Projet de classement des gorges du Dolaizon et de la vallée des Chibottes. Communes de Vals-près-le-Puys et Saint-Christophe-sur-Dolaison (Haute-Loire). Rapport à la commission supérieure des sites, perspectives et paysages. Séance du 22 mai 2014
CREUCHET, Bertrand
Auteur moral
France. Conseil général de l'environnement et du développement durable
Auteur secondaire
Résumé
<div style="text-align: justify;">Les Gorges du Dolaizon et la Vallée des Chibottes sont situées en Haute-Loire, à proximité de la ville du Puy-en-Velay. Les chibottes sont de petites constructions réalisées en pierre sèche entre le milieu du 18ème et le début du 19ème siècle et chacune d'entre-elles a une forme unique. Quant aux Gorges du Dolaizon, il s'agit d'un paysage très spécifique, fortement boisé et préservé de l'urbanisation. Le rapport propose le classement au titre des sites en prenant en compte le caractère pittoresque des lieux.</div>
Editeur
CGEDD
Descripteur Urbamet
fonctionnement des institutions
;paysage
;vallée
Descripteur écoplanete
site classé
;commission supérieure des sites
Thème
Environnement - Paysage
Texte intégral
MINISTÈRE DE L'ÉCOLOGIE, DU DÉVELOPPEMENT DURABLE ET DE L'ÉNERGIE
Conseil général de l'Environnement et du Développement durable 3ème Section Aménagement durable des Territoires Collège paysage, espaces protégés et patrimoine Bertrand Creuchet
Inspecteur général de l'administration du développement durable Affaire suivie par : Bertrand Creuchet bertrand.creuchet@developpement-durable.gouv.fr Tél. 03 80 29 44 62 Fax : 03 80 29 42 57 CGEDD n° 009662-01
Paris, le 22 mai 2014
RAPPORT A LA COMMISSION SUPERIEURE DES SITES PERSPECTIVES ET PAYSAGES
SEANCE DU 22 MAI 2014
PROJET DE CLASSEMENT DES GORGES DU DOLAIZON ET DE LA VALLEE DES CHIBOTTES Communes de Vals-près-le-Puys et Saint-Christophe-sur-Dolaison Département de la Haute-Loire
Les gorges du Dolaizon offrent un paysage particulier dans le pays du Puy- en- Velay : le bassin de la ville est composé d'espaces ouverts, dominé par des « gardes » - nom donné aux cônes de pouzzolane- avec quelques bosquets d'arbres mais surtout constitué de prairies et marqué par les infrastructures et des bâtiments de toute nature largement dispersés. A l'ouest, sur le plateau, on devine à peine les gorges avant leurs rives et la vue plongeante qu'elles permettent : les gorges au contraire sont un lieu fermé, très boisé et dominé par les falaises brunes et gris foncé et pratiquement vierge de construction. C'est donc un paysage très spécifique avec une identité particulière qui le distingue de son environnement. Mais il y a aussi les Chibottes, une cinquantaine dont quelques unes sont encore debout et visibles : en 1926 une comtesse 1 n'avait pas hésité à les qualifier d'« igloos de fortune des derniers magdaléniens ». Elles sont en effet particulièrement bien construites, avec un appareillage de blocs de basalte massifs rappelant la construction des igloos. Mais leur construction est plus sophistiquée et a finalement été datée entre le milieu du 18ème siècle et le début du 19ème. Ces « chibottes » sont surprenantes pour l'ingéniosité de leur construction, le poids des blocs assemblés, la taille de certaines d'entre elles bien loin des abris que les vignerons réalisaient auprès de leurs vignes dans d'autres régions. A ces chibottes s'ajoutent de nombreux murets délimitant de petites parcelles et montés avec les mêmes blocs massifs dont certains proviendraient de la déconstruction des chibottes... Les traces de cette pratique dans la partie la plus abritée des gorges renforcent le caractère pittoresque des lieux mais ne représente pas à mes yeux un intérêt historique clairement établi.
1 Comtesse de Thannberg dans un texte du 4 juin 1926
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Au final ces caractéristiques assemblées justifient toutefois l'intérêt national de la préservation et du classement de ce site pour au moins son intérêt pittoresque. Le périmètre proposé comprend les gorges et déborde largement sur les plateaux : pour ma part, compte-tenu du faible intérêt des plateaux, j'estime qu'une limite débordant de quelques dizaines de mètres du rebord aurait été suffisante pour assurer l'intégrité du site défini, mais le parcellaire fait d'unités allongées perpendiculairement à la gorge a conduit à définir le périmètre qui vous est présenté qui déborde largement des rebords de la gorge. Au milieu du site, au fond de la gorge, au lieu-dit le hameau du Pont de la Roche, figuraient en 2009 les bâtiments et les bassins abandonnés d'une entreprise de pisciculture : le rachat par un particulier ne paraissait pas devoir détériorer les lieux... Mais en 2014, il s'avère que celui-ci, grossiste en feux d'artifice, a couvert les bassins par des panneaux de plastique, réalisé une piscine et multiplié les constructions et appentis disparates : il me paraît donc impossible dorénavant d'inclure de telles installations dans un site classé. Je suis très réservé sur l'effet pédagogique de la protection et l'espoir d'une amélioration des pratiques constatées. Je recommande donc de pratiquer une « fenêtre » dans la zone proposée au classement pour en exclure les bâtiments actuels et la piscine en évitant toutefois de permettre des extensions au delà de cet existant. La route départementale qui permet de suivre la rivière et traverse le périmètre de part en part a bénéficié d'un enrobé neuf récemment, l'enrobé ayant recouvert toute l'emprise et les fossés pour un élargissement optimal...Cet aménagement est susceptible d'engendrer des détériorations et cet itinéraire devenu très « roulant » est susceptible de demander des glissières de sécurité. J'appelle l'attention des services sur la nécessité de concertation sur les évolutions des caractéristiques de cette route qui ne manqueront pas d'être envisagées. J'ai noté également qu'une course pédestre (« ultra-trail ») a lieu chaque année, qui emprunte des sentiers des gorges : cette pratique est compatible avec la préservation du site mais il conviendra de veiller à ce que les organisateurs soient avertis de la sensibilité du site et assurent l'information des coureurs et des spectateurs sur l'attention à lui porter. Si le caractère particulier des gorges du Dolaizon est en partie créé par l'importance de la végétation, il faut avoir conscience d'une fermeture de plus en plus grande des gorges par suite de l'absence d'entretien : quelques prairies restent utilisées, la communauté de communes assure l'entretien d'un circuit des chibottes mais les autres espaces proposés au classement ne sont manifestement plus gérés et dans des pentes où les bois ne peuvent être valorisés ou autour des ripisylves, l'absence de gestion est susceptible de rendre le site totalement impénétrable, d'engendrer des aléas et de nuire à la préservation des lieux. Il est donc essentiel que des mesures de gestion puissent être mises en oeuvre et les services de l'État devront assister les collectivités pour mettre en place les dispositifs permettant un entretien minimum pour éviter les risques. Enfin le secteur du Dolaizon est concerné en partie par le site inscrit qui pèse sur le bassin de la ville du Puy-en-Velay, sans que la qualité actuelle des espaces concernés, en grande partie construits, puisse justifier une telle mesure : l'administration territoriale n'a pas jusqu'ici envisagé une suppression de cette protection dans l'attente des nouvelles dispositions législatives annoncées. J'estime pour ma part qu'il convient de recommander au préfet d'afficher l'intention de l'État de supprimer une telle protection qui fut en son temps une mesure conservatoire et de débuter l'instruction administrative correspondante : son maintien n'est pas cohérent avec les nouveaux classements proposés et discrédite par ailleurs un outil de protection qui montre sa pertinence dans d'autres situations.
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En conclusion, je vous propose de donner un avis favorable au classement et au périmètre proposé, hormis la fenêtre évoquée plus haut, de recommander que des modalités de gestion soient étudiées et que l'administration centrale demande le lancement d'une « désinscription » des espaces du bassin du Puy-en-Velay pour assurer la cohérence du nouveau classement proposé.
Bertrand Creuchet
Vallée du Dolaizon, la pisciculture
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