route à l?horizon 2035, particulièrement dans le cas des batteries dites tout solides."
IV.3.3 Les autres observations issues des essais
Par ailleurs, le BEA-RI retient également de l'ensemble de ces essais les éléments complémentaires
suivants :
? Les premiers effets de l'emballement thermique se produisent avec un décalage temporel
important par rapport à l?abus mécanique. Ceci signifie qu'il ne peut être exclu que le fait
initiateur a pu avoir lieu plusieurs minutes ou plusieurs heures avant la réaction ;
? Les durées avant emballement suite à agression thermique34 sont d?une dizaine de minutes sauf
pour l?un des essais pour lequel le module avait été placé à l'intérieur d'une virole en acier. Dans
cet essai, pour lequel le module n'a pas subi directement l?action de la flamme, la durée a été
portée à 15 min. En comparaison avec d'autres types de modules de type Li-ion, ces délais sont
plutôt longs ;
? Les essais réalisés conduisent à des résultats cohérents dans leur ensemble qui font apparaître
une température interne d?emballement du module inférieure à 200°C, température largement
atteinte dans un incendie de type entrepôt de matières combustibles;
? Les débits calorifiques maximaux mesurés dépendent directement du nombre de modules en
emballement thermique en simultané (de l?ordre de 5 000 kW pour le feu englobant
correspondant à la réaction de 2 modules et de 9 000 kW pour le pad chauffant correspondant
à la réaction simultanée de 3 modules) ;
? Les températures maximales mesurées de l?ordre de 1 600 °C éloignées de celles des feux
d?hydrocarbures qui culminent entre 1 000 et 1 200 °C mettent en évidence une réaction très
violente caractéristique des feux de métaux. Les émittances évaluées à partir des flux maximaux
mesurés par les fluxmètres (170kW/m²) sont caractéristiques de flammes très rayonnantes. Elles
sont significativement supérieures à celles des flammes de feu de nappes d?hydrocarbures
(comprise entre 50 et 100 kW/m² selon l?échelle et la nature de l?hydrocarbure enflammé). Ces
34 On parle ici d'agression de nature thermique c?est-à -dire au moyen d'un feu ou d'un pad électrique chauffant.
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températures et ces émittances sont cohérentes avec les dégâts constatés dans les zones de
stockage de batteries de la cellule 1 ;
? En termes de propagation, les essais ont permis de constater qu'au sein d'une même caisse la
propagation de module à module adjacent se fait en moyenne en 90 secondes (temps le plus
court 34 s, le plus long 2 min 21 s) tandis que la propagation aux modules de la caisse stockée au-
dessus se fait en 3min30 s ;
? L'influence du mode de stockage est déterminante : dans le cas de l'essai sur une caisse, le
sprinklage, disposé situé à une hauteur de 6 m au-dessus de la caisse, a permis de stopper la
propagation entre modules de la caisse alors que ce même sprinklage n'a fait que la ralentir sans
la stopper dans le cas de l'essai où deux caisses étaient superposées ;
? Aucun des modules testés n'a explosé y compris lorsqu'ils ont été exposés à un feu externe.
L'analyse des gaz de combustion, en absence d?apport d?eau, ne fait pas apparaître de gaz
inflammable en concentration suffisante ce qui rend peu probable, au cours de l'incendie, la
formation d'atmosphères explosives et donc la production d'explosion35. L'emballement
thermique s'accompagne de jets de métal en fusion plus ou moins intenses dès les premiers
instants et tout au long de la réaction. Ces jets sont une source de propagation de l?incendie
et/ou de danger envers les personnes dans un rayon de quelques mètres autour du module. Des
coulées de métaux/résidus en fusion sont observées et restent chaudes plusieurs minutes au sol.
En revanche, les essais n'ont pas permis d'expliquer les projections à grande hauteur de
matériaux incandescents constatées sur les images recueillies par drone par les services de
secours publics ;
? Les résidus produits par la combustion des modules ont été analysés. Ils ont été caractérisés
comme étant hydro-réactifs au sens de la classification ONU TMD. Au contact de l'eau, une
réaction exothermique se produit, qui génère des gaz toxiques et gaz inflammables (l?acétylène
(C2H2), la phosphine (PH3) et probablement le dihydrogène (H2)). Ces derniers nécessitent le port
de protections adéquates pour les intervenants et des précautions d'extraction, ces gaz pouvant
s'enflammer par des chocs mécaniques ou des frictions ;
? L'observation de l'essai de propagation sur deux caisses de stockages donne des informations
sur la formation et la montée en puissance de l'incendie de deux caisses à partir de l'emballement
thermique d'un module.
L'observation de la séquence ci-dessous (cf. tableau 4) permet de constater un premier flash
accompagné d'une légère détonation et de la projection de quelques étincelles. Ces premiers
signes durent 1 à 2 s. Le jet d'étincelle est furtif et dirigé d'un côté de la caisse. A partir de la
deuxième seconde, et après un instant où le phénomène semble s'atténuer, des premières
flammes apparaissent à l'extérieur de niveau du module qui est entré en emballement thermique
au moyen d'un dispositif électrique chauffant. Dès lors, on constate entre t+2s et t+5s, une rapide
montée en puissance du feu soutenu par le phénomène d'emballement thermique qui se produit
35 L'INERIS précise sur ce sujet que "le mélange gazeux observé n?est pas inflammable contrairement à ce qui est parfois le cas
avec du Li-ion. Ici, en l?absence d?électrolyte liquide à faible point d?ébullition, un régime de réaction fumigène sans feu violent
parait impossible.
Rapport d?enquête sur l'incendie de l'entrepôt Highway France Logistics 8 à Grand-Couronne (76) le 16 janvier 2023
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à l'intérieur. Ce feu se caractérise avant tout par la présence de flammes de couleur jaune oranger
qui se rapprocherait en apparence plus d'un feu de caisse de transport (constituée de bois et/ou
de carton) qu'à un emballement de module (flamme jaune oranger). La montée en puissance en
revanche est rapide : on constate au bout d'une minute des flammes qui atteignent une hauteur
de plus d'un mètre environ.
T0
Photographie 25 : Une légère détonation se produit dans la
caisse et les premiers signes du départ d'emballement
thermique apparaissent. Ils ne sont visibles que d'un côté de la
caisse.
T+1s
Photographie 26 : les premières étincelles sont projetées d'un
côté de la caisse. On peut voir notamment sur la photo haut
droite que la perception du phénomène est atténuée par la
présence des caisses.
T+2s
Photographie 27 : Le phénomène baisse d'intensité et marque
une pause. Un feu se forme à l'endroit de la caisse par lequel
sont sorties les premières projections de gaz et d'étincelles.
L'intensité du foyer est faible.
T+3s
Photographie 28 : sous l'effet du phénomène d'emballement
thermique la caisse de transport constituée de bois et de carton
prend feu.
Rapport d?enquête sur l'incendie de l'entrepôt Highway France Logistics 8 à Grand-Couronne (76) le 16 janvier 2023
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T+4s
Photographie 29 : le feu gagne en intensité. Les flammes qui se
forment ne sont pas caractéristiques d'un feu de métal mais
correspondent à un feu de contenant
T+5s
Photographie 30 : le feu gagne rapidement en intensité
entretenu à l'intérieur de la caisse par la réaction du module.
T+15s
Photographie 31 : au bout de 15 s le feu s'est largement
développé sous la caisse du bas. Quelques étincelles
caractéristiques de l'emballement thermique sont projetées
d'un côté de la caisse, mais là encore la perception n'est pas a
même en fonction de l'angle de vue
T+30s
Photographie 32 : au bout de 30 s, un feu important s'est déjÃ
formé avec des flammes d'une couleur jaune orangée qui
dépassent le mètre de hauteur.
T+1 min
Photographie 33 : au bout d'une
minute les deux caisses sont
totalement embrasées, les flammes
atteignent plus d'un mètre de
hauteur
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V. Déroulement de l?évènement
V.1 Déclenchement de l?évènement
Le lundi 16 janvier, l'entrepôt Highway France Logistics 8 est en cours d'exploitation. Au sein de la cellule
exploitée par Bolloré Logistics, des opérateurs sont en train de préparer des commandes en vue de
charger les camions qui étaient en attente à quai. Vers 16h30, ils entendent une première détonation
suivie d'une deuxième et aperçoivent des flammes vers le centre de la cellule vers les allées AN, AM ou
AL. Compte-tenu de l'importance du feu dès les premières minutes, ils n'interviennent pas au moyen
des RIA et donnent pour consigne d'évacuer les lieux.
L'ensemble des personnels des différentes sociétés suit les consignes d'évacuation.
Le feu sera déclaré éteint le 18 janvier à 22h30 au terme d'une période de surveillance au moyen de
drones équipés de caméras thermiques pour surveiller les points chauds. Les cellules 1 à 3 seront
entièrement détruites. La cellule 4 sera préservée des flammes.
V.2 L?intervention des secours publics
Les services de secours publics sont sur les lieux avant 16h50 mais ne disposent de contact ni avec le
propriétaire de l'entrepôt ni avec les locataires des cellules, et cette situation perdurera une heure
environ. En l'absence d'un représentant de l'exploitant qui aurait pu les renseigner techniquement, les
services de secours publics ont des doutes quant au fait que le système d'extinction automatique ait ou
non fonctionné.
Le premier point de situation de 17h1536 fait état d'un incendie avéré dans la cellule 1 accompagné de
dégagements importants de fumées, de déflagrations et de projections de matériaux incandescents. Ces
phénomènes de déflagrations et de projections sont sporadiques, importants en nombre et en taille. Ils
vont se produire sur une durée approximative de 45 minutes à une heure, ce qui va gêner
considérablement l'intervention en raison du danger qu'ils constituent pour les personnels engagés.
36 Etabli à partir des éléments extraits du fil de l'eau de l'intervention, document interne du SDIS 76.
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Photographie 34 : vue des projections dans le panache
de fumées (Source : SDIS 76)
Photographie 35 : le toit de la cellule 1 a percé. La cellule 2 ne semble
pas affectée par l'incendie (Source : SDIS 76). Les trappes de
désenfumage sont ouvertes sur les cellules 1 et 2.
La première reconnaissance permet de constater que la cellule 2 ne présente pas de trace d'incendie.
En revanche, des fumées sont présentes sous la toiture sans qu'il soit possible d'identifier les points de
passage. Afin d'éviter la formation d'un ciel de fumées chaudes et de gaz inflammables, la décision est
prise d'ouvrir les trappes de désenfumage de la cellule 2.
L'action sur la cellule 1 se limitera à la mise en oeuvre de moyens automatiques sans engagement de
personnel compte-tenu des risques (essentiellement un BEA37).
Si l'on se réfère aux éléments rapportés dans le fil de l'eau de l'intervention, le risque de propagation Ã
la cellule 2 est rapidement identifié. Le passage de l'incendie à la cellule 2 (contenant des pneumatiques)
n'est pas explicitement précisé. L'image thermique réalisée au drone montre qu'à 19h03 la cellule est
entièrement embrasée et a perdu sa toiture à 19h40 le compte-rendu d'opération mentionne "position
de lance-canon en protection dans la cellule 3, adjacente à la cellule 2" qui laisse entendre que le feu de
la cellule 2 est effectif. Ces éléments amènent à penser que le feu s'est propagé à la cellule 2 bien avant
19H00.
37 bras élévateur aérien
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Photographie 36 : Photographie
thermique au drone de l'entrepôt
horodatée à 19h03. L'incendie de la
cellule 2 est clairement visible avec des
hauteurs de flamme de plus de 40m
(Source SDIS 76)
Lorsque le feu se développe dans le stockage de pneumatiques, la défense incendie par sprinklage est
inopérante par manque d'eau mais aussi possiblement en raison de la destruction partielle de
l'installation dans la cellule 1 à l'angle du mur intercellules et du mur de façade sud.
Vers 23h00, les services de secours envisagent une extinction de la cellule 2 à l'émulseur projeté par deux
BEA, et dans un second temps une extinction à l'eau émulsionnée. L'extinction sur la cellule 2 sera
déclenchée à 0h00.
Vers 1h00, la visite de reconnaissance fait état d'un feu dans les cellules 1 et 2 peu virulent et de l'absence
de trace d'incendie (absence de fumée, de point chaud) dans la cellule 3. Il est décidé le retrait des
lances présentes dans cette cellule et la poursuite des actions sur les cellules 1 et 2.
Vers 3h20, une nouvelle reconnaissance permet de repérer un feu naissant dans la cellule C3. En l'espace
de quelques minutes, le feu reprend dans la cellule et perce la toiture. Le feu de cette cellule sera déclaré
circonscrit un peu après 6h00.
En termes de difficultés opérationnelles, outre les phénomènes de détonations et de projections, le SDIS
mentionne également la présence de trois lignes à haute tension 225 kV et une ligne de 90 kV aux abords
de l'entrepôt. La présence de ces lignes ne permet pas le déploiement de moyens d'extinction de type
bras élévateur sur une des faces de l'entrepôt compte-tenu des distances de sécurité à respecter et des
effets de l'incendie.
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Photographie 37 : En rouge la bande d'emprise de la ligne à haute
tension.
Photographie 38 : Vue aérienne de l'entrepôt et Ã
droite la présence de la ligne à haute tension.
Le SDIS nous a fait savoir qu'il n'avait eu aucun contact avec l'exploitant en titre de l'entrepôt. Les
contacts au cours de la gestion de crise ont eu lieu avec des représentants des entreprises locataires des
cellules. Le représentant du propriétaire (COGESTRA) était sur le site à partir de 17h47. Il s'est tenu Ã
disposition de la Préfecture via des échanges téléphoniques avec l'astreinte de la DREAL.
Le SDIS a enfin fait part aux enquêteurs des difficultés d'intervention liées aux dimensions et à la
configuration du bâtiment (présence des locaux administratifs "en saillie" du mur coupe-feu) qui ne
permettent pas d'atteindre la totalité des murs intercellules à l'aide des moyens d'extinction employés.
1
2
3
4
10 m
?100 m
Photographie 39 : Vue aérienne de l'entrepôt Highway et indication des dimensions
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VI. Conclusions sur le scénario de l?événement
VI.1 Scénario
Les témoignages recueillis ainsi que les constats réalisés lors de la visite nous conduisent à exclure des
causes externes à l?installation ainsi qu'une origine malveillante.
Les premiers témoins du départ de l'incendie ont clairement indiqué dans leurs premières déclarations
que l'incendie était parti dans une zone où étaient stockés des modules de batterie. Ces modules étaient
des modules usagés qui avaient été retirés de la circulation pour diverses raisons liées, pour certains
d'entre eux, à leur performance ou leur état de fonctionnement.
Le BEA-RI n'est pas en mesure de déterminer avec certitude si le départ de feu a été produit par
l'emballement d'un module ou par un feu externe.
Le BEA-RI retient toutefois que :
? Le premier signe perçu est un bruit sourd de coup, aucune fumée et aucune odeur ne sont
perçues avant cela.
? La cinétique d'apparition est très rapide : quelques minutes avant l'alerte, trois opérateurs sont
présents dans la zone depuis laquelle l'incendie sera repéré. Ils ne perçoivent aucun signe. Une
minute avant l'alerte, l'opérateur ne perçoit aucun phénomène anormal. Dans la minute qui suit,
l'opérateur détecte le feu. Celui-ci est suffisamment développé pour qu'il ordonne l'évacuation
de la cellule. Le délai entre la découverte de l'incendie et le déclenchement du système de
sprinklage est de moins de 3 minutes ce qui atteste d'une montée en puissance des premières
flammes nécessairement rapide pour provoquer le déclenchement de la tête de sprinklage située
sous la toiture de l'entrepôt.
? Le premier emballement thermique visible (grâce aux lueurs du flash sur les murs de l'entrepôt)
intervient entre 4 et 5 min après la découverte de l'incendie. Pour rappel, et à titre de
comparaison, lors des essais produits par l'Ineris, l'emballement d'un module exposé à un feu de
produits combustibles de taille significative38 s'est produit au bout de 10 min. Tandis que
l'emballement thermique de module provoqué par un autre emballement thermique (du module
situé à côté) se produit au bout de 90 s en moyenne (entre 34 s et 2 min 21 s), sans présence du
système d'extinction qui peut avoir un effet retardant (démontré par les essais de propagation
avec sprinklage).
? L'examen des produits présents dans les allées39 désignées par les témoins comme lieu possible
du départ de feu (et non invalidé par l'exploitation des images vidéo) ne permet pas d'identifier
38 Pour rappel il s'agit d'un feu englobant d'une surface de 2m x 1,40m, et d'une puissance de 1500 kW comparable la puissance
de l'incendie d'une palette entière de matière combustible.
39 L'exploitation de l'inventaire transmis par Bolloré Logistics fait état de pièces de carrosseries, de pièces mécaniques de moteur
ou de transmission, d'élément d'aménagement intérieur, de câblages. L'inventaire mentionne la présence de dispositifs d'airbag
mais ils sont situés de l'autre côté de la cellule (allée AM rack 12) et semblent donc éloignés de la zone de départ de l'incendie.
Les substances dangereuses (non inflammables) sont stockés allée AD ou dans le local spécifique.
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la présence de matières susceptibles de produire spontanément un feu d'une telle intensité et
d'une telle cinétique et susceptible de ne pas être éteint pas le sprinklage.
On note en outre qu'il existe une assez bonne corrélation entre l'ensemble des éléments rapportés ou
observés (bruit sourd, ampleur et cinétique du phénomène, emballement thermique visible au bout de
4 min, description des flammes) et les constats dressés lors des essais et notamment lors de l'essai de
propagation dont la description est détaillée est rapportée en partie IV.3.3 du présent rapport.
On y constate en effet que l'emballement débute par une petite explosion dont l'effet est
essentiellement sonore et qui est attribuée à la rupture de disque de rupture qui équipe les modules.
Contrairement à d'autres technologies de batteries, l'émission de fumées n'est pas un préalable. Pour
mémoire, le module est, par conception, scellé et sous atmosphère inerte. A supposer que
l'emballement soit précédé systématiquement d'émission de fumées, ce qui n'est pas démontré40,
celles-ci sont, dans un premier temps, contenues dans le module jusqu'Ã rupture du casing.
On observe également que les premiers signes d'emballement du module (flash ou projections
d'étincelles) sont en réalité très fugaces et atténués (ou facilement masqués) par la présence d'obstacles
comme d'autres modules ou d'autres caisses (comme ce serait le cas d'un module situé à l'intérieur d'une
caisse elle-même placée au sein d'un empilement de palettes). Les flammes qui se forment dans les
premiers instants sont alors la résultante de la combustion des caisses (qui produit les colorations jaunes
et orangers constatées) alimentée par l'emballement du module.
Le flash lumineux important visible 4 à 5 minutes après l'alerte correspond à l'emballement thermique
d'un module. En l'occurrence il pourrait s'agir du module voisin dans la même caisse, potentiellement
situé en bord. Plus visible depuis l'allée et dans une caisse qui a été en partie détruite par le feu, les
effets de ce second emballement sont plus visibles.
Au regard de ces éléments, le BEA-RI privilégie l'hypothèse que les premières flammes sont la
conséquence de l'emballement thermique d'un module.
Concernant le départ spontané du module, il n'a pas été possible de déterminer la cause première de
l'emballement. Une des difficultés d'établir le lien de causalité entre un défaut ou une agression externe
et l'emballement thermique est le caractère différé du mécanisme d'emballement mis en évidence dans
les essais. On ne peut donc exclure que l'agression initiale ou le défaut se soit produit ou formé plusieurs
heures avant le déclenchement de la réaction.
L'autre difficulté tient au résultat des essais à proprement parler. L'essai mécanique a permis de montrer
qu'un tel phénomène était tout à fait plausible sur un module à température ambiante ayant subi une
agression externe (chute, chute d'objet sur la caisse, coup de fourche). Concernant l'hypothèse du court-
circuit interne, plusieurs essais ont été réalisés. Si les résultats obtenus (absence d'emballement
40 L'essai de compression a permis de constater que l'emballement thermique peut se produit sans aucun signe annonciateur,
puisque l'emballement thermique s'est produit soudainement, sans montée en température visible, sans dégagement de fumée
ou de gaz. Les fumées perceptibles lors des autres essais ne sont pas attribuées au module mais à la montée en température des
adhésifs (utilisés pour fixer le dispositif d'allumage).
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thermique à l'essai clou) montrent une bonne tenue de la cellule LMP à ce type d'agression, ils ne peuvent
permettre d'exclure à eux seuls cette éventualité.
L'essai de chauffe localisé ne permet pas de prouver que le court-circuit interne est possible, il permet
tout au plus de constater qu'un effet joule très localisé suffisamment intense permet de déclencher
l'emballement thermique.
Ces essais permettent d'établir que l'emballement spontané du module, dans des circonstances
particulières, est une hypothèse qui ne peut être exclue.
Les essais apportent enfin la certitude qu'il suffit de l'emballement thermique d'un module pour
provoquer l'incendie généralisé de la cellule. Le phénomène d'emballement est particulièrement violent
et rapide, les températures atteignent les 1600°C en quelques secondes et les fumées produites sont
importantes. Il était impossible pour un opérateur d'intervenir sur l'origine du foyer avec les moyens
d'extinction dont il disposait. Les essais ont montré que le phénomène d'emballement thermique
s'accompagne de flammes et de projections de métal en fusion potentiellement dangereuses pour les
primo-intervenants s'ils ne disposent pas de tenue de protection adaptée et d'une formation spécifique.
Il est donc possible d'affirmer qu'une fois déclenché, le phénomène d'emballement se propage de
module en module et met le feu aux matières combustibles présentes à proximité. La propagation est
facilitée par les phénomènes de projections dans le voisinage immédiat et par les coulées de métal en
fusion sur les caisses des racks inférieurs.
Le déclenchement du système d'extinction automatique qui intervient 2 minutes après l'alerte n'a tout
au plus pour effet que de ralentir la propagation de l'incendie sans la stopper. Il en aurait été peut-être
autrement si l'emballement thermique s'était produit sur une caisse située au sommet d'une pile et
exposée directement à l'eau41. En tout état de cause, l'eau projetée à ce stade n'a pas eu d'effet
aggravant sur le développement de l'incendie (essais de propagation avec sprinklage42).
Le feu produit par la combustion des emballages et des autres produits stockés, que nous qualifierons
de conventionnel (par opposition aux phénomènes d'emballement thermique), peut également faire
entrer les modules encore intacts en emballement thermique. Les essais ont montré que pris dans un
incendie, les modules partent en emballement thermique en quelques minutes (10 minutes dans un feu
classique).
Les températures produites sont maintenues à des niveaux très élevés (au-delà des 1200°C) ce qui
provoque l'affaiblissement des racks et leur effondrement.
Concernant les explosions constatées à l'arrivée des pompiers, aucun des essais réalisés par l'INERIS n'a
donné lieu à des phénomènes d'explosion tels que ceux constatés le jour de l'intervention. Les essais ont
41 L'aspersion directe d'eau ayant permis dans un des essais de stopper la propagation de module à module au sein d'une même
caisse de transport.
42 Rapport INERIS Annexe I
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permis de constater que l'emballement thermique d'un module s'accompagne de projections de métal
en fusion dans un rayon de quelques mètres sans atteindre des hauteurs importantes. Cela peut
s'expliquer par le fait que les modules, bien que scellés, sont équipés d'un disque de rupture et fondent
rapidement sous l'effet de la chaleur produite. Les gaz inflammables produits par les réactions
exothermiques sont, compte-tenu des températures atteintes, brûlés instantanément.
Les enquêteurs ont donc recherché d'autres causes possibles de ces projections. L'état des stocks
communiqué dans le cadre de l'enquête par la société Bolloré Logistics mentionne la présence d'un
millier de dispositifs d'airbags au sein de la cellule le jour de l'incendie. La majeure partie de ces
dispositifs était stockée sur des racks où étaient également stockées en partie basse les caisses de
modules. Les dispositifs pyrotechniques étaient donc directement exposés aux flux thermiques générés
par l'incendie des modules.
Ainsi les essais invalident l?hypothèse que les projections observées à grande hauteur dans les panaches
de fumées puissent être dues aux modules. En revanche, la présence des dispositifs d'airbag peut en être
à l'origine. Cela limite également l'implication des modules dans le franchissement du mur intercellules
par projections aux seuls modules placés suffisamment haut et proche du mur dans les racks pour que
les projections produites puissent franchir le mur.
Le franchissement du mur intercellules 1-2 peut avoir plusieurs explications : retombées de projections
par un des exutoires de fumées ouvert, passage des fumées et des gaz de combustion qui parviennent Ã
traverser le mur intercellules 1-2 soit par la zone supérieure du mur à la jonction avec la toiture (qui est
particulièrement exposée et dégradée) soit par les dégradations produites par l'incendie (passage de
canalisation, portes coupe-feu endommagées) soit par conduction de la chaleur par les canalisations
traversantes.
Au final, lorsque le feu se déclare dans la cellule n°2, la défense incendie par sprinkler n'est plus
opérationnelle et le feu peut se développer.
Concernant l'incendie de la cellule 3, le franchissement du mur intercellules 2-3 n'a pas fait l'objet
d'investigations spécifiques. Les enquêteurs ont pu relever que les désordres constatés sur le mur
intercellules 3-2 sont similaires à ceux constatés entre le mur intercellules 1-2 (importante dégradation
de la poutre supérieure et perte de l'étanchéité aux fumées, éclatement du béton autour des passages
de canalisations qui tendent à confirmer une montée en température de ces dernières).
VI.2 Facteurs contributifs
Les facteurs contributifs sont des éléments qui, sans être déterminant, ont pu jouer un rôle dans la
survenance, l?atténuation ou l?aggravation de l?événement.
VI.2.1 L'absence de dispositif de confinement du phénomène d'emballement thermique
Le développement de l'incendie a pu être possible en raison de l'absence de dispositif qui aurait
empêché ou ralenti la propagation du phénomène à plusieurs niveaux.
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Le rapport produit par l'INERIS met en évidence qu'à l'échelle de la cellule électrochimique, il "n'y a pas
de différence fondamentale entre les technologies Li-ion et LMP43" en termes de débit calorifique mesuré.
En revanche, à l'échelle du module, le débit calorifique d'un module peut notablement varier, du fait
notamment de l'absence de séparation physique entre cellules qui permet une propagation plus rapide
dans le cas du module LMP testé.
Il en est donc de même à l'échelle de la caisse de transport ou du rack de stockage au sein desquels
aucun dispositif n'est prévu pour empêcher ou ralentir la propagation de module à module qui peut se
faire à des cinétiques élevées.
VI.2.2 La cinétique de propagation
Les essais réalisés ont permis d'évaluer la vitesse avec laquelle l'incendie a pu se propager aux caisses
puis aux racks voisins probablement plus rapidement vers les racks accolés dos à dos. Les essais ont
permis de voir qu'il fallait en moyenne 90s pour que, dans une même caisse de transport, le phénomène
d'emballement thermique se communique au module voisin et 3min30 s pour un module situé sur la
palette du dessus. La figure 6 ci-dessous permet de visualiser une propagation théorique au cours des 10
minutes qui suivent le premier emballement de module.
Figure 6 : Propagation théorique du
phénomène d'emballement thermique dans
une configuration de stockage en rack telle
qu'elle était pratiquée dans l'entrepôt. Le
premier module qui entre en emballement
thermique est repéré par une étincelle rouge.
Les modules entrés en emballement thermique
sont représentés en rouge. Ce résultat est
obtenu au bout d'une durée de 10 minutes
pour une caisse de 7 modules, en tenant
compte des résultats des essais de
propagation. Le nombre de modules dépend
de l'emplacement du premier module
défaillant et du nombre de modules dans la
caisse.
Cette propagation théorique modélisée sur une palette à partir de l'emballement thermique d'un
module ne tient pas compte d'autres éléments qui vont avoir pour effet d'augmenter la vitesse de
43 Rapport Ineris "12-1 Comparaison avec un feu de batterie Lithium"
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propagation : projections, coulées de métal en fusion, effondrement des racks sous l'effet de la chaleur
et chute des modules vont faciliter les départs emballements thermiques de modules. Rappelons
également que 10 min c'est également le délai de déclenchement d'emballement d'un module pris dans
un incendie conventionnel. Peuvent donc être concernés les modules non adjacents mais situé au droit
des flammes.
VI.2.3 L'absence de procédure d'intervention sur des départs d'incendie
Les opérateurs qui travaillaient dans la cellule exploitée par Bolloré Logistics disposaient d'une
formation, classiquement dispensée dans le domaine de la logistique, du maniement d'appareils
d'extinction (extincteur et RIA) et de l'évacuation. En l'absence de protocole clair et de moyens de
protection et d'intervention, il était impossible pour les opérateurs d'intervenir, dans les premiers
instants, efficacement et sans se mettre en danger.
VI.2.4 L'absence d'un système d'extinction adapté aux marchandises stockées
Les essais produits par l'INERIS ont montré que le système d'extinction, compte-tenu du mode de
stockage, ne pouvait empêcher l'embrasement généralisé de la cellule. En revanche, ces mêmes essais
ouvrent des perspectives en matière de dispositif de lutte contre ce type d'incendie notamment par un
usage adapté du sprinklage.
VI.2.5 La quantité de modules stockés
L'ampleur, la durée et les conséquences de l'incendie de la cellule 1 sont directement liées à la quantité
de modules qui était présente dans la cellule, elle-même étant la conséquence de l'absence
d'écoulement du stock de modules usagés.
VI.2.6 L'absence d'un système d'extinction opérationnel sur l'incendie des autres cellules
Dans la cellule 2 (et plus tard dans la cellule 3), l'incendie n'a pas été ralenti ou stoppé dans son
développement dans la mesure où le système d'extinction automatique n'était plus opérationnel au
moment où le premier foyer y est apparu. Cette indisponibilité a nécessairement joué un rôle dans la
propagation de l'incendie aux cellules 2 et 3 en privant les services de secours d'un moyen d'extinction
fixe. Il est important de noter que le système d'extinction aurait été efficace uniquement pour le premier
départ d'incendie. En effet, la stratégie d'extinction repose sur l'hypothèse que l'incendie démarre en
un seul point et que tous les moyens sont mobilisés pour éteindre le premier foyer. Du fait de la durée
d'incendie de la cellule 1 puis de la cellule 2, il est tout à fait possible d'imaginer qu'il se serait produit
plusieurs propagations dans le temps.
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VI.2.7 La présence de produits combustibles et explosifs dans la même cellule
La cellule contenait des produits combustibles et des produits explosifs. Leur présence a contribué au
développement rapide et violent de l'incendie dans la cellule. En outre, le BEA-RI retient que les
dispositifs d'airbag ont probablement joué un rôle dans la formation des phénomènes d'explosion et de
projections qui ont été constatés à l'extérieur de la cellule au cours de la première heure d'intervention
des services de secours du SDIS.
VI.2.8 Des difficultés opérationnelles
La présence de la ligne haute tension au sud de l'entrepôt a constitué une gêne dans le déroulement des
opérations de secours. Le BEA-RI considère néanmoins que la présence d'un deuxième bras élévateur au
sud n'aurait pas permis d'éteindre l'incendie de la cellule 1. En outre, compte-tenu de la portée des
moyens mobilisés, la largeur de l'entrepôt, la présence des locaux de bureau et les flux thermiques
générés ont constitué des contraintes fortes qui n'ont pas permis de positionner les engins au plus près
du bâtiment à protéger et qui ont limité l'efficacité de l'intervention.
VI.2.9 Le défaut d'étanchéité des murs intercellules
L'examen des murs intercellules permet de constater que les murs ont particulièrement souffert lors de
l'incendie (défaut d'étanchéité en partie haute entre les éléments du mur et la poutre supérieure,
passage de canalisations qui ont chauffé, endommagement de la porte coupe-feu, trou formé par un
projectile). Ces dégradations consécutives à l'incendie ont pu favoriser la diffusion des fumées et des
gaz d'incendie et la propagation de l'incendie.
VII. Enseignements de sécurité
VII.1 Emballement des batteries LMP en sommeil
L'incendie de l'entrepôt Highway France Logistics 8 et les tests réalisés par l'INERIS démontrent que
même lorsque la batterie LMP est à température ambiante, c?est-à -dire que son électrolyte est solide
(donc moins conducteur), des défauts internes ou des agressions externes peuvent initier un
emballement thermique.
VII.2 Caractéristiques d'un emballement thermique de batterie LMP
L'emballement thermique de la batterie LMP est un phénomène qui s'apparente à un feu de métaux. Il
est soudain et n?est précédé d'aucun signe de mécanisme réactionnel. Pris dans un incendie, un module
LMP entre en emballement thermique au bout de 10 min environ. Cet emballement s'accompagne de la
formation de flammes de forte émittance et de projections de métal en fusion. Les températures
atteintes oscillent autour des 1600°C ce qui explique la formation de coulées de métal en fusion. Les
projections et les coulées de métal en fusion ainsi que les forts rayonnements générés favorisent la
propagation du phénomène dangereux et le développement de l'incendie. L?énergie de combustion
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spécifique des modules LMP Blue Solutions est supérieure en comparaison avec ce qui a pu être déjÃ
observé à l?INERIS sur des cellules Li-ion NMC.
Hormis la première explosion de faible ampleur attribuée à la rupture du disque de rupture présent sur
le module, aucun phénomène d'explosion de module LMP n'a été observé au cours des essais réalisés44.
VII.3 Les fumées d'incendies de module LMP
Sur le plan quantitatif, l'incendie de modules LMP produit des quantités importantes de fumées qui ont
pu être observées lors de l'exploitation des images de vidéo surveillance et être corroborées par les
essais. L'exploitation des résultats d'essai montrent que les débits surfaciques45 sont multipliés par 4 par
rapport à un incendie de pneumatiques ce qui nécessiterait d'adapter les normes applicables en matière
de désenfumage.
Sur le plan qualitatif, les analyses de fumées réalisées dans le cadre des essais montrent que les fumées
produites par l'incendie de modules de batteries présentent un potentiel toxique comparable à un
incendie de pneumatiques.
VII.4 Les gaz produits en phase de déclin de l'incendie
Les gaz produits par l'emballement thermique d'un module sont essentiellement du CO2 et dans des
proportions moindres du CO et du NO. D'autres gaz sont mesurés de manière marginale (HF, SO2, H2,
CH4). L?aspersion d?eau modifie sensiblement la composition des émissions. En effet, s?il reste très
largement composé de CO2, les teneurs en certains gaz inflammables et/ou toxiques (CO, H2, CH4)
augmentent sensiblement. Certains gaz ne sont plus détectés (HF, SO2) tandis que de la phosphine (PH3)
fait son apparition.
Une modélisation a été produite par l'Ineris dans le cadre du rapport pour évaluer l'impact potentiel de
cette production de phosphine. Sur la base d'hypothèses majorantes (superficie de 3 000 m² de résidus
de batteries prises dans l?incendie, équivalent à une demi cellule, arrosage de la totalité de déchets) les
modélisations donnent des distances d'effet irréversible à 250 m. Ces résultats conduisent le BEA-RI Ã
tirer les enseignements de sécurité suivant :
? En plus d'être toxique, la phosphine est un gaz inflammable dont la température d'auto-
inflammation est de 38°C, sa dispersion dans l'air ne peut s'envisager que lorsque la température
du foyer est suffisamment basse et en présence d'eau. Les essais ont permis de constater des
émissions à 84°C.
? Le seuil olfactif de la phosphine est très en deçà des seuils des effets toxicologiques, son odeur
d'ail ou de poisson pourri doit constituer une alerte.
? Il peut être pertinent de mettre en place une surveillance spécifique de ce gaz en phase de déclin
de l'incendie surtout en cas d'utilisation ou de présence d'eau.
44 Ce constat a été réalisé sur les 26 modules qui sont entrés en emballement thermique.
45 Débit surfacique d?environ 177 g/m2/s pour un incendie de modules LMP, 40g/m2/s pour des pneus et 12g/m2/s pour des
câbles électriques (Rapport Ineris point 11.2.4)
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VII.5 Effet de l'extinction à l'eau
Les essais n'ont pas permis de mettre en évidence d'incompatibilité forte quant à l'usage de l'eau à des
fins d'extinction. D'aucune utilité sur un module en cours de réaction, elle peut permettre de limiter la
propagation de l?incendie si elle intervient dans les premiers instants, qu?elle est correctement
dimensionnée et que les caisses sont disposées dans une configuration adaptée. A quantité d'eau
équivalente, le système d'extinction testé est parvenu à stopper la propagation dans une configuration
de stockage (une seule caisse) et seulement à la ralentir dans un autre mode de stockage (deux caisses
superposées).
Si elle intervient dans un délai plus long, elle peut également s?avérer bénéfique en ralentissant la
propagation, diminuant le débit calorifique et refroidissant les alentours.
Ce retour d'expérience confirme que l'eau peut être utilisée quelle que soit la technologie de batterie
lithium.
En revanche, concernant les batteries lithium métal, une fois la phase intense de l'emballement
thermique passée, l'arrosage à l'eau des résidus peut s'avérer contreproductif compte-tenu de la
production de gaz toxiques et inflammables (cf. VII.3).
VII.6 La modélisation d'un incendie de cellule de stockage de batteries
Le BEA-RI a demandé à l'Ineris de modéliser, sur la base d'une cellule de stockage théorique, l'impact en
termes de zones d'effets, du changement d'affectation d'une cellule de stockage de produits
combustible en cellule de stockage de batteries lithium. La modélisation a été réalisée à partir des
résultats des essais exposés dans le cadre du présent rapport et, pour ce qui concerne les données
utilisées pour modéliser le feu de cellule lithium ion, d'un travail de bibliographie46. Deux configurations
théoriques de stockage ont été comparées :
? Un stockage en racks contenant des palettes type de produits combustibles (référence utilisée
dans les entrepôts relevant de la rubrique 1510) ;
? Un stockage en rack contenant une palette de 25 modules LMP (ce qui est cohérent avec le
stockage en caisse de 7 modules sur quatre niveaux de palettes).
À dispositions techniques égales, les modélisations donnent en synthèse les enseignements47 suivant :
? "Le débit calorifique lié à l?incendie d?une palette de modules LMP est pratiquement 6 fois plus
élevé que celui associé à l?incendie d?une palette classée sous la rubrique 1510" ;
? "Les températures de flamme liées à l?incendie d?un stockage de modules LMP peuvent atteindre
en moyenne plus de 1400 °C et sont susceptibles de compromettre la tenue mécanique d?un mur
REI120 sous réserve que ce stockage soit situé à proximité du mur à moins d?une dizaine de mètres,
et disposé le long du mur sur une dizaine de mètres minimum" ;
46 Annexe I Rapport Ineris 12.1 Comparaison avec un feu de batteries Li-ion"
47 Annexe I Rapport Ineris 12.3 Synthèse de la modélisation d?un feu d?entrepôt stockant des batteries LMP
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? "Les distances d?effets au seuil des effets irréversibles (SEI) associées à l?incendie d?un entrepôt de
6000 m², de 13 m de hauteur et doté de murs REI120 composé d?un stockage en racks de palettes
de modules LMP pourraient atteindre plus de 110 m. Les distances d?effets au seuil des effets
domino (8 kW/m²) pourraient atteindre 85 m. Ces distances sont au minimum 5 fois plus élevées
que celles associées à un entrepôt de produits courant (rubrique 1510)" ;
? "Les besoins de désenfumage des entrepôts stockant des batteries LMP pourraient être supérieures
à ceux préconisés dans la rubrique ICPE1510."
Le BEA-RI précise que ces résultats ont été obtenus à partir de dimensions de stockage fictives et n'ont
d'autres buts que d'apporter des éléments de comparaison sur la base de configurations de stockages
connues et rencontrées dans le domaine de la logistique. Ces résultats permettent d'illustrer à travers
un exemple, dans quelle proportion un simple changement de nature de produits stockées peut avoir
un impact sur les zones d'effet d'un incendie (y compris pour du stockage Li-ion).
Les enseignements tirés des modélisations (tenue des murs, zone d'effet) ne sont pas transposables en
tant que tel sur le site de l'accident dans la mesure où les hypothèses prises pour la modélisation
diffèrent notablement de la configuration connue à Rouen.
On relève toutefois que des éléments sont en partie vérifiés sur le mur d'enceinte de l'entrepôt qui
présente en façade ouest les dégâts les plus marqués, dans une zone où la quantité de modules stockés
dans les racks était la plus importante (Cf. Photographie 40). Les dégradations les plus importantes sur
les poutres sont constatées à l'aplomb de la zone de stockage des modules (elle correspond également
à la zone où les racks ont entièrement fondu et représentée en rouge sur la photographie 11 page 23).
On peut noter que le mur intercellules 1-2 le long duquel des modules étaient également stockés n'a pas
subi les mêmes dégâts. Une des explications peut être le fait que les quantités étaient moins importantes
que le long du mur de façade. Elle s'explique aussi par une meilleure tenue structurelle assurée par les
poutres de la cellule 2 et les murs des façades nord et sud (poutres et murs qui étaient exposés à des
intensités d'incendie moindres).
Le BEA-RI précise également qu'il n'a pas mené d'expertise spécifique pour vérifier la conformité des
murs aux normes usuellement utilisées (règles APSAD, NFPA ou DTU par exemple) pour les concevoir.
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Photographie 40 : Vue de la cellule 1 et en superposition une représentation de la densité de stockage des batteries sur les différentes
travées de racks. Plus la couleur est rouge plus il y a de modules dans les racks. On aperçoit la destruction partielle du mur en façade
ouest à un endroit ou la quantité de batteries est importante.
VIII. Recommandations de sécurité
VIII.1 À destination du fabricant des batteries LMP
? Conduire une réflexion sur le conditionnement des modules au transport pour identifier, le cas
échéant, des dispositifs techniques qui permettraient de ralentir la propagation de
l'emballement thermique au sein d?une caisse de transport et/ou de stockage.
? Étudier l'effet du taux de charge sur les modules en termes de sensibilité à l'emballement
thermique ou de comportement dans un incendie généralisé.
? Poursuivre la recherche sur la mise au point d'un système d'extinction automatique adapté au
mode de stockage retenu qui soit efficace pour stopper la propagation de l'incendie (Les
résultats obtenus sur les essais avec sprinklage laissant entrevoir des possibilités de maîtrise de
la propagation).
? Conduire une réflexion sur la sécurité du stockage de ses propres batteries. Cette réflexion devra
aboutir à des préconisations en matière de quantités maximales stockables par cellule compte-
tenu des distances d'effets générées, de distances d'exclusion vis-à -vis des murs coupe-feu,
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d'îlotages et de hauteurs de stockage, de dimensionnement de la détection incendie du système
d'extinction automatique et du désenfumage.
? Compléter la fiche de données de sécurité pour préciser le caractère hydroréactif des résidus de
combustion et la production de phosphine en présence d'eau.
? Établir et diffuser auprès des utilisateurs et des services de secours publics un protocole
d'intervention en cas de départ d'emballement thermique sur un module pour prévenir le risque
de propagation, gérer la phase d'extinction (avec en particulier la question des émissions de
phosphine) et maîtriser les risques liés à l'élimination des résidus.
? Définir une procédure de gestion des modules qui ont été choqués ou endommagés en tenant
compte du risque d'emballement thermique différé dans le temps.
VIII.2 À destination de l'exploitant de l'entrepôt
? Améliorer son organisation en cas de crise pour assurer ses obligations en matière d'information
des tiers et de collaboration avec les services de secours, notamment en leur fournissant toutes
les informations pertinentes (nature des produits dangereux, plans des installations, présence et
fonctionnement des moyens de lutte et de protection contre l'incendie etc.).
? Réévaluer périodiquement la pertinence des moyens d?intervention en cas de sinistre en
fonction de la dangerosité des matières stockées.
VIII.3 À destination de l'autorité réglementaire
? Dans un contexte d'électrification des usages et des mobilités, faire évoluer la réglementation
pour mieux encadrer l?implantation, les dispositions constructives, l?exploitation et la gestion en
cas d'accident des sites de stockage des batteries neuves ou usagées, en fonction des typologies
de batteries, compte-tenu notamment des enseignements techniques tirés de la présente
enquête.
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IX. Annexes
Annexe 1 Rapport d'appui technique de l?INERIS à l'enquête du BEA-RI ouverte suite à l?incendie survenu
le 16 janvier 2023 au sein de la société Highway Logistics France sur son site de Grand-Couronne (76)
(ref. Ineris - 219921 - 2791447 - v2.0 du 25/03/2024) ..................................................................................... 61
Rapport d?enquête sur l'incendie de l'entrepôt Highway France Logistics 8 à Grand-Couronne (76) le 16 janvier 2023
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Annexe 1 Rapport d'appui technique de l?INERIS à l'enquête du BEA-RI
ouverte suite à l?incendie survenu le 16 janvier 2023 au sein de la société
Highway France Logistics 8 sur son site de Grand-Couronne (76) (ref. Ineris -
219921 - 2791447 - v2.0 du 25/03/2024)
Ineris - 219921 - 2791447 - v2.0
25/03/2025
Appui technique de l?Ineris à l'enquête du BEA-RI
ouverte suite à l?incendie survenu le 16 janvier 2023
au sein de la société highway Logistic France sur
son site de Grand-Couronne (76)
BEA-RI
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PRÉAMBULE
Le présent document a été réalisé au titre de la mission d?appui aux pouvoirs publics confiée à l?Ineris,
en vertu des dispositions de l?article R131-36 du Code de l?environnement.
La responsabilité de l'Ineris ne peut pas être engagée, directement ou indirectement, du fait
d?inexactitudes, d?omissions ou d?erreurs ou tous faits équivalents relatifs aux informations utilisées.
L?exactitude de ce document doit être appréciée en fonction des connaissances disponibles et objectives
et, le cas échéant, de la réglementation en vigueur à la date d?établissement du document. Par
conséquent, l?Ineris ne peut pas être tenu responsable en raison de l?évolution de ces éléments
postérieurement à cette date. La mission ne comporte aucune obligation pour l?Ineris d?actualiser ce
document après cette date.
Au vu de ses missions qui lui incombent, l'Ineris, n?est pas décideur. Les avis, recommandations,
préconisations ou équivalent qui seraient proposés par l?Ineris dans le cadre des missions qui lui sont
confiées, ont uniquement pour objectif de conseiller le décideur dans sa prise de décision. Par
conséquent, la responsabilité de l'Ineris ne peut pas se substituer à celle du décideur qui est donc
notamment seul responsable des interprétations qu?il pourrait réaliser sur la base de ce document. Tout
destinataire du document utilisera les résultats qui y sont inclus intégralement ou sinon de manière
objective. L?utilisation du document sous forme d'extraits ou de notes de synthèse s?effectuera également
sous la seule et entière responsabilité de ce destinataire. Il en est de même pour toute autre modification
qui y serait apportée. L'Ineris dégage également toute responsabilité pour chaque utilisation du
document en dehors de l?objet de la mission.
Nom de la Direction en charge du rapport : Direction Incendie, Dispersion, Explosion
Rédaction : BORDES ARNAUD ? LEROY GUILLAUME ? CLAUDE THEO ? BINOTTO GHISLAIN
Vérification : MARLAIR GUY; LECOCQ AMANDINE; GAYA CAROLINE; DELBAERE THIERRY;
LESAGE JEROME; CHAUMETTE SYLVAIN; CLAUDE THEO; QUERON JESSICA; BINOTTO
GHISLAIN; FRABOULET ISALINE; PAPIN ARNAUD; RABETTE CLEMENT, TRUCHOT BENJAMIN
Approbation : Document approuvé le 25/03/2025 par BOUET REMY
Liste des autres personnes ayant participé à l?étude : BERTHAUD MAXIME, ENGLER JEROME,
CHESNAYE ALEXANDRA, LE LORE PIERRE-ALEXANDRE, CORRADO ANTHONY, OLLIER
YANNICK, BERTRAND JEAN-PIERRE, DURUSSEL THIERRY, MANIA STEPHANE, BERTHELOT
BRICE, KAROSKI NICOLAS, FUVEL VINCENT, EL MASRI AHMAD
Remerciements : BLUE SOLUTIONS pour la fourniture des modules et EC . CARLIER DANY (ICMCB)
pour l?analyse RMN, Mössbauer et l?interprétation des analyses de résidus ; KONATE ADAMA (UTC)
pour l?analyse DRX
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Table des matières
1 Introduction ............................................................................................................................... 13
1.1 Déontologie ....................................................................................................................... 13
1.2 Contexte et objectifs .......................................................................................................... 13
1.3 Structure du rapport ........................................................................................................... 14
1.4 Description d?un module LMP ............................................................................................ 14
1.4.1 Electrochimie ................................................................................................................. 14
1.4.2 Intégration en module .................................................................................................... 15
1.4.3 Protocoles et méthodes expérimentales ......................................................................... 17
2 Choc/chute ................................................................................................................................ 19
2.1 Objectif et description du protocole d?essai ........................................................................ 19
2.2 Résultats axe Y ................................................................................................................. 20
2.3 Résultats axe Z .................................................................................................................. 27
2.4 Discussions (extrapolation à une chute, ?)........................................................................ 35
3 Défaut interne ........................................................................................................................... 37
3.1 Essai clou .......................................................................................................................... 37
3.1.1 Objectif et description du protocole d?essai ..................................................................... 37
3.1.2 Résultats ....................................................................................................................... 39
4 Autres hypothèses non testées .................................................................................................. 42
5 Conclusions de la recherche des causes probables ................................................................... 43
6 Essai de chauffe localisée ......................................................................................................... 45
6.1 Objectif .............................................................................................................................. 45
6.2 Essai sur module ............................................................................................................... 45
6.2.1 Instrumentation et protocole d?essai ............................................................................... 45
6.2.2 Phase de chauffe avec les pads chauffants localisés ..................................................... 49
6.2.3 Pads chauffants mica ..................................................................................................... 49
6.3 Essai sur EC ...................................................................................................................... 56
6.3.1 Instrumentation et protocole d?essai ............................................................................... 56
6.3.2 Résultats ....................................................................................................................... 57
7 Comportement d?un module LMP exposé à un flux calibré (essai feu sur module) ...................... 60
7.1 Objectif et description du protocole d?essai ........................................................................ 60
7.2 Résultats ........................................................................................................................... 62
7.2.1 Observations ................................................................................................................. 62
7.2.2 Caractéristiques thermiques de l?incendie ...................................................................... 65
7.2.3 Estimation de l?émittance de flamme .............................................................................. 70
7.3 Synthèse ........................................................................................................................... 71
8 Comportement d?une caisse de modules LMP prise dans un incendie (essai feu sur caisse)...... 71
8.1 Objectif et description du protocole d?essai ........................................................................ 71
8.2 Résultats ........................................................................................................................... 73
8.2.1 Observations ................................................................................................................. 73
8.2.2 Caractéristiques thermiques de l?incendie ...................................................................... 76
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8.2.3 Estimation de l?émittance de flamme .............................................................................. 83
8.3 Synthèse ........................................................................................................................... 83
9 Propagation de l?emballement thermique d?un module au sein d?une caisse (essai de propagation
sur caisse) ........................................................................................................................................ 84
9.1 Objectif et description du protocole d?essai ........................................................................ 84
9.2 Résultats ........................................................................................................................... 86
9.2.1 Observations ................................................................................................................. 86
9.2.2 Caractéristiques thermiques de l?incendie ...................................................................... 89
9.2.3 Estimation de l?émittance de flamme .............................................................................. 94
9.3 Synthèse ........................................................................................................................... 94
10 Influence du sprinklage sur l?incendie ........................................................................................ 95
10.1 Influence du sprinklage : essai de propagation caisse ........................................................ 97
10.1.1 .Observations ................................................................................................................ 97
10.1.2 Caractéristiques thermiques de l?incendie .................................................................... 100
10.1.3 Synthèse ..................................................................................................................... 106
10.2 Influence du sprinklage sur l?incendie : essai feu englobant sur caisse ............................. 107
10.2.1 Observations ............................................................................................................... 107
10.2.2 Caractéristiques de l?incendie....................................................................................... 110
10.2.3 Synthèse ..................................................................................................................... 116
10.3 Conclusions sur le sprinklage........................................................................................... 117
11 Analyse des effluents gaz, particules et eaux d?extinction ........................................................ 119
11.1 Méthodes ........................................................................................................................ 119
11.2 Emissions gazeuses ........................................................................................................ 121
11.2.1 Essai flux radiant sur module ....................................................................................... 121
11.2.2 Essai feu sur caisse (7 modules) .................................................................................. 125
11.2.3 Influence du sprinklage sur les émissions gazeuses : essai feu + sprinklage sur caisse 128
11.3 Emissions particulaires .................................................................................................... 134
11.3.1 Particules dans les fumées .......................................................................................... 134
11.3.2 Suies projetées à proximité de l?échantillon (gaine d?extraction, parois et sol) ............... 141
11.4 Analyse des eaux d?extinction .......................................................................................... 150
12 Discussion............................................................................................................................... 153
12.1 Comparaison avec un feu de batteries Li-ion .................................................................... 153
12.2 Scénario d?un feu d?entrepôt stockant des batteries LMP ................................................. 155
12.2.1 Comparaison avec un feu de caisse « standard » (1510) et d?un feu de batteries Li-ion tel
que discuté pour Flumilog........................................................................................................ 155
12.2.2 Evaluation des distances d?effets thermiques pour un incendie d?entrepôt .................... 157
12.2.3 Analyse de la tenue des murs REI120 .......................................................................... 159
12.2.4 Analyse du besoin en désenfumage ............................................................................. 161
12.2.5 Evaluation des effets toxiques aigües pour un incendie d?entrepôt................................ 161
12.3 Synthèse des particularités d?un feu d?entrepôt stockant des batteries LMP ..................... 162
13 Observations préliminaires ...................................................................................................... 164
14 Réactivité des résidus ............................................................................................................. 166
14.1 Prélèvement .................................................................................................................... 166
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14.2 Evaluation préliminaire de la réactivité des résidus prélevés ............................................ 166
14.3 Epreuve N.5 : Méthode d?épreuve pour les matières qui, au contact de l?eau, dégagent des
gaz inflammables (ONU) ............................................................................................................. 168
14.3.1 Phase 1 ....................................................................................................................... 168
14.3.2 Phase 2 ....................................................................................................................... 169
14.3.3 Phase 3 ....................................................................................................................... 170
14.3.4 Phase 4 ....................................................................................................................... 171
14.4 Analyse des gaz de réaction générés lors de l?ajout d?eau sur l?échantillon ....................... 173
14.5 Risques liés à l?émission de phosphine ............................................................................ 174
14.6 Conclusions sur la réactivité des résidus .......................................................................... 175
15 Caractérisation des résidus ..................................................................................................... 176
16 Mécanismes réactionnels susceptibles de former de la phosphine ........................................... 182
17 Conclusion générale ................................................................................................................ 183
18 Annexes .................................................................................................................................. 187
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Résumé
Le 16 janvier 2023, un incendie s?est déclaré au sein d?un entrepôt situé sur la commune de Grand-
Couronne (76), qui abritait, selon l?exploitant plusieurs milliers de batteries de véhicules de type Lithium
Métal Polymer (LMP).
Suite à l?incendie, le BEA-RI s?est saisi de l?enquête. Devant la quasi-absence de données disponibles
dans la littérature sur la réactivité des batteries de type LMP, le BEA-RI a souhaité mobiliser l?Ineris (via
une lettre de saisine datant du 22 mai 2024) pour évaluer le rôle qu'auraient joué les modules batteries
dans l'occurrence et le développement de l'incendie.
L?Ineris a mis en oeuvre une campagne d?essais permettant de mieux appréhender les causes et effets
de la réaction de ces batteries. Blue Solutions a mis à disposition les échantillons nécessaires.
De manière générale, les essais menés ont permis d?appréhender le comportement des batteries LMP
produites par Blue Solutions en situation abusive.
Au sujet des mode de défaillance, il ressort notamment que :
- Une chute ou un impact d?un module batterie stocké à température ambiante peut être à l?origine
d?un emballement thermique. Une chauffe localisée visant à reproduire les effets d?un court-circuit
interne amène également à une forte réactivité.
Vis-à -vis des mécanismes de propagation de l?incendie, il ressort notamment que :
- Peu de signes avant-coureurs sont observables avant que le module entre en réaction violente.
- Des jets de métal en fusion sont observés dès les premiers instants de la réaction et se
poursuivent tout au long de la réaction. Ces jets sont potentiellement une source de propagation
de l?incendie et/ou de danger envers les personnes ;
- Des températures très élevées sont observées (1615 °C), ce qui, en plus de jouer un rôle
important sur le rayonnement thermique et donc la propagation, peut affecter la tenue des
structures métalliques ou en béton ;
- Des coulées de métaux/résidus en fusion très chaudes sont observées et restent chaudes
plusieurs minutes au sol. Cela favorise la propagation verticale (vers le bas) et horizontale, de la
même manière qu?un feu de nappe le ferait en s?étalant au sol.
- Les paramètres de combustion ont pu être déterminés et comparés aux batteries de technologies
Li-ion. Une différence sensible sur le débit calorifique (facteur 2 à 5) est observée à l?échelle
module, expliquée à la fois par les propriétés intrinsèques de la technologie et par les choix
d?ingénierie faits par Blue Solutions (absence de séparation physique entre les éléments du
module d?énergie 7 kWh).
Au sujet de la dangerosité des substances émises, il ressort notamment que :
- Lors de la combustion des modules, des émissions de gaz importantes sont observées. Le
mélange gazeux est en très large majorité composé de CO2, issu de la combustion intense.
Comme autres produits de combustion, du CO est mesuré (en quantité 30 fois inférieure) et du
NO est détecté en quantités relativement faibles mais significatives. D?autres gaz et COV plus
spécifiques sont détectés, on pourra citer notamment le méthane (CH4), le fluorure d?hydrogène
(HF), le dihydrogène (H2), le dioxyde de soufre (SO2) ainsi que des traces de benzène (C6H6), de
propane (C3H8) et parfois de chlorure d?hydrogène (HCl). Parmi ces gaz, on peut noter la
présence de gaz toxiques comme CO, HF et SO2.
- Le mélange gazeux n?est pas inflammable.
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Au sujet de l?extinction par aspersion d?eau, il ressort notamment que :
- Une extinction à eau, semble recommandable sur ce type de feu. S?il est clair qu?elle ne permettra
pas d?éteindre un module en cours de réaction, elle peut permettre, dans certaines conditions de
limiter la propagation de l?incendie. Aussi, une fois la phase intense de l?incendie terminée, il faut
limiter les apports d?eau car ceux-ci contribuent à entretenir la réaction des résidus de combustion
des batteries qui sont hydro réactifs et émettent des gaz toxiques et inflammables. Il est d?ailleurs
recommandé de retenir les eaux d?extinction qui sont contaminées.
- L?aspersion d?eau modifie sensiblement le mélange gazeux. En effet, si celui-ci reste très
largement composé de CO2, les teneurs en certains gaz inflammables et/ou toxiques (CO, H2,
CH4) augmentent sensiblement. Certains gaz toxiques ne sont plus détectés (HF, SO2) tandis
que de la phosphine (PH3) également toxique a été détectée dans ces conditions.
Vis à vis de la protection des intervenants jusque dans les dernières heures de l?extinction, il ressort
notamment que :
- Dans les dernières heures de l?extinction, les résidus de combustion sont réactifs et à même
d?émettre des substances toxiques. Cela a des conséquences sur la protection des intervenants
dans les dernières heures de l?extinction. L?analyse des résidus de combustion montre qu?ils sont
hydroréactifs. Au contact de l?eau, ils produisent des émissions de chaleur et de gaz
toxique/inflammable/pyrophorique tels que l?acétylène, la phosphine et du dihydrogène.
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Table des figures
Figure 1 : Représentation schématique de l?assemblage d?une couche de cellule LMP Blue Solutions.
Source site web Blue Solutions ......................................................................................................... 15
Figure 2: Schéma simplifié (vue en coupe) de l'intérieur d'un module ................................................ 15
Figure 3 : Dimensions d?un module LMP IT, communiquées par Blue Solutions................................. 16
Figure 4 : Photographie des 6 faces d?un module LMP IT3 ................................................................ 16
Figure 5 : Axes d?écrasement des modules ....................................................................................... 19
Figure 6 : Implantation des thermocouples et des fluxmètres pour les essais d'écrasement ............... 20
Figure 7 : Données enregistrées durant l?essai d?écrasement axe Y. ................................................. 24
Figure 8 : Données enregistrées durant la surveillance de l?essai d?écrasement axe Y....................... 25
Figure 9 : Captures d?écrans de la caméra infra-rouge lors de l?essai et de la surveillance de l?essai
d?écrasement axe Y. ......................................................................................................................... 26
Figure 10 : Photographies après essai (écrasement axe Y) ............................................................... 27
Figure 11 : Données enregistrées durant l?essai d?écrasement sur l?axe Z ......................................... 32
Figure 12 : Captures d?écrans de la caméra infra-rouge lors de l?essai d?écrasement axe Z. .............. 33
Figure 13 : Température maximale enregistrée par la caméra thermique au niveau des EC. ............. 34
Figure 14 : Photo après essai ............................................................................................................ 34
Figure 15 : Extrapolation des résultats d?écrasement quasi statique à des énergies........................... 35
Figure 16 : Variation de l?énergie en fonction de la hauteur de chute pour des masses de 40 et 280 kg
......................................................................................................................................................... 36
Figure 17 : Schémas de principe de l?assemblage d?EC testé lors de l?essai clou ............................... 37
Figure 18 : Photographies de l?assemblage d?EC et du spécimen en position de test ......................... 38
Figure 19 : Etapes du percement au clou .......................................................................................... 38
Figure 20 : position des thermocouples lors de l'essai clou ................................................................ 39
Figure 21 : Données enregistrées lors de l?essai de pénétration au clou ............................................ 40
Figure 22 : Enregistrements des températures ; ensemble des thermocouples .................................. 41
Figure 23 : Extraits de la vidéo enregistrée lors de l'essai de pénétration au clou............................... 41
Figure 24 : Extrait de la vidéo IR enregistrée lors de l?essai de pénétration au clou ............................ 42
Figure 25 : Implantation des pad chauffants ...................................................................................... 46
Figure 26 : Positionnement des thermocouples pour l?essai de chauffe localisée ............................... 46
Figure 27 : Disposition des fluxmètres lors de l?essai chauffe rapide localisée sur module ................. 48
Figure 28 : Photos du module avant essai ......................................................................................... 48
Figure 29 : Températures mesurées par les thermocouples sur et à proximité des éléments chauffants
localisés ............................................................................................................................................ 49
Figure 30 : Températures mesurées par les thermocouples sur et à proximité des éléments chauffants
en mica ............................................................................................................................................. 50
Figure 31 : Extraits de la vidéo de l?essai de surchauffe par pad module............................................ 51
Figure 32 : Extraits de la vidéo thermique lors de l?essai de surchauffe par pad chauffant .................. 52
Figure 33 : Enregistrements des températures de peau du module lors de l?essai de surchauffe par
pad. Saturation des TCK à 1200°C ................................................................................................... 53
Figure 34 : Température enregistrée par le pyromètre en un point au milieu de la face supérieure du
module. Saturation de l?instrument à 1600°C ..................................................................................... 54
Figure 35 : Tension du module lors de l?essai surchauffe par pad ...................................................... 54
Figure 36 : Valeurs de flux thermiques rayonnés enregistrés lors de l'essai surchauffe par pad module
......................................................................................................................................................... 55
Figure 37 : Photographie après essai ................................................................................................ 56
Figure 38 : Positionnement du pad chauffant et des thermocouples pour l?essai sur EC .................... 56
Figure 39 : Montage expérimental de l?essai chauffe rapide localisée sur EC ..................................... 57
Figure 40 : Extraits vidéo de la première chauffe n?ayant pas provoqué d?emballement thermique ..... 57
Figure 41 : Données enregistrées lors de l?essai de chauffe externe rapide sur EC............................ 58
Figure 42 : Extraits vidéo de la seconde chauffe après remplacement du pad chauffant .................... 59
Figure 43 : Photographies du moyen d?essai ..................................................................................... 60
Figure 44 : Paramètres mesurés (températures, flux à l?intérieur de la virole) lors d?un essai à blanc . 61
Figure 45 : Implantation des thermocouples ...................................................................................... 61
Figure 46 : Montage expérimental de l?essai flux radiatif .................................................................... 62
Figure 47 : Extraits de la vidéo de l?essai flux thermique .................................................................... 63
Figure 48 : Captures d?écrans de la caméra infra-rouge lors de l?essai flux radiatif ............................. 64
Figure 49 : Photographies du montage après l?essai de flux radiatif ................................................... 65
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Figure 50 : Enregistrements des températures lors de l?essai flux radiatif .......................................... 65
Figure 51 : Enregistrements des températures lors de l?essai flux radiatif (sélection de thermocouples)
......................................................................................................................................................... 66
Figure 52 : Enregistrements de la température effectuée par le pyromètre au centre de la face
supérieure (proche des bornes)......................................................................................................... 67
Figure 53 : Enregistrements de la tension du module lors de l?essai flux radiatif................................. 67
Figure 54 : Enregistrements des flux thermiques ............................................................................... 68
Figure 55 : Débit calorifique (HRR) calculé par CDG et OC lors de l?essai flux radiatif........................ 69
Figure 56 : Chaleur de combustion calculée par CDG et OC lors de l?essai flux radiatif...................... 70
Figure 57 : Montage expérimental de l?essai feu caisse ..................................................................... 72
Figure 58 : Agencement des 7 modules dans la caisse ..................................................................... 72
Figure 59 : Disposition des thermocouples et des fluxmètres ............................................................. 73
Figure 60 : Captures d?écran de la caméra infrarouge lors de l?essai feu caisse ................................. 74
Figure 61 : Captures d?écran de la vidéo lors de l?essai feu caisse..................................................... 75
Figure 62 : Photos prises après l?essai feu caisse.............................................................................. 76
Figure 63 : Données enregistrées lors de l'essai feu caisse ............................................................... 77
Figure 64 : Enregistrements de températures lors de l?essai feu caisse ............................................. 77
Figure 65 : Température maximale (sur un pixel) enregistrée par la caméra thermique ...................... 78
Figure 66 : Extraction des températures moyennes (caméra IR) de chacune des faces des modules 79
Figure 67 : Flux radiatifs enregistrés par les fluxmètres lors de l?essai feu caisse. .............................. 80
Figure 68 : Débit calorifique et chaleur de combustion calculés lors de l?essai de feu sur caisse ........ 81
Figure 69 : Perte de masse et débit massique lors de l?essai feu caisse. ........................................... 82
Figure 70 : Disposition des modules dans les caisses. ...................................................................... 84
Figure 71 : Montage expérimental de l?essai propagation caisse ....................................................... 85
Figure 72 : Positionnement des thermocouples et des fluxmètres lors de l?essai propagation caisse .. 85
Figure 73 : Captures d?écran de la vidéo infrarouge lors de l?essai propagation caisse. Attention, ne pas
tenir compte des températures relevées (effet écran de la protection) ............................................... 87
Figure 74 : Captures d?écran des caméras lors de l?essai de propagation caisse ............................... 88
Figure 75 : Photos après l?essai de propagation caisse ..................................................................... 89
Figure 76 : Données enregistrées lors de l?essai propagation caisse ................................................. 90
Figure 77 : Flux thermiques enregistrés lors de l?essai de propagation sur caisse .............................. 91
Figure 78 : Débit calorifique et chaleur de combustion calculés lors de l?essai de propagation caisse 92
Figure 79 : Evolution de la masse au cours de l?essai ........................................................................ 93
Figure 80 : Implantation des thermocouples pour l?essai propagation caisse avec sprinklage ............ 95
Figure 81 : Photos des montages « propagation caisse » et « feu caisse » pour les essais avec
sprinklage. ........................................................................................................................................ 96
Figure 82 : Schémas et photo du dispositif d?extinction ...................................................................... 97
Figure 83 : Extraits de l?enregistrement vidéo lors de l?essai propagation caisse + sprinklage ............ 98
Figure 84 : Extraits de l?enregistrement de la caméra IR lors de l?essai propagation caisse + sprinklage
......................................................................................................................................................... 99
Figure 85 : Données enregistrées (sélection) lors de l?essai propagation caisse + sprinklage........... 101
Figure 86 : Températures enregistrées par le thermocouple « sprinkler » (positionné à 5 m de haut) et
par le thermocouple « bac feu » (positionné à 5 cm du bac feu, sous les caisses de modules) ........ 102
Figure 87 : Température maximale (sur un pixel) enregistrée par la caméra thermique (haut) et
température enregistrée par le pyromètre (bas). Les mesures de températures durant le sprinklage
peuvent être affectées par la présence de gouttelettes d?eau entre le feu et l?objectif de la caméra. . 103
Figure 88 : Enregistrements des tensions lors de l?essai propagation caisse + sprinklage ................ 104
Figure 89 : Flux radiatifs enregistrés lors de l?essai propagation caisse + sprinklage ........................ 104
Figure 90 : Débit calorifique (calculé par OC) et débit d?eau appliqué lors de l?essai propagation caisse
+ sprinklage .................................................................................................................................... 105
Figure 91 : Débit calorifique et chaleur de combustion calculés lors de l?essai de propagation caisse +
sprinklage ....................................................................................................................................... 106
Figure 92 : Extraits de l?enregistrement de la caméra IR lors de l?essai feu caisse + sprinklage........ 108
Figure 93 : Extraits de l?enregistrement vidéo lors de l?essai feu caisse + sprinklage ........................ 109
Figure 94 : Données enregistrées (sélection) lors de l?essai propagation caisse + sprinklage........... 110
Figure 95 : Températures enregistrées par les thermocouples positionnés sous chacun des modules
lors de l?essai feu caisse + sprinklage et Tensions enregistrées. ...................................................... 111
Figure 96 : Température maximale (sur un pixel) enregistrée par la caméra thermique (haut) et
température enregistrée par le pyromètre (bas) ............................................................................... 112
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Figure 97 : Extraction des températures moyennes (caméra IR) de chacune des faces des modules
....................................................................................................................................................... 113
Figure 98 : Flux radiatifs enregistrés lors de l?essai feu caisse + sprinklage ..................................... 114
Figure 99 : Débit calorifique et chaleur de combustion calculés lors de l?essai de feu caisse + sprinklage
....................................................................................................................................................... 115
Figure 100 : Schéma de principe de l?analyse de gaz/particules ...................................................... 119
Figure 101 : Support de prélèvement des particules à proximité de l?échantillon .............................. 121
Figure 102 : Réceptacles de collecte des eaux d?extinction ............................................................. 121
Figure 103 : Débit massique CO2 essai de flux radiatif module ........................................................ 123
Figure 104 : Débit massique CO essai de flux radiatif module ......................................................... 124
Figure 105 : Débit massique CH4 essai de flux radiatif module ........................................................ 124
Figure 106 : Débit massique H2 essai de flux radiatif module ........................................................... 125
Figure 107 : Débit massique HF essai de flux radiatif module .......................................................... 125
Figure 108 : Concentration volumique d?une sélection d?espèces dans la gaine lors de l?essai feu sur
caisse ............................................................................................................................................. 128
Figure 109 : Concentration volumique en H2O théorique et mesurée dans la gaine lors de l?essai feu
sur caisse + sprinklage.................................................................................................................... 131
Figure 110 : Concentration volumique en CO2 dans la gaine lors de l?essai feu sur caisse + sprinklage
....................................................................................................................................................... 132
Figure 111 : Concentration volumique d?une sélection d?espèces dans la gaine lors de l?essai feu sur
caisse + sprinklage ......................................................................................................................... 133
Figure 112 : Concentration volumique en PH3 dans la gaine lors de l?essai feu sur caisse + sprinklage
....................................................................................................................................................... 134
Figure 113 : Diamètre médian et flux de particule mesuré par ELPI + (facteurs de dilution du diluteur et
de la gaine pris en compte) ............................................................................................................. 135
Figure 114 : Distribution granulométrique des particules lors de l?essai flux radiant sur module mesuré
par ELPI + ...................................................................................................................................... 135
Figure 115 : Observation MET du prélèvement MPS réalisé entre 20 et 40 s après que les premiers
effets ne soient visibles lors de l?essai flux radiatif sur module ......................................................... 136
Figure 116 : Observation MET du prélèvement MPS réalisé entre 40 et 50 s après que les premiers
effets ne soient visibles lors de l?essai flux radiatif sur module ......................................................... 136
Figure 117 : Analyse par fluorescence X des éléments-traces métalliques (ETM) lors de l?essai de flux
radiant sur module .......................................................................................................................... 137
Figure 118 : Diamètre médian et flux de particules mesuré par ELPI + lors de l?essai feu caisse...... 139
Figure 119 : Distribution granulométrique des particules mesurées par ELPI+ lors de l?essai feu caisse
....................................................................................................................................................... 139
Figure 120 : Observation MET des prélèvements effectués lors de l?essai feu caisse. Prélèvement
effectué en 10 s, 3 min après le début de réaction. .......................................................................... 140
Figure 121 : Résultats des analyses élémentaires des prélèvements réalisés sur les supports placés
dans la chambre lors de l?essai flux radiant module ......................................................................... 142
Figure 122 : Analyses des PCDD/F et PCB sur les supports de prélèvement lors de l?essai flux radiatif
module. ........................................................................................................................................... 142
Figure 123 : Traceurs PCB et PCDD/F analysés lors de l?essai flux radiant module ......................... 143
Figure 124 : Résultats des analyses élémentaires des prélèvements réalisés sur les supports placés
dans la chambre lors de l?essai feu caisse ....................................................................................... 144
Figure 125 : Analyses des PCDD/F et PCB sur les supports de prélèvement lors de l?essai feu caisse.
....................................................................................................................................................... 145
Figure 126 : Traceurs PCB et PCDD/F analysés lors de l?essai feu caisse ....................................... 145
Figure 127 : Résultats des analyses élémentaires des prélèvements réalisés sur les supports placés
dans la chambre lors de l?essai feu caisse + sprinklage ................................................................... 147
Figure 128 : Analyse des PCB et PCDD/F lors de l?essai feu caisse + sprinklage ............................ 147
Figure 129 : Traceurs PCB et PCDD/F analysés lors de l?essai feu caisse + sprinklage ................... 148
Figure 130 : Analyse des PCDD/F and PCB dans les eaux d?extinction ........................................... 151
Figure 131 : Débit calorifique libéré par type de cellule et format ..................................................... 154
Figure 132 : Comparaison entre le débit calorifique émis par une palette 1510 et celui émis par une
caisse de 7 modules LMP ............................................................................................................... 156
Figure 133 : Débit calorifique émis par une palette de modules LMP ............................................... 157
Figure 134 : Distances d?effets calculées avec le logiciel Flumilog ? à gauche, pour un stockage 1510,
à droite pour un stockage de modules LMP ..................................................................................... 158
Figure 135 : Puissance calculée pour les 2 cas traités ..................................................................... 159
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Figure 136 : Courbe ISO834] .......................................................................................................... 160
Figure 137 : Comparaison entre la courbe ISO834 et la température d?agression issue de l?incendie de
caisses de modules LMP ................................................................................................................ 161
Figure 138 : Photographies des résidus d?essais ............................................................................. 164
Figure 139 : Extraits vidéo où l?inflammation de résidu au contact du sol humide est visible............. 164
Figure 140 : Analyse du ciel gazeux d?un fût contenant des résidus de combustion de l?essai pad sur
module............................................................................................................................................ 165
Figure 141 : Cliché photographique du prélèvement d?échantillon issu de résidus de combustion de
batterie, produits à la suite d?un essai abusif ................................................................................... 166
Figure 142 : Clichés photographiques de l?échantillon (immédiatement après le prélèvement) placé dans
un bécher (a), lors d?ajout d?eau (b) et bullage/formation de mousse (c) .......................................... 167
Figure 143 : Clichés photographiques du comportement de l?échantillon humidifié soumis à une
action/contrainte mécanique............................................................................................................ 167
Figure 144 : Clichés photographiques du prélèvement d?échantillon de résidus de combustion de
batteries et fragments produits à la suite du concassage au burin en boîte à gants pour s?approcher des
quantités requises pour les diverses phases de l?épreuve N.5 ......................................................... 168
Figure 145 : Clichés photographiques des échantillons d?essais soumis à la phase 1 de l?épreuve N.5
....................................................................................................................................................... 169
Figure 146 : Clichés photographiques des échantillons d?essais soumis à la phase 2 de l?épreuve N.5
....................................................................................................................................................... 170
Figure 147 : Clichés photographiques des échantillons d?essais soumis à la phase 3 de l?épreuve N.5
....................................................................................................................................................... 170
Figure 148 : Clichés photographiques de la tentative d?inflammation au brûleur à gaz des gaz générés
lors de l?ajout de quelques gouttes d?eau sur l?échantillon soumis à la phase 3 de l?épreuve N.5 ...... 171
Figure 149 : Cliché photographique illustrant un exemple d?échantillon soumis à la phase 4 de l?épreuve
N.5 avec les débitmètres automatiques ........................................................................................... 172
Figure 150 : Evolution du débit de gaz dégagé en fonction du temps lors de la phase 4 de l?épreuve N.5
avec les débitmètres automatiques pour l?échantillon « Tel Quel » ? Essai 2 ................................... 173
Figure 151 : Evolution du débit de gaz dégagé en fonction du temps lors de la phase 4 de l?épreuve N.5
avec le débitmètre automatique pour l?échantillon « Tel Quel » - Essai 3 ......................................... 173
Figure 152 : Vue latérale du panache toxique résultant de l?émission de phosphine, effets irréversibles
et premiers effets létaux. ................................................................................................................. 174
Figure 153 : Seuils de toxicité et de perception de la phosphine ...................................................... 175
Figure 154 : Photographies des résidus prélevés pour analyse ....................................................... 176
Figure 155 : Analyse DRX des résidus d?un essai compression statique. L?analyse porte sur des résidus
plutôt rougeâtres et le transfert et l?analyse ont été réalisés sous air (poudre oxydée) ..................... 177
Figure 156 : Analyse DRX des résidus de l?essai feu caisse. L?analyse porte sur un ensemble
hétérogène de résidus et le transfert et l?analyse ont été réalisés sans contact avec l?air (protégé par
du Kapton) ...................................................................................................................................... 179
Figure 157 : Analyse RMN d?un ensemble hétérogène de résidus sur le 31P et le 7Li. Le transfert et
l?analyse ont été réalisés sans contact avec l?air .............................................................................. 180
Figure 158 : spectroscopies Mössbauer des résidus d?essais .......................................................... 181
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Glossaire
BEA-RI Bureau d'Enquêtes et d'Analyses - Risques Industriels
CDG Carbon Dioxyde Generation (génération de dioxyde de carbone en français)
COV Composés Organiques Volatils
DEC/EC Diethyl Carbonate / Ethyl Carbonate
DRX Diffraction à Rayons X
EC Electrochemical Cell (vocabulaire Blue Solutions)
ELPI Impacteur basse pression à détection électrique
FTIR Spectroscopie infrarouge à transformée de Fourier
GC-MS Gaz Chromatographie ? Spectroscopie de Masse
GMD Geometric Mean Diameter (diamètre moyen géométrique en français)
GTR-EVS Global Technical Regulation ? Electric Vehicle Safety
HAP Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques
HRR Heat Release Rate (débit calorifique en français)
ICMCB Institut de Chimie de la Matière Condensée de Bordeaux
INERIS Institut National de l?Environnement Industriel et des Risques
IR Infra-Rouge
LFP
LMP
Lithium Fer Phosphate
Lithium Métal Polymère
MET Microscope électronique à transmission
MPS Mini Particle Sampler
NMC Nickel Manganèse Cobalt
OC Oxygen Consumption (consommation d?oxygène en Français)
OMS Organisation Mondiale de la Santé
ONU Organisation des Nations Unies
PCB Polychlorobiphényles
PCDD/F Polychloro-dibenzodioxines / Polychloro-dibenzofurannes
PTFE Polytétrafluoroéthylène
REI Acronyme utilisé pour indiquer la résistance au feu d'un élément de construction
RMN Résonance Magnétique Nucléaire
EDX Energy Dispersive X-ray ou spectroscopie X à dispersion d'énergie
POE Poly(oxyéthylène)
SDIS Service Départemental d?Incendie et de Secours
SOC State of Charge (état de charge en français)
TC ou TCK Thermocouple ou Thermocouple de type K
THR Total Heat Release (chaleur totale dégagée en français)
UTC Université Technologique de Compiègne
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1 Introduction
1.1 Déontologie
L?expertise décrite dans le présent rapport a consisté à évaluer les propriétés des batteries Lithium
Métal Polymère (LMP) de la société Blue Solutions placées en situation abusives. Par le passé, l?Ineris
n?a jamais réalisé d?études pour le compte de Blue Solutions. L?Ineris a réalisé, pour d?autres sociétés,
des études sur des installations fixes ou mobiles intégrant des batteries Blue Solutions en prenant en
compte, sans les remettre en cause, les hypothèses fournies par Blue Solutions.
1.2 Contexte et objectifs
Le 16 janvier 2023, un incendie s?est déclaré au sein d?un entrepôt situé sur la commune de Grand-
Couronne (76), propriété de la société SAS HIGHWAY FRANCE LOGISTICS 8. Le feu s?est déclenché
vers 16h30 dans la cellule 1 de 6000 mètres carrés de l?entrepôt, louée et opérée par la société
BOLLORE LOGISTICS, qui abritait, selon l?exploitant, des pièces automobiles, incluant plusieurs
milliers de batteries de véhicules de type Lithium Métal Polymère (LMP) Des effets ont été observés Ã
l?extérieur de l?entrepôt logistique (flammes, fumées, ?) nécessitant l?intervention des pompiers (SDIS
de la seine maritime).
Suite à l?incendie, le BEA-RI s?est saisi de l?enquête. Devant la quasi-absence de données disponibles
dans la littérature sur la réactivité des batteries de type LMP, le BEA-RI a souhaité mobiliser l?Ineris (via
une lettre de saisine datant du 22 mai 2024 et présentée en annexe 1) pour évaluer le rôle qu'auraient
joué les modules batteries dans l'occurrence et le développement de l'incendie.
En pratique, il a été demandé à l'INERIS de réaliser des essais sur des modules ou sur des cellules
électrochimiques en vue :
? De déterminer, en simulant différents modes d'agression, si des modes de défaillance de
modules à température ambiante peuvent être à l'origine d'un emballement thermique ;
? D'étudier les mécanismes de propagations de l'incendie en tenant compte du mode de stockage
utilisé dans l'entrepôt et d'évaluer le rôle du système d'extinction automatique.
? D'établir sur la base des mesures et des observations réalisées à l'occasion des essais si les
modules de batteries peuvent être à l'origine des explosions et des projections constatées lors
de l'incendie
? D'évaluer, au besoin par comparaison avec d'autres types de feu connus et documentés,
l'efficacité des dispositifs de protection incendie communément utilisé dans le domaine de la
logistique (mur REI, dispositif de désenfumage);
? D'évaluer la dangerosité des substances émises, le cas échéant, en les comparant aux
substances émises par des feux plus communément rencontrés et déjà documentés ;
? De préciser au regard des résultats obtenus en matière d'analyse si les moyens de protection
utilisés en phase accidentelle (y compris dans les dernières heures d'extinction) permettent de
protéger convenablement les intervenants.
L?Ineris, en accord avec le BEA-RI a mis en oeuvre une campagne d?essais permettant de mieux
appréhender les causes et effets de la réaction de ces batteries. Blue Solutions a mis à disposition les
échantillons nécessaires.
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1.3 Structure du rapport
Pour répondre aux questions posées, le rapport est constitué de 3 grandes parties. La première vise Ã
la détermination des causes possibles de l?emballement thermique d?un module stocké. Elle comprend
des essais d?abus mécanique et thermique afin d?évaluer les possibilités de réaction d?un module. La
seconde vise à comprendre les caractéristiques d?un incendie d?un module et d?une caisse de module
LMP. Elle comprend des essais d?exposition au feu d?échantillons allant jusqu?à des caisses de modules
et inclue l?étude de l?influence de l?extinction. La troisième et dernière partie traite de l?instabilité des
résidus après essai afin d?évaluer les risques dans les dernières heures de l?extinction.
1.4 Description d?un module LMP
Ce rapport vise à mieux appréhender les causes et effets de la réaction de type LMP produites par Blue
Solutions. Peu de données existent dans la littérature puisque la technologie de batterie actuellement
dominante est la technologie Li-ion, pour laquelle de nombreuses études existent. Dans notre étude,
des modules LMP de modèle IT3 produits par Blue Solutions, correspondant à ceux stockés à Grand-
Couronne ont été testés.
Il faut bien souligner que certaines des conclusions tirées sont généralisables à la technologie LMP
(système Lim/POE/LFP) tandis que d?autres sont le résultat de choix d?ingénierie faits par Blue Solutions
et donc uniquement valables pour les modules/caisses dont il est question dans ce rapport. Il est ainsi
important de bien décrire les modules étudiés.
Contrairement à ce qui est généralement réalisé à l?Ineris, les modules ont été testé tels que reçus sans
vérification des performances électriques (capacité en charge/décharge), l?accès au BMS des modules
n?ayant pas été donné dans le cadre de ces travaux.
1.4.1 Electrochimie
Les batteries Li-métal produites par Blue Solutions, désignées comme « LMP » pour Lithium Métal
Polymère se différencient de la plupart des autres technologies de batteries sur le marché par la
présence de lithium métal à l?anode. Cette technologie diffère notamment de la technologie Li-ion, car
elle n?utilise pas d?électrolyte de type organique liquide mais repose sur l?utilisation d?un polymère. Le
polymère utilisé (PEO) est solide à température ambiante et réalisé à base de sels de Li soufrés et
fluorés. Ces éléments différenciant, représentés en Figure 1, font que les modes de fonctionnement et
profils de risques de ces deux technologies de batteries lithium (LMP d?un côté, et lithium-ion de l?autre)
sont très différents.
La cathode utilisée dans les batteries ici testées est de chimie LFP, comme ce qui peut être trouvé dans
la technologie Li-ion. Le motif unitaire Li(m)/PEO/LFP est répété jusqu?à former la plus petite unité
désignée par Blue Solutions comme « EC » pour Electrochemical Cell, cette unité comporte des
connecteurs (ou tabs) pour permettre la connexion électrique au niveau de l?empilement des motifs
unitaire (stack). Ces éléments unitaires de tension autour de 3V et ayant une capacité d?environ 100 Ah
ne sont pas enveloppés comme cela est le cas pour la technologie Li-ion et ces EC ne sont donc pas
utilisables en l?état dans un système.
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Figure 1 : Représentation schématique de l?assemblage d?une couche de cellule LMP Blue Solutions.
Source site web Blue Solutions
1.4.2 Intégration en module
Les EC sont ensuite empilés et connectés en série jusqu?à former un module de 72 V / 7 kWh. En plus
de l?électrochimie, un module contient des éléments électronique (carte électronique, bornes,
chauffages latéraux, ?) et mécanique (ressort, isolant, ?). Afin d?éviter l?oxydation de l?anode en Li
métal, le module est rempli de gaz inerte et fermé de manière hermétique. Un module dispose d?un
évent sur la face avant (sous les bornes) afin d?éviter les montées en pression. Il est à noter que
l?empilement d?EC est séparé de chacune des faces du module, soit par un espace conséquent, soit
par des couches d?isolant électrique (plastique).
La Figure 2 présente un schéma simplifié de l?intérieur d?un module.
Figure 2: Schéma simplifié (vue en coupe) de l'intérieur d'un module
Un module pèse environ 40 kg dont 6 kg de casing métallique et environ 3,5 kg de Lim (Soit 8,75 % de
la masse du module). Ses dimensions sont données en Figure 3. A titre de comparaison, dans une
batterie Li-ion de véhicule électrique environ 1 % de la masse est associée au Lithium contenu dans les
électrodes.
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Figure 3 : Dimensions d?un module LMP IT, communiquées par Blue Solutions
Une photographie de chacune des faces d?un module est présentée en Figure 4.
Figure 4 : Photographie des 6 faces d?un module LMP IT3
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1.4.3 Protocoles et méthodes expérimentales
Les chapitres suivants sont consacrés en grande partie à des essais abusifs réalisés dans le but de
répondre à la saisine du BEA-RI. Les protocoles d?essais ont été développés en impliquant Blue Solution
et le BEA-RI lors de leurs mises au point. Blue Solution et le BEA-RI ont assisté à l?ensemble des essais
réalisés sur le site de l?Ineris à Verneuil-en-Halatte. Ces essais n?ont pas de visées réglementaires ou
d?homologation, ainsi ils ne cherchent pas à reproduire des protocoles normalisés, d?autant plus que les
normes couvrant la sécurité des modules de type LMP sont quasi inexistantes ou inadaptées aux
besoins de la campagne d?essais.
L?ensemble des mesures a cependant été réalisé en suivant les bonnes pratiques du domaine. Plus de
détail sur la métrologie, les instruments utilisés, les incertitudes de mesures sont données en Annexe 2.
Les protocoles expérimentaux et l?instrumentation mise en place est décrite dans chacune des sous-
parties.
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PARTIE 1 : Détermination des causes possibles de
l?emballement thermique d?un module stocké
Pour répondre aux questions posées, cette première vise à déterminer, en simulant différents modes
d'agression, si des modes de défaillance de modules dit à température ambiante peuvent être à l'origine
d'un emballement thermique. Elle comprend des essais d?abus mécanique afin d?évaluer les possibilités
de réaction d?un module.
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2 Choc/chute
2.1 Objectif et description du protocole d?essai
Cet essai a pour but de déterminer si une déformation mécanique d?un module stocké suite à un choc
ou une chute peut être la cause d?un emballement thermique du module.
Pour étudier cette hypothèse, le module a été soumis à un écrasement quasi-statique à une vitesse de
0,5 mm/s sur deux axes (représentés sur la Figure 5). Le module est écrasé à l?aide d?un impacteur
hémisphérique de diamètre 150 mm. L?écrasement est effectué en plusieurs étapes jusqu?à réaction,
90 % de l?épaisseur de la batterie ou que la limite sécuritaire de la presse soit atteinte (480 kN).
Figure 5 : Axes d?écrasement des modules
Des thermocouples sont disposés avant essai sur les faces extérieures du module et des fluxmètres
sont positionnés autour du module.
L?implantation des thermocouples et des fluxmètres est présentée sur la Figure 6.
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Figure 6 : Implantation des thermocouples et des fluxmètres pour les essais d'écrasement
2.2 Résultats axe Y
Le déroulé de l?essai d?écrasement sur l?axe Y est présenté en tableau 1. Les premiers effets
mesurables de l?écrasement sont une chute de tension de 3,3 V, observée après une déformation de
27 mm suivie d?une première légère élévation de température mesurée après 43 mm d?enfoncement.
Après 88 mm d?enfoncement, le casing du module s?ouvre. La tension s?annule après 100 mm
d?enfoncement, cela ne reflète pas l?absence de tension mais un arrachage des bornes sur lesquelles
est effectuée la mesure. Sur la poursuite de l?écrasement, peu d?effets sont constatés hormis des
élévations modérées de températures. Cependant, de par l?architecture du module, l?empilement d?EC
n?est pas réellement écrasé mais s?échappe par le haut, poussé par le ressort placé en bas du module.
Il est à noter que les thermocouples sont placés sur l?extérieur du casing du module et ne reflètent pas
les températures des EC.
Lors du retrait de la presse, le module chute dans le bac de rétention métallique. 34 minutes après les
premiers effets constatés (chute de tension/élévation légère de température) et 6 minutes après le
dernier abus (chute dans le bac) une élévation très importante de la température est observée.
12 secondes après ces premiers signes avant-coureurs d?emballement thermique, l?ensemble des
éléments s?enflamment et une réaction violente se produit pendant environ 3 minutes.
L?emballement thermique étant différé par rapport à l?agression, il est difficile de conclure formellement
sur l?origine de celui-ci. Plusieurs hypothèses peuvent être émises :
- La déformation a provoqué un court-circuit interne. Les deux premiers signes d?un tel défaut
pourraient être la première chute de tension après 27 mm d?enfoncement ou le premier
échauffement après 43 mm d?enfoncement ;
- L?ouverture du module après 88 mm d?enfoncement a laissé rentrer de l?air qui a réagi avec le
lithium métal et provoqué une réaction exothermique ;
- Lors de la chute de l?empilement d?EC, celui-ci vient au contact du bac métallique qui crée un
court-circuit inter-EC.
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Tableau 1 : Chronologie des évènements lors de l?essai d?écrasement sur l?axe Y
Temps Evènement
-7 min Début enregistrement vidéo
(11h 27 min 02 s)
-180s Début enregistrement des
données
0 s Début de l?écrasement
53 s Première chute de tension
(-3.3 V)
Enfoncement 27 mm
67-70s Chute de tension (-13 V)
Chute de la force (120?90 kN)
85 s Première légère élévation de
température (TC 2, 3, 4, 8)
Enfoncement de 43 mm
20°C sur caméra IR
150 s Maximum de force lors de
l?essai atteint (160 kN)
175 s Rupture mécanique du casing
du module. Légère fumée
visible.
Enfoncement 88 mm
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Temps Evènement
194 s Premier arrêt de l?écrasement
Enfoncement 97 mm
10 min 48 s Reprise de l?écrasement
10 min 48 s La tension s?annule
(probablement causée par
l?arrachage des bornes)
Enfoncement de 100 mm
11 min 30 s Arrêt de l?écrasement
Enfoncement de 120 mm
13 min 48 s Reprise de l?écrasement
14 min 24 s Elévation significative de
température (TC 2, 3)
26 °C sur caméra IR
15 min 06 s Arrêt de l?écrasement
Enfoncement de 160 mm
22 min 20 s Reprise de l?enfoncement
23 min Elévation significative de la
température (TC4, 7, 8)
32 °C sur caméra IR
23 min 20 s Arrêt définitif de l?écrasement
Enfoncement max 190 mm
(95 %)
25 min Recul de la presse
27 min Maximum local de température
(29°C sur TC2)
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Temps Evènement
29 min Chute de la batterie dans le bac
de rétention
31 min 30 s Arrêt de l?enregistrement des
données
31 min 40 s Début de la surveillance
(nouvelle base de temps pour
l?enregistrement des données)
32 min Elévation de température
(+40°C en 1 min)
33 min Elévation de température
(+75°C en 20 sec min)
35 min 12 s Elévation importante de la
température
35 min 24 s Réaction violente
35 min 34 s Pic de flux radiatif
(23,7 kW/m2 F2)
36 min 10 s Fin du pic d?effet thermique
(l?ensemble des flux radiatifs se
stabilise à 5 kW/m2)
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Temps Evènement
38 min 10 s Fin de la réaction violente
45 min 10 s Arrêt des flammes
Les données enregistrées durant l?essai sur l?axe Y sont présentées en Figure 7 et durant la phase de
surveillance en Figure 8 (les base de temps sont différentes). Il est important de rappeler que les
thermocouples placés sur le casing ne reflètent pas les températures de l?électrochimie (empilement
d?EC) du fait de l?éjection de ces derniers.
Les images extraites de la caméra thermique présentées en Figure 9 donnent de meilleures
informations. Durant la réaction, l?ensemble des thermocouples sont saturés révélant que les
températures ont dépassé 1200°C. Un pic de flux radiatif proche de 25 kW/m2 est enregistré à 2,5 m de
distance.
Figure 7 : Données enregistrées durant l?essai d?écrasement axe Y.
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Figure 8 : Données enregistrées durant la surveillance de l?essai d?écrasement axe Y
Les images de la caméra thermique permettent de constater une élévation progressive de la
température jusqu?à 33°C lors de l?écrasement. Une élévation assez brutale de la température (+75°C
en 20 sec) est constatée 2 min avant l?évènement. Durant la réaction, la caméra est saturée d?abord Ã
160°C puis à 660°C due aux limites de la caméra.
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Figure 9 : Captures d?écrans de la caméra infra-rouge lors de l?essai et de la surveillance de l?essai
d?écrasement axe Y.
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Les photos après essai sont présentées en Figure 10. Elles permettent de constater que le module est
complètement détruit. Des résidus, rougeâtres sont visibles. Le bac de rétention en acier (température
de fusion d?environ 1400 °C) est percé et l?état de dégradation de la caméra placée à plusieurs mètres
témoigne d?un flux thermique important et de températures extrêmement élevées. Les fluxmètres placés
à 2,5 m du module ont enregistré un pic à 25 kW/m² ce qui présuppose une émittance de flamme élevée
(supérieure à 100 kW/m²).
Figure 10 : Photographies après essai (écrasement axe Y)
2.3 Résultats axe Z
Le déroulé de l?essai d?écrasement sur l?axe Z est présenté en tableau 2. Sur cet axe, la compression a
lieu sur le même axe que le ressort placé sous le module. Les premiers centimètres d?écrasement sont
donc consacrés à l?écrasement de ce ressort. Sur cet axe, les EC sont écrasés perpendiculairement Ã
leur surface. Le premier effet mesurable de l?écrasement est une chute de tension de 3,3 V, observée
après une déformation de 34 mm. Une première légère élévation de température est mesurée après
71 mm d?enfoncement. Cette lente augmentation de température, persiste de manière quasi linéaire
jusqu?aux minutes précédant l?emballement thermique. La tension s?annule après 96 mm d?enfoncement
contrairement à l?axe Y, cette tension nulle semble refléter la mise en court-circuit de l?ensemble des
EC (pas d?arrachage des bornes à ce stade). Après 102 mm d?enfoncement, le casing du module
s?ouvre par la face avant. Sur la poursuite de l?écrasement, peu d?effets sont constatés hormis la
poursuite de l?augmentation de température et l?augmentation de l?ouverture du casing. 34 minutes
après l?arrêt de l?écrasement, les températures enregistrées par la caméra thermique deviennent
critiques (75°C) et un emballement thermique imminent est pressenti. Pour protéger la presse
hydraulique, celle-ci est reculée. 15 secondes plus tard, la température au niveau des EC dépasse
100°C (caméra IR) et après 15 nouvelles secondes, le module s?enflamme très violemment.
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L?emballement thermique étant différé par rapport à l?agression (env. 35 min), il est difficile de conclure
formellement sur l?origine de celui-ci. Plusieurs hypothèses peuvent être émises :
- La déformation a provoqué un court-circuit interne. Les deux premiers signes d?un tel défaut
pourraient être la première chute de tension après 34 mm d?enfoncement ou le premier
échauffement après 71 mm d?enfoncement ;
- L?ouverture du module après 102 mm d?enfoncement a laissé rentrer de l?air qui a réagi avec le
lithium métal et provoqué une réaction exothermique.
Tableau 2 : Chronologie des évènements lors de l?essai d?écrasement sur l?axe Z
Temps Evènement
- 5 min 49 s Début enregistrement vidéo
(15h 10 min 30 s)
-1 min 52 s Début enregistrement IR
-137s Début enregistrement des
données
0 s Début de l?écrasement
Tmax= 13°C
70 s Première chute de tension
(-3.3 V)
Enfoncement 34 mm
91 s Maximum de force (476 kN)
Enfoncement 45 mm
143 s Première élévation de
température (TC 2, 3, 7, 8)
Enfoncement de 71 mm
13°C sur caméra IR
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Temps Evènement
192 s Tension à 0V
Enfoncement 96 mm
Tmax = 14°C
205 s Rupture mécanique du casing
du module. Légère fumée
visible.
Enfoncement 102 mm
356 s Arrêt de l?enfoncement
Enfoncement max de 178 mm
Tmax= 15°C
40 min Recul de la presse
Tmax=21°C
74°C sur caméra IR
2427 s
40 min 30 s
Augmentation de température
TC 4 : +20°C en 1s
2428 s
40 min 30 s
Augmentation de température
TC 6 : +100°C en 1s
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Temps Evènement
2430 s
40 min 30 s
Réaction violente
2440 s
40 min 40s
Pic de flux radiatif
(25 - 30 kW/m2 F1)
F2 non considéré car
comportement anormal
41 min 30 s Fin du pic d?effet thermique
(l?ensemble des flux se stabilise
à 5 kW/m2)
Du métal en fusion coule et des
projections de métal en fusion
sont observées
44 min Fin de la réaction violente
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Temps Evènement
54 min Arrêt des flammes
Les données enregistrées durant l?essai sur l?axe Z sont présentées en Figure 11.
Il est important de rappeler que les thermocouples placés sur le casing, ne reflètent pas forcément les
températures de l?électrochimie (empilement d?EC). Les images extraites de la caméra thermique
présentées en Figure 12 donnent de meilleures informations. Durant la réaction, l?ensemble des
thermocouples sont saturés révélant que les températures ont dépassé 1200°C. Un pic de flux radiatif
proche de 25 à 30 kW/m2 est enregistré à 2,5 m du module. Les données enregistrées par le fluxmètre 2
ne seront pas retenues car il a un comportement anormal (chute rapide et annulation des valeurs en
cours de réaction).
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Figure 11 : Données enregistrées durant l?essai d?écrasement sur l?axe Z
Les images de la caméra thermiques permettent de constater une élévation progressive de la
température jusqu?à 33°C lors de l?écrasement. Une élévation assez brutale de la température (+75°C
en 20 sec) est constatée 2 min avant l?évènement. Durant la réaction, la caméra est saturée d?abord Ã
160°C puis à 660°C due aux limites de la caméra.
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Figure 12 : Captures d?écrans de la caméra infra-rouge lors de l?essai d?écrasement axe Z.
La Figure 13 reprend les températures maximales enregistrées par la caméra thermique au niveau des
EC. Elle permet de visualiser l?augmentation linéaire puis exponentielle de la température.
L?accélération de l?échauffement est autour de 34 min.
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Figure 13 : Température maximale enregistrée par la caméra thermique au niveau des EC.
La photo après essai est présentée en Figure 14. Elle permet de constater que le module est
complètement détruit. Des résidus rougeâtres sont visibles.
Figure 14 : Photo après essai
0
20
40
60
80
100
120
140
160
180
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 30 32 34 36 38 40 42 44
Te
m
pé
ra
tu
re
(°
C
)
Temps (min)
Temp. max caméra IR
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2.4 Discussions (extrapolation à une chute, ?)
Les écrasements quasi-statiques sur les deux axes ont démontré la possibilité de déclencher un
emballement thermique par abus mécanique. Dans le contexte d?un entrepôt de stockage, il est plus
plausible que l?abus soit dynamique (chute d?une caisse, chute d?un objet sur une caisse, coup de
fourche de chariot élévateur). Afin de proposer des ordres de grandeur des énergies nécessaires pour
créer une déformation susceptible de créer un emballement thermique, nous pouvons extrapoler les
résultats en intégrant les valeurs de force sur le déplacement :
E=? ?(?) ???
0 .
Plusieurs hypothèses sont ensuite prises :
- L?objet impactant le module a la même forme et surface que la sphère utilisée pour
l?enfoncement quasi-statique ;
- L?emballement thermique étant différé, nous conserverons l?hypothèse : un abus permettant de
constater une variation de tension ou de température est suffisant pour déclencher
l?emballement thermique.
Les deux courbes présentées en Figure 15 sont ainsi tracées. On constate que les valeurs sont
beaucoup plus grandes sur l?axe Z. Cela s?explique par la plus grande force employée et nécessaire
pour compresser le ressort.
Au final sur l?axe Z, les énergies nécessaires à provoquer une variation de tension sont de l?ordre de
600 J et de 2200 J pour observer une variation de température.
Comme indiqué en Figure 16, cela correspond à une chute d?une masse de 40 kg de 1,5 à 5 m. Dans
le cas de l?axe Z, les énergies correspondant aux premières variations de tension et de température
sont respectivement 4,7 et 18 kJ. Ces énergies ne sont pas plausibles pour la chute d?un objet de 40 kg
mais correspondent à des hauteurs de 1,5 m à 6,5 m pour une masse de 280 kg.
Figure 15 : Extrapolation des résultats d?écrasement quasi statique à des énergies
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Figure 16 : Variation de l?énergie en fonction de la hauteur de chute pour des masses de 40 et 280 kg
Il est à noter que les modules étant placés dans des caisses, celles-ci doivent influer positivement sur
la protection des modules. Inversement, un impact ou une déformation localisée serait plus pénalisant.
Dans le cas des modules testés, la détermination du point de démarrage de l?emballement thermique
est plus compliquée que pour du Li-ion car la réaction se produit avec un fort décalage par rapport Ã
l?abus.
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3 Défaut interne
Un défaut interne ne peut être écarté quelle que soit la technologie de batterie (défaut de fabrication,
d?assemblage, de conception,?) aussi il est important de quantifier les effets associés à un tel
phénomène. Le déclenchement d?un défaut interne type court-circuit étant difficile à mettre en oeuvre, il
a été sélectionné le percement au clou et la chauffe localisée comme déclencheur représentatif.
3.1 Essai clou
3.1.1 Objectif et description du protocole d?essai
Cet essai a pour but de déterminer si un défaut interne, de type court-circuit à l?intérieur d?un EC ou
inter-EC, d?un module stocké peut être la cause d?un emballement thermique du module.
Pour étudier cette hypothèse il n?existe pas de protocole défini mais un test au clou peut s?en approcher.
Les issues du test peuvent varier selon les paramètres de test choisi (matériaux du clou, vitesse de
pénétration, taille du clou, ?). Pour les essais de cette campagne, les paramètres ont été fixés comme
suit :
- Clou de 10 mm de diamètre en acier,
- Vitesse de pénétration : 1 mm/s.
La Figure 17 présente un schéma de principe de l?empilement de deux EC tel que préparé par Blue
Solutions pour les essais de percement au clou. Chaque EC est placé dans une enveloppe en polymère
multicouche souple de type « pouch cell » et les bornes de chaque EC sont accessibles. Les EC sont
ensuite connectés en série afin de reproduire la configuration à l?intérieur d?un module.
Figure 17 : Schémas de principe de l?assemblage d?EC testé lors de l?essai clou
La Figure 18 présente les images des EC assemblés dans des films polymères multicouches et des
ECs montés dans une plaque de maintien métallique en position pour subir la pénétration au clou.
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Figure 18 : Photographies de l?assemblage d?EC et du spécimen en position de test
Le percement est réalisé en plusieurs étapes reprises en Figure 19.
- La première étape consiste à percer sur une profondeur de 0,7 EC (soit 7 mm). Le défaut ainsi
simulé est un court-circuit interne à l?EC. A noter que plusieurs motifs élémentaires
(anode/séparateur/cathode) sont simultanément percés, ce qui n?est pas le cas lorsqu?un défaut
interne à l?EC apparait ;
- La seconde étape consiste à percer sur une profondeur de 1,5 EC (soit 15 mm). Le défaut ainsi
simulé est un court-circuit inter-EC. A noter qu?ici ce défaut est créé alors que le premier EC est
déjà en court-circuit depuis plusieurs minutes ce qui peut affecter les résultats ;
- La troisième étape consiste à terminer l?enfoncement pour traverser le système, soit 1,9 EC
(19 mm).
Figure 19 : Etapes du percement au clou
La Figure 20 présente la position des thermocouples lors de l?essai clou. A noter que les thermocouples
8, 9, 10 n?ont finalement pas été instrumentés pour éviter de créer des points de pression sur les EC et
d?ajouter une épaisseur inconnue lors du percement du clou. Le thermocouple 16 est placé à l?intérieur
du clou à 1,8 cm de la pointe.
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Figure 20 : position des thermocouples lors de l'essai clou
3.1.2 Résultats
La Figure 21 présente un récapitulatif des données enregistrées durant le test. Afin de faciliter la lecture
du graphique, seulement une sélection de thermocouples est représentée. Lors de l?enfoncement dans
le premier EC, aucune augmentation de température n?est observée. Environ 30 min après le premier
enfoncement, la seconde étape est démarrée (mise en court-circuit des EC) et une augmentation de
température d?environ 2°C est observée, principalement au niveau du thermocouple placé dans le clou
et au centre de la première cellule transpercée. Environ 30 min après cette seconde étape, la troisième
et dernière étape est lancée. Une augmentation de température d?environ 2°C est constatée,
particulièrement au niveau des thermocouples placés sur la seconde cellule pénétrée.
La Figure 22 détaille plus précisément l?ensemble des températures enregistrées lors de l?essai.
L?augmentation de température semble être limitée et pas à même de conduire à un emballement
thermique. Au regard des résultats d?essai d?écrasement, pour lesquels l?augmentation de température
était limitée avant un emballement soudain, il est difficile de conclure si l?EC est proche ou non d?une
zone « critique ».
Il faut aussi noter que d?autres paramètres, à commencer par la taille du clou, peuvent influer l?issue de
ce type de test. Enfin, nous tenons à souligner que les résultats présentés ici ne sont utilisables en
aucun cas pour conclure quant au comportement de batteries en fonctionnement (85°C).
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Figure 21 : Données enregistrées lors de l?essai de pénétration au clou
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Figure 22 : Enregistrements des températures ; ensemble des thermocouples
La Figure 23 présente les extraits de la vidéo enregistrée. Aucun élément notable n?est visible. De
même, les images enregistrées par la caméra IR et présentées en 24 ne montrent aucun échauffement
ou évènement notable.
Figure 23 : Extraits de la vidéo enregistrée lors de l'essai de pénétration au clou
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Figure 24 : Extrait de la vidéo IR enregistrée lors de l?essai de pénétration au clou
L?introduction d?un clou métallique de diamètre 10 mm n?a pas permis le déclenchement de
l?emballement thermique d?un EC. Il faut noter que ces résultats peuvent varier selon les paramètres
d?essais utilisés notamment la vitesse, le diamètre du clou et la position de percement. Aussi, dans les
conditions d?essais choisis, un des EC était court-circuité depuis plusieurs minutes avant qu?un court-
circuit inter-EC soit créé. Cela et la température de l?essai à laquelle la cellule n?est pas dans sa plage
de fonctionnement (85°C) peut impacter fortement l?issue de l?essai.
4 Autres hypothèses non testées
D?autres hypothèses comme le court-circuit externe ou la surdécharge n?ont pas été étudiées car jugées
peu à même de déclencher un emballement thermique sur un module à température ambiante en
condition de stockage.
Un défaut d?étanchéité au niveau du module a été évoqué mais semblerait conduire à une oxydation
lente du lithium métal sans nécessairement entrainer une réaction violente du module. La reproduction
expérimentale de ce type de défaut a semblé difficilement représentative et peu reproductible pour
qu?elle soit réalisée.
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5 Conclusions de la recherche des causes probables
Dans cette partie, plusieurs essais ont été réalisés afin de déterminer quels types d?évènements
pourraient être susceptibles de déclencher l?emballement thermique de modules en condition de
stockage.
Les écrasements quasi-statiques menés sur les deux axes ont démontré la possibilité de déclencher un
emballement thermique par abus mécanique. Sur l?un des axes, les énergies nécessaires pour
provoquer un début d?échauffement du module correspondent à une chute d?une masse de 40 kg de
5 m. Sur l?autre axe, l?énergie correspond à une chute de 6,5 m d?une masse de 280 kg. Les hypothèses
d?une chute d?objet sur la caisse, de la chute d?une caisse ou d?un coup de fourche de chariot élévateur
semblent donc des hypothèses plausibles même s?il faut noter que les modules étant placés dans des
caisses, celles-ci doivent influer positivement sur la protection des modules.
Ces essais montrent aussi que la détermination du point de démarrage de l?emballement thermique est
plus compliquée que pour du Li-ion car la réaction se produit avec un décalage temporel important par
rapport à l?abus. Signifiant que les limites d?énergie tolérables sont moins faciles à déterminer et que,
d?un point de vue accidentel, l?abus a pu avoir lieu plusieurs minutes/heures avant la réaction (ce qui
reste parfois possible mais dans une moindre mesure pour le Li-ion).
La seconde hypothèse étudiée est celle d?un défaut interne de type court-circuit entre cellules ou interne
à certaines cellules constitutives des modules. Pour tester cette hypothèse, un essai clou a été réalisé.
Il n?a pas permis le déclenchement de l?emballement thermique d?un EC. Toutefois, même si ce test
démontre une assez bonne résistance de la technologie à ce type d?abus, plusieurs facteurs pourraient
modifier l?issue du test : vitesse de pénétration, le diamètre du clou et la position de percement. Afin de
s?affranchir de ces nombreux paramètres de test, un test ne simulant non pas le défaut mais les
conséquences d?un défaut, c?est-à -dire un échauffement rapide localisé, sera proposé dans la partie
suivante.
Ces essais ont, en outre, permis de mettre en évidence la rapidité avec laquelle un module passe d?un
état paraissant stable à une réaction très violente, marquée de manière quasi instantanée par des
projections de métal en fusion.
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PARTIE 2 : Comprendre les caractéristiques de l?incendie
Cette seconde partie étudie les mécanismes de propagation de l'incendie d?un module et d?une caisse
de module LMP en tenant compte du mode de stockage utilisé dans l'entrepôt et d'évaluer le rôle du
système d'extinction automatique. Elle comprend des essais d?exposition au feu d?échantillons allant
jusqu?Ã des caisses de modules avec ou sans extinctions.
Les effets observés lors de ces réactions seront analysés pour déterminer si les modules de batteries
peuvent être à l'origine des explosions et des projections constatées lors de l'incendie.
L'efficacité des dispositifs de protection incendie communément utilisés dans le domaine de la logistique
(mur REI, dispositif de désenfumage) seront évalués en utilisant notamment des outils de modélisation.
Enfin, les analyses de gaz et de particules permettent d?évaluer la dangerosité des substances émises.
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6 Essai de chauffe localisée
6.1 Objectif
Cet essai a pour but de tester les conséquences d?un court-circuit interne. En effet, comme cela a été
détaillé dans les parties consacrées aux courts-circuits internes (inter-EC et pénétration au clou), les
reproductions expérimentales de courts circuits internes sont limitées et leur représentativité peut être
discutée. Ici, plutôt que de tenter de reproduire la cause de la défaillance, nous proposons de reproduire
ses conséquences, c?est-à -dire un échauffement important, rapide et localisé des couches internes. A
cette fin, des protocoles relativement robustes pour les batteries Li-ion ont été développés dans l?ISO
6469-2 ou dans la série 05 du R100, adoptée en GRSP en décembre 2024 ou sont en cours de
développement dans des groupes de travail à visée règlementaire (transport marchandises
dangereuses). Des détails techniques sont donnés en Annexe 3.
Ici, deux configurations seront testées, la première sur un assemblage de deux EC, emballées dans
une multicouche polymère (type pouch cell) et la seconde en module. L?assemblage d?EC est un
échantillon préparé spécialement par Blue Solutions pour les besoins de l?essai mais n?existe pas tel
quel au format commercial. Dans le cas des modules, il s?agit du plus petit niveau d?intégration existant
permettant d?être testé tel quel (possédant un casing). L?implantation du pad chauffant y est cependant
imparfaite car, comme décrit en Figure 25, un espace sépare systématiquement le casing de
l?empilement d?EC. Ces vides sont remplis de gaz inerte (azote) afin d?éviter l?oxydation des composants
et l?enveloppe ne peut donc pas être percée sans affecter les parties actives. Malgré cela, la méthode
de chauffe rapide locale a été mise en oeuvre mais un second élément chauffant plus grand et puissant
a été instrumenté dans le cas où le petit élément chauffant ne permet pas de déclencher l?emballement
thermique.
6.2 Essai sur module
6.2.1 Instrumentation et protocole d?essai
Chaque type de pad chauffant est instrumenté en double en cas de défaillance d?un pad et un isolant
thermique (plaque d?inerta) est placé au-dessus afin d?éviter la dissipation thermique. L?ensemble est
maintenu par des colliers métalliques afin d??assurer un bon contact pad/module.
L?ensemble de cette instrumentation et du positionnement est décrit en Figure 25.
Les caractéristiques du pad chauffant sont les suivantes :
- L1 et L2 :
o Taille de pad 2,5 x 2,5 cm,
o Puissance : 600 W (100 W/cm2),
o Température maximale 800°C,
- Pads chauffants : Mica 1 et 2 ,
o Taille de pad : 50 x 15 cm,
o Puissance : 3 300 W (4.4 W/cm2),
o Température maximale 600°C.
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Figure 25 : Implantation des pad chauffants
La Figure 26 et le tableau 3 détaillent le positionnement des thermocouples.
Figure 26 : Positionnement des thermocouples pour l?essai de chauffe localisée
Tableau 3 : Position des thermocouples pour l?essai de chauffe localisée
N° TC Position
1 TC pad Watlow 1
2 1 cm du pad Watlow 1
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3 TC pad Watlow 2 (backup)
4 1 cm du pad Watlow 2
5 TC pad mica 1
6 1 cm du pad mica 1
7 Pad mica 2
8 1 cm pad mica 2
9 Face avant
10 Face arrière
11 Face arrière
12 Face inférieure
13 Face inférieure
14 Face latérale
15 Face latérale tabs -
16 Face latérale tabs +
17 Ambiant
18 Event
Compte tenu des températures élevées attendues, en plus des thermocouples de type K (saturation Ã
1200 °C), un pyromètre bichromatique pyrospot a été mis en oeuvre. Celui-ci permet d?enregistrer des
températures allant de 400°C à 1600°C par mesure infrarouge en un point donné (disque de diamètre
2 cm). Lors de cet essai, le pyromètre pointait le centre de la face supérieure du module.
Le positionnement des fluxmètres est présenté en Figure 27.
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Figure 27 : Disposition des fluxmètres lors de l?essai chauffe rapide localisée sur module
La Figure 28 présente le positionnement du module avant essai.
Figure 28 : Photos du module avant essai
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6.2.2 Phase de chauffe avec les pads chauffants localisés
La Figure 29 présente les températures mesurées sur et à 1 cm des pads chauffants localisés. Après
avoir rapidement atteint les 200°C, le premier pad manque de puissance pour poursuivre l?augmentation
de température. Le second pad est alors démarré. Il atteint rapidement 350°C et plafonne à cette valeur.
Environ 1 h après le démarrage du second pad localisé, ils sont arrêtés puis redémarrés. 20 min après
le redémarrage, la décision est prise d?arrêter la chauffe avec ces pads. Avec cette méthode, hormis
les températures mesurées sur les pads, la température la plus haute atteinte sur le casing en aluminium
est de 240°C à environ 1 cm du second pad. Cette température est trop faible pour déclencher
l?emballement thermique du module.
Figure 29 : Températures mesurées par les thermocouples sur et à proximité des éléments chauffants
localisés
6.2.3 Pads chauffants mica
La Figure 30 présente les températures mesurées sur et à 1 cm des pads chauffants en mica. Un
premier allumage du pad chauffant est rapidement arrêté à cause d?une erreur de manipulation. La
température de l?élément chauffant n?aura pas dépassé 300°C.
Environ 2 min après, le pad chauffant est relancé. 420 s (7 min) après le début de la chauffe, le module
réagit. La température maximale atteinte par le pad, juste avant évènement est de 715°C. La
température enregistrée par le thermocouple « TC_prox_pad_M_2 », placé à 1 cm du pad chauffant
(en jaune sur les graphs) est particulièrement intéressante car plus représentative de ce qu?il se passe
à l?intérieur du module. A partir du début de la chauffe, celle-ci augmente de manière quasi linéaire
jusqu?à 7300 s, où un palier à environ 155°C apparait. Celui-ci dure 60 s et la température décroit ensuite
vers un second palier autour de 120°C. Ce comportement pourrait être attribué à l?absorption de
l?énergie par la fusion du Li métal (Tfusion =180°C). 80 s après, l?emballement thermique démarre.
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Figure 30 : Températures mesurées par les thermocouples sur et à proximité des éléments chauffants
en mica
La Figure 31 présente des extraits de la vidéo de l?essai et la Figure 32 ceux de la caméra IR. Les
premières fumées sont constatées 5 min 54 s avant le début de l?emballement. L?origine de ces fumées
est incertaine. Dès que le premier signe d?inflammation apparait, les effets sont immédiatement très
prononcés et la réaction de combustion s?accompagne de projections attribuées à du métal (Li) en
fusion. Ces projections ne sont pas retrouvées sur des batteries Li-ion et sont caractéristiques de
l?emballement thermique de ce type de batteries (contenant du Li-métal). Durant les 30 premières
secondes, les effets se font ressentir principalement par la face avant (cf. Figures 32 et 33). La face
opposée perce ensuite et l?ensemble du module devient rapidement entouré de flammes. 1 min après
le début de l?emballement thermique, la réaction est pleinement développée. D?importantes projections
de métal en fusion, associées à un éclatement sont parfois observées (cf. T0+ 1 min 40 s). 2 min 30
après son initiation, la réaction baisse fortement d?intensité même s?il faut encore attendre plusieurs
minutes pour constater l?arrêt des flammes.
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Figure 31 : Extraits de la vidéo de l?essai de surchauffe par pad module
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Figure 32 : Extraits de la vidéo thermique lors de l?essai de surchauffe par pad chauffant
La Figure 33 présente l?enregistrement des thermocouples. Dès que l?emballement thermique est
atteint, l?ensemble des thermocouples placés sur le module enregistrent une augmentation de
température. La face latérale (TC11) semble impactée plus tardivement (15 à 20 s après le début de
l?emballement).
Après environ 30 s, l?ensemble des thermocouples enregistrent des températures supérieures Ã
1200 °C et les températures ensuite enregistrées ne sont plus représentatives.
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Figure 33 : Enregistrements des températures de peau du module lors de l?essai de surchauffe
par pad. Saturation des TCK à 1200°C
Le pyromètre permet de mieux approcher les températures atteintes durant la réaction.
La Figure 34 présente l?enregistrement des températures ainsi mesurées. En tout début de réaction, les
températures enregistrées sont très bruitées et difficilement exploitables, cependant, après quelques
secondes, il permet de constater que les températures maximales atteintes oscillent entre 1500 °C et
1600 °C, voire dépassent momentanément 1600 °C (valeur limite du capteur).
Après 30 s de températures dans ces valeurs, la réaction, au point visé par le capteur, semble baisser
en intensité et retrouve des valeurs autour de 800 °C. 1 min plus tard, une nouvelle augmentation de
température culminant à 1400 °C est constatée. Elle peut être liée à la chute/fonte de la paroi du casing
découvrant l?intérieur du module où la réaction est plus chaude. 2 min après le début de la réaction, les
températures passent définitivement en dessous de 1000 °C.
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Figure 34 : Température enregistrée par le pyromètre en un point au milieu de la face supérieure
du module. Saturation de l?instrument à 1600°C
La Figure 35 présente la tension enregistrée. Une chute légère de tension est décelable 20 secondes
avant le début de l?emballement thermique. 20 secondes après le début de l?emballement thermique, la
tension chute brutalement de 40 V à 0 V, marquant vraisemblablement une déconnexion de
l?empilement d?EC des bornes du module.
Figure 35 : Tension du module lors de l?essai surchauffe par pad
La Figure 36 présente les flux thermiques rayonnés. Conformément aux autres éléments
(thermocouples et vidéo), ils permettent de constater que la réaction dure environ 2 min 20. Un pic
proche de 14 kW/m2 est enregistré par les deux fluxmètres placés symétriquement de part et d?autre de
la face avant, à 2,5 m de l?échantillon. Le fluxmètre 1 enregistre des valeurs inférieures car positionné
plus loin (3,5 m). En début de réaction, le fluxmètre 1 enregistre des valeurs encore moindres car il est
à l?opposé du côté où la réaction débute. Ces résultats sont plus largement exploités dans le chapitre 12
(Partie 2).
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Figure 36 : Valeurs de flux thermiques rayonnés enregistrés lors de l'essai surchauffe par pad module
Enfin, la Figure 37 présente les résidus après essai. De manière similaire aux autres essais ayant
conduit à une réaction, l?échantillon est entièrement détruit et des résidus brunâtres sont retrouvés.
La partie 3 de ce rapport est consacré à la caractérisation de ces résidus dans l?optique d?évaluer si les
moyens de protection utilisés en phase accidentelle (y compris dans les dernières heures d'extinction)
permettent de protéger convenablement les intervenants.
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Figure 37 : Photographie après essai
Au final, la chauffe avec un pad de grande dimension et suffisamment puissante a permis de déclencher
un emballement généralisé du module. Cette méthode, facile à mettre en oeuvre expérimentalement et
peu invasive, sera reprise comme moyen de déclenchement pour les essais de propagation (caisse)
même si elle n?est pas forcément représentative d?un court-circuit interne localisé.
En revanche, la chauffe rapide localisée n?a pas permis de déclencher d?emballement thermique.
Comme l?électrochimie (EC) est éloignée physiquement de la zone chauffée (casing alu), il est difficile
de conclure et un essai sur EC est proposé dans la partie suivante.
6.3 Essai sur EC
6.3.1 Instrumentation et protocole d?essai
Pour cet essai, l?assemblage de 2 EC en série a été équipé de 4 thermocouples tels que décrits en
Figure 38.
Figure 38 : Positionnement du pad chauffant et des thermocouples pour l?essai sur EC
Le pad est positionné au centre de la face de l?EC et recouvert d?une couche d?isolant souple. Les
caractéristiques du pad sont les suivantes :
o Taille de pad 25 x 25 x 4 mm,
o Puissance : 600 W (100 W/cm2),
o Température maximale 800°C.
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Afin d?assurer un bon contact entre le pad chauffant et l?EC ainsi qu?une pression sur les EC, le système
a été placé entre deux parpaings réfractaires de type siporex de 15 kg chacun.
La Figure 39 présente le dispositif avant essai.
Figure 39 : Montage expérimental de l?essai chauffe rapide localisée sur EC
6.3.2 Résultats
La Figure 40 présente les extraits vidéos de la chauffe avec le premier pad chauffant. 33 s après le
début de la chauffe, une légère fumée est visible. 10 s plus tard, une lueur apparait sous les siporex et
de faibles flammes sont visibles l?espace de quelques secondes. Ce moment coïncide avec la perte du
pad chauffant (il n?accepte plus de courant). L?hypothèse que nous retenons est une défaillance du pad
chauffant. Lors de cette chauffe, aucune donnée n?était enregistrée suite à une erreur d?enregistrement.
Afin de poursuivre le test, le pad chauffant a été remplacé par un second pad du même type, placé au
même endroit. Cette fois, par simplicité, aucune couche d?isolant ne sera placée dessus (hormis le
siporex). L?essai est relancé dans l?heure qui suit.
Figure 40 : Extraits vidéo de la première chauffe n?ayant pas provoqué d?emballement thermique
Les données de la chauffe avec le second pad ont cette fois été enregistrées et sont présentées ci-
dessous en Figure 41. La puissance de l?élément chauffant est progressivement augmentée jusqu?Ã
300 W, ce qui permet d?obtenir une rampe de température de l?ordre de 17 °C/s au niveau du pad,
jusqu?à atteindre 796 °C. A cette température, une rupture de pente est observée et la chauffe
s?accélère, probablement portée par une réaction exothermique de l?EC. 50 s après le début de la
chauffe, le thermocouple placé sur le pad sature (1200 °C) témoignant de la réaction de l?EC.
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On note qu?il reste possible de passer du courant pendant quelques secondes dans le pad, ce qui cette
fois permet de conclure à une réaction de l?EC et non une défaillance du pad. 10 s plus tard (80 s), le
thermocouple placé à la surface de l?EC abusé enregistre une élévation rapide de température, d?abord
jusqu?à 1000 °C puis sature (1200 °C).
La réaction se diffuse sur le premier EC et, 30 s après les premiers signes de réaction, le TC3 placé Ã
15 cm du pad chauffant enregistre une élévation rapide de température, jusqu?à saturation. C?est à ce
moment que la tension du système s?annule une première fois. Il faudra 30 s de plus pour que la réaction
se propage au second EC (125 s) (TC 4 et 5).
Figure 41 : Données enregistrées lors de l?essai de chauffe externe rapide sur EC
Les extraits vidéos de l?essai présentés en Figure 42 sont en concordance avec la description faite par
l?analyse des données. On notera la présence de projections dès les premiers instants de la réaction. Il
faut environ 30 s pour que la réaction se développe et devienne intense.
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Figure 42 : Extraits vidéo de la seconde chauffe après remplacement du pad chauffant
Une chauffe rapide localisée à la surface d?un EC a donc permis de créer un emballement thermique
de l?ensemble de l?EC qui s?est ensuite propagé à l?EC en série placé dessous. En supposant que cet
essai soit représentatif de ce qu?il pourrait se passer en cas de défaut interne, il est donc possible de
conclure qu?un défaut interne ait pu causer l?emballement thermique d?un EC qui s?est ensuite propagé
au module.
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7 Comportement d?un module LMP exposé à un flux calibré
(essai feu sur module)
7.1 Objectif et description du protocole d?essai
Cette sous-partie a pour objectif de caractériser la réaction d?un module LMP lorsqu?il est en
emballement thermique. Cet essai a été réalisé le 18/10/2023.
Plusieurs paramètres importants ont été étudiés :
o La température à laquelle le module commence à réagir,
o Le flux thermique dégagé (HRR (Heat Release Rate) et THR (Total Heat Release)),
o La température maximale atteinte lors de la réaction,
o Les effets de la réaction (projection, écoulements, ?),
o La qualification des gaz et particules émises (notamment vis-à -vis des risques toxiques
et d?explosion).
Pour cela un module chargé à 100 % est soumis à un flux thermique radiatif, représentatif d?un feu
développé. Classiquement, des panneaux radiants sont utilisés pour produire le flux thermique radiatif.
La violence de la réaction attendue du module et afin de préserver l?intégrité du moyen d?essai, il a été
préféré d?adapter le protocole.
Le module a ainsi été placé au centre d?une virole en acier de 2 mm d?épaisseur, de 40 cm de diamètre
et de 80 cm de longueur, elle-même suspendue au-dessus d?un feu de propane. En ajustant la
puissance du feu de propane, la puissance thermique radiative reçue par le module a pu ainsi être
ajustée. Cet ajustement de protocole empêche une bonne mesure des flux thermiques émis mais
permet l?évaluation des autres paramètres recherchés (nb : pour l?étude des flux thermiques émis par
un module, se reporter à la partie 6 surchauffe module par pad chauffant).
Le montage expérimental est présenté en Figure 43. Le moyen d?essai est placé au centre d?une
chambre d?essai de 300 m3 dotée d?une extraction forcée de 35 000 m3/h s?effectuant verticalement Ã
7 m de hauteur. Les entrées d?air sont assurées par des ouvertures de 40 x 40 cm² réparties sur tout le
pourtour de la chambre.
Figure 43 : Photographies du moyen d?essai
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Le module est placé verticalement dans la virole au-dessus d?un lit de sable. Le feu de propane est
allumé par un opérateur au moyen d?un chalumeau. L?essai de calibration dont les résultats sont
présentés sur la Figure 44 a permis de déterminer que pour un débit de propane fixé à 25 g/s, les
températures à l?intérieur de la virole montent progressivement pendant 5 min jusqu?à 400°C environ et
le flux absorbé par l?échantillon est alors estimé à un flux compris entre 10 et 15 kW/m2 en considérant
les effets convectifs et radiatifs.
Figure 44 : Paramètres mesurés (températures, flux à l?intérieur de la virole) lors d?un essai à blanc
Le feu est maintenu jusqu?Ã ce que l?emballement thermique du module soit atteint.
La Figure 45 présente l?implantation des thermocouples.
Figure 45 : Implantation des thermocouples
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Compte tenu des températures élevées attendues, en plus des thermocouples de type K (saturation Ã
1200 °C), un pyromètre bichromatique pyrospot a été mis en oeuvre. Celui-ci permet d?enregistrer des
températures allant de 400°C à 1600°C par mesure infrarouge en un point donné (disque de diamètre
2 cm). Lors de cet essai, le pyromètre pointait le centre de la face visible du module (Cf. Figure 46).
Avec ce type de mesure, l?émissivité de la flamme n?étant pas connue (fixée arbitrairement à 0.95), la
précision de la valeur de température est de l?ordre de 10 %. A noter que pour une valeur d?émissivité
de flamme plus faible, les températures mesurées seraient plus élevées.
Malgré les difficultés posées par la virole pour mesurer le flux thermique émis, un fluxmètre a été
positionné à 3,5 m de l?échantillon et à 2 m de haut (hauteur du haut de la virole).
La Figure 46 présente le montage expérimental avant essai.
Figure 46 : Montage expérimental de l?essai flux radiatif
7.2 Résultats
7.2.1 Observations
La Figure 47 présente des extraits de la vidéo d?essai. Après allumage du bac feu, celui-ci se stabilise
rapidement (30 s). 15 min après l?allumage du bac, une première réaction est observée (projection de
gaz, de flammes et de particules incandescentes par le haut de la virole). 6 secondes après ces premiers
signes de réaction, l?intensité du feu de propane a drastiquement baissé et la réaction à l?intérieur de la
virole semble relativement faible (de légères flammes ressortent). Cette chute d?intensité est marquée
par le pic négatif au temps t0 + 15,75 min sur le graphe de débit calorifique (Figure 55). Il faut attendre
30 s pour que la réaction s?intensifie et 36 s pour que des projections importantes de Li en fusion
apparaissent. 1 min 20 après le début de réaction, la virole dans laquelle est maintenu le module se
perce en deux points au niveau de sa base. 1 min 56 après le début de réaction, la réaction semble
atteindre un pic d?intensité, coïncidant avec le pic de flux thermique rayonné mesuré par le fluxmètre et
le second pic de débit calorifique mesuré. Environ 2 min 30 s après son initiation, la réaction baisse
nettement d?intensité, il faudra ensuite attendre plusieurs minutes pour que la réaction s?arrête.
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Figure 47 : Extraits de la vidéo de l?essai flux thermique
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La Figure 48 présente des extraits de la vidéo enregistrée par caméra infrarouge. Elle permet de
constater que, quelques secondes avant la réaction, le bas de la virole a une température de 640 °C.
Dès que la réaction débute, les valeurs maximales de températures dépassent les 660 °C dans les
zones blanches et la caméra se sature. Peu d?informations sont exploitables de ces données.
Figure 48 : Captures d?écrans de la caméra infra-rouge lors de l?essai flux radiatif
Les photos après essais sont présentées en Figure 49.
Elles permettent de constater que le module est complètement détruit. Des résidus, rougeâtres sont
visibles ainsi que des flaques resolidifiées de métal fondu (probablement l?acier de la virole). La virole
en acier (Tfus env. 1400 °C) est percée et largement dégradée attestant de températures extrêmement
élevées.
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Figure 49 : Photographies du montage après l?essai de flux radiatif
7.2.2 Caractéristiques thermiques de l?incendie
La Figure 50 présente les enregistrements de température de l?ensemble des thermocouples. Le
thermocouple placé dans les flammes (env. 20 cm sous la virole) enregistre une élévation rapide de
température et oscille ensuite entre 800 et 1000 °C en fonction du contact ou non à la flamme. Les
autres températures augmentent progressivement. 15 min après l?allumage du feu et que l?échantillon
soit soumis à un flux thermique compris entre 10 et 15 kW/m2 sur toute sa surface extérieure, le module
s?emballe et les températures enregistrées dépassent alors les 1200 °C (limite haute des
thermocouples).
La Figure 51présente une sélection de thermocouples afin de permettre une meilleure visualisation des
variations de températures du module. Juste avant l?emballement thermique, les températures
maximales enregistrées sur les faces du module sont de l?ordre de 480 °C. Dès lors que la réaction du
module débute (1544 s), le feu de propane est stoppé (1550 s) et la température enregistrée par le
thermocouple dans le feu décroit. 16 secondes (1560 s) après les premiers signes de réaction, le
thermocouple positionné sur la tab (face orientée vers le haut de la virole) dépasse 1200 °C. Il faut
13 secondes de plus (1573 s) pour que des températures supérieures à 1200 °C soient enregistrées
sur l?ensemble des faces. Après cela, l?ensemble des thermocouples est saturé et les valeurs
enregistrées ne sont plus significatives.
Figure 50 : Enregistrements des températures lors de l?essai flux radiatif
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Figure 51 : Enregistrements des températures lors de l?essai flux radiatif (sélection de thermocouples)
La Figure 52 présente l?enregistrement effectué par le pyromètre. Cet enregistrement reflète la
température en un point au centre de la face supérieure (proche des bornes). Dès l?allumage du feu,
des oscillations très brèves jusqu?à 1400 °C sont enregistrées mais ne sont pas représentatives de la
température de la face (perturbation par les flammes). Dès lors que le module réagit (1544 s), la
température s?élève jusqu?à osciller entre des températures de 1100 à 1200 °C au plus fort de la
réaction. Environ 5 min après le début de la réaction, les températures retombent en dessous de 800 °C.
Il faut noter que les températures ainsi observées n?auraient pas suffi à saturer les thermocouples
positionnés sur le module tels que cela a été observé. Les hypothèses les plus probables sont que le
montage (avec la virole autour) a gêné la mesure du pyromètre et les valeurs enregistrées ne sont pas
celles du module ou le module s?est affaissé en cours d?essai et les valeurs mesurées sont celles de la
paroi de la virole.
En conclusion, nous proposons de ne pas retenir ces températures et nous préfèrerons retenir celles
qui seront enregistrées lors des autres essais, où le montage sera plus adapté.
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Figure 52 : Enregistrements de la température effectuée par le pyromètre au centre de la face
supérieure (proche des bornes)
La Figure 53 présente l?enregistrement de tension effectué lors de l?essai flux radiant. Les premières
variations de tension (environ 1 V) se font ressentir à 1542 s, soit 2 secondes avant les premières
élévations de températures violentes enregistrées. La tension s?annule environ 1 min après le début de
la réaction, ce qui atteste d?une réaction séquentielle des EC à l?intérieur du module.
Figure 53 : Enregistrements de la tension du module lors de l?essai flux radiatif.
La Figure 54 présente les flux thermiques enregistrés au cours de l?essai. Conformément aux autres
éléments (thermocouples et vidéo), ils permettent de constater que la réaction dure environ 2 min 30.
Un pic proche de 12 kW/m2 est enregistré par le fluxmètre positionné à 3,5 m de l?échantillon et à 2 m
de haut Ces résultats sont plus largement exploités dans le chapitre 12.
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Figure 54 : Enregistrements des flux thermiques
Pour compléter cette mesure, et comme une analyse de gaz a été réalisée lors de cet essai, des valeurs
de débit calorifique et de chaleur de combustion ont pu être calculées par CDG et OC. Des détails sur
ces méthodes sont donnés en Annexe 4.
La Figure 55 présente ainsi les valeurs de débit calorifique (HRR) calculées par ces méthodes. De
l?allumage du feu (T0) à la réaction du module (15 min), le débit calorifique est entièrement imputable
au feu de propane. Celui-ci est stable, entre 1 et 1,3 MW. Dès que la réaction s?amorce (15 min), le feu
de propane est stoppé. Un régime transitoire sur une période d?environ 30 s est observé durant lequel
il est difficile d?attribuer l?origine de la chaleur de combustion (feu de propane vs module). Après cela,
l?entièreté du débit calorifique est attribuée au feu du module.
La réaction augmente progressivement en intensité jusqu?à atteindre un premier pic à 1,8 MW 1 min 30
après les premiers signes de réaction.
Un second pic culminant à 2,4 MW est observé 2 min 10 après le début de réaction. En intégrant ces
données, il est possible de calculer l?énergie totale dégagée.
La Figure 56 présente cela. Les valeurs ainsi calculées sont comprises entre 178 MJ et 198 MJ selon
la méthode choisie (respectivement CDG et OC).
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Figure 55 : Débit calorifique (HRR) calculé par CDG et OC lors de l?essai flux radiatif
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Figure 56 : Chaleur de combustion calculée par CDG et OC lors de l?essai flux radiatif
7.2.3 Estimation de l?émittance de flamme
L?émittance de flamme peut être estimée au moyen du modèle de la flamme solide en postulant que le
flux reçu par le fluxmètre suit la formule suivante :
?? = ????0
Avec :
?? = Flux reçu par le fluxmètre (kW/m²)
? = Facteur de transmissivité atmosphérique (-)
?? = Facteur de vue entre la flamme et le fluxmètre (-)
?0 = Emittance de flamme (kW/m²)
Le facteur de vue est l?angle solide entre la flamme et le fluxmètre. Le facteur de transmissivité
atmosphérique traduit l?absorption des rayonnements par l?air présente entre la surface radiante et le
fluxmètre.
Ce modèle est appliqué au pic de puissance en prenant en compte les hypothèses suivantes :
- une flamme de 2,5 m de hauteur et de 1 m de diamètre,
- un flux rayonné mesuré au niveau du fluxmètre situé à 3 m de la flamme de 11 kW/m²,
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L?émittance maximale calculée avec cette méthode est d?environ 170 kW/m². A noter qu?il s?agit
uniquement d?une estimation basée sur des observations. Une incertitude forte repose sur la taille de la
flamme et la distance entre la flamme et le fluxmètre. Une taille de flamme plus petite conduirait à une
émittance plus élevée et inversement. Toutefois, au regard des températures mesurées et des
conséquences observées, cet ordre de grandeur d?émittance semble physiquement possible.
7.3 Synthèse
Le Tableau 4 présente une synthèse sur les caractéristiques thermiques observées pendant l?essai.
Tableau 4 : Synthèse sur les caractéristiques thermiques de l?incendie
Les résultats obtenus permettent de mettre en évidence les points suivants :
- l?emballement du module peut s?amorcer lorsque que ce dernier est soumis à un flux compris
entre 10 et 15 kW/m² pendant environ 15 min. Cela laisse supposer qu?un stockage de modules
exposé à un feu situé à quelques mètres pendant plus de 10 min est susceptible de
s?enflammer ;
- la durée de la réaction est très courte (2,5 min) ;
- l?émittance maximale de flamme issue de cet emballement est de l?ordre de 170 kW/m²,
caractéristique des feux de métaux.
8 Comportement d?une caisse de modules LMP prise dans un
incendie (essai feu sur caisse)
8.1 Objectif et description du protocole d?essai
Cette sous-partie a pour objectif de caractériser la réaction d?une caisse de modules LMP, lorsqu?elle
est soumise à un feu externe. Cet essai a été réalisé le 22/03/2024. Plusieurs paramètres importants
ont été étudiés :
o Mesure de la température de début de réaction et de la température maximale de la
réaction,
o Mesure du flux thermique dégagé (HRR et THR),
o Analyse des effets de la réaction (projection ?),
o Mesure des gaz et particules émises (traitée dans une partie dédiée).
Lors de l?essai feu, la caisse de modules chargées à 100% était positionnée au-dessus d?un lit de gravier
à travers duquel diffusait un débit contrôlé de gaz inflammable (en l?occurrence du propane). Ce
système a permis de maintenir une flamme relativement homogène englobant toute la surface de la
caisse. Le flux thermique apporté par cette agression à la caisse excède à certains endroits 100 kW/m².
L?alimentation en gaz s?est fait sous débit contrôlé et à partir de plusieurs bouteilles de stockage
disposées à l?extérieur de la chambre d?essai.
Le montage expérimental est présenté en Figure 57. Le banc d?essai est placé au centre d?une chambre
d?essai de 1000 m3 dotée d?une ventilation forcée d?environ 80 000 m3/h.
Type d'agression
Durée de
l'agression avant
emballement du
module (min)
Durée totale de la
réaction du
module (min)
Débit calorifique
maximal (kW)
Energie totale
libérée (méthode
CDG/OC) (MJ)
Températures
maximales
mesurées par les
TC (°C)
Flux radiatif
maximal reçu à 3 m
(kW/m²)
Emittance
maximale calculée
(kW/m²)
Flux thermique de
10 à 15 kW/m²
15 2.5 2400 178/198 > 1200 11 170
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Figure 57 : Montage expérimental de l?essai feu caisse
La caisse de 7 modules, agencés tels que schématisés en Figure 58 a été placée horizontalement sur
deux rangés de parpaing siporex, au-dessus du bac feu. Afin d?améliorer les prises de vues et le suivi
de la réaction, la partie supérieure de la caisse ainsi que sa façade ont été retirées. Le feu de propane
est allumé jusqu?à l?amorçage de l?emballement thermique.
Figure 58 : Agencement des 7 modules dans la caisse
Chaque module était équipé de deux thermocouples de type K, disposés tels que décrits sur
la Figure 59. Le positionnement des fluxmètres est détaillé sur cette même figure. La hauteur h1 est de
135 cm.
Compte tenu des températures élevées attendues, en plus des thermocouples de type K (saturation Ã
1200 °C), un pyromètre bichromatique pyrospot a été mis en oeuvre. Celui-ci a permis d?enregistrer des
températures allant de 400°C à 1600°C par mesures infrarouges sur une zone définie. Lors de cet essai,
le pyromètre pointait le centre de la face visible (proche des bornes) du module 4 sur une surface
circulaire d?environ 2 cm de diamètre.
Il est à noter que, pour cet essai, la caméra thermique utilisée permet un enregistrement des
températures jusqu?à 2000 °C et non 660°C comme celle utilisée lors d?autres essais. Comme pour le
pyromètre, avec ce type de mesure, l?émittance de la flamme n?étant pas connue (fixée arbitrairement
à 0,95), la précision de la valeur de température est de l?ordre de 10 %.
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Figure 59 : Disposition des thermocouples et des fluxmètres
8.2 Résultats
8.2.1 Observations
La Figure 60 présente des extraits vidéos enregistrés par la caméra infrarouge et permet de suivre le
déroulé de l?essai. Le feu de propane est allumé 11 min avant la première réaction visible d?un module.
Il faut noter que du fait de la ventilation forcée et des arrivées d?air pas parfaitement symétriques, le feu
de propane tire vers le module 1. Cette asymétrie du feu est assez visible sur les images -3min 52 s et
-14 s de la Figure 61. De fait, le module 1 (à gauche de la caisse) réagit en premier. Le gaz est arrêté
environ 15 s après les premiers signes de réaction. Le module 2 commence à réagir 2 min 21 s après
le module 1. L?ensemble des modules réagiront ainsi de suite, avec des effets comparables à ceux
observés lors des essais précédents (projection de métal en fusion, flammes, etc.). Le temps de
propagation moyen entre deux modules est de 1 min 30 s tandis que le temps le plus court est de 34 s
(module 2 à 3) et le plus long 2 min 21 s (module 1 à 2). Comme la réaction d?un module dure environ
2 min 30 s, le nombre de modules réagissant simultanément ne dépasse pas 2 à 3. 15 minutes après
le début de la réaction du premier module, la réaction baisse d?intensité, des flammes restent cependant
visibles et les températures sur l?amas de résidus est proche de 1500 °C pendant plusieurs minutes.
Une flaque de résidus en fusion reste visible au sol de la chambre d?essai. La température de cette
flaque reste au-dessus de 1000 °C plusieurs minutes (3 à 5 min) et dépasse ponctuellement 1200 °C.
A noter que la dynamique de propagation du feu dans cette configuration est plus rapide que celle que
l?on observerait en l?absence de feu de propane car ce dernier a contribué dans un premier temps Ã
fragiliser et à chauffer tous les modules. Les temps de propagation observés ici (entre 34 s et 2 min
21 s) sont donc raccourcis par l?agression initiale du feu de propane.
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Figure 60 : Captures d?écran de la caméra infrarouge lors de l?essai feu caisse
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Figure 61 : Captures d?écran de la vidéo lors de l?essai feu caisse
Les photos après essai sont présentées en figure 62.
De manière similaire aux autres essais, elles permettent de constater que la caisse de modules est
complètement détruite. Des résidus rougeâtres sont visibles ainsi que des flaques resolidifiées au
niveau du sol.
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Figure 62 : Photos prises après l?essai feu caisse
8.2.2 Caractéristiques thermiques de l?incendie
La Figure 63 présente les données enregistrées lors de l?essai. Le TC bac feu permet de constater
l?allumage du feu de propane dès lors que des valeurs autour de 900 °C sont enregistrées. Dès que le
feu est éteint (11 min 15 s après allumage), les températures enregistrées par ce thermocouple
décroissent. La réaction du premier module est marquée par l?augmentation très rapide des
thermocouples « M1_TC1 » et « M1_TC2 », dépassant 1200 °C. Dès lors, l?ensemble des
thermocouples enregistrent des augmentations brutales et au-delà de 1200 °C, dans un ordre ne
correspondant pas à la séquence de propagation observée par caméra infrarouge.
L?ensemble des enregistrements en température est présenté en Figure 64 mais ne sera pas exploité
du fait des pertes d?information répétées. En revanche, le pyromètre a pu enregistrer des températures
tout au long de l?essai. Durant la phase de feu de propane, le signal est très bruité et ne sera pas
exploité.
Dans les premiers moments de la réaction, dès lors que le feu de propane est coupé, le pyromètre
enregistre des températures inférieures à 400 °C. Il faut attendre 3 minutes pour que les températures
enregistrées dépassent les 400°C sur un signal très bruité. 5 min 25 s après le début de la réaction, le
pyromètre enregistre des températures comprises entre 1200 et 1400°C pendant environ 3 minutes.
Cette temporalité coïncide avec ce qui a été observé sur la caméra thermique (réaction du module 4).
Enfin, les tensions enregistrées sont perdues quelques minutes après l?allumage du feu de propane et
ne sont donc pas exploitables.
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Figure 63 : Données enregistrées lors de l'essai feu caisse
Figure 64 : Enregistrements de températures lors de l?essai feu caisse
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En plus des thermocouples et du pyromètre, la caméra thermique permet de collecter des informations
sur les températures de surface.
La Figure 65 présente ainsi la température maximale enregistrée par la caméra thermique en fonction
du temps. Dès que la réaction des modules a démarré, la température passe en moins de 20 s de
1000 °C (température du feu de propane) à plus de 1300 °C. Tout au long de la réaction, la température
oscille entre 1300 et 1615 °C. Cette température est 200 °C plus élevée que la température enregistrée
par le pyromètre car la zone concernée (1 pixel soit 0.25 cm²) est plus localisée que la surface moyenne
sur laquelle le pyromètre travaille. En confrontant ces deux mesures, il est possible de conclure que la
réaction produit des températures de l?ordre de 1400 °C et qui peuvent atteindre très localement
1600 °C.
Figure 65 : Température maximale (sur un pixel) enregistrée par la caméra thermique
La Figure 66 propose une extraction des températures moyennes (caméra IR) de chacune des faces
des modules. De manière générale, la température moyenne sur la face au cours de la réaction est de
1200-1300 °C. Cette extraction permet d?estimer les temps de réaction de chaque module, et de
visualiser la dynamique de la propagation d?emballement thermique.
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Figure 66 : Extraction des températures moyennes (caméra IR) de chacune des faces des modules
La Figure 67 présente les flux thermiques enregistrés au cours de l?essai. Conformément aux autres
éléments (vidéo infra-rouge), ils permettent de constater que la réaction globale dure environ 12 min.
Un pic proche de 22 kW/m2 est enregistré par le fluxmètre 4 positionné à 3,5 m de l?échantillon et à 2 m
de haut. De manière générale, ce fluxmètre enregistre des valeurs de flux supérieures aux autres
fluxmètres du fait de son positionnement dans le sens du flux créé par la ventilation forcée orientant les
flammes du côté de ce fluxmètre. En fin de réaction, lorsque les modules qui réagissent sont situés Ã
l?opposé, cet écart se réduit. Chacun des pics de cette figure correspond au pic d?intensité d?un module
et est cohérent avec les autres analyses effectuées. Ces résultats sont plus largement exploités dans
la partie 12.
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Figure 67 : Flux radiatifs enregistrés par les fluxmètres lors de l?essai feu caisse.
Pour compléter cette mesure, et comme une analyse de gaz a été réalisée lors de cet essai, des valeurs
de débit calorifique et de chaleur de combustion ont pu être calculées par CDG et OC. Des détails sur
ces méthodes sont donnés en annexe 4. Les deux courbes sont présentées mais nous préfèrerons
utiliser les résultats du calcul d?OC pour l?exploitation (moins sujet aux variations de coefficients selon
le combustible).
La Figure 68 présente ainsi les valeurs de débit calorifique (HRR) calculés par ces méthodes. De
l?allumage du feu (T0) à la réaction du module (15 min), le débit calorifique est entièrement imputable
au feu de propane. Celui-ci est stable à environ 1,5 MW.
Dès que la réaction est observée (12 min), le feu de propane est arrêté. Un régime transitoire d?environ
30 s est observé durant lequel il est difficile d?attribuer l?origine de la chaleur de combustion (feu de
propane vs module).
Après cela, l?entièreté de la chaleur de combustion est attribuée au feu des modules. La réaction
augmente progressivement en intensité jusqu?à atteindre un premier pic à 4 MW 2 min 30 s après les
premiers signes de réaction et correspondant à la réaction simultanée des deux premiers modules. Des
pics s?enchaînent ensuite en fonction de la réaction des modules. Le maximum d?intensité est calculé
environ 10 min après le début de la réaction et correspond à la réaction quasi simultanée des modules
6 et 7. Ce pic atteint 5,5 MW.
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En intégrant ces données, il est possible de calculer la chaleur de combustion correspondante. Les
valeurs ainsi calculées sont respectivement 1872 MJ et 2143 MJ selon la méthode choisie, soit une
chaleur de combustion d?environ 10,2 MJ/kg, en utilisant la perte de masse mesurée (fig. 69). On
rappelle que le PCI du bois est de 18 MJ/kg. Le pouvoir calorifique de la caisse en bois/carton n?est pas
pris en compte dans ce calcul car elle a en partie brulé lors de la phase avant l?emballement du premier
module. Ces résultats sont plus largement exploités dans la partie 12.
Figure 68 : Débit calorifique et chaleur de combustion calculés lors de l?essai de feu sur caisse
La Figure 69 présente la perte de masse au cours de l?essai. La perte totale de masse mesurée est de
185 kg soit 2/3 de la masse initiale de l?échantillon. La perte de masse observée pendant les
14 premières minutes est due à l?évaporation de l?humidité présente dans les graviers et le sable
disposés au sol et à la combustion partielle de la caisse en carton/bois. La dérivation de cette courbe
permet d?obtenir le débit massique qui culmine à 280 g/s 5 min après le début de la réaction. La vitesse
de combustion surfacique maximale atteint donc 280 g/m²/s et la vitesse moyenne atteint 185 g/m²/s
pendant la durée de réaction des modules (de la 15ième à la 25ième minute). A titre de comparaison, la
vitesse de combustion de 2 m² d?heptane (composant de l?essence) atteint 60 g/m²/s.
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Figure 69 : Perte de masse et débit massique lors de l?essai feu caisse.
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8.2.3 Estimation de l?émittance de flamme
Le modèle présenté au paragraphe 7.2.3 est appliqué au pic de puissance en prenant en compte les
hypothèses suivantes :
- une flamme de 1,5 à 2 m de hauteur et de 1 m de diamètre,
- un flux maximal mesuré au niveau du fluxmètre F1 situé à 3 m de la flamme de 10 kW/m² (le
fluxmètre 4 mesure 22 kW/m² mais l?interprétation de ces résultats est plus difficile car la flamme
penche vers ce fluxmètre).
L?émittance maximale calculée avec cette méthode varie entre 165 et 200 kW/m². A noter qu?il s?agit
uniquement d?une estimation basée sur des observations à un instant t. Une incertitude forte repose sur
la taille de la flamme et la distance entre la flamme et le fluxmètre.
8.3 Synthèse
Le Tableau 5 présente une synthèse sur les caractéristiques thermiques observées pendant l?essai.
Tableau 5 : Synthèse sur les caractéristiques thermiques de l?incendie
A moyenne échelle, des émittances de flamme élevée ont pu être mesurées dont le maximum a pu être
évalué entre 165 et 200 kW/m².
Par ailleurs, les températures observées sont caractéristiques des feux de métaux. L?énergie libérée est
environ 10 fois plus élevée que celle mesurée lors de l?essai sur un module. L?énergie libérée lors de
cet essai par module est donc plus important. Cela peut s?expliquer par le type d?agression plus intense
pour cet essai, un effet d?échelle ou encore la présence de matériaux additionnels (palette, ?).
Date de l'essai
Nombre de
modules testés
Type d'agression
Durée de
l'agression avant
emballement du
premier module
(min)
Débit
calorifique
maximal (kW)
Energie totale
libérée
(modules seuls)
(méthode
CDG/OC) (MJ)
Chaleur de
combustion
(modules seuls)
(MJ/kg)
Durée de
réaction des
modules (min)
22/03/2024 7
feu englobant >
100 kW/m²
11 5500 1872/2143 10.2 10
Perte en masse
(%)
Vitesse de
combustion
maximale
(g/m²/s)
Vitesse de
combustion
moyenne
(g/m²/s)
Température
maximale
mesurées par
les TC (°C)
Température
maximale
mesurée par la
caméra
thermique (°C)
Températur
moyenne
mesurée par la
caméra
thermique (°C)
Flux radiatif
maximal reçu à 3
m (kW/m²)
Emittance
maximale
calculée
(kW/m²)
66 280 185 > 1200 1615 1400 10 165-200
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9 Propagation de l?emballement thermique d?un module au sein
d?une caisse (essai de propagation sur caisse)
9.1 Objectif et description du protocole d?essai
Cette sous-partie a pour objectif de caractériser la possibilité de propagation au sein d?une caisse et
entre caisses en cas de réaction d?un module au sein d?une caisse. Cet essai a été réalisé le 07/03/2024.
Plusieurs paramètres importants seront étudiés :
o Analyse de la propagation aux modules et caisses voisines en condition de stockage,
o Mesure du flux thermique dégagé (HRR et THR),
o Analyse des effets de la réaction (projection ?),
o Conclusion sur la possibilité de propagation de l?emballement thermique d?un seul
module au reste de la caisse, voir au reste de l?entrepôt.
Lors de l?essai propagation, deux caisses de modules chargées à 100 % ont été positionnées l?une sur
l?autre. Chacune des caisses contenait trois modules devant être chargées à 100 % et 4 boitiers de
modules vides utilisés pour reproduire l?encombrement dans une caisse sans augmenter la charge
calorifique (pour assurer la sécurité du moyen d?essai). La disposition des modules et des caisses est
présentée en Figure 70.
Figure 70 : Disposition des modules dans les caisses.
Le module central de la caisse du bas (C1M3) était équipé d?un pad chauffant ayant les caractéristiques
suivantes :
o Taille de pad : 50 x 15 cm,
o Puissance : 3 300 W (4,4 W/cm2),
o Température maximale 600°C.
L?assemblage était placé au centre d?une chambre d?essai de 1000 m3 dotée d?une ventilation forcée
de 80 000 m3/h.
Le montage expérimental est présenté en Figure 71.
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Figure 71 : Montage expérimental de l?essai propagation caisse
Chaque module est équipé de thermocouples de type K, disposés tels que décrits sur la Figure 72.
Le positionnement des fluxmètres est détaillé sur cette même figure (h1 =1,35 m).
Figure 72 : Positionnement des thermocouples et des fluxmètres lors de l?essai propagation caisse
Il est à noter que, pour cet essai, la caméra thermique utilisée permet un enregistrement des
températures jusqu?à 2000 °C et non 660 °C comme pour d?autres essais. Elle a été cependant placée
derrière un écran de protection, ce qui affecte les valeurs de températures mesurées et qui ne pourront
pas être prises en compte. Cet écran a été utilisé seulement pour cet essai.
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9.2 Résultats
9.2.1 Observations
La Figure 73 présente des extraits vidéos enregistrés par la caméra infrarouge et permet de suivre le
déroulé de l?essai. Le pad chauffant est allumé 640 s avant la première réaction visible d?un module.
Aucune évolution n?est visible durant ce laps de temps car l?échauffement est masqué par la présence
des caisses.
Dès les premiers instants de la réaction, des projections sont visibles. Le pad chauffant est
immédiatement arrêté et la réaction s?intensifie rapidement.
1 min après les premiers signes de réaction, la réaction est particulièrement intense. Les images des
caméras présentées en Figure 74 permettent de mieux se rendre compte de l?intensité des flammes.
Les modules étant placés à l?intérieur de caisses, il est difficile de suivre la propagation de la réaction.
A environ 3 min, une accalmie de la réaction perceptible sur les enregistrements IR et HD est visible. A
cet instant, la partie gauche de la façade de la caisse supérieure est tombée et permet de constater que
les modules de la caisse supérieure n?ont pour l?instant pas réagi.
Le premier module de la caisse du haut commence à réagir à 3 min 30 sec et les modules suivants
commenceront à réagir respectivement 1 min et 2 min 30 sec plus tard. La phase violente de la réaction
se termine environ 9 min après le début de réaction mais une réaction lente, correspondant à la
combustion des résidus, des casings de modules vides et des caisses en bois se poursuit pendant
plusieurs dizaines de minutes.
Les effets sont comparables à ceux observés lors des essais précédents (projection de métal en fusion,
flammes, etc.), une flaque de résidus en fusion est visible sur le sol de la cellule d?essai.
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Figure 73 : Captures d?écran de la vidéo infrarouge lors de l?essai propagation caisse.
Attention, ne pas tenir compte des températures relevées (effet écran de la protection)
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Figure 74 : Captures d?écran des caméras lors de l?essai de propagation caisse
Les photos après essai sont présentées en Figure 75.
De manière similaire aux autres essais, elles permettent de constater que la caisse de module est
complètement détruite. Des résidus rougeâtres sont visibles ainsi que des flaques resolidifiées au
niveau du sol.
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Figure 75 : Photos après l?essai de propagation caisse
9.2.2 Caractéristiques thermiques de l?incendie
La Figure 76 présente les données enregistrées lors de l?essai. Le pad chauffant est allumé 11 min
avant que les premiers effets soient observables. Alors que le thermocouple placé sur le pad chauffant
enregistre 354°C et que le thermocouple placé à 1 cm du pad (sur le casing du module), censé être
plus représentatif de la température interne, atteint 164°C, la réaction débute (788 s).
A cet instant, les modules adjacents enregistrent une température maximale de 32°C et l?ensemble des
autres modules ont une température de peau à 10°C (température ambiante). Le pad est
immédiatement éteint. Une augmentation progressive de la température est enregistrée par les
thermocouples placés sur le module 3 pendant 25 s. Alors que le thermocouple placé sur le pad
enregistre 660°C une augmentation brutale de la température est enregistrée (817 s), en quelques
secondes l?ensemble des thermocouples placés sur le module 3 sont saturés (1200 °C). 3 secondes
plus tard, l?ensemble des thermocouples de la caisse du bas sont saturés. Dans la caisse du haut, une
augmentation progressive de température se fait ressentir après une minute de réaction (850 s) et des
valeurs aberrantes seront affichées 30 secondes plus tard. Il est très probable que la réaction de la
caisse du bas ait affectée l?intégrité des thermocouples, sans que l?on puisse conclure sur les
températures de la caisse du haut à partir de cet instant. Dès lors, les mesures de températures ne sont
plus exploitables.
La tension du module 3 varie de quelques volts 2 à 3 secondes avant les premiers signes de réaction.
Elle décroit ensuite et s?annule 20 secondes plus tard (807 s). Les tensions des modules adjacents
s?annulent respectivement 7 et 8 secondes plus tard. Dans la caisse 2, les tensions s?annulent
brutalement environ 40 secondes après les premiers signes de réaction, ce qui correspond Ã
l?intensification de la réaction.
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Figure 76 : Données enregistrées lors de l?essai propagation caisse
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Le flux thermique à 3,5 m prend des valeurs conséquentes (> 5 kW/m2) environ 40 s après le début de
la réaction.
La Figure 77 présente les enregistrements réalisés par les 4 fluxmètres lors de l?essai. Le fluxmètre 3
enregistre les valeurs de flux les plus élevées, ce qui est cohérent avec les observations de la vidéo
(Figure 74) dans laquelle on constate que les flammes ont tendance à sortir vers l?avant de la caisse,
où est positionné le fluxmètre 3. Un pic à 18 kW/m2 est ainsi enregistré par le fluxmètre 3, 1 min 10 s
après les premiers signes de réaction (860 s). Un pic d?intensité plus faible (14 kW/m2) est enregistré
1 min plus tard. S?en suit une accalmie de la réaction marquant la fin de la réaction de la première caisse
(caisse du bas). 4 min 20 sec après les premiers signes de réaction, la réaction se réintensifie, signalant
le début de la réaction de la caisse du haut. Cette réaction est marquée par 3 pics correspondant à la
réaction des 3 modules. Environ 9 min après le début de réaction, les flux repassent sous les 6 kW/m2
marquant la fin de la phase intense de réaction. Il faudra environ 30 min pour que le flux 3 repasse en
dessous de 1 kW/m2.
Figure 77 : Flux thermiques enregistrés lors de l?essai de propagation sur caisse
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La même dynamique de réaction est observée sur le débit calorifique calculé avec les méthodes
calorimétriques OC et CDG détaillées en Annexe 4 et présentées en Figure 78. Les deux courbes sont
présentées mais nous préfèrerons utiliser les résultats du calcul d?OC pour l?exploitation (moins sujet
aux variations de coefficients selon le combustible). La valeur maximale de HRR calculée est de 9 MW.
A l?issue de la réaction violente, un débit calorifique entre 500 et 1000 kW est enregistré pendant
plusieurs dizaines de minutes.
En intégrant ces données, il est possible de calculer la chaleur de combustion correspondante. Les
valeurs ainsi calculées sont respectivement 1759 MJ et 2086 MJ selon la méthode choisie, soit environ
12 MJ/kg (en utilisant la perte de masse mesurée (fig. 79)). On rappelle que la chaleur de combustion
du bois est de 18 MJ/kg. Le pouvoir calorifique de la caisse en bois/carton n?est pas pris en compte
dans ce calcul car la combustion du bois, plus lente aura lieu majoritairement après 10 min. Au total
(après 90 min), ce pouvoir calorifique spécifique est de 13 MJ/kg, en prenant en compte les matières
cellulosiques brulées. Ces résultats sont plus largement exploités dans la partie 12.
Figure 78 : Débit calorifique et chaleur de combustion calculés lors de l?essai de propagation caisse
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La Figure 79 présente enfin la perte de masse au cours de l?essai. La tare de la balance n?a pas été
effectuée avant la mise en place de l?échantillon, et le poids initial n?est donc pas exploitable. La perte
de masse à la fin de la réaction violente est de 146 kg, ce qui correspond comme lors de l?essai feu Ã
environ 2/3 de la masse des modules. La perte totale de masse mesurée est de 219 kg. La dérivation
de cette courbe permet d?obtenir le débit massique qui culmine à 450 g/s 90 sec après le début de la
réaction. La vitesse de combustion surfacique maximale atteint donc 450 g/m²/s et la vitesse moyenne
pendant les 9 premières minutes pendant lesquelles les modules réagissent atteint 250 g/m²/s.
Figure 79 : Evolution de la masse au cours de l?essai
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9.2.3 Estimation de l?émittance de flamme
Le modèle présenté au paragraphe 7.2.3 est appliqué au pic de puissance en prenant en compte les
hypothèses suivantes :
- une flamme de 2 m de hauteur et de 2 m de diamètre au pic de puissance,
- un flux radiatif mesuré au niveau du fluxmètre situé à 3 m de la flamme de 18 kW/m².
L?émittance maximale calculée avec cette méthode est d?environ 180 kW/m².
Il est à noter qu?il s?agit uniquement d?une estimation basée sur des observations. Une incertitude forte
repose sur la taille de la flamme et la distance entre la flamme et le fluxmètre. Une taille de flamme plus
petite conduirait à une émittance plus élevée et inversement.
9.3 Synthèse
Le Tableau 6 présente une synthèse sur les caractéristiques thermiques observées pendant l?essai.
Tableau 6 : Synthèse sur les caractéristiques thermiques de l?incendie
Les résultats obtenus dans le cadre de cette expérimentation corroborent avec ceux obtenus lors de
l?essai de feu englobant (chapitre 8), à savoir des émittances de flammes élevées, une durée d?essai
très courte liée à la réaction rapide des modules, des débits calorifiques et températures très élevés.
L?ordre de grandeur d?énergie totale libérée est conservé.
Date du test
Nombre de
modules testés
Type d'agression
Durée de
l'agression avant
emballement du
premier module
(min)
Débit
calorifique
maximal (kW)
Energie totale
libérée
(modules seuls)
(méthode
CDG/OC) (MJ)
Chaleur de
combustion
(modules seuls)
(MJ/kg)
Durée de
réaction des
modules (min)
07/03/2024 6
Pad chauffant
sur un module
11 9000 1759/2086 12 9
Perte en masse
(%)
Vitesse de
combustion
maximale
(g/m²/s)
Vitesse de
combustion
moyenne
(g/m²/s)
Température
maximale
mesurée par les
TC (°C)
Température
maximale
mesurée par la
caméra
thermique (°C)
Température
moyenne
mesurée par la
caméra
thermique (°C)
Flux radiatif
maximal reçu à 3
m (kW/m²)
Emittance
maximale
calculée
(kW/m²)
66 450 250 > 1200 Non mesuré Non mesuré 18 180
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10 Influence du sprinklage sur l?incendie
Cette sous-partie a pour objectif d?évaluer l?efficacité de l?extinction à eau sur des feux de batteries LMP.
Ce moyen d?extinction équipait l?entrepôt de stockage de Grand-Couronne, et a montré une efficacité
relativement modérée. Divers documents de la littérature, y compris émis par l?Ineris, questionne
l?efficacité que pourrait avoir de l?eau sur un feu impliquant en partie du Li métallique, hydro réactif,
conduisant parfois à déconseiller son usage sur des feux de batteries types LMP. Afin d?apporter des
éléments de réponse à ces questions, les essais de propagation dans la caisse et de feu englobant
autour d?une caisse ont été reproduits en déclenchant le sprinklage en cours de réaction dans l?objectif
d?évaluer son effet sur :
o Le flux thermique dégagé (HRR et THR),
o Les effets de la réaction (projection, ?),
o La propagation de l?emballement thermique d?un module isolé,
o Les émissions de gaz (traité au chapitre 11).
Les protocoles expérimentaux sont identiques à ceux des essais décrits aux paragraphes 8.1 et 9.1.
Les seules différences notables sont :
- Pour l?essai propagation caisse + sprinklage :
o La face avant de la caisse a été retirée pour permettre une meilleure visibilité,
o La caméra infrarouge n?a pas été placée derrière un écran de protection en revanche
les mesures de températures durant le sprinklage peuvent être affectées par la
présence de gouttelettes d?eau entre le feu et l?objectif de la caméra,
o Des gaines de protections thermiques ont été ajoutées sur les thermocouples et fils de
mesure de tension,
o Le nombre de thermocouples a été réduit. L?implantation est donnée en Figure 80.
Figure 80 : Implantation des thermocouples pour l?essai propagation caisse avec sprinklage
- Pour l?essai feu caisse + sprinklage :
o La face supérieure de la caisse a été conservée pour permettre d?être représentative
par rapport à l?influence que cela pourrait avoir sur le sprinklage.
Les modules sont chargés à 100 %.
Les photos des montages avant essai sont présentées en Figure 81.
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Figure 81 : Photos des montages « propagation caisse » et « feu caisse » pour les essais
avec sprinklage.
Pour ces essais, un système de sprinklage a été mis en oeuvre. En l?absence de données disponibles
par ailleurs sur l?extinction à l?eau de ce type d?incendie, les conditions de sprinklage ont été choisies
en accord avec Blue Solutions. Les conditions de sprinklage de l?entrepôt1 ont servi de base de réflexion
et adaptées dans la mesure où les essais de cette campagne ont lieu sur des caisses isolées et non
"protégée" par des racks ou d'autres caisses au-dessus, conduisant à une densité de 7 modules/m².
Ainsi, nous avons adapté le débit en divisant par 3 le débit surfacique de référence, soit 30 l/m²/min.
4 têtes ont ainsi été disposées pour couvrir 9 m² de la chambre d'essai conduisant à un débit total dans
la chambre d'essai d'environ 300 l/min. Les limites du montage expérimental (pompes, ?) ont conduit
à ajuster ce débit à 400 l/min. Aussi, le déclenchement du sprinklage est ici démarré sur la base d?un
temps à partir de la première réaction (1 min 45s et 3 min 10 s) contrairement à l?entrepôt où le
déclenchement est fait sur éclatement des têtes.
Des représentations schématiques ainsi que des photos de ce système d?extinction sont représentées
sur la Figure 82.
1 A titre de comparaison dans l?entrepôt de Grand-Couronne, la protection incendie était composée de têtes de
sprinklers k14 (en unité impériale, correspondant à k202 en unité S.I) alimentées par une pression de 5,2 bars,
correspondant à un débit surfacique de 102 l/m²/min pour une densité de modules estimée à 20 modules/m².
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Figure 82 : Schémas et photo du dispositif d?extinction
10.1 Influence du sprinklage : essai de propagation caisse
10.1.1 .Observations
Cet essai a été réalisé le 04/04/2024. Les Figures 83 et 84 présentent des extraits vidéos enregistrés
par les caméras classiques et la caméra infrarouge. Cela permet de suivre le déroulé de l?essai. Le pad
chauffant est allumé 587 s avant la première réaction visible d?un module.
Hormis la présence de légères fumées, aucune évolution n?est visible durant ce laps de temps. Dès les
premiers instants de la réaction, des projections sont visibles. Le pad chauffant est immédiatement
arrêté et la réaction s?intensifie rapidement, conformément au premier essai de ce type réalisé.
Environ 1 min 45 s après les premiers signes de réaction, le sprinklage est déclenché à un débit de
400 l/min. La chambre d?essai se remplit rapidement de vapeur d?eau et empêche une bonne
visualisation de la réaction par la caméra. La Caméra IR permet cependant de continuer le suivi.
Deux minutes après le début du sprinklage, la caméra IR permet de visualiser qu?aucun des modules
de la caisse du haut n?a réagi. Cette réaction aura finalement lieu 6 min 15 s après le début du sprinklage
et environ 8 min après les premiers signes de réaction. C?est un gain de plus de 4 min 30 s comparé au
premier essai de ce type (le premier module de la caisse du haut avait commencé à réagir à 3 min 30
s après la réaction du premier module). La caisse du haut finit de réagir environ 13 min après le début
de réaction du premier module et le sprinklage est arrêté 18 min après son déclenchement (cuves de
rétention pleines).
A l?issue de l?essai, l?ensemble des modules « réels » ont complètement réagi (de manière similaire Ã
l?essai sans extinction) mais certains des casings vides placés sur le côté gauche des caisses semblent
avoir subi un impact thermique limité, ce qui indique un impact positif du sprinklage.
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Figure 83 : Extraits de l?enregistrement vidéo lors de l?essai propagation caisse + sprinklage
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Figure 84 : Extraits de l?enregistrement de la caméra IR lors de l?essai propagation caisse + sprinklage
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10.1.2 Caractéristiques thermiques de l?incendie
La Figure 85 présente les données enregistrées lors de l?essai. Le pad chauffant est allumé 9 min 50 s
avant que les premiers effets ne soient observables. Alors que le thermocouple placé sur le pad
chauffant enregistre 740 °C et que le thermocouple placé à 1 cm du pad (sur le casing du module),
censé être plus représentatif de la température interne, atteint 172 °C, la réaction débute (750 s). A cet
instant, les autres modules enregistrent une température d?environ 15 °C.
Dès l?amorçage de la réaction, le pad est immédiatement éteint et en quelques secondes, l?ensemble
des thermocouples placés sur les modules de la caisse 1 sont saturés (1200 °C). Une centaine de
secondes plus tard, les thermocouples de la caisse 2 placés à proximité des modules en réaction sont
aussi saturés. Dès lors, les mesures de températures de la caisse 1 ne sont plus exploitables.
Le sprinklage est déclenché à 950 s, 1 min 40 après le début de réaction, sans que cela n?ait un effet
sur la température enregistrée par le TC C2M6, l?un des rares thermocouples de la caisse du haut
encore fonctionnels à cet instant.
Au moment du déclenchement du sprinklage, toutes les tensions sauf celles du module 4 de la caisse
2 sont nulles, qui s?annulera brutalement 10 s plus tard (perte de la mesure).
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Figure 85 : Données enregistrées (sélection) lors de l?essai propagation caisse + sprinklage
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La Figure 86 présente les températures enregistrées par le thermocouple placé au niveau du dispositif
d?extinction (au-dessus des caisses, dans l?air à 6 m de hauteur) et au niveau du bac feu. Le premier
permet de constater que le sprinklage est déclenché alors qu?il enregistre une température de 120 °C,
compatible avec la valeur seuil d?un système de déclenchement classique. Au moment du
déclenchement, une élévation importante et subite de la température est enregistrée. Elle est
probablement attribuable au fait que l?arrivée d?eau froide sur la partie basse de la chambre provoque
un mouvement des masses d?air chauds vers les parties supérieures. Passée cette élévation brutale, la
température refroidit et se stabilise autour de 50°C en une centaine de secondes. Le thermocouple
placé sur le bac feu (qui n?est pas allumé lors de cet essai) permet de détecter assez clairement le début
de la réaction de la caisse 2. Celle-ci a lieu 650 s après le début de réaction de la caisse 1 qui a lieu
environ 7 min après le début de réaction (conformément aux observations faites par la caméra IR).
Figure 86 : Températures enregistrées par le thermocouple « sprinkler » (positionné à 5 m de haut) et
par le thermocouple « bac feu » (positionné à 5 cm du bac feu, sous les caisses de modules)
En plus des thermocouples, le pyromètre et la caméra thermique permettent de collecter des
informations sur les températures de surface.
La Figure 87 présente ainsi la température maximale enregistrée par ces deux instruments, en fonction
du temps. Dès que la réaction des modules a démarré, la température atteint en moins d?une minute
des valeurs supérieures à 1400 °C. Au déclenchement du sprinklage, la température maximale de la
réaction chute rapidement puis se stabilise autour de 500-600 °C.
Dès l?arrêt du sprinklage, la température maximale enregistrée par la caméra thermique remonte à des
valeurs proches de 1300 °C (au niveau des résidus en fusion). On notera que le pyromètre ne mesure
pas cette remontée en température car, suite à l?effondrement des caisses, il pointe la paroi de la
chambre d?essais.
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Figure 87 : Température maximale (sur un pixel) enregistrée par la caméra thermique (haut)
et température enregistrée par le pyromètre (bas). Les mesures de températures durant le sprinklage
peuvent être affectées par la présence de gouttelettes d?eau entre le feu et l?objectif de la caméra.
La Figure 88 présente les tensions enregistrées lors de l?essai.
La tension du module 2 (module abusé) est logiquement la première à varier et met environ 1 min Ã
s?annuler.
Les tensions des modules 1 et 3 varient dans la minute suivante montrant que ces modules sont
rapidement affectés par la réaction de leur voisin.
Pour les modules 4, 5 et 6 (caisse du haut), les variations sont ressenties 1 min 30 après le début de
réaction (chutes brutales, remontées, ?).
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Figure 88 : Enregistrements des tensions lors de l?essai propagation caisse + sprinklage
La Figure 89 présente les mesures des fluxmètres lors de cet essai. En début de réaction, un pic Ã
12 kW/m2 est observé, assez conforme à ce qui a été observé lors des essais précédents pour des
fluxmètres placés de manière similaire. A peine quelques secondes après l?allumage du sprinklage,
cette valeur est, sans surprise, divisée par 5. Il faut noter, que dans ces conditions, cette mesure est
affectée par la vapeur et les gouttelettes d?eau formant un écran entre la source et le fluxmètre. Le
sprinklage est arrêté 18 min après son allumage et les valeurs de flux radiatifs ne remonteront que très
peu (inférieures à 0.5 kW/m2), potentiellement à cause de la fin de l?écrantage des gouttes d?eau.
Figure 89 : Flux radiatifs enregistrés lors de l?essai propagation caisse + sprinklage
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Le débit Calorifique (calculé par OC), présenté en Figure 90, suit la même évolution. Un pic à 9 MW est
atteint (identique à l?essai sans sprinklage) et, dès que le sprinklage est activé, les valeurs chutent. La
chute est cependant moins marquée car ici la mesure n?est pas affectée par l?écrantage des gouttes
d?eau ce qui montre que des réactions de combustion ont lieu. Ainsi une minute après le début du
sprinklage, un pic à 6,5 MW est observé correspondant probablement à la réaction du troisième module
de la caisse du bas (profil assez similaire à l?essai sans sprinklage (Cf. Figure 78)). Le débit calorifique
conserve ensuite une tendance décroissante malgré la présence de quelques pics à 4 MW. 10 min
après le début du sprinklage, le débit calorifique remonte et stagne à 2 MW pendant 1 min. Cela
correspond probablement à la réaction de la caisse du haut, qui est semble-t-il globalement moins
violente (lors de l?essai sans sprinklage, des valeurs de HRR allant de 4 à 5 MW étaient atteintes lors
de la réaction de la caisse du haut). En ce sens, le sprinklage semble bénéfique.
Figure 90 : Débit calorifique (calculé par OC) et débit d?eau appliqué lors de l?essai propagation caisse
+ sprinklage
En intégrant ces données, il est possible de calculer la chaleur de combustion correspondante. Celle-ci
est présentée en Figure 91. Seule la courbe OC est analysée, la courbe CDG présentant des dérives
liées à l?incertitudes sur les coefficients calorimétriques. Au déclenchement du sprinklage, la valeur de
l?énergie dégagée est de 470 MJ. Celle-ci, en prenant comme référence l?essai feu sur module
(Figure 56), correspond environ à la réaction de deux à trois modules. Finalement, après extinction,
lorsque la réaction des modules est terminée, 1900 MJ auront été émis, ce qui est très similaire à la
valeur obtenue sans sprinklage (1800 MJ). Le pouvoir calorifique de la caisse en bois/carton n?est pas
pris en compte dans ce calcul car la combustion du bois, plus lente aura lieu majoritairement après. Au
total (après 90 min), l?énergie totale émise est de 2800 MJ, là aussi très similaire à l?essai sans
extinction. Il peut être déduit de ces résultats que l?extinction n?influe pas sur la chaleur totale dégagée
par la réaction. Elle influe sur le temps de libération de cette chaleur qui est prolongée. Ces valeurs ne
peuvent pas être rapportées à la masse perdue car la perte de masse est totalement faussée par
l?aspersion puis l?évaporation d?eau sur le peson.
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Figure 91 : Débit calorifique et chaleur de combustion calculés lors de l?essai de propagation
caisse + sprinklage
10.1.3 Synthèse
Le Tableau 7 présente une synthèse sur les caractéristiques thermiques observées pendant l?essai.
Tableau 7 : Synthèse sur les caractéristiques thermiques de l?incendie
L?émittance maximale n?a pas été calculée car le flux radiatif maximal reçu par le fluxmètre est mesuré
à un instant où le sprinklage est activé. Ces résultats nous montrent que le sprinklage a influé
légèrement sur la durée totale de réaction des modules (on passe de 9 min à 14 min). Il a également
permis de faire chuter les températures autour du foyer. A noter que la température reste élevée et
montre que le sprinklage n?a pas contrôlé le feu.
Nombre de
modules testés
Type d'agression
Durée de
l'agression avant
emballement du
premier module
(min)
Débit
calorifique
maximal (kW)
Energie totale
libérée
(modules seuls)
(méthode
OC/CDG) (MJ)
Chaleur de
combustion
(MJ/kg)
Durée totale de
réaction des
modules (min)
6
Pad chauffant
sur un module
9.8 min 9000 1924/2300 Non mesuré 14
Perte en masse
(%)
Vitesse de
combustion
maximale
(g/m²/s)
Températures
maximales
mesurées par
les TC (°C)
Température
maximale
mesurée par la
caméra
thermique avant
le sprinklage
(°C)
Température
moyenne
mesurée par la
caméra
thermique
pendant le
sprinklage (°C)
Flux radiatif
maximal reçu à 3
m (kW/m²)
Emittance
maximale
calculée
(kW/m²)
Non mesuré Non mesuré > 1200 1400 600 12 Non mesuré
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10.2 Influence du sprinklage sur l?incendie : essai feu englobant sur caisse
10.2.1 Observations
Cet essai a été réalisé le 16/04/2024. Le feu de la caisse est initié par un feu de propane englobant.
Les Figures 92 et 93 présentent des extraits vidéos enregistrés par les caméras classiques et la caméra
infrarouge. Cela permet de suivre le déroulé de l?essai. Le feu est allumé 10 min avant la première
réaction visible d?un module.
Dès les premiers instants de la réaction, des projections sont visibles. La réaction se propage alors au
second module (1 min 30 s) puis au troisième module (2 min 20 s), dans un tempo similaire à l?essai
feu caisse sans extinction. Le feu est arrêté 2 min 33 s après que les premiers effets aient été observés,
soit quelques secondes après le début de réaction du 3ème module.
Environ 3 min après les premiers signes de réaction, le sprinklage est déclenché à un débit de 400 l/min.
La chambre d?essai se remplit rapidement de vapeur d?eau et empêche une bonne visualisation de la
réaction par la caméra. La caméra IR permet cependant de continuer le suivi.
Une minute après le début du sprinklage, la caméra IR permet de visualiser la réaction du 4eme module.
Cette réaction sera la dernière et les modules 5, 6 et 7 ne réagiront pas. L?extinction a stoppé la
propagation horizontale au sein d?une même caisse. A l?arrêt du sprinklage, 14 min après son
déclenchement, des flammes restent visibles sur la zone impactée (combustion des résidus, du bois ?)
mais la réaction est lente. Les modules n?ayant pas réagi ne réagiront pas dans les heures suivant la
réaction (destruction des modules 18 h après essai).
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Figure 92 : Extraits de l?enregistrement de la caméra IR lors de l?essai feu caisse + sprinklage
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Figure 93 : Extraits de l?enregistrement vidéo lors de l?essai feu caisse + sprinklage
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10.2.2 Caractéristiques de l?incendie
La Figure 94 présente les données enregistrées lors de l?essai. La Figure 95 permet de mieux visualiser
les observations faites au moment de la réaction sur les tensions et les thermocouples placés sur les
modules. Le feu est allumé 10 min avant que les premiers effets soient observables et est éteint 12 min
40 s après son allumage. La réaction débute alors que le thermocouple au-dessus du module enregistre
93°C et celui en dessous 154 °C (ayant vu des pointes à 413 °C) (707 s). A cet instant, les autres
modules ont une température du dessous (TC2, plus exposés aux variations de la flamme) allant de
280 °C (M7) à 60 °C (M4) et au-dessus (TC1) autour de 100 °C. En quelques secondes, l?ensemble des
thermocouples placés sur le module 1 sont saturés (1200 °C). Un peu moins de 2 min plus tard, les
thermocouples placés sur le module 2 sont à leur tour saturés (835 s), attestant de la réaction du second
module. A 872 s, soit 2 min 45 s après le début de réaction, le module 3 réagit, indiqué par la saturation
des thermocouples positionnés dessus. Le sprinklage est déclenché à 895 s, 3 min 10 après le début
de réaction. Malgré le sprinklage, 4 min 30 après les premiers signes de réactions et 1 min 20 après le
début du sprinklage (978 s), le module 4 réagit. Les thermocouples placés sur le dessus des modules
5, 6 et 7 ne seront jamais saturés et indiquent une température maximale de 100 °C avant
déclenchement de l?extinction et autour de 90°C après déclenchement de l?extinction (pic très court Ã
105 °C), confirmant la non-réaction de ces modules.
Ces observations sont en accord avec les observations faites en analysant les films de l?essai.
Au moment de la réaction, toutes les tensions sauf celle du module 4 sont nulles, car les câbles de
mesures ont été détruits par le feu de propane. La tension du module 4 commence à décroitre à 905 s,
10 s après le début du sprinklage, marquant le début de réaction. Elle s?annule à 960 s quand la réaction
s?intensifie, en bonne corrélation avec la perte du thermocouple.
Figure 94 : Données enregistrées (sélection) lors de l?essai propagation caisse + sprinklage
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Figure 95 : Températures enregistrées par les thermocouples positionnés sous chacun des modules
lors de l?essai feu caisse + sprinklage et Tensions enregistrées.
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En plus des thermocouples, le pyromètre et la caméra thermique permettent de collecter des
informations sur les températures de surface. La Figure 96 présente ainsi la température maximale
enregistrée par ces deux instruments, en fonction du temps. Dès que la réaction des modules a
démarré, la température atteint en moins d?une minute des valeurs supérieures à 1400 °C. De manière
similaire à l?essai de propagation + sprinklage, au déclenchement du sprinklage, la température
maximale de la réaction chute rapidement puis se stabilisent autour de 500-600 °C.
Dès l?arrêt du sprinklage, la température maximale enregistrée par la caméra thermique remonte à des
valeurs proches de 900 °C (au niveau des résidus en fusion). Le pyromètre ne mesure pas les réactions
des premiers modules (il pointe le module 4) et enregistre des valeurs maximales de réaction de ce
module, qui a lieu sous extinction, autour de 900 °C. Ces valeurs sont largement inférieures à celles
atteintes lors des essais sans extinction. Après réaction du module 4, le pyromètre pointe dans le vide
et les valeurs ne sont plus représentatives.
Figure 96 : Température maximale (sur un pixel) enregistrée par la caméra thermique (haut)
et température enregistrée par le pyromètre (bas)
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La Figure 97 propose une extraction des températures moyennes (caméra IR) de chacune des faces
des modules. Les numéros des box correspondent aux numéros des modules. De manière générale, la
température moyenne sur la face au cours de la réaction est de 1200-1300 C. Cette extraction permet
d?estimer les temps de réaction de chaque module, et de visualiser la dynamique de la propagation
d?emballement thermique. A partir de l?extinction, les températures ne dépassent pas les 800°C. Sur
ces données, la réaction du module 4 est difficilement perceptible.
Figure 97 : Extraction des températures moyennes (caméra IR) de chacune des faces des modules
La Figure 98 présente les mesures des fluxmètres lors de cet essai. En début de réaction, un pic Ã
13 kW/m2 est observé, assez conforme à ce qui a été observé lors des essais précédents pour des
fluxmètres placés de manière similaire. A peine quelques secondes après l?allumage du sprinklage,
certains fluxmètres enregistrent une nette baisse des flux radiatifs (notamment par l?effet d?écran des
gouttelettes d?eaux évoqué sur l?essai précédent) mais deux fluxmètres (2 et 5) enregistrent des valeurs
croissantes et un pic à plus de 20 kW/m2.
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Ce comportement est incohérent avec les autres mesures effectuées et il est possible que les fluxmètres
n?aient pas supporté l?arrosage abondant. Nous préfèrerons ne pas prendre en compte ces mesures
pour la suite des interprétations.
Figure 98 : Flux radiatifs enregistrés lors de l?essai feu caisse + sprinklage
Le débit calorifique (calculé par la méthode calorimétrique OC) est présenté en Figure 99. Cette mesure,
reposant sur l?analyse des gaz produits de la combustion ne peut pas être biaisée par le sprinklage. Un
pic à 5 MW est atteint (identique à l?essai sans sprinklage si l?on retranche les 1.8 MW imputables au
feu de propane).
Suivant ce pic, deux chutes successives sont observables. La première d?environ 1,8 MW, imputable Ã
l?arrêt du feu de propane et la seconde d?1 MW au moment du sprinklage. La réaction du module 4 qui
a lieu après l?extinction, provoquera une remontée du HRR à 4 MW, valeur similaire aux essais sans
extinction (Figure 68). Après ce pic, les valeurs calculées chutent en quelques minutes et atteignent des
valeurs relativement faibles durant le reste de l?essai.
En intégrant ces données, il est possible de calculer l?énergie de combustion émise pendant l?essai.
Celle-ci est présentée en Figure 99. Au déclenchement du sprinklage, la valeur de l?énergie dégagée
par la combustion imputable aux batteries est de 217 MJ (500 MJ ? 283 MJ imputable au feu de
propane). Celle-ci, en prenant comme référence l?essai flux radiatif sur module (Figure 56), correspond
à la réaction d?un peu plus qu?un module. Au final, après extinction, lorsque la réaction des modules est
terminée, 1100 MJ imputables auront été émis (1342 MJ ? 283 MJ imputable au feu de propane), ce
qui correspond à environ 6 modules en prenant la même référence. Cet écart, par rapport aux quatre
modules ayant réagi s?explique car la présence des caisses en bois/carton participant à la réaction. Au
final, comme dans le cas de l?essai propagation caisse, l?extinction n?influe pas sur l?énergie totale
dégagée par la réaction. Elle influe sur le temps de libération de cette énergie qui est prolongée. Les
valeurs de chaleur de combustion en MJ/kg ne peuvent pas être évaluées car la mesure de masse est
totalement faussée par l?aspersion puis l?évaporation d?eau sur le peson.
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Figure 99 : Débit calorifique et chaleur de combustion calculés lors de l?essai de feu caisse +
sprinklage
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10.2.3 Synthèse
Le Tableau 8 présente une synthèse sur les caractéristiques thermiques observées pendant l?essai.
Tableau 8 : Synthèse sur les caractéristiques thermiques de l?incendie
L?émittance maximale n?a pas été calculée car le flux radiatif maximal reçu par le fluxmètre est mesuré
à un instant où le sprinklage est activé. Les flammes ne sont alors plus visibles à cet instant.
Le sprinklage a permis de réduire l'intensité du feu et ralentir la propagation du feu, la durée totale de
réaction des modules ayant passé de 10 min lors du feu sans sprinklage (chapitre 8) à 18 min. Les
températures du foyer ont également été atténuées par le sprinklage. Il a de plus permis de stopper la
propagation de l?incendie étant donné que dans ce cas, seulement 4 sur 7 modules ont réagi. A noter
que la température reste élevée et que le feu n?est pas contrôlé.
Nombre de
modules testés
Type d'agression
Durée de
l'agression avant
emballement du
premier module
(min)
Débit
calorifique
maximal (kW)
Energie totale
libérée
(modules seuls)
(méthode
OC/CDG) (MJ)
Chaleur de
combustion
(MJ/kg)
Durée totale de
réaction des
modules (min)
7
Feu englobant >
100 kW/m²
9.9 5000 1107 Non mesurée 18
Perte en masse
(%)
Vitesse de
combustion
maximale
(g/m²/s)
Températures
maximales
mesurées par
les TC (°C)
Températures
maximale
mesurée par la
caméra
thermique avant
le sprinklage(°C)
Températures
maximale
mesurée par la
caméra
thermique
pendant le
sprinklage(°C)
Flux radiatif
maximal reçu à 3
m (kW/m²)
Emittance
maximale
calculée
(kW/m²)
Non mesurée Non mesurée > 1200 >1400 600 18 Non mesurée
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10.3 Conclusions sur le sprinklage
Le Tableau 9 synthétise les principaux résultats obtenus lors des 5 essais feu. Les températures
moyennes pendant le sprinklage sont issues de la caméra thermique qui peut être perturbée par la
présence des gouttelettes d?eaux.
Tableau 9 : Synthèse des principaux résultats sur les 5 essais feu.
Paramètres Unité Feu sur module Feu sur caisse
Feu sur caisse avec
sprinklage
Propagation sur
caisse
Propagation sur
caisse avec
sprinklage
Chapitre de référence - 6 7 9.2 8 9.1
Date de l'essai - 18/10/2023 22/03/2024 16/04/2024 07/03/2024 04/04/2024
Nombre de modules testés - 1 7 7 6 6
Nombre de modules qui ont réagi - 1 7 4 6 6
Type d'agression -
Flux thermique de
10 à 15 kW/m²
Feu englobant >
100 kW/m²
Feu englobant >
100 kW/m²
pad chauffant sur
un module
pad chauffant sur
un module
Température d'emballement
(ordre de grandeur)
°C NM* <200 154 164 172
Durée de l'agression avant
emballement du premier module
min 15 11 9.9 11 9.8
Débit calorifique maximal kW 2400 5500 5000 9000 9000
Energie totale libérée (modules
seuls) méthode OC/CDG)
MJ 178/198 1872/2143 1107 1759/2086 1924/2300
Chaleur de combustion MJ/kg NM 10.2 NM 12 NM
Perte en masse % NM 66 NM 66 NM
Durée totale de réaction des
modules
min 2.5 10 18 9 14
Vitesse de combustion maximale g/m²/s NM 280 NM 450 NM
Vitesse de combustion moyenne g/m²/s NM 185 NM 250 NM
Températures maximales
mesurées par les TC
°C >1200 >1200 >1200 >1200 >1200
Températures maximale mesurée
par la caméra thermique
°C NM 1615 >1400 NM 1400
Températures moyenne °C NM 1400 NP NM NP
Températures moyenne pendant le
sprinklage
°C NP NP 600 NP 600
Flux radiatif maximal reçu à 3 m kW/m² 11 10 18 18 12
Emittance maximale calculée
(ordre de grandeur)
kW/m² 170 165-200 NM 180 NM
*NM: Non Mesuré
Essai
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Les résultats sont très cohérents d?un essai à l?autre. La température d?emballement du premier module
est, dans tous les cas, inférieure à 200°C. Les durées d?agression avant emballement sont d?une dizaine
de minutes pour les essais sur caisse et de 15 min pour l?essai en virole, le module ne subissant pas
directement l?action de l?agression ce qui explique le temps de chauffe supplémentaire.
Les débits calorifiques maximaux sont en accord selon le mode d?agression imposé. De l?ordre de
5000 kW pour le feu englobant correspondant à la réaction quasi-simultanée de 2 modules et de
9000 kW pour le pad chauffant correspondant à la réaction simultanée de 3 modules. Le débit calorifique
maximal mesuré pour les essais avec feu englobant est plus faible que celui mesuré pour les essais
avec pad chauffant car dans le deuxième cas, les modules sont disposés sur 2 niveaux ce qui favorise
leur emballement simultané.
L?énergie totale libérée est, dans tous les cas, en accord avec le nombre de modules brulés sachant
que pour l?essai feu sur caisse avec sprinklage, le refroidissement à l?eau a interrompu la propagation
horizontale du feu. Les chaleurs de combustion mesurées dans les cas feu sur caisse et propagation
sur caisse sans sprinklage sont en bon accord.
Les températures maximales mesurées de l?ordre de 1400-1600 °C mettent en évidence une réaction
très violente caractéristique de feux de métaux, éloignées de celles des feux d?hydrocarbures qui
culminent entre 1000 et 1200 °C. les émittances évaluées à partir des flux radiatifs maximaux mesurés
par les fluxmètres mettent en évidence également des flammes très rayonnantes, les émittances étant
supérieures encore une fois à celles des flammes de feu de nappe d?hydrocarbures (comprises entre
50 et 100 kW/m² selon l?échelle et la nature de l?hydrocarbure enflammé).
De l?essai propagation avec sprinklage sur deux caisses empilées, nous concluons que le sprinklage
semble avoir permis de ralentir la propagation entre caisses superposées sans toutefois l?empêcher. Le
sprinklage semble aussi avoir un impact positif sur la propagation horizontale au sein d?une même
caisse (ce que l?essai suivant confirmera). Cet essai ne permet pas de conclure formellement sur la
possibilité de propagation vers une caisse située au-dessous de la caisse en emballement mais les
coulées de métal en fusion restant plusieurs dizaines de minutes à plus de 1000 °C laissent penser que
le risque de propagation n?est pas à exclure. En termes de violence de la réaction, les calculs de HRR
permettent de justifier d?une puissance thermique réduite. En revanche, l?énergie totale dégagée reste
identique.
De l?essai feu avec sprinklage sur une caisse, nous concluons que le sprinklage a permis d?arrêter la
propagation au sein de la caisse. Les valeurs de HRR et d?énergie totale libérée ne semblent en
revanche pas être modifiées par rapport à un essai sans extinction.
L?extinction à eau, semble donc pouvoir être recommandée sur ce type de feu. Même s?il est clair que
cela ne permettra pas d?éteindre un module en cours de réaction, si elle intervient dans les premiers
instants, qu?elle est correctement dimensionnée et que les caisses sont disposées dans une
configuration adaptée (pas plus de deux rangées empilées par exemple), elle peut permettre de ralentir
la propagation de l?incendie mais pas forcément de le contrôler. Si elle intervient dans un délai plus long,
l?arrêt de la propagation ne peut pas être garanti par les essais réalisés mais elle sera
vraisemblablement bénéfique en ralentissant la propagation, diminuant le débit calorifique et
refroidissant les alentours. Il y a cependant des contreparties à prendre en compte : la projection de
métal en fusion ; la production de gaz toxiques et inflammable (CO, H2, ?).
Aussi, une fois la phase intense de l?incendie terminée, il faut limiter les apports d?eau car ceux-ci
contribuent à entretenir la réaction des résidus de combustion des batteries qui sont hydro réactifs et
émettent des gaz toxiques et inflammables (cf. partie 3 : tableau 16, fig. 111 et 112). Il est également
recommandé de retenir les eaux d?extinction qui sont contaminées (cf. chapitre 11).
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11 Analyse des effluents gaz, particules et eaux d?extinction
11.1 Méthodes
Pour une sélection de 3 essais (flux radiant module, feu caisse et feu caisse + sprinklage), des analyses
de gaz et/ou de particules ont été réalisées. Deux types de mesures ont été mises en oeuvre : une
analyse en continu par analyse infra-rouge à transformée de Fourier (FTIR) et analyseurs via un piquage
direct dans la gaine de ventilation et un prélèvement dans un canister (contenant initialement sous vide)
à un instant donné pour une analyse complémentaire des composés organiques volatils (COV) et des
composés soufrés.
Le schéma de principe de cette analyse de gaz et d?aérosols est présenté sur la Figure 100.
Des prélèvements de particules présentes dans les fumées émises ont également été réalisés dans la
gaine de ventilation sur filtre et directement sur des grilles en or, adaptées à l?observation par
microscopie électronique en transmission (système Mini-Particle Sampler, MPS). Deux types
d?analyses ont été réalisées : par impacteur basse pression à détection électrique ELPI+ pour le
comptage et la distribution granulométrique des particules en nombre et par Xact 625i Cooper pour
l?analyse par rayons X des éléments-traces métalliques dans les particules. Afin d?éviter la survenue de
phénomènes de condensations et une éventuelle saturation des moyens de prélèvement ou d?analyse,
un diluteur Dekati à double étage de type E-diluter Pro a été déployé en sortie du piquage dans la gaine
comme illustré sur la Figure 100 (suivant les essais, le facteur de dilution a été fixé à 25 ou 40) et en
amont des moyens de prélèvement ou d?analyse.
Figure 100 : Schéma de principe de l?analyse de gaz/particules
Pour les différents essais, les conditions de prélèvement sont sensiblement différentes et sont
récapitulées en Tableau 10.
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Tableau 10 : Conditions de prélèvement des gaz
Les limites de quantification pour l?analyse des gaz en continu ont été estimées en partant de la limite
basse de détection de l?espèce puis extrapolée en suivant les conditions d?analyses (débit, temps
d?échantillonnage, ?).
En plus de l?analyse des gaz et aérosols, une analyse des suies à proximité de la source a été mise en
oeuvre via le placement de plaques de prélèvements de vierges, en inox et en eterboard (mélange
homogène de ciment, de sable et de cellulose), placés dans la chambre avant l?essai (cf. Figure 101)
sur 3 types d?emplacements : au sol, sur les murs de la chambre et dans la gaine d?extraction. Les
prélèvements de suie ont été effectués à l?aide de lingettes ensachées imprégnées sur des surfaces
définies par des gabarits 10 x 10 cm² (conformément à la note de l?Ineris sur le choix des lingettes de
prélèvements surfaciques2). Seules les suies visibles ont été prélevées, les gros débris présents au sol
ont été évacués en renversant délicatement les plaques.
Les lingettes ont ensuite été dissoutes par acidification puis l?analyse des métaux a été réalisée en
sous-traitance au laboratoire Micropolluants Technologie SA :
? les éléments-traces métalliques par spectrométrie de masse à plasma à couplage inductif
(ICP-MS) et le brome par spectrométrie de masse en tandem avec plasma à couplage inductif
(ICP-MSMS),
? les éléments S et P par spectrométrie d?émission atomique à plasma à couplage inductif
(ICP-AES),
? les HAP chromatographie en phase liquide haute performance (HPLC) équipés d?un détecteur
UV-visible à barrettes de diodes (DAD) et d?un détecteur de fluorescence (FLD),
? les PCDD/F et PCB par chromatographie en phase gazeuse haute résolution (HRGC) couplée
à la spectrométrie de masse haute résolution (HRMS).
Les résultats sont exprimés en ng par échantillon (i.e. par lingette) et en pg par échantillon en quantité
équivalente toxique (TEQ) OMS 20053 dans les rapports d?analyses. A noter que, étant donné les
fluctuations de limites de quantification sur la méthode analytique propre aux PCDD/F et PCB, les
résultats sont toujours donnés sous la forme d?un intervalle pour ces composés (une valeur minimale
supposant l?absence des composés dont la concentration est inférieure à la LQ et une valeur maximale
supposant une concentration égale à la LQ).
De plus, le prélèvement par lingette dépend significativement de la composition et des pollutions
éventuelles présentes sur le support, ce qui justifie la nécessité de les comparer à des « blancs de
surface ». Toutefois, les suies ne sont pas nécessairement réparties de manière homogène sur la
surface prélevée et le rendement de prélèvement peut varier significativement en fonction du support
et de la substance déposée. Les résultats obtenus sont donc qualitatifs et, bien qu?ils constituent de
bons marqueurs de la signature chimique des suies, ils sont à considérer avec prudence.
2 Institut national de l?environnement industriel et des risques, Choix des lingettes à utiliser
pour la réalisation de prélèvements surfaciques lors des accidents industriels, Verneuil-en-Halatte : Ineris 206743
- v1.0, 25/05/2023.
3 Fiche sur les Polychlorodibenzo-p-dioxines et les polychlorodibenzo-p-furanes (PCDD/F), Ineris - 213434 -
2783847 - 0.1
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Dans ce but, ils sont comparés entre eux à travers un indicateur numérique calculé comme suit :
Indicateur? = log10
??
???
où ?? est la concentration du composé ? et ??? est sa limite de quantification
Figure 101 : Support de prélèvement des particules à proximité de l?échantillon
Enfin, lors de l?essai d?extinction, des réceptacles vierges ont été positionnés comme indiqués par les
cercles rouges sur la Figure 102 afin de collecter les eaux d?extinction souillées par le ruissèlement sur
la caisse incendiée.
Figure 102 : Réceptacles de collecte des eaux d?extinction
11.2 Emissions gazeuses
11.2.1 Essai flux radiant sur module
Les résultats de l?analyse de gaz en ligne lors de l?essai flux radiant sur module sont présentés dans le
Tableau 11. La contribution du bruleur à gaz a été retranchée et pour les besoins de la quantification,
les valeurs présentées dans le tableau sont arrêtées 15 min après le début de la réaction. Le gaz
extrêmement majoritaire est le CO2, produit de combustion. Les quantités de CO sont plus de 30 fois
inférieures, ce qui atteste d?une combustion bien ventilée. Du NO est détecté en quantités relativement
faibles mais significatives.
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En l?absence d?espèces azotées dans les combustibles et dans les conditions de l?essai où l?oxygène
est largement disponible et où des températures très élevées sont atteintes, sa formation peut être
expliquée par la réaction entre l?oxygène et l?azote de l?air dans la flamme selon les équations suivantes
impliquant des radicaux (1) et (2) :
N2 + O* ? NO + N* (1)
N* + O2? NO + O* (2)
Du CH4 et du HF sont détectés en quantités relativement faibles et correspondent à des produits de
décompositions (notamment du sel de Li fluoré contenu dans l?électrolyte), des matériaux composant le
module. Du H2 est détecté en faible quantité et provient probablement de la réaction de Li(m) avec l?eau
selon la réaction (3). Compte tenu du feu important, la plupart du dihydrogène ainsi formé a dû être
brulé.
2 Li(m) + 2 H2O ? 2 LiOH + H2(g) (3)
Tableau 11 : Résultats de l?analyse de gaz en continu lors de l?essai flux radiant sur module.
Contribution du bruleur à gaz retranchée
Gaz Limite de quantification
estimée (g)
Quantité (g) Méthode
CO2 1 14 000 FTIR
CO 1 450 FTIR
CH4 0,2 6 FTIR
H2 0,1 2 Spectro masse
HF 1 8 FTIR
NO 1 30 FTIR
POF3 2 nd FTIR
SO2 3 nd FTIR
PH3 2 nd FTIR
C2H4 1 nd FTIR
C2H2 1 nd FTIR
CH2O 1 nd FTIR
Org. Carbonates
(EC, DEC?) 4 nd FTIR
HCl 1 nd FTIR
HCN 1 nd FTIR
HBr 2 nd FTIR
C3H4O 1 nd FTIR
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L?analyse des gaz prélevés dans le canister est présentée dans le Tableau 12. Le prélèvement a été
réalisé sur une durée de quelques secondes, 20 s après que les premiers effets ont été constatés. Bien
que ces analyses soient semi-quantitatives, une extrapolation des valeurs mesurées sur la durée de la
réaction (env. 2 min) est proposée afin d?obtenir une valeur comparable à celles présentées pour
l?analyse en continu. De cette manière, du SO2 est mesuré, provenant de la décomposition puis
oxydation du sel d?électrolyte. Des traces de benzène (C6H6) et de propane (C3H8) sont aussi détectés.
Tableau 12 : Résultats du prélèvement de gaz lors de l?essai flux radiant sur module. Le prélèvement
a été réalisé 20 s après les premiers effets. *Quantité en équivalent toluène sauf pour le SO2
Gaz Limite de
quantification
(µg/m3)
Quantité*
mesurée
(µg/m3)
Flux* au
moment du
prélèvement
(µg/s)
Estimation
de quantité*
totale (g)
Méthode
SO2 10 2700 26 200 3 ATD/GC/MS-
FPD
C6H6 10 50 485 0,06 ATD/GC/MS-
FPD
C3H8 10 375 3600 0,44 ATD/GC/MS-
FPD
H2S 1360 nd - - µGC
C3H6O 10 nd - - ATD/GC/MS-
FPD
Les Figures 103 à 107 présentent les débits massiques d?une sélection d?espèces. Sur ces figures, la
contribution du bruleur à gaz n?est pas retranchée. Conformément à l?analyse de l?essai qui a été faite,
le pic d?émission de gaz et donc le pic de la réaction de combustion a lieu environ 18 min après
l?allumage du feu. Deux espèces se détachent du profil correspondant aux espèces de combustion, il
s?agit de H2 (Figure 106) et HF (Figure 107). L?émission de HF a lieu avec quelques minutes de
décalage, elle est maximale à 21 min. L?émission de H2 est, quant à elle, marquée par une longue traine
après son pic, ce qui correspond potentiellement à la réaction des résidus avec l?humidité ambiante
Figure 103 : Débit massique CO2 essai de flux radiatif module
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Figure 104 : Débit massique CO essai de flux radiatif module
Figure 105 : Débit massique CH4 essai de flux radiatif module
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Figure 106 : Débit massique H2 essai de flux radiatif module
Figure 107 : Débit massique HF essai de flux radiatif module
11.2.2 Essai feu sur caisse (7 modules)
Les résultats de l?analyse de gaz en ligne lors de l?essai feu sur caisse de module sont présentés dans
le Tableau 13. La contribution du bruleur à gaz a été retranchée et, pour les besoins de la quantification,
les valeurs présentées dans le tableau sont arrêtées 30 min après le début de la réaction. Le mélange
gazeux est assez similaire à celui mesuré lors de l?essai sur module. Les quantités des gaz mesurés
sont globalement en accord, moyennant un facteur 7 (correspondant à 7 modules au lieu de 1).
Quelques espèces diffèrent cependant, à commencer par le CO2 qui est retrouvé en quantité supérieure
du fait de la présence de caisse en bois. Le SO2 qui n?avait pas été détecté par l?analyse en ligne est
désormais détecté en quantité significative et du HCl est aussi détecté.
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Tableau 13 : Résultats de l?analyse de gaz en continu lors de l?essai feu sur caisse
Gaz Limite de
quantification estimée
(g)
Quantité (g) Facteur
d?émission
(mg/g)
Méthode
CO2 2 174 497 943,2 FTIR
CO 1 2 007 10,8 FTIR
CH4 1 33 0,2 FTIR
H2 0.1 42 0,2 Spectro masse
HF 1 135 0,7 FTIR
NO 2 265 1,4 FTIR
POF3 5 nd
nd
FTIR
SO2 6 726 3,9 FTIR
PH3 3 nd nd FTIR
C2H4 1 nd nd FTIR
C2H2 1 nd nd FTIR
CH2O 1 nd nd FTIR
Org. Carbonates
(EC, DEC?) 10 nd
nd
FTIR
HCl 2 79 0,4 FTIR
HCN 2 nd nd FTIR
HBr 4 nd nd FTIR
C3H4O 2 nd nd FTIR
Le tableau 14 propose une comparaison de facteurs d?émission pour différents combustibles. Les
valeurs des combustibles autres que batteries sont issues de l?étude Ineris « An experimental evaluation
of the toxic gas emission in case of vehicle fires »4.
En se limitant aux gaz rapportés dans cette étude, les émissions du feu de la caisse de batteries se
rapprochent le plus du feu de câbles électriques, avec une quantité relativement faible de CO2 et un
rapport CO/CO2 du même ordre de grandeur. Le facteur d?émission du HF est le plus élevé (facteur 7)
en comparaison avec le feu de câbles électriques du fait de la présence de Fluor dans les batteries. Les
facteurs d?émission des NOx sont supérieurs à ceux du feu de gazole mais inférieurs à ceux des autres
combustibles.
On notera aussi que certains composés comme le SO2 sont absents de l?étude pour certains
combustibles. A noter que ces valeurs ne donnent pas d?information sur l?aspect fumigène des fumées.
Ces données permettent toutefois, couplées aux caractéristiques de l?incendie, d?estimer les
conséquences au travers de la toxicité aigüe. Cette analyse comparative est détaillée au chapitre 11.2.
1 4 An experimental evaluation of toxic gas emissions from vehicle fires, B. Truchot
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Tableau 14 : Comparaison des facteurs d'émission de différents combustibles
Facteur
d?émission
[mg/g]
Gazole Plastiques Pneus Câble électriques Caisse LMP
CO2 2823 2034 1469 728 943
CO 31 20 42 9,1 11
HCl - 2,2 0,2 2,1 0,4
HF - 0,014 0,003 0,11 0,7
NOx 1,2 5 2,8 2,5 1,4
SO2 - - 18 - 3,9
L?analyse des gaz prélevés dans le canister est présentée dans le Tableau 15.
Le prélèvement a été réalisé sur une durée de quelques secondes, 3 min après que les premiers effets
ont été constatés (14 min 30 sec) sur les graphiques de débit massique. Bien que ces analyses soient
pseudo-quantitatives, une extrapolation des valeurs mesurées sur la durée de la réaction (env. 9 min)
est proposée afin d?obtenir une valeur comparable à celles présentées pour l?analyse en continu. De
cette manière, aucun gaz n?est mesuré hormis l?acétone en faible quantité. Plusieurs hypothèses
peuvent expliquer cette quasi-absence d?espèce :
1. le mélange gazeux a été dilué d?un facteur 50 avant prélèvement/analyse ;
2. le mélange gazeux n?était pas « riche » au moment du prélèvement.
Si on prend l?exemple du SO2, la Figure 108, montre qu?à ce moment de la réaction, il n?était pas émis
(ou en très faible quantité).
Tableau 15 : Résultats du prélèvement de gaz lors de l?essai feu sur caisse. Le prélèvement a été
réalisé 3 min après le début de la réaction. *Quantité en équivalent toluène sauf pour le SO2
Gaz Limite de
quantification
(µg/m3)
Quantité*
mesurée
(µg/m3)
Flux* au moment
du prélèvement
(µg/s)
Estimation de
quantité* totale
(g)
Méthode
SO2 10 nd - - ATD/GC/MS-
FPD
C6H6 10 nd - - ATD/GC/MS-
FPD
C3H8 10 nd - - ATD/GC/MS-
FPD
H2S 1360 nd - - µGC
C3H6O 10 750 16 700 9 ATD/GC/MS-
FPD
La Figure 108 présente les concentrations dans la gaine de prélèvement en fonction du temps d?une
sélection d?espèces. Sur cette figure, la contribution du bruleur à gaz n?est pas retranchée.
Conformément aux observations faites sur l?essai module, l?émission de HF se fait plutôt en fin de
réaction (à partir de 22 min) et l?émission de H2 reste marquée par une traine persistante après réaction.
Aussi le SO2 semble apparaitre systématiquement sur la fin de réaction de chacun des modules de la
caisse.
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Figure 108 : Concentration volumique d?une sélection d?espèces dans la gaine lors de l?essai feu
sur caisse
11.2.3 Influence du sprinklage sur les émissions gazeuses : essai feu + sprinklage sur
caisse
Les résultats de l?analyse de gaz en ligne lors de l?essai feu sur caisse de module + sprinklage sont
présentés dans le Tableau 16. La contribution du bruleur à gaz a été retranchée et, pour les besoins de
la quantification, les valeurs présentées dans le tableau sont arrêtées 30 min après le début de la
réaction.
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Les quantités de gaz mesurées lors de l?essai sans sprinklage sont reportées afin de faciliter la
comparaison. Ainsi, il apparait que les quantités de CO2 formées sont près de deux fois inférieures, ce
qui est en cohérence avec le fait que seulement 4 modules sur 7 ont réagi.
La quantité de CO a, quant à elle, doublée malgré la réduction de matière brulée ; cela illustre une
réaction de combustion moins bien ventilée. Les gaz inflammables comme H2 et CH4 connaissent, quant
à eux, une forte augmentation puisque leur combustion après formation est moins favorable en
présence d?eau.
Les espèces HF, HCl, SO2 sont inférieures à la limite de quantification. Soit leur formation n?a pas eu
lieu car les températures étaient inferieures, soit l?action de l?eau empêche leur détection (re
condensation, dilution dans l?eau, ?). Enfin, pour la première fois, PH3 est détectée, assurément portée
par la présence d?eau.
Tableau 16 : Résultats de l?analyse de gaz en continu lors de l?essai feu sur caisse + sprinklage
Gaz Limite de
quantification estimée
(g)
Quantité (g) Quantité
sans
extinction
(g)
Méthode
CO2 2 81 157 174 497 FTIR
CO 1 4 489 2007 FTIR
CH4 1 90 33 FTIR
H2 0,1 424 42 Spectro
masse
HF 1 nd 135 FTIR
NO 2 213 265 FTIR
POF3 5 nd nd FTIR
SO2 6 nd 726
PH3 3 120 nd FTIR
C2H4 1 nd nd FTIR
C2H2 1 nd nd FTIR
CH2O 1 nd nd FTIR
Org.
Carbonates
(EC, DEC?)
9
nd nd FTIR
HCl 2 nd 79 FTIR
HCN 2 nd nd FTIR
HBr 4 nd nd FTIR
C3H4O 2 nd nd FTIR
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L?analyse des gaz prélevés dans le canister est présentée dans le Tableau 17. Le prélèvement a été
réalisé sur une durée d?environ 1 min, 30 secondes après que le sprinklage ait été déclenché. Bien que
ces analyses soient semi-quantitatives, une extrapolation des valeurs mesurées sur la durée de la
réaction (env. 15 min) est proposée afin d?obtenir une valeur comparable à celle présentée pour
l?analyse en continu. 9 gaz additionnels sont ainsi détectés, principalement du benzène (C6H6), du
naphtalène (C10H8). La formation du benzène est probablement expliquée par une combustion
incomplète. La présence de naphtalène (C10H8) soutient cette hypothèse. Du SO2 est aussi mesuré en
quantité significative. Les autres gaz sont détectés en quantité bien moindre et on notera la présence
de thiophène (C4H4S), composé organosoufré.
Tableau 17 : Résultats du prélèvement de gaz lors de l?essai feu sur caisse + sprinklage.
Le prélèvement est réalisé 30 s après le début du sprinklage. *Résultats exprimés en équivalent
toluène, sauf pour le SO2. **Pseudo quantitatif sur 15 min
Gaz Limite de
quantification
(µg/m3)
Quantité*
mesurée
(µg/m3)
Flux* au
moment du
prélèvement
(µg/s)
Estimation**
de quantité*
totale (g)
(sur 15 min)
Méthode
SO2 100 4400 97778 88 ATD/GC/MS-
FPD
C6H6 100 33800 751111 676 ATD/GC/MS-
FPD
C3H8 100 nd - - ATD/GC/MS-
FPD
H2S 100 nd - - ATD/GC/MS-
FPD
C3H6O 100 nd - - ATD/GC/MS-
FPD
C4H4S 100 130 2889 3 ATD/GC/MS-
FPD
C8H10
Ethylbenzene
100 250 5556 5 ATD/GC/MS-
FPD
C8H10
m-xylene
100 270 6000 5 ATD/GC/MS-
FPD
C8H10
o-xylene
100 110 2444 2 ATD/GC/MS-
FPD
C8H8 100 400 8889 8 ATD/GC/MS-
FPD
C8H6O 100 190 4222 4 ATD/GC/MS-
FPD
C10H8 100 2090 46444 42 ATD/GC/MS-
FPD
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Les Figures 109 à 112 présentent les concentrations dans la gaine de prélèvement en fonction du temps
d?une sélection d?espèces. Sur cette figure, la contribution du bruleur à gaz n?est pas retranchée. Ces
figures permettent de visualiser l?influence du sprinklage sur le mélange gazeux.
La Figure 109 présente tout d?abord les quantités d?eau mesurées dans la gaine ainsi que la
concentration théorique obtenue seulement comme sous-produit de combustion.
Elle permet de bien visualiser le début de l?extinction puisque, dès son déclenchement des
concentrations mesurées se détachent nettement des concentrations théoriques. L?évolution de la
concentration en CO2 est aussi particulièrement intéressante à analyser.
Dans les premiers instants de la réaction, alors que le sprinklage n?est pas encore activé, les valeurs
mesurées atteignent 0,9 % vol dans la gaine, ce qui est très similaire aux résultats obtenus lors du
premier essai de ce type (0,8 %vol). Dès que le sprinklage est déclenché, la valeur de concentration en
CO2 chute mais est probablement imputable à la fin de réaction du 3eme module plutôt qu?à l?action de
l?eau. Une trentaine de secondes plus tard, les émissions repartent à la hausse, correspondant à la
réaction du 4eme module, sans être réellement affectées par le sprinklage en cours. Passées cette
réaction, les émissions de CO2 diminuent jusqu?à atteindre une valeur résiduelle d?environ 0,5 %
correspondant à la combustion des résidus.
Figure 109 : Concentration volumique en H2O théorique et mesurée dans la gaine lors de l?essai feu
sur caisse + sprinklage
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Figure 110 : Concentration volumique en CO2 dans la gaine lors de l?essai feu sur caisse + sprinklage
L?extinction se fait nettement plus ressentir sur les gaz minoritaires. En effet, comme présentée en
Figure 111, dès les premiers instants de l?extinction, la combustion est moins bien ventilée et l?émission
de CO est multipliée par plus de 10. Les concentrations en H2 et CH4 bondissent également (x 20)
portées, soit par une plus grande production issue d?une réaction d?un composé avec l?eau, soit moins
consommées après sa production par la réaction de combustion. Les émissions de NO sont, elles, peu
affectées par l?aspersion d?eau.
Enfin, la Figure 112 présente la concentration en phosphine mesurée dans la gaine. Bien que le signal
soit très bruité, une première émission est visible au moment du déclenchement de l?extinction et une
seconde phase d?émission est plus clairement visible à la fin de la phase violente de réaction. La
concentration reste limitée à environ 4 ppm mais la forme de la courbe, débutant à la fin de la réaction
violente et commençant sa décroissance au moment de l?arrêt de l?extinction suggère que le PH3 est le
produit de la réaction d?un composé formé pendant la réaction et de l?eau.
Une étude plus approfondie afin d?expliquer la formation de phosphine est proposée dans la partie
« Etude des résidus d?essais ».
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Figure 111 : Concentration volumique d?une sélection d?espèces dans la gaine lors de l?essai feu
sur caisse + sprinklage
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Figure 112 : Concentration volumique en PH3 dans la gaine lors de l?essai feu sur caisse + sprinklage
En conclusion, le sprinklage modifie sensiblement le mélange gazeux émis ; même s?il reste très
largement composé de CO2, les teneurs en certains gaz inflammables et/ou toxiques (CO, H2, CH4)
augmentent sensiblement. Certains gaz ne sont plus détectés (HF) tandis que de la phosphine (PH3),
du benzène (C6H6) et de nombreux hydrocarbures ont été détectés dans ces conditions.
11.3 Emissions particulaires
Afin de faciliter l?interprétation des résultats d?analyse de particules, les émissions particulaires
présentes dans les fumées, susceptibles d?être entrainées sur de longues distances avant de
resédimenter sont traités en 10.3.1. Elles seront distinguées des particules, généralement plus grosses
projetées à proximité de l?échantillon et généralement associées à une source potentielle de pollution
des sols ou des eaux. Ces particules sont traitées en 10.3.2.
11.3.1 Particules dans les fumées
11.3.1.1 Essai flux radiant sur module
L?analyse ELPI+ permet de mesurer le diamètre médian (GMD) des particules aspirées dans la conduite
ainsi que le flux de particules. La Figure 113 permet ainsi de constater que la majeure partie de
l?émission d?aérosol est très courte et dure environ 2min30, coïncidant avec le temps de réaction du
module. Sur cette période, le diamètre « médian » (GMD = Exp[? ni × ln(Di)/N]) augmente nettement
par rapport à la phase d?allumage et atteint 189±24 nm. Le flux de particules lors du pic d?émission est
d?environ 6.1014 particules/s. Afin d?estimer un ordre de grandeur en masse, nous pouvons proposer de
prendre une hypothèse forte et approximer que l?ensemble des particules sont des sphères de 200 nm
de diamètre avec la masse volumique entre celle de l?aluminium et du lithium (espèces métalliques les
plus représentés sur l?analyse du filtre). Cela mène à un flux massique particulaire de 4 g/s.
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Figure 113 : Diamètre médian et flux de particule mesuré par ELPI + (facteurs de dilution du diluteur et
de la gaine pris en compte)
L?ELPI + permet également de remonter à une distribution granulométrique des particules, présentées
en Figure 114. Afin de distinguer les émissions sur l?ensemble de la durée de prélèvement et celles au
moment de la réaction, deux distributions ont été représentées : en bleu, la distribution sur le temps de
prélèvement sur filtre et, en orange, la distribution spécifique au pic d?émission. Au moment de la
réaction, la population la plus représentée à un diamètre d?environ 129 nm et certaines particules ont
un diamètre dépassant légèrement le micron.
Figure 114 : Distribution granulométrique des particules lors de l?essai flux radiant sur module mesuré
par ELPI +
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Les analyses MET des particules prélevées par MPS (Mini Particle Sampler) et présentées sur la
Figure 115 et la Figure 116 sont en accord avec les tailles de particules mesurées par ELPI+ (même si
le diamètre aérodynamique (mesuré par un impacteur) est différent du diamètre optique (mesuré par
MET) et sont donc difficilement comparables). L?analyse par spectroscopie de rayons X Ã dispersion
d?énergie (EDX) des amas sombres de plusieurs microns montre qu?ils sont composés majoritairement
de phosphore et d?oxygène. Les particules claires sont probablement des résidus organiques, allant de
quelques nm à quelques microns. Des particules métalliques isolées (Al, Fe) de l?ordre du micron ont
également été trouvées sur la grille. On notera que le Li n?est pas mesurable par EDX (d?où son absence
notoire) et que les ronds au motifs réguliers de diamètre 1 µm sont les trous de la grille de prélèvement.
Figure 115 : Observation MET du prélèvement MPS réalisé entre 20 et 40 s après que les premiers
effets ne soient visibles lors de l?essai flux radiatif sur module
Figure 116 : Observation MET du prélèvement MPS réalisé entre 40 et 50 s après que les premiers
effets ne soient visibles lors de l?essai flux radiatif sur module
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Pour compléter ces analyses, un analyseur par fluorescence X des éléments-traces métalliques (ETM)
dans les aérosols a été connecté au diluteur (×25) des émissions collectées dans la gaine d?extraction
des fumées. Sa résolution temporelle minimale est de 5 min, très longue compte-tenu de la durée du
pic d?émission. Il est calibré pour les éléments suivants : Al, As, Ba, Br, Ca, Cd, Cl, Co, Cr, Cs, Cu, Fe,
K, Mn, Mo, Ni, Pb, Rb, Sb, Se, Sn, Sr, Ti, V, Zn et W.
Les résultats de cette analyse sont présentés en Figure 117. Les éléments Br, Ca, Cr, Cs, Fe, Mo, Ni,
V et Zn sont nettement supérieurs à la limite de détection (pointillés noirs visibles pour le graphique de
la concentration en Ca par exemple). Seules les émissions de Br, Ca, Fe, Ni et Zn correspondent
temporellement au pic d?émissions d?aérosols. Les autres pics pourraient provenir d?un relargage propre
à la chambre d?essai et à la chaine de prélèvement dans la gaine d?extraction. Le Fe reste l?espèce très
majoritairement détectée (provenant probablement de la cathode) et la provenance des autres espèces
(Br, Ca, Ni et Zn) détectées dans une moindre mesure reste à établir (retardateurs de flammes bromés,
etc.).
L?absence d?émissions As, Cd et Pb (métaux réglementés dans l?air ambiant) est à noter. Pour As et
Pb, les résultats sont bien en accord avec les prélèvements réalisés sur filtre (présentés dans le
Tableau 18, le Cd n?a pas été analysé sur filtre).
On notera que l?absence de détection de l?aluminium peut être expliquée par une limite de détection
très élevée de l?Xact 625i et que le lithium n?est pas détecté par fluorescence X.
Figure 117 : Analyse par fluorescence X des éléments-traces métalliques (ETM)
lors de l?essai de flux radiant sur module
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Les résultats d?analyse élémentaire5 du prélèvement dans la gaine d?extraction des fumées, sur un filtre
quartz est présenté dans le tableau 18. Ce prélèvement a été réalisé sur 22 min et inclut donc une partie
des émissions du bruleur. Les concentrations ont été corrigées du facteur de dilution de 25.
Le filtre présente un enrichissement marqué en lithium et en phosphore ainsi que, dans une moindre
mesure, en soufre et en fluor. En supposant que l?émission de Li et P n?ait lieu qu?au moment de la
réaction (soit 2 min 30) durant le pic d?émission, le prélèvement du pic a été lissé d?un facteur 9 compte
tenu de la durée de l?échantillonnage intégratif. Les concentrations lors du pic peuvent donc être
estimées à environ 217 mg/m3 pour Li et 86 mg/m3 pour P. Une approximation de la quantité totale
émise lors du pic peut être obtenue en multipliant ces concentrations par les 1 500 m3 d?air qui ont été
aspirés dans la gaine d?extraction durant ces 2 min 30. On obtient ainsi 320 g de Li et 130 g de P.
Le soufre semble détecté en quantité relativement élevée mais la mesure réalisée sur le blanc ne permet
pas de proposer une pseudo quantification. Aussi, le blanc est trop chargé en fer et en aluminium pour
que leur mesure sur l?essai soit représentative. Pour pallier ce problème, les prélèvements sur filtre ont
été réalisés sur des supports en PTFE dans les essais suivants (à l?exception du fluor, prélevé
nécessairement sur quartz).
A noter que l?absence d?arsenic et de plomb dans le prélèvement sur filtre est en accord avec les
mesures précédentes.
Tableau 18 : Analyses élémentaires des prélèvements sur filtre quartz lors de l?essai flux radiant
module
11.3.1.2 Essai feu caisse
La Figure 118 présente les résultats des mesures réalisées avec l?ELPI+ lors de l?essai feu sur une
caisse de 7 modules. Le flux de particules suit le même profil que les pertes massiques ou que le HRR
mesuré lors de cet essai et présenté ultérieurement. Il est possible d?y suivre la réaction des 7 modules
et certains pics correspondent à la réaction de deux modules en simultané. Ainsi, le flux de particules
connait des maximums locaux autour de 6.1014 particules/s, identiques à ce qui a été mesuré sur module
seul et certains pics dépassent cette valeur atteignant plus de 9.1014 particules/s.
Comme déjà identifiée sur les paramètres de combustion, la majeure partie de l?émission d?aérosol dure
environ 11 min 30 sec. Sur cette période, le diamètre « médian » (GMD = Exp[? ni × ln(Di)/N]) augmente
également par rapport à la phase d?allumage mais n?atteint que 81±5 nm, soit 100 nm environ de moins
que lors de l?essai sur du module seul.
5 L?analyse ne donne pas de précision sur l?état du métal (oxidé ou autre) dans les aérosols.
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/
Figure 118 : Diamètre médian et flux de particules mesuré par ELPI + lors de l?essai feu caisse
L?ELPI + permet également de remonter à une distribution granulométrique des particules, présentée
en Figure 119. Afin de distinguer les émissions sur l?ensemble de la durée de prélèvement et celle au
moment de la réaction, deux distributions ont été représentées : en bleu, la distribution sur le temps de
prélèvement sur filtre et, en orange, la distribution spécifique au pic d?émission. Au moment de la
réaction, la population la plus représentée a un diamètre d?environ 41 nm et quasiment aucune particule
n'a un diamètre dépassant le micron. Les particules dans les fumées émises lors de cet essai sont donc
plus petites que celles observées sur l?essai module seul. Cela peut provenir de la dilution plus
importante dans la chaine de prélèvement (environ un facteur 4 compte tenu de la ventilation et du
diluteur) ou d?une combustion plus intense fournissant moins d?aérosols organiques, et donc une fraction
d?aérosols minéraux plus importante.
Figure 119 : Distribution granulométrique des particules mesurées par ELPI+ lors de l?essai feu caisse
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Les analyses MET des particules prélevées par MPS sont présentées en Figure 120. Une partie de ces
particules ont une forme sphérique d?environ 0,5 µm.
Une population de particules de forme allongée est aussi observée. Une analyse EDX globale a été
réalisée mais les particules se dégradent sous l?intensité du faisceau. Le carbone et l?oxygène sont
caractérisés par EDX. L?ensemble de ces éléments permet d?attribuer une origine organique à ces
particules.
On notera que lors de cet essai, les prélèvements MPS étaient trop chargés pour une analyse EDX
approfondie. A noter que cette analyse est qualitative : elle n?est pas représentative de la densité
moyenne des aérosols émis lors de l?essai, ce qui peut aussi expliquer les différences entre la taille
observée par MET et celle mesurée par ELPI+. Enfin comme déjà évoqué, le diamètre aérodynamique
(mesuré par ELPI) est différent du diamètre optique (mesuré par MET), ils sont donc difficilement
comparables.
Figure 120 : Observation MET des prélèvements effectués lors de l?essai feu caisse. Prélèvement
effectué en 10 s, 3 min après le début de réaction.
Les résultats d?analyse élémentaire du prélèvement dans la gaine d?extraction des fumées, sur un filtre
quartz est présenté dans le tableau 19. Ce prélèvement a été réalisé sur 25 min et inclut donc une partie
des émissions du bruleur. Les concentrations ont été corrigées du facteur de dilution de 50. Pour rappel,
suite au retour d?expérience de l?essai sur module seul, les éléments ont été prélevés sur un filtre PTFE
pour diminuer les valeurs de blanc de support (sauf pour le fluor, toujours prélevé sur un filtre quartz).
Les filtres présentent un enrichissement marqué en lithium, en phosphore et en fluor ainsi que, dans
une moindre mesure, en soufre, fer et aluminium. En supposant que l?émission de Li et P n?ait lieu qu?au
moment de la réaction (soit 11 min 30) durant le pic d?émission, le prélèvement a été lissé d?un facteur
2,16. Les concentrations estimées sont donc d?environ 136 mg/m3 pour Li et 107 mg/m3 pour P. Une
approximation de la quantité totale peut être obtenue en multipliant ces concentrations par les 15 300 m3
d?air qui ont été aspirés durant ces 11 min 30. On obtient ainsi 2 kg de Li et 1.6 kg de P soit 286 g de Li
et 229 g de P par module, ce qui est cohérent, en ordre de grandeur, avec l?essai sur module seul
(respectivement 316 et 125 g) et conforte une émission à la chaine des modules comme observé sur
l?évolution temporelle en nombre de particules.
Le soufre est détecté en quantité relativement élevée et se détache cette fois plus clairement du blanc.
Une semi-quantification donne un flux estimé de 26 mg/m3, une masse totale de 400 g soit environ 60 g
par module.
Contrairement au 23/11/23, la mesure du fer et de l?aluminium est nettement supérieure au niveau du
blanc de support et est bien représentative de l?essai.
L?absence de plomb est confirmée et l?analyse de l?arsenic n?a pas été réitérée.
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Tableau 19 : Analyse élémentaire des prélèvements sur filtre PTFE et quartz lors de l?essai feu caisse
11.3.2 Suies projetées à proximité de l?échantillon (gaine d?extraction, parois et sol)
11.3.2.1 Essai flux radiant module
Comme décrit dans la partie méthode, des supports de prélèvements ont été disposés en divers points
de la chambre afin de déterminer de manière qualitative les meilleurs traceurs des émissions.
Les résultats des analyses élémentaire de ces prélèvements sont présentés en Figure 121.
Il ressort que les prélèvements au sol sont les plus chargés, puis viennent ceux dans la gaine
d?extraction et enfin, les prélèvements sur les parois.
Les meilleurs traceurs des émissions sont, de loin, le lithium et le fluor. Du cobalt, de nickel et enfin, du
manganèse, sont détectés en quantités significatives sans que l?on puisse expliquer leur présence
autrement que par la contamination préexistante de la chambre. Le phosphore, le fer et l?aluminium sont
aussi clairement détectés, provenant des matériaux constituant des modules. Les autres éléments ont
des contributions mineures, voire ne sortent pas du fond.
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Figure 121 : Résultats des analyses élémentaires des prélèvements réalisés sur les supports placés
dans la chambre lors de l?essai flux radiant module
En plus des métaux, une analyse des composés organiques a été réalisée dont les résultats sont
présentés sur les Figures 122 et 123 pour les PCDD/F et les PCB et sur le Tableau 20 pour les HAP.
Figure 122 : Analyses des PCDD/F et PCB sur les supports de prélèvement
lors de l?essai flux radiatif module.
Pour les PCDD/F et PCB, les teneurs sur les parois et sur la partie canalisée sont, en moyenne,
légèrement supérieures à celles des blancs de surface.
L?analyse des PCDD/F n?est pas valide sur les supports eterboard pour cause de blancs de surface très
élevés.
Le détail de traceurs PCDD/F et PCB analysés est donné en Figure 123. Pour les PCB, les traceurs
des émissions seraient principalement le PCB 157 et, dans une moindre mesure, les PCB 126 et 169.
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Pour les PCDD/F, les traceurs seraient 2,3,4,6,7,8 HxCDF et 1,2,3,4,7,8 HxCDF et, dans une moindre
mesure, 1,2,3,4,7,8,9 HpCDF et 1,2,3,7,8,9 HxCDF. Les furanes sortent en moyenne nettement du fond
sur les parois et dans la gaine d?extraction tandis que les dioxines ne se détachent nettement du fond
que sur les parois.
Figure 123 : Traceurs PCB et PCDD/F analysés lors de l?essai flux radiant module
Enfin, une analyse des HAP a été réalisée sur les mêmes prélèvements. Les résultats sont récapitulés
dans le Tableau 20 . Aucun HAP n?a dépassé les limites de quantification, ce qui pourrait s?expliquer
avec les hautes températures de flammes observées.
Tableau 20 : Analyse des HAP lors de l?essai flux radiant module
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11.3.2.2 Feu caisse
Comme lors de l?essai sur module isolé, l?analyse des métaux présentée en Figure 124 révèle que, en
moyenne, les prélèvements au sol sont les plus chargés, puis viennent ceux dans la gaine d?extraction
et enfin, les prélèvements sur les parois. Néanmoins, les teneurs semblent moins marquées que lors
de l?essai sur module isolé. Le meilleur traceur de ces émissions est, de loin, le lithium, puis viennent le
fer, l?aluminium, le fluor, le phosphore et le cuivre. Dans une moindre mesure, le nickel, le manganèse,
le cobalt et le plomb sont détectés et attribués à une contamination préalable de la chambre. Les autres
éléments ont des contributions mineures, voire ne sortent pas du fond.
Figure 124 : Résultats des analyses élémentaires des prélèvements réalisés sur les supports placés
dans la chambre lors de l?essai feu caisse
En plus des métaux, une analyse des composés organiques a été réalisée dont les résultats sont
présentés sur les Figures 125 et 126 pour les PCDD/F et les PCB et sur le tableau 21 pour les HAP.
Pour les PCDD/F et les PCB, les prélèvements au sol donnent des teneurs assez faibles contrairement
aux résultats obtenus pour les métaux.
En moyenne, les teneurs sur les parois et la partie canalisée sont supérieures au blanc de surface. Ce
contraste est plus significatif que lors de l?essai sur module seul.
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Figure 125 : Analyses des PCDD/F et PCB sur les supports de prélèvement lors de l?essai feu caisse.
Le détail des traceurs analysés est donné en Figure 126.
Pour les PCB, les traceurs des émissions seraient principalement les PCB 126, 114, 167 et 123. Le
PCB 156 pourrait également être un bon traceur mais il est difficile de conclure compte tenu d?une
teneur élevée sur le blanc de surface. Le PCB 157 est nettement moins présent que lors de l?essai du
23/11/2023.
Pour les PCDD/F, les traceurs seraient principalement 1,2,3,4,7,8 HxCDF et, dans une moindre mesure,
1,2,3,7,8,9 HxCDD et 2,3,4,7,8 PeCDF et 2,3,7,8 TCDF. En moyenne, les furanes sont plus représentés
que les dioxines.
Les traceurs communs avec l?essai précédent sont les PCB 126 et le 1,2,3,4,7,8 HxCDF.
Figure 126 : Traceurs PCB et PCDD/F analysés lors de l?essai feu caisse
Les résultats de l?analyse des HAP réalisée sont récapitulés dans le tableau 21 et, comme pour l?essai
sur module seul, aucun HAP n?est quantifié. Encore une fois, cela pourrait s?expliquer avec les hautes
températures de flammes observées.
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Tableau 21 : Analyse des HAP lors de l?essai feu caisse
11.3.2.3 Feu caisse + sprinklage
Comme lors des essais précédents, l?analyse des métaux présentée en Figure 127 révèle que, en
moyenne, les prélèvements au sol sont les plus chargés, puis viennent ceux dans la gaine d?extraction
et les prélèvements sur les parois de contribution similaire. Les teneurs sont nettement plus marquées
que pour les deux essais précédents.
Les meilleurs traceurs des émissions sont le fer, l?aluminium et le lithium. Le lithium se démarque moins
des blancs de surface dans cet essai probablement à cause d?un nettoyage insuffisant des plaques de
prélèvement. Le fluor, le phosphore et le cuivre sont également d?excellents traceurs. Le nickel, le
manganèse et, dans une moindre mesure le plomb et le cobalt sont détectés mais sont associés à une
pollution de la chambre. Les autres éléments ont des contributions mineures, voire ne sortent pas du
fond.
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Figure 127 : Résultats des analyses élémentaires des prélèvements réalisés sur les supports placés
dans la chambre lors de l?essai feu caisse + sprinklage
En plus des métaux, une analyse des composés organiques a été réalisée dont les résultats sont
présentés sur les Figures 128 et 129 pour les PCDD/F et les PCB et sur le Tableau 23 pour les HAP.
Pour les PCDD/F et les PCB, les prélèvements au sol donnent des teneurs assez faibles contrairement
aux résultats obtenus pour les métaux.
Pour les PCB, en moyenne, les teneurs sur les parois et la partie canalisée sont supérieures au blanc
de surface
Figure 128 : Analyse des PCB et PCDD/F lors de l?essai feu caisse + sprinklage
Le détail des traceurs PCB et PCDDD/F est donné en Figure 129.
Pour les PCB, les traceurs des émissions seraient principalement le PCB 126, 169, 157 et 156 ; les
PCB 81 et 114, également, mais ces 2 PCB n?ont été détectés que dans la partie canalisée, et non sur
les parois.
Pour les PCDD/F, les traceurs seraient principalement 1,2,3,7,8,9 HxCDF et, dans une moindre mesure,
1,2,3,7,8 PeCDD et 2,3,7,8 TCDF et 1,2,3,7,8 PeCDF. En moyenne, les furanes sont plus représentés
que les dioxines.
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Figure 129 : Traceurs PCB et PCDD/F analysés lors de l?essai feu caisse + sprinklage
Le tableau 22 propose une comparaison des traceurs PCB et PCDD/F identifiés lors des trois essais.
Les traceurs communs avec l?essai précédent sont :
- les PCB 126 et, dans une moindre mesure 157 et 169,
- le 1,2,3,4,7,8 HxCDF et, dans une moindre mesure, le 2,3,7,8 TCDF.
Les traceurs communs avec le 1er essai sont :
- les PCB 126 et, dans une moindre mesure 157 et 169,
- le 1,2,3,7,8,9 HxCDF et, dans une moindre mesure, le 2,3,7,8 TCDF.
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Tableau 22 : Comparaison des traceurs sur les 3 essais.
Les résultats de l?analyse des HAP réalisée sont récapitulés dans le tableau 23 et, comme pour l?essai
sans extinction, aucun HAP n?est quantifié, bien que les températures observées par caméra IR soient
inférieures lors du sprinklage.
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Tableau 23 : Analyse des HAP lors de l?essai feu caisse + sprinklage
11.4 Analyse des eaux d?extinction
Si l?extinction à l?eau a permis de ralentir, voire de stopper la propagation de la réaction, les eaux
utilisées peuvent être contaminées en divers polluants. Sans que cette analyse soit le but premier des
essais faisant l?objet de ce rapport, une rapide étude qualitative de la contamination des eaux
d?extinction est proposée. Les méthodes de prélèvement sont décrites précédemment dans la partie
méthode.
Les résultats de l?analyse élémentaire présentés dans le tableau 24 permettent de constater que les
eaux d?extinction sont très fortement enrichies en Li, Al, Fe, P et F. Le principal marqueur reste, le Li.
On note un enrichissement beaucoup plus faible en d?autres espèces tels que S, Cu, Ni, Mn, et Co. Cet
écart s?explique pour le S et le Cu par la faible quantité de ces espèces présentes dans les matériaux
des batteries et pour Ni, Mn, Co, par une pollution de la chambre d?essai suite à de précédents essais
sur batteries Li-ion NMC.
Canalisé inox Sol inox
Blanc de surface
inox
Composés
Naphtalene < 10 < 10 < 10
Acenaphtene < 10 < 10 < 10
Fluorene < 10 < 10 < 10
Phenanthrene < 10 < 10 < 10
Anthracene < 10 < 10 < 10
Fluoranthene < 10 < 10 < 10
Pyrene < 10 < 10 < 10
Benzo(a)anthracene < 10 < 10 < 10
Chrysene < 10 < 10 < 10
Benzo(e)pyrene < 10 < 10 < 10
Benzo(j)fluoranthene < 10 < 10 < 10
Benzo(b)fluoranthene < 10 < 10 < 10
Benzo(k)fluoranthene < 10 < 10 < 10
Benzo(a)pyrene < 10 < 10 < 10
Dibenzo(ah)anthracene < 10 < 10 < 10
Benzo(ghi)perylene < 10 < 10 < 10
Indeno(123cd)pyrene < 10 < 10 < 10
Acenaphtylene < 10 < 10 < 10
ng/échantillon
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Tableau 24 : Analyse élémentaire des eaux d?extinction
Les résultats de l?analyse des espèces organiques de type PCB et PCDD/F présentées en Figure 130
ne montrent aucune différence significative entre l?eau de référence utilisée en sprinklage (blanc) et les
eaux d?extinction sur les PCDD/F et PCB.
Figure 130 : Analyse des PCDD/F and PCB dans les eaux d?extinction
Enfin, le tableau 25 présente les résultats d?analyse en HAP. Contrairement aux résultats des analyses
de suies présentés précédemment, des quantités significatives de HAP sont mesurées dans les eaux
d?extinction. Elles sont nettement plus élevées que les valeurs de fond moyennes proposées dans le
rapport « Valeurs de fond en situation post-accidentelle pour les milieux sol, eau et air » référencé
Ineris ? 203892 ? 2714224 ? v2.0. Les méthodes de prélèvement proposées sur cet essai rendent
toutefois une interprétation quantitative difficile mais ces espèces devront être surveillées en situation
post-accidentelle ou lors d?essais visant à analyser précisément la contamination des eaux d?extinction.
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Tableau 25 : Analyse des HAP dans les eaux d?extinction
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12 Discussion
12.1 Comparaison avec un feu de batteries Li-ion
Afin de mettre en perspective les grandeurs mesurées dans cette étude, nous proposons de comparer
certaines valeurs caractéristiques comme le débit calorifique ou la chaleur totale libérée aux valeurs
classiquement obtenues pour la technologie de batterie Li-ion. Pour commencer, la chaleur totale
libérée lors de l?emballement thermique (chaleur de combustion par abus de langage) est un bon
indicateur pour comparer différentes technologies car elle dépend principalement des matériaux
constituant la batterie et peu du mode de réaction.
Ainsi les valeurs mesurées pour les batteries LMP testées dans cette étude sont de 200 à 300 MJ par
module soit 28 kJ/Wh à 43 kJ/Wh. Il faut noter que cette valeur est obtenue pour un module mais qui
dans le cas de l?architecture choisie par Blue Solutions pourrait tout aussi bien être considérée comme
une seule cellule de 7 kWh du fait de l?absence de contenant isolant chacun des EC (cf. définition IEC6).
En comparaison, l?énergie de combustion mesurée à l?Ineris sur des pouch cell NMC de 330 Wh7, assez
réactives, est de 18 kJ/Wh. De manière plus générale, sur l?ensemble des essais réalisés à l?Ineris dans
des conditions de mesures très similaires à celles de la présente étude, la valeur moyenne du débit
calorifique observé sur des cellules NMC est de 20 kJ/Wh. D?autres valeurs sont disponibles dans la
littérature et regroupées par Rappsilber et al. sur la Figure 1308. Ces valeurs concernent des cellules
de différentes chimies et géométrie et ont été obtenues lors d?essais calorimétriques consistant à bruler
entièrement la cellule, et à mesurer l?intégralité de la chaleur émise, ce qui est majorant en comparaison
avec les essais de la présente campagne.
En conclusion, l?énergie de combustion spécifique des modules LMP Blue Solutions est supérieure en
comparaison avec ce qui a pu être déjà observé à l?Ineris sur des cellules NMC.
Un autre paramètre critique pour les effets thermiques est le débit calorifique (HRR en anglais). Dans
cette étude, des valeurs de l?ordre de 500 W/Wh ont été mesurées pour la combustion d?un module. En
comparaison, les valeurs obtenues à l?Ineris sur des pouch cells NMC de 330 Wh sont de 760 W/Wh.
De manière plus générale, sur l?ensemble des essais réalisés à l?Ineris dans des conditions de mesures
très similaires à celles de la présente étude, la valeur moyenne du débit calorifique observé sur des
cellules NMC est généralement comprise entre 450 et 650 W/Wh. D?autres valeurs sont disponibles
dans la littérature et regroupées par Rappsilber et al. sur la Figure 131. Ces valeurs concernent des
cellules de différentes chimies et géométries et ont été obtenues dans des conditions légèrement
différentes. Les valeurs semblent toutefois en adéquation avec ce qui a pu être mesuré dans cette
campagne.
6 Définition du mot CELL selon l?IEC (Area 482 ?Primary and secondary cells and batteries?, IEV 482-01-01 ?Cell?):
basic functional unit, consisting of an assembly of electrodes, electrolyte, container, terminals and usually
separators, that is a source of electric energy obtained by direct conversion of chemical energy.
https://electropedia.org/iev/iev.nsf/display?openform&ievref=482-01-01
7 Projet SafeLiBatt. Rapport en cours de publication.
8 Rappsilber T, Yusfi N, Krüger S, Hahn S-K, Fellinger T-P, Krug von Nidda J, et al. Meta-analysis of heat release
and smoke gas emission during thermal runaway of lithium-ion batteries. Journal of Energy Storage.
2023;60:106579
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Figure 131 : Débit calorifique libéré par type de cellule et format
Après avoir rapporté et comparé les valeurs de débit calorifique à des cellules et montré qu?il n?y a pas
de différence fondamentale entre les deux technologies (Li-ion et LMP), il faut s?intéresser à une
comparaison à l?échelle du module. C?est à cette échelle que les choix d?ingénierie se font
particulièrement ressentir, notamment via la maîtrise du phénomène de propagation entre éléments
unitaires (cellules). Dans cette étude, des valeurs de l?ordre de 500 W/Wh ont été mesurées pour la
combustion d?un module, qui est en fait la brique unitaire pour la technologie LMP de Blue Solutions.
L?expérience de l?Ineris sur des modules automobiles donne généralement des valeurs avoisinant
100 W/Wh tandis que la littérature9 donne des valeurs proches de 250 W/Wh. On remarque que pour
le Li-ion, ces valeurs sont inférieures à celles mesurées à l?échelle cellule puisque la propagation entre
cellule se fait plus lentement que la propagation de la réaction en interne d?une cellule.
A cette échelle, un net écart se creuse donc en défaveur des modules LMP Blue Solutions, non pourvus
de séparation physique entre les éléments du module (7 kWh) qui permettrait de ralentir la propagation
et limiter la quantité de matériaux réagissant simultanément.
Si l?on prend en compte maintenant les conditions de stockage, un article récent de la littérature10
modélise un feu de caisse en entrepôt avec une valeur de HRR autour de 2 MW. Dans cette campagne
d?essais un feu d?une caisse de modules LMP a conduit à des pics de HRR entre 5 et 9 MW.
Outre la chaleur de combustion et le débit calorifique, d?autres caractéristiques de la réactivité de ces
batteries ont été observées lors de cette campagne d?essais et sont cruciales en termes d?évaluation
des risques. Certaines se différencient nettement de ce qui peut être observé sur des batteries Li-ion
dont notamment :
9 S. Kang et al., Full-scale fire testing of battery electric vehicles, Applied Energy 332 (2023) 120497
10 Y. Cui et al. , Numerical study on the fire and its propagation of large capacity lithium-ion batteries under storage,
Journal of Thermal Analysis and Calorimetry (2023)
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- Peu de signes avant-coureurs sont observables avant que le module n?entre en réaction
violente. La réaction est quasi instantanée et très violente ;
- Des jets de métal en fusion sont observés dès les premiers instants de la réaction et se
poursuivent tout au long de la réaction. Ces jets sont potentiellement une source de propagation
de l?incendie et/ou de danger envers les personnes ;
- Des températures très élevées sont observées (1615 °C), ce qui, en plus de jouer un rôle
important sur le rayonnement et donc la propagation peut affecter la tenue des structures
métalliques ou bêton ;
- Des coulées de métal/résidus en fusion très chaudes sont observées et restent chaudes
plusieurs minutes au sol. Cela favorise la propagation verticale (vers le bas) et horizontale, de
la même manière qu?un feu de nappe le ferait en s?étalant au sol ;
- Le mélange gazeux observé n?est pas inflammable contrairement à ce qui est parfois le cas
avec du Li-ion. Ici, en l?absence d?électrolyte liquide à faible point d?ébullition, un régime de
réactions fumigènes sans feu violent parait impossible. En revanche, l?extinction à l?eau peut
éventuellement générer des gaz inflammables et/ou pyrophoriques ;
- Les résidus de combustion restent réactifs, émetteurs de gaz
toxique/inflammables/pyrophorique au contact de l?eau et sujet à la ré-inflammation. Ceci peut
compliquer le traitement post-accidentel.
12.2 Scénario d?un feu d?entrepôt stockant des batteries LMP
12.2.1 Comparaison avec un feu de caisse « standard » (1510) et d?un feu de batteries
Li-ion tel que discuté pour Flumilog
La Figure 132 compare le débit calorifique associé à l?incendie d?une palette 1510 à celui d?une caisse
composée de 7 modules LMP issu de l?essai réalisé le 22/03/2024 (Chapitre 8). Il s?agit de l?essai le
plus représentatif d?un feu de caisse de modules LMP prise dans un incendie. Le débit calorifique de la
palette 1510 est issu des travaux Flumilog11. Elle concerne une palette standard de volume 1,44 m3
(L x l x h = 1,2 x 0,8 x 1,5 m3) alors que le volume de la caisse est seulement de 400 L.
On rappelle que le SOC des modules utilisés pour les essais était de 100 %, tel que déclaré par Blue
Solutions.
Pour les modélisations présentées en figure 132.133 et 134, servant à comparer les feux d?un « entrepôt
type » rempli de différents types de palettes (1510 classique, batteries Li-ion NMC, batteries LMP), l?outil
Flumilog a été utilisé et plusieurs hypothèses sont prises, résultant à des résultats « enveloppes » ou
majorants, utiles pour la réglementation. La principale hypothèse réside dans une cinétique de
propagation particulièrement rapide, dans l?objectif d?avoir la masse la plus importante possible
impliquée dans l?incendie. En effet, en cas de cinétique trop lente, les premières palettes seraient
éteintes à l?inflammation des dernières, conduisant à une moindre puissance de l?incendie et donc, par
suite, à une minoration des flux calculés. L?énergie rayonnée étant directement proportionnelle à la
puissance instantanée, maximiser la puissance permet d?évaluer les flux thermiques enveloppes. De
plus, les effets des différents systèmes de lutte contre l?incendie, système d?extinction automatique et
intervention des services internes ou externes de secours, ne sont pas pris en compte dans les
hypothèses de modélisation. En conséquence, cette hypothèse est raisonnablement pénalisante par
rapport à la cinétique de propagation en situation réelle.
Une autre hypothèse importante à garder en tête dans l?exploitation des résultats de l?outil Flumilog est
la projection des flammes sur chacune des parois à chaque pas de temps de calcul des flux. En effet,
pour favoriser le développement de l?incendie, le départ de feu est supposé se situer au centre de la
cellule. Le feu se propage depuis le point d?inflammation vers les combustibles situés à proximité,
conduisant, pour cette hypothèse, à un feu localisé au centre de la cellule. Le départ de feu pouvant
cependant se situer n?importe où dans la cellule, les flammes sont projetées sur chacune des parois
pour le calcul des flux thermiques.
11 https://www.flumilog.fr/
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De plus, pour chaque flamme, le cas avec et sans vent est pris en compte, la flamme est ainsi penchée,
pour chaque façade, vers l?extérieur du bâtiment et les flux sont comparés à une flamme droite. Les flux
donnés par le logiciel sont le maximum entre le cas avec et le cas sans vent.
Figure 132 : Comparaison entre le débit calorifique émis par une palette 1510
et celui émis par une caisse de 7 modules LMP
L?énergie dégagée par la palette 1510 atteint environ 4000 MJ alors que celle dégagée par la caisse
atteint environ 2000 MJ.
Afin d?affiner la comparaison, l?énergie libérée par l?incendie de la caisse de 7 modules LMP est
extrapolée à celle d?un stockage unitaire de volume égal à celui de la palette standard 1510, soit
1,44 m3, au prorata du volume. Cela représente environ 25 modules. Le débit calorifique est obtenu en
posant comme hypothèse que le feu d?une caisse de 7 modules se propage à l?autre après 1,3 min,
d?après la propagation moyenne observée lors de l?essai d?un feu de caisse de modules LMP prise dans
un incendie (chapitre 8). Une vitesse de propagation plus lente conduirait à une puissance totale plus
faible et des distances d?effets plus faible. Une vitesse de propagation plus rapide aura des
conséquences inverses. Le débit calorifique d?une palette standard composée de 25 modules LMP peut
alors être estimé par la courbe rouge de la Figure 133 et simplifié par la courbe grise selon la
méthodologie Flumilog (méthodologie en cours de validation). La durée de l?incendie de la palette serait
donc de 15 min et sa puissance maximale atteindrait 9000 KW. L?intégrale de cette courbe est d?environ
7500 MJ.
0
500
1000
1500
2000
2500
3000
3500
4000
4500
5000
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50
HR
R
(k
W
)
Temps (min)
Caisse 7 modules LMP
Palette 1510 Flumilog
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Figure 133 : Débit calorifique émis par une palette de modules LMP
Les distances d?effets associées à l?incendie d?un entrepôt stockant des palettes de modules LMP sont
présentées dans le paragraphe suivant.
12.2.2 Evaluation des distances d?effets thermiques pour un incendie d?entrepôt
Afin de modéliser les effets à l?échelles d?un entrepôt et de permettre une comparaison en première
approche entre différentes palettes types, des modélisation Flumilog est proposée. Des caractéristiques
de l?entrepôt ont dû être choisies afin de permettre la modélisation mais ne correspondent pas à celles
de l?entrepôt de Grand-Couronne. Les caractéristiques retenues de cet entrepôt fictif considéré pour les
simulations et les comparaisons sont les suivantes :
- Surface de 6000 m² (100 x 60 m),
- Hauteur de la cellule : 13 m,
- Stockage en racks de 12 m de hauteur sur 7 niveaux,
- Nombre de doubles racks : 9, nombre de simples racks : 2,
- Toiture dotée de 2 % de surfaces d?exutoires,
- Murs REI120 sur 3 façades et murs avec portes de quai pour 4ième façade.
Deux stockages de palettes de 1,44 m3 sont considérés :
- Dans le premier cas, 25 modules LMP par palettes chargés à 100 %,
- Dans le second cas, des palettes standards de la rubrique 1510.
Les distances d?effets calculées avec le logiciel Flumilog sont présentées sur la Figure 134. Cette
comparaison est faite en supposant des cellules remplies à 100 % par chacune des typologies de
produits, sans lien avec un quelconque sinistre.
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Figure 134 : Distances d?effets calculées avec le logiciel Flumilog ? à gauche, pour un stockage 1510,
à droite pour un stockage de modules LMP
L?émittance maximale calculée par Flumilog pour le cas LMP est de 198 kW/m2. Lors des essais des
émittances comprises entre 165 et 200 kW/m2 ont été mesurées. L?ordre de grandeur est donc cohérent.
Toutefois, il est communément admis que l?émittance décroit avec la taille du feu. Pour une émittance
plus faible, les distances d?effets seront diminuées.
Les distances d?effets obtenues dans les deux cas sont présentées dans le Tableau 26.
Tableau 26 : Distances d?effets calculées avec le logiciel Flumilog
Les puissances générées par l?incendie pour les deux configurations sont comparées sur la Figure 135.
Seuil d'effet
(kW/m²)
Rubrique 1510 Modules LMP
3 43 > 110
5 23 110
8 NA 85
Distances d'effets (m)
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Figure 135 : Puissance calculée pour les 2 cas traités
La puissance obtenue pour le feu de batteries est très inhabituelle pour un feu d?entrepôt car elle culmine
à des valeurs très élevées, pratiquement 40 GW pour un temps très court alors qu?elle atteint 5 GW
pour un feu d?entrepôt 1510. Cela s?explique par la puissance élevée de la palette unitaire qui favorise
un emballement rapide. Encore une fois, cette modélisation n?est pas représentative de l?entrepôt de
Grand-Couronne mais sert seulement à donner des éléments de réponses à la question posée par le
BEA de comparer un feu de caisses de batteries LMP à d?autres types de feu plus communément
rencontrés et déjà documentés.
12.2.3 Analyse de la tenue des murs REI120
La tenue au feu d?un mur REI120 est dimensionnée sur la base de la courbe ISO83412 représentée sur
la Figure 136. Cette courbe est caractéristique d?un feu cellulosique (bois, carton, ?) dont le Pouvoir
Calorifique Inférieur (PCI) des combustibles est de l?ordre de 20 MJ/kg.
12 ISO 834 ? Essai de résistance au feu ? Eléments de construction ? partie 1 : Exigences générales
0
5000
10000
15000
20000
25000
30000
35000
40000
0 20 40 60 80 100 120 140
Pu
is
sa
nc
e
(M
W
)
Temps (min)
Modules LMP
Palettes 1510 - Flumilog
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Figure 136 : Courbe ISO834]
La tenue mécanique au feu d?un mur REI120 est garantie si la température appliquée sur ce mur reste
inférieure ou égale à la courbe ISO834. Il est clair que la température appliquée sur le mur peut
ponctuellement être supérieure à la courbe sans compromettre sa tenue mécanique sous réserve que
ce dépassement ait lieu sur une durée et une surface restreinte.
Le graphe de la Figure 137 compare la courbe ISO 834 à la température issue de l?emballement
thermique d?un stockage de modules LMP reconstruite de manière théorique à partir :
- des températures moyennes observées pendant les essais,
- d?une modélisation d?un incendie d?entrepôt à l?aide du code Flumilog qui permet d?évaluer la
durée de l?agression thermique sur le mur.
Il est bien évidemment très compliqué de construire une courbe température ? temps avec les seules
données disponibles aujourd?hui. Des choix ont été faits à des fins de comparaison. La courbe a ainsi
été construite forfaitairement sur la base des choix suivants :
- une phase de montée en température supposée de cinétique similaire à la courbe ISO 834 en
l?absence d?élément, en reprenant donc une équation en logarithme népérien équivalente Ã
l?ISO834 mais en adaptant celle-ci pour la température maximale soit atteinte au temps final de
l?incendie calculé par l?outil Flumilog, soit 40 min ;
- une phase de décroissante selon une équation de la forme A.exp(-B.t) avec les constantes A et
B calées pour une durée d?incendie de 120 min. Cette forme de courbe en exponentielle est
représentative de l?évolution de la décroissance de la puissance d?un incendie en référence à de
nombreux essais réalisés par l?Ineris en chambre 1000 m3. La prise en compte de cette
décroissance est réalisée pour refléter la durée calculée de l?incendie. Une autre approche aurait
pu être de considérer la température constante une fois la température maximale atteinte. Cela
n'aurait aucunement affecté les conclusions qui suivent.
Cette courbe montre que l?incendie d?un stockage de modules LMP serait susceptible de compromettre
la tenue mécanique d?un mur REI120 puisque la température atteinte par l?incendie pourrait dépasser
la température limite - sur laquelle les mus REI120 ont été dimensionnés - de plusieurs centaines de
degrés pendant plusieurs dizaines de minutes, sous réserve que le stockage soit situé à proximité du
mur et soit suffisamment étendu notamment le long du mur. A titre indicatif l?ordre de grandeur des
distances pourrait correspondre à un stockage d?une dizaine de mètres de large minimum situé à une
distance du mur inferieure à une dizaine de mètres.
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Figure 137 : Comparaison entre la courbe ISO834 et la température d?agression issue de l?incendie
de caisses de modules LMP
12.2.4 Analyse du besoin en désenfumage
Pour évaluer la pertinence de la surface utile de désenfumage pour un stockage de batteries LMP, il
convient de revenir à l?origine et à l?objectif de ce désenfumage. La mise en place d?un système de
désenfumage a ainsi pour objectif, en évacuant les fumées d?incendie, de réduire la cinétique de
propagation du feu, limitant notamment le risque de flashover, mais également de maintenir les fumées
à une certaine hauteur pour permettre l?évacuation.
Les essais feu caisse permettent de proposer un débit surfacique d?environ 177 g/m2/s. De fait, la vitesse
de combustion et le débit de fumées pour les batteries LMP sont bien supérieurs à ceux des produits
cellulosiques et plastiques utilisés en référence pour évaluer la surface utile nécessaire de désenfumage
(40 g/m2/s pour des pneus et 12g/m2/s pour des câbles électriques par exemple).
Bien que les températures élevées atteintes par un tel incendie favorisent le désenfumage (pour une
température plus élevée, les densités sont plus faibles, ce qui favorise l?écoulement au travers des
ouvrants), et afin de conserver l?atteinte des objectifs de sécurité associés au désenfumage pour un tel
stockage, il semble nécessaire d?accroître la surface de désenfumage.
12.2.5 Evaluation des effets toxiques aigües13 pour un incendie d?entrepôt
Afin de mettre en perspective les résultats des analyses de fumées réalisées dans cette étude, une
comparaison entre la toxicité aigüe des fumées d?un incendie de batteries LMP, de gazole et de
pneumatiques est proposée. Cette comparaison ne prend en compte que la composition gazeuse car,
en l?état actuel des connaissances, on considère que les particules n?influent pas sur la toxicité aigüe
mais seulement sur les effets chronique. De même, cette comparaison ne tient pas compte des effets
que les émissions particulaires pourraient avoir sur l?environnement.
Au regard des hypothèses fortes sur la formation du panache, tel que décrit dans le rapport Ineris ?1614,
il a été choisi, pour cette comparaison, d?évaluer la différence de toxicité à l?émission. Cette approche
consiste à ne diluer les émissions que dans la seule quantité d?air nécessaire à la combustion des
produits. La seule hypothèse nécessaire est donc que l?apport d?air est suffisant pour assurer la
combustion complète, condition dans laquelle sont également mesurés les facteurs d?émission listés
dans le Tableau 14.
13 Aigüe au sens des valeurs seuils de toxicité aigüe françaises (VSTAF)
14 Rapport Ineris W16, Omega 16 - Recensement des substances toxiques (ayant un impact potentiel à court,
moyen et long terme) susceptibles d?être émises par un incendie, juin 2023.
0
200
400
600
800
1000
1200
1400
1600
1800
2000
0 20 40 60 80 100 120
Te
m
pé
ra
tu
re
(°
C)
Temps (min)
ISO834
Feu de caisses de modules LMP
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Afin d?évaluer la dangerosité des gaz émis, il est ainsi possible d?estimer la toxicité aigüe du mélange
gazeux constitué des gaz de combustion et de l?azote contenu dans l?air ayant servi à la combustion
sous l?hypothèse que tout l?oxygène est consommé. La toxicité de ce mélange peut alors être exprimée
sous une forme inspirée de la Concentration Effective Fractionnelle (CEF) :
??? =
??
?????????è???
Cette quantité représente ainsi le potentiel toxique du mélange, plus sa valeur est élevée, plus le
mélange est toxique.
En considérant les propriétés de combustion, vitesse et chaleur, du gazole, des pneumatiques et des
caisses de LMP et les facteurs d?émissions, Tableau 14, il est possible d?évaluer cette valeur pour ces
différents produits, Tableau 27 en utilisant les VSATF pour les seuils d?effet irréversibles pour 30 min
d?exposition.
Tableau 27 : CEF calculée pour différents produits.
Produis CEF
Gazole 5,4
Pneumatiques 16,5
Caisse LMP 15,8
Ce résultat met en évidence un potentiel toxique comparable entre pneumatiques caisse LMP, potentiel
près de 3 fois supérieur à celui du gazole pour ces deux produits en raison, notamment, de la production
de gaz spécifiques comme les acides halogénés ou le dioxyde de soufre qui ont une forte toxicité.
Il faut par ailleurs souligner que ce potentiel toxique à l?émission est principalement piloté par les gaz
émis et la chaleur de combustion des produits, chaleur qui pilote le besoin en air. La puissance de
l?incendie joue peu au final, pour ce qui concerne la toxicité à l?émission. Etant entendu que la vitesse
de combustion mesurée est très élevée pour les caisses LMP, l?effet ascensionnel du panache sera
plus important avec pour conséquence une plus forte dilution pour le calcul des effets toxiques Ã
distance de la source.
12.3 Synthèse des particularités d?un feu d?entrepôt stockant des batteries LMP
Les résultats expérimentaux et numériques obtenus dans le cadre de cette étude conduisent aux
conclusions suivantes :
- Le débit calorifique lié à l?incendie d?une palette de modules LMP est pratiquement 6 fois plus
élevé que celui associé à l?incendie d?une palette classée sous la rubrique 1510 ;
- Les températures de flamme liées à l?incendie d?un stockage de modules LMP peuvent atteindre
en moyenne plus de 1400 °C et sont susceptibles de compromettre la tenue mécanique d?un mur
REI120 sous réserve que ce stockage soit situé à proximité du mur à moins d?une dizaine de
mètres, et disposé le long du mur sur une dizaine de mètres minimum ;
- Les distances d?effets au seuil des effets irréversibles (SEI) associées à l?incendie d?un entrepôt
de 6000 m², de 13 m de hauteur et doté de murs REI120 composé d?un stockage en racks de
palettes de modules LMP pourraient atteindre plus de 110 m. Les distances d?effets au seuil des
effets domino (8 kW/m²) pourraient atteindre 85 m. Ces distances sont au minimum 5 fois plus
élevées que celles associées à un entrepôt de produits courant (rubrique 1510) ;
- Les besoins de désenfumage des entrepôts stockant des batteries LMP pourraient être
supérieures à ceux préconisés dans la rubrique ICPE1510.
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PARTIE 3 : Protection en phase accidentelle et réactivité des
résidus
Cette partie cherche à déterminer la réactivité des résidus afin de préciser si les moyens de protection
utilisés en phase accidentelle (y compris dans les dernières heures d'extinction) permettent de protéger
convenablement les intervenants.
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13 Observations préliminaires
A l?issue des essais, bien que les modules étaient complètement consommés, une quantité importante
de résidus était présente et la plupart des outils utilisés lors de l?essai à proximité de la réaction (bac de
rétention, virole, outil d?écrasement, ?) étaient fortement dégradés. Comme cela est visible sur
la Figure 138, la plupart des résidus avaient une couleur rougeâtre ou brunâtre et étaient très
hétérogènes.
Figure 138 : Photographies des résidus d?essais
Les jours suivant les essais, lors du nettoyage des chambres d?essai, de fortes odeurs rappelant celles
de l?ail ont été senties de manière continue à proximité des chambres et dans un rayon de plusieurs
mètres autour des fûts de 200 L dans lesquels étaient placés les résidus et matériels souillés. Afin de
limiter les odeurs, les fûts sont stockés dans des locaux ventilés jusqu?à leur élimination dans les filières
appropriées. Aussi, quelques heures après la mise en fût, le couvercle d?un fût cerclé a été projeté Ã
plusieurs mètres malgré l?utilisation de couvercles à valve de surpression.
Lors de transfert de matériel souillé les jours de pluie, des inflammations ont été observées comme
documenté en Figure 139. Enfin, lors des phases de nettoyage après-essai, du fait de la nature
compacte et solide des résidus, les morceaux trop volumineux pour la mise en fût ont dû être cassés Ã
l?aide d?outils tels qu?une pioche. Lors des coups de pioches, des inflammations intermittentes ont
également été observées.
Figure 139 : Extraits vidéo où l?inflammation de résidu au contact du sol humide est visible
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Ces inflammations répétées ont rapidement conduit à l?hypothèse de la formation de gaz inflammables
par les résidus d?essai. Deux mois après l?essai pad module, une analyse FTIR a été réalisée dans le
ciel gazeux d?un fût de résidu de l?essai pad module. Pour cela, le couvercle du fût a été percé et un flux
entrant d?azote de 2,5 L/min a été imposé en même temps que les gaz sortants étaient analysés par
FTIR. Le spectre présenté Figure 140 est ainsi obtenu. Trois gaz y sont clairement identifiables à l?issue
de cette analyse : de l?eau (issue de l?humidité de l?air) ; de la phosphine (PH3) et de l?acétylène (C2H2).
Une quantification approximative de la phosphine permet d?estimer une production d?environ 0,15 L/h.
En plus de ces composés, il est probable qu?en présence d?eau, de l?H2 soit formé par réaction avec du
Li métal présent dans les résidus. Le H2 n?est pas mesurable par FTIR.
Figure 140 : Analyse du ciel gazeux d?un fût contenant des résidus de combustion de l?essai pad
sur module
Afin de préciser si, au regard de la réactivité de ces résidus, les moyens de protection utilisés en phase
accidentelle (y compris dans les dernières heures d?extinction) permettent de protéger convenablement
les intervenants, les substances en présence ont été analysées et les mécanismes possibles de
formation de ces gaz proposés.
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14 Réactivité des résidus
Cette partie vise à caractériser l?hydro réactivité des résidus et caractériser la formation gazeuse.
14.1 Prélèvement
Quatre jours après l?essai, des résidus de l?échantillon soumis à essai ont été prélevés à l?aide d?un
marteau et d?un burin dans le bac de feu utilisé pour l?essai, situé dans la Galerie Incendie de l?Ineris
(Figure 141). Le prélèvement correspond à des résidus restés au fond du bac feu après l?essai
propagation sur caisse.
Figure 141 : Cliché photographique du prélèvement d?échantillon issu de résidus de combustion
de batterie, produits à la suite d?un essai abusif
Il est à noter que lors du prélèvement de l?échantillon dans le bac de feu, des étincelles ont été produites
suite aux coups de burin sur les résidus de combustion, mais seulement dans certaines zones du bac.
Les analyses présentées dans la suite de ce document ont été effectuées sur des échantillons prélevés
dans des zones du bac contenant les résidus les plus susceptibles de produire des étincelles.
14.2 Evaluation préliminaire de la réactivité des résidus prélevés
Immédiatement après le prélèvement décrit ci-dessus, quelques gouttes d?eau ont été versées sur un
fragment de l?échantillon ainsi prélevé (Figure 142b). Une réaction vive a été observée, avec un
bullage/formation d?une mousse et émission de gaz à la surface de ce dernier sans signe d?inflammation
(Figure 142c).
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Figure 142 : Clichés photographiques de l?échantillon (immédiatement après le prélèvement) placé
dans un bécher (a), lors d?ajout d?eau (b) et bullage/formation de mousse (c)
Après humidification, les fragments d?échantillon soumis à des chocs mécaniques (coups de burin) se
sont également montrés d?autant plus réactifs, produisant des inflammations relativement vives
(Figure 143). Il semblerait donc, d?après ces premières constatations, qu?une fois l?échantillon prélevé
et humidifié (voire réhumidifié), l?impact/frottement mécanique d?une pièce en métal (burin) contre le
résidu serait à même de provoquer l?inflammation du ou des gaz formé(s).
Figure 143 : Clichés photographiques du comportement de l?échantillon humidifié soumis
à une action/contrainte mécanique
b ca
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Le reste d?échantillon prélevé (Figure 144) a été immédiatement placé en boîte à gants sous
atmosphère inerte avec une concentration d?O2 inférieure à 10 ppm.
Figure 144 : Clichés photographiques du prélèvement d?échantillon de résidus de combustion de
batteries et fragments produits à la suite du concassage au burin en boîte à gants pour s?approcher
des quantités requises pour les diverses phases de l?épreuve N.5
Les échantillons ont ensuite été soumis aux essais de caractérisation de l?hydro réactivité décrits en
Section 14.3 sans traitement préalable.
14.3 Epreuve N.5 : Méthode d?épreuve pour les matières qui, au contact de
l?eau, dégagent des gaz inflammables (ONU)
Les essais ont été réalisés suivant l?épreuve décrite dans le Manuel d?épreuves et de critères de l?ONU,
8ème édition, réf. ST/SG/AC.10/11/Rév.8, 2023.
14.3.1 Phase 1
Protocole de la Phase 1 de l?épreuve N.5 du règlement ONU : Dans un bac rempli d?eau distillée à 20°C,
on place une petite quantité de matière (c?est à dire une portion d?environ 2 mm de diamètre). On
observe s?il y a dégagement et s?il y a inflammation spontanée du gaz.
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En raison de l?état de la nature (massive) de l?échantillon, il n?a pas été possible de prélever précisément
une portion de 2 mm de diamètre (Figure 145).
Figure 145 : Clichés photographiques des échantillons d?essais soumis à la phase 1 de l?épreuve N.5
Durant cet essai, un fort dégagement de gaz (sans inflammation) est observé spontanément dès
immersion de l?échantillon, et ce durant un peu plus de 1 minute.
14.3.2 Phase 2
Protocole de la Phase 2 de l?épreuve N.5 du règlement ONU : On place une petite quantité de matière
(c?est à dire une portion d?environ 2 mm de diamètre) au centre d?un papier-filtre flottant à la surface
d?un bain d?eau distillée à 20°C, dans un récipient approprié (Figure 146). Le rôle du papier-filtre est de
maintenir la matière en un point fixe, afin d?obtenir la probabilité maximale d?inflammation spontanée du
gaz dégagé. On observe s?il y a dégagement et s?il y a inflammation spontanée du gaz.
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Figure 146 : Clichés photographiques des échantillons d?essais soumis à la phase 2 de l?épreuve N.5
Durant cet essai, un dégagement de gaz (sans inflammation) est observé durant 1 minute environ,
il convient donc de passer à la phase 3 de l?épreuve N.5.
14.3.3 Phase 3
Protocole de la Phase 3 de l?épreuve N.5 du règlement ONU : Ce test consiste à humidifier les
échantillons sans traitement particulier afin de faire un test exploratoire et évaluer la réactivité des
échantillons. Compte tenu du fait qu?ils n?étaient pas friables, nous l?avons soumis « tel quel » à cette
nouvelle épreuve (Figure 147). Durant cette phase de test, une mesure de température à coeur de
l?échantillon a été effectuée pour évaluer une estimation des échauffements lors de la réaction.
Figure 147 : Clichés photographiques des échantillons d?essais soumis à la phase 3 de l?épreuve N.5
Durant cet essai, un dégagement de gaz est observé (Figure 5a), sans inflammation, avec une
montée notable de température de l?ambiante à 84°C (Figure 5b).
(NB : la température d?auto-inflammation de la phosphine, gaz pyrophorique est de 38°C)
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Un test d?inflammation des gaz émis a été réalisé à l?aide d?un brûleur à gaz. A l?approche de la flamme
du brûleur, une inflammation spontanée et vive est observée (Figure 148).
Figure 148 : Clichés photographiques de la tentative d?inflammation au brûleur à gaz des gaz générés
lors de l?ajout de quelques gouttes d?eau sur l?échantillon soumis à la phase 3 de l?épreuve N.5
Un fragment d?échantillon a également été soumis à la Phase 4 de l?épreuve (Section 14.3.4) afin
d?estimer le débit gazeux émis lors de l?immersion de l?échantillon dans de l?eau.
14.3.4 Phase 4
Protocole de la Phase 4 de l?épreuve N.5 du règlement ONU : S?il s?agit d?une matière solide, on
l?inspecte pour déterminer si elle contient une certaine quantité de particules fines (c?est-à -dire de
granulométrie inférieure à 500 µm). Si cette quantité représente plus de 1 % (en masse) du total, ou s?il
s?agit d?une matière friable, l?échantillon entier doit être broyé en poudre avant l?épreuve pour simuler
les effets d?effritement au cours de la manutention et du transport ; dans le cas contraire, on utilisera la
matière sous sa forme commerciale (dans le cadre de cette étude l?échantillon sera utilisé sous sa forme
tel que prélevée et après un léger concassage), comme dans le cas des liquides.
L?essai qui doit se dérouler à la température ambiante (20°C) et à la pression atmosphérique est exécuté
trois fois. On utilise une ampoule à décanter contenant de l?eau, et une fiole conique dans laquelle on a
placé une quantité suffisante de matière (jusqu?à maximum 25 g) pour produire de 100 à 250 ml de gaz.
On ouvre le robinet de l?ampoule à décanter pour laisser couler l?eau dans la fiole conique ; on déclenche
un chronomètre. Le volume de gaz produit est mesuré de toute manière appropriée. On note la durée
totale du dégagement de gaz ; on note également, si possible, la quantité produite à certains intervalles.
La production de gaz est calculée sur une durée de 7 heures à intervalles d?une heure. Si le débit de
gaz fluctue ou augmente après 7 heures, la durée de mesure doit être prolongée jusqu?à un maximum
de cinq jours.
On peut cependant arrêter l?épreuve avant si le débit est devenu constant ou diminue régulièrement et
que l?on a recueilli suffisamment de données pour pouvoir affecter la matière à un groupe
d?emballage/une catégorie ou conclure qu?elle ne relève pas de cette classe de danger. Si la nature
chimique du gaz dégagé n?est pas connue, il doit être soumis à un essai d?inflammabilité.
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Dans le cadre de cet essai, la mesure du volume de gaz produit a été effectuée en utilisant un débitmètre
automatique (type MGC-1), qui permet de mesurer le dégagement de gaz en fonction du temps
(Figure 149).
Figure 149 : Cliché photographique illustrant un exemple d?échantillon soumis à la phase 4
de l?épreuve N.5 avec les débitmètres automatiques
Le MGC-1 dispose d?une cellule immergée dans de l?huile synthétique (Calrix), qui collecte le gaz
dégagé par la réaction entre le produit testé et l?eau. Le gaz est amené par un tube qui pénètre Ã
l?intérieur de l?appareil, jusqu?au-dessous de la cellule. Celle-ci bascule lorsque le volume de gaz
accumulé atteint 3,2 ml et permet au gaz de s?échapper à l?air libre par un autre conduit.
La cellule de mesure est reliée au logiciel d?acquisition « RIGAMO » qui marque un point à chaque
basculement. L?appareil dispose également d?un affichage numérique du volume cumulé de gaz
comptabilisé au cours du temps.
Pour des raisons d?homogénéité dans le calcul du débit de gaz dégagé au cours des essais, seul le
résultat en volume cumulé au cours du temps a été utilisé.
Les essais seront réalisés sur les échantillons « tels quels » pour reproduire les conditions sur site, et
légèrement concassés, afin d?obtenir des prises d?essai pouvant être introduites dans les erlenmeyers.
Les essais se sont déroulés au sein de la plateforme sécurisée, thermostatée à 20°C.
Environ 5 g d?échantillon est déposé au fond d?un erlenmeyer de 50 ml en boîte à gants sous argon
(l?erlenmeyer est muni d?un bouchon à septum en partie supérieure et d?un film de parafilm pour le
raccord au débitmètre) et, sous sorbonne, une quantité de 10 ml d?eau distillée est ajoutée de manière
à immerger la substance soumise à essai. Le compteur de gaz MGC-1 est préalablement raccordé Ã
l?erlenmeyer.
Les courbes de suivi du dégagement gazeux de l?échantillon « tel quel » sont reportées ci-après
(figures 150 et 151).
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Figure 150 : Evolution du débit de gaz dégagé en fonction du temps lors de la phase 4 de l?épreuve
N.5 avec les débitmètres automatiques pour l?échantillon « Tel Quel » ? Essai 2
Figure 151 : Evolution du débit de gaz dégagé en fonction du temps lors de la phase 4 de l?épreuve
N.5 avec le débitmètre automatique pour l?échantillon « Tel Quel » - Essai 3
Un dégagement de gaz sans inflammation spontanée a été observé au cours de chaque essai et
le débit de gaz à plafonné à 576 L/h.kg pendant quelques minutes.
14.4 Analyse des gaz de réaction générés lors de l?ajout d?eau sur l?échantillon
Afin de connaitre la nature des gaz formés, un prélèvement a été réalisé dans un sac Tedlar puis identifié
par GC/MS. Pour l?analyse de la phosphine, un filtre imprégné (AgNO3) a été exposé au gaz puis a subi
une extraction dans un bain à ultrasons durant 1 h avant que le phosphore soit quantifié par ICP OES.
Ainsi, il ressort qu?une part majoritaire des gaz émis est du dihydrogène (H2) et que la phosphine
(quantifié en équivalent P) est émise dans des quantités 25 fois moindres. La présence d?acétylène n?a
pas été recherchée bien qu?elle ait été démontrée par FTIR.
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Des traces d?autres espèces ont été détectées sans pouvoir être quantifiées, on citera par exemple :
trimethylsilyl fluoride, tetramethyl silane, ethyl phosphine, dimethyl phosphine, trimethyl silanol, acide
acétique, hexamethyl disiloxane, n-butyl ether
14.5 Risques liés à l?émission de phosphine
Il a été mis en évidence lors des essais la formation de phosphine en présence d?eau, mais également
humidité. Lors d?un essai de sprinklage (30 l/m²/min), le débit de phosphine mesuré est d?environ
0,2 g/m²/s. En supposant de façon prudente que ce taux d?application du sprinklage soit employé sur la
moitié de la surface de la cellule et que 100 % de cette surface soit occupée par des résidus de batterie
après incendie, le taux d?émission de phosphine serait de 600 g/s.
Afin d?estimer les potentielles conséquences d?une telle émission, celle-ci a été modélisée dans l?outil
Phast v9.0 afin d?estimer la distance aux effets toxiques. Le seuil des effets irréversibles (SEI) pour
30 min d?exposition, soit 155 ppm a été utilisé pour représenter les distances atteintes. Le seuil des
premiers effets létaux pour une même durée de 30 min, 1395 ppm, est également tracé à titre informatif.
Deux classes de vent ont été considérées pour cette représentation, F3 et D5, conformément aux
prescriptions de la circulaire du 10/05/2010 pour la modélisation des effets toxiques dans le cadre des
études de dangers. Il convient enfin de préciser que, sur la base des observations sur le terrain, la
température d?émission de la phosphine est fixée à 100°C.
Les distances d?effets ainsi obtenues sont représentées sur la Figure 152. La distance maximale atteinte
par les effets irréversibles au niveau du sol est d?environ 250 m, 65 m pour les effets létaux. En
considérant les effets en altitude, la distance aux effets irréversibles atteint 550 m, les effets létaux
120 m environ.
Figure 152 : Vue latérale du panache toxique résultant de l?émission de phosphine, effets irréversibles
et premiers effets létaux.
Il est également important de noter que, en l?absence de perception d?une forte odeur aillée, il n?est
pas attendu que les seuils effets irréversible soient atteint. En effet, comme l?indique la figure 15315 le
seuil de perception est largement en deçà du seuil d?effet irréversible.
15 https://substances.ineris.fr/sites/default/files/archives/7803-51-2%20--%20Phosphine%20--
%20VSTAF-Rapp.pdf
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Figure 153 : Seuils de toxicité et de perception de la phosphine
14.6 Conclusions sur la réactivité des résidus
Les essais de détermination de l?hydro réactivité, suivant l?épreuve N.5 du Manuel d?épreuves et de
critères de l?ONU (ST/SG/AC.10/11/Rev.8), réalisés sur le résidu de combustion de batteries prélevé
« Tel Quel » permettent de conclure que :
? Un fort dégagement gazeux a été observé systématiquement pour chaque phase de l?épreuve
dans les conditions d?essais, et une inflammation immédiate et vive des gaz générés a été
mise en évidence lors des tentatives d?inflammation à l?aide d?une flamme produite par
un brûleur à gaz (à distance d?environ 30 cm minimum) ;
? Des débits de gaz allant jusqu?à environ 576 L/h.kg en débit maximal sur 1 h ont été
mesurés ;
? Le résidu de combustion est donc considéré comme étant hydro réactif au sens de la
classification ONU TMD ;
? La distance maximale atteinte par les effets irréversibles au niveau du sol est d?environ
250 m.
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15 Caractérisation des résidus
Cette partie a pour but de caractériser les résidus afin de comprendre les mécanismes menant à la
formation des gaz observés.
La figure 152 présente les flacons de résidus, stockés en boite à gants qui seront broyés puis analysés.
Figure 154 : Photographies des résidus prélevés pour analyse
Une analyse DRX a tout d?abord été réalisée sur les résidus de l?essai flux radiant sans que le transfert,
ni l?analyse, ne soient réalisées dans des conditions protégées de l?air (ces analyses par DRX ont été
sous-traitées à l?UTC). Les résultats de l?analyse sont présentés en figure 153. Sur ce prélèvement les
phases principalement identifiées sont le LFP (+triphylite LiFePO?) provenant de la cathode, le quartz
(SiO2) provenant du sable, le lithiophosphate (Li3PO4) la calcite (CaCO3) provenant possiblement des
parpaings des siporex utilisés comme support. Aucun composé hydro réactif et/ou susceptible d?être Ã
l?origine des émissions gazeuses n?est ainsi détecté, ce qui est plutôt attendu dans la mesure où les
poudres analysées devaient être oxydées (avaient réagi) avant l?analyse.
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Figure 155 : Analyse DRX des résidus d?un essai compression statique. L?analyse porte sur des
résidus plutôt rougeâtres et le transfert et l?analyse ont été réalisés sous air (poudre oxydée)
Pour compléter cette analyse, une seconde analyse a été réalisée sur les résidus identifiés comme
étant les plus réactifs parmi le prélèvement réalisé après l?essai de propagation. Cette analyse, dont les
résultats sont présentés en Figure 156, a été réalisée en broyant l?échantillon en boîte à gants
(O2<10 ppm) afin d?éviter son oxydation (contrairement à l?analyse précédente). La poudre ainsi
obtenue a ensuite été placée dans un porte échantillon et recouverte d?un film d?adhésif polyimide de
marque Kapton (responsable de la bosse aux faibles angles du spectre rayons X représenté en
Figure 156). Deux analyses d?un même échantillon ont été réalisées à quelques heures d?intervalle afin
d?identifier d?éventuels phénomènes d?oxydation (le film Kapton n?est pas parfaitement étanche sur
plusieurs heures) : le spectre « résidus batterie » (ligne noire, Figure 156) a correspond à la première
analyse réalisée. Le spectre « résidus batterie 2 » correspond quant à lui à la seconde analyse (ligne
rouge, Figure 156).
La matrice composite constituant l?échantillon étant très complexe, les spectres des Figures 155 et 156
montrent de nombreux pics, pouvant être associés à une multitude de composés. Ces analyses ne sont
cependant pas suffisantes pour dresser avec certitude une liste exhaustive des composés constituant
ces résidus. L?affinement des spectres de DRX par l?UTC suggère la présence de différents composés
dans l?échantillon analysé tels que :
? Une possible présence de Li3P (en particulier, sur la base de la présence d?un pic caractéristique
de cette phase à un angle de 2? = 42°). Cette interprétation est cependant questionnable, en
particulier du fait de la difficulté à distinguer les autres pics constituant le spectre caractéristique
du Li3P. L?identification de Li3P peut être envisagée (particulièrement le pic à 42°) ;
? Une possible présence d?alliage aluminium-lithium LiAl, suggérée par deux pics à des angles
de 2? = 40° et 2? = 24° ;
? Une possible présence de d?aluminate de lithium, indiquée par plusieurs pics situés à des angles
tels que 2? = 70°, 33° et 24°.
La comparaison des deux spectres réalisés à quelques heures d?intervalle montre une évolution
des pics mesurés au cours du temps, pouvant être le signe d?une réactivité des échantillons avec
leur environnement extérieur (mauvaise étanchéité de l?adhésif Kapton). Cependant, l?évolution
temporelle de l?intensité de ces pics semble difficile à interpréter du fait de comportements a priori
contradictoires des différents pics.
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On pourrait en effet s?attendre à ce qu?au cours d?une exposition prolongée à l?air, les poudres
s?oxydent, ce qui, du point de vue des spectres de DRX, pourrait se traduire par une diminution
progressive des pics attribués à LiAl et une augmentation de ceux attribués à LiAlO2.
La Figure 156 montre en revanche une diminution importante de l?intensité du pic à 2? = 40°
attribuée à LiAl alors que le pic à 2? = 24° reste stable. De même, l?intensité des pics à 2? = 70° et
à 33°, attribuée à LiAlO2 tend à diminuer au cours du temps, tandis que 2? = 24° reste stable et que
celui à 35° tend à augmenter. Enfin, on observe une augmentation de l?intensité des pics associés
à LiNiO.
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Figure 156 : Analyse DRX des résidus de l?essai feu caisse. L?analyse porte sur un ensemble
hétérogène de résidus et le transfert et l?analyse ont été réalisés sans contact avec l?air
(protégé par du Kapton)
Afin de compléter l?analyse DRX, une analyse RMN des isotopes 31P et 7Li a été réalisée à l?ICMCB.
Les résidus analysés sont issus de l?essai propagation et ont été préparés par broyage en boîte à gants
sous atmosphère inerte et l?analyse s?est faite dans des conditions excluant le contact de l?air.
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Les résultats sont présentés en Figure 157. Le spectre du 31P permet d?identifier clairement le Li3P par
le déplacement de raie caractéristique à -270 ppm16. Le spectre du 7Li confirme la présence de Li3P et
met en évidence la présence d?autres composés lithiés où le Li est proche d?espèces paramagnétiques
(LixC, LiFeP?).
Cette analyse permet aussi d?exclure la présence de Li métallique dans l?échantillon testé.
/
Figure 157 : Analyse RMN d?un ensemble hétérogène de résidus sur le 31P et le 7Li.
Le transfert et l?analyse ont été réalisés sans contact avec l?air
La mise en évidence d?un environnement diamagnétiques à proximité du Li par l?analyse RMN peut
suggérer la présence de phases telles que LixC ou LiFeP. Cette analyse a donc été complétée par une
analyse Mössbauer du fer dont les résultats sont présentés Figure 158. Cette analyse permet une
détermination du degré d?oxydation du fer, et apporte par conséquent davantage d?information sur les
composés en présence dans l?échantillon.
16 Marino, C.; Boulet, L.; Gaveau, P.; Fraisse, B.; Monconduit, L. Nanoconfined phosphorus in mesoporous carbon
as an electrode for Li-ion batteries: performance and mechanism. Journal of Materials Chemistry 2012, 22, 22713-
22720
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Figure 158 : spectroscopies Mössbauer des résidus d?essais
Ce spectre est constitué d'un unique doublet. Les paramètres hyperfins correspondent à du Fe3+ haut
spin en site tétraédrique (déplacement isomérique "petit delta" = 0.25 mm/s) dans un environnement
relativement symétrique (éclatement quadripolaire "grand delta" = 0.44 mm/s). Ce doublet quadripolaire
peut être associé à une phase de type LiFeP17 et, de manière certaine, pas à un oxyde ou oxyhydroxyde
de fer, un phosphate de fer ou encore une phase de type Fe3C.
17 Boyanov, S.; Womes, M.; Jumas, J.-C.; Monconduit, L. 57 Fe Mössbauer study of the electrochemical reaction
of Li with FeP y (y= 1, 2). In Proceedings of the ICAME 2007: Proceedings of the 29th International Conference on
the Applications of the Mössbauer Effect (ICAME 2007) held in Kanpur, India, 14-19 October 2007, 2009; pp. 1143-
1155.
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16 Mécanismes réactionnels susceptibles de former de la
phosphine
A la lumière des analyses réalisées, ci-dessus, et dans la limite des informations à disposition à ce
stade, la caractérisation des résidus permet ainsi de proposer différentes hypothèses de mécanismes
de réaction qui pourraient expliquer la formation de la phosphine mesurée dans le ciel gazeux des
échantillons exposée à un environnement humide :
1- L?excès de Li(m) fondu à l?anode (température de fusion du Li : 180 °C), en présence d?une
atmosphère réductrice (H2, CO2, CO, ?) et à très haute température (> 1400°C) réduit
LixFePO4 en Li3P et LiFeP (suggéré par RMN et Mössbauer).
En considérant les résultats Mössbauer, cette réduction du FePO4 de la cathode pourrait se
faire en présence de H2 et de CO et en fonction de la température par l?intermédiaire de la
formation de Fe2P, Fe3P ou du FeP18. Une partie du FeP peut ensuite interagir avec le Li en
excès selon le mécanisme (1) pour former du Li3P19.
FeP + Li ? LiFeP (1)
LiFeP + 2Li ? Li3P + Fe0 (1)
2- Au contact de l?eau ou de l?humidité de l?air, le Li3P réagit pour former de la phosphine selon
la réaction (2)
Li3P + 3H2O? 3LiOH + PH3 + chaleur (2)
Les analyses présentées en Section 16 n?ont pas permis d?identifier le composé à l?origine de la
production d?acétylène. Cependant, en considérant les matériaux composant le module, ainsi que les
conditions de combustion (environnement, températures, ?), il est possible de proposer les équations
de réaction suivantes :
1- L?excès de Li(m) fondu à l?anode réagit avec le CO2 formé par la réaction de combustion,
favorisé par les hautes températures atteintes pour former un carbure de lithium selon la
réaction (3)
Li(molten) + CO2? Li2C2 (3)
2- Au contact de l?eau ou de l?humidité de l?air, le carbure de lithium réagit pour former de
l?acétylène selon la réaction (4)
Li2C2 + 2H2O? C2H2 + 2LiOH + chaleur (4)
Enfin, l?inflammabilité du mélange gazeux émis par les résidus de combustion et l?intensité de la
combustion pourraient également être liées à la présence importante de dihydrogène mis en évidence
au paragraphe 13.4. Malgré l?absence de détection de Li sous forme métallique dans les analyses
réalisées, sa présence dans les résidus ne peut pas être écartée. En effet, au contact de l?eau ou de
l?humidité de l?air le Li forme du dihydrogène selon la réaction (5)
2 Li(m) + 2 H2O ? 2 LiOH (aq) + H2(g) + chaleur. (5)
18 Ye. Mukhametkhan et al., Complete thermodynamic analysis of the interaction of iron phosphate (FePO4) with
hydrogen (H2) and carbon monoxide (CO), Matalurgija 60, 2021
19 Boyanov, S.; Bernardi, J.; Gillot, F.; Dupont, L.; Womes, M.; Tarascon, J.-M.; Monconduit, L.; Doublet, M.-L. FeP:
another attractive anode for the Li-ion battery enlisting a reversible two-step insertion/conversion process.
Chemistry of materials 2006, 18, 3531-3538
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17 Conclusion générale
Le 16 janvier 2023, un incendie s?est déclaré au sein d?un entrepôt situé sur la commune de Grand
Couronne (76), qui abritait, selon l?exploitant, plusieurs milliers de batteries de véhicules de type Lithium
Métal Polymer (LMP).
Suite à l?incendie, le BEA-RI s?est saisi de l?enquête et devant la quasi-absence de données disponibles
dans la littérature sur la réactivité des batteries de type LMP, l?Ineris a été missionné pour mettre en
oeuvre une campagne d?essais permettant de mieux appréhender les modes de défaillance pouvant
être à l?origine d?un emballement thermique, les mécanismes de propagation, les effets de la réaction
de ces batteries ainsi que l?efficacité des dispositifs de protection. Pour permettre la réalisation d?essais,
Blue Solutions a mis à disposition les échantillons nécessaires.
Ce rapport fait état des constats observés lors des essais réalisés lors de la campagne menée Ã
l?INERIS et répond au questionnement de la saisine du BEA-RI en vue :
? De déterminer, en simulant différents modes d'agression, si des modes de défaillance de
modules à température ambiante peuvent être à l'origine d'un emballement thermique
Les essais sur les modes de défaillance ont permis de conclure sur :
- la possibilité de déclencher un emballement thermique par abus mécanique pouvant
correspondre à une chute d?une masse de 40 kg de 5 m ou 280 kg de 6,5 m, selon la face
impactée. Les hypothèses d?une chute d?objet sur la caisse, de la chute d?une caisse ou d?un
coup de fourche de chariot élévateur semblent être des hypothèses plausibles même s?il faut
noter que les modules étant placés dans des caisses carton qui offrent une protection relative
aux modules ;
- la possibilité qu?un défaut interne de type court-circuit entre cellules ou interne à certaines
cellules constitutives des modules induise un emballement thermique du module. Un essai clou
a été réalisé et n?a pas permis le déclenchement de l?emballement thermique d?un EC. Afin de
s?affranchir des nombreux paramètres de tests qui auraient pu changer l?issue de l?essai, un
test ne simulant non pas le défaut (court-circuit interne) mais les conséquences d?un défaut,
c?est-à -dire un échauffement rapide localisé. Un essai de chauffe rapide localisée directement
à la surface d?un EC a été réalisé et a permis de créer un emballement thermique de l?ensemble
de l?EC qui s?est ensuite propagé à l?EC en série placée dessous. En supposant que cet essai
soit représentatif de ce qu?il pourrait se passer en cas de défaut interne, il est donc possible de
conclure qu?un défaut interne peut causer l?emballement thermique d?un EC qui se propage ou
se serait ensuite propagé au module.
D?autres hypothèses comme le court-circuit externe, un défaut d?étanchéité ou la surdécharge n?ont pas
été étudiées car non considérées comme susceptibles d?être la source de départ d?un emballement
thermique pour un module à température ambiante en condition de stockage.
? D'étudier les mécanismes de propagation de l'incendie en tenant compte du mode de
stockage utilisé dans l'entrepôt et d'établir sur la base des mesures et des observations
réalisées à l'occasion des essais si les modules de batteries peuvent être à l'origine des
explosions et des projections constatées lors de l'incendie
De manière générale, les essais menés ont permis de caractériser le comportement des batteries
LMP produites par Blue Solutions en situation abusive. Il ressort de l?analyse que :
- Peu de signes avant-coureurs sont observables avant que le module n?entre en réaction
violente. La réaction est quasi instantanément très violente ;
- La détermination d?abus maximal tolérable avant l?emballement thermique est compliquée Ã
déterminer car la réaction se produit avec un décalage temporel important par rapport à l?abus.
Ce comportement est observé particulièrement lors d?abus mécaniques ;
- Des jets de métal en fusion sont observés dès les premiers instants de la réaction et se
poursuivent tout au long de la réaction. Ces jets sont potentiellement une source de propagation
de l?incendie et/ou de danger envers les personnes ;
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- Des températures très élevées sont observées (1615°C), ce qui, en plus de jouer un rôle
important sur le rayonnement et donc la propagation, peut affecter la tenue des structures
métalliques ou en bêton ;
- Des coulées de métaux/résidus en fusion très chaudes sont observées et restent chaudes
plusieurs minutes au sol. Cela favorise la propagation verticale (vers le bas) et horizontale, de
la même manière qu?un feu de nappe le ferait en s?étalant au sol.
En complément de ces observations, des valeurs précises concernant les paramètres de combustion
ont pu être déterminées. L?énergie de combustion spécifique des modules LMP Blue Solutions est
supérieure par rapport à ce qui a pu être déjà observé à l?Ineris sur des cellules Li-ion NMC tandis que
le débit calorifique spécifique des modules LMP Blue Solutions atteint des valeurs comparables avec
ce qui a pu être déjà observé à l?Ineris ou dans la littérature sur des cellules Li-ion NMC. Si l?on compare
maintenant ces valeurs à celles observées sur des modules Li-ion de type automobile, le débit
calorifique mesuré sur les modules LMP Blue Solutions est également nettement supérieur. Cet écart
s?explique à la fois par les propriétés intrinsèques de la technologie et par les choix d?ingénierie faits par
Blue Solutions, aboutissant à l?absence de séparation physique entre les éléments du module (7 kWh)
qui permettrait de ralentir la propagation et limiter la quantité de matériaux réagissant simultanément.
? D'évaluer la dangerosité des substances émises, le cas échéant, en les comparant aux
substances émises par des feux plus communément rencontrés et déjà documentés
Lors de la combustion des modules, des émissions de gaz importantes sont observées. Le mélange
gazeux est en très large majorité composé de CO2, issu de la combustion intense. Comme autres
produits de combustion, du CO est mesuré (en quantité 30 fois inférieure) et du NO est détecté en
quantités relativement faibles mais significatives. D?autres gaz et COV plus spécifiques sont détectés,
on pourra citer le méthane (CH4), le fluorure d?hydrogène (HF), le dihydrogène (H2), le dioxyde de soufre
(SO2) ainsi que des traces de benzène (C6H6), de propane (C3H8) et parfois de chlorure d?hydrogène
(HCl).
Le mélange gazeux observé n?est pas inflammable contrairement à ce qui est parfois le cas avec du Li-
ion. Ici, en l?absence d?électrolyte liquide à faible point d?ébullition, un régime de réaction fumigène sans
feu violent parait impossible.
L?aspersion d?eau modifie cependant sensiblement ce mélange gazeux. En effet, s?il reste très
largement composé de CO2, les teneurs en certains gaz inflammables et/ou toxiques (CO, H2, CH4)
augmentent sensiblement. Certains gaz ne sont plus détectés (HF, SO2) tandis que de la phosphine
(PH3) a été détectée pour la première fois dans ces conditions. L?extinction à l?eau peut expliquer la
formation de ces gaz inflammables et/ou pyrophoriques.
Ces essais ont aussi été l?occasion d?évaluer les émissions particulaires émises dans les fumées et
à proximité des batteries.
- Dans les fumées, le flux de particules est estimé de 6.1014 particules/s, au pic de réaction d?un
module. Ces particules ont un diamètre "médian" compris entre 81 nm et 190 nm selon les
essais. Beaucoup de ces particules sont d?origines organiques (goudron, suies, ?) et une
analyse élémentaire des prélèvements sur filtres permet de démontrer un enrichissement
marqué en lithium, en phosphore et en fluor ainsi que, dans une moindre mesure, en soufre, fer
et aluminium. Une pseudo quantification très approximative permet de donner les ordres de
grandeur d?émission de ~290 g de lithium, ~230 g de phosphore et ~60 g de soufre par module.
- A proximité de l?échantillon, les meilleurs traceurs des émissions sont, de loin, le lithium et le
fluor. Des traceurs organiques de type PCB et PCDD/F peuvent être identifiés On pourra retenir
les PCB 126 et, dans une moindre mesure 157 et 169 et le 2,3,7,8 TCDF. Les analyses révèlent
également l?absence de HAP.
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? D'évaluer le rôle du système d'extinction automatique
Lors de cette campagne, des essais ont été réalisés visant à évaluer l?efficacité et les conséquences
d?une extinction à l?eau d?un feu naissant (deux ou trois modules en emballement). Nous concluons que
le sprinklage a permis de ralentir la propagation entre caisses superposées sans toutefois l?empêcher.
Le sprinklage a aussi pu avoir un impact positif sur la propagation horizontale au sein d?une même
caisse puisqu?il a permis d?arrêter la propagation entre modules au sein de la caisse. Les essais réalisés
ne permettent pas de conclure formellement sur la possibilité de propagation vers une caisse située au-
dessous de la caisse en emballement mais les coulées de métal en fusion restant plusieurs dizaines de
minutes à plus de 1000 °C laissent penser qu?une propagation rapide aura lieu.
L?extinction à eau, semble donc pouvoir être recommandée sur ce type de feu. Même s?il est clair que
cela ne permettra pas d?éteindre un module en cours de réaction, si elle intervient dans les premiers
instants, qu?elle est correctement dimensionnée et que les caisses sont disposées dans une
configuration propice (empilement par deux comme ici testé par exemple), elle peut permettre de limiter
la propagation de l?incendie. Si elle intervient dans un délai plus long, l?arrêt de la propagation ne peut
pas être garantie par les essais réalisés mais elle sera vraisemblablement bénéfique en ralentissant la
propagation, diminuant le débit calorifique et refroidissant les alentours. Il y a cependant des
contreparties à prendre en compte : la projection de métal en fusion ; la production de gaz toxiques et
inflammable (CO, H2, ?).
Aussi une fois la phase intense de l?incendie terminée il faut limiter les apports d?eau car ceux-ci
contribuent à entretenir la réaction des résidus de combustion des batteries qui sont hydro réactifs et
émettent des gaz toxiques et inflammables. Aussi, il est recommandé de retenir les eaux d?extinction
qui sont contaminées.
? D'évaluer, au besoin par comparaison avec d'autres types de feu connus et documentés,
l'efficacité des dispositifs de protection incendie communément utilisés dans le domaine de
la logistique (mur REI, dispositif de désenfumage)
Ces conclusions, transposées à des conditions de stockage en entrepôt montrent que les distances
d?effets associées à l?incendie d?un tel entrepôt atteindraient des valeurs jusqu?à 5 fois celles observées
sur des entrepôts de produits courants. Elles montrent également que la tenue mécanique des murs
REI120 serait compromise en cas de stockage de palettes à proximité du mur (quelques mètres) au
regard des températures atteintes (de l?ordre de 1400 °C). Le débit calorifique de l?incendie atteindrait
des valeurs très importantes (plusieurs dizaines de GW pour des durées d?incendie limitées
(possiblement inférieure à 1 h).
? De préciser au regard des résultats obtenus en matière d'analyse si les moyens de protection
utilisés en phase accidentelle (y compris dans les dernières heures d'extinction) permettent
de protéger convenablement les intervenants
Afin de préciser si les moyens de protection utilisés dans les dernières heures d'extinction permettent
de protéger convenablement les intervenants et après des observations préliminaires de réactivité des
résidus d?essais, des essais de détermination de l?hydro réactivité, suivant l?épreuve N.5 du Manuel
d?épreuves et de critères de l?ONU (ST/SG/AC.10/11/Rev.8) ont été réalisés sur le résidu de combustion
de batteries prélevé « Tel Quel » et permettent de conclure que :
? Un fort dégagement gazeux a été observé systématiquement pour chaque phase de l?épreuve
dans les conditions d?essais, et une inflammation immédiate et vive des gaz générés a été
mise en évidence lors des tentatives d?inflammation à l?aide d?une flamme produite par
un brûleur à gaz (à distance d?environ 30 cm minimum) ;
? Des débits de gaz allant jusqu?à environ 576 L/h.kg en débit maximal sur 1 h ont été
mesurés ;
? Le résidu de combustion est donc considéré comme étant hydro réactif.
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Cette réactivité conduisant à des émissions de chaleur et de gaz toxique/inflammable/pyrophorique que
sont l?acétylène (C2H2), la phosphine (PH3) et probablement le dihydrogène (H2). Cette réactivité est
expliquée par la présence de Li3P, de Li2C2 et de lithium métal dans les résidus. Ceci rend, dans les
derniers moments de l?extinction, et plus généralement la gestion post accidentelle complexe et
nécessitant une protection adéquate de intervenants.
Enfin cette étude connait certaines limitations et d?autres études pourraient être nécessaires afin de
mieux définir les conditions de stockages optimales de ces modules. L?ensemble des modules testés
étaient complètement chargés (SOC 100 %) or il est reconnu qu?une réduction de l?état de charge
permet de diminuer la réactivité des batteries Li-ion, l?influence de l?état de charge pour des batteries
Li-métal reste à déterminer. Les essais de cette campagne ont eu lieu à température ambiante. Etudier
l?effet d?une réduction de température sur la possibilité de ces modules à réagir et sur les possibilités de
propager revêt un intérêt, d?autant plus que des dérogations au transport pour des modules
endommagés ont été émises sous cette condition.
Nous noterons aussi la possibilité d?extrapolation de certains de ces résultats à d?autres batteries
contenant du Li-métal à l?anode, ce qui semble être l?option favorisée par les constructeurs automobiles
dans leurs feuilles de route à l?horizon 2035, particulièrement dans le cas des batteries dites tout solides.
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18 Annexes
Liste des annexes :
- Annexe 1 : Courriel de demande du BEA-RI ? 1 page ;
- Annexe 2 : Méthodes expérimentale ? 6 pages ;
- Annexe 3 : Protocole de chauffe rapide localisée ? 3 pages ;
- Annexe 4 : Méthode de mesure du débit calorifique et de la chaleur de combustion ? 2 pages.
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Annexe 1 : Courriel de demande du BEA-RI ? 1 page
Mission conjointe BEA-RI - INERIS
Le BEA-RI a décidé le 17/01/2023 d?ouvrir une enquête sur l?évènement survenu le 16/01/2023 au sein
de l?entreprise SAS HIGHWAY France Logistics située à Grand-Couronne (76).
Deux enquêteurs du BEA-RI se sont rendus sur site. Selon les premiers éléments de l'enquête,
l'incendie qui s'est produit semble avoir mis en cause des modules de batteries de type LMP.
Dans la continuité des constats dressés lors de cette visite, nous souhaiterions mobiliser l?expertise de
l'INERIS, dans le cadre de sa coopération avec le BEA-RI, pour évaluer le rôle qu'aurait joué ces
modules dans l'occurrence et le développement de l'incendie.
En pratique, il est demandé à l'INERIS de réaliser des essais sur des modules ou sur des cellules
électrochimiques en vue :
? De déterminer, en simulant différents modes d'agression, si des modes de défaillance de
modules dit à température ambiante peuvent être à l'origine d'un emballement thermique ;
? D'étudier les mécanismes de propagations de l'incendie en tenant compte du mode de stockage
utilisé dans l'entrepôt et d'évaluer le rôle du système d'extinction automatique.
? D'établir sur la base des mesures et des observations réalisées à l'occasion des essais si les
modules de batteries peuvent être à l'origine des explosions et des projections constatées lors
de l'incendie
? D'évaluer, au besoin par comparaison avec d'autres types de feu connus et documentés,
l'efficacité des dispositifs de protection incendie communément utilisé dans le domaine de la
logistique (mur REI, dispositif de désenfumage);
? D'évaluer la dangerosité des substances émises, le cas échéant, en les comparant aux
substances émises par des feux plus communément rencontrés et déjà documentés ;
? De préciser au regard des résultats obtenus en matière d'analyse si les moyens de protection
utilisés en phase accidentelle (y compris dans les dernières heures d'extinction) permettent de
protéger convenablement les intervenants.
Ces essais seront réalisés à partir d'éléments qui auront été récupérés par le BEA-RI auprès de
l'industriel.
Nous souhaiterions pouvoir disposer de vos conclusions au travers d?un rapport (au format pdf) selon
un calendrier qui sera défini entre vos équipes et les enquêteurs en charge de l?affaire.
Fait à la Défense, le 22/05/2024
Laurent Olivé
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Annexe 2 : Méthodes expérimentales ? 6 pages
Static crush Y
Static crush Z
Essai le 11/10/2023
Equipement Fournisseur type / ref gamme de mesure précision de la mesure Etalonnage
Capteur force presse HBM U10M 500 kN 0,50% 10/01/2022
Enregistrement force HBM
MX840 9E5001C9B M-A2-
20014
±10 V 0,10% 03/02/2023
Capteur de position presse MTS Temposonics GP 1000 mm 0,50% 10/01/2022
Enregistrement position HBM
MX840 9E5001C9B M-A2-
20014
±10 V 0,10% 03/02/2023
Mesure et enregistrement tension HBM
MX403B 9E500AFF1 M-A2-
20151
±100 V ±0,1% 01/08/2023
Température caméra IR FLIR A655sc 55008205 660°C 10%
28/11/2022
(note 1)
Mesure température Correge
Thermocouples type K
conforme classe 1
-200-1100°C 1,5°C
NA
(note 2)
Enregistrement température HBM
MX1609 9E500154E M-A2-
20017
-100/+1300°C ±0,72 °C 03/02/2023
Mesure Flux radiatif Captec Capteur flux radiatif 50x50
25 kW/m² continue
50 kW/m2 crête
5%
NA
(note 3)
Enregistrement flux HBM
MX840 9E5001C9B M-A2-
20014
±10 V 0,10% 03/02/2023
Essai le 23/10/2023
Equipement Fournisseur type / ref gamme de mesure précision de la mesure Etalonnage
Capteur force presse HBM U10M 500 kN 0,50% 10/01/2022
Enregistrement force HBM MX840 9E5001C9B M-A2-20014 ±10 V 0,10% 03/02/2023
Capteur de position presse MTS Temposonics GP 1000 mm 0,50% 10/01/2022
Enregistrement position HBM MX840 9E5001C9B M-A2-20014 ±10 V 0,10% 03/02/2023
Mesure et enregistrement tension HBM MX403B 9E500AFF1 M-A2-20151 ±100 V ±0,1% 01/08/2023
Température caméra IR FLIR A655sc 55008205 660°C 10%
28/11/2022
(note 1)
Mesure température Correge
Thermocouples type K
conforme classe 1
-200-1100°C 1,5°C
NA
(note 2)
Enregistrement température HBM MX1609 9E500154E M-A2-20017 -100/+1300°C ±0,72 °C 03/02/2023
Mesure Flux radiatif Captec Capteur flux radiatif 50x50
25 kW/m² continue
50 kW/m2 crête
5%
NA
(note 3)
Enregistrement flux HBM MX840 9E5001C9B M-A2-20014 ±10 V 0,10% 03/02/2023
Ineris - 219921 - 2791447 - v2.0
Page 190 sur 200
Nail
Chauffe localisée module
Chauffe localisée cellule
Essai le 27/10/2023
Equipement Fournisseur type / ref gamme de mesure précision de la mesure Etalonnage
Capteur force presse HBM U10M 500 kN 0,50% 10/01/2022
Enregistrement force HBM
MX840 9E5001C9B M-A2-
20014
±10 V 0,10% 03/02/2023
Capteur de position presse MTS Temposonics GP 1000 mm 0,50% 10/01/2022
Enregistrement position HBM
MX840 9E5001C9B M-A2-
20014
±10 V 0,10% 03/02/2023
Mesure et enregistrement tension HBM
MX403B 9E500AFF1 M-A2-
20151
±10 V ±0,1% 01/08/2023
Température caméra IR FLIR A655sc 55008205 660°C 10%
28/11/2022
(note 1)
Mesure température Correge
Thermocouples type K
conforme classe 1
-200-1100°C 1,5°C
NA
(note 2)
Enregistrement température HBM
MX1609 9E500154E M-A2-
20017
-100/+1300°C ±0,72 °C 03/02/2023
Essai le 29/11/2023
Equipement Fournisseur type / ref gamme de mesure précision de la mesure Etalonnage
Mesure et enregistrement tension Hioki
LR8532 230108388 M-A2-
21897
±100 V ±0,2% 10/01/2023
Température caméra IR FLIR A655sc 55008205 660°C 10%
28/11/2022
(note 1)
Mesure température Correge
Thermocouples type K
conforme classe 1
-200-1100°C 1,5°C
NA
(note 2)
Enregistrement température TC Hioki
LR8532 230108389 M-A2-
21896
0/+1350°C ±1 °C 10/01/2023
Mesure température Pyro Pyrospot DGR 10N 400-1600°C 10%
non étaloné
(note 1,4)
Enregistrement température Pyro Hioki
LR8532 230108388 M-A2-
21897
±10 V ±0,2% 10/01/2023
Mesure des flux radiatifs
Captec
Capteur flux radiatif 50x50 25 kW/m² continue
50 kW/m2 crête
5%
NA
(note 3)
Enregistrement des flux
Hioki
LR8532 230108388 M-A2-
21897
±10 V ±0,2% 10/01/2023
Essai le 16/04/2024
Equipement Fournisseur type / ref gamme de mesure précision de la mesure Etalonnage
Mesure et enregistrement tension HBM
MX1601B 9E50061F1 M-
A2-20145
±10 V ±0,2% 09/04/2024
Mesure température Correge
Thermocouples type K
conforme classe 1
-200-1100°C 1,5°C
NA
(note 2)
Enregistrement température HBM
M1609KB 9E5001426 M-
A2-20019
-100/+1300°C ±0,72 °C 08/04/2024
Ineris - 219921 - 2791447 - v2.0
Page 191 sur 200
Flux radiatif
Feu caisse
Essai le 23/11/2023
Equipement Fournisseur type / ref gamme de mesure précision de la mesure Etalonnage
Mesure et enregistrement tension Hioki
LR8532 230108388 M-A2-
21897
±100 V ±0,2% 10/01/2023
Température caméra IR FLIR A655sc 55008205 660°C 10% 28/11/2022
Mesure température Correge
Thermocouples type K
conforme classe 1
-200-1100°C 1,5°C NA
Enregistrement température TC Hioki
LR8532 230108389 M-A2-
21896
0/+1350°C ±1 °C 10/01/2023
Mesure température Pyro Pyrospot DGR 10N 400-1600°C 10%
non étaloné
(note 1, 4)
Enregistrement température Pyro Hioki
LR8532 230108388 M-A2-
21897
±10 V ±0,2% 10/01/2023
Mesure des flux radiatifs
Captec
Capteur flux radiatif 50x50 25 kW/m² continue
50 kW/m2 crête
5%
NA
(note 3)
Enregistrement des flux
Hioki
LR8532 230108388 M-A2-
21897
±10 V ±0,2% 10/01/2023
Essai le 22/03/2024
Equipement Fournisseur type / ref gamme de mesure précision de la mesure Etalonnage
Mesure et enregistrement tension HBM
MX840 9E5001C9B M-A2-
20014
±100 V ±0,1% 03/02/2023
Température caméra IR FLIR A655sc 55008205 300-2000°C 10% 22/12/2023
Mesure température Correge
Thermocouples type K
conforme classe 1
-200-1100°C 1,5°C
NA
(note 1)
Enregistrement température TC HBM
M1609KB 9E5013096 M-
A2-20173
-100/+1300°C ±0,72 °C 03/02/2023
Mesure température Pyro Pyrospot DGR 10N 400-1600°C 10%
non étaloné
(note 1, 4)
Enregistrement température Pyro HBM
MX1601B 9E50061F1 M-
A2-20145
±10 V ±0,2% 31/01/2023
Mesure des flux radiatifs Captec Capteur flux radiatif 50x50
25 kW/m² continue
50 kW/m2 crête
5%
NA
(note 3)
Enregistrement des flux HBM
MX1601B 9E50061F1 M-
A2-20145
±10 V ±0,2% 31/01/2023
Masse NC NC 5T ±5%
Avant chaque
essai
(note 5)
Ineris - 219921 - 2791447 - v2.0
Page 192 sur 200
Propagation
Feu caisse + sprinklage
Essai le 07/03/2024
Equipement Fournisseur type / ref gamme de mesure précision de la mesure Etalonnage
Mesure et enregistrement tension HBM
MX840 9E5001C9B M-A2-
20014
±100 V ±0,1% 03/02/2023
Température caméra IR FLIR A655sc 55008205 300-2000°C 10%
22/12/2023
(note 1)
Mesure température Correge
Thermocouples type K
conforme classe 1
-200-1100°C 1,5°C
NA
(note 2)
Enregistrement température TC HBM
M1609KB 9E5013096 M-
A2-20173
M1609KB 9E5001426 M-
A2-20019
M1609KB 9E500F127 M-
A2-20161
-100/+1300°C ±0,72 °C
03/02/2023
31/01/2023
31/01/2023
Mesure température Pyro Pyrospot DGR 10N 400-1600°C 10%
non étaloné
(note 1, 4)
Enregistrement température Pyro HBM
MX1601B 9E50061F1 M-
A2-20145
±10 V ±0,2% 31/01/2023
Mesure des flux radiatifs Captec Capteur flux radiatif 50x50
25 kW/m² continue
50 kW/m2 crête
5%
NA
(note 3)
Enregistrement des flux HBM
MX1601B 9E50061F1 M-
A2-20145
±10 V ±0,2% 31/01/2023
Masse NC NC 5T ±5%
Avant chaque
essai
(note 5)
Essai le 16/04/2024
Equipement Fournisseur type / ref gamme de mesure précision de la mesure Etalonnage
Mesure et enregistrement tension HBM MX840 9E5001C9B M-A2-
20014
±100 V ±0,1% 09/04/2024
Température caméra IR FLIR A655sc 55008205 300-2000°C 10%
22/12/2023
(note 1)
Mesure température Correge
Thermocouples type K
conforme classe 1
-200-1100°C 1,5°C
NA
(note 2)
Enregistrement température TC HBM
M1609KB 9E5013096 M-
A2-20173
-100/+1300°C ±0,72 °C 09/04/2024
Mesure température Pyro Pyrospot DGR 10N 400-1600°C 10%
non étaloné
(note 1, 4)
Enregistrement température Pyro HBM
MX1601B 9E50061F1 M-
A2-20145
±10 V ±0,2% 09/04/2024
Mesure des flux radiatifs Captec Capteur flux radiatif 50x50
25 kW/m² continue
50 kW/m2 crête
5%
NA
(note 3)
Enregistrement des flux HBM
MX1601B 9E50061F1 M-
A2-20145
±10 V ±0,2% 09/04/2024
Masse NC NC 5T ±5%
Avant chaque
essai
(note 5)
Ineris - 219921 - 2791447 - v2.0
Page 193 sur 200
Propagation + sprinklage
Note 1 : L'incertitude sur la valeur de température vient plutôt de la méconnaissance de l'émittance qui
dans cette étude a été fixée à 0,95. L'émittance théorique maximale étant de 1, les valeurs
données dans l'étude sont vraisemblablement minorantes. On estime ainsi une précision de
la mesure de l'ordre de 10 %.
Note 2 : Acheté conforme, classe 1 utilisée pour 1 seul essai.
Note 3 : Livré calibré, utilisé moins de 1 an ou dès qu'exposé à un flux trop élevé (valeur crète
dépassée).
Note 4 : L'incertitude des valeurs relevées par le pyromètre est de 0,5 % + 1 K.
Note 5 : Contrôle avec une masse étalon de 20 kg. Utilisée pour estimer la perte de masse et non pas
la masse de l'échantillon.
Pour l?ensemble des essais :
- Analyse de gaz en continu :
Le prélèvement est fait selon les règles de l?art et compatible avec la norme ISO 19702, incluant
notamment une température de 180°C pour la ligne de prélèvement (filtration et ligne de
transfert).
D'après notre expérience, la répétabilité des mesures de gaz, en tenant compte de
l'échantillonnage et de l'analyse pour ce type de mesure, est de l'ordre de 5 à 15 % selon le
gaz. Pour le HF et certains carbonates, malgré les précautions prises pour limiter la perte de
signal, en raison de sa forte réactivité, une partie du signal peut être perdue dans la ligne
d'échantillonnage et le filtre, ce qui peut entraîner une sous-estimation supplémentaire.
o FTIR Nicolet IS50, cellule chemin optique 2 m, volume 200 ml. Gamme spectrale
650-4200cm-1, l?analyse se fait aussi à cette température. Etalonnage de chaque
gaz sur un minimum de 5 points sur la gamme d?analyse. Pour les gaz n?ayant pas
une réponse linéaire, le nombre de points peut être conséquent (jusqu?à 40 valeurs
par ex) pour ne pas rajouter d?erreur de linéarisation pendant l?étalonnage.
Les différentes concentrations d?étalonnage sont produites par dilution d?un
mélange gazeux étalon ou par génération de vapeurs via une valise de calibration
(cas des substances liquides à température ambiante).
Essai le 04/04/2024
Equipement Fournisseur type / ref gamme de mesure précision de la mesure Etalonnage
Mesure et enregistrement tension HBM MX840 9E5001C9B M-A2-
20014
±100 V ±0,1% 03/02/2023
Température caméra IR FLIR A655sc 55008205 300-2000°C 10%
22/12/2023
(note 1)
Mesure température Correge
Thermocouples type K
conforme classe 1
-200-1100°C 1,5°C
NA
(note 2)
Enregistrement température TC HBM
M1609KB 9E5013096 M-
A2-20173
M1609KB 9E500F127 M-
A2-20161
-100/+1300°C ±0,72 °C
03/02/2023
31/01/2023
Mesure température Pyro Pyrospot DGR 10N 400-1600°C 10%
non étaloné
(note 1, 4)
Enregistrement température Pyro HBM
MX1601B 9E50061F1 M-
A2-20145
±10 V ±0,2% 31/01/2023
Mesure des flux radiatifs Captec Capteur flux radiatif 50x50
25 kW/m² continue
50 kW/m2 crête
5%
NA
(note 3)
Enregistrement des flux HBM
MX1601B 9E50061F1 M-
A2-20145
±10 V ±0,2% 31/01/2023
Masse NC NC 5T ±5%
Avant chaque
essai
(note 5)
Ineris - 219921 - 2791447 - v2.0
Page 194 sur 200
o O2 : Analyseur Servomex avec cellule paramagnétique ? modèle Xentra 4100.
o CO/CO2 : Analyse par technique NDIR ? Siemens Ultramat23 et Servomex Xentra
4100.
o HCT : Analyseur par technique FID (flame ionisation detector) de marque JUM
modèle 3-800.
o H2 : Spectromètre de masse INFICON modèle LDS3000.
L?ensemble de ces analyseurs (hormis le FTIR) est contrôlé à l?aide de mélange gazeux étalons avant
chaque essai. (CO/CO2/O2, H2 et propane (analyseur FID). Une redondance entre la mesure de CO et
CO2 entre les analyseurs et le FTIR permet également un contrôle de la cohérence des mesures.
- Calorimétrie OC et CGD :
En plus des 5 Ã 10 % d?erreurs sur la mesure des gaz (O2, CO2, CO), sur ce type d'incendie et Ã
cette échelle, notre estimation de la précision du taux de dégagement de chaleur prévisible se situe
entre 15 % et 20 %20. O. Willstrand et al. estiment quant à eux une incertitude inférieure à 10 %
pour des batteries Li-ion21 et précisent que l?erreur va dans le sens de la sous-estimation. Ces
valeurs sont cohérentes avec des techniques similaires de calorimétrie de feu, où la charge de feu
est en grande partie inconnue ou variable dans le temps22. Outre cette précision intrinsèque, dans
le cas d'un incendie de batterie, la perte de chaleur due à un processus électrique (chauffage par
effet joule) ou chimique (décomposition exothermique du sel et d'autres composants inorganiques)
ne peut pas être prise en compte dans le calcul et peut représenter jusqu'à 1/3 de l'énergie
thermique totale libérée en supplément23.
Il est vrai que le cas des feux de métaux est particulier mais, le Li-métal représente moins de 10 %
de la masse d?un module, l?impact sur la mesure globale reste limité et aucune méthode de
calorimétrie exploitable à grande échelle ne permet, à notre connaissance, de prendre en compte
la contribution du feu de métal au dégagement d?énergie.
Le choix de préférer d?exploiter les résultats obtenus par la méthode OC par rapport à CDG est
justifié par la moindre variation de coefficients selon le combustible et par le fait que la combustion
du Li n?émet pas de carbone mais consomme de l?oxygène. Willstrand et al. abondent dans ce sens
dans ?Fire safety journal? en 2024 : « Les variations relativement faibles du dégagement de chaleur
par unité de masse d'oxygène consommée pour différents combustibles rendent cette méthode
largement acceptée pour les mesures du HRR lors d'essais au feu. Une méthode similaire, la
calorimétrie de génération de dioxyde de carbone (CDG), est basée sur la production de CO2 au
lieu de la consommation d'O2. Cependant, le dégagement de chaleur par unité de masse de CO2
produit varie comparativement plus entre les différents combustibles ».
- - Pour les eaux d?extinction, gaz et les particules en discontinu : sauf exception, ces mesures ne
sont pas utilisées en quantitatif mais en qualitatif et comme identification de traceurs.
Les LQ sont précisées dans le rapport.
1. S. Brohez C. Delvosalle G. Marlair A. Tewarson in Proceedings of the 13th International Congress of
Chemical and Process Engineering (2nd Symposium on Environmental and Safety Engineering, CHISA
98), Paper. 12 (Citeseer).
2. Ola Willstrand, Mohit Pushp, Haukur Ingason, Daniel Brandell ; Uncertainties in the use of oxygen
consumption calorimetry for heat release measurements in lithium-ion battery fires, Fire Safety Journal,
2024
3. R. Bryant, M. Bundy, the NIST 20 MW Calorimetry Measurement System for Large-fire Research (NIST
Technical Note TN 2077) National Institute of Standards and Technology, Gaithersburg, MD (2019)
4. R.E. Lyon, R.N. Walters Energetics of lithium ion battery failure J. Hazard. Mater., 318 (2016), pp. 164-
172, 10.1016/j.jhazmat.2016.06.047
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Annexe 3 : Protocole de chauffe rapide localisée ? 3 pages
Extraits de la série 05 du R100, adoptée en GRSP en décembre 2024
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Annexe 4 : Méthode de mesure du débit calorifique et de la chaleur de
combustion ? 2 pages
Il est d'usage depuis le début des années 80 de mesurer le débit calorifique des incendies (ou puissance
thermique dégagée, ou HRR en anglais pour heat release rate) par des méthodes dites de calorimétrie
incendie, basées sur les bilans matières effectués sur les gaz émis en s'appuyant sur les lois de la
thermochimie qui permettent de relier l'énergie théorique dissipée et la consommation ou production
d'espèces chimiques associées à une combustion :
a) calorimétrie basée sur la consommation d'oxygène, méthode dite OC (Oxygen consumption) :
il a été démontré (principe de Thornton) que pour la plupart des matières combustibles
carbonées, la consommation d'1 kg d'O2 correspond à la production de 13,1 MJ d'énergie : ce
facteur calorimétrique est un coefficient moyen, et en pratique on tient compte des pertes liées
aux émissions de composés imbrûlés (CO notamment) et d'autres facteurs de correction ;
b) le principe CDG (Carbon dioxyde production) permet de relier cette même grandeur (HRR) aux
débits de production d'oxydes de carbone (CO + CO2).
Ces méthodes permettent de s'affranchir des contraintes liées à l'établissement d'un bilan thermique
conventionnel (mesures des différentes pertes par convection, conduction et rayonnement), quasiment
impossible en pratique à appliquer dans un essai feu.
Les études publiées sur le niveau de précision de ces méthodes alternatives fait valoir des précisions
variables allant de +/-5% pour des feux "simples" (ex. feu de nappe de solvant) menés sur appareillages
de laboratoire (calorimètre de Tewarson, échelle 10 à 100 g) à des précisions de l'ordre de 15/18 % sur
des feux complexes, tridimensionnels (cas présent) ou des expérimentations à grande échelle (échelle
de 10 kg à 1000 kg).
La détermination du débit calorifique (HRR) ne préjuge donc pas du mode de transfert thermique de la
chaleur dégagée par unité de temps ; les pertes par conduction sont généralement négligeables dans
les scénarios pris en compte en ingénierie du feu.
Dans le cadre de l?essai réalisé, le HRR a été calculé en utilisant la méthode b), suivant le principe CDG
selon l?équation (1) suivante :
(éq. 1)
Avec :
CDG
q? : débit calorifique ou heat release rate (kW ou kW/m2),
2
0
COm? : débit massique de production de CO2 initial (g/s),
2COm? : débit massique de production de CO2 au cours de la combustion (g/s),
: débit massique de production de CO au cours de la combustion (g/s),
2COE : quantité d?énergie libérée par unité de masse de CO2 générée = 13,3±11% kJ/g de CO224,
: quantité d?énergie libérée par unité de masse de CO générée = 11,1±18% kJ/g de CO.
24 Biteau, H., et al., Calculation Methods for the Heat Release Rate of Materials of Unknown Composition. Fire
Safety Science, 2008. 9: p. 1165-1176.
? ?2 2 2
0
CDG CO CO CO CO COq E m m E m eq? ? ?? ? ? ?
?????
COE
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La chaleur de combustion généralement exprimée en MJ/kg ou kJ/g est la quantité de chaleur produite
durant la phase de combustion. Elle est calculée par l?intégration de l?aire sous la courbe HRR ; la
chaleur de combustion totale dissipée est alors déterminée.
En revanche, une limitation de la technique utilisée est le fait que l?énergie électrique stockée libérée
pendant l?essai n?est pas directement accessible par la calorimétrie incendie, car non liée à des
réactions thermochimiques (effet Joule).
Institut national de l?environnement industriel et des risques
Parc technologique Alata ? BP 2 ? F-60550 Verneuil-en-Halatte
03 44 55 66 77 ? ineris@ineris.fr ? www.ineris.fr
P a g e 62 | 62
Bureau d?enquêtes et d?Analyses
sur les Risques Industriels
MTE / IGEDD / BEA-RI
Tour Séquoïa
92055 La Défense Cedex
+33 1 40 81 21 22
bea-ri.igedd@developpement-durable.gouv.fr
https://www.igedd.developpement-
durable.gouv.fr/bea-ri-r549.html
(ATTENTION: OPTION ©e par l'emballement du module.
Le flash lumineux important visible 4 à 5 minutes après l'alerte correspond à l'emballement thermique
d'un module. En l'occurrence il pourrait s'agir du module voisin dans la même caisse, potentiellement
situé en bord. Plus visible depuis l'allée et dans une caisse qui a été en partie détruite par le feu, les
effets de ce second emballement sont plus visibles.
Au regard de ces éléments, le BEA-RI privilégie l'hypothèse que les premières flammes sont la
conséquence de l'emballement thermique d'un module.
Concernant le départ spontané du module, il n'a pas été possible de déterminer la cause première de
l'emballement. Une des difficultés d'établir le lien de causalité entre un défaut ou une agression externe
et l'emballement thermique est le caractère différé du mécanisme d'emballement mis en évidence dans
les essais. On ne peut donc exclure que l'agression initiale ou le défaut se soit produit ou formé plusieurs
heures avant le déclenchement de la réaction.
L'autre difficulté tient au résultat des essais à proprement parler. L'essai mécanique a permis de montrer
qu'un tel phénomène était tout à fait plausible sur un module à température ambiante ayant subi une
agression externe (chute, chute d'objet sur la caisse, coup de fourche). Concernant l'hypothèse du court-
circuit interne, plusieurs essais ont été réalisés. Si les résultats obtenus (absence d'emballement
40 L'essai de compression a permis de constater que l'emballement thermique peut se produit sans aucun signe annonciateur,
puisque l'emballement thermique s'est produit soudainement, sans montée en température visible, sans dégagement de fumée
ou de gaz. Les fumées perceptibles lors des autres essais ne sont pas attribuées au module mais à la montée en température des
adhésifs (utilisés pour fixer le dispositif d'allumage).
Rapport d?enquête sur l'incendie de l'entrepôt Highway France Logistics 8 à Grand-Couronne (76) le 16 janvier 2023
N° MTE-BEARI-2025-004 P a g e 50 | 62
thermique à l'essai clou) montrent une bonne tenue de la cellule LMP à ce type d'agression, ils ne peuvent
permettre d'exclure à eux seuls cette éventualité.
L'essai de chauffe localisé ne permet pas de prouver que le court-circuit interne est possible, il permet
tout au plus de constater qu'un effet joule très localisé suffisamment intense permet de déclencher
l'emballement thermique.
Ces essais permettent d'établir que l'emballement spontané du module, dans des circonstances
particulières, est une hypothèse qui ne peut être exclue.
Les essais apportent enfin la certitude qu'il suffit de l'emballement thermique d'un module pour
provoquer l'incendie généralisé de la cellule. Le phénomène d'emballement est particulièrement violent
et rapide, les températures atteignent les 1600°C en quelques secondes et les fumées produites sont
importantes. Il était impossible pour un opérateur d'intervenir sur l'origine du foyer avec les moyens
d'extinction dont il disposait. Les essais ont montré que le phénomène d'emballement thermique
s'accompagne de flammes et de projections de métal en fusion potentiellement dangereuses pour les
primo-intervenants s'ils ne disposent pas de tenue de protection adaptée et d'une formation spécifique.
Il est donc possible d'affirmer qu'une fois déclenché, le phénomène d'emballement se propage de
module en module et met le feu aux matières combustibles présentes à proximité. La propagation est
facilitée par les phénomènes de projections dans le voisinage immédiat et par les coulées de métal en
fusion sur les caisses des racks inférieurs.
Le déclenchement du système d'extinction automatique qui intervient 2 minutes après l'alerte n'a tout
au plus pour effet que de ralentir la propagation de l'incendie sans la stopper. Il en aurait été peut-être
autrement si l'emballement thermique s'était produit sur une caisse située au sommet d'une pile et
exposée directement à l'eau41. En tout état de cause, l'eau projetée à ce stade n'a pas eu d'effet
aggravant sur le développement de l'incendie (essais de propagation avec sprinklage42).
Le feu produit par la combustion des emballages et des autres produits stockés, que nous qualifierons
de conventionnel (par opposition aux phénomènes d'emballement thermique), peut également faire
entrer les modules encore intacts en emballement thermique. Les essais ont montré que pris dans un
incendie, les modules partent en emballement thermique en quelques minutes (10 minutes dans un feu
classique).
Les températures produites sont maintenues à des niveaux très élevés (au-delà des 1200°C) ce qui
provoque l'affaiblissement des racks et leur effondrement.
Concernant les explosions constatées à l'arrivée des pompiers, aucun des essais réalisés par l'INERIS n'a
donné lieu à des phénomènes d'explosion tels que ceux constatés le jour de l'intervention. Les essais ont
41 L'aspersion directe d'eau ayant permis dans un des essais de stopper la propagation de module à module au sein d'une même
caisse de transport.
42 Rapport INERIS Annexe I
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N° MTE-BEARI-2025-004 P a g e 51 | 62
permis de constater que l'emballement thermique d'un module s'accompagne de projections de métal
en fusion dans un rayon de quelques mètres sans atteindre des hauteurs importantes. Cela peut
s'expliquer par le fait que les modules, bien que scellés, sont équipés d'un disque de rupture et fondent
rapidement sous l'effet de la chaleur produite. Les gaz inflammables produits par les réactions
exothermiques sont, compte-tenu des températures atteintes, brûlés instantanément.
Les enquêteurs ont donc recherché d'autres causes possibles de ces projections. L'état des stocks
communiqué dans le cadre de l'enquête par la société Bolloré Logistics mentionne la présence d'un
millier de dispositifs d'airbags au sein de la cellule le jour de l'incendie. La majeure partie de ces
dispositifs était stockée sur des racks où étaient également stockées en partie basse les caisses de
modules. Les dispositifs pyrotechniques étaient donc directement exposés aux flux thermiques générés
par l'incendie des modules.
Ainsi les essais invalident l?hypothèse que les projections observées à grande hauteur dans les panaches
de fumées puissent être dues aux modules. En revanche, la présence des dispositifs d'airbag peut en être
à l'origine. Cela limite également l'implication des modules dans le franchissement du mur intercellules
par projections aux seuls modules placés suffisamment haut et proche du mur dans les racks pour que
les projections produites puissent franchir le mur.
Le franchissement du mur intercellules 1-2 peut avoir plusieurs explications : retombées de projections
par un des exutoires de fumées ouvert, passage des fumées et des gaz de combustion qui parviennent Ã
traverser le mur intercellules 1-2 soit par la zone supérieure du mur à la jonction avec la toiture (qui est
particulièrement exposée et dégradée) soit par les dégradations produites par l'incendie (passage de
canalisation, portes coupe-feu endommagées) soit par conduction de la chaleur par les canalisations
traversantes.
Au final, lorsque le feu se déclare dans la cellule n°2, la défense incendie par sprinkler n'est plus
opérationnelle et le feu peut se développer.
Concernant l'incendie de la cellule 3, le franchissement du mur intercellules 2-3 n'a pas fait l'objet
d'investigations spécifiques. Les enquêteurs ont pu relever que les désordres constatés sur le mur
intercellules 3-2 sont similaires à ceux constatés entre le mur intercellules 1-2 (importante dégradation
de la poutre supérieure et perte de l'étanchéité aux fumées, éclatement du béton autour des passages
de canalisations qui tendent à confirmer une montée en température de ces dernières).
VI.2 Facteurs contributifs
Les facteurs contributifs sont des éléments qui, sans être déterminant, ont pu jouer un rôle dans la
survenance, l?atténuation ou l?aggravation de l?événement.
VI.2.1 L'absence de dispositif de confinement du phénomène d'emballement thermique
Le développement de l'incendie a pu être possible en raison de l'absence de dispositif qui aurait
empêché ou ralenti la propagation du phénomène à plusieurs niveaux.
Rapport d?enquête sur l'incendie de l'entrepôt Highway France Logistics 8 à Grand-Couronne (76) le 16 janvier 2023
N° MTE-BEARI-2025-004 P a g e 52 | 62
Le rapport produit par l'INERIS met en évidence qu'à l'échelle de la cellule électrochimique, il "n'y a pas
de différence fondamentale entre les technologies Li-ion et LMP43" en termes de débit calorifique mesuré.
En revanche, à l'échelle du module, le débit calorifique d'un module peut notablement varier, du fait
notamment de l'absence de séparation physique entre cellules qui permet une propagation plus rapide
dans le cas du module LMP testé.
Il en est donc de même à l'échelle de la caisse de transport ou du rack de stockage au sein desquels
aucun dispositif n'est prévu pour empêcher ou ralentir la propagation de module à module qui peut se
faire à des cinétiques élevées.
VI.2.2 La cinétique de propagation
Les essais réalisés ont permis d'évaluer la vitesse avec laquelle l'incendie a pu se propager aux caisses
puis aux racks voisins probablement plus rapidement vers les racks accolés dos à dos. Les essais ont
permis de voir qu'il fallait en moyenne 90s pour que, dans une même caisse de transport, le phénomène
d'emballement thermique se communique au module voisin et 3min30 s pour un module situé sur la
palette du dessus. La figure 6 ci-dessous permet de visualiser une propagation théorique au cours des 10
minutes qui suivent le premier emballement de module.
Figure 6 : Propagation théorique du
phénomène d'emballement thermique dans
une configuration de stockage en rack telle
qu'elle était pratiquée dans l'entrepôt. Le
premier module qui entre en emballement
thermique est repéré par une étincelle rouge.
Les modules entrés en emballement thermique
sont représentés en rouge. Ce résultat est
obtenu au bout d'une durée de 10 minutes
pour une caisse de 7 modules, en tenant
compte des résultats des essais de
propagation. Le nombre de modules dépend
de l'emplacement du premier module
défaillant et du nombre de modules dans la
caisse.
Cette propagation théorique modélisée sur une palette à partir de l'emballement thermique d'un
module ne tient pas compte d'autres éléments qui vont avoir pour effet d'augmenter la vitesse de
43 Rapport Ineris "12-1 Comparaison avec un feu de batterie Lithium"
Rapport d?enquête sur l'incendie de l'entrepôt Highway France Logistics 8 à Grand-Couronne (76) le 16 janvier 2023
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propagation : projections, coulées de métal en fusion, effondrement des racks sous l'effet de la chaleur
et chute des modules vont faciliter les départs emballements thermiques de modules. Rappelons
également que 10 min c'est également le délai de déclenchement d'emballement d'un module pris dans
un incendie conventionnel. Peuvent donc être concernés les modules non adjacents mais situé au droit
des flammes.
VI.2.3 L'absence de procédure d'intervention sur des départs d'incendie
Les opérateurs qui travaillaient dans la cellule exploitée par Bolloré Logistics disposaient d'une
formation, classiquement dispensée dans le domaine de la logistique, du maniement d'appareils
d'extinction (extincteur et RIA) et de l'évacuation. En l'absence de protocole clair et de moyens de
protection et d'intervention, il était impossible pour les opérateurs d'intervenir, dans les premiers
instants, efficacement et sans se mettre en danger.
VI.2.4 L'absence d'un système d'extinction adapté aux marchandises stockées
Les essais produits par l'INERIS ont montré que le système d'extinction, compte-tenu du mode de
stockage, ne pouvait empêcher l'embrasement généralisé de la cellule. En revanche, ces mêmes essais
ouvrent des perspectives en matière de dispositif de lutte contre ce type d'incendie notamment par un
usage adapté du sprinklage.
VI.2.5 La quantité de modules stockés
L'ampleur, la durée et les conséquences de l'incendie de la cellule 1 sont directement liées à la quantité
de modules qui était présente dans la cellule, elle-même étant la conséquence de l'absence
d'écoulement du stock de modules usagés.
VI.2.6 L'absence d'un système d'extinction opérationnel sur l'incendie des autres cellules
Dans la cellule 2 (et plus tard dans la cellule 3), l'incendie n'a pas été ralenti ou stoppé dans son
développement dans la mesure où le système d'extinction automatique n'était plus opérationnel au
moment où le premier foyer y est apparu. Cette indisponibilité a nécessairement joué un rôle dans la
propagation de l'incendie aux cellules 2 et 3 en privant les services de secours d'un moyen d'extinction
fixe. Il est important de noter que le système d'extinction aurait été efficace uniquement pour le premier
départ d'incendie. En effet, la stratégie d'extinction repose sur l'hypothèse que l'incendie démarre en
un seul point et que tous les moyens sont mobilisés pour éteindre le premier foyer. Du fait de la durée
d'incendie de la cellule 1 puis de la cellule 2, il est tout à fait possible d'imaginer qu'il se serait produit
plusieurs propagations dans le temps.
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VI.2.7 La présence de produits combustibles et explosifs dans la même cellule
La cellule contenait des produits combustibles et des produits explosifs. Leur présence a contribué au
développement rapide et violent de l'incendie dans la cellule. En outre, le BEA-RI retient que les
dispositifs d'airbag ont probablement joué un rôle dans la formation des phénomènes d'explosion et de
projections qui ont été constatés à l'extérieur de la cellule au cours de la première heure d'intervention
des services de secours du SDIS.
VI.2.8 Des difficultés opérationnelles
La présence de la ligne haute tension au sud de l'entrepôt a constitué une gêne dans le déroulement des
opérations de secours. Le BEA-RI considère néanmoins que la présence d'un deuxième bras élévateur au
sud n'aurait pas permis d'éteindre l'incendie de la cellule 1. En outre, compte-tenu de la portée des
moyens mobilisés, la largeur de l'entrepôt, la présence des locaux de bureau et les flux thermiques
générés ont constitué des contraintes fortes qui n'ont pas permis de positionner les engins au plus près
du bâtiment à protéger et qui ont limité l'efficacité de l'intervention.
VI.2.9 Le défaut d'étanchéité des murs intercellules
L'examen des murs intercellules permet de constater que les murs ont particulièrement souffert lors de
l'incendie (défaut d'étanchéité en partie haute entre les éléments du mur et la poutre supérieure,
passage de canalisations qui ont chauffé, endommagement de la porte coupe-feu, trou formé par un
projectile). Ces dégradations consécutives à l'incendie ont pu favoriser la diffusion des fumées et des
gaz d'incendie et la propagation de l'incendie.
VII. Enseignements de sécurité
VII.1 Emballement des batteries LMP en sommeil
L'incendie de l'entrepôt Highway France Logistics 8 et les tests réalisés par l'INERIS démontrent que
même lorsque la batterie LMP est à température ambiante, c?est-à -dire que son électrolyte est solide
(donc moins conducteur), des défauts internes ou des agressions externes peuvent initier un
emballement thermique.
VII.2 Caractéristiques d'un emballement thermique de batterie LMP
L'emballement thermique de la batterie LMP est un phénomène qui s'apparente à un feu de métaux. Il
est soudain et n?est précédé d'aucun signe de mécanisme réactionnel. Pris dans un incendie, un module
LMP entre en emballement thermique au bout de 10 min environ. Cet emballement s'accompagne de la
formation de flammes de forte émittance et de projections de métal en fusion. Les températures
atteintes oscillent autour des 1600°C ce qui explique la formation de coulées de métal en fusion. Les
projections et les coulées de métal en fusion ainsi que les forts rayonnements générés favorisent la
propagation du phénomène dangereux et le développement de l'incendie. L?énergie de combustion
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N° MTE-BEARI-2025-004 P a g e 55 | 62
spécifique des modules LMP Blue Solutions est supérieure en comparaison avec ce qui a pu être déjÃ
observé à l?INERIS sur des cellules Li-ion NMC.
Hormis la première explosion de faible ampleur attribuée à la rupture du disque de rupture présent sur
le module, aucun phénomène d'explosion de module LMP n'a été observé au cours des essais réalisés44.
VII.3 Les fumées d'incendies de module LMP
Sur le plan quantitatif, l'incendie de modules LMP produit des quantités importantes de fumées qui ont
pu être observées lors de l'exploitation des images de vidéo surveillance et être corroborées par les
essais. L'exploitation des résultats d'essai montrent que les débits surfaciques45 sont multipliés par 4 par
rapport à un incendie de pneumatiques ce qui nécessiterait d'adapter les normes applicables en matière
de désenfumage.
Sur le plan qualitatif, les analyses de fumées réalisées dans le cadre des essais montrent que les fumées
produites par l'incendie de modules de batteries présentent un potentiel toxique comparable à un
incendie de pneumatiques.
VII.4 Les gaz produits en phase de déclin de l'incendie
Les gaz produits par l'emballement thermique d'un module sont essentiellement du CO2 et dans des
proportions moindres du CO et du NO. D'autres gaz sont mesurés de manière marginale (HF, SO2, H2,
CH4). L?aspersion d?eau modifie sensiblement la composition des émissions. En effet, s?il reste très
largement composé de CO2, les teneurs en certains gaz inflammables et/ou toxiques (CO, H2, CH4)
augmentent sensiblement. Certains gaz ne sont plus détectés (HF, SO2) tandis que de la phosphine (PH3)
fait son apparition.
Une modélisation a été produite par l'Ineris dans le cadre du rapport pour évaluer l'impact potentiel de
cette production de phosphine. Sur la base d'hypothèses majorantes (superficie de 3 000 m² de résidus
de batteries prises dans l?incendie, équivalent à une demi cellule, arrosage de la totalité de déchets) les
modélisations donnent des distances d'effet irréversible à 250 m. Ces résultats conduisent le BEA-RI Ã
tirer les enseignements de sécurité suivant :
? En plus d'être toxique, la phosphine est un gaz inflammable dont la température d'auto-
inflammation est de 38°C, sa dispersion dans l'air ne peut s'envisager que lorsque la température
du foyer est suffisamment basse et en présence d'eau. Les essais ont permis de constater des
émissions à 84°C.
? Le seuil olfactif de la phosphine est très en deçà des seuils des effets toxicologiques, son odeur
d'ail ou de poisson pourri doit constituer une alerte.
? Il peut être pertinent de mettre en place une surveillance spécifique de ce gaz en phase de déclin
de l'incendie surtout en cas d'utilisation ou de présence d'eau.
44 Ce constat a été réalisé sur les 26 modules qui sont entrés en emballement thermique.
45 Débit surfacique d?environ 177 g/m2/s pour un incendie de modules LMP, 40g/m2/s pour des pneus et 12g/m2/s pour des
câbles électriques (Rapport Ineris point 11.2.4)
Rapport d?enquête sur l'incendie de l'entrepôt Highway France Logistics 8 à Grand-Couronne (76) le 16 janvier 2023
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VII.5 Effet de l'extinction à l'eau
Les essais n'ont pas permis de mettre en évidence d'incompatibilité forte quant à l'usage de l'eau à des
fins d'extinction. D'aucune utilité sur un module en cours de réaction, elle peut permettre de limiter la
propagation de l?incendie si elle intervient dans les premiers instants, qu?elle est correctement
dimensionnée et que les caisses sont disposées dans une configuration adaptée. A quantité d'eau
équivalente, le système d'extinction testé est parvenu à stopper la propagation dans une configuration
de stockage (une seule caisse) et seulement à la ralentir dans un autre mode de stockage (deux caisses
superposées).
Si elle intervient dans un délai plus long, elle peut également s?avérer bénéfique en ralentissant la
propagation, diminuant le débit calorifique et refroidissant les alentours.
Ce retour d'expérience confirme que l'eau peut être utilisée quelle que soit la technologie de batterie
lithium.
En revanche, concernant les batteries lithium métal, une fois la phase intense de l'emballement
thermique passée, l'arrosage à l'eau des résidus peut s'avérer contreproductif compte-tenu de la
production de gaz toxiques et inflammables (cf. VII.3).
VII.6 La modélisation d'un incendie de cellule de stockage de batteries
Le BEA-RI a demandé à l'Ineris de modéliser, sur la base d'une cellule de stockage théorique, l'impact en
termes de zones d'effets, du changement d'affectation d'une cellule de stockage de produits
combustible en cellule de stockage de batteries lithium. La modélisation a été réalisée à partir des
résultats des essais exposés dans le cadre du présent rapport et, pour ce qui concerne les données
utilisées pour modéliser le feu de cellule lithium ion, d'un travail de bibliographie46. Deux configurations
théoriques de stockage ont été comparées :
? Un stockage en racks contenant des palettes type de produits combustibles (référence utilisée
dans les entrepôts relevant de la rubrique 1510) ;
? Un stockage en rack contenant une palette de 25 modules LMP (ce qui est cohérent avec le
stockage en caisse de 7 modules sur quatre niveaux de palettes).
À dispositions techniques égales, les modélisations donnent en synthèse les enseignements47 suivant :
? "Le débit calorifique lié à l?incendie d?une palette de modules LMP est pratiquement 6 fois plus
élevé que celui associé à l?incendie d?une palette classée sous la rubrique 1510" ;
? "Les températures de flamme liées à l?incendie d?un stockage de modules LMP peuvent atteindre
en moyenne plus de 1400 °C et sont susceptibles de compromettre la tenue mécanique d?un mur
REI120 sous réserve que ce stockage soit situé à proximité du mur à moins d?une dizaine de mètres,
et disposé le long du mur sur une dizaine de mètres minimum" ;
46 Annexe I Rapport Ineris 12.1 Comparaison avec un feu de batteries Li-ion"
47 Annexe I Rapport Ineris 12.3 Synthèse de la modélisation d?un feu d?entrepôt stockant des batteries LMP
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? "Les distances d?effets au seuil des effets irréversibles (SEI) associées à l?incendie d?un entrepôt de
6000 m², de 13 m de hauteur et doté de murs REI120 composé d?un stockage en racks de palettes
de modules LMP pourraient atteindre plus de 110 m. Les distances d?effets au seuil des effets
domino (8 kW/m²) pourraient atteindre 85 m. Ces distances sont au minimum 5 fois plus élevées
que celles associées à un entrepôt de produits courant (rubrique 1510)" ;
? "Les besoins de désenfumage des entrepôts stockant des batteries LMP pourraient être supérieures
à ceux préconisés dans la rubrique ICPE1510."
Le BEA-RI précise que ces résultats ont été obtenus à partir de dimensions de stockage fictives et n'ont
d'autres buts que d'apporter des éléments de comparaison sur la base de configurations de stockages
connues et rencontrées dans le domaine de la logistique. Ces résultats permettent d'illustrer à travers
un exemple, dans quelle proportion un simple changement de nature de produits stockées peut avoir
un impact sur les zones d'effet d'un incendie (y compris pour du stockage Li-ion).
Les enseignements tirés des modélisations (tenue des murs, zone d'effet) ne sont pas transposables en
tant que tel sur le site de l'accident dans la mesure où les hypothèses prises pour la modélisation
diffèrent notablement de la configuration connue à Rouen.
On relève toutefois que des éléments sont en partie vérifiés sur le mur d'enceinte de l'entrepôt qui
présente en façade ouest les dégâts les plus marqués, dans une zone où la quantité de modules stockés
dans les racks était la plus importante (Cf. Photographie 40). Les dégradations les plus importantes sur
les poutres sont constatées à l'aplomb de la zone de stockage des modules (elle correspond également
à la zone où les racks ont entièrement fondu et représentée en rouge sur la photographie 11 page 23).
On peut noter que le mur intercellules 1-2 le long duquel des modules étaient également stockés n'a pas
subi les mêmes dégâts. Une des explications peut être le fait que les quantités étaient moins importantes
que le long du mur de façade. Elle s'explique aussi par une meilleure tenue structurelle assurée par les
poutres de la cellule 2 et les murs des façades nord et sud (poutres et murs qui étaient exposés à des
intensités d'incendie moindres).
Le BEA-RI précise également qu'il n'a pas mené d'expertise spécifique pour vérifier la conformité des
murs aux normes usuellement utilisées (règles APSAD, NFPA ou DTU par exemple) pour les concevoir.
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Photographie 40 : Vue de la cellule 1 et en superposition une représentation de la densité de stockage des batteries sur les différentes
travées de racks. Plus la couleur est rouge plus il y a de modules dans les racks. On aperçoit la destruction partielle du mur en façade
ouest à un endroit ou la quantité de batteries est importante.
VIII. Recommandations de sécurité
VIII.1 À destination du fabricant des batteries LMP
? Conduire une réflexion sur le conditionnement des modules au transport pour identifier, le cas
échéant, des dispositifs techniques qui permettraient de ralentir la propagation de
l'emballement thermique au sein d?une caisse de transport et/ou de stockage.
? Étudier l'effet du taux de charge sur les modules en termes de sensibilité à l'emballement
thermique ou de comportement dans un incendie généralisé.
? Poursuivre la recherche sur la mise au point d'un système d'extinction automatique adapté au
mode de stockage retenu qui soit efficace pour stopper la propagation de l'incendie (Les
résultats obtenus sur les essais avec sprinklage laissant entrevoir des possibilités de maîtrise de
la propagation).
? Conduire une réflexion sur la sécurité du stockage de ses propres batteries. Cette réflexion devra
aboutir à des préconisations en matière de quantités maximales stockables par cellule compte-
tenu des distances d'effets générées, de distances d'exclusion vis-à -vis des murs coupe-feu,
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d'îlotages et de hauteurs de stockage, de dimensionnement de la détection incendie du système
d'extinction automatique et du désenfumage.
? Compléter la fiche de données de sécurité pour préciser le caractère hydroréactif des résidus de
combustion et la production de phosphine en présence d'eau.
? Établir et diffuser auprès des utilisateurs et des services de secours publics un protocole
d'intervention en cas de départ d'emballement thermique sur un module pour prévenir le risque
de propagation, gérer la phase d'extinction (avec en particulier la question des émissions de
phosphine) et maîtriser les risques liés à l'élimination des résidus.
? Définir une procédure de gestion des modules qui ont été choqués ou endommagés en tenant
compte du risque d'emballement thermique différé dans le temps.
VIII.2 À destination de l'exploitant de l'entrepôt
? Améliorer son organisation en cas de crise pour assurer ses obligations en matière d'information
des tiers et de collaboration avec les services de secours, notamment en leur fournissant toutes
les informations pertinentes (nature des produits dangereux, plans des installations, présence et
fonctionnement des moyens de lutte et de protection contre l'incendie etc.).
? Réévaluer périodiquement la pertinence des moyens d?intervention en cas de sinistre en
fonction de la dangerosité des matières stockées.
VIII.3 À destination de l'autorité réglementaire
? Dans un contexte d'électrification des usages et des mobilités, faire évoluer la réglementation
pour mieux encadrer l?implantation, les dispositions constructives, l?exploitation et la gestion en
cas d'accident des sites de stockage des batteries neuves ou usagées, en fonction des typologies
de batteries, compte-tenu notamment des enseignements techniques tirés de la présente
enquête.
Rapport d?enquête sur l'incendie de l'entrepôt Highway France Logistics 8 à Grand-Couronne (76) le 16 janvier 2023
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IX. Annexes
Annexe 1 Rapport d'appui technique de l?INERIS à l'enquête du BEA-RI ouverte suite à l?incendie survenu
le 16 janvier 2023 au sein de la société Highway Logistics France sur son site de Grand-Couronne (76)
(ref. Ineris - 219921 - 2791447 - v2.0 du 25/03/2024) ..................................................................................... 61
Rapport d?enquête sur l'incendie de l'entrepôt Highway France Logistics 8 à Grand-Couronne (76) le 16 janvier 2023
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Annexe 1 Rapport d'appui technique de l?INERIS à l'enquête du BEA-RI
ouverte suite à l?incendie survenu le 16 janvier 2023 au sein de la société
Highway France Logistics 8 sur son site de Grand-Couronne (76) (ref. Ineris -
219921 - 2791447 - v2.0 du 25/03/2024)
Ineris - 219921 - 2791447 - v2.0
25/03/2025
Appui technique de l?Ineris à l'enquête du BEA-RI
ouverte suite à l?incendie survenu le 16 janvier 2023
au sein de la société highway Logistic France sur
son site de Grand-Couronne (76)
BEA-RI
Ineris - 219921 - 2791447 - v2.0
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PRÉAMBULE
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Au vu de ses missions qui lui incombent, l'Ineris, n?est pas décideur. Les avis, recommandations,
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Nom de la Direction en charge du rapport : Direction Incendie, Dispersion, Explosion
Rédaction : BORDES ARNAUD ? LEROY GUILLAUME ? CLAUDE THEO ? BINOTTO GHISLAIN
Vérification : MARLAIR GUY; LECOCQ AMANDINE; GAYA CAROLINE; DELBAERE THIERRY;
LESAGE JEROME; CHAUMETTE SYLVAIN; CLAUDE THEO; QUERON JESSICA; BINOTTO
GHISLAIN; FRABOULET ISALINE; PAPIN ARNAUD; RABETTE CLEMENT, TRUCHOT BENJAMIN
Approbation : Document approuvé le 25/03/2025 par BOUET REMY
Liste des autres personnes ayant participé à l?étude : BERTHAUD MAXIME, ENGLER JEROME,
CHESNAYE ALEXANDRA, LE LORE PIERRE-ALEXANDRE, CORRADO ANTHONY, OLLIER
YANNICK, BERTRAND JEAN-PIERRE, DURUSSEL THIERRY, MANIA STEPHANE, BERTHELOT
BRICE, KAROSKI NICOLAS, FUVEL VINCENT, EL MASRI AHMAD
Remerciements : BLUE SOLUTIONS pour la fourniture des modules et EC . CARLIER DANY (ICMCB)
pour l?analyse RMN, Mössbauer et l?interprétation des analyses de résidus ; KONATE ADAMA (UTC)
pour l?analyse DRX
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Table des matières
1 Introduction ............................................................................................................................... 13
1.1 Déontologie ....................................................................................................................... 13
1.2 Contexte et objectifs .......................................................................................................... 13
1.3 Structure du rapport ........................................................................................................... 14
1.4 Description d?un module LMP ............................................................................................ 14
1.4.1 Electrochimie ................................................................................................................. 14
1.4.2 Intégration en module .................................................................................................... 15
1.4.3 Protocoles et méthodes expérimentales ......................................................................... 17
2 Choc/chute ................................................................................................................................ 19
2.1 Objectif et description du protocole d?essai ........................................................................ 19
2.2 Résultats axe Y ................................................................................................................. 20
2.3 Résultats axe Z .................................................................................................................. 27
2.4 Discussions (extrapolation à une chute, ?)........................................................................ 35
3 Défaut interne ........................................................................................................................... 37
3.1 Essai clou .......................................................................................................................... 37
3.1.1 Objectif et description du protocole d?essai ..................................................................... 37
3.1.2 Résultats ....................................................................................................................... 39
4 Autres hypothèses non testées .................................................................................................. 42
5 Conclusions de la recherche des causes probables ................................................................... 43
6 Essai de chauffe localisée ......................................................................................................... 45
6.1 Objectif .............................................................................................................................. 45
6.2 Essai sur module ............................................................................................................... 45
6.2.1 Instrumentation et protocole d?essai ............................................................................... 45
6.2.2 Phase de chauffe avec les pads chauffants localisés ..................................................... 49
6.2.3 Pads chauffants mica ..................................................................................................... 49
6.3 Essai sur EC ...................................................................................................................... 56
6.3.1 Instrumentation et protocole d?essai ............................................................................... 56
6.3.2 Résultats ....................................................................................................................... 57
7 Comportement d?un module LMP exposé à un flux calibré (essai feu sur module) ...................... 60
7.1 Objectif et description du protocole d?essai ........................................................................ 60
7.2 Résultats ........................................................................................................................... 62
7.2.1 Observations ................................................................................................................. 62
7.2.2 Caractéristiques thermiques de l?incendie ...................................................................... 65
7.2.3 Estimation de l?émittance de flamme .............................................................................. 70
7.3 Synthèse ........................................................................................................................... 71
8 Comportement d?une caisse de modules LMP prise dans un incendie (essai feu sur caisse)...... 71
8.1 Objectif et description du protocole d?essai ........................................................................ 71
8.2 Résultats ........................................................................................................................... 73
8.2.1 Observations ................................................................................................................. 73
8.2.2 Caractéristiques thermiques de l?incendie ...................................................................... 76
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8.2.3 Estimation de l?émittance de flamme .............................................................................. 83
8.3 Synthèse ........................................................................................................................... 83
9 Propagation de l?emballement thermique d?un module au sein d?une caisse (essai de propagation
sur caisse) ........................................................................................................................................ 84
9.1 Objectif et description du protocole d?essai ........................................................................ 84
9.2 Résultats ........................................................................................................................... 86
9.2.1 Observations ................................................................................................................. 86
9.2.2 Caractéristiques thermiques de l?incendie ...................................................................... 89
9.2.3 Estimation de l?émittance de flamme .............................................................................. 94
9.3 Synthèse ........................................................................................................................... 94
10 Influence du sprinklage sur l?incendie ........................................................................................ 95
10.1 Influence du sprinklage : essai de propagation caisse ........................................................ 97
10.1.1 .Observations ................................................................................................................ 97
10.1.2 Caractéristiques thermiques de l?incendie .................................................................... 100
10.1.3 Synthèse ..................................................................................................................... 106
10.2 Influence du sprinklage sur l?incendie : essai feu englobant sur caisse ............................. 107
10.2.1 Observations ............................................................................................................... 107
10.2.2 Caractéristiques de l?incendie....................................................................................... 110
10.2.3 Synthèse ..................................................................................................................... 116
10.3 Conclusions sur le sprinklage........................................................................................... 117
11 Analyse des effluents gaz, particules et eaux d?extinction ........................................................ 119
11.1 Méthodes ........................................................................................................................ 119
11.2 Emissions gazeuses ........................................................................................................ 121
11.2.1 Essai flux radiant sur module ....................................................................................... 121
11.2.2 Essai feu sur caisse (7 modules) .................................................................................. 125
11.2.3 Influence du sprinklage sur les émissions gazeuses : essai feu + sprinklage sur caisse 128
11.3 Emissions particulaires .................................................................................................... 134
11.3.1 Particules dans les fumées .......................................................................................... 134
11.3.2 Suies projetées à proximité de l?échantillon (gaine d?extraction, parois et sol) ............... 141
11.4 Analyse des eaux d?extinction .......................................................................................... 150
12 Discussion............................................................................................................................... 153
12.1 Comparaison avec un feu de batteries Li-ion .................................................................... 153
12.2 Scénario d?un feu d?entrepôt stockant des batteries LMP ................................................. 155
12.2.1 Comparaison avec un feu de caisse « standard » (1510) et d?un feu de batteries Li-ion tel
que discuté pour Flumilog........................................................................................................ 155
12.2.2 Evaluation des distances d?effets thermiques pour un incendie d?entrepôt .................... 157
12.2.3 Analyse de la tenue des murs REI120 .......................................................................... 159
12.2.4 Analyse du besoin en désenfumage ............................................................................. 161
12.2.5 Evaluation des effets toxiques aigües pour un incendie d?entrepôt................................ 161
12.3 Synthèse des particularités d?un feu d?entrepôt stockant des batteries LMP ..................... 162
13 Observations préliminaires ...................................................................................................... 164
14 Réactivité des résidus ............................................................................................................. 166
14.1 Prélèvement .................................................................................................................... 166
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14.2 Evaluation préliminaire de la réactivité des résidus prélevés ............................................ 166
14.3 Epreuve N.5 : Méthode d?épreuve pour les matières qui, au contact de l?eau, dégagent des
gaz inflammables (ONU) ............................................................................................................. 168
14.3.1 Phase 1 ....................................................................................................................... 168
14.3.2 Phase 2 ....................................................................................................................... 169
14.3.3 Phase 3 ....................................................................................................................... 170
14.3.4 Phase 4 ....................................................................................................................... 171
14.4 Analyse des gaz de réaction générés lors de l?ajout d?eau sur l?échantillon ....................... 173
14.5 Risques liés à l?émission de phosphine ............................................................................ 174
14.6 Conclusions sur la réactivité des résidus .......................................................................... 175
15 Caractérisation des résidus ..................................................................................................... 176
16 Mécanismes réactionnels susceptibles de former de la phosphine ........................................... 182
17 Conclusion générale ................................................................................................................ 183
18 Annexes .................................................................................................................................. 187
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Résumé
Le 16 janvier 2023, un incendie s?est déclaré au sein d?un entrepôt situé sur la commune de Grand-
Couronne (76), qui abritait, selon l?exploitant plusieurs milliers de batteries de véhicules de type Lithium
Métal Polymer (LMP).
Suite à l?incendie, le BEA-RI s?est saisi de l?enquête. Devant la quasi-absence de données disponibles
dans la littérature sur la réactivité des batteries de type LMP, le BEA-RI a souhaité mobiliser l?Ineris (via
une lettre de saisine datant du 22 mai 2024) pour évaluer le rôle qu'auraient joué les modules batteries
dans l'occurrence et le développement de l'incendie.
L?Ineris a mis en oeuvre une campagne d?essais permettant de mieux appréhender les causes et effets
de la réaction de ces batteries. Blue Solutions a mis à disposition les échantillons nécessaires.
De manière générale, les essais menés ont permis d?appréhender le comportement des batteries LMP
produites par Blue Solutions en situation abusive.
Au sujet des mode de défaillance, il ressort notamment que :
- Une chute ou un impact d?un module batterie stocké à température ambiante peut être à l?origine
d?un emballement thermique. Une chauffe localisée visant à reproduire les effets d?un court-circuit
interne amène également à une forte réactivité.
Vis-à -vis des mécanismes de propagation de l?incendie, il ressort notamment que :
- Peu de signes avant-coureurs sont observables avant que le module entre en réaction violente.
- Des jets de métal en fusion sont observés dès les premiers instants de la réaction et se
poursuivent tout au long de la réaction. Ces jets sont potentiellement une source de propagation
de l?incendie et/ou de danger envers les personnes ;
- Des températures très élevées sont observées (1615 °C), ce qui, en plus de jouer un rôle
important sur le rayonnement thermique et donc la propagation, peut affecter la tenue des
structures métalliques ou en béton ;
- Des coulées de métaux/résidus en fusion très chaudes sont observées et restent chaudes
plusieurs minutes au sol. Cela favorise la propagation verticale (vers le bas) et horizontale, de la
même manière qu?un feu de nappe le ferait en s?étalant au sol.
- Les paramètres de combustion ont pu être déterminés et comparés aux batteries de technologies
Li-ion. Une différence sensible sur le débit calorifique (facteur 2 à 5) est observée à l?échelle
module, expliquée à la fois par les propriétés intrinsèques de la technologie et par les choix
d?ingénierie faits par Blue Solutions (absence de séparation physique entre les éléments du
module d?énergie 7 kWh).
Au sujet de la dangerosité des substances émises, il ressort notamment que :
- Lors de la combustion des modules, des émissions de gaz importantes sont observées. Le
mélange gazeux est en très large majorité composé de CO2, issu de la combustion intense.
Comme autres produits de combustion, du CO est mesuré (en quantité 30 fois inférieure) et du
NO est détecté en quantités relativement faibles mais significatives. D?autres gaz et COV plus
spécifiques sont détectés, on pourra citer notamment le méthane (CH4), le fluorure d?hydrogène
(HF), le dihydrogène (H2), le dioxyde de soufre (SO2) ainsi que des traces de benzène (C6H6), de
propane (C3H8) et parfois de chlorure d?hydrogène (HCl). Parmi ces gaz, on peut noter la
présence de gaz toxiques comme CO, HF et SO2.
- Le mélange gazeux n?est pas inflammable.
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Au sujet de l?extinction par aspersion d?eau, il ressort notamment que :
- Une extinction à eau, semble recommandable sur ce type de feu. S?il est clair qu?elle ne permettra
pas d?éteindre un module en cours de réaction, elle peut permettre, dans certaines conditions de
limiter la propagation de l?incendie. Aussi, une fois la phase intense de l?incendie terminée, il faut
limiter les apports d?eau car ceux-ci contribuent à entretenir la réaction des résidus de combustion
des batteries qui sont hydro réactifs et émettent des gaz toxiques et inflammables. Il est d?ailleurs
recommandé de retenir les eaux d?extinction qui sont contaminées.
- L?aspersion d?eau modifie sensiblement le mélange gazeux. En effet, si celui-ci reste très
largement composé de CO2, les teneurs en certains gaz inflammables et/ou toxiques (CO, H2,
CH4) augmentent sensiblement. Certains gaz toxiques ne sont plus détectés (HF, SO2) tandis
que de la phosphine (PH3) également toxique a été détectée dans ces conditions.
Vis à vis de la protection des intervenants jusque dans les dernières heures de l?extinction, il ressort
notamment que :
- Dans les dernières heures de l?extinction, les résidus de combustion sont réactifs et à même
d?émettre des substances toxiques. Cela a des conséquences sur la protection des intervenants
dans les dernières heures de l?extinction. L?analyse des résidus de combustion montre qu?ils sont
hydroréactifs. Au contact de l?eau, ils produisent des émissions de chaleur et de gaz
toxique/inflammable/pyrophorique tels que l?acétylène, la phosphine et du dihydrogène.
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Table des figures
Figure 1 : Représentation schématique de l?assemblage d?une couche de cellule LMP Blue Solutions.
Source site web Blue Solutions ......................................................................................................... 15
Figure 2: Schéma simplifié (vue en coupe) de l'intérieur d'un module ................................................ 15
Figure 3 : Dimensions d?un module LMP IT, communiquées par Blue Solutions................................. 16
Figure 4 : Photographie des 6 faces d?un module LMP IT3 ................................................................ 16
Figure 5 : Axes d?écrasement des modules ....................................................................................... 19
Figure 6 : Implantation des thermocouples et des fluxmètres pour les essais d'écrasement ............... 20
Figure 7 : Données enregistrées durant l?essai d?écrasement axe Y. ................................................. 24
Figure 8 : Données enregistrées durant la surveillance de l?essai d?écrasement axe Y....................... 25
Figure 9 : Captures d?écrans de la caméra infra-rouge lors de l?essai et de la surveillance de l?essai
d?écrasement axe Y. ......................................................................................................................... 26
Figure 10 : Photographies après essai (écrasement axe Y) ............................................................... 27
Figure 11 : Données enregistrées durant l?essai d?écrasement sur l?axe Z ......................................... 32
Figure 12 : Captures d?écrans de la caméra infra-rouge lors de l?essai d?écrasement axe Z. .............. 33
Figure 13 : Température maximale enregistrée par la caméra thermique au niveau des EC. ............. 34
Figure 14 : Photo après essai ............................................................................................................ 34
Figure 15 : Extrapolation des résultats d?écrasement quasi statique à des énergies........................... 35
Figure 16 : Variation de l?énergie en fonction de la hauteur de chute pour des masses de 40 et 280 kg
......................................................................................................................................................... 36
Figure 17 : Schémas de principe de l?assemblage d?EC testé lors de l?essai clou ............................... 37
Figure 18 : Photographies de l?assemblage d?EC et du spécimen en position de test ......................... 38
Figure 19 : Etapes du percement au clou .......................................................................................... 38
Figure 20 : position des thermocouples lors de l'essai clou ................................................................ 39
Figure 21 : Données enregistrées lors de l?essai de pénétration au clou ............................................ 40
Figure 22 : Enregistrements des températures ; ensemble des thermocouples .................................. 41
Figure 23 : Extraits de la vidéo enregistrée lors de l'essai de pénétration au clou............................... 41
Figure 24 : Extrait de la vidéo IR enregistrée lors de l?essai de pénétration au clou ............................ 42
Figure 25 : Implantation des pad chauffants ...................................................................................... 46
Figure 26 : Positionnement des thermocouples pour l?essai de chauffe localisée ............................... 46
Figure 27 : Disposition des fluxmètres lors de l?essai chauffe rapide localisée sur module ................. 48
Figure 28 : Photos du module avant essai ......................................................................................... 48
Figure 29 : Températures mesurées par les thermocouples sur et à proximité des éléments chauffants
localisés ............................................................................................................................................ 49
Figure 30 : Températures mesurées par les thermocouples sur et à proximité des éléments chauffants
en mica ............................................................................................................................................. 50
Figure 31 : Extraits de la vidéo de l?essai de surchauffe par pad module............................................ 51
Figure 32 : Extraits de la vidéo thermique lors de l?essai de surchauffe par pad chauffant .................. 52
Figure 33 : Enregistrements des températures de peau du module lors de l?essai de surchauffe par
pad. Saturation des TCK à 1200°C ................................................................................................... 53
Figure 34 : Température enregistrée par le pyromètre en un point au milieu de la face supérieure du
module. Saturation de l?instrument à 1600°C ..................................................................................... 54
Figure 35 : Tension du module lors de l?essai surchauffe par pad ...................................................... 54
Figure 36 : Valeurs de flux thermiques rayonnés enregistrés lors de l'essai surchauffe par pad module
......................................................................................................................................................... 55
Figure 37 : Photographie après essai ................................................................................................ 56
Figure 38 : Positionnement du pad chauffant et des thermocouples pour l?essai sur EC .................... 56
Figure 39 : Montage expérimental de l?essai chauffe rapide localisée sur EC ..................................... 57
Figure 40 : Extraits vidéo de la première chauffe n?ayant pas provoqué d?emballement thermique ..... 57
Figure 41 : Données enregistrées lors de l?essai de chauffe externe rapide sur EC............................ 58
Figure 42 : Extraits vidéo de la seconde chauffe après remplacement du pad chauffant .................... 59
Figure 43 : Photographies du moyen d?essai ..................................................................................... 60
Figure 44 : Paramètres mesurés (températures, flux à l?intérieur de la virole) lors d?un essai à blanc . 61
Figure 45 : Implantation des thermocouples ...................................................................................... 61
Figure 46 : Montage expérimental de l?essai flux radiatif .................................................................... 62
Figure 47 : Extraits de la vidéo de l?essai flux thermique .................................................................... 63
Figure 48 : Captures d?écrans de la caméra infra-rouge lors de l?essai flux radiatif ............................. 64
Figure 49 : Photographies du montage après l?essai de flux radiatif ................................................... 65
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Figure 50 : Enregistrements des températures lors de l?essai flux radiatif .......................................... 65
Figure 51 : Enregistrements des températures lors de l?essai flux radiatif (sélection de thermocouples)
......................................................................................................................................................... 66
Figure 52 : Enregistrements de la température effectuée par le pyromètre au centre de la face
supérieure (proche des bornes)......................................................................................................... 67
Figure 53 : Enregistrements de la tension du module lors de l?essai flux radiatif................................. 67
Figure 54 : Enregistrements des flux thermiques ............................................................................... 68
Figure 55 : Débit calorifique (HRR) calculé par CDG et OC lors de l?essai flux radiatif........................ 69
Figure 56 : Chaleur de combustion calculée par CDG et OC lors de l?essai flux radiatif...................... 70
Figure 57 : Montage expérimental de l?essai feu caisse ..................................................................... 72
Figure 58 : Agencement des 7 modules dans la caisse ..................................................................... 72
Figure 59 : Disposition des thermocouples et des fluxmètres ............................................................. 73
Figure 60 : Captures d?écran de la caméra infrarouge lors de l?essai feu caisse ................................. 74
Figure 61 : Captures d?écran de la vidéo lors de l?essai feu caisse..................................................... 75
Figure 62 : Photos prises après l?essai feu caisse.............................................................................. 76
Figure 63 : Données enregistrées lors de l'essai feu caisse ............................................................... 77
Figure 64 : Enregistrements de températures lors de l?essai feu caisse ............................................. 77
Figure 65 : Température maximale (sur un pixel) enregistrée par la caméra thermique ...................... 78
Figure 66 : Extraction des températures moyennes (caméra IR) de chacune des faces des modules 79
Figure 67 : Flux radiatifs enregistrés par les fluxmètres lors de l?essai feu caisse. .............................. 80
Figure 68 : Débit calorifique et chaleur de combustion calculés lors de l?essai de feu sur caisse ........ 81
Figure 69 : Perte de masse et débit massique lors de l?essai feu caisse. ........................................... 82
Figure 70 : Disposition des modules dans les caisses. ...................................................................... 84
Figure 71 : Montage expérimental de l?essai propagation caisse ....................................................... 85
Figure 72 : Positionnement des thermocouples et des fluxmètres lors de l?essai propagation caisse .. 85
Figure 73 : Captures d?écran de la vidéo infrarouge lors de l?essai propagation caisse. Attention, ne pas
tenir compte des températures relevées (effet écran de la protection) ............................................... 87
Figure 74 : Captures d?écran des caméras lors de l?essai de propagation caisse ............................... 88
Figure 75 : Photos après l?essai de propagation caisse ..................................................................... 89
Figure 76 : Données enregistrées lors de l?essai propagation caisse ................................................. 90
Figure 77 : Flux thermiques enregistrés lors de l?essai de propagation sur caisse .............................. 91
Figure 78 : Débit calorifique et chaleur de combustion calculés lors de l?essai de propagation caisse 92
Figure 79 : Evolution de la masse au cours de l?essai ........................................................................ 93
Figure 80 : Implantation des thermocouples pour l?essai propagation caisse avec sprinklage ............ 95
Figure 81 : Photos des montages « propagation caisse » et « feu caisse » pour les essais avec
sprinklage. ........................................................................................................................................ 96
Figure 82 : Schémas et photo du dispositif d?extinction ...................................................................... 97
Figure 83 : Extraits de l?enregistrement vidéo lors de l?essai propagation caisse + sprinklage ............ 98
Figure 84 : Extraits de l?enregistrement de la caméra IR lors de l?essai propagation caisse + sprinklage
......................................................................................................................................................... 99
Figure 85 : Données enregistrées (sélection) lors de l?essai propagation caisse + sprinklage........... 101
Figure 86 : Températures enregistrées par le thermocouple « sprinkler » (positionné à 5 m de haut) et
par le thermocouple « bac feu » (positionné à 5 cm du bac feu, sous les caisses de modules) ........ 102
Figure 87 : Température maximale (sur un pixel) enregistrée par la caméra thermique (haut) et
température enregistrée par le pyromètre (bas). Les mesures de températures durant le sprinklage
peuvent être affectées par la présence de gouttelettes d?eau entre le feu et l?objectif de la caméra. . 103
Figure 88 : Enregistrements des tensions lors de l?essai propagation caisse + sprinklage ................ 104
Figure 89 : Flux radiatifs enregistrés lors de l?essai propagation caisse + sprinklage ........................ 104
Figure 90 : Débit calorifique (calculé par OC) et débit d?eau appliqué lors de l?essai propagation caisse
+ sprinklage .................................................................................................................................... 105
Figure 91 : Débit calorifique et chaleur de combustion calculés lors de l?essai de propagation caisse +
sprinklage ....................................................................................................................................... 106
Figure 92 : Extraits de l?enregistrement de la caméra IR lors de l?essai feu caisse + sprinklage........ 108
Figure 93 : Extraits de l?enregistrement vidéo lors de l?essai feu caisse + sprinklage ........................ 109
Figure 94 : Données enregistrées (sélection) lors de l?essai propagation caisse + sprinklage........... 110
Figure 95 : Températures enregistrées par les thermocouples positionnés sous chacun des modules
lors de l?essai feu caisse + sprinklage et Tensions enregistrées. ...................................................... 111
Figure 96 : Température maximale (sur un pixel) enregistrée par la caméra thermique (haut) et
température enregistrée par le pyromètre (bas) ............................................................................... 112
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Figure 97 : Extraction des températures moyennes (caméra IR) de chacune des faces des modules
....................................................................................................................................................... 113
Figure 98 : Flux radiatifs enregistrés lors de l?essai feu caisse + sprinklage ..................................... 114
Figure 99 : Débit calorifique et chaleur de combustion calculés lors de l?essai de feu caisse + sprinklage
....................................................................................................................................................... 115
Figure 100 : Schéma de principe de l?analyse de gaz/particules ...................................................... 119
Figure 101 : Support de prélèvement des particules à proximité de l?échantillon .............................. 121
Figure 102 : Réceptacles de collecte des eaux d?extinction ............................................................. 121
Figure 103 : Débit massique CO2 essai de flux radiatif module ........................................................ 123
Figure 104 : Débit massique CO essai de flux radiatif module ......................................................... 124
Figure 105 : Débit massique CH4 essai de flux radiatif module ........................................................ 124
Figure 106 : Débit massique H2 essai de flux radiatif module ........................................................... 125
Figure 107 : Débit massique HF essai de flux radiatif module .......................................................... 125
Figure 108 : Concentration volumique d?une sélection d?espèces dans la gaine lors de l?essai feu sur
caisse ............................................................................................................................................. 128
Figure 109 : Concentration volumique en H2O théorique et mesurée dans la gaine lors de l?essai feu
sur caisse + sprinklage.................................................................................................................... 131
Figure 110 : Concentration volumique en CO2 dans la gaine lors de l?essai feu sur caisse + sprinklage
....................................................................................................................................................... 132
Figure 111 : Concentration volumique d?une sélection d?espèces dans la gaine lors de l?essai feu sur
caisse + sprinklage ......................................................................................................................... 133
Figure 112 : Concentration volumique en PH3 dans la gaine lors de l?essai feu sur caisse + sprinklage
....................................................................................................................................................... 134
Figure 113 : Diamètre médian et flux de particule mesuré par ELPI + (facteurs de dilution du diluteur et
de la gaine pris en compte) ............................................................................................................. 135
Figure 114 : Distribution granulométrique des particules lors de l?essai flux radiant sur module mesuré
par ELPI + ...................................................................................................................................... 135
Figure 115 : Observation MET du prélèvement MPS réalisé entre 20 et 40 s après que les premiers
effets ne soient visibles lors de l?essai flux radiatif sur module ......................................................... 136
Figure 116 : Observation MET du prélèvement MPS réalisé entre 40 et 50 s après que les premiers
effets ne soient visibles lors de l?essai flux radiatif sur module ......................................................... 136
Figure 117 : Analyse par fluorescence X des éléments-traces métalliques (ETM) lors de l?essai de flux
radiant sur module .......................................................................................................................... 137
Figure 118 : Diamètre médian et flux de particules mesuré par ELPI + lors de l?essai feu caisse...... 139
Figure 119 : Distribution granulométrique des particules mesurées par ELPI+ lors de l?essai feu caisse
....................................................................................................................................................... 139
Figure 120 : Observation MET des prélèvements effectués lors de l?essai feu caisse. Prélèvement
effectué en 10 s, 3 min après le début de réaction. .......................................................................... 140
Figure 121 : Résultats des analyses élémentaires des prélèvements réalisés sur les supports placés
dans la chambre lors de l?essai flux radiant module ......................................................................... 142
Figure 122 : Analyses des PCDD/F et PCB sur les supports de prélèvement lors de l?essai flux radiatif
module. ........................................................................................................................................... 142
Figure 123 : Traceurs PCB et PCDD/F analysés lors de l?essai flux radiant module ......................... 143
Figure 124 : Résultats des analyses élémentaires des prélèvements réalisés sur les supports placés
dans la chambre lors de l?essai feu caisse ....................................................................................... 144
Figure 125 : Analyses des PCDD/F et PCB sur les supports de prélèvement lors de l?essai feu caisse.
....................................................................................................................................................... 145
Figure 126 : Traceurs PCB et PCDD/F analysés lors de l?essai feu caisse ....................................... 145
Figure 127 : Résultats des analyses élémentaires des prélèvements réalisés sur les supports placés
dans la chambre lors de l?essai feu caisse + sprinklage ................................................................... 147
Figure 128 : Analyse des PCB et PCDD/F lors de l?essai feu caisse + sprinklage ............................ 147
Figure 129 : Traceurs PCB et PCDD/F analysés lors de l?essai feu caisse + sprinklage ................... 148
Figure 130 : Analyse des PCDD/F and PCB dans les eaux d?extinction ........................................... 151
Figure 131 : Débit calorifique libéré par type de cellule et format ..................................................... 154
Figure 132 : Comparaison entre le débit calorifique émis par une palette 1510 et celui émis par une
caisse de 7 modules LMP ............................................................................................................... 156
Figure 133 : Débit calorifique émis par une palette de modules LMP ............................................... 157
Figure 134 : Distances d?effets calculées avec le logiciel Flumilog ? à gauche, pour un stockage 1510,
à droite pour un stockage de modules LMP ..................................................................................... 158
Figure 135 : Puissance calculée pour les 2 cas traités ..................................................................... 159
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Figure 136 : Courbe ISO834] .......................................................................................................... 160
Figure 137 : Comparaison entre la courbe ISO834 et la température d?agression issue de l?incendie de
caisses de modules LMP ................................................................................................................ 161
Figure 138 : Photographies des résidus d?essais ............................................................................. 164
Figure 139 : Extraits vidéo où l?inflammation de résidu au contact du sol humide est visible............. 164
Figure 140 : Analyse du ciel gazeux d?un fût contenant des résidus de combustion de l?essai pad sur
module............................................................................................................................................ 165
Figure 141 : Cliché photographique du prélèvement d?échantillon issu de résidus de combustion de
batterie, produits à la suite d?un essai abusif ................................................................................... 166
Figure 142 : Clichés photographiques de l?échantillon (immédiatement après le prélèvement) placé dans
un bécher (a), lors d?ajout d?eau (b) et bullage/formation de mousse (c) .......................................... 167
Figure 143 : Clichés photographiques du comportement de l?échantillon humidifié soumis à une
action/contrainte mécanique............................................................................................................ 167
Figure 144 : Clichés photographiques du prélèvement d?échantillon de résidus de combustion de
batteries et fragments produits à la suite du concassage au burin en boîte à gants pour s?approcher des
quantités requises pour les diverses phases de l?épreuve N.5 ......................................................... 168
Figure 145 : Clichés photographiques des échantillons d?essais soumis à la phase 1 de l?épreuve N.5
....................................................................................................................................................... 169
Figure 146 : Clichés photographiques des échantillons d?essais soumis à la phase 2 de l?épreuve N.5
....................................................................................................................................................... 170
Figure 147 : Clichés photographiques des échantillons d?essais soumis à la phase 3 de l?épreuve N.5
....................................................................................................................................................... 170
Figure 148 : Clichés photographiques de la tentative d?inflammation au brûleur à gaz des gaz générés
lors de l?ajout de quelques gouttes d?eau sur l?échantillon soumis à la phase 3 de l?épreuve N.5 ...... 171
Figure 149 : Cliché photographique illustrant un exemple d?échantillon soumis à la phase 4 de l?épreuve
N.5 avec les débitmètres automatiques ........................................................................................... 172
Figure 150 : Evolution du débit de gaz dégagé en fonction du temps lors de la phase 4 de l?épreuve N.5
avec les débitmètres automatiques pour l?échantillon « Tel Quel » ? Essai 2 ................................... 173
Figure 151 : Evolution du débit de gaz dégagé en fonction du temps lors de la phase 4 de l?épreuve N.5
avec le débitmètre automatique pour l?échantillon « Tel Quel » - Essai 3 ......................................... 173
Figure 152 : Vue latérale du panache toxique résultant de l?émission de phosphine, effets irréversibles
et premiers effets létaux. ................................................................................................................. 174
Figure 153 : Seuils de toxicité et de perception de la phosphine ...................................................... 175
Figure 154 : Photographies des résidus prélevés pour analyse ....................................................... 176
Figure 155 : Analyse DRX des résidus d?un essai compression statique. L?analyse porte sur des résidus
plutôt rougeâtres et le transfert et l?analyse ont été réalisés sous air (poudre oxydée) ..................... 177
Figure 156 : Analyse DRX des résidus de l?essai feu caisse. L?analyse porte sur un ensemble
hétérogène de résidus et le transfert et l?analyse ont été réalisés sans contact avec l?air (protégé par
du Kapton) ...................................................................................................................................... 179
Figure 157 : Analyse RMN d?un ensemble hétérogène de résidus sur le 31P et le 7Li. Le transfert et
l?analyse ont été réalisés sans contact avec l?air .............................................................................. 180
Figure 158 : spectroscopies Mössbauer des résidus d?essais .......................................................... 181
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Glossaire
BEA-RI Bureau d'Enquêtes et d'Analyses - Risques Industriels
CDG Carbon Dioxyde Generation (génération de dioxyde de carbone en français)
COV Composés Organiques Volatils
DEC/EC Diethyl Carbonate / Ethyl Carbonate
DRX Diffraction à Rayons X
EC Electrochemical Cell (vocabulaire Blue Solutions)
ELPI Impacteur basse pression à détection électrique
FTIR Spectroscopie infrarouge à transformée de Fourier
GC-MS Gaz Chromatographie ? Spectroscopie de Masse
GMD Geometric Mean Diameter (diamètre moyen géométrique en français)
GTR-EVS Global Technical Regulation ? Electric Vehicle Safety
HAP Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques
HRR Heat Release Rate (débit calorifique en français)
ICMCB Institut de Chimie de la Matière Condensée de Bordeaux
INERIS Institut National de l?Environnement Industriel et des Risques
IR Infra-Rouge
LFP
LMP
Lithium Fer Phosphate
Lithium Métal Polymère
MET Microscope électronique à transmission
MPS Mini Particle Sampler
NMC Nickel Manganèse Cobalt
OC Oxygen Consumption (consommation d?oxygène en Français)
OMS Organisation Mondiale de la Santé
ONU Organisation des Nations Unies
PCB Polychlorobiphényles
PCDD/F Polychloro-dibenzodioxines / Polychloro-dibenzofurannes
PTFE Polytétrafluoroéthylène
REI Acronyme utilisé pour indiquer la résistance au feu d'un élément de construction
RMN Résonance Magnétique Nucléaire
EDX Energy Dispersive X-ray ou spectroscopie X à dispersion d'énergie
POE Poly(oxyéthylène)
SDIS Service Départemental d?Incendie et de Secours
SOC State of Charge (état de charge en français)
TC ou TCK Thermocouple ou Thermocouple de type K
THR Total Heat Release (chaleur totale dégagée en français)
UTC Université Technologique de Compiègne
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1 Introduction
1.1 Déontologie
L?expertise décrite dans le présent rapport a consisté à évaluer les propriétés des batteries Lithium
Métal Polymère (LMP) de la société Blue Solutions placées en situation abusives. Par le passé, l?Ineris
n?a jamais réalisé d?études pour le compte de Blue Solutions. L?Ineris a réalisé, pour d?autres sociétés,
des études sur des installations fixes ou mobiles intégrant des batteries Blue Solutions en prenant en
compte, sans les remettre en cause, les hypothèses fournies par Blue Solutions.
1.2 Contexte et objectifs
Le 16 janvier 2023, un incendie s?est déclaré au sein d?un entrepôt situé sur la commune de Grand-
Couronne (76), propriété de la société SAS HIGHWAY FRANCE LOGISTICS 8. Le feu s?est déclenché
vers 16h30 dans la cellule 1 de 6000 mètres carrés de l?entrepôt, louée et opérée par la société
BOLLORE LOGISTICS, qui abritait, selon l?exploitant, des pièces automobiles, incluant plusieurs
milliers de batteries de véhicules de type Lithium Métal Polymère (LMP) Des effets ont été observés Ã
l?extérieur de l?entrepôt logistique (flammes, fumées, ?) nécessitant l?intervention des pompiers (SDIS
de la seine maritime).
Suite à l?incendie, le BEA-RI s?est saisi de l?enquête. Devant la quasi-absence de données disponibles
dans la littérature sur la réactivité des batteries de type LMP, le BEA-RI a souhaité mobiliser l?Ineris (via
une lettre de saisine datant du 22 mai 2024 et présentée en annexe 1) pour évaluer le rôle qu'auraient
joué les modules batteries dans l'occurrence et le développement de l'incendie.
En pratique, il a été demandé à l'INERIS de réaliser des essais sur des modules ou sur des cellules
électrochimiques en vue :
? De déterminer, en simulant différents modes d'agression, si des modes de défaillance de
modules à température ambiante peuvent être à l'origine d'un emballement thermique ;
? D'étudier les mécanismes de propagations de l'incendie en tenant compte du mode de stockage
utilisé dans l'entrepôt et d'évaluer le rôle du système d'extinction automatique.
? D'établir sur la base des mesures et des observations réalisées à l'occasion des essais si les
modules de batteries peuvent être à l'origine des explosions et des projections constatées lors
de l'incendie
? D'évaluer, au besoin par comparaison avec d'autres types de feu connus et documentés,
l'efficacité des dispositifs de protection incendie communément utilisé dans le domaine de la
logistique (mur REI, dispositif de désenfumage);
? D'évaluer la dangerosité des substances émises, le cas échéant, en les comparant aux
substances émises par des feux plus communément rencontrés et déjà documentés ;
? De préciser au regard des résultats obtenus en matière d'analyse si les moyens de protection
utilisés en phase accidentelle (y compris dans les dernières heures d'extinction) permettent de
protéger convenablement les intervenants.
L?Ineris, en accord avec le BEA-RI a mis en oeuvre une campagne d?essais permettant de mieux
appréhender les causes et effets de la réaction de ces batteries. Blue Solutions a mis à disposition les
échantillons nécessaires.
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1.3 Structure du rapport
Pour répondre aux questions posées, le rapport est constitué de 3 grandes parties. La première vise Ã
la détermination des causes possibles de l?emballement thermique d?un module stocké. Elle comprend
des essais d?abus mécanique et thermique afin d?évaluer les possibilités de réaction d?un module. La
seconde vise à comprendre les caractéristiques d?un incendie d?un module et d?une caisse de module
LMP. Elle comprend des essais d?exposition au feu d?échantillons allant jusqu?à des caisses de modules
et inclue l?étude de l?influence de l?extinction. La troisième et dernière partie traite de l?instabilité des
résidus après essai afin d?évaluer les risques dans les dernières heures de l?extinction.
1.4 Description d?un module LMP
Ce rapport vise à mieux appréhender les causes et effets de la réaction de type LMP produites par Blue
Solutions. Peu de données existent dans la littérature puisque la technologie de batterie actuellement
dominante est la technologie Li-ion, pour laquelle de nombreuses études existent. Dans notre étude,
des modules LMP de modèle IT3 produits par Blue Solutions, correspondant à ceux stockés à Grand-
Couronne ont été testés.
Il faut bien souligner que certaines des conclusions tirées sont généralisables à la technologie LMP
(système Lim/POE/LFP) tandis que d?autres sont le résultat de choix d?ingénierie faits par Blue Solutions
et donc uniquement valables pour les modules/caisses dont il est question dans ce rapport. Il est ainsi
important de bien décrire les modules étudiés.
Contrairement à ce qui est généralement réalisé à l?Ineris, les modules ont été testé tels que reçus sans
vérification des performances électriques (capacité en charge/décharge), l?accès au BMS des modules
n?ayant pas été donné dans le cadre de ces travaux.
1.4.1 Electrochimie
Les batteries Li-métal produites par Blue Solutions, désignées comme « LMP » pour Lithium Métal
Polymère se différencient de la plupart des autres technologies de batteries sur le marché par la
présence de lithium métal à l?anode. Cette technologie diffère notamment de la technologie Li-ion, car
elle n?utilise pas d?électrolyte de type organique liquide mais repose sur l?utilisation d?un polymère. Le
polymère utilisé (PEO) est solide à température ambiante et réalisé à base de sels de Li soufrés et
fluorés. Ces éléments différenciant, représentés en Figure 1, font que les modes de fonctionnement et
profils de risques de ces deux technologies de batteries lithium (LMP d?un côté, et lithium-ion de l?autre)
sont très différents.
La cathode utilisée dans les batteries ici testées est de chimie LFP, comme ce qui peut être trouvé dans
la technologie Li-ion. Le motif unitaire Li(m)/PEO/LFP est répété jusqu?à former la plus petite unité
désignée par Blue Solutions comme « EC » pour Electrochemical Cell, cette unité comporte des
connecteurs (ou tabs) pour permettre la connexion électrique au niveau de l?empilement des motifs
unitaire (stack). Ces éléments unitaires de tension autour de 3V et ayant une capacité d?environ 100 Ah
ne sont pas enveloppés comme cela est le cas pour la technologie Li-ion et ces EC ne sont donc pas
utilisables en l?état dans un système.
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Figure 1 : Représentation schématique de l?assemblage d?une couche de cellule LMP Blue Solutions.
Source site web Blue Solutions
1.4.2 Intégration en module
Les EC sont ensuite empilés et connectés en série jusqu?à former un module de 72 V / 7 kWh. En plus
de l?électrochimie, un module contient des éléments électronique (carte électronique, bornes,
chauffages latéraux, ?) et mécanique (ressort, isolant, ?). Afin d?éviter l?oxydation de l?anode en Li
métal, le module est rempli de gaz inerte et fermé de manière hermétique. Un module dispose d?un
évent sur la face avant (sous les bornes) afin d?éviter les montées en pression. Il est à noter que
l?empilement d?EC est séparé de chacune des faces du module, soit par un espace conséquent, soit
par des couches d?isolant électrique (plastique).
La Figure 2 présente un schéma simplifié de l?intérieur d?un module.
Figure 2: Schéma simplifié (vue en coupe) de l'intérieur d'un module
Un module pèse environ 40 kg dont 6 kg de casing métallique et environ 3,5 kg de Lim (Soit 8,75 % de
la masse du module). Ses dimensions sont données en Figure 3. A titre de comparaison, dans une
batterie Li-ion de véhicule électrique environ 1 % de la masse est associée au Lithium contenu dans les
électrodes.
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Figure 3 : Dimensions d?un module LMP IT, communiquées par Blue Solutions
Une photographie de chacune des faces d?un module est présentée en Figure 4.
Figure 4 : Photographie des 6 faces d?un module LMP IT3
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1.4.3 Protocoles et méthodes expérimentales
Les chapitres suivants sont consacrés en grande partie à des essais abusifs réalisés dans le but de
répondre à la saisine du BEA-RI. Les protocoles d?essais ont été développés en impliquant Blue Solution
et le BEA-RI lors de leurs mises au point. Blue Solution et le BEA-RI ont assisté à l?ensemble des essais
réalisés sur le site de l?Ineris à Verneuil-en-Halatte. Ces essais n?ont pas de visées réglementaires ou
d?homologation, ainsi ils ne cherchent pas à reproduire des protocoles normalisés, d?autant plus que les
normes couvrant la sécurité des modules de type LMP sont quasi inexistantes ou inadaptées aux
besoins de la campagne d?essais.
L?ensemble des mesures a cependant été réalisé en suivant les bonnes pratiques du domaine. Plus de
détail sur la métrologie, les instruments utilisés, les incertitudes de mesures sont données en Annexe 2.
Les protocoles expérimentaux et l?instrumentation mise en place est décrite dans chacune des sous-
parties.
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PARTIE 1 : Détermination des causes possibles de
l?emballement thermique d?un module stocké
Pour répondre aux questions posées, cette première vise à déterminer, en simulant différents modes
d'agression, si des modes de défaillance de modules dit à température ambiante peuvent être à l'origine
d'un emballement thermique. Elle comprend des essais d?abus mécanique afin d?évaluer les possibilités
de réaction d?un module.
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2 Choc/chute
2.1 Objectif et description du protocole d?essai
Cet essai a pour but de déterminer si une déformation mécanique d?un module stocké suite à un choc
ou une chute peut être la cause d?un emballement thermique du module.
Pour étudier cette hypothèse, le module a été soumis à un écrasement quasi-statique à une vitesse de
0,5 mm/s sur deux axes (représentés sur la Figure 5). Le module est écrasé à l?aide d?un impacteur
hémisphérique de diamètre 150 mm. L?écrasement est effectué en plusieurs étapes jusqu?à réaction,
90 % de l?épaisseur de la batterie ou que la limite sécuritaire de la presse soit atteinte (480 kN).
Figure 5 : Axes d?écrasement des modules
Des thermocouples sont disposés avant essai sur les faces extérieures du module et des fluxmètres
sont positionnés autour du module.
L?implantation des thermocouples et des fluxmètres est présentée sur la Figure 6.
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Figure 6 : Implantation des thermocouples et des fluxmètres pour les essais d'écrasement
2.2 Résultats axe Y
Le déroulé de l?essai d?écrasement sur l?axe Y est présenté en tableau 1. Les premiers effets
mesurables de l?écrasement sont une chute de tension de 3,3 V, observée après une déformation de
27 mm suivie d?une première légère élévation de température mesurée après 43 mm d?enfoncement.
Après 88 mm d?enfoncement, le casing du module s?ouvre. La tension s?annule après 100 mm
d?enfoncement, cela ne reflète pas l?absence de tension mais un arrachage des bornes sur lesquelles
est effectuée la mesure. Sur la poursuite de l?écrasement, peu d?effets sont constatés hormis des
élévations modérées de températures. Cependant, de par l?architecture du module, l?empilement d?EC
n?est pas réellement écrasé mais s?échappe par le haut, poussé par le ressort placé en bas du module.
Il est à noter que les thermocouples sont placés sur l?extérieur du casing du module et ne reflètent pas
les températures des EC.
Lors du retrait de la presse, le module chute dans le bac de rétention métallique. 34 minutes après les
premiers effets constatés (chute de tension/élévation légère de température) et 6 minutes après le
dernier abus (chute dans le bac) une élévation très importante de la température est observée.
12 secondes après ces premiers signes avant-coureurs d?emballement thermique, l?ensemble des
éléments s?enflamment et une réaction violente se produit pendant environ 3 minutes.
L?emballement thermique étant différé par rapport à l?agression, il est difficile de conclure formellement
sur l?origine de celui-ci. Plusieurs hypothèses peuvent être émises :
- La déformation a provoqué un court-circuit interne. Les deux premiers signes d?un tel défaut
pourraient être la première chute de tension après 27 mm d?enfoncement ou le premier
échauffement après 43 mm d?enfoncement ;
- L?ouverture du module après 88 mm d?enfoncement a laissé rentrer de l?air qui a réagi avec le
lithium métal et provoqué une réaction exothermique ;
- Lors de la chute de l?empilement d?EC, celui-ci vient au contact du bac métallique qui crée un
court-circuit inter-EC.
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Tableau 1 : Chronologie des évènements lors de l?essai d?écrasement sur l?axe Y
Temps Evènement
-7 min Début enregistrement vidéo
(11h 27 min 02 s)
-180s Début enregistrement des
données
0 s Début de l?écrasement
53 s Première chute de tension
(-3.3 V)
Enfoncement 27 mm
67-70s Chute de tension (-13 V)
Chute de la force (120?90 kN)
85 s Première légère élévation de
température (TC 2, 3, 4, 8)
Enfoncement de 43 mm
20°C sur caméra IR
150 s Maximum de force lors de
l?essai atteint (160 kN)
175 s Rupture mécanique du casing
du module. Légère fumée
visible.
Enfoncement 88 mm
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Temps Evènement
194 s Premier arrêt de l?écrasement
Enfoncement 97 mm
10 min 48 s Reprise de l?écrasement
10 min 48 s La tension s?annule
(probablement causée par
l?arrachage des bornes)
Enfoncement de 100 mm
11 min 30 s Arrêt de l?écrasement
Enfoncement de 120 mm
13 min 48 s Reprise de l?écrasement
14 min 24 s Elévation significative de
température (TC 2, 3)
26 °C sur caméra IR
15 min 06 s Arrêt de l?écrasement
Enfoncement de 160 mm
22 min 20 s Reprise de l?enfoncement
23 min Elévation significative de la
température (TC4, 7, 8)
32 °C sur caméra IR
23 min 20 s Arrêt définitif de l?écrasement
Enfoncement max 190 mm
(95 %)
25 min Recul de la presse
27 min Maximum local de température
(29°C sur TC2)
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Temps Evènement
29 min Chute de la batterie dans le bac
de rétention
31 min 30 s Arrêt de l?enregistrement des
données
31 min 40 s Début de la surveillance
(nouvelle base de temps pour
l?enregistrement des données)
32 min Elévation de température
(+40°C en 1 min)
33 min Elévation de température
(+75°C en 20 sec min)
35 min 12 s Elévation importante de la
température
35 min 24 s Réaction violente
35 min 34 s Pic de flux radiatif
(23,7 kW/m2 F2)
36 min 10 s Fin du pic d?effet thermique
(l?ensemble des flux radiatifs se
stabilise à 5 kW/m2)
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Temps Evènement
38 min 10 s Fin de la réaction violente
45 min 10 s Arrêt des flammes
Les données enregistrées durant l?essai sur l?axe Y sont présentées en Figure 7 et durant la phase de
surveillance en Figure 8 (les base de temps sont différentes). Il est important de rappeler que les
thermocouples placés sur le casing ne reflètent pas les températures de l?électrochimie (empilement
d?EC) du fait de l?éjection de ces derniers.
Les images extraites de la caméra thermique présentées en Figure 9 donnent de meilleures
informations. Durant la réaction, l?ensemble des thermocouples sont saturés révélant que les
températures ont dépassé 1200°C. Un pic de flux radiatif proche de 25 kW/m2 est enregistré à 2,5 m de
distance.
Figure 7 : Données enregistrées durant l?essai d?écrasement axe Y.
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Figure 8 : Données enregistrées durant la surveillance de l?essai d?écrasement axe Y
Les images de la caméra thermique permettent de constater une élévation progressive de la
température jusqu?à 33°C lors de l?écrasement. Une élévation assez brutale de la température (+75°C
en 20 sec) est constatée 2 min avant l?évènement. Durant la réaction, la caméra est saturée d?abord Ã
160°C puis à 660°C due aux limites de la caméra.
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Figure 9 : Captures d?écrans de la caméra infra-rouge lors de l?essai et de la surveillance de l?essai
d?écrasement axe Y.
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Les photos après essai sont présentées en Figure 10. Elles permettent de constater que le module est
complètement détruit. Des résidus, rougeâtres sont visibles. Le bac de rétention en acier (température
de fusion d?environ 1400 °C) est percé et l?état de dégradation de la caméra placée à plusieurs mètres
témoigne d?un flux thermique important et de températures extrêmement élevées. Les fluxmètres placés
à 2,5 m du module ont enregistré un pic à 25 kW/m² ce qui présuppose une émittance de flamme élevée
(supérieure à 100 kW/m²).
Figure 10 : Photographies après essai (écrasement axe Y)
2.3 Résultats axe Z
Le déroulé de l?essai d?écrasement sur l?axe Z est présenté en tableau 2. Sur cet axe, la compression a
lieu sur le même axe que le ressort placé sous le module. Les premiers centimètres d?écrasement sont
donc consacrés à l?écrasement de ce ressort. Sur cet axe, les EC sont écrasés perpendiculairement Ã
leur surface. Le premier effet mesurable de l?écrasement est une chute de tension de 3,3 V, observée
après une déformation de 34 mm. Une première légère élévation de température est mesurée après
71 mm d?enfoncement. Cette lente augmentation de température, persiste de manière quasi linéaire
jusqu?aux minutes précédant l?emballement thermique. La tension s?annule après 96 mm d?enfoncement
contrairement à l?axe Y, cette tension nulle semble refléter la mise en court-circuit de l?ensemble des
EC (pas d?arrachage des bornes à ce stade). Après 102 mm d?enfoncement, le casing du module
s?ouvre par la face avant. Sur la poursuite de l?écrasement, peu d?effets sont constatés hormis la
poursuite de l?augmentation de température et l?augmentation de l?ouverture du casing. 34 minutes
après l?arrêt de l?écrasement, les températures enregistrées par la caméra thermique deviennent
critiques (75°C) et un emballement thermique imminent est pressenti. Pour protéger la presse
hydraulique, celle-ci est reculée. 15 secondes plus tard, la température au niveau des EC dépasse
100°C (caméra IR) et après 15 nouvelles secondes, le module s?enflamme très violemment.
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L?emballement thermique étant différé par rapport à l?agression (env. 35 min), il est difficile de conclure
formellement sur l?origine de celui-ci. Plusieurs hypothèses peuvent être émises :
- La déformation a provoqué un court-circuit interne. Les deux premiers signes d?un tel défaut
pourraient être la première chute de tension après 34 mm d?enfoncement ou le premier
échauffement après 71 mm d?enfoncement ;
- L?ouverture du module après 102 mm d?enfoncement a laissé rentrer de l?air qui a réagi avec le
lithium métal et provoqué une réaction exothermique.
Tableau 2 : Chronologie des évènements lors de l?essai d?écrasement sur l?axe Z
Temps Evènement
- 5 min 49 s Début enregistrement vidéo
(15h 10 min 30 s)
-1 min 52 s Début enregistrement IR
-137s Début enregistrement des
données
0 s Début de l?écrasement
Tmax= 13°C
70 s Première chute de tension
(-3.3 V)
Enfoncement 34 mm
91 s Maximum de force (476 kN)
Enfoncement 45 mm
143 s Première élévation de
température (TC 2, 3, 7, 8)
Enfoncement de 71 mm
13°C sur caméra IR
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Temps Evènement
192 s Tension à 0V
Enfoncement 96 mm
Tmax = 14°C
205 s Rupture mécanique du casing
du module. Légère fumée
visible.
Enfoncement 102 mm
356 s Arrêt de l?enfoncement
Enfoncement max de 178 mm
Tmax= 15°C
40 min Recul de la presse
Tmax=21°C
74°C sur caméra IR
2427 s
40 min 30 s
Augmentation de température
TC 4 : +20°C en 1s
2428 s
40 min 30 s
Augmentation de température
TC 6 : +100°C en 1s
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Temps Evènement
2430 s
40 min 30 s
Réaction violente
2440 s
40 min 40s
Pic de flux radiatif
(25 - 30 kW/m2 F1)
F2 non considéré car
comportement anormal
41 min 30 s Fin du pic d?effet thermique
(l?ensemble des flux se stabilise
à 5 kW/m2)
Du métal en fusion coule et des
projections de métal en fusion
sont observées
44 min Fin de la réaction violente
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Temps Evènement
54 min Arrêt des flammes
Les données enregistrées durant l?essai sur l?axe Z sont présentées en Figure 11.
Il est important de rappeler que les thermocouples placés sur le casing, ne reflètent pas forcément les
températures de l?électrochimie (empilement d?EC). Les images extraites de la caméra thermique
présentées en Figure 12 donnent de meilleures informations. Durant la réaction, l?ensemble des
thermocouples sont saturés révélant que les températures ont dépassé 1200°C. Un pic de flux radiatif
proche de 25 à 30 kW/m2 est enregistré à 2,5 m du module. Les données enregistrées par le fluxmètre 2
ne seront pas retenues car il a un comportement anormal (chute rapide et annulation des valeurs en
cours de réaction).
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Figure 11 : Données enregistrées durant l?essai d?écrasement sur l?axe Z
Les images de la caméra thermiques permettent de constater une élévation progressive de la
température jusqu?à 33°C lors de l?écrasement. Une élévation assez brutale de la température (+75°C
en 20 sec) est constatée 2 min avant l?évènement. Durant la réaction, la caméra est saturée d?abord Ã
160°C puis à 660°C due aux limites de la caméra.
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Figure 12 : Captures d?écrans de la caméra infra-rouge lors de l?essai d?écrasement axe Z.
La Figure 13 reprend les températures maximales enregistrées par la caméra thermique au niveau des
EC. Elle permet de visualiser l?augmentation linéaire puis exponentielle de la température.
L?accélération de l?échauffement est autour de 34 min.
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Figure 13 : Température maximale enregistrée par la caméra thermique au niveau des EC.
La photo après essai est présentée en Figure 14. Elle permet de constater que le module est
complètement détruit. Des résidus rougeâtres sont visibles.
Figure 14 : Photo après essai
0
20
40
60
80
100
120
140
160
180
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 30 32 34 36 38 40 42 44
Te
m
pé
ra
tu
re
(°
C
)
Temps (min)
Temp. max caméra IR
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2.4 Discussions (extrapolation à une chute, ?)
Les écrasements quasi-statiques sur les deux axes ont démontré la possibilité de déclencher un
emballement thermique par abus mécanique. Dans le contexte d?un entrepôt de stockage, il est plus
plausible que l?abus soit dynamique (chute d?une caisse, chute d?un objet sur une caisse, coup de
fourche de chariot élévateur). Afin de proposer des ordres de grandeur des énergies nécessaires pour
créer une déformation susceptible de créer un emballement thermique, nous pouvons extrapoler les
résultats en intégrant les valeurs de force sur le déplacement :
E=? ?(?) ???
0 .
Plusieurs hypothèses sont ensuite prises :
- L?objet impactant le module a la même forme et surface que la sphère utilisée pour
l?enfoncement quasi-statique ;
- L?emballement thermique étant différé, nous conserverons l?hypothèse : un abus permettant de
constater une variation de tension ou de température est suffisant pour déclencher
l?emballement thermique.
Les deux courbes présentées en Figure 15 sont ainsi tracées. On constate que les valeurs sont
beaucoup plus grandes sur l?axe Z. Cela s?explique par la plus grande force employée et nécessaire
pour compresser le ressort.
Au final sur l?axe Z, les énergies nécessaires à provoquer une variation de tension sont de l?ordre de
600 J et de 2200 J pour observer une variation de température.
Comme indiqué en Figure 16, cela correspond à une chute d?une masse de 40 kg de 1,5 à 5 m. Dans
le cas de l?axe Z, les énergies correspondant aux premières variations de tension et de température
sont respectivement 4,7 et 18 kJ. Ces énergies ne sont pas plausibles pour la chute d?un objet de 40 kg
mais correspondent à des hauteurs de 1,5 m à 6,5 m pour une masse de 280 kg.
Figure 15 : Extrapolation des résultats d?écrasement quasi statique à des énergies
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Figure 16 : Variation de l?énergie en fonction de la hauteur de chute pour des masses de 40 et 280 kg
Il est à noter que les modules étant placés dans des caisses, celles-ci doivent influer positivement sur
la protection des modules. Inversement, un impact ou une déformation localisée serait plus pénalisant.
Dans le cas des modules testés, la détermination du point de démarrage de l?emballement thermique
est plus compliquée que pour du Li-ion car la réaction se produit avec un fort décalage par rapport Ã
l?abus.
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3 Défaut interne
Un défaut interne ne peut être écarté quelle que soit la technologie de batterie (défaut de fabrication,
d?assemblage, de conception,?) aussi il est important de quantifier les effets associés à un tel
phénomène. Le déclenchement d?un défaut interne type court-circuit étant difficile à mettre en oeuvre, il
a été sélectionné le percement au clou et la chauffe localisée comme déclencheur représentatif.
3.1 Essai clou
3.1.1 Objectif et description du protocole d?essai
Cet essai a pour but de déterminer si un défaut interne, de type court-circuit à l?intérieur d?un EC ou
inter-EC, d?un module stocké peut être la cause d?un emballement thermique du module.
Pour étudier cette hypothèse il n?existe pas de protocole défini mais un test au clou peut s?en approcher.
Les issues du test peuvent varier selon les paramètres de test choisi (matériaux du clou, vitesse de
pénétration, taille du clou, ?). Pour les essais de cette campagne, les paramètres ont été fixés comme
suit :
- Clou de 10 mm de diamètre en acier,
- Vitesse de pénétration : 1 mm/s.
La Figure 17 présente un schéma de principe de l?empilement de deux EC tel que préparé par Blue
Solutions pour les essais de percement au clou. Chaque EC est placé dans une enveloppe en polymère
multicouche souple de type « pouch cell » et les bornes de chaque EC sont accessibles. Les EC sont
ensuite connectés en série afin de reproduire la configuration à l?intérieur d?un module.
Figure 17 : Schémas de principe de l?assemblage d?EC testé lors de l?essai clou
La Figure 18 présente les images des EC assemblés dans des films polymères multicouches et des
ECs montés dans une plaque de maintien métallique en position pour subir la pénétration au clou.
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Figure 18 : Photographies de l?assemblage d?EC et du spécimen en position de test
Le percement est réalisé en plusieurs étapes reprises en Figure 19.
- La première étape consiste à percer sur une profondeur de 0,7 EC (soit 7 mm). Le défaut ainsi
simulé est un court-circuit interne à l?EC. A noter que plusieurs motifs élémentaires
(anode/séparateur/cathode) sont simultanément percés, ce qui n?est pas le cas lorsqu?un défaut
interne à l?EC apparait ;
- La seconde étape consiste à percer sur une profondeur de 1,5 EC (soit 15 mm). Le défaut ainsi
simulé est un court-circuit inter-EC. A noter qu?ici ce défaut est créé alors que le premier EC est
déjà en court-circuit depuis plusieurs minutes ce qui peut affecter les résultats ;
- La troisième étape consiste à terminer l?enfoncement pour traverser le système, soit 1,9 EC
(19 mm).
Figure 19 : Etapes du percement au clou
La Figure 20 présente la position des thermocouples lors de l?essai clou. A noter que les thermocouples
8, 9, 10 n?ont finalement pas été instrumentés pour éviter de créer des points de pression sur les EC et
d?ajouter une épaisseur inconnue lors du percement du clou. Le thermocouple 16 est placé à l?intérieur
du clou à 1,8 cm de la pointe.
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Figure 20 : position des thermocouples lors de l'essai clou
3.1.2 Résultats
La Figure 21 présente un récapitulatif des données enregistrées durant le test. Afin de faciliter la lecture
du graphique, seulement une sélection de thermocouples est représentée. Lors de l?enfoncement dans
le premier EC, aucune augmentation de température n?est observée. Environ 30 min après le premier
enfoncement, la seconde étape est démarrée (mise en court-circuit des EC) et une augmentation de
température d?environ 2°C est observée, principalement au niveau du thermocouple placé dans le clou
et au centre de la première cellule transpercée. Environ 30 min après cette seconde étape, la troisième
et dernière étape est lancée. Une augmentation de température d?environ 2°C est constatée,
particulièrement au niveau des thermocouples placés sur la seconde cellule pénétrée.
La Figure 22 détaille plus précisément l?ensemble des températures enregistrées lors de l?essai.
L?augmentation de température semble être limitée et pas à même de conduire à un emballement
thermique. Au regard des résultats d?essai d?écrasement, pour lesquels l?augmentation de température
était limitée avant un emballement soudain, il est difficile de conclure si l?EC est proche ou non d?une
zone « critique ».
Il faut aussi noter que d?autres paramètres, à commencer par la taille du clou, peuvent influer l?issue de
ce type de test. Enfin, nous tenons à souligner que les résultats présentés ici ne sont utilisables en
aucun cas pour conclure quant au comportement de batteries en fonctionnement (85°C).
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Figure 21 : Données enregistrées lors de l?essai de pénétration au clou
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Figure 22 : Enregistrements des températures ; ensemble des thermocouples
La Figure 23 présente les extraits de la vidéo enregistrée. Aucun élément notable n?est visible. De
même, les images enregistrées par la caméra IR et présentées en 24 ne montrent aucun échauffement
ou évènement notable.
Figure 23 : Extraits de la vidéo enregistrée lors de l'essai de pénétration au clou
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Figure 24 : Extrait de la vidéo IR enregistrée lors de l?essai de pénétration au clou
L?introduction d?un clou métallique de diamètre 10 mm n?a pas permis le déclenchement de
l?emballement thermique d?un EC. Il faut noter que ces résultats peuvent varier selon les paramètres
d?essais utilisés notamment la vitesse, le diamètre du clou et la position de percement. Aussi, dans les
conditions d?essais choisis, un des EC était court-circuité depuis plusieurs minutes avant qu?un court-
circuit inter-EC soit créé. Cela et la température de l?essai à laquelle la cellule n?est pas dans sa plage
de fonctionnement (85°C) peut impacter fortement l?issue de l?essai.
4 Autres hypothèses non testées
D?autres hypothèses comme le court-circuit externe ou la surdécharge n?ont pas été étudiées car jugées
peu à même de déclencher un emballement thermique sur un module à température ambiante en
condition de stockage.
Un défaut d?étanchéité au niveau du module a été évoqué mais semblerait conduire à une oxydation
lente du lithium métal sans nécessairement entrainer une réaction violente du module. La reproduction
expérimentale de ce type de défaut a semblé difficilement représentative et peu reproductible pour
qu?elle soit réalisée.
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5 Conclusions de la recherche des causes probables
Dans cette partie, plusieurs essais ont été réalisés afin de déterminer quels types d?évènements
pourraient être susceptibles de déclencher l?emballement thermique de modules en condition de
stockage.
Les écrasements quasi-statiques menés sur les deux axes ont démontré la possibilité de déclencher un
emballement thermique par abus mécanique. Sur l?un des axes, les énergies nécessaires pour
provoquer un début d?échauffement du module correspondent à une chute d?une masse de 40 kg de
5 m. Sur l?autre axe, l?énergie correspond à une chute de 6,5 m d?une masse de 280 kg. Les hypothèses
d?une chute d?objet sur la caisse, de la chute d?une caisse ou d?un coup de fourche de chariot élévateur
semblent donc des hypothèses plausibles même s?il faut noter que les modules étant placés dans des
caisses, celles-ci doivent influer positivement sur la protection des modules.
Ces essais montrent aussi que la détermination du point de démarrage de l?emballement thermique est
plus compliquée que pour du Li-ion car la réaction se produit avec un décalage temporel important par
rapport à l?abus. Signifiant que les limites d?énergie tolérables sont moins faciles à déterminer et que,
d?un point de vue accidentel, l?abus a pu avoir lieu plusieurs minutes/heures avant la réaction (ce qui
reste parfois possible mais dans une moindre mesure pour le Li-ion).
La seconde hypothèse étudiée est celle d?un défaut interne de type court-circuit entre cellules ou interne
à certaines cellules constitutives des modules. Pour tester cette hypothèse, un essai clou a été réalisé.
Il n?a pas permis le déclenchement de l?emballement thermique d?un EC. Toutefois, même si ce test
démontre une assez bonne résistance de la technologie à ce type d?abus, plusieurs facteurs pourraient
modifier l?issue du test : vitesse de pénétration, le diamètre du clou et la position de percement. Afin de
s?affranchir de ces nombreux paramètres de test, un test ne simulant non pas le défaut mais les
conséquences d?un défaut, c?est-à -dire un échauffement rapide localisé, sera proposé dans la partie
suivante.
Ces essais ont, en outre, permis de mettre en évidence la rapidité avec laquelle un module passe d?un
état paraissant stable à une réaction très violente, marquée de manière quasi instantanée par des
projections de métal en fusion.
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PARTIE 2 : Comprendre les caractéristiques de l?incendie
Cette seconde partie étudie les mécanismes de propagation de l'incendie d?un module et d?une caisse
de module LMP en tenant compte du mode de stockage utilisé dans l'entrepôt et d'évaluer le rôle du
système d'extinction automatique. Elle comprend des essais d?exposition au feu d?échantillons allant
jusqu?Ã des caisses de modules avec ou sans extinctions.
Les effets observés lors de ces réactions seront analysés pour déterminer si les modules de batteries
peuvent être à l'origine des explosions et des projections constatées lors de l'incendie.
L'efficacité des dispositifs de protection incendie communément utilisés dans le domaine de la logistique
(mur REI, dispositif de désenfumage) seront évalués en utilisant notamment des outils de modélisation.
Enfin, les analyses de gaz et de particules permettent d?évaluer la dangerosité des substances émises.
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6 Essai de chauffe localisée
6.1 Objectif
Cet essai a pour but de tester les conséquences d?un court-circuit interne. En effet, comme cela a été
détaillé dans les parties consacrées aux courts-circuits internes (inter-EC et pénétration au clou), les
reproductions expérimentales de courts circuits internes sont limitées et leur représentativité peut être
discutée. Ici, plutôt que de tenter de reproduire la cause de la défaillance, nous proposons de reproduire
ses conséquences, c?est-à -dire un échauffement important, rapide et localisé des couches internes. A
cette fin, des protocoles relativement robustes pour les batteries Li-ion ont été développés dans l?ISO
6469-2 ou dans la série 05 du R100, adoptée en GRSP en décembre 2024 ou sont en cours de
développement dans des groupes de travail à visée règlementaire (transport marchandises
dangereuses). Des détails techniques sont donnés en Annexe 3.
Ici, deux configurations seront testées, la première sur un assemblage de deux EC, emballées dans
une multicouche polymère (type pouch cell) et la seconde en module. L?assemblage d?EC est un
échantillon préparé spécialement par Blue Solutions pour les besoins de l?essai mais n?existe pas tel
quel au format commercial. Dans le cas des modules, il s?agit du plus petit niveau d?intégration existant
permettant d?être testé tel quel (possédant un casing). L?implantation du pad chauffant y est cependant
imparfaite car, comme décrit en Figure 25, un espace sépare systématiquement le casing de
l?empilement d?EC. Ces vides sont remplis de gaz inerte (azote) afin d?éviter l?oxydation des composants
et l?enveloppe ne peut donc pas être percée sans affecter les parties actives. Malgré cela, la méthode
de chauffe rapide locale a été mise en oeuvre mais un second élément chauffant plus grand et puissant
a été instrumenté dans le cas où le petit élément chauffant ne permet pas de déclencher l?emballement
thermique.
6.2 Essai sur module
6.2.1 Instrumentation et protocole d?essai
Chaque type de pad chauffant est instrumenté en double en cas de défaillance d?un pad et un isolant
thermique (plaque d?inerta) est placé au-dessus afin d?éviter la dissipation thermique. L?ensemble est
maintenu par des colliers métalliques afin d??assurer un bon contact pad/module.
L?ensemble de cette instrumentation et du positionnement est décrit en Figure 25.
Les caractéristiques du pad chauffant sont les suivantes :
- L1 et L2 :
o Taille de pad 2,5 x 2,5 cm,
o Puissance : 600 W (100 W/cm2),
o Température maximale 800°C,
- Pads chauffants : Mica 1 et 2 ,
o Taille de pad : 50 x 15 cm,
o Puissance : 3 300 W (4.4 W/cm2),
o Température maximale 600°C.
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Figure 25 : Implantation des pad chauffants
La Figure 26 et le tableau 3 détaillent le positionnement des thermocouples.
Figure 26 : Positionnement des thermocouples pour l?essai de chauffe localisée
Tableau 3 : Position des thermocouples pour l?essai de chauffe localisée
N° TC Position
1 TC pad Watlow 1
2 1 cm du pad Watlow 1
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3 TC pad Watlow 2 (backup)
4 1 cm du pad Watlow 2
5 TC pad mica 1
6 1 cm du pad mica 1
7 Pad mica 2
8 1 cm pad mica 2
9 Face avant
10 Face arrière
11 Face arrière
12 Face inférieure
13 Face inférieure
14 Face latérale
15 Face latérale tabs -
16 Face latérale tabs +
17 Ambiant
18 Event
Compte tenu des températures élevées attendues, en plus des thermocouples de type K (saturation Ã
1200 °C), un pyromètre bichromatique pyrospot a été mis en oeuvre. Celui-ci permet d?enregistrer des
températures allant de 400°C à 1600°C par mesure infrarouge en un point donné (disque de diamètre
2 cm). Lors de cet essai, le pyromètre pointait le centre de la face supérieure du module.
Le positionnement des fluxmètres est présenté en Figure 27.
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Figure 27 : Disposition des fluxmètres lors de l?essai chauffe rapide localisée sur module
La Figure 28 présente le positionnement du module avant essai.
Figure 28 : Photos du module avant essai
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6.2.2 Phase de chauffe avec les pads chauffants localisés
La Figure 29 présente les températures mesurées sur et à 1 cm des pads chauffants localisés. Après
avoir rapidement atteint les 200°C, le premier pad manque de puissance pour poursuivre l?augmentation
de température. Le second pad est alors démarré. Il atteint rapidement 350°C et plafonne à cette valeur.
Environ 1 h après le démarrage du second pad localisé, ils sont arrêtés puis redémarrés. 20 min après
le redémarrage, la décision est prise d?arrêter la chauffe avec ces pads. Avec cette méthode, hormis
les températures mesurées sur les pads, la température la plus haute atteinte sur le casing en aluminium
est de 240°C à environ 1 cm du second pad. Cette température est trop faible pour déclencher
l?emballement thermique du module.
Figure 29 : Températures mesurées par les thermocouples sur et à proximité des éléments chauffants
localisés
6.2.3 Pads chauffants mica
La Figure 30 présente les températures mesurées sur et à 1 cm des pads chauffants en mica. Un
premier allumage du pad chauffant est rapidement arrêté à cause d?une erreur de manipulation. La
température de l?élément chauffant n?aura pas dépassé 300°C.
Environ 2 min après, le pad chauffant est relancé. 420 s (7 min) après le début de la chauffe, le module
réagit. La température maximale atteinte par le pad, juste avant évènement est de 715°C. La
température enregistrée par le thermocouple « TC_prox_pad_M_2 », placé à 1 cm du pad chauffant
(en jaune sur les graphs) est particulièrement intéressante car plus représentative de ce qu?il se passe
à l?intérieur du module. A partir du début de la chauffe, celle-ci augmente de manière quasi linéaire
jusqu?à 7300 s, où un palier à environ 155°C apparait. Celui-ci dure 60 s et la température décroit ensuite
vers un second palier autour de 120°C. Ce comportement pourrait être attribué à l?absorption de
l?énergie par la fusion du Li métal (Tfusion =180°C). 80 s après, l?emballement thermique démarre.
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Figure 30 : Températures mesurées par les thermocouples sur et à proximité des éléments chauffants
en mica
La Figure 31 présente des extraits de la vidéo de l?essai et la Figure 32 ceux de la caméra IR. Les
premières fumées sont constatées 5 min 54 s avant le début de l?emballement. L?origine de ces fumées
est incertaine. Dès que le premier signe d?inflammation apparait, les effets sont immédiatement très
prononcés et la réaction de combustion s?accompagne de projections attribuées à du métal (Li) en
fusion. Ces projections ne sont pas retrouvées sur des batteries Li-ion et sont caractéristiques de
l?emballement thermique de ce type de batteries (contenant du Li-métal). Durant les 30 premières
secondes, les effets se font ressentir principalement par la face avant (cf. Figures 32 et 33). La face
opposée perce ensuite et l?ensemble du module devient rapidement entouré de flammes. 1 min après
le début de l?emballement thermique, la réaction est pleinement développée. D?importantes projections
de métal en fusion, associées à un éclatement sont parfois observées (cf. T0+ 1 min 40 s). 2 min 30
après son initiation, la réaction baisse fortement d?intensité même s?il faut encore attendre plusieurs
minutes pour constater l?arrêt des flammes.
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Figure 31 : Extraits de la vidéo de l?essai de surchauffe par pad module
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Figure 32 : Extraits de la vidéo thermique lors de l?essai de surchauffe par pad chauffant
La Figure 33 présente l?enregistrement des thermocouples. Dès que l?emballement thermique est
atteint, l?ensemble des thermocouples placés sur le module enregistrent une augmentation de
température. La face latérale (TC11) semble impactée plus tardivement (15 à 20 s après le début de
l?emballement).
Après environ 30 s, l?ensemble des thermocouples enregistrent des températures supérieures Ã
1200 °C et les températures ensuite enregistrées ne sont plus représentatives.
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Figure 33 : Enregistrements des températures de peau du module lors de l?essai de surchauffe
par pad. Saturation des TCK à 1200°C
Le pyromètre permet de mieux approcher les températures atteintes durant la réaction.
La Figure 34 présente l?enregistrement des températures ainsi mesurées. En tout début de réaction, les
températures enregistrées sont très bruitées et difficilement exploitables, cependant, après quelques
secondes, il permet de constater que les températures maximales atteintes oscillent entre 1500 °C et
1600 °C, voire dépassent momentanément 1600 °C (valeur limite du capteur).
Après 30 s de températures dans ces valeurs, la réaction, au point visé par le capteur, semble baisser
en intensité et retrouve des valeurs autour de 800 °C. 1 min plus tard, une nouvelle augmentation de
température culminant à 1400 °C est constatée. Elle peut être liée à la chute/fonte de la paroi du casing
découvrant l?intérieur du module où la réaction est plus chaude. 2 min après le début de la réaction, les
températures passent définitivement en dessous de 1000 °C.
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Figure 34 : Température enregistrée par le pyromètre en un point au milieu de la face supérieure
du module. Saturation de l?instrument à 1600°C
La Figure 35 présente la tension enregistrée. Une chute légère de tension est décelable 20 secondes
avant le début de l?emballement thermique. 20 secondes après le début de l?emballement thermique, la
tension chute brutalement de 40 V à 0 V, marquant vraisemblablement une déconnexion de
l?empilement d?EC des bornes du module.
Figure 35 : Tension du module lors de l?essai surchauffe par pad
La Figure 36 présente les flux thermiques rayonnés. Conformément aux autres éléments
(thermocouples et vidéo), ils permettent de constater que la réaction dure environ 2 min 20. Un pic
proche de 14 kW/m2 est enregistré par les deux fluxmètres placés symétriquement de part et d?autre de
la face avant, à 2,5 m de l?échantillon. Le fluxmètre 1 enregistre des valeurs inférieures car positionné
plus loin (3,5 m). En début de réaction, le fluxmètre 1 enregistre des valeurs encore moindres car il est
à l?opposé du côté où la réaction débute. Ces résultats sont plus largement exploités dans le chapitre 12
(Partie 2).
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Figure 36 : Valeurs de flux thermiques rayonnés enregistrés lors de l'essai surchauffe par pad module
Enfin, la Figure 37 présente les résidus après essai. De manière similaire aux autres essais ayant
conduit à une réaction, l?échantillon est entièrement détruit et des résidus brunâtres sont retrouvés.
La partie 3 de ce rapport est consacré à la caractérisation de ces résidus dans l?optique d?évaluer si les
moyens de protection utilisés en phase accidentelle (y compris dans les dernières heures d'extinction)
permettent de protéger convenablement les intervenants.
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Figure 37 : Photographie après essai
Au final, la chauffe avec un pad de grande dimension et suffisamment puissante a permis de déclencher
un emballement généralisé du module. Cette méthode, facile à mettre en oeuvre expérimentalement et
peu invasive, sera reprise comme moyen de déclenchement pour les essais de propagation (caisse)
même si elle n?est pas forcément représentative d?un court-circuit interne localisé.
En revanche, la chauffe rapide localisée n?a pas permis de déclencher d?emballement thermique.
Comme l?électrochimie (EC) est éloignée physiquement de la zone chauffée (casing alu), il est difficile
de conclure et un essai sur EC est proposé dans la partie suivante.
6.3 Essai sur EC
6.3.1 Instrumentation et protocole d?essai
Pour cet essai, l?assemblage de 2 EC en série a été équipé de 4 thermocouples tels que décrits en
Figure 38.
Figure 38 : Positionnement du pad chauffant et des thermocouples pour l?essai sur EC
Le pad est positionné au centre de la face de l?EC et recouvert d?une couche d?isolant souple. Les
caractéristiques du pad sont les suivantes :
o Taille de pad 25 x 25 x 4 mm,
o Puissance : 600 W (100 W/cm2),
o Température maximale 800°C.
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Afin d?assurer un bon contact entre le pad chauffant et l?EC ainsi qu?une pression sur les EC, le système
a été placé entre deux parpaings réfractaires de type siporex de 15 kg chacun.
La Figure 39 présente le dispositif avant essai.
Figure 39 : Montage expérimental de l?essai chauffe rapide localisée sur EC
6.3.2 Résultats
La Figure 40 présente les extraits vidéos de la chauffe avec le premier pad chauffant. 33 s après le
début de la chauffe, une légère fumée est visible. 10 s plus tard, une lueur apparait sous les siporex et
de faibles flammes sont visibles l?espace de quelques secondes. Ce moment coïncide avec la perte du
pad chauffant (il n?accepte plus de courant). L?hypothèse que nous retenons est une défaillance du pad
chauffant. Lors de cette chauffe, aucune donnée n?était enregistrée suite à une erreur d?enregistrement.
Afin de poursuivre le test, le pad chauffant a été remplacé par un second pad du même type, placé au
même endroit. Cette fois, par simplicité, aucune couche d?isolant ne sera placée dessus (hormis le
siporex). L?essai est relancé dans l?heure qui suit.
Figure 40 : Extraits vidéo de la première chauffe n?ayant pas provoqué d?emballement thermique
Les données de la chauffe avec le second pad ont cette fois été enregistrées et sont présentées ci-
dessous en Figure 41. La puissance de l?élément chauffant est progressivement augmentée jusqu?Ã
300 W, ce qui permet d?obtenir une rampe de température de l?ordre de 17 °C/s au niveau du pad,
jusqu?à atteindre 796 °C. A cette température, une rupture de pente est observée et la chauffe
s?accélère, probablement portée par une réaction exothermique de l?EC. 50 s après le début de la
chauffe, le thermocouple placé sur le pad sature (1200 °C) témoignant de la réaction de l?EC.
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On note qu?il reste possible de passer du courant pendant quelques secondes dans le pad, ce qui cette
fois permet de conclure à une réaction de l?EC et non une défaillance du pad. 10 s plus tard (80 s), le
thermocouple placé à la surface de l?EC abusé enregistre une élévation rapide de température, d?abord
jusqu?à 1000 °C puis sature (1200 °C).
La réaction se diffuse sur le premier EC et, 30 s après les premiers signes de réaction, le TC3 placé Ã
15 cm du pad chauffant enregistre une élévation rapide de température, jusqu?à saturation. C?est à ce
moment que la tension du système s?annule une première fois. Il faudra 30 s de plus pour que la réaction
se propage au second EC (125 s) (TC 4 et 5).
Figure 41 : Données enregistrées lors de l?essai de chauffe externe rapide sur EC
Les extraits vidéos de l?essai présentés en Figure 42 sont en concordance avec la description faite par
l?analyse des données. On notera la présence de projections dès les premiers instants de la réaction. Il
faut environ 30 s pour que la réaction se développe et devienne intense.
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Figure 42 : Extraits vidéo de la seconde chauffe après remplacement du pad chauffant
Une chauffe rapide localisée à la surface d?un EC a donc permis de créer un emballement thermique
de l?ensemble de l?EC qui s?est ensuite propagé à l?EC en série placé dessous. En supposant que cet
essai soit représentatif de ce qu?il pourrait se passer en cas de défaut interne, il est donc possible de
conclure qu?un défaut interne ait pu causer l?emballement thermique d?un EC qui s?est ensuite propagé
au module.
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7 Comportement d?un module LMP exposé à un flux calibré
(essai feu sur module)
7.1 Objectif et description du protocole d?essai
Cette sous-partie a pour objectif de caractériser la réaction d?un module LMP lorsqu?il est en
emballement thermique. Cet essai a été réalisé le 18/10/2023.
Plusieurs paramètres importants ont été étudiés :
o La température à laquelle le module commence à réagir,
o Le flux thermique dégagé (HRR (Heat Release Rate) et THR (Total Heat Release)),
o La température maximale atteinte lors de la réaction,
o Les effets de la réaction (projection, écoulements, ?),
o La qualification des gaz et particules émises (notamment vis-à -vis des risques toxiques
et d?explosion).
Pour cela un module chargé à 100 % est soumis à un flux thermique radiatif, représentatif d?un feu
développé. Classiquement, des panneaux radiants sont utilisés pour produire le flux thermique radiatif.
La violence de la réaction attendue du module et afin de préserver l?intégrité du moyen d?essai, il a été
préféré d?adapter le protocole.
Le module a ainsi été placé au centre d?une virole en acier de 2 mm d?épaisseur, de 40 cm de diamètre
et de 80 cm de longueur, elle-même suspendue au-dessus d?un feu de propane. En ajustant la
puissance du feu de propane, la puissance thermique radiative reçue par le module a pu ainsi être
ajustée. Cet ajustement de protocole empêche une bonne mesure des flux thermiques émis mais
permet l?évaluation des autres paramètres recherchés (nb : pour l?étude des flux thermiques émis par
un module, se reporter à la partie 6 surchauffe module par pad chauffant).
Le montage expérimental est présenté en Figure 43. Le moyen d?essai est placé au centre d?une
chambre d?essai de 300 m3 dotée d?une extraction forcée de 35 000 m3/h s?effectuant verticalement Ã
7 m de hauteur. Les entrées d?air sont assurées par des ouvertures de 40 x 40 cm² réparties sur tout le
pourtour de la chambre.
Figure 43 : Photographies du moyen d?essai
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Le module est placé verticalement dans la virole au-dessus d?un lit de sable. Le feu de propane est
allumé par un opérateur au moyen d?un chalumeau. L?essai de calibration dont les résultats sont
présentés sur la Figure 44 a permis de déterminer que pour un débit de propane fixé à 25 g/s, les
températures à l?intérieur de la virole montent progressivement pendant 5 min jusqu?à 400°C environ et
le flux absorbé par l?échantillon est alors estimé à un flux compris entre 10 et 15 kW/m2 en considérant
les effets convectifs et radiatifs.
Figure 44 : Paramètres mesurés (températures, flux à l?intérieur de la virole) lors d?un essai à blanc
Le feu est maintenu jusqu?Ã ce que l?emballement thermique du module soit atteint.
La Figure 45 présente l?implantation des thermocouples.
Figure 45 : Implantation des thermocouples
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Compte tenu des températures élevées attendues, en plus des thermocouples de type K (saturation Ã
1200 °C), un pyromètre bichromatique pyrospot a été mis en oeuvre. Celui-ci permet d?enregistrer des
températures allant de 400°C à 1600°C par mesure infrarouge en un point donné (disque de diamètre
2 cm). Lors de cet essai, le pyromètre pointait le centre de la face visible du module (Cf. Figure 46).
Avec ce type de mesure, l?émissivité de la flamme n?étant pas connue (fixée arbitrairement à 0.95), la
précision de la valeur de température est de l?ordre de 10 %. A noter que pour une valeur d?émissivité
de flamme plus faible, les températures mesurées seraient plus élevées.
Malgré les difficultés posées par la virole pour mesurer le flux thermique émis, un fluxmètre a été
positionné à 3,5 m de l?échantillon et à 2 m de haut (hauteur du haut de la virole).
La Figure 46 présente le montage expérimental avant essai.
Figure 46 : Montage expérimental de l?essai flux radiatif
7.2 Résultats
7.2.1 Observations
La Figure 47 présente des extraits de la vidéo d?essai. Après allumage du bac feu, celui-ci se stabilise
rapidement (30 s). 15 min après l?allumage du bac, une première réaction est observée (projection de
gaz, de flammes et de particules incandescentes par le haut de la virole). 6 secondes après ces premiers
signes de réaction, l?intensité du feu de propane a drastiquement baissé et la réaction à l?intérieur de la
virole semble relativement faible (de légères flammes ressortent). Cette chute d?intensité est marquée
par le pic négatif au temps t0 + 15,75 min sur le graphe de débit calorifique (Figure 55). Il faut attendre
30 s pour que la réaction s?intensifie et 36 s pour que des projections importantes de Li en fusion
apparaissent. 1 min 20 après le début de réaction, la virole dans laquelle est maintenu le module se
perce en deux points au niveau de sa base. 1 min 56 après le début de réaction, la réaction semble
atteindre un pic d?intensité, coïncidant avec le pic de flux thermique rayonné mesuré par le fluxmètre et
le second pic de débit calorifique mesuré. Environ 2 min 30 s après son initiation, la réaction baisse
nettement d?intensité, il faudra ensuite attendre plusieurs minutes pour que la réaction s?arrête.
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Figure 47 : Extraits de la vidéo de l?essai flux thermique
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La Figure 48 présente des extraits de la vidéo enregistrée par caméra infrarouge. Elle permet de
constater que, quelques secondes avant la réaction, le bas de la virole a une température de 640 °C.
Dès que la réaction débute, les valeurs maximales de températures dépassent les 660 °C dans les
zones blanches et la caméra se sature. Peu d?informations sont exploitables de ces données.
Figure 48 : Captures d?écrans de la caméra infra-rouge lors de l?essai flux radiatif
Les photos après essais sont présentées en Figure 49.
Elles permettent de constater que le module est complètement détruit. Des résidus, rougeâtres sont
visibles ainsi que des flaques resolidifiées de métal fondu (probablement l?acier de la virole). La virole
en acier (Tfus env. 1400 °C) est percée et largement dégradée attestant de températures extrêmement
élevées.
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Figure 49 : Photographies du montage après l?essai de flux radiatif
7.2.2 Caractéristiques thermiques de l?incendie
La Figure 50 présente les enregistrements de température de l?ensemble des thermocouples. Le
thermocouple placé dans les flammes (env. 20 cm sous la virole) enregistre une élévation rapide de
température et oscille ensuite entre 800 et 1000 °C en fonction du contact ou non à la flamme. Les
autres températures augmentent progressivement. 15 min après l?allumage du feu et que l?échantillon
soit soumis à un flux thermique compris entre 10 et 15 kW/m2 sur toute sa surface extérieure, le module
s?emballe et les températures enregistrées dépassent alors les 1200 °C (limite haute des
thermocouples).
La Figure 51présente une sélection de thermocouples afin de permettre une meilleure visualisation des
variations de températures du module. Juste avant l?emballement thermique, les températures
maximales enregistrées sur les faces du module sont de l?ordre de 480 °C. Dès lors que la réaction du
module débute (1544 s), le feu de propane est stoppé (1550 s) et la température enregistrée par le
thermocouple dans le feu décroit. 16 secondes (1560 s) après les premiers signes de réaction, le
thermocouple positionné sur la tab (face orientée vers le haut de la virole) dépasse 1200 °C. Il faut
13 secondes de plus (1573 s) pour que des températures supérieures à 1200 °C soient enregistrées
sur l?ensemble des faces. Après cela, l?ensemble des thermocouples est saturé et les valeurs
enregistrées ne sont plus significatives.
Figure 50 : Enregistrements des températures lors de l?essai flux radiatif
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Figure 51 : Enregistrements des températures lors de l?essai flux radiatif (sélection de thermocouples)
La Figure 52 présente l?enregistrement effectué par le pyromètre. Cet enregistrement reflète la
température en un point au centre de la face supérieure (proche des bornes). Dès l?allumage du feu,
des oscillations très brèves jusqu?à 1400 °C sont enregistrées mais ne sont pas représentatives de la
température de la face (perturbation par les flammes). Dès lors que le module réagit (1544 s), la
température s?élève jusqu?à osciller entre des températures de 1100 à 1200 °C au plus fort de la
réaction. Environ 5 min après le début de la réaction, les températures retombent en dessous de 800 °C.
Il faut noter que les températures ainsi observées n?auraient pas suffi à saturer les thermocouples
positionnés sur le module tels que cela a été observé. Les hypothèses les plus probables sont que le
montage (avec la virole autour) a gêné la mesure du pyromètre et les valeurs enregistrées ne sont pas
celles du module ou le module s?est affaissé en cours d?essai et les valeurs mesurées sont celles de la
paroi de la virole.
En conclusion, nous proposons de ne pas retenir ces températures et nous préfèrerons retenir celles
qui seront enregistrées lors des autres essais, où le montage sera plus adapté.
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Figure 52 : Enregistrements de la température effectuée par le pyromètre au centre de la face
supérieure (proche des bornes)
La Figure 53 présente l?enregistrement de tension effectué lors de l?essai flux radiant. Les premières
variations de tension (environ 1 V) se font ressentir à 1542 s, soit 2 secondes avant les premières
élévations de températures violentes enregistrées. La tension s?annule environ 1 min après le début de
la réaction, ce qui atteste d?une réaction séquentielle des EC à l?intérieur du module.
Figure 53 : Enregistrements de la tension du module lors de l?essai flux radiatif.
La Figure 54 présente les flux thermiques enregistrés au cours de l?essai. Conformément aux autres
éléments (thermocouples et vidéo), ils permettent de constater que la réaction dure environ 2 min 30.
Un pic proche de 12 kW/m2 est enregistré par le fluxmètre positionné à 3,5 m de l?échantillon et à 2 m
de haut Ces résultats sont plus largement exploités dans le chapitre 12.
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Figure 54 : Enregistrements des flux thermiques
Pour compléter cette mesure, et comme une analyse de gaz a été réalisée lors de cet essai, des valeurs
de débit calorifique et de chaleur de combustion ont pu être calculées par CDG et OC. Des détails sur
ces méthodes sont donnés en Annexe 4.
La Figure 55 présente ainsi les valeurs de débit calorifique (HRR) calculées par ces méthodes. De
l?allumage du feu (T0) à la réaction du module (15 min), le débit calorifique est entièrement imputable
au feu de propane. Celui-ci est stable, entre 1 et 1,3 MW. Dès que la réaction s?amorce (15 min), le feu
de propane est stoppé. Un régime transitoire sur une période d?environ 30 s est observé durant lequel
il est difficile d?attribuer l?origine de la chaleur de combustion (feu de propane vs module). Après cela,
l?entièreté du débit calorifique est attribuée au feu du module.
La réaction augmente progressivement en intensité jusqu?à atteindre un premier pic à 1,8 MW 1 min 30
après les premiers signes de réaction.
Un second pic culminant à 2,4 MW est observé 2 min 10 après le début de réaction. En intégrant ces
données, il est possible de calculer l?énergie totale dégagée.
La Figure 56 présente cela. Les valeurs ainsi calculées sont comprises entre 178 MJ et 198 MJ selon
la méthode choisie (respectivement CDG et OC).
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Figure 55 : Débit calorifique (HRR) calculé par CDG et OC lors de l?essai flux radiatif
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Figure 56 : Chaleur de combustion calculée par CDG et OC lors de l?essai flux radiatif
7.2.3 Estimation de l?émittance de flamme
L?émittance de flamme peut être estimée au moyen du modèle de la flamme solide en postulant que le
flux reçu par le fluxmètre suit la formule suivante :
?? = ????0
Avec :
?? = Flux reçu par le fluxmètre (kW/m²)
? = Facteur de transmissivité atmosphérique (-)
?? = Facteur de vue entre la flamme et le fluxmètre (-)
?0 = Emittance de flamme (kW/m²)
Le facteur de vue est l?angle solide entre la flamme et le fluxmètre. Le facteur de transmissivité
atmosphérique traduit l?absorption des rayonnements par l?air présente entre la surface radiante et le
fluxmètre.
Ce modèle est appliqué au pic de puissance en prenant en compte les hypothèses suivantes :
- une flamme de 2,5 m de hauteur et de 1 m de diamètre,
- un flux rayonné mesuré au niveau du fluxmètre situé à 3 m de la flamme de 11 kW/m²,
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L?émittance maximale calculée avec cette méthode est d?environ 170 kW/m². A noter qu?il s?agit
uniquement d?une estimation basée sur des observations. Une incertitude forte repose sur la taille de la
flamme et la distance entre la flamme et le fluxmètre. Une taille de flamme plus petite conduirait à une
émittance plus élevée et inversement. Toutefois, au regard des températures mesurées et des
conséquences observées, cet ordre de grandeur d?émittance semble physiquement possible.
7.3 Synthèse
Le Tableau 4 présente une synthèse sur les caractéristiques thermiques observées pendant l?essai.
Tableau 4 : Synthèse sur les caractéristiques thermiques de l?incendie
Les résultats obtenus permettent de mettre en évidence les points suivants :
- l?emballement du module peut s?amorcer lorsque que ce dernier est soumis à un flux compris
entre 10 et 15 kW/m² pendant environ 15 min. Cela laisse supposer qu?un stockage de modules
exposé à un feu situé à quelques mètres pendant plus de 10 min est susceptible de
s?enflammer ;
- la durée de la réaction est très courte (2,5 min) ;
- l?émittance maximale de flamme issue de cet emballement est de l?ordre de 170 kW/m²,
caractéristique des feux de métaux.
8 Comportement d?une caisse de modules LMP prise dans un
incendie (essai feu sur caisse)
8.1 Objectif et description du protocole d?essai
Cette sous-partie a pour objectif de caractériser la réaction d?une caisse de modules LMP, lorsqu?elle
est soumise à un feu externe. Cet essai a été réalisé le 22/03/2024. Plusieurs paramètres importants
ont été étudiés :
o Mesure de la température de début de réaction et de la température maximale de la
réaction,
o Mesure du flux thermique dégagé (HRR et THR),
o Analyse des effets de la réaction (projection ?),
o Mesure des gaz et particules émises (traitée dans une partie dédiée).
Lors de l?essai feu, la caisse de modules chargées à 100% était positionnée au-dessus d?un lit de gravier
à travers duquel diffusait un débit contrôlé de gaz inflammable (en l?occurrence du propane). Ce
système a permis de maintenir une flamme relativement homogène englobant toute la surface de la
caisse. Le flux thermique apporté par cette agression à la caisse excède à certains endroits 100 kW/m².
L?alimentation en gaz s?est fait sous débit contrôlé et à partir de plusieurs bouteilles de stockage
disposées à l?extérieur de la chambre d?essai.
Le montage expérimental est présenté en Figure 57. Le banc d?essai est placé au centre d?une chambre
d?essai de 1000 m3 dotée d?une ventilation forcée d?environ 80 000 m3/h.
Type d'agression
Durée de
l'agression avant
emballement du
module (min)
Durée totale de la
réaction du
module (min)
Débit calorifique
maximal (kW)
Energie totale
libérée (méthode
CDG/OC) (MJ)
Températures
maximales
mesurées par les
TC (°C)
Flux radiatif
maximal reçu à 3 m
(kW/m²)
Emittance
maximale calculée
(kW/m²)
Flux thermique de
10 à 15 kW/m²
15 2.5 2400 178/198 > 1200 11 170
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Figure 57 : Montage expérimental de l?essai feu caisse
La caisse de 7 modules, agencés tels que schématisés en Figure 58 a été placée horizontalement sur
deux rangés de parpaing siporex, au-dessus du bac feu. Afin d?améliorer les prises de vues et le suivi
de la réaction, la partie supérieure de la caisse ainsi que sa façade ont été retirées. Le feu de propane
est allumé jusqu?à l?amorçage de l?emballement thermique.
Figure 58 : Agencement des 7 modules dans la caisse
Chaque module était équipé de deux thermocouples de type K, disposés tels que décrits sur
la Figure 59. Le positionnement des fluxmètres est détaillé sur cette même figure. La hauteur h1 est de
135 cm.
Compte tenu des températures élevées attendues, en plus des thermocouples de type K (saturation Ã
1200 °C), un pyromètre bichromatique pyrospot a été mis en oeuvre. Celui-ci a permis d?enregistrer des
températures allant de 400°C à 1600°C par mesures infrarouges sur une zone définie. Lors de cet essai,
le pyromètre pointait le centre de la face visible (proche des bornes) du module 4 sur une surface
circulaire d?environ 2 cm de diamètre.
Il est à noter que, pour cet essai, la caméra thermique utilisée permet un enregistrement des
températures jusqu?à 2000 °C et non 660°C comme celle utilisée lors d?autres essais. Comme pour le
pyromètre, avec ce type de mesure, l?émittance de la flamme n?étant pas connue (fixée arbitrairement
à 0,95), la précision de la valeur de température est de l?ordre de 10 %.
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Figure 59 : Disposition des thermocouples et des fluxmètres
8.2 Résultats
8.2.1 Observations
La Figure 60 présente des extraits vidéos enregistrés par la caméra infrarouge et permet de suivre le
déroulé de l?essai. Le feu de propane est allumé 11 min avant la première réaction visible d?un module.
Il faut noter que du fait de la ventilation forcée et des arrivées d?air pas parfaitement symétriques, le feu
de propane tire vers le module 1. Cette asymétrie du feu est assez visible sur les images -3min 52 s et
-14 s de la Figure 61. De fait, le module 1 (à gauche de la caisse) réagit en premier. Le gaz est arrêté
environ 15 s après les premiers signes de réaction. Le module 2 commence à réagir 2 min 21 s après
le module 1. L?ensemble des modules réagiront ainsi de suite, avec des effets comparables à ceux
observés lors des essais précédents (projection de métal en fusion, flammes, etc.). Le temps de
propagation moyen entre deux modules est de 1 min 30 s tandis que le temps le plus court est de 34 s
(module 2 à 3) et le plus long 2 min 21 s (module 1 à 2). Comme la réaction d?un module dure environ
2 min 30 s, le nombre de modules réagissant simultanément ne dépasse pas 2 à 3. 15 minutes après
le début de la réaction du premier module, la réaction baisse d?intensité, des flammes restent cependant
visibles et les températures sur l?amas de résidus est proche de 1500 °C pendant plusieurs minutes.
Une flaque de résidus en fusion reste visible au sol de la chambre d?essai. La température de cette
flaque reste au-dessus de 1000 °C plusieurs minutes (3 à 5 min) et dépasse ponctuellement 1200 °C.
A noter que la dynamique de propagation du feu dans cette configuration est plus rapide que celle que
l?on observerait en l?absence de feu de propane car ce dernier a contribué dans un premier temps Ã
fragiliser et à chauffer tous les modules. Les temps de propagation observés ici (entre 34 s et 2 min
21 s) sont donc raccourcis par l?agression initiale du feu de propane.
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Figure 60 : Captures d?écran de la caméra infrarouge lors de l?essai feu caisse
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Figure 61 : Captures d?écran de la vidéo lors de l?essai feu caisse
Les photos après essai sont présentées en figure 62.
De manière similaire aux autres essais, elles permettent de constater que la caisse de modules est
complètement détruite. Des résidus rougeâtres sont visibles ainsi que des flaques resolidifiées au
niveau du sol.
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Figure 62 : Photos prises après l?essai feu caisse
8.2.2 Caractéristiques thermiques de l?incendie
La Figure 63 présente les données enregistrées lors de l?essai. Le TC bac feu permet de constater
l?allumage du feu de propane dès lors que des valeurs autour de 900 °C sont enregistrées. Dès que le
feu est éteint (11 min 15 s après allumage), les températures enregistrées par ce thermocouple
décroissent. La réaction du premier module est marquée par l?augmentation très rapide des
thermocouples « M1_TC1 » et « M1_TC2 », dépassant 1200 °C. Dès lors, l?ensemble des
thermocouples enregistrent des augmentations brutales et au-delà de 1200 °C, dans un ordre ne
correspondant pas à la séquence de propagation observée par caméra infrarouge.
L?ensemble des enregistrements en température est présenté en Figure 64 mais ne sera pas exploité
du fait des pertes d?information répétées. En revanche, le pyromètre a pu enregistrer des températures
tout au long de l?essai. Durant la phase de feu de propane, le signal est très bruité et ne sera pas
exploité.
Dans les premiers moments de la réaction, dès lors que le feu de propane est coupé, le pyromètre
enregistre des températures inférieures à 400 °C. Il faut attendre 3 minutes pour que les températures
enregistrées dépassent les 400°C sur un signal très bruité. 5 min 25 s après le début de la réaction, le
pyromètre enregistre des températures comprises entre 1200 et 1400°C pendant environ 3 minutes.
Cette temporalité coïncide avec ce qui a été observé sur la caméra thermique (réaction du module 4).
Enfin, les tensions enregistrées sont perdues quelques minutes après l?allumage du feu de propane et
ne sont donc pas exploitables.
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Figure 63 : Données enregistrées lors de l'essai feu caisse
Figure 64 : Enregistrements de températures lors de l?essai feu caisse
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En plus des thermocouples et du pyromètre, la caméra thermique permet de collecter des informations
sur les températures de surface.
La Figure 65 présente ainsi la température maximale enregistrée par la caméra thermique en fonction
du temps. Dès que la réaction des modules a démarré, la température passe en moins de 20 s de
1000 °C (température du feu de propane) à plus de 1300 °C. Tout au long de la réaction, la température
oscille entre 1300 et 1615 °C. Cette température est 200 °C plus élevée que la température enregistrée
par le pyromètre car la zone concernée (1 pixel soit 0.25 cm²) est plus localisée que la surface moyenne
sur laquelle le pyromètre travaille. En confrontant ces deux mesures, il est possible de conclure que la
réaction produit des températures de l?ordre de 1400 °C et qui peuvent atteindre très localement
1600 °C.
Figure 65 : Température maximale (sur un pixel) enregistrée par la caméra thermique
La Figure 66 propose une extraction des températures moyennes (caméra IR) de chacune des faces
des modules. De manière générale, la température moyenne sur la face au cours de la réaction est de
1200-1300 °C. Cette extraction permet d?estimer les temps de réaction de chaque module, et de
visualiser la dynamique de la propagation d?emballement thermique.
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Figure 66 : Extraction des températures moyennes (caméra IR) de chacune des faces des modules
La Figure 67 présente les flux thermiques enregistrés au cours de l?essai. Conformément aux autres
éléments (vidéo infra-rouge), ils permettent de constater que la réaction globale dure environ 12 min.
Un pic proche de 22 kW/m2 est enregistré par le fluxmètre 4 positionné à 3,5 m de l?échantillon et à 2 m
de haut. De manière générale, ce fluxmètre enregistre des valeurs de flux supérieures aux autres
fluxmètres du fait de son positionnement dans le sens du flux créé par la ventilation forcée orientant les
flammes du côté de ce fluxmètre. En fin de réaction, lorsque les modules qui réagissent sont situés Ã
l?opposé, cet écart se réduit. Chacun des pics de cette figure correspond au pic d?intensité d?un module
et est cohérent avec les autres analyses effectuées. Ces résultats sont plus largement exploités dans
la partie 12.
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Figure 67 : Flux radiatifs enregistrés par les fluxmètres lors de l?essai feu caisse.
Pour compléter cette mesure, et comme une analyse de gaz a été réalisée lors de cet essai, des valeurs
de débit calorifique et de chaleur de combustion ont pu être calculées par CDG et OC. Des détails sur
ces méthodes sont donnés en annexe 4. Les deux courbes sont présentées mais nous préfèrerons
utiliser les résultats du calcul d?OC pour l?exploitation (moins sujet aux variations de coefficients selon
le combustible).
La Figure 68 présente ainsi les valeurs de débit calorifique (HRR) calculés par ces méthodes. De
l?allumage du feu (T0) à la réaction du module (15 min), le débit calorifique est entièrement imputable
au feu de propane. Celui-ci est stable à environ 1,5 MW.
Dès que la réaction est observée (12 min), le feu de propane est arrêté. Un régime transitoire d?environ
30 s est observé durant lequel il est difficile d?attribuer l?origine de la chaleur de combustion (feu de
propane vs module).
Après cela, l?entièreté de la chaleur de combustion est attribuée au feu des modules. La réaction
augmente progressivement en intensité jusqu?à atteindre un premier pic à 4 MW 2 min 30 s après les
premiers signes de réaction et correspondant à la réaction simultanée des deux premiers modules. Des
pics s?enchaînent ensuite en fonction de la réaction des modules. Le maximum d?intensité est calculé
environ 10 min après le début de la réaction et correspond à la réaction quasi simultanée des modules
6 et 7. Ce pic atteint 5,5 MW.
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En intégrant ces données, il est possible de calculer la chaleur de combustion correspondante. Les
valeurs ainsi calculées sont respectivement 1872 MJ et 2143 MJ selon la méthode choisie, soit une
chaleur de combustion d?environ 10,2 MJ/kg, en utilisant la perte de masse mesurée (fig. 69). On
rappelle que le PCI du bois est de 18 MJ/kg. Le pouvoir calorifique de la caisse en bois/carton n?est pas
pris en compte dans ce calcul car elle a en partie brulé lors de la phase avant l?emballement du premier
module. Ces résultats sont plus largement exploités dans la partie 12.
Figure 68 : Débit calorifique et chaleur de combustion calculés lors de l?essai de feu sur caisse
La Figure 69 présente la perte de masse au cours de l?essai. La perte totale de masse mesurée est de
185 kg soit 2/3 de la masse initiale de l?échantillon. La perte de masse observée pendant les
14 premières minutes est due à l?évaporation de l?humidité présente dans les graviers et le sable
disposés au sol et à la combustion partielle de la caisse en carton/bois. La dérivation de cette courbe
permet d?obtenir le débit massique qui culmine à 280 g/s 5 min après le début de la réaction. La vitesse
de combustion surfacique maximale atteint donc 280 g/m²/s et la vitesse moyenne atteint 185 g/m²/s
pendant la durée de réaction des modules (de la 15ième à la 25ième minute). A titre de comparaison, la
vitesse de combustion de 2 m² d?heptane (composant de l?essence) atteint 60 g/m²/s.
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Figure 69 : Perte de masse et débit massique lors de l?essai feu caisse.
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8.2.3 Estimation de l?émittance de flamme
Le modèle présenté au paragraphe 7.2.3 est appliqué au pic de puissance en prenant en compte les
hypothèses suivantes :
- une flamme de 1,5 à 2 m de hauteur et de 1 m de diamètre,
- un flux maximal mesuré au niveau du fluxmètre F1 situé à 3 m de la flamme de 10 kW/m² (le
fluxmètre 4 mesure 22 kW/m² mais l?interprétation de ces résultats est plus difficile car la flamme
penche vers ce fluxmètre).
L?émittance maximale calculée avec cette méthode varie entre 165 et 200 kW/m². A noter qu?il s?agit
uniquement d?une estimation basée sur des observations à un instant t. Une incertitude forte repose sur
la taille de la flamme et la distance entre la flamme et le fluxmètre.
8.3 Synthèse
Le Tableau 5 présente une synthèse sur les caractéristiques thermiques observées pendant l?essai.
Tableau 5 : Synthèse sur les caractéristiques thermiques de l?incendie
A moyenne échelle, des émittances de flamme élevée ont pu être mesurées dont le maximum a pu être
évalué entre 165 et 200 kW/m².
Par ailleurs, les températures observées sont caractéristiques des feux de métaux. L?énergie libérée est
environ 10 fois plus élevée que celle mesurée lors de l?essai sur un module. L?énergie libérée lors de
cet essai par module est donc plus important. Cela peut s?expliquer par le type d?agression plus intense
pour cet essai, un effet d?échelle ou encore la présence de matériaux additionnels (palette, ?).
Date de l'essai
Nombre de
modules testés
Type d'agression
Durée de
l'agression avant
emballement du
premier module
(min)
Débit
calorifique
maximal (kW)
Energie totale
libérée
(modules seuls)
(méthode
CDG/OC) (MJ)
Chaleur de
combustion
(modules seuls)
(MJ/kg)
Durée de
réaction des
modules (min)
22/03/2024 7
feu englobant >
100 kW/m²
11 5500 1872/2143 10.2 10
Perte en masse
(%)
Vitesse de
combustion
maximale
(g/m²/s)
Vitesse de
combustion
moyenne
(g/m²/s)
Température
maximale
mesurées par
les TC (°C)
Température
maximale
mesurée par la
caméra
thermique (°C)
Températur
moyenne
mesurée par la
caméra
thermique (°C)
Flux radiatif
maximal reçu à 3
m (kW/m²)
Emittance
maximale
calculée
(kW/m²)
66 280 185 > 1200 1615 1400 10 165-200
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9 Propagation de l?emballement thermique d?un module au sein
d?une caisse (essai de propagation sur caisse)
9.1 Objectif et description du protocole d?essai
Cette sous-partie a pour objectif de caractériser la possibilité de propagation au sein d?une caisse et
entre caisses en cas de réaction d?un module au sein d?une caisse. Cet essai a été réalisé le 07/03/2024.
Plusieurs paramètres importants seront étudiés :
o Analyse de la propagation aux modules et caisses voisines en condition de stockage,
o Mesure du flux thermique dégagé (HRR et THR),
o Analyse des effets de la réaction (projection ?),
o Conclusion sur la possibilité de propagation de l?emballement thermique d?un seul
module au reste de la caisse, voir au reste de l?entrepôt.
Lors de l?essai propagation, deux caisses de modules chargées à 100 % ont été positionnées l?une sur
l?autre. Chacune des caisses contenait trois modules devant être chargées à 100 % et 4 boitiers de
modules vides utilisés pour reproduire l?encombrement dans une caisse sans augmenter la charge
calorifique (pour assurer la sécurité du moyen d?essai). La disposition des modules et des caisses est
présentée en Figure 70.
Figure 70 : Disposition des modules dans les caisses.
Le module central de la caisse du bas (C1M3) était équipé d?un pad chauffant ayant les caractéristiques
suivantes :
o Taille de pad : 50 x 15 cm,
o Puissance : 3 300 W (4,4 W/cm2),
o Température maximale 600°C.
L?assemblage était placé au centre d?une chambre d?essai de 1000 m3 dotée d?une ventilation forcée
de 80 000 m3/h.
Le montage expérimental est présenté en Figure 71.
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Figure 71 : Montage expérimental de l?essai propagation caisse
Chaque module est équipé de thermocouples de type K, disposés tels que décrits sur la Figure 72.
Le positionnement des fluxmètres est détaillé sur cette même figure (h1 =1,35 m).
Figure 72 : Positionnement des thermocouples et des fluxmètres lors de l?essai propagation caisse
Il est à noter que, pour cet essai, la caméra thermique utilisée permet un enregistrement des
températures jusqu?à 2000 °C et non 660 °C comme pour d?autres essais. Elle a été cependant placée
derrière un écran de protection, ce qui affecte les valeurs de températures mesurées et qui ne pourront
pas être prises en compte. Cet écran a été utilisé seulement pour cet essai.
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9.2 Résultats
9.2.1 Observations
La Figure 73 présente des extraits vidéos enregistrés par la caméra infrarouge et permet de suivre le
déroulé de l?essai. Le pad chauffant est allumé 640 s avant la première réaction visible d?un module.
Aucune évolution n?est visible durant ce laps de temps car l?échauffement est masqué par la présence
des caisses.
Dès les premiers instants de la réaction, des projections sont visibles. Le pad chauffant est
immédiatement arrêté et la réaction s?intensifie rapidement.
1 min après les premiers signes de réaction, la réaction est particulièrement intense. Les images des
caméras présentées en Figure 74 permettent de mieux se rendre compte de l?intensité des flammes.
Les modules étant placés à l?intérieur de caisses, il est difficile de suivre la propagation de la réaction.
A environ 3 min, une accalmie de la réaction perceptible sur les enregistrements IR et HD est visible. A
cet instant, la partie gauche de la façade de la caisse supérieure est tombée et permet de constater que
les modules de la caisse supérieure n?ont pour l?instant pas réagi.
Le premier module de la caisse du haut commence à réagir à 3 min 30 sec et les modules suivants
commenceront à réagir respectivement 1 min et 2 min 30 sec plus tard. La phase violente de la réaction
se termine environ 9 min après le début de réaction mais une réaction lente, correspondant à la
combustion des résidus, des casings de modules vides et des caisses en bois se poursuit pendant
plusieurs dizaines de minutes.
Les effets sont comparables à ceux observés lors des essais précédents (projection de métal en fusion,
flammes, etc.), une flaque de résidus en fusion est visible sur le sol de la cellule d?essai.
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Figure 73 : Captures d?écran de la vidéo infrarouge lors de l?essai propagation caisse.
Attention, ne pas tenir compte des températures relevées (effet écran de la protection)
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Figure 74 : Captures d?écran des caméras lors de l?essai de propagation caisse
Les photos après essai sont présentées en Figure 75.
De manière similaire aux autres essais, elles permettent de constater que la caisse de module est
complètement détruite. Des résidus rougeâtres sont visibles ainsi que des flaques resolidifiées au
niveau du sol.
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Figure 75 : Photos après l?essai de propagation caisse
9.2.2 Caractéristiques thermiques de l?incendie
La Figure 76 présente les données enregistrées lors de l?essai. Le pad chauffant est allumé 11 min
avant que les premiers effets soient observables. Alors que le thermocouple placé sur le pad chauffant
enregistre 354°C et que le thermocouple placé à 1 cm du pad (sur le casing du module), censé être
plus représentatif de la température interne, atteint 164°C, la réaction débute (788 s).
A cet instant, les modules adjacents enregistrent une température maximale de 32°C et l?ensemble des
autres modules ont une température de peau à 10°C (température ambiante). Le pad est
immédiatement éteint. Une augmentation progressive de la température est enregistrée par les
thermocouples placés sur le module 3 pendant 25 s. Alors que le thermocouple placé sur le pad
enregistre 660°C une augmentation brutale de la température est enregistrée (817 s), en quelques
secondes l?ensemble des thermocouples placés sur le module 3 sont saturés (1200 °C). 3 secondes
plus tard, l?ensemble des thermocouples de la caisse du bas sont saturés. Dans la caisse du haut, une
augmentation progressive de température se fait ressentir après une minute de réaction (850 s) et des
valeurs aberrantes seront affichées 30 secondes plus tard. Il est très probable que la réaction de la
caisse du bas ait affectée l?intégrité des thermocouples, sans que l?on puisse conclure sur les
températures de la caisse du haut à partir de cet instant. Dès lors, les mesures de températures ne sont
plus exploitables.
La tension du module 3 varie de quelques volts 2 à 3 secondes avant les premiers signes de réaction.
Elle décroit ensuite et s?annule 20 secondes plus tard (807 s). Les tensions des modules adjacents
s?annulent respectivement 7 et 8 secondes plus tard. Dans la caisse 2, les tensions s?annulent
brutalement environ 40 secondes après les premiers signes de réaction, ce qui correspond Ã
l?intensification de la réaction.
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Figure 76 : Données enregistrées lors de l?essai propagation caisse
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Le flux thermique à 3,5 m prend des valeurs conséquentes (> 5 kW/m2) environ 40 s après le début de
la réaction.
La Figure 77 présente les enregistrements réalisés par les 4 fluxmètres lors de l?essai. Le fluxmètre 3
enregistre les valeurs de flux les plus élevées, ce qui est cohérent avec les observations de la vidéo
(Figure 74) dans laquelle on constate que les flammes ont tendance à sortir vers l?avant de la caisse,
où est positionné le fluxmètre 3. Un pic à 18 kW/m2 est ainsi enregistré par le fluxmètre 3, 1 min 10 s
après les premiers signes de réaction (860 s). Un pic d?intensité plus faible (14 kW/m2) est enregistré
1 min plus tard. S?en suit une accalmie de la réaction marquant la fin de la réaction de la première caisse
(caisse du bas). 4 min 20 sec après les premiers signes de réaction, la réaction se réintensifie, signalant
le début de la réaction de la caisse du haut. Cette réaction est marquée par 3 pics correspondant à la
réaction des 3 modules. Environ 9 min après le début de réaction, les flux repassent sous les 6 kW/m2
marquant la fin de la phase intense de réaction. Il faudra environ 30 min pour que le flux 3 repasse en
dessous de 1 kW/m2.
Figure 77 : Flux thermiques enregistrés lors de l?essai de propagation sur caisse
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La même dynamique de réaction est observée sur le débit calorifique calculé avec les méthodes
calorimétriques OC et CDG détaillées en Annexe 4 et présentées en Figure 78. Les deux courbes sont
présentées mais nous préfèrerons utiliser les résultats du calcul d?OC pour l?exploitation (moins sujet
aux variations de coefficients selon le combustible). La valeur maximale de HRR calculée est de 9 MW.
A l?issue de la réaction violente, un débit calorifique entre 500 et 1000 kW est enregistré pendant
plusieurs dizaines de minutes.
En intégrant ces données, il est possible de calculer la chaleur de combustion correspondante. Les
valeurs ainsi calculées sont respectivement 1759 MJ et 2086 MJ selon la méthode choisie, soit environ
12 MJ/kg (en utilisant la perte de masse mesurée (fig. 79)). On rappelle que la chaleur de combustion
du bois est de 18 MJ/kg. Le pouvoir calorifique de la caisse en bois/carton n?est pas pris en compte
dans ce calcul car la combustion du bois, plus lente aura lieu majoritairement après 10 min. Au total
(après 90 min), ce pouvoir calorifique spécifique est de 13 MJ/kg, en prenant en compte les matières
cellulosiques brulées. Ces résultats sont plus largement exploités dans la partie 12.
Figure 78 : Débit calorifique et chaleur de combustion calculés lors de l?essai de propagation caisse
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La Figure 79 présente enfin la perte de masse au cours de l?essai. La tare de la balance n?a pas été
effectuée avant la mise en place de l?échantillon, et le poids initial n?est donc pas exploitable. La perte
de masse à la fin de la réaction violente est de 146 kg, ce qui correspond comme lors de l?essai feu Ã
environ 2/3 de la masse des modules. La perte totale de masse mesurée est de 219 kg. La dérivation
de cette courbe permet d?obtenir le débit massique qui culmine à 450 g/s 90 sec après le début de la
réaction. La vitesse de combustion surfacique maximale atteint donc 450 g/m²/s et la vitesse moyenne
pendant les 9 premières minutes pendant lesquelles les modules réagissent atteint 250 g/m²/s.
Figure 79 : Evolution de la masse au cours de l?essai
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9.2.3 Estimation de l?émittance de flamme
Le modèle présenté au paragraphe 7.2.3 est appliqué au pic de puissance en prenant en compte les
hypothèses suivantes :
- une flamme de 2 m de hauteur et de 2 m de diamètre au pic de puissance,
- un flux radiatif mesuré au niveau du fluxmètre situé à 3 m de la flamme de 18 kW/m².
L?émittance maximale calculée avec cette méthode est d?environ 180 kW/m².
Il est à noter qu?il s?agit uniquement d?une estimation basée sur des observations. Une incertitude forte
repose sur la taille de la flamme et la distance entre la flamme et le fluxmètre. Une taille de flamme plus
petite conduirait à une émittance plus élevée et inversement.
9.3 Synthèse
Le Tableau 6 présente une synthèse sur les caractéristiques thermiques observées pendant l?essai.
Tableau 6 : Synthèse sur les caractéristiques thermiques de l?incendie
Les résultats obtenus dans le cadre de cette expérimentation corroborent avec ceux obtenus lors de
l?essai de feu englobant (chapitre 8), à savoir des émittances de flammes élevées, une durée d?essai
très courte liée à la réaction rapide des modules, des débits calorifiques et températures très élevés.
L?ordre de grandeur d?énergie totale libérée est conservé.
Date du test
Nombre de
modules testés
Type d'agression
Durée de
l'agression avant
emballement du
premier module
(min)
Débit
calorifique
maximal (kW)
Energie totale
libérée
(modules seuls)
(méthode
CDG/OC) (MJ)
Chaleur de
combustion
(modules seuls)
(MJ/kg)
Durée de
réaction des
modules (min)
07/03/2024 6
Pad chauffant
sur un module
11 9000 1759/2086 12 9
Perte en masse
(%)
Vitesse de
combustion
maximale
(g/m²/s)
Vitesse de
combustion
moyenne
(g/m²/s)
Température
maximale
mesurée par les
TC (°C)
Température
maximale
mesurée par la
caméra
thermique (°C)
Température
moyenne
mesurée par la
caméra
thermique (°C)
Flux radiatif
maximal reçu à 3
m (kW/m²)
Emittance
maximale
calculée
(kW/m²)
66 450 250 > 1200 Non mesuré Non mesuré 18 180
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10 Influence du sprinklage sur l?incendie
Cette sous-partie a pour objectif d?évaluer l?efficacité de l?extinction à eau sur des feux de batteries LMP.
Ce moyen d?extinction équipait l?entrepôt de stockage de Grand-Couronne, et a montré une efficacité
relativement modérée. Divers documents de la littérature, y compris émis par l?Ineris, questionne
l?efficacité que pourrait avoir de l?eau sur un feu impliquant en partie du Li métallique, hydro réactif,
conduisant parfois à déconseiller son usage sur des feux de batteries types LMP. Afin d?apporter des
éléments de réponse à ces questions, les essais de propagation dans la caisse et de feu englobant
autour d?une caisse ont été reproduits en déclenchant le sprinklage en cours de réaction dans l?objectif
d?évaluer son effet sur :
o Le flux thermique dégagé (HRR et THR),
o Les effets de la réaction (projection, ?),
o La propagation de l?emballement thermique d?un module isolé,
o Les émissions de gaz (traité au chapitre 11).
Les protocoles expérimentaux sont identiques à ceux des essais décrits aux paragraphes 8.1 et 9.1.
Les seules différences notables sont :
- Pour l?essai propagation caisse + sprinklage :
o La face avant de la caisse a été retirée pour permettre une meilleure visibilité,
o La caméra infrarouge n?a pas été placée derrière un écran de protection en revanche
les mesures de températures durant le sprinklage peuvent être affectées par la
présence de gouttelettes d?eau entre le feu et l?objectif de la caméra,
o Des gaines de protections thermiques ont été ajoutées sur les thermocouples et fils de
mesure de tension,
o Le nombre de thermocouples a été réduit. L?implantation est donnée en Figure 80.
Figure 80 : Implantation des thermocouples pour l?essai propagation caisse avec sprinklage
- Pour l?essai feu caisse + sprinklage :
o La face supérieure de la caisse a été conservée pour permettre d?être représentative
par rapport à l?influence que cela pourrait avoir sur le sprinklage.
Les modules sont chargés à 100 %.
Les photos des montages avant essai sont présentées en Figure 81.
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Figure 81 : Photos des montages « propagation caisse » et « feu caisse » pour les essais
avec sprinklage.
Pour ces essais, un système de sprinklage a été mis en oeuvre. En l?absence de données disponibles
par ailleurs sur l?extinction à l?eau de ce type d?incendie, les conditions de sprinklage ont été choisies
en accord avec Blue Solutions. Les conditions de sprinklage de l?entrepôt1 ont servi de base de réflexion
et adaptées dans la mesure où les essais de cette campagne ont lieu sur des caisses isolées et non
"protégée" par des racks ou d'autres caisses au-dessus, conduisant à une densité de 7 modules/m².
Ainsi, nous avons adapté le débit en divisant par 3 le débit surfacique de référence, soit 30 l/m²/min.
4 têtes ont ainsi été disposées pour couvrir 9 m² de la chambre d'essai conduisant à un débit total dans
la chambre d'essai d'environ 300 l/min. Les limites du montage expérimental (pompes, ?) ont conduit
à ajuster ce débit à 400 l/min. Aussi, le déclenchement du sprinklage est ici démarré sur la base d?un
temps à partir de la première réaction (1 min 45s et 3 min 10 s) contrairement à l?entrepôt où le
déclenchement est fait sur éclatement des têtes.
Des représentations schématiques ainsi que des photos de ce système d?extinction sont représentées
sur la Figure 82.
1 A titre de comparaison dans l?entrepôt de Grand-Couronne, la protection incendie était composée de têtes de
sprinklers k14 (en unité impériale, correspondant à k202 en unité S.I) alimentées par une pression de 5,2 bars,
correspondant à un débit surfacique de 102 l/m²/min pour une densité de modules estimée à 20 modules/m².
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Figure 82 : Schémas et photo du dispositif d?extinction
10.1 Influence du sprinklage : essai de propagation caisse
10.1.1 .Observations
Cet essai a été réalisé le 04/04/2024. Les Figures 83 et 84 présentent des extraits vidéos enregistrés
par les caméras classiques et la caméra infrarouge. Cela permet de suivre le déroulé de l?essai. Le pad
chauffant est allumé 587 s avant la première réaction visible d?un module.
Hormis la présence de légères fumées, aucune évolution n?est visible durant ce laps de temps. Dès les
premiers instants de la réaction, des projections sont visibles. Le pad chauffant est immédiatement
arrêté et la réaction s?intensifie rapidement, conformément au premier essai de ce type réalisé.
Environ 1 min 45 s après les premiers signes de réaction, le sprinklage est déclenché à un débit de
400 l/min. La chambre d?essai se remplit rapidement de vapeur d?eau et empêche une bonne
visualisation de la réaction par la caméra. La Caméra IR permet cependant de continuer le suivi.
Deux minutes après le début du sprinklage, la caméra IR permet de visualiser qu?aucun des modules
de la caisse du haut n?a réagi. Cette réaction aura finalement lieu 6 min 15 s après le début du sprinklage
et environ 8 min après les premiers signes de réaction. C?est un gain de plus de 4 min 30 s comparé au
premier essai de ce type (le premier module de la caisse du haut avait commencé à réagir à 3 min 30
s après la réaction du premier module). La caisse du haut finit de réagir environ 13 min après le début
de réaction du premier module et le sprinklage est arrêté 18 min après son déclenchement (cuves de
rétention pleines).
A l?issue de l?essai, l?ensemble des modules « réels » ont complètement réagi (de manière similaire Ã
l?essai sans extinction) mais certains des casings vides placés sur le côté gauche des caisses semblent
avoir subi un impact thermique limité, ce qui indique un impact positif du sprinklage.
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Figure 83 : Extraits de l?enregistrement vidéo lors de l?essai propagation caisse + sprinklage
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Figure 84 : Extraits de l?enregistrement de la caméra IR lors de l?essai propagation caisse + sprinklage
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10.1.2 Caractéristiques thermiques de l?incendie
La Figure 85 présente les données enregistrées lors de l?essai. Le pad chauffant est allumé 9 min 50 s
avant que les premiers effets ne soient observables. Alors que le thermocouple placé sur le pad
chauffant enregistre 740 °C et que le thermocouple placé à 1 cm du pad (sur le casing du module),
censé être plus représentatif de la température interne, atteint 172 °C, la réaction débute (750 s). A cet
instant, les autres modules enregistrent une température d?environ 15 °C.
Dès l?amorçage de la réaction, le pad est immédiatement éteint et en quelques secondes, l?ensemble
des thermocouples placés sur les modules de la caisse 1 sont saturés (1200 °C). Une centaine de
secondes plus tard, les thermocouples de la caisse 2 placés à proximité des modules en réaction sont
aussi saturés. Dès lors, les mesures de températures de la caisse 1 ne sont plus exploitables.
Le sprinklage est déclenché à 950 s, 1 min 40 après le début de réaction, sans que cela n?ait un effet
sur la température enregistrée par le TC C2M6, l?un des rares thermocouples de la caisse du haut
encore fonctionnels à cet instant.
Au moment du déclenchement du sprinklage, toutes les tensions sauf celles du module 4 de la caisse
2 sont nulles, qui s?annulera brutalement 10 s plus tard (perte de la mesure).
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Figure 85 : Données enregistrées (sélection) lors de l?essai propagation caisse + sprinklage
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La Figure 86 présente les températures enregistrées par le thermocouple placé au niveau du dispositif
d?extinction (au-dessus des caisses, dans l?air à 6 m de hauteur) et au niveau du bac feu. Le premier
permet de constater que le sprinklage est déclenché alors qu?il enregistre une température de 120 °C,
compatible avec la valeur seuil d?un système de déclenchement classique. Au moment du
déclenchement, une élévation importante et subite de la température est enregistrée. Elle est
probablement attribuable au fait que l?arrivée d?eau froide sur la partie basse de la chambre provoque
un mouvement des masses d?air chauds vers les parties supérieures. Passée cette élévation brutale, la
température refroidit et se stabilise autour de 50°C en une centaine de secondes. Le thermocouple
placé sur le bac feu (qui n?est pas allumé lors de cet essai) permet de détecter assez clairement le début
de la réaction de la caisse 2. Celle-ci a lieu 650 s après le début de réaction de la caisse 1 qui a lieu
environ 7 min après le début de réaction (conformément aux observations faites par la caméra IR).
Figure 86 : Températures enregistrées par le thermocouple « sprinkler » (positionné à 5 m de haut) et
par le thermocouple « bac feu » (positionné à 5 cm du bac feu, sous les caisses de modules)
En plus des thermocouples, le pyromètre et la caméra thermique permettent de collecter des
informations sur les températures de surface.
La Figure 87 présente ainsi la température maximale enregistrée par ces deux instruments, en fonction
du temps. Dès que la réaction des modules a démarré, la température atteint en moins d?une minute
des valeurs supérieures à 1400 °C. Au déclenchement du sprinklage, la température maximale de la
réaction chute rapidement puis se stabilise autour de 500-600 °C.
Dès l?arrêt du sprinklage, la température maximale enregistrée par la caméra thermique remonte à des
valeurs proches de 1300 °C (au niveau des résidus en fusion). On notera que le pyromètre ne mesure
pas cette remontée en température car, suite à l?effondrement des caisses, il pointe la paroi de la
chambre d?essais.
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Figure 87 : Température maximale (sur un pixel) enregistrée par la caméra thermique (haut)
et température enregistrée par le pyromètre (bas). Les mesures de températures durant le sprinklage
peuvent être affectées par la présence de gouttelettes d?eau entre le feu et l?objectif de la caméra.
La Figure 88 présente les tensions enregistrées lors de l?essai.
La tension du module 2 (module abusé) est logiquement la première à varier et met environ 1 min Ã
s?annuler.
Les tensions des modules 1 et 3 varient dans la minute suivante montrant que ces modules sont
rapidement affectés par la réaction de leur voisin.
Pour les modules 4, 5 et 6 (caisse du haut), les variations sont ressenties 1 min 30 après le début de
réaction (chutes brutales, remontées, ?).
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Figure 88 : Enregistrements des tensions lors de l?essai propagation caisse + sprinklage
La Figure 89 présente les mesures des fluxmètres lors de cet essai. En début de réaction, un pic Ã
12 kW/m2 est observé, assez conforme à ce qui a été observé lors des essais précédents pour des
fluxmètres placés de manière similaire. A peine quelques secondes après l?allumage du sprinklage,
cette valeur est, sans surprise, divisée par 5. Il faut noter, que dans ces conditions, cette mesure est
affectée par la vapeur et les gouttelettes d?eau formant un écran entre la source et le fluxmètre. Le
sprinklage est arrêté 18 min après son allumage et les valeurs de flux radiatifs ne remonteront que très
peu (inférieures à 0.5 kW/m2), potentiellement à cause de la fin de l?écrantage des gouttes d?eau.
Figure 89 : Flux radiatifs enregistrés lors de l?essai propagation caisse + sprinklage
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Le débit Calorifique (calculé par OC), présenté en Figure 90, suit la même évolution. Un pic à 9 MW est
atteint (identique à l?essai sans sprinklage) et, dès que le sprinklage est activé, les valeurs chutent. La
chute est cependant moins marquée car ici la mesure n?est pas affectée par l?écrantage des gouttes
d?eau ce qui montre que des réactions de combustion ont lieu. Ainsi une minute après le début du
sprinklage, un pic à 6,5 MW est observé correspondant probablement à la réaction du troisième module
de la caisse du bas (profil assez similaire à l?essai sans sprinklage (Cf. Figure 78)). Le débit calorifique
conserve ensuite une tendance décroissante malgré la présence de quelques pics à 4 MW. 10 min
après le début du sprinklage, le débit calorifique remonte et stagne à 2 MW pendant 1 min. Cela
correspond probablement à la réaction de la caisse du haut, qui est semble-t-il globalement moins
violente (lors de l?essai sans sprinklage, des valeurs de HRR allant de 4 à 5 MW étaient atteintes lors
de la réaction de la caisse du haut). En ce sens, le sprinklage semble bénéfique.
Figure 90 : Débit calorifique (calculé par OC) et débit d?eau appliqué lors de l?essai propagation caisse
+ sprinklage
En intégrant ces données, il est possible de calculer la chaleur de combustion correspondante. Celle-ci
est présentée en Figure 91. Seule la courbe OC est analysée, la courbe CDG présentant des dérives
liées à l?incertitudes sur les coefficients calorimétriques. Au déclenchement du sprinklage, la valeur de
l?énergie dégagée est de 470 MJ. Celle-ci, en prenant comme référence l?essai feu sur module
(Figure 56), correspond environ à la réaction de deux à trois modules. Finalement, après extinction,
lorsque la réaction des modules est terminée, 1900 MJ auront été émis, ce qui est très similaire à la
valeur obtenue sans sprinklage (1800 MJ). Le pouvoir calorifique de la caisse en bois/carton n?est pas
pris en compte dans ce calcul car la combustion du bois, plus lente aura lieu majoritairement après. Au
total (après 90 min), l?énergie totale émise est de 2800 MJ, là aussi très similaire à l?essai sans
extinction. Il peut être déduit de ces résultats que l?extinction n?influe pas sur la chaleur totale dégagée
par la réaction. Elle influe sur le temps de libération de cette chaleur qui est prolongée. Ces valeurs ne
peuvent pas être rapportées à la masse perdue car la perte de masse est totalement faussée par
l?aspersion puis l?évaporation d?eau sur le peson.
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Figure 91 : Débit calorifique et chaleur de combustion calculés lors de l?essai de propagation
caisse + sprinklage
10.1.3 Synthèse
Le Tableau 7 présente une synthèse sur les caractéristiques thermiques observées pendant l?essai.
Tableau 7 : Synthèse sur les caractéristiques thermiques de l?incendie
L?émittance maximale n?a pas été calculée car le flux radiatif maximal reçu par le fluxmètre est mesuré
à un instant où le sprinklage est activé. Ces résultats nous montrent que le sprinklage a influé
légèrement sur la durée totale de réaction des modules (on passe de 9 min à 14 min). Il a également
permis de faire chuter les températures autour du foyer. A noter que la température reste élevée et
montre que le sprinklage n?a pas contrôlé le feu.
Nombre de
modules testés
Type d'agression
Durée de
l'agression avant
emballement du
premier module
(min)
Débit
calorifique
maximal (kW)
Energie totale
libérée
(modules seuls)
(méthode
OC/CDG) (MJ)
Chaleur de
combustion
(MJ/kg)
Durée totale de
réaction des
modules (min)
6
Pad chauffant
sur un module
9.8 min 9000 1924/2300 Non mesuré 14
Perte en masse
(%)
Vitesse de
combustion
maximale
(g/m²/s)
Températures
maximales
mesurées par
les TC (°C)
Température
maximale
mesurée par la
caméra
thermique avant
le sprinklage
(°C)
Température
moyenne
mesurée par la
caméra
thermique
pendant le
sprinklage (°C)
Flux radiatif
maximal reçu à 3
m (kW/m²)
Emittance
maximale
calculée
(kW/m²)
Non mesuré Non mesuré > 1200 1400 600 12 Non mesuré
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10.2 Influence du sprinklage sur l?incendie : essai feu englobant sur caisse
10.2.1 Observations
Cet essai a été réalisé le 16/04/2024. Le feu de la caisse est initié par un feu de propane englobant.
Les Figures 92 et 93 présentent des extraits vidéos enregistrés par les caméras classiques et la caméra
infrarouge. Cela permet de suivre le déroulé de l?essai. Le feu est allumé 10 min avant la première
réaction visible d?un module.
Dès les premiers instants de la réaction, des projections sont visibles. La réaction se propage alors au
second module (1 min 30 s) puis au troisième module (2 min 20 s), dans un tempo similaire à l?essai
feu caisse sans extinction. Le feu est arrêté 2 min 33 s après que les premiers effets aient été observés,
soit quelques secondes après le début de réaction du 3ème module.
Environ 3 min après les premiers signes de réaction, le sprinklage est déclenché à un débit de 400 l/min.
La chambre d?essai se remplit rapidement de vapeur d?eau et empêche une bonne visualisation de la
réaction par la caméra. La caméra IR permet cependant de continuer le suivi.
Une minute après le début du sprinklage, la caméra IR permet de visualiser la réaction du 4eme module.
Cette réaction sera la dernière et les modules 5, 6 et 7 ne réagiront pas. L?extinction a stoppé la
propagation horizontale au sein d?une même caisse. A l?arrêt du sprinklage, 14 min après son
déclenchement, des flammes restent visibles sur la zone impactée (combustion des résidus, du bois ?)
mais la réaction est lente. Les modules n?ayant pas réagi ne réagiront pas dans les heures suivant la
réaction (destruction des modules 18 h après essai).
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Figure 92 : Extraits de l?enregistrement de la caméra IR lors de l?essai feu caisse + sprinklage
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Figure 93 : Extraits de l?enregistrement vidéo lors de l?essai feu caisse + sprinklage
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10.2.2 Caractéristiques de l?incendie
La Figure 94 présente les données enregistrées lors de l?essai. La Figure 95 permet de mieux visualiser
les observations faites au moment de la réaction sur les tensions et les thermocouples placés sur les
modules. Le feu est allumé 10 min avant que les premiers effets soient observables et est éteint 12 min
40 s après son allumage. La réaction débute alors que le thermocouple au-dessus du module enregistre
93°C et celui en dessous 154 °C (ayant vu des pointes à 413 °C) (707 s). A cet instant, les autres
modules ont une température du dessous (TC2, plus exposés aux variations de la flamme) allant de
280 °C (M7) à 60 °C (M4) et au-dessus (TC1) autour de 100 °C. En quelques secondes, l?ensemble des
thermocouples placés sur le module 1 sont saturés (1200 °C). Un peu moins de 2 min plus tard, les
thermocouples placés sur le module 2 sont à leur tour saturés (835 s), attestant de la réaction du second
module. A 872 s, soit 2 min 45 s après le début de réaction, le module 3 réagit, indiqué par la saturation
des thermocouples positionnés dessus. Le sprinklage est déclenché à 895 s, 3 min 10 après le début
de réaction. Malgré le sprinklage, 4 min 30 après les premiers signes de réactions et 1 min 20 après le
début du sprinklage (978 s), le module 4 réagit. Les thermocouples placés sur le dessus des modules
5, 6 et 7 ne seront jamais saturés et indiquent une température maximale de 100 °C avant
déclenchement de l?extinction et autour de 90°C après déclenchement de l?extinction (pic très court Ã
105 °C), confirmant la non-réaction de ces modules.
Ces observations sont en accord avec les observations faites en analysant les films de l?essai.
Au moment de la réaction, toutes les tensions sauf celle du module 4 sont nulles, car les câbles de
mesures ont été détruits par le feu de propane. La tension du module 4 commence à décroitre à 905 s,
10 s après le début du sprinklage, marquant le début de réaction. Elle s?annule à 960 s quand la réaction
s?intensifie, en bonne corrélation avec la perte du thermocouple.
Figure 94 : Données enregistrées (sélection) lors de l?essai propagation caisse + sprinklage
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Figure 95 : Températures enregistrées par les thermocouples positionnés sous chacun des modules
lors de l?essai feu caisse + sprinklage et Tensions enregistrées.
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En plus des thermocouples, le pyromètre et la caméra thermique permettent de collecter des
informations sur les températures de surface. La Figure 96 présente ainsi la température maximale
enregistrée par ces deux instruments, en fonction du temps. Dès que la réaction des modules a
démarré, la température atteint en moins d?une minute des valeurs supérieures à 1400 °C. De manière
similaire à l?essai de propagation + sprinklage, au déclenchement du sprinklage, la température
maximale de la réaction chute rapidement puis se stabilisent autour de 500-600 °C.
Dès l?arrêt du sprinklage, la température maximale enregistrée par la caméra thermique remonte à des
valeurs proches de 900 °C (au niveau des résidus en fusion). Le pyromètre ne mesure pas les réactions
des premiers modules (il pointe le module 4) et enregistre des valeurs maximales de réaction de ce
module, qui a lieu sous extinction, autour de 900 °C. Ces valeurs sont largement inférieures à celles
atteintes lors des essais sans extinction. Après réaction du module 4, le pyromètre pointe dans le vide
et les valeurs ne sont plus représentatives.
Figure 96 : Température maximale (sur un pixel) enregistrée par la caméra thermique (haut)
et température enregistrée par le pyromètre (bas)
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La Figure 97 propose une extraction des températures moyennes (caméra IR) de chacune des faces
des modules. Les numéros des box correspondent aux numéros des modules. De manière générale, la
température moyenne sur la face au cours de la réaction est de 1200-1300 C. Cette extraction permet
d?estimer les temps de réaction de chaque module, et de visualiser la dynamique de la propagation
d?emballement thermique. A partir de l?extinction, les températures ne dépassent pas les 800°C. Sur
ces données, la réaction du module 4 est difficilement perceptible.
Figure 97 : Extraction des températures moyennes (caméra IR) de chacune des faces des modules
La Figure 98 présente les mesures des fluxmètres lors de cet essai. En début de réaction, un pic Ã
13 kW/m2 est observé, assez conforme à ce qui a été observé lors des essais précédents pour des
fluxmètres placés de manière similaire. A peine quelques secondes après l?allumage du sprinklage,
certains fluxmètres enregistrent une nette baisse des flux radiatifs (notamment par l?effet d?écran des
gouttelettes d?eaux évoqué sur l?essai précédent) mais deux fluxmètres (2 et 5) enregistrent des valeurs
croissantes et un pic à plus de 20 kW/m2.
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Ce comportement est incohérent avec les autres mesures effectuées et il est possible que les fluxmètres
n?aient pas supporté l?arrosage abondant. Nous préfèrerons ne pas prendre en compte ces mesures
pour la suite des interprétations.
Figure 98 : Flux radiatifs enregistrés lors de l?essai feu caisse + sprinklage
Le débit calorifique (calculé par la méthode calorimétrique OC) est présenté en Figure 99. Cette mesure,
reposant sur l?analyse des gaz produits de la combustion ne peut pas être biaisée par le sprinklage. Un
pic à 5 MW est atteint (identique à l?essai sans sprinklage si l?on retranche les 1.8 MW imputables au
feu de propane).
Suivant ce pic, deux chutes successives sont observables. La première d?environ 1,8 MW, imputable Ã
l?arrêt du feu de propane et la seconde d?1 MW au moment du sprinklage. La réaction du module 4 qui
a lieu après l?extinction, provoquera une remontée du HRR à 4 MW, valeur similaire aux essais sans
extinction (Figure 68). Après ce pic, les valeurs calculées chutent en quelques minutes et atteignent des
valeurs relativement faibles durant le reste de l?essai.
En intégrant ces données, il est possible de calculer l?énergie de combustion émise pendant l?essai.
Celle-ci est présentée en Figure 99. Au déclenchement du sprinklage, la valeur de l?énergie dégagée
par la combustion imputable aux batteries est de 217 MJ (500 MJ ? 283 MJ imputable au feu de
propane). Celle-ci, en prenant comme référence l?essai flux radiatif sur module (Figure 56), correspond
à la réaction d?un peu plus qu?un module. Au final, après extinction, lorsque la réaction des modules est
terminée, 1100 MJ imputables auront été émis (1342 MJ ? 283 MJ imputable au feu de propane), ce
qui correspond à environ 6 modules en prenant la même référence. Cet écart, par rapport aux quatre
modules ayant réagi s?explique car la présence des caisses en bois/carton participant à la réaction. Au
final, comme dans le cas de l?essai propagation caisse, l?extinction n?influe pas sur l?énergie totale
dégagée par la réaction. Elle influe sur le temps de libération de cette énergie qui est prolongée. Les
valeurs de chaleur de combustion en MJ/kg ne peuvent pas être évaluées car la mesure de masse est
totalement faussée par l?aspersion puis l?évaporation d?eau sur le peson.
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Figure 99 : Débit calorifique et chaleur de combustion calculés lors de l?essai de feu caisse +
sprinklage
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10.2.3 Synthèse
Le Tableau 8 présente une synthèse sur les caractéristiques thermiques observées pendant l?essai.
Tableau 8 : Synthèse sur les caractéristiques thermiques de l?incendie
L?émittance maximale n?a pas été calculée car le flux radiatif maximal reçu par le fluxmètre est mesuré
à un instant où le sprinklage est activé. Les flammes ne sont alors plus visibles à cet instant.
Le sprinklage a permis de réduire l'intensité du feu et ralentir la propagation du feu, la durée totale de
réaction des modules ayant passé de 10 min lors du feu sans sprinklage (chapitre 8) à 18 min. Les
températures du foyer ont également été atténuées par le sprinklage. Il a de plus permis de stopper la
propagation de l?incendie étant donné que dans ce cas, seulement 4 sur 7 modules ont réagi. A noter
que la température reste élevée et que le feu n?est pas contrôlé.
Nombre de
modules testés
Type d'agression
Durée de
l'agression avant
emballement du
premier module
(min)
Débit
calorifique
maximal (kW)
Energie totale
libérée
(modules seuls)
(méthode
OC/CDG) (MJ)
Chaleur de
combustion
(MJ/kg)
Durée totale de
réaction des
modules (min)
7
Feu englobant >
100 kW/m²
9.9 5000 1107 Non mesurée 18
Perte en masse
(%)
Vitesse de
combustion
maximale
(g/m²/s)
Températures
maximales
mesurées par
les TC (°C)
Températures
maximale
mesurée par la
caméra
thermique avant
le sprinklage(°C)
Températures
maximale
mesurée par la
caméra
thermique
pendant le
sprinklage(°C)
Flux radiatif
maximal reçu à 3
m (kW/m²)
Emittance
maximale
calculée
(kW/m²)
Non mesurée Non mesurée > 1200 >1400 600 18 Non mesurée
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10.3 Conclusions sur le sprinklage
Le Tableau 9 synthétise les principaux résultats obtenus lors des 5 essais feu. Les températures
moyennes pendant le sprinklage sont issues de la caméra thermique qui peut être perturbée par la
présence des gouttelettes d?eaux.
Tableau 9 : Synthèse des principaux résultats sur les 5 essais feu.
Paramètres Unité Feu sur module Feu sur caisse
Feu sur caisse avec
sprinklage
Propagation sur
caisse
Propagation sur
caisse avec
sprinklage
Chapitre de référence - 6 7 9.2 8 9.1
Date de l'essai - 18/10/2023 22/03/2024 16/04/2024 07/03/2024 04/04/2024
Nombre de modules testés - 1 7 7 6 6
Nombre de modules qui ont réagi - 1 7 4 6 6
Type d'agression -
Flux thermique de
10 à 15 kW/m²
Feu englobant >
100 kW/m²
Feu englobant >
100 kW/m²
pad chauffant sur
un module
pad chauffant sur
un module
Température d'emballement
(ordre de grandeur)
°C NM* <200 154 164 172
Durée de l'agression avant
emballement du premier module
min 15 11 9.9 11 9.8
Débit calorifique maximal kW 2400 5500 5000 9000 9000
Energie totale libérée (modules
seuls) méthode OC/CDG)
MJ 178/198 1872/2143 1107 1759/2086 1924/2300
Chaleur de combustion MJ/kg NM 10.2 NM 12 NM
Perte en masse % NM 66 NM 66 NM
Durée totale de réaction des
modules
min 2.5 10 18 9 14
Vitesse de combustion maximale g/m²/s NM 280 NM 450 NM
Vitesse de combustion moyenne g/m²/s NM 185 NM 250 NM
Températures maximales
mesurées par les TC
°C >1200 >1200 >1200 >1200 >1200
Températures maximale mesurée
par la caméra thermique
°C NM 1615 >1400 NM 1400
Températures moyenne °C NM 1400 NP NM NP
Températures moyenne pendant le
sprinklage
°C NP NP 600 NP 600
Flux radiatif maximal reçu à 3 m kW/m² 11 10 18 18 12
Emittance maximale calculée
(ordre de grandeur)
kW/m² 170 165-200 NM 180 NM
*NM: Non Mesuré
Essai
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Les résultats sont très cohérents d?un essai à l?autre. La température d?emballement du premier module
est, dans tous les cas, inférieure à 200°C. Les durées d?agression avant emballement sont d?une dizaine
de minutes pour les essais sur caisse et de 15 min pour l?essai en virole, le module ne subissant pas
directement l?action de l?agression ce qui explique le temps de chauffe supplémentaire.
Les débits calorifiques maximaux sont en accord selon le mode d?agression imposé. De l?ordre de
5000 kW pour le feu englobant correspondant à la réaction quasi-simultanée de 2 modules et de
9000 kW pour le pad chauffant correspondant à la réaction simultanée de 3 modules. Le débit calorifique
maximal mesuré pour les essais avec feu englobant est plus faible que celui mesuré pour les essais
avec pad chauffant car dans le deuxième cas, les modules sont disposés sur 2 niveaux ce qui favorise
leur emballement simultané.
L?énergie totale libérée est, dans tous les cas, en accord avec le nombre de modules brulés sachant
que pour l?essai feu sur caisse avec sprinklage, le refroidissement à l?eau a interrompu la propagation
horizontale du feu. Les chaleurs de combustion mesurées dans les cas feu sur caisse et propagation
sur caisse sans sprinklage sont en bon accord.
Les températures maximales mesurées de l?ordre de 1400-1600 °C mettent en évidence une réaction
très violente caractéristique de feux de métaux, éloignées de celles des feux d?hydrocarbures qui
culminent entre 1000 et 1200 °C. les émittances évaluées à partir des flux radiatifs maximaux mesurés
par les fluxmètres mettent en évidence également des flammes très rayonnantes, les émittances étant
supérieures encore une fois à celles des flammes de feu de nappe d?hydrocarbures (comprises entre
50 et 100 kW/m² selon l?échelle et la nature de l?hydrocarbure enflammé).
De l?essai propagation avec sprinklage sur deux caisses empilées, nous concluons que le sprinklage
semble avoir permis de ralentir la propagation entre caisses superposées sans toutefois l?empêcher. Le
sprinklage semble aussi avoir un impact positif sur la propagation horizontale au sein d?une même
caisse (ce que l?essai suivant confirmera). Cet essai ne permet pas de conclure formellement sur la
possibilité de propagation vers une caisse située au-dessous de la caisse en emballement mais les
coulées de métal en fusion restant plusieurs dizaines de minutes à plus de 1000 °C laissent penser que
le risque de propagation n?est pas à exclure. En termes de violence de la réaction, les calculs de HRR
permettent de justifier d?une puissance thermique réduite. En revanche, l?énergie totale dégagée reste
identique.
De l?essai feu avec sprinklage sur une caisse, nous concluons que le sprinklage a permis d?arrêter la
propagation au sein de la caisse. Les valeurs de HRR et d?énergie totale libérée ne semblent en
revanche pas être modifiées par rapport à un essai sans extinction.
L?extinction à eau, semble donc pouvoir être recommandée sur ce type de feu. Même s?il est clair que
cela ne permettra pas d?éteindre un module en cours de réaction, si elle intervient dans les premiers
instants, qu?elle est correctement dimensionnée et que les caisses sont disposées dans une
configuration adaptée (pas plus de deux rangées empilées par exemple), elle peut permettre de ralentir
la propagation de l?incendie mais pas forcément de le contrôler. Si elle intervient dans un délai plus long,
l?arrêt de la propagation ne peut pas être garanti par les essais réalisés mais elle sera
vraisemblablement bénéfique en ralentissant la propagation, diminuant le débit calorifique et
refroidissant les alentours. Il y a cependant des contreparties à prendre en compte : la projection de
métal en fusion ; la production de gaz toxiques et inflammable (CO, H2, ?).
Aussi, une fois la phase intense de l?incendie terminée, il faut limiter les apports d?eau car ceux-ci
contribuent à entretenir la réaction des résidus de combustion des batteries qui sont hydro réactifs et
émettent des gaz toxiques et inflammables (cf. partie 3 : tableau 16, fig. 111 et 112). Il est également
recommandé de retenir les eaux d?extinction qui sont contaminées (cf. chapitre 11).
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11 Analyse des effluents gaz, particules et eaux d?extinction
11.1 Méthodes
Pour une sélection de 3 essais (flux radiant module, feu caisse et feu caisse + sprinklage), des analyses
de gaz et/ou de particules ont été réalisées. Deux types de mesures ont été mises en oeuvre : une
analyse en continu par analyse infra-rouge à transformée de Fourier (FTIR) et analyseurs via un piquage
direct dans la gaine de ventilation et un prélèvement dans un canister (contenant initialement sous vide)
à un instant donné pour une analyse complémentaire des composés organiques volatils (COV) et des
composés soufrés.
Le schéma de principe de cette analyse de gaz et d?aérosols est présenté sur la Figure 100.
Des prélèvements de particules présentes dans les fumées émises ont également été réalisés dans la
gaine de ventilation sur filtre et directement sur des grilles en or, adaptées à l?observation par
microscopie électronique en transmission (système Mini-Particle Sampler, MPS). Deux types
d?analyses ont été réalisées : par impacteur basse pression à détection électrique ELPI+ pour le
comptage et la distribution granulométrique des particules en nombre et par Xact 625i Cooper pour
l?analyse par rayons X des éléments-traces métalliques dans les particules. Afin d?éviter la survenue de
phénomènes de condensations et une éventuelle saturation des moyens de prélèvement ou d?analyse,
un diluteur Dekati à double étage de type E-diluter Pro a été déployé en sortie du piquage dans la gaine
comme illustré sur la Figure 100 (suivant les essais, le facteur de dilution a été fixé à 25 ou 40) et en
amont des moyens de prélèvement ou d?analyse.
Figure 100 : Schéma de principe de l?analyse de gaz/particules
Pour les différents essais, les conditions de prélèvement sont sensiblement différentes et sont
récapitulées en Tableau 10.
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Tableau 10 : Conditions de prélèvement des gaz
Les limites de quantification pour l?analyse des gaz en continu ont été estimées en partant de la limite
basse de détection de l?espèce puis extrapolée en suivant les conditions d?analyses (débit, temps
d?échantillonnage, ?).
En plus de l?analyse des gaz et aérosols, une analyse des suies à proximité de la source a été mise en
oeuvre via le placement de plaques de prélèvements de vierges, en inox et en eterboard (mélange
homogène de ciment, de sable et de cellulose), placés dans la chambre avant l?essai (cf. Figure 101)
sur 3 types d?emplacements : au sol, sur les murs de la chambre et dans la gaine d?extraction. Les
prélèvements de suie ont été effectués à l?aide de lingettes ensachées imprégnées sur des surfaces
définies par des gabarits 10 x 10 cm² (conformément à la note de l?Ineris sur le choix des lingettes de
prélèvements surfaciques2). Seules les suies visibles ont été prélevées, les gros débris présents au sol
ont été évacués en renversant délicatement les plaques.
Les lingettes ont ensuite été dissoutes par acidification puis l?analyse des métaux a été réalisée en
sous-traitance au laboratoire Micropolluants Technologie SA :
? les éléments-traces métalliques par spectrométrie de masse à plasma à couplage inductif
(ICP-MS) et le brome par spectrométrie de masse en tandem avec plasma à couplage inductif
(ICP-MSMS),
? les éléments S et P par spectrométrie d?émission atomique à plasma à couplage inductif
(ICP-AES),
? les HAP chromatographie en phase liquide haute performance (HPLC) équipés d?un détecteur
UV-visible à barrettes de diodes (DAD) et d?un détecteur de fluorescence (FLD),
? les PCDD/F et PCB par chromatographie en phase gazeuse haute résolution (HRGC) couplée
à la spectrométrie de masse haute résolution (HRMS).
Les résultats sont exprimés en ng par échantillon (i.e. par lingette) et en pg par échantillon en quantité
équivalente toxique (TEQ) OMS 20053 dans les rapports d?analyses. A noter que, étant donné les
fluctuations de limites de quantification sur la méthode analytique propre aux PCDD/F et PCB, les
résultats sont toujours donnés sous la forme d?un intervalle pour ces composés (une valeur minimale
supposant l?absence des composés dont la concentration est inférieure à la LQ et une valeur maximale
supposant une concentration égale à la LQ).
De plus, le prélèvement par lingette dépend significativement de la composition et des pollutions
éventuelles présentes sur le support, ce qui justifie la nécessité de les comparer à des « blancs de
surface ». Toutefois, les suies ne sont pas nécessairement réparties de manière homogène sur la
surface prélevée et le rendement de prélèvement peut varier significativement en fonction du support
et de la substance déposée. Les résultats obtenus sont donc qualitatifs et, bien qu?ils constituent de
bons marqueurs de la signature chimique des suies, ils sont à considérer avec prudence.
2 Institut national de l?environnement industriel et des risques, Choix des lingettes à utiliser
pour la réalisation de prélèvements surfaciques lors des accidents industriels, Verneuil-en-Halatte : Ineris 206743
- v1.0, 25/05/2023.
3 Fiche sur les Polychlorodibenzo-p-dioxines et les polychlorodibenzo-p-furanes (PCDD/F), Ineris - 213434 -
2783847 - 0.1
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Dans ce but, ils sont comparés entre eux à travers un indicateur numérique calculé comme suit :
Indicateur? = log10
??
???
où ?? est la concentration du composé ? et ??? est sa limite de quantification
Figure 101 : Support de prélèvement des particules à proximité de l?échantillon
Enfin, lors de l?essai d?extinction, des réceptacles vierges ont été positionnés comme indiqués par les
cercles rouges sur la Figure 102 afin de collecter les eaux d?extinction souillées par le ruissèlement sur
la caisse incendiée.
Figure 102 : Réceptacles de collecte des eaux d?extinction
11.2 Emissions gazeuses
11.2.1 Essai flux radiant sur module
Les résultats de l?analyse de gaz en ligne lors de l?essai flux radiant sur module sont présentés dans le
Tableau 11. La contribution du bruleur à gaz a été retranchée et pour les besoins de la quantification,
les valeurs présentées dans le tableau sont arrêtées 15 min après le début de la réaction. Le gaz
extrêmement majoritaire est le CO2, produit de combustion. Les quantités de CO sont plus de 30 fois
inférieures, ce qui atteste d?une combustion bien ventilée. Du NO est détecté en quantités relativement
faibles mais significatives.
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En l?absence d?espèces azotées dans les combustibles et dans les conditions de l?essai où l?oxygène
est largement disponible et où des températures très élevées sont atteintes, sa formation peut être
expliquée par la réaction entre l?oxygène et l?azote de l?air dans la flamme selon les équations suivantes
impliquant des radicaux (1) et (2) :
N2 + O* ? NO + N* (1)
N* + O2? NO + O* (2)
Du CH4 et du HF sont détectés en quantités relativement faibles et correspondent à des produits de
décompositions (notamment du sel de Li fluoré contenu dans l?électrolyte), des matériaux composant le
module. Du H2 est détecté en faible quantité et provient probablement de la réaction de Li(m) avec l?eau
selon la réaction (3). Compte tenu du feu important, la plupart du dihydrogène ainsi formé a dû être
brulé.
2 Li(m) + 2 H2O ? 2 LiOH + H2(g) (3)
Tableau 11 : Résultats de l?analyse de gaz en continu lors de l?essai flux radiant sur module.
Contribution du bruleur à gaz retranchée
Gaz Limite de quantification
estimée (g)
Quantité (g) Méthode
CO2 1 14 000 FTIR
CO 1 450 FTIR
CH4 0,2 6 FTIR
H2 0,1 2 Spectro masse
HF 1 8 FTIR
NO 1 30 FTIR
POF3 2 nd FTIR
SO2 3 nd FTIR
PH3 2 nd FTIR
C2H4 1 nd FTIR
C2H2 1 nd FTIR
CH2O 1 nd FTIR
Org. Carbonates
(EC, DEC?) 4 nd FTIR
HCl 1 nd FTIR
HCN 1 nd FTIR
HBr 2 nd FTIR
C3H4O 1 nd FTIR
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L?analyse des gaz prélevés dans le canister est présentée dans le Tableau 12. Le prélèvement a été
réalisé sur une durée de quelques secondes, 20 s après que les premiers effets ont été constatés. Bien
que ces analyses soient semi-quantitatives, une extrapolation des valeurs mesurées sur la durée de la
réaction (env. 2 min) est proposée afin d?obtenir une valeur comparable à celles présentées pour
l?analyse en continu. De cette manière, du SO2 est mesuré, provenant de la décomposition puis
oxydation du sel d?électrolyte. Des traces de benzène (C6H6) et de propane (C3H8) sont aussi détectés.
Tableau 12 : Résultats du prélèvement de gaz lors de l?essai flux radiant sur module. Le prélèvement
a été réalisé 20 s après les premiers effets. *Quantité en équivalent toluène sauf pour le SO2
Gaz Limite de
quantification
(µg/m3)
Quantité*
mesurée
(µg/m3)
Flux* au
moment du
prélèvement
(µg/s)
Estimation
de quantité*
totale (g)
Méthode
SO2 10 2700 26 200 3 ATD/GC/MS-
FPD
C6H6 10 50 485 0,06 ATD/GC/MS-
FPD
C3H8 10 375 3600 0,44 ATD/GC/MS-
FPD
H2S 1360 nd - - µGC
C3H6O 10 nd - - ATD/GC/MS-
FPD
Les Figures 103 à 107 présentent les débits massiques d?une sélection d?espèces. Sur ces figures, la
contribution du bruleur à gaz n?est pas retranchée. Conformément à l?analyse de l?essai qui a été faite,
le pic d?émission de gaz et donc le pic de la réaction de combustion a lieu environ 18 min après
l?allumage du feu. Deux espèces se détachent du profil correspondant aux espèces de combustion, il
s?agit de H2 (Figure 106) et HF (Figure 107). L?émission de HF a lieu avec quelques minutes de
décalage, elle est maximale à 21 min. L?émission de H2 est, quant à elle, marquée par une longue traine
après son pic, ce qui correspond potentiellement à la réaction des résidus avec l?humidité ambiante
Figure 103 : Débit massique CO2 essai de flux radiatif module
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Figure 104 : Débit massique CO essai de flux radiatif module
Figure 105 : Débit massique CH4 essai de flux radiatif module
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Figure 106 : Débit massique H2 essai de flux radiatif module
Figure 107 : Débit massique HF essai de flux radiatif module
11.2.2 Essai feu sur caisse (7 modules)
Les résultats de l?analyse de gaz en ligne lors de l?essai feu sur caisse de module sont présentés dans
le Tableau 13. La contribution du bruleur à gaz a été retranchée et, pour les besoins de la quantification,
les valeurs présentées dans le tableau sont arrêtées 30 min après le début de la réaction. Le mélange
gazeux est assez similaire à celui mesuré lors de l?essai sur module. Les quantités des gaz mesurés
sont globalement en accord, moyennant un facteur 7 (correspondant à 7 modules au lieu de 1).
Quelques espèces diffèrent cependant, à commencer par le CO2 qui est retrouvé en quantité supérieure
du fait de la présence de caisse en bois. Le SO2 qui n?avait pas été détecté par l?analyse en ligne est
désormais détecté en quantité significative et du HCl est aussi détecté.
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Tableau 13 : Résultats de l?analyse de gaz en continu lors de l?essai feu sur caisse
Gaz Limite de
quantification estimée
(g)
Quantité (g) Facteur
d?émission
(mg/g)
Méthode
CO2 2 174 497 943,2 FTIR
CO 1 2 007 10,8 FTIR
CH4 1 33 0,2 FTIR
H2 0.1 42 0,2 Spectro masse
HF 1 135 0,7 FTIR
NO 2 265 1,4 FTIR
POF3 5 nd
nd
FTIR
SO2 6 726 3,9 FTIR
PH3 3 nd nd FTIR
C2H4 1 nd nd FTIR
C2H2 1 nd nd FTIR
CH2O 1 nd nd FTIR
Org. Carbonates
(EC, DEC?) 10 nd
nd
FTIR
HCl 2 79 0,4 FTIR
HCN 2 nd nd FTIR
HBr 4 nd nd FTIR
C3H4O 2 nd nd FTIR
Le tableau 14 propose une comparaison de facteurs d?émission pour différents combustibles. Les
valeurs des combustibles autres que batteries sont issues de l?étude Ineris « An experimental evaluation
of the toxic gas emission in case of vehicle fires »4.
En se limitant aux gaz rapportés dans cette étude, les émissions du feu de la caisse de batteries se
rapprochent le plus du feu de câbles électriques, avec une quantité relativement faible de CO2 et un
rapport CO/CO2 du même ordre de grandeur. Le facteur d?émission du HF est le plus élevé (facteur 7)
en comparaison avec le feu de câbles électriques du fait de la présence de Fluor dans les batteries. Les
facteurs d?émission des NOx sont supérieurs à ceux du feu de gazole mais inférieurs à ceux des autres
combustibles.
On notera aussi que certains composés comme le SO2 sont absents de l?étude pour certains
combustibles. A noter que ces valeurs ne donnent pas d?information sur l?aspect fumigène des fumées.
Ces données permettent toutefois, couplées aux caractéristiques de l?incendie, d?estimer les
conséquences au travers de la toxicité aigüe. Cette analyse comparative est détaillée au chapitre 11.2.
1 4 An experimental evaluation of toxic gas emissions from vehicle fires, B. Truchot
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Tableau 14 : Comparaison des facteurs d'émission de différents combustibles
Facteur
d?émission
[mg/g]
Gazole Plastiques Pneus Câble électriques Caisse LMP
CO2 2823 2034 1469 728 943
CO 31 20 42 9,1 11
HCl - 2,2 0,2 2,1 0,4
HF - 0,014 0,003 0,11 0,7
NOx 1,2 5 2,8 2,5 1,4
SO2 - - 18 - 3,9
L?analyse des gaz prélevés dans le canister est présentée dans le Tableau 15.
Le prélèvement a été réalisé sur une durée de quelques secondes, 3 min après que les premiers effets
ont été constatés (14 min 30 sec) sur les graphiques de débit massique. Bien que ces analyses soient
pseudo-quantitatives, une extrapolation des valeurs mesurées sur la durée de la réaction (env. 9 min)
est proposée afin d?obtenir une valeur comparable à celles présentées pour l?analyse en continu. De
cette manière, aucun gaz n?est mesuré hormis l?acétone en faible quantité. Plusieurs hypothèses
peuvent expliquer cette quasi-absence d?espèce :
1. le mélange gazeux a été dilué d?un facteur 50 avant prélèvement/analyse ;
2. le mélange gazeux n?était pas « riche » au moment du prélèvement.
Si on prend l?exemple du SO2, la Figure 108, montre qu?à ce moment de la réaction, il n?était pas émis
(ou en très faible quantité).
Tableau 15 : Résultats du prélèvement de gaz lors de l?essai feu sur caisse. Le prélèvement a été
réalisé 3 min après le début de la réaction. *Quantité en équivalent toluène sauf pour le SO2
Gaz Limite de
quantification
(µg/m3)
Quantité*
mesurée
(µg/m3)
Flux* au moment
du prélèvement
(µg/s)
Estimation de
quantité* totale
(g)
Méthode
SO2 10 nd - - ATD/GC/MS-
FPD
C6H6 10 nd - - ATD/GC/MS-
FPD
C3H8 10 nd - - ATD/GC/MS-
FPD
H2S 1360 nd - - µGC
C3H6O 10 750 16 700 9 ATD/GC/MS-
FPD
La Figure 108 présente les concentrations dans la gaine de prélèvement en fonction du temps d?une
sélection d?espèces. Sur cette figure, la contribution du bruleur à gaz n?est pas retranchée.
Conformément aux observations faites sur l?essai module, l?émission de HF se fait plutôt en fin de
réaction (à partir de 22 min) et l?émission de H2 reste marquée par une traine persistante après réaction.
Aussi le SO2 semble apparaitre systématiquement sur la fin de réaction de chacun des modules de la
caisse.
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Figure 108 : Concentration volumique d?une sélection d?espèces dans la gaine lors de l?essai feu
sur caisse
11.2.3 Influence du sprinklage sur les émissions gazeuses : essai feu + sprinklage sur
caisse
Les résultats de l?analyse de gaz en ligne lors de l?essai feu sur caisse de module + sprinklage sont
présentés dans le Tableau 16. La contribution du bruleur à gaz a été retranchée et, pour les besoins de
la quantification, les valeurs présentées dans le tableau sont arrêtées 30 min après le début de la
réaction.
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Les quantités de gaz mesurées lors de l?essai sans sprinklage sont reportées afin de faciliter la
comparaison. Ainsi, il apparait que les quantités de CO2 formées sont près de deux fois inférieures, ce
qui est en cohérence avec le fait que seulement 4 modules sur 7 ont réagi.
La quantité de CO a, quant à elle, doublée malgré la réduction de matière brulée ; cela illustre une
réaction de combustion moins bien ventilée. Les gaz inflammables comme H2 et CH4 connaissent, quant
à eux, une forte augmentation puisque leur combustion après formation est moins favorable en
présence d?eau.
Les espèces HF, HCl, SO2 sont inférieures à la limite de quantification. Soit leur formation n?a pas eu
lieu car les températures étaient inferieures, soit l?action de l?eau empêche leur détection (re
condensation, dilution dans l?eau, ?). Enfin, pour la première fois, PH3 est détectée, assurément portée
par la présence d?eau.
Tableau 16 : Résultats de l?analyse de gaz en continu lors de l?essai feu sur caisse + sprinklage
Gaz Limite de
quantification estimée
(g)
Quantité (g) Quantité
sans
extinction
(g)
Méthode
CO2 2 81 157 174 497 FTIR
CO 1 4 489 2007 FTIR
CH4 1 90 33 FTIR
H2 0,1 424 42 Spectro
masse
HF 1 nd 135 FTIR
NO 2 213 265 FTIR
POF3 5 nd nd FTIR
SO2 6 nd 726
PH3 3 120 nd FTIR
C2H4 1 nd nd FTIR
C2H2 1 nd nd FTIR
CH2O 1 nd nd FTIR
Org.
Carbonates
(EC, DEC?)
9
nd nd FTIR
HCl 2 nd 79 FTIR
HCN 2 nd nd FTIR
HBr 4 nd nd FTIR
C3H4O 2 nd nd FTIR
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L?analyse des gaz prélevés dans le canister est présentée dans le Tableau 17. Le prélèvement a été
réalisé sur une durée d?environ 1 min, 30 secondes après que le sprinklage ait été déclenché. Bien que
ces analyses soient semi-quantitatives, une extrapolation des valeurs mesurées sur la durée de la
réaction (env. 15 min) est proposée afin d?obtenir une valeur comparable à celle présentée pour
l?analyse en continu. 9 gaz additionnels sont ainsi détectés, principalement du benzène (C6H6), du
naphtalène (C10H8). La formation du benzène est probablement expliquée par une combustion
incomplète. La présence de naphtalène (C10H8) soutient cette hypothèse. Du SO2 est aussi mesuré en
quantité significative. Les autres gaz sont détectés en quantité bien moindre et on notera la présence
de thiophène (C4H4S), composé organosoufré.
Tableau 17 : Résultats du prélèvement de gaz lors de l?essai feu sur caisse + sprinklage.
Le prélèvement est réalisé 30 s après le début du sprinklage. *Résultats exprimés en équivalent
toluène, sauf pour le SO2. **Pseudo quantitatif sur 15 min
Gaz Limite de
quantification
(µg/m3)
Quantité*
mesurée
(µg/m3)
Flux* au
moment du
prélèvement
(µg/s)
Estimation**
de quantité*
totale (g)
(sur 15 min)
Méthode
SO2 100 4400 97778 88 ATD/GC/MS-
FPD
C6H6 100 33800 751111 676 ATD/GC/MS-
FPD
C3H8 100 nd - - ATD/GC/MS-
FPD
H2S 100 nd - - ATD/GC/MS-
FPD
C3H6O 100 nd - - ATD/GC/MS-
FPD
C4H4S 100 130 2889 3 ATD/GC/MS-
FPD
C8H10
Ethylbenzene
100 250 5556 5 ATD/GC/MS-
FPD
C8H10
m-xylene
100 270 6000 5 ATD/GC/MS-
FPD
C8H10
o-xylene
100 110 2444 2 ATD/GC/MS-
FPD
C8H8 100 400 8889 8 ATD/GC/MS-
FPD
C8H6O 100 190 4222 4 ATD/GC/MS-
FPD
C10H8 100 2090 46444 42 ATD/GC/MS-
FPD
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Les Figures 109 à 112 présentent les concentrations dans la gaine de prélèvement en fonction du temps
d?une sélection d?espèces. Sur cette figure, la contribution du bruleur à gaz n?est pas retranchée. Ces
figures permettent de visualiser l?influence du sprinklage sur le mélange gazeux.
La Figure 109 présente tout d?abord les quantités d?eau mesurées dans la gaine ainsi que la
concentration théorique obtenue seulement comme sous-produit de combustion.
Elle permet de bien visualiser le début de l?extinction puisque, dès son déclenchement des
concentrations mesurées se détachent nettement des concentrations théoriques. L?évolution de la
concentration en CO2 est aussi particulièrement intéressante à analyser.
Dans les premiers instants de la réaction, alors que le sprinklage n?est pas encore activé, les valeurs
mesurées atteignent 0,9 % vol dans la gaine, ce qui est très similaire aux résultats obtenus lors du
premier essai de ce type (0,8 %vol). Dès que le sprinklage est déclenché, la valeur de concentration en
CO2 chute mais est probablement imputable à la fin de réaction du 3eme module plutôt qu?à l?action de
l?eau. Une trentaine de secondes plus tard, les émissions repartent à la hausse, correspondant à la
réaction du 4eme module, sans être réellement affectées par le sprinklage en cours. Passées cette
réaction, les émissions de CO2 diminuent jusqu?à atteindre une valeur résiduelle d?environ 0,5 %
correspondant à la combustion des résidus.
Figure 109 : Concentration volumique en H2O théorique et mesurée dans la gaine lors de l?essai feu
sur caisse + sprinklage
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Figure 110 : Concentration volumique en CO2 dans la gaine lors de l?essai feu sur caisse + sprinklage
L?extinction se fait nettement plus ressentir sur les gaz minoritaires. En effet, comme présentée en
Figure 111, dès les premiers instants de l?extinction, la combustion est moins bien ventilée et l?émission
de CO est multipliée par plus de 10. Les concentrations en H2 et CH4 bondissent également (x 20)
portées, soit par une plus grande production issue d?une réaction d?un composé avec l?eau, soit moins
consommées après sa production par la réaction de combustion. Les émissions de NO sont, elles, peu
affectées par l?aspersion d?eau.
Enfin, la Figure 112 présente la concentration en phosphine mesurée dans la gaine. Bien que le signal
soit très bruité, une première émission est visible au moment du déclenchement de l?extinction et une
seconde phase d?émission est plus clairement visible à la fin de la phase violente de réaction. La
concentration reste limitée à environ 4 ppm mais la forme de la courbe, débutant à la fin de la réaction
violente et commençant sa décroissance au moment de l?arrêt de l?extinction suggère que le PH3 est le
produit de la réaction d?un composé formé pendant la réaction et de l?eau.
Une étude plus approfondie afin d?expliquer la formation de phosphine est proposée dans la partie
« Etude des résidus d?essais ».
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Figure 111 : Concentration volumique d?une sélection d?espèces dans la gaine lors de l?essai feu
sur caisse + sprinklage
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Figure 112 : Concentration volumique en PH3 dans la gaine lors de l?essai feu sur caisse + sprinklage
En conclusion, le sprinklage modifie sensiblement le mélange gazeux émis ; même s?il reste très
largement composé de CO2, les teneurs en certains gaz inflammables et/ou toxiques (CO, H2, CH4)
augmentent sensiblement. Certains gaz ne sont plus détectés (HF) tandis que de la phosphine (PH3),
du benzène (C6H6) et de nombreux hydrocarbures ont été détectés dans ces conditions.
11.3 Emissions particulaires
Afin de faciliter l?interprétation des résultats d?analyse de particules, les émissions particulaires
présentes dans les fumées, susceptibles d?être entrainées sur de longues distances avant de
resédimenter sont traités en 10.3.1. Elles seront distinguées des particules, généralement plus grosses
projetées à proximité de l?échantillon et généralement associées à une source potentielle de pollution
des sols ou des eaux. Ces particules sont traitées en 10.3.2.
11.3.1 Particules dans les fumées
11.3.1.1 Essai flux radiant sur module
L?analyse ELPI+ permet de mesurer le diamètre médian (GMD) des particules aspirées dans la conduite
ainsi que le flux de particules. La Figure 113 permet ainsi de constater que la majeure partie de
l?émission d?aérosol est très courte et dure environ 2min30, coïncidant avec le temps de réaction du
module. Sur cette période, le diamètre « médian » (GMD = Exp[? ni × ln(Di)/N]) augmente nettement
par rapport à la phase d?allumage et atteint 189±24 nm. Le flux de particules lors du pic d?émission est
d?environ 6.1014 particules/s. Afin d?estimer un ordre de grandeur en masse, nous pouvons proposer de
prendre une hypothèse forte et approximer que l?ensemble des particules sont des sphères de 200 nm
de diamètre avec la masse volumique entre celle de l?aluminium et du lithium (espèces métalliques les
plus représentés sur l?analyse du filtre). Cela mène à un flux massique particulaire de 4 g/s.
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Figure 113 : Diamètre médian et flux de particule mesuré par ELPI + (facteurs de dilution du diluteur et
de la gaine pris en compte)
L?ELPI + permet également de remonter à une distribution granulométrique des particules, présentées
en Figure 114. Afin de distinguer les émissions sur l?ensemble de la durée de prélèvement et celles au
moment de la réaction, deux distributions ont été représentées : en bleu, la distribution sur le temps de
prélèvement sur filtre et, en orange, la distribution spécifique au pic d?émission. Au moment de la
réaction, la population la plus représentée à un diamètre d?environ 129 nm et certaines particules ont
un diamètre dépassant légèrement le micron.
Figure 114 : Distribution granulométrique des particules lors de l?essai flux radiant sur module mesuré
par ELPI +
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Les analyses MET des particules prélevées par MPS (Mini Particle Sampler) et présentées sur la
Figure 115 et la Figure 116 sont en accord avec les tailles de particules mesurées par ELPI+ (même si
le diamètre aérodynamique (mesuré par un impacteur) est différent du diamètre optique (mesuré par
MET) et sont donc difficilement comparables). L?analyse par spectroscopie de rayons X Ã dispersion
d?énergie (EDX) des amas sombres de plusieurs microns montre qu?ils sont composés majoritairement
de phosphore et d?oxygène. Les particules claires sont probablement des résidus organiques, allant de
quelques nm à quelques microns. Des particules métalliques isolées (Al, Fe) de l?ordre du micron ont
également été trouvées sur la grille. On notera que le Li n?est pas mesurable par EDX (d?où son absence
notoire) et que les ronds au motifs réguliers de diamètre 1 µm sont les trous de la grille de prélèvement.
Figure 115 : Observation MET du prélèvement MPS réalisé entre 20 et 40 s après que les premiers
effets ne soient visibles lors de l?essai flux radiatif sur module
Figure 116 : Observation MET du prélèvement MPS réalisé entre 40 et 50 s après que les premiers
effets ne soient visibles lors de l?essai flux radiatif sur module
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Pour compléter ces analyses, un analyseur par fluorescence X des éléments-traces métalliques (ETM)
dans les aérosols a été connecté au diluteur (×25) des émissions collectées dans la gaine d?extraction
des fumées. Sa résolution temporelle minimale est de 5 min, très longue compte-tenu de la durée du
pic d?émission. Il est calibré pour les éléments suivants : Al, As, Ba, Br, Ca, Cd, Cl, Co, Cr, Cs, Cu, Fe,
K, Mn, Mo, Ni, Pb, Rb, Sb, Se, Sn, Sr, Ti, V, Zn et W.
Les résultats de cette analyse sont présentés en Figure 117. Les éléments Br, Ca, Cr, Cs, Fe, Mo, Ni,
V et Zn sont nettement supérieurs à la limite de détection (pointillés noirs visibles pour le graphique de
la concentration en Ca par exemple). Seules les émissions de Br, Ca, Fe, Ni et Zn correspondent
temporellement au pic d?émissions d?aérosols. Les autres pics pourraient provenir d?un relargage propre
à la chambre d?essai et à la chaine de prélèvement dans la gaine d?extraction. Le Fe reste l?espèce très
majoritairement détectée (provenant probablement de la cathode) et la provenance des autres espèces
(Br, Ca, Ni et Zn) détectées dans une moindre mesure reste à établir (retardateurs de flammes bromés,
etc.).
L?absence d?émissions As, Cd et Pb (métaux réglementés dans l?air ambiant) est à noter. Pour As et
Pb, les résultats sont bien en accord avec les prélèvements réalisés sur filtre (présentés dans le
Tableau 18, le Cd n?a pas été analysé sur filtre).
On notera que l?absence de détection de l?aluminium peut être expliquée par une limite de détection
très élevée de l?Xact 625i et que le lithium n?est pas détecté par fluorescence X.
Figure 117 : Analyse par fluorescence X des éléments-traces métalliques (ETM)
lors de l?essai de flux radiant sur module
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Les résultats d?analyse élémentaire5 du prélèvement dans la gaine d?extraction des fumées, sur un filtre
quartz est présenté dans le tableau 18. Ce prélèvement a été réalisé sur 22 min et inclut donc une partie
des émissions du bruleur. Les concentrations ont été corrigées du facteur de dilution de 25.
Le filtre présente un enrichissement marqué en lithium et en phosphore ainsi que, dans une moindre
mesure, en soufre et en fluor. En supposant que l?émission de Li et P n?ait lieu qu?au moment de la
réaction (soit 2 min 30) durant le pic d?émission, le prélèvement du pic a été lissé d?un facteur 9 compte
tenu de la durée de l?échantillonnage intégratif. Les concentrations lors du pic peuvent donc être
estimées à environ 217 mg/m3 pour Li et 86 mg/m3 pour P. Une approximation de la quantité totale
émise lors du pic peut être obtenue en multipliant ces concentrations par les 1 500 m3 d?air qui ont été
aspirés dans la gaine d?extraction durant ces 2 min 30. On obtient ainsi 320 g de Li et 130 g de P.
Le soufre semble détecté en quantité relativement élevée mais la mesure réalisée sur le blanc ne permet
pas de proposer une pseudo quantification. Aussi, le blanc est trop chargé en fer et en aluminium pour
que leur mesure sur l?essai soit représentative. Pour pallier ce problème, les prélèvements sur filtre ont
été réalisés sur des supports en PTFE dans les essais suivants (à l?exception du fluor, prélevé
nécessairement sur quartz).
A noter que l?absence d?arsenic et de plomb dans le prélèvement sur filtre est en accord avec les
mesures précédentes.
Tableau 18 : Analyses élémentaires des prélèvements sur filtre quartz lors de l?essai flux radiant
module
11.3.1.2 Essai feu caisse
La Figure 118 présente les résultats des mesures réalisées avec l?ELPI+ lors de l?essai feu sur une
caisse de 7 modules. Le flux de particules suit le même profil que les pertes massiques ou que le HRR
mesuré lors de cet essai et présenté ultérieurement. Il est possible d?y suivre la réaction des 7 modules
et certains pics correspondent à la réaction de deux modules en simultané. Ainsi, le flux de particules
connait des maximums locaux autour de 6.1014 particules/s, identiques à ce qui a été mesuré sur module
seul et certains pics dépassent cette valeur atteignant plus de 9.1014 particules/s.
Comme déjà identifiée sur les paramètres de combustion, la majeure partie de l?émission d?aérosol dure
environ 11 min 30 sec. Sur cette période, le diamètre « médian » (GMD = Exp[? ni × ln(Di)/N]) augmente
également par rapport à la phase d?allumage mais n?atteint que 81±5 nm, soit 100 nm environ de moins
que lors de l?essai sur du module seul.
5 L?analyse ne donne pas de précision sur l?état du métal (oxidé ou autre) dans les aérosols.
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/
Figure 118 : Diamètre médian et flux de particules mesuré par ELPI + lors de l?essai feu caisse
L?ELPI + permet également de remonter à une distribution granulométrique des particules, présentée
en Figure 119. Afin de distinguer les émissions sur l?ensemble de la durée de prélèvement et celle au
moment de la réaction, deux distributions ont été représentées : en bleu, la distribution sur le temps de
prélèvement sur filtre et, en orange, la distribution spécifique au pic d?émission. Au moment de la
réaction, la population la plus représentée a un diamètre d?environ 41 nm et quasiment aucune particule
n'a un diamètre dépassant le micron. Les particules dans les fumées émises lors de cet essai sont donc
plus petites que celles observées sur l?essai module seul. Cela peut provenir de la dilution plus
importante dans la chaine de prélèvement (environ un facteur 4 compte tenu de la ventilation et du
diluteur) ou d?une combustion plus intense fournissant moins d?aérosols organiques, et donc une fraction
d?aérosols minéraux plus importante.
Figure 119 : Distribution granulométrique des particules mesurées par ELPI+ lors de l?essai feu caisse
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Les analyses MET des particules prélevées par MPS sont présentées en Figure 120. Une partie de ces
particules ont une forme sphérique d?environ 0,5 µm.
Une population de particules de forme allongée est aussi observée. Une analyse EDX globale a été
réalisée mais les particules se dégradent sous l?intensité du faisceau. Le carbone et l?oxygène sont
caractérisés par EDX. L?ensemble de ces éléments permet d?attribuer une origine organique à ces
particules.
On notera que lors de cet essai, les prélèvements MPS étaient trop chargés pour une analyse EDX
approfondie. A noter que cette analyse est qualitative : elle n?est pas représentative de la densité
moyenne des aérosols émis lors de l?essai, ce qui peut aussi expliquer les différences entre la taille
observée par MET et celle mesurée par ELPI+. Enfin comme déjà évoqué, le diamètre aérodynamique
(mesuré par ELPI) est différent du diamètre optique (mesuré par MET), ils sont donc difficilement
comparables.
Figure 120 : Observation MET des prélèvements effectués lors de l?essai feu caisse. Prélèvement
effectué en 10 s, 3 min après le début de réaction.
Les résultats d?analyse élémentaire du prélèvement dans la gaine d?extraction des fumées, sur un filtre
quartz est présenté dans le tableau 19. Ce prélèvement a été réalisé sur 25 min et inclut donc une partie
des émissions du bruleur. Les concentrations ont été corrigées du facteur de dilution de 50. Pour rappel,
suite au retour d?expérience de l?essai sur module seul, les éléments ont été prélevés sur un filtre PTFE
pour diminuer les valeurs de blanc de support (sauf pour le fluor, toujours prélevé sur un filtre quartz).
Les filtres présentent un enrichissement marqué en lithium, en phosphore et en fluor ainsi que, dans
une moindre mesure, en soufre, fer et aluminium. En supposant que l?émission de Li et P n?ait lieu qu?au
moment de la réaction (soit 11 min 30) durant le pic d?émission, le prélèvement a été lissé d?un facteur
2,16. Les concentrations estimées sont donc d?environ 136 mg/m3 pour Li et 107 mg/m3 pour P. Une
approximation de la quantité totale peut être obtenue en multipliant ces concentrations par les 15 300 m3
d?air qui ont été aspirés durant ces 11 min 30. On obtient ainsi 2 kg de Li et 1.6 kg de P soit 286 g de Li
et 229 g de P par module, ce qui est cohérent, en ordre de grandeur, avec l?essai sur module seul
(respectivement 316 et 125 g) et conforte une émission à la chaine des modules comme observé sur
l?évolution temporelle en nombre de particules.
Le soufre est détecté en quantité relativement élevée et se détache cette fois plus clairement du blanc.
Une semi-quantification donne un flux estimé de 26 mg/m3, une masse totale de 400 g soit environ 60 g
par module.
Contrairement au 23/11/23, la mesure du fer et de l?aluminium est nettement supérieure au niveau du
blanc de support et est bien représentative de l?essai.
L?absence de plomb est confirmée et l?analyse de l?arsenic n?a pas été réitérée.
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Tableau 19 : Analyse élémentaire des prélèvements sur filtre PTFE et quartz lors de l?essai feu caisse
11.3.2 Suies projetées à proximité de l?échantillon (gaine d?extraction, parois et sol)
11.3.2.1 Essai flux radiant module
Comme décrit dans la partie méthode, des supports de prélèvements ont été disposés en divers points
de la chambre afin de déterminer de manière qualitative les meilleurs traceurs des émissions.
Les résultats des analyses élémentaire de ces prélèvements sont présentés en Figure 121.
Il ressort que les prélèvements au sol sont les plus chargés, puis viennent ceux dans la gaine
d?extraction et enfin, les prélèvements sur les parois.
Les meilleurs traceurs des émissions sont, de loin, le lithium et le fluor. Du cobalt, de nickel et enfin, du
manganèse, sont détectés en quantités significatives sans que l?on puisse expliquer leur présence
autrement que par la contamination préexistante de la chambre. Le phosphore, le fer et l?aluminium sont
aussi clairement détectés, provenant des matériaux constituant des modules. Les autres éléments ont
des contributions mineures, voire ne sortent pas du fond.
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Figure 121 : Résultats des analyses élémentaires des prélèvements réalisés sur les supports placés
dans la chambre lors de l?essai flux radiant module
En plus des métaux, une analyse des composés organiques a été réalisée dont les résultats sont
présentés sur les Figures 122 et 123 pour les PCDD/F et les PCB et sur le Tableau 20 pour les HAP.
Figure 122 : Analyses des PCDD/F et PCB sur les supports de prélèvement
lors de l?essai flux radiatif module.
Pour les PCDD/F et PCB, les teneurs sur les parois et sur la partie canalisée sont, en moyenne,
légèrement supérieures à celles des blancs de surface.
L?analyse des PCDD/F n?est pas valide sur les supports eterboard pour cause de blancs de surface très
élevés.
Le détail de traceurs PCDD/F et PCB analysés est donné en Figure 123. Pour les PCB, les traceurs
des émissions seraient principalement le PCB 157 et, dans une moindre mesure, les PCB 126 et 169.
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Pour les PCDD/F, les traceurs seraient 2,3,4,6,7,8 HxCDF et 1,2,3,4,7,8 HxCDF et, dans une moindre
mesure, 1,2,3,4,7,8,9 HpCDF et 1,2,3,7,8,9 HxCDF. Les furanes sortent en moyenne nettement du fond
sur les parois et dans la gaine d?extraction tandis que les dioxines ne se détachent nettement du fond
que sur les parois.
Figure 123 : Traceurs PCB et PCDD/F analysés lors de l?essai flux radiant module
Enfin, une analyse des HAP a été réalisée sur les mêmes prélèvements. Les résultats sont récapitulés
dans le Tableau 20 . Aucun HAP n?a dépassé les limites de quantification, ce qui pourrait s?expliquer
avec les hautes températures de flammes observées.
Tableau 20 : Analyse des HAP lors de l?essai flux radiant module
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11.3.2.2 Feu caisse
Comme lors de l?essai sur module isolé, l?analyse des métaux présentée en Figure 124 révèle que, en
moyenne, les prélèvements au sol sont les plus chargés, puis viennent ceux dans la gaine d?extraction
et enfin, les prélèvements sur les parois. Néanmoins, les teneurs semblent moins marquées que lors
de l?essai sur module isolé. Le meilleur traceur de ces émissions est, de loin, le lithium, puis viennent le
fer, l?aluminium, le fluor, le phosphore et le cuivre. Dans une moindre mesure, le nickel, le manganèse,
le cobalt et le plomb sont détectés et attribués à une contamination préalable de la chambre. Les autres
éléments ont des contributions mineures, voire ne sortent pas du fond.
Figure 124 : Résultats des analyses élémentaires des prélèvements réalisés sur les supports placés
dans la chambre lors de l?essai feu caisse
En plus des métaux, une analyse des composés organiques a été réalisée dont les résultats sont
présentés sur les Figures 125 et 126 pour les PCDD/F et les PCB et sur le tableau 21 pour les HAP.
Pour les PCDD/F et les PCB, les prélèvements au sol donnent des teneurs assez faibles contrairement
aux résultats obtenus pour les métaux.
En moyenne, les teneurs sur les parois et la partie canalisée sont supérieures au blanc de surface. Ce
contraste est plus significatif que lors de l?essai sur module seul.
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Figure 125 : Analyses des PCDD/F et PCB sur les supports de prélèvement lors de l?essai feu caisse.
Le détail des traceurs analysés est donné en Figure 126.
Pour les PCB, les traceurs des émissions seraient principalement les PCB 126, 114, 167 et 123. Le
PCB 156 pourrait également être un bon traceur mais il est difficile de conclure compte tenu d?une
teneur élevée sur le blanc de surface. Le PCB 157 est nettement moins présent que lors de l?essai du
23/11/2023.
Pour les PCDD/F, les traceurs seraient principalement 1,2,3,4,7,8 HxCDF et, dans une moindre mesure,
1,2,3,7,8,9 HxCDD et 2,3,4,7,8 PeCDF et 2,3,7,8 TCDF. En moyenne, les furanes sont plus représentés
que les dioxines.
Les traceurs communs avec l?essai précédent sont les PCB 126 et le 1,2,3,4,7,8 HxCDF.
Figure 126 : Traceurs PCB et PCDD/F analysés lors de l?essai feu caisse
Les résultats de l?analyse des HAP réalisée sont récapitulés dans le tableau 21 et, comme pour l?essai
sur module seul, aucun HAP n?est quantifié. Encore une fois, cela pourrait s?expliquer avec les hautes
températures de flammes observées.
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Tableau 21 : Analyse des HAP lors de l?essai feu caisse
11.3.2.3 Feu caisse + sprinklage
Comme lors des essais précédents, l?analyse des métaux présentée en Figure 127 révèle que, en
moyenne, les prélèvements au sol sont les plus chargés, puis viennent ceux dans la gaine d?extraction
et les prélèvements sur les parois de contribution similaire. Les teneurs sont nettement plus marquées
que pour les deux essais précédents.
Les meilleurs traceurs des émissions sont le fer, l?aluminium et le lithium. Le lithium se démarque moins
des blancs de surface dans cet essai probablement à cause d?un nettoyage insuffisant des plaques de
prélèvement. Le fluor, le phosphore et le cuivre sont également d?excellents traceurs. Le nickel, le
manganèse et, dans une moindre mesure le plomb et le cobalt sont détectés mais sont associés à une
pollution de la chambre. Les autres éléments ont des contributions mineures, voire ne sortent pas du
fond.
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Figure 127 : Résultats des analyses élémentaires des prélèvements réalisés sur les supports placés
dans la chambre lors de l?essai feu caisse + sprinklage
En plus des métaux, une analyse des composés organiques a été réalisée dont les résultats sont
présentés sur les Figures 128 et 129 pour les PCDD/F et les PCB et sur le Tableau 23 pour les HAP.
Pour les PCDD/F et les PCB, les prélèvements au sol donnent des teneurs assez faibles contrairement
aux résultats obtenus pour les métaux.
Pour les PCB, en moyenne, les teneurs sur les parois et la partie canalisée sont supérieures au blanc
de surface
Figure 128 : Analyse des PCB et PCDD/F lors de l?essai feu caisse + sprinklage
Le détail des traceurs PCB et PCDDD/F est donné en Figure 129.
Pour les PCB, les traceurs des émissions seraient principalement le PCB 126, 169, 157 et 156 ; les
PCB 81 et 114, également, mais ces 2 PCB n?ont été détectés que dans la partie canalisée, et non sur
les parois.
Pour les PCDD/F, les traceurs seraient principalement 1,2,3,7,8,9 HxCDF et, dans une moindre mesure,
1,2,3,7,8 PeCDD et 2,3,7,8 TCDF et 1,2,3,7,8 PeCDF. En moyenne, les furanes sont plus représentés
que les dioxines.
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Figure 129 : Traceurs PCB et PCDD/F analysés lors de l?essai feu caisse + sprinklage
Le tableau 22 propose une comparaison des traceurs PCB et PCDD/F identifiés lors des trois essais.
Les traceurs communs avec l?essai précédent sont :
- les PCB 126 et, dans une moindre mesure 157 et 169,
- le 1,2,3,4,7,8 HxCDF et, dans une moindre mesure, le 2,3,7,8 TCDF.
Les traceurs communs avec le 1er essai sont :
- les PCB 126 et, dans une moindre mesure 157 et 169,
- le 1,2,3,7,8,9 HxCDF et, dans une moindre mesure, le 2,3,7,8 TCDF.
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Tableau 22 : Comparaison des traceurs sur les 3 essais.
Les résultats de l?analyse des HAP réalisée sont récapitulés dans le tableau 23 et, comme pour l?essai
sans extinction, aucun HAP n?est quantifié, bien que les températures observées par caméra IR soient
inférieures lors du sprinklage.
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Tableau 23 : Analyse des HAP lors de l?essai feu caisse + sprinklage
11.4 Analyse des eaux d?extinction
Si l?extinction à l?eau a permis de ralentir, voire de stopper la propagation de la réaction, les eaux
utilisées peuvent être contaminées en divers polluants. Sans que cette analyse soit le but premier des
essais faisant l?objet de ce rapport, une rapide étude qualitative de la contamination des eaux
d?extinction est proposée. Les méthodes de prélèvement sont décrites précédemment dans la partie
méthode.
Les résultats de l?analyse élémentaire présentés dans le tableau 24 permettent de constater que les
eaux d?extinction sont très fortement enrichies en Li, Al, Fe, P et F. Le principal marqueur reste, le Li.
On note un enrichissement beaucoup plus faible en d?autres espèces tels que S, Cu, Ni, Mn, et Co. Cet
écart s?explique pour le S et le Cu par la faible quantité de ces espèces présentes dans les matériaux
des batteries et pour Ni, Mn, Co, par une pollution de la chambre d?essai suite à de précédents essais
sur batteries Li-ion NMC.
Canalisé inox Sol inox
Blanc de surface
inox
Composés
Naphtalene < 10 < 10 < 10
Acenaphtene < 10 < 10 < 10
Fluorene < 10 < 10 < 10
Phenanthrene < 10 < 10 < 10
Anthracene < 10 < 10 < 10
Fluoranthene < 10 < 10 < 10
Pyrene < 10 < 10 < 10
Benzo(a)anthracene < 10 < 10 < 10
Chrysene < 10 < 10 < 10
Benzo(e)pyrene < 10 < 10 < 10
Benzo(j)fluoranthene < 10 < 10 < 10
Benzo(b)fluoranthene < 10 < 10 < 10
Benzo(k)fluoranthene < 10 < 10 < 10
Benzo(a)pyrene < 10 < 10 < 10
Dibenzo(ah)anthracene < 10 < 10 < 10
Benzo(ghi)perylene < 10 < 10 < 10
Indeno(123cd)pyrene < 10 < 10 < 10
Acenaphtylene < 10 < 10 < 10
ng/échantillon
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Tableau 24 : Analyse élémentaire des eaux d?extinction
Les résultats de l?analyse des espèces organiques de type PCB et PCDD/F présentées en Figure 130
ne montrent aucune différence significative entre l?eau de référence utilisée en sprinklage (blanc) et les
eaux d?extinction sur les PCDD/F et PCB.
Figure 130 : Analyse des PCDD/F and PCB dans les eaux d?extinction
Enfin, le tableau 25 présente les résultats d?analyse en HAP. Contrairement aux résultats des analyses
de suies présentés précédemment, des quantités significatives de HAP sont mesurées dans les eaux
d?extinction. Elles sont nettement plus élevées que les valeurs de fond moyennes proposées dans le
rapport « Valeurs de fond en situation post-accidentelle pour les milieux sol, eau et air » référencé
Ineris ? 203892 ? 2714224 ? v2.0. Les méthodes de prélèvement proposées sur cet essai rendent
toutefois une interprétation quantitative difficile mais ces espèces devront être surveillées en situation
post-accidentelle ou lors d?essais visant à analyser précisément la contamination des eaux d?extinction.
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Tableau 25 : Analyse des HAP dans les eaux d?extinction
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12 Discussion
12.1 Comparaison avec un feu de batteries Li-ion
Afin de mettre en perspective les grandeurs mesurées dans cette étude, nous proposons de comparer
certaines valeurs caractéristiques comme le débit calorifique ou la chaleur totale libérée aux valeurs
classiquement obtenues pour la technologie de batterie Li-ion. Pour commencer, la chaleur totale
libérée lors de l?emballement thermique (chaleur de combustion par abus de langage) est un bon
indicateur pour comparer différentes technologies car elle dépend principalement des matériaux
constituant la batterie et peu du mode de réaction.
Ainsi les valeurs mesurées pour les batteries LMP testées dans cette étude sont de 200 à 300 MJ par
module soit 28 kJ/Wh à 43 kJ/Wh. Il faut noter que cette valeur est obtenue pour un module mais qui
dans le cas de l?architecture choisie par Blue Solutions pourrait tout aussi bien être considérée comme
une seule cellule de 7 kWh du fait de l?absence de contenant isolant chacun des EC (cf. définition IEC6).
En comparaison, l?énergie de combustion mesurée à l?Ineris sur des pouch cell NMC de 330 Wh7, assez
réactives, est de 18 kJ/Wh. De manière plus générale, sur l?ensemble des essais réalisés à l?Ineris dans
des conditions de mesures très similaires à celles de la présente étude, la valeur moyenne du débit
calorifique observé sur des cellules NMC est de 20 kJ/Wh. D?autres valeurs sont disponibles dans la
littérature et regroupées par Rappsilber et al. sur la Figure 1308. Ces valeurs concernent des cellules
de différentes chimies et géométrie et ont été obtenues lors d?essais calorimétriques consistant à bruler
entièrement la cellule, et à mesurer l?intégralité de la chaleur émise, ce qui est majorant en comparaison
avec les essais de la présente campagne.
En conclusion, l?énergie de combustion spécifique des modules LMP Blue Solutions est supérieure en
comparaison avec ce qui a pu être déjà observé à l?Ineris sur des cellules NMC.
Un autre paramètre critique pour les effets thermiques est le débit calorifique (HRR en anglais). Dans
cette étude, des valeurs de l?ordre de 500 W/Wh ont été mesurées pour la combustion d?un module. En
comparaison, les valeurs obtenues à l?Ineris sur des pouch cells NMC de 330 Wh sont de 760 W/Wh.
De manière plus générale, sur l?ensemble des essais réalisés à l?Ineris dans des conditions de mesures
très similaires à celles de la présente étude, la valeur moyenne du débit calorifique observé sur des
cellules NMC est généralement comprise entre 450 et 650 W/Wh. D?autres valeurs sont disponibles
dans la littérature et regroupées par Rappsilber et al. sur la Figure 131. Ces valeurs concernent des
cellules de différentes chimies et géométries et ont été obtenues dans des conditions légèrement
différentes. Les valeurs semblent toutefois en adéquation avec ce qui a pu être mesuré dans cette
campagne.
6 Définition du mot CELL selon l?IEC (Area 482 ?Primary and secondary cells and batteries?, IEV 482-01-01 ?Cell?):
basic functional unit, consisting of an assembly of electrodes, electrolyte, container, terminals and usually
separators, that is a source of electric energy obtained by direct conversion of chemical energy.
https://electropedia.org/iev/iev.nsf/display?openform&ievref=482-01-01
7 Projet SafeLiBatt. Rapport en cours de publication.
8 Rappsilber T, Yusfi N, Krüger S, Hahn S-K, Fellinger T-P, Krug von Nidda J, et al. Meta-analysis of heat release
and smoke gas emission during thermal runaway of lithium-ion batteries. Journal of Energy Storage.
2023;60:106579
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Figure 131 : Débit calorifique libéré par type de cellule et format
Après avoir rapporté et comparé les valeurs de débit calorifique à des cellules et montré qu?il n?y a pas
de différence fondamentale entre les deux technologies (Li-ion et LMP), il faut s?intéresser à une
comparaison à l?échelle du module. C?est à cette échelle que les choix d?ingénierie se font
particulièrement ressentir, notamment via la maîtrise du phénomène de propagation entre éléments
unitaires (cellules). Dans cette étude, des valeurs de l?ordre de 500 W/Wh ont été mesurées pour la
combustion d?un module, qui est en fait la brique unitaire pour la technologie LMP de Blue Solutions.
L?expérience de l?Ineris sur des modules automobiles donne généralement des valeurs avoisinant
100 W/Wh tandis que la littérature9 donne des valeurs proches de 250 W/Wh. On remarque que pour
le Li-ion, ces valeurs sont inférieures à celles mesurées à l?échelle cellule puisque la propagation entre
cellule se fait plus lentement que la propagation de la réaction en interne d?une cellule.
A cette échelle, un net écart se creuse donc en défaveur des modules LMP Blue Solutions, non pourvus
de séparation physique entre les éléments du module (7 kWh) qui permettrait de ralentir la propagation
et limiter la quantité de matériaux réagissant simultanément.
Si l?on prend en compte maintenant les conditions de stockage, un article récent de la littérature10
modélise un feu de caisse en entrepôt avec une valeur de HRR autour de 2 MW. Dans cette campagne
d?essais un feu d?une caisse de modules LMP a conduit à des pics de HRR entre 5 et 9 MW.
Outre la chaleur de combustion et le débit calorifique, d?autres caractéristiques de la réactivité de ces
batteries ont été observées lors de cette campagne d?essais et sont cruciales en termes d?évaluation
des risques. Certaines se différencient nettement de ce qui peut être observé sur des batteries Li-ion
dont notamment :
9 S. Kang et al., Full-scale fire testing of battery electric vehicles, Applied Energy 332 (2023) 120497
10 Y. Cui et al. , Numerical study on the fire and its propagation of large capacity lithium-ion batteries under storage,
Journal of Thermal Analysis and Calorimetry (2023)
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- Peu de signes avant-coureurs sont observables avant que le module n?entre en réaction
violente. La réaction est quasi instantanée et très violente ;
- Des jets de métal en fusion sont observés dès les premiers instants de la réaction et se
poursuivent tout au long de la réaction. Ces jets sont potentiellement une source de propagation
de l?incendie et/ou de danger envers les personnes ;
- Des températures très élevées sont observées (1615 °C), ce qui, en plus de jouer un rôle
important sur le rayonnement et donc la propagation peut affecter la tenue des structures
métalliques ou bêton ;
- Des coulées de métal/résidus en fusion très chaudes sont observées et restent chaudes
plusieurs minutes au sol. Cela favorise la propagation verticale (vers le bas) et horizontale, de
la même manière qu?un feu de nappe le ferait en s?étalant au sol ;
- Le mélange gazeux observé n?est pas inflammable contrairement à ce qui est parfois le cas
avec du Li-ion. Ici, en l?absence d?électrolyte liquide à faible point d?ébullition, un régime de
réactions fumigènes sans feu violent parait impossible. En revanche, l?extinction à l?eau peut
éventuellement générer des gaz inflammables et/ou pyrophoriques ;
- Les résidus de combustion restent réactifs, émetteurs de gaz
toxique/inflammables/pyrophorique au contact de l?eau et sujet à la ré-inflammation. Ceci peut
compliquer le traitement post-accidentel.
12.2 Scénario d?un feu d?entrepôt stockant des batteries LMP
12.2.1 Comparaison avec un feu de caisse « standard » (1510) et d?un feu de batteries
Li-ion tel que discuté pour Flumilog
La Figure 132 compare le débit calorifique associé à l?incendie d?une palette 1510 à celui d?une caisse
composée de 7 modules LMP issu de l?essai réalisé le 22/03/2024 (Chapitre 8). Il s?agit de l?essai le
plus représentatif d?un feu de caisse de modules LMP prise dans un incendie. Le débit calorifique de la
palette 1510 est issu des travaux Flumilog11. Elle concerne une palette standard de volume 1,44 m3
(L x l x h = 1,2 x 0,8 x 1,5 m3) alors que le volume de la caisse est seulement de 400 L.
On rappelle que le SOC des modules utilisés pour les essais était de 100 %, tel que déclaré par Blue
Solutions.
Pour les modélisations présentées en figure 132.133 et 134, servant à comparer les feux d?un « entrepôt
type » rempli de différents types de palettes (1510 classique, batteries Li-ion NMC, batteries LMP), l?outil
Flumilog a été utilisé et plusieurs hypothèses sont prises, résultant à des résultats « enveloppes » ou
majorants, utiles pour la réglementation. La principale hypothèse réside dans une cinétique de
propagation particulièrement rapide, dans l?objectif d?avoir la masse la plus importante possible
impliquée dans l?incendie. En effet, en cas de cinétique trop lente, les premières palettes seraient
éteintes à l?inflammation des dernières, conduisant à une moindre puissance de l?incendie et donc, par
suite, à une minoration des flux calculés. L?énergie rayonnée étant directement proportionnelle à la
puissance instantanée, maximiser la puissance permet d?évaluer les flux thermiques enveloppes. De
plus, les effets des différents systèmes de lutte contre l?incendie, système d?extinction automatique et
intervention des services internes ou externes de secours, ne sont pas pris en compte dans les
hypothèses de modélisation. En conséquence, cette hypothèse est raisonnablement pénalisante par
rapport à la cinétique de propagation en situation réelle.
Une autre hypothèse importante à garder en tête dans l?exploitation des résultats de l?outil Flumilog est
la projection des flammes sur chacune des parois à chaque pas de temps de calcul des flux. En effet,
pour favoriser le développement de l?incendie, le départ de feu est supposé se situer au centre de la
cellule. Le feu se propage depuis le point d?inflammation vers les combustibles situés à proximité,
conduisant, pour cette hypothèse, à un feu localisé au centre de la cellule. Le départ de feu pouvant
cependant se situer n?importe où dans la cellule, les flammes sont projetées sur chacune des parois
pour le calcul des flux thermiques.
11 https://www.flumilog.fr/
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De plus, pour chaque flamme, le cas avec et sans vent est pris en compte, la flamme est ainsi penchée,
pour chaque façade, vers l?extérieur du bâtiment et les flux sont comparés à une flamme droite. Les flux
donnés par le logiciel sont le maximum entre le cas avec et le cas sans vent.
Figure 132 : Comparaison entre le débit calorifique émis par une palette 1510
et celui émis par une caisse de 7 modules LMP
L?énergie dégagée par la palette 1510 atteint environ 4000 MJ alors que celle dégagée par la caisse
atteint environ 2000 MJ.
Afin d?affiner la comparaison, l?énergie libérée par l?incendie de la caisse de 7 modules LMP est
extrapolée à celle d?un stockage unitaire de volume égal à celui de la palette standard 1510, soit
1,44 m3, au prorata du volume. Cela représente environ 25 modules. Le débit calorifique est obtenu en
posant comme hypothèse que le feu d?une caisse de 7 modules se propage à l?autre après 1,3 min,
d?après la propagation moyenne observée lors de l?essai d?un feu de caisse de modules LMP prise dans
un incendie (chapitre 8). Une vitesse de propagation plus lente conduirait à une puissance totale plus
faible et des distances d?effets plus faible. Une vitesse de propagation plus rapide aura des
conséquences inverses. Le débit calorifique d?une palette standard composée de 25 modules LMP peut
alors être estimé par la courbe rouge de la Figure 133 et simplifié par la courbe grise selon la
méthodologie Flumilog (méthodologie en cours de validation). La durée de l?incendie de la palette serait
donc de 15 min et sa puissance maximale atteindrait 9000 KW. L?intégrale de cette courbe est d?environ
7500 MJ.
0
500
1000
1500
2000
2500
3000
3500
4000
4500
5000
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50
HR
R
(k
W
)
Temps (min)
Caisse 7 modules LMP
Palette 1510 Flumilog
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Figure 133 : Débit calorifique émis par une palette de modules LMP
Les distances d?effets associées à l?incendie d?un entrepôt stockant des palettes de modules LMP sont
présentées dans le paragraphe suivant.
12.2.2 Evaluation des distances d?effets thermiques pour un incendie d?entrepôt
Afin de modéliser les effets à l?échelles d?un entrepôt et de permettre une comparaison en première
approche entre différentes palettes types, des modélisation Flumilog est proposée. Des caractéristiques
de l?entrepôt ont dû être choisies afin de permettre la modélisation mais ne correspondent pas à celles
de l?entrepôt de Grand-Couronne. Les caractéristiques retenues de cet entrepôt fictif considéré pour les
simulations et les comparaisons sont les suivantes :
- Surface de 6000 m² (100 x 60 m),
- Hauteur de la cellule : 13 m,
- Stockage en racks de 12 m de hauteur sur 7 niveaux,
- Nombre de doubles racks : 9, nombre de simples racks : 2,
- Toiture dotée de 2 % de surfaces d?exutoires,
- Murs REI120 sur 3 façades et murs avec portes de quai pour 4ième façade.
Deux stockages de palettes de 1,44 m3 sont considérés :
- Dans le premier cas, 25 modules LMP par palettes chargés à 100 %,
- Dans le second cas, des palettes standards de la rubrique 1510.
Les distances d?effets calculées avec le logiciel Flumilog sont présentées sur la Figure 134. Cette
comparaison est faite en supposant des cellules remplies à 100 % par chacune des typologies de
produits, sans lien avec un quelconque sinistre.
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Figure 134 : Distances d?effets calculées avec le logiciel Flumilog ? à gauche, pour un stockage 1510,
à droite pour un stockage de modules LMP
L?émittance maximale calculée par Flumilog pour le cas LMP est de 198 kW/m2. Lors des essais des
émittances comprises entre 165 et 200 kW/m2 ont été mesurées. L?ordre de grandeur est donc cohérent.
Toutefois, il est communément admis que l?émittance décroit avec la taille du feu. Pour une émittance
plus faible, les distances d?effets seront diminuées.
Les distances d?effets obtenues dans les deux cas sont présentées dans le Tableau 26.
Tableau 26 : Distances d?effets calculées avec le logiciel Flumilog
Les puissances générées par l?incendie pour les deux configurations sont comparées sur la Figure 135.
Seuil d'effet
(kW/m²)
Rubrique 1510 Modules LMP
3 43 > 110
5 23 110
8 NA 85
Distances d'effets (m)
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Figure 135 : Puissance calculée pour les 2 cas traités
La puissance obtenue pour le feu de batteries est très inhabituelle pour un feu d?entrepôt car elle culmine
à des valeurs très élevées, pratiquement 40 GW pour un temps très court alors qu?elle atteint 5 GW
pour un feu d?entrepôt 1510. Cela s?explique par la puissance élevée de la palette unitaire qui favorise
un emballement rapide. Encore une fois, cette modélisation n?est pas représentative de l?entrepôt de
Grand-Couronne mais sert seulement à donner des éléments de réponses à la question posée par le
BEA de comparer un feu de caisses de batteries LMP à d?autres types de feu plus communément
rencontrés et déjà documentés.
12.2.3 Analyse de la tenue des murs REI120
La tenue au feu d?un mur REI120 est dimensionnée sur la base de la courbe ISO83412 représentée sur
la Figure 136. Cette courbe est caractéristique d?un feu cellulosique (bois, carton, ?) dont le Pouvoir
Calorifique Inférieur (PCI) des combustibles est de l?ordre de 20 MJ/kg.
12 ISO 834 ? Essai de résistance au feu ? Eléments de construction ? partie 1 : Exigences générales
0
5000
10000
15000
20000
25000
30000
35000
40000
0 20 40 60 80 100 120 140
Pu
is
sa
nc
e
(M
W
)
Temps (min)
Modules LMP
Palettes 1510 - Flumilog
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Figure 136 : Courbe ISO834]
La tenue mécanique au feu d?un mur REI120 est garantie si la température appliquée sur ce mur reste
inférieure ou égale à la courbe ISO834. Il est clair que la température appliquée sur le mur peut
ponctuellement être supérieure à la courbe sans compromettre sa tenue mécanique sous réserve que
ce dépassement ait lieu sur une durée et une surface restreinte.
Le graphe de la Figure 137 compare la courbe ISO 834 à la température issue de l?emballement
thermique d?un stockage de modules LMP reconstruite de manière théorique à partir :
- des températures moyennes observées pendant les essais,
- d?une modélisation d?un incendie d?entrepôt à l?aide du code Flumilog qui permet d?évaluer la
durée de l?agression thermique sur le mur.
Il est bien évidemment très compliqué de construire une courbe température ? temps avec les seules
données disponibles aujourd?hui. Des choix ont été faits à des fins de comparaison. La courbe a ainsi
été construite forfaitairement sur la base des choix suivants :
- une phase de montée en température supposée de cinétique similaire à la courbe ISO 834 en
l?absence d?élément, en reprenant donc une équation en logarithme népérien équivalente Ã
l?ISO834 mais en adaptant celle-ci pour la température maximale soit atteinte au temps final de
l?incendie calculé par l?outil Flumilog, soit 40 min ;
- une phase de décroissante selon une équation de la forme A.exp(-B.t) avec les constantes A et
B calées pour une durée d?incendie de 120 min. Cette forme de courbe en exponentielle est
représentative de l?évolution de la décroissance de la puissance d?un incendie en référence à de
nombreux essais réalisés par l?Ineris en chambre 1000 m3. La prise en compte de cette
décroissance est réalisée pour refléter la durée calculée de l?incendie. Une autre approche aurait
pu être de considérer la température constante une fois la température maximale atteinte. Cela
n'aurait aucunement affecté les conclusions qui suivent.
Cette courbe montre que l?incendie d?un stockage de modules LMP serait susceptible de compromettre
la tenue mécanique d?un mur REI120 puisque la température atteinte par l?incendie pourrait dépasser
la température limite - sur laquelle les mus REI120 ont été dimensionnés - de plusieurs centaines de
degrés pendant plusieurs dizaines de minutes, sous réserve que le stockage soit situé à proximité du
mur et soit suffisamment étendu notamment le long du mur. A titre indicatif l?ordre de grandeur des
distances pourrait correspondre à un stockage d?une dizaine de mètres de large minimum situé à une
distance du mur inferieure à une dizaine de mètres.
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Figure 137 : Comparaison entre la courbe ISO834 et la température d?agression issue de l?incendie
de caisses de modules LMP
12.2.4 Analyse du besoin en désenfumage
Pour évaluer la pertinence de la surface utile de désenfumage pour un stockage de batteries LMP, il
convient de revenir à l?origine et à l?objectif de ce désenfumage. La mise en place d?un système de
désenfumage a ainsi pour objectif, en évacuant les fumées d?incendie, de réduire la cinétique de
propagation du feu, limitant notamment le risque de flashover, mais également de maintenir les fumées
à une certaine hauteur pour permettre l?évacuation.
Les essais feu caisse permettent de proposer un débit surfacique d?environ 177 g/m2/s. De fait, la vitesse
de combustion et le débit de fumées pour les batteries LMP sont bien supérieurs à ceux des produits
cellulosiques et plastiques utilisés en référence pour évaluer la surface utile nécessaire de désenfumage
(40 g/m2/s pour des pneus et 12g/m2/s pour des câbles électriques par exemple).
Bien que les températures élevées atteintes par un tel incendie favorisent le désenfumage (pour une
température plus élevée, les densités sont plus faibles, ce qui favorise l?écoulement au travers des
ouvrants), et afin de conserver l?atteinte des objectifs de sécurité associés au désenfumage pour un tel
stockage, il semble nécessaire d?accroître la surface de désenfumage.
12.2.5 Evaluation des effets toxiques aigües13 pour un incendie d?entrepôt
Afin de mettre en perspective les résultats des analyses de fumées réalisées dans cette étude, une
comparaison entre la toxicité aigüe des fumées d?un incendie de batteries LMP, de gazole et de
pneumatiques est proposée. Cette comparaison ne prend en compte que la composition gazeuse car,
en l?état actuel des connaissances, on considère que les particules n?influent pas sur la toxicité aigüe
mais seulement sur les effets chronique. De même, cette comparaison ne tient pas compte des effets
que les émissions particulaires pourraient avoir sur l?environnement.
Au regard des hypothèses fortes sur la formation du panache, tel que décrit dans le rapport Ineris ?1614,
il a été choisi, pour cette comparaison, d?évaluer la différence de toxicité à l?émission. Cette approche
consiste à ne diluer les émissions que dans la seule quantité d?air nécessaire à la combustion des
produits. La seule hypothèse nécessaire est donc que l?apport d?air est suffisant pour assurer la
combustion complète, condition dans laquelle sont également mesurés les facteurs d?émission listés
dans le Tableau 14.
13 Aigüe au sens des valeurs seuils de toxicité aigüe françaises (VSTAF)
14 Rapport Ineris W16, Omega 16 - Recensement des substances toxiques (ayant un impact potentiel à court,
moyen et long terme) susceptibles d?être émises par un incendie, juin 2023.
0
200
400
600
800
1000
1200
1400
1600
1800
2000
0 20 40 60 80 100 120
Te
m
pé
ra
tu
re
(°
C)
Temps (min)
ISO834
Feu de caisses de modules LMP
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Afin d?évaluer la dangerosité des gaz émis, il est ainsi possible d?estimer la toxicité aigüe du mélange
gazeux constitué des gaz de combustion et de l?azote contenu dans l?air ayant servi à la combustion
sous l?hypothèse que tout l?oxygène est consommé. La toxicité de ce mélange peut alors être exprimée
sous une forme inspirée de la Concentration Effective Fractionnelle (CEF) :
??? =
??
?????????è???
Cette quantité représente ainsi le potentiel toxique du mélange, plus sa valeur est élevée, plus le
mélange est toxique.
En considérant les propriétés de combustion, vitesse et chaleur, du gazole, des pneumatiques et des
caisses de LMP et les facteurs d?émissions, Tableau 14, il est possible d?évaluer cette valeur pour ces
différents produits, Tableau 27 en utilisant les VSATF pour les seuils d?effet irréversibles pour 30 min
d?exposition.
Tableau 27 : CEF calculée pour différents produits.
Produis CEF
Gazole 5,4
Pneumatiques 16,5
Caisse LMP 15,8
Ce résultat met en évidence un potentiel toxique comparable entre pneumatiques caisse LMP, potentiel
près de 3 fois supérieur à celui du gazole pour ces deux produits en raison, notamment, de la production
de gaz spécifiques comme les acides halogénés ou le dioxyde de soufre qui ont une forte toxicité.
Il faut par ailleurs souligner que ce potentiel toxique à l?émission est principalement piloté par les gaz
émis et la chaleur de combustion des produits, chaleur qui pilote le besoin en air. La puissance de
l?incendie joue peu au final, pour ce qui concerne la toxicité à l?émission. Etant entendu que la vitesse
de combustion mesurée est très élevée pour les caisses LMP, l?effet ascensionnel du panache sera
plus important avec pour conséquence une plus forte dilution pour le calcul des effets toxiques Ã
distance de la source.
12.3 Synthèse des particularités d?un feu d?entrepôt stockant des batteries LMP
Les résultats expérimentaux et numériques obtenus dans le cadre de cette étude conduisent aux
conclusions suivantes :
- Le débit calorifique lié à l?incendie d?une palette de modules LMP est pratiquement 6 fois plus
élevé que celui associé à l?incendie d?une palette classée sous la rubrique 1510 ;
- Les températures de flamme liées à l?incendie d?un stockage de modules LMP peuvent atteindre
en moyenne plus de 1400 °C et sont susceptibles de compromettre la tenue mécanique d?un mur
REI120 sous réserve que ce stockage soit situé à proximité du mur à moins d?une dizaine de
mètres, et disposé le long du mur sur une dizaine de mètres minimum ;
- Les distances d?effets au seuil des effets irréversibles (SEI) associées à l?incendie d?un entrepôt
de 6000 m², de 13 m de hauteur et doté de murs REI120 composé d?un stockage en racks de
palettes de modules LMP pourraient atteindre plus de 110 m. Les distances d?effets au seuil des
effets domino (8 kW/m²) pourraient atteindre 85 m. Ces distances sont au minimum 5 fois plus
élevées que celles associées à un entrepôt de produits courant (rubrique 1510) ;
- Les besoins de désenfumage des entrepôts stockant des batteries LMP pourraient être
supérieures à ceux préconisés dans la rubrique ICPE1510.
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PARTIE 3 : Protection en phase accidentelle et réactivité des
résidus
Cette partie cherche à déterminer la réactivité des résidus afin de préciser si les moyens de protection
utilisés en phase accidentelle (y compris dans les dernières heures d'extinction) permettent de protéger
convenablement les intervenants.
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13 Observations préliminaires
A l?issue des essais, bien que les modules étaient complètement consommés, une quantité importante
de résidus était présente et la plupart des outils utilisés lors de l?essai à proximité de la réaction (bac de
rétention, virole, outil d?écrasement, ?) étaient fortement dégradés. Comme cela est visible sur
la Figure 138, la plupart des résidus avaient une couleur rougeâtre ou brunâtre et étaient très
hétérogènes.
Figure 138 : Photographies des résidus d?essais
Les jours suivant les essais, lors du nettoyage des chambres d?essai, de fortes odeurs rappelant celles
de l?ail ont été senties de manière continue à proximité des chambres et dans un rayon de plusieurs
mètres autour des fûts de 200 L dans lesquels étaient placés les résidus et matériels souillés. Afin de
limiter les odeurs, les fûts sont stockés dans des locaux ventilés jusqu?à leur élimination dans les filières
appropriées. Aussi, quelques heures après la mise en fût, le couvercle d?un fût cerclé a été projeté Ã
plusieurs mètres malgré l?utilisation de couvercles à valve de surpression.
Lors de transfert de matériel souillé les jours de pluie, des inflammations ont été observées comme
documenté en Figure 139. Enfin, lors des phases de nettoyage après-essai, du fait de la nature
compacte et solide des résidus, les morceaux trop volumineux pour la mise en fût ont dû être cassés Ã
l?aide d?outils tels qu?une pioche. Lors des coups de pioches, des inflammations intermittentes ont
également été observées.
Figure 139 : Extraits vidéo où l?inflammation de résidu au contact du sol humide est visible
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Ces inflammations répétées ont rapidement conduit à l?hypothèse de la formation de gaz inflammables
par les résidus d?essai. Deux mois après l?essai pad module, une analyse FTIR a été réalisée dans le
ciel gazeux d?un fût de résidu de l?essai pad module. Pour cela, le couvercle du fût a été percé et un flux
entrant d?azote de 2,5 L/min a été imposé en même temps que les gaz sortants étaient analysés par
FTIR. Le spectre présenté Figure 140 est ainsi obtenu. Trois gaz y sont clairement identifiables à l?issue
de cette analyse : de l?eau (issue de l?humidité de l?air) ; de la phosphine (PH3) et de l?acétylène (C2H2).
Une quantification approximative de la phosphine permet d?estimer une production d?environ 0,15 L/h.
En plus de ces composés, il est probable qu?en présence d?eau, de l?H2 soit formé par réaction avec du
Li métal présent dans les résidus. Le H2 n?est pas mesurable par FTIR.
Figure 140 : Analyse du ciel gazeux d?un fût contenant des résidus de combustion de l?essai pad
sur module
Afin de préciser si, au regard de la réactivité de ces résidus, les moyens de protection utilisés en phase
accidentelle (y compris dans les dernières heures d?extinction) permettent de protéger convenablement
les intervenants, les substances en présence ont été analysées et les mécanismes possibles de
formation de ces gaz proposés.
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14 Réactivité des résidus
Cette partie vise à caractériser l?hydro réactivité des résidus et caractériser la formation gazeuse.
14.1 Prélèvement
Quatre jours après l?essai, des résidus de l?échantillon soumis à essai ont été prélevés à l?aide d?un
marteau et d?un burin dans le bac de feu utilisé pour l?essai, situé dans la Galerie Incendie de l?Ineris
(Figure 141). Le prélèvement correspond à des résidus restés au fond du bac feu après l?essai
propagation sur caisse.
Figure 141 : Cliché photographique du prélèvement d?échantillon issu de résidus de combustion
de batterie, produits à la suite d?un essai abusif
Il est à noter que lors du prélèvement de l?échantillon dans le bac de feu, des étincelles ont été produites
suite aux coups de burin sur les résidus de combustion, mais seulement dans certaines zones du bac.
Les analyses présentées dans la suite de ce document ont été effectuées sur des échantillons prélevés
dans des zones du bac contenant les résidus les plus susceptibles de produire des étincelles.
14.2 Evaluation préliminaire de la réactivité des résidus prélevés
Immédiatement après le prélèvement décrit ci-dessus, quelques gouttes d?eau ont été versées sur un
fragment de l?échantillon ainsi prélevé (Figure 142b). Une réaction vive a été observée, avec un
bullage/formation d?une mousse et émission de gaz à la surface de ce dernier sans signe d?inflammation
(Figure 142c).
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Figure 142 : Clichés photographiques de l?échantillon (immédiatement après le prélèvement) placé
dans un bécher (a), lors d?ajout d?eau (b) et bullage/formation de mousse (c)
Après humidification, les fragments d?échantillon soumis à des chocs mécaniques (coups de burin) se
sont également montrés d?autant plus réactifs, produisant des inflammations relativement vives
(Figure 143). Il semblerait donc, d?après ces premières constatations, qu?une fois l?échantillon prélevé
et humidifié (voire réhumidifié), l?impact/frottement mécanique d?une pièce en métal (burin) contre le
résidu serait à même de provoquer l?inflammation du ou des gaz formé(s).
Figure 143 : Clichés photographiques du comportement de l?échantillon humidifié soumis
à une action/contrainte mécanique
b ca
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Le reste d?échantillon prélevé (Figure 144) a été immédiatement placé en boîte à gants sous
atmosphère inerte avec une concentration d?O2 inférieure à 10 ppm.
Figure 144 : Clichés photographiques du prélèvement d?échantillon de résidus de combustion de
batteries et fragments produits à la suite du concassage au burin en boîte à gants pour s?approcher
des quantités requises pour les diverses phases de l?épreuve N.5
Les échantillons ont ensuite été soumis aux essais de caractérisation de l?hydro réactivité décrits en
Section 14.3 sans traitement préalable.
14.3 Epreuve N.5 : Méthode d?épreuve pour les matières qui, au contact de
l?eau, dégagent des gaz inflammables (ONU)
Les essais ont été réalisés suivant l?épreuve décrite dans le Manuel d?épreuves et de critères de l?ONU,
8ème édition, réf. ST/SG/AC.10/11/Rév.8, 2023.
14.3.1 Phase 1
Protocole de la Phase 1 de l?épreuve N.5 du règlement ONU : Dans un bac rempli d?eau distillée à 20°C,
on place une petite quantité de matière (c?est à dire une portion d?environ 2 mm de diamètre). On
observe s?il y a dégagement et s?il y a inflammation spontanée du gaz.
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En raison de l?état de la nature (massive) de l?échantillon, il n?a pas été possible de prélever précisément
une portion de 2 mm de diamètre (Figure 145).
Figure 145 : Clichés photographiques des échantillons d?essais soumis à la phase 1 de l?épreuve N.5
Durant cet essai, un fort dégagement de gaz (sans inflammation) est observé spontanément dès
immersion de l?échantillon, et ce durant un peu plus de 1 minute.
14.3.2 Phase 2
Protocole de la Phase 2 de l?épreuve N.5 du règlement ONU : On place une petite quantité de matière
(c?est à dire une portion d?environ 2 mm de diamètre) au centre d?un papier-filtre flottant à la surface
d?un bain d?eau distillée à 20°C, dans un récipient approprié (Figure 146). Le rôle du papier-filtre est de
maintenir la matière en un point fixe, afin d?obtenir la probabilité maximale d?inflammation spontanée du
gaz dégagé. On observe s?il y a dégagement et s?il y a inflammation spontanée du gaz.
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Figure 146 : Clichés photographiques des échantillons d?essais soumis à la phase 2 de l?épreuve N.5
Durant cet essai, un dégagement de gaz (sans inflammation) est observé durant 1 minute environ,
il convient donc de passer à la phase 3 de l?épreuve N.5.
14.3.3 Phase 3
Protocole de la Phase 3 de l?épreuve N.5 du règlement ONU : Ce test consiste à humidifier les
échantillons sans traitement particulier afin de faire un test exploratoire et évaluer la réactivité des
échantillons. Compte tenu du fait qu?ils n?étaient pas friables, nous l?avons soumis « tel quel » à cette
nouvelle épreuve (Figure 147). Durant cette phase de test, une mesure de température à coeur de
l?échantillon a été effectuée pour évaluer une estimation des échauffements lors de la réaction.
Figure 147 : Clichés photographiques des échantillons d?essais soumis à la phase 3 de l?épreuve N.5
Durant cet essai, un dégagement de gaz est observé (Figure 5a), sans inflammation, avec une
montée notable de température de l?ambiante à 84°C (Figure 5b).
(NB : la température d?auto-inflammation de la phosphine, gaz pyrophorique est de 38°C)
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Un test d?inflammation des gaz émis a été réalisé à l?aide d?un brûleur à gaz. A l?approche de la flamme
du brûleur, une inflammation spontanée et vive est observée (Figure 148).
Figure 148 : Clichés photographiques de la tentative d?inflammation au brûleur à gaz des gaz générés
lors de l?ajout de quelques gouttes d?eau sur l?échantillon soumis à la phase 3 de l?épreuve N.5
Un fragment d?échantillon a également été soumis à la Phase 4 de l?épreuve (Section 14.3.4) afin
d?estimer le débit gazeux émis lors de l?immersion de l?échantillon dans de l?eau.
14.3.4 Phase 4
Protocole de la Phase 4 de l?épreuve N.5 du règlement ONU : S?il s?agit d?une matière solide, on
l?inspecte pour déterminer si elle contient une certaine quantité de particules fines (c?est-à -dire de
granulométrie inférieure à 500 µm). Si cette quantité représente plus de 1 % (en masse) du total, ou s?il
s?agit d?une matière friable, l?échantillon entier doit être broyé en poudre avant l?épreuve pour simuler
les effets d?effritement au cours de la manutention et du transport ; dans le cas contraire, on utilisera la
matière sous sa forme commerciale (dans le cadre de cette étude l?échantillon sera utilisé sous sa forme
tel que prélevée et après un léger concassage), comme dans le cas des liquides.
L?essai qui doit se dérouler à la température ambiante (20°C) et à la pression atmosphérique est exécuté
trois fois. On utilise une ampoule à décanter contenant de l?eau, et une fiole conique dans laquelle on a
placé une quantité suffisante de matière (jusqu?à maximum 25 g) pour produire de 100 à 250 ml de gaz.
On ouvre le robinet de l?ampoule à décanter pour laisser couler l?eau dans la fiole conique ; on déclenche
un chronomètre. Le volume de gaz produit est mesuré de toute manière appropriée. On note la durée
totale du dégagement de gaz ; on note également, si possible, la quantité produite à certains intervalles.
La production de gaz est calculée sur une durée de 7 heures à intervalles d?une heure. Si le débit de
gaz fluctue ou augmente après 7 heures, la durée de mesure doit être prolongée jusqu?à un maximum
de cinq jours.
On peut cependant arrêter l?épreuve avant si le débit est devenu constant ou diminue régulièrement et
que l?on a recueilli suffisamment de données pour pouvoir affecter la matière à un groupe
d?emballage/une catégorie ou conclure qu?elle ne relève pas de cette classe de danger. Si la nature
chimique du gaz dégagé n?est pas connue, il doit être soumis à un essai d?inflammabilité.
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Dans le cadre de cet essai, la mesure du volume de gaz produit a été effectuée en utilisant un débitmètre
automatique (type MGC-1), qui permet de mesurer le dégagement de gaz en fonction du temps
(Figure 149).
Figure 149 : Cliché photographique illustrant un exemple d?échantillon soumis à la phase 4
de l?épreuve N.5 avec les débitmètres automatiques
Le MGC-1 dispose d?une cellule immergée dans de l?huile synthétique (Calrix), qui collecte le gaz
dégagé par la réaction entre le produit testé et l?eau. Le gaz est amené par un tube qui pénètre Ã
l?intérieur de l?appareil, jusqu?au-dessous de la cellule. Celle-ci bascule lorsque le volume de gaz
accumulé atteint 3,2 ml et permet au gaz de s?échapper à l?air libre par un autre conduit.
La cellule de mesure est reliée au logiciel d?acquisition « RIGAMO » qui marque un point à chaque
basculement. L?appareil dispose également d?un affichage numérique du volume cumulé de gaz
comptabilisé au cours du temps.
Pour des raisons d?homogénéité dans le calcul du débit de gaz dégagé au cours des essais, seul le
résultat en volume cumulé au cours du temps a été utilisé.
Les essais seront réalisés sur les échantillons « tels quels » pour reproduire les conditions sur site, et
légèrement concassés, afin d?obtenir des prises d?essai pouvant être introduites dans les erlenmeyers.
Les essais se sont déroulés au sein de la plateforme sécurisée, thermostatée à 20°C.
Environ 5 g d?échantillon est déposé au fond d?un erlenmeyer de 50 ml en boîte à gants sous argon
(l?erlenmeyer est muni d?un bouchon à septum en partie supérieure et d?un film de parafilm pour le
raccord au débitmètre) et, sous sorbonne, une quantité de 10 ml d?eau distillée est ajoutée de manière
à immerger la substance soumise à essai. Le compteur de gaz MGC-1 est préalablement raccordé Ã
l?erlenmeyer.
Les courbes de suivi du dégagement gazeux de l?échantillon « tel quel » sont reportées ci-après
(figures 150 et 151).
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Figure 150 : Evolution du débit de gaz dégagé en fonction du temps lors de la phase 4 de l?épreuve
N.5 avec les débitmètres automatiques pour l?échantillon « Tel Quel » ? Essai 2
Figure 151 : Evolution du débit de gaz dégagé en fonction du temps lors de la phase 4 de l?épreuve
N.5 avec le débitmètre automatique pour l?échantillon « Tel Quel » - Essai 3
Un dégagement de gaz sans inflammation spontanée a été observé au cours de chaque essai et
le débit de gaz à plafonné à 576 L/h.kg pendant quelques minutes.
14.4 Analyse des gaz de réaction générés lors de l?ajout d?eau sur l?échantillon
Afin de connaitre la nature des gaz formés, un prélèvement a été réalisé dans un sac Tedlar puis identifié
par GC/MS. Pour l?analyse de la phosphine, un filtre imprégné (AgNO3) a été exposé au gaz puis a subi
une extraction dans un bain à ultrasons durant 1 h avant que le phosphore soit quantifié par ICP OES.
Ainsi, il ressort qu?une part majoritaire des gaz émis est du dihydrogène (H2) et que la phosphine
(quantifié en équivalent P) est émise dans des quantités 25 fois moindres. La présence d?acétylène n?a
pas été recherchée bien qu?elle ait été démontrée par FTIR.
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Des traces d?autres espèces ont été détectées sans pouvoir être quantifiées, on citera par exemple :
trimethylsilyl fluoride, tetramethyl silane, ethyl phosphine, dimethyl phosphine, trimethyl silanol, acide
acétique, hexamethyl disiloxane, n-butyl ether
14.5 Risques liés à l?émission de phosphine
Il a été mis en évidence lors des essais la formation de phosphine en présence d?eau, mais également
humidité. Lors d?un essai de sprinklage (30 l/m²/min), le débit de phosphine mesuré est d?environ
0,2 g/m²/s. En supposant de façon prudente que ce taux d?application du sprinklage soit employé sur la
moitié de la surface de la cellule et que 100 % de cette surface soit occupée par des résidus de batterie
après incendie, le taux d?émission de phosphine serait de 600 g/s.
Afin d?estimer les potentielles conséquences d?une telle émission, celle-ci a été modélisée dans l?outil
Phast v9.0 afin d?estimer la distance aux effets toxiques. Le seuil des effets irréversibles (SEI) pour
30 min d?exposition, soit 155 ppm a été utilisé pour représenter les distances atteintes. Le seuil des
premiers effets létaux pour une même durée de 30 min, 1395 ppm, est également tracé à titre informatif.
Deux classes de vent ont été considérées pour cette représentation, F3 et D5, conformément aux
prescriptions de la circulaire du 10/05/2010 pour la modélisation des effets toxiques dans le cadre des
études de dangers. Il convient enfin de préciser que, sur la base des observations sur le terrain, la
température d?émission de la phosphine est fixée à 100°C.
Les distances d?effets ainsi obtenues sont représentées sur la Figure 152. La distance maximale atteinte
par les effets irréversibles au niveau du sol est d?environ 250 m, 65 m pour les effets létaux. En
considérant les effets en altitude, la distance aux effets irréversibles atteint 550 m, les effets létaux
120 m environ.
Figure 152 : Vue latérale du panache toxique résultant de l?émission de phosphine, effets irréversibles
et premiers effets létaux.
Il est également important de noter que, en l?absence de perception d?une forte odeur aillée, il n?est
pas attendu que les seuils effets irréversible soient atteint. En effet, comme l?indique la figure 15315 le
seuil de perception est largement en deçà du seuil d?effet irréversible.
15 https://substances.ineris.fr/sites/default/files/archives/7803-51-2%20--%20Phosphine%20--
%20VSTAF-Rapp.pdf
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Figure 153 : Seuils de toxicité et de perception de la phosphine
14.6 Conclusions sur la réactivité des résidus
Les essais de détermination de l?hydro réactivité, suivant l?épreuve N.5 du Manuel d?épreuves et de
critères de l?ONU (ST/SG/AC.10/11/Rev.8), réalisés sur le résidu de combustion de batteries prélevé
« Tel Quel » permettent de conclure que :
? Un fort dégagement gazeux a été observé systématiquement pour chaque phase de l?épreuve
dans les conditions d?essais, et une inflammation immédiate et vive des gaz générés a été
mise en évidence lors des tentatives d?inflammation à l?aide d?une flamme produite par
un brûleur à gaz (à distance d?environ 30 cm minimum) ;
? Des débits de gaz allant jusqu?à environ 576 L/h.kg en débit maximal sur 1 h ont été
mesurés ;
? Le résidu de combustion est donc considéré comme étant hydro réactif au sens de la
classification ONU TMD ;
? La distance maximale atteinte par les effets irréversibles au niveau du sol est d?environ
250 m.
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15 Caractérisation des résidus
Cette partie a pour but de caractériser les résidus afin de comprendre les mécanismes menant à la
formation des gaz observés.
La figure 152 présente les flacons de résidus, stockés en boite à gants qui seront broyés puis analysés.
Figure 154 : Photographies des résidus prélevés pour analyse
Une analyse DRX a tout d?abord été réalisée sur les résidus de l?essai flux radiant sans que le transfert,
ni l?analyse, ne soient réalisées dans des conditions protégées de l?air (ces analyses par DRX ont été
sous-traitées à l?UTC). Les résultats de l?analyse sont présentés en figure 153. Sur ce prélèvement les
phases principalement identifiées sont le LFP (+triphylite LiFePO?) provenant de la cathode, le quartz
(SiO2) provenant du sable, le lithiophosphate (Li3PO4) la calcite (CaCO3) provenant possiblement des
parpaings des siporex utilisés comme support. Aucun composé hydro réactif et/ou susceptible d?être Ã
l?origine des émissions gazeuses n?est ainsi détecté, ce qui est plutôt attendu dans la mesure où les
poudres analysées devaient être oxydées (avaient réagi) avant l?analyse.
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Figure 155 : Analyse DRX des résidus d?un essai compression statique. L?analyse porte sur des
résidus plutôt rougeâtres et le transfert et l?analyse ont été réalisés sous air (poudre oxydée)
Pour compléter cette analyse, une seconde analyse a été réalisée sur les résidus identifiés comme
étant les plus réactifs parmi le prélèvement réalisé après l?essai de propagation. Cette analyse, dont les
résultats sont présentés en Figure 156, a été réalisée en broyant l?échantillon en boîte à gants
(O2<10 ppm) afin d?éviter son oxydation (contrairement à l?analyse précédente). La poudre ainsi
obtenue a ensuite été placée dans un porte échantillon et recouverte d?un film d?adhésif polyimide de
marque Kapton (responsable de la bosse aux faibles angles du spectre rayons X représenté en
Figure 156). Deux analyses d?un même échantillon ont été réalisées à quelques heures d?intervalle afin
d?identifier d?éventuels phénomènes d?oxydation (le film Kapton n?est pas parfaitement étanche sur
plusieurs heures) : le spectre « résidus batterie » (ligne noire, Figure 156) a correspond à la première
analyse réalisée. Le spectre « résidus batterie 2 » correspond quant à lui à la seconde analyse (ligne
rouge, Figure 156).
La matrice composite constituant l?échantillon étant très complexe, les spectres des Figures 155 et 156
montrent de nombreux pics, pouvant être associés à une multitude de composés. Ces analyses ne sont
cependant pas suffisantes pour dresser avec certitude une liste exhaustive des composés constituant
ces résidus. L?affinement des spectres de DRX par l?UTC suggère la présence de différents composés
dans l?échantillon analysé tels que :
? Une possible présence de Li3P (en particulier, sur la base de la présence d?un pic caractéristique
de cette phase à un angle de 2? = 42°). Cette interprétation est cependant questionnable, en
particulier du fait de la difficulté à distinguer les autres pics constituant le spectre caractéristique
du Li3P. L?identification de Li3P peut être envisagée (particulièrement le pic à 42°) ;
? Une possible présence d?alliage aluminium-lithium LiAl, suggérée par deux pics à des angles
de 2? = 40° et 2? = 24° ;
? Une possible présence de d?aluminate de lithium, indiquée par plusieurs pics situés à des angles
tels que 2? = 70°, 33° et 24°.
La comparaison des deux spectres réalisés à quelques heures d?intervalle montre une évolution
des pics mesurés au cours du temps, pouvant être le signe d?une réactivité des échantillons avec
leur environnement extérieur (mauvaise étanchéité de l?adhésif Kapton). Cependant, l?évolution
temporelle de l?intensité de ces pics semble difficile à interpréter du fait de comportements a priori
contradictoires des différents pics.
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On pourrait en effet s?attendre à ce qu?au cours d?une exposition prolongée à l?air, les poudres
s?oxydent, ce qui, du point de vue des spectres de DRX, pourrait se traduire par une diminution
progressive des pics attribués à LiAl et une augmentation de ceux attribués à LiAlO2.
La Figure 156 montre en revanche une diminution importante de l?intensité du pic à 2? = 40°
attribuée à LiAl alors que le pic à 2? = 24° reste stable. De même, l?intensité des pics à 2? = 70° et
à 33°, attribuée à LiAlO2 tend à diminuer au cours du temps, tandis que 2? = 24° reste stable et que
celui à 35° tend à augmenter. Enfin, on observe une augmentation de l?intensité des pics associés
à LiNiO.
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Figure 156 : Analyse DRX des résidus de l?essai feu caisse. L?analyse porte sur un ensemble
hétérogène de résidus et le transfert et l?analyse ont été réalisés sans contact avec l?air
(protégé par du Kapton)
Afin de compléter l?analyse DRX, une analyse RMN des isotopes 31P et 7Li a été réalisée à l?ICMCB.
Les résidus analysés sont issus de l?essai propagation et ont été préparés par broyage en boîte à gants
sous atmosphère inerte et l?analyse s?est faite dans des conditions excluant le contact de l?air.
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Les résultats sont présentés en Figure 157. Le spectre du 31P permet d?identifier clairement le Li3P par
le déplacement de raie caractéristique à -270 ppm16. Le spectre du 7Li confirme la présence de Li3P et
met en évidence la présence d?autres composés lithiés où le Li est proche d?espèces paramagnétiques
(LixC, LiFeP?).
Cette analyse permet aussi d?exclure la présence de Li métallique dans l?échantillon testé.
/
Figure 157 : Analyse RMN d?un ensemble hétérogène de résidus sur le 31P et le 7Li.
Le transfert et l?analyse ont été réalisés sans contact avec l?air
La mise en évidence d?un environnement diamagnétiques à proximité du Li par l?analyse RMN peut
suggérer la présence de phases telles que LixC ou LiFeP. Cette analyse a donc été complétée par une
analyse Mössbauer du fer dont les résultats sont présentés Figure 158. Cette analyse permet une
détermination du degré d?oxydation du fer, et apporte par conséquent davantage d?information sur les
composés en présence dans l?échantillon.
16 Marino, C.; Boulet, L.; Gaveau, P.; Fraisse, B.; Monconduit, L. Nanoconfined phosphorus in mesoporous carbon
as an electrode for Li-ion batteries: performance and mechanism. Journal of Materials Chemistry 2012, 22, 22713-
22720
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Figure 158 : spectroscopies Mössbauer des résidus d?essais
Ce spectre est constitué d'un unique doublet. Les paramètres hyperfins correspondent à du Fe3+ haut
spin en site tétraédrique (déplacement isomérique "petit delta" = 0.25 mm/s) dans un environnement
relativement symétrique (éclatement quadripolaire "grand delta" = 0.44 mm/s). Ce doublet quadripolaire
peut être associé à une phase de type LiFeP17 et, de manière certaine, pas à un oxyde ou oxyhydroxyde
de fer, un phosphate de fer ou encore une phase de type Fe3C.
17 Boyanov, S.; Womes, M.; Jumas, J.-C.; Monconduit, L. 57 Fe Mössbauer study of the electrochemical reaction
of Li with FeP y (y= 1, 2). In Proceedings of the ICAME 2007: Proceedings of the 29th International Conference on
the Applications of the Mössbauer Effect (ICAME 2007) held in Kanpur, India, 14-19 October 2007, 2009; pp. 1143-
1155.
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16 Mécanismes réactionnels susceptibles de former de la
phosphine
A la lumière des analyses réalisées, ci-dessus, et dans la limite des informations à disposition à ce
stade, la caractérisation des résidus permet ainsi de proposer différentes hypothèses de mécanismes
de réaction qui pourraient expliquer la formation de la phosphine mesurée dans le ciel gazeux des
échantillons exposée à un environnement humide :
1- L?excès de Li(m) fondu à l?anode (température de fusion du Li : 180 °C), en présence d?une
atmosphère réductrice (H2, CO2, CO, ?) et à très haute température (> 1400°C) réduit
LixFePO4 en Li3P et LiFeP (suggéré par RMN et Mössbauer).
En considérant les résultats Mössbauer, cette réduction du FePO4 de la cathode pourrait se
faire en présence de H2 et de CO et en fonction de la température par l?intermédiaire de la
formation de Fe2P, Fe3P ou du FeP18. Une partie du FeP peut ensuite interagir avec le Li en
excès selon le mécanisme (1) pour former du Li3P19.
FeP + Li ? LiFeP (1)
LiFeP + 2Li ? Li3P + Fe0 (1)
2- Au contact de l?eau ou de l?humidité de l?air, le Li3P réagit pour former de la phosphine selon
la réaction (2)
Li3P + 3H2O? 3LiOH + PH3 + chaleur (2)
Les analyses présentées en Section 16 n?ont pas permis d?identifier le composé à l?origine de la
production d?acétylène. Cependant, en considérant les matériaux composant le module, ainsi que les
conditions de combustion (environnement, températures, ?), il est possible de proposer les équations
de réaction suivantes :
1- L?excès de Li(m) fondu à l?anode réagit avec le CO2 formé par la réaction de combustion,
favorisé par les hautes températures atteintes pour former un carbure de lithium selon la
réaction (3)
Li(molten) + CO2? Li2C2 (3)
2- Au contact de l?eau ou de l?humidité de l?air, le carbure de lithium réagit pour former de
l?acétylène selon la réaction (4)
Li2C2 + 2H2O? C2H2 + 2LiOH + chaleur (4)
Enfin, l?inflammabilité du mélange gazeux émis par les résidus de combustion et l?intensité de la
combustion pourraient également être liées à la présence importante de dihydrogène mis en évidence
au paragraphe 13.4. Malgré l?absence de détection de Li sous forme métallique dans les analyses
réalisées, sa présence dans les résidus ne peut pas être écartée. En effet, au contact de l?eau ou de
l?humidité de l?air le Li forme du dihydrogène selon la réaction (5)
2 Li(m) + 2 H2O ? 2 LiOH (aq) + H2(g) + chaleur. (5)
18 Ye. Mukhametkhan et al., Complete thermodynamic analysis of the interaction of iron phosphate (FePO4) with
hydrogen (H2) and carbon monoxide (CO), Matalurgija 60, 2021
19 Boyanov, S.; Bernardi, J.; Gillot, F.; Dupont, L.; Womes, M.; Tarascon, J.-M.; Monconduit, L.; Doublet, M.-L. FeP:
another attractive anode for the Li-ion battery enlisting a reversible two-step insertion/conversion process.
Chemistry of materials 2006, 18, 3531-3538
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17 Conclusion générale
Le 16 janvier 2023, un incendie s?est déclaré au sein d?un entrepôt situé sur la commune de Grand
Couronne (76), qui abritait, selon l?exploitant, plusieurs milliers de batteries de véhicules de type Lithium
Métal Polymer (LMP).
Suite à l?incendie, le BEA-RI s?est saisi de l?enquête et devant la quasi-absence de données disponibles
dans la littérature sur la réactivité des batteries de type LMP, l?Ineris a été missionné pour mettre en
oeuvre une campagne d?essais permettant de mieux appréhender les modes de défaillance pouvant
être à l?origine d?un emballement thermique, les mécanismes de propagation, les effets de la réaction
de ces batteries ainsi que l?efficacité des dispositifs de protection. Pour permettre la réalisation d?essais,
Blue Solutions a mis à disposition les échantillons nécessaires.
Ce rapport fait état des constats observés lors des essais réalisés lors de la campagne menée Ã
l?INERIS et répond au questionnement de la saisine du BEA-RI en vue :
? De déterminer, en simulant différents modes d'agression, si des modes de défaillance de
modules à température ambiante peuvent être à l'origine d'un emballement thermique
Les essais sur les modes de défaillance ont permis de conclure sur :
- la possibilité de déclencher un emballement thermique par abus mécanique pouvant
correspondre à une chute d?une masse de 40 kg de 5 m ou 280 kg de 6,5 m, selon la face
impactée. Les hypothèses d?une chute d?objet sur la caisse, de la chute d?une caisse ou d?un
coup de fourche de chariot élévateur semblent être des hypothèses plausibles même s?il faut
noter que les modules étant placés dans des caisses carton qui offrent une protection relative
aux modules ;
- la possibilité qu?un défaut interne de type court-circuit entre cellules ou interne à certaines
cellules constitutives des modules induise un emballement thermique du module. Un essai clou
a été réalisé et n?a pas permis le déclenchement de l?emballement thermique d?un EC. Afin de
s?affranchir des nombreux paramètres de tests qui auraient pu changer l?issue de l?essai, un
test ne simulant non pas le défaut (court-circuit interne) mais les conséquences d?un défaut,
c?est-à -dire un échauffement rapide localisé. Un essai de chauffe rapide localisée directement
à la surface d?un EC a été réalisé et a permis de créer un emballement thermique de l?ensemble
de l?EC qui s?est ensuite propagé à l?EC en série placée dessous. En supposant que cet essai
soit représentatif de ce qu?il pourrait se passer en cas de défaut interne, il est donc possible de
conclure qu?un défaut interne peut causer l?emballement thermique d?un EC qui se propage ou
se serait ensuite propagé au module.
D?autres hypothèses comme le court-circuit externe, un défaut d?étanchéité ou la surdécharge n?ont pas
été étudiées car non considérées comme susceptibles d?être la source de départ d?un emballement
thermique pour un module à température ambiante en condition de stockage.
? D'étudier les mécanismes de propagation de l'incendie en tenant compte du mode de
stockage utilisé dans l'entrepôt et d'établir sur la base des mesures et des observations
réalisées à l'occasion des essais si les modules de batteries peuvent être à l'origine des
explosions et des projections constatées lors de l'incendie
De manière générale, les essais menés ont permis de caractériser le comportement des batteries
LMP produites par Blue Solutions en situation abusive. Il ressort de l?analyse que :
- Peu de signes avant-coureurs sont observables avant que le module n?entre en réaction
violente. La réaction est quasi instantanément très violente ;
- La détermination d?abus maximal tolérable avant l?emballement thermique est compliquée Ã
déterminer car la réaction se produit avec un décalage temporel important par rapport à l?abus.
Ce comportement est observé particulièrement lors d?abus mécaniques ;
- Des jets de métal en fusion sont observés dès les premiers instants de la réaction et se
poursuivent tout au long de la réaction. Ces jets sont potentiellement une source de propagation
de l?incendie et/ou de danger envers les personnes ;
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- Des températures très élevées sont observées (1615°C), ce qui, en plus de jouer un rôle
important sur le rayonnement et donc la propagation, peut affecter la tenue des structures
métalliques ou en bêton ;
- Des coulées de métaux/résidus en fusion très chaudes sont observées et restent chaudes
plusieurs minutes au sol. Cela favorise la propagation verticale (vers le bas) et horizontale, de
la même manière qu?un feu de nappe le ferait en s?étalant au sol.
En complément de ces observations, des valeurs précises concernant les paramètres de combustion
ont pu être déterminées. L?énergie de combustion spécifique des modules LMP Blue Solutions est
supérieure par rapport à ce qui a pu être déjà observé à l?Ineris sur des cellules Li-ion NMC tandis que
le débit calorifique spécifique des modules LMP Blue Solutions atteint des valeurs comparables avec
ce qui a pu être déjà observé à l?Ineris ou dans la littérature sur des cellules Li-ion NMC. Si l?on compare
maintenant ces valeurs à celles observées sur des modules Li-ion de type automobile, le débit
calorifique mesuré sur les modules LMP Blue Solutions est également nettement supérieur. Cet écart
s?explique à la fois par les propriétés intrinsèques de la technologie et par les choix d?ingénierie faits par
Blue Solutions, aboutissant à l?absence de séparation physique entre les éléments du module (7 kWh)
qui permettrait de ralentir la propagation et limiter la quantité de matériaux réagissant simultanément.
? D'évaluer la dangerosité des substances émises, le cas échéant, en les comparant aux
substances émises par des feux plus communément rencontrés et déjà documentés
Lors de la combustion des modules, des émissions de gaz importantes sont observées. Le mélange
gazeux est en très large majorité composé de CO2, issu de la combustion intense. Comme autres
produits de combustion, du CO est mesuré (en quantité 30 fois inférieure) et du NO est détecté en
quantités relativement faibles mais significatives. D?autres gaz et COV plus spécifiques sont détectés,
on pourra citer le méthane (CH4), le fluorure d?hydrogène (HF), le dihydrogène (H2), le dioxyde de soufre
(SO2) ainsi que des traces de benzène (C6H6), de propane (C3H8) et parfois de chlorure d?hydrogène
(HCl).
Le mélange gazeux observé n?est pas inflammable contrairement à ce qui est parfois le cas avec du Li-
ion. Ici, en l?absence d?électrolyte liquide à faible point d?ébullition, un régime de réaction fumigène sans
feu violent parait impossible.
L?aspersion d?eau modifie cependant sensiblement ce mélange gazeux. En effet, s?il reste très
largement composé de CO2, les teneurs en certains gaz inflammables et/ou toxiques (CO, H2, CH4)
augmentent sensiblement. Certains gaz ne sont plus détectés (HF, SO2) tandis que de la phosphine
(PH3) a été détectée pour la première fois dans ces conditions. L?extinction à l?eau peut expliquer la
formation de ces gaz inflammables et/ou pyrophoriques.
Ces essais ont aussi été l?occasion d?évaluer les émissions particulaires émises dans les fumées et
à proximité des batteries.
- Dans les fumées, le flux de particules est estimé de 6.1014 particules/s, au pic de réaction d?un
module. Ces particules ont un diamètre "médian" compris entre 81 nm et 190 nm selon les
essais. Beaucoup de ces particules sont d?origines organiques (goudron, suies, ?) et une
analyse élémentaire des prélèvements sur filtres permet de démontrer un enrichissement
marqué en lithium, en phosphore et en fluor ainsi que, dans une moindre mesure, en soufre, fer
et aluminium. Une pseudo quantification très approximative permet de donner les ordres de
grandeur d?émission de ~290 g de lithium, ~230 g de phosphore et ~60 g de soufre par module.
- A proximité de l?échantillon, les meilleurs traceurs des émissions sont, de loin, le lithium et le
fluor. Des traceurs organiques de type PCB et PCDD/F peuvent être identifiés On pourra retenir
les PCB 126 et, dans une moindre mesure 157 et 169 et le 2,3,7,8 TCDF. Les analyses révèlent
également l?absence de HAP.
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? D'évaluer le rôle du système d'extinction automatique
Lors de cette campagne, des essais ont été réalisés visant à évaluer l?efficacité et les conséquences
d?une extinction à l?eau d?un feu naissant (deux ou trois modules en emballement). Nous concluons que
le sprinklage a permis de ralentir la propagation entre caisses superposées sans toutefois l?empêcher.
Le sprinklage a aussi pu avoir un impact positif sur la propagation horizontale au sein d?une même
caisse puisqu?il a permis d?arrêter la propagation entre modules au sein de la caisse. Les essais réalisés
ne permettent pas de conclure formellement sur la possibilité de propagation vers une caisse située au-
dessous de la caisse en emballement mais les coulées de métal en fusion restant plusieurs dizaines de
minutes à plus de 1000 °C laissent penser qu?une propagation rapide aura lieu.
L?extinction à eau, semble donc pouvoir être recommandée sur ce type de feu. Même s?il est clair que
cela ne permettra pas d?éteindre un module en cours de réaction, si elle intervient dans les premiers
instants, qu?elle est correctement dimensionnée et que les caisses sont disposées dans une
configuration propice (empilement par deux comme ici testé par exemple), elle peut permettre de limiter
la propagation de l?incendie. Si elle intervient dans un délai plus long, l?arrêt de la propagation ne peut
pas être garantie par les essais réalisés mais elle sera vraisemblablement bénéfique en ralentissant la
propagation, diminuant le débit calorifique et refroidissant les alentours. Il y a cependant des
contreparties à prendre en compte : la projection de métal en fusion ; la production de gaz toxiques et
inflammable (CO, H2, ?).
Aussi une fois la phase intense de l?incendie terminée il faut limiter les apports d?eau car ceux-ci
contribuent à entretenir la réaction des résidus de combustion des batteries qui sont hydro réactifs et
émettent des gaz toxiques et inflammables. Aussi, il est recommandé de retenir les eaux d?extinction
qui sont contaminées.
? D'évaluer, au besoin par comparaison avec d'autres types de feu connus et documentés,
l'efficacité des dispositifs de protection incendie communément utilisés dans le domaine de
la logistique (mur REI, dispositif de désenfumage)
Ces conclusions, transposées à des conditions de stockage en entrepôt montrent que les distances
d?effets associées à l?incendie d?un tel entrepôt atteindraient des valeurs jusqu?à 5 fois celles observées
sur des entrepôts de produits courants. Elles montrent également que la tenue mécanique des murs
REI120 serait compromise en cas de stockage de palettes à proximité du mur (quelques mètres) au
regard des températures atteintes (de l?ordre de 1400 °C). Le débit calorifique de l?incendie atteindrait
des valeurs très importantes (plusieurs dizaines de GW pour des durées d?incendie limitées
(possiblement inférieure à 1 h).
? De préciser au regard des résultats obtenus en matière d'analyse si les moyens de protection
utilisés en phase accidentelle (y compris dans les dernières heures d'extinction) permettent
de protéger convenablement les intervenants
Afin de préciser si les moyens de protection utilisés dans les dernières heures d'extinction permettent
de protéger convenablement les intervenants et après des observations préliminaires de réactivité des
résidus d?essais, des essais de détermination de l?hydro réactivité, suivant l?épreuve N.5 du Manuel
d?épreuves et de critères de l?ONU (ST/SG/AC.10/11/Rev.8) ont été réalisés sur le résidu de combustion
de batteries prélevé « Tel Quel » et permettent de conclure que :
? Un fort dégagement gazeux a été observé systématiquement pour chaque phase de l?épreuve
dans les conditions d?essais, et une inflammation immédiate et vive des gaz générés a été
mise en évidence lors des tentatives d?inflammation à l?aide d?une flamme produite par
un brûleur à gaz (à distance d?environ 30 cm minimum) ;
? Des débits de gaz allant jusqu?à environ 576 L/h.kg en débit maximal sur 1 h ont été
mesurés ;
? Le résidu de combustion est donc considéré comme étant hydro réactif.
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Cette réactivité conduisant à des émissions de chaleur et de gaz toxique/inflammable/pyrophorique que
sont l?acétylène (C2H2), la phosphine (PH3) et probablement le dihydrogène (H2). Cette réactivité est
expliquée par la présence de Li3P, de Li2C2 et de lithium métal dans les résidus. Ceci rend, dans les
derniers moments de l?extinction, et plus généralement la gestion post accidentelle complexe et
nécessitant une protection adéquate de intervenants.
Enfin cette étude connait certaines limitations et d?autres études pourraient être nécessaires afin de
mieux définir les conditions de stockages optimales de ces modules. L?ensemble des modules testés
étaient complètement chargés (SOC 100 %) or il est reconnu qu?une réduction de l?état de charge
permet de diminuer la réactivité des batteries Li-ion, l?influence de l?état de charge pour des batteries
Li-métal reste à déterminer. Les essais de cette campagne ont eu lieu à température ambiante. Etudier
l?effet d?une réduction de température sur la possibilité de ces modules à réagir et sur les possibilités de
propager revêt un intérêt, d?autant plus que des dérogations au transport pour des modules
endommagés ont été émises sous cette condition.
Nous noterons aussi la possibilité d?extrapolation de certains de ces résultats à d?autres batteries
contenant du Li-métal à l?anode, ce qui semble être l?option favorisée par les constructeurs automobiles
dans leurs feuilles de route à l?horizon 2035, particulièrement dans le cas des batteries dites tout solides.
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18 Annexes
Liste des annexes :
- Annexe 1 : Courriel de demande du BEA-RI ? 1 page ;
- Annexe 2 : Méthodes expérimentale ? 6 pages ;
- Annexe 3 : Protocole de chauffe rapide localisée ? 3 pages ;
- Annexe 4 : Méthode de mesure du débit calorifique et de la chaleur de combustion ? 2 pages.
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Annexe 1 : Courriel de demande du BEA-RI ? 1 page
Mission conjointe BEA-RI - INERIS
Le BEA-RI a décidé le 17/01/2023 d?ouvrir une enquête sur l?évènement survenu le 16/01/2023 au sein
de l?entreprise SAS HIGHWAY France Logistics située à Grand-Couronne (76).
Deux enquêteurs du BEA-RI se sont rendus sur site. Selon les premiers éléments de l'enquête,
l'incendie qui s'est produit semble avoir mis en cause des modules de batteries de type LMP.
Dans la continuité des constats dressés lors de cette visite, nous souhaiterions mobiliser l?expertise de
l'INERIS, dans le cadre de sa coopération avec le BEA-RI, pour évaluer le rôle qu'aurait joué ces
modules dans l'occurrence et le développement de l'incendie.
En pratique, il est demandé à l'INERIS de réaliser des essais sur des modules ou sur des cellules
électrochimiques en vue :
? De déterminer, en simulant différents modes d'agression, si des modes de défaillance de
modules dit à température ambiante peuvent être à l'origine d'un emballement thermique ;
? D'étudier les mécanismes de propagations de l'incendie en tenant compte du mode de stockage
utilisé dans l'entrepôt et d'évaluer le rôle du système d'extinction automatique.
? D'établir sur la base des mesures et des observations réalisées à l'occasion des essais si les
modules de batteries peuvent être à l'origine des explosions et des projections constatées lors
de l'incendie
? D'évaluer, au besoin par comparaison avec d'autres types de feu connus et documentés,
l'efficacité des dispositifs de protection incendie communément utilisé dans le domaine de la
logistique (mur REI, dispositif de désenfumage);
? D'évaluer la dangerosité des substances émises, le cas échéant, en les comparant aux
substances émises par des feux plus communément rencontrés et déjà documentés ;
? De préciser au regard des résultats obtenus en matière d'analyse si les moyens de protection
utilisés en phase accidentelle (y compris dans les dernières heures d'extinction) permettent de
protéger convenablement les intervenants.
Ces essais seront réalisés à partir d'éléments qui auront été récupérés par le BEA-RI auprès de
l'industriel.
Nous souhaiterions pouvoir disposer de vos conclusions au travers d?un rapport (au format pdf) selon
un calendrier qui sera défini entre vos équipes et les enquêteurs en charge de l?affaire.
Fait à la Défense, le 22/05/2024
Laurent Olivé
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Annexe 2 : Méthodes expérimentales ? 6 pages
Static crush Y
Static crush Z
Essai le 11/10/2023
Equipement Fournisseur type / ref gamme de mesure précision de la mesure Etalonnage
Capteur force presse HBM U10M 500 kN 0,50% 10/01/2022
Enregistrement force HBM
MX840 9E5001C9B M-A2-
20014
±10 V 0,10% 03/02/2023
Capteur de position presse MTS Temposonics GP 1000 mm 0,50% 10/01/2022
Enregistrement position HBM
MX840 9E5001C9B M-A2-
20014
±10 V 0,10% 03/02/2023
Mesure et enregistrement tension HBM
MX403B 9E500AFF1 M-A2-
20151
±100 V ±0,1% 01/08/2023
Température caméra IR FLIR A655sc 55008205 660°C 10%
28/11/2022
(note 1)
Mesure température Correge
Thermocouples type K
conforme classe 1
-200-1100°C 1,5°C
NA
(note 2)
Enregistrement température HBM
MX1609 9E500154E M-A2-
20017
-100/+1300°C ±0,72 °C 03/02/2023
Mesure Flux radiatif Captec Capteur flux radiatif 50x50
25 kW/m² continue
50 kW/m2 crête
5%
NA
(note 3)
Enregistrement flux HBM
MX840 9E5001C9B M-A2-
20014
±10 V 0,10% 03/02/2023
Essai le 23/10/2023
Equipement Fournisseur type / ref gamme de mesure précision de la mesure Etalonnage
Capteur force presse HBM U10M 500 kN 0,50% 10/01/2022
Enregistrement force HBM MX840 9E5001C9B M-A2-20014 ±10 V 0,10% 03/02/2023
Capteur de position presse MTS Temposonics GP 1000 mm 0,50% 10/01/2022
Enregistrement position HBM MX840 9E5001C9B M-A2-20014 ±10 V 0,10% 03/02/2023
Mesure et enregistrement tension HBM MX403B 9E500AFF1 M-A2-20151 ±100 V ±0,1% 01/08/2023
Température caméra IR FLIR A655sc 55008205 660°C 10%
28/11/2022
(note 1)
Mesure température Correge
Thermocouples type K
conforme classe 1
-200-1100°C 1,5°C
NA
(note 2)
Enregistrement température HBM MX1609 9E500154E M-A2-20017 -100/+1300°C ±0,72 °C 03/02/2023
Mesure Flux radiatif Captec Capteur flux radiatif 50x50
25 kW/m² continue
50 kW/m2 crête
5%
NA
(note 3)
Enregistrement flux HBM MX840 9E5001C9B M-A2-20014 ±10 V 0,10% 03/02/2023
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Nail
Chauffe localisée module
Chauffe localisée cellule
Essai le 27/10/2023
Equipement Fournisseur type / ref gamme de mesure précision de la mesure Etalonnage
Capteur force presse HBM U10M 500 kN 0,50% 10/01/2022
Enregistrement force HBM
MX840 9E5001C9B M-A2-
20014
±10 V 0,10% 03/02/2023
Capteur de position presse MTS Temposonics GP 1000 mm 0,50% 10/01/2022
Enregistrement position HBM
MX840 9E5001C9B M-A2-
20014
±10 V 0,10% 03/02/2023
Mesure et enregistrement tension HBM
MX403B 9E500AFF1 M-A2-
20151
±10 V ±0,1% 01/08/2023
Température caméra IR FLIR A655sc 55008205 660°C 10%
28/11/2022
(note 1)
Mesure température Correge
Thermocouples type K
conforme classe 1
-200-1100°C 1,5°C
NA
(note 2)
Enregistrement température HBM
MX1609 9E500154E M-A2-
20017
-100/+1300°C ±0,72 °C 03/02/2023
Essai le 29/11/2023
Equipement Fournisseur type / ref gamme de mesure précision de la mesure Etalonnage
Mesure et enregistrement tension Hioki
LR8532 230108388 M-A2-
21897
±100 V ±0,2% 10/01/2023
Température caméra IR FLIR A655sc 55008205 660°C 10%
28/11/2022
(note 1)
Mesure température Correge
Thermocouples type K
conforme classe 1
-200-1100°C 1,5°C
NA
(note 2)
Enregistrement température TC Hioki
LR8532 230108389 M-A2-
21896
0/+1350°C ±1 °C 10/01/2023
Mesure température Pyro Pyrospot DGR 10N 400-1600°C 10%
non étaloné
(note 1,4)
Enregistrement température Pyro Hioki
LR8532 230108388 M-A2-
21897
±10 V ±0,2% 10/01/2023
Mesure des flux radiatifs
Captec
Capteur flux radiatif 50x50 25 kW/m² continue
50 kW/m2 crête
5%
NA
(note 3)
Enregistrement des flux
Hioki
LR8532 230108388 M-A2-
21897
±10 V ±0,2% 10/01/2023
Essai le 16/04/2024
Equipement Fournisseur type / ref gamme de mesure précision de la mesure Etalonnage
Mesure et enregistrement tension HBM
MX1601B 9E50061F1 M-
A2-20145
±10 V ±0,2% 09/04/2024
Mesure température Correge
Thermocouples type K
conforme classe 1
-200-1100°C 1,5°C
NA
(note 2)
Enregistrement température HBM
M1609KB 9E5001426 M-
A2-20019
-100/+1300°C ±0,72 °C 08/04/2024
Ineris - 219921 - 2791447 - v2.0
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Flux radiatif
Feu caisse
Essai le 23/11/2023
Equipement Fournisseur type / ref gamme de mesure précision de la mesure Etalonnage
Mesure et enregistrement tension Hioki
LR8532 230108388 M-A2-
21897
±100 V ±0,2% 10/01/2023
Température caméra IR FLIR A655sc 55008205 660°C 10% 28/11/2022
Mesure température Correge
Thermocouples type K
conforme classe 1
-200-1100°C 1,5°C NA
Enregistrement température TC Hioki
LR8532 230108389 M-A2-
21896
0/+1350°C ±1 °C 10/01/2023
Mesure température Pyro Pyrospot DGR 10N 400-1600°C 10%
non étaloné
(note 1, 4)
Enregistrement température Pyro Hioki
LR8532 230108388 M-A2-
21897
±10 V ±0,2% 10/01/2023
Mesure des flux radiatifs
Captec
Capteur flux radiatif 50x50 25 kW/m² continue
50 kW/m2 crête
5%
NA
(note 3)
Enregistrement des flux
Hioki
LR8532 230108388 M-A2-
21897
±10 V ±0,2% 10/01/2023
Essai le 22/03/2024
Equipement Fournisseur type / ref gamme de mesure précision de la mesure Etalonnage
Mesure et enregistrement tension HBM
MX840 9E5001C9B M-A2-
20014
±100 V ±0,1% 03/02/2023
Température caméra IR FLIR A655sc 55008205 300-2000°C 10% 22/12/2023
Mesure température Correge
Thermocouples type K
conforme classe 1
-200-1100°C 1,5°C
NA
(note 1)
Enregistrement température TC HBM
M1609KB 9E5013096 M-
A2-20173
-100/+1300°C ±0,72 °C 03/02/2023
Mesure température Pyro Pyrospot DGR 10N 400-1600°C 10%
non étaloné
(note 1, 4)
Enregistrement température Pyro HBM
MX1601B 9E50061F1 M-
A2-20145
±10 V ±0,2% 31/01/2023
Mesure des flux radiatifs Captec Capteur flux radiatif 50x50
25 kW/m² continue
50 kW/m2 crête
5%
NA
(note 3)
Enregistrement des flux HBM
MX1601B 9E50061F1 M-
A2-20145
±10 V ±0,2% 31/01/2023
Masse NC NC 5T ±5%
Avant chaque
essai
(note 5)
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Page 192 sur 200
Propagation
Feu caisse + sprinklage
Essai le 07/03/2024
Equipement Fournisseur type / ref gamme de mesure précision de la mesure Etalonnage
Mesure et enregistrement tension HBM
MX840 9E5001C9B M-A2-
20014
±100 V ±0,1% 03/02/2023
Température caméra IR FLIR A655sc 55008205 300-2000°C 10%
22/12/2023
(note 1)
Mesure température Correge
Thermocouples type K
conforme classe 1
-200-1100°C 1,5°C
NA
(note 2)
Enregistrement température TC HBM
M1609KB 9E5013096 M-
A2-20173
M1609KB 9E5001426 M-
A2-20019
M1609KB 9E500F127 M-
A2-20161
-100/+1300°C ±0,72 °C
03/02/2023
31/01/2023
31/01/2023
Mesure température Pyro Pyrospot DGR 10N 400-1600°C 10%
non étaloné
(note 1, 4)
Enregistrement température Pyro HBM
MX1601B 9E50061F1 M-
A2-20145
±10 V ±0,2% 31/01/2023
Mesure des flux radiatifs Captec Capteur flux radiatif 50x50
25 kW/m² continue
50 kW/m2 crête
5%
NA
(note 3)
Enregistrement des flux HBM
MX1601B 9E50061F1 M-
A2-20145
±10 V ±0,2% 31/01/2023
Masse NC NC 5T ±5%
Avant chaque
essai
(note 5)
Essai le 16/04/2024
Equipement Fournisseur type / ref gamme de mesure précision de la mesure Etalonnage
Mesure et enregistrement tension HBM MX840 9E5001C9B M-A2-
20014
±100 V ±0,1% 09/04/2024
Température caméra IR FLIR A655sc 55008205 300-2000°C 10%
22/12/2023
(note 1)
Mesure température Correge
Thermocouples type K
conforme classe 1
-200-1100°C 1,5°C
NA
(note 2)
Enregistrement température TC HBM
M1609KB 9E5013096 M-
A2-20173
-100/+1300°C ±0,72 °C 09/04/2024
Mesure température Pyro Pyrospot DGR 10N 400-1600°C 10%
non étaloné
(note 1, 4)
Enregistrement température Pyro HBM
MX1601B 9E50061F1 M-
A2-20145
±10 V ±0,2% 09/04/2024
Mesure des flux radiatifs Captec Capteur flux radiatif 50x50
25 kW/m² continue
50 kW/m2 crête
5%
NA
(note 3)
Enregistrement des flux HBM
MX1601B 9E50061F1 M-
A2-20145
±10 V ±0,2% 09/04/2024
Masse NC NC 5T ±5%
Avant chaque
essai
(note 5)
Ineris - 219921 - 2791447 - v2.0
Page 193 sur 200
Propagation + sprinklage
Note 1 : L'incertitude sur la valeur de température vient plutôt de la méconnaissance de l'émittance qui
dans cette étude a été fixée à 0,95. L'émittance théorique maximale étant de 1, les valeurs
données dans l'étude sont vraisemblablement minorantes. On estime ainsi une précision de
la mesure de l'ordre de 10 %.
Note 2 : Acheté conforme, classe 1 utilisée pour 1 seul essai.
Note 3 : Livré calibré, utilisé moins de 1 an ou dès qu'exposé à un flux trop élevé (valeur crète
dépassée).
Note 4 : L'incertitude des valeurs relevées par le pyromètre est de 0,5 % + 1 K.
Note 5 : Contrôle avec une masse étalon de 20 kg. Utilisée pour estimer la perte de masse et non pas
la masse de l'échantillon.
Pour l?ensemble des essais :
- Analyse de gaz en continu :
Le prélèvement est fait selon les règles de l?art et compatible avec la norme ISO 19702, incluant
notamment une température de 180°C pour la ligne de prélèvement (filtration et ligne de
transfert).
D'après notre expérience, la répétabilité des mesures de gaz, en tenant compte de
l'échantillonnage et de l'analyse pour ce type de mesure, est de l'ordre de 5 à 15 % selon le
gaz. Pour le HF et certains carbonates, malgré les précautions prises pour limiter la perte de
signal, en raison de sa forte réactivité, une partie du signal peut être perdue dans la ligne
d'échantillonnage et le filtre, ce qui peut entraîner une sous-estimation supplémentaire.
o FTIR Nicolet IS50, cellule chemin optique 2 m, volume 200 ml. Gamme spectrale
650-4200cm-1, l?analyse se fait aussi à cette température. Etalonnage de chaque
gaz sur un minimum de 5 points sur la gamme d?analyse. Pour les gaz n?ayant pas
une réponse linéaire, le nombre de points peut être conséquent (jusqu?à 40 valeurs
par ex) pour ne pas rajouter d?erreur de linéarisation pendant l?étalonnage.
Les différentes concentrations d?étalonnage sont produites par dilution d?un
mélange gazeux étalon ou par génération de vapeurs via une valise de calibration
(cas des substances liquides à température ambiante).
Essai le 04/04/2024
Equipement Fournisseur type / ref gamme de mesure précision de la mesure Etalonnage
Mesure et enregistrement tension HBM MX840 9E5001C9B M-A2-
20014
±100 V ±0,1% 03/02/2023
Température caméra IR FLIR A655sc 55008205 300-2000°C 10%
22/12/2023
(note 1)
Mesure température Correge
Thermocouples type K
conforme classe 1
-200-1100°C 1,5°C
NA
(note 2)
Enregistrement température TC HBM
M1609KB 9E5013096 M-
A2-20173
M1609KB 9E500F127 M-
A2-20161
-100/+1300°C ±0,72 °C
03/02/2023
31/01/2023
Mesure température Pyro Pyrospot DGR 10N 400-1600°C 10%
non étaloné
(note 1, 4)
Enregistrement température Pyro HBM
MX1601B 9E50061F1 M-
A2-20145
±10 V ±0,2% 31/01/2023
Mesure des flux radiatifs Captec Capteur flux radiatif 50x50
25 kW/m² continue
50 kW/m2 crête
5%
NA
(note 3)
Enregistrement des flux HBM
MX1601B 9E50061F1 M-
A2-20145
±10 V ±0,2% 31/01/2023
Masse NC NC 5T ±5%
Avant chaque
essai
(note 5)
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o O2 : Analyseur Servomex avec cellule paramagnétique ? modèle Xentra 4100.
o CO/CO2 : Analyse par technique NDIR ? Siemens Ultramat23 et Servomex Xentra
4100.
o HCT : Analyseur par technique FID (flame ionisation detector) de marque JUM
modèle 3-800.
o H2 : Spectromètre de masse INFICON modèle LDS3000.
L?ensemble de ces analyseurs (hormis le FTIR) est contrôlé à l?aide de mélange gazeux étalons avant
chaque essai. (CO/CO2/O2, H2 et propane (analyseur FID). Une redondance entre la mesure de CO et
CO2 entre les analyseurs et le FTIR permet également un contrôle de la cohérence des mesures.
- Calorimétrie OC et CGD :
En plus des 5 Ã 10 % d?erreurs sur la mesure des gaz (O2, CO2, CO), sur ce type d'incendie et Ã
cette échelle, notre estimation de la précision du taux de dégagement de chaleur prévisible se situe
entre 15 % et 20 %20. O. Willstrand et al. estiment quant à eux une incertitude inférieure à 10 %
pour des batteries Li-ion21 et précisent que l?erreur va dans le sens de la sous-estimation. Ces
valeurs sont cohérentes avec des techniques similaires de calorimétrie de feu, où la charge de feu
est en grande partie inconnue ou variable dans le temps22. Outre cette précision intrinsèque, dans
le cas d'un incendie de batterie, la perte de chaleur due à un processus électrique (chauffage par
effet joule) ou chimique (décomposition exothermique du sel et d'autres composants inorganiques)
ne peut pas être prise en compte dans le calcul et peut représenter jusqu'à 1/3 de l'énergie
thermique totale libérée en supplément23.
Il est vrai que le cas des feux de métaux est particulier mais, le Li-métal représente moins de 10 %
de la masse d?un module, l?impact sur la mesure globale reste limité et aucune méthode de
calorimétrie exploitable à grande échelle ne permet, à notre connaissance, de prendre en compte
la contribution du feu de métal au dégagement d?énergie.
Le choix de préférer d?exploiter les résultats obtenus par la méthode OC par rapport à CDG est
justifié par la moindre variation de coefficients selon le combustible et par le fait que la combustion
du Li n?émet pas de carbone mais consomme de l?oxygène. Willstrand et al. abondent dans ce sens
dans ?Fire safety journal? en 2024 : « Les variations relativement faibles du dégagement de chaleur
par unité de masse d'oxygène consommée pour différents combustibles rendent cette méthode
largement acceptée pour les mesures du HRR lors d'essais au feu. Une méthode similaire, la
calorimétrie de génération de dioxyde de carbone (CDG), est basée sur la production de CO2 au
lieu de la consommation d'O2. Cependant, le dégagement de chaleur par unité de masse de CO2
produit varie comparativement plus entre les différents combustibles ».
- - Pour les eaux d?extinction, gaz et les particules en discontinu : sauf exception, ces mesures ne
sont pas utilisées en quantitatif mais en qualitatif et comme identification de traceurs.
Les LQ sont précisées dans le rapport.
1. S. Brohez C. Delvosalle G. Marlair A. Tewarson in Proceedings of the 13th International Congress of
Chemical and Process Engineering (2nd Symposium on Environmental and Safety Engineering, CHISA
98), Paper. 12 (Citeseer).
2. Ola Willstrand, Mohit Pushp, Haukur Ingason, Daniel Brandell ; Uncertainties in the use of oxygen
consumption calorimetry for heat release measurements in lithium-ion battery fires, Fire Safety Journal,
2024
3. R. Bryant, M. Bundy, the NIST 20 MW Calorimetry Measurement System for Large-fire Research (NIST
Technical Note TN 2077) National Institute of Standards and Technology, Gaithersburg, MD (2019)
4. R.E. Lyon, R.N. Walters Energetics of lithium ion battery failure J. Hazard. Mater., 318 (2016), pp. 164-
172, 10.1016/j.jhazmat.2016.06.047
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Annexe 3 : Protocole de chauffe rapide localisée ? 3 pages
Extraits de la série 05 du R100, adoptée en GRSP en décembre 2024
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Annexe 4 : Méthode de mesure du débit calorifique et de la chaleur de
combustion ? 2 pages
Il est d'usage depuis le début des années 80 de mesurer le débit calorifique des incendies (ou puissance
thermique dégagée, ou HRR en anglais pour heat release rate) par des méthodes dites de calorimétrie
incendie, basées sur les bilans matières effectués sur les gaz émis en s'appuyant sur les lois de la
thermochimie qui permettent de relier l'énergie théorique dissipée et la consommation ou production
d'espèces chimiques associées à une combustion :
a) calorimétrie basée sur la consommation d'oxygène, méthode dite OC (Oxygen consumption) :
il a été démontré (principe de Thornton) que pour la plupart des matières combustibles
carbonées, la consommation d'1 kg d'O2 correspond à la production de 13,1 MJ d'énergie : ce
facteur calorimétrique est un coefficient moyen, et en pratique on tient compte des pertes liées
aux émissions de composés imbrûlés (CO notamment) et d'autres facteurs de correction ;
b) le principe CDG (Carbon dioxyde production) permet de relier cette même grandeur (HRR) aux
débits de production d'oxydes de carbone (CO + CO2).
Ces méthodes permettent de s'affranchir des contraintes liées à l'établissement d'un bilan thermique
conventionnel (mesures des différentes pertes par convection, conduction et rayonnement), quasiment
impossible en pratique à appliquer dans un essai feu.
Les études publiées sur le niveau de précision de ces méthodes alternatives fait valoir des précisions
variables allant de +/-5% pour des feux "simples" (ex. feu de nappe de solvant) menés sur appareillages
de laboratoire (calorimètre de Tewarson, échelle 10 à 100 g) à des précisions de l'ordre de 15/18 % sur
des feux complexes, tridimensionnels (cas présent) ou des expérimentations à grande échelle (échelle
de 10 kg à 1000 kg).
La détermination du débit calorifique (HRR) ne préjuge donc pas du mode de transfert thermique de la
chaleur dégagée par unité de temps ; les pertes par conduction sont généralement négligeables dans
les scénarios pris en compte en ingénierie du feu.
Dans le cadre de l?essai réalisé, le HRR a été calculé en utilisant la méthode b), suivant le principe CDG
selon l?équation (1) suivante :
(éq. 1)
Avec :
CDG
q? : débit calorifique ou heat release rate (kW ou kW/m2),
2
0
COm? : débit massique de production de CO2 initial (g/s),
2COm? : débit massique de production de CO2 au cours de la combustion (g/s),
: débit massique de production de CO au cours de la combustion (g/s),
2COE : quantité d?énergie libérée par unité de masse de CO2 générée = 13,3±11% kJ/g de CO224,
: quantité d?énergie libérée par unité de masse de CO générée = 11,1±18% kJ/g de CO.
24 Biteau, H., et al., Calculation Methods for the Heat Release Rate of Materials of Unknown Composition. Fire
Safety Science, 2008. 9: p. 1165-1176.
? ?2 2 2
0
CDG CO CO CO CO COq E m m E m eq? ? ?? ? ? ?
?????
COE
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La chaleur de combustion généralement exprimée en MJ/kg ou kJ/g est la quantité de chaleur produite
durant la phase de combustion. Elle est calculée par l?intégration de l?aire sous la courbe HRR ; la
chaleur de combustion totale dissipée est alors déterminée.
En revanche, une limitation de la technique utilisée est le fait que l?énergie électrique stockée libérée
pendant l?essai n?est pas directement accessible par la calorimétrie incendie, car non liée à des
réactions thermochimiques (effet Joule).
Institut national de l?environnement industriel et des risques
Parc technologique Alata ? BP 2 ? F-60550 Verneuil-en-Halatte
03 44 55 66 77 ? ineris@ineris.fr ? www.ineris.fr
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Bureau d?enquêtes et d?Analyses
sur les Risques Industriels
MTE / IGEDD / BEA-RI
Tour Séquoïa
92055 La Défense Cedex
+33 1 40 81 21 22
bea-ri.igedd@developpement-durable.gouv.fr
https://www.igedd.developpement-
durable.gouv.fr/bea-ri-r549.html
INVALIDE) (ATTENTION: OPTION sin dans la même caisse, potentiellement
situé en bord. Plus visible depuis l'allée et dans une caisse qui a été en partie détruite par le feu, les
effets de ce second emballement sont plus visibles.
Au regard de ces éléments, le BEA-RI privilégie l'hypothèse que les premières flammes sont la
conséquence de l'emballement thermique d'un module.
Concernant le départ spontané du module, il n'a pas été possible de déterminer la cause première de
l'emballement. Une des difficultés d'établir le lien de causalité entre un défaut ou une agression externe
et l'emballement thermique est le caractère différé du mécanisme d'emballement mis en évidence dans
les essais. On ne peut donc exclure que l'agression initiale ou le défaut se soit produit ou formé plusieurs
heures avant le déclenchement de la réaction.
L'autre difficulté tient au résultat des essais à proprement parler. L'essai mécanique a permis de montrer
qu'un tel phénomène était tout à fait plausible sur un module à température ambiante ayant subi une
agression externe (chute, chute d'objet sur la caisse, coup de fourche). Concernant l'hypothèse du court-
circuit interne, plusieurs essais ont été réalisés. Si les résultats obtenus (absence d'emballement
40 L'essai de compression a permis de constater que l'emballement thermique peut se produit sans aucun signe annonciateur,
puisque l'emballement thermique s'est produit soudainement, sans montée en température visible, sans dégagement de fumée
ou de gaz. Les fumées perceptibles lors des autres essais ne sont pas attribuées au module mais à la montée en température des
adhésifs (utilisés pour fixer le dispositif d'allumage).
Rapport d?enquête sur l'incendie de l'entrepôt Highway France Logistics 8 à Grand-Couronne (76) le 16 janvier 2023
N° MTE-BEARI-2025-004 P a g e 50 | 62
thermique à l'essai clou) montrent une bonne tenue de la cellule LMP à ce type d'agression, ils ne peuvent
permettre d'exclure à eux seuls cette éventualité.
L'essai de chauffe localisé ne permet pas de prouver que le court-circuit interne est possible, il permet
tout au plus de constater qu'un effet joule très localisé suffisamment intense permet de déclencher
l'emballement thermique.
Ces essais permettent d'établir que l'emballement spontané du module, dans des circonstances
particulières, est une hypothèse qui ne peut être exclue.
Les essais apportent enfin la certitude qu'il suffit de l'emballement thermique d'un module pour
provoquer l'incendie généralisé de la cellule. Le phénomène d'emballement est particulièrement violent
et rapide, les températures atteignent les 1600°C en quelques secondes et les fumées produites sont
importantes. Il était impossible pour un opérateur d'intervenir sur l'origine du foyer avec les moyens
d'extinction dont il disposait. Les essais ont montré que le phénomène d'emballement thermique
s'accompagne de flammes et de projections de métal en fusion potentiellement dangereuses pour les
primo-intervenants s'ils ne disposent pas de tenue de protection adaptée et d'une formation spécifique.
Il est donc possible d'affirmer qu'une fois déclenché, le phénomène d'emballement se propage de
module en module et met le feu aux matières combustibles présentes à proximité. La propagation est
facilitée par les phénomènes de projections dans le voisinage immédiat et par les coulées de métal en
fusion sur les caisses des racks inférieurs.
Le déclenchement du système d'extinction automatique qui intervient 2 minutes après l'alerte n'a tout
au plus pour effet que de ralentir la propagation de l'incendie sans la stopper. Il en aurait été peut-être
autrement si l'emballement thermique s'était produit sur une caisse située au sommet d'une pile et
exposée directement à l'eau41. En tout état de cause, l'eau projetée à ce stade n'a pas eu d'effet
aggravant sur le développement de l'incendie (essais de propagation avec sprinklage42).
Le feu produit par la combustion des emballages et des autres produits stockés, que nous qualifierons
de conventionnel (par opposition aux phénomènes d'emballement thermique), peut également faire
entrer les modules encore intacts en emballement thermique. Les essais ont montré que pris dans un
incendie, les modules partent en emballement thermique en quelques minutes (10 minutes dans un feu
classique).
Les températures produites sont maintenues à des niveaux très élevés (au-delà des 1200°C) ce qui
provoque l'affaiblissement des racks et leur effondrement.
Concernant les explosions constatées à l'arrivée des pompiers, aucun des essais réalisés par l'INERIS n'a
donné lieu à des phénomènes d'explosion tels que ceux constatés le jour de l'intervention. Les essais ont
41 L'aspersion directe d'eau ayant permis dans un des essais de stopper la propagation de module à module au sein d'une même
caisse de transport.
42 Rapport INERIS Annexe I
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N° MTE-BEARI-2025-004 P a g e 51 | 62
permis de constater que l'emballement thermique d'un module s'accompagne de projections de métal
en fusion dans un rayon de quelques mètres sans atteindre des hauteurs importantes. Cela peut
s'expliquer par le fait que les modules, bien que scellés, sont équipés d'un disque de rupture et fondent
rapidement sous l'effet de la chaleur produite. Les gaz inflammables produits par les réactions
exothermiques sont, compte-tenu des températures atteintes, brûlés instantanément.
Les enquêteurs ont donc recherché d'autres causes possibles de ces projections. L'état des stocks
communiqué dans le cadre de l'enquête par la société Bolloré Logistics mentionne la présence d'un
millier de dispositifs d'airbags au sein de la cellule le jour de l'incendie. La majeure partie de ces
dispositifs était stockée sur des racks où étaient également stockées en partie basse les caisses de
modules. Les dispositifs pyrotechniques étaient donc directement exposés aux flux thermiques générés
par l'incendie des modules.
Ainsi les essais invalident l?hypothèse que les projections observées à grande hauteur dans les panaches
de fumées puissent être dues aux modules. En revanche, la présence des dispositifs d'airbag peut en être
à l'origine. Cela limite également l'implication des modules dans le franchissement du mur intercellules
par projections aux seuls modules placés suffisamment haut et proche du mur dans les racks pour que
les projections produites puissent franchir le mur.
Le franchissement du mur intercellules 1-2 peut avoir plusieurs explications : retombées de projections
par un des exutoires de fumées ouvert, passage des fumées et des gaz de combustion qui parviennent Ã
traverser le mur intercellules 1-2 soit par la zone supérieure du mur à la jonction avec la toiture (qui est
particulièrement exposée et dégradée) soit par les dégradations produites par l'incendie (passage de
canalisation, portes coupe-feu endommagées) soit par conduction de la chaleur par les canalisations
traversantes.
Au final, lorsque le feu se déclare dans la cellule n°2, la défense incendie par sprinkler n'est plus
opérationnelle et le feu peut se développer.
Concernant l'incendie de la cellule 3, le franchissement du mur intercellules 2-3 n'a pas fait l'objet
d'investigations spécifiques. Les enquêteurs ont pu relever que les désordres constatés sur le mur
intercellules 3-2 sont similaires à ceux constatés entre le mur intercellules 1-2 (importante dégradation
de la poutre supérieure et perte de l'étanchéité aux fumées, éclatement du béton autour des passages
de canalisations qui tendent à confirmer une montée en température de ces dernières).
VI.2 Facteurs contributifs
Les facteurs contributifs sont des éléments qui, sans être déterminant, ont pu jouer un rôle dans la
survenance, l?atténuation ou l?aggravation de l?événement.
VI.2.1 L'absence de dispositif de confinement du phénomène d'emballement thermique
Le développement de l'incendie a pu être possible en raison de l'absence de dispositif qui aurait
empêché ou ralenti la propagation du phénomène à plusieurs niveaux.
Rapport d?enquête sur l'incendie de l'entrepôt Highway France Logistics 8 à Grand-Couronne (76) le 16 janvier 2023
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Le rapport produit par l'INERIS met en évidence qu'à l'échelle de la cellule électrochimique, il "n'y a pas
de différence fondamentale entre les technologies Li-ion et LMP43" en termes de débit calorifique mesuré.
En revanche, à l'échelle du module, le débit calorifique d'un module peut notablement varier, du fait
notamment de l'absence de séparation physique entre cellules qui permet une propagation plus rapide
dans le cas du module LMP testé.
Il en est donc de même à l'échelle de la caisse de transport ou du rack de stockage au sein desquels
aucun dispositif n'est prévu pour empêcher ou ralentir la propagation de module à module qui peut se
faire à des cinétiques élevées.
VI.2.2 La cinétique de propagation
Les essais réalisés ont permis d'évaluer la vitesse avec laquelle l'incendie a pu se propager aux caisses
puis aux racks voisins probablement plus rapidement vers les racks accolés dos à dos. Les essais ont
permis de voir qu'il fallait en moyenne 90s pour que, dans une même caisse de transport, le phénomène
d'emballement thermique se communique au module voisin et 3min30 s pour un module situé sur la
palette du dessus. La figure 6 ci-dessous permet de visualiser une propagation théorique au cours des 10
minutes qui suivent le premier emballement de module.
Figure 6 : Propagation théorique du
phénomène d'emballement thermique dans
une configuration de stockage en rack telle
qu'elle était pratiquée dans l'entrepôt. Le
premier module qui entre en emballement
thermique est repéré par une étincelle rouge.
Les modules entrés en emballement thermique
sont représentés en rouge. Ce résultat est
obtenu au bout d'une durée de 10 minutes
pour une caisse de 7 modules, en tenant
compte des résultats des essais de
propagation. Le nombre de modules dépend
de l'emplacement du premier module
défaillant et du nombre de modules dans la
caisse.
Cette propagation théorique modélisée sur une palette à partir de l'emballement thermique d'un
module ne tient pas compte d'autres éléments qui vont avoir pour effet d'augmenter la vitesse de
43 Rapport Ineris "12-1 Comparaison avec un feu de batterie Lithium"
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propagation : projections, coulées de métal en fusion, effondrement des racks sous l'effet de la chaleur
et chute des modules vont faciliter les départs emballements thermiques de modules. Rappelons
également que 10 min c'est également le délai de déclenchement d'emballement d'un module pris dans
un incendie conventionnel. Peuvent donc être concernés les modules non adjacents mais situé au droit
des flammes.
VI.2.3 L'absence de procédure d'intervention sur des départs d'incendie
Les opérateurs qui travaillaient dans la cellule exploitée par Bolloré Logistics disposaient d'une
formation, classiquement dispensée dans le domaine de la logistique, du maniement d'appareils
d'extinction (extincteur et RIA) et de l'évacuation. En l'absence de protocole clair et de moyens de
protection et d'intervention, il était impossible pour les opérateurs d'intervenir, dans les premiers
instants, efficacement et sans se mettre en danger.
VI.2.4 L'absence d'un système d'extinction adapté aux marchandises stockées
Les essais produits par l'INERIS ont montré que le système d'extinction, compte-tenu du mode de
stockage, ne pouvait empêcher l'embrasement généralisé de la cellule. En revanche, ces mêmes essais
ouvrent des perspectives en matière de dispositif de lutte contre ce type d'incendie notamment par un
usage adapté du sprinklage.
VI.2.5 La quantité de modules stockés
L'ampleur, la durée et les conséquences de l'incendie de la cellule 1 sont directement liées à la quantité
de modules qui était présente dans la cellule, elle-même étant la conséquence de l'absence
d'écoulement du stock de modules usagés.
VI.2.6 L'absence d'un système d'extinction opérationnel sur l'incendie des autres cellules
Dans la cellule 2 (et plus tard dans la cellule 3), l'incendie n'a pas été ralenti ou stoppé dans son
développement dans la mesure où le système d'extinction automatique n'était plus opérationnel au
moment où le premier foyer y est apparu. Cette indisponibilité a nécessairement joué un rôle dans la
propagation de l'incendie aux cellules 2 et 3 en privant les services de secours d'un moyen d'extinction
fixe. Il est important de noter que le système d'extinction aurait été efficace uniquement pour le premier
départ d'incendie. En effet, la stratégie d'extinction repose sur l'hypothèse que l'incendie démarre en
un seul point et que tous les moyens sont mobilisés pour éteindre le premier foyer. Du fait de la durée
d'incendie de la cellule 1 puis de la cellule 2, il est tout à fait possible d'imaginer qu'il se serait produit
plusieurs propagations dans le temps.
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VI.2.7 La présence de produits combustibles et explosifs dans la même cellule
La cellule contenait des produits combustibles et des produits explosifs. Leur présence a contribué au
développement rapide et violent de l'incendie dans la cellule. En outre, le BEA-RI retient que les
dispositifs d'airbag ont probablement joué un rôle dans la formation des phénomènes d'explosion et de
projections qui ont été constatés à l'extérieur de la cellule au cours de la première heure d'intervention
des services de secours du SDIS.
VI.2.8 Des difficultés opérationnelles
La présence de la ligne haute tension au sud de l'entrepôt a constitué une gêne dans le déroulement des
opérations de secours. Le BEA-RI considère néanmoins que la présence d'un deuxième bras élévateur au
sud n'aurait pas permis d'éteindre l'incendie de la cellule 1. En outre, compte-tenu de la portée des
moyens mobilisés, la largeur de l'entrepôt, la présence des locaux de bureau et les flux thermiques
générés ont constitué des contraintes fortes qui n'ont pas permis de positionner les engins au plus près
du bâtiment à protéger et qui ont limité l'efficacité de l'intervention.
VI.2.9 Le défaut d'étanchéité des murs intercellules
L'examen des murs intercellules permet de constater que les murs ont particulièrement souffert lors de
l'incendie (défaut d'étanchéité en partie haute entre les éléments du mur et la poutre supérieure,
passage de canalisations qui ont chauffé, endommagement de la porte coupe-feu, trou formé par un
projectile). Ces dégradations consécutives à l'incendie ont pu favoriser la diffusion des fumées et des
gaz d'incendie et la propagation de l'incendie.
VII. Enseignements de sécurité
VII.1 Emballement des batteries LMP en sommeil
L'incendie de l'entrepôt Highway France Logistics 8 et les tests réalisés par l'INERIS démontrent que
même lorsque la batterie LMP est à température ambiante, c?est-à -dire que son électrolyte est solide
(donc moins conducteur), des défauts internes ou des agressions externes peuvent initier un
emballement thermique.
VII.2 Caractéristiques d'un emballement thermique de batterie LMP
L'emballement thermique de la batterie LMP est un phénomène qui s'apparente à un feu de métaux. Il
est soudain et n?est précédé d'aucun signe de mécanisme réactionnel. Pris dans un incendie, un module
LMP entre en emballement thermique au bout de 10 min environ. Cet emballement s'accompagne de la
formation de flammes de forte émittance et de projections de métal en fusion. Les températures
atteintes oscillent autour des 1600°C ce qui explique la formation de coulées de métal en fusion. Les
projections et les coulées de métal en fusion ainsi que les forts rayonnements générés favorisent la
propagation du phénomène dangereux et le développement de l'incendie. L?énergie de combustion
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spécifique des modules LMP Blue Solutions est supérieure en comparaison avec ce qui a pu être déjÃ
observé à l?INERIS sur des cellules Li-ion NMC.
Hormis la première explosion de faible ampleur attribuée à la rupture du disque de rupture présent sur
le module, aucun phénomène d'explosion de module LMP n'a été observé au cours des essais réalisés44.
VII.3 Les fumées d'incendies de module LMP
Sur le plan quantitatif, l'incendie de modules LMP produit des quantités importantes de fumées qui ont
pu être observées lors de l'exploitation des images de vidéo surveillance et être corroborées par les
essais. L'exploitation des résultats d'essai montrent que les débits surfaciques45 sont multipliés par 4 par
rapport à un incendie de pneumatiques ce qui nécessiterait d'adapter les normes applicables en matière
de désenfumage.
Sur le plan qualitatif, les analyses de fumées réalisées dans le cadre des essais montrent que les fumées
produites par l'incendie de modules de batteries présentent un potentiel toxique comparable à un
incendie de pneumatiques.
VII.4 Les gaz produits en phase de déclin de l'incendie
Les gaz produits par l'emballement thermique d'un module sont essentiellement du CO2 et dans des
proportions moindres du CO et du NO. D'autres gaz sont mesurés de manière marginale (HF, SO2, H2,
CH4). L?aspersion d?eau modifie sensiblement la composition des émissions. En effet, s?il reste très
largement composé de CO2, les teneurs en certains gaz inflammables et/ou toxiques (CO, H2, CH4)
augmentent sensiblement. Certains gaz ne sont plus détectés (HF, SO2) tandis que de la phosphine (PH3)
fait son apparition.
Une modélisation a été produite par l'Ineris dans le cadre du rapport pour évaluer l'impact potentiel de
cette production de phosphine. Sur la base d'hypothèses majorantes (superficie de 3 000 m² de résidus
de batteries prises dans l?incendie, équivalent à une demi cellule, arrosage de la totalité de déchets) les
modélisations donnent des distances d'effet irréversible à 250 m. Ces résultats conduisent le BEA-RI Ã
tirer les enseignements de sécurité suivant :
? En plus d'être toxique, la phosphine est un gaz inflammable dont la température d'auto-
inflammation est de 38°C, sa dispersion dans l'air ne peut s'envisager que lorsque la température
du foyer est suffisamment basse et en présence d'eau. Les essais ont permis de constater des
émissions à 84°C.
? Le seuil olfactif de la phosphine est très en deçà des seuils des effets toxicologiques, son odeur
d'ail ou de poisson pourri doit constituer une alerte.
? Il peut être pertinent de mettre en place une surveillance spécifique de ce gaz en phase de déclin
de l'incendie surtout en cas d'utilisation ou de présence d'eau.
44 Ce constat a été réalisé sur les 26 modules qui sont entrés en emballement thermique.
45 Débit surfacique d?environ 177 g/m2/s pour un incendie de modules LMP, 40g/m2/s pour des pneus et 12g/m2/s pour des
câbles électriques (Rapport Ineris point 11.2.4)
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VII.5 Effet de l'extinction à l'eau
Les essais n'ont pas permis de mettre en évidence d'incompatibilité forte quant à l'usage de l'eau à des
fins d'extinction. D'aucune utilité sur un module en cours de réaction, elle peut permettre de limiter la
propagation de l?incendie si elle intervient dans les premiers instants, qu?elle est correctement
dimensionnée et que les caisses sont disposées dans une configuration adaptée. A quantité d'eau
équivalente, le système d'extinction testé est parvenu à stopper la propagation dans une configuration
de stockage (une seule caisse) et seulement à la ralentir dans un autre mode de stockage (deux caisses
superposées).
Si elle intervient dans un délai plus long, elle peut également s?avérer bénéfique en ralentissant la
propagation, diminuant le débit calorifique et refroidissant les alentours.
Ce retour d'expérience confirme que l'eau peut être utilisée quelle que soit la technologie de batterie
lithium.
En revanche, concernant les batteries lithium métal, une fois la phase intense de l'emballement
thermique passée, l'arrosage à l'eau des résidus peut s'avérer contreproductif compte-tenu de la
production de gaz toxiques et inflammables (cf. VII.3).
VII.6 La modélisation d'un incendie de cellule de stockage de batteries
Le BEA-RI a demandé à l'Ineris de modéliser, sur la base d'une cellule de stockage théorique, l'impact en
termes de zones d'effets, du changement d'affectation d'une cellule de stockage de produits
combustible en cellule de stockage de batteries lithium. La modélisation a été réalisée à partir des
résultats des essais exposés dans le cadre du présent rapport et, pour ce qui concerne les données
utilisées pour modéliser le feu de cellule lithium ion, d'un travail de bibliographie46. Deux configurations
théoriques de stockage ont été comparées :
? Un stockage en racks contenant des palettes type de produits combustibles (référence utilisée
dans les entrepôts relevant de la rubrique 1510) ;
? Un stockage en rack contenant une palette de 25 modules LMP (ce qui est cohérent avec le
stockage en caisse de 7 modules sur quatre niveaux de palettes).
À dispositions techniques égales, les modélisations donnent en synthèse les enseignements47 suivant :
? "Le débit calorifique lié à l?incendie d?une palette de modules LMP est pratiquement 6 fois plus
élevé que celui associé à l?incendie d?une palette classée sous la rubrique 1510" ;
? "Les températures de flamme liées à l?incendie d?un stockage de modules LMP peuvent atteindre
en moyenne plus de 1400 °C et sont susceptibles de compromettre la tenue mécanique d?un mur
REI120 sous réserve que ce stockage soit situé à proximité du mur à moins d?une dizaine de mètres,
et disposé le long du mur sur une dizaine de mètres minimum" ;
46 Annexe I Rapport Ineris 12.1 Comparaison avec un feu de batteries Li-ion"
47 Annexe I Rapport Ineris 12.3 Synthèse de la modélisation d?un feu d?entrepôt stockant des batteries LMP
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? "Les distances d?effets au seuil des effets irréversibles (SEI) associées à l?incendie d?un entrepôt de
6000 m², de 13 m de hauteur et doté de murs REI120 composé d?un stockage en racks de palettes
de modules LMP pourraient atteindre plus de 110 m. Les distances d?effets au seuil des effets
domino (8 kW/m²) pourraient atteindre 85 m. Ces distances sont au minimum 5 fois plus élevées
que celles associées à un entrepôt de produits courant (rubrique 1510)" ;
? "Les besoins de désenfumage des entrepôts stockant des batteries LMP pourraient être supérieures
à ceux préconisés dans la rubrique ICPE1510."
Le BEA-RI précise que ces résultats ont été obtenus à partir de dimensions de stockage fictives et n'ont
d'autres buts que d'apporter des éléments de comparaison sur la base de configurations de stockages
connues et rencontrées dans le domaine de la logistique. Ces résultats permettent d'illustrer à travers
un exemple, dans quelle proportion un simple changement de nature de produits stockées peut avoir
un impact sur les zones d'effet d'un incendie (y compris pour du stockage Li-ion).
Les enseignements tirés des modélisations (tenue des murs, zone d'effet) ne sont pas transposables en
tant que tel sur le site de l'accident dans la mesure où les hypothèses prises pour la modélisation
diffèrent notablement de la configuration connue à Rouen.
On relève toutefois que des éléments sont en partie vérifiés sur le mur d'enceinte de l'entrepôt qui
présente en façade ouest les dégâts les plus marqués, dans une zone où la quantité de modules stockés
dans les racks était la plus importante (Cf. Photographie 40). Les dégradations les plus importantes sur
les poutres sont constatées à l'aplomb de la zone de stockage des modules (elle correspond également
à la zone où les racks ont entièrement fondu et représentée en rouge sur la photographie 11 page 23).
On peut noter que le mur intercellules 1-2 le long duquel des modules étaient également stockés n'a pas
subi les mêmes dégâts. Une des explications peut être le fait que les quantités étaient moins importantes
que le long du mur de façade. Elle s'explique aussi par une meilleure tenue structurelle assurée par les
poutres de la cellule 2 et les murs des façades nord et sud (poutres et murs qui étaient exposés à des
intensités d'incendie moindres).
Le BEA-RI précise également qu'il n'a pas mené d'expertise spécifique pour vérifier la conformité des
murs aux normes usuellement utilisées (règles APSAD, NFPA ou DTU par exemple) pour les concevoir.
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Photographie 40 : Vue de la cellule 1 et en superposition une représentation de la densité de stockage des batteries sur les différentes
travées de racks. Plus la couleur est rouge plus il y a de modules dans les racks. On aperçoit la destruction partielle du mur en façade
ouest à un endroit ou la quantité de batteries est importante.
VIII. Recommandations de sécurité
VIII.1 À destination du fabricant des batteries LMP
? Conduire une réflexion sur le conditionnement des modules au transport pour identifier, le cas
échéant, des dispositifs techniques qui permettraient de ralentir la propagation de
l'emballement thermique au sein d?une caisse de transport et/ou de stockage.
? Étudier l'effet du taux de charge sur les modules en termes de sensibilité à l'emballement
thermique ou de comportement dans un incendie généralisé.
? Poursuivre la recherche sur la mise au point d'un système d'extinction automatique adapté au
mode de stockage retenu qui soit efficace pour stopper la propagation de l'incendie (Les
résultats obtenus sur les essais avec sprinklage laissant entrevoir des possibilités de maîtrise de
la propagation).
? Conduire une réflexion sur la sécurité du stockage de ses propres batteries. Cette réflexion devra
aboutir à des préconisations en matière de quantités maximales stockables par cellule compte-
tenu des distances d'effets générées, de distances d'exclusion vis-à -vis des murs coupe-feu,
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d'îlotages et de hauteurs de stockage, de dimensionnement de la détection incendie du système
d'extinction automatique et du désenfumage.
? Compléter la fiche de données de sécurité pour préciser le caractère hydroréactif des résidus de
combustion et la production de phosphine en présence d'eau.
? Établir et diffuser auprès des utilisateurs et des services de secours publics un protocole
d'intervention en cas de départ d'emballement thermique sur un module pour prévenir le risque
de propagation, gérer la phase d'extinction (avec en particulier la question des émissions de
phosphine) et maîtriser les risques liés à l'élimination des résidus.
? Définir une procédure de gestion des modules qui ont été choqués ou endommagés en tenant
compte du risque d'emballement thermique différé dans le temps.
VIII.2 À destination de l'exploitant de l'entrepôt
? Améliorer son organisation en cas de crise pour assurer ses obligations en matière d'information
des tiers et de collaboration avec les services de secours, notamment en leur fournissant toutes
les informations pertinentes (nature des produits dangereux, plans des installations, présence et
fonctionnement des moyens de lutte et de protection contre l'incendie etc.).
? Réévaluer périodiquement la pertinence des moyens d?intervention en cas de sinistre en
fonction de la dangerosité des matières stockées.
VIII.3 À destination de l'autorité réglementaire
? Dans un contexte d'électrification des usages et des mobilités, faire évoluer la réglementation
pour mieux encadrer l?implantation, les dispositions constructives, l?exploitation et la gestion en
cas d'accident des sites de stockage des batteries neuves ou usagées, en fonction des typologies
de batteries, compte-tenu notamment des enseignements techniques tirés de la présente
enquête.
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IX. Annexes
Annexe 1 Rapport d'appui technique de l?INERIS à l'enquête du BEA-RI ouverte suite à l?incendie survenu
le 16 janvier 2023 au sein de la société Highway Logistics France sur son site de Grand-Couronne (76)
(ref. Ineris - 219921 - 2791447 - v2.0 du 25/03/2024) ..................................................................................... 61
Rapport d?enquête sur l'incendie de l'entrepôt Highway France Logistics 8 à Grand-Couronne (76) le 16 janvier 2023
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Annexe 1 Rapport d'appui technique de l?INERIS à l'enquête du BEA-RI
ouverte suite à l?incendie survenu le 16 janvier 2023 au sein de la société
Highway France Logistics 8 sur son site de Grand-Couronne (76) (ref. Ineris -
219921 - 2791447 - v2.0 du 25/03/2024)
Ineris - 219921 - 2791447 - v2.0
25/03/2025
Appui technique de l?Ineris à l'enquête du BEA-RI
ouverte suite à l?incendie survenu le 16 janvier 2023
au sein de la société highway Logistic France sur
son site de Grand-Couronne (76)
BEA-RI
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PRÉAMBULE
Le présent document a été réalisé au titre de la mission d?appui aux pouvoirs publics confiée à l?Ineris,
en vertu des dispositions de l?article R131-36 du Code de l?environnement.
La responsabilité de l'Ineris ne peut pas être engagée, directement ou indirectement, du fait
d?inexactitudes, d?omissions ou d?erreurs ou tous faits équivalents relatifs aux informations utilisées.
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et, le cas échéant, de la réglementation en vigueur à la date d?établissement du document. Par
conséquent, l?Ineris ne peut pas être tenu responsable en raison de l?évolution de ces éléments
postérieurement à cette date. La mission ne comporte aucune obligation pour l?Ineris d?actualiser ce
document après cette date.
Au vu de ses missions qui lui incombent, l'Ineris, n?est pas décideur. Les avis, recommandations,
préconisations ou équivalent qui seraient proposés par l?Ineris dans le cadre des missions qui lui sont
confiées, ont uniquement pour objectif de conseiller le décideur dans sa prise de décision. Par
conséquent, la responsabilité de l'Ineris ne peut pas se substituer à celle du décideur qui est donc
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destinataire du document utilisera les résultats qui y sont inclus intégralement ou sinon de manière
objective. L?utilisation du document sous forme d'extraits ou de notes de synthèse s?effectuera également
sous la seule et entière responsabilité de ce destinataire. Il en est de même pour toute autre modification
qui y serait apportée. L'Ineris dégage également toute responsabilité pour chaque utilisation du
document en dehors de l?objet de la mission.
Nom de la Direction en charge du rapport : Direction Incendie, Dispersion, Explosion
Rédaction : BORDES ARNAUD ? LEROY GUILLAUME ? CLAUDE THEO ? BINOTTO GHISLAIN
Vérification : MARLAIR GUY; LECOCQ AMANDINE; GAYA CAROLINE; DELBAERE THIERRY;
LESAGE JEROME; CHAUMETTE SYLVAIN; CLAUDE THEO; QUERON JESSICA; BINOTTO
GHISLAIN; FRABOULET ISALINE; PAPIN ARNAUD; RABETTE CLEMENT, TRUCHOT BENJAMIN
Approbation : Document approuvé le 25/03/2025 par BOUET REMY
Liste des autres personnes ayant participé à l?étude : BERTHAUD MAXIME, ENGLER JEROME,
CHESNAYE ALEXANDRA, LE LORE PIERRE-ALEXANDRE, CORRADO ANTHONY, OLLIER
YANNICK, BERTRAND JEAN-PIERRE, DURUSSEL THIERRY, MANIA STEPHANE, BERTHELOT
BRICE, KAROSKI NICOLAS, FUVEL VINCENT, EL MASRI AHMAD
Remerciements : BLUE SOLUTIONS pour la fourniture des modules et EC . CARLIER DANY (ICMCB)
pour l?analyse RMN, Mössbauer et l?interprétation des analyses de résidus ; KONATE ADAMA (UTC)
pour l?analyse DRX
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Table des matières
1 Introduction ............................................................................................................................... 13
1.1 Déontologie ....................................................................................................................... 13
1.2 Contexte et objectifs .......................................................................................................... 13
1.3 Structure du rapport ........................................................................................................... 14
1.4 Description d?un module LMP ............................................................................................ 14
1.4.1 Electrochimie ................................................................................................................. 14
1.4.2 Intégration en module .................................................................................................... 15
1.4.3 Protocoles et méthodes expérimentales ......................................................................... 17
2 Choc/chute ................................................................................................................................ 19
2.1 Objectif et description du protocole d?essai ........................................................................ 19
2.2 Résultats axe Y ................................................................................................................. 20
2.3 Résultats axe Z .................................................................................................................. 27
2.4 Discussions (extrapolation à une chute, ?)........................................................................ 35
3 Défaut interne ........................................................................................................................... 37
3.1 Essai clou .......................................................................................................................... 37
3.1.1 Objectif et description du protocole d?essai ..................................................................... 37
3.1.2 Résultats ....................................................................................................................... 39
4 Autres hypothèses non testées .................................................................................................. 42
5 Conclusions de la recherche des causes probables ................................................................... 43
6 Essai de chauffe localisée ......................................................................................................... 45
6.1 Objectif .............................................................................................................................. 45
6.2 Essai sur module ............................................................................................................... 45
6.2.1 Instrumentation et protocole d?essai ............................................................................... 45
6.2.2 Phase de chauffe avec les pads chauffants localisés ..................................................... 49
6.2.3 Pads chauffants mica ..................................................................................................... 49
6.3 Essai sur EC ...................................................................................................................... 56
6.3.1 Instrumentation et protocole d?essai ............................................................................... 56
6.3.2 Résultats ....................................................................................................................... 57
7 Comportement d?un module LMP exposé à un flux calibré (essai feu sur module) ...................... 60
7.1 Objectif et description du protocole d?essai ........................................................................ 60
7.2 Résultats ........................................................................................................................... 62
7.2.1 Observations ................................................................................................................. 62
7.2.2 Caractéristiques thermiques de l?incendie ...................................................................... 65
7.2.3 Estimation de l?émittance de flamme .............................................................................. 70
7.3 Synthèse ........................................................................................................................... 71
8 Comportement d?une caisse de modules LMP prise dans un incendie (essai feu sur caisse)...... 71
8.1 Objectif et description du protocole d?essai ........................................................................ 71
8.2 Résultats ........................................................................................................................... 73
8.2.1 Observations ................................................................................................................. 73
8.2.2 Caractéristiques thermiques de l?incendie ...................................................................... 76
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8.2.3 Estimation de l?émittance de flamme .............................................................................. 83
8.3 Synthèse ........................................................................................................................... 83
9 Propagation de l?emballement thermique d?un module au sein d?une caisse (essai de propagation
sur caisse) ........................................................................................................................................ 84
9.1 Objectif et description du protocole d?essai ........................................................................ 84
9.2 Résultats ........................................................................................................................... 86
9.2.1 Observations ................................................................................................................. 86
9.2.2 Caractéristiques thermiques de l?incendie ...................................................................... 89
9.2.3 Estimation de l?émittance de flamme .............................................................................. 94
9.3 Synthèse ........................................................................................................................... 94
10 Influence du sprinklage sur l?incendie ........................................................................................ 95
10.1 Influence du sprinklage : essai de propagation caisse ........................................................ 97
10.1.1 .Observations ................................................................................................................ 97
10.1.2 Caractéristiques thermiques de l?incendie .................................................................... 100
10.1.3 Synthèse ..................................................................................................................... 106
10.2 Influence du sprinklage sur l?incendie : essai feu englobant sur caisse ............................. 107
10.2.1 Observations ............................................................................................................... 107
10.2.2 Caractéristiques de l?incendie....................................................................................... 110
10.2.3 Synthèse ..................................................................................................................... 116
10.3 Conclusions sur le sprinklage........................................................................................... 117
11 Analyse des effluents gaz, particules et eaux d?extinction ........................................................ 119
11.1 Méthodes ........................................................................................................................ 119
11.2 Emissions gazeuses ........................................................................................................ 121
11.2.1 Essai flux radiant sur module ....................................................................................... 121
11.2.2 Essai feu sur caisse (7 modules) .................................................................................. 125
11.2.3 Influence du sprinklage sur les émissions gazeuses : essai feu + sprinklage sur caisse 128
11.3 Emissions particulaires .................................................................................................... 134
11.3.1 Particules dans les fumées .......................................................................................... 134
11.3.2 Suies projetées à proximité de l?échantillon (gaine d?extraction, parois et sol) ............... 141
11.4 Analyse des eaux d?extinction .......................................................................................... 150
12 Discussion............................................................................................................................... 153
12.1 Comparaison avec un feu de batteries Li-ion .................................................................... 153
12.2 Scénario d?un feu d?entrepôt stockant des batteries LMP ................................................. 155
12.2.1 Comparaison avec un feu de caisse « standard » (1510) et d?un feu de batteries Li-ion tel
que discuté pour Flumilog........................................................................................................ 155
12.2.2 Evaluation des distances d?effets thermiques pour un incendie d?entrepôt .................... 157
12.2.3 Analyse de la tenue des murs REI120 .......................................................................... 159
12.2.4 Analyse du besoin en désenfumage ............................................................................. 161
12.2.5 Evaluation des effets toxiques aigües pour un incendie d?entrepôt................................ 161
12.3 Synthèse des particularités d?un feu d?entrepôt stockant des batteries LMP ..................... 162
13 Observations préliminaires ...................................................................................................... 164
14 Réactivité des résidus ............................................................................................................. 166
14.1 Prélèvement .................................................................................................................... 166
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14.2 Evaluation préliminaire de la réactivité des résidus prélevés ............................................ 166
14.3 Epreuve N.5 : Méthode d?épreuve pour les matières qui, au contact de l?eau, dégagent des
gaz inflammables (ONU) ............................................................................................................. 168
14.3.1 Phase 1 ....................................................................................................................... 168
14.3.2 Phase 2 ....................................................................................................................... 169
14.3.3 Phase 3 ....................................................................................................................... 170
14.3.4 Phase 4 ....................................................................................................................... 171
14.4 Analyse des gaz de réaction générés lors de l?ajout d?eau sur l?échantillon ....................... 173
14.5 Risques liés à l?émission de phosphine ............................................................................ 174
14.6 Conclusions sur la réactivité des résidus .......................................................................... 175
15 Caractérisation des résidus ..................................................................................................... 176
16 Mécanismes réactionnels susceptibles de former de la phosphine ........................................... 182
17 Conclusion générale ................................................................................................................ 183
18 Annexes .................................................................................................................................. 187
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Résumé
Le 16 janvier 2023, un incendie s?est déclaré au sein d?un entrepôt situé sur la commune de Grand-
Couronne (76), qui abritait, selon l?exploitant plusieurs milliers de batteries de véhicules de type Lithium
Métal Polymer (LMP).
Suite à l?incendie, le BEA-RI s?est saisi de l?enquête. Devant la quasi-absence de données disponibles
dans la littérature sur la réactivité des batteries de type LMP, le BEA-RI a souhaité mobiliser l?Ineris (via
une lettre de saisine datant du 22 mai 2024) pour évaluer le rôle qu'auraient joué les modules batteries
dans l'occurrence et le développement de l'incendie.
L?Ineris a mis en oeuvre une campagne d?essais permettant de mieux appréhender les causes et effets
de la réaction de ces batteries. Blue Solutions a mis à disposition les échantillons nécessaires.
De manière générale, les essais menés ont permis d?appréhender le comportement des batteries LMP
produites par Blue Solutions en situation abusive.
Au sujet des mode de défaillance, il ressort notamment que :
- Une chute ou un impact d?un module batterie stocké à température ambiante peut être à l?origine
d?un emballement thermique. Une chauffe localisée visant à reproduire les effets d?un court-circuit
interne amène également à une forte réactivité.
Vis-à -vis des mécanismes de propagation de l?incendie, il ressort notamment que :
- Peu de signes avant-coureurs sont observables avant que le module entre en réaction violente.
- Des jets de métal en fusion sont observés dès les premiers instants de la réaction et se
poursuivent tout au long de la réaction. Ces jets sont potentiellement une source de propagation
de l?incendie et/ou de danger envers les personnes ;
- Des températures très élevées sont observées (1615 °C), ce qui, en plus de jouer un rôle
important sur le rayonnement thermique et donc la propagation, peut affecter la tenue des
structures métalliques ou en béton ;
- Des coulées de métaux/résidus en fusion très chaudes sont observées et restent chaudes
plusieurs minutes au sol. Cela favorise la propagation verticale (vers le bas) et horizontale, de la
même manière qu?un feu de nappe le ferait en s?étalant au sol.
- Les paramètres de combustion ont pu être déterminés et comparés aux batteries de technologies
Li-ion. Une différence sensible sur le débit calorifique (facteur 2 à 5) est observée à l?échelle
module, expliquée à la fois par les propriétés intrinsèques de la technologie et par les choix
d?ingénierie faits par Blue Solutions (absence de séparation physique entre les éléments du
module d?énergie 7 kWh).
Au sujet de la dangerosité des substances émises, il ressort notamment que :
- Lors de la combustion des modules, des émissions de gaz importantes sont observées. Le
mélange gazeux est en très large majorité composé de CO2, issu de la combustion intense.
Comme autres produits de combustion, du CO est mesuré (en quantité 30 fois inférieure) et du
NO est détecté en quantités relativement faibles mais significatives. D?autres gaz et COV plus
spécifiques sont détectés, on pourra citer notamment le méthane (CH4), le fluorure d?hydrogène
(HF), le dihydrogène (H2), le dioxyde de soufre (SO2) ainsi que des traces de benzène (C6H6), de
propane (C3H8) et parfois de chlorure d?hydrogène (HCl). Parmi ces gaz, on peut noter la
présence de gaz toxiques comme CO, HF et SO2.
- Le mélange gazeux n?est pas inflammable.
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Au sujet de l?extinction par aspersion d?eau, il ressort notamment que :
- Une extinction à eau, semble recommandable sur ce type de feu. S?il est clair qu?elle ne permettra
pas d?éteindre un module en cours de réaction, elle peut permettre, dans certaines conditions de
limiter la propagation de l?incendie. Aussi, une fois la phase intense de l?incendie terminée, il faut
limiter les apports d?eau car ceux-ci contribuent à entretenir la réaction des résidus de combustion
des batteries qui sont hydro réactifs et émettent des gaz toxiques et inflammables. Il est d?ailleurs
recommandé de retenir les eaux d?extinction qui sont contaminées.
- L?aspersion d?eau modifie sensiblement le mélange gazeux. En effet, si celui-ci reste très
largement composé de CO2, les teneurs en certains gaz inflammables et/ou toxiques (CO, H2,
CH4) augmentent sensiblement. Certains gaz toxiques ne sont plus détectés (HF, SO2) tandis
que de la phosphine (PH3) également toxique a été détectée dans ces conditions.
Vis à vis de la protection des intervenants jusque dans les dernières heures de l?extinction, il ressort
notamment que :
- Dans les dernières heures de l?extinction, les résidus de combustion sont réactifs et à même
d?émettre des substances toxiques. Cela a des conséquences sur la protection des intervenants
dans les dernières heures de l?extinction. L?analyse des résidus de combustion montre qu?ils sont
hydroréactifs. Au contact de l?eau, ils produisent des émissions de chaleur et de gaz
toxique/inflammable/pyrophorique tels que l?acétylène, la phosphine et du dihydrogène.
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Table des figures
Figure 1 : Représentation schématique de l?assemblage d?une couche de cellule LMP Blue Solutions.
Source site web Blue Solutions ......................................................................................................... 15
Figure 2: Schéma simplifié (vue en coupe) de l'intérieur d'un module ................................................ 15
Figure 3 : Dimensions d?un module LMP IT, communiquées par Blue Solutions................................. 16
Figure 4 : Photographie des 6 faces d?un module LMP IT3 ................................................................ 16
Figure 5 : Axes d?écrasement des modules ....................................................................................... 19
Figure 6 : Implantation des thermocouples et des fluxmètres pour les essais d'écrasement ............... 20
Figure 7 : Données enregistrées durant l?essai d?écrasement axe Y. ................................................. 24
Figure 8 : Données enregistrées durant la surveillance de l?essai d?écrasement axe Y....................... 25
Figure 9 : Captures d?écrans de la caméra infra-rouge lors de l?essai et de la surveillance de l?essai
d?écrasement axe Y. ......................................................................................................................... 26
Figure 10 : Photographies après essai (écrasement axe Y) ............................................................... 27
Figure 11 : Données enregistrées durant l?essai d?écrasement sur l?axe Z ......................................... 32
Figure 12 : Captures d?écrans de la caméra infra-rouge lors de l?essai d?écrasement axe Z. .............. 33
Figure 13 : Température maximale enregistrée par la caméra thermique au niveau des EC. ............. 34
Figure 14 : Photo après essai ............................................................................................................ 34
Figure 15 : Extrapolation des résultats d?écrasement quasi statique à des énergies........................... 35
Figure 16 : Variation de l?énergie en fonction de la hauteur de chute pour des masses de 40 et 280 kg
......................................................................................................................................................... 36
Figure 17 : Schémas de principe de l?assemblage d?EC testé lors de l?essai clou ............................... 37
Figure 18 : Photographies de l?assemblage d?EC et du spécimen en position de test ......................... 38
Figure 19 : Etapes du percement au clou .......................................................................................... 38
Figure 20 : position des thermocouples lors de l'essai clou ................................................................ 39
Figure 21 : Données enregistrées lors de l?essai de pénétration au clou ............................................ 40
Figure 22 : Enregistrements des températures ; ensemble des thermocouples .................................. 41
Figure 23 : Extraits de la vidéo enregistrée lors de l'essai de pénétration au clou............................... 41
Figure 24 : Extrait de la vidéo IR enregistrée lors de l?essai de pénétration au clou ............................ 42
Figure 25 : Implantation des pad chauffants ...................................................................................... 46
Figure 26 : Positionnement des thermocouples pour l?essai de chauffe localisée ............................... 46
Figure 27 : Disposition des fluxmètres lors de l?essai chauffe rapide localisée sur module ................. 48
Figure 28 : Photos du module avant essai ......................................................................................... 48
Figure 29 : Températures mesurées par les thermocouples sur et à proximité des éléments chauffants
localisés ............................................................................................................................................ 49
Figure 30 : Températures mesurées par les thermocouples sur et à proximité des éléments chauffants
en mica ............................................................................................................................................. 50
Figure 31 : Extraits de la vidéo de l?essai de surchauffe par pad module............................................ 51
Figure 32 : Extraits de la vidéo thermique lors de l?essai de surchauffe par pad chauffant .................. 52
Figure 33 : Enregistrements des températures de peau du module lors de l?essai de surchauffe par
pad. Saturation des TCK à 1200°C ................................................................................................... 53
Figure 34 : Température enregistrée par le pyromètre en un point au milieu de la face supérieure du
module. Saturation de l?instrument à 1600°C ..................................................................................... 54
Figure 35 : Tension du module lors de l?essai surchauffe par pad ...................................................... 54
Figure 36 : Valeurs de flux thermiques rayonnés enregistrés lors de l'essai surchauffe par pad module
......................................................................................................................................................... 55
Figure 37 : Photographie après essai ................................................................................................ 56
Figure 38 : Positionnement du pad chauffant et des thermocouples pour l?essai sur EC .................... 56
Figure 39 : Montage expérimental de l?essai chauffe rapide localisée sur EC ..................................... 57
Figure 40 : Extraits vidéo de la première chauffe n?ayant pas provoqué d?emballement thermique ..... 57
Figure 41 : Données enregistrées lors de l?essai de chauffe externe rapide sur EC............................ 58
Figure 42 : Extraits vidéo de la seconde chauffe après remplacement du pad chauffant .................... 59
Figure 43 : Photographies du moyen d?essai ..................................................................................... 60
Figure 44 : Paramètres mesurés (températures, flux à l?intérieur de la virole) lors d?un essai à blanc . 61
Figure 45 : Implantation des thermocouples ...................................................................................... 61
Figure 46 : Montage expérimental de l?essai flux radiatif .................................................................... 62
Figure 47 : Extraits de la vidéo de l?essai flux thermique .................................................................... 63
Figure 48 : Captures d?écrans de la caméra infra-rouge lors de l?essai flux radiatif ............................. 64
Figure 49 : Photographies du montage après l?essai de flux radiatif ................................................... 65
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Figure 50 : Enregistrements des températures lors de l?essai flux radiatif .......................................... 65
Figure 51 : Enregistrements des températures lors de l?essai flux radiatif (sélection de thermocouples)
......................................................................................................................................................... 66
Figure 52 : Enregistrements de la température effectuée par le pyromètre au centre de la face
supérieure (proche des bornes)......................................................................................................... 67
Figure 53 : Enregistrements de la tension du module lors de l?essai flux radiatif................................. 67
Figure 54 : Enregistrements des flux thermiques ............................................................................... 68
Figure 55 : Débit calorifique (HRR) calculé par CDG et OC lors de l?essai flux radiatif........................ 69
Figure 56 : Chaleur de combustion calculée par CDG et OC lors de l?essai flux radiatif...................... 70
Figure 57 : Montage expérimental de l?essai feu caisse ..................................................................... 72
Figure 58 : Agencement des 7 modules dans la caisse ..................................................................... 72
Figure 59 : Disposition des thermocouples et des fluxmètres ............................................................. 73
Figure 60 : Captures d?écran de la caméra infrarouge lors de l?essai feu caisse ................................. 74
Figure 61 : Captures d?écran de la vidéo lors de l?essai feu caisse..................................................... 75
Figure 62 : Photos prises après l?essai feu caisse.............................................................................. 76
Figure 63 : Données enregistrées lors de l'essai feu caisse ............................................................... 77
Figure 64 : Enregistrements de températures lors de l?essai feu caisse ............................................. 77
Figure 65 : Température maximale (sur un pixel) enregistrée par la caméra thermique ...................... 78
Figure 66 : Extraction des températures moyennes (caméra IR) de chacune des faces des modules 79
Figure 67 : Flux radiatifs enregistrés par les fluxmètres lors de l?essai feu caisse. .............................. 80
Figure 68 : Débit calorifique et chaleur de combustion calculés lors de l?essai de feu sur caisse ........ 81
Figure 69 : Perte de masse et débit massique lors de l?essai feu caisse. ........................................... 82
Figure 70 : Disposition des modules dans les caisses. ...................................................................... 84
Figure 71 : Montage expérimental de l?essai propagation caisse ....................................................... 85
Figure 72 : Positionnement des thermocouples et des fluxmètres lors de l?essai propagation caisse .. 85
Figure 73 : Captures d?écran de la vidéo infrarouge lors de l?essai propagation caisse. Attention, ne pas
tenir compte des températures relevées (effet écran de la protection) ............................................... 87
Figure 74 : Captures d?écran des caméras lors de l?essai de propagation caisse ............................... 88
Figure 75 : Photos après l?essai de propagation caisse ..................................................................... 89
Figure 76 : Données enregistrées lors de l?essai propagation caisse ................................................. 90
Figure 77 : Flux thermiques enregistrés lors de l?essai de propagation sur caisse .............................. 91
Figure 78 : Débit calorifique et chaleur de combustion calculés lors de l?essai de propagation caisse 92
Figure 79 : Evolution de la masse au cours de l?essai ........................................................................ 93
Figure 80 : Implantation des thermocouples pour l?essai propagation caisse avec sprinklage ............ 95
Figure 81 : Photos des montages « propagation caisse » et « feu caisse » pour les essais avec
sprinklage. ........................................................................................................................................ 96
Figure 82 : Schémas et photo du dispositif d?extinction ...................................................................... 97
Figure 83 : Extraits de l?enregistrement vidéo lors de l?essai propagation caisse + sprinklage ............ 98
Figure 84 : Extraits de l?enregistrement de la caméra IR lors de l?essai propagation caisse + sprinklage
......................................................................................................................................................... 99
Figure 85 : Données enregistrées (sélection) lors de l?essai propagation caisse + sprinklage........... 101
Figure 86 : Températures enregistrées par le thermocouple « sprinkler » (positionné à 5 m de haut) et
par le thermocouple « bac feu » (positionné à 5 cm du bac feu, sous les caisses de modules) ........ 102
Figure 87 : Température maximale (sur un pixel) enregistrée par la caméra thermique (haut) et
température enregistrée par le pyromètre (bas). Les mesures de températures durant le sprinklage
peuvent être affectées par la présence de gouttelettes d?eau entre le feu et l?objectif de la caméra. . 103
Figure 88 : Enregistrements des tensions lors de l?essai propagation caisse + sprinklage ................ 104
Figure 89 : Flux radiatifs enregistrés lors de l?essai propagation caisse + sprinklage ........................ 104
Figure 90 : Débit calorifique (calculé par OC) et débit d?eau appliqué lors de l?essai propagation caisse
+ sprinklage .................................................................................................................................... 105
Figure 91 : Débit calorifique et chaleur de combustion calculés lors de l?essai de propagation caisse +
sprinklage ....................................................................................................................................... 106
Figure 92 : Extraits de l?enregistrement de la caméra IR lors de l?essai feu caisse + sprinklage........ 108
Figure 93 : Extraits de l?enregistrement vidéo lors de l?essai feu caisse + sprinklage ........................ 109
Figure 94 : Données enregistrées (sélection) lors de l?essai propagation caisse + sprinklage........... 110
Figure 95 : Températures enregistrées par les thermocouples positionnés sous chacun des modules
lors de l?essai feu caisse + sprinklage et Tensions enregistrées. ...................................................... 111
Figure 96 : Température maximale (sur un pixel) enregistrée par la caméra thermique (haut) et
température enregistrée par le pyromètre (bas) ............................................................................... 112
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Figure 97 : Extraction des températures moyennes (caméra IR) de chacune des faces des modules
....................................................................................................................................................... 113
Figure 98 : Flux radiatifs enregistrés lors de l?essai feu caisse + sprinklage ..................................... 114
Figure 99 : Débit calorifique et chaleur de combustion calculés lors de l?essai de feu caisse + sprinklage
....................................................................................................................................................... 115
Figure 100 : Schéma de principe de l?analyse de gaz/particules ...................................................... 119
Figure 101 : Support de prélèvement des particules à proximité de l?échantillon .............................. 121
Figure 102 : Réceptacles de collecte des eaux d?extinction ............................................................. 121
Figure 103 : Débit massique CO2 essai de flux radiatif module ........................................................ 123
Figure 104 : Débit massique CO essai de flux radiatif module ......................................................... 124
Figure 105 : Débit massique CH4 essai de flux radiatif module ........................................................ 124
Figure 106 : Débit massique H2 essai de flux radiatif module ........................................................... 125
Figure 107 : Débit massique HF essai de flux radiatif module .......................................................... 125
Figure 108 : Concentration volumique d?une sélection d?espèces dans la gaine lors de l?essai feu sur
caisse ............................................................................................................................................. 128
Figure 109 : Concentration volumique en H2O théorique et mesurée dans la gaine lors de l?essai feu
sur caisse + sprinklage.................................................................................................................... 131
Figure 110 : Concentration volumique en CO2 dans la gaine lors de l?essai feu sur caisse + sprinklage
....................................................................................................................................................... 132
Figure 111 : Concentration volumique d?une sélection d?espèces dans la gaine lors de l?essai feu sur
caisse + sprinklage ......................................................................................................................... 133
Figure 112 : Concentration volumique en PH3 dans la gaine lors de l?essai feu sur caisse + sprinklage
....................................................................................................................................................... 134
Figure 113 : Diamètre médian et flux de particule mesuré par ELPI + (facteurs de dilution du diluteur et
de la gaine pris en compte) ............................................................................................................. 135
Figure 114 : Distribution granulométrique des particules lors de l?essai flux radiant sur module mesuré
par ELPI + ...................................................................................................................................... 135
Figure 115 : Observation MET du prélèvement MPS réalisé entre 20 et 40 s après que les premiers
effets ne soient visibles lors de l?essai flux radiatif sur module ......................................................... 136
Figure 116 : Observation MET du prélèvement MPS réalisé entre 40 et 50 s après que les premiers
effets ne soient visibles lors de l?essai flux radiatif sur module ......................................................... 136
Figure 117 : Analyse par fluorescence X des éléments-traces métalliques (ETM) lors de l?essai de flux
radiant sur module .......................................................................................................................... 137
Figure 118 : Diamètre médian et flux de particules mesuré par ELPI + lors de l?essai feu caisse...... 139
Figure 119 : Distribution granulométrique des particules mesurées par ELPI+ lors de l?essai feu caisse
....................................................................................................................................................... 139
Figure 120 : Observation MET des prélèvements effectués lors de l?essai feu caisse. Prélèvement
effectué en 10 s, 3 min après le début de réaction. .......................................................................... 140
Figure 121 : Résultats des analyses élémentaires des prélèvements réalisés sur les supports placés
dans la chambre lors de l?essai flux radiant module ......................................................................... 142
Figure 122 : Analyses des PCDD/F et PCB sur les supports de prélèvement lors de l?essai flux radiatif
module. ........................................................................................................................................... 142
Figure 123 : Traceurs PCB et PCDD/F analysés lors de l?essai flux radiant module ......................... 143
Figure 124 : Résultats des analyses élémentaires des prélèvements réalisés sur les supports placés
dans la chambre lors de l?essai feu caisse ....................................................................................... 144
Figure 125 : Analyses des PCDD/F et PCB sur les supports de prélèvement lors de l?essai feu caisse.
....................................................................................................................................................... 145
Figure 126 : Traceurs PCB et PCDD/F analysés lors de l?essai feu caisse ....................................... 145
Figure 127 : Résultats des analyses élémentaires des prélèvements réalisés sur les supports placés
dans la chambre lors de l?essai feu caisse + sprinklage ................................................................... 147
Figure 128 : Analyse des PCB et PCDD/F lors de l?essai feu caisse + sprinklage ............................ 147
Figure 129 : Traceurs PCB et PCDD/F analysés lors de l?essai feu caisse + sprinklage ................... 148
Figure 130 : Analyse des PCDD/F and PCB dans les eaux d?extinction ........................................... 151
Figure 131 : Débit calorifique libéré par type de cellule et format ..................................................... 154
Figure 132 : Comparaison entre le débit calorifique émis par une palette 1510 et celui émis par une
caisse de 7 modules LMP ............................................................................................................... 156
Figure 133 : Débit calorifique émis par une palette de modules LMP ............................................... 157
Figure 134 : Distances d?effets calculées avec le logiciel Flumilog ? à gauche, pour un stockage 1510,
à droite pour un stockage de modules LMP ..................................................................................... 158
Figure 135 : Puissance calculée pour les 2 cas traités ..................................................................... 159
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Figure 136 : Courbe ISO834] .......................................................................................................... 160
Figure 137 : Comparaison entre la courbe ISO834 et la température d?agression issue de l?incendie de
caisses de modules LMP ................................................................................................................ 161
Figure 138 : Photographies des résidus d?essais ............................................................................. 164
Figure 139 : Extraits vidéo où l?inflammation de résidu au contact du sol humide est visible............. 164
Figure 140 : Analyse du ciel gazeux d?un fût contenant des résidus de combustion de l?essai pad sur
module............................................................................................................................................ 165
Figure 141 : Cliché photographique du prélèvement d?échantillon issu de résidus de combustion de
batterie, produits à la suite d?un essai abusif ................................................................................... 166
Figure 142 : Clichés photographiques de l?échantillon (immédiatement après le prélèvement) placé dans
un bécher (a), lors d?ajout d?eau (b) et bullage/formation de mousse (c) .......................................... 167
Figure 143 : Clichés photographiques du comportement de l?échantillon humidifié soumis à une
action/contrainte mécanique............................................................................................................ 167
Figure 144 : Clichés photographiques du prélèvement d?échantillon de résidus de combustion de
batteries et fragments produits à la suite du concassage au burin en boîte à gants pour s?approcher des
quantités requises pour les diverses phases de l?épreuve N.5 ......................................................... 168
Figure 145 : Clichés photographiques des échantillons d?essais soumis à la phase 1 de l?épreuve N.5
....................................................................................................................................................... 169
Figure 146 : Clichés photographiques des échantillons d?essais soumis à la phase 2 de l?épreuve N.5
....................................................................................................................................................... 170
Figure 147 : Clichés photographiques des échantillons d?essais soumis à la phase 3 de l?épreuve N.5
....................................................................................................................................................... 170
Figure 148 : Clichés photographiques de la tentative d?inflammation au brûleur à gaz des gaz générés
lors de l?ajout de quelques gouttes d?eau sur l?échantillon soumis à la phase 3 de l?épreuve N.5 ...... 171
Figure 149 : Cliché photographique illustrant un exemple d?échantillon soumis à la phase 4 de l?épreuve
N.5 avec les débitmètres automatiques ........................................................................................... 172
Figure 150 : Evolution du débit de gaz dégagé en fonction du temps lors de la phase 4 de l?épreuve N.5
avec les débitmètres automatiques pour l?échantillon « Tel Quel » ? Essai 2 ................................... 173
Figure 151 : Evolution du débit de gaz dégagé en fonction du temps lors de la phase 4 de l?épreuve N.5
avec le débitmètre automatique pour l?échantillon « Tel Quel » - Essai 3 ......................................... 173
Figure 152 : Vue latérale du panache toxique résultant de l?émission de phosphine, effets irréversibles
et premiers effets létaux. ................................................................................................................. 174
Figure 153 : Seuils de toxicité et de perception de la phosphine ...................................................... 175
Figure 154 : Photographies des résidus prélevés pour analyse ....................................................... 176
Figure 155 : Analyse DRX des résidus d?un essai compression statique. L?analyse porte sur des résidus
plutôt rougeâtres et le transfert et l?analyse ont été réalisés sous air (poudre oxydée) ..................... 177
Figure 156 : Analyse DRX des résidus de l?essai feu caisse. L?analyse porte sur un ensemble
hétérogène de résidus et le transfert et l?analyse ont été réalisés sans contact avec l?air (protégé par
du Kapton) ...................................................................................................................................... 179
Figure 157 : Analyse RMN d?un ensemble hétérogène de résidus sur le 31P et le 7Li. Le transfert et
l?analyse ont été réalisés sans contact avec l?air .............................................................................. 180
Figure 158 : spectroscopies Mössbauer des résidus d?essais .......................................................... 181
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Glossaire
BEA-RI Bureau d'Enquêtes et d'Analyses - Risques Industriels
CDG Carbon Dioxyde Generation (génération de dioxyde de carbone en français)
COV Composés Organiques Volatils
DEC/EC Diethyl Carbonate / Ethyl Carbonate
DRX Diffraction à Rayons X
EC Electrochemical Cell (vocabulaire Blue Solutions)
ELPI Impacteur basse pression à détection électrique
FTIR Spectroscopie infrarouge à transformée de Fourier
GC-MS Gaz Chromatographie ? Spectroscopie de Masse
GMD Geometric Mean Diameter (diamètre moyen géométrique en français)
GTR-EVS Global Technical Regulation ? Electric Vehicle Safety
HAP Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques
HRR Heat Release Rate (débit calorifique en français)
ICMCB Institut de Chimie de la Matière Condensée de Bordeaux
INERIS Institut National de l?Environnement Industriel et des Risques
IR Infra-Rouge
LFP
LMP
Lithium Fer Phosphate
Lithium Métal Polymère
MET Microscope électronique à transmission
MPS Mini Particle Sampler
NMC Nickel Manganèse Cobalt
OC Oxygen Consumption (consommation d?oxygène en Français)
OMS Organisation Mondiale de la Santé
ONU Organisation des Nations Unies
PCB Polychlorobiphényles
PCDD/F Polychloro-dibenzodioxines / Polychloro-dibenzofurannes
PTFE Polytétrafluoroéthylène
REI Acronyme utilisé pour indiquer la résistance au feu d'un élément de construction
RMN Résonance Magnétique Nucléaire
EDX Energy Dispersive X-ray ou spectroscopie X à dispersion d'énergie
POE Poly(oxyéthylène)
SDIS Service Départemental d?Incendie et de Secours
SOC State of Charge (état de charge en français)
TC ou TCK Thermocouple ou Thermocouple de type K
THR Total Heat Release (chaleur totale dégagée en français)
UTC Université Technologique de Compiègne
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1 Introduction
1.1 Déontologie
L?expertise décrite dans le présent rapport a consisté à évaluer les propriétés des batteries Lithium
Métal Polymère (LMP) de la société Blue Solutions placées en situation abusives. Par le passé, l?Ineris
n?a jamais réalisé d?études pour le compte de Blue Solutions. L?Ineris a réalisé, pour d?autres sociétés,
des études sur des installations fixes ou mobiles intégrant des batteries Blue Solutions en prenant en
compte, sans les remettre en cause, les hypothèses fournies par Blue Solutions.
1.2 Contexte et objectifs
Le 16 janvier 2023, un incendie s?est déclaré au sein d?un entrepôt situé sur la commune de Grand-
Couronne (76), propriété de la société SAS HIGHWAY FRANCE LOGISTICS 8. Le feu s?est déclenché
vers 16h30 dans la cellule 1 de 6000 mètres carrés de l?entrepôt, louée et opérée par la société
BOLLORE LOGISTICS, qui abritait, selon l?exploitant, des pièces automobiles, incluant plusieurs
milliers de batteries de véhicules de type Lithium Métal Polymère (LMP) Des effets ont été observés Ã
l?extérieur de l?entrepôt logistique (flammes, fumées, ?) nécessitant l?intervention des pompiers (SDIS
de la seine maritime).
Suite à l?incendie, le BEA-RI s?est saisi de l?enquête. Devant la quasi-absence de données disponibles
dans la littérature sur la réactivité des batteries de type LMP, le BEA-RI a souhaité mobiliser l?Ineris (via
une lettre de saisine datant du 22 mai 2024 et présentée en annexe 1) pour évaluer le rôle qu'auraient
joué les modules batteries dans l'occurrence et le développement de l'incendie.
En pratique, il a été demandé à l'INERIS de réaliser des essais sur des modules ou sur des cellules
électrochimiques en vue :
? De déterminer, en simulant différents modes d'agression, si des modes de défaillance de
modules à température ambiante peuvent être à l'origine d'un emballement thermique ;
? D'étudier les mécanismes de propagations de l'incendie en tenant compte du mode de stockage
utilisé dans l'entrepôt et d'évaluer le rôle du système d'extinction automatique.
? D'établir sur la base des mesures et des observations réalisées à l'occasion des essais si les
modules de batteries peuvent être à l'origine des explosions et des projections constatées lors
de l'incendie
? D'évaluer, au besoin par comparaison avec d'autres types de feu connus et documentés,
l'efficacité des dispositifs de protection incendie communément utilisé dans le domaine de la
logistique (mur REI, dispositif de désenfumage);
? D'évaluer la dangerosité des substances émises, le cas échéant, en les comparant aux
substances émises par des feux plus communément rencontrés et déjà documentés ;
? De préciser au regard des résultats obtenus en matière d'analyse si les moyens de protection
utilisés en phase accidentelle (y compris dans les dernières heures d'extinction) permettent de
protéger convenablement les intervenants.
L?Ineris, en accord avec le BEA-RI a mis en oeuvre une campagne d?essais permettant de mieux
appréhender les causes et effets de la réaction de ces batteries. Blue Solutions a mis à disposition les
échantillons nécessaires.
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1.3 Structure du rapport
Pour répondre aux questions posées, le rapport est constitué de 3 grandes parties. La première vise Ã
la détermination des causes possibles de l?emballement thermique d?un module stocké. Elle comprend
des essais d?abus mécanique et thermique afin d?évaluer les possibilités de réaction d?un module. La
seconde vise à comprendre les caractéristiques d?un incendie d?un module et d?une caisse de module
LMP. Elle comprend des essais d?exposition au feu d?échantillons allant jusqu?à des caisses de modules
et inclue l?étude de l?influence de l?extinction. La troisième et dernière partie traite de l?instabilité des
résidus après essai afin d?évaluer les risques dans les dernières heures de l?extinction.
1.4 Description d?un module LMP
Ce rapport vise à mieux appréhender les causes et effets de la réaction de type LMP produites par Blue
Solutions. Peu de données existent dans la littérature puisque la technologie de batterie actuellement
dominante est la technologie Li-ion, pour laquelle de nombreuses études existent. Dans notre étude,
des modules LMP de modèle IT3 produits par Blue Solutions, correspondant à ceux stockés à Grand-
Couronne ont été testés.
Il faut bien souligner que certaines des conclusions tirées sont généralisables à la technologie LMP
(système Lim/POE/LFP) tandis que d?autres sont le résultat de choix d?ingénierie faits par Blue Solutions
et donc uniquement valables pour les modules/caisses dont il est question dans ce rapport. Il est ainsi
important de bien décrire les modules étudiés.
Contrairement à ce qui est généralement réalisé à l?Ineris, les modules ont été testé tels que reçus sans
vérification des performances électriques (capacité en charge/décharge), l?accès au BMS des modules
n?ayant pas été donné dans le cadre de ces travaux.
1.4.1 Electrochimie
Les batteries Li-métal produites par Blue Solutions, désignées comme « LMP » pour Lithium Métal
Polymère se différencient de la plupart des autres technologies de batteries sur le marché par la
présence de lithium métal à l?anode. Cette technologie diffère notamment de la technologie Li-ion, car
elle n?utilise pas d?électrolyte de type organique liquide mais repose sur l?utilisation d?un polymère. Le
polymère utilisé (PEO) est solide à température ambiante et réalisé à base de sels de Li soufrés et
fluorés. Ces éléments différenciant, représentés en Figure 1, font que les modes de fonctionnement et
profils de risques de ces deux technologies de batteries lithium (LMP d?un côté, et lithium-ion de l?autre)
sont très différents.
La cathode utilisée dans les batteries ici testées est de chimie LFP, comme ce qui peut être trouvé dans
la technologie Li-ion. Le motif unitaire Li(m)/PEO/LFP est répété jusqu?à former la plus petite unité
désignée par Blue Solutions comme « EC » pour Electrochemical Cell, cette unité comporte des
connecteurs (ou tabs) pour permettre la connexion électrique au niveau de l?empilement des motifs
unitaire (stack). Ces éléments unitaires de tension autour de 3V et ayant une capacité d?environ 100 Ah
ne sont pas enveloppés comme cela est le cas pour la technologie Li-ion et ces EC ne sont donc pas
utilisables en l?état dans un système.
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Figure 1 : Représentation schématique de l?assemblage d?une couche de cellule LMP Blue Solutions.
Source site web Blue Solutions
1.4.2 Intégration en module
Les EC sont ensuite empilés et connectés en série jusqu?à former un module de 72 V / 7 kWh. En plus
de l?électrochimie, un module contient des éléments électronique (carte électronique, bornes,
chauffages latéraux, ?) et mécanique (ressort, isolant, ?). Afin d?éviter l?oxydation de l?anode en Li
métal, le module est rempli de gaz inerte et fermé de manière hermétique. Un module dispose d?un
évent sur la face avant (sous les bornes) afin d?éviter les montées en pression. Il est à noter que
l?empilement d?EC est séparé de chacune des faces du module, soit par un espace conséquent, soit
par des couches d?isolant électrique (plastique).
La Figure 2 présente un schéma simplifié de l?intérieur d?un module.
Figure 2: Schéma simplifié (vue en coupe) de l'intérieur d'un module
Un module pèse environ 40 kg dont 6 kg de casing métallique et environ 3,5 kg de Lim (Soit 8,75 % de
la masse du module). Ses dimensions sont données en Figure 3. A titre de comparaison, dans une
batterie Li-ion de véhicule électrique environ 1 % de la masse est associée au Lithium contenu dans les
électrodes.
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Figure 3 : Dimensions d?un module LMP IT, communiquées par Blue Solutions
Une photographie de chacune des faces d?un module est présentée en Figure 4.
Figure 4 : Photographie des 6 faces d?un module LMP IT3
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1.4.3 Protocoles et méthodes expérimentales
Les chapitres suivants sont consacrés en grande partie à des essais abusifs réalisés dans le but de
répondre à la saisine du BEA-RI. Les protocoles d?essais ont été développés en impliquant Blue Solution
et le BEA-RI lors de leurs mises au point. Blue Solution et le BEA-RI ont assisté à l?ensemble des essais
réalisés sur le site de l?Ineris à Verneuil-en-Halatte. Ces essais n?ont pas de visées réglementaires ou
d?homologation, ainsi ils ne cherchent pas à reproduire des protocoles normalisés, d?autant plus que les
normes couvrant la sécurité des modules de type LMP sont quasi inexistantes ou inadaptées aux
besoins de la campagne d?essais.
L?ensemble des mesures a cependant été réalisé en suivant les bonnes pratiques du domaine. Plus de
détail sur la métrologie, les instruments utilisés, les incertitudes de mesures sont données en Annexe 2.
Les protocoles expérimentaux et l?instrumentation mise en place est décrite dans chacune des sous-
parties.
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PARTIE 1 : Détermination des causes possibles de
l?emballement thermique d?un module stocké
Pour répondre aux questions posées, cette première vise à déterminer, en simulant différents modes
d'agression, si des modes de défaillance de modules dit à température ambiante peuvent être à l'origine
d'un emballement thermique. Elle comprend des essais d?abus mécanique afin d?évaluer les possibilités
de réaction d?un module.
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2 Choc/chute
2.1 Objectif et description du protocole d?essai
Cet essai a pour but de déterminer si une déformation mécanique d?un module stocké suite à un choc
ou une chute peut être la cause d?un emballement thermique du module.
Pour étudier cette hypothèse, le module a été soumis à un écrasement quasi-statique à une vitesse de
0,5 mm/s sur deux axes (représentés sur la Figure 5). Le module est écrasé à l?aide d?un impacteur
hémisphérique de diamètre 150 mm. L?écrasement est effectué en plusieurs étapes jusqu?à réaction,
90 % de l?épaisseur de la batterie ou que la limite sécuritaire de la presse soit atteinte (480 kN).
Figure 5 : Axes d?écrasement des modules
Des thermocouples sont disposés avant essai sur les faces extérieures du module et des fluxmètres
sont positionnés autour du module.
L?implantation des thermocouples et des fluxmètres est présentée sur la Figure 6.
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Figure 6 : Implantation des thermocouples et des fluxmètres pour les essais d'écrasement
2.2 Résultats axe Y
Le déroulé de l?essai d?écrasement sur l?axe Y est présenté en tableau 1. Les premiers effets
mesurables de l?écrasement sont une chute de tension de 3,3 V, observée après une déformation de
27 mm suivie d?une première légère élévation de température mesurée après 43 mm d?enfoncement.
Après 88 mm d?enfoncement, le casing du module s?ouvre. La tension s?annule après 100 mm
d?enfoncement, cela ne reflète pas l?absence de tension mais un arrachage des bornes sur lesquelles
est effectuée la mesure. Sur la poursuite de l?écrasement, peu d?effets sont constatés hormis des
élévations modérées de températures. Cependant, de par l?architecture du module, l?empilement d?EC
n?est pas réellement écrasé mais s?échappe par le haut, poussé par le ressort placé en bas du module.
Il est à noter que les thermocouples sont placés sur l?extérieur du casing du module et ne reflètent pas
les températures des EC.
Lors du retrait de la presse, le module chute dans le bac de rétention métallique. 34 minutes après les
premiers effets constatés (chute de tension/élévation légère de température) et 6 minutes après le
dernier abus (chute dans le bac) une élévation très importante de la température est observée.
12 secondes après ces premiers signes avant-coureurs d?emballement thermique, l?ensemble des
éléments s?enflamment et une réaction violente se produit pendant environ 3 minutes.
L?emballement thermique étant différé par rapport à l?agression, il est difficile de conclure formellement
sur l?origine de celui-ci. Plusieurs hypothèses peuvent être émises :
- La déformation a provoqué un court-circuit interne. Les deux premiers signes d?un tel défaut
pourraient être la première chute de tension après 27 mm d?enfoncement ou le premier
échauffement après 43 mm d?enfoncement ;
- L?ouverture du module après 88 mm d?enfoncement a laissé rentrer de l?air qui a réagi avec le
lithium métal et provoqué une réaction exothermique ;
- Lors de la chute de l?empilement d?EC, celui-ci vient au contact du bac métallique qui crée un
court-circuit inter-EC.
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Tableau 1 : Chronologie des évènements lors de l?essai d?écrasement sur l?axe Y
Temps Evènement
-7 min Début enregistrement vidéo
(11h 27 min 02 s)
-180s Début enregistrement des
données
0 s Début de l?écrasement
53 s Première chute de tension
(-3.3 V)
Enfoncement 27 mm
67-70s Chute de tension (-13 V)
Chute de la force (120?90 kN)
85 s Première légère élévation de
température (TC 2, 3, 4, 8)
Enfoncement de 43 mm
20°C sur caméra IR
150 s Maximum de force lors de
l?essai atteint (160 kN)
175 s Rupture mécanique du casing
du module. Légère fumée
visible.
Enfoncement 88 mm
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Temps Evènement
194 s Premier arrêt de l?écrasement
Enfoncement 97 mm
10 min 48 s Reprise de l?écrasement
10 min 48 s La tension s?annule
(probablement causée par
l?arrachage des bornes)
Enfoncement de 100 mm
11 min 30 s Arrêt de l?écrasement
Enfoncement de 120 mm
13 min 48 s Reprise de l?écrasement
14 min 24 s Elévation significative de
température (TC 2, 3)
26 °C sur caméra IR
15 min 06 s Arrêt de l?écrasement
Enfoncement de 160 mm
22 min 20 s Reprise de l?enfoncement
23 min Elévation significative de la
température (TC4, 7, 8)
32 °C sur caméra IR
23 min 20 s Arrêt définitif de l?écrasement
Enfoncement max 190 mm
(95 %)
25 min Recul de la presse
27 min Maximum local de température
(29°C sur TC2)
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Temps Evènement
29 min Chute de la batterie dans le bac
de rétention
31 min 30 s Arrêt de l?enregistrement des
données
31 min 40 s Début de la surveillance
(nouvelle base de temps pour
l?enregistrement des données)
32 min Elévation de température
(+40°C en 1 min)
33 min Elévation de température
(+75°C en 20 sec min)
35 min 12 s Elévation importante de la
température
35 min 24 s Réaction violente
35 min 34 s Pic de flux radiatif
(23,7 kW/m2 F2)
36 min 10 s Fin du pic d?effet thermique
(l?ensemble des flux radiatifs se
stabilise à 5 kW/m2)
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Temps Evènement
38 min 10 s Fin de la réaction violente
45 min 10 s Arrêt des flammes
Les données enregistrées durant l?essai sur l?axe Y sont présentées en Figure 7 et durant la phase de
surveillance en Figure 8 (les base de temps sont différentes). Il est important de rappeler que les
thermocouples placés sur le casing ne reflètent pas les températures de l?électrochimie (empilement
d?EC) du fait de l?éjection de ces derniers.
Les images extraites de la caméra thermique présentées en Figure 9 donnent de meilleures
informations. Durant la réaction, l?ensemble des thermocouples sont saturés révélant que les
températures ont dépassé 1200°C. Un pic de flux radiatif proche de 25 kW/m2 est enregistré à 2,5 m de
distance.
Figure 7 : Données enregistrées durant l?essai d?écrasement axe Y.
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Figure 8 : Données enregistrées durant la surveillance de l?essai d?écrasement axe Y
Les images de la caméra thermique permettent de constater une élévation progressive de la
température jusqu?à 33°C lors de l?écrasement. Une élévation assez brutale de la température (+75°C
en 20 sec) est constatée 2 min avant l?évènement. Durant la réaction, la caméra est saturée d?abord Ã
160°C puis à 660°C due aux limites de la caméra.
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Figure 9 : Captures d?écrans de la caméra infra-rouge lors de l?essai et de la surveillance de l?essai
d?écrasement axe Y.
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Les photos après essai sont présentées en Figure 10. Elles permettent de constater que le module est
complètement détruit. Des résidus, rougeâtres sont visibles. Le bac de rétention en acier (température
de fusion d?environ 1400 °C) est percé et l?état de dégradation de la caméra placée à plusieurs mètres
témoigne d?un flux thermique important et de températures extrêmement élevées. Les fluxmètres placés
à 2,5 m du module ont enregistré un pic à 25 kW/m² ce qui présuppose une émittance de flamme élevée
(supérieure à 100 kW/m²).
Figure 10 : Photographies après essai (écrasement axe Y)
2.3 Résultats axe Z
Le déroulé de l?essai d?écrasement sur l?axe Z est présenté en tableau 2. Sur cet axe, la compression a
lieu sur le même axe que le ressort placé sous le module. Les premiers centimètres d?écrasement sont
donc consacrés à l?écrasement de ce ressort. Sur cet axe, les EC sont écrasés perpendiculairement Ã
leur surface. Le premier effet mesurable de l?écrasement est une chute de tension de 3,3 V, observée
après une déformation de 34 mm. Une première légère élévation de température est mesurée après
71 mm d?enfoncement. Cette lente augmentation de température, persiste de manière quasi linéaire
jusqu?aux minutes précédant l?emballement thermique. La tension s?annule après 96 mm d?enfoncement
contrairement à l?axe Y, cette tension nulle semble refléter la mise en court-circuit de l?ensemble des
EC (pas d?arrachage des bornes à ce stade). Après 102 mm d?enfoncement, le casing du module
s?ouvre par la face avant. Sur la poursuite de l?écrasement, peu d?effets sont constatés hormis la
poursuite de l?augmentation de température et l?augmentation de l?ouverture du casing. 34 minutes
après l?arrêt de l?écrasement, les températures enregistrées par la caméra thermique deviennent
critiques (75°C) et un emballement thermique imminent est pressenti. Pour protéger la presse
hydraulique, celle-ci est reculée. 15 secondes plus tard, la température au niveau des EC dépasse
100°C (caméra IR) et après 15 nouvelles secondes, le module s?enflamme très violemment.
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L?emballement thermique étant différé par rapport à l?agression (env. 35 min), il est difficile de conclure
formellement sur l?origine de celui-ci. Plusieurs hypothèses peuvent être émises :
- La déformation a provoqué un court-circuit interne. Les deux premiers signes d?un tel défaut
pourraient être la première chute de tension après 34 mm d?enfoncement ou le premier
échauffement après 71 mm d?enfoncement ;
- L?ouverture du module après 102 mm d?enfoncement a laissé rentrer de l?air qui a réagi avec le
lithium métal et provoqué une réaction exothermique.
Tableau 2 : Chronologie des évènements lors de l?essai d?écrasement sur l?axe Z
Temps Evènement
- 5 min 49 s Début enregistrement vidéo
(15h 10 min 30 s)
-1 min 52 s Début enregistrement IR
-137s Début enregistrement des
données
0 s Début de l?écrasement
Tmax= 13°C
70 s Première chute de tension
(-3.3 V)
Enfoncement 34 mm
91 s Maximum de force (476 kN)
Enfoncement 45 mm
143 s Première élévation de
température (TC 2, 3, 7, 8)
Enfoncement de 71 mm
13°C sur caméra IR
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Temps Evènement
192 s Tension à 0V
Enfoncement 96 mm
Tmax = 14°C
205 s Rupture mécanique du casing
du module. Légère fumée
visible.
Enfoncement 102 mm
356 s Arrêt de l?enfoncement
Enfoncement max de 178 mm
Tmax= 15°C
40 min Recul de la presse
Tmax=21°C
74°C sur caméra IR
2427 s
40 min 30 s
Augmentation de température
TC 4 : +20°C en 1s
2428 s
40 min 30 s
Augmentation de température
TC 6 : +100°C en 1s
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Temps Evènement
2430 s
40 min 30 s
Réaction violente
2440 s
40 min 40s
Pic de flux radiatif
(25 - 30 kW/m2 F1)
F2 non considéré car
comportement anormal
41 min 30 s Fin du pic d?effet thermique
(l?ensemble des flux se stabilise
à 5 kW/m2)
Du métal en fusion coule et des
projections de métal en fusion
sont observées
44 min Fin de la réaction violente
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Temps Evènement
54 min Arrêt des flammes
Les données enregistrées durant l?essai sur l?axe Z sont présentées en Figure 11.
Il est important de rappeler que les thermocouples placés sur le casing, ne reflètent pas forcément les
températures de l?électrochimie (empilement d?EC). Les images extraites de la caméra thermique
présentées en Figure 12 donnent de meilleures informations. Durant la réaction, l?ensemble des
thermocouples sont saturés révélant que les températures ont dépassé 1200°C. Un pic de flux radiatif
proche de 25 à 30 kW/m2 est enregistré à 2,5 m du module. Les données enregistrées par le fluxmètre 2
ne seront pas retenues car il a un comportement anormal (chute rapide et annulation des valeurs en
cours de réaction).
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Figure 11 : Données enregistrées durant l?essai d?écrasement sur l?axe Z
Les images de la caméra thermiques permettent de constater une élévation progressive de la
température jusqu?à 33°C lors de l?écrasement. Une élévation assez brutale de la température (+75°C
en 20 sec) est constatée 2 min avant l?évènement. Durant la réaction, la caméra est saturée d?abord Ã
160°C puis à 660°C due aux limites de la caméra.
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Figure 12 : Captures d?écrans de la caméra infra-rouge lors de l?essai d?écrasement axe Z.
La Figure 13 reprend les températures maximales enregistrées par la caméra thermique au niveau des
EC. Elle permet de visualiser l?augmentation linéaire puis exponentielle de la température.
L?accélération de l?échauffement est autour de 34 min.
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Figure 13 : Température maximale enregistrée par la caméra thermique au niveau des EC.
La photo après essai est présentée en Figure 14. Elle permet de constater que le module est
complètement détruit. Des résidus rougeâtres sont visibles.
Figure 14 : Photo après essai
0
20
40
60
80
100
120
140
160
180
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 30 32 34 36 38 40 42 44
Te
m
pé
ra
tu
re
(°
C
)
Temps (min)
Temp. max caméra IR
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2.4 Discussions (extrapolation à une chute, ?)
Les écrasements quasi-statiques sur les deux axes ont démontré la possibilité de déclencher un
emballement thermique par abus mécanique. Dans le contexte d?un entrepôt de stockage, il est plus
plausible que l?abus soit dynamique (chute d?une caisse, chute d?un objet sur une caisse, coup de
fourche de chariot élévateur). Afin de proposer des ordres de grandeur des énergies nécessaires pour
créer une déformation susceptible de créer un emballement thermique, nous pouvons extrapoler les
résultats en intégrant les valeurs de force sur le déplacement :
E=? ?(?) ???
0 .
Plusieurs hypothèses sont ensuite prises :
- L?objet impactant le module a la même forme et surface que la sphère utilisée pour
l?enfoncement quasi-statique ;
- L?emballement thermique étant différé, nous conserverons l?hypothèse : un abus permettant de
constater une variation de tension ou de température est suffisant pour déclencher
l?emballement thermique.
Les deux courbes présentées en Figure 15 sont ainsi tracées. On constate que les valeurs sont
beaucoup plus grandes sur l?axe Z. Cela s?explique par la plus grande force employée et nécessaire
pour compresser le ressort.
Au final sur l?axe Z, les énergies nécessaires à provoquer une variation de tension sont de l?ordre de
600 J et de 2200 J pour observer une variation de température.
Comme indiqué en Figure 16, cela correspond à une chute d?une masse de 40 kg de 1,5 à 5 m. Dans
le cas de l?axe Z, les énergies correspondant aux premières variations de tension et de température
sont respectivement 4,7 et 18 kJ. Ces énergies ne sont pas plausibles pour la chute d?un objet de 40 kg
mais correspondent à des hauteurs de 1,5 m à 6,5 m pour une masse de 280 kg.
Figure 15 : Extrapolation des résultats d?écrasement quasi statique à des énergies
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Figure 16 : Variation de l?énergie en fonction de la hauteur de chute pour des masses de 40 et 280 kg
Il est à noter que les modules étant placés dans des caisses, celles-ci doivent influer positivement sur
la protection des modules. Inversement, un impact ou une déformation localisée serait plus pénalisant.
Dans le cas des modules testés, la détermination du point de démarrage de l?emballement thermique
est plus compliquée que pour du Li-ion car la réaction se produit avec un fort décalage par rapport Ã
l?abus.
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3 Défaut interne
Un défaut interne ne peut être écarté quelle que soit la technologie de batterie (défaut de fabrication,
d?assemblage, de conception,?) aussi il est important de quantifier les effets associés à un tel
phénomène. Le déclenchement d?un défaut interne type court-circuit étant difficile à mettre en oeuvre, il
a été sélectionné le percement au clou et la chauffe localisée comme déclencheur représentatif.
3.1 Essai clou
3.1.1 Objectif et description du protocole d?essai
Cet essai a pour but de déterminer si un défaut interne, de type court-circuit à l?intérieur d?un EC ou
inter-EC, d?un module stocké peut être la cause d?un emballement thermique du module.
Pour étudier cette hypothèse il n?existe pas de protocole défini mais un test au clou peut s?en approcher.
Les issues du test peuvent varier selon les paramètres de test choisi (matériaux du clou, vitesse de
pénétration, taille du clou, ?). Pour les essais de cette campagne, les paramètres ont été fixés comme
suit :
- Clou de 10 mm de diamètre en acier,
- Vitesse de pénétration : 1 mm/s.
La Figure 17 présente un schéma de principe de l?empilement de deux EC tel que préparé par Blue
Solutions pour les essais de percement au clou. Chaque EC est placé dans une enveloppe en polymère
multicouche souple de type « pouch cell » et les bornes de chaque EC sont accessibles. Les EC sont
ensuite connectés en série afin de reproduire la configuration à l?intérieur d?un module.
Figure 17 : Schémas de principe de l?assemblage d?EC testé lors de l?essai clou
La Figure 18 présente les images des EC assemblés dans des films polymères multicouches et des
ECs montés dans une plaque de maintien métallique en position pour subir la pénétration au clou.
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Figure 18 : Photographies de l?assemblage d?EC et du spécimen en position de test
Le percement est réalisé en plusieurs étapes reprises en Figure 19.
- La première étape consiste à percer sur une profondeur de 0,7 EC (soit 7 mm). Le défaut ainsi
simulé est un court-circuit interne à l?EC. A noter que plusieurs motifs élémentaires
(anode/séparateur/cathode) sont simultanément percés, ce qui n?est pas le cas lorsqu?un défaut
interne à l?EC apparait ;
- La seconde étape consiste à percer sur une profondeur de 1,5 EC (soit 15 mm). Le défaut ainsi
simulé est un court-circuit inter-EC. A noter qu?ici ce défaut est créé alors que le premier EC est
déjà en court-circuit depuis plusieurs minutes ce qui peut affecter les résultats ;
- La troisième étape consiste à terminer l?enfoncement pour traverser le système, soit 1,9 EC
(19 mm).
Figure 19 : Etapes du percement au clou
La Figure 20 présente la position des thermocouples lors de l?essai clou. A noter que les thermocouples
8, 9, 10 n?ont finalement pas été instrumentés pour éviter de créer des points de pression sur les EC et
d?ajouter une épaisseur inconnue lors du percement du clou. Le thermocouple 16 est placé à l?intérieur
du clou à 1,8 cm de la pointe.
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Figure 20 : position des thermocouples lors de l'essai clou
3.1.2 Résultats
La Figure 21 présente un récapitulatif des données enregistrées durant le test. Afin de faciliter la lecture
du graphique, seulement une sélection de thermocouples est représentée. Lors de l?enfoncement dans
le premier EC, aucune augmentation de température n?est observée. Environ 30 min après le premier
enfoncement, la seconde étape est démarrée (mise en court-circuit des EC) et une augmentation de
température d?environ 2°C est observée, principalement au niveau du thermocouple placé dans le clou
et au centre de la première cellule transpercée. Environ 30 min après cette seconde étape, la troisième
et dernière étape est lancée. Une augmentation de température d?environ 2°C est constatée,
particulièrement au niveau des thermocouples placés sur la seconde cellule pénétrée.
La Figure 22 détaille plus précisément l?ensemble des températures enregistrées lors de l?essai.
L?augmentation de température semble être limitée et pas à même de conduire à un emballement
thermique. Au regard des résultats d?essai d?écrasement, pour lesquels l?augmentation de température
était limitée avant un emballement soudain, il est difficile de conclure si l?EC est proche ou non d?une
zone « critique ».
Il faut aussi noter que d?autres paramètres, à commencer par la taille du clou, peuvent influer l?issue de
ce type de test. Enfin, nous tenons à souligner que les résultats présentés ici ne sont utilisables en
aucun cas pour conclure quant au comportement de batteries en fonctionnement (85°C).
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Figure 21 : Données enregistrées lors de l?essai de pénétration au clou
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Figure 22 : Enregistrements des températures ; ensemble des thermocouples
La Figure 23 présente les extraits de la vidéo enregistrée. Aucun élément notable n?est visible. De
même, les images enregistrées par la caméra IR et présentées en 24 ne montrent aucun échauffement
ou évènement notable.
Figure 23 : Extraits de la vidéo enregistrée lors de l'essai de pénétration au clou
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Figure 24 : Extrait de la vidéo IR enregistrée lors de l?essai de pénétration au clou
L?introduction d?un clou métallique de diamètre 10 mm n?a pas permis le déclenchement de
l?emballement thermique d?un EC. Il faut noter que ces résultats peuvent varier selon les paramètres
d?essais utilisés notamment la vitesse, le diamètre du clou et la position de percement. Aussi, dans les
conditions d?essais choisis, un des EC était court-circuité depuis plusieurs minutes avant qu?un court-
circuit inter-EC soit créé. Cela et la température de l?essai à laquelle la cellule n?est pas dans sa plage
de fonctionnement (85°C) peut impacter fortement l?issue de l?essai.
4 Autres hypothèses non testées
D?autres hypothèses comme le court-circuit externe ou la surdécharge n?ont pas été étudiées car jugées
peu à même de déclencher un emballement thermique sur un module à température ambiante en
condition de stockage.
Un défaut d?étanchéité au niveau du module a été évoqué mais semblerait conduire à une oxydation
lente du lithium métal sans nécessairement entrainer une réaction violente du module. La reproduction
expérimentale de ce type de défaut a semblé difficilement représentative et peu reproductible pour
qu?elle soit réalisée.
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5 Conclusions de la recherche des causes probables
Dans cette partie, plusieurs essais ont été réalisés afin de déterminer quels types d?évènements
pourraient être susceptibles de déclencher l?emballement thermique de modules en condition de
stockage.
Les écrasements quasi-statiques menés sur les deux axes ont démontré la possibilité de déclencher un
emballement thermique par abus mécanique. Sur l?un des axes, les énergies nécessaires pour
provoquer un début d?échauffement du module correspondent à une chute d?une masse de 40 kg de
5 m. Sur l?autre axe, l?énergie correspond à une chute de 6,5 m d?une masse de 280 kg. Les hypothèses
d?une chute d?objet sur la caisse, de la chute d?une caisse ou d?un coup de fourche de chariot élévateur
semblent donc des hypothèses plausibles même s?il faut noter que les modules étant placés dans des
caisses, celles-ci doivent influer positivement sur la protection des modules.
Ces essais montrent aussi que la détermination du point de démarrage de l?emballement thermique est
plus compliquée que pour du Li-ion car la réaction se produit avec un décalage temporel important par
rapport à l?abus. Signifiant que les limites d?énergie tolérables sont moins faciles à déterminer et que,
d?un point de vue accidentel, l?abus a pu avoir lieu plusieurs minutes/heures avant la réaction (ce qui
reste parfois possible mais dans une moindre mesure pour le Li-ion).
La seconde hypothèse étudiée est celle d?un défaut interne de type court-circuit entre cellules ou interne
à certaines cellules constitutives des modules. Pour tester cette hypothèse, un essai clou a été réalisé.
Il n?a pas permis le déclenchement de l?emballement thermique d?un EC. Toutefois, même si ce test
démontre une assez bonne résistance de la technologie à ce type d?abus, plusieurs facteurs pourraient
modifier l?issue du test : vitesse de pénétration, le diamètre du clou et la position de percement. Afin de
s?affranchir de ces nombreux paramètres de test, un test ne simulant non pas le défaut mais les
conséquences d?un défaut, c?est-à -dire un échauffement rapide localisé, sera proposé dans la partie
suivante.
Ces essais ont, en outre, permis de mettre en évidence la rapidité avec laquelle un module passe d?un
état paraissant stable à une réaction très violente, marquée de manière quasi instantanée par des
projections de métal en fusion.
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PARTIE 2 : Comprendre les caractéristiques de l?incendie
Cette seconde partie étudie les mécanismes de propagation de l'incendie d?un module et d?une caisse
de module LMP en tenant compte du mode de stockage utilisé dans l'entrepôt et d'évaluer le rôle du
système d'extinction automatique. Elle comprend des essais d?exposition au feu d?échantillons allant
jusqu?Ã des caisses de modules avec ou sans extinctions.
Les effets observés lors de ces réactions seront analysés pour déterminer si les modules de batteries
peuvent être à l'origine des explosions et des projections constatées lors de l'incendie.
L'efficacité des dispositifs de protection incendie communément utilisés dans le domaine de la logistique
(mur REI, dispositif de désenfumage) seront évalués en utilisant notamment des outils de modélisation.
Enfin, les analyses de gaz et de particules permettent d?évaluer la dangerosité des substances émises.
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6 Essai de chauffe localisée
6.1 Objectif
Cet essai a pour but de tester les conséquences d?un court-circuit interne. En effet, comme cela a été
détaillé dans les parties consacrées aux courts-circuits internes (inter-EC et pénétration au clou), les
reproductions expérimentales de courts circuits internes sont limitées et leur représentativité peut être
discutée. Ici, plutôt que de tenter de reproduire la cause de la défaillance, nous proposons de reproduire
ses conséquences, c?est-à -dire un échauffement important, rapide et localisé des couches internes. A
cette fin, des protocoles relativement robustes pour les batteries Li-ion ont été développés dans l?ISO
6469-2 ou dans la série 05 du R100, adoptée en GRSP en décembre 2024 ou sont en cours de
développement dans des groupes de travail à visée règlementaire (transport marchandises
dangereuses). Des détails techniques sont donnés en Annexe 3.
Ici, deux configurations seront testées, la première sur un assemblage de deux EC, emballées dans
une multicouche polymère (type pouch cell) et la seconde en module. L?assemblage d?EC est un
échantillon préparé spécialement par Blue Solutions pour les besoins de l?essai mais n?existe pas tel
quel au format commercial. Dans le cas des modules, il s?agit du plus petit niveau d?intégration existant
permettant d?être testé tel quel (possédant un casing). L?implantation du pad chauffant y est cependant
imparfaite car, comme décrit en Figure 25, un espace sépare systématiquement le casing de
l?empilement d?EC. Ces vides sont remplis de gaz inerte (azote) afin d?éviter l?oxydation des composants
et l?enveloppe ne peut donc pas être percée sans affecter les parties actives. Malgré cela, la méthode
de chauffe rapide locale a été mise en oeuvre mais un second élément chauffant plus grand et puissant
a été instrumenté dans le cas où le petit élément chauffant ne permet pas de déclencher l?emballement
thermique.
6.2 Essai sur module
6.2.1 Instrumentation et protocole d?essai
Chaque type de pad chauffant est instrumenté en double en cas de défaillance d?un pad et un isolant
thermique (plaque d?inerta) est placé au-dessus afin d?éviter la dissipation thermique. L?ensemble est
maintenu par des colliers métalliques afin d??assurer un bon contact pad/module.
L?ensemble de cette instrumentation et du positionnement est décrit en Figure 25.
Les caractéristiques du pad chauffant sont les suivantes :
- L1 et L2 :
o Taille de pad 2,5 x 2,5 cm,
o Puissance : 600 W (100 W/cm2),
o Température maximale 800°C,
- Pads chauffants : Mica 1 et 2 ,
o Taille de pad : 50 x 15 cm,
o Puissance : 3 300 W (4.4 W/cm2),
o Température maximale 600°C.
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Figure 25 : Implantation des pad chauffants
La Figure 26 et le tableau 3 détaillent le positionnement des thermocouples.
Figure 26 : Positionnement des thermocouples pour l?essai de chauffe localisée
Tableau 3 : Position des thermocouples pour l?essai de chauffe localisée
N° TC Position
1 TC pad Watlow 1
2 1 cm du pad Watlow 1
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3 TC pad Watlow 2 (backup)
4 1 cm du pad Watlow 2
5 TC pad mica 1
6 1 cm du pad mica 1
7 Pad mica 2
8 1 cm pad mica 2
9 Face avant
10 Face arrière
11 Face arrière
12 Face inférieure
13 Face inférieure
14 Face latérale
15 Face latérale tabs -
16 Face latérale tabs +
17 Ambiant
18 Event
Compte tenu des températures élevées attendues, en plus des thermocouples de type K (saturation Ã
1200 °C), un pyromètre bichromatique pyrospot a été mis en oeuvre. Celui-ci permet d?enregistrer des
températures allant de 400°C à 1600°C par mesure infrarouge en un point donné (disque de diamètre
2 cm). Lors de cet essai, le pyromètre pointait le centre de la face supérieure du module.
Le positionnement des fluxmètres est présenté en Figure 27.
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Figure 27 : Disposition des fluxmètres lors de l?essai chauffe rapide localisée sur module
La Figure 28 présente le positionnement du module avant essai.
Figure 28 : Photos du module avant essai
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6.2.2 Phase de chauffe avec les pads chauffants localisés
La Figure 29 présente les températures mesurées sur et à 1 cm des pads chauffants localisés. Après
avoir rapidement atteint les 200°C, le premier pad manque de puissance pour poursuivre l?augmentation
de température. Le second pad est alors démarré. Il atteint rapidement 350°C et plafonne à cette valeur.
Environ 1 h après le démarrage du second pad localisé, ils sont arrêtés puis redémarrés. 20 min après
le redémarrage, la décision est prise d?arrêter la chauffe avec ces pads. Avec cette méthode, hormis
les températures mesurées sur les pads, la température la plus haute atteinte sur le casing en aluminium
est de 240°C à environ 1 cm du second pad. Cette température est trop faible pour déclencher
l?emballement thermique du module.
Figure 29 : Températures mesurées par les thermocouples sur et à proximité des éléments chauffants
localisés
6.2.3 Pads chauffants mica
La Figure 30 présente les températures mesurées sur et à 1 cm des pads chauffants en mica. Un
premier allumage du pad chauffant est rapidement arrêté à cause d?une erreur de manipulation. La
température de l?élément chauffant n?aura pas dépassé 300°C.
Environ 2 min après, le pad chauffant est relancé. 420 s (7 min) après le début de la chauffe, le module
réagit. La température maximale atteinte par le pad, juste avant évènement est de 715°C. La
température enregistrée par le thermocouple « TC_prox_pad_M_2 », placé à 1 cm du pad chauffant
(en jaune sur les graphs) est particulièrement intéressante car plus représentative de ce qu?il se passe
à l?intérieur du module. A partir du début de la chauffe, celle-ci augmente de manière quasi linéaire
jusqu?à 7300 s, où un palier à environ 155°C apparait. Celui-ci dure 60 s et la température décroit ensuite
vers un second palier autour de 120°C. Ce comportement pourrait être attribué à l?absorption de
l?énergie par la fusion du Li métal (Tfusion =180°C). 80 s après, l?emballement thermique démarre.
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Figure 30 : Températures mesurées par les thermocouples sur et à proximité des éléments chauffants
en mica
La Figure 31 présente des extraits de la vidéo de l?essai et la Figure 32 ceux de la caméra IR. Les
premières fumées sont constatées 5 min 54 s avant le début de l?emballement. L?origine de ces fumées
est incertaine. Dès que le premier signe d?inflammation apparait, les effets sont immédiatement très
prononcés et la réaction de combustion s?accompagne de projections attribuées à du métal (Li) en
fusion. Ces projections ne sont pas retrouvées sur des batteries Li-ion et sont caractéristiques de
l?emballement thermique de ce type de batteries (contenant du Li-métal). Durant les 30 premières
secondes, les effets se font ressentir principalement par la face avant (cf. Figures 32 et 33). La face
opposée perce ensuite et l?ensemble du module devient rapidement entouré de flammes. 1 min après
le début de l?emballement thermique, la réaction est pleinement développée. D?importantes projections
de métal en fusion, associées à un éclatement sont parfois observées (cf. T0+ 1 min 40 s). 2 min 30
après son initiation, la réaction baisse fortement d?intensité même s?il faut encore attendre plusieurs
minutes pour constater l?arrêt des flammes.
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Figure 31 : Extraits de la vidéo de l?essai de surchauffe par pad module
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Figure 32 : Extraits de la vidéo thermique lors de l?essai de surchauffe par pad chauffant
La Figure 33 présente l?enregistrement des thermocouples. Dès que l?emballement thermique est
atteint, l?ensemble des thermocouples placés sur le module enregistrent une augmentation de
température. La face latérale (TC11) semble impactée plus tardivement (15 à 20 s après le début de
l?emballement).
Après environ 30 s, l?ensemble des thermocouples enregistrent des températures supérieures Ã
1200 °C et les températures ensuite enregistrées ne sont plus représentatives.
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Figure 33 : Enregistrements des températures de peau du module lors de l?essai de surchauffe
par pad. Saturation des TCK à 1200°C
Le pyromètre permet de mieux approcher les températures atteintes durant la réaction.
La Figure 34 présente l?enregistrement des températures ainsi mesurées. En tout début de réaction, les
températures enregistrées sont très bruitées et difficilement exploitables, cependant, après quelques
secondes, il permet de constater que les températures maximales atteintes oscillent entre 1500 °C et
1600 °C, voire dépassent momentanément 1600 °C (valeur limite du capteur).
Après 30 s de températures dans ces valeurs, la réaction, au point visé par le capteur, semble baisser
en intensité et retrouve des valeurs autour de 800 °C. 1 min plus tard, une nouvelle augmentation de
température culminant à 1400 °C est constatée. Elle peut être liée à la chute/fonte de la paroi du casing
découvrant l?intérieur du module où la réaction est plus chaude. 2 min après le début de la réaction, les
températures passent définitivement en dessous de 1000 °C.
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Figure 34 : Température enregistrée par le pyromètre en un point au milieu de la face supérieure
du module. Saturation de l?instrument à 1600°C
La Figure 35 présente la tension enregistrée. Une chute légère de tension est décelable 20 secondes
avant le début de l?emballement thermique. 20 secondes après le début de l?emballement thermique, la
tension chute brutalement de 40 V à 0 V, marquant vraisemblablement une déconnexion de
l?empilement d?EC des bornes du module.
Figure 35 : Tension du module lors de l?essai surchauffe par pad
La Figure 36 présente les flux thermiques rayonnés. Conformément aux autres éléments
(thermocouples et vidéo), ils permettent de constater que la réaction dure environ 2 min 20. Un pic
proche de 14 kW/m2 est enregistré par les deux fluxmètres placés symétriquement de part et d?autre de
la face avant, à 2,5 m de l?échantillon. Le fluxmètre 1 enregistre des valeurs inférieures car positionné
plus loin (3,5 m). En début de réaction, le fluxmètre 1 enregistre des valeurs encore moindres car il est
à l?opposé du côté où la réaction débute. Ces résultats sont plus largement exploités dans le chapitre 12
(Partie 2).
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Figure 36 : Valeurs de flux thermiques rayonnés enregistrés lors de l'essai surchauffe par pad module
Enfin, la Figure 37 présente les résidus après essai. De manière similaire aux autres essais ayant
conduit à une réaction, l?échantillon est entièrement détruit et des résidus brunâtres sont retrouvés.
La partie 3 de ce rapport est consacré à la caractérisation de ces résidus dans l?optique d?évaluer si les
moyens de protection utilisés en phase accidentelle (y compris dans les dernières heures d'extinction)
permettent de protéger convenablement les intervenants.
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Figure 37 : Photographie après essai
Au final, la chauffe avec un pad de grande dimension et suffisamment puissante a permis de déclencher
un emballement généralisé du module. Cette méthode, facile à mettre en oeuvre expérimentalement et
peu invasive, sera reprise comme moyen de déclenchement pour les essais de propagation (caisse)
même si elle n?est pas forcément représentative d?un court-circuit interne localisé.
En revanche, la chauffe rapide localisée n?a pas permis de déclencher d?emballement thermique.
Comme l?électrochimie (EC) est éloignée physiquement de la zone chauffée (casing alu), il est difficile
de conclure et un essai sur EC est proposé dans la partie suivante.
6.3 Essai sur EC
6.3.1 Instrumentation et protocole d?essai
Pour cet essai, l?assemblage de 2 EC en série a été équipé de 4 thermocouples tels que décrits en
Figure 38.
Figure 38 : Positionnement du pad chauffant et des thermocouples pour l?essai sur EC
Le pad est positionné au centre de la face de l?EC et recouvert d?une couche d?isolant souple. Les
caractéristiques du pad sont les suivantes :
o Taille de pad 25 x 25 x 4 mm,
o Puissance : 600 W (100 W/cm2),
o Température maximale 800°C.
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Afin d?assurer un bon contact entre le pad chauffant et l?EC ainsi qu?une pression sur les EC, le système
a été placé entre deux parpaings réfractaires de type siporex de 15 kg chacun.
La Figure 39 présente le dispositif avant essai.
Figure 39 : Montage expérimental de l?essai chauffe rapide localisée sur EC
6.3.2 Résultats
La Figure 40 présente les extraits vidéos de la chauffe avec le premier pad chauffant. 33 s après le
début de la chauffe, une légère fumée est visible. 10 s plus tard, une lueur apparait sous les siporex et
de faibles flammes sont visibles l?espace de quelques secondes. Ce moment coïncide avec la perte du
pad chauffant (il n?accepte plus de courant). L?hypothèse que nous retenons est une défaillance du pad
chauffant. Lors de cette chauffe, aucune donnée n?était enregistrée suite à une erreur d?enregistrement.
Afin de poursuivre le test, le pad chauffant a été remplacé par un second pad du même type, placé au
même endroit. Cette fois, par simplicité, aucune couche d?isolant ne sera placée dessus (hormis le
siporex). L?essai est relancé dans l?heure qui suit.
Figure 40 : Extraits vidéo de la première chauffe n?ayant pas provoqué d?emballement thermique
Les données de la chauffe avec le second pad ont cette fois été enregistrées et sont présentées ci-
dessous en Figure 41. La puissance de l?élément chauffant est progressivement augmentée jusqu?Ã
300 W, ce qui permet d?obtenir une rampe de température de l?ordre de 17 °C/s au niveau du pad,
jusqu?à atteindre 796 °C. A cette température, une rupture de pente est observée et la chauffe
s?accélère, probablement portée par une réaction exothermique de l?EC. 50 s après le début de la
chauffe, le thermocouple placé sur le pad sature (1200 °C) témoignant de la réaction de l?EC.
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On note qu?il reste possible de passer du courant pendant quelques secondes dans le pad, ce qui cette
fois permet de conclure à une réaction de l?EC et non une défaillance du pad. 10 s plus tard (80 s), le
thermocouple placé à la surface de l?EC abusé enregistre une élévation rapide de température, d?abord
jusqu?à 1000 °C puis sature (1200 °C).
La réaction se diffuse sur le premier EC et, 30 s après les premiers signes de réaction, le TC3 placé Ã
15 cm du pad chauffant enregistre une élévation rapide de température, jusqu?à saturation. C?est à ce
moment que la tension du système s?annule une première fois. Il faudra 30 s de plus pour que la réaction
se propage au second EC (125 s) (TC 4 et 5).
Figure 41 : Données enregistrées lors de l?essai de chauffe externe rapide sur EC
Les extraits vidéos de l?essai présentés en Figure 42 sont en concordance avec la description faite par
l?analyse des données. On notera la présence de projections dès les premiers instants de la réaction. Il
faut environ 30 s pour que la réaction se développe et devienne intense.
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Figure 42 : Extraits vidéo de la seconde chauffe après remplacement du pad chauffant
Une chauffe rapide localisée à la surface d?un EC a donc permis de créer un emballement thermique
de l?ensemble de l?EC qui s?est ensuite propagé à l?EC en série placé dessous. En supposant que cet
essai soit représentatif de ce qu?il pourrait se passer en cas de défaut interne, il est donc possible de
conclure qu?un défaut interne ait pu causer l?emballement thermique d?un EC qui s?est ensuite propagé
au module.
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7 Comportement d?un module LMP exposé à un flux calibré
(essai feu sur module)
7.1 Objectif et description du protocole d?essai
Cette sous-partie a pour objectif de caractériser la réaction d?un module LMP lorsqu?il est en
emballement thermique. Cet essai a été réalisé le 18/10/2023.
Plusieurs paramètres importants ont été étudiés :
o La température à laquelle le module commence à réagir,
o Le flux thermique dégagé (HRR (Heat Release Rate) et THR (Total Heat Release)),
o La température maximale atteinte lors de la réaction,
o Les effets de la réaction (projection, écoulements, ?),
o La qualification des gaz et particules émises (notamment vis-à -vis des risques toxiques
et d?explosion).
Pour cela un module chargé à 100 % est soumis à un flux thermique radiatif, représentatif d?un feu
développé. Classiquement, des panneaux radiants sont utilisés pour produire le flux thermique radiatif.
La violence de la réaction attendue du module et afin de préserver l?intégrité du moyen d?essai, il a été
préféré d?adapter le protocole.
Le module a ainsi été placé au centre d?une virole en acier de 2 mm d?épaisseur, de 40 cm de diamètre
et de 80 cm de longueur, elle-même suspendue au-dessus d?un feu de propane. En ajustant la
puissance du feu de propane, la puissance thermique radiative reçue par le module a pu ainsi être
ajustée. Cet ajustement de protocole empêche une bonne mesure des flux thermiques émis mais
permet l?évaluation des autres paramètres recherchés (nb : pour l?étude des flux thermiques émis par
un module, se reporter à la partie 6 surchauffe module par pad chauffant).
Le montage expérimental est présenté en Figure 43. Le moyen d?essai est placé au centre d?une
chambre d?essai de 300 m3 dotée d?une extraction forcée de 35 000 m3/h s?effectuant verticalement Ã
7 m de hauteur. Les entrées d?air sont assurées par des ouvertures de 40 x 40 cm² réparties sur tout le
pourtour de la chambre.
Figure 43 : Photographies du moyen d?essai
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Le module est placé verticalement dans la virole au-dessus d?un lit de sable. Le feu de propane est
allumé par un opérateur au moyen d?un chalumeau. L?essai de calibration dont les résultats sont
présentés sur la Figure 44 a permis de déterminer que pour un débit de propane fixé à 25 g/s, les
températures à l?intérieur de la virole montent progressivement pendant 5 min jusqu?à 400°C environ et
le flux absorbé par l?échantillon est alors estimé à un flux compris entre 10 et 15 kW/m2 en considérant
les effets convectifs et radiatifs.
Figure 44 : Paramètres mesurés (températures, flux à l?intérieur de la virole) lors d?un essai à blanc
Le feu est maintenu jusqu?Ã ce que l?emballement thermique du module soit atteint.
La Figure 45 présente l?implantation des thermocouples.
Figure 45 : Implantation des thermocouples
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Compte tenu des températures élevées attendues, en plus des thermocouples de type K (saturation Ã
1200 °C), un pyromètre bichromatique pyrospot a été mis en oeuvre. Celui-ci permet d?enregistrer des
températures allant de 400°C à 1600°C par mesure infrarouge en un point donné (disque de diamètre
2 cm). Lors de cet essai, le pyromètre pointait le centre de la face visible du module (Cf. Figure 46).
Avec ce type de mesure, l?émissivité de la flamme n?étant pas connue (fixée arbitrairement à 0.95), la
précision de la valeur de température est de l?ordre de 10 %. A noter que pour une valeur d?émissivité
de flamme plus faible, les températures mesurées seraient plus élevées.
Malgré les difficultés posées par la virole pour mesurer le flux thermique émis, un fluxmètre a été
positionné à 3,5 m de l?échantillon et à 2 m de haut (hauteur du haut de la virole).
La Figure 46 présente le montage expérimental avant essai.
Figure 46 : Montage expérimental de l?essai flux radiatif
7.2 Résultats
7.2.1 Observations
La Figure 47 présente des extraits de la vidéo d?essai. Après allumage du bac feu, celui-ci se stabilise
rapidement (30 s). 15 min après l?allumage du bac, une première réaction est observée (projection de
gaz, de flammes et de particules incandescentes par le haut de la virole). 6 secondes après ces premiers
signes de réaction, l?intensité du feu de propane a drastiquement baissé et la réaction à l?intérieur de la
virole semble relativement faible (de légères flammes ressortent). Cette chute d?intensité est marquée
par le pic négatif au temps t0 + 15,75 min sur le graphe de débit calorifique (Figure 55). Il faut attendre
30 s pour que la réaction s?intensifie et 36 s pour que des projections importantes de Li en fusion
apparaissent. 1 min 20 après le début de réaction, la virole dans laquelle est maintenu le module se
perce en deux points au niveau de sa base. 1 min 56 après le début de réaction, la réaction semble
atteindre un pic d?intensité, coïncidant avec le pic de flux thermique rayonné mesuré par le fluxmètre et
le second pic de débit calorifique mesuré. Environ 2 min 30 s après son initiation, la réaction baisse
nettement d?intensité, il faudra ensuite attendre plusieurs minutes pour que la réaction s?arrête.
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Figure 47 : Extraits de la vidéo de l?essai flux thermique
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La Figure 48 présente des extraits de la vidéo enregistrée par caméra infrarouge. Elle permet de
constater que, quelques secondes avant la réaction, le bas de la virole a une température de 640 °C.
Dès que la réaction débute, les valeurs maximales de températures dépassent les 660 °C dans les
zones blanches et la caméra se sature. Peu d?informations sont exploitables de ces données.
Figure 48 : Captures d?écrans de la caméra infra-rouge lors de l?essai flux radiatif
Les photos après essais sont présentées en Figure 49.
Elles permettent de constater que le module est complètement détruit. Des résidus, rougeâtres sont
visibles ainsi que des flaques resolidifiées de métal fondu (probablement l?acier de la virole). La virole
en acier (Tfus env. 1400 °C) est percée et largement dégradée attestant de températures extrêmement
élevées.
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Figure 49 : Photographies du montage après l?essai de flux radiatif
7.2.2 Caractéristiques thermiques de l?incendie
La Figure 50 présente les enregistrements de température de l?ensemble des thermocouples. Le
thermocouple placé dans les flammes (env. 20 cm sous la virole) enregistre une élévation rapide de
température et oscille ensuite entre 800 et 1000 °C en fonction du contact ou non à la flamme. Les
autres températures augmentent progressivement. 15 min après l?allumage du feu et que l?échantillon
soit soumis à un flux thermique compris entre 10 et 15 kW/m2 sur toute sa surface extérieure, le module
s?emballe et les températures enregistrées dépassent alors les 1200 °C (limite haute des
thermocouples).
La Figure 51présente une sélection de thermocouples afin de permettre une meilleure visualisation des
variations de températures du module. Juste avant l?emballement thermique, les températures
maximales enregistrées sur les faces du module sont de l?ordre de 480 °C. Dès lors que la réaction du
module débute (1544 s), le feu de propane est stoppé (1550 s) et la température enregistrée par le
thermocouple dans le feu décroit. 16 secondes (1560 s) après les premiers signes de réaction, le
thermocouple positionné sur la tab (face orientée vers le haut de la virole) dépasse 1200 °C. Il faut
13 secondes de plus (1573 s) pour que des températures supérieures à 1200 °C soient enregistrées
sur l?ensemble des faces. Après cela, l?ensemble des thermocouples est saturé et les valeurs
enregistrées ne sont plus significatives.
Figure 50 : Enregistrements des températures lors de l?essai flux radiatif
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Figure 51 : Enregistrements des températures lors de l?essai flux radiatif (sélection de thermocouples)
La Figure 52 présente l?enregistrement effectué par le pyromètre. Cet enregistrement reflète la
température en un point au centre de la face supérieure (proche des bornes). Dès l?allumage du feu,
des oscillations très brèves jusqu?à 1400 °C sont enregistrées mais ne sont pas représentatives de la
température de la face (perturbation par les flammes). Dès lors que le module réagit (1544 s), la
température s?élève jusqu?à osciller entre des températures de 1100 à 1200 °C au plus fort de la
réaction. Environ 5 min après le début de la réaction, les températures retombent en dessous de 800 °C.
Il faut noter que les températures ainsi observées n?auraient pas suffi à saturer les thermocouples
positionnés sur le module tels que cela a été observé. Les hypothèses les plus probables sont que le
montage (avec la virole autour) a gêné la mesure du pyromètre et les valeurs enregistrées ne sont pas
celles du module ou le module s?est affaissé en cours d?essai et les valeurs mesurées sont celles de la
paroi de la virole.
En conclusion, nous proposons de ne pas retenir ces températures et nous préfèrerons retenir celles
qui seront enregistrées lors des autres essais, où le montage sera plus adapté.
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Figure 52 : Enregistrements de la température effectuée par le pyromètre au centre de la face
supérieure (proche des bornes)
La Figure 53 présente l?enregistrement de tension effectué lors de l?essai flux radiant. Les premières
variations de tension (environ 1 V) se font ressentir à 1542 s, soit 2 secondes avant les premières
élévations de températures violentes enregistrées. La tension s?annule environ 1 min après le début de
la réaction, ce qui atteste d?une réaction séquentielle des EC à l?intérieur du module.
Figure 53 : Enregistrements de la tension du module lors de l?essai flux radiatif.
La Figure 54 présente les flux thermiques enregistrés au cours de l?essai. Conformément aux autres
éléments (thermocouples et vidéo), ils permettent de constater que la réaction dure environ 2 min 30.
Un pic proche de 12 kW/m2 est enregistré par le fluxmètre positionné à 3,5 m de l?échantillon et à 2 m
de haut Ces résultats sont plus largement exploités dans le chapitre 12.
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Figure 54 : Enregistrements des flux thermiques
Pour compléter cette mesure, et comme une analyse de gaz a été réalisée lors de cet essai, des valeurs
de débit calorifique et de chaleur de combustion ont pu être calculées par CDG et OC. Des détails sur
ces méthodes sont donnés en Annexe 4.
La Figure 55 présente ainsi les valeurs de débit calorifique (HRR) calculées par ces méthodes. De
l?allumage du feu (T0) à la réaction du module (15 min), le débit calorifique est entièrement imputable
au feu de propane. Celui-ci est stable, entre 1 et 1,3 MW. Dès que la réaction s?amorce (15 min), le feu
de propane est stoppé. Un régime transitoire sur une période d?environ 30 s est observé durant lequel
il est difficile d?attribuer l?origine de la chaleur de combustion (feu de propane vs module). Après cela,
l?entièreté du débit calorifique est attribuée au feu du module.
La réaction augmente progressivement en intensité jusqu?à atteindre un premier pic à 1,8 MW 1 min 30
après les premiers signes de réaction.
Un second pic culminant à 2,4 MW est observé 2 min 10 après le début de réaction. En intégrant ces
données, il est possible de calculer l?énergie totale dégagée.
La Figure 56 présente cela. Les valeurs ainsi calculées sont comprises entre 178 MJ et 198 MJ selon
la méthode choisie (respectivement CDG et OC).
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Figure 55 : Débit calorifique (HRR) calculé par CDG et OC lors de l?essai flux radiatif
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Figure 56 : Chaleur de combustion calculée par CDG et OC lors de l?essai flux radiatif
7.2.3 Estimation de l?émittance de flamme
L?émittance de flamme peut être estimée au moyen du modèle de la flamme solide en postulant que le
flux reçu par le fluxmètre suit la formule suivante :
?? = ????0
Avec :
?? = Flux reçu par le fluxmètre (kW/m²)
? = Facteur de transmissivité atmosphérique (-)
?? = Facteur de vue entre la flamme et le fluxmètre (-)
?0 = Emittance de flamme (kW/m²)
Le facteur de vue est l?angle solide entre la flamme et le fluxmètre. Le facteur de transmissivité
atmosphérique traduit l?absorption des rayonnements par l?air présente entre la surface radiante et le
fluxmètre.
Ce modèle est appliqué au pic de puissance en prenant en compte les hypothèses suivantes :
- une flamme de 2,5 m de hauteur et de 1 m de diamètre,
- un flux rayonné mesuré au niveau du fluxmètre situé à 3 m de la flamme de 11 kW/m²,
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L?émittance maximale calculée avec cette méthode est d?environ 170 kW/m². A noter qu?il s?agit
uniquement d?une estimation basée sur des observations. Une incertitude forte repose sur la taille de la
flamme et la distance entre la flamme et le fluxmètre. Une taille de flamme plus petite conduirait à une
émittance plus élevée et inversement. Toutefois, au regard des températures mesurées et des
conséquences observées, cet ordre de grandeur d?émittance semble physiquement possible.
7.3 Synthèse
Le Tableau 4 présente une synthèse sur les caractéristiques thermiques observées pendant l?essai.
Tableau 4 : Synthèse sur les caractéristiques thermiques de l?incendie
Les résultats obtenus permettent de mettre en évidence les points suivants :
- l?emballement du module peut s?amorcer lorsque que ce dernier est soumis à un flux compris
entre 10 et 15 kW/m² pendant environ 15 min. Cela laisse supposer qu?un stockage de modules
exposé à un feu situé à quelques mètres pendant plus de 10 min est susceptible de
s?enflammer ;
- la durée de la réaction est très courte (2,5 min) ;
- l?émittance maximale de flamme issue de cet emballement est de l?ordre de 170 kW/m²,
caractéristique des feux de métaux.
8 Comportement d?une caisse de modules LMP prise dans un
incendie (essai feu sur caisse)
8.1 Objectif et description du protocole d?essai
Cette sous-partie a pour objectif de caractériser la réaction d?une caisse de modules LMP, lorsqu?elle
est soumise à un feu externe. Cet essai a été réalisé le 22/03/2024. Plusieurs paramètres importants
ont été étudiés :
o Mesure de la température de début de réaction et de la température maximale de la
réaction,
o Mesure du flux thermique dégagé (HRR et THR),
o Analyse des effets de la réaction (projection ?),
o Mesure des gaz et particules émises (traitée dans une partie dédiée).
Lors de l?essai feu, la caisse de modules chargées à 100% était positionnée au-dessus d?un lit de gravier
à travers duquel diffusait un débit contrôlé de gaz inflammable (en l?occurrence du propane). Ce
système a permis de maintenir une flamme relativement homogène englobant toute la surface de la
caisse. Le flux thermique apporté par cette agression à la caisse excède à certains endroits 100 kW/m².
L?alimentation en gaz s?est fait sous débit contrôlé et à partir de plusieurs bouteilles de stockage
disposées à l?extérieur de la chambre d?essai.
Le montage expérimental est présenté en Figure 57. Le banc d?essai est placé au centre d?une chambre
d?essai de 1000 m3 dotée d?une ventilation forcée d?environ 80 000 m3/h.
Type d'agression
Durée de
l'agression avant
emballement du
module (min)
Durée totale de la
réaction du
module (min)
Débit calorifique
maximal (kW)
Energie totale
libérée (méthode
CDG/OC) (MJ)
Températures
maximales
mesurées par les
TC (°C)
Flux radiatif
maximal reçu à 3 m
(kW/m²)
Emittance
maximale calculée
(kW/m²)
Flux thermique de
10 à 15 kW/m²
15 2.5 2400 178/198 > 1200 11 170
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Figure 57 : Montage expérimental de l?essai feu caisse
La caisse de 7 modules, agencés tels que schématisés en Figure 58 a été placée horizontalement sur
deux rangés de parpaing siporex, au-dessus du bac feu. Afin d?améliorer les prises de vues et le suivi
de la réaction, la partie supérieure de la caisse ainsi que sa façade ont été retirées. Le feu de propane
est allumé jusqu?à l?amorçage de l?emballement thermique.
Figure 58 : Agencement des 7 modules dans la caisse
Chaque module était équipé de deux thermocouples de type K, disposés tels que décrits sur
la Figure 59. Le positionnement des fluxmètres est détaillé sur cette même figure. La hauteur h1 est de
135 cm.
Compte tenu des températures élevées attendues, en plus des thermocouples de type K (saturation Ã
1200 °C), un pyromètre bichromatique pyrospot a été mis en oeuvre. Celui-ci a permis d?enregistrer des
températures allant de 400°C à 1600°C par mesures infrarouges sur une zone définie. Lors de cet essai,
le pyromètre pointait le centre de la face visible (proche des bornes) du module 4 sur une surface
circulaire d?environ 2 cm de diamètre.
Il est à noter que, pour cet essai, la caméra thermique utilisée permet un enregistrement des
températures jusqu?à 2000 °C et non 660°C comme celle utilisée lors d?autres essais. Comme pour le
pyromètre, avec ce type de mesure, l?émittance de la flamme n?étant pas connue (fixée arbitrairement
à 0,95), la précision de la valeur de température est de l?ordre de 10 %.
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Figure 59 : Disposition des thermocouples et des fluxmètres
8.2 Résultats
8.2.1 Observations
La Figure 60 présente des extraits vidéos enregistrés par la caméra infrarouge et permet de suivre le
déroulé de l?essai. Le feu de propane est allumé 11 min avant la première réaction visible d?un module.
Il faut noter que du fait de la ventilation forcée et des arrivées d?air pas parfaitement symétriques, le feu
de propane tire vers le module 1. Cette asymétrie du feu est assez visible sur les images -3min 52 s et
-14 s de la Figure 61. De fait, le module 1 (à gauche de la caisse) réagit en premier. Le gaz est arrêté
environ 15 s après les premiers signes de réaction. Le module 2 commence à réagir 2 min 21 s après
le module 1. L?ensemble des modules réagiront ainsi de suite, avec des effets comparables à ceux
observés lors des essais précédents (projection de métal en fusion, flammes, etc.). Le temps de
propagation moyen entre deux modules est de 1 min 30 s tandis que le temps le plus court est de 34 s
(module 2 à 3) et le plus long 2 min 21 s (module 1 à 2). Comme la réaction d?un module dure environ
2 min 30 s, le nombre de modules réagissant simultanément ne dépasse pas 2 à 3. 15 minutes après
le début de la réaction du premier module, la réaction baisse d?intensité, des flammes restent cependant
visibles et les températures sur l?amas de résidus est proche de 1500 °C pendant plusieurs minutes.
Une flaque de résidus en fusion reste visible au sol de la chambre d?essai. La température de cette
flaque reste au-dessus de 1000 °C plusieurs minutes (3 à 5 min) et dépasse ponctuellement 1200 °C.
A noter que la dynamique de propagation du feu dans cette configuration est plus rapide que celle que
l?on observerait en l?absence de feu de propane car ce dernier a contribué dans un premier temps Ã
fragiliser et à chauffer tous les modules. Les temps de propagation observés ici (entre 34 s et 2 min
21 s) sont donc raccourcis par l?agression initiale du feu de propane.
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Figure 60 : Captures d?écran de la caméra infrarouge lors de l?essai feu caisse
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Figure 61 : Captures d?écran de la vidéo lors de l?essai feu caisse
Les photos après essai sont présentées en figure 62.
De manière similaire aux autres essais, elles permettent de constater que la caisse de modules est
complètement détruite. Des résidus rougeâtres sont visibles ainsi que des flaques resolidifiées au
niveau du sol.
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Figure 62 : Photos prises après l?essai feu caisse
8.2.2 Caractéristiques thermiques de l?incendie
La Figure 63 présente les données enregistrées lors de l?essai. Le TC bac feu permet de constater
l?allumage du feu de propane dès lors que des valeurs autour de 900 °C sont enregistrées. Dès que le
feu est éteint (11 min 15 s après allumage), les températures enregistrées par ce thermocouple
décroissent. La réaction du premier module est marquée par l?augmentation très rapide des
thermocouples « M1_TC1 » et « M1_TC2 », dépassant 1200 °C. Dès lors, l?ensemble des
thermocouples enregistrent des augmentations brutales et au-delà de 1200 °C, dans un ordre ne
correspondant pas à la séquence de propagation observée par caméra infrarouge.
L?ensemble des enregistrements en température est présenté en Figure 64 mais ne sera pas exploité
du fait des pertes d?information répétées. En revanche, le pyromètre a pu enregistrer des températures
tout au long de l?essai. Durant la phase de feu de propane, le signal est très bruité et ne sera pas
exploité.
Dans les premiers moments de la réaction, dès lors que le feu de propane est coupé, le pyromètre
enregistre des températures inférieures à 400 °C. Il faut attendre 3 minutes pour que les températures
enregistrées dépassent les 400°C sur un signal très bruité. 5 min 25 s après le début de la réaction, le
pyromètre enregistre des températures comprises entre 1200 et 1400°C pendant environ 3 minutes.
Cette temporalité coïncide avec ce qui a été observé sur la caméra thermique (réaction du module 4).
Enfin, les tensions enregistrées sont perdues quelques minutes après l?allumage du feu de propane et
ne sont donc pas exploitables.
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Figure 63 : Données enregistrées lors de l'essai feu caisse
Figure 64 : Enregistrements de températures lors de l?essai feu caisse
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En plus des thermocouples et du pyromètre, la caméra thermique permet de collecter des informations
sur les températures de surface.
La Figure 65 présente ainsi la température maximale enregistrée par la caméra thermique en fonction
du temps. Dès que la réaction des modules a démarré, la température passe en moins de 20 s de
1000 °C (température du feu de propane) à plus de 1300 °C. Tout au long de la réaction, la température
oscille entre 1300 et 1615 °C. Cette température est 200 °C plus élevée que la température enregistrée
par le pyromètre car la zone concernée (1 pixel soit 0.25 cm²) est plus localisée que la surface moyenne
sur laquelle le pyromètre travaille. En confrontant ces deux mesures, il est possible de conclure que la
réaction produit des températures de l?ordre de 1400 °C et qui peuvent atteindre très localement
1600 °C.
Figure 65 : Température maximale (sur un pixel) enregistrée par la caméra thermique
La Figure 66 propose une extraction des températures moyennes (caméra IR) de chacune des faces
des modules. De manière générale, la température moyenne sur la face au cours de la réaction est de
1200-1300 °C. Cette extraction permet d?estimer les temps de réaction de chaque module, et de
visualiser la dynamique de la propagation d?emballement thermique.
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Figure 66 : Extraction des températures moyennes (caméra IR) de chacune des faces des modules
La Figure 67 présente les flux thermiques enregistrés au cours de l?essai. Conformément aux autres
éléments (vidéo infra-rouge), ils permettent de constater que la réaction globale dure environ 12 min.
Un pic proche de 22 kW/m2 est enregistré par le fluxmètre 4 positionné à 3,5 m de l?échantillon et à 2 m
de haut. De manière générale, ce fluxmètre enregistre des valeurs de flux supérieures aux autres
fluxmètres du fait de son positionnement dans le sens du flux créé par la ventilation forcée orientant les
flammes du côté de ce fluxmètre. En fin de réaction, lorsque les modules qui réagissent sont situés Ã
l?opposé, cet écart se réduit. Chacun des pics de cette figure correspond au pic d?intensité d?un module
et est cohérent avec les autres analyses effectuées. Ces résultats sont plus largement exploités dans
la partie 12.
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Figure 67 : Flux radiatifs enregistrés par les fluxmètres lors de l?essai feu caisse.
Pour compléter cette mesure, et comme une analyse de gaz a été réalisée lors de cet essai, des valeurs
de débit calorifique et de chaleur de combustion ont pu être calculées par CDG et OC. Des détails sur
ces méthodes sont donnés en annexe 4. Les deux courbes sont présentées mais nous préfèrerons
utiliser les résultats du calcul d?OC pour l?exploitation (moins sujet aux variations de coefficients selon
le combustible).
La Figure 68 présente ainsi les valeurs de débit calorifique (HRR) calculés par ces méthodes. De
l?allumage du feu (T0) à la réaction du module (15 min), le débit calorifique est entièrement imputable
au feu de propane. Celui-ci est stable à environ 1,5 MW.
Dès que la réaction est observée (12 min), le feu de propane est arrêté. Un régime transitoire d?environ
30 s est observé durant lequel il est difficile d?attribuer l?origine de la chaleur de combustion (feu de
propane vs module).
Après cela, l?entièreté de la chaleur de combustion est attribuée au feu des modules. La réaction
augmente progressivement en intensité jusqu?à atteindre un premier pic à 4 MW 2 min 30 s après les
premiers signes de réaction et correspondant à la réaction simultanée des deux premiers modules. Des
pics s?enchaînent ensuite en fonction de la réaction des modules. Le maximum d?intensité est calculé
environ 10 min après le début de la réaction et correspond à la réaction quasi simultanée des modules
6 et 7. Ce pic atteint 5,5 MW.
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En intégrant ces données, il est possible de calculer la chaleur de combustion correspondante. Les
valeurs ainsi calculées sont respectivement 1872 MJ et 2143 MJ selon la méthode choisie, soit une
chaleur de combustion d?environ 10,2 MJ/kg, en utilisant la perte de masse mesurée (fig. 69). On
rappelle que le PCI du bois est de 18 MJ/kg. Le pouvoir calorifique de la caisse en bois/carton n?est pas
pris en compte dans ce calcul car elle a en partie brulé lors de la phase avant l?emballement du premier
module. Ces résultats sont plus largement exploités dans la partie 12.
Figure 68 : Débit calorifique et chaleur de combustion calculés lors de l?essai de feu sur caisse
La Figure 69 présente la perte de masse au cours de l?essai. La perte totale de masse mesurée est de
185 kg soit 2/3 de la masse initiale de l?échantillon. La perte de masse observée pendant les
14 premières minutes est due à l?évaporation de l?humidité présente dans les graviers et le sable
disposés au sol et à la combustion partielle de la caisse en carton/bois. La dérivation de cette courbe
permet d?obtenir le débit massique qui culmine à 280 g/s 5 min après le début de la réaction. La vitesse
de combustion surfacique maximale atteint donc 280 g/m²/s et la vitesse moyenne atteint 185 g/m²/s
pendant la durée de réaction des modules (de la 15ième à la 25ième minute). A titre de comparaison, la
vitesse de combustion de 2 m² d?heptane (composant de l?essence) atteint 60 g/m²/s.
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Figure 69 : Perte de masse et débit massique lors de l?essai feu caisse.
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8.2.3 Estimation de l?émittance de flamme
Le modèle présenté au paragraphe 7.2.3 est appliqué au pic de puissance en prenant en compte les
hypothèses suivantes :
- une flamme de 1,5 à 2 m de hauteur et de 1 m de diamètre,
- un flux maximal mesuré au niveau du fluxmètre F1 situé à 3 m de la flamme de 10 kW/m² (le
fluxmètre 4 mesure 22 kW/m² mais l?interprétation de ces résultats est plus difficile car la flamme
penche vers ce fluxmètre).
L?émittance maximale calculée avec cette méthode varie entre 165 et 200 kW/m². A noter qu?il s?agit
uniquement d?une estimation basée sur des observations à un instant t. Une incertitude forte repose sur
la taille de la flamme et la distance entre la flamme et le fluxmètre.
8.3 Synthèse
Le Tableau 5 présente une synthèse sur les caractéristiques thermiques observées pendant l?essai.
Tableau 5 : Synthèse sur les caractéristiques thermiques de l?incendie
A moyenne échelle, des émittances de flamme élevée ont pu être mesurées dont le maximum a pu être
évalué entre 165 et 200 kW/m².
Par ailleurs, les températures observées sont caractéristiques des feux de métaux. L?énergie libérée est
environ 10 fois plus élevée que celle mesurée lors de l?essai sur un module. L?énergie libérée lors de
cet essai par module est donc plus important. Cela peut s?expliquer par le type d?agression plus intense
pour cet essai, un effet d?échelle ou encore la présence de matériaux additionnels (palette, ?).
Date de l'essai
Nombre de
modules testés
Type d'agression
Durée de
l'agression avant
emballement du
premier module
(min)
Débit
calorifique
maximal (kW)
Energie totale
libérée
(modules seuls)
(méthode
CDG/OC) (MJ)
Chaleur de
combustion
(modules seuls)
(MJ/kg)
Durée de
réaction des
modules (min)
22/03/2024 7
feu englobant >
100 kW/m²
11 5500 1872/2143 10.2 10
Perte en masse
(%)
Vitesse de
combustion
maximale
(g/m²/s)
Vitesse de
combustion
moyenne
(g/m²/s)
Température
maximale
mesurées par
les TC (°C)
Température
maximale
mesurée par la
caméra
thermique (°C)
Températur
moyenne
mesurée par la
caméra
thermique (°C)
Flux radiatif
maximal reçu à 3
m (kW/m²)
Emittance
maximale
calculée
(kW/m²)
66 280 185 > 1200 1615 1400 10 165-200
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9 Propagation de l?emballement thermique d?un module au sein
d?une caisse (essai de propagation sur caisse)
9.1 Objectif et description du protocole d?essai
Cette sous-partie a pour objectif de caractériser la possibilité de propagation au sein d?une caisse et
entre caisses en cas de réaction d?un module au sein d?une caisse. Cet essai a été réalisé le 07/03/2024.
Plusieurs paramètres importants seront étudiés :
o Analyse de la propagation aux modules et caisses voisines en condition de stockage,
o Mesure du flux thermique dégagé (HRR et THR),
o Analyse des effets de la réaction (projection ?),
o Conclusion sur la possibilité de propagation de l?emballement thermique d?un seul
module au reste de la caisse, voir au reste de l?entrepôt.
Lors de l?essai propagation, deux caisses de modules chargées à 100 % ont été positionnées l?une sur
l?autre. Chacune des caisses contenait trois modules devant être chargées à 100 % et 4 boitiers de
modules vides utilisés pour reproduire l?encombrement dans une caisse sans augmenter la charge
calorifique (pour assurer la sécurité du moyen d?essai). La disposition des modules et des caisses est
présentée en Figure 70.
Figure 70 : Disposition des modules dans les caisses.
Le module central de la caisse du bas (C1M3) était équipé d?un pad chauffant ayant les caractéristiques
suivantes :
o Taille de pad : 50 x 15 cm,
o Puissance : 3 300 W (4,4 W/cm2),
o Température maximale 600°C.
L?assemblage était placé au centre d?une chambre d?essai de 1000 m3 dotée d?une ventilation forcée
de 80 000 m3/h.
Le montage expérimental est présenté en Figure 71.
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Figure 71 : Montage expérimental de l?essai propagation caisse
Chaque module est équipé de thermocouples de type K, disposés tels que décrits sur la Figure 72.
Le positionnement des fluxmètres est détaillé sur cette même figure (h1 =1,35 m).
Figure 72 : Positionnement des thermocouples et des fluxmètres lors de l?essai propagation caisse
Il est à noter que, pour cet essai, la caméra thermique utilisée permet un enregistrement des
températures jusqu?à 2000 °C et non 660 °C comme pour d?autres essais. Elle a été cependant placée
derrière un écran de protection, ce qui affecte les valeurs de températures mesurées et qui ne pourront
pas être prises en compte. Cet écran a été utilisé seulement pour cet essai.
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9.2 Résultats
9.2.1 Observations
La Figure 73 présente des extraits vidéos enregistrés par la caméra infrarouge et permet de suivre le
déroulé de l?essai. Le pad chauffant est allumé 640 s avant la première réaction visible d?un module.
Aucune évolution n?est visible durant ce laps de temps car l?échauffement est masqué par la présence
des caisses.
Dès les premiers instants de la réaction, des projections sont visibles. Le pad chauffant est
immédiatement arrêté et la réaction s?intensifie rapidement.
1 min après les premiers signes de réaction, la réaction est particulièrement intense. Les images des
caméras présentées en Figure 74 permettent de mieux se rendre compte de l?intensité des flammes.
Les modules étant placés à l?intérieur de caisses, il est difficile de suivre la propagation de la réaction.
A environ 3 min, une accalmie de la réaction perceptible sur les enregistrements IR et HD est visible. A
cet instant, la partie gauche de la façade de la caisse supérieure est tombée et permet de constater que
les modules de la caisse supérieure n?ont pour l?instant pas réagi.
Le premier module de la caisse du haut commence à réagir à 3 min 30 sec et les modules suivants
commenceront à réagir respectivement 1 min et 2 min 30 sec plus tard. La phase violente de la réaction
se termine environ 9 min après le début de réaction mais une réaction lente, correspondant à la
combustion des résidus, des casings de modules vides et des caisses en bois se poursuit pendant
plusieurs dizaines de minutes.
Les effets sont comparables à ceux observés lors des essais précédents (projection de métal en fusion,
flammes, etc.), une flaque de résidus en fusion est visible sur le sol de la cellule d?essai.
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Figure 73 : Captures d?écran de la vidéo infrarouge lors de l?essai propagation caisse.
Attention, ne pas tenir compte des températures relevées (effet écran de la protection)
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Figure 74 : Captures d?écran des caméras lors de l?essai de propagation caisse
Les photos après essai sont présentées en Figure 75.
De manière similaire aux autres essais, elles permettent de constater que la caisse de module est
complètement détruite. Des résidus rougeâtres sont visibles ainsi que des flaques resolidifiées au
niveau du sol.
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Figure 75 : Photos après l?essai de propagation caisse
9.2.2 Caractéristiques thermiques de l?incendie
La Figure 76 présente les données enregistrées lors de l?essai. Le pad chauffant est allumé 11 min
avant que les premiers effets soient observables. Alors que le thermocouple placé sur le pad chauffant
enregistre 354°C et que le thermocouple placé à 1 cm du pad (sur le casing du module), censé être
plus représentatif de la température interne, atteint 164°C, la réaction débute (788 s).
A cet instant, les modules adjacents enregistrent une température maximale de 32°C et l?ensemble des
autres modules ont une température de peau à 10°C (température ambiante). Le pad est
immédiatement éteint. Une augmentation progressive de la température est enregistrée par les
thermocouples placés sur le module 3 pendant 25 s. Alors que le thermocouple placé sur le pad
enregistre 660°C une augmentation brutale de la température est enregistrée (817 s), en quelques
secondes l?ensemble des thermocouples placés sur le module 3 sont saturés (1200 °C). 3 secondes
plus tard, l?ensemble des thermocouples de la caisse du bas sont saturés. Dans la caisse du haut, une
augmentation progressive de température se fait ressentir après une minute de réaction (850 s) et des
valeurs aberrantes seront affichées 30 secondes plus tard. Il est très probable que la réaction de la
caisse du bas ait affectée l?intégrité des thermocouples, sans que l?on puisse conclure sur les
températures de la caisse du haut à partir de cet instant. Dès lors, les mesures de températures ne sont
plus exploitables.
La tension du module 3 varie de quelques volts 2 à 3 secondes avant les premiers signes de réaction.
Elle décroit ensuite et s?annule 20 secondes plus tard (807 s). Les tensions des modules adjacents
s?annulent respectivement 7 et 8 secondes plus tard. Dans la caisse 2, les tensions s?annulent
brutalement environ 40 secondes après les premiers signes de réaction, ce qui correspond Ã
l?intensification de la réaction.
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Figure 76 : Données enregistrées lors de l?essai propagation caisse
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Le flux thermique à 3,5 m prend des valeurs conséquentes (> 5 kW/m2) environ 40 s après le début de
la réaction.
La Figure 77 présente les enregistrements réalisés par les 4 fluxmètres lors de l?essai. Le fluxmètre 3
enregistre les valeurs de flux les plus élevées, ce qui est cohérent avec les observations de la vidéo
(Figure 74) dans laquelle on constate que les flammes ont tendance à sortir vers l?avant de la caisse,
où est positionné le fluxmètre 3. Un pic à 18 kW/m2 est ainsi enregistré par le fluxmètre 3, 1 min 10 s
après les premiers signes de réaction (860 s). Un pic d?intensité plus faible (14 kW/m2) est enregistré
1 min plus tard. S?en suit une accalmie de la réaction marquant la fin de la réaction de la première caisse
(caisse du bas). 4 min 20 sec après les premiers signes de réaction, la réaction se réintensifie, signalant
le début de la réaction de la caisse du haut. Cette réaction est marquée par 3 pics correspondant à la
réaction des 3 modules. Environ 9 min après le début de réaction, les flux repassent sous les 6 kW/m2
marquant la fin de la phase intense de réaction. Il faudra environ 30 min pour que le flux 3 repasse en
dessous de 1 kW/m2.
Figure 77 : Flux thermiques enregistrés lors de l?essai de propagation sur caisse
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La même dynamique de réaction est observée sur le débit calorifique calculé avec les méthodes
calorimétriques OC et CDG détaillées en Annexe 4 et présentées en Figure 78. Les deux courbes sont
présentées mais nous préfèrerons utiliser les résultats du calcul d?OC pour l?exploitation (moins sujet
aux variations de coefficients selon le combustible). La valeur maximale de HRR calculée est de 9 MW.
A l?issue de la réaction violente, un débit calorifique entre 500 et 1000 kW est enregistré pendant
plusieurs dizaines de minutes.
En intégrant ces données, il est possible de calculer la chaleur de combustion correspondante. Les
valeurs ainsi calculées sont respectivement 1759 MJ et 2086 MJ selon la méthode choisie, soit environ
12 MJ/kg (en utilisant la perte de masse mesurée (fig. 79)). On rappelle que la chaleur de combustion
du bois est de 18 MJ/kg. Le pouvoir calorifique de la caisse en bois/carton n?est pas pris en compte
dans ce calcul car la combustion du bois, plus lente aura lieu majoritairement après 10 min. Au total
(après 90 min), ce pouvoir calorifique spécifique est de 13 MJ/kg, en prenant en compte les matières
cellulosiques brulées. Ces résultats sont plus largement exploités dans la partie 12.
Figure 78 : Débit calorifique et chaleur de combustion calculés lors de l?essai de propagation caisse
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La Figure 79 présente enfin la perte de masse au cours de l?essai. La tare de la balance n?a pas été
effectuée avant la mise en place de l?échantillon, et le poids initial n?est donc pas exploitable. La perte
de masse à la fin de la réaction violente est de 146 kg, ce qui correspond comme lors de l?essai feu Ã
environ 2/3 de la masse des modules. La perte totale de masse mesurée est de 219 kg. La dérivation
de cette courbe permet d?obtenir le débit massique qui culmine à 450 g/s 90 sec après le début de la
réaction. La vitesse de combustion surfacique maximale atteint donc 450 g/m²/s et la vitesse moyenne
pendant les 9 premières minutes pendant lesquelles les modules réagissent atteint 250 g/m²/s.
Figure 79 : Evolution de la masse au cours de l?essai
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9.2.3 Estimation de l?émittance de flamme
Le modèle présenté au paragraphe 7.2.3 est appliqué au pic de puissance en prenant en compte les
hypothèses suivantes :
- une flamme de 2 m de hauteur et de 2 m de diamètre au pic de puissance,
- un flux radiatif mesuré au niveau du fluxmètre situé à 3 m de la flamme de 18 kW/m².
L?émittance maximale calculée avec cette méthode est d?environ 180 kW/m².
Il est à noter qu?il s?agit uniquement d?une estimation basée sur des observations. Une incertitude forte
repose sur la taille de la flamme et la distance entre la flamme et le fluxmètre. Une taille de flamme plus
petite conduirait à une émittance plus élevée et inversement.
9.3 Synthèse
Le Tableau 6 présente une synthèse sur les caractéristiques thermiques observées pendant l?essai.
Tableau 6 : Synthèse sur les caractéristiques thermiques de l?incendie
Les résultats obtenus dans le cadre de cette expérimentation corroborent avec ceux obtenus lors de
l?essai de feu englobant (chapitre 8), à savoir des émittances de flammes élevées, une durée d?essai
très courte liée à la réaction rapide des modules, des débits calorifiques et températures très élevés.
L?ordre de grandeur d?énergie totale libérée est conservé.
Date du test
Nombre de
modules testés
Type d'agression
Durée de
l'agression avant
emballement du
premier module
(min)
Débit
calorifique
maximal (kW)
Energie totale
libérée
(modules seuls)
(méthode
CDG/OC) (MJ)
Chaleur de
combustion
(modules seuls)
(MJ/kg)
Durée de
réaction des
modules (min)
07/03/2024 6
Pad chauffant
sur un module
11 9000 1759/2086 12 9
Perte en masse
(%)
Vitesse de
combustion
maximale
(g/m²/s)
Vitesse de
combustion
moyenne
(g/m²/s)
Température
maximale
mesurée par les
TC (°C)
Température
maximale
mesurée par la
caméra
thermique (°C)
Température
moyenne
mesurée par la
caméra
thermique (°C)
Flux radiatif
maximal reçu à 3
m (kW/m²)
Emittance
maximale
calculée
(kW/m²)
66 450 250 > 1200 Non mesuré Non mesuré 18 180
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10 Influence du sprinklage sur l?incendie
Cette sous-partie a pour objectif d?évaluer l?efficacité de l?extinction à eau sur des feux de batteries LMP.
Ce moyen d?extinction équipait l?entrepôt de stockage de Grand-Couronne, et a montré une efficacité
relativement modérée. Divers documents de la littérature, y compris émis par l?Ineris, questionne
l?efficacité que pourrait avoir de l?eau sur un feu impliquant en partie du Li métallique, hydro réactif,
conduisant parfois à déconseiller son usage sur des feux de batteries types LMP. Afin d?apporter des
éléments de réponse à ces questions, les essais de propagation dans la caisse et de feu englobant
autour d?une caisse ont été reproduits en déclenchant le sprinklage en cours de réaction dans l?objectif
d?évaluer son effet sur :
o Le flux thermique dégagé (HRR et THR),
o Les effets de la réaction (projection, ?),
o La propagation de l?emballement thermique d?un module isolé,
o Les émissions de gaz (traité au chapitre 11).
Les protocoles expérimentaux sont identiques à ceux des essais décrits aux paragraphes 8.1 et 9.1.
Les seules différences notables sont :
- Pour l?essai propagation caisse + sprinklage :
o La face avant de la caisse a été retirée pour permettre une meilleure visibilité,
o La caméra infrarouge n?a pas été placée derrière un écran de protection en revanche
les mesures de températures durant le sprinklage peuvent être affectées par la
présence de gouttelettes d?eau entre le feu et l?objectif de la caméra,
o Des gaines de protections thermiques ont été ajoutées sur les thermocouples et fils de
mesure de tension,
o Le nombre de thermocouples a été réduit. L?implantation est donnée en Figure 80.
Figure 80 : Implantation des thermocouples pour l?essai propagation caisse avec sprinklage
- Pour l?essai feu caisse + sprinklage :
o La face supérieure de la caisse a été conservée pour permettre d?être représentative
par rapport à l?influence que cela pourrait avoir sur le sprinklage.
Les modules sont chargés à 100 %.
Les photos des montages avant essai sont présentées en Figure 81.
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Figure 81 : Photos des montages « propagation caisse » et « feu caisse » pour les essais
avec sprinklage.
Pour ces essais, un système de sprinklage a été mis en oeuvre. En l?absence de données disponibles
par ailleurs sur l?extinction à l?eau de ce type d?incendie, les conditions de sprinklage ont été choisies
en accord avec Blue Solutions. Les conditions de sprinklage de l?entrepôt1 ont servi de base de réflexion
et adaptées dans la mesure où les essais de cette campagne ont lieu sur des caisses isolées et non
"protégée" par des racks ou d'autres caisses au-dessus, conduisant à une densité de 7 modules/m².
Ainsi, nous avons adapté le débit en divisant par 3 le débit surfacique de référence, soit 30 l/m²/min.
4 têtes ont ainsi été disposées pour couvrir 9 m² de la chambre d'essai conduisant à un débit total dans
la chambre d'essai d'environ 300 l/min. Les limites du montage expérimental (pompes, ?) ont conduit
à ajuster ce débit à 400 l/min. Aussi, le déclenchement du sprinklage est ici démarré sur la base d?un
temps à partir de la première réaction (1 min 45s et 3 min 10 s) contrairement à l?entrepôt où le
déclenchement est fait sur éclatement des têtes.
Des représentations schématiques ainsi que des photos de ce système d?extinction sont représentées
sur la Figure 82.
1 A titre de comparaison dans l?entrepôt de Grand-Couronne, la protection incendie était composée de têtes de
sprinklers k14 (en unité impériale, correspondant à k202 en unité S.I) alimentées par une pression de 5,2 bars,
correspondant à un débit surfacique de 102 l/m²/min pour une densité de modules estimée à 20 modules/m².
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Figure 82 : Schémas et photo du dispositif d?extinction
10.1 Influence du sprinklage : essai de propagation caisse
10.1.1 .Observations
Cet essai a été réalisé le 04/04/2024. Les Figures 83 et 84 présentent des extraits vidéos enregistrés
par les caméras classiques et la caméra infrarouge. Cela permet de suivre le déroulé de l?essai. Le pad
chauffant est allumé 587 s avant la première réaction visible d?un module.
Hormis la présence de légères fumées, aucune évolution n?est visible durant ce laps de temps. Dès les
premiers instants de la réaction, des projections sont visibles. Le pad chauffant est immédiatement
arrêté et la réaction s?intensifie rapidement, conformément au premier essai de ce type réalisé.
Environ 1 min 45 s après les premiers signes de réaction, le sprinklage est déclenché à un débit de
400 l/min. La chambre d?essai se remplit rapidement de vapeur d?eau et empêche une bonne
visualisation de la réaction par la caméra. La Caméra IR permet cependant de continuer le suivi.
Deux minutes après le début du sprinklage, la caméra IR permet de visualiser qu?aucun des modules
de la caisse du haut n?a réagi. Cette réaction aura finalement lieu 6 min 15 s après le début du sprinklage
et environ 8 min après les premiers signes de réaction. C?est un gain de plus de 4 min 30 s comparé au
premier essai de ce type (le premier module de la caisse du haut avait commencé à réagir à 3 min 30
s après la réaction du premier module). La caisse du haut finit de réagir environ 13 min après le début
de réaction du premier module et le sprinklage est arrêté 18 min après son déclenchement (cuves de
rétention pleines).
A l?issue de l?essai, l?ensemble des modules « réels » ont complètement réagi (de manière similaire Ã
l?essai sans extinction) mais certains des casings vides placés sur le côté gauche des caisses semblent
avoir subi un impact thermique limité, ce qui indique un impact positif du sprinklage.
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Figure 83 : Extraits de l?enregistrement vidéo lors de l?essai propagation caisse + sprinklage
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Figure 84 : Extraits de l?enregistrement de la caméra IR lors de l?essai propagation caisse + sprinklage
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10.1.2 Caractéristiques thermiques de l?incendie
La Figure 85 présente les données enregistrées lors de l?essai. Le pad chauffant est allumé 9 min 50 s
avant que les premiers effets ne soient observables. Alors que le thermocouple placé sur le pad
chauffant enregistre 740 °C et que le thermocouple placé à 1 cm du pad (sur le casing du module),
censé être plus représentatif de la température interne, atteint 172 °C, la réaction débute (750 s). A cet
instant, les autres modules enregistrent une température d?environ 15 °C.
Dès l?amorçage de la réaction, le pad est immédiatement éteint et en quelques secondes, l?ensemble
des thermocouples placés sur les modules de la caisse 1 sont saturés (1200 °C). Une centaine de
secondes plus tard, les thermocouples de la caisse 2 placés à proximité des modules en réaction sont
aussi saturés. Dès lors, les mesures de températures de la caisse 1 ne sont plus exploitables.
Le sprinklage est déclenché à 950 s, 1 min 40 après le début de réaction, sans que cela n?ait un effet
sur la température enregistrée par le TC C2M6, l?un des rares thermocouples de la caisse du haut
encore fonctionnels à cet instant.
Au moment du déclenchement du sprinklage, toutes les tensions sauf celles du module 4 de la caisse
2 sont nulles, qui s?annulera brutalement 10 s plus tard (perte de la mesure).
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Figure 85 : Données enregistrées (sélection) lors de l?essai propagation caisse + sprinklage
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La Figure 86 présente les températures enregistrées par le thermocouple placé au niveau du dispositif
d?extinction (au-dessus des caisses, dans l?air à 6 m de hauteur) et au niveau du bac feu. Le premier
permet de constater que le sprinklage est déclenché alors qu?il enregistre une température de 120 °C,
compatible avec la valeur seuil d?un système de déclenchement classique. Au moment du
déclenchement, une élévation importante et subite de la température est enregistrée. Elle est
probablement attribuable au fait que l?arrivée d?eau froide sur la partie basse de la chambre provoque
un mouvement des masses d?air chauds vers les parties supérieures. Passée cette élévation brutale, la
température refroidit et se stabilise autour de 50°C en une centaine de secondes. Le thermocouple
placé sur le bac feu (qui n?est pas allumé lors de cet essai) permet de détecter assez clairement le début
de la réaction de la caisse 2. Celle-ci a lieu 650 s après le début de réaction de la caisse 1 qui a lieu
environ 7 min après le début de réaction (conformément aux observations faites par la caméra IR).
Figure 86 : Températures enregistrées par le thermocouple « sprinkler » (positionné à 5 m de haut) et
par le thermocouple « bac feu » (positionné à 5 cm du bac feu, sous les caisses de modules)
En plus des thermocouples, le pyromètre et la caméra thermique permettent de collecter des
informations sur les températures de surface.
La Figure 87 présente ainsi la température maximale enregistrée par ces deux instruments, en fonction
du temps. Dès que la réaction des modules a démarré, la température atteint en moins d?une minute
des valeurs supérieures à 1400 °C. Au déclenchement du sprinklage, la température maximale de la
réaction chute rapidement puis se stabilise autour de 500-600 °C.
Dès l?arrêt du sprinklage, la température maximale enregistrée par la caméra thermique remonte à des
valeurs proches de 1300 °C (au niveau des résidus en fusion). On notera que le pyromètre ne mesure
pas cette remontée en température car, suite à l?effondrement des caisses, il pointe la paroi de la
chambre d?essais.
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Figure 87 : Température maximale (sur un pixel) enregistrée par la caméra thermique (haut)
et température enregistrée par le pyromètre (bas). Les mesures de températures durant le sprinklage
peuvent être affectées par la présence de gouttelettes d?eau entre le feu et l?objectif de la caméra.
La Figure 88 présente les tensions enregistrées lors de l?essai.
La tension du module 2 (module abusé) est logiquement la première à varier et met environ 1 min Ã
s?annuler.
Les tensions des modules 1 et 3 varient dans la minute suivante montrant que ces modules sont
rapidement affectés par la réaction de leur voisin.
Pour les modules 4, 5 et 6 (caisse du haut), les variations sont ressenties 1 min 30 après le début de
réaction (chutes brutales, remontées, ?).
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Figure 88 : Enregistrements des tensions lors de l?essai propagation caisse + sprinklage
La Figure 89 présente les mesures des fluxmètres lors de cet essai. En début de réaction, un pic Ã
12 kW/m2 est observé, assez conforme à ce qui a été observé lors des essais précédents pour des
fluxmètres placés de manière similaire. A peine quelques secondes après l?allumage du sprinklage,
cette valeur est, sans surprise, divisée par 5. Il faut noter, que dans ces conditions, cette mesure est
affectée par la vapeur et les gouttelettes d?eau formant un écran entre la source et le fluxmètre. Le
sprinklage est arrêté 18 min après son allumage et les valeurs de flux radiatifs ne remonteront que très
peu (inférieures à 0.5 kW/m2), potentiellement à cause de la fin de l?écrantage des gouttes d?eau.
Figure 89 : Flux radiatifs enregistrés lors de l?essai propagation caisse + sprinklage
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Le débit Calorifique (calculé par OC), présenté en Figure 90, suit la même évolution. Un pic à 9 MW est
atteint (identique à l?essai sans sprinklage) et, dès que le sprinklage est activé, les valeurs chutent. La
chute est cependant moins marquée car ici la mesure n?est pas affectée par l?écrantage des gouttes
d?eau ce qui montre que des réactions de combustion ont lieu. Ainsi une minute après le début du
sprinklage, un pic à 6,5 MW est observé correspondant probablement à la réaction du troisième module
de la caisse du bas (profil assez similaire à l?essai sans sprinklage (Cf. Figure 78)). Le débit calorifique
conserve ensuite une tendance décroissante malgré la présence de quelques pics à 4 MW. 10 min
après le début du sprinklage, le débit calorifique remonte et stagne à 2 MW pendant 1 min. Cela
correspond probablement à la réaction de la caisse du haut, qui est semble-t-il globalement moins
violente (lors de l?essai sans sprinklage, des valeurs de HRR allant de 4 à 5 MW étaient atteintes lors
de la réaction de la caisse du haut). En ce sens, le sprinklage semble bénéfique.
Figure 90 : Débit calorifique (calculé par OC) et débit d?eau appliqué lors de l?essai propagation caisse
+ sprinklage
En intégrant ces données, il est possible de calculer la chaleur de combustion correspondante. Celle-ci
est présentée en Figure 91. Seule la courbe OC est analysée, la courbe CDG présentant des dérives
liées à l?incertitudes sur les coefficients calorimétriques. Au déclenchement du sprinklage, la valeur de
l?énergie dégagée est de 470 MJ. Celle-ci, en prenant comme référence l?essai feu sur module
(Figure 56), correspond environ à la réaction de deux à trois modules. Finalement, après extinction,
lorsque la réaction des modules est terminée, 1900 MJ auront été émis, ce qui est très similaire à la
valeur obtenue sans sprinklage (1800 MJ). Le pouvoir calorifique de la caisse en bois/carton n?est pas
pris en compte dans ce calcul car la combustion du bois, plus lente aura lieu majoritairement après. Au
total (après 90 min), l?énergie totale émise est de 2800 MJ, là aussi très similaire à l?essai sans
extinction. Il peut être déduit de ces résultats que l?extinction n?influe pas sur la chaleur totale dégagée
par la réaction. Elle influe sur le temps de libération de cette chaleur qui est prolongée. Ces valeurs ne
peuvent pas être rapportées à la masse perdue car la perte de masse est totalement faussée par
l?aspersion puis l?évaporation d?eau sur le peson.
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Figure 91 : Débit calorifique et chaleur de combustion calculés lors de l?essai de propagation
caisse + sprinklage
10.1.3 Synthèse
Le Tableau 7 présente une synthèse sur les caractéristiques thermiques observées pendant l?essai.
Tableau 7 : Synthèse sur les caractéristiques thermiques de l?incendie
L?émittance maximale n?a pas été calculée car le flux radiatif maximal reçu par le fluxmètre est mesuré
à un instant où le sprinklage est activé. Ces résultats nous montrent que le sprinklage a influé
légèrement sur la durée totale de réaction des modules (on passe de 9 min à 14 min). Il a également
permis de faire chuter les températures autour du foyer. A noter que la température reste élevée et
montre que le sprinklage n?a pas contrôlé le feu.
Nombre de
modules testés
Type d'agression
Durée de
l'agression avant
emballement du
premier module
(min)
Débit
calorifique
maximal (kW)
Energie totale
libérée
(modules seuls)
(méthode
OC/CDG) (MJ)
Chaleur de
combustion
(MJ/kg)
Durée totale de
réaction des
modules (min)
6
Pad chauffant
sur un module
9.8 min 9000 1924/2300 Non mesuré 14
Perte en masse
(%)
Vitesse de
combustion
maximale
(g/m²/s)
Températures
maximales
mesurées par
les TC (°C)
Température
maximale
mesurée par la
caméra
thermique avant
le sprinklage
(°C)
Température
moyenne
mesurée par la
caméra
thermique
pendant le
sprinklage (°C)
Flux radiatif
maximal reçu à 3
m (kW/m²)
Emittance
maximale
calculée
(kW/m²)
Non mesuré Non mesuré > 1200 1400 600 12 Non mesuré
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10.2 Influence du sprinklage sur l?incendie : essai feu englobant sur caisse
10.2.1 Observations
Cet essai a été réalisé le 16/04/2024. Le feu de la caisse est initié par un feu de propane englobant.
Les Figures 92 et 93 présentent des extraits vidéos enregistrés par les caméras classiques et la caméra
infrarouge. Cela permet de suivre le déroulé de l?essai. Le feu est allumé 10 min avant la première
réaction visible d?un module.
Dès les premiers instants de la réaction, des projections sont visibles. La réaction se propage alors au
second module (1 min 30 s) puis au troisième module (2 min 20 s), dans un tempo similaire à l?essai
feu caisse sans extinction. Le feu est arrêté 2 min 33 s après que les premiers effets aient été observés,
soit quelques secondes après le début de réaction du 3ème module.
Environ 3 min après les premiers signes de réaction, le sprinklage est déclenché à un débit de 400 l/min.
La chambre d?essai se remplit rapidement de vapeur d?eau et empêche une bonne visualisation de la
réaction par la caméra. La caméra IR permet cependant de continuer le suivi.
Une minute après le début du sprinklage, la caméra IR permet de visualiser la réaction du 4eme module.
Cette réaction sera la dernière et les modules 5, 6 et 7 ne réagiront pas. L?extinction a stoppé la
propagation horizontale au sein d?une même caisse. A l?arrêt du sprinklage, 14 min après son
déclenchement, des flammes restent visibles sur la zone impactée (combustion des résidus, du bois ?)
mais la réaction est lente. Les modules n?ayant pas réagi ne réagiront pas dans les heures suivant la
réaction (destruction des modules 18 h après essai).
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Figure 92 : Extraits de l?enregistrement de la caméra IR lors de l?essai feu caisse + sprinklage
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Figure 93 : Extraits de l?enregistrement vidéo lors de l?essai feu caisse + sprinklage
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10.2.2 Caractéristiques de l?incendie
La Figure 94 présente les données enregistrées lors de l?essai. La Figure 95 permet de mieux visualiser
les observations faites au moment de la réaction sur les tensions et les thermocouples placés sur les
modules. Le feu est allumé 10 min avant que les premiers effets soient observables et est éteint 12 min
40 s après son allumage. La réaction débute alors que le thermocouple au-dessus du module enregistre
93°C et celui en dessous 154 °C (ayant vu des pointes à 413 °C) (707 s). A cet instant, les autres
modules ont une température du dessous (TC2, plus exposés aux variations de la flamme) allant de
280 °C (M7) à 60 °C (M4) et au-dessus (TC1) autour de 100 °C. En quelques secondes, l?ensemble des
thermocouples placés sur le module 1 sont saturés (1200 °C). Un peu moins de 2 min plus tard, les
thermocouples placés sur le module 2 sont à leur tour saturés (835 s), attestant de la réaction du second
module. A 872 s, soit 2 min 45 s après le début de réaction, le module 3 réagit, indiqué par la saturation
des thermocouples positionnés dessus. Le sprinklage est déclenché à 895 s, 3 min 10 après le début
de réaction. Malgré le sprinklage, 4 min 30 après les premiers signes de réactions et 1 min 20 après le
début du sprinklage (978 s), le module 4 réagit. Les thermocouples placés sur le dessus des modules
5, 6 et 7 ne seront jamais saturés et indiquent une température maximale de 100 °C avant
déclenchement de l?extinction et autour de 90°C après déclenchement de l?extinction (pic très court Ã
105 °C), confirmant la non-réaction de ces modules.
Ces observations sont en accord avec les observations faites en analysant les films de l?essai.
Au moment de la réaction, toutes les tensions sauf celle du module 4 sont nulles, car les câbles de
mesures ont été détruits par le feu de propane. La tension du module 4 commence à décroitre à 905 s,
10 s après le début du sprinklage, marquant le début de réaction. Elle s?annule à 960 s quand la réaction
s?intensifie, en bonne corrélation avec la perte du thermocouple.
Figure 94 : Données enregistrées (sélection) lors de l?essai propagation caisse + sprinklage
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Figure 95 : Températures enregistrées par les thermocouples positionnés sous chacun des modules
lors de l?essai feu caisse + sprinklage et Tensions enregistrées.
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En plus des thermocouples, le pyromètre et la caméra thermique permettent de collecter des
informations sur les températures de surface. La Figure 96 présente ainsi la température maximale
enregistrée par ces deux instruments, en fonction du temps. Dès que la réaction des modules a
démarré, la température atteint en moins d?une minute des valeurs supérieures à 1400 °C. De manière
similaire à l?essai de propagation + sprinklage, au déclenchement du sprinklage, la température
maximale de la réaction chute rapidement puis se stabilisent autour de 500-600 °C.
Dès l?arrêt du sprinklage, la température maximale enregistrée par la caméra thermique remonte à des
valeurs proches de 900 °C (au niveau des résidus en fusion). Le pyromètre ne mesure pas les réactions
des premiers modules (il pointe le module 4) et enregistre des valeurs maximales de réaction de ce
module, qui a lieu sous extinction, autour de 900 °C. Ces valeurs sont largement inférieures à celles
atteintes lors des essais sans extinction. Après réaction du module 4, le pyromètre pointe dans le vide
et les valeurs ne sont plus représentatives.
Figure 96 : Température maximale (sur un pixel) enregistrée par la caméra thermique (haut)
et température enregistrée par le pyromètre (bas)
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La Figure 97 propose une extraction des températures moyennes (caméra IR) de chacune des faces
des modules. Les numéros des box correspondent aux numéros des modules. De manière générale, la
température moyenne sur la face au cours de la réaction est de 1200-1300 C. Cette extraction permet
d?estimer les temps de réaction de chaque module, et de visualiser la dynamique de la propagation
d?emballement thermique. A partir de l?extinction, les températures ne dépassent pas les 800°C. Sur
ces données, la réaction du module 4 est difficilement perceptible.
Figure 97 : Extraction des températures moyennes (caméra IR) de chacune des faces des modules
La Figure 98 présente les mesures des fluxmètres lors de cet essai. En début de réaction, un pic Ã
13 kW/m2 est observé, assez conforme à ce qui a été observé lors des essais précédents pour des
fluxmètres placés de manière similaire. A peine quelques secondes après l?allumage du sprinklage,
certains fluxmètres enregistrent une nette baisse des flux radiatifs (notamment par l?effet d?écran des
gouttelettes d?eaux évoqué sur l?essai précédent) mais deux fluxmètres (2 et 5) enregistrent des valeurs
croissantes et un pic à plus de 20 kW/m2.
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Ce comportement est incohérent avec les autres mesures effectuées et il est possible que les fluxmètres
n?aient pas supporté l?arrosage abondant. Nous préfèrerons ne pas prendre en compte ces mesures
pour la suite des interprétations.
Figure 98 : Flux radiatifs enregistrés lors de l?essai feu caisse + sprinklage
Le débit calorifique (calculé par la méthode calorimétrique OC) est présenté en Figure 99. Cette mesure,
reposant sur l?analyse des gaz produits de la combustion ne peut pas être biaisée par le sprinklage. Un
pic à 5 MW est atteint (identique à l?essai sans sprinklage si l?on retranche les 1.8 MW imputables au
feu de propane).
Suivant ce pic, deux chutes successives sont observables. La première d?environ 1,8 MW, imputable Ã
l?arrêt du feu de propane et la seconde d?1 MW au moment du sprinklage. La réaction du module 4 qui
a lieu après l?extinction, provoquera une remontée du HRR à 4 MW, valeur similaire aux essais sans
extinction (Figure 68). Après ce pic, les valeurs calculées chutent en quelques minutes et atteignent des
valeurs relativement faibles durant le reste de l?essai.
En intégrant ces données, il est possible de calculer l?énergie de combustion émise pendant l?essai.
Celle-ci est présentée en Figure 99. Au déclenchement du sprinklage, la valeur de l?énergie dégagée
par la combustion imputable aux batteries est de 217 MJ (500 MJ ? 283 MJ imputable au feu de
propane). Celle-ci, en prenant comme référence l?essai flux radiatif sur module (Figure 56), correspond
à la réaction d?un peu plus qu?un module. Au final, après extinction, lorsque la réaction des modules est
terminée, 1100 MJ imputables auront été émis (1342 MJ ? 283 MJ imputable au feu de propane), ce
qui correspond à environ 6 modules en prenant la même référence. Cet écart, par rapport aux quatre
modules ayant réagi s?explique car la présence des caisses en bois/carton participant à la réaction. Au
final, comme dans le cas de l?essai propagation caisse, l?extinction n?influe pas sur l?énergie totale
dégagée par la réaction. Elle influe sur le temps de libération de cette énergie qui est prolongée. Les
valeurs de chaleur de combustion en MJ/kg ne peuvent pas être évaluées car la mesure de masse est
totalement faussée par l?aspersion puis l?évaporation d?eau sur le peson.
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Figure 99 : Débit calorifique et chaleur de combustion calculés lors de l?essai de feu caisse +
sprinklage
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10.2.3 Synthèse
Le Tableau 8 présente une synthèse sur les caractéristiques thermiques observées pendant l?essai.
Tableau 8 : Synthèse sur les caractéristiques thermiques de l?incendie
L?émittance maximale n?a pas été calculée car le flux radiatif maximal reçu par le fluxmètre est mesuré
à un instant où le sprinklage est activé. Les flammes ne sont alors plus visibles à cet instant.
Le sprinklage a permis de réduire l'intensité du feu et ralentir la propagation du feu, la durée totale de
réaction des modules ayant passé de 10 min lors du feu sans sprinklage (chapitre 8) à 18 min. Les
températures du foyer ont également été atténuées par le sprinklage. Il a de plus permis de stopper la
propagation de l?incendie étant donné que dans ce cas, seulement 4 sur 7 modules ont réagi. A noter
que la température reste élevée et que le feu n?est pas contrôlé.
Nombre de
modules testés
Type d'agression
Durée de
l'agression avant
emballement du
premier module
(min)
Débit
calorifique
maximal (kW)
Energie totale
libérée
(modules seuls)
(méthode
OC/CDG) (MJ)
Chaleur de
combustion
(MJ/kg)
Durée totale de
réaction des
modules (min)
7
Feu englobant >
100 kW/m²
9.9 5000 1107 Non mesurée 18
Perte en masse
(%)
Vitesse de
combustion
maximale
(g/m²/s)
Températures
maximales
mesurées par
les TC (°C)
Températures
maximale
mesurée par la
caméra
thermique avant
le sprinklage(°C)
Températures
maximale
mesurée par la
caméra
thermique
pendant le
sprinklage(°C)
Flux radiatif
maximal reçu à 3
m (kW/m²)
Emittance
maximale
calculée
(kW/m²)
Non mesurée Non mesurée > 1200 >1400 600 18 Non mesurée
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10.3 Conclusions sur le sprinklage
Le Tableau 9 synthétise les principaux résultats obtenus lors des 5 essais feu. Les températures
moyennes pendant le sprinklage sont issues de la caméra thermique qui peut être perturbée par la
présence des gouttelettes d?eaux.
Tableau 9 : Synthèse des principaux résultats sur les 5 essais feu.
Paramètres Unité Feu sur module Feu sur caisse
Feu sur caisse avec
sprinklage
Propagation sur
caisse
Propagation sur
caisse avec
sprinklage
Chapitre de référence - 6 7 9.2 8 9.1
Date de l'essai - 18/10/2023 22/03/2024 16/04/2024 07/03/2024 04/04/2024
Nombre de modules testés - 1 7 7 6 6
Nombre de modules qui ont réagi - 1 7 4 6 6
Type d'agression -
Flux thermique de
10 à 15 kW/m²
Feu englobant >
100 kW/m²
Feu englobant >
100 kW/m²
pad chauffant sur
un module
pad chauffant sur
un module
Température d'emballement
(ordre de grandeur)
°C NM* <200 154 164 172
Durée de l'agression avant
emballement du premier module
min 15 11 9.9 11 9.8
Débit calorifique maximal kW 2400 5500 5000 9000 9000
Energie totale libérée (modules
seuls) méthode OC/CDG)
MJ 178/198 1872/2143 1107 1759/2086 1924/2300
Chaleur de combustion MJ/kg NM 10.2 NM 12 NM
Perte en masse % NM 66 NM 66 NM
Durée totale de réaction des
modules
min 2.5 10 18 9 14
Vitesse de combustion maximale g/m²/s NM 280 NM 450 NM
Vitesse de combustion moyenne g/m²/s NM 185 NM 250 NM
Températures maximales
mesurées par les TC
°C >1200 >1200 >1200 >1200 >1200
Températures maximale mesurée
par la caméra thermique
°C NM 1615 >1400 NM 1400
Températures moyenne °C NM 1400 NP NM NP
Températures moyenne pendant le
sprinklage
°C NP NP 600 NP 600
Flux radiatif maximal reçu à 3 m kW/m² 11 10 18 18 12
Emittance maximale calculée
(ordre de grandeur)
kW/m² 170 165-200 NM 180 NM
*NM: Non Mesuré
Essai
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Les résultats sont très cohérents d?un essai à l?autre. La température d?emballement du premier module
est, dans tous les cas, inférieure à 200°C. Les durées d?agression avant emballement sont d?une dizaine
de minutes pour les essais sur caisse et de 15 min pour l?essai en virole, le module ne subissant pas
directement l?action de l?agression ce qui explique le temps de chauffe supplémentaire.
Les débits calorifiques maximaux sont en accord selon le mode d?agression imposé. De l?ordre de
5000 kW pour le feu englobant correspondant à la réaction quasi-simultanée de 2 modules et de
9000 kW pour le pad chauffant correspondant à la réaction simultanée de 3 modules. Le débit calorifique
maximal mesuré pour les essais avec feu englobant est plus faible que celui mesuré pour les essais
avec pad chauffant car dans le deuxième cas, les modules sont disposés sur 2 niveaux ce qui favorise
leur emballement simultané.
L?énergie totale libérée est, dans tous les cas, en accord avec le nombre de modules brulés sachant
que pour l?essai feu sur caisse avec sprinklage, le refroidissement à l?eau a interrompu la propagation
horizontale du feu. Les chaleurs de combustion mesurées dans les cas feu sur caisse et propagation
sur caisse sans sprinklage sont en bon accord.
Les températures maximales mesurées de l?ordre de 1400-1600 °C mettent en évidence une réaction
très violente caractéristique de feux de métaux, éloignées de celles des feux d?hydrocarbures qui
culminent entre 1000 et 1200 °C. les émittances évaluées à partir des flux radiatifs maximaux mesurés
par les fluxmètres mettent en évidence également des flammes très rayonnantes, les émittances étant
supérieures encore une fois à celles des flammes de feu de nappe d?hydrocarbures (comprises entre
50 et 100 kW/m² selon l?échelle et la nature de l?hydrocarbure enflammé).
De l?essai propagation avec sprinklage sur deux caisses empilées, nous concluons que le sprinklage
semble avoir permis de ralentir la propagation entre caisses superposées sans toutefois l?empêcher. Le
sprinklage semble aussi avoir un impact positif sur la propagation horizontale au sein d?une même
caisse (ce que l?essai suivant confirmera). Cet essai ne permet pas de conclure formellement sur la
possibilité de propagation vers une caisse située au-dessous de la caisse en emballement mais les
coulées de métal en fusion restant plusieurs dizaines de minutes à plus de 1000 °C laissent penser que
le risque de propagation n?est pas à exclure. En termes de violence de la réaction, les calculs de HRR
permettent de justifier d?une puissance thermique réduite. En revanche, l?énergie totale dégagée reste
identique.
De l?essai feu avec sprinklage sur une caisse, nous concluons que le sprinklage a permis d?arrêter la
propagation au sein de la caisse. Les valeurs de HRR et d?énergie totale libérée ne semblent en
revanche pas être modifiées par rapport à un essai sans extinction.
L?extinction à eau, semble donc pouvoir être recommandée sur ce type de feu. Même s?il est clair que
cela ne permettra pas d?éteindre un module en cours de réaction, si elle intervient dans les premiers
instants, qu?elle est correctement dimensionnée et que les caisses sont disposées dans une
configuration adaptée (pas plus de deux rangées empilées par exemple), elle peut permettre de ralentir
la propagation de l?incendie mais pas forcément de le contrôler. Si elle intervient dans un délai plus long,
l?arrêt de la propagation ne peut pas être garanti par les essais réalisés mais elle sera
vraisemblablement bénéfique en ralentissant la propagation, diminuant le débit calorifique et
refroidissant les alentours. Il y a cependant des contreparties à prendre en compte : la projection de
métal en fusion ; la production de gaz toxiques et inflammable (CO, H2, ?).
Aussi, une fois la phase intense de l?incendie terminée, il faut limiter les apports d?eau car ceux-ci
contribuent à entretenir la réaction des résidus de combustion des batteries qui sont hydro réactifs et
émettent des gaz toxiques et inflammables (cf. partie 3 : tableau 16, fig. 111 et 112). Il est également
recommandé de retenir les eaux d?extinction qui sont contaminées (cf. chapitre 11).
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11 Analyse des effluents gaz, particules et eaux d?extinction
11.1 Méthodes
Pour une sélection de 3 essais (flux radiant module, feu caisse et feu caisse + sprinklage), des analyses
de gaz et/ou de particules ont été réalisées. Deux types de mesures ont été mises en oeuvre : une
analyse en continu par analyse infra-rouge à transformée de Fourier (FTIR) et analyseurs via un piquage
direct dans la gaine de ventilation et un prélèvement dans un canister (contenant initialement sous vide)
à un instant donné pour une analyse complémentaire des composés organiques volatils (COV) et des
composés soufrés.
Le schéma de principe de cette analyse de gaz et d?aérosols est présenté sur la Figure 100.
Des prélèvements de particules présentes dans les fumées émises ont également été réalisés dans la
gaine de ventilation sur filtre et directement sur des grilles en or, adaptées à l?observation par
microscopie électronique en transmission (système Mini-Particle Sampler, MPS). Deux types
d?analyses ont été réalisées : par impacteur basse pression à détection électrique ELPI+ pour le
comptage et la distribution granulométrique des particules en nombre et par Xact 625i Cooper pour
l?analyse par rayons X des éléments-traces métalliques dans les particules. Afin d?éviter la survenue de
phénomènes de condensations et une éventuelle saturation des moyens de prélèvement ou d?analyse,
un diluteur Dekati à double étage de type E-diluter Pro a été déployé en sortie du piquage dans la gaine
comme illustré sur la Figure 100 (suivant les essais, le facteur de dilution a été fixé à 25 ou 40) et en
amont des moyens de prélèvement ou d?analyse.
Figure 100 : Schéma de principe de l?analyse de gaz/particules
Pour les différents essais, les conditions de prélèvement sont sensiblement différentes et sont
récapitulées en Tableau 10.
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Tableau 10 : Conditions de prélèvement des gaz
Les limites de quantification pour l?analyse des gaz en continu ont été estimées en partant de la limite
basse de détection de l?espèce puis extrapolée en suivant les conditions d?analyses (débit, temps
d?échantillonnage, ?).
En plus de l?analyse des gaz et aérosols, une analyse des suies à proximité de la source a été mise en
oeuvre via le placement de plaques de prélèvements de vierges, en inox et en eterboard (mélange
homogène de ciment, de sable et de cellulose), placés dans la chambre avant l?essai (cf. Figure 101)
sur 3 types d?emplacements : au sol, sur les murs de la chambre et dans la gaine d?extraction. Les
prélèvements de suie ont été effectués à l?aide de lingettes ensachées imprégnées sur des surfaces
définies par des gabarits 10 x 10 cm² (conformément à la note de l?Ineris sur le choix des lingettes de
prélèvements surfaciques2). Seules les suies visibles ont été prélevées, les gros débris présents au sol
ont été évacués en renversant délicatement les plaques.
Les lingettes ont ensuite été dissoutes par acidification puis l?analyse des métaux a été réalisée en
sous-traitance au laboratoire Micropolluants Technologie SA :
? les éléments-traces métalliques par spectrométrie de masse à plasma à couplage inductif
(ICP-MS) et le brome par spectrométrie de masse en tandem avec plasma à couplage inductif
(ICP-MSMS),
? les éléments S et P par spectrométrie d?émission atomique à plasma à couplage inductif
(ICP-AES),
? les HAP chromatographie en phase liquide haute performance (HPLC) équipés d?un détecteur
UV-visible à barrettes de diodes (DAD) et d?un détecteur de fluorescence (FLD),
? les PCDD/F et PCB par chromatographie en phase gazeuse haute résolution (HRGC) couplée
à la spectrométrie de masse haute résolution (HRMS).
Les résultats sont exprimés en ng par échantillon (i.e. par lingette) et en pg par échantillon en quantité
équivalente toxique (TEQ) OMS 20053 dans les rapports d?analyses. A noter que, étant donné les
fluctuations de limites de quantification sur la méthode analytique propre aux PCDD/F et PCB, les
résultats sont toujours donnés sous la forme d?un intervalle pour ces composés (une valeur minimale
supposant l?absence des composés dont la concentration est inférieure à la LQ et une valeur maximale
supposant une concentration égale à la LQ).
De plus, le prélèvement par lingette dépend significativement de la composition et des pollutions
éventuelles présentes sur le support, ce qui justifie la nécessité de les comparer à des « blancs de
surface ». Toutefois, les suies ne sont pas nécessairement réparties de manière homogène sur la
surface prélevée et le rendement de prélèvement peut varier significativement en fonction du support
et de la substance déposée. Les résultats obtenus sont donc qualitatifs et, bien qu?ils constituent de
bons marqueurs de la signature chimique des suies, ils sont à considérer avec prudence.
2 Institut national de l?environnement industriel et des risques, Choix des lingettes à utiliser
pour la réalisation de prélèvements surfaciques lors des accidents industriels, Verneuil-en-Halatte : Ineris 206743
- v1.0, 25/05/2023.
3 Fiche sur les Polychlorodibenzo-p-dioxines et les polychlorodibenzo-p-furanes (PCDD/F), Ineris - 213434 -
2783847 - 0.1
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Dans ce but, ils sont comparés entre eux à travers un indicateur numérique calculé comme suit :
Indicateur? = log10
??
???
où ?? est la concentration du composé ? et ??? est sa limite de quantification
Figure 101 : Support de prélèvement des particules à proximité de l?échantillon
Enfin, lors de l?essai d?extinction, des réceptacles vierges ont été positionnés comme indiqués par les
cercles rouges sur la Figure 102 afin de collecter les eaux d?extinction souillées par le ruissèlement sur
la caisse incendiée.
Figure 102 : Réceptacles de collecte des eaux d?extinction
11.2 Emissions gazeuses
11.2.1 Essai flux radiant sur module
Les résultats de l?analyse de gaz en ligne lors de l?essai flux radiant sur module sont présentés dans le
Tableau 11. La contribution du bruleur à gaz a été retranchée et pour les besoins de la quantification,
les valeurs présentées dans le tableau sont arrêtées 15 min après le début de la réaction. Le gaz
extrêmement majoritaire est le CO2, produit de combustion. Les quantités de CO sont plus de 30 fois
inférieures, ce qui atteste d?une combustion bien ventilée. Du NO est détecté en quantités relativement
faibles mais significatives.
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En l?absence d?espèces azotées dans les combustibles et dans les conditions de l?essai où l?oxygène
est largement disponible et où des températures très élevées sont atteintes, sa formation peut être
expliquée par la réaction entre l?oxygène et l?azote de l?air dans la flamme selon les équations suivantes
impliquant des radicaux (1) et (2) :
N2 + O* ? NO + N* (1)
N* + O2? NO + O* (2)
Du CH4 et du HF sont détectés en quantités relativement faibles et correspondent à des produits de
décompositions (notamment du sel de Li fluoré contenu dans l?électrolyte), des matériaux composant le
module. Du H2 est détecté en faible quantité et provient probablement de la réaction de Li(m) avec l?eau
selon la réaction (3). Compte tenu du feu important, la plupart du dihydrogène ainsi formé a dû être
brulé.
2 Li(m) + 2 H2O ? 2 LiOH + H2(g) (3)
Tableau 11 : Résultats de l?analyse de gaz en continu lors de l?essai flux radiant sur module.
Contribution du bruleur à gaz retranchée
Gaz Limite de quantification
estimée (g)
Quantité (g) Méthode
CO2 1 14 000 FTIR
CO 1 450 FTIR
CH4 0,2 6 FTIR
H2 0,1 2 Spectro masse
HF 1 8 FTIR
NO 1 30 FTIR
POF3 2 nd FTIR
SO2 3 nd FTIR
PH3 2 nd FTIR
C2H4 1 nd FTIR
C2H2 1 nd FTIR
CH2O 1 nd FTIR
Org. Carbonates
(EC, DEC?) 4 nd FTIR
HCl 1 nd FTIR
HCN 1 nd FTIR
HBr 2 nd FTIR
C3H4O 1 nd FTIR
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L?analyse des gaz prélevés dans le canister est présentée dans le Tableau 12. Le prélèvement a été
réalisé sur une durée de quelques secondes, 20 s après que les premiers effets ont été constatés. Bien
que ces analyses soient semi-quantitatives, une extrapolation des valeurs mesurées sur la durée de la
réaction (env. 2 min) est proposée afin d?obtenir une valeur comparable à celles présentées pour
l?analyse en continu. De cette manière, du SO2 est mesuré, provenant de la décomposition puis
oxydation du sel d?électrolyte. Des traces de benzène (C6H6) et de propane (C3H8) sont aussi détectés.
Tableau 12 : Résultats du prélèvement de gaz lors de l?essai flux radiant sur module. Le prélèvement
a été réalisé 20 s après les premiers effets. *Quantité en équivalent toluène sauf pour le SO2
Gaz Limite de
quantification
(µg/m3)
Quantité*
mesurée
(µg/m3)
Flux* au
moment du
prélèvement
(µg/s)
Estimation
de quantité*
totale (g)
Méthode
SO2 10 2700 26 200 3 ATD/GC/MS-
FPD
C6H6 10 50 485 0,06 ATD/GC/MS-
FPD
C3H8 10 375 3600 0,44 ATD/GC/MS-
FPD
H2S 1360 nd - - µGC
C3H6O 10 nd - - ATD/GC/MS-
FPD
Les Figures 103 à 107 présentent les débits massiques d?une sélection d?espèces. Sur ces figures, la
contribution du bruleur à gaz n?est pas retranchée. Conformément à l?analyse de l?essai qui a été faite,
le pic d?émission de gaz et donc le pic de la réaction de combustion a lieu environ 18 min après
l?allumage du feu. Deux espèces se détachent du profil correspondant aux espèces de combustion, il
s?agit de H2 (Figure 106) et HF (Figure 107). L?émission de HF a lieu avec quelques minutes de
décalage, elle est maximale à 21 min. L?émission de H2 est, quant à elle, marquée par une longue traine
après son pic, ce qui correspond potentiellement à la réaction des résidus avec l?humidité ambiante
Figure 103 : Débit massique CO2 essai de flux radiatif module
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Figure 104 : Débit massique CO essai de flux radiatif module
Figure 105 : Débit massique CH4 essai de flux radiatif module
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Figure 106 : Débit massique H2 essai de flux radiatif module
Figure 107 : Débit massique HF essai de flux radiatif module
11.2.2 Essai feu sur caisse (7 modules)
Les résultats de l?analyse de gaz en ligne lors de l?essai feu sur caisse de module sont présentés dans
le Tableau 13. La contribution du bruleur à gaz a été retranchée et, pour les besoins de la quantification,
les valeurs présentées dans le tableau sont arrêtées 30 min après le début de la réaction. Le mélange
gazeux est assez similaire à celui mesuré lors de l?essai sur module. Les quantités des gaz mesurés
sont globalement en accord, moyennant un facteur 7 (correspondant à 7 modules au lieu de 1).
Quelques espèces diffèrent cependant, à commencer par le CO2 qui est retrouvé en quantité supérieure
du fait de la présence de caisse en bois. Le SO2 qui n?avait pas été détecté par l?analyse en ligne est
désormais détecté en quantité significative et du HCl est aussi détecté.
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Tableau 13 : Résultats de l?analyse de gaz en continu lors de l?essai feu sur caisse
Gaz Limite de
quantification estimée
(g)
Quantité (g) Facteur
d?émission
(mg/g)
Méthode
CO2 2 174 497 943,2 FTIR
CO 1 2 007 10,8 FTIR
CH4 1 33 0,2 FTIR
H2 0.1 42 0,2 Spectro masse
HF 1 135 0,7 FTIR
NO 2 265 1,4 FTIR
POF3 5 nd
nd
FTIR
SO2 6 726 3,9 FTIR
PH3 3 nd nd FTIR
C2H4 1 nd nd FTIR
C2H2 1 nd nd FTIR
CH2O 1 nd nd FTIR
Org. Carbonates
(EC, DEC?) 10 nd
nd
FTIR
HCl 2 79 0,4 FTIR
HCN 2 nd nd FTIR
HBr 4 nd nd FTIR
C3H4O 2 nd nd FTIR
Le tableau 14 propose une comparaison de facteurs d?émission pour différents combustibles. Les
valeurs des combustibles autres que batteries sont issues de l?étude Ineris « An experimental evaluation
of the toxic gas emission in case of vehicle fires »4.
En se limitant aux gaz rapportés dans cette étude, les émissions du feu de la caisse de batteries se
rapprochent le plus du feu de câbles électriques, avec une quantité relativement faible de CO2 et un
rapport CO/CO2 du même ordre de grandeur. Le facteur d?émission du HF est le plus élevé (facteur 7)
en comparaison avec le feu de câbles électriques du fait de la présence de Fluor dans les batteries. Les
facteurs d?émission des NOx sont supérieurs à ceux du feu de gazole mais inférieurs à ceux des autres
combustibles.
On notera aussi que certains composés comme le SO2 sont absents de l?étude pour certains
combustibles. A noter que ces valeurs ne donnent pas d?information sur l?aspect fumigène des fumées.
Ces données permettent toutefois, couplées aux caractéristiques de l?incendie, d?estimer les
conséquences au travers de la toxicité aigüe. Cette analyse comparative est détaillée au chapitre 11.2.
1 4 An experimental evaluation of toxic gas emissions from vehicle fires, B. Truchot
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Tableau 14 : Comparaison des facteurs d'émission de différents combustibles
Facteur
d?émission
[mg/g]
Gazole Plastiques Pneus Câble électriques Caisse LMP
CO2 2823 2034 1469 728 943
CO 31 20 42 9,1 11
HCl - 2,2 0,2 2,1 0,4
HF - 0,014 0,003 0,11 0,7
NOx 1,2 5 2,8 2,5 1,4
SO2 - - 18 - 3,9
L?analyse des gaz prélevés dans le canister est présentée dans le Tableau 15.
Le prélèvement a été réalisé sur une durée de quelques secondes, 3 min après que les premiers effets
ont été constatés (14 min 30 sec) sur les graphiques de débit massique. Bien que ces analyses soient
pseudo-quantitatives, une extrapolation des valeurs mesurées sur la durée de la réaction (env. 9 min)
est proposée afin d?obtenir une valeur comparable à celles présentées pour l?analyse en continu. De
cette manière, aucun gaz n?est mesuré hormis l?acétone en faible quantité. Plusieurs hypothèses
peuvent expliquer cette quasi-absence d?espèce :
1. le mélange gazeux a été dilué d?un facteur 50 avant prélèvement/analyse ;
2. le mélange gazeux n?était pas « riche » au moment du prélèvement.
Si on prend l?exemple du SO2, la Figure 108, montre qu?à ce moment de la réaction, il n?était pas émis
(ou en très faible quantité).
Tableau 15 : Résultats du prélèvement de gaz lors de l?essai feu sur caisse. Le prélèvement a été
réalisé 3 min après le début de la réaction. *Quantité en équivalent toluène sauf pour le SO2
Gaz Limite de
quantification
(µg/m3)
Quantité*
mesurée
(µg/m3)
Flux* au moment
du prélèvement
(µg/s)
Estimation de
quantité* totale
(g)
Méthode
SO2 10 nd - - ATD/GC/MS-
FPD
C6H6 10 nd - - ATD/GC/MS-
FPD
C3H8 10 nd - - ATD/GC/MS-
FPD
H2S 1360 nd - - µGC
C3H6O 10 750 16 700 9 ATD/GC/MS-
FPD
La Figure 108 présente les concentrations dans la gaine de prélèvement en fonction du temps d?une
sélection d?espèces. Sur cette figure, la contribution du bruleur à gaz n?est pas retranchée.
Conformément aux observations faites sur l?essai module, l?émission de HF se fait plutôt en fin de
réaction (à partir de 22 min) et l?émission de H2 reste marquée par une traine persistante après réaction.
Aussi le SO2 semble apparaitre systématiquement sur la fin de réaction de chacun des modules de la
caisse.
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Figure 108 : Concentration volumique d?une sélection d?espèces dans la gaine lors de l?essai feu
sur caisse
11.2.3 Influence du sprinklage sur les émissions gazeuses : essai feu + sprinklage sur
caisse
Les résultats de l?analyse de gaz en ligne lors de l?essai feu sur caisse de module + sprinklage sont
présentés dans le Tableau 16. La contribution du bruleur à gaz a été retranchée et, pour les besoins de
la quantification, les valeurs présentées dans le tableau sont arrêtées 30 min après le début de la
réaction.
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Les quantités de gaz mesurées lors de l?essai sans sprinklage sont reportées afin de faciliter la
comparaison. Ainsi, il apparait que les quantités de CO2 formées sont près de deux fois inférieures, ce
qui est en cohérence avec le fait que seulement 4 modules sur 7 ont réagi.
La quantité de CO a, quant à elle, doublée malgré la réduction de matière brulée ; cela illustre une
réaction de combustion moins bien ventilée. Les gaz inflammables comme H2 et CH4 connaissent, quant
à eux, une forte augmentation puisque leur combustion après formation est moins favorable en
présence d?eau.
Les espèces HF, HCl, SO2 sont inférieures à la limite de quantification. Soit leur formation n?a pas eu
lieu car les températures étaient inferieures, soit l?action de l?eau empêche leur détection (re
condensation, dilution dans l?eau, ?). Enfin, pour la première fois, PH3 est détectée, assurément portée
par la présence d?eau.
Tableau 16 : Résultats de l?analyse de gaz en continu lors de l?essai feu sur caisse + sprinklage
Gaz Limite de
quantification estimée
(g)
Quantité (g) Quantité
sans
extinction
(g)
Méthode
CO2 2 81 157 174 497 FTIR
CO 1 4 489 2007 FTIR
CH4 1 90 33 FTIR
H2 0,1 424 42 Spectro
masse
HF 1 nd 135 FTIR
NO 2 213 265 FTIR
POF3 5 nd nd FTIR
SO2 6 nd 726
PH3 3 120 nd FTIR
C2H4 1 nd nd FTIR
C2H2 1 nd nd FTIR
CH2O 1 nd nd FTIR
Org.
Carbonates
(EC, DEC?)
9
nd nd FTIR
HCl 2 nd 79 FTIR
HCN 2 nd nd FTIR
HBr 4 nd nd FTIR
C3H4O 2 nd nd FTIR
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L?analyse des gaz prélevés dans le canister est présentée dans le Tableau 17. Le prélèvement a été
réalisé sur une durée d?environ 1 min, 30 secondes après que le sprinklage ait été déclenché. Bien que
ces analyses soient semi-quantitatives, une extrapolation des valeurs mesurées sur la durée de la
réaction (env. 15 min) est proposée afin d?obtenir une valeur comparable à celle présentée pour
l?analyse en continu. 9 gaz additionnels sont ainsi détectés, principalement du benzène (C6H6), du
naphtalène (C10H8). La formation du benzène est probablement expliquée par une combustion
incomplète. La présence de naphtalène (C10H8) soutient cette hypothèse. Du SO2 est aussi mesuré en
quantité significative. Les autres gaz sont détectés en quantité bien moindre et on notera la présence
de thiophène (C4H4S), composé organosoufré.
Tableau 17 : Résultats du prélèvement de gaz lors de l?essai feu sur caisse + sprinklage.
Le prélèvement est réalisé 30 s après le début du sprinklage. *Résultats exprimés en équivalent
toluène, sauf pour le SO2. **Pseudo quantitatif sur 15 min
Gaz Limite de
quantification
(µg/m3)
Quantité*
mesurée
(µg/m3)
Flux* au
moment du
prélèvement
(µg/s)
Estimation**
de quantité*
totale (g)
(sur 15 min)
Méthode
SO2 100 4400 97778 88 ATD/GC/MS-
FPD
C6H6 100 33800 751111 676 ATD/GC/MS-
FPD
C3H8 100 nd - - ATD/GC/MS-
FPD
H2S 100 nd - - ATD/GC/MS-
FPD
C3H6O 100 nd - - ATD/GC/MS-
FPD
C4H4S 100 130 2889 3 ATD/GC/MS-
FPD
C8H10
Ethylbenzene
100 250 5556 5 ATD/GC/MS-
FPD
C8H10
m-xylene
100 270 6000 5 ATD/GC/MS-
FPD
C8H10
o-xylene
100 110 2444 2 ATD/GC/MS-
FPD
C8H8 100 400 8889 8 ATD/GC/MS-
FPD
C8H6O 100 190 4222 4 ATD/GC/MS-
FPD
C10H8 100 2090 46444 42 ATD/GC/MS-
FPD
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Les Figures 109 à 112 présentent les concentrations dans la gaine de prélèvement en fonction du temps
d?une sélection d?espèces. Sur cette figure, la contribution du bruleur à gaz n?est pas retranchée. Ces
figures permettent de visualiser l?influence du sprinklage sur le mélange gazeux.
La Figure 109 présente tout d?abord les quantités d?eau mesurées dans la gaine ainsi que la
concentration théorique obtenue seulement comme sous-produit de combustion.
Elle permet de bien visualiser le début de l?extinction puisque, dès son déclenchement des
concentrations mesurées se détachent nettement des concentrations théoriques. L?évolution de la
concentration en CO2 est aussi particulièrement intéressante à analyser.
Dans les premiers instants de la réaction, alors que le sprinklage n?est pas encore activé, les valeurs
mesurées atteignent 0,9 % vol dans la gaine, ce qui est très similaire aux résultats obtenus lors du
premier essai de ce type (0,8 %vol). Dès que le sprinklage est déclenché, la valeur de concentration en
CO2 chute mais est probablement imputable à la fin de réaction du 3eme module plutôt qu?à l?action de
l?eau. Une trentaine de secondes plus tard, les émissions repartent à la hausse, correspondant à la
réaction du 4eme module, sans être réellement affectées par le sprinklage en cours. Passées cette
réaction, les émissions de CO2 diminuent jusqu?à atteindre une valeur résiduelle d?environ 0,5 %
correspondant à la combustion des résidus.
Figure 109 : Concentration volumique en H2O théorique et mesurée dans la gaine lors de l?essai feu
sur caisse + sprinklage
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Figure 110 : Concentration volumique en CO2 dans la gaine lors de l?essai feu sur caisse + sprinklage
L?extinction se fait nettement plus ressentir sur les gaz minoritaires. En effet, comme présentée en
Figure 111, dès les premiers instants de l?extinction, la combustion est moins bien ventilée et l?émission
de CO est multipliée par plus de 10. Les concentrations en H2 et CH4 bondissent également (x 20)
portées, soit par une plus grande production issue d?une réaction d?un composé avec l?eau, soit moins
consommées après sa production par la réaction de combustion. Les émissions de NO sont, elles, peu
affectées par l?aspersion d?eau.
Enfin, la Figure 112 présente la concentration en phosphine mesurée dans la gaine. Bien que le signal
soit très bruité, une première émission est visible au moment du déclenchement de l?extinction et une
seconde phase d?émission est plus clairement visible à la fin de la phase violente de réaction. La
concentration reste limitée à environ 4 ppm mais la forme de la courbe, débutant à la fin de la réaction
violente et commençant sa décroissance au moment de l?arrêt de l?extinction suggère que le PH3 est le
produit de la réaction d?un composé formé pendant la réaction et de l?eau.
Une étude plus approfondie afin d?expliquer la formation de phosphine est proposée dans la partie
« Etude des résidus d?essais ».
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Figure 111 : Concentration volumique d?une sélection d?espèces dans la gaine lors de l?essai feu
sur caisse + sprinklage
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Figure 112 : Concentration volumique en PH3 dans la gaine lors de l?essai feu sur caisse + sprinklage
En conclusion, le sprinklage modifie sensiblement le mélange gazeux émis ; même s?il reste très
largement composé de CO2, les teneurs en certains gaz inflammables et/ou toxiques (CO, H2, CH4)
augmentent sensiblement. Certains gaz ne sont plus détectés (HF) tandis que de la phosphine (PH3),
du benzène (C6H6) et de nombreux hydrocarbures ont été détectés dans ces conditions.
11.3 Emissions particulaires
Afin de faciliter l?interprétation des résultats d?analyse de particules, les émissions particulaires
présentes dans les fumées, susceptibles d?être entrainées sur de longues distances avant de
resédimenter sont traités en 10.3.1. Elles seront distinguées des particules, généralement plus grosses
projetées à proximité de l?échantillon et généralement associées à une source potentielle de pollution
des sols ou des eaux. Ces particules sont traitées en 10.3.2.
11.3.1 Particules dans les fumées
11.3.1.1 Essai flux radiant sur module
L?analyse ELPI+ permet de mesurer le diamètre médian (GMD) des particules aspirées dans la conduite
ainsi que le flux de particules. La Figure 113 permet ainsi de constater que la majeure partie de
l?émission d?aérosol est très courte et dure environ 2min30, coïncidant avec le temps de réaction du
module. Sur cette période, le diamètre « médian » (GMD = Exp[? ni × ln(Di)/N]) augmente nettement
par rapport à la phase d?allumage et atteint 189±24 nm. Le flux de particules lors du pic d?émission est
d?environ 6.1014 particules/s. Afin d?estimer un ordre de grandeur en masse, nous pouvons proposer de
prendre une hypothèse forte et approximer que l?ensemble des particules sont des sphères de 200 nm
de diamètre avec la masse volumique entre celle de l?aluminium et du lithium (espèces métalliques les
plus représentés sur l?analyse du filtre). Cela mène à un flux massique particulaire de 4 g/s.
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Figure 113 : Diamètre médian et flux de particule mesuré par ELPI + (facteurs de dilution du diluteur et
de la gaine pris en compte)
L?ELPI + permet également de remonter à une distribution granulométrique des particules, présentées
en Figure 114. Afin de distinguer les émissions sur l?ensemble de la durée de prélèvement et celles au
moment de la réaction, deux distributions ont été représentées : en bleu, la distribution sur le temps de
prélèvement sur filtre et, en orange, la distribution spécifique au pic d?émission. Au moment de la
réaction, la population la plus représentée à un diamètre d?environ 129 nm et certaines particules ont
un diamètre dépassant légèrement le micron.
Figure 114 : Distribution granulométrique des particules lors de l?essai flux radiant sur module mesuré
par ELPI +
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Les analyses MET des particules prélevées par MPS (Mini Particle Sampler) et présentées sur la
Figure 115 et la Figure 116 sont en accord avec les tailles de particules mesurées par ELPI+ (même si
le diamètre aérodynamique (mesuré par un impacteur) est différent du diamètre optique (mesuré par
MET) et sont donc difficilement comparables). L?analyse par spectroscopie de rayons X Ã dispersion
d?énergie (EDX) des amas sombres de plusieurs microns montre qu?ils sont composés majoritairement
de phosphore et d?oxygène. Les particules claires sont probablement des résidus organiques, allant de
quelques nm à quelques microns. Des particules métalliques isolées (Al, Fe) de l?ordre du micron ont
également été trouvées sur la grille. On notera que le Li n?est pas mesurable par EDX (d?où son absence
notoire) et que les ronds au motifs réguliers de diamètre 1 µm sont les trous de la grille de prélèvement.
Figure 115 : Observation MET du prélèvement MPS réalisé entre 20 et 40 s après que les premiers
effets ne soient visibles lors de l?essai flux radiatif sur module
Figure 116 : Observation MET du prélèvement MPS réalisé entre 40 et 50 s après que les premiers
effets ne soient visibles lors de l?essai flux radiatif sur module
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Pour compléter ces analyses, un analyseur par fluorescence X des éléments-traces métalliques (ETM)
dans les aérosols a été connecté au diluteur (×25) des émissions collectées dans la gaine d?extraction
des fumées. Sa résolution temporelle minimale est de 5 min, très longue compte-tenu de la durée du
pic d?émission. Il est calibré pour les éléments suivants : Al, As, Ba, Br, Ca, Cd, Cl, Co, Cr, Cs, Cu, Fe,
K, Mn, Mo, Ni, Pb, Rb, Sb, Se, Sn, Sr, Ti, V, Zn et W.
Les résultats de cette analyse sont présentés en Figure 117. Les éléments Br, Ca, Cr, Cs, Fe, Mo, Ni,
V et Zn sont nettement supérieurs à la limite de détection (pointillés noirs visibles pour le graphique de
la concentration en Ca par exemple). Seules les émissions de Br, Ca, Fe, Ni et Zn correspondent
temporellement au pic d?émissions d?aérosols. Les autres pics pourraient provenir d?un relargage propre
à la chambre d?essai et à la chaine de prélèvement dans la gaine d?extraction. Le Fe reste l?espèce très
majoritairement détectée (provenant probablement de la cathode) et la provenance des autres espèces
(Br, Ca, Ni et Zn) détectées dans une moindre mesure reste à établir (retardateurs de flammes bromés,
etc.).
L?absence d?émissions As, Cd et Pb (métaux réglementés dans l?air ambiant) est à noter. Pour As et
Pb, les résultats sont bien en accord avec les prélèvements réalisés sur filtre (présentés dans le
Tableau 18, le Cd n?a pas été analysé sur filtre).
On notera que l?absence de détection de l?aluminium peut être expliquée par une limite de détection
très élevée de l?Xact 625i et que le lithium n?est pas détecté par fluorescence X.
Figure 117 : Analyse par fluorescence X des éléments-traces métalliques (ETM)
lors de l?essai de flux radiant sur module
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Les résultats d?analyse élémentaire5 du prélèvement dans la gaine d?extraction des fumées, sur un filtre
quartz est présenté dans le tableau 18. Ce prélèvement a été réalisé sur 22 min et inclut donc une partie
des émissions du bruleur. Les concentrations ont été corrigées du facteur de dilution de 25.
Le filtre présente un enrichissement marqué en lithium et en phosphore ainsi que, dans une moindre
mesure, en soufre et en fluor. En supposant que l?émission de Li et P n?ait lieu qu?au moment de la
réaction (soit 2 min 30) durant le pic d?émission, le prélèvement du pic a été lissé d?un facteur 9 compte
tenu de la durée de l?échantillonnage intégratif. Les concentrations lors du pic peuvent donc être
estimées à environ 217 mg/m3 pour Li et 86 mg/m3 pour P. Une approximation de la quantité totale
émise lors du pic peut être obtenue en multipliant ces concentrations par les 1 500 m3 d?air qui ont été
aspirés dans la gaine d?extraction durant ces 2 min 30. On obtient ainsi 320 g de Li et 130 g de P.
Le soufre semble détecté en quantité relativement élevée mais la mesure réalisée sur le blanc ne permet
pas de proposer une pseudo quantification. Aussi, le blanc est trop chargé en fer et en aluminium pour
que leur mesure sur l?essai soit représentative. Pour pallier ce problème, les prélèvements sur filtre ont
été réalisés sur des supports en PTFE dans les essais suivants (à l?exception du fluor, prélevé
nécessairement sur quartz).
A noter que l?absence d?arsenic et de plomb dans le prélèvement sur filtre est en accord avec les
mesures précédentes.
Tableau 18 : Analyses élémentaires des prélèvements sur filtre quartz lors de l?essai flux radiant
module
11.3.1.2 Essai feu caisse
La Figure 118 présente les résultats des mesures réalisées avec l?ELPI+ lors de l?essai feu sur une
caisse de 7 modules. Le flux de particules suit le même profil que les pertes massiques ou que le HRR
mesuré lors de cet essai et présenté ultérieurement. Il est possible d?y suivre la réaction des 7 modules
et certains pics correspondent à la réaction de deux modules en simultané. Ainsi, le flux de particules
connait des maximums locaux autour de 6.1014 particules/s, identiques à ce qui a été mesuré sur module
seul et certains pics dépassent cette valeur atteignant plus de 9.1014 particules/s.
Comme déjà identifiée sur les paramètres de combustion, la majeure partie de l?émission d?aérosol dure
environ 11 min 30 sec. Sur cette période, le diamètre « médian » (GMD = Exp[? ni × ln(Di)/N]) augmente
également par rapport à la phase d?allumage mais n?atteint que 81±5 nm, soit 100 nm environ de moins
que lors de l?essai sur du module seul.
5 L?analyse ne donne pas de précision sur l?état du métal (oxidé ou autre) dans les aérosols.
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/
Figure 118 : Diamètre médian et flux de particules mesuré par ELPI + lors de l?essai feu caisse
L?ELPI + permet également de remonter à une distribution granulométrique des particules, présentée
en Figure 119. Afin de distinguer les émissions sur l?ensemble de la durée de prélèvement et celle au
moment de la réaction, deux distributions ont été représentées : en bleu, la distribution sur le temps de
prélèvement sur filtre et, en orange, la distribution spécifique au pic d?émission. Au moment de la
réaction, la population la plus représentée a un diamètre d?environ 41 nm et quasiment aucune particule
n'a un diamètre dépassant le micron. Les particules dans les fumées émises lors de cet essai sont donc
plus petites que celles observées sur l?essai module seul. Cela peut provenir de la dilution plus
importante dans la chaine de prélèvement (environ un facteur 4 compte tenu de la ventilation et du
diluteur) ou d?une combustion plus intense fournissant moins d?aérosols organiques, et donc une fraction
d?aérosols minéraux plus importante.
Figure 119 : Distribution granulométrique des particules mesurées par ELPI+ lors de l?essai feu caisse
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Les analyses MET des particules prélevées par MPS sont présentées en Figure 120. Une partie de ces
particules ont une forme sphérique d?environ 0,5 µm.
Une population de particules de forme allongée est aussi observée. Une analyse EDX globale a été
réalisée mais les particules se dégradent sous l?intensité du faisceau. Le carbone et l?oxygène sont
caractérisés par EDX. L?ensemble de ces éléments permet d?attribuer une origine organique à ces
particules.
On notera que lors de cet essai, les prélèvements MPS étaient trop chargés pour une analyse EDX
approfondie. A noter que cette analyse est qualitative : elle n?est pas représentative de la densité
moyenne des aérosols émis lors de l?essai, ce qui peut aussi expliquer les différences entre la taille
observée par MET et celle mesurée par ELPI+. Enfin comme déjà évoqué, le diamètre aérodynamique
(mesuré par ELPI) est différent du diamètre optique (mesuré par MET), ils sont donc difficilement
comparables.
Figure 120 : Observation MET des prélèvements effectués lors de l?essai feu caisse. Prélèvement
effectué en 10 s, 3 min après le début de réaction.
Les résultats d?analyse élémentaire du prélèvement dans la gaine d?extraction des fumées, sur un filtre
quartz est présenté dans le tableau 19. Ce prélèvement a été réalisé sur 25 min et inclut donc une partie
des émissions du bruleur. Les concentrations ont été corrigées du facteur de dilution de 50. Pour rappel,
suite au retour d?expérience de l?essai sur module seul, les éléments ont été prélevés sur un filtre PTFE
pour diminuer les valeurs de blanc de support (sauf pour le fluor, toujours prélevé sur un filtre quartz).
Les filtres présentent un enrichissement marqué en lithium, en phosphore et en fluor ainsi que, dans
une moindre mesure, en soufre, fer et aluminium. En supposant que l?émission de Li et P n?ait lieu qu?au
moment de la réaction (soit 11 min 30) durant le pic d?émission, le prélèvement a été lissé d?un facteur
2,16. Les concentrations estimées sont donc d?environ 136 mg/m3 pour Li et 107 mg/m3 pour P. Une
approximation de la quantité totale peut être obtenue en multipliant ces concentrations par les 15 300 m3
d?air qui ont été aspirés durant ces 11 min 30. On obtient ainsi 2 kg de Li et 1.6 kg de P soit 286 g de Li
et 229 g de P par module, ce qui est cohérent, en ordre de grandeur, avec l?essai sur module seul
(respectivement 316 et 125 g) et conforte une émission à la chaine des modules comme observé sur
l?évolution temporelle en nombre de particules.
Le soufre est détecté en quantité relativement élevée et se détache cette fois plus clairement du blanc.
Une semi-quantification donne un flux estimé de 26 mg/m3, une masse totale de 400 g soit environ 60 g
par module.
Contrairement au 23/11/23, la mesure du fer et de l?aluminium est nettement supérieure au niveau du
blanc de support et est bien représentative de l?essai.
L?absence de plomb est confirmée et l?analyse de l?arsenic n?a pas été réitérée.
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Tableau 19 : Analyse élémentaire des prélèvements sur filtre PTFE et quartz lors de l?essai feu caisse
11.3.2 Suies projetées à proximité de l?échantillon (gaine d?extraction, parois et sol)
11.3.2.1 Essai flux radiant module
Comme décrit dans la partie méthode, des supports de prélèvements ont été disposés en divers points
de la chambre afin de déterminer de manière qualitative les meilleurs traceurs des émissions.
Les résultats des analyses élémentaire de ces prélèvements sont présentés en Figure 121.
Il ressort que les prélèvements au sol sont les plus chargés, puis viennent ceux dans la gaine
d?extraction et enfin, les prélèvements sur les parois.
Les meilleurs traceurs des émissions sont, de loin, le lithium et le fluor. Du cobalt, de nickel et enfin, du
manganèse, sont détectés en quantités significatives sans que l?on puisse expliquer leur présence
autrement que par la contamination préexistante de la chambre. Le phosphore, le fer et l?aluminium sont
aussi clairement détectés, provenant des matériaux constituant des modules. Les autres éléments ont
des contributions mineures, voire ne sortent pas du fond.
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Figure 121 : Résultats des analyses élémentaires des prélèvements réalisés sur les supports placés
dans la chambre lors de l?essai flux radiant module
En plus des métaux, une analyse des composés organiques a été réalisée dont les résultats sont
présentés sur les Figures 122 et 123 pour les PCDD/F et les PCB et sur le Tableau 20 pour les HAP.
Figure 122 : Analyses des PCDD/F et PCB sur les supports de prélèvement
lors de l?essai flux radiatif module.
Pour les PCDD/F et PCB, les teneurs sur les parois et sur la partie canalisée sont, en moyenne,
légèrement supérieures à celles des blancs de surface.
L?analyse des PCDD/F n?est pas valide sur les supports eterboard pour cause de blancs de surface très
élevés.
Le détail de traceurs PCDD/F et PCB analysés est donné en Figure 123. Pour les PCB, les traceurs
des émissions seraient principalement le PCB 157 et, dans une moindre mesure, les PCB 126 et 169.
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Pour les PCDD/F, les traceurs seraient 2,3,4,6,7,8 HxCDF et 1,2,3,4,7,8 HxCDF et, dans une moindre
mesure, 1,2,3,4,7,8,9 HpCDF et 1,2,3,7,8,9 HxCDF. Les furanes sortent en moyenne nettement du fond
sur les parois et dans la gaine d?extraction tandis que les dioxines ne se détachent nettement du fond
que sur les parois.
Figure 123 : Traceurs PCB et PCDD/F analysés lors de l?essai flux radiant module
Enfin, une analyse des HAP a été réalisée sur les mêmes prélèvements. Les résultats sont récapitulés
dans le Tableau 20 . Aucun HAP n?a dépassé les limites de quantification, ce qui pourrait s?expliquer
avec les hautes températures de flammes observées.
Tableau 20 : Analyse des HAP lors de l?essai flux radiant module
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11.3.2.2 Feu caisse
Comme lors de l?essai sur module isolé, l?analyse des métaux présentée en Figure 124 révèle que, en
moyenne, les prélèvements au sol sont les plus chargés, puis viennent ceux dans la gaine d?extraction
et enfin, les prélèvements sur les parois. Néanmoins, les teneurs semblent moins marquées que lors
de l?essai sur module isolé. Le meilleur traceur de ces émissions est, de loin, le lithium, puis viennent le
fer, l?aluminium, le fluor, le phosphore et le cuivre. Dans une moindre mesure, le nickel, le manganèse,
le cobalt et le plomb sont détectés et attribués à une contamination préalable de la chambre. Les autres
éléments ont des contributions mineures, voire ne sortent pas du fond.
Figure 124 : Résultats des analyses élémentaires des prélèvements réalisés sur les supports placés
dans la chambre lors de l?essai feu caisse
En plus des métaux, une analyse des composés organiques a été réalisée dont les résultats sont
présentés sur les Figures 125 et 126 pour les PCDD/F et les PCB et sur le tableau 21 pour les HAP.
Pour les PCDD/F et les PCB, les prélèvements au sol donnent des teneurs assez faibles contrairement
aux résultats obtenus pour les métaux.
En moyenne, les teneurs sur les parois et la partie canalisée sont supérieures au blanc de surface. Ce
contraste est plus significatif que lors de l?essai sur module seul.
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Figure 125 : Analyses des PCDD/F et PCB sur les supports de prélèvement lors de l?essai feu caisse.
Le détail des traceurs analysés est donné en Figure 126.
Pour les PCB, les traceurs des émissions seraient principalement les PCB 126, 114, 167 et 123. Le
PCB 156 pourrait également être un bon traceur mais il est difficile de conclure compte tenu d?une
teneur élevée sur le blanc de surface. Le PCB 157 est nettement moins présent que lors de l?essai du
23/11/2023.
Pour les PCDD/F, les traceurs seraient principalement 1,2,3,4,7,8 HxCDF et, dans une moindre mesure,
1,2,3,7,8,9 HxCDD et 2,3,4,7,8 PeCDF et 2,3,7,8 TCDF. En moyenne, les furanes sont plus représentés
que les dioxines.
Les traceurs communs avec l?essai précédent sont les PCB 126 et le 1,2,3,4,7,8 HxCDF.
Figure 126 : Traceurs PCB et PCDD/F analysés lors de l?essai feu caisse
Les résultats de l?analyse des HAP réalisée sont récapitulés dans le tableau 21 et, comme pour l?essai
sur module seul, aucun HAP n?est quantifié. Encore une fois, cela pourrait s?expliquer avec les hautes
températures de flammes observées.
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Tableau 21 : Analyse des HAP lors de l?essai feu caisse
11.3.2.3 Feu caisse + sprinklage
Comme lors des essais précédents, l?analyse des métaux présentée en Figure 127 révèle que, en
moyenne, les prélèvements au sol sont les plus chargés, puis viennent ceux dans la gaine d?extraction
et les prélèvements sur les parois de contribution similaire. Les teneurs sont nettement plus marquées
que pour les deux essais précédents.
Les meilleurs traceurs des émissions sont le fer, l?aluminium et le lithium. Le lithium se démarque moins
des blancs de surface dans cet essai probablement à cause d?un nettoyage insuffisant des plaques de
prélèvement. Le fluor, le phosphore et le cuivre sont également d?excellents traceurs. Le nickel, le
manganèse et, dans une moindre mesure le plomb et le cobalt sont détectés mais sont associés à une
pollution de la chambre. Les autres éléments ont des contributions mineures, voire ne sortent pas du
fond.
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Figure 127 : Résultats des analyses élémentaires des prélèvements réalisés sur les supports placés
dans la chambre lors de l?essai feu caisse + sprinklage
En plus des métaux, une analyse des composés organiques a été réalisée dont les résultats sont
présentés sur les Figures 128 et 129 pour les PCDD/F et les PCB et sur le Tableau 23 pour les HAP.
Pour les PCDD/F et les PCB, les prélèvements au sol donnent des teneurs assez faibles contrairement
aux résultats obtenus pour les métaux.
Pour les PCB, en moyenne, les teneurs sur les parois et la partie canalisée sont supérieures au blanc
de surface
Figure 128 : Analyse des PCB et PCDD/F lors de l?essai feu caisse + sprinklage
Le détail des traceurs PCB et PCDDD/F est donné en Figure 129.
Pour les PCB, les traceurs des émissions seraient principalement le PCB 126, 169, 157 et 156 ; les
PCB 81 et 114, également, mais ces 2 PCB n?ont été détectés que dans la partie canalisée, et non sur
les parois.
Pour les PCDD/F, les traceurs seraient principalement 1,2,3,7,8,9 HxCDF et, dans une moindre mesure,
1,2,3,7,8 PeCDD et 2,3,7,8 TCDF et 1,2,3,7,8 PeCDF. En moyenne, les furanes sont plus représentés
que les dioxines.
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Figure 129 : Traceurs PCB et PCDD/F analysés lors de l?essai feu caisse + sprinklage
Le tableau 22 propose une comparaison des traceurs PCB et PCDD/F identifiés lors des trois essais.
Les traceurs communs avec l?essai précédent sont :
- les PCB 126 et, dans une moindre mesure 157 et 169,
- le 1,2,3,4,7,8 HxCDF et, dans une moindre mesure, le 2,3,7,8 TCDF.
Les traceurs communs avec le 1er essai sont :
- les PCB 126 et, dans une moindre mesure 157 et 169,
- le 1,2,3,7,8,9 HxCDF et, dans une moindre mesure, le 2,3,7,8 TCDF.
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Tableau 22 : Comparaison des traceurs sur les 3 essais.
Les résultats de l?analyse des HAP réalisée sont récapitulés dans le tableau 23 et, comme pour l?essai
sans extinction, aucun HAP n?est quantifié, bien que les températures observées par caméra IR soient
inférieures lors du sprinklage.
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Tableau 23 : Analyse des HAP lors de l?essai feu caisse + sprinklage
11.4 Analyse des eaux d?extinction
Si l?extinction à l?eau a permis de ralentir, voire de stopper la propagation de la réaction, les eaux
utilisées peuvent être contaminées en divers polluants. Sans que cette analyse soit le but premier des
essais faisant l?objet de ce rapport, une rapide étude qualitative de la contamination des eaux
d?extinction est proposée. Les méthodes de prélèvement sont décrites précédemment dans la partie
méthode.
Les résultats de l?analyse élémentaire présentés dans le tableau 24 permettent de constater que les
eaux d?extinction sont très fortement enrichies en Li, Al, Fe, P et F. Le principal marqueur reste, le Li.
On note un enrichissement beaucoup plus faible en d?autres espèces tels que S, Cu, Ni, Mn, et Co. Cet
écart s?explique pour le S et le Cu par la faible quantité de ces espèces présentes dans les matériaux
des batteries et pour Ni, Mn, Co, par une pollution de la chambre d?essai suite à de précédents essais
sur batteries Li-ion NMC.
Canalisé inox Sol inox
Blanc de surface
inox
Composés
Naphtalene < 10 < 10 < 10
Acenaphtene < 10 < 10 < 10
Fluorene < 10 < 10 < 10
Phenanthrene < 10 < 10 < 10
Anthracene < 10 < 10 < 10
Fluoranthene < 10 < 10 < 10
Pyrene < 10 < 10 < 10
Benzo(a)anthracene < 10 < 10 < 10
Chrysene < 10 < 10 < 10
Benzo(e)pyrene < 10 < 10 < 10
Benzo(j)fluoranthene < 10 < 10 < 10
Benzo(b)fluoranthene < 10 < 10 < 10
Benzo(k)fluoranthene < 10 < 10 < 10
Benzo(a)pyrene < 10 < 10 < 10
Dibenzo(ah)anthracene < 10 < 10 < 10
Benzo(ghi)perylene < 10 < 10 < 10
Indeno(123cd)pyrene < 10 < 10 < 10
Acenaphtylene < 10 < 10 < 10
ng/échantillon
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Tableau 24 : Analyse élémentaire des eaux d?extinction
Les résultats de l?analyse des espèces organiques de type PCB et PCDD/F présentées en Figure 130
ne montrent aucune différence significative entre l?eau de référence utilisée en sprinklage (blanc) et les
eaux d?extinction sur les PCDD/F et PCB.
Figure 130 : Analyse des PCDD/F and PCB dans les eaux d?extinction
Enfin, le tableau 25 présente les résultats d?analyse en HAP. Contrairement aux résultats des analyses
de suies présentés précédemment, des quantités significatives de HAP sont mesurées dans les eaux
d?extinction. Elles sont nettement plus élevées que les valeurs de fond moyennes proposées dans le
rapport « Valeurs de fond en situation post-accidentelle pour les milieux sol, eau et air » référencé
Ineris ? 203892 ? 2714224 ? v2.0. Les méthodes de prélèvement proposées sur cet essai rendent
toutefois une interprétation quantitative difficile mais ces espèces devront être surveillées en situation
post-accidentelle ou lors d?essais visant à analyser précisément la contamination des eaux d?extinction.
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Tableau 25 : Analyse des HAP dans les eaux d?extinction
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12 Discussion
12.1 Comparaison avec un feu de batteries Li-ion
Afin de mettre en perspective les grandeurs mesurées dans cette étude, nous proposons de comparer
certaines valeurs caractéristiques comme le débit calorifique ou la chaleur totale libérée aux valeurs
classiquement obtenues pour la technologie de batterie Li-ion. Pour commencer, la chaleur totale
libérée lors de l?emballement thermique (chaleur de combustion par abus de langage) est un bon
indicateur pour comparer différentes technologies car elle dépend principalement des matériaux
constituant la batterie et peu du mode de réaction.
Ainsi les valeurs mesurées pour les batteries LMP testées dans cette étude sont de 200 à 300 MJ par
module soit 28 kJ/Wh à 43 kJ/Wh. Il faut noter que cette valeur est obtenue pour un module mais qui
dans le cas de l?architecture choisie par Blue Solutions pourrait tout aussi bien être considérée comme
une seule cellule de 7 kWh du fait de l?absence de contenant isolant chacun des EC (cf. définition IEC6).
En comparaison, l?énergie de combustion mesurée à l?Ineris sur des pouch cell NMC de 330 Wh7, assez
réactives, est de 18 kJ/Wh. De manière plus générale, sur l?ensemble des essais réalisés à l?Ineris dans
des conditions de mesures très similaires à celles de la présente étude, la valeur moyenne du débit
calorifique observé sur des cellules NMC est de 20 kJ/Wh. D?autres valeurs sont disponibles dans la
littérature et regroupées par Rappsilber et al. sur la Figure 1308. Ces valeurs concernent des cellules
de différentes chimies et géométrie et ont été obtenues lors d?essais calorimétriques consistant à bruler
entièrement la cellule, et à mesurer l?intégralité de la chaleur émise, ce qui est majorant en comparaison
avec les essais de la présente campagne.
En conclusion, l?énergie de combustion spécifique des modules LMP Blue Solutions est supérieure en
comparaison avec ce qui a pu être déjà observé à l?Ineris sur des cellules NMC.
Un autre paramètre critique pour les effets thermiques est le débit calorifique (HRR en anglais). Dans
cette étude, des valeurs de l?ordre de 500 W/Wh ont été mesurées pour la combustion d?un module. En
comparaison, les valeurs obtenues à l?Ineris sur des pouch cells NMC de 330 Wh sont de 760 W/Wh.
De manière plus générale, sur l?ensemble des essais réalisés à l?Ineris dans des conditions de mesures
très similaires à celles de la présente étude, la valeur moyenne du débit calorifique observé sur des
cellules NMC est généralement comprise entre 450 et 650 W/Wh. D?autres valeurs sont disponibles
dans la littérature et regroupées par Rappsilber et al. sur la Figure 131. Ces valeurs concernent des
cellules de différentes chimies et géométries et ont été obtenues dans des conditions légèrement
différentes. Les valeurs semblent toutefois en adéquation avec ce qui a pu être mesuré dans cette
campagne.
6 Définition du mot CELL selon l?IEC (Area 482 ?Primary and secondary cells and batteries?, IEV 482-01-01 ?Cell?):
basic functional unit, consisting of an assembly of electrodes, electrolyte, container, terminals and usually
separators, that is a source of electric energy obtained by direct conversion of chemical energy.
https://electropedia.org/iev/iev.nsf/display?openform&ievref=482-01-01
7 Projet SafeLiBatt. Rapport en cours de publication.
8 Rappsilber T, Yusfi N, Krüger S, Hahn S-K, Fellinger T-P, Krug von Nidda J, et al. Meta-analysis of heat release
and smoke gas emission during thermal runaway of lithium-ion batteries. Journal of Energy Storage.
2023;60:106579
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Figure 131 : Débit calorifique libéré par type de cellule et format
Après avoir rapporté et comparé les valeurs de débit calorifique à des cellules et montré qu?il n?y a pas
de différence fondamentale entre les deux technologies (Li-ion et LMP), il faut s?intéresser à une
comparaison à l?échelle du module. C?est à cette échelle que les choix d?ingénierie se font
particulièrement ressentir, notamment via la maîtrise du phénomène de propagation entre éléments
unitaires (cellules). Dans cette étude, des valeurs de l?ordre de 500 W/Wh ont été mesurées pour la
combustion d?un module, qui est en fait la brique unitaire pour la technologie LMP de Blue Solutions.
L?expérience de l?Ineris sur des modules automobiles donne généralement des valeurs avoisinant
100 W/Wh tandis que la littérature9 donne des valeurs proches de 250 W/Wh. On remarque que pour
le Li-ion, ces valeurs sont inférieures à celles mesurées à l?échelle cellule puisque la propagation entre
cellule se fait plus lentement que la propagation de la réaction en interne d?une cellule.
A cette échelle, un net écart se creuse donc en défaveur des modules LMP Blue Solutions, non pourvus
de séparation physique entre les éléments du module (7 kWh) qui permettrait de ralentir la propagation
et limiter la quantité de matériaux réagissant simultanément.
Si l?on prend en compte maintenant les conditions de stockage, un article récent de la littérature10
modélise un feu de caisse en entrepôt avec une valeur de HRR autour de 2 MW. Dans cette campagne
d?essais un feu d?une caisse de modules LMP a conduit à des pics de HRR entre 5 et 9 MW.
Outre la chaleur de combustion et le débit calorifique, d?autres caractéristiques de la réactivité de ces
batteries ont été observées lors de cette campagne d?essais et sont cruciales en termes d?évaluation
des risques. Certaines se différencient nettement de ce qui peut être observé sur des batteries Li-ion
dont notamment :
9 S. Kang et al., Full-scale fire testing of battery electric vehicles, Applied Energy 332 (2023) 120497
10 Y. Cui et al. , Numerical study on the fire and its propagation of large capacity lithium-ion batteries under storage,
Journal of Thermal Analysis and Calorimetry (2023)
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- Peu de signes avant-coureurs sont observables avant que le module n?entre en réaction
violente. La réaction est quasi instantanée et très violente ;
- Des jets de métal en fusion sont observés dès les premiers instants de la réaction et se
poursuivent tout au long de la réaction. Ces jets sont potentiellement une source de propagation
de l?incendie et/ou de danger envers les personnes ;
- Des températures très élevées sont observées (1615 °C), ce qui, en plus de jouer un rôle
important sur le rayonnement et donc la propagation peut affecter la tenue des structures
métalliques ou bêton ;
- Des coulées de métal/résidus en fusion très chaudes sont observées et restent chaudes
plusieurs minutes au sol. Cela favorise la propagation verticale (vers le bas) et horizontale, de
la même manière qu?un feu de nappe le ferait en s?étalant au sol ;
- Le mélange gazeux observé n?est pas inflammable contrairement à ce qui est parfois le cas
avec du Li-ion. Ici, en l?absence d?électrolyte liquide à faible point d?ébullition, un régime de
réactions fumigènes sans feu violent parait impossible. En revanche, l?extinction à l?eau peut
éventuellement générer des gaz inflammables et/ou pyrophoriques ;
- Les résidus de combustion restent réactifs, émetteurs de gaz
toxique/inflammables/pyrophorique au contact de l?eau et sujet à la ré-inflammation. Ceci peut
compliquer le traitement post-accidentel.
12.2 Scénario d?un feu d?entrepôt stockant des batteries LMP
12.2.1 Comparaison avec un feu de caisse « standard » (1510) et d?un feu de batteries
Li-ion tel que discuté pour Flumilog
La Figure 132 compare le débit calorifique associé à l?incendie d?une palette 1510 à celui d?une caisse
composée de 7 modules LMP issu de l?essai réalisé le 22/03/2024 (Chapitre 8). Il s?agit de l?essai le
plus représentatif d?un feu de caisse de modules LMP prise dans un incendie. Le débit calorifique de la
palette 1510 est issu des travaux Flumilog11. Elle concerne une palette standard de volume 1,44 m3
(L x l x h = 1,2 x 0,8 x 1,5 m3) alors que le volume de la caisse est seulement de 400 L.
On rappelle que le SOC des modules utilisés pour les essais était de 100 %, tel que déclaré par Blue
Solutions.
Pour les modélisations présentées en figure 132.133 et 134, servant à comparer les feux d?un « entrepôt
type » rempli de différents types de palettes (1510 classique, batteries Li-ion NMC, batteries LMP), l?outil
Flumilog a été utilisé et plusieurs hypothèses sont prises, résultant à des résultats « enveloppes » ou
majorants, utiles pour la réglementation. La principale hypothèse réside dans une cinétique de
propagation particulièrement rapide, dans l?objectif d?avoir la masse la plus importante possible
impliquée dans l?incendie. En effet, en cas de cinétique trop lente, les premières palettes seraient
éteintes à l?inflammation des dernières, conduisant à une moindre puissance de l?incendie et donc, par
suite, à une minoration des flux calculés. L?énergie rayonnée étant directement proportionnelle à la
puissance instantanée, maximiser la puissance permet d?évaluer les flux thermiques enveloppes. De
plus, les effets des différents systèmes de lutte contre l?incendie, système d?extinction automatique et
intervention des services internes ou externes de secours, ne sont pas pris en compte dans les
hypothèses de modélisation. En conséquence, cette hypothèse est raisonnablement pénalisante par
rapport à la cinétique de propagation en situation réelle.
Une autre hypothèse importante à garder en tête dans l?exploitation des résultats de l?outil Flumilog est
la projection des flammes sur chacune des parois à chaque pas de temps de calcul des flux. En effet,
pour favoriser le développement de l?incendie, le départ de feu est supposé se situer au centre de la
cellule. Le feu se propage depuis le point d?inflammation vers les combustibles situés à proximité,
conduisant, pour cette hypothèse, à un feu localisé au centre de la cellule. Le départ de feu pouvant
cependant se situer n?importe où dans la cellule, les flammes sont projetées sur chacune des parois
pour le calcul des flux thermiques.
11 https://www.flumilog.fr/
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De plus, pour chaque flamme, le cas avec et sans vent est pris en compte, la flamme est ainsi penchée,
pour chaque façade, vers l?extérieur du bâtiment et les flux sont comparés à une flamme droite. Les flux
donnés par le logiciel sont le maximum entre le cas avec et le cas sans vent.
Figure 132 : Comparaison entre le débit calorifique émis par une palette 1510
et celui émis par une caisse de 7 modules LMP
L?énergie dégagée par la palette 1510 atteint environ 4000 MJ alors que celle dégagée par la caisse
atteint environ 2000 MJ.
Afin d?affiner la comparaison, l?énergie libérée par l?incendie de la caisse de 7 modules LMP est
extrapolée à celle d?un stockage unitaire de volume égal à celui de la palette standard 1510, soit
1,44 m3, au prorata du volume. Cela représente environ 25 modules. Le débit calorifique est obtenu en
posant comme hypothèse que le feu d?une caisse de 7 modules se propage à l?autre après 1,3 min,
d?après la propagation moyenne observée lors de l?essai d?un feu de caisse de modules LMP prise dans
un incendie (chapitre 8). Une vitesse de propagation plus lente conduirait à une puissance totale plus
faible et des distances d?effets plus faible. Une vitesse de propagation plus rapide aura des
conséquences inverses. Le débit calorifique d?une palette standard composée de 25 modules LMP peut
alors être estimé par la courbe rouge de la Figure 133 et simplifié par la courbe grise selon la
méthodologie Flumilog (méthodologie en cours de validation). La durée de l?incendie de la palette serait
donc de 15 min et sa puissance maximale atteindrait 9000 KW. L?intégrale de cette courbe est d?environ
7500 MJ.
0
500
1000
1500
2000
2500
3000
3500
4000
4500
5000
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50
HR
R
(k
W
)
Temps (min)
Caisse 7 modules LMP
Palette 1510 Flumilog
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Figure 133 : Débit calorifique émis par une palette de modules LMP
Les distances d?effets associées à l?incendie d?un entrepôt stockant des palettes de modules LMP sont
présentées dans le paragraphe suivant.
12.2.2 Evaluation des distances d?effets thermiques pour un incendie d?entrepôt
Afin de modéliser les effets à l?échelles d?un entrepôt et de permettre une comparaison en première
approche entre différentes palettes types, des modélisation Flumilog est proposée. Des caractéristiques
de l?entrepôt ont dû être choisies afin de permettre la modélisation mais ne correspondent pas à celles
de l?entrepôt de Grand-Couronne. Les caractéristiques retenues de cet entrepôt fictif considéré pour les
simulations et les comparaisons sont les suivantes :
- Surface de 6000 m² (100 x 60 m),
- Hauteur de la cellule : 13 m,
- Stockage en racks de 12 m de hauteur sur 7 niveaux,
- Nombre de doubles racks : 9, nombre de simples racks : 2,
- Toiture dotée de 2 % de surfaces d?exutoires,
- Murs REI120 sur 3 façades et murs avec portes de quai pour 4ième façade.
Deux stockages de palettes de 1,44 m3 sont considérés :
- Dans le premier cas, 25 modules LMP par palettes chargés à 100 %,
- Dans le second cas, des palettes standards de la rubrique 1510.
Les distances d?effets calculées avec le logiciel Flumilog sont présentées sur la Figure 134. Cette
comparaison est faite en supposant des cellules remplies à 100 % par chacune des typologies de
produits, sans lien avec un quelconque sinistre.
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Figure 134 : Distances d?effets calculées avec le logiciel Flumilog ? à gauche, pour un stockage 1510,
à droite pour un stockage de modules LMP
L?émittance maximale calculée par Flumilog pour le cas LMP est de 198 kW/m2. Lors des essais des
émittances comprises entre 165 et 200 kW/m2 ont été mesurées. L?ordre de grandeur est donc cohérent.
Toutefois, il est communément admis que l?émittance décroit avec la taille du feu. Pour une émittance
plus faible, les distances d?effets seront diminuées.
Les distances d?effets obtenues dans les deux cas sont présentées dans le Tableau 26.
Tableau 26 : Distances d?effets calculées avec le logiciel Flumilog
Les puissances générées par l?incendie pour les deux configurations sont comparées sur la Figure 135.
Seuil d'effet
(kW/m²)
Rubrique 1510 Modules LMP
3 43 > 110
5 23 110
8 NA 85
Distances d'effets (m)
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Figure 135 : Puissance calculée pour les 2 cas traités
La puissance obtenue pour le feu de batteries est très inhabituelle pour un feu d?entrepôt car elle culmine
à des valeurs très élevées, pratiquement 40 GW pour un temps très court alors qu?elle atteint 5 GW
pour un feu d?entrepôt 1510. Cela s?explique par la puissance élevée de la palette unitaire qui favorise
un emballement rapide. Encore une fois, cette modélisation n?est pas représentative de l?entrepôt de
Grand-Couronne mais sert seulement à donner des éléments de réponses à la question posée par le
BEA de comparer un feu de caisses de batteries LMP à d?autres types de feu plus communément
rencontrés et déjà documentés.
12.2.3 Analyse de la tenue des murs REI120
La tenue au feu d?un mur REI120 est dimensionnée sur la base de la courbe ISO83412 représentée sur
la Figure 136. Cette courbe est caractéristique d?un feu cellulosique (bois, carton, ?) dont le Pouvoir
Calorifique Inférieur (PCI) des combustibles est de l?ordre de 20 MJ/kg.
12 ISO 834 ? Essai de résistance au feu ? Eléments de construction ? partie 1 : Exigences générales
0
5000
10000
15000
20000
25000
30000
35000
40000
0 20 40 60 80 100 120 140
Pu
is
sa
nc
e
(M
W
)
Temps (min)
Modules LMP
Palettes 1510 - Flumilog
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Figure 136 : Courbe ISO834]
La tenue mécanique au feu d?un mur REI120 est garantie si la température appliquée sur ce mur reste
inférieure ou égale à la courbe ISO834. Il est clair que la température appliquée sur le mur peut
ponctuellement être supérieure à la courbe sans compromettre sa tenue mécanique sous réserve que
ce dépassement ait lieu sur une durée et une surface restreinte.
Le graphe de la Figure 137 compare la courbe ISO 834 à la température issue de l?emballement
thermique d?un stockage de modules LMP reconstruite de manière théorique à partir :
- des températures moyennes observées pendant les essais,
- d?une modélisation d?un incendie d?entrepôt à l?aide du code Flumilog qui permet d?évaluer la
durée de l?agression thermique sur le mur.
Il est bien évidemment très compliqué de construire une courbe température ? temps avec les seules
données disponibles aujourd?hui. Des choix ont été faits à des fins de comparaison. La courbe a ainsi
été construite forfaitairement sur la base des choix suivants :
- une phase de montée en température supposée de cinétique similaire à la courbe ISO 834 en
l?absence d?élément, en reprenant donc une équation en logarithme népérien équivalente Ã
l?ISO834 mais en adaptant celle-ci pour la température maximale soit atteinte au temps final de
l?incendie calculé par l?outil Flumilog, soit 40 min ;
- une phase de décroissante selon une équation de la forme A.exp(-B.t) avec les constantes A et
B calées pour une durée d?incendie de 120 min. Cette forme de courbe en exponentielle est
représentative de l?évolution de la décroissance de la puissance d?un incendie en référence à de
nombreux essais réalisés par l?Ineris en chambre 1000 m3. La prise en compte de cette
décroissance est réalisée pour refléter la durée calculée de l?incendie. Une autre approche aurait
pu être de considérer la température constante une fois la température maximale atteinte. Cela
n'aurait aucunement affecté les conclusions qui suivent.
Cette courbe montre que l?incendie d?un stockage de modules LMP serait susceptible de compromettre
la tenue mécanique d?un mur REI120 puisque la température atteinte par l?incendie pourrait dépasser
la température limite - sur laquelle les mus REI120 ont été dimensionnés - de plusieurs centaines de
degrés pendant plusieurs dizaines de minutes, sous réserve que le stockage soit situé à proximité du
mur et soit suffisamment étendu notamment le long du mur. A titre indicatif l?ordre de grandeur des
distances pourrait correspondre à un stockage d?une dizaine de mètres de large minimum situé à une
distance du mur inferieure à une dizaine de mètres.
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Figure 137 : Comparaison entre la courbe ISO834 et la température d?agression issue de l?incendie
de caisses de modules LMP
12.2.4 Analyse du besoin en désenfumage
Pour évaluer la pertinence de la surface utile de désenfumage pour un stockage de batteries LMP, il
convient de revenir à l?origine et à l?objectif de ce désenfumage. La mise en place d?un système de
désenfumage a ainsi pour objectif, en évacuant les fumées d?incendie, de réduire la cinétique de
propagation du feu, limitant notamment le risque de flashover, mais également de maintenir les fumées
à une certaine hauteur pour permettre l?évacuation.
Les essais feu caisse permettent de proposer un débit surfacique d?environ 177 g/m2/s. De fait, la vitesse
de combustion et le débit de fumées pour les batteries LMP sont bien supérieurs à ceux des produits
cellulosiques et plastiques utilisés en référence pour évaluer la surface utile nécessaire de désenfumage
(40 g/m2/s pour des pneus et 12g/m2/s pour des câbles électriques par exemple).
Bien que les températures élevées atteintes par un tel incendie favorisent le désenfumage (pour une
température plus élevée, les densités sont plus faibles, ce qui favorise l?écoulement au travers des
ouvrants), et afin de conserver l?atteinte des objectifs de sécurité associés au désenfumage pour un tel
stockage, il semble nécessaire d?accroître la surface de désenfumage.
12.2.5 Evaluation des effets toxiques aigües13 pour un incendie d?entrepôt
Afin de mettre en perspective les résultats des analyses de fumées réalisées dans cette étude, une
comparaison entre la toxicité aigüe des fumées d?un incendie de batteries LMP, de gazole et de
pneumatiques est proposée. Cette comparaison ne prend en compte que la composition gazeuse car,
en l?état actuel des connaissances, on considère que les particules n?influent pas sur la toxicité aigüe
mais seulement sur les effets chronique. De même, cette comparaison ne tient pas compte des effets
que les émissions particulaires pourraient avoir sur l?environnement.
Au regard des hypothèses fortes sur la formation du panache, tel que décrit dans le rapport Ineris ?1614,
il a été choisi, pour cette comparaison, d?évaluer la différence de toxicité à l?émission. Cette approche
consiste à ne diluer les émissions que dans la seule quantité d?air nécessaire à la combustion des
produits. La seule hypothèse nécessaire est donc que l?apport d?air est suffisant pour assurer la
combustion complète, condition dans laquelle sont également mesurés les facteurs d?émission listés
dans le Tableau 14.
13 Aigüe au sens des valeurs seuils de toxicité aigüe françaises (VSTAF)
14 Rapport Ineris W16, Omega 16 - Recensement des substances toxiques (ayant un impact potentiel à court,
moyen et long terme) susceptibles d?être émises par un incendie, juin 2023.
0
200
400
600
800
1000
1200
1400
1600
1800
2000
0 20 40 60 80 100 120
Te
m
pé
ra
tu
re
(°
C)
Temps (min)
ISO834
Feu de caisses de modules LMP
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Afin d?évaluer la dangerosité des gaz émis, il est ainsi possible d?estimer la toxicité aigüe du mélange
gazeux constitué des gaz de combustion et de l?azote contenu dans l?air ayant servi à la combustion
sous l?hypothèse que tout l?oxygène est consommé. La toxicité de ce mélange peut alors être exprimée
sous une forme inspirée de la Concentration Effective Fractionnelle (CEF) :
??? =
??
?????????è???
Cette quantité représente ainsi le potentiel toxique du mélange, plus sa valeur est élevée, plus le
mélange est toxique.
En considérant les propriétés de combustion, vitesse et chaleur, du gazole, des pneumatiques et des
caisses de LMP et les facteurs d?émissions, Tableau 14, il est possible d?évaluer cette valeur pour ces
différents produits, Tableau 27 en utilisant les VSATF pour les seuils d?effet irréversibles pour 30 min
d?exposition.
Tableau 27 : CEF calculée pour différents produits.
Produis CEF
Gazole 5,4
Pneumatiques 16,5
Caisse LMP 15,8
Ce résultat met en évidence un potentiel toxique comparable entre pneumatiques caisse LMP, potentiel
près de 3 fois supérieur à celui du gazole pour ces deux produits en raison, notamment, de la production
de gaz spécifiques comme les acides halogénés ou le dioxyde de soufre qui ont une forte toxicité.
Il faut par ailleurs souligner que ce potentiel toxique à l?émission est principalement piloté par les gaz
émis et la chaleur de combustion des produits, chaleur qui pilote le besoin en air. La puissance de
l?incendie joue peu au final, pour ce qui concerne la toxicité à l?émission. Etant entendu que la vitesse
de combustion mesurée est très élevée pour les caisses LMP, l?effet ascensionnel du panache sera
plus important avec pour conséquence une plus forte dilution pour le calcul des effets toxiques Ã
distance de la source.
12.3 Synthèse des particularités d?un feu d?entrepôt stockant des batteries LMP
Les résultats expérimentaux et numériques obtenus dans le cadre de cette étude conduisent aux
conclusions suivantes :
- Le débit calorifique lié à l?incendie d?une palette de modules LMP est pratiquement 6 fois plus
élevé que celui associé à l?incendie d?une palette classée sous la rubrique 1510 ;
- Les températures de flamme liées à l?incendie d?un stockage de modules LMP peuvent atteindre
en moyenne plus de 1400 °C et sont susceptibles de compromettre la tenue mécanique d?un mur
REI120 sous réserve que ce stockage soit situé à proximité du mur à moins d?une dizaine de
mètres, et disposé le long du mur sur une dizaine de mètres minimum ;
- Les distances d?effets au seuil des effets irréversibles (SEI) associées à l?incendie d?un entrepôt
de 6000 m², de 13 m de hauteur et doté de murs REI120 composé d?un stockage en racks de
palettes de modules LMP pourraient atteindre plus de 110 m. Les distances d?effets au seuil des
effets domino (8 kW/m²) pourraient atteindre 85 m. Ces distances sont au minimum 5 fois plus
élevées que celles associées à un entrepôt de produits courant (rubrique 1510) ;
- Les besoins de désenfumage des entrepôts stockant des batteries LMP pourraient être
supérieures à ceux préconisés dans la rubrique ICPE1510.
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PARTIE 3 : Protection en phase accidentelle et réactivité des
résidus
Cette partie cherche à déterminer la réactivité des résidus afin de préciser si les moyens de protection
utilisés en phase accidentelle (y compris dans les dernières heures d'extinction) permettent de protéger
convenablement les intervenants.
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13 Observations préliminaires
A l?issue des essais, bien que les modules étaient complètement consommés, une quantité importante
de résidus était présente et la plupart des outils utilisés lors de l?essai à proximité de la réaction (bac de
rétention, virole, outil d?écrasement, ?) étaient fortement dégradés. Comme cela est visible sur
la Figure 138, la plupart des résidus avaient une couleur rougeâtre ou brunâtre et étaient très
hétérogènes.
Figure 138 : Photographies des résidus d?essais
Les jours suivant les essais, lors du nettoyage des chambres d?essai, de fortes odeurs rappelant celles
de l?ail ont été senties de manière continue à proximité des chambres et dans un rayon de plusieurs
mètres autour des fûts de 200 L dans lesquels étaient placés les résidus et matériels souillés. Afin de
limiter les odeurs, les fûts sont stockés dans des locaux ventilés jusqu?à leur élimination dans les filières
appropriées. Aussi, quelques heures après la mise en fût, le couvercle d?un fût cerclé a été projeté Ã
plusieurs mètres malgré l?utilisation de couvercles à valve de surpression.
Lors de transfert de matériel souillé les jours de pluie, des inflammations ont été observées comme
documenté en Figure 139. Enfin, lors des phases de nettoyage après-essai, du fait de la nature
compacte et solide des résidus, les morceaux trop volumineux pour la mise en fût ont dû être cassés Ã
l?aide d?outils tels qu?une pioche. Lors des coups de pioches, des inflammations intermittentes ont
également été observées.
Figure 139 : Extraits vidéo où l?inflammation de résidu au contact du sol humide est visible
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Ces inflammations répétées ont rapidement conduit à l?hypothèse de la formation de gaz inflammables
par les résidus d?essai. Deux mois après l?essai pad module, une analyse FTIR a été réalisée dans le
ciel gazeux d?un fût de résidu de l?essai pad module. Pour cela, le couvercle du fût a été percé et un flux
entrant d?azote de 2,5 L/min a été imposé en même temps que les gaz sortants étaient analysés par
FTIR. Le spectre présenté Figure 140 est ainsi obtenu. Trois gaz y sont clairement identifiables à l?issue
de cette analyse : de l?eau (issue de l?humidité de l?air) ; de la phosphine (PH3) et de l?acétylène (C2H2).
Une quantification approximative de la phosphine permet d?estimer une production d?environ 0,15 L/h.
En plus de ces composés, il est probable qu?en présence d?eau, de l?H2 soit formé par réaction avec du
Li métal présent dans les résidus. Le H2 n?est pas mesurable par FTIR.
Figure 140 : Analyse du ciel gazeux d?un fût contenant des résidus de combustion de l?essai pad
sur module
Afin de préciser si, au regard de la réactivité de ces résidus, les moyens de protection utilisés en phase
accidentelle (y compris dans les dernières heures d?extinction) permettent de protéger convenablement
les intervenants, les substances en présence ont été analysées et les mécanismes possibles de
formation de ces gaz proposés.
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14 Réactivité des résidus
Cette partie vise à caractériser l?hydro réactivité des résidus et caractériser la formation gazeuse.
14.1 Prélèvement
Quatre jours après l?essai, des résidus de l?échantillon soumis à essai ont été prélevés à l?aide d?un
marteau et d?un burin dans le bac de feu utilisé pour l?essai, situé dans la Galerie Incendie de l?Ineris
(Figure 141). Le prélèvement correspond à des résidus restés au fond du bac feu après l?essai
propagation sur caisse.
Figure 141 : Cliché photographique du prélèvement d?échantillon issu de résidus de combustion
de batterie, produits à la suite d?un essai abusif
Il est à noter que lors du prélèvement de l?échantillon dans le bac de feu, des étincelles ont été produites
suite aux coups de burin sur les résidus de combustion, mais seulement dans certaines zones du bac.
Les analyses présentées dans la suite de ce document ont été effectuées sur des échantillons prélevés
dans des zones du bac contenant les résidus les plus susceptibles de produire des étincelles.
14.2 Evaluation préliminaire de la réactivité des résidus prélevés
Immédiatement après le prélèvement décrit ci-dessus, quelques gouttes d?eau ont été versées sur un
fragment de l?échantillon ainsi prélevé (Figure 142b). Une réaction vive a été observée, avec un
bullage/formation d?une mousse et émission de gaz à la surface de ce dernier sans signe d?inflammation
(Figure 142c).
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Figure 142 : Clichés photographiques de l?échantillon (immédiatement après le prélèvement) placé
dans un bécher (a), lors d?ajout d?eau (b) et bullage/formation de mousse (c)
Après humidification, les fragments d?échantillon soumis à des chocs mécaniques (coups de burin) se
sont également montrés d?autant plus réactifs, produisant des inflammations relativement vives
(Figure 143). Il semblerait donc, d?après ces premières constatations, qu?une fois l?échantillon prélevé
et humidifié (voire réhumidifié), l?impact/frottement mécanique d?une pièce en métal (burin) contre le
résidu serait à même de provoquer l?inflammation du ou des gaz formé(s).
Figure 143 : Clichés photographiques du comportement de l?échantillon humidifié soumis
à une action/contrainte mécanique
b ca
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Le reste d?échantillon prélevé (Figure 144) a été immédiatement placé en boîte à gants sous
atmosphère inerte avec une concentration d?O2 inférieure à 10 ppm.
Figure 144 : Clichés photographiques du prélèvement d?échantillon de résidus de combustion de
batteries et fragments produits à la suite du concassage au burin en boîte à gants pour s?approcher
des quantités requises pour les diverses phases de l?épreuve N.5
Les échantillons ont ensuite été soumis aux essais de caractérisation de l?hydro réactivité décrits en
Section 14.3 sans traitement préalable.
14.3 Epreuve N.5 : Méthode d?épreuve pour les matières qui, au contact de
l?eau, dégagent des gaz inflammables (ONU)
Les essais ont été réalisés suivant l?épreuve décrite dans le Manuel d?épreuves et de critères de l?ONU,
8ème édition, réf. ST/SG/AC.10/11/Rév.8, 2023.
14.3.1 Phase 1
Protocole de la Phase 1 de l?épreuve N.5 du règlement ONU : Dans un bac rempli d?eau distillée à 20°C,
on place une petite quantité de matière (c?est à dire une portion d?environ 2 mm de diamètre). On
observe s?il y a dégagement et s?il y a inflammation spontanée du gaz.
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En raison de l?état de la nature (massive) de l?échantillon, il n?a pas été possible de prélever précisément
une portion de 2 mm de diamètre (Figure 145).
Figure 145 : Clichés photographiques des échantillons d?essais soumis à la phase 1 de l?épreuve N.5
Durant cet essai, un fort dégagement de gaz (sans inflammation) est observé spontanément dès
immersion de l?échantillon, et ce durant un peu plus de 1 minute.
14.3.2 Phase 2
Protocole de la Phase 2 de l?épreuve N.5 du règlement ONU : On place une petite quantité de matière
(c?est à dire une portion d?environ 2 mm de diamètre) au centre d?un papier-filtre flottant à la surface
d?un bain d?eau distillée à 20°C, dans un récipient approprié (Figure 146). Le rôle du papier-filtre est de
maintenir la matière en un point fixe, afin d?obtenir la probabilité maximale d?inflammation spontanée du
gaz dégagé. On observe s?il y a dégagement et s?il y a inflammation spontanée du gaz.
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Figure 146 : Clichés photographiques des échantillons d?essais soumis à la phase 2 de l?épreuve N.5
Durant cet essai, un dégagement de gaz (sans inflammation) est observé durant 1 minute environ,
il convient donc de passer à la phase 3 de l?épreuve N.5.
14.3.3 Phase 3
Protocole de la Phase 3 de l?épreuve N.5 du règlement ONU : Ce test consiste à humidifier les
échantillons sans traitement particulier afin de faire un test exploratoire et évaluer la réactivité des
échantillons. Compte tenu du fait qu?ils n?étaient pas friables, nous l?avons soumis « tel quel » à cette
nouvelle épreuve (Figure 147). Durant cette phase de test, une mesure de température à coeur de
l?échantillon a été effectuée pour évaluer une estimation des échauffements lors de la réaction.
Figure 147 : Clichés photographiques des échantillons d?essais soumis à la phase 3 de l?épreuve N.5
Durant cet essai, un dégagement de gaz est observé (Figure 5a), sans inflammation, avec une
montée notable de température de l?ambiante à 84°C (Figure 5b).
(NB : la température d?auto-inflammation de la phosphine, gaz pyrophorique est de 38°C)
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Un test d?inflammation des gaz émis a été réalisé à l?aide d?un brûleur à gaz. A l?approche de la flamme
du brûleur, une inflammation spontanée et vive est observée (Figure 148).
Figure 148 : Clichés photographiques de la tentative d?inflammation au brûleur à gaz des gaz générés
lors de l?ajout de quelques gouttes d?eau sur l?échantillon soumis à la phase 3 de l?épreuve N.5
Un fragment d?échantillon a également été soumis à la Phase 4 de l?épreuve (Section 14.3.4) afin
d?estimer le débit gazeux émis lors de l?immersion de l?échantillon dans de l?eau.
14.3.4 Phase 4
Protocole de la Phase 4 de l?épreuve N.5 du règlement ONU : S?il s?agit d?une matière solide, on
l?inspecte pour déterminer si elle contient une certaine quantité de particules fines (c?est-à -dire de
granulométrie inférieure à 500 µm). Si cette quantité représente plus de 1 % (en masse) du total, ou s?il
s?agit d?une matière friable, l?échantillon entier doit être broyé en poudre avant l?épreuve pour simuler
les effets d?effritement au cours de la manutention et du transport ; dans le cas contraire, on utilisera la
matière sous sa forme commerciale (dans le cadre de cette étude l?échantillon sera utilisé sous sa forme
tel que prélevée et après un léger concassage), comme dans le cas des liquides.
L?essai qui doit se dérouler à la température ambiante (20°C) et à la pression atmosphérique est exécuté
trois fois. On utilise une ampoule à décanter contenant de l?eau, et une fiole conique dans laquelle on a
placé une quantité suffisante de matière (jusqu?à maximum 25 g) pour produire de 100 à 250 ml de gaz.
On ouvre le robinet de l?ampoule à décanter pour laisser couler l?eau dans la fiole conique ; on déclenche
un chronomètre. Le volume de gaz produit est mesuré de toute manière appropriée. On note la durée
totale du dégagement de gaz ; on note également, si possible, la quantité produite à certains intervalles.
La production de gaz est calculée sur une durée de 7 heures à intervalles d?une heure. Si le débit de
gaz fluctue ou augmente après 7 heures, la durée de mesure doit être prolongée jusqu?à un maximum
de cinq jours.
On peut cependant arrêter l?épreuve avant si le débit est devenu constant ou diminue régulièrement et
que l?on a recueilli suffisamment de données pour pouvoir affecter la matière à un groupe
d?emballage/une catégorie ou conclure qu?elle ne relève pas de cette classe de danger. Si la nature
chimique du gaz dégagé n?est pas connue, il doit être soumis à un essai d?inflammabilité.
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Dans le cadre de cet essai, la mesure du volume de gaz produit a été effectuée en utilisant un débitmètre
automatique (type MGC-1), qui permet de mesurer le dégagement de gaz en fonction du temps
(Figure 149).
Figure 149 : Cliché photographique illustrant un exemple d?échantillon soumis à la phase 4
de l?épreuve N.5 avec les débitmètres automatiques
Le MGC-1 dispose d?une cellule immergée dans de l?huile synthétique (Calrix), qui collecte le gaz
dégagé par la réaction entre le produit testé et l?eau. Le gaz est amené par un tube qui pénètre Ã
l?intérieur de l?appareil, jusqu?au-dessous de la cellule. Celle-ci bascule lorsque le volume de gaz
accumulé atteint 3,2 ml et permet au gaz de s?échapper à l?air libre par un autre conduit.
La cellule de mesure est reliée au logiciel d?acquisition « RIGAMO » qui marque un point à chaque
basculement. L?appareil dispose également d?un affichage numérique du volume cumulé de gaz
comptabilisé au cours du temps.
Pour des raisons d?homogénéité dans le calcul du débit de gaz dégagé au cours des essais, seul le
résultat en volume cumulé au cours du temps a été utilisé.
Les essais seront réalisés sur les échantillons « tels quels » pour reproduire les conditions sur site, et
légèrement concassés, afin d?obtenir des prises d?essai pouvant être introduites dans les erlenmeyers.
Les essais se sont déroulés au sein de la plateforme sécurisée, thermostatée à 20°C.
Environ 5 g d?échantillon est déposé au fond d?un erlenmeyer de 50 ml en boîte à gants sous argon
(l?erlenmeyer est muni d?un bouchon à septum en partie supérieure et d?un film de parafilm pour le
raccord au débitmètre) et, sous sorbonne, une quantité de 10 ml d?eau distillée est ajoutée de manière
à immerger la substance soumise à essai. Le compteur de gaz MGC-1 est préalablement raccordé Ã
l?erlenmeyer.
Les courbes de suivi du dégagement gazeux de l?échantillon « tel quel » sont reportées ci-après
(figures 150 et 151).
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Figure 150 : Evolution du débit de gaz dégagé en fonction du temps lors de la phase 4 de l?épreuve
N.5 avec les débitmètres automatiques pour l?échantillon « Tel Quel » ? Essai 2
Figure 151 : Evolution du débit de gaz dégagé en fonction du temps lors de la phase 4 de l?épreuve
N.5 avec le débitmètre automatique pour l?échantillon « Tel Quel » - Essai 3
Un dégagement de gaz sans inflammation spontanée a été observé au cours de chaque essai et
le débit de gaz à plafonné à 576 L/h.kg pendant quelques minutes.
14.4 Analyse des gaz de réaction générés lors de l?ajout d?eau sur l?échantillon
Afin de connaitre la nature des gaz formés, un prélèvement a été réalisé dans un sac Tedlar puis identifié
par GC/MS. Pour l?analyse de la phosphine, un filtre imprégné (AgNO3) a été exposé au gaz puis a subi
une extraction dans un bain à ultrasons durant 1 h avant que le phosphore soit quantifié par ICP OES.
Ainsi, il ressort qu?une part majoritaire des gaz émis est du dihydrogène (H2) et que la phosphine
(quantifié en équivalent P) est émise dans des quantités 25 fois moindres. La présence d?acétylène n?a
pas été recherchée bien qu?elle ait été démontrée par FTIR.
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Des traces d?autres espèces ont été détectées sans pouvoir être quantifiées, on citera par exemple :
trimethylsilyl fluoride, tetramethyl silane, ethyl phosphine, dimethyl phosphine, trimethyl silanol, acide
acétique, hexamethyl disiloxane, n-butyl ether
14.5 Risques liés à l?émission de phosphine
Il a été mis en évidence lors des essais la formation de phosphine en présence d?eau, mais également
humidité. Lors d?un essai de sprinklage (30 l/m²/min), le débit de phosphine mesuré est d?environ
0,2 g/m²/s. En supposant de façon prudente que ce taux d?application du sprinklage soit employé sur la
moitié de la surface de la cellule et que 100 % de cette surface soit occupée par des résidus de batterie
après incendie, le taux d?émission de phosphine serait de 600 g/s.
Afin d?estimer les potentielles conséquences d?une telle émission, celle-ci a été modélisée dans l?outil
Phast v9.0 afin d?estimer la distance aux effets toxiques. Le seuil des effets irréversibles (SEI) pour
30 min d?exposition, soit 155 ppm a été utilisé pour représenter les distances atteintes. Le seuil des
premiers effets létaux pour une même durée de 30 min, 1395 ppm, est également tracé à titre informatif.
Deux classes de vent ont été considérées pour cette représentation, F3 et D5, conformément aux
prescriptions de la circulaire du 10/05/2010 pour la modélisation des effets toxiques dans le cadre des
études de dangers. Il convient enfin de préciser que, sur la base des observations sur le terrain, la
température d?émission de la phosphine est fixée à 100°C.
Les distances d?effets ainsi obtenues sont représentées sur la Figure 152. La distance maximale atteinte
par les effets irréversibles au niveau du sol est d?environ 250 m, 65 m pour les effets létaux. En
considérant les effets en altitude, la distance aux effets irréversibles atteint 550 m, les effets létaux
120 m environ.
Figure 152 : Vue latérale du panache toxique résultant de l?émission de phosphine, effets irréversibles
et premiers effets létaux.
Il est également important de noter que, en l?absence de perception d?une forte odeur aillée, il n?est
pas attendu que les seuils effets irréversible soient atteint. En effet, comme l?indique la figure 15315 le
seuil de perception est largement en deçà du seuil d?effet irréversible.
15 https://substances.ineris.fr/sites/default/files/archives/7803-51-2%20--%20Phosphine%20--
%20VSTAF-Rapp.pdf
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Figure 153 : Seuils de toxicité et de perception de la phosphine
14.6 Conclusions sur la réactivité des résidus
Les essais de détermination de l?hydro réactivité, suivant l?épreuve N.5 du Manuel d?épreuves et de
critères de l?ONU (ST/SG/AC.10/11/Rev.8), réalisés sur le résidu de combustion de batteries prélevé
« Tel Quel » permettent de conclure que :
? Un fort dégagement gazeux a été observé systématiquement pour chaque phase de l?épreuve
dans les conditions d?essais, et une inflammation immédiate et vive des gaz générés a été
mise en évidence lors des tentatives d?inflammation à l?aide d?une flamme produite par
un brûleur à gaz (à distance d?environ 30 cm minimum) ;
? Des débits de gaz allant jusqu?à environ 576 L/h.kg en débit maximal sur 1 h ont été
mesurés ;
? Le résidu de combustion est donc considéré comme étant hydro réactif au sens de la
classification ONU TMD ;
? La distance maximale atteinte par les effets irréversibles au niveau du sol est d?environ
250 m.
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15 Caractérisation des résidus
Cette partie a pour but de caractériser les résidus afin de comprendre les mécanismes menant à la
formation des gaz observés.
La figure 152 présente les flacons de résidus, stockés en boite à gants qui seront broyés puis analysés.
Figure 154 : Photographies des résidus prélevés pour analyse
Une analyse DRX a tout d?abord été réalisée sur les résidus de l?essai flux radiant sans que le transfert,
ni l?analyse, ne soient réalisées dans des conditions protégées de l?air (ces analyses par DRX ont été
sous-traitées à l?UTC). Les résultats de l?analyse sont présentés en figure 153. Sur ce prélèvement les
phases principalement identifiées sont le LFP (+triphylite LiFePO?) provenant de la cathode, le quartz
(SiO2) provenant du sable, le lithiophosphate (Li3PO4) la calcite (CaCO3) provenant possiblement des
parpaings des siporex utilisés comme support. Aucun composé hydro réactif et/ou susceptible d?être Ã
l?origine des émissions gazeuses n?est ainsi détecté, ce qui est plutôt attendu dans la mesure où les
poudres analysées devaient être oxydées (avaient réagi) avant l?analyse.
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Figure 155 : Analyse DRX des résidus d?un essai compression statique. L?analyse porte sur des
résidus plutôt rougeâtres et le transfert et l?analyse ont été réalisés sous air (poudre oxydée)
Pour compléter cette analyse, une seconde analyse a été réalisée sur les résidus identifiés comme
étant les plus réactifs parmi le prélèvement réalisé après l?essai de propagation. Cette analyse, dont les
résultats sont présentés en Figure 156, a été réalisée en broyant l?échantillon en boîte à gants
(O2<10 ppm) afin d?éviter son oxydation (contrairement à l?analyse précédente). La poudre ainsi
obtenue a ensuite été placée dans un porte échantillon et recouverte d?un film d?adhésif polyimide de
marque Kapton (responsable de la bosse aux faibles angles du spectre rayons X représenté en
Figure 156). Deux analyses d?un même échantillon ont été réalisées à quelques heures d?intervalle afin
d?identifier d?éventuels phénomènes d?oxydation (le film Kapton n?est pas parfaitement étanche sur
plusieurs heures) : le spectre « résidus batterie » (ligne noire, Figure 156) a correspond à la première
analyse réalisée. Le spectre « résidus batterie 2 » correspond quant à lui à la seconde analyse (ligne
rouge, Figure 156).
La matrice composite constituant l?échantillon étant très complexe, les spectres des Figures 155 et 156
montrent de nombreux pics, pouvant être associés à une multitude de composés. Ces analyses ne sont
cependant pas suffisantes pour dresser avec certitude une liste exhaustive des composés constituant
ces résidus. L?affinement des spectres de DRX par l?UTC suggère la présence de différents composés
dans l?échantillon analysé tels que :
? Une possible présence de Li3P (en particulier, sur la base de la présence d?un pic caractéristique
de cette phase à un angle de 2? = 42°). Cette interprétation est cependant questionnable, en
particulier du fait de la difficulté à distinguer les autres pics constituant le spectre caractéristique
du Li3P. L?identification de Li3P peut être envisagée (particulièrement le pic à 42°) ;
? Une possible présence d?alliage aluminium-lithium LiAl, suggérée par deux pics à des angles
de 2? = 40° et 2? = 24° ;
? Une possible présence de d?aluminate de lithium, indiquée par plusieurs pics situés à des angles
tels que 2? = 70°, 33° et 24°.
La comparaison des deux spectres réalisés à quelques heures d?intervalle montre une évolution
des pics mesurés au cours du temps, pouvant être le signe d?une réactivité des échantillons avec
leur environnement extérieur (mauvaise étanchéité de l?adhésif Kapton). Cependant, l?évolution
temporelle de l?intensité de ces pics semble difficile à interpréter du fait de comportements a priori
contradictoires des différents pics.
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On pourrait en effet s?attendre à ce qu?au cours d?une exposition prolongée à l?air, les poudres
s?oxydent, ce qui, du point de vue des spectres de DRX, pourrait se traduire par une diminution
progressive des pics attribués à LiAl et une augmentation de ceux attribués à LiAlO2.
La Figure 156 montre en revanche une diminution importante de l?intensité du pic à 2? = 40°
attribuée à LiAl alors que le pic à 2? = 24° reste stable. De même, l?intensité des pics à 2? = 70° et
à 33°, attribuée à LiAlO2 tend à diminuer au cours du temps, tandis que 2? = 24° reste stable et que
celui à 35° tend à augmenter. Enfin, on observe une augmentation de l?intensité des pics associés
à LiNiO.
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Figure 156 : Analyse DRX des résidus de l?essai feu caisse. L?analyse porte sur un ensemble
hétérogène de résidus et le transfert et l?analyse ont été réalisés sans contact avec l?air
(protégé par du Kapton)
Afin de compléter l?analyse DRX, une analyse RMN des isotopes 31P et 7Li a été réalisée à l?ICMCB.
Les résidus analysés sont issus de l?essai propagation et ont été préparés par broyage en boîte à gants
sous atmosphère inerte et l?analyse s?est faite dans des conditions excluant le contact de l?air.
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Les résultats sont présentés en Figure 157. Le spectre du 31P permet d?identifier clairement le Li3P par
le déplacement de raie caractéristique à -270 ppm16. Le spectre du 7Li confirme la présence de Li3P et
met en évidence la présence d?autres composés lithiés où le Li est proche d?espèces paramagnétiques
(LixC, LiFeP?).
Cette analyse permet aussi d?exclure la présence de Li métallique dans l?échantillon testé.
/
Figure 157 : Analyse RMN d?un ensemble hétérogène de résidus sur le 31P et le 7Li.
Le transfert et l?analyse ont été réalisés sans contact avec l?air
La mise en évidence d?un environnement diamagnétiques à proximité du Li par l?analyse RMN peut
suggérer la présence de phases telles que LixC ou LiFeP. Cette analyse a donc été complétée par une
analyse Mössbauer du fer dont les résultats sont présentés Figure 158. Cette analyse permet une
détermination du degré d?oxydation du fer, et apporte par conséquent davantage d?information sur les
composés en présence dans l?échantillon.
16 Marino, C.; Boulet, L.; Gaveau, P.; Fraisse, B.; Monconduit, L. Nanoconfined phosphorus in mesoporous carbon
as an electrode for Li-ion batteries: performance and mechanism. Journal of Materials Chemistry 2012, 22, 22713-
22720
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Figure 158 : spectroscopies Mössbauer des résidus d?essais
Ce spectre est constitué d'un unique doublet. Les paramètres hyperfins correspondent à du Fe3+ haut
spin en site tétraédrique (déplacement isomérique "petit delta" = 0.25 mm/s) dans un environnement
relativement symétrique (éclatement quadripolaire "grand delta" = 0.44 mm/s). Ce doublet quadripolaire
peut être associé à une phase de type LiFeP17 et, de manière certaine, pas à un oxyde ou oxyhydroxyde
de fer, un phosphate de fer ou encore une phase de type Fe3C.
17 Boyanov, S.; Womes, M.; Jumas, J.-C.; Monconduit, L. 57 Fe Mössbauer study of the electrochemical reaction
of Li with FeP y (y= 1, 2). In Proceedings of the ICAME 2007: Proceedings of the 29th International Conference on
the Applications of the Mössbauer Effect (ICAME 2007) held in Kanpur, India, 14-19 October 2007, 2009; pp. 1143-
1155.
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16 Mécanismes réactionnels susceptibles de former de la
phosphine
A la lumière des analyses réalisées, ci-dessus, et dans la limite des informations à disposition à ce
stade, la caractérisation des résidus permet ainsi de proposer différentes hypothèses de mécanismes
de réaction qui pourraient expliquer la formation de la phosphine mesurée dans le ciel gazeux des
échantillons exposée à un environnement humide :
1- L?excès de Li(m) fondu à l?anode (température de fusion du Li : 180 °C), en présence d?une
atmosphère réductrice (H2, CO2, CO, ?) et à très haute température (> 1400°C) réduit
LixFePO4 en Li3P et LiFeP (suggéré par RMN et Mössbauer).
En considérant les résultats Mössbauer, cette réduction du FePO4 de la cathode pourrait se
faire en présence de H2 et de CO et en fonction de la température par l?intermédiaire de la
formation de Fe2P, Fe3P ou du FeP18. Une partie du FeP peut ensuite interagir avec le Li en
excès selon le mécanisme (1) pour former du Li3P19.
FeP + Li ? LiFeP (1)
LiFeP + 2Li ? Li3P + Fe0 (1)
2- Au contact de l?eau ou de l?humidité de l?air, le Li3P réagit pour former de la phosphine selon
la réaction (2)
Li3P + 3H2O? 3LiOH + PH3 + chaleur (2)
Les analyses présentées en Section 16 n?ont pas permis d?identifier le composé à l?origine de la
production d?acétylène. Cependant, en considérant les matériaux composant le module, ainsi que les
conditions de combustion (environnement, températures, ?), il est possible de proposer les équations
de réaction suivantes :
1- L?excès de Li(m) fondu à l?anode réagit avec le CO2 formé par la réaction de combustion,
favorisé par les hautes températures atteintes pour former un carbure de lithium selon la
réaction (3)
Li(molten) + CO2? Li2C2 (3)
2- Au contact de l?eau ou de l?humidité de l?air, le carbure de lithium réagit pour former de
l?acétylène selon la réaction (4)
Li2C2 + 2H2O? C2H2 + 2LiOH + chaleur (4)
Enfin, l?inflammabilité du mélange gazeux émis par les résidus de combustion et l?intensité de la
combustion pourraient également être liées à la présence importante de dihydrogène mis en évidence
au paragraphe 13.4. Malgré l?absence de détection de Li sous forme métallique dans les analyses
réalisées, sa présence dans les résidus ne peut pas être écartée. En effet, au contact de l?eau ou de
l?humidité de l?air le Li forme du dihydrogène selon la réaction (5)
2 Li(m) + 2 H2O ? 2 LiOH (aq) + H2(g) + chaleur. (5)
18 Ye. Mukhametkhan et al., Complete thermodynamic analysis of the interaction of iron phosphate (FePO4) with
hydrogen (H2) and carbon monoxide (CO), Matalurgija 60, 2021
19 Boyanov, S.; Bernardi, J.; Gillot, F.; Dupont, L.; Womes, M.; Tarascon, J.-M.; Monconduit, L.; Doublet, M.-L. FeP:
another attractive anode for the Li-ion battery enlisting a reversible two-step insertion/conversion process.
Chemistry of materials 2006, 18, 3531-3538
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17 Conclusion générale
Le 16 janvier 2023, un incendie s?est déclaré au sein d?un entrepôt situé sur la commune de Grand
Couronne (76), qui abritait, selon l?exploitant, plusieurs milliers de batteries de véhicules de type Lithium
Métal Polymer (LMP).
Suite à l?incendie, le BEA-RI s?est saisi de l?enquête et devant la quasi-absence de données disponibles
dans la littérature sur la réactivité des batteries de type LMP, l?Ineris a été missionné pour mettre en
oeuvre une campagne d?essais permettant de mieux appréhender les modes de défaillance pouvant
être à l?origine d?un emballement thermique, les mécanismes de propagation, les effets de la réaction
de ces batteries ainsi que l?efficacité des dispositifs de protection. Pour permettre la réalisation d?essais,
Blue Solutions a mis à disposition les échantillons nécessaires.
Ce rapport fait état des constats observés lors des essais réalisés lors de la campagne menée Ã
l?INERIS et répond au questionnement de la saisine du BEA-RI en vue :
? De déterminer, en simulant différents modes d'agression, si des modes de défaillance de
modules à température ambiante peuvent être à l'origine d'un emballement thermique
Les essais sur les modes de défaillance ont permis de conclure sur :
- la possibilité de déclencher un emballement thermique par abus mécanique pouvant
correspondre à une chute d?une masse de 40 kg de 5 m ou 280 kg de 6,5 m, selon la face
impactée. Les hypothèses d?une chute d?objet sur la caisse, de la chute d?une caisse ou d?un
coup de fourche de chariot élévateur semblent être des hypothèses plausibles même s?il faut
noter que les modules étant placés dans des caisses carton qui offrent une protection relative
aux modules ;
- la possibilité qu?un défaut interne de type court-circuit entre cellules ou interne à certaines
cellules constitutives des modules induise un emballement thermique du module. Un essai clou
a été réalisé et n?a pas permis le déclenchement de l?emballement thermique d?un EC. Afin de
s?affranchir des nombreux paramètres de tests qui auraient pu changer l?issue de l?essai, un
test ne simulant non pas le défaut (court-circuit interne) mais les conséquences d?un défaut,
c?est-à -dire un échauffement rapide localisé. Un essai de chauffe rapide localisée directement
à la surface d?un EC a été réalisé et a permis de créer un emballement thermique de l?ensemble
de l?EC qui s?est ensuite propagé à l?EC en série placée dessous. En supposant que cet essai
soit représentatif de ce qu?il pourrait se passer en cas de défaut interne, il est donc possible de
conclure qu?un défaut interne peut causer l?emballement thermique d?un EC qui se propage ou
se serait ensuite propagé au module.
D?autres hypothèses comme le court-circuit externe, un défaut d?étanchéité ou la surdécharge n?ont pas
été étudiées car non considérées comme susceptibles d?être la source de départ d?un emballement
thermique pour un module à température ambiante en condition de stockage.
? D'étudier les mécanismes de propagation de l'incendie en tenant compte du mode de
stockage utilisé dans l'entrepôt et d'établir sur la base des mesures et des observations
réalisées à l'occasion des essais si les modules de batteries peuvent être à l'origine des
explosions et des projections constatées lors de l'incendie
De manière générale, les essais menés ont permis de caractériser le comportement des batteries
LMP produites par Blue Solutions en situation abusive. Il ressort de l?analyse que :
- Peu de signes avant-coureurs sont observables avant que le module n?entre en réaction
violente. La réaction est quasi instantanément très violente ;
- La détermination d?abus maximal tolérable avant l?emballement thermique est compliquée Ã
déterminer car la réaction se produit avec un décalage temporel important par rapport à l?abus.
Ce comportement est observé particulièrement lors d?abus mécaniques ;
- Des jets de métal en fusion sont observés dès les premiers instants de la réaction et se
poursuivent tout au long de la réaction. Ces jets sont potentiellement une source de propagation
de l?incendie et/ou de danger envers les personnes ;
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- Des températures très élevées sont observées (1615°C), ce qui, en plus de jouer un rôle
important sur le rayonnement et donc la propagation, peut affecter la tenue des structures
métalliques ou en bêton ;
- Des coulées de métaux/résidus en fusion très chaudes sont observées et restent chaudes
plusieurs minutes au sol. Cela favorise la propagation verticale (vers le bas) et horizontale, de
la même manière qu?un feu de nappe le ferait en s?étalant au sol.
En complément de ces observations, des valeurs précises concernant les paramètres de combustion
ont pu être déterminées. L?énergie de combustion spécifique des modules LMP Blue Solutions est
supérieure par rapport à ce qui a pu être déjà observé à l?Ineris sur des cellules Li-ion NMC tandis que
le débit calorifique spécifique des modules LMP Blue Solutions atteint des valeurs comparables avec
ce qui a pu être déjà observé à l?Ineris ou dans la littérature sur des cellules Li-ion NMC. Si l?on compare
maintenant ces valeurs à celles observées sur des modules Li-ion de type automobile, le débit
calorifique mesuré sur les modules LMP Blue Solutions est également nettement supérieur. Cet écart
s?explique à la fois par les propriétés intrinsèques de la technologie et par les choix d?ingénierie faits par
Blue Solutions, aboutissant à l?absence de séparation physique entre les éléments du module (7 kWh)
qui permettrait de ralentir la propagation et limiter la quantité de matériaux réagissant simultanément.
? D'évaluer la dangerosité des substances émises, le cas échéant, en les comparant aux
substances émises par des feux plus communément rencontrés et déjà documentés
Lors de la combustion des modules, des émissions de gaz importantes sont observées. Le mélange
gazeux est en très large majorité composé de CO2, issu de la combustion intense. Comme autres
produits de combustion, du CO est mesuré (en quantité 30 fois inférieure) et du NO est détecté en
quantités relativement faibles mais significatives. D?autres gaz et COV plus spécifiques sont détectés,
on pourra citer le méthane (CH4), le fluorure d?hydrogène (HF), le dihydrogène (H2), le dioxyde de soufre
(SO2) ainsi que des traces de benzène (C6H6), de propane (C3H8) et parfois de chlorure d?hydrogène
(HCl).
Le mélange gazeux observé n?est pas inflammable contrairement à ce qui est parfois le cas avec du Li-
ion. Ici, en l?absence d?électrolyte liquide à faible point d?ébullition, un régime de réaction fumigène sans
feu violent parait impossible.
L?aspersion d?eau modifie cependant sensiblement ce mélange gazeux. En effet, s?il reste très
largement composé de CO2, les teneurs en certains gaz inflammables et/ou toxiques (CO, H2, CH4)
augmentent sensiblement. Certains gaz ne sont plus détectés (HF, SO2) tandis que de la phosphine
(PH3) a été détectée pour la première fois dans ces conditions. L?extinction à l?eau peut expliquer la
formation de ces gaz inflammables et/ou pyrophoriques.
Ces essais ont aussi été l?occasion d?évaluer les émissions particulaires émises dans les fumées et
à proximité des batteries.
- Dans les fumées, le flux de particules est estimé de 6.1014 particules/s, au pic de réaction d?un
module. Ces particules ont un diamètre "médian" compris entre 81 nm et 190 nm selon les
essais. Beaucoup de ces particules sont d?origines organiques (goudron, suies, ?) et une
analyse élémentaire des prélèvements sur filtres permet de démontrer un enrichissement
marqué en lithium, en phosphore et en fluor ainsi que, dans une moindre mesure, en soufre, fer
et aluminium. Une pseudo quantification très approximative permet de donner les ordres de
grandeur d?émission de ~290 g de lithium, ~230 g de phosphore et ~60 g de soufre par module.
- A proximité de l?échantillon, les meilleurs traceurs des émissions sont, de loin, le lithium et le
fluor. Des traceurs organiques de type PCB et PCDD/F peuvent être identifiés On pourra retenir
les PCB 126 et, dans une moindre mesure 157 et 169 et le 2,3,7,8 TCDF. Les analyses révèlent
également l?absence de HAP.
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? D'évaluer le rôle du système d'extinction automatique
Lors de cette campagne, des essais ont été réalisés visant à évaluer l?efficacité et les conséquences
d?une extinction à l?eau d?un feu naissant (deux ou trois modules en emballement). Nous concluons que
le sprinklage a permis de ralentir la propagation entre caisses superposées sans toutefois l?empêcher.
Le sprinklage a aussi pu avoir un impact positif sur la propagation horizontale au sein d?une même
caisse puisqu?il a permis d?arrêter la propagation entre modules au sein de la caisse. Les essais réalisés
ne permettent pas de conclure formellement sur la possibilité de propagation vers une caisse située au-
dessous de la caisse en emballement mais les coulées de métal en fusion restant plusieurs dizaines de
minutes à plus de 1000 °C laissent penser qu?une propagation rapide aura lieu.
L?extinction à eau, semble donc pouvoir être recommandée sur ce type de feu. Même s?il est clair que
cela ne permettra pas d?éteindre un module en cours de réaction, si elle intervient dans les premiers
instants, qu?elle est correctement dimensionnée et que les caisses sont disposées dans une
configuration propice (empilement par deux comme ici testé par exemple), elle peut permettre de limiter
la propagation de l?incendie. Si elle intervient dans un délai plus long, l?arrêt de la propagation ne peut
pas être garantie par les essais réalisés mais elle sera vraisemblablement bénéfique en ralentissant la
propagation, diminuant le débit calorifique et refroidissant les alentours. Il y a cependant des
contreparties à prendre en compte : la projection de métal en fusion ; la production de gaz toxiques et
inflammable (CO, H2, ?).
Aussi une fois la phase intense de l?incendie terminée il faut limiter les apports d?eau car ceux-ci
contribuent à entretenir la réaction des résidus de combustion des batteries qui sont hydro réactifs et
émettent des gaz toxiques et inflammables. Aussi, il est recommandé de retenir les eaux d?extinction
qui sont contaminées.
? D'évaluer, au besoin par comparaison avec d'autres types de feu connus et documentés,
l'efficacité des dispositifs de protection incendie communément utilisés dans le domaine de
la logistique (mur REI, dispositif de désenfumage)
Ces conclusions, transposées à des conditions de stockage en entrepôt montrent que les distances
d?effets associées à l?incendie d?un tel entrepôt atteindraient des valeurs jusqu?à 5 fois celles observées
sur des entrepôts de produits courants. Elles montrent également que la tenue mécanique des murs
REI120 serait compromise en cas de stockage de palettes à proximité du mur (quelques mètres) au
regard des températures atteintes (de l?ordre de 1400 °C). Le débit calorifique de l?incendie atteindrait
des valeurs très importantes (plusieurs dizaines de GW pour des durées d?incendie limitées
(possiblement inférieure à 1 h).
? De préciser au regard des résultats obtenus en matière d'analyse si les moyens de protection
utilisés en phase accidentelle (y compris dans les dernières heures d'extinction) permettent
de protéger convenablement les intervenants
Afin de préciser si les moyens de protection utilisés dans les dernières heures d'extinction permettent
de protéger convenablement les intervenants et après des observations préliminaires de réactivité des
résidus d?essais, des essais de détermination de l?hydro réactivité, suivant l?épreuve N.5 du Manuel
d?épreuves et de critères de l?ONU (ST/SG/AC.10/11/Rev.8) ont été réalisés sur le résidu de combustion
de batteries prélevé « Tel Quel » et permettent de conclure que :
? Un fort dégagement gazeux a été observé systématiquement pour chaque phase de l?épreuve
dans les conditions d?essais, et une inflammation immédiate et vive des gaz générés a été
mise en évidence lors des tentatives d?inflammation à l?aide d?une flamme produite par
un brûleur à gaz (à distance d?environ 30 cm minimum) ;
? Des débits de gaz allant jusqu?à environ 576 L/h.kg en débit maximal sur 1 h ont été
mesurés ;
? Le résidu de combustion est donc considéré comme étant hydro réactif.
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Cette réactivité conduisant à des émissions de chaleur et de gaz toxique/inflammable/pyrophorique que
sont l?acétylène (C2H2), la phosphine (PH3) et probablement le dihydrogène (H2). Cette réactivité est
expliquée par la présence de Li3P, de Li2C2 et de lithium métal dans les résidus. Ceci rend, dans les
derniers moments de l?extinction, et plus généralement la gestion post accidentelle complexe et
nécessitant une protection adéquate de intervenants.
Enfin cette étude connait certaines limitations et d?autres études pourraient être nécessaires afin de
mieux définir les conditions de stockages optimales de ces modules. L?ensemble des modules testés
étaient complètement chargés (SOC 100 %) or il est reconnu qu?une réduction de l?état de charge
permet de diminuer la réactivité des batteries Li-ion, l?influence de l?état de charge pour des batteries
Li-métal reste à déterminer. Les essais de cette campagne ont eu lieu à température ambiante. Etudier
l?effet d?une réduction de température sur la possibilité de ces modules à réagir et sur les possibilités de
propager revêt un intérêt, d?autant plus que des dérogations au transport pour des modules
endommagés ont été émises sous cette condition.
Nous noterons aussi la possibilité d?extrapolation de certains de ces résultats à d?autres batteries
contenant du Li-métal à l?anode, ce qui semble être l?option favorisée par les constructeurs automobiles
dans leurs feuilles de route à l?horizon 2035, particulièrement dans le cas des batteries dites tout solides.
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18 Annexes
Liste des annexes :
- Annexe 1 : Courriel de demande du BEA-RI ? 1 page ;
- Annexe 2 : Méthodes expérimentale ? 6 pages ;
- Annexe 3 : Protocole de chauffe rapide localisée ? 3 pages ;
- Annexe 4 : Méthode de mesure du débit calorifique et de la chaleur de combustion ? 2 pages.
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Annexe 1 : Courriel de demande du BEA-RI ? 1 page
Mission conjointe BEA-RI - INERIS
Le BEA-RI a décidé le 17/01/2023 d?ouvrir une enquête sur l?évènement survenu le 16/01/2023 au sein
de l?entreprise SAS HIGHWAY France Logistics située à Grand-Couronne (76).
Deux enquêteurs du BEA-RI se sont rendus sur site. Selon les premiers éléments de l'enquête,
l'incendie qui s'est produit semble avoir mis en cause des modules de batteries de type LMP.
Dans la continuité des constats dressés lors de cette visite, nous souhaiterions mobiliser l?expertise de
l'INERIS, dans le cadre de sa coopération avec le BEA-RI, pour évaluer le rôle qu'aurait joué ces
modules dans l'occurrence et le développement de l'incendie.
En pratique, il est demandé à l'INERIS de réaliser des essais sur des modules ou sur des cellules
électrochimiques en vue :
? De déterminer, en simulant différents modes d'agression, si des modes de défaillance de
modules dit à température ambiante peuvent être à l'origine d'un emballement thermique ;
? D'étudier les mécanismes de propagations de l'incendie en tenant compte du mode de stockage
utilisé dans l'entrepôt et d'évaluer le rôle du système d'extinction automatique.
? D'établir sur la base des mesures et des observations réalisées à l'occasion des essais si les
modules de batteries peuvent être à l'origine des explosions et des projections constatées lors
de l'incendie
? D'évaluer, au besoin par comparaison avec d'autres types de feu connus et documentés,
l'efficacité des dispositifs de protection incendie communément utilisé dans le domaine de la
logistique (mur REI, dispositif de désenfumage);
? D'évaluer la dangerosité des substances émises, le cas échéant, en les comparant aux
substances émises par des feux plus communément rencontrés et déjà documentés ;
? De préciser au regard des résultats obtenus en matière d'analyse si les moyens de protection
utilisés en phase accidentelle (y compris dans les dernières heures d'extinction) permettent de
protéger convenablement les intervenants.
Ces essais seront réalisés à partir d'éléments qui auront été récupérés par le BEA-RI auprès de
l'industriel.
Nous souhaiterions pouvoir disposer de vos conclusions au travers d?un rapport (au format pdf) selon
un calendrier qui sera défini entre vos équipes et les enquêteurs en charge de l?affaire.
Fait à la Défense, le 22/05/2024
Laurent Olivé
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Annexe 2 : Méthodes expérimentales ? 6 pages
Static crush Y
Static crush Z
Essai le 11/10/2023
Equipement Fournisseur type / ref gamme de mesure précision de la mesure Etalonnage
Capteur force presse HBM U10M 500 kN 0,50% 10/01/2022
Enregistrement force HBM
MX840 9E5001C9B M-A2-
20014
±10 V 0,10% 03/02/2023
Capteur de position presse MTS Temposonics GP 1000 mm 0,50% 10/01/2022
Enregistrement position HBM
MX840 9E5001C9B M-A2-
20014
±10 V 0,10% 03/02/2023
Mesure et enregistrement tension HBM
MX403B 9E500AFF1 M-A2-
20151
±100 V ±0,1% 01/08/2023
Température caméra IR FLIR A655sc 55008205 660°C 10%
28/11/2022
(note 1)
Mesure température Correge
Thermocouples type K
conforme classe 1
-200-1100°C 1,5°C
NA
(note 2)
Enregistrement température HBM
MX1609 9E500154E M-A2-
20017
-100/+1300°C ±0,72 °C 03/02/2023
Mesure Flux radiatif Captec Capteur flux radiatif 50x50
25 kW/m² continue
50 kW/m2 crête
5%
NA
(note 3)
Enregistrement flux HBM
MX840 9E5001C9B M-A2-
20014
±10 V 0,10% 03/02/2023
Essai le 23/10/2023
Equipement Fournisseur type / ref gamme de mesure précision de la mesure Etalonnage
Capteur force presse HBM U10M 500 kN 0,50% 10/01/2022
Enregistrement force HBM MX840 9E5001C9B M-A2-20014 ±10 V 0,10% 03/02/2023
Capteur de position presse MTS Temposonics GP 1000 mm 0,50% 10/01/2022
Enregistrement position HBM MX840 9E5001C9B M-A2-20014 ±10 V 0,10% 03/02/2023
Mesure et enregistrement tension HBM MX403B 9E500AFF1 M-A2-20151 ±100 V ±0,1% 01/08/2023
Température caméra IR FLIR A655sc 55008205 660°C 10%
28/11/2022
(note 1)
Mesure température Correge
Thermocouples type K
conforme classe 1
-200-1100°C 1,5°C
NA
(note 2)
Enregistrement température HBM MX1609 9E500154E M-A2-20017 -100/+1300°C ±0,72 °C 03/02/2023
Mesure Flux radiatif Captec Capteur flux radiatif 50x50
25 kW/m² continue
50 kW/m2 crête
5%
NA
(note 3)
Enregistrement flux HBM MX840 9E5001C9B M-A2-20014 ±10 V 0,10% 03/02/2023
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Nail
Chauffe localisée module
Chauffe localisée cellule
Essai le 27/10/2023
Equipement Fournisseur type / ref gamme de mesure précision de la mesure Etalonnage
Capteur force presse HBM U10M 500 kN 0,50% 10/01/2022
Enregistrement force HBM
MX840 9E5001C9B M-A2-
20014
±10 V 0,10% 03/02/2023
Capteur de position presse MTS Temposonics GP 1000 mm 0,50% 10/01/2022
Enregistrement position HBM
MX840 9E5001C9B M-A2-
20014
±10 V 0,10% 03/02/2023
Mesure et enregistrement tension HBM
MX403B 9E500AFF1 M-A2-
20151
±10 V ±0,1% 01/08/2023
Température caméra IR FLIR A655sc 55008205 660°C 10%
28/11/2022
(note 1)
Mesure température Correge
Thermocouples type K
conforme classe 1
-200-1100°C 1,5°C
NA
(note 2)
Enregistrement température HBM
MX1609 9E500154E M-A2-
20017
-100/+1300°C ±0,72 °C 03/02/2023
Essai le 29/11/2023
Equipement Fournisseur type / ref gamme de mesure précision de la mesure Etalonnage
Mesure et enregistrement tension Hioki
LR8532 230108388 M-A2-
21897
±100 V ±0,2% 10/01/2023
Température caméra IR FLIR A655sc 55008205 660°C 10%
28/11/2022
(note 1)
Mesure température Correge
Thermocouples type K
conforme classe 1
-200-1100°C 1,5°C
NA
(note 2)
Enregistrement température TC Hioki
LR8532 230108389 M-A2-
21896
0/+1350°C ±1 °C 10/01/2023
Mesure température Pyro Pyrospot DGR 10N 400-1600°C 10%
non étaloné
(note 1,4)
Enregistrement température Pyro Hioki
LR8532 230108388 M-A2-
21897
±10 V ±0,2% 10/01/2023
Mesure des flux radiatifs
Captec
Capteur flux radiatif 50x50 25 kW/m² continue
50 kW/m2 crête
5%
NA
(note 3)
Enregistrement des flux
Hioki
LR8532 230108388 M-A2-
21897
±10 V ±0,2% 10/01/2023
Essai le 16/04/2024
Equipement Fournisseur type / ref gamme de mesure précision de la mesure Etalonnage
Mesure et enregistrement tension HBM
MX1601B 9E50061F1 M-
A2-20145
±10 V ±0,2% 09/04/2024
Mesure température Correge
Thermocouples type K
conforme classe 1
-200-1100°C 1,5°C
NA
(note 2)
Enregistrement température HBM
M1609KB 9E5001426 M-
A2-20019
-100/+1300°C ±0,72 °C 08/04/2024
Ineris - 219921 - 2791447 - v2.0
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Flux radiatif
Feu caisse
Essai le 23/11/2023
Equipement Fournisseur type / ref gamme de mesure précision de la mesure Etalonnage
Mesure et enregistrement tension Hioki
LR8532 230108388 M-A2-
21897
±100 V ±0,2% 10/01/2023
Température caméra IR FLIR A655sc 55008205 660°C 10% 28/11/2022
Mesure température Correge
Thermocouples type K
conforme classe 1
-200-1100°C 1,5°C NA
Enregistrement température TC Hioki
LR8532 230108389 M-A2-
21896
0/+1350°C ±1 °C 10/01/2023
Mesure température Pyro Pyrospot DGR 10N 400-1600°C 10%
non étaloné
(note 1, 4)
Enregistrement température Pyro Hioki
LR8532 230108388 M-A2-
21897
±10 V ±0,2% 10/01/2023
Mesure des flux radiatifs
Captec
Capteur flux radiatif 50x50 25 kW/m² continue
50 kW/m2 crête
5%
NA
(note 3)
Enregistrement des flux
Hioki
LR8532 230108388 M-A2-
21897
±10 V ±0,2% 10/01/2023
Essai le 22/03/2024
Equipement Fournisseur type / ref gamme de mesure précision de la mesure Etalonnage
Mesure et enregistrement tension HBM
MX840 9E5001C9B M-A2-
20014
±100 V ±0,1% 03/02/2023
Température caméra IR FLIR A655sc 55008205 300-2000°C 10% 22/12/2023
Mesure température Correge
Thermocouples type K
conforme classe 1
-200-1100°C 1,5°C
NA
(note 1)
Enregistrement température TC HBM
M1609KB 9E5013096 M-
A2-20173
-100/+1300°C ±0,72 °C 03/02/2023
Mesure température Pyro Pyrospot DGR 10N 400-1600°C 10%
non étaloné
(note 1, 4)
Enregistrement température Pyro HBM
MX1601B 9E50061F1 M-
A2-20145
±10 V ±0,2% 31/01/2023
Mesure des flux radiatifs Captec Capteur flux radiatif 50x50
25 kW/m² continue
50 kW/m2 crête
5%
NA
(note 3)
Enregistrement des flux HBM
MX1601B 9E50061F1 M-
A2-20145
±10 V ±0,2% 31/01/2023
Masse NC NC 5T ±5%
Avant chaque
essai
(note 5)
Ineris - 219921 - 2791447 - v2.0
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Propagation
Feu caisse + sprinklage
Essai le 07/03/2024
Equipement Fournisseur type / ref gamme de mesure précision de la mesure Etalonnage
Mesure et enregistrement tension HBM
MX840 9E5001C9B M-A2-
20014
±100 V ±0,1% 03/02/2023
Température caméra IR FLIR A655sc 55008205 300-2000°C 10%
22/12/2023
(note 1)
Mesure température Correge
Thermocouples type K
conforme classe 1
-200-1100°C 1,5°C
NA
(note 2)
Enregistrement température TC HBM
M1609KB 9E5013096 M-
A2-20173
M1609KB 9E5001426 M-
A2-20019
M1609KB 9E500F127 M-
A2-20161
-100/+1300°C ±0,72 °C
03/02/2023
31/01/2023
31/01/2023
Mesure température Pyro Pyrospot DGR 10N 400-1600°C 10%
non étaloné
(note 1, 4)
Enregistrement température Pyro HBM
MX1601B 9E50061F1 M-
A2-20145
±10 V ±0,2% 31/01/2023
Mesure des flux radiatifs Captec Capteur flux radiatif 50x50
25 kW/m² continue
50 kW/m2 crête
5%
NA
(note 3)
Enregistrement des flux HBM
MX1601B 9E50061F1 M-
A2-20145
±10 V ±0,2% 31/01/2023
Masse NC NC 5T ±5%
Avant chaque
essai
(note 5)
Essai le 16/04/2024
Equipement Fournisseur type / ref gamme de mesure précision de la mesure Etalonnage
Mesure et enregistrement tension HBM MX840 9E5001C9B M-A2-
20014
±100 V ±0,1% 09/04/2024
Température caméra IR FLIR A655sc 55008205 300-2000°C 10%
22/12/2023
(note 1)
Mesure température Correge
Thermocouples type K
conforme classe 1
-200-1100°C 1,5°C
NA
(note 2)
Enregistrement température TC HBM
M1609KB 9E5013096 M-
A2-20173
-100/+1300°C ±0,72 °C 09/04/2024
Mesure température Pyro Pyrospot DGR 10N 400-1600°C 10%
non étaloné
(note 1, 4)
Enregistrement température Pyro HBM
MX1601B 9E50061F1 M-
A2-20145
±10 V ±0,2% 09/04/2024
Mesure des flux radiatifs Captec Capteur flux radiatif 50x50
25 kW/m² continue
50 kW/m2 crête
5%
NA
(note 3)
Enregistrement des flux HBM
MX1601B 9E50061F1 M-
A2-20145
±10 V ±0,2% 09/04/2024
Masse NC NC 5T ±5%
Avant chaque
essai
(note 5)
Ineris - 219921 - 2791447 - v2.0
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Propagation + sprinklage
Note 1 : L'incertitude sur la valeur de température vient plutôt de la méconnaissance de l'émittance qui
dans cette étude a été fixée à 0,95. L'émittance théorique maximale étant de 1, les valeurs
données dans l'étude sont vraisemblablement minorantes. On estime ainsi une précision de
la mesure de l'ordre de 10 %.
Note 2 : Acheté conforme, classe 1 utilisée pour 1 seul essai.
Note 3 : Livré calibré, utilisé moins de 1 an ou dès qu'exposé à un flux trop élevé (valeur crète
dépassée).
Note 4 : L'incertitude des valeurs relevées par le pyromètre est de 0,5 % + 1 K.
Note 5 : Contrôle avec une masse étalon de 20 kg. Utilisée pour estimer la perte de masse et non pas
la masse de l'échantillon.
Pour l?ensemble des essais :
- Analyse de gaz en continu :
Le prélèvement est fait selon les règles de l?art et compatible avec la norme ISO 19702, incluant
notamment une température de 180°C pour la ligne de prélèvement (filtration et ligne de
transfert).
D'après notre expérience, la répétabilité des mesures de gaz, en tenant compte de
l'échantillonnage et de l'analyse pour ce type de mesure, est de l'ordre de 5 à 15 % selon le
gaz. Pour le HF et certains carbonates, malgré les précautions prises pour limiter la perte de
signal, en raison de sa forte réactivité, une partie du signal peut être perdue dans la ligne
d'échantillonnage et le filtre, ce qui peut entraîner une sous-estimation supplémentaire.
o FTIR Nicolet IS50, cellule chemin optique 2 m, volume 200 ml. Gamme spectrale
650-4200cm-1, l?analyse se fait aussi à cette température. Etalonnage de chaque
gaz sur un minimum de 5 points sur la gamme d?analyse. Pour les gaz n?ayant pas
une réponse linéaire, le nombre de points peut être conséquent (jusqu?à 40 valeurs
par ex) pour ne pas rajouter d?erreur de linéarisation pendant l?étalonnage.
Les différentes concentrations d?étalonnage sont produites par dilution d?un
mélange gazeux étalon ou par génération de vapeurs via une valise de calibration
(cas des substances liquides à température ambiante).
Essai le 04/04/2024
Equipement Fournisseur type / ref gamme de mesure précision de la mesure Etalonnage
Mesure et enregistrement tension HBM MX840 9E5001C9B M-A2-
20014
±100 V ±0,1% 03/02/2023
Température caméra IR FLIR A655sc 55008205 300-2000°C 10%
22/12/2023
(note 1)
Mesure température Correge
Thermocouples type K
conforme classe 1
-200-1100°C 1,5°C
NA
(note 2)
Enregistrement température TC HBM
M1609KB 9E5013096 M-
A2-20173
M1609KB 9E500F127 M-
A2-20161
-100/+1300°C ±0,72 °C
03/02/2023
31/01/2023
Mesure température Pyro Pyrospot DGR 10N 400-1600°C 10%
non étaloné
(note 1, 4)
Enregistrement température Pyro HBM
MX1601B 9E50061F1 M-
A2-20145
±10 V ±0,2% 31/01/2023
Mesure des flux radiatifs Captec Capteur flux radiatif 50x50
25 kW/m² continue
50 kW/m2 crête
5%
NA
(note 3)
Enregistrement des flux HBM
MX1601B 9E50061F1 M-
A2-20145
±10 V ±0,2% 31/01/2023
Masse NC NC 5T ±5%
Avant chaque
essai
(note 5)
Ineris - 219921 - 2791447 - v2.0
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o O2 : Analyseur Servomex avec cellule paramagnétique ? modèle Xentra 4100.
o CO/CO2 : Analyse par technique NDIR ? Siemens Ultramat23 et Servomex Xentra
4100.
o HCT : Analyseur par technique FID (flame ionisation detector) de marque JUM
modèle 3-800.
o H2 : Spectromètre de masse INFICON modèle LDS3000.
L?ensemble de ces analyseurs (hormis le FTIR) est contrôlé à l?aide de mélange gazeux étalons avant
chaque essai. (CO/CO2/O2, H2 et propane (analyseur FID). Une redondance entre la mesure de CO et
CO2 entre les analyseurs et le FTIR permet également un contrôle de la cohérence des mesures.
- Calorimétrie OC et CGD :
En plus des 5 Ã 10 % d?erreurs sur la mesure des gaz (O2, CO2, CO), sur ce type d'incendie et Ã
cette échelle, notre estimation de la précision du taux de dégagement de chaleur prévisible se situe
entre 15 % et 20 %20. O. Willstrand et al. estiment quant à eux une incertitude inférieure à 10 %
pour des batteries Li-ion21 et précisent que l?erreur va dans le sens de la sous-estimation. Ces
valeurs sont cohérentes avec des techniques similaires de calorimétrie de feu, où la charge de feu
est en grande partie inconnue ou variable dans le temps22. Outre cette précision intrinsèque, dans
le cas d'un incendie de batterie, la perte de chaleur due à un processus électrique (chauffage par
effet joule) ou chimique (décomposition exothermique du sel et d'autres composants inorganiques)
ne peut pas être prise en compte dans le calcul et peut représenter jusqu'à 1/3 de l'énergie
thermique totale libérée en supplément23.
Il est vrai que le cas des feux de métaux est particulier mais, le Li-métal représente moins de 10 %
de la masse d?un module, l?impact sur la mesure globale reste limité et aucune méthode de
calorimétrie exploitable à grande échelle ne permet, à notre connaissance, de prendre en compte
la contribution du feu de métal au dégagement d?énergie.
Le choix de préférer d?exploiter les résultats obtenus par la méthode OC par rapport à CDG est
justifié par la moindre variation de coefficients selon le combustible et par le fait que la combustion
du Li n?émet pas de carbone mais consomme de l?oxygène. Willstrand et al. abondent dans ce sens
dans ?Fire safety journal? en 2024 : « Les variations relativement faibles du dégagement de chaleur
par unité de masse d'oxygène consommée pour différents combustibles rendent cette méthode
largement acceptée pour les mesures du HRR lors d'essais au feu. Une méthode similaire, la
calorimétrie de génération de dioxyde de carbone (CDG), est basée sur la production de CO2 au
lieu de la consommation d'O2. Cependant, le dégagement de chaleur par unité de masse de CO2
produit varie comparativement plus entre les différents combustibles ».
- - Pour les eaux d?extinction, gaz et les particules en discontinu : sauf exception, ces mesures ne
sont pas utilisées en quantitatif mais en qualitatif et comme identification de traceurs.
Les LQ sont précisées dans le rapport.
1. S. Brohez C. Delvosalle G. Marlair A. Tewarson in Proceedings of the 13th International Congress of
Chemical and Process Engineering (2nd Symposium on Environmental and Safety Engineering, CHISA
98), Paper. 12 (Citeseer).
2. Ola Willstrand, Mohit Pushp, Haukur Ingason, Daniel Brandell ; Uncertainties in the use of oxygen
consumption calorimetry for heat release measurements in lithium-ion battery fires, Fire Safety Journal,
2024
3. R. Bryant, M. Bundy, the NIST 20 MW Calorimetry Measurement System for Large-fire Research (NIST
Technical Note TN 2077) National Institute of Standards and Technology, Gaithersburg, MD (2019)
4. R.E. Lyon, R.N. Walters Energetics of lithium ion battery failure J. Hazard. Mater., 318 (2016), pp. 164-
172, 10.1016/j.jhazmat.2016.06.047
Ineris - 219921 - 2791447 - v2.0
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Annexe 3 : Protocole de chauffe rapide localisée ? 3 pages
Extraits de la série 05 du R100, adoptée en GRSP en décembre 2024
Ineris - 219921 - 2791447 - v2.0
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Ineris - 219921 - 2791447 - v2.0
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Annexe 4 : Méthode de mesure du débit calorifique et de la chaleur de
combustion ? 2 pages
Il est d'usage depuis le début des années 80 de mesurer le débit calorifique des incendies (ou puissance
thermique dégagée, ou HRR en anglais pour heat release rate) par des méthodes dites de calorimétrie
incendie, basées sur les bilans matières effectués sur les gaz émis en s'appuyant sur les lois de la
thermochimie qui permettent de relier l'énergie théorique dissipée et la consommation ou production
d'espèces chimiques associées à une combustion :
a) calorimétrie basée sur la consommation d'oxygène, méthode dite OC (Oxygen consumption) :
il a été démontré (principe de Thornton) que pour la plupart des matières combustibles
carbonées, la consommation d'1 kg d'O2 correspond à la production de 13,1 MJ d'énergie : ce
facteur calorimétrique est un coefficient moyen, et en pratique on tient compte des pertes liées
aux émissions de composés imbrûlés (CO notamment) et d'autres facteurs de correction ;
b) le principe CDG (Carbon dioxyde production) permet de relier cette même grandeur (HRR) aux
débits de production d'oxydes de carbone (CO + CO2).
Ces méthodes permettent de s'affranchir des contraintes liées à l'établissement d'un bilan thermique
conventionnel (mesures des différentes pertes par convection, conduction et rayonnement), quasiment
impossible en pratique à appliquer dans un essai feu.
Les études publiées sur le niveau de précision de ces méthodes alternatives fait valoir des précisions
variables allant de +/-5% pour des feux "simples" (ex. feu de nappe de solvant) menés sur appareillages
de laboratoire (calorimètre de Tewarson, échelle 10 à 100 g) à des précisions de l'ordre de 15/18 % sur
des feux complexes, tridimensionnels (cas présent) ou des expérimentations à grande échelle (échelle
de 10 kg à 1000 kg).
La détermination du débit calorifique (HRR) ne préjuge donc pas du mode de transfert thermique de la
chaleur dégagée par unité de temps ; les pertes par conduction sont généralement négligeables dans
les scénarios pris en compte en ingénierie du feu.
Dans le cadre de l?essai réalisé, le HRR a été calculé en utilisant la méthode b), suivant le principe CDG
selon l?équation (1) suivante :
(éq. 1)
Avec :
CDG
q? : débit calorifique ou heat release rate (kW ou kW/m2),
2
0
COm? : débit massique de production de CO2 initial (g/s),
2COm? : débit massique de production de CO2 au cours de la combustion (g/s),
: débit massique de production de CO au cours de la combustion (g/s),
2COE : quantité d?énergie libérée par unité de masse de CO2 générée = 13,3±11% kJ/g de CO224,
: quantité d?énergie libérée par unité de masse de CO générée = 11,1±18% kJ/g de CO.
24 Biteau, H., et al., Calculation Methods for the Heat Release Rate of Materials of Unknown Composition. Fire
Safety Science, 2008. 9: p. 1165-1176.
? ?2 2 2
0
CDG CO CO CO CO COq E m m E m eq? ? ?? ? ? ?
?????
COE
Ineris - 219921 - 2791447 - v2.0
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La chaleur de combustion généralement exprimée en MJ/kg ou kJ/g est la quantité de chaleur produite
durant la phase de combustion. Elle est calculée par l?intégration de l?aire sous la courbe HRR ; la
chaleur de combustion totale dissipée est alors déterminée.
En revanche, une limitation de la technique utilisée est le fait que l?énergie électrique stockée libérée
pendant l?essai n?est pas directement accessible par la calorimétrie incendie, car non liée à des
réactions thermochimiques (effet Joule).
Institut national de l?environnement industriel et des risques
Parc technologique Alata ? BP 2 ? F-60550 Verneuil-en-Halatte
03 44 55 66 77 ? ineris@ineris.fr ? www.ineris.fr
P a g e 62 | 62
Bureau d?enquêtes et d?Analyses
sur les Risques Industriels
MTE / IGEDD / BEA-RI
Tour Séquoïa
92055 La Défense Cedex
+33 1 40 81 21 22
bea-ri.igedd@developpement-durable.gouv.fr
https://www.igedd.developpement-
durable.gouv.fr/bea-ri-r549.html
INVALIDE)