Mission d'évaluation ex ante de la directive relative au traitement des eaux résiduaires urbaines (ERU 2)
TOURJANSKY, Laure ;LEDENVIC, Philippe ;SAYEN, Bastien
Auteur moral
France. Inspection générale de l'environnement et du développement durable (IGEDD)
;France. Inspection générale de l'administration
Auteur secondaire
Résumé
<div style="text-align: justify;">La directive « eaux résiduaires urbaines » de 1991 révisée et approuvée en novembre 2024 demande une mobilisation à hauteur de ses ambitions. Elle fixe des objectifs aux divers dispositifs d'assainissement d'ici à 2045 laissant aux États membres le choix de sa mise en oeuvre. Au-delà des coûts, il est nécessaire de décliner et d'approfondir l'évaluation ex ante de la Commission européenne et de chercher à optimiser sa mise en oeuvre par une stratégie nationale adaptée. En matière d'évaluation des coûts, les ordres de grandeur produits sont à affiner avec les acteurs de la filière et certains objectifs (réduction de la charge par temps de pluie, traitement de l'azote et du phosphore) sont difficilement chiffrables. Il en ressort toutefois que l'évaluation de la Commission européenne est sous-estimée. Des pistes ont été explorées pour élaborer une stratégie nationale de nature à réduire ces coûts avec pour principes essentiels : la priorité à l'amélioration de la qualité des milieux, la prise en compte des capacités et des programmations des agglomérations concernées, et le lissage sur vingt ans de moyens financiers et humains augmentés. Les obligations de la directive doivent être visibles, notamment celles liées à l'établissement de listes ou de zonages fondés sur des critères de qualité des milieux. A quoi s'ajoute l'établissement d'un état des lieux précis des programmes des agglomérations, du « reste à faire » et des objectifs de qualité des milieux. Les trois premières années, il faudra développer des outils tels que des plans de gestion intégrée des ERU, une organisation impliquant les « metteurs en marché » de produits pharmaceutiques et cosmétiques et un système d'information intégrant l'ensemble des nouvelles dispositions. La collecte des contributions, la programmation et le versement des soutiens aux structures de bassin existantes sera confiée à un nouvel éco-organisme. Cette organisation, conforme au cadre européen, est plus efficace financièrement, dans le respect du principe « pollueur payeur ». Il est aussi nécessaire de recenser les capacités techniques et financières des maitres d'ouvrages les plus importants. Pour l'agglomération parisienne, la priorité sera la construction d'une programmation d'ici à 2045 pour le Syndicat interdépartemental pour l'assainissement de l'agglomération. D'autres paramètres seront à préciser comme la réduction de la charge par temps de pluie, la mise en place de la gouvernance et la mobilisation des moyens pour réduire les rejets des micropolluants ou le traitement de l'azote et du phosphore. Par ailleurs, la réalisation des audits énergétiques et de nouveaux méthaniseurs sera encouragée sans délai. Le programme national devrait définir des trajectoires différenciées par bassin, y compris ceux d'Outre-mer, les augmenter et ajuster les soutiens financiers. La mise en oeuvre de la nouvelle directive devra associer et mobiliser toutes les parties pour favoriser la réussite de la mise en oeuvre de la directive et son efficacité économique.</div>
Editeur
IGEDD
;IGA
Descripteur Urbamet
traitement des eaux usées
;qualité de l'eau
;évaluation
;coût
Descripteur écoplanete
eau usée urbaine
Thème
Ressources - Nuisances
;Environnement - Paysage
Texte intégral
P
U
B
L
I É
Rapport n°015692-01 Rapport n°24066
Mars 2025
Philippe Ledenvic ? IGEDD
Bastien Sayen ? IGA
Laure Tourjansky ? IGEDD
Mission d?évaluation ex ante de la directive rela-
tive au traitement des eaux résiduaires urbaines
(ERU 2)
Les auteurs attestent qu'aucun des éléments de leurs activités
passées ou présentes n'a affecté leur impartialité dans la rédaction
de ce rapport
Statut de communication
? Préparatoire à une décision administrative
? Non communicable
? Communicable (données confidentielles occultées)
? Communicable
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Table des matières
Résumé ........................................................................................................................... 5
Liste des recommandations .......................................................................................... 7
Introduction .................................................................................................................... 9
1 Contexte et éléments de méthode ........................................................................... 11
2 Appréciation critique des nouveaux objectifs de la DERU2 .................................. 14
La gestion des eaux résiduaires par temps de pluie ............................................ 14
2.1.1 L?introduction de plans de gestion intégrée des eaux résiduaires urbaines 17
2.1.2 Un objectif de réduction des rejets par temps de pluie ambitieux, appuyé
sur la charge polluante, en référence à celle collectée par temps sec ........ 18
2.1.3 Ce qu?il faut retenir pour la mise en oeuvre ................................................. 18
Le traitement de l?azote et du phosphore ............................................................. 21
2.2.1 Des enjeux différents par strates de STEU ................................................ 21
2.2.2 Éléments sur les techniques et les coûts .................................................... 24
2.2.3 Ce qu?il faut retenir pour mettre en oeuvre les obligations sur le phosphore
et l?azote ..................................................................................................... 25
Le traitement des micropolluants ......................................................................... 26
2.3.1 La nécessité de répondre à plusieurs questions préalables ....................... 26
2.3.2 Éléments sur les techniques et les coûts .................................................... 32
2.3.3 Ce qu?il faut retenir pour mettre en oeuvre le traitement des micropolluants
................................................................................................................... 35
Efficacité énergétique, neutralité énergétique et neutralité carbone ..................... 37
2.4.1 Des objectifs à atteindre à l?échelle nationale ............................................. 37
2.4.2 Ce qu?il faut retenir pour la mise en oeuvre de la neutralité énergétique et
de la neutralité carbone .............................................................................. 40
Surveillance et rapportage ................................................................................... 41
2.5.1 Les obligations de la DERU2 ..................................................................... 42
2.5.2 Des évolutions profondes à prévoir dès à présent et à structurer dans la
durée pour les systèmes d?information ....................................................... 43
Autres enjeux ....................................................................................................... 44
2.6.1 Les petites agglomérations et l?assainissement non collectif ...................... 44
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2.6.2 Rejets d?eaux usées non domestiques ....................................................... 45
2.6.3 Réutilisation de l?eau et rejets d?eaux urbaines résiduaires (REUT) ........... 46
Travaux transversaux à engager rapidement....................................................... 47
2.7.1 Définir un lexique commun ......................................................................... 47
2.7.2 Définir les zones, listes et informations requises, dans un calendrier unique
................................................................................................................... 47
3 Éléments d?appréciation des coûts de la DERU2 ................................................... 49
Enseignements de l?enquête initiée par la mission .............................................. 49
3.1.1 Enseignements généraux ........................................................................... 49
3.1.2 Enseignements utiles pour affiner le calcul des coûts ................................ 51
Hypothèses transversales pour l?évaluation des coûts......................................... 53
La gestion des rejets par temps de pluie ............................................................. 53
Le traitement tertiaire ........................................................................................... 54
Le traitement quaternaire ..................................................................................... 55
La neutralité énergétique ..................................................................................... 57
Conclusions de la mission ................................................................................... 58
4 Mettre en place des stratégies nationale et par bassin pour optimiser la mise en
oeuvre de la DERU2 ................................................................................................. 59
Critères pour une stratégie .................................................................................. 59
4.1.1 Mettre les bénéfices environnementaux au coeur du dispositif ................... 59
4.1.2 Tenir compte des projets des collectivités et du risque de tension sur les
marchés ..................................................................................................... 61
Articuler les stratégies nationale, de bassin et d?agglomération, dans un
calendrier connu de tous ..................................................................................... 62
4.2.1 Rôle et pilotage de l?échelon national ......................................................... 62
4.2.2 Déclinaison du programme national par bassin .......................................... 68
Une organisation renforcée et adaptée de l?État et de ses opérateurs ................. 73
4.3.1 Renforcer les services en charge, à commencer par la police de l?eau ...... 73
4.3.2 Élaborer une feuille de route pour les principaux opérateurs...................... 73
Conclusion ................................................................................................................... 76
Annexes ........................................................................................................................ 77
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Résumé
La directive « eaux résiduaires urbaines » de 1991, vient d?être révisée. Approuvée le 27 novembre
2024, accompagnée de déclarations dont une de la France, elle demandera une mobilisation à
hauteur de ses ambitions.
En apparence bâtie sur le même modèle que la directive de 1991, celui d?une directive de
« moyens » applicables à toutes les stations dépassant certains seuils, le cas échéant abaissés
dans des secteurs où les milieux sont les plus sensibles, la directive révisée fixe des objectifs, non
seulement aux stations d?épuration mais plus largement aux dispositifs d?assainissement dans leur
ensemble. Ces objectifs sont exprimés en proportions croissantes de stations ou d?agglomérations
à échéances successives d?ici à 2045 ?100 % à la dernière?, ce qui laisse aux États membres le
choix des priorités de sa mise en oeuvre.
La lettre de commande est centrée sur l?évaluation des coûts de la mise en oeuvre de la directive
révisée pour la France. Il est apparu rapidement à la mission que cette évaluation nécessitait, tout
d?abord, la déclinaison et l?approfondissement de l?évaluation ex ante de la Commission euro-
péenne, objectif par objectif, puis la recherche d?une optimisation de sa mise en oeuvre par une
stratégie nationale adaptée.
En matière d?évaluation des coûts, la mission ne peut produire que des ordres de grandeur, qui
auront vocation à être affinés dans les mois à venir avec les acteurs de la filière. Certains objectifs
? réduction de la charge par temps de pluie, traitement de l?azote et du phosphore ? peuvent diffi-
cilement être chiffrés dès aujourd?hui. Ce premier volet permet toutefois d?établir que l?évaluation
de la Commission européenne est globalement sous-estimée.
La mission a exploré des pistes pour une stratégie nationale de nature à réduire ces coûts, en
cohérence avec un calendrier combinant tous les objectifs et échéances de la directive. Elle né-
cessitera l?adhésion de toutes les parties concernées pour une mise en oeuvre partagée. Trois
principes devraient la guider : la priorité à l?amélioration de la qualité des milieux, la prise en compte
des capacités et des programmations des agglomérations concernées, et, autant que possible, le
lissage sur vingt ans de moyens financiers et humains qui devront être augmentés, pour être au
rendez-vous des différentes échéances de la directive. Les efforts les plus importants sont attendus
pour les deux dernières échéances (2039-2040 et 2045).
Il sera tout d?abord nécessaire de donner de la visibilité à tous les acteurs sur les obligations intro-
duites par la directive, notamment celles liées à l?établissement préalable de listes ou de zonages
fondés sur des critères de qualité des milieux. La mission recommande, en premier, de veiller à
préciser toutes ces obligations par une clarification de plusieurs termes de la directive et d?établir
ces listes et zonages d?ici à fin 2027, en anticipation parfois du calendrier fixé dans le texte. Elle
propose d?établir un état des lieux précis, d?une part des programmes des agglomérations, et du
« reste à faire » pour atteindre les objectifs de la directive, et d?autre part, des objectifs de qualité
des milieux dont l?état est dépendant des rejets des eaux résiduaires urbaines.
C?est également au cours de ces trois premières années qu?il sera nécessaire de développer cer-
tains outils de base pour la mise en oeuvre de la directive : plans de gestion intégrée des eaux
résiduaires urbaines, organisation impliquant les « metteurs en marché » de produits pharmaceu-
tiques et cosmétiques, système d?information intégrant l?ensemble des nouvelles dispositions de la
directive à renseigner directement par les opérateurs des dispositifs d?assainissement. En termes
d?organisation fondée sur la « responsabilité élargie des producteurs », la mission estime juridique-
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ment et politiquement incontournable de confier la collecte des contributions à un nouvel éco-or-
ganisme la programmation et le versement des soutiens aux structures de bassin existantes : c?est
l?organisation conforme au cadre européen la plus efficace en termes de coût dans l?intérêt de
toutes les parties, la seule à même de faire porter cette responsabilité pleinement sur les « pol-
lueurs » selon le principe « pollueur payeur » et de réduire les coûts de mise en oeuvre.
Cette première phase doit aussi permettre de recenser rapidement les capacités techniques et
financières des maitres d?ouvrages les plus importants (disposant au moins d?une station d?épura-
tion de capacité de plus de 150 000 EH) pour commencer à bâtir la programmation nationale, le
premier programme étant attendu pour fin 2027. Compte tenu du poids relatif de l?agglomération
parisienne, c?est au cours de cette période que devrait être construite en priorité une programma-
tion d?ici à 2045 pour le Syndicat interdépartemental pour l?assainissement de l?agglomération pa-
risienne.
D?autres paramètres auront vocation à être précisés dans la foulée de cette première phrase, no-
tamment : l?objectif à atteindre en termes de réduction de la charge par temps de pluie et la portée
de l?objectif indicatif « non contraignant » de 2 % retenu dans la directive ; la mise en place de la
gouvernance et la mobilisation des moyens visant à réduire les rejets de tous les micropolluants
(réduction à la source, traitement « quaternaire ») ; la confirmation des objectifs à atteindre hors
zone sensible pour le traitement de l?azote et du phosphore en particulier en Méditerranée. La
mission considère que la réalisation des audits énergétiques et de nouveaux méthaniseurs de-
vraient être encouragée sans délai, au regard de l?expérience d?ores et déjà acquise et des retours
sur investissement qui faciliteront le financement de mise en conformité.
Pour tous ces sujets, le programme national, construit de manière itérative sur la base d?échanges
avec les bassins, devrait définir des trajectoires différenciées par bassin, y compris ceux d?Outre-
mer concernés, ciblées en fonction des priorités thématiques et territoriales. Ces trajectoires pour-
raient, le cas échéant, à l?échelle des bassins, sous-tendre des mécanismes de soutien différenciés
aux maîtres d?ouvrage visant à atteindre les objectifs fixés par la directive le plus tôt possible, et
accompagner de manière appropriée ceux qui en sont le plus éloignés.
Les soutiens financiers devront de toutes façons être augmentés et ajustés dès la révision des
programmes en cours.
En rupture avec la démarche de mises en conformité récurrentes de la première directive, la mis-
sion estime que la mise en oeuvre de cette nouvelle directive nécessite une organisation et des
moyens adaptés pour associer le plus largement toutes les parties concernées : chef de projet
placé à la Direction de l?eau et de la biodiversité, feuille de route interministérielle associant les
directions générales concernées, implication dès le départ des communautés d?agglomérations et
de leurs associations, commande aux opérateurs de l?État dans une logique de complémentarité
et renforcement raisonnable mais indispensable des moyens des services. Les instances de gou-
vernance (Comité national de l?eau, comités de bassin) devront également être mobilisées dans la
durée. Cette méthode sera également utile pour éteindre le contentieux en cours sur la directive
de 1991.
La réussite de la mise en oeuvre de la directive passera par son efficacité économique. Celle-ci
requiert la mobilisation de tous, conjoints et solidaires, pour l?élaboration et la mise en oeuvre d?un
programme national sur une durée de vingt ans.
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Liste des recommandations
(DEB) Établir rapidement la liste des agglomérations qui devront réaliser
des plans de gestion intégrée des eaux résiduaires urbaines. ............................................ 21
Définir le contenu de ces plans à partir d?un état des lieux des schémas existants et fixer des
échéances de réalisation pour ces agglomérations. ............................................................ 21
Préciser la portée (valeur indicative, voire limite à terme dans certains cas) de l?objectif de
2 % exprimé en charge, en fonction notamment de la sensibilité des milieux récepteurs. . 21
(DEB) Faire une évaluation des coûts et des bénéfices du traitement de
l?azote et du phosphore par les STEU > 150 000 EH dans les zones non soumises à
eutrophisation, tenant compte de l?obligation de traiter les micropolluants ......................... 25
(DEB et Agence de l?eau Rhône-Méditerranée-Corse) Sur les bassins méditerranéens,
partager cette évaluation avec les autres pays européens concernés, pour disposer de
conclusions étayées lors du premier bilan de la DERU2 ..................................................... 25
(DEB, en lien avec la DGS et la DGE) Engager dans les meilleurs délais,
l?identification de la liste des substances soumises à la REP, engager des concertations sur
cette base avec les secteurs contributeurs et les représentants des collectivités locales. . 36
(DEB, agences de l?eau) Engager dans les meilleurs délais des travaux de méthodologie
pour définir les zones sensibles aux micropolluants sur une base scientifique, en vue d?une
identification à l?échelle des bassins fin 2027. ..................................................................... 36
(DEB, en lien avec la DGPR, ADEME, agences de l?eau) Engager dès à présent les travaux
de préfiguration permettant de préciser les contours de la filière REP, basée sur la création
d?un éco-organisme en charge de la collecte des éco-contributions et la programmation et le
versement des soutiens dans le cadre existant des instances de bassin. Associer les
metteurs en marché à cette gouvernance. ........................................................................... 36
(DEB, en lien avec la DGPR et la DGPE) Inscrire la mise en oeuvre de la DERU2 dans un
nouveau "plan micropolluants" interministériel, incluant des mesures de réduction à la source
des rejets industriels et agricoles. ........................................................................................ 36
(DEB ou DGPR) Prescrire sans attendre des audits énergétiques et
bilans carbone aux STEU de plus de 10 000 EH et des études de faisabilité technico-
économiques de méthaniseurs aux STEU ou regroupements de STEU de plus 50 000 EH
en vue de la généralisation de tels méthaniseurs au-dessus de ce seuil. ........................... 41
(DGEC, en lien avec la DEB) Intégrer un objectif de production d?énergie renouvelable des
dispositifs d?assainissement dans les programmations pluriannuelles de l?énergie. Mobiliser
le Fonds Chaleur voire les certificats d?économie d?énergie pour l?équipement en
méthaniseurs et l?accompagnement des travaux d?économie d?énergie. ............................ 41
(DEB, OFB) Faire évoluer les systèmes d?information ROSEAU et
SISPEA pour assurer leur interopérabilité et les compléter pour en faire les outils partagés
de la collecte et de la gestion des eaux usées. Les ouvrir dans un plan partagé à trois ans.
.............................................................................................................................................. 44
Fiabiliser leurs données par un mécanisme responsabilisant les agglomérations et les
opérateurs ............................................................................................................................. 44
(DGPR, en lien avec la DEB) S?assurer de la conformité des
raccordements non domestiques existants avec la DERU2 ................................................ 46
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(DEB) Rédiger, en lien avec les parties prenantes, un référentiel de
vocabulaire des traitements partagé pour la transposition et la mise en oeuvre de la DERU2.
.............................................................................................................................................. 47
Clarifier l?ensemble des concepts et périmètres nécessaires à la mise en oeuvre de la
directive................................................................................................................................. 47
(DEB, agences de l?eau et services déconcentrés) Engager dès à
présent l?élaboration des listes et zonages évoqués précédemment, en visant un même
calendrier, s?achevant au plus tard pour le 31 décembre 2027 ........................................... 48
(Ministre chargée de l?environnement) Confier le pilotage de la
transposition et de la mise en oeuvre de la directive à un(e) chef(fe) de projet, positionnée
auprès de la directrice de l?eau et de la biodiversité et établir une feuille de route
interministérielle validée par le cabinet du premier ministre (DGALN, DGEC, DGPR, CGDD,
DGCL, DGE, DGS, DGOM, DGFIP) .................................................................................... 63
(DEB) Établir une feuille de route de mise en oeuvre de la DERU2,
comportant une répartition de l?effort par bassin, y compris les RUP, des critères de
priorisation et des trajectoires pour chaque objectif et des lignes directrices, avec un
programme spécifique au SIAAP et une prise en compte différenciée du traitement de l?azote
et du phosphore en zones non sensibles à l?eutrophisation. ............................................... 65
(Gouvernement, DEB, agences de l?eau) Affecter un budget significatif
en soutien à l?assainissement, appuyé sur une augmentation du prix de l?eau. L?adapter à
chaque bassin, dans une stratégie sur trois programmes. Favoriser l?amélioration de l?état
écologique des milieux, tenir compte de la programmation des collectivités, encourager les
mises en oeuvre rapide des investissements et actions qui peuvent l?être. ......................... 67
Doter les services de police de l?eau de 50 ETPT supplémentaires d?ici
2028 inclus, renforcer également les DREAL de bassin et les agences de l?eau et établir et
financer une feuille de route pluriannuelle pour les opérateurs de l?État, définissant leurs
objectifs spécifiques et leurs articulations entre eux ............................................................ 75
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Introduction
Après 30 ans de mise en application de la directive européenne relative au traitement des eaux
résiduaires urbaines1 (DERU), adoptée en 1991, et sur la base d?une évaluation ex ante des
objectifs et des coûts, l?Union européenne a souhaité en élargir le périmètre et en augmenter le
niveau d'ambition. La DERU2, adoptée le 27 novembre 2024 et publiée le 12 décembre, s?inscrit
dans le contexte du changement climatique et d?une pression croissante sur les milieux aquatiques.
Elle vise notamment à abaisser de 2 000 équivalents habitants (EH) à 1 000 EH la taille minimale
des agglomérations devant mettre en place un système de collecte et un traitement secondaire ; à
réduire tendanciellement la pollution rejetée par temps de pluie ; à renforcer les niveaux de
traitement de l?azote et du phosphore, en particulier pour toutes les stations de traitement des eaux
usées de grande taille ; à mettre en place un traitement des micropolluants pour les stations
d'épuration de grande taille et pour celles de taille moyenne dont les rejets interviennent dans des
zones à enjeux, en le finançant principalement par un dispositif de responsabilité élargie des
producteurs (REP) incombant aux « metteurs sur le marché » de médicaments et de produits
cosmétiques ; à viser la neutralité énergétique et climatique du secteur de l'assainissement. La
directive mentionne également d?autres objectifs : réutilisation des eaux usées, détection de
certains risques sanitaires, renforcement de l?auto-surveillance et de l?information du public, etc.
La DERU2 est ambitieuse : elle ne pourra être mise en oeuvre efficacement sans une augmentation
significative de moyens : renforts dans les services de l?État, de la direction de l?eau et de la
biodiversité aux services de police de l?eau en passant par les services de bassin (DREAL et
agences) d?une part, retour à des soutiens importants des agences de l?eau à l?assainissement,
pour accompagner les collectivités locales, qui, elles-mêmes devront consentir un effort important
notamment en accroissant le prix de l?eau, au bénéfice de l?environnement et de la santé.
La DERU2 présente la spécificité, pour chacun de ses items, de fixer des échéances successives
à une proportion croissante du parc de stations ou agglomérations d?assainissement concernées,
en laissant aux États membres le choix de leur programmation.
En vue de la transposition et de la mise en oeuvre, d?ici 2045, de la DERU2, les ministres en charge
de l?environnement et des collectivités locales ont souhaité, dans une logique d?étude d?impact
ex ante pour la France, documenter les bénéfices et les coûts de cette nouvelle directive. Ce travail
conduit à identifier les leviers qui méritent d?être anticipés, à proposer des orientations de mesures
à prendre, notamment en vue de la structuration de la REP, et à recommander une mise en oeuvre
dans la cadre d?une stratégie nationale.
Après une présentation de contexte et de méthode (partie 1), la mission s?attache, pour chacun
des nouveaux objectifs de la DERU2, à faire ressortir les principales questions soulevées et des
premières orientations clés. Cela permet d?identifier les travaux à engager au plus tôt : alors que
les différentes échéances de la directive, échelonnées sur environ vingt ans, paraissent lointaines,
les délais de mise en oeuvre sont courts, compte tenu des études préalables nécessaires et de la
durée de réalisation pour des investissements importants que sont les systèmes de collecte et les
stations de traitement des eaux usées (STEU). Certains choix doivent, du reste, être faits le plus
tôt possible pour donner aux acteurs impliqués la lisibilité nécessaire, à commencer par les
collectivités compétentes et leurs opérateurs (partie 2).
L?analyse des coûts s?avère complexe et délicate, compte tenu d?une part des limites des bases
de données disponibles2 , d?autre part de la nécessité de faire des hypothèses et de proposer
différents scénarios pour évaluer des évolutions qui présentent encore des inconnues majeures :
1 La directive 91 /271 /CEE définit les eaux urbaines résiduaires comme « les eaux ménagères usées ou le mélange
des eaux ménagères usées avec des eaux industrielles usées et/ou des eaux de ruissellement » ;
2 Rapport IGEDD n°014474-01 / IGA n°22053-R de mars 2023
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il peut s?agir de techniques nouvelles, dont la mise en oeuvre dépend de zonages entièrement à
définir (traitement des micropolluants), ou de précisions qui devront être apportées dans la
transposition (gestion du temps de pluie). Les ordres de grandeur proposés le sont à titre indicatif
et doivent être pris avec précaution. Ils constituent une base de travail pour des analyses qui
devront nécessairement être approfondies et mises à jour au fil de la transposition, en lien avec
les acteurs concernés, qui se sont montrés particulièrement constructifs et impliqués dans cette
première étape et semblent demandeurs de poursuivre un travail partenarial (partie 3).
Il ressort de cette approche technique et de cette première évaluation économique que seule une
approche globale permettra une mise en oeuvre efficace. Du côté des bénéfices, ils seront d?autant
plus grands que la mise en oeuvre de la DERU2 sera priorisée de manière à contribuer au mieux
à l?amélioration de la qualité des milieux. Pour ce qui concerne les coûts, ils seront d?autant
moindres que les programmations, à l?échelle nationale et à celle des bassins, tiendront compte
des stratégies de modernisation des stations et de leurs contraintes et des projets de collectivités
en matière d?amélioration de la gestion du temps de pluie. C?est dans le cadre d?une réflexion
stratégique que la mission s?attache à faire des propositions de mise en oeuvre, notamment en
termes de programmation et de moyens à mobiliser, qui puissent être déclinées dans les futurs
programmes des agences de l?eau (partie 4)3.
3 Le travail mené par la mission ne couvre pas l?identification des modifications législatives et réglementaires à
prévoir pour transposer la DERU2, travail engagé par la DEB dès l?été 2024, dont le contenu est à nourrir.
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1 Contexte et éléments de méthode
La directive 91/271/CEE du Conseil du 21 mai 1991 relative au traitement des eaux résiduaires
urbaines (DERU) a contribué à des progrès significatifs en matière d?assainissement. Selon l?éva-
luation ex ante réalisée par la Commission européenne relative au projet de directive (DERU2),
98 % de la charge polluante est désormais collectée dans l?Union européenne par près de 21 700
agglomérations4 supérieures à 2 000 (EH) (environ 3 850 en France) et 92 % de cette charge fait
l?objet d?un traitement primaire, secondaire, voire tertiaire5 permettant notamment de traiter l?azote
et le phosphore. Sa transposition en droit français a fait l?objet de plusieurs textes (loi, décrets et
arrêtés) entre 1992 et 2000.
Pourtant, depuis 1998, la Commission européenne a constaté à l?encontre de la France une suite
ininterrompue d?infractions pour mise en oeuvre insuffisante de la directive. Le dernier manquement
constaté, en 2017, au vu du rapportage de l?année 2016, retient un taux d?infraction de 10 % (pour
une référence considérée comme admissible de 5 %). Elle a conduit à une condamnation en man-
quement de la France par la Cour de justice de l?Union européenne pour non-respect de la DERU
(concernant 78 agglomérations), le 4 octobre 2024. En cas d?exécution insuffisante de cet arrêt, la
France risquerait pour la première fois une sanction pécuniaire, susceptible de déboucher sur une
action récursoire de l?État contre les collectivités concernées (annexe 4). Un rapport d?inspection
intitulé : « Comment améliorer durablement la collecte et le traitement des eaux résiduaires ur-
baines ?6 » a été remis en mars 2023.
En 2019, la Commission européenne a procédé à une évaluation de la directive 91/271/CEE, qui
a conduit à proposer sa révision pour :
mieux traiter trois importantes sources de pollution évitables : surcharges dues aux pluies
d?orage et polluants liés au ruissellement urbain, systèmes individuels potentiellement
défectueux, petites agglomérations,
exploiter le potentiel du traitement des eaux résiduaires urbaines en matière de développement
des énergies renouvelables et prendre des mesures concrètes en faveur de la neutralité
énergétique et de la neutralité carbone,
harmoniser la surveillance des eaux résiduaires urbaines et des paramètres pertinents pour la
santé.
réduire les rejets de micropolluants, enjeu qui n?était jusqu?alors pas explicitement mentionné
4 Agglomérations d?assainissement : zones dans lesquelles la population et les activités économiques sont
suffisamment concentrées pour qu'il soit possible de collecter les eaux usées pour les acheminer vers une
station d'épuration ou un point de rejet final (R. 2224-6 du code général des collectivités territoriales)
5 Dans la DERU2, les termes sont ainsi définis :
Traitement primaire : simple décantation qui permet de supprimer la majeure partie des matières en suspension.
Traitement secondaire : traitement biologique ou physico-chimique, pour favoriser la floculation et la coagulation
des boues.
Traitement tertiaire : destiné à améliorer les performances des traitements des matières en suspension, de
l?azote, du phosphore ou encore des pathogènes. Peuvent associer une décantation supplémentaire, l?utilisation
de produits chimiques, des traitements bactériologiques, des méthodes de micro-, ultra- ou nano- filtration.
Traitement quaternaire : traitement des eaux résiduaires urbaines par un procédé qui réduit la quantité d'un
large éventail de micropolluants présents dans ces eaux.
6 Rapport IGEDD n°014474-01 / IGA n°22053-R de mars 2023. Ses principales recommandations portent sur un
renforcement de la mobilisation des collectivités compétentes, un pilotage stratégique interministériel des
actions de l?État, dont le suivi renforcé des budgets annexes des collectivités en infraction pour prendre en
compte les besoins de financement de mise en conformité, le conditionnement des aides aux dispositifs
d?assainissement au respect de leurs obligations de transmission des informations relatives au fonctionnement
de leur système de collecte et d?assainissement et le renforcement de l?intégration des politiques d?urbanisme
et d?assainissement.
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et qui constitue également une évolution majeure de la DERU2.
Sur cette base, un projet de directive a été présenté et publié par la Commission européenne le 26
octobre 2022. Il a fait l?objet d?un accord entre les représentants du Parlement européen, le Conseil
et la Commission européenne début 2024. Il a été validé par le Coreper le 1er mars 20247 et le 23
octobre 2024. La directive a été approuvée le 27 novembre 2024, accompagnée de nombreuses
déclarations, dont une de la France (annexe 10).
Cette approbation intervient après des années marquées par des effets tangibles du changement
climatique sur la ressource en eau et sur les inondations. Alors que l?attention ou la médiatisation
se focalisent le plus souvent sur l?accès à l?eau potable, le changement climatique aura également
des répercussions sur l?assainissement. La mise en oeuvre de la DERU2 devra s?inscrire dans la
trajectoire de référence d?adaptation au changement climatique (« La France à + 4° »), en cohé-
rence avec le troisième plan national d?adaptation au changement climatique, aux échéances des
différents articles de la directive. D?ores et déjà, dans plusieurs bassins, la baisse des débits des
rivières limite les bénéfices de l?énorme effort d?assainissement accompli depuis 30 ans, ce qui ne
remet pas en question son utilité, au contraire. En effet, l?évolution de la pluviométrie et la baisse
des débits d?étiage, par exemple, a un impact sur l?assainissement, car il devient plus difficile d?as-
surer une dilution suffisante des rejets. Dans le même temps, les nécessaires efforts de sobriété
en eau conduisent, à prix donné, à une diminution tendancielle des recettes permettant de financer
les services de l?eau dont le fondement reste que « l?eau paye l?eau ». La mise en oeuvre de la
directive DERU2 intervient donc dans un contexte de tensions sur le financement des systèmes
d?assainissement.
Au niveau français, la DERU2 sera transposée alors que les redevances des agences de l?eau
viennent d?être profondément réformées et que d?autres évolutions importantes sont en préparation
comme le projet de « socle commun »8, qui concerne notamment les boues des stations d?épura-
tion. La remise en cause de l?obligation de porter au plus tard en 2026 la compétence assainisse-
ment au niveau des intercommunalités a été annoncée par le Premier ministre en octobre 2024.
Or, le contexte de la DERU2, adoptée depuis, rend d?autant plus nécessaire un portage au niveau
intercommunal, comme cela était déjà signalé dans le rapport de l?IGA et de l?IGEDD précité con-
sacré à la mise en oeuvre de la DERU9. Ces éléments de contexte sont des données de base pour
la mission.
Plusieurs des objectifs et échéances fixés par la directive n?apparaissent pas insurmontables au
regard de l?état d?équipement en France en 2024 : la plupart des agglomérations d?assainissement
supérieures à 1 000 EH sont déjà équipées et certaines sont déjà engagées dans des grands
programmes, par exemple de réduction des rejets en temps de pluie pour en maîtriser l?impact sur
l?environnement. La moitié nord de la France, classée en zone sensible à l?eutrophisation, a déjà
réalisé des investissements substantiels dans le traitement de l?azote et du phosphore, ce qui cons-
titue un socle pour atteindre les nouveaux objectifs. De nombreux gestionnaires ont réalisé des
bilans énergétiques dans un souci de réduction des consommations.
En comparaison, l?obsolescence des systèmes de collecte est perçue comme le principal « mur
d?investissement » : les taux de renouvellement du patrimoine restent encore très modestes. La
DERU2 y ajoute un niveau d?ambition accru pour le traitement des eaux de pluie, alors que les
objectifs nationaux apparaissent d?ores et déjà difficiles à atteindre. Surtout, elle met en place un
7 Le parcours législatif de la DERU 2 a suivi la procédure originale dite de « corrigendum » qui fait intervenir la
relecture juridique du texte avant son adoption définitive par le Conseil en raison du renouvellement du
Parlement au cours des discussions sur la directive. Plusieurs interlocuteurs de la mission ont relevé des enjeux
de traduction en français.
8 Projet de décret « socle commun » relatif à aux critères de qualité agronomique et d?innocuité des matières
fertilisantes et des supports de culture, mis en consultation en novembre 2023 sans suite connue à ce jour.
9 Rapport IGEDD n°014474-01 / IGA n°22053-R de mars 2023
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traitement des micropolluants, selon un périmètre (substances et polluants, zones sensibles) en-
core largement indéterminé, avec des coûts d?investissement et de fonctionnement significatifs au
regard des ceux des systèmes actuels.
Pour identifier et évaluer les bénéfices et les coûts et anticiper les leviers et difficultés de mise en
oeuvre de la DERU2 dans une approche stratégique, la mission s?est appuyée sur plusieurs outils :
Pour faciliter l?appropriation de la DERU2 et la lecture du rapport, les termes précis des
principaux articles de la directive10 sont repris dans des fiches par article qui figurent en
annexe 7. Il s?agit d?un rappel des textes, tenant compte des annexes voire des considérants.
Cette annexe se veut également une aide à l?entrée en matière pour tous les services qui seront
mobilisés pour la mise en oeuvre de la DERU2.
Les travaux se sont appuyés sur une large écoute des différents types d?acteurs (annexe 2) et
des visites de terrain.
L?appréciation des coûts a mobilisé la base SISPEA11, et a demandé des hypothèses sur les
coûts de chaque nouvel item de la directive, appuyées notamment sur ces échanges.
Enfin, afin d?apprécier ces coûts et de rassembler des éléments permettant d?affiner les lignes
directrices de stratégies de mise en oeuvre de la DERU2, un questionnaire a été envoyé aux
services de l?État, aux agences de l?eau, et aux agglomérations d?assainissement de plus de
150 000 EH et à plusieurs de taille inférieure (annexe 6).
10 Certains articles, comme ceux relatif à l?assainissement pour tous, ne sont pas traités dans le cadre de ce
rapport.
11 La loi sur l'eau et les milieux aquatiques du 31 décembre 2006 a confié à l'Agence Française pour la Biodiversité
(AFB) le soin de créer un système d'information sur les services publics d'eau et d'assainissement (SISPEA).
Les données utilisées sont celles renseignées par les collectivités en janvier 2024 (6 246 services d?eau potable,
6 649 services d?assainissement collectif et 1 272 services d?assainissement non collectif ont renseigné leurs
données, couvrant respectivement 85 %, 84 % et 79 % de la population).
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2 Appréciation critique des nouveaux objectifs de la
DERU2
Dans un premier temps, la mission a cherché à évaluer les enjeux de chacune des dispositions les
plus importantes de la directive : la gestion des eaux résiduaires par temps de pluie, le traitement
de l?azote et du phosphore, le traitement des micropolluants, l?efficacité énergétique, la neutralité
énergétique et la neutralité carbone, la surveillance et le rapportage et, de façon plus succincte
d?autres dispositions. Cette partie se termine par des recommandations sur des premiers travaux
à engager rapidement.
La gestion des eaux résiduaires par temps de pluie
La charge polluante dans les eaux résiduaires urbaines issues des pluies d?orage et du ruisselle-
ment est un enjeu majeur. L?évaluation ex ante de la Commission estime que les événements
pluvieux sont une source importante de charges résiduelles envoyées dans l'environnement à
l?échelle européenne : 19 % de la charge restante pour la DBO, 7,2 % pour l'azote, 9,5 % pour le
phosphore, 29,77 % pour E. coli et 25,7 % pour les micropolluants.
La gestion des eaux résiduaires par temps de pluie est une préoccupation des acteurs de l?assai-
nissement, comme l?illustrent les nombreux colloques et séminaires sur le sujet. Ceux qu?a rencon-
trés la mission mettent en avant l?investissement majeur que constituent l?entretien et le renouvel-
lement du patrimoine, les réseaux de collecte notamment, unanimement considérés comme trop
faibles12, et le besoin d?inscrire cette évolution dans la durée, en prenant désormais en compte les
effets du changement climatique : l?augmentation et l?intensification des épisodes pluvieux violents
est de nature à aggraver les risques de saturation des équipements et le rejet de polluants direc-
tement dans le milieu récepteur.
Les colloques sur le sujet, comme les échanges avec quelques métropoles indiquent clairement la
nécessité de conjuguer un panel de mesures : gestion à la parcelle (désimperméabilisation, infil-
tration, stockage avant restitution au milieu) et déconnexion du réseau, bassins d?orage ? comme
cela a été le cas en préparation des Jeux olympiques de Paris ?, gestion dynamique des réseaux
dans des systèmes simples ou finement pilotés, lutte contre les entrées d?eaux claires parasites,
contrôle des branchements. La directive met également en avant la priorité de la gestion à la
source.
Les enjeux de la gestion par temps de pluie dépendent largement de l?état initial du réseau de
collecte : l?existence de réseaux séparatifs est bien sûr favorable, mais la transformation de ré-
seaux unitaires en réseaux séparatifs 13 ne peut être que très lente, notamment en milieu urbain ;
le contrôle des branchements quand les deux réseaux existent est une opération de longue ha-
leine ; l?évolution des réseaux unitaires pour mieux gérer le temps de pluie demande des stratégies
12 Le taux moyen de renouvellement des réseaux d'assainissement est de 0,49 %. Source : observatoire des
services publics de l?eau et de l?assainissement 2022
13 Le réseau unitaire : l'eau usée et l'eau de pluie sont collectées dans la même canalisation. Le réseau séparatif :
l'eau usée et l'eau de pluie sont collectées de façon distincte, dans deux canalisations différentes.
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complètes spécifiques à chaque territoire14.
La gestion des eaux pluviales mobilise plusieurs compétences des collectivités, avec des schémas
d?organisation qui varient entre elles : collecte en vue de l?assainissement, voirie, nature en ville,
prévention des inondations, ce qui soulève également la question du mode de financement de ces
mesures dont certaines relèvent du budget général et d?autres du service public industriel et com-
mercial eau - assainissement.
En tout état de cause, une meilleure gestion des eaux pluviales est considérée comme un élément
clé pour atteindre les nouveaux objectifs de dépollution fixés par la DERU2, puisque de nature à
améliorer l?efficacité des procédés mis en oeuvre.
Les obligations nouvelles de la directive portent sur :
l?élaboration de plans de gestion intégrés (PGI) des eaux urbaines résiduaires,
l?atteinte d?un objectif non contraignant « visant à ce que les déversements dus aux pluies
d?orage représentent un faible pourcentage ne pouvant dépasser 2 % de la charge d'eaux
urbaines résiduaires collectée annuellement, calculée par temps sec. » (Annexe V 2 a de la
directive).
Elles s?appliquent à toutes les agglomérations d?assainissement de plus de 100 000 EH et aux
agglomérations de plus de 10 000 EH si elles figurent sur une liste, fixée en fonction de critères
particuliers énumérés à l?article 5. 2 de la directive15 (annexe 7).
Figure 1 : Calendrier de mise en oeuvre des dispositions relatives au temps de pluie
14 Dans certains cas, de nouvelles approches peuvent être développées : ainsi la Métropole du Grand Lyon a
testé, en lien avec l?INRAe, un bassin naturel en aval d?un bassin d?orage, permettant la filtration des eaux et
un retour vers le milieu en proximité des cours d?eau de tête de bassin, de manière à y soutenir le débit, plutôt
que le transfert vers la STEU voisine. Il s?agit de filtres plantés de roseaux pour le traitement des eaux pluviales
sur la commune de Marcy-l?Étoile. Cette expérimentation, efficace, et clairement dans la logique de privilégier
les solutions fondées sur le nature dans une approche des besoins en eau des territoires, a vocation à être
développée sous réserve de la validation par la police de l?eau, dorénavant appelées à porter une appréciation
au regard des objectifs de la DERU2
15 1) le déversement dû aux pluies d?orage représente un danger pour l?environnement ou la santé humaine
2) le déversement dû aux pluies d'orage dépasse 2 % de la charge collectée annuellement par temps sec et ne
respecte pas les paramètres de référence figurant en annexe de la directive soit en concentration soit en
pourcentage d?abattement :
? DBO5 : 25 mg/l ou 70 à 90 % de réduction
? DCO : 125 mg/l ou 75 % réduction
? COT : 37 mg/l ou 75 % de réduction
? MES : 35 mg/l ou 90 % de réduction
3) la surcharge due aux eaux de pluie empêche le respect des réglementations européennes relatives à la
qualité des eaux.15
4) les rejets des réseaux séparatifs peuvent avoir un impact négatif pour l?environnement ou la santé humaine
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Une première priorité est donc que la Direction de l?eau et de la biodiversité établisse cette
liste dans les six mois qui suivent l?adoption des prochains SDAGE16 et au plus tard le 22
juin 2028.
16 Le calendrier d?élaboration des SDAGE 2028-2033 peut permettre d?intégrer les enjeux de la DERU2.
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2.1.1 L?introduction de plans de gestion intégrée des eaux résiduaires
urbaines
La France dispose déjà d?outils de planification qui abordent cette question : les schémas
directeurs d?assainissement collectif (SDA) 17 et les schémas directeurs de gestion des eaux
pluviales (SDEP). Selon les termes de l?annexe V, les plans de gestion intégrée des eaux urbaines
résiduaires doivent contenir :
une description et une analyse détaillées de la situation initiale de la zone de drainage,
des objectifs de réduction des déversements liés aux pluies d'orage, qui concernent d?une part
la charge polluante, d?autre part les macro-plastiques,
les mesures à prendre pour atteindre les objectifs visés au point 2 de cette annexe, précisant
les calendriers et les responsabilités.
L?évaluation ex ante de la Commission européenne18 note du reste que la France dispose d?ores
et déjà d?une approche locale intégrée, l?écart entre les schémas français et les plans de gestion
intégrée ne serait pas si grand19 : un interlocuteur de la mission a comparé un PGI à la combinaison
d?un SDA et d?un SDEP, complétée d?un dispositif de diagnostic pérenne.
Pour autant, la réglementation nationale impose un calendrier moins exigeant et, logiquement,
n?intègre pas les nouvelles exigences en matière de réduction de la charge polluante des eaux de
pluie. La mission estime que, même partant d?une analyse des schémas existants, il sera
nécessaire, au moins pour intégrer pleinement la nécessité de rendre compte des charges
polluantes collectées et traitées par temps sec (voir ci-dessous), de prévoir un nouveau
format de plan. Ce travail pourra s?appuyer sur un partage des bonnes pratiques des
collectivités, et visera à proposer des guides et des modèles de référence : il est important
d?éviter une mise en oeuvre trop diversifiée selon les territoires. Le cadre français va devoir évoluer
significativement.
Pour les entreprises d?ingénierie entendues par la mission, un plan ex nihilo coûterait plusieurs
centaines de milliers d?euros pour une grosse agglomération, en ne raisonnant en outre qu?en
volume ; le surcoût, à partir de schémas existants, serait moindre.
En revanche, les études préalables pour identifier l?origine et modéliser les apports de charges
polluantes s?ajouteraient à ce montant, auxquelles s?additionneraient les coûts annuels d?un
dispositif de suivi pérenne des volumes et des charges. Il revient aux maîtres d?ouvrage d?assurer
la surveillance des systèmes de collecte et des stations, ce qui fait porter sur les seules collectivités
le poids des dépenses à réaliser en la matière, qui pourrait être conséquent.
17 L?article L. 2224-8 I du code général des collectivités locales dispose en effet que I. « ? Les communes sont
compétentes en matière d'assainissement des eaux usées. Dans ce cadre, elles établissent un schéma
d'assainissement collectif (?) ». Il est complété par l?article D. 2224-5-1 qui précise le contenu de ces schémas
d?assainissement qui doivent comprendre :
Un descriptif détaillé des ouvrages de collecte et de transport des eaux usées -réseau d?assainissement,
station(s) d?épuration. Ce diagnostic est souvent très utile pour repérer les enjeux et les points à améliorer.
Un programme pluriannuel d?actions à mettre en oeuvre pour améliorer la connaissance, la gestion et le
fonctionnement du système d?assainissement.
18 Commission working document, Impact assessment, 2022, Accompanying the document ; Proposal for a
Directive of the European Parliament and of the Council ; concerning urban wastewater treatment (recast)
19 Results of the stakeholder consultation identified ?integrated urban water management plans? established at
local level as the right instrument to identify and implement the most cost-effective local combination of
measures. This approach is already applied in some MS (such as FI, DE, AT or FR). Source : Impact
assessment p 38.
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2.1.2 Un objectif de réduction des rejets par temps de pluie ambitieux,
appuyé sur la charge polluante, en référence à celle collectée par
temps sec
Dans la réglementation française actuelle, le système de collecte doit être conçu afin de pouvoir,
hors situations inhabituelles, acheminer l?ensemble des eaux usées collectées pour traitement, au
niveau réglementaire requis, avant rejet au milieu naturel. Selon l?article 22 III de l?arrêté du 21
juillet 201520, la conformité par temps de pluie est évaluée au regard du respect d?une des trois
options suivantes :
les rejets par temps de pluie représentent moins de 5 % des volumes d?eaux usées produits
par l?agglomération d?assainissement durant l?année ;
les rejets par temps de pluie représentent moins de 5 % des flux de pollution produits par
l?agglomération d?assainissement durant l?année ;
moins de 20 jours de déversement ont été constatés durant l?année au niveau de chaque
déversoir d?orages soumis à auto-surveillance réglementaire.
Ces différents calculs se font par référence à des flux annuels.
Par pragmatisme, les collectivités ont majoritairement privilégié l?utilisation de la première ou de la
troisième option, qui permettaient d?engager des actions sur le temps de pluie sans système de
surveillance complexe : seules quelques collectivités ont utilisé le deuxième critère, en charge
polluante, qui est celui qui s?approche le plus de celui retenu par la DERU2. La directive introduit
un élément différent en faisant référence uniquement à la charge traitée par temps sec.
Les termes de la DERU2 inquiètent tous les acteurs à plusieurs titres :
ils établissent un objectif par comparaison au temps sec et non aux volumes d?eau usées
annuels, ce qui est beaucoup plus exigeant, et pose des questions de méthodes sur la manière
d?appréhender le temps sec ;
ils fixent un objectif, quoiqu?indicatif, inférieur aux 5 % recherchés en France depuis 2015 ;
ils sont peu clairs pour ce qui concerne ce qui est attendu sur les réseaux séparatifs.
L?objectif ambitieux, bien que non contraignant, de limitation à 2 % de la charge des déversements
dus aux pluies d?orage par rapport à celle traitée par temps sec soulève deux questions
complémentaires :
? comment calculer ce nouveau ratio ?
? quelle portée doit-on lui donner, sur l?ensemble du territoire et sur les secteurs les plus sensibles ?
2.1.3 Ce qu?il faut retenir pour la mise en oeuvre
L?évaluation ex ante de la Commission européenne estime qu?en application du principe de
subsidiarité, il ne lui revient pas d?arrêter le choix des mesures efficaces pour contrôler la pollution
provenant des eaux de ruissellement et des eaux urbaines qui sont le mieux prises en compte en
fonction d?un contexte local21. Toutefois, elle est habilitée à adopter des actes d?exécution pour
préciser les méthodes pour recenser les mesures prises pour atteindre les objectifs de diminution
des charges polluantes, et « déterminer d'autres indicateurs afin de vérifier si l'objectif indicatif de
réduction de la pollution » est atteint. Au regard de l'expérience acquise avec la mise en oeuvre
20 Et la note technique du 7 juillet 2015
21 « The choice of effective measures to control pollution from SWO and urban runoff during rainfall events
depends on the local conditions.24 Therefore, in line with the principle of subsidiarity and proportionality,
imposing detailed EU standards constraining the design of solutions would not be appropriate. ». Source :
Impact assesment p 38.
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de l'arrêté ministériel de 2015, et de l?intérêt de s?appuyer autant que possible sur ce qui a
déjà été mis en place en France, la participation des services français compétents aux
groupes de travail lancés par la Commission est une nécessité au regard des incertitudes
qui pèsent sur la lecture du texte. Compte tenu des enjeux de mise en oeuvre, et en restant dans
une logique de meilleure maîtrise des polluants, la mission estime que tous les leviers d?une mise
en oeuvre pragmatique et priorisés doivent être mobilisés.
Il revient donc aux États membres, en premier lieu, d?établir un cadre national définissant :
la notion de charge. En particulier, à quels polluants se réfère-t-on ? La directive spécifie, pour
établir la liste des agglomérations de plus de 10 000 EH qui devront mettre en place des PGI,
qu?il faut tenir compte de la charge polluante par temps sec en se référant aux paramètres
correspondant aux traitements primaire et secondaire. Selon les services de la Commission
européenne, précisément questionnés par la mission sur ce point, « les polluants à prendre en
compte pour ce calcul sont ceux des tableaux 1 et 2 de l?annexe 1 » ;
le dispositif de suivi des polluants. Pour la mission, un dispositif pérenne de suivi de tous les
polluants ne serait pas économiquement soutenable ; du reste, les enjeux diffèrent dans les
zones soumises à eutrophisation ou non. Comme pour le recensement des sources de
pollution, elle estime que ce serait l?objet des études préalables aux PGI, déjà évoquées plus
haut, d?identifier les indicateurs les plus représentatifs ;
le calcul du ratio temps de pluie / temps sec. Ce point n?est pas développé par la directive. La
Commission européenne a confirmé l?application du principe de subsidiarité. Sans autres
précisions, plusieurs points doivent guider la réflexion :
? la charge par temps sec ne peut pas, par définition, être mesurée à l?échelle d?un déversoir :
le dénominateur est nécessairement la charge en entrée des STEU, dans la logique du
calcul actuellement mis en oeuvre en France. Cela indique que le ratio permettant d?évaluer
la conformité par temps de pluie tient compte de la charge collectée dans les déversoirs en
tête de station comparée à ce qu?elle est par temps sec ;
? concernant les réseaux séparatifs, le considérant 12 de la DERU2 indique que les PGI
viseront aussi à « remédier à la pollution potentiellement importante provenant des eaux
de ruissellement urbain collectées séparément » : des actions, à ce titre, devront être
prévues, si besoin, dans les plans. L?article 5.2 d) spécifie bien que des points pertinents
dans les réseaux séparatifs devront être identifiés dans le PGI là où le ruissellement urbain
présente des enjeux de pollution susceptibles d?affecter la santé humaine et
l?environnement. L?Annexe V, par renvois d?un article à l?autre, laisse ouverte la possibilité
que des mesures faites dans les réseaux séparatifs devraient être pris en compte. Cette
hypothèse pose plusieurs problèmes :
? par définition, une instrumentation qui sert à des mesures en temps de pluie est
soumise à des flux importants susceptibles de l?endommager ;
? compte tenu du nombre de déversoirs, la pose, la maintenance, l?exploitation de cette
instrumentation seraient nécessairement coûteuses en moyens humains ;
? les mesures prises pour réduire la charge polluante liée au ruissellement urbain sont
très différentes de la gestion de l?assainissement (par exemple, l?électrification du parc
de véhicule doit avoir une contribution non négligeable).
Là également, ce sont les études préalables aux PGI qui permettront de faire une sélection
de déversoirs à instrumenter, pour pouvoir traiter et suivre une charge de temps de pluie
significative au regard des enjeux pour les milieux, dans une approche coûts bénéfices.
La mission, au regard du retour d?expérience de travaux de recherche et de modélisation de
métropoles comme celle du Grand Lyon, qui sera à conforter en s?appuyant sur d?autres cas où le
paramètre « charge polluante » a déjà été utilisé, estime que la méthode à développer pour
répondre aux exigences de la DERU2 sur le temps de pluie devra articuler surveillance
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fondée sur des mesures in situ et modélisation, les deux outils restant nécessaires pour
recaler les modèles et avoir du recul sur des mesures prises dans des conditions
climatiques de nature à les perturber.
Ces méthodes ne pourront être développées que progressivement. Il serait utile, dans un premier
temps, pour orienter les actions des collectivités listées, de pouvoir disposer d?approches
simplifiées. La mission recommande que la DEB mandate un ou des opérateurs, en lien avec les
agglomérations les plus avancées, pour proposer des méthodes d?évaluation et de suivi, simplifiées
à court terme, puis couplant mesure et modélisation, et développe les outils d?accompagnement
en lien avec les fédérations et associations compétentes (FNCCR, ASTEE?).
Le cadre national mis en place par chaque État devra également aborder :
les méthodes de calcul de la charge d?une agglomération en excluant les « situations
inhabituelles » « telles que celles dues à des fortes précipitations », définies dans l?article 3.3
de la directive. Cette situation, qui fait également l?objet d?une exclusion dans l?arrêté de 2015,
n?est pas mentionnée dans les articles relatifs à la gestion du temps de pluie, ni dans l?annexe
qui en définit les modalités d?évaluation, ni dans les considérants. Pour autant, et en cohérence
avec l?article 3, ces situations inhabituelles doivent pouvoir être prises en compte, pour éviter
le surcoût d?équipements calibrés à la pointe, et à définir dans la transposition, en tenant
compte des projections climatiques. L'indicateur devrait être un percentile permettant d'exclure
des événements climatiques clairement exceptionnels y compris dans le contexte du
changement climatique. La mission propose d?exclure les circonstances exceptionnelles et de
valider ce point avec la Commission.
la traduction concrète du caractère « non contraignant » de l?objectif de 2 %. L?atteinte de
l?objectif de 5% actuel, qui constitue une référence désormais reconnue par tous, n?est pas
acquise partout en France. L?annexe V de la DERU2 mentionne l?objectif nouveau de 2 % au
sein des PGI et donc pour chaque agglomération concernée. Au vu des retours des collectivités
interrogées, très peu savent se situer par rapport à un tel objectif, en l?absence fréquente de
connaissances des charges rejetées en temps de pluie et de comparaison avec la charge par
temps sec. À ce jour, il n?est pas possible de définir les moyens ni d?évaluer les coûts de
l?atteinte d?un objectif exprimé en charge, que ce soit de 5 % ou a fortiori de 2 %. La mission
considère que la portée de cet objectif ne pourra être précisée que sur la base des premiers
PGI. Dans l?attente :
? sans le reprendre comme une valeur limite à ne pas dépasser, le 2 % pourrait être affiché
comme un objectif à viser par toutes les agglomérations concernées : tous les efforts d?ores
et déjà engagés, et poursuivis pour respecter l?arrêté de 2015, contribueront à l?atteinte des
objectifs de la DERU2. La France devra être en mesure d?en rendre compte facilement.
Afin de maintenir et préparer une évolution du contrôle de la conformité, les indicateurs
actuels, tels que définis dans le cadre de l?arrêté de 2015, seront maintenus ;
? en outre, les collectivités listées devraient fournir le calcul des charges polluantes
par temps sec et par temps de pluie dans la foulée de l?établissement de cette liste,
dans le cadre de l?élaboration des PGI ;
? tant l?objectif (5 % ou 2 %) que les actions pour les atteindre devraient être priorisées en
tenant compte du bénéfice pour les milieux et des améliorations prévues par les
agglomérations.
L?arrêté de 2015 prévoyant déjà un objectif de 5 % en volume, celui-ci devrait, à terme,
être transformé en objectif exprimé en charge, pour les collectivités listées. L?objectif de
2 %, pour aller plus loin, pourrait alors être décliné à l?échelle de chaque bassin
hydrographique, en tenant compte des objectifs fixés pour les milieux aquatiques et les habitats
naturels et de l?évaluation des coûts pour les atteindre. Pour les collectivités listées,
l?objectif de 2 % en charge pourrait à terme être rendu contraignant dans certains cas
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lorsque ce serait nécessaire pour la qualité des milieux récepteurs.
Les nouvelles exigences doivent amener à une nouvelle réflexion renouvelée sur le
financement de la gestion des eaux pluviales déjà souligné dans de précédents rapports22. Les
compétences et les financements des actions à mobiliser pour améliorer la gestion du temps
de pluie sont pluriels et complexes. La distinction SPA/SPIC qui préside au traitement
budgétaire et comptable de la gestion des eaux pluviales pourrait être un obstacle à une
gestion intégrée telle que promue par la directive. En tout état de cause, il sera sans doute
nécessaire de repenser le périmètre SPA/SPIC en ce qui concerne l?assainissement et la
gestion des eaux pluviales, cette segmentation venant en contradiction apparente avec
l?approche intégrée promue par la DERU2 dont elle complique le circuit de financement.
Les agences de l?eau soutiennent la désimpermébilisation ; l?amélioration de la gestion du
temps de pluie est de nature à réduire les coûts de l?atteinte de la plupart des autres objectifs
de la DERU2. Dans l?immédiat, les agences de l?eau devraient apporter leur soutien à la
réalisation des PGI en lien avec les opérateurs pertinents, avec une prime aux précurseurs qui
contribueront à l?établissement des guides et méthodes de référence. Un dispositif pérenne
sera toutefois également nécessaire.
Coûts évalués par la Commission européenne
L?évaluation ex ante de la Commission européenne estime que le coût net pour la France des objectifs fixés par la
directive pour les eaux pluviales serait de 67,5 M¤ par an jusqu?en 204023 . Ce chiffrage est basé sur l?option
privilégiée par le JRC24 au stade de la discussion : l?ensemble des agglomérations de plus de 100 000 EH et 30 %
(sur la base d?une estimation) des agglomérations de plus de 10 000 EH avec un objectif de 1 % de surcharge due
aux eaux de pluie par rapport au temps sec. Ce chiffrage semble largement sous-estimé. Á titre d?exemple, la
mission note que pour une métropole ayant fait l?exercice prospectif de s?approcher de l?exercice de 2 %, ses
projections financières s?éloignent très largement de l?étalon proposé par la Commission européenne : le coût total
serait de 340 M¤ HT pour la construction d?ouvrages de stockage, 100 M¤ HT en fourchette haute pour la gestion
à la source des eaux pluviales et 280 M¤ tous les 6 ans pour le patrimoine.
(DEB) Établir rapidement la liste des agglomérations qui devront réaliser
des plans de gestion intégrée des eaux résiduaires urbaines.
Définir le contenu de ces plans à partir d?un état des lieux des schémas existants et fixer
des échéances de réalisation pour ces agglomérations.
Préciser la portée (valeur indicative, voire limite à terme dans certains cas) de l?objectif de
2 % exprimé en charge, en fonction notamment de la sensibilité des milieux récepteurs.
Le traitement de l?azote et du phosphore
2.2.1 Des enjeux différents par strates de STEU
La DERU2, dans son article 2, définit le « traitement tertiaire », qui ne l?était pas explicitement dans
22 Gestion des eaux pluviales : Dix ans pour relever le défi, CGEDD, 2017.
23 Table A7.8: Detailed costs of the preferred option per Member State (¤ per year by 2040), impact assessment,
24 Joint research center : Le JRC fournit des connaissances et des données scientifiques indépendantes et
fondées sur des données probantes, soutenant les politiques de l?UE visant à avoir une incidence positive sur
la société, en étroite collaboration avec des organismes de recherche et de politique des États membres, les
institutions et agences européennes et avec des partenaires scientifiques en Europe et au niveau international,
y compris au sein du système des Nations unies (source : site internet de la Commission). ?
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la DERU, même si elle fixait déjà des objectifs de réduction d?azote et de phosphore25. Pour autant,
la directive fixe encore des objectifs d?abattement des polluants et non l?obligation de se doter de
tel ou tel équipement :
? elle étend le traitement de l?azote et du phosphore à toutes les STEU d?une charge égale et
supérieure à 150 000 EH, qu?elles soient ou non situées en zone sensible à l?eutrophisation
(article 7.1) avec des objectifs renforcés (annexe 7) ; la DERU l?imposait pour toutes celles de
plus de 10 000 EH en zone sensible. Cette généralisation du traitement pour les STEU les plus
importantes éloigne d?une logique de priorisation en fonction des bénéfices pour les milieux.
C?est notamment le cas pour les agglomérations rejetant dans la mer Méditerranée, milieu
oligotrophe, où un traitement plus poussé de l?azote et du phosphore pourrait ne pas être
bénéfique pour les masses d?eau. L?approche privilégiée dans la DERU2 est de chercher à
limiter les impacts cumulés des rejets les plus importants ; elle n?a étonnamment, à ce jour,
donné lieu à aucune objection ni réserve de la part d?aucun État méditerranéen ;
? elle renforce ce traitement, au même niveau que pour les STEU de plus de 150 000 EH, pour
les agglomérations entre 10 000 et 150 000 EH situées en zones sensibles à l?eutrophisation
(article 7.3)26. Celles-ci sont déjà définies et régulièrement mises à jour dans la cadre de la
révision des schéma directeurs d?aménagement et de gestion des eaux. Elles couvrent les
bassins Artois-Picardie, Seine-Normandie, Loire-Bretagne et l?amont du Bassin Rhône-
Méditerranée pour l?azote et le phosphore, une partie du bassin Adour-Garonne pour le
phosphore ;
? elle renforce les dispositifs de surveillance (article 7.5), ce qui pourrait représenter un enjeu
pour les agglomérations d?assainissement les moins grandes ;
? elle donne un délai supplémentaire jusqu?à cinq ans de mise à niveau pour les STEU ayant
donné lieu à des travaux récents (article 7.6).
Le calendrier de mise en oeuvre comporte plusieurs étapes27
Figure 2: calendrier de mise en oeuvre des dispositions relatives au traitement de l?azote et du phosphore
Source : Mission
La DERU2 comporte trois dérogations, dont deux apparaissent a priori mobilisables en France.
L?article 7.8 ouvre la possibilité qu?une STEU de plus de 10 000 EH, située dans une zone
sensible à l?eutrophisation, ne respecte pas les objectifs, si un pourcentage minimal de
25 Le vocabulaire courant des acteurs français de l?assainissement n?est pas celui de la directive : le traitement de
l?azote et du phosphore est souvent désigné comme un traitement secondaire poussé ; le tertiaire peut recouvrir
une désinfection. C?est un point de vigilance pour la transposition et la mise en oeuvre de la DERU2 : un
vocabulaire non partagé peut être la base d?incompréhensions lourdes.
26 L?article 7.9 prévoit les mêmes obligations pour les STEU en charge nominale.
27 Selon les termes de la directive, toutes les stations des agglomérations ayant un EH supérieur à 2 000, et donc
celles supérieures à 10 000 visées par les objectifs nouveaux sur le tertiaire, doivent également satisfaire les
objectifs fixés sur le traitement secondaire.
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réduction de la charge globale entrant dans toutes les stations d'épuration des eaux résiduaires
urbaines de cette zone atteint certains seuils. Une disposition de même type figurait dans la
DERU, qui a été utilisée dans le cadre de son rapportage. La nouvelle disposition permettrait
de mobiliser une dérogation ex ante, dans le cadre d?une approche d?ensemble à l?échelle des
bassins. Cette disposition méritera un examen approfondi à l?échelle des bassins
hydrographiques. Elle ne devrait être mobilisée que si cette dérogation reste compatible avec
des objectifs soutenables et adaptés pour les autres STEU du bassin versant.
Le tableau 2 de l?annexe I, qui fixe les objectifs à atteindre en matière de traitement de l?azote
et du phosphore, prévoit que pour les agglomérations de plus de 10 000 EH en zone sensible,
en fonction des conditions locales, il est possible de n?appliquer qu?un seul paramètre ou les
deux, azote ou phosphore. Cette disposition méritera un examen approfondi à l?échelle des
bassins hydrographiques.
La note 3 du tableau 2 de l'annexe 1 permet la prise en compte de la rétention naturelle de
l'azote dans le calcul du pourcentage minimal de réduction de l'azote. Cette prise en compte
était déjà permise dans la DERU28, et elle l?est également dans la DERU2, par des États l?ayant
déjà utilisée dans le cadre de la DERU, ce qui n?est pas le cas de la France.
Les appréciations qui ressortent des échanges avec les différentes parties prenantes permettent
de dégager des situations contrastées :
Dans le Nord de la France, en Seine-Normandie par exemple, la plupart des stations sont
équipées pour le traitement du phosphore et de l?azote avec de bonnes performances et peu
de non-conformités (moins de 13 %). Pour autant, les rendements ont tendance à stagner, et
des avancées dépendront dans certains cas de facteurs structurels, comme l?historique des
infrastructures ou les progrès sur la gestion du temps de pluie. Il n?y a pas d?évidence sur le
fait que l?atteinte des nouveaux objectifs serait plus facile pour les grosses installations. Pour
autant, l?atteinte des objectifs de traitement de l?azote et du phosphore ne ressort pas comme
une préoccupation majeure en Artois-Picardie, Seine-Normandie, Rhin-Meuse, Loire-Bretagne
dans le calendrier de la DERU2.
Dans plusieurs bassins, la DERU2 demande des efforts d?abattement sur le phosphore et
l?azote qui ne sont pas demandés dans le SDAGE ni les documents stratégiques de façade
(DSF) actuels. Cela posera des questions d?acceptabilité par les agglomérations concernées,
ce d?autant plus que les STEU dans les régions littorales sont souvent de configuration
compacte compte tenu de la concurrence sur le foncier.
Dans le bassin Adour-Garonne, douze STEU de capacité supérieure ou égale à 100 000 EH
rejettent hors zone sensible, dont cinq peuvent intégrer les objectifs de la DERU2 sans
modifications majeures ou à des coûts regardés comme limités pour améliorer le traitement du
phosphore. Pour les sept autres, des modifications importantes des infrastructures seront
nécessaires, avec des coûts de travaux considérables pour certaines des agglomérations
concernées. Elles concernent, en outre, des maîtres d?ouvrages, agglomérations ou
métropoles, en forte augmentation de population, qui auront besoin d?étendre leurs capacités
épuratoires : cette situation illustre l?importance d?une concordance entre les délais fixés par la
DERU2 et les plannings fixés dans les PPI locaux.
Les efforts à déployer pour remplir les objectifs de la DERU2 seront donc très différenciés selon
les bassins. Le traitement du phosphore et de l?azote mis en oeuvre dans les zones soumises à
28 Un arrêt de la CJUE en date du 2 septembre 2021, concernant une procédure contentieuse engagée par la
Commission européenne à l'encontre de la Suède, précise dans son point 113 que : "Ainsi, la Cour a déjà
constaté qu'aucune disposition de la directive 91/271 ne s'oppose à ce que la rétention naturelle de
l'azote puisse être considérée comme une méthode d'élimination de l'azote des eaux urbaines résiduaires
(arrêts du 6 octobre 2009, Commission/Finlande, C-335/07, EU:C:2009:612, point 86, et du 6 octobre 2009,
Commission/Suède, C-438/07, EU:C:2009:613, point 97)."
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http://publications.europa.eu/resource/ecli/ECLI%3AEU%3AC%3A2009%3A612
http://publications.europa.eu/resource/ecli/ECLI%3AEU%3AC%3A2009%3A612
http://publications.europa.eu/resource/ecli/ECLI%3AEU%3AC%3A2009%3A612#point86
http://publications.europa.eu/resource/ecli/ECLI%3AEU%3AC%3A2009%3A613
http://publications.europa.eu/resource/ecli/ECLI%3AEU%3AC%3A2009%3A613
http://publications.europa.eu/resource/ecli/ECLI%3AEU%3AC%3A2009%3A613#point97
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l?eutrophisation constitue un acquis, même si les niveaux de dépollution sont, en général, inférieurs
aux objectifs de la DERU2. La France, en s?appuyant sur les STEU et agglomérations ayant le plus
poussé ce traitement, devrait être à même de satisfaire les obligations fixées pour fin 2033, qui
concernent 20 % des STEU, et 40 % des agglomérations pour fin 2036. Un état des lieux plus fin
est nécessaire pour identifier les STEU qui sont déjà à l?objectif, celles qui en sont proches sans
encore l?atteindre, et celles qui ont programmé des travaux qui pourraient être l?occasion d?une
mise à niveau et à quelle échéance.
2.2.2 Éléments sur les techniques et les coûts
D?un point de vue technique, en grandes lignes, atteindre les nouveaux objectifs pour le phosphore
demande une plus grande quantité de réactifs ; pour l?azote, il peut y avoir besoin de bassins
supplémentaires et donc de foncier. Dans ce dernier cas, la capacité à mettre en oeuvre les
nouveaux objectifs sera liée à la place disponible, et à la concurrence avec d?autres évolutions
requises par la DERU2 demandant également des emprises supplémentaires (traitement
quaternaire, valorisation énergétique).
Un traitement tertiaire plus poussé contribue à une augmentation des consommations
énergétiques et des émissions de gaz à effet de serre liées. Pour le phosphore, il peut compliquer
la mise en oeuvre d?une méthanisation de boues en vue de produire du biométhane (énergie
renouvelable).
D?une manière générale, l?augmentation des exigences de traitement des eaux usées entraînera
un accroissement des quantités de boues produites et donc des surcoûts pour leur traitement et
de leur évacuation.
Il est admis que l?abattement du phosphore et de l?azote augmente l?efficacité des traitements des
micropolluants (infra). Néanmoins, certains interlocuteurs entendus par la mission indiquent qu?un
tel traitement préalable du phosphore et de l?azote ne serait pas toujours nécessaire. Cette
question doit être clarifiée, en particulier pour les zones non sensibles à l?eutrophisation : des
études complémentaires devraient être réalisées pour confirmer cette nécessité ou, sinon, pour
identifier des techniques alternatives de traitement des micropolluants ne nécessitant pas un tel
abattement.
Coûts évalués par la Commission européenne
Pour évaluer les coûts et bénéfices d?un traitement tertiaire plus poussé, la Commission s?appuie sur un modèle de
l'OCDE. Le scénario de référence est la mise en oeuvre aboutie de la DERU ; les zones sensibles à l?eutrophisation
sont déjà définies. Sans entrer dans le détail de la méthode, on relève notamment que pour les STEU qui passent
d?un traitement secondaire à un traitement tertiaire, les coûts sont supposés égaux à la différence entre les coûts
des nouvelles stations tertiaires et secondaires, majorée de 50 % pour tenir compte de la transformation
potentiellement importante de l?infrastructure initiale. La durée de vie de l?investissement est de 30 ans, et le taux
d?actualisation de 2,5 %. L?évaluation est présentée comme plutôt majorante. Dans le cas d?un traitement déjà
existant au niveau de la DERU qui sera plus poussé, les coûts supplémentaires sont de plus l0 % du coût annualisé
existant (remboursement du capital, exploitation et gestion).
L?évaluation des bénéfices tient compte du changement d?état des masses d'eau réceptrices à l'aide d'indicateurs
appropriés, y compris du fait d?autres sources de nutriments (agriculture, dépôts atmosphériques, etc.). Elle
suppose un prix fictif des émissions de GES de 100 ¤/t CO2e, et un prix fictif de 1 kg de d?azote ou de phosphore
retiré des effluents égal à 20 et 30 ¤, respectivement.
Dans l?ensemble des coûts de mise en oeuvre de la DERU2 évalués par la Commission
européenne pour la France, l?effort sur l?azote est le premier poste. Ce point a été souligné
par de nombreuses collectivités et associations, comme posant aussi la question de l?effort
demandé à d?autres secteurs émetteurs d?azote, en particulier l?agriculture. La mission estime
également que, alors que la réduction des rejets d?azote et de phosphore requise par la directive
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risque d?être coûteuse, elle est d?autant plus justifiable si un effort proportionné est engagé par tous
les secteurs, y compris l?agriculture, pour atteindre des concentrations compatibles avec le bon
état des milieux.
2.2.3 Ce qu?il faut retenir pour mettre en oeuvre les obligations sur le
phosphore et l?azote
Afin de mettre en oeuvre les nouvelles obligations, dans une vue d?ensemble, il paraît nécessaire
d?identifier :
les agglomérations et STEU pour lesquelles la DERU2 impose un traitement renforcé de l?azote
et du phosphore, sachant que trois catégories sont visées (agglomérations d?assainissement,
STEU en fonction de la charge polluante et STEU en fonction de leur charge nominale) ; dans
les zones sensibles à l?eutrophisation, confirmer le ou les paramètres sur lesquels doivent
porter l?effort ;
les agglomérations d?assainissement de plus de 150 000 EH nouvellement concernées ;
les STEU de moins de 150 000 EH situées hors zones sensibles à l?eutrophisation et en zone
sensible aux micropolluants ;
les STEU de plus de 150 000 EH qui ne sont pas en zones sensibles, pour lesquelles la
directive impose la réalisation d?un traitement tertiaire sans bénéfice clair pour le milieu, si ce
n?est, éventuellement, de faciliter le traitement des micropolluants, justifient une approche
spécifique. En l?absence d?études sur ce sujet, il apparaît en particulier nécessaire d?engager
un travail approfondi sur les besoins des milieux méditerranéens en nutriments, si possible en
lien avec les autres États concernés, notamment pour pouvoir rouvrir cette question auprès de
la Commission européenne dès le premier bilan de la mise en oeuvre de la DERU2. C?est une
attente forte des collectivités concernées ;
Un travail sur le cadre de soutien à l?atteinte des nouveaux objectifs sera nécessaire. En effet, les
soutiens des agences de l?eau sont, à juste titre, historiquement orientés en fonction des bénéfices
pour le milieu. La DERU2 demande, à ce stade, la mise en place du traitement tertiaire sans que
ce soit nécessairement lié à un bénéfice direct sur la masse d?eau où se fait le rejet, notamment
en zone méditerranéenne. Cet effort, qui vise une amélioration globale, s?il était confirmé, mériterait
un soutien adapté.
Ces travaux s?inscrivent dans les démarches traditionnelles de programmation des agences de
l?eau et devront être articulés avec la mise en oeuvre de tous les autres items de la DERU2 (voir
partie 2).
(DEB) Faire une évaluation des coûts et des bénéfices du traitement de
l?azote et du phosphore par les STEU > 150 000 EH dans les zones non soumises à
eutrophisation, tenant compte de l?obligation de traiter les micropolluants
(DEB et Agence de l?eau Rhône-Méditerranée-Corse) Sur les bassins méditerranéens,
partager cette évaluation avec les autres pays européens concernés, pour disposer de
conclusions étayées lors du premier bilan de la DERU2
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Le traitement des micropolluants
Les articles 8, 9 et 10 de la directive imposent un traitement des micropolluants, dit quaternaire29,
au moins pour les STEU de plus de 150 000 EH, financé grâce à la mise en oeuvre du principe
« pollueur payeur » (annexe 9).
Définition des micropolluants
Un micropolluant peut être défini comme une substance indésirable détectable dans l?environnement à
très faible concentration (microgramme par litre voire nanogramme par litre). Sa présence est, au moins
en partie, due à l?activité humaine (procédés industriels, pratiques agricoles ou activités quotidiennes)
et peut à ces très faibles concentrations engendrer des effets négatifs sur les organismes vivants en
raison de sa toxicité, de sa persistance et de sa bioaccumulation. De nombreuses molécules présentant
des propriétés chimiques différentes sont concernées (plus de 110 000 molécules sont recensées par
la réglementation européenne), qu?elles soient organiques ou minérales, biodégradables ou non tels les
plastifiants, détergents, métaux, hydrocarbures, pesticides, cosmétiques ou encore les médicaments30.
Ce principe se traduirait par la création d?une nouvelle filière à « responsabilité élargie des produc-
teurs » (REP), comme c?est le cas pour le recyclage de plusieurs flux de déchets en France. Ainsi,
ce sont les producteurs, y compris dans le cas d?importations31, qui contribuent à la couverture des
coûts du traitement requis. Il leur revient de s?organiser pour mettre en oeuvre cette responsabilité,
le plus souvent en mettant en place un ou des « éco-organismes ». Ceux-ci sont dits « tech-
niques » quand ils mettent en oeuvre le traitement ou « financiers » quand ils apportent aux collec-
tivités les soutiens pour qu?elles-mêmes assurent le traitement, dans le prorata convenu32. En règle
générale, trois ans au minimum, plus couramment cinq, sont nécessaires pour la mise en place
d?une nouvelle filière REP. La directive fixe à trois ans après l?année d?entrée en vigueur de la
directive l?obligation de prise en charge des coûts par les producteurs concernés.
Cette nouvelle disposition a donné lieu à 17 déclarations lors de l?adoption de la directive33, dont
une de la France (annexe 10), qui témoignent toutes d?inquiétudes, et parfois exclusivement d?in-
quiétudes sur la REP et son impact sur les secteurs contributeurs34.
2.3.1 La nécessité de répondre à plusieurs questions préalables
Une telle filière constitue un pan entièrement nouveau de la politique d?assainissement. Elle sou-
lève plusieurs questions spécifiques et appelle des précisions ou décisions pour sa mise en place.
29 Terme qui, dans la pratique française, renvoyait plutôt, avant l?adoption de la DERU2, à une étape de
désinfection.
30 Source : Plan micropolluants 2016-2021 pour préserver la qualité des eaux et la biodiversité, 2020, ministères
en charge de l?environnement, l?agriculture et la santé.
31 On utilise couramment le terme de « metteurs en marché » pour couvrir les producteurs et les importateurs.
32 Il existe autant d?organisations que d?éco-organismes dans la mise en oeuvre de la vingtaine de filières
françaises REP dans le domaine des déchets. Voir notamment le rapport « Performances et gouvernance des
filières à responsabilité élargie du producteur », IGEDD, IGF, CGE, juin 2024. Les metteurs en marché, dans
les filières « déchets », ont la possibilité d?exercer leur responsabilité de manière individuelle ; ce n?est pas le
cas dans la DERU2 ; ce ne serait pas opérationnel, compte tenu de l?impossibilité totale d?affecter les
micropolluants à tel ou tel metteur en marché.
33 La Bulgarie, la République tchèque, l?Allemagne, l?Estonie, la Grèce, l?Espagne, la France, l?Italie, Chypre, la
Lettonie, la Lituanie, Malte, la Slovénie, l?Autriche, la Pologne, le Portugal, la Roumanie.
34 Pour l?ensemble de cette partie, le rapport « Répondre aux nouvelles exigences de traitement des
micropolluants », Daniel De Paula, mai 2024, demandé par la Direction de l?eau et de la biodiversité, constitue
une référence utile.
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2.3.1.1 Quel est le fait générateur de la contribution des metteurs en marché ?
Les micropolluants qui doivent être couverts par le principe « pollueur payeur » sont ceux qui sont
issus de substances produites par les secteurs des médicaments et des cosmétiques, tels qu?iden-
tifiés dans les textes européens35. Les producteurs36 sont mis à contribution « sur la base des
quantités et de la dangerosité dans les eaux résiduaires urbaines des substances contenues dans
les produits mis en marché » (article 9.3. c). L?annexe 1, dans son tableau 3, liste 12 substances
indicatrices de l?efficacité de l?abattement qui sera mis en oeuvre, qui doit être de 80 % par rapport
à la charge à traiter37. Ces substances et les taux d?abattement sont repris de l?expérience suisse,
où ce traitement est obligatoire depuis 2016 (voir encadré page 32). Ni le texte de la directive ni
l?annexe ne comportent la liste de substances à identifier en entrée de STEU ou à prendre en
compte pour établir l?assiette de la contribution des metteurs en marché38.
La directive prévoit deux dérogations possibles (article 9.2) : pour les substances qui sont mises
en marché à hauteur de moins d?une tonne par an à l?échelle européenne et pour les substances
biodégradables. Ces deux dérogations donneront lieu à des travaux de la Commission euro-
péenne. L?identification des substances biodégradables, dans le cadre d?un acte d?exécution, est
prévue à échéance de janvier 2026 (article 9.5) : la Commission européenne devrait donc se pen-
cher sur les substances soumises à la REP dans ce calendrier, mais indique clairement ne pas
être en charge de son élaboration.
La liste des substances soumises à contribution n?est donc pas établie à ce jour : elle est indispen-
sable, et devra, en outre, comporter une pondération des substances visées par leur niveau de
dangerosité, pour établir les contributions. Cette liste sera nécessairement révisable. Lors de
l?adoption de la directive, la déclaration de la France « invite la Commission à une préparation
finement calibrée du futur acte délégué39, concernant la définition de la liste des substances qui
déterminera le champ des contributeurs à la REP » (annexe 10). L?échéance des travaux de la
Commission européenne ne paraît pas compatible avec le calendrier de mise en place d?une filière
REP en 2027 : la mission estime que la France doit être en mesure de participer activement
à ces travaux et commencer à établir la liste des substances soumises à éco-contribution
sans attendre les travaux européens, qui n?ont pas vocation à établir cette liste.
35 L?annexe III vise 1. Médicaments à usage humain relevant du champ d?application de la directive n°2001/83/CE
du Parlement européen et du Conseil 2. Produits cosmétiques relevant du champ d?application du règlement
(CE) n°1223/2009 du parlement européen et du Conseil
36 Ces producteurs mettent en cause le fait d?être « majoritairement » responsables de la présence de
micropolluants dans les eaux résiduaires comme mentionné dans les « considérant », contestant donc d?être
appelés à couvrir jusqu?à 80 % des coûts d?investissement et de fonctionnement du traitement quaternaire.
L?évaluation ex ante de la Commission européenne indique que les produits pharmaceutiques et cosmétiques
constituent 73 % de la charge d'entrée des STEU ? dont 59 % pour les produits pharmaceutiques. Le reste de
la charge provient principalement de substances non issues de produits de consommation, et notamment du
ruissellement vers les réseaux urbains.
37 a) Catégorie 1 (substances pouvant très facilement être traitées) : i) amisulpride (nº CAS 71675-85-9), ii)
carbamazépine (nº CAS 298-46-4), iii) citalopram (nº CAS 59729-33-8), iv) clarithromycine (nº CAS 81103-
11-9), v) diclofénac (nº CAS 15307-86-5), vi) hydrochlorothiazide (nº CAS 58-93-5), vii) métoprolol (nº CAS
37350-58-6), viii) venlafaxine (nº CAS 93413-69-5);
b) Catégorie 2 (substances pouvant facilement être éliminées) : i) benzotriazole (nº CAS 95-14-7), ii)
candésartan (nº CAS 139481-59-7), iii) irbésartan (nº CAS 138402-11-6), iv) mélange de
4-methylbenzotriazole (nº CAS 29878-31-7) et de 5-methylbenzotriazole (nº CAS 136-85-6).
38 Dans les filières REP de gestion des déchets, on parle d?éco-contribution ? qui n?est pas une taxe, et correspond
à un service rendu. À ce titre, cette contribution peut être qualifiée de redevance, ce qui prête à confusion avec
les redevances perçues par les agences de l?eau. Dans ce rapport, on garde le terme d?éco-contribution pour
la contribution perçue par un éco-organisme et redevance pour ce qui est perçu par les agences, comme la
redevance pour pollution diffuse par exemple.
39 Ce faisant, la déclaration va plus loin que le texte de la directive qui ne confie pas cette liste à la Commission.
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Évaluation de la directive relative au traitement des eaux résiduaires urbaines 2
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2.3.1.2 Quels sont les coûts à couvrir ?
Les coûts à couvrir par la recette issue de ces contributions dépendront du nombre de STEU con-
cernées par l?obligation : toutes les STEU de plus de plus de 150 000 EH et toutes celles de plus
de 10 000 EH dans les « zones sensibles aux micropolluants », à l?horizon 2045. La mise en oeuvre
du traitement quaternaire se fait, elle aussi, par étapes successives, différentes pour ces deux
types de STEU.
Figure 3 : calendrier de mise en oeuvre des dispositions relatives au traitement des micropolluants
Source : Mission
La définition de ces zones sensibles aux micropolluants, selon les critères fixés à l?article 8.2 de la
directive, doit être faite au plus tard d?ici fin 2030. Elle comporte plusieurs types de zones et diffé-
rentes dérogations : les zones sensibles comprennent d?une part une liste de masses d?eau, sauf
s?il peut être prouvé que les micropolluants y seraient sans impact sur la santé ou l?environnement,
et d?autres masses d?eau s?il est établi que des micropolluants y présentent des risques (annexe
7). L?échéance de 2030, postérieure à celle de la création de la filière REP, est tardive au regard
du besoin d?estimation du coût pour les assujettis. Ce zonage doit être proposé par l?État, sur des
bases scientifiques, puis donner lieu à une concertation. La mission estime qu?il devrait être établi
dans un délai plus court, en cohérence avec les autres zonages nécessaires à la mise en oeuvre
de la DERU2 (voir § 2.7.2).
Le retour d?expérience des dispositifs de REP mis en oeuvre pour soutenir le recyclage des déchets
fait ressortir une spécificité des Outre-mer où les coûts peuvent être plus élevés. Cette spécificité
devra être prise en compte dès l?engagement des travaux de préfiguration.
Si la DERU2 indique clairement que les assujettis devront couvrir les coûts inhérents au traitement
du quaternaire partout où il doit être mis en oeuvre, des questions de périmètre se poseront, par
exemple sur la prise en charge d?un traitement tertiaire qui serait présenté comme nécessaire, pour
des raisons techniques ou économiques (infra).
Par ailleurs, les coûts à couvrir d?un point de vue comptable sont clairement listés : il s?agit des
coûts de fonctionnement et d?investissement du traitement quaternaire, ce qui supposera des
comptabilités analytiques fines permettant notamment d?identifier les coûts d?exploitation inhérents
au quaternaire. Il conviendra, dans la suite des travaux de préfiguration, d?approfondir ce point en
lien avec les directions concernées et les représentants des collectivités locales et des contribu-
teurs.
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2.3.1.3 Quel est le prorata de contribution des secteurs soumis à la REP ?
La directive prévoit une contribution à hauteur de 80 % au moins (article 9.1) : les secteurs
contributeurs, qui s?estiment sollicités au-delà de leur responsabilité, n?envisagent pas d?aller au-
delà, tandis que d?autres acteurs estiment que leur contribution pourrait aller jusqu?à 100%.
Plusieurs pistes sont évoquées pour couvrir le reste à charge dont la contribution des collectivités,
via le prix de l?eau, ou celle de l?État via les agences de l?eau. Dans le cas des REP du secteur
« déchets », le reste à charge revient aux collectivités. Par ailleurs, la directive indique qu?un
élargissement des contributeurs, s?il était envisagé, devrait l?être à l?échelle européenne dans le
cadre d?une révision de la directive. La mission estime que l?amélioration des milieux résultant
du traitement des micropolluants issus des produits pharmaceutiques et cosmétiques
constitue un effort important, qui doit s?intégrer dans un plan d?action d?ensemble de
réduction de ces pollutions, impliquant tous les secteurs émetteurs (industrie,
agriculture?).
2.3.1.4 Quelle organisation pour prendre en charge cette responsabilité élargie des
producteurs, éco-organisme ou organisation appuyée sur les Agences de
l?eau ?
Le texte de la directive, notamment ses « considérants » fait clairement référence au système
d?éco-organisme mis en place en France dans le secteur des déchets40, alors que la politique de
l?eau, en France, s?appuie sur les redevances et subventions gérées par les agences de l?eau. Pour
autant, le terme éco-organisme n?est pas utilisé : le texte parle d?« organisation », parfois au pluriel.
Cependant, ce pluriel n?indique pas nécessairement une ouverture sur plusieurs types d?organisa-
tions possibles : dans une filière REP comme celle des déchets issus d?équipements électriques
et électroniques, les metteurs en marché assujettis ont choisi de se regrouper en trois éco-orga-
nismes.
La mise en marché et la perception des contributions qui en découle seront nécessairement orga-
nisées et suivies à l?échelle nationale : ce peut être le cas, que la REP s?appuie sur une « rede-
vance agence de l?eau »41 ou sur une éco-contribution versée à un éco-organisme. Ces deux ap-
proches possibles présentent chacune des avantages et des limites.
40 Le rapport de préparation spécifique sur ce sujet, « Feasibility of an EPR system for micro-pollutants » compare
différents systèmes mis en place pour le financement de l?assainissement, un fonds spécifique en Allemagne
pour les micropolluants industriels, un couplage taxe-subvention en Suisse pour les micropolluants issus des
cosmétiques et des produits pharmaceutiques et conclut qu?ils ne constituent pas des applications du principes
pollueur payeur.
41 Comme pour la redevance pour pollution diffuse, collectée par l?agence de l?eau Artois-Picardie, désignée pour
l?établissement du titre des recettes et le recouvrement de la redevance auprès des redevables de la France
entière (art D.213-48-27-1 du code de l?environnement).
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Tableau 1 : Comparaison des avantages et des limites, pour la collecte de la contribution des metteurs en marché
Limites indiquées en rouge, avantages en vert
Redevance Eco-organisme
Ne correspond pas, notamment, à l?article 10.1
de la DERU2.
La responsabilité du traitement des
micropolluants repose en fait sur la sphère
publique.
Répond au plus près aux termes de la directive
Les producteurs sont responsables du traitement
des micropolluants42.
Est limité par le plafond fixé en loi de finances sur
les redevances des Agences de l?eau.
Permet une évolution au fur et à mesure de la
montée en puissance du traitement quaternaire.
S?appuie sur un dispositif de perception et de
programmation existant.
Présente un coût administratif élevé et des
compétences à créer, puisqu?il faut mettre en
place un éco-organisme ad hoc, dans un
contexte où ces éco-organismes sont mis en
question pour des questions de coût et d?exercice
de la tutelle.
Est une attente forte des metteurs en marché.
En particulier, la référence de l?article 10.1de la directive à des « propriétaires et adhérents de l?éco-
organisme », qui définit des exigences minimales, ne semble pas compatible avec des structures
informelles rattachées à des organismes publics existants. Même avec une structure plus formelle,
de type « service d?utilité forestière43 » par exemple, il semble difficile d?assimiler la notion de
« membre » à celle d?un « adhérent » ou d?un « propriétaire », notamment au sens de l?article
L.541-10 du code de l?environnement : « Les producteurs s'acquittent de leur obligation en mettant
en place collectivement des éco-organismes agréés dont ils assurent la gouvernance et aux-
quels ils transfèrent leur obligation et versent en contrepartie une contribution financière » qui
explicite leur responsabilité. Toute alternative hybride aurait comme conséquence de reporter, au
moins en partie, la responsabilité du pollueur sur les agences.
Au regard de la lecture des textes et d?une comparaison de ces deux scénarios, la mission
estime incontournable de confier la collecte des contributions à un nouvel éco-organisme44,
conforme au cadre européen.
La manière dont les soutiens seront versés aux entités gestionnaires des systèmes d?assainisse-
ment mettant en oeuvre le traitement quaternaire mérite également un examen approfondi.
Quelques exemples illustrent le caractère intégré des évolutions qui découleront de la DERU2 pour
les STEU : la mise en place d?un traitement quaternaire doit tenir compte de la qualité du traitement
de l?azote et du phosphore ; elle dépend du foncier disponible et de son affectation (il peut être
42 Pour être agrée par l?État, un éco-organisme doit fournir différents documents, et notamment « Une description
de la gouvernance, comprenant la liste des producteurs qui participent à la mise en place collective de l'éco-
organisme à la date de la demande, ses statuts, et notamment, lorsque la forme adoptée par l'éco-organisme
est celle d'une société par actions, la liste de ses actionnaires et la composition du conseil d'administration ainsi
que leurs pouvoirs respectifs, ainsi que la liste des producteurs qui projettent de lui transférer leur obligation de
responsabilité élargie à la date de la demande » (article R 581-46 du code de l?environnement.).
43 Le service d'utilité forestière (SUF) est dédié au développement de projets Label Bas-Carbone. Ce service est
intégré au sein du Centre national de la propriété forestière, mais financièrement autonome, avec une
comptabilité distincte (source : site du CNPF)
44 On ne peut préjuger du nombre d?éco-organismes, le choix relevant des metteurs en marché ; le retour
d?expérience est néanmoins que plusieurs éco-organismes présentent une complexité administrative lourde.
Dans la suite du rapport, on parle d?éco-organisme comme un terme générique pour ce type d?organisation.
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nécessaire pour d?autres installations de traitement ou de valorisation énergétique). Pour cette rai-
son, elle sera inévitablement prise en compte dans la gouvernance et les travaux de programma-
tion et d'attribution des aides des agences de l?eau. L?appréciation des stratégies d?investissement
des différents services d?assainissement et la priorisation de la mise en place du quaternaire, de
nature à en réduire les coûts, seraient très lourdes et complexes pour un éco-organisme et redon-
dants avec le fonctionnement existant des acteurs de l?eau caractérisé par un partenariat étroit
entre les services d?assainissement et les agences de l?eau. Les interlocuteurs de la mission ont
tous reconnu que l?investissement à réaliser serait peu efficace et retarderait la mise en oeuvre de
la directive.
Tableau 2 : Comparaison des avantages et des limites pour le versement des soutiens au quaternaire
Programmation et versement via les agences
de l?eau aux collectivités
Programmation et versement par l?éco-orga-
nisme aux collectivités
Permet de d?appuyer sur les relations des
agences de l?eau avec les agglomérations d?as-
sainissement, dans une logique de guichet
unique de l'amont à l'aval du processus en cohé-
rence avec les autres évolutions des dispositifs
d'assainissement.
Présente une plus grande facilité pour les agglo-
mérations d?assainissement
Réduit le coût pour les metteurs en marché
Demande à l?éco-organisme d?établir ex nihilo
des relations avec toutes les agglomérations
d?assainissement
Coûteux pour les metteurs en marché
Coûteux pour les collectivités
Au regard d?une comparaison de ces deux scénarios, la mission estime qu?une programma-
tion et un versement des soutiens fondés sur les structures et relations existantes est de
nature à réduire les coûts et est plus efficace45, et conforme à l?esprit de la DERU2 qui vise
à réduire autant que possible les charges administratives inutiles. Cette option supposera
de préciser les relations de l?éco-organisme avec les agences de l?eau dans le cadre de
conventions et l?implication des metteurs en marché pour leur permettre d?exercer le con-
trôle lié à leur responsabilité.
Les comités de bassin seront renouvelés en 2026, après les élections municipales : c?est l?occa-
sion, dès lors que la préfiguration aura suffisamment avancé, de faire entrer les représentants de
l?éco-organisme dans le collège « activités économiques » du comité. Des conventions ad hoc avec
chaque agence de l?eau viendraient compléter ce dispositif.
La mission estime ainsi que l?action de l?éco-organisme doit s?articuler au mieux avec la stratégie
de mise en oeuvre de la DERU2 pour être la plus efficace possible (voir partie 2).
La mise en place de cette filière pose d?autres questions, comme :
l?impact de l?éco-contribution sur le prix des médicaments ou sur les marges du secteur, en
distinguant différents segments (original ou générique, secteur hospitalier ou non hospitalier?),
45 On note à ce titre que les agences sont déjà intégratrices du versement de soutiens non financés par leurs
redevances : crédits du Plan de Relance, du Fonds Vert avec une gouvernance particulière, ou encore du fonds
biodiversité en mer. Depuis 2024, l?agence de l?eau Seine-Normandie gère ce fonds (30 M ¤), qui s?inscrit dans
les objectifs de la loi énergie-climat de 2019 et de la programmation pluriannuelle de l?énergie et est prévu par
les dispositions du cahier des charges dans lequel s?inscrit le projet. Dans le cadre de la filière REP, telle
qu?écrite dans la directive, l?éco-organisme doit alors apporter un soutien au coût de cette mission pour chaque
agence de l?eau.
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l?impact sur les prix ou les marges dans le secteur des cosmétiques, qui n?entre pas dans le
même cadre réglementaire que le médicament, les effets sur l?éco-conception et l?évolution des
contributions des deux secteurs,
les modalités de soutien du traitement tertiaire dans le cas de STEU de moins de 150 000 EH
qui devraient mettre en place un traitement quaternaire sans obligation de traitement tertiaire,
la structuration des outils de suivi?
Elle passe par l?adoption d?un dispositif législatif, l?élaboration d?un cadre réglementaire, l?élabora-
tion d?un cahier des charges par l?État, l?affinement des coûts et de l?éco-contribution, la structura-
tion d?une réponse par les metteurs en marché à ce cahier des charges, la mise en place d?une
gouvernance adaptée, la délivrance par l?État d?un ou plusieurs agréments (annexe 9). Ce travail
devra être mené en tenant compte dès que possible du périmètre des substances à traiter, et du
retour d?expérience et des discussions sur le fonctionnement des filières REP « déchets » en
France.
La création d?un nouvelle REP demande des compétences très spécifiques : la direction de l?eau
et de la biodiversité devra renforcer son équipe pour acquérir ces compétences. La désignation
d?un opérateur en soutien à la préfiguration de l?éco-organisme est également nécessaire : la mis-
sion estime que l?ADEME a la meilleure expérience en la matière.
2.3.2 Éléments sur les techniques et les coûts
Il existe plusieurs types de techniques permettant le traitement des micropolluants issus des sec-
teurs cosmétique et pharmaceutique, dont la pertinence dépend notamment des traitements déjà
en place sur la STEU et de la disponibilité en foncier, et qui engendrent des consommations d?éner-
gie et d?intrants différentes.
À Sophia Antipolis, lors d?une rénovation et augmentation de la capacité de la STEU pour atteindre
50 000 EH, l?agglomération a fait le choix, au-delà de la réglementation, de mettre en place un
traitement poussé de l?azote et une désinfection à l?ozonation pour abattre les micropolluants. Cette
STEU est présentée comme une des premières installations en France à traiter les micropolluants.
Le coût total de l?opération est de15 M¤ HT, dont 1 pour la désinfection et le traitement quaternaire,
soit un coût supplémentaire par m3 d?eau estimé à 17 centimes d?euros (10 % d?augmentation sur
la part assainissement du prix de l?eau). L?agence de l?eau, la région et le département soutiennent
ce projet à hauteur de 5,5 M¤. Une autre STEU, équipée par choix de l?agglomération d?assainis-
sement, est celle de Saint-Pourçain-sur-Sioule, de moindre taille (9 000 EH). Le choix a été fait en
raison d?une importante activité hospitalière. L?investissement, pour une mise en service en 2014,
a été de 4 millions d?euros.
Les traitements secondaire et tertiaire abattent une partie des micropolluants, mais même les plus
poussés ne peuvent permettre d?atteindre les objectifs fixés par la DERU2. A contrario, un abatte-
ment des matières en suspension, du phosphore et de l?azote rend plus efficace le traitement qua-
ternaire ? en leur absence, plus d?intrants ou d?énergie sont nécessaires46. Aussi, il ne paraît pas,
à ce stade, totalement exclu qu?un traitement quaternaire puisse être mis en place sur une STEU
non équipée d?un traitement de l?azote et du phosphore, mais les coûts en seraient plus élevés.
46 La mise en place d?un traitement quaternaire supposerait un traitement efficient de l?azote et du phosphore. Ce
point mérite encore vérification : dans le cas suisse, qui a largement inspiré le texte, l?abattement de l?azote et
du phosphore est requis au regard des enjeux du milieu, et toujours préalable au quaternaire. A priori, la mise
à niveau du tertiaire n?a pas vocation à être prise en charge par la REP. La question pourrait se poser néanmoins
pour les STEU de plus de 150 000 EH, dans des zones non soumises à l?eutrophisation, si la mise en place
d?un traitement tertiaire n?était motivée que par la mise en place du quaternaire.
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Plusieurs procédés permettent de pousser l?élimination des micropolluants au-delà de l?abattement
des traitements en place : coagulation-floculation, décantation, filtration, chloration, traitement bio-
logique et traitements avancés (adsorption sur charbon actif granulaire ou en poudre, filtration
membranaire liée à l?osmose inverse ou encore oxydation), UV47. Certains procédés sont efficaces
pour les micropolluants hydrophobes, comme les HAP, les métaux, et plus largement les polluants
industriels48, tandis que d?autres permettent d?abattre les micropolluants hydrophiles. Par ailleurs,
les pollutions industrielles peuvent donner lieu à une prévention à la source, qui reste limitée pour
les pollutions issues de certaines consommations des ménages49. C?est le traitement quaternaire
mis en place en Suisse, où il est obligatoire depuis 2016, qui a servi de référence aux travaux de
la Commission pour l?abattement des pollutions diffuses liées aux médicaments et aux cosmé-
tiques.
Le traitement des micropolluants en Suisse
La loi fédérale sur la protection des eaux, qui est entrée en vigueur le 1er janvier 2016, oblige certaines STEU à
installer, d'ici la fin de l'année 2035-40, une étape supplémentaire d'épuration destinée à l'abattement de 80 % des
micropolluants, suivi par 12 indicateurs. Il s?agit des STEU qui desservent plus de 80 000 habitants, celles de plus
de 24 000 qui rejettent dans des lacs, et celles de plus de 8 000 qui rejettent dans des rivières quand le rejet
représente plus de 10 % du débit minimum : environ 130 STEU (sur 700). La motivation est la protection des eaux
du lac Léman et du Rhin qui alimentent l?eau potable de nombreux habitants. Les études de faisabilité technique et
économique ont démontré qu'à l'occasion de la mise aux normes des stations, le surcoût est de l?ordre de 10 %.
Le coût total est évalué à 1,2 milliard de francs suisses (1,3 Md ¤).
Le système de tarification de l?assainissement comporte trois niveaux, présentés par les autorités suisses comme
composantes d?une approche pollueur payeur :
- les coûts d?investissement et de fonctionnement de l?assainissement sont payés par les ménages et les activités,
certains coûts donnent lieu à des soutiens par les cantons et l?État fédéral,
- la prise en charge d?externalités négatives pour l?environnement est couverte par des taxes, payées par les pol-
lueurs. La taxe « micropolluants », d?environ 8 euros, est payée par les résidents connectés à la station, puis par
les stations au gouvernement, celui-ci soutenant ce nouveau traitement à hauteur de 75% des coûts d?investisse-
ment. Les opérateurs prennent en charge les coûts de fonctionnement mais sont exemptés de taxe sur le « water
waste » (gaspillage). Le principe est présenté comme simple mais ne relève pas réellement d?une approche pol-
lueur payeur. Les travaux avanceraient actuellement au rythme de deux stations par an.
Des vidéos de présentation sont disponibles sur le site https://micropoll.ch/fr/startseite-fr/.
L?évaluation ex ante de la Commission européenne se concentre sur trois types de techniques,
adaptées pour l?abattement des micropolluants issus des secteurs visés : oxydation à l'ozone (O3)
et adsorption sur charbon actif (AC) en poudre ou granulaire (GAC) (annexe 8).
Le type de traitement quaternaire est un choix spécifique à chaque site, lié à la qualité des eaux
produites en amont (traitement secondaire, le cas échéant tertiaire), mais également aux con-
traintes ou objectifs en termes de milieu récepteur, d?espace, de consommation énergétique, de
valorisation des boues? La présentation par grand type de procédé, qui fait ressortir, globalement,
pour la France, un plus grand intérêt de l?ozonation ou du charbon actif granulaire reste théorique.
Du reste, les industriels sont en mesure de développer des couples ozonation ? charbon actif en
fonction des caractéristiques de la STEU, du milieu, des différents objectifs visés.
Concernant l?évaluation des coûts, l?évaluation ex ante de la Commission européenne se centre
47 Cette technologie demande plus de temps et donc de place et reste limitée à des flux peu importants pour des
usages « nobles ».
48 Il s?agit de capter ces particules ; ces procédés ne sont pas efficaces pour les micropolluants issus des secteurs
pharmaceutique ou cosmétique qui sont hydrophiles.
49 Le cas de détergents utilisés par les ménages est encore différent. En grandes lignes, ce sont des produits
moins complexes que les produits pharmaceutiques et potentiellement moins générateurs de micropolluants,
et qui peuvent donner lieu à une prévention à la source. La démarche générale des politiques publiques est
bien : prévenir, substituer (pour réduire la nocivité), traiter - ce dernier moyen étant réservé aux pollutions qui
ne peuvent relever des deux premiers leviers
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sur ces trois procédés. Ce travail requiert une hypothèse sur les « zones sensibles aux micropol-
luants », qui sont, par convention, celles pour lesquelles le taux de dilution des rejets des STEU
est inférieur à 10. Cette évaluation s?appuie sur une revue de la littérature scientifique et des retours
d?expériences, qui fait ressortir des coûts de fonctionnement et d?investissement trop hétérogènes
selon les STEU (entre 10 et 30 centimes par m3), pour proposer une fonction de coût. La Commis-
sion reconnaît que ce travail relève d?une évaluation préliminaire des coûts pour donner des ordres
de grandeur et non d?un modèle statistique. À partir de fourchettes de coût par STEU selon leur
taille, elle estime un coût global du traitement des micropolluants. L?évaluation comporte également
une estimation de la charge administrative, dont l?identification des zones à risque.
Coûts évalués par la Commission européenne
À l?échelle européenne, la Commission européenne évalue à 1 185 millions d?euros par an la mise en place du
traitement quaternaire dans toutes les STEU de plus de 100 000 EH et de plus de 10 000 en zone sensible. Elle
évalue également la charge toxique évitée, sans être en mesure de lui donner une valeur monétaire et les émissions
de GES induites (jusqu?à 4,97M de t CO2e/an). Les coûts liés au fonctionnement des éco-organismes sont estimés
à 11,2 millions d'euros.
Le travail de la Commission européenne permet surtout de fonder son choix entre plusieurs scénarios :
la mise en place du traitement quaternaire sur toutes les STEU aurait eu un coût de 4 milliards d?euros, sans
un niveau équivalent de bénéfice pour les milieux ;
il existe un bénéfice important dans les zones présentant des enjeux « micropolluants », et le nombre de
stations ainsi concernées permet une courbe d?apprentissage et des économies d?échelle de nature à diminuer
les coûts ;
l?obligation de traitement quaternaire pour les seules STEU de plus de 100 000 EH a un bénéfice limité.
Elle souligne aussi que, en l?absence d?une disposition spécifique dans la directive, le traitement quaternaire ne
serait pas mis en place.
Analyse critique allemande
Lors des travaux de préparation de la DERU2, le ministère de l?environnement allemand a publié une analyse
critique. Elle souligne notamment que l?introduction d?un traitement quaternaire pour les agglomérations de plus de
100 000 EH (à l?époque de ces travaux), et des plus de 10 000 EH en zone sensible relève d?une approche basée
sur les risques, et aura un bénéfice pour la santé et les milieux. Dans une approche intégrée, cette mesure « de
bout de chaîne » doit être combinée avec d?autres leviers, comme une prévention des rejets de micropolluants par
les industries. Elle estime que l?évaluation de la Commission est sous-estimée et produit deux courbes de coût
alternatives avec des coûts plus élevés pour l?énergie et la construction et un surcoût pour la mise à niveau des
plus petites STEU. Une différence vient aussi de la prise en compte de la capacité nominale des STEU ou de leur
charge.
Une étude, réalisée en 2018 pour une association professionnelle du secteur qui prenait un panel de collectivités
plus large a abouti à des coûts de 1,2 milliards d'euros par an, uniquement pour l?Allemagne (36 milliards d'euros
sur 30 ans)
En rebouclant sur des études de cas50, il ressort en France une augmentation du prix de l?eau de
10 à 18 centimes par m3
, qui devrait baisser, par exemple grâce à une amélioration des procédés
d?ozonation. En effet, les coûts actuellement présentés par les industriels sont ceux de démonstra-
teurs. Les autres États affichent plutôt des coûts de 7 ou 9 centimes supplémentaires par m3 51, la
différence, due aux approches développées, est fortement impactée par les hypothèses de calcul
50 J.M Choubert, C. Lagarrigue, Y Penru, 2017, Traitement des micropolluants par ozonation, retour d?expérience
de la station d?épuration de Sophia Antipolis, 4 p. Eau et connaissance, Inrae, Agence de l?eau Rhône-
Méditerranée-Corse, Suez Cirsee: 2017-synthese-mpp-def2.pdf.
Une analyse qualitative de l?impact potentiel de certaines mesures de la DERU2, menée par l?agence de l?eau
sur le bassin Adour-Garonne (projet Armistiq), et appuyée sur des valeurs de plus de dix ans, pour l?énergie par
exemple, situe l?impact de l?investissement et du fonctionnement du quaternaire entre 2 et 20 ¤/EH/an
(amortissement sur 20 ans), soit entre 4 et 40 centimes d?euros /m3.
51 Source : Pistocchi et al. (2022)
PUBLIÉ
https://www.eaurmc.fr/upload/docs/application/pdf/2018-04/2017-synthese-mpp-def2.pdf
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telle que le renouvellement du matériel, etc.
La fonction de coûts proposée par la Commission permet de simuler une fourchette (avec une
incertitude d?un facteur de deux) de coût total du traitement quaternaire selon la taille de la STEU
(représentée en EH).
Graphique 1 : Représentation graphique du coût total du traitement quaternaire par EH et par STEU selon le nombre
d?équivalent-habitants d?après la fonction proposée par Pistocchi et al. (2022) (Source : Rapport De Paula)
2.3.3 Ce qu?il faut retenir pour mettre en oeuvre le traitement des
micropolluants
La mise en place de cette nouvelle filière REP demande avant tout de donner de la visibilité sur
l?assiette des contributions dans leurs différentes composantes. Il est nécessaire d?engager les
travaux pour :
réaliser dans les meilleurs délais, de manière à entrer dans le calendrier de mise en place de
la REP, l?identification de la liste des substances soumises à la REP sur une base scientifique,
afin de disposer d?une base de discussion avec les metteurs en marchés et les collectivités
locales d?une part, et de participer aux travaux européens sur les exemptions des substances
biodégradables d?autre part. Ce travail doit être engagé dès que possible, sous le pilotage de
la direction de l?eau et de la biodiversité, en lien avec le ministère de la santé, en mobilisant les
opérateurs compétents et en associant les professions concernées ;
identifier les méthodes pour déterminer les zones sensibles aux micropolluants sur une base
scientifique ; définir les zones à enjeux pour les micropolluants dans le cadre des travaux
menés à l?échelle des bassins hydrographiques, en cohérence avec les autres zonages et listes
requis par la mise en oeuvre de la DERU2 ; identifier les STEU concernées.
Cela permettra d?affiner progressivement l?évaluation des coûts, en échange avec les acteurs
concernés, dans le cadre de la structuration d?une démarche de préfiguration.
Plusieurs interlocuteurs de la mission, à commencer par les représentants des secteurs
contributeurs, estiment que la REP micropolluants, telle que définie dans la DERU2, ne couvre pas
d?autres substances présentant autant voire plus de risques pour la santé humaine ou pour
l?environnement (substances relevant du RSDE, PFAS?). D?autres metteurs en marché devraient
selon eux être dans le tour de table financier. Ce raisonnement est contestable : le dispositif mis
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en place vise des pollutions diffuses issues des ménages et les traitements mis en place pour les
abattre ne sont pas efficaces pour des micropolluants hydrophobes. Pour autant, compte tenu de
l?effort qui va être mis en oeuvre pour réduire les micropolluants liés à l?usage de médicaments et
de cosmétiques, une approche d?ensemble de ces pollutions par les micropolluants est
incontournable. Les politiques complémentaires, par exemple sur la prévention à la source des
pollutions industrielles devraient être renforcées.
La mise en place de cette filière REP justifie de relancer un plan « micropolluants » et
d'envisager d'autres mesures cohérentes, notamment à la source, pour pouvoir justifier
l'effort important requis par la directive sur les STEU.
Enfin, la mise en place du dispositif pollueur payeur est prévue dans des délais courts, et exige un
travail important (annexe 9). Le scénario de mise en place doit être partagé à l?échelle inter-
ministérielle puis avec les parties prenantes les plus concernées (les représentants des
metteurs en marché et des collectivités locales), et arrêté par l?État. Il n?est pas possible d?en-
visager deux voies alternatives ou successives. Compte tenu des réserves voire de l?opposition
portée auprès des différents cabinets ministériels, la mise en place de la REP aura une compo-
sante politique forte, et se jouera en premier lieu et dans la durée à ce niveau politique interminis-
tériel.
L?engagement des travaux permettant de préciser les contours de la filière REP demande la
structuration d?une équipe projet, sous pilotage de la DEB, dotée des moyens et compé-
tences requises et l?identification rapide d?un opérateur en soutien, qui devrait être
l?ADEME. Les travaux de préfiguration peuvent s?engager dans le même calendrier que les études,
pour rassembler les différentes parties concernées et les associer dès que possible à l?exploitation
des résultats des analyses.
Compte tenu de la lecture des textes, du retour d?expérience des filières REP « déchets » et de la
politique de l?assainissement, la mission recommande la création d?un éco-organisme ad hoc
en charge de la collecte des éco-contributions52, et une programmation et un versement des
soutiens dans le cadre existant des instances de bassin (agences de l?eau et comités de
bassin), de façon cohérente avec les autres objectifs de la DERU2.
(DEB, en lien avec la DGS et la DGE) Engager dans les meilleurs délais,
l?identification de la liste des substances soumises à la REP, engager des concertations sur
cette base avec les secteurs contributeurs et les représentants des collectivités locales.
(DEB, agences de l?eau) Engager dans les meilleurs délais des travaux de méthodologie
pour définir les zones sensibles aux micropolluants sur une base scientifique, en vue d?une
identification à l?échelle des bassins fin 2027.
(DEB, en lien avec la DGPR, ADEME, agences de l?eau) Engager dès à présent les travaux
de préfiguration permettant de préciser les contours de la filière REP, basée sur la création
d?un éco-organisme en charge de la collecte des éco-contributions et la programmation et
le versement des soutiens dans le cadre existant des instances de bassin. Associer les
metteurs en marché à cette gouvernance.
(DEB, en lien avec la DGPR et la DGPE) Inscrire la mise en oeuvre de la DERU2 dans un
nouveau "plan micropolluants" interministériel, incluant des mesures de réduction à la
source des rejets industriels et agricoles.
52 On ne peut exclure que les secteurs concernés souhaitent la création de plusieurs éco-organismes. La
multiplicité d?éco-organismes présente un coût de transaction élevé, qui concerne les autorités, mais aussi les
assujettis. Une piste a également été évoquée, de s?appuyer sur des éco-organismes existants (Cyclamed ?).
Compte tenu de la spécificité de cette REP, elle paraît peu crédible mais devra être examinée si les metteurs
en marché le souhaitent.
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Efficacité énergétique, neutralité énergétique et neutralité
carbone
2.4.1 Des objectifs à atteindre à l?échelle nationale
Les considérants de la directive rappellent le potentiel important de réduction des consommations
énergétiques et de production d?énergie renouvelable des systèmes d?assainissement. Selon une
enquête réalisée par AMORCE en 2021/2022, représentative de 7 % de la capacité d?épuration
nationale, les systèmes d?assainissement consomment en moyenne 65 kWh/an/hab53.
La directive, qui, en parallèle, renforce ou instaure de nouvelles obligations, elles-mêmes très con-
sommatrices en énergie (traitement tertiaire plus poussé, traitement quaternaire), s?appuie sur le
constat que des réductions importantes des consommations d?énergie sont possibles et que les
systèmes d?épuration présentent un ensemble de caractéristiques favorables pour produire de
l?énergie (production de biogaz par méthanisation, production d?électricité photovoltaïque, récupé-
ration de chaleur fatale?). Il est également possible de prendre des mesures concrètes en faveur
de la neutralité énergétique et en soutien à la neutralité carbone.
Elle comporte deux nouvelles obligations :
la réalisation tous les quatre ans d?audits énergétiques54 de l?ensemble des systèmes (collecte
et assainissement) incluant la détermination du « potentiel de mesures rentables »55, « tout en
réduisant les émissions de gaz à effet de serre ». Les premiers audits sont à réaliser d?ici au
31 décembre 2028 pour les STEU de plus de 100 000 EH et d?ici au 31 décembre 2032 pour
les autres STEU de plus de 10 000 EH ;
une production d?énergie renouvelable calculée en proportion de l?énergie totale consommée
par toutes les STEU de plus de 10 000 EH, selon l?échéancier suivant :
Figure 4 : calendrier de mise en oeuvre des dispositions relatives à la neutralité énergétique (production d?énergie
renouvelable)
Source : Mission
La directive prévoit une dérogation possible pour la dernière échéance pour un maximum de 35 %
de l?énergie à condition qu?elle provienne de sources non fossiles ? et un maximum de 5 % pour
l?échéance de 2040.
La directive ne requiert pas la réalisation systématique de bilans de gaz à effet de serre, pas plus
que la démonstration de l?atteinte de la neutralité énergétique en 2045 ou de la neutralité carbone
53 La production d?eau potable en consomme moitié moins.
54 Tels que définis par la directive (UE) 2023/1791 relative à l?efficacité énergétique
55 En mettant l?accent sur le potentiel de production de biogaz, ainsi que la récupération et l?utilisation de la chaleur
résiduelle
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en 2050.
En revanche, un « considérant » précise que les initiatives visant à atteindre la neutralité énergé-
tique ne devraient pas entraîner d?augmentation des émissions de méthane et de protoxyde
d?azote. Il s?agit d?un des articles pour lesquels la définition des termes et des périmètres peut avoir
un impact fort sur l?interprétation et l?atteinte des objectifs. L?article 14.2 précise que l?évaluation de
cet équilibre tient compte de la valorisation de cette énergie « sur site ou hors site par les proprié-
taires ou exploitants de ces stations ».
Coûts évalués par la Commission européenne
L?évaluation ex ante fait l?hypothèse :
- d?un coût de 4 000 ¤ pour un audit énergétique ? ce qui apparaît faible à la mission pour le premier audit à
réaliser ex nihilo ;
- qu?à ces coûts de réalisation des audits s?ajoute un coût de suivi des performances énergétiques des installa-
tions, que l?évaluation ex ante estime annuellement à 12 millions d?¤ dans toute l?Union européenne, ce qui
donnerait environ 1 million d?¤ par an pour la France. Là également, on peut imaginer que le coût de la mise en
place sera plus important mais qu?il devrait être maîtrisé en régime permanent, en lien avec la recherche d?amé-
lioration continue et de réduction régulière des consommations ;
- que l?objectif de neutralité énergétique pourra être atteint uniquement grâce à des unités de production de bio-
gaz. Cet investissement conduira alors à des bénéfices nets, la valorisation de biogaz permettant de rentabiliser
l?investissement initial. Ce raisonnement tient compte des progrès attendus pour réduire les consommations
énergétiques de toutes les stations d?épuration.
Les auditions de la mission ont permis de dresser un état initial très contrasté de chacune des
dispositions, mais assez homogène sur l?ensemble du territoire national :
rares sont les collectivités en régie qui ont réalisé ou réalisent régulièrement des audits
énergétiques complets et des bilans de gaz à effet de serre. Pour la plupart d?entre elles, ces
audits énergétiques constitueront donc des obligations nouvelles ;
en revanche, les opérateurs délégataires abordent cette question globalement sur l?ensemble
du parc qu?ils exploitent. Ils appliquent à l?ensemble de leurs activités la norme ISO 50001
« Management de l?énergie », ce qui les conduit alors à réduire en priorité les consommations
des systèmes d?épuration les plus importantes. Cette approche globale est permise par la
directive (UE) 2023/1791. Selon ce qu?ils ont indiqué à la mission, les systèmes de collecte
représenteraient environ 10 % des consommations totales des systèmes d?assainissement ;
cette proportion pourrait être plus importante pour les systèmes de collecte étendus sur des
territoires importants (en Île-de-France, notamment). L?un des opérateurs a indiqué réduire les
consommations énergétiques de son parc d?environ 2 à 2,5 % par an : la réalisation des audits
énergétiques et le suivi des consommations sont alors rapidement rentabilisés ;
rares sont les STEU qui ont réalisé des bilans de leurs émissions de gaz à effet de serre.
L?examen rapide de quelques bilans réalisés par certains exploitants de STEU qui en ont
l?obligation, dans la base de données de l?Agence de l?environnement et de la maîtrise de
l?énergie, fait ressortir des données incohérentes (périmètres très différents, poids relatif très
différent des opérations (collecte, épuration, transports des boues) et des gaz à effet de serre
(CO2, N20) : ces données sont largement incomplètes et inexploitables ;
selon des indications convergentes, une unité de méthanisation serait rentable pour chaque
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STEU de plus de 50 000 EH56. Plus de 120 agglomérations s?en sont déjà équipées. Ces unités
sont prévues sur du foncier disponible ou, dans le cadre de restructurations complètes, sur des
espaces dégagés à cette fin, au prix alors d?un surcoût qui peut être important. Certaines
d?entre elles sont d?ores et déjà mises en service. A contrario, pour les stations qui sont
contraintes en termes de foncier, la méthanisation apparaît comme plus difficile à envisager.
Plusieurs exemples ont été donnés à la mission de regroupement des effluents de plusieurs
stations vers un seul méthaniseur : ceci permet de choisir un site disposant de réserves
foncières suffisantes et d?obtenir des quantités de biogaz plus importantes. La façon dont les
objectifs de la directive sont définis permet de facto tous les regroupements possibles ;
dans plusieurs cas, la production d?énergie couvre presque la totalité de la consommation
énergétique de la STEU voire du système d?assainissement, ou même bien au-delà dans
certains cas ; à ce stade, ce ratio ne tient pas compte de l?augmentation des consommations
d?énergie induites par la directive (en particulier, traitement tertiaire et quaternaire
éventuellement nécessaire). La définition des périmètres d?application de l?article 11 sera
cruciale pour étendre autant que possible les énergies renouvelables mobilisables, pour couvrir
les consommations des STEU : selon le considérant 24 de la directive, la consommation à
considérer est celle de l?ensemble du parc des STEU de capacité supérieure à 10 000 EH et
la production doit prendre en compte toutes les formes d?énergie renouvelable « aussi bien
hors site que sur site », ce que confirme l'article 11.2 (production d?énergie équivalente à un
pourcentage croissant à chaque étape de l'énergie annuelle totale utilisée par les STEU) ;
la localisation et le dimensionnement de ces unités reposent avant tout sur des critères
d?efficacité économique. Il a toutefois été signalé à la mission qu?une optimisation importante
serait possible en permettant le mélange de biodéchets et en dérogeant à certaines contraintes
de la réglementation ICPE (classement, distances d?isolement) qui conduisent à un traitement
cloisonné de déchets ayant des caractéristiques voisines favorables à la production de biogaz.
Il apparaît également curieux que des installations relèvent, selon le cas, de la réglementation
IOTA ou ICPE ;
la priorité accordée à la valorisation énergétique des effluents conduit à une remise en cause
significative de la valorisation matière, qui semble contradictoire avec celle que prévoient les
réglementations applicables aux déchets, l?absence de nouveau cadre de « socle commun »
relatif à la gestion des boues, travail réglementaire en instance, ajoutant une incertitude
supplémentaire : le volume des boues est significativement réduit et leur composition en est
également modifié. Sans attendre, certaines agglomérations n?envisagent plus qu?une
valorisation énergétique (incinération) des boues résiduelles ;
en l?état actuel du droit, les services de la DGCL et de la DGFIP considèrent que la production
d?énergies renouvelables, en particulier d?électricité injectée sur le réseau, constitue un service
public à caractère industriel et commercial et non une activité accessoire d?un service d?eau ou
d?assainissement. La production d?électricité renouvelable devrait, selon cette interprétation,
faire l?objet d?un budget distinct du budget de l?assainissement, avec un financement et des
recettes distincts du budget de l?assainissement. Le seuil serait fixé à 500 kWA à l?échelle de
la collectivité.
Le respect de cette norme budgétaire et comptable pose problème aux collectivités
56 Dans le cas du projet Haliotis 2 de Nice Métropole, l?extension de capacité à 680 000 EH, notamment pour
intégrer la capacité de la STEU de Saint-Laurent du Var, s?accompagne d?un investissement, spécifiquement
pour l?unité de méthanisation, de 46 millions d?¤, la production de biogaz pouvant être valorisée à 3,2 millions
d?¤ par an. Cette unité devrait conduire à une production énergétique annuelle de 96 GWh/an (principalement
43 GWh/an de biométhane, 27 GWh/an de chaleur et 26 GWh/an de potentiel énergétique de boues à incinérer)
à comparer à la consommation énergétique future (29 GWh/an) de la STEU.
Dans le cas de Caen ? la Mer, l?extension de capacité à 415 000 EH s?accompagne d?un investissement pour
l?unité de méthanisation d?environ 19 millions d?¤, la production de biogaz pouvant être valorisée à 2,5 millions
d?¤ par an. Cette unité devrait conduire à une production énergétique de 32 GWh en 2040 (27 GWh/an de
biométhane, 5 GWh/an de chaleur) à comparer à la consommation énergétique de 17 Gwh/an
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gestionnaires des stations qui doutent de la possibilité d?équilibrer un budget spécifique
consacré à la production d?énergie dont les investissements interviendraient, du reste, bien en
amont de potentielles recettes. En outre, cette distinction entre les différents budgets
eau/assainissement d?une part et énergie d?autre part interroge l?approche globale des stations
promues par la directive.
La mission remarque, en tout état de cause, que certaines collectivités ont pu lancer des in-
vestissements de valorisation énergétique sur leur budget eau/assainissement sans re-
marques du contrôle de légalité.
2.4.2 Ce qu?il faut retenir pour la mise en oeuvre de la neutralité énergé-
tique et de la neutralité carbone
Indépendamment de toute optimisation dans une programmation nationale, la mission considère :
que les prescriptions de la directive engendreront des recettes qui couvriront une
grande partie de leurs coûts dans des délais inférieurs à l?échéance des emprunts
nécessaires, produisant des bénéfices significatifs à moyen et long terme, ce dont atteste
le fait que de nombreuses collectivités ont déjà programmé la création d?unités de
méthanisation. On pourrait également recommander de mobiliser les certificats d?économie
d?énergie pour financer certaines mesures de réduction des consommations ;
qu?il convient d?évaluer la production d?énergie renouvelable susceptible d?être produite par les
STEU de plus de 10 000 EH pour viser la neutralité à l?échelle nationale en 2045. Un levier
majeur pour l?atteindre est la création d?unités de méthanisation dans toutes les
STEU de plus de 50 000 EH : évaluer cette production permettait de la comparer à la
consommation de l?ensemble des STEU de plus de 10 000 EH et d?estimer la contribution
de cette mesure au respect des échéances de l?article 11.2 57 . Des études de faisabilité
technico-économiques devraient être prescrites pour toutes les STEU pour lesquelles
elles n?ont pas encore été réalisées. Les dispositions réglementaires et budgétaires qui leurs
sont applicables devraient être lisibles et simplifiées afin d?exploiter pleinement le potentiel de
production de biogaz, en particulier pour ce qui concerne le cadre de valorisation des boues,
les conditions de rachat du gaz, le cadre de gestion de l?activité de valorisation énergétique ;
qu?il est nécessaire de prescrire, de pair et aux mêmes échéances, aux STEU de plus
10 000 EH la réalisation de bilans des émissions de gaz à effet de serre, conformes au
guide mis à jour par l?ASTEE et l?ADEME en 2023, afin de réduire ces émissions
concomitamment en visant la neutralité climatique en 2050, et aussi de pouvoir démontrer, à
tout le moins, que les émissions de méthane et de protoxyde d?azote n?augmenteront pas ;
que pour anticiper les obligations de « reporting » de la France, les données relatives aux
consommations énergétiques, aux émissions de gaz à effet de serre et à la production
d?énergie renouvelable devraient être ajoutées à la base de données Sispea.
Conformément à ce que prévoit la directive, les audits énergétiques devraient également re-
censer les possibilités de valorisation de la chaleur fatale58, mais aussi le potentiel d?équi-
pement des installations en panneaux photovoltaïques, à mobiliser pour le cas où la production
de biogaz n?apparaîtrait pas suffisante pour respecter les échéances de l?article 11.2. Compte tenu
des caractéristiques de la production d?énergie française, il est probable que la France pourrait
bénéficier des dérogations prévues à l?article 11.2, sous réserve néanmoins de démontrer que
« toutes les mesures d?efficacité énergétique et toutes les mesures visant à renforcer la production
d?énergie renouvelable, notamment celles recensées dans les audits énergétiques » auront été
57 Cela n?exclut pas d?autres actions, comme la valorisation de la chaleur fatale ou l?installation des panneaux
photovoltaïques mais, au regard de la production d?un méthaniseur, l?apport est marginal au regard des objectifs
de la DERU2.
58 Qui peuvent être soutenues à 30 % par le Fonds Chaleur de l?Ademe
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mises en oeuvre.
(DEB ou DGPR) Prescrire sans attendre des audits énergétiques et
bilans carbone aux STEU de plus de 10 000 EH et des études de faisabilité technico-
économiques de méthaniseurs aux STEU ou regroupements de STEU de plus 50 000 EH en
vue de la généralisation de tels méthaniseurs au-dessus de ce seuil.
(DGEC, en lien avec la DEB) Intégrer un objectif de production d?énergie renouvelable des
dispositifs d?assainissement dans les programmations pluriannuelles de l?énergie.
Mobiliser le Fonds Chaleur voire les certificats d?économie d?énergie pour l?équipement en
méthaniseurs et l?accompagnement des travaux d?économie d?énergie.
Surveillance et rapportage
La qualité des différents systèmes d'information, qui était déjà regardée comme stratégique pour
la mise en oeuvre de la DERU, est un socle indispensable pour engager celle de la DERU2 compte
tenu du caractère transversal de cette directive et de l?introduction de nouveaux acteurs liés, par
exemple, à la filière REP pour le traitement des micropolluants et à l?objectif de neutralité énergé-
tique.
Pour mémoire :
la base de données de référence pour les échanges relatifs à la conformité des systèmes
d'assainissement entre les différentes administrations est l'application ROSEAU (Réseau
organisé de la surveillance des eaux de l'assainissement urbain), alimentée par les données
d'auto-surveillance que les collectivités organisatrices versent dans l'application VERSEAU,
gérée par la DGALN. Cette base est utilisée par la police de l?eau ;
SISPEA, institué par la loi sur l?eau et les milieux aquatiques du 30 décembre 2006, est une
application en ligne dans lesquelles les autorités organisatrices doivent saisir les données de
qualité de leurs services dont le rapport sur le prix et la qualité des services (RPQS), sous
l?impulsion et le contrôle des agences de l?eau, des Dreal de bassin et des DDT ; les
informations sont mises à disposition du public. Le remplissage, obligatoire depuis l'exercice
2015 pour tous les services d'eau et d'assainissement de plus de 3 500 habitants, reste
imparfait59 ; cela va poser problème puisque la mise en oeuvre de la réforme des redevances,
qui comporte désormais une approche appuyée sur la performance, s?appuiera sur SISPEA.
Ces deux bases, appuyées sur des référentiels communs de structuration, sont parallèles mais
recourent à des concepts différents - l'agglomération d'assainissement n'est pas un « objet »
SISPEA - et à des calendriers de remplissage distincts. Des travaux d?interopérabilité sont engagés,
sans échéance précise. Par ailleurs, de nombreuses informations sont également échangées de
manière spécifique ou informelle.
La surveillance et le rapportage de la mise en oeuvre de la DERU2 font l?objet de deux articles (21
et 22) dédiés. Le retour d?expérience de la DERU démontre que les outils correspondants néces-
sitent des moyens importants. La mise en oeuvre de la DERU2 nécessitera une évolution profonde
des systèmes d?information existants et plusieurs compléments significatifs. De ce fait, la recherche
d?efficacité, d?économie de moyens (humains et financiers) commande de faire de la conception
d?outils complets, partagés, ergonomiques, une priorité, en gardant aussi en tête qu?une grande
partie des informations collectées a vocation à être rendue publique, notamment en conformité
avec l?article 24 de la directive (information du public).
59 En 2020, seulement 51 % des services (6 460 services sur les 12 623 services), représentant néanmoins 82 %
de la population desservie, ont renseigné des données, parfois de façon non complète.
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2.5.1 Les obligations de la DERU2
L?article 21 définit les paramètres minimaux à surveiller. Sont ainsi listés les rejets des STEU, les
boues notamment celles destinées à l?agriculture et leurs modalités d?épandage, les gaz à effet de
serre, l?énergie consommée et produite, les déversoirs d?orage60. Pour les seules agglomérations
supérieures à 10 000 EH, il définit la liste de polluants à surveiller (concentrations et charges) en
entrée et sortie de STEU (les PFAS et les microplastiques, y compris dans les boues, sont explici-
tement mentionnés), sauf s?il est démontré qu?ils sont absents des rejets. Plusieurs articles préci-
sent que cette surveillance ne concerne que les eaux résiduaires urbaines. La fréquence est d?au
moins deux fois par an pour les STEU de plus de 150 000 EH et d?une fois tous les deux ans pour
les STEU comprises entre 10 000 EH et 150 000 EH.
L?article 22 définit le cadre pour pouvoir s?assurer du respect de certaines obligations de la direc-
tive. Ceci concerne notamment des « ensembles de données » :
« indiquant le pourcentage d?eaux urbaines résiduaires collectées et traitées » ;
« contenant des informations sur la mise en oeuvre » de l?assainissement non collectif,
permettant notamment d?en justifier le recours en conformité avec les conditions posées dans
l?article 4 de la DERU2. L?article cible en particulier la quantification du pourcentage de la
charge des eaux traitées de cette façon ;
« sur le nombre d?échantillons collectés et le nombre d?échantillons prélevés [?] non
conformes » ;
« sur les émissions de gaz à effet de serre, ventilées par type de gaz, et sur l'énergie totale
utilisée et l'énergie renouvelable produite par chaque station d'épuration des eaux urbaines
résiduaires d'un EH égal ou supérieur à 10 000 » ainsi que « le pourcentage d?énergie acheté
de sources autres que les combustibles fossiles », devant permettre de calculer les
pourcentages correspondant aux objectifs fixés à l?article 11 ;
sur les mesures prises pour atteindre l?objectif indicatif non contraignant de 2 % (gestion par
temps de pluie) ;
« contenant les résultats de la surveillance » sanitaire des eaux résiduaires urbaines ;
concernant les zones sensibles à l?eutrophisation et aux micropolluants (liste et critères) ;
« sur les mesures prises pour améliorer l?accès à l?assainissement » ;
spécifiques à la performance des biomédias ;
« contenant les résultats de la surveillance » des épandages, afin de pouvoir comparer leur
apport en eau et en nutriments avec les besoins des cultures concernées.
Les deux articles prévoient des actes d?exécution61 de la Commission européenne pour leur mise
en oeuvre, notamment en ce qui concerne la liste des polluants, les méthodes de modélisation pour
certains paramètres et le format de rapportage.
L?article 24 comporte une annexe VI qui précise les informations à communiquer au public : on y
retrouve notamment des informations sur les eaux collectées ou non et les justifications correspon-
dantes, sur les charges rejetées, sur les programmes et les coûts d?investissement et de fonction-
nement, sur les bilans énergétiques et de gaz à effet de serre.
60 L?article précise que « Les États membres peuvent utiliser les résultats de cette surveillance aux fins d?une
modélisation, lorsque cela est jugé approprié ».
61 Entre 24 et 30 mois à compter de la date d?entrée en vigueur de la directive.
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2.5.2 Des évolutions profondes à prévoir dès à présent et à structurer
dans la durée pour les systèmes d?information
Si les données nécessaires au rapportage de la France pour la DERU ne sont pas toutes dispo-
nibles dans la base de données ouverte SISPEA, la base de données Roseau, outil de la police
de l?eau, comporte des données mieux vérifiées et complémentaires mais ne couvrant pas l?en-
semble des informations nécessaires pour le rapportage de la DERU2. Les services de l?État con-
sidèrent la base de données Roseau comme un bon outil de référence : il serait donc beaucoup
plus coûteux de créer un nouveau système d?information que de faire évoluer celui-là.
L?interopérabilité de ces bases de données a été évoquée, dans les entretiens, comme un projet,
sans horizon clair. De surcroît, les thématiques autres que l?eau (énergie, gaz à effet de serre) sont
traitées partiellement voire très partiellement dans d?autres bases de données, gérées par des
organismes compétents pour ces secteurs, mais étrangers au secteur de l?eau. Enfin, la DERU2
renforce les exigences de rapportage sur des données qui dépendent, en France, des collectivités
? les SPANC par exemple. Cela pose une double question : celle du cadre juridique pour obtenir
ces données de manière fluide, et celle de l?évolution des SI pour les recueillir. La question de la
structuration de la donnée et des conditions de mise en commun de l?information est un sujet en
soi, que ce soit en termes de référencement et d?indexation initialement différents entre systèmes
d?information ou en termes de méthode de collecte de données ayant en outre vocation à être
rendues publiques. Cet enjeu, souvent regardé comme technique et annexe, doit faire partie des
travaux de transposition et de la stratégie de mise en oeuvre, en prévoyant dès le début le
portage et les moyens nécessaires. L?organisation mise en place pour gérer le traitement des
micropolluants sur la base de la responsabilité élargie des producteurs sera nécessairement dotée
d?un système d?information : il sera indispensable de veiller à l?interfaçage adapté des outils.
La DERU2 conduit à s?intéresser à l?assainissement d?une agglomération dans son ensemble, et
plus seulement aux performances de ses stations d?épuration. Les informations nécessaires à la
vérification de conformité devront être produites de façon complémentaire par les agglomérations
et les opérateurs des stations d?épuration (par exemple, la comparaison des charges par temps
sec et par temps de pluie). Les systèmes d?information devront donc être en mesure d?intégrer des
informations sur la zone de drainage, les systèmes de collecte et les installations d?épuration, dis-
ponibles pour le public, les services de l?État mais aussi ceux de la Commission européenne. C?est
la raison pour laquelle, même si les PGI ne concerneront qu?une partie des agglomérations supé-
rieures à 10 000 EH, cette structuration doit être prise en compte dès leur conception, qui
sera déterminante à la fois pour l?identification des points de rejets et de la nature des pollutions à
suivre :
au minimum, il faut pouvoir identifier les capacités des STEU en référence aux différents seuils
prévus dans le DERU2, ce qui n?est pas le cas de SISPEA aujourd?hui ;
ce sont les travaux préalables à l?élaboration des PGI qui permettront de connaître et modéliser
la zone de drainage et de quantifier les volumes d?eau et les charges, tronc commun d?une
grande partie des données recensées dans les articles 21 et 22. Par exemple, de façon
indirecte, il sera important d?identifier les caractéristiques des systèmes de collecte, favorables
à la récupération de chaleur, pouvant représenter selon certains interlocuteurs de la mission
10 % de l?énergie totale. Ces travaux préalables doivent aussi permettre de concevoir des
dispositifs de surveillance aussi efficaces que possible et peu coûteux ;
l?absence d?interopérabilité entre Roseau et Sispea est également globalement très coûteuse
pour la collectivité dans son ensemble. Au regard du grand nombre d?informations requises par
la DERU2 ayant vocation à être davantage ouvertes, il conviendrait de définir a priori les listes
des données publiques et non publiques, afin de s?assurer d?une saisine unique des premières,
sous le contrôle de l?Etat. Ce travail devrait être conduit en cohérence avec la définition d?un
lexique national.
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Coûts évalués par la Commission européenne
L?évaluation ex ante de la Commission européenne aborde les coûts de la surveillance de façon éparse, dans
certains articles :
d?entrée, elle identifie le rôle central des PGI pour réduire et optimiser les coûts, néanmoins sans pouvoir
l?estimer62 ; cette optimisation n?interviendra réellement que si les exigences attendues des PGI ne sont pas
surdimensionnées. On suppose néanmoins que des études préalables solides seront nécessaires justement
pour définir le meilleur équilibre entre modélisations et mesures et réduire les coûts de surveillance ultérieurs,
en particulier en termes de charges polluantes. Toute contribution d?un cadrage national et d?un appui par le
réseau scientifique et technique de l?État sera donc opportune pour réduire ce coût d?entrée ;
l?étude n?évoque pas la question de la surveillance pour les agglomérations comprises entre 1 000 et 10 000
EH. Pour ces agglomérations comme pour celles de 10 000 EH qui ne feront pas l?objet d?un PGI, il serait
opportun de retenir un cadre de surveillance et de déclaration cohérent pour les données qui les concernent.
Ceci pourrait nécessiter la collecte de quelques informations non requises par la directive, notamment pour
pouvoir renseigner les ratios globaux. Dans certains cas, la meilleure solution pourra être de retenir des
données forfaitaires par défaut en justifiant les choix correspondants vis-à-vis de la Commission européenne ;
l?objectif affiché de rendre les bases de données nationales directement accessibles par les opérateurs de
STEU et l?abandon du rapportage biennal ainsi rendu possible sont considérés comme des économies
globales.
Elle estime le coût global de la surveillance pour l?ensemble de l?Union européenne à 20,57 millions d?euros, soit
environ 60 % du coût global des PGI. La mise en place d?un dispositif de surveillance pourrait donc coûter plusieurs
centaines de milliers d?euros pour une collectivité de plusieurs dizaines de milliers d?EH, auxquels il faudrait ajouter
les coûts annuels de gestion, de suivi et de rapportage.
(DEB, OFB) Faire évoluer les systèmes d?information ROSEAU et
SISPEA pour assurer leur interopérabilité et les compléter pour en faire les outils partagés
de la collecte et de la gestion des eaux usées. Les ouvrir dans un plan partagé à trois ans.
Fiabiliser leurs données par un mécanisme responsabilisant les agglomérations et les
opérateurs
Autres enjeux
2.6.1 Les petites agglomérations et l?assainissement non collectif
La directive rend obligatoire la collecte dans les agglomérations d?assainissement de plus de
2 000 EH (article 3.1), ce qui est un acquis en France, et abaisse de 2 000 à 1 000 EH le seuil au-
dessus duquel le principe de base est l?assainissement collectif, associé à un premier niveau de
traitement des effluents (article 3.2), avec un objectif de 100 % à l?horizon 2035.
Entre 1 400 et 1 500 agglomérations de cette taille sont recensées dans la base de données Ro-
seau, qui enregistre toutes celles qui sont dotées de réseaux. Tous les interlocuteurs de la mission
ont indiqué que les « agglomérations d?assainissement » ne disposant pas de tels systèmes de
collecte et de traitement minimal seraient l?exception. Le coût de mise en conformité apparaît dès
lors marginal au niveau national, ce qui n?exclura pas la nécessité d?examiner quelques situations
locales dans la mise en oeuvre de la DERU2 : l?impact de cette évolution concerne notamment les
effectifs des services de police de l?eau.
La directive impose également de motiver les raisons qui conduisent à déroger au principe de base
62 « These plans would allow optimising existing and planned infrastructures leading to potentially significant
savings in terms of new investments ».
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Mars 2025
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d?un assainissement collectif par des « systèmes individuels » (ou assainissement non collectif) :
pas d?intérêt pour l?environnement ou la santé humaine, impossibilité technique ou coût excessif
(article 4.1). Les États membres doivent s?assurer que les ANC mis en place « soient conçus, ex-
ploités et entretenus de manière à atteindre le même niveau de protection de la santé humaine et
de l'environnement que les traitements secondaire et tertiaire visés aux articles 6 et 7 [de la direc-
tive] » (article 4.2). Ceci requiert notamment des éléments de preuve et de démonstration, ainsi
qu?un suivi plus régulier des performances de l?assainissement non collectif, qui pourraient pousser
à l?assainissement collectif dans des secteurs où ce n?est pas le cas aujourd?hui. Au niveau natio-
nal, l?État membre doit apporter une telle démonstration à la Commission européenne et doit justi-
fier que c?est compatible avec la directive cadre sur l?eau.
Par ailleurs, si aucun interlocuteur de la mission ne semble vouloir remettre en cause l?équilibre
global existant entre assainissement collectif et non collectif, le suivi aujourd?hui assuré par la plu-
part des collectivités pourrait ne pas être suffisant pour répondre aux obligations de moyens rete-
nues par la directive à savoir que « les systèmes individuels soient enregistrés dans un registre et
que des inspections régulières ou d'autres activités de vérification et de contrôle de ces systèmes
soient menées, sur la base d'une approche fondée sur les risques, par l'autorité compétente ou par
un autre organisme autorisé au niveau national, régional ou local ».
Cet article 4.3 demande également des contrôles ou inspections réguliers par les autorités com-
pétentes. L?organisation française actuelle, appuyée sur les SPANC, ne prévoit pas toujours de
tels programmes de contrôles, et ne permettra pas en elle-même un rapportage par l?État.
L?interprétation de ces dispositions sur l?ANC et ses modalités de suivi devant faire l?objet d?un acte
d?exécution de la Commission européenne, la mission estime qu?il est nécessaire que la France
participe à ces travaux pour assurer que l?ANC reste possible dans les territoires où la dis-
persion de l?habitat le rend pertinent et veiller à des modalités de rapportage pragmatique.
Des évolutions de SISPEA seront néanmoins à prévoir qui devront intégrer les contributions des
collectivités locales.
Les départements d?Outre-mer pourraient néanmoins constituer une exception au regard du faible
taux de raccordement effectif, qu?il sera difficile de motiver selon les critères de la directive (voir §
4.2.2.3).
2.6.2 Rejets d?eaux usées non domestiques
L?article 14 comporte plusieurs dispositions visant à s?assurer du respect de la directive pour les
eaux usées non domestiques déversées dans des systèmes d?assainissement.
Selon plusieurs témoignages recueillis par la mission, les conditions dans lesquelles certains de
ces rejets ont été autorisés par le passé n?ont pas toujours respecté le formalisme requis par la
réglementation en vigueur. L?article cite explicitement la nécessité d?un réexamen et, au besoin,
une abrogation des réglementations ou autorisations antérieures.
Pour la mission, la vérification du respect de la directive imposera un état des lieux des
autorisations spécifiques, existantes ou nouvelles, par les exploitants des systèmes d?as-
sainissement mais aussi le cas échéant par l?inspection des installations classées, pour
pouvoir démontrer que les dispositions de l?article 14 sont bien respectées, notamment en
ce qui concerne :
la compatibilité de la charge polluante avec la qualité des milieux récepteurs ;
la compatibilité de la charge polluante avec le bon fonctionnement du dispositif
d?assainissement ;
les impacts sanitaires éventuels de la charge polluante sur le personnel exploitant le dispositif
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Mars 2025
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d?assainissement ;
la contribution du dispositif d?assainissement à l?abattement de la charge polluante, à comparer
à celle d?un rejet direct au milieu naturel ;
l?impact de la charge polluante sur les périmètres de captage d?alimentation en eau potable.
L?évaluation ex ante de la directive n?envisage que le coût de la surveillance permettant d?apporter
cette démonstration.
La vérification de la compatibilité des dispositions réglementaires existantes avec ces nouvelles
dispositions sera néanmoins nécessaire pour s?assurer du traitement apporté aux rejets de micro-
polluants : ou bien ceux-ci sont traités à la source sous la responsabilité de ceux qui les produisent
(rejets des substances dangereuses dans l?environnement (RSDE) et PFAS, notamment ; ou bien
ceux-ci sont rejetés dans un réseau d?assainissement collectif, ce qui légitimerait une contribution
des usagers non domestiques qui les y rejettent à un traitement quaternaire, pour autant que celui-
ci soit adapté aux micropolluants émis63.
La mission estime que l?amélioration des milieux résultant du traitement des micropolluants du fait
de la REP constitue un effort important, qui doit s?intégrer dans un plan d?action d?ensemble de
réduction de ces pollutions, impliquant tous les secteurs émetteurs.
(DGPR, en lien avec la DEB) S?assurer de la conformité des
raccordements non domestiques existants avec la DERU2
2.6.3 Réutilisation de l?eau et rejets d?eaux urbaines résiduaires (REUT)
Depuis l?adoption du Plan Eau (mars 2023), de nombreux textes réglementaires sont venus préci-
ser les modalités de réutilisation des eaux usées traitées, selon leur nature et les usages futurs.
Le décret 2023-835 du 29 août 2023 fixe les conditions d?utilisation des eaux usées traitées et des
eaux de pluie pour l?ensemble des usages non domestiques et fixe la procédure d?autorisation pour
l?utilisation des eaux usées traitées. Plusieurs arrêtés ont été publiés pour en décliner la mise en
oeuvre.
L?objet de l?article 15 de la directive est de l?encourager, « en particulier dans les zones de stress
hydrique », dans le respect de l?environnement et de la santé humaine, en particulier pour ne pas
compromettre le débit des cours d?eau récepteur.
L?article 8.8 prévoit en outre que les États membres veillent à ce que, lorsque c?est approprié, les
eaux résiduaires urbaines qui sont réutilisées ou dont la réutilisation est prévue font l?objet d?un
traitement quaternaire. Cette disposition demandera des précisions pour sa mise en oeuvre :
certains types de réutilisation ne demandent pas nécessairement un tel traitement ;
il conviendra de s?assurer de l?articulation des efforts de traitement des micropolluants par les
STEU et par les usines de potabilisations des eaux ? et du reste, d?encadrer les rejets de ces
dernières.
De façon générale, la REUT est encore peu développée en France. Le coût administratif de l?ali-
gnement des dispositions réglementaires (s?il s?avérait nécessaire) et du respect de la conformité
63 La REP prévue dans le DERU2 ne prévoit pas de secteurs soumis à éco-contribution autres que
pharmaceutique et cosmétique définis à l?échelle nationale ; elle laisse ouverte la question du financement des
20% qui ne seront pas apportés par ces secteurs.
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https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000048007367
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des situations actuellement autorisées est donc a priori limité. L?évaluation ex ante de la Commis-
sion européenne n?aborde pas cette question.
Travaux transversaux à engager rapidement
2.7.1 Définir un lexique commun
La DERU2, en complément de la DERU qui avait déjà défini les traitements primaire et secondaire,
définit le tertiaire et le quaternaire pour désigner respectivement le traitement de l?azote et du
phosphore et celui des micropolluants. Ces termes, en particulier ceux de secondaire tertiaire, sont
usuellement utilisés différemment en France. La lecture de la directive permet de confirmer que la
rédaction d?un article spécifique sur le tertiaire (article 7) ne vise pas à imposer des équipements
spécifiques : la mise en oeuvre de la directive repose bien sur l?atteinte d?objectifs de dépollution.
Pour autant, ce double vocabulaire peut être source d?incompréhension, au quotidien antre acteurs
de l?assainissement, et dans le travail de transposition.
La mise au point d?un glossaire, dès l?engagement des travaux de transposition et de mise en
oeuvre, devra viser à :
identifier clairement les termes dans les deux lexiques ;
proposer les termes qui feront référence en France, et s?appuyant par exemple sur les objectifs
d?abattement plutôt que sur la dénomination « tertiaire » ou « quaternaire ».
Par ailleurs, plusieurs objectifs de la DERU2 posent des questions de périmètre qui devront être
précisées dans le travail de transposition et méritent d?être clairement partagées (cf. ci-dessus).
D?autres concepts nécessitent d?être précisément définis et, le cas échéant, spécifiés selon les
territoires concernés (temps sec, temps de pluie, etc.).
(DEB) Rédiger, en lien avec les parties prenantes, un référentiel de
vocabulaire des traitements partagé pour la transposition et la mise en oeuvre de la DERU2.
Clarifier l?ensemble des concepts et périmètres nécessaires à la mise en oeuvre de la
directive.
2.7.2 Définir les zones, listes et informations requises, dans un calendrier
unique
Plusieurs objectifs de la DERU2 demandent l?identification de zonages ou de listes majeurs :
liste des agglomérations entre 10 000 et 100 000 EH au titre des risques liés aux eaux de pluie
(article 5.2) au plus tard le 22 juin 2028,
zones sensibles à l?eutrophisation, au plus tard le 31 décembre 2027 (article 7.2). Elles sont
déjà définies en France et régulièrement mises à jour,
zones sensibles aux micropolluants (article 8.2), au plus tard le 31 décembre 2030,
zones à risque pour l'environnement et la santé humaine, le 31 décembre 2027 (article 18.1)64.
En outre, un travail pourrait être utile sur la portée, en pratique, de la marge de manoeuvre sur le
traitement du phosphore ou de l?azote en zone sensible.
La définition des zones à enjeux pour les micropolluants demande la formalisation d?une analyse
des risques puis une mise en oeuvre. Cette identification doit se faire sur des bases scientifiques,
64 Sujet non approfondi dans ce rapport.
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proposées par la DEB, et soumises à concertation. L?identification des agglomérations qui devront
se doter d?un plan de gestion intégré repose sur des critères évoqués dans la directive, qui deman-
dent également un travail préalable. Chacun de ces travaux est prévu, dans la directive, à des
échéances différentes. Or, ce sont tous des déterminants de choix d?investissement des collectivi-
tés locales qui ne sont pas disjoints en pratique. Un maintien de différentes dates d?échéance ra-
lentirait le processus de décision des collectivités.
De même, l?identification des substances soumises à la REP, ainsi que de leur dangerosité doit
être engagée dès que possible. C?est un élément déterminant de la préfiguration d?une organisation
ad hoc, quelle qu?elle soit. Cette identification doit se faire sur des bases scientifiques, proposées
par la DEB, et soumises à concertation. L?État doit pouvoir mettre sur la table une proposition au
premier semestre 2025, pour engager des discussions avec les parties prenantes et stabiliser une
liste. Celle-ci sera nécessairement révisable à intervalle régulier une fois la REP mise en place,
pour tenir compte de l?évolution des substances concernées ? la REP se voulant incitative à la
prévention et à l?éco-conception. Avancer au plus vite sur cette liste permettra aussi une présence
active de la France dans les travaux de la Commission (qui doit identifier les substances non
concernées), qui s?est fixée une échéance début 2026.
(DEB, agences de l?eau et services déconcentrés) Engager dès à présent
l?élaboration des listes et zonages évoqués précédemment, en visant un même calendrier,
s?achevant au plus tard pour le 31 décembre 2027
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3 Éléments d?appréciation des coûts de la DERU2
Une évaluation de la DERU2 demande, pour chacun des nouveaux objectifs, d?identifier des
référentiels de coûts mais également des scénarios adaptés au sujet : les déterminants sont
nombreux et l?étendue des options pour sa mise en oeuvre est très large. L?enquête menée par la
mission auprès des DREAL, agences de l?eau, DDT et des collectivités (annexe 6) est une des
sources permettant de proposer de premières hypothèses. Malgré une forte mobilisation, et compte
tenu de délais courts, les données issues de cette enquête sont hétérogènes : si elles ne
permettent pas, à elles seules, d?approcher un coût global ni une stratégie d?optimisation de ce
coût, plusieurs tendances peuvent en être dégagées pour formuler certaines hypothèses et réduire
les spectres de coûts. La mission a également eu plusieurs échanges avec la fédération Syntec et
le syndicat Synteau : ils ont permis de disposer, sur les nouveaux objectifs relatifs au traitement
quaternaire et à l?énergie, d?hypothèses de coûts documentées, et de s?assurer d?ordres de
grandeurs cohérents.
Le raisonnement développé ci-après s?appuie sur les travaux de la Commission européenne, la
bibliographie, les retours des questionnaires adressés aux services déconcentrées et leur
agglomération par la mission. Quelques cas ont pu donner lieu à des échanges plus approfondis
et permettent de bénéficier de dire d?experts.
Les résultats de cette première évaluation sont des ordres de grandeur. Ils ne doivent en
aucun cas être regardés comme des valeurs de référence à citer sans tenir compte des
hypothèses sous-jacentes, des scénarios retenus et des nombreuses incertitudes à ce
stade des travaux. Ils ont vocation à être ajustés, affinés, confortés dans les mois à venir
avec les acteurs de la filière dans une démarche structurée, initiée par ces travaux.
Le comité stratégique de filière (CSF), en lien avec la DEB, a engagé une étude plus fine à un
horizon plus éloigné : au-delà des premiers contacts de la mission avec ses représentants,
l?ébauche présentée dans ce rapport, ainsi que les données d?ores et déjà rassemblées devraient
lui être transmises à cette fin. La robustesse de ces estimations devra être assurée par un partage
avec l?ensemble des associations particulièrement structurées sur ce sujet : ASTEE, FNCCR,
France Urbaine, AMORCE notamment, et bien sûr les services déconcentrés et agences de l?eau.
Enseignements de l?enquête initiée par la mission
3.1.1 Enseignements généraux
L?enquête a été conduite sous la coordination des instances de chaque bassin hydrographique.
Elle comportait deux grandes composantes : un questionnaire aux services de l?État et agences
de l?eau pour identifier les caractéristiques du bassin qui seront déterminantes pour la mise en
oeuvre de la DERU2 (niveaux d?équipement, état des masses d?eau?) et un tableur à renseigner
par les agglomérations concernées pour les sujets ciblés, pour pouvoir apprécier les « situations
de départ » et le « reste à faire », sur le plan technique et sur le plan financier, et recenser autant
que possible les contraintes spécifiques. La mission a cherché à collecter des données sur
l?ensemble des agglomérations dont au moins une STEU a une capacité de traitement supérieure
à 150 000 EH, en demandant également à chaque bassin de fournir des informations pour un
échantillon représentatif de STEU comprises entre 10 000 EH et 150 000 EH, à son appréciation.
Elle a par ailleurs recueilli des informations plus précises auprès de certaines agglomérations65.
65 Caen, Montpellier, Lyon, Nice, Grenoble
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https://www.syntec.fr/
https://www.synteau.com/
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Les informations communiquées à la mission restent parcellaires pour plusieurs raisons légitimes :
le délai contraint par l?échéance de la mission : les retours de l?enquête, lancée fin octobre,
étaient attendus pour le mois de décembre. Lorsque les informations étaient déjà suivies et
disponibles, des tableaux homogènes et détaillés ont pu être renvoyés ; dans le cas inverse,
seules des données partielles ont pu être transmises ;
chaque bassin a mis en oeuvre une méthode adaptée au fonctionnement des services : dans
certains bassins, l?enquête a été largement déléguée aux DDTM, conduisant à des remontées
d?informations directes des départements suite aux contacts avec les quelques collectivités
concernées ; dans d?autres, les retours ont fait l?objet d?une consolidation et d?une analyse
structurée à l?échelle du bassin.
Dans la plupart des cas, les données de base figurent dans SISPEA. Un croisement des
informations disponibles avec d?autres sources conduit néanmoins à s?interroger sur la fiabilité de
ces données de base.
Les retours sont complets dans les « petits » bassins hydrographiques comportant peu de
départements, y compris en ce qui concerne les agglomérations de plus de 10 000 EH.
L?exploitation de leurs données permet ainsi de réaliser des extractions statistiques fiables et de
tester différentes options de programmation, ce qui pourrait conduire à surpondérer les
caractéristiques de ces bassins et demande un travail d?ajustement appuyé là aussi sur des
connaissances générales
La mission salue particulièrement l?implication des services, jusqu?au niveau de la police de l?eau :
au-delà des retours utiles, cet exercice a permis d?initier une prise de conscience plus large des
collectivités, pour certaines encore largement mobilisées par la DERU et le renouvellement des
systèmes de collecte. Indirectement, ceci renseigne sur le besoin de consolider et de renforcer ces
services pour la mise en oeuvre de la DERU2.
Ainsi, si les collectivités structurées et leurs associations ont compris qu?elles devraient investir
dans des niveaux de traitement quaternaire, elles sont, naturellement, dans l?expectative sur la
définition des zones sensibles et le fonctionnement de la REP, ayant tendance, de ce fait, à retenir
des valeurs maximales. L?objectif de 2 % pour le temps de pluie, pourtant connu pour être indicatif,
est interprété quasi-unanimement comme une contrainte à venir présentant des coûts
insoutenables, cette inquiétude s?exprimant y compris dans les collectivités qui respectent les 5%
de l?arrêté de 2015. L?obligation nouvelle de traitement de l?azote et du phosphore hors zone
sensible à l?eutrophisation est évoquée comme un équipement difficile à réaliser, sur le plan
technique comme sur le plan financier, et peut poser question y compris dans les zones soumises
à eutrophisation quand le foncier est contraint. Si un quart des plus grandes collectivités ont déjà
réalisé des méthaniseurs ou ont lancé des études techniques, les moyens d?atteindre les objectifs
de neutralité énergétique et carbone, par la maîtrise des consommations ou par la production
d?énergie renouvelable, restent incertains.
Pour toutes ces raisons, il sera opportun de diffuser et partager largement les conclusions de la
mission sitôt qu?elles pourront être publiées, en guise de sensibilisation et pour permettre à chaque
collectivité de compléter, voire corriger, sa perception de la DERU2, de contribuer à l?organisation
de sa mise en oeuvre, pour en respecter les dispositions dans les temps.
L?hétérogénéité constatée doit encourager à un partage des pratiques entre bassins, que ce soit,
par exemple, en termes de modélisation de l?état des masses d?eau et des pressions qu?elles
subissent, de connaissance de taux de dilution des rejets, de mesures des micropolluants et de
techniques de traitement ou de modèles de convention de raccordement? Cet exercice permet
également d?illustrer qu?un investissement dans les systèmes d?information pour homogénéiser et
fiabiliser leurs données est une priorité absolue pour une appréciation plus fiable des coûts. En
outre, le rapportage à la Commission européenne risque d?être encore plus hasardeux demain si
les collectivités ne sont pas responsabilisées, y compris avec un dispositif de contrôle/sanction
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appropriée en cas de saisies incomplètes ou non conformes.
3.1.2 Enseignements utiles pour affiner le calcul des coûts
Le dénombrement des agglomérations concernées est la première difficulté à laquelle la mission
a dû faire face pour mener son évaluation. Elle s?est attachée à consolider au mieux les données
transmises dans le cadre de l?enquête sur la base des informations disponibles dans SISPEA :
le nombre de stations de plus de 150 000 EH a pu être évalué, selon les différentes méthodes,
à 89 ou 92 : pour ce rapport, la mission retient un nombre de 92 ;
le nombre de stations entre 10 000 EH et 150 000 EH n?a pu être évalué qu?avec une précision
moindre, entre 1 050 et 1 200. Pour ce rapport, la mission retient un nombre de 1 070.
Les retours de l?enquête ont confirmé le nombre marginal des agglomérations comprises entre
1 000 et 2 000 EH non encore équipées. Cette information est disponible sur ROSEAU mais pas
sur SISPEA.
Une question portait sur les éventuelles impossibilités foncières d?extension des STEU : une moitié
des agglomérations y a répondu ; parmi elles, une grosse moitié ont confirmé que ce pourrait être
un obstacle. C?est le plus souvent le cas de STEU sur les sections du littoral sur lesquels s?exerce
déjà une pression foncière forte ou au coeur de grandes agglomérations. Pour celles qui sont
concernées, ce sont des contraintes fortes qui pourront nécessiter la restructuration complète du
dispositif de traitement voire la relocalisation de la STEU, ce qui doit être anticipé au plus tôt. Vu la
façon dont les objectifs de la directive sont définis, la transposition devrait laisser la plus grande
souplesse à une interprétation, lorsqu?elle est possible, des obligations à l?échelle des
agglomérations pour permettre des raisonnements globaux.
3.1.2.1 Temps de pluie
Se dégagent les types suivants de collectivités :
? celles qui ne disposent pas de schémas directeurs. Pour celles-ci, les PGI constitueront des
obligations nouvelles avec un coût d?investissement initial important. Ce sera un paramètre à
prendre en compte dans l?établissement de la liste des agglomérations concernées ;
? celles qui disposent de schémas directeurs :
? celles, minoritaires, qui appliquent l?arrêté ministériel de 2015 avec le critère de charge : cette
situation de départ est la plus favorable. Néanmoins, des études complémentaires seront
nécessaires pour prendre en compte tous les polluants représentatifs de la charge et vérifier
que les dispositifs existants de modélisation et de mesure permettent de quantifier la charge
totale et l?incertitude sur cette valeur. La prise en compte des charges autres que les
pollutions carbonées (azote, phosphore, micropolluants) devrait constituer le surcoût le plus
important ;
? celles qui appliquent l?arrêté ministériel de 2015 avec un critère de volume :
celles qui ne respectent pas la valeur limite de 5 % : selon ce qui a été indiqué à la
mission, elles représenteraient 40 % des agglomérations. L?investissement nécessaire
s?apparentera à celui des agglomérations ne disposant pas encore de schémas
directeurs ;
celles qui respectent la valeur limite de 5 % : les retours de ces agglomérations permettent
en outre de noter que ces agglomérations ont engagé des plans et des investissements
à long terme pour poursuivre la réduction de ces rejets. Ce sont notamment ces
agglomérations qui interprètent l?objectif de 2 % comme leur « nouvelle frontière ».
Les retours de l?enquête ne sont pas suffisamment complets pour pouvoir disposer d?une répartition
même indicative des agglomérations selon ces différents types. Dans les réponses du bassin
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Artois-Picardie, les plus complètes, l?enquête révèle que de nombreuses agglomérations ne
disposent pas de schéma directeur alors que beaucoup sont mobilisées pour réduire les rejets par
temps de pluie.
3.1.2.2 Azote / Phosphore
C?est le paramètre le mieux renseigné de tous dans les retours de l?enquête.
Se dégagent les types suivants de collectivités :
? les agglomérations en zones sensibles :
? celles qui respectent d?ores et déjà les valeurs limites de la DERU2 ;
? celles qui en sont proches : elles font l?hypothèse qu?un ajout accru de réactifs pourrait à lui
seul suffire pour atteindre les valeurs limites de la DERU2, en particulier pour le phosphore,
n?occasionnant pas de coût d?investissement ni d?impossibilité technique, mais un surcoût de
fonctionnement ;
? celles qui auront plus de difficultés : des investissements plus importants seront nécessaires
pour étendre les surfaces des équipements existants, en particulier pour l?azote. Certaines
agglomérations font même l?hypothèse que des nouveaux équipements seront nécessaires,
occasionnant alors des coûts importants ;
? les agglomérations hors zones sensibles : l?enquête confirme alors les coûts élevés de
nouveaux équipements de taille importante (plusieurs dizaines de millions d?euros) et est
accompagnée d?une interrogation sur le bénéfice environnemental d?un tel investissement. Une
contribution évoque un coût de 10 millions d?euros pour des stations littorales de taille plus petite
(quelques dizaines de milliers d?EH).
Les réponses au questionnaire font ressortir, approximativement, que 21 % des STEU affirment
déjà respecter les objectifs de la DERU2, 27 % estiment qu?elles devront ajouter des réactifs et
48 % devront réaliser des travaux d?infrastructures. Le panel réduit des retours ne permet toutefois
pas de généraliser ce constat à l?échelle nationale.
3.1.2.3 Micropolluants
Compte tenu de la quasi-absence d?équipement dans l?état initial, toutes les STEU concernées
devront faire l?objet d?un équipement nouveau. Il s?impose pour les STEU de plus de 150 000 EH.
En revanche, reste une incertitude forte sur la proportion des STEU entre 10 000 EH et 150 000
EH qui seront concernées, les zones sensibles n?étant pas encore définies.
Les réponses qualitatives à l?enquête (sensibilité des milieux avoisinants) ne permettent pas de
dégager des proportions mêmes indicatives. En revanche, deux bassins ont fourni des informations
complètes sur les taux de dilution des rejets : pour Seine-Normandie, 10 % des STEU auraient des
taux de dilution inférieur à 10 % ; pour Artois-Picardie, cette proportion serait de 33 %. Ces
proportions sont à croiser avec des critères géographiques et topographiques : ces taux de dilution
sont très forts pour les rejets en mer et dans les grands fleuves ; la dilution est également souvent
bonne dans des secteurs à relief contrasté, pour autant que les conditions d?étiage restent
favorables ; l?exemple d?Artois-Picardie démontre en revanche que ce taux sera plus souvent plus
faible dans les territoires les plus plats ou présentant des débits plus faibles.
Sur la base de ce raisonnement, la proportion de 10 % pourrait être considérée comme la valeur
basse de la fourchette pour le calcul, la valeur de 30 % étant plutôt la valeur haute de la fourchette,
conservatoire pour les territoires les plus plats. Pour l?ensemble du territoire national hors DROM,
on retiendra une valeur moyenne de 15 %, marge permettant d?intégrer les masses d?eau les plus
sensibles.
Il s?agit là d?hypothèses aussi documentées que possible à ce stade qui ne préjugent en rien des
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résultats qui seront issus d?un travail scientifique et méthodologique pour définir ces zones
sensibles.
3.1.2.4 Énergie et gaz à effet de serre
Selon le syndicat Synteau, 128 STEU (toutes capacités confondues, y compris inférieures à 50 000
EH) seraient équipées de méthaniseurs.
Les réponses à l?enquête permettent de prendre conscience que, le plus souvent, la production
d?énergie renouvelable ainsi produite est inférieure à la consommation de la STEU (quelques
dizaines de pour cent). Quelques agglomérations produisent déjà des quantités supérieures. Le
périmètre de la production et de la consommation comptabilisées dans cet exercice n?est pas
explicite : en particulier, il n?est pas certain que la production autoconsommée soit décomptée,
alors que ce serait cohérent avec l?objectif de neutralité poursuivi ? il est probable que la proportion
de la production d?énergie renouvelable est supérieure à celle qui est ainsi déclarée.
Ces retours confirment le potentiel de la méthanisation pour l?atteinte de l?objectif de neutralité
énergétique. D?ores et déjà, plusieurs agglomérations apportent en outre une contribution à
l?atteinte de l?objectif national en allant au-delà de la couverture de leur propre consommation. Les
collectivités devraient donc être encouragées, que ce soit par des simplifications réglementaires
suggérées dans la partie § 2.4, par des optimisations techniques ou par des incitations financières
à exploiter le mieux possible ce potentiel.
Hypothèses transversales pour l?évaluation des coûts
La mission a fait le choix de centrer son analyse sur les trois items de la directive susceptibles de
représenter les coûts d?investissement et de fonctionnement les plus importants, à savoir la gestion
des rejets par temps de pluie, les différents équipements de traitement (azote, phosphore et
micropolluants) et la neutralité énergétique, en la limitant aux composantes pour lesquelles de
premiers ordres de grandeurs peuvent être obtenus. Il s?agit le plus souvent de moyennes
accompagnées de fourchettes basse et haute. Les scénarios sous-jacents, construits sur la base
des éléments explicités ci-dessus, sont précisés en annexe par souci de clarté (annexe 11). Cette
première approche permet déjà un regard critique documenté sur les montants issus de l?étude
d?évaluation ex ante de la Commission européenne.
Dans le même esprit, les situations de départ en termes de tarification de l?eau sont très variables
selon les agglomérations : tarification unifiée, ou bien encore très disparate entre communes. À
elle seule, cette variabilité rend illusoire toute tentative d?appréciation des augmentations de prix
de l?eau attribuables à la directive.
Au sein des trois items retenus, l?évaluation devra nécessairement être poursuivie et affinée par un
travail supplémentaire. Deux sujets s?avèrent particulièrement difficile à traiter : la gestion du temps
de pluie et le traitement plus poussé de l?azote et du phosphore. Ces deux postes sont, le plus
souvent, cités comme les plus coûteux ; dans l?évaluation ex ante de la Commission européenne,
c?est le tertiaire qui est le principal poste à l?échelle européenne.
L?ensemble des données sont affichées en euros courants et ne tiennent pas compte de l?inflation.
La gestion des rejets par temps de pluie
Selon l?analyse de la mission en partie § 2.1 :
l?évolution de cette gestion demande, en préalable, la réalisation de plans de gestion intégrée,
dont le contenu reste lui-même à préciser au regard des exigences de la DERU2 ;
à ce stade, peu de collectivités ont connaissance de la proportion de la charge polluante rejetée
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par temps de pluie par rapport à celle rejetée par temps sec, qui devra être évaluée dans le
cadre de l?élaboration des PGI ;
la valeur limite à retenir pour cette proportion, territoire par territoire, ne pourra être définie que
sur la base de ces travaux.
L?enquête n?a pas permis de caractériser, même de façon approchée, une situation de départ
unanimement considérée comme déterminante en termes de coûts : celle-ci repose avant tout sur
la connaissance de l?état des réseaux de collecte et sur l?effort de renouvellement du patrimoine
ou d?investissement dans des alternatives, mais aussi sur d?autres choix et investissements des
collectivités, eux aussi sur le temps long, en matière de désimperméabilisation ou de reconquête
de la nature en ville. Ces prérequis sont d?ores et déjà présentés comme un « mur
d?investissement » : les objectifs introduits par la directive s?y superposent et il est illusoire de leur
attribuer un coût spécifique. Il serait opportun de profiter de la phase de définition et d?élaboration
des PGI pour mieux documenter les coûts correspondants.
Il n?est donc pas possible, à ce stade de mener une évaluation même approximative d?un respect
d?une valeur limite de 5 % en charge et a fortiori de celle de 2 %. Selon les recommandations de
la mission sur ce point, l?élaboration des PGI est la condition préalable pour progresser dans
l?évaluation de ces coûts ; la mission a donc fait le choix de n?évaluer que celui de l?établissement
des PGI.
Pour la Commission européenne (voir § 2.1), « le coût moyen de la mise en place d'un plan de
gestion intégrée des eaux urbaines a été estimé à 0,09 ¤/an/p.e.66 »67. Les retours empiriques et
la documentation nationale sur le sujet font état d?un coût très supérieur, proche des 5 ¤/hab/an.
La mission a pris pour hypothèse, sur la base des entretiens menés, que le coût des PGI pourrait
aller de 20 000 ¤/an pour les agglomérations de plus de 10 000 EH à 100 000 ¤/an pour les plus
de 100 000 EH. Ce raisonnement moyen devrait être affiné, pour tenir compte, selon le cas :
? des outils et connaissances disponibles, en particulier dans la plupart des grandes collectivités,
dans les schémas existants ou grâce aux dispositifs actuels d?auto-surveillance. Les chiffres
abordés ci-dessus seraient des coûts complets, mais pas des surcoûts imputables uniquement
à la directive ;
? du défaut d?information sur la charge polluante des différents rejets : l?enquête a confirmé qu?une
faible minorité de collectivités met en oeuvre l?arrêté ministériel de 2015 en s?appuyant sur le
critère de charge. Pour la plupart des collectivités rencontrées par la mission, se doter de la
connaissance nécessaire à la modélisation de la charge requerra un investissement initial con-
séquent : là encore, l?évaluation ci-dessus englobe cet investissement initial mais la mission ne
dispose d?aucun élément, même approximatif, pour estimer les surcoûts de l?auto-surveillance
des charges rejetées.
Moyennant ces réserves importantes, le scénario de la Commission européenne conduit à un coût
global de 16 M¤ pour le seul établissement des PGI, tandis que l?hypothèse appuyée sur les
entretiens de la mission conduirait à un ordre de grandeur de 63 M¤ sur l?ensemble de la période
(principalement sur budget de fonctionnement).
Le traitement tertiaire
L?évaluation des coûts d?un abattement plus généralisé et plus poussé de l?azote et du phosphore
est particulièrement délicate, en l?absence :
d?indication précise sur les taux d?abattement actuels, sur la marge entre la charge nominale
66 Par habitant
67 Commission staff working document, impact assessment, 2022
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et la charge abattue,
de référence technique sur les coûts d?un abattement plus poussé. En particulier, pour ce qui
concerne l?azote, ce nouvel objectif peut demander plus de place : les coûts peuvent alors être
quasiment nuls si la STEU est en sous-capacité ou si elle dispose de foncier, ou au contraire
très élevés ? jusqu?à la nécessité de trouver un nouveau site ;
enfin, ce travail se heurte à la confusion de vocabulaire identifiée dans ce rapport : les quelques
références bibliographiques identifiées relatives au traitement tertiaire ne font, en fait, pas
référence au traitement de l?azote et du phosphore.
Sous ces réserves, la mission a construit un scénario de coûts en s?appuyant sur les résultats de
l?enquête qu?elle a menée. L?exploitation de ces retours lui permet de dénombrer de manière
estimative les stations de plus de 150 000 EH et les stations entre 10 000 et 150 000 EH qui ne
traitent pas aujourd?hui l?azote et/ou le phosphore et/ou qui n?atteignent pas les niveaux
d?abattement prescrits par la directive DERU2, y compris celles hors zones sensibles. La mission
recense ainsi 62 stations de plus de 150 000 EH concernées et environ 760 stations entre 10 000
et 150 000 EH.
Pour l?estimation des coûts unitaires en investissement et fonctionnement, la mission s?est appuyée
sur les contributions de plusieurs agglomérations : elle en tire des coûts moyens, pour le
fonctionnement, entre 15 ¤/an pour une station de 10 000 EH et 5,2 ¤/an pour une station de
500 000 EH et, en investissement, pour l?adaptation de stations existantes ou la construction de
nouveaux équipements, entre 5,8 M¤/an pour les stations entre 10 000 et 150 000 EH et 10,6 M¤
pour les stations au-delà de 150 000 EH. Néanmoins, les échanges avec le Synteau confirment la
grande variabilité en fonction des spécificités des STEU et plusieurs exemples concrets présentent
des coûts significativement supérieurs.
Sur la base de ces coûts moyens, les obligations de la DERU2 pour le traitement de l?azote et du
phosphore conduiraient à un coût, sur l?ensemble de la période, de l?ordre de 5,4 Mds¤ en
investissement et fonctionnement, très proche de l?estimation de la Commission européenne qui
donne, pour la France, une dépense annuelle de 241 M¤/an. La mission n?est pas en mesure de
fournir une évaluation, même approximative, de l?incertitude pesant sur ce résultat.
Le traitement quaternaire
Les évaluations de coût de la mise en place d?un traitement des micropolluants concernent la mise
en place d?un dispositif entièrement nouveau. Trois hypothèses ont été traitées, et pour chacune
un scénario haut et un scénario bas, pour dégager une fourchette de coût.
1) Hypothèse appuyée sur l?étude d?impact de la Commission ayant contribué à éclairer
l?élaboration de la DERU2 : elle retient l?ensemble des stations de plus de 100 000 EH68 et les
stations de plus de 10 000 EH dans les zones sensibles aux micropolluants. Pour définir le
périmètre de ces zones sensibles, la commission s?appuie sur le taux de dilution, un taux inférieur
à 10 étant considéré comme un facteur de risque69. Sur cette base, la commission estime que le
coût de la mise en place du traitement quaternaire serait de l?ordre de 130 M¤/an en France.
2) Hypothèse appuyée sur l?utilisation d?évaluations menée par une métropole, en retenant une
hypothèse basse et une hypothèse haute. À partir des coûts unitaires fournis par station et des
68 À noter que le texte définitif fixe à 150 000 EH le seuil d?obligation pour la mise en place du traitement
quaternaire. Cette estimation serait donc surévaluée.
69 Commission staff working document, impact assessment, 2022 p 119 : « advanced treatment at all plants above
100,000 p.e. irrespective of dilution, and between 10,000 and 100,000 p.e. only when justified by the
environmental risks caused by the toxicity of the effluents, which we expect to be the case when the dilution is
10 or less. For scenario modelling purposes, we assume that risks occur in 70% of the cases when effluents
are discharged with a dilution of 10 or less, excluding discharges to seawater.»
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extrapolations qui peuvent en être faites, le coût du traitement quaternaire en investissement irait
de 12 ¤/EH/an pour une station de 10 000 EH à 3 ¤/EH/an pour une station de 500 000 EH et plus.
Le coût de fonctionnement est estimé par la métropole concernée à 1 000 ¤ HT pour 1 000 EH/an
ce qui apparait largement sous-évalué. La mission corrige donc cette donnée après échanges avec
les professionnels du secteur pour le mener à 4 fois plus. Ce chiffrage est donné pour un traitement
quaternaire en contact micro-grain avec stockage et dosage du charbon.
Le périmètre central retenu par la mission est une mise en oeuvre de cette obligation pour
l?ensemble des stations de plus de 150 000 EH et pour 30 % des stations de plus de 10 000 EH,
hypothèse raisonnablement pessimiste à la lumière de l?analyse développée dans le § 3.1 mais
cohérente avec celle de la Commission européenne. Ce scénario central présente un coût total de
l?ordre de 6,5 Mds¤.
Si l?on retient un scénario bas (seulement 10 % des stations de plus de 10 000 EH en zones
sensibles aux micropolluants), le coût global serait de 5,2 Mds¤.
3) Hypothèse appuyée sur les travaux de l?agence environnementale allemande70 : la mission a
appliqué la fonction de coûts dégagée par les travaux de l?agence allemande pour l?appliquer au
parc de stations français. Si l?on retient le même scénario central, le montant global de la mise en
place du quaternaire en France serait de l?ordre de 6,4 Mds¤. Si l?on retient le scénario bas à savoir
seulement 10 % des stations de plus de 10 000 EH sont intégrées à la liste des zones sensibles,
le coût global serait de 4,6 Mds¤.
Figure 5 : premières estimations du coût du traitement quaternaire
Sur la base de ces trois hypothèses, et sous la réserve des incertitudes et limites de la méthode
d?évaluation :
les travaux de la Commission européenne semblent sous-estimer largement les coûts du
traitement quaternaire. Par ailleurs, ce chiffrage ne tient pas compte des éventuels
investissements à réaliser pour améliorer le traitement du phosphore et de l?azote, s?il
apparaissait nécessaire à un traitement quaternaire efficace. Un pic d?investissement devrait
intervenir vers le milieu des années 2030 compte tenu du calendrier fixé par la directive pour
les stations de plus de 10 000 EH en zone sensible ;
la mise en place de la REP fait porter 80 % de la dépense du traitement des micropolluants sur
les metteurs en marché de produits pharmaceutiques et cosmétiques : le besoin de
70 German Environment Agency : Moving forward: The European Commission?s Proposal for a Recast Urban
Wastewater Treatment Directive, 2023.
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financement hors REP s?élèverait donc entre environ 900 M¤ et 1,3 Mrd¤. Le « fossé
budgétaire » entre les dépenses à engager pour le passage au traitement quaternaire et les
recettes de la REP doit conduire à lancer une réflexion très en amont sur la couverture du
besoin de financement restant.
le besoin de financement devrait aller croissant à partir du milieu des années 2030, compte
tenu du calendrier de la directive pour les STEU de plus de 10 000 EH.
La neutralité énergétique
Le périmètre des dépenses retenu pour étudier les coûts induits par la directive sont de deux
ordres : la réalisation d?audits énergétiques et la construction de méthaniseurs. Ces coûts sont en
partie compensés par des économies d?énergie et par des recettes ou de moindres coûts liés à la
production d?énergie.
- Les audits énergétiques : les STEU de plus de 100 000 EH doivent disposer d'un audit en 2028,
et les STEU de plus de 10 000 EH d'ici 2032. Ces audits doivent être renouvelés sur un rythme
quadriennal. Sur la base de l?évaluation ex ante71 de la Commission européenne (coût moyen de
l'établissement d'un audit énergétique, tous les 5 ans, de 4 000 ¤ par audit72), le coût pour, environ
170 STEU de plus de 100 000 EH et 1 000 STEU entre 10 000 et 100 000 EH peut alors être
estimé environ 700 000 ¤ en 2028, et environ 4 millions d?¤ supplémentaires en 2032. L?estimation
des coûts unitaires obtenue par la mission à partir des retours de terrain diffère assez largement,
sans doute en raison d?un effet de périmètre : ils oscillent entre 20 000 ¤ pour une STEU de plus
de 10 000 EH et 200 000 ¤ pour les stations de plus de 100 000 EH. En conséquence, l?estimation
sur l?ensemble de la période varie fortement, de 15 M¤ à 230 M¤, qui devront être supportés par
le budget de fonctionnement des services d?assainissement.
- Comme indiqué dans la partie § 2.4, la construction de méthaniseurs pour des STEU ou des
regroupements de STEU d?une capacité suffisamment élevée pour permettre une production
substantielle de biogaz est l?option de référence pour approcher l?objectif de neutralité énergétique :
aucune autre option (valorisation de la chaleur des effluents ou mise en place de panneaux
photovoltaïques), quoi que mobilisable en complément, ne semble en mesure d?atteindre des
capacités équivalentes (ce qui n?exclut pas les efforts menés en ce sens). Le seuil de rentabilité de
l?équipement est atteint, selon la profession, dans les STEU de capacité supérieure à 50 000 EH.
Compte tenu du parc actuellement équipé73, la mission a élaboré le scénario suivant :
40 stations de plus de 150 000 EH s?équipent en méthaniseurs et deux phases d?équipement
sont lancées : 20 méthaniseurs sont lancés à court terme et une nouvelle tranche de 20 est
lancée en 2035. Le coût unitaire d?un méthaniseur est de 20 M¤ que la collectivité emprunte
en totalité.
270 stations de plus de 50 000 EH s?équipent en méthaniseurs et deux phases d?équipement
sont lancées : 135 à court terme et une nouvelle tranche de 135 en 2035. Le coût unitaire d?un
méthaniseur pour cette tranche est de 5 M¤ que la collectivité emprunte en totalité.
L?investissement devra être engagé d?ici à 2045, mais le paiement des intérêts d?emprunt et les
retours sur investissement s?étaleront au-delà. Le coût total de la dépense, intégrant l?hypothèse
71 Commission staff working document, impact assessment, 2022
72 À noter donc que l?étude d?impact diffère du texte définitivement adopté sur le rythme de réalisation des audits
sans que cela n?ait un impact toutefois sur le coût unitaire.
73 52 STEU de plus de 150 000 EH sont équipées ; 38 injectent du biogaz dans le réseau. 51 STEU dans la
tranche 50 000 - 150 000 EH sont équipées ; 20 injectent du biogaz dans le réseau.
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d?un emprunt à 2 % sur 10 ans, peut être évalué à un peu plus de 3 Mds¤74. Les exemples de Caen
et de Nice (voir note 52) conduisent à une couverture des charges d?investissement sur une période
de 8 à 15 ans et à un retour positif annuel au-delà.
Concernant les économies d?énergie, les dépenses portées par les collectivités pour accroître la
sobriété énergétique de leurs stations devraient être compensées par des économies que la
mission a cherché à évaluer. Là encore, les efforts et les retours sur investissement ne sont pas
directement corrélés à la directive puisque relevant d?arbitrage politique des collectivités mais
participent de la trajectoire prescrite par la directive pour tendre vers la neutralité énergétique. La
mission a donc projeté les gains obtenus grâce aux économies d?énergie en partant d?une
consommation moyenne et de prix de l?énergie tels qu?ils sont détaillés en annexe. Il en résulte que
les économies d?énergie pourraient atteindre 400 à 500 M¤ globalement en fin de période. À
l?évidence, ce chiffre est une approximation qu?il conviendra d?affiner en fonction des anticipations
des coûts de l?énergie et des évolutions de la consommation moyenne des stations.
Conclusions de la mission
Ces évaluations sont d?une fiabilité variable pour les différentes dispositions de la DERU2 : elles
semblent plutôt fiables pour les études et audits qu?elle requiert ; certaines hypothèses pour le
traitement quaternaire et pour la création de méthaniseurs ont pu être cernées sur la base d?autres
travaux et de plusieurs retours d?expérience. Cependant, le fait que les zones sensibles aux
micropolluants ne soient pas encore définies se traduit par une forte incertitude sur l?estimation du
coût global de la mise en place d?un traitement quaternaire.
En revanche, si la mission donne un ordre de grandeur de coûts de mise en oeuvre des dispositions
relatives au traitement de l?azote et du phosphore, celui-ci se veut essentiellement une base pour
engager un travail plus approfondi Les échanges avec la fédération Syntec et avec le syndicat
Synteau ont bien confirmé que, hors gestion du temps de pluie, pour lequel seule l?élaboration des
PGI peut être approchée à ce stade, c?est ce coût qui est le plus difficile à évaluer, sans analyse
STEU par STEU.
De manière plus générale, les ordres de grandeur résultant de cette première évaluation,
sont à prendre avec précaution, et visent surtout à en faciliter une analyse critique. Ils
permettent néanmoins d?établir que l?évaluation ex ante de la Commission européenne est
globalement sous-estimée.
Cette première évaluation témoigne de l?implication des différents acteurs (industriels, collectivités)
pour l?affiner et fait ressortir des pistes de travail prioritaires, avec les services de l?État, les
collectivités et les industriels, pour pouvoir apporter des réponses aux difficultés rencontrées dans
cet exercice :
- fiabiliser la base SISPEA pour cette évaluation,
- associer les fédérations et syndicats professionnels qui connaissent finement le parc géré par
leurs adhérents, et les collectivités en régie, ainsi que les associations de collectivités compétentes,
- engager des études sur des points spécifiques qui peuvent largement faire varier les coûts,
comme par exemple la disponibilité de foncier à hauteur de tous les enjeux qui demandent de la
place et surtout, au vu de la principale faiblesse rappelée ci-dessus, l?identification pour le
traitement tertiaire de la marge de manoeuvre des installations existantes (écart entre le nominal
et la charge maximum constatée).
74 La question du coût de l?emprunt est abordée sur cet item, plutôt que sur d?autres, compte tenu de la nature de
cet investissement qui a vocation à présenter une rentabilité. Ce coût est évalué à 2 M¤ par STEU pour les
stations de plus de 150 000 EH et à 500 k¤ pour les autres.
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4 Mettre en place des stratégies nationale et par bassin
pour optimiser la mise en oeuvre de la DERU2
La DERU2 fixe des rendez-vous à différentes échéances et laisse à la subsidiarité les méthodes
pour atteindre les différents objectifs. Son article 23 prévoit que chaque État membre produira un
« programme national de mise en oeuvre » : pour la Commission européenne, c?est un outil afin de
s?assurer dans la durée de la conformité à toutes les dispositions de la DERU2 ; pour la France,
ce doit être avant tout l?occasion d?élaborer une stratégie d?ensemble, avec une validation
interministérielle, un portage politique fort et des moyens dédiés.
Cette stratégie, de portée politique et technique, devra être pilotée de façon régulière au niveau
national, et être déclinée et pilotée dans chaque grand bassin hydrographique. Elle devra faire
l?objet d?une programmation financière adaptée dans chaque bassin, en fonction :
du bénéfice pour les milieux,
de l?état d?avancement et des projets d?évolution portés par les collectivités de leurs dispositifs
d?assainissement, systèmes de collecte et parc de STEU,
des enjeux de lissage de la mise en oeuvre d?ici 2045, tant pour tirer parti d?une mobilisation de
soutiens relativement stables d?une année sur l?autre que pour éviter des tensions sur les
marchés sollicités.
Elle comportera une trajectoire de référence au niveau national.
Cette stratégie devra intégrer la fin de la mise en conformité avec la DERU et ainsi, la rendre plus
efficace.
Critères pour une stratégie
4.1.1 Mettre les bénéfices environnementaux au coeur du dispositif
La DERU2, quoiqu?appuyée sur une évaluation de la DERU1, directive de moyens, et postérieure
à la Directive-cadre sur l?eau (DCE), comporte peu de liens explicites avec les objectifs de bon état
des masses d?eau. Elle relève plutôt d?une démarche d?alignement sur des meilleures techniques
disponibles, dès lors que celle-ci sont déjà mises en oeuvre dans certains États membres (ou
voisins, comme la Suisse). Cependant, sa mise en oeuvre par étapes successives, pour chaque
objectif, ouvre la possibilité de renforcer les liens avec la DCE. En effet, les bénéfices de la DERU2
seront d?autant plus grands que sa mise en oeuvre sera priorisée en fonction de son impact sur
l?amélioration des milieux.
L?appréciation des bénéfices de la DERU2, comme celle de ses coûts, peut s?appuyer sur plusieurs
approches.
Premièrement, des approches coûts-bénéfices :
? dans son étude d?impact, la Commission évalue et monétarise les bénéfices de
l?amélioration de la gestion des eaux par temps de pluie, des objectifs fixés aux petites
agglomérations, de l?abattement plus poussé de l?azote et du phosphore, du traitement
des micropolluants et des objectifs en termes de neutralité énergétique et d?émissions
de GES. D?autres postes, comme l?évolution de la surveillance, ne sont évalués
monétairement qu?en coûts. L?étude souligne le caractère délicat ou impossible de la
valorisation de certains bénéfices. La démarche d?analyse coûts-bénéfices vise en
particulier à discriminer différents scénarios de périmètre d?application ou d?ambition de
la DERU2, pour retenir celui qui présente le meilleur ratio. Globalement, les coûts
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totaux75 au niveau de l'UE (3 848 milliards d'euros par an en 2040) sont inférieurs aux
avantages monétaires évalués, nécessairement incomplets (6 643 milliards d'euros par
an d'ici à 2040 - dont 6 157 milliards sont liés à l'amélioration de la qualité de l'eau).
Les bénéfices sont supérieurs aux coûts dans tous les États membres. L?introduction
dans la Directive, sur la base de ces travaux d?évaluation, d?une approche fondée sur
les risques (mesures obligatoires dans les seules zones où cela est requis pour les
milieux) participe de l?obtention d?un ratio bénéfices/coûts favorable. En France, le coût
total par habitant et par an est évalué à 3,56 ¤ et le bénéfice à 10,06 ¤. Rappelons que
la partie 3 du présent rapport considère ce coût comme probablement sous-évalué ;
? aucune analyse coûts-bénéfices aboutie de l?assainissement en France n?a été
identifiée par la mission. Certains bassins développent des nouvelles méthodes et outils
pour mieux modéliser et quantifier ce lien (démarche PERISCOP dans le bassin Artois-
Picardie). L?agence de l?eau Rhin-Meuse, a mené un travail avec le CGDD qui vise à
vérifier l?efficacité des soutiens versés en termes d?évolution de la qualité des milieux76
sur le bassin entre 2010 et 2015. Les estimateurs d?impact sont significatifs pour les
indicateurs de pollution domestique : une masse d?eau bénéficiaire d?un nouvel ouvrage
de traitement des eaux usées présenterait à moyen terme une réduction de sa
concentration moyenne d?ammonium de 26 % et une réduction de sa concentration
maximale de phosphore total de 11 %, par rapport à une masse d?eau non bénéficiaire.
Ces actions apparaissent plus efficaces que par exemple les opérations
d?accompagnement mises en oeuvre pour lutter contre les pollutions diffuses agricoles.
L?évaluation quantifiée des bénéfices de l?assainissement est par nature difficile :
? même dans une approche qualitative de l?évolution des milieux, il est difficile de
raisonner toutes choses égales par ailleurs ;
? la monétarisation de tous les bénéfices, qui permettrait des comparaisons complètes
avec les coûts, n?est pas aboutie : tous les bénéfices ne peuvent pas être valorisés et
les méthodes de valorisation donnent elles-mêmes lieu à des discussions scientifiques.
Par exemple, l'analyse coûts-bénéfices (ACB), utilisée dans le cadre de la mise en
oeuvre de DCE, ne tient compte ni de la raréfaction des ressources naturelles, ni de la
hausse de la demande des biens environnementaux. Or, les pressions que subissent
la ressource en eau, les milieux aquatiques et la biodiversité associée sont aggravées
par le changement climatique. Les services écosystémiques qu?ils rendent, tels que la
régulation de la qualité de l?eau ou la protection contre les inondations, risquent de se
raréfier dans les années à venir. Dans le même temps, la demande des populations
pour ces services pourrait s?accroître, pour s?adapter aux effets du changement
climatique. Ces deux phénomènes devraient se traduire par une hausse de leur prix
relativement aux autres biens de l?économie77. La prise en compte de cette évolution
des prix relatifs dans les ACB permettrait d?améliorer l?estimation des bénéfices
environnementaux, et serait de nature à augmenter la valeur socio-économique des
projets qui concourent à la qualité des milieux, comme l?assainissement dans ses
différentes composantes. Le même raisonnement s?applique pour l?évaluation de ses
bénéfices sanitaires. L?OCDE, dans ses travaux, se penche de manière approfondie
sur les difficultés inhérentes à l?évaluation des bénéfices de l?assainissement et propose
une méthodologie pour l?élaborer, compte tenu du manque de données, en s?appuyant
plutôt sur des valeurs monétaires sur les marchés que sur des approches par le
75 Les coûts annuels comprennent les coûts d'exploitation et d'investissement en tenant compte d'une durée de
vie des investissements de 30 ans à laquelle un taux d'actualisation de 2,5 % a été appliqué.
76 CGDD ? SDES, 2024, Impact environnemental de l'action des agences de l?eau : une évaluation économétrique
sur le bassin Rhin-Meuse, document de travail, 43 p.
77 Reaud Pierre, 2025, janvier, Estimer la valeur future des services écosystémiques dans les analyses coûts-
bénéfices, 4 p.,Thema, CGDD
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consentement à payer78.
Ou encore, une évaluation qualitative des bénéfices de l?assainissement sur l?état des masses
d?eau dans le passé, et une appréciation des masses d?eau dont le déclassement serait encore
dû à l?assainissement urbain.
Les retours de l?enquête menée auprès des services déconcentrés mettent en évidence que la
proportion de rejets dans des milieux sensibles (par exemple, aires d?alimentation en eau potable,
qualité des eaux de baignade, sites Natura 2000 ou Ramsar) est désormais relativement faible ;
ce constat est à nuancer pour les zones conchylicoles, dont la qualité peut dépendre d?apports
terrestres plusieurs dizaines de kilomètres en amont. En outre, les travaux menés dans le cadre
de l?élaboration des SDAGE permettent ou permettront de dresser :
? une cartographie des masses d?eau dégradées pour lesquelles l?assainissement
collectif est identifié comme une pression significative ; elle existe déjà en Seine-
Normandie et en Rhin-Meuse. En Artois-Picardie, dans le cadre de la réalisation de
l?état des lieux 2019, les experts du territoire ont établi la liste des pressions
responsables de la dégradation des masses d?eaux sur la base des données
disponibles concernant les rejets sur les masses d?eau ; elle a fait l?objet d?une
validation de la part des experts du territoire (Agence de l?eau, animateurs de Sage,
DREAL, DDT(M), OFB?). Il a également été établi une liste de masses d?eau
impactées par les rejets des stations et réseaux d?assainissement. Dans d?autres
bassins, comme Rhône-Méditerranée, cet état des lieux, dans le cycle qui se termine,
ne distinguait pas l?origine des pressions par les nutriments urbains entre rejets
industriels et assainissement collectif ? celui-ci étant regardé comme représentant la
majorité des cas ;
? un état des lieux des masses d?eau à risque de dégradation accrues au regard de leur
état écologique en lien avec l?assainissement collectif. Cette cartographie est établie en
Seine-Normandie. En Artois-Picardie, un travail a porté sur le risque de non atteinte des
objectifs environnementaux sur les masses d?eaux, sur la base des connaissances des
pressions exercées sur les masses d?eau en intégrant l?évolution de ces pressions sur
la période 2019-2027.
La préparation des prochains SDAGE permettra d?affiner les masses d?eaux pour lesquelles la
mise en oeuvre de la DERU2 présente les bénéfices les plus importants. Celle-ci, dès lors qu?elle
s?appuiera sur une stratégie déclinée à différentes échelles, peut être l?occasion de structurer un
travail sur l?évaluation des bénéfices. Cette démarche, qui pourrait être menée avec l?appui du
CGDD, est de nature à motiver les investissements à réaliser, voire à contribuer à leur priorisation.
4.1.2 Tenir compte des projets des collectivités et du risque de tension
sur les marchés
Dès les premiers contacts pris par la mission avec des collectivités ou des associations d?élus, une
crainte s?est exprimée qu?une approche nationale de la mise en oeuvre de la DERU2, compte tenu
de son ambition, consiste à ne mobiliser en premier lieu que les plus grosses agglomérations pour
sa mise en oeuvre. La France dispose d?industriels et de collectivités dont une grande partie gère
cette compétence en régie, avec une connaissance avérée sur ces sujets. Or, certaines d?entre
elles terminent ou ont en projet à court terme des investissements sur leurs installations. La
séquence de mise en oeuvre devra tenir compte des échéanciers déjà établis, du fait qu?ils tiennent
compte ou non de la DERU2, de l?âge des stations.
78 OECD, 2022, décembre, Building a methodology to assess the benefits of a revision of urban wastewater
regulation in the European Union, Working Party on Biodiversity, Water and Ecosystems, 51p.
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Il ressort de l?enquête menée par la mission que :
80 % des collectivités ayant répondu au questionnaire sur ce point indiquent ne pas avoir
intégré les objectifs de la DERU2 dans leur PPI ;
plus de la moitié des agglomérations indiquent ne pas avoir programmé un effort de
modernisation de leur station dans les années à venir.
Par ailleurs, la fédération Syntec et le syndicat Synteau ont appelé son attention sur la nécessité
de « lisser la charge » des études, mais aussi des investissements à prévoir : les courbes d?âge
des STEU sont très variables selon les bassins et, si l?hypothèse « business as usual » serait de
considérer une modernisation des outils existants en moyenne trente ans après leur création,
certains investissements pourraient devoir être avancés là où ce serait plus facile et moins coûteux
et pour éviter un goulet d?étranglement en termes de moyens et de compétences. Cette analyse
mériterait d?être affinée en lien avec le CSF. Ce travail présenterait plusieurs bénéfices : éviter un
pic d?activité, plutôt en fin de période, qui se traduirait par une augmentation des coûts d?une part ;
s?adapter à la programmation des soutiens financiers d?autre part, dans un contexte où évidemment
tout ne pourra pas être financé en même temps.
Articuler les stratégies nationales, de bassin et
d?agglomération, dans un calendrier connu de tous
Construire des approches stratégiques à plusieurs échelles emboîtées apparaît comme la meil-
leure façon de mettre en oeuvre la DERU2 de manière efficace et moins coûteuse, mieux portée et
acceptée : les travaux engagés à l?échelle nationale et dans chaque bassin doivent permettre de
donner de la visibilité à tous les acteurs, le plus tôt possible.
4.2.1 Rôle et pilotage de l?échelon national
La mise en oeuvre de la DERU2 prévoit, dans plusieurs de ses articles, l?atteinte de résultats pour
un pourcentage croissant d?installations, en plusieurs étapes, jusqu?à 100 % en 2045, sans critères
de priorisation. Ces critères doivent être explicités, partagés, mis en oeuvre dans une programma-
tion. Concrètement cela revient à ce que, à l?échelle nationale, la DEB :
détermine, sur la base des instances de gouvernance existantes, celles qui devront être
mobilisées ou adaptées
identifie des niveaux d?effort par bassin, le cas échéant aux différentes échéances,
définisse les grandes lignes d?une démarche de priorisation à cette échelle du bassin.
4.2.1.1 Propositions pour la gouvernance
L?analyse conduite par la mission privilégie, pour le pilotage de la mise en oeuvre de la DERU2,
l?utilisation et adaptation des instances existantes, qui s?appuieront sur les structures en place
(agences de l?eau en particulier, services déconcentrés, opérateurs techniques?). Cela permet de
tirer le bénéfice des compétences et des processus des opérateurs de l?eau et de ne pas perdre
de temps et de limiter les coûts de mise en oeuvre. Cependant, la création d?une filière REP fera
apparaître de nouveaux acteurs dans la politique de l?eau et les enjeux de neutralité énergétique
peuvent également conduire à associer de nouveaux acteurs à la sphère de l?assainissement, ou
leur donner plus de poids.
Les commissions existantes (Comité national de l?eau (CNE) au niveau national, comités de bas-
sin) et les agences de l?eau doivent ainsi rester les interlocuteurs, politiques, techniques ou finan-
ciers, privilégiés des collectivités sur l?assainissement. Les interfaces avec l?éco-organisme, tant
politiques que technique, devront être définies par conventions.
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La validation de la stratégie de mise en oeuvre devra s?appuyer sur un pilotage adapté par la DEB,
en lien étroit avec le CNE. Cette mobilisation du CNE donnera le signal, notamment aux collectivi-
tés, d?une volonté d?association et de co-construction de la stratégie nationale : la mise en oeuvre
efficace de la DERU2 demandera, de fait, une forme de solidarité des collectivités, les points forts
des unes ayant vocation à compenser les points faibles des autres. Cette gouvernance est indis-
pensable pour partager les enjeux, les objectifs et pour entretenir la confiance entre les acteurs,
l?État ayant vocation à jouer un rôle de coordinateur et, si nécessaire, d?arbitre, responsable de
l?atteinte des objectifs.
Le ministre en charge de l?environnement, et par délégation, la DEB, est pilote de la mise en oeuvre
de la DERU2. La France ne sera pas au rendez-vous sans une mobilisation beaucoup plus large,
coordonnée, associant la DGPR, la DGEC, le CGDD, la DGS, la DGCL, la DGE, la DGOM, la
DGFIP, et les opérateurs pertinents. Le pilotage de la stratégie devrait être confiée à un(e) chef(fe)
de projet, positionné directement auprès de la directrice de l?eau et de la biodiversité, à la fois pour
qu?il (elle) dispose d?une légitimité de fait vis-à-vis des autres administrations centrales et pour
faciliter les échanges entre les sous-directions et opérateurs concernés.
(Ministre chargée de l?environnement) Confier le pilotage de la
transposition et de la mise en oeuvre de la directive à un(e) chef(fe) de projet, positionnée
auprès de la directrice de l?eau et de la biodiversité et établir une feuille de route
interministérielle validée par le cabinet du premier ministre (DGALN, DGEC, DGPR, CGDD,
DGCL, DGE, DGS, DGOM, DGFIP)
4.2.1.2 Donner les grandes lignes de la répartition de l?effort par bassin
La définition d?ordre de grandeurs de l?effort par bassin sera une composante majeure de la stra-
tégie nationale. En effet, les enjeux, les caractéristiques des agglomérations et du parc de stations
concernés diffèrent d?un bassin à l?autre, et cet effort pour mettre en oeuvre DERU2 ne se fera pas
nécessairement, si on cherche une certaine efficacité, au strict prorata des EH. Cette approche ne
pourra se construire que sur la base d?une méthode partagée et par itérations. Si l?administration
centrale peut disposer de premières pistes, une approche de remontée de terrain, dans une logique
d?identification des meilleurs efforts possible de chacun est un exemple de méthode de co-cons-
truction.
Pour définir la répartition de l?effort et fixer les grandes lignes des travaux à mener dans chaque
bassin, il faudra en premier lieu, dans la poursuite des travaux initiés au cours de cette mission,
caractériser le mieux possible « l?état initial » des dispositifs d?assainissement et des milieux, en
particulier les masses d?eau encore déclassées en raison de l?assainissement, les agglomérations
d?assainissement ou les STEU qui respectent déjà certains objectifs de la directive, les travaux,
engagés ou programmés, des agglomérations qui concourent à l?atteinte des objectifs de la
directive. Cet état des lieux rejoint en grande partie la préparation du prochain SDAGE. Dans
certains bassins, les données transmises à la mission forment déjà un socle solide ; dans d?autres,
ce premier travail sera à poursuivre. Cet « état initial » doit permettre in fine à l?échelle de chaque
bassin :
? d?identifier comment se situe, dans son ensemble, le parc de STEU par rapport aux objectifs de
la DERU2, en particulier les STEU et les dispositifs d?assainissement qui remplissent déjà les
objectifs de la DERU2 ;
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? de recenser, parmi les pistes identifiées dans ce rapport, celles de ces STEU et de ces agglo-
mérations qui présentent les meilleures opportunités pour atteindre les objectifs de la DERU2,
à programmer en priorité, et dégager ainsi des marges de manoeuvre pour le reste du parc ;
? de cibler les secteurs géographiques sur lesquels la DERU2 contribuera à l?amélioration de
l?état des masses d?eau et à la conformité à la DCE ;
? de recenser les PPI pour tenir compte, dans une programmation, des anticipations et projets
des collectivités locales compétentes, tant pour ce qui concerne les STEU que la gestion du
temps de pluie.
C?est sur la base de ces premières remontées, qui doivent être sincères, que pourront être établis
la première répartition géographique de l?effort et les premiers éléments de priorisation dans les
échéanciers. Ce travail d?état des lieux devra donner lieu à un suivi et des ajustements tout au long
de la mise en oeuvre de la DERU2.
Ne pouvant prétendre à une approche exhaustive à ce stade, la mission a noté quelques orienta-
tions pour l?établissement de cette feuille de route :
le poids relatif du SIAAP (annexe 12) ? 9 millions d?usagers franciliens représentant 10 millions
d?EH soit 10 % de la France, coordonnateur de 40 maîtres d?ouvrage de systèmes de collecte,
pour une consommation énergétique de 1 TWh/an ? dans l?ensemble des STEU françaises est
tel que ses performances constitueront une hypothèse centrale du programme national de mise
en oeuvre : un SIAAP « en retard » pèsera sur la programmation ; un SIAAP avec des bonnes
performances ou « en avance » facilitera l?atteinte des objectifs nationaux. Le programme
national de mise en oeuvre devrait ainsi comporter un calendrier prévisionnel de conformité à
la DERU2 de l?assainissement en Île-de-France ;
la refonte globale du site de Seine-Aval, dans le cadre de la DERU et suite à différents
accidents, a conduit à un nouvel arrêté d?autorisation en date du 20 juillet 2023, et un chantier,
en cours, pour une mise en service à l?horizon 2026. Compte tenu des non-conformités
constatées par la police de l?eau, le SIAAP a mis en place un plan d?actions en 2023, encadré
par un arrêté de mise en demeure du 28 février 2024. Le SIAAP a également engagé une
étude pour un « programme de renforcement de la robustesse du schéma directeur
d?assainissement du SIAAP » visant à fiabiliser les performances de son système
d?assainissement79 . Il a également lancé un travail de révision de son schéma directeur
d?assainissement, pour faire évoluer sa stratégie notamment au regard du changement
climatique.
Il y a donc un intérêt mutuel, tant pour le schéma directeur d?assainissement que pour
l?établissement du programme national, à définir en premier lieu la programmation de l?ensemble
de ces dispositifs d?assainissement.
Pour la mission, l?évolution des dispositifs d?assainissement du SIAAP doit être programmée d?ici
à 2045 dans un calendrier arrêté au plus tard fin 2027 :
les régions ultra périphériques devront être intégrés dans cette programmation (voir § 4.2.2.3) ;
les zones non sensibles à l?eutrophisation constituent également un cas particulier. En effet,
les STEU de plus de 150 000 EH doivent y mettre en oeuvre le traitement de l?azote et du
phosphore alors que le bénéfice environnemental n?est pas avéré. Cette évolution pourrait
toutefois être justifiée pour permettre un traitement quaternaire. La mission, dans la partie
précédente, recommande des approfondissements sur ce point. Les STEU concernées
pourraient donc ne pas être prioritaires.
79 Et en particulier, atteindre un rendement de 70 % d?abattement de l?azote pour chaque usine, réduire le nombre
de bilans classés en « situation inhabituelle », contribuer à l?atteinte d?un rendement de 75 % au niveau de la
zone CM_03207.
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(DEB) Établir une feuille de route de mise en oeuvre de la DERU2,
comportant une répartition de l?effort par bassin, y compris les RUP, des critères de
priorisation et des trajectoires pour chaque objectif et des lignes directrices, avec un
programme spécifique au SIAAP et une prise en compte différenciée du traitement de l?azote
et du phosphore en zones non sensibles à l?eutrophisation.
4.2.1.3 Organiser et piloter le calendrier
La DEB devra veiller au calendrier de mise en oeuvre, à l?enchaînement des différentes étapes,
pour chacun des objectifs, pour les différents types d?acteurs (les agglomérations
d?assainissement, les STEU en charge, les STEU en nominal). Il s?agira aussi d?anticiper les étapes
qui seraient sur le chemin critique d?atteinte d?objectifs liés entre eux, en particulier ceux relatifs
aux micropolluants et la REP.
Tableau 3 : Principales échéances de la DERU 2
Source : Mission
C?est dans ce calendrier que doivent être identifiées les « étapes préalables » et leurs échéances
à respecter rigoureusement, pour ne pas entraîner un glissement global du calendrier qui mettrait
en péril le respect de certaines d?entre elles. L?échéance de fin 2027 revêt une importance critique,
même si certaines dispositions sont attendues à des échéances ultérieures, puisqu?elle correspond
au délai de remise à la Commission européenne du programme national de mise en oeuvre.
Engager les travaux transversaux préalables relevant de l?échelon national
Comme argumenté dans la partie 2, certaines étapes constitueront des étapes critiques pour la bonne mise en
oeuvre de la DERU2 dans son ensemble :
2027 2028 2030 2032 2033 2035 2036 2039 2040 2045
Contenu des plans de gestion intégrée des eaux résiduaires urbaines X X
Les déversements dus aux pluies d'orage ne pouvent dépasser 2 % de la charge d'eaux
résiduaires urbaines collectée annuellement, calculée par temps sec X X
Évaluation et gestion des risques X
Les EM recensent et évaluent les risques découlant des rejets d'eaux résiduaires urbaines
pour l'environnement et la santé humaine X
Neutralité énergétique X X X X X X
L'énergie annuelle totale générée à partir de sources renouvelables représentent X % de
l'énergie annuelle totale utilisée par ces stations X X X X
Les premiers audits énergétiques sont effectués pour les stations d'épuration des eaux
résiduaires urbaines
traitant une charge égale ou supérieure à 100 000 EH et les systèmes de collecte qui y sont
raccordés;
X
Les premiers audits énergétiques sont effectués pour les stations d'épuration des eaux
résiduaires urbainestraitant une charge égale ou supérieure à 10 000 EH mais inférieure à
100 000 EH et les systèmes de collecte qui y sont raccordés. X
Plans de gestion intégrée des eaux résiduaires urbaines X X X
Les EM établissent une liste des agglomérations pour lesquelles les déversements dû aux
pluies d'orage présente un risque pour l'environnement ou la santé humaine; le
déversement dû aux pluies d'orage représente plus de 2 % de la charge dans les eaux
résiduaires urbaines collectées annuellement X
Les EM veillent à ce qu'un plan de gestion intégrée des eaux résiduaires urbaines soit établi
pour les zones de collecte des agglomérations X
les États membres veillent à ce qu'un plan de gestion intégrée des eaux résiduaires urbaines
soit établi pour les zones de collecte des agglomérations X
Programme national de mise en oeuvre X
Elaboration d'un programme national de mise en oeuvre X
Responsabilité élargie des producteurs X
Les EM prennent des mesures pour que (?) les producteurs qui mettent sur le marché l'un
des produits énumérés à l'annexe III soient soumis à la REP X
Systèmes de collecte et calcul de la charge d'une agglomération X
Les agglomérations entre 1 000 et 2 000 EH sont reliées à un système de collecte pour leurs
eaux usées domestiques X
Traitement quaternaire X X X X X
Les EM dressent une liste des zones de leur territoire national dans lesquelles la
concentration ou l'accumulation de micropolluants provenant de stations d'épuration des
eaux résiduaires urbaines présente un risque pour l'environnement ou la santé humaine X
Les États membres veillent à ce que les rejets provenant des stations respectent, avant le
rejet dans les eaux réceptrices, les prescriptions applicables au traitement quaternaire X X X X
Traitement secondaire X
Les EM veillent à ce que les rejets provenant des stations d'épuration des agglomérations
égales ou supérieures à 1 000 EH mais inférieures à 2 000 EH respectent, avant leur rejet
dans les eaux réceptrices, les prescriptions applicables au traitement secondaire X
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? préparer les textes de transposition, incluant l?élaboration du lexique commun et de l?architecture des textes
nécessaires ;
? faire évoluer les systèmes d?information selon les propositions du § 2.5 : il s?agit ici de lancer un grand projet
structurant, pour rendre au moins possible un rapportage efficace de la France à la Commission européenne ;
? définir les méthodes, à décliner dans chaque bassin, que ce soit pour les PGI, les listes de substances, le cadre
comptable et juridique ou les critères pour l?établissement des différentes listes et zonages, pour pouvoir
respecter l?échéance de fin 2027 : constitution des groupes de travail nécessaires, association des opérateurs
et parties prenantes concernées, instruction aux agences de l?eau ;
? mettre en place la préfiguration de la filière REP dans les meilleurs délais. Cela passe aussi bien par les études
requises que par l?identification d?un opérateur en soutien ? qui devrait être l?ADEME ? ou l?organisation des
tours de table des partenaires ? collectivités et industriels ; structurer un plan micropolluants d?ensemble ;
? avec une stratégie cohérente, positionner la France dans les groupes de travail européens.
Les travaux réalisés, en cours ou à venir des collectivités et ceux qui seront les plus bénéfiques
aux masses d?eau constituent des priorités qui s?imposent à la programmation. Ils ne sont néan-
moins pas nécessairement suffisants pour respecter toutes les trajectoires. Il pourra donc être né-
cessaires de mobiliser des leviers appropriés pour combler les écarts selon des calendriers com-
plémentaires.
Par rapport aux autres pays européens, la France est identifiée comme disposant de plusieurs
points forts pour la mise en oeuvre de la DERU2 ? sans en avoir l?exclusivité. Les échanges avec
les services de la Commission européenne ont en particulier mis en exergue :
l?équipement des agglomérations entre 1 000 et 2 000 EH. A cet égard, le suivi et la
connaissance de la performance de l?assainissement non collectif pourraient apparaître comme
un point faible par rapport au référentiel de la directive, pouvant conduire à des interrogations
sur les arbitrages actuels entre assainissement individuel et assainissement collectif ;
la gestion intégrée des eaux résiduaires, et notamment la préexistence de schémas directeurs
d?assainissement et d?une réglementation de référence (arrêté ministériel de 2015). Même si
la mise en oeuvre de ces outils reste inégale et différenciée selon les bassins hydrographiques,
la France est culturellement prête pour la création et la mise en oeuvre des plans de gestion
intégrée et pourrait transformer cet avantage en leadership au niveau européen ;
concernant le traitement de l?azote et du phosphore, le retour de l?enquête fait ressortir que les
obligations de la DERU2 pourraient n?être qu?une étape supplémentaire ne présentant pas de
difficultés majeures dans les zones déjà concernées. Progresser d?abord dans les zones
sensibles apparaît comme une stratégie efficace pour définir ensuite les obligations et des
calendriers réalistes hors zone sensible ? la stratégie hors zone sensible devant, elle, être
clarifiée ;
les moyens d?atteindre la neutralité énergétique et carbone ont la spécificité de présenter un
retour sur investissement. Dans un raisonnement à long terme ? et au moins à l?échéance de
la directive ?, ces investissements devraient conduire à alléger la charge du dispositif
d?assainissement pour les finances des collectivités locales. Sous réserve que leur capacité de
financement le leur permette, il y aurait donc intérêt à engager les audits et investissements
correspondants dès que possible. Néanmoins, les choix d?investissements correspondants
devront bien s?inscrire dans une stratégie globale prenant en compte tous les objectifs de la
directive : il n?y aurait pas de sens à les réaliser indépendamment des autres équipements à
prévoir. Dans certains cas, c?est même la question du choix du site qui devra être posée en
premier.
4.2.1.4 Mettre les soutiens en adéquation avec la stratégie retenue
La politique de soutien, à préparer dès les XIIIèmes programmes des agences de l?eau, devra être
mise en adéquation avec les ambitions de la DERU2. Ceci constituera une rupture par rapport aux
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programmes précédents, pour lesquels l?assainissement, considéré peu ou prou comme une mise
en conformité résiduelle à la DERU, n?était plus considéré comme prioritaire. Si ces choix relèvent
des différents bassins, ils s?inscrivent dans des lignes directrices nationales. Une telle rupture devra
être annoncée puis anticipée dès la révision à mi-parcours des XIIèmes programmes. L?augmenta-
tion des soutiens, sauf arbitrage important sur d?autres, se traduira par une augmentation du prix
de l?eau.
Au-delà du relèvement global du niveau d?aides, indispensable pour revenir à un niveau
comparable à celui qu?il était au début de la mise en oeuvre de la DERU1, plusieurs critères
devraient être pris en compte :
? la DERU2 donne une visibilité sur vingt ans, soit une période qui couvre les XIIIèmes, XIVèmes et
XVèmes programmes : l?évaluation globale des coûts, affinée avec les parties prenantes, doit
permettre d?estimer les besoins sur ces trois exercices ;
? l?atteinte du bon état des masses d?eau ou d?un autre enjeu écologique est un critère transversal
à retenir pour l?ensemble du dispositif de soutien ;
? la prise en compte des programmations des collectivités est un deuxième critère transversal ;
? les niveaux de soutien pourraient être modulés en fonction de la typologie des coûts unitaires.
Dans l?absolu, la logique de ces soutiens pourrait être variable en début et en fin de calendrier,
avec une aide plus importante au début. C?est un des enjeux de la définition de trajectoires de
référence pour chaque objectif, qui suppose une connaissance fiable ex ante des PPI : un bonus
pourrait être accordé à des investissements venant en surplus de la trajectoire de référence ou
préalable à la généralisation d?obligations réglementaires. Ce type de dispositifs reviendrait ainsi à
encourager les maitres d?ouvrages qui faciliteront l?atteinte des objectifs globaux et réduiront
indirectement le coût pour celles qui seront le plus en difficulté. Reprenant certaines analyses de
la partie II, la mission recommande, sans viser l?exhaustivité, de bonifier par exemple les travaux
précurseurs pour la conception des PGI, voire l?accompagnement des économies d?énergie et de
la valorisation de la chaleur fatale par le Fond Chaleur, ?
Une telle approche n?est pas transposable pour l?azote et le phosphore en zone sensible, dès lors
que 20 % des agglomérations la respectent déjà. Un échéancier en biseau pourrait être affiché
pour le respect par les autres agglomérations des nouvelles valeurs limites pour l?azote et le phos-
phore en zone sensible : là où des travaux seraient nécessaires, les investissements correspon-
dants mériteraient d?être soutenus.
La reprise dans le droit français des obligations concernant les petites agglomérations pourrait
s?accompagner d?un soutien aux études permettant d?objectiver l?arbitrage entre assainissement
individuel et assainissement collectif tenant compte de ces obligations nouvelles ? tout particuliè-
rement en termes de suivi, de contrôle et de rapportage. Ces études permettront à la fois d?apporter
à la Commission européenne les éléments de démonstration requis, ainsi que de définir les
moyens à mettre en oeuvre pour assurer le suivi correspondant. En particulier, la programmation
du SIAAP devrait être envisagée en intégrant des bonifications cohérentes.
(Gouvernement, DEB, agences de l?eau) Affecter un budget significatif
en soutien à l?assainissement, appuyé sur une augmentation du prix de l?eau. L?adapter à
chaque bassin, dans une stratégie sur trois programmes. Favoriser l?amélioration de l?état
écologique des milieux, tenir compte de la programmation des collectivités, encourager les
mises en oeuvre rapide des investissements et actions qui peuvent l?être.
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4.2.2 Déclinaison du programme national par bassin
Dans le cadre des grandes lignes définies au niveau national, et en cohérence avec l?approche de
la DCE et au regard des situations initiales très différentes, chaque bassin produira, dans un
calendrier à préciser, un état des lieux et une analyse de ses points forts et ses points faibles au
regard des objectifs de la directive. L?établissement du premier programme national pour 2027
requiert probablement une première itération à partir de fin 2026, délai nécessaire pour que les
collectivités nouvellement élues puissent élaborer leur première PPI. Ce constat devra être partagé
dans chaque bassin.
L?assemblage de tous ces diagnostics permettra de conforter les orientations communes, en
particulier pour la définition des zonages, mais aussi d?engager l?élaboration d?une programmation
au sein de chaque bassin. La mission suggère que deux critères structurent les analyses et les
orientations proposées : les gains pour la DCE, la réduction des coûts globaux à l?échelle de
chaque bassin et à l?échelle nationale.
4.2.2.1 Adapter les structures et les processus existants
Une première étape de l?élaboration d?un état des lieux et d?une stratégie dans chaque bassin doit,
comme au niveau national, être partagée, donnant le même signal de volonté d?associer l?ensemble
des parties concernées, en tenant pleinement compte des programmes des collectivités (pour les
STEU comme pour la gestion du temps de pluie) et de leurs contraintes.
Les industries pharmaceutiques et cosmétiques vont devenir des contributeurs importants à la
réduction des rejets de micropolluants. Ils devront être représentés au Conseil national de l?eau et
dans tous les Comités de bassin au sein des collèges socio-professionnels par le biais de l?éco-
organisme. Les équipements de traitement quaternaire sont encore peu connus en France :
chaque agglomération concernée fera un choix adapté à son installation. Comme dans les éco-
organismes mis en place dans le secteur des déchets, les travaux de préfiguration, de cahier des
charges et d?agrément définiront le cadre de discussion entre les collectivités compétentes et les
industriels financeurs. Le point clé à ce stade est la mobilisation de la stratégie de bassin et de la
connaissance que les agences ont du parc pour optimiser la mise en place du traitement
quaternaire et en réduire les coûts.
Les soutiens apportés par la REP, en investissement mais aussi en fonctionnement, vont
représenter un volume important par rapport au total des programmes des agences de l?eau : il est
aussi stratégique pour les agences que pour les financeurs de privilégier une approche intégrée
des systèmes d?assainissement. Quelques points de vigilance ont été identifiés :
les interfaces entre éco-organisme et collectivités pour que la REP couvre 80% des coûts
d?investissement et de fonctionnement, sans prise en charge du tertiaire, vont demander une
comptabilité fine qui doit être anticipée ;
la représentation de l?éco-organisme au comité de bassin ne sera pas suffisante pour permettre
un regard technique sur les dépenses engagées ? une convention spécifique sera nécessaire
entre l?éco-organisme et chaque agence ;
la REP couvre le fonctionnement de l?éco-organisme : les modalités de soutien aux agences
pour l?instruction technique et le versement des soutiens devront être examinés.
4.2.2.2 Établir une programmation adaptée à chaque bassin
La méthode conduite par la mission la conduit à recommander d?aborder de façon distincte les
différentes STEU et agglomérations :
? les obligations qui concernent toutes celles de plus de 150 000 EH sont connues. Il importe que
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chaque bassin dispose d?une première projection de la façon dont ces agglomérations prévoient
leur conformité à la DERU2. Il pourrait leur être demandé de faire leur première proposition d?ici
à la fin 2025. Une fois leurs propositions consolidées, dans chaque bassin puis au niveau
national, pourra être élaboré un état des risques de blocage et des marges de manoeuvre pour
l?ensemble de ce parc. Le programme de chaque bassin, et par remontées, le programme
national, devront reposer sur une première programmation de ces agglomérations, représentant
à elles-seules 53 % des EH ;
? les obligations concernant les STEU de taille inférieure (entre 10 000 et 50 000 EH, entre 50 000
et 100 000 EH entre 100 000 EH et 150 000 EH) ne seront au mieux connues que fin 2027. Les
bassins auront donc intérêt à distinguer, chacun pour ce qui les concerne, de premières
obligations « sans regret » - au moins celles relatives aux rejets d?azote et de phosphore en
zone sensible à l?eutrophisation et à l?équipement en méthaniseurs au-dessus d?un premier seuil
qui pourrait être 50 000 EH ? des autres obligations liées à des enjeux liés au milieu : PGI,
azote/phosphore hors zone sensible, micropolluants, etc.
Pour les premières obligations, c?est au niveau de chaque bassin qu?un inventaire des difficultés
spécifiques à chaque agglomération a vocation à être conduit, permettant de dégager une
estimation affinée du respect des objectifs nationaux aux différentes échéances. Cet inventaire
pourra également conduire à définir des politiques différenciées dans chaque bassin tenant
compte de l?âge du parc de STEU ou des caractéristiques des systèmes de collecte, et des
enjeux du milieu.
L?analyse et la programmation pourront être complétées, une fois fixés les listes et zonages
prévus. Une nouvelle étape, similaire à la précédente, permettra de compléter les obligations
des STEU comprises entre 10 000 et 150 000 EH, réaliser une consolidation plus fine à l?échelle
de chaque bassin, puis au niveau national, permettant d?identifier les écarts les plus significatifs
et, le cas échéant, les principaux risques de non-respect de la DERU2.
Sur la base de cet exercice, il sera possible d?adapter les mesures à mi-parcours des XIIèmes
programmes puis des XIIIèmes programmes des agences de l?eau aux spécificités de chaque bassin,
dans les grandes lignes définies au niveau national : ordre de priorité, contribution du bassin à
l?effort national, ambition à atteindre, anticipation des difficultés?
4.2.2.3 Les Régions ultra périphériques
La DERU2 s?applique aux régions ultra-périphériques (RUP) françaises80. L?assainissement y est
perçu comme une question prioritaire, au moins autant que l?accès à l?eau potable : c?est le
message qu?envoie le choix de ne pas avoir demandé de dérogation lors de l?élaboration de la
DERU2, alors même que la mise en oeuvre de la DERU présente encore des difficultés. Celles-ci
tiennent notamment à l?absence fréquente de filière pour la gestion des boues, à des carences des
réseaux de collecte (taux de raccordement faible, beaucoup d?eaux claires parasites), à des
défaillances dans l?auto-surveillance, des problèmes d?exploitation, ou encore un manque de
maintenance. Cet état des lieux, du point de vue de différents interlocuteurs de la mission, pose
question au regard des nouveaux objectifs, comme le traitement quaternaire, qui présente une
forte technicité.
Les dispositions de la DERU2 qui abaissent le seuil du suivi de l?assainissement en dessous de
2 000 EH induiront une augmentation du nombre de stations suivies, et un regard plus complet sur
des installations présentant potentiellement des défaillances en nombre important.
À la différence de la métropole où 80 à 90 % des habitations sont raccordées à l?assainissement
collectif, ce taux est inférieur à 50 % (en général) dans les Outre-mer. Or, en ordres de grandeur,
90 % des installations d?assainissement autonome sont non-conformes en Martinique, 85 % en
80 Saint-Martin et Saint-Pierre-et-Miquelon ne relèvent pas du champ de la DERU.
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Guadeloupe, 85 % et 95 % en Guyane81 : l?assainissement non collectif apparaît comme un enjeu
fort. Son maintien ou son développement requerraient des SPANC structurés, alors que le
relèvement des exigences pourrait au contraire le faire reculer, demandant alors une vigilance forte
sur le raccordement effectif des quartiers basculant sur de l?assainissement collectif. Des solutions
intermédiaires de type semi-collectif présentent un intérêt, mais posent la question de leur gestion
par des copropriétés au-delà de leur seule installation. Les programmes d?interventions actuels ne
permettent pas de soutien, si ce n?est pour les études de zonage.
Concernant l?assainissement collectif, les STEU les plus importantes sont, pour la plupart, des
installations à boues activées, sans traitement spécifique du phosphore et de l?azote. Les solutions
fondées sur la nature, qui sont en développement y compris pour des installations de taille de plus
en plus conséquente, présentent un intérêt en matière de suivi et d?entretien, relativement faible
sur ce type de structure, mais ne permettront sans doute pas de répondre aux objectifs de la
DERU2. La STEU du Prado à Saint-Denis de La Réunion, de 170 000 EH, devrait, dans le cadre
de la DERU2, mettre en place un traitement tertiaire (au sens de la directive).
D?après les échanges menés par la mission, le surcoût dans les RUP est de 50 à 100 % sur une
station complète par rapport à l?hexagone, en raison de la distance, d?un contexte de concurrence
limitée, de problématiques spécifiques liées au climat (comme la question des émanations de
sulfure d?hydrogène, liée à la température et au temps de pré-traitement, ou encore à une capacité
d?épandage limitée). La prise en compte du temps de pluie présente aussi des spécificités dans
des territoires soumis au risque cyclonique.
Pour les installations les plus importantes, des interlocuteurs de la mission estiment que la mise
en place d?unités de traitement conformes sur la charge organique en DBO et de traitement des
boues et des matières de vidanges appuyés sur des solutions robustes et compatibles avec des
surcharges hydrauliques sont une priorité avant d?envisager un traitement quaternaire. S?agissant
de ce dernier, il pourrait toutefois y avoir des zones à enjeux pour les micropolluants dans les
Outre-mer. Le dispositif de REP devra intégrer les spécificités ultra-marines dès sa mise en place
(en particulier dans l?évaluation des coûts et des soutiens).
Enfin, l?atteinte de l?objectif de neutralité énergétique peut conduire à diminuer au maximum les
temps d?aération des STEU, aux dépens des performances du traitement et de l?impact des rejets
(rejets chargés en ammoniac, élément toxique pour la faune aquatique).
L?impact sur le prix l?eau accroît la sensibilité de ce sujet dans ces territoires, même s?il peut
sembler y avoir plus de marge à La Réunion.
Un schéma de gouvernance de l?eau spécifique
Les offices de l?eau, dans les territoires concernés par la DERU2, perçoivent des recettes de redevances,
mobilisées pour mettre en oeuvre et assurer le suivi de la Directive cadre sur l?eau et apporter un appui aux
collectivités pour les projets d?eau potable et assainissement. Pour pallier un déséquilibre structurel, le mécanisme
interbassin de solidarité, géré par l?OFB, est abondé par les agences métropolitaines à hauteur de 20 M¤ par an.
Ce soutien a été renforcé de 15 M¤ en 2024 et de 35 M¤ en 2025 : il sera de 55 M¤ de 2025 à 2027. En outre, un
tour de table des financeurs est organisé dans les différents territoires, qui associe également l?AFD, la Banque
des territoires et des fonds européens.
La doctrine, fixée dans le plan EauDom, est de mobiliser autant que possible le FEDER, sur de grosses opérations.
370 M¤ ont été débloqués en 2024. La consommation effective dépend des autorités de gestion et de leurs
procédures internes ; le suivi, y compris pour les co-financeurs, reste difficile. Ce peut être un frein à l?usage de
FEDER, mais la Réunion donne un exemple d?ingénierie financière efficace.
Le dernier programme d?intervention priorise la mise aux normes des installations visées par un contentieux
européen. L?intervention financière est bonifiée (passage de 40 % à 60 % de cofinancement OFB) sous certaines
conditions.
81 Rapport du CESE, 2022, La gestion de l?eau et de l?assainissement dans les Outre-mer, 109 p.
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Le suivi et le rapportage de la DERU sont pilotés par les DEAL. L?OFB est présente sur le terrain et mobilisée via
ses interventions financières. Un renforcement récent de l?OFB permet désormais de mieux accompagner les
porteurs sur les projets prioritaires. Les interfaces entre DEAL et OFB pourraient être renforcées (par exemple par
un accès à Roseau pour l?OFB).
Le plan interministériel Eau Dom, mis en place en 2016, a trouvé son application à partir de 2019-20 dans une
démarche de contractualisation, mobilisant des volets financiers, ressources humaines et ingénierie. La grande
majorité des investissements réalisés concerne cependant l?eau potable. La DEB appuie le renforcement des ETP
dans les collectivités à hauteur de 1 M¤/an, inscrits au plan Eau national. De plus, l?AFD finance également des
postes dans les collectivités.
L?augmentation des moyens, utile et saluée, n?apparaît pas, en pratique, un levier suffisant pour des améliorations
sensibles, en raison, notamment, de la difficulté à porter des projets complexes, ou encore de la tension sur tous
les métiers, à commencer par les bureaux d?étude82.
Les enjeux de mise en oeuvre sont différenciés d?un territoire à l?autre, La Réunion apparaissant,
en particulier, comme présentant des situations comparables à des agglomérations de métropole,
et la Guadeloupe plus complexe.
La Guadeloupe s?appuie sur un syndicat mixte unique, le SMGEAG (Syndicat mixte de gestion de
l'eau et de l'assainissement de Guadeloupe), ce qui pourrait être un atout, syndicat qui intervient
essentiellement en régie. Pour autant, la majeure partie des 18 agglomérations dont la capacité
nominale est supérieure ou égale à 2 000 EH présentent des non-conformités 83 , avec une
tendance à la détérioration. Capesterre Belle Eau84 est une nouvelle STEU qui date de 2013 et qui
n?a jamais fonctionné. De manière générale, les calendriers des travaux prévus, très longs, ont
conduit à revoir les pratiques de financement (10 % à la signature et 10 % à l?ordre de service)
pour éviter des demandes de remboursement ; le soutien au fonctionnement a été réduit pour
mieux se rapprocher des coûts. S?il n?y a pas de contrat de progrès à cinq ans, un SDA est en
cours.
En octobre 2023, l'État, le Conseil régional, le Conseil départemental et le SMGEAG ont présenté
un nouveau plan d'action pour l'eau et l'assainissement, élaboré sur une période de 4 ans (2024-
2027), avec un financement de 317 millions d'euros.
En Martinique, sur 108 STEU, 48 sont conformes en performance, certaines sont « non
conformes » par défaut, par manque de données. L?ANC est identifié comme un enjeu du SDAGE
2022-2027. En effet, environ 90 % des installations d?ANC seraient non conformes selon les
diagnostics de l'existant effectués par les SPANC.
Si à La Réunion, la situation paraît plus favorable avec un parc d?ouvrages relativement récent
(14 ouvrages ayant moins de 10 ans, soit 98,6 % de la capacité épuratoire), deux ouvrages, Cilaos
et Entre-Deux (plus de 20 ans), nécessitent une réhabilitation.
82 Le rapport IGEDD-IGA indique : « L?un des premiers constats de la mission est que l?explication des difficultés
par l?insuffisance des financements n?est pas exacte. Entre les crédits européens, ceux de l?AFD, ceux de
l?Office français de la biodiversité (OFB) et ceux du MOM, des financements importants sont susceptibles d?être
mobilisés pour financer les investissements nécessaires. A cela s?ajoutent les crédits du plan de relance : 50
M¤ consacrés au plan Eau DOM. »
83 Le même rapport illustre : « Or, 67 % ne sont pas conformes à la réglementation ce qui représente 77 % de la
charge entrante. Pourtant leur âge moyen n?est que de treize ans (?) Certaines sont plus particulièrement
sinistrées. Ainsi, cinq grandes stations d?épuration ont été récemment installées : Petit-Bourg (2014, pour
environ 10 000 habitants) ; Goyave (2017, pour 8 000 habitants) ; Gosier (15 000 habitants), Sainte-Anne (12
000 habitants) et Saint- François (15 000 habitants) dans les années 2010 et 2012. Le constat est aujourd?hui
accablant. Ces STEP sont largement hors d?usage, faute d?entretien, de personnel qualifié pour les faire
fonctionner, ou de crédits de fonctionnement pour le renouvellement des équipements (pompes). »
84 Internet : « une station d'épuration inaugurée en 2013, pour un coût de plus de 15 millions d'euros,
subventionnée par l'Union Européenne, est à l'arrêt depuis plusieurs années. Elle fait l'objet d'un contentieux
européen pour ses dysfonctionnements, et n'est pas la seule en Guadeloupe. »
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En Guyane, seize communes n?ont pas transféré la compétence à ce jour. La STEU de Saint-
Laurent-du-Maroni illustre la difficulté de faire fonctionner des installations techniques, avec des
malfaçons sur le système de dépotage.
Les Outre-mer devront être pris en compte dans le programme national de mise en oeuvre de la
DERU2. Certaines installations, de La Réunion par exemple, pourraient contribuer à l?atteinte des
premiers objectifs. La déclinaison par bassin présentera des spécificités, à porter à l?échelle
nationale ou dans chaque bassin.
À l?échelle nationale :
? bien intégrer des spécificités des outre-mer dans le lexique national (« temps sec » /« temps
de pluie », zonages, vents/cyclones, etc.) ;
? renforcer les interfaces entre les acteurs, à commencer par les DEAL et l?OFB ;
? fixer un cadre pour mener des études approfondies sur quelques points clés, dans l?esprit de
la DERU2, en vue d?adapter les objectifs au contexte des outre-mer ? par exemple, sur le
temps de pluie, le développement des raccordements, l?évaluation coûts-bénéfice du
maintien de l?ANC pour le pousser autant que possible? Le cas échéant, des discussions
sur les résultats et les suites à donner pourraient être engagées avec la Commission pour
valider une mise en oeuvre pragmatique et adaptée de la DERU2 ;
? apporter un appui aux SPANC pour leur permettre de réaliser leur mission de contrôle
(comme cela a pu être fait au démarrage des SPANC en métropole), obligation de moyens
désormais requise par la DERU2 ;
Dans les bassins :
? sensibiliser les EPCI ultramarins que l'ANC ne peut pas être négligé du fait de la DERU2 et
s'assurer que la mise à niveau des ANC est suffisante pour répondre aux objectifs de la
DERU2. En effet, la directive prévoit que les États membres qui utilisent des systèmes
individuels pour collecter et/ou traiter plus de 2 % de la charge des eaux résiduaires urbaines
au niveau national provenant des agglomérations égales ou supérieures à 2 000 EH
fournissent à la Commission une justification de l'utilisation de systèmes individuels. Cette
situation se rencontrera quasiment partout en RUP et donc il va falloir travailler sur ce point ;
? mettre l?accent et continuer à promouvoir les dispositifs les plus adaptés aux contextes, par
exemple des traitements de type SFN (filtres plantés de végétaux?) plus faciles
d?exploitation et d?entretien que les filières de types boues activées pour les communes de
petite ou moyenne taille ; mettre tous les moyens disponibles au service de solutions
durables pour le traitement et la valorisation des boues d?épuration ;
? préciser, pour les RUP, le cadre d?élaboration, de validation et de portage de la stratégie
assainissement de chaque bassin : préciser le rôle des instances de bassin et des comités
de financement du plan EauDom. En effet, comme dans l?hexagone, il est indispensable
d?identifier pour chaque bassin, l?instance de gouvernance adaptée qui rassemble les
représentants des collectivités compétentes mais également de l?éco-organisme mis en
place pour le traitement des micropolluant, et de veiller au cadre des conventions techniques
et financières avec l?éco-organisme, en bonne articulation avec le plan EauDom ;
? renforcer, dans la suite des actions déjà engagées, les partenariats avec les écoles
d?ingénieurs et de techniciens et les formations pour sécuriser et stabiliser les compétences
nécessaires à la mise en oeuvre de l?assainissement par des viviers dans les territoires
concernés.
Pour ce qui concerne Mayotte, deux considérants de la directive prévoient des motifs de dérogation,
en premier lieu en lien avec la topographie et le caractère insulaire, ainsi qu?au caractère récent
(2014) du statut de région ultrapériphérique, conduisant pour ce dernier motif à autoriser le report
de l?abaissement du seuil des agglomérations à prendre en compte (article 32 de la directive).
Mayotte devra donc être intégré à la programmation nationale, selon des modalités qui pourront
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tenir compte de ces spécificités.
Une organisation renforcée et adaptée de l?État et de ses
opérateurs
La tension moindre sur la DERU a conduit à un « étiage sévère » des compétences en
assainissement dans les services de l?État et de ses opérateurs, les équipes en place étant en
outre focalisées sur la conformité des STEU à la DERU, là où la DERU2 élargit notablement le
spectre des thèmes à traiter. Compte tenu des priorités identifiées, principalement d?ici à 2030 (et
même d?ici à 2027 au niveau national), il est impératif, y compris dans le contexte actuel tendu, de
renforcer les effectifs consacrés à cette première étape, au sein de la direction de l?eau et de la
biodiversité au moins pour les trois prochaines années (chef de projet, participation active aux
travaux de la Commission européenne, pilotage de la mise en place des systèmes d?information),
ainsi que dans les DREAL de bassin et les agences de l?eau, puis de préserver les moyens et les
compétences nécessaires, et de prévoir des formations ad hoc pour les services déconcentrés
(services de police de l?eau).
4.3.1 Renforcer les services en charge, à commencer par la police de
l?eau
L?ensemble des contributions soulignent le besoin de renfort et le documentent. La contribution du
bassin Rhône-Méditerranée, précise et complète, évalue en moyenne à 1,8 ETPT les effectifs
disponibles en moyenne dans chaque DDT(M) (0,3 en catégorie A, 1,5 en catégorie B). Les
estimations d?autres bassins sont même inférieures.
La même contribution évalue à 0,5 ETPT le besoin spécifiquement lié à la mise en oeuvre de la
directive ERU2. Ceci est cohérent avec les estimations d?autres bassins : dans des départements
où les moyens sont au plus bas (0,5 ETPT), il a été indiqué à la mission qu?un doublement de ces
moyens était nécessaire. Il convient d?ajouter à ces effectifs de base, ceux des services de police
de l?eau en DREAL.
Une hypothèse médiane (2 ETPT dans les départements de plus d?1 million d?habitants, 1,5 ETPT
dans les départements entre 500 000 et 1 million d?habitants, 0,8 ETPT dans les départements de
moins de 500 000 habitants) conduit à un effectif actuel de 130 ETPT et à un besoin pour la
directive ERU2 de l?ordre de 50 ETPT, à programmer progressivement d?ici 2028 et à maintenir
dans la durée.
Pour les DREAL de bassin, le besoin est estimé à au moins 1 ETPT supplémentaire par DREAL et
quelques fractions d?ETPT pour les autres DREAL. Des renforts pour les agences de l?eau, qui
n?ont pas pu être évalués, devront également être prévus, au-delà de ceux soutenus par la REP
pour accompagner le traitement quaternaire.
La demande de renfort au sein des services de l?Etat et des agences de l?eau émane aussi des
associations de collectivités, qui soulignent l?accompagnement qui sera nécessaire de leur part.
4.3.2 Élaborer une feuille de route pour les principaux opérateurs
Plusieurs opérateurs apportent leur appui à la DEB, aux services déconcentrés, voire aux
collectivités dans la mise en oeuvre de la politique d?assainissement. La mobilisation que va
nécessiter la DERU2 justifie de se doter d?une feuille de route pluriannuelle et partagée, qui donne
une lisibilité à ce qui est attendu de chacun, identifie les articulations efficaces et motive des
augmentations des subventions. La DERU2 va demander une implication accrue de tous les
acteurs, y compris les opérateurs de l?État.
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- L?Inrae, en tant que centre de recherche, apporte son appui à la mise en oeuvre de la DERU1,
sur des dossiers qui requièrent une expertise poussée, à la demande de la DEB ou de collectivités,
en veillant à l?absence de conflit d?intérêt, pour une enveloppe d?environ 1 500 000 ¤ par an.
L?institut a notamment apporté un soutien à la DEB pour la mise en conformité de stations non
conformes (cinq à six par an). Cette mobilisation se fait sur la base de sollicitations des services
de police de l?eau et les sites sont retenus au regard du besoin de recherche. Ce travail peut aussi
comporter une partie médiation. Un bilan est fait un an après la phase d?analyse et de conseil. Ce
soutien est apprécié des services déconcentrés rencontrés, qui sont demandeurs de le renforcer,
et des collectivités. Les équipes de l?Inrae compétentes en assainissement, reconnues, couvrent
de nombreux champs de la DERU2, eaux pluviales, azote-phosphore, traitement des
micropolluants, mais restent limitées à quelques personnes. Or, il y aura un important besoin de
modélisations, d?élaborations de doctrines et de guides pour faire évoluer les systèmes
d?assainissement de façon globale. Le contexte de la DERU2 mérite d?envisager, comme le prévoit
le contrat d?objectifs, de moyens et de performance 2022-2026 entre l?État et l?Inrae, l?organisation
d?actions renforcées et structurées dans le cadre d?un « dispositif pérenne d?appui aux politiques
publiques » (DPAPP)85.
- L?OFB pilote l?observatoire national des services d?eau et d?assainissement, en s?appuyant sur la
base de données SISPEA et contribue à la préparation du rapportage européen. Dans les Outre-
mer, en l?absence d?agences de l?eau, l?OFB apporte l?aide aux politiques de l?eau, et notamment à
l?assainissement, ce qui lui confère des compétences, en particulier dans ces territoires. Le rôle de
l?OFB dans l?évolution profonde des systèmes d?information est notamment à préciser.
- Au Cerema, le sujet de l?eau prend une place croissante dans le contexte de la transformation de
l?établissement et notamment de la contractualisation engagée avec des collectivités. Pour autant,
les équipes restent en nombre limité, et l?approche essentiellement territoriale, plutôt mobilisable
pour l?amélioration de la gestion du temps de pluie que sur les installations industrielles. Les
programmes de travail sont discutés chaque année avec la DEB. Dans le contexte de la DERU2,
une visibilité pluri-annuelle accrue permettrait une meilleure structuration des travaux.
Enfin, d?autres opérateurs de l?État pourraient apporter des contributions utiles pour la mise en
oeuvre de la DERU2, à commencer par l?Ineris, l?Anses, et tout particulièrement l?Ademe pour la
préfiguration de la filière REP.
La mission recommande que le programme national de mise en oeuvre comporte une feuille
de route pluriannuelle pour les opérateurs de l?État concernés leur donnant une visibilité à
moyen terme, en particulier pour l?Inrae, fixant à chacun des objectifs concrets et explicitant
les articulations entre eux, ainsi qu?avec les agences de l?eau. Une telle structuration pourra
également être valorisée dans les échanges avec des associations très impliquées et utiles aux
travaux comme l?ASTEE ou la FNCCR.
85 Action 2.3 - Consolider l?appui aux politiques publiques auprès des ministères : « Les dispositifs pérennes
d?appui aux politiques publiques (DPAPP) sont copilotés par les ministères concernés et INRAE. Ils représentent
un appui dédié, dans la durée, à la mise en oeuvre de politiques publiques priorisées par les ministères dans
leur partenariat avec INRAE tout en constituant des atouts pour la production de connaissances et la stratégie
scientifique de l?Institut, par les données acquises sur le long terme et les questions que ces dispositifs font
émerger. »
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Doter les services de police de l?eau de 50 ETPT supplémentaires d?ici
2028 inclus, renforcer également les DREAL de bassin et les agences de l?eau et établir et
financer une feuille de route pluriannuelle pour les opérateurs de l?État, définissant leurs
objectifs spécifiques et leurs articulations entre eux
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Conclusion
En première approche, ne serait-ce que par sa dénomination, la DERU2 semble n?être qu?une
continuité de la DERU : une directive de moyens, avec des objectifs mis à jour, ce alors que la
France est en contentieux européen persistant pour des non-conformités au regard de la DERU.
Elle présente en fait de fortes ambitions supplémentaires et une approche nouvelle, très
intégratrice et transversale. Une lecture approfondie, pour dégager des priorités pour sa mise en
oeuvre, fait ressortir à quel point la plupart de ces ambitions sont liées entre elles ; un exemple
emblématique est l?exigence concomitante de traitements des eaux usées plus poussés,
consommateurs d?énergie, et d?effort de neutralité énergétique, même si c?est à l?échelle de
l?ensemble du parc.
La DERU2 présente une complexité forte, découlant sans doute des étapes d?élaboration : les
obligations incombent à trois types d?acteurs, les agglomérations d?assainissement, les STEU
définies en charge, les STEU définies en nominal. Les échéances sont multiples : parfois trois
étapes, parfois quatre, à des dates différentes selon les items, et même à des horizons différents.
Si la plupart des objectifs sont à atteindre en totalité en 2045, il en est qui doivent être obtenus en
2039. L?évaluation de coûts faite par la Commission, déjà empreinte de nombreuses incertitudes,
repose in fine, repose sur un périmètre différent de celui qui a été retenu, le seuil des plus grosses
STEU, passant de plus de 100 000 à plus de 150 000 EH. Les derniers ajustements, dans une
recherche de meilleur équilibre entre les coûts et les bénéfices, ont en effet conduit à restreindre
le périmètre initialement proposé.
Le premier travail d?estimation des bénéfices et coûts de la mise en oeuvre de la DERU2 en France
ne peut faire ressortir que des ordres de grandeur, à prendre avec la plus grande prudence : il
permet surtout de formuler et structurer de nombreuses questions, techniques, organisationnelles
et financières. Pour que la transposition et la mise en oeuvre de la directive soient efficaces, elles
devront être traitées dans un cadre et un échéancier partagé, avec un portage politique fort et des
moyens adaptés, tant humains que budgétaires.
La DERU2 apparaît comme une opportunité pour mobiliser de nombreux acteurs, au-delà du strict
secteur de l?assainissement, et rétablir un lien entre une directive de moyens et les objectifs de
résultats des directives cadres. L?optimisation économique et environnementale de sa mise en
oeuvre reposera sur une programmation à la main de chaque État membre. L?adhésion de tous, et
en premier lieu des collectivités, supposera une stratégie d?ensemble au niveau national, orientant
et coordonnant les stratégies des grands bassins hydrographiques, et, au niveau de chaque
agglomération, l?intégration d?objectifs techniquement très diversifiés dans des stratégies globales
d?assainissement alliant politiques d?urbanisme, renouvellement du patrimoine et investissements
dans de nouveaux outils de traitement ou de production d?énergies renouvelables. Un portage
politique fort et des coopérations sont indispensables.
Les acteurs rencontrés par la mission, associations, fédérations, syndicats de collectivités locales
ou de filières industrielles, agences de l?eau et services déconcentrés, ont, chacun selon leurs
intérêts et leurs moyens, commencé à s?approprier et approfondir le texte. Ils ont été constructifs
et demandeurs dans les échanges et sont en attente d?une mise en oeuvre guidée par une stratégie.
Des éléments pour un travail partenarial en ce sens dans un cadre de confiance sont posés.
Bastien Sayen
Philippe Ledenvic
Laure Tourjansky
Inspecteur général adjoint Inspecteur général Inspectrice générale
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Annexes
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Annexe 1. Lettre de mission
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Annexe 2. Liste des personnes rencontrées
Administration centrale
Direction de l?eau et de la biodiversité (DEB)
? Célia DE LAVERGNE, directrice
? Marie-Laure METAYER, directrice adjointe
? Isabelle KAMIL, sous-directrice eau et ressources minérales (EARM)
? Damien LAMOTTE, sous-directeur coordination, appui, stratégie et pilotage des
politiques de protection des écosystèmes
? Najib MAHFOUDHI, coordonnateur interministériel du plan eau-dom
? Véronique NICOLAS, cheffe du bureau EARM 4
? Christophe VENTURINI, adjoint au chef de bureau EARM 4
? Mehdi BOUCHEMAMMA, chargé de mission EARM 4
? Daniel DE PAULA, stagiaire
Direction générale de la prévention des risques (DGPR)
? Vincent COISSARD, sous-directeur des déchets et de l?économie circulaire
? Nadia HERBELOT, adjointe au sous-directeur des déchets et de l?économie circulaire
Direction générale de l?énergie et du climat (DGEC)
? Sophie DEHAYES, cheffe du pôle national des certificats d?économie d?énergie
Direction générale des collectivités locales (DGCL)
? Sarah GEORGE, adjointe à la sous-directrice des compétences et des institutions
locales
? Elise DASSONVILLE, adjointe à la cheffe de bureau des services publics locaux, sous-
direction des compétences et des institutions locales
Commissariat général au développement durable (CGDD)
? Olivier SIMON, sous-directeur de l'économie et de l'évaluation
? Marine FAVRE, adjointe au chef de bureau
? Julien HARDELIN, chef de bureau
Direction générale des entreprises (DGE)
? Marie-Laure WOLF, directrice de projet chimie, eau et biotechnologies
? Carla BRAGA, cheffe de projets plateformes industrielles, sous-direction de la chimie,
des matériaux et des éco-industries
? Elisa AMADIEU, cheffe de projets « biens de consommation et transition
environnementale des entreprises »
? Alice BOULEAU, chargée de mission financements des produits de santé
? Aurélien MAUPERON, chargée de mission souveraineté industrielle et décarbonation
des industries de santé
Direction générale de la santé (DGS)
? Isabelle ANGLADE, politique des produits de santé et qualité des pratiques des soins
? Laurence CATE, adjointe à la sous directrice de la prévention des risques liés à
l'environnement et à l'alimentation
? Noémie HERVE, juriste au bureau du médicament, politique des produits de santé et
qualité des pratiques des soins
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Mars 2025 Évaluation de la directive relative au traitement des eaux
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? Walid MOKNI, chef de l'unité surveillance et anticipation des risques
? Arila POCHET, chargée de mission
Direction générale des outre-mer (DGOM)
? Camille VIONNET, chargée de mission, bureau de l'écologie, du logement, du
développement et de l'aménagement durables, Sous-direction des politiques publiques
Commission européenne
? Michel SPONAR, adjoint au chef de l?unité C2 ? milieu marin et eaux propres
? Alberto PISTOCCHI, Joint research centre
Représentation permanente de la France auprès de l?Union européenne
? Nicolas ENCAUSSE, Conseiller environnement
Administrations déconcentrées
Directions régionales de l?environnement, de l?aménagement et du logement
DREAL Auvergne-Rhône-Alpes
? Élise REGNIER, directrice régionale adjointe
? Marie-Hélène GRAVIER, cheffe du service eau, hydroélectricité, nature
? Didier PITRAT, chef de pôle délégation de bassin
? Joseph GHOUL, pôle délégation de bassin
DREAL Centre-Val de Loire
? Hervé BRULE, directeur régional
? Christian FEUILLET, chef du département eau et bassin Loire-Bretagne
? Coline GARDE, cheffe de l?unité qualité des eaux et milieux aquatiques
DREAL Hauts-de-France
? Julien LABIT, directeur régional
? Florence CLERMONT-BROUILLET, directrice régionale adjointe
? Christophe RAOUL, chef du pôle planification et gestion de l?eau
? David MASSELOT, pôle planification et gestion de l?eau
DREAL Nouvelle-Aquitaine
? David GOUTX, directeur régional délégué
? Hélène CHANCEL-LESUEUR, directrice-adjointe
? Bénédicte GUERINEL, adjoint cheffe de service patrimoine naturel
? Claire CASTAGNEDE-IRAOLA, cheffe de département eau et ressources minérales
? Hervé TREHIN, adjoint à la cheffe de département eau et ressources minérales
DREAL Occitanie
? Rachel PUECHBERTY, directrice adjointe
Directions de l?environnement, de l?aménagement et du logement
? de Guadeloupe : Olivier KREMER, directeur
? de Guyane : Ivan MARTIN, directeur
? de Martinique : Stéphanie MATHEY, directrice
? de Mayotte : Jérôme JOSSERAND, directeur
? de La Réunion : Philippe GRAMMONT, directeur
PUBLIÉ
Mars 2025 Évaluation de la directive relative au traitement des eaux
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DRIEAT Ile-de-France (direction régionale et interdépartementale)
? Claire GRISEZ, directrice adjointe
? Thomas BOUYER, chef du service assainissement
? Michelle BROSSEAU, chef du département assainissement
? Florence CHEREAU, adjointe à la cheffe du département assainissement police de
l'eau
Directions départementales des territoires (et de la mer)
? Au titre du groupement des DDT ; Benoît DUFUMIER, directeur Côte d?Armor,
Sébastien FERRA, directeur Gard
Eure-et-Loir
? Loïc PERRE, service de la gestion des risques, de l?eau et de la biodiversité
? Valérie BESNARD, bureau eaux résiduaires urbaines et pluviales
? Maxence GWOREK, bureau eaux résiduaires urbaines et pluviales
Indre
? Charlotte JAQUET-MARTIN, service planification, risques, eau nature
? Laurent BANCHEREAU, unité eau
? Yann BOUGIO, unité eau
? Manuel CHRETIENNE, unité eau
Indre-et-Loire
? Christophe BLANCHARD, chef d?unité eau
du Loir-et-Cher
? Anne-Sophie HESSE, unité maîtrise des pollutions de l?eau
du Loiret
? Thomas CARRIERE, service urbanisme et aménagement durable des territoires
Établissements publics nationaux
Agence de l?environnement et de la maîtrise de l?énergie (ADEME)
? Patricia BLANC, directrice général déléguée
? Hervé LEFEBVRE, responsable du pôle trajectoires bas carbone
Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (INRAE)
? Jean-Marc CHOUBERT, directeur de l?unité de recherche REVERSAAL
? Sylvie GILLOT, directrice de recherche
? Pascal MOLLE, chercheur
? Éric MARTIN, chef de projet "environnement" à la direction de l'appui aux politiques
publiques
Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement
(CEREMA)
? Sébastien DUPRAY, directeur de la direction technique risques, eaux, mer
? Véronique MANICACCI, directrice adjointe du département risques eaux littoral
? Christine FERAY, responsable du secteur d?activité eau et gestion des milieux
aquatiques
? Bilel AFRIT, chef adjoint du groupe eaux et risques
PUBLIÉ
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Office français de la biodiversité (OFB)
? Olivier THIBAULT, directeur général
? François HISSEL, directeur « surveillance, évaluation, données »
? Bénédicte AUGEARD, chef du département « recherche développement innovation »
? Éric BREJOUX, chef du service « eaux et milieux aquatiques »
? Sophie PORTELA, cheffe de projet « services publics, eau et assainissement »
? Agnès CARLIER, cheffe de l'unité "intervention eau et biodiversité en Outre-mer »
? Pierre-François STAUB, chargé de mission pollution des écosystèmes et métrologie
Agences de l?EAU
Adour-Garonne
? Elodie GALKO, directrice générale
? Aude WITTEN, directrice générale adjointe
? Bernard JAYET, chef de service assainissement, pluvial et territoires
Artois-Picardie
? Isabelle MATYKOWSKI, directrice générale
? Hubert VERHAEGHE, chef du service de l?expertise, des écosystèmes et nouveaux
enjeux
? Didier MOSIO, expert assainissement
Loire-Bretagne
? Loic OBLED, directeur général
? Denis ROUSSET, directeur-adjoint de la politique des interventions, chef du service
collectivités et industries
Rhin-Meuse
? Xavier MORVAN, directeur général
? Christophe LEBLANC, directeur par intérim
? Nicolas VENANDET, Référent Assainissement - Eau et nature en ville
Rhône-Méditerranée-Corse
? Nicolas MOURLON, directeur général
? Nicolas CHANTEPY, directeur général adjoint
? Hélène MICHAUX, directrice du département des programmes et des interventions
? Anne SAINPOL, experte assainissement et eaux pluviales
Seine-Normandie
? Sandrine ROCARD, directrice générale
? Nathalie EVAIN-BOUSQUET, directrice du programme et des interventions
? Régis TEHET, chef du service industries, micropolluants, pluvial, assainissement et eau
potable
? Frédéric MULLER, direction territoriale Seine francilienne, investissements, projet
baignade
? Sandrine ROBERT, direction territoriale Seine francilienne, performance des ouvrages
et redevance, expertise de l?auto-surveillance
? Hosni DRIDI, direction du programme et des interventions, assainissement
? Cyrielle MUNSCH, réseaux et assainissement
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Mars 2025 Évaluation de la directive relative au traitement des eaux
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Associations représentant les collectivités locales
Association nationale des collectivités territoriales et de leurs partenaires pour la gestion de
l?énergie, des déchets, de l?eau et de l?assainissement, en faveur de la transition écologique et
de la protection du climat (AMORCE)
? Nicolas GARNIER, délégué général
? Baptiste JULIEN, responsable du pôle eau
? Jérémy DA PRATO, chargé de mission en traitement des eaux et en maîtrise de
l'énergie des services publics d'eau et d'assainissement
Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR)
? Régis TAISNE, directeur du département eau
? Franco NOVELLE, chargé de mission assainissement et GEMAPI
France urbaine
? Marie-Cécile GRAZIANI, chef du service prospective, Aix-Marseille-Provence
? Brice LE DISLOQUER, directeur eau et assainissement, Communauté Creusot-
Montceau
? Sébastien LAUNE, directeur eaux et réseaux, Dijon Métropole
? Claude VALENTIN, service eaux et réseaux, Dijon Métropole
? Mathieu BREVIERE, directeur cycle de l?eau, Communauté urbaine de Dunkerque
? Didier NECIOLLI, directeur adjoint cycle de l'eau, Grand Lyon,
? Elisabeth SIBEUD, cheffe du service pilotage assainissement et GEMAPI, Grand Lyon
? Olivier FULLY, directeur de l'eau et de l'assainissement, Grand Nancy
? Yannick VAN ES, directeur eau & assainissement, Métropole Européenne de Lille
? Benjamin PUECH, chef du service eau et assainissement, Le Mans Métropole
? Francis WEHRUNG, directeur adjoint de l?eau et de l?assainissement, Grand Nancy
? Philippe GILLES, directeur du cycle de l'eau, Nantes Métropole,
? Christine PUIZILLOUT-LIEPPE, cheffe du service développement, direction du cycle
de l?eau, Nantes Métropole
? Alexandre LECOMTE, directeur du cycle de l?eau, Communauté d?agglomération Pau
Béarn
? Ségolène CASTET, direction de l?eau et de l?assainissement, Communauté urbaine du
Grand Reims,
? Arnaud DELAHAYE, adjoint à la directrice générale adjointe « environnement, énergie,
eau, déchets, réseaux, Métropole Rouen-Normandie
? Geoffroy DUBOST, directeur « eau et risques environnementaux », Ville et
Eurométropole de Strasbourg
? Anne WILHEM, cheffe du service « eau et assainissement », Ville et Eurométropole de
Strasbourg
? Julien HENIQUE, directeur cycle de l?eau, Toulouse Métropole,
? Audrey AUZIERE, responsable du pôle gestion des services publics - direction du cycle
de l'eau - Toulouse Métropole
? Vincent ROCHER, directeur délégué innovation, stratégie, environnement, SIAAP
? Pascale SAJUS, directrice des études stratégiques et prospectives, SIAAP
? Miguel GILLON-RITZ, directeur adjoint des études stratégiques et prospectives, SIAAP
? Germain COMERRE, responsable de la mission réglementation, partenariats et
prospective, SIAAP
? Philippe ANGOTTI, France Urbaine, délégué adjoint en charge de la transition
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écologique, de l'urbanisme et responsable des ressources humaines
? Maëva FLEYTOUX, France Urbaine, chargée de mission « transition écologique »
Associations professionnelles
Association scientifique et technique pour l?eau et l?environnement (ASTEE)
? Muriel AURIOL, adjointe à la directrice générale
? Hubert DUPONT, président de la commission assainissement, directeur technique
adjoint de Suez France
Centre interprofessionnel technique d?études sur la pollution atmosphérique (CITEPA)
? Vincent MAZIN, ingénieur d?études
Comité stratégique de filière (CSF) Eau
? Laurent Viviani, directeur des affaires publiques, groupe CARSO
? Jean Pierre HANGOUET, directeur technique, Suez Eau France
? Patrick FAISQUES, directeur, Veolia, délégué permanent du comité stratégique de
filière Eau
Fédération des entreprises de la beauté (FEBEA)
? Marie AUDREN, directrice affaires publiques et communication
? Stéphanie LUMBERS, directrice développement durable
? Emmanuel Guichard, délégué général de la FEBEA
? Solène Flahault, directrice des affaires publiques de Cosmetics Europe
Fédération professionnelle des entreprises de l?eau
? Tristan MATHIEU, délégué général
? Laurent BRUNET, président de la commission scientifique et technique de la FP2E et
directeur technique de Suez
? Frédéric BLANCHET, membre de la commission scientifique et technique et de la
commission eau potable de la FP2E, vice-président estuaire de la Seine, Véolia
? Anne Dujardin, chargée de communication
G5 Santé
? Mazen ELZAABI, directeur des affaires publiques LFB
? Véronique BERGERON, responsable des politiques sociales SANOFI
Les entreprises du médicament (LEEM)
? Luc BESANCON, délégué général de NERES
? Pascal LE GUYADER, directeur général adjoint
? Fabrice MEILLIER, responsable des affaires publiques
? Sébastien TRINQUARD, directeur général du GEMME
Synteau
? Florent BOULIER, délégué général, Union des industriels de l?eau
? Patrick THEROND, directeur adjoint PMO, Suez
? Yvan TREAL, directeur coordination commerciale, Suez Ingénierie et Construction
? Pascal JOUAFFRE, directeur de l?ingénierie, Veolia Environnement
? Antoine LEGRAND, directeur commercial, Sources
? Philippe CARRIO, directeur du développement, Stereau, Président du Synteau
? Hajar EL RHAZOUANI, responsable des affaires techniques et réglementaires, Union
des industries de l?eau
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Syntec
? Khaled Al Fakir, délégué transition écologique et bâtiment, Syntec-ingénierie
? Frédéric Maurel, directeur général délégué, Setec
? Luc Girard, directeur de projets, BRL Ingénierie
? Xavier Humbel, directeur ingénierie centrale, IRH Ingénieur Conseil
? Emmanuel Cornut, directeur régional Île-de-France, Artelia Villes et Territoires
Collectivités locales
Régie des eaux de Montpellier méditerranée métropole
? Laurence BURGAUD, directrice déléguée aux opérations
? Arnaud VESTIER, directeur urbanisme prospective environnement
? Mylène BEGOS, direction du patrimoine
Régie des eaux Grenoble Alpes Métropole
? Nicolas PERRIN, directeur du département de l?eau
Syndicat interdépartemental pour l'assainissement de l'agglomération parisienne (SIAAP)
? Jérôme STERKERS, directeur de cabinet
? Sabrina GUERIN, directrice innovation
? Vincent ROCHER, directeur délégué innovation, stratégie, environnement
? Pascale SAJUS, directeur études stratégiques et prospectives
? Germain COMERRE, responsable de la mission réglementation, partenariats et
prospective
Métropole Nice côte d?Azur
? Hervé PAUL, Maire de Saint-Martin-du-Var, Vice-Président de la Métropole Nice-Côte
d?Azur, président d?Eau d?Azur
? Vincent PONZETTO, directeur général d?Eau d?Azur
? Olivier DAMOUR, directeur du projet Haliotis 2
Métropole de Lyon
? Anne GROSPERRIN, vice-présidente en charge de la préservation des milieux
aquatiques et de la ressource en eau
? Pierre COMMENVILLE, directeur du cycle de l?eau
? Ronan PHILIPPE, responsable unité qualité et niveau de service
? Elisabeth SIBEUD, cheffe de service, pilotage assainissement et GEMAPI
Métropole de Caen-la-mer
? Géraldine ROULAND, directrice du cycle de l?eau, directrice du syndicat Eau du bassin
caennais
Opérateurs industriels
Suez Eau France
? Jean Pierre HANGOUET, directeur technique
? Denis SNIDARO, directeur technique adjoint
? Vincent RODOLPHE, chef du département « expertises, contenus et influence
? Patrick THEROND, directeur Adjoint PMO
? Marguerite CHATELLIER, direction des Affaires Publiques
Veolia
? Stanislas POURADIER-DUTEIL, directeur technique Véolia France
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? Vincent CHEVALIER, directeur offres énergie et décarbonation
? Muriel CHAGNIOT, coordinatrice développement durable
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Annexe 3. Glossaire des sigles et acronymes
Acronyme Signification
ADEME
Agence de l?environnement et de la maîtrise de
l?énergie
AFD Agence française de développement
AMORCE
Association nationale des collectivités, des
associations et des entreprises pour la
gestion des déchets, de l?énergie et des
réseaux de chaleur
ANC Assainissement non collectif
ASTEE
Association scientifique et technique pour l?eau
et l?environnement
CGE Conseil général de l?économie
CJUE Cour de justice de l?Union européenne
CNE Conseil national de l?eau
CSF Comité stratégique de filière
DCE Directive cadre sur l?eau
DCSMM Directive cadre stratégique pour le milieu marin
DDT(M)
Direction départementale des territoires (et de la
mer)
DEB Direction de l?eau et de biodiversité
DERU
Directive 91/271/CEE, dite « eaux résiduaires
urbaines »
DERU2 Directive « eaux résiduaires urbaines » de 2024
DGALN
Direction générale de l?aménagement, du
logement et de la nature
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Acronyme Signification
DGCL Direction générale des collectivités locales
DGEC Direction générale de l?énergie et du climat
DGFIP Direction générale des finances publiques
DGPE
Direction générale de la performance
économique et environnementale des
entreprises, ministère de l?agriculture
DGPR Direction générale de la prévention des risques
DGS Direction générale de la santé
DGSCGC
Direction générale de la sécurité civile et de la
gestion des crises
D(R)EAL
Direction (régionale) de l?environnement, de
l?aménagement et du logement
DROM Départements et régions d?Outre-mer
DSF Document stratégique de façade
EH Équivalent habitant
FEDER Fonds européen de développement régional
FNCCR
Fédération nationale des collectivités
concédantes et régies
HAP Hydrocarbures aromatiques polycycliques
ICPE
Installation classée pour la protection de
l?environnement
IGA Inspection générale de l?administration
IGEDD (ex-CGEDD)
Inspection générale de l?environnement et du
développement durable
IGF Inspection générale des finances
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Acronyme Signification
INRAe
Institut national de la recherche pour
l?agriculture, l?alimentation et l?environnement
IOTA
Installations, ouvrages, travaux et activités, au
titre de la réglementation sur l?eau
JRC Joint Research Center, Commission européenne
OCDE
Organisation de coopération et de
développement économiques
OFB (ex-AFB) Office français de la biodiversité
PFAS Per- et polyfluoroalkyls
PGI
Plan de gestion intégrée des eaux résiduaires
urbaines
PPI Plan pluriannuel d?investissement
REP Responsabilité élargie des producteurs
REUT Réutilisation des eaux usées traitées
RSDE Rejets de substances dangereuses dans l?eau
RUP Région ultra-périphérique
SDA, SDEP
Schéma directeur d?assainissement collectif,
Schéma directeur de gestion des eaux pluviales
SDAGE
Schéma directeur d?aménagement et de gestion
des eaux
SIAAP
Syndicat interdépartemental pour
l?assainissement de l?agglomération parisienne
SPA, SPIC
Service public administratif,
Service public industriel et commercial
SPANC Service public d?assainissement non collectif
STEU Station de traitement des eaux usées
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Annexe 4. Rappel sur le contentieux européen sur la DERU
Par une décision du 4 octobre 2024, la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) a condamné
la France pour manquement dans la mise en oeuvre de la directive du 21 mai 1991 relative au
traitement des eaux usées urbaines, dite directive DERU.
Les manquements concernent 78 agglomérations. Cette condamnation fait suite à une lettre de
mise en demeure adressée par la Commission européenne en octobre 2017 et visant
364 agglomérations (49 pour les rejets en zones sensibles) pour non-respect des délais de mise
en conformité fixés à fin 1998, 2000 ou 2005 suivant les cas. Cette mise en demeure s?appuyait
sur les données rapportées par la France en 2016 au titre de 2014. La France avait ensuite reçu
un avis motivé en mai 2020 visant 169 de ces agglomérations, la Commission considérant que les
autres agglomérations étaient redevenues conformes. Après examen des réponses et informations
fournies par les autorités françaises, la Commission européenne avait considéré que
78 agglomérations n'étaient, en septembre 2020, toujours pas conformes et avait introduit un
recours en manquement en 2023.
Déroulé des procédures contentieuses86
Infractions Date Actions au titre de l?article 258 et de l?article 260 TFUE
Infraction
1998/2110
Affaire C-
280/02
22/10/1999
10/04/2001
30/07/2002
23/09/2004
19/12/2005
31/01/2008
24/01/2013
Mise en demeure (art. 258 TFUE)
Avis motivé
Saisine (effective) de la Cour de justice de l?Union européenne
(CJUE)
Arrêt CJUE
Mise en demeure (art. 260 TFUE)
Avis motivé
Clôture
Infraction
2002/2115
Affaire C-
191/04
27/06/2002
17/12/2002
23/04/2004
16/06/2005
04/04/2006
Mise en demeure
Avis motivé
Saisine de la CJUE
Arrêt CJUE
Clôture
Infraction
2004/2032
Affaire C-
23/13
09/07/2004
19/12/2005
17/10/2008
17/01/2013
07/11/2013
22/07/2016
Mise en demeure
Mise en demeure complémentaire
Avis motivé
Saisine de la CJUE
Arrêt CJUE
Clôture
Infraction
2006/2128
04/04/2006
27/11/2008
05/05/2010
24/11/2010
Mise en demeure
Mise en demeure complémentaire
Avis motivé
Clôture
Infraction
2006/4332
17/10/2007
25/06/2009
Mise en demeure
Clôture
Infraction
2009/2306
Affaire C-
314/15
03/12/2009
27/01/2014
26/06/2015
23/11/2016
12/10/2017
Mise en demeure + communiqué de presse
Avis motivé
Saisine de la CJUE
Arrêt CJUE
Clôture
86 A partir du rapport IGEDD, IGA « Comment améliorer durablement la collecte et le traitement des eaux usées
urbaines ? », 2023
PUBLIÉ
https://www.actu-environnement.com/ae/reglementation/directive_europeenne_du_21_05_1991_91_271_cee.php4
https://www.actu-environnement.com/ae/news/directive-traitement-eaux-usees-urbaines-commission-europeenne-35488.php4
https://www.actu-environnement.com/ae/news/g-20-soutient-la-creation-aires-marines-protegees-en-antarctique-37960.php4
Mars 2025 Évaluation de la directive relative au traitement des eaux
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Infraction
2015/0052
29/01/2015
16/07/2015
Mise en demeure
Clôture
Infraction
2017/2125
Affaire C-
268/23
04/10/2017
14/05/2020
09/06/2021
26/04/2023
04/10/2024
Mise en demeure
Avis motivé
Décision de saisir la CJUE
Recours en manquement
Arrêt CJUE, condamnation de la France
Liste des collectivités concernées par le contentieux européen87
87 Source : DEB
Code Dépt. Bassin Nom de la STEU
15 Adour-Garonne MAURS BOURG ET ST ETIENNE DE MAURS
19 Adour-Garonne LARCHE
24 Adour-Garonne TERRASSON LA VILLEDIEU (COMMUNALE)
24 Adour-Garonne LE BUGUE
32 Adour-Garonne NOGARO
33 Adour-Garonne LIBOURNE
47 Adour-Garonne CONDEZAYGUES
47 Adour-Garonne SAINTE LIVRADE SUR LOT
64 Adour-Garonne UZEIN
64 Adour-Garonne GAN 2
64 Adour-Garonne BASSUSSARRY 2009
64 Adour-Garonne IDRON OUSSE SENDETS (INTERCOMMUNALE)
64 Adour-Garonne ARUDY (INTERCOMMUNALE)
64 Adour-Garonne SAINT-JEAN-DE-LUZ ARCHILUA
64 Adour-Garonne VIODOS ABENSE DE BAS (INTERCOMMUNALE)
64 Adour-Garonne CASTETNAU CAMBLONG
64 Adour-Garonne TARSACQ (INTERCOMMUNALE)
65 Adour-Garonne MAUBOURGUET - Lombar
59 Artois-Picardie FONTAINE NOTRE DAME
59 Artois-Picardie VILLERS-OUTREAUX
59 Artois-Picardie PONT-A-MARCQ-NOUVELLE
62 Artois-Picardie AUCHY-HAISNES SE
971 Guadeloupe TROIS RIVIERES GRANDE ANSE
36 Loire-Bretagne CHABRIS
42 Loire-Bretagne FEURS - FONT FENOUILLET
42 Loire-Bretagne POUILLY-SOUS-CHARLIEU - LE PORT
49 Loire-Bretagne MAULEVRIER - CHEMIN DES GATS
72 Loire-Bretagne SAEPA CONNERRE
85 Loire-Bretagne SAINT-GILLES-CROIX-DE-VIE chemin de ceinture
85 Loire-Bretagne NOTRE-DAME-DE-RIEZCHEMIN DE L'ETANG
85 Loire-Bretagne EPESSES PUY DU FOU
87 Loire-Bretagne AMBAZAC
972 Martinique LORRAIN BOURG
972 Martinique FORT-DE-FRANCE-DILLON 2
972 Martinique SAINT-ESPRIT-PETIT FOND
972 Martinique ROBERT-MOULIN A VENT
974 La Réunion STEP DU 'BRÛLE MARRON'
57 Rhin-Meuse FENSCH (VALLEE DE)
68 Rhin-Meuse CERNAY
68 Rhin-Meuse FELDKIRCH
68 Rhin-Meuse GUEWENHEIM
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68 Rhin-Meuse GRENTZINGEN
68 Rhin-Meuse MASEVAUX-NOUVELLE STEU
01 Rhône-Méditerranée PLATEAU D'HAUTEVILLE -HAUTEVILLE-LOMPNES
01 Rhône-Méditerranée IZERNORE - CHEF-LIEU
01 Rhône-Méditerranée CULOZ-CHEF-LIEU
05 Rhône-Méditerranée VEYNES VILLAGE
06 Rhône-Méditerranée ROQUEBILLIERE
13 Rhône-Méditerranée CHARLEVAL
25 Rhône-Méditerranée BIANS-LES-USIERS
25 Rhône-Méditerranée VILLE-DU-PONT
26 Rhône-Méditerranée ROMANS-SUR-ISERE
26 Rhône-Méditerranée CHATEAUNEUF-SUR-ISERE
26 Rhône-Méditerranée DIE
30 Rhône-Méditerranée LA GRAND-COMBE
30 Rhône-Méditerranée SAINT-PRIVAT-DES-VIEUX
38 Rhône-Méditerranée COMMELLE
38 Rhône-Méditerranée PONTCHARRA
38 Rhône-Méditerranée LE TOUVET
38 Rhône-Méditerranée SAINT-JEAN-DE-BOURNAY
69 Rhône-Méditerranée VILLEFRANCHE SUR SAONE
69 Rhône-Méditerranée BEAUJEU
69 Rhône-Méditerranée VILLIE MORGON
73 Rhône-Méditerranée ALBENS
73 Rhône-Méditerranée TIGNES LE LAC
73 Rhône-Méditerranée TIGNES LES BREVIERES
74 Rhône-Méditerranée HABERE POCHE
84 Rhône-Méditerranée CAVAILLON
90 Rhône-Méditerranée GIROMAGNY
2A Corse AFA
2B Corse GALERIA
2B Corse PATRIMONIO - BARBAGGIO
50 Seine-Normandie CHEF DU PONT
50 Seine-Normandie CONDE SUR VIRE
76 Seine-Normandie NEUFCHATEL-EN-BRAY
77 Seine-Normandie VILLEPARISIS
77 Seine-Normandie SAINT MARD
78 Seine-Normandie GAZERAN LA GUEVILLE
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Annexe 5. Contenu de la directive
La directive est structurée de la façon suivante :
? l?article 1er définit l?objet de la directive et l?article 2 précise les définitions nécessaires ;
? les articles 3 et 4 étendent l?obligation d?un assainissement collectif aux agglomérations
d?assainissement supérieures à 1 000 équivalents habitants, au lieu de 2 000 jusqu?à
maintenant, et aux plus de 2 000 rejetant en mer, qui doivent mettre en place un système
de collecte et de traitement secondaire, et précisent les conditions selon lesquelles il peut
y être dérogé au profit de systèmes individuels ;
? l?article 5 est relatif aux plans intégrés de gestion des eaux résiduaires urbaines, intégrant
les eaux de pluie. Il fixe un objectif indicatif de 2 % de surcharge des déversements en
temps de pluie par rapport à la charge des eaux collectées par temps sec, au lieu de 5 %
dans la DERU1 ;
? les articles 6 et 7 prévoient le renforcement des niveaux de traitement secondaire et
tertiaire notamment pour réduire les rejets d?azote et de phosphore, avec l?obligation de
mettre en place ce traitement pour les stations de traitement des eaux usées de grande
taille, même lorsque celles-ci ne rejettent pas leurs eaux dans des zones sensibles à
l'eutrophisation ;
? les articles 8, 9 et 10 prévoient la mise en place d?un traitement des micropolluants issus
des produits pharmaceutiques et cosmétiques au niveau des stations de traitement des
eaux usées (STEU) de grande taille et certaines de taille moyenne ; ils reposent sur la
définition :
o de la sensibilité des milieux à ces différents types de pollution ;
o d?un cadre de responsabilité élargie des producteurs concernés, afin que les
metteurs en marché des secteurs concernés prennent en charge 80 % de la totalité
des coûts de traitement quaternaire dans le respect du principe pollueur ? payeur,
« y compris les investissements et les coûts opérationnels », et ceux relatifs à
l?« organisation » mise en place ;
? l?article 11 fixe des objectifs nouveaux en matière de consommation énergétique,
d?émissions de gaz à effet de serre et de production d?énergies renouvelables ;
? l?article 12 aborde les modalités de coopération transfrontière ;
? l?article 13 précise les modalités de prise en compte des évolutions climatiques ;
? l?article 14 traite des eaux usées non domestiques et des conditions de leur rejet dans les
réseaux d?assainissement urbain ou directement dans le milieu naturel, l?article 16 abordant
le cas particulier des eaux usées biodégradables ;
? l?article 15 traite de la réutilisation des eaux résiduaires urbaines ;
? les articles 17 et 21 fixent le cadre de la surveillance des eaux résiduaires urbaines, en
particulier à des fins sanitaires. L?article 22 fixe celui du rapportage et l?article 24 celui de
l?information du public ;
? l?article 18 crée une obligation d?évaluation et de gestion des risques sanitaires, en tenant
compte des fluctuations saisonnières et des phénomènes extrêmes ;
? l?article 19 crée une obligation d?accès à l?assainissement pour tous ;
? l?article 20 incite à la valorisation des boues et des ressources, principalement pour
récupérer le phosphore ;
PUBLIÉ
Mars 2025 Évaluation de la directive relative au traitement des eaux
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? l?article 23 prévoit que les États membres établissent un programme national de mise en
oeuvre, trois ans après l?adoption de la directive, centré sur la mise en oeuvre des articles
3 à 8, à savoir le renforcement ou l?extension des traitements primaire, secondaire, tertiaire
et la mise en place du quaternaire.
La directive comporte enfin des articles d?évaluation et réexamen, et des annexes techniques.
PUBLIÉ
Mars 2025 Évaluation de la directive relative au traitement des eaux
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Annexe 6. Questionnaire en vue d?une évaluation des coûts
et bénéfices de la DERU2 à l?échelle nationale
Pour répondre à la lettre de mission de la DEB et proposer un état des lieux qui permette d'évaluer
au mieux les coûts et les bénéfices de la DERU2 en vue des travaux de transposition et pour guider
toute sa mise en oeuvre, la mission a estimé incontournable de recueillir, de manière assez
systématique, les informations dont disposent d?une part les Agences de l?eau, Dreal, DDT, et
d?autre part les agglomérations d?assainissement, en particulier les plus de 150000 EH, de
l?hexagone. La mission a choisi de ne pas diffuser elle-même les questionnaires, ou de ne pas
solliciter les associations de collectivités, mais de s?appuyer sur les services de niveau « bassin ».
Cette démarche, quoique lourde, politiquement sensible, et menée dans des délais resserrés, lui
est également apparue comme une occasion de conduire, à cette échelle, de premiers échanges
sur la DERU2 entre les services de l?État et les collectivités concernées. Cela pourra favoriser le
travail à venir sur des stratégies d'anticipation à leur échelle et à une stratégie française efficace.
Deux questionnaires ont été élaborés sur la base :
d?une réunion avec les directeurs de DREAL de bassin et d'agences de l'eau ou leurs
représentants, pour exposer et structurer la démarche ;
de réunions de travail pour préparer les questionnaires avec des volontaires, représentant tous
les types de services concernés (DREAL de bassin, Agences de l'eau, DREAL, DDTM), et avec
la DEB.
Le président du groupement des DDTM, et l?atelier « eau » ont été informés de la diffusion de ces
questionnaires et cette démarche a été annoncée aux directeurs de DDTM.
Les associations de collectivités concernées (France Urbaine, FNCCR), intéressées, ont
également été informées et ont diffusé l?information auprès de leurs adhérents afin de faciliter un
bon accueil et un bon taux de réponse.
Des échanges ont eu lieu avec le Comité stratégique de filière eau, qui mène de son côté et en
lien avec la DEB une évaluation des coûts de la DERU2.
Le premier questionnaire demande des réponses qualitatives et des transmissions de documents ;
il a uniquement été adressé aux différents services de l'État et Agences de l'eau.
Le second comporte un tableur excel et une notice d'explication, à destination des collectivités
locales, pré-renseigné autant que possible au niveau déconcentré pour les informations dont
dispose l'État. Ce questionnaire avait vocation à être adressé à toutes les agglomérations de plus
de 150 000 EH, et à un panel, à l?appréciation de services de chaque bassin, d'agglomérations
entre 1000 et 150 000 EH. Le tableau comporte deux onglets : un relatif au traitement dans les
STEU (et à l'énergie), l'autre relatif à la collecte et au temps de pluie.
Des conseils ont été proposés sur la méthode d?information des préfets et la circulation du
questionnaire. Les questionnaires ont été diffusés le fin octobre, pour un retour fin novembre.
Questionnaire pour les services de l?Etat et les Agences de l?eau d?évaluation ex ante
des impacts de la directive relative au traitement des eaux résiduaires urbaines (ERU 2)
1/ Eléments issus des SDAGE (DREAL de bassin/AE)
Les questions 1 à 6 visent à illustrer les bénéfices potentiels de la DERU2
1 - Disposez-vous d?une carte des masses d?eau déclassées en lien avec l?assainissement ?
- si oui, pouvez-vous les transmettre (format ?)
- Si non, pouvez-vous les réaliser ? oui/ non
Dans quel délai ?
2- Disposez-vous d?une carte des eaux de baignades pénalisées de façon récurrente en lien avec
l?assainissement ?
PUBLIÉ
Mars 2025 Évaluation de la directive relative au traitement des eaux
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- si oui, pouvez-vous les transmettre (format ?)
- Si non, pouvez-vous les réaliser ? oui/ non
- Dans quel délai ?
3- Disposez-vous d?une carte des zones d?aquaculture pénalisées de façon récurrente en lien avec
l?assainissement ?
- si Oui, pouvez-vous les transmettre (format ?)
- Si non, pouvez-vous les réaliser ? oui/ non
- Dans quel délai ?
4- Quelles sont les descripteurs de la DCSMM pour lesquels les rejets d?N et de P de
l?assainissement sont un motif de déclassement ?
5- Quelles sont les STEU dont le facteur de dilution des rejets est inférieur à 10 ? Quels sont les
secteurs/ cours d?eau où les rejets des STEU contribuent au soutien d?étiage ?
6- Quelles sont les STEU pour lesquelles les EUT sont-elles susceptibles d?être réutilisées ? Si oui,
pour quels usages ?
7 ? Pour les masses d?eau déclassées qui ne le sont pas au titre de l?assainissement, quels sont
les facteurs de déclassement ?
2/ Eléments issus des actions d?accompagnement et de police (DREAL de bassin, DDT/AE)
Les questions 8 à 10 contribuent au diagnostic qualitatif des enjeux de mise en oeuvre de la
DERU2 ; elles visent également à recueillir des indications sur les moyens à mettre en oeuvre dans
les agences et les services de l?Etat pour satisfaire aux exigences de la directive.
8- Identification des STEU nouvellement concernées par la DERU2
Selon les premières informations rassemblées, la plupart des agglomérations > 1000 EH disposent
de systèmes de collecte et de traitement et sont connues des DDT.
- Pouvez-vous indiquer précisément ou estimer approximativement le nombre / la proportion
d?exceptions ?
- Quel est le nombre d?agglomérations EH [1000 ; 2000] EH comparé à celui des stations > 2000
EH ? quels seront les moyens nécessaires en terme a) de police de l?eau b) d?accompagnement
technique et financier pour faire entrer ces agglomérations dans la DERU2 ?
- Quelles conséquences aura l?abaissement de ce seuil sur les dispositifs d?auto-surveillance ?
Pouvez-vous en évaluez le coût et l?impact sur les besoins en termes de RH ?
9- quelles sont sur votre bassin les STEU qui :
- remplissent déjà certains objectifs de la DERU2 (jusqu?à 5 exemples, en disant quels objectifs)
- pourraient atteindre certains objectifs dans les 10 ans qui viennent compte tenu de leurs
caractéristiques et de leur programmation (jusqu?à 5 exemples, en disant quels objectifs). Pour ces
stations, peut-on estimer l?ordre de grandeur du surcoût (en M¤ et en augmentation du prix de
l?eau) ?
- qui auront du mal à atteindre certains objectifs y compris en fin de période (2045) (jusqu?à 5
exemples, en disant quel objectif)
10 - Avez-vous engagé des travaux sur une méthode pour identifier des zones sensibles aux
micropolluants ? Voyez-vous a priori des secteurs qui correspondent à un des critères prévus par
la directive (par exemple, étangs languedociens ? sites Ramsar ? secteurs conchylicoles ? Dans
chaque cas, combien de STEU entre 10 000 et 150 000 EH sont concernées ?) ?
- Avez-vous connaissance d?agglomération d?assainissement qui envisagent ou étudient la mise
en place d?un traitement des micropolluants ? si oui lesquels ? Quel est votre accompagnement ?
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Mars 2025 Évaluation de la directive relative au traitement des eaux
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Tableau du questionnaire adressé aux collectivités territoriales
I. Partie « traitement et énergie »
1. Identité de l?agglomération d?assainissement de des stations
2. Données physico-physiques
3. Traitements
Traitement
de NGL
Si oui,
concentration
en 2023 (mg/l)
Si oui,
rendement
en 2023
%
Estimation du
coût annuel en
fonctionnement
du traitement
du N
(K¤)
Traitement
du PT
Si oui,
concentration
en 2023 (mg/l)
Si oui,
rendement
en
2023
Estimation du coût
annuel en
fonctionnement du
traitement du PT -si
possible, sinon laisser
vide-
(K¤)
Au regard des
traitements actuels,
l'atteinte des exigences
de la DERU 2 suppose..
4. Milieux récepteurs
Code Sandre de l'agglomération
d'assainissement
Nom de l'agglomération d'assainissement Nom de la STEU
Code Sandre de la STEU Taille réel agglo
(EH)
Taille de l'agglomération
EH
Débit moyen journalier
(m3/jour)
Le site de la STEU pourrait-il accueillir une nouvelle installation
(disponibilité foncière)?
Zone sensible à
l'eutrophisation
Milieu récepteur de rejet
Enjeux spécifiques en
lien
avec?
PUBLIÉ
Mars 2025 Évaluation de la directive relative au traitement des eaux
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5. Données physico-financières
6. Energie
II. Partie « système de collecte et temps de pluie"
1. Identité de l?agglomération d?assainissement de des stations
Nom du système de
collecte
Code sandre
du système de collecte
2. Schéma d?assainissement
Date de la dernière mise à jour du SDA ou de
la PPI
Cette PPI inègre-t-
elle les objectifs de
la DERU 2?
Date de la mise en service de la station
Date du dernier investissement
significatif
Un effort de modernisation a-t-il déjà programmé pour l'année
à venir?
A quelle échéance envisagez-
vous l'échéance de ces travaux?
Cette station a-t-elle fait l'objet
dun audit énergétique?
Emission de GES
(teqCO2/an)
Consommation
énergétique du traitement
(kWh/an)
Production énergétique
(kWh/an)
Si vous projetez un investissement destiné à la valorisation énergétique, merci d'indiquer la production annuelle d'énergie projetée
(kWh/an)
Date de la dernière mise à jour du SDA?
Ce SDA prévoit-il la programmation de
travaux pour?
Ce SDA prévoit-il un
zonage pluvial
Ce SDA prévoit-il une gestion
intégrée des eaux pluviales?
Estimation du nombre de déversoirs d'orage (si
possible-sinon laisser vide)
PUBLIÉ
Mars 2025 Évaluation de la directive relative au traitement des eaux
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3. Réseau
4. Conformité
Conformité à l'arrêté
du 21 juillet 2015
pour le temps de pluie
Quel critère retenez-vous pour
évaluer la conformité au temps de
pluie?
(Arrêté de 2015)
Si la conformité en cours,
merci de préciser la date
d'échéance de cette mise en
conformité
Quel est le pourcentage de
déversement aux points A1
(%)
Quel est le pourcentage de
déversement aux points A2
(%)
5. Investissements et tarification
Quel est le montant consacré
annuellement en
investissement à la gestion
intégrée et durable des eaux
pluviales ?
( En Millions ¤)
Quel est le prix
de l'eau au
31/12/2023
( Prix par m3)
Quel est la part de
l'assainissement dans
ce prix
L'agglomération dispose-t-
elle d'une tarification unique
sur l'ensemble de son
périmètre?
Pourcentage
d'augmentation du prix de
l'eau au cours des trois
dernières années?
(%)
L'agglomération fait-elle
participer les propriétaires
fonciers, les aménageurs ou
d'autres acteurs privés?
Type de réseau majoritaire
dans l'agglomération
Indiquer la part du réseau majoritaire (le réseau majoritaire
représente X % de l'ensemble du réseau)
Evaluation du linéaire de réseau sur l'agglomération
( en ml)
Territoire majoritaire Par quel moyen est-il prévu de moderniser le réseau?
PUBLIÉ
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Annexe 7. Fiches par articles
Articles 3 et 4 : systèmes de collecte et calcul de la charge d?une agglomération, systèmes individuels
Références Objet Objectif Indicateurs et délais Dérogations Travaux préparatoires
à réaliser
Commentaires et
points d?attention
Article 3.1
Collecte obligatoire,
agglomérations de
2 000 EH et plus
Collecte de toutes les
eaux usées
domestiques
Aussitôt : 100 % Voir Article 4 Immédiat, regardé
comme globalement
acquis
Article 3. 2
Collecte obligatoire,
agglomérations de
1 000 et plus, jusqu?à
2 000 EH
Collecte de toutes les
eaux usées
domestiques
31/12/2035 : 100 % Dérogations possibles
- en fonction du %
d?agglomérations
équipées à l?entrée en
vigueur de la directive :
8 ans si < 50 %
10 ans si < 25 %-
- Voir Article 4
A priori, la France n?est
pas concernée par la
dérogation.
En cas de dérogation,
mesures spécifiques à
prendre
Article 3.3 Calcul de la charge
moyenne pour
déterminer la taille de
l?agglomération
d?assainissement
Calcul sur la base de la
charge moyenne
maximale
hebdomadaire généré
dans cette année au
cours d?une
agglomération, excepté
situations inhabituelles
Même définition que
dans la DERU1
Article 3.4 Objectif de conformité
Conformité des
systèmes de collecte à
l?annexe I partie A
(systèmes de collecte)
- réseaux définis dans
une logique de MTD,
- vise à limiter les
pollutions des eaux
réceptrices résultant
des déversements
d?orage (article 4 et
annexe 5)
PUBLIÉ
Mars 2025 Évaluation de la directive relative au traitement des eaux
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Références Objet Objectif Indicateurs et délais Dérogations Travaux préparatoires
à réaliser
Commentaires et
points d?attention
Prescriptions relatives aux eaux résiduaires urbaines
Partie A - Systèmes de collecte
Les systèmes de collecte tiennent compte des prescriptions en matière de traitement des eaux résiduaires urbaines.
La conception, la construction et l'entretien des systèmes de collecte sont entrepris sur la base des connaissances techniques les plus avancées, sans entraîner des coûts
excessifs, notamment en ce qui concerne :
? le volume et les caractéristiques des eaux résiduaires urbaines,
? la prévention des fuites d'eaux résiduaires urbaines, des infiltrations et des afflux mal raccordés dans les systèmes de collecte,
? la limitation de la pollution des eaux réceptrices résultant des déversements dus aux pluies d'orage, compte tenu des exigences pertinentes énoncées à l'article 5 et à
l'annexe V.
PUBLIÉ
Mars 2025 Évaluation de la directive relative au traitement des eaux
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Références Objet Objectif Indicateurs et délais Dérogations Travaux préparatoires
à réaliser
Commentaires et
points d?attention
Article 4.1
Possibilité d?un ANC si
- - Pas d?intérêt pour
l?environnement et la
santé humaine de l?AC
- - Pas réalisable
techniquement
- Coût excessif d?un AC
Permettre, à titre
dérogatoire, le maintien
d?un ANC dans des
agglomération de 1000
EH et plus ou une
partie de ces
agglomérations
- Dérogation pour les
systèmes individuels
mis en place avant
l?entrée en vigueur de la
directive - article 4.4
Dérogation si ANC >
2 % de la charge totale
sous condition
Article 4.5
Le maintien d?un ANC
est une dérogation, qui
doit être justifiée.
La notion de coût
excessif est citée, sans
méthode d?appréciation.
Article 4.2 Niveau de protection
pour la santé et
l?environnement
équivalent entre ANC et
AC
En cas de dérogation,
viser le même niveau de
traitement secondaire et
tertiaire
Engager une étude de
cas pour établir quand
l?ANC présente des
coûts excessifs, et quel
est alors son niveau de
performance. Envisager
un focus sur les OM.
L?ANC vise les objectifs
des traitements
secondaire et tertiaire,
qui augmentent. Risque
de favoriser l?AC.
La performance de
l?ANC n?est pas
mesurée.
Article 4.3 Surveillance de l?ANC Systèmes individuels :
- enregistrés
- inspections régulières
par autorité compétente
ou organisme autorisé
Mener une réflexion sur
la manière de suivre
cette obligation qui
repose sur les
collectivités locales, sur
laquelle l?État devra
rapporter.
L?article fait référence à
un pilotage mené sur la
base d?une analyse de
risques. Le cadre du
contrôle par les CL est
fixé réglementairement.
Article 4.4 Actes d?exécution pour
définir des exigences
minimales pour la mise
en oeuvre des 4.1, 2 et
3
Homogénéiser les
méthodes
? 36 mois après
entrée en vigueur
de la directive
- Dérogation pour les
systèmes individuels
mis en place avant
l?entrée en vigueur de la
directive
Préparer les positions à
porter, compatibles
avec l?organisation
décentralisée et les
outils SI
Être présent dans les
travaux menés à
l?échelle européenne
PUBLIÉ
Mars 2025 Évaluation de la directive relative au traitement des eaux
résiduaires urbaines 2
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Références Objet Objectif Indicateurs et délais Dérogations Travaux préparatoires
à réaliser
Commentaires et
points d?attention
Article 4.5 Cas où l?ANC est
important à l?échelle
national : dérogation
possible, justifiée
Donner un cadre un à
un ANC > 2% de la
charge des ERU, pour
les agglomérations de
200 EH et plus
Pas d?échéance La France ne semble
pas concernée :
documenter cette
analyse.
Article 4.6 Acte d?exécution
possible
Mise en oeuvre du 4.5
PUBLIÉ
Mars 2025 Évaluation de la directive relative au traitement des eaux
résiduaires urbaines 2
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Article 5 : gestion des eaux pluviales
Références Objet Objectif Indicateurs et délais Dérogations Travaux préparatoires
à réaliser
Commentaires et
points d?attention
Article 5.1
Établissement d?un
plan intégré de
gestion des eaux
résiduaires urbaines
pour les zones de
collecte des
agglomérations de plus
de 100 000 EH
Se doter de
descriptions détaillées
des réseaux et de plans
d?actions (voir 5.5 et
annexe 5)
31/12/2033 :
Etablissement d?un plan
intégré de gestion des
eaux urbaines
résiduaires pour les
zones de drainage des
agglomérations de plus
de 100 000 EH
Révision tous les 6 ans
(5.7)
Les objectifs fixés en
annexe doivent être
atteints le 31 décembre
2039 (annexe V)
Vérifier que les
collectivités concernées
disposent de plans
conformes à l?annexe 5.
Il existe déjà des
schémas directeurs de
l?assainissement, avec
un volet temps de pluie
au titre de l?arrêté de
2015, qui comportent
des programmes
d?actions, et des
zonages pluviaux.
Le degré
d?approfondissement
est variable.
Deux compétences des
collectivités sont
concernées
(assainissement et
eaux pluviales) qui
renvoient à des budgets
différents.
Article 5.2
Etablissement d?une
liste des
agglomérations dont
l?EH est entre 10 000
et 100 000 EH dans
lesquelles les
surcharges d?eau de
pluie présentent un
risque de pollution
(notamment au regard
du tableau 2 de
l?annexe I) et doter ces
agglomérations du Plan
de gestion intégré
Limiter les surcharges
polluantes des eaux de
pluie dangereuses pour
la santé humaine et
l?environnement
Liste établie 6 mois
après la mise à jour du
plan de district
hydrographique
et au plus tard, le 22
juin 2028
? Au plus tard le 31
décembre 2029, les
agglomérations de la
liste sont dotées d?un
PGI.
Engager sans tarder les
travaux
méthodologiques pour
établir la liste de ces
collectivités, en
particulier pour celles
dotées de réseaux
séparatifs.
Recenser l?ensemble
des prescriptions
établies dans les
différentes directives
identifiées au 5. 2 ;
définir les déversoirs
pris en compte etc ?
Toutes les
agglomérations dotées
d?un réseau unitaire
seront sur cette liste.
Pour les autres la
méthode doit être
établie (par exemple,
en précisant comment
on procède pour les
réseaux séparatifs,
quels déversoirs
d?orage sont pris en
compte (tous ne sont
pas instrumentés).
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Mars 2025 Évaluation de la directive relative au traitement des eaux
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Références Objet Objectif Indicateurs et délais Dérogations Travaux préparatoires
à réaliser
Commentaires et
points d?attention
Article 5.3 Etablissement d?un
plan intégré de
gestion des eaux
urbaines résiduaires
pour les zones de
collecte des
agglomérations
recensées dans la liste
prévue au 5. 2
(agglomération entre 10
et 100 000 EH) dont les
rejets représentent un
risque pour la santé ou
l?environnement
Se doter de
descriptions détaillées
des réseaux
Limiter la pollution
résultant des
surcharges dues aux
pluies d?orage à 2% de
la charge des eaux
urbaines résiduaires
collectées
annuellement par
temps sec ;
Réduire les
macroplastiques ;
Se doter de plans
d?actions, dotés de
calendriers, identifiant
les responsabilités.
Au plus tard : 31
décembre 2039
Réexamen tous les 6
ans (5.7)
Les objectifs fixés en
annexe doivent être
atteints le 31 décembre
2045 (annexe V)
Voir article 5.1 pour
l?état des lieux, identifier
si des textes sont
nécessaires pour
encadrer des PGI dans
les agglomérations
visées au 5.2.
Article 5.4 Mise à disposition des
plans pour la
Commission
Information de la
Commission
Système de collecte ou
d?accès aux plans à
prévoir, le cas échéant
avec une base
législative et
modification des SI
Important de prévoir un
recueil des PGI pour ne
pas avoir à mettre de
dispositif spécifique en
place pour le
rapportage (vérifier ce
que la Commission
demande à l?échelle
européenne pour ne
pas dupliquer)
Article 5.5 Contenu des plans de
gestion intégrés
(annexe V)
Limiter la pollution
résultant des
surcharges dues aux
pluies d?orage à 2% de
la charge des eaux
Donner le format des
PGI
Mettre en avant les
solutions
d?infrastructures vertes
et bleus
- Participer aux travaux
de la commission sur
les indicateurs de suivi
de l?objectif de
réduction de la charge
- définir les modalités
de mise en oeuvre du
terme « non
La méthode pour
évaluer la prise en
compte du temps de
pluie diffère de celle
mise en place en
France dans le cadre
de l?arrêté de 2015.
Nécessite de :
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Références Objet Objectif Indicateurs et délais Dérogations Travaux préparatoires
à réaliser
Commentaires et
points d?attention
urbaines résiduaires
collectées
annuellement par
temps sec ;
Réduire les
macroplastiques ;
Se doter de plans
d?actions, doté d?un
calendrier, identifiant
les responsabilités
Optimiser les
infrastructures
existantes et limiter le
coût des nouveaux
investissements
contraignant »
- identifier les
collectivités qui
utilisaient déjà
l?indicateur charge
polluante,
- identifier les points et
méthodes de
surveillance pour mettre
en oeuvre la nouvelle
approche,
- développer une
approche modélisée
dans l?attente de
l?équipement des
réseaux
Article
5.6
Acte d?exécution de la
Commission
Uniformiser les
méthodes de
recensement des
mesures prises, de
suivi de l?atteinte des
objectifs, de format de
transmission à la
Commission
36 mois après
l?adoption
Être présent dans les
travaux de préparation
de l?acte d?exécution
Article 5.7 Mise à jour des plans et
mise à jour de la liste
(article 5 .2)
Contenu des plans de gestion intégrée des eaux résiduaires urbaines (Annexe V)
Une analyse de la situation initiale de la zone de collecte de l'agglomération concernée, comprenant au moins les éléments suivants :
a) une description détaillée du réseau de systèmes de collecte, des capacités de stockage et d'acheminement des eaux résiduaires urbaines et des eaux de ruissellement
urbain de ce réseau, ainsi que des capacités existantes de traitement des eaux résiduaires urbaines en période de précipitation;
b) pour les réseaux unitaires, une analyse dynamique des flux des eaux résiduaires urbaines en période de précipitation, fondée sur les données de surveillance ou sur
l'utilisation de modèles hydrologiques, hydrauliques et de qualité de l'eau qui tiennent compte de projections climatiques reflétant l'état de la technique, comprenant une estimation
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des charges polluantes pour les paramètres visés au tableau 1 et, s'il y a lieu, au tableau 2 de l'annexe I ainsi que pour les microplastiques et les polluants concernés
déversés dans les eaux réceptrices en période de précipitation;
c) pour les réseaux séparatifs, une description détaillée des exigences en matière de surveillance à des points pertinents des systèmes séparatifs où les rejets d'eaux
de ruissellement urbain sont susceptibles d'être pollués, tels qu'identifiés au titre de l'article 5, paragraphe 2, point d), afin de déterminer les mesures pertinentes et
réalisables à prendre conformément au point 3 de la présente annexe.
2. Des objectifs de réduction de la pollution liée aux déversements dus aux pluies d'orage, notamment les objectifs suivants :
a) un objectif indicatif non contraignant visant à ce que les déversements dus aux pluies d'orage représentent un faible pourcentage ne pouvant dépasser 2 % de la charge
d'eaux résiduaires urbaines collectée annuellement, calculée par temps sec ; cet objectif indicatif non contraignant doit être atteint au plus tard :
i) le 31 décembre 2039 pour toutes les agglomérations égales ou supérieures à 100 000 EH ;
ii) le 31 décembre 2045 pour les agglomérations égales ou supérieures à 10 000 EH visées à l'article 5 ;
b) la réduction progressive des macroplastiques.
3. Les mesures à prendre pour atteindre les objectifs visés au point 2 dans les délais fixés audit point, assorties d'un calendrier de mise en oeuvre des mesures et opérant
une distinction entre les mesures déjà en place et celles à prendre. En outre, les acteurs concernés et leurs responsabilités dans la mise en oeuvre du plan de gestion
intégrée des eaux résiduaires urbaines devraient être clairement identifiés.
Article 6 : traitement secondaire
Références Objet Objectif Indicateurs et délais Dérogations Travaux préparatoires
à réaliser
Commentaires et
points d?attention
Article
6. 1
Traitement secondaire
par les STEU des
agglomérations de
2000 EH et plus
Taux de non-conformité
maximal autorisé
(annexe 1, partie B,
tableau 1)
Pour STEU des
agglomérations entre
2000 et 10000 qui
rejettent en zone
côtière, délai
supplémentaire fixé.
Confirme le niveau
d?exigence de la DERU
1 pour le traitement
secondaire
Le renforce pour les
agglomérations entre
2000 et 10000 EH, au
même niveau unique.
Pas d?échéance ;
continuité de la Deru 1
? Délai de 12 ans pour
les petites
agglomérations en zone
côtière
? Objectifs moins
ambitieux dans certains
cas (article 6.4)
Dérogation de délai
pour les agglomérations
côtières entre 2000 et
10000 EH.
État des lieux des Steu
entre 2000 et 10000 EH
en zone côtière
Vérifier l?état des lieux
Toutes les
agglomérations de plus
de 2000 EH hors zones
ciblées sont
concernées, dans la
suite de la Deru 1
Fixe dorénavant un
délai pour la mise en
conformité pour les
zones côtières (qui
avant bénéficiaient
d?une souplesse dans
échéance)
Article 6. 2
Mise en conformité des
agglomérations qui font
des rejets dans les
zones les moins
sensibles visées à
l?article 6 de la DERU1
? Délai de 12 ans Possible, non utilisé
dans la DERU1
Dérogation non
mobilisée et non
mobilisable en France
PUBLIÉ
Mars 2025 Évaluation de la directive relative au traitement des eaux
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Références Objet Objectif Indicateurs et délais Dérogations Travaux préparatoires
à réaliser
Commentaires et
points d?attention
Article
6.3
Objectifs de traitement
pour les agglomérations
entre 1000 et 2000 EH
Taux de conformité
exigé
Différentes dérogations,
pour la Croatie, la
Bulgarie et la Roumanie
Etendre le traitement
secondaire aux
agglomérations de
1000 EH et plus, avec
les mêmes objectifs
31 décembre 2035 Dérogation de 8 ans et
de 10 ans selon le
niveau de traitement
actuel de ces
agglomérations : non
mobilisable en France
Faire l?état des lieux
des agglomérations
concernées.
La DEB connaît les
agglomérations EH de
1000 à 2000 EH dotées
d?un système de
collecte : besoin
d?identifier celles qui
n?en auraient pas.
- Corrélé à l?article 3 sur
les systèmes de
collecte
- Pas de dérogation
prévue sur les zones
côtières
Article 6.4 Possibilité de traitement
moins rigoureux dans
certains cas
Donner une marge de
manoeuvre dans des
milieux spécifiques dont
Haute montage (plus de
1500 m) et rejets dans
les eaux marines
profondes
d?agglomération de
moins de 150000 EH,
dans les RUP, peu
peuplées au sens de
l?article 349 du TFUE,
avec une géographie
peu favorable.
2044 (20 ans après
entrée en vigueur de la
directive)
Vérifier l?intérêt,
notamment pour les
OM, le cas échéant
prévoir les justifications
à apporter la
Commission
Vérifier la mobilisation
de cet article pour des
territoires de montagne.
Possible souplesse
pour les OM et les
territoires de montagne
(déjà utilisée dans ce
cas)
Article 6.5 Modalités de calcul de
la charge
Reprend l?article 4.4 de
la DERU1 1 ? revient à
raisonner « à la
pointe ».
Annexe
Les prescriptions à respecter (annexe 1, partie B et tableau 1) sont les mêmes valeurs que dans la Deru 1 concernant DBO et DCO, et matières en suspension (objectif
facultatif) ; ajout d?un objectif en carbone organique total (en alternative à DCO). La portée de cette ouverture est difficile à apprécier. La France met en oeuvre l?approche appuyée
sur la DCO.
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Annexe : DERU2 et pour mémoire DERU1
Note 1: Ce paramètre peut être remplacé par un autre ? carbone organique total (COT) ou demande totale en oxygène (DTO) ? si une relation peut être établie entre la DBO5 et
le paramètre de substitution.
Note 2: Les États membres mesurent soit la demande chimique en oxygène (DCO), soit le carbone organique total.
Note 3: Cette exigence est facultative.
Note 4: Réduction par rapport aux valeurs à l'entrée.
Article 7 : traitement des de l?azote et du phosphore, dit « tertiaire »
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à réaliser
Commentaires et
points d?attention
Article 7.1
Traitement tertiaire
dans toutes les STEU >
150 000 EH en charge
reçue, au niveau fixé en
annexe I, partie B et
tableau 2.
- Augmente le nombre
de stations de plus de
150000 EH soumis à la
Deru, en ne limitant
plus les obligations aux
zones sensibles à
l?eutrophisation (pour
les STEU de plus de
10000 EH, pour le
phosphore ou l?azote).
- augmente le niveau
d?exigence puisque les
objectifs de la Deru 2
sont plus élevés que
ceux de la Deru 1, et
concernent le
phosphore et l?azote.
31/12/2033 : 30 % des
STEU
31/12/2036 : 70 % des
STEU
31/12/2039 : 100 % des
STEU
Dérogation prévue à la
note 3 de l?annexe : ne
s?applique pas en
France
L?état des lieux peut
être réalisé sans
difficulté à partir des
bases de données
disponibles.
Pour établir une
stratégie de mise en
oeuvre priorisée,
certains points comme
la disponibilité de
foncier peuvent être
importants.
- Le texte va se traduire
souvent par des
nouveaux équipements,
en particulier pour
l?azote).
L?objectif est fixé par
rapport à un
pourcentage de STEU
en tenant compte de la
charge reçue.
La mise à niveau du
traitement tertiaire peut
être liée à celle du
secondaire, pour
lesquelles certaines
STEU ont un délai
supplémentaire de mise
en oeuvre. La mise en
oeuvre du quaternaire
est liée à un bon
fonctionnement du
tertiaire.
Article 7. 2
Identification et
information sur les
zones sensibles à
l?eutrophisation
Etablir et publier une
liste des zones sujettes
à l'eutrophisation, en
incluant des
informations indiquant
s'il s'agit de zones
sensibles au phosphore
et/ou à l'azote
31/12/2027 : Date
butoir pour
l?établissement de la
liste des zones
sensibles
Mise à jour tous les 6
ans
Dérogation si l?état
membre met en oeuvre
un traitement tertiaire
conforme au
paragraphe 5 sur tout
son territoire
- non pertinente en
France
Fait en France de
longue date, sans
méthode nationale
définie et sans
contestation, et mis à
jour tous les 4 ans.
En cours dans l?état des
lieux des prochains
Sdage, le calendrier de
révision pourrait passer
à 6 ans.
La délimitation est faite
en cohérence avec la
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points d?attention
DCE.
Article 7.3
Traitement tertiaire des
agglomérations >
10 000 EH qui rejettent
dans des zones
sensibles au niveau fixé
par l?annexe I, partie B
et tableau 2.
Augmenter le niveau de
traitement, (et le
nombre
d?agglomération
concernées si les zones
sensibles sont
étendues)
31/12/2033 : 20 % des
agglomérations
31/12/2036 : 40 % des
agglomérations
31/12/2039 : 60 % des
agglomérations
31/12/2045 pour 100 %
des agglomérations.
Dérogation prévue à
l?article 7.4. - non
pertinente en France
Exception possible
prévue à l?article 7.8.
Dans les zones
sensibles, en fonction
de leur caractérisation,
les objectifs peuvent
viser le paramètre
azote, ou phosphore ou
les 2.
L?objectif est fixé par
rapport à un
pourcentage
d?agglomérations ; les
Steu > 10000 eq ht sont
également concernées
(art 7.9)
État des lieux connu ou
facilement disponible
(fait en France dans le
cadre des rapportages
à la Commission).
Article 7.4 Dérogation possible au
7.3 pour l?atteinte de
100% de mise en
oeuvre du traitement
tertiaire en 2045 sous
conditions
Donner un délai
supplémentaire
pour les États dans
lesquels le tertiaire est
peu avancé
Délai supplémentaire
de 8 ans, après 2045
X Non mobilisable en
France
Article 7.5 mode de surveillance,
défini en annexe I,
partie C
Préciser le cadre
général de surveillance
?
La réglementation
nationale, exigeante,
doit permettre de
répondre à cet article
sans changement.
Point à vérifier
éventuellement.
Approche en moyenne
annuelle comme dans
la Deru 1
La commission est
habilitée à prendre un
acte délégué pour
adapter les méthodes
de surveillance (art 7.7)
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Références Objet Objectif Indicateurs et délais Dérogations Travaux préparatoires
à réaliser
Commentaires et
points d?attention
Article 7.6 Cas des StEU les plus
récentes ou rénovées
entre Fin 2020 et entrée
en vigueur Deru 2
Donner du temps pour
atteindre les objectifs
sur le paramètre azote
aux Steu récentes ou
récemment rénovée
Au plus tard 5 ans
après les dates fixées
au 7.1 et 7.3
X Préciser les termes de
l?article, en s?appuyant
sur des documents
officiels (ex : ordre de
service)
Cette dérogation ne
concerne que le
paramètre azote.
Article 7.7 Adaptation des
méthodes de
surveillance
Pouvoir tenir compte
des progrès
technologiques et
scientifiques
Pas de date
Article 7.8 Possibilité pour une
STEU de déroger à l?art
7.3 si les eaux
résiduaires de cette
zone sensible
atteignent un % de
réduction de la charge
entrante en azote et en
phosphore
Donner une marge de
manoeuvre
Réduction de la charge
entrante de de 75 % à
l?entrée en vigueur de la
directive,
82, 5 % P et 80% N en
2039
87,5% pour P et 82,5
pour N en 2045
X Mobiliser cette marge
de manoeuvre ex ante
demande une analyse
des services
déconcentrés, à
anticiper.
Les seuils sont relevés,
ce qui peut rendre cette
possibilité moins
mobilisable.
Cette possibilité existait
déjà dans la Deru 1 et
est utilisée dans la
cadre du rapportage
(sans être traduite dans
les actes individuels).
Article 7.9 STEU > = 10000 EH
qui rejettent dans des
zones soumises à
eutrophisation sont
soumises aux art 7.
3 .5 .8
La mise en place du
3aire concerne les
agglo > 10000 eq ht ET
les STEU > 10000 eq ht
Pour mémoire
calendrier du 7.3
31/12/2033 : 20 % des
agglomérations
31/12/2036 : 40 % des
agglomérations
31/12/2039 : 60 % des
agglomérations
31/12/2045 pour 100 %
des agglomérations.
L?article concerne les
STEU dans une
approche nominale (et
non en charge).
Evolution des exigences en matière de traitement tertiaire (Annexe I, partie B et tableau 2) :
La directive de 9/271/CE 1 établit que les traitements permettent, en plus du traitement secondaire, d?éliminer essentiellement l?azote (N) et le phosphore (P). Elle définit également
ce type de traitement en termes de concentration moyenne journalière de N et de P à la sortie de la STEU et de rendement journalier en N et P. Il est notamment requis dans les
zones que la directive définit comme sensibles, soit parce qu?elles sont sujettes à l?eutrophisation (lacs ou retenues ainsi que les cours d?eau qui les alimentent, estuaires, baies
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et autres eaux côtières), soit parce qu?elles sont destinées au captage d?eau potable. Le terme « tertiaire » ne figure pas dans les définitions de la DERU 1. Concernant la DERU,
les prescriptions à respecter en ce qui concerne le tertiaire sont :
2/ les rejets provenant des STEU et des STEU desservant des agglomérations visées à l?article 7 (et 6 et 8) répondent aux prescriptions du tableau 1, c?est-à dire aux objectifs
de traitement secondaire. Ce sont les mêmes valeurs que dans la DERU 1 concernant DBO et DCO, et matières en suspension (objectif facultatif) ; ajout d?un objectif en carbone
organique total (en alternative à DCO). La portée de cette ouverture est difficile à apprécier. La France met en oeuvre l?approche appuyée sur la DCO.
3/ les rejets provenant des STEU paragraphe 7.1 (plus de 150000 EH) OU des STEU desservant les agglomérations visées au 7.3 (agglomération de plus de 10000 EH en zone
sensible) répondent au tableau 2 sauf dérogation prévue au 7.8.
Tableau 2 de la nouvelle directive, et, pour mémoire, de la Directive de 1991
Tableau 2 de la nouvelle directive, et, pour mémoire, de la Directive de 1991
Note 1: Réduction par rapport aux valeurs à l'entrée ou à la charge générée dans une agglomération si le même niveau de protection de l'environnement peut être assuré.
Note 2: Si une fraction des eaux urbaines résiduaires traitées est utilisée pour l'irrigation agricole, les éléments nutritifs présents dans cette fraction des eaux peuvent être inclus
dans le calcul des valeurs à l'entrée et exclus de la charge déversée.
Note 3 : Dans des situations exceptionnelles dues à des circonstances locales particulières, la rétention naturelle d'azote peut être prise en compte dans le calcul du pourcentage
minimal de réduction dans les États membres où la rétention naturelle d'azote a été prise en compte dans le calcul du pourcentage minimal de réduction de l'azote indiqué à
l'annexe I, tableau 2, de la directive 91/271/CEE du Conseil et lorsqu'il est démontré qu'une partie de l'azote provenant des eaux urbaines résiduaires peut être éliminée dans les
eaux réceptrices jusqu'au ... [dernier jour de la vingtième année après l'entrée en vigueur de la présente directive] pour le calcul du pourcentage minimal de réduction de l'azote
visé à l'annexe I, partie B, tableau 2, si toutes les conditions suivantes sont remplies:
1) le temps de rétention hydraulique moyen de l'effluent rejeté est d'au moins 1,5 an avant qu'il n'atteigne la zone sensible à l'azote désignée conformément à l'article 7, paragraphe
2 ;
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2) un programme continu de surveillance et d'évaluation du paramètre azote total est mis en place :
a) aux sorties de toutes les stations d'épuration des eaux urbaines résiduaires et, le cas échéant, dans les eaux de ruissellement urbain des agglomérations dont l'EH est égal ou
supérieur à 10 000, situées dans le bassin versant de la zone désignée comme sensible à l'azote conformément à l'article 7, paragraphe 2 ;
b) aux entrées pertinentes de la zone concernée désignée conformément à l'article 7, paragraphe 2 ; et
c) sur les sites de prélèvement d'échantillons représentatifs des eaux réceptrices et des masses d'eau pertinentes du bassin versant de la zone concernée désignée conformément
à l'article 7, paragraphe 2;
3) le pourcentage minimal de réduction de l'azote indiqué dans le tableau 2 est respecté ; ce pourcentage est calculé sur la base des données collectées dans le cadre du
programme continu de surveillance et d'évaluation visé au point 2) ;
4) il peut être démontré que les rejets d'azote provenant des stations d'épuration des eaux urbaines résiduaires dans le bassin versant ne sont pas néfastes pour l'environnement,
y compris pour la biodiversité, et pour la santé humaine et qu'ils ne modifient pas l'écosystème ;
5) la concentration d'éléments nutritifs dans les zones visées au point c) de la condition 2) est conforme aux conditions fixées à l'annexe V, point 1.2.1, de la directive 2000/60/CE
pour définir le bon état écologique de ces zones ;
6) l'utilisation de la rétention naturelle d'azote est communiquée à la Commission conformément à l'article 22, paragraphe 1, point a), ainsi qu'aux États membres voisins
potentiellement affectés, conjointement avec tous les éléments nécessaires pour vérifier que les conditions énumérées aux points 1), 2), 3), 4) et 5) ci-dessus sont remplies.
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Mars 2025 Évaluation de la directive relative au traitement des eaux
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Articles 8, 9 et 10 : traitement des micropolluants
Article 8 : traitement quaternaire
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Références Objet Objectif Indicateurs et délais Dérogations Travaux préparatoires
à réaliser
Commentaires et
points d?attention
Article 8. 1
Mise en place du
traitement quaternaire
progressif dans toutes
les grosses STEU
Traitement quaternaire
dans toutes les STEU >
150 000 EH en charge
reçue au niveau fixé
annexe I, partie B et
tableau 3,
Nombre maximal de
non conformités
maximales (annexe I,
partie C)
31/12/2033 20 % des
STEU
31/12/2039 60%
31/12/2045 100%
État de l?art des
techniques disponibles
Identifier la liste de ces
STEU et les atouts/
faiblesses pour
accueillir un traitement
quaternaire
Les objectifs sont fixés
en pourcentage
minimal d?élimination
par rapport aux valeurs
d?entrée par temps sec
(80%) sur 12
substances organiques
« indicateurs » (8 très
faciles à abattre, 4
faciles à abattre), dont
au moins 6 doivent être
éliminées
Article 8. 2
Identification de zones
sensibles aux
micropolluants
Etablir une liste des
zones dans lesquelles
l?accumulation ou la
concentration de
micropolluants
provenant de STEU
présentent un risque
(santé humaine,
l'environnement), selon
des composantes
listées, avec des
dérogations possibles
31/12/2030
Réexamen en 2033
puis tous les 6 ans
Des zones de la
première liste peuvent
être écartées si
absence de risques
Etablir la méthode puis
la liste des zones
sensibles aux
micropolluants :
1/- bassins versants de
captages eau potable,
selon les termes de la
directive 2020/2184)
sauf si évaluation des
risques faite dans ce
cadre le permet
- eaux de baignade,
selon les termes de la
directive 2006/ sauf si
le rejet dans le milieu
ne présente pas de
risque sanitaire pour les
baigneurs
- activité aquacole,
selon les termes du
règlement 1380/2013
sauf si les autorités
compétentes estiment
Il y a jusqu?à fin 2030
pour établir les zones
sensibles mais c?est la
base de la contribution
à la REP : besoin de
visibilité important sur
la méthode et sur les
résultats.
Question de
l?articulation avec le
calendrier des Sdage
pour la définition des
zones sensibles : à
engager rapidement ?
Evaluation complexe
puisque pour la liste 1/,
il y a des dérogations
possibles,
pour la liste 2/, elle
repose sur une
évaluation des risques,
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Références Objet Objectif Indicateurs et délais Dérogations Travaux préparatoires
à réaliser
Commentaires et
points d?attention
une absence de risque
2/ autres zones, sur la
base d?une évaluation
des risques : lacs,
certaines rivières,
zones où un traitement
supplémentaire est
nécessaire au regard
de 3 directives (DCE,
eaux souterraines,
normes de qualité de
l?eau)
- ZSC et ZPS
- eaux côtières
- eaux de transition
- eaux marines
qui devra être
communiquée à la
Commission.
Pour éviter des
confusions avec les
zones sensibles à
l?eutrophisation, on
pourrait parler des
zones à enjeux pour les
micropolluants.
Article 8.3
Acte d?exécution
possible de la
Commission sur le
format de l?évaluation
des risques
Possibilité pour la
Commission d?encadrer
l?évaluation des risque
Pas de date Définir, en travail
prioritaire, une méthode
d?évaluation des
risques requise pour
l?article 8.2
Acte d?exécution
possible
Article 8.4 Mise en place du
traitement quaternaire
dans les
agglomérations EH >
10000 EH dans les
zones sensibles aux
micropolluants
Acte d?exécution
possible pour adapter
les modalités de
surveillance et
d?évaluation des
résultats
Traitement quaternaire
dans toutes les
agglomérations >
10 000 EH en zone
sensible au niveau fixé
annexe I, partie B et
tableau 3,
Nombre maximal de
non conformités
maximales (annexe I,
partie C)
31/13/2033 10%
31/12/2036 30%
31/12/39 60%
31/12/45 100%
Identifier, sur la base du
travail mené sur les
zones sensibles les
agglomérations puis les
STEU qui seraient
concernées.
Objectifs de
dépollutions présentés
ci-dessus (article 8.1).
Acte délégué possible
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Références Objet Objectif Indicateurs et délais Dérogations Travaux préparatoires
à réaliser
Commentaires et
points d?attention
Article 8.5 Evolution des Steu
concernées par le
quaternaire en zone
sensible du fait de leur
mise à jour
Mise à jour des Steu
soumises à la suite de
la mise à jour des
zones sensible
Délai de 7 ans à
compter de
l?identification en zone
sensible et au plus tard
dans le calendrier du
8.4
Composante à intégrer
dans les travaux menés
sur l?identification des
zones à enjeux pour les
micropolluants
Contrainte dans la mise
aux normes après
évolution des zones
sensibles
supplémentaires par
rapport au même sujet
sur le tertiaire
Article 8.6 Possibilité d?actes
d?exécution de la
Commission sur les
méthodes de
surveillance et
d?échantillonnage
Donner un cadre
européen aux
méthodes
d?échantillonnage
Être en mesure de
donner de la visibilité
sur la méthode mise en
place en France
Article 8.7 Nombre entier des Steu
pour atteindre les
objectifs nationaux
Arrondi vers le bas
Article 8.8 Traitement quaternaire
des eaux destinées à la
réutilisation
Prise en compte d?une
évaluation des risques
en cas de réutilisation
agricole
Amélioration de la
qualité de l?eau
réutilisée
Etude d?impact à
réaliser sur la
réutilisation actuelle et
future : identifier les
situations où un
traitement quaternaire
serait requis « lorsque
c?est approprié »
Pas de date de mise en
oeuvre
Article 9 : responsabilité élargie des producteurs
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Références Objet Objectif Indicateurs et délais Dérogations Travaux préparatoires
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Commentaires et
points d?attention
Article 9. 1
Les producteurs de
cosmétiques et
pharmaceutiques sont
soumis à la REP et
couvrent :
- 80% au moins des
coûts du quaternaire
(article 8) en
investissement et en
fonctionnement
- la surveillance
- la collecte et
vérification des
données
100% du
fonctionnement de la
REP
Donne les obligations
en termes de coûts à
couvrir
3ème année après
entrée en vigueur de la
directive (2027)
- Identifier les
producteurs (au sens
metteurs en marché
national, y inclus les
importateurs)
- Evaluer les coûts, et
en premier lieu :
- les STEU de plus de
150000 EH
- les agglomérations et
STEU concernées par
les zones sensibles,
donc la délimitation des
zones sensibles.
L?évaluation des coûts
ne peut être que
progressive puisqu?elle
demande :
- la connaissance des
zones sensibles, elle-
même attendue pour
2030,
- les méthodes de
surveillance et de
construction des
données,
- le coût de
fonctionnement de
l?organisation mise en
place.
Le texte prévoit une
contribution à « au
moins 80% » de
certains coûts, laissant
une marge de
discussion entre
payeurs (entreprises) et
bénéficiaires
(collectivités).
Article 9. 2
Dérogation pour les
producteurs
- qui mettent moins
d?une tonne de
substances par an sur
le marché à l?échelle
européenne
- qui mettent sur le
marché des substances
rapidement
Exonère certaines
producteurs et
certaines substances
X Connaître le calendrier
de la Commission pour
identifier les
producteurs exonérés à
l?échelle européenne
(voir 10.7)
Identifier les
substances non
soumises, en lien avec
la Commission (article
- Les producteurs
exonérés sont identifiés
par la Commission
(échange avec la
Commission voir 10.7).
- Les substances
exonérées sont
identifiées par la
Commission (9.3).
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Références Objet Objectif Indicateurs et délais Dérogations Travaux préparatoires
à réaliser
Commentaires et
points d?attention
biodégradables sans
micropolluants dans les
eaux usées
9.3)
Article 9.3 - Mise en place d?une
organisation répondant
aux exigences de
l?article 10,
Obligations pour les
producteurs :
a. donnent une fois par
an : les quantités de
produits mis en
marché ; la dangerosité
de ces produits ; les
produits exonérés.
b. contribuent
financièrement à
l?organisation
c. les contributions sont
définies sur la base de
la quantité et
dangerosité des
substances contenues
dans les produits
d. les organisations
compétentes sont
régulièrement auditées
e. le public est informé
Définir le cadre de la
REP et les obligations
des producteurs
concernés, et de
l?organisation mise en
place dans cet article et
dans le 10.
Fin 2027 (9.1) - définir les substances
soumises à la REP
(travail préparatoire
avant concertation).
- organiser une
préfiguration et son
calendrier
- Ensemble des
concertations et textes
de mise en place, loi,
réglementaires,
agrément
- Cet article exclut une
responsabilité
organisée
individuellement ;
- Le niveau de
participation des
producteurs à
l?organisation mise en
place est de 100 %.
- Le texte parle selon
les articles d?une ou
des organisations.
- Une attention devra
être portée aux
obligations qui
concernent les
substances (base de
paiement en fonction de
la quantité et
dangerosité) et les
produits contenant les
substances (dont la
mise en marché est le
fait générateur de la
participation à la REP).
- Les substances
soumises à la REP ne
sont pas listées, la
seule liste étant celle
des substances à
abattre dans les STEU.
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Références Objet Objectif Indicateurs et délais Dérogations Travaux préparatoires
à réaliser
Commentaires et
points d?attention
Rédaction de e) à
examiner car semble
repris directement de
textes déchets (ou vise
les déchets découlant
de cette filière REP).
Article 9.4 Les États membres
veillent à ce que
- le rôle des différents
acteurs est clairement
défini
- les objectifs de l?article
8 sont respectés (sans
en exclure d?autres à
l?échelle nationale)
- un système de
déclaration de mise en
marché est mis en
place
- Echanges entre
autorités compétentes
Composantes de
fonctionnement de la
filière REP
Calendrier de mise en
place de la REP
Points de vigilance
dans la rédaction des
textes, et la supervision
de la filière.
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Références Objet Objectif Indicateurs et délais Dérogations Travaux préparatoires
à réaliser
Commentaires et
points d?attention
Article 9.5 Acte d?exécution de la
Commission pour
identifier les substances
contenues dans les
produits exonérées
Etablir un cadre
uniforme de substances
non soumises à
l?échelle européenne
Fin 2026 Organiser une
présence de la France
dans les travaux (quel
service ?)
Acte d?exécution avec
une échéance
Article 10 : exigences minimales applicables aux organisations en matière de filière REP
Références Objet Objectif Indicateurs et délais Dérogations Travaux préparatoires
à réaliser
Commentaires et
points d?attention
Article 10. 1
Toute organisation
compétente en matière
de REP
- a un périmètre
géographique défini
- dispose de moyens
financiers suffisants
- met à disposition du
public des informations
(listées)
Dont des informations
sur les propriétaires et
adhérents de l?éco-
organisme
Une procédure de
reconnaissance des
organisations est mise
en place.
Bien définir le périmètre
et les moyens des
organisations mises en
place
Calendrier de mise en
place de la REP
Identifier un schéma
conforme à la Directive,
articulé avec la
stratégie française, en
tenant compte en
particulier de
l?obligation de donner
des informations sur les
propriétaires et
adhérents de
l?organisation mise en
place
Identifier les modalités
de préfiguration
Positions divergentes
des parties prenantes :
- producteurs opposés
à une REP qui ne
repose que sur deux
secteurs, mais attachés
à un éco-organisme au
moins pour la collecte
des contributions,
- opérateurs plutôt
favorables à des
redevances.
Modèle à inventer car
l?objectif diffère
largement de ce qui se
fait dans les REP
déchets.
Article 10. 2 Mise en place d?un
cadre de surveillance
adéquat
Assurer une bonne
supervision
Mise en place de la
REP
Voir le rapport IGEDD
IGF CGE sur les filières
REP
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Références Objet Objectif Indicateurs et délais Dérogations Travaux préparatoires
à réaliser
Commentaires et
points d?attention
Article 10.3 Supervision s?il y a
plusieurs organisations
Assurer une bonne
supervision
Mise en place de la
REP
Voir le rapport IGEDD
IGF CGE sur les filières
REP
Article 10.4 Contribution des
producteurs établis
hors France
S?assurer que tous les
metteurs en marché en
France contribuent
Mise en place de la
REP
Rex à faire des filières
déchets
Article 10.5 Organisation de
dialogues par l?État
pour une mise en
oeuvre optimale
(prévention à la source,
technologies de
traitement)
Travailler à l?efficacité
du système
Au fil de l?eau Calendrier de
mobilisation de cet outil
à préciser (postérieur à
2027 ?)
Définir le cercle de
concertation pour la
mise en place de la
REP
Mention de
l?association des parties
prenantes
Discussions qui ne
peuvent se faire
uniquement au sein des
organisations - Voir le
rapport IGEDD IGF
CGE sur les filières
REP en place
Article 10.6 La commission
organise du partage
d?information et mise en
oeuvre de bonnes
pratiques (art 9 et 10)
Entrée en vigueur de la
directive au plus tard
S?organiser pour y
participer
Article 10.7 La Commission informe
régulièrement des
dérogations
demandées par les
producteurs, transmise
aux États qui en font la
demande
Au fil de l?eau A prévoir pour la mise
en oeuvre de l?article
9.2
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Article 11 : neutralité énergétique
Références Objet - Objectif Indicateurs et délais Dérogations Travaux préparatoires
à réaliser
Commentaires et
points d?attention
Article 11.1 Audits énergétiques - Quantifier
- Identifier un
potentiel de
mesures rentables
31.12.2028
> 100 000 EH
31.12.2032
[10 000 ; 100 000] EH
Puis tous les 4 ans
Article 11.2 Production EnR Production doit couvrir
la consommation des
STEU à l?échelle
nationale
31/12/2030 : 20 %
31/12/2035 : 40 %
31/12/2040 : 70 %
31/12/2045 : 100 %
Dérogation aux
échéances 2040 et
2045 si non
atteignables
techniquement avec
toutes les mesures
d?efficacité énergétique
et de production d?EnR
Possibilité d?achat
d?énergie non fossile
(yc nucléaire) jusqu?à
35 % (en 2045) /
jusqu?à 5 % (en 2040)
de la consommation
moyennant
démonstration
Acte d?exécution
possible
Importance d?un lexique
précis pour la
transposition
Échéance 2030 et 2035
probablement
accessibles grâce aux
investissements en
cours dans des unités
de méthanisation
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Annexe 8. Procédés permettant de traiter les micropolluants issus
des produits pharmaceutiques et cosmétiques
L?ozonation consiste en la réaction de l?ozone (O3) avec les substances présentes dans l?effluent.
L?adsorption sur charbon actif (AC) consiste en la mise en contact de l?effluent traité avec du char-
bon actif, reconnu pour sa capacité d?adsorption des micropolluants en raison de sa haute porosité,
de sa grande surface spécifique et de son haut degré d'interactions de surface. Les substances
sont capturées jusqu?à ce que les sites d?adsorption disponibles soient saturés, le charbon actif
devant alors être renouvelé. Le charbon actif est commercialisé sous forme granulaire (GAC) et
sous forme de poudre (PAC), et largement importé.
Les trois procédés permettent un bon abattement des micropolluants visés par la DERU2, et peu-
vent être mis en oeuvre à l?échelle de STEU. Ils présentent chacun des avantages et des limites
(tableau 1).
Tableau 1 : Avantages et limites de différentes techniques de traitement des micropolluants88
Avantages Inconvénients
Ozonation ? Désinfection partielle
? Demande énergétique inférieure par
rapport aux systèmes membranaires
? Faible temps de traitement (5 à 10
mn), demande peu de foncier.
? Augmentation de la consommation
énergétique
? Formation de sous-produits et
d'autres produits de transformation
d'oxydation inconnus, qui peuvent
être toxiques et demandent un traite-
ment spécifique ; cette technique
n?est pas recommandée en pré-
sence de bromure dans les effluents
? Traitement biologique ultérieur re-
commandé pour éliminer les sous-
produits éventuels (cf Suisse)
Charbon actif poudre
(AC)
? Peut être mis en oeuvre dans le ré-
acteur biologique (mais les boues ne
sont plus épandables)
? Le charbon actif séparé de l?effluent
par décantation ou filtration peut être
: régénéré dans une installation spé-
cifique à 1200°.
? Élimination supplémentaire du car-
bone organique dissous
? Pas de formation de sous-produits
? Désinfection partielle possible par
combinaison avec filtration membra-
naire ? ce qui demande de la place
? Augmente les temps de séjour de 30
mn
? Le PAC doit être éliminé :
- Un post-traitement est nécessaire
pour éviter le rejet de PAC
- La production de PAC nécessite
une grande quantité d'énergie, et les
approvisionnements posent des
questions de dépendance et de dis-
tance
- La capacité d'adsorption peut fluc-
tuer avec chaque lot
- Impacte la qualité des boues et em-
pêche leur utilisation agricole
- Le charbon actif provient de ma-
tières fossiles
Charbon actif granu-
laire (GAC)
? Pas de formation de sous-produits
? Un système de filtration sur sable
existant peut être relativement facile-
ment remplacé par du GAC
? Le GAC peut être régénéré dans
une installation spécifique à 1200°.
? Demande un réacteur séparé
? La production de GAC nécessite une
grande quantité d'énergie
? Le charbon actif provient de ma-
tières fossiles
? La capacité d'adsorption peut fluc-
tuer avec chaque lot, risques de re-
largage.
88 Source : rapport de Paula ? OCDE - retravaillé
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Annexe 9. Étapes de mise en oeuvre d?une filière REP
Contexte
La responsabilité élargie des producteurs découle du principe « pollueur ? payeur » et vise, dans
les secteurs des déchets, où elle a historiquement été utilisée en France depuis la mise en place
d?Eco-emballage en 1992, à ce que les fabricants ou importateurs supportent les coûts de gestion
des déchets issus de leurs produits en fin de vie, les incitant ainsi à réduire ces coûts en favorisant
notamment l?éco-conception. Certaines de ces filières sont encadrées par des textes européens,
d?autres sont issues du seul droit national mais doivent respecter les dispositions transversales de
la directive cadre européenne sur les déchets. La loi anti-gaspillage de 2020 a doublé le nombre
de filières à responsabilité élargie du producteur (REP) en France et fixé de nouvelles obligations
(prise en charge des dépôts sauvages, modulations des contributions, mise en place de fonds de
financement de la réparation et du réemploi ?). Par ailleurs, pour assurer le suivi de ces nouvelles
filières et ambitions, le cadre de régulation a été renforcé. Les filières « déchets » représentent à
ce jour environ 2 milliards d?euros de contributions et ce montant est appelé à tripler d?ici quelques
années.
La DERU2 introduit le principe « pollueur-payeur » dans le domaine de l?assainissement en
s?inspirant des dispositifs mis en place dans le secteur des déchets, pour couvrir le coût de
traitement quaternaire issu de la consommation diffuse de médicaments et de cosmétiques. Les
secteurs soumis à ce principe, pharmaceutique et cosmétique, connaissent bien le dispositif étant
concernés par les filières « emballages », « médicaments non utilisés » et « déchets d?activités de
soin à risque infectieux ».
Gouvernance des filières REP
Les producteurs soumis à REP s'acquittent de leur obligation en mettant en place collectivement
des éco-organismes, dont ils assurent la gouvernance et auxquels ils transfèrent leur obligation, et
versent en contrepartie une contribution financière permettant de pourvoir ou financer la prévention
et la gestion des déchets. Le cas échéant, dans le cas d?un producteur dont les produits comportent
un marquage permettant d'en identifier l'origine et qui a mis en place des circuits de récupération
des déchets qui en sont issus, il est possible de mettre en place un système individuel plutôt que
d?adhérer à un éco-organisme. Cette dernière option est exclue dans la DERU2.
Les éco-organismes et les systèmes individuels sont agréés par l?État s'ils établissent qu'ils
disposent des capacités techniques, de la gouvernance et des moyens financiers et
organisationnels pour répondre aux exigences d'un cahier des charges fixé par arrêté du ministre
chargé de l'environnement (chaque filière REP dispose de son arrêté, le cas échéant décliné par
catégories de produits). Les éco-organismes sont des structures de droit privé qui sont chargés
d'une mission d'intérêt général et ne doivent pas poursuivre de but lucratif pour leur activité agréée.
La loi anti-gaspillage a imposé un cadre de concertation révisé avec, d?une part des comités des
parties prenantes (un comité par éco-organisme et par filière) qui sont consultés sur les décisions
les plus structurantes prises par les éco-organismes, et d?autre part, une commission inter-filières
(CiFREP), placée auprès du Ministre de l?environnement, qui est saisie pour avis sur les arrêtés
portant cahiers des charges et les demandes d?agrément. L?avis de ces instances est consultatif :
ni l?éco-organisme (pour les CPP) ni le Ministre (pour la CiFREP) ne sont obligés de s?y conformer.
Ces avis sont rendus publics89.
Régulation des filières REP
La direction générale de a prévention des risques (DGPR), par délégation du ministre de
89 Le rapport « Performances et gouvernance des filières à responsabilité élargie du producteur » de l?IGF, l?IGEDD
et le CGE, de juin 2024 met en question cette organisation compte tenu du nombre de filières REP dans le secteur
des déchets.
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l?environnement, assure pour la vingtaine de filières REP existantes ou en cours de mise en place
dans le secteur des déchets la rédaction des textes réglementaires (décrets, arrêtés) et leurs
révisions successives, instruit, en lien avec la direction générale des entreprises (DGE), les
demandes d?agrément, assure le suivi du respect des obligations imposées par les textes
réglementaires et peut engager des sanctions à l?encontre des éco-organismes et les systèmes
individuels pouvant aller d?une amende administrative à un retrait d?agrément en passant par des
astreintes journalières ou des consignations. La DGPR dispose également du pouvoir de police
administrative à l?encontre des producteurs non contributeurs aux filières.
Un censeur d'État (membre du contrôle général économique et financier) est chargé de veiller à
ce que les éco-organismes disposent des capacités financières suffisantes et à ce que le principe
de non lucrativité pour les activités agréées soit bien respecté. La loi anti gaspillage a également
créé une direction de suivi et d?observation des filières REP à l?ADEME chargée de réaliser les
études de préfiguration des nouvelles filières et le suivi des filières existantes (à la fois par la
réalisation de bilans et d?analyses du réalisé et d?études prospectives et en gérant la base de
données déclarative dans laquelle les éco-organismes et systèmes individuels doivent
annuellement déclarer, ainsi qu?en assistant la DGPR dans ses missions de suivi et contrôle des
éco-organismes et les systèmes individuels).
Par parallélisme des formes, ce pilotage et ces tâches, dans le cas d?une REP micropolluants,
devraient incomber à la direction de l?eau et de la biodiversité en lien avec la DGE, et avec le
soutien de l?ADEME.
Mise en place d?une filière REP, grandes étapes,
Au regard du retour d?expérience de la politique de gestion des déchets basée sur la directive cadre
déchets 90, les principales étapes sont les suivantes :
-La phase de préfiguration d?une nouvelle filière REP se base sur une étude spécifique dite « de
préfiguration ». Elle est, pour les REP mises en place dans le secteur des déchets, réalisée par
l?ADEME (généralement en s?appuyant sur les bureaux d?administration centrale concernés), sous
l?égide d?un comité de pilotage (une dizaine de réunions environ). Les parties prenantes sont
associées au sein d?un comité de suivi (une demi dizaine de réunions environ). De nombreuses
réunions plus informelles entre l?ADEME, les bureaux d'études, l?administration d?une part, entre
l?administration avec les parties prenantes d?autre part sont également utiles au bon avancement
de la préfiguration.
La préfiguration vise à préciser et clarifier les mises en marché des produits qui entrent dans la
REP et les possibilités de prévention ; identifier les gisements et les modes de traitement actuels
et les potentiels d?évolution (en adéquation avec les textes transversaux aux REP et les éventuels
textes européens encadrant certaines filières) ; préciser les orientations d?organisation de l?amont
et l?aval de la filière, les objectifs à atteindre, les coûts et les projections, avec si possible une
démarche de parangonnage91.
- La phase d?élaboration des textes réglementaires d?une filière, pour les filières nouvelles,
demande : la préparation par l?administration d?une note d?orientations, puis des textes afférents :
loi (DDADUE si texte européen), décret et arrêté portant cahier des charges, ainsi que, le cas
échéant, autres textes (arrêté « périmètre », arrêtés « traitement », avis ?) ; des réunions de
concertation ainsi que des réunions bilatérales avec certains acteurs, qui peuvent parfois se tenir
au niveau du Ministre ; des consultations formelles (saisine du CNEN, de la commission des filières
REP, consultation du public, et le cas échéant de commissions spécifiques). Chacune de ces
phases s?accompagne de la rédaction des documents liés (études d?impact, notes de présentations,
90 Directive 2008/98/CE du 19 novembre 2008 modifiée relative aux déchets et abrogeant certaines directives
(articles 8 et 8 bis) https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/HTML/?uri=CELEX:02008L0098-
20180705&from=en
91 À titre d?exemple, l?étude de préfiguration relative à la filière des emballages industriels et commerciaux est un
document d?environ 200 pages https://librairie.ademe.fr/ged/8523/Prefiguration-Filiere-REP-Emballages-
Industriels-Commerciaux-Synthese-2024.pdf
PUBLIÉ
https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/HTML/?uri=CELEX:02008L0098-20180705&from=en
https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/HTML/?uri=CELEX:02008L0098-20180705&from=en
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etc.) et de validations à l?échelle ministérielle et interministérielle. Globalement cette phase
d?élaboration, hors cadre législatif, peut durer de 6 à 18 mois (en fonction de la complexité et des
enjeux de la filière, notamment financiers, ainsi que des éventuelles divergences
interministérielles), si les moyens requis sont mobilisés.
- La phase d?instruction des dossiers de demandes d?agrément (DDA) est liée à la date de parution
du cahier des charges par rapport à la date de mise en place prévue de la filière. Elle est
théoriquement comprise (selon les textes) entre 3 et 6 mois (en fonction des filières) mais va en
pratique de 1 mois à près d?une année (pour certains cas particuliers) avec une moyenne proche
de 2 mois (généralement sous la pression collective d?agréer des structures pour mettre en oeuvre
la REP).
- Le suivi de la mise en oeuvre des agréments est lié à différents paramètres, comme la maturité
de la filière, sa complexité (corrélée notamment aux volumes financiers, au nombre, à la diversité,
au pouvoir d?influence des acteurs concernés?) et l?actualité économique et politique. En pratique,
elle consiste notamment en un suivi pour chaque filière et pour chaque éco-organisme de l?atteinte
des objectifs prévus aux cahiers des charges, des obligations communes à toutes les filières REP
(prise en charge des outre-mer, projets de modulations des contributions financières, dossiers de
non-contributeurs, programme d?auto-contrôles, études de gisement, etc.), de la résolution de
problématiques spécifiques remontées par les censeurs?
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Annexe 10. Déclaration protocolaire de la France
Proposition de DIRECTIVE DU PARLEMENT EUROPÉEN ET DU CONSEIL relative au traitement
des eaux urbaines résiduaires (refonte)
La France soutient la directive révisée sur les eaux résiduaires urbaines (UWWTD) et considère
celle-ci comme un texte ambitieux, tenant compte des effets du changement climatique, permettant
de renforcer la protection de la santé humaine et de l?environnement notamment contre les sources
de contamination émergentes. La France soutient l?application du principe pollueur-payeur et le
mécanisme de responsabilité élargie du producteur afin de financer la mise en place de systèmes
de traitement quaternaire pour réduire la présence et les rejets de micropolluants dans les milieux
aquatiques. C?est pourquoi la France confirme sa mobilisation pour atteindre les objectifs de la
directive révisée.
Néanmoins, si la directive révisée permettra de créer des incitations afin que nos industriels
investissent dans le développement de produits plus respectueux de l?environnement notamment
en ce qui concerne les micropolluants, la France sera attentive dans sa mise en oeuvre à
l?importance d?éviter les effets de bord négatifs pour les industries pharmaceutique et cosmétique
afin de ne pas perdre de vue l'objectif primordial du renforcement de l'autonomie stratégique et de
la compétitivité mondiale de l'UE. Il est nécessaire que nos industries puissent maintenir leurs
investissements et innovations (en particulier dans la production de produits plus responsables)
dans nos territoires. S?agissant des médicaments, la mise en oeuvre de la directive ne doit pas
créer de risques d?accroissement de pénuries en favorisant les délocalisations, dans un contexte
de prix régulés.
Enfin, la France invite la Commission à une préparation finement calibrée du futur acte délégué,
concernant la définition de la liste des substances qui déterminera le champ des contributeurs à la
REP et appelle à ce titre la Commission à ne pas faire peser une charge excessive sur certaines
entreprises. La France recommande également de veiller à une mise en oeuvre harmonisée entre
les différents États membres afin de préserver le bon fonctionnement du marché intérieur.
Pour ces raisons, la France veillera à ce que toutes les informations nécessaires soient mises à
disposition de la Commission et préconise la réalisation d?une étude d?impact complémentaire
ciblée en vue de la préparation de l?acte délégué.
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Annexe 11. Description des scénarios pour l?évaluation des
coûts
Annexe 11.1. Traitement quaternaire
Estimation à partir des travaux de l?agence environnementale allemande :
Elle utilise deux fonctions de coûts : Coût = 1 000 x EH-0.40 et C = 1 000 x EH-0.45+3
Par souci de cohérence, la fonction Coût = 1 000 x EH-0.40, qui est l?hypothèse la plus haute, est
retenue dans les deux approches de la mission (ambitieuse et restrictive). Cela permet que la différence
entre ces deux approches reste, comme pour les autres simulations présentées ci-dessous, l?hypothèse
prise pour les STEU entre 10 000 et 150 000 implantées dans des zones sensibles aux micropolluants :
? 30 % des STEU de + de 10 000 EH et toutes les stations de plus de 150 000 EH dans
l'approche ambitieuse,
? toutes les stations de + de 150 000 EH et 10 % des STEU de plus de 10 000 EH d'autre part
dans l?approche restrictive.
Estimation à partir d?ordre de grandeur de coûts unitaires indiqués à la mission à dire d?expert (cas
d?une métropole et échanges) :
Le traitement quaternaire peut être approché selon les hypothèses de coûts suivantes :
? 600 000 ¤ HT pour une STEP de 10 000 EH,
? 2 000 000 ¤ HT pour une STEP de 50 000 EH,
? 3 500 000 ¤ HT pour une STEP de 100 000 EH,
? coût d?exploitation de l?ordre de 1 000 ¤ HT pour 1 000 EH par an.
Ces coûts unitaires servent de base pour évaluer les coûts annuels du traitement quaternaire. Cependant,
l?estimation des coûts de fonctionnement a été ajustée à la hausse, des professionnels du métier les
estimant largement sous-estimés. Un facteur multiplicatif leur est appliqué.
Estimation de l?étude d?impact de commission :
La mission a repris les données fournies par la commission dans son étude d?impact, tableau A7.8:
« Detailed costs of the preferred option per Member State (¤ per year by 2040) ». Il est indiqué que le
coût annuel pour la France est de 130 822 544 ¤.
Annexe 11.2. Traitement tertiaire
Estimation à partir de l?enquête menée et d?ordre de grandeur de coûts unitaires indiqués à la mission
par une métropole :
Les réponses aux questionnaires, éclairées par plusieurs entretiens conduisent à approcher l?ordre de
grandeur des STEU de plus de 150 000 EH concernées ainsi que les plus de 10 000 EH en zone sensible
par bassin comme suit :
STEU>150 000 10000<STEU>150000
Nb de 150 000 EH qui ne
respectent pas la DERU 2
sur N et/ou P
Nb de 10 à 150 000 EH
qui ne respectent pas
la DERU 2 sur N et/ouP
ADOUR-GARONNE 8 113 6 113
ARTOIS-PICARDIE 7 97 4 47
LOIRE-BRETAGNE 15 212 12 170
RHIN-MEUSE 6 93 6 61
RHONE-MEDITERRANEE 19 292 19 292
SEINE-NORMANDIE 20 190 17 81
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Les coûts par tranches, à dire d?expert, sont évalués sur la base des hypothèses moyennes suivantes :
Pour les dépenses de fonctionnement :
- OPEX/an/hab pour les STEU de + de 150 000 EH : 9, 44 ¤,
- OPEX/an/hab pour les STEU entre 10 et 150 000 EH : 14,13 ¤.
Pour les dépenses d?investissement :
- CAPEX/STEU/an pour les STEU de plus de 150 000 EH : 10 633 265 ¤,
- CAPEX/STEU/an pour les STEU entre 10 et 150 000 EH : 5 884 354 ¤.
Compte tenu de ces éléments de coûts et des hypothèses sur les zones sensibles, la mission évalue
pour un ordre de grandeur de 5,4 Mds¤ pour la mise en oeuvre du traitement tertiaire en France.
Estimation de l?étude d?impact de la Commission européenne :
La mission a repris les données fournies par la Commission européenne dans son étude d?impact,
tableau A7.8: « Detailed costs of the preferred option per Member State (¤ per year by 2040). » Ce
tableau évalue le coût total pour la France de la mise en oeuvre du traitement de l'azote et du phosphore
à 241 M¤ par an (199 M¤ pour l'azote et 41 M¤ pour le phosphore).
Annexe 11.3. Neutralité énergétique
Méthaniseurs : partant du seuil de rentabilité estimé par les professionnels à 50 000 EH, nous
considérons que seules les stations au-delà de ce seuil s?équipent. Deux tranches de coûts sont intégrées
au scénario. Le coût d?un méthaniseur pour les plus de 150 000 EH est estimé à 20 M¤ tandis que le
coût unitaire d?un méthaniseur pour une station de 50 000 EH est estimé à 5 M¤.
Dans les deux hypothèses, nous estimons que le coût total est supporté par l?emprunt (aucun
autofinancement). 40 nouvelles stations de plus de 150 000 EH sont équipées d?ici 2045 et 270 de plus
de 50 000 EH.
Au total, d?ici 2045, 310 nouvelles stations sont équipées pour un coût total de 3,2 Mds¤.
Mise en place des audits énergétiques : l'objectif de la directive est que les STEU de plus de 100 000 EH
disposent d'un audit en 2028 et que les STEP de plus de 10 000 EH en disposent d'ici 2032. La directive
pose le principe que ces audits sont effectués tous les 4 ans. Partant de ce cycle, nous concluons que,
pour les plus de 100 000 EH, ce sont 43 audits qui doivent être réalisés/an pour les plus de 100 000 EH
et 124 pour les plus de 10 000 EH. Nous nous basons sur un prix unitaire de 4 000 ¤ indiqué par l'étude
d'impact de la commission d?une part et sur une approche empirique à partir d?exemple de terrain remonté
par les professionnels du secteur qui font valoir un coût unitaire de 200 000 ¤ pour les plus de 100 000
EH et 20 000 ¤ pour les plus de 10 000 EH.
S'agissant d'une prestation de service, l'impact budgétaire se situe en fonctionnement. Le coût global
des audits énergétiques est estimé à un peu moins de 15 M¤.
Économies d?énergie : nous considérons également les économies en fonctionnement générées par
l'objectif de neutralité énergétique. Nous nous basons pour cela sur les données suivantes : une
consommation moyenne de 50 Kw/h en se basant sur l'enquête d'Amorce pour l?approche restrictive et
une consommation moyenne de 50 Kwh/EH pour les moins de 150 000 EH et de 120 Kwh/EH pour les
plus de 150 000 EH. Nous y affectons un coût annuel de 0,174 ¤ du KWH. Nous considérons une
économie de 2%/an sur les dépenses d?énergie qui sont valorisées à 2% par an.
Annexe 11.4. - Temps de pluie - établissement des plans de gestion
intégrée
Estimation de l?étude d?impact de la commission :
Dans son document « Working document impact assessment (2022) », elle indique : "Le coût moyen de
la mise en place d'un plan de gestion intégrée des eaux urbaines a été estimé à 0,09 ¤/an/p.e."
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Le calendrier fixé par la directive pour le respect de l?obligation d?être doté d?un PGI est : 2033 pour les
agglomérations de plus de 100 000 EH et 2039 pour les agglomérations entre 10 000 EH et 100 000 EH
concernées. En effet, l?article 5 de la directive indique que les stations de plus de 10 000 EH ne respectant
pas le 2% en charge doivent être recensées dans une liste et que toutes les agglomérations de la liste
doivent faire l?objet d?un PGI.
On raisonne ici, par approximation par STEU :
dans une approche ambitieuse, la totalité des stations de plus de 10 000 dans une auxquelles est
appliqué un coût moyen par tranche pour un PGI allant de 4 800 ¤ à 25 875 ¤/an en nous basant sur
l?évaluation du coût moyen de la commission ;
dans une approche restrictive, seulement 36 % des stations devront réaliser des PGI ab initio. Cet
ordre de grandeur résulte du retour de l?enquête, qui indique que 64 % des SDA comportent déjà un
zonage eau pluviale et une gestion intégrée. La limite de cette approche est qu?il n?est pas possible
de chiffrer le coût marginal du passage d?un SDA à un PGI.
À noter : les coûts annuels s?appliquent sur l?ensemble de la période car les PGI sont établis pour un
cycle de 10 ans.
Analyse transmise à la mission par l?agence de l?eau Loire-Bretagne (confirmée par d?autres
échanges tenus avec différents interlocuteurs de la mission au cours de ses entretiens) :
L?élaboration des SDA coûte environ 1 million d?euros HT pour les SA de plus de 100 000 EH, tous les
10 ans. Le même raisonnement que précédemment est appliqué avec un coût unitaire différent.
Le coût d?établissement des PGI est ainsi estimé dans une fourchette de 16 à 60 M¤.
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Annexe 12. Le Syndicat interdépartemental pour
l?assainissement de l?agglomération parisienne
(SIAAP)
Le Syndicat interdépartemental pour l?assainissement de l?agglomération parisienne (SIAAP) est
chargé du transport et du traitement des eaux usées produites par l?agglomération parisienne. Il traite 2,5
millions de m³ d?eaux usées par jour pour 9 millions d'usagers franciliens, sur un territoire de 1 800 km²
qui couvre quatre départements et 180 communes réparties sur quatre autres départements. En termes
de moyens, ce sont 1 800 agents, 6 usines d?épuration, 400 km de réseaux. Le conseil d?administration
du SIAAP rassemble les élus de Paris et des départements de petite couronne. Le tarif de
l?assainissement en grande couronne est moitié moins élevé qu?en petite couronne.
La collecte des eaux usées repose, elle, sur une quarantaine de maîtres d?ouvrages. Le SIAAP est
responsable de la conformité de la zone agglomérée parisienne (ZAP) en tant que coordonnateur de ces
maîtres d?ouvrage92.
Le bassin versant pris en charge est caractérisé par une forte urbanisation, des densités de population
et d?activités économiques élevées et une imperméabilisation des sols. La Seine, dans laquelle se font
une grande partie des rejets, connaît un débit faible : à l?étiage entre juin et septembre, il est de 70 m3/s.
Sans le soutien des grands lacs de Seine, il serait de 40 m3/s, pour des flux traités de 20 à 30 m3/s.
Du point de vue environnemental, la plaquette institutionnelle du SIAAP souligne que « depuis la création
du SIAAP en 1970, le nombre d?espèces de poissons présentes dans la Marne et dans la Seine a été
multiplié par dix. Parmi les 34 espèces actuelles, certaines sont considérées comme fragiles, sensibles
aux effets diffus de la pollution de l?eau. » L?exploitation des usines du SIAAP représente une
consommation énergétique de 1 TWh/an, en augmentation tendancielle avec les niveaux de dépollution
attendus, couverte à environ 50% par les trois usines de méthanisation.
92 L?arrêté du 31 juillet 2020 modifiant l?arrêté du 21 juillet 2015 a renforcé le rôle de coordonnateur du SIAAP pour garantir
une démarche cohérente à l?échelle du système d?assainissement et de la zone agglomérée parisienne. Le SIAAP doit
réaliser une « analyse de risque de défaillance des ouvrages de collecte et de traitement », élaborer un « diagnostic
périodique décennal » (ou schéma directeur d?assainissement - SDA), et coordonner la mise en oeuvre d?un
« diagnostic permanent du système d?assainissement », à l?échelle de la zone agglomérée parisienne. Plusieurs
instances ont été mises en place pour répondre aux attentes des élus locaux concernés par les usines du SIAAP, en
termes d'information et de concertation : la conférence de l?assainissement réunissant les élus des territoires concernés,
la conférence technique des maîtres d?ouvrage de l?assainissement, les commissions de suivi de site (CSS,
réglementaire) ou Comités de Concertation de Site (CCS).
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Enfin et surtout, en ordres de grandeur, la France représente 100 M d?EH, le bassin Seine
Normandie 20 et le SIAAP 10 : sa stratégie de mise en oeuvre de la DERU2 représente donc un
point majeur de la structuration du bassin Seine Normandie, et de la France plus largement.
1/ Des enjeux majeurs sur chaque composante de l?assainissement
Le réseau de collecte initial, qui ne relève pas du SIAAP, présente des marges d?amélioration
(correction de mauvais branchements, de sous-dimensionnement, création de bassins d?orages,
maintenance renforcée et plus réactive, etc.), progressivement mises en oeuvre, avec des
dynamiques variables. C?est un enjeu fort pour la performance des usines. On estime qu?environ
10 % de l?eau traitée vient du pluvial, via les réseaux unitaires, traitement pour lequel le SIAAP est
rémunéré, mais qui peut présenter des enjeux de non-conformité. Par ailleurs, une partie de l?eau
traitée provient du ruissellement qui arrive dans les installations. Le réseau de grande dimension
du SIAAP présente également des enjeux de robustesse et de performance. Le collecteur
dit « VL8 », créé pour les JOP, représente un investissement de 339 millions d?euros.
L?usine d?épuration de Seine-Aval (SAV), située à Achères, traite environ 1,4 millions de m³/j ; elle
comporte une usine de traitement des eaux et une de traitement des boues. C?est la deuxième
station au monde par sa taille. La technique actuellement utilisée a été mise en place en 2016-
2017 en remplaçant progressivement les 9 bassins de boues activées utilisées jusqu?alors. Compte
tenu d?installations permettant de fournir énergie et air comprimé, d?assurer le stockage du biogaz
produit, le traitement des déchets issus du traitement des eaux ainsi que l?utilisation de produits,
c?est un site Seveso seuil haut. Il a subi plusieurs incendies, dont un important en 2019, ce alors
que des opérations de maintenance ou des dysfonctionnements sur des usines situées en amont
augmentent les volumes d?eau résiduaire à traiter sur Seine aval. Ainsi, les investissements
nécessaires sur le site de Valenton ou l?incendie d?un poste électrique à Seine-Centre en 2022 y
ont réduit les débits traités. Au bout du compte, si les efforts engagés ont conduit à une réduction
des rejets urbains par temps de pluie, les rendements pour l?azote de certaines stations du SIAAP
ont contribué depuis les années 2010 à une diminution du pourcentage de réduction des pollutions
que des collectivités de moindre importance de la zone ne peuvent compenser.
La refonte globale du site de Seine-Aval, dans le cadre de la DERU1 et suites à ces différents
événements, a conduit à un nouvel arrêté d?autorisation en date du 20 juillet 2023, et un chantier,
en cours, pour une mise en service à l?horizon 2026. Compte tenu des non-conformités constatées
par la police de l?eau, le SIAAP a mis en place un plan d?actions en 2023, encadré par un arrêté
de mise en demeure du 28 février 2024. Le SIAAP a également engagé une étude pour un
« programme de renforcement de la robustesse du schéma directeur d?assainissement du SIAAP »,
qui traite des volumes et des charges, visant à fiabiliser les performances de son système
d?assainissement 93 . Il a également lancé un travail de révision de son schéma directeur
d?assainissement, pour faire évoluer sa stratégie notamment au regard du changement climatique.
2/ La place du SIAAP et de la ZAP dans la mise en oeuvre de la DERU2
La DERU2, dans un contexte de forte mobilisation, organisée récemment par la révision ou
l?adoption de plusieurs plans et stratégies, représente des enjeux forts pour le SIAAP. Le SIAAP
dispose d?atouts : une certaine disponiblité foncière pour la mise en oeuvre du traitement
quaternaire nouveau, ou encore une stratégie en matière d?energie qui permet d?envisager de
tendre vers la neutralité, sans l?atteindre en 2045. Les tensions se concentrent sur la question du
calendrier de mise en oeuvre : les progrès sur le temps de pluie demanderont un implication de
nombreuses collectivités, sur des actions lentes comme la déconnexion ou la
désimperméablisation ; sur les usines, des travaux sont en cours, et la portée donnée à la prise en
compte des « situations inhabituelles » pourrait être lourde d?effets. En effet, actuellement, seuls
les bilans d?autosurveillance réalisés en conditions normales de fonctionnement sont pris en
compte pour l'évaluation de la conformité réglementaire. L?exclusion de certains bilans relève d?une
appréciation du service de police de l?eau, dans un cadre national, sur la base d?une demande
93 Et en particulier, atteindre un rendement de 70 % d?abattement de l?azote pour chaque usine, réduire le nombre
de bilans classés en « situation inhabituelle », contribuer à l?atteinte d?un rendement de 75 % au niveau de la
zone CM_03207.
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argumentée du maître d?ouvrage. Or, les demandes du SIAAP sont, à l?heure actuelle, relativement
nombreuses.
Enfin, la question de la soutenabilité financière de l?ensemble de la mise en oeuvre conduit en
première approche, en articulation avec le plan en cours, à prévoir une contribution à la mise en
oeuvre de la DERU2 en fin de période.
Au regard de son poids relatif dans le parc national, la stratégie à adopter pour la conformité de
l?assainissement en Île-de-France constitue un élément clé du programme national de mise en
oeuvre. À titre d?exemple, au regard de ses consommations d?énergie, tout écart à la neutralité
pourrait soit nécessiter des efforts très difficiles à atteindre pour le reste du parc national en cas de
production insuffisante d?énergies renouvelables, soit dans le cas contraire apporter à la fois un
bénéfice économique pour le SIAAP mais aussi pour l?atteinte des objectifs nationaux.
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Résumé
Liste des recommandations
Introduction
1 Contexte et éléments de méthode
2 Appréciation critique des nouveaux objectifs de la DERU2
2.1 La gestion des eaux résiduaires par temps de pluie
2.1.1 L?introduction de plans de gestion intégrée des eaux résiduaires urbaines
2.1.2 Un objectif de réduction des rejets par temps de pluie ambitieux, appuyé sur la charge polluante, en référence à celle collectée par temps sec
2.1.3 Ce qu?il faut retenir pour la mise en oeuvre
2.2 Le traitement de l?azote et du phosphore
2.2.1 Des enjeux différents par strates de STEU
2.2.2 Éléments sur les techniques et les coûts
2.2.3 Ce qu?il faut retenir pour mettre en oeuvre les obligations sur le phosphore et l?azote
2.3 Le traitement des micropolluants
2.3.1 La nécessité de répondre à plusieurs questions préalables
2.3.1.1 Quel est le fait générateur de la contribution des metteurs en marché ?
2.3.1.2 Quels sont les coûts à couvrir ?
2.3.1.3 Quel est le prorata de contribution des secteurs soumis à la REP ?
2.3.1.4 Quelle organisation pour prendre en charge cette responsabilité élargie des producteurs, éco-organisme ou organisation appuyée sur les Agences de l?eau ?
2.3.2 Éléments sur les techniques et les coûts
2.3.3 Ce qu?il faut retenir pour mettre en oeuvre le traitement des micropolluants
2.4 Efficacité énergétique, neutralité énergétique et neutralité carbone
2.4.1 Des objectifs à atteindre à l?échelle nationale
2.4.2 Ce qu?il faut retenir pour la mise en oeuvre de la neutralité énergétique et de la neutralité carbone
2.5 Surveillance et rapportage
2.5.1 Les obligations de la DERU2
2.5.2 Des évolutions profondes à prévoir dès à présent et à structurer dans la durée pour les systèmes d?information
2.6 Autres enjeux
2.6.1 Les petites agglomérations et l?assainissement non collectif
2.6.2 Rejets d?eaux usées non domestiques
2.6.3 Réutilisation de l?eau et rejets d?eaux urbaines résiduaires (REUT)
2.7 Travaux transversaux à engager rapidement
2.7.1 Définir un lexique commun
2.7.2 Définir les zones, listes et informations requises, dans un calendrier unique
3 Éléments d?appréciation des coûts de la DERU2
3.1 Enseignements de l?enquête initiée par la mission
3.1.1 Enseignements généraux
3.1.2 Enseignements utiles pour affiner le calcul des coûts
3.1.2.1 Temps de pluie
3.1.2.2 Azote / Phosphore
3.1.2.3 Micropolluants
3.1.2.4 Énergie et gaz à effet de serre
3.2 Hypothèses transversales pour l?évaluation des coûts
3.3 La gestion des rejets par temps de pluie
3.4 Le traitement tertiaire
3.5 Le traitement quaternaire
3.6 La neutralité énergétique
3.7 Conclusions de la mission
4 Mettre en place des stratégies nationale et par bassin pour optimiser la mise en oeuvre de la DERU2
4.1 Critères pour une stratégie
4.1.1 Mettre les bénéfices environnementaux au coeur du dispositif
4.1.2 Tenir compte des projets des collectivités et du risque de tension sur les marchés
4.2 Articuler les stratégies nationales, de bassin et d?agglomération, dans un calendrier connu de tous
4.2.1 Rôle et pilotage de l?échelon national
4.2.1.1 Propositions pour la gouvernance
4.2.1.2 Donner les grandes lignes de la répartition de l?effort par bassin
4.2.1.3 Organiser et piloter le calendrier
4.2.1.4 Mettre les soutiens en adéquation avec la stratégie retenue
4.2.2 Déclinaison du programme national par bassin
4.2.2.1 Adapter les structures et les processus existants
4.2.2.2 Établir une programmation adaptée à chaque bassin
4.2.2.3 Les Régions ultra périphériques
4.3 Une organisation renforcée et adaptée de l?État et de ses opérateurs
4.3.1 Renforcer les services en charge, à commencer par la police de l?eau
4.3.2 Élaborer une feuille de route pour les principaux opérateurs
Conclusion
Annexes
Annexe 1. Lettre de mission
Annexe 2. Liste des personnes rencontrées
Annexe 3. Glossaire des sigles et acronymes
Annexe 4. Rappel sur le contentieux européen sur la DERU
Annexe 5. Contenu de la directive
Annexe 6. Questionnaire en vue d?une évaluation des coûts et bénéfices de la DERU2 à l?échelle nationale
Annexe 7. Fiches par articles
Annexe 8. Procédés permettant de traiter les micropolluants issus des produits pharmaceutiques et cosmétiques
Annexe 9. Étapes de mise en oeuvre d?une filière REP
Annexe 10. Déclaration protocolaire de la France
Annexe 11. Description des scénarios pour l?évaluation des coûts
Annexe 11.1. Traitement quaternaire
Annexe 11.2. Traitement tertiaire
Annexe 11.3. Neutralité énergétique
Annexe 11.4. - Temps de pluie - établissement des plans de gestion intégrée
(ATTENTION: OPTION t en contrepartie une contribution financière » qui
explicite leur responsabilité. Toute alternative hybride aurait comme conséquence de reporter, au
moins en partie, la responsabilité du pollueur sur les agences.
Au regard de la lecture des textes et d?une comparaison de ces deux scénarios, la mission
estime incontournable de confier la collecte des contributions à un nouvel éco-organisme44,
conforme au cadre européen.
La manière dont les soutiens seront versés aux entités gestionnaires des systèmes d?assainisse-
ment mettant en oeuvre le traitement quaternaire mérite également un examen approfondi.
Quelques exemples illustrent le caractère intégré des évolutions qui découleront de la DERU2 pour
les STEU : la mise en place d?un traitement quaternaire doit tenir compte de la qualité du traitement
de l?azote et du phosphore ; elle dépend du foncier disponible et de son affectation (il peut être
42 Pour être agrée par l?État, un éco-organisme doit fournir différents documents, et notamment « Une description
de la gouvernance, comprenant la liste des producteurs qui participent à la mise en place collective de l'éco-
organisme à la date de la demande, ses statuts, et notamment, lorsque la forme adoptée par l'éco-organisme
est celle d'une société par actions, la liste de ses actionnaires et la composition du conseil d'administration ainsi
que leurs pouvoirs respectifs, ainsi que la liste des producteurs qui projettent de lui transférer leur obligation de
responsabilité élargie à la date de la demande » (article R 581-46 du code de l?environnement.).
43 Le service d'utilité forestière (SUF) est dédié au développement de projets Label Bas-Carbone. Ce service est
intégré au sein du Centre national de la propriété forestière, mais financièrement autonome, avec une
comptabilité distincte (source : site du CNPF)
44 On ne peut préjuger du nombre d?éco-organismes, le choix relevant des metteurs en marché ; le retour
d?expérience est néanmoins que plusieurs éco-organismes présentent une complexité administrative lourde.
Dans la suite du rapport, on parle d?éco-organisme comme un terme générique pour ce type d?organisation.
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Mars 2025
Évaluation de la directive relative au traitement des eaux résiduaires urbaines 2
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nécessaire pour d?autres installations de traitement ou de valorisation énergétique). Pour cette rai-
son, elle sera inévitablement prise en compte dans la gouvernance et les travaux de programma-
tion et d'attribution des aides des agences de l?eau. L?appréciation des stratégies d?investissement
des différents services d?assainissement et la priorisation de la mise en place du quaternaire, de
nature à en réduire les coûts, seraient très lourdes et complexes pour un éco-organisme et redon-
dants avec le fonctionnement existant des acteurs de l?eau caractérisé par un partenariat étroit
entre les services d?assainissement et les agences de l?eau. Les interlocuteurs de la mission ont
tous reconnu que l?investissement à réaliser serait peu efficace et retarderait la mise en oeuvre de
la directive.
Tableau 2 : Comparaison des avantages et des limites pour le versement des soutiens au quaternaire
Programmation et versement via les agences
de l?eau aux collectivités
Programmation et versement par l?éco-orga-
nisme aux collectivités
Permet de d?appuyer sur les relations des
agences de l?eau avec les agglomérations d?as-
sainissement, dans une logique de guichet
unique de l'amont à l'aval du processus en cohé-
rence avec les autres évolutions des dispositifs
d'assainissement.
Présente une plus grande facilité pour les agglo-
mérations d?assainissement
Réduit le coût pour les metteurs en marché
Demande à l?éco-organisme d?établir ex nihilo
des relations avec toutes les agglomérations
d?assainissement
Coûteux pour les metteurs en marché
Coûteux pour les collectivités
Au regard d?une comparaison de ces deux scénarios, la mission estime qu?une programma-
tion et un versement des soutiens fondés sur les structures et relations existantes est de
nature à réduire les coûts et est plus efficace45, et conforme à l?esprit de la DERU2 qui vise
à réduire autant que possible les charges administratives inutiles. Cette option supposera
de préciser les relations de l?éco-organisme avec les agences de l?eau dans le cadre de
conventions et l?implication des metteurs en marché pour leur permettre d?exercer le con-
trôle lié à leur responsabilité.
Les comités de bassin seront renouvelés en 2026, après les élections municipales : c?est l?occa-
sion, dès lors que la préfiguration aura suffisamment avancé, de faire entrer les représentants de
l?éco-organisme dans le collège « activités économiques » du comité. Des conventions ad hoc avec
chaque agence de l?eau viendraient compléter ce dispositif.
La mission estime ainsi que l?action de l?éco-organisme doit s?articuler au mieux avec la stratégie
de mise en oeuvre de la DERU2 pour être la plus efficace possible (voir partie 2).
La mise en place de cette filière pose d?autres questions, comme :
l?impact de l?éco-contribution sur le prix des médicaments ou sur les marges du secteur, en
distinguant différents segments (original ou générique, secteur hospitalier ou non hospitalier?),
45 On note à ce titre que les agences sont déjà intégratrices du versement de soutiens non financés par leurs
redevances : crédits du Plan de Relance, du Fonds Vert avec une gouvernance particulière, ou encore du fonds
biodiversité en mer. Depuis 2024, l?agence de l?eau Seine-Normandie gère ce fonds (30 M ¤), qui s?inscrit dans
les objectifs de la loi énergie-climat de 2019 et de la programmation pluriannuelle de l?énergie et est prévu par
les dispositions du cahier des charges dans lequel s?inscrit le projet. Dans le cadre de la filière REP, telle
qu?écrite dans la directive, l?éco-organisme doit alors apporter un soutien au coût de cette mission pour chaque
agence de l?eau.
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Mars 2025
Évaluation de la directive relative au traitement des eaux résiduaires urbaines 2
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l?impact sur les prix ou les marges dans le secteur des cosmétiques, qui n?entre pas dans le
même cadre réglementaire que le médicament, les effets sur l?éco-conception et l?évolution des
contributions des deux secteurs,
les modalités de soutien du traitement tertiaire dans le cas de STEU de moins de 150 000 EH
qui devraient mettre en place un traitement quaternaire sans obligation de traitement tertiaire,
la structuration des outils de suivi?
Elle passe par l?adoption d?un dispositif législatif, l?élaboration d?un cadre réglementaire, l?élabora-
tion d?un cahier des charges par l?État, l?affinement des coûts et de l?éco-contribution, la structura-
tion d?une réponse par les metteurs en marché à ce cahier des charges, la mise en place d?une
gouvernance adaptée, la délivrance par l?État d?un ou plusieurs agréments (annexe 9). Ce travail
devra être mené en tenant compte dès que possible du périmètre des substances à traiter, et du
retour d?expérience et des discussions sur le fonctionnement des filières REP « déchets » en
France.
La création d?un nouvelle REP demande des compétences très spécifiques : la direction de l?eau
et de la biodiversité devra renforcer son équipe pour acquérir ces compétences. La désignation
d?un opérateur en soutien à la préfiguration de l?éco-organisme est également nécessaire : la mis-
sion estime que l?ADEME a la meilleure expérience en la matière.
2.3.2 Éléments sur les techniques et les coûts
Il existe plusieurs types de techniques permettant le traitement des micropolluants issus des sec-
teurs cosmétique et pharmaceutique, dont la pertinence dépend notamment des traitements déjà
en place sur la STEU et de la disponibilité en foncier, et qui engendrent des consommations d?éner-
gie et d?intrants différentes.
À Sophia Antipolis, lors d?une rénovation et augmentation de la capacité de la STEU pour atteindre
50 000 EH, l?agglomération a fait le choix, au-delà de la réglementation, de mettre en place un
traitement poussé de l?azote et une désinfection à l?ozonation pour abattre les micropolluants. Cette
STEU est présentée comme une des premières installations en France à traiter les micropolluants.
Le coût total de l?opération est de15 M¤ HT, dont 1 pour la désinfection et le traitement quaternaire,
soit un coût supplémentaire par m3 d?eau estimé à 17 centimes d?euros (10 % d?augmentation sur
la part assainissement du prix de l?eau). L?agence de l?eau, la région et le département soutiennent
ce projet à hauteur de 5,5 M¤. Une autre STEU, équipée par choix de l?agglomération d?assainis-
sement, est celle de Saint-Pourçain-sur-Sioule, de moindre taille (9 000 EH). Le choix a été fait en
raison d?une importante activité hospitalière. L?investissement, pour une mise en service en 2014,
a été de 4 millions d?euros.
Les traitements secondaire et tertiaire abattent une partie des micropolluants, mais même les plus
poussés ne peuvent permettre d?atteindre les objectifs fixés par la DERU2. A contrario, un abatte-
ment des matières en suspension, du phosphore et de l?azote rend plus efficace le traitement qua-
ternaire ? en leur absence, plus d?intrants ou d?énergie sont nécessaires46. Aussi, il ne paraît pas,
à ce stade, totalement exclu qu?un traitement quaternaire puisse être mis en place sur une STEU
non équipée d?un traitement de l?azote et du phosphore, mais les coûts en seraient plus élevés.
46 La mise en place d?un traitement quaternaire supposerait un traitement efficient de l?azote et du phosphore. Ce
point mérite encore vérification : dans le cas suisse, qui a largement inspiré le texte, l?abattement de l?azote et
du phosphore est requis au regard des enjeux du milieu, et toujours préalable au quaternaire. A priori, la mise
à niveau du tertiaire n?a pas vocation à être prise en charge par la REP. La question pourrait se poser néanmoins
pour les STEU de plus de 150 000 EH, dans des zones non soumises à l?eutrophisation, si la mise en place
d?un traitement tertiaire n?était motivée que par la mise en place du quaternaire.
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Mars 2025
Évaluation de la directive relative au traitement des eaux résiduaires urbaines 2
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Plusieurs procédés permettent de pousser l?élimination des micropolluants au-delà de l?abattement
des traitements en place : coagulation-floculation, décantation, filtration, chloration, traitement bio-
logique et traitements avancés (adsorption sur charbon actif granulaire ou en poudre, filtration
membranaire liée à l?osmose inverse ou encore oxydation), UV47. Certains procédés sont efficaces
pour les micropolluants hydrophobes, comme les HAP, les métaux, et plus largement les polluants
industriels48, tandis que d?autres permettent d?abattre les micropolluants hydrophiles. Par ailleurs,
les pollutions industrielles peuvent donner lieu à une prévention à la source, qui reste limitée pour
les pollutions issues de certaines consommations des ménages49. C?est le traitement quaternaire
mis en place en Suisse, où il est obligatoire depuis 2016, qui a servi de référence aux travaux de
la Commission pour l?abattement des pollutions diffuses liées aux médicaments et aux cosmé-
tiques.
Le traitement des micropolluants en Suisse
La loi fédérale sur la protection des eaux, qui est entrée en vigueur le 1er janvier 2016, oblige certaines STEU à
installer, d'ici la fin de l'année 2035-40, une étape supplémentaire d'épuration destinée à l'abattement de 80 % des
micropolluants, suivi par 12 indicateurs. Il s?agit des STEU qui desservent plus de 80 000 habitants, celles de plus
de 24 000 qui rejettent dans des lacs, et celles de plus de 8 000 qui rejettent dans des rivières quand le rejet
représente plus de 10 % du débit minimum : environ 130 STEU (sur 700). La motivation est la protection des eaux
du lac Léman et du Rhin qui alimentent l?eau potable de nombreux habitants. Les études de faisabilité technique et
économique ont démontré qu'à l'occasion de la mise aux normes des stations, le surcoût est de l?ordre de 10 %.
Le coût total est évalué à 1,2 milliard de francs suisses (1,3 Md ¤).
Le système de tarification de l?assainissement comporte trois niveaux, présentés par les autorités suisses comme
composantes d?une approche pollueur payeur :
- les coûts d?investissement et de fonctionnement de l?assainissement sont payés par les ménages et les activités,
certains coûts donnent lieu à des soutiens par les cantons et l?État fédéral,
- la prise en charge d?externalités négatives pour l?environnement est couverte par des taxes, payées par les pol-
lueurs. La taxe « micropolluants », d?environ 8 euros, est payée par les résidents connectés à la station, puis par
les stations au gouvernement, celui-ci soutenant ce nouveau traitement à hauteur de 75% des coûts d?investisse-
ment. Les opérateurs prennent en charge les coûts de fonctionnement mais sont exemptés de taxe sur le « water
waste » (gaspillage). Le principe est présenté comme simple mais ne relève pas réellement d?une approche pol-
lueur payeur. Les travaux avanceraient actuellement au rythme de deux stations par an.
Des vidéos de présentation sont disponibles sur le site https://micropoll.ch/fr/startseite-fr/.
L?évaluation ex ante de la Commission européenne se concentre sur trois types de techniques,
adaptées pour l?abattement des micropolluants issus des secteurs visés : oxydation à l'ozone (O3)
et adsorption sur charbon actif (AC) en poudre ou granulaire (GAC) (annexe 8).
Le type de traitement quaternaire est un choix spécifique à chaque site, lié à la qualité des eaux
produites en amont (traitement secondaire, le cas échéant tertiaire), mais également aux con-
traintes ou objectifs en termes de milieu récepteur, d?espace, de consommation énergétique, de
valorisation des boues? La présentation par grand type de procédé, qui fait ressortir, globalement,
pour la France, un plus grand intérêt de l?ozonation ou du charbon actif granulaire reste théorique.
Du reste, les industriels sont en mesure de développer des couples ozonation ? charbon actif en
fonction des caractéristiques de la STEU, du milieu, des différents objectifs visés.
Concernant l?évaluation des coûts, l?évaluation ex ante de la Commission européenne se centre
47 Cette technologie demande plus de temps et donc de place et reste limitée à des flux peu importants pour des
usages « nobles ».
48 Il s?agit de capter ces particules ; ces procédés ne sont pas efficaces pour les micropolluants issus des secteurs
pharmaceutique ou cosmétique qui sont hydrophiles.
49 Le cas de détergents utilisés par les ménages est encore différent. En grandes lignes, ce sont des produits
moins complexes que les produits pharmaceutiques et potentiellement moins générateurs de micropolluants,
et qui peuvent donner lieu à une prévention à la source. La démarche générale des politiques publiques est
bien : prévenir, substituer (pour réduire la nocivité), traiter - ce dernier moyen étant réservé aux pollutions qui
ne peuvent relever des deux premiers leviers
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sur ces trois procédés. Ce travail requiert une hypothèse sur les « zones sensibles aux micropol-
luants », qui sont, par convention, celles pour lesquelles le taux de dilution des rejets des STEU
est inférieur à 10. Cette évaluation s?appuie sur une revue de la littérature scientifique et des retours
d?expériences, qui fait ressortir des coûts de fonctionnement et d?investissement trop hétérogènes
selon les STEU (entre 10 et 30 centimes par m3), pour proposer une fonction de coût. La Commis-
sion reconnaît que ce travail relève d?une évaluation préliminaire des coûts pour donner des ordres
de grandeur et non d?un modèle statistique. À partir de fourchettes de coût par STEU selon leur
taille, elle estime un coût global du traitement des micropolluants. L?évaluation comporte également
une estimation de la charge administrative, dont l?identification des zones à risque.
Coûts évalués par la Commission européenne
À l?échelle européenne, la Commission européenne évalue à 1 185 millions d?euros par an la mise en place du
traitement quaternaire dans toutes les STEU de plus de 100 000 EH et de plus de 10 000 en zone sensible. Elle
évalue également la charge toxique évitée, sans être en mesure de lui donner une valeur monétaire et les émissions
de GES induites (jusqu?à 4,97M de t CO2e/an). Les coûts liés au fonctionnement des éco-organismes sont estimés
à 11,2 millions d'euros.
Le travail de la Commission européenne permet surtout de fonder son choix entre plusieurs scénarios :
la mise en place du traitement quaternaire sur toutes les STEU aurait eu un coût de 4 milliards d?euros, sans
un niveau équivalent de bénéfice pour les milieux ;
il existe un bénéfice important dans les zones présentant des enjeux « micropolluants », et le nombre de
stations ainsi concernées permet une courbe d?apprentissage et des économies d?échelle de nature à diminuer
les coûts ;
l?obligation de traitement quaternaire pour les seules STEU de plus de 100 000 EH a un bénéfice limité.
Elle souligne aussi que, en l?absence d?une disposition spécifique dans la directive, le traitement quaternaire ne
serait pas mis en place.
Analyse critique allemande
Lors des travaux de préparation de la DERU2, le ministère de l?environnement allemand a publié une analyse
critique. Elle souligne notamment que l?introduction d?un traitement quaternaire pour les agglomérations de plus de
100 000 EH (à l?époque de ces travaux), et des plus de 10 000 EH en zone sensible relève d?une approche basée
sur les risques, et aura un bénéfice pour la santé et les milieux. Dans une approche intégrée, cette mesure « de
bout de chaîne » doit être combinée avec d?autres leviers, comme une prévention des rejets de micropolluants par
les industries. Elle estime que l?évaluation de la Commission est sous-estimée et produit deux courbes de coût
alternatives avec des coûts plus élevés pour l?énergie et la construction et un surcoût pour la mise à niveau des
plus petites STEU. Une différence vient aussi de la prise en compte de la capacité nominale des STEU ou de leur
charge.
Une étude, réalisée en 2018 pour une association professionnelle du secteur qui prenait un panel de collectivités
plus large a abouti à des coûts de 1,2 milliards d'euros par an, uniquement pour l?Allemagne (36 milliards d'euros
sur 30 ans)
En rebouclant sur des études de cas50, il ressort en France une augmentation du prix de l?eau de
10 à 18 centimes par m3
, qui devrait baisser, par exemple grâce à une amélioration des procédés
d?ozonation. En effet, les coûts actuellement présentés par les industriels sont ceux de démonstra-
teurs. Les autres États affichent plutôt des coûts de 7 ou 9 centimes supplémentaires par m3 51, la
différence, due aux approches développées, est fortement impactée par les hypothèses de calcul
50 J.M Choubert, C. Lagarrigue, Y Penru, 2017, Traitement des micropolluants par ozonation, retour d?expérience
de la station d?épuration de Sophia Antipolis, 4 p. Eau et connaissance, Inrae, Agence de l?eau Rhône-
Méditerranée-Corse, Suez Cirsee: 2017-synthese-mpp-def2.pdf.
Une analyse qualitative de l?impact potentiel de certaines mesures de la DERU2, menée par l?agence de l?eau
sur le bassin Adour-Garonne (projet Armistiq), et appuyée sur des valeurs de plus de dix ans, pour l?énergie par
exemple, situe l?impact de l?investissement et du fonctionnement du quaternaire entre 2 et 20 ¤/EH/an
(amortissement sur 20 ans), soit entre 4 et 40 centimes d?euros /m3.
51 Source : Pistocchi et al. (2022)
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https://www.eaurmc.fr/upload/docs/application/pdf/2018-04/2017-synthese-mpp-def2.pdf
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telle que le renouvellement du matériel, etc.
La fonction de coûts proposée par la Commission permet de simuler une fourchette (avec une
incertitude d?un facteur de deux) de coût total du traitement quaternaire selon la taille de la STEU
(représentée en EH).
Graphique 1 : Représentation graphique du coût total du traitement quaternaire par EH et par STEU selon le nombre
d?équivalent-habitants d?après la fonction proposée par Pistocchi et al. (2022) (Source : Rapport De Paula)
2.3.3 Ce qu?il faut retenir pour mettre en oeuvre le traitement des
micropolluants
La mise en place de cette nouvelle filière REP demande avant tout de donner de la visibilité sur
l?assiette des contributions dans leurs différentes composantes. Il est nécessaire d?engager les
travaux pour :
réaliser dans les meilleurs délais, de manière à entrer dans le calendrier de mise en place de
la REP, l?identification de la liste des substances soumises à la REP sur une base scientifique,
afin de disposer d?une base de discussion avec les metteurs en marchés et les collectivités
locales d?une part, et de participer aux travaux européens sur les exemptions des substances
biodégradables d?autre part. Ce travail doit être engagé dès que possible, sous le pilotage de
la direction de l?eau et de la biodiversité, en lien avec le ministère de la santé, en mobilisant les
opérateurs compétents et en associant les professions concernées ;
identifier les méthodes pour déterminer les zones sensibles aux micropolluants sur une base
scientifique ; définir les zones à enjeux pour les micropolluants dans le cadre des travaux
menés à l?échelle des bassins hydrographiques, en cohérence avec les autres zonages et listes
requis par la mise en oeuvre de la DERU2 ; identifier les STEU concernées.
Cela permettra d?affiner progressivement l?évaluation des coûts, en échange avec les acteurs
concernés, dans le cadre de la structuration d?une démarche de préfiguration.
Plusieurs interlocuteurs de la mission, à commencer par les représentants des secteurs
contributeurs, estiment que la REP micropolluants, telle que définie dans la DERU2, ne couvre pas
d?autres substances présentant autant voire plus de risques pour la santé humaine ou pour
l?environnement (substances relevant du RSDE, PFAS?). D?autres metteurs en marché devraient
selon eux être dans le tour de table financier. Ce raisonnement est contestable : le dispositif mis
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en place vise des pollutions diffuses issues des ménages et les traitements mis en place pour les
abattre ne sont pas efficaces pour des micropolluants hydrophobes. Pour autant, compte tenu de
l?effort qui va être mis en oeuvre pour réduire les micropolluants liés à l?usage de médicaments et
de cosmétiques, une approche d?ensemble de ces pollutions par les micropolluants est
incontournable. Les politiques complémentaires, par exemple sur la prévention à la source des
pollutions industrielles devraient être renforcées.
La mise en place de cette filière REP justifie de relancer un plan « micropolluants » et
d'envisager d'autres mesures cohérentes, notamment à la source, pour pouvoir justifier
l'effort important requis par la directive sur les STEU.
Enfin, la mise en place du dispositif pollueur payeur est prévue dans des délais courts, et exige un
travail important (annexe 9). Le scénario de mise en place doit être partagé à l?échelle inter-
ministérielle puis avec les parties prenantes les plus concernées (les représentants des
metteurs en marché et des collectivités locales), et arrêté par l?État. Il n?est pas possible d?en-
visager deux voies alternatives ou successives. Compte tenu des réserves voire de l?opposition
portée auprès des différents cabinets ministériels, la mise en place de la REP aura une compo-
sante politique forte, et se jouera en premier lieu et dans la durée à ce niveau politique interminis-
tériel.
L?engagement des travaux permettant de préciser les contours de la filière REP demande la
structuration d?une équipe projet, sous pilotage de la DEB, dotée des moyens et compé-
tences requises et l?identification rapide d?un opérateur en soutien, qui devrait être
l?ADEME. Les travaux de préfiguration peuvent s?engager dans le même calendrier que les études,
pour rassembler les différentes parties concernées et les associer dès que possible à l?exploitation
des résultats des analyses.
Compte tenu de la lecture des textes, du retour d?expérience des filières REP « déchets » et de la
politique de l?assainissement, la mission recommande la création d?un éco-organisme ad hoc
en charge de la collecte des éco-contributions52, et une programmation et un versement des
soutiens dans le cadre existant des instances de bassin (agences de l?eau et comités de
bassin), de façon cohérente avec les autres objectifs de la DERU2.
(DEB, en lien avec la DGS et la DGE) Engager dans les meilleurs délais,
l?identification de la liste des substances soumises à la REP, engager des concertations sur
cette base avec les secteurs contributeurs et les représentants des collectivités locales.
(DEB, agences de l?eau) Engager dans les meilleurs délais des travaux de méthodologie
pour définir les zones sensibles aux micropolluants sur une base scientifique, en vue d?une
identification à l?échelle des bassins fin 2027.
(DEB, en lien avec la DGPR, ADEME, agences de l?eau) Engager dès à présent les travaux
de préfiguration permettant de préciser les contours de la filière REP, basée sur la création
d?un éco-organisme en charge de la collecte des éco-contributions et la programmation et
le versement des soutiens dans le cadre existant des instances de bassin. Associer les
metteurs en marché à cette gouvernance.
(DEB, en lien avec la DGPR et la DGPE) Inscrire la mise en oeuvre de la DERU2 dans un
nouveau "plan micropolluants" interministériel, incluant des mesures de réduction à la
source des rejets industriels et agricoles.
52 On ne peut exclure que les secteurs concernés souhaitent la création de plusieurs éco-organismes. La
multiplicité d?éco-organismes présente un coût de transaction élevé, qui concerne les autorités, mais aussi les
assujettis. Une piste a également été évoquée, de s?appuyer sur des éco-organismes existants (Cyclamed ?).
Compte tenu de la spécificité de cette REP, elle paraît peu crédible mais devra être examinée si les metteurs
en marché le souhaitent.
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Efficacité énergétique, neutralité énergétique et neutralité
carbone
2.4.1 Des objectifs à atteindre à l?échelle nationale
Les considérants de la directive rappellent le potentiel important de réduction des consommations
énergétiques et de production d?énergie renouvelable des systèmes d?assainissement. Selon une
enquête réalisée par AMORCE en 2021/2022, représentative de 7 % de la capacité d?épuration
nationale, les systèmes d?assainissement consomment en moyenne 65 kWh/an/hab53.
La directive, qui, en parallèle, renforce ou instaure de nouvelles obligations, elles-mêmes très con-
sommatrices en énergie (traitement tertiaire plus poussé, traitement quaternaire), s?appuie sur le
constat que des réductions importantes des consommations d?énergie sont possibles et que les
systèmes d?épuration présentent un ensemble de caractéristiques favorables pour produire de
l?énergie (production de biogaz par méthanisation, production d?électricité photovoltaïque, récupé-
ration de chaleur fatale?). Il est également possible de prendre des mesures concrètes en faveur
de la neutralité énergétique et en soutien à la neutralité carbone.
Elle comporte deux nouvelles obligations :
la réalisation tous les quatre ans d?audits énergétiques54 de l?ensemble des systèmes (collecte
et assainissement) incluant la détermination du « potentiel de mesures rentables »55, « tout en
réduisant les émissions de gaz à effet de serre ». Les premiers audits sont à réaliser d?ici au
31 décembre 2028 pour les STEU de plus de 100 000 EH et d?ici au 31 décembre 2032 pour
les autres STEU de plus de 10 000 EH ;
une production d?énergie renouvelable calculée en proportion de l?énergie totale consommée
par toutes les STEU de plus de 10 000 EH, selon l?échéancier suivant :
Figure 4 : calendrier de mise en oeuvre des dispositions relatives à la neutralité énergétique (production d?énergie
renouvelable)
Source : Mission
La directive prévoit une dérogation possible pour la dernière échéance pour un maximum de 35 %
de l?énergie à condition qu?elle provienne de sources non fossiles ? et un maximum de 5 % pour
l?échéance de 2040.
La directive ne requiert pas la réalisation systématique de bilans de gaz à effet de serre, pas plus
que la démonstration de l?atteinte de la neutralité énergétique en 2045 ou de la neutralité carbone
53 La production d?eau potable en consomme moitié moins.
54 Tels que définis par la directive (UE) 2023/1791 relative à l?efficacité énergétique
55 En mettant l?accent sur le potentiel de production de biogaz, ainsi que la récupération et l?utilisation de la chaleur
résiduelle
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en 2050.
En revanche, un « considérant » précise que les initiatives visant à atteindre la neutralité énergé-
tique ne devraient pas entraîner d?augmentation des émissions de méthane et de protoxyde
d?azote. Il s?agit d?un des articles pour lesquels la définition des termes et des périmètres peut avoir
un impact fort sur l?interprétation et l?atteinte des objectifs. L?article 14.2 précise que l?évaluation de
cet équilibre tient compte de la valorisation de cette énergie « sur site ou hors site par les proprié-
taires ou exploitants de ces stations ».
Coûts évalués par la Commission européenne
L?évaluation ex ante fait l?hypothèse :
- d?un coût de 4 000 ¤ pour un audit énergétique ? ce qui apparaît faible à la mission pour le premier audit à
réaliser ex nihilo ;
- qu?à ces coûts de réalisation des audits s?ajoute un coût de suivi des performances énergétiques des installa-
tions, que l?évaluation ex ante estime annuellement à 12 millions d?¤ dans toute l?Union européenne, ce qui
donnerait environ 1 million d?¤ par an pour la France. Là également, on peut imaginer que le coût de la mise en
place sera plus important mais qu?il devrait être maîtrisé en régime permanent, en lien avec la recherche d?amé-
lioration continue et de réduction régulière des consommations ;
- que l?objectif de neutralité énergétique pourra être atteint uniquement grâce à des unités de production de bio-
gaz. Cet investissement conduira alors à des bénéfices nets, la valorisation de biogaz permettant de rentabiliser
l?investissement initial. Ce raisonnement tient compte des progrès attendus pour réduire les consommations
énergétiques de toutes les stations d?épuration.
Les auditions de la mission ont permis de dresser un état initial très contrasté de chacune des
dispositions, mais assez homogène sur l?ensemble du territoire national :
rares sont les collectivités en régie qui ont réalisé ou réalisent régulièrement des audits
énergétiques complets et des bilans de gaz à effet de serre. Pour la plupart d?entre elles, ces
audits énergétiques constitueront donc des obligations nouvelles ;
en revanche, les opérateurs délégataires abordent cette question globalement sur l?ensemble
du parc qu?ils exploitent. Ils appliquent à l?ensemble de leurs activités la norme ISO 50001
« Management de l?énergie », ce qui les conduit alors à réduire en priorité les consommations
des systèmes d?épuration les plus importantes. Cette approche globale est permise par la
directive (UE) 2023/1791. Selon ce qu?ils ont indiqué à la mission, les systèmes de collecte
représenteraient environ 10 % des consommations totales des systèmes d?assainissement ;
cette proportion pourrait être plus importante pour les systèmes de collecte étendus sur des
territoires importants (en Île-de-France, notamment). L?un des opérateurs a indiqué réduire les
consommations énergétiques de son parc d?environ 2 à 2,5 % par an : la réalisation des audits
énergétiques et le suivi des consommations sont alors rapidement rentabilisés ;
rares sont les STEU qui ont réalisé des bilans de leurs émissions de gaz à effet de serre.
L?examen rapide de quelques bilans réalisés par certains exploitants de STEU qui en ont
l?obligation, dans la base de données de l?Agence de l?environnement et de la maîtrise de
l?énergie, fait ressortir des données incohérentes (périmètres très différents, poids relatif très
différent des opérations (collecte, épuration, transports des boues) et des gaz à effet de serre
(CO2, N20) : ces données sont largement incomplètes et inexploitables ;
selon des indications convergentes, une unité de méthanisation serait rentable pour chaque
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STEU de plus de 50 000 EH56. Plus de 120 agglomérations s?en sont déjà équipées. Ces unités
sont prévues sur du foncier disponible ou, dans le cadre de restructurations complètes, sur des
espaces dégagés à cette fin, au prix alors d?un surcoût qui peut être important. Certaines
d?entre elles sont d?ores et déjà mises en service. A contrario, pour les stations qui sont
contraintes en termes de foncier, la méthanisation apparaît comme plus difficile à envisager.
Plusieurs exemples ont été donnés à la mission de regroupement des effluents de plusieurs
stations vers un seul méthaniseur : ceci permet de choisir un site disposant de réserves
foncières suffisantes et d?obtenir des quantités de biogaz plus importantes. La façon dont les
objectifs de la directive sont définis permet de facto tous les regroupements possibles ;
dans plusieurs cas, la production d?énergie couvre presque la totalité de la consommation
énergétique de la STEU voire du système d?assainissement, ou même bien au-delà dans
certains cas ; à ce stade, ce ratio ne tient pas compte de l?augmentation des consommations
d?énergie induites par la directive (en particulier, traitement tertiaire et quaternaire
éventuellement nécessaire). La définition des périmètres d?application de l?article 11 sera
cruciale pour étendre autant que possible les énergies renouvelables mobilisables, pour couvrir
les consommations des STEU : selon le considérant 24 de la directive, la consommation à
considérer est celle de l?ensemble du parc des STEU de capacité supérieure à 10 000 EH et
la production doit prendre en compte toutes les formes d?énergie renouvelable « aussi bien
hors site que sur site », ce que confirme l'article 11.2 (production d?énergie équivalente à un
pourcentage croissant à chaque étape de l'énergie annuelle totale utilisée par les STEU) ;
la localisation et le dimensionnement de ces unités reposent avant tout sur des critères
d?efficacité économique. Il a toutefois été signalé à la mission qu?une optimisation importante
serait possible en permettant le mélange de biodéchets et en dérogeant à certaines contraintes
de la réglementation ICPE (classement, distances d?isolement) qui conduisent à un traitement
cloisonné de déchets ayant des caractéristiques voisines favorables à la production de biogaz.
Il apparaît également curieux que des installations relèvent, selon le cas, de la réglementation
IOTA ou ICPE ;
la priorité accordée à la valorisation énergétique des effluents conduit à une remise en cause
significative de la valorisation matière, qui semble contradictoire avec celle que prévoient les
réglementations applicables aux déchets, l?absence de nouveau cadre de « socle commun »
relatif à la gestion des boues, travail réglementaire en instance, ajoutant une incertitude
supplémentaire : le volume des boues est significativement réduit et leur composition en est
également modifié. Sans attendre, certaines agglomérations n?envisagent plus qu?une
valorisation énergétique (incinération) des boues résiduelles ;
en l?état actuel du droit, les services de la DGCL et de la DGFIP considèrent que la production
d?énergies renouvelables, en particulier d?électricité injectée sur le réseau, constitue un service
public à caractère industriel et commercial et non une activité accessoire d?un service d?eau ou
d?assainissement. La production d?électricité renouvelable devrait, selon cette interprétation,
faire l?objet d?un budget distinct du budget de l?assainissement, avec un financement et des
recettes distincts du budget de l?assainissement. Le seuil serait fixé à 500 kWA à l?échelle de
la collectivité.
Le respect de cette norme budgétaire et comptable pose problème aux collectivités
56 Dans le cas du projet Haliotis 2 de Nice Métropole, l?extension de capacité à 680 000 EH, notamment pour
intégrer la capacité de la STEU de Saint-Laurent du Var, s?accompagne d?un investissement, spécifiquement
pour l?unité de méthanisation, de 46 millions d?¤, la production de biogaz pouvant être valorisée à 3,2 millions
d?¤ par an. Cette unité devrait conduire à une production énergétique annuelle de 96 GWh/an (principalement
43 GWh/an de biométhane, 27 GWh/an de chaleur et 26 GWh/an de potentiel énergétique de boues à incinérer)
à comparer à la consommation énergétique future (29 GWh/an) de la STEU.
Dans le cas de Caen ? la Mer, l?extension de capacité à 415 000 EH s?accompagne d?un investissement pour
l?unité de méthanisation d?environ 19 millions d?¤, la production de biogaz pouvant être valorisée à 2,5 millions
d?¤ par an. Cette unité devrait conduire à une production énergétique de 32 GWh en 2040 (27 GWh/an de
biométhane, 5 GWh/an de chaleur) à comparer à la consommation énergétique de 17 Gwh/an
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gestionnaires des stations qui doutent de la possibilité d?équilibrer un budget spécifique
consacré à la production d?énergie dont les investissements interviendraient, du reste, bien en
amont de potentielles recettes. En outre, cette distinction entre les différents budgets
eau/assainissement d?une part et énergie d?autre part interroge l?approche globale des stations
promues par la directive.
La mission remarque, en tout état de cause, que certaines collectivités ont pu lancer des in-
vestissements de valorisation énergétique sur leur budget eau/assainissement sans re-
marques du contrôle de légalité.
2.4.2 Ce qu?il faut retenir pour la mise en oeuvre de la neutralité énergé-
tique et de la neutralité carbone
Indépendamment de toute optimisation dans une programmation nationale, la mission considère :
que les prescriptions de la directive engendreront des recettes qui couvriront une
grande partie de leurs coûts dans des délais inférieurs à l?échéance des emprunts
nécessaires, produisant des bénéfices significatifs à moyen et long terme, ce dont atteste
le fait que de nombreuses collectivités ont déjà programmé la création d?unités de
méthanisation. On pourrait également recommander de mobiliser les certificats d?économie
d?énergie pour financer certaines mesures de réduction des consommations ;
qu?il convient d?évaluer la production d?énergie renouvelable susceptible d?être produite par les
STEU de plus de 10 000 EH pour viser la neutralité à l?échelle nationale en 2045. Un levier
majeur pour l?atteindre est la création d?unités de méthanisation dans toutes les
STEU de plus de 50 000 EH : évaluer cette production permettait de la comparer à la
consommation de l?ensemble des STEU de plus de 10 000 EH et d?estimer la contribution
de cette mesure au respect des échéances de l?article 11.2 57 . Des études de faisabilité
technico-économiques devraient être prescrites pour toutes les STEU pour lesquelles
elles n?ont pas encore été réalisées. Les dispositions réglementaires et budgétaires qui leurs
sont applicables devraient être lisibles et simplifiées afin d?exploiter pleinement le potentiel de
production de biogaz, en particulier pour ce qui concerne le cadre de valorisation des boues,
les conditions de rachat du gaz, le cadre de gestion de l?activité de valorisation énergétique ;
qu?il est nécessaire de prescrire, de pair et aux mêmes échéances, aux STEU de plus
10 000 EH la réalisation de bilans des émissions de gaz à effet de serre, conformes au
guide mis à jour par l?ASTEE et l?ADEME en 2023, afin de réduire ces émissions
concomitamment en visant la neutralité climatique en 2050, et aussi de pouvoir démontrer, à
tout le moins, que les émissions de méthane et de protoxyde d?azote n?augmenteront pas ;
que pour anticiper les obligations de « reporting » de la France, les données relatives aux
consommations énergétiques, aux émissions de gaz à effet de serre et à la production
d?énergie renouvelable devraient être ajoutées à la base de données Sispea.
Conformément à ce que prévoit la directive, les audits énergétiques devraient également re-
censer les possibilités de valorisation de la chaleur fatale58, mais aussi le potentiel d?équi-
pement des installations en panneaux photovoltaïques, à mobiliser pour le cas où la production
de biogaz n?apparaîtrait pas suffisante pour respecter les échéances de l?article 11.2. Compte tenu
des caractéristiques de la production d?énergie française, il est probable que la France pourrait
bénéficier des dérogations prévues à l?article 11.2, sous réserve néanmoins de démontrer que
« toutes les mesures d?efficacité énergétique et toutes les mesures visant à renforcer la production
d?énergie renouvelable, notamment celles recensées dans les audits énergétiques » auront été
57 Cela n?exclut pas d?autres actions, comme la valorisation de la chaleur fatale ou l?installation des panneaux
photovoltaïques mais, au regard de la production d?un méthaniseur, l?apport est marginal au regard des objectifs
de la DERU2.
58 Qui peuvent être soutenues à 30 % par le Fonds Chaleur de l?Ademe
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mises en oeuvre.
(DEB ou DGPR) Prescrire sans attendre des audits énergétiques et
bilans carbone aux STEU de plus de 10 000 EH et des études de faisabilité technico-
économiques de méthaniseurs aux STEU ou regroupements de STEU de plus 50 000 EH en
vue de la généralisation de tels méthaniseurs au-dessus de ce seuil.
(DGEC, en lien avec la DEB) Intégrer un objectif de production d?énergie renouvelable des
dispositifs d?assainissement dans les programmations pluriannuelles de l?énergie.
Mobiliser le Fonds Chaleur voire les certificats d?économie d?énergie pour l?équipement en
méthaniseurs et l?accompagnement des travaux d?économie d?énergie.
Surveillance et rapportage
La qualité des différents systèmes d'information, qui était déjà regardée comme stratégique pour
la mise en oeuvre de la DERU, est un socle indispensable pour engager celle de la DERU2 compte
tenu du caractère transversal de cette directive et de l?introduction de nouveaux acteurs liés, par
exemple, à la filière REP pour le traitement des micropolluants et à l?objectif de neutralité énergé-
tique.
Pour mémoire :
la base de données de référence pour les échanges relatifs à la conformité des systèmes
d'assainissement entre les différentes administrations est l'application ROSEAU (Réseau
organisé de la surveillance des eaux de l'assainissement urbain), alimentée par les données
d'auto-surveillance que les collectivités organisatrices versent dans l'application VERSEAU,
gérée par la DGALN. Cette base est utilisée par la police de l?eau ;
SISPEA, institué par la loi sur l?eau et les milieux aquatiques du 30 décembre 2006, est une
application en ligne dans lesquelles les autorités organisatrices doivent saisir les données de
qualité de leurs services dont le rapport sur le prix et la qualité des services (RPQS), sous
l?impulsion et le contrôle des agences de l?eau, des Dreal de bassin et des DDT ; les
informations sont mises à disposition du public. Le remplissage, obligatoire depuis l'exercice
2015 pour tous les services d'eau et d'assainissement de plus de 3 500 habitants, reste
imparfait59 ; cela va poser problème puisque la mise en oeuvre de la réforme des redevances,
qui comporte désormais une approche appuyée sur la performance, s?appuiera sur SISPEA.
Ces deux bases, appuyées sur des référentiels communs de structuration, sont parallèles mais
recourent à des concepts différents - l'agglomération d'assainissement n'est pas un « objet »
SISPEA - et à des calendriers de remplissage distincts. Des travaux d?interopérabilité sont engagés,
sans échéance précise. Par ailleurs, de nombreuses informations sont également échangées de
manière spécifique ou informelle.
La surveillance et le rapportage de la mise en oeuvre de la DERU2 font l?objet de deux articles (21
et 22) dédiés. Le retour d?expérience de la DERU démontre que les outils correspondants néces-
sitent des moyens importants. La mise en oeuvre de la DERU2 nécessitera une évolution profonde
des systèmes d?information existants et plusieurs compléments significatifs. De ce fait, la recherche
d?efficacité, d?économie de moyens (humains et financiers) commande de faire de la conception
d?outils complets, partagés, ergonomiques, une priorité, en gardant aussi en tête qu?une grande
partie des informations collectées a vocation à être rendue publique, notamment en conformité
avec l?article 24 de la directive (information du public).
59 En 2020, seulement 51 % des services (6 460 services sur les 12 623 services), représentant néanmoins 82 %
de la population desservie, ont renseigné des données, parfois de façon non complète.
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2.5.1 Les obligations de la DERU2
L?article 21 définit les paramètres minimaux à surveiller. Sont ainsi listés les rejets des STEU, les
boues notamment celles destinées à l?agriculture et leurs modalités d?épandage, les gaz à effet de
serre, l?énergie consommée et produite, les déversoirs d?orage60. Pour les seules agglomérations
supérieures à 10 000 EH, il définit la liste de polluants à surveiller (concentrations et charges) en
entrée et sortie de STEU (les PFAS et les microplastiques, y compris dans les boues, sont explici-
tement mentionnés), sauf s?il est démontré qu?ils sont absents des rejets. Plusieurs articles préci-
sent que cette surveillance ne concerne que les eaux résiduaires urbaines. La fréquence est d?au
moins deux fois par an pour les STEU de plus de 150 000 EH et d?une fois tous les deux ans pour
les STEU comprises entre 10 000 EH et 150 000 EH.
L?article 22 définit le cadre pour pouvoir s?assurer du respect de certaines obligations de la direc-
tive. Ceci concerne notamment des « ensembles de données » :
« indiquant le pourcentage d?eaux urbaines résiduaires collectées et traitées » ;
« contenant des informations sur la mise en oeuvre » de l?assainissement non collectif,
permettant notamment d?en justifier le recours en conformité avec les conditions posées dans
l?article 4 de la DERU2. L?article cible en particulier la quantification du pourcentage de la
charge des eaux traitées de cette façon ;
« sur le nombre d?échantillons collectés et le nombre d?échantillons prélevés [?] non
conformes » ;
« sur les émissions de gaz à effet de serre, ventilées par type de gaz, et sur l'énergie totale
utilisée et l'énergie renouvelable produite par chaque station d'épuration des eaux urbaines
résiduaires d'un EH égal ou supérieur à 10 000 » ainsi que « le pourcentage d?énergie acheté
de sources autres que les combustibles fossiles », devant permettre de calculer les
pourcentages correspondant aux objectifs fixés à l?article 11 ;
sur les mesures prises pour atteindre l?objectif indicatif non contraignant de 2 % (gestion par
temps de pluie) ;
« contenant les résultats de la surveillance » sanitaire des eaux résiduaires urbaines ;
concernant les zones sensibles à l?eutrophisation et aux micropolluants (liste et critères) ;
« sur les mesures prises pour améliorer l?accès à l?assainissement » ;
spécifiques à la performance des biomédias ;
« contenant les résultats de la surveillance » des épandages, afin de pouvoir comparer leur
apport en eau et en nutriments avec les besoins des cultures concernées.
Les deux articles prévoient des actes d?exécution61 de la Commission européenne pour leur mise
en oeuvre, notamment en ce qui concerne la liste des polluants, les méthodes de modélisation pour
certains paramètres et le format de rapportage.
L?article 24 comporte une annexe VI qui précise les informations à communiquer au public : on y
retrouve notamment des informations sur les eaux collectées ou non et les justifications correspon-
dantes, sur les charges rejetées, sur les programmes et les coûts d?investissement et de fonction-
nement, sur les bilans énergétiques et de gaz à effet de serre.
60 L?article précise que « Les États membres peuvent utiliser les résultats de cette surveillance aux fins d?une
modélisation, lorsque cela est jugé approprié ».
61 Entre 24 et 30 mois à compter de la date d?entrée en vigueur de la directive.
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2.5.2 Des évolutions profondes à prévoir dès à présent et à structurer
dans la durée pour les systèmes d?information
Si les données nécessaires au rapportage de la France pour la DERU ne sont pas toutes dispo-
nibles dans la base de données ouverte SISPEA, la base de données Roseau, outil de la police
de l?eau, comporte des données mieux vérifiées et complémentaires mais ne couvrant pas l?en-
semble des informations nécessaires pour le rapportage de la DERU2. Les services de l?État con-
sidèrent la base de données Roseau comme un bon outil de référence : il serait donc beaucoup
plus coûteux de créer un nouveau système d?information que de faire évoluer celui-là.
L?interopérabilité de ces bases de données a été évoquée, dans les entretiens, comme un projet,
sans horizon clair. De surcroît, les thématiques autres que l?eau (énergie, gaz à effet de serre) sont
traitées partiellement voire très partiellement dans d?autres bases de données, gérées par des
organismes compétents pour ces secteurs, mais étrangers au secteur de l?eau. Enfin, la DERU2
renforce les exigences de rapportage sur des données qui dépendent, en France, des collectivités
? les SPANC par exemple. Cela pose une double question : celle du cadre juridique pour obtenir
ces données de manière fluide, et celle de l?évolution des SI pour les recueillir. La question de la
structuration de la donnée et des conditions de mise en commun de l?information est un sujet en
soi, que ce soit en termes de référencement et d?indexation initialement différents entre systèmes
d?information ou en termes de méthode de collecte de données ayant en outre vocation à être
rendues publiques. Cet enjeu, souvent regardé comme technique et annexe, doit faire partie des
travaux de transposition et de la stratégie de mise en oeuvre, en prévoyant dès le début le
portage et les moyens nécessaires. L?organisation mise en place pour gérer le traitement des
micropolluants sur la base de la responsabilité élargie des producteurs sera nécessairement dotée
d?un système d?information : il sera indispensable de veiller à l?interfaçage adapté des outils.
La DERU2 conduit à s?intéresser à l?assainissement d?une agglomération dans son ensemble, et
plus seulement aux performances de ses stations d?épuration. Les informations nécessaires à la
vérification de conformité devront être produites de façon complémentaire par les agglomérations
et les opérateurs des stations d?épuration (par exemple, la comparaison des charges par temps
sec et par temps de pluie). Les systèmes d?information devront donc être en mesure d?intégrer des
informations sur la zone de drainage, les systèmes de collecte et les installations d?épuration, dis-
ponibles pour le public, les services de l?État mais aussi ceux de la Commission européenne. C?est
la raison pour laquelle, même si les PGI ne concerneront qu?une partie des agglomérations supé-
rieures à 10 000 EH, cette structuration doit être prise en compte dès leur conception, qui
sera déterminante à la fois pour l?identification des points de rejets et de la nature des pollutions à
suivre :
au minimum, il faut pouvoir identifier les capacités des STEU en référence aux différents seuils
prévus dans le DERU2, ce qui n?est pas le cas de SISPEA aujourd?hui ;
ce sont les travaux préalables à l?élaboration des PGI qui permettront de connaître et modéliser
la zone de drainage et de quantifier les volumes d?eau et les charges, tronc commun d?une
grande partie des données recensées dans les articles 21 et 22. Par exemple, de façon
indirecte, il sera important d?identifier les caractéristiques des systèmes de collecte, favorables
à la récupération de chaleur, pouvant représenter selon certains interlocuteurs de la mission
10 % de l?énergie totale. Ces travaux préalables doivent aussi permettre de concevoir des
dispositifs de surveillance aussi efficaces que possible et peu coûteux ;
l?absence d?interopérabilité entre Roseau et Sispea est également globalement très coûteuse
pour la collectivité dans son ensemble. Au regard du grand nombre d?informations requises par
la DERU2 ayant vocation à être davantage ouvertes, il conviendrait de définir a priori les listes
des données publiques et non publiques, afin de s?assurer d?une saisine unique des premières,
sous le contrôle de l?Etat. Ce travail devrait être conduit en cohérence avec la définition d?un
lexique national.
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Coûts évalués par la Commission européenne
L?évaluation ex ante de la Commission européenne aborde les coûts de la surveillance de façon éparse, dans
certains articles :
d?entrée, elle identifie le rôle central des PGI pour réduire et optimiser les coûts, néanmoins sans pouvoir
l?estimer62 ; cette optimisation n?interviendra réellement que si les exigences attendues des PGI ne sont pas
surdimensionnées. On suppose néanmoins que des études préalables solides seront nécessaires justement
pour définir le meilleur équilibre entre modélisations et mesures et réduire les coûts de surveillance ultérieurs,
en particulier en termes de charges polluantes. Toute contribution d?un cadrage national et d?un appui par le
réseau scientifique et technique de l?État sera donc opportune pour réduire ce coût d?entrée ;
l?étude n?évoque pas la question de la surveillance pour les agglomérations comprises entre 1 000 et 10 000
EH. Pour ces agglomérations comme pour celles de 10 000 EH qui ne feront pas l?objet d?un PGI, il serait
opportun de retenir un cadre de surveillance et de déclaration cohérent pour les données qui les concernent.
Ceci pourrait nécessiter la collecte de quelques informations non requises par la directive, notamment pour
pouvoir renseigner les ratios globaux. Dans certains cas, la meilleure solution pourra être de retenir des
données forfaitaires par défaut en justifiant les choix correspondants vis-à-vis de la Commission européenne ;
l?objectif affiché de rendre les bases de données nationales directement accessibles par les opérateurs de
STEU et l?abandon du rapportage biennal ainsi rendu possible sont considérés comme des économies
globales.
Elle estime le coût global de la surveillance pour l?ensemble de l?Union européenne à 20,57 millions d?euros, soit
environ 60 % du coût global des PGI. La mise en place d?un dispositif de surveillance pourrait donc coûter plusieurs
centaines de milliers d?euros pour une collectivité de plusieurs dizaines de milliers d?EH, auxquels il faudrait ajouter
les coûts annuels de gestion, de suivi et de rapportage.
(DEB, OFB) Faire évoluer les systèmes d?information ROSEAU et
SISPEA pour assurer leur interopérabilité et les compléter pour en faire les outils partagés
de la collecte et de la gestion des eaux usées. Les ouvrir dans un plan partagé à trois ans.
Fiabiliser leurs données par un mécanisme responsabilisant les agglomérations et les
opérateurs
Autres enjeux
2.6.1 Les petites agglomérations et l?assainissement non collectif
La directive rend obligatoire la collecte dans les agglomérations d?assainissement de plus de
2 000 EH (article 3.1), ce qui est un acquis en France, et abaisse de 2 000 à 1 000 EH le seuil au-
dessus duquel le principe de base est l?assainissement collectif, associé à un premier niveau de
traitement des effluents (article 3.2), avec un objectif de 100 % à l?horizon 2035.
Entre 1 400 et 1 500 agglomérations de cette taille sont recensées dans la base de données Ro-
seau, qui enregistre toutes celles qui sont dotées de réseaux. Tous les interlocuteurs de la mission
ont indiqué que les « agglomérations d?assainissement » ne disposant pas de tels systèmes de
collecte et de traitement minimal seraient l?exception. Le coût de mise en conformité apparaît dès
lors marginal au niveau national, ce qui n?exclura pas la nécessité d?examiner quelques situations
locales dans la mise en oeuvre de la DERU2 : l?impact de cette évolution concerne notamment les
effectifs des services de police de l?eau.
La directive impose également de motiver les raisons qui conduisent à déroger au principe de base
62 « These plans would allow optimising existing and planned infrastructures leading to potentially significant
savings in terms of new investments ».
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d?un assainissement collectif par des « systèmes individuels » (ou assainissement non collectif) :
pas d?intérêt pour l?environnement ou la santé humaine, impossibilité technique ou coût excessif
(article 4.1). Les États membres doivent s?assurer que les ANC mis en place « soient conçus, ex-
ploités et entretenus de manière à atteindre le même niveau de protection de la santé humaine et
de l'environnement que les traitements secondaire et tertiaire visés aux articles 6 et 7 [de la direc-
tive] » (article 4.2). Ceci requiert notamment des éléments de preuve et de démonstration, ainsi
qu?un suivi plus régulier des performances de l?assainissement non collectif, qui pourraient pousser
à l?assainissement collectif dans des secteurs où ce n?est pas le cas aujourd?hui. Au niveau natio-
nal, l?État membre doit apporter une telle démonstration à la Commission européenne et doit justi-
fier que c?est compatible avec la directive cadre sur l?eau.
Par ailleurs, si aucun interlocuteur de la mission ne semble vouloir remettre en cause l?équilibre
global existant entre assainissement collectif et non collectif, le suivi aujourd?hui assuré par la plu-
part des collectivités pourrait ne pas être suffisant pour répondre aux obligations de moyens rete-
nues par la directive à savoir que « les systèmes individuels soient enregistrés dans un registre et
que des inspections régulières ou d'autres activités de vérification et de contrôle de ces systèmes
soient menées, sur la base d'une approche fondée sur les risques, par l'autorité compétente ou par
un autre organisme autorisé au niveau national, régional ou local ».
Cet article 4.3 demande également des contrôles ou inspections réguliers par les autorités com-
pétentes. L?organisation française actuelle, appuyée sur les SPANC, ne prévoit pas toujours de
tels programmes de contrôles, et ne permettra pas en elle-même un rapportage par l?État.
L?interprétation de ces dispositions sur l?ANC et ses modalités de suivi devant faire l?objet d?un acte
d?exécution de la Commission européenne, la mission estime qu?il est nécessaire que la France
participe à ces travaux pour assurer que l?ANC reste possible dans les territoires où la dis-
persion de l?habitat le rend pertinent et veiller à des modalités de rapportage pragmatique.
Des évolutions de SISPEA seront néanmoins à prévoir qui devront intégrer les contributions des
collectivités locales.
Les départements d?Outre-mer pourraient néanmoins constituer une exception au regard du faible
taux de raccordement effectif, qu?il sera difficile de motiver selon les critères de la directive (voir §
4.2.2.3).
2.6.2 Rejets d?eaux usées non domestiques
L?article 14 comporte plusieurs dispositions visant à s?assurer du respect de la directive pour les
eaux usées non domestiques déversées dans des systèmes d?assainissement.
Selon plusieurs témoignages recueillis par la mission, les conditions dans lesquelles certains de
ces rejets ont été autorisés par le passé n?ont pas toujours respecté le formalisme requis par la
réglementation en vigueur. L?article cite explicitement la nécessité d?un réexamen et, au besoin,
une abrogation des réglementations ou autorisations antérieures.
Pour la mission, la vérification du respect de la directive imposera un état des lieux des
autorisations spécifiques, existantes ou nouvelles, par les exploitants des systèmes d?as-
sainissement mais aussi le cas échéant par l?inspection des installations classées, pour
pouvoir démontrer que les dispositions de l?article 14 sont bien respectées, notamment en
ce qui concerne :
la compatibilité de la charge polluante avec la qualité des milieux récepteurs ;
la compatibilité de la charge polluante avec le bon fonctionnement du dispositif
d?assainissement ;
les impacts sanitaires éventuels de la charge polluante sur le personnel exploitant le dispositif
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d?assainissement ;
la contribution du dispositif d?assainissement à l?abattement de la charge polluante, à comparer
à celle d?un rejet direct au milieu naturel ;
l?impact de la charge polluante sur les périmètres de captage d?alimentation en eau potable.
L?évaluation ex ante de la directive n?envisage que le coût de la surveillance permettant d?apporter
cette démonstration.
La vérification de la compatibilité des dispositions réglementaires existantes avec ces nouvelles
dispositions sera néanmoins nécessaire pour s?assurer du traitement apporté aux rejets de micro-
polluants : ou bien ceux-ci sont traités à la source sous la responsabilité de ceux qui les produisent
(rejets des substances dangereuses dans l?environnement (RSDE) et PFAS, notamment ; ou bien
ceux-ci sont rejetés dans un réseau d?assainissement collectif, ce qui légitimerait une contribution
des usagers non domestiques qui les y rejettent à un traitement quaternaire, pour autant que celui-
ci soit adapté aux micropolluants émis63.
La mission estime que l?amélioration des milieux résultant du traitement des micropolluants du fait
de la REP constitue un effort important, qui doit s?intégrer dans un plan d?action d?ensemble de
réduction de ces pollutions, impliquant tous les secteurs émetteurs.
(DGPR, en lien avec la DEB) S?assurer de la conformité des
raccordements non domestiques existants avec la DERU2
2.6.3 Réutilisation de l?eau et rejets d?eaux urbaines résiduaires (REUT)
Depuis l?adoption du Plan Eau (mars 2023), de nombreux textes réglementaires sont venus préci-
ser les modalités de réutilisation des eaux usées traitées, selon leur nature et les usages futurs.
Le décret 2023-835 du 29 août 2023 fixe les conditions d?utilisation des eaux usées traitées et des
eaux de pluie pour l?ensemble des usages non domestiques et fixe la procédure d?autorisation pour
l?utilisation des eaux usées traitées. Plusieurs arrêtés ont été publiés pour en décliner la mise en
oeuvre.
L?objet de l?article 15 de la directive est de l?encourager, « en particulier dans les zones de stress
hydrique », dans le respect de l?environnement et de la santé humaine, en particulier pour ne pas
compromettre le débit des cours d?eau récepteur.
L?article 8.8 prévoit en outre que les États membres veillent à ce que, lorsque c?est approprié, les
eaux résiduaires urbaines qui sont réutilisées ou dont la réutilisation est prévue font l?objet d?un
traitement quaternaire. Cette disposition demandera des précisions pour sa mise en oeuvre :
certains types de réutilisation ne demandent pas nécessairement un tel traitement ;
il conviendra de s?assurer de l?articulation des efforts de traitement des micropolluants par les
STEU et par les usines de potabilisations des eaux ? et du reste, d?encadrer les rejets de ces
dernières.
De façon générale, la REUT est encore peu développée en France. Le coût administratif de l?ali-
gnement des dispositions réglementaires (s?il s?avérait nécessaire) et du respect de la conformité
63 La REP prévue dans le DERU2 ne prévoit pas de secteurs soumis à éco-contribution autres que
pharmaceutique et cosmétique définis à l?échelle nationale ; elle laisse ouverte la question du financement des
20% qui ne seront pas apportés par ces secteurs.
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https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000048007367
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des situations actuellement autorisées est donc a priori limité. L?évaluation ex ante de la Commis-
sion européenne n?aborde pas cette question.
Travaux transversaux à engager rapidement
2.7.1 Définir un lexique commun
La DERU2, en complément de la DERU qui avait déjà défini les traitements primaire et secondaire,
définit le tertiaire et le quaternaire pour désigner respectivement le traitement de l?azote et du
phosphore et celui des micropolluants. Ces termes, en particulier ceux de secondaire tertiaire, sont
usuellement utilisés différemment en France. La lecture de la directive permet de confirmer que la
rédaction d?un article spécifique sur le tertiaire (article 7) ne vise pas à imposer des équipements
spécifiques : la mise en oeuvre de la directive repose bien sur l?atteinte d?objectifs de dépollution.
Pour autant, ce double vocabulaire peut être source d?incompréhension, au quotidien antre acteurs
de l?assainissement, et dans le travail de transposition.
La mise au point d?un glossaire, dès l?engagement des travaux de transposition et de mise en
oeuvre, devra viser à :
identifier clairement les termes dans les deux lexiques ;
proposer les termes qui feront référence en France, et s?appuyant par exemple sur les objectifs
d?abattement plutôt que sur la dénomination « tertiaire » ou « quaternaire ».
Par ailleurs, plusieurs objectifs de la DERU2 posent des questions de périmètre qui devront être
précisées dans le travail de transposition et méritent d?être clairement partagées (cf. ci-dessus).
D?autres concepts nécessitent d?être précisément définis et, le cas échéant, spécifiés selon les
territoires concernés (temps sec, temps de pluie, etc.).
(DEB) Rédiger, en lien avec les parties prenantes, un référentiel de
vocabulaire des traitements partagé pour la transposition et la mise en oeuvre de la DERU2.
Clarifier l?ensemble des concepts et périmètres nécessaires à la mise en oeuvre de la
directive.
2.7.2 Définir les zones, listes et informations requises, dans un calendrier
unique
Plusieurs objectifs de la DERU2 demandent l?identification de zonages ou de listes majeurs :
liste des agglomérations entre 10 000 et 100 000 EH au titre des risques liés aux eaux de pluie
(article 5.2) au plus tard le 22 juin 2028,
zones sensibles à l?eutrophisation, au plus tard le 31 décembre 2027 (article 7.2). Elles sont
déjà définies en France et régulièrement mises à jour,
zones sensibles aux micropolluants (article 8.2), au plus tard le 31 décembre 2030,
zones à risque pour l'environnement et la santé humaine, le 31 décembre 2027 (article 18.1)64.
En outre, un travail pourrait être utile sur la portée, en pratique, de la marge de manoeuvre sur le
traitement du phosphore ou de l?azote en zone sensible.
La définition des zones à enjeux pour les micropolluants demande la formalisation d?une analyse
des risques puis une mise en oeuvre. Cette identification doit se faire sur des bases scientifiques,
64 Sujet non approfondi dans ce rapport.
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proposées par la DEB, et soumises à concertation. L?identification des agglomérations qui devront
se doter d?un plan de gestion intégré repose sur des critères évoqués dans la directive, qui deman-
dent également un travail préalable. Chacun de ces travaux est prévu, dans la directive, à des
échéances différentes. Or, ce sont tous des déterminants de choix d?investissement des collectivi-
tés locales qui ne sont pas disjoints en pratique. Un maintien de différentes dates d?échéance ra-
lentirait le processus de décision des collectivités.
De même, l?identification des substances soumises à la REP, ainsi que de leur dangerosité doit
être engagée dès que possible. C?est un élément déterminant de la préfiguration d?une organisation
ad hoc, quelle qu?elle soit. Cette identification doit se faire sur des bases scientifiques, proposées
par la DEB, et soumises à concertation. L?État doit pouvoir mettre sur la table une proposition au
premier semestre 2025, pour engager des discussions avec les parties prenantes et stabiliser une
liste. Celle-ci sera nécessairement révisable à intervalle régulier une fois la REP mise en place,
pour tenir compte de l?évolution des substances concernées ? la REP se voulant incitative à la
prévention et à l?éco-conception. Avancer au plus vite sur cette liste permettra aussi une présence
active de la France dans les travaux de la Commission (qui doit identifier les substances non
concernées), qui s?est fixée une échéance début 2026.
(DEB, agences de l?eau et services déconcentrés) Engager dès à présent
l?élaboration des listes et zonages évoqués précédemment, en visant un même calendrier,
s?achevant au plus tard pour le 31 décembre 2027
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Mars 2025
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3 Éléments d?appréciation des coûts de la DERU2
Une évaluation de la DERU2 demande, pour chacun des nouveaux objectifs, d?identifier des
référentiels de coûts mais également des scénarios adaptés au sujet : les déterminants sont
nombreux et l?étendue des options pour sa mise en oeuvre est très large. L?enquête menée par la
mission auprès des DREAL, agences de l?eau, DDT et des collectivités (annexe 6) est une des
sources permettant de proposer de premières hypothèses. Malgré une forte mobilisation, et compte
tenu de délais courts, les données issues de cette enquête sont hétérogènes : si elles ne
permettent pas, à elles seules, d?approcher un coût global ni une stratégie d?optimisation de ce
coût, plusieurs tendances peuvent en être dégagées pour formuler certaines hypothèses et réduire
les spectres de coûts. La mission a également eu plusieurs échanges avec la fédération Syntec et
le syndicat Synteau : ils ont permis de disposer, sur les nouveaux objectifs relatifs au traitement
quaternaire et à l?énergie, d?hypothèses de coûts documentées, et de s?assurer d?ordres de
grandeurs cohérents.
Le raisonnement développé ci-après s?appuie sur les travaux de la Commission européenne, la
bibliographie, les retours des questionnaires adressés aux services déconcentrées et leur
agglomération par la mission. Quelques cas ont pu donner lieu à des échanges plus approfondis
et permettent de bénéficier de dire d?experts.
Les résultats de cette première évaluation sont des ordres de grandeur. Ils ne doivent en
aucun cas être regardés comme des valeurs de référence à citer sans tenir compte des
hypothèses sous-jacentes, des scénarios retenus et des nombreuses incertitudes à ce
stade des travaux. Ils ont vocation à être ajustés, affinés, confortés dans les mois à venir
avec les acteurs de la filière dans une démarche structurée, initiée par ces travaux.
Le comité stratégique de filière (CSF), en lien avec la DEB, a engagé une étude plus fine à un
horizon plus éloigné : au-delà des premiers contacts de la mission avec ses représentants,
l?ébauche présentée dans ce rapport, ainsi que les données d?ores et déjà rassemblées devraient
lui être transmises à cette fin. La robustesse de ces estimations devra être assurée par un partage
avec l?ensemble des associations particulièrement structurées sur ce sujet : ASTEE, FNCCR,
France Urbaine, AMORCE notamment, et bien sûr les services déconcentrés et agences de l?eau.
Enseignements de l?enquête initiée par la mission
3.1.1 Enseignements généraux
L?enquête a été conduite sous la coordination des instances de chaque bassin hydrographique.
Elle comportait deux grandes composantes : un questionnaire aux services de l?État et agences
de l?eau pour identifier les caractéristiques du bassin qui seront déterminantes pour la mise en
oeuvre de la DERU2 (niveaux d?équipement, état des masses d?eau?) et un tableur à renseigner
par les agglomérations concernées pour les sujets ciblés, pour pouvoir apprécier les « situations
de départ » et le « reste à faire », sur le plan technique et sur le plan financier, et recenser autant
que possible les contraintes spécifiques. La mission a cherché à collecter des données sur
l?ensemble des agglomérations dont au moins une STEU a une capacité de traitement supérieure
à 150 000 EH, en demandant également à chaque bassin de fournir des informations pour un
échantillon représentatif de STEU comprises entre 10 000 EH et 150 000 EH, à son appréciation.
Elle a par ailleurs recueilli des informations plus précises auprès de certaines agglomérations65.
65 Caen, Montpellier, Lyon, Nice, Grenoble
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https://www.syntec.fr/
https://www.synteau.com/
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Les informations communiquées à la mission restent parcellaires pour plusieurs raisons légitimes :
le délai contraint par l?échéance de la mission : les retours de l?enquête, lancée fin octobre,
étaient attendus pour le mois de décembre. Lorsque les informations étaient déjà suivies et
disponibles, des tableaux homogènes et détaillés ont pu être renvoyés ; dans le cas inverse,
seules des données partielles ont pu être transmises ;
chaque bassin a mis en oeuvre une méthode adaptée au fonctionnement des services : dans
certains bassins, l?enquête a été largement déléguée aux DDTM, conduisant à des remontées
d?informations directes des départements suite aux contacts avec les quelques collectivités
concernées ; dans d?autres, les retours ont fait l?objet d?une consolidation et d?une analyse
structurée à l?échelle du bassin.
Dans la plupart des cas, les données de base figurent dans SISPEA. Un croisement des
informations disponibles avec d?autres sources conduit néanmoins à s?interroger sur la fiabilité de
ces données de base.
Les retours sont complets dans les « petits » bassins hydrographiques comportant peu de
départements, y compris en ce qui concerne les agglomérations de plus de 10 000 EH.
L?exploitation de leurs données permet ainsi de réaliser des extractions statistiques fiables et de
tester différentes options de programmation, ce qui pourrait conduire à surpondérer les
caractéristiques de ces bassins et demande un travail d?ajustement appuyé là aussi sur des
connaissances générales
La mission salue particulièrement l?implication des services, jusqu?au niveau de la police de l?eau :
au-delà des retours utiles, cet exercice a permis d?initier une prise de conscience plus large des
collectivités, pour certaines encore largement mobilisées par la DERU et le renouvellement des
systèmes de collecte. Indirectement, ceci renseigne sur le besoin de consolider et de renforcer ces
services pour la mise en oeuvre de la DERU2.
Ainsi, si les collectivités structurées et leurs associations ont compris qu?elles devraient investir
dans des niveaux de traitement quaternaire, elles sont, naturellement, dans l?expectative sur la
définition des zones sensibles et le fonctionnement de la REP, ayant tendance, de ce fait, à retenir
des valeurs maximales. L?objectif de 2 % pour le temps de pluie, pourtant connu pour être indicatif,
est interprété quasi-unanimement comme une contrainte à venir présentant des coûts
insoutenables, cette inquiétude s?exprimant y compris dans les collectivités qui respectent les 5%
de l?arrêté de 2015. L?obligation nouvelle de traitement de l?azote et du phosphore hors zone
sensible à l?eutrophisation est évoquée comme un équipement difficile à réaliser, sur le plan
technique comme sur le plan financier, et peut poser question y compris dans les zones soumises
à eutrophisation quand le foncier est contraint. Si un quart des plus grandes collectivités ont déjà
réalisé des méthaniseurs ou ont lancé des études techniques, les moyens d?atteindre les objectifs
de neutralité énergétique et carbone, par la maîtrise des consommations ou par la production
d?énergie renouvelable, restent incertains.
Pour toutes ces raisons, il sera opportun de diffuser et partager largement les conclusions de la
mission sitôt qu?elles pourront être publiées, en guise de sensibilisation et pour permettre à chaque
collectivité de compléter, voire corriger, sa perception de la DERU2, de contribuer à l?organisation
de sa mise en oeuvre, pour en respecter les dispositions dans les temps.
L?hétérogénéité constatée doit encourager à un partage des pratiques entre bassins, que ce soit,
par exemple, en termes de modélisation de l?état des masses d?eau et des pressions qu?elles
subissent, de connaissance de taux de dilution des rejets, de mesures des micropolluants et de
techniques de traitement ou de modèles de convention de raccordement? Cet exercice permet
également d?illustrer qu?un investissement dans les systèmes d?information pour homogénéiser et
fiabiliser leurs données est une priorité absolue pour une appréciation plus fiable des coûts. En
outre, le rapportage à la Commission européenne risque d?être encore plus hasardeux demain si
les collectivités ne sont pas responsabilisées, y compris avec un dispositif de contrôle/sanction
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appropriée en cas de saisies incomplètes ou non conformes.
3.1.2 Enseignements utiles pour affiner le calcul des coûts
Le dénombrement des agglomérations concernées est la première difficulté à laquelle la mission
a dû faire face pour mener son évaluation. Elle s?est attachée à consolider au mieux les données
transmises dans le cadre de l?enquête sur la base des informations disponibles dans SISPEA :
le nombre de stations de plus de 150 000 EH a pu être évalué, selon les différentes méthodes,
à 89 ou 92 : pour ce rapport, la mission retient un nombre de 92 ;
le nombre de stations entre 10 000 EH et 150 000 EH n?a pu être évalué qu?avec une précision
moindre, entre 1 050 et 1 200. Pour ce rapport, la mission retient un nombre de 1 070.
Les retours de l?enquête ont confirmé le nombre marginal des agglomérations comprises entre
1 000 et 2 000 EH non encore équipées. Cette information est disponible sur ROSEAU mais pas
sur SISPEA.
Une question portait sur les éventuelles impossibilités foncières d?extension des STEU : une moitié
des agglomérations y a répondu ; parmi elles, une grosse moitié ont confirmé que ce pourrait être
un obstacle. C?est le plus souvent le cas de STEU sur les sections du littoral sur lesquels s?exerce
déjà une pression foncière forte ou au coeur de grandes agglomérations. Pour celles qui sont
concernées, ce sont des contraintes fortes qui pourront nécessiter la restructuration complète du
dispositif de traitement voire la relocalisation de la STEU, ce qui doit être anticipé au plus tôt. Vu la
façon dont les objectifs de la directive sont définis, la transposition devrait laisser la plus grande
souplesse à une interprétation, lorsqu?elle est possible, des obligations à l?échelle des
agglomérations pour permettre des raisonnements globaux.
3.1.2.1 Temps de pluie
Se dégagent les types suivants de collectivités :
? celles qui ne disposent pas de schémas directeurs. Pour celles-ci, les PGI constitueront des
obligations nouvelles avec un coût d?investissement initial important. Ce sera un paramètre à
prendre en compte dans l?établissement de la liste des agglomérations concernées ;
? celles qui disposent de schémas directeurs :
? celles, minoritaires, qui appliquent l?arrêté ministériel de 2015 avec le critère de charge : cette
situation de départ est la plus favorable. Néanmoins, des études complémentaires seront
nécessaires pour prendre en compte tous les polluants représentatifs de la charge et vérifier
que les dispositifs existants de modélisation et de mesure permettent de quantifier la charge
totale et l?incertitude sur cette valeur. La prise en compte des charges autres que les
pollutions carbonées (azote, phosphore, micropolluants) devrait constituer le surcoût le plus
important ;
? celles qui appliquent l?arrêté ministériel de 2015 avec un critère de volume :
celles qui ne respectent pas la valeur limite de 5 % : selon ce qui a été indiqué à la
mission, elles représenteraient 40 % des agglomérations. L?investissement nécessaire
s?apparentera à celui des agglomérations ne disposant pas encore de schémas
directeurs ;
celles qui respectent la valeur limite de 5 % : les retours de ces agglomérations permettent
en outre de noter que ces agglomérations ont engagé des plans et des investissements
à long terme pour poursuivre la réduction de ces rejets. Ce sont notamment ces
agglomérations qui interprètent l?objectif de 2 % comme leur « nouvelle frontière ».
Les retours de l?enquête ne sont pas suffisamment complets pour pouvoir disposer d?une répartition
même indicative des agglomérations selon ces différents types. Dans les réponses du bassin
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Artois-Picardie, les plus complètes, l?enquête révèle que de nombreuses agglomérations ne
disposent pas de schéma directeur alors que beaucoup sont mobilisées pour réduire les rejets par
temps de pluie.
3.1.2.2 Azote / Phosphore
C?est le paramètre le mieux renseigné de tous dans les retours de l?enquête.
Se dégagent les types suivants de collectivités :
? les agglomérations en zones sensibles :
? celles qui respectent d?ores et déjà les valeurs limites de la DERU2 ;
? celles qui en sont proches : elles font l?hypothèse qu?un ajout accru de réactifs pourrait à lui
seul suffire pour atteindre les valeurs limites de la DERU2, en particulier pour le phosphore,
n?occasionnant pas de coût d?investissement ni d?impossibilité technique, mais un surcoût de
fonctionnement ;
? celles qui auront plus de difficultés : des investissements plus importants seront nécessaires
pour étendre les surfaces des équipements existants, en particulier pour l?azote. Certaines
agglomérations font même l?hypothèse que des nouveaux équipements seront nécessaires,
occasionnant alors des coûts importants ;
? les agglomérations hors zones sensibles : l?enquête confirme alors les coûts élevés de
nouveaux équipements de taille importante (plusieurs dizaines de millions d?euros) et est
accompagnée d?une interrogation sur le bénéfice environnemental d?un tel investissement. Une
contribution évoque un coût de 10 millions d?euros pour des stations littorales de taille plus petite
(quelques dizaines de milliers d?EH).
Les réponses au questionnaire font ressortir, approximativement, que 21 % des STEU affirment
déjà respecter les objectifs de la DERU2, 27 % estiment qu?elles devront ajouter des réactifs et
48 % devront réaliser des travaux d?infrastructures. Le panel réduit des retours ne permet toutefois
pas de généraliser ce constat à l?échelle nationale.
3.1.2.3 Micropolluants
Compte tenu de la quasi-absence d?équipement dans l?état initial, toutes les STEU concernées
devront faire l?objet d?un équipement nouveau. Il s?impose pour les STEU de plus de 150 000 EH.
En revanche, reste une incertitude forte sur la proportion des STEU entre 10 000 EH et 150 000
EH qui seront concernées, les zones sensibles n?étant pas encore définies.
Les réponses qualitatives à l?enquête (sensibilité des milieux avoisinants) ne permettent pas de
dégager des proportions mêmes indicatives. En revanche, deux bassins ont fourni des informations
complètes sur les taux de dilution des rejets : pour Seine-Normandie, 10 % des STEU auraient des
taux de dilution inférieur à 10 % ; pour Artois-Picardie, cette proportion serait de 33 %. Ces
proportions sont à croiser avec des critères géographiques et topographiques : ces taux de dilution
sont très forts pour les rejets en mer et dans les grands fleuves ; la dilution est également souvent
bonne dans des secteurs à relief contrasté, pour autant que les conditions d?étiage restent
favorables ; l?exemple d?Artois-Picardie démontre en revanche que ce taux sera plus souvent plus
faible dans les territoires les plus plats ou présentant des débits plus faibles.
Sur la base de ce raisonnement, la proportion de 10 % pourrait être considérée comme la valeur
basse de la fourchette pour le calcul, la valeur de 30 % étant plutôt la valeur haute de la fourchette,
conservatoire pour les territoires les plus plats. Pour l?ensemble du territoire national hors DROM,
on retiendra une valeur moyenne de 15 %, marge permettant d?intégrer les masses d?eau les plus
sensibles.
Il s?agit là d?hypothèses aussi documentées que possible à ce stade qui ne préjugent en rien des
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résultats qui seront issus d?un travail scientifique et méthodologique pour définir ces zones
sensibles.
3.1.2.4 Énergie et gaz à effet de serre
Selon le syndicat Synteau, 128 STEU (toutes capacités confondues, y compris inférieures à 50 000
EH) seraient équipées de méthaniseurs.
Les réponses à l?enquête permettent de prendre conscience que, le plus souvent, la production
d?énergie renouvelable ainsi produite est inférieure à la consommation de la STEU (quelques
dizaines de pour cent). Quelques agglomérations produisent déjà des quantités supérieures. Le
périmètre de la production et de la consommation comptabilisées dans cet exercice n?est pas
explicite : en particulier, il n?est pas certain que la production autoconsommée soit décomptée,
alors que ce serait cohérent avec l?objectif de neutralité poursuivi ? il est probable que la proportion
de la production d?énergie renouvelable est supérieure à celle qui est ainsi déclarée.
Ces retours confirment le potentiel de la méthanisation pour l?atteinte de l?objectif de neutralité
énergétique. D?ores et déjà, plusieurs agglomérations apportent en outre une contribution à
l?atteinte de l?objectif national en allant au-delà de la couverture de leur propre consommation. Les
collectivités devraient donc être encouragées, que ce soit par des simplifications réglementaires
suggérées dans la partie § 2.4, par des optimisations techniques ou par des incitations financières
à exploiter le mieux possible ce potentiel.
Hypothèses transversales pour l?évaluation des coûts
La mission a fait le choix de centrer son analyse sur les trois items de la directive susceptibles de
représenter les coûts d?investissement et de fonctionnement les plus importants, à savoir la gestion
des rejets par temps de pluie, les différents équipements de traitement (azote, phosphore et
micropolluants) et la neutralité énergétique, en la limitant aux composantes pour lesquelles de
premiers ordres de grandeurs peuvent être obtenus. Il s?agit le plus souvent de moyennes
accompagnées de fourchettes basse et haute. Les scénarios sous-jacents, construits sur la base
des éléments explicités ci-dessus, sont précisés en annexe par souci de clarté (annexe 11). Cette
première approche permet déjà un regard critique documenté sur les montants issus de l?étude
d?évaluation ex ante de la Commission européenne.
Dans le même esprit, les situations de départ en termes de tarification de l?eau sont très variables
selon les agglomérations : tarification unifiée, ou bien encore très disparate entre communes. À
elle seule, cette variabilité rend illusoire toute tentative d?appréciation des augmentations de prix
de l?eau attribuables à la directive.
Au sein des trois items retenus, l?évaluation devra nécessairement être poursuivie et affinée par un
travail supplémentaire. Deux sujets s?avèrent particulièrement difficile à traiter : la gestion du temps
de pluie et le traitement plus poussé de l?azote et du phosphore. Ces deux postes sont, le plus
souvent, cités comme les plus coûteux ; dans l?évaluation ex ante de la Commission européenne,
c?est le tertiaire qui est le principal poste à l?échelle européenne.
L?ensemble des données sont affichées en euros courants et ne tiennent pas compte de l?inflation.
La gestion des rejets par temps de pluie
Selon l?analyse de la mission en partie § 2.1 :
l?évolution de cette gestion demande, en préalable, la réalisation de plans de gestion intégrée,
dont le contenu reste lui-même à préciser au regard des exigences de la DERU2 ;
à ce stade, peu de collectivités ont connaissance de la proportion de la charge polluante rejetée
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par temps de pluie par rapport à celle rejetée par temps sec, qui devra être évaluée dans le
cadre de l?élaboration des PGI ;
la valeur limite à retenir pour cette proportion, territoire par territoire, ne pourra être définie que
sur la base de ces travaux.
L?enquête n?a pas permis de caractériser, même de façon approchée, une situation de départ
unanimement considérée comme déterminante en termes de coûts : celle-ci repose avant tout sur
la connaissance de l?état des réseaux de collecte et sur l?effort de renouvellement du patrimoine
ou d?investissement dans des alternatives, mais aussi sur d?autres choix et investissements des
collectivités, eux aussi sur le temps long, en matière de désimperméabilisation ou de reconquête
de la nature en ville. Ces prérequis sont d?ores et déjà présentés comme un « mur
d?investissement » : les objectifs introduits par la directive s?y superposent et il est illusoire de leur
attribuer un coût spécifique. Il serait opportun de profiter de la phase de définition et d?élaboration
des PGI pour mieux documenter les coûts correspondants.
Il n?est donc pas possible, à ce stade de mener une évaluation même approximative d?un respect
d?une valeur limite de 5 % en charge et a fortiori de celle de 2 %. Selon les recommandations de
la mission sur ce point, l?élaboration des PGI est la condition préalable pour progresser dans
l?évaluation de ces coûts ; la mission a donc fait le choix de n?évaluer que celui de l?établissement
des PGI.
Pour la Commission européenne (voir § 2.1), « le coût moyen de la mise en place d'un plan de
gestion intégrée des eaux urbaines a été estimé à 0,09 ¤/an/p.e.66 »67. Les retours empiriques et
la documentation nationale sur le sujet font état d?un coût très supérieur, proche des 5 ¤/hab/an.
La mission a pris pour hypothèse, sur la base des entretiens menés, que le coût des PGI pourrait
aller de 20 000 ¤/an pour les agglomérations de plus de 10 000 EH à 100 000 ¤/an pour les plus
de 100 000 EH. Ce raisonnement moyen devrait être affiné, pour tenir compte, selon le cas :
? des outils et connaissances disponibles, en particulier dans la plupart des grandes collectivités,
dans les schémas existants ou grâce aux dispositifs actuels d?auto-surveillance. Les chiffres
abordés ci-dessus seraient des coûts complets, mais pas des surcoûts imputables uniquement
à la directive ;
? du défaut d?information sur la charge polluante des différents rejets : l?enquête a confirmé qu?une
faible minorité de collectivités met en oeuvre l?arrêté ministériel de 2015 en s?appuyant sur le
critère de charge. Pour la plupart des collectivités rencontrées par la mission, se doter de la
connaissance nécessaire à la modélisation de la charge requerra un investissement initial con-
séquent : là encore, l?évaluation ci-dessus englobe cet investissement initial mais la mission ne
dispose d?aucun élément, même approximatif, pour estimer les surcoûts de l?auto-surveillance
des charges rejetées.
Moyennant ces réserves importantes, le scénario de la Commission européenne conduit à un coût
global de 16 M¤ pour le seul établissement des PGI, tandis que l?hypothèse appuyée sur les
entretiens de la mission conduirait à un ordre de grandeur de 63 M¤ sur l?ensemble de la période
(principalement sur budget de fonctionnement).
Le traitement tertiaire
L?évaluation des coûts d?un abattement plus généralisé et plus poussé de l?azote et du phosphore
est particulièrement délicate, en l?absence :
d?indication précise sur les taux d?abattement actuels, sur la marge entre la charge nominale
66 Par habitant
67 Commission staff working document, impact assessment, 2022
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et la charge abattue,
de référence technique sur les coûts d?un abattement plus poussé. En particulier, pour ce qui
concerne l?azote, ce nouvel objectif peut demander plus de place : les coûts peuvent alors être
quasiment nuls si la STEU est en sous-capacité ou si elle dispose de foncier, ou au contraire
très élevés ? jusqu?à la nécessité de trouver un nouveau site ;
enfin, ce travail se heurte à la confusion de vocabulaire identifiée dans ce rapport : les quelques
références bibliographiques identifiées relatives au traitement tertiaire ne font, en fait, pas
référence au traitement de l?azote et du phosphore.
Sous ces réserves, la mission a construit un scénario de coûts en s?appuyant sur les résultats de
l?enquête qu?elle a menée. L?exploitation de ces retours lui permet de dénombrer de manière
estimative les stations de plus de 150 000 EH et les stations entre 10 000 et 150 000 EH qui ne
traitent pas aujourd?hui l?azote et/ou le phosphore et/ou qui n?atteignent pas les niveaux
d?abattement prescrits par la directive DERU2, y compris celles hors zones sensibles. La mission
recense ainsi 62 stations de plus de 150 000 EH concernées et environ 760 stations entre 10 000
et 150 000 EH.
Pour l?estimation des coûts unitaires en investissement et fonctionnement, la mission s?est appuyée
sur les contributions de plusieurs agglomérations : elle en tire des coûts moyens, pour le
fonctionnement, entre 15 ¤/an pour une station de 10 000 EH et 5,2 ¤/an pour une station de
500 000 EH et, en investissement, pour l?adaptation de stations existantes ou la construction de
nouveaux équipements, entre 5,8 M¤/an pour les stations entre 10 000 et 150 000 EH et 10,6 M¤
pour les stations au-delà de 150 000 EH. Néanmoins, les échanges avec le Synteau confirment la
grande variabilité en fonction des spécificités des STEU et plusieurs exemples concrets présentent
des coûts significativement supérieurs.
Sur la base de ces coûts moyens, les obligations de la DERU2 pour le traitement de l?azote et du
phosphore conduiraient à un coût, sur l?ensemble de la période, de l?ordre de 5,4 Mds¤ en
investissement et fonctionnement, très proche de l?estimation de la Commission européenne qui
donne, pour la France, une dépense annuelle de 241 M¤/an. La mission n?est pas en mesure de
fournir une évaluation, même approximative, de l?incertitude pesant sur ce résultat.
Le traitement quaternaire
Les évaluations de coût de la mise en place d?un traitement des micropolluants concernent la mise
en place d?un dispositif entièrement nouveau. Trois hypothèses ont été traitées, et pour chacune
un scénario haut et un scénario bas, pour dégager une fourchette de coût.
1) Hypothèse appuyée sur l?étude d?impact de la Commission ayant contribué à éclairer
l?élaboration de la DERU2 : elle retient l?ensemble des stations de plus de 100 000 EH68 et les
stations de plus de 10 000 EH dans les zones sensibles aux micropolluants. Pour définir le
périmètre de ces zones sensibles, la commission s?appuie sur le taux de dilution, un taux inférieur
à 10 étant considéré comme un facteur de risque69. Sur cette base, la commission estime que le
coût de la mise en place du traitement quaternaire serait de l?ordre de 130 M¤/an en France.
2) Hypothèse appuyée sur l?utilisation d?évaluations menée par une métropole, en retenant une
hypothèse basse et une hypothèse haute. À partir des coûts unitaires fournis par station et des
68 À noter que le texte définitif fixe à 150 000 EH le seuil d?obligation pour la mise en place du traitement
quaternaire. Cette estimation serait donc surévaluée.
69 Commission staff working document, impact assessment, 2022 p 119 : « advanced treatment at all plants above
100,000 p.e. irrespective of dilution, and between 10,000 and 100,000 p.e. only when justified by the
environmental risks caused by the toxicity of the effluents, which we expect to be the case when the dilution is
10 or less. For scenario modelling purposes, we assume that risks occur in 70% of the cases when effluents
are discharged with a dilution of 10 or less, excluding discharges to seawater.»
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extrapolations qui peuvent en être faites, le coût du traitement quaternaire en investissement irait
de 12 ¤/EH/an pour une station de 10 000 EH à 3 ¤/EH/an pour une station de 500 000 EH et plus.
Le coût de fonctionnement est estimé par la métropole concernée à 1 000 ¤ HT pour 1 000 EH/an
ce qui apparait largement sous-évalué. La mission corrige donc cette donnée après échanges avec
les professionnels du secteur pour le mener à 4 fois plus. Ce chiffrage est donné pour un traitement
quaternaire en contact micro-grain avec stockage et dosage du charbon.
Le périmètre central retenu par la mission est une mise en oeuvre de cette obligation pour
l?ensemble des stations de plus de 150 000 EH et pour 30 % des stations de plus de 10 000 EH,
hypothèse raisonnablement pessimiste à la lumière de l?analyse développée dans le § 3.1 mais
cohérente avec celle de la Commission européenne. Ce scénario central présente un coût total de
l?ordre de 6,5 Mds¤.
Si l?on retient un scénario bas (seulement 10 % des stations de plus de 10 000 EH en zones
sensibles aux micropolluants), le coût global serait de 5,2 Mds¤.
3) Hypothèse appuyée sur les travaux de l?agence environnementale allemande70 : la mission a
appliqué la fonction de coûts dégagée par les travaux de l?agence allemande pour l?appliquer au
parc de stations français. Si l?on retient le même scénario central, le montant global de la mise en
place du quaternaire en France serait de l?ordre de 6,4 Mds¤. Si l?on retient le scénario bas à savoir
seulement 10 % des stations de plus de 10 000 EH sont intégrées à la liste des zones sensibles,
le coût global serait de 4,6 Mds¤.
Figure 5 : premières estimations du coût du traitement quaternaire
Sur la base de ces trois hypothèses, et sous la réserve des incertitudes et limites de la méthode
d?évaluation :
les travaux de la Commission européenne semblent sous-estimer largement les coûts du
traitement quaternaire. Par ailleurs, ce chiffrage ne tient pas compte des éventuels
investissements à réaliser pour améliorer le traitement du phosphore et de l?azote, s?il
apparaissait nécessaire à un traitement quaternaire efficace. Un pic d?investissement devrait
intervenir vers le milieu des années 2030 compte tenu du calendrier fixé par la directive pour
les stations de plus de 10 000 EH en zone sensible ;
la mise en place de la REP fait porter 80 % de la dépense du traitement des micropolluants sur
les metteurs en marché de produits pharmaceutiques et cosmétiques : le besoin de
70 German Environment Agency : Moving forward: The European Commission?s Proposal for a Recast Urban
Wastewater Treatment Directive, 2023.
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financement hors REP s?élèverait donc entre environ 900 M¤ et 1,3 Mrd¤. Le « fossé
budgétaire » entre les dépenses à engager pour le passage au traitement quaternaire et les
recettes de la REP doit conduire à lancer une réflexion très en amont sur la couverture du
besoin de financement restant.
le besoin de financement devrait aller croissant à partir du milieu des années 2030, compte
tenu du calendrier de la directive pour les STEU de plus de 10 000 EH.
La neutralité énergétique
Le périmètre des dépenses retenu pour étudier les coûts induits par la directive sont de deux
ordres : la réalisation d?audits énergétiques et la construction de méthaniseurs. Ces coûts sont en
partie compensés par des économies d?énergie et par des recettes ou de moindres coûts liés à la
production d?énergie.
- Les audits énergétiques : les STEU de plus de 100 000 EH doivent disposer d'un audit en 2028,
et les STEU de plus de 10 000 EH d'ici 2032. Ces audits doivent être renouvelés sur un rythme
quadriennal. Sur la base de l?évaluation ex ante71 de la Commission européenne (coût moyen de
l'établissement d'un audit énergétique, tous les 5 ans, de 4 000 ¤ par audit72), le coût pour, environ
170 STEU de plus de 100 000 EH et 1 000 STEU entre 10 000 et 100 000 EH peut alors être
estimé environ 700 000 ¤ en 2028, et environ 4 millions d?¤ supplémentaires en 2032. L?estimation
des coûts unitaires obtenue par la mission à partir des retours de terrain diffère assez largement,
sans doute en raison d?un effet de périmètre : ils oscillent entre 20 000 ¤ pour une STEU de plus
de 10 000 EH et 200 000 ¤ pour les stations de plus de 100 000 EH. En conséquence, l?estimation
sur l?ensemble de la période varie fortement, de 15 M¤ à 230 M¤, qui devront être supportés par
le budget de fonctionnement des services d?assainissement.
- Comme indiqué dans la partie § 2.4, la construction de méthaniseurs pour des STEU ou des
regroupements de STEU d?une capacité suffisamment élevée pour permettre une production
substantielle de biogaz est l?option de référence pour approcher l?objectif de neutralité énergétique :
aucune autre option (valorisation de la chaleur des effluents ou mise en place de panneaux
photovoltaïques), quoi que mobilisable en complément, ne semble en mesure d?atteindre des
capacités équivalentes (ce qui n?exclut pas les efforts menés en ce sens). Le seuil de rentabilité de
l?équipement est atteint, selon la profession, dans les STEU de capacité supérieure à 50 000 EH.
Compte tenu du parc actuellement équipé73, la mission a élaboré le scénario suivant :
40 stations de plus de 150 000 EH s?équipent en méthaniseurs et deux phases d?équipement
sont lancées : 20 méthaniseurs sont lancés à court terme et une nouvelle tranche de 20 est
lancée en 2035. Le coût unitaire d?un méthaniseur est de 20 M¤ que la collectivité emprunte
en totalité.
270 stations de plus de 50 000 EH s?équipent en méthaniseurs et deux phases d?équipement
sont lancées : 135 à court terme et une nouvelle tranche de 135 en 2035. Le coût unitaire d?un
méthaniseur pour cette tranche est de 5 M¤ que la collectivité emprunte en totalité.
L?investissement devra être engagé d?ici à 2045, mais le paiement des intérêts d?emprunt et les
retours sur investissement s?étaleront au-delà. Le coût total de la dépense, intégrant l?hypothèse
71 Commission staff working document, impact assessment, 2022
72 À noter donc que l?étude d?impact diffère du texte définitivement adopté sur le rythme de réalisation des audits
sans que cela n?ait un impact toutefois sur le coût unitaire.
73 52 STEU de plus de 150 000 EH sont équipées ; 38 injectent du biogaz dans le réseau. 51 STEU dans la
tranche 50 000 - 150 000 EH sont équipées ; 20 injectent du biogaz dans le réseau.
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d?un emprunt à 2 % sur 10 ans, peut être évalué à un peu plus de 3 Mds¤74. Les exemples de Caen
et de Nice (voir note 52) conduisent à une couverture des charges d?investissement sur une période
de 8 à 15 ans et à un retour positif annuel au-delà.
Concernant les économies d?énergie, les dépenses portées par les collectivités pour accroître la
sobriété énergétique de leurs stations devraient être compensées par des économies que la
mission a cherché à évaluer. Là encore, les efforts et les retours sur investissement ne sont pas
directement corrélés à la directive puisque relevant d?arbitrage politique des collectivités mais
participent de la trajectoire prescrite par la directive pour tendre vers la neutralité énergétique. La
mission a donc projeté les gains obtenus grâce aux économies d?énergie en partant d?une
consommation moyenne et de prix de l?énergie tels qu?ils sont détaillés en annexe. Il en résulte que
les économies d?énergie pourraient atteindre 400 à 500 M¤ globalement en fin de période. À
l?évidence, ce chiffre est une approximation qu?il conviendra d?affiner en fonction des anticipations
des coûts de l?énergie et des évolutions de la consommation moyenne des stations.
Conclusions de la mission
Ces évaluations sont d?une fiabilité variable pour les différentes dispositions de la DERU2 : elles
semblent plutôt fiables pour les études et audits qu?elle requiert ; certaines hypothèses pour le
traitement quaternaire et pour la création de méthaniseurs ont pu être cernées sur la base d?autres
travaux et de plusieurs retours d?expérience. Cependant, le fait que les zones sensibles aux
micropolluants ne soient pas encore définies se traduit par une forte incertitude sur l?estimation du
coût global de la mise en place d?un traitement quaternaire.
En revanche, si la mission donne un ordre de grandeur de coûts de mise en oeuvre des dispositions
relatives au traitement de l?azote et du phosphore, celui-ci se veut essentiellement une base pour
engager un travail plus approfondi Les échanges avec la fédération Syntec et avec le syndicat
Synteau ont bien confirmé que, hors gestion du temps de pluie, pour lequel seule l?élaboration des
PGI peut être approchée à ce stade, c?est ce coût qui est le plus difficile à évaluer, sans analyse
STEU par STEU.
De manière plus générale, les ordres de grandeur résultant de cette première évaluation,
sont à prendre avec précaution, et visent surtout à en faciliter une analyse critique. Ils
permettent néanmoins d?établir que l?évaluation ex ante de la Commission européenne est
globalement sous-estimée.
Cette première évaluation témoigne de l?implication des différents acteurs (industriels, collectivités)
pour l?affiner et fait ressortir des pistes de travail prioritaires, avec les services de l?État, les
collectivités et les industriels, pour pouvoir apporter des réponses aux difficultés rencontrées dans
cet exercice :
- fiabiliser la base SISPEA pour cette évaluation,
- associer les fédérations et syndicats professionnels qui connaissent finement le parc géré par
leurs adhérents, et les collectivités en régie, ainsi que les associations de collectivités compétentes,
- engager des études sur des points spécifiques qui peuvent largement faire varier les coûts,
comme par exemple la disponibilité de foncier à hauteur de tous les enjeux qui demandent de la
place et surtout, au vu de la principale faiblesse rappelée ci-dessus, l?identification pour le
traitement tertiaire de la marge de manoeuvre des installations existantes (écart entre le nominal
et la charge maximum constatée).
74 La question du coût de l?emprunt est abordée sur cet item, plutôt que sur d?autres, compte tenu de la nature de
cet investissement qui a vocation à présenter une rentabilité. Ce coût est évalué à 2 M¤ par STEU pour les
stations de plus de 150 000 EH et à 500 k¤ pour les autres.
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4 Mettre en place des stratégies nationale et par bassin
pour optimiser la mise en oeuvre de la DERU2
La DERU2 fixe des rendez-vous à différentes échéances et laisse à la subsidiarité les méthodes
pour atteindre les différents objectifs. Son article 23 prévoit que chaque État membre produira un
« programme national de mise en oeuvre » : pour la Commission européenne, c?est un outil afin de
s?assurer dans la durée de la conformité à toutes les dispositions de la DERU2 ; pour la France,
ce doit être avant tout l?occasion d?élaborer une stratégie d?ensemble, avec une validation
interministérielle, un portage politique fort et des moyens dédiés.
Cette stratégie, de portée politique et technique, devra être pilotée de façon régulière au niveau
national, et être déclinée et pilotée dans chaque grand bassin hydrographique. Elle devra faire
l?objet d?une programmation financière adaptée dans chaque bassin, en fonction :
du bénéfice pour les milieux,
de l?état d?avancement et des projets d?évolution portés par les collectivités de leurs dispositifs
d?assainissement, systèmes de collecte et parc de STEU,
des enjeux de lissage de la mise en oeuvre d?ici 2045, tant pour tirer parti d?une mobilisation de
soutiens relativement stables d?une année sur l?autre que pour éviter des tensions sur les
marchés sollicités.
Elle comportera une trajectoire de référence au niveau national.
Cette stratégie devra intégrer la fin de la mise en conformité avec la DERU et ainsi, la rendre plus
efficace.
Critères pour une stratégie
4.1.1 Mettre les bénéfices environnementaux au coeur du dispositif
La DERU2, quoiqu?appuyée sur une évaluation de la DERU1, directive de moyens, et postérieure
à la Directive-cadre sur l?eau (DCE), comporte peu de liens explicites avec les objectifs de bon état
des masses d?eau. Elle relève plutôt d?une démarche d?alignement sur des meilleures techniques
disponibles, dès lors que celle-ci sont déjà mises en oeuvre dans certains États membres (ou
voisins, comme la Suisse). Cependant, sa mise en oeuvre par étapes successives, pour chaque
objectif, ouvre la possibilité de renforcer les liens avec la DCE. En effet, les bénéfices de la DERU2
seront d?autant plus grands que sa mise en oeuvre sera priorisée en fonction de son impact sur
l?amélioration des milieux.
L?appréciation des bénéfices de la DERU2, comme celle de ses coûts, peut s?appuyer sur plusieurs
approches.
Premièrement, des approches coûts-bénéfices :
? dans son étude d?impact, la Commission évalue et monétarise les bénéfices de
l?amélioration de la gestion des eaux par temps de pluie, des objectifs fixés aux petites
agglomérations, de l?abattement plus poussé de l?azote et du phosphore, du traitement
des micropolluants et des objectifs en termes de neutralité énergétique et d?émissions
de GES. D?autres postes, comme l?évolution de la surveillance, ne sont évalués
monétairement qu?en coûts. L?étude souligne le caractère délicat ou impossible de la
valorisation de certains bénéfices. La démarche d?analyse coûts-bénéfices vise en
particulier à discriminer différents scénarios de périmètre d?application ou d?ambition de
la DERU2, pour retenir celui qui présente le meilleur ratio. Globalement, les coûts
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totaux75 au niveau de l'UE (3 848 milliards d'euros par an en 2040) sont inférieurs aux
avantages monétaires évalués, nécessairement incomplets (6 643 milliards d'euros par
an d'ici à 2040 - dont 6 157 milliards sont liés à l'amélioration de la qualité de l'eau).
Les bénéfices sont supérieurs aux coûts dans tous les États membres. L?introduction
dans la Directive, sur la base de ces travaux d?évaluation, d?une approche fondée sur
les risques (mesures obligatoires dans les seules zones où cela est requis pour les
milieux) participe de l?obtention d?un ratio bénéfices/coûts favorable. En France, le coût
total par habitant et par an est évalué à 3,56 ¤ et le bénéfice à 10,06 ¤. Rappelons que
la partie 3 du présent rapport considère ce coût comme probablement sous-évalué ;
? aucune analyse coûts-bénéfices aboutie de l?assainissement en France n?a été
identifiée par la mission. Certains bassins développent des nouvelles méthodes et outils
pour mieux modéliser et quantifier ce lien (démarche PERISCOP dans le bassin Artois-
Picardie). L?agence de l?eau Rhin-Meuse, a mené un travail avec le CGDD qui vise à
vérifier l?efficacité des soutiens versés en termes d?évolution de la qualité des milieux76
sur le bassin entre 2010 et 2015. Les estimateurs d?impact sont significatifs pour les
indicateurs de pollution domestique : une masse d?eau bénéficiaire d?un nouvel ouvrage
de traitement des eaux usées présenterait à moyen terme une réduction de sa
concentration moyenne d?ammonium de 26 % et une réduction de sa concentration
maximale de phosphore total de 11 %, par rapport à une masse d?eau non bénéficiaire.
Ces actions apparaissent plus efficaces que par exemple les opérations
d?accompagnement mises en oeuvre pour lutter contre les pollutions diffuses agricoles.
L?évaluation quantifiée des bénéfices de l?assainissement est par nature difficile :
? même dans une approche qualitative de l?évolution des milieux, il est difficile de
raisonner toutes choses égales par ailleurs ;
? la monétarisation de tous les bénéfices, qui permettrait des comparaisons complètes
avec les coûts, n?est pas aboutie : tous les bénéfices ne peuvent pas être valorisés et
les méthodes de valorisation donnent elles-mêmes lieu à des discussions scientifiques.
Par exemple, l'analyse coûts-bénéfices (ACB), utilisée dans le cadre de la mise en
oeuvre de DCE, ne tient compte ni de la raréfaction des ressources naturelles, ni de la
hausse de la demande des biens environnementaux. Or, les pressions que subissent
la ressource en eau, les milieux aquatiques et la biodiversité associée sont aggravées
par le changement climatique. Les services écosystémiques qu?ils rendent, tels que la
régulation de la qualité de l?eau ou la protection contre les inondations, risquent de se
raréfier dans les années à venir. Dans le même temps, la demande des populations
pour ces services pourrait s?accroître, pour s?adapter aux effets du changement
climatique. Ces deux phénomènes devraient se traduire par une hausse de leur prix
relativement aux autres biens de l?économie77. La prise en compte de cette évolution
des prix relatifs dans les ACB permettrait d?améliorer l?estimation des bénéfices
environnementaux, et serait de nature à augmenter la valeur socio-économique des
projets qui concourent à la qualité des milieux, comme l?assainissement dans ses
différentes composantes. Le même raisonnement s?applique pour l?évaluation de ses
bénéfices sanitaires. L?OCDE, dans ses travaux, se penche de manière approfondie
sur les difficultés inhérentes à l?évaluation des bénéfices de l?assainissement et propose
une méthodologie pour l?élaborer, compte tenu du manque de données, en s?appuyant
plutôt sur des valeurs monétaires sur les marchés que sur des approches par le
75 Les coûts annuels comprennent les coûts d'exploitation et d'investissement en tenant compte d'une durée de
vie des investissements de 30 ans à laquelle un taux d'actualisation de 2,5 % a été appliqué.
76 CGDD ? SDES, 2024, Impact environnemental de l'action des agences de l?eau : une évaluation économétrique
sur le bassin Rhin-Meuse, document de travail, 43 p.
77 Reaud Pierre, 2025, janvier, Estimer la valeur future des services écosystémiques dans les analyses coûts-
bénéfices, 4 p.,Thema, CGDD
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consentement à payer78.
Ou encore, une évaluation qualitative des bénéfices de l?assainissement sur l?état des masses
d?eau dans le passé, et une appréciation des masses d?eau dont le déclassement serait encore
dû à l?assainissement urbain.
Les retours de l?enquête menée auprès des services déconcentrés mettent en évidence que la
proportion de rejets dans des milieux sensibles (par exemple, aires d?alimentation en eau potable,
qualité des eaux de baignade, sites Natura 2000 ou Ramsar) est désormais relativement faible ;
ce constat est à nuancer pour les zones conchylicoles, dont la qualité peut dépendre d?apports
terrestres plusieurs dizaines de kilomètres en amont. En outre, les travaux menés dans le cadre
de l?élaboration des SDAGE permettent ou permettront de dresser :
? une cartographie des masses d?eau dégradées pour lesquelles l?assainissement
collectif est identifié comme une pression significative ; elle existe déjà en Seine-
Normandie et en Rhin-Meuse. En Artois-Picardie, dans le cadre de la réalisation de
l?état des lieux 2019, les experts du territoire ont établi la liste des pressions
responsables de la dégradation des masses d?eaux sur la base des données
disponibles concernant les rejets sur les masses d?eau ; elle a fait l?objet d?une
validation de la part des experts du territoire (Agence de l?eau, animateurs de Sage,
DREAL, DDT(M), OFB?). Il a également été établi une liste de masses d?eau
impactées par les rejets des stations et réseaux d?assainissement. Dans d?autres
bassins, comme Rhône-Méditerranée, cet état des lieux, dans le cycle qui se termine,
ne distinguait pas l?origine des pressions par les nutriments urbains entre rejets
industriels et assainissement collectif ? celui-ci étant regardé comme représentant la
majorité des cas ;
? un état des lieux des masses d?eau à risque de dégradation accrues au regard de leur
état écologique en lien avec l?assainissement collectif. Cette cartographie est établie en
Seine-Normandie. En Artois-Picardie, un travail a porté sur le risque de non atteinte des
objectifs environnementaux sur les masses d?eaux, sur la base des connaissances des
pressions exercées sur les masses d?eau en intégrant l?évolution de ces pressions sur
la période 2019-2027.
La préparation des prochains SDAGE permettra d?affiner les masses d?eaux pour lesquelles la
mise en oeuvre de la DERU2 présente les bénéfices les plus importants. Celle-ci, dès lors qu?elle
s?appuiera sur une stratégie déclinée à différentes échelles, peut être l?occasion de structurer un
travail sur l?évaluation des bénéfices. Cette démarche, qui pourrait être menée avec l?appui du
CGDD, est de nature à motiver les investissements à réaliser, voire à contribuer à leur priorisation.
4.1.2 Tenir compte des projets des collectivités et du risque de tension
sur les marchés
Dès les premiers contacts pris par la mission avec des collectivités ou des associations d?élus, une
crainte s?est exprimée qu?une approche nationale de la mise en oeuvre de la DERU2, compte tenu
de son ambition, consiste à ne mobiliser en premier lieu que les plus grosses agglomérations pour
sa mise en oeuvre. La France dispose d?industriels et de collectivités dont une grande partie gère
cette compétence en régie, avec une connaissance avérée sur ces sujets. Or, certaines d?entre
elles terminent ou ont en projet à court terme des investissements sur leurs installations. La
séquence de mise en oeuvre devra tenir compte des échéanciers déjà établis, du fait qu?ils tiennent
compte ou non de la DERU2, de l?âge des stations.
78 OECD, 2022, décembre, Building a methodology to assess the benefits of a revision of urban wastewater
regulation in the European Union, Working Party on Biodiversity, Water and Ecosystems, 51p.
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Il ressort de l?enquête menée par la mission que :
80 % des collectivités ayant répondu au questionnaire sur ce point indiquent ne pas avoir
intégré les objectifs de la DERU2 dans leur PPI ;
plus de la moitié des agglomérations indiquent ne pas avoir programmé un effort de
modernisation de leur station dans les années à venir.
Par ailleurs, la fédération Syntec et le syndicat Synteau ont appelé son attention sur la nécessité
de « lisser la charge » des études, mais aussi des investissements à prévoir : les courbes d?âge
des STEU sont très variables selon les bassins et, si l?hypothèse « business as usual » serait de
considérer une modernisation des outils existants en moyenne trente ans après leur création,
certains investissements pourraient devoir être avancés là où ce serait plus facile et moins coûteux
et pour éviter un goulet d?étranglement en termes de moyens et de compétences. Cette analyse
mériterait d?être affinée en lien avec le CSF. Ce travail présenterait plusieurs bénéfices : éviter un
pic d?activité, plutôt en fin de période, qui se traduirait par une augmentation des coûts d?une part ;
s?adapter à la programmation des soutiens financiers d?autre part, dans un contexte où évidemment
tout ne pourra pas être financé en même temps.
Articuler les stratégies nationales, de bassin et
d?agglomération, dans un calendrier connu de tous
Construire des approches stratégiques à plusieurs échelles emboîtées apparaît comme la meil-
leure façon de mettre en oeuvre la DERU2 de manière efficace et moins coûteuse, mieux portée et
acceptée : les travaux engagés à l?échelle nationale et dans chaque bassin doivent permettre de
donner de la visibilité à tous les acteurs, le plus tôt possible.
4.2.1 Rôle et pilotage de l?échelon national
La mise en oeuvre de la DERU2 prévoit, dans plusieurs de ses articles, l?atteinte de résultats pour
un pourcentage croissant d?installations, en plusieurs étapes, jusqu?à 100 % en 2045, sans critères
de priorisation. Ces critères doivent être explicités, partagés, mis en oeuvre dans une programma-
tion. Concrètement cela revient à ce que, à l?échelle nationale, la DEB :
détermine, sur la base des instances de gouvernance existantes, celles qui devront être
mobilisées ou adaptées
identifie des niveaux d?effort par bassin, le cas échéant aux différentes échéances,
définisse les grandes lignes d?une démarche de priorisation à cette échelle du bassin.
4.2.1.1 Propositions pour la gouvernance
L?analyse conduite par la mission privilégie, pour le pilotage de la mise en oeuvre de la DERU2,
l?utilisation et adaptation des instances existantes, qui s?appuieront sur les structures en place
(agences de l?eau en particulier, services déconcentrés, opérateurs techniques?). Cela permet de
tirer le bénéfice des compétences et des processus des opérateurs de l?eau et de ne pas perdre
de temps et de limiter les coûts de mise en oeuvre. Cependant, la création d?une filière REP fera
apparaître de nouveaux acteurs dans la politique de l?eau et les enjeux de neutralité énergétique
peuvent également conduire à associer de nouveaux acteurs à la sphère de l?assainissement, ou
leur donner plus de poids.
Les commissions existantes (Comité national de l?eau (CNE) au niveau national, comités de bas-
sin) et les agences de l?eau doivent ainsi rester les interlocuteurs, politiques, techniques ou finan-
ciers, privilégiés des collectivités sur l?assainissement. Les interfaces avec l?éco-organisme, tant
politiques que technique, devront être définies par conventions.
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La validation de la stratégie de mise en oeuvre devra s?appuyer sur un pilotage adapté par la DEB,
en lien étroit avec le CNE. Cette mobilisation du CNE donnera le signal, notamment aux collectivi-
tés, d?une volonté d?association et de co-construction de la stratégie nationale : la mise en oeuvre
efficace de la DERU2 demandera, de fait, une forme de solidarité des collectivités, les points forts
des unes ayant vocation à compenser les points faibles des autres. Cette gouvernance est indis-
pensable pour partager les enjeux, les objectifs et pour entretenir la confiance entre les acteurs,
l?État ayant vocation à jouer un rôle de coordinateur et, si nécessaire, d?arbitre, responsable de
l?atteinte des objectifs.
Le ministre en charge de l?environnement, et par délégation, la DEB, est pilote de la mise en oeuvre
de la DERU2. La France ne sera pas au rendez-vous sans une mobilisation beaucoup plus large,
coordonnée, associant la DGPR, la DGEC, le CGDD, la DGS, la DGCL, la DGE, la DGOM, la
DGFIP, et les opérateurs pertinents. Le pilotage de la stratégie devrait être confiée à un(e) chef(fe)
de projet, positionné directement auprès de la directrice de l?eau et de la biodiversité, à la fois pour
qu?il (elle) dispose d?une légitimité de fait vis-à-vis des autres administrations centrales et pour
faciliter les échanges entre les sous-directions et opérateurs concernés.
(Ministre chargée de l?environnement) Confier le pilotage de la
transposition et de la mise en oeuvre de la directive à un(e) chef(fe) de projet, positionnée
auprès de la directrice de l?eau et de la biodiversité et établir une feuille de route
interministérielle validée par le cabinet du premier ministre (DGALN, DGEC, DGPR, CGDD,
DGCL, DGE, DGS, DGOM, DGFIP)
4.2.1.2 Donner les grandes lignes de la répartition de l?effort par bassin
La définition d?ordre de grandeurs de l?effort par bassin sera une composante majeure de la stra-
tégie nationale. En effet, les enjeux, les caractéristiques des agglomérations et du parc de stations
concernés diffèrent d?un bassin à l?autre, et cet effort pour mettre en oeuvre DERU2 ne se fera pas
nécessairement, si on cherche une certaine efficacité, au strict prorata des EH. Cette approche ne
pourra se construire que sur la base d?une méthode partagée et par itérations. Si l?administration
centrale peut disposer de premières pistes, une approche de remontée de terrain, dans une logique
d?identification des meilleurs efforts possible de chacun est un exemple de méthode de co-cons-
truction.
Pour définir la répartition de l?effort et fixer les grandes lignes des travaux à mener dans chaque
bassin, il faudra en premier lieu, dans la poursuite des travaux initiés au cours de cette mission,
caractériser le mieux possible « l?état initial » des dispositifs d?assainissement et des milieux, en
particulier les masses d?eau encore déclassées en raison de l?assainissement, les agglomérations
d?assainissement ou les STEU qui respectent déjà certains objectifs de la directive, les travaux,
engagés ou programmés, des agglomérations qui concourent à l?atteinte des objectifs de la
directive. Cet état des lieux rejoint en grande partie la préparation du prochain SDAGE. Dans
certains bassins, les données transmises à la mission forment déjà un socle solide ; dans d?autres,
ce premier travail sera à poursuivre. Cet « état initial » doit permettre in fine à l?échelle de chaque
bassin :
? d?identifier comment se situe, dans son ensemble, le parc de STEU par rapport aux objectifs de
la DERU2, en particulier les STEU et les dispositifs d?assainissement qui remplissent déjà les
objectifs de la DERU2 ;
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? de recenser, parmi les pistes identifiées dans ce rapport, celles de ces STEU et de ces agglo-
mérations qui présentent les meilleures opportunités pour atteindre les objectifs de la DERU2,
à programmer en priorité, et dégager ainsi des marges de manoeuvre pour le reste du parc ;
? de cibler les secteurs géographiques sur lesquels la DERU2 contribuera à l?amélioration de
l?état des masses d?eau et à la conformité à la DCE ;
? de recenser les PPI pour tenir compte, dans une programmation, des anticipations et projets
des collectivités locales compétentes, tant pour ce qui concerne les STEU que la gestion du
temps de pluie.
C?est sur la base de ces premières remontées, qui doivent être sincères, que pourront être établis
la première répartition géographique de l?effort et les premiers éléments de priorisation dans les
échéanciers. Ce travail d?état des lieux devra donner lieu à un suivi et des ajustements tout au long
de la mise en oeuvre de la DERU2.
Ne pouvant prétendre à une approche exhaustive à ce stade, la mission a noté quelques orienta-
tions pour l?établissement de cette feuille de route :
le poids relatif du SIAAP (annexe 12) ? 9 millions d?usagers franciliens représentant 10 millions
d?EH soit 10 % de la France, coordonnateur de 40 maîtres d?ouvrage de systèmes de collecte,
pour une consommation énergétique de 1 TWh/an ? dans l?ensemble des STEU françaises est
tel que ses performances constitueront une hypothèse centrale du programme national de mise
en oeuvre : un SIAAP « en retard » pèsera sur la programmation ; un SIAAP avec des bonnes
performances ou « en avance » facilitera l?atteinte des objectifs nationaux. Le programme
national de mise en oeuvre devrait ainsi comporter un calendrier prévisionnel de conformité à
la DERU2 de l?assainissement en Île-de-France ;
la refonte globale du site de Seine-Aval, dans le cadre de la DERU et suite à différents
accidents, a conduit à un nouvel arrêté d?autorisation en date du 20 juillet 2023, et un chantier,
en cours, pour une mise en service à l?horizon 2026. Compte tenu des non-conformités
constatées par la police de l?eau, le SIAAP a mis en place un plan d?actions en 2023, encadré
par un arrêté de mise en demeure du 28 février 2024. Le SIAAP a également engagé une
étude pour un « programme de renforcement de la robustesse du schéma directeur
d?assainissement du SIAAP » visant à fiabiliser les performances de son système
d?assainissement79 . Il a également lancé un travail de révision de son schéma directeur
d?assainissement, pour faire évoluer sa stratégie notamment au regard du changement
climatique.
Il y a donc un intérêt mutuel, tant pour le schéma directeur d?assainissement que pour
l?établissement du programme national, à définir en premier lieu la programmation de l?ensemble
de ces dispositifs d?assainissement.
Pour la mission, l?évolution des dispositifs d?assainissement du SIAAP doit être programmée d?ici
à 2045 dans un calendrier arrêté au plus tard fin 2027 :
les régions ultra périphériques devront être intégrés dans cette programmation (voir § 4.2.2.3) ;
les zones non sensibles à l?eutrophisation constituent également un cas particulier. En effet,
les STEU de plus de 150 000 EH doivent y mettre en oeuvre le traitement de l?azote et du
phosphore alors que le bénéfice environnemental n?est pas avéré. Cette évolution pourrait
toutefois être justifiée pour permettre un traitement quaternaire. La mission, dans la partie
précédente, recommande des approfondissements sur ce point. Les STEU concernées
pourraient donc ne pas être prioritaires.
79 Et en particulier, atteindre un rendement de 70 % d?abattement de l?azote pour chaque usine, réduire le nombre
de bilans classés en « situation inhabituelle », contribuer à l?atteinte d?un rendement de 75 % au niveau de la
zone CM_03207.
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(DEB) Établir une feuille de route de mise en oeuvre de la DERU2,
comportant une répartition de l?effort par bassin, y compris les RUP, des critères de
priorisation et des trajectoires pour chaque objectif et des lignes directrices, avec un
programme spécifique au SIAAP et une prise en compte différenciée du traitement de l?azote
et du phosphore en zones non sensibles à l?eutrophisation.
4.2.1.3 Organiser et piloter le calendrier
La DEB devra veiller au calendrier de mise en oeuvre, à l?enchaînement des différentes étapes,
pour chacun des objectifs, pour les différents types d?acteurs (les agglomérations
d?assainissement, les STEU en charge, les STEU en nominal). Il s?agira aussi d?anticiper les étapes
qui seraient sur le chemin critique d?atteinte d?objectifs liés entre eux, en particulier ceux relatifs
aux micropolluants et la REP.
Tableau 3 : Principales échéances de la DERU 2
Source : Mission
C?est dans ce calendrier que doivent être identifiées les « étapes préalables » et leurs échéances
à respecter rigoureusement, pour ne pas entraîner un glissement global du calendrier qui mettrait
en péril le respect de certaines d?entre elles. L?échéance de fin 2027 revêt une importance critique,
même si certaines dispositions sont attendues à des échéances ultérieures, puisqu?elle correspond
au délai de remise à la Commission européenne du programme national de mise en oeuvre.
Engager les travaux transversaux préalables relevant de l?échelon national
Comme argumenté dans la partie 2, certaines étapes constitueront des étapes critiques pour la bonne mise en
oeuvre de la DERU2 dans son ensemble :
2027 2028 2030 2032 2033 2035 2036 2039 2040 2045
Contenu des plans de gestion intégrée des eaux résiduaires urbaines X X
Les déversements dus aux pluies d'orage ne pouvent dépasser 2 % de la charge d'eaux
résiduaires urbaines collectée annuellement, calculée par temps sec X X
Évaluation et gestion des risques X
Les EM recensent et évaluent les risques découlant des rejets d'eaux résiduaires urbaines
pour l'environnement et la santé humaine X
Neutralité énergétique X X X X X X
L'énergie annuelle totale générée à partir de sources renouvelables représentent X % de
l'énergie annuelle totale utilisée par ces stations X X X X
Les premiers audits énergétiques sont effectués pour les stations d'épuration des eaux
résiduaires urbaines
traitant une charge égale ou supérieure à 100 000 EH et les systèmes de collecte qui y sont
raccordés;
X
Les premiers audits énergétiques sont effectués pour les stations d'épuration des eaux
résiduaires urbainestraitant une charge égale ou supérieure à 10 000 EH mais inférieure à
100 000 EH et les systèmes de collecte qui y sont raccordés. X
Plans de gestion intégrée des eaux résiduaires urbaines X X X
Les EM établissent une liste des agglomérations pour lesquelles les déversements dû aux
pluies d'orage présente un risque pour l'environnement ou la santé humaine; le
déversement dû aux pluies d'orage représente plus de 2 % de la charge dans les eaux
résiduaires urbaines collectées annuellement X
Les EM veillent à ce qu'un plan de gestion intégrée des eaux résiduaires urbaines soit établi
pour les zones de collecte des agglomérations X
les États membres veillent à ce qu'un plan de gestion intégrée des eaux résiduaires urbaines
soit établi pour les zones de collecte des agglomérations X
Programme national de mise en oeuvre X
Elaboration d'un programme national de mise en oeuvre X
Responsabilité élargie des producteurs X
Les EM prennent des mesures pour que (?) les producteurs qui mettent sur le marché l'un
des produits énumérés à l'annexe III soient soumis à la REP X
Systèmes de collecte et calcul de la charge d'une agglomération X
Les agglomérations entre 1 000 et 2 000 EH sont reliées à un système de collecte pour leurs
eaux usées domestiques X
Traitement quaternaire X X X X X
Les EM dressent une liste des zones de leur territoire national dans lesquelles la
concentration ou l'accumulation de micropolluants provenant de stations d'épuration des
eaux résiduaires urbaines présente un risque pour l'environnement ou la santé humaine X
Les États membres veillent à ce que les rejets provenant des stations respectent, avant le
rejet dans les eaux réceptrices, les prescriptions applicables au traitement quaternaire X X X X
Traitement secondaire X
Les EM veillent à ce que les rejets provenant des stations d'épuration des agglomérations
égales ou supérieures à 1 000 EH mais inférieures à 2 000 EH respectent, avant leur rejet
dans les eaux réceptrices, les prescriptions applicables au traitement secondaire X
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? préparer les textes de transposition, incluant l?élaboration du lexique commun et de l?architecture des textes
nécessaires ;
? faire évoluer les systèmes d?information selon les propositions du § 2.5 : il s?agit ici de lancer un grand projet
structurant, pour rendre au moins possible un rapportage efficace de la France à la Commission européenne ;
? définir les méthodes, à décliner dans chaque bassin, que ce soit pour les PGI, les listes de substances, le cadre
comptable et juridique ou les critères pour l?établissement des différentes listes et zonages, pour pouvoir
respecter l?échéance de fin 2027 : constitution des groupes de travail nécessaires, association des opérateurs
et parties prenantes concernées, instruction aux agences de l?eau ;
? mettre en place la préfiguration de la filière REP dans les meilleurs délais. Cela passe aussi bien par les études
requises que par l?identification d?un opérateur en soutien ? qui devrait être l?ADEME ? ou l?organisation des
tours de table des partenaires ? collectivités et industriels ; structurer un plan micropolluants d?ensemble ;
? avec une stratégie cohérente, positionner la France dans les groupes de travail européens.
Les travaux réalisés, en cours ou à venir des collectivités et ceux qui seront les plus bénéfiques
aux masses d?eau constituent des priorités qui s?imposent à la programmation. Ils ne sont néan-
moins pas nécessairement suffisants pour respecter toutes les trajectoires. Il pourra donc être né-
cessaires de mobiliser des leviers appropriés pour combler les écarts selon des calendriers com-
plémentaires.
Par rapport aux autres pays européens, la France est identifiée comme disposant de plusieurs
points forts pour la mise en oeuvre de la DERU2 ? sans en avoir l?exclusivité. Les échanges avec
les services de la Commission européenne ont en particulier mis en exergue :
l?équipement des agglomérations entre 1 000 et 2 000 EH. A cet égard, le suivi et la
connaissance de la performance de l?assainissement non collectif pourraient apparaître comme
un point faible par rapport au référentiel de la directive, pouvant conduire à des interrogations
sur les arbitrages actuels entre assainissement individuel et assainissement collectif ;
la gestion intégrée des eaux résiduaires, et notamment la préexistence de schémas directeurs
d?assainissement et d?une réglementation de référence (arrêté ministériel de 2015). Même si
la mise en oeuvre de ces outils reste inégale et différenciée selon les bassins hydrographiques,
la France est culturellement prête pour la création et la mise en oeuvre des plans de gestion
intégrée et pourrait transformer cet avantage en leadership au niveau européen ;
concernant le traitement de l?azote et du phosphore, le retour de l?enquête fait ressortir que les
obligations de la DERU2 pourraient n?être qu?une étape supplémentaire ne présentant pas de
difficultés majeures dans les zones déjà concernées. Progresser d?abord dans les zones
sensibles apparaît comme une stratégie efficace pour définir ensuite les obligations et des
calendriers réalistes hors zone sensible ? la stratégie hors zone sensible devant, elle, être
clarifiée ;
les moyens d?atteindre la neutralité énergétique et carbone ont la spécificité de présenter un
retour sur investissement. Dans un raisonnement à long terme ? et au moins à l?échéance de
la directive ?, ces investissements devraient conduire à alléger la charge du dispositif
d?assainissement pour les finances des collectivités locales. Sous réserve que leur capacité de
financement le leur permette, il y aurait donc intérêt à engager les audits et investissements
correspondants dès que possible. Néanmoins, les choix d?investissements correspondants
devront bien s?inscrire dans une stratégie globale prenant en compte tous les objectifs de la
directive : il n?y aurait pas de sens à les réaliser indépendamment des autres équipements à
prévoir. Dans certains cas, c?est même la question du choix du site qui devra être posée en
premier.
4.2.1.4 Mettre les soutiens en adéquation avec la stratégie retenue
La politique de soutien, à préparer dès les XIIIèmes programmes des agences de l?eau, devra être
mise en adéquation avec les ambitions de la DERU2. Ceci constituera une rupture par rapport aux
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programmes précédents, pour lesquels l?assainissement, considéré peu ou prou comme une mise
en conformité résiduelle à la DERU, n?était plus considéré comme prioritaire. Si ces choix relèvent
des différents bassins, ils s?inscrivent dans des lignes directrices nationales. Une telle rupture devra
être annoncée puis anticipée dès la révision à mi-parcours des XIIèmes programmes. L?augmenta-
tion des soutiens, sauf arbitrage important sur d?autres, se traduira par une augmentation du prix
de l?eau.
Au-delà du relèvement global du niveau d?aides, indispensable pour revenir à un niveau
comparable à celui qu?il était au début de la mise en oeuvre de la DERU1, plusieurs critères
devraient être pris en compte :
? la DERU2 donne une visibilité sur vingt ans, soit une période qui couvre les XIIIèmes, XIVèmes et
XVèmes programmes : l?évaluation globale des coûts, affinée avec les parties prenantes, doit
permettre d?estimer les besoins sur ces trois exercices ;
? l?atteinte du bon état des masses d?eau ou d?un autre enjeu écologique est un critère transversal
à retenir pour l?ensemble du dispositif de soutien ;
? la prise en compte des programmations des collectivités est un deuxième critère transversal ;
? les niveaux de soutien pourraient être modulés en fonction de la typologie des coûts unitaires.
Dans l?absolu, la logique de ces soutiens pourrait être variable en début et en fin de calendrier,
avec une aide plus importante au début. C?est un des enjeux de la définition de trajectoires de
référence pour chaque objectif, qui suppose une connaissance fiable ex ante des PPI : un bonus
pourrait être accordé à des investissements venant en surplus de la trajectoire de référence ou
préalable à la généralisation d?obligations réglementaires. Ce type de dispositifs reviendrait ainsi à
encourager les maitres d?ouvrages qui faciliteront l?atteinte des objectifs globaux et réduiront
indirectement le coût pour celles qui seront le plus en difficulté. Reprenant certaines analyses de
la partie II, la mission recommande, sans viser l?exhaustivité, de bonifier par exemple les travaux
précurseurs pour la conception des PGI, voire l?accompagnement des économies d?énergie et de
la valorisation de la chaleur fatale par le Fond Chaleur, ?
Une telle approche n?est pas transposable pour l?azote et le phosphore en zone sensible, dès lors
que 20 % des agglomérations la respectent déjà. Un échéancier en biseau pourrait être affiché
pour le respect par les autres agglomérations des nouvelles valeurs limites pour l?azote et le phos-
phore en zone sensible : là où des travaux seraient nécessaires, les investissements correspon-
dants mériteraient d?être soutenus.
La reprise dans le droit français des obligations concernant les petites agglomérations pourrait
s?accompagner d?un soutien aux études permettant d?objectiver l?arbitrage entre assainissement
individuel et assainissement collectif tenant compte de ces obligations nouvelles ? tout particuliè-
rement en termes de suivi, de contrôle et de rapportage. Ces études permettront à la fois d?apporter
à la Commission européenne les éléments de démonstration requis, ainsi que de définir les
moyens à mettre en oeuvre pour assurer le suivi correspondant. En particulier, la programmation
du SIAAP devrait être envisagée en intégrant des bonifications cohérentes.
(Gouvernement, DEB, agences de l?eau) Affecter un budget significatif
en soutien à l?assainissement, appuyé sur une augmentation du prix de l?eau. L?adapter à
chaque bassin, dans une stratégie sur trois programmes. Favoriser l?amélioration de l?état
écologique des milieux, tenir compte de la programmation des collectivités, encourager les
mises en oeuvre rapide des investissements et actions qui peuvent l?être.
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4.2.2 Déclinaison du programme national par bassin
Dans le cadre des grandes lignes définies au niveau national, et en cohérence avec l?approche de
la DCE et au regard des situations initiales très différentes, chaque bassin produira, dans un
calendrier à préciser, un état des lieux et une analyse de ses points forts et ses points faibles au
regard des objectifs de la directive. L?établissement du premier programme national pour 2027
requiert probablement une première itération à partir de fin 2026, délai nécessaire pour que les
collectivités nouvellement élues puissent élaborer leur première PPI. Ce constat devra être partagé
dans chaque bassin.
L?assemblage de tous ces diagnostics permettra de conforter les orientations communes, en
particulier pour la définition des zonages, mais aussi d?engager l?élaboration d?une programmation
au sein de chaque bassin. La mission suggère que deux critères structurent les analyses et les
orientations proposées : les gains pour la DCE, la réduction des coûts globaux à l?échelle de
chaque bassin et à l?échelle nationale.
4.2.2.1 Adapter les structures et les processus existants
Une première étape de l?élaboration d?un état des lieux et d?une stratégie dans chaque bassin doit,
comme au niveau national, être partagée, donnant le même signal de volonté d?associer l?ensemble
des parties concernées, en tenant pleinement compte des programmes des collectivités (pour les
STEU comme pour la gestion du temps de pluie) et de leurs contraintes.
Les industries pharmaceutiques et cosmétiques vont devenir des contributeurs importants à la
réduction des rejets de micropolluants. Ils devront être représentés au Conseil national de l?eau et
dans tous les Comités de bassin au sein des collèges socio-professionnels par le biais de l?éco-
organisme. Les équipements de traitement quaternaire sont encore peu connus en France :
chaque agglomération concernée fera un choix adapté à son installation. Comme dans les éco-
organismes mis en place dans le secteur des déchets, les travaux de préfiguration, de cahier des
charges et d?agrément définiront le cadre de discussion entre les collectivités compétentes et les
industriels financeurs. Le point clé à ce stade est la mobilisation de la stratégie de bassin et de la
connaissance que les agences ont du parc pour optimiser la mise en place du traitement
quaternaire et en réduire les coûts.
Les soutiens apportés par la REP, en investissement mais aussi en fonctionnement, vont
représenter un volume important par rapport au total des programmes des agences de l?eau : il est
aussi stratégique pour les agences que pour les financeurs de privilégier une approche intégrée
des systèmes d?assainissement. Quelques points de vigilance ont été identifiés :
les interfaces entre éco-organisme et collectivités pour que la REP couvre 80% des coûts
d?investissement et de fonctionnement, sans prise en charge du tertiaire, vont demander une
comptabilité fine qui doit être anticipée ;
la représentation de l?éco-organisme au comité de bassin ne sera pas suffisante pour permettre
un regard technique sur les dépenses engagées ? une convention spécifique sera nécessaire
entre l?éco-organisme et chaque agence ;
la REP couvre le fonctionnement de l?éco-organisme : les modalités de soutien aux agences
pour l?instruction technique et le versement des soutiens devront être examinés.
4.2.2.2 Établir une programmation adaptée à chaque bassin
La méthode conduite par la mission la conduit à recommander d?aborder de façon distincte les
différentes STEU et agglomérations :
? les obligations qui concernent toutes celles de plus de 150 000 EH sont connues. Il importe que
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chaque bassin dispose d?une première projection de la façon dont ces agglomérations prévoient
leur conformité à la DERU2. Il pourrait leur être demandé de faire leur première proposition d?ici
à la fin 2025. Une fois leurs propositions consolidées, dans chaque bassin puis au niveau
national, pourra être élaboré un état des risques de blocage et des marges de manoeuvre pour
l?ensemble de ce parc. Le programme de chaque bassin, et par remontées, le programme
national, devront reposer sur une première programmation de ces agglomérations, représentant
à elles-seules 53 % des EH ;
? les obligations concernant les STEU de taille inférieure (entre 10 000 et 50 000 EH, entre 50 000
et 100 000 EH entre 100 000 EH et 150 000 EH) ne seront au mieux connues que fin 2027. Les
bassins auront donc intérêt à distinguer, chacun pour ce qui les concerne, de premières
obligations « sans regret » - au moins celles relatives aux rejets d?azote et de phosphore en
zone sensible à l?eutrophisation et à l?équipement en méthaniseurs au-dessus d?un premier seuil
qui pourrait être 50 000 EH ? des autres obligations liées à des enjeux liés au milieu : PGI,
azote/phosphore hors zone sensible, micropolluants, etc.
Pour les premières obligations, c?est au niveau de chaque bassin qu?un inventaire des difficultés
spécifiques à chaque agglomération a vocation à être conduit, permettant de dégager une
estimation affinée du respect des objectifs nationaux aux différentes échéances. Cet inventaire
pourra également conduire à définir des politiques différenciées dans chaque bassin tenant
compte de l?âge du parc de STEU ou des caractéristiques des systèmes de collecte, et des
enjeux du milieu.
L?analyse et la programmation pourront être complétées, une fois fixés les listes et zonages
prévus. Une nouvelle étape, similaire à la précédente, permettra de compléter les obligations
des STEU comprises entre 10 000 et 150 000 EH, réaliser une consolidation plus fine à l?échelle
de chaque bassin, puis au niveau national, permettant d?identifier les écarts les plus significatifs
et, le cas échéant, les principaux risques de non-respect de la DERU2.
Sur la base de cet exercice, il sera possible d?adapter les mesures à mi-parcours des XIIèmes
programmes puis des XIIIèmes programmes des agences de l?eau aux spécificités de chaque bassin,
dans les grandes lignes définies au niveau national : ordre de priorité, contribution du bassin à
l?effort national, ambition à atteindre, anticipation des difficultés?
4.2.2.3 Les Régions ultra périphériques
La DERU2 s?applique aux régions ultra-périphériques (RUP) françaises80. L?assainissement y est
perçu comme une question prioritaire, au moins autant que l?accès à l?eau potable : c?est le
message qu?envoie le choix de ne pas avoir demandé de dérogation lors de l?élaboration de la
DERU2, alors même que la mise en oeuvre de la DERU présente encore des difficultés. Celles-ci
tiennent notamment à l?absence fréquente de filière pour la gestion des boues, à des carences des
réseaux de collecte (taux de raccordement faible, beaucoup d?eaux claires parasites), à des
défaillances dans l?auto-surveillance, des problèmes d?exploitation, ou encore un manque de
maintenance. Cet état des lieux, du point de vue de différents interlocuteurs de la mission, pose
question au regard des nouveaux objectifs, comme le traitement quaternaire, qui présente une
forte technicité.
Les dispositions de la DERU2 qui abaissent le seuil du suivi de l?assainissement en dessous de
2 000 EH induiront une augmentation du nombre de stations suivies, et un regard plus complet sur
des installations présentant potentiellement des défaillances en nombre important.
À la différence de la métropole où 80 à 90 % des habitations sont raccordées à l?assainissement
collectif, ce taux est inférieur à 50 % (en général) dans les Outre-mer. Or, en ordres de grandeur,
90 % des installations d?assainissement autonome sont non-conformes en Martinique, 85 % en
80 Saint-Martin et Saint-Pierre-et-Miquelon ne relèvent pas du champ de la DERU.
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Guadeloupe, 85 % et 95 % en Guyane81 : l?assainissement non collectif apparaît comme un enjeu
fort. Son maintien ou son développement requerraient des SPANC structurés, alors que le
relèvement des exigences pourrait au contraire le faire reculer, demandant alors une vigilance forte
sur le raccordement effectif des quartiers basculant sur de l?assainissement collectif. Des solutions
intermédiaires de type semi-collectif présentent un intérêt, mais posent la question de leur gestion
par des copropriétés au-delà de leur seule installation. Les programmes d?interventions actuels ne
permettent pas de soutien, si ce n?est pour les études de zonage.
Concernant l?assainissement collectif, les STEU les plus importantes sont, pour la plupart, des
installations à boues activées, sans traitement spécifique du phosphore et de l?azote. Les solutions
fondées sur la nature, qui sont en développement y compris pour des installations de taille de plus
en plus conséquente, présentent un intérêt en matière de suivi et d?entretien, relativement faible
sur ce type de structure, mais ne permettront sans doute pas de répondre aux objectifs de la
DERU2. La STEU du Prado à Saint-Denis de La Réunion, de 170 000 EH, devrait, dans le cadre
de la DERU2, mettre en place un traitement tertiaire (au sens de la directive).
D?après les échanges menés par la mission, le surcoût dans les RUP est de 50 à 100 % sur une
station complète par rapport à l?hexagone, en raison de la distance, d?un contexte de concurrence
limitée, de problématiques spécifiques liées au climat (comme la question des émanations de
sulfure d?hydrogène, liée à la température et au temps de pré-traitement, ou encore à une capacité
d?épandage limitée). La prise en compte du temps de pluie présente aussi des spécificités dans
des territoires soumis au risque cyclonique.
Pour les installations les plus importantes, des interlocuteurs de la mission estiment que la mise
en place d?unités de traitement conformes sur la charge organique en DBO et de traitement des
boues et des matières de vidanges appuyés sur des solutions robustes et compatibles avec des
surcharges hydrauliques sont une priorité avant d?envisager un traitement quaternaire. S?agissant
de ce dernier, il pourrait toutefois y avoir des zones à enjeux pour les micropolluants dans les
Outre-mer. Le dispositif de REP devra intégrer les spécificités ultra-marines dès sa mise en place
(en particulier dans l?évaluation des coûts et des soutiens).
Enfin, l?atteinte de l?objectif de neutralité énergétique peut conduire à diminuer au maximum les
temps d?aération des STEU, aux dépens des performances du traitement et de l?impact des rejets
(rejets chargés en ammoniac, élément toxique pour la faune aquatique).
L?impact sur le prix l?eau accroît la sensibilité de ce sujet dans ces territoires, même s?il peut
sembler y avoir plus de marge à La Réunion.
Un schéma de gouvernance de l?eau spécifique
Les offices de l?eau, dans les territoires concernés par la DERU2, perçoivent des recettes de redevances,
mobilisées pour mettre en oeuvre et assurer le suivi de la Directive cadre sur l?eau et apporter un appui aux
collectivités pour les projets d?eau potable et assainissement. Pour pallier un déséquilibre structurel, le mécanisme
interbassin de solidarité, géré par l?OFB, est abondé par les agences métropolitaines à hauteur de 20 M¤ par an.
Ce soutien a été renforcé de 15 M¤ en 2024 et de 35 M¤ en 2025 : il sera de 55 M¤ de 2025 à 2027. En outre, un
tour de table des financeurs est organisé dans les différents territoires, qui associe également l?AFD, la Banque
des territoires et des fonds européens.
La doctrine, fixée dans le plan EauDom, est de mobiliser autant que possible le FEDER, sur de grosses opérations.
370 M¤ ont été débloqués en 2024. La consommation effective dépend des autorités de gestion et de leurs
procédures internes ; le suivi, y compris pour les co-financeurs, reste difficile. Ce peut être un frein à l?usage de
FEDER, mais la Réunion donne un exemple d?ingénierie financière efficace.
Le dernier programme d?intervention priorise la mise aux normes des installations visées par un contentieux
européen. L?intervention financière est bonifiée (passage de 40 % à 60 % de cofinancement OFB) sous certaines
conditions.
81 Rapport du CESE, 2022, La gestion de l?eau et de l?assainissement dans les Outre-mer, 109 p.
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Le suivi et le rapportage de la DERU sont pilotés par les DEAL. L?OFB est présente sur le terrain et mobilisée via
ses interventions financières. Un renforcement récent de l?OFB permet désormais de mieux accompagner les
porteurs sur les projets prioritaires. Les interfaces entre DEAL et OFB pourraient être renforcées (par exemple par
un accès à Roseau pour l?OFB).
Le plan interministériel Eau Dom, mis en place en 2016, a trouvé son application à partir de 2019-20 dans une
démarche de contractualisation, mobilisant des volets financiers, ressources humaines et ingénierie. La grande
majorité des investissements réalisés concerne cependant l?eau potable. La DEB appuie le renforcement des ETP
dans les collectivités à hauteur de 1 M¤/an, inscrits au plan Eau national. De plus, l?AFD finance également des
postes dans les collectivités.
L?augmentation des moyens, utile et saluée, n?apparaît pas, en pratique, un levier suffisant pour des améliorations
sensibles, en raison, notamment, de la difficulté à porter des projets complexes, ou encore de la tension sur tous
les métiers, à commencer par les bureaux d?étude82.
Les enjeux de mise en oeuvre sont différenciés d?un territoire à l?autre, La Réunion apparaissant,
en particulier, comme présentant des situations comparables à des agglomérations de métropole,
et la Guadeloupe plus complexe.
La Guadeloupe s?appuie sur un syndicat mixte unique, le SMGEAG (Syndicat mixte de gestion de
l'eau et de l'assainissement de Guadeloupe), ce qui pourrait être un atout, syndicat qui intervient
essentiellement en régie. Pour autant, la majeure partie des 18 agglomérations dont la capacité
nominale est supérieure ou égale à 2 000 EH présentent des non-conformités 83 , avec une
tendance à la détérioration. Capesterre Belle Eau84 est une nouvelle STEU qui date de 2013 et qui
n?a jamais fonctionné. De manière générale, les calendriers des travaux prévus, très longs, ont
conduit à revoir les pratiques de financement (10 % à la signature et 10 % à l?ordre de service)
pour éviter des demandes de remboursement ; le soutien au fonctionnement a été réduit pour
mieux se rapprocher des coûts. S?il n?y a pas de contrat de progrès à cinq ans, un SDA est en
cours.
En octobre 2023, l'État, le Conseil régional, le Conseil départemental et le SMGEAG ont présenté
un nouveau plan d'action pour l'eau et l'assainissement, élaboré sur une période de 4 ans (2024-
2027), avec un financement de 317 millions d'euros.
En Martinique, sur 108 STEU, 48 sont conformes en performance, certaines sont « non
conformes » par défaut, par manque de données. L?ANC est identifié comme un enjeu du SDAGE
2022-2027. En effet, environ 90 % des installations d?ANC seraient non conformes selon les
diagnostics de l'existant effectués par les SPANC.
Si à La Réunion, la situation paraît plus favorable avec un parc d?ouvrages relativement récent
(14 ouvrages ayant moins de 10 ans, soit 98,6 % de la capacité épuratoire), deux ouvrages, Cilaos
et Entre-Deux (plus de 20 ans), nécessitent une réhabilitation.
82 Le rapport IGEDD-IGA indique : « L?un des premiers constats de la mission est que l?explication des difficultés
par l?insuffisance des financements n?est pas exacte. Entre les crédits européens, ceux de l?AFD, ceux de
l?Office français de la biodiversité (OFB) et ceux du MOM, des financements importants sont susceptibles d?être
mobilisés pour financer les investissements nécessaires. A cela s?ajoutent les crédits du plan de relance : 50
M¤ consacrés au plan Eau DOM. »
83 Le même rapport illustre : « Or, 67 % ne sont pas conformes à la réglementation ce qui représente 77 % de la
charge entrante. Pourtant leur âge moyen n?est que de treize ans (?) Certaines sont plus particulièrement
sinistrées. Ainsi, cinq grandes stations d?épuration ont été récemment installées : Petit-Bourg (2014, pour
environ 10 000 habitants) ; Goyave (2017, pour 8 000 habitants) ; Gosier (15 000 habitants), Sainte-Anne (12
000 habitants) et Saint- François (15 000 habitants) dans les années 2010 et 2012. Le constat est aujourd?hui
accablant. Ces STEP sont largement hors d?usage, faute d?entretien, de personnel qualifié pour les faire
fonctionner, ou de crédits de fonctionnement pour le renouvellement des équipements (pompes). »
84 Internet : « une station d'épuration inaugurée en 2013, pour un coût de plus de 15 millions d'euros,
subventionnée par l'Union Européenne, est à l'arrêt depuis plusieurs années. Elle fait l'objet d'un contentieux
européen pour ses dysfonctionnements, et n'est pas la seule en Guadeloupe. »
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En Guyane, seize communes n?ont pas transféré la compétence à ce jour. La STEU de Saint-
Laurent-du-Maroni illustre la difficulté de faire fonctionner des installations techniques, avec des
malfaçons sur le système de dépotage.
Les Outre-mer devront être pris en compte dans le programme national de mise en oeuvre de la
DERU2. Certaines installations, de La Réunion par exemple, pourraient contribuer à l?atteinte des
premiers objectifs. La déclinaison par bassin présentera des spécificités, à porter à l?échelle
nationale ou dans chaque bassin.
À l?échelle nationale :
? bien intégrer des spécificités des outre-mer dans le lexique national (« temps sec » /« temps
de pluie », zonages, vents/cyclones, etc.) ;
? renforcer les interfaces entre les acteurs, à commencer par les DEAL et l?OFB ;
? fixer un cadre pour mener des études approfondies sur quelques points clés, dans l?esprit de
la DERU2, en vue d?adapter les objectifs au contexte des outre-mer ? par exemple, sur le
temps de pluie, le développement des raccordements, l?évaluation coûts-bénéfice du
maintien de l?ANC pour le pousser autant que possible? Le cas échéant, des discussions
sur les résultats et les suites à donner pourraient être engagées avec la Commission pour
valider une mise en oeuvre pragmatique et adaptée de la DERU2 ;
? apporter un appui aux SPANC pour leur permettre de réaliser leur mission de contrôle
(comme cela a pu être fait au démarrage des SPANC en métropole), obligation de moyens
désormais requise par la DERU2 ;
Dans les bassins :
? sensibiliser les EPCI ultramarins que l'ANC ne peut pas être négligé du fait de la DERU2 et
s'assurer que la mise à niveau des ANC est suffisante pour répondre aux objectifs de la
DERU2. En effet, la directive prévoit que les États membres qui utilisent des systèmes
individuels pour collecter et/ou traiter plus de 2 % de la charge des eaux résiduaires urbaines
au niveau national provenant des agglomérations égales ou supérieures à 2 000 EH
fournissent à la Commission une justification de l'utilisation de systèmes individuels. Cette
situation se rencontrera quasiment partout en RUP et donc il va falloir travailler sur ce point ;
? mettre l?accent et continuer à promouvoir les dispositifs les plus adaptés aux contextes, par
exemple des traitements de type SFN (filtres plantés de végétaux?) plus faciles
d?exploitation et d?entretien que les filières de types boues activées pour les communes de
petite ou moyenne taille ; mettre tous les moyens disponibles au service de solutions
durables pour le traitement et la valorisation des boues d?épuration ;
? préciser, pour les RUP, le cadre d?élaboration, de validation et de portage de la stratégie
assainissement de chaque bassin : préciser le rôle des instances de bassin et des comités
de financement du plan EauDom. En effet, comme dans l?hexagone, il est indispensable
d?identifier pour chaque bassin, l?instance de gouvernance adaptée qui rassemble les
représentants des collectivités compétentes mais également de l?éco-organisme mis en
place pour le traitement des micropolluant, et de veiller au cadre des conventions techniques
et financières avec l?éco-organisme, en bonne articulation avec le plan EauDom ;
? renforcer, dans la suite des actions déjà engagées, les partenariats avec les écoles
d?ingénieurs et de techniciens et les formations pour sécuriser et stabiliser les compétences
nécessaires à la mise en oeuvre de l?assainissement par des viviers dans les territoires
concernés.
Pour ce qui concerne Mayotte, deux considérants de la directive prévoient des motifs de dérogation,
en premier lieu en lien avec la topographie et le caractère insulaire, ainsi qu?au caractère récent
(2014) du statut de région ultrapériphérique, conduisant pour ce dernier motif à autoriser le report
de l?abaissement du seuil des agglomérations à prendre en compte (article 32 de la directive).
Mayotte devra donc être intégré à la programmation nationale, selon des modalités qui pourront
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tenir compte de ces spécificités.
Une organisation renforcée et adaptée de l?État et de ses
opérateurs
La tension moindre sur la DERU a conduit à un « étiage sévère » des compétences en
assainissement dans les services de l?État et de ses opérateurs, les équipes en place étant en
outre focalisées sur la conformité des STEU à la DERU, là où la DERU2 élargit notablement le
spectre des thèmes à traiter. Compte tenu des priorités identifiées, principalement d?ici à 2030 (et
même d?ici à 2027 au niveau national), il est impératif, y compris dans le contexte actuel tendu, de
renforcer les effectifs consacrés à cette première étape, au sein de la direction de l?eau et de la
biodiversité au moins pour les trois prochaines années (chef de projet, participation active aux
travaux de la Commission européenne, pilotage de la mise en place des systèmes d?information),
ainsi que dans les DREAL de bassin et les agences de l?eau, puis de préserver les moyens et les
compétences nécessaires, et de prévoir des formations ad hoc pour les services déconcentrés
(services de police de l?eau).
4.3.1 Renforcer les services en charge, à commencer par la police de
l?eau
L?ensemble des contributions soulignent le besoin de renfort et le documentent. La contribution du
bassin Rhône-Méditerranée, précise et complète, évalue en moyenne à 1,8 ETPT les effectifs
disponibles en moyenne dans chaque DDT(M) (0,3 en catégorie A, 1,5 en catégorie B). Les
estimations d?autres bassins sont même inférieures.
La même contribution évalue à 0,5 ETPT le besoin spécifiquement lié à la mise en oeuvre de la
directive ERU2. Ceci est cohérent avec les estimations d?autres bassins : dans des départements
où les moyens sont au plus bas (0,5 ETPT), il a été indiqué à la mission qu?un doublement de ces
moyens était nécessaire. Il convient d?ajouter à ces effectifs de base, ceux des services de police
de l?eau en DREAL.
Une hypothèse médiane (2 ETPT dans les départements de plus d?1 million d?habitants, 1,5 ETPT
dans les départements entre 500 000 et 1 million d?habitants, 0,8 ETPT dans les départements de
moins de 500 000 habitants) conduit à un effectif actuel de 130 ETPT et à un besoin pour la
directive ERU2 de l?ordre de 50 ETPT, à programmer progressivement d?ici 2028 et à maintenir
dans la durée.
Pour les DREAL de bassin, le besoin est estimé à au moins 1 ETPT supplémentaire par DREAL et
quelques fractions d?ETPT pour les autres DREAL. Des renforts pour les agences de l?eau, qui
n?ont pas pu être évalués, devront également être prévus, au-delà de ceux soutenus par la REP
pour accompagner le traitement quaternaire.
La demande de renfort au sein des services de l?Etat et des agences de l?eau émane aussi des
associations de collectivités, qui soulignent l?accompagnement qui sera nécessaire de leur part.
4.3.2 Élaborer une feuille de route pour les principaux opérateurs
Plusieurs opérateurs apportent leur appui à la DEB, aux services déconcentrés, voire aux
collectivités dans la mise en oeuvre de la politique d?assainissement. La mobilisation que va
nécessiter la DERU2 justifie de se doter d?une feuille de route pluriannuelle et partagée, qui donne
une lisibilité à ce qui est attendu de chacun, identifie les articulations efficaces et motive des
augmentations des subventions. La DERU2 va demander une implication accrue de tous les
acteurs, y compris les opérateurs de l?État.
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Mars 2025
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- L?Inrae, en tant que centre de recherche, apporte son appui à la mise en oeuvre de la DERU1,
sur des dossiers qui requièrent une expertise poussée, à la demande de la DEB ou de collectivités,
en veillant à l?absence de conflit d?intérêt, pour une enveloppe d?environ 1 500 000 ¤ par an.
L?institut a notamment apporté un soutien à la DEB pour la mise en conformité de stations non
conformes (cinq à six par an). Cette mobilisation se fait sur la base de sollicitations des services
de police de l?eau et les sites sont retenus au regard du besoin de recherche. Ce travail peut aussi
comporter une partie médiation. Un bilan est fait un an après la phase d?analyse et de conseil. Ce
soutien est apprécié des services déconcentrés rencontrés, qui sont demandeurs de le renforcer,
et des collectivités. Les équipes de l?Inrae compétentes en assainissement, reconnues, couvrent
de nombreux champs de la DERU2, eaux pluviales, azote-phosphore, traitement des
micropolluants, mais restent limitées à quelques personnes. Or, il y aura un important besoin de
modélisations, d?élaborations de doctrines et de guides pour faire évoluer les systèmes
d?assainissement de façon globale. Le contexte de la DERU2 mérite d?envisager, comme le prévoit
le contrat d?objectifs, de moyens et de performance 2022-2026 entre l?État et l?Inrae, l?organisation
d?actions renforcées et structurées dans le cadre d?un « dispositif pérenne d?appui aux politiques
publiques » (DPAPP)85.
- L?OFB pilote l?observatoire national des services d?eau et d?assainissement, en s?appuyant sur la
base de données SISPEA et contribue à la préparation du rapportage européen. Dans les Outre-
mer, en l?absence d?agences de l?eau, l?OFB apporte l?aide aux politiques de l?eau, et notamment à
l?assainissement, ce qui lui confère des compétences, en particulier dans ces territoires. Le rôle de
l?OFB dans l?évolution profonde des systèmes d?information est notamment à préciser.
- Au Cerema, le sujet de l?eau prend une place croissante dans le contexte de la transformation de
l?établissement et notamment de la contractualisation engagée avec des collectivités. Pour autant,
les équipes restent en nombre limité, et l?approche essentiellement territoriale, plutôt mobilisable
pour l?amélioration de la gestion du temps de pluie que sur les installations industrielles. Les
programmes de travail sont discutés chaque année avec la DEB. Dans le contexte de la DERU2,
une visibilité pluri-annuelle accrue permettrait une meilleure structuration des travaux.
Enfin, d?autres opérateurs de l?État pourraient apporter des contributions utiles pour la mise en
oeuvre de la DERU2, à commencer par l?Ineris, l?Anses, et tout particulièrement l?Ademe pour la
préfiguration de la filière REP.
La mission recommande que le programme national de mise en oeuvre comporte une feuille
de route pluriannuelle pour les opérateurs de l?État concernés leur donnant une visibilité à
moyen terme, en particulier pour l?Inrae, fixant à chacun des objectifs concrets et explicitant
les articulations entre eux, ainsi qu?avec les agences de l?eau. Une telle structuration pourra
également être valorisée dans les échanges avec des associations très impliquées et utiles aux
travaux comme l?ASTEE ou la FNCCR.
85 Action 2.3 - Consolider l?appui aux politiques publiques auprès des ministères : « Les dispositifs pérennes
d?appui aux politiques publiques (DPAPP) sont copilotés par les ministères concernés et INRAE. Ils représentent
un appui dédié, dans la durée, à la mise en oeuvre de politiques publiques priorisées par les ministères dans
leur partenariat avec INRAE tout en constituant des atouts pour la production de connaissances et la stratégie
scientifique de l?Institut, par les données acquises sur le long terme et les questions que ces dispositifs font
émerger. »
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Mars 2025
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Doter les services de police de l?eau de 50 ETPT supplémentaires d?ici
2028 inclus, renforcer également les DREAL de bassin et les agences de l?eau et établir et
financer une feuille de route pluriannuelle pour les opérateurs de l?État, définissant leurs
objectifs spécifiques et leurs articulations entre eux
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Conclusion
En première approche, ne serait-ce que par sa dénomination, la DERU2 semble n?être qu?une
continuité de la DERU : une directive de moyens, avec des objectifs mis à jour, ce alors que la
France est en contentieux européen persistant pour des non-conformités au regard de la DERU.
Elle présente en fait de fortes ambitions supplémentaires et une approche nouvelle, très
intégratrice et transversale. Une lecture approfondie, pour dégager des priorités pour sa mise en
oeuvre, fait ressortir à quel point la plupart de ces ambitions sont liées entre elles ; un exemple
emblématique est l?exigence concomitante de traitements des eaux usées plus poussés,
consommateurs d?énergie, et d?effort de neutralité énergétique, même si c?est à l?échelle de
l?ensemble du parc.
La DERU2 présente une complexité forte, découlant sans doute des étapes d?élaboration : les
obligations incombent à trois types d?acteurs, les agglomérations d?assainissement, les STEU
définies en charge, les STEU définies en nominal. Les échéances sont multiples : parfois trois
étapes, parfois quatre, à des dates différentes selon les items, et même à des horizons différents.
Si la plupart des objectifs sont à atteindre en totalité en 2045, il en est qui doivent être obtenus en
2039. L?évaluation de coûts faite par la Commission, déjà empreinte de nombreuses incertitudes,
repose in fine, repose sur un périmètre différent de celui qui a été retenu, le seuil des plus grosses
STEU, passant de plus de 100 000 à plus de 150 000 EH. Les derniers ajustements, dans une
recherche de meilleur équilibre entre les coûts et les bénéfices, ont en effet conduit à restreindre
le périmètre initialement proposé.
Le premier travail d?estimation des bénéfices et coûts de la mise en oeuvre de la DERU2 en France
ne peut faire ressortir que des ordres de grandeur, à prendre avec la plus grande prudence : il
permet surtout de formuler et structurer de nombreuses questions, techniques, organisationnelles
et financières. Pour que la transposition et la mise en oeuvre de la directive soient efficaces, elles
devront être traitées dans un cadre et un échéancier partagé, avec un portage politique fort et des
moyens adaptés, tant humains que budgétaires.
La DERU2 apparaît comme une opportunité pour mobiliser de nombreux acteurs, au-delà du strict
secteur de l?assainissement, et rétablir un lien entre une directive de moyens et les objectifs de
résultats des directives cadres. L?optimisation économique et environnementale de sa mise en
oeuvre reposera sur une programmation à la main de chaque État membre. L?adhésion de tous, et
en premier lieu des collectivités, supposera une stratégie d?ensemble au niveau national, orientant
et coordonnant les stratégies des grands bassins hydrographiques, et, au niveau de chaque
agglomération, l?intégration d?objectifs techniquement très diversifiés dans des stratégies globales
d?assainissement alliant politiques d?urbanisme, renouvellement du patrimoine et investissements
dans de nouveaux outils de traitement ou de production d?énergies renouvelables. Un portage
politique fort et des coopérations sont indispensables.
Les acteurs rencontrés par la mission, associations, fédérations, syndicats de collectivités locales
ou de filières industrielles, agences de l?eau et services déconcentrés, ont, chacun selon leurs
intérêts et leurs moyens, commencé à s?approprier et approfondir le texte. Ils ont été constructifs
et demandeurs dans les échanges et sont en attente d?une mise en oeuvre guidée par une stratégie.
Des éléments pour un travail partenarial en ce sens dans un cadre de confiance sont posés.
Bastien Sayen
Philippe Ledenvic
Laure Tourjansky
Inspecteur général adjoint Inspecteur général Inspectrice générale
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Annexes
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Annexe 1. Lettre de mission
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Annexe 2. Liste des personnes rencontrées
Administration centrale
Direction de l?eau et de la biodiversité (DEB)
? Célia DE LAVERGNE, directrice
? Marie-Laure METAYER, directrice adjointe
? Isabelle KAMIL, sous-directrice eau et ressources minérales (EARM)
? Damien LAMOTTE, sous-directeur coordination, appui, stratégie et pilotage des
politiques de protection des écosystèmes
? Najib MAHFOUDHI, coordonnateur interministériel du plan eau-dom
? Véronique NICOLAS, cheffe du bureau EARM 4
? Christophe VENTURINI, adjoint au chef de bureau EARM 4
? Mehdi BOUCHEMAMMA, chargé de mission EARM 4
? Daniel DE PAULA, stagiaire
Direction générale de la prévention des risques (DGPR)
? Vincent COISSARD, sous-directeur des déchets et de l?économie circulaire
? Nadia HERBELOT, adjointe au sous-directeur des déchets et de l?économie circulaire
Direction générale de l?énergie et du climat (DGEC)
? Sophie DEHAYES, cheffe du pôle national des certificats d?économie d?énergie
Direction générale des collectivités locales (DGCL)
? Sarah GEORGE, adjointe à la sous-directrice des compétences et des institutions
locales
? Elise DASSONVILLE, adjointe à la cheffe de bureau des services publics locaux, sous-
direction des compétences et des institutions locales
Commissariat général au développement durable (CGDD)
? Olivier SIMON, sous-directeur de l'économie et de l'évaluation
? Marine FAVRE, adjointe au chef de bureau
? Julien HARDELIN, chef de bureau
Direction générale des entreprises (DGE)
? Marie-Laure WOLF, directrice de projet chimie, eau et biotechnologies
? Carla BRAGA, cheffe de projets plateformes industrielles, sous-direction de la chimie,
des matériaux et des éco-industries
? Elisa AMADIEU, cheffe de projets « biens de consommation et transition
environnementale des entreprises »
? Alice BOULEAU, chargée de mission financements des produits de santé
? Aurélien MAUPERON, chargée de mission souveraineté industrielle et décarbonation
des industries de santé
Direction générale de la santé (DGS)
? Isabelle ANGLADE, politique des produits de santé et qualité des pratiques des soins
? Laurence CATE, adjointe à la sous directrice de la prévention des risques liés à
l'environnement et à l'alimentation
? Noémie HERVE, juriste au bureau du médicament, politique des produits de santé et
qualité des pratiques des soins
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? Walid MOKNI, chef de l'unité surveillance et anticipation des risques
? Arila POCHET, chargée de mission
Direction générale des outre-mer (DGOM)
? Camille VIONNET, chargée de mission, bureau de l'écologie, du logement, du
développement et de l'aménagement durables, Sous-direction des politiques publiques
Commission européenne
? Michel SPONAR, adjoint au chef de l?unité C2 ? milieu marin et eaux propres
? Alberto PISTOCCHI, Joint research centre
Représentation permanente de la France auprès de l?Union européenne
? Nicolas ENCAUSSE, Conseiller environnement
Administrations déconcentrées
Directions régionales de l?environnement, de l?aménagement et du logement
DREAL Auvergne-Rhône-Alpes
? Élise REGNIER, directrice régionale adjointe
? Marie-Hélène GRAVIER, cheffe du service eau, hydroélectricité, nature
? Didier PITRAT, chef de pôle délégation de bassin
? Joseph GHOUL, pôle délégation de bassin
DREAL Centre-Val de Loire
? Hervé BRULE, directeur régional
? Christian FEUILLET, chef du département eau et bassin Loire-Bretagne
? Coline GARDE, cheffe de l?unité qualité des eaux et milieux aquatiques
DREAL Hauts-de-France
? Julien LABIT, directeur régional
? Florence CLERMONT-BROUILLET, directrice régionale adjointe
? Christophe RAOUL, chef du pôle planification et gestion de l?eau
? David MASSELOT, pôle planification et gestion de l?eau
DREAL Nouvelle-Aquitaine
? David GOUTX, directeur régional délégué
? Hélène CHANCEL-LESUEUR, directrice-adjointe
? Bénédicte GUERINEL, adjoint cheffe de service patrimoine naturel
? Claire CASTAGNEDE-IRAOLA, cheffe de département eau et ressources minérales
? Hervé TREHIN, adjoint à la cheffe de département eau et ressources minérales
DREAL Occitanie
? Rachel PUECHBERTY, directrice adjointe
Directions de l?environnement, de l?aménagement et du logement
? de Guadeloupe : Olivier KREMER, directeur
? de Guyane : Ivan MARTIN, directeur
? de Martinique : Stéphanie MATHEY, directrice
? de Mayotte : Jérôme JOSSERAND, directeur
? de La Réunion : Philippe GRAMMONT, directeur
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DRIEAT Ile-de-France (direction régionale et interdépartementale)
? Claire GRISEZ, directrice adjointe
? Thomas BOUYER, chef du service assainissement
? Michelle BROSSEAU, chef du département assainissement
? Florence CHEREAU, adjointe à la cheffe du département assainissement police de
l'eau
Directions départementales des territoires (et de la mer)
? Au titre du groupement des DDT ; Benoît DUFUMIER, directeur Côte d?Armor,
Sébastien FERRA, directeur Gard
Eure-et-Loir
? Loïc PERRE, service de la gestion des risques, de l?eau et de la biodiversité
? Valérie BESNARD, bureau eaux résiduaires urbaines et pluviales
? Maxence GWOREK, bureau eaux résiduaires urbaines et pluviales
Indre
? Charlotte JAQUET-MARTIN, service planification, risques, eau nature
? Laurent BANCHEREAU, unité eau
? Yann BOUGIO, unité eau
? Manuel CHRETIENNE, unité eau
Indre-et-Loire
? Christophe BLANCHARD, chef d?unité eau
du Loir-et-Cher
? Anne-Sophie HESSE, unité maîtrise des pollutions de l?eau
du Loiret
? Thomas CARRIERE, service urbanisme et aménagement durable des territoires
Établissements publics nationaux
Agence de l?environnement et de la maîtrise de l?énergie (ADEME)
? Patricia BLANC, directrice général déléguée
? Hervé LEFEBVRE, responsable du pôle trajectoires bas carbone
Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (INRAE)
? Jean-Marc CHOUBERT, directeur de l?unité de recherche REVERSAAL
? Sylvie GILLOT, directrice de recherche
? Pascal MOLLE, chercheur
? Éric MARTIN, chef de projet "environnement" à la direction de l'appui aux politiques
publiques
Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement
(CEREMA)
? Sébastien DUPRAY, directeur de la direction technique risques, eaux, mer
? Véronique MANICACCI, directrice adjointe du département risques eaux littoral
? Christine FERAY, responsable du secteur d?activité eau et gestion des milieux
aquatiques
? Bilel AFRIT, chef adjoint du groupe eaux et risques
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Office français de la biodiversité (OFB)
? Olivier THIBAULT, directeur général
? François HISSEL, directeur « surveillance, évaluation, données »
? Bénédicte AUGEARD, chef du département « recherche développement innovation »
? Éric BREJOUX, chef du service « eaux et milieux aquatiques »
? Sophie PORTELA, cheffe de projet « services publics, eau et assainissement »
? Agnès CARLIER, cheffe de l'unité "intervention eau et biodiversité en Outre-mer »
? Pierre-François STAUB, chargé de mission pollution des écosystèmes et métrologie
Agences de l?EAU
Adour-Garonne
? Elodie GALKO, directrice générale
? Aude WITTEN, directrice générale adjointe
? Bernard JAYET, chef de service assainissement, pluvial et territoires
Artois-Picardie
? Isabelle MATYKOWSKI, directrice générale
? Hubert VERHAEGHE, chef du service de l?expertise, des écosystèmes et nouveaux
enjeux
? Didier MOSIO, expert assainissement
Loire-Bretagne
? Loic OBLED, directeur général
? Denis ROUSSET, directeur-adjoint de la politique des interventions, chef du service
collectivités et industries
Rhin-Meuse
? Xavier MORVAN, directeur général
? Christophe LEBLANC, directeur par intérim
? Nicolas VENANDET, Référent Assainissement - Eau et nature en ville
Rhône-Méditerranée-Corse
? Nicolas MOURLON, directeur général
? Nicolas CHANTEPY, directeur général adjoint
? Hélène MICHAUX, directrice du département des programmes et des interventions
? Anne SAINPOL, experte assainissement et eaux pluviales
Seine-Normandie
? Sandrine ROCARD, directrice générale
? Nathalie EVAIN-BOUSQUET, directrice du programme et des interventions
? Régis TEHET, chef du service industries, micropolluants, pluvial, assainissement et eau
potable
? Frédéric MULLER, direction territoriale Seine francilienne, investissements, projet
baignade
? Sandrine ROBERT, direction territoriale Seine francilienne, performance des ouvrages
et redevance, expertise de l?auto-surveillance
? Hosni DRIDI, direction du programme et des interventions, assainissement
? Cyrielle MUNSCH, réseaux et assainissement
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Mars 2025 Évaluation de la directive relative au traitement des eaux
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Associations représentant les collectivités locales
Association nationale des collectivités territoriales et de leurs partenaires pour la gestion de
l?énergie, des déchets, de l?eau et de l?assainissement, en faveur de la transition écologique et
de la protection du climat (AMORCE)
? Nicolas GARNIER, délégué général
? Baptiste JULIEN, responsable du pôle eau
? Jérémy DA PRATO, chargé de mission en traitement des eaux et en maîtrise de
l'énergie des services publics d'eau et d'assainissement
Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR)
? Régis TAISNE, directeur du département eau
? Franco NOVELLE, chargé de mission assainissement et GEMAPI
France urbaine
? Marie-Cécile GRAZIANI, chef du service prospective, Aix-Marseille-Provence
? Brice LE DISLOQUER, directeur eau et assainissement, Communauté Creusot-
Montceau
? Sébastien LAUNE, directeur eaux et réseaux, Dijon Métropole
? Claude VALENTIN, service eaux et réseaux, Dijon Métropole
? Mathieu BREVIERE, directeur cycle de l?eau, Communauté urbaine de Dunkerque
? Didier NECIOLLI, directeur adjoint cycle de l'eau, Grand Lyon,
? Elisabeth SIBEUD, cheffe du service pilotage assainissement et GEMAPI, Grand Lyon
? Olivier FULLY, directeur de l'eau et de l'assainissement, Grand Nancy
? Yannick VAN ES, directeur eau & assainissement, Métropole Européenne de Lille
? Benjamin PUECH, chef du service eau et assainissement, Le Mans Métropole
? Francis WEHRUNG, directeur adjoint de l?eau et de l?assainissement, Grand Nancy
? Philippe GILLES, directeur du cycle de l'eau, Nantes Métropole,
? Christine PUIZILLOUT-LIEPPE, cheffe du service développement, direction du cycle
de l?eau, Nantes Métropole
? Alexandre LECOMTE, directeur du cycle de l?eau, Communauté d?agglomération Pau
Béarn
? Ségolène CASTET, direction de l?eau et de l?assainissement, Communauté urbaine du
Grand Reims,
? Arnaud DELAHAYE, adjoint à la directrice générale adjointe « environnement, énergie,
eau, déchets, réseaux, Métropole Rouen-Normandie
? Geoffroy DUBOST, directeur « eau et risques environnementaux », Ville et
Eurométropole de Strasbourg
? Anne WILHEM, cheffe du service « eau et assainissement », Ville et Eurométropole de
Strasbourg
? Julien HENIQUE, directeur cycle de l?eau, Toulouse Métropole,
? Audrey AUZIERE, responsable du pôle gestion des services publics - direction du cycle
de l'eau - Toulouse Métropole
? Vincent ROCHER, directeur délégué innovation, stratégie, environnement, SIAAP
? Pascale SAJUS, directrice des études stratégiques et prospectives, SIAAP
? Miguel GILLON-RITZ, directeur adjoint des études stratégiques et prospectives, SIAAP
? Germain COMERRE, responsable de la mission réglementation, partenariats et
prospective, SIAAP
? Philippe ANGOTTI, France Urbaine, délégué adjoint en charge de la transition
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écologique, de l'urbanisme et responsable des ressources humaines
? Maëva FLEYTOUX, France Urbaine, chargée de mission « transition écologique »
Associations professionnelles
Association scientifique et technique pour l?eau et l?environnement (ASTEE)
? Muriel AURIOL, adjointe à la directrice générale
? Hubert DUPONT, président de la commission assainissement, directeur technique
adjoint de Suez France
Centre interprofessionnel technique d?études sur la pollution atmosphérique (CITEPA)
? Vincent MAZIN, ingénieur d?études
Comité stratégique de filière (CSF) Eau
? Laurent Viviani, directeur des affaires publiques, groupe CARSO
? Jean Pierre HANGOUET, directeur technique, Suez Eau France
? Patrick FAISQUES, directeur, Veolia, délégué permanent du comité stratégique de
filière Eau
Fédération des entreprises de la beauté (FEBEA)
? Marie AUDREN, directrice affaires publiques et communication
? Stéphanie LUMBERS, directrice développement durable
? Emmanuel Guichard, délégué général de la FEBEA
? Solène Flahault, directrice des affaires publiques de Cosmetics Europe
Fédération professionnelle des entreprises de l?eau
? Tristan MATHIEU, délégué général
? Laurent BRUNET, président de la commission scientifique et technique de la FP2E et
directeur technique de Suez
? Frédéric BLANCHET, membre de la commission scientifique et technique et de la
commission eau potable de la FP2E, vice-président estuaire de la Seine, Véolia
? Anne Dujardin, chargée de communication
G5 Santé
? Mazen ELZAABI, directeur des affaires publiques LFB
? Véronique BERGERON, responsable des politiques sociales SANOFI
Les entreprises du médicament (LEEM)
? Luc BESANCON, délégué général de NERES
? Pascal LE GUYADER, directeur général adjoint
? Fabrice MEILLIER, responsable des affaires publiques
? Sébastien TRINQUARD, directeur général du GEMME
Synteau
? Florent BOULIER, délégué général, Union des industriels de l?eau
? Patrick THEROND, directeur adjoint PMO, Suez
? Yvan TREAL, directeur coordination commerciale, Suez Ingénierie et Construction
? Pascal JOUAFFRE, directeur de l?ingénierie, Veolia Environnement
? Antoine LEGRAND, directeur commercial, Sources
? Philippe CARRIO, directeur du développement, Stereau, Président du Synteau
? Hajar EL RHAZOUANI, responsable des affaires techniques et réglementaires, Union
des industries de l?eau
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Syntec
? Khaled Al Fakir, délégué transition écologique et bâtiment, Syntec-ingénierie
? Frédéric Maurel, directeur général délégué, Setec
? Luc Girard, directeur de projets, BRL Ingénierie
? Xavier Humbel, directeur ingénierie centrale, IRH Ingénieur Conseil
? Emmanuel Cornut, directeur régional Île-de-France, Artelia Villes et Territoires
Collectivités locales
Régie des eaux de Montpellier méditerranée métropole
? Laurence BURGAUD, directrice déléguée aux opérations
? Arnaud VESTIER, directeur urbanisme prospective environnement
? Mylène BEGOS, direction du patrimoine
Régie des eaux Grenoble Alpes Métropole
? Nicolas PERRIN, directeur du département de l?eau
Syndicat interdépartemental pour l'assainissement de l'agglomération parisienne (SIAAP)
? Jérôme STERKERS, directeur de cabinet
? Sabrina GUERIN, directrice innovation
? Vincent ROCHER, directeur délégué innovation, stratégie, environnement
? Pascale SAJUS, directeur études stratégiques et prospectives
? Germain COMERRE, responsable de la mission réglementation, partenariats et
prospective
Métropole Nice côte d?Azur
? Hervé PAUL, Maire de Saint-Martin-du-Var, Vice-Président de la Métropole Nice-Côte
d?Azur, président d?Eau d?Azur
? Vincent PONZETTO, directeur général d?Eau d?Azur
? Olivier DAMOUR, directeur du projet Haliotis 2
Métropole de Lyon
? Anne GROSPERRIN, vice-présidente en charge de la préservation des milieux
aquatiques et de la ressource en eau
? Pierre COMMENVILLE, directeur du cycle de l?eau
? Ronan PHILIPPE, responsable unité qualité et niveau de service
? Elisabeth SIBEUD, cheffe de service, pilotage assainissement et GEMAPI
Métropole de Caen-la-mer
? Géraldine ROULAND, directrice du cycle de l?eau, directrice du syndicat Eau du bassin
caennais
Opérateurs industriels
Suez Eau France
? Jean Pierre HANGOUET, directeur technique
? Denis SNIDARO, directeur technique adjoint
? Vincent RODOLPHE, chef du département « expertises, contenus et influence
? Patrick THEROND, directeur Adjoint PMO
? Marguerite CHATELLIER, direction des Affaires Publiques
Veolia
? Stanislas POURADIER-DUTEIL, directeur technique Véolia France
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? Vincent CHEVALIER, directeur offres énergie et décarbonation
? Muriel CHAGNIOT, coordinatrice développement durable
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Annexe 3. Glossaire des sigles et acronymes
Acronyme Signification
ADEME
Agence de l?environnement et de la maîtrise de
l?énergie
AFD Agence française de développement
AMORCE
Association nationale des collectivités, des
associations et des entreprises pour la
gestion des déchets, de l?énergie et des
réseaux de chaleur
ANC Assainissement non collectif
ASTEE
Association scientifique et technique pour l?eau
et l?environnement
CGE Conseil général de l?économie
CJUE Cour de justice de l?Union européenne
CNE Conseil national de l?eau
CSF Comité stratégique de filière
DCE Directive cadre sur l?eau
DCSMM Directive cadre stratégique pour le milieu marin
DDT(M)
Direction départementale des territoires (et de la
mer)
DEB Direction de l?eau et de biodiversité
DERU
Directive 91/271/CEE, dite « eaux résiduaires
urbaines »
DERU2 Directive « eaux résiduaires urbaines » de 2024
DGALN
Direction générale de l?aménagement, du
logement et de la nature
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Acronyme Signification
DGCL Direction générale des collectivités locales
DGEC Direction générale de l?énergie et du climat
DGFIP Direction générale des finances publiques
DGPE
Direction générale de la performance
économique et environnementale des
entreprises, ministère de l?agriculture
DGPR Direction générale de la prévention des risques
DGS Direction générale de la santé
DGSCGC
Direction générale de la sécurité civile et de la
gestion des crises
D(R)EAL
Direction (régionale) de l?environnement, de
l?aménagement et du logement
DROM Départements et régions d?Outre-mer
DSF Document stratégique de façade
EH Équivalent habitant
FEDER Fonds européen de développement régional
FNCCR
Fédération nationale des collectivités
concédantes et régies
HAP Hydrocarbures aromatiques polycycliques
ICPE
Installation classée pour la protection de
l?environnement
IGA Inspection générale de l?administration
IGEDD (ex-CGEDD)
Inspection générale de l?environnement et du
développement durable
IGF Inspection générale des finances
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Acronyme Signification
INRAe
Institut national de la recherche pour
l?agriculture, l?alimentation et l?environnement
IOTA
Installations, ouvrages, travaux et activités, au
titre de la réglementation sur l?eau
JRC Joint Research Center, Commission européenne
OCDE
Organisation de coopération et de
développement économiques
OFB (ex-AFB) Office français de la biodiversité
PFAS Per- et polyfluoroalkyls
PGI
Plan de gestion intégrée des eaux résiduaires
urbaines
PPI Plan pluriannuel d?investissement
REP Responsabilité élargie des producteurs
REUT Réutilisation des eaux usées traitées
RSDE Rejets de substances dangereuses dans l?eau
RUP Région ultra-périphérique
SDA, SDEP
Schéma directeur d?assainissement collectif,
Schéma directeur de gestion des eaux pluviales
SDAGE
Schéma directeur d?aménagement et de gestion
des eaux
SIAAP
Syndicat interdépartemental pour
l?assainissement de l?agglomération parisienne
SPA, SPIC
Service public administratif,
Service public industriel et commercial
SPANC Service public d?assainissement non collectif
STEU Station de traitement des eaux usées
PUBLIÉ
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Annexe 4. Rappel sur le contentieux européen sur la DERU
Par une décision du 4 octobre 2024, la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) a condamné
la France pour manquement dans la mise en oeuvre de la directive du 21 mai 1991 relative au
traitement des eaux usées urbaines, dite directive DERU.
Les manquements concernent 78 agglomérations. Cette condamnation fait suite à une lettre de
mise en demeure adressée par la Commission européenne en octobre 2017 et visant
364 agglomérations (49 pour les rejets en zones sensibles) pour non-respect des délais de mise
en conformité fixés à fin 1998, 2000 ou 2005 suivant les cas. Cette mise en demeure s?appuyait
sur les données rapportées par la France en 2016 au titre de 2014. La France avait ensuite reçu
un avis motivé en mai 2020 visant 169 de ces agglomérations, la Commission considérant que les
autres agglomérations étaient redevenues conformes. Après examen des réponses et informations
fournies par les autorités françaises, la Commission européenne avait considéré que
78 agglomérations n'étaient, en septembre 2020, toujours pas conformes et avait introduit un
recours en manquement en 2023.
Déroulé des procédures contentieuses86
Infractions Date Actions au titre de l?article 258 et de l?article 260 TFUE
Infraction
1998/2110
Affaire C-
280/02
22/10/1999
10/04/2001
30/07/2002
23/09/2004
19/12/2005
31/01/2008
24/01/2013
Mise en demeure (art. 258 TFUE)
Avis motivé
Saisine (effective) de la Cour de justice de l?Union européenne
(CJUE)
Arrêt CJUE
Mise en demeure (art. 260 TFUE)
Avis motivé
Clôture
Infraction
2002/2115
Affaire C-
191/04
27/06/2002
17/12/2002
23/04/2004
16/06/2005
04/04/2006
Mise en demeure
Avis motivé
Saisine de la CJUE
Arrêt CJUE
Clôture
Infraction
2004/2032
Affaire C-
23/13
09/07/2004
19/12/2005
17/10/2008
17/01/2013
07/11/2013
22/07/2016
Mise en demeure
Mise en demeure complémentaire
Avis motivé
Saisine de la CJUE
Arrêt CJUE
Clôture
Infraction
2006/2128
04/04/2006
27/11/2008
05/05/2010
24/11/2010
Mise en demeure
Mise en demeure complémentaire
Avis motivé
Clôture
Infraction
2006/4332
17/10/2007
25/06/2009
Mise en demeure
Clôture
Infraction
2009/2306
Affaire C-
314/15
03/12/2009
27/01/2014
26/06/2015
23/11/2016
12/10/2017
Mise en demeure + communiqué de presse
Avis motivé
Saisine de la CJUE
Arrêt CJUE
Clôture
86 A partir du rapport IGEDD, IGA « Comment améliorer durablement la collecte et le traitement des eaux usées
urbaines ? », 2023
PUBLIÉ
https://www.actu-environnement.com/ae/reglementation/directive_europeenne_du_21_05_1991_91_271_cee.php4
https://www.actu-environnement.com/ae/news/directive-traitement-eaux-usees-urbaines-commission-europeenne-35488.php4
https://www.actu-environnement.com/ae/news/g-20-soutient-la-creation-aires-marines-protegees-en-antarctique-37960.php4
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Infraction
2015/0052
29/01/2015
16/07/2015
Mise en demeure
Clôture
Infraction
2017/2125
Affaire C-
268/23
04/10/2017
14/05/2020
09/06/2021
26/04/2023
04/10/2024
Mise en demeure
Avis motivé
Décision de saisir la CJUE
Recours en manquement
Arrêt CJUE, condamnation de la France
Liste des collectivités concernées par le contentieux européen87
87 Source : DEB
Code Dépt. Bassin Nom de la STEU
15 Adour-Garonne MAURS BOURG ET ST ETIENNE DE MAURS
19 Adour-Garonne LARCHE
24 Adour-Garonne TERRASSON LA VILLEDIEU (COMMUNALE)
24 Adour-Garonne LE BUGUE
32 Adour-Garonne NOGARO
33 Adour-Garonne LIBOURNE
47 Adour-Garonne CONDEZAYGUES
47 Adour-Garonne SAINTE LIVRADE SUR LOT
64 Adour-Garonne UZEIN
64 Adour-Garonne GAN 2
64 Adour-Garonne BASSUSSARRY 2009
64 Adour-Garonne IDRON OUSSE SENDETS (INTERCOMMUNALE)
64 Adour-Garonne ARUDY (INTERCOMMUNALE)
64 Adour-Garonne SAINT-JEAN-DE-LUZ ARCHILUA
64 Adour-Garonne VIODOS ABENSE DE BAS (INTERCOMMUNALE)
64 Adour-Garonne CASTETNAU CAMBLONG
64 Adour-Garonne TARSACQ (INTERCOMMUNALE)
65 Adour-Garonne MAUBOURGUET - Lombar
59 Artois-Picardie FONTAINE NOTRE DAME
59 Artois-Picardie VILLERS-OUTREAUX
59 Artois-Picardie PONT-A-MARCQ-NOUVELLE
62 Artois-Picardie AUCHY-HAISNES SE
971 Guadeloupe TROIS RIVIERES GRANDE ANSE
36 Loire-Bretagne CHABRIS
42 Loire-Bretagne FEURS - FONT FENOUILLET
42 Loire-Bretagne POUILLY-SOUS-CHARLIEU - LE PORT
49 Loire-Bretagne MAULEVRIER - CHEMIN DES GATS
72 Loire-Bretagne SAEPA CONNERRE
85 Loire-Bretagne SAINT-GILLES-CROIX-DE-VIE chemin de ceinture
85 Loire-Bretagne NOTRE-DAME-DE-RIEZCHEMIN DE L'ETANG
85 Loire-Bretagne EPESSES PUY DU FOU
87 Loire-Bretagne AMBAZAC
972 Martinique LORRAIN BOURG
972 Martinique FORT-DE-FRANCE-DILLON 2
972 Martinique SAINT-ESPRIT-PETIT FOND
972 Martinique ROBERT-MOULIN A VENT
974 La Réunion STEP DU 'BRÛLE MARRON'
57 Rhin-Meuse FENSCH (VALLEE DE)
68 Rhin-Meuse CERNAY
68 Rhin-Meuse FELDKIRCH
68 Rhin-Meuse GUEWENHEIM
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68 Rhin-Meuse GRENTZINGEN
68 Rhin-Meuse MASEVAUX-NOUVELLE STEU
01 Rhône-Méditerranée PLATEAU D'HAUTEVILLE -HAUTEVILLE-LOMPNES
01 Rhône-Méditerranée IZERNORE - CHEF-LIEU
01 Rhône-Méditerranée CULOZ-CHEF-LIEU
05 Rhône-Méditerranée VEYNES VILLAGE
06 Rhône-Méditerranée ROQUEBILLIERE
13 Rhône-Méditerranée CHARLEVAL
25 Rhône-Méditerranée BIANS-LES-USIERS
25 Rhône-Méditerranée VILLE-DU-PONT
26 Rhône-Méditerranée ROMANS-SUR-ISERE
26 Rhône-Méditerranée CHATEAUNEUF-SUR-ISERE
26 Rhône-Méditerranée DIE
30 Rhône-Méditerranée LA GRAND-COMBE
30 Rhône-Méditerranée SAINT-PRIVAT-DES-VIEUX
38 Rhône-Méditerranée COMMELLE
38 Rhône-Méditerranée PONTCHARRA
38 Rhône-Méditerranée LE TOUVET
38 Rhône-Méditerranée SAINT-JEAN-DE-BOURNAY
69 Rhône-Méditerranée VILLEFRANCHE SUR SAONE
69 Rhône-Méditerranée BEAUJEU
69 Rhône-Méditerranée VILLIE MORGON
73 Rhône-Méditerranée ALBENS
73 Rhône-Méditerranée TIGNES LE LAC
73 Rhône-Méditerranée TIGNES LES BREVIERES
74 Rhône-Méditerranée HABERE POCHE
84 Rhône-Méditerranée CAVAILLON
90 Rhône-Méditerranée GIROMAGNY
2A Corse AFA
2B Corse GALERIA
2B Corse PATRIMONIO - BARBAGGIO
50 Seine-Normandie CHEF DU PONT
50 Seine-Normandie CONDE SUR VIRE
76 Seine-Normandie NEUFCHATEL-EN-BRAY
77 Seine-Normandie VILLEPARISIS
77 Seine-Normandie SAINT MARD
78 Seine-Normandie GAZERAN LA GUEVILLE
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Annexe 5. Contenu de la directive
La directive est structurée de la façon suivante :
? l?article 1er définit l?objet de la directive et l?article 2 précise les définitions nécessaires ;
? les articles 3 et 4 étendent l?obligation d?un assainissement collectif aux agglomérations
d?assainissement supérieures à 1 000 équivalents habitants, au lieu de 2 000 jusqu?à
maintenant, et aux plus de 2 000 rejetant en mer, qui doivent mettre en place un système
de collecte et de traitement secondaire, et précisent les conditions selon lesquelles il peut
y être dérogé au profit de systèmes individuels ;
? l?article 5 est relatif aux plans intégrés de gestion des eaux résiduaires urbaines, intégrant
les eaux de pluie. Il fixe un objectif indicatif de 2 % de surcharge des déversements en
temps de pluie par rapport à la charge des eaux collectées par temps sec, au lieu de 5 %
dans la DERU1 ;
? les articles 6 et 7 prévoient le renforcement des niveaux de traitement secondaire et
tertiaire notamment pour réduire les rejets d?azote et de phosphore, avec l?obligation de
mettre en place ce traitement pour les stations de traitement des eaux usées de grande
taille, même lorsque celles-ci ne rejettent pas leurs eaux dans des zones sensibles à
l'eutrophisation ;
? les articles 8, 9 et 10 prévoient la mise en place d?un traitement des micropolluants issus
des produits pharmaceutiques et cosmétiques au niveau des stations de traitement des
eaux usées (STEU) de grande taille et certaines de taille moyenne ; ils reposent sur la
définition :
o de la sensibilité des milieux à ces différents types de pollution ;
o d?un cadre de responsabilité élargie des producteurs concernés, afin que les
metteurs en marché des secteurs concernés prennent en charge 80 % de la totalité
des coûts de traitement quaternaire dans le respect du principe pollueur ? payeur,
« y compris les investissements et les coûts opérationnels », et ceux relatifs à
l?« organisation » mise en place ;
? l?article 11 fixe des objectifs nouveaux en matière de consommation énergétique,
d?émissions de gaz à effet de serre et de production d?énergies renouvelables ;
? l?article 12 aborde les modalités de coopération transfrontière ;
? l?article 13 précise les modalités de prise en compte des évolutions climatiques ;
? l?article 14 traite des eaux usées non domestiques et des conditions de leur rejet dans les
réseaux d?assainissement urbain ou directement dans le milieu naturel, l?article 16 abordant
le cas particulier des eaux usées biodégradables ;
? l?article 15 traite de la réutilisation des eaux résiduaires urbaines ;
? les articles 17 et 21 fixent le cadre de la surveillance des eaux résiduaires urbaines, en
particulier à des fins sanitaires. L?article 22 fixe celui du rapportage et l?article 24 celui de
l?information du public ;
? l?article 18 crée une obligation d?évaluation et de gestion des risques sanitaires, en tenant
compte des fluctuations saisonnières et des phénomènes extrêmes ;
? l?article 19 crée une obligation d?accès à l?assainissement pour tous ;
? l?article 20 incite à la valorisation des boues et des ressources, principalement pour
récupérer le phosphore ;
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? l?article 23 prévoit que les États membres établissent un programme national de mise en
oeuvre, trois ans après l?adoption de la directive, centré sur la mise en oeuvre des articles
3 à 8, à savoir le renforcement ou l?extension des traitements primaire, secondaire, tertiaire
et la mise en place du quaternaire.
La directive comporte enfin des articles d?évaluation et réexamen, et des annexes techniques.
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Annexe 6. Questionnaire en vue d?une évaluation des coûts
et bénéfices de la DERU2 à l?échelle nationale
Pour répondre à la lettre de mission de la DEB et proposer un état des lieux qui permette d'évaluer
au mieux les coûts et les bénéfices de la DERU2 en vue des travaux de transposition et pour guider
toute sa mise en oeuvre, la mission a estimé incontournable de recueillir, de manière assez
systématique, les informations dont disposent d?une part les Agences de l?eau, Dreal, DDT, et
d?autre part les agglomérations d?assainissement, en particulier les plus de 150000 EH, de
l?hexagone. La mission a choisi de ne pas diffuser elle-même les questionnaires, ou de ne pas
solliciter les associations de collectivités, mais de s?appuyer sur les services de niveau « bassin ».
Cette démarche, quoique lourde, politiquement sensible, et menée dans des délais resserrés, lui
est également apparue comme une occasion de conduire, à cette échelle, de premiers échanges
sur la DERU2 entre les services de l?État et les collectivités concernées. Cela pourra favoriser le
travail à venir sur des stratégies d'anticipation à leur échelle et à une stratégie française efficace.
Deux questionnaires ont été élaborés sur la base :
d?une réunion avec les directeurs de DREAL de bassin et d'agences de l'eau ou leurs
représentants, pour exposer et structurer la démarche ;
de réunions de travail pour préparer les questionnaires avec des volontaires, représentant tous
les types de services concernés (DREAL de bassin, Agences de l'eau, DREAL, DDTM), et avec
la DEB.
Le président du groupement des DDTM, et l?atelier « eau » ont été informés de la diffusion de ces
questionnaires et cette démarche a été annoncée aux directeurs de DDTM.
Les associations de collectivités concernées (France Urbaine, FNCCR), intéressées, ont
également été informées et ont diffusé l?information auprès de leurs adhérents afin de faciliter un
bon accueil et un bon taux de réponse.
Des échanges ont eu lieu avec le Comité stratégique de filière eau, qui mène de son côté et en
lien avec la DEB une évaluation des coûts de la DERU2.
Le premier questionnaire demande des réponses qualitatives et des transmissions de documents ;
il a uniquement été adressé aux différents services de l'État et Agences de l'eau.
Le second comporte un tableur excel et une notice d'explication, à destination des collectivités
locales, pré-renseigné autant que possible au niveau déconcentré pour les informations dont
dispose l'État. Ce questionnaire avait vocation à être adressé à toutes les agglomérations de plus
de 150 000 EH, et à un panel, à l?appréciation de services de chaque bassin, d'agglomérations
entre 1000 et 150 000 EH. Le tableau comporte deux onglets : un relatif au traitement dans les
STEU (et à l'énergie), l'autre relatif à la collecte et au temps de pluie.
Des conseils ont été proposés sur la méthode d?information des préfets et la circulation du
questionnaire. Les questionnaires ont été diffusés le fin octobre, pour un retour fin novembre.
Questionnaire pour les services de l?Etat et les Agences de l?eau d?évaluation ex ante
des impacts de la directive relative au traitement des eaux résiduaires urbaines (ERU 2)
1/ Eléments issus des SDAGE (DREAL de bassin/AE)
Les questions 1 à 6 visent à illustrer les bénéfices potentiels de la DERU2
1 - Disposez-vous d?une carte des masses d?eau déclassées en lien avec l?assainissement ?
- si oui, pouvez-vous les transmettre (format ?)
- Si non, pouvez-vous les réaliser ? oui/ non
Dans quel délai ?
2- Disposez-vous d?une carte des eaux de baignades pénalisées de façon récurrente en lien avec
l?assainissement ?
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- si oui, pouvez-vous les transmettre (format ?)
- Si non, pouvez-vous les réaliser ? oui/ non
- Dans quel délai ?
3- Disposez-vous d?une carte des zones d?aquaculture pénalisées de façon récurrente en lien avec
l?assainissement ?
- si Oui, pouvez-vous les transmettre (format ?)
- Si non, pouvez-vous les réaliser ? oui/ non
- Dans quel délai ?
4- Quelles sont les descripteurs de la DCSMM pour lesquels les rejets d?N et de P de
l?assainissement sont un motif de déclassement ?
5- Quelles sont les STEU dont le facteur de dilution des rejets est inférieur à 10 ? Quels sont les
secteurs/ cours d?eau où les rejets des STEU contribuent au soutien d?étiage ?
6- Quelles sont les STEU pour lesquelles les EUT sont-elles susceptibles d?être réutilisées ? Si oui,
pour quels usages ?
7 ? Pour les masses d?eau déclassées qui ne le sont pas au titre de l?assainissement, quels sont
les facteurs de déclassement ?
2/ Eléments issus des actions d?accompagnement et de police (DREAL de bassin, DDT/AE)
Les questions 8 à 10 contribuent au diagnostic qualitatif des enjeux de mise en oeuvre de la
DERU2 ; elles visent également à recueillir des indications sur les moyens à mettre en oeuvre dans
les agences et les services de l?Etat pour satisfaire aux exigences de la directive.
8- Identification des STEU nouvellement concernées par la DERU2
Selon les premières informations rassemblées, la plupart des agglomérations > 1000 EH disposent
de systèmes de collecte et de traitement et sont connues des DDT.
- Pouvez-vous indiquer précisément ou estimer approximativement le nombre / la proportion
d?exceptions ?
- Quel est le nombre d?agglomérations EH [1000 ; 2000] EH comparé à celui des stations > 2000
EH ? quels seront les moyens nécessaires en terme a) de police de l?eau b) d?accompagnement
technique et financier pour faire entrer ces agglomérations dans la DERU2 ?
- Quelles conséquences aura l?abaissement de ce seuil sur les dispositifs d?auto-surveillance ?
Pouvez-vous en évaluez le coût et l?impact sur les besoins en termes de RH ?
9- quelles sont sur votre bassin les STEU qui :
- remplissent déjà certains objectifs de la DERU2 (jusqu?à 5 exemples, en disant quels objectifs)
- pourraient atteindre certains objectifs dans les 10 ans qui viennent compte tenu de leurs
caractéristiques et de leur programmation (jusqu?à 5 exemples, en disant quels objectifs). Pour ces
stations, peut-on estimer l?ordre de grandeur du surcoût (en M¤ et en augmentation du prix de
l?eau) ?
- qui auront du mal à atteindre certains objectifs y compris en fin de période (2045) (jusqu?à 5
exemples, en disant quel objectif)
10 - Avez-vous engagé des travaux sur une méthode pour identifier des zones sensibles aux
micropolluants ? Voyez-vous a priori des secteurs qui correspondent à un des critères prévus par
la directive (par exemple, étangs languedociens ? sites Ramsar ? secteurs conchylicoles ? Dans
chaque cas, combien de STEU entre 10 000 et 150 000 EH sont concernées ?) ?
- Avez-vous connaissance d?agglomération d?assainissement qui envisagent ou étudient la mise
en place d?un traitement des micropolluants ? si oui lesquels ? Quel est votre accompagnement ?
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Tableau du questionnaire adressé aux collectivités territoriales
I. Partie « traitement et énergie »
1. Identité de l?agglomération d?assainissement de des stations
2. Données physico-physiques
3. Traitements
Traitement
de NGL
Si oui,
concentration
en 2023 (mg/l)
Si oui,
rendement
en 2023
%
Estimation du
coût annuel en
fonctionnement
du traitement
du N
(K¤)
Traitement
du PT
Si oui,
concentration
en 2023 (mg/l)
Si oui,
rendement
en
2023
Estimation du coût
annuel en
fonctionnement du
traitement du PT -si
possible, sinon laisser
vide-
(K¤)
Au regard des
traitements actuels,
l'atteinte des exigences
de la DERU 2 suppose..
4. Milieux récepteurs
Code Sandre de l'agglomération
d'assainissement
Nom de l'agglomération d'assainissement Nom de la STEU
Code Sandre de la STEU Taille réel agglo
(EH)
Taille de l'agglomération
EH
Débit moyen journalier
(m3/jour)
Le site de la STEU pourrait-il accueillir une nouvelle installation
(disponibilité foncière)?
Zone sensible à
l'eutrophisation
Milieu récepteur de rejet
Enjeux spécifiques en
lien
avec?
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5. Données physico-financières
6. Energie
II. Partie « système de collecte et temps de pluie"
1. Identité de l?agglomération d?assainissement de des stations
Nom du système de
collecte
Code sandre
du système de collecte
2. Schéma d?assainissement
Date de la dernière mise à jour du SDA ou de
la PPI
Cette PPI inègre-t-
elle les objectifs de
la DERU 2?
Date de la mise en service de la station
Date du dernier investissement
significatif
Un effort de modernisation a-t-il déjà programmé pour l'année
à venir?
A quelle échéance envisagez-
vous l'échéance de ces travaux?
Cette station a-t-elle fait l'objet
dun audit énergétique?
Emission de GES
(teqCO2/an)
Consommation
énergétique du traitement
(kWh/an)
Production énergétique
(kWh/an)
Si vous projetez un investissement destiné à la valorisation énergétique, merci d'indiquer la production annuelle d'énergie projetée
(kWh/an)
Date de la dernière mise à jour du SDA?
Ce SDA prévoit-il la programmation de
travaux pour?
Ce SDA prévoit-il un
zonage pluvial
Ce SDA prévoit-il une gestion
intégrée des eaux pluviales?
Estimation du nombre de déversoirs d'orage (si
possible-sinon laisser vide)
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3. Réseau
4. Conformité
Conformité à l'arrêté
du 21 juillet 2015
pour le temps de pluie
Quel critère retenez-vous pour
évaluer la conformité au temps de
pluie?
(Arrêté de 2015)
Si la conformité en cours,
merci de préciser la date
d'échéance de cette mise en
conformité
Quel est le pourcentage de
déversement aux points A1
(%)
Quel est le pourcentage de
déversement aux points A2
(%)
5. Investissements et tarification
Quel est le montant consacré
annuellement en
investissement à la gestion
intégrée et durable des eaux
pluviales ?
( En Millions ¤)
Quel est le prix
de l'eau au
31/12/2023
( Prix par m3)
Quel est la part de
l'assainissement dans
ce prix
L'agglomération dispose-t-
elle d'une tarification unique
sur l'ensemble de son
périmètre?
Pourcentage
d'augmentation du prix de
l'eau au cours des trois
dernières années?
(%)
L'agglomération fait-elle
participer les propriétaires
fonciers, les aménageurs ou
d'autres acteurs privés?
Type de réseau majoritaire
dans l'agglomération
Indiquer la part du réseau majoritaire (le réseau majoritaire
représente X % de l'ensemble du réseau)
Evaluation du linéaire de réseau sur l'agglomération
( en ml)
Territoire majoritaire Par quel moyen est-il prévu de moderniser le réseau?
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Annexe 7. Fiches par articles
Articles 3 et 4 : systèmes de collecte et calcul de la charge d?une agglomération, systèmes individuels
Références Objet Objectif Indicateurs et délais Dérogations Travaux préparatoires
à réaliser
Commentaires et
points d?attention
Article 3.1
Collecte obligatoire,
agglomérations de
2 000 EH et plus
Collecte de toutes les
eaux usées
domestiques
Aussitôt : 100 % Voir Article 4 Immédiat, regardé
comme globalement
acquis
Article 3. 2
Collecte obligatoire,
agglomérations de
1 000 et plus, jusqu?à
2 000 EH
Collecte de toutes les
eaux usées
domestiques
31/12/2035 : 100 % Dérogations possibles
- en fonction du %
d?agglomérations
équipées à l?entrée en
vigueur de la directive :
8 ans si < 50 %
10 ans si < 25 %-
- Voir Article 4
A priori, la France n?est
pas concernée par la
dérogation.
En cas de dérogation,
mesures spécifiques à
prendre
Article 3.3 Calcul de la charge
moyenne pour
déterminer la taille de
l?agglomération
d?assainissement
Calcul sur la base de la
charge moyenne
maximale
hebdomadaire généré
dans cette année au
cours d?une
agglomération, excepté
situations inhabituelles
Même définition que
dans la DERU1
Article 3.4 Objectif de conformité
Conformité des
systèmes de collecte à
l?annexe I partie A
(systèmes de collecte)
- réseaux définis dans
une logique de MTD,
- vise à limiter les
pollutions des eaux
réceptrices résultant
des déversements
d?orage (article 4 et
annexe 5)
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Références Objet Objectif Indicateurs et délais Dérogations Travaux préparatoires
à réaliser
Commentaires et
points d?attention
Prescriptions relatives aux eaux résiduaires urbaines
Partie A - Systèmes de collecte
Les systèmes de collecte tiennent compte des prescriptions en matière de traitement des eaux résiduaires urbaines.
La conception, la construction et l'entretien des systèmes de collecte sont entrepris sur la base des connaissances techniques les plus avancées, sans entraîner des coûts
excessifs, notamment en ce qui concerne :
? le volume et les caractéristiques des eaux résiduaires urbaines,
? la prévention des fuites d'eaux résiduaires urbaines, des infiltrations et des afflux mal raccordés dans les systèmes de collecte,
? la limitation de la pollution des eaux réceptrices résultant des déversements dus aux pluies d'orage, compte tenu des exigences pertinentes énoncées à l'article 5 et à
l'annexe V.
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Références Objet Objectif Indicateurs et délais Dérogations Travaux préparatoires
à réaliser
Commentaires et
points d?attention
Article 4.1
Possibilité d?un ANC si
- - Pas d?intérêt pour
l?environnement et la
santé humaine de l?AC
- - Pas réalisable
techniquement
- Coût excessif d?un AC
Permettre, à titre
dérogatoire, le maintien
d?un ANC dans des
agglomération de 1000
EH et plus ou une
partie de ces
agglomérations
- Dérogation pour les
systèmes individuels
mis en place avant
l?entrée en vigueur de la
directive - article 4.4
Dérogation si ANC >
2 % de la charge totale
sous condition
Article 4.5
Le maintien d?un ANC
est une dérogation, qui
doit être justifiée.
La notion de coût
excessif est citée, sans
méthode d?appréciation.
Article 4.2 Niveau de protection
pour la santé et
l?environnement
équivalent entre ANC et
AC
En cas de dérogation,
viser le même niveau de
traitement secondaire et
tertiaire
Engager une étude de
cas pour établir quand
l?ANC présente des
coûts excessifs, et quel
est alors son niveau de
performance. Envisager
un focus sur les OM.
L?ANC vise les objectifs
des traitements
secondaire et tertiaire,
qui augmentent. Risque
de favoriser l?AC.
La performance de
l?ANC n?est pas
mesurée.
Article 4.3 Surveillance de l?ANC Systèmes individuels :
- enregistrés
- inspections régulières
par autorité compétente
ou organisme autorisé
Mener une réflexion sur
la manière de suivre
cette obligation qui
repose sur les
collectivités locales, sur
laquelle l?État devra
rapporter.
L?article fait référence à
un pilotage mené sur la
base d?une analyse de
risques. Le cadre du
contrôle par les CL est
fixé réglementairement.
Article 4.4 Actes d?exécution pour
définir des exigences
minimales pour la mise
en oeuvre des 4.1, 2 et
3
Homogénéiser les
méthodes
? 36 mois après
entrée en vigueur
de la directive
- Dérogation pour les
systèmes individuels
mis en place avant
l?entrée en vigueur de la
directive
Préparer les positions à
porter, compatibles
avec l?organisation
décentralisée et les
outils SI
Être présent dans les
travaux menés à
l?échelle européenne
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Mars 2025 Évaluation de la directive relative au traitement des eaux
résiduaires urbaines 2
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Références Objet Objectif Indicateurs et délais Dérogations Travaux préparatoires
à réaliser
Commentaires et
points d?attention
Article 4.5 Cas où l?ANC est
important à l?échelle
national : dérogation
possible, justifiée
Donner un cadre un à
un ANC > 2% de la
charge des ERU, pour
les agglomérations de
200 EH et plus
Pas d?échéance La France ne semble
pas concernée :
documenter cette
analyse.
Article 4.6 Acte d?exécution
possible
Mise en oeuvre du 4.5
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Mars 2025 Évaluation de la directive relative au traitement des eaux
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Article 5 : gestion des eaux pluviales
Références Objet Objectif Indicateurs et délais Dérogations Travaux préparatoires
à réaliser
Commentaires et
points d?attention
Article 5.1
Établissement d?un
plan intégré de
gestion des eaux
résiduaires urbaines
pour les zones de
collecte des
agglomérations de plus
de 100 000 EH
Se doter de
descriptions détaillées
des réseaux et de plans
d?actions (voir 5.5 et
annexe 5)
31/12/2033 :
Etablissement d?un plan
intégré de gestion des
eaux urbaines
résiduaires pour les
zones de drainage des
agglomérations de plus
de 100 000 EH
Révision tous les 6 ans
(5.7)
Les objectifs fixés en
annexe doivent être
atteints le 31 décembre
2039 (annexe V)
Vérifier que les
collectivités concernées
disposent de plans
conformes à l?annexe 5.
Il existe déjà des
schémas directeurs de
l?assainissement, avec
un volet temps de pluie
au titre de l?arrêté de
2015, qui comportent
des programmes
d?actions, et des
zonages pluviaux.
Le degré
d?approfondissement
est variable.
Deux compétences des
collectivités sont
concernées
(assainissement et
eaux pluviales) qui
renvoient à des budgets
différents.
Article 5.2
Etablissement d?une
liste des
agglomérations dont
l?EH est entre 10 000
et 100 000 EH dans
lesquelles les
surcharges d?eau de
pluie présentent un
risque de pollution
(notamment au regard
du tableau 2 de
l?annexe I) et doter ces
agglomérations du Plan
de gestion intégré
Limiter les surcharges
polluantes des eaux de
pluie dangereuses pour
la santé humaine et
l?environnement
Liste établie 6 mois
après la mise à jour du
plan de district
hydrographique
et au plus tard, le 22
juin 2028
? Au plus tard le 31
décembre 2029, les
agglomérations de la
liste sont dotées d?un
PGI.
Engager sans tarder les
travaux
méthodologiques pour
établir la liste de ces
collectivités, en
particulier pour celles
dotées de réseaux
séparatifs.
Recenser l?ensemble
des prescriptions
établies dans les
différentes directives
identifiées au 5. 2 ;
définir les déversoirs
pris en compte etc ?
Toutes les
agglomérations dotées
d?un réseau unitaire
seront sur cette liste.
Pour les autres la
méthode doit être
établie (par exemple,
en précisant comment
on procède pour les
réseaux séparatifs,
quels déversoirs
d?orage sont pris en
compte (tous ne sont
pas instrumentés).
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Article 5.3 Etablissement d?un
plan intégré de
gestion des eaux
urbaines résiduaires
pour les zones de
collecte des
agglomérations
recensées dans la liste
prévue au 5. 2
(agglomération entre 10
et 100 000 EH) dont les
rejets représentent un
risque pour la santé ou
l?environnement
Se doter de
descriptions détaillées
des réseaux
Limiter la pollution
résultant des
surcharges dues aux
pluies d?orage à 2% de
la charge des eaux
urbaines résiduaires
collectées
annuellement par
temps sec ;
Réduire les
macroplastiques ;
Se doter de plans
d?actions, dotés de
calendriers, identifiant
les responsabilités.
Au plus tard : 31
décembre 2039
Réexamen tous les 6
ans (5.7)
Les objectifs fixés en
annexe doivent être
atteints le 31 décembre
2045 (annexe V)
Voir article 5.1 pour
l?état des lieux, identifier
si des textes sont
nécessaires pour
encadrer des PGI dans
les agglomérations
visées au 5.2.
Article 5.4 Mise à disposition des
plans pour la
Commission
Information de la
Commission
Système de collecte ou
d?accès aux plans à
prévoir, le cas échéant
avec une base
législative et
modification des SI
Important de prévoir un
recueil des PGI pour ne
pas avoir à mettre de
dispositif spécifique en
place pour le
rapportage (vérifier ce
que la Commission
demande à l?échelle
européenne pour ne
pas dupliquer)
Article 5.5 Contenu des plans de
gestion intégrés
(annexe V)
Limiter la pollution
résultant des
surcharges dues aux
pluies d?orage à 2% de
la charge des eaux
Donner le format des
PGI
Mettre en avant les
solutions
d?infrastructures vertes
et bleus
- Participer aux travaux
de la commission sur
les indicateurs de suivi
de l?objectif de
réduction de la charge
- définir les modalités
de mise en oeuvre du
terme « non
La méthode pour
évaluer la prise en
compte du temps de
pluie diffère de celle
mise en place en
France dans le cadre
de l?arrêté de 2015.
Nécessite de :
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Commentaires et
points d?attention
urbaines résiduaires
collectées
annuellement par
temps sec ;
Réduire les
macroplastiques ;
Se doter de plans
d?actions, doté d?un
calendrier, identifiant
les responsabilités
Optimiser les
infrastructures
existantes et limiter le
coût des nouveaux
investissements
contraignant »
- identifier les
collectivités qui
utilisaient déjà
l?indicateur charge
polluante,
- identifier les points et
méthodes de
surveillance pour mettre
en oeuvre la nouvelle
approche,
- développer une
approche modélisée
dans l?attente de
l?équipement des
réseaux
Article
5.6
Acte d?exécution de la
Commission
Uniformiser les
méthodes de
recensement des
mesures prises, de
suivi de l?atteinte des
objectifs, de format de
transmission à la
Commission
36 mois après
l?adoption
Être présent dans les
travaux de préparation
de l?acte d?exécution
Article 5.7 Mise à jour des plans et
mise à jour de la liste
(article 5 .2)
Contenu des plans de gestion intégrée des eaux résiduaires urbaines (Annexe V)
Une analyse de la situation initiale de la zone de collecte de l'agglomération concernée, comprenant au moins les éléments suivants :
a) une description détaillée du réseau de systèmes de collecte, des capacités de stockage et d'acheminement des eaux résiduaires urbaines et des eaux de ruissellement
urbain de ce réseau, ainsi que des capacités existantes de traitement des eaux résiduaires urbaines en période de précipitation;
b) pour les réseaux unitaires, une analyse dynamique des flux des eaux résiduaires urbaines en période de précipitation, fondée sur les données de surveillance ou sur
l'utilisation de modèles hydrologiques, hydrauliques et de qualité de l'eau qui tiennent compte de projections climatiques reflétant l'état de la technique, comprenant une estimation
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des charges polluantes pour les paramètres visés au tableau 1 et, s'il y a lieu, au tableau 2 de l'annexe I ainsi que pour les microplastiques et les polluants concernés
déversés dans les eaux réceptrices en période de précipitation;
c) pour les réseaux séparatifs, une description détaillée des exigences en matière de surveillance à des points pertinents des systèmes séparatifs où les rejets d'eaux
de ruissellement urbain sont susceptibles d'être pollués, tels qu'identifiés au titre de l'article 5, paragraphe 2, point d), afin de déterminer les mesures pertinentes et
réalisables à prendre conformément au point 3 de la présente annexe.
2. Des objectifs de réduction de la pollution liée aux déversements dus aux pluies d'orage, notamment les objectifs suivants :
a) un objectif indicatif non contraignant visant à ce que les déversements dus aux pluies d'orage représentent un faible pourcentage ne pouvant dépasser 2 % de la charge
d'eaux résiduaires urbaines collectée annuellement, calculée par temps sec ; cet objectif indicatif non contraignant doit être atteint au plus tard :
i) le 31 décembre 2039 pour toutes les agglomérations égales ou supérieures à 100 000 EH ;
ii) le 31 décembre 2045 pour les agglomérations égales ou supérieures à 10 000 EH visées à l'article 5 ;
b) la réduction progressive des macroplastiques.
3. Les mesures à prendre pour atteindre les objectifs visés au point 2 dans les délais fixés audit point, assorties d'un calendrier de mise en oeuvre des mesures et opérant
une distinction entre les mesures déjà en place et celles à prendre. En outre, les acteurs concernés et leurs responsabilités dans la mise en oeuvre du plan de gestion
intégrée des eaux résiduaires urbaines devraient être clairement identifiés.
Article 6 : traitement secondaire
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à réaliser
Commentaires et
points d?attention
Article
6. 1
Traitement secondaire
par les STEU des
agglomérations de
2000 EH et plus
Taux de non-conformité
maximal autorisé
(annexe 1, partie B,
tableau 1)
Pour STEU des
agglomérations entre
2000 et 10000 qui
rejettent en zone
côtière, délai
supplémentaire fixé.
Confirme le niveau
d?exigence de la DERU
1 pour le traitement
secondaire
Le renforce pour les
agglomérations entre
2000 et 10000 EH, au
même niveau unique.
Pas d?échéance ;
continuité de la Deru 1
? Délai de 12 ans pour
les petites
agglomérations en zone
côtière
? Objectifs moins
ambitieux dans certains
cas (article 6.4)
Dérogation de délai
pour les agglomérations
côtières entre 2000 et
10000 EH.
État des lieux des Steu
entre 2000 et 10000 EH
en zone côtière
Vérifier l?état des lieux
Toutes les
agglomérations de plus
de 2000 EH hors zones
ciblées sont
concernées, dans la
suite de la Deru 1
Fixe dorénavant un
délai pour la mise en
conformité pour les
zones côtières (qui
avant bénéficiaient
d?une souplesse dans
échéance)
Article 6. 2
Mise en conformité des
agglomérations qui font
des rejets dans les
zones les moins
sensibles visées à
l?article 6 de la DERU1
? Délai de 12 ans Possible, non utilisé
dans la DERU1
Dérogation non
mobilisée et non
mobilisable en France
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points d?attention
Article
6.3
Objectifs de traitement
pour les agglomérations
entre 1000 et 2000 EH
Taux de conformité
exigé
Différentes dérogations,
pour la Croatie, la
Bulgarie et la Roumanie
Etendre le traitement
secondaire aux
agglomérations de
1000 EH et plus, avec
les mêmes objectifs
31 décembre 2035 Dérogation de 8 ans et
de 10 ans selon le
niveau de traitement
actuel de ces
agglomérations : non
mobilisable en France
Faire l?état des lieux
des agglomérations
concernées.
La DEB connaît les
agglomérations EH de
1000 à 2000 EH dotées
d?un système de
collecte : besoin
d?identifier celles qui
n?en auraient pas.
- Corrélé à l?article 3 sur
les systèmes de
collecte
- Pas de dérogation
prévue sur les zones
côtières
Article 6.4 Possibilité de traitement
moins rigoureux dans
certains cas
Donner une marge de
manoeuvre dans des
milieux spécifiques dont
Haute montage (plus de
1500 m) et rejets dans
les eaux marines
profondes
d?agglomération de
moins de 150000 EH,
dans les RUP, peu
peuplées au sens de
l?article 349 du TFUE,
avec une géographie
peu favorable.
2044 (20 ans après
entrée en vigueur de la
directive)
Vérifier l?intérêt,
notamment pour les
OM, le cas échéant
prévoir les justifications
à apporter la
Commission
Vérifier la mobilisation
de cet article pour des
territoires de montagne.
Possible souplesse
pour les OM et les
territoires de montagne
(déjà utilisée dans ce
cas)
Article 6.5 Modalités de calcul de
la charge
Reprend l?article 4.4 de
la DERU1 1 ? revient à
raisonner « à la
pointe ».
Annexe
Les prescriptions à respecter (annexe 1, partie B et tableau 1) sont les mêmes valeurs que dans la Deru 1 concernant DBO et DCO, et matières en suspension (objectif
facultatif) ; ajout d?un objectif en carbone organique total (en alternative à DCO). La portée de cette ouverture est difficile à apprécier. La France met en oeuvre l?approche appuyée
sur la DCO.
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Annexe : DERU2 et pour mémoire DERU1
Note 1: Ce paramètre peut être remplacé par un autre ? carbone organique total (COT) ou demande totale en oxygène (DTO) ? si une relation peut être établie entre la DBO5 et
le paramètre de substitution.
Note 2: Les États membres mesurent soit la demande chimique en oxygène (DCO), soit le carbone organique total.
Note 3: Cette exigence est facultative.
Note 4: Réduction par rapport aux valeurs à l'entrée.
Article 7 : traitement des de l?azote et du phosphore, dit « tertiaire »
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points d?attention
Article 7.1
Traitement tertiaire
dans toutes les STEU >
150 000 EH en charge
reçue, au niveau fixé en
annexe I, partie B et
tableau 2.
- Augmente le nombre
de stations de plus de
150000 EH soumis à la
Deru, en ne limitant
plus les obligations aux
zones sensibles à
l?eutrophisation (pour
les STEU de plus de
10000 EH, pour le
phosphore ou l?azote).
- augmente le niveau
d?exigence puisque les
objectifs de la Deru 2
sont plus élevés que
ceux de la Deru 1, et
concernent le
phosphore et l?azote.
31/12/2033 : 30 % des
STEU
31/12/2036 : 70 % des
STEU
31/12/2039 : 100 % des
STEU
Dérogation prévue à la
note 3 de l?annexe : ne
s?applique pas en
France
L?état des lieux peut
être réalisé sans
difficulté à partir des
bases de données
disponibles.
Pour établir une
stratégie de mise en
oeuvre priorisée,
certains points comme
la disponibilité de
foncier peuvent être
importants.
- Le texte va se traduire
souvent par des
nouveaux équipements,
en particulier pour
l?azote).
L?objectif est fixé par
rapport à un
pourcentage de STEU
en tenant compte de la
charge reçue.
La mise à niveau du
traitement tertiaire peut
être liée à celle du
secondaire, pour
lesquelles certaines
STEU ont un délai
supplémentaire de mise
en oeuvre. La mise en
oeuvre du quaternaire
est liée à un bon
fonctionnement du
tertiaire.
Article 7. 2
Identification et
information sur les
zones sensibles à
l?eutrophisation
Etablir et publier une
liste des zones sujettes
à l'eutrophisation, en
incluant des
informations indiquant
s'il s'agit de zones
sensibles au phosphore
et/ou à l'azote
31/12/2027 : Date
butoir pour
l?établissement de la
liste des zones
sensibles
Mise à jour tous les 6
ans
Dérogation si l?état
membre met en oeuvre
un traitement tertiaire
conforme au
paragraphe 5 sur tout
son territoire
- non pertinente en
France
Fait en France de
longue date, sans
méthode nationale
définie et sans
contestation, et mis à
jour tous les 4 ans.
En cours dans l?état des
lieux des prochains
Sdage, le calendrier de
révision pourrait passer
à 6 ans.
La délimitation est faite
en cohérence avec la
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points d?attention
DCE.
Article 7.3
Traitement tertiaire des
agglomérations >
10 000 EH qui rejettent
dans des zones
sensibles au niveau fixé
par l?annexe I, partie B
et tableau 2.
Augmenter le niveau de
traitement, (et le
nombre
d?agglomération
concernées si les zones
sensibles sont
étendues)
31/12/2033 : 20 % des
agglomérations
31/12/2036 : 40 % des
agglomérations
31/12/2039 : 60 % des
agglomérations
31/12/2045 pour 100 %
des agglomérations.
Dérogation prévue à
l?article 7.4. - non
pertinente en France
Exception possible
prévue à l?article 7.8.
Dans les zones
sensibles, en fonction
de leur caractérisation,
les objectifs peuvent
viser le paramètre
azote, ou phosphore ou
les 2.
L?objectif est fixé par
rapport à un
pourcentage
d?agglomérations ; les
Steu > 10000 eq ht sont
également concernées
(art 7.9)
État des lieux connu ou
facilement disponible
(fait en France dans le
cadre des rapportages
à la Commission).
Article 7.4 Dérogation possible au
7.3 pour l?atteinte de
100% de mise en
oeuvre du traitement
tertiaire en 2045 sous
conditions
Donner un délai
supplémentaire
pour les États dans
lesquels le tertiaire est
peu avancé
Délai supplémentaire
de 8 ans, après 2045
X Non mobilisable en
France
Article 7.5 mode de surveillance,
défini en annexe I,
partie C
Préciser le cadre
général de surveillance
?
La réglementation
nationale, exigeante,
doit permettre de
répondre à cet article
sans changement.
Point à vérifier
éventuellement.
Approche en moyenne
annuelle comme dans
la Deru 1
La commission est
habilitée à prendre un
acte délégué pour
adapter les méthodes
de surveillance (art 7.7)
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Article 7.6 Cas des StEU les plus
récentes ou rénovées
entre Fin 2020 et entrée
en vigueur Deru 2
Donner du temps pour
atteindre les objectifs
sur le paramètre azote
aux Steu récentes ou
récemment rénovée
Au plus tard 5 ans
après les dates fixées
au 7.1 et 7.3
X Préciser les termes de
l?article, en s?appuyant
sur des documents
officiels (ex : ordre de
service)
Cette dérogation ne
concerne que le
paramètre azote.
Article 7.7 Adaptation des
méthodes de
surveillance
Pouvoir tenir compte
des progrès
technologiques et
scientifiques
Pas de date
Article 7.8 Possibilité pour une
STEU de déroger à l?art
7.3 si les eaux
résiduaires de cette
zone sensible
atteignent un % de
réduction de la charge
entrante en azote et en
phosphore
Donner une marge de
manoeuvre
Réduction de la charge
entrante de de 75 % à
l?entrée en vigueur de la
directive,
82, 5 % P et 80% N en
2039
87,5% pour P et 82,5
pour N en 2045
X Mobiliser cette marge
de manoeuvre ex ante
demande une analyse
des services
déconcentrés, à
anticiper.
Les seuils sont relevés,
ce qui peut rendre cette
possibilité moins
mobilisable.
Cette possibilité existait
déjà dans la Deru 1 et
est utilisée dans la
cadre du rapportage
(sans être traduite dans
les actes individuels).
Article 7.9 STEU > = 10000 EH
qui rejettent dans des
zones soumises à
eutrophisation sont
soumises aux art 7.
3 .5 .8
La mise en place du
3aire concerne les
agglo > 10000 eq ht ET
les STEU > 10000 eq ht
Pour mémoire
calendrier du 7.3
31/12/2033 : 20 % des
agglomérations
31/12/2036 : 40 % des
agglomérations
31/12/2039 : 60 % des
agglomérations
31/12/2045 pour 100 %
des agglomérations.
L?article concerne les
STEU dans une
approche nominale (et
non en charge).
Evolution des exigences en matière de traitement tertiaire (Annexe I, partie B et tableau 2) :
La directive de 9/271/CE 1 établit que les traitements permettent, en plus du traitement secondaire, d?éliminer essentiellement l?azote (N) et le phosphore (P). Elle définit également
ce type de traitement en termes de concentration moyenne journalière de N et de P à la sortie de la STEU et de rendement journalier en N et P. Il est notamment requis dans les
zones que la directive définit comme sensibles, soit parce qu?elles sont sujettes à l?eutrophisation (lacs ou retenues ainsi que les cours d?eau qui les alimentent, estuaires, baies
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et autres eaux côtières), soit parce qu?elles sont destinées au captage d?eau potable. Le terme « tertiaire » ne figure pas dans les définitions de la DERU 1. Concernant la DERU,
les prescriptions à respecter en ce qui concerne le tertiaire sont :
2/ les rejets provenant des STEU et des STEU desservant des agglomérations visées à l?article 7 (et 6 et 8) répondent aux prescriptions du tableau 1, c?est-à dire aux objectifs
de traitement secondaire. Ce sont les mêmes valeurs que dans la DERU 1 concernant DBO et DCO, et matières en suspension (objectif facultatif) ; ajout d?un objectif en carbone
organique total (en alternative à DCO). La portée de cette ouverture est difficile à apprécier. La France met en oeuvre l?approche appuyée sur la DCO.
3/ les rejets provenant des STEU paragraphe 7.1 (plus de 150000 EH) OU des STEU desservant les agglomérations visées au 7.3 (agglomération de plus de 10000 EH en zone
sensible) répondent au tableau 2 sauf dérogation prévue au 7.8.
Tableau 2 de la nouvelle directive, et, pour mémoire, de la Directive de 1991
Tableau 2 de la nouvelle directive, et, pour mémoire, de la Directive de 1991
Note 1: Réduction par rapport aux valeurs à l'entrée ou à la charge générée dans une agglomération si le même niveau de protection de l'environnement peut être assuré.
Note 2: Si une fraction des eaux urbaines résiduaires traitées est utilisée pour l'irrigation agricole, les éléments nutritifs présents dans cette fraction des eaux peuvent être inclus
dans le calcul des valeurs à l'entrée et exclus de la charge déversée.
Note 3 : Dans des situations exceptionnelles dues à des circonstances locales particulières, la rétention naturelle d'azote peut être prise en compte dans le calcul du pourcentage
minimal de réduction dans les États membres où la rétention naturelle d'azote a été prise en compte dans le calcul du pourcentage minimal de réduction de l'azote indiqué à
l'annexe I, tableau 2, de la directive 91/271/CEE du Conseil et lorsqu'il est démontré qu'une partie de l'azote provenant des eaux urbaines résiduaires peut être éliminée dans les
eaux réceptrices jusqu'au ... [dernier jour de la vingtième année après l'entrée en vigueur de la présente directive] pour le calcul du pourcentage minimal de réduction de l'azote
visé à l'annexe I, partie B, tableau 2, si toutes les conditions suivantes sont remplies:
1) le temps de rétention hydraulique moyen de l'effluent rejeté est d'au moins 1,5 an avant qu'il n'atteigne la zone sensible à l'azote désignée conformément à l'article 7, paragraphe
2 ;
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2) un programme continu de surveillance et d'évaluation du paramètre azote total est mis en place :
a) aux sorties de toutes les stations d'épuration des eaux urbaines résiduaires et, le cas échéant, dans les eaux de ruissellement urbain des agglomérations dont l'EH est égal ou
supérieur à 10 000, situées dans le bassin versant de la zone désignée comme sensible à l'azote conformément à l'article 7, paragraphe 2 ;
b) aux entrées pertinentes de la zone concernée désignée conformément à l'article 7, paragraphe 2 ; et
c) sur les sites de prélèvement d'échantillons représentatifs des eaux réceptrices et des masses d'eau pertinentes du bassin versant de la zone concernée désignée conformément
à l'article 7, paragraphe 2;
3) le pourcentage minimal de réduction de l'azote indiqué dans le tableau 2 est respecté ; ce pourcentage est calculé sur la base des données collectées dans le cadre du
programme continu de surveillance et d'évaluation visé au point 2) ;
4) il peut être démontré que les rejets d'azote provenant des stations d'épuration des eaux urbaines résiduaires dans le bassin versant ne sont pas néfastes pour l'environnement,
y compris pour la biodiversité, et pour la santé humaine et qu'ils ne modifient pas l'écosystème ;
5) la concentration d'éléments nutritifs dans les zones visées au point c) de la condition 2) est conforme aux conditions fixées à l'annexe V, point 1.2.1, de la directive 2000/60/CE
pour définir le bon état écologique de ces zones ;
6) l'utilisation de la rétention naturelle d'azote est communiquée à la Commission conformément à l'article 22, paragraphe 1, point a), ainsi qu'aux États membres voisins
potentiellement affectés, conjointement avec tous les éléments nécessaires pour vérifier que les conditions énumérées aux points 1), 2), 3), 4) et 5) ci-dessus sont remplies.
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Articles 8, 9 et 10 : traitement des micropolluants
Article 8 : traitement quaternaire
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Références Objet Objectif Indicateurs et délais Dérogations Travaux préparatoires
à réaliser
Commentaires et
points d?attention
Article 8. 1
Mise en place du
traitement quaternaire
progressif dans toutes
les grosses STEU
Traitement quaternaire
dans toutes les STEU >
150 000 EH en charge
reçue au niveau fixé
annexe I, partie B et
tableau 3,
Nombre maximal de
non conformités
maximales (annexe I,
partie C)
31/12/2033 20 % des
STEU
31/12/2039 60%
31/12/2045 100%
État de l?art des
techniques disponibles
Identifier la liste de ces
STEU et les atouts/
faiblesses pour
accueillir un traitement
quaternaire
Les objectifs sont fixés
en pourcentage
minimal d?élimination
par rapport aux valeurs
d?entrée par temps sec
(80%) sur 12
substances organiques
« indicateurs » (8 très
faciles à abattre, 4
faciles à abattre), dont
au moins 6 doivent être
éliminées
Article 8. 2
Identification de zones
sensibles aux
micropolluants
Etablir une liste des
zones dans lesquelles
l?accumulation ou la
concentration de
micropolluants
provenant de STEU
présentent un risque
(santé humaine,
l'environnement), selon
des composantes
listées, avec des
dérogations possibles
31/12/2030
Réexamen en 2033
puis tous les 6 ans
Des zones de la
première liste peuvent
être écartées si
absence de risques
Etablir la méthode puis
la liste des zones
sensibles aux
micropolluants :
1/- bassins versants de
captages eau potable,
selon les termes de la
directive 2020/2184)
sauf si évaluation des
risques faite dans ce
cadre le permet
- eaux de baignade,
selon les termes de la
directive 2006/ sauf si
le rejet dans le milieu
ne présente pas de
risque sanitaire pour les
baigneurs
- activité aquacole,
selon les termes du
règlement 1380/2013
sauf si les autorités
compétentes estiment
Il y a jusqu?à fin 2030
pour établir les zones
sensibles mais c?est la
base de la contribution
à la REP : besoin de
visibilité important sur
la méthode et sur les
résultats.
Question de
l?articulation avec le
calendrier des Sdage
pour la définition des
zones sensibles : à
engager rapidement ?
Evaluation complexe
puisque pour la liste 1/,
il y a des dérogations
possibles,
pour la liste 2/, elle
repose sur une
évaluation des risques,
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Références Objet Objectif Indicateurs et délais Dérogations Travaux préparatoires
à réaliser
Commentaires et
points d?attention
une absence de risque
2/ autres zones, sur la
base d?une évaluation
des risques : lacs,
certaines rivières,
zones où un traitement
supplémentaire est
nécessaire au regard
de 3 directives (DCE,
eaux souterraines,
normes de qualité de
l?eau)
- ZSC et ZPS
- eaux côtières
- eaux de transition
- eaux marines
qui devra être
communiquée à la
Commission.
Pour éviter des
confusions avec les
zones sensibles à
l?eutrophisation, on
pourrait parler des
zones à enjeux pour les
micropolluants.
Article 8.3
Acte d?exécution
possible de la
Commission sur le
format de l?évaluation
des risques
Possibilité pour la
Commission d?encadrer
l?évaluation des risque
Pas de date Définir, en travail
prioritaire, une méthode
d?évaluation des
risques requise pour
l?article 8.2
Acte d?exécution
possible
Article 8.4 Mise en place du
traitement quaternaire
dans les
agglomérations EH >
10000 EH dans les
zones sensibles aux
micropolluants
Acte d?exécution
possible pour adapter
les modalités de
surveillance et
d?évaluation des
résultats
Traitement quaternaire
dans toutes les
agglomérations >
10 000 EH en zone
sensible au niveau fixé
annexe I, partie B et
tableau 3,
Nombre maximal de
non conformités
maximales (annexe I,
partie C)
31/13/2033 10%
31/12/2036 30%
31/12/39 60%
31/12/45 100%
Identifier, sur la base du
travail mené sur les
zones sensibles les
agglomérations puis les
STEU qui seraient
concernées.
Objectifs de
dépollutions présentés
ci-dessus (article 8.1).
Acte délégué possible
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Références Objet Objectif Indicateurs et délais Dérogations Travaux préparatoires
à réaliser
Commentaires et
points d?attention
Article 8.5 Evolution des Steu
concernées par le
quaternaire en zone
sensible du fait de leur
mise à jour
Mise à jour des Steu
soumises à la suite de
la mise à jour des
zones sensible
Délai de 7 ans à
compter de
l?identification en zone
sensible et au plus tard
dans le calendrier du
8.4
Composante à intégrer
dans les travaux menés
sur l?identification des
zones à enjeux pour les
micropolluants
Contrainte dans la mise
aux normes après
évolution des zones
sensibles
supplémentaires par
rapport au même sujet
sur le tertiaire
Article 8.6 Possibilité d?actes
d?exécution de la
Commission sur les
méthodes de
surveillance et
d?échantillonnage
Donner un cadre
européen aux
méthodes
d?échantillonnage
Être en mesure de
donner de la visibilité
sur la méthode mise en
place en France
Article 8.7 Nombre entier des Steu
pour atteindre les
objectifs nationaux
Arrondi vers le bas
Article 8.8 Traitement quaternaire
des eaux destinées à la
réutilisation
Prise en compte d?une
évaluation des risques
en cas de réutilisation
agricole
Amélioration de la
qualité de l?eau
réutilisée
Etude d?impact à
réaliser sur la
réutilisation actuelle et
future : identifier les
situations où un
traitement quaternaire
serait requis « lorsque
c?est approprié »
Pas de date de mise en
oeuvre
Article 9 : responsabilité élargie des producteurs
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Références Objet Objectif Indicateurs et délais Dérogations Travaux préparatoires
à réaliser
Commentaires et
points d?attention
Article 9. 1
Les producteurs de
cosmétiques et
pharmaceutiques sont
soumis à la REP et
couvrent :
- 80% au moins des
coûts du quaternaire
(article 8) en
investissement et en
fonctionnement
- la surveillance
- la collecte et
vérification des
données
100% du
fonctionnement de la
REP
Donne les obligations
en termes de coûts à
couvrir
3ème année après
entrée en vigueur de la
directive (2027)
- Identifier les
producteurs (au sens
metteurs en marché
national, y inclus les
importateurs)
- Evaluer les coûts, et
en premier lieu :
- les STEU de plus de
150000 EH
- les agglomérations et
STEU concernées par
les zones sensibles,
donc la délimitation des
zones sensibles.
L?évaluation des coûts
ne peut être que
progressive puisqu?elle
demande :
- la connaissance des
zones sensibles, elle-
même attendue pour
2030,
- les méthodes de
surveillance et de
construction des
données,
- le coût de
fonctionnement de
l?organisation mise en
place.
Le texte prévoit une
contribution à « au
moins 80% » de
certains coûts, laissant
une marge de
discussion entre
payeurs (entreprises) et
bénéficiaires
(collectivités).
Article 9. 2
Dérogation pour les
producteurs
- qui mettent moins
d?une tonne de
substances par an sur
le marché à l?échelle
européenne
- qui mettent sur le
marché des substances
rapidement
Exonère certaines
producteurs et
certaines substances
X Connaître le calendrier
de la Commission pour
identifier les
producteurs exonérés à
l?échelle européenne
(voir 10.7)
Identifier les
substances non
soumises, en lien avec
la Commission (article
- Les producteurs
exonérés sont identifiés
par la Commission
(échange avec la
Commission voir 10.7).
- Les substances
exonérées sont
identifiées par la
Commission (9.3).
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Références Objet Objectif Indicateurs et délais Dérogations Travaux préparatoires
à réaliser
Commentaires et
points d?attention
biodégradables sans
micropolluants dans les
eaux usées
9.3)
Article 9.3 - Mise en place d?une
organisation répondant
aux exigences de
l?article 10,
Obligations pour les
producteurs :
a. donnent une fois par
an : les quantités de
produits mis en
marché ; la dangerosité
de ces produits ; les
produits exonérés.
b. contribuent
financièrement à
l?organisation
c. les contributions sont
définies sur la base de
la quantité et
dangerosité des
substances contenues
dans les produits
d. les organisations
compétentes sont
régulièrement auditées
e. le public est informé
Définir le cadre de la
REP et les obligations
des producteurs
concernés, et de
l?organisation mise en
place dans cet article et
dans le 10.
Fin 2027 (9.1) - définir les substances
soumises à la REP
(travail préparatoire
avant concertation).
- organiser une
préfiguration et son
calendrier
- Ensemble des
concertations et textes
de mise en place, loi,
réglementaires,
agrément
- Cet article exclut une
responsabilité
organisée
individuellement ;
- Le niveau de
participation des
producteurs à
l?organisation mise en
place est de 100 %.
- Le texte parle selon
les articles d?une ou
des organisations.
- Une attention devra
être portée aux
obligations qui
concernent les
substances (base de
paiement en fonction de
la quantité et
dangerosité) et les
produits contenant les
substances (dont la
mise en marché est le
fait générateur de la
participation à la REP).
- Les substances
soumises à la REP ne
sont pas listées, la
seule liste étant celle
des substances à
abattre dans les STEU.
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Références Objet Objectif Indicateurs et délais Dérogations Travaux préparatoires
à réaliser
Commentaires et
points d?attention
Rédaction de e) à
examiner car semble
repris directement de
textes déchets (ou vise
les déchets découlant
de cette filière REP).
Article 9.4 Les États membres
veillent à ce que
- le rôle des différents
acteurs est clairement
défini
- les objectifs de l?article
8 sont respectés (sans
en exclure d?autres à
l?échelle nationale)
- un système de
déclaration de mise en
marché est mis en
place
- Echanges entre
autorités compétentes
Composantes de
fonctionnement de la
filière REP
Calendrier de mise en
place de la REP
Points de vigilance
dans la rédaction des
textes, et la supervision
de la filière.
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Références Objet Objectif Indicateurs et délais Dérogations Travaux préparatoires
à réaliser
Commentaires et
points d?attention
Article 9.5 Acte d?exécution de la
Commission pour
identifier les substances
contenues dans les
produits exonérées
Etablir un cadre
uniforme de substances
non soumises à
l?échelle européenne
Fin 2026 Organiser une
présence de la France
dans les travaux (quel
service ?)
Acte d?exécution avec
une échéance
Article 10 : exigences minimales applicables aux organisations en matière de filière REP
Références Objet Objectif Indicateurs et délais Dérogations Travaux préparatoires
à réaliser
Commentaires et
points d?attention
Article 10. 1
Toute organisation
compétente en matière
de REP
- a un périmètre
géographique défini
- dispose de moyens
financiers suffisants
- met à disposition du
public des informations
(listées)
Dont des informations
sur les propriétaires et
adhérents de l?éco-
organisme
Une procédure de
reconnaissance des
organisations est mise
en place.
Bien définir le périmètre
et les moyens des
organisations mises en
place
Calendrier de mise en
place de la REP
Identifier un schéma
conforme à la Directive,
articulé avec la
stratégie française, en
tenant compte en
particulier de
l?obligation de donner
des informations sur les
propriétaires et
adhérents de
l?organisation mise en
place
Identifier les modalités
de préfiguration
Positions divergentes
des parties prenantes :
- producteurs opposés
à une REP qui ne
repose que sur deux
secteurs, mais attachés
à un éco-organisme au
moins pour la collecte
des contributions,
- opérateurs plutôt
favorables à des
redevances.
Modèle à inventer car
l?objectif diffère
largement de ce qui se
fait dans les REP
déchets.
Article 10. 2 Mise en place d?un
cadre de surveillance
adéquat
Assurer une bonne
supervision
Mise en place de la
REP
Voir le rapport IGEDD
IGF CGE sur les filières
REP
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Références Objet Objectif Indicateurs et délais Dérogations Travaux préparatoires
à réaliser
Commentaires et
points d?attention
Article 10.3 Supervision s?il y a
plusieurs organisations
Assurer une bonne
supervision
Mise en place de la
REP
Voir le rapport IGEDD
IGF CGE sur les filières
REP
Article 10.4 Contribution des
producteurs établis
hors France
S?assurer que tous les
metteurs en marché en
France contribuent
Mise en place de la
REP
Rex à faire des filières
déchets
Article 10.5 Organisation de
dialogues par l?État
pour une mise en
oeuvre optimale
(prévention à la source,
technologies de
traitement)
Travailler à l?efficacité
du système
Au fil de l?eau Calendrier de
mobilisation de cet outil
à préciser (postérieur à
2027 ?)
Définir le cercle de
concertation pour la
mise en place de la
REP
Mention de
l?association des parties
prenantes
Discussions qui ne
peuvent se faire
uniquement au sein des
organisations - Voir le
rapport IGEDD IGF
CGE sur les filières
REP en place
Article 10.6 La commission
organise du partage
d?information et mise en
oeuvre de bonnes
pratiques (art 9 et 10)
Entrée en vigueur de la
directive au plus tard
S?organiser pour y
participer
Article 10.7 La Commission informe
régulièrement des
dérogations
demandées par les
producteurs, transmise
aux États qui en font la
demande
Au fil de l?eau A prévoir pour la mise
en oeuvre de l?article
9.2
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Article 11 : neutralité énergétique
Références Objet - Objectif Indicateurs et délais Dérogations Travaux préparatoires
à réaliser
Commentaires et
points d?attention
Article 11.1 Audits énergétiques - Quantifier
- Identifier un
potentiel de
mesures rentables
31.12.2028
> 100 000 EH
31.12.2032
[10 000 ; 100 000] EH
Puis tous les 4 ans
Article 11.2 Production EnR Production doit couvrir
la consommation des
STEU à l?échelle
nationale
31/12/2030 : 20 %
31/12/2035 : 40 %
31/12/2040 : 70 %
31/12/2045 : 100 %
Dérogation aux
échéances 2040 et
2045 si non
atteignables
techniquement avec
toutes les mesures
d?efficacité énergétique
et de production d?EnR
Possibilité d?achat
d?énergie non fossile
(yc nucléaire) jusqu?à
35 % (en 2045) /
jusqu?à 5 % (en 2040)
de la consommation
moyennant
démonstration
Acte d?exécution
possible
Importance d?un lexique
précis pour la
transposition
Échéance 2030 et 2035
probablement
accessibles grâce aux
investissements en
cours dans des unités
de méthanisation
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Annexe 8. Procédés permettant de traiter les micropolluants issus
des produits pharmaceutiques et cosmétiques
L?ozonation consiste en la réaction de l?ozone (O3) avec les substances présentes dans l?effluent.
L?adsorption sur charbon actif (AC) consiste en la mise en contact de l?effluent traité avec du char-
bon actif, reconnu pour sa capacité d?adsorption des micropolluants en raison de sa haute porosité,
de sa grande surface spécifique et de son haut degré d'interactions de surface. Les substances
sont capturées jusqu?à ce que les sites d?adsorption disponibles soient saturés, le charbon actif
devant alors être renouvelé. Le charbon actif est commercialisé sous forme granulaire (GAC) et
sous forme de poudre (PAC), et largement importé.
Les trois procédés permettent un bon abattement des micropolluants visés par la DERU2, et peu-
vent être mis en oeuvre à l?échelle de STEU. Ils présentent chacun des avantages et des limites
(tableau 1).
Tableau 1 : Avantages et limites de différentes techniques de traitement des micropolluants88
Avantages Inconvénients
Ozonation ? Désinfection partielle
? Demande énergétique inférieure par
rapport aux systèmes membranaires
? Faible temps de traitement (5 à 10
mn), demande peu de foncier.
? Augmentation de la consommation
énergétique
? Formation de sous-produits et
d'autres produits de transformation
d'oxydation inconnus, qui peuvent
être toxiques et demandent un traite-
ment spécifique ; cette technique
n?est pas recommandée en pré-
sence de bromure dans les effluents
? Traitement biologique ultérieur re-
commandé pour éliminer les sous-
produits éventuels (cf Suisse)
Charbon actif poudre
(AC)
? Peut être mis en oeuvre dans le ré-
acteur biologique (mais les boues ne
sont plus épandables)
? Le charbon actif séparé de l?effluent
par décantation ou filtration peut être
: régénéré dans une installation spé-
cifique à 1200°.
? Élimination supplémentaire du car-
bone organique dissous
? Pas de formation de sous-produits
? Désinfection partielle possible par
combinaison avec filtration membra-
naire ? ce qui demande de la place
? Augmente les temps de séjour de 30
mn
? Le PAC doit être éliminé :
- Un post-traitement est nécessaire
pour éviter le rejet de PAC
- La production de PAC nécessite
une grande quantité d'énergie, et les
approvisionnements posent des
questions de dépendance et de dis-
tance
- La capacité d'adsorption peut fluc-
tuer avec chaque lot
- Impacte la qualité des boues et em-
pêche leur utilisation agricole
- Le charbon actif provient de ma-
tières fossiles
Charbon actif granu-
laire (GAC)
? Pas de formation de sous-produits
? Un système de filtration sur sable
existant peut être relativement facile-
ment remplacé par du GAC
? Le GAC peut être régénéré dans
une installation spécifique à 1200°.
? Demande un réacteur séparé
? La production de GAC nécessite une
grande quantité d'énergie
? Le charbon actif provient de ma-
tières fossiles
? La capacité d'adsorption peut fluc-
tuer avec chaque lot, risques de re-
largage.
88 Source : rapport de Paula ? OCDE - retravaillé
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Annexe 9. Étapes de mise en oeuvre d?une filière REP
Contexte
La responsabilité élargie des producteurs découle du principe « pollueur ? payeur » et vise, dans
les secteurs des déchets, où elle a historiquement été utilisée en France depuis la mise en place
d?Eco-emballage en 1992, à ce que les fabricants ou importateurs supportent les coûts de gestion
des déchets issus de leurs produits en fin de vie, les incitant ainsi à réduire ces coûts en favorisant
notamment l?éco-conception. Certaines de ces filières sont encadrées par des textes européens,
d?autres sont issues du seul droit national mais doivent respecter les dispositions transversales de
la directive cadre européenne sur les déchets. La loi anti-gaspillage de 2020 a doublé le nombre
de filières à responsabilité élargie du producteur (REP) en France et fixé de nouvelles obligations
(prise en charge des dépôts sauvages, modulations des contributions, mise en place de fonds de
financement de la réparation et du réemploi ?). Par ailleurs, pour assurer le suivi de ces nouvelles
filières et ambitions, le cadre de régulation a été renforcé. Les filières « déchets » représentent à
ce jour environ 2 milliards d?euros de contributions et ce montant est appelé à tripler d?ici quelques
années.
La DERU2 introduit le principe « pollueur-payeur » dans le domaine de l?assainissement en
s?inspirant des dispositifs mis en place dans le secteur des déchets, pour couvrir le coût de
traitement quaternaire issu de la consommation diffuse de médicaments et de cosmétiques. Les
secteurs soumis à ce principe, pharmaceutique et cosmétique, connaissent bien le dispositif étant
concernés par les filières « emballages », « médicaments non utilisés » et « déchets d?activités de
soin à risque infectieux ».
Gouvernance des filières REP
Les producteurs soumis à REP s'acquittent de leur obligation en mettant en place collectivement
des éco-organismes, dont ils assurent la gouvernance et auxquels ils transfèrent leur obligation, et
versent en contrepartie une contribution financière permettant de pourvoir ou financer la prévention
et la gestion des déchets. Le cas échéant, dans le cas d?un producteur dont les produits comportent
un marquage permettant d'en identifier l'origine et qui a mis en place des circuits de récupération
des déchets qui en sont issus, il est possible de mettre en place un système individuel plutôt que
d?adhérer à un éco-organisme. Cette dernière option est exclue dans la DERU2.
Les éco-organismes et les systèmes individuels sont agréés par l?État s'ils établissent qu'ils
disposent des capacités techniques, de la gouvernance et des moyens financiers et
organisationnels pour répondre aux exigences d'un cahier des charges fixé par arrêté du ministre
chargé de l'environnement (chaque filière REP dispose de son arrêté, le cas échéant décliné par
catégories de produits). Les éco-organismes sont des structures de droit privé qui sont chargés
d'une mission d'intérêt général et ne doivent pas poursuivre de but lucratif pour leur activité agréée.
La loi anti-gaspillage a imposé un cadre de concertation révisé avec, d?une part des comités des
parties prenantes (un comité par éco-organisme et par filière) qui sont consultés sur les décisions
les plus structurantes prises par les éco-organismes, et d?autre part, une commission inter-filières
(CiFREP), placée auprès du Ministre de l?environnement, qui est saisie pour avis sur les arrêtés
portant cahiers des charges et les demandes d?agrément. L?avis de ces instances est consultatif :
ni l?éco-organisme (pour les CPP) ni le Ministre (pour la CiFREP) ne sont obligés de s?y conformer.
Ces avis sont rendus publics89.
Régulation des filières REP
La direction générale de a prévention des risques (DGPR), par délégation du ministre de
89 Le rapport « Performances et gouvernance des filières à responsabilité élargie du producteur » de l?IGF, l?IGEDD
et le CGE, de juin 2024 met en question cette organisation compte tenu du nombre de filières REP dans le secteur
des déchets.
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l?environnement, assure pour la vingtaine de filières REP existantes ou en cours de mise en place
dans le secteur des déchets la rédaction des textes réglementaires (décrets, arrêtés) et leurs
révisions successives, instruit, en lien avec la direction générale des entreprises (DGE), les
demandes d?agrément, assure le suivi du respect des obligations imposées par les textes
réglementaires et peut engager des sanctions à l?encontre des éco-organismes et les systèmes
individuels pouvant aller d?une amende administrative à un retrait d?agrément en passant par des
astreintes journalières ou des consignations. La DGPR dispose également du pouvoir de police
administrative à l?encontre des producteurs non contributeurs aux filières.
Un censeur d'État (membre du contrôle général économique et financier) est chargé de veiller à
ce que les éco-organismes disposent des capacités financières suffisantes et à ce que le principe
de non lucrativité pour les activités agréées soit bien respecté. La loi anti gaspillage a également
créé une direction de suivi et d?observation des filières REP à l?ADEME chargée de réaliser les
études de préfiguration des nouvelles filières et le suivi des filières existantes (à la fois par la
réalisation de bilans et d?analyses du réalisé et d?études prospectives et en gérant la base de
données déclarative dans laquelle les éco-organismes et systèmes individuels doivent
annuellement déclarer, ainsi qu?en assistant la DGPR dans ses missions de suivi et contrôle des
éco-organismes et les systèmes individuels).
Par parallélisme des formes, ce pilotage et ces tâches, dans le cas d?une REP micropolluants,
devraient incomber à la direction de l?eau et de la biodiversité en lien avec la DGE, et avec le
soutien de l?ADEME.
Mise en place d?une filière REP, grandes étapes,
Au regard du retour d?expérience de la politique de gestion des déchets basée sur la directive cadre
déchets 90, les principales étapes sont les suivantes :
-La phase de préfiguration d?une nouvelle filière REP se base sur une étude spécifique dite « de
préfiguration ». Elle est, pour les REP mises en place dans le secteur des déchets, réalisée par
l?ADEME (généralement en s?appuyant sur les bureaux d?administration centrale concernés), sous
l?égide d?un comité de pilotage (une dizaine de réunions environ). Les parties prenantes sont
associées au sein d?un comité de suivi (une demi dizaine de réunions environ). De nombreuses
réunions plus informelles entre l?ADEME, les bureaux d'études, l?administration d?une part, entre
l?administration avec les parties prenantes d?autre part sont également utiles au bon avancement
de la préfiguration.
La préfiguration vise à préciser et clarifier les mises en marché des produits qui entrent dans la
REP et les possibilités de prévention ; identifier les gisements et les modes de traitement actuels
et les potentiels d?évolution (en adéquation avec les textes transversaux aux REP et les éventuels
textes européens encadrant certaines filières) ; préciser les orientations d?organisation de l?amont
et l?aval de la filière, les objectifs à atteindre, les coûts et les projections, avec si possible une
démarche de parangonnage91.
- La phase d?élaboration des textes réglementaires d?une filière, pour les filières nouvelles,
demande : la préparation par l?administration d?une note d?orientations, puis des textes afférents :
loi (DDADUE si texte européen), décret et arrêté portant cahier des charges, ainsi que, le cas
échéant, autres textes (arrêté « périmètre », arrêtés « traitement », avis ?) ; des réunions de
concertation ainsi que des réunions bilatérales avec certains acteurs, qui peuvent parfois se tenir
au niveau du Ministre ; des consultations formelles (saisine du CNEN, de la commission des filières
REP, consultation du public, et le cas échéant de commissions spécifiques). Chacune de ces
phases s?accompagne de la rédaction des documents liés (études d?impact, notes de présentations,
90 Directive 2008/98/CE du 19 novembre 2008 modifiée relative aux déchets et abrogeant certaines directives
(articles 8 et 8 bis) https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/HTML/?uri=CELEX:02008L0098-
20180705&from=en
91 À titre d?exemple, l?étude de préfiguration relative à la filière des emballages industriels et commerciaux est un
document d?environ 200 pages https://librairie.ademe.fr/ged/8523/Prefiguration-Filiere-REP-Emballages-
Industriels-Commerciaux-Synthese-2024.pdf
PUBLIÉ
https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/HTML/?uri=CELEX:02008L0098-20180705&from=en
https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/HTML/?uri=CELEX:02008L0098-20180705&from=en
Mars 2025 Évaluation de la directive relative au traitement des eaux
résiduaires urbaines 2
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etc.) et de validations à l?échelle ministérielle et interministérielle. Globalement cette phase
d?élaboration, hors cadre législatif, peut durer de 6 à 18 mois (en fonction de la complexité et des
enjeux de la filière, notamment financiers, ainsi que des éventuelles divergences
interministérielles), si les moyens requis sont mobilisés.
- La phase d?instruction des dossiers de demandes d?agrément (DDA) est liée à la date de parution
du cahier des charges par rapport à la date de mise en place prévue de la filière. Elle est
théoriquement comprise (selon les textes) entre 3 et 6 mois (en fonction des filières) mais va en
pratique de 1 mois à près d?une année (pour certains cas particuliers) avec une moyenne proche
de 2 mois (généralement sous la pression collective d?agréer des structures pour mettre en oeuvre
la REP).
- Le suivi de la mise en oeuvre des agréments est lié à différents paramètres, comme la maturité
de la filière, sa complexité (corrélée notamment aux volumes financiers, au nombre, à la diversité,
au pouvoir d?influence des acteurs concernés?) et l?actualité économique et politique. En pratique,
elle consiste notamment en un suivi pour chaque filière et pour chaque éco-organisme de l?atteinte
des objectifs prévus aux cahiers des charges, des obligations communes à toutes les filières REP
(prise en charge des outre-mer, projets de modulations des contributions financières, dossiers de
non-contributeurs, programme d?auto-contrôles, études de gisement, etc.), de la résolution de
problématiques spécifiques remontées par les censeurs?
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Mars 2025 Évaluation de la directive relative au traitement des eaux
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Annexe 10. Déclaration protocolaire de la France
Proposition de DIRECTIVE DU PARLEMENT EUROPÉEN ET DU CONSEIL relative au traitement
des eaux urbaines résiduaires (refonte)
La France soutient la directive révisée sur les eaux résiduaires urbaines (UWWTD) et considère
celle-ci comme un texte ambitieux, tenant compte des effets du changement climatique, permettant
de renforcer la protection de la santé humaine et de l?environnement notamment contre les sources
de contamination émergentes. La France soutient l?application du principe pollueur-payeur et le
mécanisme de responsabilité élargie du producteur afin de financer la mise en place de systèmes
de traitement quaternaire pour réduire la présence et les rejets de micropolluants dans les milieux
aquatiques. C?est pourquoi la France confirme sa mobilisation pour atteindre les objectifs de la
directive révisée.
Néanmoins, si la directive révisée permettra de créer des incitations afin que nos industriels
investissent dans le développement de produits plus respectueux de l?environnement notamment
en ce qui concerne les micropolluants, la France sera attentive dans sa mise en oeuvre à
l?importance d?éviter les effets de bord négatifs pour les industries pharmaceutique et cosmétique
afin de ne pas perdre de vue l'objectif primordial du renforcement de l'autonomie stratégique et de
la compétitivité mondiale de l'UE. Il est nécessaire que nos industries puissent maintenir leurs
investissements et innovations (en particulier dans la production de produits plus responsables)
dans nos territoires. S?agissant des médicaments, la mise en oeuvre de la directive ne doit pas
créer de risques d?accroissement de pénuries en favorisant les délocalisations, dans un contexte
de prix régulés.
Enfin, la France invite la Commission à une préparation finement calibrée du futur acte délégué,
concernant la définition de la liste des substances qui déterminera le champ des contributeurs à la
REP et appelle à ce titre la Commission à ne pas faire peser une charge excessive sur certaines
entreprises. La France recommande également de veiller à une mise en oeuvre harmonisée entre
les différents États membres afin de préserver le bon fonctionnement du marché intérieur.
Pour ces raisons, la France veillera à ce que toutes les informations nécessaires soient mises à
disposition de la Commission et préconise la réalisation d?une étude d?impact complémentaire
ciblée en vue de la préparation de l?acte délégué.
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Mars 2025 Évaluation de la directive relative au traitement des eaux
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Annexe 11. Description des scénarios pour l?évaluation des
coûts
Annexe 11.1. Traitement quaternaire
Estimation à partir des travaux de l?agence environnementale allemande :
Elle utilise deux fonctions de coûts : Coût = 1 000 x EH-0.40 et C = 1 000 x EH-0.45+3
Par souci de cohérence, la fonction Coût = 1 000 x EH-0.40, qui est l?hypothèse la plus haute, est
retenue dans les deux approches de la mission (ambitieuse et restrictive). Cela permet que la différence
entre ces deux approches reste, comme pour les autres simulations présentées ci-dessous, l?hypothèse
prise pour les STEU entre 10 000 et 150 000 implantées dans des zones sensibles aux micropolluants :
? 30 % des STEU de + de 10 000 EH et toutes les stations de plus de 150 000 EH dans
l'approche ambitieuse,
? toutes les stations de + de 150 000 EH et 10 % des STEU de plus de 10 000 EH d'autre part
dans l?approche restrictive.
Estimation à partir d?ordre de grandeur de coûts unitaires indiqués à la mission à dire d?expert (cas
d?une métropole et échanges) :
Le traitement quaternaire peut être approché selon les hypothèses de coûts suivantes :
? 600 000 ¤ HT pour une STEP de 10 000 EH,
? 2 000 000 ¤ HT pour une STEP de 50 000 EH,
? 3 500 000 ¤ HT pour une STEP de 100 000 EH,
? coût d?exploitation de l?ordre de 1 000 ¤ HT pour 1 000 EH par an.
Ces coûts unitaires servent de base pour évaluer les coûts annuels du traitement quaternaire. Cependant,
l?estimation des coûts de fonctionnement a été ajustée à la hausse, des professionnels du métier les
estimant largement sous-estimés. Un facteur multiplicatif leur est appliqué.
Estimation de l?étude d?impact de commission :
La mission a repris les données fournies par la commission dans son étude d?impact, tableau A7.8:
« Detailed costs of the preferred option per Member State (¤ per year by 2040) ». Il est indiqué que le
coût annuel pour la France est de 130 822 544 ¤.
Annexe 11.2. Traitement tertiaire
Estimation à partir de l?enquête menée et d?ordre de grandeur de coûts unitaires indiqués à la mission
par une métropole :
Les réponses aux questionnaires, éclairées par plusieurs entretiens conduisent à approcher l?ordre de
grandeur des STEU de plus de 150 000 EH concernées ainsi que les plus de 10 000 EH en zone sensible
par bassin comme suit :
STEU>150 000 10000<STEU>150000
Nb de 150 000 EH qui ne
respectent pas la DERU 2
sur N et/ou P
Nb de 10 à 150 000 EH
qui ne respectent pas
la DERU 2 sur N et/ouP
ADOUR-GARONNE 8 113 6 113
ARTOIS-PICARDIE 7 97 4 47
LOIRE-BRETAGNE 15 212 12 170
RHIN-MEUSE 6 93 6 61
RHONE-MEDITERRANEE 19 292 19 292
SEINE-NORMANDIE 20 190 17 81
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Mars 2025 Évaluation de la directive relative au traitement des eaux
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Les coûts par tranches, à dire d?expert, sont évalués sur la base des hypothèses moyennes suivantes :
Pour les dépenses de fonctionnement :
- OPEX/an/hab pour les STEU de + de 150 000 EH : 9, 44 ¤,
- OPEX/an/hab pour les STEU entre 10 et 150 000 EH : 14,13 ¤.
Pour les dépenses d?investissement :
- CAPEX/STEU/an pour les STEU de plus de 150 000 EH : 10 633 265 ¤,
- CAPEX/STEU/an pour les STEU entre 10 et 150 000 EH : 5 884 354 ¤.
Compte tenu de ces éléments de coûts et des hypothèses sur les zones sensibles, la mission évalue
pour un ordre de grandeur de 5,4 Mds¤ pour la mise en oeuvre du traitement tertiaire en France.
Estimation de l?étude d?impact de la Commission européenne :
La mission a repris les données fournies par la Commission européenne dans son étude d?impact,
tableau A7.8: « Detailed costs of the preferred option per Member State (¤ per year by 2040). » Ce
tableau évalue le coût total pour la France de la mise en oeuvre du traitement de l'azote et du phosphore
à 241 M¤ par an (199 M¤ pour l'azote et 41 M¤ pour le phosphore).
Annexe 11.3. Neutralité énergétique
Méthaniseurs : partant du seuil de rentabilité estimé par les professionnels à 50 000 EH, nous
considérons que seules les stations au-delà de ce seuil s?équipent. Deux tranches de coûts sont intégrées
au scénario. Le coût d?un méthaniseur pour les plus de 150 000 EH est estimé à 20 M¤ tandis que le
coût unitaire d?un méthaniseur pour une station de 50 000 EH est estimé à 5 M¤.
Dans les deux hypothèses, nous estimons que le coût total est supporté par l?emprunt (aucun
autofinancement). 40 nouvelles stations de plus de 150 000 EH sont équipées d?ici 2045 et 270 de plus
de 50 000 EH.
Au total, d?ici 2045, 310 nouvelles stations sont équipées pour un coût total de 3,2 Mds¤.
Mise en place des audits énergétiques : l'objectif de la directive est que les STEU de plus de 100 000 EH
disposent d'un audit en 2028 et que les STEP de plus de 10 000 EH en disposent d'ici 2032. La directive
pose le principe que ces audits sont effectués tous les 4 ans. Partant de ce cycle, nous concluons que,
pour les plus de 100 000 EH, ce sont 43 audits qui doivent être réalisés/an pour les plus de 100 000 EH
et 124 pour les plus de 10 000 EH. Nous nous basons sur un prix unitaire de 4 000 ¤ indiqué par l'étude
d'impact de la commission d?une part et sur une approche empirique à partir d?exemple de terrain remonté
par les professionnels du secteur qui font valoir un coût unitaire de 200 000 ¤ pour les plus de 100 000
EH et 20 000 ¤ pour les plus de 10 000 EH.
S'agissant d'une prestation de service, l'impact budgétaire se situe en fonctionnement. Le coût global
des audits énergétiques est estimé à un peu moins de 15 M¤.
Économies d?énergie : nous considérons également les économies en fonctionnement générées par
l'objectif de neutralité énergétique. Nous nous basons pour cela sur les données suivantes : une
consommation moyenne de 50 Kw/h en se basant sur l'enquête d'Amorce pour l?approche restrictive et
une consommation moyenne de 50 Kwh/EH pour les moins de 150 000 EH et de 120 Kwh/EH pour les
plus de 150 000 EH. Nous y affectons un coût annuel de 0,174 ¤ du KWH. Nous considérons une
économie de 2%/an sur les dépenses d?énergie qui sont valorisées à 2% par an.
Annexe 11.4. - Temps de pluie - établissement des plans de gestion
intégrée
Estimation de l?étude d?impact de la commission :
Dans son document « Working document impact assessment (2022) », elle indique : "Le coût moyen de
la mise en place d'un plan de gestion intégrée des eaux urbaines a été estimé à 0,09 ¤/an/p.e."
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Mars 2025 Évaluation de la directive relative au traitement des eaux
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Le calendrier fixé par la directive pour le respect de l?obligation d?être doté d?un PGI est : 2033 pour les
agglomérations de plus de 100 000 EH et 2039 pour les agglomérations entre 10 000 EH et 100 000 EH
concernées. En effet, l?article 5 de la directive indique que les stations de plus de 10 000 EH ne respectant
pas le 2% en charge doivent être recensées dans une liste et que toutes les agglomérations de la liste
doivent faire l?objet d?un PGI.
On raisonne ici, par approximation par STEU :
dans une approche ambitieuse, la totalité des stations de plus de 10 000 dans une auxquelles est
appliqué un coût moyen par tranche pour un PGI allant de 4 800 ¤ à 25 875 ¤/an en nous basant sur
l?évaluation du coût moyen de la commission ;
dans une approche restrictive, seulement 36 % des stations devront réaliser des PGI ab initio. Cet
ordre de grandeur résulte du retour de l?enquête, qui indique que 64 % des SDA comportent déjà un
zonage eau pluviale et une gestion intégrée. La limite de cette approche est qu?il n?est pas possible
de chiffrer le coût marginal du passage d?un SDA à un PGI.
À noter : les coûts annuels s?appliquent sur l?ensemble de la période car les PGI sont établis pour un
cycle de 10 ans.
Analyse transmise à la mission par l?agence de l?eau Loire-Bretagne (confirmée par d?autres
échanges tenus avec différents interlocuteurs de la mission au cours de ses entretiens) :
L?élaboration des SDA coûte environ 1 million d?euros HT pour les SA de plus de 100 000 EH, tous les
10 ans. Le même raisonnement que précédemment est appliqué avec un coût unitaire différent.
Le coût d?établissement des PGI est ainsi estimé dans une fourchette de 16 à 60 M¤.
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Annexe 12. Le Syndicat interdépartemental pour
l?assainissement de l?agglomération parisienne
(SIAAP)
Le Syndicat interdépartemental pour l?assainissement de l?agglomération parisienne (SIAAP) est
chargé du transport et du traitement des eaux usées produites par l?agglomération parisienne. Il traite 2,5
millions de m³ d?eaux usées par jour pour 9 millions d'usagers franciliens, sur un territoire de 1 800 km²
qui couvre quatre départements et 180 communes réparties sur quatre autres départements. En termes
de moyens, ce sont 1 800 agents, 6 usines d?épuration, 400 km de réseaux. Le conseil d?administration
du SIAAP rassemble les élus de Paris et des départements de petite couronne. Le tarif de
l?assainissement en grande couronne est moitié moins élevé qu?en petite couronne.
La collecte des eaux usées repose, elle, sur une quarantaine de maîtres d?ouvrages. Le SIAAP est
responsable de la conformité de la zone agglomérée parisienne (ZAP) en tant que coordonnateur de ces
maîtres d?ouvrage92.
Le bassin versant pris en charge est caractérisé par une forte urbanisation, des densités de population
et d?activités économiques élevées et une imperméabilisation des sols. La Seine, dans laquelle se font
une grande partie des rejets, connaît un débit faible : à l?étiage entre juin et septembre, il est de 70 m3/s.
Sans le soutien des grands lacs de Seine, il serait de 40 m3/s, pour des flux traités de 20 à 30 m3/s.
Du point de vue environnemental, la plaquette institutionnelle du SIAAP souligne que « depuis la création
du SIAAP en 1970, le nombre d?espèces de poissons présentes dans la Marne et dans la Seine a été
multiplié par dix. Parmi les 34 espèces actuelles, certaines sont considérées comme fragiles, sensibles
aux effets diffus de la pollution de l?eau. » L?exploitation des usines du SIAAP représente une
consommation énergétique de 1 TWh/an, en augmentation tendancielle avec les niveaux de dépollution
attendus, couverte à environ 50% par les trois usines de méthanisation.
92 L?arrêté du 31 juillet 2020 modifiant l?arrêté du 21 juillet 2015 a renforcé le rôle de coordonnateur du SIAAP pour garantir
une démarche cohérente à l?échelle du système d?assainissement et de la zone agglomérée parisienne. Le SIAAP doit
réaliser une « analyse de risque de défaillance des ouvrages de collecte et de traitement », élaborer un « diagnostic
périodique décennal » (ou schéma directeur d?assainissement - SDA), et coordonner la mise en oeuvre d?un
« diagnostic permanent du système d?assainissement », à l?échelle de la zone agglomérée parisienne. Plusieurs
instances ont été mises en place pour répondre aux attentes des élus locaux concernés par les usines du SIAAP, en
termes d'information et de concertation : la conférence de l?assainissement réunissant les élus des territoires concernés,
la conférence technique des maîtres d?ouvrage de l?assainissement, les commissions de suivi de site (CSS,
réglementaire) ou Comités de Concertation de Site (CCS).
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Mars 2025 Évaluation de la directive relative au traitement des eaux résiduaires urbaines 2 Page 136/137
Enfin et surtout, en ordres de grandeur, la France représente 100 M d?EH, le bassin Seine
Normandie 20 et le SIAAP 10 : sa stratégie de mise en oeuvre de la DERU2 représente donc un
point majeur de la structuration du bassin Seine Normandie, et de la France plus largement.
1/ Des enjeux majeurs sur chaque composante de l?assainissement
Le réseau de collecte initial, qui ne relève pas du SIAAP, présente des marges d?amélioration
(correction de mauvais branchements, de sous-dimensionnement, création de bassins d?orages,
maintenance renforcée et plus réactive, etc.), progressivement mises en oeuvre, avec des
dynamiques variables. C?est un enjeu fort pour la performance des usines. On estime qu?environ
10 % de l?eau traitée vient du pluvial, via les réseaux unitaires, traitement pour lequel le SIAAP est
rémunéré, mais qui peut présenter des enjeux de non-conformité. Par ailleurs, une partie de l?eau
traitée provient du ruissellement qui arrive dans les installations. Le réseau de grande dimension
du SIAAP présente également des enjeux de robustesse et de performance. Le collecteur
dit « VL8 », créé pour les JOP, représente un investissement de 339 millions d?euros.
L?usine d?épuration de Seine-Aval (SAV), située à Achères, traite environ 1,4 millions de m³/j ; elle
comporte une usine de traitement des eaux et une de traitement des boues. C?est la deuxième
station au monde par sa taille. La technique actuellement utilisée a été mise en place en 2016-
2017 en remplaçant progressivement les 9 bassins de boues activées utilisées jusqu?alors. Compte
tenu d?installations permettant de fournir énergie et air comprimé, d?assurer le stockage du biogaz
produit, le traitement des déchets issus du traitement des eaux ainsi que l?utilisation de produits,
c?est un site Seveso seuil haut. Il a subi plusieurs incendies, dont un important en 2019, ce alors
que des opérations de maintenance ou des dysfonctionnements sur des usines situées en amont
augmentent les volumes d?eau résiduaire à traiter sur Seine aval. Ainsi, les investissements
nécessaires sur le site de Valenton ou l?incendie d?un poste électrique à Seine-Centre en 2022 y
ont réduit les débits traités. Au bout du compte, si les efforts engagés ont conduit à une réduction
des rejets urbains par temps de pluie, les rendements pour l?azote de certaines stations du SIAAP
ont contribué depuis les années 2010 à une diminution du pourcentage de réduction des pollutions
que des collectivités de moindre importance de la zone ne peuvent compenser.
La refonte globale du site de Seine-Aval, dans le cadre de la DERU1 et suites à ces différents
événements, a conduit à un nouvel arrêté d?autorisation en date du 20 juillet 2023, et un chantier,
en cours, pour une mise en service à l?horizon 2026. Compte tenu des non-conformités constatées
par la police de l?eau, le SIAAP a mis en place un plan d?actions en 2023, encadré par un arrêté
de mise en demeure du 28 février 2024. Le SIAAP a également engagé une étude pour un
« programme de renforcement de la robustesse du schéma directeur d?assainissement du SIAAP »,
qui traite des volumes et des charges, visant à fiabiliser les performances de son système
d?assainissement 93 . Il a également lancé un travail de révision de son schéma directeur
d?assainissement, pour faire évoluer sa stratégie notamment au regard du changement climatique.
2/ La place du SIAAP et de la ZAP dans la mise en oeuvre de la DERU2
La DERU2, dans un contexte de forte mobilisation, organisée récemment par la révision ou
l?adoption de plusieurs plans et stratégies, représente des enjeux forts pour le SIAAP. Le SIAAP
dispose d?atouts : une certaine disponiblité foncière pour la mise en oeuvre du traitement
quaternaire nouveau, ou encore une stratégie en matière d?energie qui permet d?envisager de
tendre vers la neutralité, sans l?atteindre en 2045. Les tensions se concentrent sur la question du
calendrier de mise en oeuvre : les progrès sur le temps de pluie demanderont un implication de
nombreuses collectivités, sur des actions lentes comme la déconnexion ou la
désimperméablisation ; sur les usines, des travaux sont en cours, et la portée donnée à la prise en
compte des « situations inhabituelles » pourrait être lourde d?effets. En effet, actuellement, seuls
les bilans d?autosurveillance réalisés en conditions normales de fonctionnement sont pris en
compte pour l'évaluation de la conformité réglementaire. L?exclusion de certains bilans relève d?une
appréciation du service de police de l?eau, dans un cadre national, sur la base d?une demande
93 Et en particulier, atteindre un rendement de 70 % d?abattement de l?azote pour chaque usine, réduire le nombre
de bilans classés en « situation inhabituelle », contribuer à l?atteinte d?un rendement de 75 % au niveau de la
zone CM_03207.
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Mars 2025 Évaluation de la directive relative au traitement des eaux résiduaires urbaines 2 Page 137/137
argumentée du maître d?ouvrage. Or, les demandes du SIAAP sont, à l?heure actuelle, relativement
nombreuses.
Enfin, la question de la soutenabilité financière de l?ensemble de la mise en oeuvre conduit en
première approche, en articulation avec le plan en cours, à prévoir une contribution à la mise en
oeuvre de la DERU2 en fin de période.
Au regard de son poids relatif dans le parc national, la stratégie à adopter pour la conformité de
l?assainissement en Île-de-France constitue un élément clé du programme national de mise en
oeuvre. À titre d?exemple, au regard de ses consommations d?énergie, tout écart à la neutralité
pourrait soit nécessiter des efforts très difficiles à atteindre pour le reste du parc national en cas de
production insuffisante d?énergies renouvelables, soit dans le cas contraire apporter à la fois un
bénéfice économique pour le SIAAP mais aussi pour l?atteinte des objectifs nationaux.
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Résumé
Liste des recommandations
Introduction
1 Contexte et éléments de méthode
2 Appréciation critique des nouveaux objectifs de la DERU2
2.1 La gestion des eaux résiduaires par temps de pluie
2.1.1 L?introduction de plans de gestion intégrée des eaux résiduaires urbaines
2.1.2 Un objectif de réduction des rejets par temps de pluie ambitieux, appuyé sur la charge polluante, en référence à celle collectée par temps sec
2.1.3 Ce qu?il faut retenir pour la mise en oeuvre
2.2 Le traitement de l?azote et du phosphore
2.2.1 Des enjeux différents par strates de STEU
2.2.2 Éléments sur les techniques et les coûts
2.2.3 Ce qu?il faut retenir pour mettre en oeuvre les obligations sur le phosphore et l?azote
2.3 Le traitement des micropolluants
2.3.1 La nécessité de répondre à plusieurs questions préalables
2.3.1.1 Quel est le fait générateur de la contribution des metteurs en marché ?
2.3.1.2 Quels sont les coûts à couvrir ?
2.3.1.3 Quel est le prorata de contribution des secteurs soumis à la REP ?
2.3.1.4 Quelle organisation pour prendre en charge cette responsabilité élargie des producteurs, éco-organisme ou organisation appuyée sur les Agences de l?eau ?
2.3.2 Éléments sur les techniques et les coûts
2.3.3 Ce qu?il faut retenir pour mettre en oeuvre le traitement des micropolluants
2.4 Efficacité énergétique, neutralité énergétique et neutralité carbone
2.4.1 Des objectifs à atteindre à l?échelle nationale
2.4.2 Ce qu?il faut retenir pour la mise en oeuvre de la neutralité énergétique et de la neutralité carbone
2.5 Surveillance et rapportage
2.5.1 Les obligations de la DERU2
2.5.2 Des évolutions profondes à prévoir dès à présent et à structurer dans la durée pour les systèmes d?information
2.6 Autres enjeux
2.6.1 Les petites agglomérations et l?assainissement non collectif
2.6.2 Rejets d?eaux usées non domestiques
2.6.3 Réutilisation de l?eau et rejets d?eaux urbaines résiduaires (REUT)
2.7 Travaux transversaux à engager rapidement
2.7.1 Définir un lexique commun
2.7.2 Définir les zones, listes et informations requises, dans un calendrier unique
3 Éléments d?appréciation des coûts de la DERU2
3.1 Enseignements de l?enquête initiée par la mission
3.1.1 Enseignements généraux
3.1.2 Enseignements utiles pour affiner le calcul des coûts
3.1.2.1 Temps de pluie
3.1.2.2 Azote / Phosphore
3.1.2.3 Micropolluants
3.1.2.4 Énergie et gaz à effet de serre
3.2 Hypothèses transversales pour l?évaluation des coûts
3.3 La gestion des rejets par temps de pluie
3.4 Le traitement tertiaire
3.5 Le traitement quaternaire
3.6 La neutralité énergétique
3.7 Conclusions de la mission
4 Mettre en place des stratégies nationale et par bassin pour optimiser la mise en oeuvre de la DERU2
4.1 Critères pour une stratégie
4.1.1 Mettre les bénéfices environnementaux au coeur du dispositif
4.1.2 Tenir compte des projets des collectivités et du risque de tension sur les marchés
4.2 Articuler les stratégies nationales, de bassin et d?agglomération, dans un calendrier connu de tous
4.2.1 Rôle et pilotage de l?échelon national
4.2.1.1 Propositions pour la gouvernance
4.2.1.2 Donner les grandes lignes de la répartition de l?effort par bassin
4.2.1.3 Organiser et piloter le calendrier
4.2.1.4 Mettre les soutiens en adéquation avec la stratégie retenue
4.2.2 Déclinaison du programme national par bassin
4.2.2.1 Adapter les structures et les processus existants
4.2.2.2 Établir une programmation adaptée à chaque bassin
4.2.2.3 Les Régions ultra périphériques
4.3 Une organisation renforcée et adaptée de l?État et de ses opérateurs
4.3.1 Renforcer les services en charge, à commencer par la police de l?eau
4.3.2 Élaborer une feuille de route pour les principaux opérateurs
Conclusion
Annexes
Annexe 1. Lettre de mission
Annexe 2. Liste des personnes rencontrées
Annexe 3. Glossaire des sigles et acronymes
Annexe 4. Rappel sur le contentieux européen sur la DERU
Annexe 5. Contenu de la directive
Annexe 6. Questionnaire en vue d?une évaluation des coûts et bénéfices de la DERU2 à l?échelle nationale
Annexe 7. Fiches par articles
Annexe 8. Procédés permettant de traiter les micropolluants issus des produits pharmaceutiques et cosmétiques
Annexe 9. Étapes de mise en oeuvre d?une filière REP
Annexe 10. Déclaration protocolaire de la France
Annexe 11. Description des scénarios pour l?évaluation des coûts
Annexe 11.1. Traitement quaternaire
Annexe 11.2. Traitement tertiaire
Annexe 11.3. Neutralité énergétique
Annexe 11.4. - Temps de pluie - établissement des plans de gestion intégrée
INVALIDE) (ATTENTION: OPTION eur sur les agences.
Au regard de la lecture des textes et d?une comparaison de ces deux scénarios, la mission
estime incontournable de confier la collecte des contributions à un nouvel éco-organisme44,
conforme au cadre européen.
La manière dont les soutiens seront versés aux entités gestionnaires des systèmes d?assainisse-
ment mettant en oeuvre le traitement quaternaire mérite également un examen approfondi.
Quelques exemples illustrent le caractère intégré des évolutions qui découleront de la DERU2 pour
les STEU : la mise en place d?un traitement quaternaire doit tenir compte de la qualité du traitement
de l?azote et du phosphore ; elle dépend du foncier disponible et de son affectation (il peut être
42 Pour être agrée par l?État, un éco-organisme doit fournir différents documents, et notamment « Une description
de la gouvernance, comprenant la liste des producteurs qui participent à la mise en place collective de l'éco-
organisme à la date de la demande, ses statuts, et notamment, lorsque la forme adoptée par l'éco-organisme
est celle d'une société par actions, la liste de ses actionnaires et la composition du conseil d'administration ainsi
que leurs pouvoirs respectifs, ainsi que la liste des producteurs qui projettent de lui transférer leur obligation de
responsabilité élargie à la date de la demande » (article R 581-46 du code de l?environnement.).
43 Le service d'utilité forestière (SUF) est dédié au développement de projets Label Bas-Carbone. Ce service est
intégré au sein du Centre national de la propriété forestière, mais financièrement autonome, avec une
comptabilité distincte (source : site du CNPF)
44 On ne peut préjuger du nombre d?éco-organismes, le choix relevant des metteurs en marché ; le retour
d?expérience est néanmoins que plusieurs éco-organismes présentent une complexité administrative lourde.
Dans la suite du rapport, on parle d?éco-organisme comme un terme générique pour ce type d?organisation.
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nécessaire pour d?autres installations de traitement ou de valorisation énergétique). Pour cette rai-
son, elle sera inévitablement prise en compte dans la gouvernance et les travaux de programma-
tion et d'attribution des aides des agences de l?eau. L?appréciation des stratégies d?investissement
des différents services d?assainissement et la priorisation de la mise en place du quaternaire, de
nature à en réduire les coûts, seraient très lourdes et complexes pour un éco-organisme et redon-
dants avec le fonctionnement existant des acteurs de l?eau caractérisé par un partenariat étroit
entre les services d?assainissement et les agences de l?eau. Les interlocuteurs de la mission ont
tous reconnu que l?investissement à réaliser serait peu efficace et retarderait la mise en oeuvre de
la directive.
Tableau 2 : Comparaison des avantages et des limites pour le versement des soutiens au quaternaire
Programmation et versement via les agences
de l?eau aux collectivités
Programmation et versement par l?éco-orga-
nisme aux collectivités
Permet de d?appuyer sur les relations des
agences de l?eau avec les agglomérations d?as-
sainissement, dans une logique de guichet
unique de l'amont à l'aval du processus en cohé-
rence avec les autres évolutions des dispositifs
d'assainissement.
Présente une plus grande facilité pour les agglo-
mérations d?assainissement
Réduit le coût pour les metteurs en marché
Demande à l?éco-organisme d?établir ex nihilo
des relations avec toutes les agglomérations
d?assainissement
Coûteux pour les metteurs en marché
Coûteux pour les collectivités
Au regard d?une comparaison de ces deux scénarios, la mission estime qu?une programma-
tion et un versement des soutiens fondés sur les structures et relations existantes est de
nature à réduire les coûts et est plus efficace45, et conforme à l?esprit de la DERU2 qui vise
à réduire autant que possible les charges administratives inutiles. Cette option supposera
de préciser les relations de l?éco-organisme avec les agences de l?eau dans le cadre de
conventions et l?implication des metteurs en marché pour leur permettre d?exercer le con-
trôle lié à leur responsabilité.
Les comités de bassin seront renouvelés en 2026, après les élections municipales : c?est l?occa-
sion, dès lors que la préfiguration aura suffisamment avancé, de faire entrer les représentants de
l?éco-organisme dans le collège « activités économiques » du comité. Des conventions ad hoc avec
chaque agence de l?eau viendraient compléter ce dispositif.
La mission estime ainsi que l?action de l?éco-organisme doit s?articuler au mieux avec la stratégie
de mise en oeuvre de la DERU2 pour être la plus efficace possible (voir partie 2).
La mise en place de cette filière pose d?autres questions, comme :
l?impact de l?éco-contribution sur le prix des médicaments ou sur les marges du secteur, en
distinguant différents segments (original ou générique, secteur hospitalier ou non hospitalier?),
45 On note à ce titre que les agences sont déjà intégratrices du versement de soutiens non financés par leurs
redevances : crédits du Plan de Relance, du Fonds Vert avec une gouvernance particulière, ou encore du fonds
biodiversité en mer. Depuis 2024, l?agence de l?eau Seine-Normandie gère ce fonds (30 M ¤), qui s?inscrit dans
les objectifs de la loi énergie-climat de 2019 et de la programmation pluriannuelle de l?énergie et est prévu par
les dispositions du cahier des charges dans lequel s?inscrit le projet. Dans le cadre de la filière REP, telle
qu?écrite dans la directive, l?éco-organisme doit alors apporter un soutien au coût de cette mission pour chaque
agence de l?eau.
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l?impact sur les prix ou les marges dans le secteur des cosmétiques, qui n?entre pas dans le
même cadre réglementaire que le médicament, les effets sur l?éco-conception et l?évolution des
contributions des deux secteurs,
les modalités de soutien du traitement tertiaire dans le cas de STEU de moins de 150 000 EH
qui devraient mettre en place un traitement quaternaire sans obligation de traitement tertiaire,
la structuration des outils de suivi?
Elle passe par l?adoption d?un dispositif législatif, l?élaboration d?un cadre réglementaire, l?élabora-
tion d?un cahier des charges par l?État, l?affinement des coûts et de l?éco-contribution, la structura-
tion d?une réponse par les metteurs en marché à ce cahier des charges, la mise en place d?une
gouvernance adaptée, la délivrance par l?État d?un ou plusieurs agréments (annexe 9). Ce travail
devra être mené en tenant compte dès que possible du périmètre des substances à traiter, et du
retour d?expérience et des discussions sur le fonctionnement des filières REP « déchets » en
France.
La création d?un nouvelle REP demande des compétences très spécifiques : la direction de l?eau
et de la biodiversité devra renforcer son équipe pour acquérir ces compétences. La désignation
d?un opérateur en soutien à la préfiguration de l?éco-organisme est également nécessaire : la mis-
sion estime que l?ADEME a la meilleure expérience en la matière.
2.3.2 Éléments sur les techniques et les coûts
Il existe plusieurs types de techniques permettant le traitement des micropolluants issus des sec-
teurs cosmétique et pharmaceutique, dont la pertinence dépend notamment des traitements déjà
en place sur la STEU et de la disponibilité en foncier, et qui engendrent des consommations d?éner-
gie et d?intrants différentes.
À Sophia Antipolis, lors d?une rénovation et augmentation de la capacité de la STEU pour atteindre
50 000 EH, l?agglomération a fait le choix, au-delà de la réglementation, de mettre en place un
traitement poussé de l?azote et une désinfection à l?ozonation pour abattre les micropolluants. Cette
STEU est présentée comme une des premières installations en France à traiter les micropolluants.
Le coût total de l?opération est de15 M¤ HT, dont 1 pour la désinfection et le traitement quaternaire,
soit un coût supplémentaire par m3 d?eau estimé à 17 centimes d?euros (10 % d?augmentation sur
la part assainissement du prix de l?eau). L?agence de l?eau, la région et le département soutiennent
ce projet à hauteur de 5,5 M¤. Une autre STEU, équipée par choix de l?agglomération d?assainis-
sement, est celle de Saint-Pourçain-sur-Sioule, de moindre taille (9 000 EH). Le choix a été fait en
raison d?une importante activité hospitalière. L?investissement, pour une mise en service en 2014,
a été de 4 millions d?euros.
Les traitements secondaire et tertiaire abattent une partie des micropolluants, mais même les plus
poussés ne peuvent permettre d?atteindre les objectifs fixés par la DERU2. A contrario, un abatte-
ment des matières en suspension, du phosphore et de l?azote rend plus efficace le traitement qua-
ternaire ? en leur absence, plus d?intrants ou d?énergie sont nécessaires46. Aussi, il ne paraît pas,
à ce stade, totalement exclu qu?un traitement quaternaire puisse être mis en place sur une STEU
non équipée d?un traitement de l?azote et du phosphore, mais les coûts en seraient plus élevés.
46 La mise en place d?un traitement quaternaire supposerait un traitement efficient de l?azote et du phosphore. Ce
point mérite encore vérification : dans le cas suisse, qui a largement inspiré le texte, l?abattement de l?azote et
du phosphore est requis au regard des enjeux du milieu, et toujours préalable au quaternaire. A priori, la mise
à niveau du tertiaire n?a pas vocation à être prise en charge par la REP. La question pourrait se poser néanmoins
pour les STEU de plus de 150 000 EH, dans des zones non soumises à l?eutrophisation, si la mise en place
d?un traitement tertiaire n?était motivée que par la mise en place du quaternaire.
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Plusieurs procédés permettent de pousser l?élimination des micropolluants au-delà de l?abattement
des traitements en place : coagulation-floculation, décantation, filtration, chloration, traitement bio-
logique et traitements avancés (adsorption sur charbon actif granulaire ou en poudre, filtration
membranaire liée à l?osmose inverse ou encore oxydation), UV47. Certains procédés sont efficaces
pour les micropolluants hydrophobes, comme les HAP, les métaux, et plus largement les polluants
industriels48, tandis que d?autres permettent d?abattre les micropolluants hydrophiles. Par ailleurs,
les pollutions industrielles peuvent donner lieu à une prévention à la source, qui reste limitée pour
les pollutions issues de certaines consommations des ménages49. C?est le traitement quaternaire
mis en place en Suisse, où il est obligatoire depuis 2016, qui a servi de référence aux travaux de
la Commission pour l?abattement des pollutions diffuses liées aux médicaments et aux cosmé-
tiques.
Le traitement des micropolluants en Suisse
La loi fédérale sur la protection des eaux, qui est entrée en vigueur le 1er janvier 2016, oblige certaines STEU à
installer, d'ici la fin de l'année 2035-40, une étape supplémentaire d'épuration destinée à l'abattement de 80 % des
micropolluants, suivi par 12 indicateurs. Il s?agit des STEU qui desservent plus de 80 000 habitants, celles de plus
de 24 000 qui rejettent dans des lacs, et celles de plus de 8 000 qui rejettent dans des rivières quand le rejet
représente plus de 10 % du débit minimum : environ 130 STEU (sur 700). La motivation est la protection des eaux
du lac Léman et du Rhin qui alimentent l?eau potable de nombreux habitants. Les études de faisabilité technique et
économique ont démontré qu'à l'occasion de la mise aux normes des stations, le surcoût est de l?ordre de 10 %.
Le coût total est évalué à 1,2 milliard de francs suisses (1,3 Md ¤).
Le système de tarification de l?assainissement comporte trois niveaux, présentés par les autorités suisses comme
composantes d?une approche pollueur payeur :
- les coûts d?investissement et de fonctionnement de l?assainissement sont payés par les ménages et les activités,
certains coûts donnent lieu à des soutiens par les cantons et l?État fédéral,
- la prise en charge d?externalités négatives pour l?environnement est couverte par des taxes, payées par les pol-
lueurs. La taxe « micropolluants », d?environ 8 euros, est payée par les résidents connectés à la station, puis par
les stations au gouvernement, celui-ci soutenant ce nouveau traitement à hauteur de 75% des coûts d?investisse-
ment. Les opérateurs prennent en charge les coûts de fonctionnement mais sont exemptés de taxe sur le « water
waste » (gaspillage). Le principe est présenté comme simple mais ne relève pas réellement d?une approche pol-
lueur payeur. Les travaux avanceraient actuellement au rythme de deux stations par an.
Des vidéos de présentation sont disponibles sur le site https://micropoll.ch/fr/startseite-fr/.
L?évaluation ex ante de la Commission européenne se concentre sur trois types de techniques,
adaptées pour l?abattement des micropolluants issus des secteurs visés : oxydation à l'ozone (O3)
et adsorption sur charbon actif (AC) en poudre ou granulaire (GAC) (annexe 8).
Le type de traitement quaternaire est un choix spécifique à chaque site, lié à la qualité des eaux
produites en amont (traitement secondaire, le cas échéant tertiaire), mais également aux con-
traintes ou objectifs en termes de milieu récepteur, d?espace, de consommation énergétique, de
valorisation des boues? La présentation par grand type de procédé, qui fait ressortir, globalement,
pour la France, un plus grand intérêt de l?ozonation ou du charbon actif granulaire reste théorique.
Du reste, les industriels sont en mesure de développer des couples ozonation ? charbon actif en
fonction des caractéristiques de la STEU, du milieu, des différents objectifs visés.
Concernant l?évaluation des coûts, l?évaluation ex ante de la Commission européenne se centre
47 Cette technologie demande plus de temps et donc de place et reste limitée à des flux peu importants pour des
usages « nobles ».
48 Il s?agit de capter ces particules ; ces procédés ne sont pas efficaces pour les micropolluants issus des secteurs
pharmaceutique ou cosmétique qui sont hydrophiles.
49 Le cas de détergents utilisés par les ménages est encore différent. En grandes lignes, ce sont des produits
moins complexes que les produits pharmaceutiques et potentiellement moins générateurs de micropolluants,
et qui peuvent donner lieu à une prévention à la source. La démarche générale des politiques publiques est
bien : prévenir, substituer (pour réduire la nocivité), traiter - ce dernier moyen étant réservé aux pollutions qui
ne peuvent relever des deux premiers leviers
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sur ces trois procédés. Ce travail requiert une hypothèse sur les « zones sensibles aux micropol-
luants », qui sont, par convention, celles pour lesquelles le taux de dilution des rejets des STEU
est inférieur à 10. Cette évaluation s?appuie sur une revue de la littérature scientifique et des retours
d?expériences, qui fait ressortir des coûts de fonctionnement et d?investissement trop hétérogènes
selon les STEU (entre 10 et 30 centimes par m3), pour proposer une fonction de coût. La Commis-
sion reconnaît que ce travail relève d?une évaluation préliminaire des coûts pour donner des ordres
de grandeur et non d?un modèle statistique. À partir de fourchettes de coût par STEU selon leur
taille, elle estime un coût global du traitement des micropolluants. L?évaluation comporte également
une estimation de la charge administrative, dont l?identification des zones à risque.
Coûts évalués par la Commission européenne
À l?échelle européenne, la Commission européenne évalue à 1 185 millions d?euros par an la mise en place du
traitement quaternaire dans toutes les STEU de plus de 100 000 EH et de plus de 10 000 en zone sensible. Elle
évalue également la charge toxique évitée, sans être en mesure de lui donner une valeur monétaire et les émissions
de GES induites (jusqu?à 4,97M de t CO2e/an). Les coûts liés au fonctionnement des éco-organismes sont estimés
à 11,2 millions d'euros.
Le travail de la Commission européenne permet surtout de fonder son choix entre plusieurs scénarios :
la mise en place du traitement quaternaire sur toutes les STEU aurait eu un coût de 4 milliards d?euros, sans
un niveau équivalent de bénéfice pour les milieux ;
il existe un bénéfice important dans les zones présentant des enjeux « micropolluants », et le nombre de
stations ainsi concernées permet une courbe d?apprentissage et des économies d?échelle de nature à diminuer
les coûts ;
l?obligation de traitement quaternaire pour les seules STEU de plus de 100 000 EH a un bénéfice limité.
Elle souligne aussi que, en l?absence d?une disposition spécifique dans la directive, le traitement quaternaire ne
serait pas mis en place.
Analyse critique allemande
Lors des travaux de préparation de la DERU2, le ministère de l?environnement allemand a publié une analyse
critique. Elle souligne notamment que l?introduction d?un traitement quaternaire pour les agglomérations de plus de
100 000 EH (à l?époque de ces travaux), et des plus de 10 000 EH en zone sensible relève d?une approche basée
sur les risques, et aura un bénéfice pour la santé et les milieux. Dans une approche intégrée, cette mesure « de
bout de chaîne » doit être combinée avec d?autres leviers, comme une prévention des rejets de micropolluants par
les industries. Elle estime que l?évaluation de la Commission est sous-estimée et produit deux courbes de coût
alternatives avec des coûts plus élevés pour l?énergie et la construction et un surcoût pour la mise à niveau des
plus petites STEU. Une différence vient aussi de la prise en compte de la capacité nominale des STEU ou de leur
charge.
Une étude, réalisée en 2018 pour une association professionnelle du secteur qui prenait un panel de collectivités
plus large a abouti à des coûts de 1,2 milliards d'euros par an, uniquement pour l?Allemagne (36 milliards d'euros
sur 30 ans)
En rebouclant sur des études de cas50, il ressort en France une augmentation du prix de l?eau de
10 à 18 centimes par m3
, qui devrait baisser, par exemple grâce à une amélioration des procédés
d?ozonation. En effet, les coûts actuellement présentés par les industriels sont ceux de démonstra-
teurs. Les autres États affichent plutôt des coûts de 7 ou 9 centimes supplémentaires par m3 51, la
différence, due aux approches développées, est fortement impactée par les hypothèses de calcul
50 J.M Choubert, C. Lagarrigue, Y Penru, 2017, Traitement des micropolluants par ozonation, retour d?expérience
de la station d?épuration de Sophia Antipolis, 4 p. Eau et connaissance, Inrae, Agence de l?eau Rhône-
Méditerranée-Corse, Suez Cirsee: 2017-synthese-mpp-def2.pdf.
Une analyse qualitative de l?impact potentiel de certaines mesures de la DERU2, menée par l?agence de l?eau
sur le bassin Adour-Garonne (projet Armistiq), et appuyée sur des valeurs de plus de dix ans, pour l?énergie par
exemple, situe l?impact de l?investissement et du fonctionnement du quaternaire entre 2 et 20 ¤/EH/an
(amortissement sur 20 ans), soit entre 4 et 40 centimes d?euros /m3.
51 Source : Pistocchi et al. (2022)
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https://www.eaurmc.fr/upload/docs/application/pdf/2018-04/2017-synthese-mpp-def2.pdf
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telle que le renouvellement du matériel, etc.
La fonction de coûts proposée par la Commission permet de simuler une fourchette (avec une
incertitude d?un facteur de deux) de coût total du traitement quaternaire selon la taille de la STEU
(représentée en EH).
Graphique 1 : Représentation graphique du coût total du traitement quaternaire par EH et par STEU selon le nombre
d?équivalent-habitants d?après la fonction proposée par Pistocchi et al. (2022) (Source : Rapport De Paula)
2.3.3 Ce qu?il faut retenir pour mettre en oeuvre le traitement des
micropolluants
La mise en place de cette nouvelle filière REP demande avant tout de donner de la visibilité sur
l?assiette des contributions dans leurs différentes composantes. Il est nécessaire d?engager les
travaux pour :
réaliser dans les meilleurs délais, de manière à entrer dans le calendrier de mise en place de
la REP, l?identification de la liste des substances soumises à la REP sur une base scientifique,
afin de disposer d?une base de discussion avec les metteurs en marchés et les collectivités
locales d?une part, et de participer aux travaux européens sur les exemptions des substances
biodégradables d?autre part. Ce travail doit être engagé dès que possible, sous le pilotage de
la direction de l?eau et de la biodiversité, en lien avec le ministère de la santé, en mobilisant les
opérateurs compétents et en associant les professions concernées ;
identifier les méthodes pour déterminer les zones sensibles aux micropolluants sur une base
scientifique ; définir les zones à enjeux pour les micropolluants dans le cadre des travaux
menés à l?échelle des bassins hydrographiques, en cohérence avec les autres zonages et listes
requis par la mise en oeuvre de la DERU2 ; identifier les STEU concernées.
Cela permettra d?affiner progressivement l?évaluation des coûts, en échange avec les acteurs
concernés, dans le cadre de la structuration d?une démarche de préfiguration.
Plusieurs interlocuteurs de la mission, à commencer par les représentants des secteurs
contributeurs, estiment que la REP micropolluants, telle que définie dans la DERU2, ne couvre pas
d?autres substances présentant autant voire plus de risques pour la santé humaine ou pour
l?environnement (substances relevant du RSDE, PFAS?). D?autres metteurs en marché devraient
selon eux être dans le tour de table financier. Ce raisonnement est contestable : le dispositif mis
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en place vise des pollutions diffuses issues des ménages et les traitements mis en place pour les
abattre ne sont pas efficaces pour des micropolluants hydrophobes. Pour autant, compte tenu de
l?effort qui va être mis en oeuvre pour réduire les micropolluants liés à l?usage de médicaments et
de cosmétiques, une approche d?ensemble de ces pollutions par les micropolluants est
incontournable. Les politiques complémentaires, par exemple sur la prévention à la source des
pollutions industrielles devraient être renforcées.
La mise en place de cette filière REP justifie de relancer un plan « micropolluants » et
d'envisager d'autres mesures cohérentes, notamment à la source, pour pouvoir justifier
l'effort important requis par la directive sur les STEU.
Enfin, la mise en place du dispositif pollueur payeur est prévue dans des délais courts, et exige un
travail important (annexe 9). Le scénario de mise en place doit être partagé à l?échelle inter-
ministérielle puis avec les parties prenantes les plus concernées (les représentants des
metteurs en marché et des collectivités locales), et arrêté par l?État. Il n?est pas possible d?en-
visager deux voies alternatives ou successives. Compte tenu des réserves voire de l?opposition
portée auprès des différents cabinets ministériels, la mise en place de la REP aura une compo-
sante politique forte, et se jouera en premier lieu et dans la durée à ce niveau politique interminis-
tériel.
L?engagement des travaux permettant de préciser les contours de la filière REP demande la
structuration d?une équipe projet, sous pilotage de la DEB, dotée des moyens et compé-
tences requises et l?identification rapide d?un opérateur en soutien, qui devrait être
l?ADEME. Les travaux de préfiguration peuvent s?engager dans le même calendrier que les études,
pour rassembler les différentes parties concernées et les associer dès que possible à l?exploitation
des résultats des analyses.
Compte tenu de la lecture des textes, du retour d?expérience des filières REP « déchets » et de la
politique de l?assainissement, la mission recommande la création d?un éco-organisme ad hoc
en charge de la collecte des éco-contributions52, et une programmation et un versement des
soutiens dans le cadre existant des instances de bassin (agences de l?eau et comités de
bassin), de façon cohérente avec les autres objectifs de la DERU2.
(DEB, en lien avec la DGS et la DGE) Engager dans les meilleurs délais,
l?identification de la liste des substances soumises à la REP, engager des concertations sur
cette base avec les secteurs contributeurs et les représentants des collectivités locales.
(DEB, agences de l?eau) Engager dans les meilleurs délais des travaux de méthodologie
pour définir les zones sensibles aux micropolluants sur une base scientifique, en vue d?une
identification à l?échelle des bassins fin 2027.
(DEB, en lien avec la DGPR, ADEME, agences de l?eau) Engager dès à présent les travaux
de préfiguration permettant de préciser les contours de la filière REP, basée sur la création
d?un éco-organisme en charge de la collecte des éco-contributions et la programmation et
le versement des soutiens dans le cadre existant des instances de bassin. Associer les
metteurs en marché à cette gouvernance.
(DEB, en lien avec la DGPR et la DGPE) Inscrire la mise en oeuvre de la DERU2 dans un
nouveau "plan micropolluants" interministériel, incluant des mesures de réduction à la
source des rejets industriels et agricoles.
52 On ne peut exclure que les secteurs concernés souhaitent la création de plusieurs éco-organismes. La
multiplicité d?éco-organismes présente un coût de transaction élevé, qui concerne les autorités, mais aussi les
assujettis. Une piste a également été évoquée, de s?appuyer sur des éco-organismes existants (Cyclamed ?).
Compte tenu de la spécificité de cette REP, elle paraît peu crédible mais devra être examinée si les metteurs
en marché le souhaitent.
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Efficacité énergétique, neutralité énergétique et neutralité
carbone
2.4.1 Des objectifs à atteindre à l?échelle nationale
Les considérants de la directive rappellent le potentiel important de réduction des consommations
énergétiques et de production d?énergie renouvelable des systèmes d?assainissement. Selon une
enquête réalisée par AMORCE en 2021/2022, représentative de 7 % de la capacité d?épuration
nationale, les systèmes d?assainissement consomment en moyenne 65 kWh/an/hab53.
La directive, qui, en parallèle, renforce ou instaure de nouvelles obligations, elles-mêmes très con-
sommatrices en énergie (traitement tertiaire plus poussé, traitement quaternaire), s?appuie sur le
constat que des réductions importantes des consommations d?énergie sont possibles et que les
systèmes d?épuration présentent un ensemble de caractéristiques favorables pour produire de
l?énergie (production de biogaz par méthanisation, production d?électricité photovoltaïque, récupé-
ration de chaleur fatale?). Il est également possible de prendre des mesures concrètes en faveur
de la neutralité énergétique et en soutien à la neutralité carbone.
Elle comporte deux nouvelles obligations :
la réalisation tous les quatre ans d?audits énergétiques54 de l?ensemble des systèmes (collecte
et assainissement) incluant la détermination du « potentiel de mesures rentables »55, « tout en
réduisant les émissions de gaz à effet de serre ». Les premiers audits sont à réaliser d?ici au
31 décembre 2028 pour les STEU de plus de 100 000 EH et d?ici au 31 décembre 2032 pour
les autres STEU de plus de 10 000 EH ;
une production d?énergie renouvelable calculée en proportion de l?énergie totale consommée
par toutes les STEU de plus de 10 000 EH, selon l?échéancier suivant :
Figure 4 : calendrier de mise en oeuvre des dispositions relatives à la neutralité énergétique (production d?énergie
renouvelable)
Source : Mission
La directive prévoit une dérogation possible pour la dernière échéance pour un maximum de 35 %
de l?énergie à condition qu?elle provienne de sources non fossiles ? et un maximum de 5 % pour
l?échéance de 2040.
La directive ne requiert pas la réalisation systématique de bilans de gaz à effet de serre, pas plus
que la démonstration de l?atteinte de la neutralité énergétique en 2045 ou de la neutralité carbone
53 La production d?eau potable en consomme moitié moins.
54 Tels que définis par la directive (UE) 2023/1791 relative à l?efficacité énergétique
55 En mettant l?accent sur le potentiel de production de biogaz, ainsi que la récupération et l?utilisation de la chaleur
résiduelle
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en 2050.
En revanche, un « considérant » précise que les initiatives visant à atteindre la neutralité énergé-
tique ne devraient pas entraîner d?augmentation des émissions de méthane et de protoxyde
d?azote. Il s?agit d?un des articles pour lesquels la définition des termes et des périmètres peut avoir
un impact fort sur l?interprétation et l?atteinte des objectifs. L?article 14.2 précise que l?évaluation de
cet équilibre tient compte de la valorisation de cette énergie « sur site ou hors site par les proprié-
taires ou exploitants de ces stations ».
Coûts évalués par la Commission européenne
L?évaluation ex ante fait l?hypothèse :
- d?un coût de 4 000 ¤ pour un audit énergétique ? ce qui apparaît faible à la mission pour le premier audit à
réaliser ex nihilo ;
- qu?à ces coûts de réalisation des audits s?ajoute un coût de suivi des performances énergétiques des installa-
tions, que l?évaluation ex ante estime annuellement à 12 millions d?¤ dans toute l?Union européenne, ce qui
donnerait environ 1 million d?¤ par an pour la France. Là également, on peut imaginer que le coût de la mise en
place sera plus important mais qu?il devrait être maîtrisé en régime permanent, en lien avec la recherche d?amé-
lioration continue et de réduction régulière des consommations ;
- que l?objectif de neutralité énergétique pourra être atteint uniquement grâce à des unités de production de bio-
gaz. Cet investissement conduira alors à des bénéfices nets, la valorisation de biogaz permettant de rentabiliser
l?investissement initial. Ce raisonnement tient compte des progrès attendus pour réduire les consommations
énergétiques de toutes les stations d?épuration.
Les auditions de la mission ont permis de dresser un état initial très contrasté de chacune des
dispositions, mais assez homogène sur l?ensemble du territoire national :
rares sont les collectivités en régie qui ont réalisé ou réalisent régulièrement des audits
énergétiques complets et des bilans de gaz à effet de serre. Pour la plupart d?entre elles, ces
audits énergétiques constitueront donc des obligations nouvelles ;
en revanche, les opérateurs délégataires abordent cette question globalement sur l?ensemble
du parc qu?ils exploitent. Ils appliquent à l?ensemble de leurs activités la norme ISO 50001
« Management de l?énergie », ce qui les conduit alors à réduire en priorité les consommations
des systèmes d?épuration les plus importantes. Cette approche globale est permise par la
directive (UE) 2023/1791. Selon ce qu?ils ont indiqué à la mission, les systèmes de collecte
représenteraient environ 10 % des consommations totales des systèmes d?assainissement ;
cette proportion pourrait être plus importante pour les systèmes de collecte étendus sur des
territoires importants (en Île-de-France, notamment). L?un des opérateurs a indiqué réduire les
consommations énergétiques de son parc d?environ 2 à 2,5 % par an : la réalisation des audits
énergétiques et le suivi des consommations sont alors rapidement rentabilisés ;
rares sont les STEU qui ont réalisé des bilans de leurs émissions de gaz à effet de serre.
L?examen rapide de quelques bilans réalisés par certains exploitants de STEU qui en ont
l?obligation, dans la base de données de l?Agence de l?environnement et de la maîtrise de
l?énergie, fait ressortir des données incohérentes (périmètres très différents, poids relatif très
différent des opérations (collecte, épuration, transports des boues) et des gaz à effet de serre
(CO2, N20) : ces données sont largement incomplètes et inexploitables ;
selon des indications convergentes, une unité de méthanisation serait rentable pour chaque
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STEU de plus de 50 000 EH56. Plus de 120 agglomérations s?en sont déjà équipées. Ces unités
sont prévues sur du foncier disponible ou, dans le cadre de restructurations complètes, sur des
espaces dégagés à cette fin, au prix alors d?un surcoût qui peut être important. Certaines
d?entre elles sont d?ores et déjà mises en service. A contrario, pour les stations qui sont
contraintes en termes de foncier, la méthanisation apparaît comme plus difficile à envisager.
Plusieurs exemples ont été donnés à la mission de regroupement des effluents de plusieurs
stations vers un seul méthaniseur : ceci permet de choisir un site disposant de réserves
foncières suffisantes et d?obtenir des quantités de biogaz plus importantes. La façon dont les
objectifs de la directive sont définis permet de facto tous les regroupements possibles ;
dans plusieurs cas, la production d?énergie couvre presque la totalité de la consommation
énergétique de la STEU voire du système d?assainissement, ou même bien au-delà dans
certains cas ; à ce stade, ce ratio ne tient pas compte de l?augmentation des consommations
d?énergie induites par la directive (en particulier, traitement tertiaire et quaternaire
éventuellement nécessaire). La définition des périmètres d?application de l?article 11 sera
cruciale pour étendre autant que possible les énergies renouvelables mobilisables, pour couvrir
les consommations des STEU : selon le considérant 24 de la directive, la consommation à
considérer est celle de l?ensemble du parc des STEU de capacité supérieure à 10 000 EH et
la production doit prendre en compte toutes les formes d?énergie renouvelable « aussi bien
hors site que sur site », ce que confirme l'article 11.2 (production d?énergie équivalente à un
pourcentage croissant à chaque étape de l'énergie annuelle totale utilisée par les STEU) ;
la localisation et le dimensionnement de ces unités reposent avant tout sur des critères
d?efficacité économique. Il a toutefois été signalé à la mission qu?une optimisation importante
serait possible en permettant le mélange de biodéchets et en dérogeant à certaines contraintes
de la réglementation ICPE (classement, distances d?isolement) qui conduisent à un traitement
cloisonné de déchets ayant des caractéristiques voisines favorables à la production de biogaz.
Il apparaît également curieux que des installations relèvent, selon le cas, de la réglementation
IOTA ou ICPE ;
la priorité accordée à la valorisation énergétique des effluents conduit à une remise en cause
significative de la valorisation matière, qui semble contradictoire avec celle que prévoient les
réglementations applicables aux déchets, l?absence de nouveau cadre de « socle commun »
relatif à la gestion des boues, travail réglementaire en instance, ajoutant une incertitude
supplémentaire : le volume des boues est significativement réduit et leur composition en est
également modifié. Sans attendre, certaines agglomérations n?envisagent plus qu?une
valorisation énergétique (incinération) des boues résiduelles ;
en l?état actuel du droit, les services de la DGCL et de la DGFIP considèrent que la production
d?énergies renouvelables, en particulier d?électricité injectée sur le réseau, constitue un service
public à caractère industriel et commercial et non une activité accessoire d?un service d?eau ou
d?assainissement. La production d?électricité renouvelable devrait, selon cette interprétation,
faire l?objet d?un budget distinct du budget de l?assainissement, avec un financement et des
recettes distincts du budget de l?assainissement. Le seuil serait fixé à 500 kWA à l?échelle de
la collectivité.
Le respect de cette norme budgétaire et comptable pose problème aux collectivités
56 Dans le cas du projet Haliotis 2 de Nice Métropole, l?extension de capacité à 680 000 EH, notamment pour
intégrer la capacité de la STEU de Saint-Laurent du Var, s?accompagne d?un investissement, spécifiquement
pour l?unité de méthanisation, de 46 millions d?¤, la production de biogaz pouvant être valorisée à 3,2 millions
d?¤ par an. Cette unité devrait conduire à une production énergétique annuelle de 96 GWh/an (principalement
43 GWh/an de biométhane, 27 GWh/an de chaleur et 26 GWh/an de potentiel énergétique de boues à incinérer)
à comparer à la consommation énergétique future (29 GWh/an) de la STEU.
Dans le cas de Caen ? la Mer, l?extension de capacité à 415 000 EH s?accompagne d?un investissement pour
l?unité de méthanisation d?environ 19 millions d?¤, la production de biogaz pouvant être valorisée à 2,5 millions
d?¤ par an. Cette unité devrait conduire à une production énergétique de 32 GWh en 2040 (27 GWh/an de
biométhane, 5 GWh/an de chaleur) à comparer à la consommation énergétique de 17 Gwh/an
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gestionnaires des stations qui doutent de la possibilité d?équilibrer un budget spécifique
consacré à la production d?énergie dont les investissements interviendraient, du reste, bien en
amont de potentielles recettes. En outre, cette distinction entre les différents budgets
eau/assainissement d?une part et énergie d?autre part interroge l?approche globale des stations
promues par la directive.
La mission remarque, en tout état de cause, que certaines collectivités ont pu lancer des in-
vestissements de valorisation énergétique sur leur budget eau/assainissement sans re-
marques du contrôle de légalité.
2.4.2 Ce qu?il faut retenir pour la mise en oeuvre de la neutralité énergé-
tique et de la neutralité carbone
Indépendamment de toute optimisation dans une programmation nationale, la mission considère :
que les prescriptions de la directive engendreront des recettes qui couvriront une
grande partie de leurs coûts dans des délais inférieurs à l?échéance des emprunts
nécessaires, produisant des bénéfices significatifs à moyen et long terme, ce dont atteste
le fait que de nombreuses collectivités ont déjà programmé la création d?unités de
méthanisation. On pourrait également recommander de mobiliser les certificats d?économie
d?énergie pour financer certaines mesures de réduction des consommations ;
qu?il convient d?évaluer la production d?énergie renouvelable susceptible d?être produite par les
STEU de plus de 10 000 EH pour viser la neutralité à l?échelle nationale en 2045. Un levier
majeur pour l?atteindre est la création d?unités de méthanisation dans toutes les
STEU de plus de 50 000 EH : évaluer cette production permettait de la comparer à la
consommation de l?ensemble des STEU de plus de 10 000 EH et d?estimer la contribution
de cette mesure au respect des échéances de l?article 11.2 57 . Des études de faisabilité
technico-économiques devraient être prescrites pour toutes les STEU pour lesquelles
elles n?ont pas encore été réalisées. Les dispositions réglementaires et budgétaires qui leurs
sont applicables devraient être lisibles et simplifiées afin d?exploiter pleinement le potentiel de
production de biogaz, en particulier pour ce qui concerne le cadre de valorisation des boues,
les conditions de rachat du gaz, le cadre de gestion de l?activité de valorisation énergétique ;
qu?il est nécessaire de prescrire, de pair et aux mêmes échéances, aux STEU de plus
10 000 EH la réalisation de bilans des émissions de gaz à effet de serre, conformes au
guide mis à jour par l?ASTEE et l?ADEME en 2023, afin de réduire ces émissions
concomitamment en visant la neutralité climatique en 2050, et aussi de pouvoir démontrer, à
tout le moins, que les émissions de méthane et de protoxyde d?azote n?augmenteront pas ;
que pour anticiper les obligations de « reporting » de la France, les données relatives aux
consommations énergétiques, aux émissions de gaz à effet de serre et à la production
d?énergie renouvelable devraient être ajoutées à la base de données Sispea.
Conformément à ce que prévoit la directive, les audits énergétiques devraient également re-
censer les possibilités de valorisation de la chaleur fatale58, mais aussi le potentiel d?équi-
pement des installations en panneaux photovoltaïques, à mobiliser pour le cas où la production
de biogaz n?apparaîtrait pas suffisante pour respecter les échéances de l?article 11.2. Compte tenu
des caractéristiques de la production d?énergie française, il est probable que la France pourrait
bénéficier des dérogations prévues à l?article 11.2, sous réserve néanmoins de démontrer que
« toutes les mesures d?efficacité énergétique et toutes les mesures visant à renforcer la production
d?énergie renouvelable, notamment celles recensées dans les audits énergétiques » auront été
57 Cela n?exclut pas d?autres actions, comme la valorisation de la chaleur fatale ou l?installation des panneaux
photovoltaïques mais, au regard de la production d?un méthaniseur, l?apport est marginal au regard des objectifs
de la DERU2.
58 Qui peuvent être soutenues à 30 % par le Fonds Chaleur de l?Ademe
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mises en oeuvre.
(DEB ou DGPR) Prescrire sans attendre des audits énergétiques et
bilans carbone aux STEU de plus de 10 000 EH et des études de faisabilité technico-
économiques de méthaniseurs aux STEU ou regroupements de STEU de plus 50 000 EH en
vue de la généralisation de tels méthaniseurs au-dessus de ce seuil.
(DGEC, en lien avec la DEB) Intégrer un objectif de production d?énergie renouvelable des
dispositifs d?assainissement dans les programmations pluriannuelles de l?énergie.
Mobiliser le Fonds Chaleur voire les certificats d?économie d?énergie pour l?équipement en
méthaniseurs et l?accompagnement des travaux d?économie d?énergie.
Surveillance et rapportage
La qualité des différents systèmes d'information, qui était déjà regardée comme stratégique pour
la mise en oeuvre de la DERU, est un socle indispensable pour engager celle de la DERU2 compte
tenu du caractère transversal de cette directive et de l?introduction de nouveaux acteurs liés, par
exemple, à la filière REP pour le traitement des micropolluants et à l?objectif de neutralité énergé-
tique.
Pour mémoire :
la base de données de référence pour les échanges relatifs à la conformité des systèmes
d'assainissement entre les différentes administrations est l'application ROSEAU (Réseau
organisé de la surveillance des eaux de l'assainissement urbain), alimentée par les données
d'auto-surveillance que les collectivités organisatrices versent dans l'application VERSEAU,
gérée par la DGALN. Cette base est utilisée par la police de l?eau ;
SISPEA, institué par la loi sur l?eau et les milieux aquatiques du 30 décembre 2006, est une
application en ligne dans lesquelles les autorités organisatrices doivent saisir les données de
qualité de leurs services dont le rapport sur le prix et la qualité des services (RPQS), sous
l?impulsion et le contrôle des agences de l?eau, des Dreal de bassin et des DDT ; les
informations sont mises à disposition du public. Le remplissage, obligatoire depuis l'exercice
2015 pour tous les services d'eau et d'assainissement de plus de 3 500 habitants, reste
imparfait59 ; cela va poser problème puisque la mise en oeuvre de la réforme des redevances,
qui comporte désormais une approche appuyée sur la performance, s?appuiera sur SISPEA.
Ces deux bases, appuyées sur des référentiels communs de structuration, sont parallèles mais
recourent à des concepts différents - l'agglomération d'assainissement n'est pas un « objet »
SISPEA - et à des calendriers de remplissage distincts. Des travaux d?interopérabilité sont engagés,
sans échéance précise. Par ailleurs, de nombreuses informations sont également échangées de
manière spécifique ou informelle.
La surveillance et le rapportage de la mise en oeuvre de la DERU2 font l?objet de deux articles (21
et 22) dédiés. Le retour d?expérience de la DERU démontre que les outils correspondants néces-
sitent des moyens importants. La mise en oeuvre de la DERU2 nécessitera une évolution profonde
des systèmes d?information existants et plusieurs compléments significatifs. De ce fait, la recherche
d?efficacité, d?économie de moyens (humains et financiers) commande de faire de la conception
d?outils complets, partagés, ergonomiques, une priorité, en gardant aussi en tête qu?une grande
partie des informations collectées a vocation à être rendue publique, notamment en conformité
avec l?article 24 de la directive (information du public).
59 En 2020, seulement 51 % des services (6 460 services sur les 12 623 services), représentant néanmoins 82 %
de la population desservie, ont renseigné des données, parfois de façon non complète.
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2.5.1 Les obligations de la DERU2
L?article 21 définit les paramètres minimaux à surveiller. Sont ainsi listés les rejets des STEU, les
boues notamment celles destinées à l?agriculture et leurs modalités d?épandage, les gaz à effet de
serre, l?énergie consommée et produite, les déversoirs d?orage60. Pour les seules agglomérations
supérieures à 10 000 EH, il définit la liste de polluants à surveiller (concentrations et charges) en
entrée et sortie de STEU (les PFAS et les microplastiques, y compris dans les boues, sont explici-
tement mentionnés), sauf s?il est démontré qu?ils sont absents des rejets. Plusieurs articles préci-
sent que cette surveillance ne concerne que les eaux résiduaires urbaines. La fréquence est d?au
moins deux fois par an pour les STEU de plus de 150 000 EH et d?une fois tous les deux ans pour
les STEU comprises entre 10 000 EH et 150 000 EH.
L?article 22 définit le cadre pour pouvoir s?assurer du respect de certaines obligations de la direc-
tive. Ceci concerne notamment des « ensembles de données » :
« indiquant le pourcentage d?eaux urbaines résiduaires collectées et traitées » ;
« contenant des informations sur la mise en oeuvre » de l?assainissement non collectif,
permettant notamment d?en justifier le recours en conformité avec les conditions posées dans
l?article 4 de la DERU2. L?article cible en particulier la quantification du pourcentage de la
charge des eaux traitées de cette façon ;
« sur le nombre d?échantillons collectés et le nombre d?échantillons prélevés [?] non
conformes » ;
« sur les émissions de gaz à effet de serre, ventilées par type de gaz, et sur l'énergie totale
utilisée et l'énergie renouvelable produite par chaque station d'épuration des eaux urbaines
résiduaires d'un EH égal ou supérieur à 10 000 » ainsi que « le pourcentage d?énergie acheté
de sources autres que les combustibles fossiles », devant permettre de calculer les
pourcentages correspondant aux objectifs fixés à l?article 11 ;
sur les mesures prises pour atteindre l?objectif indicatif non contraignant de 2 % (gestion par
temps de pluie) ;
« contenant les résultats de la surveillance » sanitaire des eaux résiduaires urbaines ;
concernant les zones sensibles à l?eutrophisation et aux micropolluants (liste et critères) ;
« sur les mesures prises pour améliorer l?accès à l?assainissement » ;
spécifiques à la performance des biomédias ;
« contenant les résultats de la surveillance » des épandages, afin de pouvoir comparer leur
apport en eau et en nutriments avec les besoins des cultures concernées.
Les deux articles prévoient des actes d?exécution61 de la Commission européenne pour leur mise
en oeuvre, notamment en ce qui concerne la liste des polluants, les méthodes de modélisation pour
certains paramètres et le format de rapportage.
L?article 24 comporte une annexe VI qui précise les informations à communiquer au public : on y
retrouve notamment des informations sur les eaux collectées ou non et les justifications correspon-
dantes, sur les charges rejetées, sur les programmes et les coûts d?investissement et de fonction-
nement, sur les bilans énergétiques et de gaz à effet de serre.
60 L?article précise que « Les États membres peuvent utiliser les résultats de cette surveillance aux fins d?une
modélisation, lorsque cela est jugé approprié ».
61 Entre 24 et 30 mois à compter de la date d?entrée en vigueur de la directive.
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2.5.2 Des évolutions profondes à prévoir dès à présent et à structurer
dans la durée pour les systèmes d?information
Si les données nécessaires au rapportage de la France pour la DERU ne sont pas toutes dispo-
nibles dans la base de données ouverte SISPEA, la base de données Roseau, outil de la police
de l?eau, comporte des données mieux vérifiées et complémentaires mais ne couvrant pas l?en-
semble des informations nécessaires pour le rapportage de la DERU2. Les services de l?État con-
sidèrent la base de données Roseau comme un bon outil de référence : il serait donc beaucoup
plus coûteux de créer un nouveau système d?information que de faire évoluer celui-là.
L?interopérabilité de ces bases de données a été évoquée, dans les entretiens, comme un projet,
sans horizon clair. De surcroît, les thématiques autres que l?eau (énergie, gaz à effet de serre) sont
traitées partiellement voire très partiellement dans d?autres bases de données, gérées par des
organismes compétents pour ces secteurs, mais étrangers au secteur de l?eau. Enfin, la DERU2
renforce les exigences de rapportage sur des données qui dépendent, en France, des collectivités
? les SPANC par exemple. Cela pose une double question : celle du cadre juridique pour obtenir
ces données de manière fluide, et celle de l?évolution des SI pour les recueillir. La question de la
structuration de la donnée et des conditions de mise en commun de l?information est un sujet en
soi, que ce soit en termes de référencement et d?indexation initialement différents entre systèmes
d?information ou en termes de méthode de collecte de données ayant en outre vocation à être
rendues publiques. Cet enjeu, souvent regardé comme technique et annexe, doit faire partie des
travaux de transposition et de la stratégie de mise en oeuvre, en prévoyant dès le début le
portage et les moyens nécessaires. L?organisation mise en place pour gérer le traitement des
micropolluants sur la base de la responsabilité élargie des producteurs sera nécessairement dotée
d?un système d?information : il sera indispensable de veiller à l?interfaçage adapté des outils.
La DERU2 conduit à s?intéresser à l?assainissement d?une agglomération dans son ensemble, et
plus seulement aux performances de ses stations d?épuration. Les informations nécessaires à la
vérification de conformité devront être produites de façon complémentaire par les agglomérations
et les opérateurs des stations d?épuration (par exemple, la comparaison des charges par temps
sec et par temps de pluie). Les systèmes d?information devront donc être en mesure d?intégrer des
informations sur la zone de drainage, les systèmes de collecte et les installations d?épuration, dis-
ponibles pour le public, les services de l?État mais aussi ceux de la Commission européenne. C?est
la raison pour laquelle, même si les PGI ne concerneront qu?une partie des agglomérations supé-
rieures à 10 000 EH, cette structuration doit être prise en compte dès leur conception, qui
sera déterminante à la fois pour l?identification des points de rejets et de la nature des pollutions à
suivre :
au minimum, il faut pouvoir identifier les capacités des STEU en référence aux différents seuils
prévus dans le DERU2, ce qui n?est pas le cas de SISPEA aujourd?hui ;
ce sont les travaux préalables à l?élaboration des PGI qui permettront de connaître et modéliser
la zone de drainage et de quantifier les volumes d?eau et les charges, tronc commun d?une
grande partie des données recensées dans les articles 21 et 22. Par exemple, de façon
indirecte, il sera important d?identifier les caractéristiques des systèmes de collecte, favorables
à la récupération de chaleur, pouvant représenter selon certains interlocuteurs de la mission
10 % de l?énergie totale. Ces travaux préalables doivent aussi permettre de concevoir des
dispositifs de surveillance aussi efficaces que possible et peu coûteux ;
l?absence d?interopérabilité entre Roseau et Sispea est également globalement très coûteuse
pour la collectivité dans son ensemble. Au regard du grand nombre d?informations requises par
la DERU2 ayant vocation à être davantage ouvertes, il conviendrait de définir a priori les listes
des données publiques et non publiques, afin de s?assurer d?une saisine unique des premières,
sous le contrôle de l?Etat. Ce travail devrait être conduit en cohérence avec la définition d?un
lexique national.
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Coûts évalués par la Commission européenne
L?évaluation ex ante de la Commission européenne aborde les coûts de la surveillance de façon éparse, dans
certains articles :
d?entrée, elle identifie le rôle central des PGI pour réduire et optimiser les coûts, néanmoins sans pouvoir
l?estimer62 ; cette optimisation n?interviendra réellement que si les exigences attendues des PGI ne sont pas
surdimensionnées. On suppose néanmoins que des études préalables solides seront nécessaires justement
pour définir le meilleur équilibre entre modélisations et mesures et réduire les coûts de surveillance ultérieurs,
en particulier en termes de charges polluantes. Toute contribution d?un cadrage national et d?un appui par le
réseau scientifique et technique de l?État sera donc opportune pour réduire ce coût d?entrée ;
l?étude n?évoque pas la question de la surveillance pour les agglomérations comprises entre 1 000 et 10 000
EH. Pour ces agglomérations comme pour celles de 10 000 EH qui ne feront pas l?objet d?un PGI, il serait
opportun de retenir un cadre de surveillance et de déclaration cohérent pour les données qui les concernent.
Ceci pourrait nécessiter la collecte de quelques informations non requises par la directive, notamment pour
pouvoir renseigner les ratios globaux. Dans certains cas, la meilleure solution pourra être de retenir des
données forfaitaires par défaut en justifiant les choix correspondants vis-à-vis de la Commission européenne ;
l?objectif affiché de rendre les bases de données nationales directement accessibles par les opérateurs de
STEU et l?abandon du rapportage biennal ainsi rendu possible sont considérés comme des économies
globales.
Elle estime le coût global de la surveillance pour l?ensemble de l?Union européenne à 20,57 millions d?euros, soit
environ 60 % du coût global des PGI. La mise en place d?un dispositif de surveillance pourrait donc coûter plusieurs
centaines de milliers d?euros pour une collectivité de plusieurs dizaines de milliers d?EH, auxquels il faudrait ajouter
les coûts annuels de gestion, de suivi et de rapportage.
(DEB, OFB) Faire évoluer les systèmes d?information ROSEAU et
SISPEA pour assurer leur interopérabilité et les compléter pour en faire les outils partagés
de la collecte et de la gestion des eaux usées. Les ouvrir dans un plan partagé à trois ans.
Fiabiliser leurs données par un mécanisme responsabilisant les agglomérations et les
opérateurs
Autres enjeux
2.6.1 Les petites agglomérations et l?assainissement non collectif
La directive rend obligatoire la collecte dans les agglomérations d?assainissement de plus de
2 000 EH (article 3.1), ce qui est un acquis en France, et abaisse de 2 000 à 1 000 EH le seuil au-
dessus duquel le principe de base est l?assainissement collectif, associé à un premier niveau de
traitement des effluents (article 3.2), avec un objectif de 100 % à l?horizon 2035.
Entre 1 400 et 1 500 agglomérations de cette taille sont recensées dans la base de données Ro-
seau, qui enregistre toutes celles qui sont dotées de réseaux. Tous les interlocuteurs de la mission
ont indiqué que les « agglomérations d?assainissement » ne disposant pas de tels systèmes de
collecte et de traitement minimal seraient l?exception. Le coût de mise en conformité apparaît dès
lors marginal au niveau national, ce qui n?exclura pas la nécessité d?examiner quelques situations
locales dans la mise en oeuvre de la DERU2 : l?impact de cette évolution concerne notamment les
effectifs des services de police de l?eau.
La directive impose également de motiver les raisons qui conduisent à déroger au principe de base
62 « These plans would allow optimising existing and planned infrastructures leading to potentially significant
savings in terms of new investments ».
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d?un assainissement collectif par des « systèmes individuels » (ou assainissement non collectif) :
pas d?intérêt pour l?environnement ou la santé humaine, impossibilité technique ou coût excessif
(article 4.1). Les États membres doivent s?assurer que les ANC mis en place « soient conçus, ex-
ploités et entretenus de manière à atteindre le même niveau de protection de la santé humaine et
de l'environnement que les traitements secondaire et tertiaire visés aux articles 6 et 7 [de la direc-
tive] » (article 4.2). Ceci requiert notamment des éléments de preuve et de démonstration, ainsi
qu?un suivi plus régulier des performances de l?assainissement non collectif, qui pourraient pousser
à l?assainissement collectif dans des secteurs où ce n?est pas le cas aujourd?hui. Au niveau natio-
nal, l?État membre doit apporter une telle démonstration à la Commission européenne et doit justi-
fier que c?est compatible avec la directive cadre sur l?eau.
Par ailleurs, si aucun interlocuteur de la mission ne semble vouloir remettre en cause l?équilibre
global existant entre assainissement collectif et non collectif, le suivi aujourd?hui assuré par la plu-
part des collectivités pourrait ne pas être suffisant pour répondre aux obligations de moyens rete-
nues par la directive à savoir que « les systèmes individuels soient enregistrés dans un registre et
que des inspections régulières ou d'autres activités de vérification et de contrôle de ces systèmes
soient menées, sur la base d'une approche fondée sur les risques, par l'autorité compétente ou par
un autre organisme autorisé au niveau national, régional ou local ».
Cet article 4.3 demande également des contrôles ou inspections réguliers par les autorités com-
pétentes. L?organisation française actuelle, appuyée sur les SPANC, ne prévoit pas toujours de
tels programmes de contrôles, et ne permettra pas en elle-même un rapportage par l?État.
L?interprétation de ces dispositions sur l?ANC et ses modalités de suivi devant faire l?objet d?un acte
d?exécution de la Commission européenne, la mission estime qu?il est nécessaire que la France
participe à ces travaux pour assurer que l?ANC reste possible dans les territoires où la dis-
persion de l?habitat le rend pertinent et veiller à des modalités de rapportage pragmatique.
Des évolutions de SISPEA seront néanmoins à prévoir qui devront intégrer les contributions des
collectivités locales.
Les départements d?Outre-mer pourraient néanmoins constituer une exception au regard du faible
taux de raccordement effectif, qu?il sera difficile de motiver selon les critères de la directive (voir §
4.2.2.3).
2.6.2 Rejets d?eaux usées non domestiques
L?article 14 comporte plusieurs dispositions visant à s?assurer du respect de la directive pour les
eaux usées non domestiques déversées dans des systèmes d?assainissement.
Selon plusieurs témoignages recueillis par la mission, les conditions dans lesquelles certains de
ces rejets ont été autorisés par le passé n?ont pas toujours respecté le formalisme requis par la
réglementation en vigueur. L?article cite explicitement la nécessité d?un réexamen et, au besoin,
une abrogation des réglementations ou autorisations antérieures.
Pour la mission, la vérification du respect de la directive imposera un état des lieux des
autorisations spécifiques, existantes ou nouvelles, par les exploitants des systèmes d?as-
sainissement mais aussi le cas échéant par l?inspection des installations classées, pour
pouvoir démontrer que les dispositions de l?article 14 sont bien respectées, notamment en
ce qui concerne :
la compatibilité de la charge polluante avec la qualité des milieux récepteurs ;
la compatibilité de la charge polluante avec le bon fonctionnement du dispositif
d?assainissement ;
les impacts sanitaires éventuels de la charge polluante sur le personnel exploitant le dispositif
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d?assainissement ;
la contribution du dispositif d?assainissement à l?abattement de la charge polluante, à comparer
à celle d?un rejet direct au milieu naturel ;
l?impact de la charge polluante sur les périmètres de captage d?alimentation en eau potable.
L?évaluation ex ante de la directive n?envisage que le coût de la surveillance permettant d?apporter
cette démonstration.
La vérification de la compatibilité des dispositions réglementaires existantes avec ces nouvelles
dispositions sera néanmoins nécessaire pour s?assurer du traitement apporté aux rejets de micro-
polluants : ou bien ceux-ci sont traités à la source sous la responsabilité de ceux qui les produisent
(rejets des substances dangereuses dans l?environnement (RSDE) et PFAS, notamment ; ou bien
ceux-ci sont rejetés dans un réseau d?assainissement collectif, ce qui légitimerait une contribution
des usagers non domestiques qui les y rejettent à un traitement quaternaire, pour autant que celui-
ci soit adapté aux micropolluants émis63.
La mission estime que l?amélioration des milieux résultant du traitement des micropolluants du fait
de la REP constitue un effort important, qui doit s?intégrer dans un plan d?action d?ensemble de
réduction de ces pollutions, impliquant tous les secteurs émetteurs.
(DGPR, en lien avec la DEB) S?assurer de la conformité des
raccordements non domestiques existants avec la DERU2
2.6.3 Réutilisation de l?eau et rejets d?eaux urbaines résiduaires (REUT)
Depuis l?adoption du Plan Eau (mars 2023), de nombreux textes réglementaires sont venus préci-
ser les modalités de réutilisation des eaux usées traitées, selon leur nature et les usages futurs.
Le décret 2023-835 du 29 août 2023 fixe les conditions d?utilisation des eaux usées traitées et des
eaux de pluie pour l?ensemble des usages non domestiques et fixe la procédure d?autorisation pour
l?utilisation des eaux usées traitées. Plusieurs arrêtés ont été publiés pour en décliner la mise en
oeuvre.
L?objet de l?article 15 de la directive est de l?encourager, « en particulier dans les zones de stress
hydrique », dans le respect de l?environnement et de la santé humaine, en particulier pour ne pas
compromettre le débit des cours d?eau récepteur.
L?article 8.8 prévoit en outre que les États membres veillent à ce que, lorsque c?est approprié, les
eaux résiduaires urbaines qui sont réutilisées ou dont la réutilisation est prévue font l?objet d?un
traitement quaternaire. Cette disposition demandera des précisions pour sa mise en oeuvre :
certains types de réutilisation ne demandent pas nécessairement un tel traitement ;
il conviendra de s?assurer de l?articulation des efforts de traitement des micropolluants par les
STEU et par les usines de potabilisations des eaux ? et du reste, d?encadrer les rejets de ces
dernières.
De façon générale, la REUT est encore peu développée en France. Le coût administratif de l?ali-
gnement des dispositions réglementaires (s?il s?avérait nécessaire) et du respect de la conformité
63 La REP prévue dans le DERU2 ne prévoit pas de secteurs soumis à éco-contribution autres que
pharmaceutique et cosmétique définis à l?échelle nationale ; elle laisse ouverte la question du financement des
20% qui ne seront pas apportés par ces secteurs.
PUBLIÉ
https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000048007367
Mars 2025
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des situations actuellement autorisées est donc a priori limité. L?évaluation ex ante de la Commis-
sion européenne n?aborde pas cette question.
Travaux transversaux à engager rapidement
2.7.1 Définir un lexique commun
La DERU2, en complément de la DERU qui avait déjà défini les traitements primaire et secondaire,
définit le tertiaire et le quaternaire pour désigner respectivement le traitement de l?azote et du
phosphore et celui des micropolluants. Ces termes, en particulier ceux de secondaire tertiaire, sont
usuellement utilisés différemment en France. La lecture de la directive permet de confirmer que la
rédaction d?un article spécifique sur le tertiaire (article 7) ne vise pas à imposer des équipements
spécifiques : la mise en oeuvre de la directive repose bien sur l?atteinte d?objectifs de dépollution.
Pour autant, ce double vocabulaire peut être source d?incompréhension, au quotidien antre acteurs
de l?assainissement, et dans le travail de transposition.
La mise au point d?un glossaire, dès l?engagement des travaux de transposition et de mise en
oeuvre, devra viser à :
identifier clairement les termes dans les deux lexiques ;
proposer les termes qui feront référence en France, et s?appuyant par exemple sur les objectifs
d?abattement plutôt que sur la dénomination « tertiaire » ou « quaternaire ».
Par ailleurs, plusieurs objectifs de la DERU2 posent des questions de périmètre qui devront être
précisées dans le travail de transposition et méritent d?être clairement partagées (cf. ci-dessus).
D?autres concepts nécessitent d?être précisément définis et, le cas échéant, spécifiés selon les
territoires concernés (temps sec, temps de pluie, etc.).
(DEB) Rédiger, en lien avec les parties prenantes, un référentiel de
vocabulaire des traitements partagé pour la transposition et la mise en oeuvre de la DERU2.
Clarifier l?ensemble des concepts et périmètres nécessaires à la mise en oeuvre de la
directive.
2.7.2 Définir les zones, listes et informations requises, dans un calendrier
unique
Plusieurs objectifs de la DERU2 demandent l?identification de zonages ou de listes majeurs :
liste des agglomérations entre 10 000 et 100 000 EH au titre des risques liés aux eaux de pluie
(article 5.2) au plus tard le 22 juin 2028,
zones sensibles à l?eutrophisation, au plus tard le 31 décembre 2027 (article 7.2). Elles sont
déjà définies en France et régulièrement mises à jour,
zones sensibles aux micropolluants (article 8.2), au plus tard le 31 décembre 2030,
zones à risque pour l'environnement et la santé humaine, le 31 décembre 2027 (article 18.1)64.
En outre, un travail pourrait être utile sur la portée, en pratique, de la marge de manoeuvre sur le
traitement du phosphore ou de l?azote en zone sensible.
La définition des zones à enjeux pour les micropolluants demande la formalisation d?une analyse
des risques puis une mise en oeuvre. Cette identification doit se faire sur des bases scientifiques,
64 Sujet non approfondi dans ce rapport.
PUBLIÉ
Mars 2025
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proposées par la DEB, et soumises à concertation. L?identification des agglomérations qui devront
se doter d?un plan de gestion intégré repose sur des critères évoqués dans la directive, qui deman-
dent également un travail préalable. Chacun de ces travaux est prévu, dans la directive, à des
échéances différentes. Or, ce sont tous des déterminants de choix d?investissement des collectivi-
tés locales qui ne sont pas disjoints en pratique. Un maintien de différentes dates d?échéance ra-
lentirait le processus de décision des collectivités.
De même, l?identification des substances soumises à la REP, ainsi que de leur dangerosité doit
être engagée dès que possible. C?est un élément déterminant de la préfiguration d?une organisation
ad hoc, quelle qu?elle soit. Cette identification doit se faire sur des bases scientifiques, proposées
par la DEB, et soumises à concertation. L?État doit pouvoir mettre sur la table une proposition au
premier semestre 2025, pour engager des discussions avec les parties prenantes et stabiliser une
liste. Celle-ci sera nécessairement révisable à intervalle régulier une fois la REP mise en place,
pour tenir compte de l?évolution des substances concernées ? la REP se voulant incitative à la
prévention et à l?éco-conception. Avancer au plus vite sur cette liste permettra aussi une présence
active de la France dans les travaux de la Commission (qui doit identifier les substances non
concernées), qui s?est fixée une échéance début 2026.
(DEB, agences de l?eau et services déconcentrés) Engager dès à présent
l?élaboration des listes et zonages évoqués précédemment, en visant un même calendrier,
s?achevant au plus tard pour le 31 décembre 2027
PUBLIÉ
Mars 2025
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3 Éléments d?appréciation des coûts de la DERU2
Une évaluation de la DERU2 demande, pour chacun des nouveaux objectifs, d?identifier des
référentiels de coûts mais également des scénarios adaptés au sujet : les déterminants sont
nombreux et l?étendue des options pour sa mise en oeuvre est très large. L?enquête menée par la
mission auprès des DREAL, agences de l?eau, DDT et des collectivités (annexe 6) est une des
sources permettant de proposer de premières hypothèses. Malgré une forte mobilisation, et compte
tenu de délais courts, les données issues de cette enquête sont hétérogènes : si elles ne
permettent pas, à elles seules, d?approcher un coût global ni une stratégie d?optimisation de ce
coût, plusieurs tendances peuvent en être dégagées pour formuler certaines hypothèses et réduire
les spectres de coûts. La mission a également eu plusieurs échanges avec la fédération Syntec et
le syndicat Synteau : ils ont permis de disposer, sur les nouveaux objectifs relatifs au traitement
quaternaire et à l?énergie, d?hypothèses de coûts documentées, et de s?assurer d?ordres de
grandeurs cohérents.
Le raisonnement développé ci-après s?appuie sur les travaux de la Commission européenne, la
bibliographie, les retours des questionnaires adressés aux services déconcentrées et leur
agglomération par la mission. Quelques cas ont pu donner lieu à des échanges plus approfondis
et permettent de bénéficier de dire d?experts.
Les résultats de cette première évaluation sont des ordres de grandeur. Ils ne doivent en
aucun cas être regardés comme des valeurs de référence à citer sans tenir compte des
hypothèses sous-jacentes, des scénarios retenus et des nombreuses incertitudes à ce
stade des travaux. Ils ont vocation à être ajustés, affinés, confortés dans les mois à venir
avec les acteurs de la filière dans une démarche structurée, initiée par ces travaux.
Le comité stratégique de filière (CSF), en lien avec la DEB, a engagé une étude plus fine à un
horizon plus éloigné : au-delà des premiers contacts de la mission avec ses représentants,
l?ébauche présentée dans ce rapport, ainsi que les données d?ores et déjà rassemblées devraient
lui être transmises à cette fin. La robustesse de ces estimations devra être assurée par un partage
avec l?ensemble des associations particulièrement structurées sur ce sujet : ASTEE, FNCCR,
France Urbaine, AMORCE notamment, et bien sûr les services déconcentrés et agences de l?eau.
Enseignements de l?enquête initiée par la mission
3.1.1 Enseignements généraux
L?enquête a été conduite sous la coordination des instances de chaque bassin hydrographique.
Elle comportait deux grandes composantes : un questionnaire aux services de l?État et agences
de l?eau pour identifier les caractéristiques du bassin qui seront déterminantes pour la mise en
oeuvre de la DERU2 (niveaux d?équipement, état des masses d?eau?) et un tableur à renseigner
par les agglomérations concernées pour les sujets ciblés, pour pouvoir apprécier les « situations
de départ » et le « reste à faire », sur le plan technique et sur le plan financier, et recenser autant
que possible les contraintes spécifiques. La mission a cherché à collecter des données sur
l?ensemble des agglomérations dont au moins une STEU a une capacité de traitement supérieure
à 150 000 EH, en demandant également à chaque bassin de fournir des informations pour un
échantillon représentatif de STEU comprises entre 10 000 EH et 150 000 EH, à son appréciation.
Elle a par ailleurs recueilli des informations plus précises auprès de certaines agglomérations65.
65 Caen, Montpellier, Lyon, Nice, Grenoble
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https://www.syntec.fr/
https://www.synteau.com/
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Les informations communiquées à la mission restent parcellaires pour plusieurs raisons légitimes :
le délai contraint par l?échéance de la mission : les retours de l?enquête, lancée fin octobre,
étaient attendus pour le mois de décembre. Lorsque les informations étaient déjà suivies et
disponibles, des tableaux homogènes et détaillés ont pu être renvoyés ; dans le cas inverse,
seules des données partielles ont pu être transmises ;
chaque bassin a mis en oeuvre une méthode adaptée au fonctionnement des services : dans
certains bassins, l?enquête a été largement déléguée aux DDTM, conduisant à des remontées
d?informations directes des départements suite aux contacts avec les quelques collectivités
concernées ; dans d?autres, les retours ont fait l?objet d?une consolidation et d?une analyse
structurée à l?échelle du bassin.
Dans la plupart des cas, les données de base figurent dans SISPEA. Un croisement des
informations disponibles avec d?autres sources conduit néanmoins à s?interroger sur la fiabilité de
ces données de base.
Les retours sont complets dans les « petits » bassins hydrographiques comportant peu de
départements, y compris en ce qui concerne les agglomérations de plus de 10 000 EH.
L?exploitation de leurs données permet ainsi de réaliser des extractions statistiques fiables et de
tester différentes options de programmation, ce qui pourrait conduire à surpondérer les
caractéristiques de ces bassins et demande un travail d?ajustement appuyé là aussi sur des
connaissances générales
La mission salue particulièrement l?implication des services, jusqu?au niveau de la police de l?eau :
au-delà des retours utiles, cet exercice a permis d?initier une prise de conscience plus large des
collectivités, pour certaines encore largement mobilisées par la DERU et le renouvellement des
systèmes de collecte. Indirectement, ceci renseigne sur le besoin de consolider et de renforcer ces
services pour la mise en oeuvre de la DERU2.
Ainsi, si les collectivités structurées et leurs associations ont compris qu?elles devraient investir
dans des niveaux de traitement quaternaire, elles sont, naturellement, dans l?expectative sur la
définition des zones sensibles et le fonctionnement de la REP, ayant tendance, de ce fait, à retenir
des valeurs maximales. L?objectif de 2 % pour le temps de pluie, pourtant connu pour être indicatif,
est interprété quasi-unanimement comme une contrainte à venir présentant des coûts
insoutenables, cette inquiétude s?exprimant y compris dans les collectivités qui respectent les 5%
de l?arrêté de 2015. L?obligation nouvelle de traitement de l?azote et du phosphore hors zone
sensible à l?eutrophisation est évoquée comme un équipement difficile à réaliser, sur le plan
technique comme sur le plan financier, et peut poser question y compris dans les zones soumises
à eutrophisation quand le foncier est contraint. Si un quart des plus grandes collectivités ont déjà
réalisé des méthaniseurs ou ont lancé des études techniques, les moyens d?atteindre les objectifs
de neutralité énergétique et carbone, par la maîtrise des consommations ou par la production
d?énergie renouvelable, restent incertains.
Pour toutes ces raisons, il sera opportun de diffuser et partager largement les conclusions de la
mission sitôt qu?elles pourront être publiées, en guise de sensibilisation et pour permettre à chaque
collectivité de compléter, voire corriger, sa perception de la DERU2, de contribuer à l?organisation
de sa mise en oeuvre, pour en respecter les dispositions dans les temps.
L?hétérogénéité constatée doit encourager à un partage des pratiques entre bassins, que ce soit,
par exemple, en termes de modélisation de l?état des masses d?eau et des pressions qu?elles
subissent, de connaissance de taux de dilution des rejets, de mesures des micropolluants et de
techniques de traitement ou de modèles de convention de raccordement? Cet exercice permet
également d?illustrer qu?un investissement dans les systèmes d?information pour homogénéiser et
fiabiliser leurs données est une priorité absolue pour une appréciation plus fiable des coûts. En
outre, le rapportage à la Commission européenne risque d?être encore plus hasardeux demain si
les collectivités ne sont pas responsabilisées, y compris avec un dispositif de contrôle/sanction
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appropriée en cas de saisies incomplètes ou non conformes.
3.1.2 Enseignements utiles pour affiner le calcul des coûts
Le dénombrement des agglomérations concernées est la première difficulté à laquelle la mission
a dû faire face pour mener son évaluation. Elle s?est attachée à consolider au mieux les données
transmises dans le cadre de l?enquête sur la base des informations disponibles dans SISPEA :
le nombre de stations de plus de 150 000 EH a pu être évalué, selon les différentes méthodes,
à 89 ou 92 : pour ce rapport, la mission retient un nombre de 92 ;
le nombre de stations entre 10 000 EH et 150 000 EH n?a pu être évalué qu?avec une précision
moindre, entre 1 050 et 1 200. Pour ce rapport, la mission retient un nombre de 1 070.
Les retours de l?enquête ont confirmé le nombre marginal des agglomérations comprises entre
1 000 et 2 000 EH non encore équipées. Cette information est disponible sur ROSEAU mais pas
sur SISPEA.
Une question portait sur les éventuelles impossibilités foncières d?extension des STEU : une moitié
des agglomérations y a répondu ; parmi elles, une grosse moitié ont confirmé que ce pourrait être
un obstacle. C?est le plus souvent le cas de STEU sur les sections du littoral sur lesquels s?exerce
déjà une pression foncière forte ou au coeur de grandes agglomérations. Pour celles qui sont
concernées, ce sont des contraintes fortes qui pourront nécessiter la restructuration complète du
dispositif de traitement voire la relocalisation de la STEU, ce qui doit être anticipé au plus tôt. Vu la
façon dont les objectifs de la directive sont définis, la transposition devrait laisser la plus grande
souplesse à une interprétation, lorsqu?elle est possible, des obligations à l?échelle des
agglomérations pour permettre des raisonnements globaux.
3.1.2.1 Temps de pluie
Se dégagent les types suivants de collectivités :
? celles qui ne disposent pas de schémas directeurs. Pour celles-ci, les PGI constitueront des
obligations nouvelles avec un coût d?investissement initial important. Ce sera un paramètre à
prendre en compte dans l?établissement de la liste des agglomérations concernées ;
? celles qui disposent de schémas directeurs :
? celles, minoritaires, qui appliquent l?arrêté ministériel de 2015 avec le critère de charge : cette
situation de départ est la plus favorable. Néanmoins, des études complémentaires seront
nécessaires pour prendre en compte tous les polluants représentatifs de la charge et vérifier
que les dispositifs existants de modélisation et de mesure permettent de quantifier la charge
totale et l?incertitude sur cette valeur. La prise en compte des charges autres que les
pollutions carbonées (azote, phosphore, micropolluants) devrait constituer le surcoût le plus
important ;
? celles qui appliquent l?arrêté ministériel de 2015 avec un critère de volume :
celles qui ne respectent pas la valeur limite de 5 % : selon ce qui a été indiqué à la
mission, elles représenteraient 40 % des agglomérations. L?investissement nécessaire
s?apparentera à celui des agglomérations ne disposant pas encore de schémas
directeurs ;
celles qui respectent la valeur limite de 5 % : les retours de ces agglomérations permettent
en outre de noter que ces agglomérations ont engagé des plans et des investissements
à long terme pour poursuivre la réduction de ces rejets. Ce sont notamment ces
agglomérations qui interprètent l?objectif de 2 % comme leur « nouvelle frontière ».
Les retours de l?enquête ne sont pas suffisamment complets pour pouvoir disposer d?une répartition
même indicative des agglomérations selon ces différents types. Dans les réponses du bassin
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Artois-Picardie, les plus complètes, l?enquête révèle que de nombreuses agglomérations ne
disposent pas de schéma directeur alors que beaucoup sont mobilisées pour réduire les rejets par
temps de pluie.
3.1.2.2 Azote / Phosphore
C?est le paramètre le mieux renseigné de tous dans les retours de l?enquête.
Se dégagent les types suivants de collectivités :
? les agglomérations en zones sensibles :
? celles qui respectent d?ores et déjà les valeurs limites de la DERU2 ;
? celles qui en sont proches : elles font l?hypothèse qu?un ajout accru de réactifs pourrait à lui
seul suffire pour atteindre les valeurs limites de la DERU2, en particulier pour le phosphore,
n?occasionnant pas de coût d?investissement ni d?impossibilité technique, mais un surcoût de
fonctionnement ;
? celles qui auront plus de difficultés : des investissements plus importants seront nécessaires
pour étendre les surfaces des équipements existants, en particulier pour l?azote. Certaines
agglomérations font même l?hypothèse que des nouveaux équipements seront nécessaires,
occasionnant alors des coûts importants ;
? les agglomérations hors zones sensibles : l?enquête confirme alors les coûts élevés de
nouveaux équipements de taille importante (plusieurs dizaines de millions d?euros) et est
accompagnée d?une interrogation sur le bénéfice environnemental d?un tel investissement. Une
contribution évoque un coût de 10 millions d?euros pour des stations littorales de taille plus petite
(quelques dizaines de milliers d?EH).
Les réponses au questionnaire font ressortir, approximativement, que 21 % des STEU affirment
déjà respecter les objectifs de la DERU2, 27 % estiment qu?elles devront ajouter des réactifs et
48 % devront réaliser des travaux d?infrastructures. Le panel réduit des retours ne permet toutefois
pas de généraliser ce constat à l?échelle nationale.
3.1.2.3 Micropolluants
Compte tenu de la quasi-absence d?équipement dans l?état initial, toutes les STEU concernées
devront faire l?objet d?un équipement nouveau. Il s?impose pour les STEU de plus de 150 000 EH.
En revanche, reste une incertitude forte sur la proportion des STEU entre 10 000 EH et 150 000
EH qui seront concernées, les zones sensibles n?étant pas encore définies.
Les réponses qualitatives à l?enquête (sensibilité des milieux avoisinants) ne permettent pas de
dégager des proportions mêmes indicatives. En revanche, deux bassins ont fourni des informations
complètes sur les taux de dilution des rejets : pour Seine-Normandie, 10 % des STEU auraient des
taux de dilution inférieur à 10 % ; pour Artois-Picardie, cette proportion serait de 33 %. Ces
proportions sont à croiser avec des critères géographiques et topographiques : ces taux de dilution
sont très forts pour les rejets en mer et dans les grands fleuves ; la dilution est également souvent
bonne dans des secteurs à relief contrasté, pour autant que les conditions d?étiage restent
favorables ; l?exemple d?Artois-Picardie démontre en revanche que ce taux sera plus souvent plus
faible dans les territoires les plus plats ou présentant des débits plus faibles.
Sur la base de ce raisonnement, la proportion de 10 % pourrait être considérée comme la valeur
basse de la fourchette pour le calcul, la valeur de 30 % étant plutôt la valeur haute de la fourchette,
conservatoire pour les territoires les plus plats. Pour l?ensemble du territoire national hors DROM,
on retiendra une valeur moyenne de 15 %, marge permettant d?intégrer les masses d?eau les plus
sensibles.
Il s?agit là d?hypothèses aussi documentées que possible à ce stade qui ne préjugent en rien des
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résultats qui seront issus d?un travail scientifique et méthodologique pour définir ces zones
sensibles.
3.1.2.4 Énergie et gaz à effet de serre
Selon le syndicat Synteau, 128 STEU (toutes capacités confondues, y compris inférieures à 50 000
EH) seraient équipées de méthaniseurs.
Les réponses à l?enquête permettent de prendre conscience que, le plus souvent, la production
d?énergie renouvelable ainsi produite est inférieure à la consommation de la STEU (quelques
dizaines de pour cent). Quelques agglomérations produisent déjà des quantités supérieures. Le
périmètre de la production et de la consommation comptabilisées dans cet exercice n?est pas
explicite : en particulier, il n?est pas certain que la production autoconsommée soit décomptée,
alors que ce serait cohérent avec l?objectif de neutralité poursuivi ? il est probable que la proportion
de la production d?énergie renouvelable est supérieure à celle qui est ainsi déclarée.
Ces retours confirment le potentiel de la méthanisation pour l?atteinte de l?objectif de neutralité
énergétique. D?ores et déjà, plusieurs agglomérations apportent en outre une contribution à
l?atteinte de l?objectif national en allant au-delà de la couverture de leur propre consommation. Les
collectivités devraient donc être encouragées, que ce soit par des simplifications réglementaires
suggérées dans la partie § 2.4, par des optimisations techniques ou par des incitations financières
à exploiter le mieux possible ce potentiel.
Hypothèses transversales pour l?évaluation des coûts
La mission a fait le choix de centrer son analyse sur les trois items de la directive susceptibles de
représenter les coûts d?investissement et de fonctionnement les plus importants, à savoir la gestion
des rejets par temps de pluie, les différents équipements de traitement (azote, phosphore et
micropolluants) et la neutralité énergétique, en la limitant aux composantes pour lesquelles de
premiers ordres de grandeurs peuvent être obtenus. Il s?agit le plus souvent de moyennes
accompagnées de fourchettes basse et haute. Les scénarios sous-jacents, construits sur la base
des éléments explicités ci-dessus, sont précisés en annexe par souci de clarté (annexe 11). Cette
première approche permet déjà un regard critique documenté sur les montants issus de l?étude
d?évaluation ex ante de la Commission européenne.
Dans le même esprit, les situations de départ en termes de tarification de l?eau sont très variables
selon les agglomérations : tarification unifiée, ou bien encore très disparate entre communes. À
elle seule, cette variabilité rend illusoire toute tentative d?appréciation des augmentations de prix
de l?eau attribuables à la directive.
Au sein des trois items retenus, l?évaluation devra nécessairement être poursuivie et affinée par un
travail supplémentaire. Deux sujets s?avèrent particulièrement difficile à traiter : la gestion du temps
de pluie et le traitement plus poussé de l?azote et du phosphore. Ces deux postes sont, le plus
souvent, cités comme les plus coûteux ; dans l?évaluation ex ante de la Commission européenne,
c?est le tertiaire qui est le principal poste à l?échelle européenne.
L?ensemble des données sont affichées en euros courants et ne tiennent pas compte de l?inflation.
La gestion des rejets par temps de pluie
Selon l?analyse de la mission en partie § 2.1 :
l?évolution de cette gestion demande, en préalable, la réalisation de plans de gestion intégrée,
dont le contenu reste lui-même à préciser au regard des exigences de la DERU2 ;
à ce stade, peu de collectivités ont connaissance de la proportion de la charge polluante rejetée
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par temps de pluie par rapport à celle rejetée par temps sec, qui devra être évaluée dans le
cadre de l?élaboration des PGI ;
la valeur limite à retenir pour cette proportion, territoire par territoire, ne pourra être définie que
sur la base de ces travaux.
L?enquête n?a pas permis de caractériser, même de façon approchée, une situation de départ
unanimement considérée comme déterminante en termes de coûts : celle-ci repose avant tout sur
la connaissance de l?état des réseaux de collecte et sur l?effort de renouvellement du patrimoine
ou d?investissement dans des alternatives, mais aussi sur d?autres choix et investissements des
collectivités, eux aussi sur le temps long, en matière de désimperméabilisation ou de reconquête
de la nature en ville. Ces prérequis sont d?ores et déjà présentés comme un « mur
d?investissement » : les objectifs introduits par la directive s?y superposent et il est illusoire de leur
attribuer un coût spécifique. Il serait opportun de profiter de la phase de définition et d?élaboration
des PGI pour mieux documenter les coûts correspondants.
Il n?est donc pas possible, à ce stade de mener une évaluation même approximative d?un respect
d?une valeur limite de 5 % en charge et a fortiori de celle de 2 %. Selon les recommandations de
la mission sur ce point, l?élaboration des PGI est la condition préalable pour progresser dans
l?évaluation de ces coûts ; la mission a donc fait le choix de n?évaluer que celui de l?établissement
des PGI.
Pour la Commission européenne (voir § 2.1), « le coût moyen de la mise en place d'un plan de
gestion intégrée des eaux urbaines a été estimé à 0,09 ¤/an/p.e.66 »67. Les retours empiriques et
la documentation nationale sur le sujet font état d?un coût très supérieur, proche des 5 ¤/hab/an.
La mission a pris pour hypothèse, sur la base des entretiens menés, que le coût des PGI pourrait
aller de 20 000 ¤/an pour les agglomérations de plus de 10 000 EH à 100 000 ¤/an pour les plus
de 100 000 EH. Ce raisonnement moyen devrait être affiné, pour tenir compte, selon le cas :
? des outils et connaissances disponibles, en particulier dans la plupart des grandes collectivités,
dans les schémas existants ou grâce aux dispositifs actuels d?auto-surveillance. Les chiffres
abordés ci-dessus seraient des coûts complets, mais pas des surcoûts imputables uniquement
à la directive ;
? du défaut d?information sur la charge polluante des différents rejets : l?enquête a confirmé qu?une
faible minorité de collectivités met en oeuvre l?arrêté ministériel de 2015 en s?appuyant sur le
critère de charge. Pour la plupart des collectivités rencontrées par la mission, se doter de la
connaissance nécessaire à la modélisation de la charge requerra un investissement initial con-
séquent : là encore, l?évaluation ci-dessus englobe cet investissement initial mais la mission ne
dispose d?aucun élément, même approximatif, pour estimer les surcoûts de l?auto-surveillance
des charges rejetées.
Moyennant ces réserves importantes, le scénario de la Commission européenne conduit à un coût
global de 16 M¤ pour le seul établissement des PGI, tandis que l?hypothèse appuyée sur les
entretiens de la mission conduirait à un ordre de grandeur de 63 M¤ sur l?ensemble de la période
(principalement sur budget de fonctionnement).
Le traitement tertiaire
L?évaluation des coûts d?un abattement plus généralisé et plus poussé de l?azote et du phosphore
est particulièrement délicate, en l?absence :
d?indication précise sur les taux d?abattement actuels, sur la marge entre la charge nominale
66 Par habitant
67 Commission staff working document, impact assessment, 2022
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et la charge abattue,
de référence technique sur les coûts d?un abattement plus poussé. En particulier, pour ce qui
concerne l?azote, ce nouvel objectif peut demander plus de place : les coûts peuvent alors être
quasiment nuls si la STEU est en sous-capacité ou si elle dispose de foncier, ou au contraire
très élevés ? jusqu?à la nécessité de trouver un nouveau site ;
enfin, ce travail se heurte à la confusion de vocabulaire identifiée dans ce rapport : les quelques
références bibliographiques identifiées relatives au traitement tertiaire ne font, en fait, pas
référence au traitement de l?azote et du phosphore.
Sous ces réserves, la mission a construit un scénario de coûts en s?appuyant sur les résultats de
l?enquête qu?elle a menée. L?exploitation de ces retours lui permet de dénombrer de manière
estimative les stations de plus de 150 000 EH et les stations entre 10 000 et 150 000 EH qui ne
traitent pas aujourd?hui l?azote et/ou le phosphore et/ou qui n?atteignent pas les niveaux
d?abattement prescrits par la directive DERU2, y compris celles hors zones sensibles. La mission
recense ainsi 62 stations de plus de 150 000 EH concernées et environ 760 stations entre 10 000
et 150 000 EH.
Pour l?estimation des coûts unitaires en investissement et fonctionnement, la mission s?est appuyée
sur les contributions de plusieurs agglomérations : elle en tire des coûts moyens, pour le
fonctionnement, entre 15 ¤/an pour une station de 10 000 EH et 5,2 ¤/an pour une station de
500 000 EH et, en investissement, pour l?adaptation de stations existantes ou la construction de
nouveaux équipements, entre 5,8 M¤/an pour les stations entre 10 000 et 150 000 EH et 10,6 M¤
pour les stations au-delà de 150 000 EH. Néanmoins, les échanges avec le Synteau confirment la
grande variabilité en fonction des spécificités des STEU et plusieurs exemples concrets présentent
des coûts significativement supérieurs.
Sur la base de ces coûts moyens, les obligations de la DERU2 pour le traitement de l?azote et du
phosphore conduiraient à un coût, sur l?ensemble de la période, de l?ordre de 5,4 Mds¤ en
investissement et fonctionnement, très proche de l?estimation de la Commission européenne qui
donne, pour la France, une dépense annuelle de 241 M¤/an. La mission n?est pas en mesure de
fournir une évaluation, même approximative, de l?incertitude pesant sur ce résultat.
Le traitement quaternaire
Les évaluations de coût de la mise en place d?un traitement des micropolluants concernent la mise
en place d?un dispositif entièrement nouveau. Trois hypothèses ont été traitées, et pour chacune
un scénario haut et un scénario bas, pour dégager une fourchette de coût.
1) Hypothèse appuyée sur l?étude d?impact de la Commission ayant contribué à éclairer
l?élaboration de la DERU2 : elle retient l?ensemble des stations de plus de 100 000 EH68 et les
stations de plus de 10 000 EH dans les zones sensibles aux micropolluants. Pour définir le
périmètre de ces zones sensibles, la commission s?appuie sur le taux de dilution, un taux inférieur
à 10 étant considéré comme un facteur de risque69. Sur cette base, la commission estime que le
coût de la mise en place du traitement quaternaire serait de l?ordre de 130 M¤/an en France.
2) Hypothèse appuyée sur l?utilisation d?évaluations menée par une métropole, en retenant une
hypothèse basse et une hypothèse haute. À partir des coûts unitaires fournis par station et des
68 À noter que le texte définitif fixe à 150 000 EH le seuil d?obligation pour la mise en place du traitement
quaternaire. Cette estimation serait donc surévaluée.
69 Commission staff working document, impact assessment, 2022 p 119 : « advanced treatment at all plants above
100,000 p.e. irrespective of dilution, and between 10,000 and 100,000 p.e. only when justified by the
environmental risks caused by the toxicity of the effluents, which we expect to be the case when the dilution is
10 or less. For scenario modelling purposes, we assume that risks occur in 70% of the cases when effluents
are discharged with a dilution of 10 or less, excluding discharges to seawater.»
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extrapolations qui peuvent en être faites, le coût du traitement quaternaire en investissement irait
de 12 ¤/EH/an pour une station de 10 000 EH à 3 ¤/EH/an pour une station de 500 000 EH et plus.
Le coût de fonctionnement est estimé par la métropole concernée à 1 000 ¤ HT pour 1 000 EH/an
ce qui apparait largement sous-évalué. La mission corrige donc cette donnée après échanges avec
les professionnels du secteur pour le mener à 4 fois plus. Ce chiffrage est donné pour un traitement
quaternaire en contact micro-grain avec stockage et dosage du charbon.
Le périmètre central retenu par la mission est une mise en oeuvre de cette obligation pour
l?ensemble des stations de plus de 150 000 EH et pour 30 % des stations de plus de 10 000 EH,
hypothèse raisonnablement pessimiste à la lumière de l?analyse développée dans le § 3.1 mais
cohérente avec celle de la Commission européenne. Ce scénario central présente un coût total de
l?ordre de 6,5 Mds¤.
Si l?on retient un scénario bas (seulement 10 % des stations de plus de 10 000 EH en zones
sensibles aux micropolluants), le coût global serait de 5,2 Mds¤.
3) Hypothèse appuyée sur les travaux de l?agence environnementale allemande70 : la mission a
appliqué la fonction de coûts dégagée par les travaux de l?agence allemande pour l?appliquer au
parc de stations français. Si l?on retient le même scénario central, le montant global de la mise en
place du quaternaire en France serait de l?ordre de 6,4 Mds¤. Si l?on retient le scénario bas à savoir
seulement 10 % des stations de plus de 10 000 EH sont intégrées à la liste des zones sensibles,
le coût global serait de 4,6 Mds¤.
Figure 5 : premières estimations du coût du traitement quaternaire
Sur la base de ces trois hypothèses, et sous la réserve des incertitudes et limites de la méthode
d?évaluation :
les travaux de la Commission européenne semblent sous-estimer largement les coûts du
traitement quaternaire. Par ailleurs, ce chiffrage ne tient pas compte des éventuels
investissements à réaliser pour améliorer le traitement du phosphore et de l?azote, s?il
apparaissait nécessaire à un traitement quaternaire efficace. Un pic d?investissement devrait
intervenir vers le milieu des années 2030 compte tenu du calendrier fixé par la directive pour
les stations de plus de 10 000 EH en zone sensible ;
la mise en place de la REP fait porter 80 % de la dépense du traitement des micropolluants sur
les metteurs en marché de produits pharmaceutiques et cosmétiques : le besoin de
70 German Environment Agency : Moving forward: The European Commission?s Proposal for a Recast Urban
Wastewater Treatment Directive, 2023.
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financement hors REP s?élèverait donc entre environ 900 M¤ et 1,3 Mrd¤. Le « fossé
budgétaire » entre les dépenses à engager pour le passage au traitement quaternaire et les
recettes de la REP doit conduire à lancer une réflexion très en amont sur la couverture du
besoin de financement restant.
le besoin de financement devrait aller croissant à partir du milieu des années 2030, compte
tenu du calendrier de la directive pour les STEU de plus de 10 000 EH.
La neutralité énergétique
Le périmètre des dépenses retenu pour étudier les coûts induits par la directive sont de deux
ordres : la réalisation d?audits énergétiques et la construction de méthaniseurs. Ces coûts sont en
partie compensés par des économies d?énergie et par des recettes ou de moindres coûts liés à la
production d?énergie.
- Les audits énergétiques : les STEU de plus de 100 000 EH doivent disposer d'un audit en 2028,
et les STEU de plus de 10 000 EH d'ici 2032. Ces audits doivent être renouvelés sur un rythme
quadriennal. Sur la base de l?évaluation ex ante71 de la Commission européenne (coût moyen de
l'établissement d'un audit énergétique, tous les 5 ans, de 4 000 ¤ par audit72), le coût pour, environ
170 STEU de plus de 100 000 EH et 1 000 STEU entre 10 000 et 100 000 EH peut alors être
estimé environ 700 000 ¤ en 2028, et environ 4 millions d?¤ supplémentaires en 2032. L?estimation
des coûts unitaires obtenue par la mission à partir des retours de terrain diffère assez largement,
sans doute en raison d?un effet de périmètre : ils oscillent entre 20 000 ¤ pour une STEU de plus
de 10 000 EH et 200 000 ¤ pour les stations de plus de 100 000 EH. En conséquence, l?estimation
sur l?ensemble de la période varie fortement, de 15 M¤ à 230 M¤, qui devront être supportés par
le budget de fonctionnement des services d?assainissement.
- Comme indiqué dans la partie § 2.4, la construction de méthaniseurs pour des STEU ou des
regroupements de STEU d?une capacité suffisamment élevée pour permettre une production
substantielle de biogaz est l?option de référence pour approcher l?objectif de neutralité énergétique :
aucune autre option (valorisation de la chaleur des effluents ou mise en place de panneaux
photovoltaïques), quoi que mobilisable en complément, ne semble en mesure d?atteindre des
capacités équivalentes (ce qui n?exclut pas les efforts menés en ce sens). Le seuil de rentabilité de
l?équipement est atteint, selon la profession, dans les STEU de capacité supérieure à 50 000 EH.
Compte tenu du parc actuellement équipé73, la mission a élaboré le scénario suivant :
40 stations de plus de 150 000 EH s?équipent en méthaniseurs et deux phases d?équipement
sont lancées : 20 méthaniseurs sont lancés à court terme et une nouvelle tranche de 20 est
lancée en 2035. Le coût unitaire d?un méthaniseur est de 20 M¤ que la collectivité emprunte
en totalité.
270 stations de plus de 50 000 EH s?équipent en méthaniseurs et deux phases d?équipement
sont lancées : 135 à court terme et une nouvelle tranche de 135 en 2035. Le coût unitaire d?un
méthaniseur pour cette tranche est de 5 M¤ que la collectivité emprunte en totalité.
L?investissement devra être engagé d?ici à 2045, mais le paiement des intérêts d?emprunt et les
retours sur investissement s?étaleront au-delà. Le coût total de la dépense, intégrant l?hypothèse
71 Commission staff working document, impact assessment, 2022
72 À noter donc que l?étude d?impact diffère du texte définitivement adopté sur le rythme de réalisation des audits
sans que cela n?ait un impact toutefois sur le coût unitaire.
73 52 STEU de plus de 150 000 EH sont équipées ; 38 injectent du biogaz dans le réseau. 51 STEU dans la
tranche 50 000 - 150 000 EH sont équipées ; 20 injectent du biogaz dans le réseau.
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d?un emprunt à 2 % sur 10 ans, peut être évalué à un peu plus de 3 Mds¤74. Les exemples de Caen
et de Nice (voir note 52) conduisent à une couverture des charges d?investissement sur une période
de 8 à 15 ans et à un retour positif annuel au-delà.
Concernant les économies d?énergie, les dépenses portées par les collectivités pour accroître la
sobriété énergétique de leurs stations devraient être compensées par des économies que la
mission a cherché à évaluer. Là encore, les efforts et les retours sur investissement ne sont pas
directement corrélés à la directive puisque relevant d?arbitrage politique des collectivités mais
participent de la trajectoire prescrite par la directive pour tendre vers la neutralité énergétique. La
mission a donc projeté les gains obtenus grâce aux économies d?énergie en partant d?une
consommation moyenne et de prix de l?énergie tels qu?ils sont détaillés en annexe. Il en résulte que
les économies d?énergie pourraient atteindre 400 à 500 M¤ globalement en fin de période. À
l?évidence, ce chiffre est une approximation qu?il conviendra d?affiner en fonction des anticipations
des coûts de l?énergie et des évolutions de la consommation moyenne des stations.
Conclusions de la mission
Ces évaluations sont d?une fiabilité variable pour les différentes dispositions de la DERU2 : elles
semblent plutôt fiables pour les études et audits qu?elle requiert ; certaines hypothèses pour le
traitement quaternaire et pour la création de méthaniseurs ont pu être cernées sur la base d?autres
travaux et de plusieurs retours d?expérience. Cependant, le fait que les zones sensibles aux
micropolluants ne soient pas encore définies se traduit par une forte incertitude sur l?estimation du
coût global de la mise en place d?un traitement quaternaire.
En revanche, si la mission donne un ordre de grandeur de coûts de mise en oeuvre des dispositions
relatives au traitement de l?azote et du phosphore, celui-ci se veut essentiellement une base pour
engager un travail plus approfondi Les échanges avec la fédération Syntec et avec le syndicat
Synteau ont bien confirmé que, hors gestion du temps de pluie, pour lequel seule l?élaboration des
PGI peut être approchée à ce stade, c?est ce coût qui est le plus difficile à évaluer, sans analyse
STEU par STEU.
De manière plus générale, les ordres de grandeur résultant de cette première évaluation,
sont à prendre avec précaution, et visent surtout à en faciliter une analyse critique. Ils
permettent néanmoins d?établir que l?évaluation ex ante de la Commission européenne est
globalement sous-estimée.
Cette première évaluation témoigne de l?implication des différents acteurs (industriels, collectivités)
pour l?affiner et fait ressortir des pistes de travail prioritaires, avec les services de l?État, les
collectivités et les industriels, pour pouvoir apporter des réponses aux difficultés rencontrées dans
cet exercice :
- fiabiliser la base SISPEA pour cette évaluation,
- associer les fédérations et syndicats professionnels qui connaissent finement le parc géré par
leurs adhérents, et les collectivités en régie, ainsi que les associations de collectivités compétentes,
- engager des études sur des points spécifiques qui peuvent largement faire varier les coûts,
comme par exemple la disponibilité de foncier à hauteur de tous les enjeux qui demandent de la
place et surtout, au vu de la principale faiblesse rappelée ci-dessus, l?identification pour le
traitement tertiaire de la marge de manoeuvre des installations existantes (écart entre le nominal
et la charge maximum constatée).
74 La question du coût de l?emprunt est abordée sur cet item, plutôt que sur d?autres, compte tenu de la nature de
cet investissement qui a vocation à présenter une rentabilité. Ce coût est évalué à 2 M¤ par STEU pour les
stations de plus de 150 000 EH et à 500 k¤ pour les autres.
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4 Mettre en place des stratégies nationale et par bassin
pour optimiser la mise en oeuvre de la DERU2
La DERU2 fixe des rendez-vous à différentes échéances et laisse à la subsidiarité les méthodes
pour atteindre les différents objectifs. Son article 23 prévoit que chaque État membre produira un
« programme national de mise en oeuvre » : pour la Commission européenne, c?est un outil afin de
s?assurer dans la durée de la conformité à toutes les dispositions de la DERU2 ; pour la France,
ce doit être avant tout l?occasion d?élaborer une stratégie d?ensemble, avec une validation
interministérielle, un portage politique fort et des moyens dédiés.
Cette stratégie, de portée politique et technique, devra être pilotée de façon régulière au niveau
national, et être déclinée et pilotée dans chaque grand bassin hydrographique. Elle devra faire
l?objet d?une programmation financière adaptée dans chaque bassin, en fonction :
du bénéfice pour les milieux,
de l?état d?avancement et des projets d?évolution portés par les collectivités de leurs dispositifs
d?assainissement, systèmes de collecte et parc de STEU,
des enjeux de lissage de la mise en oeuvre d?ici 2045, tant pour tirer parti d?une mobilisation de
soutiens relativement stables d?une année sur l?autre que pour éviter des tensions sur les
marchés sollicités.
Elle comportera une trajectoire de référence au niveau national.
Cette stratégie devra intégrer la fin de la mise en conformité avec la DERU et ainsi, la rendre plus
efficace.
Critères pour une stratégie
4.1.1 Mettre les bénéfices environnementaux au coeur du dispositif
La DERU2, quoiqu?appuyée sur une évaluation de la DERU1, directive de moyens, et postérieure
à la Directive-cadre sur l?eau (DCE), comporte peu de liens explicites avec les objectifs de bon état
des masses d?eau. Elle relève plutôt d?une démarche d?alignement sur des meilleures techniques
disponibles, dès lors que celle-ci sont déjà mises en oeuvre dans certains États membres (ou
voisins, comme la Suisse). Cependant, sa mise en oeuvre par étapes successives, pour chaque
objectif, ouvre la possibilité de renforcer les liens avec la DCE. En effet, les bénéfices de la DERU2
seront d?autant plus grands que sa mise en oeuvre sera priorisée en fonction de son impact sur
l?amélioration des milieux.
L?appréciation des bénéfices de la DERU2, comme celle de ses coûts, peut s?appuyer sur plusieurs
approches.
Premièrement, des approches coûts-bénéfices :
? dans son étude d?impact, la Commission évalue et monétarise les bénéfices de
l?amélioration de la gestion des eaux par temps de pluie, des objectifs fixés aux petites
agglomérations, de l?abattement plus poussé de l?azote et du phosphore, du traitement
des micropolluants et des objectifs en termes de neutralité énergétique et d?émissions
de GES. D?autres postes, comme l?évolution de la surveillance, ne sont évalués
monétairement qu?en coûts. L?étude souligne le caractère délicat ou impossible de la
valorisation de certains bénéfices. La démarche d?analyse coûts-bénéfices vise en
particulier à discriminer différents scénarios de périmètre d?application ou d?ambition de
la DERU2, pour retenir celui qui présente le meilleur ratio. Globalement, les coûts
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totaux75 au niveau de l'UE (3 848 milliards d'euros par an en 2040) sont inférieurs aux
avantages monétaires évalués, nécessairement incomplets (6 643 milliards d'euros par
an d'ici à 2040 - dont 6 157 milliards sont liés à l'amélioration de la qualité de l'eau).
Les bénéfices sont supérieurs aux coûts dans tous les États membres. L?introduction
dans la Directive, sur la base de ces travaux d?évaluation, d?une approche fondée sur
les risques (mesures obligatoires dans les seules zones où cela est requis pour les
milieux) participe de l?obtention d?un ratio bénéfices/coûts favorable. En France, le coût
total par habitant et par an est évalué à 3,56 ¤ et le bénéfice à 10,06 ¤. Rappelons que
la partie 3 du présent rapport considère ce coût comme probablement sous-évalué ;
? aucune analyse coûts-bénéfices aboutie de l?assainissement en France n?a été
identifiée par la mission. Certains bassins développent des nouvelles méthodes et outils
pour mieux modéliser et quantifier ce lien (démarche PERISCOP dans le bassin Artois-
Picardie). L?agence de l?eau Rhin-Meuse, a mené un travail avec le CGDD qui vise à
vérifier l?efficacité des soutiens versés en termes d?évolution de la qualité des milieux76
sur le bassin entre 2010 et 2015. Les estimateurs d?impact sont significatifs pour les
indicateurs de pollution domestique : une masse d?eau bénéficiaire d?un nouvel ouvrage
de traitement des eaux usées présenterait à moyen terme une réduction de sa
concentration moyenne d?ammonium de 26 % et une réduction de sa concentration
maximale de phosphore total de 11 %, par rapport à une masse d?eau non bénéficiaire.
Ces actions apparaissent plus efficaces que par exemple les opérations
d?accompagnement mises en oeuvre pour lutter contre les pollutions diffuses agricoles.
L?évaluation quantifiée des bénéfices de l?assainissement est par nature difficile :
? même dans une approche qualitative de l?évolution des milieux, il est difficile de
raisonner toutes choses égales par ailleurs ;
? la monétarisation de tous les bénéfices, qui permettrait des comparaisons complètes
avec les coûts, n?est pas aboutie : tous les bénéfices ne peuvent pas être valorisés et
les méthodes de valorisation donnent elles-mêmes lieu à des discussions scientifiques.
Par exemple, l'analyse coûts-bénéfices (ACB), utilisée dans le cadre de la mise en
oeuvre de DCE, ne tient compte ni de la raréfaction des ressources naturelles, ni de la
hausse de la demande des biens environnementaux. Or, les pressions que subissent
la ressource en eau, les milieux aquatiques et la biodiversité associée sont aggravées
par le changement climatique. Les services écosystémiques qu?ils rendent, tels que la
régulation de la qualité de l?eau ou la protection contre les inondations, risquent de se
raréfier dans les années à venir. Dans le même temps, la demande des populations
pour ces services pourrait s?accroître, pour s?adapter aux effets du changement
climatique. Ces deux phénomènes devraient se traduire par une hausse de leur prix
relativement aux autres biens de l?économie77. La prise en compte de cette évolution
des prix relatifs dans les ACB permettrait d?améliorer l?estimation des bénéfices
environnementaux, et serait de nature à augmenter la valeur socio-économique des
projets qui concourent à la qualité des milieux, comme l?assainissement dans ses
différentes composantes. Le même raisonnement s?applique pour l?évaluation de ses
bénéfices sanitaires. L?OCDE, dans ses travaux, se penche de manière approfondie
sur les difficultés inhérentes à l?évaluation des bénéfices de l?assainissement et propose
une méthodologie pour l?élaborer, compte tenu du manque de données, en s?appuyant
plutôt sur des valeurs monétaires sur les marchés que sur des approches par le
75 Les coûts annuels comprennent les coûts d'exploitation et d'investissement en tenant compte d'une durée de
vie des investissements de 30 ans à laquelle un taux d'actualisation de 2,5 % a été appliqué.
76 CGDD ? SDES, 2024, Impact environnemental de l'action des agences de l?eau : une évaluation économétrique
sur le bassin Rhin-Meuse, document de travail, 43 p.
77 Reaud Pierre, 2025, janvier, Estimer la valeur future des services écosystémiques dans les analyses coûts-
bénéfices, 4 p.,Thema, CGDD
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consentement à payer78.
Ou encore, une évaluation qualitative des bénéfices de l?assainissement sur l?état des masses
d?eau dans le passé, et une appréciation des masses d?eau dont le déclassement serait encore
dû à l?assainissement urbain.
Les retours de l?enquête menée auprès des services déconcentrés mettent en évidence que la
proportion de rejets dans des milieux sensibles (par exemple, aires d?alimentation en eau potable,
qualité des eaux de baignade, sites Natura 2000 ou Ramsar) est désormais relativement faible ;
ce constat est à nuancer pour les zones conchylicoles, dont la qualité peut dépendre d?apports
terrestres plusieurs dizaines de kilomètres en amont. En outre, les travaux menés dans le cadre
de l?élaboration des SDAGE permettent ou permettront de dresser :
? une cartographie des masses d?eau dégradées pour lesquelles l?assainissement
collectif est identifié comme une pression significative ; elle existe déjà en Seine-
Normandie et en Rhin-Meuse. En Artois-Picardie, dans le cadre de la réalisation de
l?état des lieux 2019, les experts du territoire ont établi la liste des pressions
responsables de la dégradation des masses d?eaux sur la base des données
disponibles concernant les rejets sur les masses d?eau ; elle a fait l?objet d?une
validation de la part des experts du territoire (Agence de l?eau, animateurs de Sage,
DREAL, DDT(M), OFB?). Il a également été établi une liste de masses d?eau
impactées par les rejets des stations et réseaux d?assainissement. Dans d?autres
bassins, comme Rhône-Méditerranée, cet état des lieux, dans le cycle qui se termine,
ne distinguait pas l?origine des pressions par les nutriments urbains entre rejets
industriels et assainissement collectif ? celui-ci étant regardé comme représentant la
majorité des cas ;
? un état des lieux des masses d?eau à risque de dégradation accrues au regard de leur
état écologique en lien avec l?assainissement collectif. Cette cartographie est établie en
Seine-Normandie. En Artois-Picardie, un travail a porté sur le risque de non atteinte des
objectifs environnementaux sur les masses d?eaux, sur la base des connaissances des
pressions exercées sur les masses d?eau en intégrant l?évolution de ces pressions sur
la période 2019-2027.
La préparation des prochains SDAGE permettra d?affiner les masses d?eaux pour lesquelles la
mise en oeuvre de la DERU2 présente les bénéfices les plus importants. Celle-ci, dès lors qu?elle
s?appuiera sur une stratégie déclinée à différentes échelles, peut être l?occasion de structurer un
travail sur l?évaluation des bénéfices. Cette démarche, qui pourrait être menée avec l?appui du
CGDD, est de nature à motiver les investissements à réaliser, voire à contribuer à leur priorisation.
4.1.2 Tenir compte des projets des collectivités et du risque de tension
sur les marchés
Dès les premiers contacts pris par la mission avec des collectivités ou des associations d?élus, une
crainte s?est exprimée qu?une approche nationale de la mise en oeuvre de la DERU2, compte tenu
de son ambition, consiste à ne mobiliser en premier lieu que les plus grosses agglomérations pour
sa mise en oeuvre. La France dispose d?industriels et de collectivités dont une grande partie gère
cette compétence en régie, avec une connaissance avérée sur ces sujets. Or, certaines d?entre
elles terminent ou ont en projet à court terme des investissements sur leurs installations. La
séquence de mise en oeuvre devra tenir compte des échéanciers déjà établis, du fait qu?ils tiennent
compte ou non de la DERU2, de l?âge des stations.
78 OECD, 2022, décembre, Building a methodology to assess the benefits of a revision of urban wastewater
regulation in the European Union, Working Party on Biodiversity, Water and Ecosystems, 51p.
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Il ressort de l?enquête menée par la mission que :
80 % des collectivités ayant répondu au questionnaire sur ce point indiquent ne pas avoir
intégré les objectifs de la DERU2 dans leur PPI ;
plus de la moitié des agglomérations indiquent ne pas avoir programmé un effort de
modernisation de leur station dans les années à venir.
Par ailleurs, la fédération Syntec et le syndicat Synteau ont appelé son attention sur la nécessité
de « lisser la charge » des études, mais aussi des investissements à prévoir : les courbes d?âge
des STEU sont très variables selon les bassins et, si l?hypothèse « business as usual » serait de
considérer une modernisation des outils existants en moyenne trente ans après leur création,
certains investissements pourraient devoir être avancés là où ce serait plus facile et moins coûteux
et pour éviter un goulet d?étranglement en termes de moyens et de compétences. Cette analyse
mériterait d?être affinée en lien avec le CSF. Ce travail présenterait plusieurs bénéfices : éviter un
pic d?activité, plutôt en fin de période, qui se traduirait par une augmentation des coûts d?une part ;
s?adapter à la programmation des soutiens financiers d?autre part, dans un contexte où évidemment
tout ne pourra pas être financé en même temps.
Articuler les stratégies nationales, de bassin et
d?agglomération, dans un calendrier connu de tous
Construire des approches stratégiques à plusieurs échelles emboîtées apparaît comme la meil-
leure façon de mettre en oeuvre la DERU2 de manière efficace et moins coûteuse, mieux portée et
acceptée : les travaux engagés à l?échelle nationale et dans chaque bassin doivent permettre de
donner de la visibilité à tous les acteurs, le plus tôt possible.
4.2.1 Rôle et pilotage de l?échelon national
La mise en oeuvre de la DERU2 prévoit, dans plusieurs de ses articles, l?atteinte de résultats pour
un pourcentage croissant d?installations, en plusieurs étapes, jusqu?à 100 % en 2045, sans critères
de priorisation. Ces critères doivent être explicités, partagés, mis en oeuvre dans une programma-
tion. Concrètement cela revient à ce que, à l?échelle nationale, la DEB :
détermine, sur la base des instances de gouvernance existantes, celles qui devront être
mobilisées ou adaptées
identifie des niveaux d?effort par bassin, le cas échéant aux différentes échéances,
définisse les grandes lignes d?une démarche de priorisation à cette échelle du bassin.
4.2.1.1 Propositions pour la gouvernance
L?analyse conduite par la mission privilégie, pour le pilotage de la mise en oeuvre de la DERU2,
l?utilisation et adaptation des instances existantes, qui s?appuieront sur les structures en place
(agences de l?eau en particulier, services déconcentrés, opérateurs techniques?). Cela permet de
tirer le bénéfice des compétences et des processus des opérateurs de l?eau et de ne pas perdre
de temps et de limiter les coûts de mise en oeuvre. Cependant, la création d?une filière REP fera
apparaître de nouveaux acteurs dans la politique de l?eau et les enjeux de neutralité énergétique
peuvent également conduire à associer de nouveaux acteurs à la sphère de l?assainissement, ou
leur donner plus de poids.
Les commissions existantes (Comité national de l?eau (CNE) au niveau national, comités de bas-
sin) et les agences de l?eau doivent ainsi rester les interlocuteurs, politiques, techniques ou finan-
ciers, privilégiés des collectivités sur l?assainissement. Les interfaces avec l?éco-organisme, tant
politiques que technique, devront être définies par conventions.
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La validation de la stratégie de mise en oeuvre devra s?appuyer sur un pilotage adapté par la DEB,
en lien étroit avec le CNE. Cette mobilisation du CNE donnera le signal, notamment aux collectivi-
tés, d?une volonté d?association et de co-construction de la stratégie nationale : la mise en oeuvre
efficace de la DERU2 demandera, de fait, une forme de solidarité des collectivités, les points forts
des unes ayant vocation à compenser les points faibles des autres. Cette gouvernance est indis-
pensable pour partager les enjeux, les objectifs et pour entretenir la confiance entre les acteurs,
l?État ayant vocation à jouer un rôle de coordinateur et, si nécessaire, d?arbitre, responsable de
l?atteinte des objectifs.
Le ministre en charge de l?environnement, et par délégation, la DEB, est pilote de la mise en oeuvre
de la DERU2. La France ne sera pas au rendez-vous sans une mobilisation beaucoup plus large,
coordonnée, associant la DGPR, la DGEC, le CGDD, la DGS, la DGCL, la DGE, la DGOM, la
DGFIP, et les opérateurs pertinents. Le pilotage de la stratégie devrait être confiée à un(e) chef(fe)
de projet, positionné directement auprès de la directrice de l?eau et de la biodiversité, à la fois pour
qu?il (elle) dispose d?une légitimité de fait vis-à-vis des autres administrations centrales et pour
faciliter les échanges entre les sous-directions et opérateurs concernés.
(Ministre chargée de l?environnement) Confier le pilotage de la
transposition et de la mise en oeuvre de la directive à un(e) chef(fe) de projet, positionnée
auprès de la directrice de l?eau et de la biodiversité et établir une feuille de route
interministérielle validée par le cabinet du premier ministre (DGALN, DGEC, DGPR, CGDD,
DGCL, DGE, DGS, DGOM, DGFIP)
4.2.1.2 Donner les grandes lignes de la répartition de l?effort par bassin
La définition d?ordre de grandeurs de l?effort par bassin sera une composante majeure de la stra-
tégie nationale. En effet, les enjeux, les caractéristiques des agglomérations et du parc de stations
concernés diffèrent d?un bassin à l?autre, et cet effort pour mettre en oeuvre DERU2 ne se fera pas
nécessairement, si on cherche une certaine efficacité, au strict prorata des EH. Cette approche ne
pourra se construire que sur la base d?une méthode partagée et par itérations. Si l?administration
centrale peut disposer de premières pistes, une approche de remontée de terrain, dans une logique
d?identification des meilleurs efforts possible de chacun est un exemple de méthode de co-cons-
truction.
Pour définir la répartition de l?effort et fixer les grandes lignes des travaux à mener dans chaque
bassin, il faudra en premier lieu, dans la poursuite des travaux initiés au cours de cette mission,
caractériser le mieux possible « l?état initial » des dispositifs d?assainissement et des milieux, en
particulier les masses d?eau encore déclassées en raison de l?assainissement, les agglomérations
d?assainissement ou les STEU qui respectent déjà certains objectifs de la directive, les travaux,
engagés ou programmés, des agglomérations qui concourent à l?atteinte des objectifs de la
directive. Cet état des lieux rejoint en grande partie la préparation du prochain SDAGE. Dans
certains bassins, les données transmises à la mission forment déjà un socle solide ; dans d?autres,
ce premier travail sera à poursuivre. Cet « état initial » doit permettre in fine à l?échelle de chaque
bassin :
? d?identifier comment se situe, dans son ensemble, le parc de STEU par rapport aux objectifs de
la DERU2, en particulier les STEU et les dispositifs d?assainissement qui remplissent déjà les
objectifs de la DERU2 ;
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? de recenser, parmi les pistes identifiées dans ce rapport, celles de ces STEU et de ces agglo-
mérations qui présentent les meilleures opportunités pour atteindre les objectifs de la DERU2,
à programmer en priorité, et dégager ainsi des marges de manoeuvre pour le reste du parc ;
? de cibler les secteurs géographiques sur lesquels la DERU2 contribuera à l?amélioration de
l?état des masses d?eau et à la conformité à la DCE ;
? de recenser les PPI pour tenir compte, dans une programmation, des anticipations et projets
des collectivités locales compétentes, tant pour ce qui concerne les STEU que la gestion du
temps de pluie.
C?est sur la base de ces premières remontées, qui doivent être sincères, que pourront être établis
la première répartition géographique de l?effort et les premiers éléments de priorisation dans les
échéanciers. Ce travail d?état des lieux devra donner lieu à un suivi et des ajustements tout au long
de la mise en oeuvre de la DERU2.
Ne pouvant prétendre à une approche exhaustive à ce stade, la mission a noté quelques orienta-
tions pour l?établissement de cette feuille de route :
le poids relatif du SIAAP (annexe 12) ? 9 millions d?usagers franciliens représentant 10 millions
d?EH soit 10 % de la France, coordonnateur de 40 maîtres d?ouvrage de systèmes de collecte,
pour une consommation énergétique de 1 TWh/an ? dans l?ensemble des STEU françaises est
tel que ses performances constitueront une hypothèse centrale du programme national de mise
en oeuvre : un SIAAP « en retard » pèsera sur la programmation ; un SIAAP avec des bonnes
performances ou « en avance » facilitera l?atteinte des objectifs nationaux. Le programme
national de mise en oeuvre devrait ainsi comporter un calendrier prévisionnel de conformité à
la DERU2 de l?assainissement en Île-de-France ;
la refonte globale du site de Seine-Aval, dans le cadre de la DERU et suite à différents
accidents, a conduit à un nouvel arrêté d?autorisation en date du 20 juillet 2023, et un chantier,
en cours, pour une mise en service à l?horizon 2026. Compte tenu des non-conformités
constatées par la police de l?eau, le SIAAP a mis en place un plan d?actions en 2023, encadré
par un arrêté de mise en demeure du 28 février 2024. Le SIAAP a également engagé une
étude pour un « programme de renforcement de la robustesse du schéma directeur
d?assainissement du SIAAP » visant à fiabiliser les performances de son système
d?assainissement79 . Il a également lancé un travail de révision de son schéma directeur
d?assainissement, pour faire évoluer sa stratégie notamment au regard du changement
climatique.
Il y a donc un intérêt mutuel, tant pour le schéma directeur d?assainissement que pour
l?établissement du programme national, à définir en premier lieu la programmation de l?ensemble
de ces dispositifs d?assainissement.
Pour la mission, l?évolution des dispositifs d?assainissement du SIAAP doit être programmée d?ici
à 2045 dans un calendrier arrêté au plus tard fin 2027 :
les régions ultra périphériques devront être intégrés dans cette programmation (voir § 4.2.2.3) ;
les zones non sensibles à l?eutrophisation constituent également un cas particulier. En effet,
les STEU de plus de 150 000 EH doivent y mettre en oeuvre le traitement de l?azote et du
phosphore alors que le bénéfice environnemental n?est pas avéré. Cette évolution pourrait
toutefois être justifiée pour permettre un traitement quaternaire. La mission, dans la partie
précédente, recommande des approfondissements sur ce point. Les STEU concernées
pourraient donc ne pas être prioritaires.
79 Et en particulier, atteindre un rendement de 70 % d?abattement de l?azote pour chaque usine, réduire le nombre
de bilans classés en « situation inhabituelle », contribuer à l?atteinte d?un rendement de 75 % au niveau de la
zone CM_03207.
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(DEB) Établir une feuille de route de mise en oeuvre de la DERU2,
comportant une répartition de l?effort par bassin, y compris les RUP, des critères de
priorisation et des trajectoires pour chaque objectif et des lignes directrices, avec un
programme spécifique au SIAAP et une prise en compte différenciée du traitement de l?azote
et du phosphore en zones non sensibles à l?eutrophisation.
4.2.1.3 Organiser et piloter le calendrier
La DEB devra veiller au calendrier de mise en oeuvre, à l?enchaînement des différentes étapes,
pour chacun des objectifs, pour les différents types d?acteurs (les agglomérations
d?assainissement, les STEU en charge, les STEU en nominal). Il s?agira aussi d?anticiper les étapes
qui seraient sur le chemin critique d?atteinte d?objectifs liés entre eux, en particulier ceux relatifs
aux micropolluants et la REP.
Tableau 3 : Principales échéances de la DERU 2
Source : Mission
C?est dans ce calendrier que doivent être identifiées les « étapes préalables » et leurs échéances
à respecter rigoureusement, pour ne pas entraîner un glissement global du calendrier qui mettrait
en péril le respect de certaines d?entre elles. L?échéance de fin 2027 revêt une importance critique,
même si certaines dispositions sont attendues à des échéances ultérieures, puisqu?elle correspond
au délai de remise à la Commission européenne du programme national de mise en oeuvre.
Engager les travaux transversaux préalables relevant de l?échelon national
Comme argumenté dans la partie 2, certaines étapes constitueront des étapes critiques pour la bonne mise en
oeuvre de la DERU2 dans son ensemble :
2027 2028 2030 2032 2033 2035 2036 2039 2040 2045
Contenu des plans de gestion intégrée des eaux résiduaires urbaines X X
Les déversements dus aux pluies d'orage ne pouvent dépasser 2 % de la charge d'eaux
résiduaires urbaines collectée annuellement, calculée par temps sec X X
Évaluation et gestion des risques X
Les EM recensent et évaluent les risques découlant des rejets d'eaux résiduaires urbaines
pour l'environnement et la santé humaine X
Neutralité énergétique X X X X X X
L'énergie annuelle totale générée à partir de sources renouvelables représentent X % de
l'énergie annuelle totale utilisée par ces stations X X X X
Les premiers audits énergétiques sont effectués pour les stations d'épuration des eaux
résiduaires urbaines
traitant une charge égale ou supérieure à 100 000 EH et les systèmes de collecte qui y sont
raccordés;
X
Les premiers audits énergétiques sont effectués pour les stations d'épuration des eaux
résiduaires urbainestraitant une charge égale ou supérieure à 10 000 EH mais inférieure à
100 000 EH et les systèmes de collecte qui y sont raccordés. X
Plans de gestion intégrée des eaux résiduaires urbaines X X X
Les EM établissent une liste des agglomérations pour lesquelles les déversements dû aux
pluies d'orage présente un risque pour l'environnement ou la santé humaine; le
déversement dû aux pluies d'orage représente plus de 2 % de la charge dans les eaux
résiduaires urbaines collectées annuellement X
Les EM veillent à ce qu'un plan de gestion intégrée des eaux résiduaires urbaines soit établi
pour les zones de collecte des agglomérations X
les États membres veillent à ce qu'un plan de gestion intégrée des eaux résiduaires urbaines
soit établi pour les zones de collecte des agglomérations X
Programme national de mise en oeuvre X
Elaboration d'un programme national de mise en oeuvre X
Responsabilité élargie des producteurs X
Les EM prennent des mesures pour que (?) les producteurs qui mettent sur le marché l'un
des produits énumérés à l'annexe III soient soumis à la REP X
Systèmes de collecte et calcul de la charge d'une agglomération X
Les agglomérations entre 1 000 et 2 000 EH sont reliées à un système de collecte pour leurs
eaux usées domestiques X
Traitement quaternaire X X X X X
Les EM dressent une liste des zones de leur territoire national dans lesquelles la
concentration ou l'accumulation de micropolluants provenant de stations d'épuration des
eaux résiduaires urbaines présente un risque pour l'environnement ou la santé humaine X
Les États membres veillent à ce que les rejets provenant des stations respectent, avant le
rejet dans les eaux réceptrices, les prescriptions applicables au traitement quaternaire X X X X
Traitement secondaire X
Les EM veillent à ce que les rejets provenant des stations d'épuration des agglomérations
égales ou supérieures à 1 000 EH mais inférieures à 2 000 EH respectent, avant leur rejet
dans les eaux réceptrices, les prescriptions applicables au traitement secondaire X
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? préparer les textes de transposition, incluant l?élaboration du lexique commun et de l?architecture des textes
nécessaires ;
? faire évoluer les systèmes d?information selon les propositions du § 2.5 : il s?agit ici de lancer un grand projet
structurant, pour rendre au moins possible un rapportage efficace de la France à la Commission européenne ;
? définir les méthodes, à décliner dans chaque bassin, que ce soit pour les PGI, les listes de substances, le cadre
comptable et juridique ou les critères pour l?établissement des différentes listes et zonages, pour pouvoir
respecter l?échéance de fin 2027 : constitution des groupes de travail nécessaires, association des opérateurs
et parties prenantes concernées, instruction aux agences de l?eau ;
? mettre en place la préfiguration de la filière REP dans les meilleurs délais. Cela passe aussi bien par les études
requises que par l?identification d?un opérateur en soutien ? qui devrait être l?ADEME ? ou l?organisation des
tours de table des partenaires ? collectivités et industriels ; structurer un plan micropolluants d?ensemble ;
? avec une stratégie cohérente, positionner la France dans les groupes de travail européens.
Les travaux réalisés, en cours ou à venir des collectivités et ceux qui seront les plus bénéfiques
aux masses d?eau constituent des priorités qui s?imposent à la programmation. Ils ne sont néan-
moins pas nécessairement suffisants pour respecter toutes les trajectoires. Il pourra donc être né-
cessaires de mobiliser des leviers appropriés pour combler les écarts selon des calendriers com-
plémentaires.
Par rapport aux autres pays européens, la France est identifiée comme disposant de plusieurs
points forts pour la mise en oeuvre de la DERU2 ? sans en avoir l?exclusivité. Les échanges avec
les services de la Commission européenne ont en particulier mis en exergue :
l?équipement des agglomérations entre 1 000 et 2 000 EH. A cet égard, le suivi et la
connaissance de la performance de l?assainissement non collectif pourraient apparaître comme
un point faible par rapport au référentiel de la directive, pouvant conduire à des interrogations
sur les arbitrages actuels entre assainissement individuel et assainissement collectif ;
la gestion intégrée des eaux résiduaires, et notamment la préexistence de schémas directeurs
d?assainissement et d?une réglementation de référence (arrêté ministériel de 2015). Même si
la mise en oeuvre de ces outils reste inégale et différenciée selon les bassins hydrographiques,
la France est culturellement prête pour la création et la mise en oeuvre des plans de gestion
intégrée et pourrait transformer cet avantage en leadership au niveau européen ;
concernant le traitement de l?azote et du phosphore, le retour de l?enquête fait ressortir que les
obligations de la DERU2 pourraient n?être qu?une étape supplémentaire ne présentant pas de
difficultés majeures dans les zones déjà concernées. Progresser d?abord dans les zones
sensibles apparaît comme une stratégie efficace pour définir ensuite les obligations et des
calendriers réalistes hors zone sensible ? la stratégie hors zone sensible devant, elle, être
clarifiée ;
les moyens d?atteindre la neutralité énergétique et carbone ont la spécificité de présenter un
retour sur investissement. Dans un raisonnement à long terme ? et au moins à l?échéance de
la directive ?, ces investissements devraient conduire à alléger la charge du dispositif
d?assainissement pour les finances des collectivités locales. Sous réserve que leur capacité de
financement le leur permette, il y aurait donc intérêt à engager les audits et investissements
correspondants dès que possible. Néanmoins, les choix d?investissements correspondants
devront bien s?inscrire dans une stratégie globale prenant en compte tous les objectifs de la
directive : il n?y aurait pas de sens à les réaliser indépendamment des autres équipements à
prévoir. Dans certains cas, c?est même la question du choix du site qui devra être posée en
premier.
4.2.1.4 Mettre les soutiens en adéquation avec la stratégie retenue
La politique de soutien, à préparer dès les XIIIèmes programmes des agences de l?eau, devra être
mise en adéquation avec les ambitions de la DERU2. Ceci constituera une rupture par rapport aux
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programmes précédents, pour lesquels l?assainissement, considéré peu ou prou comme une mise
en conformité résiduelle à la DERU, n?était plus considéré comme prioritaire. Si ces choix relèvent
des différents bassins, ils s?inscrivent dans des lignes directrices nationales. Une telle rupture devra
être annoncée puis anticipée dès la révision à mi-parcours des XIIèmes programmes. L?augmenta-
tion des soutiens, sauf arbitrage important sur d?autres, se traduira par une augmentation du prix
de l?eau.
Au-delà du relèvement global du niveau d?aides, indispensable pour revenir à un niveau
comparable à celui qu?il était au début de la mise en oeuvre de la DERU1, plusieurs critères
devraient être pris en compte :
? la DERU2 donne une visibilité sur vingt ans, soit une période qui couvre les XIIIèmes, XIVèmes et
XVèmes programmes : l?évaluation globale des coûts, affinée avec les parties prenantes, doit
permettre d?estimer les besoins sur ces trois exercices ;
? l?atteinte du bon état des masses d?eau ou d?un autre enjeu écologique est un critère transversal
à retenir pour l?ensemble du dispositif de soutien ;
? la prise en compte des programmations des collectivités est un deuxième critère transversal ;
? les niveaux de soutien pourraient être modulés en fonction de la typologie des coûts unitaires.
Dans l?absolu, la logique de ces soutiens pourrait être variable en début et en fin de calendrier,
avec une aide plus importante au début. C?est un des enjeux de la définition de trajectoires de
référence pour chaque objectif, qui suppose une connaissance fiable ex ante des PPI : un bonus
pourrait être accordé à des investissements venant en surplus de la trajectoire de référence ou
préalable à la généralisation d?obligations réglementaires. Ce type de dispositifs reviendrait ainsi à
encourager les maitres d?ouvrages qui faciliteront l?atteinte des objectifs globaux et réduiront
indirectement le coût pour celles qui seront le plus en difficulté. Reprenant certaines analyses de
la partie II, la mission recommande, sans viser l?exhaustivité, de bonifier par exemple les travaux
précurseurs pour la conception des PGI, voire l?accompagnement des économies d?énergie et de
la valorisation de la chaleur fatale par le Fond Chaleur, ?
Une telle approche n?est pas transposable pour l?azote et le phosphore en zone sensible, dès lors
que 20 % des agglomérations la respectent déjà. Un échéancier en biseau pourrait être affiché
pour le respect par les autres agglomérations des nouvelles valeurs limites pour l?azote et le phos-
phore en zone sensible : là où des travaux seraient nécessaires, les investissements correspon-
dants mériteraient d?être soutenus.
La reprise dans le droit français des obligations concernant les petites agglomérations pourrait
s?accompagner d?un soutien aux études permettant d?objectiver l?arbitrage entre assainissement
individuel et assainissement collectif tenant compte de ces obligations nouvelles ? tout particuliè-
rement en termes de suivi, de contrôle et de rapportage. Ces études permettront à la fois d?apporter
à la Commission européenne les éléments de démonstration requis, ainsi que de définir les
moyens à mettre en oeuvre pour assurer le suivi correspondant. En particulier, la programmation
du SIAAP devrait être envisagée en intégrant des bonifications cohérentes.
(Gouvernement, DEB, agences de l?eau) Affecter un budget significatif
en soutien à l?assainissement, appuyé sur une augmentation du prix de l?eau. L?adapter à
chaque bassin, dans une stratégie sur trois programmes. Favoriser l?amélioration de l?état
écologique des milieux, tenir compte de la programmation des collectivités, encourager les
mises en oeuvre rapide des investissements et actions qui peuvent l?être.
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4.2.2 Déclinaison du programme national par bassin
Dans le cadre des grandes lignes définies au niveau national, et en cohérence avec l?approche de
la DCE et au regard des situations initiales très différentes, chaque bassin produira, dans un
calendrier à préciser, un état des lieux et une analyse de ses points forts et ses points faibles au
regard des objectifs de la directive. L?établissement du premier programme national pour 2027
requiert probablement une première itération à partir de fin 2026, délai nécessaire pour que les
collectivités nouvellement élues puissent élaborer leur première PPI. Ce constat devra être partagé
dans chaque bassin.
L?assemblage de tous ces diagnostics permettra de conforter les orientations communes, en
particulier pour la définition des zonages, mais aussi d?engager l?élaboration d?une programmation
au sein de chaque bassin. La mission suggère que deux critères structurent les analyses et les
orientations proposées : les gains pour la DCE, la réduction des coûts globaux à l?échelle de
chaque bassin et à l?échelle nationale.
4.2.2.1 Adapter les structures et les processus existants
Une première étape de l?élaboration d?un état des lieux et d?une stratégie dans chaque bassin doit,
comme au niveau national, être partagée, donnant le même signal de volonté d?associer l?ensemble
des parties concernées, en tenant pleinement compte des programmes des collectivités (pour les
STEU comme pour la gestion du temps de pluie) et de leurs contraintes.
Les industries pharmaceutiques et cosmétiques vont devenir des contributeurs importants à la
réduction des rejets de micropolluants. Ils devront être représentés au Conseil national de l?eau et
dans tous les Comités de bassin au sein des collèges socio-professionnels par le biais de l?éco-
organisme. Les équipements de traitement quaternaire sont encore peu connus en France :
chaque agglomération concernée fera un choix adapté à son installation. Comme dans les éco-
organismes mis en place dans le secteur des déchets, les travaux de préfiguration, de cahier des
charges et d?agrément définiront le cadre de discussion entre les collectivités compétentes et les
industriels financeurs. Le point clé à ce stade est la mobilisation de la stratégie de bassin et de la
connaissance que les agences ont du parc pour optimiser la mise en place du traitement
quaternaire et en réduire les coûts.
Les soutiens apportés par la REP, en investissement mais aussi en fonctionnement, vont
représenter un volume important par rapport au total des programmes des agences de l?eau : il est
aussi stratégique pour les agences que pour les financeurs de privilégier une approche intégrée
des systèmes d?assainissement. Quelques points de vigilance ont été identifiés :
les interfaces entre éco-organisme et collectivités pour que la REP couvre 80% des coûts
d?investissement et de fonctionnement, sans prise en charge du tertiaire, vont demander une
comptabilité fine qui doit être anticipée ;
la représentation de l?éco-organisme au comité de bassin ne sera pas suffisante pour permettre
un regard technique sur les dépenses engagées ? une convention spécifique sera nécessaire
entre l?éco-organisme et chaque agence ;
la REP couvre le fonctionnement de l?éco-organisme : les modalités de soutien aux agences
pour l?instruction technique et le versement des soutiens devront être examinés.
4.2.2.2 Établir une programmation adaptée à chaque bassin
La méthode conduite par la mission la conduit à recommander d?aborder de façon distincte les
différentes STEU et agglomérations :
? les obligations qui concernent toutes celles de plus de 150 000 EH sont connues. Il importe que
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chaque bassin dispose d?une première projection de la façon dont ces agglomérations prévoient
leur conformité à la DERU2. Il pourrait leur être demandé de faire leur première proposition d?ici
à la fin 2025. Une fois leurs propositions consolidées, dans chaque bassin puis au niveau
national, pourra être élaboré un état des risques de blocage et des marges de manoeuvre pour
l?ensemble de ce parc. Le programme de chaque bassin, et par remontées, le programme
national, devront reposer sur une première programmation de ces agglomérations, représentant
à elles-seules 53 % des EH ;
? les obligations concernant les STEU de taille inférieure (entre 10 000 et 50 000 EH, entre 50 000
et 100 000 EH entre 100 000 EH et 150 000 EH) ne seront au mieux connues que fin 2027. Les
bassins auront donc intérêt à distinguer, chacun pour ce qui les concerne, de premières
obligations « sans regret » - au moins celles relatives aux rejets d?azote et de phosphore en
zone sensible à l?eutrophisation et à l?équipement en méthaniseurs au-dessus d?un premier seuil
qui pourrait être 50 000 EH ? des autres obligations liées à des enjeux liés au milieu : PGI,
azote/phosphore hors zone sensible, micropolluants, etc.
Pour les premières obligations, c?est au niveau de chaque bassin qu?un inventaire des difficultés
spécifiques à chaque agglomération a vocation à être conduit, permettant de dégager une
estimation affinée du respect des objectifs nationaux aux différentes échéances. Cet inventaire
pourra également conduire à définir des politiques différenciées dans chaque bassin tenant
compte de l?âge du parc de STEU ou des caractéristiques des systèmes de collecte, et des
enjeux du milieu.
L?analyse et la programmation pourront être complétées, une fois fixés les listes et zonages
prévus. Une nouvelle étape, similaire à la précédente, permettra de compléter les obligations
des STEU comprises entre 10 000 et 150 000 EH, réaliser une consolidation plus fine à l?échelle
de chaque bassin, puis au niveau national, permettant d?identifier les écarts les plus significatifs
et, le cas échéant, les principaux risques de non-respect de la DERU2.
Sur la base de cet exercice, il sera possible d?adapter les mesures à mi-parcours des XIIèmes
programmes puis des XIIIèmes programmes des agences de l?eau aux spécificités de chaque bassin,
dans les grandes lignes définies au niveau national : ordre de priorité, contribution du bassin à
l?effort national, ambition à atteindre, anticipation des difficultés?
4.2.2.3 Les Régions ultra périphériques
La DERU2 s?applique aux régions ultra-périphériques (RUP) françaises80. L?assainissement y est
perçu comme une question prioritaire, au moins autant que l?accès à l?eau potable : c?est le
message qu?envoie le choix de ne pas avoir demandé de dérogation lors de l?élaboration de la
DERU2, alors même que la mise en oeuvre de la DERU présente encore des difficultés. Celles-ci
tiennent notamment à l?absence fréquente de filière pour la gestion des boues, à des carences des
réseaux de collecte (taux de raccordement faible, beaucoup d?eaux claires parasites), à des
défaillances dans l?auto-surveillance, des problèmes d?exploitation, ou encore un manque de
maintenance. Cet état des lieux, du point de vue de différents interlocuteurs de la mission, pose
question au regard des nouveaux objectifs, comme le traitement quaternaire, qui présente une
forte technicité.
Les dispositions de la DERU2 qui abaissent le seuil du suivi de l?assainissement en dessous de
2 000 EH induiront une augmentation du nombre de stations suivies, et un regard plus complet sur
des installations présentant potentiellement des défaillances en nombre important.
À la différence de la métropole où 80 à 90 % des habitations sont raccordées à l?assainissement
collectif, ce taux est inférieur à 50 % (en général) dans les Outre-mer. Or, en ordres de grandeur,
90 % des installations d?assainissement autonome sont non-conformes en Martinique, 85 % en
80 Saint-Martin et Saint-Pierre-et-Miquelon ne relèvent pas du champ de la DERU.
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Guadeloupe, 85 % et 95 % en Guyane81 : l?assainissement non collectif apparaît comme un enjeu
fort. Son maintien ou son développement requerraient des SPANC structurés, alors que le
relèvement des exigences pourrait au contraire le faire reculer, demandant alors une vigilance forte
sur le raccordement effectif des quartiers basculant sur de l?assainissement collectif. Des solutions
intermédiaires de type semi-collectif présentent un intérêt, mais posent la question de leur gestion
par des copropriétés au-delà de leur seule installation. Les programmes d?interventions actuels ne
permettent pas de soutien, si ce n?est pour les études de zonage.
Concernant l?assainissement collectif, les STEU les plus importantes sont, pour la plupart, des
installations à boues activées, sans traitement spécifique du phosphore et de l?azote. Les solutions
fondées sur la nature, qui sont en développement y compris pour des installations de taille de plus
en plus conséquente, présentent un intérêt en matière de suivi et d?entretien, relativement faible
sur ce type de structure, mais ne permettront sans doute pas de répondre aux objectifs de la
DERU2. La STEU du Prado à Saint-Denis de La Réunion, de 170 000 EH, devrait, dans le cadre
de la DERU2, mettre en place un traitement tertiaire (au sens de la directive).
D?après les échanges menés par la mission, le surcoût dans les RUP est de 50 à 100 % sur une
station complète par rapport à l?hexagone, en raison de la distance, d?un contexte de concurrence
limitée, de problématiques spécifiques liées au climat (comme la question des émanations de
sulfure d?hydrogène, liée à la température et au temps de pré-traitement, ou encore à une capacité
d?épandage limitée). La prise en compte du temps de pluie présente aussi des spécificités dans
des territoires soumis au risque cyclonique.
Pour les installations les plus importantes, des interlocuteurs de la mission estiment que la mise
en place d?unités de traitement conformes sur la charge organique en DBO et de traitement des
boues et des matières de vidanges appuyés sur des solutions robustes et compatibles avec des
surcharges hydrauliques sont une priorité avant d?envisager un traitement quaternaire. S?agissant
de ce dernier, il pourrait toutefois y avoir des zones à enjeux pour les micropolluants dans les
Outre-mer. Le dispositif de REP devra intégrer les spécificités ultra-marines dès sa mise en place
(en particulier dans l?évaluation des coûts et des soutiens).
Enfin, l?atteinte de l?objectif de neutralité énergétique peut conduire à diminuer au maximum les
temps d?aération des STEU, aux dépens des performances du traitement et de l?impact des rejets
(rejets chargés en ammoniac, élément toxique pour la faune aquatique).
L?impact sur le prix l?eau accroît la sensibilité de ce sujet dans ces territoires, même s?il peut
sembler y avoir plus de marge à La Réunion.
Un schéma de gouvernance de l?eau spécifique
Les offices de l?eau, dans les territoires concernés par la DERU2, perçoivent des recettes de redevances,
mobilisées pour mettre en oeuvre et assurer le suivi de la Directive cadre sur l?eau et apporter un appui aux
collectivités pour les projets d?eau potable et assainissement. Pour pallier un déséquilibre structurel, le mécanisme
interbassin de solidarité, géré par l?OFB, est abondé par les agences métropolitaines à hauteur de 20 M¤ par an.
Ce soutien a été renforcé de 15 M¤ en 2024 et de 35 M¤ en 2025 : il sera de 55 M¤ de 2025 à 2027. En outre, un
tour de table des financeurs est organisé dans les différents territoires, qui associe également l?AFD, la Banque
des territoires et des fonds européens.
La doctrine, fixée dans le plan EauDom, est de mobiliser autant que possible le FEDER, sur de grosses opérations.
370 M¤ ont été débloqués en 2024. La consommation effective dépend des autorités de gestion et de leurs
procédures internes ; le suivi, y compris pour les co-financeurs, reste difficile. Ce peut être un frein à l?usage de
FEDER, mais la Réunion donne un exemple d?ingénierie financière efficace.
Le dernier programme d?intervention priorise la mise aux normes des installations visées par un contentieux
européen. L?intervention financière est bonifiée (passage de 40 % à 60 % de cofinancement OFB) sous certaines
conditions.
81 Rapport du CESE, 2022, La gestion de l?eau et de l?assainissement dans les Outre-mer, 109 p.
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Le suivi et le rapportage de la DERU sont pilotés par les DEAL. L?OFB est présente sur le terrain et mobilisée via
ses interventions financières. Un renforcement récent de l?OFB permet désormais de mieux accompagner les
porteurs sur les projets prioritaires. Les interfaces entre DEAL et OFB pourraient être renforcées (par exemple par
un accès à Roseau pour l?OFB).
Le plan interministériel Eau Dom, mis en place en 2016, a trouvé son application à partir de 2019-20 dans une
démarche de contractualisation, mobilisant des volets financiers, ressources humaines et ingénierie. La grande
majorité des investissements réalisés concerne cependant l?eau potable. La DEB appuie le renforcement des ETP
dans les collectivités à hauteur de 1 M¤/an, inscrits au plan Eau national. De plus, l?AFD finance également des
postes dans les collectivités.
L?augmentation des moyens, utile et saluée, n?apparaît pas, en pratique, un levier suffisant pour des améliorations
sensibles, en raison, notamment, de la difficulté à porter des projets complexes, ou encore de la tension sur tous
les métiers, à commencer par les bureaux d?étude82.
Les enjeux de mise en oeuvre sont différenciés d?un territoire à l?autre, La Réunion apparaissant,
en particulier, comme présentant des situations comparables à des agglomérations de métropole,
et la Guadeloupe plus complexe.
La Guadeloupe s?appuie sur un syndicat mixte unique, le SMGEAG (Syndicat mixte de gestion de
l'eau et de l'assainissement de Guadeloupe), ce qui pourrait être un atout, syndicat qui intervient
essentiellement en régie. Pour autant, la majeure partie des 18 agglomérations dont la capacité
nominale est supérieure ou égale à 2 000 EH présentent des non-conformités 83 , avec une
tendance à la détérioration. Capesterre Belle Eau84 est une nouvelle STEU qui date de 2013 et qui
n?a jamais fonctionné. De manière générale, les calendriers des travaux prévus, très longs, ont
conduit à revoir les pratiques de financement (10 % à la signature et 10 % à l?ordre de service)
pour éviter des demandes de remboursement ; le soutien au fonctionnement a été réduit pour
mieux se rapprocher des coûts. S?il n?y a pas de contrat de progrès à cinq ans, un SDA est en
cours.
En octobre 2023, l'État, le Conseil régional, le Conseil départemental et le SMGEAG ont présenté
un nouveau plan d'action pour l'eau et l'assainissement, élaboré sur une période de 4 ans (2024-
2027), avec un financement de 317 millions d'euros.
En Martinique, sur 108 STEU, 48 sont conformes en performance, certaines sont « non
conformes » par défaut, par manque de données. L?ANC est identifié comme un enjeu du SDAGE
2022-2027. En effet, environ 90 % des installations d?ANC seraient non conformes selon les
diagnostics de l'existant effectués par les SPANC.
Si à La Réunion, la situation paraît plus favorable avec un parc d?ouvrages relativement récent
(14 ouvrages ayant moins de 10 ans, soit 98,6 % de la capacité épuratoire), deux ouvrages, Cilaos
et Entre-Deux (plus de 20 ans), nécessitent une réhabilitation.
82 Le rapport IGEDD-IGA indique : « L?un des premiers constats de la mission est que l?explication des difficultés
par l?insuffisance des financements n?est pas exacte. Entre les crédits européens, ceux de l?AFD, ceux de
l?Office français de la biodiversité (OFB) et ceux du MOM, des financements importants sont susceptibles d?être
mobilisés pour financer les investissements nécessaires. A cela s?ajoutent les crédits du plan de relance : 50
M¤ consacrés au plan Eau DOM. »
83 Le même rapport illustre : « Or, 67 % ne sont pas conformes à la réglementation ce qui représente 77 % de la
charge entrante. Pourtant leur âge moyen n?est que de treize ans (?) Certaines sont plus particulièrement
sinistrées. Ainsi, cinq grandes stations d?épuration ont été récemment installées : Petit-Bourg (2014, pour
environ 10 000 habitants) ; Goyave (2017, pour 8 000 habitants) ; Gosier (15 000 habitants), Sainte-Anne (12
000 habitants) et Saint- François (15 000 habitants) dans les années 2010 et 2012. Le constat est aujourd?hui
accablant. Ces STEP sont largement hors d?usage, faute d?entretien, de personnel qualifié pour les faire
fonctionner, ou de crédits de fonctionnement pour le renouvellement des équipements (pompes). »
84 Internet : « une station d'épuration inaugurée en 2013, pour un coût de plus de 15 millions d'euros,
subventionnée par l'Union Européenne, est à l'arrêt depuis plusieurs années. Elle fait l'objet d'un contentieux
européen pour ses dysfonctionnements, et n'est pas la seule en Guadeloupe. »
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En Guyane, seize communes n?ont pas transféré la compétence à ce jour. La STEU de Saint-
Laurent-du-Maroni illustre la difficulté de faire fonctionner des installations techniques, avec des
malfaçons sur le système de dépotage.
Les Outre-mer devront être pris en compte dans le programme national de mise en oeuvre de la
DERU2. Certaines installations, de La Réunion par exemple, pourraient contribuer à l?atteinte des
premiers objectifs. La déclinaison par bassin présentera des spécificités, à porter à l?échelle
nationale ou dans chaque bassin.
À l?échelle nationale :
? bien intégrer des spécificités des outre-mer dans le lexique national (« temps sec » /« temps
de pluie », zonages, vents/cyclones, etc.) ;
? renforcer les interfaces entre les acteurs, à commencer par les DEAL et l?OFB ;
? fixer un cadre pour mener des études approfondies sur quelques points clés, dans l?esprit de
la DERU2, en vue d?adapter les objectifs au contexte des outre-mer ? par exemple, sur le
temps de pluie, le développement des raccordements, l?évaluation coûts-bénéfice du
maintien de l?ANC pour le pousser autant que possible? Le cas échéant, des discussions
sur les résultats et les suites à donner pourraient être engagées avec la Commission pour
valider une mise en oeuvre pragmatique et adaptée de la DERU2 ;
? apporter un appui aux SPANC pour leur permettre de réaliser leur mission de contrôle
(comme cela a pu être fait au démarrage des SPANC en métropole), obligation de moyens
désormais requise par la DERU2 ;
Dans les bassins :
? sensibiliser les EPCI ultramarins que l'ANC ne peut pas être négligé du fait de la DERU2 et
s'assurer que la mise à niveau des ANC est suffisante pour répondre aux objectifs de la
DERU2. En effet, la directive prévoit que les États membres qui utilisent des systèmes
individuels pour collecter et/ou traiter plus de 2 % de la charge des eaux résiduaires urbaines
au niveau national provenant des agglomérations égales ou supérieures à 2 000 EH
fournissent à la Commission une justification de l'utilisation de systèmes individuels. Cette
situation se rencontrera quasiment partout en RUP et donc il va falloir travailler sur ce point ;
? mettre l?accent et continuer à promouvoir les dispositifs les plus adaptés aux contextes, par
exemple des traitements de type SFN (filtres plantés de végétaux?) plus faciles
d?exploitation et d?entretien que les filières de types boues activées pour les communes de
petite ou moyenne taille ; mettre tous les moyens disponibles au service de solutions
durables pour le traitement et la valorisation des boues d?épuration ;
? préciser, pour les RUP, le cadre d?élaboration, de validation et de portage de la stratégie
assainissement de chaque bassin : préciser le rôle des instances de bassin et des comités
de financement du plan EauDom. En effet, comme dans l?hexagone, il est indispensable
d?identifier pour chaque bassin, l?instance de gouvernance adaptée qui rassemble les
représentants des collectivités compétentes mais également de l?éco-organisme mis en
place pour le traitement des micropolluant, et de veiller au cadre des conventions techniques
et financières avec l?éco-organisme, en bonne articulation avec le plan EauDom ;
? renforcer, dans la suite des actions déjà engagées, les partenariats avec les écoles
d?ingénieurs et de techniciens et les formations pour sécuriser et stabiliser les compétences
nécessaires à la mise en oeuvre de l?assainissement par des viviers dans les territoires
concernés.
Pour ce qui concerne Mayotte, deux considérants de la directive prévoient des motifs de dérogation,
en premier lieu en lien avec la topographie et le caractère insulaire, ainsi qu?au caractère récent
(2014) du statut de région ultrapériphérique, conduisant pour ce dernier motif à autoriser le report
de l?abaissement du seuil des agglomérations à prendre en compte (article 32 de la directive).
Mayotte devra donc être intégré à la programmation nationale, selon des modalités qui pourront
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tenir compte de ces spécificités.
Une organisation renforcée et adaptée de l?État et de ses
opérateurs
La tension moindre sur la DERU a conduit à un « étiage sévère » des compétences en
assainissement dans les services de l?État et de ses opérateurs, les équipes en place étant en
outre focalisées sur la conformité des STEU à la DERU, là où la DERU2 élargit notablement le
spectre des thèmes à traiter. Compte tenu des priorités identifiées, principalement d?ici à 2030 (et
même d?ici à 2027 au niveau national), il est impératif, y compris dans le contexte actuel tendu, de
renforcer les effectifs consacrés à cette première étape, au sein de la direction de l?eau et de la
biodiversité au moins pour les trois prochaines années (chef de projet, participation active aux
travaux de la Commission européenne, pilotage de la mise en place des systèmes d?information),
ainsi que dans les DREAL de bassin et les agences de l?eau, puis de préserver les moyens et les
compétences nécessaires, et de prévoir des formations ad hoc pour les services déconcentrés
(services de police de l?eau).
4.3.1 Renforcer les services en charge, à commencer par la police de
l?eau
L?ensemble des contributions soulignent le besoin de renfort et le documentent. La contribution du
bassin Rhône-Méditerranée, précise et complète, évalue en moyenne à 1,8 ETPT les effectifs
disponibles en moyenne dans chaque DDT(M) (0,3 en catégorie A, 1,5 en catégorie B). Les
estimations d?autres bassins sont même inférieures.
La même contribution évalue à 0,5 ETPT le besoin spécifiquement lié à la mise en oeuvre de la
directive ERU2. Ceci est cohérent avec les estimations d?autres bassins : dans des départements
où les moyens sont au plus bas (0,5 ETPT), il a été indiqué à la mission qu?un doublement de ces
moyens était nécessaire. Il convient d?ajouter à ces effectifs de base, ceux des services de police
de l?eau en DREAL.
Une hypothèse médiane (2 ETPT dans les départements de plus d?1 million d?habitants, 1,5 ETPT
dans les départements entre 500 000 et 1 million d?habitants, 0,8 ETPT dans les départements de
moins de 500 000 habitants) conduit à un effectif actuel de 130 ETPT et à un besoin pour la
directive ERU2 de l?ordre de 50 ETPT, à programmer progressivement d?ici 2028 et à maintenir
dans la durée.
Pour les DREAL de bassin, le besoin est estimé à au moins 1 ETPT supplémentaire par DREAL et
quelques fractions d?ETPT pour les autres DREAL. Des renforts pour les agences de l?eau, qui
n?ont pas pu être évalués, devront également être prévus, au-delà de ceux soutenus par la REP
pour accompagner le traitement quaternaire.
La demande de renfort au sein des services de l?Etat et des agences de l?eau émane aussi des
associations de collectivités, qui soulignent l?accompagnement qui sera nécessaire de leur part.
4.3.2 Élaborer une feuille de route pour les principaux opérateurs
Plusieurs opérateurs apportent leur appui à la DEB, aux services déconcentrés, voire aux
collectivités dans la mise en oeuvre de la politique d?assainissement. La mobilisation que va
nécessiter la DERU2 justifie de se doter d?une feuille de route pluriannuelle et partagée, qui donne
une lisibilité à ce qui est attendu de chacun, identifie les articulations efficaces et motive des
augmentations des subventions. La DERU2 va demander une implication accrue de tous les
acteurs, y compris les opérateurs de l?État.
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- L?Inrae, en tant que centre de recherche, apporte son appui à la mise en oeuvre de la DERU1,
sur des dossiers qui requièrent une expertise poussée, à la demande de la DEB ou de collectivités,
en veillant à l?absence de conflit d?intérêt, pour une enveloppe d?environ 1 500 000 ¤ par an.
L?institut a notamment apporté un soutien à la DEB pour la mise en conformité de stations non
conformes (cinq à six par an). Cette mobilisation se fait sur la base de sollicitations des services
de police de l?eau et les sites sont retenus au regard du besoin de recherche. Ce travail peut aussi
comporter une partie médiation. Un bilan est fait un an après la phase d?analyse et de conseil. Ce
soutien est apprécié des services déconcentrés rencontrés, qui sont demandeurs de le renforcer,
et des collectivités. Les équipes de l?Inrae compétentes en assainissement, reconnues, couvrent
de nombreux champs de la DERU2, eaux pluviales, azote-phosphore, traitement des
micropolluants, mais restent limitées à quelques personnes. Or, il y aura un important besoin de
modélisations, d?élaborations de doctrines et de guides pour faire évoluer les systèmes
d?assainissement de façon globale. Le contexte de la DERU2 mérite d?envisager, comme le prévoit
le contrat d?objectifs, de moyens et de performance 2022-2026 entre l?État et l?Inrae, l?organisation
d?actions renforcées et structurées dans le cadre d?un « dispositif pérenne d?appui aux politiques
publiques » (DPAPP)85.
- L?OFB pilote l?observatoire national des services d?eau et d?assainissement, en s?appuyant sur la
base de données SISPEA et contribue à la préparation du rapportage européen. Dans les Outre-
mer, en l?absence d?agences de l?eau, l?OFB apporte l?aide aux politiques de l?eau, et notamment à
l?assainissement, ce qui lui confère des compétences, en particulier dans ces territoires. Le rôle de
l?OFB dans l?évolution profonde des systèmes d?information est notamment à préciser.
- Au Cerema, le sujet de l?eau prend une place croissante dans le contexte de la transformation de
l?établissement et notamment de la contractualisation engagée avec des collectivités. Pour autant,
les équipes restent en nombre limité, et l?approche essentiellement territoriale, plutôt mobilisable
pour l?amélioration de la gestion du temps de pluie que sur les installations industrielles. Les
programmes de travail sont discutés chaque année avec la DEB. Dans le contexte de la DERU2,
une visibilité pluri-annuelle accrue permettrait une meilleure structuration des travaux.
Enfin, d?autres opérateurs de l?État pourraient apporter des contributions utiles pour la mise en
oeuvre de la DERU2, à commencer par l?Ineris, l?Anses, et tout particulièrement l?Ademe pour la
préfiguration de la filière REP.
La mission recommande que le programme national de mise en oeuvre comporte une feuille
de route pluriannuelle pour les opérateurs de l?État concernés leur donnant une visibilité à
moyen terme, en particulier pour l?Inrae, fixant à chacun des objectifs concrets et explicitant
les articulations entre eux, ainsi qu?avec les agences de l?eau. Une telle structuration pourra
également être valorisée dans les échanges avec des associations très impliquées et utiles aux
travaux comme l?ASTEE ou la FNCCR.
85 Action 2.3 - Consolider l?appui aux politiques publiques auprès des ministères : « Les dispositifs pérennes
d?appui aux politiques publiques (DPAPP) sont copilotés par les ministères concernés et INRAE. Ils représentent
un appui dédié, dans la durée, à la mise en oeuvre de politiques publiques priorisées par les ministères dans
leur partenariat avec INRAE tout en constituant des atouts pour la production de connaissances et la stratégie
scientifique de l?Institut, par les données acquises sur le long terme et les questions que ces dispositifs font
émerger. »
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Doter les services de police de l?eau de 50 ETPT supplémentaires d?ici
2028 inclus, renforcer également les DREAL de bassin et les agences de l?eau et établir et
financer une feuille de route pluriannuelle pour les opérateurs de l?État, définissant leurs
objectifs spécifiques et leurs articulations entre eux
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Conclusion
En première approche, ne serait-ce que par sa dénomination, la DERU2 semble n?être qu?une
continuité de la DERU : une directive de moyens, avec des objectifs mis à jour, ce alors que la
France est en contentieux européen persistant pour des non-conformités au regard de la DERU.
Elle présente en fait de fortes ambitions supplémentaires et une approche nouvelle, très
intégratrice et transversale. Une lecture approfondie, pour dégager des priorités pour sa mise en
oeuvre, fait ressortir à quel point la plupart de ces ambitions sont liées entre elles ; un exemple
emblématique est l?exigence concomitante de traitements des eaux usées plus poussés,
consommateurs d?énergie, et d?effort de neutralité énergétique, même si c?est à l?échelle de
l?ensemble du parc.
La DERU2 présente une complexité forte, découlant sans doute des étapes d?élaboration : les
obligations incombent à trois types d?acteurs, les agglomérations d?assainissement, les STEU
définies en charge, les STEU définies en nominal. Les échéances sont multiples : parfois trois
étapes, parfois quatre, à des dates différentes selon les items, et même à des horizons différents.
Si la plupart des objectifs sont à atteindre en totalité en 2045, il en est qui doivent être obtenus en
2039. L?évaluation de coûts faite par la Commission, déjà empreinte de nombreuses incertitudes,
repose in fine, repose sur un périmètre différent de celui qui a été retenu, le seuil des plus grosses
STEU, passant de plus de 100 000 à plus de 150 000 EH. Les derniers ajustements, dans une
recherche de meilleur équilibre entre les coûts et les bénéfices, ont en effet conduit à restreindre
le périmètre initialement proposé.
Le premier travail d?estimation des bénéfices et coûts de la mise en oeuvre de la DERU2 en France
ne peut faire ressortir que des ordres de grandeur, à prendre avec la plus grande prudence : il
permet surtout de formuler et structurer de nombreuses questions, techniques, organisationnelles
et financières. Pour que la transposition et la mise en oeuvre de la directive soient efficaces, elles
devront être traitées dans un cadre et un échéancier partagé, avec un portage politique fort et des
moyens adaptés, tant humains que budgétaires.
La DERU2 apparaît comme une opportunité pour mobiliser de nombreux acteurs, au-delà du strict
secteur de l?assainissement, et rétablir un lien entre une directive de moyens et les objectifs de
résultats des directives cadres. L?optimisation économique et environnementale de sa mise en
oeuvre reposera sur une programmation à la main de chaque État membre. L?adhésion de tous, et
en premier lieu des collectivités, supposera une stratégie d?ensemble au niveau national, orientant
et coordonnant les stratégies des grands bassins hydrographiques, et, au niveau de chaque
agglomération, l?intégration d?objectifs techniquement très diversifiés dans des stratégies globales
d?assainissement alliant politiques d?urbanisme, renouvellement du patrimoine et investissements
dans de nouveaux outils de traitement ou de production d?énergies renouvelables. Un portage
politique fort et des coopérations sont indispensables.
Les acteurs rencontrés par la mission, associations, fédérations, syndicats de collectivités locales
ou de filières industrielles, agences de l?eau et services déconcentrés, ont, chacun selon leurs
intérêts et leurs moyens, commencé à s?approprier et approfondir le texte. Ils ont été constructifs
et demandeurs dans les échanges et sont en attente d?une mise en oeuvre guidée par une stratégie.
Des éléments pour un travail partenarial en ce sens dans un cadre de confiance sont posés.
Bastien Sayen
Philippe Ledenvic
Laure Tourjansky
Inspecteur général adjoint Inspecteur général Inspectrice générale
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Annexes
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Annexe 1. Lettre de mission
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Annexe 2. Liste des personnes rencontrées
Administration centrale
Direction de l?eau et de la biodiversité (DEB)
? Célia DE LAVERGNE, directrice
? Marie-Laure METAYER, directrice adjointe
? Isabelle KAMIL, sous-directrice eau et ressources minérales (EARM)
? Damien LAMOTTE, sous-directeur coordination, appui, stratégie et pilotage des
politiques de protection des écosystèmes
? Najib MAHFOUDHI, coordonnateur interministériel du plan eau-dom
? Véronique NICOLAS, cheffe du bureau EARM 4
? Christophe VENTURINI, adjoint au chef de bureau EARM 4
? Mehdi BOUCHEMAMMA, chargé de mission EARM 4
? Daniel DE PAULA, stagiaire
Direction générale de la prévention des risques (DGPR)
? Vincent COISSARD, sous-directeur des déchets et de l?économie circulaire
? Nadia HERBELOT, adjointe au sous-directeur des déchets et de l?économie circulaire
Direction générale de l?énergie et du climat (DGEC)
? Sophie DEHAYES, cheffe du pôle national des certificats d?économie d?énergie
Direction générale des collectivités locales (DGCL)
? Sarah GEORGE, adjointe à la sous-directrice des compétences et des institutions
locales
? Elise DASSONVILLE, adjointe à la cheffe de bureau des services publics locaux, sous-
direction des compétences et des institutions locales
Commissariat général au développement durable (CGDD)
? Olivier SIMON, sous-directeur de l'économie et de l'évaluation
? Marine FAVRE, adjointe au chef de bureau
? Julien HARDELIN, chef de bureau
Direction générale des entreprises (DGE)
? Marie-Laure WOLF, directrice de projet chimie, eau et biotechnologies
? Carla BRAGA, cheffe de projets plateformes industrielles, sous-direction de la chimie,
des matériaux et des éco-industries
? Elisa AMADIEU, cheffe de projets « biens de consommation et transition
environnementale des entreprises »
? Alice BOULEAU, chargée de mission financements des produits de santé
? Aurélien MAUPERON, chargée de mission souveraineté industrielle et décarbonation
des industries de santé
Direction générale de la santé (DGS)
? Isabelle ANGLADE, politique des produits de santé et qualité des pratiques des soins
? Laurence CATE, adjointe à la sous directrice de la prévention des risques liés à
l'environnement et à l'alimentation
? Noémie HERVE, juriste au bureau du médicament, politique des produits de santé et
qualité des pratiques des soins
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? Walid MOKNI, chef de l'unité surveillance et anticipation des risques
? Arila POCHET, chargée de mission
Direction générale des outre-mer (DGOM)
? Camille VIONNET, chargée de mission, bureau de l'écologie, du logement, du
développement et de l'aménagement durables, Sous-direction des politiques publiques
Commission européenne
? Michel SPONAR, adjoint au chef de l?unité C2 ? milieu marin et eaux propres
? Alberto PISTOCCHI, Joint research centre
Représentation permanente de la France auprès de l?Union européenne
? Nicolas ENCAUSSE, Conseiller environnement
Administrations déconcentrées
Directions régionales de l?environnement, de l?aménagement et du logement
DREAL Auvergne-Rhône-Alpes
? Élise REGNIER, directrice régionale adjointe
? Marie-Hélène GRAVIER, cheffe du service eau, hydroélectricité, nature
? Didier PITRAT, chef de pôle délégation de bassin
? Joseph GHOUL, pôle délégation de bassin
DREAL Centre-Val de Loire
? Hervé BRULE, directeur régional
? Christian FEUILLET, chef du département eau et bassin Loire-Bretagne
? Coline GARDE, cheffe de l?unité qualité des eaux et milieux aquatiques
DREAL Hauts-de-France
? Julien LABIT, directeur régional
? Florence CLERMONT-BROUILLET, directrice régionale adjointe
? Christophe RAOUL, chef du pôle planification et gestion de l?eau
? David MASSELOT, pôle planification et gestion de l?eau
DREAL Nouvelle-Aquitaine
? David GOUTX, directeur régional délégué
? Hélène CHANCEL-LESUEUR, directrice-adjointe
? Bénédicte GUERINEL, adjoint cheffe de service patrimoine naturel
? Claire CASTAGNEDE-IRAOLA, cheffe de département eau et ressources minérales
? Hervé TREHIN, adjoint à la cheffe de département eau et ressources minérales
DREAL Occitanie
? Rachel PUECHBERTY, directrice adjointe
Directions de l?environnement, de l?aménagement et du logement
? de Guadeloupe : Olivier KREMER, directeur
? de Guyane : Ivan MARTIN, directeur
? de Martinique : Stéphanie MATHEY, directrice
? de Mayotte : Jérôme JOSSERAND, directeur
? de La Réunion : Philippe GRAMMONT, directeur
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DRIEAT Ile-de-France (direction régionale et interdépartementale)
? Claire GRISEZ, directrice adjointe
? Thomas BOUYER, chef du service assainissement
? Michelle BROSSEAU, chef du département assainissement
? Florence CHEREAU, adjointe à la cheffe du département assainissement police de
l'eau
Directions départementales des territoires (et de la mer)
? Au titre du groupement des DDT ; Benoît DUFUMIER, directeur Côte d?Armor,
Sébastien FERRA, directeur Gard
Eure-et-Loir
? Loïc PERRE, service de la gestion des risques, de l?eau et de la biodiversité
? Valérie BESNARD, bureau eaux résiduaires urbaines et pluviales
? Maxence GWOREK, bureau eaux résiduaires urbaines et pluviales
Indre
? Charlotte JAQUET-MARTIN, service planification, risques, eau nature
? Laurent BANCHEREAU, unité eau
? Yann BOUGIO, unité eau
? Manuel CHRETIENNE, unité eau
Indre-et-Loire
? Christophe BLANCHARD, chef d?unité eau
du Loir-et-Cher
? Anne-Sophie HESSE, unité maîtrise des pollutions de l?eau
du Loiret
? Thomas CARRIERE, service urbanisme et aménagement durable des territoires
Établissements publics nationaux
Agence de l?environnement et de la maîtrise de l?énergie (ADEME)
? Patricia BLANC, directrice général déléguée
? Hervé LEFEBVRE, responsable du pôle trajectoires bas carbone
Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (INRAE)
? Jean-Marc CHOUBERT, directeur de l?unité de recherche REVERSAAL
? Sylvie GILLOT, directrice de recherche
? Pascal MOLLE, chercheur
? Éric MARTIN, chef de projet "environnement" à la direction de l'appui aux politiques
publiques
Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement
(CEREMA)
? Sébastien DUPRAY, directeur de la direction technique risques, eaux, mer
? Véronique MANICACCI, directrice adjointe du département risques eaux littoral
? Christine FERAY, responsable du secteur d?activité eau et gestion des milieux
aquatiques
? Bilel AFRIT, chef adjoint du groupe eaux et risques
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Office français de la biodiversité (OFB)
? Olivier THIBAULT, directeur général
? François HISSEL, directeur « surveillance, évaluation, données »
? Bénédicte AUGEARD, chef du département « recherche développement innovation »
? Éric BREJOUX, chef du service « eaux et milieux aquatiques »
? Sophie PORTELA, cheffe de projet « services publics, eau et assainissement »
? Agnès CARLIER, cheffe de l'unité "intervention eau et biodiversité en Outre-mer »
? Pierre-François STAUB, chargé de mission pollution des écosystèmes et métrologie
Agences de l?EAU
Adour-Garonne
? Elodie GALKO, directrice générale
? Aude WITTEN, directrice générale adjointe
? Bernard JAYET, chef de service assainissement, pluvial et territoires
Artois-Picardie
? Isabelle MATYKOWSKI, directrice générale
? Hubert VERHAEGHE, chef du service de l?expertise, des écosystèmes et nouveaux
enjeux
? Didier MOSIO, expert assainissement
Loire-Bretagne
? Loic OBLED, directeur général
? Denis ROUSSET, directeur-adjoint de la politique des interventions, chef du service
collectivités et industries
Rhin-Meuse
? Xavier MORVAN, directeur général
? Christophe LEBLANC, directeur par intérim
? Nicolas VENANDET, Référent Assainissement - Eau et nature en ville
Rhône-Méditerranée-Corse
? Nicolas MOURLON, directeur général
? Nicolas CHANTEPY, directeur général adjoint
? Hélène MICHAUX, directrice du département des programmes et des interventions
? Anne SAINPOL, experte assainissement et eaux pluviales
Seine-Normandie
? Sandrine ROCARD, directrice générale
? Nathalie EVAIN-BOUSQUET, directrice du programme et des interventions
? Régis TEHET, chef du service industries, micropolluants, pluvial, assainissement et eau
potable
? Frédéric MULLER, direction territoriale Seine francilienne, investissements, projet
baignade
? Sandrine ROBERT, direction territoriale Seine francilienne, performance des ouvrages
et redevance, expertise de l?auto-surveillance
? Hosni DRIDI, direction du programme et des interventions, assainissement
? Cyrielle MUNSCH, réseaux et assainissement
PUBLIÉ
Mars 2025 Évaluation de la directive relative au traitement des eaux
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Associations représentant les collectivités locales
Association nationale des collectivités territoriales et de leurs partenaires pour la gestion de
l?énergie, des déchets, de l?eau et de l?assainissement, en faveur de la transition écologique et
de la protection du climat (AMORCE)
? Nicolas GARNIER, délégué général
? Baptiste JULIEN, responsable du pôle eau
? Jérémy DA PRATO, chargé de mission en traitement des eaux et en maîtrise de
l'énergie des services publics d'eau et d'assainissement
Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR)
? Régis TAISNE, directeur du département eau
? Franco NOVELLE, chargé de mission assainissement et GEMAPI
France urbaine
? Marie-Cécile GRAZIANI, chef du service prospective, Aix-Marseille-Provence
? Brice LE DISLOQUER, directeur eau et assainissement, Communauté Creusot-
Montceau
? Sébastien LAUNE, directeur eaux et réseaux, Dijon Métropole
? Claude VALENTIN, service eaux et réseaux, Dijon Métropole
? Mathieu BREVIERE, directeur cycle de l?eau, Communauté urbaine de Dunkerque
? Didier NECIOLLI, directeur adjoint cycle de l'eau, Grand Lyon,
? Elisabeth SIBEUD, cheffe du service pilotage assainissement et GEMAPI, Grand Lyon
? Olivier FULLY, directeur de l'eau et de l'assainissement, Grand Nancy
? Yannick VAN ES, directeur eau & assainissement, Métropole Européenne de Lille
? Benjamin PUECH, chef du service eau et assainissement, Le Mans Métropole
? Francis WEHRUNG, directeur adjoint de l?eau et de l?assainissement, Grand Nancy
? Philippe GILLES, directeur du cycle de l'eau, Nantes Métropole,
? Christine PUIZILLOUT-LIEPPE, cheffe du service développement, direction du cycle
de l?eau, Nantes Métropole
? Alexandre LECOMTE, directeur du cycle de l?eau, Communauté d?agglomération Pau
Béarn
? Ségolène CASTET, direction de l?eau et de l?assainissement, Communauté urbaine du
Grand Reims,
? Arnaud DELAHAYE, adjoint à la directrice générale adjointe « environnement, énergie,
eau, déchets, réseaux, Métropole Rouen-Normandie
? Geoffroy DUBOST, directeur « eau et risques environnementaux », Ville et
Eurométropole de Strasbourg
? Anne WILHEM, cheffe du service « eau et assainissement », Ville et Eurométropole de
Strasbourg
? Julien HENIQUE, directeur cycle de l?eau, Toulouse Métropole,
? Audrey AUZIERE, responsable du pôle gestion des services publics - direction du cycle
de l'eau - Toulouse Métropole
? Vincent ROCHER, directeur délégué innovation, stratégie, environnement, SIAAP
? Pascale SAJUS, directrice des études stratégiques et prospectives, SIAAP
? Miguel GILLON-RITZ, directeur adjoint des études stratégiques et prospectives, SIAAP
? Germain COMERRE, responsable de la mission réglementation, partenariats et
prospective, SIAAP
? Philippe ANGOTTI, France Urbaine, délégué adjoint en charge de la transition
PUBLIÉ
Mars 2025 Évaluation de la directive relative au traitement des eaux
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écologique, de l'urbanisme et responsable des ressources humaines
? Maëva FLEYTOUX, France Urbaine, chargée de mission « transition écologique »
Associations professionnelles
Association scientifique et technique pour l?eau et l?environnement (ASTEE)
? Muriel AURIOL, adjointe à la directrice générale
? Hubert DUPONT, président de la commission assainissement, directeur technique
adjoint de Suez France
Centre interprofessionnel technique d?études sur la pollution atmosphérique (CITEPA)
? Vincent MAZIN, ingénieur d?études
Comité stratégique de filière (CSF) Eau
? Laurent Viviani, directeur des affaires publiques, groupe CARSO
? Jean Pierre HANGOUET, directeur technique, Suez Eau France
? Patrick FAISQUES, directeur, Veolia, délégué permanent du comité stratégique de
filière Eau
Fédération des entreprises de la beauté (FEBEA)
? Marie AUDREN, directrice affaires publiques et communication
? Stéphanie LUMBERS, directrice développement durable
? Emmanuel Guichard, délégué général de la FEBEA
? Solène Flahault, directrice des affaires publiques de Cosmetics Europe
Fédération professionnelle des entreprises de l?eau
? Tristan MATHIEU, délégué général
? Laurent BRUNET, président de la commission scientifique et technique de la FP2E et
directeur technique de Suez
? Frédéric BLANCHET, membre de la commission scientifique et technique et de la
commission eau potable de la FP2E, vice-président estuaire de la Seine, Véolia
? Anne Dujardin, chargée de communication
G5 Santé
? Mazen ELZAABI, directeur des affaires publiques LFB
? Véronique BERGERON, responsable des politiques sociales SANOFI
Les entreprises du médicament (LEEM)
? Luc BESANCON, délégué général de NERES
? Pascal LE GUYADER, directeur général adjoint
? Fabrice MEILLIER, responsable des affaires publiques
? Sébastien TRINQUARD, directeur général du GEMME
Synteau
? Florent BOULIER, délégué général, Union des industriels de l?eau
? Patrick THEROND, directeur adjoint PMO, Suez
? Yvan TREAL, directeur coordination commerciale, Suez Ingénierie et Construction
? Pascal JOUAFFRE, directeur de l?ingénierie, Veolia Environnement
? Antoine LEGRAND, directeur commercial, Sources
? Philippe CARRIO, directeur du développement, Stereau, Président du Synteau
? Hajar EL RHAZOUANI, responsable des affaires techniques et réglementaires, Union
des industries de l?eau
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Mars 2025 Évaluation de la directive relative au traitement des eaux
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Syntec
? Khaled Al Fakir, délégué transition écologique et bâtiment, Syntec-ingénierie
? Frédéric Maurel, directeur général délégué, Setec
? Luc Girard, directeur de projets, BRL Ingénierie
? Xavier Humbel, directeur ingénierie centrale, IRH Ingénieur Conseil
? Emmanuel Cornut, directeur régional Île-de-France, Artelia Villes et Territoires
Collectivités locales
Régie des eaux de Montpellier méditerranée métropole
? Laurence BURGAUD, directrice déléguée aux opérations
? Arnaud VESTIER, directeur urbanisme prospective environnement
? Mylène BEGOS, direction du patrimoine
Régie des eaux Grenoble Alpes Métropole
? Nicolas PERRIN, directeur du département de l?eau
Syndicat interdépartemental pour l'assainissement de l'agglomération parisienne (SIAAP)
? Jérôme STERKERS, directeur de cabinet
? Sabrina GUERIN, directrice innovation
? Vincent ROCHER, directeur délégué innovation, stratégie, environnement
? Pascale SAJUS, directeur études stratégiques et prospectives
? Germain COMERRE, responsable de la mission réglementation, partenariats et
prospective
Métropole Nice côte d?Azur
? Hervé PAUL, Maire de Saint-Martin-du-Var, Vice-Président de la Métropole Nice-Côte
d?Azur, président d?Eau d?Azur
? Vincent PONZETTO, directeur général d?Eau d?Azur
? Olivier DAMOUR, directeur du projet Haliotis 2
Métropole de Lyon
? Anne GROSPERRIN, vice-présidente en charge de la préservation des milieux
aquatiques et de la ressource en eau
? Pierre COMMENVILLE, directeur du cycle de l?eau
? Ronan PHILIPPE, responsable unité qualité et niveau de service
? Elisabeth SIBEUD, cheffe de service, pilotage assainissement et GEMAPI
Métropole de Caen-la-mer
? Géraldine ROULAND, directrice du cycle de l?eau, directrice du syndicat Eau du bassin
caennais
Opérateurs industriels
Suez Eau France
? Jean Pierre HANGOUET, directeur technique
? Denis SNIDARO, directeur technique adjoint
? Vincent RODOLPHE, chef du département « expertises, contenus et influence
? Patrick THEROND, directeur Adjoint PMO
? Marguerite CHATELLIER, direction des Affaires Publiques
Veolia
? Stanislas POURADIER-DUTEIL, directeur technique Véolia France
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Mars 2025 Évaluation de la directive relative au traitement des eaux
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? Vincent CHEVALIER, directeur offres énergie et décarbonation
? Muriel CHAGNIOT, coordinatrice développement durable
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Annexe 3. Glossaire des sigles et acronymes
Acronyme Signification
ADEME
Agence de l?environnement et de la maîtrise de
l?énergie
AFD Agence française de développement
AMORCE
Association nationale des collectivités, des
associations et des entreprises pour la
gestion des déchets, de l?énergie et des
réseaux de chaleur
ANC Assainissement non collectif
ASTEE
Association scientifique et technique pour l?eau
et l?environnement
CGE Conseil général de l?économie
CJUE Cour de justice de l?Union européenne
CNE Conseil national de l?eau
CSF Comité stratégique de filière
DCE Directive cadre sur l?eau
DCSMM Directive cadre stratégique pour le milieu marin
DDT(M)
Direction départementale des territoires (et de la
mer)
DEB Direction de l?eau et de biodiversité
DERU
Directive 91/271/CEE, dite « eaux résiduaires
urbaines »
DERU2 Directive « eaux résiduaires urbaines » de 2024
DGALN
Direction générale de l?aménagement, du
logement et de la nature
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Acronyme Signification
DGCL Direction générale des collectivités locales
DGEC Direction générale de l?énergie et du climat
DGFIP Direction générale des finances publiques
DGPE
Direction générale de la performance
économique et environnementale des
entreprises, ministère de l?agriculture
DGPR Direction générale de la prévention des risques
DGS Direction générale de la santé
DGSCGC
Direction générale de la sécurité civile et de la
gestion des crises
D(R)EAL
Direction (régionale) de l?environnement, de
l?aménagement et du logement
DROM Départements et régions d?Outre-mer
DSF Document stratégique de façade
EH Équivalent habitant
FEDER Fonds européen de développement régional
FNCCR
Fédération nationale des collectivités
concédantes et régies
HAP Hydrocarbures aromatiques polycycliques
ICPE
Installation classée pour la protection de
l?environnement
IGA Inspection générale de l?administration
IGEDD (ex-CGEDD)
Inspection générale de l?environnement et du
développement durable
IGF Inspection générale des finances
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Mars 2025 Évaluation de la directive relative au traitement des eaux
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Acronyme Signification
INRAe
Institut national de la recherche pour
l?agriculture, l?alimentation et l?environnement
IOTA
Installations, ouvrages, travaux et activités, au
titre de la réglementation sur l?eau
JRC Joint Research Center, Commission européenne
OCDE
Organisation de coopération et de
développement économiques
OFB (ex-AFB) Office français de la biodiversité
PFAS Per- et polyfluoroalkyls
PGI
Plan de gestion intégrée des eaux résiduaires
urbaines
PPI Plan pluriannuel d?investissement
REP Responsabilité élargie des producteurs
REUT Réutilisation des eaux usées traitées
RSDE Rejets de substances dangereuses dans l?eau
RUP Région ultra-périphérique
SDA, SDEP
Schéma directeur d?assainissement collectif,
Schéma directeur de gestion des eaux pluviales
SDAGE
Schéma directeur d?aménagement et de gestion
des eaux
SIAAP
Syndicat interdépartemental pour
l?assainissement de l?agglomération parisienne
SPA, SPIC
Service public administratif,
Service public industriel et commercial
SPANC Service public d?assainissement non collectif
STEU Station de traitement des eaux usées
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Mars 2025 Évaluation de la directive relative au traitement des eaux
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Annexe 4. Rappel sur le contentieux européen sur la DERU
Par une décision du 4 octobre 2024, la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) a condamné
la France pour manquement dans la mise en oeuvre de la directive du 21 mai 1991 relative au
traitement des eaux usées urbaines, dite directive DERU.
Les manquements concernent 78 agglomérations. Cette condamnation fait suite à une lettre de
mise en demeure adressée par la Commission européenne en octobre 2017 et visant
364 agglomérations (49 pour les rejets en zones sensibles) pour non-respect des délais de mise
en conformité fixés à fin 1998, 2000 ou 2005 suivant les cas. Cette mise en demeure s?appuyait
sur les données rapportées par la France en 2016 au titre de 2014. La France avait ensuite reçu
un avis motivé en mai 2020 visant 169 de ces agglomérations, la Commission considérant que les
autres agglomérations étaient redevenues conformes. Après examen des réponses et informations
fournies par les autorités françaises, la Commission européenne avait considéré que
78 agglomérations n'étaient, en septembre 2020, toujours pas conformes et avait introduit un
recours en manquement en 2023.
Déroulé des procédures contentieuses86
Infractions Date Actions au titre de l?article 258 et de l?article 260 TFUE
Infraction
1998/2110
Affaire C-
280/02
22/10/1999
10/04/2001
30/07/2002
23/09/2004
19/12/2005
31/01/2008
24/01/2013
Mise en demeure (art. 258 TFUE)
Avis motivé
Saisine (effective) de la Cour de justice de l?Union européenne
(CJUE)
Arrêt CJUE
Mise en demeure (art. 260 TFUE)
Avis motivé
Clôture
Infraction
2002/2115
Affaire C-
191/04
27/06/2002
17/12/2002
23/04/2004
16/06/2005
04/04/2006
Mise en demeure
Avis motivé
Saisine de la CJUE
Arrêt CJUE
Clôture
Infraction
2004/2032
Affaire C-
23/13
09/07/2004
19/12/2005
17/10/2008
17/01/2013
07/11/2013
22/07/2016
Mise en demeure
Mise en demeure complémentaire
Avis motivé
Saisine de la CJUE
Arrêt CJUE
Clôture
Infraction
2006/2128
04/04/2006
27/11/2008
05/05/2010
24/11/2010
Mise en demeure
Mise en demeure complémentaire
Avis motivé
Clôture
Infraction
2006/4332
17/10/2007
25/06/2009
Mise en demeure
Clôture
Infraction
2009/2306
Affaire C-
314/15
03/12/2009
27/01/2014
26/06/2015
23/11/2016
12/10/2017
Mise en demeure + communiqué de presse
Avis motivé
Saisine de la CJUE
Arrêt CJUE
Clôture
86 A partir du rapport IGEDD, IGA « Comment améliorer durablement la collecte et le traitement des eaux usées
urbaines ? », 2023
PUBLIÉ
https://www.actu-environnement.com/ae/reglementation/directive_europeenne_du_21_05_1991_91_271_cee.php4
https://www.actu-environnement.com/ae/news/directive-traitement-eaux-usees-urbaines-commission-europeenne-35488.php4
https://www.actu-environnement.com/ae/news/g-20-soutient-la-creation-aires-marines-protegees-en-antarctique-37960.php4
Mars 2025 Évaluation de la directive relative au traitement des eaux
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Infraction
2015/0052
29/01/2015
16/07/2015
Mise en demeure
Clôture
Infraction
2017/2125
Affaire C-
268/23
04/10/2017
14/05/2020
09/06/2021
26/04/2023
04/10/2024
Mise en demeure
Avis motivé
Décision de saisir la CJUE
Recours en manquement
Arrêt CJUE, condamnation de la France
Liste des collectivités concernées par le contentieux européen87
87 Source : DEB
Code Dépt. Bassin Nom de la STEU
15 Adour-Garonne MAURS BOURG ET ST ETIENNE DE MAURS
19 Adour-Garonne LARCHE
24 Adour-Garonne TERRASSON LA VILLEDIEU (COMMUNALE)
24 Adour-Garonne LE BUGUE
32 Adour-Garonne NOGARO
33 Adour-Garonne LIBOURNE
47 Adour-Garonne CONDEZAYGUES
47 Adour-Garonne SAINTE LIVRADE SUR LOT
64 Adour-Garonne UZEIN
64 Adour-Garonne GAN 2
64 Adour-Garonne BASSUSSARRY 2009
64 Adour-Garonne IDRON OUSSE SENDETS (INTERCOMMUNALE)
64 Adour-Garonne ARUDY (INTERCOMMUNALE)
64 Adour-Garonne SAINT-JEAN-DE-LUZ ARCHILUA
64 Adour-Garonne VIODOS ABENSE DE BAS (INTERCOMMUNALE)
64 Adour-Garonne CASTETNAU CAMBLONG
64 Adour-Garonne TARSACQ (INTERCOMMUNALE)
65 Adour-Garonne MAUBOURGUET - Lombar
59 Artois-Picardie FONTAINE NOTRE DAME
59 Artois-Picardie VILLERS-OUTREAUX
59 Artois-Picardie PONT-A-MARCQ-NOUVELLE
62 Artois-Picardie AUCHY-HAISNES SE
971 Guadeloupe TROIS RIVIERES GRANDE ANSE
36 Loire-Bretagne CHABRIS
42 Loire-Bretagne FEURS - FONT FENOUILLET
42 Loire-Bretagne POUILLY-SOUS-CHARLIEU - LE PORT
49 Loire-Bretagne MAULEVRIER - CHEMIN DES GATS
72 Loire-Bretagne SAEPA CONNERRE
85 Loire-Bretagne SAINT-GILLES-CROIX-DE-VIE chemin de ceinture
85 Loire-Bretagne NOTRE-DAME-DE-RIEZCHEMIN DE L'ETANG
85 Loire-Bretagne EPESSES PUY DU FOU
87 Loire-Bretagne AMBAZAC
972 Martinique LORRAIN BOURG
972 Martinique FORT-DE-FRANCE-DILLON 2
972 Martinique SAINT-ESPRIT-PETIT FOND
972 Martinique ROBERT-MOULIN A VENT
974 La Réunion STEP DU 'BRÛLE MARRON'
57 Rhin-Meuse FENSCH (VALLEE DE)
68 Rhin-Meuse CERNAY
68 Rhin-Meuse FELDKIRCH
68 Rhin-Meuse GUEWENHEIM
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Mars 2025 Évaluation de la directive relative au traitement des eaux
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68 Rhin-Meuse GRENTZINGEN
68 Rhin-Meuse MASEVAUX-NOUVELLE STEU
01 Rhône-Méditerranée PLATEAU D'HAUTEVILLE -HAUTEVILLE-LOMPNES
01 Rhône-Méditerranée IZERNORE - CHEF-LIEU
01 Rhône-Méditerranée CULOZ-CHEF-LIEU
05 Rhône-Méditerranée VEYNES VILLAGE
06 Rhône-Méditerranée ROQUEBILLIERE
13 Rhône-Méditerranée CHARLEVAL
25 Rhône-Méditerranée BIANS-LES-USIERS
25 Rhône-Méditerranée VILLE-DU-PONT
26 Rhône-Méditerranée ROMANS-SUR-ISERE
26 Rhône-Méditerranée CHATEAUNEUF-SUR-ISERE
26 Rhône-Méditerranée DIE
30 Rhône-Méditerranée LA GRAND-COMBE
30 Rhône-Méditerranée SAINT-PRIVAT-DES-VIEUX
38 Rhône-Méditerranée COMMELLE
38 Rhône-Méditerranée PONTCHARRA
38 Rhône-Méditerranée LE TOUVET
38 Rhône-Méditerranée SAINT-JEAN-DE-BOURNAY
69 Rhône-Méditerranée VILLEFRANCHE SUR SAONE
69 Rhône-Méditerranée BEAUJEU
69 Rhône-Méditerranée VILLIE MORGON
73 Rhône-Méditerranée ALBENS
73 Rhône-Méditerranée TIGNES LE LAC
73 Rhône-Méditerranée TIGNES LES BREVIERES
74 Rhône-Méditerranée HABERE POCHE
84 Rhône-Méditerranée CAVAILLON
90 Rhône-Méditerranée GIROMAGNY
2A Corse AFA
2B Corse GALERIA
2B Corse PATRIMONIO - BARBAGGIO
50 Seine-Normandie CHEF DU PONT
50 Seine-Normandie CONDE SUR VIRE
76 Seine-Normandie NEUFCHATEL-EN-BRAY
77 Seine-Normandie VILLEPARISIS
77 Seine-Normandie SAINT MARD
78 Seine-Normandie GAZERAN LA GUEVILLE
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Annexe 5. Contenu de la directive
La directive est structurée de la façon suivante :
? l?article 1er définit l?objet de la directive et l?article 2 précise les définitions nécessaires ;
? les articles 3 et 4 étendent l?obligation d?un assainissement collectif aux agglomérations
d?assainissement supérieures à 1 000 équivalents habitants, au lieu de 2 000 jusqu?à
maintenant, et aux plus de 2 000 rejetant en mer, qui doivent mettre en place un système
de collecte et de traitement secondaire, et précisent les conditions selon lesquelles il peut
y être dérogé au profit de systèmes individuels ;
? l?article 5 est relatif aux plans intégrés de gestion des eaux résiduaires urbaines, intégrant
les eaux de pluie. Il fixe un objectif indicatif de 2 % de surcharge des déversements en
temps de pluie par rapport à la charge des eaux collectées par temps sec, au lieu de 5 %
dans la DERU1 ;
? les articles 6 et 7 prévoient le renforcement des niveaux de traitement secondaire et
tertiaire notamment pour réduire les rejets d?azote et de phosphore, avec l?obligation de
mettre en place ce traitement pour les stations de traitement des eaux usées de grande
taille, même lorsque celles-ci ne rejettent pas leurs eaux dans des zones sensibles à
l'eutrophisation ;
? les articles 8, 9 et 10 prévoient la mise en place d?un traitement des micropolluants issus
des produits pharmaceutiques et cosmétiques au niveau des stations de traitement des
eaux usées (STEU) de grande taille et certaines de taille moyenne ; ils reposent sur la
définition :
o de la sensibilité des milieux à ces différents types de pollution ;
o d?un cadre de responsabilité élargie des producteurs concernés, afin que les
metteurs en marché des secteurs concernés prennent en charge 80 % de la totalité
des coûts de traitement quaternaire dans le respect du principe pollueur ? payeur,
« y compris les investissements et les coûts opérationnels », et ceux relatifs à
l?« organisation » mise en place ;
? l?article 11 fixe des objectifs nouveaux en matière de consommation énergétique,
d?émissions de gaz à effet de serre et de production d?énergies renouvelables ;
? l?article 12 aborde les modalités de coopération transfrontière ;
? l?article 13 précise les modalités de prise en compte des évolutions climatiques ;
? l?article 14 traite des eaux usées non domestiques et des conditions de leur rejet dans les
réseaux d?assainissement urbain ou directement dans le milieu naturel, l?article 16 abordant
le cas particulier des eaux usées biodégradables ;
? l?article 15 traite de la réutilisation des eaux résiduaires urbaines ;
? les articles 17 et 21 fixent le cadre de la surveillance des eaux résiduaires urbaines, en
particulier à des fins sanitaires. L?article 22 fixe celui du rapportage et l?article 24 celui de
l?information du public ;
? l?article 18 crée une obligation d?évaluation et de gestion des risques sanitaires, en tenant
compte des fluctuations saisonnières et des phénomènes extrêmes ;
? l?article 19 crée une obligation d?accès à l?assainissement pour tous ;
? l?article 20 incite à la valorisation des boues et des ressources, principalement pour
récupérer le phosphore ;
PUBLIÉ
Mars 2025 Évaluation de la directive relative au traitement des eaux
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? l?article 23 prévoit que les États membres établissent un programme national de mise en
oeuvre, trois ans après l?adoption de la directive, centré sur la mise en oeuvre des articles
3 à 8, à savoir le renforcement ou l?extension des traitements primaire, secondaire, tertiaire
et la mise en place du quaternaire.
La directive comporte enfin des articles d?évaluation et réexamen, et des annexes techniques.
PUBLIÉ
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Annexe 6. Questionnaire en vue d?une évaluation des coûts
et bénéfices de la DERU2 à l?échelle nationale
Pour répondre à la lettre de mission de la DEB et proposer un état des lieux qui permette d'évaluer
au mieux les coûts et les bénéfices de la DERU2 en vue des travaux de transposition et pour guider
toute sa mise en oeuvre, la mission a estimé incontournable de recueillir, de manière assez
systématique, les informations dont disposent d?une part les Agences de l?eau, Dreal, DDT, et
d?autre part les agglomérations d?assainissement, en particulier les plus de 150000 EH, de
l?hexagone. La mission a choisi de ne pas diffuser elle-même les questionnaires, ou de ne pas
solliciter les associations de collectivités, mais de s?appuyer sur les services de niveau « bassin ».
Cette démarche, quoique lourde, politiquement sensible, et menée dans des délais resserrés, lui
est également apparue comme une occasion de conduire, à cette échelle, de premiers échanges
sur la DERU2 entre les services de l?État et les collectivités concernées. Cela pourra favoriser le
travail à venir sur des stratégies d'anticipation à leur échelle et à une stratégie française efficace.
Deux questionnaires ont été élaborés sur la base :
d?une réunion avec les directeurs de DREAL de bassin et d'agences de l'eau ou leurs
représentants, pour exposer et structurer la démarche ;
de réunions de travail pour préparer les questionnaires avec des volontaires, représentant tous
les types de services concernés (DREAL de bassin, Agences de l'eau, DREAL, DDTM), et avec
la DEB.
Le président du groupement des DDTM, et l?atelier « eau » ont été informés de la diffusion de ces
questionnaires et cette démarche a été annoncée aux directeurs de DDTM.
Les associations de collectivités concernées (France Urbaine, FNCCR), intéressées, ont
également été informées et ont diffusé l?information auprès de leurs adhérents afin de faciliter un
bon accueil et un bon taux de réponse.
Des échanges ont eu lieu avec le Comité stratégique de filière eau, qui mène de son côté et en
lien avec la DEB une évaluation des coûts de la DERU2.
Le premier questionnaire demande des réponses qualitatives et des transmissions de documents ;
il a uniquement été adressé aux différents services de l'État et Agences de l'eau.
Le second comporte un tableur excel et une notice d'explication, à destination des collectivités
locales, pré-renseigné autant que possible au niveau déconcentré pour les informations dont
dispose l'État. Ce questionnaire avait vocation à être adressé à toutes les agglomérations de plus
de 150 000 EH, et à un panel, à l?appréciation de services de chaque bassin, d'agglomérations
entre 1000 et 150 000 EH. Le tableau comporte deux onglets : un relatif au traitement dans les
STEU (et à l'énergie), l'autre relatif à la collecte et au temps de pluie.
Des conseils ont été proposés sur la méthode d?information des préfets et la circulation du
questionnaire. Les questionnaires ont été diffusés le fin octobre, pour un retour fin novembre.
Questionnaire pour les services de l?Etat et les Agences de l?eau d?évaluation ex ante
des impacts de la directive relative au traitement des eaux résiduaires urbaines (ERU 2)
1/ Eléments issus des SDAGE (DREAL de bassin/AE)
Les questions 1 à 6 visent à illustrer les bénéfices potentiels de la DERU2
1 - Disposez-vous d?une carte des masses d?eau déclassées en lien avec l?assainissement ?
- si oui, pouvez-vous les transmettre (format ?)
- Si non, pouvez-vous les réaliser ? oui/ non
Dans quel délai ?
2- Disposez-vous d?une carte des eaux de baignades pénalisées de façon récurrente en lien avec
l?assainissement ?
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- si oui, pouvez-vous les transmettre (format ?)
- Si non, pouvez-vous les réaliser ? oui/ non
- Dans quel délai ?
3- Disposez-vous d?une carte des zones d?aquaculture pénalisées de façon récurrente en lien avec
l?assainissement ?
- si Oui, pouvez-vous les transmettre (format ?)
- Si non, pouvez-vous les réaliser ? oui/ non
- Dans quel délai ?
4- Quelles sont les descripteurs de la DCSMM pour lesquels les rejets d?N et de P de
l?assainissement sont un motif de déclassement ?
5- Quelles sont les STEU dont le facteur de dilution des rejets est inférieur à 10 ? Quels sont les
secteurs/ cours d?eau où les rejets des STEU contribuent au soutien d?étiage ?
6- Quelles sont les STEU pour lesquelles les EUT sont-elles susceptibles d?être réutilisées ? Si oui,
pour quels usages ?
7 ? Pour les masses d?eau déclassées qui ne le sont pas au titre de l?assainissement, quels sont
les facteurs de déclassement ?
2/ Eléments issus des actions d?accompagnement et de police (DREAL de bassin, DDT/AE)
Les questions 8 à 10 contribuent au diagnostic qualitatif des enjeux de mise en oeuvre de la
DERU2 ; elles visent également à recueillir des indications sur les moyens à mettre en oeuvre dans
les agences et les services de l?Etat pour satisfaire aux exigences de la directive.
8- Identification des STEU nouvellement concernées par la DERU2
Selon les premières informations rassemblées, la plupart des agglomérations > 1000 EH disposent
de systèmes de collecte et de traitement et sont connues des DDT.
- Pouvez-vous indiquer précisément ou estimer approximativement le nombre / la proportion
d?exceptions ?
- Quel est le nombre d?agglomérations EH [1000 ; 2000] EH comparé à celui des stations > 2000
EH ? quels seront les moyens nécessaires en terme a) de police de l?eau b) d?accompagnement
technique et financier pour faire entrer ces agglomérations dans la DERU2 ?
- Quelles conséquences aura l?abaissement de ce seuil sur les dispositifs d?auto-surveillance ?
Pouvez-vous en évaluez le coût et l?impact sur les besoins en termes de RH ?
9- quelles sont sur votre bassin les STEU qui :
- remplissent déjà certains objectifs de la DERU2 (jusqu?à 5 exemples, en disant quels objectifs)
- pourraient atteindre certains objectifs dans les 10 ans qui viennent compte tenu de leurs
caractéristiques et de leur programmation (jusqu?à 5 exemples, en disant quels objectifs). Pour ces
stations, peut-on estimer l?ordre de grandeur du surcoût (en M¤ et en augmentation du prix de
l?eau) ?
- qui auront du mal à atteindre certains objectifs y compris en fin de période (2045) (jusqu?à 5
exemples, en disant quel objectif)
10 - Avez-vous engagé des travaux sur une méthode pour identifier des zones sensibles aux
micropolluants ? Voyez-vous a priori des secteurs qui correspondent à un des critères prévus par
la directive (par exemple, étangs languedociens ? sites Ramsar ? secteurs conchylicoles ? Dans
chaque cas, combien de STEU entre 10 000 et 150 000 EH sont concernées ?) ?
- Avez-vous connaissance d?agglomération d?assainissement qui envisagent ou étudient la mise
en place d?un traitement des micropolluants ? si oui lesquels ? Quel est votre accompagnement ?
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Tableau du questionnaire adressé aux collectivités territoriales
I. Partie « traitement et énergie »
1. Identité de l?agglomération d?assainissement de des stations
2. Données physico-physiques
3. Traitements
Traitement
de NGL
Si oui,
concentration
en 2023 (mg/l)
Si oui,
rendement
en 2023
%
Estimation du
coût annuel en
fonctionnement
du traitement
du N
(K¤)
Traitement
du PT
Si oui,
concentration
en 2023 (mg/l)
Si oui,
rendement
en
2023
Estimation du coût
annuel en
fonctionnement du
traitement du PT -si
possible, sinon laisser
vide-
(K¤)
Au regard des
traitements actuels,
l'atteinte des exigences
de la DERU 2 suppose..
4. Milieux récepteurs
Code Sandre de l'agglomération
d'assainissement
Nom de l'agglomération d'assainissement Nom de la STEU
Code Sandre de la STEU Taille réel agglo
(EH)
Taille de l'agglomération
EH
Débit moyen journalier
(m3/jour)
Le site de la STEU pourrait-il accueillir une nouvelle installation
(disponibilité foncière)?
Zone sensible à
l'eutrophisation
Milieu récepteur de rejet
Enjeux spécifiques en
lien
avec?
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5. Données physico-financières
6. Energie
II. Partie « système de collecte et temps de pluie"
1. Identité de l?agglomération d?assainissement de des stations
Nom du système de
collecte
Code sandre
du système de collecte
2. Schéma d?assainissement
Date de la dernière mise à jour du SDA ou de
la PPI
Cette PPI inègre-t-
elle les objectifs de
la DERU 2?
Date de la mise en service de la station
Date du dernier investissement
significatif
Un effort de modernisation a-t-il déjà programmé pour l'année
à venir?
A quelle échéance envisagez-
vous l'échéance de ces travaux?
Cette station a-t-elle fait l'objet
dun audit énergétique?
Emission de GES
(teqCO2/an)
Consommation
énergétique du traitement
(kWh/an)
Production énergétique
(kWh/an)
Si vous projetez un investissement destiné à la valorisation énergétique, merci d'indiquer la production annuelle d'énergie projetée
(kWh/an)
Date de la dernière mise à jour du SDA?
Ce SDA prévoit-il la programmation de
travaux pour?
Ce SDA prévoit-il un
zonage pluvial
Ce SDA prévoit-il une gestion
intégrée des eaux pluviales?
Estimation du nombre de déversoirs d'orage (si
possible-sinon laisser vide)
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3. Réseau
4. Conformité
Conformité à l'arrêté
du 21 juillet 2015
pour le temps de pluie
Quel critère retenez-vous pour
évaluer la conformité au temps de
pluie?
(Arrêté de 2015)
Si la conformité en cours,
merci de préciser la date
d'échéance de cette mise en
conformité
Quel est le pourcentage de
déversement aux points A1
(%)
Quel est le pourcentage de
déversement aux points A2
(%)
5. Investissements et tarification
Quel est le montant consacré
annuellement en
investissement à la gestion
intégrée et durable des eaux
pluviales ?
( En Millions ¤)
Quel est le prix
de l'eau au
31/12/2023
( Prix par m3)
Quel est la part de
l'assainissement dans
ce prix
L'agglomération dispose-t-
elle d'une tarification unique
sur l'ensemble de son
périmètre?
Pourcentage
d'augmentation du prix de
l'eau au cours des trois
dernières années?
(%)
L'agglomération fait-elle
participer les propriétaires
fonciers, les aménageurs ou
d'autres acteurs privés?
Type de réseau majoritaire
dans l'agglomération
Indiquer la part du réseau majoritaire (le réseau majoritaire
représente X % de l'ensemble du réseau)
Evaluation du linéaire de réseau sur l'agglomération
( en ml)
Territoire majoritaire Par quel moyen est-il prévu de moderniser le réseau?
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Annexe 7. Fiches par articles
Articles 3 et 4 : systèmes de collecte et calcul de la charge d?une agglomération, systèmes individuels
Références Objet Objectif Indicateurs et délais Dérogations Travaux préparatoires
à réaliser
Commentaires et
points d?attention
Article 3.1
Collecte obligatoire,
agglomérations de
2 000 EH et plus
Collecte de toutes les
eaux usées
domestiques
Aussitôt : 100 % Voir Article 4 Immédiat, regardé
comme globalement
acquis
Article 3. 2
Collecte obligatoire,
agglomérations de
1 000 et plus, jusqu?à
2 000 EH
Collecte de toutes les
eaux usées
domestiques
31/12/2035 : 100 % Dérogations possibles
- en fonction du %
d?agglomérations
équipées à l?entrée en
vigueur de la directive :
8 ans si < 50 %
10 ans si < 25 %-
- Voir Article 4
A priori, la France n?est
pas concernée par la
dérogation.
En cas de dérogation,
mesures spécifiques à
prendre
Article 3.3 Calcul de la charge
moyenne pour
déterminer la taille de
l?agglomération
d?assainissement
Calcul sur la base de la
charge moyenne
maximale
hebdomadaire généré
dans cette année au
cours d?une
agglomération, excepté
situations inhabituelles
Même définition que
dans la DERU1
Article 3.4 Objectif de conformité
Conformité des
systèmes de collecte à
l?annexe I partie A
(systèmes de collecte)
- réseaux définis dans
une logique de MTD,
- vise à limiter les
pollutions des eaux
réceptrices résultant
des déversements
d?orage (article 4 et
annexe 5)
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Références Objet Objectif Indicateurs et délais Dérogations Travaux préparatoires
à réaliser
Commentaires et
points d?attention
Prescriptions relatives aux eaux résiduaires urbaines
Partie A - Systèmes de collecte
Les systèmes de collecte tiennent compte des prescriptions en matière de traitement des eaux résiduaires urbaines.
La conception, la construction et l'entretien des systèmes de collecte sont entrepris sur la base des connaissances techniques les plus avancées, sans entraîner des coûts
excessifs, notamment en ce qui concerne :
? le volume et les caractéristiques des eaux résiduaires urbaines,
? la prévention des fuites d'eaux résiduaires urbaines, des infiltrations et des afflux mal raccordés dans les systèmes de collecte,
? la limitation de la pollution des eaux réceptrices résultant des déversements dus aux pluies d'orage, compte tenu des exigences pertinentes énoncées à l'article 5 et à
l'annexe V.
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Références Objet Objectif Indicateurs et délais Dérogations Travaux préparatoires
à réaliser
Commentaires et
points d?attention
Article 4.1
Possibilité d?un ANC si
- - Pas d?intérêt pour
l?environnement et la
santé humaine de l?AC
- - Pas réalisable
techniquement
- Coût excessif d?un AC
Permettre, à titre
dérogatoire, le maintien
d?un ANC dans des
agglomération de 1000
EH et plus ou une
partie de ces
agglomérations
- Dérogation pour les
systèmes individuels
mis en place avant
l?entrée en vigueur de la
directive - article 4.4
Dérogation si ANC >
2 % de la charge totale
sous condition
Article 4.5
Le maintien d?un ANC
est une dérogation, qui
doit être justifiée.
La notion de coût
excessif est citée, sans
méthode d?appréciation.
Article 4.2 Niveau de protection
pour la santé et
l?environnement
équivalent entre ANC et
AC
En cas de dérogation,
viser le même niveau de
traitement secondaire et
tertiaire
Engager une étude de
cas pour établir quand
l?ANC présente des
coûts excessifs, et quel
est alors son niveau de
performance. Envisager
un focus sur les OM.
L?ANC vise les objectifs
des traitements
secondaire et tertiaire,
qui augmentent. Risque
de favoriser l?AC.
La performance de
l?ANC n?est pas
mesurée.
Article 4.3 Surveillance de l?ANC Systèmes individuels :
- enregistrés
- inspections régulières
par autorité compétente
ou organisme autorisé
Mener une réflexion sur
la manière de suivre
cette obligation qui
repose sur les
collectivités locales, sur
laquelle l?État devra
rapporter.
L?article fait référence à
un pilotage mené sur la
base d?une analyse de
risques. Le cadre du
contrôle par les CL est
fixé réglementairement.
Article 4.4 Actes d?exécution pour
définir des exigences
minimales pour la mise
en oeuvre des 4.1, 2 et
3
Homogénéiser les
méthodes
? 36 mois après
entrée en vigueur
de la directive
- Dérogation pour les
systèmes individuels
mis en place avant
l?entrée en vigueur de la
directive
Préparer les positions à
porter, compatibles
avec l?organisation
décentralisée et les
outils SI
Être présent dans les
travaux menés à
l?échelle européenne
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Références Objet Objectif Indicateurs et délais Dérogations Travaux préparatoires
à réaliser
Commentaires et
points d?attention
Article 4.5 Cas où l?ANC est
important à l?échelle
national : dérogation
possible, justifiée
Donner un cadre un à
un ANC > 2% de la
charge des ERU, pour
les agglomérations de
200 EH et plus
Pas d?échéance La France ne semble
pas concernée :
documenter cette
analyse.
Article 4.6 Acte d?exécution
possible
Mise en oeuvre du 4.5
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Mars 2025 Évaluation de la directive relative au traitement des eaux
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Article 5 : gestion des eaux pluviales
Références Objet Objectif Indicateurs et délais Dérogations Travaux préparatoires
à réaliser
Commentaires et
points d?attention
Article 5.1
Établissement d?un
plan intégré de
gestion des eaux
résiduaires urbaines
pour les zones de
collecte des
agglomérations de plus
de 100 000 EH
Se doter de
descriptions détaillées
des réseaux et de plans
d?actions (voir 5.5 et
annexe 5)
31/12/2033 :
Etablissement d?un plan
intégré de gestion des
eaux urbaines
résiduaires pour les
zones de drainage des
agglomérations de plus
de 100 000 EH
Révision tous les 6 ans
(5.7)
Les objectifs fixés en
annexe doivent être
atteints le 31 décembre
2039 (annexe V)
Vérifier que les
collectivités concernées
disposent de plans
conformes à l?annexe 5.
Il existe déjà des
schémas directeurs de
l?assainissement, avec
un volet temps de pluie
au titre de l?arrêté de
2015, qui comportent
des programmes
d?actions, et des
zonages pluviaux.
Le degré
d?approfondissement
est variable.
Deux compétences des
collectivités sont
concernées
(assainissement et
eaux pluviales) qui
renvoient à des budgets
différents.
Article 5.2
Etablissement d?une
liste des
agglomérations dont
l?EH est entre 10 000
et 100 000 EH dans
lesquelles les
surcharges d?eau de
pluie présentent un
risque de pollution
(notamment au regard
du tableau 2 de
l?annexe I) et doter ces
agglomérations du Plan
de gestion intégré
Limiter les surcharges
polluantes des eaux de
pluie dangereuses pour
la santé humaine et
l?environnement
Liste établie 6 mois
après la mise à jour du
plan de district
hydrographique
et au plus tard, le 22
juin 2028
? Au plus tard le 31
décembre 2029, les
agglomérations de la
liste sont dotées d?un
PGI.
Engager sans tarder les
travaux
méthodologiques pour
établir la liste de ces
collectivités, en
particulier pour celles
dotées de réseaux
séparatifs.
Recenser l?ensemble
des prescriptions
établies dans les
différentes directives
identifiées au 5. 2 ;
définir les déversoirs
pris en compte etc ?
Toutes les
agglomérations dotées
d?un réseau unitaire
seront sur cette liste.
Pour les autres la
méthode doit être
établie (par exemple,
en précisant comment
on procède pour les
réseaux séparatifs,
quels déversoirs
d?orage sont pris en
compte (tous ne sont
pas instrumentés).
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Références Objet Objectif Indicateurs et délais Dérogations Travaux préparatoires
à réaliser
Commentaires et
points d?attention
Article 5.3 Etablissement d?un
plan intégré de
gestion des eaux
urbaines résiduaires
pour les zones de
collecte des
agglomérations
recensées dans la liste
prévue au 5. 2
(agglomération entre 10
et 100 000 EH) dont les
rejets représentent un
risque pour la santé ou
l?environnement
Se doter de
descriptions détaillées
des réseaux
Limiter la pollution
résultant des
surcharges dues aux
pluies d?orage à 2% de
la charge des eaux
urbaines résiduaires
collectées
annuellement par
temps sec ;
Réduire les
macroplastiques ;
Se doter de plans
d?actions, dotés de
calendriers, identifiant
les responsabilités.
Au plus tard : 31
décembre 2039
Réexamen tous les 6
ans (5.7)
Les objectifs fixés en
annexe doivent être
atteints le 31 décembre
2045 (annexe V)
Voir article 5.1 pour
l?état des lieux, identifier
si des textes sont
nécessaires pour
encadrer des PGI dans
les agglomérations
visées au 5.2.
Article 5.4 Mise à disposition des
plans pour la
Commission
Information de la
Commission
Système de collecte ou
d?accès aux plans à
prévoir, le cas échéant
avec une base
législative et
modification des SI
Important de prévoir un
recueil des PGI pour ne
pas avoir à mettre de
dispositif spécifique en
place pour le
rapportage (vérifier ce
que la Commission
demande à l?échelle
européenne pour ne
pas dupliquer)
Article 5.5 Contenu des plans de
gestion intégrés
(annexe V)
Limiter la pollution
résultant des
surcharges dues aux
pluies d?orage à 2% de
la charge des eaux
Donner le format des
PGI
Mettre en avant les
solutions
d?infrastructures vertes
et bleus
- Participer aux travaux
de la commission sur
les indicateurs de suivi
de l?objectif de
réduction de la charge
- définir les modalités
de mise en oeuvre du
terme « non
La méthode pour
évaluer la prise en
compte du temps de
pluie diffère de celle
mise en place en
France dans le cadre
de l?arrêté de 2015.
Nécessite de :
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Références Objet Objectif Indicateurs et délais Dérogations Travaux préparatoires
à réaliser
Commentaires et
points d?attention
urbaines résiduaires
collectées
annuellement par
temps sec ;
Réduire les
macroplastiques ;
Se doter de plans
d?actions, doté d?un
calendrier, identifiant
les responsabilités
Optimiser les
infrastructures
existantes et limiter le
coût des nouveaux
investissements
contraignant »
- identifier les
collectivités qui
utilisaient déjà
l?indicateur charge
polluante,
- identifier les points et
méthodes de
surveillance pour mettre
en oeuvre la nouvelle
approche,
- développer une
approche modélisée
dans l?attente de
l?équipement des
réseaux
Article
5.6
Acte d?exécution de la
Commission
Uniformiser les
méthodes de
recensement des
mesures prises, de
suivi de l?atteinte des
objectifs, de format de
transmission à la
Commission
36 mois après
l?adoption
Être présent dans les
travaux de préparation
de l?acte d?exécution
Article 5.7 Mise à jour des plans et
mise à jour de la liste
(article 5 .2)
Contenu des plans de gestion intégrée des eaux résiduaires urbaines (Annexe V)
Une analyse de la situation initiale de la zone de collecte de l'agglomération concernée, comprenant au moins les éléments suivants :
a) une description détaillée du réseau de systèmes de collecte, des capacités de stockage et d'acheminement des eaux résiduaires urbaines et des eaux de ruissellement
urbain de ce réseau, ainsi que des capacités existantes de traitement des eaux résiduaires urbaines en période de précipitation;
b) pour les réseaux unitaires, une analyse dynamique des flux des eaux résiduaires urbaines en période de précipitation, fondée sur les données de surveillance ou sur
l'utilisation de modèles hydrologiques, hydrauliques et de qualité de l'eau qui tiennent compte de projections climatiques reflétant l'état de la technique, comprenant une estimation
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des charges polluantes pour les paramètres visés au tableau 1 et, s'il y a lieu, au tableau 2 de l'annexe I ainsi que pour les microplastiques et les polluants concernés
déversés dans les eaux réceptrices en période de précipitation;
c) pour les réseaux séparatifs, une description détaillée des exigences en matière de surveillance à des points pertinents des systèmes séparatifs où les rejets d'eaux
de ruissellement urbain sont susceptibles d'être pollués, tels qu'identifiés au titre de l'article 5, paragraphe 2, point d), afin de déterminer les mesures pertinentes et
réalisables à prendre conformément au point 3 de la présente annexe.
2. Des objectifs de réduction de la pollution liée aux déversements dus aux pluies d'orage, notamment les objectifs suivants :
a) un objectif indicatif non contraignant visant à ce que les déversements dus aux pluies d'orage représentent un faible pourcentage ne pouvant dépasser 2 % de la charge
d'eaux résiduaires urbaines collectée annuellement, calculée par temps sec ; cet objectif indicatif non contraignant doit être atteint au plus tard :
i) le 31 décembre 2039 pour toutes les agglomérations égales ou supérieures à 100 000 EH ;
ii) le 31 décembre 2045 pour les agglomérations égales ou supérieures à 10 000 EH visées à l'article 5 ;
b) la réduction progressive des macroplastiques.
3. Les mesures à prendre pour atteindre les objectifs visés au point 2 dans les délais fixés audit point, assorties d'un calendrier de mise en oeuvre des mesures et opérant
une distinction entre les mesures déjà en place et celles à prendre. En outre, les acteurs concernés et leurs responsabilités dans la mise en oeuvre du plan de gestion
intégrée des eaux résiduaires urbaines devraient être clairement identifiés.
Article 6 : traitement secondaire
Références Objet Objectif Indicateurs et délais Dérogations Travaux préparatoires
à réaliser
Commentaires et
points d?attention
Article
6. 1
Traitement secondaire
par les STEU des
agglomérations de
2000 EH et plus
Taux de non-conformité
maximal autorisé
(annexe 1, partie B,
tableau 1)
Pour STEU des
agglomérations entre
2000 et 10000 qui
rejettent en zone
côtière, délai
supplémentaire fixé.
Confirme le niveau
d?exigence de la DERU
1 pour le traitement
secondaire
Le renforce pour les
agglomérations entre
2000 et 10000 EH, au
même niveau unique.
Pas d?échéance ;
continuité de la Deru 1
? Délai de 12 ans pour
les petites
agglomérations en zone
côtière
? Objectifs moins
ambitieux dans certains
cas (article 6.4)
Dérogation de délai
pour les agglomérations
côtières entre 2000 et
10000 EH.
État des lieux des Steu
entre 2000 et 10000 EH
en zone côtière
Vérifier l?état des lieux
Toutes les
agglomérations de plus
de 2000 EH hors zones
ciblées sont
concernées, dans la
suite de la Deru 1
Fixe dorénavant un
délai pour la mise en
conformité pour les
zones côtières (qui
avant bénéficiaient
d?une souplesse dans
échéance)
Article 6. 2
Mise en conformité des
agglomérations qui font
des rejets dans les
zones les moins
sensibles visées à
l?article 6 de la DERU1
? Délai de 12 ans Possible, non utilisé
dans la DERU1
Dérogation non
mobilisée et non
mobilisable en France
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Références Objet Objectif Indicateurs et délais Dérogations Travaux préparatoires
à réaliser
Commentaires et
points d?attention
Article
6.3
Objectifs de traitement
pour les agglomérations
entre 1000 et 2000 EH
Taux de conformité
exigé
Différentes dérogations,
pour la Croatie, la
Bulgarie et la Roumanie
Etendre le traitement
secondaire aux
agglomérations de
1000 EH et plus, avec
les mêmes objectifs
31 décembre 2035 Dérogation de 8 ans et
de 10 ans selon le
niveau de traitement
actuel de ces
agglomérations : non
mobilisable en France
Faire l?état des lieux
des agglomérations
concernées.
La DEB connaît les
agglomérations EH de
1000 à 2000 EH dotées
d?un système de
collecte : besoin
d?identifier celles qui
n?en auraient pas.
- Corrélé à l?article 3 sur
les systèmes de
collecte
- Pas de dérogation
prévue sur les zones
côtières
Article 6.4 Possibilité de traitement
moins rigoureux dans
certains cas
Donner une marge de
manoeuvre dans des
milieux spécifiques dont
Haute montage (plus de
1500 m) et rejets dans
les eaux marines
profondes
d?agglomération de
moins de 150000 EH,
dans les RUP, peu
peuplées au sens de
l?article 349 du TFUE,
avec une géographie
peu favorable.
2044 (20 ans après
entrée en vigueur de la
directive)
Vérifier l?intérêt,
notamment pour les
OM, le cas échéant
prévoir les justifications
à apporter la
Commission
Vérifier la mobilisation
de cet article pour des
territoires de montagne.
Possible souplesse
pour les OM et les
territoires de montagne
(déjà utilisée dans ce
cas)
Article 6.5 Modalités de calcul de
la charge
Reprend l?article 4.4 de
la DERU1 1 ? revient à
raisonner « à la
pointe ».
Annexe
Les prescriptions à respecter (annexe 1, partie B et tableau 1) sont les mêmes valeurs que dans la Deru 1 concernant DBO et DCO, et matières en suspension (objectif
facultatif) ; ajout d?un objectif en carbone organique total (en alternative à DCO). La portée de cette ouverture est difficile à apprécier. La France met en oeuvre l?approche appuyée
sur la DCO.
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Annexe : DERU2 et pour mémoire DERU1
Note 1: Ce paramètre peut être remplacé par un autre ? carbone organique total (COT) ou demande totale en oxygène (DTO) ? si une relation peut être établie entre la DBO5 et
le paramètre de substitution.
Note 2: Les États membres mesurent soit la demande chimique en oxygène (DCO), soit le carbone organique total.
Note 3: Cette exigence est facultative.
Note 4: Réduction par rapport aux valeurs à l'entrée.
Article 7 : traitement des de l?azote et du phosphore, dit « tertiaire »
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à réaliser
Commentaires et
points d?attention
Article 7.1
Traitement tertiaire
dans toutes les STEU >
150 000 EH en charge
reçue, au niveau fixé en
annexe I, partie B et
tableau 2.
- Augmente le nombre
de stations de plus de
150000 EH soumis à la
Deru, en ne limitant
plus les obligations aux
zones sensibles à
l?eutrophisation (pour
les STEU de plus de
10000 EH, pour le
phosphore ou l?azote).
- augmente le niveau
d?exigence puisque les
objectifs de la Deru 2
sont plus élevés que
ceux de la Deru 1, et
concernent le
phosphore et l?azote.
31/12/2033 : 30 % des
STEU
31/12/2036 : 70 % des
STEU
31/12/2039 : 100 % des
STEU
Dérogation prévue à la
note 3 de l?annexe : ne
s?applique pas en
France
L?état des lieux peut
être réalisé sans
difficulté à partir des
bases de données
disponibles.
Pour établir une
stratégie de mise en
oeuvre priorisée,
certains points comme
la disponibilité de
foncier peuvent être
importants.
- Le texte va se traduire
souvent par des
nouveaux équipements,
en particulier pour
l?azote).
L?objectif est fixé par
rapport à un
pourcentage de STEU
en tenant compte de la
charge reçue.
La mise à niveau du
traitement tertiaire peut
être liée à celle du
secondaire, pour
lesquelles certaines
STEU ont un délai
supplémentaire de mise
en oeuvre. La mise en
oeuvre du quaternaire
est liée à un bon
fonctionnement du
tertiaire.
Article 7. 2
Identification et
information sur les
zones sensibles à
l?eutrophisation
Etablir et publier une
liste des zones sujettes
à l'eutrophisation, en
incluant des
informations indiquant
s'il s'agit de zones
sensibles au phosphore
et/ou à l'azote
31/12/2027 : Date
butoir pour
l?établissement de la
liste des zones
sensibles
Mise à jour tous les 6
ans
Dérogation si l?état
membre met en oeuvre
un traitement tertiaire
conforme au
paragraphe 5 sur tout
son territoire
- non pertinente en
France
Fait en France de
longue date, sans
méthode nationale
définie et sans
contestation, et mis à
jour tous les 4 ans.
En cours dans l?état des
lieux des prochains
Sdage, le calendrier de
révision pourrait passer
à 6 ans.
La délimitation est faite
en cohérence avec la
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DCE.
Article 7.3
Traitement tertiaire des
agglomérations >
10 000 EH qui rejettent
dans des zones
sensibles au niveau fixé
par l?annexe I, partie B
et tableau 2.
Augmenter le niveau de
traitement, (et le
nombre
d?agglomération
concernées si les zones
sensibles sont
étendues)
31/12/2033 : 20 % des
agglomérations
31/12/2036 : 40 % des
agglomérations
31/12/2039 : 60 % des
agglomérations
31/12/2045 pour 100 %
des agglomérations.
Dérogation prévue à
l?article 7.4. - non
pertinente en France
Exception possible
prévue à l?article 7.8.
Dans les zones
sensibles, en fonction
de leur caractérisation,
les objectifs peuvent
viser le paramètre
azote, ou phosphore ou
les 2.
L?objectif est fixé par
rapport à un
pourcentage
d?agglomérations ; les
Steu > 10000 eq ht sont
également concernées
(art 7.9)
État des lieux connu ou
facilement disponible
(fait en France dans le
cadre des rapportages
à la Commission).
Article 7.4 Dérogation possible au
7.3 pour l?atteinte de
100% de mise en
oeuvre du traitement
tertiaire en 2045 sous
conditions
Donner un délai
supplémentaire
pour les États dans
lesquels le tertiaire est
peu avancé
Délai supplémentaire
de 8 ans, après 2045
X Non mobilisable en
France
Article 7.5 mode de surveillance,
défini en annexe I,
partie C
Préciser le cadre
général de surveillance
?
La réglementation
nationale, exigeante,
doit permettre de
répondre à cet article
sans changement.
Point à vérifier
éventuellement.
Approche en moyenne
annuelle comme dans
la Deru 1
La commission est
habilitée à prendre un
acte délégué pour
adapter les méthodes
de surveillance (art 7.7)
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Article 7.6 Cas des StEU les plus
récentes ou rénovées
entre Fin 2020 et entrée
en vigueur Deru 2
Donner du temps pour
atteindre les objectifs
sur le paramètre azote
aux Steu récentes ou
récemment rénovée
Au plus tard 5 ans
après les dates fixées
au 7.1 et 7.3
X Préciser les termes de
l?article, en s?appuyant
sur des documents
officiels (ex : ordre de
service)
Cette dérogation ne
concerne que le
paramètre azote.
Article 7.7 Adaptation des
méthodes de
surveillance
Pouvoir tenir compte
des progrès
technologiques et
scientifiques
Pas de date
Article 7.8 Possibilité pour une
STEU de déroger à l?art
7.3 si les eaux
résiduaires de cette
zone sensible
atteignent un % de
réduction de la charge
entrante en azote et en
phosphore
Donner une marge de
manoeuvre
Réduction de la charge
entrante de de 75 % à
l?entrée en vigueur de la
directive,
82, 5 % P et 80% N en
2039
87,5% pour P et 82,5
pour N en 2045
X Mobiliser cette marge
de manoeuvre ex ante
demande une analyse
des services
déconcentrés, à
anticiper.
Les seuils sont relevés,
ce qui peut rendre cette
possibilité moins
mobilisable.
Cette possibilité existait
déjà dans la Deru 1 et
est utilisée dans la
cadre du rapportage
(sans être traduite dans
les actes individuels).
Article 7.9 STEU > = 10000 EH
qui rejettent dans des
zones soumises à
eutrophisation sont
soumises aux art 7.
3 .5 .8
La mise en place du
3aire concerne les
agglo > 10000 eq ht ET
les STEU > 10000 eq ht
Pour mémoire
calendrier du 7.3
31/12/2033 : 20 % des
agglomérations
31/12/2036 : 40 % des
agglomérations
31/12/2039 : 60 % des
agglomérations
31/12/2045 pour 100 %
des agglomérations.
L?article concerne les
STEU dans une
approche nominale (et
non en charge).
Evolution des exigences en matière de traitement tertiaire (Annexe I, partie B et tableau 2) :
La directive de 9/271/CE 1 établit que les traitements permettent, en plus du traitement secondaire, d?éliminer essentiellement l?azote (N) et le phosphore (P). Elle définit également
ce type de traitement en termes de concentration moyenne journalière de N et de P à la sortie de la STEU et de rendement journalier en N et P. Il est notamment requis dans les
zones que la directive définit comme sensibles, soit parce qu?elles sont sujettes à l?eutrophisation (lacs ou retenues ainsi que les cours d?eau qui les alimentent, estuaires, baies
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et autres eaux côtières), soit parce qu?elles sont destinées au captage d?eau potable. Le terme « tertiaire » ne figure pas dans les définitions de la DERU 1. Concernant la DERU,
les prescriptions à respecter en ce qui concerne le tertiaire sont :
2/ les rejets provenant des STEU et des STEU desservant des agglomérations visées à l?article 7 (et 6 et 8) répondent aux prescriptions du tableau 1, c?est-à dire aux objectifs
de traitement secondaire. Ce sont les mêmes valeurs que dans la DERU 1 concernant DBO et DCO, et matières en suspension (objectif facultatif) ; ajout d?un objectif en carbone
organique total (en alternative à DCO). La portée de cette ouverture est difficile à apprécier. La France met en oeuvre l?approche appuyée sur la DCO.
3/ les rejets provenant des STEU paragraphe 7.1 (plus de 150000 EH) OU des STEU desservant les agglomérations visées au 7.3 (agglomération de plus de 10000 EH en zone
sensible) répondent au tableau 2 sauf dérogation prévue au 7.8.
Tableau 2 de la nouvelle directive, et, pour mémoire, de la Directive de 1991
Tableau 2 de la nouvelle directive, et, pour mémoire, de la Directive de 1991
Note 1: Réduction par rapport aux valeurs à l'entrée ou à la charge générée dans une agglomération si le même niveau de protection de l'environnement peut être assuré.
Note 2: Si une fraction des eaux urbaines résiduaires traitées est utilisée pour l'irrigation agricole, les éléments nutritifs présents dans cette fraction des eaux peuvent être inclus
dans le calcul des valeurs à l'entrée et exclus de la charge déversée.
Note 3 : Dans des situations exceptionnelles dues à des circonstances locales particulières, la rétention naturelle d'azote peut être prise en compte dans le calcul du pourcentage
minimal de réduction dans les États membres où la rétention naturelle d'azote a été prise en compte dans le calcul du pourcentage minimal de réduction de l'azote indiqué à
l'annexe I, tableau 2, de la directive 91/271/CEE du Conseil et lorsqu'il est démontré qu'une partie de l'azote provenant des eaux urbaines résiduaires peut être éliminée dans les
eaux réceptrices jusqu'au ... [dernier jour de la vingtième année après l'entrée en vigueur de la présente directive] pour le calcul du pourcentage minimal de réduction de l'azote
visé à l'annexe I, partie B, tableau 2, si toutes les conditions suivantes sont remplies:
1) le temps de rétention hydraulique moyen de l'effluent rejeté est d'au moins 1,5 an avant qu'il n'atteigne la zone sensible à l'azote désignée conformément à l'article 7, paragraphe
2 ;
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2) un programme continu de surveillance et d'évaluation du paramètre azote total est mis en place :
a) aux sorties de toutes les stations d'épuration des eaux urbaines résiduaires et, le cas échéant, dans les eaux de ruissellement urbain des agglomérations dont l'EH est égal ou
supérieur à 10 000, situées dans le bassin versant de la zone désignée comme sensible à l'azote conformément à l'article 7, paragraphe 2 ;
b) aux entrées pertinentes de la zone concernée désignée conformément à l'article 7, paragraphe 2 ; et
c) sur les sites de prélèvement d'échantillons représentatifs des eaux réceptrices et des masses d'eau pertinentes du bassin versant de la zone concernée désignée conformément
à l'article 7, paragraphe 2;
3) le pourcentage minimal de réduction de l'azote indiqué dans le tableau 2 est respecté ; ce pourcentage est calculé sur la base des données collectées dans le cadre du
programme continu de surveillance et d'évaluation visé au point 2) ;
4) il peut être démontré que les rejets d'azote provenant des stations d'épuration des eaux urbaines résiduaires dans le bassin versant ne sont pas néfastes pour l'environnement,
y compris pour la biodiversité, et pour la santé humaine et qu'ils ne modifient pas l'écosystème ;
5) la concentration d'éléments nutritifs dans les zones visées au point c) de la condition 2) est conforme aux conditions fixées à l'annexe V, point 1.2.1, de la directive 2000/60/CE
pour définir le bon état écologique de ces zones ;
6) l'utilisation de la rétention naturelle d'azote est communiquée à la Commission conformément à l'article 22, paragraphe 1, point a), ainsi qu'aux États membres voisins
potentiellement affectés, conjointement avec tous les éléments nécessaires pour vérifier que les conditions énumérées aux points 1), 2), 3), 4) et 5) ci-dessus sont remplies.
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Articles 8, 9 et 10 : traitement des micropolluants
Article 8 : traitement quaternaire
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Commentaires et
points d?attention
Article 8. 1
Mise en place du
traitement quaternaire
progressif dans toutes
les grosses STEU
Traitement quaternaire
dans toutes les STEU >
150 000 EH en charge
reçue au niveau fixé
annexe I, partie B et
tableau 3,
Nombre maximal de
non conformités
maximales (annexe I,
partie C)
31/12/2033 20 % des
STEU
31/12/2039 60%
31/12/2045 100%
État de l?art des
techniques disponibles
Identifier la liste de ces
STEU et les atouts/
faiblesses pour
accueillir un traitement
quaternaire
Les objectifs sont fixés
en pourcentage
minimal d?élimination
par rapport aux valeurs
d?entrée par temps sec
(80%) sur 12
substances organiques
« indicateurs » (8 très
faciles à abattre, 4
faciles à abattre), dont
au moins 6 doivent être
éliminées
Article 8. 2
Identification de zones
sensibles aux
micropolluants
Etablir une liste des
zones dans lesquelles
l?accumulation ou la
concentration de
micropolluants
provenant de STEU
présentent un risque
(santé humaine,
l'environnement), selon
des composantes
listées, avec des
dérogations possibles
31/12/2030
Réexamen en 2033
puis tous les 6 ans
Des zones de la
première liste peuvent
être écartées si
absence de risques
Etablir la méthode puis
la liste des zones
sensibles aux
micropolluants :
1/- bassins versants de
captages eau potable,
selon les termes de la
directive 2020/2184)
sauf si évaluation des
risques faite dans ce
cadre le permet
- eaux de baignade,
selon les termes de la
directive 2006/ sauf si
le rejet dans le milieu
ne présente pas de
risque sanitaire pour les
baigneurs
- activité aquacole,
selon les termes du
règlement 1380/2013
sauf si les autorités
compétentes estiment
Il y a jusqu?à fin 2030
pour établir les zones
sensibles mais c?est la
base de la contribution
à la REP : besoin de
visibilité important sur
la méthode et sur les
résultats.
Question de
l?articulation avec le
calendrier des Sdage
pour la définition des
zones sensibles : à
engager rapidement ?
Evaluation complexe
puisque pour la liste 1/,
il y a des dérogations
possibles,
pour la liste 2/, elle
repose sur une
évaluation des risques,
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points d?attention
une absence de risque
2/ autres zones, sur la
base d?une évaluation
des risques : lacs,
certaines rivières,
zones où un traitement
supplémentaire est
nécessaire au regard
de 3 directives (DCE,
eaux souterraines,
normes de qualité de
l?eau)
- ZSC et ZPS
- eaux côtières
- eaux de transition
- eaux marines
qui devra être
communiquée à la
Commission.
Pour éviter des
confusions avec les
zones sensibles à
l?eutrophisation, on
pourrait parler des
zones à enjeux pour les
micropolluants.
Article 8.3
Acte d?exécution
possible de la
Commission sur le
format de l?évaluation
des risques
Possibilité pour la
Commission d?encadrer
l?évaluation des risque
Pas de date Définir, en travail
prioritaire, une méthode
d?évaluation des
risques requise pour
l?article 8.2
Acte d?exécution
possible
Article 8.4 Mise en place du
traitement quaternaire
dans les
agglomérations EH >
10000 EH dans les
zones sensibles aux
micropolluants
Acte d?exécution
possible pour adapter
les modalités de
surveillance et
d?évaluation des
résultats
Traitement quaternaire
dans toutes les
agglomérations >
10 000 EH en zone
sensible au niveau fixé
annexe I, partie B et
tableau 3,
Nombre maximal de
non conformités
maximales (annexe I,
partie C)
31/13/2033 10%
31/12/2036 30%
31/12/39 60%
31/12/45 100%
Identifier, sur la base du
travail mené sur les
zones sensibles les
agglomérations puis les
STEU qui seraient
concernées.
Objectifs de
dépollutions présentés
ci-dessus (article 8.1).
Acte délégué possible
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Commentaires et
points d?attention
Article 8.5 Evolution des Steu
concernées par le
quaternaire en zone
sensible du fait de leur
mise à jour
Mise à jour des Steu
soumises à la suite de
la mise à jour des
zones sensible
Délai de 7 ans à
compter de
l?identification en zone
sensible et au plus tard
dans le calendrier du
8.4
Composante à intégrer
dans les travaux menés
sur l?identification des
zones à enjeux pour les
micropolluants
Contrainte dans la mise
aux normes après
évolution des zones
sensibles
supplémentaires par
rapport au même sujet
sur le tertiaire
Article 8.6 Possibilité d?actes
d?exécution de la
Commission sur les
méthodes de
surveillance et
d?échantillonnage
Donner un cadre
européen aux
méthodes
d?échantillonnage
Être en mesure de
donner de la visibilité
sur la méthode mise en
place en France
Article 8.7 Nombre entier des Steu
pour atteindre les
objectifs nationaux
Arrondi vers le bas
Article 8.8 Traitement quaternaire
des eaux destinées à la
réutilisation
Prise en compte d?une
évaluation des risques
en cas de réutilisation
agricole
Amélioration de la
qualité de l?eau
réutilisée
Etude d?impact à
réaliser sur la
réutilisation actuelle et
future : identifier les
situations où un
traitement quaternaire
serait requis « lorsque
c?est approprié »
Pas de date de mise en
oeuvre
Article 9 : responsabilité élargie des producteurs
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Commentaires et
points d?attention
Article 9. 1
Les producteurs de
cosmétiques et
pharmaceutiques sont
soumis à la REP et
couvrent :
- 80% au moins des
coûts du quaternaire
(article 8) en
investissement et en
fonctionnement
- la surveillance
- la collecte et
vérification des
données
100% du
fonctionnement de la
REP
Donne les obligations
en termes de coûts à
couvrir
3ème année après
entrée en vigueur de la
directive (2027)
- Identifier les
producteurs (au sens
metteurs en marché
national, y inclus les
importateurs)
- Evaluer les coûts, et
en premier lieu :
- les STEU de plus de
150000 EH
- les agglomérations et
STEU concernées par
les zones sensibles,
donc la délimitation des
zones sensibles.
L?évaluation des coûts
ne peut être que
progressive puisqu?elle
demande :
- la connaissance des
zones sensibles, elle-
même attendue pour
2030,
- les méthodes de
surveillance et de
construction des
données,
- le coût de
fonctionnement de
l?organisation mise en
place.
Le texte prévoit une
contribution à « au
moins 80% » de
certains coûts, laissant
une marge de
discussion entre
payeurs (entreprises) et
bénéficiaires
(collectivités).
Article 9. 2
Dérogation pour les
producteurs
- qui mettent moins
d?une tonne de
substances par an sur
le marché à l?échelle
européenne
- qui mettent sur le
marché des substances
rapidement
Exonère certaines
producteurs et
certaines substances
X Connaître le calendrier
de la Commission pour
identifier les
producteurs exonérés à
l?échelle européenne
(voir 10.7)
Identifier les
substances non
soumises, en lien avec
la Commission (article
- Les producteurs
exonérés sont identifiés
par la Commission
(échange avec la
Commission voir 10.7).
- Les substances
exonérées sont
identifiées par la
Commission (9.3).
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à réaliser
Commentaires et
points d?attention
biodégradables sans
micropolluants dans les
eaux usées
9.3)
Article 9.3 - Mise en place d?une
organisation répondant
aux exigences de
l?article 10,
Obligations pour les
producteurs :
a. donnent une fois par
an : les quantités de
produits mis en
marché ; la dangerosité
de ces produits ; les
produits exonérés.
b. contribuent
financièrement à
l?organisation
c. les contributions sont
définies sur la base de
la quantité et
dangerosité des
substances contenues
dans les produits
d. les organisations
compétentes sont
régulièrement auditées
e. le public est informé
Définir le cadre de la
REP et les obligations
des producteurs
concernés, et de
l?organisation mise en
place dans cet article et
dans le 10.
Fin 2027 (9.1) - définir les substances
soumises à la REP
(travail préparatoire
avant concertation).
- organiser une
préfiguration et son
calendrier
- Ensemble des
concertations et textes
de mise en place, loi,
réglementaires,
agrément
- Cet article exclut une
responsabilité
organisée
individuellement ;
- Le niveau de
participation des
producteurs à
l?organisation mise en
place est de 100 %.
- Le texte parle selon
les articles d?une ou
des organisations.
- Une attention devra
être portée aux
obligations qui
concernent les
substances (base de
paiement en fonction de
la quantité et
dangerosité) et les
produits contenant les
substances (dont la
mise en marché est le
fait générateur de la
participation à la REP).
- Les substances
soumises à la REP ne
sont pas listées, la
seule liste étant celle
des substances à
abattre dans les STEU.
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Commentaires et
points d?attention
Rédaction de e) à
examiner car semble
repris directement de
textes déchets (ou vise
les déchets découlant
de cette filière REP).
Article 9.4 Les États membres
veillent à ce que
- le rôle des différents
acteurs est clairement
défini
- les objectifs de l?article
8 sont respectés (sans
en exclure d?autres à
l?échelle nationale)
- un système de
déclaration de mise en
marché est mis en
place
- Echanges entre
autorités compétentes
Composantes de
fonctionnement de la
filière REP
Calendrier de mise en
place de la REP
Points de vigilance
dans la rédaction des
textes, et la supervision
de la filière.
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Commentaires et
points d?attention
Article 9.5 Acte d?exécution de la
Commission pour
identifier les substances
contenues dans les
produits exonérées
Etablir un cadre
uniforme de substances
non soumises à
l?échelle européenne
Fin 2026 Organiser une
présence de la France
dans les travaux (quel
service ?)
Acte d?exécution avec
une échéance
Article 10 : exigences minimales applicables aux organisations en matière de filière REP
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Commentaires et
points d?attention
Article 10. 1
Toute organisation
compétente en matière
de REP
- a un périmètre
géographique défini
- dispose de moyens
financiers suffisants
- met à disposition du
public des informations
(listées)
Dont des informations
sur les propriétaires et
adhérents de l?éco-
organisme
Une procédure de
reconnaissance des
organisations est mise
en place.
Bien définir le périmètre
et les moyens des
organisations mises en
place
Calendrier de mise en
place de la REP
Identifier un schéma
conforme à la Directive,
articulé avec la
stratégie française, en
tenant compte en
particulier de
l?obligation de donner
des informations sur les
propriétaires et
adhérents de
l?organisation mise en
place
Identifier les modalités
de préfiguration
Positions divergentes
des parties prenantes :
- producteurs opposés
à une REP qui ne
repose que sur deux
secteurs, mais attachés
à un éco-organisme au
moins pour la collecte
des contributions,
- opérateurs plutôt
favorables à des
redevances.
Modèle à inventer car
l?objectif diffère
largement de ce qui se
fait dans les REP
déchets.
Article 10. 2 Mise en place d?un
cadre de surveillance
adéquat
Assurer une bonne
supervision
Mise en place de la
REP
Voir le rapport IGEDD
IGF CGE sur les filières
REP
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Commentaires et
points d?attention
Article 10.3 Supervision s?il y a
plusieurs organisations
Assurer une bonne
supervision
Mise en place de la
REP
Voir le rapport IGEDD
IGF CGE sur les filières
REP
Article 10.4 Contribution des
producteurs établis
hors France
S?assurer que tous les
metteurs en marché en
France contribuent
Mise en place de la
REP
Rex à faire des filières
déchets
Article 10.5 Organisation de
dialogues par l?État
pour une mise en
oeuvre optimale
(prévention à la source,
technologies de
traitement)
Travailler à l?efficacité
du système
Au fil de l?eau Calendrier de
mobilisation de cet outil
à préciser (postérieur à
2027 ?)
Définir le cercle de
concertation pour la
mise en place de la
REP
Mention de
l?association des parties
prenantes
Discussions qui ne
peuvent se faire
uniquement au sein des
organisations - Voir le
rapport IGEDD IGF
CGE sur les filières
REP en place
Article 10.6 La commission
organise du partage
d?information et mise en
oeuvre de bonnes
pratiques (art 9 et 10)
Entrée en vigueur de la
directive au plus tard
S?organiser pour y
participer
Article 10.7 La Commission informe
régulièrement des
dérogations
demandées par les
producteurs, transmise
aux États qui en font la
demande
Au fil de l?eau A prévoir pour la mise
en oeuvre de l?article
9.2
PUBLIÉ
Mars 2025 Évaluation de la directive relative au traitement des eaux
résiduaires urbaines 2
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Article 11 : neutralité énergétique
Références Objet - Objectif Indicateurs et délais Dérogations Travaux préparatoires
à réaliser
Commentaires et
points d?attention
Article 11.1 Audits énergétiques - Quantifier
- Identifier un
potentiel de
mesures rentables
31.12.2028
> 100 000 EH
31.12.2032
[10 000 ; 100 000] EH
Puis tous les 4 ans
Article 11.2 Production EnR Production doit couvrir
la consommation des
STEU à l?échelle
nationale
31/12/2030 : 20 %
31/12/2035 : 40 %
31/12/2040 : 70 %
31/12/2045 : 100 %
Dérogation aux
échéances 2040 et
2045 si non
atteignables
techniquement avec
toutes les mesures
d?efficacité énergétique
et de production d?EnR
Possibilité d?achat
d?énergie non fossile
(yc nucléaire) jusqu?à
35 % (en 2045) /
jusqu?à 5 % (en 2040)
de la consommation
moyennant
démonstration
Acte d?exécution
possible
Importance d?un lexique
précis pour la
transposition
Échéance 2030 et 2035
probablement
accessibles grâce aux
investissements en
cours dans des unités
de méthanisation
PUBLIÉ
Mars 2025 Évaluation de la directive relative au traitement des eaux
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Annexe 8. Procédés permettant de traiter les micropolluants issus
des produits pharmaceutiques et cosmétiques
L?ozonation consiste en la réaction de l?ozone (O3) avec les substances présentes dans l?effluent.
L?adsorption sur charbon actif (AC) consiste en la mise en contact de l?effluent traité avec du char-
bon actif, reconnu pour sa capacité d?adsorption des micropolluants en raison de sa haute porosité,
de sa grande surface spécifique et de son haut degré d'interactions de surface. Les substances
sont capturées jusqu?à ce que les sites d?adsorption disponibles soient saturés, le charbon actif
devant alors être renouvelé. Le charbon actif est commercialisé sous forme granulaire (GAC) et
sous forme de poudre (PAC), et largement importé.
Les trois procédés permettent un bon abattement des micropolluants visés par la DERU2, et peu-
vent être mis en oeuvre à l?échelle de STEU. Ils présentent chacun des avantages et des limites
(tableau 1).
Tableau 1 : Avantages et limites de différentes techniques de traitement des micropolluants88
Avantages Inconvénients
Ozonation ? Désinfection partielle
? Demande énergétique inférieure par
rapport aux systèmes membranaires
? Faible temps de traitement (5 à 10
mn), demande peu de foncier.
? Augmentation de la consommation
énergétique
? Formation de sous-produits et
d'autres produits de transformation
d'oxydation inconnus, qui peuvent
être toxiques et demandent un traite-
ment spécifique ; cette technique
n?est pas recommandée en pré-
sence de bromure dans les effluents
? Traitement biologique ultérieur re-
commandé pour éliminer les sous-
produits éventuels (cf Suisse)
Charbon actif poudre
(AC)
? Peut être mis en oeuvre dans le ré-
acteur biologique (mais les boues ne
sont plus épandables)
? Le charbon actif séparé de l?effluent
par décantation ou filtration peut être
: régénéré dans une installation spé-
cifique à 1200°.
? Élimination supplémentaire du car-
bone organique dissous
? Pas de formation de sous-produits
? Désinfection partielle possible par
combinaison avec filtration membra-
naire ? ce qui demande de la place
? Augmente les temps de séjour de 30
mn
? Le PAC doit être éliminé :
- Un post-traitement est nécessaire
pour éviter le rejet de PAC
- La production de PAC nécessite
une grande quantité d'énergie, et les
approvisionnements posent des
questions de dépendance et de dis-
tance
- La capacité d'adsorption peut fluc-
tuer avec chaque lot
- Impacte la qualité des boues et em-
pêche leur utilisation agricole
- Le charbon actif provient de ma-
tières fossiles
Charbon actif granu-
laire (GAC)
? Pas de formation de sous-produits
? Un système de filtration sur sable
existant peut être relativement facile-
ment remplacé par du GAC
? Le GAC peut être régénéré dans
une installation spécifique à 1200°.
? Demande un réacteur séparé
? La production de GAC nécessite une
grande quantité d'énergie
? Le charbon actif provient de ma-
tières fossiles
? La capacité d'adsorption peut fluc-
tuer avec chaque lot, risques de re-
largage.
88 Source : rapport de Paula ? OCDE - retravaillé
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Annexe 9. Étapes de mise en oeuvre d?une filière REP
Contexte
La responsabilité élargie des producteurs découle du principe « pollueur ? payeur » et vise, dans
les secteurs des déchets, où elle a historiquement été utilisée en France depuis la mise en place
d?Eco-emballage en 1992, à ce que les fabricants ou importateurs supportent les coûts de gestion
des déchets issus de leurs produits en fin de vie, les incitant ainsi à réduire ces coûts en favorisant
notamment l?éco-conception. Certaines de ces filières sont encadrées par des textes européens,
d?autres sont issues du seul droit national mais doivent respecter les dispositions transversales de
la directive cadre européenne sur les déchets. La loi anti-gaspillage de 2020 a doublé le nombre
de filières à responsabilité élargie du producteur (REP) en France et fixé de nouvelles obligations
(prise en charge des dépôts sauvages, modulations des contributions, mise en place de fonds de
financement de la réparation et du réemploi ?). Par ailleurs, pour assurer le suivi de ces nouvelles
filières et ambitions, le cadre de régulation a été renforcé. Les filières « déchets » représentent à
ce jour environ 2 milliards d?euros de contributions et ce montant est appelé à tripler d?ici quelques
années.
La DERU2 introduit le principe « pollueur-payeur » dans le domaine de l?assainissement en
s?inspirant des dispositifs mis en place dans le secteur des déchets, pour couvrir le coût de
traitement quaternaire issu de la consommation diffuse de médicaments et de cosmétiques. Les
secteurs soumis à ce principe, pharmaceutique et cosmétique, connaissent bien le dispositif étant
concernés par les filières « emballages », « médicaments non utilisés » et « déchets d?activités de
soin à risque infectieux ».
Gouvernance des filières REP
Les producteurs soumis à REP s'acquittent de leur obligation en mettant en place collectivement
des éco-organismes, dont ils assurent la gouvernance et auxquels ils transfèrent leur obligation, et
versent en contrepartie une contribution financière permettant de pourvoir ou financer la prévention
et la gestion des déchets. Le cas échéant, dans le cas d?un producteur dont les produits comportent
un marquage permettant d'en identifier l'origine et qui a mis en place des circuits de récupération
des déchets qui en sont issus, il est possible de mettre en place un système individuel plutôt que
d?adhérer à un éco-organisme. Cette dernière option est exclue dans la DERU2.
Les éco-organismes et les systèmes individuels sont agréés par l?État s'ils établissent qu'ils
disposent des capacités techniques, de la gouvernance et des moyens financiers et
organisationnels pour répondre aux exigences d'un cahier des charges fixé par arrêté du ministre
chargé de l'environnement (chaque filière REP dispose de son arrêté, le cas échéant décliné par
catégories de produits). Les éco-organismes sont des structures de droit privé qui sont chargés
d'une mission d'intérêt général et ne doivent pas poursuivre de but lucratif pour leur activité agréée.
La loi anti-gaspillage a imposé un cadre de concertation révisé avec, d?une part des comités des
parties prenantes (un comité par éco-organisme et par filière) qui sont consultés sur les décisions
les plus structurantes prises par les éco-organismes, et d?autre part, une commission inter-filières
(CiFREP), placée auprès du Ministre de l?environnement, qui est saisie pour avis sur les arrêtés
portant cahiers des charges et les demandes d?agrément. L?avis de ces instances est consultatif :
ni l?éco-organisme (pour les CPP) ni le Ministre (pour la CiFREP) ne sont obligés de s?y conformer.
Ces avis sont rendus publics89.
Régulation des filières REP
La direction générale de a prévention des risques (DGPR), par délégation du ministre de
89 Le rapport « Performances et gouvernance des filières à responsabilité élargie du producteur » de l?IGF, l?IGEDD
et le CGE, de juin 2024 met en question cette organisation compte tenu du nombre de filières REP dans le secteur
des déchets.
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Mars 2025 Évaluation de la directive relative au traitement des eaux
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l?environnement, assure pour la vingtaine de filières REP existantes ou en cours de mise en place
dans le secteur des déchets la rédaction des textes réglementaires (décrets, arrêtés) et leurs
révisions successives, instruit, en lien avec la direction générale des entreprises (DGE), les
demandes d?agrément, assure le suivi du respect des obligations imposées par les textes
réglementaires et peut engager des sanctions à l?encontre des éco-organismes et les systèmes
individuels pouvant aller d?une amende administrative à un retrait d?agrément en passant par des
astreintes journalières ou des consignations. La DGPR dispose également du pouvoir de police
administrative à l?encontre des producteurs non contributeurs aux filières.
Un censeur d'État (membre du contrôle général économique et financier) est chargé de veiller à
ce que les éco-organismes disposent des capacités financières suffisantes et à ce que le principe
de non lucrativité pour les activités agréées soit bien respecté. La loi anti gaspillage a également
créé une direction de suivi et d?observation des filières REP à l?ADEME chargée de réaliser les
études de préfiguration des nouvelles filières et le suivi des filières existantes (à la fois par la
réalisation de bilans et d?analyses du réalisé et d?études prospectives et en gérant la base de
données déclarative dans laquelle les éco-organismes et systèmes individuels doivent
annuellement déclarer, ainsi qu?en assistant la DGPR dans ses missions de suivi et contrôle des
éco-organismes et les systèmes individuels).
Par parallélisme des formes, ce pilotage et ces tâches, dans le cas d?une REP micropolluants,
devraient incomber à la direction de l?eau et de la biodiversité en lien avec la DGE, et avec le
soutien de l?ADEME.
Mise en place d?une filière REP, grandes étapes,
Au regard du retour d?expérience de la politique de gestion des déchets basée sur la directive cadre
déchets 90, les principales étapes sont les suivantes :
-La phase de préfiguration d?une nouvelle filière REP se base sur une étude spécifique dite « de
préfiguration ». Elle est, pour les REP mises en place dans le secteur des déchets, réalisée par
l?ADEME (généralement en s?appuyant sur les bureaux d?administration centrale concernés), sous
l?égide d?un comité de pilotage (une dizaine de réunions environ). Les parties prenantes sont
associées au sein d?un comité de suivi (une demi dizaine de réunions environ). De nombreuses
réunions plus informelles entre l?ADEME, les bureaux d'études, l?administration d?une part, entre
l?administration avec les parties prenantes d?autre part sont également utiles au bon avancement
de la préfiguration.
La préfiguration vise à préciser et clarifier les mises en marché des produits qui entrent dans la
REP et les possibilités de prévention ; identifier les gisements et les modes de traitement actuels
et les potentiels d?évolution (en adéquation avec les textes transversaux aux REP et les éventuels
textes européens encadrant certaines filières) ; préciser les orientations d?organisation de l?amont
et l?aval de la filière, les objectifs à atteindre, les coûts et les projections, avec si possible une
démarche de parangonnage91.
- La phase d?élaboration des textes réglementaires d?une filière, pour les filières nouvelles,
demande : la préparation par l?administration d?une note d?orientations, puis des textes afférents :
loi (DDADUE si texte européen), décret et arrêté portant cahier des charges, ainsi que, le cas
échéant, autres textes (arrêté « périmètre », arrêtés « traitement », avis ?) ; des réunions de
concertation ainsi que des réunions bilatérales avec certains acteurs, qui peuvent parfois se tenir
au niveau du Ministre ; des consultations formelles (saisine du CNEN, de la commission des filières
REP, consultation du public, et le cas échéant de commissions spécifiques). Chacune de ces
phases s?accompagne de la rédaction des documents liés (études d?impact, notes de présentations,
90 Directive 2008/98/CE du 19 novembre 2008 modifiée relative aux déchets et abrogeant certaines directives
(articles 8 et 8 bis) https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/HTML/?uri=CELEX:02008L0098-
20180705&from=en
91 À titre d?exemple, l?étude de préfiguration relative à la filière des emballages industriels et commerciaux est un
document d?environ 200 pages https://librairie.ademe.fr/ged/8523/Prefiguration-Filiere-REP-Emballages-
Industriels-Commerciaux-Synthese-2024.pdf
PUBLIÉ
https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/HTML/?uri=CELEX:02008L0098-20180705&from=en
https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/HTML/?uri=CELEX:02008L0098-20180705&from=en
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etc.) et de validations à l?échelle ministérielle et interministérielle. Globalement cette phase
d?élaboration, hors cadre législatif, peut durer de 6 à 18 mois (en fonction de la complexité et des
enjeux de la filière, notamment financiers, ainsi que des éventuelles divergences
interministérielles), si les moyens requis sont mobilisés.
- La phase d?instruction des dossiers de demandes d?agrément (DDA) est liée à la date de parution
du cahier des charges par rapport à la date de mise en place prévue de la filière. Elle est
théoriquement comprise (selon les textes) entre 3 et 6 mois (en fonction des filières) mais va en
pratique de 1 mois à près d?une année (pour certains cas particuliers) avec une moyenne proche
de 2 mois (généralement sous la pression collective d?agréer des structures pour mettre en oeuvre
la REP).
- Le suivi de la mise en oeuvre des agréments est lié à différents paramètres, comme la maturité
de la filière, sa complexité (corrélée notamment aux volumes financiers, au nombre, à la diversité,
au pouvoir d?influence des acteurs concernés?) et l?actualité économique et politique. En pratique,
elle consiste notamment en un suivi pour chaque filière et pour chaque éco-organisme de l?atteinte
des objectifs prévus aux cahiers des charges, des obligations communes à toutes les filières REP
(prise en charge des outre-mer, projets de modulations des contributions financières, dossiers de
non-contributeurs, programme d?auto-contrôles, études de gisement, etc.), de la résolution de
problématiques spécifiques remontées par les censeurs?
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Mars 2025 Évaluation de la directive relative au traitement des eaux
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Annexe 10. Déclaration protocolaire de la France
Proposition de DIRECTIVE DU PARLEMENT EUROPÉEN ET DU CONSEIL relative au traitement
des eaux urbaines résiduaires (refonte)
La France soutient la directive révisée sur les eaux résiduaires urbaines (UWWTD) et considère
celle-ci comme un texte ambitieux, tenant compte des effets du changement climatique, permettant
de renforcer la protection de la santé humaine et de l?environnement notamment contre les sources
de contamination émergentes. La France soutient l?application du principe pollueur-payeur et le
mécanisme de responsabilité élargie du producteur afin de financer la mise en place de systèmes
de traitement quaternaire pour réduire la présence et les rejets de micropolluants dans les milieux
aquatiques. C?est pourquoi la France confirme sa mobilisation pour atteindre les objectifs de la
directive révisée.
Néanmoins, si la directive révisée permettra de créer des incitations afin que nos industriels
investissent dans le développement de produits plus respectueux de l?environnement notamment
en ce qui concerne les micropolluants, la France sera attentive dans sa mise en oeuvre à
l?importance d?éviter les effets de bord négatifs pour les industries pharmaceutique et cosmétique
afin de ne pas perdre de vue l'objectif primordial du renforcement de l'autonomie stratégique et de
la compétitivité mondiale de l'UE. Il est nécessaire que nos industries puissent maintenir leurs
investissements et innovations (en particulier dans la production de produits plus responsables)
dans nos territoires. S?agissant des médicaments, la mise en oeuvre de la directive ne doit pas
créer de risques d?accroissement de pénuries en favorisant les délocalisations, dans un contexte
de prix régulés.
Enfin, la France invite la Commission à une préparation finement calibrée du futur acte délégué,
concernant la définition de la liste des substances qui déterminera le champ des contributeurs à la
REP et appelle à ce titre la Commission à ne pas faire peser une charge excessive sur certaines
entreprises. La France recommande également de veiller à une mise en oeuvre harmonisée entre
les différents États membres afin de préserver le bon fonctionnement du marché intérieur.
Pour ces raisons, la France veillera à ce que toutes les informations nécessaires soient mises à
disposition de la Commission et préconise la réalisation d?une étude d?impact complémentaire
ciblée en vue de la préparation de l?acte délégué.
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Mars 2025 Évaluation de la directive relative au traitement des eaux
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Annexe 11. Description des scénarios pour l?évaluation des
coûts
Annexe 11.1. Traitement quaternaire
Estimation à partir des travaux de l?agence environnementale allemande :
Elle utilise deux fonctions de coûts : Coût = 1 000 x EH-0.40 et C = 1 000 x EH-0.45+3
Par souci de cohérence, la fonction Coût = 1 000 x EH-0.40, qui est l?hypothèse la plus haute, est
retenue dans les deux approches de la mission (ambitieuse et restrictive). Cela permet que la différence
entre ces deux approches reste, comme pour les autres simulations présentées ci-dessous, l?hypothèse
prise pour les STEU entre 10 000 et 150 000 implantées dans des zones sensibles aux micropolluants :
? 30 % des STEU de + de 10 000 EH et toutes les stations de plus de 150 000 EH dans
l'approche ambitieuse,
? toutes les stations de + de 150 000 EH et 10 % des STEU de plus de 10 000 EH d'autre part
dans l?approche restrictive.
Estimation à partir d?ordre de grandeur de coûts unitaires indiqués à la mission à dire d?expert (cas
d?une métropole et échanges) :
Le traitement quaternaire peut être approché selon les hypothèses de coûts suivantes :
? 600 000 ¤ HT pour une STEP de 10 000 EH,
? 2 000 000 ¤ HT pour une STEP de 50 000 EH,
? 3 500 000 ¤ HT pour une STEP de 100 000 EH,
? coût d?exploitation de l?ordre de 1 000 ¤ HT pour 1 000 EH par an.
Ces coûts unitaires servent de base pour évaluer les coûts annuels du traitement quaternaire. Cependant,
l?estimation des coûts de fonctionnement a été ajustée à la hausse, des professionnels du métier les
estimant largement sous-estimés. Un facteur multiplicatif leur est appliqué.
Estimation de l?étude d?impact de commission :
La mission a repris les données fournies par la commission dans son étude d?impact, tableau A7.8:
« Detailed costs of the preferred option per Member State (¤ per year by 2040) ». Il est indiqué que le
coût annuel pour la France est de 130 822 544 ¤.
Annexe 11.2. Traitement tertiaire
Estimation à partir de l?enquête menée et d?ordre de grandeur de coûts unitaires indiqués à la mission
par une métropole :
Les réponses aux questionnaires, éclairées par plusieurs entretiens conduisent à approcher l?ordre de
grandeur des STEU de plus de 150 000 EH concernées ainsi que les plus de 10 000 EH en zone sensible
par bassin comme suit :
STEU>150 000 10000<STEU>150000
Nb de 150 000 EH qui ne
respectent pas la DERU 2
sur N et/ou P
Nb de 10 à 150 000 EH
qui ne respectent pas
la DERU 2 sur N et/ouP
ADOUR-GARONNE 8 113 6 113
ARTOIS-PICARDIE 7 97 4 47
LOIRE-BRETAGNE 15 212 12 170
RHIN-MEUSE 6 93 6 61
RHONE-MEDITERRANEE 19 292 19 292
SEINE-NORMANDIE 20 190 17 81
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résiduaires urbaines 2
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Les coûts par tranches, à dire d?expert, sont évalués sur la base des hypothèses moyennes suivantes :
Pour les dépenses de fonctionnement :
- OPEX/an/hab pour les STEU de + de 150 000 EH : 9, 44 ¤,
- OPEX/an/hab pour les STEU entre 10 et 150 000 EH : 14,13 ¤.
Pour les dépenses d?investissement :
- CAPEX/STEU/an pour les STEU de plus de 150 000 EH : 10 633 265 ¤,
- CAPEX/STEU/an pour les STEU entre 10 et 150 000 EH : 5 884 354 ¤.
Compte tenu de ces éléments de coûts et des hypothèses sur les zones sensibles, la mission évalue
pour un ordre de grandeur de 5,4 Mds¤ pour la mise en oeuvre du traitement tertiaire en France.
Estimation de l?étude d?impact de la Commission européenne :
La mission a repris les données fournies par la Commission européenne dans son étude d?impact,
tableau A7.8: « Detailed costs of the preferred option per Member State (¤ per year by 2040). » Ce
tableau évalue le coût total pour la France de la mise en oeuvre du traitement de l'azote et du phosphore
à 241 M¤ par an (199 M¤ pour l'azote et 41 M¤ pour le phosphore).
Annexe 11.3. Neutralité énergétique
Méthaniseurs : partant du seuil de rentabilité estimé par les professionnels à 50 000 EH, nous
considérons que seules les stations au-delà de ce seuil s?équipent. Deux tranches de coûts sont intégrées
au scénario. Le coût d?un méthaniseur pour les plus de 150 000 EH est estimé à 20 M¤ tandis que le
coût unitaire d?un méthaniseur pour une station de 50 000 EH est estimé à 5 M¤.
Dans les deux hypothèses, nous estimons que le coût total est supporté par l?emprunt (aucun
autofinancement). 40 nouvelles stations de plus de 150 000 EH sont équipées d?ici 2045 et 270 de plus
de 50 000 EH.
Au total, d?ici 2045, 310 nouvelles stations sont équipées pour un coût total de 3,2 Mds¤.
Mise en place des audits énergétiques : l'objectif de la directive est que les STEU de plus de 100 000 EH
disposent d'un audit en 2028 et que les STEP de plus de 10 000 EH en disposent d'ici 2032. La directive
pose le principe que ces audits sont effectués tous les 4 ans. Partant de ce cycle, nous concluons que,
pour les plus de 100 000 EH, ce sont 43 audits qui doivent être réalisés/an pour les plus de 100 000 EH
et 124 pour les plus de 10 000 EH. Nous nous basons sur un prix unitaire de 4 000 ¤ indiqué par l'étude
d'impact de la commission d?une part et sur une approche empirique à partir d?exemple de terrain remonté
par les professionnels du secteur qui font valoir un coût unitaire de 200 000 ¤ pour les plus de 100 000
EH et 20 000 ¤ pour les plus de 10 000 EH.
S'agissant d'une prestation de service, l'impact budgétaire se situe en fonctionnement. Le coût global
des audits énergétiques est estimé à un peu moins de 15 M¤.
Économies d?énergie : nous considérons également les économies en fonctionnement générées par
l'objectif de neutralité énergétique. Nous nous basons pour cela sur les données suivantes : une
consommation moyenne de 50 Kw/h en se basant sur l'enquête d'Amorce pour l?approche restrictive et
une consommation moyenne de 50 Kwh/EH pour les moins de 150 000 EH et de 120 Kwh/EH pour les
plus de 150 000 EH. Nous y affectons un coût annuel de 0,174 ¤ du KWH. Nous considérons une
économie de 2%/an sur les dépenses d?énergie qui sont valorisées à 2% par an.
Annexe 11.4. - Temps de pluie - établissement des plans de gestion
intégrée
Estimation de l?étude d?impact de la commission :
Dans son document « Working document impact assessment (2022) », elle indique : "Le coût moyen de
la mise en place d'un plan de gestion intégrée des eaux urbaines a été estimé à 0,09 ¤/an/p.e."
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Le calendrier fixé par la directive pour le respect de l?obligation d?être doté d?un PGI est : 2033 pour les
agglomérations de plus de 100 000 EH et 2039 pour les agglomérations entre 10 000 EH et 100 000 EH
concernées. En effet, l?article 5 de la directive indique que les stations de plus de 10 000 EH ne respectant
pas le 2% en charge doivent être recensées dans une liste et que toutes les agglomérations de la liste
doivent faire l?objet d?un PGI.
On raisonne ici, par approximation par STEU :
dans une approche ambitieuse, la totalité des stations de plus de 10 000 dans une auxquelles est
appliqué un coût moyen par tranche pour un PGI allant de 4 800 ¤ à 25 875 ¤/an en nous basant sur
l?évaluation du coût moyen de la commission ;
dans une approche restrictive, seulement 36 % des stations devront réaliser des PGI ab initio. Cet
ordre de grandeur résulte du retour de l?enquête, qui indique que 64 % des SDA comportent déjà un
zonage eau pluviale et une gestion intégrée. La limite de cette approche est qu?il n?est pas possible
de chiffrer le coût marginal du passage d?un SDA à un PGI.
À noter : les coûts annuels s?appliquent sur l?ensemble de la période car les PGI sont établis pour un
cycle de 10 ans.
Analyse transmise à la mission par l?agence de l?eau Loire-Bretagne (confirmée par d?autres
échanges tenus avec différents interlocuteurs de la mission au cours de ses entretiens) :
L?élaboration des SDA coûte environ 1 million d?euros HT pour les SA de plus de 100 000 EH, tous les
10 ans. Le même raisonnement que précédemment est appliqué avec un coût unitaire différent.
Le coût d?établissement des PGI est ainsi estimé dans une fourchette de 16 à 60 M¤.
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Annexe 12. Le Syndicat interdépartemental pour
l?assainissement de l?agglomération parisienne
(SIAAP)
Le Syndicat interdépartemental pour l?assainissement de l?agglomération parisienne (SIAAP) est
chargé du transport et du traitement des eaux usées produites par l?agglomération parisienne. Il traite 2,5
millions de m³ d?eaux usées par jour pour 9 millions d'usagers franciliens, sur un territoire de 1 800 km²
qui couvre quatre départements et 180 communes réparties sur quatre autres départements. En termes
de moyens, ce sont 1 800 agents, 6 usines d?épuration, 400 km de réseaux. Le conseil d?administration
du SIAAP rassemble les élus de Paris et des départements de petite couronne. Le tarif de
l?assainissement en grande couronne est moitié moins élevé qu?en petite couronne.
La collecte des eaux usées repose, elle, sur une quarantaine de maîtres d?ouvrages. Le SIAAP est
responsable de la conformité de la zone agglomérée parisienne (ZAP) en tant que coordonnateur de ces
maîtres d?ouvrage92.
Le bassin versant pris en charge est caractérisé par une forte urbanisation, des densités de population
et d?activités économiques élevées et une imperméabilisation des sols. La Seine, dans laquelle se font
une grande partie des rejets, connaît un débit faible : à l?étiage entre juin et septembre, il est de 70 m3/s.
Sans le soutien des grands lacs de Seine, il serait de 40 m3/s, pour des flux traités de 20 à 30 m3/s.
Du point de vue environnemental, la plaquette institutionnelle du SIAAP souligne que « depuis la création
du SIAAP en 1970, le nombre d?espèces de poissons présentes dans la Marne et dans la Seine a été
multiplié par dix. Parmi les 34 espèces actuelles, certaines sont considérées comme fragiles, sensibles
aux effets diffus de la pollution de l?eau. » L?exploitation des usines du SIAAP représente une
consommation énergétique de 1 TWh/an, en augmentation tendancielle avec les niveaux de dépollution
attendus, couverte à environ 50% par les trois usines de méthanisation.
92 L?arrêté du 31 juillet 2020 modifiant l?arrêté du 21 juillet 2015 a renforcé le rôle de coordonnateur du SIAAP pour garantir
une démarche cohérente à l?échelle du système d?assainissement et de la zone agglomérée parisienne. Le SIAAP doit
réaliser une « analyse de risque de défaillance des ouvrages de collecte et de traitement », élaborer un « diagnostic
périodique décennal » (ou schéma directeur d?assainissement - SDA), et coordonner la mise en oeuvre d?un
« diagnostic permanent du système d?assainissement », à l?échelle de la zone agglomérée parisienne. Plusieurs
instances ont été mises en place pour répondre aux attentes des élus locaux concernés par les usines du SIAAP, en
termes d'information et de concertation : la conférence de l?assainissement réunissant les élus des territoires concernés,
la conférence technique des maîtres d?ouvrage de l?assainissement, les commissions de suivi de site (CSS,
réglementaire) ou Comités de Concertation de Site (CCS).
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Enfin et surtout, en ordres de grandeur, la France représente 100 M d?EH, le bassin Seine
Normandie 20 et le SIAAP 10 : sa stratégie de mise en oeuvre de la DERU2 représente donc un
point majeur de la structuration du bassin Seine Normandie, et de la France plus largement.
1/ Des enjeux majeurs sur chaque composante de l?assainissement
Le réseau de collecte initial, qui ne relève pas du SIAAP, présente des marges d?amélioration
(correction de mauvais branchements, de sous-dimensionnement, création de bassins d?orages,
maintenance renforcée et plus réactive, etc.), progressivement mises en oeuvre, avec des
dynamiques variables. C?est un enjeu fort pour la performance des usines. On estime qu?environ
10 % de l?eau traitée vient du pluvial, via les réseaux unitaires, traitement pour lequel le SIAAP est
rémunéré, mais qui peut présenter des enjeux de non-conformité. Par ailleurs, une partie de l?eau
traitée provient du ruissellement qui arrive dans les installations. Le réseau de grande dimension
du SIAAP présente également des enjeux de robustesse et de performance. Le collecteur
dit « VL8 », créé pour les JOP, représente un investissement de 339 millions d?euros.
L?usine d?épuration de Seine-Aval (SAV), située à Achères, traite environ 1,4 millions de m³/j ; elle
comporte une usine de traitement des eaux et une de traitement des boues. C?est la deuxième
station au monde par sa taille. La technique actuellement utilisée a été mise en place en 2016-
2017 en remplaçant progressivement les 9 bassins de boues activées utilisées jusqu?alors. Compte
tenu d?installations permettant de fournir énergie et air comprimé, d?assurer le stockage du biogaz
produit, le traitement des déchets issus du traitement des eaux ainsi que l?utilisation de produits,
c?est un site Seveso seuil haut. Il a subi plusieurs incendies, dont un important en 2019, ce alors
que des opérations de maintenance ou des dysfonctionnements sur des usines situées en amont
augmentent les volumes d?eau résiduaire à traiter sur Seine aval. Ainsi, les investissements
nécessaires sur le site de Valenton ou l?incendie d?un poste électrique à Seine-Centre en 2022 y
ont réduit les débits traités. Au bout du compte, si les efforts engagés ont conduit à une réduction
des rejets urbains par temps de pluie, les rendements pour l?azote de certaines stations du SIAAP
ont contribué depuis les années 2010 à une diminution du pourcentage de réduction des pollutions
que des collectivités de moindre importance de la zone ne peuvent compenser.
La refonte globale du site de Seine-Aval, dans le cadre de la DERU1 et suites à ces différents
événements, a conduit à un nouvel arrêté d?autorisation en date du 20 juillet 2023, et un chantier,
en cours, pour une mise en service à l?horizon 2026. Compte tenu des non-conformités constatées
par la police de l?eau, le SIAAP a mis en place un plan d?actions en 2023, encadré par un arrêté
de mise en demeure du 28 février 2024. Le SIAAP a également engagé une étude pour un
« programme de renforcement de la robustesse du schéma directeur d?assainissement du SIAAP »,
qui traite des volumes et des charges, visant à fiabiliser les performances de son système
d?assainissement 93 . Il a également lancé un travail de révision de son schéma directeur
d?assainissement, pour faire évoluer sa stratégie notamment au regard du changement climatique.
2/ La place du SIAAP et de la ZAP dans la mise en oeuvre de la DERU2
La DERU2, dans un contexte de forte mobilisation, organisée récemment par la révision ou
l?adoption de plusieurs plans et stratégies, représente des enjeux forts pour le SIAAP. Le SIAAP
dispose d?atouts : une certaine disponiblité foncière pour la mise en oeuvre du traitement
quaternaire nouveau, ou encore une stratégie en matière d?energie qui permet d?envisager de
tendre vers la neutralité, sans l?atteindre en 2045. Les tensions se concentrent sur la question du
calendrier de mise en oeuvre : les progrès sur le temps de pluie demanderont un implication de
nombreuses collectivités, sur des actions lentes comme la déconnexion ou la
désimperméablisation ; sur les usines, des travaux sont en cours, et la portée donnée à la prise en
compte des « situations inhabituelles » pourrait être lourde d?effets. En effet, actuellement, seuls
les bilans d?autosurveillance réalisés en conditions normales de fonctionnement sont pris en
compte pour l'évaluation de la conformité réglementaire. L?exclusion de certains bilans relève d?une
appréciation du service de police de l?eau, dans un cadre national, sur la base d?une demande
93 Et en particulier, atteindre un rendement de 70 % d?abattement de l?azote pour chaque usine, réduire le nombre
de bilans classés en « situation inhabituelle », contribuer à l?atteinte d?un rendement de 75 % au niveau de la
zone CM_03207.
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argumentée du maître d?ouvrage. Or, les demandes du SIAAP sont, à l?heure actuelle, relativement
nombreuses.
Enfin, la question de la soutenabilité financière de l?ensemble de la mise en oeuvre conduit en
première approche, en articulation avec le plan en cours, à prévoir une contribution à la mise en
oeuvre de la DERU2 en fin de période.
Au regard de son poids relatif dans le parc national, la stratégie à adopter pour la conformité de
l?assainissement en Île-de-France constitue un élément clé du programme national de mise en
oeuvre. À titre d?exemple, au regard de ses consommations d?énergie, tout écart à la neutralité
pourrait soit nécessiter des efforts très difficiles à atteindre pour le reste du parc national en cas de
production insuffisante d?énergies renouvelables, soit dans le cas contraire apporter à la fois un
bénéfice économique pour le SIAAP mais aussi pour l?atteinte des objectifs nationaux.
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Résumé
Liste des recommandations
Introduction
1 Contexte et éléments de méthode
2 Appréciation critique des nouveaux objectifs de la DERU2
2.1 La gestion des eaux résiduaires par temps de pluie
2.1.1 L?introduction de plans de gestion intégrée des eaux résiduaires urbaines
2.1.2 Un objectif de réduction des rejets par temps de pluie ambitieux, appuyé sur la charge polluante, en référence à celle collectée par temps sec
2.1.3 Ce qu?il faut retenir pour la mise en oeuvre
2.2 Le traitement de l?azote et du phosphore
2.2.1 Des enjeux différents par strates de STEU
2.2.2 Éléments sur les techniques et les coûts
2.2.3 Ce qu?il faut retenir pour mettre en oeuvre les obligations sur le phosphore et l?azote
2.3 Le traitement des micropolluants
2.3.1 La nécessité de répondre à plusieurs questions préalables
2.3.1.1 Quel est le fait générateur de la contribution des metteurs en marché ?
2.3.1.2 Quels sont les coûts à couvrir ?
2.3.1.3 Quel est le prorata de contribution des secteurs soumis à la REP ?
2.3.1.4 Quelle organisation pour prendre en charge cette responsabilité élargie des producteurs, éco-organisme ou organisation appuyée sur les Agences de l?eau ?
2.3.2 Éléments sur les techniques et les coûts
2.3.3 Ce qu?il faut retenir pour mettre en oeuvre le traitement des micropolluants
2.4 Efficacité énergétique, neutralité énergétique et neutralité carbone
2.4.1 Des objectifs à atteindre à l?échelle nationale
2.4.2 Ce qu?il faut retenir pour la mise en oeuvre de la neutralité énergétique et de la neutralité carbone
2.5 Surveillance et rapportage
2.5.1 Les obligations de la DERU2
2.5.2 Des évolutions profondes à prévoir dès à présent et à structurer dans la durée pour les systèmes d?information
2.6 Autres enjeux
2.6.1 Les petites agglomérations et l?assainissement non collectif
2.6.2 Rejets d?eaux usées non domestiques
2.6.3 Réutilisation de l?eau et rejets d?eaux urbaines résiduaires (REUT)
2.7 Travaux transversaux à engager rapidement
2.7.1 Définir un lexique commun
2.7.2 Définir les zones, listes et informations requises, dans un calendrier unique
3 Éléments d?appréciation des coûts de la DERU2
3.1 Enseignements de l?enquête initiée par la mission
3.1.1 Enseignements généraux
3.1.2 Enseignements utiles pour affiner le calcul des coûts
3.1.2.1 Temps de pluie
3.1.2.2 Azote / Phosphore
3.1.2.3 Micropolluants
3.1.2.4 Énergie et gaz à effet de serre
3.2 Hypothèses transversales pour l?évaluation des coûts
3.3 La gestion des rejets par temps de pluie
3.4 Le traitement tertiaire
3.5 Le traitement quaternaire
3.6 La neutralité énergétique
3.7 Conclusions de la mission
4 Mettre en place des stratégies nationale et par bassin pour optimiser la mise en oeuvre de la DERU2
4.1 Critères pour une stratégie
4.1.1 Mettre les bénéfices environnementaux au coeur du dispositif
4.1.2 Tenir compte des projets des collectivités et du risque de tension sur les marchés
4.2 Articuler les stratégies nationales, de bassin et d?agglomération, dans un calendrier connu de tous
4.2.1 Rôle et pilotage de l?échelon national
4.2.1.1 Propositions pour la gouvernance
4.2.1.2 Donner les grandes lignes de la répartition de l?effort par bassin
4.2.1.3 Organiser et piloter le calendrier
4.2.1.4 Mettre les soutiens en adéquation avec la stratégie retenue
4.2.2 Déclinaison du programme national par bassin
4.2.2.1 Adapter les structures et les processus existants
4.2.2.2 Établir une programmation adaptée à chaque bassin
4.2.2.3 Les Régions ultra périphériques
4.3 Une organisation renforcée et adaptée de l?État et de ses opérateurs
4.3.1 Renforcer les services en charge, à commencer par la police de l?eau
4.3.2 Élaborer une feuille de route pour les principaux opérateurs
Conclusion
Annexes
Annexe 1. Lettre de mission
Annexe 2. Liste des personnes rencontrées
Annexe 3. Glossaire des sigles et acronymes
Annexe 4. Rappel sur le contentieux européen sur la DERU
Annexe 5. Contenu de la directive
Annexe 6. Questionnaire en vue d?une évaluation des coûts et bénéfices de la DERU2 à l?échelle nationale
Annexe 7. Fiches par articles
Annexe 8. Procédés permettant de traiter les micropolluants issus des produits pharmaceutiques et cosmétiques
Annexe 9. Étapes de mise en oeuvre d?une filière REP
Annexe 10. Déclaration protocolaire de la France
Annexe 11. Description des scénarios pour l?évaluation des coûts
Annexe 11.1. Traitement quaternaire
Annexe 11.2. Traitement tertiaire
Annexe 11.3. Neutralité énergétique
Annexe 11.4. - Temps de pluie - établissement des plans de gestion intégrée
INVALIDE)