Mission d'exploration des différentes options relatives au devenir des cétacés du Marineland d'Antibes
COUDERC-OBERT, Celine ;ROBINET, Olivier
Auteur moral
France. Inspection générale de l'environnement et du développement durable (IGEDD)
Auteur secondaire
Résumé
<div style="text-align: justify;">La loi du 30 novembre 2021 visant à lutter contre la maltraitance animale et conforter le lien entre les animaux et les hommes prévoit, concernant les cétacés, la fin des spectacles et l'interdiction de leur reproduction en captivité ainsi que leur détention au 1er décembre 2026 avec toutefois des dérogations possibles pour les refuges ou sanctuaires et à des fins de recherche scientifique. Parmi les deux établissements détenant des cétacés en France, le Marineland d'Antibes, qui posséde deux orques et 12 grands dauphins, ne souhaite pas entrer dans ce cadre dérogatoire et prévoit donc de se séparer de ses animaux. Il a contractualisé pour cela avec un parc aquatique japonais prêt à les accueillir ce qui suscite de fortes oppositions de la part des associations de protections animales qui considèrent ce transfert comme contraire à l'esprit de la loi en entrainant une dégradation du bien-être des animaux. La mission de l'IGEDD vise dans ce contexte à explorer et comparer les différentes options relatives au devenir des cétacés du Marineland, en prenant en compte les aspects règlementaires, juridiques, mais aussi le bien-être animal. Elle a proposé de faire une consultation sous forme d'appel à manifestation d'intérêt (AMI) concernant la création d'un sanctuaire comme alternative au transfert des animaux dans un autre delphinarium. Sur la base des réponses reçues à cet AMI, les recommandations suivantes ont été émises : concernant les orques, seul le projet de sanctuaire de Nouvelle Ecosse, porté par le Whale sanctuary project, réponds aux critères de l'AMI en termes de qualité technique, de faisabilité dans les délais et de soutenabilité financière, même si le projet présente un caractère expérimental qui comporte une part inhérente de risque. La seule alternative acceptable au sanctuaire des orques serait leur placement au Loro Parque de Ténérife, qui présente l'avantage de posséder des installations prêtes à accueillir les deux spécimens en plus de ceux déjà présents, dans des conditions similaires à celles du Marineland. Pour ce qui concerne les grands dauphins, le projet de sanctuaire sur l'île St Paul à l'entrée du golfe de Tarente est susceptible d'accueillir dans les délais 2 à 4 individus dans de bonnes conditions ; les autres dauphins devront être répartis pour partie au Loro Parque et dans d'autres delphinariums européens restant à déterminer. Dans tous les scénarios il convient de s'assurer de la pleine coopération du Marineland, et du maintien des liens sociaux entre les individus (en particulier les orques) comme critères essentiels à leur bien-être, en plus la qualité des infrastructures et des soins prodigués. Dans le cas des animaux placés dans un sanctuaire, et pour tenter de mettre un terme aux polémiques, la mission recommande de mettre en place un suivi scientifique par des chercheurs et selon des protocoles reconnus, afin de pouvoir analyser les résultats et en tirer des enseignements utiles pour de futurs sanctuaires.</div>
Editeur
IGEDD
Descripteur Urbamet
protection de l'environnement
;espèce protégée
Descripteur écoplanete
cétacé
;parc animalier
;suivi des populations
;protocole d'accord
;bien être animal
Thème
Environnement - Paysage
Texte intégral
Rapport n° 015475-01
juin 2024
Céline Couderc-Obert - IGEDD
Olivier Robinet - IGEDD
(coordonnateur)
Mission d?exploration des différentes options
relatives au devenir des cétacés du
Marineland d?Antibes
P
U
B
L
I É
https://www.igedd.developpement-durable.gouv.fr/
Les auteurs attestent qu'aucun des éléments de leurs activités
passées ou présentes n'a affecté leur impartialité dans la rédaction
de ce rapport
Statut de communication
? Préparatoire à une décision administrative
? Non communicable
? Communicable (données confidentielles occultées)
? Communicable
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Rapport n° 015475-01
juin 2024
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devenir des cétacés du Marineland d?Antibes
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Sommaire
Sommaire........................................................................................................................ 3
Résumé ........................................................................................................................... 5
Liste des recommandations .......................................................................................... 6
Introduction .................................................................................................................... 7
1 Rappel sur le contexte et la commande ................................................................... 8
1.1 La loi n° 2021-1539 de 2021 prévoit la fermeture à terme des établissements
détenant des cétacés ............................................................................................ 8
1.2 Une commande initiale modifiée dans ses délais par le calendrier judiciaire ........ 9
1.3 Situation au Marineland ...................................................................................... 10
1.3.1 Des animaux nés pour la majorité en captivité ou détenus depuis de
nombreuses années ................................................................................... 10
1.3.2 Un delphinarium voué à la fermeture ......................................................... 10
1.3.3 Un contexte contentieux médiatisé avec les associations .......................... 11
1.4 Considérations juridiques concernant le positionnement du MTECT .................. 12
2 Les différentes options étudiées par la mission ................................................... 13
2.1 Rappel sur les définitions .................................................................................... 13
2.1.1 Les parcs aquatiques ................................................................................. 13
2.1.2 Les refuges ou sanctuaires pour animaux sauvages captifs ...................... 14
2.1.3 Les sanctuaires marins .............................................................................. 14
2.2 L?appel à manifestations d?intérêt sur les sanctuaires : ....................................... 15
2.2.1 Le questionnaire, les modalités et critères d?évaluation ............................. 15
2.2.2 Résultats de l?AMI concernant les sanctuaires ........................................... 16
2.3 L?accueil dans un autre delphinarium .................................................................. 22
2.4 Cas des grands dauphins du Marineland ............................................................ 26
2.4.1 L?Aegean Marine Life Sanctuary de Lipsi (Grèce) ...................................... 27
2.4.2 Le Jonian dolphin conservation sanctuary (Tarente, Italie) ........................ 27
2.4.3 Les autres sites d?accueil des grands dauphins ......................................... 29
2.5 Synthèse sur les différentes options ................................................................... 30
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3 Recommandations concernant l?avenir des cétacés du Marineland ................... 31
3.1 Principes généraux ............................................................................................. 31
3.1.1 S?assurer de la pleine collaboration du Marineland avant et si possible
après le transfert ........................................................................................ 31
3.1.2 S?assurer du maintien des lien sociaux essentiels entre les individus ........ 31
3.1.3 Assurer un suivi scientifique des animaux après leur transfert. .................. 32
3.1.4 Assurer un positionnement du Ministère prenant en compte les
conséquences juridiques et financières ...................................................... 32
3.2 Propositions concernant les deux orques ............................................................ 33
3.3 Propositions concernant les grands dauphins ..................................................... 34
Conclusion ................................................................................................................... 36
Annexes ........................................................................................................................ 37
Annexe 1. Lettre de mission........................................................................................ 38
Annexe 2. Liste des personnes rencontrées ............................................................. 39
Annexe 3. Questionnaire de l?appel à manifestation d?intérêt .................................. 42
Annexe 4. Comparaison des principaux scénarios étudiés pour les orques .......... 44
Annexe 5. Glossaire des sigles et acronymes ........................................................... 51
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Résumé
La loi du 30 novembre 2021 visant à lutter contre la maltraitance animale et conforter le lien
entre les animaux et les hommes prévoit, concernant les cétacés, la fin des spectacles et
l?interdiction de leur reproduction en captivité ainsi que leur détention au 1er décembre 2026
avec toutefois des dérogations possibles pour les refuges ou sanctuaires et à des fins de
recherche scientifique.
Parmi les deux établissements détenant des cétacés en France, le Marineland d?Antibes, qui
possède à la date de rédaction du rapport deux orques et 12 grands dauphins, ne souhaite
pas entrer dans ce cadre dérogatoire et prévoit donc de se séparer de ses animaux. Il a
contractualisé pour cela avec un parc aquatique japonais prêt à les accueillir ce qui suscite
de fortes oppositions de la part des associations de protections animales qui considèrent ce
transfert comme contraire à l?esprit de la loi en entrainant une dégradation du bien-être des
animaux.
La mission de l?IGEDD vise dans ce contexte à explorer et comparer les différentes options
relatives au devenir des cétacés du Marineland, en prenant en compte les aspects
règlementaires, juridiques, mais aussi le bien-être animal.
Après avoir rencontré l?ensemble des parties prenantes et en particulier la direction et les
équipes du Marineland, mais aussi les services de l?Etat, les scientifiques, les associations et
des porteurs de projets de sanctuaires, la mission a proposé à la DEB de faire une
consultation sous forme d?appel à manifestation d?intérêt concernant la création d?un
sanctuaire comme alternative au transfert des animaux dans un autre delphinarium.
- Sur la base des réponses reçues à cet AMI en les comparant avec les conditions
d?accueil des deux centres aquatiques ayant donné leur accord pour accueillir les
orques et les dauphins, et après avoir consulté un panel d?experts sur les cétacés
captifs et sauvages, la mission a pu formuler les recommandations suivantes :
Concernant les orques, elle considère que seul le projet de sanctuaire de Nouvelle
Ecosse, porté par le Whale sanctuary project, réponds aux critères de l?AMI en termes
de qualité technique, de faisabilité dans les délais et de soutenabilité financière,
même si le projet présente un caractère expérimental qui comporte une part inhérente
de risque.
- La seule alternative acceptable au sanctuaire des orques serait leur placement au
Loro Parque de Ténérife, qui présente l?avantage de posséder des installations prêtes
à accueillir les deux spécimens en plus de ceux déjà présents, dans des conditions
similaires à celles du Marineland.
- Pour ce qui concerne les grands dauphins, le projet de sanctuaire sur l?île St Paul à
l?entrée du golfe de Tarente est susceptible d?accueillir dans les délais 2 à 4 individus
dans de bonnes conditions. En absence d?autres sanctuaires identifiés par la mission,
les autres dauphins devront être répartis pour partie au Loro Parque et dans d?autres
delphinariums européens restant à déterminer.
- Dans tous les scénarios il convient de s?assurer de la pleine coopération du
Marineland, et du maintien des liens sociaux entre les individus (en particulier les
orques) comme critères essentiels à leur bien-être, en plus la qualité des
infrastructures et des soins prodigués.
- Dans le cas des animaux placés dans un sanctuaire, et pour tenter de mettre un terme
aux polémiques, la mission recommande de mettre en place un suivi scientifique par
des chercheurs et selon des protocoles reconnus, afin de pouvoir analyser les
résultats et en tirer des enseignements utiles pour de futurs sanctuaires.
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Liste des recommandations
[DEB] S?assurer d?une pleine coopération avec le Marineland
dans le projet de transfert prenant en compte autant que possible les contraintes du
groupe mais aussi l?accompagnement du personnel qui s'occupe des cétacés pour la
préparation, le transport et si possible après leur arrivée dans la structure d?accueil..
..................................................................................................................................... 31
[DEB] Mettre en place des partenariats scientifiques avec les
établissements de recherche pour le suivi des animaux placés en sanctuaires sur la
base de protocoles validés par un comité d?experts. .................................................. 32
.................................................................... 34
[DEB] Proposer au Marineland de répartir les dauphins entre le
Jonian dophin conservation sanctuary de Tarente, le Loro Parque et d?autres
delphinariums et lui demander de facilitater les échanges entre les équipes pour la
réalisation des transferts. ............................................................................................ 34
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Introduction
Depuis une décennie et la montée en puissance des mouvements d?opinions en faveur du
bien-être animal, la question du maintien en captivité des mammifères marins détenus dans
les parcs zoologiques et aquariums a pris une ampleur importante, en particulier depuis la
sortie du documentaire Blackfish en 20131 qui a eu un fort retentissement sur le grand public
aux Etats-Unis et en Europe.
Depuis, la controverse a gagné en ampleur entre les partisans d?une abolition de la détention
en captivité des cétacés, pour des raisons d?éthique et de bien-être animal, et les
représentants des parcs zoologiques et aquariums. Ces derniers soulignent leur rôle éducatif,
scientifique et dans la conservation d?espèces menacées de disparition, les normes mises en
place pour assurer leur bien-être, et le fait que les animaux détenus sont pour l?immense
majorité nés en captivité et inaptes à survivre dans la nature. La question du bien-être de ces
animaux captifs, au coeur des débats, repose bien souvent sur des données peu objectivées
par des études scientifiques permettant de trancher.
En tout état de cause, pour répondre à cette préoccupation sociétale, après une tentative en
2017 d?interdiction par arrêté ministériel, annulé par le conseil d?Etat la loi n° 2021-1539 du
30 novembre 2021 visant à lutter contre la maltraitance animale et conforter le lien entre les
animaux et les hommes prévoit concernant les cétacés la fin des spectacles et l?interdiction
de leur reproduction en captivité. Les débats parlementaires ont conduit à modifier la
proposition de loi, qui envisageait initialement le maintien des animaux détenus dans les
delphinariums jusqu?à leur mort, en y ajoutant l?obligation de ne plus en détenir au 1er
décembre 2026, avec toutefois des dérogations pour les refuges et sanctuaires et les
établissements réalisant de la recherche scientifique dument évaluée.
L?extinction à court-terme des delphinariums en France n?a toutefois pas fait cesser les
polémiques et les attaques visant les deux établissements concernés2, que ce soit vis-à-vis
du Marineland pour mauvais traitements allégués et contre le projet d?envoi des orques dans
un autre parc aquatique à l?étranger, ou du parc Planète sauvage concernant la réalité de la
recherche scientifique pratiquée qui pourrait y justifier le maintien de ses dauphins.
En parallèle, la recherche d?alternatives à la captivité (placement dans un refuge ou
sanctuaire marin), prévue par la loi et recommandée par le rapport du CGEDD publié en
20213, n?a que peu progressé, malgré un appel d?offre lancé en 2023 sur ce sujet mais qui
s?est révélé infructueux.
C?est dans ce contexte que face aux préparatifs d?expédition des orques du Marineland au
Japon et à la vive opposition de certaines associations animalistes, le secrétaire d?Etat chargé
de la biodiversité a mandaté l?IGEDD pour explorer les différentes options concernant le
devenir des cétacés détenus dans cet établissement.
La mission s?est attachée à étudier les différentes options concernant les orques, notamment
grâce à un appel à manifestations d?intérêt simplifié, et à explorer quelques options
concernant les grands dauphins sur la base des mêmes critères que pour les orques, sans
toutefois, faute de temps, viser à l?exhaustivité.
1 Film documentaire, en grande partie centré sur la vie de l?orque Tilikum du parc aquatique Sea world à
Orlando en Floride et des trois accidents mortels de soigneurs associés à sa détention, comme un plaidoyer
contre le maintien en captivité de ces animaux
2 Soit outre le Marineland, le parc Planète sauvage à Port-Saint-Père. Le Parc Astérix a quant à lui fermé
son delphinarium en janvier 2021, juste avant le vote de la Loi
3 Galibert T. et Lhote C. Le placement des animaux sauvages vivants. Rapport CGEDD mai 2021
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1 Rappel sur le contexte et la commande
1.1 La loi n° 2021-1539 de 2021 prévoit la fermeture à terme des
établissements détenant des cétacés
La loi n° 2021-1539 du 30 novembre 2021 visant à lutter contre la maltraitance animale et
conforter le lien entre les animaux et les hommes prévoit concernant les cétacés à compter
du 1er décembre 2026 (article L. 413-12 du code de l?environnement) :
? l?interdiction des spectacles de cétacés et des contacts directs entre les cétacés et
les visiteurs ;
? l?interdiction de détention et de reproduction en captivité des cétacés, à l?exception
des refuges pour animaux sauvages captifs et dans le cadre de programmes de re-
cherche autorisés par le MTECT.
Actuellement, deux établissements détiennent encore des cétacés en France, le Marineland
d?Antibes (06) avec 2 orques4 (Orcinus orca) et 12 grands dauphins (Tursiops truncatus) et
le parc zoologique Planète sauvage de Port-Saint Père (44) qui détient quant à lui 11 grands
dauphins.
Face à cette obligation de mise en conformité à l?échéance de fin 2026, les deux
établissements ont adopté des stratégies différentes : alors que le parc zoologique Planète
sauvage prépare un dossier pour obtenir une autorisation de maintien des cétacés dans le
cadre de programmes de recherche, y compris en participant à des programmes européens
de reproduction, le Marineland d?Antibes prévoit le départ des cétacés vers un delphinarium
japonais et une reconversion de ses activités, situées d?ailleurs majoritairement en zone
inondable, en un parc d?attraction aquatique sans détention d?animaux.
Le Marineland, propriété du groupe espagnol acteur majeur du secteur des loisirs Parques
Reunidos, explique avoir pris cette décision pour des raisons économiques : chute de son
chiffre d?affaires ces dernières années, alors que les frais d?entretien des animaux restent très
importants et que les installations nécessitent de nouveaux investissements. Cette chute
accélérée à partir de 2020 par la pandémie de Covid est attribuée à un déficit d?image dans
le contexte de la loi et de la pression sociétale exercée par certaines associations et les
médias.
Concernant les orques, considérant impossible de trouver à l?échelle européenne des
structures susceptibles de les accueillir, le Marineland a établi des contacts et conclu un
contrat en 2023 avec le parc Kobe Suma Sea World à Kobe au Japon, qui a construit des
installations permettant d?accueillir des orques.
Plusieurs associations de protection animale, qui avaient été très actives pour inscrire dans
la loi l?interdiction des delphinariums au nom du bien-être animal, se sont émues de ce projet
de transfert vers un pays qui pratique encore la chasse à la baleine, ne possède pas de
législation équivalente aux pays européens en termes de bien-être animal et dans des
infrastructures qui ne représentent pas une amélioration des conditions de détention. Elles
considèrent donc qu?un envoi au Japon serait une trahison de l?esprit de la loi de 2021.
Des manifestations, largement relayées par la presse, ont eu lieu devant le Marineland à
l?occasion des exercices de préparation des animaux à ce transfert, qui font craindre des
troubles à l?ordre public lors de leur expédition.
4 Inouk, l?orque mâle adulte est décédé durant la mission
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Par ailleurs les associations ont déposé des plaintes entraînant deux procédures judiciaires :
- l?une au civil ayant fait l?objet d?un référé de la cour d?appel d?Aix en Provence du 17/01/24
qui demande une expertise sur l?état de santé des orques par deux experts vétérinaires
et prévoit une interdiction du déplacement des animaux jusqu?à la remise du rapport
d?expertise définitif (prévu à l?automne), sous peine d?astreintes journalières en cas de
non-respect de l?interdiction,
- l?autre instruite par le tribunal de Grasse au pénal pour maltraitance des animaux suite à
la mort de l?orque Moana en octobre 2023 (l?autopsie a révélé une septicémie liée à une
infection bactérienne par le germe responsable du rouget, fréquent chez les mammifères
marins).
L?orque mâle adulte Inouk est décédé le 27 mars 2024. L?autopsie a révélé une mort par
péritonite due à une perforation intestinale par corps étranger. Ne subsistent donc
actuellement au Marineland que deux orques, Wikie, une femelle de 23 ans et son fils Keijo,
un mâle subadulte de 10 ans, et 12 grands dauphins.
1.2 Une commande initiale modifiée dans ses délais par le
calendrier judiciaire
Par lettre du 4 janvier 2024, la directrice de cabinet de la secrétaire d?Etat à la biodiversité a
saisi l?IGEDD, afin de conduire une mission d?exploration et de comparaison des différentes
options relatives au devenir des cétacés détenus au Marineland. En particulier, il est
demandé d?examiner :
- l?opportunité du transfert vers d?autres parcs de loisir / zoologiques ou d?autres structures
de type refuge ou sanctuaire,
- la faisabilité au regard de la règlementation existante en particulier CITES 5 d?un tel
transfert, l?orque étant une espèce protégée dont le commerce international est
réglementé (annexe II de la convention de Washington, mais annexe A du règlement
européen n° 338/97 du 9 décembre 1996),
- la comparaison de ces différentes options en termes de bien-être animal, de délais, de
faisabilité technique et de financements disponibles ainsi que l?acceptabilité des publics
et parties prenantes et la sécurité juridique.
Cette commande initiale dont les termes et les délais étaient dictés par l?imminence probable
d?un transfert des orques du Marineland vers le Kobe Suma Sea World et de la décision à
prendre par le MTECT6 de délivrer ou non un certificat CITES d?exportation, a fait l?objet d?une
reformulation avec l?accord des commanditaires. En effet, le jugement en référé de la cour
d?appel d?Aix en Provence du 17/01/24 prévoit une interdiction du déplacement des animaux
jusqu?à la remise du rapport d?expertise vétérinaire définitif, qui n?est pas attendu avant
l?automne 2024.
Le relâchement du calendrier a permis à la mission, en accord avec les cabinets du MTECT,
de poursuivre ses investigations et ses échanges, en élargissant le cercle des partenaires
concernés dans la recherche de scénarios alternatifs, et en reportant la remise de ses
propositions au mois de juin 2024.
5 Convention internationale sur le commerce des espèces de faune et de flore sauvages menacés
d?extinction, dite Convention de Washington
6 Ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires
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1.3 Situation au Marineland
1.3.1 Des animaux nés pour la majorité en captivité ou détenus depuis
de nombreuses années
Le Marineland détient au moment de la rédaction du rapport :
- deux spécimens d?orques, une femelle adulte née en captivité et en âge de procréer (Wikie),
âgée de 23 ans et son fils (Keijo), mâle de 10 ans n?ayant pas encore atteint sa taille adulte
ni sa maturité sexuelle ;
- douze spécimens de grands dauphins, répartis en deux groupes de cinq (des mères, dont
deux assez âgées capturées dans la nature au début des années 80 et leurs derniers enfants,
hébergés dans l?ancien bassin des orques construit en 1985 et équipé de gradins, où ils
participent à des spectacles) et sept (jeunes nés en captivité, hébergés dans le « lagon »
construit en 2005 où ils sont en contact avec le public autorisé à pénétrer dans le bassin par
petits groupes. La reproduction est dorénavant bloquée par progestatifs et séparation des
femelles en oestrus par le vétérinaire du parc.
1.3.2 Un delphinarium voué à la fermeture
1.3.2.1 Historique économique et géographie du site
Le Marineland, alimenté en eau de mer filtrée grâce à sa proximité avec la Méditerranée,
tempérée par l?inertie des bassins mais non réfrigérée, ouvre en 1970 avec deux spécimens
d?orques, espèce emblématique du parc dès son origine et mise en avant dans sa
communication.
Il développe progressivement l?accueil d?autres mammifères marins (pinnipèdes) et cétacés
(dauphins), un aquarium équipé d?un tunnel de 30 mètres de long pour les requins et raies,
un espace pour les manchots? et se diversifie dès les années 1980 avec des parcs de loisir
annexes (dont un parc aquatique avec toboggans, l?Aquasplash) puis en 2015 dans l?offre
hôtelière (dans sa partie constructible). Il adosse à ses activités un centre de recherche pour
les cétacés en 1998 et crée un centre de soins pour les tortues marines en 2017. L?actuel
bassin des orques (44 millions de litres, 5 bassins connectés) est construit en 2000.
En octobre 2015, les inondations frappant les Alpes Maritimes entraînent des dégâts sur les
installations et la perte de plusieurs animaux.
Principal acteur économique et touristique d?Antibes, le Marineland évoque une chute
continue de sa rentabilité depuis 10 ans, qu?il attribue à la pression constante des médias et
associations (manifestations et procédures judiciaires) sur les delphinariums, renforcée
depuis l?adoption de la loi en 2021 et conjuguée aux effets des inondations puis de la
pandémie de Covid-19 en 2020 (confinements).
1.3.2.2 Stratégie du groupe et projet de reconversion en parc de loisir
Le groupe Parques reunidos a racheté le parc en 2006. L?actuel directeur du parc, Pascal
Picot, est en poste depuis 2017. En 2022, les actionnaires du groupe prennent la décision
d?abandonner la marque Marineland et toute activité de présentation au public d?animaux et
d?engager des travaux de transformation du site en parc aquatique sans hébergement. Un
plan social est mis à l?étude. La première étape de ce processus est le transfert des cétacés
puis des autres animaux au sein du réseau des parcs zoologiques européens ou extra
européens.
PUBLIÉ
Rapport n° 015475-01
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1.3.2.3 Attentes actuelles des élus
Jean Leonetti, maire d'Antibes depuis 1995, soutient le parc, acteur économique majeur de
la région. D?abord partisan d?un maintien sur place des cétacés via un assouplissement de la
loi, il se range aujourd?hui aux arguments du groupe et de la direction du Marineland qui
souhaitent hâter le départ des animaux, en raison du contexte conflictuel et contentieux
permanent qui pèse sur les salariés et génère un risque de perturbation de l?ordre public.
1.3.3 Un contexte contentieux médiatisé avec les associations
1.3.3.1 Pression médiatique et sociétale
Le documentaire américain Blackfish (2013) marque le renforcement de la mobilisation
associative et accélère la prise de conscience sociétale des problèmes de bien-être animal
et de sécurité des soigneurs posés par le maintien en captivité de cétacés et leur exploitation
commerciale. De nombreux articles de presse (Nice Matin, Le Monde, Reporterre, Géo, Le
Figaro, Le Point?) illustrent au fil des années la couverture médiatique croissante de l?action
de diverses associations françaises de protection animale (notamment One Voice et C?est
assez !). L?expansion des réseaux sociaux (Instagram, Twitter/X, Facebook?) permet de
relayer leur message à un vaste public.
Si elles ne proposent pas de solution consensuelle de sanctuaire (projets différents soutenus
par One Voice et Sea Shepherd France), voire critiquent les projets concurrents, les
associations dénoncent unanimement le projet de cession des orques à des fins de
présentation au public et de reproduction au Kobe Suma Sea World. Certaines comme
l?association de protection des animaux marins « C?est assez » regrettent que le
gouvernement n?ait pas anticipé la transition du point de vue des animaux entre l?adoption de
la loi et son entrée en vigueur et s?inquiètent que le transfert vers un sanctuaire pour cette
espèce soit trop long, coûteux, complexe et risqué.
1.3.3.2 Procédures administratives et judiciaires passées et en cours
L?association de protection animale One Voice multiplie les plaintes contre le parc pour
mauvais traitement depuis 2019.
En novembre 2023, après le décès en octobre de l?orque Moana des suites d?une septicémie
bactérienne, une expertise a été menée par deux vétérinaires désignés par la Secrétaire
d?Etat à la biodiversité, qui n?a pas remis en cause l'état clinique des trois orques hébergés
alors ni leurs conditions environnementales.
En janvier 2024, One Voice a saisi la justice pour exiger en référé une nouvelle expertise
contraignant ainsi le parc à garder les orques pour au moins quatre mois. La procédure en
référé actuellement toujours en cours est suivie par tribunal judiciaire de Grasse. Constatant
que le parc entraînait les cétacés à entrer dans un brancard en vue de leur potentiel
déplacement au Japon, One Voice a assigné Marineland en justice pour que le parc conserve
les orques le temps qu'une expertise judiciaire indépendante soit menée sur les installations
(état des bassins, qualité de l?eau) et l?état de santé des animaux par deux experts
vétérinaires. Lors des entrevues successives, la direction du parc n?a pas exclu un départ des
animaux en dépit de l?injonction au maintien sur place ordonnée en janvier 2024 par le tribunal
sous peine d?astreintes, considérant qu?il est prêt à en subir les conséquences financières.
Un tel départ poserait néanmoins la question de l?attribution du permis CITES d?exportation
par la DREAL PACA au mépris de l?ordonnance de la cour, permis que le parc envisage de
demander au cours de l?été.
En parallèle, C?est assez ! a saisi le Conseil d?Etat pour interdire tout transfert commercial
des cétacés captifs de France vers l?étranger, sauf en cas de transfert vers un refuge marin.
En avril 2024, suite au décès brutal de l?orque Inouk en mars (perforation intestinale et
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péritonite suite à l?ingestion d?un corps étranger), C?est assez ! a engagé une nouvelle
procédure d?urgence auprès du tribunal administratif de Nice (juge des référés), pour
demander à la préfecture de mettre en demeure le Marineland de prendre toutes les mesures
utiles pour protéger les deux derniers spécimens d?orques détenus. L?association demande
le transfert des orques dans le bassin des dauphins le temps d?engager des travaux de
réfection du bassin des orques.
La pression des militants sur le terrain, associée à la présence des médias et à la
multiplication des actions en justice, semble avoir contribué à accélérer la décision de principe
du parc de se défaire des animaux, mais aussi à reporter leur transfert vers le Japon et à
mobiliser les autorités françaises pour trouver en urgence une solution alternative. Elle a
également sans doute abouti à l?abandon d?un scénario de maintien sur place moyennant
travaux et programme scientifique, compte tenu de la tension qu?elle fait peser sur la direction
et les salariés du Marineland, et à la rupture du dialogue sur un éventuel transfert vers un
sanctuaire, qui pour être mené à bien à l?heure actuelle nécessiterait des efforts de médiation.
1.4 Considérations juridiques concernant le positionnement du
MTECT
Il convient de rappeler à ce stade le cadre juridique dans lequel s?inscrit l?intervention de l?Etat.
En effet, le transfert envisagé constitue une opération de transfert (cession gratuite) entre a
priori deux structures privées détenant des animaux présentés au public. L?Etat n?intervient
formellement que dans la délivrance (ou non) d?un certificat CITES d?exportation (délivré par
la direction régionale de l?environnement de l?aménagement et du logement (DREAL PACA)
et d?un certificat sanitaire en vue du transport (délivré par la direction départementale de la
protection de populations (DDPP 06). Quelles que soient les pressions éventuellement
exercées par les mouvements associatifs, les médias et le Marineland auprès du Ministère
en charge de la transition écologique, dont les services déconcentrés régionaux sont
compétents pour délivrer les autorisations CITES, la décision de délivrance ou le refus de
délivrance d?un permis d?exportation devra nécessairement reposer sur des motifs
juridiquement solides compte tenu des recours vraisemblables par l?une ou l?autre des parties
contre la décision précise.
Consultée par la mission, la direction des affaires juridiques (DAJ) du ministère considère que
le risque juridique est globalement écarté du point de vue de la délivrance du permis
d?exportation CITES : rien ne s?oppose a priori au départ des animaux, dans la mesure où ils
sont aptes au transport et que le dossier fourni par le Marineland est solide.
Compte tenu du projet de reconversion des activités de Marineland en un parc d?attraction
sans détention d?animaux, des importants frais d?entretien des animaux (de l?ordre de 500
000¤ par an et par orque) et des frais judiciaires encourus, les conséquences pécuniaires
pour l?Etat si la décision est prise de s?opposer au départ des deux orques risquent d?être plus
lourdes que si la décision est d?accorder le permis. En effet, sa démarche de cession des
orques découlant directement des dispositions de la loi du 30 novembre 2021, le Marineland
pourrait être fondé à demander que l?Etat prenne en charge les frais liés à l?annulation du
départ et à l?entretien des animaux maintenus au Marineland contre son gré, voire les pertes
financières liées au retard du plan de reconversion, jusqu?à ce qu?une solution soit trouvée.
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2 Les différentes options étudiées par la mission
Compte tenu des risques de contentieux rappelés dans le chapitre précédent, la mission s?est
attachée à explorer toutes les solutions possibles en pleine transparence avec la direction et
les équipe du Marineland et les autres parties prenantes de ce dossier.
Deux d?entre elles ont été écartées : le relâcher dans le milieu naturel, voué à un échec certain
s?agissant d?animaux pour la plupart nés et élevés en captivité, incapables de chasser et de
se nourrir par eux même, n?ayant jamais consommé de poissons vivants7 et recherchant le
contact des humains ce qui pourrait poser également des problèmes de sécurité. De même
l?euthanasie des animaux, qui sont actuellement en bonne santé, apparait moralement et
politiquement inacceptable, eu égard notamment à leur haute valeur affective et symbolique.
Dès lors trois scénario ont été explorés par la mission :
- le maintien des cétacés présents dans la structure existante réaménagée (bassins rénovés
et enrichis), et sa transformation en refuge en vertu des dispositions prévues dans la loi n°
2021-1539,
- l?envoi des cétacés vers un ou plusieurs autres parcs aquatiques à l?étranger (option à ce
stade choisie par le Marineland avec le KSSW),
- l?accueil des cétacés dans un ou plusieurs « sanctuaires » conçus à cet effet dans des
conditions de captivité semi-naturelles, en France ou à l?étranger.
2.1 Rappel sur les définitions
2.1.1 Les parcs aquatiques
Dans le cadre du présent rapport, il s?agit d?établissements zoologiques (exploitation
commerciale) à caractère fixe et permanent présentant au public des spécimens vivants de
la faune locale ou étrangère, marine en l?occurrence, dont des cétacés (delphinariums
autorisés à présenter au public des orques et/ou dauphins), intervenant ou non lors de
démonstrations ou de spectacles (ce qui suppose un dressage et un entraînement des
animaux).
Le Marineland est un établissement ouvert au public détenant des animaux d?espèces non
domestiques (articles L413-1 à L413-5 du CE). L?ouverture de tels établissements fait l?objet
d?un décret en conseil d?Etat, et les responsables de l?établissement doivent être titulaires
d?un certificat de capacité pour l?entretien des animaux des espèces détenues.
Outre les obligations légales, face aux critiques concernant le bien-être animal et pour
crédibiliser le rôle des établissements zoologiques sur la conservation des espèces
menacées d?extinction, ces derniers se sont constitués en réseaux nationaux et
internationaux pour promouvoir des normes en matière d?hébergement et de soins ainsi que
l?implication des établissements dans des programmes de coopération et d?échanges
d?animaux en lien avec des programmes de conservation in situ.
Ainsi le Marineland fait partie de l?AFDPZ et de l?EAZA8. Par ailleurs il est membre de l?EAAM9
7 A noter toutefois que les orques du Marineland attrapent parfois des goélands qui s?aventurent dans leurs
bassins
8 Association française des parcs zoologiques et European association of zoo and aquarium
9 European association for aquatic mammals, dévolue à la conservation des mammifères marins depuis 1972
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2.1.2 Les refuges ou sanctuaires pour animaux sauvages captifs
La notion de sanctuaire a été définie tout récemment par la loi du 30 Novembre 2021 en son
article 47 : « Un refuge ou sanctuaire pour animaux sauvages captifs est un établissement à
but non lucratif accueillant des animaux d'espèces non domestiques, captifs ou ayant été
captifs, ayant fait l'objet d'un acte de saisie ou de confiscation, trouvés abandonnés ou placés
volontairement par leur propriétaire qui a souhaité s'en dessaisir (Article L413-1-1 du code
de l?environnement).
L'exploitant d'un refuge ou sanctuaire pour animaux sauvages captifs doit être titulaire du
certificat de capacité pour une activité d'élevage des espèces animales présentes sur le site
lorsqu'il n'y a pas de présentation au public. Dans l'hypothèse d'une présentation au public,
le certificat pour cette activité est requis.
L'établissement doit avoir fait l'objet d'une autorisation d'ouverture prévue à l'article L. 413-3.
Au sein d'un refuge pour animaux sauvages captifs, les animaux doivent être entretenus dans
des conditions d'élevage qui visent à satisfaire les besoins biologiques, la santé et l'expres-
sion des comportements naturels des différentes espèces en prévoyant, notamment, des
aménagements, des équipements et des enclos adaptés à chaque espèce.
Toute activité de vente, d'achat, de location ou de reproduction d'animaux est interdite. La
présentation de numéros de dressage et tout contact direct entre le public et les animaux à
l'initiative du visiteur ou du personnel du refuge ou du sanctuaire sont interdits ».
Si le législateur ne fait pas de différence entre les refuges et les sanctuaires, les premiers
désignent généralement des établissements accueillant de façon temporaire des animaux
d?espèces sauvage confisqués, saisis, abandonnés ou recueillis errants, alors que les sanc-
tuaires sont destinés à accueillir les animaux sauvages de façon permanente durant toute la
vie de l?animal en lui assurant les meilleures conditions de vie et de bien-être adaptées à ses
besoins physiologiques.
2.1.3 Les sanctuaires marins
Le concept de « sanctuaire marins » à différentier des aires marines protégées homonymes10
consiste à installer les animaux dans un espace clos en milieu naturel, disposant des
infrastructures et du personnel pour assurer tous les soins dispensés actuellement par le
Marineland. Le terme d?enclos marin aurait été dès lors plus approprié. En dehors du relâcher
de l?orque Keiko11, d?un enclos accueillant deux bélugas en Islande, et de quelques projets
concernant les grands dauphins notamment à Bali, très peu d?expériences de ce type ont été
menées jusqu?ici. De fait, l?absence d?évaluations scientifiques et d?un accompagnement sur
le long terme ne permettent pas de lever les nombreuses questions posées sur la pérennité
et les avantages en termes de bien-être de ce type d?installations comparé au maintien dans
des bassins à terre pour des animaux nés et élevés en captivité.
Afin d?explorer cette option, la Direction de l?eau et de la biodiversité du MTECT avait lancé
début 2023 un appel pour la réalisation d?une étude de faisabilité pour la création d?un ou
plusieurs enclos marins accueillant des cétacés en France. Ce dernier comportait i) un
diagnostic de la population française de cétacés captifs, ii) la description des structures
d?accueil et modalités de déplacement, iii) une analyse financière et iv) les modalités de suivi
du projet. S?étendant sur près de 12 mois de réalisation avec plusieurs lots, cet appel d?offres
s?est toutefois révélé infructueux.
10 Comme par exemple le Sanctuaire Pelagos associant la France l?Italie et Monaco pour la protection des
cétacés en mer ligurienne et dans le golfe de Gênes
11 Keiko, rendu célèbre par le film « Sauvez Willie » a fait l?objet d?un programme de relâcher dans un enclos
marin en Islande destiné à le réhabituer à la vie sauvage. A la suite de la rupture de son enclos il a migré
jusqu?aux côtes norvégiennes où il est mort quelques mois après
PUBLIÉ
https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000044389851
https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006074220&idArticle=LEGIARTI000006833731&dateTexte=&categorieLien=cid
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Pour autant, plusieurs associations se sont manifestées auprès de la mission, pour proposer
une solution pour le futur des orques du Marineland, solution considérée selon elles comme
la meilleure en termes de bien-être et d?éthique.
Par ailleurs, contacts pris avec la direction du Marineland, celle-ci s?est dite prête à collaborer
pour la recherche d?une solution pour le devenir des cétacés et s?en remettre in fine à la
décision du Ministère, dans la mesure où celle-ci ne remet pas en cause le projet de
reconversion du Marineland en parc d?attraction et les délais envisagés (début des travaux
en 2025).
En conséquence, la mission a proposé le lancement par le secrétaire d?Etat à la mer et à la
biodiversité d?un appel à manifestations d?intérêt international pour un projet de sanctuaire à
même d?accueillir les trois orques du Marineland12, permettant de soumettre tous les projets
à la même grille de critères (cf.§2.2).
Concernant les grands dauphins, qui font l?objet de moins d?attention médiatique et pour
lesquels les solutions apparaissent plus faciles en raison du nombre de structures d?accueil
potentielles, de la relative facilité logistique du transfert et d?une poignée de retour
d?expériences passées en matière de sanctuaire (alors que seule l?expérience « Keiko » a
été menée sur les orques), il n?a pas été lancé d?appel à manifestations d?intérêt formel.
Toutefois, les mêmes critères ont été appliqués pour considérer les différentes options
identifiées par la mission sur la base des besoins de l?espèce en captivité, tels que définis par
les experts consultés à cet effet.
2.2 L?appel à manifestations d?intérêt sur les sanctuaires :
2.2.1 Le questionnaire, les modalités et critères d?évaluation
Dans un souci de fidélité à l?esprit de la loi sur le bien-être animal, le Secrétariat d?État chargé
de la Mer et de la Biodiversité a lancé, sur proposition de la mission, un appel à manifestations
d?intérêt (AMI) pour un projet de sanctuaire susceptible d?accueillir les deux spécimens
d?orques hébergés au Marineland d?Antibes. Il s?agissait d?expertiser la solution alternative à
un transfert des orques vers un parc zoologique à l?étranger, sous la forme d?un transfert à
échéance de 12 à 24 mois vers un « sanctuaire », en France ou à l?étranger.
L?AMI pour le projet de sanctuaire pour l?accueil des deux spécimens d?orques hébergés au
Marineland d?Antibes répondait à plusieurs objectifs :
- mettre fin à la détention en captivité des orques, en conformité avec la loi française,
- examiner la faisabilité technique et financière d?un enclos marin permettant d?accueillir
les deux orques du Marineland en France ou à l?étranger,
- garantir le respect du bien-être animal et conduire une démarche scientifique
reproductible utile à l?accueil d?autres cétacés captifs et/ou à leur préservation en milieu
naturel.
L?appel à manifestations d?intérêt était ouvert à toute organisation non gouvernementale et/ou
établissement public de recherche intéressé, en France ou à l?étranger.
Les responsables du projet devaient pouvoir justifier des conditions biologiques, techniques,
réglementaires et financières du déplacement des cétacés en enclos marin. La structure
d?accueil sur un site naturel en bord de mer devait être compatible avec les impératifs de
bien-être de spécimens nés en captivité. A cette fin, diverses pièces concernant les
12 Ramené à deux orques avec la mort d?Inouk en mars 2024
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caractéristiques techniques du projet, son fonctionnement et de son modèle de financement
étaient requises (cf. annexe 3)
Etaient également demandés les éventuelles lettres de soutien de personnalités ou
organismes reconnus dans le domaine de la protection de l?environnement et du bien-être
animal, et en cas de collaboration avec un établissement public de recherche, le protocole
d?accord et l?engagement des membres du consortium. Les dossiers de candidature devaient
être déposés au plus le tard le 30 avril 2024.
Pour évaluer les projets (du 1er au 31 mai 2024) en tenant compte des meilleures
connaissances scientifiques disponibles, trois experts travaillant sur les cétacés en captivité
et sauvages et membres du jury chargé par le Ministère d?examiner les programmes
scientifiques pour le maintien de cétacés en captivité ont été sollicités13
La Direction de l?eau et de la biodiversité a ensuite rédigé un avis technique avec l?appui de
la mission, qui avait précédemment auditionné les porteurs de projets à l?exception du projet
de Sibylline Océans, déposé dans les temps mais réceptionné avec un temps de décalage
par la DEB.
Ce processus visait à sélectionner le projet le mieux à même d?accueillir les animaux dans
les meilleures conditions et sous un délai raisonnable : la mise en exploitation du sanctuaire
et le transfert des animaux devront pouvoir être assurés dans les délais les plus brefs,
idéalement avant le 30 septembre 2025 et au plus tard le 1er mars 2026.
2.2.2 Résultats de l?AMI concernant les sanctuaires
2.2.2.1 Projet Cetacea
Cetasea est une petite association loi 1901 reconnue d'intérêt général fondée en 2015,
intervenant sur la question de la protection des espèces marines et fondée par une ancienne
soigneuse de cétacés en parc zoologique. Elle regroupe une vingtaine de scientifique,
soigneurs et professionnels de la conservation qui militent pour la création d?un centre de
réhabilitation en France pour accueillir les animaux en détresse.
Ce projet proposé avec le concours d?un architecte vise à construire un delphinarium à des
fins de refuge pour répondre au besoin d?accueil des mammifères marins en détresse quelle
que soit leur provenance. Aucun site précis n?est localisé à ce jour. Le dossier ne donne que
des informations très générales. Beaucoup d'éléments fondamentaux ne sont pas fournis
(budget, date de la livraison du lieu/centre, personnels, suivi du bien-être animal...). Un
soutien financier est demandé. Il n'y a aucune référence scientifique. Le dossier reste
superficiel, le projet n'est pas prêt, n'est pas dimensionné et ne se positionne pas clairement
pour l'accueil des orques. Son seul point fort est la compétence technique des personnes
impliquées, qui ont travaillé avec des cétacés captifs, mais dans son état actuel le projet est
peu réaliste et jugé incompatible avec les objectifs de l?AMI.
13 David Lusseau, Professeur, Institut National des Ressources Aquatiques du Danemark, Section pour la
gestion marine basée sur les écosystèmes,
Fabienne Delfour, Docteur en éthologie et cétologue, chercheuse à l?Ecole nationale vétérinaire de Toulouse,
associée au Laboratoire d'Ethologie Expérimentale et Comparée de l'université de Paris 13,
Christophe Guinet, Directeur adjoint au Centre d'Etudes Biologiques de Chizé ? Directeur en océanologie
Université Aix-Marseille 2 ? Directeur de recherche CNRS ? Equipe Prédateurs Marins.
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2.2.2.2 Tilikum?s spirit project
Tilikum?s Spirit (du nom de l?orque au centre du documentaire Blackfish) est une toute jeune
association (créée en 2023) par une militante de la protection des équidés et animaux
domestiques, en opposition au projet du Marineland de transférer les 3 orques Inouk, Wikie
et Keijo du parc vers le Japon.
Le Tilikum?s spirit project propose de reprendre et transformer l'infrastructure du Marineland
en un espace de type refuge maintenant l'essentiel des animaux sur place. Cette proposition
englobe l'ensemble des espèces animales présentes sur le site et pas uniquement les orques,
dans une vision à moyen terme de la situation, le parc envisageant de se séparer assez
rapidement de tous ses animaux en vue de sa reconversion.
Conserver les orques au Marineland constitue sans doute le meilleur scénario du point de
vue des animaux, des soigneurs, du vétérinaire et de certaines associations (C?est assez),
mais une telle option s?oppose radicalement à la décision des actionnaires du parc de mettre
fin à toute détention d?animaux.
Le point fort du dossier est la connaissance de l?établissement. L?équipe est associée à des
experts des pratiques de gestion et de soins de la faune sauvage captive.
2.2.2.3 Projet Sibylline océans
Sibylline océans est une petite association fondée par des vétérinaires français et espagnols
pendant la marée noire du Prestige, en 2003. A l?étranger, elle intervient sur la faune marine
en difficulté. En France, elle promeut la création d?un centre de médecine, recherche et
pédagogie pour les animaux en danger ou qui s?échouent sur les plages.
Le projet est relativement ancien, il a fait l'objet d'une thèse vétérinaire en 2013 et vise à
accueillir les orques et les dauphins dans deux enclos dans le tronçon nord du canal du Rove
qui faisait communiquer le nord de la rade de Marseille en mer Méditerranée avec l?étang de
Berre dans les Bouches-du-Rhône, avant l?effondrement de son tunnel en 1963. Le canal,
situé à côté de Marignane mais dont la qualité de l?eau est actuellement très dégradée, serait
fermé par une barrière à poissons et les animaux cohabiteraient avec des activités de loisirs.
Dans un second temps, les animaux seraient transférés à Mimizan-plage dans les Landes
sur la côte Atlantique. La structure envisagée en mer est de dimensions réduites, flottante
avec un ancrage au fond non expliqué, mobile, sans précisions sur sa résistance aux
intempéries, sa profondeur, la prise en compte du bruit et les mesures d'atténuation.
Le dossier déposé donne une impression générale peu scientifique, du fait de nombreuses
inexactitudes et imprécisions notamment en matière de biologie, de comportement et de bien-
être des cétacés. Il ne détaille pas l?équipe impliquée ni ses compétences. L'expérience mise
en avant mais non documentée relève de la prise en charge de la mégafaune sauvage et non
de la faune sauvage captive. Aucun élément technique sur le transport et la maintenance de
cétacés captifs et les collaborations scientifiques n?est fourni. L?association elle-même
manque de visibilité publique malgré un historique avancé mais non référencé de vingt ans,
notamment en Espagne. Aucun lien avec le groupe de travail sur les cétacés en détresse
n?apparaît alors que l?ambition du projet semble aussi de servir de centre de soins.
Il n?y aucune information sur le financement et les soutiens économiques au projet. Il ne peut
être retenu dans le cadre de l?AMI.
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2.2.2.4 Projet Sea Shepherd
Sea Shepherd France est une association loi 1901 dont l?objet est de soutenir les campagnes
internationales de Sea Shepherd, ONG canadienne d?envergure internationale fondée en
1977 par le capitaine Paul Watson, dont la mission est de protéger la faune marine, mais
aussi de travailler sur des enjeux locaux.
Le projet de sanctuaire situé en partie sud de la rade de Brest est intéressant du fait de sa
localisation sur le territoire national (facilité de transfert, communication), mais comporte
beaucoup d?incertitudes en partie liées à son caractère très récent.
Figure 1. Situation du projet dans la rade de Brest
La zone géographique choisie est située à l'est de la base militaire aéronavale de Lanvéoc-
Poulmic (29). Le choix du site est justifié par les arguments de proximité géographique
(métropole), de température de l?eau proche des recommandations de l'EAAM (entre 12 et
16°C), de topographie et bathymétrie et de protection contre les courants et intempéries : site
protégé des conditions météorologiques extrêmes.
L?absence d?habitation et/ou activités humaines à proximité immédiate, la collaboration
envisagée avec le Ministère des Armées et l?école navale de Lanvéoc-Poulmic pour partager
l?accès à la baie de Poulmic du personnel, des équipements et du matériel nécessaire à la
construction constituent des atouts ainsi que la proximité de deux aéroports (militaire sur
place et civil à Brest), pour le transfert des animaux par voie aérienne. L?accès au public et
aux drones est restreint sur le site.
Parmi les aspects positifs du projet, il faut signaler l?envergure internationale de l?association,
qui laisse envisager une bonne capacité de mobilisation et de financement sur le long terme.
Le projet présente en revanche de nombreuses incertitudes : absence d?éléments concrets
sur les contacts pris avec les élus, la Marine nationale, les pêcheurs censés fournir le poisson,
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sur le soutien financier des adhérents de l?association et sponsors, sur la nature et les
dimensions des installations envisagées, l?absence de double filet sur l?enclos, de
surveillance nocturne, de procédure de capture en cas de problème sanitaire. Les
compétences et expertises de l?équipe sont floues (pas de mention de la qualité des futurs
salariés), mais en tout état de cause aucune expertise pour s'occuper d'animaux en parcs
zoologiques n?apparaît. Seul le vétérinaire est connu pour son implication autour de la
question du bien-être animal (formateur expérimentation faune sauvage).
L?emplacement interroge à plusieurs titres : les bruits sous-marins liés aux activités militaires
et à la navigation des sous-marins nucléaires ne sont pas évalués, la protection contre les
intempéries reste à vérifier, la proximité du Parc Naturel Régional d'Armorique (présence
importante d'oiseaux) pose des risques infectieux (grippe aviaire), et la conciliation avec les
activités de conchyliculture, de pêche et les activités nautiques est sujette à caution. Enfin, le
projet se situe dans une zone Natura 2000 potentiellement incompatible avec la mise en place
d?effaroucheurs d'oiseaux et la réalisation de forages et travaux sur le littoral.
Par ailleurs, en l?absence d?analyses sur la qualité de l?eau sur le site, les données disponibles
en ligne14 montrent un taux de pollution important (pesticides, métaux lourds, antifouling,
contamination microbiologique et eutrophisation du milieu) dans la rade de Brest qui n?est
ouverte sur l?océan que par un goulet de 1,5 km de large.
Il n?y a pas eu de consultation en amont pour comparer les scénarios de transfert des animaux
par avion / camion. Les solutions techniques pour le système d'enclos, le transport sont très
sommaires. La solidité technique du dossier dans son ensemble est le gros point faible de ce
projet : pas de précisions sur un éventuel entraînement même à des fins de suivi médical ni
de procédure d?acclimatation. Les éléments fournis ne font aucune référence aux lignes
directrices pour le maintien de cétacés en captivité et les scientifiques consultés ne donnent
aucune mesure concrète de suivi du bien-être animal.
Le programme scientifique est à peine effleuré. Le protocole d'accès aux orques à des fins
scientifiques n'est pas défini. Les projets scientifiques proposés semblent être
essentiellement porté par plusieurs personnes liées au projet de sanctuaire (pas d?implication
institutionnelle d?un ou plusieurs organisme(s) de recherche).
Le budget demeure nébuleux quant aux fonds qui seront mobilisés sur le projet et le budget
prévisionnel. Les sponsors mentionnés ne sont pas clairement affichés comme soutien de
Sea Shepherd France ou international et le calendrier prévisionnel du projet n?est pas détaillé.
En conclusion, le dossier comporte beaucoup de généralités, ce qui peut donner une
impression générale d'amateurisme en matière de détention, souvent reprochée par le
monde de la captivité aux projets de sanctuaires. Il reste à un stade très amont et est soumis
à la levée de nombreuses conditions et à l?accord des autorités compétentes et son
acceptabilité locale n?est pas acquise. Il nécessiterait par ailleurs un fort soutien politique et
financier de l?Etat qui deviendrait de facto partie prenante du projet. Il semble irréaliste que
ce projet puisse être mis en oeuvre dans les délais impartis, ni même à court terme au vu de
l'ensemble des étapes restant à franchir. La nécessité de trouver une solution rapide pour
l?accueil des animaux conduit la mission à ne pas le retenir.
2.2.2.5 The Whale sanctuary project
Cette association est dirigée par Lori Marino, scientifique ayant travaillé sur l'évolution du
cerveau et de l'intelligence chez les dauphins, les baleines, les primates et les animaux
d'élevage, et Charles Vinick, travaillant depuis 25 ans sur des programmes éducatifs et films
14 https://theconversation.com/dans-la-rade-de-brest-les-effets-irreversibles-de-la-pollution-humaine-sur-le-
plancton-170354
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https://theconversation.com/dans-la-rade-de-brest-les-effets-irreversibles-de-la-pollution-humaine-sur-le-plancton-170354
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sur l'océan et l'environnement, et chef du très médiatisé projet de réintroduction dans la
nature en Islande de l'orque Keiko rendue célèbre grâce au films « Free Willy ».
Le projet est à l?étude depuis 2016, avec des avancées concrètes depuis 2019. Le site loué
par l?ONG se situe dans la province de la Nouvelle Ecosse (Canada) et inclut un espace total
de 80 hectares, dont 40 ha pour les orques, une petite île en regard du rivage où un des filets
sera amarré, un périmètre de sécurité et l?espace nécessaire à l?ancrage des enclos. La
profondeur va jusqu?à 18 mètres. Le site serait protégé par une barrière naturelle tout en
offrant un brassage de l?eau par les courants et la marée. Il comprend également 12 ha de
terrain pour le personnel et les installations.
Le site est situé sur la commune rurale de Wine Harbour. Il n?y a pas d?habitations alentour.
Il est accessible par la route. Dans la ville de Sherbrooke, à 20 km du sanctuaire, on trouve
restaurants, station essence, banque, épicerie, pharmacie, écoles, un petit hôpital et le centre
opérationnel du WSP qui organise des visites. Le personnel permanent aurait de nombreuses
possibilités pour se loger et le personnel temporaire serait logé sur le centre opérationnel du
WSP ou à proximité. Le site est aussi accessible par la mer depuis Port Bickerton (30
minutes). Des bateaux seront stationnés à Port Bickerton and contribueront au
fonctionnement du sanctuaire.
Figure 2. Localisation du projet de sanctuaire dans la baie de Port Hilford et photo aérienne
du site
Les habitants des communes voisines ainsi que l?administration locale soutiennent le projet.
Deux pêcheurs de homard ont accepté de déplacer leurs bateaux stationnés dans la zone du
sanctuaire. L?implantation et les relations locales sont entretenues depuis 2021 et semblent
favorables.
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juin 2024
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En 2022, le centre opérationnel a ouvert à Sherbrooke. Il organise des expositions
pédagogiques et événements. Des relations avec le peuple autochtone Micmac, pour lequel
l?orque est un animal culturellement important et dont la loi canadienne impose la consultation,
ont été nouées. Des collaborations sont également en cours de construction avec l?Université
d?Halifax, capitale de la Nouvelle Ecosse, et l?université vétérinaire atlantique sur l?île du
Prince Edouard.
Figure 3. Emprise terrestre et maritime du projet et détail de l?enclos d?adaptation
Le sanctuaire global comprendra environ 40 hectares d'espace en mer à l'extrémité de la
route, l'enceinte en filet étant conçue pour englober le quai et s'étendre en demi-cercle au
nord-est de l'île et jusqu'à Rocky Point sur la rive ouest. L'enclos est une structure à parois
en filet, mesurant 122 mètres sur 46 m, fabriqué en Dyneema, un polyéthylène à poids
moléculaire élevé résistant, maintenu verticalement dans l'eau par des tuyaux de flottaison à
la surface avec une passerelle intégrée au-dessus des tuyaux et une chaîne lourde à la base
du filet, là où le filet entre en contact avec le fond marin. Il y aura une ligne de plomb
horizontale supplémentaire tissée dans la partie inférieure du filet qui servira à maintenir le
filet tendu malgré les marées quotidiennes.
Un entretien et un nettoyage réguliers seront effectués sur les filets. Le système de nettoyage
consistera en des équipes de plongée sous-marine nettoyant manuellement les filets et/ou
des systèmes automatisés de nettoyage des filets.
Les installations du personnel seront construites pour les activités opérationnelles sur les 12
hectares de terrain, y compris la jetée existante adjacente aux eaux du sanctuaire. Les
installations sur site permettent les opérations de maintenance des animaux (alimentation),
médicales, de recherche, administratives, marines/plongée, la sécurité, le stockage du
matériel et l?hébergement de l?équipe.
L'ensemble de la zone de travail du site du sanctuaire sera entourée d'une clôture de sécurité
avec un accès limité au personnel et aux visiteurs autorisés. Le bail de location foncière
autorise la pose d'une clôture de sécurité sur l'isthme reliant l'île Barachois au continent. Les
eaux du sanctuaire seront entourées d'un filet, avec une zone tampon (interdite d?accès) large
de 100 mètres à l'extérieur du filet, délimitée par une ligne de bouées. Le personnel du
sanctuaire comprendra une permanence 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 avec une
surveillance par des caméras et hydrophones au-dessus et sous l'eau.
Un plan opérationnel détaillé est fourni concernant les animaux. Il comprend l'évaluation du
bien-être, le conditionnement et l?acclimatation, le transport, les soins sur place, la description
des installations et la gestion des risques associés. Le document est présenté comme «
évolutif », en consultation avec l?équipe du Marineland, ainsi qu'avec d'autres experts du
domaine du maintien et du bien-être des orques en captivité, qui seront mobilisés en cas de
sélection du projet.
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La question de la pollution à l?arsenic des fonds et crustacés liée à d?anciennes activités
minières à proximité du site est traitée : différentes espèces métabolisent les métaux lourds
de différentes manières et les niveaux d'arsenic supérieurs à ceux sans danger pour la
consommation humaine ne sont probablement pas pertinents pour la consommation par les
cétacés : il est peu probable que les orques correctement alimentés ingèrent régulièrement
des crabes ; les cétacés sont exposés dans la nature à des niveaux conséquents d?exposition
aux métaux lourds via la chaîne alimentaire marine.
La liste nominative du personnel technique n?est pas fournie mais il est prévu d?embaucher :
un directeur des opérations, un coordonnateur opérationnel, deux vétérinaires spécialisés
dans les mammifères marins, un soigneur responsable, cinq ou six soigneurs collaborant
avec l?équipe actuelle.
Certaines incertitudes subsistent néanmoins sur les caractéristiques du lieu d?accueil : dans
l?enclos final de vastes dimensions, comment capturer un animal malade pour lui procurer
des soins ? Il manque une plateforme sanitaire, un plan d'atténuation du bruit en cas de
besoin, une solution de repli si les orques peinent à s?acclimater au froid les premiers hivers,
des informations détaillées sur le personnel (qualification, nombre).
Les scientifiques associés ont plutôt une expertise en faune sauvage dans le milieu naturel.
La procédure d'accès aux animaux à des fins scientifiques est décrite de façon un peu trop
sommaire ainsi que les programmes d'activité des animaux. La longueur du transport
comporte aussi un risque. La force des tempêtes et marées reste à vérifier.
Le budget a été établi sur la foi de promesses de dons à partir de 2025.
Les experts consultés valident cependant ce projet comme présentant le plus grand nombre
de garanties pour accompagner les orques dans une expérience de sanctuaire encadrée sur
le plan scientifique.
La solidité de l'équipe et du dossier, le fait que le projet ait été initié il y a plusieurs
années, très en amont de la seule question du devenir des orques du Marineland
d?Antibes, la projection à moyen et long terme, en font la solution innovante la plus
crédible parmi les projets de sanctuaires.
2.3 L?accueil dans un autre delphinarium
2.3.1.1 Kobe Suma Sea World (Kobe, Japon)
Marineland SA a signé un contrat le 23 octobre 2023 avec la compagnie japonaise Granvista
Hôtels & Resorts qui porte le projet de KSSW pour le don de deux orques et le prêt des deux
autres dans un but de reproduction (historiquement pratiquée par le Kamogawa seaworld
appartenant au même groupe), d?éducation du public et de recherche scientifique sur le
comportement animal. Granvista Hotels & Resorts s?engage à appliquer la règlementation
CITES et de bien-être animal selon les normes internationales. A noter toutefois qu?il n?existe
pas de réglementation internationale ni dans la législation japonaise sur le bien-être de ces
espèces en captivité. KSSW indique toutefois que des installations destinées à accueillir les
orques viennent d?être construites « selon les meilleurs standards en vigueur »15.
L?ouverture au public du nouveau centre a été annoncée pour le 1er juin 202416. D?après les
15 Non définis mais l?AFDPZ souligne que le parc est membre de l?association mondiale WAZA, gage de
partenariat avec l?UICN et de respect de lignes directrices strictes ? à noter toutefois qu?il ne figure pas
actuellement sur la carte des membres, au contraire du zoo de Nagoya qui détient également des orques
(https://www.waza.org/members/find-a-waza-zoo-or-aquarium)
16 https://www.kobesuma-seaworld.jp/en/
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https://www.waza.org/members/find-a-waza-zoo-or-aquarium
https://www.kobesuma-seaworld.jp/en/
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informations disponibles sur internet, Kobe Suma Sea World accueillerait bien deux orques,
l?une provenant de l?aquarium de Nagoya (« Stella ») et l?autre provenant de Chiba
Kamogawa Sea World (« Ran », la fille de Stella).
Le KSSW affiche quatre objectifs : i) récréatif en faisant comprendre aux visiteurs le
fonctionnement des écosystèmes marins, ii) éducatif avec des programmes destinés aux
scolaires, iii) de conservation par des programmes de reproduction et iv) de recherche en
faveur de la conservation in situ.
Le groupe Granvista, est également propriétaire du Kamogawa Seaworld qui abrite des
orques depuis plusieurs années. Il a la surface financière pour le projet et ses
développements futurs sur le nouveau site de Kobe. Il a par ailleurs une longue expérience
en matière d?hébergement et de présentation au public et de reproduction des cétacés.
Les installations ultra modernes constituent une amélioration par rapport aux installations
actuelles vieillissantes du Marineland. Outre les bassins, le parc est équipé d?un bassin
médical avec fond relevable pour des interventions vétérinaires ainsi qu?une balance pour les
pesées régulières et des installations vétérinaires permettant les analyses de routine.
L?alimentation des animaux (qualité des poissons, stockage, contrôle qualité, suivi individuel
etc.) suit les normes en vigueur dans les meilleurs parcs aquatiques. Il en va de même
concernant la qualité de l?eau qui fait l?objet d?un double traitement (javel et ozone) et d?un
système de chauffage/refroidissement.
Il est prévu le recrutement de personnel qualifié et un programme d?enrichissement et
l?implication de l?équipe de soigneurs dédiés.
En revanche la taille des bassins est bien inférieure au KSSW par rapport au Marineland :
Bassin de présentation : 35x19X6.5m de forme triangulaire, et deux bassins attenants
d?environ 30x15x6.5m et d?un bassin médical (10x6x4m) soit au total 8.400 m3 dont 3.500 m3
pour le bassin principal.
Les quatre bassins ne représentent ainsi qu?un tiers de la surface et un cinquième du volume
de ceux du Marineland (44.000m3 au total sur 5 bassins dont 17.000 m3 pour le principal)
pour un nombre d?orques prévues équivalent (4 à 5).
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Figure 4. Vue aérienne des bassins des dauphins et des orques et détail du bassin des
orques
La délivrance par le ministère d?un permis CITES (dont les fondements juridiques ne prennent
pas en compte les aspects liés au bien-être animal) pour des animaux d?espèce inscrite à
l?annexe II (A du règlement européen), nés et élevés en captivité, est a priori juridiquement
assez solide sous réserve de la constitution par Marineland d?un dossier complet, même si
elle ne manquera pas d?être contestée par les ONG. Ces dernières pourraient également
contester le certificat sanitaire des animaux et le fait qu?ils soient aptes au transport, compte
tenu de leurs antécédents sanitaires.
En conclusion si le transfert du Marineland vers le KSSW n?entraine pas de modification
majeure d?environnement et même une certaine amélioration avec des équipements neufs
aux derniers standards, plusieurs points de vigilance doivent être souligné :
- La taille des bassins nettement inférieure à ceux du Marineland alors qu?il est prévu un
nombre plus important d?animaux. Parmi les trois bassins, un est destiné à la reproduction
ce qui risque de cantonner les autres animaux dans les deux bassins restants, diminuant
d?autant l?espace disponible.
- Le KSSW assume une politique de reproduction en captivité et est dès lors très intéressé
pour acquérir Wikie, une femelle ayant montré ses qualités reproductrices. Le maintien
de la cellule familiale composée de Wikie et de son fils Keijo qui constitue un élément
essentiel de leur bien-être n?est dès lors pas garantie. En effet la participation à un
programme de reproduction avec le parc de Kamogawa impliquera des échanges
d?animaux et probablement la séparation de la cellule familiale.
- Le Marineland s?est entouré d?experts reconnus dans ce domaine pour préparer le
transport des animaux en termes de conditionnement et d?habituation à la contention, de
conception des containers et des nacelles. Des exercices de simulation ont été effectués.
Les frais engagés sont importants. Par ailleurs des transports d?orques sur des distances
équivalentes ont déjà eu lieu dans le passé et n?ont pas occasionné de mortalité. Il reste
que le transport par avion-cargo sur une longue distance (plus de 12H de vol) constitue
indéniablement un stress et comporte un risque pour les animaux.
- L?acceptabilité par le grand public et les ONG est très faible, ces dernières estimant que
le transfert vers le Japon ? pays qui poursuit son activité baleinière, et pour lequel il
n?existe pas de règlementation équivalente à celle en Europe sur le bien-être animal -
entrainera une dégradation des conditions de bien-être pour les animaux et va à l?en-
contre de l?esprit de la loi de 2021.
2.3.1.2 Loro Parque (Tenerife, Espagne)
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Situé à la périphérie de Puerto de la Cruz, il s'agit de l'un des sites touristiques les plus
populaires de l?archipel des Canaries. Fondé en 1972, il est la propriété de l'un de ses
fondateurs, l'homme d'affaires allemand Wolfgang Kiessling.
D?une superficie de 13,5 hectares, il présente environ 800 animaux. Il comprend l'un des
quatre parcs aquatiques du pays où sont présentés des grands dauphins et le seul autre
delphinarium d'Europe avec le Marineland à présenter des orques. Avec une fréquentation
annuelle avoisinant le million de visiteurs, il est l'un des quatre parcs zoologiques les plus
visités d'Espagne, ce qui laisse présager un financement suffisant pour l?entretien des
animaux.
Le parc est membre de l'Association européenne des zoos et aquariums (EAZA) et participe
à des programmes européens pour les espèces menacées concernant le grand dauphin
(EEP).
Le Loro Parque détient des orques depuis 2006. Il possède actuellement 4 orques (3 mâles
et 1 femelle) dans ses installations et 9 grands dauphins.
L?installation pour les orques est composée de quatre bassins interconnectés d?un volume
global de 21 150 m3 avec une profondeur maximale de 12m pour le bassin principal et 8m
pour les autres, tandis que le bassin médical, qui peut être utilisé pour la quarantaine car
doté d?un circuit et d?une filtration indépendants, a une profondeur de 4,2 m, et est équipé
d'un plancher élévateur hydraulique.
Figure 5. Plan des installations pour les orques du Loro Parque avec les dimensions des
bassins
Les installations ont été conçues pour minimiser les surfaces contondantes et favoriser une
hygiène maximale. Le système de filtration triple permet un renouvellement quotidien de 20%
de l?eau. Par ailleurs un système de réfrigération de l?eau permet de maintenir celle-ci autour
de 13°c.
Le parc avait initialement déclaré ne pas pouvoir accueillir les orques du Marineland, faute
de place mais a changé de position maintenant qu?ils ne sont plus que deux, dans ses
installations existantes sans d?après lui nécessité d?aménagements ou d?investissements
supplémentaires. L?accueil peut de faire à brève échéance, le temps de recueillir l?aval de
Marineland (négociation à envisager pour le partage des frais de transport et la reprise d?une
partie de l?effectif de dauphins) et d?organiser la procédure de départ et d?acclimatation.
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Selon les experts interrogés l?intégration de Wikie et Keijo dans le groupe ne semble pas
poser de problème compte tenu de la structure sociale matriarcale. Il est envisagé de faire
reproduire Wikie.
Partenaire de Sea World, le parc a la capacité et le personnel qualifié pour détenir entre 4 et
8 orques depuis 2006. Il pratique la reproduction depuis 2010. Il est connu pour héberger
depuis 2011 l?orque Morgan (recueillie en 2010 au large des Pays-Bas et inapte au relâcher
dans la nature car sourde).
Depuis 2012, il a toutefois connu plusieurs décès d?animaux en raison de problèmes
intestinaux, cardiaques ou de causes inexpliquées.
Le temps de transport par avion est court et le Parc proche de l?aéroport international pouvant
accueillir des gros porteurs. Le transfert avec un conditionnement similaire à celui pour KKSW
ne pose pas de problèmes particuliers. Si cette option était retenue, il resterait à convenir du
partage des coûts entre les deux parcs.
Par ailleurs, la proximité entre les deux sites facilitera le contact avec les soigneurs après
l?arrivée des animaux, voir leur recrutement, facilitant l?adaptation des orques à leur nouvel
environnement.
Si l?acceptabilité du grand public et des ONG sera meilleure que pour un transfert vers le
Japon, s?agissant d?un pays membre de l?UE, ce projet ne fera pas taire les critiques sur le
dévoiement de l?esprit de la loi. En revanche la solution peut apparaître comme la meilleure
à la direction et au personnel du Marineland, mais pas aux actionnaires compte tenu des
engagements déjà pris avec le Japon.
S?agissant d?un transfert intra européen, le déplacement des orques nécessite un permis
CITES délivré par le pays de départ ainsi qu?un certificat sanitaire délivré par la DDPP. De
plus s?agissant d?une espèce en annexe A du règlement CITES européen d?une autorisation
des autorités CITES du pays de destination qui doit juger si les conditions d?hébergement et
de soins sont conformes aux règles européennes en matière de bien-être animal, ce qui ne
devrait pas poser de problème compte tenu de la notoriété du Loro Parque.
Il serait donc difficile, en l?absence d?accord amiable avec le Marineland, de s?opposer à un
tel transfert sans s?exposer à des recours juridiques. En revanche, les ONG pourraient
contester le certificat sanitaire des animaux et le fait qu?ils soient aptes au transport, compte
tenu de leurs antécédents sanitaires
Il apparaît que le transfert vers le Loro Parque dès l?automne est la solution qui offre
les meilleures perspectives en termes de faisabilité et de délais.
2.4 Cas des grands dauphins du Marineland
La mission s?est également penchée sur l?avenir des 12 spécimen de grands dauphins
détenus au Marineland, en appliquant les mêmes critères que pour les orques mais sans
toutefois procéder à un AMI formel comme pour ces derniers.
En Europe, la population captive de grands dauphins est d?environ 280 au sein d?une
trentaine d?établissements. Toutefois, suite à la fermeture de plusieurs delphinariums17 et
compte tenu de la facilité relative de reproduction en captivité de cette espèce qui fait l?objet
17 Dont le parc Astérix dont les 7 des 8 grands dauphins qu?il détenait ont été confiés à d?autres delphinariums
en Suède et en Espagne en 2021, le dernier, malade, ayant été euthanasié
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d?un programme coordonné au niveau européen (EEP18), il n?y a pas a priori d?établissement
demandeur de nouveaux grands dauphins en Europe. C?est également le cas en Amérique
du Nord, seuls les delphinarium asiatiques (Chine et Japon) dont le nombre continue
d?augmenter sont à la recherche de nouveaux spécimens.
La politique du Marineland était dès lors de lier le sort des grands dauphins à celui des orques
en négociant avec le Kobe Suma Sea World l?accueil des 12 dauphins en plus des deux
orques. Toute autre option concernant les orques nécessitera donc la recherche d?un accueil
alternatif pour les grands dauphins, au moins en ce qui concerne les sanctuaires en mer
étudiés dans le chapitre précédent qui ne sont pas prévus pour les grands dauphins.
Trois options ont été étudiées par la mission, deux sanctuaires marins pour dauphins, à Lipsi,
en Grèce et sur l?île San Paolo, au large de Tarente en Italie, ainsi que le Loro Parque.
2.4.1 L?Aegean Marine Life Sanctuary de Lipsi (Grèce)
Situé sur l?ile de Lipsi dans l?archipel du Dodécanèse, le projet porté par l?Archipelago Institute,
consiste dans la fermeture d?une baie par un filet et l?accueil de 6-8 grands dauphins. Après
plusieurs années d?études et de campagnes de collectes de fonds, le contact initial de la
mission avec la direction laissait présager de la finalisation imminente du projet. Toutefois,
ses promoteurs n?ont finalement pas donné de suites à nos sollicitations ultérieures faute
d?obtention des autorisations des autorités hellènes pour fermer la baie et du fait des
difficultés à boucler le financement du projet.
2.4.2 Le Jonian dolphin conservation sanctuary (Tarente, Italie)
La Jonian dolphin Conservation, association de biologistes marins dédiée à la conservation
des écosystèmes marins et à l?éducation environnementale, mène des recherches sur les
cétacés en partenariat avec plusieurs universités et gère le Centre Euro-méditerranéen Ketos
d?éducation pour la mer et les cétacés. Outre un laboratoire consacré aux sciences marines,
le centre accueille le public et des scolaires et organise des sorties quotidiennes en mer à la
rencontre des 5 espèces de cétacés qui fréquentent régulièrement les eaux à proximité de
Tarente.
Le projet de sanctuaire, initialement conçu comme centre de soin pour des cétacés sauvages
échoués avant leur relâcher, a depuis évolué pour accueillir également des dauphins
provenant de delphinariums dans un environnement plus proche des conditions naturelles,
sans perspectives a priori de relâcher.
Le site retenu est situé à proximité immédiate de l?île de San Paolo qui ferme le golfe de
Tarente. Par sa situation naturelle, le site est très bien protégé contre les tempêtes toute
l?année tout en étant éloigné du port de Tarente. L?île de San Paolo, propriété de la Marine
nationale italienne, est inhabitée et interdite d?accès et suffisamment éloignée des principales
routes maritimes ce qui garantit une certaine tranquillité pour les dauphins.
Le site consiste en un enclos marin de 4 ha fixé sur un fonds sableux de 4-11m de profondeur
et composé de plusieurs enclos de 1000 m² (40x20m) avec double filets permettant d?assurer
une sécurité maximale et des opérations d?entretien. L?ensemble des installations une fois
terminées permettra d?accueillir jusqu?à 7 grands dauphins. Une structure flottante avec local
pour l?accueil du personnel, le stockage de la nourriture et du matériel vétérinaire est
également prévue, en plus des installations prévues à terre au sein du centre Ketos. Il est
programmé une surveillance vidéo 24/7 reliée au centre à terre permettant également de
présenter les animaux au public sans dérangement.
18 European endangered species program pour Tursiops truncatus, vise à coordonner la reproduction de
cette espèce afin de favoriser le brassage génétique et éviter la consanguinité
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Figure 6. Localisation et plan des installations du sanctuaire pour dauphins
Le personnel consacré à ce projet déjà présent sur place comprend une vétérinaire
(n?intervenant pas exclusivement sur les cétacés), un soigneur capacitaire pour les
mammifères marins (peu expérimenté sur les dauphins mais travaillant dans le réseau de la
captivité italien) et plusieurs docteurs en biologie marine spécialistes des cétacés. Il est prévu
le recrutement de personnel qualifié supplémentaire (soigneurs) pour assurer la surveillance
et les stimulations des dauphins nécessaires à leur bien-être.
En termes de partenariats, le projet est fortement soutenu par la ville de Tarente, qui souhaite
redonner une nouvelle attractivité à la ville, dont l?image est marquée par son passé industriel,
autour de l?emblème du dauphin, met gratuitement à disposition les locaux historiques du
centre Ketos19 et finance le centre grâce à des visites scolaires payantes. De même, la
Marine nationale italienne soutient le projet par la mise à disposition du site à proximité de
l?île de San Paolo, et la possibilité d?utiliser son petit port pour héberger les animaux en cas
d?urgence.
19 Le Palais Amati du XVIIIe siècle d?une surface de plus de 1000 m²
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Le projet est soutenu également par plusieurs sponsors privés d?équipement maritime, de
sécurité, de vignobles et du port de plaisance. Il bénéficie également d?un programme
européen Interreg, permettant de boucler le plan de financement du projet jusqu?en 2028.
Figure 7. Séance de formation et programme d?évènements organisés par Ketos
En conclusion, s?il n?est pas encore totalement abouti, le projet bénéficie selon la mission de
nombreux atouts :
- La qualité du site en termes de qualité de l?eau, de sécurité des installations et de facilité
d?accès, qui est par ailleurs fréquenté régulièrement par des grands dauphins sauvages.
- L?équipe projet, constituée de biologistes marins spécialistes des cétacés20 mais aussi du
personnel ayant une expérience des cétacés captifs.
- Des moyens conséquents, trois bateaux dont deux catamarans pour l?observation des
cétacés et un centre dédié à l?accueil et la sensibilisation du public et un laboratoire
permettant de mutualiser les ressources avec le refuge.
- Un excellent soutient local (mairie, armée, entreprises locales, qui perçoivent le projet
comme un vecteur d?attractivité et d?image pour la ville en pleine reconversion d?une
activité industrielle vers des activités touristiques).
Parmi les points de vigilance, restent la capacité à réaliser le projet dans les temps pour
accueillir les dauphins au premier semestre 2025 et le recrutement de personnels qualifiés
supplémentaires pour les soins au quotidien des dauphins.
2.4.3 Les autres sites d?accueil des grands dauphins
Les deux sanctuaires évoqués ci-dessus sont les seuls en projet au niveau européen et celui
de Tarente, le seul avec des perspectives d?accueil de dauphins du Marineland dans les délais
compatibles avec les intentions des propriétaires du parc.
Parmi les autres sites, outre le KKSW déjà évoqué, le Loro Parque qui possède 9 grands
dauphins s?est dit prêt à accueillir quatre spécimens du Marineland dans ses installations en
plus des deux orques déjà évoqués. Les deux établissements respectent les standards de
l?EEAM en ce qui concerne la taille des bassins pour l?accueil des dauphins du Marineland21.
En dehors de ces établissements, il existe peu d?autres structures susceptibles d?accueillir
des grands dauphins en Europe. En revanche, il existe en Chine plusieurs delphinariums
20 Avec une quarantaine d?articles scientifiques publiés, sur l?écologie, le comportement, ainsi que sur les
animaux échoués et les pathologies
21 Pour 6 Grands dauphins : 550m² +75m² supplémentaire par animal, une profondeur minimale de 3,5m, et
un volume d?eau de 200m3+300m3 par animal supplémentaire
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nouvellement créés souhaitant accueillir des grands dauphins. Dubaï pourrait aussi constituer
un point de chute potentiel pour de tels animaux mais n?a pas été exploré par la mission.
2.5 Synthèse sur les différentes options
Concernant les orques, suite à l?appel à manifestations d?intérêt, il apparait que la quasi-
totalité des réponses ne permettent pas d?apporter une solution crédible dans un délai
compatible avec la loi et le projet de reconversion économique du Marineland.
Par ailleurs, les personnels du Marineland affectés aux cétacés anticipent la fermeture de
celui-ci à brève échéance et sont d?ores et déjà en recherche active d?emplois dans d?autres
centres ce qui, ajouté aux retards pris dans les travaux de rénovation des installations depuis
le vote de la loi, fait courir un risque pour la santé physique et mentale des animaux.
Il apparait à la mission que, quelle que soit la destination choisie in fine, il n?est pas possible
de retarder le départ au-delà de 12 à 18 mois des orques et des dauphins sans leur faire
courir un risque excessif.
Dès lors les propositions de reconversion du Marineland assortie de travaux importants
apparaissent irréalistes compte tenu des nombreux recours qui ne manqueront pas d?être
faits, et nécessiteraient qui plus est, un engagement financier important du MTECT qui
deviendrait de facto le maître d?ouvrage de l?opération dans un contexte de grande incertitude
juridique et financière.
A l?aune de ces contraintes, l?analyse des différentes options ne permet de retenir qu?un
nombre limité de scénarios.
Le tableau de l?annexe 4 propose une comparaison des scénarios les plus « réalistes » pour
l?avenir des orques au regard de leurs état d?avancement, délais d?aboutissement, état des
financements, garanties en matière de bien-être animal, faisabilité du transfert, acceptabilité,
sécurité juridique et calendrier de mise en oeuvre : le transfert au Kobe Suma Sea World, au
Loro Parque, vers un sanctuaire en rade de Brest (Sea Shepherd) ou en Nouvelle Ecosse
(Whale Sanctuary Project).
Comme indiqué au paragraphe 2.2.2.2, il apparaît rapidement pertinent d?exclure le maintien
sur place des animaux. L?examen des autres options permet de dégager deux hypothèses
principales, l?une en parc et l?autre en sanctuaire, et d?identifier un certain nombre de
conditions de réussite.
En ce qui concerne les dauphins, une solution mixte (dispersion de l?effectif entre parcs et
sanctuaire, par paires d?affinités ou petits groupes d?animaux) aurait l?avantage de permettre
de tester à petite échelle l?opérationnalité d?un sanctuaire, avec une complexité et des risques
moindres pour cette espèce.
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3 Recommandations concernant l?avenir des cétacés
du Marineland
3.1 Principes généraux
3.1.1 S?assurer de la pleine collaboration du Marineland avant et si
possible après le transfert
Le bien-être animal étant la raison principale ayant conduit le législateur à voter la fermeture
des centres de présentation au public de cétacés captifs, la garantie de ce bien-être doit être
un critère cardinal dans le choix de la destination des cétacés du Marineland. Outre les
conditions matérielles d?hébergement, le maintien de la structure sociale du groupe et autant
que possible de la relation avec les soigneurs au moins provisoirement est essentiel
s?agissant d?animaux sociaux ayant un psychisme supérieur, ayant développé des relations
très étroites avec leurs soigneurs.
La préparation des animaux en amont de leur départ, la prise en compte des caractères
individuels et des affinités entre les individus pour la constitution des regroupements des
grands dauphins s?ils doivent être séparés est indispensable à la réussite du transfert. Une
pleine collaboration avec les soigneurs, avant, pendant et si possible après le transfert des
animaux est essentielle, ce qui nécessite une pleine adhésion au projet, ce qui n?est pas
automatique s?agissant des sanctuaires marins pour lesquels subsiste beaucoup
d?incertitudes quant aux chances de réussite.
Quelles que soient les options retenues par le ministère, une communication spécifique avec
la direction du Marineland voire avec les personnels directement impliqués afin d?expliquer
les choix et de reconnaitre leur rôle majeur, à rebours des attaques dont ils ont fait l?objet
apparait nécessaire pour s?assurer de leur pleine collaboration, voire, s?ils sont volontaires de
négocier leur recrutement par la future structure d?accueil.
[DEB] S?assurer d?une pleine coopération avec le Marineland dans
le projet de transfert prenant en compte autant que possible les contraintes du groupe
mais aussi l?accompagnement du personnel qui s?occupe des cétacés pour la
préparation, le transport et si possible après leur arrivée dans la structure d?accueil.
3.1.2 S?assurer du maintien des lien sociaux essentiels entre les
individus
Les experts de cétacés (orques et dans une moindre mesure les grands dauphins)
s?accordent à considérer que le principal facteur de bien-être est le maintien des liens sociaux
entre les individus d?un même groupe (pod). Cette condition est essentielle pour Keijo, fils de
Wikie qui doit être maintenu avec sa mère22, a fortiori après la disparition des deux autres
orques du groupe. Des garanties devraient être obtenues de la part des repreneurs des
animaux sur la non séparation des deux individus.
Concernant les grands dauphins, les relations au sein du groupe sont plus flexibles dans la
nature avec des alternances de scissions et de regroupements permettant d?envisager pour
22 Dans la nature les orques mâles restent attachés à leur mère toute leur vie qui assure leur protection et
leur insertion dans le groupe dominé par une femelle. La mort d?une femelle entraîne une baisse de
l?espérance de vie de ses descendants mâles (Christophe Guinet communication personnelle)
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Rapport n° 015475-01
juin 2024
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les individus du Marineland une séparation des deux groupes. Toutefois, il convient de
maintenir dans tous les cas a minima les binômes affinitaires de grands dauphins tels
qu?identifiés par les soigneurs.
3.1.3 Assurer un suivi scientifique des animaux après leur transfert.
Compte tenu des nombreuses controverses concernant les sanctuaires mais aussi sur les
normes de bien-être dans les delphinariums, avec des arguments reposant souvent sur des
expériences individuelles sans protocoles ni évaluations scientifiques robustes, les
expériences de sanctuaires passées ne permettent pas de statuer sur la valeur ajoutée en
termes de bien-être des sanctuaires marins23.
Pour autant, la fermeture progressive des delphinariums, en France et dans d?autres pays
occidentaux et la montée en puissance des mouvements wellfaristes nécessite que des
réponses scientifiques puissent être apportées à ces questions, au-delà des querelles de
chapelles dictées par des intérêts parfois éloignés de la question du bien-être des animaux.
Quelle que soit la destination des cétacés du Marineland, la mission recommande d?assurer
un suivi scientifique reposant sur des protocoles validés par un comité associant des
spécialistes des cétacés sauvages et en captivité, couvrant les domaines du bien-être animal,
de la santé vétérinaire, de la zootechnie, de l?éthologie. Les protocoles devraient être validés
par un comité scientifique tout en s?assurant de la pleine collaboration de la structure d?accueil
et si possible du Marineland24.
Le résultat des suivis et travaux scientifique pourraient faire l?objet de restitutions auprès de
l?ensemble des parties prenantes (parcs zoologiques, associations, centres de recherche etc.)
permettant d?objectiver les résultats et de rechercher un consensus sur ce sujet.
[DEB]. Mettre en place des partenariats scientifiques avec les
établissements de recherche pour le suivi des animaux placés en sanctuaires sur la
base de protocoles validés par un comité d?experts.
3.1.4 Assurer un positionnement du Ministère prenant en compte les
conséquences juridiques et financières
La prise en compte des obligations réglementaires liées à la CITES et au Règlement de
l?Union européenne qui s?y attache est indispensable pour sécuriser juridiquement le transfert
des animaux, quelle que soit leur destination. D?après l?analyse du bureau Convention de
Washington de la DEB, les obligations que devront respecter les acteurs français au titre de
la CITES sont les suivantes :
- en cas de transfert des orques vers le sanctuaire de la rade de Brest, le Marineland devra
demander à la DREAL Provence-Alpes-Côte d?Azur un certificat intracommunautaire pour
le transport vers un sanctuaire, et Sea Sherpherd devra demander à la DREAL Bretagne
23 Voir la récente synthèse : Bruck, J.N. The Cetacean Sanctuary: A Sea of Unknowns. Animals 2024, 14,
335. https://doi.org/10.3390/ani14020335
24 En mettant notamment en place des outils d?évaluation du bien-être mis au point par l?EAAM : voir
notamment
Baumgartner, K.; Huttner, T.; Clegg, I.L.K.; et al. Dolphin-WET?Development of a Welfare Evaluation Tool
for Bottlenose Dolphins (Tursiops truncatus) under Human Care. Animals 2024, 14, 701.
https://doi.org/10.3390/ani14050701
PUBLIÉ
https://doi.org/10.3390/ani14020335
https://doi.org/10.3390/ani14050701
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un certificat intra-communautaire pour le transport à des fins scientifiques,
- en cas de transfert des orques et d?une partie des dauphins vers le Loro Parque, le
Marineland devra demander à la DREAL Provence-Alpes-Côte d?Azur un certificat intra-
communautaire pour le transport à des fins de présentation au public dont la délivrance
est soumise à l?avis favorable des autorités CITES compétentes pour l?établissement de
destination concernant la capacité de cette structure à accueillir et traiter les orques avec
soin (cet avis portera sur la qualité des installations et la qualification du personnel),
- en cas de transfert des orques vers le WSP au Canada et d?une partie des dauphins vers
le sanctuaire de Tarente, le Marineland devra demander à la DREAL Provence-Alpes-
Côte d?Azur un permis d?exportation à des fins scientifiques et la DEB s?assurer qu?il existe
bien un programme scientifique,
- en cas de transfert des orques et des dauphins vers le Kobe Suma Sea World, le
Marineland devra demander à la DREAL Provence-Alpes-Côte d?Azur un permis
d?exportation pour le transfert à des fins non principalement commerciales. Il est prévu
par le Règlement de l?Union européenne que cette finalité soit vérifiée par les autorités
CITES du pays de départ (Organe de Gestion national France, c?est-à-dire la DEB), dans
le cadre d?un transfert vers un pays situé hors de l?Union européenne, ce qui constitue
une réelle difficulté pour les autorités françaises et nécessitera la collaboration de
l?autorité CITES japonaise.
En termes financiers, il n?est pas exclu que la direction du Marineland réclame d?être
indemnisée de tout ou partie des pertes financières liées à l?échec du transfert vers le Japon.
De même, si le délai de déplacement des orques se trouve excessivement allongé, le
Marineland pourrait imputer à l?Etat le retard pris dans la reconversion de ses installations et
les frais de maintenance supplémentaires. Dans le cas d?un sanctuaire, le choix d?un site hors
du territoire national minimise le risque d?être financièrement sollicité à long terme par rapport
à un site français.
3.2 Propositions concernant les deux orques
Deux scénarios peuvent être proposés au Marineland dans l?objectif d?obtenir sa collaboration,
avec des conséquences politiques, judiciaires et financières différentes, à anticiper :
? En priorité, explorer le transfert vers le sanctuaire du WSP, qui nécessite des
préparatifs plus complexes et plus longs (finalisation du projet, trajet, difficulté plus
grande pour les soigneurs d?accompagner la phase d?acclimatation compte tenu de
l?éloignement, mobilisation scientifique à assurer pour l?encadrement et le suivi?) et
comprend une part de risque d?échec tant en termes de bien-être animal que de
financement. En revanche, cette option permet une communication plus positive,
tournée vers une ambition noble à double titre, le bien-être animal et la recherche, et
pourrait rendre la décision symbolique au plan international de l?action de la France,
premier Etat à essayer de proposer une fin de vie plus respectueuse de ses besoins
à cette espèce emblématique par rapport à la captivité et en faveur de la protection
des cétacés dans leur milieu naturel.
? Dans le cas où cette première option ne serait pas réalisable, le transfert vers
le Loro Parque, solution pragmatique qui suppose toutefois la rupture du contrat
avec le parc japonais et une négociation préalable, portant notamment sur la
répartition des frais entre le Marineland et le Loro Parque, et la préparation, selon une
procédure bien rodée dans le milieu de la captivité, des animaux et des équipes. Ce
choix déclenchera probablement réactions médiatiques et actions judiciaires de la
part des associations. La réaction du personnel n?est pas connue mais on peut
espérer qu?ils s?associeront aux préparatifs et aux suites du transfert dans l?intérêt
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juin 2024
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des animaux. Le risque diplomatique semble néanmoins limité compte tenu des
arguments que peut aisément invoquer le gouvernement français (distance, exigüité
des bassins, accueil à Kobe de deux orques supplémentaires déjà annoncé sur
Internet). Si la demande de permis d?exportation vers le Japon est malgré tout
déposée, un refus semble défendable au titre du doute légitime quant à l?objectif non
principal commercial du Kobe Suma Sea World.
[DEB] Proposer au Marineland d?initier une collaboration des
équipes avec le WSP afin d?examiner la faisabilité d?un transfert effectif vers le
sanctuaire dans les mois qui viennent, et démarrer en parallèle une discussion avec le
Loro Parque sur l?avenir des animaux.
3.3 Propositions concernant les grands dauphins
La mission n?a pas disposé du temps nécessaire pour explorer toutes les possibilités d?accueil
en parc zoologique européen de cette espèce. Une seule proposition est donc formulée, à
charge pour le Marineland de trouver une destination pour les animaux non pris en charge (à
noter que la direction du parc a évoqué la possibilité d?un hébergement au moins temporaire
dans différents parcs espagnols) : celle de permettre qu?au moins une petite partie de l?effectif
(2 à 4 spécimens, en deux transferts échelonnés dans le temps) puisse être accueillie dans
un sanctuaire. Le projet grec (Lipsi) n?ayant pas donné suite aux sollicitations de la mission,
la Jonian Dolphin Conservation semble la seule ONG à vocation scientifique et pédagogique
capable aujourd?hui de finaliser un lieu d?accueil dans les délais requis. Comme pour le WSP,
cette proposition comporte une part de risque d?échec et devra être encadrée et évaluée
scientifiquement.
En ce qui concerne les autres animaux, l?option Loro Parque pour les orques a l?avantage
d?offrir une solution pour 3 à 4 dauphins que le parc serait prêt à accueillir (pas de certitude
à l?inverse en l?absence d?accord sur les orques). Il ne resterait donc dans cette hypothèse
que 4 dauphins à héberger dans une autre structure.
Comme pour les orques, la collaboration de l?équipe de soigneurs sera importante, mais le
risque de contestation médiatique et judiciaire semble moindre, de même que le risque
financier.
[DEB] Proposer au Marineland de répartir les dauphins entre le
Jonian dolphin conservation sanctuary de Tarente, le Loro Parque et d?autres
delphinariums et assurer la facilitation des échanges entre les équipes pour la
réalisation des transferts.
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Conclusion
Conçue initialement pour apporter une réponse en urgence face au risque de départ imminent
des orques du Marineland au Japon, la mission a été élargie et son calendrier détendu pour
permettre de rechercher la ou les meilleure(s) solution(s) pour le devenir des animaux,
prenant en compte leur bien-être, dans l?état actuel des connaissances mais également les
aspects économiques, juridiques et règlementaires, dans un contexte de très forte
médiatisation et de radicalisation des positions des différents acteurs.
Face à des positions très tranchées pour ou contre les « sanctuaires marins » (en réalité des
enclos dans des sites maritimes) comme réponse pour des animaux nés en captivité, la
mission, après avoir rencontré et entendu de nombreux acteurs et examiné la littérature
scientifique disponible sur la question, propose de tenter l?expérience des sanctuaires, mais
en tenant compte de l?absence de données objectives et scientifiquement étayées permettant
de conclure sur la base des quelques retours d?expériences passées.
Face à un mouvement sociétal fort contre le maintien en captivité des mammifères marins,
qui a trouvé sa traduction en France dans la loi de 2021, la question du devenir des animaux,
pour la plupart nés et élevés en captivité, et dont l?espérance de vie se chiffre en décennies,
va en effet se poser à l?avenir de manière de plus en plus aigüe. Dès lors, la question du
devenir des cétacés du Marineland (qui aurait dû être anticipée au moment du vote de la loi)
peut être vue comme la préfiguration d?une problématique plus générale qui va se poser à
l?avenir.
Dès lors, la mission s?est efforcée dans sa recherche de solution, à proposer plusieurs
niveaux de lecture : la recherche d?une ou plusieurs structure(s) d?accueil qui offrent les
meilleures garanties en termes d?infrastructures, de soins, et d?enrichissement de
l?environnement afin d?offrir une fin de vie la moins perturbante possible pour ces animaux
dotés d?un psychisme et de relations sociales très développés. A ce titre, le Loro Parque à
Ténérife apparaît comme la seconde option proposée et sans doute la plus opérationnelle.
La proposition privilégiée, face à la tendance à la fermeture des delphinariums dans
l?hémisphère occidental et à la difficulté qui se fait jour pour trouver des structures d?accueil
respectant les standards européens en matière de bien-être animal, est néanmoins de donner
une chance à l?option des sanctuaires. Si elle comporte une part de risque, cette option,
assortie d?un suivi scientifique par des experts reconnus, selon des protocoles validés par un
comité comprenant des spécialistes des cétacés captifs et sauvages, permettrait de faire
avancer les connaissances dans tous les domaines concernant la conservation des cétacés.
Avec cette approche, le Whale santuary project, en Nouvelle-Ecosse pour les orques et le
Jonian dolphin conservation sanctuary pour les grands dauphins, offrent les meilleures
garanties de succès, sous réserve d?une coopération indispensable avec le personnel du
Marineland et du suivi scientifique, déjà mentionnés.
Céline Couderc-Obert
Olivier Robinet
Inspectrice Inspecteur général
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Annexes
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Annexe 1. Lettre de mission
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Annexe 2. Liste des personnes rencontrées
Nom Prénom Organisme Fonction
METAYER Marie-Laure MTECT/DEB Adjointe directeur DEB
DEMOLIS Raphaël MTECT/DEB Chef bureau ET3 FSC
TERRAUBE Léa MTECT/DEB Chargée de mission
CIAMBELLI Marco MTECT/DEB Adjoint chef bureau ET4 CITES
CRANSAC Lise MTECT/DEB Chargée de mission CITES
AUBERT Anne MTECT/DAJ Adjointe sous-directeur environnement
GOUPILLIER Corentin MTECT/DAJ Chef de bureau
LHOTE Catherine IGEDD Inspectrice générale
DOMBREVAL Loïc IGEDD Ancien député, rapporteur de la loi de 2021
LE COZ Christian IGEDD Inspectrice générale
HUET Brice Cabinet SEMB Directeur de cabinet
KORYSKO François Cabinet SEB Ex Conseiller biodiversité
LEHOUCK Marie Cabinet SEMB Conseillère biodiversité
GIRARDO Claudine Ambassade de France au Japon Conseillère agricole et sanitaire
PERDREAU Jérôme Ambassade de France au Japon Service économique
ISODA Ryoko Ambassade de France au Japon Service économique
SEMICHON Carole Ambassade de France au Canada Conseillère développement durable
GENEY Jean-Claude Sous-préfecture de Grasse Sous-préfet
FOREST Sébastien DREAL PACA Directeur
SOUAN Hélène DREAL PACA Cheffe de service nature
FAJARDI Véronique DDTM 06 Directrice départementale
GRASSIN Anaïs DDTM 06 Cheffe de service santé animale
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Nom Prénom Organisme Fonction
DESSAINT Romuald Commissariat d?Antibes Brigadier-chef de police
TAILLANDIER Valentin Tribunal de Grasse Substitut du procureur TJ
ROOSE Caroline Parlement UE Députée européenne
HUGNET Christophe Cabinet vétérinaire Vétérinaire expert de justice
LEONETTI Jean Mairie d?Antibes Maire et président de Sofia Antipolis
PICOT Pascal Marineland d?Antibes Directeur
CHOUX Bénédicte Marineland d?Antibes Coordinatrice juridique
SCALA Christopher Marineland d?Antibes Vétérinaire
MONTAY Damien Marineland d?Antibes Directeur zoologique
CHAPERON Katia Marineland d?Antibes Capacitaire cétacés et responsable soigneurs
BÖYE Martin
Association européenne pour les mammifères
aquatiques (EAAM) Président. Responsable scientifique Planète Sauvage,
DELORD Rodolphe
Association française des parcs zoologiques
(AFDPZ) Président AFDPZ et président du Parc de Beauval
ERNY Cécile Association française des parcs zoologiques Directrice de l?AFDPZ
KIESSLING Christoph Loro Parque (Espagne) Vice-président
ALMUNIA Javier Loro Parque fundacion Directeur, vétérinaire spécialiste des mammifères marins
GRANDJEAN Christine C'est assez Présidente, membre du CNCFS
WATSON Paul Sea shepherd conservation society Président
ESSEMLALI Lamya Sea shepherd France Présidente
FOURRE Maya Sea shepherd France Membre, MGH Partners
CHABAN-DELMAS Guillaume Sea shepherd France Avocat MGH partners
VESSER Ingrid Sea shepherd spécialiste des cétacés
ARNAL Muriel One Voice Présidente
VINICK Charles Whale Sanctuary project (New Scotland, Canada) Directeur exécutif
MARAYNES Matt Whale Sanctuary project Membre
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Nom Prénom Organisme Fonction
MARINO Lori Whale Sanctuary project Spécialiste des cétacés
FANIZZA Carmelo Jonian dolphin conservation sanctuary (Italie) Directeur du projet
CLEMENT Nicola Jonian dolphin conservation sanctuary Coordinateur des activités de recherche
BARNABA Monica Jonian dolphin conservation sanctuary Vétérinaire
CATAPANO Guisepe Jonian dolphin conservation sanctuary Soigneur, capacitaire mammifères marins
MONTASIO Helena Jonian dolphin conservation sanctuary membre
MILIOU Anastasia Archipelago Institute (Grèce) Responsable du projet Lipsi
RINGUET Christine Tilikum spirit présidente
VAN DICK Catherine Tilikum spirit membre
GILBERT Frédérique Cetacea présidente
LE BOUETTE Laurent Artefact Architecte du projet Cetacea
CHEYENNE Frédérique Sibylline Océans Présidente, vétérinaire
GUINET Christophe CNRS CEB Chizé Chercheur, expert sur les orques
DELFOUR Fabienne Vétérinaire enseignante à l?ENVT Vétérinaire, éthologue, experte des grands dauphins
LUSSEAU David Institut national des ressource aquatiques, (DK) professeur de durabilité marine, expert cétacés
TIXIER Paul IRD Marseille Chercheur sur l?écologie des orques
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Annexe 3. Questionnaire de l?appel à manifestation d?intérêt
L?AMI pour le projet de sanctuaire pour l?accueil des deux spécimens d?orques hébergés au Marineland d?Antibes répondait à plusieurs objectifs :
? Mettre fin à la détention en captivité des orques, en conformité avec la loi française. Les manifestations d?intérêt devront proposer une solution,
viable tant sur le plan économique qu?environnemental et respectueuse du bien-être animal.
? Examiner la faisabilité technique et financière d?un enclos marin permettant d?accueillir les deux orques du Marineland en France ou à l?étranger :
prise en compte des contraintes techniques, réglementaires et géographiques et analyse financière de la structure proposée, qui devra fournir des
garanties de soutenabilité.
? Garantir le respect du bien-être animal et conduire une démarche scientifique reproductible utile à l?accueil d?autres cétacés captifs et/ou à leur
préservation en milieu naturel.
L?appel à manifestations d?intérêt était ouvert à toute organisation non gouvernementale et/ou établissement public de recherche intéressé, en France ou
à l?étranger.
Les responsables du projet devaient pouvoir justifier des conditions biologiques, techniques, réglementaires et financières du déplacement des cétacés en
enclos marin. La structure d?accueil sur un site naturel en bord de mer devrait être compatible avec les impératifs de bien-être de spécimens nés en captivité
A cette fin, les pièces suivantes étaient requises :
? localisation géographique exacte et justification du choix du site : topographie, sécurité, accès, voisinage, occupation humaine, acceptabilité locale,
prévention d?éventuels conflits d?usage, aspects fonciers (propriété, location ou mise à disposition de terrains), qualité de l?environnement (études
et analyses relatives à la qualité et à la température de l?eau, environnement sonore sous-marin), possibilité de clôture, protection par rapport aux
courants et intempéries,
? étude de faisabilité réglementaire et administrative (réglementation concernant la protection du littoral le cas échéant) : services compétents, état
des autorisations nécessaires,
? modèle de financement sur une durée minimale de dix ans, présentant un budget prévisionnel (recettes et dépenses) :
o partenariat ou mécénat, recueil de dons, activité d?accueil du public à distance (sites d?observation à terre), soutiens publics,
o construction, maintenance et fonctionnement des infrastructures, rémunération du personnel permanent, alimentation, soins vétérinaires,
matériel d?enrichissement,
o gouvernance exécutive et opérationnelle du projet et, si disponible, liste nominative et qualifications du personnel permanent, mentionnant
son expérience en matière de cétacés captifs, de relâcher dans la nature ou de sanctuaire : directeur, vétérinaire, titulaire du certificat de
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capacité, soigneurs, autres personnels administratifs et techniques. L?équipe devra comporter des compétences en biologie et
comportement des cétacés ainsi qu?en ingénierie en structures maritimes,
o partenaires scientifiques du projet (universités, instituts de recherche) et, si disponible, liste nominative des chercheurs et doctorants
impliqués ainsi que leurs principales publications scientifiques et projets de recherche envisagés. Un comité scientifique de suivi du projet
sera mis en place avec une évaluation en continu et une communication publique des résultats obtenus au bout de deux, cinq et dix ans
après réception des animaux,
o description détaillée des installations, comprenant enclos, bassins d?acclimatation et de quarantaine (dimensions en surface et profondeur),
centre de soins vétérinaires (conforme à la règlementation en vigueur) et équipements (balance pour les pesées, hébergement du personnel,
accueil éventuel du public, etc.),
o fonctionnement : suivi des paramètres du milieu, vidéosurveillance, rotation du personnel, astreintes, identification des risques en termes
de sécurité du personnel et des animaux, de météorologie et de santé et procédures de prévention et de gestion de ces risques, etc.
o alimentation prévue : fournisseurs, quantité et qualité, dispositifs de stockage,
o interactions humaines prévues afin de faciliter l?habituation au nouvel environnement (séances de jeu et d?entraînement),
o soins vétérinaires (dentaires notamment, supplémentation alimentaire?),
o modalités de maîtrise de la reproduction (contraception chimique, séparation des animaux),
o procédure de transfert aérien et d?acclimatation en collaboration avec le Marineland.
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Annexe 4. Comparaison des principaux scénarios étudiés pour les orques
Lieu de
destination
Kobe Suma Seaworld
(Kobe Japon)
Loro Parque zoo (Tenerife
Espagne)
Sanctuaire de Sea Shepherd
(Bretagne)
Sanctuaire de WSP (Nouvelle
Ecosse, Canada)
Description
du projet
Un contrat a été signé le 23
octobre 2023 entre la
compagnie japonaise
Granvista Hôtels & resorts qui
porte le projet de KSSW et
Marineland SAS pour le don
de deux orques et le prêt des
deux autres dans un but de
reproduction (historiquement
pratiquée par le Kamogawa
seaworld appartenant au
même groupe), d?éducation du
public et de recherche
scientifique sur le
comportement animal (deux
des 4 animaux sont décédés
depuis). Ce dernier s?engage à
appliquer la règlementation
CITES et de bien-être animal
selon les normes
internationales (NB : pas de
réglementation internationale
ni japonaise sur le bien-être de
ces espèces en captivité).
Pour cela des installations
destinées à accueillir les
orques ont été construits selon
les meilleurs standards25.
Le Loro Parque détient des
orques depuis 2006. Il possède
actuellement 4 orques (3 mâles et
1 femelle) dans ses installations.
Le Parc avait initialement dit ne
pas pouvoir accueillir les orques
du Marineland, faute de place
mais se dit prêt à les accueillir
maintenant qu?ils ne sont plus que
deux.
L?association Sea Shepherd France
propose, avec le soutien notamment
financier de Sea Shepherd
international, de créer un sanctuaire
marin dans la partie sud de la rade de
Brest sur la commune de Lanvéoc, à
proximité de l?île Longue qui héberge la
flotte de sous-marins nucléaires
stratégiques français. La proximité de
ces installations est considérée par les
promoteurs comme un atout compte
tenu de la maîtrise foncière et des
restrictions de navigation et de survol
du site.
Porté par l?ONG nord-américaine The
Whale Sanctuary Project (WSP), le projet
situé à Port Hilford, en Nouvelle Ecosse
prévoit un sanctuaire de 40ha en zone
côtière avec des infrastructures à terre en
partie existantes. L?ONG dit avoir
prospecté plus de 130 sites avant de
choisir celui-ci pour ses caractéristiques
physiques de protection contre les
tempêtes, de facilités à terre et
d?absence de dérangements. De
nombreuses études ont été réalisées
pour préciser la faisabilité et le design du
sanctuaire basé sur les expériences et
les leçons y compris infructueuses
passées et notamment le relâcher en
Islande de l?orque Keiko, auquel un des
responsables du projet a participé, ainsi
que le refuge islandais qui a recueilli 2
bélugas en 2019 (avec des résultats
décevants à ce jour).
25 Non définis mais l?AFDPZ souligne que le parc est membre de l?association mondiale WAZA, gage de partenariat avec l?UICN et de respect de lignes directrices strictes ? à noter
toutefois qu?il ne figure pas sur la carte des membres, au contraire du zoo de Nagoya qui détient également des orques (https://www.waza.org/members/find-a-waza-zoo-or-aquarium)
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https://www.waza.org/members/find-a-waza-zoo-or-aquarium
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Etat
d?avancement
Le parc a ouvert ses portes
officiellement le 1er juin avec 2
orques provenant d?autres
parcs japonais et peuvent
accueillir les orques du
Marineland dans les prochains
mois.
Le management du Loro Parque
se dit prêt à accueillir les deux
orques du Marineland dans ses
installations existantes, sans la
nécessité d?aménagements ou
d?investissement supplémentaire
Le projet est à un stade très
préliminaire : aucune étude de terrain ni
demande d?autorisation n?a pour l?heure
été réalisée pour connaitre les
caractéristiques du site et la qualité des
eaux ni consultation des élus locaux et
autorités militaires sur le projet.
Les études sur les paramètres du site et
du design des installations ainsi que le
budget global du projet ont été réalisées.
L?accord de l?administration des
ressources naturelles de Nouvelle
Ecosse est attendu après des contacts
informels positifs.
Un devis pour un enclos flottant, ancré au
fond, de dimensions 110m*50m, à partir
d?un modèle conçu pour l?élevage des
saumons et adapté aux orques a été
réalisé, ainsi que toutes les installations
nécessaires pour la mise en place du
projet.
Délais de
réalisation
Les installations sont
opérationnelles (le transfert
des orques était initialement
prévu mi-mars 2024).
Dès l?automne 2024. Le temps de
recueillir l?aval de Marineland
(négociation à envisager pour
partage des frais de transport et
reprise d?une partie de l?effectif de
dauphins) et d?organiser la
procédure de départ et
d?acclimatation.
L?association estime qu?elle pourrait
accueillir les animaux dans un délai
d?un an sous réserve que le ministère
indique son intérêt pour le projet,
d?abord dans un parc d?habituation de
dimensions plus réduites, avant de
créer un enclos aux dimensions
définitives.
Les porteurs du projet se disent prêts à
accueillir les orques au premier semestre
2025, sous réserve que l?Etat français
apporte son soutien officiel au projet.
Etat des
financements
Le groupe Granvista
propriétaire du Kamogawa
Seaworld qui abrite des
orques depuis plusieurs
années a la surface financière
pour financer le projet et ses
développements futurs sur le
nouveau site de Kobe.
Avec une fréquentation annuelle
avoisinant le million de visiteurs,
le Loro Parque possède la surface
financière suffisante pour
supporter les coûts additionnels
de l?entretien de deux orques
supplémentaires.
L?ONG Sea Shepherd a une renommée
mondiale dans sa lutte contre la chasse
à la baleine et forte de ses campagnes
précédentes et du soutien de
personnalités médiatiques, elle
considère ne pas avoir de difficultés à
réunir les fonds pour financer les
installations, à partir du moment où le
projet sera officiellement soutenu par le
ministère.
Sur la base des expériences passées de
sanctuaires, le WSP dit ne pas avoir de
difficultés à collecter le budget
nécessaire. Sur un total de 18M USD
prévus pour le projet, le WSP en a
collecté la moitié et de nombreux
sponsors ont indiqué leur volonté de
contribuer une fois l?assurance que les
orques seront bien destinés au projet,
permettant de sécuriser le financement
initial.
Bien-être
animal
Le maintien de la cellule
familiale composée de la
femelle, et de son fils constitue
un élément essentiel. La
Le parc est membre de
l'Association européenne des
zoos et aquariums et participe à
des programmes européens pour
Le projet est porté par une biologiste
cétologue qui a accompagné de
nombreux projets de refuges. Le
transfert dans un site marin constitue
Le déplacement des animaux sur une
longue distance constitue un stress,
même si les expériences passées ont
montré que réalisée dans les règles de
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Rapport n° 015475-01
juin 2024
Mission d?exploration des différentes options relatives au devenir des cétacés du
Marineland d?Antibes
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cellule serait a priori
maintenue mais la
participation à un programme
de reproduction avec le parc
de Kamogawa ne garantit pas
que des échanges d?animaux
ne soient pas réalisés entre
les deux parcs.
Les installations ultra
modernes constituent une
amélioration par rapport aux
installations actuelles
vieillissantes du Marineland.
Ce dernier met en avant les
performances de filtration et
de qualité de l?eau et
l?implication de l?équipe de
soigneurs.
En revanche la taille des
bassins est bien inférieure au
KSSW (au total 8400 m3 dont
3500 m3 pour le bassin
principal contre 44000 m3 dont
17000 m3 respectivement pour
le Marineland).
Par ailleurs, le transport par
avion-cargo sur une longue
distance constitue
indéniablement un stress.
les espèces menacées.
L?installation pour les orques est
composée de quatre bassins
interconnectés d?un volume global
de 21 150 m3 avec une
profondeur maximale de 12m pour
le bassin principal et 8m pour les
autres. Les installations ont été
conçues pour minimiser les
surfaces contondantes et favoriser
une hygiène maximale. Le
système de filtration triple permet
un renouvellement quotidien de
20% de l?eau. Par ailleurs un
système de réfrigération de l?eau
permet de maintenir celle-ci
autour de 13°c, température
recommandée par les experts.
Selon les experts interrogés
l?intégration de Wikie et Keijo dans
le groupe ne semble pas poser de
problème compte tenu de la
structure sociale matriarcale. Il est
même envisagé de faire
reproduire Wikie.
Le personnel est réputé
hautement qualifié et
expérimenté.
Le temps de transport par avion
est court et le Parc proche de
l?aéroport international pouvant
accueillir des gros porteurs. Par
ailleurs, la proximité entre les
deux sites facilitera le contact
avec les soigneurs après l?arrivée
des animaux voir leur
en revanche un changement important
de leur environnement pour des
animaux décrits dans la nature et en
captivité comme routiniers et
néophobes. Toutefois, les expériences
précédentes ont montré qu?avec un
élargissement progressif du parc les
orques investissaient rapidement la
totalité de celui-ci.
En revanche le lâcher dans un enclos
de grandes dimensions rend plus
compliqué l?observation et les
manipulations, l?éventuelle séparation
des individus agressifs ou malades et
les soins.
Par ailleurs en absence d?analyses sur
la qualité de l?eau sur le site, les
données disponibles en ligne26
montrent un taux de pollution important
(pesticides, métaux lourds, antifouling,
contamination microbiologique et
eutrophisation du milieu) dans la rade
de Brest qui n?est ouverte sur l?océan
que par un goulet de 1,5 km. Par
ailleurs la présence de la flotte de la
marine nationale, de pêche et de
plaisance et la base aéronavale de
Lanvéoc à proximité constituent des
sources de pollution sonore qu?il reste à
évaluer.
La température dans la rade de Brest,
comprise entre 9 et 18°C est assez
proche de celle du Marineland (10-
21°C)
Dans tous les cas une pleine
collaboration avec les équipes de
l?art, et sur des animaux sains le
transport ne constituait pas un risque
démesuré.
Le transfert dans un site marin constitue
en revanche un changement important
de leur environnement pour des animaux
décrits dans la nature et en captivité
comme routiniers et néophobes.
Toutefois, les expériences précédentes
ont montré qu?avec un élargissement
progressif du parc les orques
investissaient rapidement la totalité de
celui-ci.
En revanche le lâcher dans un enclos de
grandes dimensions rend plus compliqué
l?observation et les manipulations,
l?éventuelle séparation des individus
agressifs ou malades et les soins.
Des interrogations sur la qualité des eaux
qui pourraient avoir été contaminées par
l?arsenic provenant d?une ancienne mine
d?or mais les analyses récentes ont
montré que la colonne d?eau était
indemne.
Un autre aspect concerne la température
de l?eau qui varie de 0°C en janvier à
19°C en août qui est a priori compatible
avec la physiologie de orques mais
nécessitera une habituation en préalable
au départ et un relâcher au printemps ou
en été.
Dans tous les cas une pleine
collaboration avec les équipes de
soigneurs du Marineland avant et après
le transfert est un élément essentiel de
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Rapport n° 015475-01
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Mission d?exploration des différentes options relatives au devenir des cétacés du
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recrutement, facilitant leur
adaptation à leur nouvel
environnement.
soigneurs du Marineland avant et après
le transfert est un élément essentiel de
bien-être pour les animaux.
bien-être pour les animaux.
Faisabilité du
transfert
Le Marineland s?est entouré
des meilleurs experts
internationaux pour préparer
le transport des animaux en
termes de conditionnement
et d?habituation à la
contention, de conception
des containers et des
nacelles. Des exercices de
simulation ont été effectués.
Les frais engagés sont
importants.
Par ailleurs des transports
d?orques sur des distances
équivalentes ont déjà eu lieu
dans le passé et n?ont pas
occasionné de mortalité.
Le transfert avec un
conditionnement similaire à celui
pour KKSW ne pose pas de
problèmes particuliers.
Si cette option était retenue, il
resterait à convenir du partage
des coûts entre les deux parcs.
Le choix du site avec un aéroport
militaire à proximité immédiate et la
faible distance de vol est a priori un
atout par rapport aux autres options de
déplacement.
Le Marineland s?est entouré des
meilleurs experts internationaux pour
préparer le transport des animaux en
termes de conditionnement et
d?habituation à la contention, de
conception des containers et des
nacelles. Des exercices de simulation ont
été effectués.
Par ailleurs des transports d?orques sur
des distances équivalentes ont déjà eu
lieu dans le passé et n?ont pas
occasionné de mortalité.
L?investissement déjà engagé sur ce
sujet serait utile dans le cas d?un transfert
vers le Canada.
Acceptabilité:
- grand public
- ONG
- Marineland
L?acceptabilité par le grand
public et les ONG est très
faible, ces dernières
estimant que le transfert vers
le Japon entrainera une
dégradation des conditions
de bien-être pour les
animaux et va à l?encontre
de l?esprit de la loi de 2021.
A priori cette solution fait
l?unanimité contre elle du
point de vue des ONG.
A l?opposé le Marineland et
la communauté des parcs
zoologiques considèrent que
Si l?acceptabilité du grand public
et des ONG sera meilleure que
pour un transfert vers le Japon,
s?agissant d?un pays membre de
l?UE, ce projet ne fera pas taire les
critiques sur le dévoiement de
l?esprit de la loi. En revanche la
solution peut apparaître comme la
meilleure à la direction du
Marineland
L?idée d?assurer une fin de vie dans un
cadre naturel aux trois orques du
Marineland est perçue positivement par
le grand public a fortiori si les animaux
restent sur le territoire national.
Toutefois, les ONG de protection
animale risquent de s?y opposer,
compte tenu de l?impréparation du
projet, des incertitudes sur sa viabilité
financière. Par ailleurs, le projet, situé
dans une zone très fréquentée ne
laisse rien présager de l?accueil qui
sera réservé à celui-ci par certains
acteurs (pêcheurs, Marine nationale,
voire agriculteurs, riverains, élus
L?idée d?assurer une fin de vie dans un
cadre naturel aux trois orques du
Marineland est perçue positivement par
le grand public et les ONG (One Voice).
Toutefois certaines d?entre elles
considèrent qu?il serait préférable de
laisser les animaux au Marineland (C?est
assez) ou qu?il faudrait privilégier un site
en France (Sea Shepherd).
Le Marineland et l?AFDPZ sont opposés
à tout projet de sanctuaire pour des
raisons de bien-être animal (difficulté à
contrôler l?environnement), de délais de
mise en oeuvre, et par principe
(considéré comme une victoire des
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Rapport n° 015475-01
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Mission d?exploration des différentes options relatives au devenir des cétacés du
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- autres
acteurs
c?est la seule solution qui
offre toutes les garanties
pour le bien-être des
animaux et le futur
économique du Marineland.
locaux, etc.) sur d?éventuelles
restrictions d?usage et contraintes
réglementaires.
opposants aux parcs zoologiques qui se
sentiront confortés dans leur campagne).
Sécurité
juridique
La délivrance par le
ministère d?un permis CITES
(qui ne prend pas en compte
les aspects liés au bien-être
animal) sur la base
d?animaux d?une espèce
inscrite à l?annexe II (A du
règlement européen), nés et
élevés en captivité, est a
priori juridiquement assez
solide sous réserve de la
constitution par Marineland
d?un dossier complet, même
si elle ne manquera pas
d?être contestée par les
ONG. Ces dernières
pourraient également
contester le certificat
sanitaire des animaux et le
fait qu?ils soient aptes au
transport, compte tenu de
leurs antécédents sanitaires.
S?agissant d?un transfert intra
européen, le déplacement des
orques ne nécessite pas de
permis CITES. Seul le certificat
sanitaire délivré par la DDPP est
nécessaire.
Il apparait donc difficile en
l?absence d?accord avec le
Marineland de s?opposer à un tel
transfert sans s?exposer à des
recours juridiques. En revanche,
les ONG pourraient contester le
certificat sanitaire des animaux et
le fait qu?ils soient aptes au
transport, compte tenu de leurs
antécédents sanitaires
Sauf si cette option est retenue d?un
commun accord avec le Marineland
(qui y est a priori opposé), elle
nécessitera un refus de délivrance d?un
permis CITES juridiquement
contestable (voir supra) et/ou de
certificat sanitaire, pour des raisons
d?état de santé des animaux qui ne
permet pas de garantir leur transport de
façon à minimiser les risques de blessure,
de maladie ou de traitement rigoureux.
Toutefois, la proximité du site du
sanctuaire et sa situation sur le
territoire national qui dispense de
délivrance de permis CITES constituent
un atout par rapport au projet de
sanctuaire en Nouvelle Ecosse.
Sauf si cette option est retenue d?un
commun accord avec le Marineland (qui
y est a priori opposé), elle nécessitera un
refus de délivrance d?un permis CITES
juridiquement contestable (voir supra)
et/ou de certificat sanitaire, pour des
raisons d?état de santé des animaux qui
ne permet pas de garantir leur transport
de façon à minimiser les risques de
blessure, de maladie ou de traitement
rigoureux.
Si tel est le cas il sera difficile de justifier
que ces conditions soient remplies pour
une expédition en Nouvelle Ecosse, sauf
à différer le départ.
Calendrier de
mise en oeuvre
Le Marineland disait avoir
réservé un créneau pour un
avion-cargo à la mi-mars.
Toutefois aucune demande
de permis CITES n?a pour
l?heure été transmise à la
DREAL. Par ailleurs lors d?un
jugement en référé de la
cour d?appel d?Aix, interdit le
déplacement des animaux
sous peine d?astreintes
Il apparait que le transfert vers le
Loro Parque dès l?automne est la
solution qui offre les meilleures
perspectives en termes de
faisabilité et de délais.
A ce stade il n?est pas fourni de
calendrier.
La candidature de Sea Shepherd à un
appel d?offre de la DEB de faisabilité
d?un parc marin, d?une durée de 6 mois
avant une décision concernant l?enclos
en territoire français rend peu réaliste le
délai d?un an pour le transfert des
animaux, qui ne pourraient être
déplacés au mieux qu?à l?été 2025.
Un calendrier de développement du
projet a été transmis à la mission, qui lui
semble réaliste, et qui permet
d?envisager un déplacement des animaux
dès le début 2025. Toutefois, la
température de l?eau sur le site pourrait
conduire à différer le transfert au
printemps.
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Rapport n° 015475-01
juin 2024
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jusqu?à la remise du rapport
des experts (prévu au plus
tôt en avril mais
probablement plus tard).
Commentaires A l?occasion d?un échange le
29/02, le Marineland dit
attendre la remise du rapport
des deux experts avant de
programmer un nouveau
transfert des orques compte
tenu des frais de réservation
perdus en cas de report. Par
ailleurs, le KSSW qui ouvre
au public à l?été 2024 dit ne
pas pouvoir accueillir les
orques du Marineland au-
delà de décembre. Ce report
du projet permet
d?approfondir les différentes
options avant une prise de
décision et de rechercher
une solution la plus
consensuelle entre les
principaux acteurs.
Exclue initialement faute de
capacités d?accueil de 4 individus,
l?opportunité de transfert de Wikie
et Keijo au Loro Parque, constitue
une alternative crédible en termes
de faisabilité, de viabilité
financière, et de bien-être animal
en minimisant les changements
d?environnement. Il reste que
cette option fera l?objet de vives
critiques de la part des
associations.
Malgré un volontarisme certain de ses
promoteurs, et son caractère national,
le projet souffre à ce stade de
nombreuses incertitudes concernant le
choix du site et son adéquation pour
héberger les orques, des autorisations
nécessaires et l?accueil de la population
et des acteurs concernés.
Les estimations financières concernant
l?entretien des orques apparaissent
sous-évaluées.
Enfin l?ONG se pose en prestataire d?un
projet porté par l?Etat, qui devra en
assumer toutes les conséquences
financières pour sa mise en place
(même si Sea Shepherd assure avoir
les financements) mais surtout pour sa
viabilité de long terme. Cette implication
financière du MTECT peut soulever des
critiques dans un climat social
compliqué avec les acteurs
économiques mais aussi avec les
acteurs de l?environnement, si ces
financements viennent en substitution
de crédits pour la conservation in-situ
(la question de la préservation des
populations de cétacés ? capture
accidentelle, interactions avec les
bateaux générant des tirs? ? se
posant déjà de manière aigüe en
France et en Europe).
S?il reste encore quelques autorisations
et formalités à remplir, le projet qui a été
préparé depuis plusieurs années apparaît
présenter de meilleures garanties de
succès.
L?équipe a été impliquée dans la plupart
des projets précédents de sanctuaires et
est entourée d?une équipe scientifique
reconnue.
Par ailleurs, la prise en charge du projet
par l?ONG, qui est soutenue par des
fondations philanthropiques qui
possèdent de gros moyens lève le risque
de devoir contribuer aux coûts récurrents
projet.
L?impact en termes d?image du choix de
ce site plutôt que celui en France est
difficile à évaluer à l?image des positions
divergentes des ONG.
Le choix d?une solution à l?étranger
comporte des contraintes logistiques et
en termes de bien-être et la nécessité
d?une pleine coopération avec les
autorités locales.
En revanche la soutenabilité financière et
la garantie que l?Etat français ne sera pas
mis à contribution et n?aura pas à mener
des concertations locales dans un climat
social tendu, constituent des avantages
indéniables.
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Rapport n° 015475-01
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Annexe 5. Glossaire des sigles et acronymes
Acronyme Signification
AFDPZ
AMI
CE
CGEDD
CITES
DAJ
DDPP
DEB
DREAL
EAAM
EAZA
EEP
IGEDD
KSSW
MTECT
ONG
PACA
SEMB
UE
WAZA
WSP
Association française des parcs zoologiques
Appel à manifestation d'intérêt
Code de l'environnement
Conseil général de l'environnement et du développement durable (devenu IGEDD)
Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore menacés d'extinction (Convention de Washington)
Direction des affaires juridiques
Direction départementale de protection des populations
Direction de l'eau et de la biodiversité
Direction régionale de l'environnement de l'aménagement et du logement
Association européenne pour les mammifères aquatiques
Association européenne des zoo et des aquarium
programme européen de reproduction en captivité des espèces menacées (grand dauphin)
Inspection générale de l'environnement et du développement durable
Kobe Suma Sea World
Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires
organisation non gouvernementale
Région Provence Alpes Côte d'Azur
Secrétariat d?Etat à la Mer et la Biodiversité
Union européenne
Association mondiale des parcs zoologiques
The Whale sanctuary project
PUBLIÉ
Site internet de l?IGEDD :
« Les rapports de l?inspection »
PUBLIÉ
https://www.igedd.developpement-durable.gouv.fr/spip.php?page=liste-actualites&lang=fr&id_mot=1187&debut_rub_actus=0
https://www.igedd.developpement-durable.gouv.fr/spip.php?page=liste-actualites&lang=fr&id_mot=1187&debut_rub_actus=0
Sommaire
Résumé
Liste des recommandations
Introduction
1 Rappel sur le contexte et la commande
1.1 La loi n 2021-1539 de 2021 prévoit la fermeture à terme des établissements détenant des cétacés
1.2 Une commande initiale modifiée dans ses délais par le calendrier judiciaire
1.3 Situation au Marineland
1.3.1 Des animaux nés pour la majorité en captivité ou détenus depuis de nombreuses années
1.3.2 Un delphinarium voué à la fermeture
1.3.2.1 Historique économique et géographie du site
1.3.2.2 Stratégie du groupe et projet de reconversion en parc de loisir
1.3.2.3 Attentes actuelles des élus
1.3.3 Un contexte contentieux médiatisé avec les associations
1.3.3.1 Pression médiatique et sociétale
1.3.3.2 Procédures administratives et judiciaires passées et en cours
1.4 Considérations juridiques concernant le positionnement du MTECT
2 Les différentes options étudiées par la mission
2.1 Rappel sur les définitions
2.1.1 Les parcs aquatiques
2.1.2 Les refuges ou sanctuaires pour animaux sauvages captifs
2.1.3 Les sanctuaires marins
2.2 L?appel à manifestations d?intérêt sur les sanctuaires :
2.2.1 Le questionnaire, les modalités et critères d?évaluation
2.2.2 Résultats de l?AMI concernant les sanctuaires
2.2.2.1 Projet Cetacea
2.2.2.2 Tilikum?s spirit project
2.2.2.3 Projet Sibylline océans
2.2.2.4 Projet Sea Shepherd
2.2.2.5 The Whale sanctuary project
2.3 L?accueil dans un autre delphinarium
2.3.1.1 Kobe Suma Sea World (Kobe, Japon)
2.3.1.2 Loro Parque (Tenerife, Espagne)
2.4 Cas des grands dauphins du Marineland
2.4.1 L?Aegean Marine Life Sanctuary de Lipsi (Grèce)
2.4.2 Le Jonian dolphin conservation sanctuary (Tarente, Italie)
2.4.3 Les autres sites d?accueil des grands dauphins
2.5 Synthèse sur les différentes options
3 Recommandations concernant l?avenir des cétacés du Marineland
3.1 Principes généraux
3.1.1 S?assurer de la pleine collaboration du Marineland avant et si possible après le transfert
3.1.2 S?assurer du maintien des lien sociaux essentiels entre les individus
3.1.3 Assurer un suivi scientifique des animaux après leur transfert.
3.1.4 Assurer un positionnement du Ministère prenant en compte les conséquences juridiques et financières
3.2 Propositions concernant les deux orques
3.3 Propositions concernant les grands dauphins
Conclusion
Annexes
Annexe 1. Lettre de mission
Annexe 2. Liste des personnes rencontrées
Annexe 3. Questionnaire de l?appel à manifestation d?intérêt
Annexe 4. Comparaison des principaux scénarios étudiés pour les orques
Annexe 5. Glossaire des sigles et acronymes
(ATTENTION: OPTION arque, solution pragmatique qui suppose toutefois la rupture du contrat
avec le parc japonais et une négociation préalable, portant notamment sur la
répartition des frais entre le Marineland et le Loro Parque, et la préparation, selon une
procédure bien rodée dans le milieu de la captivité, des animaux et des équipes. Ce
choix déclenchera probablement réactions médiatiques et actions judiciaires de la
part des associations. La réaction du personnel n?est pas connue mais on peut
espérer qu?ils s?associeront aux préparatifs et aux suites du transfert dans l?intérêt
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Rapport n° 015475-01
juin 2024
Mission d?exploration des différentes options relatives au
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des animaux. Le risque diplomatique semble néanmoins limité compte tenu des
arguments que peut aisément invoquer le gouvernement français (distance, exigüité
des bassins, accueil à Kobe de deux orques supplémentaires déjà annoncé sur
Internet). Si la demande de permis d?exportation vers le Japon est malgré tout
déposée, un refus semble défendable au titre du doute légitime quant à l?objectif non
principal commercial du Kobe Suma Sea World.
[DEB] Proposer au Marineland d?initier une collaboration des
équipes avec le WSP afin d?examiner la faisabilité d?un transfert effectif vers le
sanctuaire dans les mois qui viennent, et démarrer en parallèle une discussion avec le
Loro Parque sur l?avenir des animaux.
3.3 Propositions concernant les grands dauphins
La mission n?a pas disposé du temps nécessaire pour explorer toutes les possibilités d?accueil
en parc zoologique européen de cette espèce. Une seule proposition est donc formulée, à
charge pour le Marineland de trouver une destination pour les animaux non pris en charge (à
noter que la direction du parc a évoqué la possibilité d?un hébergement au moins temporaire
dans différents parcs espagnols) : celle de permettre qu?au moins une petite partie de l?effectif
(2 à 4 spécimens, en deux transferts échelonnés dans le temps) puisse être accueillie dans
un sanctuaire. Le projet grec (Lipsi) n?ayant pas donné suite aux sollicitations de la mission,
la Jonian Dolphin Conservation semble la seule ONG à vocation scientifique et pédagogique
capable aujourd?hui de finaliser un lieu d?accueil dans les délais requis. Comme pour le WSP,
cette proposition comporte une part de risque d?échec et devra être encadrée et évaluée
scientifiquement.
En ce qui concerne les autres animaux, l?option Loro Parque pour les orques a l?avantage
d?offrir une solution pour 3 à 4 dauphins que le parc serait prêt à accueillir (pas de certitude
à l?inverse en l?absence d?accord sur les orques). Il ne resterait donc dans cette hypothèse
que 4 dauphins à héberger dans une autre structure.
Comme pour les orques, la collaboration de l?équipe de soigneurs sera importante, mais le
risque de contestation médiatique et judiciaire semble moindre, de même que le risque
financier.
[DEB] Proposer au Marineland de répartir les dauphins entre le
Jonian dolphin conservation sanctuary de Tarente, le Loro Parque et d?autres
delphinariums et assurer la facilitation des échanges entre les équipes pour la
réalisation des transferts.
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Rapport n° 015475-01
juin 2024
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Conclusion
Conçue initialement pour apporter une réponse en urgence face au risque de départ imminent
des orques du Marineland au Japon, la mission a été élargie et son calendrier détendu pour
permettre de rechercher la ou les meilleure(s) solution(s) pour le devenir des animaux,
prenant en compte leur bien-être, dans l?état actuel des connaissances mais également les
aspects économiques, juridiques et règlementaires, dans un contexte de très forte
médiatisation et de radicalisation des positions des différents acteurs.
Face à des positions très tranchées pour ou contre les « sanctuaires marins » (en réalité des
enclos dans des sites maritimes) comme réponse pour des animaux nés en captivité, la
mission, après avoir rencontré et entendu de nombreux acteurs et examiné la littérature
scientifique disponible sur la question, propose de tenter l?expérience des sanctuaires, mais
en tenant compte de l?absence de données objectives et scientifiquement étayées permettant
de conclure sur la base des quelques retours d?expériences passées.
Face à un mouvement sociétal fort contre le maintien en captivité des mammifères marins,
qui a trouvé sa traduction en France dans la loi de 2021, la question du devenir des animaux,
pour la plupart nés et élevés en captivité, et dont l?espérance de vie se chiffre en décennies,
va en effet se poser à l?avenir de manière de plus en plus aigüe. Dès lors, la question du
devenir des cétacés du Marineland (qui aurait dû être anticipée au moment du vote de la loi)
peut être vue comme la préfiguration d?une problématique plus générale qui va se poser à
l?avenir.
Dès lors, la mission s?est efforcée dans sa recherche de solution, à proposer plusieurs
niveaux de lecture : la recherche d?une ou plusieurs structure(s) d?accueil qui offrent les
meilleures garanties en termes d?infrastructures, de soins, et d?enrichissement de
l?environnement afin d?offrir une fin de vie la moins perturbante possible pour ces animaux
dotés d?un psychisme et de relations sociales très développés. A ce titre, le Loro Parque à
Ténérife apparaît comme la seconde option proposée et sans doute la plus opérationnelle.
La proposition privilégiée, face à la tendance à la fermeture des delphinariums dans
l?hémisphère occidental et à la difficulté qui se fait jour pour trouver des structures d?accueil
respectant les standards européens en matière de bien-être animal, est néanmoins de donner
une chance à l?option des sanctuaires. Si elle comporte une part de risque, cette option,
assortie d?un suivi scientifique par des experts reconnus, selon des protocoles validés par un
comité comprenant des spécialistes des cétacés captifs et sauvages, permettrait de faire
avancer les connaissances dans tous les domaines concernant la conservation des cétacés.
Avec cette approche, le Whale santuary project, en Nouvelle-Ecosse pour les orques et le
Jonian dolphin conservation sanctuary pour les grands dauphins, offrent les meilleures
garanties de succès, sous réserve d?une coopération indispensable avec le personnel du
Marineland et du suivi scientifique, déjà mentionnés.
Céline Couderc-Obert
Olivier Robinet
Inspectrice Inspecteur général
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Annexes
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Annexe 1. Lettre de mission
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Annexe 2. Liste des personnes rencontrées
Nom Prénom Organisme Fonction
METAYER Marie-Laure MTECT/DEB Adjointe directeur DEB
DEMOLIS Raphaël MTECT/DEB Chef bureau ET3 FSC
TERRAUBE Léa MTECT/DEB Chargée de mission
CIAMBELLI Marco MTECT/DEB Adjoint chef bureau ET4 CITES
CRANSAC Lise MTECT/DEB Chargée de mission CITES
AUBERT Anne MTECT/DAJ Adjointe sous-directeur environnement
GOUPILLIER Corentin MTECT/DAJ Chef de bureau
LHOTE Catherine IGEDD Inspectrice générale
DOMBREVAL Loïc IGEDD Ancien député, rapporteur de la loi de 2021
LE COZ Christian IGEDD Inspectrice générale
HUET Brice Cabinet SEMB Directeur de cabinet
KORYSKO François Cabinet SEB Ex Conseiller biodiversité
LEHOUCK Marie Cabinet SEMB Conseillère biodiversité
GIRARDO Claudine Ambassade de France au Japon Conseillère agricole et sanitaire
PERDREAU Jérôme Ambassade de France au Japon Service économique
ISODA Ryoko Ambassade de France au Japon Service économique
SEMICHON Carole Ambassade de France au Canada Conseillère développement durable
GENEY Jean-Claude Sous-préfecture de Grasse Sous-préfet
FOREST Sébastien DREAL PACA Directeur
SOUAN Hélène DREAL PACA Cheffe de service nature
FAJARDI Véronique DDTM 06 Directrice départementale
GRASSIN Anaïs DDTM 06 Cheffe de service santé animale
PUBLIÉ
Rapport n° 015475-01
juin 2024
Mission d?exploration des différentes options relatives au devenir des cétacés du
Marineland d?Antibes
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Nom Prénom Organisme Fonction
DESSAINT Romuald Commissariat d?Antibes Brigadier-chef de police
TAILLANDIER Valentin Tribunal de Grasse Substitut du procureur TJ
ROOSE Caroline Parlement UE Députée européenne
HUGNET Christophe Cabinet vétérinaire Vétérinaire expert de justice
LEONETTI Jean Mairie d?Antibes Maire et président de Sofia Antipolis
PICOT Pascal Marineland d?Antibes Directeur
CHOUX Bénédicte Marineland d?Antibes Coordinatrice juridique
SCALA Christopher Marineland d?Antibes Vétérinaire
MONTAY Damien Marineland d?Antibes Directeur zoologique
CHAPERON Katia Marineland d?Antibes Capacitaire cétacés et responsable soigneurs
BÖYE Martin
Association européenne pour les mammifères
aquatiques (EAAM) Président. Responsable scientifique Planète Sauvage,
DELORD Rodolphe
Association française des parcs zoologiques
(AFDPZ) Président AFDPZ et président du Parc de Beauval
ERNY Cécile Association française des parcs zoologiques Directrice de l?AFDPZ
KIESSLING Christoph Loro Parque (Espagne) Vice-président
ALMUNIA Javier Loro Parque fundacion Directeur, vétérinaire spécialiste des mammifères marins
GRANDJEAN Christine C'est assez Présidente, membre du CNCFS
WATSON Paul Sea shepherd conservation society Président
ESSEMLALI Lamya Sea shepherd France Présidente
FOURRE Maya Sea shepherd France Membre, MGH Partners
CHABAN-DELMAS Guillaume Sea shepherd France Avocat MGH partners
VESSER Ingrid Sea shepherd spécialiste des cétacés
ARNAL Muriel One Voice Présidente
VINICK Charles Whale Sanctuary project (New Scotland, Canada) Directeur exécutif
MARAYNES Matt Whale Sanctuary project Membre
PUBLIÉ
Rapport n° 015475-01
juin 2024
Mission d?exploration des différentes options relatives au devenir des cétacés du
Marineland d?Antibes
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Nom Prénom Organisme Fonction
MARINO Lori Whale Sanctuary project Spécialiste des cétacés
FANIZZA Carmelo Jonian dolphin conservation sanctuary (Italie) Directeur du projet
CLEMENT Nicola Jonian dolphin conservation sanctuary Coordinateur des activités de recherche
BARNABA Monica Jonian dolphin conservation sanctuary Vétérinaire
CATAPANO Guisepe Jonian dolphin conservation sanctuary Soigneur, capacitaire mammifères marins
MONTASIO Helena Jonian dolphin conservation sanctuary membre
MILIOU Anastasia Archipelago Institute (Grèce) Responsable du projet Lipsi
RINGUET Christine Tilikum spirit présidente
VAN DICK Catherine Tilikum spirit membre
GILBERT Frédérique Cetacea présidente
LE BOUETTE Laurent Artefact Architecte du projet Cetacea
CHEYENNE Frédérique Sibylline Océans Présidente, vétérinaire
GUINET Christophe CNRS CEB Chizé Chercheur, expert sur les orques
DELFOUR Fabienne Vétérinaire enseignante à l?ENVT Vétérinaire, éthologue, experte des grands dauphins
LUSSEAU David Institut national des ressource aquatiques, (DK) professeur de durabilité marine, expert cétacés
TIXIER Paul IRD Marseille Chercheur sur l?écologie des orques
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Rapport n° 015475-01
juin 2024
Mission d?exploration des différentes options relatives au devenir des cétacés du
Marineland d?Antibes
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Annexe 3. Questionnaire de l?appel à manifestation d?intérêt
L?AMI pour le projet de sanctuaire pour l?accueil des deux spécimens d?orques hébergés au Marineland d?Antibes répondait à plusieurs objectifs :
? Mettre fin à la détention en captivité des orques, en conformité avec la loi française. Les manifestations d?intérêt devront proposer une solution,
viable tant sur le plan économique qu?environnemental et respectueuse du bien-être animal.
? Examiner la faisabilité technique et financière d?un enclos marin permettant d?accueillir les deux orques du Marineland en France ou à l?étranger :
prise en compte des contraintes techniques, réglementaires et géographiques et analyse financière de la structure proposée, qui devra fournir des
garanties de soutenabilité.
? Garantir le respect du bien-être animal et conduire une démarche scientifique reproductible utile à l?accueil d?autres cétacés captifs et/ou à leur
préservation en milieu naturel.
L?appel à manifestations d?intérêt était ouvert à toute organisation non gouvernementale et/ou établissement public de recherche intéressé, en France ou
à l?étranger.
Les responsables du projet devaient pouvoir justifier des conditions biologiques, techniques, réglementaires et financières du déplacement des cétacés en
enclos marin. La structure d?accueil sur un site naturel en bord de mer devrait être compatible avec les impératifs de bien-être de spécimens nés en captivité
A cette fin, les pièces suivantes étaient requises :
? localisation géographique exacte et justification du choix du site : topographie, sécurité, accès, voisinage, occupation humaine, acceptabilité locale,
prévention d?éventuels conflits d?usage, aspects fonciers (propriété, location ou mise à disposition de terrains), qualité de l?environnement (études
et analyses relatives à la qualité et à la température de l?eau, environnement sonore sous-marin), possibilité de clôture, protection par rapport aux
courants et intempéries,
? étude de faisabilité réglementaire et administrative (réglementation concernant la protection du littoral le cas échéant) : services compétents, état
des autorisations nécessaires,
? modèle de financement sur une durée minimale de dix ans, présentant un budget prévisionnel (recettes et dépenses) :
o partenariat ou mécénat, recueil de dons, activité d?accueil du public à distance (sites d?observation à terre), soutiens publics,
o construction, maintenance et fonctionnement des infrastructures, rémunération du personnel permanent, alimentation, soins vétérinaires,
matériel d?enrichissement,
o gouvernance exécutive et opérationnelle du projet et, si disponible, liste nominative et qualifications du personnel permanent, mentionnant
son expérience en matière de cétacés captifs, de relâcher dans la nature ou de sanctuaire : directeur, vétérinaire, titulaire du certificat de
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Rapport n° 015475-01
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capacité, soigneurs, autres personnels administratifs et techniques. L?équipe devra comporter des compétences en biologie et
comportement des cétacés ainsi qu?en ingénierie en structures maritimes,
o partenaires scientifiques du projet (universités, instituts de recherche) et, si disponible, liste nominative des chercheurs et doctorants
impliqués ainsi que leurs principales publications scientifiques et projets de recherche envisagés. Un comité scientifique de suivi du projet
sera mis en place avec une évaluation en continu et une communication publique des résultats obtenus au bout de deux, cinq et dix ans
après réception des animaux,
o description détaillée des installations, comprenant enclos, bassins d?acclimatation et de quarantaine (dimensions en surface et profondeur),
centre de soins vétérinaires (conforme à la règlementation en vigueur) et équipements (balance pour les pesées, hébergement du personnel,
accueil éventuel du public, etc.),
o fonctionnement : suivi des paramètres du milieu, vidéosurveillance, rotation du personnel, astreintes, identification des risques en termes
de sécurité du personnel et des animaux, de météorologie et de santé et procédures de prévention et de gestion de ces risques, etc.
o alimentation prévue : fournisseurs, quantité et qualité, dispositifs de stockage,
o interactions humaines prévues afin de faciliter l?habituation au nouvel environnement (séances de jeu et d?entraînement),
o soins vétérinaires (dentaires notamment, supplémentation alimentaire?),
o modalités de maîtrise de la reproduction (contraception chimique, séparation des animaux),
o procédure de transfert aérien et d?acclimatation en collaboration avec le Marineland.
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Annexe 4. Comparaison des principaux scénarios étudiés pour les orques
Lieu de
destination
Kobe Suma Seaworld
(Kobe Japon)
Loro Parque zoo (Tenerife
Espagne)
Sanctuaire de Sea Shepherd
(Bretagne)
Sanctuaire de WSP (Nouvelle
Ecosse, Canada)
Description
du projet
Un contrat a été signé le 23
octobre 2023 entre la
compagnie japonaise
Granvista Hôtels & resorts qui
porte le projet de KSSW et
Marineland SAS pour le don
de deux orques et le prêt des
deux autres dans un but de
reproduction (historiquement
pratiquée par le Kamogawa
seaworld appartenant au
même groupe), d?éducation du
public et de recherche
scientifique sur le
comportement animal (deux
des 4 animaux sont décédés
depuis). Ce dernier s?engage à
appliquer la règlementation
CITES et de bien-être animal
selon les normes
internationales (NB : pas de
réglementation internationale
ni japonaise sur le bien-être de
ces espèces en captivité).
Pour cela des installations
destinées à accueillir les
orques ont été construits selon
les meilleurs standards25.
Le Loro Parque détient des
orques depuis 2006. Il possède
actuellement 4 orques (3 mâles et
1 femelle) dans ses installations.
Le Parc avait initialement dit ne
pas pouvoir accueillir les orques
du Marineland, faute de place
mais se dit prêt à les accueillir
maintenant qu?ils ne sont plus que
deux.
L?association Sea Shepherd France
propose, avec le soutien notamment
financier de Sea Shepherd
international, de créer un sanctuaire
marin dans la partie sud de la rade de
Brest sur la commune de Lanvéoc, à
proximité de l?île Longue qui héberge la
flotte de sous-marins nucléaires
stratégiques français. La proximité de
ces installations est considérée par les
promoteurs comme un atout compte
tenu de la maîtrise foncière et des
restrictions de navigation et de survol
du site.
Porté par l?ONG nord-américaine The
Whale Sanctuary Project (WSP), le projet
situé à Port Hilford, en Nouvelle Ecosse
prévoit un sanctuaire de 40ha en zone
côtière avec des infrastructures à terre en
partie existantes. L?ONG dit avoir
prospecté plus de 130 sites avant de
choisir celui-ci pour ses caractéristiques
physiques de protection contre les
tempêtes, de facilités à terre et
d?absence de dérangements. De
nombreuses études ont été réalisées
pour préciser la faisabilité et le design du
sanctuaire basé sur les expériences et
les leçons y compris infructueuses
passées et notamment le relâcher en
Islande de l?orque Keiko, auquel un des
responsables du projet a participé, ainsi
que le refuge islandais qui a recueilli 2
bélugas en 2019 (avec des résultats
décevants à ce jour).
25 Non définis mais l?AFDPZ souligne que le parc est membre de l?association mondiale WAZA, gage de partenariat avec l?UICN et de respect de lignes directrices strictes ? à noter
toutefois qu?il ne figure pas sur la carte des membres, au contraire du zoo de Nagoya qui détient également des orques (https://www.waza.org/members/find-a-waza-zoo-or-aquarium)
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https://www.waza.org/members/find-a-waza-zoo-or-aquarium
Rapport n° 015475-01
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Etat
d?avancement
Le parc a ouvert ses portes
officiellement le 1er juin avec 2
orques provenant d?autres
parcs japonais et peuvent
accueillir les orques du
Marineland dans les prochains
mois.
Le management du Loro Parque
se dit prêt à accueillir les deux
orques du Marineland dans ses
installations existantes, sans la
nécessité d?aménagements ou
d?investissement supplémentaire
Le projet est à un stade très
préliminaire : aucune étude de terrain ni
demande d?autorisation n?a pour l?heure
été réalisée pour connaitre les
caractéristiques du site et la qualité des
eaux ni consultation des élus locaux et
autorités militaires sur le projet.
Les études sur les paramètres du site et
du design des installations ainsi que le
budget global du projet ont été réalisées.
L?accord de l?administration des
ressources naturelles de Nouvelle
Ecosse est attendu après des contacts
informels positifs.
Un devis pour un enclos flottant, ancré au
fond, de dimensions 110m*50m, à partir
d?un modèle conçu pour l?élevage des
saumons et adapté aux orques a été
réalisé, ainsi que toutes les installations
nécessaires pour la mise en place du
projet.
Délais de
réalisation
Les installations sont
opérationnelles (le transfert
des orques était initialement
prévu mi-mars 2024).
Dès l?automne 2024. Le temps de
recueillir l?aval de Marineland
(négociation à envisager pour
partage des frais de transport et
reprise d?une partie de l?effectif de
dauphins) et d?organiser la
procédure de départ et
d?acclimatation.
L?association estime qu?elle pourrait
accueillir les animaux dans un délai
d?un an sous réserve que le ministère
indique son intérêt pour le projet,
d?abord dans un parc d?habituation de
dimensions plus réduites, avant de
créer un enclos aux dimensions
définitives.
Les porteurs du projet se disent prêts à
accueillir les orques au premier semestre
2025, sous réserve que l?Etat français
apporte son soutien officiel au projet.
Etat des
financements
Le groupe Granvista
propriétaire du Kamogawa
Seaworld qui abrite des
orques depuis plusieurs
années a la surface financière
pour financer le projet et ses
développements futurs sur le
nouveau site de Kobe.
Avec une fréquentation annuelle
avoisinant le million de visiteurs,
le Loro Parque possède la surface
financière suffisante pour
supporter les coûts additionnels
de l?entretien de deux orques
supplémentaires.
L?ONG Sea Shepherd a une renommée
mondiale dans sa lutte contre la chasse
à la baleine et forte de ses campagnes
précédentes et du soutien de
personnalités médiatiques, elle
considère ne pas avoir de difficultés à
réunir les fonds pour financer les
installations, à partir du moment où le
projet sera officiellement soutenu par le
ministère.
Sur la base des expériences passées de
sanctuaires, le WSP dit ne pas avoir de
difficultés à collecter le budget
nécessaire. Sur un total de 18M USD
prévus pour le projet, le WSP en a
collecté la moitié et de nombreux
sponsors ont indiqué leur volonté de
contribuer une fois l?assurance que les
orques seront bien destinés au projet,
permettant de sécuriser le financement
initial.
Bien-être
animal
Le maintien de la cellule
familiale composée de la
femelle, et de son fils constitue
un élément essentiel. La
Le parc est membre de
l'Association européenne des
zoos et aquariums et participe à
des programmes européens pour
Le projet est porté par une biologiste
cétologue qui a accompagné de
nombreux projets de refuges. Le
transfert dans un site marin constitue
Le déplacement des animaux sur une
longue distance constitue un stress,
même si les expériences passées ont
montré que réalisée dans les règles de
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Rapport n° 015475-01
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Mission d?exploration des différentes options relatives au devenir des cétacés du
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cellule serait a priori
maintenue mais la
participation à un programme
de reproduction avec le parc
de Kamogawa ne garantit pas
que des échanges d?animaux
ne soient pas réalisés entre
les deux parcs.
Les installations ultra
modernes constituent une
amélioration par rapport aux
installations actuelles
vieillissantes du Marineland.
Ce dernier met en avant les
performances de filtration et
de qualité de l?eau et
l?implication de l?équipe de
soigneurs.
En revanche la taille des
bassins est bien inférieure au
KSSW (au total 8400 m3 dont
3500 m3 pour le bassin
principal contre 44000 m3 dont
17000 m3 respectivement pour
le Marineland).
Par ailleurs, le transport par
avion-cargo sur une longue
distance constitue
indéniablement un stress.
les espèces menacées.
L?installation pour les orques est
composée de quatre bassins
interconnectés d?un volume global
de 21 150 m3 avec une
profondeur maximale de 12m pour
le bassin principal et 8m pour les
autres. Les installations ont été
conçues pour minimiser les
surfaces contondantes et favoriser
une hygiène maximale. Le
système de filtration triple permet
un renouvellement quotidien de
20% de l?eau. Par ailleurs un
système de réfrigération de l?eau
permet de maintenir celle-ci
autour de 13°c, température
recommandée par les experts.
Selon les experts interrogés
l?intégration de Wikie et Keijo dans
le groupe ne semble pas poser de
problème compte tenu de la
structure sociale matriarcale. Il est
même envisagé de faire
reproduire Wikie.
Le personnel est réputé
hautement qualifié et
expérimenté.
Le temps de transport par avion
est court et le Parc proche de
l?aéroport international pouvant
accueillir des gros porteurs. Par
ailleurs, la proximité entre les
deux sites facilitera le contact
avec les soigneurs après l?arrivée
des animaux voir leur
en revanche un changement important
de leur environnement pour des
animaux décrits dans la nature et en
captivité comme routiniers et
néophobes. Toutefois, les expériences
précédentes ont montré qu?avec un
élargissement progressif du parc les
orques investissaient rapidement la
totalité de celui-ci.
En revanche le lâcher dans un enclos
de grandes dimensions rend plus
compliqué l?observation et les
manipulations, l?éventuelle séparation
des individus agressifs ou malades et
les soins.
Par ailleurs en absence d?analyses sur
la qualité de l?eau sur le site, les
données disponibles en ligne26
montrent un taux de pollution important
(pesticides, métaux lourds, antifouling,
contamination microbiologique et
eutrophisation du milieu) dans la rade
de Brest qui n?est ouverte sur l?océan
que par un goulet de 1,5 km. Par
ailleurs la présence de la flotte de la
marine nationale, de pêche et de
plaisance et la base aéronavale de
Lanvéoc à proximité constituent des
sources de pollution sonore qu?il reste à
évaluer.
La température dans la rade de Brest,
comprise entre 9 et 18°C est assez
proche de celle du Marineland (10-
21°C)
Dans tous les cas une pleine
collaboration avec les équipes de
l?art, et sur des animaux sains le
transport ne constituait pas un risque
démesuré.
Le transfert dans un site marin constitue
en revanche un changement important
de leur environnement pour des animaux
décrits dans la nature et en captivité
comme routiniers et néophobes.
Toutefois, les expériences précédentes
ont montré qu?avec un élargissement
progressif du parc les orques
investissaient rapidement la totalité de
celui-ci.
En revanche le lâcher dans un enclos de
grandes dimensions rend plus compliqué
l?observation et les manipulations,
l?éventuelle séparation des individus
agressifs ou malades et les soins.
Des interrogations sur la qualité des eaux
qui pourraient avoir été contaminées par
l?arsenic provenant d?une ancienne mine
d?or mais les analyses récentes ont
montré que la colonne d?eau était
indemne.
Un autre aspect concerne la température
de l?eau qui varie de 0°C en janvier à
19°C en août qui est a priori compatible
avec la physiologie de orques mais
nécessitera une habituation en préalable
au départ et un relâcher au printemps ou
en été.
Dans tous les cas une pleine
collaboration avec les équipes de
soigneurs du Marineland avant et après
le transfert est un élément essentiel de
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Rapport n° 015475-01
juin 2024
Mission d?exploration des différentes options relatives au devenir des cétacés du
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recrutement, facilitant leur
adaptation à leur nouvel
environnement.
soigneurs du Marineland avant et après
le transfert est un élément essentiel de
bien-être pour les animaux.
bien-être pour les animaux.
Faisabilité du
transfert
Le Marineland s?est entouré
des meilleurs experts
internationaux pour préparer
le transport des animaux en
termes de conditionnement
et d?habituation à la
contention, de conception
des containers et des
nacelles. Des exercices de
simulation ont été effectués.
Les frais engagés sont
importants.
Par ailleurs des transports
d?orques sur des distances
équivalentes ont déjà eu lieu
dans le passé et n?ont pas
occasionné de mortalité.
Le transfert avec un
conditionnement similaire à celui
pour KKSW ne pose pas de
problèmes particuliers.
Si cette option était retenue, il
resterait à convenir du partage
des coûts entre les deux parcs.
Le choix du site avec un aéroport
militaire à proximité immédiate et la
faible distance de vol est a priori un
atout par rapport aux autres options de
déplacement.
Le Marineland s?est entouré des
meilleurs experts internationaux pour
préparer le transport des animaux en
termes de conditionnement et
d?habituation à la contention, de
conception des containers et des
nacelles. Des exercices de simulation ont
été effectués.
Par ailleurs des transports d?orques sur
des distances équivalentes ont déjà eu
lieu dans le passé et n?ont pas
occasionné de mortalité.
L?investissement déjà engagé sur ce
sujet serait utile dans le cas d?un transfert
vers le Canada.
Acceptabilité:
- grand public
- ONG
- Marineland
L?acceptabilité par le grand
public et les ONG est très
faible, ces dernières
estimant que le transfert vers
le Japon entrainera une
dégradation des conditions
de bien-être pour les
animaux et va à l?encontre
de l?esprit de la loi de 2021.
A priori cette solution fait
l?unanimité contre elle du
point de vue des ONG.
A l?opposé le Marineland et
la communauté des parcs
zoologiques considèrent que
Si l?acceptabilité du grand public
et des ONG sera meilleure que
pour un transfert vers le Japon,
s?agissant d?un pays membre de
l?UE, ce projet ne fera pas taire les
critiques sur le dévoiement de
l?esprit de la loi. En revanche la
solution peut apparaître comme la
meilleure à la direction du
Marineland
L?idée d?assurer une fin de vie dans un
cadre naturel aux trois orques du
Marineland est perçue positivement par
le grand public a fortiori si les animaux
restent sur le territoire national.
Toutefois, les ONG de protection
animale risquent de s?y opposer,
compte tenu de l?impréparation du
projet, des incertitudes sur sa viabilité
financière. Par ailleurs, le projet, situé
dans une zone très fréquentée ne
laisse rien présager de l?accueil qui
sera réservé à celui-ci par certains
acteurs (pêcheurs, Marine nationale,
voire agriculteurs, riverains, élus
L?idée d?assurer une fin de vie dans un
cadre naturel aux trois orques du
Marineland est perçue positivement par
le grand public et les ONG (One Voice).
Toutefois certaines d?entre elles
considèrent qu?il serait préférable de
laisser les animaux au Marineland (C?est
assez) ou qu?il faudrait privilégier un site
en France (Sea Shepherd).
Le Marineland et l?AFDPZ sont opposés
à tout projet de sanctuaire pour des
raisons de bien-être animal (difficulté à
contrôler l?environnement), de délais de
mise en oeuvre, et par principe
(considéré comme une victoire des
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Rapport n° 015475-01
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Mission d?exploration des différentes options relatives au devenir des cétacés du
Marineland d?Antibes
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- autres
acteurs
c?est la seule solution qui
offre toutes les garanties
pour le bien-être des
animaux et le futur
économique du Marineland.
locaux, etc.) sur d?éventuelles
restrictions d?usage et contraintes
réglementaires.
opposants aux parcs zoologiques qui se
sentiront confortés dans leur campagne).
Sécurité
juridique
La délivrance par le
ministère d?un permis CITES
(qui ne prend pas en compte
les aspects liés au bien-être
animal) sur la base
d?animaux d?une espèce
inscrite à l?annexe II (A du
règlement européen), nés et
élevés en captivité, est a
priori juridiquement assez
solide sous réserve de la
constitution par Marineland
d?un dossier complet, même
si elle ne manquera pas
d?être contestée par les
ONG. Ces dernières
pourraient également
contester le certificat
sanitaire des animaux et le
fait qu?ils soient aptes au
transport, compte tenu de
leurs antécédents sanitaires.
S?agissant d?un transfert intra
européen, le déplacement des
orques ne nécessite pas de
permis CITES. Seul le certificat
sanitaire délivré par la DDPP est
nécessaire.
Il apparait donc difficile en
l?absence d?accord avec le
Marineland de s?opposer à un tel
transfert sans s?exposer à des
recours juridiques. En revanche,
les ONG pourraient contester le
certificat sanitaire des animaux et
le fait qu?ils soient aptes au
transport, compte tenu de leurs
antécédents sanitaires
Sauf si cette option est retenue d?un
commun accord avec le Marineland
(qui y est a priori opposé), elle
nécessitera un refus de délivrance d?un
permis CITES juridiquement
contestable (voir supra) et/ou de
certificat sanitaire, pour des raisons
d?état de santé des animaux qui ne
permet pas de garantir leur transport de
façon à minimiser les risques de blessure,
de maladie ou de traitement rigoureux.
Toutefois, la proximité du site du
sanctuaire et sa situation sur le
territoire national qui dispense de
délivrance de permis CITES constituent
un atout par rapport au projet de
sanctuaire en Nouvelle Ecosse.
Sauf si cette option est retenue d?un
commun accord avec le Marineland (qui
y est a priori opposé), elle nécessitera un
refus de délivrance d?un permis CITES
juridiquement contestable (voir supra)
et/ou de certificat sanitaire, pour des
raisons d?état de santé des animaux qui
ne permet pas de garantir leur transport
de façon à minimiser les risques de
blessure, de maladie ou de traitement
rigoureux.
Si tel est le cas il sera difficile de justifier
que ces conditions soient remplies pour
une expédition en Nouvelle Ecosse, sauf
à différer le départ.
Calendrier de
mise en oeuvre
Le Marineland disait avoir
réservé un créneau pour un
avion-cargo à la mi-mars.
Toutefois aucune demande
de permis CITES n?a pour
l?heure été transmise à la
DREAL. Par ailleurs lors d?un
jugement en référé de la
cour d?appel d?Aix, interdit le
déplacement des animaux
sous peine d?astreintes
Il apparait que le transfert vers le
Loro Parque dès l?automne est la
solution qui offre les meilleures
perspectives en termes de
faisabilité et de délais.
A ce stade il n?est pas fourni de
calendrier.
La candidature de Sea Shepherd à un
appel d?offre de la DEB de faisabilité
d?un parc marin, d?une durée de 6 mois
avant une décision concernant l?enclos
en territoire français rend peu réaliste le
délai d?un an pour le transfert des
animaux, qui ne pourraient être
déplacés au mieux qu?à l?été 2025.
Un calendrier de développement du
projet a été transmis à la mission, qui lui
semble réaliste, et qui permet
d?envisager un déplacement des animaux
dès le début 2025. Toutefois, la
température de l?eau sur le site pourrait
conduire à différer le transfert au
printemps.
PUBLIÉ
Rapport n° 015475-01
juin 2024
Mission d?exploration des différentes options relatives au devenir des cétacés du
Marineland d?Antibes
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jusqu?à la remise du rapport
des experts (prévu au plus
tôt en avril mais
probablement plus tard).
Commentaires A l?occasion d?un échange le
29/02, le Marineland dit
attendre la remise du rapport
des deux experts avant de
programmer un nouveau
transfert des orques compte
tenu des frais de réservation
perdus en cas de report. Par
ailleurs, le KSSW qui ouvre
au public à l?été 2024 dit ne
pas pouvoir accueillir les
orques du Marineland au-
delà de décembre. Ce report
du projet permet
d?approfondir les différentes
options avant une prise de
décision et de rechercher
une solution la plus
consensuelle entre les
principaux acteurs.
Exclue initialement faute de
capacités d?accueil de 4 individus,
l?opportunité de transfert de Wikie
et Keijo au Loro Parque, constitue
une alternative crédible en termes
de faisabilité, de viabilité
financière, et de bien-être animal
en minimisant les changements
d?environnement. Il reste que
cette option fera l?objet de vives
critiques de la part des
associations.
Malgré un volontarisme certain de ses
promoteurs, et son caractère national,
le projet souffre à ce stade de
nombreuses incertitudes concernant le
choix du site et son adéquation pour
héberger les orques, des autorisations
nécessaires et l?accueil de la population
et des acteurs concernés.
Les estimations financières concernant
l?entretien des orques apparaissent
sous-évaluées.
Enfin l?ONG se pose en prestataire d?un
projet porté par l?Etat, qui devra en
assumer toutes les conséquences
financières pour sa mise en place
(même si Sea Shepherd assure avoir
les financements) mais surtout pour sa
viabilité de long terme. Cette implication
financière du MTECT peut soulever des
critiques dans un climat social
compliqué avec les acteurs
économiques mais aussi avec les
acteurs de l?environnement, si ces
financements viennent en substitution
de crédits pour la conservation in-situ
(la question de la préservation des
populations de cétacés ? capture
accidentelle, interactions avec les
bateaux générant des tirs? ? se
posant déjà de manière aigüe en
France et en Europe).
S?il reste encore quelques autorisations
et formalités à remplir, le projet qui a été
préparé depuis plusieurs années apparaît
présenter de meilleures garanties de
succès.
L?équipe a été impliquée dans la plupart
des projets précédents de sanctuaires et
est entourée d?une équipe scientifique
reconnue.
Par ailleurs, la prise en charge du projet
par l?ONG, qui est soutenue par des
fondations philanthropiques qui
possèdent de gros moyens lève le risque
de devoir contribuer aux coûts récurrents
projet.
L?impact en termes d?image du choix de
ce site plutôt que celui en France est
difficile à évaluer à l?image des positions
divergentes des ONG.
Le choix d?une solution à l?étranger
comporte des contraintes logistiques et
en termes de bien-être et la nécessité
d?une pleine coopération avec les
autorités locales.
En revanche la soutenabilité financière et
la garantie que l?Etat français ne sera pas
mis à contribution et n?aura pas à mener
des concertations locales dans un climat
social tendu, constituent des avantages
indéniables.
PUBLIÉ
Rapport n° 015475-01
juin 2024
Mission d?exploration des différentes options relatives au devenir des cétacés du
Marineland d?Antibes
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Annexe 5. Glossaire des sigles et acronymes
Acronyme Signification
AFDPZ
AMI
CE
CGEDD
CITES
DAJ
DDPP
DEB
DREAL
EAAM
EAZA
EEP
IGEDD
KSSW
MTECT
ONG
PACA
SEMB
UE
WAZA
WSP
Association française des parcs zoologiques
Appel à manifestation d'intérêt
Code de l'environnement
Conseil général de l'environnement et du développement durable (devenu IGEDD)
Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore menacés d'extinction (Convention de Washington)
Direction des affaires juridiques
Direction départementale de protection des populations
Direction de l'eau et de la biodiversité
Direction régionale de l'environnement de l'aménagement et du logement
Association européenne pour les mammifères aquatiques
Association européenne des zoo et des aquarium
programme européen de reproduction en captivité des espèces menacées (grand dauphin)
Inspection générale de l'environnement et du développement durable
Kobe Suma Sea World
Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires
organisation non gouvernementale
Région Provence Alpes Côte d'Azur
Secrétariat d?Etat à la Mer et la Biodiversité
Union européenne
Association mondiale des parcs zoologiques
The Whale sanctuary project
PUBLIÉ
Site internet de l?IGEDD :
« Les rapports de l?inspection »
PUBLIÉ
https://www.igedd.developpement-durable.gouv.fr/spip.php?page=liste-actualites&lang=fr&id_mot=1187&debut_rub_actus=0
https://www.igedd.developpement-durable.gouv.fr/spip.php?page=liste-actualites&lang=fr&id_mot=1187&debut_rub_actus=0
Sommaire
Résumé
Liste des recommandations
Introduction
1 Rappel sur le contexte et la commande
1.1 La loi n 2021-1539 de 2021 prévoit la fermeture à terme des établissements détenant des cétacés
1.2 Une commande initiale modifiée dans ses délais par le calendrier judiciaire
1.3 Situation au Marineland
1.3.1 Des animaux nés pour la majorité en captivité ou détenus depuis de nombreuses années
1.3.2 Un delphinarium voué à la fermeture
1.3.2.1 Historique économique et géographie du site
1.3.2.2 Stratégie du groupe et projet de reconversion en parc de loisir
1.3.2.3 Attentes actuelles des élus
1.3.3 Un contexte contentieux médiatisé avec les associations
1.3.3.1 Pression médiatique et sociétale
1.3.3.2 Procédures administratives et judiciaires passées et en cours
1.4 Considérations juridiques concernant le positionnement du MTECT
2 Les différentes options étudiées par la mission
2.1 Rappel sur les définitions
2.1.1 Les parcs aquatiques
2.1.2 Les refuges ou sanctuaires pour animaux sauvages captifs
2.1.3 Les sanctuaires marins
2.2 L?appel à manifestations d?intérêt sur les sanctuaires :
2.2.1 Le questionnaire, les modalités et critères d?évaluation
2.2.2 Résultats de l?AMI concernant les sanctuaires
2.2.2.1 Projet Cetacea
2.2.2.2 Tilikum?s spirit project
2.2.2.3 Projet Sibylline océans
2.2.2.4 Projet Sea Shepherd
2.2.2.5 The Whale sanctuary project
2.3 L?accueil dans un autre delphinarium
2.3.1.1 Kobe Suma Sea World (Kobe, Japon)
2.3.1.2 Loro Parque (Tenerife, Espagne)
2.4 Cas des grands dauphins du Marineland
2.4.1 L?Aegean Marine Life Sanctuary de Lipsi (Grèce)
2.4.2 Le Jonian dolphin conservation sanctuary (Tarente, Italie)
2.4.3 Les autres sites d?accueil des grands dauphins
2.5 Synthèse sur les différentes options
3 Recommandations concernant l?avenir des cétacés du Marineland
3.1 Principes généraux
3.1.1 S?assurer de la pleine collaboration du Marineland avant et si possible après le transfert
3.1.2 S?assurer du maintien des lien sociaux essentiels entre les individus
3.1.3 Assurer un suivi scientifique des animaux après leur transfert.
3.1.4 Assurer un positionnement du Ministère prenant en compte les conséquences juridiques et financières
3.2 Propositions concernant les deux orques
3.3 Propositions concernant les grands dauphins
Conclusion
Annexes
Annexe 1. Lettre de mission
Annexe 2. Liste des personnes rencontrées
Annexe 3. Questionnaire de l?appel à manifestation d?intérêt
Annexe 4. Comparaison des principaux scénarios étudiés pour les orques
Annexe 5. Glossaire des sigles et acronymes
INVALIDE) (ATTENTION: OPTION e Loro Parque, et la préparation, selon une
procédure bien rodée dans le milieu de la captivité, des animaux et des équipes. Ce
choix déclenchera probablement réactions médiatiques et actions judiciaires de la
part des associations. La réaction du personnel n?est pas connue mais on peut
espérer qu?ils s?associeront aux préparatifs et aux suites du transfert dans l?intérêt
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Rapport n° 015475-01
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des animaux. Le risque diplomatique semble néanmoins limité compte tenu des
arguments que peut aisément invoquer le gouvernement français (distance, exigüité
des bassins, accueil à Kobe de deux orques supplémentaires déjà annoncé sur
Internet). Si la demande de permis d?exportation vers le Japon est malgré tout
déposée, un refus semble défendable au titre du doute légitime quant à l?objectif non
principal commercial du Kobe Suma Sea World.
[DEB] Proposer au Marineland d?initier une collaboration des
équipes avec le WSP afin d?examiner la faisabilité d?un transfert effectif vers le
sanctuaire dans les mois qui viennent, et démarrer en parallèle une discussion avec le
Loro Parque sur l?avenir des animaux.
3.3 Propositions concernant les grands dauphins
La mission n?a pas disposé du temps nécessaire pour explorer toutes les possibilités d?accueil
en parc zoologique européen de cette espèce. Une seule proposition est donc formulée, à
charge pour le Marineland de trouver une destination pour les animaux non pris en charge (à
noter que la direction du parc a évoqué la possibilité d?un hébergement au moins temporaire
dans différents parcs espagnols) : celle de permettre qu?au moins une petite partie de l?effectif
(2 à 4 spécimens, en deux transferts échelonnés dans le temps) puisse être accueillie dans
un sanctuaire. Le projet grec (Lipsi) n?ayant pas donné suite aux sollicitations de la mission,
la Jonian Dolphin Conservation semble la seule ONG à vocation scientifique et pédagogique
capable aujourd?hui de finaliser un lieu d?accueil dans les délais requis. Comme pour le WSP,
cette proposition comporte une part de risque d?échec et devra être encadrée et évaluée
scientifiquement.
En ce qui concerne les autres animaux, l?option Loro Parque pour les orques a l?avantage
d?offrir une solution pour 3 à 4 dauphins que le parc serait prêt à accueillir (pas de certitude
à l?inverse en l?absence d?accord sur les orques). Il ne resterait donc dans cette hypothèse
que 4 dauphins à héberger dans une autre structure.
Comme pour les orques, la collaboration de l?équipe de soigneurs sera importante, mais le
risque de contestation médiatique et judiciaire semble moindre, de même que le risque
financier.
[DEB] Proposer au Marineland de répartir les dauphins entre le
Jonian dolphin conservation sanctuary de Tarente, le Loro Parque et d?autres
delphinariums et assurer la facilitation des échanges entre les équipes pour la
réalisation des transferts.
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Rapport n° 015475-01
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Conclusion
Conçue initialement pour apporter une réponse en urgence face au risque de départ imminent
des orques du Marineland au Japon, la mission a été élargie et son calendrier détendu pour
permettre de rechercher la ou les meilleure(s) solution(s) pour le devenir des animaux,
prenant en compte leur bien-être, dans l?état actuel des connaissances mais également les
aspects économiques, juridiques et règlementaires, dans un contexte de très forte
médiatisation et de radicalisation des positions des différents acteurs.
Face à des positions très tranchées pour ou contre les « sanctuaires marins » (en réalité des
enclos dans des sites maritimes) comme réponse pour des animaux nés en captivité, la
mission, après avoir rencontré et entendu de nombreux acteurs et examiné la littérature
scientifique disponible sur la question, propose de tenter l?expérience des sanctuaires, mais
en tenant compte de l?absence de données objectives et scientifiquement étayées permettant
de conclure sur la base des quelques retours d?expériences passées.
Face à un mouvement sociétal fort contre le maintien en captivité des mammifères marins,
qui a trouvé sa traduction en France dans la loi de 2021, la question du devenir des animaux,
pour la plupart nés et élevés en captivité, et dont l?espérance de vie se chiffre en décennies,
va en effet se poser à l?avenir de manière de plus en plus aigüe. Dès lors, la question du
devenir des cétacés du Marineland (qui aurait dû être anticipée au moment du vote de la loi)
peut être vue comme la préfiguration d?une problématique plus générale qui va se poser à
l?avenir.
Dès lors, la mission s?est efforcée dans sa recherche de solution, à proposer plusieurs
niveaux de lecture : la recherche d?une ou plusieurs structure(s) d?accueil qui offrent les
meilleures garanties en termes d?infrastructures, de soins, et d?enrichissement de
l?environnement afin d?offrir une fin de vie la moins perturbante possible pour ces animaux
dotés d?un psychisme et de relations sociales très développés. A ce titre, le Loro Parque à
Ténérife apparaît comme la seconde option proposée et sans doute la plus opérationnelle.
La proposition privilégiée, face à la tendance à la fermeture des delphinariums dans
l?hémisphère occidental et à la difficulté qui se fait jour pour trouver des structures d?accueil
respectant les standards européens en matière de bien-être animal, est néanmoins de donner
une chance à l?option des sanctuaires. Si elle comporte une part de risque, cette option,
assortie d?un suivi scientifique par des experts reconnus, selon des protocoles validés par un
comité comprenant des spécialistes des cétacés captifs et sauvages, permettrait de faire
avancer les connaissances dans tous les domaines concernant la conservation des cétacés.
Avec cette approche, le Whale santuary project, en Nouvelle-Ecosse pour les orques et le
Jonian dolphin conservation sanctuary pour les grands dauphins, offrent les meilleures
garanties de succès, sous réserve d?une coopération indispensable avec le personnel du
Marineland et du suivi scientifique, déjà mentionnés.
Céline Couderc-Obert
Olivier Robinet
Inspectrice Inspecteur général
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Annexes
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Annexe 1. Lettre de mission
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Annexe 2. Liste des personnes rencontrées
Nom Prénom Organisme Fonction
METAYER Marie-Laure MTECT/DEB Adjointe directeur DEB
DEMOLIS Raphaël MTECT/DEB Chef bureau ET3 FSC
TERRAUBE Léa MTECT/DEB Chargée de mission
CIAMBELLI Marco MTECT/DEB Adjoint chef bureau ET4 CITES
CRANSAC Lise MTECT/DEB Chargée de mission CITES
AUBERT Anne MTECT/DAJ Adjointe sous-directeur environnement
GOUPILLIER Corentin MTECT/DAJ Chef de bureau
LHOTE Catherine IGEDD Inspectrice générale
DOMBREVAL Loïc IGEDD Ancien député, rapporteur de la loi de 2021
LE COZ Christian IGEDD Inspectrice générale
HUET Brice Cabinet SEMB Directeur de cabinet
KORYSKO François Cabinet SEB Ex Conseiller biodiversité
LEHOUCK Marie Cabinet SEMB Conseillère biodiversité
GIRARDO Claudine Ambassade de France au Japon Conseillère agricole et sanitaire
PERDREAU Jérôme Ambassade de France au Japon Service économique
ISODA Ryoko Ambassade de France au Japon Service économique
SEMICHON Carole Ambassade de France au Canada Conseillère développement durable
GENEY Jean-Claude Sous-préfecture de Grasse Sous-préfet
FOREST Sébastien DREAL PACA Directeur
SOUAN Hélène DREAL PACA Cheffe de service nature
FAJARDI Véronique DDTM 06 Directrice départementale
GRASSIN Anaïs DDTM 06 Cheffe de service santé animale
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Nom Prénom Organisme Fonction
DESSAINT Romuald Commissariat d?Antibes Brigadier-chef de police
TAILLANDIER Valentin Tribunal de Grasse Substitut du procureur TJ
ROOSE Caroline Parlement UE Députée européenne
HUGNET Christophe Cabinet vétérinaire Vétérinaire expert de justice
LEONETTI Jean Mairie d?Antibes Maire et président de Sofia Antipolis
PICOT Pascal Marineland d?Antibes Directeur
CHOUX Bénédicte Marineland d?Antibes Coordinatrice juridique
SCALA Christopher Marineland d?Antibes Vétérinaire
MONTAY Damien Marineland d?Antibes Directeur zoologique
CHAPERON Katia Marineland d?Antibes Capacitaire cétacés et responsable soigneurs
BÖYE Martin
Association européenne pour les mammifères
aquatiques (EAAM) Président. Responsable scientifique Planète Sauvage,
DELORD Rodolphe
Association française des parcs zoologiques
(AFDPZ) Président AFDPZ et président du Parc de Beauval
ERNY Cécile Association française des parcs zoologiques Directrice de l?AFDPZ
KIESSLING Christoph Loro Parque (Espagne) Vice-président
ALMUNIA Javier Loro Parque fundacion Directeur, vétérinaire spécialiste des mammifères marins
GRANDJEAN Christine C'est assez Présidente, membre du CNCFS
WATSON Paul Sea shepherd conservation society Président
ESSEMLALI Lamya Sea shepherd France Présidente
FOURRE Maya Sea shepherd France Membre, MGH Partners
CHABAN-DELMAS Guillaume Sea shepherd France Avocat MGH partners
VESSER Ingrid Sea shepherd spécialiste des cétacés
ARNAL Muriel One Voice Présidente
VINICK Charles Whale Sanctuary project (New Scotland, Canada) Directeur exécutif
MARAYNES Matt Whale Sanctuary project Membre
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Nom Prénom Organisme Fonction
MARINO Lori Whale Sanctuary project Spécialiste des cétacés
FANIZZA Carmelo Jonian dolphin conservation sanctuary (Italie) Directeur du projet
CLEMENT Nicola Jonian dolphin conservation sanctuary Coordinateur des activités de recherche
BARNABA Monica Jonian dolphin conservation sanctuary Vétérinaire
CATAPANO Guisepe Jonian dolphin conservation sanctuary Soigneur, capacitaire mammifères marins
MONTASIO Helena Jonian dolphin conservation sanctuary membre
MILIOU Anastasia Archipelago Institute (Grèce) Responsable du projet Lipsi
RINGUET Christine Tilikum spirit présidente
VAN DICK Catherine Tilikum spirit membre
GILBERT Frédérique Cetacea présidente
LE BOUETTE Laurent Artefact Architecte du projet Cetacea
CHEYENNE Frédérique Sibylline Océans Présidente, vétérinaire
GUINET Christophe CNRS CEB Chizé Chercheur, expert sur les orques
DELFOUR Fabienne Vétérinaire enseignante à l?ENVT Vétérinaire, éthologue, experte des grands dauphins
LUSSEAU David Institut national des ressource aquatiques, (DK) professeur de durabilité marine, expert cétacés
TIXIER Paul IRD Marseille Chercheur sur l?écologie des orques
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Annexe 3. Questionnaire de l?appel à manifestation d?intérêt
L?AMI pour le projet de sanctuaire pour l?accueil des deux spécimens d?orques hébergés au Marineland d?Antibes répondait à plusieurs objectifs :
? Mettre fin à la détention en captivité des orques, en conformité avec la loi française. Les manifestations d?intérêt devront proposer une solution,
viable tant sur le plan économique qu?environnemental et respectueuse du bien-être animal.
? Examiner la faisabilité technique et financière d?un enclos marin permettant d?accueillir les deux orques du Marineland en France ou à l?étranger :
prise en compte des contraintes techniques, réglementaires et géographiques et analyse financière de la structure proposée, qui devra fournir des
garanties de soutenabilité.
? Garantir le respect du bien-être animal et conduire une démarche scientifique reproductible utile à l?accueil d?autres cétacés captifs et/ou à leur
préservation en milieu naturel.
L?appel à manifestations d?intérêt était ouvert à toute organisation non gouvernementale et/ou établissement public de recherche intéressé, en France ou
à l?étranger.
Les responsables du projet devaient pouvoir justifier des conditions biologiques, techniques, réglementaires et financières du déplacement des cétacés en
enclos marin. La structure d?accueil sur un site naturel en bord de mer devrait être compatible avec les impératifs de bien-être de spécimens nés en captivité
A cette fin, les pièces suivantes étaient requises :
? localisation géographique exacte et justification du choix du site : topographie, sécurité, accès, voisinage, occupation humaine, acceptabilité locale,
prévention d?éventuels conflits d?usage, aspects fonciers (propriété, location ou mise à disposition de terrains), qualité de l?environnement (études
et analyses relatives à la qualité et à la température de l?eau, environnement sonore sous-marin), possibilité de clôture, protection par rapport aux
courants et intempéries,
? étude de faisabilité réglementaire et administrative (réglementation concernant la protection du littoral le cas échéant) : services compétents, état
des autorisations nécessaires,
? modèle de financement sur une durée minimale de dix ans, présentant un budget prévisionnel (recettes et dépenses) :
o partenariat ou mécénat, recueil de dons, activité d?accueil du public à distance (sites d?observation à terre), soutiens publics,
o construction, maintenance et fonctionnement des infrastructures, rémunération du personnel permanent, alimentation, soins vétérinaires,
matériel d?enrichissement,
o gouvernance exécutive et opérationnelle du projet et, si disponible, liste nominative et qualifications du personnel permanent, mentionnant
son expérience en matière de cétacés captifs, de relâcher dans la nature ou de sanctuaire : directeur, vétérinaire, titulaire du certificat de
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capacité, soigneurs, autres personnels administratifs et techniques. L?équipe devra comporter des compétences en biologie et
comportement des cétacés ainsi qu?en ingénierie en structures maritimes,
o partenaires scientifiques du projet (universités, instituts de recherche) et, si disponible, liste nominative des chercheurs et doctorants
impliqués ainsi que leurs principales publications scientifiques et projets de recherche envisagés. Un comité scientifique de suivi du projet
sera mis en place avec une évaluation en continu et une communication publique des résultats obtenus au bout de deux, cinq et dix ans
après réception des animaux,
o description détaillée des installations, comprenant enclos, bassins d?acclimatation et de quarantaine (dimensions en surface et profondeur),
centre de soins vétérinaires (conforme à la règlementation en vigueur) et équipements (balance pour les pesées, hébergement du personnel,
accueil éventuel du public, etc.),
o fonctionnement : suivi des paramètres du milieu, vidéosurveillance, rotation du personnel, astreintes, identification des risques en termes
de sécurité du personnel et des animaux, de météorologie et de santé et procédures de prévention et de gestion de ces risques, etc.
o alimentation prévue : fournisseurs, quantité et qualité, dispositifs de stockage,
o interactions humaines prévues afin de faciliter l?habituation au nouvel environnement (séances de jeu et d?entraînement),
o soins vétérinaires (dentaires notamment, supplémentation alimentaire?),
o modalités de maîtrise de la reproduction (contraception chimique, séparation des animaux),
o procédure de transfert aérien et d?acclimatation en collaboration avec le Marineland.
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Annexe 4. Comparaison des principaux scénarios étudiés pour les orques
Lieu de
destination
Kobe Suma Seaworld
(Kobe Japon)
Loro Parque zoo (Tenerife
Espagne)
Sanctuaire de Sea Shepherd
(Bretagne)
Sanctuaire de WSP (Nouvelle
Ecosse, Canada)
Description
du projet
Un contrat a été signé le 23
octobre 2023 entre la
compagnie japonaise
Granvista Hôtels & resorts qui
porte le projet de KSSW et
Marineland SAS pour le don
de deux orques et le prêt des
deux autres dans un but de
reproduction (historiquement
pratiquée par le Kamogawa
seaworld appartenant au
même groupe), d?éducation du
public et de recherche
scientifique sur le
comportement animal (deux
des 4 animaux sont décédés
depuis). Ce dernier s?engage à
appliquer la règlementation
CITES et de bien-être animal
selon les normes
internationales (NB : pas de
réglementation internationale
ni japonaise sur le bien-être de
ces espèces en captivité).
Pour cela des installations
destinées à accueillir les
orques ont été construits selon
les meilleurs standards25.
Le Loro Parque détient des
orques depuis 2006. Il possède
actuellement 4 orques (3 mâles et
1 femelle) dans ses installations.
Le Parc avait initialement dit ne
pas pouvoir accueillir les orques
du Marineland, faute de place
mais se dit prêt à les accueillir
maintenant qu?ils ne sont plus que
deux.
L?association Sea Shepherd France
propose, avec le soutien notamment
financier de Sea Shepherd
international, de créer un sanctuaire
marin dans la partie sud de la rade de
Brest sur la commune de Lanvéoc, à
proximité de l?île Longue qui héberge la
flotte de sous-marins nucléaires
stratégiques français. La proximité de
ces installations est considérée par les
promoteurs comme un atout compte
tenu de la maîtrise foncière et des
restrictions de navigation et de survol
du site.
Porté par l?ONG nord-américaine The
Whale Sanctuary Project (WSP), le projet
situé à Port Hilford, en Nouvelle Ecosse
prévoit un sanctuaire de 40ha en zone
côtière avec des infrastructures à terre en
partie existantes. L?ONG dit avoir
prospecté plus de 130 sites avant de
choisir celui-ci pour ses caractéristiques
physiques de protection contre les
tempêtes, de facilités à terre et
d?absence de dérangements. De
nombreuses études ont été réalisées
pour préciser la faisabilité et le design du
sanctuaire basé sur les expériences et
les leçons y compris infructueuses
passées et notamment le relâcher en
Islande de l?orque Keiko, auquel un des
responsables du projet a participé, ainsi
que le refuge islandais qui a recueilli 2
bélugas en 2019 (avec des résultats
décevants à ce jour).
25 Non définis mais l?AFDPZ souligne que le parc est membre de l?association mondiale WAZA, gage de partenariat avec l?UICN et de respect de lignes directrices strictes ? à noter
toutefois qu?il ne figure pas sur la carte des membres, au contraire du zoo de Nagoya qui détient également des orques (https://www.waza.org/members/find-a-waza-zoo-or-aquarium)
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https://www.waza.org/members/find-a-waza-zoo-or-aquarium
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Etat
d?avancement
Le parc a ouvert ses portes
officiellement le 1er juin avec 2
orques provenant d?autres
parcs japonais et peuvent
accueillir les orques du
Marineland dans les prochains
mois.
Le management du Loro Parque
se dit prêt à accueillir les deux
orques du Marineland dans ses
installations existantes, sans la
nécessité d?aménagements ou
d?investissement supplémentaire
Le projet est à un stade très
préliminaire : aucune étude de terrain ni
demande d?autorisation n?a pour l?heure
été réalisée pour connaitre les
caractéristiques du site et la qualité des
eaux ni consultation des élus locaux et
autorités militaires sur le projet.
Les études sur les paramètres du site et
du design des installations ainsi que le
budget global du projet ont été réalisées.
L?accord de l?administration des
ressources naturelles de Nouvelle
Ecosse est attendu après des contacts
informels positifs.
Un devis pour un enclos flottant, ancré au
fond, de dimensions 110m*50m, à partir
d?un modèle conçu pour l?élevage des
saumons et adapté aux orques a été
réalisé, ainsi que toutes les installations
nécessaires pour la mise en place du
projet.
Délais de
réalisation
Les installations sont
opérationnelles (le transfert
des orques était initialement
prévu mi-mars 2024).
Dès l?automne 2024. Le temps de
recueillir l?aval de Marineland
(négociation à envisager pour
partage des frais de transport et
reprise d?une partie de l?effectif de
dauphins) et d?organiser la
procédure de départ et
d?acclimatation.
L?association estime qu?elle pourrait
accueillir les animaux dans un délai
d?un an sous réserve que le ministère
indique son intérêt pour le projet,
d?abord dans un parc d?habituation de
dimensions plus réduites, avant de
créer un enclos aux dimensions
définitives.
Les porteurs du projet se disent prêts à
accueillir les orques au premier semestre
2025, sous réserve que l?Etat français
apporte son soutien officiel au projet.
Etat des
financements
Le groupe Granvista
propriétaire du Kamogawa
Seaworld qui abrite des
orques depuis plusieurs
années a la surface financière
pour financer le projet et ses
développements futurs sur le
nouveau site de Kobe.
Avec une fréquentation annuelle
avoisinant le million de visiteurs,
le Loro Parque possède la surface
financière suffisante pour
supporter les coûts additionnels
de l?entretien de deux orques
supplémentaires.
L?ONG Sea Shepherd a une renommée
mondiale dans sa lutte contre la chasse
à la baleine et forte de ses campagnes
précédentes et du soutien de
personnalités médiatiques, elle
considère ne pas avoir de difficultés à
réunir les fonds pour financer les
installations, à partir du moment où le
projet sera officiellement soutenu par le
ministère.
Sur la base des expériences passées de
sanctuaires, le WSP dit ne pas avoir de
difficultés à collecter le budget
nécessaire. Sur un total de 18M USD
prévus pour le projet, le WSP en a
collecté la moitié et de nombreux
sponsors ont indiqué leur volonté de
contribuer une fois l?assurance que les
orques seront bien destinés au projet,
permettant de sécuriser le financement
initial.
Bien-être
animal
Le maintien de la cellule
familiale composée de la
femelle, et de son fils constitue
un élément essentiel. La
Le parc est membre de
l'Association européenne des
zoos et aquariums et participe à
des programmes européens pour
Le projet est porté par une biologiste
cétologue qui a accompagné de
nombreux projets de refuges. Le
transfert dans un site marin constitue
Le déplacement des animaux sur une
longue distance constitue un stress,
même si les expériences passées ont
montré que réalisée dans les règles de
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Rapport n° 015475-01
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cellule serait a priori
maintenue mais la
participation à un programme
de reproduction avec le parc
de Kamogawa ne garantit pas
que des échanges d?animaux
ne soient pas réalisés entre
les deux parcs.
Les installations ultra
modernes constituent une
amélioration par rapport aux
installations actuelles
vieillissantes du Marineland.
Ce dernier met en avant les
performances de filtration et
de qualité de l?eau et
l?implication de l?équipe de
soigneurs.
En revanche la taille des
bassins est bien inférieure au
KSSW (au total 8400 m3 dont
3500 m3 pour le bassin
principal contre 44000 m3 dont
17000 m3 respectivement pour
le Marineland).
Par ailleurs, le transport par
avion-cargo sur une longue
distance constitue
indéniablement un stress.
les espèces menacées.
L?installation pour les orques est
composée de quatre bassins
interconnectés d?un volume global
de 21 150 m3 avec une
profondeur maximale de 12m pour
le bassin principal et 8m pour les
autres. Les installations ont été
conçues pour minimiser les
surfaces contondantes et favoriser
une hygiène maximale. Le
système de filtration triple permet
un renouvellement quotidien de
20% de l?eau. Par ailleurs un
système de réfrigération de l?eau
permet de maintenir celle-ci
autour de 13°c, température
recommandée par les experts.
Selon les experts interrogés
l?intégration de Wikie et Keijo dans
le groupe ne semble pas poser de
problème compte tenu de la
structure sociale matriarcale. Il est
même envisagé de faire
reproduire Wikie.
Le personnel est réputé
hautement qualifié et
expérimenté.
Le temps de transport par avion
est court et le Parc proche de
l?aéroport international pouvant
accueillir des gros porteurs. Par
ailleurs, la proximité entre les
deux sites facilitera le contact
avec les soigneurs après l?arrivée
des animaux voir leur
en revanche un changement important
de leur environnement pour des
animaux décrits dans la nature et en
captivité comme routiniers et
néophobes. Toutefois, les expériences
précédentes ont montré qu?avec un
élargissement progressif du parc les
orques investissaient rapidement la
totalité de celui-ci.
En revanche le lâcher dans un enclos
de grandes dimensions rend plus
compliqué l?observation et les
manipulations, l?éventuelle séparation
des individus agressifs ou malades et
les soins.
Par ailleurs en absence d?analyses sur
la qualité de l?eau sur le site, les
données disponibles en ligne26
montrent un taux de pollution important
(pesticides, métaux lourds, antifouling,
contamination microbiologique et
eutrophisation du milieu) dans la rade
de Brest qui n?est ouverte sur l?océan
que par un goulet de 1,5 km. Par
ailleurs la présence de la flotte de la
marine nationale, de pêche et de
plaisance et la base aéronavale de
Lanvéoc à proximité constituent des
sources de pollution sonore qu?il reste à
évaluer.
La température dans la rade de Brest,
comprise entre 9 et 18°C est assez
proche de celle du Marineland (10-
21°C)
Dans tous les cas une pleine
collaboration avec les équipes de
l?art, et sur des animaux sains le
transport ne constituait pas un risque
démesuré.
Le transfert dans un site marin constitue
en revanche un changement important
de leur environnement pour des animaux
décrits dans la nature et en captivité
comme routiniers et néophobes.
Toutefois, les expériences précédentes
ont montré qu?avec un élargissement
progressif du parc les orques
investissaient rapidement la totalité de
celui-ci.
En revanche le lâcher dans un enclos de
grandes dimensions rend plus compliqué
l?observation et les manipulations,
l?éventuelle séparation des individus
agressifs ou malades et les soins.
Des interrogations sur la qualité des eaux
qui pourraient avoir été contaminées par
l?arsenic provenant d?une ancienne mine
d?or mais les analyses récentes ont
montré que la colonne d?eau était
indemne.
Un autre aspect concerne la température
de l?eau qui varie de 0°C en janvier à
19°C en août qui est a priori compatible
avec la physiologie de orques mais
nécessitera une habituation en préalable
au départ et un relâcher au printemps ou
en été.
Dans tous les cas une pleine
collaboration avec les équipes de
soigneurs du Marineland avant et après
le transfert est un élément essentiel de
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Rapport n° 015475-01
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Mission d?exploration des différentes options relatives au devenir des cétacés du
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recrutement, facilitant leur
adaptation à leur nouvel
environnement.
soigneurs du Marineland avant et après
le transfert est un élément essentiel de
bien-être pour les animaux.
bien-être pour les animaux.
Faisabilité du
transfert
Le Marineland s?est entouré
des meilleurs experts
internationaux pour préparer
le transport des animaux en
termes de conditionnement
et d?habituation à la
contention, de conception
des containers et des
nacelles. Des exercices de
simulation ont été effectués.
Les frais engagés sont
importants.
Par ailleurs des transports
d?orques sur des distances
équivalentes ont déjà eu lieu
dans le passé et n?ont pas
occasionné de mortalité.
Le transfert avec un
conditionnement similaire à celui
pour KKSW ne pose pas de
problèmes particuliers.
Si cette option était retenue, il
resterait à convenir du partage
des coûts entre les deux parcs.
Le choix du site avec un aéroport
militaire à proximité immédiate et la
faible distance de vol est a priori un
atout par rapport aux autres options de
déplacement.
Le Marineland s?est entouré des
meilleurs experts internationaux pour
préparer le transport des animaux en
termes de conditionnement et
d?habituation à la contention, de
conception des containers et des
nacelles. Des exercices de simulation ont
été effectués.
Par ailleurs des transports d?orques sur
des distances équivalentes ont déjà eu
lieu dans le passé et n?ont pas
occasionné de mortalité.
L?investissement déjà engagé sur ce
sujet serait utile dans le cas d?un transfert
vers le Canada.
Acceptabilité:
- grand public
- ONG
- Marineland
L?acceptabilité par le grand
public et les ONG est très
faible, ces dernières
estimant que le transfert vers
le Japon entrainera une
dégradation des conditions
de bien-être pour les
animaux et va à l?encontre
de l?esprit de la loi de 2021.
A priori cette solution fait
l?unanimité contre elle du
point de vue des ONG.
A l?opposé le Marineland et
la communauté des parcs
zoologiques considèrent que
Si l?acceptabilité du grand public
et des ONG sera meilleure que
pour un transfert vers le Japon,
s?agissant d?un pays membre de
l?UE, ce projet ne fera pas taire les
critiques sur le dévoiement de
l?esprit de la loi. En revanche la
solution peut apparaître comme la
meilleure à la direction du
Marineland
L?idée d?assurer une fin de vie dans un
cadre naturel aux trois orques du
Marineland est perçue positivement par
le grand public a fortiori si les animaux
restent sur le territoire national.
Toutefois, les ONG de protection
animale risquent de s?y opposer,
compte tenu de l?impréparation du
projet, des incertitudes sur sa viabilité
financière. Par ailleurs, le projet, situé
dans une zone très fréquentée ne
laisse rien présager de l?accueil qui
sera réservé à celui-ci par certains
acteurs (pêcheurs, Marine nationale,
voire agriculteurs, riverains, élus
L?idée d?assurer une fin de vie dans un
cadre naturel aux trois orques du
Marineland est perçue positivement par
le grand public et les ONG (One Voice).
Toutefois certaines d?entre elles
considèrent qu?il serait préférable de
laisser les animaux au Marineland (C?est
assez) ou qu?il faudrait privilégier un site
en France (Sea Shepherd).
Le Marineland et l?AFDPZ sont opposés
à tout projet de sanctuaire pour des
raisons de bien-être animal (difficulté à
contrôler l?environnement), de délais de
mise en oeuvre, et par principe
(considéré comme une victoire des
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- autres
acteurs
c?est la seule solution qui
offre toutes les garanties
pour le bien-être des
animaux et le futur
économique du Marineland.
locaux, etc.) sur d?éventuelles
restrictions d?usage et contraintes
réglementaires.
opposants aux parcs zoologiques qui se
sentiront confortés dans leur campagne).
Sécurité
juridique
La délivrance par le
ministère d?un permis CITES
(qui ne prend pas en compte
les aspects liés au bien-être
animal) sur la base
d?animaux d?une espèce
inscrite à l?annexe II (A du
règlement européen), nés et
élevés en captivité, est a
priori juridiquement assez
solide sous réserve de la
constitution par Marineland
d?un dossier complet, même
si elle ne manquera pas
d?être contestée par les
ONG. Ces dernières
pourraient également
contester le certificat
sanitaire des animaux et le
fait qu?ils soient aptes au
transport, compte tenu de
leurs antécédents sanitaires.
S?agissant d?un transfert intra
européen, le déplacement des
orques ne nécessite pas de
permis CITES. Seul le certificat
sanitaire délivré par la DDPP est
nécessaire.
Il apparait donc difficile en
l?absence d?accord avec le
Marineland de s?opposer à un tel
transfert sans s?exposer à des
recours juridiques. En revanche,
les ONG pourraient contester le
certificat sanitaire des animaux et
le fait qu?ils soient aptes au
transport, compte tenu de leurs
antécédents sanitaires
Sauf si cette option est retenue d?un
commun accord avec le Marineland
(qui y est a priori opposé), elle
nécessitera un refus de délivrance d?un
permis CITES juridiquement
contestable (voir supra) et/ou de
certificat sanitaire, pour des raisons
d?état de santé des animaux qui ne
permet pas de garantir leur transport de
façon à minimiser les risques de blessure,
de maladie ou de traitement rigoureux.
Toutefois, la proximité du site du
sanctuaire et sa situation sur le
territoire national qui dispense de
délivrance de permis CITES constituent
un atout par rapport au projet de
sanctuaire en Nouvelle Ecosse.
Sauf si cette option est retenue d?un
commun accord avec le Marineland (qui
y est a priori opposé), elle nécessitera un
refus de délivrance d?un permis CITES
juridiquement contestable (voir supra)
et/ou de certificat sanitaire, pour des
raisons d?état de santé des animaux qui
ne permet pas de garantir leur transport
de façon à minimiser les risques de
blessure, de maladie ou de traitement
rigoureux.
Si tel est le cas il sera difficile de justifier
que ces conditions soient remplies pour
une expédition en Nouvelle Ecosse, sauf
à différer le départ.
Calendrier de
mise en oeuvre
Le Marineland disait avoir
réservé un créneau pour un
avion-cargo à la mi-mars.
Toutefois aucune demande
de permis CITES n?a pour
l?heure été transmise à la
DREAL. Par ailleurs lors d?un
jugement en référé de la
cour d?appel d?Aix, interdit le
déplacement des animaux
sous peine d?astreintes
Il apparait que le transfert vers le
Loro Parque dès l?automne est la
solution qui offre les meilleures
perspectives en termes de
faisabilité et de délais.
A ce stade il n?est pas fourni de
calendrier.
La candidature de Sea Shepherd à un
appel d?offre de la DEB de faisabilité
d?un parc marin, d?une durée de 6 mois
avant une décision concernant l?enclos
en territoire français rend peu réaliste le
délai d?un an pour le transfert des
animaux, qui ne pourraient être
déplacés au mieux qu?à l?été 2025.
Un calendrier de développement du
projet a été transmis à la mission, qui lui
semble réaliste, et qui permet
d?envisager un déplacement des animaux
dès le début 2025. Toutefois, la
température de l?eau sur le site pourrait
conduire à différer le transfert au
printemps.
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Rapport n° 015475-01
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jusqu?à la remise du rapport
des experts (prévu au plus
tôt en avril mais
probablement plus tard).
Commentaires A l?occasion d?un échange le
29/02, le Marineland dit
attendre la remise du rapport
des deux experts avant de
programmer un nouveau
transfert des orques compte
tenu des frais de réservation
perdus en cas de report. Par
ailleurs, le KSSW qui ouvre
au public à l?été 2024 dit ne
pas pouvoir accueillir les
orques du Marineland au-
delà de décembre. Ce report
du projet permet
d?approfondir les différentes
options avant une prise de
décision et de rechercher
une solution la plus
consensuelle entre les
principaux acteurs.
Exclue initialement faute de
capacités d?accueil de 4 individus,
l?opportunité de transfert de Wikie
et Keijo au Loro Parque, constitue
une alternative crédible en termes
de faisabilité, de viabilité
financière, et de bien-être animal
en minimisant les changements
d?environnement. Il reste que
cette option fera l?objet de vives
critiques de la part des
associations.
Malgré un volontarisme certain de ses
promoteurs, et son caractère national,
le projet souffre à ce stade de
nombreuses incertitudes concernant le
choix du site et son adéquation pour
héberger les orques, des autorisations
nécessaires et l?accueil de la population
et des acteurs concernés.
Les estimations financières concernant
l?entretien des orques apparaissent
sous-évaluées.
Enfin l?ONG se pose en prestataire d?un
projet porté par l?Etat, qui devra en
assumer toutes les conséquences
financières pour sa mise en place
(même si Sea Shepherd assure avoir
les financements) mais surtout pour sa
viabilité de long terme. Cette implication
financière du MTECT peut soulever des
critiques dans un climat social
compliqué avec les acteurs
économiques mais aussi avec les
acteurs de l?environnement, si ces
financements viennent en substitution
de crédits pour la conservation in-situ
(la question de la préservation des
populations de cétacés ? capture
accidentelle, interactions avec les
bateaux générant des tirs? ? se
posant déjà de manière aigüe en
France et en Europe).
S?il reste encore quelques autorisations
et formalités à remplir, le projet qui a été
préparé depuis plusieurs années apparaît
présenter de meilleures garanties de
succès.
L?équipe a été impliquée dans la plupart
des projets précédents de sanctuaires et
est entourée d?une équipe scientifique
reconnue.
Par ailleurs, la prise en charge du projet
par l?ONG, qui est soutenue par des
fondations philanthropiques qui
possèdent de gros moyens lève le risque
de devoir contribuer aux coûts récurrents
projet.
L?impact en termes d?image du choix de
ce site plutôt que celui en France est
difficile à évaluer à l?image des positions
divergentes des ONG.
Le choix d?une solution à l?étranger
comporte des contraintes logistiques et
en termes de bien-être et la nécessité
d?une pleine coopération avec les
autorités locales.
En revanche la soutenabilité financière et
la garantie que l?Etat français ne sera pas
mis à contribution et n?aura pas à mener
des concertations locales dans un climat
social tendu, constituent des avantages
indéniables.
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Rapport n° 015475-01
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Annexe 5. Glossaire des sigles et acronymes
Acronyme Signification
AFDPZ
AMI
CE
CGEDD
CITES
DAJ
DDPP
DEB
DREAL
EAAM
EAZA
EEP
IGEDD
KSSW
MTECT
ONG
PACA
SEMB
UE
WAZA
WSP
Association française des parcs zoologiques
Appel à manifestation d'intérêt
Code de l'environnement
Conseil général de l'environnement et du développement durable (devenu IGEDD)
Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore menacés d'extinction (Convention de Washington)
Direction des affaires juridiques
Direction départementale de protection des populations
Direction de l'eau et de la biodiversité
Direction régionale de l'environnement de l'aménagement et du logement
Association européenne pour les mammifères aquatiques
Association européenne des zoo et des aquarium
programme européen de reproduction en captivité des espèces menacées (grand dauphin)
Inspection générale de l'environnement et du développement durable
Kobe Suma Sea World
Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires
organisation non gouvernementale
Région Provence Alpes Côte d'Azur
Secrétariat d?Etat à la Mer et la Biodiversité
Union européenne
Association mondiale des parcs zoologiques
The Whale sanctuary project
PUBLIÉ
Site internet de l?IGEDD :
« Les rapports de l?inspection »
PUBLIÉ
https://www.igedd.developpement-durable.gouv.fr/spip.php?page=liste-actualites&lang=fr&id_mot=1187&debut_rub_actus=0
https://www.igedd.developpement-durable.gouv.fr/spip.php?page=liste-actualites&lang=fr&id_mot=1187&debut_rub_actus=0
Sommaire
Résumé
Liste des recommandations
Introduction
1 Rappel sur le contexte et la commande
1.1 La loi n 2021-1539 de 2021 prévoit la fermeture à terme des établissements détenant des cétacés
1.2 Une commande initiale modifiée dans ses délais par le calendrier judiciaire
1.3 Situation au Marineland
1.3.1 Des animaux nés pour la majorité en captivité ou détenus depuis de nombreuses années
1.3.2 Un delphinarium voué à la fermeture
1.3.2.1 Historique économique et géographie du site
1.3.2.2 Stratégie du groupe et projet de reconversion en parc de loisir
1.3.2.3 Attentes actuelles des élus
1.3.3 Un contexte contentieux médiatisé avec les associations
1.3.3.1 Pression médiatique et sociétale
1.3.3.2 Procédures administratives et judiciaires passées et en cours
1.4 Considérations juridiques concernant le positionnement du MTECT
2 Les différentes options étudiées par la mission
2.1 Rappel sur les définitions
2.1.1 Les parcs aquatiques
2.1.2 Les refuges ou sanctuaires pour animaux sauvages captifs
2.1.3 Les sanctuaires marins
2.2 L?appel à manifestations d?intérêt sur les sanctuaires :
2.2.1 Le questionnaire, les modalités et critères d?évaluation
2.2.2 Résultats de l?AMI concernant les sanctuaires
2.2.2.1 Projet Cetacea
2.2.2.2 Tilikum?s spirit project
2.2.2.3 Projet Sibylline océans
2.2.2.4 Projet Sea Shepherd
2.2.2.5 The Whale sanctuary project
2.3 L?accueil dans un autre delphinarium
2.3.1.1 Kobe Suma Sea World (Kobe, Japon)
2.3.1.2 Loro Parque (Tenerife, Espagne)
2.4 Cas des grands dauphins du Marineland
2.4.1 L?Aegean Marine Life Sanctuary de Lipsi (Grèce)
2.4.2 Le Jonian dolphin conservation sanctuary (Tarente, Italie)
2.4.3 Les autres sites d?accueil des grands dauphins
2.5 Synthèse sur les différentes options
3 Recommandations concernant l?avenir des cétacés du Marineland
3.1 Principes généraux
3.1.1 S?assurer de la pleine collaboration du Marineland avant et si possible après le transfert
3.1.2 S?assurer du maintien des lien sociaux essentiels entre les individus
3.1.3 Assurer un suivi scientifique des animaux après leur transfert.
3.1.4 Assurer un positionnement du Ministère prenant en compte les conséquences juridiques et financières
3.2 Propositions concernant les deux orques
3.3 Propositions concernant les grands dauphins
Conclusion
Annexes
Annexe 1. Lettre de mission
Annexe 2. Liste des personnes rencontrées
Annexe 3. Questionnaire de l?appel à manifestation d?intérêt
Annexe 4. Comparaison des principaux scénarios étudiés pour les orques
Annexe 5. Glossaire des sigles et acronymes
INVALIDE)