Préconisations pour la mise en oeuvre de la TRACC dans les politiques de l'environnement, du climat, de l'énergie, des transports, de la construction et de l'urbanisme
MACHUREAU, Laurent ;PALHOL, Fabien ;SAINT-GERMAIN, Sabine ;STRAUSS, Marc
Auteur moral
France. Inspection générale de l'environnement et du développement durable (IGEDD)
Auteur secondaire
Résumé
<div style="text-align: justify;">Les émissions de gaz à effet de serre continuent à croître au détriment des objectifs fixés par l'Accord de Paris. En 2024, le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) estime que les contributions déterminées au niveau national (CDN) mènent à une trajectoire d'élévation des températures de l'ordre de 3 degrés à la fin du siècle. L'adaptation au changement climatique doit tenir compte de cette réalité et le 3ème Plan National d'Adaptation au Changement Climatique (PNACC) se base sur une Trajectoire de référence de réchauffement pour l'adaptation au changement climatique (TRACC) similaire : + 3 degrés sur la planète à l'horizon 2100 (+ 4 degrés en France métropolitaine). Les réglementations, normes, plans et programmes alignés avec la TRACC doivent être identifiés. L'adaptation s'impose à tous - État, collectivités territoriales, entreprises, ménages, associations - et requiert des outils pour définir les mesures nécessaires. La TRACC leur fournit des valeurs de référence à court, moyen et long terme. L'enjeu est d'enclencher un processus d'adaptation fondé sur des méthodes robustes, des données fiables, appropriables et à coûts raisonnables. Les acteurs doivent s'approprier les enjeux, les outils et les modes opératoires en se conformant au processus suivant : donner un fondement juridique clair au PNACC et à la TRACC ; compléter les jeux de données fournis par la TRACC, les mettre à disposition du public et apporter un appui méthodologique ; susciter l'utilisation de la TRACC dans la mise à jour des normes et référentiels techniques ; rendre obligatoire son utilisation dans les études préalables à l'élaboration de plans et programmes ; étudier la conditionnalité de certaines aides de l'État à l'utilisation de la TRACC dans les études de projet ; envisager enfin des évolutions plus approfondies des usages et du déploiement de la TRACC. Pour base juridique, il est proposé un décret en Conseil d'État précisant la manière dont la France met en oeuvre la « Loi climat » européenne. Ainsi, il faudrait modifier certaines dispositions réglementaires des codes de l'environnement, de l'urbanisme et des collectivités territoriales ; les dispositions relatives à l'évaluation environnementale des plans et programmes, ainsi que des projets qui y sont soumis. Dans certains domaines (énergie, transports, construction, etc.), il apparaît préférable de passer par une évolution des normes et référentiels techniques plutôt que par une modification des textes réglementaires. Concernant les réseaux d'infrastructures d'énergie et de transports, l'État doit s'assurer que les plans d'adaptation des entreprises soient fixés sur la base d'études de vulnérabilité en définissant les niveaux de service et en validant les plans d'investissements. Des mesures incitatives voire une conditionnalité des aides de l'État à la réalisation des études de vulnérabilité pourraient être étudiées. Enfin, les actions de l'État et de ses opérateurs devraient améliorer la gouvernance et le pilotage de l'adaptation au changement climatique, construire un cadre méthodologique robuste, renforcer les capacités et les connaissances, et développer les actions de communication et d'engagement des parties prenantes. Il serait illusoire de modifier uniquement quelques prescriptions réglementaires sans structurer l'accompagnement technique et financier des acteurs par une action de l'État et de ses opérateurs.</div>
Editeur
IGEDD
Descripteur Urbamet
gouvernance
;stratégie
;politique publique
;changement climatique
Descripteur écoplanete
réchauffement climatique
Thème
Administration publique
;Cadre juridique
;Méthodes - Techniques
Texte intégral
-
https://www.igedd.developpement-durable.gouv.fr/
Rapport n° 015725-01
Avril 2025
Laurent Machureau - IGEDD
Fabien Palhol - IGEDD
Sabine Saint-Germain - IGEDD
Marc Strauss - IGEDD
(coordonnateur)
Préconisations pour la mise en oeuvre de la TRACC dans
les politiques de l?environnement, du climat, de l?énergie,
des transports, de la construction et de l?urbanisme
P
U
B
L
I É
Les auteurs attestent qu'aucun des éléments de leurs activités
passées ou présentes n'a affecté leur impartialité dans la rédaction
de ce rapport
Statut de communication
? Préparatoire à une décision administrative
? Non communicable
? Communicable (données confidentielles occultées)
? Communicable
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Sommaire
Sommaire........................................................................................................................ 3
Résumé ........................................................................................................................... 7
Liste des recommandations .......................................................................................... 9
Introduction .................................................................................................................. 13
1 Contexte et questions clés ....................................................................................... 14
1.1 Notions clés ......................................................................................................... 14
1.1.1 Le PNACC ................................................................................................. 14
1.1.2 La TRACC .................................................................................................. 15
1.1.3 L?adaptation au changement climatique ..................................................... 16
1.1.4 Vulnérabilités au changement climatique ................................................... 18
1.2 Souhaite-t-on faire de la TRACC seulement une « boussole » ou convient-il de
conférer à cet outil des effets juridiques et financiers ? ............................................. 19
1.2.1 Les grandes options possibles ................................................................... 19
1.2.2 Conférer à la TRACC des effets juridiques et financiers comporte à la fois
des risques et des opportunités. ......................................................................... 20
1.2.3 Comment limiter ces risques ? ................................................................... 21
2 Ancrer dans le droit le PNACC et la TRACC ........................................................... 23
2.1 Situation actuelle : un encadrement juridique faible de l?adaptation mais une
préoccupation croissante des juridictions : ................................................................ 23
2.2 Contexte européen .............................................................................................. 25
2.2.1 Le droit de l?UE prévoit des plans d?adaptation mais pas de TRACC à ce
jour ...................................................................................................................... 25
2.2.2 La stratégie européenne d?adaptation au changement climatique pourrait
s?appuyer sur des références de réchauffement : ............................................... 25
2.2.3 La taxonomie verte européenne et la directive CSRD sur le reporting sur
les informations en matière de durabilité, en cours de déploiement, prévoient
des évaluations de vulnérabilité sur la base des scénarios du GIEC .................. 26
2.3 Loi ou décret pour fonder juridiquement PNACC et TRACC ? : ........................... 27
2.3.1 La voie législative permettrait d?afficher un niveau d?ambition élevé? : ..... 27
2.3.2 ? mais la voie réglementaire parait suffisante s?il s?agit seulement de
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fonder le PNACC et la TRACC : .......................................................................... 28
2.4 Développer un processus incitatif sur la base de la TRACC ................................ 29
2.5 Ajuster le cadre réglementaire en rendant obligatoires dans certains cas des
études de vulnérabilité (EV) sur la base de la TRACC : ............................................ 30
3 Politiques publiques impactées ............................................................................... 31
3.1 Plans et programmes territoriaux transversaux .................................................... 31
3.1.1 Niveau local................................................................................................ 32
3.1.2 Niveau régional .......................................................................................... 35
3.2 Évaluation environnementale ............................................................................... 36
3.2.1 Plans et programmes ayant une incidence notable sur l?environnement à
l?exception des plans et programmes en matière d?urbanisme ............................ 36
3.2.2 Plans et programmes ayant une incidence notable sur l?environnement en
matière d?urbanisme ............................................................................................ 38
3.2.3 Projets de travaux, d?ouvrages ou d?aménagements soumis à étude
d?impact............................................................................................................... 38
3.3 Approche sectorielle ............................................................................................ 39
3.3.1 Environnement ........................................................................................... 39
3.3.2 Risques ...................................................................................................... 43
3.3.3 Construction, aménagement et urbanisme : ............................................... 46
3.3.4 Gestionnaires de réseaux d?infrastructures ................................................ 47
3.4 Politiques publiques ne relevant pas du périmètre de la mission : ....................... 52
4 Méthodologie et outils pour l?intégration de la TRACC ......................................... 53
4.1 Cadre méthodologique pour l?évaluation des risques climatiques ........................ 53
4.2 Élaboration et mise en oeuvre d?une stratégie d?adaptation ................................. 54
4.3 Gouvernance et portage politique ........................................................................ 55
4.3.1 Structures de gouvernance et coordination des acteurs ............................. 55
4.3.2 Pilotage de la TRACC ................................................................................ 56
4.4 Financements et mécanismes d?incitation ........................................................... 57
4.4.1 Mobiliser des financements dédiés à l?adaptation ...................................... 57
4.4.2 Mécanismes d?incitation et de conditionnalité ............................................. 58
4.5 Renforcement des capacités et reconnaissance des initiatives en matière
d?adaptation ............................................................................................................... 59
4.5.1 Développement des compétences et structuration d?un programme de
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formation ............................................................................................................. 60
4.5.2 Partage des connaissances et outils d?accompagnement .......................... 60
4.5.3 Valorisation et reconnaissance des démarches d?adaptation ..................... 61
Conclusion ................................................................................................................... 62
Annexes ........................................................................................................................ 64
Annexe 1. Lettre de mission........................................................................................ 65
Annexe 2. Liste des personnes rencontrées ............................................................. 68
Annexe 3. Glossaire des sigles et acronymes ........................................................... 77
Annexe 4. Phasage de la mise en oeuvre des recommandations ............................. 79
Annexe 5. Précisions sur la TRACC ........................................................................... 80
Annexe 5.1. Construction de la TRACC ..................................................................... 80
Annexe 5.2. TRACC et Scénarios du GIEC ............................................................... 82
Annexe 5.3. Déclinaison de la TRACC ...................................................................... 83
Annexe 5.4. Pourquoi la TRACC ? ............................................................................ 86
Annexe 6. Jurisprudences en matière d?adaptation au changement climatique .... 87
Annexe 7. Textes à prendre ou à modifier pour la mise en oeuvre de la TRACC .... 89
Annexe 8. Précisions complémentaires sur la Taxonomie verte européenne et la
directive CSRD ......................................................................................................... 93
Annexe 9. Cadre méthodologique pour l?adaptation au changement climatique ... 95
Annexe 9.1. Cadre méthodologique pour l?évaluation des risques climatiques .......... 95
Annexe 9.1.1 Définition des objectifs et principes méthodologiques ................... 95
Annexe 9.1.2 Analyse des vulnérabilités et des risques climatiques ................... 96
Annexe 9.2. Élaboration et mise en oeuvre d?une stratégie d?adaptation ................... 98
Annexe 9.2.1 Recensement et hiérarchisation des solutions d?adaptation .......... 98
Annexe 9.2.2 Élaboration d?un plan d?action et mise en oeuvre ........................... 99
Annexe 9.3. Formation et renforcement des capacités ............................................ 101
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Annexe 9.3.1 Renforcer les compétences des acteurs publics et privés ........... 101
Annexe 9.3.2 Vers un programme national de formation ? ............................... 102
Annexe 9.3.3 Développement d?outils d?accompagnement et de partage des
connaissances .................................................................................................. 102
Annexe 9.3.4 Valorisation et reconnaissance des initiatives d?adaptation ......... 103
Annexe 9.4. Communication et engagement des parties prenantes ........................ 103
Annexe 9.4.1 Communication interne et partage d?informations ....................... 103
Annexe 9.4.2 Concertation avec les acteurs locaux et les secteurs d?activité ... 104
Annexe 9.4.3 Sensibilisation du grand public et participation citoyenne ............ 104
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Résumé
Les émissions de gaz à effet de serre continuent à croître et l?atteinte des objectifs fixés dans
l?Accord de Paris (maintenir l?élévation de la température au-dessous de 2 degrés, par rapport aux
niveaux préindustriels, et poursuivre l?action menée pour la limiter à 1,5 degrés) de plus en plus
incertaine. Dans son bilan mondial 2024, le Programme des Nations unies pour l?environnement
(PNUE) estime que les contributions déterminées au niveau national (CDN) mènent à une
trajectoire d?élévation des températures de l?ordre de 3 degrés à la fin du siècle.
L?adaptation au changement climatique doit, sans pour autant renoncer aux efforts indispensables
pour atteindre les objectifs de l?Accord de Paris, tenir compte de cette réalité. Le 3ème Plan National
d?Adaptation au Changement Climatique (PNACC), publié le 10 mars 2025, se base donc sur une
Trajectoire de référence de réchauffement pour l?adaptation au changement climatique (TRACC)
qui conduit à atteindre + 3 degrés sur la planète à l?horizon 2100, soit + 4 degrés en France
métropolitaine.
Dans ce contexte, le Ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires,
M. Christophe Béchu, a confié par lettre du 29 mai 2024, à l?IGEDD une mission « sur l?identification
des réglementations, normes, plans et programmes dont l?alignement avec la TRACC devrait être
recherché » afin de donner à cette trajectoire un caractère opérationnel et concret. Le périmètre
de la mission a été circonscrit aux politiques dépendant du « pôle ministériel » (environnement,
climat, transports, énergie, urbanisme, logement, etc.). Un travail de même nature serait
nécessaire pour d?autres politiques relevant d?autres ministères.
L?adaptation s?impose à tous : État, collectivités territoriales, entreprises, ménages, associations,
etc. Pour définir les mesures d?adaptation nécessaires, les acteurs ont besoin d?outils facilement
appropriables. La TRACC, approximation du scénario central du GIEC, a été conçue pour fournir
des valeurs de référence à court (2030), moyen (2050) et long (2100) termes pour les diverses
données dont les acteurs ont besoin. Dans certains cas, la prudence impose de prendre en
considération des évolutions plus défavorables que la TRACC, notamment pour assurer la
résilience d?infrastructures critiques ou la sécurité des populations.
L?enjeu n?est pas d?imposer la TRACC comme une référence universelle unique mais d?enclencher
un processus progressif d?adaptation fondé sur des méthodes robustes et des données fiables et
facilement appropriables à des coûts raisonnables. Il s?agit de faire en sorte que les acteurs
s?approprient progressivement les enjeux de l?adaptation, les outils mis à leur disposition et les
modes opératoires permettant d?agir efficacement. Un processus de long terme pourra être ainsi
construit sans imposer initialement trop de « prescriptivité ». Ce processus pourrait comporter les
étapes suivantes :
1/ donner un fondement juridique clair au PNACC et à la TRACC ;
2/ compléter les jeux de données fournis par la TRACC, les mettre à disposition du public et
apporter un appui méthodologique renforcé aux collectivités territoriales et aux entreprises ;
3/ susciter l?utilisation de la TRACC dans la mise à jour des normes et référentiels techniques et
appeler les constructeurs et exploitants de réseaux d?énergie et de transport à la considérer comme
le scénario le moins pessimiste à prendre en compte dans leurs travaux d?adaptation ;
4/ rendre obligatoire l?utilisation de la TRACC dans les études préalables à l?élaboration de plans
et programmes pour lesquels l?adaptation constitue un enjeu important et intégrer la TRACC dans
l?évaluation environnementale (tant pour les plans et programmes que pour les projets) ;
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5/ étudier la conditionnalité de certaines aides de l?État à l?utilisation de la TRACC dans les études
de projet pour s?assurer de la résilience des projets financés ;
6/ enfin, à l?issue de ce processus, envisager des évolutions plus approfondies par voie législative
après évaluation des usages de la TRACC et de son déploiement.
Un décret apparaît suffisant pour donner une base juridique à la PNACC et à la TRACC sans
introduire de nouvelles contraintes juridiques. Pour ce faire, la mission propose de prendre un
décret en Conseil d?État précisant la manière dont la France met en oeuvre l?article 5 du règlement
européen 2021/1119 (« Loi climat » européenne). Il devra être complété par des décrets
spécifiques adoptant périodiquement les PNACC et la TRACC.
Lorsque les outils et l?accompagnement nécessaires auront été mis en place, il conviendra de
donner à la TRACC des effets juridiques pour en faire davantage qu?une simple « boussole ».
La mission propose de limiter ces effets juridiques à l?obligation de réaliser des études de
vulnérabilité dans certains plans et programmes. Cela peut être fait par voie réglementaire puisque
ces études s?inscrivent dans les diagnostics déjà prévus dans le cadre juridique actuel.
La mission propose ainsi de modifier certaines dispositions réglementaires des codes de
l?environnement, de l?urbanisme et des collectivités territoriales pour rendre obligatoires ces études
de vulnérabilité dans les PCAET ou, à défaut de PCAET, dans les SCOT, ainsi que dans les
SRADDET, les SAR, le SDRIF, le PADDUC, les DSF, les SAGE, les SDAGE, les chartes des parcs
naturels, les PPRN et les PGRI.
Elle propose également de modifier les dispositions relatives à l?évaluation environnementale des
plans et programmes, ainsi que des projets qui y sont soumis, afin que « l?évolution probable » de
l?état de l?environnement sur le territoire concerné soit appréhendé sur la base de la TRACC, sans
pour autant rendre obligatoire une étude de vulnérabilité en dehors des cas mentionnés ci-dessus
et dès lors que des études de vulnérabilité au niveau intercommunal sont disponibles.
Dans le cas des PPRN, qui dépendent de l?État et non des collectivités territoriales, la mission
suggère d?aller au-delà de l?étude de vulnérabilité en imposant de préciser les mesures de
remédiation.
Dans certains domaines (énergie, transports, construction, etc.), il apparaît préférable de passer
par une évolution des normes et référentiels techniques plutôt que par une modification des textes
réglementaires. S?agissant plus particulièrement des réseaux d?infrastructures d?énergie et de
transports, il s?agit essentiellement pour l?État, actionnaire ou concessionnaire, de s?assurer que
les plans d?adaptation au changement climatique des entreprises soient fixés, a minima, sur la
base d?études de vulnérabilité fondées sur la TRACC. Cela suppose également que l?État définisse
en lien avec les parties prenantes les niveaux de service et valide les plans d?investissements
indispensables pour faire face aux effets du changement climatique.
Des mesures incitatives, voire, dans certains cas (par exemple les actions de l?ANRU), une
conditionnalité des aides de l?État à la réalisation des études de vulnérabilité fondées a minima sur
la TRACC pourrait être étudiée pour éviter la « maladaptation ».
Enfin, la mission préconise un ensemble d?actions de l?État et de ses opérateurs pour améliorer la
gouvernance et le pilotage de l?adaptation au changement climatique, construire un cadre
méthodologique robuste, renforcer les capacités et les connaissances, développer les actions de
communication et d?engagement des parties prenantes.
Les recommandations et les préconisations du présent rapport constituent un tout. Il serait en effet
illusoire de se contenter de modifier quelques prescriptions réglementaires sans structurer
l?accompagnement technique et financier des acteurs par une action de l?État et de ses opérateurs.
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Liste des recommandations
Recommandation 1. [MTE puis SGAE] Proposer à la Commission européenne d?intégrer
une TRACC, exprimée sur la base d?une référence de réchauffement mondiale, dans le plan
européen d?adaptation au changement climatique en préparation afin d?ouvrir un débat au
niveau européen sur cette approche. .................................................................................. 27
Recommandation 2. [MTE] Fonder juridiquement le PNACC et la TRACC sur la base d?un
décret en Conseil d?État mettant en oeuvre l?article 5 du règlement européen 2021/1119 et
créant un article R 229-4-1 dans le code de l?environnement puis prendre des décrets
spécifiques approuvant le PNACC et la TRACC. ............................................................... 29
Recommandation 3. [MTE] Modifier les dispositions réglementaires relatives aux plans et
programmes territoriaux dans le Code général des collectivités territoriales (SRADDET,
SDRIF, SAR, PADDuC), le code de l?environnement (PCAET, DSF) et le code de
l?urbanisme (SCoT), pour prévoir des études vulnérabilité fondées sur la TRACC ou des
hypothèses de réchauffement climatiques plus défavorables lors de l?adoption ou de la
révision de ces documents. ................................................................................................. 36
Recommandation 4. [MTE] Modifier les textes réglementaires pertinents en matière
d?évaluation environnementale des plans et programmes et d?étude d?impact des projets.
L?analyse ou la description de l?évolution de l?état de l?environnement devra prendre en
compte la TRACC, prévue à l?article R. 299-4-1 du code de l?environnement ou, si cela est
jugé plus pertinent, des hypothèses de réchauffement climatique plus défavorables. Elle
examinera l'évolution de l'environnement avant la réalisation du plan, du programme ou du
projet et après celle-ci. La prise en compte de la TRACC pourra être effectuée sur la base
des études de vulnérabilité déjà disponibles sur le territoire du plan, du programme ou du
projet. ................................................................................................................................... 39
Recommandation 5. [MTE/DGALN] Modifier les arrêtés du ministère chargé de
l?environnement prévus par les articles R 212-3 et R 212-49 du code de l?environnement,
respectivement relatifs aux SDAGE et aux SAGE, pour préciser que dès leur prochaine
révision, une analyse de la vulnérabilité du territoire aux effets du changement climatique
devra être effectuée sur la base de la TRACC ou sur des hypothèses de réchauffement
climatique ayant des impacts plus négatifs au regard de certains enjeux pour les acteurs
concernés. ........................................................................................................................... 41
Recommandation 6. [MTE/DGALN] introduire dans l?arrêté fixant les « principes
fondamentaux » applicables à l?ensemble des parcs nationaux français, et à l?article R 333-
3 du code de l?environnement précisant le contenu des chartes des PNR, un alinéa
concernant la prise en compte du changement climatique dans leurs chartes comportant
l?obligation de réaliser une étude de vulnérabilité fondée sur la TRACC ou sur une hypothèse
de réchauffement climatique plus défavorable. .................................................................. 43
Recommandation 7. [MTE/DGPR] Modifier certaines dispositions du code de
l?environnement (articles R. 562-11-1 et suivants, R. 566-1 et suivants, et l?article R. 566-10
et suivants) pour prendre en compte la TRACC dans les PPRN, l?EPRI et les PGRI. Il s?agit
de préciser que - ces documents devront comporter une analyse de la vulnérabilité du
territoire concerné aux effets du changement climatique sur la base de la TRACC, ou sur
des hypothèses de réchauffement climatique ayant des impacts plus négatifs. ................ 45
Recommandation 8. [MTE/DGALN et opérateurs de l?État] 1/ Intensifier les programmes de
recherche sur l?adaptation des bâtiments et des villes aux effets les plus graves du
changement climatique. 2/ Intensifier l?actualisation des DTU, en lien étroit avec les
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professionnels concernés, en prenant comme référence la TRACC. 3/ S?assurer que les
EPA intègrent dans l?ensemble de leurs projets de constructions ou d?aménagements, une
étude de la vulnérabilité au changement climatique basée sur la TRACC, ou sur une
trajectoire plus rapide et/ou conduisant à des niveaux plus élevés des températures. 4/
Intégrer dans les exigences de performances environnementales des bâtiments prévues par
l?article R. 172-4 du CCH, des valeurs de paramètres prenant en compte la TRACC pour les
constructions dont la durée de vie dépasse 20-30 ans. ..................................................... 47
Recommandation 9. [État actionnaire, gouvernance des entreprises publiques,
concessionnaires, autorités indépendantes de régulation] 1/ Donner une suite
opérationnelle à la démarche lancée en juin 2024 qui demandait aux entreprises
gestionnaires d?infrastructures dont l?État est actionnaire de conduire des études de
vulnérabilité fondées sur la TRACC et des plans d?adaptation au changement climatique.
2/ Fixer les niveaux de service que les entreprises devront continuer à assurer. 3/ Valider
les plans d?investissements correspondant aux stratégies et actions nécessaires pour
garantir ces niveaux de services en s?assurant de la soutenabilité de leur impact sur les
tarifs. 4/ Prévoir le financement de ces investissements dans l?élaboration des trajectoires
financières pluriannuelles et au sein des documents de de référence servant de cadre à
l?action des différents gestionnaires d?infrastructures et de services. ................................. 49
Recommandation 10. [MTE/DGITM, DGAC] Identifier et faire évoluer, dans les domaines
routier, ferroviaire, portuaire, fluvial et aéroportuaire, les référentiels techniques comprenant
des paramètres pour lesquels une évolution du climat telle que définie par la TRACC et par
des évolutions climatiques plus défavorables pourrait avoir un impact. Organiser,
notamment en lien avec les AOM, l?évaluation des matériels roulants (trains, métros,
tramways, bus, cars) aux conditions climatiques décrites par la TRACC en vue de leur
adaptation. ........................................................................................................................... 50
Recommandation 11. [MTE/DGEC/DGPR et ASNR] Identifier et faire évoluer, dans les
domaines du nucléaire, de l?hydroélectricité, des infrastructures pétrolières et des réseaux
électriques, les référentiels techniques comprenant des paramètres pour lesquels une
évolution du climat telle que définie par la TRACC et par des évolutions climatiques plus
défavorables pourrait avoir un impact. ................................................................................ 52
Recommandation 12. [Premier Ministre] Demander aux inspections générales des
ministères concernés de conduire des travaux analogues à ceux qui ont été confiés à
l?IGEDD afin de mettre prendre en compte la TRACC. ...................................................... 52
Recommandation 13. [MTE] Organiser la mobilisation des opérateurs de l?État, notamment
le Cerema, Météo-France et l?Ademe, pour assurer un pilotage, un renforcement et une
généralisation de l?offre intégrée de services climatiques et accompagner les acteurs
économiques, les gestionnaires d?infrastructures critiques et les collectivités territoriales
dans la réalisation d?études de vulnérabilités ou de risques, de tests de résistance à des
scénarios extrêmes (« stress tests ») et de plans d?actions permettant de répondre aux
vulnérabilités constatées dans ces études et tests. Créer une plateforme « France
Adaptation » regroupant des agents du Cerema, de l?Ademe et de Météo-France pour
assurer l?élaboration et la diffusion d?outils et services climatiques. ................................... 56
Recommandation 14. [MTE] Mettre en place une organisation fonctionnelle de pilotage
interministérielle pour superviser l?élaboration et la mise à jour régulière de la TRACC et du
PNACC et assurer la coordination de leur mise en oeuvre et de leur évaluation par les
ministères concernés, les services déconcentrés de l?État et ses opérateurs. Mettre en place
une communauté de travail sur l?adaptation, au niveau national entre l?État et les régions, et,
dans chaque région, entre l?État et les collectivités territoriales. ........................................ 57
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Recommandation 15. [MTE?MFI-MI] Apporter un financement de l?État, dans le cadre du
Fonds vert ? en particulier pour les études de vulnérabilité et l?élaboration de stratégies
d?adaptation au changement climatique territorialisées. Sensibiliser en ce sens les préfets
par circulaire. ....................................................................................................................... 58
Recommandation 16. [MTE] Renforcer les capacités des acteurs en instaurant un
programme national de formation qualifiante sur l?adaptation au changement climatique,
incluant l?utilisation de la TRACC, destiné aux équipes des ministères, des services
déconcentrés, des opérateurs de l?État et des collectivités locales afin de leur permettre de
piloter, de réaliser, d?accompagner et/ou d?instruire les dossiers liés à l?adaptation au
changement climatique........................................................................................................ 60
Une proposition de phasage de ces recommandations est présentée en annexe 4.
En plus de ces recommandations, la mission a souhaité mettre en avant un certain
nombre de préconisations au fil du rapport qui sont reprises ici.
? Préconisation 1 : [MTE puis SGAE] Étudier l?opportunité de prendre un décret précisant
les conditions de mise en oeuvre des dispositions européennes sur la taxonomie et la
CSRD en prévoyant l?utilisation de la TRACC à la place du RCP 4.5 au regard des
scénarios climatiques mentionnés dans le droit communautaire. (2.2.3)
? Préconisation 2 : [MTE] Publier la nouvelle stratégie nationale de gestion du trait de côte,
conformément à l?article L 321-13A du code de l?environnement. (3.3.1.2)
? Préconisation 3 : [MTE/DGALN] Prendre en compte la TRACC lors de la révision à mi-
parcours de la SNB ainsi que dans la prochaine révision de la stratégie nationale des aires
protégées et dans l?élaboration des plans nationaux d?actions en faveur des espèces
menacées. (3.3.1.3)
? Préconisation 4 : [MTE/DGPR] : Modifier les guides et référentiels suivant pour prendre
en compte la TRACC : élaboration des PPRN, rapportage du 4e cycle pour les cartes d?aléa
dans les TRI. (3.3.2.1)
? Préconisation 5 : [Cerema, Ademe dans les conditions actuelles / puis France Adaptation]
Élaborer et diffuser une méthodologie nationale pour l?utilisation de la TRACC dans les
analyses de vulnérabilité, en fournissant des directives claires sur le cadrage des objectifs
et des périmètres de ces analyses, les méthodes d?évaluation des vulnérabilités et
l?intégration des scénarios et des indicateurs climatiques pertinents. (4.1)
? Préconisation 6 : [MTE] Développer des systèmes de suivi, d?évaluation et de partage des
connaissances en mettant en place des indicateurs de performance, des procédures de
reporting régulières, et en capitalisant les retours d?expérience via des plateformes
collaboratives dédiées. (4.2)
? Préconisation 7 : [MTE/opérateurs de l?État] Mettre en place des campagnes de
sensibilisation autour d?initiatives exemplaires afin de favoriser la reconnaissance officielle
des bonnes pratiques, de valoriser les efforts déployés et d?inciter à leur reproduction à
plus grande échelle. (4.3.2)
? Préconisation 8 : [MTE] Accorder des subventions, crédits d'impôt et des financements
favorables (taux d'intérêt réduits pour les investissements dans des infrastructures
résilientes ou des avantages fiscaux pour les entreprises qui mettent en oeuvre des
mesures d'adaptation innovantes) aux projets alignés sur les objectifs de la TRACC.
(4.4.2.1)
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
Avril 2025
Préconisations pour la mise en oeuvre de la TRACC dans
les politiques de l?environnement, du climat, de l?énergie,
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? Préconisation 9 : [MEFSIN, MTE] Renforcer l?implication des secteurs bancaire et
assurantiel, en développant un dialogue structuré portant notamment sur l?appréciation des
risques et le partage des données, et mieux prendre en compte l?adaptation au changement
climatique dans la « finance verte ». (4.4.2.1)
? Préconisation 10 : [MTE] Engager une mission sur le développement des mécanismes
d?incitation et de conditionnalité liant sous le contrôle du Préfet, l?octroi de financement de
l?État dans les domaines de la rénovation énergétique ou d?actions de rénovation urbaine,
à l?utilisation de scénarios climatiques basés sur la TRACC dans les études de vulnérabilité
au changement climatique. (4.4.2.2)
? Préconisation 11 : [MTE] Créer des labels ou des certifications spécifiques qui
reconnaissent et valorisent les efforts entrepris, offrent une visibilité accrue et un avantage
concurrentiel aux acteurs engagés et guident les consommateurs, les investisseurs et les
partenaires. (4.5.3)
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
Avril 2025
Préconisations pour la mise en oeuvre de la TRACC dans
les politiques de l?environnement, du climat, de l?énergie,
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Introduction
Le Ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, M. Christophe Béchu, a
confié par lettre du 29 mai 2024, à l?IGEDD une mission « sur l?identification des réglementations,
normes, plans et programmes dont l?alignement avec la TRACC devrait être recherché ».
Cette commande fait suite à la mission de parangonnage sur les politiques d?adaptation au
changement climatique réalisée par l?IGEDD en 2022 lors de la préparation du PNACC 31. Dans
ce rapport l?IGEDD recommandait notamment une formalisation juridique du PNACC, un
renforcement structurel de sa gouvernance et de son pilotage, « une offre intégrée de services
climatiques » des opérateurs de l?État ainsi qu?« une référence climatique exprimée sous la forme
de hausses de température et fondée sur deux scénarios du GIEC : un scénario intermédiaire et
un scénario plus pessimiste ». La TRACC reprend l?essentiel de cette dernière recommandation.
La mission a mené un grand nombre d?entretiens avec des interlocuteurs divers (ministères,
opérateurs de l?État, associations de collectivités territoriales, fédérations professionnelles, Think
tanks, entreprises publiques et privées, gestionnaires d?infrastructures, etc.).
Il est apparu une grande diversité de points de vue sur les actions à mener, le niveau de la prise
de conscience des effets du changement climatique ou sur les efforts d?adaptation au changement
climatique. Certains interlocuteurs ont fait part de leurs craintes de se voir imposer des contraintes
juridiques nouvelles, susceptibles de générer des risques contentieux. L?accompagnement
technique et financier de l?État et de ses opérateurs a également été souvent évoqué.
A la suite de ces échanges, la mission a considéré qu?il était nécessaire d?élargir le périmètre prévu
dans sa lettre de mission pour aller au-delà « d?une identification des textes dont l?alignement avec
la TRACC devrait être recherché pour donner un caractère concret et opérationnel à la TRACC »
et proposer un ensemble de préconisations pour la mise en oeuvre de la TRACC.
La lettre de mission faisait référence à une « opposabilité » de la TRACC. Cependant, compte tenu
des incertitudes que ce terme suscite, la mission a préféré éviter de parler « d?opposabilité de la
TRACC » et a cherché les voies et moyens les plus appropriés, juridiques ou non, de faire de la
TRACC une référence commune des actions d?adaptation dans les différents secteurs d?activités
relevant du pôle ministériel et parfois au-delà, sur des sujets transversaux.
La mission s?est d?abord attachée à définir un ensemble de notions clés (TRACC, adaptation au
changement climatique, vulnérabilités, opposabilité, etc.). Elle a notamment relevé que la TRACC
se distingue des scénarios du GIEC, tels que les RCP (Representative Concentration Pathways)
et les SSP (Shared Socioeconomic Pathways). Pour autant les niveaux de réchauffement de la
TRACC sont proches des scénarios intermédiaires du GIEC.
La mission a ensuite analysé les différentes options possibles pour mettre en oeuvre la TRACC :
lui conférer certains effets juridiques ou en faire une simple « boussole » accompagnée
d?incitations de diverses natures, procéder par voie législative ou réglementaire.
La mission s?est ensuite attachée à décliner les conséquences de cette approche dans les diverses
politiques publiques objets de son rapport. Elle a enfin décrit les actions nécessaires pour organiser
la gouvernance, le pilotage et l?accompagnement des acteurs.
La mission considère que l?utilisation effective de la TRACC appelle un ensemble de modifications
réglementaires et de référentiels techniques, d?incitations, de cadrage méthodologique, de
développement des services climatiques des opérateurs de l?État, d?adaptation des modalités
d?intervention de l?État actionnaire, de pilotage et de gouvernance qui sont développés ci-après.
1 https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/documents/Rapport_IGEDD_Adaptation.pdf
PUBLIÉ
https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/documents/Rapport_IGEDD_Adaptation.pdf
Rapport n° 015725-01
Avril 2025
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1 Contexte et questions clés
1.1 Notions clés
1.1.1 Le PNACC
Le Plan National d?Adaptation au Changement Climatique (PNACC) constitue la stratégie française
visant à anticiper et à limiter les impacts du changement climatique sur le territoire national. Conçu
pour structurer et harmoniser les politiques d?adaptation, il s?inscrit dans un cadre évolutif, actualisé
périodiquement afin d?intégrer les avancées scientifiques et les nouvelles priorités politiques. Trois
plans se sont succédé, le troisième ayant été adopté le 10 mars 2025 après une consultation
publique. Le PNACC n?a pas de caractère contraignant en droit français (cf. 2.1).
Évolution des PNACC : de la sensibilisation à l?opérationnalisation
Le premier PNACC, adopté en 2011 pour cinq ans (2011-2015), visait à doter la France de mesures
concrètes pour anticiper les effets du changement climatique et en limiter les impacts. Il résultait
d?une concertation menée en 2010, ayant abouti à plus de 200 recommandations qui ont servi de
base à son élaboration. Présenté le 20 juillet 2011 par la ministre de l?Écologie, il constituait une
première en Europe par son ampleur et son ambition d?intégrer l?adaptation dans toutes les
politiques publiques.
Le PNACC-1 reposait sur quatre objectifs principaux : protéger les personnes et les biens, éviter
les inégalités face aux risques, limiter les coûts et tirer parti des opportunités climatiques, tout en
préservant le patrimoine naturel. Avec vingt domaines pris en compte, il couvrait un large champ
d?actions, touchant aussi bien les secteurs économiques que les infrastructures, la biodiversité, la
gestion de l?eau ou encore la santé publique. Il accordait une place importante aux enjeux de
gouvernance, à la recherche et à la formation, ainsi qu?à l?articulation entre les échelles nationale
et territoriale. Il a permis d?initier les premières études de vulnérabilité et d?encourager la prise en
compte du changement climatique dans certaines politiques sectorielles, mais son approche restait
exploratoire et non contraignante.
Le deuxième PNACC (2018-2022) a renforcé le caractère opérationnel de la stratégie française en
mettant l?accent sur l?action territoriale et la mise en oeuvre de solutions concrètes. Il s?est inscrit
dans une trajectoire climatique correspondant à un réchauffement global de 1,5 à 2 °C d?ici la fin
du siècle, en cohérence avec les engagements internationaux de la France. Ce plan insistait
notamment sur les solutions fondées sur la nature, l?adaptation des filières économiques et la prise
en compte des territoires ultramarins, particulièrement vulnérables aux événements climatiques
extrêmes. Il a aussi renforcé l?articulation entre adaptation et réglementation sectorielle, avec une
meilleure intégration des enjeux climatiques dans les normes de construction, les politiques
agricoles et les infrastructures critiques.
Le troisième PNACC, publié le 10 mars 2025, marque une évolution majeure. Il introduit notamment
la TRACC dont l?utilisation ne signifie pas un abandon des objectifs de l?Accord de Paris, mais vise
à garantir une préparation efficace face au scénario médian du GIEC. Cette approche vise à
assurer la résilience du pays face aux risques climatiques, en identifiant des actions concrètes à
entreprendre au cours des cinq prochaines années.
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
Avril 2025
Préconisations pour la mise en oeuvre de la TRACC dans
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1.1.2 La TRACC
La Trajectoire de réchauffement de référence pour l?adaptation au changement climatique
(TRACC) a été mise en place par le ministère de la Transition écologique pour doter les acteurs
publics et privés d?un cadre de référence commun en matière d?adaptation. La TRACC repose sur
une démarche pragmatique qui part du constat que, quelles que soient les évolutions futures des
politiques de réduction des émissions, il est impératif d?anticiper les impacts d?un climat modifié et
de s?y adapter.
L?un des objectifs majeurs de la TRACC est d?harmoniser les pratiques et les outils utilisés pour
l?adaptation, en assurant une cohérence entre les travaux menés par les collectivités, les services
de l?État, les gestionnaires d?infrastructures et les entreprises. À l?heure actuelle, l?absence d?un
cadre méthodologique commun peut entraîner une hétérogénéité dans les analyses de
vulnérabilité, rendant difficile la comparaison entre territoires et secteurs. La TRACC vise donc à
unifier les hypothèses climatiques utilisées pour l?évaluation des risques, faciliter leur usage et
éviter des divergences méthodologiques qui compliqueraient la prise de décision et la mise en
oeuvre de stratégies efficaces.
La TRACC adopte une approche fondée sur trois niveaux de réchauffement climatique mondial :
+1,5 °C, +2 °C et +3 °C par rapport à l?ère préindustrielle (1850-1900). Ces niveaux correspondent
aux estimations produites par le Programme des Nations Unies pour l?Environnement (PNUE) dans
ses rapports annuels publiés avant chaque COP climat23.
Appliqués à la France métropolitaine, ces niveaux correspondent respectivement à +2 °C, +2,7 °C
et +4 °C en raison du fait qu?elle se réchauffe environ 30 % plus vite que la moyenne mondiale.
Ces seuils ont été validés en 2023 à l?issue d?une consultation publique. Cette structuration permet
d?offrir aux décideurs une vision claire des futurs climatiques plausibles et d?adapter les stratégies
en conséquence.
2 Emissions Gap Report 2024 | UNEP - UN Environment Programme
3 Ces valeurs sont cohérentes avec un scénario de mise en oeuvre des engagements pris par les Etats dans les
NDC (Nationaly Determined Contributions) dans le cadre international des négociations sur climat. La crédibilité de
ce scénario est cependant liée au contexte politique mondial. Il est très dépendant des financements et de la
coopération internationale. Les évolutions récentes aux Etats-Unis (retrait de l?Accord de Paris, démantèlement
d?US Aid et désengagement des financements internationaux) pourraient conduire à une remise en cause des
engagements pris et à une trajectoire plus défavorable.
PUBLIÉ
https://www.unep.org/resources/emissions-gap-report-2024
Rapport n° 015725-01
Avril 2025
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La TRACC repose sur des projections climatiques issues du jeu de données TRACC-2023, élaboré
par Météo-France sur la base des modèles produits dans le cadre du programme Explore2 et
correspond à une sélection des simulations climatiques les plus récentes produites à l?échelle
européenne (EURO-CORDEX) qui décline sur l?Europe les simulations globales utilisées dans le
5e rapport du GIEC. Une projection à une maille de 8 km permet une déclinaison territorialisée des
impacts climatiques, en tenant compte des spécificités locales. Les projections climatiques de la
TRACC utilisent exclusivement le scénario RCP8.5, qui simule un réchauffement soutenu à long
terme. Ce choix méthodologique permet de disposer d?un jeu de simulations homogène, facilitant
l?interprétation des résultats et garantissant que toutes les données sont issues du même cadre
scientifique.
La TRACC se distingue nettement des scénarios du GIEC, tels que les RCP (Representative
Concentration Pathways) et les SSP (Shared Socioeconomic Pathways). Alors que les RCP sont
des trajectoires basées sur des hypothèses d?évolution des émissions de gaz à effet de serre et
leurs impacts physiques, et que les SSP intègrent des dimensions socio-économiques pour
envisager différents futurs possibles en fonction du développement humain, la TRACC ne repose
ni sur des hypothèses d?émissions, ni sur des trajectoires socio-économiques. Elle adopte une
approche pragmatique en fixant directement des seuils de réchauffement pour la France,
permettant ainsi aux acteurs de l?adaptation de travailler sur des bases concrètes sans dépendre
des incertitudes liées aux politiques globales d?atténuation.
L?un des principaux apports de la TRACC réside dans sa capacité à faciliter la structuration et
l?homogénéisation des études de vulnérabilité. En fournissant un cadre de référence stable et
scientifiquement validé, la TRACC garantit que ces évaluations s?appuient sur des hypothèses
cohérentes, facilitant ainsi les comparaisons entre régions et secteurs et aidant les décideurs à
prioriser les mesures d?adaptation.
Un autre élément fondamental de la TRACC réside dans sa capacité à rendre les projections
climatiques accessibles et opérationnelles. Les données issues de la TRACC-2023 sont mises à
disposition sur des plateformes comme DRIAS ? Les futurs du climat, permettant aux collectivités
et aux entreprises d?accéder facilement aux informations dont elles ont besoin pour leurs analyses.
Par ailleurs, des outils pédagogiques et synthétiques, tels que Climadiag Commune, facilitent
l?appropriation des enjeux climatiques par les acteurs locaux et favorisent leur intégration dans les
décisions publiques et privées.
La déclinaison territorialisée de la TRACC permet également une prise en compte fine des
spécificités locales. Les projections climatiques élaborées à une échelle régionale ou
départementale mettent en évidence des différences marquées selon les territoires : intensification
des vagues de chaleur dans les zones urbaines, augmentation des sécheresses dans les régions
agricoles, modification des régimes hydrologiques dans les bassins versants, etc. Cette granularité
de l?analyse permet aux décideurs locaux de mieux évaluer les risques auxquels ils sont exposés
et d?adapter leurs stratégies en conséquence. Ces éléments de présentation de la TRACC sont
complétés dans l?annexe 5.
1.1.3 L?adaptation au changement climatique
L?adaptation au changement climatique peut être définie comme un processus d?ajustement face
aux évolutions climatiques actuelles et futures ainsi qu?aux effets qu?elles entraînent. Selon le Haut
Conseil pour le Climat (HCC), l?adaptation est un « processus d?ajustement au climat actuel ou
attendu ainsi qu?à ses effets pour en réduire les impacts négatifs ou en exploiter les opportunités
bénéfiques ». Cette approche met en avant la diversité des réponses possibles, qui ne se limitent
pas à un simple renforcement des infrastructures, mais qui nécessitent une vision systémique
intégrant les interactions sectorielles, les échelles géographiques et temporelles, ainsi que les
dynamiques sociales et économiques.
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
Avril 2025
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L?adaptation est une approche pluridimensionnelle qui répond à deux enjeux distincts : la gestion
des tendances climatiques à long terme (hausse des températures, modification des régimes de
précipitations, élévation du niveau de la mer) et l?anticipation des événements climatiques extrêmes
(vagues de chaleur, tempêtes, sécheresses, inondations).
Cette distinction est essentielle, car elle implique des stratégies différenciées : certaines mesures
sont conçues pour atténuer les effets progressifs du changement climatique, tandis que d?autres
doivent permettre de renforcer la résilience face aux crises aiguës.
L?adaptation repose sur plusieurs leviers stratégiques, qui varient selon les spécificités des
territoires, des infrastructures et des activités concernées :
? Le renforcement, qui consiste à accroître la robustesse des systèmes afin qu?ils puissent
résister à des conditions climatiques plus sévères. Cette approche peut être progressive
(ajustements techniques ou technologiques) ou plus structurelle (transformation complète
d?un système).
? L?acceptation du risque, qui repose sur le choix de ne pas intervenir directement sur un
système, mais de renforcer la préparation et la gestion des crises. Cette option est souvent
privilégiée lorsque les impacts sont jugés supportables ou que les coûts d?adaptation sont
trop élevés, voire quand le niveau de protection nécessaire n?est pas compatible avec
l?occurrence d?une crise ou le souhait d?évolution du territoire.
? Le retrait ou la relocalisation, qui consiste à déplacer des infrastructures ou des activités
hors des zones les plus vulnérables, lorsque l?adaptation sur place est jugée non viable.
? L?adaptation dynamique, qui repose sur des ajustements progressifs et flexibles,
permettant d?intégrer de nouvelles connaissances climatiques et d?adapter les stratégies
en fonction des évolutions observées.
? Les mesures préventives, qui incluent par exemple l?évolution des pratiques agricoles, la
gestion optimisée des ressources en eau ou encore la mise en place de systèmes d?alerte
précoce.
Dans tous les cas, il est essentiel d?intégrer le fait que l'adaptation nécessite des financements
adéquats, des ressources humaines et techniques, ainsi qu'une coordination entre les différents
niveaux de gouvernance et les parties prenantes.
L?adaptation ne peut être efficace que si elle est planifiée en fonction des spécificités locales et
sectorielles. Le choix du niveau de changement climatique auquel on s?adapte dépend du territoire
concerné, de la nature des infrastructures et des priorités socio-économiques. Par exemple, les
infrastructures critiques (réseaux électriques, hôpitaux, transports) doivent être conçues pour
résister à des scénarios de réchauffement plus sévères, tandis que d?autres équipements peuvent
adopter des seuils d?adaptation plus modérés.
L?adaptation au changement climatique nécessite également une connaissance approfondie du
territoire et de ses vulnérabilités, afin de déterminer les niveaux de service que l?on souhaite
préserver. Cette réflexion s?articule autour de deux dimensions principales :
? Le régime normal de fonctionnement, qui peut être altéré par les évolutions du climat,
nécessitant une adaptation structurelle progressive. Par exemple, une augmentation des
températures moyennes affecte la demande énergétique (climatisation en été), les
rendements agricoles ou la disponibilité en eau.
? La gestion des crises climatiques, qui requiert une capacité d?anticipation et de réponse
face aux événements extrêmes. Ces situations exigent des infrastructures et des dispositifs
de gestion capables de limiter les interruptions de service et d?assurer une continuité des
fonctions définies comme essentielles par le territoire.
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
Avril 2025
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Cette analyse doit permettre d?identifier les domaines où les investissements d?adaptation sont
prioritaires et où une approche plus souple peut être envisagée.
L?adaptation au changement climatique repose enfin sur une planification différenciée dans le
temps. Certains choix nécessitent des actions immédiates, tandis que d?autres peuvent être
intégrées progressivement, notamment en fonction de la durée de vie des actifs concernés. Une
infrastructure construite aujourd?hui doit par exemple être dimensionnée pour un climat qui
évoluera sur plusieurs décennies.
Dans ce contexte, la TRACC fournit une référence permettant d?intégrer de manière homogène le
changement climatique dans l?élaboration des stratégies et des politiques publiques. Cependant,
l?existence d?une trajectoire de référence ne signifie pas que tout doit être adapté aux niveaux de
réchauffement qu?elle définit. La TRACC est un outil d?aide à la décision, mais elle ne prescrit pas
une adaptation systématique. Elle permet d?orienter les choix en fonction des incertitudes
associées aux projections climatiques et des capacités d?adaptation propres à chaque contexte
territorial et sectoriel. Dans certains cas, il sera toutefois pertinent de considérer des scénarios plus
pénalisants que la TRACC. Ces éléments sont détaillés dans les chapitres 3 et 4 de ce rapport.
1.1.4 Vulnérabilités au changement climatique
La vulnérabilité au changement climatique est définie par le HCC et le GIEC comme la
prédisposition d?un système à être affecté négativement par les impacts climatiques, en raison de
sa sensibilité aux dommages et d?un manque de capacité à s?adapter ou à faire face aux
perturbations. Elle dépend donc de trois facteurs clés :
? L?exposition aux risques climatiques, qui reflète la fréquence et l?intensité des événements
météorologiques affectant un territoire donné.
? La sensibilité des infrastructures, des écosystèmes ou des activités économiques aux
perturbations induites par ces événements.
? La capacité d?adaptation, qui regroupe les moyens techniques, humains et financiers
permettant d?anticiper, de minimiser ou de surmonter les impacts climatiques.
L?évaluation de la vulnérabilité est une étape clé pour anticiper les impacts du changement
climatique et mettre en oeuvre des stratégies d?adaptation adaptées. Elle doit être menée à
différentes échelles, du niveau national jusqu?au niveau local, en intégrant les spécificités des
territoires et des secteurs concernés.
Or, à ce jour, contrairement à d?autres pays européens comme le Royaume-Uni ou l?Allemagne, la
France ne dispose pas d?une étude nationale exhaustive et systématique de la vulnérabilité au
changement climatique ce qui peut entraîner un morcellement des initiatives d?adaptation,
l?absence de prise en compte de certains risques qui doivent être appréhendés au niveau national
(par exemple des ruptures de chaines d?approvisionnement dans des secteurs clés) et une
hétérogénéité dans la prise en compte des risques.
Le projet de décret exposé au 2.3.2 propose de remédier à cette lacune.
Le chapitre 4 (complété par l?annexe 9) précise le cadre méthodologique à utiliser pour la
réalisation des étude vulnérabilités fondées sur la TRACC qu?il est proposé de rendre obligatoire
dans certains plans et programmes (cf. chapitre 3).
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
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1.2 Souhaite-t-on faire de la TRACC seulement une « boussole »
ou convient-il de conférer à cet outil des effets juridiques et
financiers ?
La TRACC, qui a, en 2023, recueilli un avis favorable unanime du Conseil national de la transition
écologique (CNTE) et fait l?objet d?un fort soutien lors de la consultation du public, doit assurer la
cohérence des actions d?adaptation menées en France. La TRACC a ainsi servi de socle à la
définition des actions du troisième plan national d?adaptation au changement climatique
(PNACC 3), présenté le 10 mars 2025.
De nombreux secteurs d?activité s?appuient sur des référentiels, normes ou réglementations
techniques ayant une composante climatique, qui doivent désormais tenir compte du climat futur,
à un horizon dépendant de la durée de vie escomptée des infrastructures et matériels concernés.
Les collectivités territoriales sont particulièrement concernées par l?adaptation au changement
climatique.
Le souci de provoquer un sursaut de la part de l?ensemble des acteurs est légitime de la part d?un
État stratège, garant de l?intérêt général.
Cependant, avant d?analyser les options juridiques possibles et la situation spécifique des différents
secteurs, objets de ce rapport, il convient de poser une question préalable. Souhaite-t-on faire de
la TRACC un simple instrument de référence pour les différents acteurs, une « boussole » ? A
contrario veut-on conférer à la TRACC des effets juridiques et financiers tels que l?obligation
d?effectuer des études de vulnérabilité ou la conditionnalité des financements de l?État à leur
réalisation ?
Il convient, donc avant de décider que la TRACC devienne source d?effets juridiques ? et même si
l?on évite le terme « opposabilité », qui prête à confusion et peut susciter de vives réactions ? de
mesurer les risques et les opportunités.
1.2.1 Les grandes options possibles
Comme indiqué précédemment, l?objet de la TRACC est de constituer une référence commune
pour prendre les mesures nécessaires afin d?adapter au mieux notre pays au changement
climatique à court, moyen et long terme. En elle-même elle n?a aucun effet juridique. Plusieurs
choix s?offrent aux décideurs pour mettre en oeuvre la TRACC : utiliser le droit ou recourir à des
outils non juridiques.
1.2.1.1 Les options juridiques
S?il est souhaité conférer à la TRACC des effets juridiques, deux grandes catégories d?effets sont
possibles :
? Faire en sorte que tous les nouveaux projets, tous les projets de révision ou de
réhabilitation, ou seulement un certain nombre de réalisations importantes prennent en
compte la TRACC. L?idée serait que les études vulnérabilité préalables à ces projets soient
réalisées en se référant à la TRACC. Il en serait de même pour les plans et programmes.
? Aller au-delà, en prévoyant que l?ensemble de ces projets, plans et programmes doivent
effectivement être adaptés au réchauffement projeté par la TRACC à court, moyen et long
terme, sans qu?il s?agisse d?une obligation de résultats mais seulement de moyens. Ainsi
par exemple, les porteurs de projets devraient montrer en quoi et comment leurs projets
seraient adaptés au changement climatique prévus en 2100.
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
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En outre, ces effets peuvent être étendus « erga omnes », sans aucune restriction, ou au contraire,
être limités à certains secteurs d?activités ou à certains territoires dès lors que la différence de
traitement serait justifiée par une situation particulière et un intérêt général.
1.2.1.2 Les options non juridiques :
Un autre choix est encore possible : ne pas donner à la TRACC d?effet juridique, mais faire
seulement en sorte, par des leviers incitatifs, par des mesures d?accompagnement, par des
instructions aux services et opérateurs de l?État, qu?elle devienne peu à peu la référence
incontournable.
1.2.2 Conférer à la TRACC des effets juridiques et financiers comporte à
la fois des risques et des opportunités.
Les risques et les opportunités de donner à la TRACC une portée normative sont plus ou moins
importants selon :
? d?une part, le niveau des effets juridiques et financiers recherchés ;
? et d?autre part, les références mobilisées par les différents acteurs dans diverses
démarches (normalisation, informations financières et extra-financières, assurabilité, etc.).
Ces risques et opportunités peuvent être résumés comme suit.
1.2.2.1 Opportunités
Conférer une valeur normative à la TRACC comporte différentes opportunités. Cela permettrait
notamment de :
? S?assurer de l?utilisation par tous les acteurs d?une référence commune pertinente pour
analyser les effets du changement climatique.
? Permettre une massification des études de vulnérabilité, sur la base d?un cadre
méthodologique partagé, et donc de réduire les coûts de ces études du fait de l?utilisation
du même scénario de référence pour les acteurs confrontés aux effets du changement
climatique.
? Favoriser l?appropriation de la TRACC.
? Obliger les différents acteurs à se poser un certain nombre de questions clés lors de
l?élaboration de leurs plans, programmes et projets en réalisant des études de vulnérabilité.
? Optimiser l?allocation des ressources financières dans la mesure où les coûts de l?inaction
ou à des actions insuffisantes au regard du changement climatique sont supérieurs à ceux
d?une action préventive en amont4.
? Lutter contre la « mal-adaptation » en utilisant une trajectoire de référence incluant une
hypothèse de réchauffement sur le long terme.
? Enfin, mieux maîtriser les risques naturels et industriels.
4 Ce point est traité dans de nombreux documents : stratégie européenne sur le CC, études de vulnérabilité
britanniques et allemandes, avis du HCC.
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Rapport n° 015725-01
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1.2.2.2 Risques
A contrario, donner à la TRACC des effets juridiques et financiers comporte certains risques :
? Les collectivités territoriales et les entreprises expriment, de façon croissante, leurs
réticences au regard de nouvelles contraintes émanant de l?État, en particulier dans le
domaine du développement durable.
? L?inégalité des capacités des acteurs à s?approprier la TRACC et à en supporter le coût.
? Imposer de nouvelles obligations peut apparaître en contradiction avec l?objectif général de
simplification porté par les autorités politiques et demandé par l?ensemble des acteurs.
? De nouvelles contraintes, imposées uniquement au niveau national, sans être reprises aux
niveaux européen et international, peuvent faire peser des risques sur le développement
économique national en particulier sur la réindustrialisation.
? Ces nouvelles obligations pourraient être en décalage avec le cadre juridique européen en
cours de développement et de mise en oeuvre (CSRD qui prévoit déjà un volet adaptation
au changement climatique sur la base des scénarios du GIEC, plan européen d?adaptation
au changement climatique annoncé par la nouvelle Commission).
? L?état limité et évolutif des connaissances pourrait fragiliser la TRACC ou conduire à des
modifications de celle-ci.
? Il est vraisemblable qu?il existe des écarts entre les données climatiques découlant de la
TRACC et d?autres types de données de projection dont ont besoin les acteurs.
? Enfin, donner une valeur normative à la TRACC crée des risques contentieux pour les
acteurs concernés auxquels seraient imposées des contraintes juridiques (contentieux de
légalité et de responsabilité plus nombreux) dans un contexte où le contentieux en matière
d?environnement et de climat est en forte progression.
1.2.3 Comment limiter ces risques ?
Les risques mentionnés ci-dessus peuvent être limités selon les options retenues en matière de
périmètre des obligations, de calendrier et d?accompagnement technique et financier de l?État.
? Il est possible de restreindre, dans un premier temps les effets juridiques de la TRACC à
l?État et à ses opérateurs, puis de les étendre, dans un second temps, après une véritable
appropriation, à d?autres acteurs : collectivités locales, entreprises privées.
? Il est juridiquement moins risqué de se limiter à imposer des études de vulnérabilité en
utilisant, a minima, la TRACC que d?aller plus loin en demandant aux acteurs de déterminer
et de mettre en oeuvre les solutions de leur choix permettant de faire face aux risques
constatés.
? Il pourrait être envisagé parallèlement de conditionner certains financements de l?État
portant sur des objets fortement impactés par le changement climatique (ex :
aménagement du territoire et rénovation urbaine, infrastructures, etc.) à la réalisation des
études de vulnérabilité fondées a minima sur la base de la TRACC.
? Pour limiter la fragilité des documents et des projets, il conviendrait également de gérer
correctement les conditions de mise à jour de la TRACC en tenant compte des productions
du GIEC et de l?état général des connaissances.
? La mise en place par l?État des moyens techniques et financiers à la disposition des acteurs
impactés (cf. chapitre 4 ci-dessous) constitue un préalable à de nouvelles contraintes
juridiques. Il s?agirait notamment d?aller au-delà de la « Mission adaptation », simple
« guichet unique », pour construire une véritable plateforme intégrée « France adaptation ».
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Rapport n° 015725-01
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? Enfin, le calendrier de mise en oeuvre de nouvelles réglementations devrait être coordonné
avec celui de la mise à disposition de l?ensemble des données nécessaires aux études de
vulnérabilité ; de la mise à jour desdites études ; et de la montée en puissance de
l?ingénierie nécessaire.
Certains interlocuteurs de la mission ont été très réticents au regard de nouvelles contraintes.
D?autres ont estimé qu?il était nécessaire d?avoir un signal fort de l?État pour que la TRACC entre
rapidement dans les faits.
En toute hypothèse (et en préalable à toute éventuelle contrainte juridique), il convient de remplir
certains prérequis :
? Fourniture des données nécessaires aux différents acteurs.
? Accompagnement technique et financier de l?État, par exemple avec le Fonds vert.
? Bonne gestion de la mise à jour de la TRACC.
Il est également indispensable de développer des mécanismes incitatifs pour favoriser l?émergence
d?un environnement favorable à l?utilisation de la TRACC par les acteurs.
Afin que la démarche consistant à ce que la TRACC ait des effets juridiques soit fructueuse, il est
ainsi crucial de :
? Créer une dynamique collective avec les acteurs.
? Limiter les risques juridiques.
? Limiter les surcoûts liés aux obligations nouvelles.
? Se limiter à imposer des études de vulnérabilité en utilisant, a minima, la TRACC, plutôt
que d?aller plus loin en demandant aux acteurs de déterminer et de mettre en oeuvre les
solutions de leur choix permettant de faire face aux risques constatés.
? Privilégier une mise en oeuvre progressive en commençant par ce qui relève de l?État et
ses opérateurs.
? Etendre les éventuelles obligations, dans un second temps, après une véritable
appropriation, à d?autres acteurs : collectivités locales, entreprises privées.
? Coordonner le calendrier de mise en oeuvre de nouvelles réglementations avec celui de la
mise à disposition de l?ensemble des données nécessaires aux études de vulnérabilité, de
la mise à jour desdites études et de la montée en puissance de l?ingénierie nécessaire.
L?annexe 4 résume l?ensemble de ce séquençage en le présentant dans un graphique.
Une fois ces prérequis mis en oeuvre, il parait possible et souhaitable de conférer certains
effets juridiques à la TRACC (cf. parties 2 et 3 du rapport) plutôt que de la limiter à une
simple « boussole » à la disposition des acteurs.
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Rapport n° 015725-01
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2 Ancrer dans le droit le PNACC et la TRACC
2.1 Situation actuelle : un encadrement juridique faible de
l?adaptation mais une préoccupation croissante des
juridictions :
La TRACC n?a été officialisée que très récemment.
Elle a été rendue publique de deux manières :
? Elle a fait l?objet d?une consultation publique du 23 mai au 15 septembre 2023, portant
notamment sur les niveaux de réchauffement retenus en 2030, 2050 et 2100 ; un
communiqué de presse en a fait une restitution le 6 novembre 2023 (1 120 contributions
dont une large majorité s?est déclarée en faveur à la fois d?une TRACC et des niveaux de
réchauffement proposés).
? Le projet de PNACC 3, mis en consultation du 25 octobre au 27 décembre 20245, se fonde
sur la TRACC et incite tous les acteurs à la prendre en compte.
Pourtant actuellement, la TRACC ne fait l?objet d?aucun texte normatif : elle n?est pas
juridiquement définie, la procédure conduisant à son adoption reste floue, ses effets juridiques sont
inconnus. En l?état actuel, on ne peut donc pas y faire référence dans des textes normatifs.
Le PNACC lui-même n?est prévu que par l?article 42 de la loi n°2009-967 du 3 août 2009 de
programmation relative à la mise en oeuvre du Grenelle de l?environnement6 et ne bénéficie
d?aucun autre encadrement juridique7 . Ni son objet, ni ses effets juridiques ni sa procédure
d?adoption, ni sa durée ne sont précisés.
Il repose principalement sur des orientations stratégiques et des recommandations, qui influencent
la réglementation sectorielle mais n?imposent pas d?obligations directes aux acteurs publics et
privés. Il a un caractère principalement incitatif, qui repose sur l'engagement volontaire des acteurs
plutôt que sur des obligations légales strictes.
D?une manière générale, la politique d?adaptation a donné lieu à très peu de textes juridiques en
droit national à la différence des mesures en faveur de l?atténuation du changement climatique,
dont le corpus législatif et réglementaire est conséquent.
5 A noter que le CESE a volontairement contribué à la consultation sur le PNACC et dans ce cadre s?est montré
très favorable à « l?ambition de faire de la TRACC le fil conducteur du plan [le PNACC] et souscrit également à son
inscription dans les documents de planification publique, nationaux et territoriaux ». Il « appelle toutefois l?attention
du Gouvernement sur la fragilité juridique de cette ambition. Pour y remédier, le CESE renouvelle sa préconisation
de conférer à la TRACC un statut réglementaire afin de garantir sa portée normative et sa mise en oeuvre
progressive par les acteurs décisionnaires, publics et privés. L?annonce d?une modification du code de
l?environnement par décret, en 2025, pour introduire la TRACC comme hypothèse de travail dans l?évaluation
environnementale des plans/programmes constitue à ses yeux une avancée. » « Il recommande par ailleurs
d?intégrer une obligation similaire dans le code de l?urbanisme afin que la TRACC devienne une dimension prise
en compte dans tous les documents d?urbanisme. » (voir aussi « Face au changement climatique, accélérer une
adaptation systémique et juste » avis du CESE Novembre 2023)
6 Le dernier alinéa de l?article 42 de la loi du 3 aout 2009 mentionne : « Un plan national d'adaptation climatique
pour les différents secteurs d'activité sera préparé d'ici à 2011. »
7 Si le I de l?article L. 222-1 B du code de l?environnement indique que la stratégie bas carbone « complète le plan
national d'adaptation climatique prévu à l'article 42 de la loi n° 2009-967 du 3 août 2009 de programmation relative
à la mise en oeuvre du Grenelle de l'environnement » il n?en constitue pas une base légale (cf. conclusions de
Stéphane Hoynck, rapporteur public de décision du CE du 12 février 2021, n°428177).
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Rapport n° 015725-01
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Parmi les principaux socles de la politique d?atténuation, citons la Programmation pluriannuelle de
l?énergie (PPE) prévue par les articles L. 141-1 et suivants du code de l?énergie, la Stratégie
nationale bas-carbone (SNBC) définie par l?article L. 222-1 B du code de l?environnement ainsi que
les budgets carbone dont le principe est posé à l?article L. 222-1 A du même code.
Pourtant l?accord de Paris sur le Climat adopté le 12 décembre 2015 met sur le même plan les
objectifs d?atténuation du changement climatique et d?adaptation à ses effets néfastes (cf. article 2
point 1, a et b). Son article 7 prévoit aussi un Objectif mondial en matière d?adaptation consistant
à renforcer les capacités d?adaptation, à accroitre la résilience aux changements climatiques et à
réduire la vulnérabilité à ces changements. Il invite les Parties dans ce cadre à élaborer des plans
nationaux d?adaptation.
De son côté, l?Union européenne (UE), laquelle est partie à cet accord, a adopté « une loi
européenne sur le Climat » qui comporte ces deux volets de l?action climatique. Elle impose aux
États membres d?adopter des stratégies et des plans d?adaptation nationaux, tenant compte de la
stratégie de l?UE en matière d?adaptation et reposant sur de solides analyses des vulnérabilités
(cf. le point 4 de l?article 5 du Règlement 2011/1119 du 30 juin 2021 établissant le cadre requis
pour parvenir à la neutralité climatique et modifiant les règlements (CE) no 401/2009 et (UE)
2018/1999 (« loi européenne sur le climat »))8.
Un rétablissement de l?équilibre juridique en droit interne entre ces deux volets de l?action
climatique ainsi qu?une mise en oeuvre formalisée du règlement européen précité, paraissent
indispensables.
D?autant que les juridictions nationales, européennes ou internationales, saisies de plus en
plus de la question climatique, s?emparent du sujet et dégagent à cette occasion des principes,
susceptibles d?ouvrir droit à de nouvelles contestations. A ce stade, leurs décisions ne portent pas
directement sur la question de l?adaptation au changement climatique. L?annexe 6 précise et
analyse de ces jurisprudences.
Des requérants, avisés de ces nouvelles jurisprudences, ont présenté le 8 avril 2025 un recours
administratif demandant à l'Etat de renforcer le PNACC 3 et se dit sont prêts à attaquer en justice
la réponse que le gouvernement pourra apporter, en soulignant son inaction en matière
d?adaptation au changement climatique. Le Conseil d'Etat pourrait à cette occasion dégager de
nouveaux principes.
En définitive, adopter des textes juridiques présente le risque de susciter de nouveaux contentieux
soit directement contre ces textes eux-mêmes soit contre leur mise en oeuvre opérationnelle. Mais,
comme il vient d?être exposé, compte tenu des principes d?ores et déjà posés aux niveaux
international, européen et national, ne pas en prendre présente également des risques pour l?État,
les collectivités territoriales et les autres acteurs concernés.
8 « 4- Les États membres adoptent et mettent en oeuvre des stratégies et des plans d?adaptation nationaux qui
tiennent compte de la stratégie de l?Union en matière d?adaptation au changement climatique visée au paragraphe
2 du présent article et reposent sur de solides analyses du changement climatique et des vulnérabilités, des
évaluations des progrès accomplis et des indicateurs et guidés par les meilleures données scientifiques disponibles
et les plus récentes. Dans leurs stratégies d?adaptation nationales, les États membres tiennent compte de la
vulnérabilité particulière des secteurs pertinents, notamment de l?agriculture, et des ressources hydriques, des
systèmes alimentaires et de la sécurité alimentaire, et promeuvent des solutions fondées sur la nature et une
adaptation reposant sur les écosystèmes. Les États membres mettent régulièrement à jour les stratégies et incluent
les informations mises à jour correspondantes dans les rapports devant être présentés au titre de l?article 19,
paragraphe 1, du règlement (UE) 2018/1999 ».
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Rapport n° 015725-01
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2.2 Contexte européen
2.2.1 Le droit de l?UE prévoit des plans d?adaptation mais pas de TRACC
à ce jour
Comme indiqué précédemment, le point 4 de l?article 5 du Règlement 2011/1119 du 30 juin 2021,
prévoit que les États membres doivent adopter des plans nationaux d?adaptation au
changement climatique tenant compte de la stratégie de l?Union européenne en matière
d?adaptation et reposant sur de solides analyses du changement climatique et des
vulnérabilités ainsi que sur les données scientifiques les plus récentes. En application de
l?article 7 de ce règlement, la Commission évalue tous les cinq ans, chaque plan national intégré
en matière d?énergie et de climat (PNEC) et la capacité des mesures nationales destinées à
garantir l?amélioration de l?adaptation.
C?est dans ce cadre que le 18 décembre 2023, la Commission a recommandé à la France9
s?agissant des mesures d?adaptation notamment de :
? Fournir des analyses supplémentaires sur les vulnérabilités au changement climatique et
de prêter une attention particulière à la gestion de l?eau.
? Evaluer les vulnérabilités et les risques pertinents liés aux inondations côtières.
? Achever la mise en place d?un cadre juridique approprié pour les politiques et les mesures
en faveur de l?adaptation au changement climatique.
? Associer à la conception et à la mise en oeuvre de la politique d?adaptation de la France
les parties prenantes qui sont particulièrement vulnérables au changement climatique ainsi
que les partenaires sociaux et les parties prenantes du secteur privé.
Ce contexte pourrait encore évoluer car une modification de la « loi européenne sur le Climat »
(c?est-à-dire du règlement 2011/1119 précité) pour intégrer le contenu de la nouvelle CDN
(contribution au niveau national10) de l?UE est en préparation. Il n?est pas exclu que de nouvelles
mesures sur l?adaptation soient adoptées à cette occasion.
2.2.2 La stratégie européenne d?adaptation au changement climatique
pourrait s?appuyer sur des références de réchauffement :
L?Union européenne a adopté deux stratégies d?adaptation au changement climatique.
La première, publiée en 2013, était articulée autour de trois priorités : promouvoir l?action des États,
formaliser les processus de décision et se focaliser sur les secteurs clés les plus vulnérables.
La seconde, publiée en 2021, comporte quatre axes :
? Rendre l?adaptation plus intelligente, en améliorant les connaissances ainsi que la
disponibilité des données.
? La rendre plus systémique, à tous les niveaux de gouvernance et dans tous les secteurs.
? Accélérer l?adaptation dans tous les domaines.
? Intensifier l?action internationale en faveur de la résilience face aux changements
climatiques.
9 Recommandation (UE) 2024/611 du 18 décembre 2023 publiée au JOUE du 7 mars 2024 Série L)
10 Contrairement à ce que pourrait laisser penser cet acronyme, il n?y a pas de CDN par État-membre au sein de
l?UE mais une seule CDN pour l?ensemble de l?UE
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Rapport n° 015725-01
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La troisième est en préparation. La Commission a, d?ores et déjà, annoncé dans une
communication du 12 mars 2024 sur la gestion des risques climatiques et la protection des
personnes et de la prospérité11, son intention d?utiliser « comme scénario de référence acceptable
le plus bas pour couvrir les risques physiques aux fins de l?évaluation des incidences des politiques
», le scénario SSP2-4.5 du GIEC et de se fonder « sur des scénarios plus défavorables pour les
tests de résistance et pour comparer les possibilités d?adaptation ».
Par ailleurs, l?action climatique de l?Union est désormais intégrée dans « Un nouveau plan pour la
prospérité et la compétitivité durables en Europe »12 cette dénomination peut laisser entendre des
actions plus déterminées et dirigistes vis-à-vis des États membres. Un plan européen d?adaptation
au changement climatique devrait ainsi compléter/se substituer aux stratégies précitées.
2.2.3 La taxonomie verte européenne et la directive CSRD sur le reporting
sur les informations en matière de durabilité, en cours de
déploiement, prévoient des évaluations de vulnérabilité sur la base
des scénarios du GIEC
La taxonomie verte de l?Europe (aussi appelée taxinomie) est un système de classification des
activités économiques qui vise à orienter l?épargne vers celles qui sont le plus durables d?un point
de vue environnemental et à informer tout l?écosystème des entreprises sur la réalité de leurs
contributions dites substantielles à six objectifs environnementaux, parmi lesquels l?adaptation au
changement climatique (voir aussi Annexe 8).
Elle se traduit au sein des rapports extra-financiers rendus obligatoires par la directive dite CSRD
pour Corporate Sustainability Reporting Directive.
Comme le dit la Commission dans sa communication C/2023/267 « rien n?oblige les entreprises à
exercer des activités alignées sur la taxonomie et rien n?oblige les investisseurs à investir dans de
telles activités » mais « il est probable que les investisseurs qui cherchent des investissements
durables s?intéresseront davantage aux activités alignées sur la taxonomie ». Et peu à peu, les
critères de la taxonomie devraient être respectés par des entreprises de plus en plus nombreuses.
C?est donc un levier important de transformation du secteur privé et des entreprises publiques.
La mission serait favorable à ce que les études de vulnérabilité, prévues par la taxonomie, soient
réalisées non seulement sur les scénarios du GIEC mais aussi sur la TRACC et que la Commission
en soit informée. Un texte réglementaire devrait être adopté pour mettre en oeuvre cette mesure.
Toutefois, compte tenu des négociations en cours sur le déploiement de cette réglementation
(report, relèvement des seuils et allègement des contraintes) et des difficultés que rencontrent les
entreprises, il parait nécessaire de peser les avantages et les inconvénients d?une telle proposition.
Préconisation 1 : [MTE et éventuellement SGAE] Étudier l?opportunité de prendre un décret
précisant les conditions de mise en oeuvre des dispositions européennes sur la taxonomie et la
CSRD en prévoyant l?utilisation de la TRACC à la place du RCP 4.5 au regard des scénarios
climatiques mentionnés dans le droit communautaire.
11 https://data.consilium.europa.eu/doc/document/ST-7732-2024-INIT/fr/pdf
12 https://commission.europa.eu/priorities-2024-2029/competitiveness_en
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Rapport n° 015725-01
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Recommandation 1. [MTE puis SGAE] Proposer à la Commission européenne d?intégrer une
TRACC, exprimée sur la base d?une référence de réchauffement mondiale, dans le plan
européen d?adaptation au changement climatique en préparation afin d?ouvrir un débat au
niveau européen sur cette approche.
2.3 Loi ou décret pour fonder juridiquement PNACC et TRACC ? :
Afin d?intensifier la politique d?adaptation au changement climatique (CC) de notre pays, il parait
nécessaire aujourd?hui de donner tant à la TRACC qu?au PNACC une solide assise juridique. Une
telle assise permettra de mettre au même niveau la politique d?adaptation et la politique
d?atténuation, de rendre plus transparentes et prévisibles les modalités d?adoption de ces
documents socles et à tous les acteurs de s?y référer sans hésitation.
Deux voies sont possibles :
? La voie législative, nécessaire s?il s?agit de poser les principes essentiels de la politique
d?adaptation et de prévoir de nouvelles contraintes pour les différents acteurs privés ou
publics.
? La voie réglementaire, suffisante s?il s?agit seulement de fonder le PNACC et la TRACC,
de préciser les modalités de leur adoption sans leur conférer d?effets juridiques directs. De
tels effets juridiques pourraient ensuite être introduits, par référence au texte fondant le
PNACC et la TRACC, dans des textes réglementaires spécifiques (cf. partie 3).
2.3.1 La voie législative permettrait d?afficher un niveau d?ambition
élevé? :
Passer par la voie législative présente des avantages qui ne sont pas négligeables.
L?article 34 de la Constitution réserve à la loi le soin de déterminer les principes fondamentaux de
la préservation de l?environnement. Ainsi, la loi qui fonderait le PNACC et la TRACC pourrait en
outre poser les principes essentiels qui guideraient la politique d?adaptation au CC.
Par la même occasion, d?autres dispositions législatives spéciales puis par la suite l?ensemble des
mesures réglementaires portant sur des aspects particuliers de l?adaptation au CC pourraient être
harmonisées ou coordonnées avec cette loi chapeau. L?ensemble de ce corpus serait alors
comparable à celui existant en matière d?atténuation du CC.
La voie législative permettrait aussi de prévenir des contestations motivées par une atteinte à la
libre administration des collectivités territoriales, une telle atteinte, à la supposer avérée,
nécessitant une loi.
Il pourrait même être possible d?envisager des mesures qui ne se borneraient ni à fonder
juridiquement le PNACC et la TRACC ni à poser des grands principes d?action mais pourraient
aller jusqu?à envisager de nouvelles contraintes.
En effet, la protection de l?environnement, patrimoine commun des êtres humains comme la
protection de la santé sont des objectifs à valeur constitutionnelle consacrés par le Conseil
constitutionnel en 201913. Ces objectifs peuvent ainsi être recherchés au même titre que d?autres
intérêts fondamentaux de la Nation et doivent être conciliés avec d?autres droits ou libertés
constitutionnellement garantis, comme la liberté d?entreprendre.
13 2019-823 QPC, 31 janvier 2020 para 4
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Cependant, une loi n?apparaît pas nécessaire pour amorcer un processus progressif de
développement des actions d?adaptation au changement climatique utilisant la TRACC sans
imposer de contraintes juridiques. Elle pourra être envisagée ultérieurement, après que l?ensemble
des données disponibles aient été mis à disposition des différents acteurs, que les soutiens
financiers et humains aient été déployés (voir le chapitre 4), qu?un nombre important d?études de
vulnérabilité et d?analyses de l?environnement aient été réalisées (voir le chapitre 3) et qu?ainsi une
première phase d?appropriation et de diffusion ait été réalisée avec succès.
2.3.2 ? mais la voie réglementaire parait suffisante s?il s?agit seulement
de fonder le PNACC et la TRACC :
Si la voie législative n?est pas choisie, des mesures règlementaires, certes moins ambitieuses,
paraissent néanmoins possibles.
Il s?agirait, à ce stade, non pas d?imposer directement de nouvelles obligations aux acteurs mais
seulement de prévoir l?objet du PNACC et de la TRACC, les étapes du cycle de leur élaboration,
les responsabilités des acteurs ainsi que les grandes lignes du dispositif de gouvernance, sans
conférer à ce plan ni à cette trajectoire d?effets juridiques. Cette formalisation permettrait ensuite à
d?autres textes réglementaires spécifiques de mentionner ces deux piliers de la politique
d?adaptation et d?imposer, par la suite, certaines contraintes.
De telles orientations ne paraissent pas nécessiter de dispositions législatives : aucun grand
principe ne serait posé, il ne serait porté atteinte à aucun droit ni à aucune liberté et notamment
pas au principe de libre administration des collectivités territoriales.
Par ailleurs, l?article 5 du Règlement 2011/1119 du 30 juin 2021 peut être regardé comme le
véritable fondement juridique à la fois du PNACC et de la TRACC dans la mesure où il impose aux
États membres d?adopter des PNACC fondés sur de solides analyses du changement climatique
et des vulnérabilités ainsi que sur les données scientifiques les plus récentes.
Enfin, il n?est pas besoin d?une loi pour assurer la cohérence des deux volets de l?action climatique.
Les éléments fondamentaux de cette action sont en effet élaborés sous la responsabilité de l?État.
C?est donc à l?État de faire en sorte que la SNBC et la PPE d?un côté et le PNACC et la TRACC de
l?autre soient cohérents les uns avec les autres. Une loi qui y obligerait présenterait en outre le
risque de donner appui à des contestations devant les tribunaux.
Ainsi la formalisation de la mise en oeuvre des dispositions du règlement de l?UE sur les plans
nationaux d?adaptation au CC, donnerait l?occasion de préciser plusieurs points essentiels.
? Le PNACC est élaboré sur la base d?une TRACC et sur une étude de vulnérabilité nationale
construite sur cette même base.
? L?objet de la TRACC.
? Les modalités d?adoption de la TRACC et sa durée (par ex cinq ans).
S?agissant des modalités de l?adoption de la TRACC, il est proposé de confirmer le rôle moteur et
coordonnateur de Météo France, non seulement, dans la détermination d?une proposition de
TRACC mais aussi dans la mise à disposition de tous les acteurs intéressés des outils leur
permettant de la décliner sur le territoire national.
Par ailleurs, s?il est évident que la TRACC doit être mise à jour régulièrement pour intégrer les
avancées scientifiques, l?idée d?aligner son calendrier de révision sur les publications du GIEC,
bien que pertinente en théorie, se heurte au contexte international actuel.
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Les incertitudes qui pèsent sur la gouvernance climatique mondiale et la stabilité des instances
scientifiques suggèrent qu?une synchronisation indépendante offrirait une plus grande robustesse
et garantirait la continuité de l?intégration du changement climatique dans les politiques publiques.
En proposant, via ce projet de décret, que les PNACC soient fondés sur la dernière TRACC en
vigueur ainsi que sur une étude de vulnérabilité nationale se référant à cette TRACC, la mission
cherche non seulement à mieux répondre aux exigences du règlement 2021/1119 mais à renforcer
la solidité et la crédibilité des PNACC. Ils pourront ainsi devenir des documents auxquels
l?ensemble des acteurs pourront se référer pour mettre en oeuvre leurs propres stratégies
d?adaptation. Chaque PNACC et chaque TRACC seraient ensuite adoptés par décret simple, après
consultation du Conseil national de la transition écologique (CNTE) et du Haut conseil pour le climat
(HCC).
La mission a élaboré un projet de décret afin de concrétiser sa proposition (cf. annexe 7). Ce texte
pourrait être introduit dans le code de l?environnement sous la forme d?un article R 229-4-1. Eu
égard à l?importance de ce texte, il devrait faire l?objet d?un décret en Conseil d?État.
Recommandation 2. [MTE] Fonder juridiquement le PNACC et la TRACC sur la base d?un
décret en Conseil d?État mettant en oeuvre l?article 5 du règlement européen 2021/1119 et
créant un article R 229-4-1 dans le code de l?environnement puis prendre des décrets
spécifiques approuvant le PNACC et la TRACC.
2.4 Développer un processus incitatif sur la base de la TRACC
Une fois le décret relatif au PNACC et à la TRACC adopté, trois types d?action s?y référant
pourraient être mises en oeuvre pour obtenir dans un délai relativement court un effet
d?entrainement sur bon nombre d?acteurs de la société civile.
En premier lieu, comme indiqué au 1.1.4 et au 2.3.2, l?État devrait réaliser une étude de vulnérabilité
nationale, conformément à l?article 5 du règlement 2021/1119. Cette étude constituerait une
référence et une source documentaire pour les études de vulnérabilité réalisées par la suite par
des acteurs publics comme privés. Ce faisant, en outre, l?État aurait un comportement exemplaire.
En second lieu, pourraient s?aligner sur la TRACC toute une série de normes « volontaires »,
juridiquement non contraignantes mais de facto très respectées, (ex DTU, normes AFNOR,
doctrines sectorielles), ainsi que des guides professionnels, des outils mis à disposition des
collectivités et de l?ensemble des acteurs. Enfin, dans ce même ordre d?idée, des mesures
pourraient être prises pour faire converger les dispositifs d?aides, comme le fonds Barnier, et pour
conditionner certaines aides à la prise en compte de la TRACC, notamment pour les projets non
soumis à étude d?impact.
En troisième lieu, ce point étant essentiel pour que toutes les parties prenantes intègrent la TRACC
dans leurs programmations et leurs projets à long terme, il est indispensable que l?ensemble des
données qui leur sont nécessaires soient rapidement mises à disposition et actualisées
régulièrement. Les deux dernières séries de mesures sont détaillées dans la suite du rapport.
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Rapport n° 015725-01
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2.5 Ajuster le cadre réglementaire en rendant obligatoires dans
certains cas des études de vulnérabilité (EV) sur la base de la
TRACC :
Mais ces seules mesures incitatives ne paraissent pas suffisantes pour que notre pays se prépare
au changement climatique sur la base de la TRACC et ce, rapidement. Or, tout retard, rend les
efforts de transformation plus difficiles et plus couteux et, par définition, nous rend plus fragiles vis-
à-vis des aléas climatiques que nous connaissons déjà et qui vont se multiplier.
Il parait donc nécessaire d?avoir recours à une contrainte, qui resterait cependant légère et limitée
à certains acteurs. Il s?agirait de rendre obligatoires des études de vulnérabilités réalisées sur la
base de la TRACC :
? soit aux seules études de vulnérabilité d?ores et déjà prévues par les textes ; seraient ainsi
par exemple visées les études de vulnérabilité réalisées pour tous les projets soumis à
étude d?impact en application du code de l?environnement 14 et quelques plans et
programmes, comme les plans climat air énergie territoriaux (PCAET)15 ;
? soit en étendant le champ des études de vulnérabilités par exemple à tous les plans et
programmes soumis à évaluation environnementale en application du code de
l?environnement16 (de manière systématique et au cas par cas), aux plans de gestion des
espaces naturels protégés.
La mission considère que ces deux types de mesures doivent être adoptées mais que leurs entrées
en vigueur doivent être différées dans le temps : par exemple en ne les rendant impératives qu?aux
prochaines révisions des documents en question ou, lorsqu?ils n?existent pas encore, à leurs
adoptions initiées après l?entrée en vigueur des modifications réglementaires correspondantes
(Cf. la proposition de phasage en annexe 4).
En tout état de cause, l?ensemble des données nécessaires à leur mise en oeuvre effective doit
être disponible avant qu?elles ne soient obligatoires.
Si les études de vulnérabilité doivent désormais s?appuyer sur la TRACC, il est néanmoins
essentiel de reconnaître que certains acteurs, comme ceux responsables d?infrastructures critiques
ou de services essentiels, peuvent avoir besoin d?adopter des hypothèses plus prudentes au
regard de leurs actifs et de leurs fonctionnalités. Pour ces acteurs, la résilience à des événements
extrêmes ou à des trajectoires climatiques plus impactantes que celles modélisées dans la TRACC
justifie l?intégration de scénarios aux effets plus négatifs au moins pour certains de leurs enjeux.
Cette possibilité d?aller au-delà des références fournies par la TRACC n?est pas réservée aux
seules infrastructures critiques. Tout acteur souhaitant affiner son analyse ou se préparer à des
aléas climatiques plus marqués peut choisir d?intégrer des hypothèses plus contraignantes, en
fonction de ses propres enjeux, de sa tolérance au risque et de ses capacités d?adaptation. Cette
flexibilité, tout en conservant la TRACC comme référence commune, permet d?adapter les
stratégies d?adaptation aux niveaux d?ambition et aux besoins spécifiques de chaque acteur.
Dans le chapitre suivant (3), la mission a passé en revue les différentes politiques publiques
relevant du pôle ministériel qu?il conviendrait de modifier pour mettre en oeuvre les préconisations
du 2.4 et du 2.5.
14 Cf les articles L. 122-1, R. 122-2, R. 122-3 et R. 122-4 du code de l?environnement.
15 Cf les articles L. 229-26 et R. 229-51 du code de l?environnement
16 Cf les articles L. 122-4, R. 122-17 et R. 122-18 du code de l?environnement
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3 Politiques publiques impactées
De nombreux plans et programmes et de nombreuses politiques publiques seront impactés par la
prise en compte de la TRACC. Le chapitre qui suit comporte des propositions pour que cette prise
en compte soit effective, proportionnée et adaptée à des contextes différents. Ses principes
généraux sont les suivants.
En premier lieu, il n?est ainsi proposé de ne rendre obligatoire la réalisation d?études de vulnérabilité
fondées sur la TRACC, ou des hypothèses plus pessimistes, que dans certains documents dont
les enjeux sont particulièrement importants. D?autres plans, programmes et projets, soumis à
évaluation environnementale, devront tenir compte de la TRACC, sans pour autant que des études
de vulnérabilité soient obligatoires et dans la mesure où de telles études sont disponibles au niveau
intercommunal et/ou régional sur le territoire concerné.
En deuxième lieu, le scénario le plus pessimiste en termes de réchauffement climatique n?est pas
toujours celui qui représente le risque le plus élevé pour certains aléas. Ainsi, les travaux de
RTE font apparaître que, le scénario le plus chaud étant aussi le plus sec, le risque d?inondation
des postes de transformation est plus élevé avec le scénario RCP4.5 qu?avec le scénario RCP8.5.
Le niveau de réchauffement climatique auquel il convient de se préparer dépend de la durée de
vie des actifs (et donc de l?horizon considéré), de l?intensité du risque et de la tolérance / aversion
au risque. EDF souligne ainsi qu?il convient d?utiliser des projections plus contraignantes que la
TRACC en fin de siècle, notamment en matière de sûreté.
Les acteurs qui disposent d?une certaine maturité en matière d?adaptation au changement
climatique, en raison des enjeux majeurs auxquels ils sont confrontés (ex : grands gestionnaires
de réseaux, infrastructures critiques), utilisent depuis longtemps plusieurs scénarios, dont l?un
est souvent assez proche de la TRACC. Cette pratique vertueuse doit se poursuivre.
En troisième lieu, il n?est pas proposé d?entrer dans le détail de ce qui doit être contenu dans les
études de vulnérabilité. Il appartient en effet aux autorités compétentes de définir leur niveau
d?ambition et le degré de précision souhaité en fonction de leurs moyens financiers17 , et de la
proportionnalité des efforts au regard des enjeux.
Enfin, comme indiqué plus haut au 1.2.3, et plus loin, dans le chapitre 4 (et dans l?annexe 9), ces
nouvelles obligations ne devraient être effectives qu?une fois l?accompagnement technique et
financier de l?État mis en place.
3.1 Plans et programmes territoriaux transversaux
La législation française prévoit de nombreux plans et programmes territoriaux transversaux
introduits et modifiés au fil du temps. Certains d?entre eux, notamment les SRADDET et les PCAET,
prévoient de prendre en compte l?adaptation au changement climatique. Ils constituent des points
d?entrée clés pour nourrir une démarche territorialisée d?adaptation au changement climatique.
Comme indiqué plus haut, la réalisation d?études de vulnérabilité, véritablement territorialisées, aux
conséquences du changement climatique constitue un préalable à toute démarche solide en la
matière.
17 Les coûts peuvent aller de quelques dizaines de milliers d?euros pour des études territoriales de base à plus d?un
million d?euros pour des infrastructures critiques et de très grandes collectivités désireuses de pousser le plus loin
possible la démarche).
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La mission propose de rendre ces études obligatoires à trois niveaux différents : national (cf. ci-
dessus), régional et local. Elle ne propose cependant pas d?aller au-delà de cette obligation, par
exemple s?agissant des mesures prises pour faire face aux vulnérabilités identifiées. Cela
supposerait en effet des textes de niveau législatif alors que les études d?impact peuvent s?inscrire
dans les diagnostics déjà prévus dans le cadre juridique actuel.
Hormis lorsque les plans ou programmes ou les projets seraient réalisés sous la responsabilité de
l?État, les textes projetés n?iraient pas au-delà de cette simple précision.
A ce stade, il s?agit d?enclencher un processus de long terme d?adaptation au changement
climatique avec une « prescriptivité » initiale minimale. On peut de plus considérer que les
collectivités concernées s?efforceront de définir les actions à prendre pour faire face aux
vulnérabilités constatées même si une disposition juridique formelle n?est pas prise en ce sens.
Il parait en effet que les principes constitutionnels et législatifs tels que le principe de précaution et
l?attention qu?y portent désormais les juridictions ainsi que l?ensemble des processus
démocratiques entourant l?adoption de ces actes conduiront nécessairement leurs auteurs à
expliquer la manière dont ils tiendront compte des résultats de ces études. Leurs choix, qui devront
prendre en compte un très grand nombre de facteurs, ne paraissent pas devoir être encadrés et
encore moins limités.
Enfin, le respect de l?obligation de réaliser des études de vulnérabilité sur la base de la TRACC
sera soumis au contrôle de légalité effectué par le préfet de département avec l?appui des services
de l?État dans le cadre plus général de son contrôle sur les documents en question.
3.1.1 Niveau local
Au niveau local, compte tenu du très grand nombre de communes de petites tailles, le périmètre à
privilégier paraît être l?intercommunalité et en particulier les documents qui sont élaborés à ce
niveau, comme les plans Climat Air Énergie territoriaux (PCAET) ou, à défaut, les schémas de
cohérence territoriale (SCoT).
3.1.1.1 PCAET et SCoT
PCAET
Le PCAET, centré sur les problématiques de climat et d?énergie est le cadre de planification
territorial à privilégier.
Selon, les termes de l?article L 229-26 du code de l?environnement, il doit comporter à la fois :
? « Les objectifs stratégiques et opérationnels (?) afin d'atténuer le changement
climatique, de le combattre efficacement et de s'y adapter, en cohérence avec les
engagements internationaux de la France » et ;
? un « programme d'actions à réaliser afin (?) de limiter les émissions de gaz à effet de
serre et d'anticiper les impacts du changement climatique ».
Afin d?élaborer un programme d?action solide, il est prévu, au niveau réglementaire, dans l?article
R 229-51 que le PCAET comporte « une analyse de la vulnérabilité du territoire aux effets du
changement climatique ».
Cependant la plupart des volets adaptation des PCAET ne sont pas territorialisés et les références
climatiques utilisées sont diverses. Il est donc proposé de compléter le I/ 6° de l?article R 229-51
par une référence à la TRACC.
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Rapport n° 015725-01
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Le texte pourrait s?écrire comme suit : « une analyse de la vulnérabilité du territoire aux effets du
changement climatique effectuée sur la base des valeurs de réchauffement à court, moyen et
long terme de la trajectoire de référence pour l?adaptation au changement climatique
mentionnée à l?article R 229-4-118 ou, si cela est jugé pertinent par les autorités compétentes,
sur des hypothèses de réchauffement climatique entrainant des impacts plus négatifs au
regard de certains enjeux pour les acteurs concernés. Cette analyse précisera les
périmètres concernés, ainsi que les aléas à prendre en compte aux horizons temporels
pertinents. »
Cependant, le PCAET ne couvre que les intercommunalités dépassant 20 000 habitants et de
nombreux EPCI n?y sont pas assujettis. Il convient donc, en l?absence de PCAET, d?introduire une
référence à la TRACC dans un autre cadre de planification territorial intercommunal.
SCoT
L?instrument à privilégier en l?absence de PCAET est le SCOT. Il existe d?ailleurs un lien entre ces
deux instruments puisque le législateur a prévu, dans l?article L 141-17 du code de l?urbanisme, la
possibilité de les fusionner en établissant des SCOT tenant lieu de PCAET.
Le périmètre des politiques couvertes ou prises en compte par les SCoT, qui relèvent du code de
l?urbanisme et non du code de l?environnement, est plus large que celui des PCAET. En effet, le
SCoT est destiné à servir de cadre de référence pour les différentes politiques sectorielles,
notamment celles centrées sur les questions d?organisation de l?espace et d?urbanisme, d?habitat,
de mobilités, d?aménagement commercial, d?environnement, dont celles de la biodiversité, de
l?énergie et du climat.
Cas des SCoT valant PCAET
Le PCAET peut être élaboré à l?échelle du territoire couvert par un SCoT si tous les EPCI concernés
par l?élaboration de ce plan transfère à l?EPCI chargé du SCoT leurs compétences. Le SCoT vaut
alors PCAET (cf. L. 229-26 du code de l?environnement). Dans ce cas, les dispositions sur l?analyse
de vulnérabilité s?appliqueraient aussi aux SCoT valant PCAET en application de l?article
R. 141-11 du code de l?urbanisme.
Autres cas :
L?article L141-15 du code de l?urbanisme prévoit déjà, s?agissant d?adaptation au changement
climatique que le SCoT doit comprendre plusieurs annexes dont « un diagnostic du territoire » qui
« prend en compte (?) la prévention des risques naturels et l'adaptation au changement climatique
». Au niveau réglementaire, un nouvel article pourrait être créé avant l?article R. 141-8, dans la
section 3 sur les annexes du SCoT.
Il préciserait que le diagnostic du territoire prévu à l?article L141-15 comporte « en l?absence de
PCAET à réaliser ou réalisé, une analyse de la vulnérabilité du territoire aux effets du
changement climatique effectuée sur la base des valeurs de réchauffement à court, moyen
et long terme de la trajectoire de référence pour l?adaptation au changement climatique
mentionnée à l?article R 229-4-1? ou, si cela est jugé pertinent par les autorités compétentes,
sur des hypothèses de réchauffement climatique entrainant des impacts plus négatifs au
regard de certains enjeux pour les acteurs concernés,. Cette analyse précisera les
périmètres concernés ainsi que les aléas à prendre en compte aux horizons temporels
pertinents. ».
18 Nouvel article permettant de fonder juridiquement le PNACC et la TRACC (cf. point 2-3-1)
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Rapport n° 015725-01
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3.1.1.2 Plans locaux d?urbanisme (PLU), PLU intercommunaux (PLUi) et cartes
communales (CC)
Il n?apparaît pas opportun de multiplier les études de vulnérabilité à l?échelon local. Il n?est donc
pas proposé de rendre obligatoire dans les autres cadres de planification territoriaux, à l?échelle
locale, la réalisation d?études de vulnérabilité d?autant plus que les PLU, PLUi et CC doivent être
compatibles avec les SCoT et les PCAET.
Une telle démarche pourrait d?ailleurs s?avérer irréaliste et au final contre-productive, si elle était
introduite au niveau communal, compte tenu du très grand nombre de communes de petites et de
moyennes tailles et de leurs difficultés à faire face à une telle obligation.
En outre, contrairement à ce qui concerne les PCAET et les SCoT, le dispositif législatif existant
ne fait pas référence directement au climat mais mentionne seulement la protection de
l?environnement, sous diverses formes, et la consommation d?espace.
Ainsi, l?article L151-4 du code de l?urbanisme précise que le rapport de présentation du PLU :
? « s?appuie sur un diagnostic établi au regard des prévisions économiques et
démographiques et des besoins répertoriés en matière de développement économique, de
surfaces et de développement agricoles, de développement forestier, d'aménagement de
l'espace, d'environnement, notamment en matière de biodiversité, d'équilibre social de
l'habitat, de transports, de commerce, d'équipements notamment sportifs, et de services » ;
? et qu?il « analyse la consommation d'espaces naturels, agricoles et forestiers au cours des
dix années précédant l'arrêt du projet de plan ou depuis la dernière révision du document
d'urbanisme et la capacité de densification et de mutation de l'ensemble des espaces bâtis,
en tenant compte des formes urbaines et architecturales ».
L?article R.151-3 du code de l?urbanisme relatif à l?évaluation environnementale dans le rapport de
présentation du PLU mentionne le climat. Il précise que le rapport de présentation du PLU :
« analyse les incidences notables probables de la mise en oeuvre du plan sur l'environnement,
notamment, s'il y a lieu, sur la santé humaine, la population, la diversité biologique, la faune, la
flore, les sols, les eaux, l'air, le bruit, le climat, le patrimoine culturel architectural et archéologique
et les paysages et les interactions entre ces facteurs, et expose les problèmes posés par l'adoption
du plan sur la protection des zones revêtant une importance particulière pour l'environnement, en
particulier l'évaluation des incidences Natura 2000 mentionnée à l'article L. 414-4 du code de
l'environnement ».
Dans ce contexte, il apparaît difficile de mentionner une référence aux études de vulnérabilité en
matière d?adaptation au changement climatique par voie réglementaire. Il semble préférable de
procéder par une modification plus générale de l?évaluation environnementale (cf. ci-dessous au
point 3.2) étant souligné que dans le cadre de l?évaluation environnementale des plans et
programmes dans le domaine de l?urbanisme, il est possible de se référer « aux renseignements
relatifs à l?environnement figurant dans d?autres études, plans ou documents »19. Ainsi par exemple
l?évaluation environnementale des PLU, PLUi et CC pourra-t-elle prendre en compte les études de
vulnérabilité réalisées pour l?élaboration ou la révision du Scot ou du PCAET tout en étant
complétée si cela est jugé est nécessaire.
19 2ème alinéa de l?article R. 104-19 du code de l?urbanisme
PUBLIÉ
https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006074220&idArticle=LEGIARTI000006833746&dateTexte=&categorieLien=cid
https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006074220&idArticle=LEGIARTI000006833746&dateTexte=&categorieLien=cid
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A ce stade, la mission propose donc que ces documents planification prennent en compte la
TRACC dans le cadre de l?évaluation environnementale (cf. point 3-2) sans pour autant comporter
une étude de vulnérabilité spécifique.
Par la suite, au vu de l?expérience acquise dans la réalisation des études de vulnérabilité au niveau
intercommunal, il pourra être envisagé d?étendre cette obligation au niveau communal ce qui
supposera de passer par la Loi compte tenu de l?absence d?ancrage d?une telle obligation dans les
textes existants. La loi viendrait ainsi achever l?édifice au vu de l?expérimentation progressive
proposée dans le présent rapport.
3.1.2 Niveau régional
Au niveau régional, le document principal de planification territoriale comportant un volet sur le
climat est, en France métropolitaine hors Corse et Ile de France, le Schéma régional
d?aménagement, de développement durable et d?égalité des territoires (SRADDET). Il s?agit du
Schéma directeur de la Région Ile-de-France (SDRIF) en Ile de France, du Plan d?aménagement
et de développement durable de Corse PADDuC en Corse et des Schémas d?aménagement
régionaux (SAR) dans les départements d?outre-mer.
Le SRADDET fixe les objectifs de moyen et long terme en lien avec plusieurs thématiques :
équilibre et égalité des territoires, implantation des différentes infrastructures d?intérêt régional,
désenclavement des territoires ruraux, habitat, gestion économe de l?espace, intermodalité et
développement des transports, maîtrise et valorisation de l?énergie, lutte contre le changement
climatique, pollution de l?air, protection et restauration de la biodiversité, prévention et gestion des
déchets.
Les textes relatifs au SRADDET mentionnent l?adaptation au changement climatique mais ne
comportent pas de dispositions sur les études de vulnérabilités.
L?article L 4251-1 du code général des collectivités territoriales (CGCT) précise que le SRADDET
« fixe les objectifs de moyen et long terme sur le territoire de la région en matière d'équilibre et
d'égalité, (?), de lutte contre le changement climatique ».
Au niveau réglementaire, l?article R 4251-5 précise que :
« les objectifs relatifs au climat, à l'air et à l'énergie portent sur :
? l'atténuation du changement climatique ;
? l'adaptation au changement climatique ;
? la lutte contre la pollution atmosphérique ;
? la maîtrise de la consommation d'énergie, tant primaire que finale, notamment par la rénovation
énergétique ;
? le développement des énergies renouvelables et des énergies de récupération, notamment celui
de l'énergie éolienne et de l'énergie biomasse, le cas échéant par zones géographiques. »
L?article R 4251-13 énumère une série d?annexes au SRADDET. Il pourrait être complété comme
suit :
« 4° Une analyse de la vulnérabilité du territoire concerné aux effets du changement
climatique effectuée sur la base des valeurs de réchauffement à court, moyen et long terme
de la trajectoire de référence pour l?adaptation au changement climatique (TRACC)
mentionnée à l?article R 229-4-1 du code de l?environnement ou, si la Région en justifie le
besoin, sur des hypothèses de réchauffement climatique entrainant des impacts plus
négatifs au regard de certains enjeux pour les acteurs concernés. Elle précise les
périmètres, les aléas et les horizons temporels ainsi que les solutions envisagées pour y
faire face. »
PUBLIÉ
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Enfin, les textes spécifiques concernant l?Ile de France, la Corse et les départements d?outre-mer
pourraient être complétés de la même manière (cf. Annexe 7).
Il conviendrait également de prévoir de telles études de vulnérabilités pour les documents
stratégiques de façade (DSF), qui ont un caractère inter-régional, comme cela est prévu dans
l?objectif 12 de la stratégie nationale mer et littoral (SNML) (cf. Annexe 7).
La mission propose donc la recommandation suivante :
Recommandation 3. [MTE] Modifier les dispositions réglementaires relatives aux plans et
programmes territoriaux dans le Code général des collectivités territoriales (SRADDET,
SDRIF, SAR, PADDuC), le code de l?environnement (PCAET, DSF) et le code de l?urbanisme
(SCoT), pour prévoir des études vulnérabilité fondées sur la TRACC ou des hypothèses de
réchauffement climatiques plus défavorables lors de l?adoption ou de la révision de ces
documents.
3.2 Évaluation environnementale
Le droit de l?Union européenne, transposé en droit interne, prévoit que certains plans et
programmes20 et certains projets21 qui ont une incidence notable sur l?environnement doivent faire
l?objet d?une évaluation environnementale. Cette évaluation comporte notamment une analyse de
l?évolution de l?environnement en absence du plan et du projet en cause.
La mission propose qu?elle soit réalisée sur la base de la TRACC prévue par l?article R. 229-4-1 du
code de l?environnement22 ou sur celle d?une trajectoire plus rapide ou d?un réchauffement plus
élevé dès lors que des études de vulnérabilité sont disponibles sur le territoire concerné.
En droit français, deux réglementations différentes s?appliquent aux plans et programmes selon
qu?ils interviennent ou non en matière d?urbanisme en application du IV de l?article L. 122-4 du code
de l?environnement.
3.2.1 Plans et programmes ayant une incidence notable sur
l?environnement à l?exception des plans et programmes en matière
d?urbanisme
Selon le droit de l?UE, et son interprétation par la Cour de justice de l?Union européenne, la notion
de plans et programmes soumis à évaluation environnementale se rapporte à tout acte qui encadre
la délivrance d?autorisation et la mise en oeuvre de projets susceptibles d?avoir des incidences
notables sur l?environnement.
Le code de l?environnement définit les plans et programmes soumis systématiquement à évaluation
environnementale23 et ceux qui y sont soumis après un examen au cas par cas24 par une autorité
environnementale.
20 Directive 2001/42/CE du 27 juin 2001 modifiée relative à l?évaluation des incidences de certains plans et
programmes sur l?environnement
21 Directive 2011/92/UE modifiée relative à l?évaluation des incidences de certains projets publics et privés sur
l?environnement
22 La mission propose de créer l?article R. 22-4-1 dans le code de l?environnement pour fonder juridiquement et
encadrer le PNACC et la TRACC (cf. 2.3.1.)
23 Voir le I de l?article R. 122-17 du code de l?environnement
24 Voir le II de l?article R. 122-17 du code de l?environnement
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La plupart de ces plans et programmes sont adoptés au niveau national, régional, intercommunal,
ou beaucoup plus rarement local, étant rappelé que les PLU et les cartes communales devraient
donner lieu à des études de vulnérabilité (par exemple certaines Unités touristiques nouvelles
(UTN), certains schémas d?aménagement de plage, Plans de prévention des risques
technologiques (PPRT).
L?article R. 122-20 du code précise l?objet de l?évaluation environnementale (son I) et le contenu
du rapport sur les incidences environnementales (son II). Il indique ainsi que l?évaluation
environnementale doit être proportionnée à l?importance du plan ou programme, aux effets de sa
mise en oeuvre ainsi qu?aux enjeux environnementaux de la zone considérée.
Le II de l?article R. 122-20 apparaît comme le meilleur endroit pour ancrer une référence à la
TRACC au sein des dispositions du code de l?environnement relatives à l?évaluation
environnementale des plans et programmes. Il s?agirait de préciser, dans le 2° du II, que « les
perspectives de l?évolution probable » de l?état de l?environnement sur le territoire concerné,
devraient être appréhendées sur la base de la TRACC ou si les autorités compétentes le jugent
nécessaire, sur celle d?hypothèses entrainant des impacts plus négatifs pour certains aléas.
En outre, alors qu?en l?état, le texte précise que ces perspectives d?évolution ne doivent être
analysées que si le plan ou programme n?est pas mis en oeuvre, la mission propose qu?elles le
soient dans toutes les hypothèses.
On remarquera qu?avec une telle approche, les dispositions du a) du 5° du II devraient conduire à
« exposer », à travers le « caractère positif » à « court, moyen ou long terme » des « incidences
notables probables sur l?environnement » du plan ou programme, non seulement les principales
mesures envisagées pour répondre aux enjeux que « l?évolution probable » de l?état de
l?environnement sur le territoire concerné aura mis en évidence, mais aussi les principaux impacts
attendus de ces mesures.
La modification de l?article R. 122-20 envisagée ici est donc potentiellement très forte, même s?il
ne s?agit pas comme au 3.1, au 3.3.1 et 3.3.2 d?imposer une étude de vulnérabilité à certains plans
et programmes particulièrement stratégiques (SRADDET, SDRIF, SAR, PADDUC, SCoT, DSF)
mais seulement de prendre en compte la TRACC dans la description de l?évolution de l?état de
l?environnement.
Ainsi, si pour les personnes publiques responsables de ces plans et programmes stratégiques, il
s?agirait à la fois de réaliser une étude de vulnérabilité (cf. le 1.1.4 pour la définition de l?étude de
vulnérabilité et l?annexe 9 sur le cadre méthodologique) se référant à la TRACC et de décrire, dans
leur évaluation environnementale, l?évolution de l?environnement avec cette même référence, pour
celles qui élaborent les autres plans et programmes, la nouvelle contrainte serait plus légère
car ne portant que sur la prise en compte de la TRACC dans la description de l?évolution de
l?environnement.
Il appartiendrait aux autorités environnementales, chargées de rendre des avis sur les rapports
environnementaux et les projets de plans ou programmes25, de conduire progressivement les
autorités responsables de leur élaboration à mieux fonder leurs travaux sur la TRACC. Cette
approche ne semble pas très différente de la pratique actuelle des autorités environnementales
qui, de manière sans doute encore inégale faute d?un réel cadre normatif, s?efforcent d?ores et déjà
de faire oeuvre de pédagogie.
25 Voir leIV de l?article R. 122-21 du code de l?environnement
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3.2.2 Plans et programmes ayant une incidence notable sur
l?environnement en matière d?urbanisme
En matière d?urbanisme, les plans et programmes soumis à évaluation environnementale sont
listés aux articles L. 104-1 et L. 104-2 du code de l?urbanisme.
Des dispositions générales existent pour ceux qui ne font pas l?objet d?un rapport de présentation
(article R. 104-18 du code de l?urbanisme) et des dispositions spécifiques y dérogeant sont prévues
pour les PLU (article R. 151-3), les cartes communales (R. 161-3), les directives territoriales
d?aménagement (DTA) (article R. 172-1), le schéma directeur de la région Ile-de-France (SDRIF)
(article R. 123-1). Parmi ces documents « dérogatoires », les PLU, les CC, et le SDRIF ont été
examinés précédemment au 3.1.1 et au 3.1.2.
Mais l?ensemble des plans et programmes d?urbanisme, le rapport environnemental (R. 104-18
précité) ou le rapport de présentation au titre de l?évaluation environnementale (dispositions
spécifiques précitées) comprend une « analyse de l?état initial de l?environnement et des
perspectives de son évolution ».
A l?exception du rapport de présentation du SDRIF qui devrait comporter une étude de vulnérabilité
(cf 3.1.2), la mission propose d?ajouter après ces mots « réalisée sur la base de la TRACC prévue
par l?article R 229-4-1 du code de l?environnement ou, si cela est jugé pertinent par les autorités
compétentes, sur celle d?hypothèses entrainant des impacts plus négatifs pour certains aléas ». Ici
également, cette analyse doit étudier l?état de l?environnement et son évolution si le document est
adopté ou s?il ne l?est pas (cf. annexe 7).
Comme évoqué au 3.1.1, l?article R. 104-19 du code de l?urbanisme autorise le rapport
environnemental ou le rapport de présentation à se référer « aux renseignements relatifs à
l?environnement figurant dans d?autres études, plans ou documents ».
Les études de vulnérabilité réalisées à l?occasion de l?élaboration des SRADDET, des PCAET, du
SDRIF ou des SCoT pourraient ainsi servir d?appui aux analyses de l?évolution de l?environnement
pour d?autres plans et programmes qui n?en disposent pas.
3.2.3 Projets de travaux, d?ouvrages ou d?aménagements soumis à étude
d?impact
S?agissant des projets de travaux, d?ouvrages ou d?aménagements soumis à évaluation
environnementale en application des articles L. 122-1 et R. 122-2 du code de l?environnement, le
contenu de l?étude d?impact, qui doit être proportionné aux enjeux en application du I de l?article R.
122-5, est défini au II de ce même article.
Le II de l?article R. 122-5 dispose que l?étude d?impact comportent notamment « 5° Une description
des incidences notables que le projet est susceptible d?avoir sur l?environnement résultant,
entre autres : (?) f) Des incidences du projet sur le climat et de la vulnérabilité du projet au
changement climatique ».
Cette rédaction semble montrer que la vulnérabilité du projet au changement climatique ne fait pas
l?objet d?une étude en soi, dont l?objectif serait d?améliorer la résilience du projet lui-même, mais
est abordée seulement sous l?angle des conséquences que la vulnérabilité du projet au
changement climatique est susceptible d?avoir sur l?environnement.
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
Avril 2025
Préconisations pour la mise en oeuvre de la TRACC dans
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Pour que soit étudiée à la fois la vulnérabilité au CC de l?ouvrage mais aussi son impact sur
l?environnement en matière d?adaptation au CC, la mission propose :
? D?ajouter à la fin du f) du 5° de II de l?article R. 122-5 « sur la base de la TRACC prévu à
l?article R. 299-4-1 du code de l?environnement ou, si cela est jugé pertinent par les
autorités compétentes, sur celle d?une trajectoire plus rapide et/ou conduisant à des
niveaux plus élevés de température. Cette description pourra s?appuyer, le cas échéant,
sur des études de vulnérabilité réalisées dans le cadre de l?élaboration ou la révision de
plans et programmes couvrant le territoire d?implantation du projet ».
? De compléter le 3° du II de ce même article qui prévoit que l?étude d?impact comporte « Une
description des aspects pertinents de l'état initial de l'environnement, et de leur évolution
en cas de mise en oeuvre du projet ainsi qu'un aperçu de l'évolution probable de
l'environnement en l'absence de mise en oeuvre du projet ». Ces mots pourraient être
complétés par « réalisés notamment sur la base de la TRACC, ou, si cela est jugé pertinent
par les autorités compétentes, sur celle d?une trajectoire plus rapide et/ou conduisant à des
niveaux plus élevés de température (?) ; cette description pourra s?appuyer, le cas
échéant, sur des études de vulnérabilité réalisées dans le cadre de l?élaboration ou la
révision de plans et programmes couvrant le territoire d?implantation du projet ». En outre
comme au 3.2.1, il conviendrait d?insérer « ou en absence de » dans le groupe de mots
« en cas de mise en oeuvre du projet » pour envisager toutes les hypothèses. Il est
également proposé de permettre aux porteurs de projet comme aux maitres d?ouvrage de
plans et programmes de se référer à des études de vulnérabilité déjà produites qui
porteraient sur le territoire d?implantation du projet.
L?annexe 7 comporte une synthèse des modifications proposées en ce qui concerne les plans et
programmes soumis à évaluation environnementale et les projets soumis à étude d?impact.
Recommandation 4. [MTE] Modifier les textes réglementaires pertinents en matière
d?évaluation environnementale des plans et programmes et d?étude d?impact des projets.
L?analyse ou la description de l?évolution de l?état de l?environnement devra prendre en
compte la TRACC, prévue à l?article R. 299-4-1 du code de l?environnement ou, si cela est
jugé plus pertinent, des hypothèses de réchauffement climatique plus défavorables. Elle
examinera l'évolution de l'environnement avant la réalisation du plan, du programme ou du projet
et après celle-ci. La prise en compte de la TRACC pourra être effectuée sur la base des études
de vulnérabilité déjà disponibles sur le territoire du plan, du programme ou du projet.
3.3 Approche sectorielle
3.3.1 Environnement
3.3.1.1 Eau
La ressource en eau est particulièrement affectée par les effets du réchauffement climatique qui
accroît les pressions pesant sur sa quantité et sur sa qualité. Les aléas introduits par
l?accroissement des températures méritent donc une attention particulière et justifient des études
de vulnérabilité sur la base de la TRACC afin d?y faire face sur la base de références communes.
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
Avril 2025
Préconisations pour la mise en oeuvre de la TRACC dans
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Les bassins hydrographiques font l?objet de deux types de documents qui ont vocation à traiter
d?adaptation au changement climatique : d?une part les schémas directeurs d?aménagement et de
gestion des eaux (les SDAGE) et, à l?échelle des sous-bassins hydrographiques, les schémas
d?aménagement et de gestion des eaux (SAGE) et, d?autre part, les plans de bassin d?adaptation
au changement climatique (PBACC).
Le code de l?environnement prévoit un ensemble de dispositions législatives et réglementaires
concernant la gestion de l?eau dans le contexte du droit européen. Il organise la gouvernance et
l?élaboration des principaux documents de planification de la gestion de l?eau, au niveau de chaque
grand bassin hydrographique les schémas directeurs d?aménagement et de gestion des eaux (les
SDAGE) et, à l?échelle des sous-bassins hydrographiques, les schémas d?aménagement et de
gestion des eaux (SAGE). Le 3ème PNACC prévoit que lors de leur élaboration ou de leur
renouvellement les SDAGE/SAGE soient mis à jour pour tenir compte de la TRACC.
Les PBACC sont des documents produits par les agences de bassin qui ne sont pas encadrés par
des textes réglementaires. Ils ont vocation à prendre en compte les impacts croissants du
changement climatique sur l?eau et les écosystèmes aquatiques. Ces plans proposent
des stratégies aux acteurs de l?eau pour intensifier leurs efforts et mettre en oeuvre des solutions
adaptées, donnent des trajectoires pour les 7 ans à venir. Ils comportent dans la plupart des cas,
mais non dans certains bassins, des cartes de vulnérabilité pour les sous-bassins versants et
s?inscrivent dans le cadre du Plan Eau qui vise une réduction de 10 % des prélèvements en eau
d?ici 2030. Ainsi, conformément à la mesure n°9 du Plan eau, tous les bassins sont désormais
dotés d?un PBACC précisant la trajectoire de réduction des prélèvements au regard des projections
d?évolution de la ressource et des usages. Leurs études vulnérabilité devraient également être
fondées sur la TRACC.
La coexistence, la complémentarité et l?articulation des SDAGE/SAGE et des PBACC relèvent
d?une appréciation sur la gouvernance de l?eau qui dépasse l?objet de cette mission.
Afin de mettre en oeuvre le PNACC, une obligation de réaliser des études de vulnérabilité fondée
sur la TRACC dans les SDAGE et les SAGE pourrait être imposée par voie réglementaire.
S?agissant des schémas directeurs d?aménagement et de gestion des eaux (SDAGE), les articles
R 212-3 à R 212-5 du code de l?environnement précisent les grandes lignes du contenu de l?état
des lieux sur lesquels ils doivent être fondés. L?article R 212-3 liste les grandes lignes du contenu
de cet état des lieux. Il mentionne en particulier « une présentation générale de sa géographie, de
son climat et de son économie ».
L?article R. 212-3 du code de l?environnement prévoit que les états des lieux incluent « L'évolution
prévisible de la demande en eau et de la ressource disponible et de la répartition de cette ressource
entre les utilisateurs ». L?article R 212-5 renvoie à un arrêté du ministre chargé de l'environnement
pour préciser les modalités d'application. Cet arrêté détermine notamment « les méthodes et les
critères à mettre en oeuvre pour délimiter et classer les masses d'eau, dresser l'état des lieux et
établir le registre des zones protégées ».
Une référence à la TRACC pourrait être introduite dans cet arrêté afin de préciser que lors de la
prochaine révision des SDAGE une analyse de la vulnérabilité du bassin concerné aux effets du
changement climatique devra être effectués sur la base de la TRACC ou sur une trajectoire plus
rapide et/ou conduisant à des niveaux plus élevés des températures aux différentes
échéances/étapes de cette trajectoire.
La situation est similaire s?agissant des schémas d?aménagement et de gestion des eaux (SAGE).
L?article R 212-36 précise les grandes lignes du contenu de l?état des lieux sur lesquels ils doivent
être fondés et l?article R 212-49 renvoie les modalités détaillées à un arrêté du ministre en charge
de l?environnement.
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
Avril 2025
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Ainsi, l?article R. 212-36 du CE prévoit d?ores et déjà que les SAGE fassent l?objet d?une analyse
de vulnérabilité et la production d?un scénario tendanciel d?évolution du territoire : « L?état des lieux
comprend : L'exposé des principales perspectives de mise en valeur de ces ressources compte
tenu notamment des évolutions prévisibles des espaces ruraux et urbains et de l'environnement
économique (?]) »
Le guide SAGE qui paraîtra au printemps 2025 demandera que cet état des lieux soit mené à
l?aune de la TRACC.
Pour mémoire, les SDAGE comme les SAGE sont des plans et programmes soumis à évaluation
environnementale en application de l?article R. 122-17 du code de l?environnement.
Recommandation 5. [MTE/DGALN] Modifier les arrêtés du ministère chargé de
l?environnement prévus par les articles R 212-3 et R 212-49 du code de l?environnement,
respectivement relatifs aux SDAGE et aux SAGE, pour préciser que dès leur prochaine
révision, une analyse de la vulnérabilité du territoire aux effets du changement climatique
devra être effectuée sur la base de la TRACC ou sur des hypothèses de réchauffement
climatique ayant des impacts plus négatifs au regard de certains enjeux pour les acteurs
concernés.
3.3.1.2 Trait de côte
L?adaptation des territoires littoraux à l?évolution du trait de côte fait l?objet de dispositions
législatives (articles L 321-13 A à L 321-33 du code de l?environnement) à la suite de l?adoption de
la loi climat et résilience.
Il est notamment prévu :
? Une cartographie établie par l?État afin « d'anticiper l'évolution du trait de côte et de
prendre en compte les phénomènes hydro-sédimentaires entraînant l'érosion et l'accrétion
littorale dans les politiques publiques, l'État établit une cartographie fondée sur un
indicateur national d'érosion côtière ? INEC ». Une nouvelle version de l?INEC est en cours
de finalisation (publication attendue au second semestre 2025, probablement dans la
foulée de la publication de la nouvelle stratégie nationale de gestion intégrée du trait de
côte (SNGITC)). Elle n?a cependant pas de lien direct avec la TRACC puisqu?il s?agit d?un
indicateur qui se base sur l?évolution historique du trait de côte mais n?a pas de portée
prédictive qui nécessiterait de prendre en compte l?élévation prévisible du niveau marin.
? Une liste de communes devant faire l?objet de mesures d?adaptation spécifiques.
« Les communes dont l'action en matière d'urbanisme et la politique d'aménagement
doivent être adaptées aux phénomènes hydro-sédimentaires entraînant l'érosion du littoral
sont identifiées dans une liste fixée par décret. Cette liste est élaborée en tenant compte
de la particulière vulnérabilité de leur territoire au recul du trait de côte, déterminée en
fonction de l'état des connaissances scientifiques résultant notamment de l'indicateur
national de l'érosion côtière mentionné à l'article L. 321-13 et de la connaissance des
biens et activités exposés à ce phénomène ».
? Des stratégies locales de gestion du trait de côte faisant l?objet d?une convention
entre l?État et les collectivités concernées.« Des stratégies locales de gestion intégrée
du trait de côte peuvent être élaborées par les collectivités territoriales ou leurs
groupements compétents en matière de défense contre les inondations et contre la mer »)
préalablement à la mise en oeuvre des mesures prévues au paragraphe 3 de la sous-
section 3 de la section 1 du chapitre Ier du titre II du livre Ier du code de l'urbanisme.
PUBLIÉ
https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006074220&idArticle=LEGIARTI000045525697&dateTexte=&categorieLien=id
https://www.legifrance.gouv.fr/affichCode.do?cidTexte=LEGITEXT000006074075&idSectionTA=LEGISCTA000043961470&dateTexte=&categorieLien=cid
https://www.legifrance.gouv.fr/affichCode.do?cidTexte=LEGITEXT000006074075&idSectionTA=LEGISCTA000043961470&dateTexte=&categorieLien=cid
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? Enfin, une stratégie nationale de gestion intégrée du trait de côte adoptée par décret :
« La stratégie nationale de gestion intégrée du trait de côte est élaborée par l'État en
concertation avec les collectivités territoriales ».. « La stratégie nationale de gestion
intégrée du trait de côte est révisée dans les formes prévues pour son élaboration tous les
six ans. ».
En application de l?article L. 321-15 du code de l?environnement, des décrets ont été pris pour
établir la liste des communes devant faire l?objet de mesures d?adaptation spécifiques.
La dernière révision de SNGITC remonte à 2017 et une procédure de révision a été lancée en
2022 conformément aux prescriptions de l?article L. 321-13 A (et à l?action 2 de la mesure 4 du
PNACC), conduisant à un nouveau programme d?actions pour la période 2025-2030. Cette
stratégie prend en compte de façon plus marquée l?élévation du niveau de la mer. Elle prévoit la
mise à jour du document national de recommandations pour l?élaboration des cartes locales afin
de tenir compte des retours d'expérience et d?y intégrer la TRACC (données territorialisées sur
l?élévation du niveau marin modélisées par le BRGM).
Préconisation 2 : [MTE] Publier la nouvelle stratégie nationale de gestion du trait de côte,
conformément à l?article L 321-13A du code de l?environnement.
3.3.1.3 Espèces protégées-biodiversité-forêts :
Parcs nationaux et régionaux
L?évolution du climat affecte d?ores et déjà les espaces naturels protégés, notamment les parcs
nationaux. Leurs chartes de gestion, très centrées sur la description du patrimoine naturel et sur le
projet de territoire avec les collectivités territoriales concernées, ne décrivent cependant, en
général, que de façon assez générique, l?évolution des aléas qui vont les concerner.
Les parcs nationaux sont régis par la loi du 14 avril 2006 qui précise leurs modalités de création,
de gouvernance et de gestion. Elle prévoit également des dispositions sur leurs chartes de gestion
qui doivent être approuvées par décret en Conseil d?État et ont une durée de 15 ans.
Un arrêté du ministère de l?écologie et du développement durable du 23 février 2007 fixe « les
principes fondamentaux » applicables à l?ensemble des parcs nationaux français. Ce texte ne
comporte aucune disposition relative à l?évolution du climat.
Son point 2, relatif aux chartes des parcs nationaux, mentionne « le projet de territoire », « les
grands ensembles écologiques fonctionnels », la nécessité de « définir pour cet espace de vie une
politique concertée de protection et de développement durable exemplaire dans une vision
partagée, adaptée aux espaces classés et, au terme d?évaluations périodiques, évolutive, la
valorisation des usages qui concourent à la protection des paysages, des habitats naturels, de la
faune et de la flore et du patrimoine culturel ».
Cet arrêté pourrait être complété par un alinéa relatif à la prise en compte du réchauffement
climatique introduisant le principe d?une étude de vulnérabilité fondée a minima sur la TRACC.
Pour mémoire, les chartes de parcs nationaux sont des plans et programmes soumis à évaluation
environnementale en application de l?article R. 122-17 du code de l?environnement.
L?article R 333-3 du code de l?environnement précise le contenu de la charte des parcs naturels
régionaux (PNR). Il pourrait être complété pour faire référence aux enjeux climatiques et introduire
l?obligation d?une étude de vulnérabilité fondée a minima sur la TRACC.
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
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Recommandation 6. [MTE/DGALN] introduire dans l?arrêté fixant les « principes
fondamentaux » applicables à l?ensemble des parcs nationaux français, et à l?article R 333-
3 du code de l?environnement précisant le contenu des chartes des PNR, un alinéa
concernant la prise en compte du changement climatique dans leurs chartes comportant
l?obligation de réaliser une étude de vulnérabilité fondée sur la TRACC ou sur une
hypothèse de réchauffement climatique plus défavorable.
Plans nationaux d?action en faveur des espèces menacées
L?article L 411-3 du Code de l?environnement prévoit que « des plans nationaux d'action
opérationnels pour la conservation ou le rétablissement des espèces visées aux articles L. 411-1
et L. 411-2 ainsi que des espèces d'insectes pollinisateurs sont élaborés, par espèce ou par groupe
d'espèces, et mis en oeuvre sur la base des données des instituts scientifiques compétents et des
organisations de protection de l'environnement lorsque la situation biologique de ces espèces le
justifie ». Cet article renvoie, le cas échéant, à un décret ses modalités d?application.
Ces plans nationaux font l?objet d?une approbation par le ministère chargé de l?environnement
après avis du conseil national de la protection de la nature. Il s?agit d?outils stratégiques
opérationnels non opposables visant à définir les actions nécessaires à la conservation et à la
restauration des espèces les plus menacées afin de s'assurer de leur bon état de conservation.
Leur construction associe le ministère de l?écologie, le muséum national d?histoire naturelle et les
DREAL concernées.
La prise en compte des effets du changement climatique sur ces plans d?actions pourrait donc se
faire sans texte juridique par un travail conjoint de ces acteurs.
Stratégie nationale des aires protégées et stratégie nationale biodiversité
Ces cadres stratégiques n?ont pas d?effets juridiques mais précisent les politiques à mener et
déclinent des cadres d?actions. Ils devraient, lors de leurs prochaines modifications, comporter des
développements approfondis sur l?adaptation au CC avec une référence à la TRACC.
Préconisation 3 : [MTE/DGALN] Prendre en compte la TRACC lors de la révision à mi-parcours
de la SNB ainsi que dans la prochaine révision de la stratégie nationale des aires protégées et
dans l?élaboration des plans nationaux d?actions en faveur des espèces menacées.
3.3.2 Risques
3.3.2.1 Risques naturels
Le changement climatique va inévitablement conduire à faire évoluer le niveau des aléas
mentionnés dans les divers textes portant sur la prévention des risques naturels. Ces niveaux
devraient être évalués, a minima, sur la base de la TRACC. Il s?agit notamment des PPRN, PPRI,
PGRI, etc. ainsi que de l?aléas sur la submersion marine.
Dans la mesure où ces documents relèvent de l?État et concernent des risques précisément
identifiés, il est proposé d?aller au-delà de l?étude de vulnérabilité pour préciser les mesures
prises afin de faire face à celles-ci.
Plan de prévention des risques naturels (PPRN)
L?article L 562-1 du code de l?environnement décrit précisément l?objet, les modalités d?élaboration
et la gouvernance des plans de prévention des risques naturels (PPRN).
PUBLIÉ
https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006074220&idArticle=LEGIARTI000006833715&dateTexte=&categorieLien=cid
https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006074220&idArticle=LEGIARTI000006833715&dateTexte=&categorieLien=cid
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L?article R 562-3 du même code précise le contenu du dossier du projet de plan qui doit notamment
contenir :
« 1° Une note de présentation indiquant le secteur géographique concerné, la nature des
phénomènes naturels pris en compte et leurs conséquences possibles, compte tenu de l'état des
connaissances. S'agissant des aléas débordement de cours d'eau et submersion marine, sont
intégrées à cette note de présentation les cartes suivantes :
a) La carte de l'aléa de référence mentionnée à l'article R. 562-11-4 ;
b) La carte de l'aléa à échéance 100 ans mentionnée à l'article R. 562-11-5 dans le cas de l'aléa
submersion marine.
2° Un ou plusieurs documents graphiques délimitant les zones mentionnées aux 1° et 2° du II
de l'article L. 562-1 ;
3° Un règlement précisant, en tant que de besoin :
a) Les mesures d'interdiction et les prescriptions applicables dans chacune de ces zones en vertu
des 1° et 2° du II de l'article L. 562-1 ;
b) Les mesures de prévention, de protection et de sauvegarde mentionnées au 3° du II de l'article
L. 562-1 et les mesures relatives à l'aménagement, l'utilisation ou l'exploitation des constructions,
des ouvrages, des espaces mis en culture ou plantés existant à la date de l'approbation du plan,
mentionnées au 4° de ce même II. Le règlement mentionne, le cas échéant, celles de ces mesures
dont la mise en oeuvre est obligatoire et le délai fixé pour celle-ci ».
Ce texte pourrait être complété comme suit en complétant le 1° pour faire référence à la
TRACC ainsi rédigée :
« La note de présentation comporte une analyse de la vulnérabilité du territoire concerné aux effets
du changement climatique sur la base de la TRACC, ou sur des hypothèses de réchauffement
climatique ayant des impacts plus négatifs au regard de certains enjeux pour les acteurs concernés.
Cette analyse précisera les périmètres concernés, les aléas à prendre en compte aux horizons
temporels pertinents et leurs conséquences pour le territoire tel qu?il est projeté. Ils précisent
également les mesures prises pour faire face aux vulnérabilités constatées. »
Pour mémoire, les PPRN sont des plans et programmes soumis à évaluation environnementale
au cas par cas en application de l?article R. 122-17 du code de l?environnement.
Inondations
L?article L 566-3 du code de l?environnement prévoit la réalisation d?une évaluation préliminaire des
risques d?inondation (EPRI) et décline les grandes lignes de son contenu, de son processus
d?élaboration et de sa gouvernance.
Le II de l?article R 566-1, décrit le contenu de l?évaluation préliminaire des risques d?inondation. Il
pourrait être complété, de la même manière, par une référence à la TRACC dans son 4°, qui traite
de « l'évaluation des conséquences négatives potentielles d'inondations futures en termes de
santé humaine, d'environnement, de biens, dont le patrimoine culturel, et d'activité économique,
en tenant compte autant que possible d'éléments tels que la topographie, la localisation des cours
d'eau et leurs caractéristiques? ».
Il en est de même pour les plans de gestion des risques d?inondation (PGRI) dont le contenu est
défini par l?article R 566-10 du code de l?environnement qui pourrait être complété de la même
manière.
Pour mémoire, les PGRI sont des plans et programmes soumis à évaluation environnementale en
application de l?article R. 122-17 du code de l?environnement
PUBLIÉ
https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006074220&idArticle=LEGIARTI000038733565&dateTexte=&categorieLien=cid
https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006074220&idArticle=LEGIARTI000006834573&dateTexte=&categorieLien=cid
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Elévation du niveau de la mer
Le changement climatique conduit mécaniquement à une élévation du niveau de la mer notamment
du fait de la fonte des glaces du Groenland, de l?Arctique et de l?Antarctique qui pourraient
s?accélérer si la hausse des températures dépasse certains seuils (« Tipping points climatiques »).
De nombreuses incertitudes existent sur cette question. Si la fonte des glaces du Groenland
apparait inéluctable, il n?existe pas de consensus sur les évolutions globales de l?Arctique et de
l?Antarctique en fonction du réchauffement des températures.
L?article R 562-11-5 du Code de l?environnement précise, s?agissant des risques de submersion
marine, le contenu de l?article L 562-1. Il indique que : « S'agissant de la submersion marine, l'aléa
à échéance 100 ans correspond à l'aléa de référence mentionné à l'article R. 562-11-3 auquel est
ajoutée une marge supplémentaire, précisée par arrêté du ministre chargé de la prévention des
risques majeurs. Cet aléa supplémentaire correspond à la prise en compte des impacts du
changement climatique à échéance 100 ans. L'aléa à échéance 100 ans est qualifié et représenté
de manière cartographique selon les mêmes dispositions que celles prévues à l'article
R. 562-11-4 ».
L?arrêté du 5 juillet 2019 pris en application de cet article fixe la marge de précaution à 40 cm.
Les directives nationales, intégrant les conséquences du changement climatique, exigent
désormais de prendre en compte le risque d?élévation du niveau moyen de la mer dont les
modalités sont les suivantes :
? intégration systématique au niveau marin centennal (NMC) d'une surcote de 20 cm
(première étape vers une adaptation au changement climatique"), qui constitue le niveau
marin de référence (NMR) ;
? hypothèse d'une augmentation du niveau marin centennal (NMC) de 60 cm à l?horizon
2100, qui constitue le niveau marin de référence 2100 (NMR 2100).
Une réflexion est en cours pour modifier ces valeurs qui paraissent assez faibles sachant que la
Belgique et les Pays-Bas réfléchissent à des élévations du niveau de la mer de 1 à 3 mètres voire
plus à la fin du siècle. Les réflexions sur des scénarios très pessimistes (élévation de plusieurs
mètres à la fin du siècle), par exemple sur le modèle de ce qui est fait aux Pays-Bas ou au Royaume
Uni seraient très utiles.
Recommandation 7. [MTE/DGPR] Modifier certaines dispositions du code de
l?environnement (articles R. 562-11-1 et suivants, R. 566-1 et suivants, et l?article R. 566-10
et suivants) pour prendre en compte la TRACC dans les PPRN, l?EPRI et les PGRI. Il s?agit
de préciser que ces documents devront comporter une analyse de la vulnérabilité du
territoire concerné aux effets du changement climatique sur la base de la TRACC, ou sur
des hypothèses de réchauffement climatique ayant des impacts plus négatifs.
Il convient en outre de donner aux acteurs les outils nécessaires pour prendre en compte la TRACC.
Préconisation 4 : [MTE/DGPR] : Modifier les guides et référentiels suivant pour prendre en
compte la TRACC : élaboration des PPRN, rapportage du 4e cycle pour les cartes d?aléa dans les
TRI.
PUBLIÉ
https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006074220&idArticle=LEGIARTI000038733563&dateTexte=&categorieLien=cid
https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006074220&idArticle=LEGIARTI000038733565&dateTexte=&categorieLien=cid
Rapport n° 015725-01
Avril 2025
Préconisations pour la mise en oeuvre de la TRACC dans
les politiques de l?environnement, du climat, de l?énergie,
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3.3.2.2 Risques technologiques :
Le rapport CGE-IGEDD « Agressions naturelles et installations industrielles, notamment
SEVESO » dite « NaTech » traite de la question de l?intégration de la TRACC dans la prévention
des risques NATech. Elle ne sera donc pas abordée ici.
3.3.3 Construction, aménagement et urbanisme :
Ces secteurs d?activité, qui ont un fort impact sur le changement climatique, sont également
particulièrement vulnérables aux aléas climatiques et les professionnels en sont bien souvent
conscients, notamment sous l?action de leurs assureurs.
Les propositions qui précédent portant sur les évaluations environnementales s?agissant des plans
et programmes (la très grande partie des documents d?urbanisme) et des études d?impacts
s?agissant des projets les plus importants permettraient déjà de faire en sorte qu?ils tiennent compte
de la TRACC.
En outre, pour inciter les collectivités territoriales à prendre en compte la TRACC dans le cadre de
leurs projets de rénovations urbaines, l?Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU) qui
finance et accompagne la transformation de 600 quartiers de la politique de la ville, pourrait
conditionner ses aides à la démonstration que ces projets ont été précédés par la réalisation
d?études de vulnérabilité fondées sur la TRACC contenues dans des plans ou programmes incluant
le territoire du projet.
De même, les établissements publics d?aménagement (EPA) de l?État qui interviennent dans
l?aménagement et la construction de logements, de quartiers et d?équipements publics pourraient-
ils faire en sorte que chacun de leurs projets s?appuie sur les études de vulnérabilité fondées sur
la TRACC.
Le secteur de la construction et du bâtiment est quant à lui soumis à deux types de normes :
? une série de normes obligatoires qui sont rassemblées dans le cadre de la Réglementation
environnementale, dénommée RE2020 qui fait suite à la RT2012 depuis le 1er janvier
2022 ; cette réglementation, élaborée sous la responsabilité de la DHUP et en concertation
avec l?ensemble des professionnels se déploie progressivement sur les différents types de
constructions mais fait déjà l?objet d?actualisations ; à cette occasion, il conviendrait qu?elle
prenne en compte la TRACC pour les constructions dont la durée de vie dépasse 20 ou 30
ans ; la mission propose que les références annexées à l?article R. 172-4 du code de la
construction et de l?habitation soient modifiées à cet effet ;
? de très nombreuses règles de l?art, sous forme de normes, de référentiels, de guides, de
cahiers techniques, en droit non impératives, mais qui en réalité s?imposent aux
constructeurs par le biais des assurances. Ils sont repris presque systématiquement dans
les documents contractuels.
Ainsi les documents techniques unifiés (DTU) rassemblent-t-il les spécifications techniques
recommandées par les professionnels du bâtiment. Ils sont révisés sous la responsabilité du
Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) qui assure une concertation avec les
professionnels concernés (bâtiment, assurance, ADEME, Météo France?).
Ce dernier a indiqué à la mission qu?il travaillait d?ores et déjà sur la prise en compte de la TRACC
dans l?ensemble des documents dont il a la charge. Ce travail va être long et progressif. Il convient
de le soutenir.
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Rapport n° 015725-01
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Mais ces travaux techniques ne peuvent avoir lieu que s?ils sont précédés par des recherches
appliquées très spécifiques. Le CSTB comme le Centre d?études et d?expertise sur les risques,
l?environnement, la mobilité et l?aménagement (CEREMA), lui aussi très impliqué sur ce sujet
auprès des collectivités territoriales, pourraient intensifier leurs programmes de recherche pour
aider les rédacteurs de normes techniques à choisir les prescriptions les plus pertinentes.
Recommandation 8. [MTE/DGALN et opérateurs de l?État] 1/ Intensifier les programmes de
recherche sur l?adaptation des bâtiments et des villes aux effets les plus graves du
changement climatique. 2/ Intensifier l?actualisation des DTU, en lien étroit avec les
professionnels concernés, en prenant comme référence la TRACC. 3/ S?assurer que les EPA
intègrent dans l?ensemble de leurs projets de constructions ou d?aménagements, une étude
de la vulnérabilité au changement climatique basée sur la TRACC, ou sur une trajectoire
plus rapide et/ou conduisant à des niveaux plus élevés des températures. 4/ Intégrer dans
les exigences de performances environnementales des bâtiments prévues par l?article
R. 172-4 du CCH, des valeurs de paramètres prenant en compte la TRACC pour les
constructions dont la durée de vie dépasse 20-30 ans.
3.3.4 Gestionnaires de réseaux d?infrastructures
De manière générale, il ne parait pas opportun d?imposer d?obligations nouvelles aux entreprises
sauf pour les projets soumis à étude d?impact et dans quelques cas spécifiques comme celui des
gestionnaires de réseaux d?infrastructures.
Dans le domaine des transports comme dans celui de l?énergie, les réseaux d?infrastructures sont
particulièrement sensibles aux effets du changement climatique. Les routes, voies ferrées, voies
navigables, ports et aéroports peuvent connaître des ruptures d?axes de transport conduisant à de
fortes perturbations de circulation et des coûts de reconstruction importants, notamment sous l?effet
d?inondations ou d?événements climatiques extrêmes. Les systèmes pétroliers et gaziers sont
principalement affectés par les effets des sécheresses sur les sols, qui fragilisent les oléoducs et
gazoducs. S?agissant du système électrique, le changement climatique a des conséquences
directes à la fois sur les niveaux de production, l?exploitation des réseaux de transport et de
distribution, et la sûreté des installations.
Les principaux gestionnaires de réseaux d?infrastructures sont des entreprises publiques, des
établissements publics ou des sociétés dont l?État est actionnaire : groupe ADP, SNCF Réseau,
RATP, VNF, la SGP (Société des Grands Projets) et les grands ports maritimes pour les transports ;
EDF, RTE, Enedis, GRTgaz et GRDF pour l?énergie. Il peut également s?agir d?entreprises
auxquelles ont été attribuées des concessions (cas des autoroutes et des concessions hydro-
électriques).
Compte tenu des enjeux liés au caractère critique des infrastructures, de leur culture et des moyens
que leur confèrent en général leur taille et un modèle économique assez largement régulé par la
puissance publique, ces acteurs essentiels à la continuité de la vie nationale ont de longue date
développé une démarche d?adaptation au changement climatique, mais la résilience des
infrastructures et réseaux dont ils sont responsables constitue un enjeu majeur face à
l?amplification des effets du changement climatique.
En juin 2024, les ministres chargés de l?économie, de la transition écologique et de l?énergie ont
adressé aux grandes entreprises des secteurs de l?énergie et des transports un courrier leur
demandant de leur transmettre, d?ici la fin de l?année 2024, une étude de vulnérabilité aux effets
du changement climatique fondée sur la TRACC accompagnée d?une ébauche de plan d?action
intégrant une première estimation des coûts à engager, puis, d?ici l?été 2025, un plan détaillé
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Rapport n° 015725-01
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d?adaptation au changement climatique comprenant des propositions précises et chiffrées de
l?ensemble des réseaux et infrastructure sous leur responsabilité. Cette démarche n?a pas été
étendue aux entreprises privées concessionnaires d?infrastructures. Elle devrait l?être.
Si la démarche semble avoir perdu une partie de sa dynamique, notamment du côté de l?État du
fait de l?instabilité politique du second semestre 2024, les interlocuteurs de la mission au sein de
ces entreprises ont souligné le caractère essentiel d?un exercice qu?ils avaient engagé avant le
courrier des ministres et avant la décision de fonder le PNACC 3 sur la TRACC. Il leur appartient,
selon les termes du courrier des ministres, de s?assurer que la mise à jour des études de
vulnérabilité et des plans d?adaptation sera cohérente avec la TRACC.
Ils soulignent toutefois que si les études et les propositions chiffrées sont bien de leur ressort, les
décisions et le financement des plans d?action relèvent principalement de l?État. Il s?agit en
effet de décisions éminemment politiques, qui reflètent des préférences collectives. Concrètement,
ils attendent de l?État :
? qu?il fixe, sur la base de leurs analyses et propositions, les niveaux de services que les
réseaux d?infrastructures de transport et d?énergie devront continuer à assurer ;
? qu?il joue un rôle déterminant, à travers sa fonction de tutelle ou sa participation à la
gouvernance des entreprises, à la validation des plans d?investissements correspondants ;
? et qu?il s?assure, selon des modalités adaptées au modèle économique de chaque
entreprise, du financement effectif des investissements.
La bonne articulation des plans d?adaptation au changement climatique avec la trajectoire
financière propre à chaque gestionnaire d?infrastructure devra être assurée dans la durée en
fonction des modèles économiques propres à chaque secteur et des outils et instances de
régulation existants.
Le niveau des dessertes ferroviaires et les subventions de l?État, pour le réseau ferroviaire, ou les
tarifs d?utilisation des réseaux publics fixés par la CRE, pour les réseaux d?électricité et de gaz,
constituent ainsi des paramètres essentiels à la crédibilité et au succès de la démarche initiée par
les courriers des ministres aux grandes entreprises gestionnaires de réseaux d?infrastructures.
Le bouclage économique et financier, à moyen terme au moins, doit être prévu au sein des
documents de référence qui servent de cadre à l?action des différents gestionnaires
d?infrastructures. Ils devraient faire l?objet d?une évaluation de leur niveau et de leur soutenabilité
par les autorités indépendantes concernées (CRE, etc.).
L?État actionnaire devrait s?assurer d?une prise en compte satisfaisante de ces enjeux à travers
l?action de l?APE et de ses représentants au sein du conseil d?administration des entreprises.
Enfin, ce devrait également être le cas s?agissant des concessions sur des infrastructures,
notamment autoroutières et hydro-électriques, lors de leur renouvellement.
Dans ce contexte, il n?est pas proposé de modifications du cadre juridique existant. Les travaux à
mener doivent être conduits par les gestionnaires de réseaux. L?État actionnaire doit s?assurer
qu?ils répondent correctement aux enjeux. Il apparaît également indispensable de donner une suite
opérationnelle à la lettre conjointe des ministres de la transition écologique et de l?économie et des
finances adressées à ces entreprises.
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Rapport n° 015725-01
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Recommandation 9. [État actionnaire, gouvernance des entreprises publiques,
concessionnaires, autorités indépendantes de régulation] 1/ Donner une suite
opérationnelle à la démarche lancée en juin 2024 qui demandait aux entreprises
gestionnaires d?infrastructures dont l?État est actionnaire de conduire des études de
vulnérabilité fondées sur la TRACC et des plans d?adaptation au changement climatique.
2/ Fixer les niveaux de service que les entreprises devront continuer à assurer. 3/ Valider
les plans d?investissements correspondant aux stratégies et actions nécessaires pour
garantir ces niveaux de services en s?assurant de la soutenabilité de leur impact sur les
tarifs. 4/ Prévoir le financement de ces investissements dans l?élaboration des trajectoires
financières pluriannuelles et au sein des documents de de référence servant de cadre à
l?action des différents gestionnaires d?infrastructures et de services.
3.3.4.1 Transports
Le secteur des transports occupe une place centrale dans l?adaptation au changement climatique,
en raison de la multiplicité et de l?interdépendance de ses infrastructures (routières, ferroviaires,
portuaires, fluviales, aéroportuaires), de ses chaînes logistiques et du rôle structurant qu?il exerce
au sein des territoires. Jusqu?à présent, la plupart des études de vulnérabilité se sont fondées sur
les scénarios RCP du GIEC (notamment RCP 4.5 et RCP 8.5), et ont permis d?identifier des risques
majeurs (inondations, submersions marines, épisodes caniculaires, dégradation précoce des
infrastructures, etc.). Avec l?émergence de la TRACC, il convient désormais d?actualiser ou de
compléter certains de ces travaux pour tenir compte des projections climatiques actualisées, dès
lors que l?horizon d?analyse dépasse 2050 et que la durée de vie des actifs concernés justifie une
prospective de long terme.
Sur le terrain, une logique principalement incitative a été retenue pour favoriser l?appropriation de
la TRACC par les opérateurs de services de transport et les gestionnaires d?infrastructures. L?idée
est de leur proposer un cadre méthodologique et des orientations techniques claires, tout en
veillant à ne pas multiplier les obligations légales ou réglementaires. Les référentiels employés
dans les différents domaines de transport sont en effet souvent élaborés à titre volontaire, au
travers de concertations entre les administrations, les collectivités et les professionnels. Plutôt que
de rendre la totalité de ces documents obligatoires, l?approche actuelle consiste à mettre à jour les
paramètres sensibles au changement climatique, à favoriser l?accès aux données de la TRACC et
à encourager la réalisation ou la révision d?études de vulnérabilité.
L?enjeu, pour chaque infrastructure ou système de transport, est de déterminer le degré de
protection ou de résilience ciblé, en s?appuyant sur l?analyse coûts-risques-bénéfices, la durée de
vie des équipements et la criticité des services (par exemple le rôle d?un axe ferroviaire dans les
liaisons de fret stratégiques, la desserte d?une zone isolée via un réseau routier, ou la sécurité de
l?approvisionnement d?un port). Les arbitrages reposent sur la capacité technique et financière des
acteurs, la prise en compte des inégalités territoriales face aux aléas climatiques, ainsi que
l?acceptation d?un risque résiduel jugé acceptable à l?échelle locale ou nationale.
Dans un tel contexte, l?adaptation touche également aux matériels roulants, qu?il s?agisse de trains,
de bus, de tramways ou de bateaux. Les fortes chaleurs ou les épisodes de pluies intenses peuvent,
s?ils ne sont pas anticipés, engendrer des pannes, des inconforts accrus pour les passagers, ou
des risques de détérioration accélérée du matériel.
Il convient également de s?assurer que la TRACC est intégrée comme scénario de référence
« minimal » dans les études de vulnérabilité et le dimensionnement des nouveaux projets
d?infrastructure, qu?il s?agisse de constructions neuves ou de réhabilitations majeures. Dès la phase
de conception, les paramètres sensibles au changement climatique (températures maximales,
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Rapport n° 015725-01
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précipitations extrêmes, élévation du niveau de la mer) doivent être pris en compte afin d?anticiper
l?évolution des conditions sur la durée de vie prévue des ouvrages et équipements. Cette exigence
doit permettre de limiter les restructurations coûteuses à moyen ou long terme, et de garantir la
fiabilité et la pérennité des services, même face à des scénarios climatiques plus contraignants.
Les autorités organisatrices de la mobilité sont aussi incitées à évaluer leurs matériels roulants
(trains régionaux, bus, tramways, etc.) à l?aune de conditions climatiques plus sévères, afin de
prévenir l?inconfort et l?augmentation des pannes. À terme, l?objectif est de proposer un service de
transport sûr et fiable, même dans un contexte d?aléas plus fréquents et intenses.
Pour concrétiser cet élan et faire évoluer les règles de l?art dans tous les domaines de transport, il
apparaît indispensable de poursuivre le travail de recensement précis des référentiels techniques
(guides, normes, référentiels scientifiques) comprenant des paramètres déterminants pour la
sécurité, la robustesse et l?efficacité des infrastructures et des services, pouvant être affectés par
l?évolution du climat. Les résultats de ces mises à jour devront ensuite être traduits en
préconisations concrètes pour l?adaptation des infrastructures, la conception des futurs projets de
transport et l?évaluation du matériel roulant.
Recommandation 10. [MTE/DGITM, DGAC] Identifier et faire évoluer, dans les domaines
routier, ferroviaire, portuaire, fluvial et aéroportuaire, les référentiels techniques
comprenant des paramètres pour lesquels une évolution du climat telle que définie par la
TRACC et par des évolutions climatiques plus défavorables pourrait avoir un impact.
Organiser, notamment en lien avec les AOM, l?évaluation des matériels roulants (trains,
métros, tramways, bus, cars) aux conditions climatiques décrites par la TRACC en vue de
leur adaptation.
3.3.4.2 Énergie
Comme le secteur des transports, le secteur de l?énergie est stratégique pour l?adaptation au
changement climatique, compte tenu à la fois de la diversité des effets du changement climatique
qui sont susceptibles de mettre à l?épreuve la résilience des différents systèmes énergétiques, de
la criticité d?infrastructures et services essentiels pour le fonctionnement de la société et de
l?économie, et des interactions très fortes qui existent entre les systèmes énergétiques et d?autres
activités essentielles à la continuité et la sûreté de la vie nationale (transports, santé, sécurité, etc.).
Les systèmes pétroliers et gaziers sont exposés principalement aux effets des sécheresses sur les
sols, susceptibles d?affecter les oléoducs et gazoducs. S?agissant du système électrique, le
changement climatique a des conséquences directes non seulement sur la sûreté des installations
et l?exploitation et la performance du parc, mais aussi sur les niveaux de production et de
disponibilité de l?eau. Les principales infrastructures dont la résilience face aux effets du
changement climatique doit être consolidée sont les centrales nucléaires, les installations de
production d?hydroélectricité et les réseaux de transport et de distribution d?électricité.
La prise en compte de la TRACC pour l?adaptation au changement climatique du secteur de
l?énergie passe par deux grands types de mesures :
? d?une part, la réalisation d?études de danger et d?études de vulnérabilité fondées sur des
scénarios cohérents avec la TRACC ou plus défavorables ;
? d?autre part, pour les différents systèmes énergétiques, l?adaptation des référentiels
techniques comprenant des paramètres sensibles à l?évolution du climat.
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Rapport n° 015725-01
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Sur le premier point, les entretiens conduits par la mission ont abouti à la conviction forte qu?il n?y
a pas matière à chercher à faire produire à la TRACC des effets juridiques contraignants
pour les grands gestionnaires d?infrastructures et de services énergétiques. En effet :
? d?une part, ces opérateurs sont ? fort heureusement compte tenu des enjeux ? en pointe
en matière d?adaptation au changement climatique (ex : Plan ADAPT d?EDF pour les
centrales nucléaires, SDDR de RTE) ;
? d?autre part, leurs études de vulnérabilité sont en général fondées sur plusieurs scénarios,
dont l?un est très proche de la TRACC, et cette approche est indispensable pour bien
appréhender la sensibilité des effets du changement climatique à différentes hypothèses
de réchauffement, qui seule peut permettre de déterminer les plans d?action les plus
appropriés sont un contexte d?incertitude et de forte aversion au risque, notamment pour
des raisons évidentes de sûreté.
A cet égard, compte tenu des enjeux vitaux associés à la sûreté nucléaire, on comprend qu?EDF
ne puisse se contenter d?une approche fondée sur la TRACC et doive également étudier des
scénarios plus prudents fondés sur une trajectoire de réchauffement plus rapide.
L?entretien avec RTE a d?ailleurs mis en évidence le fait que pour certains risques, la prise en
compte d?un scénario de réchauffement plus rapide que la TRACC pouvait conduire, de manière
apparemment paradoxale, à sous-estimer certains risques.
Ainsi, dans le cadre de l?élaboration du SDDR soumis à débat public à partir de [février 2025], RTE
a travaillé sur deux scénarios issus du 5e rapport du GIEC :
? le scénario RCP 4.5, qui peut être en première approximation assimilé à la TRACC, ce qui
permet à RTE de répondre au courrier des ministres de juin 2024 sans devoir reprendre
les études de vulnérabilité en cours ;
? le scénario RCP 8.5, qui conduit à une augmentation des températures nettement plus
forte à l?horizon 2100.
Or le scénario le plus chaud est aussi le scénario le plus sec, et dès lors que le risque d?inondations
par débordement et ruissellement représente un enjeu majeur d?adaptation au changement
climatique pour les postes et pylônes électriques, le scénario RCP8.5 n?est pas le plus prudent.
Cet exemple souligne la nécessité d?étudier plusieurs scénarios. C?est d?ailleurs ce que prévoit
explicitement la mesure 31 du projet de PNACC 3, qui précise que les études sur les vulnérabilités
d?approvisionnement et de logique, en matière de transport pétrolier et gazier, seront menées pour
explorer les solutions à mettre en oeuvre selon différents niveaux de réchauffement climatique.
Cette nécessité de prendre en compte plusieurs scénarios, et d?apprécier la sensibilité des
différents effets du réchauffement climatique aux changements de scénarios, est indispensable
pour éclairer des décisions publiques fondées sur une rationalité socio-économique, à prendre
en univers incertain, en fonction d?une aversion au risque qui reflète les préférences collectives,
et relève donc, par essence, de la sphère politique.
La préconisation de la mission est donc de n?imposer aux grands opérateurs du secteur de
l?énergie aucune obligation juridique liée à la TRACC, le courrier des ministres de juin 2024 et,
de manière plus large, la tutelle ou le dialogue actionnarial offrant un cadre beaucoup plus
souple et plus pertinent compte tenu du rôle essentiel de l?État dans la gouvernance des opérateurs
et la régulation du modèle économique du secteur.
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S?agissant en revanche des référentiels techniques des différents systèmes énergétiques qui
comprennent des paramètres sensibles à l?évolution du climat, il convient, comme pour le
secteur des transports, de les adapter à une évolution du climat cohérente a minima avec la
TRACC. Il s?agit notamment de la documentation technique de référence (DTR) élaborée par les
gestionnaires de réseaux.
Recommandation 11. [MTE/DGEC/DGPR et ASNR] Identifier et faire évoluer, dans les
domaines du nucléaire, de l?hydroélectricité, des infrastructures pétrolières et des réseaux
électriques, les référentiels techniques comprenant des paramètres pour lesquels une
évolution du climat telle que définie par la TRACC et par des évolutions climatiques plus
défavorables pourrait avoir un impact.
3.4 Politiques publiques ne relevant pas du périmètre de la
mission :
Le périmètre de la mission ne concerne que certaines politiques publiques traitées plus
haut. Un exercice similaire devrait être effectué pour les autres politiques publiques
fortement impactées par le changement climatique : santé, travail, agriculture, forêt,
sécurité civile, défense nationale, sports, culture, éducation, etc.
Recommandation 12. [Premier Ministre] Demander aux inspections générales des ministères
concernés de conduire des travaux analogues à ceux qui ont été confiés à l?IGEDD afin de
mettre prendre en compte la TRACC.
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4 Méthodologie et outils pour l?intégration de la TRACC
L?adaptation au changement climatique nécessite une approche rigoureuse et cohérente, reposant
sur une compréhension fine des risques et des vulnérabilités climatiques ainsi que sur la mise en
oeuvre de stratégies adaptées. Dans ce cadre, la TRACC a été conçue pour fournir une référence
commune permettant d?anticiper les évolutions du climat et d?orienter la planification des politiques
d?adaptation. Sa prise en compte effective dans les plans, stratégies et programmes requiert
toutefois un cadrage méthodologique précis et robuste, garantissant une application homogène et
scientifiquement fondée.
Ce cadre doit permettre :
? l?évaluation rigoureuse des risques climatiques, à travers des études de vulnérabilité et des
tests de résistance, en utilisant des méthodologies validées et des scénarios adaptés ;
? l?intégration des résultats dans les documents de planification, garantissant que les
stratégies d?aménagement du territoire, de gestion des infrastructures et de résilience
économique tiennent compte des évolutions climatiques attendues ;
? un suivi et une évaluation continue, afin d?ajuster les mesures d?adaptation en fonction des
nouvelles connaissances et des évolutions des modèles climatiques ;
? une mobilisation et un renforcement des capacités des acteurs concernés, à travers la
formation et l?accompagnement technique des collectivités, des gestionnaires
d?infrastructures et des entreprises ;
? un engagement actif des parties prenantes, pour assurer une appropriation effective de la
méthodologie et garantir l?efficacité des mesures mises en oeuvre.
L?utilisation de la TRACC ne se limite pas à une simple prise en compte des projections climatiques.
Il s?agit d?un processus dynamique et évolutif, nécessitant une cohérence méthodologique entre
les différents niveaux de gouvernance, une mobilisation des ressources et une harmonisation des
approches pour éviter des stratégies d?adaptation fragmentées.
Ce chapitre est largement complété par les éléments reportés en annexe 9, notamment pour les
parties traitant du cadre méthodologique et de l?élaboration et de la mise en oeuvre des stratégies
d?adaptation, ainsi que pour les apports sur la formation et la communication.
4.1 Cadre méthodologique pour l?évaluation des risques
climatiques
La prise en compte de la TRACC dans les stratégies d?adaptation repose sur une évaluation
rigoureuse des risques climatiques, afin de structurer l?identification des vulnérabilités et de
concevoir des mesures adaptées. Cette démarche vise à anticiper les effets du changement
climatique en se fondant sur une approche systémique, permettant de planifier des réponses
cohérentes à court, moyen et long terme.
La première étape consiste à clarifier les objectifs poursuivis et les périmètres d?analyse. Il est
essentiel de déterminer les priorités sectorielles ou territoriales, d?identifier les seuils critiques à ne
pas dépasser et de définir des critères mesurables pour guider l?évaluation des risques. Cette
approche implique d?adopter une vision intégrée en précisant les horizons temporels pertinents,
les fonctionnalités essentielles à préserver et les aléas spécifiques à considérer.
La prise en compte de la TRACC permet d?harmoniser les projections climatiques et de limiter
l?incertitude associée aux hypothèses divergentes.
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Rapport n° 015725-01
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L?analyse des vulnérabilités repose quant à elle sur une caractérisation des facteurs de fragilité ou
de sensibilité qui peuvent être physiques (état d?une infrastructure, exposition aux aléas),
organisationnels (chaînes logistiques, continuité des services) ou socio-économiques
(dépendance à certaines ressources, inégalités face aux risques). Cette étape implique de
mobiliser des approches complémentaires : déterministe, pour étudier les impacts d?un scénario
donné, et probabiliste, pour explorer différentes trajectoires et seuils critiques. L?objectif est d?établir
un diagnostic robuste qui serve de base à la priorisation des actions d?adaptation.
La gouvernance joue un rôle central dans cette évaluation. La diversité des parties prenantes ?
acteurs publics, opérateurs privés, chercheurs, associations ? nécessite une approche participative,
favorisant la mutualisation des connaissances et l?appropriation des résultats. La définition d?une
méthodologie nationale standardisée permettrait d?harmoniser les pratiques et de garantir la
cohérence des analyses entre les différents secteurs et niveaux de décision.
Préconisation 5 : [Cerema, Ademe dans les conditions actuelles / puis France Adaptation26]
Élaborer et diffuser une méthodologie nationale pour l?utilisation de la TRACC dans les analyses
de vulnérabilité, en fournissant des directives claires sur le cadrage des objectifs et des périmètres
de ces analyses, les méthodes d?évaluation des vulnérabilités et l?intégration des scénarios et des
indicateurs climatiques pertinents.
4.2 Élaboration et mise en oeuvre d?une stratégie d?adaptation
Une fois les vulnérabilités identifiées, la définition d?une stratégie d?adaptation s?appuie sur le
recensement et la hiérarchisation des solutions, suivie de leur traduction en un plan d?action
structuré. Cette phase est essentielle pour transformer l?analyse de risques en décisions concrètes
et orienter les investissements de manière efficace.
Les solutions d?adaptation sont multiples. Elles peuvent être technologiques (amélioration d?une
infrastructure, utilisation de matériaux plus résilients), structurelles (modification de l?aménagement
du territoire, restauration des écosystèmes), organisationnelles (élaboration de plans d?urgence,
formation des acteurs) ou comportementales (changement des pratiques individuelles et
collectives). Il convient de sélectionner les mesures les plus adaptées à chaque contexte.
La hiérarchisation des solutions repose notamment sur trois critères principaux :
? l?efficacité en termes de réduction des vulnérabilités, notamment pour garantir la continuité
des services essentiels ;
? la faisabilité technique et financière, qui nécessite d?identifier les ressources disponibles et
les moyens d?accompagnement ;
? l?acceptabilité sociale et environnementale, afin d?éviter les mal-adaptations et de s?assurer
du soutien des territoires et des parties prenantes.
Une fois cette hiérarchisation réalisée, il convient d?organiser les mesures dans un plan d?action
opérationnel. Ce dernier doit préciser les responsabilités des acteurs, les échéances, ainsi que les
indicateurs de suivi permettant d?évaluer l?impact des actions mises en place. Il est essentiel de
définir des dispositifs d?ajustement périodiques afin d?adapter la stratégie aux évolutions des
connaissances et aux nouvelles données et contraintes climatiques.
L?efficacité de la mise en oeuvre repose également sur la mobilisation de financements adaptés,
qui doivent encourager les investissements dans la résilience. La structuration de mécanismes
d?accompagnement, tels que des subventions ciblées ou des incitations fiscales, constitue un levier
indispensable pour garantir l?aboutissement des projets d?adaptation.
26 Voir 1.2.3 et Recommandation 13
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
Avril 2025
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Enfin, la mise en place d?un dispositif de suivi et d?évaluation est essentielle pour ajuster la stratégie
en fonction des retours d?expérience. De même, l?apprentissage collectif et le partage de bonnes
pratiques permettent de capitaliser sur les démarches réussies et d?éviter la reproduction d?erreurs
coûteuses.
Préconisation 6 : [MTE] Développer des systèmes de suivi, d?évaluation et de partage des
connaissances en mettant en place des indicateurs de performance, des procédures de reporting
régulières, et en capitalisant les retours d?expérience via des plateformes collaboratives dédiées.
4.3 Gouvernance et portage politique
Le déploiement efficace de la TRACC et la mise en oeuvre des stratégies d?adaptation dépendent
étroitement d?une gouvernance claire et d?un portage politique solide. Les risques liés au
changement climatique exigent des réponses coordonnées, faisant appel à divers niveaux de
décision (national, régional, local) et à une pluralité d?acteurs (ministères, opérateurs
d?infrastructures, collectivités territoriales, entreprises, société civile). La gouvernance englobe ici
à la fois l?organisation institutionnelle, la distribution des rôles et responsabilités, ainsi que les
modalités de pilotage permettant de mettre en cohérence les actions menées.
4.3.1 Structures de gouvernance et coordination des acteurs
La gestion de la résilience climatique requiert une vision globale et intégrée. L?élaboration même
de la TRACC résulte d?un arbitrage politique et son déploiement doit s?inscrire dans une démarche
interministérielle et intersectorielle. À l?échelle nationale, il est indispensable de définir clairement
les responsabilités de chacun : ministères pilotes, comités de suivi, organismes publics chargés de
l?expertise scientifique. Les services déconcentrés de l?État jouent également un rôle de relais
essentiel sur le terrain, en s?assurant que les orientations nationales sont mises en oeuvre et
adaptées aux spécificités régionales.
Les collectivités territoriales constituent un autre pilier de cette gouvernance. Elles disposent de
compétences variées en matière d?urbanisme, d?aménagement du territoire, de gestion de l?eau,
de transports locaux ou encore de développement économique. Ces prérogatives les placent en
première ligne pour traduire la TRACC en mesures concrètes, veiller à la cohérence des politiques
publiques locales et soutenir les initiatives d?adaptation portées par les différents acteurs.
Les instances de coordination, qu?elles prennent la forme de conférences de partenaires, de
comités techniques ou de cellules de veille, doivent assurer une cohérence transversale et une
mutualisation des bonnes pratiques. L?enjeu est de garantir un échange régulier d?informations,
notamment sur les retours d?expérience, les avancées scientifiques, les méthodes de suivi et
d?évaluation. Il est important de mettre en place des espaces de dialogue et de décision partagée,
où chacun puisse faire valoir ses contraintes et ses propositions. Les exemples de gouvernance
réussie révèlent souvent l?importance d?une animation régulière et d?un pilotage structuré, soutenu
par des ressources humaines dédiées.
Dans ce cadre, la mobilisation des opérateurs de l?État (Météo-France, Cerema, Ademe, etc.)
occupe une place stratégique. Leur expertise fournit les bases scientifiques, techniques et
méthodologiques nécessaires pour fiabiliser les diagnostics climatiques et accompagner la
recherche et la mise en oeuvre des solutions d?adaptation. Ces opérateurs doivent également
contribuer à la diffusion d?outils et de services climatiques spécifiques à chaque secteur, en veillant
à leur accessibilité pour tous les types d?acteurs, des grandes entreprises aux petites collectivités.
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Rapport n° 015725-01
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Afin de garantir la cohérence et l?efficacité des politiques d?adaptation, il est essentiel que
l?information circule efficacement entre les différents acteurs concernés. Les services de l?État, les
collectivités territoriales, les opérateurs d?infrastructures et les entreprises doivent accéder
aisément aux projections climatiques associées à la TRACC, aux études de vulnérabilité et aux
outils développés pour mesurer et réduire les risques. Des mécanismes de coordination doivent
être renforcés entre les ministères, les services déconcentrés et les opérateurs de l?État afin
d?assurer une prise en compte transversale du changement climatique et d?éviter la fragmentation
des approches.
4.3.2 Pilotage de la TRACC
Le pilotage de la TRACC doit s?appuyer sur une structure fonctionnelle capable de superviser son
élaboration, de garantir sa bonne mise en oeuvre et de coordonner les évaluations périodiques.
Cette structure, qui peut prendre la forme d?une entité interministérielle ou d?un pôle dédié, permet
de centraliser les informations, de faciliter l?arbitrage entre ministères et de synchroniser les actions
menées au niveau national et territorial. Elle favorise une approche intégrée des politiques
publiques, en évitant que les enjeux climatiques ne soient traités de façon sectorielle ou dispersée.
Afin de consolider ce pilotage, il importe de créer une dynamique de travail collaboratif entre les
différents échelons de gouvernance. À l?échelle nationale, l?État définit le cadre général et veille à
la cohérence d?ensemble, tandis que les régions et les collectivités locales adaptent les orientations
aux spécificités de leurs territoires. Cette dynamique suppose des échanges réguliers, par exemple
dans le cadre de conférences régionales ou de communautés de travail sur l?adaptation. Les
objectifs sont alors d?identifier collectivement les priorités, de mutualiser les compétences et
d?organiser la répartition des moyens.
Dans cette logique, il apparaît nécessaire de mobiliser officiellement les opérateurs de l?État en
tant qu?acteurs techniques essentiels de l?adaptation. Ils peuvent, par exemple, proposer des
expertises climatiques pointues, élaborer des outils cartographiques ou concevoir des formations
spécifiques pour les acteurs locaux. Ils peuvent également accompagner les gestionnaires
d?infrastructures critiques et les collectivités territoriales dans des études de vulnérabilités et des
tests de résistance à des scénarios extrêmes. Une action collective et coordonnée facilite la mise
à disposition de services climatiques intégrés, évitant la dispersion d?initiatives isolées.
Recommandation 13. [MTE] Organiser la mobilisation des opérateurs de l?État, notamment le
Cerema, Météo-France et l?Ademe, pour assurer un pilotage, un renforcement et une
généralisation de l?offre intégrée de services climatiques et accompagner les acteurs
économiques, les gestionnaires d?infrastructures critiques et les collectivités territoriales
dans la réalisation d?études de vulnérabilités ou de risques, de tests de résistance à des
scénarios extrêmes (« stress tests ») et de plans d?actions permettant de répondre aux
vulnérabilités constatées dans ces études et tests. Créer une plateforme « France
Adaptation » regroupant des agents du Cerema, de l?Ademe et de Météo-France pour
assurer l?élaboration et la diffusion d?outils et services climatiques.
En complément, une sensibilisation accrue des citoyens et une meilleure reconnaissance des
initiatives locales sont essentielles pour ancrer durablement les politiques d?adaptation. Les
stratégies d?adaptation ne sauraient être efficaces sans l?implication des populations, dont les
comportements influent directement sur la résilience des territoires. Encourager la réduction de la
consommation d?eau, l?adoption de pratiques agricoles adaptées ou encore la transition vers des
mobilités plus durables nécessite des efforts de communication adaptés, via des campagnes
d?information, des événements de sensibilisation ou des interventions en milieu scolaire.
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Rapport n° 015725-01
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Préconisation 7 : [MTE/opérateurs de l?État] Mettre en place des campagnes de sensibilisation
autour d?initiatives exemplaires afin de favoriser la reconnaissance officielle des bonnes pratiques,
de valoriser les efforts déployés et d?inciter à leur reproduction à plus grande échelle.
Sur le plan politique, la volonté d?intégrer la TRACC dans l?ensemble des secteurs doit se traduire
par la mise en place d?une structure de pilotage interministérielle, en mesure d?arbitrer entre les
différentes priorités et de superviser l?évaluation de la mise en oeuvre. Ce dispositif garantit la
cohérence des orientations stratégiques, la réactivité face aux aléas climatiques et la permanence
du dialogue entre les ministères concernés. Cette structure fonctionnelle, dotée d?un mandat clair,
est la clé d?un portage politique fort, assurant le suivi permanent de la politique d?adaptation du
territoire et la diffusion de ses principes dans toutes les politiques publiques27.
Recommandation 14. [MTE] Mettre en place une organisation fonctionnelle de pilotage
interministérielle pour superviser l?élaboration et la mise à jour régulière de la TRACC et du
PNACC et assurer la coordination de leur mise en oeuvre et de leur évaluation par les
ministères concernés, les services déconcentrés de l?État et ses opérateurs. Mettre en place
une communauté de travail sur l?adaptation, au niveau national entre l?État et les régions,
et, dans chaque région, entre l?État et les collectivités territoriales.
L?ensemble de ce dispositif, centré sur la coordination et le pilotage, doit être soutenu par des
financements adéquats, des compétences renforcées et une culture de la planification à moyen et
long terme. Les recommandations formulées ici s?inscrivent précisément dans une logique de
passage à l?échelle, où l?adaptation n?est pas seulement le fait d?actions ponctuelles, mais le fruit
d?une dynamique collective portée par une gouvernance structurée. Il appartient désormais aux
décideurs de concrétiser ces orientations pour que la TRACC devienne un véritable levier
d?adaptation, crédible aux yeux de tous les acteurs concernés, et efficace pour réduire les
vulnérabilités climatiques du pays.
4.4 Financements et mécanismes d?incitation
La mise en oeuvre des mesures et stratégies d?adaptation décrites dans les sections précédentes
requiert des ressources financières conséquentes. Les études de vulnérabilité, la réalisation
d?infrastructures résilientes, la transformation des pratiques agricoles ou encore la protection de la
biodiversité demandent en effet des investissements souvent importants, qui s?inscrivent dans un
horizon de long terme, avec une visibilité bien souvent très partielle pour les acteurs économiques.
Il est donc nécessaire de développer des mécanismes de financement spécifiques, alliant
subventions publiques, investissements privés et incitations fiscales, pour encourager et
accompagner l?adaptation au changement climatique.
4.4.1 Mobiliser des financements dédiés à l?adaptation
Plusieurs sources de financement peuvent être sollicitées pour soutenir aussi bien les études de
vulnérabilités que les actions d?adaptation. Les crédits d?État et les fonds européens (FEDER,
FEADER, LIFE, etc.) constituent d?ores et déjà un levier essentiel pour de nombreux projets
structurants. Les collectivités territoriales, selon leurs compétences et leurs capacités budgétaires,
peuvent également contribuer, de même que le secteur privé, à travers des partenariats public-
privé ou des mécanismes d?obligations vertes.
27 Des organisations fonctionnelles de cette nature existent au Royaume-Uni et en Allemagne et sont décrites dans
le rapport IGEDD « Mission de parangonnage sur les politiques d?adaptation au changement climatique »
(décembre 2022, référence 014450-01).
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
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Toutefois, l?ampleur des investissements requis pour faire face aux aléas climatiques à moyen et
long terme nécessite de consolider et de coordonner ces dispositifs.
Afin de renforcer l?impact de ces financements, il importe qu?ils soient orientés de manière ciblée
vers les actions prioritaires définies après évaluation des vulnérabilités et conception d?un plan
d?action. Les mesures à forte valeur ajoutée en matière de résilience, les projets innovants qui
explorent de nouvelles solutions technologiques ou organisationnelles, ou encore les initiatives
favorisant la mutualisation des ressources méritent une attention particulière. De même, les acteurs
les plus exposés ou les plus fragiles (petites communes littorales, entreprises situées dans des
secteurs critiques, etc.) doivent pouvoir bénéficier d?un accompagnement renforcé, pour éviter que
les contraintes financières ne freinent leur capacité d?adaptation.
Pour renforcer l?efficacité des financements existants, il pourrait être utile de renforcer l?orientation
du Fonds vert vers les actions d?adaptation au changement climatique. L?enjeu est d?assurer un
soutien prioritaire aux études de vulnérabilité et à l?élaboration de stratégies territorialisées, en
garantissant que ces démarches s?appuient sur la TRACC et intègrent une analyse coûts-risques-
bénéfices rigoureuse. Une telle approche permettrait d?harmoniser les méthodes d?évaluation des
impacts climatiques et de renforcer la cohérence des décisions publiques en matière d?adaptation.
Afin d?accompagner cette dynamique, une sensibilisation accrue des préfets contribuerait à une
meilleure prise en compte de ces exigences dans l?instruction des projets, facilitant ainsi un
déploiement territorial plus structuré et efficace des financements.
Recommandation 15. [MTE?MEFSIN-MI] Apporter un financement de l?État, dans le cadre du
Fonds vert ? en particulier pour les études de vulnérabilité et l?élaboration de stratégies
d?adaptation au changement climatique territorialisées. Sensibiliser en ce sens les préfets
par circulaire.
4.4.2 Mécanismes d?incitation et de conditionnalité
L?adaptation au changement climatique représente pour de nombreux acteurs un investissement
de long terme, dont les bénéfices ne se révèlent pas toujours immédiatement. Afin d?encourager
les initiatives alignées sur la TRACC et de sécuriser leur mise en oeuvre, il est indispensable de
mobiliser des dispositifs de financement adaptés et de recourir à des incitations ciblées. Ces
mécanismes permettent d?alléger les barrières financières, de structurer les efforts d?adaptation et
d?ancrer durablement la résilience dans les stratégies publiques et privées.
4.4.2.1 Mécanismes financiers et incitations fiscales
Les projets d?adaptation peuvent être soutenus par des dispositifs financiers spécifiques, incluant
des subventions, des crédits d?impôt ou encore des conditions de financement favorables. Ces
instruments facilitent l?investissement dans des solutions résilientes et réduisent le risque perçu
par les acteurs économiques, notamment lorsqu?il s?agit d?infrastructures ou d?équipements à
longue durée de vie.
Préconisation 8 : [MTE] Accorder des subventions, crédits d'impôt et des financements
favorables (taux d'intérêt réduits pour les investissements dans des infrastructures résilientes ou
des avantages fiscaux pour les entreprises qui mettent en oeuvre des mesures d'adaptation
innovantes) aux projets alignés sur les objectifs de la TRACC.
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Rapport n° 015725-01
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Parallèlement, l?implication des secteurs bancaire et assurantiel constitue un levier majeur pour
diffuser une culture de l?adaptation. L?intégration des risques climatiques dans les politiques de
crédit, la tarification des primes d?assurance et la labellisation des produits d?épargne responsable
peuvent influencer les choix d?investissement et orienter les capitaux vers des solutions
d?adaptation robustes. Un dialogue structuré entre les pouvoirs publics, les institutions financières
et les assureurs est donc nécessaire pour garantir une évaluation cohérente des risques
climatiques et encourager la finance verte à mieux intégrer les enjeux d?adaptation.
Préconisation 9 : [MEFSIN, MTE] Renforcer l?implication des secteurs bancaire et assurantiel, en
développant un dialogue structuré portant notamment sur l?appréciation des risques et le partage
des données, et mieux prendre en compte l?adaptation au changement climatique dans la « finance
verte ».
4.4.2.2 Conditionnalité et transparence des financements
Pour renforcer l?efficacité des financements publics en matière d?adaptation au changement
climatique, il peut être judicieux, pour les projets qui ne sont pas déjà soumis à une obligation
réglementaire d?intégration de la TRACC, d?introduire des mécanismes incitatifs et de
conditionnalité. L?objectif est de garantir que ces projets prennent en compte les réalités
climatiques futures et contribuent à une adaptation cohérente avec les trajectoires établies.
Ainsi, pour certains projets d?aménagement ou d?infrastructure, l?octroi de financements de l?État
pourrait être conditionné à la réalisation d?une étude de vulnérabilité intégrant les scénarios de la
TRACC. Cette exigence serait d?autant plus pertinente pour les investissements à long terme,
exposés à des aléas climatiques croissants. En contrepartie, les porteurs de projet pourraient
bénéficier de mesures incitatives, telles que des bonifications financières, un accompagnement
technique renforcé ou des dispositifs spécifiques facilitant leur mise en oeuvre.
Dans cette optique, il apparaît pertinent d?explorer les conditions de mise en place d?un mécanisme
d?incitation et de conditionnalité adapté aux réalités des territoires et aux besoins des porteurs de
projets, en associant les préfets à la mise en oeuvre de ce cadre réglementaire et financier.
Préconisation 10 : [MTE] Engager une mission sur le développement des mécanismes
d?incitation et de conditionnalité liant sous le contrôle du Préfet, l?octroi de financement de l?État
dans les domaines de la rénovation énergétique ou d?actions de rénovation urbaine, à l?utilisation
de scénarios climatiques basés sur la TRACC dans les études de vulnérabilité au changement
climatique.
4.5 Renforcement des capacités et reconnaissance des initiatives
en matière d?adaptation
L?intégration de la TRACC dans les politiques d?adaptation nécessite une montée en compétences
généralisée, tant au sein des administrations que dans le secteur privé. Comprendre et exploiter
les projections climatiques, mener des études de vulnérabilité, concevoir des plans d?action
cohérents et anticiper les incertitudes impliquent un socle d?expertises spécifiques qui font encore
défaut dans de nombreuses organisations. Pour pallier ces lacunes, il est essentiel de structurer
une offre de formation adaptée et d?accompagner les acteurs dans l?acquisition de ces savoir-faire.
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4.5.1 Développement des compétences et structuration d?un programme
de formation
Les administrations, les collectivités et les entreprises doivent pouvoir s?appuyer sur des experts
capables d?interpréter les données climatiques et d?en tirer des enseignements opérationnels. La
maîtrise des outils de modélisation et des scénarios TRACC est une condition indispensable pour
garantir la pertinence des études de vulnérabilité et des décisions stratégiques qui en découlent.
Cette expertise doit être complétée par des compétences en prospective et en gestion des
incertitudes, qui permettent d?évaluer différentes trajectoires d?adaptation et de choisir des options
robustes sur le long terme.
Ces points apparaissent particulièrement importants pour faire en sorte que, dans le cadre du
contrôle de légalité, les Préfets disposent des éléments de connaissance nécessaire pour
apprécier la pris en compte de la TRACC dans les plans et programmes.
L?organisation de formations qualifiantes apparaît dès lors comme un levier essentiel. Un
programme national de formation, coordonné par les ministères compétents et les opérateurs
publics (Météo-France, Cerema, Ademe), permettrait de structurer cet effort et de garantir une
montée en compétences progressive et homogène. Destiné aux agents de l?État, de ses opérateurs,
et aux collectivités, ce programme viserait à couvrir l?ensemble des savoir-faire nécessaires, depuis
l?analyse des risques jusqu?à la mise en oeuvre et l?évaluation des plans d?adaptation.
Recommandation 16. [MTE] Renforcer les capacités des acteurs en instaurant un programme
national de formation qualifiante sur l?adaptation au changement climatique, incluant
l?utilisation de la TRACC, destiné aux équipes des ministères, des services déconcentrés,
des opérateurs de l?État et des collectivités locales afin de leur permettre de piloter, de
réaliser, d?accompagner et/ou d?instruire les dossiers liés à l?adaptation au changement
climatique.
Le secteur privé doit également renforcer ses compétences. Les bureaux d?études, en première
ligne pour accompagner les collectivités et les entreprises dans leurs analyses de vulnérabilité,
doivent maîtriser les scénarios TRACC et les méthodologies associées afin de garantir des études
fiables et cohérentes. Plus largement, les acteurs économiques potentiellement exposés aux aléas
climatiques ? industries, gestionnaires d?infrastructures, entreprises de la construction ou encore
acteurs financiers ? gagneraient à intégrer ces connaissances pour adapter leurs stratégies et
investissements aux réalités climatiques futures.
4.5.2 Partage des connaissances et outils d?accompagnement
Au-delà des formations, il est crucial de favoriser le partage des connaissances et l?échange de
bonnes pratiques. La création de réseaux professionnels et de plateformes collaboratives facilite
la diffusion des retours d?expérience et permet aux acteurs engagés d?accéder à des ressources
communes. À cet égard, le Centre de ressources pour l?adaptation au changement climatique, mis
en place par le ministère de la Transition écologique avec l?Ademe, le Cerema et Météo-France,
constitue un point d?appui structurant.
Parallèlement, la mise à disposition d?outils pédagogiques et techniques (guides méthodologiques,
manuels d?utilisation de la TRACC, simulateurs de stress-tests) permettrait aux différents acteurs
de mieux appréhender les enjeux d?adaptation et d?intégrer ces connaissances dans leurs
décisions. Il importe de veiller à leur facilité d?accès et d?appropriation, notamment pour les
collectivités et les entreprises de taille plus modeste, qui ne disposent pas toujours de ressources
internes dédiées.
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Rapport n° 015725-01
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Les dynamiques de réseau favorisent également l?élaboration de référentiels communs et
l?ajustement des méthodologies employées. Un échange régulier entre territoires et secteurs
économiques facilite l?identification des pratiques efficaces et permet d?éviter les erreurs passées.
De plus, la confrontation des résultats entre différentes régions ou domaines d?activité contribue à
l?amélioration continue des stratégies d?adaptation.
Enfin, l?implication renforcée des programmes de recherche et développement est un levier
fondamental pour tester de nouvelles approches et accélérer l?innovation. Des expérimentations
de terrain sont nécessaires pour valider les solutions en conditions réelles, qu?il s?agisse de
nouveaux matériaux résistants aux aléas, d?outils numériques facilitant l?analyse des risques ou de
solutions fondées sur la nature. Ces initiatives doivent être financées et intégrées dans une
stratégie de diffusion large, afin que les avancées scientifiques irriguent rapidement les pratiques
opérationnelles.
4.5.3 Valorisation et reconnaissance des démarches d?adaptation
L?intégration de la TRACC dans les stratégies d?adaptation repose sur une diffusion large et une
appropriation par l?ensemble des acteurs. Dans cette optique, encourager et reconnaître les
démarches engagées constitue un levier essentiel pour favoriser l?adoption des bonnes pratiques
et inciter à une utilisation systématique des scénarios de la TRACC.
Pour structurer et amplifier ces efforts, la mise en place de labels ou de certifications spécifiques
permettrait d?identifier et de valoriser les initiatives exemplaires en matière d?adaptation. Ces
dispositifs offriraient aux acteurs engagés une visibilité accrue et un avantage concurrentiel, tout
en garantissant la crédibilité des démarches menées. Ils concerneraient divers domaines, tels que
la résilience des infrastructures, la gestion durable des ressources ou l?intégration des scénarios
climatiques dans les décisions stratégiques.
Ces labels joueraient également un rôle d?accélérateur d?innovation en stimulant l?émergence de
solutions nouvelles et en structurant un cadre de référence facilitant l?identification et la diffusion
des meilleures pratiques. Associés à des campagnes de sensibilisation et à des distinctions
publiques, ils renforceraient la mobilisation collective et contribueraient à une adaptation plus
efficace et cohérente aux défis climatiques à venir.
Préconisation 11 : [MTE] Créer des labels ou des certifications spécifiques qui reconnaissent et
valorisent les efforts entrepris, offrent une visibilité accrue et un avantage concurrentiel aux acteurs
engagés et guident les consommateurs, les investisseurs et les partenaires.
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Rapport n° 015725-01
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Conclusion
Les effets du changement climatique sont d?ores et déjà bien visibles. Chacun peut constater
l?augmentation du nombre et de l?ampleur des inondations, des sécheresses, des incendies de
forêts, des nuits tropicales, etc. alors même que nous ne sommes qu?à un niveau de réchauffement
de l?ordre de 1,5 degrés.
La perspective d?un monde où l?élévation des niveaux de températures dépasserait les 3 degrés à
la fin du siècle, voit sa probabilité augmenter et il convient de s?y préparer. Le 3ème PNACC et la
TRACC constituent des outils déterminants pour ce faire.
Cependant, il importe de leur donner un caractère concret et opérationnel pour lancer un processus
structuré, progressif et de très longue haleine mobilisant l?ensemble des acteurs concernés.
Afin de lancer cette démarche, plusieurs étapes successives sont nécessaires.
Il convient tout d?abord de donner une forme juridique au PNACC et à la TRACC et d?acter le
principe de rendre obligatoire les études de vulnérabilité fondées sur la TRACC, ce qui peut, à ce
stade, être fait par voie réglementaire.
Ensuite, il est indispensable que l?État et ses opérateurs achèvent de mettre en place les services
climatiques, le processus de fourniture des données essentielles et, plus généralement, le dispositif
technique et financier permettant d?accompagner les acteurs, en tout premier lieu les collectivités
territoriales.
Au terme de ces deux étapes, il conviendra de rendre effectif le caractère obligatoire, dans les
plans et programmes les plus concernés, des études de vulnérabilité fondées sur la TRACC ainsi
que de finaliser l?évolution des normes et référentiels techniques pertinents.
Par la suite, au vu de l?évolution des connaissances et des résultats atteints, il faudra ajuster
régulièrement la TRACC, les jeux de données qui en sont issus, le cadre méthodologique, les plans
et programmes, les normes et les référentiels techniques.
Enfin, en s?appuyant sur une évaluation de la démarche entreprise, l?opportunité d?une
consécration législative de l?obligation de prendre des mesures d?adaptation proportionnées
fondées sur les études utilisant la TRACC pourra être sereinement débattue.
Même si certaines échéances peuvent paraître lointaines, le niveau des risques s?est élevé et ne
fera que croître. Il est donc crucial de se préparer pour y faire face aussi bien pour nous que pour
les générations futures.
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Laurent Machureau Fabien Palhol Sabine Saint-Germain Marc Strauss
Inspecteur Inspecteur Inspectrice Inspecteur
général générale général
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Annexes
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Annexe 1. Lettre de mission
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Annexe 2. Liste des personnes rencontrées
Nom Prénom Organisme Fonction
Ministères
VIEILLEFOSSE Aurélie MTECT/Cabinet Directrice adjointe
BRETON Pierre MTECT/Cabinet Conseiller eau, air, santé environnementale et adaptation
MICHEL Laurent IGEDD Président Autorité environnementale
MATHON Sylvie IGEDD
Secrétaire de la conférence des autorités
environnementales
SIMIU Diane MTECT/DGEC/DCEEA Directrice
THIERY Mickaël MTECT/DGEC/DCEEA Sous-directeur de l?action climatique
VIAU Julien
MTECT/DGEC/DCEEA
Adjoint au sous-directeur de l?action climatique
CARREGA Marie
MTECT/DGEC/DCEEA
Cheffe du bureau adaptation au changement climatique
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Rapport n° 015725-01
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SENECHAL Lucie
MTECT/DGEC/DCEEA
Adjointe à la cheffe du bureau adaptation au changement
climatique
KUENY Laurent MTECT/DGEC/DE Directeur
BOURILLET Cédric MTECT/DGPR Directeur général
BERTHET Lionel MTECT/DGPR/SRNH/SDCAP
Sous-directeur de la connaissance des aléas et de la
prévention
LAPERROUSAZ Elise MTECT/DGPR/SRNH/SDCAP Cheffe du bureau des risques inondations et littoraux
BOUFFIER Jacques MTECT/DGPRSRNH/SDCAP
Chargé de mission bureau des risques inondations et
littoraux
BETINELLI Benoit
MTECT/DGPR/SRT/MNSR
Chef de la mission pour la sûreté nucléaire
DE LAVERGNE Célia MTECT/DGALN/DEB Directrice de l?eau et de la biodiversité
RISLER Ophélie
MTECT/DGALN/DEB
Directrice de projet adaptation au changement climatique
SZLPER Vincent MTECT/DGALN/DEB Sous-directeur ELM
MONTRIEUX Vincent MTECT/DGALN/DHUP Adjoint au directeur
CARON Antoine
MTECT/DGALN/DHUP/QC
Sous-directeur qualité de la construction
PUBLIÉ
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ZUELGARAY Thomas
MTECT/DGALN/DHUP/QC
Adjoint au sous-directeur qualité de la construction
BONHOMME Céline
MTECT/DGALN/DHUP/AD
Sous-directeur aménagement durable
SUCHEL Christophe
MTECT/DGALN/DHUP/AD
Adjoint au sous-directeur aménagement durable
VOUILLEMET Emilie
MTECT/DGALN/DHUP/UP
Sous-directrice urbanisme réglementaire et paysage
BRIE Patrick
MTECT/DGALN/DHUP/UP
Adjoint à la sous-directrice urbanisme réglementaire et
paysage
GINTZ Rodolphe MTECT/DGITM Directeur général
POPESCU Téodora MTECT/DGITM/SDBSA/DSAS
Adjointe au chef de la mission de la synthèse et de
l?analyse stratégique
DURON Sophie-Dorothée MTECT/DGAMPA/SEML Cheffe du service des espaces maritimes et littoraux
MARILL Xavier DGAMPA/SEML Sous-directeur de la planification maritime
Opérateurs de l?État
RANSQUIN Joël ADEME Directeur adaptation, aménagement et bas carbone
BELLINI Robert ADEME
Adjoint au directeur adaptation, aménagement et bas
carbone
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
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JOSSE Patrick METEO FRANCE Directeur de la climatologie et des services climatiques
SOUBEYROUX Jean-Michel METEO FRANCE
Directeur adjoint scientifique, direction de la climatologie
et des services climatiques
MARTINOTTI Sophie METEO FRANCE
Chargée de mission direction de la climatologie et des
services climatiques
BERTEAUD Pascal CEREMA Directeur général
ZAMBON David CEREMA Directeur général adjoint
FERRY Annabelle CEREMA Directrice Territoire et ville
MOULINE Éric CEREMA Directeur adjoint DTeclTM
QUEMART Philippe CEREMA
Directeur programmation production qualité,
coordonnateur environnement et risque
VINAY Catherine CEREMA Directrice déléguée Risques, nuisances, énergie, climat
BEAUREZ Nicolas CEREMA Chef du groupe Résilience, Transition, Climat
CREPON Etienne CSTB Président
LEBERT Alexandra CSTB
Directrice « Bâtiments et villes face au changement
climatique » et « économie circulaire et ressources pour
le bâtiment »
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
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MANCRET-TAYLOR Valérie ANAH Directrice générale
VALIERE Antonin ANAH Relations institutionnelles
PAVARD Vincent ANAH Responsable du service observation et évaluation
CHIUSANO Kim ANRU
Directrice adjointe de la stratégie et de
l?accompagnement des acteurs
ROMERO Christophe ANRU Conseiller transition
TIRANT Véronique ANRU Chargée de mission
CARIOU Jean-Benoît ANRU Chargé de mission
MEGDOUD Julien ANCT Conseiller CRTE
SORNIN PETIT Nicolas ANCT Chef du pôle interface
FAUST Arthur APE Directeur de participations adjoint
LAUDEREAU Quentin APE Chargé de participations Energie
VALENTY Romain APE Directeur de participations Energie
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
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COLLET Julien ASN Directeur général adjoint
GAUTHIEZ François OFB Directeur appui stratégie pour la biodiversité
PARELLE Amaury OFB Coordonnateur projet LIFE Artisan
Élus et Associations d?élus
DANTEC Ronan Sénat Sénateur
FOURNEAU Nathalie AMF Responsable du département Aménagement du territoire
WIECSZORECH Sandrine AMF
Assistante rédactrice de la Mission Développement
durable
BIDAULT Stéphanie AMF Responsable de la mission Risques et Crises
POUZADOUX Véronique AMF Secrétaire générale adjointe, maire de Gannat
STEPHAN Gwénola AMF Responsable de la mission Transition écologique
METAIRIE Christian AMF Vice-Président, maire d?Arcueil
SIMON Cyrielle AMF Conseillère technique de la mission Transition écologique
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
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TRIJOULET Laurent AMF DGA
GASS Stella Fédération des SCoT Directrice générale
AMORETTI-HANNEQUIN Christophe France Urbaine Conseiller Finances durables et Achat
ANGOTTI Philippe France urbaine Délégué adjoint
MAIRE Sébastien France Ville durable Délégué général
CEBILE Oriane Intercommunalités de France Conseillère environnement
ROPARS Carole
Intercommunalités de France
Conseillère urbanisme
ARANA DE MALEVILLE Olivia Régions de France Conseillère Transition écologique et énergétique
MODDE Stéphanie Régions de France Référente adaptation au changement climatique
LAVAUD Pauline Ville de Paris Directrice de la transition écologique et du Climat
YANN Françoise Ville de Paris Adjointe de la directrice de la transition écologique
ROUSSEL Julie Ville de Paris Responsable du département adaptation
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
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MAIRE Sébastien Villes et territoires durables Directeur, délégué général
Entreprises publiques et
privées, associations
professionnelles
GATTI GREGORI Patricia BOUYGUES Directrice environnement, décarbonation, RSE
GRISARD Marjolaine Nexity Directrice RSE
PRUDHOMME Nicolas
Union sociale pour l?habitat
Directeur de la Maitrise d?ouvrage
CHARRIER Alban Union sociale pour l?habitat Adjoint au directeur de la maitrise d?ouvrage
GUNSLAY Benoit
Union sociale pour l?habitat
Conseiller juridique à la direction des affaires juridiques
MICHELANGELI Paul Antoine EDF Ingénieur chercheur
MARTY Alexandre EDF Responsable climat et ressources naturelles
PAREY Sylvie EDF Chercheur senior
POL-TIREAU Katy EDF Ingénieur chercheur
BONNET Jean-Philippe RTE Directeur adjoint pôle stratégie, prospective et évaluation
PUBLIÉ
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DUBUS Laurent RTE Expert scientifique climat
LATOUR Chloé RTE Directrice Stratégie et régulation
MASSE Alexis GRDF Directeur de la stratégie
CHEVALIER Benoit SNCF Réseau
Directeur des projets amonts et de l?adaptation au
changement climatique
KOSIANY Mathilde SNCF Réseau Programme adaptation au changement climatique
ROECKLIN Corinne SNCF Réseau Responsable du pôle environnement
ONG, Think Tanks
DEPOUES Vivian I4CE
Responsable thématique adaptation au changement
climatique
DOLQUES Guillaume I4CE Chercheur Adaptation au changement climatique
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Annexe 3. Glossaire des sigles et acronymes
Acronyme Signification
APE Agence des participations de l?État
AOM Autorité organisatrice de la mobilité
CDN Contribution déterminée au niveau national
CSRD Corporate Sustainability Reporting Directive
DSF Document stratégique de façade
EV Étude de vulnérabilité
INEC Indicateur national de l?érosion côtière
PADDUC Plan d?aménagement et de développement
durable de la Corse
PBACC Plan de bassin d?adaptation au changement
climatique
PCAET Plan climat air énergie territorial
PGRI Plan de gestion des risques d?inondation
PNACC Plan national d?adaptation au changement
climatique
PNR Parc naturel régional
PNUE Programme des nations unies pour
l?environnement
PPRN Plan de prévention des risques naturels
RCP Representative Concentration Pathway
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
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Acronyme Signification
SAGE Schéma d?aménagement et de gestion des
eaux
SAR Schéma d?aménagement régional
SCoT Schéma de cohérence territoriale
SDAGE Schéma directeur d?aménagement et de
gestion des eaux
SDDR Schéma de développement du réseau
SDRIF Schéma directeur de la région Ile de France
SRADDET Schéma régional d?aménagement, de
développement durable et d?égalité des
territoires
SSP Shared Socio-economic Pathway
TRACC Trajectoire de réchauffement de référence
pour l?adaptation au changement climatique
PUBLIÉ
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Annexe 4. Phasage de la mise en oeuvre des
recommandations
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Annexe 5. Précisions sur la TRACC
Annexe 5.1. Construction de la TRACC
La Trajectoire de réchauffement de référence pour l?adaptation au changement climatique (TRACC)
est une initiative mise en place par le ministère de la Transition écologique pour fournir une
référence commune aux travaux en lien avec l?adaptation au changement climatique (prospective,
analyse de vulnérabilité, stratégie?). Elle vise à établir un cadre permettant à tous les acteurs
concernés d?adopter des hypothèses uniformes pour répondre à la question : « À quel climat futur
dois-je m?adapter ? ». Décision politique, la TRACC se distingue des objectifs climatiques
d?atténuation, qui se réfèrent à l?Accord de Paris et visent à limiter le réchauffement planétaire à
+1,5 °C ou +2 °C par rapport à l?ère préindustrielle. Elle n?est en aucun cas un renoncement à ces
objectifs, mais tient compte des tendances mondiales actuelles des émissions de gaz à effet de
serre, lesquelles pourraient entraîner un dépassement des seuils fixés par l?accord, nécessitant
une préparation adaptée.
La TRACC s?appuie sur une approche par niveaux de réchauffement climatique à l?échelle
mondiale, centrée sur trois seuils définis par rapport à la période préindustrielle 1850-1900 : +1,5 °C,
+2 °C et +3 °C. Appliqués à la France, ces niveaux correspondent à des réchauffements
spécifiques : +2 °C, +2,7 °C et +4 °C, respectivement (Figure A). Ce différentiel reflète le fait que
la France métropolitaine, à l?instar de l?Europe occidentale, se réchauffe en moyenne 30 % plus
rapidement que la planète. Les horizons temporels associés à ces niveaux, validés lors d?une
consultation publique en 2023, sont les suivants : +1,5 °C en 2030, +2 °C en 2050, et +3 °C en
2100.
Figure A : Présentation de la TRACC en termes d?échéance et de niveau de
réchauffement planétaire et France hexagonale (Source : Météo France)
Ces projections temporelles reposent sur les politiques actuelles et les engagements de réduction
des émissions mondiales. Les valeurs choisies pour la TRACC sont cohérentes avec les
engagements pris par les Etats dans le cadre international des négociations sur climat (NDC, pour
Nationaly Determined Contributions). Elles se situent à un niveau comparable à un scénario de
poursuite des politiques actuelles intégrant les contributions additionnelles conditionnées au
soutien international (Conditional NDCs continuing), tel que le montre la figure B.
Ce scénario est cependant lié au contexte politique mondial et il est très dépendant des
financements mis en place et de la coopération internationale. Les évolutions récentes aux Etats-
Unis (retrait de l?Accord de Paris, démantèlement d?US Aid et désengagement des financements
internationaux) pourraient conduire à une remise en cause des engagements pris et à une
trajectoire plus défavorable.
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
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Figure B : Réchauffement maximal au cours du XXI? siècle (°C) par rapport aux niveaux
préindustriels. (Source : United Nation Environment Programme28)
Les données utilisées dans le cadre de la TRACC sont issues du jeu TRACC-2023, diffusé par
Météo-France sur le portail DRIAS. Ce jeu repose sur un ensemble de projections climatiques
régionales produites dans le cadre du projet Explore2 et correspond à une sélection des
simulations climatiques les plus récentes produites à l?échelle européenne (EURO-CORDEX) qui
décline sur l?Europe les simulations globales utilisées dans le 5e rapport du GIEC. Les 17
simulations sélectionnées (Figure C) ont été corrigées de leurs biais par la méthode ADAMONT et
projetées sur la France hexagonale à une maille de 8 km.
Figure C : Liste des couples de modèles de climat globaux (GCM) et régionaux (RCM)
de l?ensemble Explore2 utilisés pour la construction de la TRACC. (Source : Météo
France)
28 Emissions Gap Report 2024, United Nation Environment Programme, 2024
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
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Les projections climatiques réalisées dans le cadre de la TRACC utilisent uniquement le scénario
RCP8.5, qui permet d?explorer un large éventail de conditions climatiques, y compris des niveaux
de réchauffement élevés. Ce choix repose sur la disponibilité accrue de simulations pour ce
scénario et garantit que l?ensemble des données soient bien issues des mêmes simulations.
Les projections TRACC prennent également en compte les incertitudes associées aux modèles
climatiques et à la variabilité interne du climat. Ces incertitudes proviennent essentiellement des
limites scientifiques et techniques dans la représentation du système climatique, tandis que la
variabilité interne reflète les interactions chaotiques entre les composantes du système climatique.
Ces incertitudes sont intégrées dans les projections, qui présentent à la fois les médianes des
changements projetés et leurs plages d?incertitude. Les cartes produites pour décrire les évolutions
climatiques futures utilisent des quantiles statistiques (minimum, médiane et maximum).
Les résultats actuels forment le jeu de données TRACC-2023 qui pourra être mis à jour dans les
prochaines années afin de prendre en compte les avancées méthodologiques et de nouvelles
simulations climatiques plus précises.
Annexe 5.2. TRACC et Scénarios du GIEC
La TRACC se distingue des scénarios RCP (Representative Concentration Pathways) et SSP
(Shared Socioeconomic Pathways) du GIEC à plusieurs niveaux, tant dans son approche que dans
ses objectifs.
Les RCP sont des trajectoires climatiques définies en fonction des concentrations de gaz à effet
de serre dans l?atmosphère. Ils décrivent les forçages radiatifs attendus à l?horizon 2100 en fonction
de divers scénarios d?émissions de gaz à effet de serre. Par exemple, le scénario RCP8.5
représente une situation de fortes émissions, tandis que le RCP2.6 correspond à un scénario
d?atténuation ambitieuse visant à limiter le réchauffement global à environ +2 °C. Ces trajectoires
se concentrent sur les conditions physiques globales du climat, en établissant un lien entre
émissions, concentrations et impacts environnementaux.
Les SSP, introduits dans le cadre du 6e rapport du GIEC, ajoutent une dimension socio-
économique. Ils définissent des contextes narratifs qui décrivent les évolutions socio-économiques
potentielles du monde, comme la croissance démographique, le développement technologique ou
la coopération internationale. Ces trajectoires permettent de relier les tendances socio-
économiques aux émissions et aux impacts climatiques, tout en intégrant les RCP.
En comparaison, la TRACC ne repose pas sur des trajectoires d?émissions ou des contextes socio-
économiques spécifiques. Elle adopte une approche par niveaux de réchauffement climatique
globaux (+1,5 °C, +2 °C et +3 °C) et leur traduction en impacts régionaux pour la France. La
TRACC se concentre sur les impacts concrets en se basant sur des données climatiques locales,
tout en simplifiant les incertitudes liées aux émissions futures ou aux trajectoires socio-
économiques. Contrairement aux scénarios RCP ou SSP, elle ne vise pas à explorer toutes les
conditions possibles menant à un certain niveau de réchauffement, mais à fournir une référence
politique et opérationnelle pour orienter les stratégies d?adaptation.
Cette différence fondamentale reflète une approche orientée vers l?adaptation pratique, plutôt que
vers l?analyse des interdépendances globales entre émissions, trajectoires socio-économiques et
impacts climatiques.
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
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Annexe 5.3. Déclinaison de la TRACC
Si la TRACC correspond à un choix de niveaux de réchauffement globaux et de leurs équivalents
en France, elle peut être également déclinée en outils concrets pour analyser et territorialiser les
impacts du changement climatique. Ces outils reposent sur le jeu de données issu des simulations
climatiques utilisées pour élaborer la TRACC-2023. Ces simulations, basées sur les modèles les
plus récents et les plus robustes, permettent de décliner les impacts climatiques à des échelles
géographiques fines, en tenant compte des spécificités locales des territoires français.
Le jeu de données TRACC-2023, accessible notamment via le portail DRIAS - Les futurs du climat,
constitue ainsi un support essentiel pour évaluer les conséquences du changement climatique et
orienter les politiques d?adaptation. Il inclut des projections climatiques précises à une résolution
spatiale de 8 km pour la France métropolitaine, offrant une granularité suffisante pour répondre à
la plupart des enjeux territorialisés et sectoriels (Figure D). Cette richesse de données permet
d?élaborer une large gamme d?indicateurs climatiques, conçus pour traduire les impacts potentiels
sur les différents aspects des systèmes naturels et socio-économiques.
Ces indicateurs sont utilisés pour caractériser les évolutions climatiques attendues à la fois sur le
plan annuel et saisonnier, ainsi que pour analyser les phénomènes extrêmes tels que les vagues
de chaleur, les précipitations intenses ou les sécheresses. Ils constituent une base scientifique et
technique permettant aux décideurs, aux collectivités territoriales et aux acteurs socio-
économiques d?anticiper les impacts et de planifier des stratégies d?adaptation adaptées à leurs
spécificités locales.
Les indicateurs actuellement disponibles sur le site drias-climat.fr sont les suivants :
? température moyenne annuelle
? température moyenne en été (juin- juillet-août)
? température moyenne en hiver (décembre-janvier-février)
? température maximale en été (juin- juillet-août)
? nombre de jours avec température maximale ? 30 °C
? nombre de jours avec température maximale ? 35 °C
? nombre de nuits tropicales (température minimale > 20°C)
? cumul de précipitations annuelles
? cumul de précipitations hiver (décembre-janvier-février)
? cumul de précipitations été (juin- juillet-août)
? cumul de précipitations quotidiennes remarquables (percentile 99 du cumul quotidien)
? intensité des précipitations extrêmes (max annuel des précipitations totales)
? fréquence des précipitations quotidienne remarquables
? risque de feux de forêt (nombre de jours avec un IFM>40)
? sécheresse du sol (nombre de jours avec un SWI<0.4)
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
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Figure D : Exemple de production cartographique basée sur les données TRACC-2023
à l?échelle de la France hexagonale. (Source : Météo France / DRIAS-Climat)
La déclinaison de la TRACC jouera un rôle déterminant dans la prise en compte territorialisée des
effets du changement climatique, en mettant en évidence que ces effets varient fortement en
fonction des caractéristiques locales, telles que le climat actuel, la géographie, l?occupation des
sols et les dynamiques socio-économiques. Les projections climatiques découlant de la TRACC,
élaborées à une résolution spatiale fine, permettent d?identifier avec précision les variations locales
des impacts climatiques (Figure E). Cette granularité offre aux décideurs locaux la possibilité
d?évaluer les risques spécifiques à leurs territoires, comme l?intensification des vagues de chaleur
dans les zones urbaines, l?augmentation des sécheresses dans les régions agricoles, ou encore la
modification des régimes hydrologiques dans les bassins versants.
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
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Figure E : Exemple de production cartographique basée sur les données TRACC-2023
à l?échelle de la France hexagonale (Source : Météo France / DRIAS-Climat)
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Annexe 5.4. Pourquoi la TRACC ?
L?établissement de la TRACC répond à un besoin fondamental de structuration et de cohérence
des politiques d?adaptation au changement climatique en France. En définissant une référence
commune pour l?ensemble des acteurs, le Gouvernement vise à harmoniser les pratiques et les
outils dans tous les domaines de notre société, tout en s?appuyant sur des bases scientifiques
robustes et adaptées aux spécificités territoriales françaises.
L?un des objectifs principaux de la TRACC est de servir de cadre pour les études de vulnérabilité.
Ces études permettent d?évaluer les impacts potentiels du changement climatique sur les territoires,
les infrastructures, les écosystèmes et les activités humaines. En s?appuyant sur des projections
climatiques cohérentes et des indicateurs harmonisés, la TRACC favorise une analyse homogène
des risques, tout en permettant une meilleure anticipation des enjeux locaux et sectoriels. Ce cadre
facilite également les comparaisons entre territoires, réduisant ainsi les divergences
méthodologiques entre études et limitant la variabilité des diagnostics. En offrant une base
commune aux différentes approches, la TRACC favorise l?harmonisation des stratégies
d?adaptation et la cohérence des actions mises en oeuvre à l?échelle nationale. Elle contribue
également à la massification des processus d?adaptation en structurant les méthodes et en
facilitant leur diffusion auprès des acteurs concernés.
La TRACC constitue également une base pour la révision des référentiels techniques, normes et
réglementations climato-sensibles. L?adaptation des infrastructures, des bâtiments ou des
systèmes naturels nécessite en effet une prise en compte explicite des conditions climatiques
futures, ce qui n?est pas toujours le cas aujourd?hui. En offrant une trajectoire claire et
scientifiquement validée, la TRACC permettra de redéfinir, à chaque fois que cela sera nécessaire,
les standards techniques afin d?assurer la résilience des infrastructures et des activités face à des
climats modifiés.
Par ailleurs, la TRACC joue un rôle central dans la planification territoriale et sectorielle. Les
stratégies d?aménagement, les politiques de gestion des risques et les programmes
d?investissement à long terme doivent désormais intégrer les projections climatiques pour répondre
efficacement aux défis du futur. La TRACC doit permettre de dépasser les approches fragmentées
ou ponctuelles en offrant un cadre de travail partagé entre tous les acteurs, qu?ils soient locaux,
régionaux ou nationaux. En outre, la TRACC favorise une approche systémique de l?adaptation.
En unifiant les hypothèses climatiques et en rendant les données accessibles via des outils tels
que DRIAS - Les futurs du climat, elle facilite une prise en compte transversale des enjeux
climatiques qui renforce non seulement la cohérence des politiques publiques, mais aussi leur
efficacité en réduisant les divergences dans les méthodologies et en optimisant les ressources
disponibles.
En permettant des projections climatiques localisées, la TRACC doit également faciliter la
priorisation des mesures d?adaptation, en tenant compte des vulnérabilités propres à chaque
territoire. Les acteurs locaux peuvent ainsi développer des stratégies adaptées aux enjeux
spécifiques de leur région, tout en disposant d?une base homogène pour évaluer les impacts à
moyen et long terme. Cette territorialisation des données permettra en outre de mieux articuler les
efforts nationaux et locaux, en veillant à ce que les solutions soient à la fois efficaces à l?échelle
nationale et pertinentes pour les contextes locaux. Enfin, la TRACC doit aider à la sensibilisation
des collectivités territoriales et des populations à la diversité des impacts climatiques. En rendant
visibles les changements projetés à une échelle tangible pour les décideurs et les citoyens, elle
renforce la prise de conscience des défis spécifiques à chaque région et encourage une
mobilisation plus large pour l?adaptation. Des outils synthétiques et pédagogiques tels que
Climadiag Commune ont pour vocation de faciliter l?appropriation et l?intégration des enjeux
climatiques dans les décisions et les pratiques. Cette territorialisation des effets climatiques
constitue ainsi un levier essentiel pour une planification climatique inclusive et résiliente.
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Rapport n° 015725-01
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Annexe 6. Jurisprudences en matière
d?adaptation au changement climatique
Avant de présenter les jurisprudences nationales pertinentes, soulignons que même si la science
du climat est de plus en plus développée, les impacts précis du changement climatique à l?échelle
de petits territoires demeurent encore incertains, surtout s?ils sont recherchés à long terme. Dans
cette mesure, les politiques d?adaptation au changement climatique paraissent susceptibles d?être
contestées en justice à l?aune du principe de précaution puisque les actions fondées sur ce principe
nécessitent de pouvoir invoquer des incertitudes scientifiques et la possibilité de dommages graves
et irréversibles.
En France, le Conseil constitutionnel a affirmé en 200829 la valeur constitutionnelle du principe de
précaution garanti par l?article 5 de la Charte de l?environnement30.
Par ailleurs, en 2022, le Conseil constitutionnel a consacré le droit constitutionnel des générations
futures en se fondant sur plusieurs dispositions de la Charte de l?environnement : son Préambule
(« Considérant (?) qu?afin d?assurer un développement durable, les choix destinés à répondre aux
besoins du présent ne doivent pas compromettre la capacité des générations futures et des autres
peuples à satisfaire leurs propres besoins »), son article 1er (Droit de vivre dans un environnement
équilibré et respectueux de la santé) et son article 6 (les politiques publiques doivent promouvoir
un développement durable et concilier la protection de l?environnement avec le développement
économique et le progrès social)31. En 2023, dans sa décision sur la création et à l'exploitation d'un
centre de stockage en couche géologique profonde de déchets radioactifs, le Conseil
constitutionnel s'est fondé sur le droit de chacun à vivre dans un environnement équilibré pour
juger que le législateur « lorsqu'il adopte des mesures susceptibles de porter une atteinte grave et
durable à l'environnement, doit veiller à ce que les choix destinés à répondre aux besoins du
présent ne compromettent pas la capacité des générations futures et des autres peuples à
satisfaire leurs propres besoins, en préservant leur liberté de choix à cet égard »32.
Au sein du Conseil de l?Europe, la Convention européenne de sauvegarde des droits de l?homme
et des libertés fondamentales (CESDHLF) et notamment ses articles 2 (droit à la vie) et 8 (droit au
respect de la vie privée et familiale) fondent des décisions juridictionnelles en matière climatique.
Ainsi la Cour d?appel de Bruxelles dans une décision historique du 30 novembre 2023 a considéré
que l?autorité fédérale ainsi que deux régions belges avaient manqué à leur devoir de vigilance
résultant de dispositions du code civil belge mais aussi de ces deux articles compte tenu de leurs
mauvais résultats en termes d?émissions de gaz à effet de serre. Elle leur a ensuite imposé un
objectif minimum contraignant de réduction de ces émissions.
29 2008-564 DC, 19 juin 2008, cons. 18, Journal officiel du 26 juin 2008, page 10228, texte n° 3, Rec. p. 313
30 Article 5 de la Charte de l?environnement : « Lorsque la réalisation d'un dommage, bien qu'incertaine en l'état
des connaissances scientifiques, pourrait affecter de manière grave et irréversible l'environnement, les autorités
publiques veillent, par application du principe de précaution et dans leurs domaines d'attributions, à la mise en
oeuvre de procédures d'évaluation des risques et à l'adoption de mesures provisoires et proportionnées afin de
parer à la réalisation du dommage »
31 Décision 2022-843 DC censurant partiellement la loi portant mesures d?urgence pour la protection du pouvoir
d?achat (voir surtout les développements concernant les articles 29 et 30 portant sur l?exploitation d?un terminal
méthanier flottant au Havre)
32 Décision 2023-1066 QPC du 27 octobre 2023.
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Rapport n° 015725-01
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Et pour la première fois, le 9 avril 2024, la Cour européenne des droits de l?homme dans un arrêt
très remarqué a condamné un État (la Suisse) pour ne pas avoir été plus actif et efficace en matière
climatique et avoir ainsi porté atteinte à la santé des requérantes, soutenant être plus exposées
que d?autres populations aux chaleurs extrêmes provoquées par le changement climatique en
raison de leur âge (plus de 75 ans) et de maladies cardiovasculaires ou respiratoires33.
Le Tribunal international du droit de la mer a affirmé dans un avis consultatif du 21 mai 2024 le
devoir d?action des États pour prévenir, réduire et maitriser les émissions de GES, estimant qu?ils
polluaient la mer34.
L?Assemblée générale de l?ONU a saisi la Cour de justice internationale (La Haye) en mars 202335
en lui demandant quel était son avis (non contraignant) sur les obligations, en droit international,
des États en matière d?atténuation et d?adaptation au changement climatique et à quels risques
juridiques étaient exposés les États pollueurs qui manqueraient à leurs obligations. Le nombre de
productions écrites et de plaidoiries présentées devant le CIJ du 2 au 23 décembre 2024
(91 déclarations écrites, plaidoiries de 96 États et de 11 ONG36) souligne l?importance qu?il convient
d?accorder à cette consultation exceptionnelle.
Enfin, la Cour interaméricaine des droits de l?homme a été saisie par le Chili et la Colombie d?une
demande d?avis analogue en janvier 2023.
Ce très rapide panorama de jurisprudence montre que c?est autant l?insuffisance de l?action que
l?inaction des États en matière climatique qui sont contestées devant les juridictions.
33 https://www.coe.int/fr/web/portal/-/three-climate-change-rulings-from-the-european-court-of-human-rights
34 https://itlos.org/fileadmin/itlos/documents/cases/31/Advisory_Opinion/A31_avis_cons_21.05.2024_orig.pdf
35 https://press.un.org/fr/2023/ag12497.doc.htm
36 https://www.icj-cij.org/sites/default/files/case-related/187/187-20241213-pre-01-00-fr.pdf
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
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Annexe 7. Textes à prendre ou à modifier pour la
mise en oeuvre de la TRACC
1- Pour fonder le PNACC et la TRACC, créer un article R. 229-4-1 dans le code de
l?environnement en modifiant le titre d?une section
Emplacement dans le code de l?environnement
Dans le chapitre 9 du titre 2 du livre 2 du code de l?environnement, changer la section 1
consacrée à l?Observatoire national sur les effets du changement climatique en le dédiant au «
Changement climatique » avec une sous-section « Observatoire » et une autre sur les « Mesures
d?adaptation au changement climatique ».
Rappel
L. 229-1 du code de l?environnement : « La lutte contre l'intensification de l'effet de serre et la
prévention des risques liés au réchauffement climatique sont reconnues priorités nationales (?)
».
Projet de rédaction
« R. 229-4-1 :
I- Pour mettre en oeuvre les dispositions du point 4 de l?article 5 du règlement 2021/1119 du
Parlement européen et du Conseil du 30 juin 2021 établissant le cadre requis pour parvenir à la
neutralité climatique, un plan national d?adaptation au changement climatique (PNACC) est
adopté par décret tous les cinq ans, après consultation du CNTE et du HCC. Il est élaboré sur
la base de la trajectoire de réchauffement de référence pour l?adaptation au changement
climatique (TRACC) et d?une étude de vulnérabilité nationale fondée sur celle-ci.
II- La TRACC est adoptée par décret tous les cinq ans, après consultation du CNTE et du HCC.
La TRACC détermine, sur la base d?une proposition de Météo France, des valeurs de
réchauffement à court terme, à moyen terme et à plus long terme pour la France métropolitaine
et les départements et territoires d?outre-mer.
III- Météo-France est en outre chargé de :
- concevoir la méthodologie et de réaliser les modélisations qui permettent de définir la TRACC,
et de les expliciter et les faire connaître au public ;
- mettre à disposition les données issues des modélisations permettant de définir la TRACC, les
projections climatiques territorialisées de référence, ainsi que les indicateurs climatiques qui en
découlent, en France métropolitaine et dans les départements et territoires d'outre-mer ;
- diffuser largement des synthèses territorialisées des principaux effets de cette trajectoire,
notamment en termes de précipitations, de sécheresse et de canicules. »
Commentaire : Le III du projet d?article R. 229-4-1, focalise les synthèses territorialisées sur les
aspects actuellement le mieux maitrisés, à savoir les effets relatifs aux précipitations et aux
températures, et exclut de fait la hausse du niveau de la mer et l?évolution des régimes de vent.
Concernant l'élévation du niveau de la mer, les projections actuelles présentent une variabilité
notable qui s'explique par la complexité des processus physiques impliqués (fonte des calottes
glaciaires, dilatation thermique des océans?), ainsi que par les limitations des modèles actuels
à représenter avec précision ces phénomènes.
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
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En ce qui concerne les régimes de vent, les projections climatiques sont également marquées
par une grande incertitude. Les modèles climatiques actuels peinent par exemple à fournir des
prévisions précises quant à l'évolution des vents forts en France, cette incertitude étant
davantage liée aux limitations des modèles eux-mêmes qu'aux scénarios d'émissions ou aux
horizons temporels considérés.
2- Prendre deux décrets simples, hors code, l?un pour adopter le PNACC et l?autre, pour
approuver la TRACC.
Projet de décret simple approuvant la TRACC actuelle :
« La trajectoire de réchauffement de référence pour l?adaptation au changement climatique
mentionnée à l?article R 229-4-1 du code de l?environnement est définie par rapport à un
réchauffement global de 1,5°C par rapport à l?ère pré-industrielle (1850-1900) en 2030, un
réchauffement global de 2°C par rapport à l?ère pré-industrielle en 2050 et un réchauffement global
de 3°C par rapport à l?ère pré-industrielle en 2100. »
3- Pour rendre obligatoires des études de vulnérabilité fondées sur la TRACC :
? dans les PCAET : modifier l?article R. 229-51 du code de l?environnement ;
? dans les SCoT : créer dans le code de l?urbanisme un article R. 141-8-A, avant l?article R.
141-8 ;
? dans les SRADDET, compléter l?article R. 4251-13 du CGCT portant sur les annexes du
SRADDET ; de la même manière:
- Pour le SDRIF : compléter l?article R. 123-1 du code de l?urbanisme sur le contenu
du rapport de présentation par un 1bis ou 2bis.
- Pour les SAR : compléter l?article R. 4433-3 du CGCT sur le contenu du rapport
de présentation
- Pour le PADDuC : compléter l?article R. 4424-6 du CGCT sur le contenu du rapport
de présentation
- Pour les DSF : compléter le III de l?article R. 219-1-7 du code de l?environnement
4- Pour rendre obligatoire la référence à la TRACC dans les études d?impacts et les
évaluations environnementales respectivement des projets et des plans et programmes
Propositions de modifications réglementaires (en gras) synthétisant les propositions du 3.2
1- Pour les plans et programmes de droit commun :
Art. R. 122-20 du code de l?environnement :
« I. L?évaluation environnementale est proportionnée (?)
II.- Le rapport environnemental, qui rend compte de la démarche d'évaluation environnementale,
comprend un résumé non technique des informations prévues ci-dessous : (?)
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2° Une description de l'état initial de l'environnement sur le territoire concerné, les perspectives de
son évolution probable, que le plan, schéma, programme ou document de planification soit mis en
oeuvre ou ne le soit pas, réalisée sur la base de la TRACC prévue à l?article R. 229-4-1 ou, si
cela est jugé pertinent par les autorités compétentes, sur celle d?hypothèses de
réchauffement climatique entrainant des impacts plus négatifs pour certains aléas, (?) ; »
2- Pour les plans et programmes en matière d?urbanisme :
Art. R. 104-18 du code de l?urbanisme (modifications à reprendre dans les articles régissant
spécifiquement l?évaluation environnementale de certains plans et programmes) :
« Les documents d'urbanisme mentionnés à la section 1 qui ne comportent pas de rapport de
présentation en application d'autres dispositions sont accompagnés d'un rapport environnemental
comprenant : (?)
2° Une analyse de l'état initial de l'environnement et des perspectives de son évolution, si le
document est mis en oeuvre ou s?il ne l?est pas, réalisée sur la base de la TRACC prévue à
l?article R. 229-4-1 du code de l?environnement ou, si les autorités le jugent nécessaire, sur
celle d?hypothèses de réchauffement climatique entrainant des impacts plus négatifs pour
certains aléas, en exposant notamment les caractéristiques des zones susceptibles d'être
touchées de manière notable par la mise en oeuvre du document ; (?) »
Modifier sur le même modèle les articles suivants :
- R. 151-3 pour les PLU ;
- R. 161-3 pour les CC ;
- R. 172-1 pour les DTA.
3- Pour les projets :
Art. R. 122-5 du code de l?environnement :
I. ? Le contenu de l'étude d'impact est proportionné à la sensibilité environnementale de la zone
susceptible d'être affectée par le projet, à l'importance et la nature des travaux, installations,
ouvrages, ou autres interventions dans le milieu naturel ou le paysage projetés et à leurs
incidences prévisibles sur l'environnement ou la santé humaine (?).
II. ? En application du 2° du II de l'article L. 122-3, l'étude d'impact comporte les éléments suivants,
en fonction des caractéristiques spécifiques du projet et du type d'incidences sur l'environnement
qu'il est susceptible de produire (?)
3° Une description des aspects pertinents de l'état initial de l'environnement, et de leur évolution
réalisée sur la base de la TRACC prévue à l?article R. 229-4-1 ou, si cela est jugé pertinent
par le maitre d?ouvrage, sur celle d?hypothèses de réchauffement climatique entrainant des
impacts plus négatifs pour certains aléas, en cas de mise en oeuvre du projet ainsi qu'un aperçu
de l'évolution probable de l'environnement en l'absence de mise en oeuvre du projet, dans la
mesure où les changements naturels par rapport à l'état initial de l'environnement peuvent être
évalués moyennant un effort raisonnable sur la base des informations environnementales et des
connaissances scientifiques disponibles ; cette description pourra s?appuyer, le cas échéant, sur
des études de vulnérabilité réalisées dans le cadre de l?élaboration ou la révision de plans et
programmes couvrant le territoire d?implantation du projet ; (?)
5° Une description des incidences notables que le projet est susceptible d'avoir sur l'environnement
résultant, entre autres : (?)
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f) Des incidences du projet sur le climat et de la vulnérabilité du projet au changement climatique ;
cette description est réalisée sur la base de la TRACC prévue à l?article R. 229-4-1 ou, si cela
est jugé pertinent par le maitre d?ouvrage, sur celle d?hypothèses entrainant des impacts
plus négatifs pour certains aléas ; cette description pourra s?appuyer, le cas échéant, sur des
études de vulnérabilité réalisées dans le cadre de l?élaboration ou la révision de plans et
programmes couvrant le territoire d?implantation du projet ; (?) »
5- Pour rendre obligatoires des études de vulnérabilité fondées sur la TRACC dans les
SDAGE et les SAGE : modifier les arrêtés pris en application respectivement de l?article R. 212-5
du code de l?environnement et de l?article R. 212-49 du même code.
6- Pour rendre obligatoires des études de vulnérabilité fondées sur la TRACC dans les
documents de gestion des Parcs nationaux et dans les PNR : modifier respectivement l?arrêté
du 23 février 2007 et l?article R. 333-3 du code de l?environnement.
7- Pour rendre obligatoires des études de vulnérabilité fondées sur la TRACC et l?adoption
de mesures pour y faire face en matière de risques naturels : modifier
? Pour les PPRN, l?article R. 562-3 du code de l?environnement ;
? Pour les évaluations préliminaires des risques d?inondation par bassin, le II de l?article R.
566-1 du même code ;
? Pour les plans de gestion des risques d?inondation par bassin, l?article R. 566-10 du même
code.
8- Pour que la performance environnementale de la Réglementation environnementale
(actuellement RE2020) prenne en compte la TRACC pour les constructions dont la durée de vie
dépasse 20/30 ans, modifier l?article R. 172-4 du CCH.
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Annexe 8. Précisions complémentaires sur la
Taxonomie verte européenne et la directive
CSRD
Le règlement européen 2020/852 du 18 juin 2020 (règlement « taxonomie ») a mis en place un
système de classification des activités économiques durables sur le plan environnemental et
impose à certaines sociétés de publier des indicateurs clés de performance (ICP) et des
informations narratives concernant ces activités, qui seront précisés par des actes délégués37. Ces
ICP doivent être fournis au niveau de la société ou, si celle-ci prépare des informations non
financières consolidées, au niveau du groupe38.
Le règlement taxonomie n?a pas été amendé depuis son adoption, mais sa portée a été modifiée
par l?effet d?autres textes européens : d?une part, la directive sur la publication d?informations en
matière de durabilité pour les entreprises dite CSRD pour Corporate Sustainability Reporting
Standard39 et, d?autre part, la directive déléguée40 du 31 juillet 2023, qui a relevé les seuils
caractérisant les catégories d?entreprises et de groupes dans la directive « comptable »41).
Sont désormais visées par des obligations de reporting, de manière échelonnée, sur les exercices
2024 à 2026, en fonction de leurs tailles et de leurs caractéristiques, les entreprises dont les bilans
et chiffre d?affaires excèdent respectivement 25 M¤ et 50 M¤42 ou emploient plus de 500 salariés43.
Il s?agit dans l?ensemble des grandes entreprises, des PME (à l?exclusion des micro-entreprises)
dont les valeurs mobilières sont admises à la négociation sur un marché réglementé de l?UE et des
entreprises mères des grands groupes.
Des discussions sont actuellement en cours au niveau européen pour assouplir ces dispositions
en décalant les échéances et en exemptant les PME, voire les ETI de certaines dispositions. A
l?heure actuelle, l?échelonnement est le suivant :
Pour les exercices commençant le 1er janvier 2024 :
? les grandes entreprises qui sont des entités d?intérêt public employant plus de 500 salariés ;
? ainsi que les entités d?intérêt public qui sont des sociétés mères d?un grand groupe44
employant plus de 500 salariés.
Pour les exercices commençant le 1er janvier 2025 :
? les autres grandes entreprises et sociétés mères.
Pour les exercices commençant le 1er janvier 2026 :
? les petites et moyennes entreprises si leurs titres sont cotés sur un marché réglementé,
(hors micro-entreprises) ;
? les établissements de petit taille qui sont de grandes entreprise ou des PME ;
37 Règlement UE 2020/852 art. 8
38 Règlement Délégué UE 2021/2178 du 6 juillet 2021 annexe I, 2-f
39 Directive UE 2022/2464 du 14 décembre 2022 qui a succédé à la Directive NFRD (Non Financial Reporting
Directive)
40 Directive UE 2023/2775
41 Directive. UE 2013/34 du 26 juin 2013
42 Directive déléguée 2023/2775
43 La Commission a publié à plusieurs reprises des communications sur l?interprétation de l?ensemble des textes
applicables (voir notamment 2022/C 385/01, C/2023/305, C/2024/6792)
44 Directive UE 2013/34 art. 19 bis et 29 bis modifiés par la Directive UE 2022/2464
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? les entreprises captives d?assurance et de réassurance qui sont des grandes entreprises
ou des PME.
On estime qu?à terme 50 000 entreprises seront concernées par ce reporting en Europe mais ce
chiffre sera probablement amené à baisser du fait des négociations en cours.
Que doit comporter le reporting Taxonomie ?
Les investisseurs et les entreprises doivent communiquer sur le pourcentage de leurs activités,
investissements, produits financiers considérés comme verts au titre de la taxonomie.
Pour qu?une activité puisse bénéficier du label ?vert? au sens de la taxonomie, elle doit contribuer
de manière substantielle à au moins un des six objectifs suivants, sans porter un préjudice
significatif aux cinq autres, tout en respectant des garanties minimales en matière de droits
humains et de droit du travail. Ces trois conditions doivent être réunies pour déterminer si une
activité qui est « éligible » à la taxonomie (c?est-à-dire figurer sur une liste des activités éligibles)
est « alignée » avec elle, c?est-à-dire, s?agissant de l?adaptation, contribue effectivement aux
objectifs d?adaptation retenus
Les six objectifs environnementaux sont :
? atténuation du changement climatique (CC)
? adaptation au CC
? utilisation durable et protection des ressources aquatiques et marines
? la transition vers une économie circulaire
? prévention et contrôle de la pollution
? protection et restauration de la biodiversité.
Un acte délégué relatif au volet climatique de la taxonomie a été adopté en juin 2021 puis modifié
en 202245 pour établir une liste des activités économiques contribuant substantiellement aux
objectifs d?atténuation du changement climatique et d?adaptation à celui-ci. Plus de 70 activités
issues des secteurs de l?énergie, des transports, de la sylviculture, de la construction sont
concernées et des critères techniques sont précisées pour chacune d?entre elles.
Les quatre scénarios du GIEC (RCP 2.6, RCP 4.5, RCP 6.0 et RCP 8.5) servent de référence en
matière d?adaptation au changement climatique. En effet il est demandé dans l'annexe II du
règlement délégué 2021/2139 du 4/06/2021 d?évaluer pour chaque activité, les risques et
vulnérabilités liés au climat de manière proportionnée à l?ampleur de cette activité et à sa durée
escomptée ; ainsi pour les activités d?une durée supérieure à 10 ans, l?évaluation est réalisée sur
la base de projections climatiques de pointe et à la plus haute résolution disponible selon la palette
existante des scénarios pour l?avenir.
45 règlement délégué 2021/2139 du 4 juin 2021 et règlement délégué 2022/1214
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Rapport n° 015725-01
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Annexe 9. Cadre méthodologique pour
l?adaptation au changement climatique
Cette annexe a vocation à développer certaines parties du chapitre 4 du rapport, notamment les
points suivants :
? Cadre méthodologique pour l?évaluation des risques climatiques
? Élaboration et mise en oeuvre d?une stratégie d?adaptation
? Formation et renforcement des capacités
? Communication et engagement des parties prenantes
Annexe 9.1. Cadre méthodologique pour
l?évaluation des risques climatiques
L?intégration de la TRACC dans les différents plans, programmes et stratégies d?adaptation exige
une méthode fiable et rigoureuse pour évaluer les risques climatiques. Cette évaluation vise à
identifier de manière structurée les vulnérabilités existantes et potentielles, à estimer l?ampleur des
impacts susceptibles de survenir et à proposer des options d?adaptation adaptées au contexte de
chaque territoire et de chaque secteur. Une telle démarche s?inscrit dans une logique d?anticipation
et de planification, afin de prendre des décisions éclairées sur le long terme, tout en intégrant
l?évolution progressive des connaissances scientifiques.
Annexe 9.1.1 Définition des objectifs et principes
méthodologiques
La première étape pour intégrer la TRACC dans l?évaluation des risques climatiques consiste à
clarifier les objectifs poursuivis et à définir les périmètres d?analyse, tout en mettant en place une
gouvernance appropriée. Il s?agit en premier lieu de se demander dans quel but précis l?évaluation
est conduite, quelles problématiques locales ou sectorielles sont prioritaires et quel niveau
d?ambition on recherche en matière de résilience. Les objectifs établis doivent être clairs,
spécifiques, mesurables et, si possible, temporalisés. Ce cadrage initial permet de circonscrire le
périmètre de l?étude et de sélectionner les indicateurs pertinents.
Dans de nombreux domaines, l?augmentation des aléas climatiques invite les acteurs à s?interroger
sur les seuils critiques à ne pas dépasser pour garantir la continuité de leurs missions, la qualité
d?un service ou la protection de ressources essentielles. Pour y répondre, il est nécessaire de
préciser différents périmètres. Le périmètre temporel détermine sur quels horizons (court, moyen
ou long terme) on souhaite se projeter. Le périmètre fonctionnel porte sur les activités ou les
fonctionnalités qu?il s?agit de préserver : il peut s?agir de maintenir un service logistique, d?assurer
l?approvisionnement en ressources vitales ou de garantir le confort des usagers. Le périmètre
physique concerne les composantes matérielles ou organisationnelles qu?on inclut dans l?analyse,
depuis les bâtiments et équipements jusqu?aux processus internes ou aux systèmes numériques.
Le périmètre climatique spécifie quels aléas (canicules, précipitations intenses, sécheresses,
submersions, etc.) on retient au regard de la TRACC, tandis que le périmètre géographique définit
la zone d?étude, qui peut être circonscrite ou étendue selon la portée des objectifs.
Plusieurs principes méthodologiques accompagnent cette démarche. Le premier principe repose
sur une approche systémique et intégrée : chaque secteur interagit avec d?autres par le biais de
ressources partagées ou de dépendances multiples, et une analyse trop cloisonnée risquerait de
négliger les effets en cascade.
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Le second principe souligne l?importance d?une approche prospective : les effets du changement
climatique se manifestent progressivement, mais aussi à travers des événements extrêmes dont
l?intensité et la fréquence s?accentuent. Les scénarios élaborés à partir de la TRACC fournissent
un socle commun pour envisager l?évolution de variables-clés, réduisant ainsi le risque de recourir
à des hypothèses contradictoires. Le troisième principe insiste sur le caractère itératif du
processus : les connaissances et les technologies évoluant sans cesse, les stratégies adoptées
doivent être périodiquement révisées à la lumière des avancées scientifiques, des retours
d?expérience et des progrès techniques.
Au-delà des éléments méthodologiques, la réussite de cette phase initiale dépend fortement de la
participation des acteurs concernés, qu?il s?agisse d?entités publiques, d?organisations
professionnelles, d?experts scientifiques ou d?associations. Chacun apporte des connaissances
spécifiques, qu?il s?agisse de retours de terrain, d?expertise technique ou d?analyse des interactions
sociétales. La mise en place d?une gouvernance adéquate, associant services opérationnels,
responsables stratégiques et éventuellement partenaires externes, garantit une mobilisation
durable et une meilleure qualité de diagnostic. Enfin, cette première étape - au cours de laquelle
on définit les objectifs, on adopte un langage commun et on fixe le degré de précision de l?étude -
constitue un préalable indispensable avant de lancer une analyse de risque détaillée ou toute étude
technique complémentaire.
Annexe 9.1.2 Analyse des vulnérabilités et des risques
climatiques
Lorsque les objectifs sont clarifiés et que les principes méthodologiques sont fixés, la seconde
étape consiste à analyser les vulnérabilités et les risques climatiques. Cette analyse part d?un
diagnostic de l?existant, parfois désigné sous le terme d?auto-évaluation ou d?auto-diagnostic.
Celui-ci vise à caractériser les infrastructures, les écosystèmes, les organisations et les populations
susceptibles d?être affectés par des aléas climatiques plus intenses ou plus fréquents. À titre
d?exemple, une commune littorale examinera la sensibilité de ses digues, de son urbanisme côtier,
de ses réseaux d?eau potable à la salinisation ou encore de ses activités économiques
dépendantes du tourisme balnéaire.
Cet exercice d?auto-diagnostic met en évidence les points de fragilité, qu?ils soient d?ordre physique
(infrastructures vétustes, sols déjà soumis à l?érosion), organisationnel (chaînes logistiques
complexes, manque de plans d?urgence) ou socio-économique (dépendance à une seule culture
agricole, précarité de certaines populations face aux canicules). Les données climatiques issues
de la TRACC servent ici de référence pour évaluer l?évolution probable des menaces, par exemple
l?élévation de la température moyenne, la fréquence des jours de canicule, la multiplication des
épisodes de fortes pluies ou le risque d?inondation en zone littorale.
Plusieurs techniques sont mobilisables pour réaliser cette analyse. L?approche déterministe
consiste à retenir un scénario de réchauffement donné (par exemple +2 °C par rapport à l?ère
préindustrielle) et à étudier ses conséquences sur un horizon temporel précis (2050, 2100).
L?approche probabiliste, quant à elle, vise à explorer une gamme de scénarios (de +1,5 °C à +3 °C,
par exemple) et à estimer la probabilité d?occurrence de divers niveaux d?impacts ou de seuils
critiques. Coupler ces deux approches permet de rendre compte à la fois des plausibilités
moyennes et des extrêmes susceptibles de se produire.
À ce stade, l?identification des seuils critiques revêt une importance particulière. Certains secteurs
supportent des variations de conditions sans subir de dommages notables tant que des paliers
précis ne sont pas franchis : on peut citer la tolérance de certaines cultures à la sécheresse (en
termes de durée ou d?intensité), la capacité des réseaux électriques à fonctionner au-delà de
certaines températures, ou la solidité d?infrastructures face à la montée des eaux. Comprendre la
position de ces seuils par rapport aux scénarios climatiques basés sur la TRACC constitue un
levier majeur pour prioriser les actions d?adaptation et orienter les investissements de protection.
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Un autre aspect essentiel concerne la durée de vie des actifs. Les infrastructures à longue durée
de vie ? ponts, réseaux ferrés, ouvrages hydrauliques, centrales de production d?énergie ?
nécessitent des prises de décision robustes, fondées sur les projections de réchauffement les plus
exigeantes, pour éviter des rénovations prématurées ou des vulnérabilités irrémédiables. À
l?inverse, pour des équipements renouvelables sur des cycles de dix ou quinze ans, une adaptation
progressive peut s?avérer plus pertinente, permettant d?intégrer les évolutions technologiques ou
les retours d?expérience d?autres territoires. Cette différenciation par la durabilité et la criticité invite
à hiérarchiser les actions en fonction de l?importance stratégique de chaque actif et de ses
caractéristiques structurelles.
La question de la gouvernance multi-niveaux se pose également dans cette étape d?analyse. Les
risques liés aux aléas climatiques débordent souvent les limites administratives d?une collectivité
ou d?un État. Les fleuves, les bassins hydrographiques, les infrastructures de transport, ou encore
les chaînes logistiques transrégionales impliquent des coopérations multiples. Les plans locaux
d?urbanisme doivent se coordonner avec les directives nationales sur la prévention des inondations,
et les gestionnaires d?infrastructures critiques peuvent avoir besoin d?accords de mutualisation
avec des acteurs distants. La vulnérabilité d?un territoire peut dépendre autant de facteurs internes
que d?éléments extérieurs (par exemple la dépendance à un réseau électrique interconnecté
soumis à des risques climatiques différents sur d?autres portions du territoire).
C?est dans ce contexte qu?intervient l?analyse coûts-risques-bénéfices, qui consiste à croiser
l?ampleur des dommages potentiels avec la criticité des services concernés et le coût des mesures
préventives. Dans un scénario de hausse des températures moyennes, les épisodes de canicule
peuvent générer des coûts en matière de santé publique et des pertes économiques, mais la mise
en place de systèmes de climatisation généralisée implique elle-même des coûts d?investissement
et d?exploitation, ainsi que des émissions supplémentaires si l?électricité utilisée n?est pas
décarbonée. L?arbitrage réside alors dans la comparaison entre l?acceptation d?une part de risque,
la disponibilité de solutions alternatives et la valeur reconnue à la continuité de service.
Au terme de ces étapes, la démarche aboutit à un diagnostic climato-sensible du territoire ou du
secteur considéré. Sur cette base, les mesures d?adaptation peuvent être élaborées, priorisées et
insérées dans la planification. La TRACC, en offrant un langage commun et une quantification
partagée des aléas, favorise une coordination verticale (entre l?État et les collectivités) et
horizontale (entre différents secteurs), tout en réduisant les disparités d?approche. Cette approche
permet la production d?un ensemble d?études ou de cartographies illustrant les résultats des
analyses d?exposition, des analyses de sensibilité et des analyses de risque qui en découlent.
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Rapport n° 015725-01
Avril 2025
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Annexe 9.2. Élaboration et mise en oeuvre d?une
stratégie d?adaptation
Le cadre méthodologique décrit précédemment fournit une vision structurée de l?évaluation des
risques climatiques, mais il ne constitue qu?une première étape. Il importe désormais de
transformer les enseignements de cette analyse en mesures concrètes, organisées au sein d?une
stratégie d?adaptation capable de répondre aux aléas futurs et de renforcer la résilience des
territoires. La TRACC fournit un socle commun de connaissances permettant d?orienter les
décisions, mais chaque acteur doit ensuite déployer des solutions adaptées à son contexte
opérationnel et à ses marges de manoeuvre.
Annexe 9.2.1 Recensement et hiérarchisation des solutions
d?adaptation
Au sortir de l?analyse de vulnérabilité, les acteurs disposent d?une cartographie des risques
climatiques et d?une compréhension plus fine des fragilités de leurs infrastructures, de leurs
écosystèmes et de leurs processus socio-économiques. Ils disposent également d?une vision claire
de leur périmètre d?action et des fonctionnalités qu?ils souhaitent préserver. La première étape pour
passer à l?action consiste à recenser l?ensemble des solutions d?adaptation envisageables, en
prenant en compte la diversité des approches. Les solutions peuvent être technologiques
(adaptation d?un process industriel, adoption de cultures résistantes à la sécheresse, conception
de digues plus robustes), structurelles (modification de l?urbanisme pour laisser plus d?espace aux
cours d?eau, création de zones tampons pour l?infiltration), organisationnelles (plans d?urgence,
mutualisation des ressources entre collectivités), ou encore comportementales (changements
d?habitudes de consommation, sensibilisation à l?économie d?eau, etc.).
Cet inventaire exhaustif repose sur un dialogue étroit entre experts sectoriels, ingénieurs,
planificateurs et acteurs de terrain. Pour les transports, par exemple, il convient d?examiner à la
fois les améliorations envisageables dans le tracé ou l?entretien des infrastructures routières et
ferroviaires, mais aussi la possibilité d?une réorganisation des flux logistiques pour éviter les heures
les plus chaudes de la journée en cas de canicule. Dans le domaine agricole, on peut envisager la
diversification des cultures, la reconstitution de haies, le stockage d?eau d?irrigation ou l?usage
accru de variétés moins sensibles au stress hydrique. Les solutions relevant de la gestion des
ressources naturelles sont également multiples : on peut renforcer la capacité de rétention des sols,
restaurer les zones humides, favoriser la continuité écologique des milieux aquatiques.
Une fois ce panorama établi, il convient de procéder à une hiérarchisation des solutions, dans la
mesure où il est rarement possible de déployer simultanément toutes les mesures. Cette
priorisation implique de croiser plusieurs critères afin d?aboutir à une analyse coûts-risques-
bénéfices adaptée aux contextes territoriaux ou sectoriels. Le premier critère renvoie à l?impact
potentiel en termes de réduction de la vulnérabilité. Une mesure qui permet de sécuriser une
fonction vitale (alimentation en eau potable, continuité de service d?un hôpital, fonctionnement d?un
réseau électrique) ou de protéger des populations nombreuses a normalement vocation à être
placée en tête de liste.
Le deuxième critère touche à la faisabilité technique et financière. Certains projets, bien que très
efficaces pour réduire les risques, peuvent exiger des investissements initiaux considérables ou
des compétences spécialisées indisponibles localement. Il appartient alors aux décideurs de
déterminer si des financements nationaux ou européens, des partenariats industriels ou des
subventions ciblées sont accessibles pour concrétiser ces projets. Lorsque ce n?est pas le cas, des
solutions moins ambitieuses, mais plus faciles à mettre en oeuvre, peuvent constituer un premier
pas décisif vers l?adaptation.
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Le troisième critère concerne l?acceptabilité sociale et environnementale. Une digue de protection
contre les inondations peut être très efficace pour préserver l?urbanisation existante, mais elle
risque de déplacer le risque vers des zones moins protégées ou de perturber les dynamiques
écologiques d?un cours d?eau. De même, l?installation massive de climatiseurs peut augmenter la
consommation d?énergie et générer des îlots de chaleur supplémentaires en zone urbaine.
L?évaluation des conséquences indirectes des mesures d?adaptation s?avère donc essentielle pour
éviter les maladaptations.
La hiérarchisation finale tient compte de ces multiples facteurs et débouche sur une liste d?actions
jugées prioritaires, assorties d?un calendrier indicatif de mise en oeuvre. Les actions peuvent être
classées selon leur urgence (par exemple, garantir la stabilité d?un barrage déjà fragilisé), leur
importance stratégique (assurer la résilience d?un réseau d?électricité alimentant plusieurs régions),
ou encore leur caractère transverse (actions qui, en s?attaquant à une problématique, réduisent
simultanément d?autres vulnérabilités). Cette vision d?ensemble, formalisée parfois sous forme de
fiches-action ou de plans de mesures, permet aux acteurs de concentrer leurs efforts et leurs
ressources sur des initiatives à fort impact.
L?adaptabilité et la progressivité des mesures constituent un autre paramètre à prendre en compte.
Certaines solutions nécessitent un changement immédiat et radical, par exemple le renforcement
urgent d?ouvrages exposés à des crues centennales, tandis que d?autres peuvent être mises en
place par paliers, à mesure que les connaissances s?affinent ou que les opportunités de
financement apparaissent. Une collectivité peut ainsi choisir de surélever progressivement ses
digues, ou de programmer la rénovation thermique de ses bâtiments publics sur plusieurs années,
en profitant du renouvellement naturel du parc immobilier.
Cette réflexion et cette hiérarchisation aboutissent ainsi à l?identification de trajectoires possibles
pour mettre en oeuvre l?adaptation, en décrivant différents chemins d?action selon le niveau
d?ambition, le rythme d?investissements et les incertitudes à gérer. Ces trajectoires, parfois
graduelles ou différenciées en fonction de l?évolution du climat et des capacités de chaque acteur,
constituent un référentiel précieux pour la suite du processus. Elles permettent de visualiser
comment les actions prioritaires, les mesures plus modestes ou les alternatives encore en réflexion
peuvent s?enchaîner et s?ajuster, en maintenant une cohérence d?ensemble tout au long de la
montée en résilience.
Annexe 9.2.2 Élaboration d?un plan d?action et mise en oeuvre
Au-delà de la définition des solutions d?adaptation et de leur hiérarchisation, la démarche doit se
formaliser dans un plan d?action cohérent, gage de clarté et de lisibilité pour l?ensemble des parties
prenantes. Cette étape consiste à organiser les mesures retenues autour d?objectifs opérationnels,
à préciser les acteurs responsables de leur réalisation, les ressources mobilisées et les modalités
de suivi. Elle constitue la concrétisation des trajectoires définies précédemment.
Le plan d?action s?articule souvent autour de grands axes, reflétant les priorités identifiées dans
l?analyse de vulnérabilité. Certains axes peuvent concerner la pérennité des infrastructures
essentielles (réseaux de transport, hôpitaux, systèmes de télécommunication), d?autres la gestion
durable des ressources naturelles (eau, forêts, terres agricoles), d?autres encore la protection des
populations face aux événements extrêmes (crues, canicules, tempêtes). Chacun de ces axes est
décliné en objectifs spécifiques, qui décrivent la cible à atteindre (par exemple réduire de 30 % les
coupures de réseau en cas de canicule, limiter la vulnérabilité de certains quartiers exposés aux
submersions marines).
Pour chaque objectif, les actions concrètes sont listées et assorties d?un échéancier. Cette
planification dans le temps doit tenir compte des contraintes techniques et financières, ainsi que
des processus de décision et de passation de marchés. La construction d?une digue ou le
renforcement d?un pont peuvent exiger plusieurs années d?études, d?autorisations administratives
et de travaux, tandis qu?une campagne de sensibilisation peut être mise en place plus rapidement,
à condition d?en avoir validé le contenu et le financement.
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Le plan d?action doit également préciser qui est responsable de la mise en oeuvre des mesures.
Dans certains cas, l?État est directement compétent (par exemple pour l?entretien de grands
barrages ou de routes nationales). Dans d?autres, c?est une collectivité territoriale ou un syndicat
mixte qui possède la compétence et les moyens de conduire le projet. Les entreprises publiques
ou privées (opérateurs de transport, compagnies d?électricité, industriels) sont aussi susceptibles
d?être associées, lorsque leurs infrastructures ou leurs activités se situent au coeur de la
problématique. Enfin, le secteur associatif et la société civile peuvent jouer un rôle dans l?animation
de programmes de sensibilisation ou l?appui à certaines innovations locales (reforestation,
permaculture, éco-rénovation des habitats, etc.).
Le plan d?action doit être assorti d?indicateurs clairs permettant d?évaluer l?avancement et l?efficacité
des mesures adoptées. Un indicateur peut refléter, par exemple, le nombre de mètres linéaires de
digues renforcées, la vitesse de réaction des services de secours en cas d?inondation, la part
d?habitations dotées d?équipements de climatisation passive, ou encore la diminution observée du
ruissellement urbain. L?important est que ces indicateurs soient précisément définis, mesurables,
et qu?ils puissent être suivis à intervalles réguliers pour déterminer très clairement et de manière
transparente si les objectifs sont atteints ou si des ajustements s?imposent.
Au-delà de l?élaboration du plan, sa mise en oeuvre effective dépend largement de la disponibilité
des financements, des compétences et de la volonté politique. Les actions jugées prioritaires dans
la hiérarchisation n?obtiendront pas forcément les ressources nécessaires si elles ne s?inscrivent
pas dans un dispositif de soutien adapté (subventions, appels à projets, partenariats public-privé,
etc.). Il revient donc aux porteurs du plan d?action d?identifier les mécanismes de financement
appropriés et de constituer des dossiers solides justifiant la pertinence économique, sociale et
environnementale des projets.
La question du contrôle et de l?ajustement permanent se pose également. Une stratégie
d?adaptation ne saurait être figée, car le contexte climatique, technologique et réglementaire évolue.
On peut ainsi instaurer un dispositif de revue périodique (par exemple tous les trois ou cinq ans)
pour réexaminer le plan d?action, évaluer la progression des chantiers et mesurer l?adéquation
entre les mesures mises en oeuvre et les scénarios climatiques en vigueur. Cette revue offre
l?occasion de réorienter les investissements, de remplacer certaines approches devenues
obsolètes ou d?ajouter de nouvelles mesures rendues possibles par l?innovation.
La culture de l?itération et du retour d?expérience s?avère donc indispensable. Une collectivité ayant
expérimenté avec succès de nouvelles pratiques de gestion de l?eau en période de sécheresse
peut partager ses résultats avec d?autres territoires confrontés à des problèmes similaires. Cette
mutualisation des connaissances et des compétences contribue à faire évoluer la stratégie
d?adaptation à un niveau plus large, en évitant la répétition d?erreurs ou la dispersion des
innovations réussies.
Dans un même temps, l?intégration de la TRACC dans les choix stratégiques confère une
cohérence d?ensemble : les acteurs bénéficient d?un référentiel partagé sur l?évolution du climat,
ce qui limite les divergences méthodologiques et favorise la mise en commun de ressources. Les
infrastructures dimensionnées selon des hypothèses de réchauffement cohérentes sont plus
susceptibles de résister durablement aux aléas futurs. Les politiques agricoles ou urbaines qui
s?appuient sur le même jeu de données climatiques sont également plus facilement coordonnables.
Au final, l?objectif de cette démarche d?élaboration de la stratégie d?adaptation est de parvenir à un
équilibre entre la nécessité d?agir rapidement (pour prévenir des risques déjà sensibles ou
anticipables) et la nécessité de prendre en compte des horizons de temps plus longs (pour préparer
la résilience à des perturbations encore plus marquées). Les solutions mises en place doivent non
seulement être efficaces contre les aléas actuels, mais aussi évolutives, afin de pouvoir être
renforcées ou modifiées si les trajectoires climatiques les plus sévères se confirment. Les efforts
déployés dans l?adaptation s?inscrivent ainsi dans un continuum où l?amélioration de la
connaissance et la montée en compétence des acteurs vont de pair avec l?innovation et la
recherche de financements pérennes.
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La phase d?élaboration et de mise en oeuvre de la stratégie d?adaptation constitue, en somme, le
pivot entre le diagnostic des vulnérabilités et la concrétisation des politiques publiques ou des
initiatives privées. L?évaluation méthodique des solutions possibles, leur hiérarchisation, leur
inscription dans un plan d?action, et leur suivi régulier garantissent une approche structurée et
dynamique. Les territoires et les secteurs qui se dotent ainsi d?une stratégie claire et partagée sont
mieux armés pour répondre aux défis climatiques, réduire leurs vulnérabilités et saisir les
opportunités d?innovation qui peuvent découler de cette transformation adaptative.
Annexe 9.3. Formation et renforcement des
capacités
L?intégration de la TRACC dans les politiques et plans d?adaptation s?accompagnera aussi d?un
besoin accru en compétences, aussi bien chez les acteurs publics que privés. Les projections
climatiques et leurs implications sur les infrastructures, les services et les territoires représentent
en effet un champ nouveau pour nombre d?organisations, qui doivent apprendre à manipuler des
données parfois complexes, à évaluer les incertitudes et à élaborer des plans d?action sur le long
terme. Pour y parvenir, la mise en place d?une offre de formation et d?accompagnement adéquate
constitue un prérequis incontournable.
Annexe 9.3.1 Renforcer les compétences des acteurs publics
et privés
Il est aujourd?hui essentiel de disposer au sein des administrations, des collectivités territoriales et
des entreprises d?une expertise spécifique sur la climatologie et les outils de modélisation.
Comprendre la richesse des données climatiques produites par des portails tels que DRIAS ou par
le projet Explore2, dialoguer avec les services scientifiques et traduire ces informations techniques
en scénarios opérationnels exige de véritables compétences, à la fois techniques et de
vulgarisation. Si, pour certains grands opérateurs, il peut être envisageable de constituer leur
propre équipe spécialisée, la plupart des organisations doivent au moins pouvoir s?appuyer sur des
collaborateurs formés à la lecture et à l?interprétation des projections climatiques, ou sur des
prestataires externes disposant de ce savoir-faire.
Parallèlement, l?analyse de la vulnérabilité et l?anticipation des évolutions futures ne se limitent pas
à la production de cartes d?exposition aux aléas. Mener des études de vulnérabilité engage un
travail d?enquête approfondi, mobilisant des compétences en prospective et en organisation. Il
s?agit de comprendre comment, dans le fonctionnement concret d?une structure, les aléas
climatiques peuvent perturber les processus opérationnels, les approvisionnements, la logistique
ou encore la relation avec les usagers. Savoir animer des ateliers de réflexion, récolter les retours
d?expérience, identifier des signaux faibles dans l?historique des pannes ou des incidents, décrire
les chaînes d?impacts et imaginer des scénarios d?évolution constitue une base préalable à la mise
en oeuvre de solutions pertinentes.
Certains choix d?adaptation peuvent enfin s?avérer particulièrement engageants à long terme, tant
sur le plan financier que technique. Cela nécessite alors une expertise en aide à la décision en
situation d?incertitude, dans laquelle on compare différentes options stratégiques ou
technologiques en tenant compte de critères comme la robustesse, la flexibilité ou l?acceptabilité
économique. Cette approche, déjà pratiquée dans certains domaines (défense, assurance),
gagnerait à être mieux diffusée pour aider les acteurs à évaluer, par exemple, l?opportunité de
grands investissements ou l?intérêt de renforcer progressivement des infrastructures.
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Ces compétences se combinent à des capacités d?animation et de facilitation. L?adaptation est un
processus collectif, qui implique une pluralité de métiers et de services. Les acteurs chargés de
piloter la démarche doivent donc être en mesure d?organiser des concertations, de communiquer
aisément avec des profils très variés, et de faire émerger une vision partagée de la résilience. Cette
hybridation des expertises ? climat, prospective, aide à la décision, animation ? est un point clé
pour que chaque entité puisse, sur le long terme, développer ses propres apprentissages et ne
pas rester dépendante d?interventions extérieures ponctuelles.
Annexe 9.3.2 Vers un programme national de formation ?
Pour orchestrer de manière cohérente ces actions de formation et en amplifier la portée, il peut
s?avérer pertinent de mettre en place un programme national de formation qualifiante sur
l?adaptation au changement climatique. Ce programme, porté par les ministères compétents et en
coordination avec les opérateurs publics tels que Météo-France, le Cerema ou l?Ademe, viserait à
former un large éventail d?acteurs : agents de l?État et de ses opérateurs, élus et techniciens des
collectivités, ingénieurs de bureaux d?études, et plus largement toute structure impliquée dans des
projets d?aménagement ou de gestion des ressources.
Ce programme national aurait pour objet de couvrir l?ensemble du champ des savoir-faire liés à
l?adaptation : compréhension des fondamentaux climatiques, intégration de la TRACC dans les
études de vulnérabilité, élaboration de plans d?action, suivi et évaluation des mesures, etc. Il devrait
inclure des sessions pratiques, des ateliers de simulation, ainsi que des modules consacrés aux
approches sectorielles (transport, bâtiment, agriculture, santé, etc.). Les participants obtiendraient
une reconnaissance formelle de leurs compétences, favorisant la professionnalisation des métiers
de l?adaptation et la reconnaissance de la TRACC comme référentiel central.
Les investissements consentis dans la formation sont rapidement compensés par la montée en
compétences des équipes, qui peuvent alors diagnostiquer plus finement les vulnérabilités,
formuler des solutions plus innovantes et conduire des projets d?adaptation d?une manière plus
intégrée.
Annexe 9.3.3 Développement d?outils d?accompagnement et
de partage des connaissances
Au-delà de la formation stricto sensu, l?adaptation se nourrit d?un échange permanent
d?informations et de méthodes. L?émergence de réseaux professionnels ou de plateformes
collaboratives dédiées permet de partager des retours d?expérience, des études de cas, des
benchmarks internationaux et des outils open source pour modéliser ou évaluer les risques
climatiques. Les acteurs déjà engagés dans des démarches peuvent ainsi diffuser leurs résultats
et en discuter avec leurs pairs. Parmi ces initiatives, on peut citer le Centre de ressources pour
l?adaptation au changement climatique mis en place par le ministère de la Transition écologique
avec le Cerema, l?Ademe et Météo-France46.
Le développement d?outils pédagogiques et techniques (guides méthodologiques, manuels
d?intégration de la TRACC dans les projets, simulateurs de stress-tests, etc.) participe également
à la diffusion de la culture de l?adaptation. Il convient de veiller à la lisibilité de ces outils, afin qu?ils
restent accessibles à des publics variés, depuis les bureaux d?études spécialisés jusqu?aux petites
communes manquant de moyens ou de compétences internes. Les opérateurs de l?État, qui
disposent d?expertises reconnues, doivent contribuer à leur élaboration, en synergie avec des
organismes internationaux, afin d?élargir rapidement les bénéficiaires de leurs actions à un nombre
plus important d?acteurs des territoires.
46 https://www.adaptation-changement-climatique.gouv.fr/
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Les dynamiques de réseau, quant à elles, facilitent la construction de référentiels communs. Un
acteur qui s?interroge sur la robustesse d?un modèle de projection ou sur la pertinence d?une
approche de zoning peut solliciter rapidement l?avis d?autres régions ou experts qui ont déjà mené
des analyses similaires. De même, la confrontation des résultats issus de différents territoires ou
secteurs peut aider à valider, ajuster ou remettre en question certaines approches. La création de
collectifs thématiques, rassemblant les professions de la construction, de l?urbanisme, de
l?agriculture ou encore de la santé autour du partage d?expérience, fait partie des leviers à
développer pour capitaliser sur l?intelligence collective.
Sur un plan plus large, il est capital que les programmes de recherche et développement, à la fois
publics et privés, s?inscrivent davantage encore dans la dynamique de l?adaptation. Au-delà des
travaux strictement scientifiques, il convient de développer, financer et coordonner des
expérimentations de terrain, permettant de confronter directement des prototypes ou des
approches technologiques nouvelles aux conditions climatiques actuelles et futures. De tels
dispositifs ouvrent la voie à des avancées concrètes : affinement des modèles de prévision, mise
au point de nouveaux matériaux résilients, mise en oeuvre de solutions fondées sur la nature, ou
encore développement d?outils numériques facilitant la collecte et l?analyse de données. Ces
programmes doivent contribuer à la constitution d?un écosystème de l?adaptation, stimulant à la
fois le progrès scientifique et la diffusion rapide des innovations vers les acteurs opérationnels.
Annexe 9.3.4 Valorisation et reconnaissance des initiatives
d?adaptation
Les démarches d?adaptation peuvent, dans certains cas, bénéficier d?une reconnaissance formelle
pour valoriser les efforts consentis, guider les investisseurs ou informer le grand public. La création
de labels ou de certifications spécifiques encourage les organismes volontaires à se conformer à
des standards exigeants, tout en permettant aux partenaires et aux clients de repérer plus
facilement les acteurs engagés.
De tels labels peuvent porter sur des objets très variés : la résilience des bâtiments, la durabilité
des approvisionnements agricoles, la gestion responsable des ressources en eau, ou encore
l?exemplarité d?un réseau d?infrastructures critiques. Ils incitent les porteurs de projet à intégrer la
TRACC dans leur analyse de vulnérabilité et peuvent stimuler l?innovation en encourageant des
solutions nouvelles dans leur secteur.
Annexe 9.4. Communication et engagement des
parties prenantes
Pour être pleinement efficaces, l?intégration de la TRACC dans les politiques publiques et la mise
en place d?actions d?adaptation nécessitent une forte adhésion de l?ensemble des acteurs
concernés. Il ne suffit pas de disposer d?études techniques fiables ou de stratégies solides si les
parties prenantes ne se mobilisent pas pour les mettre en oeuvre et les faire évoluer. La
communication et l?engagement recouvrent un éventail de démarches complémentaires, allant de
la sensibilisation des équipes internes et du grand public jusqu?à la co-construction de politiques
d?adaptation avec les territoires, en passant par des processus de concertation formalisés.
Annexe 9.4.1 Communication interne et partage
d?informations
Pour que les plans d?adaptation soient menés avec cohérence, il est primordial que l?information
circule de manière fluide et transparente au sein des organisations. Les services de l?État, les
collectivités territoriales, les opérateurs d?infrastructures et les entreprises doivent pouvoir accéder
aisément aux résultats des études climatiques, aux projections associées à la TRACC, aux retours
d?expérience d?autres territoires et aux outils développés pour mesurer ou réduire la vulnérabilité.
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Dans la sphère publique, des mécanismes de coordination entre les ministères et les services
déconcentrés pourraient faciliter la prise en compte du changement climatique de manière
transversale. De même, au sein des collectivités ou dans le secteur privé, la mise en place de
canaux de communication structurés pourrait contribuer à diffuser rapidement les alertes, les
méthodologies et les bonnes pratiques. Une culture commune de l?adaptation est ainsi susceptible
d?émerger, limitant les possibles incohérences entre services ou directions.
Annexe 9.4.2 Concertation avec les acteurs locaux et les
secteurs d?activité
Les politiques d?adaptation ayant une forte incidence territoriale, il est indispensable d?inclure dans
la réflexion et l?action les parties prenantes situées au plus près du terrain. Les élus locaux, les
acteurs économiques, les gestionnaires de réseaux, les associations de protection de
l?environnement ou encore les habitants eux-mêmes possèdent des connaissances diverses des
spécificités locales, des points de blocage et des opportunités à saisir.
La concertation peut prendre différentes formes : ateliers de travail thématiques, réunions
publiques, enquêtes de terrain, etc. L?objectif est de coconstruire les diagnostics (identification des
vulnérabilités, définition des seuils critiques) et les solutions, en tenant compte des contraintes et
des ressources propres à chaque territoire. Les documents de planification peuvent ainsi intégrer
des propositions issues du terrain, maximisant leur pertinence et leur acceptation.
Lorsque la concertation est bien menée, elle contribue à réduire les résistances au changement.
Les parties prenantes peuvent être plus enclines à accepter des mesures d?adaptation parfois
contraignantes (modifications de l?occupation des sols, adoption de normes de construction plus
exigeantes, réorganisations logistiques) si elles en perçoivent la nécessité et les bénéfices à moyen
ou long terme. Elles peuvent aussi faire valoir des expériences alternatives, issues de savoir-faire
locaux ou de pratiques traditionnelles, qui peuvent se révéler précieuses pour enrichir la palette
des solutions.
Annexe 9.4.3 Sensibilisation du grand public et participation
citoyenne
Au-delà des acteurs directement impliqués dans la mise en oeuvre de la TRACC, et plus largement
de l?adaptation au changement climatique, la population dans son ensemble a un rôle à jouer. Le
succès de nombreuses mesures d?adaptation dépend de changements de comportement (sobriété
énergétique, réduction de la consommation d?eau, adoption de solutions de mobilité plus durables),
ou de l?acceptation d?investissements publics. Par conséquent, sensibiliser le grand public aux
enjeux climatiques et à l?utilité d?une démarche d?adaptation s?avère essentiel.
Cette sensibilisation peut s?appuyer sur des campagnes d?information (sites internet dédiés,
publications dans la presse locale, interventions dans les établissements scolaires), sur des
évènements ponctuels (forums, expositions, séminaires) ou sur des dispositifs de participation
citoyenne. Les collectivités pionnières montrent souvent que l?implication proactive des habitants
facilite l?émergence de projets adaptés au contexte local, qu?il s?agisse d?agriculture urbaine, de
végétalisation, d?actions de solidarité lors de canicules ou de mutualisation d?équipements en cas
de crise.
Dans l?ensemble, la communication et l?engagement des parties prenantes permettent de créer un
environnement propice à l?adaptation, en favorisant la transparence, la compréhension mutuelle et
la co-construction. Les informations scientifiques et techniques, lorsqu?elles sont transmises de
manière accessible et contextualisée, gagnent en crédibilité, et les mesures d?adaptation, à leur
tour, s?ancrent davantage dans les réalités locales et bénéficient d?un soutien plus large.
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Pour que l?adaptation s?inscrive durablement dans les mentalités, il peut également être utile de
souligner les réussites et de donner une visibilité à celles et ceux qui agissent. Les campagnes de
sensibilisation aident à mieux faire comprendre les enjeux climatiques, à faire connaître les
solutions déjà disponibles et à encourager leur réplicabilité. Elles peuvent prendre la forme de
concours, de prix ou de distinctions officielles, décernées aux acteurs ayant mené des initiatives
exemplaires.
Au-delà de l?impact médiatique, ces formes de reconnaissance créent une émulation positive entre
territoires, secteurs et organisations, en incitant chacun à s?inspirer des expériences réussies et à
partager les enseignements tirés. Elles renforcent également le sentiment d?urgence collective,
tout en démontrant qu?il est possible de s?adapter efficacement aux défis climatiques lorsque les
acteurs mobilisent leurs compétences et leurs ressources autour d?objectifs partagés.
PUBLIÉ
Site internet de l?IGEDD :
« Les rapports de l?inspection »
PUBLIÉ
https://www.igedd.developpement-durable.gouv.fr/spip.php?page=liste-actualites&lang=fr&id_mot=1187&debut_rub_actus=0
https://www.igedd.developpement-durable.gouv.fr/spip.php?page=liste-actualites&lang=fr&id_mot=1187&debut_rub_actus=0
Sommaire
Résumé
Liste des recommandations
Introduction
1 Contexte et questions clés
1.1 Notions clés
1.1.1 Le PNACC
1.1.2 La TRACC
1.1.3 L?adaptation au changement climatique
1.1.4 Vulnérabilités au changement climatique
1.2 Souhaite-t-on faire de la TRACC seulement une « boussole » ou convient-il de conférer à cet outil des effets juridiques et financiers ?
1.2.1 Les grandes options possibles
1.2.1.1 Les options juridiques
1.2.1.2 Les options non juridiques :
1.2.2 Conférer à la TRACC des effets juridiques et financiers comporte à la fois des risques et des opportunités.
1.2.2.1 Opportunités
1.2.2.2 Risques
1.2.3 Comment limiter ces risques ?
2 Ancrer dans le droit le PNACC et la TRACC
2.1 Situation actuelle : un encadrement juridique faible de l?adaptation mais une préoccupation croissante des juridictions :
2.2 Contexte européen
2.2.1 Le droit de l?UE prévoit des plans d?adaptation mais pas de TRACC à ce jour
2.2.2 La stratégie européenne d?adaptation au changement climatique pourrait s?appuyer sur des références de réchauffement :
2.2.3 La taxonomie verte européenne et la directive CSRD sur le reporting sur les informations en matière de durabilité, en cours de déploiement, prévoient des évaluations de vulnérabilité sur la base des scénarios du GIEC
2.3 Loi ou décret pour fonder juridiquement PNACC et TRACC ? :
2.3.1 La voie législative permettrait d?afficher un niveau d?ambition élevé? :
2.3.2 ? mais la voie réglementaire parait suffisante s?il s?agit seulement de fonder le PNACC et la TRACC :
2.4 Développer un processus incitatif sur la base de la TRACC
2.5 Ajuster le cadre réglementaire en rendant obligatoires dans certains cas des études de vulnérabilité (EV) sur la base de la TRACC :
3 Politiques publiques impactées
3.1 Plans et programmes territoriaux transversaux
3.1.1 Niveau local
3.1.1.1 PCAET et SCoT
3.1.1.2 Plans locaux d?urbanisme (PLU), PLU intercommunaux (PLUi) et cartes communales (CC)
3.1.2 Niveau régional
3.2 Évaluation environnementale
3.2.1 Plans et programmes ayant une incidence notable sur l?environnement à l?exception des plans et programmes en matière d?urbanisme
3.2.2 Plans et programmes ayant une incidence notable sur l?environnement en matière d?urbanisme
3.2.3 Projets de travaux, d?ouvrages ou d?aménagements soumis à étude d?impact
3.3 Approche sectorielle
3.3.1 Environnement
3.3.1.1 Eau
3.3.1.2 Trait de côte
3.3.1.3 Espèces protégées-biodiversité-forêts :
3.3.2 Risques
3.3.2.1 Risques naturels
3.3.2.2 Risques technologiques :
3.3.3 Construction, aménagement et urbanisme :
3.3.4 Gestionnaires de réseaux d?infrastructures
3.3.4.1 Transports
3.3.4.2 Énergie
3.4 Politiques publiques ne relevant pas du périmètre de la mission :
4 Méthodologie et outils pour l?intégration de la TRACC
4.1 Cadre méthodologique pour l?évaluation des risques climatiques
4.2 Élaboration et mise en oeuvre d?une stratégie d?adaptation
4.3 Gouvernance et portage politique
4.3.1 Structures de gouvernance et coordination des acteurs
4.3.2 Pilotage de la TRACC
4.4 Financements et mécanismes d?incitation
4.4.1 Mobiliser des financements dédiés à l?adaptation
4.4.2 Mécanismes d?incitation et de conditionnalité
4.4.2.1 Mécanismes financiers et incitations fiscales
4.4.2.2 Conditionnalité et transparence des financements
4.5 Renforcement des capacités et reconnaissance des initiatives en matière d?adaptation
4.5.1 Développement des compétences et structuration d?un programme de formation
4.5.2 Partage des connaissances et outils d?accompagnement
4.5.3 Valorisation et reconnaissance des démarches d?adaptation
Conclusion
Annexes
Annexe 1. Lettre de mission
Annexe 2. Liste des personnes rencontrées
Annexe 3. Glossaire des sigles et acronymes
Annexe 4. Phasage de la mise en oeuvre des recommandations
Annexe 5. Précisions sur la TRACC
Annexe 5.1. Construction de la TRACC
Annexe 5.2. TRACC et Scénarios du GIEC
Annexe 5.3. Déclinaison de la TRACC
Annexe 5.4. Pourquoi la TRACC ?
Annexe 6. Jurisprudences en matière d?adaptation au changement climatique
Annexe 7. Textes à prendre ou à modifier pour la mise en oeuvre de la TRACC
Annexe 8. Précisions complémentaires sur la Taxonomie verte européenne et la directive CSRD
Annexe 9. Cadre méthodologique pour l?adaptation au changement climatique
Annexe 9.1. Cadre méthodologique pour l?évaluation des risques climatiques
Annexe 9.1.1 Définition des objectifs et principes méthodologiques
Annexe 9.1.2 Analyse des vulnérabilités et des risques climatiques
Annexe 9.2. Élaboration et mise en oeuvre d?une stratégie d?adaptation
Annexe 9.2.1 Recensement et hiérarchisation des solutions d?adaptation
Annexe 9.2.2 Élaboration d?un plan d?action et mise en oeuvre
Annexe 9.3. Formation et renforcement des capacités
Annexe 9.3.1 Renforcer les compétences des acteurs publics et privés
Annexe 9.3.2 Vers un programme national de formation ?
Annexe 9.3.3 Développement d?outils d?accompagnement et de partage des connaissances
Annexe 9.3.4 Valorisation et reconnaissance des initiatives d?adaptation
Annexe 9.4. Communication et engagement des parties prenantes
Annexe 9.4.1 Communication interne et partage d?informations
Annexe 9.4.2 Concertation avec les acteurs locaux et les secteurs d?activité
Annexe 9.4.3 Sensibilisation du grand public et participation citoyenne
(ATTENTION: OPTION cénario le plus chaud étant aussi le plus sec, le risque d?inondation
des postes de transformation est plus élevé avec le scénario RCP4.5 qu?avec le scénario RCP8.5.
Le niveau de réchauffement climatique auquel il convient de se préparer dépend de la durée de
vie des actifs (et donc de l?horizon considéré), de l?intensité du risque et de la tolérance / aversion
au risque. EDF souligne ainsi qu?il convient d?utiliser des projections plus contraignantes que la
TRACC en fin de siècle, notamment en matière de sûreté.
Les acteurs qui disposent d?une certaine maturité en matière d?adaptation au changement
climatique, en raison des enjeux majeurs auxquels ils sont confrontés (ex : grands gestionnaires
de réseaux, infrastructures critiques), utilisent depuis longtemps plusieurs scénarios, dont l?un
est souvent assez proche de la TRACC. Cette pratique vertueuse doit se poursuivre.
En troisième lieu, il n?est pas proposé d?entrer dans le détail de ce qui doit être contenu dans les
études de vulnérabilité. Il appartient en effet aux autorités compétentes de définir leur niveau
d?ambition et le degré de précision souhaité en fonction de leurs moyens financiers17 , et de la
proportionnalité des efforts au regard des enjeux.
Enfin, comme indiqué plus haut au 1.2.3, et plus loin, dans le chapitre 4 (et dans l?annexe 9), ces
nouvelles obligations ne devraient être effectives qu?une fois l?accompagnement technique et
financier de l?État mis en place.
3.1 Plans et programmes territoriaux transversaux
La législation française prévoit de nombreux plans et programmes territoriaux transversaux
introduits et modifiés au fil du temps. Certains d?entre eux, notamment les SRADDET et les PCAET,
prévoient de prendre en compte l?adaptation au changement climatique. Ils constituent des points
d?entrée clés pour nourrir une démarche territorialisée d?adaptation au changement climatique.
Comme indiqué plus haut, la réalisation d?études de vulnérabilité, véritablement territorialisées, aux
conséquences du changement climatique constitue un préalable à toute démarche solide en la
matière.
17 Les coûts peuvent aller de quelques dizaines de milliers d?euros pour des études territoriales de base à plus d?un
million d?euros pour des infrastructures critiques et de très grandes collectivités désireuses de pousser le plus loin
possible la démarche).
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
Avril 2025
Préconisations pour la mise en oeuvre de la TRACC dans
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La mission propose de rendre ces études obligatoires à trois niveaux différents : national (cf. ci-
dessus), régional et local. Elle ne propose cependant pas d?aller au-delà de cette obligation, par
exemple s?agissant des mesures prises pour faire face aux vulnérabilités identifiées. Cela
supposerait en effet des textes de niveau législatif alors que les études d?impact peuvent s?inscrire
dans les diagnostics déjà prévus dans le cadre juridique actuel.
Hormis lorsque les plans ou programmes ou les projets seraient réalisés sous la responsabilité de
l?État, les textes projetés n?iraient pas au-delà de cette simple précision.
A ce stade, il s?agit d?enclencher un processus de long terme d?adaptation au changement
climatique avec une « prescriptivité » initiale minimale. On peut de plus considérer que les
collectivités concernées s?efforceront de définir les actions à prendre pour faire face aux
vulnérabilités constatées même si une disposition juridique formelle n?est pas prise en ce sens.
Il parait en effet que les principes constitutionnels et législatifs tels que le principe de précaution et
l?attention qu?y portent désormais les juridictions ainsi que l?ensemble des processus
démocratiques entourant l?adoption de ces actes conduiront nécessairement leurs auteurs à
expliquer la manière dont ils tiendront compte des résultats de ces études. Leurs choix, qui devront
prendre en compte un très grand nombre de facteurs, ne paraissent pas devoir être encadrés et
encore moins limités.
Enfin, le respect de l?obligation de réaliser des études de vulnérabilité sur la base de la TRACC
sera soumis au contrôle de légalité effectué par le préfet de département avec l?appui des services
de l?État dans le cadre plus général de son contrôle sur les documents en question.
3.1.1 Niveau local
Au niveau local, compte tenu du très grand nombre de communes de petites tailles, le périmètre à
privilégier paraît être l?intercommunalité et en particulier les documents qui sont élaborés à ce
niveau, comme les plans Climat Air Énergie territoriaux (PCAET) ou, à défaut, les schémas de
cohérence territoriale (SCoT).
3.1.1.1 PCAET et SCoT
PCAET
Le PCAET, centré sur les problématiques de climat et d?énergie est le cadre de planification
territorial à privilégier.
Selon, les termes de l?article L 229-26 du code de l?environnement, il doit comporter à la fois :
? « Les objectifs stratégiques et opérationnels (?) afin d'atténuer le changement
climatique, de le combattre efficacement et de s'y adapter, en cohérence avec les
engagements internationaux de la France » et ;
? un « programme d'actions à réaliser afin (?) de limiter les émissions de gaz à effet de
serre et d'anticiper les impacts du changement climatique ».
Afin d?élaborer un programme d?action solide, il est prévu, au niveau réglementaire, dans l?article
R 229-51 que le PCAET comporte « une analyse de la vulnérabilité du territoire aux effets du
changement climatique ».
Cependant la plupart des volets adaptation des PCAET ne sont pas territorialisés et les références
climatiques utilisées sont diverses. Il est donc proposé de compléter le I/ 6° de l?article R 229-51
par une référence à la TRACC.
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
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Le texte pourrait s?écrire comme suit : « une analyse de la vulnérabilité du territoire aux effets du
changement climatique effectuée sur la base des valeurs de réchauffement à court, moyen et
long terme de la trajectoire de référence pour l?adaptation au changement climatique
mentionnée à l?article R 229-4-118 ou, si cela est jugé pertinent par les autorités compétentes,
sur des hypothèses de réchauffement climatique entrainant des impacts plus négatifs au
regard de certains enjeux pour les acteurs concernés. Cette analyse précisera les
périmètres concernés, ainsi que les aléas à prendre en compte aux horizons temporels
pertinents. »
Cependant, le PCAET ne couvre que les intercommunalités dépassant 20 000 habitants et de
nombreux EPCI n?y sont pas assujettis. Il convient donc, en l?absence de PCAET, d?introduire une
référence à la TRACC dans un autre cadre de planification territorial intercommunal.
SCoT
L?instrument à privilégier en l?absence de PCAET est le SCOT. Il existe d?ailleurs un lien entre ces
deux instruments puisque le législateur a prévu, dans l?article L 141-17 du code de l?urbanisme, la
possibilité de les fusionner en établissant des SCOT tenant lieu de PCAET.
Le périmètre des politiques couvertes ou prises en compte par les SCoT, qui relèvent du code de
l?urbanisme et non du code de l?environnement, est plus large que celui des PCAET. En effet, le
SCoT est destiné à servir de cadre de référence pour les différentes politiques sectorielles,
notamment celles centrées sur les questions d?organisation de l?espace et d?urbanisme, d?habitat,
de mobilités, d?aménagement commercial, d?environnement, dont celles de la biodiversité, de
l?énergie et du climat.
Cas des SCoT valant PCAET
Le PCAET peut être élaboré à l?échelle du territoire couvert par un SCoT si tous les EPCI concernés
par l?élaboration de ce plan transfère à l?EPCI chargé du SCoT leurs compétences. Le SCoT vaut
alors PCAET (cf. L. 229-26 du code de l?environnement). Dans ce cas, les dispositions sur l?analyse
de vulnérabilité s?appliqueraient aussi aux SCoT valant PCAET en application de l?article
R. 141-11 du code de l?urbanisme.
Autres cas :
L?article L141-15 du code de l?urbanisme prévoit déjà, s?agissant d?adaptation au changement
climatique que le SCoT doit comprendre plusieurs annexes dont « un diagnostic du territoire » qui
« prend en compte (?) la prévention des risques naturels et l'adaptation au changement climatique
». Au niveau réglementaire, un nouvel article pourrait être créé avant l?article R. 141-8, dans la
section 3 sur les annexes du SCoT.
Il préciserait que le diagnostic du territoire prévu à l?article L141-15 comporte « en l?absence de
PCAET à réaliser ou réalisé, une analyse de la vulnérabilité du territoire aux effets du
changement climatique effectuée sur la base des valeurs de réchauffement à court, moyen
et long terme de la trajectoire de référence pour l?adaptation au changement climatique
mentionnée à l?article R 229-4-1? ou, si cela est jugé pertinent par les autorités compétentes,
sur des hypothèses de réchauffement climatique entrainant des impacts plus négatifs au
regard de certains enjeux pour les acteurs concernés,. Cette analyse précisera les
périmètres concernés ainsi que les aléas à prendre en compte aux horizons temporels
pertinents. ».
18 Nouvel article permettant de fonder juridiquement le PNACC et la TRACC (cf. point 2-3-1)
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
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3.1.1.2 Plans locaux d?urbanisme (PLU), PLU intercommunaux (PLUi) et cartes
communales (CC)
Il n?apparaît pas opportun de multiplier les études de vulnérabilité à l?échelon local. Il n?est donc
pas proposé de rendre obligatoire dans les autres cadres de planification territoriaux, à l?échelle
locale, la réalisation d?études de vulnérabilité d?autant plus que les PLU, PLUi et CC doivent être
compatibles avec les SCoT et les PCAET.
Une telle démarche pourrait d?ailleurs s?avérer irréaliste et au final contre-productive, si elle était
introduite au niveau communal, compte tenu du très grand nombre de communes de petites et de
moyennes tailles et de leurs difficultés à faire face à une telle obligation.
En outre, contrairement à ce qui concerne les PCAET et les SCoT, le dispositif législatif existant
ne fait pas référence directement au climat mais mentionne seulement la protection de
l?environnement, sous diverses formes, et la consommation d?espace.
Ainsi, l?article L151-4 du code de l?urbanisme précise que le rapport de présentation du PLU :
? « s?appuie sur un diagnostic établi au regard des prévisions économiques et
démographiques et des besoins répertoriés en matière de développement économique, de
surfaces et de développement agricoles, de développement forestier, d'aménagement de
l'espace, d'environnement, notamment en matière de biodiversité, d'équilibre social de
l'habitat, de transports, de commerce, d'équipements notamment sportifs, et de services » ;
? et qu?il « analyse la consommation d'espaces naturels, agricoles et forestiers au cours des
dix années précédant l'arrêt du projet de plan ou depuis la dernière révision du document
d'urbanisme et la capacité de densification et de mutation de l'ensemble des espaces bâtis,
en tenant compte des formes urbaines et architecturales ».
L?article R.151-3 du code de l?urbanisme relatif à l?évaluation environnementale dans le rapport de
présentation du PLU mentionne le climat. Il précise que le rapport de présentation du PLU :
« analyse les incidences notables probables de la mise en oeuvre du plan sur l'environnement,
notamment, s'il y a lieu, sur la santé humaine, la population, la diversité biologique, la faune, la
flore, les sols, les eaux, l'air, le bruit, le climat, le patrimoine culturel architectural et archéologique
et les paysages et les interactions entre ces facteurs, et expose les problèmes posés par l'adoption
du plan sur la protection des zones revêtant une importance particulière pour l'environnement, en
particulier l'évaluation des incidences Natura 2000 mentionnée à l'article L. 414-4 du code de
l'environnement ».
Dans ce contexte, il apparaît difficile de mentionner une référence aux études de vulnérabilité en
matière d?adaptation au changement climatique par voie réglementaire. Il semble préférable de
procéder par une modification plus générale de l?évaluation environnementale (cf. ci-dessous au
point 3.2) étant souligné que dans le cadre de l?évaluation environnementale des plans et
programmes dans le domaine de l?urbanisme, il est possible de se référer « aux renseignements
relatifs à l?environnement figurant dans d?autres études, plans ou documents »19. Ainsi par exemple
l?évaluation environnementale des PLU, PLUi et CC pourra-t-elle prendre en compte les études de
vulnérabilité réalisées pour l?élaboration ou la révision du Scot ou du PCAET tout en étant
complétée si cela est jugé est nécessaire.
19 2ème alinéa de l?article R. 104-19 du code de l?urbanisme
PUBLIÉ
https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006074220&idArticle=LEGIARTI000006833746&dateTexte=&categorieLien=cid
https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006074220&idArticle=LEGIARTI000006833746&dateTexte=&categorieLien=cid
Rapport n° 015725-01
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A ce stade, la mission propose donc que ces documents planification prennent en compte la
TRACC dans le cadre de l?évaluation environnementale (cf. point 3-2) sans pour autant comporter
une étude de vulnérabilité spécifique.
Par la suite, au vu de l?expérience acquise dans la réalisation des études de vulnérabilité au niveau
intercommunal, il pourra être envisagé d?étendre cette obligation au niveau communal ce qui
supposera de passer par la Loi compte tenu de l?absence d?ancrage d?une telle obligation dans les
textes existants. La loi viendrait ainsi achever l?édifice au vu de l?expérimentation progressive
proposée dans le présent rapport.
3.1.2 Niveau régional
Au niveau régional, le document principal de planification territoriale comportant un volet sur le
climat est, en France métropolitaine hors Corse et Ile de France, le Schéma régional
d?aménagement, de développement durable et d?égalité des territoires (SRADDET). Il s?agit du
Schéma directeur de la Région Ile-de-France (SDRIF) en Ile de France, du Plan d?aménagement
et de développement durable de Corse PADDuC en Corse et des Schémas d?aménagement
régionaux (SAR) dans les départements d?outre-mer.
Le SRADDET fixe les objectifs de moyen et long terme en lien avec plusieurs thématiques :
équilibre et égalité des territoires, implantation des différentes infrastructures d?intérêt régional,
désenclavement des territoires ruraux, habitat, gestion économe de l?espace, intermodalité et
développement des transports, maîtrise et valorisation de l?énergie, lutte contre le changement
climatique, pollution de l?air, protection et restauration de la biodiversité, prévention et gestion des
déchets.
Les textes relatifs au SRADDET mentionnent l?adaptation au changement climatique mais ne
comportent pas de dispositions sur les études de vulnérabilités.
L?article L 4251-1 du code général des collectivités territoriales (CGCT) précise que le SRADDET
« fixe les objectifs de moyen et long terme sur le territoire de la région en matière d'équilibre et
d'égalité, (?), de lutte contre le changement climatique ».
Au niveau réglementaire, l?article R 4251-5 précise que :
« les objectifs relatifs au climat, à l'air et à l'énergie portent sur :
? l'atténuation du changement climatique ;
? l'adaptation au changement climatique ;
? la lutte contre la pollution atmosphérique ;
? la maîtrise de la consommation d'énergie, tant primaire que finale, notamment par la rénovation
énergétique ;
? le développement des énergies renouvelables et des énergies de récupération, notamment celui
de l'énergie éolienne et de l'énergie biomasse, le cas échéant par zones géographiques. »
L?article R 4251-13 énumère une série d?annexes au SRADDET. Il pourrait être complété comme
suit :
« 4° Une analyse de la vulnérabilité du territoire concerné aux effets du changement
climatique effectuée sur la base des valeurs de réchauffement à court, moyen et long terme
de la trajectoire de référence pour l?adaptation au changement climatique (TRACC)
mentionnée à l?article R 229-4-1 du code de l?environnement ou, si la Région en justifie le
besoin, sur des hypothèses de réchauffement climatique entrainant des impacts plus
négatifs au regard de certains enjeux pour les acteurs concernés. Elle précise les
périmètres, les aléas et les horizons temporels ainsi que les solutions envisagées pour y
faire face. »
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
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Enfin, les textes spécifiques concernant l?Ile de France, la Corse et les départements d?outre-mer
pourraient être complétés de la même manière (cf. Annexe 7).
Il conviendrait également de prévoir de telles études de vulnérabilités pour les documents
stratégiques de façade (DSF), qui ont un caractère inter-régional, comme cela est prévu dans
l?objectif 12 de la stratégie nationale mer et littoral (SNML) (cf. Annexe 7).
La mission propose donc la recommandation suivante :
Recommandation 3. [MTE] Modifier les dispositions réglementaires relatives aux plans et
programmes territoriaux dans le Code général des collectivités territoriales (SRADDET,
SDRIF, SAR, PADDuC), le code de l?environnement (PCAET, DSF) et le code de l?urbanisme
(SCoT), pour prévoir des études vulnérabilité fondées sur la TRACC ou des hypothèses de
réchauffement climatiques plus défavorables lors de l?adoption ou de la révision de ces
documents.
3.2 Évaluation environnementale
Le droit de l?Union européenne, transposé en droit interne, prévoit que certains plans et
programmes20 et certains projets21 qui ont une incidence notable sur l?environnement doivent faire
l?objet d?une évaluation environnementale. Cette évaluation comporte notamment une analyse de
l?évolution de l?environnement en absence du plan et du projet en cause.
La mission propose qu?elle soit réalisée sur la base de la TRACC prévue par l?article R. 229-4-1 du
code de l?environnement22 ou sur celle d?une trajectoire plus rapide ou d?un réchauffement plus
élevé dès lors que des études de vulnérabilité sont disponibles sur le territoire concerné.
En droit français, deux réglementations différentes s?appliquent aux plans et programmes selon
qu?ils interviennent ou non en matière d?urbanisme en application du IV de l?article L. 122-4 du code
de l?environnement.
3.2.1 Plans et programmes ayant une incidence notable sur
l?environnement à l?exception des plans et programmes en matière
d?urbanisme
Selon le droit de l?UE, et son interprétation par la Cour de justice de l?Union européenne, la notion
de plans et programmes soumis à évaluation environnementale se rapporte à tout acte qui encadre
la délivrance d?autorisation et la mise en oeuvre de projets susceptibles d?avoir des incidences
notables sur l?environnement.
Le code de l?environnement définit les plans et programmes soumis systématiquement à évaluation
environnementale23 et ceux qui y sont soumis après un examen au cas par cas24 par une autorité
environnementale.
20 Directive 2001/42/CE du 27 juin 2001 modifiée relative à l?évaluation des incidences de certains plans et
programmes sur l?environnement
21 Directive 2011/92/UE modifiée relative à l?évaluation des incidences de certains projets publics et privés sur
l?environnement
22 La mission propose de créer l?article R. 22-4-1 dans le code de l?environnement pour fonder juridiquement et
encadrer le PNACC et la TRACC (cf. 2.3.1.)
23 Voir le I de l?article R. 122-17 du code de l?environnement
24 Voir le II de l?article R. 122-17 du code de l?environnement
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
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La plupart de ces plans et programmes sont adoptés au niveau national, régional, intercommunal,
ou beaucoup plus rarement local, étant rappelé que les PLU et les cartes communales devraient
donner lieu à des études de vulnérabilité (par exemple certaines Unités touristiques nouvelles
(UTN), certains schémas d?aménagement de plage, Plans de prévention des risques
technologiques (PPRT).
L?article R. 122-20 du code précise l?objet de l?évaluation environnementale (son I) et le contenu
du rapport sur les incidences environnementales (son II). Il indique ainsi que l?évaluation
environnementale doit être proportionnée à l?importance du plan ou programme, aux effets de sa
mise en oeuvre ainsi qu?aux enjeux environnementaux de la zone considérée.
Le II de l?article R. 122-20 apparaît comme le meilleur endroit pour ancrer une référence à la
TRACC au sein des dispositions du code de l?environnement relatives à l?évaluation
environnementale des plans et programmes. Il s?agirait de préciser, dans le 2° du II, que « les
perspectives de l?évolution probable » de l?état de l?environnement sur le territoire concerné,
devraient être appréhendées sur la base de la TRACC ou si les autorités compétentes le jugent
nécessaire, sur celle d?hypothèses entrainant des impacts plus négatifs pour certains aléas.
En outre, alors qu?en l?état, le texte précise que ces perspectives d?évolution ne doivent être
analysées que si le plan ou programme n?est pas mis en oeuvre, la mission propose qu?elles le
soient dans toutes les hypothèses.
On remarquera qu?avec une telle approche, les dispositions du a) du 5° du II devraient conduire à
« exposer », à travers le « caractère positif » à « court, moyen ou long terme » des « incidences
notables probables sur l?environnement » du plan ou programme, non seulement les principales
mesures envisagées pour répondre aux enjeux que « l?évolution probable » de l?état de
l?environnement sur le territoire concerné aura mis en évidence, mais aussi les principaux impacts
attendus de ces mesures.
La modification de l?article R. 122-20 envisagée ici est donc potentiellement très forte, même s?il
ne s?agit pas comme au 3.1, au 3.3.1 et 3.3.2 d?imposer une étude de vulnérabilité à certains plans
et programmes particulièrement stratégiques (SRADDET, SDRIF, SAR, PADDUC, SCoT, DSF)
mais seulement de prendre en compte la TRACC dans la description de l?évolution de l?état de
l?environnement.
Ainsi, si pour les personnes publiques responsables de ces plans et programmes stratégiques, il
s?agirait à la fois de réaliser une étude de vulnérabilité (cf. le 1.1.4 pour la définition de l?étude de
vulnérabilité et l?annexe 9 sur le cadre méthodologique) se référant à la TRACC et de décrire, dans
leur évaluation environnementale, l?évolution de l?environnement avec cette même référence, pour
celles qui élaborent les autres plans et programmes, la nouvelle contrainte serait plus légère
car ne portant que sur la prise en compte de la TRACC dans la description de l?évolution de
l?environnement.
Il appartiendrait aux autorités environnementales, chargées de rendre des avis sur les rapports
environnementaux et les projets de plans ou programmes25, de conduire progressivement les
autorités responsables de leur élaboration à mieux fonder leurs travaux sur la TRACC. Cette
approche ne semble pas très différente de la pratique actuelle des autorités environnementales
qui, de manière sans doute encore inégale faute d?un réel cadre normatif, s?efforcent d?ores et déjà
de faire oeuvre de pédagogie.
25 Voir leIV de l?article R. 122-21 du code de l?environnement
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
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3.2.2 Plans et programmes ayant une incidence notable sur
l?environnement en matière d?urbanisme
En matière d?urbanisme, les plans et programmes soumis à évaluation environnementale sont
listés aux articles L. 104-1 et L. 104-2 du code de l?urbanisme.
Des dispositions générales existent pour ceux qui ne font pas l?objet d?un rapport de présentation
(article R. 104-18 du code de l?urbanisme) et des dispositions spécifiques y dérogeant sont prévues
pour les PLU (article R. 151-3), les cartes communales (R. 161-3), les directives territoriales
d?aménagement (DTA) (article R. 172-1), le schéma directeur de la région Ile-de-France (SDRIF)
(article R. 123-1). Parmi ces documents « dérogatoires », les PLU, les CC, et le SDRIF ont été
examinés précédemment au 3.1.1 et au 3.1.2.
Mais l?ensemble des plans et programmes d?urbanisme, le rapport environnemental (R. 104-18
précité) ou le rapport de présentation au titre de l?évaluation environnementale (dispositions
spécifiques précitées) comprend une « analyse de l?état initial de l?environnement et des
perspectives de son évolution ».
A l?exception du rapport de présentation du SDRIF qui devrait comporter une étude de vulnérabilité
(cf 3.1.2), la mission propose d?ajouter après ces mots « réalisée sur la base de la TRACC prévue
par l?article R 229-4-1 du code de l?environnement ou, si cela est jugé pertinent par les autorités
compétentes, sur celle d?hypothèses entrainant des impacts plus négatifs pour certains aléas ». Ici
également, cette analyse doit étudier l?état de l?environnement et son évolution si le document est
adopté ou s?il ne l?est pas (cf. annexe 7).
Comme évoqué au 3.1.1, l?article R. 104-19 du code de l?urbanisme autorise le rapport
environnemental ou le rapport de présentation à se référer « aux renseignements relatifs à
l?environnement figurant dans d?autres études, plans ou documents ».
Les études de vulnérabilité réalisées à l?occasion de l?élaboration des SRADDET, des PCAET, du
SDRIF ou des SCoT pourraient ainsi servir d?appui aux analyses de l?évolution de l?environnement
pour d?autres plans et programmes qui n?en disposent pas.
3.2.3 Projets de travaux, d?ouvrages ou d?aménagements soumis à étude
d?impact
S?agissant des projets de travaux, d?ouvrages ou d?aménagements soumis à évaluation
environnementale en application des articles L. 122-1 et R. 122-2 du code de l?environnement, le
contenu de l?étude d?impact, qui doit être proportionné aux enjeux en application du I de l?article R.
122-5, est défini au II de ce même article.
Le II de l?article R. 122-5 dispose que l?étude d?impact comportent notamment « 5° Une description
des incidences notables que le projet est susceptible d?avoir sur l?environnement résultant,
entre autres : (?) f) Des incidences du projet sur le climat et de la vulnérabilité du projet au
changement climatique ».
Cette rédaction semble montrer que la vulnérabilité du projet au changement climatique ne fait pas
l?objet d?une étude en soi, dont l?objectif serait d?améliorer la résilience du projet lui-même, mais
est abordée seulement sous l?angle des conséquences que la vulnérabilité du projet au
changement climatique est susceptible d?avoir sur l?environnement.
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
Avril 2025
Préconisations pour la mise en oeuvre de la TRACC dans
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Pour que soit étudiée à la fois la vulnérabilité au CC de l?ouvrage mais aussi son impact sur
l?environnement en matière d?adaptation au CC, la mission propose :
? D?ajouter à la fin du f) du 5° de II de l?article R. 122-5 « sur la base de la TRACC prévu à
l?article R. 299-4-1 du code de l?environnement ou, si cela est jugé pertinent par les
autorités compétentes, sur celle d?une trajectoire plus rapide et/ou conduisant à des
niveaux plus élevés de température. Cette description pourra s?appuyer, le cas échéant,
sur des études de vulnérabilité réalisées dans le cadre de l?élaboration ou la révision de
plans et programmes couvrant le territoire d?implantation du projet ».
? De compléter le 3° du II de ce même article qui prévoit que l?étude d?impact comporte « Une
description des aspects pertinents de l'état initial de l'environnement, et de leur évolution
en cas de mise en oeuvre du projet ainsi qu'un aperçu de l'évolution probable de
l'environnement en l'absence de mise en oeuvre du projet ». Ces mots pourraient être
complétés par « réalisés notamment sur la base de la TRACC, ou, si cela est jugé pertinent
par les autorités compétentes, sur celle d?une trajectoire plus rapide et/ou conduisant à des
niveaux plus élevés de température (?) ; cette description pourra s?appuyer, le cas
échéant, sur des études de vulnérabilité réalisées dans le cadre de l?élaboration ou la
révision de plans et programmes couvrant le territoire d?implantation du projet ». En outre
comme au 3.2.1, il conviendrait d?insérer « ou en absence de » dans le groupe de mots
« en cas de mise en oeuvre du projet » pour envisager toutes les hypothèses. Il est
également proposé de permettre aux porteurs de projet comme aux maitres d?ouvrage de
plans et programmes de se référer à des études de vulnérabilité déjà produites qui
porteraient sur le territoire d?implantation du projet.
L?annexe 7 comporte une synthèse des modifications proposées en ce qui concerne les plans et
programmes soumis à évaluation environnementale et les projets soumis à étude d?impact.
Recommandation 4. [MTE] Modifier les textes réglementaires pertinents en matière
d?évaluation environnementale des plans et programmes et d?étude d?impact des projets.
L?analyse ou la description de l?évolution de l?état de l?environnement devra prendre en
compte la TRACC, prévue à l?article R. 299-4-1 du code de l?environnement ou, si cela est
jugé plus pertinent, des hypothèses de réchauffement climatique plus défavorables. Elle
examinera l'évolution de l'environnement avant la réalisation du plan, du programme ou du projet
et après celle-ci. La prise en compte de la TRACC pourra être effectuée sur la base des études
de vulnérabilité déjà disponibles sur le territoire du plan, du programme ou du projet.
3.3 Approche sectorielle
3.3.1 Environnement
3.3.1.1 Eau
La ressource en eau est particulièrement affectée par les effets du réchauffement climatique qui
accroît les pressions pesant sur sa quantité et sur sa qualité. Les aléas introduits par
l?accroissement des températures méritent donc une attention particulière et justifient des études
de vulnérabilité sur la base de la TRACC afin d?y faire face sur la base de références communes.
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
Avril 2025
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Les bassins hydrographiques font l?objet de deux types de documents qui ont vocation à traiter
d?adaptation au changement climatique : d?une part les schémas directeurs d?aménagement et de
gestion des eaux (les SDAGE) et, à l?échelle des sous-bassins hydrographiques, les schémas
d?aménagement et de gestion des eaux (SAGE) et, d?autre part, les plans de bassin d?adaptation
au changement climatique (PBACC).
Le code de l?environnement prévoit un ensemble de dispositions législatives et réglementaires
concernant la gestion de l?eau dans le contexte du droit européen. Il organise la gouvernance et
l?élaboration des principaux documents de planification de la gestion de l?eau, au niveau de chaque
grand bassin hydrographique les schémas directeurs d?aménagement et de gestion des eaux (les
SDAGE) et, à l?échelle des sous-bassins hydrographiques, les schémas d?aménagement et de
gestion des eaux (SAGE). Le 3ème PNACC prévoit que lors de leur élaboration ou de leur
renouvellement les SDAGE/SAGE soient mis à jour pour tenir compte de la TRACC.
Les PBACC sont des documents produits par les agences de bassin qui ne sont pas encadrés par
des textes réglementaires. Ils ont vocation à prendre en compte les impacts croissants du
changement climatique sur l?eau et les écosystèmes aquatiques. Ces plans proposent
des stratégies aux acteurs de l?eau pour intensifier leurs efforts et mettre en oeuvre des solutions
adaptées, donnent des trajectoires pour les 7 ans à venir. Ils comportent dans la plupart des cas,
mais non dans certains bassins, des cartes de vulnérabilité pour les sous-bassins versants et
s?inscrivent dans le cadre du Plan Eau qui vise une réduction de 10 % des prélèvements en eau
d?ici 2030. Ainsi, conformément à la mesure n°9 du Plan eau, tous les bassins sont désormais
dotés d?un PBACC précisant la trajectoire de réduction des prélèvements au regard des projections
d?évolution de la ressource et des usages. Leurs études vulnérabilité devraient également être
fondées sur la TRACC.
La coexistence, la complémentarité et l?articulation des SDAGE/SAGE et des PBACC relèvent
d?une appréciation sur la gouvernance de l?eau qui dépasse l?objet de cette mission.
Afin de mettre en oeuvre le PNACC, une obligation de réaliser des études de vulnérabilité fondée
sur la TRACC dans les SDAGE et les SAGE pourrait être imposée par voie réglementaire.
S?agissant des schémas directeurs d?aménagement et de gestion des eaux (SDAGE), les articles
R 212-3 à R 212-5 du code de l?environnement précisent les grandes lignes du contenu de l?état
des lieux sur lesquels ils doivent être fondés. L?article R 212-3 liste les grandes lignes du contenu
de cet état des lieux. Il mentionne en particulier « une présentation générale de sa géographie, de
son climat et de son économie ».
L?article R. 212-3 du code de l?environnement prévoit que les états des lieux incluent « L'évolution
prévisible de la demande en eau et de la ressource disponible et de la répartition de cette ressource
entre les utilisateurs ». L?article R 212-5 renvoie à un arrêté du ministre chargé de l'environnement
pour préciser les modalités d'application. Cet arrêté détermine notamment « les méthodes et les
critères à mettre en oeuvre pour délimiter et classer les masses d'eau, dresser l'état des lieux et
établir le registre des zones protégées ».
Une référence à la TRACC pourrait être introduite dans cet arrêté afin de préciser que lors de la
prochaine révision des SDAGE une analyse de la vulnérabilité du bassin concerné aux effets du
changement climatique devra être effectués sur la base de la TRACC ou sur une trajectoire plus
rapide et/ou conduisant à des niveaux plus élevés des températures aux différentes
échéances/étapes de cette trajectoire.
La situation est similaire s?agissant des schémas d?aménagement et de gestion des eaux (SAGE).
L?article R 212-36 précise les grandes lignes du contenu de l?état des lieux sur lesquels ils doivent
être fondés et l?article R 212-49 renvoie les modalités détaillées à un arrêté du ministre en charge
de l?environnement.
PUBLIÉ
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Ainsi, l?article R. 212-36 du CE prévoit d?ores et déjà que les SAGE fassent l?objet d?une analyse
de vulnérabilité et la production d?un scénario tendanciel d?évolution du territoire : « L?état des lieux
comprend : L'exposé des principales perspectives de mise en valeur de ces ressources compte
tenu notamment des évolutions prévisibles des espaces ruraux et urbains et de l'environnement
économique (?]) »
Le guide SAGE qui paraîtra au printemps 2025 demandera que cet état des lieux soit mené à
l?aune de la TRACC.
Pour mémoire, les SDAGE comme les SAGE sont des plans et programmes soumis à évaluation
environnementale en application de l?article R. 122-17 du code de l?environnement.
Recommandation 5. [MTE/DGALN] Modifier les arrêtés du ministère chargé de
l?environnement prévus par les articles R 212-3 et R 212-49 du code de l?environnement,
respectivement relatifs aux SDAGE et aux SAGE, pour préciser que dès leur prochaine
révision, une analyse de la vulnérabilité du territoire aux effets du changement climatique
devra être effectuée sur la base de la TRACC ou sur des hypothèses de réchauffement
climatique ayant des impacts plus négatifs au regard de certains enjeux pour les acteurs
concernés.
3.3.1.2 Trait de côte
L?adaptation des territoires littoraux à l?évolution du trait de côte fait l?objet de dispositions
législatives (articles L 321-13 A à L 321-33 du code de l?environnement) à la suite de l?adoption de
la loi climat et résilience.
Il est notamment prévu :
? Une cartographie établie par l?État afin « d'anticiper l'évolution du trait de côte et de
prendre en compte les phénomènes hydro-sédimentaires entraînant l'érosion et l'accrétion
littorale dans les politiques publiques, l'État établit une cartographie fondée sur un
indicateur national d'érosion côtière ? INEC ». Une nouvelle version de l?INEC est en cours
de finalisation (publication attendue au second semestre 2025, probablement dans la
foulée de la publication de la nouvelle stratégie nationale de gestion intégrée du trait de
côte (SNGITC)). Elle n?a cependant pas de lien direct avec la TRACC puisqu?il s?agit d?un
indicateur qui se base sur l?évolution historique du trait de côte mais n?a pas de portée
prédictive qui nécessiterait de prendre en compte l?élévation prévisible du niveau marin.
? Une liste de communes devant faire l?objet de mesures d?adaptation spécifiques.
« Les communes dont l'action en matière d'urbanisme et la politique d'aménagement
doivent être adaptées aux phénomènes hydro-sédimentaires entraînant l'érosion du littoral
sont identifiées dans une liste fixée par décret. Cette liste est élaborée en tenant compte
de la particulière vulnérabilité de leur territoire au recul du trait de côte, déterminée en
fonction de l'état des connaissances scientifiques résultant notamment de l'indicateur
national de l'érosion côtière mentionné à l'article L. 321-13 et de la connaissance des
biens et activités exposés à ce phénomène ».
? Des stratégies locales de gestion du trait de côte faisant l?objet d?une convention
entre l?État et les collectivités concernées.« Des stratégies locales de gestion intégrée
du trait de côte peuvent être élaborées par les collectivités territoriales ou leurs
groupements compétents en matière de défense contre les inondations et contre la mer »)
préalablement à la mise en oeuvre des mesures prévues au paragraphe 3 de la sous-
section 3 de la section 1 du chapitre Ier du titre II du livre Ier du code de l'urbanisme.
PUBLIÉ
https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006074220&idArticle=LEGIARTI000045525697&dateTexte=&categorieLien=id
https://www.legifrance.gouv.fr/affichCode.do?cidTexte=LEGITEXT000006074075&idSectionTA=LEGISCTA000043961470&dateTexte=&categorieLien=cid
https://www.legifrance.gouv.fr/affichCode.do?cidTexte=LEGITEXT000006074075&idSectionTA=LEGISCTA000043961470&dateTexte=&categorieLien=cid
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? Enfin, une stratégie nationale de gestion intégrée du trait de côte adoptée par décret :
« La stratégie nationale de gestion intégrée du trait de côte est élaborée par l'État en
concertation avec les collectivités territoriales ».. « La stratégie nationale de gestion
intégrée du trait de côte est révisée dans les formes prévues pour son élaboration tous les
six ans. ».
En application de l?article L. 321-15 du code de l?environnement, des décrets ont été pris pour
établir la liste des communes devant faire l?objet de mesures d?adaptation spécifiques.
La dernière révision de SNGITC remonte à 2017 et une procédure de révision a été lancée en
2022 conformément aux prescriptions de l?article L. 321-13 A (et à l?action 2 de la mesure 4 du
PNACC), conduisant à un nouveau programme d?actions pour la période 2025-2030. Cette
stratégie prend en compte de façon plus marquée l?élévation du niveau de la mer. Elle prévoit la
mise à jour du document national de recommandations pour l?élaboration des cartes locales afin
de tenir compte des retours d'expérience et d?y intégrer la TRACC (données territorialisées sur
l?élévation du niveau marin modélisées par le BRGM).
Préconisation 2 : [MTE] Publier la nouvelle stratégie nationale de gestion du trait de côte,
conformément à l?article L 321-13A du code de l?environnement.
3.3.1.3 Espèces protégées-biodiversité-forêts :
Parcs nationaux et régionaux
L?évolution du climat affecte d?ores et déjà les espaces naturels protégés, notamment les parcs
nationaux. Leurs chartes de gestion, très centrées sur la description du patrimoine naturel et sur le
projet de territoire avec les collectivités territoriales concernées, ne décrivent cependant, en
général, que de façon assez générique, l?évolution des aléas qui vont les concerner.
Les parcs nationaux sont régis par la loi du 14 avril 2006 qui précise leurs modalités de création,
de gouvernance et de gestion. Elle prévoit également des dispositions sur leurs chartes de gestion
qui doivent être approuvées par décret en Conseil d?État et ont une durée de 15 ans.
Un arrêté du ministère de l?écologie et du développement durable du 23 février 2007 fixe « les
principes fondamentaux » applicables à l?ensemble des parcs nationaux français. Ce texte ne
comporte aucune disposition relative à l?évolution du climat.
Son point 2, relatif aux chartes des parcs nationaux, mentionne « le projet de territoire », « les
grands ensembles écologiques fonctionnels », la nécessité de « définir pour cet espace de vie une
politique concertée de protection et de développement durable exemplaire dans une vision
partagée, adaptée aux espaces classés et, au terme d?évaluations périodiques, évolutive, la
valorisation des usages qui concourent à la protection des paysages, des habitats naturels, de la
faune et de la flore et du patrimoine culturel ».
Cet arrêté pourrait être complété par un alinéa relatif à la prise en compte du réchauffement
climatique introduisant le principe d?une étude de vulnérabilité fondée a minima sur la TRACC.
Pour mémoire, les chartes de parcs nationaux sont des plans et programmes soumis à évaluation
environnementale en application de l?article R. 122-17 du code de l?environnement.
L?article R 333-3 du code de l?environnement précise le contenu de la charte des parcs naturels
régionaux (PNR). Il pourrait être complété pour faire référence aux enjeux climatiques et introduire
l?obligation d?une étude de vulnérabilité fondée a minima sur la TRACC.
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
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Recommandation 6. [MTE/DGALN] introduire dans l?arrêté fixant les « principes
fondamentaux » applicables à l?ensemble des parcs nationaux français, et à l?article R 333-
3 du code de l?environnement précisant le contenu des chartes des PNR, un alinéa
concernant la prise en compte du changement climatique dans leurs chartes comportant
l?obligation de réaliser une étude de vulnérabilité fondée sur la TRACC ou sur une
hypothèse de réchauffement climatique plus défavorable.
Plans nationaux d?action en faveur des espèces menacées
L?article L 411-3 du Code de l?environnement prévoit que « des plans nationaux d'action
opérationnels pour la conservation ou le rétablissement des espèces visées aux articles L. 411-1
et L. 411-2 ainsi que des espèces d'insectes pollinisateurs sont élaborés, par espèce ou par groupe
d'espèces, et mis en oeuvre sur la base des données des instituts scientifiques compétents et des
organisations de protection de l'environnement lorsque la situation biologique de ces espèces le
justifie ». Cet article renvoie, le cas échéant, à un décret ses modalités d?application.
Ces plans nationaux font l?objet d?une approbation par le ministère chargé de l?environnement
après avis du conseil national de la protection de la nature. Il s?agit d?outils stratégiques
opérationnels non opposables visant à définir les actions nécessaires à la conservation et à la
restauration des espèces les plus menacées afin de s'assurer de leur bon état de conservation.
Leur construction associe le ministère de l?écologie, le muséum national d?histoire naturelle et les
DREAL concernées.
La prise en compte des effets du changement climatique sur ces plans d?actions pourrait donc se
faire sans texte juridique par un travail conjoint de ces acteurs.
Stratégie nationale des aires protégées et stratégie nationale biodiversité
Ces cadres stratégiques n?ont pas d?effets juridiques mais précisent les politiques à mener et
déclinent des cadres d?actions. Ils devraient, lors de leurs prochaines modifications, comporter des
développements approfondis sur l?adaptation au CC avec une référence à la TRACC.
Préconisation 3 : [MTE/DGALN] Prendre en compte la TRACC lors de la révision à mi-parcours
de la SNB ainsi que dans la prochaine révision de la stratégie nationale des aires protégées et
dans l?élaboration des plans nationaux d?actions en faveur des espèces menacées.
3.3.2 Risques
3.3.2.1 Risques naturels
Le changement climatique va inévitablement conduire à faire évoluer le niveau des aléas
mentionnés dans les divers textes portant sur la prévention des risques naturels. Ces niveaux
devraient être évalués, a minima, sur la base de la TRACC. Il s?agit notamment des PPRN, PPRI,
PGRI, etc. ainsi que de l?aléas sur la submersion marine.
Dans la mesure où ces documents relèvent de l?État et concernent des risques précisément
identifiés, il est proposé d?aller au-delà de l?étude de vulnérabilité pour préciser les mesures
prises afin de faire face à celles-ci.
Plan de prévention des risques naturels (PPRN)
L?article L 562-1 du code de l?environnement décrit précisément l?objet, les modalités d?élaboration
et la gouvernance des plans de prévention des risques naturels (PPRN).
PUBLIÉ
https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006074220&idArticle=LEGIARTI000006833715&dateTexte=&categorieLien=cid
https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006074220&idArticle=LEGIARTI000006833715&dateTexte=&categorieLien=cid
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L?article R 562-3 du même code précise le contenu du dossier du projet de plan qui doit notamment
contenir :
« 1° Une note de présentation indiquant le secteur géographique concerné, la nature des
phénomènes naturels pris en compte et leurs conséquences possibles, compte tenu de l'état des
connaissances. S'agissant des aléas débordement de cours d'eau et submersion marine, sont
intégrées à cette note de présentation les cartes suivantes :
a) La carte de l'aléa de référence mentionnée à l'article R. 562-11-4 ;
b) La carte de l'aléa à échéance 100 ans mentionnée à l'article R. 562-11-5 dans le cas de l'aléa
submersion marine.
2° Un ou plusieurs documents graphiques délimitant les zones mentionnées aux 1° et 2° du II
de l'article L. 562-1 ;
3° Un règlement précisant, en tant que de besoin :
a) Les mesures d'interdiction et les prescriptions applicables dans chacune de ces zones en vertu
des 1° et 2° du II de l'article L. 562-1 ;
b) Les mesures de prévention, de protection et de sauvegarde mentionnées au 3° du II de l'article
L. 562-1 et les mesures relatives à l'aménagement, l'utilisation ou l'exploitation des constructions,
des ouvrages, des espaces mis en culture ou plantés existant à la date de l'approbation du plan,
mentionnées au 4° de ce même II. Le règlement mentionne, le cas échéant, celles de ces mesures
dont la mise en oeuvre est obligatoire et le délai fixé pour celle-ci ».
Ce texte pourrait être complété comme suit en complétant le 1° pour faire référence à la
TRACC ainsi rédigée :
« La note de présentation comporte une analyse de la vulnérabilité du territoire concerné aux effets
du changement climatique sur la base de la TRACC, ou sur des hypothèses de réchauffement
climatique ayant des impacts plus négatifs au regard de certains enjeux pour les acteurs concernés.
Cette analyse précisera les périmètres concernés, les aléas à prendre en compte aux horizons
temporels pertinents et leurs conséquences pour le territoire tel qu?il est projeté. Ils précisent
également les mesures prises pour faire face aux vulnérabilités constatées. »
Pour mémoire, les PPRN sont des plans et programmes soumis à évaluation environnementale
au cas par cas en application de l?article R. 122-17 du code de l?environnement.
Inondations
L?article L 566-3 du code de l?environnement prévoit la réalisation d?une évaluation préliminaire des
risques d?inondation (EPRI) et décline les grandes lignes de son contenu, de son processus
d?élaboration et de sa gouvernance.
Le II de l?article R 566-1, décrit le contenu de l?évaluation préliminaire des risques d?inondation. Il
pourrait être complété, de la même manière, par une référence à la TRACC dans son 4°, qui traite
de « l'évaluation des conséquences négatives potentielles d'inondations futures en termes de
santé humaine, d'environnement, de biens, dont le patrimoine culturel, et d'activité économique,
en tenant compte autant que possible d'éléments tels que la topographie, la localisation des cours
d'eau et leurs caractéristiques? ».
Il en est de même pour les plans de gestion des risques d?inondation (PGRI) dont le contenu est
défini par l?article R 566-10 du code de l?environnement qui pourrait être complété de la même
manière.
Pour mémoire, les PGRI sont des plans et programmes soumis à évaluation environnementale en
application de l?article R. 122-17 du code de l?environnement
PUBLIÉ
https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006074220&idArticle=LEGIARTI000038733565&dateTexte=&categorieLien=cid
https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006074220&idArticle=LEGIARTI000006834573&dateTexte=&categorieLien=cid
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Elévation du niveau de la mer
Le changement climatique conduit mécaniquement à une élévation du niveau de la mer notamment
du fait de la fonte des glaces du Groenland, de l?Arctique et de l?Antarctique qui pourraient
s?accélérer si la hausse des températures dépasse certains seuils (« Tipping points climatiques »).
De nombreuses incertitudes existent sur cette question. Si la fonte des glaces du Groenland
apparait inéluctable, il n?existe pas de consensus sur les évolutions globales de l?Arctique et de
l?Antarctique en fonction du réchauffement des températures.
L?article R 562-11-5 du Code de l?environnement précise, s?agissant des risques de submersion
marine, le contenu de l?article L 562-1. Il indique que : « S'agissant de la submersion marine, l'aléa
à échéance 100 ans correspond à l'aléa de référence mentionné à l'article R. 562-11-3 auquel est
ajoutée une marge supplémentaire, précisée par arrêté du ministre chargé de la prévention des
risques majeurs. Cet aléa supplémentaire correspond à la prise en compte des impacts du
changement climatique à échéance 100 ans. L'aléa à échéance 100 ans est qualifié et représenté
de manière cartographique selon les mêmes dispositions que celles prévues à l'article
R. 562-11-4 ».
L?arrêté du 5 juillet 2019 pris en application de cet article fixe la marge de précaution à 40 cm.
Les directives nationales, intégrant les conséquences du changement climatique, exigent
désormais de prendre en compte le risque d?élévation du niveau moyen de la mer dont les
modalités sont les suivantes :
? intégration systématique au niveau marin centennal (NMC) d'une surcote de 20 cm
(première étape vers une adaptation au changement climatique"), qui constitue le niveau
marin de référence (NMR) ;
? hypothèse d'une augmentation du niveau marin centennal (NMC) de 60 cm à l?horizon
2100, qui constitue le niveau marin de référence 2100 (NMR 2100).
Une réflexion est en cours pour modifier ces valeurs qui paraissent assez faibles sachant que la
Belgique et les Pays-Bas réfléchissent à des élévations du niveau de la mer de 1 à 3 mètres voire
plus à la fin du siècle. Les réflexions sur des scénarios très pessimistes (élévation de plusieurs
mètres à la fin du siècle), par exemple sur le modèle de ce qui est fait aux Pays-Bas ou au Royaume
Uni seraient très utiles.
Recommandation 7. [MTE/DGPR] Modifier certaines dispositions du code de
l?environnement (articles R. 562-11-1 et suivants, R. 566-1 et suivants, et l?article R. 566-10
et suivants) pour prendre en compte la TRACC dans les PPRN, l?EPRI et les PGRI. Il s?agit
de préciser que ces documents devront comporter une analyse de la vulnérabilité du
territoire concerné aux effets du changement climatique sur la base de la TRACC, ou sur
des hypothèses de réchauffement climatique ayant des impacts plus négatifs.
Il convient en outre de donner aux acteurs les outils nécessaires pour prendre en compte la TRACC.
Préconisation 4 : [MTE/DGPR] : Modifier les guides et référentiels suivant pour prendre en
compte la TRACC : élaboration des PPRN, rapportage du 4e cycle pour les cartes d?aléa dans les
TRI.
PUBLIÉ
https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006074220&idArticle=LEGIARTI000038733563&dateTexte=&categorieLien=cid
https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006074220&idArticle=LEGIARTI000038733565&dateTexte=&categorieLien=cid
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3.3.2.2 Risques technologiques :
Le rapport CGE-IGEDD « Agressions naturelles et installations industrielles, notamment
SEVESO » dite « NaTech » traite de la question de l?intégration de la TRACC dans la prévention
des risques NATech. Elle ne sera donc pas abordée ici.
3.3.3 Construction, aménagement et urbanisme :
Ces secteurs d?activité, qui ont un fort impact sur le changement climatique, sont également
particulièrement vulnérables aux aléas climatiques et les professionnels en sont bien souvent
conscients, notamment sous l?action de leurs assureurs.
Les propositions qui précédent portant sur les évaluations environnementales s?agissant des plans
et programmes (la très grande partie des documents d?urbanisme) et des études d?impacts
s?agissant des projets les plus importants permettraient déjà de faire en sorte qu?ils tiennent compte
de la TRACC.
En outre, pour inciter les collectivités territoriales à prendre en compte la TRACC dans le cadre de
leurs projets de rénovations urbaines, l?Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU) qui
finance et accompagne la transformation de 600 quartiers de la politique de la ville, pourrait
conditionner ses aides à la démonstration que ces projets ont été précédés par la réalisation
d?études de vulnérabilité fondées sur la TRACC contenues dans des plans ou programmes incluant
le territoire du projet.
De même, les établissements publics d?aménagement (EPA) de l?État qui interviennent dans
l?aménagement et la construction de logements, de quartiers et d?équipements publics pourraient-
ils faire en sorte que chacun de leurs projets s?appuie sur les études de vulnérabilité fondées sur
la TRACC.
Le secteur de la construction et du bâtiment est quant à lui soumis à deux types de normes :
? une série de normes obligatoires qui sont rassemblées dans le cadre de la Réglementation
environnementale, dénommée RE2020 qui fait suite à la RT2012 depuis le 1er janvier
2022 ; cette réglementation, élaborée sous la responsabilité de la DHUP et en concertation
avec l?ensemble des professionnels se déploie progressivement sur les différents types de
constructions mais fait déjà l?objet d?actualisations ; à cette occasion, il conviendrait qu?elle
prenne en compte la TRACC pour les constructions dont la durée de vie dépasse 20 ou 30
ans ; la mission propose que les références annexées à l?article R. 172-4 du code de la
construction et de l?habitation soient modifiées à cet effet ;
? de très nombreuses règles de l?art, sous forme de normes, de référentiels, de guides, de
cahiers techniques, en droit non impératives, mais qui en réalité s?imposent aux
constructeurs par le biais des assurances. Ils sont repris presque systématiquement dans
les documents contractuels.
Ainsi les documents techniques unifiés (DTU) rassemblent-t-il les spécifications techniques
recommandées par les professionnels du bâtiment. Ils sont révisés sous la responsabilité du
Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) qui assure une concertation avec les
professionnels concernés (bâtiment, assurance, ADEME, Météo France?).
Ce dernier a indiqué à la mission qu?il travaillait d?ores et déjà sur la prise en compte de la TRACC
dans l?ensemble des documents dont il a la charge. Ce travail va être long et progressif. Il convient
de le soutenir.
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
Avril 2025
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Mais ces travaux techniques ne peuvent avoir lieu que s?ils sont précédés par des recherches
appliquées très spécifiques. Le CSTB comme le Centre d?études et d?expertise sur les risques,
l?environnement, la mobilité et l?aménagement (CEREMA), lui aussi très impliqué sur ce sujet
auprès des collectivités territoriales, pourraient intensifier leurs programmes de recherche pour
aider les rédacteurs de normes techniques à choisir les prescriptions les plus pertinentes.
Recommandation 8. [MTE/DGALN et opérateurs de l?État] 1/ Intensifier les programmes de
recherche sur l?adaptation des bâtiments et des villes aux effets les plus graves du
changement climatique. 2/ Intensifier l?actualisation des DTU, en lien étroit avec les
professionnels concernés, en prenant comme référence la TRACC. 3/ S?assurer que les EPA
intègrent dans l?ensemble de leurs projets de constructions ou d?aménagements, une étude
de la vulnérabilité au changement climatique basée sur la TRACC, ou sur une trajectoire
plus rapide et/ou conduisant à des niveaux plus élevés des températures. 4/ Intégrer dans
les exigences de performances environnementales des bâtiments prévues par l?article
R. 172-4 du CCH, des valeurs de paramètres prenant en compte la TRACC pour les
constructions dont la durée de vie dépasse 20-30 ans.
3.3.4 Gestionnaires de réseaux d?infrastructures
De manière générale, il ne parait pas opportun d?imposer d?obligations nouvelles aux entreprises
sauf pour les projets soumis à étude d?impact et dans quelques cas spécifiques comme celui des
gestionnaires de réseaux d?infrastructures.
Dans le domaine des transports comme dans celui de l?énergie, les réseaux d?infrastructures sont
particulièrement sensibles aux effets du changement climatique. Les routes, voies ferrées, voies
navigables, ports et aéroports peuvent connaître des ruptures d?axes de transport conduisant à de
fortes perturbations de circulation et des coûts de reconstruction importants, notamment sous l?effet
d?inondations ou d?événements climatiques extrêmes. Les systèmes pétroliers et gaziers sont
principalement affectés par les effets des sécheresses sur les sols, qui fragilisent les oléoducs et
gazoducs. S?agissant du système électrique, le changement climatique a des conséquences
directes à la fois sur les niveaux de production, l?exploitation des réseaux de transport et de
distribution, et la sûreté des installations.
Les principaux gestionnaires de réseaux d?infrastructures sont des entreprises publiques, des
établissements publics ou des sociétés dont l?État est actionnaire : groupe ADP, SNCF Réseau,
RATP, VNF, la SGP (Société des Grands Projets) et les grands ports maritimes pour les transports ;
EDF, RTE, Enedis, GRTgaz et GRDF pour l?énergie. Il peut également s?agir d?entreprises
auxquelles ont été attribuées des concessions (cas des autoroutes et des concessions hydro-
électriques).
Compte tenu des enjeux liés au caractère critique des infrastructures, de leur culture et des moyens
que leur confèrent en général leur taille et un modèle économique assez largement régulé par la
puissance publique, ces acteurs essentiels à la continuité de la vie nationale ont de longue date
développé une démarche d?adaptation au changement climatique, mais la résilience des
infrastructures et réseaux dont ils sont responsables constitue un enjeu majeur face à
l?amplification des effets du changement climatique.
En juin 2024, les ministres chargés de l?économie, de la transition écologique et de l?énergie ont
adressé aux grandes entreprises des secteurs de l?énergie et des transports un courrier leur
demandant de leur transmettre, d?ici la fin de l?année 2024, une étude de vulnérabilité aux effets
du changement climatique fondée sur la TRACC accompagnée d?une ébauche de plan d?action
intégrant une première estimation des coûts à engager, puis, d?ici l?été 2025, un plan détaillé
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
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d?adaptation au changement climatique comprenant des propositions précises et chiffrées de
l?ensemble des réseaux et infrastructure sous leur responsabilité. Cette démarche n?a pas été
étendue aux entreprises privées concessionnaires d?infrastructures. Elle devrait l?être.
Si la démarche semble avoir perdu une partie de sa dynamique, notamment du côté de l?État du
fait de l?instabilité politique du second semestre 2024, les interlocuteurs de la mission au sein de
ces entreprises ont souligné le caractère essentiel d?un exercice qu?ils avaient engagé avant le
courrier des ministres et avant la décision de fonder le PNACC 3 sur la TRACC. Il leur appartient,
selon les termes du courrier des ministres, de s?assurer que la mise à jour des études de
vulnérabilité et des plans d?adaptation sera cohérente avec la TRACC.
Ils soulignent toutefois que si les études et les propositions chiffrées sont bien de leur ressort, les
décisions et le financement des plans d?action relèvent principalement de l?État. Il s?agit en
effet de décisions éminemment politiques, qui reflètent des préférences collectives. Concrètement,
ils attendent de l?État :
? qu?il fixe, sur la base de leurs analyses et propositions, les niveaux de services que les
réseaux d?infrastructures de transport et d?énergie devront continuer à assurer ;
? qu?il joue un rôle déterminant, à travers sa fonction de tutelle ou sa participation à la
gouvernance des entreprises, à la validation des plans d?investissements correspondants ;
? et qu?il s?assure, selon des modalités adaptées au modèle économique de chaque
entreprise, du financement effectif des investissements.
La bonne articulation des plans d?adaptation au changement climatique avec la trajectoire
financière propre à chaque gestionnaire d?infrastructure devra être assurée dans la durée en
fonction des modèles économiques propres à chaque secteur et des outils et instances de
régulation existants.
Le niveau des dessertes ferroviaires et les subventions de l?État, pour le réseau ferroviaire, ou les
tarifs d?utilisation des réseaux publics fixés par la CRE, pour les réseaux d?électricité et de gaz,
constituent ainsi des paramètres essentiels à la crédibilité et au succès de la démarche initiée par
les courriers des ministres aux grandes entreprises gestionnaires de réseaux d?infrastructures.
Le bouclage économique et financier, à moyen terme au moins, doit être prévu au sein des
documents de référence qui servent de cadre à l?action des différents gestionnaires
d?infrastructures. Ils devraient faire l?objet d?une évaluation de leur niveau et de leur soutenabilité
par les autorités indépendantes concernées (CRE, etc.).
L?État actionnaire devrait s?assurer d?une prise en compte satisfaisante de ces enjeux à travers
l?action de l?APE et de ses représentants au sein du conseil d?administration des entreprises.
Enfin, ce devrait également être le cas s?agissant des concessions sur des infrastructures,
notamment autoroutières et hydro-électriques, lors de leur renouvellement.
Dans ce contexte, il n?est pas proposé de modifications du cadre juridique existant. Les travaux à
mener doivent être conduits par les gestionnaires de réseaux. L?État actionnaire doit s?assurer
qu?ils répondent correctement aux enjeux. Il apparaît également indispensable de donner une suite
opérationnelle à la lettre conjointe des ministres de la transition écologique et de l?économie et des
finances adressées à ces entreprises.
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Rapport n° 015725-01
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Recommandation 9. [État actionnaire, gouvernance des entreprises publiques,
concessionnaires, autorités indépendantes de régulation] 1/ Donner une suite
opérationnelle à la démarche lancée en juin 2024 qui demandait aux entreprises
gestionnaires d?infrastructures dont l?État est actionnaire de conduire des études de
vulnérabilité fondées sur la TRACC et des plans d?adaptation au changement climatique.
2/ Fixer les niveaux de service que les entreprises devront continuer à assurer. 3/ Valider
les plans d?investissements correspondant aux stratégies et actions nécessaires pour
garantir ces niveaux de services en s?assurant de la soutenabilité de leur impact sur les
tarifs. 4/ Prévoir le financement de ces investissements dans l?élaboration des trajectoires
financières pluriannuelles et au sein des documents de de référence servant de cadre à
l?action des différents gestionnaires d?infrastructures et de services.
3.3.4.1 Transports
Le secteur des transports occupe une place centrale dans l?adaptation au changement climatique,
en raison de la multiplicité et de l?interdépendance de ses infrastructures (routières, ferroviaires,
portuaires, fluviales, aéroportuaires), de ses chaînes logistiques et du rôle structurant qu?il exerce
au sein des territoires. Jusqu?à présent, la plupart des études de vulnérabilité se sont fondées sur
les scénarios RCP du GIEC (notamment RCP 4.5 et RCP 8.5), et ont permis d?identifier des risques
majeurs (inondations, submersions marines, épisodes caniculaires, dégradation précoce des
infrastructures, etc.). Avec l?émergence de la TRACC, il convient désormais d?actualiser ou de
compléter certains de ces travaux pour tenir compte des projections climatiques actualisées, dès
lors que l?horizon d?analyse dépasse 2050 et que la durée de vie des actifs concernés justifie une
prospective de long terme.
Sur le terrain, une logique principalement incitative a été retenue pour favoriser l?appropriation de
la TRACC par les opérateurs de services de transport et les gestionnaires d?infrastructures. L?idée
est de leur proposer un cadre méthodologique et des orientations techniques claires, tout en
veillant à ne pas multiplier les obligations légales ou réglementaires. Les référentiels employés
dans les différents domaines de transport sont en effet souvent élaborés à titre volontaire, au
travers de concertations entre les administrations, les collectivités et les professionnels. Plutôt que
de rendre la totalité de ces documents obligatoires, l?approche actuelle consiste à mettre à jour les
paramètres sensibles au changement climatique, à favoriser l?accès aux données de la TRACC et
à encourager la réalisation ou la révision d?études de vulnérabilité.
L?enjeu, pour chaque infrastructure ou système de transport, est de déterminer le degré de
protection ou de résilience ciblé, en s?appuyant sur l?analyse coûts-risques-bénéfices, la durée de
vie des équipements et la criticité des services (par exemple le rôle d?un axe ferroviaire dans les
liaisons de fret stratégiques, la desserte d?une zone isolée via un réseau routier, ou la sécurité de
l?approvisionnement d?un port). Les arbitrages reposent sur la capacité technique et financière des
acteurs, la prise en compte des inégalités territoriales face aux aléas climatiques, ainsi que
l?acceptation d?un risque résiduel jugé acceptable à l?échelle locale ou nationale.
Dans un tel contexte, l?adaptation touche également aux matériels roulants, qu?il s?agisse de trains,
de bus, de tramways ou de bateaux. Les fortes chaleurs ou les épisodes de pluies intenses peuvent,
s?ils ne sont pas anticipés, engendrer des pannes, des inconforts accrus pour les passagers, ou
des risques de détérioration accélérée du matériel.
Il convient également de s?assurer que la TRACC est intégrée comme scénario de référence
« minimal » dans les études de vulnérabilité et le dimensionnement des nouveaux projets
d?infrastructure, qu?il s?agisse de constructions neuves ou de réhabilitations majeures. Dès la phase
de conception, les paramètres sensibles au changement climatique (températures maximales,
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Rapport n° 015725-01
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précipitations extrêmes, élévation du niveau de la mer) doivent être pris en compte afin d?anticiper
l?évolution des conditions sur la durée de vie prévue des ouvrages et équipements. Cette exigence
doit permettre de limiter les restructurations coûteuses à moyen ou long terme, et de garantir la
fiabilité et la pérennité des services, même face à des scénarios climatiques plus contraignants.
Les autorités organisatrices de la mobilité sont aussi incitées à évaluer leurs matériels roulants
(trains régionaux, bus, tramways, etc.) à l?aune de conditions climatiques plus sévères, afin de
prévenir l?inconfort et l?augmentation des pannes. À terme, l?objectif est de proposer un service de
transport sûr et fiable, même dans un contexte d?aléas plus fréquents et intenses.
Pour concrétiser cet élan et faire évoluer les règles de l?art dans tous les domaines de transport, il
apparaît indispensable de poursuivre le travail de recensement précis des référentiels techniques
(guides, normes, référentiels scientifiques) comprenant des paramètres déterminants pour la
sécurité, la robustesse et l?efficacité des infrastructures et des services, pouvant être affectés par
l?évolution du climat. Les résultats de ces mises à jour devront ensuite être traduits en
préconisations concrètes pour l?adaptation des infrastructures, la conception des futurs projets de
transport et l?évaluation du matériel roulant.
Recommandation 10. [MTE/DGITM, DGAC] Identifier et faire évoluer, dans les domaines
routier, ferroviaire, portuaire, fluvial et aéroportuaire, les référentiels techniques
comprenant des paramètres pour lesquels une évolution du climat telle que définie par la
TRACC et par des évolutions climatiques plus défavorables pourrait avoir un impact.
Organiser, notamment en lien avec les AOM, l?évaluation des matériels roulants (trains,
métros, tramways, bus, cars) aux conditions climatiques décrites par la TRACC en vue de
leur adaptation.
3.3.4.2 Énergie
Comme le secteur des transports, le secteur de l?énergie est stratégique pour l?adaptation au
changement climatique, compte tenu à la fois de la diversité des effets du changement climatique
qui sont susceptibles de mettre à l?épreuve la résilience des différents systèmes énergétiques, de
la criticité d?infrastructures et services essentiels pour le fonctionnement de la société et de
l?économie, et des interactions très fortes qui existent entre les systèmes énergétiques et d?autres
activités essentielles à la continuité et la sûreté de la vie nationale (transports, santé, sécurité, etc.).
Les systèmes pétroliers et gaziers sont exposés principalement aux effets des sécheresses sur les
sols, susceptibles d?affecter les oléoducs et gazoducs. S?agissant du système électrique, le
changement climatique a des conséquences directes non seulement sur la sûreté des installations
et l?exploitation et la performance du parc, mais aussi sur les niveaux de production et de
disponibilité de l?eau. Les principales infrastructures dont la résilience face aux effets du
changement climatique doit être consolidée sont les centrales nucléaires, les installations de
production d?hydroélectricité et les réseaux de transport et de distribution d?électricité.
La prise en compte de la TRACC pour l?adaptation au changement climatique du secteur de
l?énergie passe par deux grands types de mesures :
? d?une part, la réalisation d?études de danger et d?études de vulnérabilité fondées sur des
scénarios cohérents avec la TRACC ou plus défavorables ;
? d?autre part, pour les différents systèmes énergétiques, l?adaptation des référentiels
techniques comprenant des paramètres sensibles à l?évolution du climat.
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Rapport n° 015725-01
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Sur le premier point, les entretiens conduits par la mission ont abouti à la conviction forte qu?il n?y
a pas matière à chercher à faire produire à la TRACC des effets juridiques contraignants
pour les grands gestionnaires d?infrastructures et de services énergétiques. En effet :
? d?une part, ces opérateurs sont ? fort heureusement compte tenu des enjeux ? en pointe
en matière d?adaptation au changement climatique (ex : Plan ADAPT d?EDF pour les
centrales nucléaires, SDDR de RTE) ;
? d?autre part, leurs études de vulnérabilité sont en général fondées sur plusieurs scénarios,
dont l?un est très proche de la TRACC, et cette approche est indispensable pour bien
appréhender la sensibilité des effets du changement climatique à différentes hypothèses
de réchauffement, qui seule peut permettre de déterminer les plans d?action les plus
appropriés sont un contexte d?incertitude et de forte aversion au risque, notamment pour
des raisons évidentes de sûreté.
A cet égard, compte tenu des enjeux vitaux associés à la sûreté nucléaire, on comprend qu?EDF
ne puisse se contenter d?une approche fondée sur la TRACC et doive également étudier des
scénarios plus prudents fondés sur une trajectoire de réchauffement plus rapide.
L?entretien avec RTE a d?ailleurs mis en évidence le fait que pour certains risques, la prise en
compte d?un scénario de réchauffement plus rapide que la TRACC pouvait conduire, de manière
apparemment paradoxale, à sous-estimer certains risques.
Ainsi, dans le cadre de l?élaboration du SDDR soumis à débat public à partir de [février 2025], RTE
a travaillé sur deux scénarios issus du 5e rapport du GIEC :
? le scénario RCP 4.5, qui peut être en première approximation assimilé à la TRACC, ce qui
permet à RTE de répondre au courrier des ministres de juin 2024 sans devoir reprendre
les études de vulnérabilité en cours ;
? le scénario RCP 8.5, qui conduit à une augmentation des températures nettement plus
forte à l?horizon 2100.
Or le scénario le plus chaud est aussi le scénario le plus sec, et dès lors que le risque d?inondations
par débordement et ruissellement représente un enjeu majeur d?adaptation au changement
climatique pour les postes et pylônes électriques, le scénario RCP8.5 n?est pas le plus prudent.
Cet exemple souligne la nécessité d?étudier plusieurs scénarios. C?est d?ailleurs ce que prévoit
explicitement la mesure 31 du projet de PNACC 3, qui précise que les études sur les vulnérabilités
d?approvisionnement et de logique, en matière de transport pétrolier et gazier, seront menées pour
explorer les solutions à mettre en oeuvre selon différents niveaux de réchauffement climatique.
Cette nécessité de prendre en compte plusieurs scénarios, et d?apprécier la sensibilité des
différents effets du réchauffement climatique aux changements de scénarios, est indispensable
pour éclairer des décisions publiques fondées sur une rationalité socio-économique, à prendre
en univers incertain, en fonction d?une aversion au risque qui reflète les préférences collectives,
et relève donc, par essence, de la sphère politique.
La préconisation de la mission est donc de n?imposer aux grands opérateurs du secteur de
l?énergie aucune obligation juridique liée à la TRACC, le courrier des ministres de juin 2024 et,
de manière plus large, la tutelle ou le dialogue actionnarial offrant un cadre beaucoup plus
souple et plus pertinent compte tenu du rôle essentiel de l?État dans la gouvernance des opérateurs
et la régulation du modèle économique du secteur.
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Rapport n° 015725-01
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S?agissant en revanche des référentiels techniques des différents systèmes énergétiques qui
comprennent des paramètres sensibles à l?évolution du climat, il convient, comme pour le
secteur des transports, de les adapter à une évolution du climat cohérente a minima avec la
TRACC. Il s?agit notamment de la documentation technique de référence (DTR) élaborée par les
gestionnaires de réseaux.
Recommandation 11. [MTE/DGEC/DGPR et ASNR] Identifier et faire évoluer, dans les
domaines du nucléaire, de l?hydroélectricité, des infrastructures pétrolières et des réseaux
électriques, les référentiels techniques comprenant des paramètres pour lesquels une
évolution du climat telle que définie par la TRACC et par des évolutions climatiques plus
défavorables pourrait avoir un impact.
3.4 Politiques publiques ne relevant pas du périmètre de la
mission :
Le périmètre de la mission ne concerne que certaines politiques publiques traitées plus
haut. Un exercice similaire devrait être effectué pour les autres politiques publiques
fortement impactées par le changement climatique : santé, travail, agriculture, forêt,
sécurité civile, défense nationale, sports, culture, éducation, etc.
Recommandation 12. [Premier Ministre] Demander aux inspections générales des ministères
concernés de conduire des travaux analogues à ceux qui ont été confiés à l?IGEDD afin de
mettre prendre en compte la TRACC.
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4 Méthodologie et outils pour l?intégration de la TRACC
L?adaptation au changement climatique nécessite une approche rigoureuse et cohérente, reposant
sur une compréhension fine des risques et des vulnérabilités climatiques ainsi que sur la mise en
oeuvre de stratégies adaptées. Dans ce cadre, la TRACC a été conçue pour fournir une référence
commune permettant d?anticiper les évolutions du climat et d?orienter la planification des politiques
d?adaptation. Sa prise en compte effective dans les plans, stratégies et programmes requiert
toutefois un cadrage méthodologique précis et robuste, garantissant une application homogène et
scientifiquement fondée.
Ce cadre doit permettre :
? l?évaluation rigoureuse des risques climatiques, à travers des études de vulnérabilité et des
tests de résistance, en utilisant des méthodologies validées et des scénarios adaptés ;
? l?intégration des résultats dans les documents de planification, garantissant que les
stratégies d?aménagement du territoire, de gestion des infrastructures et de résilience
économique tiennent compte des évolutions climatiques attendues ;
? un suivi et une évaluation continue, afin d?ajuster les mesures d?adaptation en fonction des
nouvelles connaissances et des évolutions des modèles climatiques ;
? une mobilisation et un renforcement des capacités des acteurs concernés, à travers la
formation et l?accompagnement technique des collectivités, des gestionnaires
d?infrastructures et des entreprises ;
? un engagement actif des parties prenantes, pour assurer une appropriation effective de la
méthodologie et garantir l?efficacité des mesures mises en oeuvre.
L?utilisation de la TRACC ne se limite pas à une simple prise en compte des projections climatiques.
Il s?agit d?un processus dynamique et évolutif, nécessitant une cohérence méthodologique entre
les différents niveaux de gouvernance, une mobilisation des ressources et une harmonisation des
approches pour éviter des stratégies d?adaptation fragmentées.
Ce chapitre est largement complété par les éléments reportés en annexe 9, notamment pour les
parties traitant du cadre méthodologique et de l?élaboration et de la mise en oeuvre des stratégies
d?adaptation, ainsi que pour les apports sur la formation et la communication.
4.1 Cadre méthodologique pour l?évaluation des risques
climatiques
La prise en compte de la TRACC dans les stratégies d?adaptation repose sur une évaluation
rigoureuse des risques climatiques, afin de structurer l?identification des vulnérabilités et de
concevoir des mesures adaptées. Cette démarche vise à anticiper les effets du changement
climatique en se fondant sur une approche systémique, permettant de planifier des réponses
cohérentes à court, moyen et long terme.
La première étape consiste à clarifier les objectifs poursuivis et les périmètres d?analyse. Il est
essentiel de déterminer les priorités sectorielles ou territoriales, d?identifier les seuils critiques à ne
pas dépasser et de définir des critères mesurables pour guider l?évaluation des risques. Cette
approche implique d?adopter une vision intégrée en précisant les horizons temporels pertinents,
les fonctionnalités essentielles à préserver et les aléas spécifiques à considérer.
La prise en compte de la TRACC permet d?harmoniser les projections climatiques et de limiter
l?incertitude associée aux hypothèses divergentes.
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L?analyse des vulnérabilités repose quant à elle sur une caractérisation des facteurs de fragilité ou
de sensibilité qui peuvent être physiques (état d?une infrastructure, exposition aux aléas),
organisationnels (chaînes logistiques, continuité des services) ou socio-économiques
(dépendance à certaines ressources, inégalités face aux risques). Cette étape implique de
mobiliser des approches complémentaires : déterministe, pour étudier les impacts d?un scénario
donné, et probabiliste, pour explorer différentes trajectoires et seuils critiques. L?objectif est d?établir
un diagnostic robuste qui serve de base à la priorisation des actions d?adaptation.
La gouvernance joue un rôle central dans cette évaluation. La diversité des parties prenantes ?
acteurs publics, opérateurs privés, chercheurs, associations ? nécessite une approche participative,
favorisant la mutualisation des connaissances et l?appropriation des résultats. La définition d?une
méthodologie nationale standardisée permettrait d?harmoniser les pratiques et de garantir la
cohérence des analyses entre les différents secteurs et niveaux de décision.
Préconisation 5 : [Cerema, Ademe dans les conditions actuelles / puis France Adaptation26]
Élaborer et diffuser une méthodologie nationale pour l?utilisation de la TRACC dans les analyses
de vulnérabilité, en fournissant des directives claires sur le cadrage des objectifs et des périmètres
de ces analyses, les méthodes d?évaluation des vulnérabilités et l?intégration des scénarios et des
indicateurs climatiques pertinents.
4.2 Élaboration et mise en oeuvre d?une stratégie d?adaptation
Une fois les vulnérabilités identifiées, la définition d?une stratégie d?adaptation s?appuie sur le
recensement et la hiérarchisation des solutions, suivie de leur traduction en un plan d?action
structuré. Cette phase est essentielle pour transformer l?analyse de risques en décisions concrètes
et orienter les investissements de manière efficace.
Les solutions d?adaptation sont multiples. Elles peuvent être technologiques (amélioration d?une
infrastructure, utilisation de matériaux plus résilients), structurelles (modification de l?aménagement
du territoire, restauration des écosystèmes), organisationnelles (élaboration de plans d?urgence,
formation des acteurs) ou comportementales (changement des pratiques individuelles et
collectives). Il convient de sélectionner les mesures les plus adaptées à chaque contexte.
La hiérarchisation des solutions repose notamment sur trois critères principaux :
? l?efficacité en termes de réduction des vulnérabilités, notamment pour garantir la continuité
des services essentiels ;
? la faisabilité technique et financière, qui nécessite d?identifier les ressources disponibles et
les moyens d?accompagnement ;
? l?acceptabilité sociale et environnementale, afin d?éviter les mal-adaptations et de s?assurer
du soutien des territoires et des parties prenantes.
Une fois cette hiérarchisation réalisée, il convient d?organiser les mesures dans un plan d?action
opérationnel. Ce dernier doit préciser les responsabilités des acteurs, les échéances, ainsi que les
indicateurs de suivi permettant d?évaluer l?impact des actions mises en place. Il est essentiel de
définir des dispositifs d?ajustement périodiques afin d?adapter la stratégie aux évolutions des
connaissances et aux nouvelles données et contraintes climatiques.
L?efficacité de la mise en oeuvre repose également sur la mobilisation de financements adaptés,
qui doivent encourager les investissements dans la résilience. La structuration de mécanismes
d?accompagnement, tels que des subventions ciblées ou des incitations fiscales, constitue un levier
indispensable pour garantir l?aboutissement des projets d?adaptation.
26 Voir 1.2.3 et Recommandation 13
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Enfin, la mise en place d?un dispositif de suivi et d?évaluation est essentielle pour ajuster la stratégie
en fonction des retours d?expérience. De même, l?apprentissage collectif et le partage de bonnes
pratiques permettent de capitaliser sur les démarches réussies et d?éviter la reproduction d?erreurs
coûteuses.
Préconisation 6 : [MTE] Développer des systèmes de suivi, d?évaluation et de partage des
connaissances en mettant en place des indicateurs de performance, des procédures de reporting
régulières, et en capitalisant les retours d?expérience via des plateformes collaboratives dédiées.
4.3 Gouvernance et portage politique
Le déploiement efficace de la TRACC et la mise en oeuvre des stratégies d?adaptation dépendent
étroitement d?une gouvernance claire et d?un portage politique solide. Les risques liés au
changement climatique exigent des réponses coordonnées, faisant appel à divers niveaux de
décision (national, régional, local) et à une pluralité d?acteurs (ministères, opérateurs
d?infrastructures, collectivités territoriales, entreprises, société civile). La gouvernance englobe ici
à la fois l?organisation institutionnelle, la distribution des rôles et responsabilités, ainsi que les
modalités de pilotage permettant de mettre en cohérence les actions menées.
4.3.1 Structures de gouvernance et coordination des acteurs
La gestion de la résilience climatique requiert une vision globale et intégrée. L?élaboration même
de la TRACC résulte d?un arbitrage politique et son déploiement doit s?inscrire dans une démarche
interministérielle et intersectorielle. À l?échelle nationale, il est indispensable de définir clairement
les responsabilités de chacun : ministères pilotes, comités de suivi, organismes publics chargés de
l?expertise scientifique. Les services déconcentrés de l?État jouent également un rôle de relais
essentiel sur le terrain, en s?assurant que les orientations nationales sont mises en oeuvre et
adaptées aux spécificités régionales.
Les collectivités territoriales constituent un autre pilier de cette gouvernance. Elles disposent de
compétences variées en matière d?urbanisme, d?aménagement du territoire, de gestion de l?eau,
de transports locaux ou encore de développement économique. Ces prérogatives les placent en
première ligne pour traduire la TRACC en mesures concrètes, veiller à la cohérence des politiques
publiques locales et soutenir les initiatives d?adaptation portées par les différents acteurs.
Les instances de coordination, qu?elles prennent la forme de conférences de partenaires, de
comités techniques ou de cellules de veille, doivent assurer une cohérence transversale et une
mutualisation des bonnes pratiques. L?enjeu est de garantir un échange régulier d?informations,
notamment sur les retours d?expérience, les avancées scientifiques, les méthodes de suivi et
d?évaluation. Il est important de mettre en place des espaces de dialogue et de décision partagée,
où chacun puisse faire valoir ses contraintes et ses propositions. Les exemples de gouvernance
réussie révèlent souvent l?importance d?une animation régulière et d?un pilotage structuré, soutenu
par des ressources humaines dédiées.
Dans ce cadre, la mobilisation des opérateurs de l?État (Météo-France, Cerema, Ademe, etc.)
occupe une place stratégique. Leur expertise fournit les bases scientifiques, techniques et
méthodologiques nécessaires pour fiabiliser les diagnostics climatiques et accompagner la
recherche et la mise en oeuvre des solutions d?adaptation. Ces opérateurs doivent également
contribuer à la diffusion d?outils et de services climatiques spécifiques à chaque secteur, en veillant
à leur accessibilité pour tous les types d?acteurs, des grandes entreprises aux petites collectivités.
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
Avril 2025
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Afin de garantir la cohérence et l?efficacité des politiques d?adaptation, il est essentiel que
l?information circule efficacement entre les différents acteurs concernés. Les services de l?État, les
collectivités territoriales, les opérateurs d?infrastructures et les entreprises doivent accéder
aisément aux projections climatiques associées à la TRACC, aux études de vulnérabilité et aux
outils développés pour mesurer et réduire les risques. Des mécanismes de coordination doivent
être renforcés entre les ministères, les services déconcentrés et les opérateurs de l?État afin
d?assurer une prise en compte transversale du changement climatique et d?éviter la fragmentation
des approches.
4.3.2 Pilotage de la TRACC
Le pilotage de la TRACC doit s?appuyer sur une structure fonctionnelle capable de superviser son
élaboration, de garantir sa bonne mise en oeuvre et de coordonner les évaluations périodiques.
Cette structure, qui peut prendre la forme d?une entité interministérielle ou d?un pôle dédié, permet
de centraliser les informations, de faciliter l?arbitrage entre ministères et de synchroniser les actions
menées au niveau national et territorial. Elle favorise une approche intégrée des politiques
publiques, en évitant que les enjeux climatiques ne soient traités de façon sectorielle ou dispersée.
Afin de consolider ce pilotage, il importe de créer une dynamique de travail collaboratif entre les
différents échelons de gouvernance. À l?échelle nationale, l?État définit le cadre général et veille à
la cohérence d?ensemble, tandis que les régions et les collectivités locales adaptent les orientations
aux spécificités de leurs territoires. Cette dynamique suppose des échanges réguliers, par exemple
dans le cadre de conférences régionales ou de communautés de travail sur l?adaptation. Les
objectifs sont alors d?identifier collectivement les priorités, de mutualiser les compétences et
d?organiser la répartition des moyens.
Dans cette logique, il apparaît nécessaire de mobiliser officiellement les opérateurs de l?État en
tant qu?acteurs techniques essentiels de l?adaptation. Ils peuvent, par exemple, proposer des
expertises climatiques pointues, élaborer des outils cartographiques ou concevoir des formations
spécifiques pour les acteurs locaux. Ils peuvent également accompagner les gestionnaires
d?infrastructures critiques et les collectivités territoriales dans des études de vulnérabilités et des
tests de résistance à des scénarios extrêmes. Une action collective et coordonnée facilite la mise
à disposition de services climatiques intégrés, évitant la dispersion d?initiatives isolées.
Recommandation 13. [MTE] Organiser la mobilisation des opérateurs de l?État, notamment le
Cerema, Météo-France et l?Ademe, pour assurer un pilotage, un renforcement et une
généralisation de l?offre intégrée de services climatiques et accompagner les acteurs
économiques, les gestionnaires d?infrastructures critiques et les collectivités territoriales
dans la réalisation d?études de vulnérabilités ou de risques, de tests de résistance à des
scénarios extrêmes (« stress tests ») et de plans d?actions permettant de répondre aux
vulnérabilités constatées dans ces études et tests. Créer une plateforme « France
Adaptation » regroupant des agents du Cerema, de l?Ademe et de Météo-France pour
assurer l?élaboration et la diffusion d?outils et services climatiques.
En complément, une sensibilisation accrue des citoyens et une meilleure reconnaissance des
initiatives locales sont essentielles pour ancrer durablement les politiques d?adaptation. Les
stratégies d?adaptation ne sauraient être efficaces sans l?implication des populations, dont les
comportements influent directement sur la résilience des territoires. Encourager la réduction de la
consommation d?eau, l?adoption de pratiques agricoles adaptées ou encore la transition vers des
mobilités plus durables nécessite des efforts de communication adaptés, via des campagnes
d?information, des événements de sensibilisation ou des interventions en milieu scolaire.
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Rapport n° 015725-01
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Préconisation 7 : [MTE/opérateurs de l?État] Mettre en place des campagnes de sensibilisation
autour d?initiatives exemplaires afin de favoriser la reconnaissance officielle des bonnes pratiques,
de valoriser les efforts déployés et d?inciter à leur reproduction à plus grande échelle.
Sur le plan politique, la volonté d?intégrer la TRACC dans l?ensemble des secteurs doit se traduire
par la mise en place d?une structure de pilotage interministérielle, en mesure d?arbitrer entre les
différentes priorités et de superviser l?évaluation de la mise en oeuvre. Ce dispositif garantit la
cohérence des orientations stratégiques, la réactivité face aux aléas climatiques et la permanence
du dialogue entre les ministères concernés. Cette structure fonctionnelle, dotée d?un mandat clair,
est la clé d?un portage politique fort, assurant le suivi permanent de la politique d?adaptation du
territoire et la diffusion de ses principes dans toutes les politiques publiques27.
Recommandation 14. [MTE] Mettre en place une organisation fonctionnelle de pilotage
interministérielle pour superviser l?élaboration et la mise à jour régulière de la TRACC et du
PNACC et assurer la coordination de leur mise en oeuvre et de leur évaluation par les
ministères concernés, les services déconcentrés de l?État et ses opérateurs. Mettre en place
une communauté de travail sur l?adaptation, au niveau national entre l?État et les régions,
et, dans chaque région, entre l?État et les collectivités territoriales.
L?ensemble de ce dispositif, centré sur la coordination et le pilotage, doit être soutenu par des
financements adéquats, des compétences renforcées et une culture de la planification à moyen et
long terme. Les recommandations formulées ici s?inscrivent précisément dans une logique de
passage à l?échelle, où l?adaptation n?est pas seulement le fait d?actions ponctuelles, mais le fruit
d?une dynamique collective portée par une gouvernance structurée. Il appartient désormais aux
décideurs de concrétiser ces orientations pour que la TRACC devienne un véritable levier
d?adaptation, crédible aux yeux de tous les acteurs concernés, et efficace pour réduire les
vulnérabilités climatiques du pays.
4.4 Financements et mécanismes d?incitation
La mise en oeuvre des mesures et stratégies d?adaptation décrites dans les sections précédentes
requiert des ressources financières conséquentes. Les études de vulnérabilité, la réalisation
d?infrastructures résilientes, la transformation des pratiques agricoles ou encore la protection de la
biodiversité demandent en effet des investissements souvent importants, qui s?inscrivent dans un
horizon de long terme, avec une visibilité bien souvent très partielle pour les acteurs économiques.
Il est donc nécessaire de développer des mécanismes de financement spécifiques, alliant
subventions publiques, investissements privés et incitations fiscales, pour encourager et
accompagner l?adaptation au changement climatique.
4.4.1 Mobiliser des financements dédiés à l?adaptation
Plusieurs sources de financement peuvent être sollicitées pour soutenir aussi bien les études de
vulnérabilités que les actions d?adaptation. Les crédits d?État et les fonds européens (FEDER,
FEADER, LIFE, etc.) constituent d?ores et déjà un levier essentiel pour de nombreux projets
structurants. Les collectivités territoriales, selon leurs compétences et leurs capacités budgétaires,
peuvent également contribuer, de même que le secteur privé, à travers des partenariats public-
privé ou des mécanismes d?obligations vertes.
27 Des organisations fonctionnelles de cette nature existent au Royaume-Uni et en Allemagne et sont décrites dans
le rapport IGEDD « Mission de parangonnage sur les politiques d?adaptation au changement climatique »
(décembre 2022, référence 014450-01).
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
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Toutefois, l?ampleur des investissements requis pour faire face aux aléas climatiques à moyen et
long terme nécessite de consolider et de coordonner ces dispositifs.
Afin de renforcer l?impact de ces financements, il importe qu?ils soient orientés de manière ciblée
vers les actions prioritaires définies après évaluation des vulnérabilités et conception d?un plan
d?action. Les mesures à forte valeur ajoutée en matière de résilience, les projets innovants qui
explorent de nouvelles solutions technologiques ou organisationnelles, ou encore les initiatives
favorisant la mutualisation des ressources méritent une attention particulière. De même, les acteurs
les plus exposés ou les plus fragiles (petites communes littorales, entreprises situées dans des
secteurs critiques, etc.) doivent pouvoir bénéficier d?un accompagnement renforcé, pour éviter que
les contraintes financières ne freinent leur capacité d?adaptation.
Pour renforcer l?efficacité des financements existants, il pourrait être utile de renforcer l?orientation
du Fonds vert vers les actions d?adaptation au changement climatique. L?enjeu est d?assurer un
soutien prioritaire aux études de vulnérabilité et à l?élaboration de stratégies territorialisées, en
garantissant que ces démarches s?appuient sur la TRACC et intègrent une analyse coûts-risques-
bénéfices rigoureuse. Une telle approche permettrait d?harmoniser les méthodes d?évaluation des
impacts climatiques et de renforcer la cohérence des décisions publiques en matière d?adaptation.
Afin d?accompagner cette dynamique, une sensibilisation accrue des préfets contribuerait à une
meilleure prise en compte de ces exigences dans l?instruction des projets, facilitant ainsi un
déploiement territorial plus structuré et efficace des financements.
Recommandation 15. [MTE?MEFSIN-MI] Apporter un financement de l?État, dans le cadre du
Fonds vert ? en particulier pour les études de vulnérabilité et l?élaboration de stratégies
d?adaptation au changement climatique territorialisées. Sensibiliser en ce sens les préfets
par circulaire.
4.4.2 Mécanismes d?incitation et de conditionnalité
L?adaptation au changement climatique représente pour de nombreux acteurs un investissement
de long terme, dont les bénéfices ne se révèlent pas toujours immédiatement. Afin d?encourager
les initiatives alignées sur la TRACC et de sécuriser leur mise en oeuvre, il est indispensable de
mobiliser des dispositifs de financement adaptés et de recourir à des incitations ciblées. Ces
mécanismes permettent d?alléger les barrières financières, de structurer les efforts d?adaptation et
d?ancrer durablement la résilience dans les stratégies publiques et privées.
4.4.2.1 Mécanismes financiers et incitations fiscales
Les projets d?adaptation peuvent être soutenus par des dispositifs financiers spécifiques, incluant
des subventions, des crédits d?impôt ou encore des conditions de financement favorables. Ces
instruments facilitent l?investissement dans des solutions résilientes et réduisent le risque perçu
par les acteurs économiques, notamment lorsqu?il s?agit d?infrastructures ou d?équipements à
longue durée de vie.
Préconisation 8 : [MTE] Accorder des subventions, crédits d'impôt et des financements
favorables (taux d'intérêt réduits pour les investissements dans des infrastructures résilientes ou
des avantages fiscaux pour les entreprises qui mettent en oeuvre des mesures d'adaptation
innovantes) aux projets alignés sur les objectifs de la TRACC.
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Rapport n° 015725-01
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Parallèlement, l?implication des secteurs bancaire et assurantiel constitue un levier majeur pour
diffuser une culture de l?adaptation. L?intégration des risques climatiques dans les politiques de
crédit, la tarification des primes d?assurance et la labellisation des produits d?épargne responsable
peuvent influencer les choix d?investissement et orienter les capitaux vers des solutions
d?adaptation robustes. Un dialogue structuré entre les pouvoirs publics, les institutions financières
et les assureurs est donc nécessaire pour garantir une évaluation cohérente des risques
climatiques et encourager la finance verte à mieux intégrer les enjeux d?adaptation.
Préconisation 9 : [MEFSIN, MTE] Renforcer l?implication des secteurs bancaire et assurantiel, en
développant un dialogue structuré portant notamment sur l?appréciation des risques et le partage
des données, et mieux prendre en compte l?adaptation au changement climatique dans la « finance
verte ».
4.4.2.2 Conditionnalité et transparence des financements
Pour renforcer l?efficacité des financements publics en matière d?adaptation au changement
climatique, il peut être judicieux, pour les projets qui ne sont pas déjà soumis à une obligation
réglementaire d?intégration de la TRACC, d?introduire des mécanismes incitatifs et de
conditionnalité. L?objectif est de garantir que ces projets prennent en compte les réalités
climatiques futures et contribuent à une adaptation cohérente avec les trajectoires établies.
Ainsi, pour certains projets d?aménagement ou d?infrastructure, l?octroi de financements de l?État
pourrait être conditionné à la réalisation d?une étude de vulnérabilité intégrant les scénarios de la
TRACC. Cette exigence serait d?autant plus pertinente pour les investissements à long terme,
exposés à des aléas climatiques croissants. En contrepartie, les porteurs de projet pourraient
bénéficier de mesures incitatives, telles que des bonifications financières, un accompagnement
technique renforcé ou des dispositifs spécifiques facilitant leur mise en oeuvre.
Dans cette optique, il apparaît pertinent d?explorer les conditions de mise en place d?un mécanisme
d?incitation et de conditionnalité adapté aux réalités des territoires et aux besoins des porteurs de
projets, en associant les préfets à la mise en oeuvre de ce cadre réglementaire et financier.
Préconisation 10 : [MTE] Engager une mission sur le développement des mécanismes
d?incitation et de conditionnalité liant sous le contrôle du Préfet, l?octroi de financement de l?État
dans les domaines de la rénovation énergétique ou d?actions de rénovation urbaine, à l?utilisation
de scénarios climatiques basés sur la TRACC dans les études de vulnérabilité au changement
climatique.
4.5 Renforcement des capacités et reconnaissance des initiatives
en matière d?adaptation
L?intégration de la TRACC dans les politiques d?adaptation nécessite une montée en compétences
généralisée, tant au sein des administrations que dans le secteur privé. Comprendre et exploiter
les projections climatiques, mener des études de vulnérabilité, concevoir des plans d?action
cohérents et anticiper les incertitudes impliquent un socle d?expertises spécifiques qui font encore
défaut dans de nombreuses organisations. Pour pallier ces lacunes, il est essentiel de structurer
une offre de formation adaptée et d?accompagner les acteurs dans l?acquisition de ces savoir-faire.
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Rapport n° 015725-01
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4.5.1 Développement des compétences et structuration d?un programme
de formation
Les administrations, les collectivités et les entreprises doivent pouvoir s?appuyer sur des experts
capables d?interpréter les données climatiques et d?en tirer des enseignements opérationnels. La
maîtrise des outils de modélisation et des scénarios TRACC est une condition indispensable pour
garantir la pertinence des études de vulnérabilité et des décisions stratégiques qui en découlent.
Cette expertise doit être complétée par des compétences en prospective et en gestion des
incertitudes, qui permettent d?évaluer différentes trajectoires d?adaptation et de choisir des options
robustes sur le long terme.
Ces points apparaissent particulièrement importants pour faire en sorte que, dans le cadre du
contrôle de légalité, les Préfets disposent des éléments de connaissance nécessaire pour
apprécier la pris en compte de la TRACC dans les plans et programmes.
L?organisation de formations qualifiantes apparaît dès lors comme un levier essentiel. Un
programme national de formation, coordonné par les ministères compétents et les opérateurs
publics (Météo-France, Cerema, Ademe), permettrait de structurer cet effort et de garantir une
montée en compétences progressive et homogène. Destiné aux agents de l?État, de ses opérateurs,
et aux collectivités, ce programme viserait à couvrir l?ensemble des savoir-faire nécessaires, depuis
l?analyse des risques jusqu?à la mise en oeuvre et l?évaluation des plans d?adaptation.
Recommandation 16. [MTE] Renforcer les capacités des acteurs en instaurant un programme
national de formation qualifiante sur l?adaptation au changement climatique, incluant
l?utilisation de la TRACC, destiné aux équipes des ministères, des services déconcentrés,
des opérateurs de l?État et des collectivités locales afin de leur permettre de piloter, de
réaliser, d?accompagner et/ou d?instruire les dossiers liés à l?adaptation au changement
climatique.
Le secteur privé doit également renforcer ses compétences. Les bureaux d?études, en première
ligne pour accompagner les collectivités et les entreprises dans leurs analyses de vulnérabilité,
doivent maîtriser les scénarios TRACC et les méthodologies associées afin de garantir des études
fiables et cohérentes. Plus largement, les acteurs économiques potentiellement exposés aux aléas
climatiques ? industries, gestionnaires d?infrastructures, entreprises de la construction ou encore
acteurs financiers ? gagneraient à intégrer ces connaissances pour adapter leurs stratégies et
investissements aux réalités climatiques futures.
4.5.2 Partage des connaissances et outils d?accompagnement
Au-delà des formations, il est crucial de favoriser le partage des connaissances et l?échange de
bonnes pratiques. La création de réseaux professionnels et de plateformes collaboratives facilite
la diffusion des retours d?expérience et permet aux acteurs engagés d?accéder à des ressources
communes. À cet égard, le Centre de ressources pour l?adaptation au changement climatique, mis
en place par le ministère de la Transition écologique avec l?Ademe, le Cerema et Météo-France,
constitue un point d?appui structurant.
Parallèlement, la mise à disposition d?outils pédagogiques et techniques (guides méthodologiques,
manuels d?utilisation de la TRACC, simulateurs de stress-tests) permettrait aux différents acteurs
de mieux appréhender les enjeux d?adaptation et d?intégrer ces connaissances dans leurs
décisions. Il importe de veiller à leur facilité d?accès et d?appropriation, notamment pour les
collectivités et les entreprises de taille plus modeste, qui ne disposent pas toujours de ressources
internes dédiées.
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Rapport n° 015725-01
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Les dynamiques de réseau favorisent également l?élaboration de référentiels communs et
l?ajustement des méthodologies employées. Un échange régulier entre territoires et secteurs
économiques facilite l?identification des pratiques efficaces et permet d?éviter les erreurs passées.
De plus, la confrontation des résultats entre différentes régions ou domaines d?activité contribue à
l?amélioration continue des stratégies d?adaptation.
Enfin, l?implication renforcée des programmes de recherche et développement est un levier
fondamental pour tester de nouvelles approches et accélérer l?innovation. Des expérimentations
de terrain sont nécessaires pour valider les solutions en conditions réelles, qu?il s?agisse de
nouveaux matériaux résistants aux aléas, d?outils numériques facilitant l?analyse des risques ou de
solutions fondées sur la nature. Ces initiatives doivent être financées et intégrées dans une
stratégie de diffusion large, afin que les avancées scientifiques irriguent rapidement les pratiques
opérationnelles.
4.5.3 Valorisation et reconnaissance des démarches d?adaptation
L?intégration de la TRACC dans les stratégies d?adaptation repose sur une diffusion large et une
appropriation par l?ensemble des acteurs. Dans cette optique, encourager et reconnaître les
démarches engagées constitue un levier essentiel pour favoriser l?adoption des bonnes pratiques
et inciter à une utilisation systématique des scénarios de la TRACC.
Pour structurer et amplifier ces efforts, la mise en place de labels ou de certifications spécifiques
permettrait d?identifier et de valoriser les initiatives exemplaires en matière d?adaptation. Ces
dispositifs offriraient aux acteurs engagés une visibilité accrue et un avantage concurrentiel, tout
en garantissant la crédibilité des démarches menées. Ils concerneraient divers domaines, tels que
la résilience des infrastructures, la gestion durable des ressources ou l?intégration des scénarios
climatiques dans les décisions stratégiques.
Ces labels joueraient également un rôle d?accélérateur d?innovation en stimulant l?émergence de
solutions nouvelles et en structurant un cadre de référence facilitant l?identification et la diffusion
des meilleures pratiques. Associés à des campagnes de sensibilisation et à des distinctions
publiques, ils renforceraient la mobilisation collective et contribueraient à une adaptation plus
efficace et cohérente aux défis climatiques à venir.
Préconisation 11 : [MTE] Créer des labels ou des certifications spécifiques qui reconnaissent et
valorisent les efforts entrepris, offrent une visibilité accrue et un avantage concurrentiel aux acteurs
engagés et guident les consommateurs, les investisseurs et les partenaires.
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
Avril 2025
Préconisations pour la mise en oeuvre de la TRACC dans
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Conclusion
Les effets du changement climatique sont d?ores et déjà bien visibles. Chacun peut constater
l?augmentation du nombre et de l?ampleur des inondations, des sécheresses, des incendies de
forêts, des nuits tropicales, etc. alors même que nous ne sommes qu?à un niveau de réchauffement
de l?ordre de 1,5 degrés.
La perspective d?un monde où l?élévation des niveaux de températures dépasserait les 3 degrés à
la fin du siècle, voit sa probabilité augmenter et il convient de s?y préparer. Le 3ème PNACC et la
TRACC constituent des outils déterminants pour ce faire.
Cependant, il importe de leur donner un caractère concret et opérationnel pour lancer un processus
structuré, progressif et de très longue haleine mobilisant l?ensemble des acteurs concernés.
Afin de lancer cette démarche, plusieurs étapes successives sont nécessaires.
Il convient tout d?abord de donner une forme juridique au PNACC et à la TRACC et d?acter le
principe de rendre obligatoire les études de vulnérabilité fondées sur la TRACC, ce qui peut, à ce
stade, être fait par voie réglementaire.
Ensuite, il est indispensable que l?État et ses opérateurs achèvent de mettre en place les services
climatiques, le processus de fourniture des données essentielles et, plus généralement, le dispositif
technique et financier permettant d?accompagner les acteurs, en tout premier lieu les collectivités
territoriales.
Au terme de ces deux étapes, il conviendra de rendre effectif le caractère obligatoire, dans les
plans et programmes les plus concernés, des études de vulnérabilité fondées sur la TRACC ainsi
que de finaliser l?évolution des normes et référentiels techniques pertinents.
Par la suite, au vu de l?évolution des connaissances et des résultats atteints, il faudra ajuster
régulièrement la TRACC, les jeux de données qui en sont issus, le cadre méthodologique, les plans
et programmes, les normes et les référentiels techniques.
Enfin, en s?appuyant sur une évaluation de la démarche entreprise, l?opportunité d?une
consécration législative de l?obligation de prendre des mesures d?adaptation proportionnées
fondées sur les études utilisant la TRACC pourra être sereinement débattue.
Même si certaines échéances peuvent paraître lointaines, le niveau des risques s?est élevé et ne
fera que croître. Il est donc crucial de se préparer pour y faire face aussi bien pour nous que pour
les générations futures.
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
Avril 2025
Préconisations pour la mise en oeuvre de la TRACC dans
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Laurent Machureau Fabien Palhol Sabine Saint-Germain Marc Strauss
Inspecteur Inspecteur Inspectrice Inspecteur
général générale général
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Rapport n° 015725-01
Avril 2025
Préconisations pour la mise en oeuvre de la TRACC dans
les politiques de l?environnement, du climat, de l?énergie,
des transports, de la construction et de l?urbanisme
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Annexes
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Rapport n° 015725-01
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Préconisations pour la mise en oeuvre de la TRACC dans
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Annexe 1. Lettre de mission
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Préconisations pour la mise en oeuvre de la TRACC dans
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Annexe 2. Liste des personnes rencontrées
Nom Prénom Organisme Fonction
Ministères
VIEILLEFOSSE Aurélie MTECT/Cabinet Directrice adjointe
BRETON Pierre MTECT/Cabinet Conseiller eau, air, santé environnementale et adaptation
MICHEL Laurent IGEDD Président Autorité environnementale
MATHON Sylvie IGEDD
Secrétaire de la conférence des autorités
environnementales
SIMIU Diane MTECT/DGEC/DCEEA Directrice
THIERY Mickaël MTECT/DGEC/DCEEA Sous-directeur de l?action climatique
VIAU Julien
MTECT/DGEC/DCEEA
Adjoint au sous-directeur de l?action climatique
CARREGA Marie
MTECT/DGEC/DCEEA
Cheffe du bureau adaptation au changement climatique
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Rapport n° 015725-01
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SENECHAL Lucie
MTECT/DGEC/DCEEA
Adjointe à la cheffe du bureau adaptation au changement
climatique
KUENY Laurent MTECT/DGEC/DE Directeur
BOURILLET Cédric MTECT/DGPR Directeur général
BERTHET Lionel MTECT/DGPR/SRNH/SDCAP
Sous-directeur de la connaissance des aléas et de la
prévention
LAPERROUSAZ Elise MTECT/DGPR/SRNH/SDCAP Cheffe du bureau des risques inondations et littoraux
BOUFFIER Jacques MTECT/DGPRSRNH/SDCAP
Chargé de mission bureau des risques inondations et
littoraux
BETINELLI Benoit
MTECT/DGPR/SRT/MNSR
Chef de la mission pour la sûreté nucléaire
DE LAVERGNE Célia MTECT/DGALN/DEB Directrice de l?eau et de la biodiversité
RISLER Ophélie
MTECT/DGALN/DEB
Directrice de projet adaptation au changement climatique
SZLPER Vincent MTECT/DGALN/DEB Sous-directeur ELM
MONTRIEUX Vincent MTECT/DGALN/DHUP Adjoint au directeur
CARON Antoine
MTECT/DGALN/DHUP/QC
Sous-directeur qualité de la construction
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
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ZUELGARAY Thomas
MTECT/DGALN/DHUP/QC
Adjoint au sous-directeur qualité de la construction
BONHOMME Céline
MTECT/DGALN/DHUP/AD
Sous-directeur aménagement durable
SUCHEL Christophe
MTECT/DGALN/DHUP/AD
Adjoint au sous-directeur aménagement durable
VOUILLEMET Emilie
MTECT/DGALN/DHUP/UP
Sous-directrice urbanisme réglementaire et paysage
BRIE Patrick
MTECT/DGALN/DHUP/UP
Adjoint à la sous-directrice urbanisme réglementaire et
paysage
GINTZ Rodolphe MTECT/DGITM Directeur général
POPESCU Téodora MTECT/DGITM/SDBSA/DSAS
Adjointe au chef de la mission de la synthèse et de
l?analyse stratégique
DURON Sophie-Dorothée MTECT/DGAMPA/SEML Cheffe du service des espaces maritimes et littoraux
MARILL Xavier DGAMPA/SEML Sous-directeur de la planification maritime
Opérateurs de l?État
RANSQUIN Joël ADEME Directeur adaptation, aménagement et bas carbone
BELLINI Robert ADEME
Adjoint au directeur adaptation, aménagement et bas
carbone
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
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l?énergie, des transports, de la construction et de l?urbanisme
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JOSSE Patrick METEO FRANCE Directeur de la climatologie et des services climatiques
SOUBEYROUX Jean-Michel METEO FRANCE
Directeur adjoint scientifique, direction de la climatologie
et des services climatiques
MARTINOTTI Sophie METEO FRANCE
Chargée de mission direction de la climatologie et des
services climatiques
BERTEAUD Pascal CEREMA Directeur général
ZAMBON David CEREMA Directeur général adjoint
FERRY Annabelle CEREMA Directrice Territoire et ville
MOULINE Éric CEREMA Directeur adjoint DTeclTM
QUEMART Philippe CEREMA
Directeur programmation production qualité,
coordonnateur environnement et risque
VINAY Catherine CEREMA Directrice déléguée Risques, nuisances, énergie, climat
BEAUREZ Nicolas CEREMA Chef du groupe Résilience, Transition, Climat
CREPON Etienne CSTB Président
LEBERT Alexandra CSTB
Directrice « Bâtiments et villes face au changement
climatique » et « économie circulaire et ressources pour
le bâtiment »
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
Avril 2025
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MANCRET-TAYLOR Valérie ANAH Directrice générale
VALIERE Antonin ANAH Relations institutionnelles
PAVARD Vincent ANAH Responsable du service observation et évaluation
CHIUSANO Kim ANRU
Directrice adjointe de la stratégie et de
l?accompagnement des acteurs
ROMERO Christophe ANRU Conseiller transition
TIRANT Véronique ANRU Chargée de mission
CARIOU Jean-Benoît ANRU Chargé de mission
MEGDOUD Julien ANCT Conseiller CRTE
SORNIN PETIT Nicolas ANCT Chef du pôle interface
FAUST Arthur APE Directeur de participations adjoint
LAUDEREAU Quentin APE Chargé de participations Energie
VALENTY Romain APE Directeur de participations Energie
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
Avril 2025
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COLLET Julien ASN Directeur général adjoint
GAUTHIEZ François OFB Directeur appui stratégie pour la biodiversité
PARELLE Amaury OFB Coordonnateur projet LIFE Artisan
Élus et Associations d?élus
DANTEC Ronan Sénat Sénateur
FOURNEAU Nathalie AMF Responsable du département Aménagement du territoire
WIECSZORECH Sandrine AMF
Assistante rédactrice de la Mission Développement
durable
BIDAULT Stéphanie AMF Responsable de la mission Risques et Crises
POUZADOUX Véronique AMF Secrétaire générale adjointe, maire de Gannat
STEPHAN Gwénola AMF Responsable de la mission Transition écologique
METAIRIE Christian AMF Vice-Président, maire d?Arcueil
SIMON Cyrielle AMF Conseillère technique de la mission Transition écologique
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
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TRIJOULET Laurent AMF DGA
GASS Stella Fédération des SCoT Directrice générale
AMORETTI-HANNEQUIN Christophe France Urbaine Conseiller Finances durables et Achat
ANGOTTI Philippe France urbaine Délégué adjoint
MAIRE Sébastien France Ville durable Délégué général
CEBILE Oriane Intercommunalités de France Conseillère environnement
ROPARS Carole
Intercommunalités de France
Conseillère urbanisme
ARANA DE MALEVILLE Olivia Régions de France Conseillère Transition écologique et énergétique
MODDE Stéphanie Régions de France Référente adaptation au changement climatique
LAVAUD Pauline Ville de Paris Directrice de la transition écologique et du Climat
YANN Françoise Ville de Paris Adjointe de la directrice de la transition écologique
ROUSSEL Julie Ville de Paris Responsable du département adaptation
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
Avril 2025
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MAIRE Sébastien Villes et territoires durables Directeur, délégué général
Entreprises publiques et
privées, associations
professionnelles
GATTI GREGORI Patricia BOUYGUES Directrice environnement, décarbonation, RSE
GRISARD Marjolaine Nexity Directrice RSE
PRUDHOMME Nicolas
Union sociale pour l?habitat
Directeur de la Maitrise d?ouvrage
CHARRIER Alban Union sociale pour l?habitat Adjoint au directeur de la maitrise d?ouvrage
GUNSLAY Benoit
Union sociale pour l?habitat
Conseiller juridique à la direction des affaires juridiques
MICHELANGELI Paul Antoine EDF Ingénieur chercheur
MARTY Alexandre EDF Responsable climat et ressources naturelles
PAREY Sylvie EDF Chercheur senior
POL-TIREAU Katy EDF Ingénieur chercheur
BONNET Jean-Philippe RTE Directeur adjoint pôle stratégie, prospective et évaluation
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
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DUBUS Laurent RTE Expert scientifique climat
LATOUR Chloé RTE Directrice Stratégie et régulation
MASSE Alexis GRDF Directeur de la stratégie
CHEVALIER Benoit SNCF Réseau
Directeur des projets amonts et de l?adaptation au
changement climatique
KOSIANY Mathilde SNCF Réseau Programme adaptation au changement climatique
ROECKLIN Corinne SNCF Réseau Responsable du pôle environnement
ONG, Think Tanks
DEPOUES Vivian I4CE
Responsable thématique adaptation au changement
climatique
DOLQUES Guillaume I4CE Chercheur Adaptation au changement climatique
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Rapport n° 015725-01
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Annexe 3. Glossaire des sigles et acronymes
Acronyme Signification
APE Agence des participations de l?État
AOM Autorité organisatrice de la mobilité
CDN Contribution déterminée au niveau national
CSRD Corporate Sustainability Reporting Directive
DSF Document stratégique de façade
EV Étude de vulnérabilité
INEC Indicateur national de l?érosion côtière
PADDUC Plan d?aménagement et de développement
durable de la Corse
PBACC Plan de bassin d?adaptation au changement
climatique
PCAET Plan climat air énergie territorial
PGRI Plan de gestion des risques d?inondation
PNACC Plan national d?adaptation au changement
climatique
PNR Parc naturel régional
PNUE Programme des nations unies pour
l?environnement
PPRN Plan de prévention des risques naturels
RCP Representative Concentration Pathway
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
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Acronyme Signification
SAGE Schéma d?aménagement et de gestion des
eaux
SAR Schéma d?aménagement régional
SCoT Schéma de cohérence territoriale
SDAGE Schéma directeur d?aménagement et de
gestion des eaux
SDDR Schéma de développement du réseau
SDRIF Schéma directeur de la région Ile de France
SRADDET Schéma régional d?aménagement, de
développement durable et d?égalité des
territoires
SSP Shared Socio-economic Pathway
TRACC Trajectoire de réchauffement de référence
pour l?adaptation au changement climatique
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Rapport n° 015725-01
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Annexe 4. Phasage de la mise en oeuvre des
recommandations
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Annexe 5. Précisions sur la TRACC
Annexe 5.1. Construction de la TRACC
La Trajectoire de réchauffement de référence pour l?adaptation au changement climatique (TRACC)
est une initiative mise en place par le ministère de la Transition écologique pour fournir une
référence commune aux travaux en lien avec l?adaptation au changement climatique (prospective,
analyse de vulnérabilité, stratégie?). Elle vise à établir un cadre permettant à tous les acteurs
concernés d?adopter des hypothèses uniformes pour répondre à la question : « À quel climat futur
dois-je m?adapter ? ». Décision politique, la TRACC se distingue des objectifs climatiques
d?atténuation, qui se réfèrent à l?Accord de Paris et visent à limiter le réchauffement planétaire à
+1,5 °C ou +2 °C par rapport à l?ère préindustrielle. Elle n?est en aucun cas un renoncement à ces
objectifs, mais tient compte des tendances mondiales actuelles des émissions de gaz à effet de
serre, lesquelles pourraient entraîner un dépassement des seuils fixés par l?accord, nécessitant
une préparation adaptée.
La TRACC s?appuie sur une approche par niveaux de réchauffement climatique à l?échelle
mondiale, centrée sur trois seuils définis par rapport à la période préindustrielle 1850-1900 : +1,5 °C,
+2 °C et +3 °C. Appliqués à la France, ces niveaux correspondent à des réchauffements
spécifiques : +2 °C, +2,7 °C et +4 °C, respectivement (Figure A). Ce différentiel reflète le fait que
la France métropolitaine, à l?instar de l?Europe occidentale, se réchauffe en moyenne 30 % plus
rapidement que la planète. Les horizons temporels associés à ces niveaux, validés lors d?une
consultation publique en 2023, sont les suivants : +1,5 °C en 2030, +2 °C en 2050, et +3 °C en
2100.
Figure A : Présentation de la TRACC en termes d?échéance et de niveau de
réchauffement planétaire et France hexagonale (Source : Météo France)
Ces projections temporelles reposent sur les politiques actuelles et les engagements de réduction
des émissions mondiales. Les valeurs choisies pour la TRACC sont cohérentes avec les
engagements pris par les Etats dans le cadre international des négociations sur climat (NDC, pour
Nationaly Determined Contributions). Elles se situent à un niveau comparable à un scénario de
poursuite des politiques actuelles intégrant les contributions additionnelles conditionnées au
soutien international (Conditional NDCs continuing), tel que le montre la figure B.
Ce scénario est cependant lié au contexte politique mondial et il est très dépendant des
financements mis en place et de la coopération internationale. Les évolutions récentes aux Etats-
Unis (retrait de l?Accord de Paris, démantèlement d?US Aid et désengagement des financements
internationaux) pourraient conduire à une remise en cause des engagements pris et à une
trajectoire plus défavorable.
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
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Figure B : Réchauffement maximal au cours du XXI? siècle (°C) par rapport aux niveaux
préindustriels. (Source : United Nation Environment Programme28)
Les données utilisées dans le cadre de la TRACC sont issues du jeu TRACC-2023, diffusé par
Météo-France sur le portail DRIAS. Ce jeu repose sur un ensemble de projections climatiques
régionales produites dans le cadre du projet Explore2 et correspond à une sélection des
simulations climatiques les plus récentes produites à l?échelle européenne (EURO-CORDEX) qui
décline sur l?Europe les simulations globales utilisées dans le 5e rapport du GIEC. Les 17
simulations sélectionnées (Figure C) ont été corrigées de leurs biais par la méthode ADAMONT et
projetées sur la France hexagonale à une maille de 8 km.
Figure C : Liste des couples de modèles de climat globaux (GCM) et régionaux (RCM)
de l?ensemble Explore2 utilisés pour la construction de la TRACC. (Source : Météo
France)
28 Emissions Gap Report 2024, United Nation Environment Programme, 2024
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
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Les projections climatiques réalisées dans le cadre de la TRACC utilisent uniquement le scénario
RCP8.5, qui permet d?explorer un large éventail de conditions climatiques, y compris des niveaux
de réchauffement élevés. Ce choix repose sur la disponibilité accrue de simulations pour ce
scénario et garantit que l?ensemble des données soient bien issues des mêmes simulations.
Les projections TRACC prennent également en compte les incertitudes associées aux modèles
climatiques et à la variabilité interne du climat. Ces incertitudes proviennent essentiellement des
limites scientifiques et techniques dans la représentation du système climatique, tandis que la
variabilité interne reflète les interactions chaotiques entre les composantes du système climatique.
Ces incertitudes sont intégrées dans les projections, qui présentent à la fois les médianes des
changements projetés et leurs plages d?incertitude. Les cartes produites pour décrire les évolutions
climatiques futures utilisent des quantiles statistiques (minimum, médiane et maximum).
Les résultats actuels forment le jeu de données TRACC-2023 qui pourra être mis à jour dans les
prochaines années afin de prendre en compte les avancées méthodologiques et de nouvelles
simulations climatiques plus précises.
Annexe 5.2. TRACC et Scénarios du GIEC
La TRACC se distingue des scénarios RCP (Representative Concentration Pathways) et SSP
(Shared Socioeconomic Pathways) du GIEC à plusieurs niveaux, tant dans son approche que dans
ses objectifs.
Les RCP sont des trajectoires climatiques définies en fonction des concentrations de gaz à effet
de serre dans l?atmosphère. Ils décrivent les forçages radiatifs attendus à l?horizon 2100 en fonction
de divers scénarios d?émissions de gaz à effet de serre. Par exemple, le scénario RCP8.5
représente une situation de fortes émissions, tandis que le RCP2.6 correspond à un scénario
d?atténuation ambitieuse visant à limiter le réchauffement global à environ +2 °C. Ces trajectoires
se concentrent sur les conditions physiques globales du climat, en établissant un lien entre
émissions, concentrations et impacts environnementaux.
Les SSP, introduits dans le cadre du 6e rapport du GIEC, ajoutent une dimension socio-
économique. Ils définissent des contextes narratifs qui décrivent les évolutions socio-économiques
potentielles du monde, comme la croissance démographique, le développement technologique ou
la coopération internationale. Ces trajectoires permettent de relier les tendances socio-
économiques aux émissions et aux impacts climatiques, tout en intégrant les RCP.
En comparaison, la TRACC ne repose pas sur des trajectoires d?émissions ou des contextes socio-
économiques spécifiques. Elle adopte une approche par niveaux de réchauffement climatique
globaux (+1,5 °C, +2 °C et +3 °C) et leur traduction en impacts régionaux pour la France. La
TRACC se concentre sur les impacts concrets en se basant sur des données climatiques locales,
tout en simplifiant les incertitudes liées aux émissions futures ou aux trajectoires socio-
économiques. Contrairement aux scénarios RCP ou SSP, elle ne vise pas à explorer toutes les
conditions possibles menant à un certain niveau de réchauffement, mais à fournir une référence
politique et opérationnelle pour orienter les stratégies d?adaptation.
Cette différence fondamentale reflète une approche orientée vers l?adaptation pratique, plutôt que
vers l?analyse des interdépendances globales entre émissions, trajectoires socio-économiques et
impacts climatiques.
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
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Annexe 5.3. Déclinaison de la TRACC
Si la TRACC correspond à un choix de niveaux de réchauffement globaux et de leurs équivalents
en France, elle peut être également déclinée en outils concrets pour analyser et territorialiser les
impacts du changement climatique. Ces outils reposent sur le jeu de données issu des simulations
climatiques utilisées pour élaborer la TRACC-2023. Ces simulations, basées sur les modèles les
plus récents et les plus robustes, permettent de décliner les impacts climatiques à des échelles
géographiques fines, en tenant compte des spécificités locales des territoires français.
Le jeu de données TRACC-2023, accessible notamment via le portail DRIAS - Les futurs du climat,
constitue ainsi un support essentiel pour évaluer les conséquences du changement climatique et
orienter les politiques d?adaptation. Il inclut des projections climatiques précises à une résolution
spatiale de 8 km pour la France métropolitaine, offrant une granularité suffisante pour répondre à
la plupart des enjeux territorialisés et sectoriels (Figure D). Cette richesse de données permet
d?élaborer une large gamme d?indicateurs climatiques, conçus pour traduire les impacts potentiels
sur les différents aspects des systèmes naturels et socio-économiques.
Ces indicateurs sont utilisés pour caractériser les évolutions climatiques attendues à la fois sur le
plan annuel et saisonnier, ainsi que pour analyser les phénomènes extrêmes tels que les vagues
de chaleur, les précipitations intenses ou les sécheresses. Ils constituent une base scientifique et
technique permettant aux décideurs, aux collectivités territoriales et aux acteurs socio-
économiques d?anticiper les impacts et de planifier des stratégies d?adaptation adaptées à leurs
spécificités locales.
Les indicateurs actuellement disponibles sur le site drias-climat.fr sont les suivants :
? température moyenne annuelle
? température moyenne en été (juin- juillet-août)
? température moyenne en hiver (décembre-janvier-février)
? température maximale en été (juin- juillet-août)
? nombre de jours avec température maximale ? 30 °C
? nombre de jours avec température maximale ? 35 °C
? nombre de nuits tropicales (température minimale > 20°C)
? cumul de précipitations annuelles
? cumul de précipitations hiver (décembre-janvier-février)
? cumul de précipitations été (juin- juillet-août)
? cumul de précipitations quotidiennes remarquables (percentile 99 du cumul quotidien)
? intensité des précipitations extrêmes (max annuel des précipitations totales)
? fréquence des précipitations quotidienne remarquables
? risque de feux de forêt (nombre de jours avec un IFM>40)
? sécheresse du sol (nombre de jours avec un SWI<0.4)
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Rapport n° 015725-01
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Figure D : Exemple de production cartographique basée sur les données TRACC-2023
à l?échelle de la France hexagonale. (Source : Météo France / DRIAS-Climat)
La déclinaison de la TRACC jouera un rôle déterminant dans la prise en compte territorialisée des
effets du changement climatique, en mettant en évidence que ces effets varient fortement en
fonction des caractéristiques locales, telles que le climat actuel, la géographie, l?occupation des
sols et les dynamiques socio-économiques. Les projections climatiques découlant de la TRACC,
élaborées à une résolution spatiale fine, permettent d?identifier avec précision les variations locales
des impacts climatiques (Figure E). Cette granularité offre aux décideurs locaux la possibilité
d?évaluer les risques spécifiques à leurs territoires, comme l?intensification des vagues de chaleur
dans les zones urbaines, l?augmentation des sécheresses dans les régions agricoles, ou encore la
modification des régimes hydrologiques dans les bassins versants.
PUBLIÉ
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Figure E : Exemple de production cartographique basée sur les données TRACC-2023
à l?échelle de la France hexagonale (Source : Météo France / DRIAS-Climat)
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Annexe 5.4. Pourquoi la TRACC ?
L?établissement de la TRACC répond à un besoin fondamental de structuration et de cohérence
des politiques d?adaptation au changement climatique en France. En définissant une référence
commune pour l?ensemble des acteurs, le Gouvernement vise à harmoniser les pratiques et les
outils dans tous les domaines de notre société, tout en s?appuyant sur des bases scientifiques
robustes et adaptées aux spécificités territoriales françaises.
L?un des objectifs principaux de la TRACC est de servir de cadre pour les études de vulnérabilité.
Ces études permettent d?évaluer les impacts potentiels du changement climatique sur les territoires,
les infrastructures, les écosystèmes et les activités humaines. En s?appuyant sur des projections
climatiques cohérentes et des indicateurs harmonisés, la TRACC favorise une analyse homogène
des risques, tout en permettant une meilleure anticipation des enjeux locaux et sectoriels. Ce cadre
facilite également les comparaisons entre territoires, réduisant ainsi les divergences
méthodologiques entre études et limitant la variabilité des diagnostics. En offrant une base
commune aux différentes approches, la TRACC favorise l?harmonisation des stratégies
d?adaptation et la cohérence des actions mises en oeuvre à l?échelle nationale. Elle contribue
également à la massification des processus d?adaptation en structurant les méthodes et en
facilitant leur diffusion auprès des acteurs concernés.
La TRACC constitue également une base pour la révision des référentiels techniques, normes et
réglementations climato-sensibles. L?adaptation des infrastructures, des bâtiments ou des
systèmes naturels nécessite en effet une prise en compte explicite des conditions climatiques
futures, ce qui n?est pas toujours le cas aujourd?hui. En offrant une trajectoire claire et
scientifiquement validée, la TRACC permettra de redéfinir, à chaque fois que cela sera nécessaire,
les standards techniques afin d?assurer la résilience des infrastructures et des activités face à des
climats modifiés.
Par ailleurs, la TRACC joue un rôle central dans la planification territoriale et sectorielle. Les
stratégies d?aménagement, les politiques de gestion des risques et les programmes
d?investissement à long terme doivent désormais intégrer les projections climatiques pour répondre
efficacement aux défis du futur. La TRACC doit permettre de dépasser les approches fragmentées
ou ponctuelles en offrant un cadre de travail partagé entre tous les acteurs, qu?ils soient locaux,
régionaux ou nationaux. En outre, la TRACC favorise une approche systémique de l?adaptation.
En unifiant les hypothèses climatiques et en rendant les données accessibles via des outils tels
que DRIAS - Les futurs du climat, elle facilite une prise en compte transversale des enjeux
climatiques qui renforce non seulement la cohérence des politiques publiques, mais aussi leur
efficacité en réduisant les divergences dans les méthodologies et en optimisant les ressources
disponibles.
En permettant des projections climatiques localisées, la TRACC doit également faciliter la
priorisation des mesures d?adaptation, en tenant compte des vulnérabilités propres à chaque
territoire. Les acteurs locaux peuvent ainsi développer des stratégies adaptées aux enjeux
spécifiques de leur région, tout en disposant d?une base homogène pour évaluer les impacts à
moyen et long terme. Cette territorialisation des données permettra en outre de mieux articuler les
efforts nationaux et locaux, en veillant à ce que les solutions soient à la fois efficaces à l?échelle
nationale et pertinentes pour les contextes locaux. Enfin, la TRACC doit aider à la sensibilisation
des collectivités territoriales et des populations à la diversité des impacts climatiques. En rendant
visibles les changements projetés à une échelle tangible pour les décideurs et les citoyens, elle
renforce la prise de conscience des défis spécifiques à chaque région et encourage une
mobilisation plus large pour l?adaptation. Des outils synthétiques et pédagogiques tels que
Climadiag Commune ont pour vocation de faciliter l?appropriation et l?intégration des enjeux
climatiques dans les décisions et les pratiques. Cette territorialisation des effets climatiques
constitue ainsi un levier essentiel pour une planification climatique inclusive et résiliente.
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Rapport n° 015725-01
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Annexe 6. Jurisprudences en matière
d?adaptation au changement climatique
Avant de présenter les jurisprudences nationales pertinentes, soulignons que même si la science
du climat est de plus en plus développée, les impacts précis du changement climatique à l?échelle
de petits territoires demeurent encore incertains, surtout s?ils sont recherchés à long terme. Dans
cette mesure, les politiques d?adaptation au changement climatique paraissent susceptibles d?être
contestées en justice à l?aune du principe de précaution puisque les actions fondées sur ce principe
nécessitent de pouvoir invoquer des incertitudes scientifiques et la possibilité de dommages graves
et irréversibles.
En France, le Conseil constitutionnel a affirmé en 200829 la valeur constitutionnelle du principe de
précaution garanti par l?article 5 de la Charte de l?environnement30.
Par ailleurs, en 2022, le Conseil constitutionnel a consacré le droit constitutionnel des générations
futures en se fondant sur plusieurs dispositions de la Charte de l?environnement : son Préambule
(« Considérant (?) qu?afin d?assurer un développement durable, les choix destinés à répondre aux
besoins du présent ne doivent pas compromettre la capacité des générations futures et des autres
peuples à satisfaire leurs propres besoins »), son article 1er (Droit de vivre dans un environnement
équilibré et respectueux de la santé) et son article 6 (les politiques publiques doivent promouvoir
un développement durable et concilier la protection de l?environnement avec le développement
économique et le progrès social)31. En 2023, dans sa décision sur la création et à l'exploitation d'un
centre de stockage en couche géologique profonde de déchets radioactifs, le Conseil
constitutionnel s'est fondé sur le droit de chacun à vivre dans un environnement équilibré pour
juger que le législateur « lorsqu'il adopte des mesures susceptibles de porter une atteinte grave et
durable à l'environnement, doit veiller à ce que les choix destinés à répondre aux besoins du
présent ne compromettent pas la capacité des générations futures et des autres peuples à
satisfaire leurs propres besoins, en préservant leur liberté de choix à cet égard »32.
Au sein du Conseil de l?Europe, la Convention européenne de sauvegarde des droits de l?homme
et des libertés fondamentales (CESDHLF) et notamment ses articles 2 (droit à la vie) et 8 (droit au
respect de la vie privée et familiale) fondent des décisions juridictionnelles en matière climatique.
Ainsi la Cour d?appel de Bruxelles dans une décision historique du 30 novembre 2023 a considéré
que l?autorité fédérale ainsi que deux régions belges avaient manqué à leur devoir de vigilance
résultant de dispositions du code civil belge mais aussi de ces deux articles compte tenu de leurs
mauvais résultats en termes d?émissions de gaz à effet de serre. Elle leur a ensuite imposé un
objectif minimum contraignant de réduction de ces émissions.
29 2008-564 DC, 19 juin 2008, cons. 18, Journal officiel du 26 juin 2008, page 10228, texte n° 3, Rec. p. 313
30 Article 5 de la Charte de l?environnement : « Lorsque la réalisation d'un dommage, bien qu'incertaine en l'état
des connaissances scientifiques, pourrait affecter de manière grave et irréversible l'environnement, les autorités
publiques veillent, par application du principe de précaution et dans leurs domaines d'attributions, à la mise en
oeuvre de procédures d'évaluation des risques et à l'adoption de mesures provisoires et proportionnées afin de
parer à la réalisation du dommage »
31 Décision 2022-843 DC censurant partiellement la loi portant mesures d?urgence pour la protection du pouvoir
d?achat (voir surtout les développements concernant les articles 29 et 30 portant sur l?exploitation d?un terminal
méthanier flottant au Havre)
32 Décision 2023-1066 QPC du 27 octobre 2023.
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Rapport n° 015725-01
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Et pour la première fois, le 9 avril 2024, la Cour européenne des droits de l?homme dans un arrêt
très remarqué a condamné un État (la Suisse) pour ne pas avoir été plus actif et efficace en matière
climatique et avoir ainsi porté atteinte à la santé des requérantes, soutenant être plus exposées
que d?autres populations aux chaleurs extrêmes provoquées par le changement climatique en
raison de leur âge (plus de 75 ans) et de maladies cardiovasculaires ou respiratoires33.
Le Tribunal international du droit de la mer a affirmé dans un avis consultatif du 21 mai 2024 le
devoir d?action des États pour prévenir, réduire et maitriser les émissions de GES, estimant qu?ils
polluaient la mer34.
L?Assemblée générale de l?ONU a saisi la Cour de justice internationale (La Haye) en mars 202335
en lui demandant quel était son avis (non contraignant) sur les obligations, en droit international,
des États en matière d?atténuation et d?adaptation au changement climatique et à quels risques
juridiques étaient exposés les États pollueurs qui manqueraient à leurs obligations. Le nombre de
productions écrites et de plaidoiries présentées devant le CIJ du 2 au 23 décembre 2024
(91 déclarations écrites, plaidoiries de 96 États et de 11 ONG36) souligne l?importance qu?il convient
d?accorder à cette consultation exceptionnelle.
Enfin, la Cour interaméricaine des droits de l?homme a été saisie par le Chili et la Colombie d?une
demande d?avis analogue en janvier 2023.
Ce très rapide panorama de jurisprudence montre que c?est autant l?insuffisance de l?action que
l?inaction des États en matière climatique qui sont contestées devant les juridictions.
33 https://www.coe.int/fr/web/portal/-/three-climate-change-rulings-from-the-european-court-of-human-rights
34 https://itlos.org/fileadmin/itlos/documents/cases/31/Advisory_Opinion/A31_avis_cons_21.05.2024_orig.pdf
35 https://press.un.org/fr/2023/ag12497.doc.htm
36 https://www.icj-cij.org/sites/default/files/case-related/187/187-20241213-pre-01-00-fr.pdf
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Annexe 7. Textes à prendre ou à modifier pour la
mise en oeuvre de la TRACC
1- Pour fonder le PNACC et la TRACC, créer un article R. 229-4-1 dans le code de
l?environnement en modifiant le titre d?une section
Emplacement dans le code de l?environnement
Dans le chapitre 9 du titre 2 du livre 2 du code de l?environnement, changer la section 1
consacrée à l?Observatoire national sur les effets du changement climatique en le dédiant au «
Changement climatique » avec une sous-section « Observatoire » et une autre sur les « Mesures
d?adaptation au changement climatique ».
Rappel
L. 229-1 du code de l?environnement : « La lutte contre l'intensification de l'effet de serre et la
prévention des risques liés au réchauffement climatique sont reconnues priorités nationales (?)
».
Projet de rédaction
« R. 229-4-1 :
I- Pour mettre en oeuvre les dispositions du point 4 de l?article 5 du règlement 2021/1119 du
Parlement européen et du Conseil du 30 juin 2021 établissant le cadre requis pour parvenir à la
neutralité climatique, un plan national d?adaptation au changement climatique (PNACC) est
adopté par décret tous les cinq ans, après consultation du CNTE et du HCC. Il est élaboré sur
la base de la trajectoire de réchauffement de référence pour l?adaptation au changement
climatique (TRACC) et d?une étude de vulnérabilité nationale fondée sur celle-ci.
II- La TRACC est adoptée par décret tous les cinq ans, après consultation du CNTE et du HCC.
La TRACC détermine, sur la base d?une proposition de Météo France, des valeurs de
réchauffement à court terme, à moyen terme et à plus long terme pour la France métropolitaine
et les départements et territoires d?outre-mer.
III- Météo-France est en outre chargé de :
- concevoir la méthodologie et de réaliser les modélisations qui permettent de définir la TRACC,
et de les expliciter et les faire connaître au public ;
- mettre à disposition les données issues des modélisations permettant de définir la TRACC, les
projections climatiques territorialisées de référence, ainsi que les indicateurs climatiques qui en
découlent, en France métropolitaine et dans les départements et territoires d'outre-mer ;
- diffuser largement des synthèses territorialisées des principaux effets de cette trajectoire,
notamment en termes de précipitations, de sécheresse et de canicules. »
Commentaire : Le III du projet d?article R. 229-4-1, focalise les synthèses territorialisées sur les
aspects actuellement le mieux maitrisés, à savoir les effets relatifs aux précipitations et aux
températures, et exclut de fait la hausse du niveau de la mer et l?évolution des régimes de vent.
Concernant l'élévation du niveau de la mer, les projections actuelles présentent une variabilité
notable qui s'explique par la complexité des processus physiques impliqués (fonte des calottes
glaciaires, dilatation thermique des océans?), ainsi que par les limitations des modèles actuels
à représenter avec précision ces phénomènes.
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
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En ce qui concerne les régimes de vent, les projections climatiques sont également marquées
par une grande incertitude. Les modèles climatiques actuels peinent par exemple à fournir des
prévisions précises quant à l'évolution des vents forts en France, cette incertitude étant
davantage liée aux limitations des modèles eux-mêmes qu'aux scénarios d'émissions ou aux
horizons temporels considérés.
2- Prendre deux décrets simples, hors code, l?un pour adopter le PNACC et l?autre, pour
approuver la TRACC.
Projet de décret simple approuvant la TRACC actuelle :
« La trajectoire de réchauffement de référence pour l?adaptation au changement climatique
mentionnée à l?article R 229-4-1 du code de l?environnement est définie par rapport à un
réchauffement global de 1,5°C par rapport à l?ère pré-industrielle (1850-1900) en 2030, un
réchauffement global de 2°C par rapport à l?ère pré-industrielle en 2050 et un réchauffement global
de 3°C par rapport à l?ère pré-industrielle en 2100. »
3- Pour rendre obligatoires des études de vulnérabilité fondées sur la TRACC :
? dans les PCAET : modifier l?article R. 229-51 du code de l?environnement ;
? dans les SCoT : créer dans le code de l?urbanisme un article R. 141-8-A, avant l?article R.
141-8 ;
? dans les SRADDET, compléter l?article R. 4251-13 du CGCT portant sur les annexes du
SRADDET ; de la même manière:
- Pour le SDRIF : compléter l?article R. 123-1 du code de l?urbanisme sur le contenu
du rapport de présentation par un 1bis ou 2bis.
- Pour les SAR : compléter l?article R. 4433-3 du CGCT sur le contenu du rapport
de présentation
- Pour le PADDuC : compléter l?article R. 4424-6 du CGCT sur le contenu du rapport
de présentation
- Pour les DSF : compléter le III de l?article R. 219-1-7 du code de l?environnement
4- Pour rendre obligatoire la référence à la TRACC dans les études d?impacts et les
évaluations environnementales respectivement des projets et des plans et programmes
Propositions de modifications réglementaires (en gras) synthétisant les propositions du 3.2
1- Pour les plans et programmes de droit commun :
Art. R. 122-20 du code de l?environnement :
« I. L?évaluation environnementale est proportionnée (?)
II.- Le rapport environnemental, qui rend compte de la démarche d'évaluation environnementale,
comprend un résumé non technique des informations prévues ci-dessous : (?)
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
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2° Une description de l'état initial de l'environnement sur le territoire concerné, les perspectives de
son évolution probable, que le plan, schéma, programme ou document de planification soit mis en
oeuvre ou ne le soit pas, réalisée sur la base de la TRACC prévue à l?article R. 229-4-1 ou, si
cela est jugé pertinent par les autorités compétentes, sur celle d?hypothèses de
réchauffement climatique entrainant des impacts plus négatifs pour certains aléas, (?) ; »
2- Pour les plans et programmes en matière d?urbanisme :
Art. R. 104-18 du code de l?urbanisme (modifications à reprendre dans les articles régissant
spécifiquement l?évaluation environnementale de certains plans et programmes) :
« Les documents d'urbanisme mentionnés à la section 1 qui ne comportent pas de rapport de
présentation en application d'autres dispositions sont accompagnés d'un rapport environnemental
comprenant : (?)
2° Une analyse de l'état initial de l'environnement et des perspectives de son évolution, si le
document est mis en oeuvre ou s?il ne l?est pas, réalisée sur la base de la TRACC prévue à
l?article R. 229-4-1 du code de l?environnement ou, si les autorités le jugent nécessaire, sur
celle d?hypothèses de réchauffement climatique entrainant des impacts plus négatifs pour
certains aléas, en exposant notamment les caractéristiques des zones susceptibles d'être
touchées de manière notable par la mise en oeuvre du document ; (?) »
Modifier sur le même modèle les articles suivants :
- R. 151-3 pour les PLU ;
- R. 161-3 pour les CC ;
- R. 172-1 pour les DTA.
3- Pour les projets :
Art. R. 122-5 du code de l?environnement :
I. ? Le contenu de l'étude d'impact est proportionné à la sensibilité environnementale de la zone
susceptible d'être affectée par le projet, à l'importance et la nature des travaux, installations,
ouvrages, ou autres interventions dans le milieu naturel ou le paysage projetés et à leurs
incidences prévisibles sur l'environnement ou la santé humaine (?).
II. ? En application du 2° du II de l'article L. 122-3, l'étude d'impact comporte les éléments suivants,
en fonction des caractéristiques spécifiques du projet et du type d'incidences sur l'environnement
qu'il est susceptible de produire (?)
3° Une description des aspects pertinents de l'état initial de l'environnement, et de leur évolution
réalisée sur la base de la TRACC prévue à l?article R. 229-4-1 ou, si cela est jugé pertinent
par le maitre d?ouvrage, sur celle d?hypothèses de réchauffement climatique entrainant des
impacts plus négatifs pour certains aléas, en cas de mise en oeuvre du projet ainsi qu'un aperçu
de l'évolution probable de l'environnement en l'absence de mise en oeuvre du projet, dans la
mesure où les changements naturels par rapport à l'état initial de l'environnement peuvent être
évalués moyennant un effort raisonnable sur la base des informations environnementales et des
connaissances scientifiques disponibles ; cette description pourra s?appuyer, le cas échéant, sur
des études de vulnérabilité réalisées dans le cadre de l?élaboration ou la révision de plans et
programmes couvrant le territoire d?implantation du projet ; (?)
5° Une description des incidences notables que le projet est susceptible d'avoir sur l'environnement
résultant, entre autres : (?)
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Rapport n° 015725-01
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f) Des incidences du projet sur le climat et de la vulnérabilité du projet au changement climatique ;
cette description est réalisée sur la base de la TRACC prévue à l?article R. 229-4-1 ou, si cela
est jugé pertinent par le maitre d?ouvrage, sur celle d?hypothèses entrainant des impacts
plus négatifs pour certains aléas ; cette description pourra s?appuyer, le cas échéant, sur des
études de vulnérabilité réalisées dans le cadre de l?élaboration ou la révision de plans et
programmes couvrant le territoire d?implantation du projet ; (?) »
5- Pour rendre obligatoires des études de vulnérabilité fondées sur la TRACC dans les
SDAGE et les SAGE : modifier les arrêtés pris en application respectivement de l?article R. 212-5
du code de l?environnement et de l?article R. 212-49 du même code.
6- Pour rendre obligatoires des études de vulnérabilité fondées sur la TRACC dans les
documents de gestion des Parcs nationaux et dans les PNR : modifier respectivement l?arrêté
du 23 février 2007 et l?article R. 333-3 du code de l?environnement.
7- Pour rendre obligatoires des études de vulnérabilité fondées sur la TRACC et l?adoption
de mesures pour y faire face en matière de risques naturels : modifier
? Pour les PPRN, l?article R. 562-3 du code de l?environnement ;
? Pour les évaluations préliminaires des risques d?inondation par bassin, le II de l?article R.
566-1 du même code ;
? Pour les plans de gestion des risques d?inondation par bassin, l?article R. 566-10 du même
code.
8- Pour que la performance environnementale de la Réglementation environnementale
(actuellement RE2020) prenne en compte la TRACC pour les constructions dont la durée de vie
dépasse 20/30 ans, modifier l?article R. 172-4 du CCH.
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
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Annexe 8. Précisions complémentaires sur la
Taxonomie verte européenne et la directive
CSRD
Le règlement européen 2020/852 du 18 juin 2020 (règlement « taxonomie ») a mis en place un
système de classification des activités économiques durables sur le plan environnemental et
impose à certaines sociétés de publier des indicateurs clés de performance (ICP) et des
informations narratives concernant ces activités, qui seront précisés par des actes délégués37. Ces
ICP doivent être fournis au niveau de la société ou, si celle-ci prépare des informations non
financières consolidées, au niveau du groupe38.
Le règlement taxonomie n?a pas été amendé depuis son adoption, mais sa portée a été modifiée
par l?effet d?autres textes européens : d?une part, la directive sur la publication d?informations en
matière de durabilité pour les entreprises dite CSRD pour Corporate Sustainability Reporting
Standard39 et, d?autre part, la directive déléguée40 du 31 juillet 2023, qui a relevé les seuils
caractérisant les catégories d?entreprises et de groupes dans la directive « comptable »41).
Sont désormais visées par des obligations de reporting, de manière échelonnée, sur les exercices
2024 à 2026, en fonction de leurs tailles et de leurs caractéristiques, les entreprises dont les bilans
et chiffre d?affaires excèdent respectivement 25 M¤ et 50 M¤42 ou emploient plus de 500 salariés43.
Il s?agit dans l?ensemble des grandes entreprises, des PME (à l?exclusion des micro-entreprises)
dont les valeurs mobilières sont admises à la négociation sur un marché réglementé de l?UE et des
entreprises mères des grands groupes.
Des discussions sont actuellement en cours au niveau européen pour assouplir ces dispositions
en décalant les échéances et en exemptant les PME, voire les ETI de certaines dispositions. A
l?heure actuelle, l?échelonnement est le suivant :
Pour les exercices commençant le 1er janvier 2024 :
? les grandes entreprises qui sont des entités d?intérêt public employant plus de 500 salariés ;
? ainsi que les entités d?intérêt public qui sont des sociétés mères d?un grand groupe44
employant plus de 500 salariés.
Pour les exercices commençant le 1er janvier 2025 :
? les autres grandes entreprises et sociétés mères.
Pour les exercices commençant le 1er janvier 2026 :
? les petites et moyennes entreprises si leurs titres sont cotés sur un marché réglementé,
(hors micro-entreprises) ;
? les établissements de petit taille qui sont de grandes entreprise ou des PME ;
37 Règlement UE 2020/852 art. 8
38 Règlement Délégué UE 2021/2178 du 6 juillet 2021 annexe I, 2-f
39 Directive UE 2022/2464 du 14 décembre 2022 qui a succédé à la Directive NFRD (Non Financial Reporting
Directive)
40 Directive UE 2023/2775
41 Directive. UE 2013/34 du 26 juin 2013
42 Directive déléguée 2023/2775
43 La Commission a publié à plusieurs reprises des communications sur l?interprétation de l?ensemble des textes
applicables (voir notamment 2022/C 385/01, C/2023/305, C/2024/6792)
44 Directive UE 2013/34 art. 19 bis et 29 bis modifiés par la Directive UE 2022/2464
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
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? les entreprises captives d?assurance et de réassurance qui sont des grandes entreprises
ou des PME.
On estime qu?à terme 50 000 entreprises seront concernées par ce reporting en Europe mais ce
chiffre sera probablement amené à baisser du fait des négociations en cours.
Que doit comporter le reporting Taxonomie ?
Les investisseurs et les entreprises doivent communiquer sur le pourcentage de leurs activités,
investissements, produits financiers considérés comme verts au titre de la taxonomie.
Pour qu?une activité puisse bénéficier du label ?vert? au sens de la taxonomie, elle doit contribuer
de manière substantielle à au moins un des six objectifs suivants, sans porter un préjudice
significatif aux cinq autres, tout en respectant des garanties minimales en matière de droits
humains et de droit du travail. Ces trois conditions doivent être réunies pour déterminer si une
activité qui est « éligible » à la taxonomie (c?est-à-dire figurer sur une liste des activités éligibles)
est « alignée » avec elle, c?est-à-dire, s?agissant de l?adaptation, contribue effectivement aux
objectifs d?adaptation retenus
Les six objectifs environnementaux sont :
? atténuation du changement climatique (CC)
? adaptation au CC
? utilisation durable et protection des ressources aquatiques et marines
? la transition vers une économie circulaire
? prévention et contrôle de la pollution
? protection et restauration de la biodiversité.
Un acte délégué relatif au volet climatique de la taxonomie a été adopté en juin 2021 puis modifié
en 202245 pour établir une liste des activités économiques contribuant substantiellement aux
objectifs d?atténuation du changement climatique et d?adaptation à celui-ci. Plus de 70 activités
issues des secteurs de l?énergie, des transports, de la sylviculture, de la construction sont
concernées et des critères techniques sont précisées pour chacune d?entre elles.
Les quatre scénarios du GIEC (RCP 2.6, RCP 4.5, RCP 6.0 et RCP 8.5) servent de référence en
matière d?adaptation au changement climatique. En effet il est demandé dans l'annexe II du
règlement délégué 2021/2139 du 4/06/2021 d?évaluer pour chaque activité, les risques et
vulnérabilités liés au climat de manière proportionnée à l?ampleur de cette activité et à sa durée
escomptée ; ainsi pour les activités d?une durée supérieure à 10 ans, l?évaluation est réalisée sur
la base de projections climatiques de pointe et à la plus haute résolution disponible selon la palette
existante des scénarios pour l?avenir.
45 règlement délégué 2021/2139 du 4 juin 2021 et règlement délégué 2022/1214
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
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Annexe 9. Cadre méthodologique pour
l?adaptation au changement climatique
Cette annexe a vocation à développer certaines parties du chapitre 4 du rapport, notamment les
points suivants :
? Cadre méthodologique pour l?évaluation des risques climatiques
? Élaboration et mise en oeuvre d?une stratégie d?adaptation
? Formation et renforcement des capacités
? Communication et engagement des parties prenantes
Annexe 9.1. Cadre méthodologique pour
l?évaluation des risques climatiques
L?intégration de la TRACC dans les différents plans, programmes et stratégies d?adaptation exige
une méthode fiable et rigoureuse pour évaluer les risques climatiques. Cette évaluation vise à
identifier de manière structurée les vulnérabilités existantes et potentielles, à estimer l?ampleur des
impacts susceptibles de survenir et à proposer des options d?adaptation adaptées au contexte de
chaque territoire et de chaque secteur. Une telle démarche s?inscrit dans une logique d?anticipation
et de planification, afin de prendre des décisions éclairées sur le long terme, tout en intégrant
l?évolution progressive des connaissances scientifiques.
Annexe 9.1.1 Définition des objectifs et principes
méthodologiques
La première étape pour intégrer la TRACC dans l?évaluation des risques climatiques consiste à
clarifier les objectifs poursuivis et à définir les périmètres d?analyse, tout en mettant en place une
gouvernance appropriée. Il s?agit en premier lieu de se demander dans quel but précis l?évaluation
est conduite, quelles problématiques locales ou sectorielles sont prioritaires et quel niveau
d?ambition on recherche en matière de résilience. Les objectifs établis doivent être clairs,
spécifiques, mesurables et, si possible, temporalisés. Ce cadrage initial permet de circonscrire le
périmètre de l?étude et de sélectionner les indicateurs pertinents.
Dans de nombreux domaines, l?augmentation des aléas climatiques invite les acteurs à s?interroger
sur les seuils critiques à ne pas dépasser pour garantir la continuité de leurs missions, la qualité
d?un service ou la protection de ressources essentielles. Pour y répondre, il est nécessaire de
préciser différents périmètres. Le périmètre temporel détermine sur quels horizons (court, moyen
ou long terme) on souhaite se projeter. Le périmètre fonctionnel porte sur les activités ou les
fonctionnalités qu?il s?agit de préserver : il peut s?agir de maintenir un service logistique, d?assurer
l?approvisionnement en ressources vitales ou de garantir le confort des usagers. Le périmètre
physique concerne les composantes matérielles ou organisationnelles qu?on inclut dans l?analyse,
depuis les bâtiments et équipements jusqu?aux processus internes ou aux systèmes numériques.
Le périmètre climatique spécifie quels aléas (canicules, précipitations intenses, sécheresses,
submersions, etc.) on retient au regard de la TRACC, tandis que le périmètre géographique définit
la zone d?étude, qui peut être circonscrite ou étendue selon la portée des objectifs.
Plusieurs principes méthodologiques accompagnent cette démarche. Le premier principe repose
sur une approche systémique et intégrée : chaque secteur interagit avec d?autres par le biais de
ressources partagées ou de dépendances multiples, et une analyse trop cloisonnée risquerait de
négliger les effets en cascade.
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
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Le second principe souligne l?importance d?une approche prospective : les effets du changement
climatique se manifestent progressivement, mais aussi à travers des événements extrêmes dont
l?intensité et la fréquence s?accentuent. Les scénarios élaborés à partir de la TRACC fournissent
un socle commun pour envisager l?évolution de variables-clés, réduisant ainsi le risque de recourir
à des hypothèses contradictoires. Le troisième principe insiste sur le caractère itératif du
processus : les connaissances et les technologies évoluant sans cesse, les stratégies adoptées
doivent être périodiquement révisées à la lumière des avancées scientifiques, des retours
d?expérience et des progrès techniques.
Au-delà des éléments méthodologiques, la réussite de cette phase initiale dépend fortement de la
participation des acteurs concernés, qu?il s?agisse d?entités publiques, d?organisations
professionnelles, d?experts scientifiques ou d?associations. Chacun apporte des connaissances
spécifiques, qu?il s?agisse de retours de terrain, d?expertise technique ou d?analyse des interactions
sociétales. La mise en place d?une gouvernance adéquate, associant services opérationnels,
responsables stratégiques et éventuellement partenaires externes, garantit une mobilisation
durable et une meilleure qualité de diagnostic. Enfin, cette première étape - au cours de laquelle
on définit les objectifs, on adopte un langage commun et on fixe le degré de précision de l?étude -
constitue un préalable indispensable avant de lancer une analyse de risque détaillée ou toute étude
technique complémentaire.
Annexe 9.1.2 Analyse des vulnérabilités et des risques
climatiques
Lorsque les objectifs sont clarifiés et que les principes méthodologiques sont fixés, la seconde
étape consiste à analyser les vulnérabilités et les risques climatiques. Cette analyse part d?un
diagnostic de l?existant, parfois désigné sous le terme d?auto-évaluation ou d?auto-diagnostic.
Celui-ci vise à caractériser les infrastructures, les écosystèmes, les organisations et les populations
susceptibles d?être affectés par des aléas climatiques plus intenses ou plus fréquents. À titre
d?exemple, une commune littorale examinera la sensibilité de ses digues, de son urbanisme côtier,
de ses réseaux d?eau potable à la salinisation ou encore de ses activités économiques
dépendantes du tourisme balnéaire.
Cet exercice d?auto-diagnostic met en évidence les points de fragilité, qu?ils soient d?ordre physique
(infrastructures vétustes, sols déjà soumis à l?érosion), organisationnel (chaînes logistiques
complexes, manque de plans d?urgence) ou socio-économique (dépendance à une seule culture
agricole, précarité de certaines populations face aux canicules). Les données climatiques issues
de la TRACC servent ici de référence pour évaluer l?évolution probable des menaces, par exemple
l?élévation de la température moyenne, la fréquence des jours de canicule, la multiplication des
épisodes de fortes pluies ou le risque d?inondation en zone littorale.
Plusieurs techniques sont mobilisables pour réaliser cette analyse. L?approche déterministe
consiste à retenir un scénario de réchauffement donné (par exemple +2 °C par rapport à l?ère
préindustrielle) et à étudier ses conséquences sur un horizon temporel précis (2050, 2100).
L?approche probabiliste, quant à elle, vise à explorer une gamme de scénarios (de +1,5 °C à +3 °C,
par exemple) et à estimer la probabilité d?occurrence de divers niveaux d?impacts ou de seuils
critiques. Coupler ces deux approches permet de rendre compte à la fois des plausibilités
moyennes et des extrêmes susceptibles de se produire.
À ce stade, l?identification des seuils critiques revêt une importance particulière. Certains secteurs
supportent des variations de conditions sans subir de dommages notables tant que des paliers
précis ne sont pas franchis : on peut citer la tolérance de certaines cultures à la sécheresse (en
termes de durée ou d?intensité), la capacité des réseaux électriques à fonctionner au-delà de
certaines températures, ou la solidité d?infrastructures face à la montée des eaux. Comprendre la
position de ces seuils par rapport aux scénarios climatiques basés sur la TRACC constitue un
levier majeur pour prioriser les actions d?adaptation et orienter les investissements de protection.
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Un autre aspect essentiel concerne la durée de vie des actifs. Les infrastructures à longue durée
de vie ? ponts, réseaux ferrés, ouvrages hydrauliques, centrales de production d?énergie ?
nécessitent des prises de décision robustes, fondées sur les projections de réchauffement les plus
exigeantes, pour éviter des rénovations prématurées ou des vulnérabilités irrémédiables. À
l?inverse, pour des équipements renouvelables sur des cycles de dix ou quinze ans, une adaptation
progressive peut s?avérer plus pertinente, permettant d?intégrer les évolutions technologiques ou
les retours d?expérience d?autres territoires. Cette différenciation par la durabilité et la criticité invite
à hiérarchiser les actions en fonction de l?importance stratégique de chaque actif et de ses
caractéristiques structurelles.
La question de la gouvernance multi-niveaux se pose également dans cette étape d?analyse. Les
risques liés aux aléas climatiques débordent souvent les limites administratives d?une collectivité
ou d?un État. Les fleuves, les bassins hydrographiques, les infrastructures de transport, ou encore
les chaînes logistiques transrégionales impliquent des coopérations multiples. Les plans locaux
d?urbanisme doivent se coordonner avec les directives nationales sur la prévention des inondations,
et les gestionnaires d?infrastructures critiques peuvent avoir besoin d?accords de mutualisation
avec des acteurs distants. La vulnérabilité d?un territoire peut dépendre autant de facteurs internes
que d?éléments extérieurs (par exemple la dépendance à un réseau électrique interconnecté
soumis à des risques climatiques différents sur d?autres portions du territoire).
C?est dans ce contexte qu?intervient l?analyse coûts-risques-bénéfices, qui consiste à croiser
l?ampleur des dommages potentiels avec la criticité des services concernés et le coût des mesures
préventives. Dans un scénario de hausse des températures moyennes, les épisodes de canicule
peuvent générer des coûts en matière de santé publique et des pertes économiques, mais la mise
en place de systèmes de climatisation généralisée implique elle-même des coûts d?investissement
et d?exploitation, ainsi que des émissions supplémentaires si l?électricité utilisée n?est pas
décarbonée. L?arbitrage réside alors dans la comparaison entre l?acceptation d?une part de risque,
la disponibilité de solutions alternatives et la valeur reconnue à la continuité de service.
Au terme de ces étapes, la démarche aboutit à un diagnostic climato-sensible du territoire ou du
secteur considéré. Sur cette base, les mesures d?adaptation peuvent être élaborées, priorisées et
insérées dans la planification. La TRACC, en offrant un langage commun et une quantification
partagée des aléas, favorise une coordination verticale (entre l?État et les collectivités) et
horizontale (entre différents secteurs), tout en réduisant les disparités d?approche. Cette approche
permet la production d?un ensemble d?études ou de cartographies illustrant les résultats des
analyses d?exposition, des analyses de sensibilité et des analyses de risque qui en découlent.
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Annexe 9.2. Élaboration et mise en oeuvre d?une
stratégie d?adaptation
Le cadre méthodologique décrit précédemment fournit une vision structurée de l?évaluation des
risques climatiques, mais il ne constitue qu?une première étape. Il importe désormais de
transformer les enseignements de cette analyse en mesures concrètes, organisées au sein d?une
stratégie d?adaptation capable de répondre aux aléas futurs et de renforcer la résilience des
territoires. La TRACC fournit un socle commun de connaissances permettant d?orienter les
décisions, mais chaque acteur doit ensuite déployer des solutions adaptées à son contexte
opérationnel et à ses marges de manoeuvre.
Annexe 9.2.1 Recensement et hiérarchisation des solutions
d?adaptation
Au sortir de l?analyse de vulnérabilité, les acteurs disposent d?une cartographie des risques
climatiques et d?une compréhension plus fine des fragilités de leurs infrastructures, de leurs
écosystèmes et de leurs processus socio-économiques. Ils disposent également d?une vision claire
de leur périmètre d?action et des fonctionnalités qu?ils souhaitent préserver. La première étape pour
passer à l?action consiste à recenser l?ensemble des solutions d?adaptation envisageables, en
prenant en compte la diversité des approches. Les solutions peuvent être technologiques
(adaptation d?un process industriel, adoption de cultures résistantes à la sécheresse, conception
de digues plus robustes), structurelles (modification de l?urbanisme pour laisser plus d?espace aux
cours d?eau, création de zones tampons pour l?infiltration), organisationnelles (plans d?urgence,
mutualisation des ressources entre collectivités), ou encore comportementales (changements
d?habitudes de consommation, sensibilisation à l?économie d?eau, etc.).
Cet inventaire exhaustif repose sur un dialogue étroit entre experts sectoriels, ingénieurs,
planificateurs et acteurs de terrain. Pour les transports, par exemple, il convient d?examiner à la
fois les améliorations envisageables dans le tracé ou l?entretien des infrastructures routières et
ferroviaires, mais aussi la possibilité d?une réorganisation des flux logistiques pour éviter les heures
les plus chaudes de la journée en cas de canicule. Dans le domaine agricole, on peut envisager la
diversification des cultures, la reconstitution de haies, le stockage d?eau d?irrigation ou l?usage
accru de variétés moins sensibles au stress hydrique. Les solutions relevant de la gestion des
ressources naturelles sont également multiples : on peut renforcer la capacité de rétention des sols,
restaurer les zones humides, favoriser la continuité écologique des milieux aquatiques.
Une fois ce panorama établi, il convient de procéder à une hiérarchisation des solutions, dans la
mesure où il est rarement possible de déployer simultanément toutes les mesures. Cette
priorisation implique de croiser plusieurs critères afin d?aboutir à une analyse coûts-risques-
bénéfices adaptée aux contextes territoriaux ou sectoriels. Le premier critère renvoie à l?impact
potentiel en termes de réduction de la vulnérabilité. Une mesure qui permet de sécuriser une
fonction vitale (alimentation en eau potable, continuité de service d?un hôpital, fonctionnement d?un
réseau électrique) ou de protéger des populations nombreuses a normalement vocation à être
placée en tête de liste.
Le deuxième critère touche à la faisabilité technique et financière. Certains projets, bien que très
efficaces pour réduire les risques, peuvent exiger des investissements initiaux considérables ou
des compétences spécialisées indisponibles localement. Il appartient alors aux décideurs de
déterminer si des financements nationaux ou européens, des partenariats industriels ou des
subventions ciblées sont accessibles pour concrétiser ces projets. Lorsque ce n?est pas le cas, des
solutions moins ambitieuses, mais plus faciles à mettre en oeuvre, peuvent constituer un premier
pas décisif vers l?adaptation.
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
Avril 2025
Préconisations pour la mise en oeuvre de la TRACC dans
les politiques de l?environnement, du climat, de l?énergie,
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Le troisième critère concerne l?acceptabilité sociale et environnementale. Une digue de protection
contre les inondations peut être très efficace pour préserver l?urbanisation existante, mais elle
risque de déplacer le risque vers des zones moins protégées ou de perturber les dynamiques
écologiques d?un cours d?eau. De même, l?installation massive de climatiseurs peut augmenter la
consommation d?énergie et générer des îlots de chaleur supplémentaires en zone urbaine.
L?évaluation des conséquences indirectes des mesures d?adaptation s?avère donc essentielle pour
éviter les maladaptations.
La hiérarchisation finale tient compte de ces multiples facteurs et débouche sur une liste d?actions
jugées prioritaires, assorties d?un calendrier indicatif de mise en oeuvre. Les actions peuvent être
classées selon leur urgence (par exemple, garantir la stabilité d?un barrage déjà fragilisé), leur
importance stratégique (assurer la résilience d?un réseau d?électricité alimentant plusieurs régions),
ou encore leur caractère transverse (actions qui, en s?attaquant à une problématique, réduisent
simultanément d?autres vulnérabilités). Cette vision d?ensemble, formalisée parfois sous forme de
fiches-action ou de plans de mesures, permet aux acteurs de concentrer leurs efforts et leurs
ressources sur des initiatives à fort impact.
L?adaptabilité et la progressivité des mesures constituent un autre paramètre à prendre en compte.
Certaines solutions nécessitent un changement immédiat et radical, par exemple le renforcement
urgent d?ouvrages exposés à des crues centennales, tandis que d?autres peuvent être mises en
place par paliers, à mesure que les connaissances s?affinent ou que les opportunités de
financement apparaissent. Une collectivité peut ainsi choisir de surélever progressivement ses
digues, ou de programmer la rénovation thermique de ses bâtiments publics sur plusieurs années,
en profitant du renouvellement naturel du parc immobilier.
Cette réflexion et cette hiérarchisation aboutissent ainsi à l?identification de trajectoires possibles
pour mettre en oeuvre l?adaptation, en décrivant différents chemins d?action selon le niveau
d?ambition, le rythme d?investissements et les incertitudes à gérer. Ces trajectoires, parfois
graduelles ou différenciées en fonction de l?évolution du climat et des capacités de chaque acteur,
constituent un référentiel précieux pour la suite du processus. Elles permettent de visualiser
comment les actions prioritaires, les mesures plus modestes ou les alternatives encore en réflexion
peuvent s?enchaîner et s?ajuster, en maintenant une cohérence d?ensemble tout au long de la
montée en résilience.
Annexe 9.2.2 Élaboration d?un plan d?action et mise en oeuvre
Au-delà de la définition des solutions d?adaptation et de leur hiérarchisation, la démarche doit se
formaliser dans un plan d?action cohérent, gage de clarté et de lisibilité pour l?ensemble des parties
prenantes. Cette étape consiste à organiser les mesures retenues autour d?objectifs opérationnels,
à préciser les acteurs responsables de leur réalisation, les ressources mobilisées et les modalités
de suivi. Elle constitue la concrétisation des trajectoires définies précédemment.
Le plan d?action s?articule souvent autour de grands axes, reflétant les priorités identifiées dans
l?analyse de vulnérabilité. Certains axes peuvent concerner la pérennité des infrastructures
essentielles (réseaux de transport, hôpitaux, systèmes de télécommunication), d?autres la gestion
durable des ressources naturelles (eau, forêts, terres agricoles), d?autres encore la protection des
populations face aux événements extrêmes (crues, canicules, tempêtes). Chacun de ces axes est
décliné en objectifs spécifiques, qui décrivent la cible à atteindre (par exemple réduire de 30 % les
coupures de réseau en cas de canicule, limiter la vulnérabilité de certains quartiers exposés aux
submersions marines).
Pour chaque objectif, les actions concrètes sont listées et assorties d?un échéancier. Cette
planification dans le temps doit tenir compte des contraintes techniques et financières, ainsi que
des processus de décision et de passation de marchés. La construction d?une digue ou le
renforcement d?un pont peuvent exiger plusieurs années d?études, d?autorisations administratives
et de travaux, tandis qu?une campagne de sensibilisation peut être mise en place plus rapidement,
à condition d?en avoir validé le contenu et le financement.
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Rapport n° 015725-01
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Le plan d?action doit également préciser qui est responsable de la mise en oeuvre des mesures.
Dans certains cas, l?État est directement compétent (par exemple pour l?entretien de grands
barrages ou de routes nationales). Dans d?autres, c?est une collectivité territoriale ou un syndicat
mixte qui possède la compétence et les moyens de conduire le projet. Les entreprises publiques
ou privées (opérateurs de transport, compagnies d?électricité, industriels) sont aussi susceptibles
d?être associées, lorsque leurs infrastructures ou leurs activités se situent au coeur de la
problématique. Enfin, le secteur associatif et la société civile peuvent jouer un rôle dans l?animation
de programmes de sensibilisation ou l?appui à certaines innovations locales (reforestation,
permaculture, éco-rénovation des habitats, etc.).
Le plan d?action doit être assorti d?indicateurs clairs permettant d?évaluer l?avancement et l?efficacité
des mesures adoptées. Un indicateur peut refléter, par exemple, le nombre de mètres linéaires de
digues renforcées, la vitesse de réaction des services de secours en cas d?inondation, la part
d?habitations dotées d?équipements de climatisation passive, ou encore la diminution observée du
ruissellement urbain. L?important est que ces indicateurs soient précisément définis, mesurables,
et qu?ils puissent être suivis à intervalles réguliers pour déterminer très clairement et de manière
transparente si les objectifs sont atteints ou si des ajustements s?imposent.
Au-delà de l?élaboration du plan, sa mise en oeuvre effective dépend largement de la disponibilité
des financements, des compétences et de la volonté politique. Les actions jugées prioritaires dans
la hiérarchisation n?obtiendront pas forcément les ressources nécessaires si elles ne s?inscrivent
pas dans un dispositif de soutien adapté (subventions, appels à projets, partenariats public-privé,
etc.). Il revient donc aux porteurs du plan d?action d?identifier les mécanismes de financement
appropriés et de constituer des dossiers solides justifiant la pertinence économique, sociale et
environnementale des projets.
La question du contrôle et de l?ajustement permanent se pose également. Une stratégie
d?adaptation ne saurait être figée, car le contexte climatique, technologique et réglementaire évolue.
On peut ainsi instaurer un dispositif de revue périodique (par exemple tous les trois ou cinq ans)
pour réexaminer le plan d?action, évaluer la progression des chantiers et mesurer l?adéquation
entre les mesures mises en oeuvre et les scénarios climatiques en vigueur. Cette revue offre
l?occasion de réorienter les investissements, de remplacer certaines approches devenues
obsolètes ou d?ajouter de nouvelles mesures rendues possibles par l?innovation.
La culture de l?itération et du retour d?expérience s?avère donc indispensable. Une collectivité ayant
expérimenté avec succès de nouvelles pratiques de gestion de l?eau en période de sécheresse
peut partager ses résultats avec d?autres territoires confrontés à des problèmes similaires. Cette
mutualisation des connaissances et des compétences contribue à faire évoluer la stratégie
d?adaptation à un niveau plus large, en évitant la répétition d?erreurs ou la dispersion des
innovations réussies.
Dans un même temps, l?intégration de la TRACC dans les choix stratégiques confère une
cohérence d?ensemble : les acteurs bénéficient d?un référentiel partagé sur l?évolution du climat,
ce qui limite les divergences méthodologiques et favorise la mise en commun de ressources. Les
infrastructures dimensionnées selon des hypothèses de réchauffement cohérentes sont plus
susceptibles de résister durablement aux aléas futurs. Les politiques agricoles ou urbaines qui
s?appuient sur le même jeu de données climatiques sont également plus facilement coordonnables.
Au final, l?objectif de cette démarche d?élaboration de la stratégie d?adaptation est de parvenir à un
équilibre entre la nécessité d?agir rapidement (pour prévenir des risques déjà sensibles ou
anticipables) et la nécessité de prendre en compte des horizons de temps plus longs (pour préparer
la résilience à des perturbations encore plus marquées). Les solutions mises en place doivent non
seulement être efficaces contre les aléas actuels, mais aussi évolutives, afin de pouvoir être
renforcées ou modifiées si les trajectoires climatiques les plus sévères se confirment. Les efforts
déployés dans l?adaptation s?inscrivent ainsi dans un continuum où l?amélioration de la
connaissance et la montée en compétence des acteurs vont de pair avec l?innovation et la
recherche de financements pérennes.
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Rapport n° 015725-01
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La phase d?élaboration et de mise en oeuvre de la stratégie d?adaptation constitue, en somme, le
pivot entre le diagnostic des vulnérabilités et la concrétisation des politiques publiques ou des
initiatives privées. L?évaluation méthodique des solutions possibles, leur hiérarchisation, leur
inscription dans un plan d?action, et leur suivi régulier garantissent une approche structurée et
dynamique. Les territoires et les secteurs qui se dotent ainsi d?une stratégie claire et partagée sont
mieux armés pour répondre aux défis climatiques, réduire leurs vulnérabilités et saisir les
opportunités d?innovation qui peuvent découler de cette transformation adaptative.
Annexe 9.3. Formation et renforcement des
capacités
L?intégration de la TRACC dans les politiques et plans d?adaptation s?accompagnera aussi d?un
besoin accru en compétences, aussi bien chez les acteurs publics que privés. Les projections
climatiques et leurs implications sur les infrastructures, les services et les territoires représentent
en effet un champ nouveau pour nombre d?organisations, qui doivent apprendre à manipuler des
données parfois complexes, à évaluer les incertitudes et à élaborer des plans d?action sur le long
terme. Pour y parvenir, la mise en place d?une offre de formation et d?accompagnement adéquate
constitue un prérequis incontournable.
Annexe 9.3.1 Renforcer les compétences des acteurs publics
et privés
Il est aujourd?hui essentiel de disposer au sein des administrations, des collectivités territoriales et
des entreprises d?une expertise spécifique sur la climatologie et les outils de modélisation.
Comprendre la richesse des données climatiques produites par des portails tels que DRIAS ou par
le projet Explore2, dialoguer avec les services scientifiques et traduire ces informations techniques
en scénarios opérationnels exige de véritables compétences, à la fois techniques et de
vulgarisation. Si, pour certains grands opérateurs, il peut être envisageable de constituer leur
propre équipe spécialisée, la plupart des organisations doivent au moins pouvoir s?appuyer sur des
collaborateurs formés à la lecture et à l?interprétation des projections climatiques, ou sur des
prestataires externes disposant de ce savoir-faire.
Parallèlement, l?analyse de la vulnérabilité et l?anticipation des évolutions futures ne se limitent pas
à la production de cartes d?exposition aux aléas. Mener des études de vulnérabilité engage un
travail d?enquête approfondi, mobilisant des compétences en prospective et en organisation. Il
s?agit de comprendre comment, dans le fonctionnement concret d?une structure, les aléas
climatiques peuvent perturber les processus opérationnels, les approvisionnements, la logistique
ou encore la relation avec les usagers. Savoir animer des ateliers de réflexion, récolter les retours
d?expérience, identifier des signaux faibles dans l?historique des pannes ou des incidents, décrire
les chaînes d?impacts et imaginer des scénarios d?évolution constitue une base préalable à la mise
en oeuvre de solutions pertinentes.
Certains choix d?adaptation peuvent enfin s?avérer particulièrement engageants à long terme, tant
sur le plan financier que technique. Cela nécessite alors une expertise en aide à la décision en
situation d?incertitude, dans laquelle on compare différentes options stratégiques ou
technologiques en tenant compte de critères comme la robustesse, la flexibilité ou l?acceptabilité
économique. Cette approche, déjà pratiquée dans certains domaines (défense, assurance),
gagnerait à être mieux diffusée pour aider les acteurs à évaluer, par exemple, l?opportunité de
grands investissements ou l?intérêt de renforcer progressivement des infrastructures.
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Rapport n° 015725-01
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Ces compétences se combinent à des capacités d?animation et de facilitation. L?adaptation est un
processus collectif, qui implique une pluralité de métiers et de services. Les acteurs chargés de
piloter la démarche doivent donc être en mesure d?organiser des concertations, de communiquer
aisément avec des profils très variés, et de faire émerger une vision partagée de la résilience. Cette
hybridation des expertises ? climat, prospective, aide à la décision, animation ? est un point clé
pour que chaque entité puisse, sur le long terme, développer ses propres apprentissages et ne
pas rester dépendante d?interventions extérieures ponctuelles.
Annexe 9.3.2 Vers un programme national de formation ?
Pour orchestrer de manière cohérente ces actions de formation et en amplifier la portée, il peut
s?avérer pertinent de mettre en place un programme national de formation qualifiante sur
l?adaptation au changement climatique. Ce programme, porté par les ministères compétents et en
coordination avec les opérateurs publics tels que Météo-France, le Cerema ou l?Ademe, viserait à
former un large éventail d?acteurs : agents de l?État et de ses opérateurs, élus et techniciens des
collectivités, ingénieurs de bureaux d?études, et plus largement toute structure impliquée dans des
projets d?aménagement ou de gestion des ressources.
Ce programme national aurait pour objet de couvrir l?ensemble du champ des savoir-faire liés à
l?adaptation : compréhension des fondamentaux climatiques, intégration de la TRACC dans les
études de vulnérabilité, élaboration de plans d?action, suivi et évaluation des mesures, etc. Il devrait
inclure des sessions pratiques, des ateliers de simulation, ainsi que des modules consacrés aux
approches sectorielles (transport, bâtiment, agriculture, santé, etc.). Les participants obtiendraient
une reconnaissance formelle de leurs compétences, favorisant la professionnalisation des métiers
de l?adaptation et la reconnaissance de la TRACC comme référentiel central.
Les investissements consentis dans la formation sont rapidement compensés par la montée en
compétences des équipes, qui peuvent alors diagnostiquer plus finement les vulnérabilités,
formuler des solutions plus innovantes et conduire des projets d?adaptation d?une manière plus
intégrée.
Annexe 9.3.3 Développement d?outils d?accompagnement et
de partage des connaissances
Au-delà de la formation stricto sensu, l?adaptation se nourrit d?un échange permanent
d?informations et de méthodes. L?émergence de réseaux professionnels ou de plateformes
collaboratives dédiées permet de partager des retours d?expérience, des études de cas, des
benchmarks internationaux et des outils open source pour modéliser ou évaluer les risques
climatiques. Les acteurs déjà engagés dans des démarches peuvent ainsi diffuser leurs résultats
et en discuter avec leurs pairs. Parmi ces initiatives, on peut citer le Centre de ressources pour
l?adaptation au changement climatique mis en place par le ministère de la Transition écologique
avec le Cerema, l?Ademe et Météo-France46.
Le développement d?outils pédagogiques et techniques (guides méthodologiques, manuels
d?intégration de la TRACC dans les projets, simulateurs de stress-tests, etc.) participe également
à la diffusion de la culture de l?adaptation. Il convient de veiller à la lisibilité de ces outils, afin qu?ils
restent accessibles à des publics variés, depuis les bureaux d?études spécialisés jusqu?aux petites
communes manquant de moyens ou de compétences internes. Les opérateurs de l?État, qui
disposent d?expertises reconnues, doivent contribuer à leur élaboration, en synergie avec des
organismes internationaux, afin d?élargir rapidement les bénéficiaires de leurs actions à un nombre
plus important d?acteurs des territoires.
46 https://www.adaptation-changement-climatique.gouv.fr/
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Les dynamiques de réseau, quant à elles, facilitent la construction de référentiels communs. Un
acteur qui s?interroge sur la robustesse d?un modèle de projection ou sur la pertinence d?une
approche de zoning peut solliciter rapidement l?avis d?autres régions ou experts qui ont déjà mené
des analyses similaires. De même, la confrontation des résultats issus de différents territoires ou
secteurs peut aider à valider, ajuster ou remettre en question certaines approches. La création de
collectifs thématiques, rassemblant les professions de la construction, de l?urbanisme, de
l?agriculture ou encore de la santé autour du partage d?expérience, fait partie des leviers à
développer pour capitaliser sur l?intelligence collective.
Sur un plan plus large, il est capital que les programmes de recherche et développement, à la fois
publics et privés, s?inscrivent davantage encore dans la dynamique de l?adaptation. Au-delà des
travaux strictement scientifiques, il convient de développer, financer et coordonner des
expérimentations de terrain, permettant de confronter directement des prototypes ou des
approches technologiques nouvelles aux conditions climatiques actuelles et futures. De tels
dispositifs ouvrent la voie à des avancées concrètes : affinement des modèles de prévision, mise
au point de nouveaux matériaux résilients, mise en oeuvre de solutions fondées sur la nature, ou
encore développement d?outils numériques facilitant la collecte et l?analyse de données. Ces
programmes doivent contribuer à la constitution d?un écosystème de l?adaptation, stimulant à la
fois le progrès scientifique et la diffusion rapide des innovations vers les acteurs opérationnels.
Annexe 9.3.4 Valorisation et reconnaissance des initiatives
d?adaptation
Les démarches d?adaptation peuvent, dans certains cas, bénéficier d?une reconnaissance formelle
pour valoriser les efforts consentis, guider les investisseurs ou informer le grand public. La création
de labels ou de certifications spécifiques encourage les organismes volontaires à se conformer à
des standards exigeants, tout en permettant aux partenaires et aux clients de repérer plus
facilement les acteurs engagés.
De tels labels peuvent porter sur des objets très variés : la résilience des bâtiments, la durabilité
des approvisionnements agricoles, la gestion responsable des ressources en eau, ou encore
l?exemplarité d?un réseau d?infrastructures critiques. Ils incitent les porteurs de projet à intégrer la
TRACC dans leur analyse de vulnérabilité et peuvent stimuler l?innovation en encourageant des
solutions nouvelles dans leur secteur.
Annexe 9.4. Communication et engagement des
parties prenantes
Pour être pleinement efficaces, l?intégration de la TRACC dans les politiques publiques et la mise
en place d?actions d?adaptation nécessitent une forte adhésion de l?ensemble des acteurs
concernés. Il ne suffit pas de disposer d?études techniques fiables ou de stratégies solides si les
parties prenantes ne se mobilisent pas pour les mettre en oeuvre et les faire évoluer. La
communication et l?engagement recouvrent un éventail de démarches complémentaires, allant de
la sensibilisation des équipes internes et du grand public jusqu?à la co-construction de politiques
d?adaptation avec les territoires, en passant par des processus de concertation formalisés.
Annexe 9.4.1 Communication interne et partage
d?informations
Pour que les plans d?adaptation soient menés avec cohérence, il est primordial que l?information
circule de manière fluide et transparente au sein des organisations. Les services de l?État, les
collectivités territoriales, les opérateurs d?infrastructures et les entreprises doivent pouvoir accéder
aisément aux résultats des études climatiques, aux projections associées à la TRACC, aux retours
d?expérience d?autres territoires et aux outils développés pour mesurer ou réduire la vulnérabilité.
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Dans la sphère publique, des mécanismes de coordination entre les ministères et les services
déconcentrés pourraient faciliter la prise en compte du changement climatique de manière
transversale. De même, au sein des collectivités ou dans le secteur privé, la mise en place de
canaux de communication structurés pourrait contribuer à diffuser rapidement les alertes, les
méthodologies et les bonnes pratiques. Une culture commune de l?adaptation est ainsi susceptible
d?émerger, limitant les possibles incohérences entre services ou directions.
Annexe 9.4.2 Concertation avec les acteurs locaux et les
secteurs d?activité
Les politiques d?adaptation ayant une forte incidence territoriale, il est indispensable d?inclure dans
la réflexion et l?action les parties prenantes situées au plus près du terrain. Les élus locaux, les
acteurs économiques, les gestionnaires de réseaux, les associations de protection de
l?environnement ou encore les habitants eux-mêmes possèdent des connaissances diverses des
spécificités locales, des points de blocage et des opportunités à saisir.
La concertation peut prendre différentes formes : ateliers de travail thématiques, réunions
publiques, enquêtes de terrain, etc. L?objectif est de coconstruire les diagnostics (identification des
vulnérabilités, définition des seuils critiques) et les solutions, en tenant compte des contraintes et
des ressources propres à chaque territoire. Les documents de planification peuvent ainsi intégrer
des propositions issues du terrain, maximisant leur pertinence et leur acceptation.
Lorsque la concertation est bien menée, elle contribue à réduire les résistances au changement.
Les parties prenantes peuvent être plus enclines à accepter des mesures d?adaptation parfois
contraignantes (modifications de l?occupation des sols, adoption de normes de construction plus
exigeantes, réorganisations logistiques) si elles en perçoivent la nécessité et les bénéfices à moyen
ou long terme. Elles peuvent aussi faire valoir des expériences alternatives, issues de savoir-faire
locaux ou de pratiques traditionnelles, qui peuvent se révéler précieuses pour enrichir la palette
des solutions.
Annexe 9.4.3 Sensibilisation du grand public et participation
citoyenne
Au-delà des acteurs directement impliqués dans la mise en oeuvre de la TRACC, et plus largement
de l?adaptation au changement climatique, la population dans son ensemble a un rôle à jouer. Le
succès de nombreuses mesures d?adaptation dépend de changements de comportement (sobriété
énergétique, réduction de la consommation d?eau, adoption de solutions de mobilité plus durables),
ou de l?acceptation d?investissements publics. Par conséquent, sensibiliser le grand public aux
enjeux climatiques et à l?utilité d?une démarche d?adaptation s?avère essentiel.
Cette sensibilisation peut s?appuyer sur des campagnes d?information (sites internet dédiés,
publications dans la presse locale, interventions dans les établissements scolaires), sur des
évènements ponctuels (forums, expositions, séminaires) ou sur des dispositifs de participation
citoyenne. Les collectivités pionnières montrent souvent que l?implication proactive des habitants
facilite l?émergence de projets adaptés au contexte local, qu?il s?agisse d?agriculture urbaine, de
végétalisation, d?actions de solidarité lors de canicules ou de mutualisation d?équipements en cas
de crise.
Dans l?ensemble, la communication et l?engagement des parties prenantes permettent de créer un
environnement propice à l?adaptation, en favorisant la transparence, la compréhension mutuelle et
la co-construction. Les informations scientifiques et techniques, lorsqu?elles sont transmises de
manière accessible et contextualisée, gagnent en crédibilité, et les mesures d?adaptation, à leur
tour, s?ancrent davantage dans les réalités locales et bénéficient d?un soutien plus large.
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Pour que l?adaptation s?inscrive durablement dans les mentalités, il peut également être utile de
souligner les réussites et de donner une visibilité à celles et ceux qui agissent. Les campagnes de
sensibilisation aident à mieux faire comprendre les enjeux climatiques, à faire connaître les
solutions déjà disponibles et à encourager leur réplicabilité. Elles peuvent prendre la forme de
concours, de prix ou de distinctions officielles, décernées aux acteurs ayant mené des initiatives
exemplaires.
Au-delà de l?impact médiatique, ces formes de reconnaissance créent une émulation positive entre
territoires, secteurs et organisations, en incitant chacun à s?inspirer des expériences réussies et à
partager les enseignements tirés. Elles renforcent également le sentiment d?urgence collective,
tout en démontrant qu?il est possible de s?adapter efficacement aux défis climatiques lorsque les
acteurs mobilisent leurs compétences et leurs ressources autour d?objectifs partagés.
PUBLIÉ
Site internet de l?IGEDD :
« Les rapports de l?inspection »
PUBLIÉ
https://www.igedd.developpement-durable.gouv.fr/spip.php?page=liste-actualites&lang=fr&id_mot=1187&debut_rub_actus=0
https://www.igedd.developpement-durable.gouv.fr/spip.php?page=liste-actualites&lang=fr&id_mot=1187&debut_rub_actus=0
Sommaire
Résumé
Liste des recommandations
Introduction
1 Contexte et questions clés
1.1 Notions clés
1.1.1 Le PNACC
1.1.2 La TRACC
1.1.3 L?adaptation au changement climatique
1.1.4 Vulnérabilités au changement climatique
1.2 Souhaite-t-on faire de la TRACC seulement une « boussole » ou convient-il de conférer à cet outil des effets juridiques et financiers ?
1.2.1 Les grandes options possibles
1.2.1.1 Les options juridiques
1.2.1.2 Les options non juridiques :
1.2.2 Conférer à la TRACC des effets juridiques et financiers comporte à la fois des risques et des opportunités.
1.2.2.1 Opportunités
1.2.2.2 Risques
1.2.3 Comment limiter ces risques ?
2 Ancrer dans le droit le PNACC et la TRACC
2.1 Situation actuelle : un encadrement juridique faible de l?adaptation mais une préoccupation croissante des juridictions :
2.2 Contexte européen
2.2.1 Le droit de l?UE prévoit des plans d?adaptation mais pas de TRACC à ce jour
2.2.2 La stratégie européenne d?adaptation au changement climatique pourrait s?appuyer sur des références de réchauffement :
2.2.3 La taxonomie verte européenne et la directive CSRD sur le reporting sur les informations en matière de durabilité, en cours de déploiement, prévoient des évaluations de vulnérabilité sur la base des scénarios du GIEC
2.3 Loi ou décret pour fonder juridiquement PNACC et TRACC ? :
2.3.1 La voie législative permettrait d?afficher un niveau d?ambition élevé? :
2.3.2 ? mais la voie réglementaire parait suffisante s?il s?agit seulement de fonder le PNACC et la TRACC :
2.4 Développer un processus incitatif sur la base de la TRACC
2.5 Ajuster le cadre réglementaire en rendant obligatoires dans certains cas des études de vulnérabilité (EV) sur la base de la TRACC :
3 Politiques publiques impactées
3.1 Plans et programmes territoriaux transversaux
3.1.1 Niveau local
3.1.1.1 PCAET et SCoT
3.1.1.2 Plans locaux d?urbanisme (PLU), PLU intercommunaux (PLUi) et cartes communales (CC)
3.1.2 Niveau régional
3.2 Évaluation environnementale
3.2.1 Plans et programmes ayant une incidence notable sur l?environnement à l?exception des plans et programmes en matière d?urbanisme
3.2.2 Plans et programmes ayant une incidence notable sur l?environnement en matière d?urbanisme
3.2.3 Projets de travaux, d?ouvrages ou d?aménagements soumis à étude d?impact
3.3 Approche sectorielle
3.3.1 Environnement
3.3.1.1 Eau
3.3.1.2 Trait de côte
3.3.1.3 Espèces protégées-biodiversité-forêts :
3.3.2 Risques
3.3.2.1 Risques naturels
3.3.2.2 Risques technologiques :
3.3.3 Construction, aménagement et urbanisme :
3.3.4 Gestionnaires de réseaux d?infrastructures
3.3.4.1 Transports
3.3.4.2 Énergie
3.4 Politiques publiques ne relevant pas du périmètre de la mission :
4 Méthodologie et outils pour l?intégration de la TRACC
4.1 Cadre méthodologique pour l?évaluation des risques climatiques
4.2 Élaboration et mise en oeuvre d?une stratégie d?adaptation
4.3 Gouvernance et portage politique
4.3.1 Structures de gouvernance et coordination des acteurs
4.3.2 Pilotage de la TRACC
4.4 Financements et mécanismes d?incitation
4.4.1 Mobiliser des financements dédiés à l?adaptation
4.4.2 Mécanismes d?incitation et de conditionnalité
4.4.2.1 Mécanismes financiers et incitations fiscales
4.4.2.2 Conditionnalité et transparence des financements
4.5 Renforcement des capacités et reconnaissance des initiatives en matière d?adaptation
4.5.1 Développement des compétences et structuration d?un programme de formation
4.5.2 Partage des connaissances et outils d?accompagnement
4.5.3 Valorisation et reconnaissance des démarches d?adaptation
Conclusion
Annexes
Annexe 1. Lettre de mission
Annexe 2. Liste des personnes rencontrées
Annexe 3. Glossaire des sigles et acronymes
Annexe 4. Phasage de la mise en oeuvre des recommandations
Annexe 5. Précisions sur la TRACC
Annexe 5.1. Construction de la TRACC
Annexe 5.2. TRACC et Scénarios du GIEC
Annexe 5.3. Déclinaison de la TRACC
Annexe 5.4. Pourquoi la TRACC ?
Annexe 6. Jurisprudences en matière d?adaptation au changement climatique
Annexe 7. Textes à prendre ou à modifier pour la mise en oeuvre de la TRACC
Annexe 8. Précisions complémentaires sur la Taxonomie verte européenne et la directive CSRD
Annexe 9. Cadre méthodologique pour l?adaptation au changement climatique
Annexe 9.1. Cadre méthodologique pour l?évaluation des risques climatiques
Annexe 9.1.1 Définition des objectifs et principes méthodologiques
Annexe 9.1.2 Analyse des vulnérabilités et des risques climatiques
Annexe 9.2. Élaboration et mise en oeuvre d?une stratégie d?adaptation
Annexe 9.2.1 Recensement et hiérarchisation des solutions d?adaptation
Annexe 9.2.2 Élaboration d?un plan d?action et mise en oeuvre
Annexe 9.3. Formation et renforcement des capacités
Annexe 9.3.1 Renforcer les compétences des acteurs publics et privés
Annexe 9.3.2 Vers un programme national de formation ?
Annexe 9.3.3 Développement d?outils d?accompagnement et de partage des connaissances
Annexe 9.3.4 Valorisation et reconnaissance des initiatives d?adaptation
Annexe 9.4. Communication et engagement des parties prenantes
Annexe 9.4.1 Communication interne et partage d?informations
Annexe 9.4.2 Concertation avec les acteurs locaux et les secteurs d?activité
Annexe 9.4.3 Sensibilisation du grand public et participation citoyenne
INVALIDE) (ATTENTION: OPTION t climatique auquel il convient de se préparer dépend de la durée de
vie des actifs (et donc de l?horizon considéré), de l?intensité du risque et de la tolérance / aversion
au risque. EDF souligne ainsi qu?il convient d?utiliser des projections plus contraignantes que la
TRACC en fin de siècle, notamment en matière de sûreté.
Les acteurs qui disposent d?une certaine maturité en matière d?adaptation au changement
climatique, en raison des enjeux majeurs auxquels ils sont confrontés (ex : grands gestionnaires
de réseaux, infrastructures critiques), utilisent depuis longtemps plusieurs scénarios, dont l?un
est souvent assez proche de la TRACC. Cette pratique vertueuse doit se poursuivre.
En troisième lieu, il n?est pas proposé d?entrer dans le détail de ce qui doit être contenu dans les
études de vulnérabilité. Il appartient en effet aux autorités compétentes de définir leur niveau
d?ambition et le degré de précision souhaité en fonction de leurs moyens financiers17 , et de la
proportionnalité des efforts au regard des enjeux.
Enfin, comme indiqué plus haut au 1.2.3, et plus loin, dans le chapitre 4 (et dans l?annexe 9), ces
nouvelles obligations ne devraient être effectives qu?une fois l?accompagnement technique et
financier de l?État mis en place.
3.1 Plans et programmes territoriaux transversaux
La législation française prévoit de nombreux plans et programmes territoriaux transversaux
introduits et modifiés au fil du temps. Certains d?entre eux, notamment les SRADDET et les PCAET,
prévoient de prendre en compte l?adaptation au changement climatique. Ils constituent des points
d?entrée clés pour nourrir une démarche territorialisée d?adaptation au changement climatique.
Comme indiqué plus haut, la réalisation d?études de vulnérabilité, véritablement territorialisées, aux
conséquences du changement climatique constitue un préalable à toute démarche solide en la
matière.
17 Les coûts peuvent aller de quelques dizaines de milliers d?euros pour des études territoriales de base à plus d?un
million d?euros pour des infrastructures critiques et de très grandes collectivités désireuses de pousser le plus loin
possible la démarche).
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
Avril 2025
Préconisations pour la mise en oeuvre de la TRACC dans
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La mission propose de rendre ces études obligatoires à trois niveaux différents : national (cf. ci-
dessus), régional et local. Elle ne propose cependant pas d?aller au-delà de cette obligation, par
exemple s?agissant des mesures prises pour faire face aux vulnérabilités identifiées. Cela
supposerait en effet des textes de niveau législatif alors que les études d?impact peuvent s?inscrire
dans les diagnostics déjà prévus dans le cadre juridique actuel.
Hormis lorsque les plans ou programmes ou les projets seraient réalisés sous la responsabilité de
l?État, les textes projetés n?iraient pas au-delà de cette simple précision.
A ce stade, il s?agit d?enclencher un processus de long terme d?adaptation au changement
climatique avec une « prescriptivité » initiale minimale. On peut de plus considérer que les
collectivités concernées s?efforceront de définir les actions à prendre pour faire face aux
vulnérabilités constatées même si une disposition juridique formelle n?est pas prise en ce sens.
Il parait en effet que les principes constitutionnels et législatifs tels que le principe de précaution et
l?attention qu?y portent désormais les juridictions ainsi que l?ensemble des processus
démocratiques entourant l?adoption de ces actes conduiront nécessairement leurs auteurs à
expliquer la manière dont ils tiendront compte des résultats de ces études. Leurs choix, qui devront
prendre en compte un très grand nombre de facteurs, ne paraissent pas devoir être encadrés et
encore moins limités.
Enfin, le respect de l?obligation de réaliser des études de vulnérabilité sur la base de la TRACC
sera soumis au contrôle de légalité effectué par le préfet de département avec l?appui des services
de l?État dans le cadre plus général de son contrôle sur les documents en question.
3.1.1 Niveau local
Au niveau local, compte tenu du très grand nombre de communes de petites tailles, le périmètre à
privilégier paraît être l?intercommunalité et en particulier les documents qui sont élaborés à ce
niveau, comme les plans Climat Air Énergie territoriaux (PCAET) ou, à défaut, les schémas de
cohérence territoriale (SCoT).
3.1.1.1 PCAET et SCoT
PCAET
Le PCAET, centré sur les problématiques de climat et d?énergie est le cadre de planification
territorial à privilégier.
Selon, les termes de l?article L 229-26 du code de l?environnement, il doit comporter à la fois :
? « Les objectifs stratégiques et opérationnels (?) afin d'atténuer le changement
climatique, de le combattre efficacement et de s'y adapter, en cohérence avec les
engagements internationaux de la France » et ;
? un « programme d'actions à réaliser afin (?) de limiter les émissions de gaz à effet de
serre et d'anticiper les impacts du changement climatique ».
Afin d?élaborer un programme d?action solide, il est prévu, au niveau réglementaire, dans l?article
R 229-51 que le PCAET comporte « une analyse de la vulnérabilité du territoire aux effets du
changement climatique ».
Cependant la plupart des volets adaptation des PCAET ne sont pas territorialisés et les références
climatiques utilisées sont diverses. Il est donc proposé de compléter le I/ 6° de l?article R 229-51
par une référence à la TRACC.
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
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Le texte pourrait s?écrire comme suit : « une analyse de la vulnérabilité du territoire aux effets du
changement climatique effectuée sur la base des valeurs de réchauffement à court, moyen et
long terme de la trajectoire de référence pour l?adaptation au changement climatique
mentionnée à l?article R 229-4-118 ou, si cela est jugé pertinent par les autorités compétentes,
sur des hypothèses de réchauffement climatique entrainant des impacts plus négatifs au
regard de certains enjeux pour les acteurs concernés. Cette analyse précisera les
périmètres concernés, ainsi que les aléas à prendre en compte aux horizons temporels
pertinents. »
Cependant, le PCAET ne couvre que les intercommunalités dépassant 20 000 habitants et de
nombreux EPCI n?y sont pas assujettis. Il convient donc, en l?absence de PCAET, d?introduire une
référence à la TRACC dans un autre cadre de planification territorial intercommunal.
SCoT
L?instrument à privilégier en l?absence de PCAET est le SCOT. Il existe d?ailleurs un lien entre ces
deux instruments puisque le législateur a prévu, dans l?article L 141-17 du code de l?urbanisme, la
possibilité de les fusionner en établissant des SCOT tenant lieu de PCAET.
Le périmètre des politiques couvertes ou prises en compte par les SCoT, qui relèvent du code de
l?urbanisme et non du code de l?environnement, est plus large que celui des PCAET. En effet, le
SCoT est destiné à servir de cadre de référence pour les différentes politiques sectorielles,
notamment celles centrées sur les questions d?organisation de l?espace et d?urbanisme, d?habitat,
de mobilités, d?aménagement commercial, d?environnement, dont celles de la biodiversité, de
l?énergie et du climat.
Cas des SCoT valant PCAET
Le PCAET peut être élaboré à l?échelle du territoire couvert par un SCoT si tous les EPCI concernés
par l?élaboration de ce plan transfère à l?EPCI chargé du SCoT leurs compétences. Le SCoT vaut
alors PCAET (cf. L. 229-26 du code de l?environnement). Dans ce cas, les dispositions sur l?analyse
de vulnérabilité s?appliqueraient aussi aux SCoT valant PCAET en application de l?article
R. 141-11 du code de l?urbanisme.
Autres cas :
L?article L141-15 du code de l?urbanisme prévoit déjà, s?agissant d?adaptation au changement
climatique que le SCoT doit comprendre plusieurs annexes dont « un diagnostic du territoire » qui
« prend en compte (?) la prévention des risques naturels et l'adaptation au changement climatique
». Au niveau réglementaire, un nouvel article pourrait être créé avant l?article R. 141-8, dans la
section 3 sur les annexes du SCoT.
Il préciserait que le diagnostic du territoire prévu à l?article L141-15 comporte « en l?absence de
PCAET à réaliser ou réalisé, une analyse de la vulnérabilité du territoire aux effets du
changement climatique effectuée sur la base des valeurs de réchauffement à court, moyen
et long terme de la trajectoire de référence pour l?adaptation au changement climatique
mentionnée à l?article R 229-4-1? ou, si cela est jugé pertinent par les autorités compétentes,
sur des hypothèses de réchauffement climatique entrainant des impacts plus négatifs au
regard de certains enjeux pour les acteurs concernés,. Cette analyse précisera les
périmètres concernés ainsi que les aléas à prendre en compte aux horizons temporels
pertinents. ».
18 Nouvel article permettant de fonder juridiquement le PNACC et la TRACC (cf. point 2-3-1)
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Rapport n° 015725-01
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3.1.1.2 Plans locaux d?urbanisme (PLU), PLU intercommunaux (PLUi) et cartes
communales (CC)
Il n?apparaît pas opportun de multiplier les études de vulnérabilité à l?échelon local. Il n?est donc
pas proposé de rendre obligatoire dans les autres cadres de planification territoriaux, à l?échelle
locale, la réalisation d?études de vulnérabilité d?autant plus que les PLU, PLUi et CC doivent être
compatibles avec les SCoT et les PCAET.
Une telle démarche pourrait d?ailleurs s?avérer irréaliste et au final contre-productive, si elle était
introduite au niveau communal, compte tenu du très grand nombre de communes de petites et de
moyennes tailles et de leurs difficultés à faire face à une telle obligation.
En outre, contrairement à ce qui concerne les PCAET et les SCoT, le dispositif législatif existant
ne fait pas référence directement au climat mais mentionne seulement la protection de
l?environnement, sous diverses formes, et la consommation d?espace.
Ainsi, l?article L151-4 du code de l?urbanisme précise que le rapport de présentation du PLU :
? « s?appuie sur un diagnostic établi au regard des prévisions économiques et
démographiques et des besoins répertoriés en matière de développement économique, de
surfaces et de développement agricoles, de développement forestier, d'aménagement de
l'espace, d'environnement, notamment en matière de biodiversité, d'équilibre social de
l'habitat, de transports, de commerce, d'équipements notamment sportifs, et de services » ;
? et qu?il « analyse la consommation d'espaces naturels, agricoles et forestiers au cours des
dix années précédant l'arrêt du projet de plan ou depuis la dernière révision du document
d'urbanisme et la capacité de densification et de mutation de l'ensemble des espaces bâtis,
en tenant compte des formes urbaines et architecturales ».
L?article R.151-3 du code de l?urbanisme relatif à l?évaluation environnementale dans le rapport de
présentation du PLU mentionne le climat. Il précise que le rapport de présentation du PLU :
« analyse les incidences notables probables de la mise en oeuvre du plan sur l'environnement,
notamment, s'il y a lieu, sur la santé humaine, la population, la diversité biologique, la faune, la
flore, les sols, les eaux, l'air, le bruit, le climat, le patrimoine culturel architectural et archéologique
et les paysages et les interactions entre ces facteurs, et expose les problèmes posés par l'adoption
du plan sur la protection des zones revêtant une importance particulière pour l'environnement, en
particulier l'évaluation des incidences Natura 2000 mentionnée à l'article L. 414-4 du code de
l'environnement ».
Dans ce contexte, il apparaît difficile de mentionner une référence aux études de vulnérabilité en
matière d?adaptation au changement climatique par voie réglementaire. Il semble préférable de
procéder par une modification plus générale de l?évaluation environnementale (cf. ci-dessous au
point 3.2) étant souligné que dans le cadre de l?évaluation environnementale des plans et
programmes dans le domaine de l?urbanisme, il est possible de se référer « aux renseignements
relatifs à l?environnement figurant dans d?autres études, plans ou documents »19. Ainsi par exemple
l?évaluation environnementale des PLU, PLUi et CC pourra-t-elle prendre en compte les études de
vulnérabilité réalisées pour l?élaboration ou la révision du Scot ou du PCAET tout en étant
complétée si cela est jugé est nécessaire.
19 2ème alinéa de l?article R. 104-19 du code de l?urbanisme
PUBLIÉ
https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006074220&idArticle=LEGIARTI000006833746&dateTexte=&categorieLien=cid
https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006074220&idArticle=LEGIARTI000006833746&dateTexte=&categorieLien=cid
Rapport n° 015725-01
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A ce stade, la mission propose donc que ces documents planification prennent en compte la
TRACC dans le cadre de l?évaluation environnementale (cf. point 3-2) sans pour autant comporter
une étude de vulnérabilité spécifique.
Par la suite, au vu de l?expérience acquise dans la réalisation des études de vulnérabilité au niveau
intercommunal, il pourra être envisagé d?étendre cette obligation au niveau communal ce qui
supposera de passer par la Loi compte tenu de l?absence d?ancrage d?une telle obligation dans les
textes existants. La loi viendrait ainsi achever l?édifice au vu de l?expérimentation progressive
proposée dans le présent rapport.
3.1.2 Niveau régional
Au niveau régional, le document principal de planification territoriale comportant un volet sur le
climat est, en France métropolitaine hors Corse et Ile de France, le Schéma régional
d?aménagement, de développement durable et d?égalité des territoires (SRADDET). Il s?agit du
Schéma directeur de la Région Ile-de-France (SDRIF) en Ile de France, du Plan d?aménagement
et de développement durable de Corse PADDuC en Corse et des Schémas d?aménagement
régionaux (SAR) dans les départements d?outre-mer.
Le SRADDET fixe les objectifs de moyen et long terme en lien avec plusieurs thématiques :
équilibre et égalité des territoires, implantation des différentes infrastructures d?intérêt régional,
désenclavement des territoires ruraux, habitat, gestion économe de l?espace, intermodalité et
développement des transports, maîtrise et valorisation de l?énergie, lutte contre le changement
climatique, pollution de l?air, protection et restauration de la biodiversité, prévention et gestion des
déchets.
Les textes relatifs au SRADDET mentionnent l?adaptation au changement climatique mais ne
comportent pas de dispositions sur les études de vulnérabilités.
L?article L 4251-1 du code général des collectivités territoriales (CGCT) précise que le SRADDET
« fixe les objectifs de moyen et long terme sur le territoire de la région en matière d'équilibre et
d'égalité, (?), de lutte contre le changement climatique ».
Au niveau réglementaire, l?article R 4251-5 précise que :
« les objectifs relatifs au climat, à l'air et à l'énergie portent sur :
? l'atténuation du changement climatique ;
? l'adaptation au changement climatique ;
? la lutte contre la pollution atmosphérique ;
? la maîtrise de la consommation d'énergie, tant primaire que finale, notamment par la rénovation
énergétique ;
? le développement des énergies renouvelables et des énergies de récupération, notamment celui
de l'énergie éolienne et de l'énergie biomasse, le cas échéant par zones géographiques. »
L?article R 4251-13 énumère une série d?annexes au SRADDET. Il pourrait être complété comme
suit :
« 4° Une analyse de la vulnérabilité du territoire concerné aux effets du changement
climatique effectuée sur la base des valeurs de réchauffement à court, moyen et long terme
de la trajectoire de référence pour l?adaptation au changement climatique (TRACC)
mentionnée à l?article R 229-4-1 du code de l?environnement ou, si la Région en justifie le
besoin, sur des hypothèses de réchauffement climatique entrainant des impacts plus
négatifs au regard de certains enjeux pour les acteurs concernés. Elle précise les
périmètres, les aléas et les horizons temporels ainsi que les solutions envisagées pour y
faire face. »
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
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Enfin, les textes spécifiques concernant l?Ile de France, la Corse et les départements d?outre-mer
pourraient être complétés de la même manière (cf. Annexe 7).
Il conviendrait également de prévoir de telles études de vulnérabilités pour les documents
stratégiques de façade (DSF), qui ont un caractère inter-régional, comme cela est prévu dans
l?objectif 12 de la stratégie nationale mer et littoral (SNML) (cf. Annexe 7).
La mission propose donc la recommandation suivante :
Recommandation 3. [MTE] Modifier les dispositions réglementaires relatives aux plans et
programmes territoriaux dans le Code général des collectivités territoriales (SRADDET,
SDRIF, SAR, PADDuC), le code de l?environnement (PCAET, DSF) et le code de l?urbanisme
(SCoT), pour prévoir des études vulnérabilité fondées sur la TRACC ou des hypothèses de
réchauffement climatiques plus défavorables lors de l?adoption ou de la révision de ces
documents.
3.2 Évaluation environnementale
Le droit de l?Union européenne, transposé en droit interne, prévoit que certains plans et
programmes20 et certains projets21 qui ont une incidence notable sur l?environnement doivent faire
l?objet d?une évaluation environnementale. Cette évaluation comporte notamment une analyse de
l?évolution de l?environnement en absence du plan et du projet en cause.
La mission propose qu?elle soit réalisée sur la base de la TRACC prévue par l?article R. 229-4-1 du
code de l?environnement22 ou sur celle d?une trajectoire plus rapide ou d?un réchauffement plus
élevé dès lors que des études de vulnérabilité sont disponibles sur le territoire concerné.
En droit français, deux réglementations différentes s?appliquent aux plans et programmes selon
qu?ils interviennent ou non en matière d?urbanisme en application du IV de l?article L. 122-4 du code
de l?environnement.
3.2.1 Plans et programmes ayant une incidence notable sur
l?environnement à l?exception des plans et programmes en matière
d?urbanisme
Selon le droit de l?UE, et son interprétation par la Cour de justice de l?Union européenne, la notion
de plans et programmes soumis à évaluation environnementale se rapporte à tout acte qui encadre
la délivrance d?autorisation et la mise en oeuvre de projets susceptibles d?avoir des incidences
notables sur l?environnement.
Le code de l?environnement définit les plans et programmes soumis systématiquement à évaluation
environnementale23 et ceux qui y sont soumis après un examen au cas par cas24 par une autorité
environnementale.
20 Directive 2001/42/CE du 27 juin 2001 modifiée relative à l?évaluation des incidences de certains plans et
programmes sur l?environnement
21 Directive 2011/92/UE modifiée relative à l?évaluation des incidences de certains projets publics et privés sur
l?environnement
22 La mission propose de créer l?article R. 22-4-1 dans le code de l?environnement pour fonder juridiquement et
encadrer le PNACC et la TRACC (cf. 2.3.1.)
23 Voir le I de l?article R. 122-17 du code de l?environnement
24 Voir le II de l?article R. 122-17 du code de l?environnement
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La plupart de ces plans et programmes sont adoptés au niveau national, régional, intercommunal,
ou beaucoup plus rarement local, étant rappelé que les PLU et les cartes communales devraient
donner lieu à des études de vulnérabilité (par exemple certaines Unités touristiques nouvelles
(UTN), certains schémas d?aménagement de plage, Plans de prévention des risques
technologiques (PPRT).
L?article R. 122-20 du code précise l?objet de l?évaluation environnementale (son I) et le contenu
du rapport sur les incidences environnementales (son II). Il indique ainsi que l?évaluation
environnementale doit être proportionnée à l?importance du plan ou programme, aux effets de sa
mise en oeuvre ainsi qu?aux enjeux environnementaux de la zone considérée.
Le II de l?article R. 122-20 apparaît comme le meilleur endroit pour ancrer une référence à la
TRACC au sein des dispositions du code de l?environnement relatives à l?évaluation
environnementale des plans et programmes. Il s?agirait de préciser, dans le 2° du II, que « les
perspectives de l?évolution probable » de l?état de l?environnement sur le territoire concerné,
devraient être appréhendées sur la base de la TRACC ou si les autorités compétentes le jugent
nécessaire, sur celle d?hypothèses entrainant des impacts plus négatifs pour certains aléas.
En outre, alors qu?en l?état, le texte précise que ces perspectives d?évolution ne doivent être
analysées que si le plan ou programme n?est pas mis en oeuvre, la mission propose qu?elles le
soient dans toutes les hypothèses.
On remarquera qu?avec une telle approche, les dispositions du a) du 5° du II devraient conduire à
« exposer », à travers le « caractère positif » à « court, moyen ou long terme » des « incidences
notables probables sur l?environnement » du plan ou programme, non seulement les principales
mesures envisagées pour répondre aux enjeux que « l?évolution probable » de l?état de
l?environnement sur le territoire concerné aura mis en évidence, mais aussi les principaux impacts
attendus de ces mesures.
La modification de l?article R. 122-20 envisagée ici est donc potentiellement très forte, même s?il
ne s?agit pas comme au 3.1, au 3.3.1 et 3.3.2 d?imposer une étude de vulnérabilité à certains plans
et programmes particulièrement stratégiques (SRADDET, SDRIF, SAR, PADDUC, SCoT, DSF)
mais seulement de prendre en compte la TRACC dans la description de l?évolution de l?état de
l?environnement.
Ainsi, si pour les personnes publiques responsables de ces plans et programmes stratégiques, il
s?agirait à la fois de réaliser une étude de vulnérabilité (cf. le 1.1.4 pour la définition de l?étude de
vulnérabilité et l?annexe 9 sur le cadre méthodologique) se référant à la TRACC et de décrire, dans
leur évaluation environnementale, l?évolution de l?environnement avec cette même référence, pour
celles qui élaborent les autres plans et programmes, la nouvelle contrainte serait plus légère
car ne portant que sur la prise en compte de la TRACC dans la description de l?évolution de
l?environnement.
Il appartiendrait aux autorités environnementales, chargées de rendre des avis sur les rapports
environnementaux et les projets de plans ou programmes25, de conduire progressivement les
autorités responsables de leur élaboration à mieux fonder leurs travaux sur la TRACC. Cette
approche ne semble pas très différente de la pratique actuelle des autorités environnementales
qui, de manière sans doute encore inégale faute d?un réel cadre normatif, s?efforcent d?ores et déjà
de faire oeuvre de pédagogie.
25 Voir leIV de l?article R. 122-21 du code de l?environnement
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3.2.2 Plans et programmes ayant une incidence notable sur
l?environnement en matière d?urbanisme
En matière d?urbanisme, les plans et programmes soumis à évaluation environnementale sont
listés aux articles L. 104-1 et L. 104-2 du code de l?urbanisme.
Des dispositions générales existent pour ceux qui ne font pas l?objet d?un rapport de présentation
(article R. 104-18 du code de l?urbanisme) et des dispositions spécifiques y dérogeant sont prévues
pour les PLU (article R. 151-3), les cartes communales (R. 161-3), les directives territoriales
d?aménagement (DTA) (article R. 172-1), le schéma directeur de la région Ile-de-France (SDRIF)
(article R. 123-1). Parmi ces documents « dérogatoires », les PLU, les CC, et le SDRIF ont été
examinés précédemment au 3.1.1 et au 3.1.2.
Mais l?ensemble des plans et programmes d?urbanisme, le rapport environnemental (R. 104-18
précité) ou le rapport de présentation au titre de l?évaluation environnementale (dispositions
spécifiques précitées) comprend une « analyse de l?état initial de l?environnement et des
perspectives de son évolution ».
A l?exception du rapport de présentation du SDRIF qui devrait comporter une étude de vulnérabilité
(cf 3.1.2), la mission propose d?ajouter après ces mots « réalisée sur la base de la TRACC prévue
par l?article R 229-4-1 du code de l?environnement ou, si cela est jugé pertinent par les autorités
compétentes, sur celle d?hypothèses entrainant des impacts plus négatifs pour certains aléas ». Ici
également, cette analyse doit étudier l?état de l?environnement et son évolution si le document est
adopté ou s?il ne l?est pas (cf. annexe 7).
Comme évoqué au 3.1.1, l?article R. 104-19 du code de l?urbanisme autorise le rapport
environnemental ou le rapport de présentation à se référer « aux renseignements relatifs à
l?environnement figurant dans d?autres études, plans ou documents ».
Les études de vulnérabilité réalisées à l?occasion de l?élaboration des SRADDET, des PCAET, du
SDRIF ou des SCoT pourraient ainsi servir d?appui aux analyses de l?évolution de l?environnement
pour d?autres plans et programmes qui n?en disposent pas.
3.2.3 Projets de travaux, d?ouvrages ou d?aménagements soumis à étude
d?impact
S?agissant des projets de travaux, d?ouvrages ou d?aménagements soumis à évaluation
environnementale en application des articles L. 122-1 et R. 122-2 du code de l?environnement, le
contenu de l?étude d?impact, qui doit être proportionné aux enjeux en application du I de l?article R.
122-5, est défini au II de ce même article.
Le II de l?article R. 122-5 dispose que l?étude d?impact comportent notamment « 5° Une description
des incidences notables que le projet est susceptible d?avoir sur l?environnement résultant,
entre autres : (?) f) Des incidences du projet sur le climat et de la vulnérabilité du projet au
changement climatique ».
Cette rédaction semble montrer que la vulnérabilité du projet au changement climatique ne fait pas
l?objet d?une étude en soi, dont l?objectif serait d?améliorer la résilience du projet lui-même, mais
est abordée seulement sous l?angle des conséquences que la vulnérabilité du projet au
changement climatique est susceptible d?avoir sur l?environnement.
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Pour que soit étudiée à la fois la vulnérabilité au CC de l?ouvrage mais aussi son impact sur
l?environnement en matière d?adaptation au CC, la mission propose :
? D?ajouter à la fin du f) du 5° de II de l?article R. 122-5 « sur la base de la TRACC prévu à
l?article R. 299-4-1 du code de l?environnement ou, si cela est jugé pertinent par les
autorités compétentes, sur celle d?une trajectoire plus rapide et/ou conduisant à des
niveaux plus élevés de température. Cette description pourra s?appuyer, le cas échéant,
sur des études de vulnérabilité réalisées dans le cadre de l?élaboration ou la révision de
plans et programmes couvrant le territoire d?implantation du projet ».
? De compléter le 3° du II de ce même article qui prévoit que l?étude d?impact comporte « Une
description des aspects pertinents de l'état initial de l'environnement, et de leur évolution
en cas de mise en oeuvre du projet ainsi qu'un aperçu de l'évolution probable de
l'environnement en l'absence de mise en oeuvre du projet ». Ces mots pourraient être
complétés par « réalisés notamment sur la base de la TRACC, ou, si cela est jugé pertinent
par les autorités compétentes, sur celle d?une trajectoire plus rapide et/ou conduisant à des
niveaux plus élevés de température (?) ; cette description pourra s?appuyer, le cas
échéant, sur des études de vulnérabilité réalisées dans le cadre de l?élaboration ou la
révision de plans et programmes couvrant le territoire d?implantation du projet ». En outre
comme au 3.2.1, il conviendrait d?insérer « ou en absence de » dans le groupe de mots
« en cas de mise en oeuvre du projet » pour envisager toutes les hypothèses. Il est
également proposé de permettre aux porteurs de projet comme aux maitres d?ouvrage de
plans et programmes de se référer à des études de vulnérabilité déjà produites qui
porteraient sur le territoire d?implantation du projet.
L?annexe 7 comporte une synthèse des modifications proposées en ce qui concerne les plans et
programmes soumis à évaluation environnementale et les projets soumis à étude d?impact.
Recommandation 4. [MTE] Modifier les textes réglementaires pertinents en matière
d?évaluation environnementale des plans et programmes et d?étude d?impact des projets.
L?analyse ou la description de l?évolution de l?état de l?environnement devra prendre en
compte la TRACC, prévue à l?article R. 299-4-1 du code de l?environnement ou, si cela est
jugé plus pertinent, des hypothèses de réchauffement climatique plus défavorables. Elle
examinera l'évolution de l'environnement avant la réalisation du plan, du programme ou du projet
et après celle-ci. La prise en compte de la TRACC pourra être effectuée sur la base des études
de vulnérabilité déjà disponibles sur le territoire du plan, du programme ou du projet.
3.3 Approche sectorielle
3.3.1 Environnement
3.3.1.1 Eau
La ressource en eau est particulièrement affectée par les effets du réchauffement climatique qui
accroît les pressions pesant sur sa quantité et sur sa qualité. Les aléas introduits par
l?accroissement des températures méritent donc une attention particulière et justifient des études
de vulnérabilité sur la base de la TRACC afin d?y faire face sur la base de références communes.
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
Avril 2025
Préconisations pour la mise en oeuvre de la TRACC dans
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Les bassins hydrographiques font l?objet de deux types de documents qui ont vocation à traiter
d?adaptation au changement climatique : d?une part les schémas directeurs d?aménagement et de
gestion des eaux (les SDAGE) et, à l?échelle des sous-bassins hydrographiques, les schémas
d?aménagement et de gestion des eaux (SAGE) et, d?autre part, les plans de bassin d?adaptation
au changement climatique (PBACC).
Le code de l?environnement prévoit un ensemble de dispositions législatives et réglementaires
concernant la gestion de l?eau dans le contexte du droit européen. Il organise la gouvernance et
l?élaboration des principaux documents de planification de la gestion de l?eau, au niveau de chaque
grand bassin hydrographique les schémas directeurs d?aménagement et de gestion des eaux (les
SDAGE) et, à l?échelle des sous-bassins hydrographiques, les schémas d?aménagement et de
gestion des eaux (SAGE). Le 3ème PNACC prévoit que lors de leur élaboration ou de leur
renouvellement les SDAGE/SAGE soient mis à jour pour tenir compte de la TRACC.
Les PBACC sont des documents produits par les agences de bassin qui ne sont pas encadrés par
des textes réglementaires. Ils ont vocation à prendre en compte les impacts croissants du
changement climatique sur l?eau et les écosystèmes aquatiques. Ces plans proposent
des stratégies aux acteurs de l?eau pour intensifier leurs efforts et mettre en oeuvre des solutions
adaptées, donnent des trajectoires pour les 7 ans à venir. Ils comportent dans la plupart des cas,
mais non dans certains bassins, des cartes de vulnérabilité pour les sous-bassins versants et
s?inscrivent dans le cadre du Plan Eau qui vise une réduction de 10 % des prélèvements en eau
d?ici 2030. Ainsi, conformément à la mesure n°9 du Plan eau, tous les bassins sont désormais
dotés d?un PBACC précisant la trajectoire de réduction des prélèvements au regard des projections
d?évolution de la ressource et des usages. Leurs études vulnérabilité devraient également être
fondées sur la TRACC.
La coexistence, la complémentarité et l?articulation des SDAGE/SAGE et des PBACC relèvent
d?une appréciation sur la gouvernance de l?eau qui dépasse l?objet de cette mission.
Afin de mettre en oeuvre le PNACC, une obligation de réaliser des études de vulnérabilité fondée
sur la TRACC dans les SDAGE et les SAGE pourrait être imposée par voie réglementaire.
S?agissant des schémas directeurs d?aménagement et de gestion des eaux (SDAGE), les articles
R 212-3 à R 212-5 du code de l?environnement précisent les grandes lignes du contenu de l?état
des lieux sur lesquels ils doivent être fondés. L?article R 212-3 liste les grandes lignes du contenu
de cet état des lieux. Il mentionne en particulier « une présentation générale de sa géographie, de
son climat et de son économie ».
L?article R. 212-3 du code de l?environnement prévoit que les états des lieux incluent « L'évolution
prévisible de la demande en eau et de la ressource disponible et de la répartition de cette ressource
entre les utilisateurs ». L?article R 212-5 renvoie à un arrêté du ministre chargé de l'environnement
pour préciser les modalités d'application. Cet arrêté détermine notamment « les méthodes et les
critères à mettre en oeuvre pour délimiter et classer les masses d'eau, dresser l'état des lieux et
établir le registre des zones protégées ».
Une référence à la TRACC pourrait être introduite dans cet arrêté afin de préciser que lors de la
prochaine révision des SDAGE une analyse de la vulnérabilité du bassin concerné aux effets du
changement climatique devra être effectués sur la base de la TRACC ou sur une trajectoire plus
rapide et/ou conduisant à des niveaux plus élevés des températures aux différentes
échéances/étapes de cette trajectoire.
La situation est similaire s?agissant des schémas d?aménagement et de gestion des eaux (SAGE).
L?article R 212-36 précise les grandes lignes du contenu de l?état des lieux sur lesquels ils doivent
être fondés et l?article R 212-49 renvoie les modalités détaillées à un arrêté du ministre en charge
de l?environnement.
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
Avril 2025
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Ainsi, l?article R. 212-36 du CE prévoit d?ores et déjà que les SAGE fassent l?objet d?une analyse
de vulnérabilité et la production d?un scénario tendanciel d?évolution du territoire : « L?état des lieux
comprend : L'exposé des principales perspectives de mise en valeur de ces ressources compte
tenu notamment des évolutions prévisibles des espaces ruraux et urbains et de l'environnement
économique (?]) »
Le guide SAGE qui paraîtra au printemps 2025 demandera que cet état des lieux soit mené à
l?aune de la TRACC.
Pour mémoire, les SDAGE comme les SAGE sont des plans et programmes soumis à évaluation
environnementale en application de l?article R. 122-17 du code de l?environnement.
Recommandation 5. [MTE/DGALN] Modifier les arrêtés du ministère chargé de
l?environnement prévus par les articles R 212-3 et R 212-49 du code de l?environnement,
respectivement relatifs aux SDAGE et aux SAGE, pour préciser que dès leur prochaine
révision, une analyse de la vulnérabilité du territoire aux effets du changement climatique
devra être effectuée sur la base de la TRACC ou sur des hypothèses de réchauffement
climatique ayant des impacts plus négatifs au regard de certains enjeux pour les acteurs
concernés.
3.3.1.2 Trait de côte
L?adaptation des territoires littoraux à l?évolution du trait de côte fait l?objet de dispositions
législatives (articles L 321-13 A à L 321-33 du code de l?environnement) à la suite de l?adoption de
la loi climat et résilience.
Il est notamment prévu :
? Une cartographie établie par l?État afin « d'anticiper l'évolution du trait de côte et de
prendre en compte les phénomènes hydro-sédimentaires entraînant l'érosion et l'accrétion
littorale dans les politiques publiques, l'État établit une cartographie fondée sur un
indicateur national d'érosion côtière ? INEC ». Une nouvelle version de l?INEC est en cours
de finalisation (publication attendue au second semestre 2025, probablement dans la
foulée de la publication de la nouvelle stratégie nationale de gestion intégrée du trait de
côte (SNGITC)). Elle n?a cependant pas de lien direct avec la TRACC puisqu?il s?agit d?un
indicateur qui se base sur l?évolution historique du trait de côte mais n?a pas de portée
prédictive qui nécessiterait de prendre en compte l?élévation prévisible du niveau marin.
? Une liste de communes devant faire l?objet de mesures d?adaptation spécifiques.
« Les communes dont l'action en matière d'urbanisme et la politique d'aménagement
doivent être adaptées aux phénomènes hydro-sédimentaires entraînant l'érosion du littoral
sont identifiées dans une liste fixée par décret. Cette liste est élaborée en tenant compte
de la particulière vulnérabilité de leur territoire au recul du trait de côte, déterminée en
fonction de l'état des connaissances scientifiques résultant notamment de l'indicateur
national de l'érosion côtière mentionné à l'article L. 321-13 et de la connaissance des
biens et activités exposés à ce phénomène ».
? Des stratégies locales de gestion du trait de côte faisant l?objet d?une convention
entre l?État et les collectivités concernées.« Des stratégies locales de gestion intégrée
du trait de côte peuvent être élaborées par les collectivités territoriales ou leurs
groupements compétents en matière de défense contre les inondations et contre la mer »)
préalablement à la mise en oeuvre des mesures prévues au paragraphe 3 de la sous-
section 3 de la section 1 du chapitre Ier du titre II du livre Ier du code de l'urbanisme.
PUBLIÉ
https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006074220&idArticle=LEGIARTI000045525697&dateTexte=&categorieLien=id
https://www.legifrance.gouv.fr/affichCode.do?cidTexte=LEGITEXT000006074075&idSectionTA=LEGISCTA000043961470&dateTexte=&categorieLien=cid
https://www.legifrance.gouv.fr/affichCode.do?cidTexte=LEGITEXT000006074075&idSectionTA=LEGISCTA000043961470&dateTexte=&categorieLien=cid
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? Enfin, une stratégie nationale de gestion intégrée du trait de côte adoptée par décret :
« La stratégie nationale de gestion intégrée du trait de côte est élaborée par l'État en
concertation avec les collectivités territoriales ».. « La stratégie nationale de gestion
intégrée du trait de côte est révisée dans les formes prévues pour son élaboration tous les
six ans. ».
En application de l?article L. 321-15 du code de l?environnement, des décrets ont été pris pour
établir la liste des communes devant faire l?objet de mesures d?adaptation spécifiques.
La dernière révision de SNGITC remonte à 2017 et une procédure de révision a été lancée en
2022 conformément aux prescriptions de l?article L. 321-13 A (et à l?action 2 de la mesure 4 du
PNACC), conduisant à un nouveau programme d?actions pour la période 2025-2030. Cette
stratégie prend en compte de façon plus marquée l?élévation du niveau de la mer. Elle prévoit la
mise à jour du document national de recommandations pour l?élaboration des cartes locales afin
de tenir compte des retours d'expérience et d?y intégrer la TRACC (données territorialisées sur
l?élévation du niveau marin modélisées par le BRGM).
Préconisation 2 : [MTE] Publier la nouvelle stratégie nationale de gestion du trait de côte,
conformément à l?article L 321-13A du code de l?environnement.
3.3.1.3 Espèces protégées-biodiversité-forêts :
Parcs nationaux et régionaux
L?évolution du climat affecte d?ores et déjà les espaces naturels protégés, notamment les parcs
nationaux. Leurs chartes de gestion, très centrées sur la description du patrimoine naturel et sur le
projet de territoire avec les collectivités territoriales concernées, ne décrivent cependant, en
général, que de façon assez générique, l?évolution des aléas qui vont les concerner.
Les parcs nationaux sont régis par la loi du 14 avril 2006 qui précise leurs modalités de création,
de gouvernance et de gestion. Elle prévoit également des dispositions sur leurs chartes de gestion
qui doivent être approuvées par décret en Conseil d?État et ont une durée de 15 ans.
Un arrêté du ministère de l?écologie et du développement durable du 23 février 2007 fixe « les
principes fondamentaux » applicables à l?ensemble des parcs nationaux français. Ce texte ne
comporte aucune disposition relative à l?évolution du climat.
Son point 2, relatif aux chartes des parcs nationaux, mentionne « le projet de territoire », « les
grands ensembles écologiques fonctionnels », la nécessité de « définir pour cet espace de vie une
politique concertée de protection et de développement durable exemplaire dans une vision
partagée, adaptée aux espaces classés et, au terme d?évaluations périodiques, évolutive, la
valorisation des usages qui concourent à la protection des paysages, des habitats naturels, de la
faune et de la flore et du patrimoine culturel ».
Cet arrêté pourrait être complété par un alinéa relatif à la prise en compte du réchauffement
climatique introduisant le principe d?une étude de vulnérabilité fondée a minima sur la TRACC.
Pour mémoire, les chartes de parcs nationaux sont des plans et programmes soumis à évaluation
environnementale en application de l?article R. 122-17 du code de l?environnement.
L?article R 333-3 du code de l?environnement précise le contenu de la charte des parcs naturels
régionaux (PNR). Il pourrait être complété pour faire référence aux enjeux climatiques et introduire
l?obligation d?une étude de vulnérabilité fondée a minima sur la TRACC.
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
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Recommandation 6. [MTE/DGALN] introduire dans l?arrêté fixant les « principes
fondamentaux » applicables à l?ensemble des parcs nationaux français, et à l?article R 333-
3 du code de l?environnement précisant le contenu des chartes des PNR, un alinéa
concernant la prise en compte du changement climatique dans leurs chartes comportant
l?obligation de réaliser une étude de vulnérabilité fondée sur la TRACC ou sur une
hypothèse de réchauffement climatique plus défavorable.
Plans nationaux d?action en faveur des espèces menacées
L?article L 411-3 du Code de l?environnement prévoit que « des plans nationaux d'action
opérationnels pour la conservation ou le rétablissement des espèces visées aux articles L. 411-1
et L. 411-2 ainsi que des espèces d'insectes pollinisateurs sont élaborés, par espèce ou par groupe
d'espèces, et mis en oeuvre sur la base des données des instituts scientifiques compétents et des
organisations de protection de l'environnement lorsque la situation biologique de ces espèces le
justifie ». Cet article renvoie, le cas échéant, à un décret ses modalités d?application.
Ces plans nationaux font l?objet d?une approbation par le ministère chargé de l?environnement
après avis du conseil national de la protection de la nature. Il s?agit d?outils stratégiques
opérationnels non opposables visant à définir les actions nécessaires à la conservation et à la
restauration des espèces les plus menacées afin de s'assurer de leur bon état de conservation.
Leur construction associe le ministère de l?écologie, le muséum national d?histoire naturelle et les
DREAL concernées.
La prise en compte des effets du changement climatique sur ces plans d?actions pourrait donc se
faire sans texte juridique par un travail conjoint de ces acteurs.
Stratégie nationale des aires protégées et stratégie nationale biodiversité
Ces cadres stratégiques n?ont pas d?effets juridiques mais précisent les politiques à mener et
déclinent des cadres d?actions. Ils devraient, lors de leurs prochaines modifications, comporter des
développements approfondis sur l?adaptation au CC avec une référence à la TRACC.
Préconisation 3 : [MTE/DGALN] Prendre en compte la TRACC lors de la révision à mi-parcours
de la SNB ainsi que dans la prochaine révision de la stratégie nationale des aires protégées et
dans l?élaboration des plans nationaux d?actions en faveur des espèces menacées.
3.3.2 Risques
3.3.2.1 Risques naturels
Le changement climatique va inévitablement conduire à faire évoluer le niveau des aléas
mentionnés dans les divers textes portant sur la prévention des risques naturels. Ces niveaux
devraient être évalués, a minima, sur la base de la TRACC. Il s?agit notamment des PPRN, PPRI,
PGRI, etc. ainsi que de l?aléas sur la submersion marine.
Dans la mesure où ces documents relèvent de l?État et concernent des risques précisément
identifiés, il est proposé d?aller au-delà de l?étude de vulnérabilité pour préciser les mesures
prises afin de faire face à celles-ci.
Plan de prévention des risques naturels (PPRN)
L?article L 562-1 du code de l?environnement décrit précisément l?objet, les modalités d?élaboration
et la gouvernance des plans de prévention des risques naturels (PPRN).
PUBLIÉ
https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006074220&idArticle=LEGIARTI000006833715&dateTexte=&categorieLien=cid
https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006074220&idArticle=LEGIARTI000006833715&dateTexte=&categorieLien=cid
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L?article R 562-3 du même code précise le contenu du dossier du projet de plan qui doit notamment
contenir :
« 1° Une note de présentation indiquant le secteur géographique concerné, la nature des
phénomènes naturels pris en compte et leurs conséquences possibles, compte tenu de l'état des
connaissances. S'agissant des aléas débordement de cours d'eau et submersion marine, sont
intégrées à cette note de présentation les cartes suivantes :
a) La carte de l'aléa de référence mentionnée à l'article R. 562-11-4 ;
b) La carte de l'aléa à échéance 100 ans mentionnée à l'article R. 562-11-5 dans le cas de l'aléa
submersion marine.
2° Un ou plusieurs documents graphiques délimitant les zones mentionnées aux 1° et 2° du II
de l'article L. 562-1 ;
3° Un règlement précisant, en tant que de besoin :
a) Les mesures d'interdiction et les prescriptions applicables dans chacune de ces zones en vertu
des 1° et 2° du II de l'article L. 562-1 ;
b) Les mesures de prévention, de protection et de sauvegarde mentionnées au 3° du II de l'article
L. 562-1 et les mesures relatives à l'aménagement, l'utilisation ou l'exploitation des constructions,
des ouvrages, des espaces mis en culture ou plantés existant à la date de l'approbation du plan,
mentionnées au 4° de ce même II. Le règlement mentionne, le cas échéant, celles de ces mesures
dont la mise en oeuvre est obligatoire et le délai fixé pour celle-ci ».
Ce texte pourrait être complété comme suit en complétant le 1° pour faire référence à la
TRACC ainsi rédigée :
« La note de présentation comporte une analyse de la vulnérabilité du territoire concerné aux effets
du changement climatique sur la base de la TRACC, ou sur des hypothèses de réchauffement
climatique ayant des impacts plus négatifs au regard de certains enjeux pour les acteurs concernés.
Cette analyse précisera les périmètres concernés, les aléas à prendre en compte aux horizons
temporels pertinents et leurs conséquences pour le territoire tel qu?il est projeté. Ils précisent
également les mesures prises pour faire face aux vulnérabilités constatées. »
Pour mémoire, les PPRN sont des plans et programmes soumis à évaluation environnementale
au cas par cas en application de l?article R. 122-17 du code de l?environnement.
Inondations
L?article L 566-3 du code de l?environnement prévoit la réalisation d?une évaluation préliminaire des
risques d?inondation (EPRI) et décline les grandes lignes de son contenu, de son processus
d?élaboration et de sa gouvernance.
Le II de l?article R 566-1, décrit le contenu de l?évaluation préliminaire des risques d?inondation. Il
pourrait être complété, de la même manière, par une référence à la TRACC dans son 4°, qui traite
de « l'évaluation des conséquences négatives potentielles d'inondations futures en termes de
santé humaine, d'environnement, de biens, dont le patrimoine culturel, et d'activité économique,
en tenant compte autant que possible d'éléments tels que la topographie, la localisation des cours
d'eau et leurs caractéristiques? ».
Il en est de même pour les plans de gestion des risques d?inondation (PGRI) dont le contenu est
défini par l?article R 566-10 du code de l?environnement qui pourrait être complété de la même
manière.
Pour mémoire, les PGRI sont des plans et programmes soumis à évaluation environnementale en
application de l?article R. 122-17 du code de l?environnement
PUBLIÉ
https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006074220&idArticle=LEGIARTI000038733565&dateTexte=&categorieLien=cid
https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006074220&idArticle=LEGIARTI000006834573&dateTexte=&categorieLien=cid
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Elévation du niveau de la mer
Le changement climatique conduit mécaniquement à une élévation du niveau de la mer notamment
du fait de la fonte des glaces du Groenland, de l?Arctique et de l?Antarctique qui pourraient
s?accélérer si la hausse des températures dépasse certains seuils (« Tipping points climatiques »).
De nombreuses incertitudes existent sur cette question. Si la fonte des glaces du Groenland
apparait inéluctable, il n?existe pas de consensus sur les évolutions globales de l?Arctique et de
l?Antarctique en fonction du réchauffement des températures.
L?article R 562-11-5 du Code de l?environnement précise, s?agissant des risques de submersion
marine, le contenu de l?article L 562-1. Il indique que : « S'agissant de la submersion marine, l'aléa
à échéance 100 ans correspond à l'aléa de référence mentionné à l'article R. 562-11-3 auquel est
ajoutée une marge supplémentaire, précisée par arrêté du ministre chargé de la prévention des
risques majeurs. Cet aléa supplémentaire correspond à la prise en compte des impacts du
changement climatique à échéance 100 ans. L'aléa à échéance 100 ans est qualifié et représenté
de manière cartographique selon les mêmes dispositions que celles prévues à l'article
R. 562-11-4 ».
L?arrêté du 5 juillet 2019 pris en application de cet article fixe la marge de précaution à 40 cm.
Les directives nationales, intégrant les conséquences du changement climatique, exigent
désormais de prendre en compte le risque d?élévation du niveau moyen de la mer dont les
modalités sont les suivantes :
? intégration systématique au niveau marin centennal (NMC) d'une surcote de 20 cm
(première étape vers une adaptation au changement climatique"), qui constitue le niveau
marin de référence (NMR) ;
? hypothèse d'une augmentation du niveau marin centennal (NMC) de 60 cm à l?horizon
2100, qui constitue le niveau marin de référence 2100 (NMR 2100).
Une réflexion est en cours pour modifier ces valeurs qui paraissent assez faibles sachant que la
Belgique et les Pays-Bas réfléchissent à des élévations du niveau de la mer de 1 à 3 mètres voire
plus à la fin du siècle. Les réflexions sur des scénarios très pessimistes (élévation de plusieurs
mètres à la fin du siècle), par exemple sur le modèle de ce qui est fait aux Pays-Bas ou au Royaume
Uni seraient très utiles.
Recommandation 7. [MTE/DGPR] Modifier certaines dispositions du code de
l?environnement (articles R. 562-11-1 et suivants, R. 566-1 et suivants, et l?article R. 566-10
et suivants) pour prendre en compte la TRACC dans les PPRN, l?EPRI et les PGRI. Il s?agit
de préciser que ces documents devront comporter une analyse de la vulnérabilité du
territoire concerné aux effets du changement climatique sur la base de la TRACC, ou sur
des hypothèses de réchauffement climatique ayant des impacts plus négatifs.
Il convient en outre de donner aux acteurs les outils nécessaires pour prendre en compte la TRACC.
Préconisation 4 : [MTE/DGPR] : Modifier les guides et référentiels suivant pour prendre en
compte la TRACC : élaboration des PPRN, rapportage du 4e cycle pour les cartes d?aléa dans les
TRI.
PUBLIÉ
https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006074220&idArticle=LEGIARTI000038733563&dateTexte=&categorieLien=cid
https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006074220&idArticle=LEGIARTI000038733565&dateTexte=&categorieLien=cid
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3.3.2.2 Risques technologiques :
Le rapport CGE-IGEDD « Agressions naturelles et installations industrielles, notamment
SEVESO » dite « NaTech » traite de la question de l?intégration de la TRACC dans la prévention
des risques NATech. Elle ne sera donc pas abordée ici.
3.3.3 Construction, aménagement et urbanisme :
Ces secteurs d?activité, qui ont un fort impact sur le changement climatique, sont également
particulièrement vulnérables aux aléas climatiques et les professionnels en sont bien souvent
conscients, notamment sous l?action de leurs assureurs.
Les propositions qui précédent portant sur les évaluations environnementales s?agissant des plans
et programmes (la très grande partie des documents d?urbanisme) et des études d?impacts
s?agissant des projets les plus importants permettraient déjà de faire en sorte qu?ils tiennent compte
de la TRACC.
En outre, pour inciter les collectivités territoriales à prendre en compte la TRACC dans le cadre de
leurs projets de rénovations urbaines, l?Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU) qui
finance et accompagne la transformation de 600 quartiers de la politique de la ville, pourrait
conditionner ses aides à la démonstration que ces projets ont été précédés par la réalisation
d?études de vulnérabilité fondées sur la TRACC contenues dans des plans ou programmes incluant
le territoire du projet.
De même, les établissements publics d?aménagement (EPA) de l?État qui interviennent dans
l?aménagement et la construction de logements, de quartiers et d?équipements publics pourraient-
ils faire en sorte que chacun de leurs projets s?appuie sur les études de vulnérabilité fondées sur
la TRACC.
Le secteur de la construction et du bâtiment est quant à lui soumis à deux types de normes :
? une série de normes obligatoires qui sont rassemblées dans le cadre de la Réglementation
environnementale, dénommée RE2020 qui fait suite à la RT2012 depuis le 1er janvier
2022 ; cette réglementation, élaborée sous la responsabilité de la DHUP et en concertation
avec l?ensemble des professionnels se déploie progressivement sur les différents types de
constructions mais fait déjà l?objet d?actualisations ; à cette occasion, il conviendrait qu?elle
prenne en compte la TRACC pour les constructions dont la durée de vie dépasse 20 ou 30
ans ; la mission propose que les références annexées à l?article R. 172-4 du code de la
construction et de l?habitation soient modifiées à cet effet ;
? de très nombreuses règles de l?art, sous forme de normes, de référentiels, de guides, de
cahiers techniques, en droit non impératives, mais qui en réalité s?imposent aux
constructeurs par le biais des assurances. Ils sont repris presque systématiquement dans
les documents contractuels.
Ainsi les documents techniques unifiés (DTU) rassemblent-t-il les spécifications techniques
recommandées par les professionnels du bâtiment. Ils sont révisés sous la responsabilité du
Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) qui assure une concertation avec les
professionnels concernés (bâtiment, assurance, ADEME, Météo France?).
Ce dernier a indiqué à la mission qu?il travaillait d?ores et déjà sur la prise en compte de la TRACC
dans l?ensemble des documents dont il a la charge. Ce travail va être long et progressif. Il convient
de le soutenir.
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Rapport n° 015725-01
Avril 2025
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Mais ces travaux techniques ne peuvent avoir lieu que s?ils sont précédés par des recherches
appliquées très spécifiques. Le CSTB comme le Centre d?études et d?expertise sur les risques,
l?environnement, la mobilité et l?aménagement (CEREMA), lui aussi très impliqué sur ce sujet
auprès des collectivités territoriales, pourraient intensifier leurs programmes de recherche pour
aider les rédacteurs de normes techniques à choisir les prescriptions les plus pertinentes.
Recommandation 8. [MTE/DGALN et opérateurs de l?État] 1/ Intensifier les programmes de
recherche sur l?adaptation des bâtiments et des villes aux effets les plus graves du
changement climatique. 2/ Intensifier l?actualisation des DTU, en lien étroit avec les
professionnels concernés, en prenant comme référence la TRACC. 3/ S?assurer que les EPA
intègrent dans l?ensemble de leurs projets de constructions ou d?aménagements, une étude
de la vulnérabilité au changement climatique basée sur la TRACC, ou sur une trajectoire
plus rapide et/ou conduisant à des niveaux plus élevés des températures. 4/ Intégrer dans
les exigences de performances environnementales des bâtiments prévues par l?article
R. 172-4 du CCH, des valeurs de paramètres prenant en compte la TRACC pour les
constructions dont la durée de vie dépasse 20-30 ans.
3.3.4 Gestionnaires de réseaux d?infrastructures
De manière générale, il ne parait pas opportun d?imposer d?obligations nouvelles aux entreprises
sauf pour les projets soumis à étude d?impact et dans quelques cas spécifiques comme celui des
gestionnaires de réseaux d?infrastructures.
Dans le domaine des transports comme dans celui de l?énergie, les réseaux d?infrastructures sont
particulièrement sensibles aux effets du changement climatique. Les routes, voies ferrées, voies
navigables, ports et aéroports peuvent connaître des ruptures d?axes de transport conduisant à de
fortes perturbations de circulation et des coûts de reconstruction importants, notamment sous l?effet
d?inondations ou d?événements climatiques extrêmes. Les systèmes pétroliers et gaziers sont
principalement affectés par les effets des sécheresses sur les sols, qui fragilisent les oléoducs et
gazoducs. S?agissant du système électrique, le changement climatique a des conséquences
directes à la fois sur les niveaux de production, l?exploitation des réseaux de transport et de
distribution, et la sûreté des installations.
Les principaux gestionnaires de réseaux d?infrastructures sont des entreprises publiques, des
établissements publics ou des sociétés dont l?État est actionnaire : groupe ADP, SNCF Réseau,
RATP, VNF, la SGP (Société des Grands Projets) et les grands ports maritimes pour les transports ;
EDF, RTE, Enedis, GRTgaz et GRDF pour l?énergie. Il peut également s?agir d?entreprises
auxquelles ont été attribuées des concessions (cas des autoroutes et des concessions hydro-
électriques).
Compte tenu des enjeux liés au caractère critique des infrastructures, de leur culture et des moyens
que leur confèrent en général leur taille et un modèle économique assez largement régulé par la
puissance publique, ces acteurs essentiels à la continuité de la vie nationale ont de longue date
développé une démarche d?adaptation au changement climatique, mais la résilience des
infrastructures et réseaux dont ils sont responsables constitue un enjeu majeur face à
l?amplification des effets du changement climatique.
En juin 2024, les ministres chargés de l?économie, de la transition écologique et de l?énergie ont
adressé aux grandes entreprises des secteurs de l?énergie et des transports un courrier leur
demandant de leur transmettre, d?ici la fin de l?année 2024, une étude de vulnérabilité aux effets
du changement climatique fondée sur la TRACC accompagnée d?une ébauche de plan d?action
intégrant une première estimation des coûts à engager, puis, d?ici l?été 2025, un plan détaillé
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Rapport n° 015725-01
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d?adaptation au changement climatique comprenant des propositions précises et chiffrées de
l?ensemble des réseaux et infrastructure sous leur responsabilité. Cette démarche n?a pas été
étendue aux entreprises privées concessionnaires d?infrastructures. Elle devrait l?être.
Si la démarche semble avoir perdu une partie de sa dynamique, notamment du côté de l?État du
fait de l?instabilité politique du second semestre 2024, les interlocuteurs de la mission au sein de
ces entreprises ont souligné le caractère essentiel d?un exercice qu?ils avaient engagé avant le
courrier des ministres et avant la décision de fonder le PNACC 3 sur la TRACC. Il leur appartient,
selon les termes du courrier des ministres, de s?assurer que la mise à jour des études de
vulnérabilité et des plans d?adaptation sera cohérente avec la TRACC.
Ils soulignent toutefois que si les études et les propositions chiffrées sont bien de leur ressort, les
décisions et le financement des plans d?action relèvent principalement de l?État. Il s?agit en
effet de décisions éminemment politiques, qui reflètent des préférences collectives. Concrètement,
ils attendent de l?État :
? qu?il fixe, sur la base de leurs analyses et propositions, les niveaux de services que les
réseaux d?infrastructures de transport et d?énergie devront continuer à assurer ;
? qu?il joue un rôle déterminant, à travers sa fonction de tutelle ou sa participation à la
gouvernance des entreprises, à la validation des plans d?investissements correspondants ;
? et qu?il s?assure, selon des modalités adaptées au modèle économique de chaque
entreprise, du financement effectif des investissements.
La bonne articulation des plans d?adaptation au changement climatique avec la trajectoire
financière propre à chaque gestionnaire d?infrastructure devra être assurée dans la durée en
fonction des modèles économiques propres à chaque secteur et des outils et instances de
régulation existants.
Le niveau des dessertes ferroviaires et les subventions de l?État, pour le réseau ferroviaire, ou les
tarifs d?utilisation des réseaux publics fixés par la CRE, pour les réseaux d?électricité et de gaz,
constituent ainsi des paramètres essentiels à la crédibilité et au succès de la démarche initiée par
les courriers des ministres aux grandes entreprises gestionnaires de réseaux d?infrastructures.
Le bouclage économique et financier, à moyen terme au moins, doit être prévu au sein des
documents de référence qui servent de cadre à l?action des différents gestionnaires
d?infrastructures. Ils devraient faire l?objet d?une évaluation de leur niveau et de leur soutenabilité
par les autorités indépendantes concernées (CRE, etc.).
L?État actionnaire devrait s?assurer d?une prise en compte satisfaisante de ces enjeux à travers
l?action de l?APE et de ses représentants au sein du conseil d?administration des entreprises.
Enfin, ce devrait également être le cas s?agissant des concessions sur des infrastructures,
notamment autoroutières et hydro-électriques, lors de leur renouvellement.
Dans ce contexte, il n?est pas proposé de modifications du cadre juridique existant. Les travaux à
mener doivent être conduits par les gestionnaires de réseaux. L?État actionnaire doit s?assurer
qu?ils répondent correctement aux enjeux. Il apparaît également indispensable de donner une suite
opérationnelle à la lettre conjointe des ministres de la transition écologique et de l?économie et des
finances adressées à ces entreprises.
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Recommandation 9. [État actionnaire, gouvernance des entreprises publiques,
concessionnaires, autorités indépendantes de régulation] 1/ Donner une suite
opérationnelle à la démarche lancée en juin 2024 qui demandait aux entreprises
gestionnaires d?infrastructures dont l?État est actionnaire de conduire des études de
vulnérabilité fondées sur la TRACC et des plans d?adaptation au changement climatique.
2/ Fixer les niveaux de service que les entreprises devront continuer à assurer. 3/ Valider
les plans d?investissements correspondant aux stratégies et actions nécessaires pour
garantir ces niveaux de services en s?assurant de la soutenabilité de leur impact sur les
tarifs. 4/ Prévoir le financement de ces investissements dans l?élaboration des trajectoires
financières pluriannuelles et au sein des documents de de référence servant de cadre à
l?action des différents gestionnaires d?infrastructures et de services.
3.3.4.1 Transports
Le secteur des transports occupe une place centrale dans l?adaptation au changement climatique,
en raison de la multiplicité et de l?interdépendance de ses infrastructures (routières, ferroviaires,
portuaires, fluviales, aéroportuaires), de ses chaînes logistiques et du rôle structurant qu?il exerce
au sein des territoires. Jusqu?à présent, la plupart des études de vulnérabilité se sont fondées sur
les scénarios RCP du GIEC (notamment RCP 4.5 et RCP 8.5), et ont permis d?identifier des risques
majeurs (inondations, submersions marines, épisodes caniculaires, dégradation précoce des
infrastructures, etc.). Avec l?émergence de la TRACC, il convient désormais d?actualiser ou de
compléter certains de ces travaux pour tenir compte des projections climatiques actualisées, dès
lors que l?horizon d?analyse dépasse 2050 et que la durée de vie des actifs concernés justifie une
prospective de long terme.
Sur le terrain, une logique principalement incitative a été retenue pour favoriser l?appropriation de
la TRACC par les opérateurs de services de transport et les gestionnaires d?infrastructures. L?idée
est de leur proposer un cadre méthodologique et des orientations techniques claires, tout en
veillant à ne pas multiplier les obligations légales ou réglementaires. Les référentiels employés
dans les différents domaines de transport sont en effet souvent élaborés à titre volontaire, au
travers de concertations entre les administrations, les collectivités et les professionnels. Plutôt que
de rendre la totalité de ces documents obligatoires, l?approche actuelle consiste à mettre à jour les
paramètres sensibles au changement climatique, à favoriser l?accès aux données de la TRACC et
à encourager la réalisation ou la révision d?études de vulnérabilité.
L?enjeu, pour chaque infrastructure ou système de transport, est de déterminer le degré de
protection ou de résilience ciblé, en s?appuyant sur l?analyse coûts-risques-bénéfices, la durée de
vie des équipements et la criticité des services (par exemple le rôle d?un axe ferroviaire dans les
liaisons de fret stratégiques, la desserte d?une zone isolée via un réseau routier, ou la sécurité de
l?approvisionnement d?un port). Les arbitrages reposent sur la capacité technique et financière des
acteurs, la prise en compte des inégalités territoriales face aux aléas climatiques, ainsi que
l?acceptation d?un risque résiduel jugé acceptable à l?échelle locale ou nationale.
Dans un tel contexte, l?adaptation touche également aux matériels roulants, qu?il s?agisse de trains,
de bus, de tramways ou de bateaux. Les fortes chaleurs ou les épisodes de pluies intenses peuvent,
s?ils ne sont pas anticipés, engendrer des pannes, des inconforts accrus pour les passagers, ou
des risques de détérioration accélérée du matériel.
Il convient également de s?assurer que la TRACC est intégrée comme scénario de référence
« minimal » dans les études de vulnérabilité et le dimensionnement des nouveaux projets
d?infrastructure, qu?il s?agisse de constructions neuves ou de réhabilitations majeures. Dès la phase
de conception, les paramètres sensibles au changement climatique (températures maximales,
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précipitations extrêmes, élévation du niveau de la mer) doivent être pris en compte afin d?anticiper
l?évolution des conditions sur la durée de vie prévue des ouvrages et équipements. Cette exigence
doit permettre de limiter les restructurations coûteuses à moyen ou long terme, et de garantir la
fiabilité et la pérennité des services, même face à des scénarios climatiques plus contraignants.
Les autorités organisatrices de la mobilité sont aussi incitées à évaluer leurs matériels roulants
(trains régionaux, bus, tramways, etc.) à l?aune de conditions climatiques plus sévères, afin de
prévenir l?inconfort et l?augmentation des pannes. À terme, l?objectif est de proposer un service de
transport sûr et fiable, même dans un contexte d?aléas plus fréquents et intenses.
Pour concrétiser cet élan et faire évoluer les règles de l?art dans tous les domaines de transport, il
apparaît indispensable de poursuivre le travail de recensement précis des référentiels techniques
(guides, normes, référentiels scientifiques) comprenant des paramètres déterminants pour la
sécurité, la robustesse et l?efficacité des infrastructures et des services, pouvant être affectés par
l?évolution du climat. Les résultats de ces mises à jour devront ensuite être traduits en
préconisations concrètes pour l?adaptation des infrastructures, la conception des futurs projets de
transport et l?évaluation du matériel roulant.
Recommandation 10. [MTE/DGITM, DGAC] Identifier et faire évoluer, dans les domaines
routier, ferroviaire, portuaire, fluvial et aéroportuaire, les référentiels techniques
comprenant des paramètres pour lesquels une évolution du climat telle que définie par la
TRACC et par des évolutions climatiques plus défavorables pourrait avoir un impact.
Organiser, notamment en lien avec les AOM, l?évaluation des matériels roulants (trains,
métros, tramways, bus, cars) aux conditions climatiques décrites par la TRACC en vue de
leur adaptation.
3.3.4.2 Énergie
Comme le secteur des transports, le secteur de l?énergie est stratégique pour l?adaptation au
changement climatique, compte tenu à la fois de la diversité des effets du changement climatique
qui sont susceptibles de mettre à l?épreuve la résilience des différents systèmes énergétiques, de
la criticité d?infrastructures et services essentiels pour le fonctionnement de la société et de
l?économie, et des interactions très fortes qui existent entre les systèmes énergétiques et d?autres
activités essentielles à la continuité et la sûreté de la vie nationale (transports, santé, sécurité, etc.).
Les systèmes pétroliers et gaziers sont exposés principalement aux effets des sécheresses sur les
sols, susceptibles d?affecter les oléoducs et gazoducs. S?agissant du système électrique, le
changement climatique a des conséquences directes non seulement sur la sûreté des installations
et l?exploitation et la performance du parc, mais aussi sur les niveaux de production et de
disponibilité de l?eau. Les principales infrastructures dont la résilience face aux effets du
changement climatique doit être consolidée sont les centrales nucléaires, les installations de
production d?hydroélectricité et les réseaux de transport et de distribution d?électricité.
La prise en compte de la TRACC pour l?adaptation au changement climatique du secteur de
l?énergie passe par deux grands types de mesures :
? d?une part, la réalisation d?études de danger et d?études de vulnérabilité fondées sur des
scénarios cohérents avec la TRACC ou plus défavorables ;
? d?autre part, pour les différents systèmes énergétiques, l?adaptation des référentiels
techniques comprenant des paramètres sensibles à l?évolution du climat.
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Sur le premier point, les entretiens conduits par la mission ont abouti à la conviction forte qu?il n?y
a pas matière à chercher à faire produire à la TRACC des effets juridiques contraignants
pour les grands gestionnaires d?infrastructures et de services énergétiques. En effet :
? d?une part, ces opérateurs sont ? fort heureusement compte tenu des enjeux ? en pointe
en matière d?adaptation au changement climatique (ex : Plan ADAPT d?EDF pour les
centrales nucléaires, SDDR de RTE) ;
? d?autre part, leurs études de vulnérabilité sont en général fondées sur plusieurs scénarios,
dont l?un est très proche de la TRACC, et cette approche est indispensable pour bien
appréhender la sensibilité des effets du changement climatique à différentes hypothèses
de réchauffement, qui seule peut permettre de déterminer les plans d?action les plus
appropriés sont un contexte d?incertitude et de forte aversion au risque, notamment pour
des raisons évidentes de sûreté.
A cet égard, compte tenu des enjeux vitaux associés à la sûreté nucléaire, on comprend qu?EDF
ne puisse se contenter d?une approche fondée sur la TRACC et doive également étudier des
scénarios plus prudents fondés sur une trajectoire de réchauffement plus rapide.
L?entretien avec RTE a d?ailleurs mis en évidence le fait que pour certains risques, la prise en
compte d?un scénario de réchauffement plus rapide que la TRACC pouvait conduire, de manière
apparemment paradoxale, à sous-estimer certains risques.
Ainsi, dans le cadre de l?élaboration du SDDR soumis à débat public à partir de [février 2025], RTE
a travaillé sur deux scénarios issus du 5e rapport du GIEC :
? le scénario RCP 4.5, qui peut être en première approximation assimilé à la TRACC, ce qui
permet à RTE de répondre au courrier des ministres de juin 2024 sans devoir reprendre
les études de vulnérabilité en cours ;
? le scénario RCP 8.5, qui conduit à une augmentation des températures nettement plus
forte à l?horizon 2100.
Or le scénario le plus chaud est aussi le scénario le plus sec, et dès lors que le risque d?inondations
par débordement et ruissellement représente un enjeu majeur d?adaptation au changement
climatique pour les postes et pylônes électriques, le scénario RCP8.5 n?est pas le plus prudent.
Cet exemple souligne la nécessité d?étudier plusieurs scénarios. C?est d?ailleurs ce que prévoit
explicitement la mesure 31 du projet de PNACC 3, qui précise que les études sur les vulnérabilités
d?approvisionnement et de logique, en matière de transport pétrolier et gazier, seront menées pour
explorer les solutions à mettre en oeuvre selon différents niveaux de réchauffement climatique.
Cette nécessité de prendre en compte plusieurs scénarios, et d?apprécier la sensibilité des
différents effets du réchauffement climatique aux changements de scénarios, est indispensable
pour éclairer des décisions publiques fondées sur une rationalité socio-économique, à prendre
en univers incertain, en fonction d?une aversion au risque qui reflète les préférences collectives,
et relève donc, par essence, de la sphère politique.
La préconisation de la mission est donc de n?imposer aux grands opérateurs du secteur de
l?énergie aucune obligation juridique liée à la TRACC, le courrier des ministres de juin 2024 et,
de manière plus large, la tutelle ou le dialogue actionnarial offrant un cadre beaucoup plus
souple et plus pertinent compte tenu du rôle essentiel de l?État dans la gouvernance des opérateurs
et la régulation du modèle économique du secteur.
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S?agissant en revanche des référentiels techniques des différents systèmes énergétiques qui
comprennent des paramètres sensibles à l?évolution du climat, il convient, comme pour le
secteur des transports, de les adapter à une évolution du climat cohérente a minima avec la
TRACC. Il s?agit notamment de la documentation technique de référence (DTR) élaborée par les
gestionnaires de réseaux.
Recommandation 11. [MTE/DGEC/DGPR et ASNR] Identifier et faire évoluer, dans les
domaines du nucléaire, de l?hydroélectricité, des infrastructures pétrolières et des réseaux
électriques, les référentiels techniques comprenant des paramètres pour lesquels une
évolution du climat telle que définie par la TRACC et par des évolutions climatiques plus
défavorables pourrait avoir un impact.
3.4 Politiques publiques ne relevant pas du périmètre de la
mission :
Le périmètre de la mission ne concerne que certaines politiques publiques traitées plus
haut. Un exercice similaire devrait être effectué pour les autres politiques publiques
fortement impactées par le changement climatique : santé, travail, agriculture, forêt,
sécurité civile, défense nationale, sports, culture, éducation, etc.
Recommandation 12. [Premier Ministre] Demander aux inspections générales des ministères
concernés de conduire des travaux analogues à ceux qui ont été confiés à l?IGEDD afin de
mettre prendre en compte la TRACC.
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4 Méthodologie et outils pour l?intégration de la TRACC
L?adaptation au changement climatique nécessite une approche rigoureuse et cohérente, reposant
sur une compréhension fine des risques et des vulnérabilités climatiques ainsi que sur la mise en
oeuvre de stratégies adaptées. Dans ce cadre, la TRACC a été conçue pour fournir une référence
commune permettant d?anticiper les évolutions du climat et d?orienter la planification des politiques
d?adaptation. Sa prise en compte effective dans les plans, stratégies et programmes requiert
toutefois un cadrage méthodologique précis et robuste, garantissant une application homogène et
scientifiquement fondée.
Ce cadre doit permettre :
? l?évaluation rigoureuse des risques climatiques, à travers des études de vulnérabilité et des
tests de résistance, en utilisant des méthodologies validées et des scénarios adaptés ;
? l?intégration des résultats dans les documents de planification, garantissant que les
stratégies d?aménagement du territoire, de gestion des infrastructures et de résilience
économique tiennent compte des évolutions climatiques attendues ;
? un suivi et une évaluation continue, afin d?ajuster les mesures d?adaptation en fonction des
nouvelles connaissances et des évolutions des modèles climatiques ;
? une mobilisation et un renforcement des capacités des acteurs concernés, à travers la
formation et l?accompagnement technique des collectivités, des gestionnaires
d?infrastructures et des entreprises ;
? un engagement actif des parties prenantes, pour assurer une appropriation effective de la
méthodologie et garantir l?efficacité des mesures mises en oeuvre.
L?utilisation de la TRACC ne se limite pas à une simple prise en compte des projections climatiques.
Il s?agit d?un processus dynamique et évolutif, nécessitant une cohérence méthodologique entre
les différents niveaux de gouvernance, une mobilisation des ressources et une harmonisation des
approches pour éviter des stratégies d?adaptation fragmentées.
Ce chapitre est largement complété par les éléments reportés en annexe 9, notamment pour les
parties traitant du cadre méthodologique et de l?élaboration et de la mise en oeuvre des stratégies
d?adaptation, ainsi que pour les apports sur la formation et la communication.
4.1 Cadre méthodologique pour l?évaluation des risques
climatiques
La prise en compte de la TRACC dans les stratégies d?adaptation repose sur une évaluation
rigoureuse des risques climatiques, afin de structurer l?identification des vulnérabilités et de
concevoir des mesures adaptées. Cette démarche vise à anticiper les effets du changement
climatique en se fondant sur une approche systémique, permettant de planifier des réponses
cohérentes à court, moyen et long terme.
La première étape consiste à clarifier les objectifs poursuivis et les périmètres d?analyse. Il est
essentiel de déterminer les priorités sectorielles ou territoriales, d?identifier les seuils critiques à ne
pas dépasser et de définir des critères mesurables pour guider l?évaluation des risques. Cette
approche implique d?adopter une vision intégrée en précisant les horizons temporels pertinents,
les fonctionnalités essentielles à préserver et les aléas spécifiques à considérer.
La prise en compte de la TRACC permet d?harmoniser les projections climatiques et de limiter
l?incertitude associée aux hypothèses divergentes.
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L?analyse des vulnérabilités repose quant à elle sur une caractérisation des facteurs de fragilité ou
de sensibilité qui peuvent être physiques (état d?une infrastructure, exposition aux aléas),
organisationnels (chaînes logistiques, continuité des services) ou socio-économiques
(dépendance à certaines ressources, inégalités face aux risques). Cette étape implique de
mobiliser des approches complémentaires : déterministe, pour étudier les impacts d?un scénario
donné, et probabiliste, pour explorer différentes trajectoires et seuils critiques. L?objectif est d?établir
un diagnostic robuste qui serve de base à la priorisation des actions d?adaptation.
La gouvernance joue un rôle central dans cette évaluation. La diversité des parties prenantes ?
acteurs publics, opérateurs privés, chercheurs, associations ? nécessite une approche participative,
favorisant la mutualisation des connaissances et l?appropriation des résultats. La définition d?une
méthodologie nationale standardisée permettrait d?harmoniser les pratiques et de garantir la
cohérence des analyses entre les différents secteurs et niveaux de décision.
Préconisation 5 : [Cerema, Ademe dans les conditions actuelles / puis France Adaptation26]
Élaborer et diffuser une méthodologie nationale pour l?utilisation de la TRACC dans les analyses
de vulnérabilité, en fournissant des directives claires sur le cadrage des objectifs et des périmètres
de ces analyses, les méthodes d?évaluation des vulnérabilités et l?intégration des scénarios et des
indicateurs climatiques pertinents.
4.2 Élaboration et mise en oeuvre d?une stratégie d?adaptation
Une fois les vulnérabilités identifiées, la définition d?une stratégie d?adaptation s?appuie sur le
recensement et la hiérarchisation des solutions, suivie de leur traduction en un plan d?action
structuré. Cette phase est essentielle pour transformer l?analyse de risques en décisions concrètes
et orienter les investissements de manière efficace.
Les solutions d?adaptation sont multiples. Elles peuvent être technologiques (amélioration d?une
infrastructure, utilisation de matériaux plus résilients), structurelles (modification de l?aménagement
du territoire, restauration des écosystèmes), organisationnelles (élaboration de plans d?urgence,
formation des acteurs) ou comportementales (changement des pratiques individuelles et
collectives). Il convient de sélectionner les mesures les plus adaptées à chaque contexte.
La hiérarchisation des solutions repose notamment sur trois critères principaux :
? l?efficacité en termes de réduction des vulnérabilités, notamment pour garantir la continuité
des services essentiels ;
? la faisabilité technique et financière, qui nécessite d?identifier les ressources disponibles et
les moyens d?accompagnement ;
? l?acceptabilité sociale et environnementale, afin d?éviter les mal-adaptations et de s?assurer
du soutien des territoires et des parties prenantes.
Une fois cette hiérarchisation réalisée, il convient d?organiser les mesures dans un plan d?action
opérationnel. Ce dernier doit préciser les responsabilités des acteurs, les échéances, ainsi que les
indicateurs de suivi permettant d?évaluer l?impact des actions mises en place. Il est essentiel de
définir des dispositifs d?ajustement périodiques afin d?adapter la stratégie aux évolutions des
connaissances et aux nouvelles données et contraintes climatiques.
L?efficacité de la mise en oeuvre repose également sur la mobilisation de financements adaptés,
qui doivent encourager les investissements dans la résilience. La structuration de mécanismes
d?accompagnement, tels que des subventions ciblées ou des incitations fiscales, constitue un levier
indispensable pour garantir l?aboutissement des projets d?adaptation.
26 Voir 1.2.3 et Recommandation 13
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Enfin, la mise en place d?un dispositif de suivi et d?évaluation est essentielle pour ajuster la stratégie
en fonction des retours d?expérience. De même, l?apprentissage collectif et le partage de bonnes
pratiques permettent de capitaliser sur les démarches réussies et d?éviter la reproduction d?erreurs
coûteuses.
Préconisation 6 : [MTE] Développer des systèmes de suivi, d?évaluation et de partage des
connaissances en mettant en place des indicateurs de performance, des procédures de reporting
régulières, et en capitalisant les retours d?expérience via des plateformes collaboratives dédiées.
4.3 Gouvernance et portage politique
Le déploiement efficace de la TRACC et la mise en oeuvre des stratégies d?adaptation dépendent
étroitement d?une gouvernance claire et d?un portage politique solide. Les risques liés au
changement climatique exigent des réponses coordonnées, faisant appel à divers niveaux de
décision (national, régional, local) et à une pluralité d?acteurs (ministères, opérateurs
d?infrastructures, collectivités territoriales, entreprises, société civile). La gouvernance englobe ici
à la fois l?organisation institutionnelle, la distribution des rôles et responsabilités, ainsi que les
modalités de pilotage permettant de mettre en cohérence les actions menées.
4.3.1 Structures de gouvernance et coordination des acteurs
La gestion de la résilience climatique requiert une vision globale et intégrée. L?élaboration même
de la TRACC résulte d?un arbitrage politique et son déploiement doit s?inscrire dans une démarche
interministérielle et intersectorielle. À l?échelle nationale, il est indispensable de définir clairement
les responsabilités de chacun : ministères pilotes, comités de suivi, organismes publics chargés de
l?expertise scientifique. Les services déconcentrés de l?État jouent également un rôle de relais
essentiel sur le terrain, en s?assurant que les orientations nationales sont mises en oeuvre et
adaptées aux spécificités régionales.
Les collectivités territoriales constituent un autre pilier de cette gouvernance. Elles disposent de
compétences variées en matière d?urbanisme, d?aménagement du territoire, de gestion de l?eau,
de transports locaux ou encore de développement économique. Ces prérogatives les placent en
première ligne pour traduire la TRACC en mesures concrètes, veiller à la cohérence des politiques
publiques locales et soutenir les initiatives d?adaptation portées par les différents acteurs.
Les instances de coordination, qu?elles prennent la forme de conférences de partenaires, de
comités techniques ou de cellules de veille, doivent assurer une cohérence transversale et une
mutualisation des bonnes pratiques. L?enjeu est de garantir un échange régulier d?informations,
notamment sur les retours d?expérience, les avancées scientifiques, les méthodes de suivi et
d?évaluation. Il est important de mettre en place des espaces de dialogue et de décision partagée,
où chacun puisse faire valoir ses contraintes et ses propositions. Les exemples de gouvernance
réussie révèlent souvent l?importance d?une animation régulière et d?un pilotage structuré, soutenu
par des ressources humaines dédiées.
Dans ce cadre, la mobilisation des opérateurs de l?État (Météo-France, Cerema, Ademe, etc.)
occupe une place stratégique. Leur expertise fournit les bases scientifiques, techniques et
méthodologiques nécessaires pour fiabiliser les diagnostics climatiques et accompagner la
recherche et la mise en oeuvre des solutions d?adaptation. Ces opérateurs doivent également
contribuer à la diffusion d?outils et de services climatiques spécifiques à chaque secteur, en veillant
à leur accessibilité pour tous les types d?acteurs, des grandes entreprises aux petites collectivités.
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Afin de garantir la cohérence et l?efficacité des politiques d?adaptation, il est essentiel que
l?information circule efficacement entre les différents acteurs concernés. Les services de l?État, les
collectivités territoriales, les opérateurs d?infrastructures et les entreprises doivent accéder
aisément aux projections climatiques associées à la TRACC, aux études de vulnérabilité et aux
outils développés pour mesurer et réduire les risques. Des mécanismes de coordination doivent
être renforcés entre les ministères, les services déconcentrés et les opérateurs de l?État afin
d?assurer une prise en compte transversale du changement climatique et d?éviter la fragmentation
des approches.
4.3.2 Pilotage de la TRACC
Le pilotage de la TRACC doit s?appuyer sur une structure fonctionnelle capable de superviser son
élaboration, de garantir sa bonne mise en oeuvre et de coordonner les évaluations périodiques.
Cette structure, qui peut prendre la forme d?une entité interministérielle ou d?un pôle dédié, permet
de centraliser les informations, de faciliter l?arbitrage entre ministères et de synchroniser les actions
menées au niveau national et territorial. Elle favorise une approche intégrée des politiques
publiques, en évitant que les enjeux climatiques ne soient traités de façon sectorielle ou dispersée.
Afin de consolider ce pilotage, il importe de créer une dynamique de travail collaboratif entre les
différents échelons de gouvernance. À l?échelle nationale, l?État définit le cadre général et veille à
la cohérence d?ensemble, tandis que les régions et les collectivités locales adaptent les orientations
aux spécificités de leurs territoires. Cette dynamique suppose des échanges réguliers, par exemple
dans le cadre de conférences régionales ou de communautés de travail sur l?adaptation. Les
objectifs sont alors d?identifier collectivement les priorités, de mutualiser les compétences et
d?organiser la répartition des moyens.
Dans cette logique, il apparaît nécessaire de mobiliser officiellement les opérateurs de l?État en
tant qu?acteurs techniques essentiels de l?adaptation. Ils peuvent, par exemple, proposer des
expertises climatiques pointues, élaborer des outils cartographiques ou concevoir des formations
spécifiques pour les acteurs locaux. Ils peuvent également accompagner les gestionnaires
d?infrastructures critiques et les collectivités territoriales dans des études de vulnérabilités et des
tests de résistance à des scénarios extrêmes. Une action collective et coordonnée facilite la mise
à disposition de services climatiques intégrés, évitant la dispersion d?initiatives isolées.
Recommandation 13. [MTE] Organiser la mobilisation des opérateurs de l?État, notamment le
Cerema, Météo-France et l?Ademe, pour assurer un pilotage, un renforcement et une
généralisation de l?offre intégrée de services climatiques et accompagner les acteurs
économiques, les gestionnaires d?infrastructures critiques et les collectivités territoriales
dans la réalisation d?études de vulnérabilités ou de risques, de tests de résistance à des
scénarios extrêmes (« stress tests ») et de plans d?actions permettant de répondre aux
vulnérabilités constatées dans ces études et tests. Créer une plateforme « France
Adaptation » regroupant des agents du Cerema, de l?Ademe et de Météo-France pour
assurer l?élaboration et la diffusion d?outils et services climatiques.
En complément, une sensibilisation accrue des citoyens et une meilleure reconnaissance des
initiatives locales sont essentielles pour ancrer durablement les politiques d?adaptation. Les
stratégies d?adaptation ne sauraient être efficaces sans l?implication des populations, dont les
comportements influent directement sur la résilience des territoires. Encourager la réduction de la
consommation d?eau, l?adoption de pratiques agricoles adaptées ou encore la transition vers des
mobilités plus durables nécessite des efforts de communication adaptés, via des campagnes
d?information, des événements de sensibilisation ou des interventions en milieu scolaire.
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
Avril 2025
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Préconisation 7 : [MTE/opérateurs de l?État] Mettre en place des campagnes de sensibilisation
autour d?initiatives exemplaires afin de favoriser la reconnaissance officielle des bonnes pratiques,
de valoriser les efforts déployés et d?inciter à leur reproduction à plus grande échelle.
Sur le plan politique, la volonté d?intégrer la TRACC dans l?ensemble des secteurs doit se traduire
par la mise en place d?une structure de pilotage interministérielle, en mesure d?arbitrer entre les
différentes priorités et de superviser l?évaluation de la mise en oeuvre. Ce dispositif garantit la
cohérence des orientations stratégiques, la réactivité face aux aléas climatiques et la permanence
du dialogue entre les ministères concernés. Cette structure fonctionnelle, dotée d?un mandat clair,
est la clé d?un portage politique fort, assurant le suivi permanent de la politique d?adaptation du
territoire et la diffusion de ses principes dans toutes les politiques publiques27.
Recommandation 14. [MTE] Mettre en place une organisation fonctionnelle de pilotage
interministérielle pour superviser l?élaboration et la mise à jour régulière de la TRACC et du
PNACC et assurer la coordination de leur mise en oeuvre et de leur évaluation par les
ministères concernés, les services déconcentrés de l?État et ses opérateurs. Mettre en place
une communauté de travail sur l?adaptation, au niveau national entre l?État et les régions,
et, dans chaque région, entre l?État et les collectivités territoriales.
L?ensemble de ce dispositif, centré sur la coordination et le pilotage, doit être soutenu par des
financements adéquats, des compétences renforcées et une culture de la planification à moyen et
long terme. Les recommandations formulées ici s?inscrivent précisément dans une logique de
passage à l?échelle, où l?adaptation n?est pas seulement le fait d?actions ponctuelles, mais le fruit
d?une dynamique collective portée par une gouvernance structurée. Il appartient désormais aux
décideurs de concrétiser ces orientations pour que la TRACC devienne un véritable levier
d?adaptation, crédible aux yeux de tous les acteurs concernés, et efficace pour réduire les
vulnérabilités climatiques du pays.
4.4 Financements et mécanismes d?incitation
La mise en oeuvre des mesures et stratégies d?adaptation décrites dans les sections précédentes
requiert des ressources financières conséquentes. Les études de vulnérabilité, la réalisation
d?infrastructures résilientes, la transformation des pratiques agricoles ou encore la protection de la
biodiversité demandent en effet des investissements souvent importants, qui s?inscrivent dans un
horizon de long terme, avec une visibilité bien souvent très partielle pour les acteurs économiques.
Il est donc nécessaire de développer des mécanismes de financement spécifiques, alliant
subventions publiques, investissements privés et incitations fiscales, pour encourager et
accompagner l?adaptation au changement climatique.
4.4.1 Mobiliser des financements dédiés à l?adaptation
Plusieurs sources de financement peuvent être sollicitées pour soutenir aussi bien les études de
vulnérabilités que les actions d?adaptation. Les crédits d?État et les fonds européens (FEDER,
FEADER, LIFE, etc.) constituent d?ores et déjà un levier essentiel pour de nombreux projets
structurants. Les collectivités territoriales, selon leurs compétences et leurs capacités budgétaires,
peuvent également contribuer, de même que le secteur privé, à travers des partenariats public-
privé ou des mécanismes d?obligations vertes.
27 Des organisations fonctionnelles de cette nature existent au Royaume-Uni et en Allemagne et sont décrites dans
le rapport IGEDD « Mission de parangonnage sur les politiques d?adaptation au changement climatique »
(décembre 2022, référence 014450-01).
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
Avril 2025
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Toutefois, l?ampleur des investissements requis pour faire face aux aléas climatiques à moyen et
long terme nécessite de consolider et de coordonner ces dispositifs.
Afin de renforcer l?impact de ces financements, il importe qu?ils soient orientés de manière ciblée
vers les actions prioritaires définies après évaluation des vulnérabilités et conception d?un plan
d?action. Les mesures à forte valeur ajoutée en matière de résilience, les projets innovants qui
explorent de nouvelles solutions technologiques ou organisationnelles, ou encore les initiatives
favorisant la mutualisation des ressources méritent une attention particulière. De même, les acteurs
les plus exposés ou les plus fragiles (petites communes littorales, entreprises situées dans des
secteurs critiques, etc.) doivent pouvoir bénéficier d?un accompagnement renforcé, pour éviter que
les contraintes financières ne freinent leur capacité d?adaptation.
Pour renforcer l?efficacité des financements existants, il pourrait être utile de renforcer l?orientation
du Fonds vert vers les actions d?adaptation au changement climatique. L?enjeu est d?assurer un
soutien prioritaire aux études de vulnérabilité et à l?élaboration de stratégies territorialisées, en
garantissant que ces démarches s?appuient sur la TRACC et intègrent une analyse coûts-risques-
bénéfices rigoureuse. Une telle approche permettrait d?harmoniser les méthodes d?évaluation des
impacts climatiques et de renforcer la cohérence des décisions publiques en matière d?adaptation.
Afin d?accompagner cette dynamique, une sensibilisation accrue des préfets contribuerait à une
meilleure prise en compte de ces exigences dans l?instruction des projets, facilitant ainsi un
déploiement territorial plus structuré et efficace des financements.
Recommandation 15. [MTE?MEFSIN-MI] Apporter un financement de l?État, dans le cadre du
Fonds vert ? en particulier pour les études de vulnérabilité et l?élaboration de stratégies
d?adaptation au changement climatique territorialisées. Sensibiliser en ce sens les préfets
par circulaire.
4.4.2 Mécanismes d?incitation et de conditionnalité
L?adaptation au changement climatique représente pour de nombreux acteurs un investissement
de long terme, dont les bénéfices ne se révèlent pas toujours immédiatement. Afin d?encourager
les initiatives alignées sur la TRACC et de sécuriser leur mise en oeuvre, il est indispensable de
mobiliser des dispositifs de financement adaptés et de recourir à des incitations ciblées. Ces
mécanismes permettent d?alléger les barrières financières, de structurer les efforts d?adaptation et
d?ancrer durablement la résilience dans les stratégies publiques et privées.
4.4.2.1 Mécanismes financiers et incitations fiscales
Les projets d?adaptation peuvent être soutenus par des dispositifs financiers spécifiques, incluant
des subventions, des crédits d?impôt ou encore des conditions de financement favorables. Ces
instruments facilitent l?investissement dans des solutions résilientes et réduisent le risque perçu
par les acteurs économiques, notamment lorsqu?il s?agit d?infrastructures ou d?équipements à
longue durée de vie.
Préconisation 8 : [MTE] Accorder des subventions, crédits d'impôt et des financements
favorables (taux d'intérêt réduits pour les investissements dans des infrastructures résilientes ou
des avantages fiscaux pour les entreprises qui mettent en oeuvre des mesures d'adaptation
innovantes) aux projets alignés sur les objectifs de la TRACC.
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
Avril 2025
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Parallèlement, l?implication des secteurs bancaire et assurantiel constitue un levier majeur pour
diffuser une culture de l?adaptation. L?intégration des risques climatiques dans les politiques de
crédit, la tarification des primes d?assurance et la labellisation des produits d?épargne responsable
peuvent influencer les choix d?investissement et orienter les capitaux vers des solutions
d?adaptation robustes. Un dialogue structuré entre les pouvoirs publics, les institutions financières
et les assureurs est donc nécessaire pour garantir une évaluation cohérente des risques
climatiques et encourager la finance verte à mieux intégrer les enjeux d?adaptation.
Préconisation 9 : [MEFSIN, MTE] Renforcer l?implication des secteurs bancaire et assurantiel, en
développant un dialogue structuré portant notamment sur l?appréciation des risques et le partage
des données, et mieux prendre en compte l?adaptation au changement climatique dans la « finance
verte ».
4.4.2.2 Conditionnalité et transparence des financements
Pour renforcer l?efficacité des financements publics en matière d?adaptation au changement
climatique, il peut être judicieux, pour les projets qui ne sont pas déjà soumis à une obligation
réglementaire d?intégration de la TRACC, d?introduire des mécanismes incitatifs et de
conditionnalité. L?objectif est de garantir que ces projets prennent en compte les réalités
climatiques futures et contribuent à une adaptation cohérente avec les trajectoires établies.
Ainsi, pour certains projets d?aménagement ou d?infrastructure, l?octroi de financements de l?État
pourrait être conditionné à la réalisation d?une étude de vulnérabilité intégrant les scénarios de la
TRACC. Cette exigence serait d?autant plus pertinente pour les investissements à long terme,
exposés à des aléas climatiques croissants. En contrepartie, les porteurs de projet pourraient
bénéficier de mesures incitatives, telles que des bonifications financières, un accompagnement
technique renforcé ou des dispositifs spécifiques facilitant leur mise en oeuvre.
Dans cette optique, il apparaît pertinent d?explorer les conditions de mise en place d?un mécanisme
d?incitation et de conditionnalité adapté aux réalités des territoires et aux besoins des porteurs de
projets, en associant les préfets à la mise en oeuvre de ce cadre réglementaire et financier.
Préconisation 10 : [MTE] Engager une mission sur le développement des mécanismes
d?incitation et de conditionnalité liant sous le contrôle du Préfet, l?octroi de financement de l?État
dans les domaines de la rénovation énergétique ou d?actions de rénovation urbaine, à l?utilisation
de scénarios climatiques basés sur la TRACC dans les études de vulnérabilité au changement
climatique.
4.5 Renforcement des capacités et reconnaissance des initiatives
en matière d?adaptation
L?intégration de la TRACC dans les politiques d?adaptation nécessite une montée en compétences
généralisée, tant au sein des administrations que dans le secteur privé. Comprendre et exploiter
les projections climatiques, mener des études de vulnérabilité, concevoir des plans d?action
cohérents et anticiper les incertitudes impliquent un socle d?expertises spécifiques qui font encore
défaut dans de nombreuses organisations. Pour pallier ces lacunes, il est essentiel de structurer
une offre de formation adaptée et d?accompagner les acteurs dans l?acquisition de ces savoir-faire.
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
Avril 2025
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4.5.1 Développement des compétences et structuration d?un programme
de formation
Les administrations, les collectivités et les entreprises doivent pouvoir s?appuyer sur des experts
capables d?interpréter les données climatiques et d?en tirer des enseignements opérationnels. La
maîtrise des outils de modélisation et des scénarios TRACC est une condition indispensable pour
garantir la pertinence des études de vulnérabilité et des décisions stratégiques qui en découlent.
Cette expertise doit être complétée par des compétences en prospective et en gestion des
incertitudes, qui permettent d?évaluer différentes trajectoires d?adaptation et de choisir des options
robustes sur le long terme.
Ces points apparaissent particulièrement importants pour faire en sorte que, dans le cadre du
contrôle de légalité, les Préfets disposent des éléments de connaissance nécessaire pour
apprécier la pris en compte de la TRACC dans les plans et programmes.
L?organisation de formations qualifiantes apparaît dès lors comme un levier essentiel. Un
programme national de formation, coordonné par les ministères compétents et les opérateurs
publics (Météo-France, Cerema, Ademe), permettrait de structurer cet effort et de garantir une
montée en compétences progressive et homogène. Destiné aux agents de l?État, de ses opérateurs,
et aux collectivités, ce programme viserait à couvrir l?ensemble des savoir-faire nécessaires, depuis
l?analyse des risques jusqu?à la mise en oeuvre et l?évaluation des plans d?adaptation.
Recommandation 16. [MTE] Renforcer les capacités des acteurs en instaurant un programme
national de formation qualifiante sur l?adaptation au changement climatique, incluant
l?utilisation de la TRACC, destiné aux équipes des ministères, des services déconcentrés,
des opérateurs de l?État et des collectivités locales afin de leur permettre de piloter, de
réaliser, d?accompagner et/ou d?instruire les dossiers liés à l?adaptation au changement
climatique.
Le secteur privé doit également renforcer ses compétences. Les bureaux d?études, en première
ligne pour accompagner les collectivités et les entreprises dans leurs analyses de vulnérabilité,
doivent maîtriser les scénarios TRACC et les méthodologies associées afin de garantir des études
fiables et cohérentes. Plus largement, les acteurs économiques potentiellement exposés aux aléas
climatiques ? industries, gestionnaires d?infrastructures, entreprises de la construction ou encore
acteurs financiers ? gagneraient à intégrer ces connaissances pour adapter leurs stratégies et
investissements aux réalités climatiques futures.
4.5.2 Partage des connaissances et outils d?accompagnement
Au-delà des formations, il est crucial de favoriser le partage des connaissances et l?échange de
bonnes pratiques. La création de réseaux professionnels et de plateformes collaboratives facilite
la diffusion des retours d?expérience et permet aux acteurs engagés d?accéder à des ressources
communes. À cet égard, le Centre de ressources pour l?adaptation au changement climatique, mis
en place par le ministère de la Transition écologique avec l?Ademe, le Cerema et Météo-France,
constitue un point d?appui structurant.
Parallèlement, la mise à disposition d?outils pédagogiques et techniques (guides méthodologiques,
manuels d?utilisation de la TRACC, simulateurs de stress-tests) permettrait aux différents acteurs
de mieux appréhender les enjeux d?adaptation et d?intégrer ces connaissances dans leurs
décisions. Il importe de veiller à leur facilité d?accès et d?appropriation, notamment pour les
collectivités et les entreprises de taille plus modeste, qui ne disposent pas toujours de ressources
internes dédiées.
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Rapport n° 015725-01
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Les dynamiques de réseau favorisent également l?élaboration de référentiels communs et
l?ajustement des méthodologies employées. Un échange régulier entre territoires et secteurs
économiques facilite l?identification des pratiques efficaces et permet d?éviter les erreurs passées.
De plus, la confrontation des résultats entre différentes régions ou domaines d?activité contribue à
l?amélioration continue des stratégies d?adaptation.
Enfin, l?implication renforcée des programmes de recherche et développement est un levier
fondamental pour tester de nouvelles approches et accélérer l?innovation. Des expérimentations
de terrain sont nécessaires pour valider les solutions en conditions réelles, qu?il s?agisse de
nouveaux matériaux résistants aux aléas, d?outils numériques facilitant l?analyse des risques ou de
solutions fondées sur la nature. Ces initiatives doivent être financées et intégrées dans une
stratégie de diffusion large, afin que les avancées scientifiques irriguent rapidement les pratiques
opérationnelles.
4.5.3 Valorisation et reconnaissance des démarches d?adaptation
L?intégration de la TRACC dans les stratégies d?adaptation repose sur une diffusion large et une
appropriation par l?ensemble des acteurs. Dans cette optique, encourager et reconnaître les
démarches engagées constitue un levier essentiel pour favoriser l?adoption des bonnes pratiques
et inciter à une utilisation systématique des scénarios de la TRACC.
Pour structurer et amplifier ces efforts, la mise en place de labels ou de certifications spécifiques
permettrait d?identifier et de valoriser les initiatives exemplaires en matière d?adaptation. Ces
dispositifs offriraient aux acteurs engagés une visibilité accrue et un avantage concurrentiel, tout
en garantissant la crédibilité des démarches menées. Ils concerneraient divers domaines, tels que
la résilience des infrastructures, la gestion durable des ressources ou l?intégration des scénarios
climatiques dans les décisions stratégiques.
Ces labels joueraient également un rôle d?accélérateur d?innovation en stimulant l?émergence de
solutions nouvelles et en structurant un cadre de référence facilitant l?identification et la diffusion
des meilleures pratiques. Associés à des campagnes de sensibilisation et à des distinctions
publiques, ils renforceraient la mobilisation collective et contribueraient à une adaptation plus
efficace et cohérente aux défis climatiques à venir.
Préconisation 11 : [MTE] Créer des labels ou des certifications spécifiques qui reconnaissent et
valorisent les efforts entrepris, offrent une visibilité accrue et un avantage concurrentiel aux acteurs
engagés et guident les consommateurs, les investisseurs et les partenaires.
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Rapport n° 015725-01
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Conclusion
Les effets du changement climatique sont d?ores et déjà bien visibles. Chacun peut constater
l?augmentation du nombre et de l?ampleur des inondations, des sécheresses, des incendies de
forêts, des nuits tropicales, etc. alors même que nous ne sommes qu?à un niveau de réchauffement
de l?ordre de 1,5 degrés.
La perspective d?un monde où l?élévation des niveaux de températures dépasserait les 3 degrés à
la fin du siècle, voit sa probabilité augmenter et il convient de s?y préparer. Le 3ème PNACC et la
TRACC constituent des outils déterminants pour ce faire.
Cependant, il importe de leur donner un caractère concret et opérationnel pour lancer un processus
structuré, progressif et de très longue haleine mobilisant l?ensemble des acteurs concernés.
Afin de lancer cette démarche, plusieurs étapes successives sont nécessaires.
Il convient tout d?abord de donner une forme juridique au PNACC et à la TRACC et d?acter le
principe de rendre obligatoire les études de vulnérabilité fondées sur la TRACC, ce qui peut, à ce
stade, être fait par voie réglementaire.
Ensuite, il est indispensable que l?État et ses opérateurs achèvent de mettre en place les services
climatiques, le processus de fourniture des données essentielles et, plus généralement, le dispositif
technique et financier permettant d?accompagner les acteurs, en tout premier lieu les collectivités
territoriales.
Au terme de ces deux étapes, il conviendra de rendre effectif le caractère obligatoire, dans les
plans et programmes les plus concernés, des études de vulnérabilité fondées sur la TRACC ainsi
que de finaliser l?évolution des normes et référentiels techniques pertinents.
Par la suite, au vu de l?évolution des connaissances et des résultats atteints, il faudra ajuster
régulièrement la TRACC, les jeux de données qui en sont issus, le cadre méthodologique, les plans
et programmes, les normes et les référentiels techniques.
Enfin, en s?appuyant sur une évaluation de la démarche entreprise, l?opportunité d?une
consécration législative de l?obligation de prendre des mesures d?adaptation proportionnées
fondées sur les études utilisant la TRACC pourra être sereinement débattue.
Même si certaines échéances peuvent paraître lointaines, le niveau des risques s?est élevé et ne
fera que croître. Il est donc crucial de se préparer pour y faire face aussi bien pour nous que pour
les générations futures.
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Rapport n° 015725-01
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Laurent Machureau Fabien Palhol Sabine Saint-Germain Marc Strauss
Inspecteur Inspecteur Inspectrice Inspecteur
général générale général
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Annexes
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Annexe 1. Lettre de mission
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Annexe 2. Liste des personnes rencontrées
Nom Prénom Organisme Fonction
Ministères
VIEILLEFOSSE Aurélie MTECT/Cabinet Directrice adjointe
BRETON Pierre MTECT/Cabinet Conseiller eau, air, santé environnementale et adaptation
MICHEL Laurent IGEDD Président Autorité environnementale
MATHON Sylvie IGEDD
Secrétaire de la conférence des autorités
environnementales
SIMIU Diane MTECT/DGEC/DCEEA Directrice
THIERY Mickaël MTECT/DGEC/DCEEA Sous-directeur de l?action climatique
VIAU Julien
MTECT/DGEC/DCEEA
Adjoint au sous-directeur de l?action climatique
CARREGA Marie
MTECT/DGEC/DCEEA
Cheffe du bureau adaptation au changement climatique
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Rapport n° 015725-01
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SENECHAL Lucie
MTECT/DGEC/DCEEA
Adjointe à la cheffe du bureau adaptation au changement
climatique
KUENY Laurent MTECT/DGEC/DE Directeur
BOURILLET Cédric MTECT/DGPR Directeur général
BERTHET Lionel MTECT/DGPR/SRNH/SDCAP
Sous-directeur de la connaissance des aléas et de la
prévention
LAPERROUSAZ Elise MTECT/DGPR/SRNH/SDCAP Cheffe du bureau des risques inondations et littoraux
BOUFFIER Jacques MTECT/DGPRSRNH/SDCAP
Chargé de mission bureau des risques inondations et
littoraux
BETINELLI Benoit
MTECT/DGPR/SRT/MNSR
Chef de la mission pour la sûreté nucléaire
DE LAVERGNE Célia MTECT/DGALN/DEB Directrice de l?eau et de la biodiversité
RISLER Ophélie
MTECT/DGALN/DEB
Directrice de projet adaptation au changement climatique
SZLPER Vincent MTECT/DGALN/DEB Sous-directeur ELM
MONTRIEUX Vincent MTECT/DGALN/DHUP Adjoint au directeur
CARON Antoine
MTECT/DGALN/DHUP/QC
Sous-directeur qualité de la construction
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
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ZUELGARAY Thomas
MTECT/DGALN/DHUP/QC
Adjoint au sous-directeur qualité de la construction
BONHOMME Céline
MTECT/DGALN/DHUP/AD
Sous-directeur aménagement durable
SUCHEL Christophe
MTECT/DGALN/DHUP/AD
Adjoint au sous-directeur aménagement durable
VOUILLEMET Emilie
MTECT/DGALN/DHUP/UP
Sous-directrice urbanisme réglementaire et paysage
BRIE Patrick
MTECT/DGALN/DHUP/UP
Adjoint à la sous-directrice urbanisme réglementaire et
paysage
GINTZ Rodolphe MTECT/DGITM Directeur général
POPESCU Téodora MTECT/DGITM/SDBSA/DSAS
Adjointe au chef de la mission de la synthèse et de
l?analyse stratégique
DURON Sophie-Dorothée MTECT/DGAMPA/SEML Cheffe du service des espaces maritimes et littoraux
MARILL Xavier DGAMPA/SEML Sous-directeur de la planification maritime
Opérateurs de l?État
RANSQUIN Joël ADEME Directeur adaptation, aménagement et bas carbone
BELLINI Robert ADEME
Adjoint au directeur adaptation, aménagement et bas
carbone
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
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JOSSE Patrick METEO FRANCE Directeur de la climatologie et des services climatiques
SOUBEYROUX Jean-Michel METEO FRANCE
Directeur adjoint scientifique, direction de la climatologie
et des services climatiques
MARTINOTTI Sophie METEO FRANCE
Chargée de mission direction de la climatologie et des
services climatiques
BERTEAUD Pascal CEREMA Directeur général
ZAMBON David CEREMA Directeur général adjoint
FERRY Annabelle CEREMA Directrice Territoire et ville
MOULINE Éric CEREMA Directeur adjoint DTeclTM
QUEMART Philippe CEREMA
Directeur programmation production qualité,
coordonnateur environnement et risque
VINAY Catherine CEREMA Directrice déléguée Risques, nuisances, énergie, climat
BEAUREZ Nicolas CEREMA Chef du groupe Résilience, Transition, Climat
CREPON Etienne CSTB Président
LEBERT Alexandra CSTB
Directrice « Bâtiments et villes face au changement
climatique » et « économie circulaire et ressources pour
le bâtiment »
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
Avril 2025
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MANCRET-TAYLOR Valérie ANAH Directrice générale
VALIERE Antonin ANAH Relations institutionnelles
PAVARD Vincent ANAH Responsable du service observation et évaluation
CHIUSANO Kim ANRU
Directrice adjointe de la stratégie et de
l?accompagnement des acteurs
ROMERO Christophe ANRU Conseiller transition
TIRANT Véronique ANRU Chargée de mission
CARIOU Jean-Benoît ANRU Chargé de mission
MEGDOUD Julien ANCT Conseiller CRTE
SORNIN PETIT Nicolas ANCT Chef du pôle interface
FAUST Arthur APE Directeur de participations adjoint
LAUDEREAU Quentin APE Chargé de participations Energie
VALENTY Romain APE Directeur de participations Energie
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
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l?énergie, des transports, de la construction et de l?urbanisme
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COLLET Julien ASN Directeur général adjoint
GAUTHIEZ François OFB Directeur appui stratégie pour la biodiversité
PARELLE Amaury OFB Coordonnateur projet LIFE Artisan
Élus et Associations d?élus
DANTEC Ronan Sénat Sénateur
FOURNEAU Nathalie AMF Responsable du département Aménagement du territoire
WIECSZORECH Sandrine AMF
Assistante rédactrice de la Mission Développement
durable
BIDAULT Stéphanie AMF Responsable de la mission Risques et Crises
POUZADOUX Véronique AMF Secrétaire générale adjointe, maire de Gannat
STEPHAN Gwénola AMF Responsable de la mission Transition écologique
METAIRIE Christian AMF Vice-Président, maire d?Arcueil
SIMON Cyrielle AMF Conseillère technique de la mission Transition écologique
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
Avril 2025
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TRIJOULET Laurent AMF DGA
GASS Stella Fédération des SCoT Directrice générale
AMORETTI-HANNEQUIN Christophe France Urbaine Conseiller Finances durables et Achat
ANGOTTI Philippe France urbaine Délégué adjoint
MAIRE Sébastien France Ville durable Délégué général
CEBILE Oriane Intercommunalités de France Conseillère environnement
ROPARS Carole
Intercommunalités de France
Conseillère urbanisme
ARANA DE MALEVILLE Olivia Régions de France Conseillère Transition écologique et énergétique
MODDE Stéphanie Régions de France Référente adaptation au changement climatique
LAVAUD Pauline Ville de Paris Directrice de la transition écologique et du Climat
YANN Françoise Ville de Paris Adjointe de la directrice de la transition écologique
ROUSSEL Julie Ville de Paris Responsable du département adaptation
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
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MAIRE Sébastien Villes et territoires durables Directeur, délégué général
Entreprises publiques et
privées, associations
professionnelles
GATTI GREGORI Patricia BOUYGUES Directrice environnement, décarbonation, RSE
GRISARD Marjolaine Nexity Directrice RSE
PRUDHOMME Nicolas
Union sociale pour l?habitat
Directeur de la Maitrise d?ouvrage
CHARRIER Alban Union sociale pour l?habitat Adjoint au directeur de la maitrise d?ouvrage
GUNSLAY Benoit
Union sociale pour l?habitat
Conseiller juridique à la direction des affaires juridiques
MICHELANGELI Paul Antoine EDF Ingénieur chercheur
MARTY Alexandre EDF Responsable climat et ressources naturelles
PAREY Sylvie EDF Chercheur senior
POL-TIREAU Katy EDF Ingénieur chercheur
BONNET Jean-Philippe RTE Directeur adjoint pôle stratégie, prospective et évaluation
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Rapport n° 015725-01
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DUBUS Laurent RTE Expert scientifique climat
LATOUR Chloé RTE Directrice Stratégie et régulation
MASSE Alexis GRDF Directeur de la stratégie
CHEVALIER Benoit SNCF Réseau
Directeur des projets amonts et de l?adaptation au
changement climatique
KOSIANY Mathilde SNCF Réseau Programme adaptation au changement climatique
ROECKLIN Corinne SNCF Réseau Responsable du pôle environnement
ONG, Think Tanks
DEPOUES Vivian I4CE
Responsable thématique adaptation au changement
climatique
DOLQUES Guillaume I4CE Chercheur Adaptation au changement climatique
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Rapport n° 015725-01
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Annexe 3. Glossaire des sigles et acronymes
Acronyme Signification
APE Agence des participations de l?État
AOM Autorité organisatrice de la mobilité
CDN Contribution déterminée au niveau national
CSRD Corporate Sustainability Reporting Directive
DSF Document stratégique de façade
EV Étude de vulnérabilité
INEC Indicateur national de l?érosion côtière
PADDUC Plan d?aménagement et de développement
durable de la Corse
PBACC Plan de bassin d?adaptation au changement
climatique
PCAET Plan climat air énergie territorial
PGRI Plan de gestion des risques d?inondation
PNACC Plan national d?adaptation au changement
climatique
PNR Parc naturel régional
PNUE Programme des nations unies pour
l?environnement
PPRN Plan de prévention des risques naturels
RCP Representative Concentration Pathway
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Rapport n° 015725-01
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Acronyme Signification
SAGE Schéma d?aménagement et de gestion des
eaux
SAR Schéma d?aménagement régional
SCoT Schéma de cohérence territoriale
SDAGE Schéma directeur d?aménagement et de
gestion des eaux
SDDR Schéma de développement du réseau
SDRIF Schéma directeur de la région Ile de France
SRADDET Schéma régional d?aménagement, de
développement durable et d?égalité des
territoires
SSP Shared Socio-economic Pathway
TRACC Trajectoire de réchauffement de référence
pour l?adaptation au changement climatique
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Rapport n° 015725-01
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Annexe 4. Phasage de la mise en oeuvre des
recommandations
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Annexe 5. Précisions sur la TRACC
Annexe 5.1. Construction de la TRACC
La Trajectoire de réchauffement de référence pour l?adaptation au changement climatique (TRACC)
est une initiative mise en place par le ministère de la Transition écologique pour fournir une
référence commune aux travaux en lien avec l?adaptation au changement climatique (prospective,
analyse de vulnérabilité, stratégie?). Elle vise à établir un cadre permettant à tous les acteurs
concernés d?adopter des hypothèses uniformes pour répondre à la question : « À quel climat futur
dois-je m?adapter ? ». Décision politique, la TRACC se distingue des objectifs climatiques
d?atténuation, qui se réfèrent à l?Accord de Paris et visent à limiter le réchauffement planétaire à
+1,5 °C ou +2 °C par rapport à l?ère préindustrielle. Elle n?est en aucun cas un renoncement à ces
objectifs, mais tient compte des tendances mondiales actuelles des émissions de gaz à effet de
serre, lesquelles pourraient entraîner un dépassement des seuils fixés par l?accord, nécessitant
une préparation adaptée.
La TRACC s?appuie sur une approche par niveaux de réchauffement climatique à l?échelle
mondiale, centrée sur trois seuils définis par rapport à la période préindustrielle 1850-1900 : +1,5 °C,
+2 °C et +3 °C. Appliqués à la France, ces niveaux correspondent à des réchauffements
spécifiques : +2 °C, +2,7 °C et +4 °C, respectivement (Figure A). Ce différentiel reflète le fait que
la France métropolitaine, à l?instar de l?Europe occidentale, se réchauffe en moyenne 30 % plus
rapidement que la planète. Les horizons temporels associés à ces niveaux, validés lors d?une
consultation publique en 2023, sont les suivants : +1,5 °C en 2030, +2 °C en 2050, et +3 °C en
2100.
Figure A : Présentation de la TRACC en termes d?échéance et de niveau de
réchauffement planétaire et France hexagonale (Source : Météo France)
Ces projections temporelles reposent sur les politiques actuelles et les engagements de réduction
des émissions mondiales. Les valeurs choisies pour la TRACC sont cohérentes avec les
engagements pris par les Etats dans le cadre international des négociations sur climat (NDC, pour
Nationaly Determined Contributions). Elles se situent à un niveau comparable à un scénario de
poursuite des politiques actuelles intégrant les contributions additionnelles conditionnées au
soutien international (Conditional NDCs continuing), tel que le montre la figure B.
Ce scénario est cependant lié au contexte politique mondial et il est très dépendant des
financements mis en place et de la coopération internationale. Les évolutions récentes aux Etats-
Unis (retrait de l?Accord de Paris, démantèlement d?US Aid et désengagement des financements
internationaux) pourraient conduire à une remise en cause des engagements pris et à une
trajectoire plus défavorable.
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
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Figure B : Réchauffement maximal au cours du XXI? siècle (°C) par rapport aux niveaux
préindustriels. (Source : United Nation Environment Programme28)
Les données utilisées dans le cadre de la TRACC sont issues du jeu TRACC-2023, diffusé par
Météo-France sur le portail DRIAS. Ce jeu repose sur un ensemble de projections climatiques
régionales produites dans le cadre du projet Explore2 et correspond à une sélection des
simulations climatiques les plus récentes produites à l?échelle européenne (EURO-CORDEX) qui
décline sur l?Europe les simulations globales utilisées dans le 5e rapport du GIEC. Les 17
simulations sélectionnées (Figure C) ont été corrigées de leurs biais par la méthode ADAMONT et
projetées sur la France hexagonale à une maille de 8 km.
Figure C : Liste des couples de modèles de climat globaux (GCM) et régionaux (RCM)
de l?ensemble Explore2 utilisés pour la construction de la TRACC. (Source : Météo
France)
28 Emissions Gap Report 2024, United Nation Environment Programme, 2024
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Les projections climatiques réalisées dans le cadre de la TRACC utilisent uniquement le scénario
RCP8.5, qui permet d?explorer un large éventail de conditions climatiques, y compris des niveaux
de réchauffement élevés. Ce choix repose sur la disponibilité accrue de simulations pour ce
scénario et garantit que l?ensemble des données soient bien issues des mêmes simulations.
Les projections TRACC prennent également en compte les incertitudes associées aux modèles
climatiques et à la variabilité interne du climat. Ces incertitudes proviennent essentiellement des
limites scientifiques et techniques dans la représentation du système climatique, tandis que la
variabilité interne reflète les interactions chaotiques entre les composantes du système climatique.
Ces incertitudes sont intégrées dans les projections, qui présentent à la fois les médianes des
changements projetés et leurs plages d?incertitude. Les cartes produites pour décrire les évolutions
climatiques futures utilisent des quantiles statistiques (minimum, médiane et maximum).
Les résultats actuels forment le jeu de données TRACC-2023 qui pourra être mis à jour dans les
prochaines années afin de prendre en compte les avancées méthodologiques et de nouvelles
simulations climatiques plus précises.
Annexe 5.2. TRACC et Scénarios du GIEC
La TRACC se distingue des scénarios RCP (Representative Concentration Pathways) et SSP
(Shared Socioeconomic Pathways) du GIEC à plusieurs niveaux, tant dans son approche que dans
ses objectifs.
Les RCP sont des trajectoires climatiques définies en fonction des concentrations de gaz à effet
de serre dans l?atmosphère. Ils décrivent les forçages radiatifs attendus à l?horizon 2100 en fonction
de divers scénarios d?émissions de gaz à effet de serre. Par exemple, le scénario RCP8.5
représente une situation de fortes émissions, tandis que le RCP2.6 correspond à un scénario
d?atténuation ambitieuse visant à limiter le réchauffement global à environ +2 °C. Ces trajectoires
se concentrent sur les conditions physiques globales du climat, en établissant un lien entre
émissions, concentrations et impacts environnementaux.
Les SSP, introduits dans le cadre du 6e rapport du GIEC, ajoutent une dimension socio-
économique. Ils définissent des contextes narratifs qui décrivent les évolutions socio-économiques
potentielles du monde, comme la croissance démographique, le développement technologique ou
la coopération internationale. Ces trajectoires permettent de relier les tendances socio-
économiques aux émissions et aux impacts climatiques, tout en intégrant les RCP.
En comparaison, la TRACC ne repose pas sur des trajectoires d?émissions ou des contextes socio-
économiques spécifiques. Elle adopte une approche par niveaux de réchauffement climatique
globaux (+1,5 °C, +2 °C et +3 °C) et leur traduction en impacts régionaux pour la France. La
TRACC se concentre sur les impacts concrets en se basant sur des données climatiques locales,
tout en simplifiant les incertitudes liées aux émissions futures ou aux trajectoires socio-
économiques. Contrairement aux scénarios RCP ou SSP, elle ne vise pas à explorer toutes les
conditions possibles menant à un certain niveau de réchauffement, mais à fournir une référence
politique et opérationnelle pour orienter les stratégies d?adaptation.
Cette différence fondamentale reflète une approche orientée vers l?adaptation pratique, plutôt que
vers l?analyse des interdépendances globales entre émissions, trajectoires socio-économiques et
impacts climatiques.
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Rapport n° 015725-01
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Annexe 5.3. Déclinaison de la TRACC
Si la TRACC correspond à un choix de niveaux de réchauffement globaux et de leurs équivalents
en France, elle peut être également déclinée en outils concrets pour analyser et territorialiser les
impacts du changement climatique. Ces outils reposent sur le jeu de données issu des simulations
climatiques utilisées pour élaborer la TRACC-2023. Ces simulations, basées sur les modèles les
plus récents et les plus robustes, permettent de décliner les impacts climatiques à des échelles
géographiques fines, en tenant compte des spécificités locales des territoires français.
Le jeu de données TRACC-2023, accessible notamment via le portail DRIAS - Les futurs du climat,
constitue ainsi un support essentiel pour évaluer les conséquences du changement climatique et
orienter les politiques d?adaptation. Il inclut des projections climatiques précises à une résolution
spatiale de 8 km pour la France métropolitaine, offrant une granularité suffisante pour répondre à
la plupart des enjeux territorialisés et sectoriels (Figure D). Cette richesse de données permet
d?élaborer une large gamme d?indicateurs climatiques, conçus pour traduire les impacts potentiels
sur les différents aspects des systèmes naturels et socio-économiques.
Ces indicateurs sont utilisés pour caractériser les évolutions climatiques attendues à la fois sur le
plan annuel et saisonnier, ainsi que pour analyser les phénomènes extrêmes tels que les vagues
de chaleur, les précipitations intenses ou les sécheresses. Ils constituent une base scientifique et
technique permettant aux décideurs, aux collectivités territoriales et aux acteurs socio-
économiques d?anticiper les impacts et de planifier des stratégies d?adaptation adaptées à leurs
spécificités locales.
Les indicateurs actuellement disponibles sur le site drias-climat.fr sont les suivants :
? température moyenne annuelle
? température moyenne en été (juin- juillet-août)
? température moyenne en hiver (décembre-janvier-février)
? température maximale en été (juin- juillet-août)
? nombre de jours avec température maximale ? 30 °C
? nombre de jours avec température maximale ? 35 °C
? nombre de nuits tropicales (température minimale > 20°C)
? cumul de précipitations annuelles
? cumul de précipitations hiver (décembre-janvier-février)
? cumul de précipitations été (juin- juillet-août)
? cumul de précipitations quotidiennes remarquables (percentile 99 du cumul quotidien)
? intensité des précipitations extrêmes (max annuel des précipitations totales)
? fréquence des précipitations quotidienne remarquables
? risque de feux de forêt (nombre de jours avec un IFM>40)
? sécheresse du sol (nombre de jours avec un SWI<0.4)
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Rapport n° 015725-01
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Figure D : Exemple de production cartographique basée sur les données TRACC-2023
à l?échelle de la France hexagonale. (Source : Météo France / DRIAS-Climat)
La déclinaison de la TRACC jouera un rôle déterminant dans la prise en compte territorialisée des
effets du changement climatique, en mettant en évidence que ces effets varient fortement en
fonction des caractéristiques locales, telles que le climat actuel, la géographie, l?occupation des
sols et les dynamiques socio-économiques. Les projections climatiques découlant de la TRACC,
élaborées à une résolution spatiale fine, permettent d?identifier avec précision les variations locales
des impacts climatiques (Figure E). Cette granularité offre aux décideurs locaux la possibilité
d?évaluer les risques spécifiques à leurs territoires, comme l?intensification des vagues de chaleur
dans les zones urbaines, l?augmentation des sécheresses dans les régions agricoles, ou encore la
modification des régimes hydrologiques dans les bassins versants.
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Figure E : Exemple de production cartographique basée sur les données TRACC-2023
à l?échelle de la France hexagonale (Source : Météo France / DRIAS-Climat)
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Annexe 5.4. Pourquoi la TRACC ?
L?établissement de la TRACC répond à un besoin fondamental de structuration et de cohérence
des politiques d?adaptation au changement climatique en France. En définissant une référence
commune pour l?ensemble des acteurs, le Gouvernement vise à harmoniser les pratiques et les
outils dans tous les domaines de notre société, tout en s?appuyant sur des bases scientifiques
robustes et adaptées aux spécificités territoriales françaises.
L?un des objectifs principaux de la TRACC est de servir de cadre pour les études de vulnérabilité.
Ces études permettent d?évaluer les impacts potentiels du changement climatique sur les territoires,
les infrastructures, les écosystèmes et les activités humaines. En s?appuyant sur des projections
climatiques cohérentes et des indicateurs harmonisés, la TRACC favorise une analyse homogène
des risques, tout en permettant une meilleure anticipation des enjeux locaux et sectoriels. Ce cadre
facilite également les comparaisons entre territoires, réduisant ainsi les divergences
méthodologiques entre études et limitant la variabilité des diagnostics. En offrant une base
commune aux différentes approches, la TRACC favorise l?harmonisation des stratégies
d?adaptation et la cohérence des actions mises en oeuvre à l?échelle nationale. Elle contribue
également à la massification des processus d?adaptation en structurant les méthodes et en
facilitant leur diffusion auprès des acteurs concernés.
La TRACC constitue également une base pour la révision des référentiels techniques, normes et
réglementations climato-sensibles. L?adaptation des infrastructures, des bâtiments ou des
systèmes naturels nécessite en effet une prise en compte explicite des conditions climatiques
futures, ce qui n?est pas toujours le cas aujourd?hui. En offrant une trajectoire claire et
scientifiquement validée, la TRACC permettra de redéfinir, à chaque fois que cela sera nécessaire,
les standards techniques afin d?assurer la résilience des infrastructures et des activités face à des
climats modifiés.
Par ailleurs, la TRACC joue un rôle central dans la planification territoriale et sectorielle. Les
stratégies d?aménagement, les politiques de gestion des risques et les programmes
d?investissement à long terme doivent désormais intégrer les projections climatiques pour répondre
efficacement aux défis du futur. La TRACC doit permettre de dépasser les approches fragmentées
ou ponctuelles en offrant un cadre de travail partagé entre tous les acteurs, qu?ils soient locaux,
régionaux ou nationaux. En outre, la TRACC favorise une approche systémique de l?adaptation.
En unifiant les hypothèses climatiques et en rendant les données accessibles via des outils tels
que DRIAS - Les futurs du climat, elle facilite une prise en compte transversale des enjeux
climatiques qui renforce non seulement la cohérence des politiques publiques, mais aussi leur
efficacité en réduisant les divergences dans les méthodologies et en optimisant les ressources
disponibles.
En permettant des projections climatiques localisées, la TRACC doit également faciliter la
priorisation des mesures d?adaptation, en tenant compte des vulnérabilités propres à chaque
territoire. Les acteurs locaux peuvent ainsi développer des stratégies adaptées aux enjeux
spécifiques de leur région, tout en disposant d?une base homogène pour évaluer les impacts à
moyen et long terme. Cette territorialisation des données permettra en outre de mieux articuler les
efforts nationaux et locaux, en veillant à ce que les solutions soient à la fois efficaces à l?échelle
nationale et pertinentes pour les contextes locaux. Enfin, la TRACC doit aider à la sensibilisation
des collectivités territoriales et des populations à la diversité des impacts climatiques. En rendant
visibles les changements projetés à une échelle tangible pour les décideurs et les citoyens, elle
renforce la prise de conscience des défis spécifiques à chaque région et encourage une
mobilisation plus large pour l?adaptation. Des outils synthétiques et pédagogiques tels que
Climadiag Commune ont pour vocation de faciliter l?appropriation et l?intégration des enjeux
climatiques dans les décisions et les pratiques. Cette territorialisation des effets climatiques
constitue ainsi un levier essentiel pour une planification climatique inclusive et résiliente.
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Rapport n° 015725-01
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Annexe 6. Jurisprudences en matière
d?adaptation au changement climatique
Avant de présenter les jurisprudences nationales pertinentes, soulignons que même si la science
du climat est de plus en plus développée, les impacts précis du changement climatique à l?échelle
de petits territoires demeurent encore incertains, surtout s?ils sont recherchés à long terme. Dans
cette mesure, les politiques d?adaptation au changement climatique paraissent susceptibles d?être
contestées en justice à l?aune du principe de précaution puisque les actions fondées sur ce principe
nécessitent de pouvoir invoquer des incertitudes scientifiques et la possibilité de dommages graves
et irréversibles.
En France, le Conseil constitutionnel a affirmé en 200829 la valeur constitutionnelle du principe de
précaution garanti par l?article 5 de la Charte de l?environnement30.
Par ailleurs, en 2022, le Conseil constitutionnel a consacré le droit constitutionnel des générations
futures en se fondant sur plusieurs dispositions de la Charte de l?environnement : son Préambule
(« Considérant (?) qu?afin d?assurer un développement durable, les choix destinés à répondre aux
besoins du présent ne doivent pas compromettre la capacité des générations futures et des autres
peuples à satisfaire leurs propres besoins »), son article 1er (Droit de vivre dans un environnement
équilibré et respectueux de la santé) et son article 6 (les politiques publiques doivent promouvoir
un développement durable et concilier la protection de l?environnement avec le développement
économique et le progrès social)31. En 2023, dans sa décision sur la création et à l'exploitation d'un
centre de stockage en couche géologique profonde de déchets radioactifs, le Conseil
constitutionnel s'est fondé sur le droit de chacun à vivre dans un environnement équilibré pour
juger que le législateur « lorsqu'il adopte des mesures susceptibles de porter une atteinte grave et
durable à l'environnement, doit veiller à ce que les choix destinés à répondre aux besoins du
présent ne compromettent pas la capacité des générations futures et des autres peuples à
satisfaire leurs propres besoins, en préservant leur liberté de choix à cet égard »32.
Au sein du Conseil de l?Europe, la Convention européenne de sauvegarde des droits de l?homme
et des libertés fondamentales (CESDHLF) et notamment ses articles 2 (droit à la vie) et 8 (droit au
respect de la vie privée et familiale) fondent des décisions juridictionnelles en matière climatique.
Ainsi la Cour d?appel de Bruxelles dans une décision historique du 30 novembre 2023 a considéré
que l?autorité fédérale ainsi que deux régions belges avaient manqué à leur devoir de vigilance
résultant de dispositions du code civil belge mais aussi de ces deux articles compte tenu de leurs
mauvais résultats en termes d?émissions de gaz à effet de serre. Elle leur a ensuite imposé un
objectif minimum contraignant de réduction de ces émissions.
29 2008-564 DC, 19 juin 2008, cons. 18, Journal officiel du 26 juin 2008, page 10228, texte n° 3, Rec. p. 313
30 Article 5 de la Charte de l?environnement : « Lorsque la réalisation d'un dommage, bien qu'incertaine en l'état
des connaissances scientifiques, pourrait affecter de manière grave et irréversible l'environnement, les autorités
publiques veillent, par application du principe de précaution et dans leurs domaines d'attributions, à la mise en
oeuvre de procédures d'évaluation des risques et à l'adoption de mesures provisoires et proportionnées afin de
parer à la réalisation du dommage »
31 Décision 2022-843 DC censurant partiellement la loi portant mesures d?urgence pour la protection du pouvoir
d?achat (voir surtout les développements concernant les articles 29 et 30 portant sur l?exploitation d?un terminal
méthanier flottant au Havre)
32 Décision 2023-1066 QPC du 27 octobre 2023.
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
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Et pour la première fois, le 9 avril 2024, la Cour européenne des droits de l?homme dans un arrêt
très remarqué a condamné un État (la Suisse) pour ne pas avoir été plus actif et efficace en matière
climatique et avoir ainsi porté atteinte à la santé des requérantes, soutenant être plus exposées
que d?autres populations aux chaleurs extrêmes provoquées par le changement climatique en
raison de leur âge (plus de 75 ans) et de maladies cardiovasculaires ou respiratoires33.
Le Tribunal international du droit de la mer a affirmé dans un avis consultatif du 21 mai 2024 le
devoir d?action des États pour prévenir, réduire et maitriser les émissions de GES, estimant qu?ils
polluaient la mer34.
L?Assemblée générale de l?ONU a saisi la Cour de justice internationale (La Haye) en mars 202335
en lui demandant quel était son avis (non contraignant) sur les obligations, en droit international,
des États en matière d?atténuation et d?adaptation au changement climatique et à quels risques
juridiques étaient exposés les États pollueurs qui manqueraient à leurs obligations. Le nombre de
productions écrites et de plaidoiries présentées devant le CIJ du 2 au 23 décembre 2024
(91 déclarations écrites, plaidoiries de 96 États et de 11 ONG36) souligne l?importance qu?il convient
d?accorder à cette consultation exceptionnelle.
Enfin, la Cour interaméricaine des droits de l?homme a été saisie par le Chili et la Colombie d?une
demande d?avis analogue en janvier 2023.
Ce très rapide panorama de jurisprudence montre que c?est autant l?insuffisance de l?action que
l?inaction des États en matière climatique qui sont contestées devant les juridictions.
33 https://www.coe.int/fr/web/portal/-/three-climate-change-rulings-from-the-european-court-of-human-rights
34 https://itlos.org/fileadmin/itlos/documents/cases/31/Advisory_Opinion/A31_avis_cons_21.05.2024_orig.pdf
35 https://press.un.org/fr/2023/ag12497.doc.htm
36 https://www.icj-cij.org/sites/default/files/case-related/187/187-20241213-pre-01-00-fr.pdf
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Annexe 7. Textes à prendre ou à modifier pour la
mise en oeuvre de la TRACC
1- Pour fonder le PNACC et la TRACC, créer un article R. 229-4-1 dans le code de
l?environnement en modifiant le titre d?une section
Emplacement dans le code de l?environnement
Dans le chapitre 9 du titre 2 du livre 2 du code de l?environnement, changer la section 1
consacrée à l?Observatoire national sur les effets du changement climatique en le dédiant au «
Changement climatique » avec une sous-section « Observatoire » et une autre sur les « Mesures
d?adaptation au changement climatique ».
Rappel
L. 229-1 du code de l?environnement : « La lutte contre l'intensification de l'effet de serre et la
prévention des risques liés au réchauffement climatique sont reconnues priorités nationales (?)
».
Projet de rédaction
« R. 229-4-1 :
I- Pour mettre en oeuvre les dispositions du point 4 de l?article 5 du règlement 2021/1119 du
Parlement européen et du Conseil du 30 juin 2021 établissant le cadre requis pour parvenir à la
neutralité climatique, un plan national d?adaptation au changement climatique (PNACC) est
adopté par décret tous les cinq ans, après consultation du CNTE et du HCC. Il est élaboré sur
la base de la trajectoire de réchauffement de référence pour l?adaptation au changement
climatique (TRACC) et d?une étude de vulnérabilité nationale fondée sur celle-ci.
II- La TRACC est adoptée par décret tous les cinq ans, après consultation du CNTE et du HCC.
La TRACC détermine, sur la base d?une proposition de Météo France, des valeurs de
réchauffement à court terme, à moyen terme et à plus long terme pour la France métropolitaine
et les départements et territoires d?outre-mer.
III- Météo-France est en outre chargé de :
- concevoir la méthodologie et de réaliser les modélisations qui permettent de définir la TRACC,
et de les expliciter et les faire connaître au public ;
- mettre à disposition les données issues des modélisations permettant de définir la TRACC, les
projections climatiques territorialisées de référence, ainsi que les indicateurs climatiques qui en
découlent, en France métropolitaine et dans les départements et territoires d'outre-mer ;
- diffuser largement des synthèses territorialisées des principaux effets de cette trajectoire,
notamment en termes de précipitations, de sécheresse et de canicules. »
Commentaire : Le III du projet d?article R. 229-4-1, focalise les synthèses territorialisées sur les
aspects actuellement le mieux maitrisés, à savoir les effets relatifs aux précipitations et aux
températures, et exclut de fait la hausse du niveau de la mer et l?évolution des régimes de vent.
Concernant l'élévation du niveau de la mer, les projections actuelles présentent une variabilité
notable qui s'explique par la complexité des processus physiques impliqués (fonte des calottes
glaciaires, dilatation thermique des océans?), ainsi que par les limitations des modèles actuels
à représenter avec précision ces phénomènes.
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Rapport n° 015725-01
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En ce qui concerne les régimes de vent, les projections climatiques sont également marquées
par une grande incertitude. Les modèles climatiques actuels peinent par exemple à fournir des
prévisions précises quant à l'évolution des vents forts en France, cette incertitude étant
davantage liée aux limitations des modèles eux-mêmes qu'aux scénarios d'émissions ou aux
horizons temporels considérés.
2- Prendre deux décrets simples, hors code, l?un pour adopter le PNACC et l?autre, pour
approuver la TRACC.
Projet de décret simple approuvant la TRACC actuelle :
« La trajectoire de réchauffement de référence pour l?adaptation au changement climatique
mentionnée à l?article R 229-4-1 du code de l?environnement est définie par rapport à un
réchauffement global de 1,5°C par rapport à l?ère pré-industrielle (1850-1900) en 2030, un
réchauffement global de 2°C par rapport à l?ère pré-industrielle en 2050 et un réchauffement global
de 3°C par rapport à l?ère pré-industrielle en 2100. »
3- Pour rendre obligatoires des études de vulnérabilité fondées sur la TRACC :
? dans les PCAET : modifier l?article R. 229-51 du code de l?environnement ;
? dans les SCoT : créer dans le code de l?urbanisme un article R. 141-8-A, avant l?article R.
141-8 ;
? dans les SRADDET, compléter l?article R. 4251-13 du CGCT portant sur les annexes du
SRADDET ; de la même manière:
- Pour le SDRIF : compléter l?article R. 123-1 du code de l?urbanisme sur le contenu
du rapport de présentation par un 1bis ou 2bis.
- Pour les SAR : compléter l?article R. 4433-3 du CGCT sur le contenu du rapport
de présentation
- Pour le PADDuC : compléter l?article R. 4424-6 du CGCT sur le contenu du rapport
de présentation
- Pour les DSF : compléter le III de l?article R. 219-1-7 du code de l?environnement
4- Pour rendre obligatoire la référence à la TRACC dans les études d?impacts et les
évaluations environnementales respectivement des projets et des plans et programmes
Propositions de modifications réglementaires (en gras) synthétisant les propositions du 3.2
1- Pour les plans et programmes de droit commun :
Art. R. 122-20 du code de l?environnement :
« I. L?évaluation environnementale est proportionnée (?)
II.- Le rapport environnemental, qui rend compte de la démarche d'évaluation environnementale,
comprend un résumé non technique des informations prévues ci-dessous : (?)
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
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2° Une description de l'état initial de l'environnement sur le territoire concerné, les perspectives de
son évolution probable, que le plan, schéma, programme ou document de planification soit mis en
oeuvre ou ne le soit pas, réalisée sur la base de la TRACC prévue à l?article R. 229-4-1 ou, si
cela est jugé pertinent par les autorités compétentes, sur celle d?hypothèses de
réchauffement climatique entrainant des impacts plus négatifs pour certains aléas, (?) ; »
2- Pour les plans et programmes en matière d?urbanisme :
Art. R. 104-18 du code de l?urbanisme (modifications à reprendre dans les articles régissant
spécifiquement l?évaluation environnementale de certains plans et programmes) :
« Les documents d'urbanisme mentionnés à la section 1 qui ne comportent pas de rapport de
présentation en application d'autres dispositions sont accompagnés d'un rapport environnemental
comprenant : (?)
2° Une analyse de l'état initial de l'environnement et des perspectives de son évolution, si le
document est mis en oeuvre ou s?il ne l?est pas, réalisée sur la base de la TRACC prévue à
l?article R. 229-4-1 du code de l?environnement ou, si les autorités le jugent nécessaire, sur
celle d?hypothèses de réchauffement climatique entrainant des impacts plus négatifs pour
certains aléas, en exposant notamment les caractéristiques des zones susceptibles d'être
touchées de manière notable par la mise en oeuvre du document ; (?) »
Modifier sur le même modèle les articles suivants :
- R. 151-3 pour les PLU ;
- R. 161-3 pour les CC ;
- R. 172-1 pour les DTA.
3- Pour les projets :
Art. R. 122-5 du code de l?environnement :
I. ? Le contenu de l'étude d'impact est proportionné à la sensibilité environnementale de la zone
susceptible d'être affectée par le projet, à l'importance et la nature des travaux, installations,
ouvrages, ou autres interventions dans le milieu naturel ou le paysage projetés et à leurs
incidences prévisibles sur l'environnement ou la santé humaine (?).
II. ? En application du 2° du II de l'article L. 122-3, l'étude d'impact comporte les éléments suivants,
en fonction des caractéristiques spécifiques du projet et du type d'incidences sur l'environnement
qu'il est susceptible de produire (?)
3° Une description des aspects pertinents de l'état initial de l'environnement, et de leur évolution
réalisée sur la base de la TRACC prévue à l?article R. 229-4-1 ou, si cela est jugé pertinent
par le maitre d?ouvrage, sur celle d?hypothèses de réchauffement climatique entrainant des
impacts plus négatifs pour certains aléas, en cas de mise en oeuvre du projet ainsi qu'un aperçu
de l'évolution probable de l'environnement en l'absence de mise en oeuvre du projet, dans la
mesure où les changements naturels par rapport à l'état initial de l'environnement peuvent être
évalués moyennant un effort raisonnable sur la base des informations environnementales et des
connaissances scientifiques disponibles ; cette description pourra s?appuyer, le cas échéant, sur
des études de vulnérabilité réalisées dans le cadre de l?élaboration ou la révision de plans et
programmes couvrant le territoire d?implantation du projet ; (?)
5° Une description des incidences notables que le projet est susceptible d'avoir sur l'environnement
résultant, entre autres : (?)
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f) Des incidences du projet sur le climat et de la vulnérabilité du projet au changement climatique ;
cette description est réalisée sur la base de la TRACC prévue à l?article R. 229-4-1 ou, si cela
est jugé pertinent par le maitre d?ouvrage, sur celle d?hypothèses entrainant des impacts
plus négatifs pour certains aléas ; cette description pourra s?appuyer, le cas échéant, sur des
études de vulnérabilité réalisées dans le cadre de l?élaboration ou la révision de plans et
programmes couvrant le territoire d?implantation du projet ; (?) »
5- Pour rendre obligatoires des études de vulnérabilité fondées sur la TRACC dans les
SDAGE et les SAGE : modifier les arrêtés pris en application respectivement de l?article R. 212-5
du code de l?environnement et de l?article R. 212-49 du même code.
6- Pour rendre obligatoires des études de vulnérabilité fondées sur la TRACC dans les
documents de gestion des Parcs nationaux et dans les PNR : modifier respectivement l?arrêté
du 23 février 2007 et l?article R. 333-3 du code de l?environnement.
7- Pour rendre obligatoires des études de vulnérabilité fondées sur la TRACC et l?adoption
de mesures pour y faire face en matière de risques naturels : modifier
? Pour les PPRN, l?article R. 562-3 du code de l?environnement ;
? Pour les évaluations préliminaires des risques d?inondation par bassin, le II de l?article R.
566-1 du même code ;
? Pour les plans de gestion des risques d?inondation par bassin, l?article R. 566-10 du même
code.
8- Pour que la performance environnementale de la Réglementation environnementale
(actuellement RE2020) prenne en compte la TRACC pour les constructions dont la durée de vie
dépasse 20/30 ans, modifier l?article R. 172-4 du CCH.
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Rapport n° 015725-01
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Annexe 8. Précisions complémentaires sur la
Taxonomie verte européenne et la directive
CSRD
Le règlement européen 2020/852 du 18 juin 2020 (règlement « taxonomie ») a mis en place un
système de classification des activités économiques durables sur le plan environnemental et
impose à certaines sociétés de publier des indicateurs clés de performance (ICP) et des
informations narratives concernant ces activités, qui seront précisés par des actes délégués37. Ces
ICP doivent être fournis au niveau de la société ou, si celle-ci prépare des informations non
financières consolidées, au niveau du groupe38.
Le règlement taxonomie n?a pas été amendé depuis son adoption, mais sa portée a été modifiée
par l?effet d?autres textes européens : d?une part, la directive sur la publication d?informations en
matière de durabilité pour les entreprises dite CSRD pour Corporate Sustainability Reporting
Standard39 et, d?autre part, la directive déléguée40 du 31 juillet 2023, qui a relevé les seuils
caractérisant les catégories d?entreprises et de groupes dans la directive « comptable »41).
Sont désormais visées par des obligations de reporting, de manière échelonnée, sur les exercices
2024 à 2026, en fonction de leurs tailles et de leurs caractéristiques, les entreprises dont les bilans
et chiffre d?affaires excèdent respectivement 25 M¤ et 50 M¤42 ou emploient plus de 500 salariés43.
Il s?agit dans l?ensemble des grandes entreprises, des PME (à l?exclusion des micro-entreprises)
dont les valeurs mobilières sont admises à la négociation sur un marché réglementé de l?UE et des
entreprises mères des grands groupes.
Des discussions sont actuellement en cours au niveau européen pour assouplir ces dispositions
en décalant les échéances et en exemptant les PME, voire les ETI de certaines dispositions. A
l?heure actuelle, l?échelonnement est le suivant :
Pour les exercices commençant le 1er janvier 2024 :
? les grandes entreprises qui sont des entités d?intérêt public employant plus de 500 salariés ;
? ainsi que les entités d?intérêt public qui sont des sociétés mères d?un grand groupe44
employant plus de 500 salariés.
Pour les exercices commençant le 1er janvier 2025 :
? les autres grandes entreprises et sociétés mères.
Pour les exercices commençant le 1er janvier 2026 :
? les petites et moyennes entreprises si leurs titres sont cotés sur un marché réglementé,
(hors micro-entreprises) ;
? les établissements de petit taille qui sont de grandes entreprise ou des PME ;
37 Règlement UE 2020/852 art. 8
38 Règlement Délégué UE 2021/2178 du 6 juillet 2021 annexe I, 2-f
39 Directive UE 2022/2464 du 14 décembre 2022 qui a succédé à la Directive NFRD (Non Financial Reporting
Directive)
40 Directive UE 2023/2775
41 Directive. UE 2013/34 du 26 juin 2013
42 Directive déléguée 2023/2775
43 La Commission a publié à plusieurs reprises des communications sur l?interprétation de l?ensemble des textes
applicables (voir notamment 2022/C 385/01, C/2023/305, C/2024/6792)
44 Directive UE 2013/34 art. 19 bis et 29 bis modifiés par la Directive UE 2022/2464
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Rapport n° 015725-01
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? les entreprises captives d?assurance et de réassurance qui sont des grandes entreprises
ou des PME.
On estime qu?à terme 50 000 entreprises seront concernées par ce reporting en Europe mais ce
chiffre sera probablement amené à baisser du fait des négociations en cours.
Que doit comporter le reporting Taxonomie ?
Les investisseurs et les entreprises doivent communiquer sur le pourcentage de leurs activités,
investissements, produits financiers considérés comme verts au titre de la taxonomie.
Pour qu?une activité puisse bénéficier du label ?vert? au sens de la taxonomie, elle doit contribuer
de manière substantielle à au moins un des six objectifs suivants, sans porter un préjudice
significatif aux cinq autres, tout en respectant des garanties minimales en matière de droits
humains et de droit du travail. Ces trois conditions doivent être réunies pour déterminer si une
activité qui est « éligible » à la taxonomie (c?est-à-dire figurer sur une liste des activités éligibles)
est « alignée » avec elle, c?est-à-dire, s?agissant de l?adaptation, contribue effectivement aux
objectifs d?adaptation retenus
Les six objectifs environnementaux sont :
? atténuation du changement climatique (CC)
? adaptation au CC
? utilisation durable et protection des ressources aquatiques et marines
? la transition vers une économie circulaire
? prévention et contrôle de la pollution
? protection et restauration de la biodiversité.
Un acte délégué relatif au volet climatique de la taxonomie a été adopté en juin 2021 puis modifié
en 202245 pour établir une liste des activités économiques contribuant substantiellement aux
objectifs d?atténuation du changement climatique et d?adaptation à celui-ci. Plus de 70 activités
issues des secteurs de l?énergie, des transports, de la sylviculture, de la construction sont
concernées et des critères techniques sont précisées pour chacune d?entre elles.
Les quatre scénarios du GIEC (RCP 2.6, RCP 4.5, RCP 6.0 et RCP 8.5) servent de référence en
matière d?adaptation au changement climatique. En effet il est demandé dans l'annexe II du
règlement délégué 2021/2139 du 4/06/2021 d?évaluer pour chaque activité, les risques et
vulnérabilités liés au climat de manière proportionnée à l?ampleur de cette activité et à sa durée
escomptée ; ainsi pour les activités d?une durée supérieure à 10 ans, l?évaluation est réalisée sur
la base de projections climatiques de pointe et à la plus haute résolution disponible selon la palette
existante des scénarios pour l?avenir.
45 règlement délégué 2021/2139 du 4 juin 2021 et règlement délégué 2022/1214
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Rapport n° 015725-01
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Annexe 9. Cadre méthodologique pour
l?adaptation au changement climatique
Cette annexe a vocation à développer certaines parties du chapitre 4 du rapport, notamment les
points suivants :
? Cadre méthodologique pour l?évaluation des risques climatiques
? Élaboration et mise en oeuvre d?une stratégie d?adaptation
? Formation et renforcement des capacités
? Communication et engagement des parties prenantes
Annexe 9.1. Cadre méthodologique pour
l?évaluation des risques climatiques
L?intégration de la TRACC dans les différents plans, programmes et stratégies d?adaptation exige
une méthode fiable et rigoureuse pour évaluer les risques climatiques. Cette évaluation vise à
identifier de manière structurée les vulnérabilités existantes et potentielles, à estimer l?ampleur des
impacts susceptibles de survenir et à proposer des options d?adaptation adaptées au contexte de
chaque territoire et de chaque secteur. Une telle démarche s?inscrit dans une logique d?anticipation
et de planification, afin de prendre des décisions éclairées sur le long terme, tout en intégrant
l?évolution progressive des connaissances scientifiques.
Annexe 9.1.1 Définition des objectifs et principes
méthodologiques
La première étape pour intégrer la TRACC dans l?évaluation des risques climatiques consiste à
clarifier les objectifs poursuivis et à définir les périmètres d?analyse, tout en mettant en place une
gouvernance appropriée. Il s?agit en premier lieu de se demander dans quel but précis l?évaluation
est conduite, quelles problématiques locales ou sectorielles sont prioritaires et quel niveau
d?ambition on recherche en matière de résilience. Les objectifs établis doivent être clairs,
spécifiques, mesurables et, si possible, temporalisés. Ce cadrage initial permet de circonscrire le
périmètre de l?étude et de sélectionner les indicateurs pertinents.
Dans de nombreux domaines, l?augmentation des aléas climatiques invite les acteurs à s?interroger
sur les seuils critiques à ne pas dépasser pour garantir la continuité de leurs missions, la qualité
d?un service ou la protection de ressources essentielles. Pour y répondre, il est nécessaire de
préciser différents périmètres. Le périmètre temporel détermine sur quels horizons (court, moyen
ou long terme) on souhaite se projeter. Le périmètre fonctionnel porte sur les activités ou les
fonctionnalités qu?il s?agit de préserver : il peut s?agir de maintenir un service logistique, d?assurer
l?approvisionnement en ressources vitales ou de garantir le confort des usagers. Le périmètre
physique concerne les composantes matérielles ou organisationnelles qu?on inclut dans l?analyse,
depuis les bâtiments et équipements jusqu?aux processus internes ou aux systèmes numériques.
Le périmètre climatique spécifie quels aléas (canicules, précipitations intenses, sécheresses,
submersions, etc.) on retient au regard de la TRACC, tandis que le périmètre géographique définit
la zone d?étude, qui peut être circonscrite ou étendue selon la portée des objectifs.
Plusieurs principes méthodologiques accompagnent cette démarche. Le premier principe repose
sur une approche systémique et intégrée : chaque secteur interagit avec d?autres par le biais de
ressources partagées ou de dépendances multiples, et une analyse trop cloisonnée risquerait de
négliger les effets en cascade.
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
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Le second principe souligne l?importance d?une approche prospective : les effets du changement
climatique se manifestent progressivement, mais aussi à travers des événements extrêmes dont
l?intensité et la fréquence s?accentuent. Les scénarios élaborés à partir de la TRACC fournissent
un socle commun pour envisager l?évolution de variables-clés, réduisant ainsi le risque de recourir
à des hypothèses contradictoires. Le troisième principe insiste sur le caractère itératif du
processus : les connaissances et les technologies évoluant sans cesse, les stratégies adoptées
doivent être périodiquement révisées à la lumière des avancées scientifiques, des retours
d?expérience et des progrès techniques.
Au-delà des éléments méthodologiques, la réussite de cette phase initiale dépend fortement de la
participation des acteurs concernés, qu?il s?agisse d?entités publiques, d?organisations
professionnelles, d?experts scientifiques ou d?associations. Chacun apporte des connaissances
spécifiques, qu?il s?agisse de retours de terrain, d?expertise technique ou d?analyse des interactions
sociétales. La mise en place d?une gouvernance adéquate, associant services opérationnels,
responsables stratégiques et éventuellement partenaires externes, garantit une mobilisation
durable et une meilleure qualité de diagnostic. Enfin, cette première étape - au cours de laquelle
on définit les objectifs, on adopte un langage commun et on fixe le degré de précision de l?étude -
constitue un préalable indispensable avant de lancer une analyse de risque détaillée ou toute étude
technique complémentaire.
Annexe 9.1.2 Analyse des vulnérabilités et des risques
climatiques
Lorsque les objectifs sont clarifiés et que les principes méthodologiques sont fixés, la seconde
étape consiste à analyser les vulnérabilités et les risques climatiques. Cette analyse part d?un
diagnostic de l?existant, parfois désigné sous le terme d?auto-évaluation ou d?auto-diagnostic.
Celui-ci vise à caractériser les infrastructures, les écosystèmes, les organisations et les populations
susceptibles d?être affectés par des aléas climatiques plus intenses ou plus fréquents. À titre
d?exemple, une commune littorale examinera la sensibilité de ses digues, de son urbanisme côtier,
de ses réseaux d?eau potable à la salinisation ou encore de ses activités économiques
dépendantes du tourisme balnéaire.
Cet exercice d?auto-diagnostic met en évidence les points de fragilité, qu?ils soient d?ordre physique
(infrastructures vétustes, sols déjà soumis à l?érosion), organisationnel (chaînes logistiques
complexes, manque de plans d?urgence) ou socio-économique (dépendance à une seule culture
agricole, précarité de certaines populations face aux canicules). Les données climatiques issues
de la TRACC servent ici de référence pour évaluer l?évolution probable des menaces, par exemple
l?élévation de la température moyenne, la fréquence des jours de canicule, la multiplication des
épisodes de fortes pluies ou le risque d?inondation en zone littorale.
Plusieurs techniques sont mobilisables pour réaliser cette analyse. L?approche déterministe
consiste à retenir un scénario de réchauffement donné (par exemple +2 °C par rapport à l?ère
préindustrielle) et à étudier ses conséquences sur un horizon temporel précis (2050, 2100).
L?approche probabiliste, quant à elle, vise à explorer une gamme de scénarios (de +1,5 °C à +3 °C,
par exemple) et à estimer la probabilité d?occurrence de divers niveaux d?impacts ou de seuils
critiques. Coupler ces deux approches permet de rendre compte à la fois des plausibilités
moyennes et des extrêmes susceptibles de se produire.
À ce stade, l?identification des seuils critiques revêt une importance particulière. Certains secteurs
supportent des variations de conditions sans subir de dommages notables tant que des paliers
précis ne sont pas franchis : on peut citer la tolérance de certaines cultures à la sécheresse (en
termes de durée ou d?intensité), la capacité des réseaux électriques à fonctionner au-delà de
certaines températures, ou la solidité d?infrastructures face à la montée des eaux. Comprendre la
position de ces seuils par rapport aux scénarios climatiques basés sur la TRACC constitue un
levier majeur pour prioriser les actions d?adaptation et orienter les investissements de protection.
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Rapport n° 015725-01
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Un autre aspect essentiel concerne la durée de vie des actifs. Les infrastructures à longue durée
de vie ? ponts, réseaux ferrés, ouvrages hydrauliques, centrales de production d?énergie ?
nécessitent des prises de décision robustes, fondées sur les projections de réchauffement les plus
exigeantes, pour éviter des rénovations prématurées ou des vulnérabilités irrémédiables. À
l?inverse, pour des équipements renouvelables sur des cycles de dix ou quinze ans, une adaptation
progressive peut s?avérer plus pertinente, permettant d?intégrer les évolutions technologiques ou
les retours d?expérience d?autres territoires. Cette différenciation par la durabilité et la criticité invite
à hiérarchiser les actions en fonction de l?importance stratégique de chaque actif et de ses
caractéristiques structurelles.
La question de la gouvernance multi-niveaux se pose également dans cette étape d?analyse. Les
risques liés aux aléas climatiques débordent souvent les limites administratives d?une collectivité
ou d?un État. Les fleuves, les bassins hydrographiques, les infrastructures de transport, ou encore
les chaînes logistiques transrégionales impliquent des coopérations multiples. Les plans locaux
d?urbanisme doivent se coordonner avec les directives nationales sur la prévention des inondations,
et les gestionnaires d?infrastructures critiques peuvent avoir besoin d?accords de mutualisation
avec des acteurs distants. La vulnérabilité d?un territoire peut dépendre autant de facteurs internes
que d?éléments extérieurs (par exemple la dépendance à un réseau électrique interconnecté
soumis à des risques climatiques différents sur d?autres portions du territoire).
C?est dans ce contexte qu?intervient l?analyse coûts-risques-bénéfices, qui consiste à croiser
l?ampleur des dommages potentiels avec la criticité des services concernés et le coût des mesures
préventives. Dans un scénario de hausse des températures moyennes, les épisodes de canicule
peuvent générer des coûts en matière de santé publique et des pertes économiques, mais la mise
en place de systèmes de climatisation généralisée implique elle-même des coûts d?investissement
et d?exploitation, ainsi que des émissions supplémentaires si l?électricité utilisée n?est pas
décarbonée. L?arbitrage réside alors dans la comparaison entre l?acceptation d?une part de risque,
la disponibilité de solutions alternatives et la valeur reconnue à la continuité de service.
Au terme de ces étapes, la démarche aboutit à un diagnostic climato-sensible du territoire ou du
secteur considéré. Sur cette base, les mesures d?adaptation peuvent être élaborées, priorisées et
insérées dans la planification. La TRACC, en offrant un langage commun et une quantification
partagée des aléas, favorise une coordination verticale (entre l?État et les collectivités) et
horizontale (entre différents secteurs), tout en réduisant les disparités d?approche. Cette approche
permet la production d?un ensemble d?études ou de cartographies illustrant les résultats des
analyses d?exposition, des analyses de sensibilité et des analyses de risque qui en découlent.
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Annexe 9.2. Élaboration et mise en oeuvre d?une
stratégie d?adaptation
Le cadre méthodologique décrit précédemment fournit une vision structurée de l?évaluation des
risques climatiques, mais il ne constitue qu?une première étape. Il importe désormais de
transformer les enseignements de cette analyse en mesures concrètes, organisées au sein d?une
stratégie d?adaptation capable de répondre aux aléas futurs et de renforcer la résilience des
territoires. La TRACC fournit un socle commun de connaissances permettant d?orienter les
décisions, mais chaque acteur doit ensuite déployer des solutions adaptées à son contexte
opérationnel et à ses marges de manoeuvre.
Annexe 9.2.1 Recensement et hiérarchisation des solutions
d?adaptation
Au sortir de l?analyse de vulnérabilité, les acteurs disposent d?une cartographie des risques
climatiques et d?une compréhension plus fine des fragilités de leurs infrastructures, de leurs
écosystèmes et de leurs processus socio-économiques. Ils disposent également d?une vision claire
de leur périmètre d?action et des fonctionnalités qu?ils souhaitent préserver. La première étape pour
passer à l?action consiste à recenser l?ensemble des solutions d?adaptation envisageables, en
prenant en compte la diversité des approches. Les solutions peuvent être technologiques
(adaptation d?un process industriel, adoption de cultures résistantes à la sécheresse, conception
de digues plus robustes), structurelles (modification de l?urbanisme pour laisser plus d?espace aux
cours d?eau, création de zones tampons pour l?infiltration), organisationnelles (plans d?urgence,
mutualisation des ressources entre collectivités), ou encore comportementales (changements
d?habitudes de consommation, sensibilisation à l?économie d?eau, etc.).
Cet inventaire exhaustif repose sur un dialogue étroit entre experts sectoriels, ingénieurs,
planificateurs et acteurs de terrain. Pour les transports, par exemple, il convient d?examiner à la
fois les améliorations envisageables dans le tracé ou l?entretien des infrastructures routières et
ferroviaires, mais aussi la possibilité d?une réorganisation des flux logistiques pour éviter les heures
les plus chaudes de la journée en cas de canicule. Dans le domaine agricole, on peut envisager la
diversification des cultures, la reconstitution de haies, le stockage d?eau d?irrigation ou l?usage
accru de variétés moins sensibles au stress hydrique. Les solutions relevant de la gestion des
ressources naturelles sont également multiples : on peut renforcer la capacité de rétention des sols,
restaurer les zones humides, favoriser la continuité écologique des milieux aquatiques.
Une fois ce panorama établi, il convient de procéder à une hiérarchisation des solutions, dans la
mesure où il est rarement possible de déployer simultanément toutes les mesures. Cette
priorisation implique de croiser plusieurs critères afin d?aboutir à une analyse coûts-risques-
bénéfices adaptée aux contextes territoriaux ou sectoriels. Le premier critère renvoie à l?impact
potentiel en termes de réduction de la vulnérabilité. Une mesure qui permet de sécuriser une
fonction vitale (alimentation en eau potable, continuité de service d?un hôpital, fonctionnement d?un
réseau électrique) ou de protéger des populations nombreuses a normalement vocation à être
placée en tête de liste.
Le deuxième critère touche à la faisabilité technique et financière. Certains projets, bien que très
efficaces pour réduire les risques, peuvent exiger des investissements initiaux considérables ou
des compétences spécialisées indisponibles localement. Il appartient alors aux décideurs de
déterminer si des financements nationaux ou européens, des partenariats industriels ou des
subventions ciblées sont accessibles pour concrétiser ces projets. Lorsque ce n?est pas le cas, des
solutions moins ambitieuses, mais plus faciles à mettre en oeuvre, peuvent constituer un premier
pas décisif vers l?adaptation.
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Le troisième critère concerne l?acceptabilité sociale et environnementale. Une digue de protection
contre les inondations peut être très efficace pour préserver l?urbanisation existante, mais elle
risque de déplacer le risque vers des zones moins protégées ou de perturber les dynamiques
écologiques d?un cours d?eau. De même, l?installation massive de climatiseurs peut augmenter la
consommation d?énergie et générer des îlots de chaleur supplémentaires en zone urbaine.
L?évaluation des conséquences indirectes des mesures d?adaptation s?avère donc essentielle pour
éviter les maladaptations.
La hiérarchisation finale tient compte de ces multiples facteurs et débouche sur une liste d?actions
jugées prioritaires, assorties d?un calendrier indicatif de mise en oeuvre. Les actions peuvent être
classées selon leur urgence (par exemple, garantir la stabilité d?un barrage déjà fragilisé), leur
importance stratégique (assurer la résilience d?un réseau d?électricité alimentant plusieurs régions),
ou encore leur caractère transverse (actions qui, en s?attaquant à une problématique, réduisent
simultanément d?autres vulnérabilités). Cette vision d?ensemble, formalisée parfois sous forme de
fiches-action ou de plans de mesures, permet aux acteurs de concentrer leurs efforts et leurs
ressources sur des initiatives à fort impact.
L?adaptabilité et la progressivité des mesures constituent un autre paramètre à prendre en compte.
Certaines solutions nécessitent un changement immédiat et radical, par exemple le renforcement
urgent d?ouvrages exposés à des crues centennales, tandis que d?autres peuvent être mises en
place par paliers, à mesure que les connaissances s?affinent ou que les opportunités de
financement apparaissent. Une collectivité peut ainsi choisir de surélever progressivement ses
digues, ou de programmer la rénovation thermique de ses bâtiments publics sur plusieurs années,
en profitant du renouvellement naturel du parc immobilier.
Cette réflexion et cette hiérarchisation aboutissent ainsi à l?identification de trajectoires possibles
pour mettre en oeuvre l?adaptation, en décrivant différents chemins d?action selon le niveau
d?ambition, le rythme d?investissements et les incertitudes à gérer. Ces trajectoires, parfois
graduelles ou différenciées en fonction de l?évolution du climat et des capacités de chaque acteur,
constituent un référentiel précieux pour la suite du processus. Elles permettent de visualiser
comment les actions prioritaires, les mesures plus modestes ou les alternatives encore en réflexion
peuvent s?enchaîner et s?ajuster, en maintenant une cohérence d?ensemble tout au long de la
montée en résilience.
Annexe 9.2.2 Élaboration d?un plan d?action et mise en oeuvre
Au-delà de la définition des solutions d?adaptation et de leur hiérarchisation, la démarche doit se
formaliser dans un plan d?action cohérent, gage de clarté et de lisibilité pour l?ensemble des parties
prenantes. Cette étape consiste à organiser les mesures retenues autour d?objectifs opérationnels,
à préciser les acteurs responsables de leur réalisation, les ressources mobilisées et les modalités
de suivi. Elle constitue la concrétisation des trajectoires définies précédemment.
Le plan d?action s?articule souvent autour de grands axes, reflétant les priorités identifiées dans
l?analyse de vulnérabilité. Certains axes peuvent concerner la pérennité des infrastructures
essentielles (réseaux de transport, hôpitaux, systèmes de télécommunication), d?autres la gestion
durable des ressources naturelles (eau, forêts, terres agricoles), d?autres encore la protection des
populations face aux événements extrêmes (crues, canicules, tempêtes). Chacun de ces axes est
décliné en objectifs spécifiques, qui décrivent la cible à atteindre (par exemple réduire de 30 % les
coupures de réseau en cas de canicule, limiter la vulnérabilité de certains quartiers exposés aux
submersions marines).
Pour chaque objectif, les actions concrètes sont listées et assorties d?un échéancier. Cette
planification dans le temps doit tenir compte des contraintes techniques et financières, ainsi que
des processus de décision et de passation de marchés. La construction d?une digue ou le
renforcement d?un pont peuvent exiger plusieurs années d?études, d?autorisations administratives
et de travaux, tandis qu?une campagne de sensibilisation peut être mise en place plus rapidement,
à condition d?en avoir validé le contenu et le financement.
PUBLIÉ
Rapport n° 015725-01
Avril 2025
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Le plan d?action doit également préciser qui est responsable de la mise en oeuvre des mesures.
Dans certains cas, l?État est directement compétent (par exemple pour l?entretien de grands
barrages ou de routes nationales). Dans d?autres, c?est une collectivité territoriale ou un syndicat
mixte qui possède la compétence et les moyens de conduire le projet. Les entreprises publiques
ou privées (opérateurs de transport, compagnies d?électricité, industriels) sont aussi susceptibles
d?être associées, lorsque leurs infrastructures ou leurs activités se situent au coeur de la
problématique. Enfin, le secteur associatif et la société civile peuvent jouer un rôle dans l?animation
de programmes de sensibilisation ou l?appui à certaines innovations locales (reforestation,
permaculture, éco-rénovation des habitats, etc.).
Le plan d?action doit être assorti d?indicateurs clairs permettant d?évaluer l?avancement et l?efficacité
des mesures adoptées. Un indicateur peut refléter, par exemple, le nombre de mètres linéaires de
digues renforcées, la vitesse de réaction des services de secours en cas d?inondation, la part
d?habitations dotées d?équipements de climatisation passive, ou encore la diminution observée du
ruissellement urbain. L?important est que ces indicateurs soient précisément définis, mesurables,
et qu?ils puissent être suivis à intervalles réguliers pour déterminer très clairement et de manière
transparente si les objectifs sont atteints ou si des ajustements s?imposent.
Au-delà de l?élaboration du plan, sa mise en oeuvre effective dépend largement de la disponibilité
des financements, des compétences et de la volonté politique. Les actions jugées prioritaires dans
la hiérarchisation n?obtiendront pas forcément les ressources nécessaires si elles ne s?inscrivent
pas dans un dispositif de soutien adapté (subventions, appels à projets, partenariats public-privé,
etc.). Il revient donc aux porteurs du plan d?action d?identifier les mécanismes de financement
appropriés et de constituer des dossiers solides justifiant la pertinence économique, sociale et
environnementale des projets.
La question du contrôle et de l?ajustement permanent se pose également. Une stratégie
d?adaptation ne saurait être figée, car le contexte climatique, technologique et réglementaire évolue.
On peut ainsi instaurer un dispositif de revue périodique (par exemple tous les trois ou cinq ans)
pour réexaminer le plan d?action, évaluer la progression des chantiers et mesurer l?adéquation
entre les mesures mises en oeuvre et les scénarios climatiques en vigueur. Cette revue offre
l?occasion de réorienter les investissements, de remplacer certaines approches devenues
obsolètes ou d?ajouter de nouvelles mesures rendues possibles par l?innovation.
La culture de l?itération et du retour d?expérience s?avère donc indispensable. Une collectivité ayant
expérimenté avec succès de nouvelles pratiques de gestion de l?eau en période de sécheresse
peut partager ses résultats avec d?autres territoires confrontés à des problèmes similaires. Cette
mutualisation des connaissances et des compétences contribue à faire évoluer la stratégie
d?adaptation à un niveau plus large, en évitant la répétition d?erreurs ou la dispersion des
innovations réussies.
Dans un même temps, l?intégration de la TRACC dans les choix stratégiques confère une
cohérence d?ensemble : les acteurs bénéficient d?un référentiel partagé sur l?évolution du climat,
ce qui limite les divergences méthodologiques et favorise la mise en commun de ressources. Les
infrastructures dimensionnées selon des hypothèses de réchauffement cohérentes sont plus
susceptibles de résister durablement aux aléas futurs. Les politiques agricoles ou urbaines qui
s?appuient sur le même jeu de données climatiques sont également plus facilement coordonnables.
Au final, l?objectif de cette démarche d?élaboration de la stratégie d?adaptation est de parvenir à un
équilibre entre la nécessité d?agir rapidement (pour prévenir des risques déjà sensibles ou
anticipables) et la nécessité de prendre en compte des horizons de temps plus longs (pour préparer
la résilience à des perturbations encore plus marquées). Les solutions mises en place doivent non
seulement être efficaces contre les aléas actuels, mais aussi évolutives, afin de pouvoir être
renforcées ou modifiées si les trajectoires climatiques les plus sévères se confirment. Les efforts
déployés dans l?adaptation s?inscrivent ainsi dans un continuum où l?amélioration de la
connaissance et la montée en compétence des acteurs vont de pair avec l?innovation et la
recherche de financements pérennes.
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Rapport n° 015725-01
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La phase d?élaboration et de mise en oeuvre de la stratégie d?adaptation constitue, en somme, le
pivot entre le diagnostic des vulnérabilités et la concrétisation des politiques publiques ou des
initiatives privées. L?évaluation méthodique des solutions possibles, leur hiérarchisation, leur
inscription dans un plan d?action, et leur suivi régulier garantissent une approche structurée et
dynamique. Les territoires et les secteurs qui se dotent ainsi d?une stratégie claire et partagée sont
mieux armés pour répondre aux défis climatiques, réduire leurs vulnérabilités et saisir les
opportunités d?innovation qui peuvent découler de cette transformation adaptative.
Annexe 9.3. Formation et renforcement des
capacités
L?intégration de la TRACC dans les politiques et plans d?adaptation s?accompagnera aussi d?un
besoin accru en compétences, aussi bien chez les acteurs publics que privés. Les projections
climatiques et leurs implications sur les infrastructures, les services et les territoires représentent
en effet un champ nouveau pour nombre d?organisations, qui doivent apprendre à manipuler des
données parfois complexes, à évaluer les incertitudes et à élaborer des plans d?action sur le long
terme. Pour y parvenir, la mise en place d?une offre de formation et d?accompagnement adéquate
constitue un prérequis incontournable.
Annexe 9.3.1 Renforcer les compétences des acteurs publics
et privés
Il est aujourd?hui essentiel de disposer au sein des administrations, des collectivités territoriales et
des entreprises d?une expertise spécifique sur la climatologie et les outils de modélisation.
Comprendre la richesse des données climatiques produites par des portails tels que DRIAS ou par
le projet Explore2, dialoguer avec les services scientifiques et traduire ces informations techniques
en scénarios opérationnels exige de véritables compétences, à la fois techniques et de
vulgarisation. Si, pour certains grands opérateurs, il peut être envisageable de constituer leur
propre équipe spécialisée, la plupart des organisations doivent au moins pouvoir s?appuyer sur des
collaborateurs formés à la lecture et à l?interprétation des projections climatiques, ou sur des
prestataires externes disposant de ce savoir-faire.
Parallèlement, l?analyse de la vulnérabilité et l?anticipation des évolutions futures ne se limitent pas
à la production de cartes d?exposition aux aléas. Mener des études de vulnérabilité engage un
travail d?enquête approfondi, mobilisant des compétences en prospective et en organisation. Il
s?agit de comprendre comment, dans le fonctionnement concret d?une structure, les aléas
climatiques peuvent perturber les processus opérationnels, les approvisionnements, la logistique
ou encore la relation avec les usagers. Savoir animer des ateliers de réflexion, récolter les retours
d?expérience, identifier des signaux faibles dans l?historique des pannes ou des incidents, décrire
les chaînes d?impacts et imaginer des scénarios d?évolution constitue une base préalable à la mise
en oeuvre de solutions pertinentes.
Certains choix d?adaptation peuvent enfin s?avérer particulièrement engageants à long terme, tant
sur le plan financier que technique. Cela nécessite alors une expertise en aide à la décision en
situation d?incertitude, dans laquelle on compare différentes options stratégiques ou
technologiques en tenant compte de critères comme la robustesse, la flexibilité ou l?acceptabilité
économique. Cette approche, déjà pratiquée dans certains domaines (défense, assurance),
gagnerait à être mieux diffusée pour aider les acteurs à évaluer, par exemple, l?opportunité de
grands investissements ou l?intérêt de renforcer progressivement des infrastructures.
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Rapport n° 015725-01
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Ces compétences se combinent à des capacités d?animation et de facilitation. L?adaptation est un
processus collectif, qui implique une pluralité de métiers et de services. Les acteurs chargés de
piloter la démarche doivent donc être en mesure d?organiser des concertations, de communiquer
aisément avec des profils très variés, et de faire émerger une vision partagée de la résilience. Cette
hybridation des expertises ? climat, prospective, aide à la décision, animation ? est un point clé
pour que chaque entité puisse, sur le long terme, développer ses propres apprentissages et ne
pas rester dépendante d?interventions extérieures ponctuelles.
Annexe 9.3.2 Vers un programme national de formation ?
Pour orchestrer de manière cohérente ces actions de formation et en amplifier la portée, il peut
s?avérer pertinent de mettre en place un programme national de formation qualifiante sur
l?adaptation au changement climatique. Ce programme, porté par les ministères compétents et en
coordination avec les opérateurs publics tels que Météo-France, le Cerema ou l?Ademe, viserait à
former un large éventail d?acteurs : agents de l?État et de ses opérateurs, élus et techniciens des
collectivités, ingénieurs de bureaux d?études, et plus largement toute structure impliquée dans des
projets d?aménagement ou de gestion des ressources.
Ce programme national aurait pour objet de couvrir l?ensemble du champ des savoir-faire liés à
l?adaptation : compréhension des fondamentaux climatiques, intégration de la TRACC dans les
études de vulnérabilité, élaboration de plans d?action, suivi et évaluation des mesures, etc. Il devrait
inclure des sessions pratiques, des ateliers de simulation, ainsi que des modules consacrés aux
approches sectorielles (transport, bâtiment, agriculture, santé, etc.). Les participants obtiendraient
une reconnaissance formelle de leurs compétences, favorisant la professionnalisation des métiers
de l?adaptation et la reconnaissance de la TRACC comme référentiel central.
Les investissements consentis dans la formation sont rapidement compensés par la montée en
compétences des équipes, qui peuvent alors diagnostiquer plus finement les vulnérabilités,
formuler des solutions plus innovantes et conduire des projets d?adaptation d?une manière plus
intégrée.
Annexe 9.3.3 Développement d?outils d?accompagnement et
de partage des connaissances
Au-delà de la formation stricto sensu, l?adaptation se nourrit d?un échange permanent
d?informations et de méthodes. L?émergence de réseaux professionnels ou de plateformes
collaboratives dédiées permet de partager des retours d?expérience, des études de cas, des
benchmarks internationaux et des outils open source pour modéliser ou évaluer les risques
climatiques. Les acteurs déjà engagés dans des démarches peuvent ainsi diffuser leurs résultats
et en discuter avec leurs pairs. Parmi ces initiatives, on peut citer le Centre de ressources pour
l?adaptation au changement climatique mis en place par le ministère de la Transition écologique
avec le Cerema, l?Ademe et Météo-France46.
Le développement d?outils pédagogiques et techniques (guides méthodologiques, manuels
d?intégration de la TRACC dans les projets, simulateurs de stress-tests, etc.) participe également
à la diffusion de la culture de l?adaptation. Il convient de veiller à la lisibilité de ces outils, afin qu?ils
restent accessibles à des publics variés, depuis les bureaux d?études spécialisés jusqu?aux petites
communes manquant de moyens ou de compétences internes. Les opérateurs de l?État, qui
disposent d?expertises reconnues, doivent contribuer à leur élaboration, en synergie avec des
organismes internationaux, afin d?élargir rapidement les bénéficiaires de leurs actions à un nombre
plus important d?acteurs des territoires.
46 https://www.adaptation-changement-climatique.gouv.fr/
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Les dynamiques de réseau, quant à elles, facilitent la construction de référentiels communs. Un
acteur qui s?interroge sur la robustesse d?un modèle de projection ou sur la pertinence d?une
approche de zoning peut solliciter rapidement l?avis d?autres régions ou experts qui ont déjà mené
des analyses similaires. De même, la confrontation des résultats issus de différents territoires ou
secteurs peut aider à valider, ajuster ou remettre en question certaines approches. La création de
collectifs thématiques, rassemblant les professions de la construction, de l?urbanisme, de
l?agriculture ou encore de la santé autour du partage d?expérience, fait partie des leviers à
développer pour capitaliser sur l?intelligence collective.
Sur un plan plus large, il est capital que les programmes de recherche et développement, à la fois
publics et privés, s?inscrivent davantage encore dans la dynamique de l?adaptation. Au-delà des
travaux strictement scientifiques, il convient de développer, financer et coordonner des
expérimentations de terrain, permettant de confronter directement des prototypes ou des
approches technologiques nouvelles aux conditions climatiques actuelles et futures. De tels
dispositifs ouvrent la voie à des avancées concrètes : affinement des modèles de prévision, mise
au point de nouveaux matériaux résilients, mise en oeuvre de solutions fondées sur la nature, ou
encore développement d?outils numériques facilitant la collecte et l?analyse de données. Ces
programmes doivent contribuer à la constitution d?un écosystème de l?adaptation, stimulant à la
fois le progrès scientifique et la diffusion rapide des innovations vers les acteurs opérationnels.
Annexe 9.3.4 Valorisation et reconnaissance des initiatives
d?adaptation
Les démarches d?adaptation peuvent, dans certains cas, bénéficier d?une reconnaissance formelle
pour valoriser les efforts consentis, guider les investisseurs ou informer le grand public. La création
de labels ou de certifications spécifiques encourage les organismes volontaires à se conformer à
des standards exigeants, tout en permettant aux partenaires et aux clients de repérer plus
facilement les acteurs engagés.
De tels labels peuvent porter sur des objets très variés : la résilience des bâtiments, la durabilité
des approvisionnements agricoles, la gestion responsable des ressources en eau, ou encore
l?exemplarité d?un réseau d?infrastructures critiques. Ils incitent les porteurs de projet à intégrer la
TRACC dans leur analyse de vulnérabilité et peuvent stimuler l?innovation en encourageant des
solutions nouvelles dans leur secteur.
Annexe 9.4. Communication et engagement des
parties prenantes
Pour être pleinement efficaces, l?intégration de la TRACC dans les politiques publiques et la mise
en place d?actions d?adaptation nécessitent une forte adhésion de l?ensemble des acteurs
concernés. Il ne suffit pas de disposer d?études techniques fiables ou de stratégies solides si les
parties prenantes ne se mobilisent pas pour les mettre en oeuvre et les faire évoluer. La
communication et l?engagement recouvrent un éventail de démarches complémentaires, allant de
la sensibilisation des équipes internes et du grand public jusqu?à la co-construction de politiques
d?adaptation avec les territoires, en passant par des processus de concertation formalisés.
Annexe 9.4.1 Communication interne et partage
d?informations
Pour que les plans d?adaptation soient menés avec cohérence, il est primordial que l?information
circule de manière fluide et transparente au sein des organisations. Les services de l?État, les
collectivités territoriales, les opérateurs d?infrastructures et les entreprises doivent pouvoir accéder
aisément aux résultats des études climatiques, aux projections associées à la TRACC, aux retours
d?expérience d?autres territoires et aux outils développés pour mesurer ou réduire la vulnérabilité.
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Dans la sphère publique, des mécanismes de coordination entre les ministères et les services
déconcentrés pourraient faciliter la prise en compte du changement climatique de manière
transversale. De même, au sein des collectivités ou dans le secteur privé, la mise en place de
canaux de communication structurés pourrait contribuer à diffuser rapidement les alertes, les
méthodologies et les bonnes pratiques. Une culture commune de l?adaptation est ainsi susceptible
d?émerger, limitant les possibles incohérences entre services ou directions.
Annexe 9.4.2 Concertation avec les acteurs locaux et les
secteurs d?activité
Les politiques d?adaptation ayant une forte incidence territoriale, il est indispensable d?inclure dans
la réflexion et l?action les parties prenantes situées au plus près du terrain. Les élus locaux, les
acteurs économiques, les gestionnaires de réseaux, les associations de protection de
l?environnement ou encore les habitants eux-mêmes possèdent des connaissances diverses des
spécificités locales, des points de blocage et des opportunités à saisir.
La concertation peut prendre différentes formes : ateliers de travail thématiques, réunions
publiques, enquêtes de terrain, etc. L?objectif est de coconstruire les diagnostics (identification des
vulnérabilités, définition des seuils critiques) et les solutions, en tenant compte des contraintes et
des ressources propres à chaque territoire. Les documents de planification peuvent ainsi intégrer
des propositions issues du terrain, maximisant leur pertinence et leur acceptation.
Lorsque la concertation est bien menée, elle contribue à réduire les résistances au changement.
Les parties prenantes peuvent être plus enclines à accepter des mesures d?adaptation parfois
contraignantes (modifications de l?occupation des sols, adoption de normes de construction plus
exigeantes, réorganisations logistiques) si elles en perçoivent la nécessité et les bénéfices à moyen
ou long terme. Elles peuvent aussi faire valoir des expériences alternatives, issues de savoir-faire
locaux ou de pratiques traditionnelles, qui peuvent se révéler précieuses pour enrichir la palette
des solutions.
Annexe 9.4.3 Sensibilisation du grand public et participation
citoyenne
Au-delà des acteurs directement impliqués dans la mise en oeuvre de la TRACC, et plus largement
de l?adaptation au changement climatique, la population dans son ensemble a un rôle à jouer. Le
succès de nombreuses mesures d?adaptation dépend de changements de comportement (sobriété
énergétique, réduction de la consommation d?eau, adoption de solutions de mobilité plus durables),
ou de l?acceptation d?investissements publics. Par conséquent, sensibiliser le grand public aux
enjeux climatiques et à l?utilité d?une démarche d?adaptation s?avère essentiel.
Cette sensibilisation peut s?appuyer sur des campagnes d?information (sites internet dédiés,
publications dans la presse locale, interventions dans les établissements scolaires), sur des
évènements ponctuels (forums, expositions, séminaires) ou sur des dispositifs de participation
citoyenne. Les collectivités pionnières montrent souvent que l?implication proactive des habitants
facilite l?émergence de projets adaptés au contexte local, qu?il s?agisse d?agriculture urbaine, de
végétalisation, d?actions de solidarité lors de canicules ou de mutualisation d?équipements en cas
de crise.
Dans l?ensemble, la communication et l?engagement des parties prenantes permettent de créer un
environnement propice à l?adaptation, en favorisant la transparence, la compréhension mutuelle et
la co-construction. Les informations scientifiques et techniques, lorsqu?elles sont transmises de
manière accessible et contextualisée, gagnent en crédibilité, et les mesures d?adaptation, à leur
tour, s?ancrent davantage dans les réalités locales et bénéficient d?un soutien plus large.
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Pour que l?adaptation s?inscrive durablement dans les mentalités, il peut également être utile de
souligner les réussites et de donner une visibilité à celles et ceux qui agissent. Les campagnes de
sensibilisation aident à mieux faire comprendre les enjeux climatiques, à faire connaître les
solutions déjà disponibles et à encourager leur réplicabilité. Elles peuvent prendre la forme de
concours, de prix ou de distinctions officielles, décernées aux acteurs ayant mené des initiatives
exemplaires.
Au-delà de l?impact médiatique, ces formes de reconnaissance créent une émulation positive entre
territoires, secteurs et organisations, en incitant chacun à s?inspirer des expériences réussies et à
partager les enseignements tirés. Elles renforcent également le sentiment d?urgence collective,
tout en démontrant qu?il est possible de s?adapter efficacement aux défis climatiques lorsque les
acteurs mobilisent leurs compétences et leurs ressources autour d?objectifs partagés.
PUBLIÉ
Site internet de l?IGEDD :
« Les rapports de l?inspection »
PUBLIÉ
https://www.igedd.developpement-durable.gouv.fr/spip.php?page=liste-actualites&lang=fr&id_mot=1187&debut_rub_actus=0
https://www.igedd.developpement-durable.gouv.fr/spip.php?page=liste-actualites&lang=fr&id_mot=1187&debut_rub_actus=0
Sommaire
Résumé
Liste des recommandations
Introduction
1 Contexte et questions clés
1.1 Notions clés
1.1.1 Le PNACC
1.1.2 La TRACC
1.1.3 L?adaptation au changement climatique
1.1.4 Vulnérabilités au changement climatique
1.2 Souhaite-t-on faire de la TRACC seulement une « boussole » ou convient-il de conférer à cet outil des effets juridiques et financiers ?
1.2.1 Les grandes options possibles
1.2.1.1 Les options juridiques
1.2.1.2 Les options non juridiques :
1.2.2 Conférer à la TRACC des effets juridiques et financiers comporte à la fois des risques et des opportunités.
1.2.2.1 Opportunités
1.2.2.2 Risques
1.2.3 Comment limiter ces risques ?
2 Ancrer dans le droit le PNACC et la TRACC
2.1 Situation actuelle : un encadrement juridique faible de l?adaptation mais une préoccupation croissante des juridictions :
2.2 Contexte européen
2.2.1 Le droit de l?UE prévoit des plans d?adaptation mais pas de TRACC à ce jour
2.2.2 La stratégie européenne d?adaptation au changement climatique pourrait s?appuyer sur des références de réchauffement :
2.2.3 La taxonomie verte européenne et la directive CSRD sur le reporting sur les informations en matière de durabilité, en cours de déploiement, prévoient des évaluations de vulnérabilité sur la base des scénarios du GIEC
2.3 Loi ou décret pour fonder juridiquement PNACC et TRACC ? :
2.3.1 La voie législative permettrait d?afficher un niveau d?ambition élevé? :
2.3.2 ? mais la voie réglementaire parait suffisante s?il s?agit seulement de fonder le PNACC et la TRACC :
2.4 Développer un processus incitatif sur la base de la TRACC
2.5 Ajuster le cadre réglementaire en rendant obligatoires dans certains cas des études de vulnérabilité (EV) sur la base de la TRACC :
3 Politiques publiques impactées
3.1 Plans et programmes territoriaux transversaux
3.1.1 Niveau local
3.1.1.1 PCAET et SCoT
3.1.1.2 Plans locaux d?urbanisme (PLU), PLU intercommunaux (PLUi) et cartes communales (CC)
3.1.2 Niveau régional
3.2 Évaluation environnementale
3.2.1 Plans et programmes ayant une incidence notable sur l?environnement à l?exception des plans et programmes en matière d?urbanisme
3.2.2 Plans et programmes ayant une incidence notable sur l?environnement en matière d?urbanisme
3.2.3 Projets de travaux, d?ouvrages ou d?aménagements soumis à étude d?impact
3.3 Approche sectorielle
3.3.1 Environnement
3.3.1.1 Eau
3.3.1.2 Trait de côte
3.3.1.3 Espèces protégées-biodiversité-forêts :
3.3.2 Risques
3.3.2.1 Risques naturels
3.3.2.2 Risques technologiques :
3.3.3 Construction, aménagement et urbanisme :
3.3.4 Gestionnaires de réseaux d?infrastructures
3.3.4.1 Transports
3.3.4.2 Énergie
3.4 Politiques publiques ne relevant pas du périmètre de la mission :
4 Méthodologie et outils pour l?intégration de la TRACC
4.1 Cadre méthodologique pour l?évaluation des risques climatiques
4.2 Élaboration et mise en oeuvre d?une stratégie d?adaptation
4.3 Gouvernance et portage politique
4.3.1 Structures de gouvernance et coordination des acteurs
4.3.2 Pilotage de la TRACC
4.4 Financements et mécanismes d?incitation
4.4.1 Mobiliser des financements dédiés à l?adaptation
4.4.2 Mécanismes d?incitation et de conditionnalité
4.4.2.1 Mécanismes financiers et incitations fiscales
4.4.2.2 Conditionnalité et transparence des financements
4.5 Renforcement des capacités et reconnaissance des initiatives en matière d?adaptation
4.5.1 Développement des compétences et structuration d?un programme de formation
4.5.2 Partage des connaissances et outils d?accompagnement
4.5.3 Valorisation et reconnaissance des démarches d?adaptation
Conclusion
Annexes
Annexe 1. Lettre de mission
Annexe 2. Liste des personnes rencontrées
Annexe 3. Glossaire des sigles et acronymes
Annexe 4. Phasage de la mise en oeuvre des recommandations
Annexe 5. Précisions sur la TRACC
Annexe 5.1. Construction de la TRACC
Annexe 5.2. TRACC et Scénarios du GIEC
Annexe 5.3. Déclinaison de la TRACC
Annexe 5.4. Pourquoi la TRACC ?
Annexe 6. Jurisprudences en matière d?adaptation au changement climatique
Annexe 7. Textes à prendre ou à modifier pour la mise en oeuvre de la TRACC
Annexe 8. Précisions complémentaires sur la Taxonomie verte européenne et la directive CSRD
Annexe 9. Cadre méthodologique pour l?adaptation au changement climatique
Annexe 9.1. Cadre méthodologique pour l?évaluation des risques climatiques
Annexe 9.1.1 Définition des objectifs et principes méthodologiques
Annexe 9.1.2 Analyse des vulnérabilités et des risques climatiques
Annexe 9.2. Élaboration et mise en oeuvre d?une stratégie d?adaptation
Annexe 9.2.1 Recensement et hiérarchisation des solutions d?adaptation
Annexe 9.2.2 Élaboration d?un plan d?action et mise en oeuvre
Annexe 9.3. Formation et renforcement des capacités
Annexe 9.3.1 Renforcer les compétences des acteurs publics et privés
Annexe 9.3.2 Vers un programme national de formation ?
Annexe 9.3.3 Développement d?outils d?accompagnement et de partage des connaissances
Annexe 9.3.4 Valorisation et reconnaissance des initiatives d?adaptation
Annexe 9.4. Communication et engagement des parties prenantes
Annexe 9.4.1 Communication interne et partage d?informations
Annexe 9.4.2 Concertation avec les acteurs locaux et les secteurs d?activité
Annexe 9.4.3 Sensibilisation du grand public et participation citoyenne
INVALIDE)