Mission d'appui au préfet du Nord : compensation écologique des projets d'aménagements du Dunkerquois et foncier agricole
SIMONE, Maryline ;BONNET, François ;HUBERT, Claire ;ISABELLE, Valérie
Auteur moral
France. Inspection générale de l'environnement et du développement durable (IGEDD)
;France. Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux
Auteur secondaire
Résumé
<div style="text-align: justify;">La dynamique de réindustrialisation de la France passe notamment par des projets d'envergure qui artificialisent souvent des terrains naturels, agricoles ou forestiers. Lors de la mise en oeuvre de la séquence « éviter-réduire-compenser » (ERC), si l'évitement et la réduction des impacts n'ont pas été possibles ou sont jugés insuffisants, les territoires à proximité de ces projets sont sollicités pour accueillir des compensations environnementales, sur des surfaces qui peuvent être importantes. Les terres agricoles sont alors doublement convoitées tant par la création d'aménagements nouveaux que par la compensation écologique qu'ils génèrent. La mission s'est attachée à examiner le cas du Dunkerquois. Le Grand port maritime de Dunkerque (GPMD), situé sur la façade littorale, au sein du plus grand des polders de France, occupe un territoire atypique très aménagé et artificialisé. L'économie locale est basée sur 2 piliers : l'activité industrialo-portuaire et un secteur agricole performant au plan technique et économique. Les espaces naturels susceptibles d'abriter la biodiversité caractéristique des milieux particuliers littoraux et humides sont devenus relictuels, fragmentés et se situent dans un environnement dégradé. Malgré tout, un fort consensus de l'ensemble des parties prenantes au niveau territorial sur l'opportunité du développement industrialo-portuaire prédomine. Les principales recommandations de la mission sont les suivantes : une prise en compte plus systématique de la séquence « éviter et réduire » dès l'élaboration des documents d'aménagement et dans l'étude des projets ; un volet « compensation » plus approfondi dans l'étude d'impact dès l'élaboration des documents d'aménagement ; l'élaboration de mesures compensatoires plus ambitieuses sur leur localisation, sobres en surface, efficaces dans leur installation et leur suivi que par le passé ; l'utilisation de toutes les marges de manoeuvre des conditions d'application de la compensation écologique pour tenir compte des caractéristiques très spécifiques de ce territoire sous tension foncière, sans en remettre en cause les principes fondamentaux. Sur le territoire dunkerquois, il apparait essentiel de promouvoir des projets collectifs d'évolution progressive des systèmes agricoles pour améliorer concomitamment la biodiversité, l'adaptation au dérèglement climatique et la compétitivité agricole de ce territoire. La mission propose enfin que soit mise en place une « task force » chargée d'élaborer une stratégie intégrée de choix des projets industriels et de leur accueil sur les territoires.</div>
Editeur
IGEDD
;CGAAER
Descripteur Urbamet
forêt
;écologie
;développement rural
;écosystème
;compétitivité
;projet d'aménagement
;port maritime
Descripteur écoplanete
artificialisation des sols
;terre agricole
;foncier
;compensation
Thème
Aménagement du territoire
;Environnement - Paysage
Texte intégral
Rapport n°015665-01 Rapport n°24043
Juillet 2024
François Bonnet - IGEDD
Maryline Simoné - IGEDD
Claire Hubert - CGAAER
Valérie Isabelle - CGAAER
Mission d?appui au préfet du Nord :
compensation écologique des projets
d?aménagements du Dunkerquois et foncier
agricole
P
U
B
L
I É
Les auteurs attestent qu'aucun des éléments de leurs activités
passées ou présentes n'a affecté leur impartialité dans la rédaction
de ce rapport
Statut de communication
? Préparatoire à une décision administrative
? Non communicable
? Communicable (données confidentielles occultées)
? Communicable
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Sommaire
Sommaire........................................................................................................................ 3
Résumé ........................................................................................................................... 6
Liste des recommandations .......................................................................................... 8
Introduction .................................................................................................................. 10
1 Le Dunkerquois, un contexte particulier ................................................................. 11
1.1 Le plus grand polder de France : territoire atypique, très aménagé et artificialisé 11
1.2 Une économie locale basée sur deux piliers : l?activité industrialo-portuaire et un
secteur agricole dynamique à forte valeur ajoutée .............................................. 12
1.2.1 Le Grand port maritime de Dunkerque, pôle industrialo-portuaire en plein
essor .......................................................................................................... 12
1.2.2 Une agriculture conventionnelle dynamique à forte valeur ajoutée ............ 15
1.3 Une nature relictuelle dans un environnement fragile et exposé aux effets du
changement climatique ....................................................................................... 17
2 Une équation foncière complexe et sous tension .................................................. 20
2.1 Une discordance « brutale » entre besoins affichés et capacités foncières de
compensation, source de crispations du monde agricole .................................... 20
2.2 « Compenser, en proximité immédiate, en évitant les terres agricoles », une
équation insoluble ............................................................................................... 23
3 Une planification et une anticipation insuffisantes ................................................ 25
3.1 Un défaut de prise en compte de la séquence ERC dans les documents de
planification ......................................................................................................... 25
3.1.1 La faiblesse de la mise en oeuvre de la séquence ERC dans les documents
présentés à l?enquête publique du secteur du Dunkerquois ....................... 25
3.1.2 Les évaluations environnementales présentées par le GPMD sont le plus
souvent jugées de « médiocre qualité » par les autorités
environnementales ..................................................................................... 26
3.1.3 Un choix plus sélectif des activités industrielles du port et la sobriété
foncière des entreprises du GPMD sont des préalables à des demandes
de compensation hors de son territoire ...................................................... 27
3.2 Assurer la qualité et la pérennité de la politique du GPMD en faveur de la
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biodiversité .......................................................................................................... 28
3.2.1 Le GPMD s?était doté d?un schéma directeur du patrimoine naturel dès
2010 ........................................................................................................... 28
3.2.2 En 2024, un SDPN lacunaire ..................................................................... 30
3.3 Massifier la compensation par l?offre .................................................................... 30
3.3.1 Développer les sites naturels de compensation, de restauration et de
renaturation ................................................................................................ 30
3.3.2 Instaurer un dispositif de « Réserves Foncières de Compensation
agréées » ................................................................................................... 32
4 Des marges de manoeuvre de la compensation écologique à utiliser .................. 33
4.1 Recourir plus largement aux souplesses permises par la réglementation sur les
conditions d?application de la compensation écologique ..................................... 33
4.1.1 Distinguer les objectifs des conditions de mise en oeuvre de la
compensation ............................................................................................. 33
4.1.2 En secteur tendu au plan foncier, la condition de proximité fonctionnelle
doit pouvoir primer sur la proximité géographique ...................................... 34
4.1.3 Assouplir les modalités d?application de la doctrine nationale sur la
condition de l?additionnalité ........................................................................ 35
4.2 Un dimensionnement des mesures, sobre au plan foncier, basé sur l?approche
fonctionnelle ........................................................................................................ 37
4.2.1 Le guide de 2021 sur l?approche standardisée du dimensionnement de la
compensation propose un cadre harmonisé insuffisamment opérationnel . 37
4.2.2 Des limites d?utilisation de l?interface de dimensionnement des zones
humides révisée par l?OFB à clarifier .......................................................... 39
4.2.3 Des ratios sur les compensations zones humides questionnés .................. 40
4.2.4 Un cumul de mesures compensatoires sur un même terrain à évaluer ...... 42
4.2.5 Une exigence de compensation de l?artificialisation de terres agricoles qui
questionne. ................................................................................................. 43
5 Une stratégie locale de compensation pour le Dunkerquois................................. 44
5.1 Conforter le SDPN du GPMD .............................................................................. 45
5.2 Des espaces naturels en proximité géographique immédiate à conforter et à
enrichir ................................................................................................................ 47
5.3 Miser sur la proximité fonctionnelle pour élargir le périmètre avec des mesures
compensatoires « multifonctionnelles » ............................................................... 48
5.3.1 Un territoire pertinent élargi ........................................................................ 48
5.3.2 Établir un programme de mesures multifonctionnelles sur ce territoire élargi
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................................................................................................................... 50
5.4 Améliorer la biodiversité en zone agricole avec des mesures compatibles avec
les grandes cultures et la gestion hydraulique des wateringues .......................... 51
5.5 Mettre en place un projet d?accompagnement financier pour l?agriculture en
synergie de la compensation écologique ............................................................ 52
5.6 Négocier et mettre en place des modalités de portage du foncier et de gestion
des mesures compensatoires compatibles avec le mode de faire-valoir
prépondérant ....................................................................................................... 54
5.7 Mettre en place une gouvernance dédiée ............................................................ 54
Conclusion ................................................................................................................... 56
Annexes ........................................................................................................................ 58
Annexe 1. Lettre de mission........................................................................................ 59
Annexe 2. Liste des personnes rencontrées ............................................................. 62
Annexe 3. Glossaire des sigles et acronymes ........................................................... 66
Annexe 4. : Le système des Wateringues, exutoire des bassins versants de l?Aa
et de la Hem ............................................................................................................. 69
Annexe 5. Atlas cartographique ................................................................................. 71
Annexe 6. Évolution du territoire et régression des espaces naturels .................... 78
Annexe 7. Méthodes d?identification des surfaces pouvant accueillir de la
compensation écologique....................................................................................... 81
Annexe 8. Analyse des avis de l?Ae et de la MRAe sur les programmes et projets 83
Annexe 9. SDAGE Artois Picardie et Adour Garonne : deux approches différentes
.................................................................................................................................. 85
Annexe 10. Liste des conventions .............................................................................. 86
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Résumé
La dynamique de réindustrialisation de la France passe notamment par des projets d?envergure
qui artificialisent souvent des terrains naturels, agricoles ou forestiers. Aussi, lors de la mise en
oeuvre de la séquence « éviter-réduire-compenser » (ERC), si l?évitement et la réduction des
impacts n?ont pas été possibles ou sont jugés insuffisants, les territoires à proximité de ces projets
sont sollicités pour accueillir des compensations environnementales, sur des surfaces qui peuvent
être importantes. La crise agricole survenue au mois de janvier 2024 a souligné la « double peine »
ressentie par le milieu agricole qui voit les terres agricoles doublement convoitées tant par la
création d?aménagements nouveaux que par la compensation écologique qu?ils génèrent.
Le préfet du Nord a, dans ce contexte, identifié les difficultés à concilier à la fois le respect des
conditions de compensation écologique (additionnalité, équivalence écologique, proximité
fonctionnelle et temporalité de mise en oeuvre) et les annonces gouvernementales de février 2024
de ne pas mobiliser les espaces agricoles pour de la compensation écologique.
Les ministres chargés de l?agriculture et de l?écologie ont donc souhaité lancer une mission
conjointe pour faire des propositions sur le cas particulier du Dunkerquois pour la mise en oeuvre
de compensations environnementales des projets, en application de la séquence « éviter, réduire,
compenser », puis poursuivre le travail au sein d?un groupe de travail national.
La mission s?est attachée à examiner le cas du Dunkerquois à la lumière des textes réglementaires
et grâce aux nombreux entretiens conduits au cours des mois de mai et juin 2024 avec les acteurs
du territoire et à l?éclairage d?interlocuteurs nationaux.
Le Grand port maritime de Dunkerque (GPMD), situé sur la façade littorale, au sein du plus grand
des polders de France, occupe un territoire atypique très aménagé et artificialisé. L?économie
locale est basée sur 2 piliers : l?activité industrialo-portuaire, mais aussi un secteur agricole
performant au plan technique et économique. Les espaces naturels susceptibles d?abriter la
biodiversité caractéristique des milieux particuliers littoraux et humides sont devenus relictuels,
fragmentés et se situent dans un environnement dégradé (artificialisation, pollution?). Malgré tout,
un très fort consensus de l?ensemble des parties prenantes au niveau territorial sur l?opportunité
du développement industrialo-portuaire prédomine.
Les principales recommandations de la mission, après l?analyse du cas du Dunkerquois, sont les
suivantes :
? Une prise en compte plus systématique et plus sérieuse dans les études d?impact de la
séquence « éviter et réduire » dès l?élaboration des documents d?aménagement (plans
programmes) et dans l?étude des projets.
? Un volet « compensation » plus approfondi dans l?étude d?impact dès l?élaboration des
documents d?aménagement. Ceci devrait conduire à une identification dès l?étude des
programmes et préalable à l?élaboration des projets au moins d?une partie des zones de
compensation prioritaires pour les zones à urbaniser ou industrialiser.
? L?élaboration de mesures compensatoires plus ambitieuses sur leur localisation, sobres en
surface, efficaces dans leur installation et leur suivi que par le passé. Il est indispensable
de maximiser les surfaces de compensation à l?intérieur du périmètre du GPMD mais aussi
en toute proximité du port prioritairement sur des terrains non agricoles.
? Utiliser toutes les marges de manoeuvre des conditions d?application de la compensation
écologique pour tenir compte des caractéristiques très spécifiques de ce territoire sous
tension foncière, sans en remettre en cause les principes fondamentaux :
- Interpréter, pour les milieux rares qui font d?ores et déjà l?objet d?une politique
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d?acquisition foncière par des organismes publics, l?additionnalité en fonction de la
prévision de gestion au moment de la décision sur la mesure de compensation ;
ceci doit être associé à un suivi précis et approfondi du succès des mesures.
- S?attacher à obtenir la pleine compensation en fonctions écologiques plutôt qu?en
surface. Il est probable qu?il conviendra de s?éloigner un peu des installations du
Dunkerquois tout en restant dans le bassin versant de l?Aa. Cette mesure
nécessitera l?adaptation des règles actuellement fixées dans le SDAGE sur les
ratios de compensation qui, pour simplifier la mise en oeuvre, semblent outrepasser
la nécessité d?équivalence fonctionnelle alors que l?on est bien dans le même
bassin versant.
- Standardiser, pour une meilleure anticipation par les maîtres d?ouvrage, des
méthodes de dimensionnement robustes basées sur l?approche fonctionnelle.
? Conjuguer compensation environnementale et accompagnement de l?agriculture. Sur
le territoire dunkerquois, il apparait essentiel de promouvoir des projets collectifs d?évolution
progressive des systèmes agricoles afin de leur permettre de s?adapter aux changements
climatiques et à la gestion de l?eau très particulière dans le secteur des wateringues. Ainsi,
des mesures en faveur de la biodiversité associées à des mesures d?amélioration de la
compétitivité et d?adaptation au changement climatique des exploitations permettront
d?améliorer concomitamment la biodiversité, l?adaptation au dérèglement climatique et la
compétitivité agricole de ce territoire. Bien que les chambres d?agriculture et la Caisse des
dépôts aient commencé à travailler sur ce sujet, il reste à conduire un travail technique
important et la concertation entre les acteurs reste à faire, pour identifier les mesures les
plus appropriées.
? Pour que l?ensemble des acteurs du territoire puisse progresser simultanément dans la
connaissance des projets d?industrialisation, de leurs conséquences en termes de besoins
de compensation et dans la recherche de solutions, la mission propose que soit mise en
place une « task force » chargée d?élaborer une stratégie intégrée de choix des
projets industriels et de leur accueil sur les territoires.
Parmi les mesures proposées par la mission, certaines permettent de relancer les discussions
préalables à l?approbation des projets immédiats quand d?autres nécessitent un travail de fond de
réflexion et de concertation. La mission recommande de lancer sans attendre ce travail, afin d?éviter
que la succession des nouveaux projets conduise à accepter des mesures environnementales
dégradées et bloque toute possibilité d?amélioration des mesures de compensation en cristallisant
les animosités. L?anticipation des besoins en surface de compensation préconisée devra permettre
d?offrir aux industriels et porteurs de projets les services attendus du GPMD (ou plus globalement
de l?aménageur) en contribuant à la pertinence du concept de projet « clés en main ».
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Liste des recommandations
Recommandation 1. (GPMD) Améliorer significativement la mise en oeuvre de la séquence
ERC dès le stade d?élaboration des documents de planification des collectivités (SRADDET,
SCoT, PLUi) et du GPMD (plan stratégique), ainsi que pour les projets d?aménagement et
d?installation industriels au sein du GPMD, en commençant par les efforts d?évitement et de
réduction, afin d?anticiper l?évaluation des impacts, des besoins de compensation et
l?identification des zones potentielles de compensation, en amont de la conception des
projets d?aménagements. .................................................................................................... 28
Recommandation 2. (MTECT/OFB) Créer un dispositif simple d?enregistrement de réserves
foncières de compensation écologique permettant de valoriser les gains écologiques
générés entre la date d?enregistrement et la date de mobilisation du terrain pour une
compensation. Expérimenter ce dispositif dans les Hauts-de-France................................ 32
Recommandation 3. (MTECT) Pour faciliter le dimensionnement des mesures
compensatoires (hors zones humides), référencer un nombre réduit de méthodes de
dimensionnement et opter, à terme, pour une méthode pivot de référence. ...................... 39
Recommandation 4. (Préfet/Agence de l?eau Artois Picardie) Réviser le SDAGE pour éviter
l?application de coefficients multiplicateurs entre SAGE d?un même bassin versant. ........ 42
Recommandation 5. (MTECT/CNPN) Etablir des éléments de doctrine au sein du CNPN, en
lien avec les CSRPN, afin de clarifier les attentes en matière de compensation écologique
de l?artificialisation de zones agricoles cultivées. ................................................................ 43
Recommandation 6. (GMPD/Préfet) Réviser le SDPN en étendant sa surface à tout ou partie
des réserves foncières non affectées, aux délaissés d?emprises concédées à des
entreprises, en rendant ce SDPN plus explicite afin d'en faire un véritable document de
gestion des espaces naturels du GPMD, et proposer un classement en protection forte au
sens du décret 2022-527 d?une part significative du SDPN afin de garantir la pérennité des
espaces naturels à préserver et des mesures compensatoires. ........................................ 47
Recommandation 7. (MTECT/préfet) Elaborer une doctrine régionale assouplie de
l?additionnalité utilisant les marges de manoeuvre permises par la réglementation et les
travaux pertinents engagés par la DDTM et la DREAL, en lien avec le CSRPN. Cette
doctrine régionale, une fois éprouvée, pourra contribuer à actualiser la doctrine nationale
sur l?additionnalité. ............................................................................................................... 48
Recommandation 8. (GPMD/CUD/CDC Biodiversité) Relancer le projet de SNCRR, initié
avec l?appui de CDC biodiversité, dans une logique multi-sites, en étroite concertation avec
la chambre d?agriculture du Nord Pas-de-Calais. ............................................................... 48
Recommandation 9. (GPMD/Préfet) En privilégiant la condition de la proximité fonctionnelle
consacrée par la loi industrie verte, définir la zone naturelle de référence en visant la
globalité du bassin versant de l?Aa, englobant les périmètres des SAGE du delta de l?Aa et
celui de l?Audomarois. ......................................................................................................... 50
Recommandation 10. (Commission locale de l?eau du SAGE du delta de l?Aa) Produire avant
fin 2024 la caractérisation et la cartographie des zones humides du SAGE du delta de l?Aa
pour asseoir des mesures compensatoires zones humides pertinentes et pour éviter des
ratios de dimensionnement pénalisants. ............................................................................. 50
Recommandation 11. (Préfet) Promouvoir à l?échelle de la globalité du bassin versant de
l?Aa des mesures compensatoires « multifonctionnelles » conciliant gains écologiques et
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régulation des crues, en mobilisant les compétences du PNR, du CELRL, de l?EPF, du CD
59 et de la chambre d?agriculture. ....................................................................................... 51
Recommandation 12. (GPMD/Chambre d?agriculture/CDC Biodiversité) Etablir un catalogue
de mesures adapté aux exploitations du polder et un « plan biodiversité » en lien avec
l?armature écologique des Wateringues, en s?appuyant sur les sections de wateringues et la
chambre d?agriculture, permettant à la fois d?engager une transition agro-écologique d?un
ensemble d?exploitations agricoles et de servir de support à des mesures compensatoires,
sous réserve de garanties d?additionnalité et de durabilité. ................................................ 52
Recommandation 13. (GPMD) Mettre en place sur le territoire de la CUD, en synergie avec
la démarche de compensation écologique, un projet d?accompagnement financier de
l?agriculture pour sa transition agro-écologique. ................................................................. 53
Recommandation 14. (GPMD/CUD/SAFER/Chambre d?agriculture) Définir des conditions
de référence de contractualisation et de rémunération des compensations en agriculture,
harmonisées et négociées avec la profession agricole. ..................................................... 54
Recommandation 15. (Préfet) Mettre en place un Comité d?orientation zone industrialo-
portuaire de Dunkerque co-pilotée par le préfet et la Région Hauts-de-France, et « une task
force » spécifique compensation. Décliner à l?échelle du Dunkerquois la charte ERC
régionale, afin de fixer les « règles du jeu » de la compensation écologique en terrain
agricole. ............................................................................................................................... 55
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Introduction
La dynamique de réindustrialisation de la France passe notamment par des projets d?envergure
qui artificialisent des terrains agricoles, naturels et forestiers. Lors de la mise en oeuvre de la
séquence « éviter-réduire-compenser » (ERC), si l?évitement ou la réduction des impacts n?ont pas
été possibles ou sont jugés insuffisants, certains territoires à proximité de ces projets sont sollicités
pour accueillir des compensations environnementales sur des surfaces qui peuvent être
importantes. La crise agricole survenue au mois de janvier 2024 a souligné la « double peine »
ressentie par le milieu agricole qui voit les terres agricoles doublement convoitées tant par la
création d?aménagements nouveaux que par la compensation écologique qu?ils induisent. Le
rapport de l?IGEDD et du CGAAER « Compensations environnementale, forestière et collective
agricoles : évaluation et mise en cohérence » de 2021 mettait déjà en avant ce sentiment de la
profession agricole.
Dans le cas du développement des projets industriels du grand port maritime de Dunkerque
(GPMD) concomitant avec le projet d?EPR2 sur le site de la centrale nucléaire de Gravelines, et du
développement de la communauté urbaine de Dunkerque (CUD), au coeur d?un bassin agricole
dynamique, ce problème se présente avec une acuité particulière. Le préfet du Nord a identifié les
difficultés à concilier à la fois le respect des conditions de compensation écologique (additionnalité,
équivalence écologique, proximité fonctionnelle et temporalité de mise en oeuvre) et les annonces
gouvernementales de février 2024 demandant de préserver les surfaces agricoles contribuant à la
souveraineté alimentaire. Il a sollicité l?expertise d?une mission IGEDD/CGAAER pour proposer des
voies et moyens de solutions acceptables. Pour répondre à la lettre de commande des ministres,
cette mission conjointe, en appui au préfet du Nord, aborde donc les actions à conduire pour « faire
émerger un contexte de prise en compte des enjeux », pour « identifier des opportunités du besoin
de réduction compensatoire en amont », pour amorcer « une stratégie de compensation
écologiquement ambitieuse et sobre foncièrement », pour « identifier des surfaces non agricoles
mobilisables » et pour « accompagner le GPMD dans ses efforts pour changer d'échelle » en
application de la séquence ERC. Ces réflexions seront poursuivies ultérieurement dans le cadre
d?un groupe de travail initié par le MTECT et le MASA, dont l?installation est prévue à la rentrée
2024. La mission contribuera au groupe de travail en s?appuyant sur les réflexions conduites à
l?occasion de l?élaboration du rapport.
La mission s?est donc attachée à examiner le cas du Dunkerquois à la lumière des textes
réglementaires et grâce aux nombreux entretiens conduits au cours des mois de mai et juin 2024
avec l?ensemble des partenaires et acteurs du territoire mais aussi avec des interlocuteurs
nationaux. La mission s?est rendue en Hauts-de-France à quatre reprises et a eu l?occasion de
visualiser de nombreuses situations. Les missionnés tiennent à remercier l?ensemble de leurs
interlocuteurs, qui les ont reçus avec attention et dans la perspective de trouver des solutions
constructives.
Le rapport analyse donc la situation du Dunkerquois et documente le constat du préfet d?une
situation difficile au regard de l?ampleur du besoin de compensations. Il examine ensuite la conduite
et la mise en oeuvre de la séquence ERC, ainsi que l?usage des différentes possibilités ouvertes
par la réglementation concernant la compensation écologique au sein du territoire, en comparaison
parfois avec celles pratiquées dans d?autres territoires. Enfin, le rapport s?intéresse aux
complémentarités voire aux synergies entre la compensation environnementale et un projet
d?accompagnement agricole et propose de concevoir une gouvernance adaptée à la situation pour
faire émerger une stratégie locale de compensation si possible consensuelle entre les acteurs.
Les recommandations de ce rapport sont pour certaines très liées au territoire concerné, mais
d?autres semblent facilement transposables ailleurs. Enfin, quelques recommandations s?adressent
particulièrement aux administrations centrales.
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1 Le Dunkerquois, un contexte particulier
1.1 Le plus grand polder de France : territoire atypique, très aménagé
et artificialisé
L?asséchement des marais de la plaine maritime flamande en terres cultivables et d?élevage a
commencé dès le début du Moyen Âge et marque ainsi depuis lors la forte empreinte de l?homme
dans l?aménagement de ce territoire. Un système
d?endiguement et de drainage destiné à limiter les
dynamiques des marées s?est ainsi développé entre le
IXe et le XIIe?siècle pour permettre l?accroissement de la
population sur ce littoral.
Au final, 100 000 hectares de terres ont été gagnées sur
la mer dans le triangle Calais-Dunkerque-Saint-Omer,
parcouru par 1 600 km de petits canaux, les wateringues.
(cf. annexe 4 : le système des Wateringues, exutoire des
bassins versants de l?Aa et de la Hem).
Ce polder le plus grand, mais aussi le plus bas de France (- 4 mètres par rapport au niveau moyen
de la mer) est entretenu par le réseau de canaux et fossés (wateringues et watergangs) pour
assurer le bon écoulement des eaux jusqu?à la mer via des canaux, soit par gravitation soit grâce
à des dispositifs de relevage incluant des pompes de forte capacité aux exutoires. L'institution
intercommunale des wateringues (IIW)1 gère les canaux et le système d?évacuation à la mer. Les
11 sections2 (associations de propriétaires fonciers) gèrent les watergangs et l'évacuation de l?eau
vers les canaux.
Figure n°2 : Le réseau des Wateringues du polder
Cette gestion hydraulique régule le niveau des eaux de surfaces selon les saisons (rétention de
l?eau dans le polder en période d?étiage, drainage et évacuation de l?excès d?eau vers la mer en
période d?inondations). Cet important réseau de fossés et de canaux est identifié comme potentiel
corridor écologique dans le Schéma régional de cohérence écologique (SRCE) de l?ancienne
région Nord Pas-de-Calais. Outre sa fonction hydraulique essentielle, il constitue le point d?appui
d?une trame écologique pour la vie piscicole et les oiseaux d?eau, à conforter.
D'un point de vue administratif, ce polder recoupe une partie de deux départements littoraux, le
1 L?IIW est un établissement public territorial de bassin à caractère administratif, crée en 1977.
2 Les sections sont des associations syndicales forcées créées d?office par l?Administration dans l?intérêt public.
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Pas-de-Calais et le Nord dans le triangle Dunkerque, Calais, Saint-Omer, et couvre six EPCI3. Les
deux EPCI plus particulièrement concernés par le présent rapport sont la Communauté urbaine de
Dunkerque et la Communauté de communes des Hauts de Flandre, formant un SCoT.
Un atlas cartographique est présenté en annexe 5.
1.2 Une économie locale basée sur deux piliers : l?activité
industrialo-portuaire et un secteur agricole dynamique à forte
valeur ajoutée
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, la ville de Dunkerque, détruite à plus de 70 %, s?est
reconstruite rapidement, respectant le tracé de la voirie existant avant 1940 et faisant le choix initial
d?un traitement global de l?agglomération en deux zones principales, celle des habitations et celle
des industries, zones entourées par des terres agricoles.
Dès 1957, la décision de l'implantation d?une usine de production d?acier du groupe Usinor sur le
port de Dunkerque a favorisé un afflux important de population. Ce développement verra alors la
naissance des villes résidentielles de Grande-Synthe et Petite-Synthe. Dunkerque devient dès lors
une grande agglomération industrielle à l?est et au sud mais surtout dans sa partie occidentale vers
laquelle le port s'est toujours orienté depuis sa reconstruction d?après-guerre. Son développement
industriel contrarié par différentes crises, sidérurgiques notamment4, s?est à nouveau accéléré ces
toutes dernières années, notamment dans l?enceinte du Grand port maritime de Dunkerque
(GPMD), avec des implantations déjà effectives, des projets aboutis et d?autres en cours, qui font
apparaître un besoin de compensation environnementale, sujet du présent rapport.
A l?échelle de la Communauté urbaine de Dunkerque, en 2020, le secteur de l?industrie représentait
16 232 emplois, soit 19,7 %5 de tous les autres secteurs d?activités.
1.2.1 Le Grand port maritime de Dunkerque, pôle industrialo-portuaire en
plein essor
L'activité industrialo-portuaire est principalement portée par le Grand port maritime de Dunkerque,
géré comme un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) sous la tutelle
administrative de l'État. Il peut recevoir tous types de marchandises et les plus grands navires du
monde grâce à ses deux entrées maritimes6. D?une longueur de 17 km, la circonscription du port
s'étend sur 7 000 hectares et dix communes7 situées dans la Communauté Urbaine de Dunkerque
(CUD).
Troisième port maritime français8, avec un trafic de 44,4 millions de tonnes en 20239 dont 12,3
3 Communauté urbaine de Dunkerque, Grand Calais, Communauté de communes des Hauts-de-Flandre,
Communauté de communes de la Région d'Audruicq, Communauté de communes du Pays d'Opale.
4 L'industrie du Nord-Pas-de-Calais a perdu en moyenne 8 000 emplois par an entre 1968 et 1997. La sidérurgie y
employait plus de 40 000 personnes au début des années 1960, moins de 15 000 en 2004. Source : Cairn info.
5 Source : INSEE 01/01/2023.
6 Le Port Est limité aux navires de 14,2 mètres de tirant d'eau et le Port Ouest, réservé aux navires jusqu'à 22
mètres de tirant d'eau.
7 Dunkerque, Saint-Pol-sur-Mer, Fort-Mardyck, Grande-Synthe, Mardyck, Loon-Plage, Gravelines, Craywick, Saint-
Georges-sur-l'Aa et Bourbourg.
8 Après Marseille et Le Havre.
9 44 millions de tonnes ont été chargées et déchargées en 2023 (-10 % par rapport à 2022), avec un chiffre d'affaires
de 107 M¤ (+5,2 % par rapport à 2022). 45 % de son CA sont issus des loyers des entreprises, 44 % des droits de
ports et 11 % d'autres activités. Le port génère 30 000 emplois directs, indirects et induits, et 3,7 milliards d?euros
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millions de tonnes d'hydrocarbures, le GPMD a une vocation énergétique importante (terminaux
pétroliers et méthanier gazoduc) avec à proximité la centrale nucléaire de Gravelines. Le GPMD
est aussi le premier port d'importation des minerais et de charbon et le deuxième dans l'exportation
de céréales.
Le GPMD, ce sont également des activités de logistique-distribution avec plus de 120 000 m²
d?entrepôts déjà implantés au Port Ouest. Son trafic lié à l?hinterland (zone d?influence terrestre du
port), dont l?évolution est un indicateur pertinent du positionnement concurrentiel, a connu une
hausse de 11 % en 2023.
Le port a connu plusieurs phases d?industrialisation accélérée, notamment en 1958, lorsque l?usine
Usinor a nécessité pour son installation la construction d'un nouveau bassin maritime de 100 ha
ainsi qu'une nouvelle écluse (l'écluse Watier) pour accueillir des bateaux de 55 000 tonnes, et en
2015 avec l?aménagement de zones de logistique (DLI - Dunkerque Logistique Internationale) et
de zones de grandes industries (ZGI). Le projet « CAP 2020 »10 du GPMP qui vise également à
affirmer la place du GPMD dans le trafic de conteneurs avec une cible de 2 millions d?EVP11 en
2035 12 par la création d'un nouveau bassin 13 et la construction de dessertes routières et
ferroviaires supplémentaires, en est une nouvelle illustration. Cette dynamique s?est encore
accentuée avec de nouveaux projets industriels depuis 2021, non prévus initialement dans le projet
stratégique 2020-2024.
L?année 2023 a ainsi été un tournant important pour le GPMD avec l'annonce de l?arrivée
concomitante de nombreuses entreprises sur ces terrains encore agricoles ou naturels (3 000 ha
sur les 7 000 ha) avec l?implantation notamment de « Gigafactories » :
? des usines de fabrication de batteries électriques avec Verkor (pose de la première pierre
en novembre 2023) qui projette de faire travailler 1 200 personnes d'ici 2027 et Prologium
(ZGI2), avec un début de construction fin 2024/début 2025 ;
? des usines de production de matériaux de cathodes pour batteries au lithium avec Orano et
XTC (sur des friches en reconversion) ;
? des sites de recyclage de batteries avec le groupement Eramet & Suez.
Le GPMD a vu également l?arrivée de l'usine de frites Clarebout (Zone ZGI1), dont la première
unité est entrée en fonction fin 2023.
de valeur ajoutée.
10 La Commission nationale du débat public (CNDP) a été saisie par le GPMD pour ce projet « CAP 2020 » le 28
octobre 2016 et le débat public s?est déroulé du 18 septembre 2017 au 22 décembre 2017.
11 Equivalent vingt pieds.
12 De 2010 à 2021, le trafic conteneur a triplé et il a été de 750 000 EVP en 2022.
13 Nouveau bassin de 2 000 mètres de quais et terre-pleins supplémentaires et 350 ha de zones logistiques
permettant l'installation de 170 hectares d'entrepôts.
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Figure 3 : Orientations d?aménagement de la zone industrialo-portuaire de Dunkerque14
Cette dynamique s?est inscrite dans la volonté des pouvoirs publics de mettre en oeuvre différents
dispositifs tels que France 2030, plan massif d?investissement dans les technologies innovantes et
dans la transition écologique avec l?objectif de souveraineté et de réindustrialisation de la France
dans certains secteurs historiques et aussi dans la création de nouvelles filières industrielles.
France 2030 a été conforté par la loi n° 2023-973 du 23 octobre 2023 relative à l?industrie verte 15
qui vise à accélérer la réindustrialisation et à faire de la France le leader de l?industrie verte en
Europe, par notamment des projets d?ampleur dits « d?intérêt national majeur ».
Le GMPD fait donc figure de fer de lance emblématique de la politique de réindustrialisation de la
France portée à haut niveau politique, à l?avant-garde de dynamiques d?aménagements qui
concernent également les autres grands ports maritimes du Havre et de Marseille.
La mission souligne, que lors de l?élaboration du projet stratégique 2020-2024, sans mise à jour
réelle, le port n?a pas pu anticiper la politique de réindustrialisation et de transition écologique de
la France et que le GPMD s?est ensuite adapté aux différentes demandes, répondant ainsi aux
porteurs de projets et à la volonté de la puissance publique.
La loi du 20 juillet 2023 « zéro artificialisation nette des sols » (ZAN) visant à faciliter la mise en
oeuvre des objectifs de lutte contre l?artificialisation des sols a introduit des mesures permettant de
concilier d?une part réindustrialisation nationale et développement économique territorial et d?autre
part sobriété dans la consommation d?espaces naturels, agricoles et forestiers (ENAF). Pour
faciliter les projets d?envergure nationale ou européenne (PENE) d?intérêt général majeur, un forfait
14 Source : GPMD.
15 https://www.legifrance.gouv.fr/dossierlegislatif/JORFDOLE000047551965/
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national d?artificialisation de 12 500 ha - sur la décennie 2021-2031 - a été identifié et 167 projets
ont été retenus, dont 2 067 ha et 8 PENE pour la région Hauts-de France16. La communauté
urbaine de Dunkerque concentre à elle seule 7 % des PENE sur à peine 0,05 % du territoire
français.
Dès septembre 2023, un comité des zones industrialo-portuaires (COZIP) piloté par la DGITM a
été installé pour, afin d?accompagner le développement des ports, répondre aux enjeux induits,
dont celui de la compensation environnementale.
Par ailleurs, à l?occasion du dernier sommet Choose France de mai 2024, rendez-vous économique
international, neuf projets ont été annoncés dans les Hauts-de-France, dont Enchem (Corée du
Sud), leader coréen dans les composants pour batteries, prévu dans l?enceinte du GPMD17.
Compte-tenu de cette accélération « fulgurante » du développement industriel, la mission, a bien
noté la difficulté pour les parties prenantes (GPMD, services déconcentrés de l?État, collectivités...)
à prendre toute la mesure de ces nouveaux projets et de leurs incidences, et à produire et instruire
des dossiers dans des délais extrêmement contraints afin notamment de pouvoir proposer des
mesures compensatoires pertinentes.
1.2.2 Une agriculture conventionnelle dynamique à forte valeur ajoutée
Dotée de terres à haute valeur agronomique, remembrées et d?un relief quasi-nul, l?agriculture du
polder est principalement orientée vers les grandes cultures et les cultures industrielles à
destination d?entreprises agro-alimentaires (IAA) du territoire (telles que Clarebout ou Bonduelle)
et d?entreprises situées en Belgique proches de la frontière, générant un paysage où les
infrastructures agro-écologiques telles que les haies ou les arbres sont peu présentes.
Sur le SCoT Flandres Dunkerque qui traite du territoire de la CUD et de la Communauté de
Communes des Haut de Flandres (CCHF), 798 exploitations agricoles mettent en valeur une
surface agricole utile (SAU) de 49 907 ha en 2020. La SAU a diminué de 1,6 % entre 2000 et 2010,
avec une diminution plus marquée sur la communauté urbaine de Dunkerque (-5 %) et ce, en lien
avec une artificialisation des terres plus importante sur cette partie du territoire18.
L?élevage est très peu présent, avec quelques ateliers porcins, bovins viande et bovins lait, situés
dans la partie sud du SCoT. Quatre productions et filières végétales se détachent, tant en termes
de volumes, de surfaces que par le nombre d?exploitations ou d?opérateurs impliqués. Il s?agit de
la pomme de terre, du lin, des légumes frais et des céréales. Elles représentent 84 % des surfaces
en culture. Les surfaces en pomme de terre et en lin ont significativement augmenté entre 2010 et
2020 au détriment des surfaces en céréales, et ce en lien avec la demande forte des IAA du
territoire et le caractère rémunérateur de ces productions. Cette augmentation de surfaces de
cultures contractualisées et à forte valeur ajoutée entraîne une augmentation de 283 % des
surfaces irriguées via les eaux superficielles des watergangs (augmentation de 4 201 ha irrigués
entre 2000 et 2010).
16 718 ha pour le GPMD.
17 Investissement annoncé d?un site de production d?électrolyte sur le Port de Dunkerque de 57M¤ avec à la clé 100
emplois d?ici 2027.
18 Source : RA2020 - Fiches territoriales - https://draaf.hauts-de-france.agriculture.gouv.fr/les-epci-des-hauts-de-
france-a4258.html
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Figure n°4 : Répartition des cultures principales de la CUD en 2010 et 2020
Le nombre d?exploitations a diminué entre 2010 et 2020, entraînant mécaniquement une
augmentation de la SAU moyenne par exploitation, qui s?établit à 63 ha en 2020, ce qui est similaire
à la moyenne départementale (61 ha) mais inférieur à la moyenne régionale (90,7 ha). Cette
relative petite taille des exploitations du territoire est permise par la présence de cultures végétales
à forte valeur ajoutée souvent irriguées qui permettent de dégager des marges brutes supérieures
à la moyenne. Ainsi, les exploitations agricoles de grande taille économique selon la production
brute standard représentent 46 % des exploitations sur la communauté urbaine de Dunkerque
contre 34 % au niveau départemental.
Corrélativement et compte tenu de la rentabilité des cultures ainsi que de la proximité de la
Belgique (où le foncier est encore plus cher), le prix du foncier agricole est élevé, et similaire à la
moyenne départementale : 14 820 ¤/ha pour les terres et prés libres non bâtis en 2021 alors que
la moyenne nationale est de 5 940 ¤/ha19. Selon la SAFER Hauts-de-France, les terrains sur le
territoire de la CUD peuvent atteindre 20 000 à 25 000 ¤/ha à l?achat et le fermage représente 80 %
des surfaces mises en valeur par l?agriculture. La pression foncière est donc forte sur ce territoire
avec un prix d?achat élevé du foncier, mais également des phénomènes de sous-location et de
« pas de porte » pour la reprise de bail.
Cette pression foncière impacte la dynamique d?installation sur le territoire : la grande majorité des
installations se réalise dans le cadre familial.
Cette agriculture conventionnelle, à forte valeur ajoutée est confrontée à de multiples enjeux :
? L?artificialisation des sols génère une pression foncière sur des terres agricoles productives,
dans un bassin agricole dynamique.
? Les pratiques agricoles associées aux cultures pratiquées provoquent une dégradation de
la qualité physico-chimique des eaux superficielles.
? La demande croissante des IAA du territoire en cultures industrielles contractualisées
19 Source : Agreste HDF - Valeur vénale des terres - février 2023.
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génère une dépendance de plus en plus importante à l?irrigation (les 3 industriels de la
pomme de terre recherchent 50 000 ha de surfaces supplémentaires sur la région), dans
un contexte de sécheresses estivales de plus en plus marquées, avec en conséquence un
risque de tension accrue sur la ressource en eau.
? La sensibilité du modèle agricole au changement climatique : outre cette dépendance à
l?irrigation, l?intensification des pluies hivernales et les inondations peuvent rendre difficiles
l?implantation des cultures et compliquent les assolements.
1.3 Une nature relictuelle dans un environnement fragile et exposé
aux effets du changement climatique
Ce territoire intensément habité et exploité, tant par une agriculture à forte valeur ajoutée que par
une empreinte urbaine ancienne, industrielle et portuaire, a laissé peu de place aux espaces
naturels (cf. annexe 6 : évolution du territoire et régression de la nature).
Figure n °5 : Les enjeux écologiques et patrimoniaux des habitats naturels du territoire du SCoT Flandre-
Dunkerque (sources : ORB NPdC 2014, d?après ARCH 2009 et CEN NPdC 2014)
Avec 74 % de terres labourables et de prairies, ce territoire présente un taux d?artificialisation de
20 %. Le reste du territoire (6 %) est composé de milieux aquatiques, humides, et d?habitats
littoraux. L?artificialisation due à l?urbanisation et au développement des activités économiques a
progressé, entre 2009 et 2013, de plus de 75 ha/an principalement au détriment des terres
agricoles et des habitats littoraux. Dans ce même temps, les milieux aquatiques et humides ont
néanmoins vu augmenter leur superficie d?environ 14 ha/an, évolution liée notamment à la mise en
oeuvre de mesures compensatoires du GPMD20.
Le rebond démographique et économique21 engagé pourrait priver un peu plus ce territoire et ses
habitants d?une biodiversité déjà peu présente, et peu accessible.
Autres conséquences de cette artificialisation, ce territoire souffre de multiples pollutions, sources
de dégradations environnementales :
? L?agriculture intensive, malgré des efforts à souligner, utilise des quantités importantes
20 Source : SCoT région Flandre Dunkerque.
21 Les projets Dunkerquois devraient conduire à une évolution de 24.000 emplois d?ici 2033, soit +25 % par rapport
à 2020, entraînant une nécessaire construction de logements pour les nouveaux arrivants
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d?intrants à l?origine de pressions sur les ressources en eau et les milieux aquatiques22.
? La forte densité de population et la concentration industrielle induisent des rejets polluants,
qui s?ajoutent à toutes les pollutions venant de l?amont. L?Aa et les canaux contiennent par
exemple des matières en suspension, provenant de l?érosion des terres agricoles en amont.
L?eau est véritablement la première préoccupation locale en matière d?environnement :
dépendance à d?autres territoires sur la ressource en eau potable, importants besoins pour
l?industrie et niveau de pollution des eaux généralement élevés dans les cours d?eau et sur le littoral.
Autre indicateur environnemental, la qualité de l?air est plus dégradée et les épisodes de pollution
plus fréquents dans l?agglomération de Dunkerque que dans les autres agglomérations du
département du Nord23. Les rejets dans l?atmosphère émanent d?installations industrielles24, des
sources urbaines diffuses (chauffage des logements et lieux de travail)25, des transports26 et de
l?activité agricole27.
La ville de Dunkerque représentait à elle seule 20 % des émissions industrielles de France avec
16 millions de tonnes de CO2 émis en 2020 sur la zone industrielle et portuaire et son arrière-pays.
Les émissions de gaz à effet de serre sont également plus importantes sur le littoral de la région.
En effet, une nette différence est observée entre les territoires de la CUD et de la CCHF. En 2012,
les émissions de GES (Eq CO2) sur le territoire de la communauté de communes des hauts de
Flandre (CCHF) ont été inférieures à 658 tonnes, soit 0,6 % des émissions régionales. Celles
émises sur le territoire de la CUD sont estimées à plus de 21 000 tonnes (Eq hab.) en 2012, soit
près de 40 % des émissions régionales.
A l?échelle du SCoT région Flandre-Dunkerque, les impacts du changement climatique identifiés
sont notamment :
? une augmentation du niveau de la mer ;
? des phénomènes d?érosion de la côte à certains endroits due aux variations de l?intensité et
la direction de la houle ;
? une fréquence accrue des tempêtes et l?augmentation de leur force avec des surcotes ;
? le risque d?intrusion marine dans les eaux douces et des tensions accrues sur la ressource
en eau, notamment l?été ;
? un risque de saturation des wateringues lié à l?augmentation de la fréquence et de la
violence des épisodes pluvieux.
Ces multiples risques pour le territoire Dunkerquois - de l?intérieur par les pluies, et de l?extérieur
par les tempêtes - mettent en exergue prioritairement la problématique de l?eau, ressource qui peut
à la fois être plus souvent en excès et tendre à diminuer face à des usages qui augmentent. Ils
rendent également les milieux naturels encore plus vulnérables.
La mission renvoie vers le récent rapport d?avril 2024 de la « Mission d'appui au préfet de la région
des Hauts-de-France pour renforcer la résilience des territoires touchés par des inondations » des
22 Pollution par les nitrates et le phosphore, pollution par les pesticides, pollution par la présence de matières en
suspension dans les cours d?eau.
23 Indices ATMO.
24 Émissions d?oxydes d?azote (NOx) et de composés organiques volatils (COV).
25 Gaz carbonique (CO2), de monoxyde de carbone (CO), d?oxyde d?azote (NOx), de composés organiques
volatiles (COV) et de dioxyde de soufre (SO2).
26 Monoxyde de carbone (CO), du gaz carbonique (CO2), des oxydes d?azote (NOx), du dioxyde de soufre (SO2).
27 SO2, NOx, COV, CO et CO2 ainsi que des émissions d?ammoniac (NH3), émissions liées à l?utilisation d?engrais
azotés et aux déjections animales.
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trois inspections IGA/CGAAER/IGEDD. Ses remarques sur « l?alimentation en eau, sur les
compensations sur les terres agricoles qui auraient pu être évitées par d?autres choix
d?implantation, ou l?accroissement de l?imperméabilisation des sols à l?aval du bassin. [?] Le
territoire est et va être confronté à des tensions entre ses activités, agricoles et industrielles, pour
l?accès à l?eau, la prévention des inondations et l?accès au foncier. Les discussions sur la
compensation environnementale et la difficulté à mettre en place des zones d?expansion des crues
en sont un témoignage direct » confortent le constat de la présente mission sur le manque
d?anticipation face au changement climatique en général et face aux inondations en particulier.
Pour améliorer cette situation dégradée, la mission salue les initiatives engagées par les acteurs
locaux :
? Le Conservatoire du littoral Manche Mer du Nord (CDL) protège d?ores et déjà 8 500 hectares
(600 ha sur le territoire du SCoT région Flandre-Dunkerque). Une réactualisation en 2025 de la
stratégie établie en 2015 pour faire évoluer les zonages de vigilance et d?intervention
permettra l?acquisition de foncier en cas d?enjeux écologiques importants (biodiversité et
paysage).
? Le parc naturel régional Caps et Marais d?Opale porte aussi les ambitions en matière de
paysage. Il aménage pour valoriser ses richesses patrimoniales et paysagères, en
s?efforçant de répondre aux enjeux de la maîtrise de la consommation des espaces
agricoles et du maintien de la qualité patrimoniale du territoire.
? Les espaces naturels sensibles (ENS) sont au coeur de la politique environnementale du
Conseil départemental du Nord (3 320 ha gérés par le Conseil départemental, dont 2 362
ha en propriété).
? L?Institution intercommunale des wateringues, en partenariat avec la préfecture du Nord et
l?agence de l?eau Artois Picardie, a mené une étude prospective des wateringues pour se
préparer à l?adaptation du territoire au changement climatique, définissant une stratégie
locale, des orientations et axes d?actions sur le bassin de l?Aa et des propositions
d?organisation pour leurs mises en oeuvre28.
La mission salue également la stratégie volontariste de la CUD pour anticiper et accompagner les
porteurs de projets sur la séquence ERC via le guichet unique compensation, permettant
également de rechercher des surfaces susceptibles d?accueillir des mesures compensatoires.
Par ailleurs, lauréate de l'appel à projets « zones industrielles bas carbone » (ZIBAC) dans le cadre
de France 2030, pour lutter plus particulièrement contre le gaz à effet de serre, la zone industrialo-
portuaires de Dunkerque s?est engagée dans un projet de décarbonation avec Arcelor Mittal29 et
ses sous-traitants30.
28 https://www.delta-aa-2050.fr/
29 Arcelor Mittal a émis 6,4 millions de tonnes de CO2 en 2022 à Dunkerque selon les données du journal des
transactions de l?Union européenne.
30 L?AAP ZIBAC, c?est, 27,2 millions d'euros dont 13,6 millions alloués par l'Ademe sous forme de subventions.
Animé par le groupement d'intérêt public (GIP), le projet Dunkerquois, DKarbonation a pour objectif la sobriété en
consommant moins d'eau et d'énergie et de favoriser l'économie circulaire, dont le recyclage des matières
premières comme l'acier et l'aluminium, et le traitement du CO2 (captage, transport, stockage ou valorisation) pour
réduire de 30 % les émissions du site en 2030 et atteindre la neutralité en 2050.
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2 Une équation foncière complexe et sous tension
2.1 Une discordance « brutale » entre besoins affichés et capacités
foncières de compensation, source de crispations du monde
agricole
Dotée de 7 000 ha, la zone industrialo-portuaire (ZIP) du GPMD n?a longtemps été que
partiellement aménagée : ainsi, plus de 3 000 ha étaient occupés depuis les années 1970 par de
l?activité agricole dans le cadre de baux précaires renouvelés chaque année.
Depuis 2015, et tout particulièrement depuis 2021, la dynamique d?aménagement sur le territoire
de la ZIP du GPMD s?accélère et entraîne des besoins en mesures compensatoires écologiques,
du fait de la destruction des milieux et espèces qu?elle génère. Jusqu?à présent, le GPMD assumait
les mesures compensatoires dans son périmètre, sur les surfaces dédiées aux milieux naturels et
cartographiées dans son SDPN (environ 1 200 ha). Cependant, l?accélération fulgurante des
projets constatée depuis 2021 et qui n?avait pas été anticipée dans le cadre du projet stratégique
2020-2024 induit une demande de compensation forte : la direction du GPMD juge ne plus être en
capacité, à partir des projets « Zone industries d?avenir » et « Zones grandes industries 3 » (ZIA et
ZGI3) d?accueillir les travaux d?aménagements écologiques des mesures compensatoires liées à
ces projets industriels sur les surfaces de son SDPN. La totalité des mesures compensatoires
actées, y compris celles des derniers projets autorisés de ZGI2 et CAP 2020 couvrent 766 ha et
selon le GMPD, seuls 77 ha en zone terrestre resteraient disponibles au sein de l?actuel SDPN
pour accueillir des mesures compensatoires.
Le tableau suivant récapitule les projets autorisés depuis 2015, et ceux à venir, ainsi que les
surfaces en mesures compensatoires estimées. Il intègre également les besoins de
développement du réseau de transport d?électricité de RTE, étroitement liés aux projets industriels.
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Projet Description
Date
autorisation
ou dépôt
demande
Date mise
en
service
prévue
Surface
projet
(ha)
Surface
mc (ha)
Remarques
Projets autorisés 2015-2023
DLI Sud Dunkerque Logistique international Sud Juin 2015 En service 125 32
ZGI Zone Grandes Industries Aout 2015 En service 160 19
Sous Total 285 51
Projets autorisés depuis le 01 janvier 2024
CAP 2020
Novembre
2023
En cours 527 460
Compensation 1 pour 1
sur milieux impactés
ZGI2 Zone Grandes Industries 2
Décembre
2023
En cours 186 133
Compensation 1 pour 1
sur milieux impactés
TOTAL Démantèlement cuves Février 2024 0 7
RTE Poste raccordement éolien Juin 2023 5 0
Sous Total 718 600
Projets en cours d?instruction
RTE Poste Flandre Maritime
Novembre
2023
2026 24 16
RTE Poste Vénus Mai 2023 2027 8 10
ERAMET/Suez Recyclage batteries ? usine amont Aout 2023 5 6
Sous Total projets en cours d?instruction 37 32
Projets à venir
Hub CO2 Air Liquide
Envisagé
avril 2024
2026 8 0
ERAMET/Suez Recyclage batteries ? usine aval
Envisagé
Mai 2024
2027 17 12 Surface mc à confirmer
XTC/ORANO Usines filière batteries
Envisagé
juillet 2024
2027 50 20 Surface mc à confirmer
AmeLi Usine production chaux
Envisagé
Juin 2024
2026 14 3 Surface mc à confirmer
RTE Poste Alpha/Puythouck
Envisagé fin
2024
2028 19 12 Surface mc à confirmer
Arcelor Mittal Décarbonation
Envisagé
Sept. 2024
2027 14 14 Surface mc estimée
ZIA phase 1 Zone Industries d?Avenir
Envisagé
juin 2024
2025 55 55 Surface mc estimée
Air liquide Usine d?Electrolyse
Envisagé
avril 2024
2026 24 24 Surface mc estimée
ZIA phase 2 Zone Industries d?Avenir
Envisagé
février 2025
2026 72 72 Surface mc estimée
EPR 2 Centrale EPR EDF + chantiers et parking
Envisagé mi
à fin 2025
2026-2038 174 120 Surface mc estimée
H2V phase 2 Gigafactory production Hydrogène
Envisagé mi
2025
2030 13 13 Surface mc estimée
ZGI3 phase 1 Zone Grandes Industries
Envisagé mi
2025
2026 60 60 Surface mc estimée
ZIA phase 3 Zone Industries d?Avenir
Envisagé
début 2026
2027 126 126 Surface mc estimée
ZGI3 phase 2 Zone Grandes Industries
Envisagé mi
2026
2027 45 45 Surface mc estimée
SRD Projets industriels sur friche
Envisagé mi
2026
2028 86 10 Surface mc estimée
SNF Usine ? chimie
Envisagé
2027
2030 30 30 Surface mc estimée
ZIA phase 4 Zone Investissements d?Avenir
Envisagé
2027
2029 30 30 Surface mc estimée
ZGI3 phase 3 Zone Grandes Industries
Envisagé
2027
2028 32 32 Surface mc estimée
Zones
décarbonation
3 aménagements à long terme
décarbonation
A partir 2027 125 125 Surface mc estimée
Sous Total des projets à venir 994 802
NB : les projets RTE sont rattachés à la ZIP car étroitement liés au développement industriel de celle-ci, même si
deux des trois projets ne sont pas dans l?emprise du GPMD.
NB2 : pour les projets à venir, la surface en mesures compensatoires est estimée, au minimum, à 1 pour 1. Elle
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découle de ce qui n?aura pas pu être évité ou réduit, ces efforts d?évitement et de réduction sont des préalables
nécessaires à la définition du besoin de compensation.
Figure n°6 : Besoin cumulé estimé en surfaces de mesures compensatoires sur le périmètre de la
CUD
A ces besoins estimés pour les projets du GPMD avant mesures d?évitement et de réduction,
s?ajoutent ceux de la communauté urbaine de Dunkerque ou d?autres maîtres d?ouvrage du
territoire. En effet, cette dynamique industrielle nécessite d?être accompagnée par des
aménagements d?infrastructures (barreau routier de La Cappelle, parking mutualisé) et la
construction de logements afin de soutenir le développement du territoire, même si ces derniers
se situeront prioritairement sur des terrains déjà urbanisés. Un besoin minimum de surfaces en
compensation écologique de 1200 ha est ainsi estimé sur le territoire de la CUD, dont
834 ha (802 + 32) pour le port, à l?horizon 2027. Ces surfaces ont été estimées par la CUD en
se basant sur un ratio de compensation surfacique d?un pour un. Cette estimation pourrait être
vue comme plancher, car raisonnée avec la préoccupation de sobriété foncière de la
compensation, mais sans s?assurer, à ce stade de l?estimation, de l?atteinte des objectifs de
gains écologique et d?absence de perte nette de biodiversité.
Région concernée au premier plan par l?artificialisation des terres agricoles pour ses deux
départements littoraux31, la région Hauts-de-France s?est dotée en 2019 d?une charte « Eviter
Réduire Compenser les impacts sur les milieux naturels et agricoles » avec l?ambition de concilier
la préservation du foncier agricole et la mise en oeuvre de la séquence ERC. Cette charte prévoit
notamment une association de la chambre d?agriculture par les maîtres d?ouvrages à toutes les
étapes de définition et de mise en oeuvre des mesures d?évitement, de réduction et de
compensation, dès lors que les terres agricoles sont concernées par l?emprise du projet ou par les
mesures compensatoires qui en découlent.
Dans le cas du récent développement du GPMD et des projets liés à ce développement (RTE), la
31 Selon le rapport d?étude du CEREMA de septembre 2023 sur l?analyse de la consommation d?espaces du 1er
janvier 2009 au 1er janvier 2022, les deux départements du Nord et du Pas de Calais ont une consommation
normalisée d?espaces naturels, agricoles et forestiers de plus de 0,75 % entre 2009 et 2022, les plaçant dans les
22 départements français les plus consommateurs d?espaces.
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mission constate que cette association en amont des partenaires territoriaux prévue par la charte
semble avoir fait défaut ; le manque de visibilité sur les projets à court, moyen et long termes
associé à une démarche opportuniste de certains maîtres d?ouvrages négociant directement avec
certains exploitants agricoles sur le départ ont provoqué une crispation du monde agricole,
exprimée lors des manifestations du début de l?année 2024.
Le préfet de la région Hauts-de-France a organisé le 13 mars 2024 une revue des projets du
territoire de la communauté urbaine de Dunkerque. Cette réunion a permis de rappeler les notions
élémentaires de la séquence ERC, de commencer à donner de la visibilité à la profession agricole
sur les projets à venir et d?approcher une première estimation du besoin en surfaces de mesures
compensatoires lié à ceux-ci. Une estimation des surfaces disponibles pour accueillir des mesures
compensatoires sans aller sur des terres agricoles a également été réalisée selon deux méthodes,
celle de la DREAL-DDTM et celle de la CUD :
? La méthode DREAL-DDTM estime les surfaces disponibles pour la compensation à partir
d?une approche cartographique sur le périmètre de l?institution des Wateringues (à
l?exception de la 7ème section32). Elle identifie un potentiel de 1 920 ha sur le périmètre élargi
(dont 1 000 ha non boisés), mais seulement de 720 ha dont 300 ha sans plan de gestion
sur le territoire de la CUD permettant de réaliser des compensations écologiques sans
mobiliser des surfaces agricoles. Mais sur ces 720 ha, seuls 160 ha auraient un réel
potentiel de restauration écologique pour envisager d?y implanter des mesures
compensatoires avec perspective de réels gains écologiques. Cette étude ne prend pas en
compte le zonage défini dans les documents d?urbanisme, alors que ce zonage est le reflet
de la volonté des élus du territoire et que, depuis la loi Climat et Résilience du 22 août 2021,
l?identification de zones préférentielles pour la renaturation est recommandée dans les dans
les documents d?urbanisme. Par ailleurs, elle exclut certains sites « espaces naturels
sensibles » (ENS) sur lesquels des gains écologiques sont encore possibles.
? La méthode CUD estime les surfaces disponibles pour la compensation à partir d?une
approche fonction du zonage du PLUi sur le périmètre de la CUD. Elle identifie seulement
487 ha potentiels pour réaliser de la compensation écologique sans aller sur des surfaces
agricoles.
La méthode DREAL-DDTM arrive à un total de surface pouvant accueillir des mesures
compensatoires de 1 920 ha sur un périmètre élargi mais dont seulement 1 000 ha non boisés et
160 ha avec un potentiel de restauration. La méthode CUD aboutit, sur le périmètre plus restreint
de son propre territoire, à environ 487 ha de surfaces (sans évaluation du potentiel d?amélioration
écologique). Les graphiques présentant les résultats sont en annexe 7.
Si les résultats sont différents, les deux méthodes se rejoignent sur un constat commun : les
surfaces de terrains naturels, sans activité agricole et disposant d?un potentiel de gain
écologique, sont significativement inférieurs à la surface minimale estimée à ce stade des
besoins de compensation.
2.2 « Compenser, en proximité immédiate, en évitant les terres
agricoles », une équation insoluble
Au vu des éléments de contexte, « Mettre en oeuvre une stratégie des mesures compensatoires
ambitieuse tout en préservant les surfaces agricoles contribuant à la souveraineté alimentaire »,
selon les termes de la lettre de commande de la mission, est une véritable gageure.
1. Compte-tenu des caractéristiques très particulières de l?occupation du territoire du
Dunkerquois et de ses environs immédiats (6 % d?espaces non cultivés, non artificialisés)
32 La section 7 de l?Audomarois a été exclue car elle ne faisait pas partie du polder.
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et le niveau de besoins de compensation à 2027 (estimé à ce stade à 1200 ha), il est
illusoire de vouloir réaliser toutes ces mesures compensatoires, en proximité
immédiate (sur le territoire de la CUD voire même du polder de l?Aa), dans le cadre
des modalités d?application actuelles, sans mobiliser des surfaces significatives de
SAU.
2. Dans le polder de l?Aa, a fortiori en proximité du littoral, les terres agricoles sont (i) parmi
les plus fertiles (ii) aisément irrigables avec de l?eau de surface (iii) très convoitées avec
une demande excédant la disponibilité foncière (iv) favorables à des cultures diversifiées à
très haute valeur ajoutée. Il ne serait pas compris localement d?envisager de convertir
des surfaces significatives de terres arables en prairies humides, de surcroît au titre
de mesures compensatoires de projets qui artificialisent déjà les mêmes types de
terres agricoles. Dans le contexte agricole du polder, ce serait une transformation agricole
trop importante tant en termes de production que de métier, très décalée par rapport aux
logiques de filières installées de longue date.
3. Enfin, dans un territoire si densément peuplé et fragile face au changement climatique, où
les espaces naturels sont relictuels et l?environnement dégradé, il n?est pas raisonnable
non plus d?envisager de dépayser totalement les mesures compensatoires et de se
priver des moyens de la compensation pour restaurer la biodiversité sur le bassin
de vie de proximité directement affecté par les impacts des projets. La santé et le
bien-être des populations ne sont pas sans lien avec la bonne santé des écosystèmes
naturels.
Une problématique à reformuler :
Aussi, la mission propose avant tout de reformuler la problématique en des termes plus nuancés
et compatibles avec le profil atypique du territoire tout en respectant les attendus de la commande
initiale. Il s?agit de « Développer une stratégie de compensation co-construite, sobre en
termes de consommation de foncier agricole, compatible avec des productions agricoles à
haute valeur ajoutée, mais levier d?une restauration de biodiversité efficace à l?échelle d?un
territoire élargi mobilisant une palette de solutions ».
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3 Une planification et une anticipation insuffisantes
3.1 Un défaut de prise en compte de la séquence ERC dans les
documents de planification
La mission, au cours des entretiens, a pu mesurer tout à la fois l?urgence des décisions à prendre
en matière de compensation compte tenu de l?état d?avancement des projets industriels du GPMD
et le faible niveau d?information de la profession agricole sur les besoins de surfaces de
compensation avancés par le port pour réaliser ses projets. Alors que tous les programmes et
projets du port font l?objet d?une étude d?impact, d?une enquête publique, assortie d?un avis de
l?autorité environnementale (Ae) et du conseil national de la protection de la nature (CNPN), la
mission a cherché à comprendre les raisons pour lesquelles, alors que les projets sont connus et
acceptés dans leur principe, leurs conséquences et impacts sur le territoire notamment les besoins
de compensation sont autant méconnus. Ceci interroge très sérieusement le rôle des documents
de planification (SRADDET, PLUi, plan stratégique) des projets et des consultations réalisées à
l?occasion de leur élaboration et de leur approbation. C?est pourtant une des finalités de ces
procédures.
La réunion de revue des projets du 13 mars 2024, organisée par le préfet pour consolider les
besoins prévisibles avec l?ensemble des porteurs de projets, a apporté un début de visibilité et a
fait prendre conscience à tous les acteurs de la nécessité d?une meilleure connaissance réciproque
des préoccupations ainsi que d?une prévision des besoins des différents maîtres d?ouvrages.
L?exaspération récente des organisations professionnelles s?est aussi exprimée à l?égard du
démarchage opportuniste d?exploitants agricoles en fin de carrière par des maîtres d?ouvrages en
contravention avec les principes de la charte régionale signée en 2019 33 . Les initiatives
désordonnées d?implantation de mesures compensatoires écologiques au détriment de la
production agricole sont perçues comme une menace sur les capacités de production et
d?installation de jeunes agriculteurs.
La mission lors de ses échanges constate que, malgré tout, l?ensemble des professionnels
agricoles et des organisations environnementales du Dunkerquois sont très favorables à la
réalisation des projets industriels du secteur, mais demandent que la mobilisation de terres
agricoles productives ne soit pas la variable d?ajustement de la compensation écologique.
Par ailleurs, ces besoins significatifs de surfaces de compensation interrogent l?effectivité
et l?efficacité de mise en oeuvre de la séquence ERC au terme de laquelle la compensation
devrait être résiduelle si l?évitement et la réduction étaient bien appliqués et suffisamment
anticipés.
3.1.1 La faiblesse de la mise en oeuvre de la séquence ERC dans les
documents présentés à l?enquête publique du secteur du
Dunkerquois
En toute rigueur, pour s?inscrire dans la séquence « éviter, réduire, compenser »34 requise par les
textes, chaque projet doit proposer et analyser différents scénarios qui permettent de choisir les
modalités du projet de moindre impact environnemental global (éviter, réduire). La compensation
est, en effet, la dernière étape du travail qui vise à compenser les impacts résiduels après la
première démarche. Cette démarche est explicitée par le MTECT dans différents textes et
33 https://erc.drealnpdc.fr/charte-erc-eviter-reduire-compenser-les-impacts-sur-les-milieux-naturels-et-agricoles/
34 Doctrine relative à la séquence évitée réduire compenser les impacts sur le milieu naturel version après examen
par le comité de pilotage du 6 mars 2012.
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https://erc.drealnpdc.fr/charte-erc-eviter-reduire-compenser-les-impacts-sur-les-milieux-naturels-et-agricoles/
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notamment dans la doctrine relative à la séquence « éviter, réduire, compenser35 ». La mission
s?est donc interrogée sur les alternatives étudiées par les porteurs de projets et les efforts de
réduction dans les études d?impacts et a recherché les avis des autorités environnementales à ce
sujet. La mission a étudié les avis de l?autorité environnementale nationale et de la mission
régionale d?autorité environnementale sur les programmes (SRADDET, SCoT, stratégie du GPMD)
ainsi que les projets du GPMD (analyse non exhaustive). Cette analyse figure en annexe 8.
L?autorité environnementale souligne dans ses avis sur les projets et programmes
concernant le territoire du port, de façon constante et répétée, la faiblesse de la mise en
oeuvre de la séquence ERC : insuffisance de l?état initial, absence de comparaison de
scénarios alternatifs, en conséquence, pas de choix du scénario de moindre impact, au final
une évaluation environnementale peu susceptible d?informer et de convaincre et un besoin
de compensation maximisé.
3.1.2 Les évaluations environnementales présentées par le GPMD sont
le plus souvent jugées de « médiocre qualité » par les autorités
environnementales
La faiblesse des évaluations environnementales présentées à l?enquête publique ne permet pas
aux acteurs du territoire, dont la profession agricole, de prendre conscience des impacts des
projets sur leur activité.
On peut comprendre que, dans les années 2010, l?apprentissage de la séquence « éviter, réduire,
compenser » par les maîtres d?ouvrages et leurs bureaux d?étude ait conduit à des lacunes
importantes dans les dossiers d?évaluation environnementale. Aujourd?hui, de nombreux cabinets
sont compétents pour réaliser ces travaux et l?on comprend difficilement la qualité qualifiée de
« médiocre » par l?Ae des dossiers présentés par le port même s?ils sont certes élaborés avec des
documents cadres également insuffisants. Les documents présentés par le GPMD devraient être
à la fois complets, cohérents entre eux et intégrer au fur et à mesure du temps les
recommandations des autorités environnementales.
Interrogée sur ces sujets, la direction du port a apporté les éléments suivants :
? Les délais pour réaliser les derniers dossiers (notamment ceux de ZGI2 et CAP 2020) ont
été très raccourcis et n?ont pas permis de les présenter avec le niveau de qualité requis. Le
recours à des prestataires, dont la CDC Biodiversité, sera développé.
? L?évolution de la position du CNPN sur les règles d?équivalence écologique concernant
l?artificialisation des terres agricoles (cf. 3.4.) a obligé de façon imprévue à chercher des
espaces de compensation supplémentaires. En effet, selon le GPMD, il n?existe plus
suffisamment de surfaces de compensation à l?intérieur de l?enceinte du port. Or, le fait de
chercher les territoires en dehors du port pourrait impliquer des compensations en surfaces
supérieures si l?équivalence écologique y est considérée comme plus difficile à atteindre.
La mission en déduit que l?essentiel des problèmes sont liés :
? Aux délais requis pour monter des projets peu compatibles avec des analyses
environnementales sérieuses. Il est proposé en conséquence d?anticiper les études de
description des milieux naturels avant l?émergence de projets. Ceci constituerait certes un
investissement du port mais serait un élément important pour développer des projets
réellement « clés en main » et raisonner de façon plus rigoureuse la stratégie d?évitement
35 Article R. 122-20 du code de l?environnement.
Doctrine relative à la séquence éviter, réduire compenser et compenser les impacts sur le milieu naturel MTECT
2012, guide pour la mise en oeuvre de l?évitement, MTECT 2021.
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des enjeux environnementaux les plus sensibles.
? À la faible surface allouée à la compensation dans le projet stratégique actuel du
GPMD alors qu?une très grande surface est prévue à l?industrialisation. Le GPMD
dispose encore de marges de manoeuvre pour internaliser une part des besoins de
compensation, même si cela diminuera un peu la surface à industrialiser à terme (voir partie
3.2.).
? A l?insuffisante planification de localisation des zones préférentielles de
compensation que ce soit dans le port ou hors du port. La compensation des espaces
industrialisés doit être prioritairement faite sur le port. S?il est difficile de connaître à l?avance
(avant les études) le taux surfacique de compensation à prendre en compte pour atteindre
l?équivalence fonctionnelle, dès lors que les inventaires naturalistes sont réalisés sur
l?ensemble du territoire et la biodiversité connue, des territoires de compensation peuvent
être « fléchés » dans les documents de planification. Le ratio surfacique peut également
être grossièrement calculé ne laissant plus que pour le moment de la réalisation du projet
les derniers ajustements. Par conséquent, la planification doit d?ores et déjà prévoir à
minima une équivalence surfacique d?un pour un ou un et demi. Les exemples vus par la
mission en dehors des territoires des Hauts de France et notamment aux alentours de la
centrale nucléaire de Penly (76) montrent que ceci est possible dès l?élaboration des
documents programmes. Certaines collectivités et grandes entreprises parviennent à
anticiper les territoires à renaturer dans leurs documents de planification...
3.1.3 Un choix plus sélectif des activités industrielles du port et la
sobriété foncière des entreprises du GPMD sont des préalables à
des demandes de compensation hors de son territoire
Le développement industrialo-portuaire, objectif principal du port, le conduit à transformer des
espaces naturels ou semi-naturels et des espaces agricoles en espaces industrialisés tout en
maintenant conformément à la loi une gestion responsable et cohérente des espaces naturels
précieux (article L. 5312-2 du Code des transports 36).
L?espace du port encore destiné au développement des activités industrielles est désormais limité.
Ces surfaces paraissaient autrefois « infinies » en regard des besoins, car le facteur limitant était
le nombre d?entreprises qui souhaitaient s?installer sur le port. Aujourd?hui, la dynamique
d?industrialisation laisse penser que le facteur limitant devrait être désormais la nécessité de
conserver des espaces naturels cohérents tout en développant une industrie compatible avec les
exigences du développement durable. Il va donc devenir nécessaire de prioriser les activités
industrielles qui s?installeront sur le port, conformément à son projet stratégique. Il semble à la
mission que ce travail de priorisation des activités accueillies doit être partagé avec l?ensemble des
acteurs du territoire.
Le choix des entreprises qui s?installent nécessite un questionnement sur l?emprise des
aménagements nécessaires. La réduction de l?emprise de chaque industrie doit être réalisée en
appliquant la séquence ERC. Le travail du GPMD avec chaque industriel pour optimiser (éviter,
réduire) la surface utilisée peut être développé. Cette démarche doit être conduite pour les
nouveaux projets. La direction du port a indiqué à la mission avoir commencé à travailler en ce
sens : remise en cause des projets d?implantation de panneaux photovoltaïques, rationalisation
des surfaces utilisées par certaines industries d?ores et déjà présentes? mais ce travail pourrait
être amplifié.
36 Voir partie 3.3.
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Recommandation 1. (GPMD) Améliorer significativement la mise en oeuvre de la séquence
ERC dès le stade d?élaboration des documents de planification des collectivités (SRADDET,
SCoT, PLUi) et du GPMD (plan stratégique), ainsi que pour les projets d?aménagement et
d?installation industriels au sein du GPMD, en commençant par les efforts d?évitement et de
réduction, afin d?anticiper l?évaluation des impacts, des besoins de compensation et
l?identification des zones potentielles de compensation, en amont de la conception des
projets d?aménagements.
A l?occasion du renouvellement de son projet stratégique en 2025, il est indispensable que le
GPMD développe son travail sur la séquence « éviter, réduire, compenser » pour plus de sobriété
foncière de toutes ses activités.
Pour mettre en oeuvre cette recommandation il est nécessaire de :
? expliciter pour chaque programme et projet des scénarios alternatifs crédibles et
documentés, en associant les différents partenaires du territoire à l?étude des alternatives
en amont de la présentation des dossiers ;
? identifier dès le stade de la planification, des surfaces susceptibles d?être consacrées aux
mesures de compensation dans le port et hors de son territoire et réaliser une analyse
complète de l?état initial dès l?identification d?un territoire susceptible d?accueillir une
compensation ;
? renforcer les moyens nécessaires et le niveau d?exigence pour la réalisation de ces études
d?impact que ce soit dans l?équipe interne du port ou en sous-traitant à des cabinets
spécialisés.
La mission estime en effet que l?équipe en charge au sein de de l?équipe du GPMD et/ou la sous-
traitance des études d?impact et de réalisation de la gestion semblent insuffisantes eu égard au
nombre de projets développés. Interrogée à ce sujet, la direction du port a indiqué qu?elle vient de
recruter trois nouvelles personnes dans l?équipe du GPMD et que plusieurs marchés sont sur le
point d?être lancés : création des mesures compensatoires, gestion spécifique des mesures
compensatoires, inventaires de biodiversité, élaboration de plans de gestion, mise à jour du SDPN.
L?équipe du GPMD se concentrera sur la coordination de ces travaux.
3.2 Assurer la qualité et la pérennité de la politique du GPMD en
faveur de la biodiversité
3.2.1 Le GPMD s?était doté d?un schéma directeur du patrimoine naturel
dès 2010
Le code des transports prévoit dans son article L. 5312-2
Que « dans les limites de sa circonscription, le grand port maritime veille à l'intégration des enjeux
de développement durable dans le respect des règles de concurrence et est chargé, selon les
modalités qu'il détermine » et que sa 4e mission est, « 4° La gestion et la préservation du domaine
public naturel et des espaces naturels dont il est propriétaire ou qui lui sont affectés ; il consulte le
conseil scientifique d'estuaire, lorsqu'il existe, sur ses programmes d'aménagement affectant les
espaces naturels, dans le seul secteur maritime pour le grand port fluviomaritime. ».
En pleine cohérence avec ces dispositions de la loi, il convient de porter au crédit du GPMD d?avoir
été précurseur de la préservation des espaces naturels en ayant été le premier grand port de
France à élaborer un schéma directeur du patrimoine naturel (SDPN). Ce document de 2010, lancé
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dès 2009, affirme la volonté d?« une politique environnementale globale et transversale dans
l?ensemble de ses pratiques et de ses projets ».
Le SDPN de 2010 affirme que « dans le cadre de son plan d?aménagement et de développement
durable le GPMD s?engage dans la gestion de ses espaces naturels aux côtés de nombreux
partenaires. Le port souhaite ainsi conserver et gérer la diversité des paysages des habitats et des
espèces ».
Ce document s?appuie sur des inventaires des milieux et de la biodiversité du port de Dunkerque
qui comprend de « larges cortèges d?espèces protégées et patrimoniales... ».
Le SDPN de 2010 définit un espace, le grand port Ouest, et des principes d?action :
? restaurer les milieux naturels ;
? renforcer les fonctionnalités et les connexions écologiques ;
? mettre en place le principe d?évitement et d?atténuation des impacts du projet de
développement portuaire ;
? développer et partager la connaissance ;
? intégrer le SDPN dans un contexte plus large.
« Cet ensemble de zones humides aura une vocation pérenne à la différence d?un réseau artificiel
(mares de chasse). Les zones humides (hors bassins de navigation) couvriront près de 90 ha
supplémentaires » ; « l?écobilan final du SDPN, quel que soit l?indicateur retenu est potentiellement
équilibré. Ce qui dans un contexte industriel doit être considéré comme une réussite ».
Le SDPN de 2010 a comme principal intérêt de localiser des espaces qui seront protégés mais il
ne semble s?engager sur aucune mesure de gestion. Le document indique que le GPMD s?engage
à conserver et gérer 1 290 ha d?espaces consacrés à la biodiversité dans le cadre de son
programme d?aménagement ce qui représente 43 % des 3 000 ha de surfaces restant disponible
pour des aménagements, mais seulement 10 % de l?espace total du port. Ces 1 290 ha identifiés
par le SDPN depuis l?origine ont été choisis à cause de leur richesse biologique existante et pour
représenter l?ensemble de la biodiversité présente en 2008 sur l?espace du grand port. Le
document comporte toutefois quelques contradictions notamment page 5, où il est indiqué « le
schéma proposé permet de construire un espace « naturel » accueillant globalement des surfaces
équivalentes de milieux naturels ou semi naturel à celles initialement présents. » alors même que
la surface du SDPN est de 1 290 ha et ne comprend pas la totalité des milieux concernés.
Globalement, le SDPN initial n?a pas été conçu pour maximiser son potentiel de compensation
mais au contraire pour maximiser son potentiel de préservation.
Le document de 2010 prévoit des projets phares pour la biodiversité concernant différents milieux
et différentes espèces et il indique que les projets phares ne pourront être définis finement qu?au
cours de la phase de conception et de développement de grands projets. Il indique également
vouloir renforcer les fonctionnalités et les connexions. Le document annonce un calendrier
pluriannuel d?actions pour la période 2009-2013 et la perspective d?une évaluation tous les 5 ans,
ainsi qu?un partenariat avec le conseil général du Nord et le conservatoire des espaces naturels.
Ce document pluriannuel d'actions comportant les projets phares semble n?avoir jamais été réalisé
et avoir été de fait remplacé par la localisation de mesures compensatoires pour les différents
projets du port sur des parcelles identifiées.
Quand on regarde la carte du SDPN (cf. annexe 5 figure 6), on visualise que le parcellaire du SDPN
est composé de très nombreux petits espaces qui apparaissent comme « interstitiels » entre les
zones industrielles ou à industrialiser. L?argument des continuités écologiques de ces parcelles
apparait donc ténu.
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3.2.2 En 2024, un SDPN lacunaire
Le SDPN reste le document cadre d?aménagement des milieux naturels du grand port. Le
document a été régulièrement actualisé mais la mission n?a pas trouvé de document de synthèse
permettant réellement de qualifier ces évolutions. Si dans le document de 2010, la perspective de
se servir des espaces du SDPN pour accueillir des mesures de compensation n?est pas clairement
évoquée, en revanche, dans le document de 2022, il est indiqué pour chaque parcelle les mesures
compensatoires qu?elle supporte. A date, sur les 1 290 ha du SDPN, environ 1 200 ha sont déjà
support de mesures compensatoires ce qui illustre la saturation du SDPN par les mesures
compensatoires.
Les parcelles du SDPN ne font pas réellement l?objet d?un plan de gestion. Les parcelles qui sont
supports de mesures de compensation disposent de la description de la ou des mesures de
compensation qui leur sont affectées mais il n?y a pas réellement de plan de gestion indiquant
année par année ce qui a été fait et ce qui reste à faire. La nouvelle méthode d?évaluation de
l?écobilan en cours de déploiement avec le concours de la CDC biodiversité devrait permettre
d?objectiver les gains écologiques réellement obtenus au cours du temps et ceux projetés au vu
des mesures compensatoires en cours de mise en oeuvre.
En passant d?un SDPN de 2010 qui visait l?objectif de préservation des zones naturelles de plus
grande qualité (les coeurs de nature) à un SDPN qui sert de support aux mesures compensatoires,
on peut s?interroger sur la pertinence d?implanter certaines mesures compensatoires sur des
parcelles disposant déjà de fonctionnalités écologiques satisfaisantes.
En outre, les différents tableaux montrent que pour les projets d?industrialisation réalisés, le
coefficient surfacique de compensation a souvent été inférieur à 1 alors même qu'il n'y a pas
toujours eu de gain écologique significatif sur le site accueillant la mesure de compensation. Dans
ce cas, l?inscription d?une mesure compensatoire sur une parcelle au sein du SDPN correspond de
fait surtout à un engagement du GPMD à conserver cette parcelle sans l?aménager...
La mission observe qui plus est que de nombreux espaces inscrits dans le SDPN sont des parcelles
linéaires, situées en périphérie du GMPD, qui supportent des lignes électriques haute tension et/ou
des réseaux de chaleurs souterrains (cf. annexe 5 figure 7). Ces espaces apparaissent donc plutôt
comme des espaces support d?infrastructures linéaires que comme des espaces naturels même
s?ils sont susceptibles d?abriter une certaine biodiversité. La direction du port indique pouvoir
assurer la compatibilité des mesures de compensation avec l?installation et l?entretien de ces
infrastructures. Elle affirme rechercher à réaliser les infrastructures avant la mise en place des
mesures de compensation. Cette interrogation de la mission est également présente dans un avis
de l?Ae du 11 juillet 2024 sur l?implantation de l?usine Prologium.
3.3 Massifier la compensation par l?offre
3.3.1 Développer les sites naturels de compensation, de restauration et
de renaturation
La détermination des causes de l?effondrement de la biodiversité fait l?objet d?un fort consensus
scientifique, relayé par la plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services
écosystémiques (IPBES). Parmi ces causes, le changement d?occupation des sols, entraînant la
perte et la fragmentation des habitats naturels est admis comme l?une des principales sources de
pression sur la biodiversité. Depuis 2016, le droit français poursuit donc un objectif de non perte
nette de biodiversité en imposant aux projets ayant des incidences sur la biodiversité d?éviter, de
réduire, puis de compenser ces incidences.
Pour tout projet d?aménagement, la séquence ERC est clé, avec une priorité qui devrait être
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donnée à l?évitement et à la réduction. Pour autant, la compensation est trop systématiquement
directement mobilisée. Or, la compensation écologique, majoritairement réalisée « à la demande »
dans le cadre de la délivrance des autorisations des projets (et conçue par et sous la responsabilité
des maîtres d?ouvrages, sans suivi et contrôle efficaces par l?État), ne porte pas ses fruits et
l?objectif d?absence de perte nette de biodiversité est rarement atteint.
Les limites de cette compensation à la demande avaient déjà fait l?objet de constats dans le rapport
inter-inspections de 202137. Un article publié dans la revue Cybergeo38 le 15 février 202439, intitulé
« La compensation écologique permet-elle vraiment de tendre vers l?absence de perte nette de
biodiversité ? » confirme la faible efficacité de la compensation à la demande. Cet article analyse
le contexte écologique dans lequel ont été réalisées 1 153 mesures compensatoires, entre 2017
et 2021, sur le territoire hexagonal français. Les résultats suggèrent que la stratégie de localisation
des mesures compensatoires se concrétise par des mesures couvrant des petites surfaces (75 %
font moins de 1,9 ha) éclatées et dispersées et ne vise pas prioritairement à générer un gain
écologique important, mais répond à d?autres contraintes économiques et foncières. Ces résultats
questionnent l?efficacité de la compensation « au fil de l?eau » pour tendre vers l?absence de perte
nette de biodiversité.
Du constat des limites de la compensation à la demande est née l?idée de réaliser une
compensation par anticipation et par mutualisation : avant la réalisation des aménagements et la
destruction souvent inévitable de biodiversité, des opérations de restauration écologiques sont
menées dans des sites, générant ainsi des gains écologiques qui pourront être utilisés pour
compenser plusieurs projets. Cette idée a été traduite par l?outil « site naturel de compensation »
(SNC), transformé en « site naturel de compensation de restauration et de renaturation » (SNCRR)
par la loi industrie verte afin d?amplifier son ambition, d?élargir sa vocation et les conditions de son
utilisation. Les SNCRR présentent une opportunité pour les acteurs en charge de la planification
de faire converger les enjeux d?aménagement et de maintien et de préservation de la biodiversité.
Cet outil, pour peu que ses modalités de création soient facilitées par le cadre réglementaire en
cours d?écriture, a vocation à permettre de réconcilier écologie et économie, en étant le point de
rencontre entre des objectifs de restauration et de renaturation et des objectifs d?aménagements
sécurisés ou d?investissements rendus crédibles, portés par des acteurs économiques.
Développer les SNCRR devrait être une priorité du MTECT en particulier et, pour donner l?exemple,
en compensation des projets portés par ce ministère de sorte qu?à terme, la compensation par
l?offre devienne la modalité de compensation la plus fréquente. Dans son rapport de juillet 2023
sur la mobilisation du foncier pour l?industrie40, le préfet Rollon Mouchel-Blaizot préconise de mailler
le territoire de SNCRR notamment dans chaque zone naturelle d?implantation de bassins
industriels, en sécurisant leur modèle économique. La démarche expérimentale impulsée par le
MTECT de créer avec la CDC Biodiversité sept nouveaux SNCRR constitue une première étape
nécessaire mais loin d?être suffisante.
Plus globalement, la mission recommande que l?État planifie la création d?un SNCRR dans « l?aire
de service » de chacun des grands bassins industriels ou de chaque aire urbaine en mobilisant
ses opérateurs publics (CDC biodiversité, ONF, CDL, EPF?). Plusieurs SNCRR gagneraient à
être planifiés dans la Région des Hauts-de-France qui pourrait devenir région pilote de la
massification des SNCRR.
37 Rapport IGEDD/CGAAER « Compensations environnementale, forestière et collective agricole : évaluation et
mise en cohérence », mars 2021 - https://agriculture.gouv.fr/compensation-environnementale-forestiere-et-
collective-agricole-evaluation-et-mise-en-coherence
38 Article de Brian Padilla, Salomée Gelot, chercheurs à l'Unité Patrinat (MNHN, OFB, CNRS, IRD), Adrien Guette,
de l'Université de Tours, et Jonathan Carruthers-Jones, de l'Université de Leeds.
39 https://journals.openedition.org/cybergeo/40826
40 https://www.ecologie.gouv.fr/presse/remise-du-rapport-du-prefet-rollon-mouchel-blaisot-charge-dune-mission-
interministerielle
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Le rôle de la SAFER en appui aux opérations de création de SNCRR mériterait d'être étudié.
L'article L. 141-3 du CRPM prévoit que la SAFER puisse conduire des opérations destinées à la
protection de la nature et de l'environnement. Cependant, la loi du 13 octobre 2014 a modifié la
possibilité pour la SAFER d'intervenir en préemption pour des projets environnementaux et ses
activités ont été recentrées sur l?appui aux enjeux de « mise en oeuvre de pratiques agricoles
adaptées ». Cette disposition limite la capacité de préemption pour de projets d'amélioration
environnementale. Il faudrait donc étudier l'opportunité de réécrire en partie l'article L. 143-2 pour
permettre la réalisation de la mission environnementale des SAFER définie au L. 141-1 dans le
cadre d'opérations anticipant des mesures de compensation.
3.3.2 Instaurer un dispositif de « Réserves Foncières de Compensation
agréées »
Actuellement, lorsqu?un opérateur ou un maître d?ouvrage anticipe son besoin de compensation
par la constitution de réserves foncières à préserver ou à restaurer et les gère « en bon père de
famille », les gains écologiques obtenus entre le moment de la maîtrise foncière (T0) et le moment
où le terrain est mobilisé pour des mesures compensatoires ne peuvent pas être valorisés dans le
cadre des mesures compensatoires car aucun processus de reconnaissance prévu par l?État ne le
permet. Cette situation n?incite pas les maîtres d?ouvrage à investir dans des réserves foncières
naturelles à préserver et à restaurer, et encore moins à engager des travaux de génie écologique
par anticipation pour faire progresser la biodiversité sur le site tant que le besoin de compensation
n?est pas confirmé. Il a même été rapporté plusieurs fois à la mission que des zones potentielles
de compensation faisaient l?objet d?entretien réguliers drastiques afin de contenir les dynamiques
naturelles et réprimer la biodiversité afin de maximiser le potentiel de gain écologique valorisable
au titre des compensations. La proposition de la mission permet de prévenir cet effet pervers.
La mission propose d?instaurer un nouveau régime, simplifié, des « réserves foncières de
compensation agréées » qui reposerait sur :
? une surface minimale d?un seul tenant d?une taille critique à déterminer ;
? un état initial de la biodiversité établi sur la base d?un cahier des charges de référence validé
par l?OFB ;
? un avis du CSRPN, l?enregistrement au registre des « réserves foncières de
compensation » n?étant possible qu?avec l?appui d?un avis favorable du CSRPN ;
? un enregistrement (i) géo-référencé du terrain, (ii) de l?étude écologique de l?état initial (iii)
et de l?avis favorable du CSRPN, sur une plateforme de l?OFB, avec délivrance automatique
d?une attestation de déclaration dématérialisée.
Dans ce cas, un maître d?ouvrage pourrait se prévaloir des gains écologiques intervenus depuis le
temps T0 de l?étude d?état des lieux initial déclarée au registre. Cette mesure pragmatique serait
un puissant levier d?anticipation d?une compensation écologique efficace, complémentaire des
SNCRR et qui pourrait in fine faciliter l?émergence ultérieure de SNCRR. Cette recommandation
nécessiterait à minima un décret qui pourrait être fondé sur l?article L. 163-A-1 du code de
l?environnement relatif aux SNCRR.
Recommandation 2. (MTECT/OFB) Créer un dispositif simple d?enregistrement de réserves
foncières de compensation écologique permettant de valoriser les gains écologiques
générés entre la date d?enregistrement et la date de mobilisation du terrain pour une
compensation. Expérimenter ce dispositif dans les Hauts-de-France.
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4 Des marges de manoeuvre de la compensation écologique
à utiliser
4.1 Recourir plus largement aux souplesses permises par la
réglementation sur les conditions d?application de la
compensation écologique
4.1.1 Distinguer les objectifs des conditions de mise en oeuvre de la
compensation
La compensation écologique des projets d?aménagement est prévue par le droit français depuis la
première loi de protection de la nature du 10 juillet 1976. Cette loi a posé les fondements de la
séquence « éviter, réduire, compenser » qui ont été précisés par la loi biodiversité du 8 août 2016.
Parmi les notions juridiques applicables à la compensation, il convient de bien distinguer les
objectifs fixés par la loi, des conditions permettant leur atteinte. S?agissant des objectifs, l?article
L. 110-1 du code de l?environnement précise que la compensation « vise un objectif d?absence de
perte nette de biodiversité, voire tendre vers un gain » alors que l?article L. 163-1 précise que les
mesures compensatoires « doivent compenser, dans le respect de leur équivalence écologique,
les atteintes à la biodiversité ». Ces objectifs fondamentaux, notamment l?équivalence écologique,
ne sauraient souffrir d?exception.
En effet, le guide 2021 sur l?approche standardisée explicite que la vérification de l?équivalence
écologique conditionne en définitive l?atteinte de l?objectif d?absence de perte nette de biodiversité.
L?équivalence écologique se mesure en termes quantitatifs et qualitatifs, d?une part sur la nature
des composantes affectées (mêmes espèces, habitats, fonctions que celles affectées) et d?autre
part sur leur qualité fonctionnelle, c?est-à-dire leur rôle au sein de l?écosystème affecté. L?atteinte
de l?équivalence écologique est un objectif transversal aux différentes étapes de l?approche
standardisée :
? Il s?agit de s?assurer que les éléments de biodiversité affectés sont compensables, c?est-à-
dire que l?atteinte de l?équivalence écologique est possible.
? Il s?agit de s?assurer de la disponibilité de sites de compensation à proximité fonctionnelle
du site impacté, sans quoi l?équivalence écologique ne peut être atteinte (lien équivalence
écologique et proximité fonctionnelle).
? Il s?agit de garantir que la méthode de dimensionnement implique bien d?établir que les gains
prédits sont supérieurs aux pertes. Pour ce faire, pertes et gains doivent être caractérisés
de la même manière, sans quoi l?équivalence écologique ne pourrait être évaluée.
L?équivalence écologique est considérée comme atteinte dès lors que toutes les espèces, habitats
et fonctions subissant des impacts résiduels significatifs, après mise en oeuvre des actions
d?évitement et réduction des impacts, ont fait l?objet de mesures de compensation visant les mêmes
espèces, habitats ou fonctions (voir p. 97 du guide 2021).
Au terme de ses entretiens, la mission considère que deux conditions de mise en oeuvre de
la compensation doivent pouvoir donner lieu à des appréciations assouplies de nature à
faciliter la mise en oeuvre d?une stratégie locale de compensation adaptée aux tensions
foncières qui caractérisent le Dunkerquois. Il s?agit de la condition de proximité et de la
condition d?additionnalité.
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4.1.2 En secteur tendu au plan foncier, la condition de proximité
fonctionnelle doit pouvoir primer sur la proximité géographique
Un fondement indirect de la proximité fonctionnelle par les textes européens :
Ni la directive relative à l?évaluation environnementale des plans programmes (Directive
2001/42/CEE), ni celle relative à l?évaluation environnementale des projets (Directive 2011/92/UE),
ne traitent de la compensation environnementale. Les articles 12 et 16 de la directive 92/43/CEE
dite « habitats » relatifs au système de protection stricte des espèces et à leur dérogation ne
mentionnent explicitement ni les mesures compensatoires ni, a fortiori, ne posent de conditions
relatives aux modalités de mise en oeuvre « en proximité géographique ou fonctionnelle ». Il en est
de même pour la directive 2009/147/CE dite oiseaux, dont l?article 9 relatif au régime de
dérogations aux obligations de protection posées par les articles 5 à 8, ne mentionne pas au
nombre des conditions nécessaires, l?obligation de mettre en oeuvre des mesures compensatoires.
Seul l?article 6 relatif aux zones spéciales de conservation fait état de la compensation dans sa
dimension fonctionnelle41.
Toutefois, selon la doctrine de la commission (document d?orientation sur la protection stricte des
espèces animales d?intérêt communautaire d?octobre 2021) et la jurisprudence de la CJUE, des
mesures compensatoires peuvent être mobilisées à condition que leur définition et les modalités
de leur mise en oeuvre ne conduisent pas à remettre en cause l?objectif poursuivi par les directives,
en particulier ceux de garantir fonctionnalité écologique d?un site naturel ou le bon état de
conservation d?une population d?espèce protégée dans son aire de répartition naturelle.
En ce sens, les analyses juridiques de la direction des affaires juridiques du MTECT consultées
confirment que les textes européens abordent la proximité dans une approche fonctionnelle et que
le non-respect de la condition de proximité fonctionnelle de la compensation écologique découlant
des dispositions des directives « habitats » et « oiseaux » contreviendrait à l?exigence issue du
droit européen de ne pas remettre en cause la fonctionnalité des sites Natura 2000 ou l?état
favorable de conservation des population d?espèces protégées à l?échelle de leur aire de répartition.
Le cadre législatif modifié en 2023 consacre la notion de proximité fonctionnelle :
L?article 15 de la loi n°2023-973 du 23 octobre 2023 dite loi industrie verte a consacré la notion de
proximité fonctionnelle qui doit permettre, dans les zones sous tension foncière comme le
Dunkerquois, de s?affranchir d?une condition stricte de proximité géographique immédiate que les
services instructeurs ont encore parfois tendance à exiger.
Dans son alinéa 4, l?article L. 163-1 prévoit désormais que « Les mesures de compensation sont
mises en oeuvre en priorité sur le site endommagé ou, en tout état de cause, en proximité
fonctionnelle avec celui-ci afin de garantir ses fonctionnalités de manière pérenne. Une même
mesure peut compenser différentes fonctionnalités. ».
La proximité fonctionnelle, notion précisée par la doctrine, est fondée sur des déterminants
écologiques liés à la viabilité des populations ou sous-populations d?espèces à l?échelle de
leur aire de répartition :
? guide 2021 page 58 : « à proximité fonctionnelle, c?est-à-dire intégré dans la même zone
naturelle et accessibles aux mêmes (sous)-populations d?espèces, si les mesures de
compensation ne peuvent être mises en oeuvre sur le site impacté ou à proximité
immédiate » ;
41 « ?4. Si, en dépit de conclusions négatives de l?évaluation des incidences sur le site et en l?absence de solutions
alternatives, un plan ou projet doit néanmoins être réalisé pour des raisons impératives d?intérêt public majeur, y
compris de nature sociale ou économique, l?Etat membre prend toute mesure compensatoire nécessaire pour
assurer que la cohérence du site Natura 2000 est protégée ».
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? guide 2021 page 29 : « Condition selon laquelle les mesures de compensation sont mises
en oeuvre en priorité au plus près du site endommagé et dans tous les cas en proximité
fonctionnelle et au sein de la même zone naturelle ».
La zone naturelle est une région présentant des caractéristiques homogènes et similaires aux sites
affectés d?un point de vue physique et d?un point de vue de l?occupation humaine. Pour les espèces,
la proximité fonctionnelle fait appel à la capacité de déplacement des espèces. En ce qui concerne
les fonctions écologiques, la proximité fonctionnelle est atteinte quand la fonction considérée
concerne le même élément de biodiversité que celui affecté, par exemple la même population ou
sous-population, la même ressource en eau, le même bassin versant.
La fiche n°13 des lignes directrices nationales sur la séquence ERC d?octobre 2013 offre
des marges de manoeuvre que la mission propose de mobiliser pleinement afin de définir la
zone naturelle de référence pour compenser les impacts des projets industriels du
Dunkerquois.
« Pour chaque projet, en l?absence de préconisation régionale particulière, le périmètre de la zone
naturelle est défini par le maître d?ouvrage selon un argumentaire précis circonstancié et en
concertation avec les acteurs du territoire, et doit être validé par le service instructeur. Il peut ne
pas recouper les limites administratives. La proximité recherchée doit permettre d?assurer le
maintien d?un même niveau de services rendus par les écosystèmes aux populations locales
impactées (cf. infra). Certains facteurs peuvent justifier un éloignement modéré par rapport à la
zone impactée, si des arguments démontrent que cet éloignement favorise l?atteinte de
l?équivalence écologique (cf. supra). Exemples de facteurs : une plus forte probabilité d?atteinte des
objectifs sur un terrain plus éloigné (liée par exemple à une meilleure connectivité de la mesure
compensatoire avec d?autres milieux) ; la perspective de déplacement des populations des
espèces visées du fait du changement climatique ; la forte probabilité que des terrains favorables
situés à proximité de la zone impactée soient impactés ».
4.1.3 Assouplir les modalités d?application de la doctrine nationale sur la
condition de l?additionnalité
La notion de l?additionnalité, définie par la doctrine, impose qu?une compensation apporte une plus-
value au regard de mesures ou de politiques environnementales déjà existantes. En d?autres
termes, une mesure compensatoire est additionnelle lorsqu?elle génère un gain écologique pour le
site de compensation qui n?aurait pas pu être atteint en son absence.
Comme le soulignait déjà la mission inter-inspection de 2021, son application stricte, peut ne pas
permettre d?assurer la synergie des politiques entre elles en zones foncières tendues où la
réalisation des mesures ERC, et en particulier de la compensation, devient une gageure.
Dans ses conclusions, la mission de 2021 suggérait déjà : « Dans certaines zones tendues et
denses, l?application du principe d?additionnalité sur certains espaces naturels existants pourrait
être assouplie au cas par cas dès lors que la plus-value écologique de la compensation, au regard
de la mesure écologique existante, serait mesurée, spécifiquement financée, contrôlée et garantie
dans le temps et que sa réalisation serait sinon moins efficace écologiquement, les éléments
probants en étant apportés par le maître d?ouvrage dans l?étude d?impact. ».
Or, la mission observe que les Lignes Directrices ERC de 2013 (fiche n°14) offrent déjà des marges
de manoeuvres notables :
« Dans tous les cas, les mesures compensatoires doivent être additionnelles aux actions publiques
existantes ou prévues en matière de protection de l?environnement (plan de protection d?espèces,
instauration d?un espace protégé, programme de mesure de la directive-cadre sur l?eau, trame
verte et bleue, etc.). Elles peuvent conforter ces actions publiques (en se situant par exemple sur
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le même bassin-versant ou sur un site Natura 2000), mais ne pas s?y substituer. L?accélération de
la mise en oeuvre d?une politique publique de préservation ou de restauration, relative aux enjeux
impactés par le projet, peut être retenue au cas par cas comme mesure compensatoire sur la base
d?un programme précis (contenu et calendrier) permettant de justifier de son additionnalité avec
l?action publique. »
La mission constate donc que les lignes directrices de 2013 abordaient déjà la condition
d?additionnalité administrative avec souplesse en acceptant le principe que les mesures
compensatoires puissent, au cas par cas, accélérer la mise en oeuvre d?une politique publique de
préservation ou de restauration existantes sur le terrain proposé en compensation.
Par ailleurs, dans les projets de décrets du dispositif SNCRR mis en consultation le 29 mars 2024,
l?article 2 modifiant l?article D. 163-1 du Code de l?Environnement propose désormais une définition
de cette additionnalité : « Il est additionnel (le gain écologique) à celui obtenu par la mise en oeuvre
des opérations de restauration écologique ou de développement d?éléments de biodiversité sur le
site considéré qui sont rendues obligatoires ou qui sont déjà engagées à l?aide de budgets publics
en faveur de la biodiversité. Dans ces cas, le calcul du gain écologique d?un site naturel de
compensation, de restauration et de renaturation décompte la part de gain écologique provenant
des opérations de restauration rendues obligatoires ou engagées à l?aide de budgets publics en
faveur de la biodiversité. Les critères permettant de répondre à l?ensemble de ces exigences sont
fixés par un arrêté du ministre chargé de l?environnement ».
Cette définition, si elle est in fine validée, et si elle est applicable au-delà du seul cadre des SNCRR,
n?est plus une simple interprétation de l?objectif d?absence de perte nette. La définition semble
précise et raisonnable, car en faisant état d?opérations obligatoires ou déjà engagées à l?aide de
budgets publics en faveur de la biodiversité, elle confirme la possibilité de prolonger et d?accélérer
des actions publiques, pour peu que les mesures ne soient pas obligatoires et ne soient pas déjà
engagées ou déjà programmées et financées.
A cet égard, la mission a examiné les doctrines nationales d?accueil de la compensation écologique
appliquée respectivement par le Conservatoire de l?espace littoral et des rivages lacustres (CELRL)
et par l?Office national des forêts (ONF). Ces deux établissements publics sont gestionnaires de
patrimoines fonciers naturels appartenant à l?Etat. Le caractère inaliénable des terrains du CELRL
tout comme des forêts domaniales gérées par l?ONF, et la gestion publique de très long terme dont
ces terrains bénéficient, sont un gage précieux de pérennité des mesures compensatoires
écologiques qui rendent ces terrains attractifs pour les maîtres d?ouvrages en quête de sites
d?accueil de la compensation écologique. Aussi, les deux opérateurs ont établi des principes
directeurs de l?accueil de mesures compensatoires sur leurs terrains depuis déjà plus de 10 ans.
La mission a examiné comment ces principes directeurs traitaient de la condition d?additionnalité
de façon opérationnelle.
Le conservatoire du littoral, dans sa note d?orientation validée par son conseil d?administration
du 1er octobre 2015, aborde la question de l?additionnalité de façon très sobre. Il reconnaît l?intérêt
de recevoir des mesures compensatoires pour accélérer la mission de protection du tiers naturel à
horizon 2050 par des acquisitions additionnelles à celles permises par son budget d?intervention,
et par ailleurs, « d?accroitre le niveau de qualité des sites déjà placés sous sa protection ». Selon
cette note d?orientation, l?acquisition foncière de milieux naturels, en vue de leur protection définitive
et associée à la réalisation d?actions de gestion est considérée comme une mesure compensatoire
susceptible d?être opérée par le conservatoire du littoral. La note d?orientation admet aussi, dans
une approche très souple de l?additionnalité, que la compensation puisse concerner des travaux
de restauration ou d?aménagement sur des terrains déjà propriété du Conservatoire, voire même
la gestion pérenne du site, sans plus de précision.
L?Office national des forêts (ONF) : le guide compensation écologique en forêt domaniale du
26/09/2019 préconise d?identifier les zones potentielles de compensation dès l?élaboration des
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aménagements forestiers (plans de gestion sur 20 ans) sans que cela ne contrevienne au principe
d?additionnalité. La mission observe que cette orientation, qui participe utilement de l?anticipation
et de la planification des mesures compensatoires, est à encourager. Par ailleurs, dans le guide
ONF, l?aménagement forestier détermine le scénario de référence qui permet d?évaluer le respect
du principe d?additionnalité, et que les actions explicitement conditionnées à l?obtention de
financements contractuels ou bien non prévues dans l?aménagement mais compatibles avec celui-
ci, respectent cette condition.
En synthèse, au vu du retour d?expérience du conservatoire du littoral et de l?office national des
forêts, la mission suggère que le MTECT précise la doctrine sur une approche souple et raisonnée
de l?additionnalité sur les bases suivantes.
Pourraient être admises comme mesures compensatoires :
? Des acquisitions de terrains naturels ou forestiers, en vue d?une protection renforcée et
associée à un programme de travaux de génie écologique visant à générer des gains
écologiques. Ce peut être le cas de terrains en zone d?intervention du CELRL à transférer
dans le domaine propre du Conservatoire, des terrains enclavés ou contigus aux forêts
domaniales à verser au domaine forestier de l?Etat, des terrains acquis à verser au domaine
public du Département au titre des ENS.
? S?agissant de terrains déjà dans le domaine de ces acteurs de la protection foncière ou
bénéficiant déjà de mesures planifiées en faveur de la biodiversité, à l?exclusion des terrains
sous protection forte, les mesures compensatoires sous forme de travaux de génie
écologique pourront être admises s?il est démontré, au cas par cas, quelles n?étaient pas
inscrites au plan de gestion approuvé tout en restant compatibles avec ce dernier, qu?elles
étaient inscrites au plan de gestion mais conditionnées à des financements contractuels,
ou bien qu?elles permettent d?anticiper la réalisation d?actions planifiées au-delà d?une
période à déterminer qui pourraient être fixée à 5 ans, la majorité des plans de gestion ayant
une durée de validité de 10 à 15 ans.
Ces dispositions ne doivent cependant pas conduire à ce que les établissements publics ne
bénéficient plus des financements de base pour assurer la gestion durable y compris écologique
des territoires qui leur sont affectés.
4.2 Un dimensionnement des mesures, sobre au plan foncier, basé
sur l?approche fonctionnelle
4.2.1 Le guide de 2021 sur l?approche standardisée du dimensionnement
de la compensation propose un cadre harmonisé insuffisamment
opérationnel
Les rapports du Sénateur Ronan Dantec (2017)42 et celui des députées Nathalie Bassire et
Frédérique Tuffnell (2018)43 relevaient le caractère hétérogène des dossiers, facteur de complexité
pour l?instruction par les services de l?Etat, et facteur d?incompréhensions, d?appréciations
hétérogènes et jugées arbitraires, de navettes, de pertes de temps et de coûts.
En réponse aux recommandations de ces parlementaires, l?approche standardisée du
dimensionnement de la compensation écologique, guide édité par le MTECT avec le concours de
42 https://www.senat.fr/rap/r16-517-1/r16-517-11.pdf
43 https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/rapports/cion-dvp/l15b1096_rapport-information
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l?OFB et du CEREMA en 202144, propose un cadre national pour concevoir et dimensionner les
mesures de compensation. Il apporte incontestablement une première réponse au besoin
largement exprimé par les acteurs impliqués dans la mise en oeuvre de la séquence ERC,
d?harmoniser et d?améliorer les pratiques de compensation.
Pour autant, la mission a pu observer à lecture des avis récents du CNPN ou lors de ses auditions,
les difficultés persistantes découlant de la diversité des méthodes qui compliquent les processus
d?élaboration puis d?instruction des dossiers de compensation, les parties prenantes devant
commencer par appréhender la méthodologie adoptée par le maître d?ouvrage ou son bureau
d?étude, ses fondements scientifiques, puis décrypter les conventions adoptées pour la paramétrer
et pondérer les fonctionnalités.
Chaque bureau d?étude a en effet développé sa propre méthode qui participe de son fonds de
commerce. Ces méthodes diverses et aux sous-jacents parfois opaques génèrent aussi une forme
d?inéquité entre porteurs de projets et un sentiment d?arbitraire.
En 2021, la production du guide sur l?approche standardisée avait constitué, au terme d?une longue
phase de concertation, une marche significative sur la voie de l?harmonisation en fixant les
principes et les étapes incontournables à respecter dans la démarche de dimensionnement pour
s?assurer du respect de l?objectif de gain écologique et d?absence de perte nette de biodiversité.
Ce guide, qui intègre tous types d?espèces, d?habitats et de fonctionnalités, permet de suivre un fil
conducteur structurant l?analyse sans remettre en cause les méthodes existantes. Dès la page 12,
le guide concède ne pas vouloir imposer une méthode de dimensionnement unique au motif qu?elle
pourrait s?avérer inadaptée au regard de la pluralité des procédures et de contextes. Or, force est
de constater que le maquis des 25 méthodes couramment utilisées n?est pas dépendant des
diversités de contexte, mais dépend essentiellement de la diversité de pratiques des bureaux
d?étude, chaque bureau d?étude ayant investi et développé une méthode principale qui fait sa
marque de fabrique.
Afin de faciliter l?appropriation de la démarche de compensation pour tous les maillons du
processus et de garantir un principe d?équité entre les maîtres d?ouvrages, la mission recommande
que l?État opte à moyen terme pour une méthode centrale de dimensionnement de référence pour
les espèces et les habitats protégés, une méthode robuste et évitant l?excès de raffinement source
de complexité. Elle recommande d?aller au-delà du guide de l?approche standardisée et choisir une
méthode pivot de dimensionnement de référence validée par la DGALN après avis du CNPN. La
méthode d?équivalence d?écart de milieu éprouvée par la CDC Biodiversité, filiale d?un opérateur
de l?État, pourrait servir de base de départ après avoir fait l?objet d?une revue par des experts du
CNPN. Dans un souci d?adaptation aux contextes régionaux, le paramétrage de la méthode de
référence préconisée par l?État serait décliné dans chaque région avec l?appui du CSRPN. A court
terme, pour pallier le manque d?opérationnalité du guide, un travail d?approfondissement pourrait
être réalisé afin de définir des typologies d?impacts et de restauration par catégories de milieux afin
de guider plus précisément la déclinaison quantitative et qualitative du dimensionnement. Ce travail
irait de pair avec un retour d?expérience et une revue des méthodes les plus couramment utilisées
en vue de valider un panel réduit de méthodes référencées par l?État, si besoin par grande zone
biogéographique.
Le calibrage des unités de compensation renvoie à la question du dimensionnement de la
compensation mentionné ci-dessus. Le cadre des SNCRR, en cours de définition suite aux
dispositions adoptées par la loi industrie verte, devrait justement donner l?opportunité aux pouvoirs
publics de stabiliser un cadre plus précis et une méthode centrale pour évaluer la plus-value des
actions envisagées au regard des impacts devant être compensés. Sans la définition d?une
méthode centrale de dimensionnement, il ne parait pas possible d?envisager simplement le
44 https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/Approche_standardis%C3%A9e_dimensionnement_compensatio
n_%C3%A9cologique.pdf
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rapprochement entre l?offre et la demande, si la méthode de dimensionnement des UC de la
SNCRR crées par anticipation par l?opérateur de compensation risque d?être radicalement
différente de la méthode d?évaluation des impacts utilisée par le bureau d?étude du maître
d?ouvrage.
La massification souhaitable des SNCRR suppose simplification et transparence dans le
dimensionnement, c?est une raison supplémentaire qui milite pour le développement d?une
méthode de référence unique et opérationnelle.
Enfin, face au déficit d?appropriation des questions relatives à la compensation écologique et à la
complexité du dimensionnement des gains et des pertes de biodiversité, un progrès indubitable
pourrait être obtenu en renforçant l?offre de formation. L?OFB pourrait faire monter en puissance
la formation sur le dimensionnement des mesures compensatoires actuellement dispensée
aux services déconcentrés de l?État et l?ouvrir notamment aux fonctionnaires territoriaux
des collectivités et aux bureaux d?études.
Recommandation 3. (MTECT) Pour faciliter le dimensionnement des mesures
compensatoires (hors zones humides), référencer un nombre réduit de méthodes de
dimensionnement et opter, à terme, pour une méthode pivot de référence.
La mission s?est intéressée au système mutualisé de compensation en vigueur en Allemagne. Un
système à points, intégré dans le fonctionnement des banques de compensation dit « Ökokonto »
permet une analyse de l?équivalence par éco-points contribuant à équilibrer des enjeux de
biodiversité mais en laissant la possibilité de s?affranchir de l?équivalence écologique stricte et de
proximité entre les composantes de biodiversité impactées et compensées. Comme le souligne un
article INRAE de 201945, cette méthode est utilisée en Allemagne hors du cadre de la biodiversité
protégée, mais exclusivement pour la biodiversité ordinaire. Le système français se focalise
aujourd?hui sur la biodiversité protégée dont les modalités de compensation sont proches de nos
voisins allemands. La compensation des atteintes à la biodiversité ordinaire, si elle devait se
développer, pourrait possiblement s?inspirer de ce système à points.
4.2.2 Des limites d?utilisation de l?interface de dimensionnement des
zones humides révisée par l?OFB à clarifier
L?OFB vient de produire une deuxième version du guide national d?évaluation des fonctions des
zones humides, outil de référence pour le dimensionnement des compensations « zones
humides », diffusée sur le site de l?OFB le 6 novembre 2023. S?il ne s?agit pas à proprement parler
d?une méthode de dimensionnement « ex ante », elle permet de dimensionner les mesures de
façon fiable et pertinente à partir du moment où on dispose, en regard des zones humides détruites,
de la connaissance des zones susceptibles de venir en compensation.
Cet outil appliqué dans le polder de l?Aa, générait des besoins de compensations traduites en
équivalent surface entre des coefficients 2 et 3. De l?avis convergent de plusieurs acteurs, cette
version 2 du guide, si elle s?avère plus ergonomique, aurait tendance à majorer les besoins de
compensations, générant in fine des ratios supérieurs à 1 à 3 en surface selon les types de milieux
proposés à la compensation. De l?avis des experts, ce changement découlerait de la prise en
compte de nouvelles fonctionnalités, qui obligeraient, pour être compensées, de mobiliser des
surfaces de compensation supplémentaires.
La mission suggère à l?OFB de préciser les conditions et limites d?usage du guide révisé afin d?éviter
45 Article 2021 Dieckhoff et al sur la compensation mutualisée en Allemagne.
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une inflation des ratios de compensation en surface due à de mauvaises conditions d?utilisation de
l?outil, en s?appuyant sur un retour d?expérience de l?utilisation de l?outil par les bureaux d?études et
les opérateurs de la compensation.
4.2.3 Des ratios sur les compensations zones humides questionnés
Les ratios appliqués par le SDAGE Artois Picardie sont identifiés par certains acteurs comme un
facteur aggravant la tension foncière sur les besoins de compensation. Les ratios prévus par les
SDAGE sont le résultat de choix intégrant plusieurs critères d?ordre techniques, règlementaires et
politiques, opérés par les comités de bassin. La mission rappelle que les SDAGE ont permis
historiquement, notamment avant la loi pour la reconquête de la biodiversité de 2016, de prévoir
un socle d?ambitions pour la restauration de zones humides, dans une période où les méthodes de
dimensionnement de la compensation étaient balbutiantes. Aujourd?hui, la compensation
fonctionnelle tendant à se substituer à la compensation exclusivement surfacique, les SDAGE
abandonnent progressivement les ratios surfaciques. Si la mission constate que le SDAGE Artois
Picardie 2022-2027 a bien substitué des ratios fonctionnels à ses ratios surfaciques, le maintien
de ratios à 150 %, 200 % voire 300 %, a mécaniquement un effet amplificateur de la surface de
foncier à mobiliser pour la compensation.
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SDAGE 2022-2027 SDAGE 2016-2021
Restauration de zone humide au moins
équivalente au plan fonctionnel, sans que la
surface de compensation ne puisse être
inférieure à la surface détruite, et selon un ratio
fonctionnel de :
Compenser l?impact résiduel de son
projet sur les zones humides en
prévoyant par ordre de priorité :
150 % minimum si le site de compensation est dans
la liste des zones humides « à restaurer/réhabiliter »
du SAGE de la zone humide détruite.
La restauration de zones humides
équivalentes sur le plan fonctionnel, à
hauteur de 150 % minimum de la surface
perdue
200 % minimum si le site de compensation se situe
dans une zone humide « à restaurer / réhabiliter »
caractérisée mais dans un SAGE voisin de la zone
humide détruite
300 % dans les autres cas.
Création de zones humides proscrite
Zones humides équivalentes sur le plan
fonctionnel et à hauteur de 100 % minimum
de la surface détruite.
A cet égard, la note de doctrine de la DREAL d?application de la disposition A. 9-5 du SDAGE
relative à la séquence ERC en zones humides46, très didactique, mérite d?être saluée. La mission
note que le paragraphe 3.3. qui traite des ratios du SDAGE, insiste beaucoup sur le fait que les
ratios ne constituent plus des ratios « surfaciques » et en valorise un exemple pour lequel
l?application des ratios SDAGE serait neutre en termes de surface dès lors que le gain de
fonctionnalité sur la zone de compensation serait 1,5 à 3 fois supérieur à la perte sur le site impacté.
Cette configuration nous semble exceptionnelle.
La mission observe que d?autres SDAGE ont fait le choix d?aller plus loin dans l?approche
fonctionnelle avec un effet de sobriété foncière des compensations. C?est le cas du SDAGE Adour
Garonne qui s?appuie sur l?analyse critique des méthodes de compensation de destruction de
zones humides, appliquées en Europe et aux États-Unis, analyse réalisée par le Muséum national
d'histoire naturelle47. Ce retour d'expériences montre que les aménagements à surface équivalente
ne compensent que très partiellement les fonctions hydrologiques et biologiques des milieux
détruits, en raison des risques d'échec de la mesure compensatoire ou d'un décalage temporel
pour atteindre des fonctionnalités opérationnelles. Cette étude recommande l'option de
restauration de zones humides aujourd'hui dégradées, voire de réhabilitation des fonctions plutôt
que leur création ex nihilo, ainsi que l'application d'un niveau de compensation de l'ordre de 150 %
de la superficie pour retrouver un niveau de fonctionnalité équivalente.
Dans le SDAGE Adour Garonne, les mesures compensatoires doivent correspondre à une
contribution au moins équivalente, en termes de biodiversité et de fonctionnalités, à la zone humide
détruite et s'inscrire dans une logique de gain net. Ainsi, le pétitionnaire doit démontrer que la
compensation qu?il propose apporte, pour une surface équivalente supérieure ou inférieure à la
surface de zone humide détruite, une contribution au moins équivalente en termes de biodiversité
et de fonctionnalités (additionnalité écologique). En cas d?absence de cette démonstration, la
compensation est alors effectuée a minima à hauteur de 150 % de la surface perdue. Les mesures
compensatoires doivent être localisées prioritairement dans le bassin versant de la masse d'eau
46 https://www.artois-picardie.eaufrance.fr/IMG/pdf/20220411_doctrine_disposition_a-9.5.pdf
47 MNHN - 2011 source bibliographique : Barnaud, G. & Coïc, B. 2011. Mesures compensatoires et correctives
liées à la destruction des zones humides : revue bibliographique et analyse critique des méthodes.
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impactée, à défaut dans le même bassin versant de gestion ; en cas d'impossibilité technique, une
justification devra être produite.
Aussi, le moment venu, les modalités de compensations du SDAGE pourraient être révisées afin
de privilégier l?approche comparable à celle prévalant dans le bassin Adour Garonne. Pour faciliter
la recherche de mesures compensatoires efficaces sans application de ratios pénalisants, sur la
base de ses analyses, la mission recommande de raisonner à l?échelle de la globalité du bassin
versant de l?Aa et de ne plus appliquer de ratio 1 pour 2 quand une mesure compensatoire zone
humide est accueillie dans le périmètre du SAGE de l?Audomarois pour une zone humide impactée
dans le delta de l?Aa. Il s?agit du même bassin-versant. A titre d?exemple, une destruction de zone
humide de grande qualité patrimoniale peut générer un besoin de compensation de l?ordre de 30
à 60 ha en appliquant les prescriptions du SDAGE Artois Picardie, alors qu?il ne serait que de
20 ha en appliquant les prescriptions du SDAGE Adour Garonne (cf. annexe 9).
Dès lors que la compensation proposée génère un gain écologique équivalent ou supérieur aux
pertes, des coefficients multiplicateurs de fonctionnalités obligatoires de 200 ou 300 %
apparaissent exagérés, le SAGE du delta de l?Aa et SAGE de l?Audomarois traitant du même
bassin-versant.
Recommandation 4. (Préfet/Agence de l?eau Artois Picardie) Réviser le SDAGE pour éviter
l?application de coefficients multiplicateurs entre SAGE d?un même bassin versant.
4.2.4 Un cumul de mesures compensatoires sur un même terrain à
évaluer
Une autre piste favorable à la sobriété foncière renvoie à la superposition de plusieurs mesures
compensatoires sur la même emprise foncière. Le monde agricole semble ouvert à l?idée de la
multifonctionnalité des zones de compensation qui pourraient assurer plusieurs fonctionnalités
différentes et complémentaires. La mission a examiné cette possibilité au regard du droit.
Concernant la superposition des mesures compensatoires « biodiversité », la fiche n°16 des lignes
directrices ERC de 2013 explore les « possibilités de mutualiser le foncier pour plusieurs mesures
compensatoires d?un même projet » en expliquant notamment que « la mutualisation de mesures
compensatoires issues de différentes procédures est possible si les objectifs respectifs sont
respectés et conciliables ». En toute rigueur, rien ne s?oppose donc à ce qu?une même parcelle
puisse accueillir des mesures compensatoires au titre des zones humides et des espèces
protégées. Elle rappelle toutefois, en conformité avec la doctrine nationale ERC, qu?« une même
mesure compensatoire sur une parcelle donnée ne peut pas servir à compenser les impacts issus
de plusieurs projets, ni au même moment, ni dans le temps ».
La superposition de mesures compensatoires issues de projets différents, et a fortiori de maîtres
d?ouvrage différents, n?est donc pas compatible avec la doctrine nationale actuelle. Pour autant,
sur le plan strictement juridique, cela ne semble pas totalement impossible à condition :
? qu'il y ait un arrêté préfectoral modificatif, avec éventuellement transfert de la responsabilité
de la compensation au nouveau pétitionnaire et extinction des obligations du maître
d'ouvrage précédent ;
? que les principes ERC soient respectés (avec notamment un gain écologique suffisant pour
assurer l'équivalence fonctionnelle de tous les projets impactant cumulés concernés).
Dans le contexte foncier sous tension comme le Dunkerquois, le cumul de mesures
compensatoires de projets différents pourrait éventuellement être expérimenté, mais ne devrait
être envisagé qu?en dernier ressort, après avoir mobilisé au préalable la palette des autres
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solutions proposées par le rapport.
4.2.5 Une exigence de compensation de l?artificialisation de terres
agricoles qui questionne.
En exploitant les avis du CNPN et de l?autorité environnementale sur le projet CAP 2020 et les avis
sur les projets antérieurs, la mission observe une évolution des exigences de compensation des
impacts de l?artificialisation des terres agricoles qui pose question.
Dans son avis du 23 mars 2023, le CNPN déplore que le niveau des mesures de compensation ne
permette pas à ce stade de garantir un zéro net de perte de biodiversité pour l?ensemble du projet,
en faisant valoir que « les mesures proposées dans le dossier initial compensent à un taux de
l?ordre de 65 % en surfacique les zones détruites ». Le CNPN suggère au pétitionnaire d?effectuer
une recherche et une identification de zones de compensation complémentaires, le cas échéant
en dehors de la zone de projet, pour atteindre une équivalence minimale de 1/1 en surface et une
absence de perte nette de biodiversité. Selon le CNPN, s?éloigner d?une équivalence de 1/1
contribue à l?artificialisation nette, contraire à la politique nationale du ZAN.
Par ailleurs, l?OFB note que l?étude d?impact souligne que le principal milieu impacté par le projet
CAP 2020 est le milieu ouvert agricole, ce qui pourrait avoir un impact négatif sur certaines espèces
d?oiseaux comme l?alouette des champs ou la bergeronnette printanière.
Ces avis ont conduit à demander de compenser les surfaces agricoles artificialisées par des
mesures d?une surface au moins équivalente, au motif que les terres agricoles artificialisées
pouvaient avoir un intérêt potentiel pour le cycle biologique de certaines espèces d?oiseaux des
champs.
A contrario, la mission constate que le projet de poste RTE de Bourbourg (commune de la CUD)
réalisé sur 5 ha de terres agricoles similaires à celles de CAP 2020, certes sur une moindre surface,
n?a donné lieu à aucune demande de compensation écologique.
La mission a noté que dans son avis sur le projet de SNCRR de Valmagne portée par le bureau
d?étude BIOTOPE, le CNPN s?est montré très réservé pour accepter que des terres cultivées
puissent porter des mesures compensatoires au motif que le potentiel de gain écologique y était
faible, position qui semble peu cohérente avec la demande formulée sur Dunkerque de compenser
l?artificialisation de terres agricoles cultivées au motif qu?elles sont potentiellement support de
biodiversité.
Il importe que le CNPN formule des avis cohérents sur la base d?éléments de doctrine qu?il pourrait
se donner, en lien avec les CSRPN, la mission considérant que des terres agricoles cultivées ne
sauraient donner lieu à des demandes de compensation écologiques si l?étude d?impact n?y révèle
pas la présence effective d?espèces ou d?habitats protégés.
Recommandation 5. (MTECT/CNPN) Etablir des éléments de doctrine au sein du CNPN, en
lien avec les CSRPN, afin de clarifier les attentes en matière de compensation écologique
de l?artificialisation de zones agricoles cultivées.
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5 Une stratégie locale de compensation pour le Dunkerquois
Une stratégie de compensation acceptable par les parties prenantes doit pouvoir reposer sur une
palette d?actions synthétisées dans le schéma ci-après. Elles conditionnent une confiance
retrouvée entre les organisations professionnelles et les maîtres d?ouvrage porteurs de besoins de
compensations, en tout premier lieu le GMPD.
Avant tout, cette stratégie doit pouvoir s?inscrire dans le cadre d?une réflexion territoriale élargie
permise par l?affirmation de la condition de proximité fonctionnelle et mobilisant toutes les marges
de manoeuvre permises par la réglementation.
Il est essentiel, comme l?a initié le préfet du Nord, lors de la réunion de revue de projets du 13 mars
2024, de donner de la visibilité sur les projets, les emprises foncières requises et les besoins
projetés de compensation après mise en oeuvre des actions d?évitement et de réduction des
impacts. C?est naturellement le rôle des plans stratégiques et des documents d?urbanisme, pour
peu qu?ils apprécient les besoins de compensation dans leur évaluation environnementale et qu?ils
délimitent des zones préférentielles de renaturation, comme le prévoient désormais les articles
L. 141-10, L. 151-7, L. 211-1-1 du code de l?urbanisme. En la matière, le GMPD, établissement
public d?État, a une responsabilité particulière qui l?oblige non seulement à produire un plan
stratégique explicite et actualisé lorsque des changements le nécessite, mais aussi de faire la
démonstration, en toute transparence, que son foncier portuaire est bien optimisé, par une
rationalisation des implantations industrielles que par la maximisation de l?internalisation des
mesures compensatoires qui lui incombent.
Par ailleurs, il convient de mettre fin aux démarches opportunistes et désordonnées de captation
de terrains agricoles pour la compensation qui accentuent la spéculation foncière, en arrêtant, sous
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l?égide du préfet, un cadre de gouvernance (cf. partie 5.7.) et de nouvelles règles du jeu
pragmatiques, engageant l?État, les collectivités, les maîtres d?ouvrages, les opérateurs de la
compensation exerçant localement et la chambre d?agriculture. Ces règles du jeu devraient aborder
l?harmonisation des méthodes et doctrines de dimensionnement plus transparentes, et les
modalités concertées d?accueil de mesures en terrain agricole.
5.1 Conforter le SDPN du GPMD
La direction du GPMD indique qu?il reste environ 77 ha de SDPN sur lequel il serait possible
d?installer encore sur le port des mesures compensatoires, et que le reste de la surface du SDPN
est soit déjà engagé par des mesures de compensation précédentes soit peu susceptible d?abriter
de nouvelles mesures.
C?est sur la base de ce constat que le GMPD a engagé en 2023 le projet d?un SDPN-e, visant à
mobiliser des terrains de compensation à l?extérieur du périmètre du port. La mission estime que
le GMPD, en se contentant d?affirmer que son SDPN était saturé de mesures compensatoires, n?a
pas fait la démonstration, pourtant indispensable, qu?il avait optimisé ses réserves foncières, dans
le respect de la démarche ERC, en se donnant les moyens de conforter son SDPN historique par
des surfaces complémentaires. Or, faire la démonstration explicite et partagée avec les acteurs
locaux que le GMPD a fait et continue à faire ses meilleurs efforts pour assumer ses mesures
compensatoires sur son périmètre sera un préalable à l?acceptabilité, le cas échéant, d?une
mobilisation partielle de mesures compensatoires sur des terres agricoles à l?extérieur du port.
Dans cette perspective, la mission considère que le GMPD dispose encore de marges de
manoeuvre qui restent à mobiliser :
? S?il parait difficile de modifier la destination des surfaces pour lesquels des projets sont déjà
connus, en revanche il est encore possible d?optimiser les emprises d?occupation des
terrains concédés aux sociétés utilisatrices de terrains afin de mobiliser les emprises sous-
utilisées, soit pour optimiser des implantations d?infrastructures futures, soit pour mobiliser
ces délaissés pour des mesures compensatoires. Le GMPD a commencé à engager cette
réflexion avec les entreprises utilisatrices, en remettant en cause, par exemple, plusieurs
projets de centrales photovoltaïques au sol projetés initialement. La mission suggère, pour
maintenir le potentiel industriel sur site, que le GPMD fasse ses meilleurs efforts pour
négocier avec les entreprises nouvelles et existantes des surfaces d?installation plus
réduites.
? L?aménagement de chaque site industriel doit pouvoir également donner lieu à des
discussions sur des aménagements écologiques qui pourraient être réalisés sur l?emprise
concédée, compatibles avec l?activité industrielle et qui permettraient de réduire l?impact
environnemental. C?est ainsi par exemple que certaines zones interstitielles liées aux mises
à distance des bâtiments industriels pour raisons de sécurité (18 sites SEVESO) pourraient
probablement accueillir des aménagements en faveur de la nature. On peut aussi penser
aux 135 ha de noues de rétention d?eau qui représentent un potentiel support pour
développer la biodiversité au sein du GMPD comme le mentionne l?étude du CEREMA48.
La direction du port s?est montrée ouverte à ces discussions et il conviendrait d?engager une
discussion avec le CSRPN autour du projet de renaturation des noues et sur son
acceptabilité comme mesure compensatoire ou a minima comme mesure
d?accompagnement de mesures compensatoires à venir. Créer de la nature sur ces noues
ne doit pas être a priori exclu.
48 Impact des techniques alternatives d?assainissement sur la biodiversité - Etude préalable pour l?évaluation de
l?impact des noues - CEREMA.
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? Mais la marge de manoeuvre la plus significative repose sur les réserves foncières non
affectées. Dans le cadre des réflexions engagées de futur plan stratégique, la mission
recommande d?affecter tout ou partie de ces réserves foncières situées dans le port à des
espaces de compensation. La mission a identifié que ces réserves foncières s?étendaient
sur 43 ha et 150 ha. S?ajoutent à cela des zones dont l?industrialisation est programmée
mais ne portant pas de projets à moyen terme (Sud SNF 53 ha, décarbonation « bec de
canard » 52 ha, décarbonation ZIA 20 ha), soit au total 318 ha. Mobiliser tout ou partie de
ces surfaces permettrait d?accroître sensiblement les capacités du GMPD à
internaliser une partie des mesures compensatoires à venir. La mission note que, la
compensation au plus proche des impacts permet le plus souvent d?avoir des coefficients
d?équivalence fonctionnelle permettant de limiter les surfaces concernées. Le coût pour le
port serait alors réduit, les surfaces à rechercher en dehors du port seraient ainsi également
plus limitées. De plus, ces surfaces déjà incluses dans le SDPN donneraient plus de
cohérence et d?efficacité à ce dernier. Le préalable indispensable est d?avoir une meilleure
connaissance du patrimoine naturel de ces terrains, et de la possibilité de les enrichir au
plan de la biodiversité.
Figure n°7 : Zones de réserves foncières du GPMD identifiées par la mission
Le SDPN est un document volontaire du port et les parcelles incluses dans ce SDPN ne
bénéficient pas de protection juridique particulière, notamment au terme de l?engagement
temporel du port lié aux mesures de compensation. La reconnaissance par le préfet en
application du décret 2022-527 du 12 avril 2022 des parcelles du port engagées dans le SDPN
par des mesures de compensation permettrait d?assurer l?avenir de la protection de ces
espaces en y garantissant la pérennité de la conservation de la nature. Aussi, la mission
suggère de considérer comme une mesure d?accompagnement aux prochains projets
industriels d?inscrire les parcelles du SDPN, au cas par cas, en zone de protection forte. Cette
orientation emblématique pour la pérennité de la nature au sein du GMPD, gage de qualité de
la politique du GMPD en faveur de l?environnement, pourrait être valorisée comme mesure
d?accompagnement des mesures compensatoires de ZIA.
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Recommandation 6. (GMPD/Préfet) Réviser le SDPN en étendant sa surface à tout ou partie
des réserves foncières non affectées, aux délaissés d?emprises concédées à des
entreprises, en rendant ce SDPN plus explicite afin d'en faire un véritable document de
gestion des espaces naturels du GPMD, et proposer un classement en protection forte au
sens du décret 2022-527 d?une part significative du SDPN afin de garantir la pérennité des
espaces naturels à préserver et des mesures compensatoires.
5.2 Des espaces naturels en proximité géographique immédiate à
conforter et à enrichir
Dans ce territoire déjà très artificialisé du Dunkerquois, les principaux espaces naturels relictuels
de surface significative font déjà l?objet d?une politique de préservation de la nature, dans le cadre
des stratégies foncières du conservatoire du littoral, de la politique ENS du département du Nord
ou de la politique Natura 2000. Aussi, dans les territoires au foncier en espace naturel très limité,
la mission recommande de ne pas exclure, a priori, des recherches de terrains d?accueil de
mesures compensatoires, les espaces naturels bénéficiant déjà d?une politique de préservation de
la biodiversité, en particulier les zones Natura 2000, les ENS propriétés du département, les
terrains acquis par le conservatoire du littoral, le conservatoire des espaces naturels, les forêts du
domaine de l?État, mais à l?exclusion toutefois des zones sous protection fortes (arrêté de protection
de biotope, réserve naturelle nationale, réserve naturelle régionale, coeur de parc national?).
C?est d?ailleurs bien dans une approche ouverte sur l?additionnalité que la DDTM 59 et le Conseil
départemental 59 examinent, au cas par cas, la possibilité d?accueillir des mesures compensatoires
dans des ENS acquis par le département afin d?y accélérer ou d?y renforcer la mise en oeuvre du
programme d?action de restauration.
Par ailleurs, la mission s?est intéressée à quatre exemples de mesures compensatoires accueillies
par la délégation Manche Mer du Nord du CELRL : le projet Calais-Port 2015, le projet de la vélo-
route n°4 de Roscoff à Kiev, la pose d?une canalisation de gaz naturel entre Loon Plage et Cuvilly
et enfin les travaux d?extension du Grand port maritime du Havre. Dans les quatre situations, la
compensation s?est traduite par une acquisition et une intégration des terrains dans le domaine
propre du conservatoire, associées à des travaux de génie écologique pour générer des gains
écologiques.
Récemment, le conservatoire et le GMPD ont conclu une convention de partenariat par lequel les
mesures compensatoires à venir portées et financées par le GMPD pourront accélérer la mise en
oeuvre de la stratégie foncière du Conservatoire avec 3 priorités :
? l?acquisition de terrains par le GMPD, suivie de la cession au CELRL après travaux de
restauration, à l?euro symbolique puis prise en charge de la gestion pendant la durée de la
mesure compensatoire ;
? le financement par le GMPD d?acquisitions foncières réalisées par le CELRL ;
? la participation du GMPD au financement de travaux de restauration/renaturation sur des
terrains déjà propriétés du CELRL.
Du point de vue de la mission, ces projets de mesures compensatoires menés avec le concours
du conservatoire du littoral ne contreviennent pas au principe d?additionnalité et sont à encourager
pour accélérer la protection foncière du littoral dunaire du Dunkerquois et des zones humides de
l?Audomarois, sous réserve de respecter les conditions rappelées au 4.1.3.
Dans le même esprit que le CELRL, le CD 59 est en mesure de porter une stratégie d?intervention
foncière au sein de ses zones de préemption des espaces naturels sensibles (ZPENS) aux fins de
restaurer des espaces naturels, puis d?en assurer la conservation. Les mesures compensatoires
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pourraient aider le CD 59 à accélérer sa politique d?acquisition de terrains naturels à restaurer en
lui permettant d?agir au-delà de ses propres capacités financières. Par ailleurs, au sein de ses 2
362 ha d?ENS déjà acquis, le CD 59 a identifié 94 hectares répartis sur 12 sites qui pourraient
bénéficier de programmes de restauration plus ambitieux que ceux initialement prévus. Ces
programmes d?action renforcés pourraient être retenus au titre des mesures compensatoires sous
réserve de s?inscrire dans le champ de la doctrine d?additionnalité assouplie proposée par la
mission. Cette doctrine d?additionnalité pourrait être utilement co-construite et testée sur le territoire
du département du Nord, très concerné par le sujet de la compensation en contexte foncier
contraint, en lien étroit avec le MTECT et le CNPN.
La mission rappelle que les analyses foncières de la CUD et de la DREAL évaluent le potentiel de
surfaces d?espaces naturels pouvant constituer des compensations potentielles entre 160 ha et
487 ha, donnée maximale car tous ces espaces n?offrent pas forcément des perspectives de gains
écologiques significatifs justifiant d?en faire des sites d?accueil de mesures compensatoires.
Recommandation 7. (MTECT/préfet) Elaborer une doctrine régionale assouplie de
l?additionnalité utilisant les marges de manoeuvre permises par la réglementation et les
travaux pertinents engagés par la DDTM et la DREAL, en lien avec le CSRPN. Cette doctrine
régionale, une fois éprouvée, pourra contribuer à actualiser la doctrine nationale sur
l?additionnalité.
Dans ces surfaces, il convient d?inclure :
? le produit du travail d?optimisation des réserves foncières du GMPD recommandé par la
mission qui devrait pouvoir conduire à mobiliser une partie des 318 ha complémentaires
visés au 5.1. (non recensées à date par les études CUD et DREAL) ;
? le projet de la CUD de conforter sa ceinture verte en mobilisant des terrains à renaturer sur
son territoire.
Par ailleurs, le projet de SNCRR en gestation dans le Dunkerquois au sein du territoire de la CUD
et sur 344 ha mérite d?être relancé. Il faudrait privilégier un projet multi-sites qui pourrait inclure des
espaces naturels et des terres agricoles victimes de désordres hydrauliques sévères et des zones
humides à restaurer sur un territoire plus large, c?est-à-dire y compris dans la vallée de la Hem et
dans l?Audomarois, avec une aire de service assez large à l?échelle de l?ensemble du bassin
versant de l?Aa. Ce projet devrait associer la chambre d?agriculture très en amont du processus.
Recommandation 8. (GPMD/CUD/CDC Biodiversité) Relancer le projet de SNCRR, initié avec
l?appui de CDC biodiversité, dans une logique multi-sites, en étroite concertation avec la
chambre d?agriculture du Nord Pas-de-Calais.
5.3 Miser sur la proximité fonctionnelle pour élargir le périmètre avec
des mesures compensatoires « multifonctionnelles »
5.3.1 Un territoire pertinent élargi
La mission constate que le sujet des compensations écologiques est abordé à différentes échelles
territoriales selon les acteurs et leurs champs de compétence. Aussi, plusieurs dimensions
territoriales apparaissent sans qu?un périmètre pertinent n?ait jamais vraiment été collectivement
discuté.
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Le périmètre du GPMD était jusqu?à présent un territoire fermé siège de réflexions non partagées
sur des mesures compensatoires qui avaient vocation à s?implanter au sein du SDPN. Les tensions
foncières au sein de la zone portuaire conduisent depuis peu (2023) le GMPD à élargir sa
recherche de terrains de compensation au territoire de la CUD et au littoral du Nord et du Pas-de-
Calais. La CUD a initié une démarche d?identification des zones potentielles de compensation au
sein de son territoire en mobilisant ses communes adhérentes dans une démarche de solidarité
intercommunale. Le conservatoire du littoral, opérateur de compensation, partenaire du GPMD et
de la CUD, recherche des opportunités de compensations à l?échelle de ses périmètres
d?intervention qui excèdent le périmètre de la CUD. La société CDC biodiversité, prestataire de la
CUD et du GPMD, avait entrepris des recherches de terrains à l?échelle du polder de l?Aa.
Par ailleurs, la DREAL, à la demande du préfet, a lancé une étude des zones potentielles de
compensation qui raisonne à l?échelle du périmètre de l?institution des Wateringues, section n°7 de
l?Audomarois exclue, considérant qu?il s?agit là de la zone naturelle de proximité de Dunkerque au
sein de laquelle les critères de proximité fonctionnelle pour la majorité des espèces potentiellement
impactées seraient aisément respectés.
Le territoire du SCoT de la région Flandre-Dunkerque est aussi un territoire à prendre en compte,
car c?est à cette échelle que se jouent les grandes orientations d?aménagement du territoire et se
nouent les relations de coopération.
Enfin, dans un territoire où la gestion de l?eau, notamment de surface, est un enjeu majeur qui
structure les paysages et où la préservation des zones humides est centrale dans les études
d?impacts, la mission considère que le territoire des SAGE est un périmètre important à considérer.
A cet égard, une approche qui se limiterait au territoire du SAGE du delta de l?Aa serait bien trop
restrictive, alors que le SAGE de l?Audomarois constitue la partie amont du bassin versant de l?Aa
avec des relations fonctionnelles indiscutables, au plan hydraulique, piscicole et écologique. Dans
le périmètre de la zone naturelle élargie aux deux SAGE du delta de l?Aa et de l?Audomarois, les
mesures compensatoires du Dunkerquois pourraient être utilement mobilisées pour promouvoir la
préservation des zones humides et des zones favorables à la régulation des crues, en amont du
polder.
Figure n°8 : Extraits de la carte DREAL des zones à dominante humides avec les bassins versants
et les périmètres des SAGE (Source : IIW et AGUR d?après Hydratec)
Aussi, en mobilisant dans son acception la plus large la notion de proximité fonctionnelle, la mission
préconise de raisonner la recherche de mesures compensatoires à une échelle plus large que les
périmètres initialement envisagés par la CUD et l?Etat, incluant l?ensemble du bassin versant de l?
Aa et de ses affluents, soit les périmètres des deux SAGE du delta de l?Aa et de l?Audomarois, à
l?échelle desquels on retrouve des habitats similaires ou proches, et qui recoupent des aires de
répartition de nombreuses espèces à enjeux.
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Recommandation 9. (GPMD/Préfet) En privilégiant la condition de la proximité fonctionnelle
consacrée par la loi industrie verte, définir la zone naturelle de référence en visant la
globalité du bassin versant de l?Aa, englobant les périmètres des SAGE du delta de l?Aa et
celui de l?Audomarois.
Eu égard aux développements précédents, dans le contexte dunkerquois, une des
recommandations pour limiter les besoins en surface portera sur l?optimisation des conditions
d?application des règles du SDAGE pour les compensations zones humides, en considérant que
les SAGE du delta de l?Aa et celui de l?Audomarois concernent le même bassin versant. Tant la
doctrine nationale que l?évolution récente des textes donnent priorité à la proximité fonctionnelle
qui devrait aisément admettre des compensations à une certaine distance au sein du même bassin
versant, à tout le moins en amont du site impacté si les fonctions hydrologiques sont impactées,
au regard des enjeux de ralentissement des ruissellements et de stockage des crues. Dans cette
perspective, il conviendra également de mettre à jour le chapitre 3 de la doctrine DREAL sur
l?application des dispositions A-9.5 du SDAGE 2022-2027 relative à la séquence ERC en zones
humides en y remplaçant la notion de proximité géographique par celle de proximité fonctionnelle.
Par ailleurs, conformément aux orientations du SAGE du delta de l?Aa, la préservation et la
restauration des zones humides sont des priorités qui tardent à être mises en oeuvre faute de
cartographie concertée des zones humides. Disposer d?une cartographie partagée des zones
humides à réhabiliter et à restaurer dans le territoire du delta de l?Aa est une priorité, car elle
permettra d?y appliquer le ratio minimum de 150 %. La mission observe d?ailleurs qu?en accord
avec la DDTM, ce ratio a pu être appliqué par anticipation aux derniers projets portés par le port
sur la base d?une cartographie provisoire réalisée par le GMPD.
La Chambre d?Agriculture évalue à ce stade les surfaces de zones humides potentielles à 800
hectares sur le SAGE du delta de l?Aa.
Recommandation 10. (Commission locale de l?eau du SAGE du delta de l?Aa) Produire avant
fin 2024 la caractérisation et la cartographie des zones humides du SAGE du delta de l?Aa
pour asseoir des mesures compensatoires zones humides pertinentes et pour éviter des
ratios de dimensionnement pénalisants.
5.3.2 Établir un programme de mesures multifonctionnelles sur ce
territoire élargi
Le périmètre du PNR Caps et Marais d?Opale est basé sur une cohérence biogéographique et
n?inclut pas le polder de l?Aa. En revanche, il inclut les bassins hydrographiques en amont du polder
qui l?alimentent, soit le bassin de la Hem (qui appartient au même SAGE que le polder) et les
marais de l?Audomarois. Ces deux secteurs pourraient accueillir des mesures compensatoires pour
préserver et restaurer des prairies humides permanentes stratégiques pour prévenir les risques
d?inondation, d?érosion et de dégradation de qualité des eaux.
La mission retient également, parmi les sites proposés par le Conseil départemental 59, en lecture
croisée avec la DDTM et la DREAL, un site d?aménagement de ZEC (zone d?expansion de crue)
dont les études hydrauliques sont en cours, qui pourrait constituer une opportunité de tester et
d?évaluer la faisabilité de zones naturelles multifonctionnelles, c?est-à-dire cumulant l?usage
d?écrêtement des crues et celui de support de mesures compensatoires en faveur de la biodiversité.
Cette expérimentation de ZEC multifonctionnelle, que les organisations professionnelles agricoles
considèrent comme intéressante sur le principe, permettrait d?apprécier si les enjeux écologiques
et hydrauliques sont compatibles.
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En parallèle, la mission suggère d?identifier, en partenariat avec VNF, toutes les anciennes zones
de dépôt aujourd?hui enfrichées le long des canaux de VNF, afin d?étudier la possibilité de les
valoriser comme zones multifonctionnelles pour l?expansion des crues et la biodiversité. Le
potentiel de surface de ce type de délaissés sur le polder a été évalué par la chambre d?agriculture
à 130 hectares, donnée que la mission n?a pas eu de temps de vérifier.
L?EPF des Hauts-de-France, établissement public à caractère industriel et commercial, pourrait
aussi être mobilisé par le préfet ou les collectivités locales, dans les secteurs les plus opportuns,
pour mettre en oeuvre une intervention foncière, naturellement en dehors du périmètre de
compétence de la SAFER conformément à son cadre réglementaire d?intervention, afin de
permettre la création de ZEC multifonctionnelles.
Recommandation 11. (Préfet) Promouvoir à l?échelle de la globalité du bassin versant de l?Aa
des mesures compensatoires « multifonctionnelles » conciliant gains écologiques et
régulation des crues, en mobilisant les compétences du PNR, du CELRL, de l?EPF, du CD
59 et de la chambre d?agriculture.
Afin de faciliter la mise en oeuvre de la stratégie locale de compensation, étendre le périmètre
d?intervention du conservatoire du littoral dans les marais de l?Audomarois et de la Vallée de la
Hem, et mobiliser l?EPF des Hauts-de-France pour installer des ZEC ou renaturer des zones
aménagées inondables.
5.4 Améliorer la biodiversité en zone agricole avec des mesures
compatibles avec les grandes cultures et la gestion hydraulique
des wateringues
Dans le cadre du partenariat préexistant entre la Chambre d?agriculture du Nord-Pas-de-Calais,
une convention de partenariat a été préparée entre la chambre d?agriculture, la CUD et le GPMD
afin de décliner la séquence ERC à l?ensemble des projets d?aménagements du territoire de la
CUD. Ainsi, dans les cas où la compensation reste nécessaire du fait des impacts résiduels
négatifs des projets d?aménagement sur l?environnement, ce partenariat a comme objectif de
mettre en oeuvre une méthode et un protocole de travail permettant de concilier la réalisation du
projet industriel, la mise en oeuvre de la compensation environnementale et le maintien de la
viabilité économique et sociale des activités agricoles en place.
Cette convention, initiée à la fin de l?année 2023, n?est pas signée à l?heure actuelle, le travail ayant
été stoppé par la crise agricole du début de l?année 2024. Néanmoins, un catalogue de mesures
de compensation écologiques adaptées au territoire et permettant de conserver une activité
agricole est en cours d?élaboration, en partenariat entre la Chambre d?agriculture et la CDC
Biodiversité.
Ce catalogue des mesures, qui s?inspire d?un travail effectué dans l?Avesnois dans le cadre du
projet de compensation de la RN2, est calibré pour réaliser des mesures de compensation à
l?échelle du delta de l?Aa, ce qui permet de proposer des mesures liées à l?élevage, peu présent
sur le Dunkerquois. Les travaux sur l?équivalence écologique de ces projets de mesures sont en
cours par les équipes de la CDC Biodiversité et devraient aboutir pour la mi-juillet.
Concernant les systèmes agricoles du Dunkerquois, ce catalogue de mesures est très similaire
aux mesures agro-environnementales et climatiques (MAEC) de la politique agricole commune
(PAC) et recense deux types de mesures pour les systèmes de grandes cultures :
? Mesures linéaires : plantation et entretien de haies, de ripisylve, agroforesterie, création ou
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restauration de mares? permettant de créer des habitats favorables à la biodiversité.
? Mesures surfaciques grandes cultures : création et entretien d?un couvert floristique ou
faunistique sur culture, réduction des produits phytosanitaires, gestion de la fertilisation,
semis direct ?
Le paiement aux agriculteurs se réaliserait sous la forme d?un contrat de prestation de service
environnemental.
Le projet de recherche CompAg coordonné par l?INRAe s?est intéressé à la compensation
écologique en zone agricole, et en particulier à sa capacité à encourager la transition écologique
des pratiques de production. Une des recommandations du rapport final est d?encourager, dans le
cadre de mesures compensatoires sur des terres agricoles l?engagement de plusieurs parcelles
voire de plusieurs exploitations, en vue de créer une structure paysagère globale favorable à la
biodiversité. Seul un engagement important d?un territoire pourrait permettre d?avoir un effet
significatif et durable sur la biodiversité et d?engager avec sécurité pour le maitre d?ouvrage une
mesure compensatoire.
En ce sens, le système des wateringues, constitué de fossés et canaux qui communiquent entre
eux, constitue une trame paysagère et écologique intéressante pour conforter la biodiversité du
territoire. Il faut bien sûr être vigilant à ne pas remettre en cause le bon entretien hydraulique des
watergangs et canaux. Il s?agirait d?améliorer la biodiversité le long du réseau de fossés et canaux
par une approche raisonnée : entretien des berges, maintien local de roselières, vieillissement de
certaines bandes enherbées, choix de périodes et de modalités d?entretien compatibles avec les
cycles biologiques des espèces, maintien localisé de zones refuges pour la faune... Ce « plan
biodiversité » du réseau des watergangs mériterait d?être élaboré et mis en oeuvre par les acteurs
locaux en s?appuyant sur l?expertise locale et les capacités d?animation de la chambre d?agriculture
et des sections de wateringues, afin de s?assurer de la compatibilité des mesures avec les objectifs
hydrauliques.
Un premier « plan biodiversité », financé par le GMPD, pourrait être testé sur une section volontaire
de wateringues pour caractériser et quantifier les mesures favorables à la biodiversité qui
pourraient être reconnues et valorisables comme mesures compensatoires.
Recommandation 12. (GPMD/Chambre d?agriculture/CDC Biodiversité) Etablir un catalogue
de mesures adapté aux exploitations du polder et un « plan biodiversité » en lien avec
l?armature écologique des Wateringues, en s?appuyant sur les sections de wateringues et
la chambre d?agriculture, permettant à la fois d?engager une transition agro-écologique d?un
ensemble d?exploitations agricoles et de servir de support à des mesures compensatoires,
sous réserve de garanties d?additionnalité et de durabilité.
5.5 Mettre en place un projet d?accompagnement financier pour
l?agriculture en synergie de la compensation écologique
Les terres agricoles du Dunkerquois et la facilité de leur irrigation permettent des cultures à haute
valeur ajoutée dans un contexte où les IAA présentes sur le territoire ou à proximité recherchent
des volumes complémentaires. Dès lors, la réalisation de mesures compensatoires sur des
surfaces importantes de terres agricoles, y compris celles permettant de maintenir les mêmes types
de cultures (implantation de haies, création de mares?) entraînerait une diminution du potentiel
de production et pourrait impacter les filières agricoles. La FDSEA du Nord estime ainsi, sur la
base d?une étude menée sur ses adhérents de l?arrondissement de Dunkerque, qu?une perte de
1 500 ha agricoles entraînerait une baisse de production, de l?ordre de 4 400 tonnes pour le blé,
1 020 tonnes pour le lin et 10 700 tonnes pour les pommes de terre (alors qu?à l?inverse les trois
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plus grandes IAA de frites souhaitent 50 000 ha de cultures supplémentaires).
Le GPMD n?est pas juridiquement pas redevable de la compensation collective agricole pour la
cessation de l?activité agricole sur ses propres terrains en raison du classement dans le PLUi des
parcelles en « UIP » (urbanisation industrialo-portuaire : espaces de la zone industrialo-portuaire
dédiés à l'accueil des aménagements portuaires, des équipements du GPMD, des établissements
industriels et commerciaux et des services et bureaux liés). Néanmoins, la disparition rapide et
importante des terres agricoles dans l?emprise du GPMD (3 000 ha exploités sous forme de baux
précaires depuis 1976) impacte fortement l?économie agricole locale.
Or, la synergie entre la compensation écologique et la compensation collective agricole est un
facteur de réussite dans la mise en oeuvre de la compensation écologique, l?expérience récente du
Canal Seine Nord l?atteste. En effet, la concertation et la mise en place d?une compensation
agricole collective en contribuant à l?évolution des exploitations a permis à ce projet qui impacte
plus de 2 400 ha de SAU d?aboutir de manière apaisée avec la profession agricole.
Par ailleurs, certains maîtres d?ouvrages disposent déjà d?un cadre d?intervention spécifique. C?est
le cas de RTE qui, dans le cadre du contrat de service public conclu avec l?État, finance pour
chaque projet de ligne aérienne (changement de 63 à 400 000 volts) un plan d?accompagnement
de projet (PAP) permettant la mise en oeuvre, sous le contrôle de la préfecture, d?actions locales
qui doivent participer au développement économique, social, culturel, social, à la préservation de
l?environnement ou à l?amélioration de l?insertion d?ouvrages électriques existants et au
raccordement aux réseaux existants. Son montant est proportionnel au coût d?investissement du
projet et il est ouvert au cofinancement des collectivités territoriales, ou d?organismes représentatifs.
Un règlement fixe les modalités de mise en oeuvre du PAP, assure la transparence vis-à-vis des
choix et financements des projets et précise les engagements de chacun que ce soit dans la
préparation des dossiers de demande d?aides, dans l?expertise des projets et dans l?attribution des
fonds.
La mission recommande de mettre en place sur des bases similaires au PAP de RTE un projet
d?accompagnement financier pour l?agriculture, adossé ou non au PAP de RTE, et coordonné avec
la démarche de compensation écologique. Ce projet pourrait permettre :
? De faciliter l?engagement des agriculteurs dans la mise en oeuvre de mesures
compensatoires écologiques et engager les exploitations agricoles dans une transition
agro-écologique. La perte de production engendrée sur certaines parcelles pourrait
conduire à la mise en place de productions à plus haute valeur ajoutée dont les
investissements pourraient être aidés. A titre d?exemple : développement de circuits courts,
production de fruits et légumes sous serres, avec une alimentation en chaleur via les
projets industriels...
? D?accompagner des démarches de structuration de filières portées par les collectivités
locales (projet alimentaire territorial de la CUD) et orientées vers les circuits courts.
Ce dispositif pourrait s?appuyer sur le dispositif existant de PAP ou sous réserve d?expertise
juridique, sur tout autre cadre d?intervention permettant l?intervention du GPMD. Un portage via le
guichet unique GPMD-CUD et la préfecture, en partenariat avec la chambre d?agriculture serait à
étudier. Le financement serait assuré par l?ensemble des maîtres d?ouvrages ayant des projets sur
le territoire de la CUD : GPMD, mais également EDF, RTE?
Recommandation 13. (GPMD) Mettre en place sur le territoire de la CUD, en synergie avec la
démarche de compensation écologique, un projet d?accompagnement financier de
l?agriculture pour sa transition agro-écologique.
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5.6 Négocier et mettre en place des modalités de portage du foncier
et de gestion des mesures compensatoires compatibles avec le
mode de faire-valoir prépondérant
La pérennité constitue un élément déterminant dans la mise en oeuvre des mesures
compensatoires dont la présence doit être assurée pendant toute la durée des impacts. Pour que
cette condition soit satisfaite, un bien foncier doit être affecté durablement à la réalisation de ces
mesures. Cette affectation suppose soit une maîtrise foncière assurée par l?achat des terrains par
le maître d?oeuvre, soit la sécurisation juridique à long terme de l?action sur les terrains accueillant
des mesures compensatoires. Dans un territoire où le fermage représente 80 % des terres mises
en valeur, la profession agricole demande, comme le prévoit la charte ERC signée en 2019, de
privilégier le conventionnement plutôt que l?acquisition foncière. Le respect du principe de pérennité
des mesures doit toutefois être assuré. Les modalités actuelles les plus courantes sont les baux
environnementaux ou les obligations réelles environnementales (ORE).
L?expérience acquise en la matière par la SAFER, la Chambre d?agriculture et la DREAL sur le
projet RN2, doit pouvoir être mise à profit pour le Dunkerquois. Ainsi, dans ce cas de figure, des
ORE sur 30 ans ont été signées par le propriétaire et l?exploitant, accompagnés d?un bail rural. De
plus, les exploitants ont signé un contrat de prestation de service environnemental pour l?entretien
du site.
L?indemnisation a été réalisée selon un barème concerté entre le maître d?oeuvre et la chambre
d?agriculture, qui a permis d?indemniser la perte de valeur du foncier agricole ainsi que les pertes
de production futures pour les exploitants agricoles :
? pour le propriétaire, 80 % de la valeur vénale de la parcelle, en une fois ;
? pour l?exploitant, 1,5 à 2 fois la valeur d?éviction, avec une indemnisation annuelle, cumulée
avec le contrat de prestation de service environnemental correspondant à la gestion de la
mesure.
Au regard de la valeur agronomique, économique et financière des terres agricoles du Dunkerquois
et de la prépondérance du fermage comme mode de faire-valoir, la mission recommande de
privilégier la contractualisation via des modalités ayant juridiquement fait leurs preuves (ORE, bail
rural environnemental) et de définir un barème négocié avec la profession agricole, permettant
d?indemniser le propriétaire, l?exploitant fermier pour la perte de valeur du foncier ainsi que pour
l?éventuel entretien lié à la mise en oeuvre de la mesure compensatoire.
Recommandation 14. (GPMD/CUD/SAFER/Chambre d?agriculture) Définir des conditions de
référence de contractualisation et de rémunération des compensations en agriculture,
harmonisées et négociées avec la profession agricole.
5.7 Mettre en place une gouvernance dédiée
La mission a fait le constat durant ses entretiens que le sujet de la séquence ERC et en particulier
la phase « compensation » était une préoccupation de l?ensemble des acteurs : État, collectivités,
GPMD, agence de l?eau, conservatoire du littoral, etc., sans pour autant poser une stratégie
collective et commune. Malgré de fréquentes relations à différentes échelles territoriales et la
signature de nombreuses conventions (cf. annexe 10), cette gouvernance apparaît aujourd?hui
comme « éclatée » sans véritable chef de file et sans définition d?un périmètre pertinent de réflexion
et d?actions.
La revue de projet du 13 mars 2024, initiée par le Préfet, a permis d?identifier clairement le besoin
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de décloisonner le cadre de gouvernance avec un enjeu de solidarité territoriale et d?une
nécessaire planification stratégique des projets et des terrains de compensation associés.
Au niveau national, le 13 mars 2024 également, le comité d?orientation du développement des
zones industrialo-portuaires (COZIP) présidé par le directeur de cabinet du ministre de la transition
écologique et de la cohésion des territoires et en présence de l?administration concernée et des
directeurs généraux des grands ports maritimes de HAROPA, Marseille et Dunkerque a fait le
constat d?une complexité de mise en oeuvre des projets industriels importants, difficulté qui exige
de traiter quasiment simultanément les enjeux économiques et environnementaux des projets. Il a
alors été proposé de mettre en place un COZIP local dans chaque grand port.
La mission soutient cette orientation qui pourrait être initiée par le Préfet et co-pilotée avec la
Région Hauts-de-France, tout en s?adossant au guichet unique déjà mis en place à l?initiative de la
CUD et du GPMD et surtout en associant un réseau local de compétences techniques. Cette
gouvernance pourrait se mettre en place, à terme, à l?échelle de la zone naturelle préconisée par
la mission, à savoir du bassin versant de l?Aa (SAGE du delta de l?Aa et SAGE de l?Audomarois).
Sa composition pourrait être la suivante : préfectures, GPMD, Région Hauts-de-France,
Départements du Nord et du Pas-de-Calais, CUD et autres EPCI concernés, chambre d?agriculture
du Nord-Pas-de-Calais, IIW, représentants des sections des wateringues, PNR, CELRL, EPF,
AEAP, CDC Biodiversité?
Outre cette déclinaison locale du COZIP national, il est aussi proposé la mise en place d?une « task
force compensation » dédiée à la problématique Dunkerquoise pour « identifier et valoriser les
fonciers disponibles pour la compensation environnementale, en s?appuyant sur les nouvelles
mesures introduites par la loi industrie verte ». Cette « task-force » aurait vocation à mettre en
oeuvre la stratégie locale de compensation, en s?appuyant sur les recommandations du présent
rapport et sur les principes de la charte ERC signée en 2019 par la chambre d?agriculture régionale,
la Région Hauts-de-France et le préfet de région. Cette charte prescrivait déjà les grands principes
dans l?optique de concilier l?application de la séquence ERC, d?engager une meilleure consultation
amont avec les instances agricoles sur les projets et programmes impactant le foncier et de prévoir
des mesures compensatoires ou d?accompagnement compatibles avec la poursuite d?activités
agricoles.
La déclinaison locale de la charte évoquée supra pourrait intégrer, d?une part, des règles du jeu
plus précises issues des conclusions du présent rapport afin de rassurer les organisations
professionnelles, et, d?autre part, pourrait être plus largement co-signée, notamment par le GPMD,
les principaux grands maîtres d?ouvrages publics et privés présents sur le GPMD, l?Union maritime
et les intercommunalités concernées.
Par ailleurs, pour améliorer la concertation avec le monde agricole, il est préconisé de nommer lors
d?un prochain renouvellement un représentant du monde agricole au conseil de surveillance ou au
conseil de développement du GPMD, dans le collègue des personnes qualifiées.
Recommandation 15. (Préfet) Mettre en place un Comité d?orientation zone industrialo-
portuaire de Dunkerque co-pilotée par le préfet et la Région Hauts-de-France, et « une task
force » spécifique compensation. Décliner à l?échelle du Dunkerquois la charte ERC
régionale, afin de fixer les « règles du jeu » de la compensation écologique en terrain
agricole.
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Conclusion
Le grand port maritime de Dunkerque se situe sur le plus grand polder de France. Ce territoire
atypique très aménagé, artificialisé, et occupé à 74 % par de l?agriculture conventionnelle à forte
valeur ajoutée, dispose de peu d?espaces naturels et son environnement est dégradé par des
pollutions de diverses origines. La dynamique de réindustrialisation à l?oeuvre et dont le GPMD est
le fer de lance va nécessiter, en application de la séquence « éviter, réduire, compenser », de
réaliser des mesures compensatoires écologiques afin de garantir l?absence de perte nette de
biodiversité des aménagements futurs.
L?article 1 de la charte de l?environnement figurant dans le principe préalable de la Constitution
mentionne que « chacun a le droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de sa
santé ». À l?heure où l?on souhaite attirer des habitants sur le bassin d?emploi du Dunkerquois, il
convient d?être plus attentif que jamais à ne pas dégrader d?avantage, voire d?améliorer la situation
de ce territoire au plan de la biodiversité. C?est d?autant plus important aujourd?hui que le territoire
du polder de l?Aa est particulièrement exposé aux aléas du changement climatique alors qu?il existe
un consensus scientifique sur le rôle déterminant de la biodiversité dans la résilience des territoires
face aux risques climatiques.
L?urgence pour l?approbation des projets notamment du GPMD d?identifier des mesures
compensatoires performantes contraste avec l?insuffisance de la mise en oeuvre de la séquence
ERC largement soulignée par les autorités environnementales et le CNPN depuis 10 ans lors de
leur analyse des études d?impact des projets et programmes. Aussi, la mission propose une
stratégie de compensation écologique adaptée au Dunkerquois et mobilisant une palette de
solutions afin de concilier les impératifs de développement du territoire et le respect du cadre
réglementaire :
? une prise en compte plus systématique et plus sérieuse dans les études d?impact de la
séquence « éviter et réduire » dès l?élaboration des documents d?aménagement (plans
programmes) et dans l?étude des projets ;
? un volet « compensation » plus approfondi dans l?étude d?impact dès l?élaboration des
documents d?aménagement et de planification ;
? l?élaboration de mesures compensatoires plus ambitieuses sur leur localisation, sobres en
surface, efficaces dans leur installation et leur suivi que par le passé ;
? l?utilisation de toutes les marges de manoeuvre permises par la réglementation pour
l?application de la compensation écologique sans en remettre en cause les principes
fondamentaux, pour tenir compte des caractéristiques très spécifiques de ce territoire sous
tension foncière ;
? conjuguer compensation environnementale et accompagnement de l?agriculture dans sa
transition agro-écologique ;
? mettre en place un comité local et une « task force » chargés d?élaborer une stratégie
intégrée de choix et d?accueil sur les territoires des projets industriels et d?aider à sa mise
en oeuvre.
Un certain nombre des mesures proposées par la mission peuvent permettre de relancer les
discussions préalables à l?approbation des projets immédiats mais d?autres nécessitent un travail
de fond et ne pourront trouver leur effet qu?après un travail important de réflexion et de concertation.
La mission recommande de se lancer sans attendre dans ces travaux, sinon il est à craindre que
la succession des nouveaux projets bloquera complètement toute possibilité d?amélioration des
mesures de compensation, cristallisera les animosités et conduira à repousser des projets.
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La mise en oeuvre de cette stratégie, facilitée par la mise en place d?une gouvernance spécifique,
permettra d?offrir aux industriels porteurs de projets le service qu?ils attendent en contribuant à
l?efficience du concept de projet « clés en main ».
François BONNET
Claire HUBERT
Ingénieur général
des ponts, des eaux
et des forêts
Inspectrice générale
Valérie ISABELLE
Maryline SIMONÉ
Inspectrice
Inspectrice générale
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écologique et foncier agricole dans le cas des projets
d?aménagement du Dunkerquois
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Annexes
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Annexe 1. Lettre de mission
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Annexe 2. Liste des personnes rencontrées
DATE PRENOM, NOM STRUCTURE QUALITE
15 avril 2024 Arnaud DUNAND Ministère de l?agriculture et de
la souveraineté alimentaire
Direction générale de la
performance économique et
environnementale
Sous-directeur
Elodie LEMATTE Ministère de l?agriculture et de
la souveraineté alimentaire
Direction générale de la
performance économique et
environnementale
Cheffe de service
compétitivité et
performance
environnementale
Florian THOMAS Ministère de l?agriculture et de
la souveraineté alimentaire
Direction générale de la
performance économique et
environnementale
Chef de bureau foncier
Marion VOISIN Ministère de l?agriculture et de
la souveraineté alimentaire
Direction générale de la
performance économique et
environnementale
Chargée de mission du
bureau foncier
24 avril 2024 Audrey COREAU Commissariat général au
développement durable
Cheffe de service
Daniel BERTHAULT Commissariat général au
développement durable
Chef de bureau
Philippe ROGIER Direction générale de
l?aménagement, du logement et
de la nature
Direction eau et biodiversité
Sous-directeur
protection et
restauration des
écosystèmes terrestres
6 mai 2024 Marina MAURES Ministère de l?agriculture et de
la souveraineté alimentaire
Conseillère du ministre
chargée du foncier,
territoire,
investissement finance
carbone
6 mai 2024 Elodie GALKO Ministère de la transition
écologique et de la cohésion
des territoires
Directrice adjointe du
Cabinet du ministre de
la transition écologique
Anaïs MANDIN Ministère de la transition
écologique et de la cohésion
des territoires
Conseillère transition
agro-écologique
14 mai 2024 Bertrand GAUME Préfecture des hauts-de-France Préfet des Hauts-de-
France
Fabienne DECOTTIGNIES Préfecture des hauts-de-France Secrétaire générale
Frédéric LOISEAU Préfecture du Nord Sous-Préfet du Nord
Julien LABIT Direction régionale de
l?environnement, de
l?aménagement et du logement
Directeur
Antoine LEBEL Direction départementale des
territoires et de la mer
Directeur
15 mai 2024 Pierre ARDILLER Conseil départemental du Nord Directeur général
adjoint solidarité
territoriale
Christelle DARRAS-
TIMMERMAN
Conseil départemental du Nord Directrice ruralité et
environnement
Arnaud CUVILLIER Conseil départemental du Nord Directeur de la voirie
Christian DURLIN Chambre d?agriculture
départementale du Nord
Président
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Hervé PARQUET Chambre d?agriculture
départementale du Nord
Directeur adjoint
Alice DUFOSSE Chambre d?agriculture
départementale du Nord
Responsable du pôle
agro-environnemental
Simon AMMEUX Fédération départementale des
syndicats d'exploitants
agricoles
Président
Mathieu DEWAS Direction régionale de
l?environnement, de
l?aménagement et du logement
Directeur adjoint
Marc GREVET Direction régionale de
l?environnement, de
l?aménagement et du logement
Chef de service eau et
nature
Bénédicte LEFEVRE Direction régionale de
l?environnement, de
l?aménagement et du logement
Chargé de mission
Service des espaces
naturels
Anne-Sophie DELSAUX Direction départementale des
territoires et de la mer
Cheffe de service SEA
Hélène SOLVES Direction départementale des
territoires et de la mer
Cheffe de service des
espaces naturels
Rachida JOETS Direction départementale des
territoires et de la mer
Instructrice des projets
Pierre VILLERVAL Direction départementale des
territoires et de la mer
Chargé de mission
grand projet
Dunkerquois
21 mai 2024 Loïc OBLED Office français de la biodiversité Directeur général
délégué
Patrick BERTRAND Office français de la biodiversité Directeur régional
Hauts-de-France
Pierre-Louis LEFEVER Office français de la biodiversité Chef de service,
direction de la police et
du permis de chasser
23 mai 2024 Renaud GARBÉ CDC Biodiversité Directeur agence
Hauts-de-France
Fanny WATEBIER Communauté urbaine de
Dunkerque
Directrice générale
adjointe
Xavier DAIRAINE Communauté urbaine de
Dunkerque
Chargé des projets
stratégiques
Alexandre POULAIN Communauté urbaine de
Dunkerque
Chargé de mission
qualité de vie-
environnement
Arnaud GRAVES Conservatoire du littoral Délégué de rivages
Manche Mer du Nord
Maurice GEORGES Grand port maritime de
Dunkerque
Président du directoire
Catherine BARON Grand port maritime de
Dunkerque
David LEFRANC Grand port maritime de
Dunkerque
Directeur de
l?aménagement et de
l?environnement
Virginie HURTEVENT Grand port maritime de
Dunkerque
Département
développement,
prospective et
environnement
Émilie PETIPREZ Grand port maritime de
Dunkerque
Gestion des recettes et
contrats
27 mai 2024 Nicolas TRIFT Direction générale des
infrastructures, des transports
et de la mer
Sous-directeur des
ports et du transport
fluvial
Stéphanie CUBIER Direction générale des
infrastructures, des transports
et de la mer
Sous-directrice adjointe
des ports et du
transport fluvial
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Marie-Laure BAILLY-MAITRE Direction générale des
infrastructures, des transports
et de la mer
Cheffe du bureau de la
réglementation
portuaire
Nyls de PRACONTAL Conseil national de la
protection de la nature
Président de la
commission espèces et
communautés
biologiques
Maxime ZUCCA Conseil national de la
protection de la nature
Vice-président de la
commission espèces et
communautés
biologiques
28 mai 2024 Jean-Christophe BENOIT CDC Biodiversité Directeur du
développement
territorial et renaturation
29 mai 2024 Charlotte CATEL Conseil régional Hauts-de-
France
Conseillère du
Président
Entgren SHEHU Conseil régional Hauts-de-
France
Directeur général
adjoint, en charge du
pôle territoires et
transition, agriculture,
biodiversité, eau
Fanny MILBLED Conseil régional Hauts-de-
France
Directrice adjointe eau
et biodiversité
Patricia LECOEUVRE Conseil régional Hauts-de-
France
Chargée des stratégies
régionales
Jean-Luc BARDEN Confédération paysanne du
Nord
Agriculteur
Antoine JEAN Confédération paysanne du
Nord
Trésorier
Stéphane BLAISET Coordination rurale du Nord Président
François VIOLET Coordination rurale du Nord Vice-président
Hervé RIVELET Coordination rurale du Nord Agriculteur
Denis DEFRESNE Coordination rurale du Nord Agriculteur
Antoine DELEFORTRIE Jeunes agriculteurs du Nord et
du Pas de Calais
Secrétaire général
Quentin DESTOMBES Jeunes agriculteurs du Nord et
du Pas de Calais
Ancien président
David MEURILLON Fédération départementale des
syndicats d'exploitants
agricoles
Président FDSEA du
Nord
Laurent DECLERCQ Fédération départementale des
syndicats d'exploitants
agricoles
Représentant FDSEA
Lou SAVOYE Fédération départementale des
syndicats d'exploitants
agricoles
Juriste
Francis VERMERSCH SAFER Représentant du Nord
Jean-Baptiste MADOUX SAFER Chef du service du
Nord
31 mai 2024 Judith JIGUET INGEROP Directrice écologie et
stratégie
3 juin 2024 Laurent PIERMONT Printemps des terres
Pascal BERTEAUD CEREMA Directeur général
Colette DALLE FRATTE CEREMA Directrice adjointe
Thomas SCHWAB CEREMA Chef de projet ERC,
Zones humides,
Continuité écologique
5 juin 2024 Isabelle MATYKOWSKI Agence de l?eau Artois Picardie Directrice générale par
interim
Arnaud DELAYE Agence de l?eau Artois Picardie Directeur
qualification/programme
Ludovic LEMAIRE Agence de l?eau Artois Picardie Chef de mission littoral
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Patricia LEFEVRE Agence de l?eau Artois Picardie Mission Littoral
Nicolas FOURNIER ADELPHA Président
Michel MARIETTE ADELPHA Vice-président
6 juin 2024 Michel PERRET Direction générale de
l?aménagement, du logement et
de la nature
Direction eau et biodiversité
Chargé de mission
auprès du sous-
directeur, Élaboration
procédure agrément
site naturels de
compensation
10 juin 2024 Louis FLEURET Ministère de l?économie, des
finances et de la souveraineté
industrielle
Direction générale de
l?économie
Directeur de projet
industrialisation
Lucas GRAVIT Ministère de l?économie, des
finances et de la souveraineté
industrielle
Direction générale de
l?économie
Chef de projet DGE en
charge de la
réindustrialisation
11 juin 2024 Laurent MICHEL Autorité environnementale Président
Gilles CROQUETTE Autorité environnementale Inspecteur
13 juin 2026 Chloé ASTIER EDF Responsable pôle
séquence
réglementaire
Caroline DIONISI EDF Directrice « permitting »
projets nucléaires
Aurélien BRIETZ Parc naturel régional des Caps
et Marais d?Opale
Directeur adjoint
Arnaud BOULANGER Parc naturel régional des Caps
et Marais d?Opale
Chef de service
patrimoine naturel
14 juin 2024 Brian PADILLA Museum national d?histoire
naturelle
Chercheur
Cantat LAMPIN RTE Délégué régional
Hauts-de-France
Anne-Marie REYNARD RTE Directrice du centre
développement et
ingénierie Hauts-de-
France
Cyril WAGNER RTE Directeur adjoint du
centre développement
et ingénierie Hauts-de-
France
Perrine LARY-MOISON RTE Responsable pôle
juridique
17 juin 2024 Catherine BARDY Etablissement foncier des
Hauts de France
Directrice générale
18 juin 2024 Marion BARDY INRAe Directrice appui aux
politiques publiques
Claude NAPOLEONE INRAe Economiste
Claire ETRILLARD INRAe Juriste, coordinatrice
projet CompAg
Isabelle PION INRAe Transition agricole
Isabelle DOUSSAN INRAe Juriste
26 juin 2024 Björn DESMET DRAAF Hauts-de-France Directeur
Jean-Michel POIRSON DRAAF Hauts-de-France Directeur adjoint
2 juillet 2024 Muriel GOZAL SAFER Directrice générale
Nicolas AGRESTI SAFER Directeur des études
PUBLIÉ
Annexe 3. Glossaire des sigles et acronymes
Acronyme Signification
Ae Autorité environnementale
AEAP Agence de l?eau Artois Picardie
CCHF Communauté de Communes des Haut de Flandres
CD Conseil départemental
CDC biodiversité Caisse des dépôts et consignations biodiversité
CDL Conservatoire du littoral
CELRL Conservatoire de l'espace littoral et des rivages lacustres
CEN Conservatoire d?espaces naturels
CEREMA
Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement,
la mobilité et l'aménagement
CGAAER
Conseil général, de l?alimentation, de l?agriculture et des
espaces ruraux
CJUE Cour de justice de l?Union européenne
CLE Commission locale de l?eau
CNPN Conseil national de la protection de la nature
COZIP Comité des zones industrialo-portuaires
CSRPN Conseil scientifique régional du patrimoine naturel
CUD Communauté urbaine de Dunkerque
DDTM Direction départementale des territoires et de la mer
DEB Direction eau et biodiversité
DGALN
Direction générale de l?aménagement, du logement et de la
nature
DGPE
Direction générale de la performance économique et
environnementale
DREAL
Direction régionale de l?environnement, de l?aménagement et
du logement
ENAF Espaces naturels, agricoles et forestiers
ENS Espaces naturels sensibles
EPCI Etablissement public de coopération intercommunale
EPF Etablissement public foncier
EPIC Etablissement public à caractère industriel et commercial
EPR Evolutionary power reactor
ERC Eviter-Réduire-Compenser
EVP Equivalent vingt pied
FDSEA
Fédération départementale des syndicats d?exploitants
agricoles
FNSEA Fédération nationale des syndicats d?exploitants agricoles
PUBLIÉ
GES Gaz à effet de serre
GPMD Grand port maritime de Dunkerque
IAA Industries agro-alimentaires
IGA Inspection générale de l?administration
IGEDD
Inspection générale de l?environnement et du développement
durable
IIW Institution intercommunale des wateringues
MAEC Mesures agro-environnementales et climatiques
MASA Ministère de l?agriculture et de la souveraineté alimentaire
MNHN Muséum national d?histoire naturelle
MRAe Mission régionale d?autorité environnementale
MTECT
Ministère de la transition écologique et de la cohésion des
territoires
OFB Office française de la biodiversité
ONF Office national des forêts
ORE Obligations réelles environnementales
PAC Politique agricole commune
PAP Plan d?accompagnement du projet
PENE Projet d?envergure nationale ou européenne
PLU Plan local d?urbanisme
PLUi Plan local d?urbanisme intercommunal
PNR Parc naturel régional
RTE Réseau de transport d?électricité
SAGE Schéma d?aménagement et de gestion de l?eau
SAU Surface agricole utile
SCoT Schéma de cohérence territoriale
SDAGE Schéma départemental d?aménagement et de gestion de l?eau
SDPN Schéma directeur du patrimoine naturel
SNC Site naturel de compensation
SNCRR
Site naturel de compensation, de restauration et de
renaturation
SRADDET
Schéma régional d'aménagement, de développement durable
et d'égalité des territoires
SRCE Schéma Régional de cohérence écologique
VNF Voies navigables de France
ZAN Zéro artificialisation nette
ZEC Zone d?expansion de crue
ZIA Zone industries d?avenir
ZIBAC Zones industrielles bas carbone
ZIP Zone industrialo-portuaire
PUBLIÉ
ZPENS Zone de préemption des espaces naturels sensibles
ZGI Zone grandes industries
PUBLIÉ
Annexe 4. : Le système des Wateringues, exutoire des
bassins versants de l?Aa et de la Hem
Situé en Flandre maritime, sur environ 100 000 hectares, le territoire des Wateringues correspond
à l?ancien delta de l?Aa, inscrit dans le triangle Saint-Omer, Calais, Dunkerque. L?Aa est un fleuve
côtier qui prend sa source à Bourthes dans les collines de l?Artois. Il se répand ensuite dans le
marais audomarois, se faufile par le goulet de Watten, s?écoule dans la plaine maritime (delta de
l?Aa) et se jette enfin dans la mer du Nord à Gravelines. La Hem est son principal affluent. Elle
rejoint directement les Wateringues à Hennuin. D?autres petits cours d?eau, recueillant les eaux
ruisselant sur les pentes des collines de l?Artois et de Flandre intérieure, viennent également
épandre leurs eaux sur le delta. Les exutoires à la mer des Wateringues se situent dans les ports
de Calais, Gravelines et Dunkerque. À l?est de Dunkerque, la gestion des eaux est transfrontalière
et se traduit par des échanges d?eaux avec nos voisins flamands.
La plaine maritime flamande française, telle qu?elle est organisée aujourd?hui, est le résultat d?une
forte action anthropique qui s?inscrit dans le temps long afin, à la fois, de la protéger des incursions
marines, de drainer des terrains qui se trouvent au-dessous des pleines mers de vives eaux, et
enfin d?irriguer les terres agricoles qui, sans ces travaux, seraient des zones humides ou lagunaires.
Ainsi, de Saint-Omer à Watten, l?Aa traverse le marais audomarois, vallée de niveau inférieur à
celui des pleines mers de vives-eaux et distante de plus d?une vingtaine de kilomètres de la mer.
Le fond alluvial de cette vallée, autrefois soumis aux divagations et inondations de l?Aa aujourd?hui
canalisé, est occupé par des tourbières dont l?ancienne exploitation a donné naissance à des
étangs. Le marais audomarois est répertorié au titre de la convention de Ramsar et prochainement
réserve de biosphère de l?Unesco. Une partie du marais est connectée au réseau de Voies
navigables de France (VNF) tandis que l?autre fonctionne en circuit fermé. Au-delà de Watten, l?Aa
atteint la plaine flamande et se divise en plusieurs bras. Ceux-ci ont souvent guidé le tracé des
canaux que l?on a creusés pour drainer la plaine.
Figure 1 : Carte du territoire des Wateringues et des bassins versants. Source : IIW
Le terme même de wateringues apparaît au XIIIe siècle, mais le réseau se constitue dès la fin du
XIIe siècle sous l?autorité du comte de Flandre Philippe d?Alsace. Les sections de wateringues
créées par décret impérial en 1806 pour celles du Nord, et en 1809 pour celles du Pas-de-Calais
ont joué et jouent encore un rôle clé dans l?entretien régulier des canaux et dans la gestion de
l?équilibre des niveaux d?eau au sein du delta qui forme un triangle entre Dunkerque, Calais et
Saint-Omer. S?est donc constitué, depuis le Moyen-Âge, un hydrosystème complexe, largement
artificialisé et en partie navigable, qui a nécessité une grande maîtrise des niveaux d?eau, d?où la
multitude des ouvrages hydrauliques présents sur le polder : vannes, barrages, clapets, siphons,
ouvrages partiteurs, pompes à la mer, pompes de relevage intermédiaire, etc.
PUBLIÉ
Au total, le système hydraulique des wateringues comprend des milliers de kilomètres de fossés
d?assainissement privés dans les parcelles, 1 600 km de canaux d?évacuation des eaux d?intérêt
collectif appelés watergangs, 100 stations de pompage intermédiaires rejetant dans les canaux
principaux dans l?Aa et dans les canaux de navigation ainsi que 12 stations de permettant de rejeter
à la mer. Le système hydraulique des wateringues fonctionne à 85 % de manière gravitaire mais
le recours aux stations de pompage est de plus en plus fréquent, comme le montrent les
inondations de 2023 (50 % de l?eau évacuée par pompage).
Figure 2 : Carte de synthèse du delta de l?Aa. Source IIW
Figure 3 : les sections de Wateringues dans le bassin versant de l?Aa. Source IIW, AGUR
PUBLIÉ
Annexe 5. Atlas cartographique
Figure 1 : Carte du SCoT Flandre-Dunkerque (Source : SCoT Flandres Dunkerque)
PUBLIÉ
Figure 2 : Carte résumant les enjeux environnementaux et climatiques sur le territoire de la CUD
(source : PLU ? Evaluation environnementale)
PUBLIÉ
Figure 3 : le Bassin Versant de l?Aa et son delta (Source : Smage Aa)
Figure 4 : Carte des SAGE Artois Picardie (Source : Gest?eau)
PUBLIÉ
Figure 5 : Carte des aménagements portuaires (source : GPMD)
PUBLIÉ
Figure 6 : le SDPN du GPMD en 2022
PUBLIÉ
Figure 7 : Carte des orientations d?aménagement de la ZIP (source GPMD)
PUBLIÉ
PUBLIÉ
Annexe 6. Évolution du territoire et régression des espaces
naturels
Cette annexe se propose d?évoquer comment l'évolution de l'aménagement du territoire du delta
de l?Aa a progressivement conduit à une régression des espaces naturels et de la biodiversité.
À l?aide d?une série d'analyses visuelles basées sur des cartes et des photos aériennes datant de
1950 à nos jours, l?objectif est de mettre en lumière les transformations significatives subies par
les paysages et le recul constant et difficilement réversible de la nature. Cette annexe vise non
seulement à illustrer quelques types de changements physiques du territoire mais aussi à
comprendre les conséquences du recul de la nature sur les capacités de résilience du territoire.
Depuis le milieu du XIXe siècle, le paysage agricole du polder a connu une mutation profonde,
marquée par la mécanisation et l'intensification des pratiques conduisant au retournement de
prairies, à la suppression des haies et l?agrandissement du parcellaire. Ces changements, loin
d'être anodins, ont conduit à une régression de la biodiversité. En effet, la disparition progressive
des infrastructures agro-écologiques (prairies, mares et haies), qui jouaient un rôle crucial de point
d?appui et de refuge pour la biodiversité, a conduit à l?appauvrissement des habitats et de leur
biodiversité, sans parler des effets négatifs sur la rétention d'eau et la prévention des inondations.
Parallèlement, l'urbanisation croissante et depuis les années 1960 l?extension de la zone portuaire
sur une emprise réservée de 7000 hectares, ont transformé de manière très importante la façade
littorale, cette artificialisation massive étant la principale cause de perte de biodiversité. Le béton,
l'asphalte, et autres surfaces imperméables se sont substitués aux écosystèmes naturels.
L'objectif est donc ici de dépeindre, à l'aide d'exemples concrets et de comparaisons visuelles,
comment l'aménagement du territoire, souvent guidé par des impératifs économiques et sociaux,
et parfois marqué par la méconnaissance des risques naturels, a contribué à façonner un paysage
où la nature a très nettement cédé la place et où l'homme est désormais plus exposé aux risques
naturels (inondations, sécheresses?). Avec ces illustrations, l?objectif est d?illustrer la réalité de
cette perte nette de biodiversité et de sensibiliser à la nécessité de préserver et de conforter si
possible les derniers refuges de nature qui subsistent, grâce à une application mieux anticipée et
plus exigeante de la séquence ERC.
N?oublions pas que la santé des écosystèmes n?est pas sans lien avec la santé humaine et joue
un rôle déterminant dans la résilience des territoires face aux aléas générés par le changement
climatique.
PUBLIÉ
Agrandissement du parcellaire agricole par remembrement, homogénéisation des cultures sur de
grandes surfaces et retrait des infrastructures écologiques (haies, mares, fossés...) déjà
structurellement peu présentes du fait de l?histoire de la poldérisation.
Comparaison de photographies aériennes entre aujourd?hui et 1950, illustrant l?ampleur de
l?artificialisation des sols consécutive au développement des infrastructures du Grand port maritime
de Dunkerque.
PUBLIÉ
Comparaison de photographies aériennes entre aujourd?hui et 1950 - Source IGN - Développement
de l?urbanisation dans le delta de l?Aa en zone rétro-littorale.
Comparaison de photographies aériennes entre aujourd?hui et 1950 - Source IGN - Développement
de l?urbanisation sur le littoral dunaire de la Communauté urbaine de Dunkerque
PUBLIÉ
Annexe 7. Méthodes d?identification des surfaces pouvant
accueillir de la compensation écologique
Etape 1
Sélection zones
intéressantes
compensation (stratégie
d'intervention CDL, zone
préemption ENS,
ZNIEEF de type 1...)
Etape 2
Exclusion des espaces
agricoles, urbains et infras et
des espaces naturels ne
respectant pas les principes
de la compensation
Etape 3
Etude accessibilité foncier et
potentiel écologique
Etape 1
Sélection Zones N du
PLUi
Etape 2
Exclusion des zones N
déjà gérées
Etape 3
Inclusion de zones A et
U à dire d?experts (trame
verte et bleue, terres
souvent inondées,...)
Méthode DREAL-DDT
? A l?initiative préfet
? Approche cartographique
? Périmètre IWW moins
l?Audomarois
PUBLIÉ
PUBLIÉ
Annexe 8. Analyse des avis de l?Ae et de la MRAe sur les
programmes et projets
La faiblesse de la mise en oeuvre de la séquence ERC dans les documents présentés à
l?enquête publique dans le secteur du Dunkerquois.
L?Autorité environnementale note dans ses avis sur les programmes et les projets concernant le
territoire du port, de façon constante et répétée, la faiblesse de la mise en oeuvre de la séquence
ERC : insuffisance de l?état initial, absence de comparaison de scénarios alternatifs, en
conséquence, pas de choix du scénario de moindre impact et au final une évaluation
environnementale peu susceptible d?informer et de convaincre.
1. Concernant le SRADDET49, programme sous la responsabilité de la Région Hauts-de-France,
l?Autorité environnementale souligne dans ses avis de 2019 et de 2024 l?absence de réflexion de
scénarios alternatifs pourtant indispensables pour conduire la séquence ERC. On peut signaler
qu?en 2024 lors de la révision du SRADDET, l?Autorité environnementale indique que la séquence
ERC est mieux traitée, mais l?absence de comparaison de solutions de substitution perdure (p. 18).
Alors même que l?avis indique que le territoire dispose d?une « biodiversité riche mais menacée au
sein d?espaces naturels étendus mais morcelés » (p.33), comment expliquer l?absence de réflexion
sur comment éviter ou réduire les impacts, ni même comment les compenser !
L?Autorité environnementale recommande in fine de clarifier l?effort de réduction de consommation
d?espaces (p.19).
Au-delà du fond, l?Ae juge que, globalement, la lisibilité de l?ensemble des documents est difficile
(page 6).
2. L?avis sur le schéma de cohérence territoriale (SCoT) 50 reprend les remarques sur le
SRADDET de la région Flandre Dunkerque :
? absence puis insuffisance d?analyse de la séquence ERC (p. 8) ;
? indicateurs définis mais sans valeur initiale ni objectifs (p. 8) ;
? absence d?analyse des corridors écologiques notamment intégrant le SDPN du grand port
(p. 14-15) ;
? aucune analyse sur les impacts sur les sites Natura 2000.
3. les avis délibérés sur le projet stratégique 2014/2018 du GPMD 51reprennent ces remarques
La mission régionale d?autorité environnementale (MRAe) ajoute qu?il n?y a pas, dans le projet
stratégique 2020-2024, d?analyse de conformité avec les documents stratégiques SRADDET et
SCoT. De plus, les remarques faites en 2021 sont souvent similaires à celles formulées sur le
document de 2014 :
? pas de séquence ERC, c?est-à-dire une planification plus précise des zones à aménager et
surtout, dès l?évaluation environnementale du plan, une identification des principaux impacts,
des mesures de réduction et d?évitement et une première évaluation des besoins de
compensation, le cas échéant, et ce, sans attendre l?émergence des projets ;
? absence d?indicateurs ;
? pas d?analyse des impacts sur les sites Natura 2000.
49 Schéma régional d'aménagement, de développement durable et d'égalité des territoires (SRADDET) de la région
haute de France : avis MRAe 2019 - 59 ; avis MRAE 2024-013
50 Avis délibéré de la mission régionale d'autorité environnementale Hauts de France sur la révision du schéma de
cohérence territoriale de la région Flandre - Dunkerque (59) n°MRAe 2019 - 3356
51 Projet stratégique 2014 - 2018 du grand port maritime de Dunkerque (59) : avis Ae 2014 - 107
-projet stratégique 2020 - 2024 du grand port maritime de Dunkerque (59) : avis MRAe 2021 - 53 93
PUBLIÉ
4. Les avis de l?Autorité environnementale sur les projets52 soulignent ces mêmes lacunes
avec constance. La mission observe que, lorsque l?évaluation environnementale d?un projet est
modifiée, et qu?un second avis est sollicité (exemple du projet CAP 2020), les modifications
apportées ne sont pas suffisamment substantielles pour que l?avis soit significativement différent.
Par exemple, concernant le choix et le calcul des gains de fonctionnalités des mesures de
compensation, l?Autorité environnementale relève que « les gains de fonctionnalités des mesures
de compensation la destruction des milieux naturels restent imprécis et l?équivalence avec les
milieux détruits n?est toujours pas démontrée en particulier en ce qui concerne les zones humides ».
52
- Projet CAP 2020 avis autorisé à 2023 - 20 et 2023 - 20 - 1
- projet d'aménagement de la zone grande industrie n° 2 avis AE numéro 2023 - 23
- entrepôt Weert Logistic Park XXVIII sur la zone DLI du grand port maritime de Dunkerque à Loon-Plage avis AE
2023 - 29
PUBLIÉ
Annexe 9. SDAGE Artois Picardie et Adour Garonne : deux
approches différentes
Si le projet détruit une zone humide de 10 ha de grande qualité patrimoniale avec des
fonctionnalités optimales et que les terrains possibles de compensation sont constitués de zones
humides dégradées avec un niveau de fonctionnalités de 50 % inférieur à celui des zones humides
détruites par le projet, pour tenir l?objectif d?absence de perte nette de biodiversité, la surface
requise sera au moins du double de la surface détruite majorée, le cas échéant, du coefficient
prévu par le SDAGE Artois Picardie, la compensation se situant de facto dans une fourchette
comprise entre 30 et 60 ha dans le cas d?école choisi.
Cas 1 : si ces terrains de compensation sont bien cartographiés comme zones humides à restaurer
par le SAGE et ce, au sein du même SAGE, alors la surface de compensation sera de 10 ha x 1,5
x 2 = 30 ha soit un coefficient en surface de 1 à 3.
Cas 2 : si ces terrains de compensation sont cartographiés comme zones humides à restaurer
mais dans un SAGE limitrophe, alors la surface de compensation sera de 10 ha x 2 x 2 = 40 ha
soit un coefficient de 1 à 4.
Cas 3 : si les terrains de compensations ne se situent pas dans une zone humide à restaurer
caractérisée par le SAGE, alors la surface de compensation exigible sera de 10 ha x 2 x 3 = 60 ha
soit un coefficient de 1 à 6.
En appliquant les règles du SDAGE Adour Garonne, la surface de compensation serait a minima
de 10 ha x 2 = 20 ha (si la méthode de dimensionnement par l?approche fonctionnelle est bien
documentée).
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Annexe 10. Liste des conventions
? Convention Conseil départemental/Agriculteurs : contractualisation d'indemnisation avec
les agriculteurs.
? Convention Conservatoire du littoral/gestionnaire/agriculteurs : convention d'occupation
temporaire (COTUA).
? Convention Conservatoire du littoral/SAFER : acquisition des terres agricoles.
? Convention Conservatoire du littoral/GPMD/CD 59 : achat de foncier à l'euro symbolique.
? Convention Conservatoire du littoral/GPMD/CD 62 : gestion des mesures compensatoires.
? Convention Conservatoire du littoral/GPMD : dépassement du périmètre de la
circonscription portuaire et sur plusieurs départements.
? Convention Conservatoire du littoral/chambres d'agriculture 59 et 62 : note d'intention sur le
partenariat.
? Convention CDC Biodiversité/SAFER/chambre d'agriculture : prévenir la spéculation
foncière et s'assurer de la mobilisation du foncier pour la compensation.
Photos : mission
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Sommaire
Résumé
Liste des recommandations
Introduction
1 Le Dunkerquois, un contexte particulier
1.1 Le plus grand polder de France : territoire atypique, très aménagé et artificialisé
1.2 Une économie locale basée sur deux piliers : l?activité industrialo-portuaire et un secteur agricole dynamique à forte valeur ajoutée
1.2.1 Le Grand port maritime de Dunkerque, pôle industrialo-portuaire en plein essor
1.2.2 Une agriculture conventionnelle dynamique à forte valeur ajoutée
1.3 Une nature relictuelle dans un environnement fragile et exposé aux effets du changement climatique
2 Une équation foncière complexe et sous tension
2.1 Une discordance « brutale » entre besoins affichés et capacités foncières de compensation, source de crispations du monde agricole
2.2 « Compenser, en proximité immédiate, en évitant les terres agricoles », une équation insoluble
3 Une planification et une anticipation insuffisantes
3.1 Un défaut de prise en compte de la séquence ERC dans les documents de planification
3.1.1 La faiblesse de la mise en oeuvre de la séquence ERC dans les documents présentés à l?enquête publique du secteur du Dunkerquois
3.1.2 Les évaluations environnementales présentées par le GPMD sont le plus souvent jugées de « médiocre qualité » par les autorités environnementales
3.1.3 Un choix plus sélectif des activités industrielles du port et la sobriété foncière des entreprises du GPMD sont des préalables à des demandes de compensation hors de son territoire
3.2 Assurer la qualité et la pérennité de la politique du GPMD en faveur de la biodiversité
3.2.1 Le GPMD s?était doté d?un schéma directeur du patrimoine naturel dès 2010
3.2.2 En 2024, un SDPN lacunaire
3.3 Massifier la compensation par l?offre
3.3.1 Développer les sites naturels de compensation, de restauration et de renaturation
3.3.2 Instaurer un dispositif de « Réserves Foncières de Compensation agréées »
4 Des marges de manoeuvre de la compensation écologique à utiliser
4.1 Recourir plus largement aux souplesses permises par la réglementation sur les conditions d?application de la compensation écologique
4.1.1 Distinguer les objectifs des conditions de mise en oeuvre de la compensation
4.1.2 En secteur tendu au plan foncier, la condition de proximité fonctionnelle doit pouvoir primer sur la proximité géographique
4.1.3 Assouplir les modalités d?application de la doctrine nationale sur la condition de l?additionnalité
4.2 Un dimensionnement des mesures, sobre au plan foncier, basé sur l?approche fonctionnelle
4.2.1 Le guide de 2021 sur l?approche standardisée du dimensionnement de la compensation propose un cadre harmonisé insuffisamment opérationnel
4.2.2 Des limites d?utilisation de l?interface de dimensionnement des zones humides révisée par l?OFB à clarifier
4.2.3 Des ratios sur les compensations zones humides questionnés
4.2.4 Un cumul de mesures compensatoires sur un même terrain à évaluer
4.2.5 Une exigence de compensation de l?artificialisation de terres agricoles qui questionne.
5 Une stratégie locale de compensation pour le Dunkerquois
5.1 Conforter le SDPN du GPMD
5.2 Des espaces naturels en proximité géographique immédiate à conforter et à enrichir
5.3 Miser sur la proximité fonctionnelle pour élargir le périmètre avec des mesures compensatoires « multifonctionnelles »
5.3.1 Un territoire pertinent élargi
5.3.2 Établir un programme de mesures multifonctionnelles sur ce territoire élargi
5.4 Améliorer la biodiversité en zone agricole avec des mesures compatibles avec les grandes cultures et la gestion hydraulique des wateringues
5.5 Mettre en place un projet d?accompagnement financier pour l?agriculture en synergie de la compensation écologique
5.6 Négocier et mettre en place des modalités de portage du foncier et de gestion des mesures compensatoires compatibles avec le mode de faire-valoir prépondérant
5.7 Mettre en place une gouvernance dédiée
Conclusion
Annexes
Annexe 1. Lettre de mission
Annexe 2. Liste des personnes rencontrées
Annexe 3. Glossaire des sigles et acronymes
Annexe 4. : Le système des Wateringues, exutoire des bassins versants de l?Aa et de la Hem
Annexe 5. Atlas cartographique
Annexe 6. Évolution du territoire et régression des espaces naturels
Annexe 7. Méthodes d?identification des surfaces pouvant accueillir de la compensation écologique
Annexe 8. Analyse des avis de l?Ae et de la MRAe sur les programmes et projets
Annexe 9. SDAGE Artois Picardie et Adour Garonne : deux approches différentes
Annexe 10. Liste des conventions
(ATTENTION: OPTION icipation pour faire progresser la biodiversité sur le site tant que le besoin de compensation
n?est pas confirmé. Il a même été rapporté plusieurs fois à la mission que des zones potentielles
de compensation faisaient l?objet d?entretien réguliers drastiques afin de contenir les dynamiques
naturelles et réprimer la biodiversité afin de maximiser le potentiel de gain écologique valorisable
au titre des compensations. La proposition de la mission permet de prévenir cet effet pervers.
La mission propose d?instaurer un nouveau régime, simplifié, des « réserves foncières de
compensation agréées » qui reposerait sur :
? une surface minimale d?un seul tenant d?une taille critique à déterminer ;
? un état initial de la biodiversité établi sur la base d?un cahier des charges de référence validé
par l?OFB ;
? un avis du CSRPN, l?enregistrement au registre des « réserves foncières de
compensation » n?étant possible qu?avec l?appui d?un avis favorable du CSRPN ;
? un enregistrement (i) géo-référencé du terrain, (ii) de l?étude écologique de l?état initial (iii)
et de l?avis favorable du CSRPN, sur une plateforme de l?OFB, avec délivrance automatique
d?une attestation de déclaration dématérialisée.
Dans ce cas, un maître d?ouvrage pourrait se prévaloir des gains écologiques intervenus depuis le
temps T0 de l?étude d?état des lieux initial déclarée au registre. Cette mesure pragmatique serait
un puissant levier d?anticipation d?une compensation écologique efficace, complémentaire des
SNCRR et qui pourrait in fine faciliter l?émergence ultérieure de SNCRR. Cette recommandation
nécessiterait à minima un décret qui pourrait être fondé sur l?article L. 163-A-1 du code de
l?environnement relatif aux SNCRR.
Recommandation 2. (MTECT/OFB) Créer un dispositif simple d?enregistrement de réserves
foncières de compensation écologique permettant de valoriser les gains écologiques
générés entre la date d?enregistrement et la date de mobilisation du terrain pour une
compensation. Expérimenter ce dispositif dans les Hauts-de-France.
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Juillet 2024 Mission d?appui au préfet du Nord : compensation écologique et
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4 Des marges de manoeuvre de la compensation écologique
à utiliser
4.1 Recourir plus largement aux souplesses permises par la
réglementation sur les conditions d?application de la
compensation écologique
4.1.1 Distinguer les objectifs des conditions de mise en oeuvre de la
compensation
La compensation écologique des projets d?aménagement est prévue par le droit français depuis la
première loi de protection de la nature du 10 juillet 1976. Cette loi a posé les fondements de la
séquence « éviter, réduire, compenser » qui ont été précisés par la loi biodiversité du 8 août 2016.
Parmi les notions juridiques applicables à la compensation, il convient de bien distinguer les
objectifs fixés par la loi, des conditions permettant leur atteinte. S?agissant des objectifs, l?article
L. 110-1 du code de l?environnement précise que la compensation « vise un objectif d?absence de
perte nette de biodiversité, voire tendre vers un gain » alors que l?article L. 163-1 précise que les
mesures compensatoires « doivent compenser, dans le respect de leur équivalence écologique,
les atteintes à la biodiversité ». Ces objectifs fondamentaux, notamment l?équivalence écologique,
ne sauraient souffrir d?exception.
En effet, le guide 2021 sur l?approche standardisée explicite que la vérification de l?équivalence
écologique conditionne en définitive l?atteinte de l?objectif d?absence de perte nette de biodiversité.
L?équivalence écologique se mesure en termes quantitatifs et qualitatifs, d?une part sur la nature
des composantes affectées (mêmes espèces, habitats, fonctions que celles affectées) et d?autre
part sur leur qualité fonctionnelle, c?est-à-dire leur rôle au sein de l?écosystème affecté. L?atteinte
de l?équivalence écologique est un objectif transversal aux différentes étapes de l?approche
standardisée :
? Il s?agit de s?assurer que les éléments de biodiversité affectés sont compensables, c?est-à-
dire que l?atteinte de l?équivalence écologique est possible.
? Il s?agit de s?assurer de la disponibilité de sites de compensation à proximité fonctionnelle
du site impacté, sans quoi l?équivalence écologique ne peut être atteinte (lien équivalence
écologique et proximité fonctionnelle).
? Il s?agit de garantir que la méthode de dimensionnement implique bien d?établir que les gains
prédits sont supérieurs aux pertes. Pour ce faire, pertes et gains doivent être caractérisés
de la même manière, sans quoi l?équivalence écologique ne pourrait être évaluée.
L?équivalence écologique est considérée comme atteinte dès lors que toutes les espèces, habitats
et fonctions subissant des impacts résiduels significatifs, après mise en oeuvre des actions
d?évitement et réduction des impacts, ont fait l?objet de mesures de compensation visant les mêmes
espèces, habitats ou fonctions (voir p. 97 du guide 2021).
Au terme de ses entretiens, la mission considère que deux conditions de mise en oeuvre de
la compensation doivent pouvoir donner lieu à des appréciations assouplies de nature à
faciliter la mise en oeuvre d?une stratégie locale de compensation adaptée aux tensions
foncières qui caractérisent le Dunkerquois. Il s?agit de la condition de proximité et de la
condition d?additionnalité.
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4.1.2 En secteur tendu au plan foncier, la condition de proximité
fonctionnelle doit pouvoir primer sur la proximité géographique
Un fondement indirect de la proximité fonctionnelle par les textes européens :
Ni la directive relative à l?évaluation environnementale des plans programmes (Directive
2001/42/CEE), ni celle relative à l?évaluation environnementale des projets (Directive 2011/92/UE),
ne traitent de la compensation environnementale. Les articles 12 et 16 de la directive 92/43/CEE
dite « habitats » relatifs au système de protection stricte des espèces et à leur dérogation ne
mentionnent explicitement ni les mesures compensatoires ni, a fortiori, ne posent de conditions
relatives aux modalités de mise en oeuvre « en proximité géographique ou fonctionnelle ». Il en est
de même pour la directive 2009/147/CE dite oiseaux, dont l?article 9 relatif au régime de
dérogations aux obligations de protection posées par les articles 5 à 8, ne mentionne pas au
nombre des conditions nécessaires, l?obligation de mettre en oeuvre des mesures compensatoires.
Seul l?article 6 relatif aux zones spéciales de conservation fait état de la compensation dans sa
dimension fonctionnelle41.
Toutefois, selon la doctrine de la commission (document d?orientation sur la protection stricte des
espèces animales d?intérêt communautaire d?octobre 2021) et la jurisprudence de la CJUE, des
mesures compensatoires peuvent être mobilisées à condition que leur définition et les modalités
de leur mise en oeuvre ne conduisent pas à remettre en cause l?objectif poursuivi par les directives,
en particulier ceux de garantir fonctionnalité écologique d?un site naturel ou le bon état de
conservation d?une population d?espèce protégée dans son aire de répartition naturelle.
En ce sens, les analyses juridiques de la direction des affaires juridiques du MTECT consultées
confirment que les textes européens abordent la proximité dans une approche fonctionnelle et que
le non-respect de la condition de proximité fonctionnelle de la compensation écologique découlant
des dispositions des directives « habitats » et « oiseaux » contreviendrait à l?exigence issue du
droit européen de ne pas remettre en cause la fonctionnalité des sites Natura 2000 ou l?état
favorable de conservation des population d?espèces protégées à l?échelle de leur aire de répartition.
Le cadre législatif modifié en 2023 consacre la notion de proximité fonctionnelle :
L?article 15 de la loi n°2023-973 du 23 octobre 2023 dite loi industrie verte a consacré la notion de
proximité fonctionnelle qui doit permettre, dans les zones sous tension foncière comme le
Dunkerquois, de s?affranchir d?une condition stricte de proximité géographique immédiate que les
services instructeurs ont encore parfois tendance à exiger.
Dans son alinéa 4, l?article L. 163-1 prévoit désormais que « Les mesures de compensation sont
mises en oeuvre en priorité sur le site endommagé ou, en tout état de cause, en proximité
fonctionnelle avec celui-ci afin de garantir ses fonctionnalités de manière pérenne. Une même
mesure peut compenser différentes fonctionnalités. ».
La proximité fonctionnelle, notion précisée par la doctrine, est fondée sur des déterminants
écologiques liés à la viabilité des populations ou sous-populations d?espèces à l?échelle de
leur aire de répartition :
? guide 2021 page 58 : « à proximité fonctionnelle, c?est-à-dire intégré dans la même zone
naturelle et accessibles aux mêmes (sous)-populations d?espèces, si les mesures de
compensation ne peuvent être mises en oeuvre sur le site impacté ou à proximité
immédiate » ;
41 « ?4. Si, en dépit de conclusions négatives de l?évaluation des incidences sur le site et en l?absence de solutions
alternatives, un plan ou projet doit néanmoins être réalisé pour des raisons impératives d?intérêt public majeur, y
compris de nature sociale ou économique, l?Etat membre prend toute mesure compensatoire nécessaire pour
assurer que la cohérence du site Natura 2000 est protégée ».
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? guide 2021 page 29 : « Condition selon laquelle les mesures de compensation sont mises
en oeuvre en priorité au plus près du site endommagé et dans tous les cas en proximité
fonctionnelle et au sein de la même zone naturelle ».
La zone naturelle est une région présentant des caractéristiques homogènes et similaires aux sites
affectés d?un point de vue physique et d?un point de vue de l?occupation humaine. Pour les espèces,
la proximité fonctionnelle fait appel à la capacité de déplacement des espèces. En ce qui concerne
les fonctions écologiques, la proximité fonctionnelle est atteinte quand la fonction considérée
concerne le même élément de biodiversité que celui affecté, par exemple la même population ou
sous-population, la même ressource en eau, le même bassin versant.
La fiche n°13 des lignes directrices nationales sur la séquence ERC d?octobre 2013 offre
des marges de manoeuvre que la mission propose de mobiliser pleinement afin de définir la
zone naturelle de référence pour compenser les impacts des projets industriels du
Dunkerquois.
« Pour chaque projet, en l?absence de préconisation régionale particulière, le périmètre de la zone
naturelle est défini par le maître d?ouvrage selon un argumentaire précis circonstancié et en
concertation avec les acteurs du territoire, et doit être validé par le service instructeur. Il peut ne
pas recouper les limites administratives. La proximité recherchée doit permettre d?assurer le
maintien d?un même niveau de services rendus par les écosystèmes aux populations locales
impactées (cf. infra). Certains facteurs peuvent justifier un éloignement modéré par rapport à la
zone impactée, si des arguments démontrent que cet éloignement favorise l?atteinte de
l?équivalence écologique (cf. supra). Exemples de facteurs : une plus forte probabilité d?atteinte des
objectifs sur un terrain plus éloigné (liée par exemple à une meilleure connectivité de la mesure
compensatoire avec d?autres milieux) ; la perspective de déplacement des populations des
espèces visées du fait du changement climatique ; la forte probabilité que des terrains favorables
situés à proximité de la zone impactée soient impactés ».
4.1.3 Assouplir les modalités d?application de la doctrine nationale sur la
condition de l?additionnalité
La notion de l?additionnalité, définie par la doctrine, impose qu?une compensation apporte une plus-
value au regard de mesures ou de politiques environnementales déjà existantes. En d?autres
termes, une mesure compensatoire est additionnelle lorsqu?elle génère un gain écologique pour le
site de compensation qui n?aurait pas pu être atteint en son absence.
Comme le soulignait déjà la mission inter-inspection de 2021, son application stricte, peut ne pas
permettre d?assurer la synergie des politiques entre elles en zones foncières tendues où la
réalisation des mesures ERC, et en particulier de la compensation, devient une gageure.
Dans ses conclusions, la mission de 2021 suggérait déjà : « Dans certaines zones tendues et
denses, l?application du principe d?additionnalité sur certains espaces naturels existants pourrait
être assouplie au cas par cas dès lors que la plus-value écologique de la compensation, au regard
de la mesure écologique existante, serait mesurée, spécifiquement financée, contrôlée et garantie
dans le temps et que sa réalisation serait sinon moins efficace écologiquement, les éléments
probants en étant apportés par le maître d?ouvrage dans l?étude d?impact. ».
Or, la mission observe que les Lignes Directrices ERC de 2013 (fiche n°14) offrent déjà des marges
de manoeuvres notables :
« Dans tous les cas, les mesures compensatoires doivent être additionnelles aux actions publiques
existantes ou prévues en matière de protection de l?environnement (plan de protection d?espèces,
instauration d?un espace protégé, programme de mesure de la directive-cadre sur l?eau, trame
verte et bleue, etc.). Elles peuvent conforter ces actions publiques (en se situant par exemple sur
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le même bassin-versant ou sur un site Natura 2000), mais ne pas s?y substituer. L?accélération de
la mise en oeuvre d?une politique publique de préservation ou de restauration, relative aux enjeux
impactés par le projet, peut être retenue au cas par cas comme mesure compensatoire sur la base
d?un programme précis (contenu et calendrier) permettant de justifier de son additionnalité avec
l?action publique. »
La mission constate donc que les lignes directrices de 2013 abordaient déjà la condition
d?additionnalité administrative avec souplesse en acceptant le principe que les mesures
compensatoires puissent, au cas par cas, accélérer la mise en oeuvre d?une politique publique de
préservation ou de restauration existantes sur le terrain proposé en compensation.
Par ailleurs, dans les projets de décrets du dispositif SNCRR mis en consultation le 29 mars 2024,
l?article 2 modifiant l?article D. 163-1 du Code de l?Environnement propose désormais une définition
de cette additionnalité : « Il est additionnel (le gain écologique) à celui obtenu par la mise en oeuvre
des opérations de restauration écologique ou de développement d?éléments de biodiversité sur le
site considéré qui sont rendues obligatoires ou qui sont déjà engagées à l?aide de budgets publics
en faveur de la biodiversité. Dans ces cas, le calcul du gain écologique d?un site naturel de
compensation, de restauration et de renaturation décompte la part de gain écologique provenant
des opérations de restauration rendues obligatoires ou engagées à l?aide de budgets publics en
faveur de la biodiversité. Les critères permettant de répondre à l?ensemble de ces exigences sont
fixés par un arrêté du ministre chargé de l?environnement ».
Cette définition, si elle est in fine validée, et si elle est applicable au-delà du seul cadre des SNCRR,
n?est plus une simple interprétation de l?objectif d?absence de perte nette. La définition semble
précise et raisonnable, car en faisant état d?opérations obligatoires ou déjà engagées à l?aide de
budgets publics en faveur de la biodiversité, elle confirme la possibilité de prolonger et d?accélérer
des actions publiques, pour peu que les mesures ne soient pas obligatoires et ne soient pas déjà
engagées ou déjà programmées et financées.
A cet égard, la mission a examiné les doctrines nationales d?accueil de la compensation écologique
appliquée respectivement par le Conservatoire de l?espace littoral et des rivages lacustres (CELRL)
et par l?Office national des forêts (ONF). Ces deux établissements publics sont gestionnaires de
patrimoines fonciers naturels appartenant à l?Etat. Le caractère inaliénable des terrains du CELRL
tout comme des forêts domaniales gérées par l?ONF, et la gestion publique de très long terme dont
ces terrains bénéficient, sont un gage précieux de pérennité des mesures compensatoires
écologiques qui rendent ces terrains attractifs pour les maîtres d?ouvrages en quête de sites
d?accueil de la compensation écologique. Aussi, les deux opérateurs ont établi des principes
directeurs de l?accueil de mesures compensatoires sur leurs terrains depuis déjà plus de 10 ans.
La mission a examiné comment ces principes directeurs traitaient de la condition d?additionnalité
de façon opérationnelle.
Le conservatoire du littoral, dans sa note d?orientation validée par son conseil d?administration
du 1er octobre 2015, aborde la question de l?additionnalité de façon très sobre. Il reconnaît l?intérêt
de recevoir des mesures compensatoires pour accélérer la mission de protection du tiers naturel à
horizon 2050 par des acquisitions additionnelles à celles permises par son budget d?intervention,
et par ailleurs, « d?accroitre le niveau de qualité des sites déjà placés sous sa protection ». Selon
cette note d?orientation, l?acquisition foncière de milieux naturels, en vue de leur protection définitive
et associée à la réalisation d?actions de gestion est considérée comme une mesure compensatoire
susceptible d?être opérée par le conservatoire du littoral. La note d?orientation admet aussi, dans
une approche très souple de l?additionnalité, que la compensation puisse concerner des travaux
de restauration ou d?aménagement sur des terrains déjà propriété du Conservatoire, voire même
la gestion pérenne du site, sans plus de précision.
L?Office national des forêts (ONF) : le guide compensation écologique en forêt domaniale du
26/09/2019 préconise d?identifier les zones potentielles de compensation dès l?élaboration des
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aménagements forestiers (plans de gestion sur 20 ans) sans que cela ne contrevienne au principe
d?additionnalité. La mission observe que cette orientation, qui participe utilement de l?anticipation
et de la planification des mesures compensatoires, est à encourager. Par ailleurs, dans le guide
ONF, l?aménagement forestier détermine le scénario de référence qui permet d?évaluer le respect
du principe d?additionnalité, et que les actions explicitement conditionnées à l?obtention de
financements contractuels ou bien non prévues dans l?aménagement mais compatibles avec celui-
ci, respectent cette condition.
En synthèse, au vu du retour d?expérience du conservatoire du littoral et de l?office national des
forêts, la mission suggère que le MTECT précise la doctrine sur une approche souple et raisonnée
de l?additionnalité sur les bases suivantes.
Pourraient être admises comme mesures compensatoires :
? Des acquisitions de terrains naturels ou forestiers, en vue d?une protection renforcée et
associée à un programme de travaux de génie écologique visant à générer des gains
écologiques. Ce peut être le cas de terrains en zone d?intervention du CELRL à transférer
dans le domaine propre du Conservatoire, des terrains enclavés ou contigus aux forêts
domaniales à verser au domaine forestier de l?Etat, des terrains acquis à verser au domaine
public du Département au titre des ENS.
? S?agissant de terrains déjà dans le domaine de ces acteurs de la protection foncière ou
bénéficiant déjà de mesures planifiées en faveur de la biodiversité, à l?exclusion des terrains
sous protection forte, les mesures compensatoires sous forme de travaux de génie
écologique pourront être admises s?il est démontré, au cas par cas, quelles n?étaient pas
inscrites au plan de gestion approuvé tout en restant compatibles avec ce dernier, qu?elles
étaient inscrites au plan de gestion mais conditionnées à des financements contractuels,
ou bien qu?elles permettent d?anticiper la réalisation d?actions planifiées au-delà d?une
période à déterminer qui pourraient être fixée à 5 ans, la majorité des plans de gestion ayant
une durée de validité de 10 à 15 ans.
Ces dispositions ne doivent cependant pas conduire à ce que les établissements publics ne
bénéficient plus des financements de base pour assurer la gestion durable y compris écologique
des territoires qui leur sont affectés.
4.2 Un dimensionnement des mesures, sobre au plan foncier, basé
sur l?approche fonctionnelle
4.2.1 Le guide de 2021 sur l?approche standardisée du dimensionnement
de la compensation propose un cadre harmonisé insuffisamment
opérationnel
Les rapports du Sénateur Ronan Dantec (2017)42 et celui des députées Nathalie Bassire et
Frédérique Tuffnell (2018)43 relevaient le caractère hétérogène des dossiers, facteur de complexité
pour l?instruction par les services de l?Etat, et facteur d?incompréhensions, d?appréciations
hétérogènes et jugées arbitraires, de navettes, de pertes de temps et de coûts.
En réponse aux recommandations de ces parlementaires, l?approche standardisée du
dimensionnement de la compensation écologique, guide édité par le MTECT avec le concours de
42 https://www.senat.fr/rap/r16-517-1/r16-517-11.pdf
43 https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/rapports/cion-dvp/l15b1096_rapport-information
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l?OFB et du CEREMA en 202144, propose un cadre national pour concevoir et dimensionner les
mesures de compensation. Il apporte incontestablement une première réponse au besoin
largement exprimé par les acteurs impliqués dans la mise en oeuvre de la séquence ERC,
d?harmoniser et d?améliorer les pratiques de compensation.
Pour autant, la mission a pu observer à lecture des avis récents du CNPN ou lors de ses auditions,
les difficultés persistantes découlant de la diversité des méthodes qui compliquent les processus
d?élaboration puis d?instruction des dossiers de compensation, les parties prenantes devant
commencer par appréhender la méthodologie adoptée par le maître d?ouvrage ou son bureau
d?étude, ses fondements scientifiques, puis décrypter les conventions adoptées pour la paramétrer
et pondérer les fonctionnalités.
Chaque bureau d?étude a en effet développé sa propre méthode qui participe de son fonds de
commerce. Ces méthodes diverses et aux sous-jacents parfois opaques génèrent aussi une forme
d?inéquité entre porteurs de projets et un sentiment d?arbitraire.
En 2021, la production du guide sur l?approche standardisée avait constitué, au terme d?une longue
phase de concertation, une marche significative sur la voie de l?harmonisation en fixant les
principes et les étapes incontournables à respecter dans la démarche de dimensionnement pour
s?assurer du respect de l?objectif de gain écologique et d?absence de perte nette de biodiversité.
Ce guide, qui intègre tous types d?espèces, d?habitats et de fonctionnalités, permet de suivre un fil
conducteur structurant l?analyse sans remettre en cause les méthodes existantes. Dès la page 12,
le guide concède ne pas vouloir imposer une méthode de dimensionnement unique au motif qu?elle
pourrait s?avérer inadaptée au regard de la pluralité des procédures et de contextes. Or, force est
de constater que le maquis des 25 méthodes couramment utilisées n?est pas dépendant des
diversités de contexte, mais dépend essentiellement de la diversité de pratiques des bureaux
d?étude, chaque bureau d?étude ayant investi et développé une méthode principale qui fait sa
marque de fabrique.
Afin de faciliter l?appropriation de la démarche de compensation pour tous les maillons du
processus et de garantir un principe d?équité entre les maîtres d?ouvrages, la mission recommande
que l?État opte à moyen terme pour une méthode centrale de dimensionnement de référence pour
les espèces et les habitats protégés, une méthode robuste et évitant l?excès de raffinement source
de complexité. Elle recommande d?aller au-delà du guide de l?approche standardisée et choisir une
méthode pivot de dimensionnement de référence validée par la DGALN après avis du CNPN. La
méthode d?équivalence d?écart de milieu éprouvée par la CDC Biodiversité, filiale d?un opérateur
de l?État, pourrait servir de base de départ après avoir fait l?objet d?une revue par des experts du
CNPN. Dans un souci d?adaptation aux contextes régionaux, le paramétrage de la méthode de
référence préconisée par l?État serait décliné dans chaque région avec l?appui du CSRPN. A court
terme, pour pallier le manque d?opérationnalité du guide, un travail d?approfondissement pourrait
être réalisé afin de définir des typologies d?impacts et de restauration par catégories de milieux afin
de guider plus précisément la déclinaison quantitative et qualitative du dimensionnement. Ce travail
irait de pair avec un retour d?expérience et une revue des méthodes les plus couramment utilisées
en vue de valider un panel réduit de méthodes référencées par l?État, si besoin par grande zone
biogéographique.
Le calibrage des unités de compensation renvoie à la question du dimensionnement de la
compensation mentionné ci-dessus. Le cadre des SNCRR, en cours de définition suite aux
dispositions adoptées par la loi industrie verte, devrait justement donner l?opportunité aux pouvoirs
publics de stabiliser un cadre plus précis et une méthode centrale pour évaluer la plus-value des
actions envisagées au regard des impacts devant être compensés. Sans la définition d?une
méthode centrale de dimensionnement, il ne parait pas possible d?envisager simplement le
44 https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/Approche_standardis%C3%A9e_dimensionnement_compensatio
n_%C3%A9cologique.pdf
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rapprochement entre l?offre et la demande, si la méthode de dimensionnement des UC de la
SNCRR crées par anticipation par l?opérateur de compensation risque d?être radicalement
différente de la méthode d?évaluation des impacts utilisée par le bureau d?étude du maître
d?ouvrage.
La massification souhaitable des SNCRR suppose simplification et transparence dans le
dimensionnement, c?est une raison supplémentaire qui milite pour le développement d?une
méthode de référence unique et opérationnelle.
Enfin, face au déficit d?appropriation des questions relatives à la compensation écologique et à la
complexité du dimensionnement des gains et des pertes de biodiversité, un progrès indubitable
pourrait être obtenu en renforçant l?offre de formation. L?OFB pourrait faire monter en puissance
la formation sur le dimensionnement des mesures compensatoires actuellement dispensée
aux services déconcentrés de l?État et l?ouvrir notamment aux fonctionnaires territoriaux
des collectivités et aux bureaux d?études.
Recommandation 3. (MTECT) Pour faciliter le dimensionnement des mesures
compensatoires (hors zones humides), référencer un nombre réduit de méthodes de
dimensionnement et opter, à terme, pour une méthode pivot de référence.
La mission s?est intéressée au système mutualisé de compensation en vigueur en Allemagne. Un
système à points, intégré dans le fonctionnement des banques de compensation dit « Ökokonto »
permet une analyse de l?équivalence par éco-points contribuant à équilibrer des enjeux de
biodiversité mais en laissant la possibilité de s?affranchir de l?équivalence écologique stricte et de
proximité entre les composantes de biodiversité impactées et compensées. Comme le souligne un
article INRAE de 201945, cette méthode est utilisée en Allemagne hors du cadre de la biodiversité
protégée, mais exclusivement pour la biodiversité ordinaire. Le système français se focalise
aujourd?hui sur la biodiversité protégée dont les modalités de compensation sont proches de nos
voisins allemands. La compensation des atteintes à la biodiversité ordinaire, si elle devait se
développer, pourrait possiblement s?inspirer de ce système à points.
4.2.2 Des limites d?utilisation de l?interface de dimensionnement des
zones humides révisée par l?OFB à clarifier
L?OFB vient de produire une deuxième version du guide national d?évaluation des fonctions des
zones humides, outil de référence pour le dimensionnement des compensations « zones
humides », diffusée sur le site de l?OFB le 6 novembre 2023. S?il ne s?agit pas à proprement parler
d?une méthode de dimensionnement « ex ante », elle permet de dimensionner les mesures de
façon fiable et pertinente à partir du moment où on dispose, en regard des zones humides détruites,
de la connaissance des zones susceptibles de venir en compensation.
Cet outil appliqué dans le polder de l?Aa, générait des besoins de compensations traduites en
équivalent surface entre des coefficients 2 et 3. De l?avis convergent de plusieurs acteurs, cette
version 2 du guide, si elle s?avère plus ergonomique, aurait tendance à majorer les besoins de
compensations, générant in fine des ratios supérieurs à 1 à 3 en surface selon les types de milieux
proposés à la compensation. De l?avis des experts, ce changement découlerait de la prise en
compte de nouvelles fonctionnalités, qui obligeraient, pour être compensées, de mobiliser des
surfaces de compensation supplémentaires.
La mission suggère à l?OFB de préciser les conditions et limites d?usage du guide révisé afin d?éviter
45 Article 2021 Dieckhoff et al sur la compensation mutualisée en Allemagne.
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une inflation des ratios de compensation en surface due à de mauvaises conditions d?utilisation de
l?outil, en s?appuyant sur un retour d?expérience de l?utilisation de l?outil par les bureaux d?études et
les opérateurs de la compensation.
4.2.3 Des ratios sur les compensations zones humides questionnés
Les ratios appliqués par le SDAGE Artois Picardie sont identifiés par certains acteurs comme un
facteur aggravant la tension foncière sur les besoins de compensation. Les ratios prévus par les
SDAGE sont le résultat de choix intégrant plusieurs critères d?ordre techniques, règlementaires et
politiques, opérés par les comités de bassin. La mission rappelle que les SDAGE ont permis
historiquement, notamment avant la loi pour la reconquête de la biodiversité de 2016, de prévoir
un socle d?ambitions pour la restauration de zones humides, dans une période où les méthodes de
dimensionnement de la compensation étaient balbutiantes. Aujourd?hui, la compensation
fonctionnelle tendant à se substituer à la compensation exclusivement surfacique, les SDAGE
abandonnent progressivement les ratios surfaciques. Si la mission constate que le SDAGE Artois
Picardie 2022-2027 a bien substitué des ratios fonctionnels à ses ratios surfaciques, le maintien
de ratios à 150 %, 200 % voire 300 %, a mécaniquement un effet amplificateur de la surface de
foncier à mobiliser pour la compensation.
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SDAGE 2022-2027 SDAGE 2016-2021
Restauration de zone humide au moins
équivalente au plan fonctionnel, sans que la
surface de compensation ne puisse être
inférieure à la surface détruite, et selon un ratio
fonctionnel de :
Compenser l?impact résiduel de son
projet sur les zones humides en
prévoyant par ordre de priorité :
150 % minimum si le site de compensation est dans
la liste des zones humides « à restaurer/réhabiliter »
du SAGE de la zone humide détruite.
La restauration de zones humides
équivalentes sur le plan fonctionnel, à
hauteur de 150 % minimum de la surface
perdue
200 % minimum si le site de compensation se situe
dans une zone humide « à restaurer / réhabiliter »
caractérisée mais dans un SAGE voisin de la zone
humide détruite
300 % dans les autres cas.
Création de zones humides proscrite
Zones humides équivalentes sur le plan
fonctionnel et à hauteur de 100 % minimum
de la surface détruite.
A cet égard, la note de doctrine de la DREAL d?application de la disposition A. 9-5 du SDAGE
relative à la séquence ERC en zones humides46, très didactique, mérite d?être saluée. La mission
note que le paragraphe 3.3. qui traite des ratios du SDAGE, insiste beaucoup sur le fait que les
ratios ne constituent plus des ratios « surfaciques » et en valorise un exemple pour lequel
l?application des ratios SDAGE serait neutre en termes de surface dès lors que le gain de
fonctionnalité sur la zone de compensation serait 1,5 à 3 fois supérieur à la perte sur le site impacté.
Cette configuration nous semble exceptionnelle.
La mission observe que d?autres SDAGE ont fait le choix d?aller plus loin dans l?approche
fonctionnelle avec un effet de sobriété foncière des compensations. C?est le cas du SDAGE Adour
Garonne qui s?appuie sur l?analyse critique des méthodes de compensation de destruction de
zones humides, appliquées en Europe et aux États-Unis, analyse réalisée par le Muséum national
d'histoire naturelle47. Ce retour d'expériences montre que les aménagements à surface équivalente
ne compensent que très partiellement les fonctions hydrologiques et biologiques des milieux
détruits, en raison des risques d'échec de la mesure compensatoire ou d'un décalage temporel
pour atteindre des fonctionnalités opérationnelles. Cette étude recommande l'option de
restauration de zones humides aujourd'hui dégradées, voire de réhabilitation des fonctions plutôt
que leur création ex nihilo, ainsi que l'application d'un niveau de compensation de l'ordre de 150 %
de la superficie pour retrouver un niveau de fonctionnalité équivalente.
Dans le SDAGE Adour Garonne, les mesures compensatoires doivent correspondre à une
contribution au moins équivalente, en termes de biodiversité et de fonctionnalités, à la zone humide
détruite et s'inscrire dans une logique de gain net. Ainsi, le pétitionnaire doit démontrer que la
compensation qu?il propose apporte, pour une surface équivalente supérieure ou inférieure à la
surface de zone humide détruite, une contribution au moins équivalente en termes de biodiversité
et de fonctionnalités (additionnalité écologique). En cas d?absence de cette démonstration, la
compensation est alors effectuée a minima à hauteur de 150 % de la surface perdue. Les mesures
compensatoires doivent être localisées prioritairement dans le bassin versant de la masse d'eau
46 https://www.artois-picardie.eaufrance.fr/IMG/pdf/20220411_doctrine_disposition_a-9.5.pdf
47 MNHN - 2011 source bibliographique : Barnaud, G. & Coïc, B. 2011. Mesures compensatoires et correctives
liées à la destruction des zones humides : revue bibliographique et analyse critique des méthodes.
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impactée, à défaut dans le même bassin versant de gestion ; en cas d'impossibilité technique, une
justification devra être produite.
Aussi, le moment venu, les modalités de compensations du SDAGE pourraient être révisées afin
de privilégier l?approche comparable à celle prévalant dans le bassin Adour Garonne. Pour faciliter
la recherche de mesures compensatoires efficaces sans application de ratios pénalisants, sur la
base de ses analyses, la mission recommande de raisonner à l?échelle de la globalité du bassin
versant de l?Aa et de ne plus appliquer de ratio 1 pour 2 quand une mesure compensatoire zone
humide est accueillie dans le périmètre du SAGE de l?Audomarois pour une zone humide impactée
dans le delta de l?Aa. Il s?agit du même bassin-versant. A titre d?exemple, une destruction de zone
humide de grande qualité patrimoniale peut générer un besoin de compensation de l?ordre de 30
à 60 ha en appliquant les prescriptions du SDAGE Artois Picardie, alors qu?il ne serait que de
20 ha en appliquant les prescriptions du SDAGE Adour Garonne (cf. annexe 9).
Dès lors que la compensation proposée génère un gain écologique équivalent ou supérieur aux
pertes, des coefficients multiplicateurs de fonctionnalités obligatoires de 200 ou 300 %
apparaissent exagérés, le SAGE du delta de l?Aa et SAGE de l?Audomarois traitant du même
bassin-versant.
Recommandation 4. (Préfet/Agence de l?eau Artois Picardie) Réviser le SDAGE pour éviter
l?application de coefficients multiplicateurs entre SAGE d?un même bassin versant.
4.2.4 Un cumul de mesures compensatoires sur un même terrain à
évaluer
Une autre piste favorable à la sobriété foncière renvoie à la superposition de plusieurs mesures
compensatoires sur la même emprise foncière. Le monde agricole semble ouvert à l?idée de la
multifonctionnalité des zones de compensation qui pourraient assurer plusieurs fonctionnalités
différentes et complémentaires. La mission a examiné cette possibilité au regard du droit.
Concernant la superposition des mesures compensatoires « biodiversité », la fiche n°16 des lignes
directrices ERC de 2013 explore les « possibilités de mutualiser le foncier pour plusieurs mesures
compensatoires d?un même projet » en expliquant notamment que « la mutualisation de mesures
compensatoires issues de différentes procédures est possible si les objectifs respectifs sont
respectés et conciliables ». En toute rigueur, rien ne s?oppose donc à ce qu?une même parcelle
puisse accueillir des mesures compensatoires au titre des zones humides et des espèces
protégées. Elle rappelle toutefois, en conformité avec la doctrine nationale ERC, qu?« une même
mesure compensatoire sur une parcelle donnée ne peut pas servir à compenser les impacts issus
de plusieurs projets, ni au même moment, ni dans le temps ».
La superposition de mesures compensatoires issues de projets différents, et a fortiori de maîtres
d?ouvrage différents, n?est donc pas compatible avec la doctrine nationale actuelle. Pour autant,
sur le plan strictement juridique, cela ne semble pas totalement impossible à condition :
? qu'il y ait un arrêté préfectoral modificatif, avec éventuellement transfert de la responsabilité
de la compensation au nouveau pétitionnaire et extinction des obligations du maître
d'ouvrage précédent ;
? que les principes ERC soient respectés (avec notamment un gain écologique suffisant pour
assurer l'équivalence fonctionnelle de tous les projets impactant cumulés concernés).
Dans le contexte foncier sous tension comme le Dunkerquois, le cumul de mesures
compensatoires de projets différents pourrait éventuellement être expérimenté, mais ne devrait
être envisagé qu?en dernier ressort, après avoir mobilisé au préalable la palette des autres
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solutions proposées par le rapport.
4.2.5 Une exigence de compensation de l?artificialisation de terres
agricoles qui questionne.
En exploitant les avis du CNPN et de l?autorité environnementale sur le projet CAP 2020 et les avis
sur les projets antérieurs, la mission observe une évolution des exigences de compensation des
impacts de l?artificialisation des terres agricoles qui pose question.
Dans son avis du 23 mars 2023, le CNPN déplore que le niveau des mesures de compensation ne
permette pas à ce stade de garantir un zéro net de perte de biodiversité pour l?ensemble du projet,
en faisant valoir que « les mesures proposées dans le dossier initial compensent à un taux de
l?ordre de 65 % en surfacique les zones détruites ». Le CNPN suggère au pétitionnaire d?effectuer
une recherche et une identification de zones de compensation complémentaires, le cas échéant
en dehors de la zone de projet, pour atteindre une équivalence minimale de 1/1 en surface et une
absence de perte nette de biodiversité. Selon le CNPN, s?éloigner d?une équivalence de 1/1
contribue à l?artificialisation nette, contraire à la politique nationale du ZAN.
Par ailleurs, l?OFB note que l?étude d?impact souligne que le principal milieu impacté par le projet
CAP 2020 est le milieu ouvert agricole, ce qui pourrait avoir un impact négatif sur certaines espèces
d?oiseaux comme l?alouette des champs ou la bergeronnette printanière.
Ces avis ont conduit à demander de compenser les surfaces agricoles artificialisées par des
mesures d?une surface au moins équivalente, au motif que les terres agricoles artificialisées
pouvaient avoir un intérêt potentiel pour le cycle biologique de certaines espèces d?oiseaux des
champs.
A contrario, la mission constate que le projet de poste RTE de Bourbourg (commune de la CUD)
réalisé sur 5 ha de terres agricoles similaires à celles de CAP 2020, certes sur une moindre surface,
n?a donné lieu à aucune demande de compensation écologique.
La mission a noté que dans son avis sur le projet de SNCRR de Valmagne portée par le bureau
d?étude BIOTOPE, le CNPN s?est montré très réservé pour accepter que des terres cultivées
puissent porter des mesures compensatoires au motif que le potentiel de gain écologique y était
faible, position qui semble peu cohérente avec la demande formulée sur Dunkerque de compenser
l?artificialisation de terres agricoles cultivées au motif qu?elles sont potentiellement support de
biodiversité.
Il importe que le CNPN formule des avis cohérents sur la base d?éléments de doctrine qu?il pourrait
se donner, en lien avec les CSRPN, la mission considérant que des terres agricoles cultivées ne
sauraient donner lieu à des demandes de compensation écologiques si l?étude d?impact n?y révèle
pas la présence effective d?espèces ou d?habitats protégés.
Recommandation 5. (MTECT/CNPN) Etablir des éléments de doctrine au sein du CNPN, en
lien avec les CSRPN, afin de clarifier les attentes en matière de compensation écologique
de l?artificialisation de zones agricoles cultivées.
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5 Une stratégie locale de compensation pour le Dunkerquois
Une stratégie de compensation acceptable par les parties prenantes doit pouvoir reposer sur une
palette d?actions synthétisées dans le schéma ci-après. Elles conditionnent une confiance
retrouvée entre les organisations professionnelles et les maîtres d?ouvrage porteurs de besoins de
compensations, en tout premier lieu le GMPD.
Avant tout, cette stratégie doit pouvoir s?inscrire dans le cadre d?une réflexion territoriale élargie
permise par l?affirmation de la condition de proximité fonctionnelle et mobilisant toutes les marges
de manoeuvre permises par la réglementation.
Il est essentiel, comme l?a initié le préfet du Nord, lors de la réunion de revue de projets du 13 mars
2024, de donner de la visibilité sur les projets, les emprises foncières requises et les besoins
projetés de compensation après mise en oeuvre des actions d?évitement et de réduction des
impacts. C?est naturellement le rôle des plans stratégiques et des documents d?urbanisme, pour
peu qu?ils apprécient les besoins de compensation dans leur évaluation environnementale et qu?ils
délimitent des zones préférentielles de renaturation, comme le prévoient désormais les articles
L. 141-10, L. 151-7, L. 211-1-1 du code de l?urbanisme. En la matière, le GMPD, établissement
public d?État, a une responsabilité particulière qui l?oblige non seulement à produire un plan
stratégique explicite et actualisé lorsque des changements le nécessite, mais aussi de faire la
démonstration, en toute transparence, que son foncier portuaire est bien optimisé, par une
rationalisation des implantations industrielles que par la maximisation de l?internalisation des
mesures compensatoires qui lui incombent.
Par ailleurs, il convient de mettre fin aux démarches opportunistes et désordonnées de captation
de terrains agricoles pour la compensation qui accentuent la spéculation foncière, en arrêtant, sous
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l?égide du préfet, un cadre de gouvernance (cf. partie 5.7.) et de nouvelles règles du jeu
pragmatiques, engageant l?État, les collectivités, les maîtres d?ouvrages, les opérateurs de la
compensation exerçant localement et la chambre d?agriculture. Ces règles du jeu devraient aborder
l?harmonisation des méthodes et doctrines de dimensionnement plus transparentes, et les
modalités concertées d?accueil de mesures en terrain agricole.
5.1 Conforter le SDPN du GPMD
La direction du GPMD indique qu?il reste environ 77 ha de SDPN sur lequel il serait possible
d?installer encore sur le port des mesures compensatoires, et que le reste de la surface du SDPN
est soit déjà engagé par des mesures de compensation précédentes soit peu susceptible d?abriter
de nouvelles mesures.
C?est sur la base de ce constat que le GMPD a engagé en 2023 le projet d?un SDPN-e, visant à
mobiliser des terrains de compensation à l?extérieur du périmètre du port. La mission estime que
le GMPD, en se contentant d?affirmer que son SDPN était saturé de mesures compensatoires, n?a
pas fait la démonstration, pourtant indispensable, qu?il avait optimisé ses réserves foncières, dans
le respect de la démarche ERC, en se donnant les moyens de conforter son SDPN historique par
des surfaces complémentaires. Or, faire la démonstration explicite et partagée avec les acteurs
locaux que le GMPD a fait et continue à faire ses meilleurs efforts pour assumer ses mesures
compensatoires sur son périmètre sera un préalable à l?acceptabilité, le cas échéant, d?une
mobilisation partielle de mesures compensatoires sur des terres agricoles à l?extérieur du port.
Dans cette perspective, la mission considère que le GMPD dispose encore de marges de
manoeuvre qui restent à mobiliser :
? S?il parait difficile de modifier la destination des surfaces pour lesquels des projets sont déjà
connus, en revanche il est encore possible d?optimiser les emprises d?occupation des
terrains concédés aux sociétés utilisatrices de terrains afin de mobiliser les emprises sous-
utilisées, soit pour optimiser des implantations d?infrastructures futures, soit pour mobiliser
ces délaissés pour des mesures compensatoires. Le GMPD a commencé à engager cette
réflexion avec les entreprises utilisatrices, en remettant en cause, par exemple, plusieurs
projets de centrales photovoltaïques au sol projetés initialement. La mission suggère, pour
maintenir le potentiel industriel sur site, que le GPMD fasse ses meilleurs efforts pour
négocier avec les entreprises nouvelles et existantes des surfaces d?installation plus
réduites.
? L?aménagement de chaque site industriel doit pouvoir également donner lieu à des
discussions sur des aménagements écologiques qui pourraient être réalisés sur l?emprise
concédée, compatibles avec l?activité industrielle et qui permettraient de réduire l?impact
environnemental. C?est ainsi par exemple que certaines zones interstitielles liées aux mises
à distance des bâtiments industriels pour raisons de sécurité (18 sites SEVESO) pourraient
probablement accueillir des aménagements en faveur de la nature. On peut aussi penser
aux 135 ha de noues de rétention d?eau qui représentent un potentiel support pour
développer la biodiversité au sein du GMPD comme le mentionne l?étude du CEREMA48.
La direction du port s?est montrée ouverte à ces discussions et il conviendrait d?engager une
discussion avec le CSRPN autour du projet de renaturation des noues et sur son
acceptabilité comme mesure compensatoire ou a minima comme mesure
d?accompagnement de mesures compensatoires à venir. Créer de la nature sur ces noues
ne doit pas être a priori exclu.
48 Impact des techniques alternatives d?assainissement sur la biodiversité - Etude préalable pour l?évaluation de
l?impact des noues - CEREMA.
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? Mais la marge de manoeuvre la plus significative repose sur les réserves foncières non
affectées. Dans le cadre des réflexions engagées de futur plan stratégique, la mission
recommande d?affecter tout ou partie de ces réserves foncières situées dans le port à des
espaces de compensation. La mission a identifié que ces réserves foncières s?étendaient
sur 43 ha et 150 ha. S?ajoutent à cela des zones dont l?industrialisation est programmée
mais ne portant pas de projets à moyen terme (Sud SNF 53 ha, décarbonation « bec de
canard » 52 ha, décarbonation ZIA 20 ha), soit au total 318 ha. Mobiliser tout ou partie de
ces surfaces permettrait d?accroître sensiblement les capacités du GMPD à
internaliser une partie des mesures compensatoires à venir. La mission note que, la
compensation au plus proche des impacts permet le plus souvent d?avoir des coefficients
d?équivalence fonctionnelle permettant de limiter les surfaces concernées. Le coût pour le
port serait alors réduit, les surfaces à rechercher en dehors du port seraient ainsi également
plus limitées. De plus, ces surfaces déjà incluses dans le SDPN donneraient plus de
cohérence et d?efficacité à ce dernier. Le préalable indispensable est d?avoir une meilleure
connaissance du patrimoine naturel de ces terrains, et de la possibilité de les enrichir au
plan de la biodiversité.
Figure n°7 : Zones de réserves foncières du GPMD identifiées par la mission
Le SDPN est un document volontaire du port et les parcelles incluses dans ce SDPN ne
bénéficient pas de protection juridique particulière, notamment au terme de l?engagement
temporel du port lié aux mesures de compensation. La reconnaissance par le préfet en
application du décret 2022-527 du 12 avril 2022 des parcelles du port engagées dans le SDPN
par des mesures de compensation permettrait d?assurer l?avenir de la protection de ces
espaces en y garantissant la pérennité de la conservation de la nature. Aussi, la mission
suggère de considérer comme une mesure d?accompagnement aux prochains projets
industriels d?inscrire les parcelles du SDPN, au cas par cas, en zone de protection forte. Cette
orientation emblématique pour la pérennité de la nature au sein du GMPD, gage de qualité de
la politique du GMPD en faveur de l?environnement, pourrait être valorisée comme mesure
d?accompagnement des mesures compensatoires de ZIA.
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Recommandation 6. (GMPD/Préfet) Réviser le SDPN en étendant sa surface à tout ou partie
des réserves foncières non affectées, aux délaissés d?emprises concédées à des
entreprises, en rendant ce SDPN plus explicite afin d'en faire un véritable document de
gestion des espaces naturels du GPMD, et proposer un classement en protection forte au
sens du décret 2022-527 d?une part significative du SDPN afin de garantir la pérennité des
espaces naturels à préserver et des mesures compensatoires.
5.2 Des espaces naturels en proximité géographique immédiate à
conforter et à enrichir
Dans ce territoire déjà très artificialisé du Dunkerquois, les principaux espaces naturels relictuels
de surface significative font déjà l?objet d?une politique de préservation de la nature, dans le cadre
des stratégies foncières du conservatoire du littoral, de la politique ENS du département du Nord
ou de la politique Natura 2000. Aussi, dans les territoires au foncier en espace naturel très limité,
la mission recommande de ne pas exclure, a priori, des recherches de terrains d?accueil de
mesures compensatoires, les espaces naturels bénéficiant déjà d?une politique de préservation de
la biodiversité, en particulier les zones Natura 2000, les ENS propriétés du département, les
terrains acquis par le conservatoire du littoral, le conservatoire des espaces naturels, les forêts du
domaine de l?État, mais à l?exclusion toutefois des zones sous protection fortes (arrêté de protection
de biotope, réserve naturelle nationale, réserve naturelle régionale, coeur de parc national?).
C?est d?ailleurs bien dans une approche ouverte sur l?additionnalité que la DDTM 59 et le Conseil
départemental 59 examinent, au cas par cas, la possibilité d?accueillir des mesures compensatoires
dans des ENS acquis par le département afin d?y accélérer ou d?y renforcer la mise en oeuvre du
programme d?action de restauration.
Par ailleurs, la mission s?est intéressée à quatre exemples de mesures compensatoires accueillies
par la délégation Manche Mer du Nord du CELRL : le projet Calais-Port 2015, le projet de la vélo-
route n°4 de Roscoff à Kiev, la pose d?une canalisation de gaz naturel entre Loon Plage et Cuvilly
et enfin les travaux d?extension du Grand port maritime du Havre. Dans les quatre situations, la
compensation s?est traduite par une acquisition et une intégration des terrains dans le domaine
propre du conservatoire, associées à des travaux de génie écologique pour générer des gains
écologiques.
Récemment, le conservatoire et le GMPD ont conclu une convention de partenariat par lequel les
mesures compensatoires à venir portées et financées par le GMPD pourront accélérer la mise en
oeuvre de la stratégie foncière du Conservatoire avec 3 priorités :
? l?acquisition de terrains par le GMPD, suivie de la cession au CELRL après travaux de
restauration, à l?euro symbolique puis prise en charge de la gestion pendant la durée de la
mesure compensatoire ;
? le financement par le GMPD d?acquisitions foncières réalisées par le CELRL ;
? la participation du GMPD au financement de travaux de restauration/renaturation sur des
terrains déjà propriétés du CELRL.
Du point de vue de la mission, ces projets de mesures compensatoires menés avec le concours
du conservatoire du littoral ne contreviennent pas au principe d?additionnalité et sont à encourager
pour accélérer la protection foncière du littoral dunaire du Dunkerquois et des zones humides de
l?Audomarois, sous réserve de respecter les conditions rappelées au 4.1.3.
Dans le même esprit que le CELRL, le CD 59 est en mesure de porter une stratégie d?intervention
foncière au sein de ses zones de préemption des espaces naturels sensibles (ZPENS) aux fins de
restaurer des espaces naturels, puis d?en assurer la conservation. Les mesures compensatoires
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pourraient aider le CD 59 à accélérer sa politique d?acquisition de terrains naturels à restaurer en
lui permettant d?agir au-delà de ses propres capacités financières. Par ailleurs, au sein de ses 2
362 ha d?ENS déjà acquis, le CD 59 a identifié 94 hectares répartis sur 12 sites qui pourraient
bénéficier de programmes de restauration plus ambitieux que ceux initialement prévus. Ces
programmes d?action renforcés pourraient être retenus au titre des mesures compensatoires sous
réserve de s?inscrire dans le champ de la doctrine d?additionnalité assouplie proposée par la
mission. Cette doctrine d?additionnalité pourrait être utilement co-construite et testée sur le territoire
du département du Nord, très concerné par le sujet de la compensation en contexte foncier
contraint, en lien étroit avec le MTECT et le CNPN.
La mission rappelle que les analyses foncières de la CUD et de la DREAL évaluent le potentiel de
surfaces d?espaces naturels pouvant constituer des compensations potentielles entre 160 ha et
487 ha, donnée maximale car tous ces espaces n?offrent pas forcément des perspectives de gains
écologiques significatifs justifiant d?en faire des sites d?accueil de mesures compensatoires.
Recommandation 7. (MTECT/préfet) Elaborer une doctrine régionale assouplie de
l?additionnalité utilisant les marges de manoeuvre permises par la réglementation et les
travaux pertinents engagés par la DDTM et la DREAL, en lien avec le CSRPN. Cette doctrine
régionale, une fois éprouvée, pourra contribuer à actualiser la doctrine nationale sur
l?additionnalité.
Dans ces surfaces, il convient d?inclure :
? le produit du travail d?optimisation des réserves foncières du GMPD recommandé par la
mission qui devrait pouvoir conduire à mobiliser une partie des 318 ha complémentaires
visés au 5.1. (non recensées à date par les études CUD et DREAL) ;
? le projet de la CUD de conforter sa ceinture verte en mobilisant des terrains à renaturer sur
son territoire.
Par ailleurs, le projet de SNCRR en gestation dans le Dunkerquois au sein du territoire de la CUD
et sur 344 ha mérite d?être relancé. Il faudrait privilégier un projet multi-sites qui pourrait inclure des
espaces naturels et des terres agricoles victimes de désordres hydrauliques sévères et des zones
humides à restaurer sur un territoire plus large, c?est-à-dire y compris dans la vallée de la Hem et
dans l?Audomarois, avec une aire de service assez large à l?échelle de l?ensemble du bassin
versant de l?Aa. Ce projet devrait associer la chambre d?agriculture très en amont du processus.
Recommandation 8. (GPMD/CUD/CDC Biodiversité) Relancer le projet de SNCRR, initié avec
l?appui de CDC biodiversité, dans une logique multi-sites, en étroite concertation avec la
chambre d?agriculture du Nord Pas-de-Calais.
5.3 Miser sur la proximité fonctionnelle pour élargir le périmètre avec
des mesures compensatoires « multifonctionnelles »
5.3.1 Un territoire pertinent élargi
La mission constate que le sujet des compensations écologiques est abordé à différentes échelles
territoriales selon les acteurs et leurs champs de compétence. Aussi, plusieurs dimensions
territoriales apparaissent sans qu?un périmètre pertinent n?ait jamais vraiment été collectivement
discuté.
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Le périmètre du GPMD était jusqu?à présent un territoire fermé siège de réflexions non partagées
sur des mesures compensatoires qui avaient vocation à s?implanter au sein du SDPN. Les tensions
foncières au sein de la zone portuaire conduisent depuis peu (2023) le GMPD à élargir sa
recherche de terrains de compensation au territoire de la CUD et au littoral du Nord et du Pas-de-
Calais. La CUD a initié une démarche d?identification des zones potentielles de compensation au
sein de son territoire en mobilisant ses communes adhérentes dans une démarche de solidarité
intercommunale. Le conservatoire du littoral, opérateur de compensation, partenaire du GPMD et
de la CUD, recherche des opportunités de compensations à l?échelle de ses périmètres
d?intervention qui excèdent le périmètre de la CUD. La société CDC biodiversité, prestataire de la
CUD et du GPMD, avait entrepris des recherches de terrains à l?échelle du polder de l?Aa.
Par ailleurs, la DREAL, à la demande du préfet, a lancé une étude des zones potentielles de
compensation qui raisonne à l?échelle du périmètre de l?institution des Wateringues, section n°7 de
l?Audomarois exclue, considérant qu?il s?agit là de la zone naturelle de proximité de Dunkerque au
sein de laquelle les critères de proximité fonctionnelle pour la majorité des espèces potentiellement
impactées seraient aisément respectés.
Le territoire du SCoT de la région Flandre-Dunkerque est aussi un territoire à prendre en compte,
car c?est à cette échelle que se jouent les grandes orientations d?aménagement du territoire et se
nouent les relations de coopération.
Enfin, dans un territoire où la gestion de l?eau, notamment de surface, est un enjeu majeur qui
structure les paysages et où la préservation des zones humides est centrale dans les études
d?impacts, la mission considère que le territoire des SAGE est un périmètre important à considérer.
A cet égard, une approche qui se limiterait au territoire du SAGE du delta de l?Aa serait bien trop
restrictive, alors que le SAGE de l?Audomarois constitue la partie amont du bassin versant de l?Aa
avec des relations fonctionnelles indiscutables, au plan hydraulique, piscicole et écologique. Dans
le périmètre de la zone naturelle élargie aux deux SAGE du delta de l?Aa et de l?Audomarois, les
mesures compensatoires du Dunkerquois pourraient être utilement mobilisées pour promouvoir la
préservation des zones humides et des zones favorables à la régulation des crues, en amont du
polder.
Figure n°8 : Extraits de la carte DREAL des zones à dominante humides avec les bassins versants
et les périmètres des SAGE (Source : IIW et AGUR d?après Hydratec)
Aussi, en mobilisant dans son acception la plus large la notion de proximité fonctionnelle, la mission
préconise de raisonner la recherche de mesures compensatoires à une échelle plus large que les
périmètres initialement envisagés par la CUD et l?Etat, incluant l?ensemble du bassin versant de l?
Aa et de ses affluents, soit les périmètres des deux SAGE du delta de l?Aa et de l?Audomarois, à
l?échelle desquels on retrouve des habitats similaires ou proches, et qui recoupent des aires de
répartition de nombreuses espèces à enjeux.
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Recommandation 9. (GPMD/Préfet) En privilégiant la condition de la proximité fonctionnelle
consacrée par la loi industrie verte, définir la zone naturelle de référence en visant la
globalité du bassin versant de l?Aa, englobant les périmètres des SAGE du delta de l?Aa et
celui de l?Audomarois.
Eu égard aux développements précédents, dans le contexte dunkerquois, une des
recommandations pour limiter les besoins en surface portera sur l?optimisation des conditions
d?application des règles du SDAGE pour les compensations zones humides, en considérant que
les SAGE du delta de l?Aa et celui de l?Audomarois concernent le même bassin versant. Tant la
doctrine nationale que l?évolution récente des textes donnent priorité à la proximité fonctionnelle
qui devrait aisément admettre des compensations à une certaine distance au sein du même bassin
versant, à tout le moins en amont du site impacté si les fonctions hydrologiques sont impactées,
au regard des enjeux de ralentissement des ruissellements et de stockage des crues. Dans cette
perspective, il conviendra également de mettre à jour le chapitre 3 de la doctrine DREAL sur
l?application des dispositions A-9.5 du SDAGE 2022-2027 relative à la séquence ERC en zones
humides en y remplaçant la notion de proximité géographique par celle de proximité fonctionnelle.
Par ailleurs, conformément aux orientations du SAGE du delta de l?Aa, la préservation et la
restauration des zones humides sont des priorités qui tardent à être mises en oeuvre faute de
cartographie concertée des zones humides. Disposer d?une cartographie partagée des zones
humides à réhabiliter et à restaurer dans le territoire du delta de l?Aa est une priorité, car elle
permettra d?y appliquer le ratio minimum de 150 %. La mission observe d?ailleurs qu?en accord
avec la DDTM, ce ratio a pu être appliqué par anticipation aux derniers projets portés par le port
sur la base d?une cartographie provisoire réalisée par le GMPD.
La Chambre d?Agriculture évalue à ce stade les surfaces de zones humides potentielles à 800
hectares sur le SAGE du delta de l?Aa.
Recommandation 10. (Commission locale de l?eau du SAGE du delta de l?Aa) Produire avant
fin 2024 la caractérisation et la cartographie des zones humides du SAGE du delta de l?Aa
pour asseoir des mesures compensatoires zones humides pertinentes et pour éviter des
ratios de dimensionnement pénalisants.
5.3.2 Établir un programme de mesures multifonctionnelles sur ce
territoire élargi
Le périmètre du PNR Caps et Marais d?Opale est basé sur une cohérence biogéographique et
n?inclut pas le polder de l?Aa. En revanche, il inclut les bassins hydrographiques en amont du polder
qui l?alimentent, soit le bassin de la Hem (qui appartient au même SAGE que le polder) et les
marais de l?Audomarois. Ces deux secteurs pourraient accueillir des mesures compensatoires pour
préserver et restaurer des prairies humides permanentes stratégiques pour prévenir les risques
d?inondation, d?érosion et de dégradation de qualité des eaux.
La mission retient également, parmi les sites proposés par le Conseil départemental 59, en lecture
croisée avec la DDTM et la DREAL, un site d?aménagement de ZEC (zone d?expansion de crue)
dont les études hydrauliques sont en cours, qui pourrait constituer une opportunité de tester et
d?évaluer la faisabilité de zones naturelles multifonctionnelles, c?est-à-dire cumulant l?usage
d?écrêtement des crues et celui de support de mesures compensatoires en faveur de la biodiversité.
Cette expérimentation de ZEC multifonctionnelle, que les organisations professionnelles agricoles
considèrent comme intéressante sur le principe, permettrait d?apprécier si les enjeux écologiques
et hydrauliques sont compatibles.
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Juillet 2024 Mission d?appui au préfet du Nord : compensation écologique et
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En parallèle, la mission suggère d?identifier, en partenariat avec VNF, toutes les anciennes zones
de dépôt aujourd?hui enfrichées le long des canaux de VNF, afin d?étudier la possibilité de les
valoriser comme zones multifonctionnelles pour l?expansion des crues et la biodiversité. Le
potentiel de surface de ce type de délaissés sur le polder a été évalué par la chambre d?agriculture
à 130 hectares, donnée que la mission n?a pas eu de temps de vérifier.
L?EPF des Hauts-de-France, établissement public à caractère industriel et commercial, pourrait
aussi être mobilisé par le préfet ou les collectivités locales, dans les secteurs les plus opportuns,
pour mettre en oeuvre une intervention foncière, naturellement en dehors du périmètre de
compétence de la SAFER conformément à son cadre réglementaire d?intervention, afin de
permettre la création de ZEC multifonctionnelles.
Recommandation 11. (Préfet) Promouvoir à l?échelle de la globalité du bassin versant de l?Aa
des mesures compensatoires « multifonctionnelles » conciliant gains écologiques et
régulation des crues, en mobilisant les compétences du PNR, du CELRL, de l?EPF, du CD
59 et de la chambre d?agriculture.
Afin de faciliter la mise en oeuvre de la stratégie locale de compensation, étendre le périmètre
d?intervention du conservatoire du littoral dans les marais de l?Audomarois et de la Vallée de la
Hem, et mobiliser l?EPF des Hauts-de-France pour installer des ZEC ou renaturer des zones
aménagées inondables.
5.4 Améliorer la biodiversité en zone agricole avec des mesures
compatibles avec les grandes cultures et la gestion hydraulique
des wateringues
Dans le cadre du partenariat préexistant entre la Chambre d?agriculture du Nord-Pas-de-Calais,
une convention de partenariat a été préparée entre la chambre d?agriculture, la CUD et le GPMD
afin de décliner la séquence ERC à l?ensemble des projets d?aménagements du territoire de la
CUD. Ainsi, dans les cas où la compensation reste nécessaire du fait des impacts résiduels
négatifs des projets d?aménagement sur l?environnement, ce partenariat a comme objectif de
mettre en oeuvre une méthode et un protocole de travail permettant de concilier la réalisation du
projet industriel, la mise en oeuvre de la compensation environnementale et le maintien de la
viabilité économique et sociale des activités agricoles en place.
Cette convention, initiée à la fin de l?année 2023, n?est pas signée à l?heure actuelle, le travail ayant
été stoppé par la crise agricole du début de l?année 2024. Néanmoins, un catalogue de mesures
de compensation écologiques adaptées au territoire et permettant de conserver une activité
agricole est en cours d?élaboration, en partenariat entre la Chambre d?agriculture et la CDC
Biodiversité.
Ce catalogue des mesures, qui s?inspire d?un travail effectué dans l?Avesnois dans le cadre du
projet de compensation de la RN2, est calibré pour réaliser des mesures de compensation à
l?échelle du delta de l?Aa, ce qui permet de proposer des mesures liées à l?élevage, peu présent
sur le Dunkerquois. Les travaux sur l?équivalence écologique de ces projets de mesures sont en
cours par les équipes de la CDC Biodiversité et devraient aboutir pour la mi-juillet.
Concernant les systèmes agricoles du Dunkerquois, ce catalogue de mesures est très similaire
aux mesures agro-environnementales et climatiques (MAEC) de la politique agricole commune
(PAC) et recense deux types de mesures pour les systèmes de grandes cultures :
? Mesures linéaires : plantation et entretien de haies, de ripisylve, agroforesterie, création ou
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restauration de mares? permettant de créer des habitats favorables à la biodiversité.
? Mesures surfaciques grandes cultures : création et entretien d?un couvert floristique ou
faunistique sur culture, réduction des produits phytosanitaires, gestion de la fertilisation,
semis direct ?
Le paiement aux agriculteurs se réaliserait sous la forme d?un contrat de prestation de service
environnemental.
Le projet de recherche CompAg coordonné par l?INRAe s?est intéressé à la compensation
écologique en zone agricole, et en particulier à sa capacité à encourager la transition écologique
des pratiques de production. Une des recommandations du rapport final est d?encourager, dans le
cadre de mesures compensatoires sur des terres agricoles l?engagement de plusieurs parcelles
voire de plusieurs exploitations, en vue de créer une structure paysagère globale favorable à la
biodiversité. Seul un engagement important d?un territoire pourrait permettre d?avoir un effet
significatif et durable sur la biodiversité et d?engager avec sécurité pour le maitre d?ouvrage une
mesure compensatoire.
En ce sens, le système des wateringues, constitué de fossés et canaux qui communiquent entre
eux, constitue une trame paysagère et écologique intéressante pour conforter la biodiversité du
territoire. Il faut bien sûr être vigilant à ne pas remettre en cause le bon entretien hydraulique des
watergangs et canaux. Il s?agirait d?améliorer la biodiversité le long du réseau de fossés et canaux
par une approche raisonnée : entretien des berges, maintien local de roselières, vieillissement de
certaines bandes enherbées, choix de périodes et de modalités d?entretien compatibles avec les
cycles biologiques des espèces, maintien localisé de zones refuges pour la faune... Ce « plan
biodiversité » du réseau des watergangs mériterait d?être élaboré et mis en oeuvre par les acteurs
locaux en s?appuyant sur l?expertise locale et les capacités d?animation de la chambre d?agriculture
et des sections de wateringues, afin de s?assurer de la compatibilité des mesures avec les objectifs
hydrauliques.
Un premier « plan biodiversité », financé par le GMPD, pourrait être testé sur une section volontaire
de wateringues pour caractériser et quantifier les mesures favorables à la biodiversité qui
pourraient être reconnues et valorisables comme mesures compensatoires.
Recommandation 12. (GPMD/Chambre d?agriculture/CDC Biodiversité) Etablir un catalogue
de mesures adapté aux exploitations du polder et un « plan biodiversité » en lien avec
l?armature écologique des Wateringues, en s?appuyant sur les sections de wateringues et
la chambre d?agriculture, permettant à la fois d?engager une transition agro-écologique d?un
ensemble d?exploitations agricoles et de servir de support à des mesures compensatoires,
sous réserve de garanties d?additionnalité et de durabilité.
5.5 Mettre en place un projet d?accompagnement financier pour
l?agriculture en synergie de la compensation écologique
Les terres agricoles du Dunkerquois et la facilité de leur irrigation permettent des cultures à haute
valeur ajoutée dans un contexte où les IAA présentes sur le territoire ou à proximité recherchent
des volumes complémentaires. Dès lors, la réalisation de mesures compensatoires sur des
surfaces importantes de terres agricoles, y compris celles permettant de maintenir les mêmes types
de cultures (implantation de haies, création de mares?) entraînerait une diminution du potentiel
de production et pourrait impacter les filières agricoles. La FDSEA du Nord estime ainsi, sur la
base d?une étude menée sur ses adhérents de l?arrondissement de Dunkerque, qu?une perte de
1 500 ha agricoles entraînerait une baisse de production, de l?ordre de 4 400 tonnes pour le blé,
1 020 tonnes pour le lin et 10 700 tonnes pour les pommes de terre (alors qu?à l?inverse les trois
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plus grandes IAA de frites souhaitent 50 000 ha de cultures supplémentaires).
Le GPMD n?est pas juridiquement pas redevable de la compensation collective agricole pour la
cessation de l?activité agricole sur ses propres terrains en raison du classement dans le PLUi des
parcelles en « UIP » (urbanisation industrialo-portuaire : espaces de la zone industrialo-portuaire
dédiés à l'accueil des aménagements portuaires, des équipements du GPMD, des établissements
industriels et commerciaux et des services et bureaux liés). Néanmoins, la disparition rapide et
importante des terres agricoles dans l?emprise du GPMD (3 000 ha exploités sous forme de baux
précaires depuis 1976) impacte fortement l?économie agricole locale.
Or, la synergie entre la compensation écologique et la compensation collective agricole est un
facteur de réussite dans la mise en oeuvre de la compensation écologique, l?expérience récente du
Canal Seine Nord l?atteste. En effet, la concertation et la mise en place d?une compensation
agricole collective en contribuant à l?évolution des exploitations a permis à ce projet qui impacte
plus de 2 400 ha de SAU d?aboutir de manière apaisée avec la profession agricole.
Par ailleurs, certains maîtres d?ouvrages disposent déjà d?un cadre d?intervention spécifique. C?est
le cas de RTE qui, dans le cadre du contrat de service public conclu avec l?État, finance pour
chaque projet de ligne aérienne (changement de 63 à 400 000 volts) un plan d?accompagnement
de projet (PAP) permettant la mise en oeuvre, sous le contrôle de la préfecture, d?actions locales
qui doivent participer au développement économique, social, culturel, social, à la préservation de
l?environnement ou à l?amélioration de l?insertion d?ouvrages électriques existants et au
raccordement aux réseaux existants. Son montant est proportionnel au coût d?investissement du
projet et il est ouvert au cofinancement des collectivités territoriales, ou d?organismes représentatifs.
Un règlement fixe les modalités de mise en oeuvre du PAP, assure la transparence vis-à-vis des
choix et financements des projets et précise les engagements de chacun que ce soit dans la
préparation des dossiers de demande d?aides, dans l?expertise des projets et dans l?attribution des
fonds.
La mission recommande de mettre en place sur des bases similaires au PAP de RTE un projet
d?accompagnement financier pour l?agriculture, adossé ou non au PAP de RTE, et coordonné avec
la démarche de compensation écologique. Ce projet pourrait permettre :
? De faciliter l?engagement des agriculteurs dans la mise en oeuvre de mesures
compensatoires écologiques et engager les exploitations agricoles dans une transition
agro-écologique. La perte de production engendrée sur certaines parcelles pourrait
conduire à la mise en place de productions à plus haute valeur ajoutée dont les
investissements pourraient être aidés. A titre d?exemple : développement de circuits courts,
production de fruits et légumes sous serres, avec une alimentation en chaleur via les
projets industriels...
? D?accompagner des démarches de structuration de filières portées par les collectivités
locales (projet alimentaire territorial de la CUD) et orientées vers les circuits courts.
Ce dispositif pourrait s?appuyer sur le dispositif existant de PAP ou sous réserve d?expertise
juridique, sur tout autre cadre d?intervention permettant l?intervention du GPMD. Un portage via le
guichet unique GPMD-CUD et la préfecture, en partenariat avec la chambre d?agriculture serait à
étudier. Le financement serait assuré par l?ensemble des maîtres d?ouvrages ayant des projets sur
le territoire de la CUD : GPMD, mais également EDF, RTE?
Recommandation 13. (GPMD) Mettre en place sur le territoire de la CUD, en synergie avec la
démarche de compensation écologique, un projet d?accompagnement financier de
l?agriculture pour sa transition agro-écologique.
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5.6 Négocier et mettre en place des modalités de portage du foncier
et de gestion des mesures compensatoires compatibles avec le
mode de faire-valoir prépondérant
La pérennité constitue un élément déterminant dans la mise en oeuvre des mesures
compensatoires dont la présence doit être assurée pendant toute la durée des impacts. Pour que
cette condition soit satisfaite, un bien foncier doit être affecté durablement à la réalisation de ces
mesures. Cette affectation suppose soit une maîtrise foncière assurée par l?achat des terrains par
le maître d?oeuvre, soit la sécurisation juridique à long terme de l?action sur les terrains accueillant
des mesures compensatoires. Dans un territoire où le fermage représente 80 % des terres mises
en valeur, la profession agricole demande, comme le prévoit la charte ERC signée en 2019, de
privilégier le conventionnement plutôt que l?acquisition foncière. Le respect du principe de pérennité
des mesures doit toutefois être assuré. Les modalités actuelles les plus courantes sont les baux
environnementaux ou les obligations réelles environnementales (ORE).
L?expérience acquise en la matière par la SAFER, la Chambre d?agriculture et la DREAL sur le
projet RN2, doit pouvoir être mise à profit pour le Dunkerquois. Ainsi, dans ce cas de figure, des
ORE sur 30 ans ont été signées par le propriétaire et l?exploitant, accompagnés d?un bail rural. De
plus, les exploitants ont signé un contrat de prestation de service environnemental pour l?entretien
du site.
L?indemnisation a été réalisée selon un barème concerté entre le maître d?oeuvre et la chambre
d?agriculture, qui a permis d?indemniser la perte de valeur du foncier agricole ainsi que les pertes
de production futures pour les exploitants agricoles :
? pour le propriétaire, 80 % de la valeur vénale de la parcelle, en une fois ;
? pour l?exploitant, 1,5 à 2 fois la valeur d?éviction, avec une indemnisation annuelle, cumulée
avec le contrat de prestation de service environnemental correspondant à la gestion de la
mesure.
Au regard de la valeur agronomique, économique et financière des terres agricoles du Dunkerquois
et de la prépondérance du fermage comme mode de faire-valoir, la mission recommande de
privilégier la contractualisation via des modalités ayant juridiquement fait leurs preuves (ORE, bail
rural environnemental) et de définir un barème négocié avec la profession agricole, permettant
d?indemniser le propriétaire, l?exploitant fermier pour la perte de valeur du foncier ainsi que pour
l?éventuel entretien lié à la mise en oeuvre de la mesure compensatoire.
Recommandation 14. (GPMD/CUD/SAFER/Chambre d?agriculture) Définir des conditions de
référence de contractualisation et de rémunération des compensations en agriculture,
harmonisées et négociées avec la profession agricole.
5.7 Mettre en place une gouvernance dédiée
La mission a fait le constat durant ses entretiens que le sujet de la séquence ERC et en particulier
la phase « compensation » était une préoccupation de l?ensemble des acteurs : État, collectivités,
GPMD, agence de l?eau, conservatoire du littoral, etc., sans pour autant poser une stratégie
collective et commune. Malgré de fréquentes relations à différentes échelles territoriales et la
signature de nombreuses conventions (cf. annexe 10), cette gouvernance apparaît aujourd?hui
comme « éclatée » sans véritable chef de file et sans définition d?un périmètre pertinent de réflexion
et d?actions.
La revue de projet du 13 mars 2024, initiée par le Préfet, a permis d?identifier clairement le besoin
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de décloisonner le cadre de gouvernance avec un enjeu de solidarité territoriale et d?une
nécessaire planification stratégique des projets et des terrains de compensation associés.
Au niveau national, le 13 mars 2024 également, le comité d?orientation du développement des
zones industrialo-portuaires (COZIP) présidé par le directeur de cabinet du ministre de la transition
écologique et de la cohésion des territoires et en présence de l?administration concernée et des
directeurs généraux des grands ports maritimes de HAROPA, Marseille et Dunkerque a fait le
constat d?une complexité de mise en oeuvre des projets industriels importants, difficulté qui exige
de traiter quasiment simultanément les enjeux économiques et environnementaux des projets. Il a
alors été proposé de mettre en place un COZIP local dans chaque grand port.
La mission soutient cette orientation qui pourrait être initiée par le Préfet et co-pilotée avec la
Région Hauts-de-France, tout en s?adossant au guichet unique déjà mis en place à l?initiative de la
CUD et du GPMD et surtout en associant un réseau local de compétences techniques. Cette
gouvernance pourrait se mettre en place, à terme, à l?échelle de la zone naturelle préconisée par
la mission, à savoir du bassin versant de l?Aa (SAGE du delta de l?Aa et SAGE de l?Audomarois).
Sa composition pourrait être la suivante : préfectures, GPMD, Région Hauts-de-France,
Départements du Nord et du Pas-de-Calais, CUD et autres EPCI concernés, chambre d?agriculture
du Nord-Pas-de-Calais, IIW, représentants des sections des wateringues, PNR, CELRL, EPF,
AEAP, CDC Biodiversité?
Outre cette déclinaison locale du COZIP national, il est aussi proposé la mise en place d?une « task
force compensation » dédiée à la problématique Dunkerquoise pour « identifier et valoriser les
fonciers disponibles pour la compensation environnementale, en s?appuyant sur les nouvelles
mesures introduites par la loi industrie verte ». Cette « task-force » aurait vocation à mettre en
oeuvre la stratégie locale de compensation, en s?appuyant sur les recommandations du présent
rapport et sur les principes de la charte ERC signée en 2019 par la chambre d?agriculture régionale,
la Région Hauts-de-France et le préfet de région. Cette charte prescrivait déjà les grands principes
dans l?optique de concilier l?application de la séquence ERC, d?engager une meilleure consultation
amont avec les instances agricoles sur les projets et programmes impactant le foncier et de prévoir
des mesures compensatoires ou d?accompagnement compatibles avec la poursuite d?activités
agricoles.
La déclinaison locale de la charte évoquée supra pourrait intégrer, d?une part, des règles du jeu
plus précises issues des conclusions du présent rapport afin de rassurer les organisations
professionnelles, et, d?autre part, pourrait être plus largement co-signée, notamment par le GPMD,
les principaux grands maîtres d?ouvrages publics et privés présents sur le GPMD, l?Union maritime
et les intercommunalités concernées.
Par ailleurs, pour améliorer la concertation avec le monde agricole, il est préconisé de nommer lors
d?un prochain renouvellement un représentant du monde agricole au conseil de surveillance ou au
conseil de développement du GPMD, dans le collègue des personnes qualifiées.
Recommandation 15. (Préfet) Mettre en place un Comité d?orientation zone industrialo-
portuaire de Dunkerque co-pilotée par le préfet et la Région Hauts-de-France, et « une task
force » spécifique compensation. Décliner à l?échelle du Dunkerquois la charte ERC
régionale, afin de fixer les « règles du jeu » de la compensation écologique en terrain
agricole.
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Conclusion
Le grand port maritime de Dunkerque se situe sur le plus grand polder de France. Ce territoire
atypique très aménagé, artificialisé, et occupé à 74 % par de l?agriculture conventionnelle à forte
valeur ajoutée, dispose de peu d?espaces naturels et son environnement est dégradé par des
pollutions de diverses origines. La dynamique de réindustrialisation à l?oeuvre et dont le GPMD est
le fer de lance va nécessiter, en application de la séquence « éviter, réduire, compenser », de
réaliser des mesures compensatoires écologiques afin de garantir l?absence de perte nette de
biodiversité des aménagements futurs.
L?article 1 de la charte de l?environnement figurant dans le principe préalable de la Constitution
mentionne que « chacun a le droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de sa
santé ». À l?heure où l?on souhaite attirer des habitants sur le bassin d?emploi du Dunkerquois, il
convient d?être plus attentif que jamais à ne pas dégrader d?avantage, voire d?améliorer la situation
de ce territoire au plan de la biodiversité. C?est d?autant plus important aujourd?hui que le territoire
du polder de l?Aa est particulièrement exposé aux aléas du changement climatique alors qu?il existe
un consensus scientifique sur le rôle déterminant de la biodiversité dans la résilience des territoires
face aux risques climatiques.
L?urgence pour l?approbation des projets notamment du GPMD d?identifier des mesures
compensatoires performantes contraste avec l?insuffisance de la mise en oeuvre de la séquence
ERC largement soulignée par les autorités environnementales et le CNPN depuis 10 ans lors de
leur analyse des études d?impact des projets et programmes. Aussi, la mission propose une
stratégie de compensation écologique adaptée au Dunkerquois et mobilisant une palette de
solutions afin de concilier les impératifs de développement du territoire et le respect du cadre
réglementaire :
? une prise en compte plus systématique et plus sérieuse dans les études d?impact de la
séquence « éviter et réduire » dès l?élaboration des documents d?aménagement (plans
programmes) et dans l?étude des projets ;
? un volet « compensation » plus approfondi dans l?étude d?impact dès l?élaboration des
documents d?aménagement et de planification ;
? l?élaboration de mesures compensatoires plus ambitieuses sur leur localisation, sobres en
surface, efficaces dans leur installation et leur suivi que par le passé ;
? l?utilisation de toutes les marges de manoeuvre permises par la réglementation pour
l?application de la compensation écologique sans en remettre en cause les principes
fondamentaux, pour tenir compte des caractéristiques très spécifiques de ce territoire sous
tension foncière ;
? conjuguer compensation environnementale et accompagnement de l?agriculture dans sa
transition agro-écologique ;
? mettre en place un comité local et une « task force » chargés d?élaborer une stratégie
intégrée de choix et d?accueil sur les territoires des projets industriels et d?aider à sa mise
en oeuvre.
Un certain nombre des mesures proposées par la mission peuvent permettre de relancer les
discussions préalables à l?approbation des projets immédiats mais d?autres nécessitent un travail
de fond et ne pourront trouver leur effet qu?après un travail important de réflexion et de concertation.
La mission recommande de se lancer sans attendre dans ces travaux, sinon il est à craindre que
la succession des nouveaux projets bloquera complètement toute possibilité d?amélioration des
mesures de compensation, cristallisera les animosités et conduira à repousser des projets.
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La mise en oeuvre de cette stratégie, facilitée par la mise en place d?une gouvernance spécifique,
permettra d?offrir aux industriels porteurs de projets le service qu?ils attendent en contribuant à
l?efficience du concept de projet « clés en main ».
François BONNET
Claire HUBERT
Ingénieur général
des ponts, des eaux
et des forêts
Inspectrice générale
Valérie ISABELLE
Maryline SIMONÉ
Inspectrice
Inspectrice générale
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Annexes
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Annexe 1. Lettre de mission
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Annexe 2. Liste des personnes rencontrées
DATE PRENOM, NOM STRUCTURE QUALITE
15 avril 2024 Arnaud DUNAND Ministère de l?agriculture et de
la souveraineté alimentaire
Direction générale de la
performance économique et
environnementale
Sous-directeur
Elodie LEMATTE Ministère de l?agriculture et de
la souveraineté alimentaire
Direction générale de la
performance économique et
environnementale
Cheffe de service
compétitivité et
performance
environnementale
Florian THOMAS Ministère de l?agriculture et de
la souveraineté alimentaire
Direction générale de la
performance économique et
environnementale
Chef de bureau foncier
Marion VOISIN Ministère de l?agriculture et de
la souveraineté alimentaire
Direction générale de la
performance économique et
environnementale
Chargée de mission du
bureau foncier
24 avril 2024 Audrey COREAU Commissariat général au
développement durable
Cheffe de service
Daniel BERTHAULT Commissariat général au
développement durable
Chef de bureau
Philippe ROGIER Direction générale de
l?aménagement, du logement et
de la nature
Direction eau et biodiversité
Sous-directeur
protection et
restauration des
écosystèmes terrestres
6 mai 2024 Marina MAURES Ministère de l?agriculture et de
la souveraineté alimentaire
Conseillère du ministre
chargée du foncier,
territoire,
investissement finance
carbone
6 mai 2024 Elodie GALKO Ministère de la transition
écologique et de la cohésion
des territoires
Directrice adjointe du
Cabinet du ministre de
la transition écologique
Anaïs MANDIN Ministère de la transition
écologique et de la cohésion
des territoires
Conseillère transition
agro-écologique
14 mai 2024 Bertrand GAUME Préfecture des hauts-de-France Préfet des Hauts-de-
France
Fabienne DECOTTIGNIES Préfecture des hauts-de-France Secrétaire générale
Frédéric LOISEAU Préfecture du Nord Sous-Préfet du Nord
Julien LABIT Direction régionale de
l?environnement, de
l?aménagement et du logement
Directeur
Antoine LEBEL Direction départementale des
territoires et de la mer
Directeur
15 mai 2024 Pierre ARDILLER Conseil départemental du Nord Directeur général
adjoint solidarité
territoriale
Christelle DARRAS-
TIMMERMAN
Conseil départemental du Nord Directrice ruralité et
environnement
Arnaud CUVILLIER Conseil départemental du Nord Directeur de la voirie
Christian DURLIN Chambre d?agriculture
départementale du Nord
Président
PUBLIÉ
Juillet 2024 Mission d?appui au préfet du Nord : compensation
écologique et foncier agricole dans le cas des projets
d?aménagement du Dunkerquois
Page 63/86
Hervé PARQUET Chambre d?agriculture
départementale du Nord
Directeur adjoint
Alice DUFOSSE Chambre d?agriculture
départementale du Nord
Responsable du pôle
agro-environnemental
Simon AMMEUX Fédération départementale des
syndicats d'exploitants
agricoles
Président
Mathieu DEWAS Direction régionale de
l?environnement, de
l?aménagement et du logement
Directeur adjoint
Marc GREVET Direction régionale de
l?environnement, de
l?aménagement et du logement
Chef de service eau et
nature
Bénédicte LEFEVRE Direction régionale de
l?environnement, de
l?aménagement et du logement
Chargé de mission
Service des espaces
naturels
Anne-Sophie DELSAUX Direction départementale des
territoires et de la mer
Cheffe de service SEA
Hélène SOLVES Direction départementale des
territoires et de la mer
Cheffe de service des
espaces naturels
Rachida JOETS Direction départementale des
territoires et de la mer
Instructrice des projets
Pierre VILLERVAL Direction départementale des
territoires et de la mer
Chargé de mission
grand projet
Dunkerquois
21 mai 2024 Loïc OBLED Office français de la biodiversité Directeur général
délégué
Patrick BERTRAND Office français de la biodiversité Directeur régional
Hauts-de-France
Pierre-Louis LEFEVER Office français de la biodiversité Chef de service,
direction de la police et
du permis de chasser
23 mai 2024 Renaud GARBÉ CDC Biodiversité Directeur agence
Hauts-de-France
Fanny WATEBIER Communauté urbaine de
Dunkerque
Directrice générale
adjointe
Xavier DAIRAINE Communauté urbaine de
Dunkerque
Chargé des projets
stratégiques
Alexandre POULAIN Communauté urbaine de
Dunkerque
Chargé de mission
qualité de vie-
environnement
Arnaud GRAVES Conservatoire du littoral Délégué de rivages
Manche Mer du Nord
Maurice GEORGES Grand port maritime de
Dunkerque
Président du directoire
Catherine BARON Grand port maritime de
Dunkerque
David LEFRANC Grand port maritime de
Dunkerque
Directeur de
l?aménagement et de
l?environnement
Virginie HURTEVENT Grand port maritime de
Dunkerque
Département
développement,
prospective et
environnement
Émilie PETIPREZ Grand port maritime de
Dunkerque
Gestion des recettes et
contrats
27 mai 2024 Nicolas TRIFT Direction générale des
infrastructures, des transports
et de la mer
Sous-directeur des
ports et du transport
fluvial
Stéphanie CUBIER Direction générale des
infrastructures, des transports
et de la mer
Sous-directrice adjointe
des ports et du
transport fluvial
PUBLIÉ
Juillet 2024 Mission d?appui au préfet du Nord : compensation
écologique et foncier agricole dans le cas des projets
d?aménagement du Dunkerquois
Page 64/86
Marie-Laure BAILLY-MAITRE Direction générale des
infrastructures, des transports
et de la mer
Cheffe du bureau de la
réglementation
portuaire
Nyls de PRACONTAL Conseil national de la
protection de la nature
Président de la
commission espèces et
communautés
biologiques
Maxime ZUCCA Conseil national de la
protection de la nature
Vice-président de la
commission espèces et
communautés
biologiques
28 mai 2024 Jean-Christophe BENOIT CDC Biodiversité Directeur du
développement
territorial et renaturation
29 mai 2024 Charlotte CATEL Conseil régional Hauts-de-
France
Conseillère du
Président
Entgren SHEHU Conseil régional Hauts-de-
France
Directeur général
adjoint, en charge du
pôle territoires et
transition, agriculture,
biodiversité, eau
Fanny MILBLED Conseil régional Hauts-de-
France
Directrice adjointe eau
et biodiversité
Patricia LECOEUVRE Conseil régional Hauts-de-
France
Chargée des stratégies
régionales
Jean-Luc BARDEN Confédération paysanne du
Nord
Agriculteur
Antoine JEAN Confédération paysanne du
Nord
Trésorier
Stéphane BLAISET Coordination rurale du Nord Président
François VIOLET Coordination rurale du Nord Vice-président
Hervé RIVELET Coordination rurale du Nord Agriculteur
Denis DEFRESNE Coordination rurale du Nord Agriculteur
Antoine DELEFORTRIE Jeunes agriculteurs du Nord et
du Pas de Calais
Secrétaire général
Quentin DESTOMBES Jeunes agriculteurs du Nord et
du Pas de Calais
Ancien président
David MEURILLON Fédération départementale des
syndicats d'exploitants
agricoles
Président FDSEA du
Nord
Laurent DECLERCQ Fédération départementale des
syndicats d'exploitants
agricoles
Représentant FDSEA
Lou SAVOYE Fédération départementale des
syndicats d'exploitants
agricoles
Juriste
Francis VERMERSCH SAFER Représentant du Nord
Jean-Baptiste MADOUX SAFER Chef du service du
Nord
31 mai 2024 Judith JIGUET INGEROP Directrice écologie et
stratégie
3 juin 2024 Laurent PIERMONT Printemps des terres
Pascal BERTEAUD CEREMA Directeur général
Colette DALLE FRATTE CEREMA Directrice adjointe
Thomas SCHWAB CEREMA Chef de projet ERC,
Zones humides,
Continuité écologique
5 juin 2024 Isabelle MATYKOWSKI Agence de l?eau Artois Picardie Directrice générale par
interim
Arnaud DELAYE Agence de l?eau Artois Picardie Directeur
qualification/programme
Ludovic LEMAIRE Agence de l?eau Artois Picardie Chef de mission littoral
PUBLIÉ
Juillet 2024 Mission d?appui au préfet du Nord : compensation
écologique et foncier agricole dans le cas des projets
d?aménagement du Dunkerquois
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Patricia LEFEVRE Agence de l?eau Artois Picardie Mission Littoral
Nicolas FOURNIER ADELPHA Président
Michel MARIETTE ADELPHA Vice-président
6 juin 2024 Michel PERRET Direction générale de
l?aménagement, du logement et
de la nature
Direction eau et biodiversité
Chargé de mission
auprès du sous-
directeur, Élaboration
procédure agrément
site naturels de
compensation
10 juin 2024 Louis FLEURET Ministère de l?économie, des
finances et de la souveraineté
industrielle
Direction générale de
l?économie
Directeur de projet
industrialisation
Lucas GRAVIT Ministère de l?économie, des
finances et de la souveraineté
industrielle
Direction générale de
l?économie
Chef de projet DGE en
charge de la
réindustrialisation
11 juin 2024 Laurent MICHEL Autorité environnementale Président
Gilles CROQUETTE Autorité environnementale Inspecteur
13 juin 2026 Chloé ASTIER EDF Responsable pôle
séquence
réglementaire
Caroline DIONISI EDF Directrice « permitting »
projets nucléaires
Aurélien BRIETZ Parc naturel régional des Caps
et Marais d?Opale
Directeur adjoint
Arnaud BOULANGER Parc naturel régional des Caps
et Marais d?Opale
Chef de service
patrimoine naturel
14 juin 2024 Brian PADILLA Museum national d?histoire
naturelle
Chercheur
Cantat LAMPIN RTE Délégué régional
Hauts-de-France
Anne-Marie REYNARD RTE Directrice du centre
développement et
ingénierie Hauts-de-
France
Cyril WAGNER RTE Directeur adjoint du
centre développement
et ingénierie Hauts-de-
France
Perrine LARY-MOISON RTE Responsable pôle
juridique
17 juin 2024 Catherine BARDY Etablissement foncier des
Hauts de France
Directrice générale
18 juin 2024 Marion BARDY INRAe Directrice appui aux
politiques publiques
Claude NAPOLEONE INRAe Economiste
Claire ETRILLARD INRAe Juriste, coordinatrice
projet CompAg
Isabelle PION INRAe Transition agricole
Isabelle DOUSSAN INRAe Juriste
26 juin 2024 Björn DESMET DRAAF Hauts-de-France Directeur
Jean-Michel POIRSON DRAAF Hauts-de-France Directeur adjoint
2 juillet 2024 Muriel GOZAL SAFER Directrice générale
Nicolas AGRESTI SAFER Directeur des études
PUBLIÉ
Annexe 3. Glossaire des sigles et acronymes
Acronyme Signification
Ae Autorité environnementale
AEAP Agence de l?eau Artois Picardie
CCHF Communauté de Communes des Haut de Flandres
CD Conseil départemental
CDC biodiversité Caisse des dépôts et consignations biodiversité
CDL Conservatoire du littoral
CELRL Conservatoire de l'espace littoral et des rivages lacustres
CEN Conservatoire d?espaces naturels
CEREMA
Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement,
la mobilité et l'aménagement
CGAAER
Conseil général, de l?alimentation, de l?agriculture et des
espaces ruraux
CJUE Cour de justice de l?Union européenne
CLE Commission locale de l?eau
CNPN Conseil national de la protection de la nature
COZIP Comité des zones industrialo-portuaires
CSRPN Conseil scientifique régional du patrimoine naturel
CUD Communauté urbaine de Dunkerque
DDTM Direction départementale des territoires et de la mer
DEB Direction eau et biodiversité
DGALN
Direction générale de l?aménagement, du logement et de la
nature
DGPE
Direction générale de la performance économique et
environnementale
DREAL
Direction régionale de l?environnement, de l?aménagement et
du logement
ENAF Espaces naturels, agricoles et forestiers
ENS Espaces naturels sensibles
EPCI Etablissement public de coopération intercommunale
EPF Etablissement public foncier
EPIC Etablissement public à caractère industriel et commercial
EPR Evolutionary power reactor
ERC Eviter-Réduire-Compenser
EVP Equivalent vingt pied
FDSEA
Fédération départementale des syndicats d?exploitants
agricoles
FNSEA Fédération nationale des syndicats d?exploitants agricoles
PUBLIÉ
GES Gaz à effet de serre
GPMD Grand port maritime de Dunkerque
IAA Industries agro-alimentaires
IGA Inspection générale de l?administration
IGEDD
Inspection générale de l?environnement et du développement
durable
IIW Institution intercommunale des wateringues
MAEC Mesures agro-environnementales et climatiques
MASA Ministère de l?agriculture et de la souveraineté alimentaire
MNHN Muséum national d?histoire naturelle
MRAe Mission régionale d?autorité environnementale
MTECT
Ministère de la transition écologique et de la cohésion des
territoires
OFB Office française de la biodiversité
ONF Office national des forêts
ORE Obligations réelles environnementales
PAC Politique agricole commune
PAP Plan d?accompagnement du projet
PENE Projet d?envergure nationale ou européenne
PLU Plan local d?urbanisme
PLUi Plan local d?urbanisme intercommunal
PNR Parc naturel régional
RTE Réseau de transport d?électricité
SAGE Schéma d?aménagement et de gestion de l?eau
SAU Surface agricole utile
SCoT Schéma de cohérence territoriale
SDAGE Schéma départemental d?aménagement et de gestion de l?eau
SDPN Schéma directeur du patrimoine naturel
SNC Site naturel de compensation
SNCRR
Site naturel de compensation, de restauration et de
renaturation
SRADDET
Schéma régional d'aménagement, de développement durable
et d'égalité des territoires
SRCE Schéma Régional de cohérence écologique
VNF Voies navigables de France
ZAN Zéro artificialisation nette
ZEC Zone d?expansion de crue
ZIA Zone industries d?avenir
ZIBAC Zones industrielles bas carbone
ZIP Zone industrialo-portuaire
PUBLIÉ
ZPENS Zone de préemption des espaces naturels sensibles
ZGI Zone grandes industries
PUBLIÉ
Annexe 4. : Le système des Wateringues, exutoire des
bassins versants de l?Aa et de la Hem
Situé en Flandre maritime, sur environ 100 000 hectares, le territoire des Wateringues correspond
à l?ancien delta de l?Aa, inscrit dans le triangle Saint-Omer, Calais, Dunkerque. L?Aa est un fleuve
côtier qui prend sa source à Bourthes dans les collines de l?Artois. Il se répand ensuite dans le
marais audomarois, se faufile par le goulet de Watten, s?écoule dans la plaine maritime (delta de
l?Aa) et se jette enfin dans la mer du Nord à Gravelines. La Hem est son principal affluent. Elle
rejoint directement les Wateringues à Hennuin. D?autres petits cours d?eau, recueillant les eaux
ruisselant sur les pentes des collines de l?Artois et de Flandre intérieure, viennent également
épandre leurs eaux sur le delta. Les exutoires à la mer des Wateringues se situent dans les ports
de Calais, Gravelines et Dunkerque. À l?est de Dunkerque, la gestion des eaux est transfrontalière
et se traduit par des échanges d?eaux avec nos voisins flamands.
La plaine maritime flamande française, telle qu?elle est organisée aujourd?hui, est le résultat d?une
forte action anthropique qui s?inscrit dans le temps long afin, à la fois, de la protéger des incursions
marines, de drainer des terrains qui se trouvent au-dessous des pleines mers de vives eaux, et
enfin d?irriguer les terres agricoles qui, sans ces travaux, seraient des zones humides ou lagunaires.
Ainsi, de Saint-Omer à Watten, l?Aa traverse le marais audomarois, vallée de niveau inférieur à
celui des pleines mers de vives-eaux et distante de plus d?une vingtaine de kilomètres de la mer.
Le fond alluvial de cette vallée, autrefois soumis aux divagations et inondations de l?Aa aujourd?hui
canalisé, est occupé par des tourbières dont l?ancienne exploitation a donné naissance à des
étangs. Le marais audomarois est répertorié au titre de la convention de Ramsar et prochainement
réserve de biosphère de l?Unesco. Une partie du marais est connectée au réseau de Voies
navigables de France (VNF) tandis que l?autre fonctionne en circuit fermé. Au-delà de Watten, l?Aa
atteint la plaine flamande et se divise en plusieurs bras. Ceux-ci ont souvent guidé le tracé des
canaux que l?on a creusés pour drainer la plaine.
Figure 1 : Carte du territoire des Wateringues et des bassins versants. Source : IIW
Le terme même de wateringues apparaît au XIIIe siècle, mais le réseau se constitue dès la fin du
XIIe siècle sous l?autorité du comte de Flandre Philippe d?Alsace. Les sections de wateringues
créées par décret impérial en 1806 pour celles du Nord, et en 1809 pour celles du Pas-de-Calais
ont joué et jouent encore un rôle clé dans l?entretien régulier des canaux et dans la gestion de
l?équilibre des niveaux d?eau au sein du delta qui forme un triangle entre Dunkerque, Calais et
Saint-Omer. S?est donc constitué, depuis le Moyen-Âge, un hydrosystème complexe, largement
artificialisé et en partie navigable, qui a nécessité une grande maîtrise des niveaux d?eau, d?où la
multitude des ouvrages hydrauliques présents sur le polder : vannes, barrages, clapets, siphons,
ouvrages partiteurs, pompes à la mer, pompes de relevage intermédiaire, etc.
PUBLIÉ
Au total, le système hydraulique des wateringues comprend des milliers de kilomètres de fossés
d?assainissement privés dans les parcelles, 1 600 km de canaux d?évacuation des eaux d?intérêt
collectif appelés watergangs, 100 stations de pompage intermédiaires rejetant dans les canaux
principaux dans l?Aa et dans les canaux de navigation ainsi que 12 stations de permettant de rejeter
à la mer. Le système hydraulique des wateringues fonctionne à 85 % de manière gravitaire mais
le recours aux stations de pompage est de plus en plus fréquent, comme le montrent les
inondations de 2023 (50 % de l?eau évacuée par pompage).
Figure 2 : Carte de synthèse du delta de l?Aa. Source IIW
Figure 3 : les sections de Wateringues dans le bassin versant de l?Aa. Source IIW, AGUR
PUBLIÉ
Annexe 5. Atlas cartographique
Figure 1 : Carte du SCoT Flandre-Dunkerque (Source : SCoT Flandres Dunkerque)
PUBLIÉ
Figure 2 : Carte résumant les enjeux environnementaux et climatiques sur le territoire de la CUD
(source : PLU ? Evaluation environnementale)
PUBLIÉ
Figure 3 : le Bassin Versant de l?Aa et son delta (Source : Smage Aa)
Figure 4 : Carte des SAGE Artois Picardie (Source : Gest?eau)
PUBLIÉ
Figure 5 : Carte des aménagements portuaires (source : GPMD)
PUBLIÉ
Figure 6 : le SDPN du GPMD en 2022
PUBLIÉ
Figure 7 : Carte des orientations d?aménagement de la ZIP (source GPMD)
PUBLIÉ
PUBLIÉ
Annexe 6. Évolution du territoire et régression des espaces
naturels
Cette annexe se propose d?évoquer comment l'évolution de l'aménagement du territoire du delta
de l?Aa a progressivement conduit à une régression des espaces naturels et de la biodiversité.
À l?aide d?une série d'analyses visuelles basées sur des cartes et des photos aériennes datant de
1950 à nos jours, l?objectif est de mettre en lumière les transformations significatives subies par
les paysages et le recul constant et difficilement réversible de la nature. Cette annexe vise non
seulement à illustrer quelques types de changements physiques du territoire mais aussi à
comprendre les conséquences du recul de la nature sur les capacités de résilience du territoire.
Depuis le milieu du XIXe siècle, le paysage agricole du polder a connu une mutation profonde,
marquée par la mécanisation et l'intensification des pratiques conduisant au retournement de
prairies, à la suppression des haies et l?agrandissement du parcellaire. Ces changements, loin
d'être anodins, ont conduit à une régression de la biodiversité. En effet, la disparition progressive
des infrastructures agro-écologiques (prairies, mares et haies), qui jouaient un rôle crucial de point
d?appui et de refuge pour la biodiversité, a conduit à l?appauvrissement des habitats et de leur
biodiversité, sans parler des effets négatifs sur la rétention d'eau et la prévention des inondations.
Parallèlement, l'urbanisation croissante et depuis les années 1960 l?extension de la zone portuaire
sur une emprise réservée de 7000 hectares, ont transformé de manière très importante la façade
littorale, cette artificialisation massive étant la principale cause de perte de biodiversité. Le béton,
l'asphalte, et autres surfaces imperméables se sont substitués aux écosystèmes naturels.
L'objectif est donc ici de dépeindre, à l'aide d'exemples concrets et de comparaisons visuelles,
comment l'aménagement du territoire, souvent guidé par des impératifs économiques et sociaux,
et parfois marqué par la méconnaissance des risques naturels, a contribué à façonner un paysage
où la nature a très nettement cédé la place et où l'homme est désormais plus exposé aux risques
naturels (inondations, sécheresses?). Avec ces illustrations, l?objectif est d?illustrer la réalité de
cette perte nette de biodiversité et de sensibiliser à la nécessité de préserver et de conforter si
possible les derniers refuges de nature qui subsistent, grâce à une application mieux anticipée et
plus exigeante de la séquence ERC.
N?oublions pas que la santé des écosystèmes n?est pas sans lien avec la santé humaine et joue
un rôle déterminant dans la résilience des territoires face aux aléas générés par le changement
climatique.
PUBLIÉ
Agrandissement du parcellaire agricole par remembrement, homogénéisation des cultures sur de
grandes surfaces et retrait des infrastructures écologiques (haies, mares, fossés...) déjà
structurellement peu présentes du fait de l?histoire de la poldérisation.
Comparaison de photographies aériennes entre aujourd?hui et 1950, illustrant l?ampleur de
l?artificialisation des sols consécutive au développement des infrastructures du Grand port maritime
de Dunkerque.
PUBLIÉ
Comparaison de photographies aériennes entre aujourd?hui et 1950 - Source IGN - Développement
de l?urbanisation dans le delta de l?Aa en zone rétro-littorale.
Comparaison de photographies aériennes entre aujourd?hui et 1950 - Source IGN - Développement
de l?urbanisation sur le littoral dunaire de la Communauté urbaine de Dunkerque
PUBLIÉ
Annexe 7. Méthodes d?identification des surfaces pouvant
accueillir de la compensation écologique
Etape 1
Sélection zones
intéressantes
compensation (stratégie
d'intervention CDL, zone
préemption ENS,
ZNIEEF de type 1...)
Etape 2
Exclusion des espaces
agricoles, urbains et infras et
des espaces naturels ne
respectant pas les principes
de la compensation
Etape 3
Etude accessibilité foncier et
potentiel écologique
Etape 1
Sélection Zones N du
PLUi
Etape 2
Exclusion des zones N
déjà gérées
Etape 3
Inclusion de zones A et
U à dire d?experts (trame
verte et bleue, terres
souvent inondées,...)
Méthode DREAL-DDT
? A l?initiative préfet
? Approche cartographique
? Périmètre IWW moins
l?Audomarois
PUBLIÉ
PUBLIÉ
Annexe 8. Analyse des avis de l?Ae et de la MRAe sur les
programmes et projets
La faiblesse de la mise en oeuvre de la séquence ERC dans les documents présentés à
l?enquête publique dans le secteur du Dunkerquois.
L?Autorité environnementale note dans ses avis sur les programmes et les projets concernant le
territoire du port, de façon constante et répétée, la faiblesse de la mise en oeuvre de la séquence
ERC : insuffisance de l?état initial, absence de comparaison de scénarios alternatifs, en
conséquence, pas de choix du scénario de moindre impact et au final une évaluation
environnementale peu susceptible d?informer et de convaincre.
1. Concernant le SRADDET49, programme sous la responsabilité de la Région Hauts-de-France,
l?Autorité environnementale souligne dans ses avis de 2019 et de 2024 l?absence de réflexion de
scénarios alternatifs pourtant indispensables pour conduire la séquence ERC. On peut signaler
qu?en 2024 lors de la révision du SRADDET, l?Autorité environnementale indique que la séquence
ERC est mieux traitée, mais l?absence de comparaison de solutions de substitution perdure (p. 18).
Alors même que l?avis indique que le territoire dispose d?une « biodiversité riche mais menacée au
sein d?espaces naturels étendus mais morcelés » (p.33), comment expliquer l?absence de réflexion
sur comment éviter ou réduire les impacts, ni même comment les compenser !
L?Autorité environnementale recommande in fine de clarifier l?effort de réduction de consommation
d?espaces (p.19).
Au-delà du fond, l?Ae juge que, globalement, la lisibilité de l?ensemble des documents est difficile
(page 6).
2. L?avis sur le schéma de cohérence territoriale (SCoT) 50 reprend les remarques sur le
SRADDET de la région Flandre Dunkerque :
? absence puis insuffisance d?analyse de la séquence ERC (p. 8) ;
? indicateurs définis mais sans valeur initiale ni objectifs (p. 8) ;
? absence d?analyse des corridors écologiques notamment intégrant le SDPN du grand port
(p. 14-15) ;
? aucune analyse sur les impacts sur les sites Natura 2000.
3. les avis délibérés sur le projet stratégique 2014/2018 du GPMD 51reprennent ces remarques
La mission régionale d?autorité environnementale (MRAe) ajoute qu?il n?y a pas, dans le projet
stratégique 2020-2024, d?analyse de conformité avec les documents stratégiques SRADDET et
SCoT. De plus, les remarques faites en 2021 sont souvent similaires à celles formulées sur le
document de 2014 :
? pas de séquence ERC, c?est-à-dire une planification plus précise des zones à aménager et
surtout, dès l?évaluation environnementale du plan, une identification des principaux impacts,
des mesures de réduction et d?évitement et une première évaluation des besoins de
compensation, le cas échéant, et ce, sans attendre l?émergence des projets ;
? absence d?indicateurs ;
? pas d?analyse des impacts sur les sites Natura 2000.
49 Schéma régional d'aménagement, de développement durable et d'égalité des territoires (SRADDET) de la région
haute de France : avis MRAe 2019 - 59 ; avis MRAE 2024-013
50 Avis délibéré de la mission régionale d'autorité environnementale Hauts de France sur la révision du schéma de
cohérence territoriale de la région Flandre - Dunkerque (59) n°MRAe 2019 - 3356
51 Projet stratégique 2014 - 2018 du grand port maritime de Dunkerque (59) : avis Ae 2014 - 107
-projet stratégique 2020 - 2024 du grand port maritime de Dunkerque (59) : avis MRAe 2021 - 53 93
PUBLIÉ
4. Les avis de l?Autorité environnementale sur les projets52 soulignent ces mêmes lacunes
avec constance. La mission observe que, lorsque l?évaluation environnementale d?un projet est
modifiée, et qu?un second avis est sollicité (exemple du projet CAP 2020), les modifications
apportées ne sont pas suffisamment substantielles pour que l?avis soit significativement différent.
Par exemple, concernant le choix et le calcul des gains de fonctionnalités des mesures de
compensation, l?Autorité environnementale relève que « les gains de fonctionnalités des mesures
de compensation la destruction des milieux naturels restent imprécis et l?équivalence avec les
milieux détruits n?est toujours pas démontrée en particulier en ce qui concerne les zones humides ».
52
- Projet CAP 2020 avis autorisé à 2023 - 20 et 2023 - 20 - 1
- projet d'aménagement de la zone grande industrie n° 2 avis AE numéro 2023 - 23
- entrepôt Weert Logistic Park XXVIII sur la zone DLI du grand port maritime de Dunkerque à Loon-Plage avis AE
2023 - 29
PUBLIÉ
Annexe 9. SDAGE Artois Picardie et Adour Garonne : deux
approches différentes
Si le projet détruit une zone humide de 10 ha de grande qualité patrimoniale avec des
fonctionnalités optimales et que les terrains possibles de compensation sont constitués de zones
humides dégradées avec un niveau de fonctionnalités de 50 % inférieur à celui des zones humides
détruites par le projet, pour tenir l?objectif d?absence de perte nette de biodiversité, la surface
requise sera au moins du double de la surface détruite majorée, le cas échéant, du coefficient
prévu par le SDAGE Artois Picardie, la compensation se situant de facto dans une fourchette
comprise entre 30 et 60 ha dans le cas d?école choisi.
Cas 1 : si ces terrains de compensation sont bien cartographiés comme zones humides à restaurer
par le SAGE et ce, au sein du même SAGE, alors la surface de compensation sera de 10 ha x 1,5
x 2 = 30 ha soit un coefficient en surface de 1 à 3.
Cas 2 : si ces terrains de compensation sont cartographiés comme zones humides à restaurer
mais dans un SAGE limitrophe, alors la surface de compensation sera de 10 ha x 2 x 2 = 40 ha
soit un coefficient de 1 à 4.
Cas 3 : si les terrains de compensations ne se situent pas dans une zone humide à restaurer
caractérisée par le SAGE, alors la surface de compensation exigible sera de 10 ha x 2 x 3 = 60 ha
soit un coefficient de 1 à 6.
En appliquant les règles du SDAGE Adour Garonne, la surface de compensation serait a minima
de 10 ha x 2 = 20 ha (si la méthode de dimensionnement par l?approche fonctionnelle est bien
documentée).
PUBLIÉ
Annexe 10. Liste des conventions
? Convention Conseil départemental/Agriculteurs : contractualisation d'indemnisation avec
les agriculteurs.
? Convention Conservatoire du littoral/gestionnaire/agriculteurs : convention d'occupation
temporaire (COTUA).
? Convention Conservatoire du littoral/SAFER : acquisition des terres agricoles.
? Convention Conservatoire du littoral/GPMD/CD 59 : achat de foncier à l'euro symbolique.
? Convention Conservatoire du littoral/GPMD/CD 62 : gestion des mesures compensatoires.
? Convention Conservatoire du littoral/GPMD : dépassement du périmètre de la
circonscription portuaire et sur plusieurs départements.
? Convention Conservatoire du littoral/chambres d'agriculture 59 et 62 : note d'intention sur le
partenariat.
? Convention CDC Biodiversité/SAFER/chambre d'agriculture : prévenir la spéculation
foncière et s'assurer de la mobilisation du foncier pour la compensation.
Photos : mission
PUBLIÉ
Sommaire
Résumé
Liste des recommandations
Introduction
1 Le Dunkerquois, un contexte particulier
1.1 Le plus grand polder de France : territoire atypique, très aménagé et artificialisé
1.2 Une économie locale basée sur deux piliers : l?activité industrialo-portuaire et un secteur agricole dynamique à forte valeur ajoutée
1.2.1 Le Grand port maritime de Dunkerque, pôle industrialo-portuaire en plein essor
1.2.2 Une agriculture conventionnelle dynamique à forte valeur ajoutée
1.3 Une nature relictuelle dans un environnement fragile et exposé aux effets du changement climatique
2 Une équation foncière complexe et sous tension
2.1 Une discordance « brutale » entre besoins affichés et capacités foncières de compensation, source de crispations du monde agricole
2.2 « Compenser, en proximité immédiate, en évitant les terres agricoles », une équation insoluble
3 Une planification et une anticipation insuffisantes
3.1 Un défaut de prise en compte de la séquence ERC dans les documents de planification
3.1.1 La faiblesse de la mise en oeuvre de la séquence ERC dans les documents présentés à l?enquête publique du secteur du Dunkerquois
3.1.2 Les évaluations environnementales présentées par le GPMD sont le plus souvent jugées de « médiocre qualité » par les autorités environnementales
3.1.3 Un choix plus sélectif des activités industrielles du port et la sobriété foncière des entreprises du GPMD sont des préalables à des demandes de compensation hors de son territoire
3.2 Assurer la qualité et la pérennité de la politique du GPMD en faveur de la biodiversité
3.2.1 Le GPMD s?était doté d?un schéma directeur du patrimoine naturel dès 2010
3.2.2 En 2024, un SDPN lacunaire
3.3 Massifier la compensation par l?offre
3.3.1 Développer les sites naturels de compensation, de restauration et de renaturation
3.3.2 Instaurer un dispositif de « Réserves Foncières de Compensation agréées »
4 Des marges de manoeuvre de la compensation écologique à utiliser
4.1 Recourir plus largement aux souplesses permises par la réglementation sur les conditions d?application de la compensation écologique
4.1.1 Distinguer les objectifs des conditions de mise en oeuvre de la compensation
4.1.2 En secteur tendu au plan foncier, la condition de proximité fonctionnelle doit pouvoir primer sur la proximité géographique
4.1.3 Assouplir les modalités d?application de la doctrine nationale sur la condition de l?additionnalité
4.2 Un dimensionnement des mesures, sobre au plan foncier, basé sur l?approche fonctionnelle
4.2.1 Le guide de 2021 sur l?approche standardisée du dimensionnement de la compensation propose un cadre harmonisé insuffisamment opérationnel
4.2.2 Des limites d?utilisation de l?interface de dimensionnement des zones humides révisée par l?OFB à clarifier
4.2.3 Des ratios sur les compensations zones humides questionnés
4.2.4 Un cumul de mesures compensatoires sur un même terrain à évaluer
4.2.5 Une exigence de compensation de l?artificialisation de terres agricoles qui questionne.
5 Une stratégie locale de compensation pour le Dunkerquois
5.1 Conforter le SDPN du GPMD
5.2 Des espaces naturels en proximité géographique immédiate à conforter et à enrichir
5.3 Miser sur la proximité fonctionnelle pour élargir le périmètre avec des mesures compensatoires « multifonctionnelles »
5.3.1 Un territoire pertinent élargi
5.3.2 Établir un programme de mesures multifonctionnelles sur ce territoire élargi
5.4 Améliorer la biodiversité en zone agricole avec des mesures compatibles avec les grandes cultures et la gestion hydraulique des wateringues
5.5 Mettre en place un projet d?accompagnement financier pour l?agriculture en synergie de la compensation écologique
5.6 Négocier et mettre en place des modalités de portage du foncier et de gestion des mesures compensatoires compatibles avec le mode de faire-valoir prépondérant
5.7 Mettre en place une gouvernance dédiée
Conclusion
Annexes
Annexe 1. Lettre de mission
Annexe 2. Liste des personnes rencontrées
Annexe 3. Glossaire des sigles et acronymes
Annexe 4. : Le système des Wateringues, exutoire des bassins versants de l?Aa et de la Hem
Annexe 5. Atlas cartographique
Annexe 6. Évolution du territoire et régression des espaces naturels
Annexe 7. Méthodes d?identification des surfaces pouvant accueillir de la compensation écologique
Annexe 8. Analyse des avis de l?Ae et de la MRAe sur les programmes et projets
Annexe 9. SDAGE Artois Picardie et Adour Garonne : deux approches différentes
Annexe 10. Liste des conventions
INVALIDE) (ATTENTION: OPTION
de compensation faisaient l?objet d?entretien réguliers drastiques afin de contenir les dynamiques
naturelles et réprimer la biodiversité afin de maximiser le potentiel de gain écologique valorisable
au titre des compensations. La proposition de la mission permet de prévenir cet effet pervers.
La mission propose d?instaurer un nouveau régime, simplifié, des « réserves foncières de
compensation agréées » qui reposerait sur :
? une surface minimale d?un seul tenant d?une taille critique à déterminer ;
? un état initial de la biodiversité établi sur la base d?un cahier des charges de référence validé
par l?OFB ;
? un avis du CSRPN, l?enregistrement au registre des « réserves foncières de
compensation » n?étant possible qu?avec l?appui d?un avis favorable du CSRPN ;
? un enregistrement (i) géo-référencé du terrain, (ii) de l?étude écologique de l?état initial (iii)
et de l?avis favorable du CSRPN, sur une plateforme de l?OFB, avec délivrance automatique
d?une attestation de déclaration dématérialisée.
Dans ce cas, un maître d?ouvrage pourrait se prévaloir des gains écologiques intervenus depuis le
temps T0 de l?étude d?état des lieux initial déclarée au registre. Cette mesure pragmatique serait
un puissant levier d?anticipation d?une compensation écologique efficace, complémentaire des
SNCRR et qui pourrait in fine faciliter l?émergence ultérieure de SNCRR. Cette recommandation
nécessiterait à minima un décret qui pourrait être fondé sur l?article L. 163-A-1 du code de
l?environnement relatif aux SNCRR.
Recommandation 2. (MTECT/OFB) Créer un dispositif simple d?enregistrement de réserves
foncières de compensation écologique permettant de valoriser les gains écologiques
générés entre la date d?enregistrement et la date de mobilisation du terrain pour une
compensation. Expérimenter ce dispositif dans les Hauts-de-France.
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Juillet 2024 Mission d?appui au préfet du Nord : compensation écologique et
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4 Des marges de manoeuvre de la compensation écologique
à utiliser
4.1 Recourir plus largement aux souplesses permises par la
réglementation sur les conditions d?application de la
compensation écologique
4.1.1 Distinguer les objectifs des conditions de mise en oeuvre de la
compensation
La compensation écologique des projets d?aménagement est prévue par le droit français depuis la
première loi de protection de la nature du 10 juillet 1976. Cette loi a posé les fondements de la
séquence « éviter, réduire, compenser » qui ont été précisés par la loi biodiversité du 8 août 2016.
Parmi les notions juridiques applicables à la compensation, il convient de bien distinguer les
objectifs fixés par la loi, des conditions permettant leur atteinte. S?agissant des objectifs, l?article
L. 110-1 du code de l?environnement précise que la compensation « vise un objectif d?absence de
perte nette de biodiversité, voire tendre vers un gain » alors que l?article L. 163-1 précise que les
mesures compensatoires « doivent compenser, dans le respect de leur équivalence écologique,
les atteintes à la biodiversité ». Ces objectifs fondamentaux, notamment l?équivalence écologique,
ne sauraient souffrir d?exception.
En effet, le guide 2021 sur l?approche standardisée explicite que la vérification de l?équivalence
écologique conditionne en définitive l?atteinte de l?objectif d?absence de perte nette de biodiversité.
L?équivalence écologique se mesure en termes quantitatifs et qualitatifs, d?une part sur la nature
des composantes affectées (mêmes espèces, habitats, fonctions que celles affectées) et d?autre
part sur leur qualité fonctionnelle, c?est-à-dire leur rôle au sein de l?écosystème affecté. L?atteinte
de l?équivalence écologique est un objectif transversal aux différentes étapes de l?approche
standardisée :
? Il s?agit de s?assurer que les éléments de biodiversité affectés sont compensables, c?est-à-
dire que l?atteinte de l?équivalence écologique est possible.
? Il s?agit de s?assurer de la disponibilité de sites de compensation à proximité fonctionnelle
du site impacté, sans quoi l?équivalence écologique ne peut être atteinte (lien équivalence
écologique et proximité fonctionnelle).
? Il s?agit de garantir que la méthode de dimensionnement implique bien d?établir que les gains
prédits sont supérieurs aux pertes. Pour ce faire, pertes et gains doivent être caractérisés
de la même manière, sans quoi l?équivalence écologique ne pourrait être évaluée.
L?équivalence écologique est considérée comme atteinte dès lors que toutes les espèces, habitats
et fonctions subissant des impacts résiduels significatifs, après mise en oeuvre des actions
d?évitement et réduction des impacts, ont fait l?objet de mesures de compensation visant les mêmes
espèces, habitats ou fonctions (voir p. 97 du guide 2021).
Au terme de ses entretiens, la mission considère que deux conditions de mise en oeuvre de
la compensation doivent pouvoir donner lieu à des appréciations assouplies de nature à
faciliter la mise en oeuvre d?une stratégie locale de compensation adaptée aux tensions
foncières qui caractérisent le Dunkerquois. Il s?agit de la condition de proximité et de la
condition d?additionnalité.
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Juillet 2024 Mission d?appui au préfet du Nord : compensation écologique et
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4.1.2 En secteur tendu au plan foncier, la condition de proximité
fonctionnelle doit pouvoir primer sur la proximité géographique
Un fondement indirect de la proximité fonctionnelle par les textes européens :
Ni la directive relative à l?évaluation environnementale des plans programmes (Directive
2001/42/CEE), ni celle relative à l?évaluation environnementale des projets (Directive 2011/92/UE),
ne traitent de la compensation environnementale. Les articles 12 et 16 de la directive 92/43/CEE
dite « habitats » relatifs au système de protection stricte des espèces et à leur dérogation ne
mentionnent explicitement ni les mesures compensatoires ni, a fortiori, ne posent de conditions
relatives aux modalités de mise en oeuvre « en proximité géographique ou fonctionnelle ». Il en est
de même pour la directive 2009/147/CE dite oiseaux, dont l?article 9 relatif au régime de
dérogations aux obligations de protection posées par les articles 5 à 8, ne mentionne pas au
nombre des conditions nécessaires, l?obligation de mettre en oeuvre des mesures compensatoires.
Seul l?article 6 relatif aux zones spéciales de conservation fait état de la compensation dans sa
dimension fonctionnelle41.
Toutefois, selon la doctrine de la commission (document d?orientation sur la protection stricte des
espèces animales d?intérêt communautaire d?octobre 2021) et la jurisprudence de la CJUE, des
mesures compensatoires peuvent être mobilisées à condition que leur définition et les modalités
de leur mise en oeuvre ne conduisent pas à remettre en cause l?objectif poursuivi par les directives,
en particulier ceux de garantir fonctionnalité écologique d?un site naturel ou le bon état de
conservation d?une population d?espèce protégée dans son aire de répartition naturelle.
En ce sens, les analyses juridiques de la direction des affaires juridiques du MTECT consultées
confirment que les textes européens abordent la proximité dans une approche fonctionnelle et que
le non-respect de la condition de proximité fonctionnelle de la compensation écologique découlant
des dispositions des directives « habitats » et « oiseaux » contreviendrait à l?exigence issue du
droit européen de ne pas remettre en cause la fonctionnalité des sites Natura 2000 ou l?état
favorable de conservation des population d?espèces protégées à l?échelle de leur aire de répartition.
Le cadre législatif modifié en 2023 consacre la notion de proximité fonctionnelle :
L?article 15 de la loi n°2023-973 du 23 octobre 2023 dite loi industrie verte a consacré la notion de
proximité fonctionnelle qui doit permettre, dans les zones sous tension foncière comme le
Dunkerquois, de s?affranchir d?une condition stricte de proximité géographique immédiate que les
services instructeurs ont encore parfois tendance à exiger.
Dans son alinéa 4, l?article L. 163-1 prévoit désormais que « Les mesures de compensation sont
mises en oeuvre en priorité sur le site endommagé ou, en tout état de cause, en proximité
fonctionnelle avec celui-ci afin de garantir ses fonctionnalités de manière pérenne. Une même
mesure peut compenser différentes fonctionnalités. ».
La proximité fonctionnelle, notion précisée par la doctrine, est fondée sur des déterminants
écologiques liés à la viabilité des populations ou sous-populations d?espèces à l?échelle de
leur aire de répartition :
? guide 2021 page 58 : « à proximité fonctionnelle, c?est-à-dire intégré dans la même zone
naturelle et accessibles aux mêmes (sous)-populations d?espèces, si les mesures de
compensation ne peuvent être mises en oeuvre sur le site impacté ou à proximité
immédiate » ;
41 « ?4. Si, en dépit de conclusions négatives de l?évaluation des incidences sur le site et en l?absence de solutions
alternatives, un plan ou projet doit néanmoins être réalisé pour des raisons impératives d?intérêt public majeur, y
compris de nature sociale ou économique, l?Etat membre prend toute mesure compensatoire nécessaire pour
assurer que la cohérence du site Natura 2000 est protégée ».
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? guide 2021 page 29 : « Condition selon laquelle les mesures de compensation sont mises
en oeuvre en priorité au plus près du site endommagé et dans tous les cas en proximité
fonctionnelle et au sein de la même zone naturelle ».
La zone naturelle est une région présentant des caractéristiques homogènes et similaires aux sites
affectés d?un point de vue physique et d?un point de vue de l?occupation humaine. Pour les espèces,
la proximité fonctionnelle fait appel à la capacité de déplacement des espèces. En ce qui concerne
les fonctions écologiques, la proximité fonctionnelle est atteinte quand la fonction considérée
concerne le même élément de biodiversité que celui affecté, par exemple la même population ou
sous-population, la même ressource en eau, le même bassin versant.
La fiche n°13 des lignes directrices nationales sur la séquence ERC d?octobre 2013 offre
des marges de manoeuvre que la mission propose de mobiliser pleinement afin de définir la
zone naturelle de référence pour compenser les impacts des projets industriels du
Dunkerquois.
« Pour chaque projet, en l?absence de préconisation régionale particulière, le périmètre de la zone
naturelle est défini par le maître d?ouvrage selon un argumentaire précis circonstancié et en
concertation avec les acteurs du territoire, et doit être validé par le service instructeur. Il peut ne
pas recouper les limites administratives. La proximité recherchée doit permettre d?assurer le
maintien d?un même niveau de services rendus par les écosystèmes aux populations locales
impactées (cf. infra). Certains facteurs peuvent justifier un éloignement modéré par rapport à la
zone impactée, si des arguments démontrent que cet éloignement favorise l?atteinte de
l?équivalence écologique (cf. supra). Exemples de facteurs : une plus forte probabilité d?atteinte des
objectifs sur un terrain plus éloigné (liée par exemple à une meilleure connectivité de la mesure
compensatoire avec d?autres milieux) ; la perspective de déplacement des populations des
espèces visées du fait du changement climatique ; la forte probabilité que des terrains favorables
situés à proximité de la zone impactée soient impactés ».
4.1.3 Assouplir les modalités d?application de la doctrine nationale sur la
condition de l?additionnalité
La notion de l?additionnalité, définie par la doctrine, impose qu?une compensation apporte une plus-
value au regard de mesures ou de politiques environnementales déjà existantes. En d?autres
termes, une mesure compensatoire est additionnelle lorsqu?elle génère un gain écologique pour le
site de compensation qui n?aurait pas pu être atteint en son absence.
Comme le soulignait déjà la mission inter-inspection de 2021, son application stricte, peut ne pas
permettre d?assurer la synergie des politiques entre elles en zones foncières tendues où la
réalisation des mesures ERC, et en particulier de la compensation, devient une gageure.
Dans ses conclusions, la mission de 2021 suggérait déjà : « Dans certaines zones tendues et
denses, l?application du principe d?additionnalité sur certains espaces naturels existants pourrait
être assouplie au cas par cas dès lors que la plus-value écologique de la compensation, au regard
de la mesure écologique existante, serait mesurée, spécifiquement financée, contrôlée et garantie
dans le temps et que sa réalisation serait sinon moins efficace écologiquement, les éléments
probants en étant apportés par le maître d?ouvrage dans l?étude d?impact. ».
Or, la mission observe que les Lignes Directrices ERC de 2013 (fiche n°14) offrent déjà des marges
de manoeuvres notables :
« Dans tous les cas, les mesures compensatoires doivent être additionnelles aux actions publiques
existantes ou prévues en matière de protection de l?environnement (plan de protection d?espèces,
instauration d?un espace protégé, programme de mesure de la directive-cadre sur l?eau, trame
verte et bleue, etc.). Elles peuvent conforter ces actions publiques (en se situant par exemple sur
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le même bassin-versant ou sur un site Natura 2000), mais ne pas s?y substituer. L?accélération de
la mise en oeuvre d?une politique publique de préservation ou de restauration, relative aux enjeux
impactés par le projet, peut être retenue au cas par cas comme mesure compensatoire sur la base
d?un programme précis (contenu et calendrier) permettant de justifier de son additionnalité avec
l?action publique. »
La mission constate donc que les lignes directrices de 2013 abordaient déjà la condition
d?additionnalité administrative avec souplesse en acceptant le principe que les mesures
compensatoires puissent, au cas par cas, accélérer la mise en oeuvre d?une politique publique de
préservation ou de restauration existantes sur le terrain proposé en compensation.
Par ailleurs, dans les projets de décrets du dispositif SNCRR mis en consultation le 29 mars 2024,
l?article 2 modifiant l?article D. 163-1 du Code de l?Environnement propose désormais une définition
de cette additionnalité : « Il est additionnel (le gain écologique) à celui obtenu par la mise en oeuvre
des opérations de restauration écologique ou de développement d?éléments de biodiversité sur le
site considéré qui sont rendues obligatoires ou qui sont déjà engagées à l?aide de budgets publics
en faveur de la biodiversité. Dans ces cas, le calcul du gain écologique d?un site naturel de
compensation, de restauration et de renaturation décompte la part de gain écologique provenant
des opérations de restauration rendues obligatoires ou engagées à l?aide de budgets publics en
faveur de la biodiversité. Les critères permettant de répondre à l?ensemble de ces exigences sont
fixés par un arrêté du ministre chargé de l?environnement ».
Cette définition, si elle est in fine validée, et si elle est applicable au-delà du seul cadre des SNCRR,
n?est plus une simple interprétation de l?objectif d?absence de perte nette. La définition semble
précise et raisonnable, car en faisant état d?opérations obligatoires ou déjà engagées à l?aide de
budgets publics en faveur de la biodiversité, elle confirme la possibilité de prolonger et d?accélérer
des actions publiques, pour peu que les mesures ne soient pas obligatoires et ne soient pas déjà
engagées ou déjà programmées et financées.
A cet égard, la mission a examiné les doctrines nationales d?accueil de la compensation écologique
appliquée respectivement par le Conservatoire de l?espace littoral et des rivages lacustres (CELRL)
et par l?Office national des forêts (ONF). Ces deux établissements publics sont gestionnaires de
patrimoines fonciers naturels appartenant à l?Etat. Le caractère inaliénable des terrains du CELRL
tout comme des forêts domaniales gérées par l?ONF, et la gestion publique de très long terme dont
ces terrains bénéficient, sont un gage précieux de pérennité des mesures compensatoires
écologiques qui rendent ces terrains attractifs pour les maîtres d?ouvrages en quête de sites
d?accueil de la compensation écologique. Aussi, les deux opérateurs ont établi des principes
directeurs de l?accueil de mesures compensatoires sur leurs terrains depuis déjà plus de 10 ans.
La mission a examiné comment ces principes directeurs traitaient de la condition d?additionnalité
de façon opérationnelle.
Le conservatoire du littoral, dans sa note d?orientation validée par son conseil d?administration
du 1er octobre 2015, aborde la question de l?additionnalité de façon très sobre. Il reconnaît l?intérêt
de recevoir des mesures compensatoires pour accélérer la mission de protection du tiers naturel à
horizon 2050 par des acquisitions additionnelles à celles permises par son budget d?intervention,
et par ailleurs, « d?accroitre le niveau de qualité des sites déjà placés sous sa protection ». Selon
cette note d?orientation, l?acquisition foncière de milieux naturels, en vue de leur protection définitive
et associée à la réalisation d?actions de gestion est considérée comme une mesure compensatoire
susceptible d?être opérée par le conservatoire du littoral. La note d?orientation admet aussi, dans
une approche très souple de l?additionnalité, que la compensation puisse concerner des travaux
de restauration ou d?aménagement sur des terrains déjà propriété du Conservatoire, voire même
la gestion pérenne du site, sans plus de précision.
L?Office national des forêts (ONF) : le guide compensation écologique en forêt domaniale du
26/09/2019 préconise d?identifier les zones potentielles de compensation dès l?élaboration des
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aménagements forestiers (plans de gestion sur 20 ans) sans que cela ne contrevienne au principe
d?additionnalité. La mission observe que cette orientation, qui participe utilement de l?anticipation
et de la planification des mesures compensatoires, est à encourager. Par ailleurs, dans le guide
ONF, l?aménagement forestier détermine le scénario de référence qui permet d?évaluer le respect
du principe d?additionnalité, et que les actions explicitement conditionnées à l?obtention de
financements contractuels ou bien non prévues dans l?aménagement mais compatibles avec celui-
ci, respectent cette condition.
En synthèse, au vu du retour d?expérience du conservatoire du littoral et de l?office national des
forêts, la mission suggère que le MTECT précise la doctrine sur une approche souple et raisonnée
de l?additionnalité sur les bases suivantes.
Pourraient être admises comme mesures compensatoires :
? Des acquisitions de terrains naturels ou forestiers, en vue d?une protection renforcée et
associée à un programme de travaux de génie écologique visant à générer des gains
écologiques. Ce peut être le cas de terrains en zone d?intervention du CELRL à transférer
dans le domaine propre du Conservatoire, des terrains enclavés ou contigus aux forêts
domaniales à verser au domaine forestier de l?Etat, des terrains acquis à verser au domaine
public du Département au titre des ENS.
? S?agissant de terrains déjà dans le domaine de ces acteurs de la protection foncière ou
bénéficiant déjà de mesures planifiées en faveur de la biodiversité, à l?exclusion des terrains
sous protection forte, les mesures compensatoires sous forme de travaux de génie
écologique pourront être admises s?il est démontré, au cas par cas, quelles n?étaient pas
inscrites au plan de gestion approuvé tout en restant compatibles avec ce dernier, qu?elles
étaient inscrites au plan de gestion mais conditionnées à des financements contractuels,
ou bien qu?elles permettent d?anticiper la réalisation d?actions planifiées au-delà d?une
période à déterminer qui pourraient être fixée à 5 ans, la majorité des plans de gestion ayant
une durée de validité de 10 à 15 ans.
Ces dispositions ne doivent cependant pas conduire à ce que les établissements publics ne
bénéficient plus des financements de base pour assurer la gestion durable y compris écologique
des territoires qui leur sont affectés.
4.2 Un dimensionnement des mesures, sobre au plan foncier, basé
sur l?approche fonctionnelle
4.2.1 Le guide de 2021 sur l?approche standardisée du dimensionnement
de la compensation propose un cadre harmonisé insuffisamment
opérationnel
Les rapports du Sénateur Ronan Dantec (2017)42 et celui des députées Nathalie Bassire et
Frédérique Tuffnell (2018)43 relevaient le caractère hétérogène des dossiers, facteur de complexité
pour l?instruction par les services de l?Etat, et facteur d?incompréhensions, d?appréciations
hétérogènes et jugées arbitraires, de navettes, de pertes de temps et de coûts.
En réponse aux recommandations de ces parlementaires, l?approche standardisée du
dimensionnement de la compensation écologique, guide édité par le MTECT avec le concours de
42 https://www.senat.fr/rap/r16-517-1/r16-517-11.pdf
43 https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/rapports/cion-dvp/l15b1096_rapport-information
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l?OFB et du CEREMA en 202144, propose un cadre national pour concevoir et dimensionner les
mesures de compensation. Il apporte incontestablement une première réponse au besoin
largement exprimé par les acteurs impliqués dans la mise en oeuvre de la séquence ERC,
d?harmoniser et d?améliorer les pratiques de compensation.
Pour autant, la mission a pu observer à lecture des avis récents du CNPN ou lors de ses auditions,
les difficultés persistantes découlant de la diversité des méthodes qui compliquent les processus
d?élaboration puis d?instruction des dossiers de compensation, les parties prenantes devant
commencer par appréhender la méthodologie adoptée par le maître d?ouvrage ou son bureau
d?étude, ses fondements scientifiques, puis décrypter les conventions adoptées pour la paramétrer
et pondérer les fonctionnalités.
Chaque bureau d?étude a en effet développé sa propre méthode qui participe de son fonds de
commerce. Ces méthodes diverses et aux sous-jacents parfois opaques génèrent aussi une forme
d?inéquité entre porteurs de projets et un sentiment d?arbitraire.
En 2021, la production du guide sur l?approche standardisée avait constitué, au terme d?une longue
phase de concertation, une marche significative sur la voie de l?harmonisation en fixant les
principes et les étapes incontournables à respecter dans la démarche de dimensionnement pour
s?assurer du respect de l?objectif de gain écologique et d?absence de perte nette de biodiversité.
Ce guide, qui intègre tous types d?espèces, d?habitats et de fonctionnalités, permet de suivre un fil
conducteur structurant l?analyse sans remettre en cause les méthodes existantes. Dès la page 12,
le guide concède ne pas vouloir imposer une méthode de dimensionnement unique au motif qu?elle
pourrait s?avérer inadaptée au regard de la pluralité des procédures et de contextes. Or, force est
de constater que le maquis des 25 méthodes couramment utilisées n?est pas dépendant des
diversités de contexte, mais dépend essentiellement de la diversité de pratiques des bureaux
d?étude, chaque bureau d?étude ayant investi et développé une méthode principale qui fait sa
marque de fabrique.
Afin de faciliter l?appropriation de la démarche de compensation pour tous les maillons du
processus et de garantir un principe d?équité entre les maîtres d?ouvrages, la mission recommande
que l?État opte à moyen terme pour une méthode centrale de dimensionnement de référence pour
les espèces et les habitats protégés, une méthode robuste et évitant l?excès de raffinement source
de complexité. Elle recommande d?aller au-delà du guide de l?approche standardisée et choisir une
méthode pivot de dimensionnement de référence validée par la DGALN après avis du CNPN. La
méthode d?équivalence d?écart de milieu éprouvée par la CDC Biodiversité, filiale d?un opérateur
de l?État, pourrait servir de base de départ après avoir fait l?objet d?une revue par des experts du
CNPN. Dans un souci d?adaptation aux contextes régionaux, le paramétrage de la méthode de
référence préconisée par l?État serait décliné dans chaque région avec l?appui du CSRPN. A court
terme, pour pallier le manque d?opérationnalité du guide, un travail d?approfondissement pourrait
être réalisé afin de définir des typologies d?impacts et de restauration par catégories de milieux afin
de guider plus précisément la déclinaison quantitative et qualitative du dimensionnement. Ce travail
irait de pair avec un retour d?expérience et une revue des méthodes les plus couramment utilisées
en vue de valider un panel réduit de méthodes référencées par l?État, si besoin par grande zone
biogéographique.
Le calibrage des unités de compensation renvoie à la question du dimensionnement de la
compensation mentionné ci-dessus. Le cadre des SNCRR, en cours de définition suite aux
dispositions adoptées par la loi industrie verte, devrait justement donner l?opportunité aux pouvoirs
publics de stabiliser un cadre plus précis et une méthode centrale pour évaluer la plus-value des
actions envisagées au regard des impacts devant être compensés. Sans la définition d?une
méthode centrale de dimensionnement, il ne parait pas possible d?envisager simplement le
44 https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/Approche_standardis%C3%A9e_dimensionnement_compensatio
n_%C3%A9cologique.pdf
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foncier agricole dans le cas des projets d?aménagement du
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rapprochement entre l?offre et la demande, si la méthode de dimensionnement des UC de la
SNCRR crées par anticipation par l?opérateur de compensation risque d?être radicalement
différente de la méthode d?évaluation des impacts utilisée par le bureau d?étude du maître
d?ouvrage.
La massification souhaitable des SNCRR suppose simplification et transparence dans le
dimensionnement, c?est une raison supplémentaire qui milite pour le développement d?une
méthode de référence unique et opérationnelle.
Enfin, face au déficit d?appropriation des questions relatives à la compensation écologique et à la
complexité du dimensionnement des gains et des pertes de biodiversité, un progrès indubitable
pourrait être obtenu en renforçant l?offre de formation. L?OFB pourrait faire monter en puissance
la formation sur le dimensionnement des mesures compensatoires actuellement dispensée
aux services déconcentrés de l?État et l?ouvrir notamment aux fonctionnaires territoriaux
des collectivités et aux bureaux d?études.
Recommandation 3. (MTECT) Pour faciliter le dimensionnement des mesures
compensatoires (hors zones humides), référencer un nombre réduit de méthodes de
dimensionnement et opter, à terme, pour une méthode pivot de référence.
La mission s?est intéressée au système mutualisé de compensation en vigueur en Allemagne. Un
système à points, intégré dans le fonctionnement des banques de compensation dit « Ökokonto »
permet une analyse de l?équivalence par éco-points contribuant à équilibrer des enjeux de
biodiversité mais en laissant la possibilité de s?affranchir de l?équivalence écologique stricte et de
proximité entre les composantes de biodiversité impactées et compensées. Comme le souligne un
article INRAE de 201945, cette méthode est utilisée en Allemagne hors du cadre de la biodiversité
protégée, mais exclusivement pour la biodiversité ordinaire. Le système français se focalise
aujourd?hui sur la biodiversité protégée dont les modalités de compensation sont proches de nos
voisins allemands. La compensation des atteintes à la biodiversité ordinaire, si elle devait se
développer, pourrait possiblement s?inspirer de ce système à points.
4.2.2 Des limites d?utilisation de l?interface de dimensionnement des
zones humides révisée par l?OFB à clarifier
L?OFB vient de produire une deuxième version du guide national d?évaluation des fonctions des
zones humides, outil de référence pour le dimensionnement des compensations « zones
humides », diffusée sur le site de l?OFB le 6 novembre 2023. S?il ne s?agit pas à proprement parler
d?une méthode de dimensionnement « ex ante », elle permet de dimensionner les mesures de
façon fiable et pertinente à partir du moment où on dispose, en regard des zones humides détruites,
de la connaissance des zones susceptibles de venir en compensation.
Cet outil appliqué dans le polder de l?Aa, générait des besoins de compensations traduites en
équivalent surface entre des coefficients 2 et 3. De l?avis convergent de plusieurs acteurs, cette
version 2 du guide, si elle s?avère plus ergonomique, aurait tendance à majorer les besoins de
compensations, générant in fine des ratios supérieurs à 1 à 3 en surface selon les types de milieux
proposés à la compensation. De l?avis des experts, ce changement découlerait de la prise en
compte de nouvelles fonctionnalités, qui obligeraient, pour être compensées, de mobiliser des
surfaces de compensation supplémentaires.
La mission suggère à l?OFB de préciser les conditions et limites d?usage du guide révisé afin d?éviter
45 Article 2021 Dieckhoff et al sur la compensation mutualisée en Allemagne.
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une inflation des ratios de compensation en surface due à de mauvaises conditions d?utilisation de
l?outil, en s?appuyant sur un retour d?expérience de l?utilisation de l?outil par les bureaux d?études et
les opérateurs de la compensation.
4.2.3 Des ratios sur les compensations zones humides questionnés
Les ratios appliqués par le SDAGE Artois Picardie sont identifiés par certains acteurs comme un
facteur aggravant la tension foncière sur les besoins de compensation. Les ratios prévus par les
SDAGE sont le résultat de choix intégrant plusieurs critères d?ordre techniques, règlementaires et
politiques, opérés par les comités de bassin. La mission rappelle que les SDAGE ont permis
historiquement, notamment avant la loi pour la reconquête de la biodiversité de 2016, de prévoir
un socle d?ambitions pour la restauration de zones humides, dans une période où les méthodes de
dimensionnement de la compensation étaient balbutiantes. Aujourd?hui, la compensation
fonctionnelle tendant à se substituer à la compensation exclusivement surfacique, les SDAGE
abandonnent progressivement les ratios surfaciques. Si la mission constate que le SDAGE Artois
Picardie 2022-2027 a bien substitué des ratios fonctionnels à ses ratios surfaciques, le maintien
de ratios à 150 %, 200 % voire 300 %, a mécaniquement un effet amplificateur de la surface de
foncier à mobiliser pour la compensation.
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SDAGE 2022-2027 SDAGE 2016-2021
Restauration de zone humide au moins
équivalente au plan fonctionnel, sans que la
surface de compensation ne puisse être
inférieure à la surface détruite, et selon un ratio
fonctionnel de :
Compenser l?impact résiduel de son
projet sur les zones humides en
prévoyant par ordre de priorité :
150 % minimum si le site de compensation est dans
la liste des zones humides « à restaurer/réhabiliter »
du SAGE de la zone humide détruite.
La restauration de zones humides
équivalentes sur le plan fonctionnel, à
hauteur de 150 % minimum de la surface
perdue
200 % minimum si le site de compensation se situe
dans une zone humide « à restaurer / réhabiliter »
caractérisée mais dans un SAGE voisin de la zone
humide détruite
300 % dans les autres cas.
Création de zones humides proscrite
Zones humides équivalentes sur le plan
fonctionnel et à hauteur de 100 % minimum
de la surface détruite.
A cet égard, la note de doctrine de la DREAL d?application de la disposition A. 9-5 du SDAGE
relative à la séquence ERC en zones humides46, très didactique, mérite d?être saluée. La mission
note que le paragraphe 3.3. qui traite des ratios du SDAGE, insiste beaucoup sur le fait que les
ratios ne constituent plus des ratios « surfaciques » et en valorise un exemple pour lequel
l?application des ratios SDAGE serait neutre en termes de surface dès lors que le gain de
fonctionnalité sur la zone de compensation serait 1,5 à 3 fois supérieur à la perte sur le site impacté.
Cette configuration nous semble exceptionnelle.
La mission observe que d?autres SDAGE ont fait le choix d?aller plus loin dans l?approche
fonctionnelle avec un effet de sobriété foncière des compensations. C?est le cas du SDAGE Adour
Garonne qui s?appuie sur l?analyse critique des méthodes de compensation de destruction de
zones humides, appliquées en Europe et aux États-Unis, analyse réalisée par le Muséum national
d'histoire naturelle47. Ce retour d'expériences montre que les aménagements à surface équivalente
ne compensent que très partiellement les fonctions hydrologiques et biologiques des milieux
détruits, en raison des risques d'échec de la mesure compensatoire ou d'un décalage temporel
pour atteindre des fonctionnalités opérationnelles. Cette étude recommande l'option de
restauration de zones humides aujourd'hui dégradées, voire de réhabilitation des fonctions plutôt
que leur création ex nihilo, ainsi que l'application d'un niveau de compensation de l'ordre de 150 %
de la superficie pour retrouver un niveau de fonctionnalité équivalente.
Dans le SDAGE Adour Garonne, les mesures compensatoires doivent correspondre à une
contribution au moins équivalente, en termes de biodiversité et de fonctionnalités, à la zone humide
détruite et s'inscrire dans une logique de gain net. Ainsi, le pétitionnaire doit démontrer que la
compensation qu?il propose apporte, pour une surface équivalente supérieure ou inférieure à la
surface de zone humide détruite, une contribution au moins équivalente en termes de biodiversité
et de fonctionnalités (additionnalité écologique). En cas d?absence de cette démonstration, la
compensation est alors effectuée a minima à hauteur de 150 % de la surface perdue. Les mesures
compensatoires doivent être localisées prioritairement dans le bassin versant de la masse d'eau
46 https://www.artois-picardie.eaufrance.fr/IMG/pdf/20220411_doctrine_disposition_a-9.5.pdf
47 MNHN - 2011 source bibliographique : Barnaud, G. & Coïc, B. 2011. Mesures compensatoires et correctives
liées à la destruction des zones humides : revue bibliographique et analyse critique des méthodes.
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impactée, à défaut dans le même bassin versant de gestion ; en cas d'impossibilité technique, une
justification devra être produite.
Aussi, le moment venu, les modalités de compensations du SDAGE pourraient être révisées afin
de privilégier l?approche comparable à celle prévalant dans le bassin Adour Garonne. Pour faciliter
la recherche de mesures compensatoires efficaces sans application de ratios pénalisants, sur la
base de ses analyses, la mission recommande de raisonner à l?échelle de la globalité du bassin
versant de l?Aa et de ne plus appliquer de ratio 1 pour 2 quand une mesure compensatoire zone
humide est accueillie dans le périmètre du SAGE de l?Audomarois pour une zone humide impactée
dans le delta de l?Aa. Il s?agit du même bassin-versant. A titre d?exemple, une destruction de zone
humide de grande qualité patrimoniale peut générer un besoin de compensation de l?ordre de 30
à 60 ha en appliquant les prescriptions du SDAGE Artois Picardie, alors qu?il ne serait que de
20 ha en appliquant les prescriptions du SDAGE Adour Garonne (cf. annexe 9).
Dès lors que la compensation proposée génère un gain écologique équivalent ou supérieur aux
pertes, des coefficients multiplicateurs de fonctionnalités obligatoires de 200 ou 300 %
apparaissent exagérés, le SAGE du delta de l?Aa et SAGE de l?Audomarois traitant du même
bassin-versant.
Recommandation 4. (Préfet/Agence de l?eau Artois Picardie) Réviser le SDAGE pour éviter
l?application de coefficients multiplicateurs entre SAGE d?un même bassin versant.
4.2.4 Un cumul de mesures compensatoires sur un même terrain à
évaluer
Une autre piste favorable à la sobriété foncière renvoie à la superposition de plusieurs mesures
compensatoires sur la même emprise foncière. Le monde agricole semble ouvert à l?idée de la
multifonctionnalité des zones de compensation qui pourraient assurer plusieurs fonctionnalités
différentes et complémentaires. La mission a examiné cette possibilité au regard du droit.
Concernant la superposition des mesures compensatoires « biodiversité », la fiche n°16 des lignes
directrices ERC de 2013 explore les « possibilités de mutualiser le foncier pour plusieurs mesures
compensatoires d?un même projet » en expliquant notamment que « la mutualisation de mesures
compensatoires issues de différentes procédures est possible si les objectifs respectifs sont
respectés et conciliables ». En toute rigueur, rien ne s?oppose donc à ce qu?une même parcelle
puisse accueillir des mesures compensatoires au titre des zones humides et des espèces
protégées. Elle rappelle toutefois, en conformité avec la doctrine nationale ERC, qu?« une même
mesure compensatoire sur une parcelle donnée ne peut pas servir à compenser les impacts issus
de plusieurs projets, ni au même moment, ni dans le temps ».
La superposition de mesures compensatoires issues de projets différents, et a fortiori de maîtres
d?ouvrage différents, n?est donc pas compatible avec la doctrine nationale actuelle. Pour autant,
sur le plan strictement juridique, cela ne semble pas totalement impossible à condition :
? qu'il y ait un arrêté préfectoral modificatif, avec éventuellement transfert de la responsabilité
de la compensation au nouveau pétitionnaire et extinction des obligations du maître
d'ouvrage précédent ;
? que les principes ERC soient respectés (avec notamment un gain écologique suffisant pour
assurer l'équivalence fonctionnelle de tous les projets impactant cumulés concernés).
Dans le contexte foncier sous tension comme le Dunkerquois, le cumul de mesures
compensatoires de projets différents pourrait éventuellement être expérimenté, mais ne devrait
être envisagé qu?en dernier ressort, après avoir mobilisé au préalable la palette des autres
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solutions proposées par le rapport.
4.2.5 Une exigence de compensation de l?artificialisation de terres
agricoles qui questionne.
En exploitant les avis du CNPN et de l?autorité environnementale sur le projet CAP 2020 et les avis
sur les projets antérieurs, la mission observe une évolution des exigences de compensation des
impacts de l?artificialisation des terres agricoles qui pose question.
Dans son avis du 23 mars 2023, le CNPN déplore que le niveau des mesures de compensation ne
permette pas à ce stade de garantir un zéro net de perte de biodiversité pour l?ensemble du projet,
en faisant valoir que « les mesures proposées dans le dossier initial compensent à un taux de
l?ordre de 65 % en surfacique les zones détruites ». Le CNPN suggère au pétitionnaire d?effectuer
une recherche et une identification de zones de compensation complémentaires, le cas échéant
en dehors de la zone de projet, pour atteindre une équivalence minimale de 1/1 en surface et une
absence de perte nette de biodiversité. Selon le CNPN, s?éloigner d?une équivalence de 1/1
contribue à l?artificialisation nette, contraire à la politique nationale du ZAN.
Par ailleurs, l?OFB note que l?étude d?impact souligne que le principal milieu impacté par le projet
CAP 2020 est le milieu ouvert agricole, ce qui pourrait avoir un impact négatif sur certaines espèces
d?oiseaux comme l?alouette des champs ou la bergeronnette printanière.
Ces avis ont conduit à demander de compenser les surfaces agricoles artificialisées par des
mesures d?une surface au moins équivalente, au motif que les terres agricoles artificialisées
pouvaient avoir un intérêt potentiel pour le cycle biologique de certaines espèces d?oiseaux des
champs.
A contrario, la mission constate que le projet de poste RTE de Bourbourg (commune de la CUD)
réalisé sur 5 ha de terres agricoles similaires à celles de CAP 2020, certes sur une moindre surface,
n?a donné lieu à aucune demande de compensation écologique.
La mission a noté que dans son avis sur le projet de SNCRR de Valmagne portée par le bureau
d?étude BIOTOPE, le CNPN s?est montré très réservé pour accepter que des terres cultivées
puissent porter des mesures compensatoires au motif que le potentiel de gain écologique y était
faible, position qui semble peu cohérente avec la demande formulée sur Dunkerque de compenser
l?artificialisation de terres agricoles cultivées au motif qu?elles sont potentiellement support de
biodiversité.
Il importe que le CNPN formule des avis cohérents sur la base d?éléments de doctrine qu?il pourrait
se donner, en lien avec les CSRPN, la mission considérant que des terres agricoles cultivées ne
sauraient donner lieu à des demandes de compensation écologiques si l?étude d?impact n?y révèle
pas la présence effective d?espèces ou d?habitats protégés.
Recommandation 5. (MTECT/CNPN) Etablir des éléments de doctrine au sein du CNPN, en
lien avec les CSRPN, afin de clarifier les attentes en matière de compensation écologique
de l?artificialisation de zones agricoles cultivées.
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5 Une stratégie locale de compensation pour le Dunkerquois
Une stratégie de compensation acceptable par les parties prenantes doit pouvoir reposer sur une
palette d?actions synthétisées dans le schéma ci-après. Elles conditionnent une confiance
retrouvée entre les organisations professionnelles et les maîtres d?ouvrage porteurs de besoins de
compensations, en tout premier lieu le GMPD.
Avant tout, cette stratégie doit pouvoir s?inscrire dans le cadre d?une réflexion territoriale élargie
permise par l?affirmation de la condition de proximité fonctionnelle et mobilisant toutes les marges
de manoeuvre permises par la réglementation.
Il est essentiel, comme l?a initié le préfet du Nord, lors de la réunion de revue de projets du 13 mars
2024, de donner de la visibilité sur les projets, les emprises foncières requises et les besoins
projetés de compensation après mise en oeuvre des actions d?évitement et de réduction des
impacts. C?est naturellement le rôle des plans stratégiques et des documents d?urbanisme, pour
peu qu?ils apprécient les besoins de compensation dans leur évaluation environnementale et qu?ils
délimitent des zones préférentielles de renaturation, comme le prévoient désormais les articles
L. 141-10, L. 151-7, L. 211-1-1 du code de l?urbanisme. En la matière, le GMPD, établissement
public d?État, a une responsabilité particulière qui l?oblige non seulement à produire un plan
stratégique explicite et actualisé lorsque des changements le nécessite, mais aussi de faire la
démonstration, en toute transparence, que son foncier portuaire est bien optimisé, par une
rationalisation des implantations industrielles que par la maximisation de l?internalisation des
mesures compensatoires qui lui incombent.
Par ailleurs, il convient de mettre fin aux démarches opportunistes et désordonnées de captation
de terrains agricoles pour la compensation qui accentuent la spéculation foncière, en arrêtant, sous
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l?égide du préfet, un cadre de gouvernance (cf. partie 5.7.) et de nouvelles règles du jeu
pragmatiques, engageant l?État, les collectivités, les maîtres d?ouvrages, les opérateurs de la
compensation exerçant localement et la chambre d?agriculture. Ces règles du jeu devraient aborder
l?harmonisation des méthodes et doctrines de dimensionnement plus transparentes, et les
modalités concertées d?accueil de mesures en terrain agricole.
5.1 Conforter le SDPN du GPMD
La direction du GPMD indique qu?il reste environ 77 ha de SDPN sur lequel il serait possible
d?installer encore sur le port des mesures compensatoires, et que le reste de la surface du SDPN
est soit déjà engagé par des mesures de compensation précédentes soit peu susceptible d?abriter
de nouvelles mesures.
C?est sur la base de ce constat que le GMPD a engagé en 2023 le projet d?un SDPN-e, visant à
mobiliser des terrains de compensation à l?extérieur du périmètre du port. La mission estime que
le GMPD, en se contentant d?affirmer que son SDPN était saturé de mesures compensatoires, n?a
pas fait la démonstration, pourtant indispensable, qu?il avait optimisé ses réserves foncières, dans
le respect de la démarche ERC, en se donnant les moyens de conforter son SDPN historique par
des surfaces complémentaires. Or, faire la démonstration explicite et partagée avec les acteurs
locaux que le GMPD a fait et continue à faire ses meilleurs efforts pour assumer ses mesures
compensatoires sur son périmètre sera un préalable à l?acceptabilité, le cas échéant, d?une
mobilisation partielle de mesures compensatoires sur des terres agricoles à l?extérieur du port.
Dans cette perspective, la mission considère que le GMPD dispose encore de marges de
manoeuvre qui restent à mobiliser :
? S?il parait difficile de modifier la destination des surfaces pour lesquels des projets sont déjà
connus, en revanche il est encore possible d?optimiser les emprises d?occupation des
terrains concédés aux sociétés utilisatrices de terrains afin de mobiliser les emprises sous-
utilisées, soit pour optimiser des implantations d?infrastructures futures, soit pour mobiliser
ces délaissés pour des mesures compensatoires. Le GMPD a commencé à engager cette
réflexion avec les entreprises utilisatrices, en remettant en cause, par exemple, plusieurs
projets de centrales photovoltaïques au sol projetés initialement. La mission suggère, pour
maintenir le potentiel industriel sur site, que le GPMD fasse ses meilleurs efforts pour
négocier avec les entreprises nouvelles et existantes des surfaces d?installation plus
réduites.
? L?aménagement de chaque site industriel doit pouvoir également donner lieu à des
discussions sur des aménagements écologiques qui pourraient être réalisés sur l?emprise
concédée, compatibles avec l?activité industrielle et qui permettraient de réduire l?impact
environnemental. C?est ainsi par exemple que certaines zones interstitielles liées aux mises
à distance des bâtiments industriels pour raisons de sécurité (18 sites SEVESO) pourraient
probablement accueillir des aménagements en faveur de la nature. On peut aussi penser
aux 135 ha de noues de rétention d?eau qui représentent un potentiel support pour
développer la biodiversité au sein du GMPD comme le mentionne l?étude du CEREMA48.
La direction du port s?est montrée ouverte à ces discussions et il conviendrait d?engager une
discussion avec le CSRPN autour du projet de renaturation des noues et sur son
acceptabilité comme mesure compensatoire ou a minima comme mesure
d?accompagnement de mesures compensatoires à venir. Créer de la nature sur ces noues
ne doit pas être a priori exclu.
48 Impact des techniques alternatives d?assainissement sur la biodiversité - Etude préalable pour l?évaluation de
l?impact des noues - CEREMA.
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? Mais la marge de manoeuvre la plus significative repose sur les réserves foncières non
affectées. Dans le cadre des réflexions engagées de futur plan stratégique, la mission
recommande d?affecter tout ou partie de ces réserves foncières situées dans le port à des
espaces de compensation. La mission a identifié que ces réserves foncières s?étendaient
sur 43 ha et 150 ha. S?ajoutent à cela des zones dont l?industrialisation est programmée
mais ne portant pas de projets à moyen terme (Sud SNF 53 ha, décarbonation « bec de
canard » 52 ha, décarbonation ZIA 20 ha), soit au total 318 ha. Mobiliser tout ou partie de
ces surfaces permettrait d?accroître sensiblement les capacités du GMPD à
internaliser une partie des mesures compensatoires à venir. La mission note que, la
compensation au plus proche des impacts permet le plus souvent d?avoir des coefficients
d?équivalence fonctionnelle permettant de limiter les surfaces concernées. Le coût pour le
port serait alors réduit, les surfaces à rechercher en dehors du port seraient ainsi également
plus limitées. De plus, ces surfaces déjà incluses dans le SDPN donneraient plus de
cohérence et d?efficacité à ce dernier. Le préalable indispensable est d?avoir une meilleure
connaissance du patrimoine naturel de ces terrains, et de la possibilité de les enrichir au
plan de la biodiversité.
Figure n°7 : Zones de réserves foncières du GPMD identifiées par la mission
Le SDPN est un document volontaire du port et les parcelles incluses dans ce SDPN ne
bénéficient pas de protection juridique particulière, notamment au terme de l?engagement
temporel du port lié aux mesures de compensation. La reconnaissance par le préfet en
application du décret 2022-527 du 12 avril 2022 des parcelles du port engagées dans le SDPN
par des mesures de compensation permettrait d?assurer l?avenir de la protection de ces
espaces en y garantissant la pérennité de la conservation de la nature. Aussi, la mission
suggère de considérer comme une mesure d?accompagnement aux prochains projets
industriels d?inscrire les parcelles du SDPN, au cas par cas, en zone de protection forte. Cette
orientation emblématique pour la pérennité de la nature au sein du GMPD, gage de qualité de
la politique du GMPD en faveur de l?environnement, pourrait être valorisée comme mesure
d?accompagnement des mesures compensatoires de ZIA.
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Recommandation 6. (GMPD/Préfet) Réviser le SDPN en étendant sa surface à tout ou partie
des réserves foncières non affectées, aux délaissés d?emprises concédées à des
entreprises, en rendant ce SDPN plus explicite afin d'en faire un véritable document de
gestion des espaces naturels du GPMD, et proposer un classement en protection forte au
sens du décret 2022-527 d?une part significative du SDPN afin de garantir la pérennité des
espaces naturels à préserver et des mesures compensatoires.
5.2 Des espaces naturels en proximité géographique immédiate à
conforter et à enrichir
Dans ce territoire déjà très artificialisé du Dunkerquois, les principaux espaces naturels relictuels
de surface significative font déjà l?objet d?une politique de préservation de la nature, dans le cadre
des stratégies foncières du conservatoire du littoral, de la politique ENS du département du Nord
ou de la politique Natura 2000. Aussi, dans les territoires au foncier en espace naturel très limité,
la mission recommande de ne pas exclure, a priori, des recherches de terrains d?accueil de
mesures compensatoires, les espaces naturels bénéficiant déjà d?une politique de préservation de
la biodiversité, en particulier les zones Natura 2000, les ENS propriétés du département, les
terrains acquis par le conservatoire du littoral, le conservatoire des espaces naturels, les forêts du
domaine de l?État, mais à l?exclusion toutefois des zones sous protection fortes (arrêté de protection
de biotope, réserve naturelle nationale, réserve naturelle régionale, coeur de parc national?).
C?est d?ailleurs bien dans une approche ouverte sur l?additionnalité que la DDTM 59 et le Conseil
départemental 59 examinent, au cas par cas, la possibilité d?accueillir des mesures compensatoires
dans des ENS acquis par le département afin d?y accélérer ou d?y renforcer la mise en oeuvre du
programme d?action de restauration.
Par ailleurs, la mission s?est intéressée à quatre exemples de mesures compensatoires accueillies
par la délégation Manche Mer du Nord du CELRL : le projet Calais-Port 2015, le projet de la vélo-
route n°4 de Roscoff à Kiev, la pose d?une canalisation de gaz naturel entre Loon Plage et Cuvilly
et enfin les travaux d?extension du Grand port maritime du Havre. Dans les quatre situations, la
compensation s?est traduite par une acquisition et une intégration des terrains dans le domaine
propre du conservatoire, associées à des travaux de génie écologique pour générer des gains
écologiques.
Récemment, le conservatoire et le GMPD ont conclu une convention de partenariat par lequel les
mesures compensatoires à venir portées et financées par le GMPD pourront accélérer la mise en
oeuvre de la stratégie foncière du Conservatoire avec 3 priorités :
? l?acquisition de terrains par le GMPD, suivie de la cession au CELRL après travaux de
restauration, à l?euro symbolique puis prise en charge de la gestion pendant la durée de la
mesure compensatoire ;
? le financement par le GMPD d?acquisitions foncières réalisées par le CELRL ;
? la participation du GMPD au financement de travaux de restauration/renaturation sur des
terrains déjà propriétés du CELRL.
Du point de vue de la mission, ces projets de mesures compensatoires menés avec le concours
du conservatoire du littoral ne contreviennent pas au principe d?additionnalité et sont à encourager
pour accélérer la protection foncière du littoral dunaire du Dunkerquois et des zones humides de
l?Audomarois, sous réserve de respecter les conditions rappelées au 4.1.3.
Dans le même esprit que le CELRL, le CD 59 est en mesure de porter une stratégie d?intervention
foncière au sein de ses zones de préemption des espaces naturels sensibles (ZPENS) aux fins de
restaurer des espaces naturels, puis d?en assurer la conservation. Les mesures compensatoires
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pourraient aider le CD 59 à accélérer sa politique d?acquisition de terrains naturels à restaurer en
lui permettant d?agir au-delà de ses propres capacités financières. Par ailleurs, au sein de ses 2
362 ha d?ENS déjà acquis, le CD 59 a identifié 94 hectares répartis sur 12 sites qui pourraient
bénéficier de programmes de restauration plus ambitieux que ceux initialement prévus. Ces
programmes d?action renforcés pourraient être retenus au titre des mesures compensatoires sous
réserve de s?inscrire dans le champ de la doctrine d?additionnalité assouplie proposée par la
mission. Cette doctrine d?additionnalité pourrait être utilement co-construite et testée sur le territoire
du département du Nord, très concerné par le sujet de la compensation en contexte foncier
contraint, en lien étroit avec le MTECT et le CNPN.
La mission rappelle que les analyses foncières de la CUD et de la DREAL évaluent le potentiel de
surfaces d?espaces naturels pouvant constituer des compensations potentielles entre 160 ha et
487 ha, donnée maximale car tous ces espaces n?offrent pas forcément des perspectives de gains
écologiques significatifs justifiant d?en faire des sites d?accueil de mesures compensatoires.
Recommandation 7. (MTECT/préfet) Elaborer une doctrine régionale assouplie de
l?additionnalité utilisant les marges de manoeuvre permises par la réglementation et les
travaux pertinents engagés par la DDTM et la DREAL, en lien avec le CSRPN. Cette doctrine
régionale, une fois éprouvée, pourra contribuer à actualiser la doctrine nationale sur
l?additionnalité.
Dans ces surfaces, il convient d?inclure :
? le produit du travail d?optimisation des réserves foncières du GMPD recommandé par la
mission qui devrait pouvoir conduire à mobiliser une partie des 318 ha complémentaires
visés au 5.1. (non recensées à date par les études CUD et DREAL) ;
? le projet de la CUD de conforter sa ceinture verte en mobilisant des terrains à renaturer sur
son territoire.
Par ailleurs, le projet de SNCRR en gestation dans le Dunkerquois au sein du territoire de la CUD
et sur 344 ha mérite d?être relancé. Il faudrait privilégier un projet multi-sites qui pourrait inclure des
espaces naturels et des terres agricoles victimes de désordres hydrauliques sévères et des zones
humides à restaurer sur un territoire plus large, c?est-à-dire y compris dans la vallée de la Hem et
dans l?Audomarois, avec une aire de service assez large à l?échelle de l?ensemble du bassin
versant de l?Aa. Ce projet devrait associer la chambre d?agriculture très en amont du processus.
Recommandation 8. (GPMD/CUD/CDC Biodiversité) Relancer le projet de SNCRR, initié avec
l?appui de CDC biodiversité, dans une logique multi-sites, en étroite concertation avec la
chambre d?agriculture du Nord Pas-de-Calais.
5.3 Miser sur la proximité fonctionnelle pour élargir le périmètre avec
des mesures compensatoires « multifonctionnelles »
5.3.1 Un territoire pertinent élargi
La mission constate que le sujet des compensations écologiques est abordé à différentes échelles
territoriales selon les acteurs et leurs champs de compétence. Aussi, plusieurs dimensions
territoriales apparaissent sans qu?un périmètre pertinent n?ait jamais vraiment été collectivement
discuté.
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Le périmètre du GPMD était jusqu?à présent un territoire fermé siège de réflexions non partagées
sur des mesures compensatoires qui avaient vocation à s?implanter au sein du SDPN. Les tensions
foncières au sein de la zone portuaire conduisent depuis peu (2023) le GMPD à élargir sa
recherche de terrains de compensation au territoire de la CUD et au littoral du Nord et du Pas-de-
Calais. La CUD a initié une démarche d?identification des zones potentielles de compensation au
sein de son territoire en mobilisant ses communes adhérentes dans une démarche de solidarité
intercommunale. Le conservatoire du littoral, opérateur de compensation, partenaire du GPMD et
de la CUD, recherche des opportunités de compensations à l?échelle de ses périmètres
d?intervention qui excèdent le périmètre de la CUD. La société CDC biodiversité, prestataire de la
CUD et du GPMD, avait entrepris des recherches de terrains à l?échelle du polder de l?Aa.
Par ailleurs, la DREAL, à la demande du préfet, a lancé une étude des zones potentielles de
compensation qui raisonne à l?échelle du périmètre de l?institution des Wateringues, section n°7 de
l?Audomarois exclue, considérant qu?il s?agit là de la zone naturelle de proximité de Dunkerque au
sein de laquelle les critères de proximité fonctionnelle pour la majorité des espèces potentiellement
impactées seraient aisément respectés.
Le territoire du SCoT de la région Flandre-Dunkerque est aussi un territoire à prendre en compte,
car c?est à cette échelle que se jouent les grandes orientations d?aménagement du territoire et se
nouent les relations de coopération.
Enfin, dans un territoire où la gestion de l?eau, notamment de surface, est un enjeu majeur qui
structure les paysages et où la préservation des zones humides est centrale dans les études
d?impacts, la mission considère que le territoire des SAGE est un périmètre important à considérer.
A cet égard, une approche qui se limiterait au territoire du SAGE du delta de l?Aa serait bien trop
restrictive, alors que le SAGE de l?Audomarois constitue la partie amont du bassin versant de l?Aa
avec des relations fonctionnelles indiscutables, au plan hydraulique, piscicole et écologique. Dans
le périmètre de la zone naturelle élargie aux deux SAGE du delta de l?Aa et de l?Audomarois, les
mesures compensatoires du Dunkerquois pourraient être utilement mobilisées pour promouvoir la
préservation des zones humides et des zones favorables à la régulation des crues, en amont du
polder.
Figure n°8 : Extraits de la carte DREAL des zones à dominante humides avec les bassins versants
et les périmètres des SAGE (Source : IIW et AGUR d?après Hydratec)
Aussi, en mobilisant dans son acception la plus large la notion de proximité fonctionnelle, la mission
préconise de raisonner la recherche de mesures compensatoires à une échelle plus large que les
périmètres initialement envisagés par la CUD et l?Etat, incluant l?ensemble du bassin versant de l?
Aa et de ses affluents, soit les périmètres des deux SAGE du delta de l?Aa et de l?Audomarois, à
l?échelle desquels on retrouve des habitats similaires ou proches, et qui recoupent des aires de
répartition de nombreuses espèces à enjeux.
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Recommandation 9. (GPMD/Préfet) En privilégiant la condition de la proximité fonctionnelle
consacrée par la loi industrie verte, définir la zone naturelle de référence en visant la
globalité du bassin versant de l?Aa, englobant les périmètres des SAGE du delta de l?Aa et
celui de l?Audomarois.
Eu égard aux développements précédents, dans le contexte dunkerquois, une des
recommandations pour limiter les besoins en surface portera sur l?optimisation des conditions
d?application des règles du SDAGE pour les compensations zones humides, en considérant que
les SAGE du delta de l?Aa et celui de l?Audomarois concernent le même bassin versant. Tant la
doctrine nationale que l?évolution récente des textes donnent priorité à la proximité fonctionnelle
qui devrait aisément admettre des compensations à une certaine distance au sein du même bassin
versant, à tout le moins en amont du site impacté si les fonctions hydrologiques sont impactées,
au regard des enjeux de ralentissement des ruissellements et de stockage des crues. Dans cette
perspective, il conviendra également de mettre à jour le chapitre 3 de la doctrine DREAL sur
l?application des dispositions A-9.5 du SDAGE 2022-2027 relative à la séquence ERC en zones
humides en y remplaçant la notion de proximité géographique par celle de proximité fonctionnelle.
Par ailleurs, conformément aux orientations du SAGE du delta de l?Aa, la préservation et la
restauration des zones humides sont des priorités qui tardent à être mises en oeuvre faute de
cartographie concertée des zones humides. Disposer d?une cartographie partagée des zones
humides à réhabiliter et à restaurer dans le territoire du delta de l?Aa est une priorité, car elle
permettra d?y appliquer le ratio minimum de 150 %. La mission observe d?ailleurs qu?en accord
avec la DDTM, ce ratio a pu être appliqué par anticipation aux derniers projets portés par le port
sur la base d?une cartographie provisoire réalisée par le GMPD.
La Chambre d?Agriculture évalue à ce stade les surfaces de zones humides potentielles à 800
hectares sur le SAGE du delta de l?Aa.
Recommandation 10. (Commission locale de l?eau du SAGE du delta de l?Aa) Produire avant
fin 2024 la caractérisation et la cartographie des zones humides du SAGE du delta de l?Aa
pour asseoir des mesures compensatoires zones humides pertinentes et pour éviter des
ratios de dimensionnement pénalisants.
5.3.2 Établir un programme de mesures multifonctionnelles sur ce
territoire élargi
Le périmètre du PNR Caps et Marais d?Opale est basé sur une cohérence biogéographique et
n?inclut pas le polder de l?Aa. En revanche, il inclut les bassins hydrographiques en amont du polder
qui l?alimentent, soit le bassin de la Hem (qui appartient au même SAGE que le polder) et les
marais de l?Audomarois. Ces deux secteurs pourraient accueillir des mesures compensatoires pour
préserver et restaurer des prairies humides permanentes stratégiques pour prévenir les risques
d?inondation, d?érosion et de dégradation de qualité des eaux.
La mission retient également, parmi les sites proposés par le Conseil départemental 59, en lecture
croisée avec la DDTM et la DREAL, un site d?aménagement de ZEC (zone d?expansion de crue)
dont les études hydrauliques sont en cours, qui pourrait constituer une opportunité de tester et
d?évaluer la faisabilité de zones naturelles multifonctionnelles, c?est-à-dire cumulant l?usage
d?écrêtement des crues et celui de support de mesures compensatoires en faveur de la biodiversité.
Cette expérimentation de ZEC multifonctionnelle, que les organisations professionnelles agricoles
considèrent comme intéressante sur le principe, permettrait d?apprécier si les enjeux écologiques
et hydrauliques sont compatibles.
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En parallèle, la mission suggère d?identifier, en partenariat avec VNF, toutes les anciennes zones
de dépôt aujourd?hui enfrichées le long des canaux de VNF, afin d?étudier la possibilité de les
valoriser comme zones multifonctionnelles pour l?expansion des crues et la biodiversité. Le
potentiel de surface de ce type de délaissés sur le polder a été évalué par la chambre d?agriculture
à 130 hectares, donnée que la mission n?a pas eu de temps de vérifier.
L?EPF des Hauts-de-France, établissement public à caractère industriel et commercial, pourrait
aussi être mobilisé par le préfet ou les collectivités locales, dans les secteurs les plus opportuns,
pour mettre en oeuvre une intervention foncière, naturellement en dehors du périmètre de
compétence de la SAFER conformément à son cadre réglementaire d?intervention, afin de
permettre la création de ZEC multifonctionnelles.
Recommandation 11. (Préfet) Promouvoir à l?échelle de la globalité du bassin versant de l?Aa
des mesures compensatoires « multifonctionnelles » conciliant gains écologiques et
régulation des crues, en mobilisant les compétences du PNR, du CELRL, de l?EPF, du CD
59 et de la chambre d?agriculture.
Afin de faciliter la mise en oeuvre de la stratégie locale de compensation, étendre le périmètre
d?intervention du conservatoire du littoral dans les marais de l?Audomarois et de la Vallée de la
Hem, et mobiliser l?EPF des Hauts-de-France pour installer des ZEC ou renaturer des zones
aménagées inondables.
5.4 Améliorer la biodiversité en zone agricole avec des mesures
compatibles avec les grandes cultures et la gestion hydraulique
des wateringues
Dans le cadre du partenariat préexistant entre la Chambre d?agriculture du Nord-Pas-de-Calais,
une convention de partenariat a été préparée entre la chambre d?agriculture, la CUD et le GPMD
afin de décliner la séquence ERC à l?ensemble des projets d?aménagements du territoire de la
CUD. Ainsi, dans les cas où la compensation reste nécessaire du fait des impacts résiduels
négatifs des projets d?aménagement sur l?environnement, ce partenariat a comme objectif de
mettre en oeuvre une méthode et un protocole de travail permettant de concilier la réalisation du
projet industriel, la mise en oeuvre de la compensation environnementale et le maintien de la
viabilité économique et sociale des activités agricoles en place.
Cette convention, initiée à la fin de l?année 2023, n?est pas signée à l?heure actuelle, le travail ayant
été stoppé par la crise agricole du début de l?année 2024. Néanmoins, un catalogue de mesures
de compensation écologiques adaptées au territoire et permettant de conserver une activité
agricole est en cours d?élaboration, en partenariat entre la Chambre d?agriculture et la CDC
Biodiversité.
Ce catalogue des mesures, qui s?inspire d?un travail effectué dans l?Avesnois dans le cadre du
projet de compensation de la RN2, est calibré pour réaliser des mesures de compensation à
l?échelle du delta de l?Aa, ce qui permet de proposer des mesures liées à l?élevage, peu présent
sur le Dunkerquois. Les travaux sur l?équivalence écologique de ces projets de mesures sont en
cours par les équipes de la CDC Biodiversité et devraient aboutir pour la mi-juillet.
Concernant les systèmes agricoles du Dunkerquois, ce catalogue de mesures est très similaire
aux mesures agro-environnementales et climatiques (MAEC) de la politique agricole commune
(PAC) et recense deux types de mesures pour les systèmes de grandes cultures :
? Mesures linéaires : plantation et entretien de haies, de ripisylve, agroforesterie, création ou
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restauration de mares? permettant de créer des habitats favorables à la biodiversité.
? Mesures surfaciques grandes cultures : création et entretien d?un couvert floristique ou
faunistique sur culture, réduction des produits phytosanitaires, gestion de la fertilisation,
semis direct ?
Le paiement aux agriculteurs se réaliserait sous la forme d?un contrat de prestation de service
environnemental.
Le projet de recherche CompAg coordonné par l?INRAe s?est intéressé à la compensation
écologique en zone agricole, et en particulier à sa capacité à encourager la transition écologique
des pratiques de production. Une des recommandations du rapport final est d?encourager, dans le
cadre de mesures compensatoires sur des terres agricoles l?engagement de plusieurs parcelles
voire de plusieurs exploitations, en vue de créer une structure paysagère globale favorable à la
biodiversité. Seul un engagement important d?un territoire pourrait permettre d?avoir un effet
significatif et durable sur la biodiversité et d?engager avec sécurité pour le maitre d?ouvrage une
mesure compensatoire.
En ce sens, le système des wateringues, constitué de fossés et canaux qui communiquent entre
eux, constitue une trame paysagère et écologique intéressante pour conforter la biodiversité du
territoire. Il faut bien sûr être vigilant à ne pas remettre en cause le bon entretien hydraulique des
watergangs et canaux. Il s?agirait d?améliorer la biodiversité le long du réseau de fossés et canaux
par une approche raisonnée : entretien des berges, maintien local de roselières, vieillissement de
certaines bandes enherbées, choix de périodes et de modalités d?entretien compatibles avec les
cycles biologiques des espèces, maintien localisé de zones refuges pour la faune... Ce « plan
biodiversité » du réseau des watergangs mériterait d?être élaboré et mis en oeuvre par les acteurs
locaux en s?appuyant sur l?expertise locale et les capacités d?animation de la chambre d?agriculture
et des sections de wateringues, afin de s?assurer de la compatibilité des mesures avec les objectifs
hydrauliques.
Un premier « plan biodiversité », financé par le GMPD, pourrait être testé sur une section volontaire
de wateringues pour caractériser et quantifier les mesures favorables à la biodiversité qui
pourraient être reconnues et valorisables comme mesures compensatoires.
Recommandation 12. (GPMD/Chambre d?agriculture/CDC Biodiversité) Etablir un catalogue
de mesures adapté aux exploitations du polder et un « plan biodiversité » en lien avec
l?armature écologique des Wateringues, en s?appuyant sur les sections de wateringues et
la chambre d?agriculture, permettant à la fois d?engager une transition agro-écologique d?un
ensemble d?exploitations agricoles et de servir de support à des mesures compensatoires,
sous réserve de garanties d?additionnalité et de durabilité.
5.5 Mettre en place un projet d?accompagnement financier pour
l?agriculture en synergie de la compensation écologique
Les terres agricoles du Dunkerquois et la facilité de leur irrigation permettent des cultures à haute
valeur ajoutée dans un contexte où les IAA présentes sur le territoire ou à proximité recherchent
des volumes complémentaires. Dès lors, la réalisation de mesures compensatoires sur des
surfaces importantes de terres agricoles, y compris celles permettant de maintenir les mêmes types
de cultures (implantation de haies, création de mares?) entraînerait une diminution du potentiel
de production et pourrait impacter les filières agricoles. La FDSEA du Nord estime ainsi, sur la
base d?une étude menée sur ses adhérents de l?arrondissement de Dunkerque, qu?une perte de
1 500 ha agricoles entraînerait une baisse de production, de l?ordre de 4 400 tonnes pour le blé,
1 020 tonnes pour le lin et 10 700 tonnes pour les pommes de terre (alors qu?à l?inverse les trois
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plus grandes IAA de frites souhaitent 50 000 ha de cultures supplémentaires).
Le GPMD n?est pas juridiquement pas redevable de la compensation collective agricole pour la
cessation de l?activité agricole sur ses propres terrains en raison du classement dans le PLUi des
parcelles en « UIP » (urbanisation industrialo-portuaire : espaces de la zone industrialo-portuaire
dédiés à l'accueil des aménagements portuaires, des équipements du GPMD, des établissements
industriels et commerciaux et des services et bureaux liés). Néanmoins, la disparition rapide et
importante des terres agricoles dans l?emprise du GPMD (3 000 ha exploités sous forme de baux
précaires depuis 1976) impacte fortement l?économie agricole locale.
Or, la synergie entre la compensation écologique et la compensation collective agricole est un
facteur de réussite dans la mise en oeuvre de la compensation écologique, l?expérience récente du
Canal Seine Nord l?atteste. En effet, la concertation et la mise en place d?une compensation
agricole collective en contribuant à l?évolution des exploitations a permis à ce projet qui impacte
plus de 2 400 ha de SAU d?aboutir de manière apaisée avec la profession agricole.
Par ailleurs, certains maîtres d?ouvrages disposent déjà d?un cadre d?intervention spécifique. C?est
le cas de RTE qui, dans le cadre du contrat de service public conclu avec l?État, finance pour
chaque projet de ligne aérienne (changement de 63 à 400 000 volts) un plan d?accompagnement
de projet (PAP) permettant la mise en oeuvre, sous le contrôle de la préfecture, d?actions locales
qui doivent participer au développement économique, social, culturel, social, à la préservation de
l?environnement ou à l?amélioration de l?insertion d?ouvrages électriques existants et au
raccordement aux réseaux existants. Son montant est proportionnel au coût d?investissement du
projet et il est ouvert au cofinancement des collectivités territoriales, ou d?organismes représentatifs.
Un règlement fixe les modalités de mise en oeuvre du PAP, assure la transparence vis-à-vis des
choix et financements des projets et précise les engagements de chacun que ce soit dans la
préparation des dossiers de demande d?aides, dans l?expertise des projets et dans l?attribution des
fonds.
La mission recommande de mettre en place sur des bases similaires au PAP de RTE un projet
d?accompagnement financier pour l?agriculture, adossé ou non au PAP de RTE, et coordonné avec
la démarche de compensation écologique. Ce projet pourrait permettre :
? De faciliter l?engagement des agriculteurs dans la mise en oeuvre de mesures
compensatoires écologiques et engager les exploitations agricoles dans une transition
agro-écologique. La perte de production engendrée sur certaines parcelles pourrait
conduire à la mise en place de productions à plus haute valeur ajoutée dont les
investissements pourraient être aidés. A titre d?exemple : développement de circuits courts,
production de fruits et légumes sous serres, avec une alimentation en chaleur via les
projets industriels...
? D?accompagner des démarches de structuration de filières portées par les collectivités
locales (projet alimentaire territorial de la CUD) et orientées vers les circuits courts.
Ce dispositif pourrait s?appuyer sur le dispositif existant de PAP ou sous réserve d?expertise
juridique, sur tout autre cadre d?intervention permettant l?intervention du GPMD. Un portage via le
guichet unique GPMD-CUD et la préfecture, en partenariat avec la chambre d?agriculture serait à
étudier. Le financement serait assuré par l?ensemble des maîtres d?ouvrages ayant des projets sur
le territoire de la CUD : GPMD, mais également EDF, RTE?
Recommandation 13. (GPMD) Mettre en place sur le territoire de la CUD, en synergie avec la
démarche de compensation écologique, un projet d?accompagnement financier de
l?agriculture pour sa transition agro-écologique.
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5.6 Négocier et mettre en place des modalités de portage du foncier
et de gestion des mesures compensatoires compatibles avec le
mode de faire-valoir prépondérant
La pérennité constitue un élément déterminant dans la mise en oeuvre des mesures
compensatoires dont la présence doit être assurée pendant toute la durée des impacts. Pour que
cette condition soit satisfaite, un bien foncier doit être affecté durablement à la réalisation de ces
mesures. Cette affectation suppose soit une maîtrise foncière assurée par l?achat des terrains par
le maître d?oeuvre, soit la sécurisation juridique à long terme de l?action sur les terrains accueillant
des mesures compensatoires. Dans un territoire où le fermage représente 80 % des terres mises
en valeur, la profession agricole demande, comme le prévoit la charte ERC signée en 2019, de
privilégier le conventionnement plutôt que l?acquisition foncière. Le respect du principe de pérennité
des mesures doit toutefois être assuré. Les modalités actuelles les plus courantes sont les baux
environnementaux ou les obligations réelles environnementales (ORE).
L?expérience acquise en la matière par la SAFER, la Chambre d?agriculture et la DREAL sur le
projet RN2, doit pouvoir être mise à profit pour le Dunkerquois. Ainsi, dans ce cas de figure, des
ORE sur 30 ans ont été signées par le propriétaire et l?exploitant, accompagnés d?un bail rural. De
plus, les exploitants ont signé un contrat de prestation de service environnemental pour l?entretien
du site.
L?indemnisation a été réalisée selon un barème concerté entre le maître d?oeuvre et la chambre
d?agriculture, qui a permis d?indemniser la perte de valeur du foncier agricole ainsi que les pertes
de production futures pour les exploitants agricoles :
? pour le propriétaire, 80 % de la valeur vénale de la parcelle, en une fois ;
? pour l?exploitant, 1,5 à 2 fois la valeur d?éviction, avec une indemnisation annuelle, cumulée
avec le contrat de prestation de service environnemental correspondant à la gestion de la
mesure.
Au regard de la valeur agronomique, économique et financière des terres agricoles du Dunkerquois
et de la prépondérance du fermage comme mode de faire-valoir, la mission recommande de
privilégier la contractualisation via des modalités ayant juridiquement fait leurs preuves (ORE, bail
rural environnemental) et de définir un barème négocié avec la profession agricole, permettant
d?indemniser le propriétaire, l?exploitant fermier pour la perte de valeur du foncier ainsi que pour
l?éventuel entretien lié à la mise en oeuvre de la mesure compensatoire.
Recommandation 14. (GPMD/CUD/SAFER/Chambre d?agriculture) Définir des conditions de
référence de contractualisation et de rémunération des compensations en agriculture,
harmonisées et négociées avec la profession agricole.
5.7 Mettre en place une gouvernance dédiée
La mission a fait le constat durant ses entretiens que le sujet de la séquence ERC et en particulier
la phase « compensation » était une préoccupation de l?ensemble des acteurs : État, collectivités,
GPMD, agence de l?eau, conservatoire du littoral, etc., sans pour autant poser une stratégie
collective et commune. Malgré de fréquentes relations à différentes échelles territoriales et la
signature de nombreuses conventions (cf. annexe 10), cette gouvernance apparaît aujourd?hui
comme « éclatée » sans véritable chef de file et sans définition d?un périmètre pertinent de réflexion
et d?actions.
La revue de projet du 13 mars 2024, initiée par le Préfet, a permis d?identifier clairement le besoin
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de décloisonner le cadre de gouvernance avec un enjeu de solidarité territoriale et d?une
nécessaire planification stratégique des projets et des terrains de compensation associés.
Au niveau national, le 13 mars 2024 également, le comité d?orientation du développement des
zones industrialo-portuaires (COZIP) présidé par le directeur de cabinet du ministre de la transition
écologique et de la cohésion des territoires et en présence de l?administration concernée et des
directeurs généraux des grands ports maritimes de HAROPA, Marseille et Dunkerque a fait le
constat d?une complexité de mise en oeuvre des projets industriels importants, difficulté qui exige
de traiter quasiment simultanément les enjeux économiques et environnementaux des projets. Il a
alors été proposé de mettre en place un COZIP local dans chaque grand port.
La mission soutient cette orientation qui pourrait être initiée par le Préfet et co-pilotée avec la
Région Hauts-de-France, tout en s?adossant au guichet unique déjà mis en place à l?initiative de la
CUD et du GPMD et surtout en associant un réseau local de compétences techniques. Cette
gouvernance pourrait se mettre en place, à terme, à l?échelle de la zone naturelle préconisée par
la mission, à savoir du bassin versant de l?Aa (SAGE du delta de l?Aa et SAGE de l?Audomarois).
Sa composition pourrait être la suivante : préfectures, GPMD, Région Hauts-de-France,
Départements du Nord et du Pas-de-Calais, CUD et autres EPCI concernés, chambre d?agriculture
du Nord-Pas-de-Calais, IIW, représentants des sections des wateringues, PNR, CELRL, EPF,
AEAP, CDC Biodiversité?
Outre cette déclinaison locale du COZIP national, il est aussi proposé la mise en place d?une « task
force compensation » dédiée à la problématique Dunkerquoise pour « identifier et valoriser les
fonciers disponibles pour la compensation environnementale, en s?appuyant sur les nouvelles
mesures introduites par la loi industrie verte ». Cette « task-force » aurait vocation à mettre en
oeuvre la stratégie locale de compensation, en s?appuyant sur les recommandations du présent
rapport et sur les principes de la charte ERC signée en 2019 par la chambre d?agriculture régionale,
la Région Hauts-de-France et le préfet de région. Cette charte prescrivait déjà les grands principes
dans l?optique de concilier l?application de la séquence ERC, d?engager une meilleure consultation
amont avec les instances agricoles sur les projets et programmes impactant le foncier et de prévoir
des mesures compensatoires ou d?accompagnement compatibles avec la poursuite d?activités
agricoles.
La déclinaison locale de la charte évoquée supra pourrait intégrer, d?une part, des règles du jeu
plus précises issues des conclusions du présent rapport afin de rassurer les organisations
professionnelles, et, d?autre part, pourrait être plus largement co-signée, notamment par le GPMD,
les principaux grands maîtres d?ouvrages publics et privés présents sur le GPMD, l?Union maritime
et les intercommunalités concernées.
Par ailleurs, pour améliorer la concertation avec le monde agricole, il est préconisé de nommer lors
d?un prochain renouvellement un représentant du monde agricole au conseil de surveillance ou au
conseil de développement du GPMD, dans le collègue des personnes qualifiées.
Recommandation 15. (Préfet) Mettre en place un Comité d?orientation zone industrialo-
portuaire de Dunkerque co-pilotée par le préfet et la Région Hauts-de-France, et « une task
force » spécifique compensation. Décliner à l?échelle du Dunkerquois la charte ERC
régionale, afin de fixer les « règles du jeu » de la compensation écologique en terrain
agricole.
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Conclusion
Le grand port maritime de Dunkerque se situe sur le plus grand polder de France. Ce territoire
atypique très aménagé, artificialisé, et occupé à 74 % par de l?agriculture conventionnelle à forte
valeur ajoutée, dispose de peu d?espaces naturels et son environnement est dégradé par des
pollutions de diverses origines. La dynamique de réindustrialisation à l?oeuvre et dont le GPMD est
le fer de lance va nécessiter, en application de la séquence « éviter, réduire, compenser », de
réaliser des mesures compensatoires écologiques afin de garantir l?absence de perte nette de
biodiversité des aménagements futurs.
L?article 1 de la charte de l?environnement figurant dans le principe préalable de la Constitution
mentionne que « chacun a le droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de sa
santé ». À l?heure où l?on souhaite attirer des habitants sur le bassin d?emploi du Dunkerquois, il
convient d?être plus attentif que jamais à ne pas dégrader d?avantage, voire d?améliorer la situation
de ce territoire au plan de la biodiversité. C?est d?autant plus important aujourd?hui que le territoire
du polder de l?Aa est particulièrement exposé aux aléas du changement climatique alors qu?il existe
un consensus scientifique sur le rôle déterminant de la biodiversité dans la résilience des territoires
face aux risques climatiques.
L?urgence pour l?approbation des projets notamment du GPMD d?identifier des mesures
compensatoires performantes contraste avec l?insuffisance de la mise en oeuvre de la séquence
ERC largement soulignée par les autorités environnementales et le CNPN depuis 10 ans lors de
leur analyse des études d?impact des projets et programmes. Aussi, la mission propose une
stratégie de compensation écologique adaptée au Dunkerquois et mobilisant une palette de
solutions afin de concilier les impératifs de développement du territoire et le respect du cadre
réglementaire :
? une prise en compte plus systématique et plus sérieuse dans les études d?impact de la
séquence « éviter et réduire » dès l?élaboration des documents d?aménagement (plans
programmes) et dans l?étude des projets ;
? un volet « compensation » plus approfondi dans l?étude d?impact dès l?élaboration des
documents d?aménagement et de planification ;
? l?élaboration de mesures compensatoires plus ambitieuses sur leur localisation, sobres en
surface, efficaces dans leur installation et leur suivi que par le passé ;
? l?utilisation de toutes les marges de manoeuvre permises par la réglementation pour
l?application de la compensation écologique sans en remettre en cause les principes
fondamentaux, pour tenir compte des caractéristiques très spécifiques de ce territoire sous
tension foncière ;
? conjuguer compensation environnementale et accompagnement de l?agriculture dans sa
transition agro-écologique ;
? mettre en place un comité local et une « task force » chargés d?élaborer une stratégie
intégrée de choix et d?accueil sur les territoires des projets industriels et d?aider à sa mise
en oeuvre.
Un certain nombre des mesures proposées par la mission peuvent permettre de relancer les
discussions préalables à l?approbation des projets immédiats mais d?autres nécessitent un travail
de fond et ne pourront trouver leur effet qu?après un travail important de réflexion et de concertation.
La mission recommande de se lancer sans attendre dans ces travaux, sinon il est à craindre que
la succession des nouveaux projets bloquera complètement toute possibilité d?amélioration des
mesures de compensation, cristallisera les animosités et conduira à repousser des projets.
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La mise en oeuvre de cette stratégie, facilitée par la mise en place d?une gouvernance spécifique,
permettra d?offrir aux industriels porteurs de projets le service qu?ils attendent en contribuant à
l?efficience du concept de projet « clés en main ».
François BONNET
Claire HUBERT
Ingénieur général
des ponts, des eaux
et des forêts
Inspectrice générale
Valérie ISABELLE
Maryline SIMONÉ
Inspectrice
Inspectrice générale
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Annexes
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Annexe 1. Lettre de mission
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Annexe 2. Liste des personnes rencontrées
DATE PRENOM, NOM STRUCTURE QUALITE
15 avril 2024 Arnaud DUNAND Ministère de l?agriculture et de
la souveraineté alimentaire
Direction générale de la
performance économique et
environnementale
Sous-directeur
Elodie LEMATTE Ministère de l?agriculture et de
la souveraineté alimentaire
Direction générale de la
performance économique et
environnementale
Cheffe de service
compétitivité et
performance
environnementale
Florian THOMAS Ministère de l?agriculture et de
la souveraineté alimentaire
Direction générale de la
performance économique et
environnementale
Chef de bureau foncier
Marion VOISIN Ministère de l?agriculture et de
la souveraineté alimentaire
Direction générale de la
performance économique et
environnementale
Chargée de mission du
bureau foncier
24 avril 2024 Audrey COREAU Commissariat général au
développement durable
Cheffe de service
Daniel BERTHAULT Commissariat général au
développement durable
Chef de bureau
Philippe ROGIER Direction générale de
l?aménagement, du logement et
de la nature
Direction eau et biodiversité
Sous-directeur
protection et
restauration des
écosystèmes terrestres
6 mai 2024 Marina MAURES Ministère de l?agriculture et de
la souveraineté alimentaire
Conseillère du ministre
chargée du foncier,
territoire,
investissement finance
carbone
6 mai 2024 Elodie GALKO Ministère de la transition
écologique et de la cohésion
des territoires
Directrice adjointe du
Cabinet du ministre de
la transition écologique
Anaïs MANDIN Ministère de la transition
écologique et de la cohésion
des territoires
Conseillère transition
agro-écologique
14 mai 2024 Bertrand GAUME Préfecture des hauts-de-France Préfet des Hauts-de-
France
Fabienne DECOTTIGNIES Préfecture des hauts-de-France Secrétaire générale
Frédéric LOISEAU Préfecture du Nord Sous-Préfet du Nord
Julien LABIT Direction régionale de
l?environnement, de
l?aménagement et du logement
Directeur
Antoine LEBEL Direction départementale des
territoires et de la mer
Directeur
15 mai 2024 Pierre ARDILLER Conseil départemental du Nord Directeur général
adjoint solidarité
territoriale
Christelle DARRAS-
TIMMERMAN
Conseil départemental du Nord Directrice ruralité et
environnement
Arnaud CUVILLIER Conseil départemental du Nord Directeur de la voirie
Christian DURLIN Chambre d?agriculture
départementale du Nord
Président
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Hervé PARQUET Chambre d?agriculture
départementale du Nord
Directeur adjoint
Alice DUFOSSE Chambre d?agriculture
départementale du Nord
Responsable du pôle
agro-environnemental
Simon AMMEUX Fédération départementale des
syndicats d'exploitants
agricoles
Président
Mathieu DEWAS Direction régionale de
l?environnement, de
l?aménagement et du logement
Directeur adjoint
Marc GREVET Direction régionale de
l?environnement, de
l?aménagement et du logement
Chef de service eau et
nature
Bénédicte LEFEVRE Direction régionale de
l?environnement, de
l?aménagement et du logement
Chargé de mission
Service des espaces
naturels
Anne-Sophie DELSAUX Direction départementale des
territoires et de la mer
Cheffe de service SEA
Hélène SOLVES Direction départementale des
territoires et de la mer
Cheffe de service des
espaces naturels
Rachida JOETS Direction départementale des
territoires et de la mer
Instructrice des projets
Pierre VILLERVAL Direction départementale des
territoires et de la mer
Chargé de mission
grand projet
Dunkerquois
21 mai 2024 Loïc OBLED Office français de la biodiversité Directeur général
délégué
Patrick BERTRAND Office français de la biodiversité Directeur régional
Hauts-de-France
Pierre-Louis LEFEVER Office français de la biodiversité Chef de service,
direction de la police et
du permis de chasser
23 mai 2024 Renaud GARBÉ CDC Biodiversité Directeur agence
Hauts-de-France
Fanny WATEBIER Communauté urbaine de
Dunkerque
Directrice générale
adjointe
Xavier DAIRAINE Communauté urbaine de
Dunkerque
Chargé des projets
stratégiques
Alexandre POULAIN Communauté urbaine de
Dunkerque
Chargé de mission
qualité de vie-
environnement
Arnaud GRAVES Conservatoire du littoral Délégué de rivages
Manche Mer du Nord
Maurice GEORGES Grand port maritime de
Dunkerque
Président du directoire
Catherine BARON Grand port maritime de
Dunkerque
David LEFRANC Grand port maritime de
Dunkerque
Directeur de
l?aménagement et de
l?environnement
Virginie HURTEVENT Grand port maritime de
Dunkerque
Département
développement,
prospective et
environnement
Émilie PETIPREZ Grand port maritime de
Dunkerque
Gestion des recettes et
contrats
27 mai 2024 Nicolas TRIFT Direction générale des
infrastructures, des transports
et de la mer
Sous-directeur des
ports et du transport
fluvial
Stéphanie CUBIER Direction générale des
infrastructures, des transports
et de la mer
Sous-directrice adjointe
des ports et du
transport fluvial
PUBLIÉ
Juillet 2024 Mission d?appui au préfet du Nord : compensation
écologique et foncier agricole dans le cas des projets
d?aménagement du Dunkerquois
Page 64/86
Marie-Laure BAILLY-MAITRE Direction générale des
infrastructures, des transports
et de la mer
Cheffe du bureau de la
réglementation
portuaire
Nyls de PRACONTAL Conseil national de la
protection de la nature
Président de la
commission espèces et
communautés
biologiques
Maxime ZUCCA Conseil national de la
protection de la nature
Vice-président de la
commission espèces et
communautés
biologiques
28 mai 2024 Jean-Christophe BENOIT CDC Biodiversité Directeur du
développement
territorial et renaturation
29 mai 2024 Charlotte CATEL Conseil régional Hauts-de-
France
Conseillère du
Président
Entgren SHEHU Conseil régional Hauts-de-
France
Directeur général
adjoint, en charge du
pôle territoires et
transition, agriculture,
biodiversité, eau
Fanny MILBLED Conseil régional Hauts-de-
France
Directrice adjointe eau
et biodiversité
Patricia LECOEUVRE Conseil régional Hauts-de-
France
Chargée des stratégies
régionales
Jean-Luc BARDEN Confédération paysanne du
Nord
Agriculteur
Antoine JEAN Confédération paysanne du
Nord
Trésorier
Stéphane BLAISET Coordination rurale du Nord Président
François VIOLET Coordination rurale du Nord Vice-président
Hervé RIVELET Coordination rurale du Nord Agriculteur
Denis DEFRESNE Coordination rurale du Nord Agriculteur
Antoine DELEFORTRIE Jeunes agriculteurs du Nord et
du Pas de Calais
Secrétaire général
Quentin DESTOMBES Jeunes agriculteurs du Nord et
du Pas de Calais
Ancien président
David MEURILLON Fédération départementale des
syndicats d'exploitants
agricoles
Président FDSEA du
Nord
Laurent DECLERCQ Fédération départementale des
syndicats d'exploitants
agricoles
Représentant FDSEA
Lou SAVOYE Fédération départementale des
syndicats d'exploitants
agricoles
Juriste
Francis VERMERSCH SAFER Représentant du Nord
Jean-Baptiste MADOUX SAFER Chef du service du
Nord
31 mai 2024 Judith JIGUET INGEROP Directrice écologie et
stratégie
3 juin 2024 Laurent PIERMONT Printemps des terres
Pascal BERTEAUD CEREMA Directeur général
Colette DALLE FRATTE CEREMA Directrice adjointe
Thomas SCHWAB CEREMA Chef de projet ERC,
Zones humides,
Continuité écologique
5 juin 2024 Isabelle MATYKOWSKI Agence de l?eau Artois Picardie Directrice générale par
interim
Arnaud DELAYE Agence de l?eau Artois Picardie Directeur
qualification/programme
Ludovic LEMAIRE Agence de l?eau Artois Picardie Chef de mission littoral
PUBLIÉ
Juillet 2024 Mission d?appui au préfet du Nord : compensation
écologique et foncier agricole dans le cas des projets
d?aménagement du Dunkerquois
Page 65/86
Patricia LEFEVRE Agence de l?eau Artois Picardie Mission Littoral
Nicolas FOURNIER ADELPHA Président
Michel MARIETTE ADELPHA Vice-président
6 juin 2024 Michel PERRET Direction générale de
l?aménagement, du logement et
de la nature
Direction eau et biodiversité
Chargé de mission
auprès du sous-
directeur, Élaboration
procédure agrément
site naturels de
compensation
10 juin 2024 Louis FLEURET Ministère de l?économie, des
finances et de la souveraineté
industrielle
Direction générale de
l?économie
Directeur de projet
industrialisation
Lucas GRAVIT Ministère de l?économie, des
finances et de la souveraineté
industrielle
Direction générale de
l?économie
Chef de projet DGE en
charge de la
réindustrialisation
11 juin 2024 Laurent MICHEL Autorité environnementale Président
Gilles CROQUETTE Autorité environnementale Inspecteur
13 juin 2026 Chloé ASTIER EDF Responsable pôle
séquence
réglementaire
Caroline DIONISI EDF Directrice « permitting »
projets nucléaires
Aurélien BRIETZ Parc naturel régional des Caps
et Marais d?Opale
Directeur adjoint
Arnaud BOULANGER Parc naturel régional des Caps
et Marais d?Opale
Chef de service
patrimoine naturel
14 juin 2024 Brian PADILLA Museum national d?histoire
naturelle
Chercheur
Cantat LAMPIN RTE Délégué régional
Hauts-de-France
Anne-Marie REYNARD RTE Directrice du centre
développement et
ingénierie Hauts-de-
France
Cyril WAGNER RTE Directeur adjoint du
centre développement
et ingénierie Hauts-de-
France
Perrine LARY-MOISON RTE Responsable pôle
juridique
17 juin 2024 Catherine BARDY Etablissement foncier des
Hauts de France
Directrice générale
18 juin 2024 Marion BARDY INRAe Directrice appui aux
politiques publiques
Claude NAPOLEONE INRAe Economiste
Claire ETRILLARD INRAe Juriste, coordinatrice
projet CompAg
Isabelle PION INRAe Transition agricole
Isabelle DOUSSAN INRAe Juriste
26 juin 2024 Björn DESMET DRAAF Hauts-de-France Directeur
Jean-Michel POIRSON DRAAF Hauts-de-France Directeur adjoint
2 juillet 2024 Muriel GOZAL SAFER Directrice générale
Nicolas AGRESTI SAFER Directeur des études
PUBLIÉ
Annexe 3. Glossaire des sigles et acronymes
Acronyme Signification
Ae Autorité environnementale
AEAP Agence de l?eau Artois Picardie
CCHF Communauté de Communes des Haut de Flandres
CD Conseil départemental
CDC biodiversité Caisse des dépôts et consignations biodiversité
CDL Conservatoire du littoral
CELRL Conservatoire de l'espace littoral et des rivages lacustres
CEN Conservatoire d?espaces naturels
CEREMA
Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement,
la mobilité et l'aménagement
CGAAER
Conseil général, de l?alimentation, de l?agriculture et des
espaces ruraux
CJUE Cour de justice de l?Union européenne
CLE Commission locale de l?eau
CNPN Conseil national de la protection de la nature
COZIP Comité des zones industrialo-portuaires
CSRPN Conseil scientifique régional du patrimoine naturel
CUD Communauté urbaine de Dunkerque
DDTM Direction départementale des territoires et de la mer
DEB Direction eau et biodiversité
DGALN
Direction générale de l?aménagement, du logement et de la
nature
DGPE
Direction générale de la performance économique et
environnementale
DREAL
Direction régionale de l?environnement, de l?aménagement et
du logement
ENAF Espaces naturels, agricoles et forestiers
ENS Espaces naturels sensibles
EPCI Etablissement public de coopération intercommunale
EPF Etablissement public foncier
EPIC Etablissement public à caractère industriel et commercial
EPR Evolutionary power reactor
ERC Eviter-Réduire-Compenser
EVP Equivalent vingt pied
FDSEA
Fédération départementale des syndicats d?exploitants
agricoles
FNSEA Fédération nationale des syndicats d?exploitants agricoles
PUBLIÉ
GES Gaz à effet de serre
GPMD Grand port maritime de Dunkerque
IAA Industries agro-alimentaires
IGA Inspection générale de l?administration
IGEDD
Inspection générale de l?environnement et du développement
durable
IIW Institution intercommunale des wateringues
MAEC Mesures agro-environnementales et climatiques
MASA Ministère de l?agriculture et de la souveraineté alimentaire
MNHN Muséum national d?histoire naturelle
MRAe Mission régionale d?autorité environnementale
MTECT
Ministère de la transition écologique et de la cohésion des
territoires
OFB Office française de la biodiversité
ONF Office national des forêts
ORE Obligations réelles environnementales
PAC Politique agricole commune
PAP Plan d?accompagnement du projet
PENE Projet d?envergure nationale ou européenne
PLU Plan local d?urbanisme
PLUi Plan local d?urbanisme intercommunal
PNR Parc naturel régional
RTE Réseau de transport d?électricité
SAGE Schéma d?aménagement et de gestion de l?eau
SAU Surface agricole utile
SCoT Schéma de cohérence territoriale
SDAGE Schéma départemental d?aménagement et de gestion de l?eau
SDPN Schéma directeur du patrimoine naturel
SNC Site naturel de compensation
SNCRR
Site naturel de compensation, de restauration et de
renaturation
SRADDET
Schéma régional d'aménagement, de développement durable
et d'égalité des territoires
SRCE Schéma Régional de cohérence écologique
VNF Voies navigables de France
ZAN Zéro artificialisation nette
ZEC Zone d?expansion de crue
ZIA Zone industries d?avenir
ZIBAC Zones industrielles bas carbone
ZIP Zone industrialo-portuaire
PUBLIÉ
ZPENS Zone de préemption des espaces naturels sensibles
ZGI Zone grandes industries
PUBLIÉ
Annexe 4. : Le système des Wateringues, exutoire des
bassins versants de l?Aa et de la Hem
Situé en Flandre maritime, sur environ 100 000 hectares, le territoire des Wateringues correspond
à l?ancien delta de l?Aa, inscrit dans le triangle Saint-Omer, Calais, Dunkerque. L?Aa est un fleuve
côtier qui prend sa source à Bourthes dans les collines de l?Artois. Il se répand ensuite dans le
marais audomarois, se faufile par le goulet de Watten, s?écoule dans la plaine maritime (delta de
l?Aa) et se jette enfin dans la mer du Nord à Gravelines. La Hem est son principal affluent. Elle
rejoint directement les Wateringues à Hennuin. D?autres petits cours d?eau, recueillant les eaux
ruisselant sur les pentes des collines de l?Artois et de Flandre intérieure, viennent également
épandre leurs eaux sur le delta. Les exutoires à la mer des Wateringues se situent dans les ports
de Calais, Gravelines et Dunkerque. À l?est de Dunkerque, la gestion des eaux est transfrontalière
et se traduit par des échanges d?eaux avec nos voisins flamands.
La plaine maritime flamande française, telle qu?elle est organisée aujourd?hui, est le résultat d?une
forte action anthropique qui s?inscrit dans le temps long afin, à la fois, de la protéger des incursions
marines, de drainer des terrains qui se trouvent au-dessous des pleines mers de vives eaux, et
enfin d?irriguer les terres agricoles qui, sans ces travaux, seraient des zones humides ou lagunaires.
Ainsi, de Saint-Omer à Watten, l?Aa traverse le marais audomarois, vallée de niveau inférieur à
celui des pleines mers de vives-eaux et distante de plus d?une vingtaine de kilomètres de la mer.
Le fond alluvial de cette vallée, autrefois soumis aux divagations et inondations de l?Aa aujourd?hui
canalisé, est occupé par des tourbières dont l?ancienne exploitation a donné naissance à des
étangs. Le marais audomarois est répertorié au titre de la convention de Ramsar et prochainement
réserve de biosphère de l?Unesco. Une partie du marais est connectée au réseau de Voies
navigables de France (VNF) tandis que l?autre fonctionne en circuit fermé. Au-delà de Watten, l?Aa
atteint la plaine flamande et se divise en plusieurs bras. Ceux-ci ont souvent guidé le tracé des
canaux que l?on a creusés pour drainer la plaine.
Figure 1 : Carte du territoire des Wateringues et des bassins versants. Source : IIW
Le terme même de wateringues apparaît au XIIIe siècle, mais le réseau se constitue dès la fin du
XIIe siècle sous l?autorité du comte de Flandre Philippe d?Alsace. Les sections de wateringues
créées par décret impérial en 1806 pour celles du Nord, et en 1809 pour celles du Pas-de-Calais
ont joué et jouent encore un rôle clé dans l?entretien régulier des canaux et dans la gestion de
l?équilibre des niveaux d?eau au sein du delta qui forme un triangle entre Dunkerque, Calais et
Saint-Omer. S?est donc constitué, depuis le Moyen-Âge, un hydrosystème complexe, largement
artificialisé et en partie navigable, qui a nécessité une grande maîtrise des niveaux d?eau, d?où la
multitude des ouvrages hydrauliques présents sur le polder : vannes, barrages, clapets, siphons,
ouvrages partiteurs, pompes à la mer, pompes de relevage intermédiaire, etc.
PUBLIÉ
Au total, le système hydraulique des wateringues comprend des milliers de kilomètres de fossés
d?assainissement privés dans les parcelles, 1 600 km de canaux d?évacuation des eaux d?intérêt
collectif appelés watergangs, 100 stations de pompage intermédiaires rejetant dans les canaux
principaux dans l?Aa et dans les canaux de navigation ainsi que 12 stations de permettant de rejeter
à la mer. Le système hydraulique des wateringues fonctionne à 85 % de manière gravitaire mais
le recours aux stations de pompage est de plus en plus fréquent, comme le montrent les
inondations de 2023 (50 % de l?eau évacuée par pompage).
Figure 2 : Carte de synthèse du delta de l?Aa. Source IIW
Figure 3 : les sections de Wateringues dans le bassin versant de l?Aa. Source IIW, AGUR
PUBLIÉ
Annexe 5. Atlas cartographique
Figure 1 : Carte du SCoT Flandre-Dunkerque (Source : SCoT Flandres Dunkerque)
PUBLIÉ
Figure 2 : Carte résumant les enjeux environnementaux et climatiques sur le territoire de la CUD
(source : PLU ? Evaluation environnementale)
PUBLIÉ
Figure 3 : le Bassin Versant de l?Aa et son delta (Source : Smage Aa)
Figure 4 : Carte des SAGE Artois Picardie (Source : Gest?eau)
PUBLIÉ
Figure 5 : Carte des aménagements portuaires (source : GPMD)
PUBLIÉ
Figure 6 : le SDPN du GPMD en 2022
PUBLIÉ
Figure 7 : Carte des orientations d?aménagement de la ZIP (source GPMD)
PUBLIÉ
PUBLIÉ
Annexe 6. Évolution du territoire et régression des espaces
naturels
Cette annexe se propose d?évoquer comment l'évolution de l'aménagement du territoire du delta
de l?Aa a progressivement conduit à une régression des espaces naturels et de la biodiversité.
À l?aide d?une série d'analyses visuelles basées sur des cartes et des photos aériennes datant de
1950 à nos jours, l?objectif est de mettre en lumière les transformations significatives subies par
les paysages et le recul constant et difficilement réversible de la nature. Cette annexe vise non
seulement à illustrer quelques types de changements physiques du territoire mais aussi à
comprendre les conséquences du recul de la nature sur les capacités de résilience du territoire.
Depuis le milieu du XIXe siècle, le paysage agricole du polder a connu une mutation profonde,
marquée par la mécanisation et l'intensification des pratiques conduisant au retournement de
prairies, à la suppression des haies et l?agrandissement du parcellaire. Ces changements, loin
d'être anodins, ont conduit à une régression de la biodiversité. En effet, la disparition progressive
des infrastructures agro-écologiques (prairies, mares et haies), qui jouaient un rôle crucial de point
d?appui et de refuge pour la biodiversité, a conduit à l?appauvrissement des habitats et de leur
biodiversité, sans parler des effets négatifs sur la rétention d'eau et la prévention des inondations.
Parallèlement, l'urbanisation croissante et depuis les années 1960 l?extension de la zone portuaire
sur une emprise réservée de 7000 hectares, ont transformé de manière très importante la façade
littorale, cette artificialisation massive étant la principale cause de perte de biodiversité. Le béton,
l'asphalte, et autres surfaces imperméables se sont substitués aux écosystèmes naturels.
L'objectif est donc ici de dépeindre, à l'aide d'exemples concrets et de comparaisons visuelles,
comment l'aménagement du territoire, souvent guidé par des impératifs économiques et sociaux,
et parfois marqué par la méconnaissance des risques naturels, a contribué à façonner un paysage
où la nature a très nettement cédé la place et où l'homme est désormais plus exposé aux risques
naturels (inondations, sécheresses?). Avec ces illustrations, l?objectif est d?illustrer la réalité de
cette perte nette de biodiversité et de sensibiliser à la nécessité de préserver et de conforter si
possible les derniers refuges de nature qui subsistent, grâce à une application mieux anticipée et
plus exigeante de la séquence ERC.
N?oublions pas que la santé des écosystèmes n?est pas sans lien avec la santé humaine et joue
un rôle déterminant dans la résilience des territoires face aux aléas générés par le changement
climatique.
PUBLIÉ
Agrandissement du parcellaire agricole par remembrement, homogénéisation des cultures sur de
grandes surfaces et retrait des infrastructures écologiques (haies, mares, fossés...) déjà
structurellement peu présentes du fait de l?histoire de la poldérisation.
Comparaison de photographies aériennes entre aujourd?hui et 1950, illustrant l?ampleur de
l?artificialisation des sols consécutive au développement des infrastructures du Grand port maritime
de Dunkerque.
PUBLIÉ
Comparaison de photographies aériennes entre aujourd?hui et 1950 - Source IGN - Développement
de l?urbanisation dans le delta de l?Aa en zone rétro-littorale.
Comparaison de photographies aériennes entre aujourd?hui et 1950 - Source IGN - Développement
de l?urbanisation sur le littoral dunaire de la Communauté urbaine de Dunkerque
PUBLIÉ
Annexe 7. Méthodes d?identification des surfaces pouvant
accueillir de la compensation écologique
Etape 1
Sélection zones
intéressantes
compensation (stratégie
d'intervention CDL, zone
préemption ENS,
ZNIEEF de type 1...)
Etape 2
Exclusion des espaces
agricoles, urbains et infras et
des espaces naturels ne
respectant pas les principes
de la compensation
Etape 3
Etude accessibilité foncier et
potentiel écologique
Etape 1
Sélection Zones N du
PLUi
Etape 2
Exclusion des zones N
déjà gérées
Etape 3
Inclusion de zones A et
U à dire d?experts (trame
verte et bleue, terres
souvent inondées,...)
Méthode DREAL-DDT
? A l?initiative préfet
? Approche cartographique
? Périmètre IWW moins
l?Audomarois
PUBLIÉ
PUBLIÉ
Annexe 8. Analyse des avis de l?Ae et de la MRAe sur les
programmes et projets
La faiblesse de la mise en oeuvre de la séquence ERC dans les documents présentés à
l?enquête publique dans le secteur du Dunkerquois.
L?Autorité environnementale note dans ses avis sur les programmes et les projets concernant le
territoire du port, de façon constante et répétée, la faiblesse de la mise en oeuvre de la séquence
ERC : insuffisance de l?état initial, absence de comparaison de scénarios alternatifs, en
conséquence, pas de choix du scénario de moindre impact et au final une évaluation
environnementale peu susceptible d?informer et de convaincre.
1. Concernant le SRADDET49, programme sous la responsabilité de la Région Hauts-de-France,
l?Autorité environnementale souligne dans ses avis de 2019 et de 2024 l?absence de réflexion de
scénarios alternatifs pourtant indispensables pour conduire la séquence ERC. On peut signaler
qu?en 2024 lors de la révision du SRADDET, l?Autorité environnementale indique que la séquence
ERC est mieux traitée, mais l?absence de comparaison de solutions de substitution perdure (p. 18).
Alors même que l?avis indique que le territoire dispose d?une « biodiversité riche mais menacée au
sein d?espaces naturels étendus mais morcelés » (p.33), comment expliquer l?absence de réflexion
sur comment éviter ou réduire les impacts, ni même comment les compenser !
L?Autorité environnementale recommande in fine de clarifier l?effort de réduction de consommation
d?espaces (p.19).
Au-delà du fond, l?Ae juge que, globalement, la lisibilité de l?ensemble des documents est difficile
(page 6).
2. L?avis sur le schéma de cohérence territoriale (SCoT) 50 reprend les remarques sur le
SRADDET de la région Flandre Dunkerque :
? absence puis insuffisance d?analyse de la séquence ERC (p. 8) ;
? indicateurs définis mais sans valeur initiale ni objectifs (p. 8) ;
? absence d?analyse des corridors écologiques notamment intégrant le SDPN du grand port
(p. 14-15) ;
? aucune analyse sur les impacts sur les sites Natura 2000.
3. les avis délibérés sur le projet stratégique 2014/2018 du GPMD 51reprennent ces remarques
La mission régionale d?autorité environnementale (MRAe) ajoute qu?il n?y a pas, dans le projet
stratégique 2020-2024, d?analyse de conformité avec les documents stratégiques SRADDET et
SCoT. De plus, les remarques faites en 2021 sont souvent similaires à celles formulées sur le
document de 2014 :
? pas de séquence ERC, c?est-à-dire une planification plus précise des zones à aménager et
surtout, dès l?évaluation environnementale du plan, une identification des principaux impacts,
des mesures de réduction et d?évitement et une première évaluation des besoins de
compensation, le cas échéant, et ce, sans attendre l?émergence des projets ;
? absence d?indicateurs ;
? pas d?analyse des impacts sur les sites Natura 2000.
49 Schéma régional d'aménagement, de développement durable et d'égalité des territoires (SRADDET) de la région
haute de France : avis MRAe 2019 - 59 ; avis MRAE 2024-013
50 Avis délibéré de la mission régionale d'autorité environnementale Hauts de France sur la révision du schéma de
cohérence territoriale de la région Flandre - Dunkerque (59) n°MRAe 2019 - 3356
51 Projet stratégique 2014 - 2018 du grand port maritime de Dunkerque (59) : avis Ae 2014 - 107
-projet stratégique 2020 - 2024 du grand port maritime de Dunkerque (59) : avis MRAe 2021 - 53 93
PUBLIÉ
4. Les avis de l?Autorité environnementale sur les projets52 soulignent ces mêmes lacunes
avec constance. La mission observe que, lorsque l?évaluation environnementale d?un projet est
modifiée, et qu?un second avis est sollicité (exemple du projet CAP 2020), les modifications
apportées ne sont pas suffisamment substantielles pour que l?avis soit significativement différent.
Par exemple, concernant le choix et le calcul des gains de fonctionnalités des mesures de
compensation, l?Autorité environnementale relève que « les gains de fonctionnalités des mesures
de compensation la destruction des milieux naturels restent imprécis et l?équivalence avec les
milieux détruits n?est toujours pas démontrée en particulier en ce qui concerne les zones humides ».
52
- Projet CAP 2020 avis autorisé à 2023 - 20 et 2023 - 20 - 1
- projet d'aménagement de la zone grande industrie n° 2 avis AE numéro 2023 - 23
- entrepôt Weert Logistic Park XXVIII sur la zone DLI du grand port maritime de Dunkerque à Loon-Plage avis AE
2023 - 29
PUBLIÉ
Annexe 9. SDAGE Artois Picardie et Adour Garonne : deux
approches différentes
Si le projet détruit une zone humide de 10 ha de grande qualité patrimoniale avec des
fonctionnalités optimales et que les terrains possibles de compensation sont constitués de zones
humides dégradées avec un niveau de fonctionnalités de 50 % inférieur à celui des zones humides
détruites par le projet, pour tenir l?objectif d?absence de perte nette de biodiversité, la surface
requise sera au moins du double de la surface détruite majorée, le cas échéant, du coefficient
prévu par le SDAGE Artois Picardie, la compensation se situant de facto dans une fourchette
comprise entre 30 et 60 ha dans le cas d?école choisi.
Cas 1 : si ces terrains de compensation sont bien cartographiés comme zones humides à restaurer
par le SAGE et ce, au sein du même SAGE, alors la surface de compensation sera de 10 ha x 1,5
x 2 = 30 ha soit un coefficient en surface de 1 à 3.
Cas 2 : si ces terrains de compensation sont cartographiés comme zones humides à restaurer
mais dans un SAGE limitrophe, alors la surface de compensation sera de 10 ha x 2 x 2 = 40 ha
soit un coefficient de 1 à 4.
Cas 3 : si les terrains de compensations ne se situent pas dans une zone humide à restaurer
caractérisée par le SAGE, alors la surface de compensation exigible sera de 10 ha x 2 x 3 = 60 ha
soit un coefficient de 1 à 6.
En appliquant les règles du SDAGE Adour Garonne, la surface de compensation serait a minima
de 10 ha x 2 = 20 ha (si la méthode de dimensionnement par l?approche fonctionnelle est bien
documentée).
PUBLIÉ
Annexe 10. Liste des conventions
? Convention Conseil départemental/Agriculteurs : contractualisation d'indemnisation avec
les agriculteurs.
? Convention Conservatoire du littoral/gestionnaire/agriculteurs : convention d'occupation
temporaire (COTUA).
? Convention Conservatoire du littoral/SAFER : acquisition des terres agricoles.
? Convention Conservatoire du littoral/GPMD/CD 59 : achat de foncier à l'euro symbolique.
? Convention Conservatoire du littoral/GPMD/CD 62 : gestion des mesures compensatoires.
? Convention Conservatoire du littoral/GPMD : dépassement du périmètre de la
circonscription portuaire et sur plusieurs départements.
? Convention Conservatoire du littoral/chambres d'agriculture 59 et 62 : note d'intention sur le
partenariat.
? Convention CDC Biodiversité/SAFER/chambre d'agriculture : prévenir la spéculation
foncière et s'assurer de la mobilisation du foncier pour la compensation.
Photos : mission
PUBLIÉ
Sommaire
Résumé
Liste des recommandations
Introduction
1 Le Dunkerquois, un contexte particulier
1.1 Le plus grand polder de France : territoire atypique, très aménagé et artificialisé
1.2 Une économie locale basée sur deux piliers : l?activité industrialo-portuaire et un secteur agricole dynamique à forte valeur ajoutée
1.2.1 Le Grand port maritime de Dunkerque, pôle industrialo-portuaire en plein essor
1.2.2 Une agriculture conventionnelle dynamique à forte valeur ajoutée
1.3 Une nature relictuelle dans un environnement fragile et exposé aux effets du changement climatique
2 Une équation foncière complexe et sous tension
2.1 Une discordance « brutale » entre besoins affichés et capacités foncières de compensation, source de crispations du monde agricole
2.2 « Compenser, en proximité immédiate, en évitant les terres agricoles », une équation insoluble
3 Une planification et une anticipation insuffisantes
3.1 Un défaut de prise en compte de la séquence ERC dans les documents de planification
3.1.1 La faiblesse de la mise en oeuvre de la séquence ERC dans les documents présentés à l?enquête publique du secteur du Dunkerquois
3.1.2 Les évaluations environnementales présentées par le GPMD sont le plus souvent jugées de « médiocre qualité » par les autorités environnementales
3.1.3 Un choix plus sélectif des activités industrielles du port et la sobriété foncière des entreprises du GPMD sont des préalables à des demandes de compensation hors de son territoire
3.2 Assurer la qualité et la pérennité de la politique du GPMD en faveur de la biodiversité
3.2.1 Le GPMD s?était doté d?un schéma directeur du patrimoine naturel dès 2010
3.2.2 En 2024, un SDPN lacunaire
3.3 Massifier la compensation par l?offre
3.3.1 Développer les sites naturels de compensation, de restauration et de renaturation
3.3.2 Instaurer un dispositif de « Réserves Foncières de Compensation agréées »
4 Des marges de manoeuvre de la compensation écologique à utiliser
4.1 Recourir plus largement aux souplesses permises par la réglementation sur les conditions d?application de la compensation écologique
4.1.1 Distinguer les objectifs des conditions de mise en oeuvre de la compensation
4.1.2 En secteur tendu au plan foncier, la condition de proximité fonctionnelle doit pouvoir primer sur la proximité géographique
4.1.3 Assouplir les modalités d?application de la doctrine nationale sur la condition de l?additionnalité
4.2 Un dimensionnement des mesures, sobre au plan foncier, basé sur l?approche fonctionnelle
4.2.1 Le guide de 2021 sur l?approche standardisée du dimensionnement de la compensation propose un cadre harmonisé insuffisamment opérationnel
4.2.2 Des limites d?utilisation de l?interface de dimensionnement des zones humides révisée par l?OFB à clarifier
4.2.3 Des ratios sur les compensations zones humides questionnés
4.2.4 Un cumul de mesures compensatoires sur un même terrain à évaluer
4.2.5 Une exigence de compensation de l?artificialisation de terres agricoles qui questionne.
5 Une stratégie locale de compensation pour le Dunkerquois
5.1 Conforter le SDPN du GPMD
5.2 Des espaces naturels en proximité géographique immédiate à conforter et à enrichir
5.3 Miser sur la proximité fonctionnelle pour élargir le périmètre avec des mesures compensatoires « multifonctionnelles »
5.3.1 Un territoire pertinent élargi
5.3.2 Établir un programme de mesures multifonctionnelles sur ce territoire élargi
5.4 Améliorer la biodiversité en zone agricole avec des mesures compatibles avec les grandes cultures et la gestion hydraulique des wateringues
5.5 Mettre en place un projet d?accompagnement financier pour l?agriculture en synergie de la compensation écologique
5.6 Négocier et mettre en place des modalités de portage du foncier et de gestion des mesures compensatoires compatibles avec le mode de faire-valoir prépondérant
5.7 Mettre en place une gouvernance dédiée
Conclusion
Annexes
Annexe 1. Lettre de mission
Annexe 2. Liste des personnes rencontrées
Annexe 3. Glossaire des sigles et acronymes
Annexe 4. : Le système des Wateringues, exutoire des bassins versants de l?Aa et de la Hem
Annexe 5. Atlas cartographique
Annexe 6. Évolution du territoire et régression des espaces naturels
Annexe 7. Méthodes d?identification des surfaces pouvant accueillir de la compensation écologique
Annexe 8. Analyse des avis de l?Ae et de la MRAe sur les programmes et projets
Annexe 9. SDAGE Artois Picardie et Adour Garonne : deux approches différentes
Annexe 10. Liste des conventions
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