Évaluation de la deuxième stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens - Pour une future stratégie « zéro exposition aux perturbateurs endocriniens »
SAUDUBRAY, Frédéric ;RASOOLY, Emilie ;DURAND, Nicolas ;LABOUX, Olivier ;REINGEWIRTZ, Sacha
Auteur moral
France. Inspection générale de l'environnement et du développement durable (IGEDD)
;France. Inspection générale des affaires sociales
Auteur secondaire
Résumé
<div style="text-align: justify;">Les perturbateurs endocriniens (PE) sont des substances chimiques qui, en dérèglant la fonction hormonale des organismes vivants, peuvent affecter la santé humaine dans de multiples domaines: reproduction (qualité du sperme, puberté précoce, infertilité...), cancers (sein, prostate...), neurodéveloppement (baisse du QI, troubles du comportement...), métabolisme (diabète et obésité). Certains de ces effets sanitaires peuvent se manifester à long terme, voire sur plusieurs générations. Les PE ont également un impact sur la faune (féminisation, atteintes osseuses, diminution du taux de testostérone, cryptorchidie, etc.) et contribuent à l'érosion de la biodiversité. On les retrouve dans de nombreux objets et produits de la vie courante et professionnelle (produits ménagers, détergents, produits phytosanitaires, cosmétiques, aliments, etc.) et, de ce fait, également dans les milieux aquatiques, l'air et les sols. Adoptée en septembre 2019, la deuxième stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens (SNPE2) a pour ambition de réduire l'exposition de la population et de l'environnement aux PE. Son plan d'action s'articule autour de 3 volets : « Former et informer » (13 actions), « Protéger la population et l'environnement » (28 actions) et « Améliorer les connaissances » (9 actions).Les lacunes du dispositif de surveillance et le manque de suivi des indicateurs de la SNPE2 ne permettent pas d'apprécier l'atteinte - ou non - de son objectif premier : réduire l'exposition de la population et de l'environnement aux perturbateurs endocriniens. La mission considère néanmoins que cette stratégie est globalement pertinente, en adéquation avec les enjeux liés aux perturbateurs endocriniens, bien qu' insuffisamment tournée vers une réduction effective de l'exposition aux PE. Compte tenu des risques que les perturbateurs endocriniens font peser sur la santé humaine et celle des écosystèmes, la mission recommande de poursuivre et d'amplifier la dynamique impulsée par les deux premières stratégies. Cette action gagnerait à s'inscrire dans une stratégie « Une seule santé » (ou une « Stratégie nationale santé environnement ») bénéficiant d'un pilotage interministériel au plus haut niveau. A défaut d'une telle stratégie globale, la mission recommande d'élaborer une 3ème version de la stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens (SNPE3) structurée autour de 3 grands objectifs : Produire des connaissances ; Former et informer ; Réduire les émissions. En matière de gouvernance, le succès de la SNPE3 nécessite un engagement de tous les ministères, y compris au niveau politique. Le plan d'action adossé à la SNPE3 doit être doté d'un budget pluriannuel, incluant des financements consacrés à la mise en oeuvre d'actions nouvelles et spécifiques aux PE, en complément des moyens déjà prévus ou engagés.</div>
Editeur
IGEDD
;IGAS
Descripteur Urbamet
pollution
Descripteur écoplanete
santé publique
;risque sanitaire
;substance dangereuse
Thème
Environnement - Paysage
;Ressources - Nuisances
;Santé
Texte intégral
Rapport n° 015190-01 Rapport n° M 2023-091
Mai 2024
Emilie RASOOLY ? IGEDD
Frédéric SAUDUBRAY ? IGEDD
EVALUATION DE LA DEUXIEME STRATEGIE NATIONALE
SUR LES PERTURBATEURS ENDOCRINIENS
Pour une future stratégie
« zéro exposition aux perturbateurs endocriniens »
Nicolas DURAND - IGAS
Olivier LABOUX -IGAS
Sacha REINGEWIRTZ - IGAS
Avec la contribution d?Inès KHOUN - IGAS
P
U
B
L
I É
Les auteurs attestent qu'aucun des éléments de leurs activités
passées ou présentes n'a affecté leur impartialité dans la rédaction
de ce rapport
En fonction au sein de la DGPR de janvier 2019 à janvier 2022,
Emilie Rasooly n'a pas participé à l'évaluation des actions pilotées par la DGPR.
Statut de communication
? Préparatoire à une décision administrative
? Non communicable
? Communicable (données confidentielles occultées)
? Communicable
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Sommaire
Résumé ........................................................................................................................... 9
Liste des recommandations ........................................................................................ 13
Introduction .................................................................................................................. 14
1 LA REDUCTION DE L?EXPOSITION AUX PERTURBATEURS ENDOCRINIENS :
UN ENJEU MAJEUR POUR LA SANTE HUMAINE ET L?ENVIRONNEMENT ........ 16
1.1 Les perturbateurs endocriniens, un sujet complexe et un enjeu majeur pour la
santé humaine et l?environnement ...................................................................... 16
1.1.1 La perturbation endocrinienne : définition, historique et mécanismes
d?action ....................................................................................................... 16
1.1.2 Les principales sources et voies d?exposition aux perturbateurs
endocriniens ............................................................................................... 17
1.1.3 Les dangers pour la santé humaine et l?environnement ............................. 18
1.1.4 Des enjeux socio-économiques importants, bien que mal évalués ............ 18
1.2 Le cadre réglementaire, fixé pour l?essentiel au niveau européen, demeure
inabouti malgré des progrès récents ................................................................... 19
1.2.1 La réglementation des perturbateurs endocriniens reste hétérogène, avec
des approches différentes selon les réglementations ................................. 19
1.2.2 La réglementation s?intègre dans la stratégie ambitieuse de la Commission
européenne sur la durabilité des produits chimiques .................................. 21
1.2.3 Cette stratégie européenne a abouti à des avancées notables mais
achoppe sur la réforme de REACH ............................................................ 22
1.2.4 Des initiatives françaises prises en complément, voire en anticipation de la
réglementation européenne ........................................................................ 23
1.3 Une deuxième stratégie nationale, assortie d?un plan d?action, pour approfondir
les actions engagées en 2014 ............................................................................. 24
1.3.1 La SNPE1, une initiative jugée pertinente et relativement efficace par les
inspections générales en 2017 ................................................................... 24
1.3.2 La SNPE2 : élaboration, objectifs, gouvernance et structure...................... 24
1.4 Une stratégie originale en Europe, qui répond à une forte préoccupation
citoyenne ............................................................................................................. 25
1.4.1 Une préoccupation forte des Français ........................................................ 25
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1.4.2 La France fait partie des rares pays ayant adopté des stratégies sur les
perturbateurs endocriniens ou les produits chimiques en général .............. 26
2 MALGRE DES AVANCEES, LE BILAN DE LA SNPE2 EST MODESTE ................. 27
2.1 Connaître pour mieux agir ................................................................................... 27
2.1.1 La recherche a progressé principalement en recherche fondamentale ...... 27
2.1.2 Un processus d?évaluation des substances lent et complexe ..................... 30
2.1.3 La surveillance sanitaire a progressé mais reste lacunaire ........................ 32
2.1.4 Une faible prise en compte des PE dans les programmes de surveillance
environnementale ....................................................................................... 34
2.1.5 La surveillance des produits de consommation reste limitée ...................... 37
2.2 Agir pour réduire effectivement l?exposition et l?imprégnation .............................. 38
2.2.1 Des progrès limités en matière d?information de la population et de
formation continue ...................................................................................... 38
2.2.2 La réglementation des substances et sa mise en oeuvre se heurtent à de
nombreuses difficultés ................................................................................ 42
2.2.3 Un échec des actions en faveur de la substitution...................................... 44
2.2.4 Un foisonnement d?actions territoriales de prévention ................................ 45
3 UNE STRATEGIE PERTINENTE ET GLOBALEMENT COHERENTE MAIS DONT
L?EFFICACITE EST INCERTAINE ............................................................................ 48
3.1 Une stratégie globalement pertinente mais insuffisamment tournée vers l?action
et manquant de priorités ..................................................................................... 48
3.1.1 Une stratégie globalement pertinente mais qui ne mise pas assez sur les
actions de prévention et de réduction des émissions ................................. 48
3.1.2 Une bonne prise en compte de la dimension européenne mais des lacunes
s?agissant de l?approche ?une seule santé?, des inégalités sociales et des
initiatives territoriales .................................................................................. 48
3.1.3 Un affichage d?actions souvent déjà lancées et qui dépassent les seuls
perturbateurs endocriniens ......................................................................... 49
3.2 Si la SNPE2 est, dans l?ensemble, cohérente avec les plans globaux, elle souffre
d?un certain nombre d?incohérences internes ...................................................... 49
3.2.1 Une cohérence satisfaisante avec les plans globaux mais une articulation
moins lisible avec les stratégies et plans sectoriels .................................... 49
3.2.2 Le plan d?action conforte la dimension opérationnelle de la stratégie malgré
quelques incohérences .............................................................................. 50
3.3 Malgré quelques avancées, les résultats sont bien en deçà des objectifs fixés en
2019 .................................................................................................................... 50
3.3.1 Des avancées notables sur le plan de la réglementation, de l?information
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du public et en matière de recherche ......................................................... 50
3.3.2 Des résultats mitigés en matière d?évaluation des substances et de
formation .................................................................................................... 51
3.3.3 Des progrès insuffisants sur le plan des contrôles et en matière de
surveillance sanitaire et environnementale ................................................. 51
3.3.4 Un échec total des mesures prises en faveur de la substitution ................. 52
3.3.5 Des résultats modestes et difficiles à mesurer qui ne permettent pas de
conclure quant à l?évolution de l?exposition de la population et de
l?environnement aux perturbateurs endocriniens ........................................ 52
3.4 Une gouvernance marquée par un manque de soutien politique et l?absence de
suivi des indicateurs ............................................................................................ 52
3.4.1 Un comité de suivi, instance de partage de l?avancée des actions, plus que
de suivi et un comité de pilotage peu investi dans le pilotage .................... 52
3.4.2 Un manque de portage politique et un engagement insuffisant de certaines
administrations ........................................................................................... 53
3.4.3 Malgré l?engagement de la DGS et de la DGPR, les échanges et la
coordination entre les acteurs du plan (administrations et opérateurs) sont
restés limités .............................................................................................. 53
3.4.4 Un suivi défaillant des indicateurs .............................................................. 53
4 RECOMMANDATIONS ............................................................................................. 54
4.1 Principes généraux ............................................................................................. 54
4.1.1 Une nouvelle stratégie est souhaitable et même nécessaire ...................... 54
4.1.2 Une stratégie globale assortie d?un plan d?action ciblé ............................... 54
4.1.3 Des principes généraux à inscrire dans la SNPE3 ..................................... 55
4.2 Les principaux objectifs à assigner à la SNPE3 .................................................. 56
4.2.1 Une SNPE3, tournée vers l?action et qui se donne pour horizon « zéro
exposition aux PE » .................................................................................... 56
4.2.2 Premier objectif : produire des connaissances ........................................... 56
4.2.3 Deuxième objectif : former et informer ....................................................... 58
4.2.4 Troisième objectif : réduire les émissions ................................................... 58
4.3 Une gouvernance à refonder et des moyens spécifiques à allouer ..................... 60
4.3.1 Une gouvernance à refonder ...................................................................... 60
4.3.2 Doter le plan d?action d?un budget spécifique ............................................. 61
Conclusion ................................................................................................................... 63
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ANNEXES...................................................................................................................... 64
Annexe 1. Lettre de mission........................................................................................ 65
Annexe 2. Liste des personnes rencontrées ............................................................. 68
Annexe 2.1. Ministères et directions d?administration centrale ................................... 68
Annexe 2.2. Europe & International ........................................................................... 71
Annexe 2.3. Opérateurs publics nationaux ................................................................ 73
Annexe 2.4. Instances nationales .............................................................................. 76
Annexe 2.5. Collectivités territoriales ......................................................................... 80
Annexe 2.6. Sociétés savantes & personnalités qualifiées ........................................ 81
Annexe 2.7. Structures professionnelles.................................................................... 82
Annexe 2.8. Associations & réseaux ......................................................................... 83
Annexe 3. La réglementation des perturbateurs endocriniens au niveau européen
et national ................................................................................................................. 86
Annexe 3.1. En dépit de progrès, la règlementation européenne demeure
insuffisante .......................................................................................................... 86
Annexe 3.2. La SNPE3 peut renforcer les réglementations européennes et
nationales .......................................................................................................... 114
Annexe 4. Parangonnage international .................................................................... 125
Annexe 4.1. La Belgique a développé une stratégie inspirée de la SNPE2 et dispose
d?un droit du travail considérant les perturbateurs endocriniens au même titre
que les CMR ..................................................................................................... 125
Annexe 4.2. Le Danemark est actif contre la pollution chimique et a pris l?initiative de
plusieurs législations sur les PFAS ................................................................... 126
Annexe 4.3. La Suède est également très préoccupée par son niveau de pollution
aux PFAS .......................................................................................................... 127
Annexe 4.4. L?Allemagne publie un premier plan d?action sur les perturbateurs
endocriniens ...................................................................................................... 128
Annexe 4.5. Les Etats-Unis ont relancé leur programme d?évaluation des pesticides
perturbateurs endocriniens qui avait échoué ..................................................... 128
Annexe 5. Etat d?avancement des actions de la SNPE2 ......................................... 130
Annexe 6. Recherche ................................................................................................. 135
Annexe 6.1. Agence nationale de la recherche (ANR) ............................................. 135
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Annexe 6.2. Le plan national de recherche Environnement Santé Travail (PNR EST)
.......................................................................................................................... 137
Annexe 6.3. L?investissement de la France dans les projets européens .................. 139
Annexe 6.4. France Cohortes .................................................................................. 145
Annexe 7. Evaluation des substances ..................................................................... 147
Annexe 7.1. Evaluations de substances par l?Anses pour la période 2019 ? 2023 .. 147
Annexe 7.2. Etablissement d?une liste de substances de PE potentiels .................. 152
Annexe 8. Surveillance sanitaire .............................................................................. 154
Annexe 8.1. La biosurveillance ................................................................................ 154
Annexe 8.2. La surveillance épidémiologique .......................................................... 157
Annexe 9. La surveillance environnementale .......................................................... 164
Annexe 9.1. La surveillance de l?air ambiant ............................................................ 164
Annexe 9.2. La surveillance de l?air intérieur ........................................................... 165
Annexe 9.3. Focus sur les PFAS dans la surveillance des sols ............................... 166
Annexe 9.4. La surveillance des milieux aquatiques ................................................ 167
Annexe 9.5. La surveillance des rejets de stations de traitement des eaux usées
urbaines (STEU) ............................................................................................... 167
Annexe 10. Formation ................................................................................................ 168
Annexe 10.1. Formation tout au long de la vie (initiale et continue) ......................... 168
Annexe 10.2. Service sanitaire des étudiants en santé (SSES) ............................... 171
Annexe 11. Actions territoriales ............................................................................... 173
Annexe 11.1. Les actions mises en oeuvre par les services de l?Etat et l?Assurance
maladie ............................................................................................................. 173
Annexe 11.2. Les actions portées par les collectivités territoriales .......................... 178
Annexe 11.3. Les actions portées par les associations ........................................... 183
Annexe 11.4. Les actions portées par les crèches et maternités ............................. 188
Annexe 12. Gouvernance de la SNPE2 ..................................................................... 192
Annexe 12.1. Le comité de pilotage de la SNPE2 (COPIL) ..................................... 192
Annexe 12.2. Le comité de suivi de la SNPE2 (COSUI) .......................................... 194
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Annexe 12.3. Le plan national santé environnement et ses interfaces avec les autres
plans et stratégies ............................................................................................. 197
Annexe 13. Proposition non prescriptive et non exhaustive de plan d?actions .... 198
Annexe 14. Glossaire des sigles et acronymes ....................................................... 201
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Résumé
Les perturbateurs endocriniens (PE) sont des substances chimiques qui, en dérèglant la fonction
hormonale des organismes vivants 1 , peuvent affecter la santé humaine dans de multiples
domaines : reproduction (qualité du sperme, puberté précoce, infertilité?), cancers (sein,
prostate?), neurodéveloppement (baisse du QI, troubles du comportement?), métabolisme
(diabète et obésité).2 Certains de ces effets sanitaires peuvent se manifester à long terme, voire
sur plusieurs générations. Les PE ont également un impact sur la faune (féminisation, atteintes
osseuses, diminution du taux de testostérone, cryptorchidie, etc.) et contribuent à l?érosion de la
biodiversité.
On les retrouve dans de nombreux objets et produits de la vie courante et professionnelle (produits
ménagers, détergents, produits phytosanitaires, cosmétiques, aliments, etc.) et, de ce fait,
également dans les milieux aquatiques, l?air et les sols.
Adoptée en septembre 2019, la deuxième stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens
(SNPE2) a pour ambition de réduire l?exposition de la population et de l?environnement aux PE.
Son plan d?action s?articule autour de 3 volets : « Former et informer » (13 actions), « Protéger la
population et l?environnement » (28 actions) et « Améliorer les connaissances » (9 actions).
La SNPE2 s?inscrit dans le prolongement d?une première stratégie, lancée en 2014, qui faisait de
la France un pays pionnier en la matière. Aujourd?hui encore notre pays fait partie ? avec la
Belgique, l?Allemagne et le Danemark ? des pays européens les plus mobilisés autour du sujet des
perturbateurs endocriniens. Les enquêtes d?opinion révèlent d?ailleurs que ce sujet est de mieux
en mieux connu des Français, 88% en ayant entendu parler.
Depuis 2019, des progrès ont été enregistrés sur le plan réglementaire avec, au niveau national,
l?adoption en 2020 de la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (AGEC) : définition d?une
liste de 128 perturbateurs endocriniens3 , instauration d?un droit d?accès à l?information pour le
consommateur... Au niveau européen, la réforme en décembre 2022 du règlement CLP
(classification, labelling and packaging) instaure une classification et un étiquetage spécifiques
pour les substances et les mélanges contenant des perturbateurs endocriniens, dispositions qui
s?appliqueront à compter de 2025.
Malgré cette avancée très importante, pour laquelle la France a joué un rôle moteur, le cadre
réglementaire européen demeure fragmenté, entre textes transversaux et sectoriels.
L?ajournement de la réforme du règlement REACH (registration, evaluation, authorisation and
restriction of chemicals) constitue un coup d?arrêt pour les ambitions de la stratégie européenne
sur les produits chimiques dans laquelle les perturbateurs endocriniens occupent une place
importante.
Au total, la mission a identifié 53 mesures prises au titre des différents règlements européens pour
interdire ou restreindre l?usage de substances en raison de leurs propriétés de perturbation
endocrinienne. Bien que beaucoup de ces mesures aient été prises au cours des trois dernières
années, ce chiffre est faible au regard du nombre de substances potentiellement PE4.
1 Selon la définition de l?OMS, un perturbateur endocrinien est une substance ou un mélange de substances, qui altère les
fonctions du système endocrinien et de ce fait induit des effets néfastes dans un organisme intact, chez sa progéniture ou au sein
de (sous)-populations
2 Ces pathologies et effets sanitaires peuvent avoir un lien avéré avec l?exposition aux PE (niveau de preuves suffisant selon la
littérature scientifique) ou un lien suspecté (niveau de preuves plausibles).
3 Arrêté du 28 septembre 2023
4 906 substances selon la liste établie par l?Anses en avril 2021.
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L?évaluation des substances s?est accélérée (43 évaluations engagées par l?Agence nationale
de sécurité sanitaire de l?alimentation, de l?environnement et du travail sur la période 2019-2023
contre 18 de 2014 à 2018) mais le rythme reste extrêmement modeste au regard du nombre de
produits chimiques mis sur le marché5. Une liste de 906 perturbateurs endocriniens potentiels a
été établie en 2021 sans toutefois se traduire par une priorisation des évaluations à conduire, tant
au niveau national que communautaire. D?autres listes ont été élaborées (aux niveaux national et
européen), engendrant une certaine confusion.
Sur le plan de l?information du public, le site des 1000 premiers jours (où les perturbateurs
endocriniens occupent une place importante) a connu un réel succès. L?information des
consommateurs reste en revanche parcellaire en raison, notamment, des limites de l?application
Scan4Chem.
Quelques progrès ont été faits en matière de formation continue des professionnels de santé,
même si le nombre de personnes formées reste très modeste. Il en va de même pour la formation
initiale des professionnels de santé et de la petite enfance, et plus encore celle des futurs cadres
des secteurs productifs, dans laquelle les perturbateurs endocriniens ? et plus généralement la
santé environnementale ? occupent une place très réduite. Quant aux autres métiers, même dans
les secteurs les plus exposés (industrie chimique, agriculture, nettoyage, soins esthétiques?), la
formation initiale et continue aux perturbateurs endocriniens est presque inexistante.
La recherche sur les perturbateurs endocriniens a progressé grâce au soutien financier de
l?Agence nationale de la recherche (ANR) et du Programme national de recherche environnement-
santé-travail (PNR EST), avec près d?une centaine de projets lancés sur la période 2019-2023.
Dans le domaine des tests (évaluation du caractère perturbateur endocrinien des substances
chimiques), la plateforme PEPPER a apporté une contribution appréciable à la normalisation des
méthodes d?analyse (11 méthodes en cours de pré-validation dont 6 inscrites au programme de
validation de l?Organisation de coopération et de développement économique). Au niveau
européen, les perturbateurs endocriniens bénéficient également de plusieurs programmes de
recherche, en particulier le projet PARC (Partenariat européen pour l'évaluation des risques liés
aux substances chimiques) dont plusieurs volets (notamment la coordination générale) ont été
confiés à des équipes françaises. Malgré ces avancées dont certaines constituent d?incontestables
réussites de la SNPE2, plusieurs domaines restent largement inexplorés (recherche clinique,
recherche environnementale, sciences humaines et sociales?).
La surveillance sanitaire a permis de révéler une imprégnation générale de la population à
plusieurs perturbateurs endocriniens, sans qu?il soit possible d?en apprécier l?évolution, faute de
données antérieures. Un nouveau volet du programme national de biosurveillance (ALBANE) sera
lancé en 2024, dans lequel les perturbateurs endocriniens occupent une place importante.
La surveillance des pathologies a également progressé dans le champ de la santé reproductive
dont plusieurs indicateurs affichent une dégradation préoccupante, notamment la fertilité masculine.
Un élargissement de cette surveillance à d?autres pathologies (trouble du développement,
maladies métaboliques, cancers?) est actuellement à l?étude, dans le cadre d?une surveillance
intégrée associant surveillances sanitaire et environnementale.
S?agissant de la surveillance environnementale, le progrès le plus notable concerne l?air intérieur
(la seconde campagne nationale logement a recherché spécifiquement des perturbateurs
endocriniens). Pour la surveillance des autres compartiments (air ambiant, milieux aquatiques et
sols), des croisements avec les données existantes ont permis d?obtenir des premières
informations partielles sur l?exposition mais sans harmonisation d?ensemble, et avec la difficulté
d?une multiplicité des listes des perturbateurs endocriniens.
5 1300 substances commercialisées à plus de 100 tonnes par an et enregistrées dans REACH restent à évaluer
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En matière de contrôle, les résultats sont encore plus mitigés. Les contrôles réglementaires
pratiqués par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des
fraudes (DGCCRF) ? sur les matériaux en contact avec les denrées alimentaires, les jouets, les
produits chimiques et les cosmétiques - sont en légère baisse sur les deux dernières années. Le
taux de non-conformité est resté stable (15%). Le nombre de contrôles exploratoires s?est, quant
à lui, maintenu mais les substances testées sont limitées par les moyens techniques dont dispose
le laboratoire national de contrôle6. Le champ des contrôles s?est par ailleurs restreint à celui de la
campagne nationale sur la sécurité des jouets. Quant aux contrôles réalisés aux frontières par les
douanes, leur efficacité est compromise par plusieurs éléments : impossibilité de recontrôler les
produits déjà dédouanés par d?autres Etat membres, manque de documentation et inadaptation au
commerce en ligne.
En matière de substitution, les objectifs de la SNPE2 n?ont clairement pas été atteints. Hormis la
production d?outils informatifs, dont le site internet créé par l?Institut national de l'environnement
industriel et des risques (Ineris), les appels à projets à destination des industriels n?ont pas trouvé
leur public et les budgets fléchés n?ont pas été consommés.
Enfin, de nombreuses initiatives ont été prises par les acteurs locaux (associations, collectivités
territoriales, services de l?Etat, assurance maladie, crèches, maternités?) pour lutter contre les
risques environnementaux, dont les PE. Ces projets se sont déployés en grande partie « hors
SNPE2 » qui n?apporte ni financements ni cadre d?action à ces acteurs. Si les données manquent
pour en apprécier l?impact, ces actions de prévention suscitent indiscutablement des dynamiques
territoriales positives en matière de santé environnementale, au bénéfice des publics les plus à
risque au premier rang desquels figurent les femmes enceintes et les jeunes enfants.
En matière d?efficacité, le bilan de la SNPE2 est donc modeste : des avancées ont été faites mais
elles restent bien en deçà des objectifs fixés en 2019. Surtout, les lacunes du dispositif de
surveillance et le manque de suivi des indicateurs de la SNPE2 ne permettent pas d?apprécier
l?atteinte ? ou non ? de son objectif premier : réduire l?exposition de la population et de
l?environnement aux perturbateurs endocriniens.
La mission considère néanmoins que cette stratégie est globalement pertinente, en adéquation
avec les enjeux liés aux perturbateurs endocriniens, même si elle est insuffisamment tournée vers
une réduction effective de l?exposition aux PE. La production de connaissances y occupe une place
très importante (ce qui est justifié au regard de la complexité du sujet) mais avec une traduction
opérationnelle insuffisante des alertes et enseignements qui en résultent. La dimension
européenne est ? à juste titre ? très présente. En revanche, l?approche « Une seule santé » est
peu marquée, de même que les inégalités économiques et sociales.
La mission a également évalué la cohérence (interne et externe) de la SNPE2. Sur le plan externe,
cette stratégie s?inscrit dans un vaste ensemble de stratégies et plans nationaux consacrés à la
santé environnementale7 , en premier lieu le PNSE 4 avec lequel la SNPE2 partage plusieurs
objectifs. Avec les plans sectoriels (PFAS, chlordécone, Ecophyto?), la cohérence est plus difficile
à établir, à l?exception du plan micropolluants avec lequel des correspondances sont clairement
faites. Sur le plan interne, la SNPE2 est globalement cohérente même si le plan d?action comporte
un certain nombre de faiblesses : indicateurs trop nombreux et parfois non pertinents, planification
et séquençage des actions défaillants?
En matière de gouvernance, les comités de suivi (instaurés en 2021) constituent, pour les
différentes parties prenantes, des temps utiles d?information et d?échange. En revanche, ce n?est
pas une réelle instance de suivi de la mise en oeuvre de la SNPE2, tâche qui a été davantage
assurée par le comité de pilotage (où siègent uniquement les administrations centrales et les
opérateurs), au détriment d?une approche plus prospective et stratégique. La SNPE2 a également
6 Service commun des laboratoires des ministères économiques et financiers
7 Sur 37 plans ou stratégies qui gravitent autour du PNSE4, pas moins de 12 sont en rapport avec la SNPE2
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souffert d?un manque de portage politique. Sur le plan interministériel, le copilotage
Santé/Environnement a été étroit et constant. En revanche, l?engagement des autres ministères a
été inégal et parfois très insuffisant.
Compte tenu des risques que les perturbateurs endocriniens font peser sur la santé humaine et
celle des écosystèmes, la mission recommande de poursuivre et d?amplifier la dynamique impulsée
par les deux premières stratégies. Cette action gagnerait à s?inscrire dans une stratégie « Une
seule santé » (ou une « Stratégie nationale santé environnement ») bénéficiant d?un pilotage
interministériel au plus haut niveau. A défaut d?une telle stratégie globale, la mission recommande
d?élaborer une 3ème version de la stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens
(SNPE3).
Cette SNPE3 doit fixer un cap (pour les 10 ou 15 prochaines années), avec des objectifs généraux
et des priorités. Un tel document est en effet utile, au niveau européen, pour afficher et défendre
les positions françaises (et contribuer ainsi au renforcement de la réglementation) et, aux niveaux
national et territorial, pour mobiliser les différentes parties prenantes et légitimer leur action. Ce
document stratégique doit être assorti d?un plan d?action ciblé, sur lequel administrations et
opérateurs concentreront leur action au cours des 5 prochaines années.
La SNPE3 doit assurer un meilleur équilibre entre l?action et la connaissance. Outre la formation et
l?information, la réglementation et le contrôle de sa mise en oeuvre doivent y occuper une place
importante, de même que la substitution, la limitation des émissions des substances et le soutien
aux initiatives locales.
Plus généralement, il ne s?agit plus seulement de « Protéger l?environnement et la population »
(objectif de la SNPE2) mais de tendre vers le « Zéro exposition aux PE », à l?instar de la stratégie
UE sur les produits chimiques qui vise « un environnement exempt de substances toxiques ».
La mission propose de structurer la SNPE3 autour de 3 grands objectifs :
? « Produire des connaissances » : développer la recherche en mettant en oeuvre un
programme national de recherche sur l?exposome ; accélérer le rythme d?évaluation des
substances et élaborer une stratégie européenne de tests ; mettre en oeuvre une
surveillance intégrée en couplant surveillances sanitaire et environnementale.
? « Former et informer » : garantir une information effective du consommateur ; sensibiliser
les populations en allant vers les plus vulnérables ; généraliser la formation des
professionnels les plus exposés.
? « Réduire les émissions » : élargir les restrictions de substances ayant des effets
perturbateurs endocriniens ; renforcer le contrôle des produits aux frontières et sur le
territoire national ; relancer les démarches de substitution et l?accompagnement des
professionnels des secteurs émetteurs ; traduire sur le plan opérationnel les alertes
résultant de la surveillance intégrée ; engager une réflexion prospective vers des
changements de paradigme.
En matière de gouvernance, le succès de la SNPE3 nécessite un engagement de tous les
ministères, y compris au niveau politique. Au-delà de la coordination assurée par les ministères
chargés de la santé et de l?environnement, la mission considère qu?il est indispensable d?impliquer
plus fortement les ministères les plus concernés (agriculture, industrie, recherche?) dès la
conception de la stratégie et du plan d?action.
Enfin, le plan d?action adossé à la SNPE3 doit être doté d?un budget pluriannuel, incluant des
financements consacrés à la mise en oeuvre d?actions nouvelles et spécifiques aux PE, en
complément des moyens déjà prévus ou engagés. Une présentation de ce budget (mesures
nouvelles et mesures déjà prévues ou engagées) et de son exécution pourra être faite chaque
année devant les parties prenantes.
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Liste des recommandations
: Elaborer une 3ème version de la stratégie nationale sur les
perturbateurs endocriniens, en revoyant profondément son contenu, son format et sa
gouvernance [DGPR et DGS]. ............................................................................................ 54
: Assortir la SNPE3 (document à caractère stratégique fixant un cap
pour 10 ou 15 ans), d?un plan d?action ciblé sur quelques mesures prioritaires avec
identification des pilotes, livrables, échéances, moyens et indicateurs [DGPR et DGS]. .. 55
: Tourner la SNPE3 vers l?action, avec comme ambition de moyen
terme d?atteindre le « zéro exposition aux PE » et comme principes généraux : une
approche « une seule santé », l?intensification du plaidoyer européen, l?ancrage territorial et
la prise en compte des inégalités socio-économiques [MTECT et MSP]. .......................... 56
: Structurer la SNPE3 autour de 3 objectifs: (1) Produire des
connaissances : développer la recherche en mettant en oeuvre un programme national de
recherche sur l?exposome ; accélérer le rythme d?évaluation des substances et élaborer une
stratégie européenne de tests ; mettre en oeuvre une surveillance intégrée en couplant
surveillances sanitaire et environnementale ; (2) Former et informer : garantir une
information effective du consommateur ; sensibiliser les populations en allant vers les plus
vulnérables ; généraliser la formation des professionnels les plus exposés ; et (3) Réduire
les émissions : élargir les restrictions de substances ayant des effets perturbateurs
endocriniens ; renforcer le contrôle des produits aux frontières et sur le territoire national ;
relancer les démarches de substitution et l?accompagnement des professionnels des
secteurs émetteurs ; traduire sur le plan opérationnel les alertes résultant de la surveillance
intégrée ; engager une réflexion prospective vers des changements de paradigme [MTECT,
MSP, MTSS, MASA, MEFSIN, MESR et MEN]................................................................... 60
: Fonder la gouvernance de la SNPE3 sur un pilotage interministériel
renforcé, une implication accrue des ministères les plus concernés (Agriculture, Industrie et
Recherche, au-delà des ministères en charge de l?environnement et de la santé) et un
soutien ministériel au plus haut niveau [PM/SGPE, MTECT, MSP, MTSS, MASA, MEFSIN,
MESR et MEN. .................................................................................................................... 61
: Doter la SNPE3 (plan d?action) d?un budget pluriannuel (5 ans),
incluant les financements consacrés à la mise en oeuvre d?actions nouvelles et spécifiques
aux PE ; rendre compte régulièrement aux parties prenantes de l?exécution de ce
budget [MTECT, MSP, MTSS, MESR, MASA et MEFSIN].................................................. 62
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Introduction
Le 22 août 2023, le ministre de la Transition écologique et de la cohésion des territoires et la
ministre déléguée chargée de l?Organisation territoriale et des professions de santé ont demandé
à l?Inspection générale de l'environnement et du développement durable (IGEDD) et à l?Inspection
générale des affaires sociales (IGAS) de réaliser l?évaluation de la mise en oeuvre de la 2ème
stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens (SNPE2) et de faire des recommandations
pour les 5 prochaines années (cf.lettre de mission en annexe n°1).
Lancée en octobre 2023, la mission a procédé à plus de cent entretiens (voir en annexe n°2 la liste
des personnes rencontrées) qui lui ont permis de recueillir les analyses et propositions de
l?ensemble des parties prenantes : administrations centrales, opérateurs, associations de défense
de l?environnement et des consommateurs, chercheurs et experts, fédérations et syndicats
professionnels, associations d?élus? Des échanges ont également été organisés avec les
instances et autorités intervenant dans le pilotage de la politique de santé environnementale
(Groupe santé environnement du PNSE 4) ou, plus largement, de la santé publique (Haut conseil
de santé publique) et de la transition écologique (Secrétariat général à la planification écologique).
En complément de ces acteurs nationaux, la mission a mené des investigations dans 5 régions :
Centre Val-de-Loire, Grand Est, Occitanie, Nouvelle-Aquitaine et Provence-Alpes-Côte-d?Azur. Elle
y a rencontré les acteurs locaux impliqués, directement ou indirectement, dans la prévention des
expositions aux perturbateurs endocriniens : agences régionales de santé, directions régionales
de l'environnement, de l'aménagement et du logement, directions régionales de l'économie, de
l'emploi, du travail et des solidarités, caisses primaires d?assurance maladie, agences de l?eau,
collectivités territoriales (conseils régionaux, conseils départementaux, communes et
intercommunalités), établissements de santé, écoles, crèches, mutuelles, associations?
La mission s?est également rendue à Bruxelles pour entendre les directions de la Commission
européenne concernées par ce sujet8, ainsi que les autorités fédérales belges comme l?y invitait la
lettre de mission. Des échanges ont également été organisés avec d?autres pays européens
(Danemark et Allemagne) et avec les autorités sanitaires américaines.
Outre l?analyse de la bibliographie existante, la mission a eu accès aux principaux documents de
suivi de la SNPE2 (compte-rendu des comités de pilotage et des comités de suivi, tableau de
suivi?). En complément, un bilan synthétique a été demandé aux responsables des 50 actions de
la SNPE2 (une quarantaine de fiches reçues) afin d?étayer par des chiffres et des réalisations
précises le bilan qualitatif dressé lors des auditions.
Sur la base de ces travaux, le présent rapport ? après avoir présenté de façon synthétique les
enjeux liés aux perturbateurs endocriniens ? dresse un bilan, thème par thème, des actions
conduites depuis 2019 puis procède à l?évaluation de la SNPE2 (pertinence, cohérence, efficacité
et gouvernance) et, enfin, formule des recommandations pour une troisième stratégie sur les
perturbateurs endocriniens.
Pour dresser ce bilan et faire ces recommandations, la mission a tenu compte des limites et
contraintes qui s?imposent aux autorités françaises, tant sur le plan du droit européen que de la
gouvernance de la santé environnementale.
En premier lieu, il faut rappeler que la France dispose d?une faible marge de manoeuvre pour
interdire des substances chimiques dans les produits du quotidien (médicaments, cosmétiques,
8 Direction générale de la santé et de la sécurité alimentaire, Direction générale de l?environnement, Direction générale de l'emploi,
des affaires sociales et de l'inclusion, Direction générale du marché intérieur, de l?industrie, de l?entrepreneuriat et des PME,
Direction générale du commerce)
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jouets ...) puisque la compétence en revient essentiellement à l?Union européenne. Dès lors, pour
garantir la protection de ses citoyens, la France est tributaire des évolutions du droit européen, qui,
bien qu?étant un des plus avancés en la matière, reste encore insuffisant. De fait, dans de
nombreux domaines, les Etats membres ne peuvent prendre de législations plus strictes sur les
perturbateurs endocriniens sans s?exposer à un contentieux, malgré l?existence d?un certain
nombre de dérogations que la mission a cherché à analyser.
En deuxième lieu, la protection de la population face aux pollutions chimiques nécessite des
actions dans de nombreux domaines, dont certains dépassent le simple cadre des perturbateurs
endocriniens. La question s?est posée de la pertinence d?une SNPE alors qu?une stratégie sur les
produits chimiques permettrait de couvrir un périmètre plus large, à l?instar de la stratégie
européenne pour la durabilité des produits chimiques. Cette voie n?a pas été retenue à ce stade -
ni par les autorités françaises ni par la mission - en raison de la préexistence d?autres plans axés
sur des polluants chimiques (qualité de l?air, Ecophyto pour les produits phytopharmaceutiques,
micropolluants, etc.) et du nombre déjà très important de plans et stratégies consacrés à la santé
environnementale.
La mission s?est en particulier interrogée au sujet des substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS),
substances extrêmement persistantes, qui font l?objet d?une préoccupation grandissante, et qui
possèdent pour certaines des effets de perturbation endocrinienne. Toutefois, au vu de
l?actualisation en avril 2024 du « plan PFAS 2023-2027 » 9 , consécutivement à un rapport
parlementaire sur le sujet10, la mission a souhaité éviter une approche en doublon et n?a donc pas
traité spécifiquement cette problématique.
Enfin, l?action sur les perturbateurs endocriniens pâtit de l?absence d?une stratégie nationale santé
environnement, pourtant recommandée dans différents rapports des inspections générales11, de
façon à piloter ces priorités au niveau politique et les porter au niveau interministériel. Là encore,
c?est un élément de contexte dont la mission a tenu compte dans son bilan et son évaluation de la
SNPE2.
9 Plan d?action interministériel sur les PFAS 2023-2027, dont la révision a été annoncée le 5 avril 2024
10 Rapport du député Cyrille Isaac-Sibille remis au Premier ministre par le 4 janvier 2024
11 Rapport CGAER-CGEDD-IGA-IGAS-IGESR-IGF sur les moyens et la gouvernance de la politique de santé environnement,
août 2022
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1 LA REDUCTION DE L?EXPOSITION AUX PERTURBATEURS
ENDOCRINIENS : UN ENJEU MAJEUR POUR LA SANTE
HUMAINE ET L?ENVIRONNEMENT
1.1 Les perturbateurs endocriniens, un sujet complexe et un enjeu
majeur pour la santé humaine et l?environnement
1.1.1 La perturbation endocrinienne : définition, historique et mécanismes
d?action
Le système endocrinien est un ensemble de glandes et organes (hypophyse, hypothalamus, corps
pinéal, thyroïde, parathyroïdes, thymus, glande surrénale, pancréas, ovaires, testicules?) qui
produisent des hormones et les libèrent dans le sang. Le système endocrinien constitue un des
deux grands systèmes de communication de l?organisme, l?autre étant le système nerveux. Il régule,
par l?intermédiaire d?hormones, un certain nombre de fonctions de l?organisme, à tous les stades
de développement et engage un dialogue continu avec le système nerveux et le système
immunitaire.
Un perturbateur endocrinien est une substance ou un mélange de substances, qui altère les
fonctions du système endocrinien et de ce fait induit des effets néfastes dans un organisme
intact, chez sa progéniture ou au sein de sous-populations 12.
Les PE peuvent dérégler la fonction hormonale des organismes vivants selon trois mécanismes
principaux : 1/ agoniste, en imitant l?action d?une hormone naturelle provoquant la réponse des
cellules cibles ; 2/antagoniste, en empêchant la fixation d?une hormone sur son récepteur au niveau
de la cellule cible ; 3/ en perturbant la production, la dégradation, le transport ou la régulation d?une
hormone ou de son récepteur. Ainsi, en intervenant sur la production d?hormones, leur entrée dans
les cellules et leur voie de signalisation, les PE peuvent modifier l?expression d?un gène.
Définis conceptuellement aux États-Unis à la conférence de Wingspread en 1991, les perturbateurs
endocriniens13, sont, dès 1996, un sujet de débat dans les arènes de la régulation des produits
chimiques, un objet de recherche (notamment sur le déclin de populations animales aquatiques et
les effets sur la reproduction) et une préoccupation pour l?OCDE. Au milieu des années 2000, le
débat scientifique monte en visibilité, notamment avec les controverses sur le bisphénol A (BPA).
Le mécanisme d?action des PE n?est pas toujours connu mais les effets néfastes ont été observés
dans des études animales et au niveau des populations.
La recherche doit relever plusieurs défis liés aux particularités de ces substances, notamment en
raison d?incertitudes qui persistent, au-delà de l?effet cumulatif et de l?effet différé entre exposition
et dommages :
La relation dose/réponse peut être non-linéaire et non-monotone14 : les PE peuvent avoir
des effets à faible dose qui sont parfois plus importants qu?à forte dose15.
12 Définition donnée par l?Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et le Programme International sur la Sécurité des Substances
Chimiques (PISSC) en 2002 et endossée par la Commission Européenne.
WHO/IPCS, Global assessment of the state-of-the-science of endocrine disruptors. 2002.
cf.http://www.who.int/ipcs/publications/new_issues/endocrine_disruptors/en/.
13 Ces substances ont été pour la plupart mises en circulation entre 1940 et 1970 et classées dans la catégorie PE entre 1970 et
1980.
14 Une fonction monotone est soit partout croissante, soit partout décroissante ; une fonction non-monotone est tour à tour
croissante et décroissante
15 L?effet non linéaire peut s?expliquer par des différences de sensibilités de tissu et les doses d?activations de différents récepteurs
sur un même tissu.
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L?effet dit « cocktail » des PE est complexe à mettre en évidence : les expositions multiples
aux PE peuvent non seulement avoir des effets cumulatifs (ou additionnels) mais aussi
synergiques et antagonistes.
Il existe des périodes de vulnérabilité liées à l?activité hormonale : in utero, grossesse,
nourrisson, petite enfance et adolescence.
Des effets multigénérationnels peuvent apparaître (le contact d?une femme enceinte aux
PE peut exposer trois générations : F0, F1, F2) ainsi que des effets transgénérationnels
(au-delà de la génération F2 des petits-enfants) via des mécanismes épigénétiques 16.
1.1.2 Les principales sources et voies d?exposition aux perturbateurs en-
docriniens
Les perturbateurs endocriniens se retrouvent dans de nombreux objets et produits de la vie
courante et professionnelle (produits ménagers, détergents, produits phytosanitaires, cosmétiques,
produits alimentaires, ustensiles de cuisine, revêtement des sols...). Les PE sont également
présents dans l?environnement du fait d?une contamination des différents milieux (milieux
aquatiques, sols, air).
Schéma 1 : Les principales sources de perturbateurs endocriniens
Pour la population générale, les principales voies d?exposition aux PE sont : maternelle (passage
de la barrière placentaire, lait maternel), digestive, respiratoire et cutanée (produits cosmétiques,
détergents, jouets, produits d?hygiène).
16 Le terme épigénétique désigne les processus moléculaires permettant de moduler l ?expression des gènes, mais qui
ne sont pas fondés sur des changements dans la séquence de l ?ADN
Source : INCa
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Les études de biosurveillance montrent une imprégnation généralisée de la population française
pour plusieurs familles de PE (phtalates, bisphénols A, S et F, perfluorés? (cf.infra le chapitre sur
la surveillance sanitaire).
1.1.3 Les dangers pour la santé humaine et l?environnement
Un certain nombre d?affections, avec des effets néfastes à court ou à long termes, sont (ou
suspectés d?être) la conséquence d?une exposition aux PE. Parmi les pathologies et effets
sanitaires pour lesquels le niveau de preuve est considéré comme suffisant17, on trouve un nombre
important de troubles de la santé reproductive : endométriose, cryptorchidies, altération de la
qualité du sperme, fibrome utérin, hypospadias, sex ratio et issues défavorables de grossesse.
Figurent également dans cette catégorie les troubles du comportement et les troubles cognitifs
chez l?enfant, la diminution des points de QI, l?asthme, le cancer du sein et le cancer de la prostate,
les lymphomes et leucémies chez l?enfant et les maladies thyroïdiennes auto-immunes.
Pour d?autres pathologies et effets sanitaires, le niveau de preuve est moins élevé et le lien avec
une exposition aux PE est considéré comme seulement plausible. Il s?agit, là encore, de troubles
de la santé reproductive (puberté précoce, diminution de la fécondité, infertilité) et de plusieurs
cancers (ovaires, endomètre, testicule). On trouve également dans cette catégories des troubles
métaboliques (diabète de type 2, obésité), des troubles neurocomportementaux (troubles
relationnel et émotionnel, trouble du déficit de l?attention, troubles du spectre autistique?), la
paralysie cérébrale, des allergies et les troubles hématopoïétiques.
Les PE ont également un impact sur la faune et les écosystèmes. A titre d?illustration, peuvent être
cités la féminisation du goéland ou de populations de poissons, le développement d?organes
génitaux mâles chez les femelles de certains gastéropodes marins, les atteintes osseuses chez
les phoques, l?hermaphrodisme chez le beluga, la diminution du taux de testostérone chez la
grenouille et l?ours polaire, la cryptorchidie chez la panthère?.En outre, les animaux vertébrés
ayant généralement les mêmes glandes endocrines que l?homme, un PE néfaste pour l?homme
l?est donc aussi pour ces animaux (et vice versa). Tous ces effets peuvent engendrer des impacts
relatifs à la survie d?individus et à l?évolution de certaines espèces.
1.1.4 Des enjeux socio-économiques importants, bien que mal évalués
Bien que les estimations doivent être prises avec précaution en raison des difficultés à chiffrer tous
les impacts, l?exposition à ces substances comporte de fortes externalités négatives sur le plan
socio-économique. Selon les travaux de Trasande et al. (2016)18 , les coûts annuels relatifs à la
santé et liés à l'exposition aux PE19 peuvent être estimés à 163 Mds ¤ par an pour le seul espace
européen, soit 1,28% du PIB de l?UE (avec une probabilité de 95% que ce montant soit supérieur
à 22 Mds ¤ et de 25%, qu?il s?élève à plus de 196 Mds ¤)20.
Une autre étude réalisée par Goldenman et al.21 , relative uniquement aux substances per- et
17 Classement des effets sanitaires en lien avec les expositions aux PE, selon le niveau du poids des preuves, basé sur une revue
de la littérature scientifique. Etude PEPS?PE : priorisation des effets sanitaires à surveiller dans le cadre du programme de
surveillance en lien avec les perturbateurs endocriniens. Santé publique France, 2023
18 Trasande, L., R.T. Zoeller, et al., Burden of disease and costs of exposure to endocrine disrupting chemicals in the European
Union: an updated analysis. Andrology, 2016. 4(4): p. 565-72.
19 L?essentiel de ces coûts est attribué à la perte de quotient intellectuel
20 Les auteurs se sont appuyés sur une approche fondée sur le poids de la preuve, qui permet de pondérer les cas et les coûts
associés aux événements sanitaires attribués à une exposition donnée en fonction du niveau de preuve de la fonction dose-
réponse reliant l'exposition et le résultat. Ils ont pondéré le coût des maladies et la probabilité qu?elles soient causées par une
exposition de PE
21 Nordic Council of Ministers, The costs of inaction. A socioeconomic analysis of environmental and health impacts linked to
exposure to PFAS, 2019
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polyfluoroalkylées (PFAS), a estimé, à l?échelle européenne, les coûts pour la santé entre 52 et
84 Mds ¤ par an et les autres coûts à 46 Mds ¤ par an.
Malgré ces coûts, certaines industries se montrent réticentes à une réglementation trop stricte des
PE, qui nuirait à l?activité économique et à la compétitivité de certains secteurs. A ce jour, le coût
de la substitution pour les industriels n?est pas évalué.
1.2 Le cadre réglementaire, fixé pour l?essentiel au niveau européen,
demeure inabouti malgré des progrès récents
1.2.1 La réglementation des perturbateurs endocriniens reste hétérogène,
avec des approches différentes selon les réglementations
La réglementation des produits chimiques dans l?Union européenne est l?une des plus avancées
au monde, mais la prise en compte des perturbateurs endocriniens pâtit d?une fragmentation entre
différents textes sans approche harmonisée22.
Deux réglementations transversales concernent les substances chimiques et prennent en compte
l?effet perturbateur endocrinien de ces substances :
Le règlement (UE) n°1907/2006 (dit REACH) concerne l?enregistrement, l?évaluation et
l?autorisation des substances chimiques ainsi que les restrictions applicables à ces
substances. Ce texte vise à mieux protéger la santé humaine et l'environnement tout en
préservant la compétitivité de l'industrie chimique de l'UE. Un système d?autorisation et de
restriction est mis en place pour les substances « extrêmement préoccupantes » (dites
« SVHC »23) dont font notamment partie les perturbateurs endocriniens.
Le règlement (UE) n°1272/2008 relatif à la classification, à l?étiquetage et à l?emballage (dit
règlement CLP) vise à assurer la protection des travailleurs, des consommateurs et de
l?environnement. Réformé en 2022, le CLP prévoit désormais une classification et un
étiquetage spécifique pour les perturbateurs endocriniens, qui s?appliquera à partir de
2025.
Au niveau sectoriel, certaines réglementations accordent un traitement particulier à la perturbation
endocrinienne, en particulier s?agissant des pesticides.
D?une part, le règlement (UE) n°528/2012 sur les produits biocides prévoit que les substances
actives aux effets perturbateurs endocriniens néfastes pour l?homme ou des organismes non-cibles
ne puissent plus être approuvées sauf dérogation. Son efficacité est toutefois limitée par une
définition des critères de reconnaissance PE intervenue seulement en 2017, et par des retards
dans les évaluations. Seulement 2 substances étaient interdites à la date de rédaction du rapport,
parmi 6 reconnues pour leurs propriétés de perturbation endocrinienne.
D?autre part, le règlement (UE) n°1107/2009 sur les produits phytopharmaceutiques interdit les
substances aux effets perturbateurs endocriniens néfastes pour l?homme ou les organismes non-
cibles, mais la définition des critères de reconnaissance PE n?est intervenue qu?en 2018. Depuis
cette date, parmi les 442 substances actives autorisées, 62 ont été évaluées pour leurs propriétés
de perturbation endocrinienne. Ces propriétés ont été reconnues pour 10 substances, conduisant
à 8 interdictions de substance à ce stade. Malgré ces avancées, la mise en oeuvre du règlement
est compromise par de nombreuses dérogations. La Commission a jugé ces dérogations
22 Pour rappel, en droit européen, on distingue les règlements, applicables tels quels dès leur entrée en vigueur, et les directives,
que les Etats membres doivent transposer en droit national sous un délai donné.
23 SVHC : substance extrêmement préoccupante (substance of very high concern)
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« inefficaces et peu performantes »24 : c?est le cas notamment des substances placées sur la liste
« substitution » qui présentent une toxicité aiguë mais restent approuvées en raison de l?absence
d?alternative connue. Parmi les 52 substances présentes dans cette liste, au moins un quart d?entre
elles sont régulièrement citées dans des études comme étant suspectes d?avoir un effet de
perturbation endocrinienne (cf.annexe n°3). Il convient de noter que dans une jurisprudence
récente, la Cour de justice de l?Union européenne25 a jugé que les agences sanitaires nationales
disposaient de la possibilité de refuser l?autorisation de mise sur le marché d?un produit
phytopharmaceutique pourtant approuvé au niveau européen, dès lors que des données
scientifiques plus fiables que celles ayant conduit à l?approbation européenne indiqueraient que la
substance contenue dans le produit en question serait susceptible de perturber le système
endocrinien (cf annexe n°3).
De façon plus générale, la perspective de réduction de l?usage des pesticides est affaiblie par un
vote du Parlement européen de 2023 refusant une proposition de règlement visant à mettre en
place une réduction de 50% des pesticides les plus toxiques, compromettant ainsi un objectif
annoncé dans la stratégie européenne « De la ferme à la table ».
D?autres textes prennent en compte la perturbation endocrinienne à différents degrés :
La directive (UE) n°2020/2184 sur la qualité de l?eau de consommation humaine établit des
mécanismes de vigilance de certaines substances en raison de leurs propriétés de
perturbation endocrinienne.
Le règlement (UE) n°2017/745 sur la certification des dispositifs médicaux interdit la
présence de perturbateurs endocriniens à plus de 0,1%, sauf s?il n?existe pas de produits
de substitution. S?agissant des médicaments, les effets perturbateurs endocriniens ne sont
pas interdits en tant que tels, puisqu?il s?agit souvent de l?objectif recherché (oestrogènes,
progestatifs ...), en revanche l?agence européenne des médicaments coordonne un travail
d?évaluation des excipients.
La directive (UE) n°2009/48 relative à la sécurité des jouets n?accorde pas de traitement
particulier aux perturbateurs endocriniens, mais ce texte devrait être refondu en ce sens26.
Le règlement (UE) n°1223/2009 relatif aux produits cosmétiques est à distinguer dans la mesure
où il fixe des standards pour la sécurité des produits cosmétiques mais suit une approche au cas
par cas s?agissant des perturbateurs endocriniens. Une révision annoncée n?est finalement pas
intervenue, mais un bilan qualité initié en 2019 et s'intéressant aux principaux potentiels
perturbateurs endocriniens présents dans les cosmétiques, a permis de mieux restreindre leur
utilisation.
A l?inverse, d?autres réglementations sectorielles ne réservent pas de traitement particulier aux
propriétés de perturbation endocrinienne alors même qu?elles concernent des sources
d?expositions importantes. C?est le cas notamment pour :
Le règlement (CE) n°1935/2004 sur les matériaux de contact alimentaire27, qui peut, au
cas par cas, fixer des limites de migration, notamment dans les contenants plastique ; il
sera bientôt complété par une interdiction du PFAS dans les emballages alimentaires28.
24 Rapport de la Commission européenne au Parlement européen d?évaluation du règlement (CE) n° 1107/2009, publié le 20 mai
2020, au sujet de la liste des substances candidates à la substitution, cf.annexe dédiée à la réglementation
25 Arrêt de la CJUE du 25 avril 2024, ECLI:EU:C:2023:717
26 Vote du Parlement européen de mars 2024 pour interdire les PE et PFAS dans les jouets
27 Le règlement sur les matériaux de contact alimentaire fixe des limites de migration des substances présentes dans les
contenants vers le contenu, mais ne prend pas spécifiquement en compte les perturbateurs endocriniens, alors même que ces
derniers peuvent avoir des effets à très faible dose.
28 A l?issue d?un vote favorable du Parlement en mars 2024 pour interdire les PFAS dans les emballages alimentaires de contact
à partir de mars 2026
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Les directives relatives à l?exposition des travailleurs aux substances
dangereuses (directive n°1998/24/CE sur les agents chimiques sur le lieu de travail et
directive n°2004/37/CE sur les agents cancérogènes et mutagènes sur le lieu de travail29).
Il existe également des réglementations consacrées à des substances en particulier, qui
restreignent l?usage de certains perturbateurs endocriniens, comme le bisphénol A dans les
contenants alimentaires pour enfant (interdiction qui devrait prochainement être étendue à toute la
population30) ainsi que certains phtalates dans les jouets et contenants alimentaires.
La définition des perturbateurs endocriniens n?est toutefois pas identique entre toutes ces
réglementations, tant en ce qui concerne la définition elle-même que les tests requis pour les
identifier.
Par ailleurs, les différents tests requis pour identifier les perturbateurs endocriniens dans les
dossiers de demande d?autorisation des produits sont trop peu exigeants pour couvrir leurs
principales modalités et effets.
L?ensemble manque enfin de cohérence dans la mesure où l?approche oscille entre une logique
stricte de maîtrise des dangers pour certaines réglementations (interdiction générale de
substances, à l?instar des règlements biocides et phytopharmaceutiques) et une logique plus
souple de maîtrise du risque (prenant en compte les conditions d?utilisation).
Au total, la mission a identifié 53 mesures prises au titre des différentes réglementations (REACH,
produits phytopharmaceutiques, biocides et cosmétiques31) pour interdire ou restreindre l?usage
de substances en raison de leurs propriétés de perturbation endocrinienne. Bien que beaucoup de
ces mesures aient été prises au cours des trois dernières années, ce chiffre apparaît faible au
regard du nombre substances potentiellement PE (que l?Anses avait estimé à 906 en avril 2021).
1.2.2 La réglementation s?intègre dans la stratégie ambitieuse de la Com-
mission européenne sur la durabilité des produits chimiques
Dans le cadre de l?ambition ?zéro pollution? de l?UE du pacte vert pour l?Europe, la Commission
européenne a adopté une stratégie pour la durabilité dans le domaine des produits chimiques le
14 octobre 2020 où les perturbateurs endocriniens font l?objet d?une attention particulière. La
Commission y admet que si ?certains textes législatifs permettent de reconnaître les perturbateurs
endocriniens, le système réglementaire de l?UE est globalement fragmenté et limité, et il est
nécessaire de le consolider et de le simplifier pour que les perturbateurs endocriniens puissent être
repérés en temps utile de manière à limiter le plus possible l?exposition des êtres humains et de
l?environnement.?
En conséquence, la Commission fait part de plusieurs orientations pour garantir la protection des
citoyens et de l?environnement contre les produits chimiques les plus nocifs dont font partie les
perturbateurs endocriniens :
une approche générique de la gestion des risques de manière à garantir que les produits
de consommation ne contiennent pas de substances qui affectent le système reproducteur
29 Le comité des représentants du Conseil européen a toutefois voté en 2023 en faveur d?un projet de directive pour intégrer les
perturbateurs endocriniens à directive 2004/37/CE, qui pourrait aboutir d?ici 2030
30 La Commission a formulé une proposition de règlement en ce sens en 2024, à l?issue d?une évaluation de l?EFSA en 2023
revoyant la dose journalière tolérable de BPA à un niveau 20.000 fois inférieur à celui qu?elle avait évalué en 2016, cf.annexe 3.
31 35 de ces mesures relèvent du règlement Cosmétiques, 8 du règlement Phytopharmaceutiques, 2 du règlement Biocides et 8
du règlement REACH ; la mission n?a pas inclus dans ce décompte les 22 substances uniques et familles de substances dites
SVHC (au total 118 substances) placées sur la liste candidate à autorisation dans la mesure où ces dernières ne font pas l?objet
d?une limitation de leur utilisation
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ou endocrinien ;
un système juridiquement contraignant d?identification des dangers liés aux perturbateurs
endocriniens qui s?appliquerait dans l?ensemble de la législation ;
une interdiction des perturbateurs endocriniens dans les produits de consommation sauf
quand l?utilisation est reconnue essentielle à la société ;
l?ajout de nouvelles catégories de substances dans le règlement CLP ;
l?examen des informations requises dans l?ensemble de la législation et leur renforcement
pour permettre aux autorités de reconnaître les perturbateurs endocriniens.
Le calendrier indicatif associé à la stratégie prévoyait que sa mise en oeuvre interviendrait entre
2021 et 2024, cependant l?ajournement, en 2023, de la révision du règlement REACH a repoussé
certaines actions à une date inconnue pour le moment.
1.2.3 Cette stratégie européenne a abouti à des avancées notables mais
achoppe sur la réforme de REACH
La mise en oeuvre de la communication de la Commission européenne ?Vers un cadre complet de
l?Union européenne en matière de perturbateurs endocriniens? (2018), suivie par celle de la
stratégie européenne pour la durabilité des produits chimiques de 2020, a fait progresser la prise
en compte des perturbateurs endocriniens dans la réglementation.
L?avancée la plus notable concerne le règlement CLP, avec le règlement délégué (UE) n°2023/707
du 19 décembre 2022 qui prévoit désormais des règles de classification et d?étiquetage des
perturbateurs endocriniens. Ces derniers seront classés en 2 catégories de dangers pour la santé
humaine et l?environnement et étiquetés sans pictogramme mais avec mention d?avertissement,
de danger et conseils de prudence. La catégorie 1 correspondant aux perturbateurs endocriniens
avérés ou présumés, la catégorie 2 aux perturbateurs endocriniens suspectés. L?application de la
réforme est prévue au plus tard le 1er mai 2025 en ce qui concerne les substances, et au plus tard
le 1er mai 2026 en ce qui concerne les mélanges.
En revanche, la réforme ambitieuse du règlement REACH prévue fin 2022, puis repoussée fin 2023,
a été reportée à une prochaine mandature. Le projet de réforme visait à répondre aux failles d?un
texte devenu à certains égards obsolète (nombre important de dossiers d?enregistrement non
conformes, lenteur des procédures d?autorisation et de restriction, manque d?interaction avec les
autres législations, faible prise en compte de la perturbation endocrinienne ...). L?une des
principales avancées aurait consisté à évaluer les substances par famille, et non substance par
substance, ce qui représenterait un gain de temps considérable.
Il est essentiel que la France continue de porter dans la prochaine mandature une position
exigeante au niveau européen sur l?accomplissement des objectifs de la stratégie sur la durabilité
des produits chimiques, en apportant son soutien en particulier à :
la refonte rapide et ambitieuse du règlement REACH ;
la mise en oeuvre du nouveau règlement CLP (en veillant à la définition des tests retenus
dans les documents d?accompagnement, et en soutenant la mise à jour des règlements
sectoriels pour y inclure la définition des perturbateurs endocriniens au sens du CLP) ;
l?actualisation de la directive n°2004/37/C sur les agents chimiques dangereux pour y
inclure les perturbateurs endocriniens ;
la restriction universelle des PFAS (actuellement en cours d?évaluation sous REACH)32 ;
32 Restriction universelle des PFAS, proposée par l?ECHA le 7 février 2023, sur une initiative de l?Allemagne, les Pays-Bas, le
Danemark, la Norvège et la Suède
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Dans cet effort, la France pourra s?appuyer non seulement sur des pays alliés, à l?instar du groupe
informel REACH- UP rassemblant 10 Etats membres qui s?était constitué lors de la tentative de
réforme du règlement REACH, mais également sur la mobilisation de plusieurs ONG actives dans
la veille et le lobbying parlementaire (HEAL, EEB33).
1.2.4 Des initiatives françaises prises en complément, voire en anticipa-
tion de la réglementation européenne
La répartition des compétences européennes et nationales en matière de perturbateurs
endocriniens est complexe, puisqu?ils relèvent à la fois du marché intérieur (compétence exclusive
de l?UE), de la protection de l?environnement (compétence de subsidiarité de l?UE) et de la santé
publique (compétence d?appui de l?UE).
Cette complexité génère un risque contentieux et pousse les Etats membres à faire preuve de
vigilance dans leurs initiatives. Pour autant, des mesures nouvelles prises au niveau national ont
parfois eu un effet d?entraînement à l?échelle européenne. Ainsi, le Danemark puis la France ont
adopté des lois restreignant l?usage du bisphénol A, qui ont ensuite été adoptées au niveau
européen pour les biberons.
Plus récemment, la France a voté une loi en avance sur le droit européen : la loi n°2020-105 du 10
février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l?économie circulaire, dite loi AGEC. Cette
loi impose à toute personne mettant sur le marché français des produits à destination des
consommateurs contenant des perturbateurs endocriniens avérés, présumés ou suspectés, de
mettre à disposition du public les informations permettant de les identifier dans ces produits, par
voie électronique, via une application (cf.infra 2.2.1.1.). Les produits concernés sont les denrées
alimentaires, substances, mélanges et articles, à l'exception des médicaments.
La France a aussi adopté la loi dite « EGALIM »34 en 2018 qui limite l?utilisation des plastiques,
permettant ainsi de diminuer l?exposition des jeunes aux perturbateurs endocriniens. Cette loi
interdit l?usage des bouteilles et des ustensiles de vaisselle en plastique dans la restauration
scolaire depuis 2022. Elle prévoit, à partir de 2025, d?interdire d?utiliser des barquettes plastiques
pour cuisiner ou réchauffer des aliments, dans les crèches, la restauration scolaire et universitaire
ainsi que les services de pédiatrie ou de maternité. Le respect de cette obligation dans le calendrier
prévu est compromis par le coût des investissements nécessaires à la disparition du plastique,
bien que ceux-ci soient en grande partie amortis à moyen terme. L?offre récente de plastique « bio
sourcé » par les industriels, dont la moindre nocivité n?a pourtant pas été prouvée, ajoute de la
confusion. Au reste, l?absence de sanction assortie à cette obligation n?incite pas les collectivités
ni les établissements de santé concernés à dans les délais impartis par la loi.
A la suite d?enquêtes révélant la présence de perturbateurs endocriniens dans les produits de
protection intime pour les femmes, la France a également adopté un décret pour améliorer la
transparence de la composition de ces produits35, entré en vigueur en avril 2024. Ce décret impose
de faire figurer la liste de composants, mais uniquement pour les substances et matériaux
« incorporés intentionnellement durant le processus de fabrication du produit fini ». Cela permet
donc de prendre en compte, par exemple, certains agents parfumants, mais laisse de côté des
produits présents non intentionnellement, tels que les résidus de pesticides dans le coton ou des
substances laissées par le blanchiment du coton ou le collage de la serviette.
Enfin, une proposition de loi36, encore en discussion parlementaire au stade de la rédaction du
33 HEAL : Health and Environment Alliance ; EEB : European Environmental Bureau
34 Loi pour « l?équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire », dite EGALIM, du 30 octobre 2018
35 Décret n° 2023 ? 1427 du 30 décembre 2023
36 Proposition de loi votée le 4 avril 2024 en première lecture par l?Assemblée nationale
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rapport, envisage une restriction des PFAS à plusieurs niveaux : interdiction dans certains produits
(vêtements, cosmétiques ... à l?exception des ustensiles de cuisine), surveillance de l?eau potable,
information du public sur les sites contaminés, et création d?une redevance pollueur-payeur. Cette
proposition permet d?anticiper une régulation au niveau européen (interdiction des PFAS dans les
emballages alimentaires à partir de 202637, ainsi qu?une restriction générale des PFAS en cours
d?examen par l?ECHA38).
1.3 Une deuxième stratégie nationale, assortie d?un plan d?action,
pour approfondir les actions engagées en 2014
1.3.1 La SNPE1, une initiative jugée pertinente et relativement efficace
par les inspections générales en 2017
Le rapport rendu en 2017 par les inspections générales39 concluait que la première SNPE, lancée
en 2014, était « pertinente et opportune ». Les inspections générales jugeaient ses résultats « po-
sitifs » bien qu?en retrait par rapport aux objectifs initiaux, en raison notamment d?une insuffisante
mobilisation interministérielle et de l?absence de plan d?action. Parmi les principales avancées de
la SNPE1 étaient citées : la biosurveillance, la surveillance des milieux aquatiques, l?évaluation des
substances par l?Anses, l?interdiction du bisphénol A, la révision du règlement biocides, la formation
continue de certains professionnels de santé?
En conséquence et compte tenu de l?importance des enjeux, le rapport préconisait de lancer une
seconde stratégie, appuyée sur un « pilotage plus volontariste » et déclinée en « mesures à carac-
tère opérationnel ».
1.3.2 La SNPE2 : élaboration, objectifs, gouvernance et structure
Adoptée en septembre 2019 pour une durée initiale de 4 ans, la deuxième stratégie nationale sur
les perturbateurs endocriniens (SNPE2) se donne pour ambition de réduire l?exposition de la po-
pulation et de l?environnement à ces substances. Son élaboration s?est étalée sur un an et demi,
avec une mobilisation de l?ensemble des parties prenantes ainsi qu?une consultation publique et
une saisine du Haut conseil de la santé publique (HCSP). Le Groupe santé environnement du
PNSE a également été consulté à plusieurs reprises.
Adossée à un « document de référence », le plan d?action de la SNPE2 s?articule autour de 3 vo-
lets déclinés en 13 axes et 50 actions :
« Former et informer » (3 axes et 13 actions) qui inclut, notamment, l?établissement d?une
liste de perturbateurs endocriniens, l?évaluation des substances, une communication
auprès du grand public, la formation des professionnels de santé et ceux de la périnatalité ...
« Protéger la population et l?environnement » (5 axes et 28 actions) qui prévoit, notamment,
la collecte de données sur l?imprégnation des différents milieux (air, eaux, sols?),
l?évaluation de l?impact des perturbateurs endocriniens sur la faune sauvage et la
biodiversité, l?accompagnement des démarches de substitution, l?adaptation du cadre
réglementaire et le contrôle de son application.
37 Un accord a été trouvé entre le Parlement européen et le Conseil en mars 2024 à ce sujet
38 ECHA : agence européenne des produits chimiques (European Chemical Agency)
39 La stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens ? Evaluation de la mise en oeuvre et propositions d?évolution - IGAS-
CGEDD-CGAAER ? 2017
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« Améliorer les connaissances » (5 axes et 9 actions) qui vise, notamment, à accélérer la
recherche aux niveaux national et européen, renforcer la surveillance des pathologies en
lien avec les perturbateurs endocriniens et approfondir la biosurveillance.
Co-pilotée par la Direction générale de la prévention des risques (DGPR) et la Direction générale
de la santé (DGS), cette stratégie se veut résolument interministérielle, avec l?implication de sept
ministères40 et douze directions d?administration centrale. Plusieurs opérateurs sont également mis
à contribution, en premier lieu l?Anses et Santé publique France mais aussi l'Ineris, l?Institut national
de recherche et de sécurité (INRS), le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT),
l?Office français de la biodiversité (OFB) ?
En termes de gouvernance, la SNPE2 est doté d?un « Comité de pilotage » qui rassemble admi-
nistrations centrales et opérateurs impliqués dans la mise en oeuvre du plan d?action. Fin 2021, un
« Comité de suivi » a été créé afin d?associer plus étroitement les différentes parties prenantes
(organisations professionnelles, associations d?élus, associations de protection de l?environnement
et de consommateurs, experts et chercheurs?) au déploiement de la SNPE2.
1.4 Une stratégie originale en Europe, qui répond à une forte pré-
occupation citoyenne
1.4.1 Une préoccupation forte des Français
L?importance accordée par les Français aux perturbateurs endocriniens a été démontrée par plu-
sieurs études d?opinion. Le baromètre annuel de l?Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire
(IRSN) sur la perception des risques et de la sécurité par les Français illustre une montée en puis-
sance de ce sujet dans l?opinion. Entre 2014 et 2022, la part de Français considérant que les
risques posés par les perturbateurs endocriniens sont très élevés est passée de 37% à 50%. Dans
le même temps, la part des Français faisant confiance aux autorités pour prendre des mesures de
protection, qui avait triplé de 11% à 35% entre 2014 et 2019, a reflué à 17% en 2022, dans un
contexte de défiance après la crise sanitaire.
En matière de notoriété, un sondage de 201741 indique que 66% des Français ont entendu parler
des perturbateurs endocriniens. Une enquête d?opinion commandée par la DGPR en 202242
montre une progression : 88% des Français disent en avoir entendu parler, soit 22 points de plus
que le chiffre constaté en 2017 par l?autre institut43. La progression concerne en particulier ceux
qui indiquent savoir précisément de quoi il s?agit, avec une hausse de 26% à 45%.
L?enquête de 2022 révèle que les sources d?informations principales sont les médias traditionnels
(68%), devant Internet (35%) et les professionnels de santé (25%). La demande d?information est
forte puisque 88% des Français souhaiteraient être mieux informés. Les sondés estiment que l?ex-
position provient surtout des produits ménagers, plastiques, cosmétiques, tandis que l?air extérieur
et l?eau potable sont perçus comme des sources d?exposition de second rang.
40 Economie et Industrie, Travail, Education Nationale, Enseignement supérieur et recherche, Agriculture, Santé et Ecologie
41 Sondage Odoxa réalisé en février 2017 auprès d?un échantillon de 1016 personnes
42 Sondage Harris Interactive réalisé en avril 2022 auprès d?un échantillon de 1100 personnes
43 Il existe peu d?exemple étrangers permettant de comparer ce résultat, mais d?après une étude réalisée en Belgique en 2020
par les Mutualités libres sur échantillon de 1000 personnes, seuls 52% des Belges en avaient entendu parler.
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1.4.2 La France fait partie des rares pays ayant adopté des stratégies sur
les perturbateurs endocriniens ou les produits chimiques en général
La France fait partie des pays européens les plus mobilisés autour de la question des perturbateurs
endocriniens. La Belgique a mis en place depuis peu une stratégie nationale (NAPED44) sur le
modèle de la SNPE. Cette stratégie, validée en 2022 à l?issue d?une consultation publique, est
prévue sur 5 ans et contient 18 fiches-actions, divisées en trois axes : la prévention, les actions
réglementaires et la recherche. Fin 2023, l?Allemagne a publié un plan fédéral pour la protection
contre les perturbateurs endocriniens qui s?articule en cinq points : réglementation, information,
coordination interministérielle, recherche et coopération internationale.
D?autres approches existent, comme au Danemark qui applique depuis 1999 un plan d?actions sur
les produits chimiques, régulièrement actualisé. Un centre des perturbateurs endocriniens y a été
créé en 2009, pour renforcer la recherche et accompagner le gouvernement dans la prévention.
Le pays accorde une priorité aux PFAS et les a récemment interdits dans les mousses anti-incendie
et les contenants alimentaires. La Suède disposait également d?un plan d?action pour un environ-
nement non-toxique qui n?a pas été renouvelé. Elle se positionne aussi contre les PFAS, avec des
normes nationales plus strictes qu?au niveau européen pour les concentrations maximales autori-
sées dans l?eau.
Aux Etats-Unis, un programme national d?identification et d?évaluation des perturbateurs endocri-
niens (EDSP45) a été lancé en 1999, axé sur les pesticides, destiné à prioriser et tester des subs-
tances déjà autorisées ou nouvellement mises sur le marché, en vue d?une éventuelle interdiction.
La mise en place du programme par l?EPA46 a toutefois été un échec, aucune évaluation n?ayant
été menée à terme. Une refonte du plan a été annoncée fin 2023 pour mettre l?accent sur un pro-
cessus d?évaluation des substances plus rapide.
44 NAPED : Nationaler Aktionsplan für endokrine Disruptoren ? Plan d?action national sur les PE
45 EDSP : Endocrine Disruptors Screening Programme
46 EPA : Environmental Protection Agency, agence fédérale
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2 MALGRE DES AVANCEES, LE BILAN DE LA SNPE2 EST
MODESTE
Le bilan de la SNPE2 est présenté à travers les 9 domaines qui la structurent. Pour en faciliter la
lecture, ils ont été regroupés en deux blocs qui sous-tendent la stratégie : « connaître pour mieux
agir » et « agir pour réduire l?exposition et l?imprégnation ».
Un tableau présente, en annexe n°5, les 50 actions de la SNPE2 avec leur état d?avancement, tel
que présenté au Comité de pilotage de décembre 2023.
2.1 Connaître pour mieux agir
2.1.1 La recherche a progressé principalement en recherche fondamentale
2.1.1.1 Malgré la fin du PNRPE, la recherche sur les PE a bénéficié de soutiens
budgétaires importants
Avant la SNPE2, de 2005 à 2016, le Programme national de recherche sur les perturbateurs
endocriniens (PNR PE) avait lancé 5 appels à projets de recherche sur la caractérisation et l?impact
des PE, pour un montant total de 6M¤.
Aujourd?hui, la recherche sur les PE est principalement portée, au niveau national, par le
Programme national de recherche environnement-santé-travail (PNR EST) et par l?Agence
Nationale de la Recherche (ANR), mais ceci de manière non fléchée sur les PE.
De 2019 à 2023, le PNR EST, géré par l?Anses, a financé 59 projets sur les PE (ou en lien avec
les PE), pour un total de 10,4 M¤.
L?ANR note une augmentation significative des projets consacrés aux PE, retenus au titre de ses
appels à projets génériques : 33 projets (12,5 M¤) financés au cours de la période 2014-2018
(SNPE1) contre 49 projets (24,5 M¤) au cours de la période 2019-2022. Mais il convient de noter
que la deuxième période inclut dans ce calcul l?appel à projet chlordécone 1 lancé en 2022 (6
projets financés pour 5,5 M¤).
Par ailleurs, l?ADEME, porte l?APR impacts47, qui vise à la description et l?analyse de l?effet des
mélanges, dont les PE, via des expositions par l?air ou les sols, sur la santé humaine et les
écosystèmes.
Enfin, l?Institut national du cancer (INCa) a soutenu depuis 2019 quelques projets de recherche
liés, le plus souvent très indirectement, aux PE.
Calculé pour la période 2019-2022, le financement des projets PE par le PNR EST et l?ANR s?établit
à 7 M¤/an (7,9 M¤/an en incluant la thématique chlordécone), ce qui représente une nette
augmentation par rapport à 2014-2019.
En revanche, il n'est pas certain que ces financements (en hausse) aient permis de maintenir une
communauté scientifique structurée, et l?on peut d?ailleurs regretter que très peu de colloques
scientifiques aient été organisés sur le sujet sur la période 2019-2023.
Certains projets de recherche consacrés aux PE s'appuient sur des cohortes, notamment celles
lancées spécifiquement sur les PE (Pélagie, TI-MOUN) ou sur les contaminants environnementaux
(SEPAGES). S'agissant des cohortes "généralistes" (CONSTANCES, EDEN, E4N?), il n'a pas été
possible à la mission d'évaluer leur apport à la recherche sur les PE.
47 https://agirpourlatransition.ademe.fr/
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https://agirpourlatransition.ademe.fr/
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2.1.1.2 La recherche sur les PE et singulièrement les équipes françaises occupent une
place importante au niveau européen
Au niveau européen, on relève plusieurs programmes de recherche portant sur les PE ou incluant
cette problématique :
PARC Chemical Risk Assessment Partnership (400 M¤ dont 200 M¤ de l?UE) dédié à la
recherche en support à l?évaluation des risques chimiques ;
EHEN European Human Exposome network (106 M¤), Joint Research Center (JRC) qui
favorise le travail collectif de 126 groupes de recherche ;
EIRENE Europ/Exposome Infrastructure : la participation au portage de cette infrastructure
européenne sur l?exposome est doublée de France Exposome (grande infrastructure de
recherche) ;
EURION : projets PE portés par le JRC, dotés de 50 M¤ sur 5 ans (animation scientifique
très forte, avec groupes miroirs en France).
Cet effort de recherche européen et la place importante qu?y occupe la France, a, d?après les
interlocuteurs de la mission, été acquis grâce à l?effort de structuration d?une recherche sur les PE
au plan national, via notamment le PNR PE, qui a permis de cristalliser une communauté
scientifique bien identifiée à l?échelon européen.
Mais malgré cela, et au-delà des divers financements actuels, la mission s?interroge sur la
pérennité de la communauté scientifique hexagonale PE, encore aujourd?hui composée de
chercheurs dispersés : la recherche sur les PE a certainement besoin d?un projet emblématique
sur la thématique PE.
2.1.1.3 Un nécessaire élargissement à l?exposome chimique
Dès lors, un grand programme national de recherche sur l?exposome48 ,49 serait de nature à
structurer et entrainer une communauté scientifique interdisciplinaire, en écho à l?orientation
européenne d?EHEN et en cohérence avec l?action 19 du PNSE4 « Structurer et renforcer la
recherche sur l?exposome et mieux connaître le poids des maladies liées aux atteintes à
l?environnement »50. Cette mesure est d?ailleurs reprise dans la stratégie décennale de lutte contre
le cancer « Participer à un programme national et européen sur l?exposome »51.
Cette perspective est soutenue par l?ANR qui observe que, entre la SNPE1 et la SNPE2, la
thématique des perturbateurs endocriniens a diffusé dans d?autres communautés de recherche et
pourrait ainsi être un vecteur de développement du concept d?exposome.
Ce programme pourrait s?appuyer sur France Exposome, infrastructure nationale de recherche
créée en 2021, qui se concentre sur l?exposition aux agents chimiques.
La mission considère donc qu?un financement ambitieux de la recherche sur l?exposome52 (incluant
de fait l?exposome chimique et les PE) serait de nature à :
48 L?article 1 (L 1411-1) du Code santé publique (Loi n°2019-774 u 24 juillet 2019-art.7) fait explicitement référence au concept
d?exposome.
49 L?exposome correspond à l?ensemble des expositions, notamment à des agents chimiques, biologiques, physiques et des
influences socio-économiques, subies par un individu ou une population durant la vie entière (Wild C, Cancer Epidemiol
Biomarkers Prev, 2005).
50 Cette action propose de créer deux programmes prioritaires de recherche, un PEPR Exposome et un PPR pathogènes
émergents/zoonoses (PEPR Prézode) dans une démarche « One Health ».
51 Etude de l?impact de l?exposome sur tous types de maladies et sur la baisse de la fertilité (avec impact des expositions combi-
nées (telles que tabac et pesticides) et les « effets cocktails » qui sont difficiles à appréhender.
52 La mission a bien connaissance des projets de PEPR Exposome de 2021 et 2022. Dans le cadre de la Stratégie d?accélération
Prévention (2024), un Programmes et Equipements Prioritaires de Recherche (PEPR) Exposome devrait être soutenu.
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développer l?approche une seule santé par une déclinaison santé et environnement ;
décliner la démarche européenne en la matière ;
obtenir un effet d?entrainement fort pour la communauté scientifique santé
environnement/perturbateurs endocriniens53.
2.1.1.4 Des domaines de recherche oubliés ou insuffisamment développés
Même si tout n?est pas attribuable à la SNPE2, force est de constater que la recherche a progressé
dans de nombreux domaines depuis 2019. On peut citer notamment la caractérisation des effets
physiologiques, les méthodes de détection dans différentes matrices environnementales, l?étude
des mécanismes d?action (interaction avec des récepteurs, biomarqueurs, biosenseurs, détecteurs
de contaminants, in silico) et les études de composés (bisphénol A, phtalates, perfluorés, métaux).
Mais il reste cependant des domaines majeurs à explorer.
La recherche clinique :
Le nombre d?essais cliniques recherché sur clinicaltrials.gov54 démontre qu?il est extrêmement
faible sur le thème des PE (34 essais, 35% sont hexagonaux) même si leur nombre a doublé par
rapport à la période 2014-2019.
La recherche clinique, bien qu?inscrite dans la SNPE2, n?a pas avancé sur la période 2019-2023.
La Direction générale de l?offre de soins (DGOS) fait état, faute de mobilisation des équipes sur le
sujet, d?un seul projet de recherche retenu au titre du programme de recherche sur la performance
du système de soins (PREPS), en 2022, PREVENIR55 et de deux lettres d?intention déposées à la
campagne 2023 du PREPS concernant les perturbateurs endocriniens.
La recherche environnementale :
Plusieurs projets de recherche et développement ont été menés pendant la SNPE2 relativement à
la surveillance environnementale. On peut mentionner les recherches sur les bio-essais,
l?imprégnation des milieux aquatiques par les PE, la prise en compte de la perturbation endocrine
dans les normes de qualité environnementale (NQE).
En revanche, à part une étude de l?impact de l?imprégnation des eaux par les PE sur l?intersexualité
des poissons, très peu de projets de recherche sur l?impact des PE sur l?environnement (et plus
particulièrement la faune) ont été initiés, malgré l?inscription de ce sujet dans la SNPE2.
La recherche en sciences humaines et sociales :
Une exploitation par mots-clés du corpus de publications56 référencées dans le Web of Science
(même si l?indexation des publications sciences humaines et sociales (SHS) n?est pas adaptée en
France) a permis d?identifier seulement 2 publications relevant du domaine des SHS57.
Ceci est d?autant plus regrettable que plusieurs sujets absents de la recherche (économie de la
santé appliquée aux PE, prise en considération des inégalités socio-économiques) sont également
absents de la SNPE2. De telles recherches, qui n?étaient pas explicitement inscrites dans la SNPE2,
pourraient alimenter les réflexions quant aux orientations à privilégier et, dans certains cas,
améliorer la pertinence et l?acceptabilité de certaines mesures ou initiatives.
53 Une analyse bibliométrique PubMed avec « exposome » démontre que la France est en deuxième position après les US.
54 Clinicaltrials.gov recense les essais cliniques dans le monde entier.
55 Evaluation de l?efficacité des plateformes PREVENIR (PREVention ENvIronnement Reproduction) sur les marqueurs urinaires
d?expositions à des substances chimiques, essai clinique randomisé sans insu.
56 Avec la limite d?un champs ceint aux projets PIA (Idex, ISite, labex, equipex) et France 2030
57 Source ANR 2024
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2.1.1.5 La plateforme PEPPER a apporté une contribution appréciable à la validation
des méthodes de tests
Prévue dès la SNPE1, la plateforme PEPPER a pour but d?accompagner et faciliter la validation
des méthodes d?essai sur les PE par les instances internationales, en particulier l?OCDE. Avec 11
méthodes en cours de pré-validation fin 2023 (dont 6 inscrites au programme de validation de
l?OCDE), l?objectif de la SNPE2 a été globalement atteint.
Unique en son genre et très appréciée de l?OCDE, PEPPER suscite un intérêt croissant de la part
des autres pays européens, dont plusieurs ont rejoint ses instances et certains apporté une
contribution financière (les Pays-Bas et possiblement l?Allemagne et la Belgique). En effet, malgré
un budget modeste (2 M¤/an et 5 ETP), le financement à moyen terme de la plateforme n'est pas
à ce jour assuré.
Au-delà de ces questions financières, on peut regretter l?absence d?une stratégie globale qui fixerait,
idéalement au niveau européen, les méthodes d?essai à développer en priorité ainsi que les efforts
à réaliser en matière de recherche et de normalisation.
Une telle stratégie permettrait de mieux coordonner les initiatives des Etats membres mais aussi ?
et surtout ? d?inscrire ces sujets dans les programmes communautaires de recherche et de
développement (actuellement, la validation des tests occupe une place très réduite dans les projets
de recherche européens, y compris dans PARC).
2.1.2 Un processus d?évaluation des substances lent et complexe
2.1.2.1 Un retard dans l?évaluation de substances au titre des règlements européens
malgré une augmentation notable
La SNPE2 fixait à l?Anses un objectif de 39 substances à évaluer au niveau national pour la période
2019-2023, dont 24 au titre de REACH et 15 substances actives biocides et produits
phytopharmaceutiques. Pour le médicament, les cosmétiques et les dispositifs médicaux, aucun
objectif d?évaluation n?avait été fixé. Ces évaluations se font sur la base de règlements qui prévoient,
chacun, une gestion des risques différente au regard du caractère PE (cf.annexe n°3).
Pour mettre en perspective ces objectifs, 1 300 substances commercialisées à plus de 100 tonnes
par an et enregistrées dans REACH restaient à évaluer en juillet 2022. Les objectifs fixés par la
SNPE2 semblent donc peu ambitieux, bien que la Commission européenne reconnaisse les efforts
faits par la France en la matière.
Au cours de la période 2019-2023, 43 évaluations de substances ont été initiées mais seulement
18 conclusions ont été rendues (cf.annexe n°7). Le taux de substances pour lesquelles une
conclusion a été rendue au titre du règlement REACH est de 43%, alors qu?il est de 56% pour les
substances soumises aux règlements phytopharmaceutiques et biocides. Cette différence
s?explique par la révision, en 2017 et 2018, des règlements biocides et produits
phytopharmaceutiques, qui rend obligatoire la fourniture de données pour évaluer le caractère PE,
contrairement au règlement REACH.
Les objectifs d?évaluation au titre de REACH et des règlements biocides et produits
phytopharmaceutiques n?ont donc pas été atteints. Néanmoins, ce bilan est loin d?être négligeable :
à titre de comparaison, 5 dossiers de classifications pour le caractère cancérigène ont été soumis
par la France au Comité d?évaluation des risques sur une période comparable. Le nombre
d?évaluation lancées est même en augmentation très sensible : 43 évaluations conduites de 2019
à 2023 contre 18 de 2014 à 2018.
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Le rythme d?évaluations est toutefois limité par le manque de ressources de l?Anses. Bien qu?il soit
difficile d?estimer finement les moyens mis en oeuvre (le critère PE ne représentant qu?une partie
de l?évaluation), l?Anses évalue à 2M¤58 le coût de cette évaluation sur la période 2019-2023, avec
5 à 6 ETP mobilisés sur cette thématique. Des contraintes pèsent également sur le « groupe de
travail PE » de l?Anses dont la capacité est limitée à 5 substances sur lesquelles il peut travailler
simultanément. L?Anses estime par ailleurs qu?au titre de REACH, l?élaboration d?un dossier de
restriction nécessite 1,5 ETP et un dossier d?autorisation 1/3 ETP. Ces moyens ne permettent de
lancer que 2 à 3 évaluations de substances par an au titre des règlement REACH et CLP, en
complément du programme de travail sur les substances biocides et phytopharmaceutiques.
Le temps nécessaire pour mener à terme l?évaluation d?une substance pour son caractère PE varie
de 2 à 10 ans. Cette durée est dépendante de la disponibilité des données et se heurte à des
difficultés d'obtention d?informations complémentaires de la part des industriels, en particulier pour
les substances soumises au règlement REACH. L?Anses constate en effet que les demandes de
données complémentaires sont plus rapidement satisfaites dans les cadres des règlements sur les
produits phytopharmaceutiques et biocides. Pour y remédier, l?Agence européenne des produits
chimiques (ECHA) travaille depuis plusieurs années sur l?évaluation de familles de substances, ce
qui vise également à éviter des substitutions qui s?avéreraient in fine regrettables.
Enfin, bien qu?identifiée comme une action de la SNPE2, aucune évaluation des risques n?a été
menée pour les médicaments, les dispositifs médicaux et les cosmétiques.
2.1.2.2 La pertinence d?une méthode de priorisation à questionner
Dans le cadre de l?action 3 de la SNPE2, le 15 avril 2021, l?Anses a publié une liste de substances
d?intérêt du fait de leur action endocrine potentielle, ainsi qu?un avis et un rapport proposant une
méthodologie de catégorisation des substances potentiellement PE en 3 catégories " avérées",
'présumées" ou "suspectées".
La méthodologie publiée par l?Anses a permis d?identifier 906 substances avérées, présumées ou
suspectées. La liste de ces substances n?a pas été rendue publique.
L?application de plusieurs filtres a permis de retenir 16 substances prioritaires (catégorisées avec
un score de priorisation de 1 à 16, cf.annexe n°7). Trois d?entre elles ont été inscrites au programme
annuel d?évaluation de l?Anses. Le bilan reste donc à ce stade modeste au vu du faible nombre de
substances proposées à l?évaluation.
Cette liste avait en effet pour objectif de prioriser les substances pouvant présenter des propriétés
PE en vue d?une gestion de risque adaptée (par exemple, reconnaissance européenne
règlementaire, réduction par prévention ou précaution de l?utilisation). Mais elle n?a pas eu l?effet
escompté, ni au niveau national ni au niveau européen.
Quant au devenir de la liste, l?Anses a annoncé ne pas la mettre à jour en raison du caractère
chronophage de la tâche. Les programmes de travail ne peuvent donc se baser de façon pérenne
sur cette liste, relativisant la pertinence de son élaboration. A ressource constante, l?Anses
préconise donc de participer à l?effort européen pour identifier des substances à évaluer en priorité
plutôt que de prendre en charge cette tâche au niveau national. La mission partage cette position.
2.1.2.3 Une multiplication de listes dans laquelle il est difficile de s?y retrouver
Outre la liste des 906 substances établie par l?Anses, une liste, également non publiée, de plus de
7 000 substances potentiellement PE a été élaborée par l?Ineris pour lancer l?action 14 de la SNPE2.
58 Outre les dépenses de personnels, le groupe de travail PE et, pour une partie de son activité, le Comité d?experts spécialisés
Reach et CLP contribuent à l?évaluation PE des substances avec des vacations d?experts dont le taux est de 90¤ par demi-journée
de présence et vacations pour des travaux d?analyse spécifique excédent le temps lié aux réunions. Cette activité d?expertise
peut être estimée à 100K¤ par an. Chiffres fournis par l?Anses.
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L?établissement, en collaboration entre l?Anses et l?Ineris, d?une seule liste de référence aurait
probablement permis des économies de moyens, une meilleure visibilité et compréhension et peut-
être favorisé une meilleure valorisation nationale voire européenne. Ceci traduit une insuffisance
de concertation entre les deux agences et un manque de séquençage des actions de la SNPE2.
D?autres listes existent comme les ED list 59 (à caractère non officiel) ou encore la liste des
substances présentant des propriétés de perturbation endocrinienne de l?arrêté du 28 septembre
2023 de la loi AGEC.
Cette pluralité de listes crée de la confusion pour identifier les substances PE, ce qui nuit à une
information et une action efficace des parties prenantes pour réduire les expositions. La plupart
des personnes entendues par la mission ne connaissait pas la portée réglementaire de chacune
des listes.
2.1.3 La surveillance sanitaire a progressé mais reste lacunaire
La surveillance sanitaire prévue par la SNPE2 comporte deux volets : la biosurveillance et la
surveillance des pathologies en lien avéré ou suspecté avec les perturbateurs endocriniens. Ces
deux sujets sont détaillés en annexe n°8.
2.1.3.1 La biosurveillance a progressé, révélant un niveau élevé d?imprégnation de la
population
La SNPE2 accorde une place importante à la biosurveillance60 : 4 actions y sont consacrées et un
axe lui est dédié, avec comme principal objectif le lancement d?un nouveau programme national
de biosurveillance.
Cet objectif a été atteint puisque l?enquête ALBANE (ALimentation Biosurveillance sAnté Nutrition
Environnement) devrait être prochainement lancée, avec un premier cycle couvrant la période
2024-2026.
ALBANE est mise en oeuvre par Santé publique France, qui a prévu d?y consacrer un budget de
10 M¤. Il s?agit de la contribution française au programme européen PARC dont l?un des 9 volets
traite de la surveillance sanitaire et environnementale.
Pour le premier cycle, une vingtaine de familles de substances seront analysées, dont une bonne
part sont des perturbateurs endocriniens : phtalates, bisphénols/alkylphénols, PFAS, carbamates,
pesticides, ions perchlorates, métaux. Quelques biomarqueurs d?effets seront intégrés dès le cycle
1 (et davantage aux cycles 2 et 3) afin de mettre en évidence des effets précoces.
Bien que lancée avec retard (2024 au lieu de 2020), ALBANE constitue une réelle avancée qui
apportera de nombreuses informations sur l?imprégnation de la population, y compris au niveau
régional. La couverture populationnelle est large (1 150 enfants et adolescents de 3 à 17 ans et 2
000 adultes). Des programmes spécifiques aux outre-mer devraient être lancés ultérieurement, à
l?image de ce qui est déjà en cours pour la chlordécone aux Antilles.
59 Le site internet « Endocrine Disruptor Lists » a été élaboré en Juin 2020 par la Belgique, le Danemark, la France, les Pays-Bas
et la Suède, rejoints par l?Espagne en Février 2021. Il comporte 3 listes mises à jour régulièrement : Liste 1 = substances
identifiées comme PE au niveau de l?UE ; Liste 2 = substances en cours d?évaluation pour la perturbation endocrinienne en vertu
d?une législation de l?UE et Liste 3 = substances considérées par une autorité nationale comme ayant des propriétés de
perturbation endocrinienne
60 Selon la définition donnée par SPF, la biosurveillance humaine permet de surveiller les expositions ou les effets précoces liés
à la présence de substances chimiques dans l?organisme. Elle consiste à prélever des matrices biologiques comme le sang,
l?urine, les cheveux, le lait maternel et à y doser les substances recherchées, ainsi appelées "biomarqueurs". La mesure qui est
faite intègre toutes les sources d?exposition, quelles que soient les voies d?entrée des substances dans le corps humain
(alimentation, respiration, contact?), et quels que soient le lieu d?exposition (domicile, travail?), l?activité ou la nature des produits
consommés.
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Autre acquis des 5 dernières années (bien que curieusement absent des objectifs de la SNPE2) :
l?exploitation d?ESTEBAN, programme de biosurveillance en population générale lancé en 2014 et
clos en 2016 (pour la partie prélèvements biologiques). Dans le prolongement de l?enquête ELFE
(volet périnatal du programme de biosurveillance, dont les résultats ont été publiés avant le
lancement de la SNPE2), ESTEBAN apporte des informations précieuses sur l?imprégnation de la
population française à de nombreuses substances, dont plusieurs perturbateurs endocriniens :
bisphénols, phtalates, perfluorés, parabènes, retardateurs de flamme, plomb. A l?exception des
parabènes (taux d?imprégnation de 60%), ces perturbateurs endocriniens sont retrouvés dans près
de 100% des échantillons, révélant une imprégnation générale de la population. Pour chaque
famille de substances, les principales voies d?exposition (alimentation, cosmétiques, tabac?) sont
identifiées. En revanche, ces résultats ne permettent pas d?apprécier l?évolution de cette
imprégnation, les perturbateurs endocriniens n?ayant pas été recherchés dans les précédents
programmes de biosurveillance, à l?exception du plomb pour lequel on constate une nette
diminution de l?imprégnation.
Grâce au programme européen HBM4EU (European human biomonitoring Initiative), des
comparaisons européennes de ces résultats ont été établies : c?est en France (parmi 11 pays de
l?UE) que l?imprégnation aux bisphénols A et S est la plus importante (en revanche, elle est moindre
pour le bisphénol F). De même, la France se distingue par des taux d?imprégnation des enfants
aux phtalates particulièrement élevés.
Ces résultats apportent des informations précieuses sur le niveau d?imprégnation de la population,
qu?ALBANE viendra compléter dans les années qui viennent. En revanche, on peut regretter
qu?aucun résultat n?ait été produit au cours des 5 dernières années sur les inégalités sociales
d?exposition, qui étaient pourtant une des priorités de la SNPE2 et une recommandation forte du
HCSP. Il en va de même de la surveillance « intégrée » (combinaison des surveillances sanitaire
et environnementale) qui est annoncée dans la SNPE2 mais qui n?a pas trouvé de traduction
substantielle à ce jour.
2.1.3.2 Les expositions professionnelles restent mal connues
La connaissance des expositions et maladies professionnelles en lien avec les perturbateurs
endocriniens a peu progressé en 5 ans.
Le suivi des maladies professionnelles repose sur deux enquêtes (SUMER et COSET61) qui ne
permettent pas d?identifier les pathologies liées aux perturbateurs endocriniens. Des travaux sont
en cours à Santé publique France pour améliorer ce suivi, en exploitant notamment les données
de la Caisse nationale d?assurance vieillesse (historique du parcours professionnel), couplées avec
le système national des données de santé (SNDS) et les registres des cancers.
De même, la biosurveillance des expositions professionnelles reste à ce jour embryonnaire et très
lacunaire pour les perturbateurs endocriniens comme l?ensemble des produits chimiques (enjeu
inscrit dans le plan santé au travail 4 adopté en 2021).
2.1.3.3 La surveillance des pathologies a progressé mais à rythme modeste et de
façon très ciblée
Confiée à Santé publique France, la surveillance des pathologies en lien avéré ou suspecté avec
les perturbateurs endocriniens a produit plusieurs résultats, en particulier dans le champ de la
santé reproductive pour laquelle les perturbateurs endocriniens jouent un rôle avéré.
Qu?il s?agisse de fibromes utérins, d?endométriose ou de puberté précoce, on constate une hausse
continue des taux d?incidence, avec parfois des progressions très importantes (+4,5%/an sur la
61 Enquête Surveillance Médicale des Expositions des Salariés aux Risques Professionnels (SUMER) et Cohorte pour la
Surveillance Epidémiologique en lien avec le Travail (COSET)
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période 2007-2017 pour la puberté précoce). Ces alertes s?ajoutent à celles lancées en 2018 sur
la fertilité masculine, notamment sur la qualité du sperme (concentration spermatique) qui a
diminué de 32,2% sur la période 1989-2005.
Malgré ces signaux très alarmants, connus pour certains depuis 2018, force est de constater que
la SNPE2 s?est montrée peu ambitieuse, se fixant comme seuls objectifs de « poursuivre la
surveillance des pathologies » et de réfléchir à un élargissement de cette surveillance. Il est
notamment frappant de constater que, depuis près de 20 ans, aucune donnée nouvelle n?a été
produite sur la qualité du sperme (les dernières en date remontent à 2005) alors que les problèmes
de fertilité deviennent des enjeux de santé publique majeurs.
De même, Santé publique France accompagne ses conclusions de beaucoup de précautions, en
expliquant que la hausse des taux d?incidence peut être due à un meilleur diagnostic des
pathologies (endométriose, fibrome utérin) et qu?il est difficile d?établir un lien de causalité entre
ces indicateurs et les expositions environnementales.
Pour compléter ce tableau épidémiologique, les indicateurs en matière de cancer du sein (un
cancer hormono-dépendant pour lequel les perturbateurs endocriniens constituent un facteur de
risque avéré) connaissent une dégradation constante, avec une progression du taux d?incidence
de +1,1%/an sur la période 1990-201862.
Au-delà de la santé reproductive, la SNPE2 s?était donné comme objectif d?élargir cette surveillance
à d?autres pathologies.
C?est le but de la démarche PEPS'PE63 , lancée en 2021 et achevée en novembre 2023, qui
combine critères scientifiques (avis d?experts nationaux et internationaux) et critères sociétaux
(classement des pathologies en fonction de leur gravité, incidence et importance sociétale par un
panel de parties prenantes). Au final, il en résulte une liste d?une vingtaine de pathologies dans
laquelle, outre la santé reproductive et les cancers, on retrouve des troubles métaboliques
(maladies cardiovasculaires, surpoids et obésité, diabète de type 2, syndrome métabolique...) et
des troubles du neurodéveloppement (troubles du déficit de l?attention, troubles du comportement,
déficience intellectuelle).
Ce nouveau programme de surveillance sanitaire ? dont le lancement constitue un enjeu majeur
au regard des risques que les PE font peser sur la santé humaine - doit s?inscrire dans une
démarche « intégrée », combinant analyses spatio-temporelles des taux d?incidence et expositions
environnementales, avec à moyen terme l?appui de l?intelligence artificielle pour exploiter les bases
des données (SNDS, Green data for health, Health data hub?). Cette surveillance intégrée devrait
commencer par trois effets sanitaires en lien avec la santé reproductive puis s?étendre aux troubles
du neurodéveloppement et, enfin, les cancers hormono-dépendants.
2.1.4 Une faible prise en compte des PE dans les programmes de
surveillance environnementale
2.1.4.1 Seule la surveillance de l?air intérieur dans les logements intègre les
perturbateurs endocriniens comme déterminant
La surveillance des PE dans l?air intérieur des logements s?est améliorée durant la SNPE2 avec
l?ajout de polluants émergents, dont font partie les perturbateurs endocriniens, dans la liste des
substances à surveiller.
Plus de 15 ans après la première campagne nationale « logement », une seconde, visant à
62 Entre 2010 et 2023, la progression a été plus faible, estimée à +0,3% par an.
63 Priorisation des effets sanitaires à surveiller dans le cadre du programme de surveillance lié aux perturbateurs endocriniens
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mesurer la qualité de l?air intérieur a été menée de 2021 à janvier 2023 sur 600 logements avec
notamment pour objectif la recherche de polluants émergents dont font partie les perturbateurs
endocriniens. Ainsi, la surveillance de 7 perturbateurs endocriniens identifiés dans le cadre du
règlement REACH a été ajoutée à cette campagne.
La publication des résultats de cette campagne n?est pas encore intervenue, elle devrait avoir lieu
courant 2024. Une fois le rapport publié, une réflexion sera engagée pour déterminer des actions
à mener pour prévenir et réduire l?exposition aux polluants de l?air intérieur et identifier les
différentes sources d?exposition.
A l?image de ce qui a été fait dans l?air intérieur, la prise en compte du caractère de perturbation
endocrinienne des substances est un critère à intégrer aux différents plans de surveillance existant
dans l?air ambiant, les milieux aquatiques et les sols (cf.annexe n°9), ce qui n?a pas été fait jusque-
là.
2.1.4.2 Les plans de surveillance des compartiments environnementaux contiennent
des données sur les PE même si ces données ne sont pas valorisées
Le croisement des données disponibles issues des programmes de surveillance des différents
compartiments environnementaux que sont l?air ambiant, les milieux aquatiques et les sols, avec
les listes de substances présentant des propriétés de perturbation endocrinienne permet de voir
que certaines substances surveillées présentent des propriétés de perturbation endocrinienne.
Ainsi, un suivi pérenne national des polluants d?intérêt national dans l?air ambiant a été mis en
place depuis 2021. Sont concernés 75 pesticides parmi lesquels 3 sont identifiés comme étant en
cours d?évaluation pour leur caractère de perturbation endocrinienne par un Etat membre et 46
sont identifiés comme étant des substances chimiques d?intérêt en raison de leur activité
endocrinienne potentielle par l?Anses dans son avis d?avril 2021. Ces polluants d?intérêt national
sont définis comme des « polluants autres que les polluants réglementés pour lesquels la
surveillance est effectuée conformément au référentiel technique national ».
Concernant la surveillance des milieux aquatiques, à la demande de la mission, un croisement des
substances suivies au titre de la directive cadre sur l?eau (DCE) [arrêté du 26 avril 2022 établissant
le programme de surveillance de l?état des eaux] avec les substances chimiques présentant des
propriétés de perturbation endocrinienne figurant dans l?arrêté du 28 septembre 2023 (loi AGEC)
a été réalisé. Il en ressort que 8 perturbateurs endocriniens sont suivis au titre de la DCE (cf.annexe
n°9.4). D?autres données sur des substances PE ont très probablement été collectées au fil des
années par les agences de l?eau64 ou l?OFB, mais elles n?ont été pas été valorisées pour leur
caractère de perturbation endocrinienne. Le travail de croisement des données collectées par les
différents opérateurs avec une liste de substances PE n?a pas été réalisé dans le cadre de la
SNPE2.
En 2022, plusieurs composés perfluoroalkylés (PFAS), dont certains peuvent être des
perturbateurs endocriniens, ont été ajoutés au programme de surveillance de l?état chimique des
eaux souterraines et des eaux de surface.
Par ailleurs, comme prévu dans la SNPE2, une méthodologie visant à une meilleure prise en
compte des propriétés de perturbation endocrinienne dans les NQE a été proposée, elle doit
encore être mise en application sur plusieurs substances et présentée aux acteurs nationaux avant
d?être proposée au niveau européen pour une amélioration de la méthodologie existante.
Concernant les sols, la présence de substances chimiques, parmi lesquelles des perturbateurs
endocriniens, est étudiée dans le cadre du réseau de mesure de la qualité des sols (RMQS). Ainsi,
avant tout autre chose, ces données existantes sont à valoriser, comme cela a pu être le cas pour
64 L?Agence de l?eau Rhône Méditerranée Corse assure le suivi de certains PFAS depuis 2019, par exemple.
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les PFAS pour lesquels un rapport faisant un état de l?art des connaissances de ces substances et
de leur présence dans les sites et sols pollués a été publié en décembre 2020.
Pendant la SNPE2, le Groupement d?intérêt scientifique sol a fait l?objet de 2 évolutions majeures
pouvant avoir un impact sur la surveillance des sols :
la mise en oeuvre d?un projet Phytosol pour élargir la surveillance des résidus dans les sols ;
l?intégration du Bureau de recherche géologique et minière (BRGM) en charge du suivi des
sites et sols pollués.
Dans le cadre de la SNPE2, un croisement des données existantes avec la liste des
906 substances d?intérêt du fait de leur action endocrine potentielle identifiées dans l?avis de
l?Anses d?avril 2021 a permis d?identifier que 76 substances d?intérêt sont mesurées dans le cadre
du projet Phytosol et 46 dans le cadre du réseau de mesure de la qualité des sols sur les Polluants
Organiques Persistants (POP RQMS1). Mais cette première analyse n?a donné lieu à aucune suite.
En matière de perspective, le 5 juillet 2023, la Commission européenne a présenté sa proposition
de directive relative à la surveillance et résilience des sols dont l?objectif principal est la surveillance
et l?évaluation de l?état de santé des sols. La France devra porter dans ses positions l?intégration
du caractère PE des substances comme étant un critère de sélection des substances à surveiller.
Au niveau, européen le projet européen PARC prévoit le développement d?une campagne de
surveillance dans les différents compartiments environnementaux. Démarré en mai 2022, ce projet
se terminera en 2027. La France y participe activement.
En parallèle des travaux prévus dans PARC, une exploitation des données existantes dans les
différents plans de surveillance nationaux permettrait d?avoir une première vision, partielle et
incomplète, de l?imprégnation de l?environnement par les perturbateurs endocriniens.
2.1.4.3 Les faiblesses de la surveillance : listes multiples et surveillance en silo
La démultiplication des listes et l?absence d?une liste consensuelle de perturbateurs endocriniens
avéré, présumés et suspectés est une difficulté commune à l?ensemble des compartiments de la
surveillance environnementale.
La surveillance environnementale est un outil indispensable pour appréhender l?imprégnation de
l?environnement par les perturbateurs endocriniens, environnement qui constitue une des sources
d?exposition de la population mais joue également un rôle essentiel pour la biodiversité en affectant
la santé des écosystèmes et de la faune (baisse de fertilité, changement de sexe).
Un croisement des données issues des différents compartiments environnementaux (que sont
l?eau, l?air et le sol) permettrait d?avoir une approche intégrée de la surveillance environnementale
et d?améliorer la compréhension de phénomènes observés sur la santé humaine et l?environnement.
De la même manière, le croisement des données issues de la surveillance sanitaire avec celles
issues de la surveillance environnementale permettrait d?aboutir à une approche intégrée de la
surveillance qui pourrait être utilisée comme un indicateur des priorités de recherche et d?évaluation
des substances afin d?identifier, parmi ces perturbateurs endocriniens potentiels, lesquels devraient
faire l?objet d?une action prioritaire.
Pour permettre l?exploitation et la valorisation des données issues de la surveillance, la SNPE2
prévoyait que les sites qui recueillent des données sur les perturbateurs endocriniens puissent
transférer ces données via API sur le site data.gouv.fr. Il était également prévu la mise en place
d?un datathon afin de croiser différents jeux de données (contamination des milieux, activité
économique, catégorie socioprofessionnelle, pratiques sectorielles notamment en agriculture,
fonctionnalité des écosystèmes?) pour produire une cartographie et faire ressortir les tendances
spatio-temporelles et socio-économiques de la contamination des milieux par les PE et de
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l?exposition des populations aux PE.
Les moyens disponibles et l?absence d?une liste consensuelle des perturbateurs endocriniens
avérés et présumés n?ont pas permis de réaliser ces actions, qui pourraient néanmoins voir le jour
dans le cadre du Green Data for Health porté par l?action 18 du PNSE4. La concaténation et la
valorisation des données d?imprégnation des milieux restent des actions nécessaires. La mission
note cependant que des difficultés techniques telles que l?interopérabilité des données, la propriété
des données ? sont à prévoir.
2.1.5 La surveillance des produits de consommation reste limitée
2.1.5.1 L?alimentation, une voie d?exposition majeure dont la connaissance progresse
L?exposition de la population via l?alimentation peut être estimée grâce aux études de l?alimentation
totale65 (EAT) reposant sur une méthodologie standardisée et recommandée par l?OMS et l?Autorité
européenne de sécurité des aliments (EFSA).
Même si le critère PE n?était pas spécifiquement pris en compte dans les précédentes EAT66 ,
certaines substances PE et d?autres potentiellement PE y ont été analysées.
Ainsi, dès l?EAT1 (pour laquelle 39 substances ont été considérées), ont été recherchées dans les
aliments plusieurs éléments-traces (cadmium, plomb, etc.) qui font partie de la liste des
906 substances potentiellement PE recensées par l?Anses. Ces substances ont été reconduites
dans les EAT successives.
Au cours de l?EAT2, d?autres substances PE ont été également recherchées comme des dioxines,
des composés polybromés ou encore des PFAS. Ces substances ont toutes été incluses dans
l?EAT3 et l?EAT infantile.
Dans l?EAT3, le caractère PE (avéré ou présumé) de certaines substances a été spécifiquement
pris en compte dans la priorisation des familles de substances à analyser dans les aliments
préparés tels que consommés. Ainsi, d?autres PE sont venus s?ajouter à la liste, tels que le
bisphénol A ou encore des phtalates.
Avec l?EAT3, il sera possible pour certaines substances d?estimer des tendances dans les
expositions de la population générale à travers son alimentation depuis les années 2000 ou 2010.
En outre, considérant que la nomenclature d?ALBANE (pour la consommation alimentaire) s?appuie
sur la nomenclature d?INCA3 qui est partagée par l?EAT3, il devrait être possible de lier les futures
consommations d?ALBANE aux concentrations mesurées dans l?EAT3 et ainsi apprécier l?impact
des données de consommation d?ALBANE sur l?exposition par rapport à celles calculées dans
l?EAT3.
Concernant l?EAT3, il est regrettable que le nombre de substances considérées ait dû être réduit
(environ 300 substances ciblées contre 445 analysées lors de l?EAT2) du fait des moyens
disponibles et surtout que le périmètre soit restreint au territoire métropolitain. La prise en
considération des territoires d?outre-mer est en effet très souhaitable.
D?un point de vue méthodologique, l?évolution vers une EAT continue, comme cela est déjà pratiqué
dans certains pays (Australie, par exemple), doit être encouragée afin d?alimenter les flux de
65 Une étude de l'alimentation totale consiste à prélever sur différents points de vente les aliments régulièrement consommés par
la population, les préparer tels qu'ils sont consommés, les mixer en des échantillons dits « composites » pour en réduire le nombre,
puis les analyser pour rechercher un certain nombre de substances toxiques et nutriments. Dans la mesure où les aliments sont
analysés "tels que consommés", c'est-à-dire lavés, épluchés et cuits le cas échéant, cette méthode présente l'avantage de fournir
des données d'exposition "bruit de fond" plus réalistes que les approches fondées sur les normes alimentaires ou les résultats
des programmes de surveillance et de contrôle.
66 EAT1 2001-2004, EAT2 2006-2011, EAT infantile 2010-16.
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données de manière régulière et faciliter la gestion des moyens à allouer (effet de lissage). La prise
en considération du caractère PE dans le choix des substances à surveiller doit être encouragée
et intensifiée.
2.1.5.2 La surveillance des produits de consommation repose sur des contrôles
exploratoires à ce stade limités à la sécurité des jouets
Des contrôles dits « exploratoires » sont réalisés par la DGCCRFF sur des produits de grande
consommation destinés au public, pour des substances PE non encore réglementées mais
susceptibles de le devenir. Ces contrôles ont été ciblés sur les jeux destinés aux enfants de moins
de 3 ans, et notamment les cosmétiques jouets (paillettes, peintures pour le visage ...).
Les substances testées ont été le résorcinol, les parabènes, et, depuis 2023, le bisphénol B. La
DGCCRF effectue ces contrôles dans le cadre d?une stratégie plus large de visites ciblant la
sécurité des jouets, dont le nombre est resté stable sur la période de la SNPE2 (708 prélèvements
réalisés en 2022).
En l?absence de réglementation, les suites de ces contrôles ne peuvent toutefois qu?être
pédagogiques. Leur champ est également limité dans la mesure où le service des laboratoires67
ne dispose pas encore de méthode permettant de tester les bisphénols autres que le bisphénol A
ou le bisphénol B.
A l?avenir, une meilleure connaissance de l?exposition pourrait s?appuyer sur des campagnes vers
d?autres produits de consommation, tels que des produits aux usages répétés (ustensiles de
cuisine), ou permanents (sols en PVC) ou de contacts avec la peau (protections périodiques,
couches, lingettes).
2.2 Agir pour réduire effectivement l?exposition et l?imprégnation
2.2.1 Des progrès limités en matière d?information de la population et de
formation continue
2.2.1.1 La loi AGEC prévoit de renforcer l?information du consommateur mais sa bonne
application est compromise
Comme cela a été mentionné préalablement, la loi AGEC impose à toute personne mettant sur le
marché français de produits à destination des consommateurs qui contiennent des perturbateurs
endocriniens de mettre à disposition du public les informations permettant de les identifier. Selon
l?arrêté du 28 septembre 2023, 128 perturbateurs endocriniens sont concernés68. Cette information
doit se faire par voie électronique, dans un format ouvert, exploitable par système de traitement
automatisé. L?application « Scan4Chem » a été retenue à cette fin. Celle-ci a été développée au
niveau européen pour assurer l?application de l?article 33 de REACH consacrant un droit de
connaître la présence de SVHC dans les articles de consommation.
Pour autant, la sensibilisation du grand public se confronte à plusieurs obstacles :
Scan4Chem a été conçu pour répondre à l?article 33 de REACH qui se limite aux
« articles », elle ne permet donc pas de scanner les « mélanges » et « substances »
(comme par exemple les cosmétiques ou les peintures).
Pour la même raison, l?application ne répertorie que les produits SVHC, alors que les
67 Service commun des laboratoires des ministères économiques et financiers
68 Ces 128 perturbateurs endocriniens correspondent à 126 substances catégories SVHC dans le règlement REACH (dont 118
substances et 8 familles de substance) ainsi que 2 substances supplémentaires : le mancozèbe et le résorcinol
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décrets d?application de la loi AGEC listent deux PE non SVHC.
La diffusion de Scan4Chem au niveau national est encore très limitée : en août 2023, elle
avait été téléchargée par moins de 12.000 personnes en France 69 (l?obligation
d?information ne s?applique toutefois qu?à partir d?avril 2024).
On peut donc douter que la diffusion de l?information telle que recherchée par la loi AGEC via
l?application Scan4Chem soit réellement effective. En pratique, c?est davantage la réforme du
règlement CLP, en ayant défini une classe de danger spécifique PE, qui crée les conditions d?une
sensibilisation du grand public, en raison de l?obligation d?étiquetage des substances, même si, à
l?heure actuelle, il n?est pas prévu qu?il y ait un pictogramme spécifique aux PE.
2.2.1.2 A l?inverse, le site des 1000 premiers jours a connu un réel succès
Le site de Santé publique France fait état des risques chimiques (dont les perturbateurs
endocriniens) dans la rubrique Agir sur son environnement (alimentation, produits d?hygiène,
l?aménagement intérieur et extérieur)70. Une enquête SpF 2021 indique que la moitié des parents
sondés connaissaient les 1000 premiers jours. En 2022, 2,5 millions de visites du site sont
comptabilisées. L?application du même nom relaie les messages sur la qualité de l?air, les
substances chimiques et habitudes de consommation, ou l?étiquetage des produits chimiques. A
l?unanimité, les auditionnés connaissent la démarche 1000 premiers jours et s?appuient sur celle-
ci.
2.2.1.3 Des avancées en matière de formation continue, principalement pour les
professionnels de santé et les collectivités territoriales
En matière de formation continue (cf.annexe n°10), les opérateurs de la formation n?ont pu fournir,
pour 2019, un bilan précis du nombre de formations ni du nombre de personnes formées sur le
thème des PE. Cela ne permet donc pas d?apprécier les évolutions par rapport à la SNPE1. Quoi
qu?il en soit, selon les informations recueillies par la mission, le nombre de professionnels de santé
formés est très faible.
Au titre de la formation, la SNPE2 ne fait état que d?un seul financement, celui de la DGS (pour un
montant total de 148 k¤ sur la période 2019-2023), attribué à l?Ecole des hautes études en santé
publique (EHESP) pour la formation « perturbateurs endocriniens et risque chimique autour de la
périnatalité et l?enfance : les outils pour comprendre et agir71 ». Sur cette période 2019-2023, 1220
stagiaires ont suivi, avec succès, cette formation. L?EHESP a la volonté d?étendre ses formations.
L?Agence nationale du développement professionnel continu (ANDPC) dispose des informations
relatives aux inscriptions des professionnels de santé libéraux. Les actions en lien avec l'impact
des perturbateurs endocriniens sur la santé sont incluses dans les orientations pluriannuelles
prioritaires de développement professionnel continu (DPC)72. Sur la période 2021-2023, cela ne
représente en moyenne que 0,3% des inscriptions, dont plus de 80% de médecins.
Il convient de relever le travail du Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT)73, qui
69 Sur un total de 147.000 téléchargements en Europe ; ces chiffres sont issus du rapport d?impact : Impact-assessment-
report_version-FINAL_19.11.2023.pdf (askreach.eu)
70 Substances chimiques et habitudes de consommation (1000-premiers-jours.fr)
71 Cette formation, en ligne et gratuite pour les professionnels de santé, est agréée DPC
72 Le sujet des perturbateurs endocriniens a été intégré dans les orientations pluriannuelles prioritaires de DPC 2020-2022 ainsi
que dans les orientations pluriannuelles prioritaires de DPC 2023-2025
73 Le CNFPT, avec ses structures déconcentrée, Inset et Inet, coordonne une offre de formation de préparation aux concours, de
formations après réussite du concours et de formation continue
PUBLIÉ
https://www.askreach.eu/wp-content/uploads/2023/11/Impact-assessment-report_version-FINAL_19.11.2023.pdf
https://www.askreach.eu/wp-content/uploads/2023/11/Impact-assessment-report_version-FINAL_19.11.2023.pdf
https://www.1000-premiers-jours.fr/fr/substances-chimiques-et-habitudes-de-consommation
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a réalisé des journées de formation (webinaires et présentiel) en appui aux collectivités territoriales.
Depuis 2022, des podcasts sur la « webradio des territoriaux » sont librement accessibles74. Le
CNFPT souhaite mutualiser ses ressources avec l?EHESP, et développer des ressources
communes de formation avec l?EHESP et le réseau français des villes-santé de l?OMS. La mission
a noté un travail remarquable de capitalisation des actions menées75.
Entre 2020 et 2022, le CNFPT a formé 2 937 personnes via un webinaire sur le thème des PE
(possibilités d?action des collectivités, périnatalité et petite enfance, entretien des locaux-bâtiment-
habitat-centres techniques, eau et assainissement, développement de l?enfant, restauration
collective).
Pour les professionnels exerçant en établissement de santé ou médico-sociaux, les chiffres fournis
par l?Association nationale pour la formation permanente du personnel hospitalier (ANFH) sont
quant à eux extrêmement faibles : seulement 3 actions de formation proposées en 2021 et 5 en
2022 en lien avec les PE, totalisant 23 inscriptions en formation. Par ailleurs, l?opérateur de
compétences OPCO Santé ne fait état que d?une seule action de formation PE en 2020 (la
volumétrie de professionnels formés n?est pas documentée).
De nombreuses ressources de formations sur le sujet des PE et plus largement sur la santé
environnementale et/ou sur les risques chimiques76, se sont développées, agréées ou non pour le
développement professionnel continu (DPC).
S?agissant de la diffusion de documents d?informations auprès des professionnels, la mission a
particulièrement remarqué :
un outil de sensibilisation des professionnels de santé, élaboré par la DGS77, et diffusé
notamment aux ordres et syndicats représentatifs des professionnels de santé en
décembre 2023 ;
un guide à l'usage des médecins libéraux de l'Union régionale des professionnels de santé
(URPS) médecins libéraux PACA78 ;
la fiche repères de l?INCa « Risques de cancer et perturbateurs endocriniens » 79 (2019)
pour les réseaux professionnels.
2.2.1.4 La formation initiale sur les PE reste marginale
Pour apprécier la formation initiale des professions de santé médecine-maïeutique-odontologie-
pharmacie (cf.annexe n°10), la mission a adressé un questionnaire à la conférence des doyens de
médecine et à la conférence des doyens d?odontologie80. La conférence des doyens de pharmacie
avait procédé à une enquête en amont de l?audition. Il apparaît que la pharmacie développe une
offre de formation santé environnement SE/PE structurée bien que protéiforme au plan national.
L?odontologie est, sauf quelques exceptions, en développement sur ce sujet sur l?ensemble des
facultés. L?enseignement des PE en facultés de médecine présente un état contrasté entre fort
engagement en enseignement de la thématique PE, enseignement SE avec PE, ou sans PE, et
74 https://radio.cnfpt.fr/
75 www.cnfpt.fr/s-informer/nos-actualites/le-fil-dactu/perturbateurs-endocriniens-document-capitalisation/inset-nancy (2021)
76 Par exemples : AFPA https://afpa.org/formation/perturbateurs-endocriniens-environnementaux-2023/; MOOC sur la Santé
environnementale - FUN MOOC - Université de Bordeaux ;MOOC sur les perturbateurs endocriniens - URPS Pharmaciens
Nouvelle-Aquitaine ; Syndicat des femmes chirurgiens-dentistes (SFCD) Les perturbateurs endocriniens, MOOC Le Prévention
des risques environnementaux chez la femme enceinte et l?enfant ARS-AP-HP
77 Perturbateurs endocriniens - Ministère du travail, de la santé et des solidarités (sante.gouv.fr)
78 www.urps-ml-paca.org/wp-content/uploads/2019/06/Guide-Perturbateurs-Endocriniens.pdf
79 Perturbateurs endocriniens - Réf : FRPERTUBENDOCR19 (e-cancer.fr)
80 Voir annexe n°10
PUBLIÉ
https://radio.cnfpt.fr/
http://www.cnfpt.fr/s-informer/nos-actualites/le-fil-dactu/perturbateurs-endocriniens-document-capitalisation/inset-nancy
https://afpa.org/formation/perturbateurs-endocriniens-environnementaux-2023/
https://www.fun-mooc.fr/fr/cours/sante-environnementale/
https://www.fun-mooc.fr/fr/cours/sante-environnementale/
https://pe-urps.lemondepharmaceutique.tv/
https://pe-urps.lemondepharmaceutique.tv/
https://sfcd.fr/produit/les-perturbateurs-endocriniens-le-14-12-2023-en-distanciel/
https://sante.gouv.fr/sante-et-environnement/risques-microbiologiques-physiques-et-chimiques/article/perturbateurs-endocriniens
https://www.e-cancer.fr/Expertises-et-publications/Catalogue-des-publications/Perturbateurs-endocriniens
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plus rarement, absence de formation PE ; près d?un tiers s?appuient sur le cours en ligne ouvert et
massif (MOOC) national santé-environnement. Enfin l?enseignement sur le thème des PE en
formation initiale est à l?appréciation des 35 écoles de sage-femmes, et représente en moyenne
trois heures de formation dans le cursus.
Les universités développent les programmes en toute autonomie. La mise en lumière, à l?aide d?un
baromètre annuel, de ce qui est enseigné en santé-environnement (et sur les perturbateurs
endocriniens), serait un bon moyen de stimuler ces enseignements.
Pour les formations paramédicales les plus concernées, la mission, sans pouvoir obtenir de
données d?ensemble, a pu noter un certain nombre de points convergents : pour les auxiliaires de
puériculture, la thématique PE est abordée dans le module 2 du référentiel du diplôme d?Etat
d?auxiliaire de puériculture (DEAP) repérage des risques notamment environnementaux ; pour les
infirmières puéricultrices, la thématique PE, non obligatoire, peut être abordée dans le cadre
d?enseignement en santé environnementale.
Un module spécifique existe dans le service sanitaire des étudiants en santé, commun avec
médecine-maïeutique-odontologie-pharmacie et infirmiers (cf. annexe n°10).
Pour ce qui concerne les écoles d?ingénieurs, AgroParisTech participe à un tronc commun des
cadres supérieurs du service public, par un volet transition écologique et One Health, dont le
pilotage, la coordination et l?animation sont réalisés par l?Institut national du service public (INSP).
Cela concerne 1 300 élèves en 2024, dans 21 écoles, principalement des écoles d?application.
Plus globalement, la formation initiale des cadres des secteurs productifs (industrie, agriculture?),
n?offre aucune lisibilité en matière de PE, à l?exception de l?Institut One Health (IOH).
Soutenu par France 2030, l?IOH, porté par l?Ecole universitaire de recherche EID@lyon, a vocation
à devenir un institut de référence pour la formation, l?expertise et la décision sur les sujets « Une
seule santé ». L?IOH est issu de la réunion des établissements de formation des ministères chargés
respectivement de l?agriculture (via l?ENSV-FVI VetAgro Sup et AgroParisTech), de la santé
(EHESP), de l?écologie et de l?enseignement supérieur et la recherche. Les publics ciblés sont les
décideurs publics, les décideurs privés et les organisations de la société civile.
2.2.1.5 Dans l?ensemble, les branches professionnelles n?accordent pas de place
spécifique aux PE
A l?exception des professions de santé, les branches professionnelles concernées par la
manipulation de produits chimiques ne réservent pas de traitement particulier aux PE. Ceux-ci sont
considérés au même titre que les autres produits chimiques.
La réglementation française s?applique selon les règlements européens relatifs aux produits
chimiques qui ne distingue pas spécifiquement les PE. Cette situation pourrait évoluer à la faveur
d?une réforme européenne, actuellement en discussion, destinée à étendre le champ de la directive
cancérigène mutagène reprotoxique (CMR) aux PE81, ce qui rendrait leur manipulation plus stricte,
avec des obligations plus fortes imposées aux employeurs sur la substitution et la mise en place
de mesures préventives.
Les sapeurs-pompiers sont exposés, à travers les fumées d?incendie (10% de leur activité), à un
certain nombre de PE malgré leurs équipements de protection individuelle (EPI). Sur une toute
petite partie de ces incendies, ils utilisent des émulseurs, qui contiennent des PFAS. Les sapeurs-
pompiers n?ont pas de formation spécifique sur les PE, mais sur la fumée et le port des EPI.
81 Un accord en COREPER du 6 décembre 2023 prévoit une réforme pour intégrer les PE dans la Directive 2004/37/CE sur les
agents cancérogènes et mutagènes sur le lieu de travail (dite directive CMRD), une évaluation scientifique a été lancée par la
Commission à cet effet
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Les représentants professionnels soutiennent l?évolution de la réglementation européenne et
invitent les services départementaux d?incendie et de secours (SDIS) à faire une transition vers
des émulseurs « sans fluor », puisque les produits en contenant seront interdits dans 18 mois. Ils
souhaitent suivre les conclusions de l?étude Anses ? SpF sur les métiers particulièrement exposés
aux PFAS, notamment pour établir des valeurs limites d?exposition qui n?existent pas aujourd?hui
(il n?y a d?ailleurs pas d?étude statistique ou épidémiologique sur la santé de ces professionnels à
long terme).
Les coiffeurs utilisent des produits à usage professionnel pouvant contenir des PE, pour lesquels
ils expriment des inquiétudes tout en ne se sentant pas responsables, étant en « bout de chaîne ».
Dans les écoles de formation, le volet préventif porte, lorsqu?il existe, sur l?ensemble de ses
dimensions (postures de travail, troubles musculo-squelettiques?), sans volet particulier sur les
PE ni sur les produits chimiques globalement.
D?une façon générale, les risques liés au PE ne font pas partie des risques professionnels intégrés
dans les référentiels enregistrés au Répertoire national des certifications professionnelles (RNCP).
Pourtant, le Centre d?ingénierie sectoriel industrie de l?Agence nationale pour la formation
professionnelle des adultes (Afpa) considère que 85 métiers sont concernés par l?impact des PE.
2.2.2 La réglementation des substances et sa mise en oeuvre se heurtent
à de nombreuses difficultés
2.2.2.1 La SNPE2 a permis de soutenir l?adoption d?un règlement délégué du CLP
instaurant de nouvelles classes de dangers
La SNPE2 a contribué à consolider le rôle moteur de la France pour renforcer la réglementation
européenne. C?est le cas en particulier pour la réforme du règlement CLP qui faisait partie des
actions listées dans le SNPE2. Le vote de la loi AGEC au niveau national, qui apporte des
obligations d?information sur la présence de perturbateurs endocriniens, a également contribué à
affermir la position française au niveau européen.
Le règlement délégué (UE) n°2023/707 modifiant le règlement CLP, introduisant des nouvelles
classes de dangers de perturbateurs endocriniens pour la santé humaine et l?environnement est
une étape importante vers l?harmonisation des réglementations européennes, qui devront à terme
intégrer une même définition des perturbateurs endocriniens.
Dans le prolongement de cette réforme, la France oeuvre en faveur de l?inscription des
perturbateurs endocriniens et d?un pictogramme associé dans le système de classification
internationale des Nations-Unies (UN ? GHS : système général harmonisé de classification et
d?étiquetage des produits chimiques).
2.2.2.2 Le contrôle des produits, sur le territoire français et aux frontières, est limité
par les moyens techniques et fragilisé par le commerce en ligne
Les contrôles réglementaires sont destinés à vérifier l?application de la réglementation. Ils sont
effectués par la DGCCRF82, ou par la DGDI83s?il s?agit de produits importés.
Les contrôles de la DGCCRF sont effectués dans le cadre de son programme annuel de contrôle.
Depuis 2019, ces contrôles ont porté sur les matériaux au contact des denrées alimentaires
(recherche de bisphénol A et de phtalates), les jouets (recherche de bisphénol A, de parabènes et
de phtalates), les produits chimiques et biocides (recherche de phtalates), ainsi que les
cosmétiques (recherche de parabènes). Le nombre de visites avec prélèvement s?élève à 1 187
82 DGCCRF : Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes
83 DGDI : Direction générale des douanes et droits indirects
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en 2023, un chiffre en légère baisse sur les deux dernières années. Le nombre d?établissements
en anomalie sur la période est resté stable autour de 15% environ.
La réforme du règlement CLP permettra d?élargir le pouvoir des autorités de contrôle via la
vérification de l?étiquetage des propriétés PE des substances concernées à partir de 2025.
Les contrôles douaniers sont orientés par des campagnes annuelles, et portent sur une variété de
produits (cosmétiques, bijouterie, montres, parfums, colles, chaussures, vernis ...) dans lesquels
des perturbateurs endocriniens ont pu être détectés.
Ce contrôle douanier est limité par les règles du marché unique : une marchandise ne peut être
contrôlée à nouveau si elle a déjà été dédouanée dans un autre Etat membre. Pour les produits
dédouanés en France, les contrôles douaniers s?exposent par ailleurs au manque de
documentation, dans le cas où le produit ne disposerait pas d?un code spécifique, comme c?est le
cas pour les canards de bain, régulièrement ciblés pour la présence de BPA dans leur matériau.
Le contrôle douanier n?est enfin pas adapté au commerce en ligne, puisque les prélèvements
doivent nécessairement se faire sur 4 échantillons du même produit pour être probants, soit une
quantité supérieure à la majorité des achats en ligne. Par ailleurs, dans un contexte de
mondialisation, les capacités de contrôle des douanes sont minimes au regard du volume des
transactions concernées.
2.2.2.3 Le droit du travail ne réserve pas de traitement spécifique aux perturbateurs
endocriniens
En matière de droit du travail, l?Union Européenne définit des exigences minimales, que les Etats
membres peuvent renforcer en faveur des travailleurs. La protection de la santé et de la sécurité
des travailleurs est organisée par la directive n°89/391/CEE qui définit des grands principes
(prévention des risques, adaptation des postes de travail, instructions appropriées ...)
Cette protection est complétée, en matière d?exposition aux substances dangereuses, par la
directive n°98/24/CE sur les agents chimiques sur le lieu de travail, qui fixe les premières valeurs
limites d?exposition professionnelle (VLEP) pour les substances chimiques, parmi lesquels figurent
notamment des perturbateurs endocriniens.
Il existe enfin une directive n°2004/37/CE sur les agents cancérogènes et mutagènes sur le lieu de
travail qui pose des règles plus contraignantes, notamment sur les valeurs limites d?exposition
professionnelle (VLEP). Cette directive a été révisée en 2022 pour inclure également les
substances reprotoxiques. Les substances concernées par cette directive sont donc celles
reconnues cancérigènes, mutagènes ou reprotoxiques (CMR), parmi lesquelles on retrouve
certains perturbateurs endocriniens, mais qui n?apparaissent pas au titre de leur effet endocrinien.
La Commission travaille actuellement à la réforme de cette directive n°2004/37/CE pour inclure les
perturbateurs endocriniens en tant que tels, à l?issue d?un vote favorable du comité des
représentants permanents qui prépare les travaux du Conseil de l?Union Européenne, le 6
décembre 2023. Une évaluation scientifique a été confiée à l?ECHA, qui pourrait aboutir à un projet
de révision de directive entre 2028 et 2030.
Le droit du travail faisant partie des domaines où l?Etat membre peut appliquer une réglementation
plus stricte, il est possible de fixer des VLEP plus exigeantes dans le droit national. La SNPE
prévoyait ainsi de revoir les VLEP des substances aux effets PE dans le droit national, mais cette
action n?a pas été finalisée (l?Anses a proposé d?instaurer des VLEP pour deux substances, sans
traduction dans le code du travail à ce stade).
Il convient de noter que la Belgique a fait le choix de traiter les perturbateurs endocriniens au même
titre que les substances CMR, choix cohérent avec la mise en place de sa propre stratégie sur les
perturbateurs endocriniens (NAPED).
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2.2.3 Un échec des actions en faveur de la substitution
2.2.3.1 Des outils informatifs ont été produits à l?intention des industries mais n?ont
connu qu?un faible écho
Différents supports d?information ont été développés à destination des industriels. L?Ineris a ainsi
participé aux travaux animés par l?ECHA et l?OCDE entre 2019 et 2021 qui ont conduit à la
publication d?un guide méthodologique.
Une autre initiative notable est celle du site destiné à apporter un appui aux acteurs économiques
engagés dans une démarche de substitution afin de promouvoir la diffusion et le partage
d?informations. Initialement restreint au bisphénol A, le site a été étendu à d?autres substances :
bisphénols, phtalates, alkylphénols et PFAS. Le site met à disposition un guide méthodologique
réalisé dans le cadre du PNSE3 afin d?aider les entreprises à identifier un substitut. Le site présente
également des alternatives, sans toutefois être systématiquement en mesure de déterminer
lesquelles sont les plus sûres. Il est bien précisé que la mention d?une alternative ne vaut pas étude
de sa viabilité.
Néanmoins, la mise à disposition de guides méthodologiques et d?outils de comparaison des
alternatives disponibles reste un levier de prévention important pour intégrer l?approche « Safe and
sustainable by design » dans la démarche de substitution.
2.2.3.2 Les appels à projets consacrés à la substitution ont été infructueux
Les campagnes destinées à promouvoir la substitution volontaire n?ont pas rencontré leur public.
Ainsi, le budget de plus de 15 millions d?euros prévus par la DGE84 pour mobiliser les entreprises
n?a que peu été utilisé. En 2021, un critère de substitution avait été inclus dans l?appel à projets
« Résilience », et seulement deux projets ont été retenus à ce titre : un sur la substitution du BPA
dans les boîtes de conserve, l?autre sur l?utilisation de solutions biosourcées. Par ailleurs, l?appel à
projet « Safe by design » prévu pour 2023 a finalement été repoussé n?ayant pu être intégré à la
maquette France 2030 déjà consolidé, ni être porté par un budget DGE propre. L?appel à
manifestation d?intérêt qui l?a précédé n?avait toutefois pas rencontré d?intérêt particulier de la part
de l?industrie, un seul projet ayant été reçu, concernant une simulation numérique pour accélérer
la recherche vers d?autres substances. De même, l?action de promotion de la substitution auprès
des pôles de compétitivité n?a connu qu?une faible mise en oeuvre.
De façon plus générale, la promotion de la substitution auprès des entreprises fait face à des dif-
ficultés structurelles. D?une part, la substitution est une démarche volontaire qui reste tributaire de
la volonté des industriels. D?autre part, il est difficile pour l?administration de disposer d?une vision
précise de l?évolution de la recherche et développement de chaque entreprise. Par exemple, la
diffusion des connaissances est limitée par le secret industriel, les entreprises ayant intérêt à gar-
der confidentiel le développement de nouvelles formules et techniques pour préserver leur avan-
tage concurrentiel.
Pour autant, le manque de succès des actions de promotion de la substitution à ce jour ne saurait
signifier que la réduction de l?exposition aux PE ne peut se faire que par la réglementation. La
prochaine stratégie devra donc travailler à renouveler son approche dans la substitution, avec une
démarche plus engagée des ministères concernées, assurer le financement des appels à projet
(AAP) et envisager d?autres mesures innovantes (intégration dans les démarches RSE,
accompagnement sur le modèle de ce qui existe dans l?industrie pharmaceutique, cf.annexe
n°11?).
84 DGE : Direction générale des entreprises
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Les services Économiques de l'État en région (SEER)85, sous l?impulsion de la DGE, assureront la
promotion des actions et seront un relais auprès des industriels concernés. Un ciblage préalable
des régions les plus susceptibles d?héberger des industriels concernés par une prochaine
restriction d?usage d?une substance PE devra être réalisé par la DGPR et la DGE pour que l?action
de communication et de promotion s?y concentre prioritairement.
2.2.4 Un foisonnement d?actions territoriales de prévention
2.2.4.1 Un foisonnement d?actions de prévention portées principalement par les
associations, les collectivités territoriales, les maternités et les crèches
Les initiatives prises sur le terrain sont nombreuses et même foisonnantes (cf.en annexe n°11, une
description des projets dont la mission a eu connaissance).
Elles émanent en premier lieu des collectivités territoriales qui ont mis en place de nombreuses
actions visant à réduire l?exposition aux perturbateurs endocriniens, souvent à l?initiative du Réseau
environnement santé dont la charte « villes et territoires sans perturbateurs endocriniens » a, selon
l?association, été signée par près de 300 communes, 10 départements et 4 régions.
Dans le domaine de la restauration collective, en particulier les cantines scolaires, les démarches
dont la mission a eu connaissance ont permis de réelles avancées, parfois à large échelle.
S?agissant de la commande publique, les résultats sont plus mitigés, les démarches se heurtant
souvent à l?absence d?offre de produits certifiés « sans perturbateurs endocriniens ».
Principale fenêtre de vulnérabilité, les 1 000 premiers jours concentrent logiquement la majeure
partie des actions territoriales de prévention, en particulier dans les maternités et les crèches.
Nettoyage des sols et des surfaces, produits d?hygiène et d?entretien, alimentation, sensibilisation
des parents, jouets, aération des locaux : la prévention des perturbateurs endocriniens (et plus
globalement la prévention des expositions environnementales) est une démarche globale qui
suscite souvent une forte adhésion des personnels. Cette démarche s?étend généralement à
l?ensemble des produits chimiques. De fait, il n?est pas aisé de lutter spécifiquement contre les
perturbateurs endocriniens qui ne font pas l?objet d?un étiquetage particulier ni même, jusqu?à très
récemment (loi AGEC), d?une liste officielle.
Ces dynamiques territoriales reposent également sur des actions de sensibilisation/information à
destination, d?une part, des parents et futurs parents et, d?autre part, des professionnels de santé
et de la petite enfance. C?est le cas des ateliers « Nesting » dont l?objectif est de sensibiliser les
parents ou futurs parents aux risques environnementaux, chimiques en particulier86. Le projet «
FEES » (Femmes enceintes, environnement et santé) poursuit un objectif similaire (« réduire
l?exposition aux polluants des futurs et jeunes parents »). Porté par l?Association pour la prévention
de la pollution atmosphérique (APPA) et la Mutualité française, ce projet se déploie depuis 2011
dans les Hauts-de-France et s?étend dans 7 régions.
Dans certaines régions, l?Assurance maladie apporte aussi sa contribution à la lutte contre les
perturbateurs endocriniens. C?est le cas notamment dans l?Indre et dans l?Aisne où les caisses
primaires d?assurance maladie ont mené des actions de sensibilisation des professionnels de santé
et des femmes enceintes ; des initiatives qui ont trouvé un écho national dans la convention
d?objectifs et de gestion 2023-2028 de la CNAM qui prévoit notamment la généralisation des
expérimentations « 0 phtalates ».
85 Au sein des DREETS, les SEER déclinent la politique économie de l?Etat en région, autour de 3 axes : développer des filières
stratégiques, soutenir l?innovation des entreprises, et préserver et consolider le tissu économique.
86 Selon WCEF (en charge de ce programme), près de 800 animatrices (sage-femmes, auxiliaires de puériculture?) ont été
formées depuis 2009 à l?animation de ces ateliers qui peuvent se dérouler dans une maternité, un centre de PMI, une crèche?
600 ateliers auraient ainsi été organisés en 2022
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2.2.4.2 Quelques initiatives locales de surveillance environnementale
En 2021-2022, une évaluation de la présence des pesticides dans l?air ambiant a été réalisée par
ATMO Occitanie. Cinq substances actives d?intérêt en raison de leur activité endocrine potentielle
identifiées par l?Anses dans son avis d?avril 2021 ont été quantifiées sur l?ensemble des sites de
mesures, à des fréquences plus ou moins importantes. Ce travail sera poursuivi dans les
prochaines années.
En 2022, sous l?égide de la DGPR, une démarche exploratoire d?identification d?une activité
endocrinienne dans les effluents d?industries pharmaceutiques a été réalisée dans quelques
régions. Cette action a permis d?affiner la méthodologie de caractérisation des activités
endocriniennes par les outils bio-analytiques et si nécessaire pourrait aboutir à la mise en place
d?actions spécifique pour chaque site afin de réduire ces émissions. Sans tirer de conclusion hâtive
sur l?interprétation des résultats préliminaires, les premiers éléments convergent sur la détection
d?une activité endocrinienne dans la majorité des rejets.
2.2.4.3 Des actions qui se sont déployées avec peu de soutien mais qui suscitent une
réelle dynamique de terrain en faveur de la santé environnementale
La plupart des acteurs de terrain engagés dans ces actions de prévention connaissent mal la
SNPE2. Au mieux, elle constitue une référence qui permet de légitimer leur action et de mobiliser
des partenaires (y compris sur le plan financier), en interne comme en externe.
Pour ces acteurs, la SNPE2 n?apporte ni financement, ni cadre d?action : plusieurs interlocuteurs
de la mission ont ainsi regretté l?absence de recommandations claires, à commencer par une liste
d?outils dont l?efficacité aurait été scientifiquement établie. Cette lacune, qui n?est pas propre à la
santé environnementale, conduit les acteurs locaux à recourir à des opérateurs et des méthodes
sur la base d?échos favorables d?expériences menées dans d?autres régions.
Santé publique France a procédé à un recensement précieux des principales actions de prévention
consacrées aux perturbateurs endocriniens. En revanche, il ne lui a pas été possible d?en dresser
le bilan et encore moins d?en mesurer l?impact sur les pratiques et a fortiori sur les expositions.
Sur le plan méthodologique, le principal appui dont bénéficient les collectivités territoriales provient
du CNFPT, grâce à son offre de formation mais aussi par la mise à disposition d?outils87 et par des
conférences qui permettent de partager expériences et bonnes pratiques. Le réseau français des
villes-santé de l?OMS apporte également un soutien apprécié par les communes et
intercommunalités qui en font partie.
Les crèches et les maternités bénéficient généralement de l?appui de prestataires qui les
accompagnent dans la réalisation du diagnostic, l?élaboration du plan d?action et sa mise en oeuvre
(actions de formation notamment).
Lors des investigations de terrain, ce qui frappe également, c?est le manque de coordination entre
les acteurs. Dans certaines régions se superposent ainsi plusieurs stratégies ou plans d?action sur
les perturbateurs endocriniens : conseil régional, conseils départementaux, communes...
Au niveau régional, les plans régionaux santé environnement (PRSE) portés par les ARS et les
DREAL s?efforcent d?apporter de la cohérence et, ponctuellement, des financements à ces actions
de prévention en santé. Ainsi, une grande partie des actions consacrées aux 1 000 premiers jours
dont la mission a eu connaissance avaient bénéficié d?un financement ARS. De fait, les
perturbateurs endocriniens apparaissent dans la quasi-totalité des PRSE4 mais la place qu?ils y
occupent est limitée, centrée sur les 1000 premiers jours. Dans la très grande majorité des PRSE4,
les perturbateurs endocriniens ne font pas l?objet d?actions spécifiques mais sont inclus dans des
87 Par exemple le guide « Agir localement en Santé environnement » paru en octobre 2023
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objectifs plus généraux tels que l?amélioration de la qualité de l?air intérieur, la réduction de
l?exposition aux produits chimiques?
Dans le domaine de la santé au travail, les directions régionales de l'économie, de l'emploi, du
travail et des solidarités (DREETS) s?efforcent également d?impulser et de coordonner des actions
de prévention des expositions professionnelles aux perturbateurs endocriniens, via notamment les
plans régionaux santé au travail (PRST). La mission a ainsi eu connaissance de démarches
innovantes dans les régions PACA et Centre-val-de-Loire. Là encore, si quelques actions sont
centrées sur les perturbateurs endocriniens, c?est une approche globale de réduction du risque
chimique qui est le plus souvent retenue.
Si les données manquent pour en apprécier l?impact, ces actions de prévention suscitent
indiscutablement une dynamique positive sur le terrain qui va bien au-delà des perturbateurs
endocriniens (sujet complexe qui se prête difficilement à des actions ciblées). Les perturbateurs
endocriniens constituent ainsi un point de départ à partir duquel s?engage une évolution des
pratiques et des organisations qui contribue à la « sobriété chimique » et plus largement à la
réduction des expositions environnementales, au bénéfice des publics les plus à risque au premier
rang desquels figurent les femmes enceintes et les jeunes enfants.
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3 UNE STRATEGIE PERTINENTE ET GLOBALEMENT COHERENTE
MAIS DONT L?EFFICACITE EST INCERTAINE
A partir du bilan qui précède, la mission s?est efforcée de dégager les points forts et les points
faibles de la SNPE2 en répondant à quatre questions évaluatives : pertinence, cohérence,
efficacité et gouvernance. La question de l?efficience n?a pas pu être traitée en raison du manque
d?information sur les moyens mis en oeuvre.
3.1 Une stratégie globalement pertinente mais insuffisamment
tournée vers l?action et manquant de priorités
3.1.1 Une stratégie globalement pertinente mais qui ne mise pas assez sur
les actions de prévention et de réduction des émissions
Avec ses trois volets (former et informer ; protéger la population et l?environnement ; faire
progresser les connaissances), la SNPE2 couvre l?ensemble des thématiques et questions
relatives aux PE.
Cependant, sa structure est déséquilibrée, avec des actions visant la connaissance beaucoup plus
nombreuses que celles relatives à la prévention et à la réduction de l?exposition des populations et
de l?environnement, alors même que « protéger la population et l?environnement » est objectif
général de la SNPE2.
Les mesures visant l?amélioration de la connaissance, l?information et la formation sont nécessaires,
mais leur traduction opérationnelle a été modeste. Ainsi, la biosurveillance, la surveillance sanitaire
et la surveillance environnementale sont le plus souvent décorrélées d?actions de prévention ou de
réduction des émissions. En matière d?actions de réduction de l?exposition, la SNPE2 mise
principalement sur la réglementation, laisse la substitution sur la base du volontariat et soutient
peu les initiatives des acteurs locaux (collectivités, crèches, établissements de santé, associations).
3.1.2 Une bonne prise en compte de la dimension européenne mais des
lacunes s?agissant de l?approche ?une seule santé?, des inégalités
sociales et des initiatives territoriales
La règlementation encadrant les perturbateurs endocriniens étant principalement européenne, la
SNPE2 met à juste titre l?accent sur la défense de positions françaises ambitieuses au niveau
communautaire.
Elle affiche une volonté de s?inscrire dans une approche ?une seule santé? et elle s'intéresse en
effet à la santé humaine, aux écosystèmes et à la santé animale. Malheureusement, l?approche
est limitée, les différentes actions restent compartimentées en silo et les interactions existent peu.
De plus, comme le rapport du Haut conseil de la santé publique le soulignait en 2018, les inégalités
socio-économiques et les inégalités d?exposition (genre, contexte socio-professionnel?) sont
insuffisamment prises en compte. Or, selon des études, notamment américaines, des inégalités
sociales dans l?exposition aux perturbateurs endocriniens existent : les personnes aux revenus les
plus modestes consomment par exemple davantage de nourriture grasse, contaminée par des
phtalates ou de denrées conditionnées dans des contenants contenant du BPA. Une étude
permettrait d?éprouver cette hypothèse en France.
Enfin, la dimension territoriale, bien que présente dans la SNPE2, reste balbutiante alors même
que les acteurs locaux sont actifs sur le sujet et portent des initiatives pertinentes avec des actions
de prévention, de sensibilisation et de réduction des émissions.
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3.1.3 Un affichage d?actions souvent déjà lancées et qui dépassent les
seuls perturbateurs endocriniens
Une bonne partie du plan d?action de la SNPE2 est constitué d?actions déjà prévues ou engagées
par ailleurs, soit au titre d?un autre plan ou stratégie (par exemple le plan micropolluants 2016-2021)
soit dans le cadre des programmes de travail des administrations centrales et des opérateurs.
Par ailleurs, bon nombre de mesures dépassent les seuls perturbateurs endocriniens et concernent
les produits chimiques en général, voire la santé environnementale.
Enfin, les actions pour lesquelles un budget est affiché sont très peu nombreuses (moins d?une
dizaine).
Ces choix ne remettent pas en question la pertinence de la SNPE2. En revanche, ils rendent plus
compliqué d?identifier sa « plus-value » et donc de distinguer ce qui est attribuable la SNPE2 de ce
qui aurait, de toute façon, été mis en oeuvre.
3.2 Si la SNPE2 est, dans l?ensemble, cohérente avec les plans
globaux, elle souffre d?un certain nombre d?incohérences
internes
3.2.1 Une cohérence satisfaisante avec les plans globaux mais une
articulation moins lisible avec les stratégies et plans sectoriels
La SNPE2 est une composante du 4ème plan national santé environnement (PNSE4) et s?inscrit
dans un (très vaste) ensemble de stratégies et plans nationaux consacrés à la santé publique, à la
santé au travail et à la protection de l?environnement.
Plusieurs actions du PNSE4 font écho à la SNPE2, en particulier dans les domaines de la
recherche (PEPR exposome), de la formation (formation initiale et continue des professionnels de
santé) et de l?information du consommateur (application Scan4chem, étiquetage des produits
ménagers?). Le 4ème Plan santé au travail ne fait pas référence explicitement à la SNPE2 mais
plusieurs actions, consacrées au risque chimique, incluent les perturbateurs endocriniens (action
réglementaire au niveau européen, recherche sur l?exposome, biosurveillance professionnelle ?).
Avec les plans sectoriels, la cohérence est plus difficile à établir. C?est le cas notamment des
stratégies et plans d?action qui visent des substances (chlordécone) ou des familles de substances
(PFAS, phytosanitaires) qui ont, pour certaines, un effet de perturbation endocrinienne. Qu?il
s?agisse du 4ème plan chlordécone adopté en 2021 ou du plan d?action interministériel sur les
PFAS lancé en 2024, aucun ne fait référence à la SNPE2, alors que leur contenu rejoint, en grande
partie, ses objectifs. Il en est de même avec la stratégie Ecophyto 2030 dévoilée en mai 2024. Au
total, parmi les 37 stratégies et plans gravitant autour du PNSE4 (cf. annexe 12), près de la moitié
ont un lien ? direct ou indirect ? avec les perturbateurs endocriniens. Un tel foisonnement est
difficilement lisible pour les acteurs de terrain et même pour la plupart des décideurs nationaux,
comme la mission l?a constaté lors de ses auditions.
La complémentarité est, en revanche, beaucoup plus explicite avec le plan micropolluants adopté
en 2016, auquel plusieurs actions de la SNPE2 font explicitement référence. La stratégie
décennale de lutte contre les cancers s?appuie également sur la SNPE2 et inclut les perturbateurs
endocriniens dans plusieurs de ses axes (recherche, prévention?).
Au niveau territorial, les perturbateurs endocriniens figurent dans la quasi-totalité des 4èmes plans
régionaux santé environnement (PRSE4) même si très peu d?entre eux mentionnent explicitement
la SNPE2.
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3.2.2 Le plan d?action conforte la dimension opérationnelle de la stratégie
malgré quelques incohérences
Conformément aux recommandations des inspections générales, la SNPE2 a été dotée d?un plan
d?action destiné à rendre la stratégie plus opérationnelle. D?une soixantaine de pages, ce document
a le mérite de préciser les objectifs poursuivis, les résultats attendus et les pilotes, contributeurs et
opérateurs en charge de chacune des 50 actions. De fait, il a constitué la feuille de route de la
SNPE2 et permis le suivi de son déploiement.
Ce plan d?action, globalement cohérent et adapté aux enjeux, comporte cependant quelques
incohérences :
les indicateurs sont trop nombreux ; certains de ces indicateurs manquent de pertinence,
ce qui est d?autant plus regrettable que le HCSP avait réalisé un travail considérable pour
proposer des indicateurs « SMART88 », c?est-à-dire spécifiques, mesurables, atteignables,
réalistes et temporellement définis.
le découpage en axes est, sur certains sujets, difficilement lisible (l?axe dédié à
l?alimentation ne comporte qu?une action alors que celui consacré à la connaissance de
l?imprégnation de l?environnement en compte 13).
si les volets 1 (formation et information) et 3 (améliorer les connaissances) sont cohérents
et homogènes, ce n?est pas le cas du volet 2 qui couvre à la fois la surveillance
environnementale, la substitution et la réglementation, sous un titre « protéger
l?environnement et la population » qui correspond à l?objectif général de la SNPE2 ;
un manque de séquençage temporel, certaines actions n?ayant pas pu être mises en oeuvre
dans les délais impartis (voire abandonnées) car tributaires de la réalisation d?autres
actions89.
Enfin, il y a peu de complémentarité entre le plan d?action et le « document de référence », ce
dernier n?ayant pas de caractère stratégique mais plutôt une vocation « communicante ». De fait,
c?est le plan d?action qui a tenu lieu de stratégie.
3.3 Malgré quelques avancées, les résultats sont bien en deçà des
objectifs fixés en 2019
3.3.1 Des avancées notables sur le plan de la réglementation, de
l?information du public et en matière de recherche
La France a fait partie des Etats qui ont soutenu la mise en oeuvre de la stratégie européenne pour
la durabilité des produits chimiques, dont la principale avancée a été la réforme du règlement CLP
créant une classe de dangers pour les PE, et qui a vocation à harmoniser l?appréhension des
perturbateurs endocriniens dans la réglementation européenne.
Pour autant, l?action de la France n?a pas suffi à inscrire la réforme du règlement REACH dans le
programme de travail de la Commission européenne. Les citoyens européens pâtissent donc des
lenteurs d?un système qui n?est plus en capacité de faire face au volume croissant des substances
à évaluer.
Sur le plan de la réglementation française, la loi AGEC représente aussi un progrès, mais sa mise
88 SMART pour Spécifique, Mesurable, Acceptable, Réaliste, Temporellement défini. George T. Doran, « There's a SMART way
to write management's goals and objectives » Management Review, vol. 70, no 11, 1981, 35?36
89C?est le cas de l?action 3 qui prévoyait l?établissement d?une liste de substances ayant des propriétés PE, qui a été finalisée en
avril 2021
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en oeuvre est compromise par les limitations de l?application Scan4Chem.
En matière d?information du public, les sondages révèlent que le sujet des perturbateurs
endocriniens est de mieux en mieux connu des Français, 88% en ayant entendu parler. Il est
possible que les campagnes d?information y aient contribué, notamment avec le déploiement de la
campagne des 1 000 premiers jours auprès des familles attendant un enfant.
Enfin, la recherche a progressé durant la SNPE2 et permis à la France de contribuer à orienter le
programme de recherche PARC vers la thématique des perturbateurs endocriniens. De même, la
plateforme « PEPPER » a apporté une contribution notable à la validation des méthodes de tests.
Il reste néanmoins des domaines de recherche peu explorés à ce jour, en particulier dans le
domaine environnemental et dans celui des sciences humaines et sociales
3.3.2 Des résultats mitigés en matière d?évaluation des substances et de
formation
Bien que la France fasse partie des Etats les plus actifs en la matière, elle n?a réalisé que
partiellement les actions relatives à l?évaluation des substances au titre des différents règlements
européens.
Par ailleurs, la publication d?une liste de substances d?intérêt du fait de leur action endocrine
potentielle, assortie d?une méthode de priorisation, n?a pas eu les effets escomptés, au niveau
national ou européen.
Les résultats ont également été mitigés sur le plan de formation, avec une formation initiale encore
très marginale chez les professionnels de santé, et quasi-inexistante dans les autres secteurs. La
formation continue présente des avancées chez certains professionnels de santé, mais avec des
prises en compte encore très hétérogènes selon les métiers.
3.3.3 Des progrès insuffisants sur le plan des contrôles et en matière de
surveillance sanitaire et environnementale
Le nombre annuel de contrôles réglementaires pratiqués par la DGCCRF sur le territoire national
est en légère baisse sur les deux dernières années. Il n?a pas été possible de retracer le nombre
de contrôles réglementaires pratiqués aux frontières par la DGDI, mais il a été constaté que
l?efficacité du contrôle douanier est compromise par plusieurs éléments : impossibilité de
recontrôler les produits déjà dédouanés, manque de documentation, et inadaptation au commerce
en ligne.
Le nombre annuel de contrôles exploratoires pratiqués par la DGCCRF est resté stable, mais les
substances testées sont limitées par les moyens techniques dont dispose le laboratoire national
de contrôle. Le champ des contrôles s?est par ailleurs restreint à celui de la campagne nationale
sur la sécurité des jouets.
Dans le champ de la surveillance sanitaire, l?exploitation des résultats du programme de
biosurveillance ESTEBAN a permis de révéler l?imprégnation de la population par les PE, mais il
n?est pas encore possible de caractériser d?évolution, faute de données précédentes existantes, et
dans l?attente du déploiement du programme ALBANE en 2024.
La surveillance des pathologies a progressé avec des nouveaux résultats sur la santé reproductive,
révélant une augmentation des taux d?incidence de nombreuses pathologies, sans toutefois que le
lien avec l?exposition aux perturbateurs endocriniens n?ait pu être systématiquement établi. Par
ailleurs, aucune donnée relative à la qualité du sperme n?a été produite en près de 20 ans, malgré
une baisse très nette de la fertilité masculine. Au-delà de la santé reproductive, le lancement de la
démarche PEPS?PE, qui priorise différents effets sanitaires à surveiller en lien avec les
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perturbateurs endocriniens, offre des perspectives intéressantes en matière de surveillance
intégrée, mais la mise en oeuvre de cette dernière reste un défi à relever.
S?agissant de la surveillance environnementale, la seconde campagne nationale logement a
recherché spécifiquement des perturbateurs endocriniens, à la différence de la surveillance des
autres compartiments que sont l?air ambiant, les milieux aquatiques et les sols. Pour ces derniers,
des croisements de données ont permis de renforcer les connaissances, mais sans harmonisation
d?ensemble, et avec la difficulté d?une multiplicité des listes des perturbateurs endocriniens.
3.3.4 Un échec total des mesures prises en faveur de la substitution
Les ambitions de la SNPE2 en matière de substitution n?ont pas pu être réalisées. Hormis la
production d?outils informatifs, dont le site de l?Ineris de portée très modeste, les appels à projets à
destination des industriels n?ont pas trouvé leur public, et les budgets fléchés n?ont finalement pas
été mobilisés.
3.3.5 Des résultats modestes et difficiles à mesurer qui ne permettent pas
de conclure quant à l?évolution de l?exposition de la population et de
l?environnement aux perturbateurs endocriniens
Même si des progrès ont été faits, les résultats obtenus sont modestes, traduisant une efficacité
limitée.
Dans l?ensemble, la faiblesse des données existantes en matière de surveillance, et le suivi
lacunaire des indicateurs de la SNPE2, ne permettent pas d?apprécier l?atteinte ? ou non ? de son
objectif premier : réduire l?exposition de la population et de l?environnement aux perturbateurs
endocriniens.
Même si la dimension territoriale ne constituait pas une priorité de la SNPE2, de nombreuses
initiatives locales ont sans aucun doute permis de réduire l?exposition de la population aux
perturbateurs endocriniens, en particulier celle des femmes et des jeunes enfants (1 000 premiers
jours). En l?absence de bilan global, leur impact est néanmoins difficile ? voire impossible ? à établir
précisément.
Enfin, un certain nombre d?avancées, constatées depuis 2019, ne sont pas directement imputables
à la SNPE 2 et auraient - de toute façon - été obtenues grâce à des programmes, plans ou
stratégies qui existaient avant le lancement de cette stratégie (par exemple la campagne des 1000
premiers jours). Si la SNPE2 a incontestablement donné de la cohérence et de la visibilité à un
ensemble d?actions consacrées aux PE, sa « plus-value » - et donc son efficacité - sont difficiles à
établir.
3.4 Une gouvernance marquée par un manque de soutien politique
et l?absence de suivi des indicateurs
3.4.1 Un comité de suivi, instance de partage de l?avancée des actions,
plus que de suivi et un comité de pilotage peu investi dans le
pilotage
Le premier comité de suivi (COSUI) a été installé le 8 décembre 2021, en raison du souhait des
parties prenantes du PNSE 4 d?avoir une instance spécifique pour les PE. Sa composition très
large, environ 115 membres qui représentent 74 entités, lui confère une dimension plus informative
(avec quelques débateurs récurrents bien identifiés) que de véritable suivi des actions, ie respect
des objectifs/jalons, indicateurs des 50 actions etc.
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Le comité de pilotage (COPIL), 20 membres90, composé principalement des directions générales
d?administration centrale et des agences, assure un suivi de l?avancement des 50 actions de la
SNPE2, tâche qui devrait revenir au COSUI (par exemple le tableau de synthèse des actions fin
2023 devrait relever d?un COSUI). En conséquence, le temps consacré par le COPIL aux réflexions
prospective et stratégique s?en est trouvé réduit.
3.4.2 Un manque de portage politique et un engagement insuffisant de
certaines administrations
En 2017, les inspections générales rapportaient que la SNPE avait manqué d?un pilotage
réellement interministériel ; ceci reste d?actualité en 2024 : le travail est resté cloisonné, avec un
engagement contrasté des administrations, voire une méconnaissance de la SNPE2 par certaines
d?entre elles.
En outre, le copilotage par les ministères chargés de l'environnement et de la santé est indéniable
mais les ministères chargés de l?agriculture et de l?industrie notamment, sont peu mobilisés. Plus
globalement, il ressort des auditions que le portage des responsables politiques au plus haut
niveau (la "voix" des ministres concernés) a été faible.
3.4.3 Malgré l?engagement de la DGS et de la DGPR, les échanges et la
coordination entre les acteurs du plan (administrations et
opérateurs) sont restés limités
Le rapport d?évaluation de la SNPE1 (2017) faisait le constat que la programmation de l?activité
des différentes agences sur les PE manquait de coordination ; les contrats d?objectifs et de
performance n?ont pas été assez utilisés pour fixer des objectifs précis aux opérateurs. La mission
a toutefois relevé des exemples de bonne coopération (séquençage des AAP ANR/Anses ;
OFB/Ineris pour la détermination des normes de qualité de l?eau, organismes nationaux de
recherche et agences pour la continuité des grandes cohortes?).
La situation en fin de SNPE2 semble donc avoir évolué favorablement bien qu?un certain nombre
d?auditionnés font état d?un travail persistant en silos (par exemple Anses versus SpF ; Anses
versus Ineris). Par ailleurs un meilleur séquençage temporel des différentes actions pourrait
accroître l?efficacité de la SNPE.
3.4.4 Un suivi défaillant des indicateurs
Le HCSP91 avait recommandé de définir des objectifs « SMART » renseignant sur les résultats à
atteindre dans un laps de temps déterminé, et des indicateurs peu nombreux mais pertinents que
l?on puisse renseigner sur la base de systèmes d?information existants et faciles d?accès.
Ces recommandations n?ont été suivies que très partiellement. Les indicateurs ne sont pas toujours
adaptés aux objectifs, et sont par ailleurs collectés avec beaucoup de difficultés. Les actions ne
sont pas priorisées, pas toujours hiérarchisées et le financement n?est que rarement évoqué.
90 Les membres du COPIL sont présents au COSUI
91 Analyse critique du projet de SNPE2 et proposition d?indicateurs de résultats, HCSP, 2018
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4 RECOMMANDATIONS
Compte tenu du bilan et de l?évaluation qui précèdent, la mission formule un certain nombre de
recommandations d?ordre général avant de préciser les principaux objectifs à atteindre dans les
années qui viennent.
4.1 Principes généraux
4.1.1 Une nouvelle stratégie est souhaitable et même nécessaire
Même si des avancées ont été enregistrées dans plusieurs domaines, le bilan de la SNPE2 est
modeste, bien en deçà des objectifs fixés en 2019. La poursuite des efforts engagés depuis 10 ans
(depuis le lancement de la SNPE1) est donc nécessaire, d?autant plus que les risques liés aux
perturbateurs endocriniens sont majeurs, pour la santé humaine comme pour celle des
écosystèmes.
Cette action gagnerait à s?inscrire dans une stratégie « une seule santé » (ou une « stratégie
nationale santé environnement ») bénéficiant d?un pilotage interministériel au plus haut niveau,
comme le proposent plusieurs rapports récents92.
A défaut d?une telle stratégie globale (les informations recueillies par la mission indiquent que cette
hypothèse n?est pas prévue à court terme), la mission estime souhaitable et même nécessaire
d?élaborer une 3ème version de la stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens, à
condition d?en revoir profondément le contenu, le format et la gouvernance. Sans un portage
politique fort, cette troisième stratégie n?atteindra pas de meilleurs résultats que les deux premières.
: Elaborer une 3ème version de la stratégie nationale sur les perturbateurs
endocriniens, en revoyant profondément son contenu, son format et sa gouvernance [DGPR
et DGS].
4.1.2 Une stratégie globale assortie d?un plan d?action ciblé
Comme tout exercice à caractère stratégique, la SNPE3 doit fixer un cap de moyen terme (10 ou
15 ans), avec des objectifs généraux et des priorités en nombre limité.
Comme la mission l?a constaté lors de ses auditions, un tel document présente en effet plusieurs
avantages :
afficher (et affirmer) clairement les positions françaises à Bruxelles (commission et
parlement européen) et auprès de nos partenaires européens.
mobiliser les administrations, opérateurs et parties prenantes.
envoyer un signal aux acteurs de terrain (en particulier aux collectivités territoriales).
Alors que la SNPE2 s?est très rapidement trouvée résumée à son plan d?action, la mission
considère que le document stratégique devrait constituer le coeur de la SNPE3 et servir de
référence pour guider l?action des pouvoirs publics et leur communication.
Pour en donner une traduction opérationnelle, la SNPE3 devrait être assortie d?un plan d?action,
détaillant - pour les 5 années à venir - les pilotes, les échéances, les moyens, les indicateurs et les
livrables.
92 C?est la première recommandation du rapport de capitalisation « La santé-environnement dans les travaux de l?IGAS » publié
en 2022
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A la différence de la SNPE2, ce plan d?action devrait être ciblé sur quelques mesures prioritaires,
sur lesquelles les administrations et les opérateurs concentreront leurs efforts et leurs moyens
financiers. Dans cette perspective, la mission fait quelques propositions (non exhaustives) de
mesures qu?elle estime devoir être inscrites dans ce plan d?action (cf. annexe n°13).
Au-delà de l?efficacité accrue qu?on peut en attendre, cette priorisation facilitera l?évaluation du plan
d?action dont la réussite pourra être mesurée au regard de l?atteinte ? ou non ? de quelques
objectifs. Elle peut également servir à orienter l?allocation des moyens financiers et humains.
Les actions à mettre en oeuvre ne doivent pas être considérées de manière individuelle mais de
façon cohérente, en veillant à leur articulation et à leur séquençage temporel.
Enfin, la mission considère que la SNPE3 devrait être conçue comme une « stratégie de transition
», destinée à assurer l'intégration de la problématique des perturbateurs endocriniens dans la
future stratégie « une seule santé » ou dans les versions à venir des stratégies et plans globaux
(PNSE 5 notamment).
: Assortir la SNPE3 (document à caractère stratégique fixant un cap pour
10 ou 15 ans), d?un plan d?action ciblé sur quelques mesures prioritaires avec identification
des pilotes, livrables, échéances, moyens et indicateurs [DGPR et DGS].
4.1.3 Des principes généraux à inscrire dans la SNPE3
Parmi les principes généraux qui devraient guider l?élaboration de la nouvelle stratégie figure, en
premier lieu, la dimension européenne. Evaluation et réglementation des substances, information
du consommateur, contrôle des produits : bon nombre de sujets (parmi les plus importants)
relèvent, pour l?essentiel, du niveau communautaire qui devrait constituer le cadre de référence et
d?action privilégié de la SNPE3.
Outre la contribution active aux travaux des agences (EFSA et ECHA), cela suppose d?intensifier
le plaidoyer auprès des instances européennes et des autres Etats membres. Le renouvellement
de la Commission et du Parlement européens, à la suite du scrutin du 9 juin 2024, constituent une
opportunité pour relancer la stratégie européenne sur les produits chimiques, en particulier la
révision du règlement REACH.
Cette priorité n'interdit pas - bien au contraire- de prendre des mesures nationales sur des
domaines mal ou peu couverts par le niveau européen (formation, surveillances sanitaire et
environnementale) ou qui nécessitent des actions complémentaires (recherche, substitution?).
Tout en étant résolument tournée vers l?Europe, la SNPE3 gagnerait à affirmer son ancrage
territorial, pour orienter et soutenir les initiatives prises par les acteurs locaux et accroître leur
impact. Au-delà des actions de formation, d?information et de prévention en santé, cette dimension
territoriale a vocation à irriguer tous les volets de la stratégie, y compris les actions relatives à la
connaissance (par exemple pour fonder les actions de prévention sur les alertes résultant de la
surveillance sanitaire et environnementale).
Le concept « une seule santé / one health » devrait également figurer parmi les principes généraux
de la SNPE3. Du fait de leurs mécanismes d?action et leur très large diffusion, les perturbateurs
endocriniens représentent en effet une menace pour la santé globale dont il convient d?examiner
toutes les dimensions et, surtout, les interactions.
Enfin, la SNPE3 devrait accorder une place centrale aux inégalités économiques et sociales face
aux PE, pour les documenter mais aussi ? et surtout ? pour orienter les actions de prévention, de
formation et d?information.
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4.2 Les principaux objectifs à assigner à la SNPE3
4.2.1 Une SNPE3, tournée vers l?action et qui se donne pour horizon « zéro
exposition aux PE »
Le maintien d?une stratégie autour de 3 grands objectifs (produire des connaissances / former et
informer / réduire les émissions) apparaît pertinent et permettrait une continuité logique entre
l?ancienne et la nouvelle stratégie. La mission a toutefois relevé un déséquilibre dans la SNPE2,
qui présente un nombre plus important d?actions orientées vers la production de connaissances, et
réserve à l?inverse une part insuffisante aux actions de prévention et de réduction des expositions.
Au sein de la SNPE3, un meilleur équilibre entre l?action et la connaissance devrait s?opérer. Outre
la formation et l?information, la réglementation et le contrôle de sa mise en oeuvre devraient y
occuper une place importante, de même que la substitution et la limitation des émissions des
substances PE.
Plus généralement, il ne s?agit pas de « protéger l?environnement et la population » (objectif général
de la SNPE2) mais de tendre vers le « zéro exposition aux PE », à l?instar de la stratégie
européenne sur les produits chimiques qui vise « un environnement exempt de substances
toxiques ».
La mission propose également des évolutions au sein des axes contenus dans les trois objectifs,
qui sont détaillées ci-dessous.
: Tourner la SNPE3 vers l?action, avec comme ambition de moyen terme
d?atteindre le « zéro exposition aux PE » et comme principes généraux : une approche « une
seule santé », l?intensification du plaidoyer européen, l?ancrage territorial et la prise en
compte des inégalités socio-économiques [MTECT et MSP93].
4.2.2 Premier objectif : produire des connaissances
La mission propose de structurer l?objectif « production de connaissances » autour de 3 axes : la
recherche ; l?évaluation des substances et la surveillance intégrée. Ces trois axes intégreraient un
certain nombre d?actions qui étaient classées dans l?objectif « protéger l?environnement et la
population » dans la SNPE2, dans la mesure où elles relèvent davantage de la connaissance.
4.2.2.1 Développer la recherche en mettant en oeuvre un PEPR exposome
La déclinaison du concept d?exposome, qui met en valeur le rôle de l?environnement comme
complément du génome et comme déterminant du bien-être et de la santé humaine, est ambitieux,
mais peut avoir des impacts majeurs pour la prévention et la gestion des risques en santé.
En recouvrant, d?une part, l?impact des facteurs environnementaux sur un organisme vivant,
notamment l?être humain et, d?autre part, l?impact des organismes vivants sur les écosystèmes,
notamment les modifications d?origine anthropique, le concept d?exposome est le meilleur véhicule
du concept « une seule santé ».
Cela se ferait en écho aux programmes EHEN et EIRENE déjà en place au niveau européen, et
devrait concerner tout le champ de la santé environnement.
93 ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires (MTECT) et ministère chargé de la Santé et de la
Prévention (MSP)
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La recherche en matière d?exposome chimique, dont les perturbateurs endocriniens, doit
également se diversifier en développant des champs dont la mission a noté l?insuffisance actuelle :
La caractérisation des effets cocktails et des effets non-monotones.
La recherche environnementale avec, d?une part, l?impact sur la biodiversité et, d?autre part,
la remédiation et la restauration de l?environnement.
La recherche en sciences sociales avec l?étude des inégalités socio-économiques de santé.
L?organisation et le suivi de cohortes de grandes tailles à l?échelle européenne.
La mission recommande donc la mise en oeuvre d?un PEPR exposome dans le cadre de la
Stratégie d?accélération prévention (2024).
4.2.2.2 Accélérer le rythme d?évaluation des substances et élaborer une stratégie
européenne de tests
Bien que la France s?investisse dans l?évaluation des substances, le rythme global au niveau
européen reste insuffisant face au nombre toujours croissant de substances mises sur le marché.
Il est nécessaire de fixer des objectifs plus ambitieux en matière de volume annuel de substances
évaluées, et la France peut jouer un rôle moteur en la matière.
L?accélération du rythme d?évaluation suppose de développer par ailleurs une stratégie en matière
de tests au niveau européen, afin de développer et proposer à la normalisation des tests pour les
voies d?action et effets actuellement les plus mal couverts (voie thyroïdienne, métabolisme, effets
sur le neurodéveloppement ...).
Afin de pouvoir atteindre cet objectif, l?élargissement de PEPPER à d?autres Etats membres doit
être poursuivi et intensifié ainsi que la sécurisation de son financement.
Enfin, cela suppose de poursuivre le soutien aux projets de recherche visant à développer de
nouvelles méthodes de tests, ainsi que l?accompagnement de leur validation, au niveau national
(via le PNR EST et l?ANR) et européen
4.2.2.3 Mettre en oeuvre une surveillance intégrée en couplant la surveillance sanitaire
et environnementale
Malgré ses ambitions dans ce domaine, la SNPE2 n?a pas abouti à une combinaison effective des
données de surveillance sanitaire et de surveillance environnementale. Cette surveillance intégrée
devrait constituer une priorité pour la SNPE3, qui pourra s?appuyer sur les résultats des nouveaux
programmes de surveillance sanitaire, une meilleure prise en compte du caractère PE dans la
surveillance environnementale (en particulier pour le choix des substances à suivre) et le recours
à l?intelligence artificielle.
La mission considère qu?il s?agit là d?un enjeu majeur, tout comme :
Le lancement ? le plus rapidement possible ? d?un nouveau programme de surveillance
des pathologies en lien avec les perturbateurs endocriniens (suite de l?étude PEPS?PE), en
complément du nouveau programme de biosurveillance (ALBANE).
La valorisation des données existantes et une meilleure prise en considération du caractère
de perturbation endocrinienne dans le choix des substances à surveiller dans les différents
compartiments environnementaux, en particulier les eaux et les sols.
Les programmes de surveillance devront garantir l?inclusion des outre-mer au regard des
particularités et de l?importance que ces territoires représentent en matière de lutte contre les PE.
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4.2.3 Deuxième objectif : former et informer
La mission propose de structurer l?objectif « Formation et information » autour de 3 axes :
l?information du consommateur ; la sensibilisation des populations et la formation des
professionnels.
4.2.3.1 Garantir une information effective du consommateur
La SNPE3 devra viser à ce que l?information délivrée au consommateur sur les produits soit
systématique et effective, en facilitant le développement d?outils garantissant une information
accessible, pour donner un plein effet à la loi AGEC et au règlement délégué CLP.
Au niveau européen, la France pourra soutenir l?instauration de standards plus exigeants en
matière d?étiquetage et d?information du consommateur, sur le modèle de la loi AGEC.
4.2.3.2 Sensibiliser les populations en allant vers les plus vulnérables
La sensibilisation des populations devra amplifier les campagnes conduites pendant la SNPE2 (à
l?instar des 1 000 premiers jours) en ciblant les populations les plus vulnérables : femmes enceintes,
enfants et adolescents, publics en situation de précarité.
Ce volet nécessite un appui renforcé aux actions territoriales de prévention des expositions
environnementales, avec la mise à disposition de ressources techniques (notamment des
méthodes recommandées au regard de leur efficacité) et budgétaires, pour les acteurs concernés
(services de l?Etat, assurance-maladie, collectivités territoriales, associations ...).
Ces actions de prévention devront mettre l?accent sur les alternatives (produits, comportements et
usages) permettant aux professionnels et aux consommateurs de réduire leur exposition aux PE.
Ces actions devront être coordonnées au niveau régional et reposer sur des méthodes de
prévention dont l'efficacité a été démontrée.
4.2.3.3 Généraliser la formation des professionnels concernés
La SNPE3 devra soutenir une vraie politique de formation initiale et continue des professionnels
dans les différents domaines concernés en visant, d?une part, les professionnels de la santé et de
la petite enfance et, d?autre part, les métiers à risque (industrie, agriculture, nettoyage, hygiène et
esthétique?).
Pour ces secteurs, il est important de s?assurer que les formations concernent non seulement les
personnes manipulant les produits à risque, mais également les cadres et managers afin de
sensibiliser toute la chaine de conception et de production. Les secteurs à risques pourraient
également bénéficier d?une campagne visant chaque année un secteur professionnel différent.
4.2.4 Troisième objectif : réduire les émissions
La mission propose de structurer cet objectif autour de 4 axes : la restriction voire l?interdiction des
substances ayant des effets perturbateurs endocriniens ; le contrôle des produits ; la substitution ;
la traduction opérationnelle des alertes résultant de la surveillance intégrée. En outre, la mission
propose d?initier une réflexion prospective quant aux nécessaires changements de paradigme pour
tendre vers l?objectif « zéro exposition aux PE ».
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4.2.4.1 Elargir les restrictions de substances ayant des effets de perturbation
endocrinienne
Les restrictions de substances ayant des effets PE découlent pour l?essentiel des réglementations
européennes concernées. A cet égard, la France devra intensifier son activité diplomatique pour
que les travaux d?évaluation et de restriction au niveau européen se poursuivent à un rythme
ambitieux, mais également pour que les réformes annoncées dans la stratégie européenne de
durabilité des produits chimiques de 2020 et n?ayant pas pu être mises en oeuvre soient priorisées
dans le prochain mandat de la Commission européenne.
Sur le plan réglementaire, la France pourrait ainsi mener une double action :
au niveau européen, soutenir la refonte du règlement REACH, la mise en oeuvre du
nouveau règlement CLP, l?actualisation de la directive sur les agents chimiques dangereux,
et la restriction universelle des PFAS ;
au niveau international, soutenir l?inscription des PE dans le système général harmonisé
de classification et d?étiquetage des produits chimiques des Nations-Unies.
Pour les domaines dans lesquels le droit européen est subsidiaire, à l?instar du droit du travail, la
SNPE3 devra encourager de nouvelles restrictions faisant de la France un modèle au niveau
européen. Un travail de veille pourra également être effectué vis-à-vis des autres Etats membres
pionniers pour s?inspirer de leurs législations.
Dès maintenant, il pourrait être envisagé de traiter, en droit du travail, les perturbateurs
endocriniens avec le même degré de protection que les substances classées CMR.
4.2.4.2 Renforcer le contrôle des produits, aux frontières et sur le territoire national
La SNPE3 devra soutenir la mise en oeuvre de campagnes de contrôle des produits, à la fois aux
frontières et sur le territoire national, ce qui implique une diversification des campagnes de
contrôles exploratoires, une augmentation des moyens (humains et techniques) alloués aux
contrôles réglementaires, et l?élaboration d?un encadrement spécifique pour le commerce en ligne.
A l?avenir, les contrôles devront également porter sur la mise en oeuvre de l'étiquetage CLP (à partir
de 2027) ainsi que sur la mise en oeuvre des obligations d?informations imposées par la loi AGEC
(dès maintenant).
4.2.4.3 Relancer les démarches de substitution et l?accompagnement des
professionnels des secteurs émetteurs
Malgré le faible bilan de la SNPE2 en matière de substitution, et au regard de l?enjeu important
qu?elle représente, la prochaine stratégie devra chercher de nouveaux moyens pour la rendre
effectivement opérationnelle.
La démarche « safe and sustainable by design » devra être promue auprès des industriels, en
s?appuyant sur de nouveaux outils et en ciblant les substances faisant l?objet de discussions en
vue d?une restriction au niveau européen.
Au-delà de l?offre, la SNPE3 devra aussi agir sur la demande en orientant l?achat public, en
développant des guides et formations destinées à systématiser le recours aux clauses intégrant
les perturbateurs endocriniens dans les commandes des différentes administrations publiques.
4.2.4.4 Traduire sur le plan opérationnel les alertes issues de la surveillance intégrée
La SNPE3 pourra ancrer son positionnement sur la réduction des expositions en veillant à ce que
les alertes issues de la combinaison des surveillances sanitaire et environnementale se traduisent
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en actions concrètes (mesures de santé publiques, évolution des pratiques agricoles ou
industrielles) au niveau national ou au niveau européen selon les domaines concernés.
4.2.4.5 Engager une réflexion prospective pour des changements de paradigme
Un monde sans perturbateurs endocriniens constitue très certainement une vision utopiste. Malgré
tout, une stratégie « zéro exposition aux perturbateurs endocriniens » doit in fine viser un tel
horizon. Si les mesures actuellement mises en oeuvre ou envisagées peuvent permettre de
progresser vers une réduction de l?exposition de la population et de l?environnement, la dynamique
d?évolution des dix dernières années tend à démontrer que la démarche suivie est insuffisante.
Une réflexion prospective, au-delà des seuls critères économiques intégrant la possibilité de
changement de positionnement (approche par famille et non par substance), de changements des
pratiques du quotidien (produits d?entretien, de soins, de cuisine, achats de produits ...) et de
changement de paradigme pour les principaux secteurs productifs semble nécessaire pour
préparer les actions futures à déployer dans le cadre d?une approche « one health ».
: Structurer la SNPE3 autour de 3 objectifs: (1) Produire des
connaissances : développer la recherche en mettant en oeuvre un programme national de
recherche sur l?exposome ; accélérer le rythme d?évaluation des substances et élaborer une
stratégie européenne de tests ; mettre en oeuvre une surveillance intégrée en couplant
surveillances sanitaire et environnementale ; (2) Former et informer : garantir une
information effective du consommateur ; sensibiliser les populations en allant vers les plus
vulnérables ; généraliser la formation des professionnels les plus exposés ; et (3) Réduire
les émissions : élargir les restrictions de substances ayant des effets perturbateurs
endocriniens ; renforcer le contrôle des produits aux frontières et sur le territoire national ;
relancer les démarches de substitution et l?accompagnement des professionnels des
secteurs émetteurs ; traduire sur le plan opérationnel les alertes résultant de la surveillance
intégrée ; engager une réflexion prospective vers des changements de paradigme [MTECT,
MSP, MTSS, MASA, MEFSIN, MESR et MEN94]
4.3 Une gouvernance à refonder et des moyens spécifiques à allouer
4.3.1 Une gouvernance à refonder
Le succès de la SNPE3 nécessite un engagement de tous les ministères concernés, au plus haut
niveau (ministres). Au-delà de la coordination assurée par les ministères chargés de la santé et
de l?environnement, la mission considère qu?il est indispensable d?impliquer plus fortement les
autres ministères les plus concernés (agriculture, industrie, recherche) dès la conception de la
stratégie et tout au long de sa mise en oeuvre.
Ce pilotage interministériel renforcé nécessite une implication accrue de la part des ministres en
charge de la santé et de l?environnement. Cette parole ministérielle est d?autant plus attendue que
les Français expriment une préoccupation croissante à l?égard des perturbateurs endocriniens. Il
nécessite également un soutien explicite de la part du Premier ministre et une implication du
Secrétariat général à la planification écologique (SGPE) auquel la présidence du COPIL pourrait
être confiée.
94 ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires (MTECT), ministère du travail, de la santé et des
solidarités (MTSS), ministère chargé de la Santé et de la Prévention (MSP), ministère de l?Agriculture et de la Souveraineté
alimentaire (MASA), ministère de l?Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique (MEFSIN), ministère
de l?Enseignement supérieur et de la Recherche (MESR), ministère de l?éducation nationale (MEN)
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S?agissant des instances de suivi et d?animation, la mission préconise de conserver les deux
comités actuels mais de revoir leurs missions. Le COSUI deviendrait le « Comité des parties
prenantes » et pourrait ainsi se consacrer aux échanges et au partage d?information sur les actions
menées, en laissant au COPIL la stratégie et la prospective (le suivi du plan d?action étant assuré
par la DGPR et la DGS). C?est au COPIL, en particulier, que devrait se déployer une vision
d?ensemble des plans et stratégies qui, au-delà de la SNPE3, contribuent à l?ambition « zéro
exposition aux PE ».
Les rôles de ces instances doivent être distincts et complémentaires. Des échanges doivent être
organisés entre-elles et ce à double sens, notamment :
si l?élaboration de la SNPE3 relève du COPIL, le projet de stratégie devra être présenté
devant le comité des parties prenantes ;
pour la définition du plan d?action, le comité des parties prenantes pourra être source de
propositions et informé de sa mise en oeuvre ;
chaque instance pourra informer ou interpeller l?autre instance.
: Fonder la gouvernance de la SNPE3 sur un pilotage interministériel
renforcé, une implication accrue des ministères les plus concernés (Agriculture, Industrie
et Recherche, au-delà des ministères en charge de l?environnement et de la santé) et un
soutien ministériel au plus haut niveau [PM/SGPE, MTECT, MSP, MTSS, MASA, MEFSIN,
MESR et MEN.
4.3.2 Doter le plan d?action d?un budget spécifique
Certaines actions de la SNPE3 nécessitent des moyens supplémentaires, à prendre en compte
lors des programmations budgétaires des administrations centrales et des opérateurs. C?est le cas,
par exemple, de l?Anses qui, en absence d?un soutien budgétaire, pourra difficilement accélérer le
rythme des évaluations de substances.
Le plan d?action adossé à la SNPE3 doit donc être doté d?un budget pluriannuel, incluant des
financements consacrés à la mise en oeuvre d?actions nouvelles et spécifiques aux PE, au-delà
des moyens déjà prévus ou engagés.
Au regard des enjeux et des coûts induits par les PE, cet effort financier est à la fois nécessaire et
soutenable. Sans prétendre à l?exhaustivité, la mission a identifié certaines actions qui
nécessiteraient un soutien financier spécifique :
Un abondement du budget de l?Anses à hauteur de 600 K¤/an95 permettrait de doubler les
moyens consacrés à l?évaluation (au regard du critère PE) des substances, ce qui ? sous
réserve de la disponibilité des experts du groupe de travail PE et de la complétude des
dossiers - permettrait de doubler le rythme des évaluations (soit 4 à 6 nouvelles
substances/an).
Une dotation d?1 M¤/an augmenterait sensiblement les moyens dont disposent ARS et
DREAL pour mettre en oeuvre les PRSE496 et soutenir les actions territoriales destinées à
réduire les expositions aux PE (et aux produits chimiques en général), en complément de
l?animation apportée par une plateforme de capitalisation des initiatives de terrain (budget
de fonctionnement d?environ 150 K¤/an).
95 Recrutement de 5 à 6 ETP et complément de 100 K¤ pour les frais d?expertise. Ce budget pourrait être apporté par les 5
ministères de tutelle de l?Anses, au prorata de leur participation au budget annuel de l?établissement.
96 environ 10 M¤/an pour les PRSE3). Cette dotation
serait apportée, à parts égales, par le MTECT et le MSP, pendant toute la durée des PRSE4, soit 5 ans.
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Un abondement du PNR EST à hauteur de 1 M¤/an (en complément de la dotation de
2M¤/an apportée par la DGPR depuis 2019 et de celle de 600 K¤/an envisagée par la DGS
au titre du futur plan fertilité) permettrait de lancer des recherches sur des sujets
actuellement mal couverts tels que les inégalités socio-économiques, l?impact sur la faune
sauvage, la remédiation et la restauration de l?environnement?
Un budget d?environ 2 M¤/an (soit le budget prévu par la DGE au titre de la SNPE2)
permettrait de soutenir les démarches de substitution, de manière plus efficace grâce à un
ciblage des industriels, des substances et des régions.
Un budget de 2 M¤/an permettrait de financer des actions de prévention de l?exposition
professionnelle, en formant les préventeurs et en accompagnant les entreprises sur le
terrain pour faire changer leurs pratiques, sur le modèle de la Dreets Centre-Val-de-Loire ;
Avec un budget d?environ 1 M¤/an, il serait possible d?accompagner une cinquantaine de
sites industriels pour la caractérisation des rejets et l?identification des émissions de PE,
comme cela a été fait pour certains établissements pharmaceutiques en 2022.
L?exécution de ce budget (mesures nouvelles et mesures déjà prévues ou engagées) doit faire
l?objet de présentations régulières devant le comité des parties prenantes.
: Doter la SNPE3 (plan d?action) d?un budget pluriannuel (5 ans), incluant
les financements consacrés à la mise en oeuvre d?actions nouvelles et spécifiques aux PE ;
rendre compte régulièrement aux parties prenantes de l?exécution de ce budget [MTECT,
MSP, MTSS, MESR, MASA et MEFSIN].
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Conclusion
Au terme de cette évaluation, force est de constater qu?elle présente de nombreuses similitudes
avec celle conduite en 2017 pour la SNPE1 : efficacité limitée, gouvernance hésitante, cohérence
lacunaire.
La répétition de ce constat pourrait inciter à mettre fin à toute stratégie nationale en matière de PE,
d?autant plus qu?une part très importante des décisions relèvent de l?échelon européen. Par ailleurs,
plusieurs rapports ont mis en avant la nécessité de restreindre le nombre de stratégies et plans
d?actions relatifs à la santé ? environnement (une quarantaine au total).
Pourtant, les risques que présentent les PE pour la population et l?environnement imposent de
continuer à agir et d?intensifier les actions engagées. Une SNPE3 est donc souhaitable et même
nécessaire.
Une telle stratégie ne doit pas être considérée comme la poursuite des deux premières SNPE. Elle
doit traduire un changement radical aussi bien sur les objectifs (zéro exposition aux PE) qu?en
matière de priorités : réduction effective de l?exposition aux PE et pas uniquement production de
connaissances, formation des professionnels et information du public. Elle doit également être
portée beaucoup plus fermement au niveau politique, que ce soit à l?échelle nationale ou
européenne et encourager les initiatives prises par les acteurs de terrain. Enfin, la SNPE3 doit être
dotée d?un budget spécifique, condition indispensable de son efficacité et de sa crédibilité.
Ce n?est qu?à ces conditions que cette stratégie nationale pourra atteindre (enfin) les objectifs fixés
il y a 10 ans : protéger la population et l?environnement face aux perturbateurs endocriniens ; avec
pour cible « zéro exposition aux PE ».
Nicolas DURAND
Olivier LABOUX
Emilie RASOOLY
Inspecteur général Inspecteur général Inspectrice
Sacha REINGEWIRTZ
Frédéric SAUDUBRAY
Inspecteur Inspecteur général
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ANNEXES
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Annexe 1. Lettre de mission
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Annexe 2. Liste des personnes rencontrées
Annexe 2.1. Ministères et directions d?administration centrale
Nom Prénom Organisme Fonction
BRETON Pierre Ministère chargé de l?Organisation Territoriale
et des Professions de Santé (OTPS)
Conseiller santé environnement
VIEILLEFOSSE Aurélie
Secrétariat Général à la Planification
Ecologique (SGPE)
Conseillère écologie
BERTHAUD Cecilia
? Secrétaire générale adjointe à la planification écologique en
charge du pôle ?ambition?
BODENEZ Philippe
Direction générale de la prévention des risques
(DGPR)
? Chef du service des risques sanitaires liés à l'envi-
ronnement, déchets, pollutions diffuses
BLATON Elisabeth Adjointe au chef du bureau des produits chimiques
LEFRANC Agnès
Sous-directrice Santé environnement, produits chimiques,
agriculture
BOUE Muirgen Chargée de mission au bureau des produits chimiques
GRATPAIN Valérian
? Chargé de mission au bureau santé-environne-
ment
CARMES Joëlle
Direction générale de la santé (DGS)
Sous-directrice Environnement et Alimentation
LEMAITRE Cécile Adjointe à la Sous-directrice Environnement et Alimentation
PAUL Caroline Cheffe du bureau EA1
MERLE Carole Adjointe à la Cheffe de bureau EA1
LEFEVRE Barbara Chargée de mission au bureau EA1
LESTERLE Sébastien Chargé de mission
SCHWARTZ Bertrand
Direction générale de la recherche et de
l?innovation (DGRI)
Directeur scientifique adjoint du Secteur Biologie Santé
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Nom Prénom Organisme Fonction
GUILLOTTEAU Solène
Direction générale de l?alimentation (DGAL)
Cheffe du bureau de l'appui aux politiques incitatives
PALIN Sophie
Sous-directrice, Sous-direction de l?accompagnement des
transitions alimentaires et agroécologiques
CORNUAU Caroline
Sous-directrice adjoint, Sous-direction de l?accompagne-
ment des transitions alimentaires et agroécologiques
DA-CRUZ Lionel Direction générale de l?offre de soins (DGOS) Chef du bureau Innovation et recherche clinique (PF4)
CHRIESTA-CABANNE Virginie
Direction générale du travail (DGT)
Adjointe au chef du bureau des risques chimiques, phy-
siques, biologiques et des maladies professionnelles
de SAINT-JORES Jeremy Chef du pôle risques chimiques et agents biologiques
LECOQ Pierre Ingénieur prévention du risque chimique
ROUSSEL Romain Direction générale de la Concurrence, de la
Consommation et de la Répression des
fraudes (DGCCRF)
Sous-directeur « industrie, santé, logement" (Sd5)
SIMBELIE Karine Chargé de mission
BEY Claire Direction générale de l?enseignement scolaire
(DGESCO)
Chef de bureau santé et action sociale
BULLET Claire Adjoint chef bureau santé et action sociale
ASSAYAG-SOURY Doris
Direction Générale des Douanes et des Droits
Indirects (DGDDI)
Politique des contrôles
MAHE-DECKERS Caroline
Direction générale de l?énergie et du climat
(DGEC)
Chef du bureau qualité de l?air
RUDE Julien
Chef de projet coordination du dispositif de surveillance de
la qualité de l?air
MARCHAND Caroline Chargée de mission politique territoriale de l?habitat
CHOL Alexandra
Direction générale à l?emploi et à la Formation
professionnelle (DGEFP)
Adjointe au chef de mission, Mission des politiques de certi-
fication professionnelle
PASS-LANNEAU Adèle
Direction générale des entreprises (DGE)
Directrice de projets réindustrialisation
POURCHET Lison Cheffe de projet réglementation produits et substances
PICHERY Elisabeth
Chargée de mission règlementation substances et produits
chimiques
PUBLIÉ
Mai 2024 EVALUATION DE LA DEUXIEME STRATEGIE NATIONALE SUR LES PERTURBATEURS
ENDOCRINIENS
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Nom Prénom Organisme Fonction
METAYER Marie-Laure
Direction de l?Eau et de la Biodiversité (DEB)
Adjointe à la Directrice
KAMIL Isabelle
Sous-directrice de la protection et de la gestion de l?eau,
des ressources minérales et des écosystèmes aquatiques
NICOLAS Véronique
Cheffe du bureau de la lutte contre les pollutions domes-
tiques et industrielles
PINAULT Tiphaine
Direction générale de la sécurité civile et la
gestion des crises (DGSCGC)
Directrice de sapeurs-pompiers, direction générale de la sé-
curité civile et la gestion des crises
JUGGERY Emmanuel
Inspecteur général, adjoint à la sous-directrice de la doc-
trine et des ressources humaines
CAPART Rémi
Chef du bureau de la doctrine, de la formation et des équi-
pements
POURRET Didier
Médecin colonel de sapeur pompiers, médecin conseil au-
près de la direction
COUDERC-OBERT Céline
Commissariat général au développement
durable (CGDD)
Cheffe de la mission biodiversité, santé et activités anthro-
piques
JOASSARD Irénée Adjointe- Sous-direction de l?information environnementale
JAMET Céline Lutte contre l?antibiorésistance
BARBIER Laura
Chargée de mission recherche dans le domaine environne-
ment santé
LAVARDE Patrick
Inspection générale Ecologie et
Développement Durable (IGEDD)
Inspecteur général
BARTOLI Fabienne
Inspection générale des Affaires Sociales
(IGAS)
Inspectrice générale
LESTEVIN Pierre Inspecteur général
SIMON-DELAVELLE Frédérique Inspectrice générale
PUBLIÉ
Mai 2024 EVALUATION DE LA DEUXIEME STRATEGIE NATIONALE SUR LES PERTURBATEURS
ENDOCRINIENS
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Annexe 2.2. Europe & International
Nom Prénom Organisme Fonction
ANNYS Erwin Agence européenne des produits chimiques
(ECHA)
Directeur de l?unité d?appui et du respect de la légisation
TIRAMANI Manuela
Autorité européenne de sécurité des aliments
(EFSA)
Cheffe de l?unité en charge de la révision par les pairs pour
les pesticides
JAMES Mathews Stagiaires aux relations extérieures internationales
STRECK Georg
Commission européenne / DG GROW
Unité REACH (F1)
HENDRIX Katleen Juriste (F1)
GREFVORS-ERNOULT Charlotte
Commission européenne / DG Emploi
Chef de l?unité Santé et sécurité au travail et EU-OSHA
(C2)
PODNIECE Zinta
Membre de l?unité Santé et sécurité au travail et EU-OSHA
(C2)
DE AVILA Christina
Commission européenne / DG Environnement
Chef de l?unité des Produits chimiques sûrs et durables
(B2)
WODLI Jordane
Chargé de mission unité des Produits chimiques sûrs et
durables (B2)
FABRE Julien Chargé de mission
BEREND Klaus
Commission européenne / DG Santé
Directeur de la sécurité sanitaire durabilité et innovation
(unités E, F, G)
RUBBIANI Maristella Unité Pesticides et Biocides (E4)
BRINKS Jonathan
Unité Technologie de transformation des aliments et
nouveaux aliments (E2)
COTURNI Flavio
Commission européenne / DG Trade
(Commerce)
Chef de l?unité Agriculture, alimentation, sanitaire et phyto-
sanitaire (D3)
VARADY Meta
Unité Agriculture, alimentation, sanitaire et phytosanitaire
(D3)
PUBLIÉ
Mai 2024 EVALUATION DE LA DEUXIEME STRATEGIE NATIONALE SUR LES PERTURBATEURS
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Nom Prénom Organisme Fonction
MARQUIS-SAMARI Emilie
Représentation permanente de la France
auprès de l?Union européenne (RPUE)
Conseillère Travail, emploi, inclusion sociale, égalité
femmes-hommes
LARSEN Henrik Soren Ministère danois de l?environnement
Directeur du département Eaux propres et produits chi-
miques sûrs
JOUAN Sandrine
Ministère de la santé publique belge
Coordinatrice du NAPED, Service public fédéral
MEUNIER Joëlle Service public fédéral
KUELLMER Jens
Ministère fédéral allemand de l?environnement
Ministère fédéral de l?environnement (BMUV) ; division de la
sécurité chimique, de l?environnement et de la santé (divi-
sion C II)
HIRINCHSEN Sinikka BMUV, division C II
ARNING Juergen BMUV, division C II
KEHER Anja BMUV, division C II
SEVCIK Benoît
Etats-Unis
Conseiller aux Affaires Sociales, Ambassade de France
PATISAUL Heather Chercheur, North Carolina State University
AUBEE Catherine
Conseillère sénior, Programme d?évaluation des perturba-
teurs endocriniens (EDSP), Bureau des programmes des
pesticides, Agence de protection de l?environnement (EPA)
JOE Ronnie Toxicologiste (EDSP)
LYNN Scott Biologiste (EDSP)
PERRON Monique
Conseillère scientifique senior, Bureau des programme des
pesticides
EMDUR Zoe
Chargée de mission Liaison, Bureau de la sécurité chi-
mique et de la prévention de la pollution (OCSPP)
THOMAS Russell
Directeur du centre pour le calcul de la toxicologie et l?expo-
sition de l?EPA (CCTE)
GUISEPPI-ELIE Annette Directrice associée pour la science, CCTE
JUDSON Richard Chercheur, CCTE
PAUL Katie Chercheur, CCTE
PUBLIÉ
Mai 2024 EVALUATION DE LA DEUXIEME STRATEGIE NATIONALE SUR LES PERTURBATEURS
ENDOCRINIENS
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Nom Prénom Organisme Fonction
DIDERICH Bob Organisation pour la coopération et le
développement économiques (OCDE)
Chef de la division Environnement, santé et sécurité
GOURMELON Anne Administrateur principal du Groupe « Lignes directrices »
Annexe 2.3. Opérateurs publics nationaux
Nom Prénom Organisme Fonction
PRIEUR-RICHARD Anne-Hélène
Agence Nationale de la Recherche (ANR)
Département environnement
SCHOU Cécile Relations institutionnelles
BOUVET Philippe Département Biologie santé
MOUNEYRAC Catherine Responsable scientifique toxicologie et écotoxicologie
SCHULER Matthieu
Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de
l?Alimentation, de l?Environnement et du Travail
(Anses)
Directeur général délégué du pôle « Sciences pour
l'expertise »
MICHEL Cécile Directrice de l?unité Reach/CLP/PE
DUBOIS Laetitia
Directrice de la recherche et de la veille scientifique en
santé
SANDERS Pascal Coordinateur général PARC
GOURLAY-FRANCE Catherine
Directrice adjointe à la Direction de l?évaluation des
produits réglementés
VOLATIER Jean-Luc Adjoint au directeur de l?évaluation des risques
ROTH Chris Chef de l?unité Méthodologie et Etudes (UME)
CHAMPION Morgane Chargée des projets scientifiques liés à l?alimentation
SIROT Véronique Département de l?évaluation des risques
PUBLIÉ
Mai 2024 EVALUATION DE LA DEUXIEME STRATEGIE NATIONALE SUR LES PERTURBATEURS
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Nom Prénom Organisme Fonction
DITTENIT Frédéric
Agence nationale du médicament et des
produits de santé (ANSM)
Directeur adjoint règlementation et déontologie
LOUIN Gaëlle Chef du pôle non clinique
SIRDEY Thierry
Directeur des dispositifs médicaux des cosmétiques et des
dispositifs de diagnostic in vitro
HOUETTO Paul Évaluateur toxicologue
LENOIR-SALFATI Michèle
Agence nationale du Développement
Professionnel Continu (ANDPC)
Directrice générale
NATALI Jean-Philippe Directeur du développement et de la qualité du DPC
FULBERT Hervé Association pour la formation professionnelle
des adultes (AFPA)
Directeur des titres professionnels
ROBERT Tiam Directeur ingénierie sectorielle
TRAON Claire
Caisse nationale d?assurance maladie (CNAM)
Directrice de mission chargée de la transition écologique et
de la santé environnementale
DISEGNI Alan
Directeur de cabinet adjoint, Direction Déléguée à la Ges-
tion et à l?Organisation des Soins
PHILIZOT Armance
Responsable du département prévention et promotion de la
santé
NGUYEN Dinh-Phong Adjoint du département prévention et promotion de la santé
GROSS Stéphanie Centre National de la Fonction Publique
Territoriale (CNFPT)
Coordinatrice Santé publique, référente Santé environne-
ment
ROBICHON Nathalie Cheffe de service, service de spécialités santé publique
GELY-PERNOT Aurore Ecole des hautes études en santé publique
(EHESP)
Maître de conférences
BONVALLOT Nathalie Directrice adjointe IRSET
HUBERT Philippe Infrastructures de recherche PEPPER Directeur
BRETON Thierry
Institut national du cancer (INCa)
Directeur Général de l?INCa
LINASSIER Claude
Directeur du Pôle Prévention, Organisation et Parcours de
Soins
de BELS Frédéric Responsable du département Prévention
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Mai 2024 EVALUATION DE LA DEUXIEME STRATEGIE NATIONALE SUR LES PERTURBATEURS
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Nom Prénom Organisme Fonction
FOUCAUD Jérôme
Responsable du département Recherche SHS Santé pu-
blique Epidémiologie
COBIGO Alexandre Responsable de projets - département prévention
SERVENKA Iris
Département Recherche SHS Santé publique Epidémiolo-
gie
RICAUD Myriam
Institut national de recherche et de sécurité
(INRS)
Experte en prévention des risques chimiques
COINTE Raymond
Institut national de l'environnement industriel
et des risques (Ineris)
Directeur général
MORIN Anne
Directrice de la direction Milieux et impacts sur le vivant
(MIV)
BOUDET Céline Adjointe à la Directrice de la MIV
ANDRES Sandrine
Responsable de l?unité toxicologie et écotoxicologie des
substances
LEOZ Eva
Direction de la « Stratégie politique scientifique et Commu-
nication »
TEBBY Cléo
Ingénieur en statistiques et modélisation en toxicologie et
écotoxicologie
BRIGNON Jean-Marc
Responsable de l?unité Economie et décision pour l?environ-
nement
BRION Francois Chercheur
AIT-AISSA Sélim
Responsable de l?Unité éco toxicologie des substances et
des milieux
DUFFORT Gaelle Chargée du projet AskREACH
BISPO Antonio
Institut national de recherche pour
l?agriculture, l?alimentation et l?environnement
(INRAE)
Directeur Unité Info&Sols
SLAMA Remy
Institut national de la santé et de la recherche
médicale (INSERM)
Directeur de l?Institut thématique Santé publique
BERNADAC Gérard Mutualité sociale agricole (MSA)
Médecin conseiller technique national chargé du risque chi-
mique
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Nom Prénom Organisme Fonction
MUSSARD David Conseiller technique national
SALLES Bernard Président du Conseil Scientifique
SOULAT Jean-Marc Médecin national
PERCEVAL Olivier
Office français de la biodiversité (OFB)
Chef de service Fonctionnement, préservation et restaura-
tion des milieux aquatiques
AUGEARD Bénédicte Directrice adjointe recherche et appui scientifique
STRAUB Pierre-François Chargé de mission Pollution des écosystèmes et métrologie
DENYS Sébastien
Santé Publique France (SpF)
Directeur de la Direction Santé Environnement Travail
(DSET)
LE BARBIER-ANDREANI Mélina Directrice Adjointe de la DSET
VERRIER Agnès Chargée de prévention en Santé environnementale
MENARD Céline
Responsable de l?unité Surveillance des Pathologies en lien
avec l?environnement et le travail, DSET
FILLOL Clémence Responsable de l?unité Surveillance des expositions, DSET
CAUDEVILLE Julien Chargé de projets en santé environnement
Annexe 2.4. Instances nationales
Nom Prénom Organisme Fonction
LISOWKI Vincent
Conférence des Doyens des Facultés de
Pharmacie de France
Président
CLAVELOU Pierre
Conférence des Doyens des Facultés de
Médecine
Vice-président
PAYSANT Sabine Présidente CNP-M
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Nom Prénom Organisme Fonction
BERANGER Remi Conseil National Professionnel de Maïeutique
(CNPM), Collège National des Sages-Femmes
de France (CNSF)
Collège national des Sage-femmes de France, Maître de
conférences
BARASINSKI Chloé Doctorat d?université, Université Clermont Auvergne
BRIGNON Jean-Marc
Haut conseil de la santé publique (HCSP)
Commission spécialisée sur les risques liés à l?environne-
ment
PAYRASTRE Laurence Directrice de recherche INRAE
SQUINAZI Fabien
Président de la Commission risque environnement de la
santé publique
CHAGNON Marie-Christine
Commission spécialisée sur les risques liés à l?environne-
ment
HUBERT Philippe Directeur de PEPPER
BEAUBESTRE Claude Membre de la CSRE
De BELS Frédéric INCa
URBAN-BOUDJELAB Soïzic DGS/MSR/SGHCSP
VIOLLAND Anne-Cécile
Plan national Santé environnement (PNSE4)
Députée, Présidente du groupe Santé environnement
GRARD Floriane Collaboratrice
CHOISY Guillaume
Agence de l?eau- Adour Garonne
Directeur général
BOULP Lauriane
Conseillère politique publique en appui à la direction géné-
rale
REBILLARD Jean Pierre Chef de service
SOURZAC Ariette Chargée d?étude
COMBOROURE Jean-Christophe
Agence Régionale de Santé Centre-Val de
Loire
Directeur de la santé publique et environnementale
BREJON-LAMARTINIERE Vincent
Centre régional de pathologies professionnelles et environ-
nementales
HELLEU Annaïg Responsable du département santé environnement
CAFFET Laurent Agence Régionale de Santé Grand Est Chef du département santé environnementale
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Nom Prénom Organisme Fonction
OSBERY Aline
Directrice adjointe de la direction promotion de la santé,
prévention et santé environnementale
MONIOT Stéphanie Responsable Planification et Actions Transversales
HALITIM Ilias Agence Régionale de Santé Hauts-de-France
Chargé de mission santé environnement ARS Hauts de
France
AUTES-TREAND Erwan
Agence Régionale de Santé Nouvelle
Aquitaine
Responsable du pôle vulnérabilité
RIOU Anne département « Enfance et Jeunesse »
HAUTREUX Sabine Département Santé environnement
BEIJAS Marie-Laure Cheffe de projet périnatalité
MARGUERON Thomas
Agence Régionale de Santé Provence-Alpes-
Côte d?Azur
Responsable régional santé environnement
FLOCH Carine Chargée de mission PRSE
PIETIN Clément Chargé de mission Environnements Extérieurs
DASSONVILLE Fabrice Chargé de mission Eaux
MAALIKI Eliane
Responsable du département santé environnementale et
veille et sécurité sanitaire
MEUR Hervé
Chargé de mission au département prévention et promotion
de la santé
BRETELLE Florence
Assistance publique-Hôpitaux de Marseille
(APHM)
Chef de service
AGOSTINI Nathalie Coordinatrice médicale, Réseau périnatalité méditerranée
BIAGI Caroline Infirmière DE, plateforme CRÉER
BOUARD Carole Chargée de territoire 1000 premiers jours (83)
BREVAUT-MALATY Véronique Praticien-hospitalier maternité, Hôpital Nord, AP-HM
CERRI Françoise
Sage-femme coordonnatrice de la maïeutique, Maternité
Conception
CORVISIER Laurianne Chargée de territoire (13) Réseau périnatalité méditerranée
MONTEAU Pauline Directrice de la transition écologique, AP-HM
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Mai 2024 EVALUATION DE LA DEUXIEME STRATEGIE NATIONALE SUR LES PERTURBATEURS
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Nom Prénom Organisme Fonction
MICQUEL Laura Praticien-Hospitalier, Gynécologie obstétrique, AP-HM
MENU Johanne Directrice référente Pôle Femmes, parents, enfants
PERRIN Jeanne Biologie de la reproduction, AP-HM
SUNYACH Claire Sage-femme coordinatrice plateforme CREER
PIBOULEAU Josselin
Caisse Primaire d?Assurance Maladie- Indre
Directeur Assurance maladie de l?Indre
GAFSI Sami Sous-directeur Régulation innovation santé
ZAIA Laetitia
Centre Permanent d'Initiatives pour
l'Environnement du Tarn
Chargée de projet
BESSON Brice
Direction Régionale de l?Alimentation, de
l?Agriculture et de la Forêt- Occitanie
Chef de l?unité Pilotage et animation du plan Ecophyto
VILLEREZ François Direction Régionale de l?Environnement, de
l?Aménagement et du Logement- Occitanie
Directeur régional adjoint
GARNIER Simon Chef de service des risques industriels
THERY-DUPRESSOIR Thomas
Direction Régionale de l?Environnement, de
l?Aménagement et du Logement- Centre-Val
de Loire
Chef de service risques industriels
LEWIS Florian Directeur adjoint
LE BER Ronan
Chef du département risques technologiques et sécurité in-
dustrielle
IDRISSI Myriam Référente chimie et réglementation produits chimiques
BARBONI Géraldine Direction Régionale de l?Economie, de
l?Emploi, du Travail et des Solidarités-
Provence Alpes Côte d?Azur
Cheffe de projet du PRST
CHEVALLIER Raphael Ingénieur de prévention et référent risques chimiques
LAVAURE Anouk
Direction Régionale de l?Economie, de
l?Emploi, du Travail et des Solidarités- Centre-
Val de Loire
Directrice régionale DREETS
ROLSHAUSEN Nadia Responsable du pôle travail
ROUSSELLE Sabrina
Adjointe de la responsable du pôle travail, responsable du
service Santé sécurité, référente pour le Plan Santé au Tra-
vail
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Nom Prénom Organisme Fonction
DEVIN Elodie
Ingénieur prévention sur le champ santé sécurité du pôle
travail
Annexe 2.5. Collectivités territoriales
Nom Prénom Organisme Fonction
MEILHAC Emeline
Conseil Régional d?Occitanie
Directrice de projets Santé
CROCHET Clémence Inspectrice générale des services
BRIDET Jean-François
Conseil Régional Centre Val de Loire
8ème Vice-Président délégué à la biodiversité, aux PNR, à la
Loire et aux rivières, à l?eau, à l?air et à la condition animale
GONZALEZ César Directeur mission santé-handicap
MARC Julie Chargée de mission éducation à l?environnement
BENOIT-MARQUIE François Chargé de mission transitions écologique et énergétique
AUBANEL Isabelle
Conseil départemental des Alpes-Maritimes
Directeur de la santé, DGA DSH
BOUDON Emilie Protection Maternelle et Infantile
PIERENS Carine Chef de projet « Plan santé »
ARTUSI-BOUTRAUD Isabelle Adjointe chef de service Energies et Fluides
NEYEN Joël
Conseil départemental du Tarn
Directeur général des services
MAGNANON Hélène Chef du Service Randonnées et Transition écologique
RUBIROLA Michèle Ville de Marseille Première adjointe
PEROLE Gilles
Ville de Mouans Sartoux
Adjoint enfance, éducation, alimentation
STURTON Léa Directrice de l?alimentation
CHABERT Magali Membre du GT PE de la ville de Mouans Sartoux
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ENDOCRINIENS
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Nom Prénom Organisme Fonction
GILL Nathan Membre du GT PE de la ville de Mouans Sartoux
THOMAS Jean Paul Membre du GT PE de la ville de Mouans Sartoux
JAPART Cécilia Membre du GT PE de la ville de Mouans Sartoux
LAVENANT Gwendoline Membre du GT PE de la ville de Mouans Sartoux
CHEMLA Richard
Ville de Nice
Adjoint au Maire
GRIMALDI Martine Chargée de mission santé environnement
LANTERI Fabien Directeur de la santé
FLEZ Alexandre
Ville de Strasbourg
Adjoint au maire chargé de la santé
ROUILLARD-NEAU Pascale Chef de service Santé environnement
THIL Elisa Chargée de mission Santé environnement
LANGLOIS Laetitia Chargée de mission Santé autonomie
Annexe 2.6. Sociétés savantes & personnalités qualifiées
Nom Prénom Organisme Fonction
BEAU Isabelle
Société Française d?Endocrinologie (SFE)
Directrice de Recherche Inserm
FINI Jean-Baptiste Muséum national d?Histoire naturelle
DESAILLOUD Rachel CHU Amiens
STORME Laurent
Société Française de Néonatalogie (SFN)
Université de Lille- CHU de Lille
FISCHER-FUMEAUX Céline-Julie Centre Hospitalier Universitaire Vaudois, Lausanne
KALFA Nicolas Université de Montpellier- CHU de Montpellier
DEIVA Kumaran Société Française de Neuropédiatrie (SFNP) Président
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ENDOCRINIENS
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Nom Prénom Organisme Fonction
RANNAUD-BARTAIRE Patricia Personnalités scientifiques Université Catholique de Lille
BAROUKI Robert PU-PH, Université Paris Cité, APHP
Baptiste Jean Museum national d?Histoire naturelle
HAMAMAH Samir Université de Montpellier, CHU de Montpellier
LEVI Yves Université Paris Saclay, APHM
MARANO Francine
Présidente, Commission spécialisée Risques liés à l?envi-
ronnement, HCSP
MIRAKIAN Pascale Centre PMA hôpital privé Natecia, Lyon
SANDERS Pascal Coordinateur PARC
RAT Patrice
Responsable, Pôle Toxicologie cellulaire et Sécurité sani-
taire, Université Paris Cité
HOREL Stéphane
Le Monde
Journaliste
FOUCART Stéphane Journaliste
Annexe 2.7. Structures professionnelles
Nom Prénom Organisme Fonction
BERENGUEL Martine
Confédération nationale artisanale des
instituts de beauté (CNAIB)
Présidente CNAIB Spa
GOURDIEN Nadège Secrétaire générale CNAIB Spa
RODDE Florence
Juriste Droit de la Santé Affaires Réglementaires CNAIB
Spa
BEZES Christine Crèches Directrice de la crèche les P?tits Lis?loups (81)
SAUVAN Nancy Fédération des Industries, des Peintures,
encres, Couleurs, Colles et adhésifs (FIPEC)
Responsable Santé et Sécurité des Produits
RICHARD Gilles Délégué général
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Nom Prénom Organisme Fonction
ALEX Philippe Président Commission Biocides
DOUMERC Martial
Fédération française des industries du jouet
Puériculture (FJP)
Ingénieur qualité et affaires réglementaires-produits non ali-
mentaires
COLIN Valérie Fédération des entreprises de la Beauté
(FEBEA)
Directrice des affaires scientifiques et réglementaires
GUEANT Xavier Directeur des affaires juridiques
LEVY Patrick
France Chimie
Médecin conseil France Chimie
LEOPOLD Thomas Toxicologue France Chimie
MARTEL Florian FREDON Occitanie Chargé de mission environnement
GIROUX Jean-Marie
Industrie cosmétique entreprise cosmétique
(COSMED)
Président
BASSONI Caroline Directrice des affaires réglementaires
De COURCY Nathalie Directrice des affaires publiques
DORE Christophe Union Nationale des Entreprises de Coiffure
(UNEC)
Président
PELKA Christelle Directrice de cabinet
Annexe 2.8. Associations & réseaux
Nom Prénom Organisme Fonction
JACQUET Virginie Association Label vie Responsable Développement
BROUSMICHE Delphine
Association pour la Prévention de la Pollution
Atmosphérique (APPA)
Directrice
SOUVET Pierre
Association Santé Environnement France
(ASEF)
Président et fondateur
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Mai 2024 EVALUATION DE LA DEUXIEME STRATEGIE NATIONALE SUR LES PERTURBATEURS
ENDOCRINIENS
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Nom Prénom Organisme Fonction
TILAK Dominique
ATMO Occitanie
Directrice
ROBIC Pierre-Yves Directeur adjoint
PACHEFF Tania Cantines sans plastiques ex-Présidente
DUFOUR Alphée
Comité départemental de la protection de la
Nature et de l?environnement (CDPNE)
Chargée de mission en éducation à l?environnement
MOLIERES Véronique
Comité pour le développement durable en
santé (C2DS)
Directrice
GARNIER Véronique Élus santé publique et territoires
Vice-Présidente de l?association Elus, santé publique et ter-
ritoire, co-Présidente du Comité d?animation des territoires
du PNSE 4
CHABROLLE Alain France Nature Environnement (FNE) Vice-président
VEILLERETTE François Générations futures (et PAN-Europe) Porte-parole
CINGOTTI Natacha Health & Environment Alliance (HEAL) Cheffe du programme Health and Chemicals
PAPEGAY Nicolas
Mutualité Française
Coordinateur régional prévention, Hauts de France
ROUSSEAU Mélie Coordinatrice FEES, Pays de la Loire
PERRAULT Hélène Chargée de prévention, Hauts de France
RETAUX Marion Responsable prévention et promotion de la santé, Occitanie
WEISSMANN Ragnar
Objectif Santé Environnement (O.S.E.)
Directeur scientifique
CHEVALLIER Laurent CHRU de Montpellier
PALAMA Carynn Experte en transformation
CICOLLELA André Réseau environnement santé (RES) Président du RES
LEMAIRE Nina
Réseau français des villes de l?OMS (RfVS)
Coordinatrice
FELTZ Alexandre Adjoint à la santé de la ville de Strasbourg
ROUILLARD-NEAU Pascale
Cheffe de service hygiène et santé-environnementale de la
ville de Strasbourg
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ENDOCRINIENS
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Nom Prénom Organisme Fonction
THIL Elisa
Chargée de mission santé-environnement à la ville de
Strasbourg
LANGLOIS Laetitia Chargée de projet santé à la ville de Strasbourg
ZAVALLONE Romain Conseiller santé-environnement à la ville de Paris
LARBRE Juliette Chef du Laboratoire d?Analyse de la ville de Paris
RIVET Nadine
Adjointe au Maire de Limoges chargée de la Petite En-
fance, des Accueils de Loisirs et de la Ville nourricière
PIQUET Julia Apprentie chargée de mission santé environnement RfVS
VUILLAUME Xavier Directeur de la santé publique, Aubervilliers
PLATEL Sylvie
Woman Engage for a Common Future
(WECF)
Responsable plaidoyer santé environnement
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Mai 2024 EVALUATION DE LA DEUXIEME STRATEGIE NATIONALE SUR
LES PERTURBATEURS ENDOCRINIENS
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Annexe 3. La réglementation des perturbateurs
endocriniens au niveau européen et national
Annexe 3.1. En dépit de progrès, la règlementation européenne
demeure insuffisante
Annexe 3.1.1 Une réglementation complexe qui a connu des avancées
récentes
La régulation des perturbateurs endocriniens se joue essentiellement à l?échelon
européen
Un cadre mondial généraliste
Un cadre mondial sur la gestion des produits chimiques a été élaboré par les Nations-Unies, et a
fait l?objet d?une révision récente en 2023 lors de l?accord de Bonn97. Cet accord s?ajoute à ceux
pris sur le climat et la biodiversité afin d?apporter une réponse globale aux crises planétaires mul-
tiples : le dérèglement climatique, la perte de biodiversité et les pollutions.
Le cadre mondial sur les produits chimiques constitue une feuille de route pour les gouvernements
et entreprises, qui promeut des grands principes tels que l?arrêt des pesticides hautement dange-
reux, la transparence de l?industrie, la sécurité au travail ou la chimie durable. Il invite les parties
prenantes à mettre en place des législations adéquates d?ici à 2030 ou 2035 en fonction des cibles,
mais n?est pas juridiquement contraignant en tant que tel.
Ce cadre mondial, assorti de 12 résolutions, se concentre sur les grands principes et ne mentionne
pas directement la question des perturbateurs endocriniens.
Il existe également un système général harmonisé de classification des produits chimiques (SGH),
utilisé depuis les années 2000, basée sur une nomenclature associée à des numéros, des picto-
grammes et des mentions de danger. Les produits y sont répartis en différentes classes de danger
(danger physique, danger pour la santé et danger pour l?environnement) et classés par famille.
Cependant, les perturbateurs endocriniens ne figurent pas à ce stade en tant que tels parmi les 28
classes de danger répertoriées.
Un corpus réglementaire étoffé au niveau européen
La compétence de l?Union européenne en matière de régulation des produits chimiques
La régulation des produits chimiques au niveau de l?Union européenne est la plus avancée au
monde. Le choix de l?Union européenne comme espace de compétence s?explique par plusieurs
raisons. En premier lieu, la normalisation des produits chimiques est une des conditions de fonc-
tionnement du marché intérieur, afin d?éviter des barrières à l?entrée déguisées, mais également
pour ne pas tolérer une forme de dumping en matière sanitaire qui serait destiné à favoriser l?in-
dustrie. En second lieu, la coopération entre Etats membres permet des économies d?échelle en
faisant en sorte que les agences nationales compétentes se partagent le travail d?évaluation des
nouvelles substances, avec un gain de temps et de moyens. En troisième lieu enfin, cette régula-
tion concourt à une réduction de l?exposition humaine et de la pollution environnementale, objectif
97 Cinquième conférence internationale sur la gestion des produits de chimiques de Bonn, septembre 2023, qui a conduit à
l?adoption d?un « Cadre mondial relatif aux produits chimiques pour une planète sans produits chimiques ni déchets nocifs »
PUBLIÉ
Mai 2024 EVALUATION DE LA DEUXIEME STRATEGIE NATIONALE SUR
LES PERTURBATEURS ENDOCRINIENS
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qui est devenu une préoccupation de plus en plus importante parmi les Etats membres et leurs
citoyens.
La régulation des produits chimiques repose aujourd?hui sur une multitude de règlements et direc-
tives :
deux grands textes transversaux (REACH sur l?enregistrement, l?évaluation et l?autorisation
des substances, et CLP sur la classification, l?étiquetage et l?emballage) ;
des textes sectoriels (produits biocides, produits phytopharmaceutiques, protection et
restauration des masses d?eau, eau potable, jouets, cosmétiques, médicaments, dispositifs
médicaux, sécurité alimentaire et contenants alimentaires, exposition des travailleurs) ;
des textes interdisant spécifiquement certaines substances pour des usages spécifiques
(bisphénol A, phtalates, PFAS).
Le cadre général du programme d?action pour l?environnement
La politique de santé et de l?environnement de l?Union européenne est définie par des documents
pluriannuels qui sont les programmes d?action pour l?environnement (PAE), adoptés par le Parle-
ment et le Conseil. Le 8ème PAE98 couvre la période de 2023 à 2030 et oriente l?élaboration de la
politique environnementale de l?Union européenne. Il vise à « accélérer la transition écologique
vers une économie circulaire, neutre sur le plan climatique, durable, non toxique, efficace dans
l?utilisation des ressources, fondée sur les énergies renouvelables, résiliente et compétitive, d?une
manière juste, équitable et inclusive, et à protéger, restaurer et améliorer l?état de l?environnement,
y compris en arrêtant et inversant la perte de biodiversité. Il soutient et renforce une approche
intégrée des politiques et de la mise en oeuvre, en s?appuyant sur le pacte vert pour l?Europe. »
(article 1, alinéa 2). Il est également posé que « Le 8ème PAE est fondé sur le principe de précaution,
sur les principes d?action préventive et de correction de la pollution à la source et sur le principe du
pollueur-payeur. » (article 1.5).
Le 8ème PAE comprend six objectifs thématiques prioritaires, dont le quatrième est énoncé ainsi :
« la recherche d?une pollution zéro, y compris par rapport aux produits chimiques dangereux, afin
de parvenir à un environnement exempt de substances toxiques, notamment en ce qui concerne
l?air, l?eau et les sols, et par rapport à la pollution lumineuse et sonore, ainsi que la protection de la
santé et du bien-être des personnes, des animaux et des écosystèmes face aux risques et aux
incidences négatives liés à l?environnement » (article 2.2 alinéa d).
La 8ème PAE indique que, pour atteindre ces objectifs prioritaires, « la Commission, les États
membres, les autorités régionales et locales ainsi que les parties prenantes, selon le cas, doivent
(...) remplacer rapidement les substances préoccupantes, y compris les substances extrêmement
préoccupantes, les perturbateurs endocriniens, les produits chimiques très persistants, ainsi que
les substances neurotoxiques et immunotoxiques, et lutter contre les effets combinés des produits
chimiques, des formes nanométriques des substances et de l?exposition aux produits chimiques
dangereux contenus dans les produits, évaluer leurs incidences sur la santé et l?environnement, y
compris le climat, et sur la biodiversité, tout en encourageant les produits chimiques et matériaux
sûrs et durables dès la conception et en intensifiant et coordonnant les efforts déployés en vue de
favoriser l?élaboration et la validation de méthodes de substitution à l?expérimentation animale. »
(article 3, alinéa l).
98 Décision (UE) 2022/591 du Parlement européen et du Conseil du 6 avril 2022 relative à un programme d?action général de
l?Union pour l?environnement à l?horizon 2030
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La stratégie de la Commission relative aux perturbateurs endocriniens
Une première stratégie communautaire avait été adoptée par la Commission dès 199999 pour dé-
finir le problème de la perturbation endocrinienne, et mettre en évidence l?action politique appro-
priée, en recommandant d?appliquer le principe de précaution.
Une stratégie plus récente a été publiée par la Commission dans une communication du 7 no-
vembre 2018 intitulée « Vers un cadre complet de l?Union européenne en matière de perturbateurs
endocriniens ». Cette stratégie fait le bilan de la politique actuelle de l?Union européenne, en ma-
tière de surveillance, de recherche et de réglementation.
La Commission y reconnaît que, si « des progrès significatifs ont été accomplis (...) les préoccu-
pations restent vives ». Elle recommande que l?approche stratégique de l?UE se fonde sur l?appli-
cation du principe de précaution, pour « réduire le plus possible l?exposition globale des personnes
et de l?environnement », « accélérer le développement d?une base de recherche approfondie » et
« promouvoir un dialogue actif » entre parties prenantes.
La Commission relève que les mesures législatives régissant les produits chimiques ont été mises
au point à des moments différents, donnant parfois lieu à des approches diverses, soulevant des
questions de cohérence. Elle souligne deux problématiques :
l?absence d?une approche « horizontale » pour l?identification des perturbateurs
endocriniens entre les différentes législations : ce que la commission propose de résoudre
une adoptant une approche cohérente dans toute la législation, sur la base de la définition
de l?OMS ;
l?existence d?approches réglementaires différentes des perturbateurs endocriniens selon
les textes législatifs (certains textes retenant une interdiction de principe tandis que d?autres
privilégient le cas par cas, avec un risque que certaines approches ne soient pas
appropriées) : difficulté à laquelle la Commission ne propose de solution immédiate,
estimant qu?elle doit être examinée de manière plus approfondie.
La Commission annonce en tout cas plusieurs mesures : le lancement d?un bilan de qualité global
de la réglementation relative aux perturbateurs endocriniens ; le soutien à la recherche ; l?organi-
sation d?un forum annuel sur les perturbateurs endocriniens ; le soutien à l?intégration des pertur-
bateurs endocriniens dans le système international de classification des produits chimiques ; et le
lancement d?un guichet web unique consacré aux perturbateurs endocriniens.
Par une résolution du 15 avril 2019, le Parlement européen a réagi de façon critique à cette com-
munication100. Le Parlement y note que la révision de la stratégie communautaire de 1999 a tardé,
et que de ce fait, certains Etats membres, dont la France, la Suède, le Danemark ou la Belgique,
ont pris une série de mesures au niveau national. Le Parlement considère que la communication
de la commission de 2018 ne présente pas de plan d?action concret pour réduire au maximum
l?exposition, ni de calendrier dédié. Le Parlement regrette que des dispositions spécifiques aux
perturbateurs endocriniens fassent défaut dans des textes clefs (cosmétiques, jouets, matériaux
de contact alimentaire) et s?inquiète que le bilan qualité ne soit commandé que pour retarder des
mesures concrètes.
Le Parlement demande à la Commission de prendre rapidement les mesures pour réduire au maxi-
mum l?exposition globale, et notamment, d?ici à 2020, de mettre en place une définition transver-
sale des perturbateurs endocriniens, accompagnée de documents d?orientation « dignes de ce
99 Communication 99/0706 de la Commission : Stratégie communautaire concernant les perturbateurs endocriniens
100 La résolution a été voté à une large majorité de 447 voix sur 502.
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nom », et de formuler des propositions pour insérer des dispositions spécifiques relatives aux per-
turbateurs endocriniens dans les règlement relatifs aux cosmétiques, à la sécurité des jouets et
aux matériaux de contact alimentaire.
La stratégie de la Commission pour la durabilité dans le domaine des produits chimiques
Dans le cadre de l?ambition « zéro pollution » de l?UE du pacte vert pour l?Europe, la Commission
européenne a adopté une stratégie pour la durabilité dans le domaine des produits chimiques le
14 octobre 2020. La Commission y admet que si « certains textes législatifs permettent de recon-
naître les perturbateurs endocriniens, le système réglementaire de l?UE est globalement fragmenté
et limité, et il est nécessaire de le consolider et de le simplifier pour que les perturbateurs endocri-
niens puissent être repérés en temps utile de manière à limiter le plus possible l?exposition des
êtres humains et de l?environnement».
En conséquence, la Commission annonce différentes orientations intéressant les perturbateurs
endocriniens, parmi lesquelles :
établir un système juridiquement contraignant d?identification des dangers liés aux
perturbateurs endocriniens, en s?appuyant sur les critères déjà définis pour les pesticides
et les biocides, et l?appliquer dans l?ensemble de la législation ;
veiller à ce que les perturbateurs endocriniens soient interdits dans les produits de
consommation dès qu?ils sont reconnus comme tels, leur utilisation n?étant autorisée que
s?il est démontré qu?elle est essentielle pour la société ;
renforcer la protection des travailleurs en faisant des perturbateurs endocriniens une
catégorie de substances extrêmement préoccupantes dans le cadre du règlement REACH ;
examiner les informations requises dans l?ensemble de la législation et les renforcer pour
permettre aux autorités de reconnaître les perturbateurs endocriniens ;
ajouter de nouvelles catégories de substances dans le règlement CLP ;
accélérer la mise au point de méthodes permettant d?obtenir des informations sur les
perturbateurs endocriniens grâce au criblage des substances et aux essais ;
étudier la meilleure façon de mettre en place dans REACH un ou plusieurs facteurs
d?évaluation des mélanges dans l?évaluation de la sécurité des substances ;
coordonner les évaluations entre textes législatifs, en vue d?une approche « une substance,
une évaluation » ;
renforcer les procédures d?autorisation et de restriction de REACH.
Une appréhension inégale dans les règlements transversaux REACH et CLP
Le règlement REACH, texte fondateur, est peu adapté pour limiter les
perturbateurs endocriniens, et nécessite une refonte
REACH fonctionne sur le principe « Pas de données, pas de marché »
Le règlement (UE) n°1907/2006 du 18 décembre 2006 (dit REACH) concerne l?enregistrement,
l?évaluation et l?autorisation des substances chimiques ainsi que les restrictions applicables à ces
substances. Ce texte vise à mieux protéger la santé humaine et l'environnement, assurer la libre
circulation des substances dans le marché intérieur tout en préservant la compétitivité de l'industrie
chimique.
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Ce règlement qui se distingue par sa technicité remplace une quarantaine d?anciens règlements et
directives, et a fait l?objet de plus de quatre-vingts modifications réglementaires depuis son entrée
en vigueur en 2007.
REACH porte sur la fabrication, la mise sur le marché et l?utilisation :
des « substances » (naturelles ou fabriquées), comme un solvant ou un métal ;
des « mélanges » (deux substances ou plus), comme un alliage ou un produit de
nettoyage ;
des « articles » (objets dont la forme est plus déterminante que la composition chimique),
comme un ustensile de cuisine ;
toutefois, REACH ne concerne pas les produits phytosanitaires, les produits biocides, les
médicaments ou les cosmétiques, qui font l?objet de règlements distincts.
Le règlement repose sur le principe « pas de données, pas de marché » en faisant peser la charge
de la preuve sur les entreprises (productrices, importatrices) tenues de déposer un dossier d?enre-
gistrement pour chaque substance auprès de l?agence européenne des produits chimiques (ECHA).
Celle-ci propose ensuite les mesures appropriées de gestion des risques à la Commission, telle
que la restriction voire l?interdiction de l?usage d?une substance.
Dans la première phase (enregistrement), les entreprises fabriquant ou important dans l?Union eu-
ropéenne une substance pour une quantité supérieure à 1 tonne par an déposent un dossier d?en-
registrement auprès de l?ECHA détaillant les propriétés de la substance, les risques éventuels pour
la santé et l?environnement, et les mesures de gestion appropriées de ces risques. Plus la subs-
tance est utilisée, plus le nombre de données à fournir est important.
Dans le deuxième phase (évaluation), l?ECHA contrôle la complétude du dossier de la substance
en question mais ne vérifie pas si les informations fournies sont appropriées sur le fond. Le contrôle
de conformité relève de l?ECHA et des Etats membres, qui peuvent contrôler tout dossier d?enre-
gistrement (l?objectif est fixé à 20% des dossiers) et doivent apprécier si les informations sont con-
formes aux obligations légales.
L?ECHA et les Etats membres élaborent un plan d?action communautaire (CoRAP101), mis à jour
annuellement au gré des nouvelles préoccupations, qui répertorie les substances préoccupantes
devant être soumises à évaluation sur une période de trois ans. Les critères de sélection pour
l?inclusion sur cette liste s?appuient à la fois sur les quantités et les degrés d?exposition. Ces éva-
luations sont réparties entre les agences compétentes des Etats membres.
Dans la troisième phase (autorisation et restriction), les substances peuvent être soumises à diffé-
rentes mesures de gestion des risques, à savoir l?autorisation ou la restriction selon leur dangero-
sité.
En premier lieu, les substances concernées par la procédure d?autorisation (listées dans l?années
XIV de REACH) sont les substances les plus préoccupantes (SVHC)102 à savoir :
les substances cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction (CMR) ;
les substances persistantes, bioaccumulables et toxiques (PBT) ;
les substances très persistantes et très bioaccumulables (vPvB) ;
les substances suscitant un niveau de préoccupation équivalent telles que les
perturbateurs endocriniens ou les sensibilisants respiratoires.
101 CoRAP : plan d?action communautaire (Community Rolling Action Plan)
102 SVHC : substance extrêmement préoccupante (substance of very high concern)
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L?inscription sur la liste d?autorisation se fait en 2 étapes. Dans la première étape, les substances
sont identifiées sur la base de propositions effectuées par les Etats membres ou l?ECHA. Après
consultation publique, elles sont inscrites dans la « liste des substances candidates », dite « liste
candidate » à la procédure d?autorisation. A la date de finalisation du rapport (mai 2024), cette liste
candidate contenait 259 entrées, correspond chacune à une substance, ou parfois à une famille
de substances. Au total, la liste candidate répertorie 486 substances différentes. Cette liste fait
l?objet d?une actualisation deux fois par an.
Dans la seconde étape, en partant de la liste candidate, l?ECHA recommande une liste de subs-
tances à inscrire en priorité à l?annexe XIV, la décision revenant à la Commission européenne et
aux Etats membres. Une fois inscrite à l?annexe XIV, une substance ne pourra plus, après des
dates fixées, être utilisée, importée ou fabriquée, sans autorisation de la Commission.
L?autorisation d?utilisation de la substance ne sera accordée que dans 2 cas :
si les risques associés à l?utilisation sont valablement maîtrisés (ce qui est impossible pour
les substances PBT ou vPvB) ;
si les avantages socio-économiques de l?utilisation de la substance l?emportent et qu?il n?y
a pas de substance ou de technologie de substitution dans l?immédiat.
En mai 2024, l?annexe XIV comptait 59 entrées, une entrée pouvant réunir plusieurs substances.
L?objectif est que ces substances soient progressivement remplacées par d?autres substances ou
technologies moins dangereuses lorsque des solutions de remplacement appropriées économi-
quement et techniquement viables existent.
En second lieu, les substances concernées par la procédure de restriction (listées dans l?années
XVII de REACH) sont les substances pour lesquelles un Etat membre ou la Commission estiment
que la mise sur le marché entraînerait un risque inacceptable pour la santé humaine ou l?environ-
nement. L?inscription se fait à l?issue d?une consultation publique, sur décision des Etats membres
et de la commission. La restriction pourra concerner les conditions de fabrication, la limitation de
mise sur le marché ou d?utilisation (par exemple : interdiction d?utiliser des phtalates à une concen-
tration supérieure à 0,1% dans les jouets et articles de puériculture).
En mai 2024, l?annexe XVII comptait 73 entrées, une entrée pouvant réunir plusieurs substances.
Au-delà des substances et mélanges, des règles spéciales s?appliquent aux « articles », tels que
des articles simples (composés d?une seule pièce, comme une chaise) ou complexes (véhicules,
cartes électroniques, ...). Les producteurs ou importateurs d?articles sont tenus de notifier à l?ECHA
la présence de substances classées SVHC, dès lors que la concentration de la substance dépasse
0,1% et que la substance est présente dans des quantités dont le volume dépasse une tonne par
an.
Par ailleurs, les fournisseurs des articles contenant une SVHC sont tenus de fournir au consom-
mateur, à sa demande, des informations pour permettre l?utilisation de l?article en toute sécurité.
La mise en oeuvre de ce « droit de savoir » a été facilitée par le développement de l?application
Scan4Chem développée au niveau européen, et qui sera également utilisée en France pour l?ap-
plication de la loi AGEC (cf.infra).
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Le nombre de substances concernées par des mesures de gestion de risque en raison de leur effet
de perturbateur endocrinien est limité
Un certain nombre de substances sont classées parmi les différentes annexes de REACH au titre
de leur effet de perturbateur endocrinien.
Il convient de préciser que l?appartenance à la première liste (liste candidate des substances hau-
tement préoccupantes dites SVHC) n?emporte pas en tant que telle une véritable restriction sur le
marché, les obligations liées à ce statut étant essentiellement des obligations d?information aux
clients et à l?ECHA. Toutefois, l?inscription sur cette liste laisse présager, à terme, une inscription
sur la liste autorisation ou restriction, ce qui incite les industries ayant recours à ces substances en
amont à préparer leur substitution.
A l?inverse, la présence sur la liste autorisation (annexe XIV) ou restriction (annexe XVII) signifie
bien que les substances en question sont limitées dans leur usage et leur utilisation.
Pour chaque substance, la base de données de l?ECHA indique le motif d?inclusion dans la liste,
qui peut être la perturbation endocrinienne. Parmi les 486 substances listées, on en dénombre 118
faisant état d?un motif de perturbation endocrinienne103. Sur ces 118 substances, 104 appartiennent
à 8 familles de substances, tandis que 14 sont des substances uniques. Au total on dénombre 22
substances uniques ou familles de substances classées dans la liste candidate au motif d?une
propriété de perturbation endocrinienne, ce qu?illustre le tableau suivant.
Tableau 1 : Substances classées dans la liste candidate à la procédure
d?autorisation, dites SVHC, au motif de leurs propriétés de perturbation
endocrinienne
Nom des substances et familles de
substances
Nombre de
substances
Année
d'inclusion
dans la
liste
Motif
d'inclusion des
propriétés PE
Isobutyl 4-hydroxybenzoate 1 2023 Santé humaine
4,4'-sulphonyldiphenol 1 2023
Santé humaine
Environnement
(±)-1,7,7-trimethyl-3-[(4-
methylphenyl)methylene]bicyclo[2.2.1]heptan-2-
one covering any of the individual isomers and/or
combinations thereof (4-MBC)
7 2022 Santé humaine
Phenol, alkylation products (mainly in para
position) with C12-rich branched alkyl chains
from oligomerisation, covering any individual
isomers and/ or combinations thereof (PDDP)
6 2021
Santé humaine
Environnement
4,4'-(1-methylpropylidene)bisphenol 1 2021
Santé humaine
Environnement
Butyl 4-hydroxybenzoate 1 2020 Santé humaine
Tris(4-nonylphenyl, branched and linear)
phosphite (TNPP) with ? 0.1% w/w of 4-
nonylphenol, branched and linear (4-NP)
5 2019 Environnement
4-tert-butylphenol 1 2019 Environnement
1,7,7-trimethyl-3-
(phenylmethylene)bicyclo[2.2.1]heptan-2-one
1 2019 Environnement
103 C?est sur la base de cette liste que l?Anses a établi la liste des substances concernées par l?obligation d?information de la loi
AGEC relative à la présence de perturbateurs endocriniens dans les produits, cf infra
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Dicyclohexyl phthalate 1 2018 Santé humaine
Reaction products of 1,3,4-thiadiazolidine-2,5-
dithione, formaldehyde and 4-heptylphenol,
branched and linear (RP-HP)
2 2018 Environnement
p-(1,1-dimethylpropyl)phenol 1 2017 Environnement
4-heptylphenol, branched and linear 25 2017 Environnement
4,4'-isopropylidenediphenol 1 2017
Santé humaine
Environnement
4-Nonylphenol, branched and linear, ethoxylated 41 2013 Environnement
4-Nonylphenol, branched and linear 13 2012 Environnement
4-(1,1,3,3-tetramethylbutyl)phenol, ethoxylated 5 2012 Environnement
4-(1,1,3,3-tetramethylbutyl)phenol 1 2011 Environnement
Diisobutyl phthalate 1 2010 Santé humaine
Dibutyl phthalate (DBP) 1 2008
Santé humaine
Environnement
Bis (2-ethylhexyl)phthalate (DEHP) 1 2008
Santé humaine
Environnement
Benzyl butyl phthalate (BBP) 1 2008 Santé humaine
TOTAL (familles ou substances uniques) 22
TOTAL (nombre de substances) 118
Site de l?ECHA, retraitement IGAS-IGEDD
En ce qui concerne les substances ayant fait l?objet d?une mesure d?autorisation ou de restriction,
leur nombre est bien plus limité, puisqu?une substance peut rester sur la liste SVHC de nombreuses
années avant de basculer sur l?annexe XIV ou XVII.
Ainsi, on ne compte qu?un faible nombre de substances (8 au total) ayant fait l?objet d?une mesure
d?autorisation ou de restriction au sens de REACH, au titre de leur effet perturbateur endocrinien.
Ce modeste résultat renvoie aux limites du règlement REACH, détaillées ci-dessous.
Tableau 2 : Substances faisant l?objet d?une mesure de limitation au sens de
REACH au titre de leur effet perturbateur endocrinien
Liste autorisation (annexe XIV) Liste restriction (annexe XVII)
NPE (4-Nonylphenol)
4-(1,1,3,3-tetramethylbutyl)phenol
éthoxylé
Bisphénol A / BPA (4,4'-isopropylidenediphenol :
concentration maximale de 0,02% dans les papiers
thermiques)
DEHP (Bis(2-ethylhexyl) phthalate) ; BBP (Benzyl
butyl phthalate) ; DBP (dibutyl phtalate) et DIBP
(dissobutyl phtalate) (concentration maximale de
0,1% en poids de plastique dans les jouets et
articles de puériculture)
NPE (concentration maximale de 0,01% du poids
des articles textiles)
Site de l?ECHA, retraitement IGAS-IGEDD
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De fait, REACH est confronté à des limites structurelles et doit faire l?objet d?une refonte attendue
de longue date
Bien que le règlement REACH représente en soi une avancée majeure, qui a transformé la com-
mercialisation des produits chimiques et inspiré des systèmes similaires, notamment en Asie, le
système actuel montre ses limites et souffre d?une obsolescence qui lui a valu moult critiques.
Dans un rapport d?évaluation de REACH publié en 2018, la Commission104 appelait à traiter de
toute urgence un certain nombre de questions :
la non-conformité des dossiers d?enregistrement105 ;
la simplification de la procédure d?autorisation ;
l?équité des règles du jeu par rapport aux entreprises de pays tiers grâce à des restrictions
et à des mesures d?application efficaces ;
la clarification de l?interface entre le règlement REACH et le reste de la législation de l?Union
européenne, notamment en matière de santé et de sécurité au travail (SST) et de déchets.
La lenteur du processus d?évaluation est au coeur des critiques portant sur l?efficacité de REACH.
Une analyse de l?European Environmental Bureau (EEB) en 2022106 comparait le temps pris par
l?industrie pour enregistrer une substance et la mettre sur le marché (moins d?un mois), avec le
temps pour classer une substance sur liste « autorisation » ou « restriction », à partir de sa mise
sur le marché (près de 20 ans).
Cette lenteur s?explique notamment par le fait que les évaluations s?effectuent substance par subs-
tance, et non pas par famille de substances, ce qui a pour effet d?emboliser les agences nationales
en charge de l?évaluation. Une fois l?évaluation réalisée, le manque de moyens humains de l?ECHA
et de la Commission contribue également à ralentir la prise de décision finale.
Un avis de 2020 du Conseil environnemental, économique et social107 relevait d?autres faiblesses,
comme la difficile mise en oeuvre à l?échelle européenne (disparités dans l?intensité des contrôles
selon les pays et faibles moyens de coordination de l?ECHA), et une information difficilement lisible
pour les professionnels dans les fiches de données de sécurité, ainsi que pour les consommateurs
au titre du « droit de savoir » pour les articles contenant des SVHC.
Le règlement REACH est par ailleurs mal calibré pour prendre en compte des propriétés de per-
turbation endocrinienne, puisqu?il ne comporte pas de définition précise des perturbateurs endocri-
niens. De plus, le règlement ne distingue pas les perturbateurs endocriniens avérés des présumés
ou suspectés, ce qui exige une preuve maximale (seuls des perturbateurs endocriniens avérés
pourront être reconnus) et rend difficile l?application du principe de précaution.
Au reste, les tests requis pour l?évaluation sont incomplets et ne recouvrent pas toutes les voies
de perturbation endocrinienne en l?état des connaissances scientifiques actuelles, comme le dé-
taille l?analyse faite en 2019 par les professeurs Barbara Demeneix et Remy Slama dans un rapport
adressé au Parlement européen108.
104 Rapport général de la Commission sur le fonctionnement général du règlement REACH (dans le cadre d?un programme
d?évaluation REFIT), publié le 5 mars 2018
105 Cette faible qualité de l?enregistrement avait été illustrée par une large étude de l?équivalent allemand de l?Anses réalisée en
2018 qui avait relevé que seuls un tiers des dossiers étaient conformes ;
106 Rapport « The need for speed », European Environmental Bureau : l?analyse de 1109 substances régulées dans REACH
conduit à trouver un temps médian de 19 ans et 3 mois entre la mise sur le marché et une inclusion à l?annexe XIV ou XVII
107 Avis du CESE « REACH et la maîtrise du risque chimique : un bilan positif, un outil à améliorer », Catherine Tissot-Colle,
Janvier 2020
108 « Endocrine disruptors : from scientific evidence to human health protection », B. Demeneix & R. Slama, mai 2019, étude
réalisée sur demande du Parlement européen
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A ceci s?ajoute plusieurs dérogations qui diminuent encore l?efficacité du règlement :
pour les substances à faible tonnage (moins de 10 tonnes annuelles sur le marché), il n?y
a pas de données de toxicité chronique demandées ;
les tests d?évaluation ne prennent pas en compte les « mélanges » de substances, et
passent donc à côté des « effets cocktails »
les polymères sont exemptés d?enregistrement sous REACH, ce qui a pour effet d?exonérer
une majorité des PFAS d?un enregistrement109.
Ces difficultés de fonctionnement général de REACH et de prise en compte la perturbation endo-
crinienne appellent une refonte de la législation.
Le règlement CLP vient d?être réformé pour introduire une classification des
perturbateurs endocriniens
Le règlement (UE) n° 1272/2008 du 16 décembre 2008 relatif à la classification, à l?étiquetage et à
l?emballage (dit règlement CLP) vise à assurer la protection des travailleurs, des consommateurs
et de l?environnement en définissant les règles européennes de classification, d?étiquetage et d?em-
ballage des produits chimiques.
Le règlement CLP aligne l?ancienne législation européenne en la matière sur le SGH international.
Les dangers présentés par les substances chimiques sont communiqués au moyen de mentions
d?avertissement et de pictogrammes figurant sur les étiquettes et les fiches de données de sécurité.
Comme REACH, le CLP ne s?applique pas aux produits concernés par des règlements sectoriels
(cosmétiques, denrées alimentaires, médicaments ...).
Réformé par le règlement délégué (UE) 2023/707 du 19 décembre 2022110, le CLP prévoit désor-
mais une classification et un étiquetage spécifique pour les perturbateurs endocriniens, qui devra
s?appliquer au plus tard le 1er mai 2025 en ce qui concerne les substances ; et au plus tard le 1er
mai 2026 concernant les mélanges.
Deux classes de danger apparaissent, chacune divisée en 2 catégories :
Perturbateurs endocriniens pour la santé humaine :
? catégorie 1 : perturbateurs endocriniens avérés ou présumés pour la santé
humaine
? catégorie 2 : perturbateurs endocriniens suspectés pour la santé humaine
Perturbateurs endocriniens pour l?environnement :
? catégorie 1 : perturbateurs endocriniens avérés ou présumés pour l?environnement
? catégorie 2 : perturbateurs endocriniens suspectés pour l?environnement
Le règlement précise la définition des perturbateurs endocriniens avec 5 critères alternatifs :
1. ?perturbateur endocrinien? désigne une substance ou un mélange altérant une ou
plusieurs fonctions du système endocrinien et induisant de ce fait des effets néfastes
109 Le sujet des PFAS commence cependant à faire l?objet d?attention croissante. En février 2023, une première restriction au sens
de REACH a visé certains PFAS (Les acides perfluorocarboxyliques (PFCA) en C9-C14). Plus généralement une proposition de
5 pays européens (Danemark, Allemagne, Norvège, Pays-Bas, Suède) a été adressée à l?ECHA en avril 2023 pour demander
une restriction générale de plus de 10.000 PFAS, qui devra donner lieu à un avis de l?ECHA en 2024 et une éventuelle restriction
décidée par la Commission en 2025.
110 Règlement délégué (UE) 2023/707 du 19 décembre 2022 publié le 31 mars 2023
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https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:32023R0707&from=EN
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sur la santé d?un organisme intact, de ses descendants ou au niveau des populations
ou sous-populations ;
2. ?perturbation endocrinienne? désigne l?altération d?une ou plusieurs fonctions du sys-
tème endocrinien causée par un perturbateur endocrinien ;
3. ?activité endocrinienne? désigne une interaction avec le système endocrinien sus-
ceptible d?entraîner une réponse de ce système, d?organes cibles ou de tissus cibles,
et qui confère à une substance ou un mélange le potentiel d?altérer une ou plusieurs
fonctions du système endocrinien ;
4. ?effet néfaste? désigne un changement dans la morphologie, la physiologie, la crois-
sance, le développement, la reproduction ou de la durée de vie d?un organisme, d?un
système ou d?une population ou sous-population qui se traduit par l?altération d?une
capacité fonctionnelle ou d?une capacité à compenser un stress supplémentaire ou
par l?augmentation de la sensibilité à d?autres influences ;
5. ?lien biologiquement plausible? désigne la corrélation entre une activité endocri-
nienne et un effet néfaste, basé sur des processus biologiques, lorsque la corrélation
est cohérente avec les connaissances existantes.
Le règlement pose également les limites de concentration génériques des composants d?un mé-
lange qui déterminent la classification du mélange en tant que perturbateur endocrinien :
Pour les perturbateurs endocriniens avérés ou présumés (catégorie 1, pour la santé
humaine ou pour l?environnement) : concentration supérieure ou égale à 0,1%.
Pour les perturbateurs endocriniens suspectés (catégorie 2, pour la santé humaine ou pour
l?environnement) : concentration supérieure ou égale à 1%.
L?introduction d?une sous-catégorisation entre « avéré ou présumé » et « suspecté » correspond à
une position qui avait été réclamée de longue date par la France, afin de mieux s?aligner sur les
particularités des perturbateurs endocriniens et les avancées scientifiques.
Cette réforme va dans le sens des positions annoncées par la Commission dans sa communication
de 2018, dans la mesure où elle est un préalable à une définition dite « transversale » ou « hori-
zontale » des perturbateurs endocriniens dans la réglementation européenne. Ainsi les substances
enregistrées dans REACH devront être mises à jour pour classer éventuellement leurs substances
parmi les nouvelles classes de danger du CLP. De même, les réglementations sectorielles devront
harmoniser leurs définitions de la perturbation endocrinienne pour s?aligner avec celle proposée
par le règlement CLP.
Une reconnaissance grandissante dans les réglementations sectorielles
Distinction entre produits biocides et produits phytopharmaceutiques
La réglementation européenne distingue entre, d?une part, les produits biocides, qui sont des
substances destinées à détruire ou neutraliser des organismes nuisibles (désinfectants, protec-
tion, lutte contre les nuisibles, etc. ), et d?autre part les produits phytopharmaceutiques, qui sont
des substances actives destinées à protéger les végétaux, de plusieurs manières possibles (pro-
tection contre les nuisibles, accélérer leur croissance, détruire les végétaux indésirables ...).
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Si la distinction n?est pas toujours aisée en pratique d?autant plus qu?un même produit peut être
soit un produit biocide soit un produit phytopharmaceutique en fonction de son utilisation, le
principe est que le traitement biocide s?effectue dans un but d?hygiène générale ou de santé
publique, tandis que le traitement phytopharmaceutique recherche la protection des plantes ou
végétaux.
Les produits biocides et produits pharmaceutiques sont régulés au niveau européen, dans une
perspective de protection de la santé humaine et de l?environnement, et d?amélioration du fonc-
tionnement du marché intérieur. Ils font l?objet d?un double processus d?agrément : les subs-
tances actives sont approuvées au niveau de l?Union européenne, et les produits sont ensuite
autorisés sur le marché principalement au niveau des Etats membres.
Le règlement sur les produits biocides n?a abouti qu?à un très faible nombre de
restriction de substances en raison de leurs propriétés endocriniennes
Le règlement (UE) n° 528/2012 du 22 mai 2012 concerne la mise sur le marché et l?utilisation des
produits biocides, qui sont utilisés pour protéger l'homme, les animaux, les matériaux ou les articles
contre les organismes nuisibles, tels que les animaux nuisibles et les bactéries, par l'action des
substances actives contenues dans le produit biocide.
Les produits biocides destinés à être mis sur le marché requièrent une autorisation une fois que
les substances actives qui les composent ont été approuvées. Ce principe fait toutefois l?objet de
plusieurs exceptions, à la fois pour les substances actives en cours de réexamen, ou pour des
substances actives nouvelles qui peuvent bénéficier d?autorisations provisoires pour 3 ans.
Le règlement interdit l?approbation des substances cancérigènes, mutagènes, reprotoxiques, et
des substances classées PBT111 ou VPVB.112 De même, l?approbation est interdite pour les subs-
tances ayant des effets de perturbation endocrinienne néfastes pour l?homme, ou qui seraient re-
connues comme perturbateurs endocriniens au sens du règlement REACH.
Pour autant, le règlement aménage des dérogations, qui pourront être accordées :
si le risque est négligeable ;
si la substance active est indispensable pour prévenir ou combattre un risque grave, pour
la santé humaine, animale ou environnementale ;
si la non-approbation aurait des conséquences négatives disproportionnées pour la société
par rapport aux risques que son utilisation représente pour la santé humaine, animale ou
environnementale.
Les évaluations des substances actives sont réalisées par un Etat membre choisi par le deman-
deur, qui transmet ensuite ses conclusions à l?ECHA. Sur la base de ces conclusions, l?ECHA
donne un avis relatif à l?approbation de la substance active, transmis à la Commission européenne,
qui adopte un règlement d?exécution portant approbation de la substance active et en détaillant les
conditions. Cette approbation doit être renouvelée sous 15 ans, sauf s?il est précisée une durée
plus brève.
Une fois la substance approuvée, une demande d?autorisation de mise sur le marché, valable pour
10 ans, doit être effectuée dans chaque Etat membre où la commercialisation est envisagée, et
examinée par l?agence responsable, qui est l?Anses en France. Une procédure d?autorisation par
111 PBT : persistances, bioaccumulables et toxiques.
112 VPVB : très persistantes et bioaccumulables.
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reconnaissance mutuelle est également prévue lorsqu?une commercialisation dans plusieurs Etats
membres est souhaitée, qui permet une coordination entre Etats membres concernés.
Les Etats membres ont la possibilité de déroger à la reconnaissance mutuelle s?ils apportent la
preuve que la substance en question a des effets nocifs sur l?environnement ou la santé.
Il existe également une autorisation de marché directement auprès de la Commission européenne
qui vaut pour tout le marché européen, mais qui est impossible si la substance a des propriétés
toxiques pour la santé (ce qui comprend la perturbation endocrinienne).
Les substances déjà présentes sur le marché avant l?entrée en vigueur de la réglementation
européenne font l?objet d?un programme d?examen initié dans les années 2000 pour répartir les
évaluations entre les Etats membres, qui aurait dû théoriquement s?achever en 2024, mais a connu
un retard considérable faute de moyens humains dans les agences compétences des différents
Etats membres.
Bien que le règlement biocides date de 2012, la définition réglementaire des critères d?identification
du caractère perturbateur endocrinien d?une substance a seulement été adoptée via le règlement
délégué n° 2017/2100 du 4 septembre 2017, en se basant sur les critères retenus par l?OMS. Ce
dernier règlement a été complété par le règlement délégué 2021/525 du 19 octobre 2020, qui
précise les méthodes d?essais nécessaires pour la détermination des propriétés de perturbation
endocrinienne.
De ce fait, l?évaluation des effets de perturbation endocrinienne a démarré tardivement, au vu du
décalage entre la réglementation initiale de 2012 et les règlements d?application intervenus
presque 10 ans plus tard.
Ainsi, en octobre 2023, 6 substances biocides avaient été évaluées par la Commission comme
ayant des propriétés de perturbation endocrinienne, et parmi celles-ci, seulement 2 avaient été
interdites, les autres ayant été approuvées dans la mesure où elles répondaient aux critères prévus
par la dérogation.
A l?inverse, la Commission a conclu que 13 substances n?avaient pas d?effet perturbateur
endocrinien, à partir des nouveaux critères appliqués depuis 2018. De plus, l?ECHA a rendu 26
évaluations dans lesquelles elle a estimé qu?il manquait d?information pour déterminer s?il existait
ou non un effet de perturbation endocrinienne, en majorité en raison de données insuffisantes.
Tableau 3 : Substances biocides dont l?effet perturbateur endocrinien a été
reconnu par la Commission européenne
Substance
Décision
Motif
Cholecalciferol (rodenticide) Approbation prolongée
jusqu?en 2025 (devait expirer
en juin 2024)
Délai supplémentaire
nécessaire pour l?évaluation
Cyanamide (désinfectant,
insecticide)
Non approuvé (décision de
2023)
Impossible de démontrer que
le produit n?avait pas d?effets
inacceptables
DBNPA (désinfectant) Non approuvé (décision de
2023)
Malgré la possibilité d?un
usage sûr, des alternatives de
substitution existaient
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Propiconazole (préservation
du bois)
Approuvé (décision de 2023) La non-approbation aurait des
conséquences négatives
disproportionnées
Iodine et PVP-iodine
(désinfectant)
Réexamen anticipé (demandé
en 2021)
Effet perturbateur endocrinien
reconnu, en attente d?une
évaluation de la substitution et
des risques
Zinèbe (fongicide) Réexamen anticipé (demandé
en 2021)
Effet perturbateur endocrinien
suspecté
Document de travail fourni par la DG Santé, retraitement IGAS-IGEDD
Par ailleurs, s?agissant des substances approuvées, une inspection coordonnée en 2023 par
l?ECHA à l?échelle du marché européen a démontré que plus d?un tiers (37%) des produits bio-
cides113 utilisés n?étaient pas en conformité avec la législation. 18% de ces non-conformités con-
cernaient des exigences fondamentales (utilisation de produits non autorisés ou de produits con-
tenant des substances non approuvées), tandis que 19% correspondaient à des non-conformités
mineures (telle que l?absence d?information sur le contact du fournisseur).
Le règlement sur les produits phytopharmaceutiques voit son efficacité limitée
par un nombre important de dérogations
En principe, le règlement n?autorise pas la présence de substances nocives
Le règlement (UE) n° 1107/2009 du 21 octobre 2009 concerne la mise sur le marché des produits
phytopharmaceutiques, à savoir des produits composés de substances actives, qui peuvent avoir
plusieurs usages : la protection des végétaux contre les organismes nuisibles, l?action sur la crois-
sance des végétaux, la conservation des produits végétaux, la destruction ou la prévention des
végétaux indésirables.
Les critères scientifiques de détermination des propriétés de perturbation endocrinienne ont été
définis plus tard par le règlement (UE) n° 2018/605 du 19 avril 2018, à la fois pour l?homme et pour
les organismes non-ciblés par la substance.
L?objectif du règlement est de n?autoriser la présence de substances dans les produits phytophar-
maceutiques qu?à la condition qu?elles présentent un intérêt manifeste pour la production végétale,
et qu?elles n?aient pas d?effet nocif sur la santé humaine ou animale, ou d?effet inacceptable sur
l?environnement.
Les substances font l?objet d?une évaluation initiale par une agence d?un Etat membre, à partir de
données fournies par les industriels demandeurs. L?Etat membre rapporteur remet ensuite un dos-
sier à l?EFSA114, l?agence européenne de sécurité des aliments. L?EFSA examine le dossier et peut
demander des données supplémentaires, consulter des experts, voire faire réaliser des analyses
toxicologiques complémentaires. L?EFSA transmet ses conclusions à la Commission européenne
qui adopte un règlement délégué concernant l?approbation ou non de la substance en question et
à quelles conditions.
113 Inspection conduite sur plus de 3500 produits utilisés au sein de 29 Etats (membres de l?Union Européenne, de l?Espace
économique européen et Suisse).
114 EFSA : Agence européenne de sécurité des aliments (European Food and Safety Agency)
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Sur la base de ce règlement délégué, les agences nationales peuvent autoriser la mise sur le
marché des produits. Des autorisations provisoires peuvent être accordées pour des produits non
encore approuvés pour une période maximale de 3 ans, à condition qu?ils n?aient pas d?effet nocif
sur la santé humaine ou l?environnement, et que l?autorisation de mise sur le marché n?a pas être
attribuée dans les délais usuels.
Des autorisations temporaires sont également accordées pour 120 jours pour autoriser des pro-
duits phytopharmaceutiques non approuvés (ce qui inclut des produits ayant un effet nocif sur la
santé ou l?environnement), et ce uniquement dans des circonstances exceptionnelles, lorsqu?un
danger ou une menace compromettant la production végétale ou les écosystèmes ne peut être
maîtrisé par d?autres moyens raisonnables (espèce envahissante, maladie, ...).
Le territoire européen est divisé en 3 zones géographiques, facilitant les reconnaissances mu-
tuelles par zone, la France étant catégorisée en zone Sud.
Le règlement distingue 5 types de substances, avec des règles différentes d?approbation :
Les substances de base (article 23) :
? ce sont des substances intrinsèquement sans danger, comme le sucre ;
Les substances à faible risque (article 22) pour la santé et l?environnement :
? leur approbation est valide pour 15 ans ;
? une substance active ne peut être considérée à faible risque si elle est réputée être
un perturbateur endocrinien
Les autres substances (approuvées pour 10 ans) ;
Les substances soumises à exclusion (annexe II, articles 3.6.2 à 3.6.5) :
? il s?agit des substances classées mutagène de catégorie 1A ou 1B, ou cancérogène
de catégorie 1A ou 1B, ou toxique pour la reproduction de catégorie 1A ou 1B, ou
perturbateur endocrinien. A moins que cette exposition soit considérée comme
négligeable avec des conditions excluant tout contact avec l?homme ;
? toutefois, ces critères ne s'appliquent qu?aux nouvelles substances. Tandis que les
substances déjà présentes sur le marché y demeurent jusqu?au renouvellement de
leur approbation (dans l?attente, elles seront classées comme substances
candidates à la substitution).
Les substances candidates à la substitution (article 24) :
? il s?agit des substances à toxicité aiguë, des substances mutagènes de catégorie
des substances cancérigènes, ou reprotoxique 1A ou 1B, des substances PBT, et
des substances à effet de perturbation endocrinienne pour la santé humaine ;
? toute nouvelle demande d?autorisation de mise sur le marché pour un produit à
base de l?une de ces substances peut faire l?objet d?une évaluation comparative, et
aboutir, le cas échéant, au refus d?autorisation ou à la limitation de l?utilisation de
ce produit ;
? l?approbation se fait pour une période 7 ans maximum, qui peut être renouvelée à
condition que des mesures de réduction des risques soient prises.
En pratique, des dérogations accordées qui durent dans le temps
Ce texte a fait l?objet de critiques au regard des possibilités de dérogation qu?il accorde, en parti-
culier via la liste des substances candidates à substitution. Dans sa propre évaluation de politique
publique115 , la Commission européenne considérait en 2020 que « Les règles applicables aux
115 Rapport de la Commission européenne au Parlement européen d?évaluation du règlement (CE) n° 1107/2009, publié le 20 mai
2020
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substances actives dont on envisage la substitution sont à la fois inefficaces et peu performantes.
Les données disponibles montrent que les évaluations comparatives, réalisées par les États
membres, des produits contenant des substances actives dont la substitution est envisagée sont
complexes et nécessitent des ressources, mais n?ont abouti à aucune substitution, principalement
en raison de l?absence de solutions de remplacement présentant un meilleur profil de risque at-
testé ».
Cette problématique était déjà soulignée dans un rapport d?inspection conjoint sur les produits
pharmaceutiques de 2017 qui constatait que « subsistent donc sur le marché des substances ac-
tives nocives dans l?attente de l?échéance de leur approbation. Ce point est d?autant plus préjudi-
ciable que les durées d?approbation des substances sont souvent prolongées par « paquet » (...)
la Commission a fait valoir que ces reports étaient dus à des retards pris par les États membres
dans l?évaluation des substances »116. Le rapport pointait aussi que, bien qu?une possibilité soit
ouverte aux Etats membres de refuser une autorisation de mise sur le marché pour ces substances,
elle était rarement mise en oeuvre en raison de conditions trop restrictives.
Cette situation a conduit au maintien sur le marché de substances dont l?effet perturbateur endo-
crinien était suspecté, d?autant que les critères de définition de la perturbation endocrinienne n?ont
été précisés qu?en 2018.
Les restrictions de substances à l?issue d?évaluation des propriétés de perturbation endocrinienne
commencent à intervenir
A partir de la mise en oeuvre du règlement sur les tests des propriétés de perturbation
endocrinienne en 2018, 110 substances ont fait l?objet d?une évaluation de leurs éventuelles
propriétés de perturbation endocrinienne, dont les résultats sont présentés ci-dessous.
Graphique 1 : Evaluation des propriétés PE de 100 produits
phytopharmaceutiques entre novembre 2018 et octobre 2023
Source : DG Santé, retraitement IGAS-IGEDD
A la suite de ces évaluations, 8 décisions de non-approbation de substances en raison de leur effet
perturbateur endocrinien ont été prises, qu?illustre le tableau ci-dessous.
116 Rapport CGEDD ? IGAS ? CGAAER sur l?utilisation des produits phytopharmaceutiques de 2017 ? IGAS n° 2017-124R
16%
34%
2%
41%
7%
0%
5%
10%
15%
20%
25%
30%
35%
40%
45%
Effets sur l'homme
7%
26%
2%
39%
25%
0%
5%
10%
15%
20%
25%
30%
35%
40%
45%
Effet sur organismes non
cibles
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Tableau 4 : Décisions de la Commission de non-renouvellement de substances
en raison de leur effet perturbateur endocrinien reconnu
Substance
Date du règlement
d'exécution
Décision de la
Commission
Expiration de l'approbation
sur le marché européen
Mancozeb 14-déc-20 Non renouvelé Janvier 2021
Benthiavalicarb 06-nov-23 Non renouvelé Décembre 2024
Clofentézine 07-nov-23 Non renouvelé Novembre 2024
Métirame 7-nov-23 Non renouvelé Novembre 2023
Triflusulfuron-méthyl 16-nov-23 Non renouvelé Novembre 2023
Asulame-sodium 02-févr-24 Non approuvé Sans objet (demande retirée)
Dimethomorph 29-avr-24 Non renouvelé Février 2025
Mepanipyrim 29-avr-24 Non renouvelé Mars 2025
Site de la Commission européenne, retraitement IGAS-IGEDD
De nombreuses substances présentant des risques de perturbations endocrinienne subsistent
toutefois sur le marché, soit au titre de leur classement sur la liste « substitution », soit en raison
du retard pris par les évaluations
La mission s?est intéressée à la liste des substances candidates à la substitution, qui comporte à
ce jour 52 substances encore approuvées. Parmi celles-ci, la mission a pu identifier 14 substances
qui apparaissent dans la littérature comme étant suspectes d?avoir des effets de perturbation en-
docrinienne117.
Tableau 5 : Liste non-exhaustive de substances candidates à substitution, à
effet PE régulièrement cité dans les études, et autorisées sur le marché
Substance
Approbation
jusqu'au :
Benzovindiflupyr août-26
Bromuconazole avr-27
Chlorotoluron août-26
Cyprodinil mars-25
Difenoconazole mars-26
Fludioxonil juin-25
Flufenacet juin-25
Flurochloridone mars-26
Metribuzin 118 févr-25
Pendimethalin nov-24
Propyzamide juin-25
Tebuconazole août-26
Ziram mars-25
lambda-Cyhalothrin août-26
Site de la commission Européenne, Rapport PAN Europe de mai 2022 précités, retraitement
IGAS-IGEDD
117 Source : rapport PAN-Europe : « Forbidden Fruit », Mai 2022
118 Par un avis du 24 août 2023, l?EFSA a conclu que la substance Metribuzin remplissait le critère de perturbation endocrinienne,
mais la Commission n?a pas pris de décision interrompant son approbation à la date de rédaction du rapport
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Cette liste, qui n?est pas exhaustive, reflète la problématique du renouvellement régulier des subs-
tances sur la liste candidate à la substitution, faute d?alternative identifiée et en raison du retard
pris par les évaluations.
Le rapport de PAN Europe cité plus haut affirmait par ailleurs que la fréquence du recours aux
substances candidates à substitution est passée de 19% à 29% pour les fruits et de 11% à 13%
pour les légumes entre 2011 et 2019, sur la base des données de contrôle fournies annuellement
par les Etats membres à l?EFSA. Ce constat va à rebours de la stratégie européenne « de la ferme
à la table » qui vise une réduction de 50% de l?usage des pesticides les plus toxiques d?ici à 2030.
Au-delà des substances présentes sur la liste candidate à la liste substitution, il demeure un
nombre important substances autorisées dont l?évaluation n?a pas encore été renouvelée depuis
2018, et qui pourraient donc présenter des propriétés de perturbation endocrinienne.
La mission a cherché à déterminer, sans vocation d?exhaustivité, des substances présentes sur le
marché et dont l?effet perturbateur endocrinien apparaît dans la littérature, et notamment rapportés
dans les tests réalisés par l?industrie en vue de leur approbation.119
Tableau 6 : Liste non-exhaustive de substances à effet PE régulièrement citées
dans les études, et autorisées sur le marché
Substance
Approbation
jusqu'au :
2,4-D déc-30
Amisulbrom sept-24
Bentazon mai-25
Boscalid avr-26
Buprofezin déc-25
Fenoxaprop-P août-25
Fludioxonil juin-25
Folpet févr-25
Glyphosate déc-33
Mepanipyrim mars-25
Propyzamide juin-25
Pyrimethanil mars-25
Spinosad mars-25
Thiabendazole120 mars-32
Thifensulfuron oct-31
Tolclofos-methyl août-34
Trifloxystrobine juil-33
Site de la Commission européenne, retraitement IGAS-IGEDD
Le calendrier d?approbation laisse donc supposer que des substances dont l?effet perturbateur en-
docrinien est suspecté pourraient, pour certaines, rester encore sur le marché plus de 10 ans avant
119 Sources utilisées : rapports Générations futures « Perturbateurs endocriniens, il est temps d?agir : l?exemple des perturbateurs
thyroïdiens » de décembre 2021 et rapport PAN-Europe « Identification of endocrine disrupting properties ? trapped in a vicious
circle » de novembre 2019
120 Par un avis du 28 mars 2022, l?EFSA a conclu que la substance Thiabendazole remplissait le critère de perturbation
endocrinienne, mais la Commission n?a pas pris de décision interrompant son approbation à la date de rédaction du rapport
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d?être à nouveau soumises à évaluation. La DG Santé a toutefois indiqué à la mission, lors des
entretiens, qu?elle sollicitait auprès des industriels des évaluations de perturbation endocrinienne
concernant les produits approuvés sur le marché avant 2018.
Il convient de noter que fin novembre 2023, le Parlement européen a rejeté par vote121 une propo-
sition de règlement qui visait à mettre en place le principe de réduction des pesticides dans la
stratégie « de la ferme à la table », ce qui risque de sérieusement compromettre l?objectif de ré-
duction des expositions visé par la réglementation.
La réglementation sur l?eau s?intéresse à la recherche de certaines substances
au titre de leurs propriétés PE
Concernant l?eau destinée à la consommation humaine, la directive (UE) n° 2020/2184 du 16 dé-
cembre 2020 sur la qualité de l?eau de consommation humaine établit des mécanismes de vigilance
de certaines substances en raison de leurs propriétés de perturbation endocrinienne.
Elle renforce le mécanisme de vigilance existant pour prendre en compte le paramètre de la per-
turbation endocrinienne.
Concernant la protection et la restauration des masses d?eau, la directive cadre sur l?eau (DCE) n°
2000/660 du 23 octobre 2020 définit des règles d?évaluation de l?état des eaux. Cette directive
exige des Etats membres d?atteindre un bon état des eaux, en réduisant ou en supprimant les
émissions de certaines substances, sur la base de normes de qualité environnementales (NQE)
fixant des concentrations maximales, qui peuvent inclure des perturbateurs endocriniens. Une
étude est en cours pour prendre en compte les effets PE dans la construction des NQE122.
Ces normes de qualité environnementale ont été définies successivement par les directives-filles
de la directive cadre, avec la directive 2008/105/CE puis la directive 2013/39/UE.
Une nouvelle révision est en cours de discussion, la Commission ayant formulé en 2022 une pro-
position de directive mettant à jour les substances prioritaires pour le sol et les milieux aquatiques,
incluant davantage de pesticides et de PFAS, proposition soutenue par le Parlement européen. La
version de compromis proposée par le Conseil européen en décembre 2023 revoit toutefois ces
ambitions à la baisse, notamment sur les niveaux de pesticides, et propose de décaler l?entrée en
vigueur des règles sur les nouvelles substances à 2039.
Le règlement sur la sécurité des jouets s?apprête à être retouché pour inclure
une approche générique des perturbateurs endocriniens
La directive (UE) n° 2009/48 du 18 juin 2009 relative à la sécurité des jouets123 indique que les
jouets, y compris les produits chimiques qu?ils contiennent, ne doivent pas mettre en danger la
sécurité ou la santé.
121 Vote du 22 novembre 2023 refusant la proposition de règlement de la Commission concernant une utilisation des produits
phytopharmaceutiques compatible avec le développement durable, qui aurait révisé la directive 2019/128/CE sur l?utilisation des
pesticides compatible avec le développement durable
122 Etude Ineris 203222 - 2719249 du 30 novembre 2021
123 Transposée en France par le Décret n°2010-166 du 22 février 2010 sur la sécurité des jouets
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La directive interdit ainsi les substances classées CMR au sens du règlement CLP dans la compo-
sition des jouets124. La directive énumère par ailleurs une liste de substances parfumantes allergi-
santes interdites.
En revanche, la directive n?accorde pas de traitement particulier aux perturbateurs endocriniens en
tant que tels. Ce texte est toutefois en révision, le Parlement européen ayant voté en mars 2024
en faveur d?une proposition de la Commission d?étendre l?interdiction actuelle des substances pro-
hibées dans les jouets aux perturbateurs endocriniens et aux PFAS.
Cette préoccupation est liée à des signalements importants de jouets non conformes sur le marché
européen, dont une part considérable provient de produits commandés en ligne, en particulier ceux
fabriqués hors de l?Union européenne.
Il existe déjà une restriction spécifique pour le bisphénol A, avec une limite maximale de migration
dans les jouets, qui a été revue à la baisse à 0,04 mg/l par le règlement délégué (UE) n° 2017/898
du 24 mai 2017.
Les articles de puériculture relèvent d?un autre texte, la directive sécurité générale des produits
2001/95/CE125 du 3 décembre 2001, qui fixe des règles de sécurité sans prise en compte particu-
lière des perturbateurs endocriniens. Cette directive a été abrogée et remplacée par la directive
(UE) 2023/988 du 10 mai 2023 relatif à la sécurité générale des produits, qui entre en vigueur en
décembre 2024. Le nouveau texte introduit des exigences vis-à-vis des places de marché en ligne,
tenues de désigner un point de contact unique avec les autorités de surveillance du marché des
Etats membres pour la sécurité des produits, ainsi qu?un point de contact unique pour communi-
quer avec les consommateurs sur la sécurité des produits.
Le règlement sur les cosmétiques conserve une approche au cas par cas, malgré
des efforts récents pris pour restreindre des substances au titre de leurs
propriétés PE
Une approche au cas par cas pour laquelle aucune mise à jour n?est annoncée
Le règlement (UE) n° 1223/2009 du 30 novembre 2009 relatif aux produits cosmétiques concerne
« toute substance ou tout mélange destiné à être mis en contact avec les parties superficielles du
corps humain (épiderme, systèmes pileux et capillaire, ongles, lèvres, organes génitaux externes)
ou avec les dents et les muqueuses buccales en vue, exclusivement ou principalement, de les
nettoyer, de les parfumer, d?en modifier l?aspect, de les protéger, de les maintenir en bon état ou
de corriger les odeurs corporelles ». Il s?agit essentiellement de parfumerie, de produits d?hygiène
et de toilette, de produits capillaires, de produits de beauté et de soin.
Le règlement pose des règles de sécurité concernent la composition des cosmétiques, leur fabri-
cation, les informations affichées et l?étiquetage, l?évaluation des risques, les conditions d?utilisation,
les substances interdites ou la concentration maximale autorisée.
Une substance considérée comme nocive pourra être traitée de 2 manières :
substance interdite (liste négative de 1328 substances, classées dans l?annexe 2) ;
substance réglementée : liste positive de 256 substances soumises à restriction (classées
124 Des exceptions existent, sous condition stricte, pour des parties distinctes et inaccessibles aux enfants, permettant par
exemple l?insertion de piles.
125 Transposée en France par le décret n° 91-1292 du 20 décembre 1991 sur la prévention des risques résultant de l?usage des
articles de puériculture
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dans l?annexe 3), avec des listes supplémentaires spécifiques pour les colorants (annexe
4), les conservateurs (annexe 5) et les crèmes solaires (annexe 6) : dans ces annexes,
seront indiqués pour chaque substance les concentrations maximales autorisées, les
conditions d?emploi et les avertissements à indiquer sur l?emballage.
Les listes sont révisées régulièrement par les instances européennes, sur la base des avis d?un
comité d?experts indépendants, le Comité scientifique pour la sécurité des consommateurs (CSSC),
suivi d?une décision de la Commission européenne via la Comité technique européen des produits
cosmétiques (COMCOS).
Le règlement interdit par ailleurs l?utilisation des substances classées CMR par le règlement CLP,
à quelques exceptions près :
pour les substances CMR de catégorie 1A et 1B (les plus dangereuses), l?utilisation est
interdite, sauf à remplir de nombreuses conditions cumulatives (conformité aux
prescriptions de sécurité alimentaire, absence de substitution appropriée, usage particulier
avec exposition déterminée, et jugé sûr par le CSSC) ;
pour les substances CMR de catégorie 2, elles ne pourront être utilisées que si le CSSC
les a jugées sûres pour une utilisation dans les produits cosmétiques.
En France, la mise en oeuvre du règlement repose sur la DGCCRF pour la mission d?inspection,
de contrôle et de surveillance du marché. Et sur l?Anses pour la surveillance des effets indésirables
(en remplacement de l?ANSM depuis le 1er janvier 2024).
Il n?y a pas d?autorisation de mise sur le marché, mais un dossier d?identification du produit à cons-
tituer par la personne responsable, comprenant les informations sur les évaluations de sécurité et
effets indésirables identifiés. Un suivi des effets indésirables graves devra également être effectué.
En revanche, les perturbateurs endocriniens ne sont pas spécifiquement listés comme substances
interdites, toutefois l?article 15.4 du règlement indique que : « Lorsque des critères convenus par
la Communauté ou au niveau international pour l'identification des substances présentant des pro-
priétés perturbant le système endocrinien sont disponibles, ou au plus tard le 11 janvier 2015, la
Commission révise le présent règlement en ce qui concerne les substances présentant des pro-
priétés perturbant le système endocrinien ». La Commission n?a toutefois pas tenu ce calendrier et
le règlement n?a pas été mis à jour. Pour y remédier, dans le cadre de sa communication du 7
novembre 2018 pour limiter l?exposition aux perturbateurs endocriniens, suivie d?un bilan de qualité
de la législation européenne, la Commission a lancé deux appels à données sur les cosmétiques :
un groupe A, prioritaire, de 14 substances, lancé en mai 2019, ainsi qu?un groupe B, pour 14 autres
substances, lancé en 2021.
Le bilan qualité a permis une augmentation récente du nombre de substances restreintes en raison
de leurs propriétés de perturbation endocrinienne
Cet appel à données a permis la réalisation de nouvelles évaluations qui a conduit à renforcer les
limitations existantes ou en créer de nouvelles, pour les substances concernées.
La mission a cherché à identifier les substances restreintes dans les cosmétiques en raison d?effets
de perturbation endocrinienne, et a dénombré 35 substances, sans prétention d?exhaustivité. Parmi
celles-ci, figurent 21 substances présentes dans l?appel à données de 2018 qui sont signalées par
une ou deux astérisques (respectivement groupe A et groupe B).
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Tableau 7 : Traitement des substances aux effets PE dans les cosmétiques
Substance
Fonction
Statut
(±)-1,7,7-trimethyl-3-[(4-methylphenyl)methylene]
bicyclo[2.2.1]heptan-2-(4-MBC) Filtre UV Interdit (annexe 2)
2-ethylhexyl salicylate Filtre UV Limité (annexe 6)
2-ethylhexyl salicylate Filtre UV Limité (annexe 6)
3-benzylidène camphre Filtre UV Limité (annexe 6)
3-benzylidène camphre Filtre UV Limité (annexe 6)
4,4?-isopropylidènediphénol (BPA) Agent plastifiant Interdit (annexe 2)
4-methylbenzylidene camphor * Filtre UV Interdit (annexe 2)
Acetyl hexamethyl tetralin Agent masquant Limité (annexe 3)
Acetylcedrene Agent parfumant Limité (annexe 3)
Acide kojique * Eclaircissant Limité (annexe 3)
Benzophenone * Absorbant UV Interdit (annexe 2)
Benzophenone-3 * Filtre UV Limité (annexe 6)
Benzyl salicylate * Filtre UV Limité (annexe 6)
Butylated hydroxytoluene (BHT) * Agent parfumant Limité (annexe 3)
Butylparaben ** Conservateur Interdit (annexe 2)
butylphenyl methyl propanol/BMHCA ** Agent parfumant Interdit (annexe 2)
Daidzein * Entretien de la peau Limité (annexe 3)
Ethylhexyl methoxycinnamate(EHMC) /
octylmethoxycinnamate (OMC)/octinoxate ** Filtre UV Limité (annexe 6)
Ethylhexyl salicylate Filtre UV Limité (annexe 6)
Ethylparaben Conservateur Limité (annexe 5)
Genistein * Entretien de la peau Limité (annexe 3)
Homosalate * Filtre UV Limité (annexe 6)
Isoamyl p-methoxycinnamate Filtre UV Limité (annexe 6)
Isobutyl 4-hydroxybenzoate; Isobutylparaben Conservateur Interdit (annexe 2)
methylparaben ** Agent parfumant Limité (annexe 6)
Octocrylene * Filtre UV Limité (annexe 6)
Phtalate de bis(2-éthylhexyle) (DEHP) Agent plastifiant Interdit (annexe 2)
Phtalate de dibutyle (DBP) Agent plastifiant Interdit (annexe 2)
Phtalate de di-n-pentyle (DnPP) Agent plastifiant Interdit (annexe 2)
Phthalate de butyle benzyle (BBP) Agent plastifiant Interdit (annexe 2)
Propylparaben * Conservateur Limité (annexe 6)
Resorcinol * Colorant Limité (annexe 3)
Triclocarban * Conservateur Interdit (annexe 2)
Triclosan * Conservateur Limité (annexe 5)
Trimethylbenzoyl Diphenylphosphine oxide Entretien de la peau Limité (annexe 3)
Note de lecture : les substances avec une astérisque correspondent à celles incluses dans le groupe A
établi par la Commission en 2018, celles avec deux astérisques au groupe B. Les annexes renvoient
au règlement n° 1123/ 2009.
Site de la Commission européenne, retraitement IGAS-IGEDD
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Parmi les 10 substances présentes dans l?appel à données du groupe B qui n?ont pas encore fait
l?objet d?une limitation au sens du règlement cosmétiques, certaines sont soumises à des limitations
au titre d?autres règlements, comme l?illustre ce tableau :
Tableau 8 : Substances présentes dans le groupe B de l?appel à données de la
Commission de 2018 en attente de réglementation dans le règlement
cosmétiques
Substance
Fonction
Statut
Acide salicylique **
Entretien de
la peau Non réglementé
Benzophenone-1/BP-1 ** Filtre UV Non réglementé
Benzophenone-2/BP-2 ** Filtre UV Non réglementé
Benzophenone-4/BP-4 ** Filtre UV Non réglementé
Benzophenone-5/BP-5 ** Filtre UV Non réglementé
Cyclomethicone ** Emollient Limité (via CLP)
Cyclopentasiloxane/decamethylcycl
opentasiloxane/D5 ** Emollient Limité (Annexe XVII REACH)
Deltamethrin **
Antimoustiq
ue
Non règlementé (Approuvé comme biocide,
en cours de réévaluation)
Tert-butylhydroxyanisole/Butylated
hydroxyanisole/BHA ** Antioxydant Non réglementé
Triphenyl phosphate **
Agent
plastifiant Non réglementé
Sans prétention d?exhaustivité, et à titre d?illustration, la mission a également identifié :
2 substances dont la présence est interdite dans les cosmétiques en raison de leur
classement dans d?autres règlements :
Substance Fonction Statut
Benzotriazole Agent antimicrobien Limité (Annexe XIV REACH)
Di-isobutyl phthalate (DIBP) Agent plastifiant Interdit (CLP - R1B)
4 substances présentes dans les cosmétiques, régulièrement identifiées dans la littérature
scientifique pour leur effet de perturbateur endocrinien126 :
Substance Fonction Statut
Méthyléthylcétone
(MEK) Agent parfumant
Non réglementé (sous évaluation CORAP 2020-
22)
Nitrophenol Colorant Non réglementé
T-Butyl methyl ether
(MTBE) Solvant Non réglementé
Thiabendazole
Agent
antimicrobien
Non réglementé (reconnu PE au titre du règlement
biocide)
126 Le thiabendazole a été reconnu comme remplissant le critère de perturbation endocrinienne par l?ECHA au titre du règlement
biocide ; le nitrophenol et le T-butyl methyl ether sont cités comme PE suspectés en page 27 du rapport de l?IPCP pour l?ONU sur
les perturbateurs endocriniens de juillet 2017 ; le méthyléthylcétone, autre nom du butanone, est inclus dans le CoRAP 2020-
2022 au titre de ses propriétés de perturbation endocrinienne potentielles.
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A terme, le règlement cosmétiques devrait intégrer la nouvelle classification issue du règlement
CLP, ce qui permettrait une approche de restriction plus globale, à la différence de l?approche au
cas par cas actuelle.
Le règlement sur les dispositifs médicaux est conçu pour inciter à la substitution
Le règlement (UE) n° 2017/745 du 5 avril 2017 organise la certification des dispositifs médicaux. Il
prévoit que la conception et la fabrication de ces dispositifs réduisent autant que possible les
risques liés aux substances.
A cet effet, il limite à une concentration en fraction massique de 0,1 % :
les substances CMR de catégorie 1A ou 1B au sens du règlement CLP ;
les substances possédant des propriétés de perturbation endocrinienne pour lesquelles il
est scientifiquement prouvé qu'elles peuvent avoir des effets graves sur la santé humaine.
Le règlement autorise une dérogation à cette concentration maximale, mais demande que celle-ci
soit justifiée par plusieurs éléments :
une analyse et une estimation de l?exposition potentielle du patient ou de l?utilisateur ;
une analyse des substances de substitution possibles, y compris de la recherche
indépendante et des avis scientifiques, et une analyse de la disponibilité des substitutions ;
une argumentation expliquant pourquoi, si la solution de substitution est disponible ou si
une modification de conception est réalisable, elle ne convient pas pour maintenir le
fonctionnement du produit, notamment en prenant en compte les populations
particulièrement vulnérables aux substances telles que les enfants ou femmes enceintes ;
les orientations les plus récentes du comité scientifique concerné.
Cette logique, plus restrictive que l?ancienne qui se contentait de demander d?évaluer le rapport
entre bénéfice et risque, commence lentement à produire des effets chez les fabricants en faveur
de produits de substitution, notamment avec la substitution des phtalates dans les tubulures ou les
pochettes de sang.
S?agissant des médicaments, les effets perturbateurs endocriniens ne sont pas interdits en tant
que tels, dans la mesure où s?agit souvent de l?objectif recherché (oestrogènes, progestatifs ...).
En revanche, l?agence européenne des médicaments coordonne un travail d?évaluation des exci-
pients. Celui-ci avait été conduit en France par l?ANSM qui avait notamment procédé aux évalua-
tions dans les excipients des phtalates, du methyl et du propyl-parabène, de l'acide borique et de
l'hydroxyanisole butyle (BHA).
Les règlements sur les matériaux de contact alimentaire comportent des
approches disparates
Un principe général d?inertie avec des règles particulières pour certains matériaux
Le règlement (CE) n° 1935/2004 sur les matériaux de contact alimentaire du 27 octobre
2004127) porte sur les emballages et conditionnements, les récipients et ustensiles de cuisine, les
127 Le règlement sur les matériaux de contact alimentaire fixe des limites de migration des substances présentes dans les
contenants vers le contenu, mais ne prend pas spécifiquement en compte les perturbateurs endocriniens, alors même que ces
derniers peuvent avoir des effets à très faible dose.
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tétines et biberons, les matériaux, machines et matériels utilisés pour produire, stocker ou trans-
porter des denrées alimentaires.
Il pose un principe général d?inertie : les matériaux de contact doivent être suffisamment inertes
pour ne pas relâcher dans les denrées alimentaires une quantité susceptible de présenter un dan-
ger pour la santé humaine, d?entraîner une modification inacceptable de la composition des ali-
ments ou d?altérer leurs caractères organoleptiques.
Parmi les 17 catégories de matériau existant, il existe des règles spécifiques d'inertie pour certains
(matières plastiques, céramique, pellicule de cellulose régénérée et partiellement pour les caout-
choucs, monomères des vernis époxydiques, matériaux actifs et intelligents) précisées dans
d?autres règlements et directives. Les règles relatives à ces matériaux comportent chacune des
« listes positives » de substances autorisées, détaillant les substances autorisées avec des règles
spécifiques de migration, à l?instar du règlement UE n° 10/2011 sur les matériaux et objets en
matière plastique de contact alimentaire. L'autorisation d'une substance est délivrée par la Com-
mission après avis favorable de l?EFSA.
Lorsqu?il n?existe pas d?harmonisation pour un matériau au niveau européen, les listes de subs-
tances autorisées relèvent du niveau national. Dans ce cas, pour la France, l?autorisation est déli-
vrée par la DGCCRF après évaluation de l?Anses.
Malgré l?absence d?une prise en compte générique des perturbateurs endocriniens, des restrictions
spécifiques ont été prises pour le bisphénol A et certains phtalates
La réglementation relative au contact alimentaire ne réserve pas de règle particulière aux pertur-
bateurs endocriniens, traités au cas par cas. A titre d?exemple, des valeurs limites de migration
pour les phtalates sont fixées dans le règlement sur les matériaux de contact en matière plastique
précités, qui viennent d?être renforcées par le règlement (UE) n° 2023/1442 du 11 juillet 2023 mo-
difiant à la baisse les limites de migration spécifique pour le DBP, le BBP, le DEHP, le DINP et le
DIDP.
L?approche par valeur limite de migration a toutefois été critiquée dans la mesure où une limitation
de la quantité de substance n?est pas pertinente pour les effets à faible dose ou les relations non-
monotones observées pour certains perturbateurs endocriniens.
Il existe toutefois des interdictions complètes s?agissant du bisphénol A, prises à l?issue de l?initia-
tive française de l?interdire dans les biberons en 2010 puis dans les matériaux de contact alimen-
taire pour enfant en 2012128. Des décisions similaires ont été prises au niveau européen, avec une
interdiction du BPA dans les biberons (règlement (UE) n° 321/2011 du 1er avril 2011) suivie d?une
limitation de la migration maximale de BPA autorisée dans les contenants alimentaires pour enfant
(règlement (UE) n° 2018/213 du 12 février 2018 limitant la migration à 0,05 mg par kilo de denrée
alimentaire, un niveau 10 fois inférieur à la norme antérieure).
Un avis de l?EFSA de 2023 sur la réévaluation des risques posés par le bisphénol A dans les den-
rées alimentaires129 a revu à la baisse son évaluation de dose journalière tolérable, en la fixant à
un niveau de 0,2 nanogramme par kilo, soit 20.000 fois moins que la dose fixée dans sa précédente
évaluation à 4 microgrammes par kilo.
128 Loi n° 2010-729 du 30 juin 2010 modifiée par la loi n°2012-1442 du 24 décembre 2012
129 The EFSA Journal 2023 ; 21(4):6857 : « Re?evaluation of the risks to public health related to the presence of bisphenol A
(BPA) in foodstuffs »
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A l?issue de cette évaluation, la Commission a formulé en février 2024 une proposition de règlement
délégué, actuellement en discussion, pour une interdiction complète du bisphénol A dans tous les
contenants alimentaires, et ce quelle que soit la population concernée.
Cette proposition de la Commission ne s?étend toutefois pas aux autres types de bisphénols, tels
que le bisphénols F ou S, qui sont régulièrement substitués au bisphénol A, mais pour lesquels les
études toxicologiques sont moins nombreuses.
Enfin, un accord a été trouvé par le Parlement et le Conseil en mars 2024 pour interdire les PFAS
(dont certains ont des effets de perturbation endocrinienne) dans les emballages alimentaires de
contact à partir de 2026.
Les directives sur la sécurité des travailleurs n?ont pas encore classé les
substances PE parmi celles qui nécessitent une protection maximale
L?UE définit des exigences minimales de conditions de travail, qui peuvent être complétées par les
Etats membres. Le texte de référence est la directive 89/391/CEE du 12 juin 1989 sur la sécurité
et la santé des travailleurs, qui pose les principes généraux de prévention des risques profession-
nels et de protection de la sécurité et la santé des travailleurs.
Concernant l?exposition aux substances dangereuses, deux textes s?appliquent :
la directive 98/24/CE sur les agents chimiques sur le lieu de travail :
? elle contraint à réaliser une évaluation des risques et prendre toutes mesures de
prévention pour supprimer les risques liés aux agents chimiques dangereux ou les
réduire au minimum ;
? des directives ultérieures fixent des valeurs limites d?exposition professionnelles
(VLEP) qui sont des niveaux de concentration en polluants dans l?atmosphère des
lieux de travail à ne pas dépasser sur une période de référence et en deçà desquels
le risque d?altération de la santé est négligeable à partir des connaissances
scientifiques ; ces VLEP peuvent être indicatives ou contraignantes ;
? les Etats membres, sur cette base, fixent dans leur droit du travail leurs propres
VLEP, qui peuvent être plus strictes que celles proposées au niveau européen.
la directive 2004/37/CE sur les agents cancérogènes et mutagènes sur le lieu de travail :
? elle porte sur les agents CMR de classe 1A et 1B au sens du CLP ; et comporte
des règles plus exigeantes que la directive 98/24/CE ;
? les employeurs sont tenus de restreindre l?utilisation d?un agent cancérigène ou
mutagène en le remplaçant par une substance ou un procédé non ou moins
dangereux ;
? si la substitution est impossible, l?employeur doit assurer l?utilisation de l?agent
cancérigène dans un système clos ; à défaut, l?employeur doit réduire le niveau
d?exposition au minimum ;
? la directive précise les mesures que l?employeur est tenu d?appliquer si un agent
cancérogène ou mutagène est utilisé ; et prévoit par ailleurs la fixation de VLEP
toutes contraignantes ;
? la directive a été révisée à plusieurs reprises récemment (2017, 2018, 2019, 2022),
la dernière révision ayant ajouté les substances reprotoxiques ;
? en revanche, les perturbateurs endocriniens n?y figurent pas en tant que tels.
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La Commission envisage d?ajouter les perturbateurs endocriniens aux substances concernées par
la directive 2004/37/CE, ce qui limiterait davantage l?exposition des travailleurs concernés. Le pro-
jet a été validé à l'unanimité par le comité des représentants permanents du Conseil de l?UE, le 6
décembre 2023.
La Commission va lancer une évaluation scientifique de l?ECHA d?ici à 2025 pour confirmer la per-
tinence d?une intégration des perturbateurs endocriniens dans la directive 2004/37/CE au vu des
risques posés, ce qui pourrait aboutir à un projet de directive entre 2028 et 2030.
Annexe 3.1.2 Un bilan insuffisant et des perspectives d?évolution
compromises
Un manque de cohérence à combler entre les différentes réglementations
Le manque de cohérence de la législation apparaît dans la présentation des différentes réglemen-
tations applicables, qui suivent des logiques diverses. Cette question a été largement pointée et
notamment dans la communication de 2018 de la Commission.
De fait, ce manque de cohérence renvoie essentiellement à l?existence de :
Différentes définitions des perturbateurs endocriniens : REACH ne les définit pas ; les
règlements pesticides et biocides ont leur propre définition ; le CLP introduit finalement une
nouvelle définition plus large qui a vocation à devenir transversale.
Un manque de passerelles entre législations : la restriction d?une substance dans un
règlement n?emporte pas sa restriction dans un autre, et les évaluations conduites au titre
d?un règlement ne sont pas coordonnées avec celles des autres règlements.
Une diversité dans la logique de gestion du risque : certains règlements adoptent une
logique de danger (par principe, une substance reconnue perturbateur endocrinien est
interdite, sur la base des connaissances scientifiques, à l?instar des règlements
phytopharmaceutiques et biocides, bien qu?ils accordent des dérogations) tandis que
d?autres retiennent une logique de risque (le danger sera jaugé avec les conditions
d?exposition et les mesures de maîtrise du risque, comme dans REACH).
Des différences dans les méthodes de test requises : peu de règlements comportent des
tests obligatoires pour l?évaluation du caractère de perturbation endocrinienne, et ceux qui
en contiennent sont insuffisants dans la mesure où ils ne recouvrent pas toutes les voies
de perturbation endocrinienne.
Un faible bilan des restrictions adoptées malgré des progrès récents
Le croisement des différentes mesures de gestion de risque adoptées en raison d?effet de pertur-
bation endocrinienne au titre des différents règlements fait apparaître un faible bilan d?ensemble,
avec un total de 53 mesures.
Tableau 9 : Substances faisant l?objet d?une mesure de limitation en raison de
leur effet perturbateur endocrinien
Phytopharmaceutiques Biocides Cosmétiques
REACH
Annexe XIV Annexe XVII
8
2
35
2
6
Retraitement IGAS-IGEDD
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On relève cependant qu?un nombre important de ces mesures datent des dernières années (cf.su-
pra), signe d?une meilleure efficacité des règlements sectoriels.
La précision des critères de perturbation endocrinienne a en effet entraîné une série de restrictions
concernant les pesticides, et dans une moindre de mesures, des biocides, détaillées supra. De
même, le bilan qualité lancé sur les cosmétiques a produit des effets encourageants. De plus, les
restrictions spécifiques concernant le bisphénol A et certains phtalates ont vu leur seuil de concen-
tration autorisée s?abaisser pour les matériaux de contact alimentaire.
Plusieurs règlements devraient prochainement être amendés pour intégrer une approche géné-
rique des perturbateurs endocriniens : à court terme pour les jouets, et à moyen terme pour les
travailleurs professionnels.
Enfin et surtout, la réforme du CLP ouvre la voie d?une définition horizontale des perturbateurs
endocriniens au sein de la législation européenne, correspondant à une demande portée par la
France. Une vigilance subsiste cependant sur les documents d?accompagnement (Guidance do-
cuments) du nouveau règlement CLP, en train d?être définis, pour spécifier les tests requis pour
établir la propriété endocrinienne130.
Un avenir compromis depuis le renoncement à la révision de REACH
Le règlement REACH fait l?objet de nombreuses limites structurelles, exposées supra, et n?est
guère adapté à la prise en compte des propriétés de perturbation endocrinienne.
La refonte de ce règlement était attendue et annoncée par la Commission dans son « Pacte vert »
au titre de l?objectif « Zéro pollution ». Une réforme ambitieuse était envisagée pour remédier aux
faiblesses de la réglementation (renforcement de la qualité des dossiers d?enregistrement, procé-
dure d?évaluation simplifiée, évaluation par familles, prise en compte des faibles tonnages, évalua-
tion des effets cocktails, amélioration des contrôles de conformité, ...).
De façon inattendue, ce texte qui devait être présenté en 2022 a été reporté, suscitant de nom-
breuses inquiétudes. Une lettre fut adressée par les ministres de l?environnement de 8 pays, dont
la France et l?Allemagne, demandant à la Commission de tenir ses promesses.
Reportée fin 2023, la réforme a fini par disparaître de l?agenda législatif, la raison invoquée étant
la préservation de la compétitivité des entreprises. Les discussions de la mission avec les direc-
tions concernées de la Commission rapportent une mobilisation de l?industrie chimique, arguant du
coût élevé que représenterait un renforcement des exigences d?évaluation, dans un contexte éco-
nomique difficile marqué par l?inflation.
En l?absence de publication des études d?impact, il est impossible de chiffrer le coût qu?aurait re-
présenté un renforcement des exigences d?enregistrement pour les entreprises, et de le rapporter
aux bénéfices sanitaire et environnemental attendus.
A titre de comparaison, dans sa propre évaluation du règlement REACH actuel131, la Commission
avait estimé que les coûts d?enregistrement avaient occasionné 2,6 Mds ¤ de dépenses pour les
130 A cet égard, la limitation progressive des tests animaux représente une difficulté pour établir la preuve d?une perturbation
endocrinienne, bien que la recherche travaille sur le développement d?autres modalités de tests, à l?instar des tests sur des cellules
de placenta
131 Rapport général de la Commission sur le fonctionnement du règlement REACH, 5 mars 2018, dans le cadre de l?évaluation
REFIT
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entreprises, mais que la mise en place de la législation avait permis des avantages potentiels pour
la santé et l?environnement estimés à 100 Mds ¤ sur 30 ans.
Le report sine die de cette refonte représente donc un recul considérable en termes de protection
de l?exposition aux produits chimiques et notamment aux perturbateurs endocriniens.
Annexe 3.2. La SNPE3 peut renforcer les réglementations
européennes et nationales
Annexe 3.2.1 Au niveau européen, un rôle moteur de la France à conforter
La France doit soutenir un agenda exigeant dans la prochaine mandature
Au vu de la place centrale de la réglementation européenne dans la lutte contre l?exposition aux
perturbateurs endocriniens, il est essentiel que la France porte des positions fortes en faveur d?une
poursuite des efforts engagés depuis la stratégie européenne de 2018.
Ce rôle a été joué par le passé, notamment en soutenant la refonte du CLP, qui était mentionnée
dans la SNPE2 (action 32). De même, le vote de la loi AGEC132 au niveau national, qui apporte
des obligations d?information sur la présence de perturbateurs endocriniens (cf.infra), a contribué
à affermir la position française au niveau européen.
Plus généralement, le travail d?évaluation de l?Anses, très investie sur le sujet des perturbateurs
endocriniens, contribue à faire avancer les dossiers sur la scène européenne.
A la date de rédaction du rapport, la composition de la 10ème législature du Parlement européen,
amenée à siéger de 2024 à 2029, est inconnue, et ne permet pas de préjuger du programme que
suivra la Commission.
Dans ce contexte, il est d?autant plus important que la France, en accord avec les pays alliés sur
la question, joue un rôle moteur dans l?avancement de l?agenda, en apportant son soutien à :
la refonte rapide et ambitieuse du règlement REACH (cf.supra) ;
la mise en oeuvre du nouveau règlement CLP (en veillant à la définition des tests retenus
dans les documents d?accompagnement, et en soutenant la mise à jour des règlements
sectoriels pour y inclure la définition des perturbateurs endocriniens au sens du CLP) ;
l?actualisation de la directive n° 2004/37/C sur les agents chimiques dangereux pour y
inclure les perturbateurs endocriniens ;
la restriction universelle des PFAS (actuellement en cours d?évaluation sous REACH)133 ;
l?inscription des PE dans le système général harmonisé de classification et d?étiquetage
des produits chimiques des Nations-Unies.
Une absence d?autonomie nationale malgré des dérogations, notamment sur les
pesticides
La régulation des produits chimiques au niveau européen s?inscrit dans une logique de marché
intérieur : il s?agit de favoriser la circulation des marchandises pour éviter toute entrave au com-
merce. C?est pourquoi, de façon générale, la réglementation européenne laisse peu de marge de
132 Loi n° 2020-105 du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage alimentaire, dite « AGEC »
133 Restriction universelle des PFAS, proposée par l?ECHA le 7 février 2023, sur une initiative de l?Allemagne, les Pays-Bas, le
Danemark, la Norvège et la Suède
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manoeuvre aux Etats membres. Cette situation crée un paradoxe : d?un côté, le droit européen
impose un certain niveau d?exigence, notamment envers les Etats membres qui ne disposaient pas
de standards de protection de la santé et de l?environnement ; de l?autre, il rend difficile une dé-
marche plus volontariste des Etats qui le souhaiteraient.
Ainsi, une initiative nationale de réglementation d?une substance, qui s?effectue sans coordination
européenne, risque de faire l?objet d?un contentieux et d?entraîner une condamnation de l?Etat en
question. Cette problématique a été illustrée dans différentes affaires, par exemple lorsque l?ANSM
s?est vu reprocher en 2019 par la Commission européenne134 d?avoir exigé d?apposer une mise en
garde contre-indiquant l?usage sur le siège des enfants de lingettes contenant du phénoxyéthanol.
Pour autant, il serait erroné de conclure que le droit européen empêche toute forme d?action des
Etats membres destinée à renforcer la protection de la santé et de l?environnement d?une exposition
chimique dans son droit national. De fait, chaque règlement dispose d?une logique propre, qui per-
met parfois des exceptions sous certaines conditions.
Schématiquement, on peut distinguer le droit relatif au marché intérieur, qui autorise des déroga-
tions uniquement sous condition stricte, et le droit du travail européen, qui, à l?inverse, définit un
standard minimal qui permet aux Etats membres de disposer de législations plus restrictives.
L?analyse de ces différentes logiques permet d?illustrer la marge de manoeuvre des Etats membres,
variable selon les réglementations.
Le règlement REACH
Le règlement REACH n° 1907/2006 ne comporte pas de dérogation : il énonce dans son deuxième
considérant que « le fonctionnement du marché intérieur ne peut être assuré que s?il n?existe pas
(...) de différences significatives entre les exigences applicables aux substances ».
En pratique, dans les rares situations où les Etats adoptent des réglementations nationales plus
restrictives relevant du domaine de REACH, ils sont tenus de déposer rapidement un dossier de
restriction de cette substance auprès de l?ECHA.
L?article 69.4 de REACH dispose ainsi que « Si un État membre estime que la fabrication, la mise
sur le marché ou l'utilisation d'une substance, telle quelle ou contenue dans un mélange ou un
article, entraîne pour la santé humaine ou l'environnement un risque qui n'est pas valablement
maîtrisé et qui nécessite une action, il notifie à l'Agence qu'il propose d'élaborer un dossier (...) ».
C?est la procédure qu?a suivi le Danemark en 2020 en prenant l?initiative d?interdire les PFAS dans
les mousses anti-incendie des pompiers, et en déposant en même temps un dossier de restriction
auprès de l?ECHA. Après évaluation, l?ECHA a rendu en juin 2023 des conclusions recommandant
effectivement de placer ces substances sous restriction.
Le règlement sur les phytopharmaceutiques accorde une marge de manoeuvre
aux agences nationales, confortée récemment par la CJUE
Le règlement sur les phytopharmaceutiques n° 1007/2009 vise dans son 9ème considérant à « éta-
blir des règles harmonisées pour l?approbation des substances actives et la mise sur le marché
des produits phytopharmaceutiques, y compris des règles concernant la reconnaissance mutuelle
des autorisations et le commerce parallèle ».
134 Lettre référencée (2019)7308531 au directeur général de l?ANSM du directeur de l?unité en charge des produits cosmétiques
au sein de la DG GROW (marché intérieur, industrie, entreprenariat et PME) du 27 novembre 2019
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Pour garantir la liberté de circulation des marchandises, le principe de reconnaissance mutuelle
repose sur une division géographique en trois zones présentant des conditions agricoles, phytosa-
nitaires et environnementales (y compris climatiques) comparables (cf.supra).
La reconnaissance mutuelle est tempérée au 29ème considérant du règlement qui dispose
que : « Toutefois, des circonstances environnementales ou agricoles propres au territoire d?un ou
de plusieurs États membres pourraient nécessiter que, sur demande, les États membres recon-
naissent ou modifient une autorisation délivrée par un autre État membre, ou refusent d?autoriser
le produit phytopharmaceutique sur leur territoire, si des circonstance agricoles ou environnemen-
tales particulières le justifient ou si le niveau élevé de protection de la santé tant humaine qu?ani-
male et de l?environnement prévu dans le présent règlement ne peut être assuré. »
Ce dernier considérant précise que « Des conditions appropriées devraient également pouvoir être
imposées au regard des objectifs définis dans le plan d?action national », ce qui renvoie aux plans
adoptés conformément à la directive 2009/128/CE du 21 octobre 2009 instaurant un cadre d?action
communautaire pour parvenir à une utilisation durable des pesticides (pour la France, il s?agit du
plan Ecophyto).
Le règlement sur les phytopharmaceutiques aménage donc une marge de manoeuvre aux Etats
membres, mais qui reste circonscrite. Elle opère notamment dans les situations d?urgence, détail-
lées aux articles 69 à 71 du règlement en cas de « risque grave pour la santé humaine ou animale
ou l?environnement », permettant aux Etats membres, en cas d?inaction de la Commission saisie
officiellement, de « prendre des mesures conservatoires provisoires ». La Commission examine
ces mesures sous un mois pour en décider le maintien ou non.
De façon plus générale, cette marge de manoeuvre permet de retirer un produit du marché national
ou refuser un produit contenant une substance approuvée au niveau européen, ce que rappelait le
rapport d?inspection conjoint de 2017 sur les produits phytopharmaceutiques 135 : « les Etats
membres peuvent à tout moment retirer du marché des produits si les exigences qui ont conduit à
son autorisation ne sont plus réunies, notamment s?il est démontré sur le fondement des méthodes
d?évaluation acceptées par l?Autorité européenne de sécurité des aliments (l?Efsa) que le produit a
un effet nocif immédiat ou différé, direct ou indirect (via l?eau, les aliments, l?air) sur la santé hu-
maine ou animale ou sur les eaux souterraines, ou s?il a un effet inacceptable pour l?environnement
(article 44 du règlement). Enfin, l?article 36 du règlement 1107/2009 peut constituer une base juri-
dique pour refuser sur le territoire national l?autorisation d?un produit contenant une substance ac-
tive approuvée au niveau européen, mais ceci n?est possible qu?« en raison de caractéristiques
environnementales ou agricoles » de l?État concerné. »
Il convient de noter qu?une jurisprudence récente de la Cour de justice de l?Union Européenne
(CJUE) est venue conforter la portée de cet article 36, dans deux arrêts de 2024.
La CJUE interprète l?article 36 comme signifiant que, lors de l?autorisation de mise sur le marché,
un Etat membre peut « s?écarter de l?évaluation scientifique des risques » de l?Etat membre rap-
porteur pour la zone, « notamment lorsqu?il dispose de données scientifiques ou techniques plus
fiables », dont le premier Etat membre « n?a pas tenu compte », s?il identifie « un risque inaccep-
table pour la santé et l?environnement »136. En l?espèce, l?agence néerlandaise n?avait pas tenu
compte des dernières évaluations s?agissant de 2 pesticides.
Dans un autre arrêt du même jour137 la Cour applique ce raisonnement aux effets de perturbation
endocrinienne : « lorsque l?autorité compétente d?un État membre, responsable de l?examen d?une
135 Rapport CGEDD ? IGAS ? CGAAER sur l?utilisation des produits phytopharmaceutiques de 2017 ? IGAS n° 2017-124R
136 Arrêt de la CJUE du 25 avril 2024, ECLI:EU:C:2024:350
137 Arrêt de la CJUE du 25 avril 2024, ECLI:EU:C:2023:717
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demande d?autorisation dans cet État membre d?un produit phytopharmaceutique, dispose d?infor-
mations pertinentes et fiables, fondées sur les connaissances scientifiques ou techniques actuelles
(c?est-à-dire les plus récentes), quelle que soit la source de ces informations, qui indiquent qu?une
substance active contenue dans le produit en cause est susceptible de perturber le système endo-
crinien, cette autorité doit tenir compte du risque d?effets nocifs que ce produit est susceptible
d?avoir, évaluer ce risque et prendre une décision appropriée sur cette demande. »
Le règlement sur les biocides aménage une dérogation pour la protection de la
santé humaine et environnementale
Le règlement biocides n° 528/2012 vise dans son 3ème considérant à « supprimer, autant que
possible, les obstacles au commerce des produits biocides ». Il dispose toutefois au 43ème
considérant que « des considérations liées à l?ordre public ou à la sécurité publique, à la protection
de l?environnement et de la santé humaine et animale, à la protection des trésors nationaux et à
l?absence d?organismes cibles pourraient justifier, après accord avec le demandeur, le refus d?un
État membre d?accorder une autorisation ou sa décision d?adapter les conditions de l?autorisation».
C?est l?article 37 du règlement qui précise les conditions de cette exception : un Etat membre peut
déroger à la reconnaissance mutuelle d?un produit biocide en refusant ou en adaptant les
conditions d?une autorisation, et ce notamment pour la « protection de la santé et de la vie
humaines, particulièrement des groupes vulnérables de la population, ainsi que de la santé et de
la vie animales ou végétales ».
L?Etat membre communique ses raisons aux demandeurs et essaie de parvenir à un accord. A
défaut, l?Etat membre informe la Commission qui peut saisir l?ECHA pour avis ou adopter une
décision sur la dérogation.
Le règlement sur les matériaux de contact alimentaire prévoit une procédure de
sauvegarde en cas de danger pour la santé humaine
Le règlement sur les matériaux de contact alimentaire n° 1935/2004 rappelle dans son 13ème
considérant que « les différences entre les dispositions législatives, réglementaires et
administratives nationales (...) sont susceptibles d?entraver la libre circulation de ces matériaux et
objets, créant des conditions de concurrence inégale et déloyale ».
Il prévoit néanmoins dans son article 18 une procédure de sauvegarde, permettant à un Etat
membre de suspendre ou restreindre provisoirement une substance en raison de nouvelles
données indiquant que l?emploi d?un matériau ou d?un objet « présente un danger pour la santé
humaine ». Une telle décision doit immédiatement être notifiée à la Commission, qui rend un avis.
Le règlement sur les cosmétiques dispose d?une clause de sauvegarde mais qui
n?a qu?une faible portée
Le règlement sur les cosmétiques n° 1223/2009 « harmonise de manière exhaustive les règles en
vigueur dans la Communauté afin d'établir un marché intérieur des produits cosmétiques » (4ème
considérant). Il rappelle dans son article 9 que « Les États membres ne refusent pas, n'interdisent
pas et ne restreignent pas, pour des raisons concernant les exigences contenues dans le présent
règlement, la mise à disposition sur le marché des produits cosmétiques qui répondent aux
prescriptions du présent règlement ».
Le règlement n?accorde donc pas de possibilité de dérogation, à une exception près, très encadrée :
il s?agit de la clause de de sauvegarde, prévue à l?article 27.
Celui-ci prévoit que « lorsqu'une autorité compétente constate ou a des motifs raisonnables de
craindre qu'un ou plusieurs produits cosmétiques mis à disposition sur le marché présentent ou
pourraient présenter un risque grave pour la santé humaine, elle prend toutes les mesures
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provisoires appropriées pour assurer que le ou les produits concernés sont retirés, rappelés ou
que leur disponibilité est restreinte d'une autre manière. »
La Commission a toutefois rappelé que cette clause de sauvegarde « ne vise que des mesures
individuelles concernant des produits cosmétiques mis à disposition sur le marché, et non des
mesures de portée générale qui s?appliquent à une catégorie de produits contenant une certaine
substance », ce qui affaiblit considérablement sa portée.138
Le droit du travail laisse place à l?initiative nationale sur la perturbation endocrinienne
Le droit du travail européen, régulé par directive (cf.supra), définit un « niveau de protection mini-
mal » et permet aux Etat membres d?avoir des règles plus protectrices. Il est ainsi possible de fixer
des valeurs limites d?exposition professionnelle (VLEP) plus exigeantes dans le droit national que
celles définies en droit européen. La SNPE2 prévoyait de revoir les VLEP des substances aux
effets PE dans le droit national, mais cette action n?a pas été finalisée (action 39139).
A l?heure actuelle, le droit du travail européen ne considère pas encore que l?exposition aux pertur-
bateurs endocriniens des travailleurs nécessite des mesures de protection aussi strictes que l?ex-
position aux substances CMR. Les perturbateurs endocriniens sont donc couverts par la directive
n° 98/24/CE sur les agents chimiques sur le lieu de travail, mais pas par la directive n° 2004/37/CE
sur les agents cancérogènes et mutagènes, qui est plus protectrice. Un accord de principe a été
trouvé sur le sujet mais ne devrait pas pouvoir s?appliquer avant 2030 (cf.supra).
La Belgique a fait le choix d?anticiper cette évolution dans son code du travail, qui requiert désor-
mais les mêmes mesures de protection pour les perturbateurs endocriniens que pour les subs-
tances CMR, choix cohérent avec la mise en place de la stratégie sur les perturbateurs endocri-
niens du gouvernement belge (NAPED).
Ainsi, la mission propose d?accorder, dans le code du travail français, la même protection des tra-
vailleurs pour les perturbateurs endocriniens que celle existante pour les substances CMR.
Une telle mesure concernerait un large panel de travailleurs. L?Institut national de recherche et de
sécurité (INRS) avait détaillé les sources d?exposition professionnelle et établi une liste de 76 pro-
fessions concernant l?industrie. L?INRS relevait que les travailleurs peuvent être exposés à des
perturbateurs endocriniens lors notamment de :
la fabrication et de l?utilisation de matières premières plastifiants et monomères dans la
plasturgie, ou de solvants dans l?industrie chimique ;
la production et la mise en oeuvre de divers produits contenant des perturbateurs
endocriniens : peintures, colles, vernis, essences, détergents, pesticides, produits
cosmétiques et pharmaceutiques, textiles, emballages ;
la manipulation de déchets ou de sous-produits générés par certains procédés : émissions
lors de l?épandage routier, nettoyage de fours et de tuyauteries, démantèlement d?anciens
transformateurs électriques.
138 Lettre référencée (2019)7308531 au directeur général de l?ANSM du directeur de l?unité en charge des produits cosmétiques
au sein de la DG GROW (marché intérieur, industrie, entreprenariat et PME) du 27 novembre 2019
139 En 2022, l?Anses a rendu 2 avis pour proposer des VLEP s?agissant du méthyl tert-butyl éther (MTBE) et de l?éthyl tert-butyl
éther (ETBE)
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Tableau 10 : Activités professionnelles concernées par l?exposition
professionnelle aux perturbateurs endocriniens, par nature de substance
Principales
activités
concernées
Catégories de produits Exemples de perturbateurs
endocriniens
Agroalimentaire Agents conservateurs, anti-
oxydants, parfums?
Hydroxytoluène butylé (BHT),
hydroxyanisole butylé (BHA),
méthylparabène?
Cosmétiques Agents anti-UV, parfums? 2-Ethyl-hexyl-4-méthoxycinnamate,
méthylsalicylate?
Plasturgie et
caoutchouc
Plastifiants, monomères,
retardateurs de flamme?
Bisphénol A, résorcinol, phtalate de diéthyle
(DEP), naphtalène? .
Energie Additifs pour l?essence Méthyl tert-butyl éther (MTBE), éthyl tert-
butyl éther (ETBE)?
Textile et
ameublement
Retardateurs de flamme Chloroalcanes paraffinés, composés
perfluorés?
Chimie
(peintures,
encres, vernis,
etc.)
Solvants, biocides, agents
fixateurs?
Méthyl p-Hydroxybenzoate, acide borique,
perchloroéthylène,
octaméthylcyclotétrasiloxane?
Bâtiments et
travaux publics
(dalles, enduits,
peintures, etc.)
Retardateurs de flamme,
solvants?
Phtalate de butyle et de benzyle (BBP),
polybromodiphényléthers (PBDE)?
Commerce Additifs révélateurs (tickets de
caisse)
Bisphénol A, bisphénol S?
Entretien
espaces verts
Produits phytosanitaires
(fongicides, herbicides)
Deltaméthrine, terbutryn?
Nettoyage
industriel
Détergents Nonylphenol?
Traitement des
déchets
Retardateurs de flamme Polychlorobiphényles (PCB),
polybromodiphényléthers (PBDE)?
Source : INRS
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Annexe 3.2.2 Au niveau national, des initiatives intéressantes mais qui
doivent faire leurs preuves
L?information du consommateur visée par la loi AGEC fait face à des difficultés
techniques
La loi n° 2020-105 du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage alimentaire se décline
en plusieurs axes : sortie du plastique jetable, information des consommateurs, lutte contre le gas-
pillage, action contre l?obsolescence programmée, qualité de la production.
L?axe d?information du consommateur porte notamment sur la présence des perturbateurs endo-
criniens dans les produits de consommation, information à mettre en ligne sur internet, en accès
public et libre de droit.
La loi introduit cette disposition par l?article L 5232-5 du code de la santé publique. Celui-ci impose
à toute personne, mettant sur le marché français des produits à destination des consommateurs
qui contiennent des perturbateurs endocriniens, de mettre à leur disposition des informations per-
mettant de les identifier.
Pour ce faire, l?Anses définit une liste de perturbateurs endocriniens avérés ou présumées (liste A).
L?Anses définit également une liste de perturbateurs endocriniens suspectés (liste B) pour cer-
taines catégories de produits présentant des risques d?exposition particuliers.
La gamme des produits concernés par l?obligation d?information est vaste puisqu?il s?agit des subs-
tances, des mélanges, et des articles (au sens du règlement REACH140) et des denrées alimen-
taires. Les médicaments ne sont en revanche pas concernés.
Trois arrêtés du 28 septembre 2023 précisent les modalités :
La liste A des perturbateurs endocriniens avérés ou présumés y est publiée ; les
substances retenues sont les 126 perturbateurs endocriniens recensés par l?Anses sur la
liste candidate de REACH (SVHC) 141 , ainsi que 2 substances supplémentaires
(mancozèbe et résorcinol).
Une application est désignée pour mettre à disposition du public les informations, qui est
Scan4Chem (application qui existe au niveau européen pour faciliter le « droit de savoir »
prévu par l?article 33 du règlement REACH permettant aux consommateurs d?être informés,
à leur demande, de la présence de SVHC à hauteur de 0,1% dans les articles).
L?obligation d?information est détaillée : elle s'applique à l'ensemble constitué du produit et
de son emballage primaire, dès lors que la concentration d'une substance présentant des
propriétés de perturbation endocrinienne avérées ou présumées est supérieure à 0.1% en
pourcentage massique, soit dans le produit concerné, soit dans son emballage.
En dépit de l?avancée de principe que représente cette législation, plusieurs difficultés techniques
en limitent l?impact :
Scan4Chem a été conçu dans le cadre de REACH et sa base de données se limite aux
« articles », l?application ne permet donc pas d?obtenir des informations sur les
« mélanges » et « substances » (ainsi, un consommateur qui scanne un pot de peinture ou
140 Un article au sens de REACH est un objet auquel sont donnés, au cours du processus de fabrication, une forme, une surface
ou un dessin particulier qui sont plus déterminant pour sa fonction que sa composition chimique.
141 Ce recensement présenté dans un avis du 5 mars 2021 est une extraction de la base de données publiques de la liste candidate
de l?ECHA, et qui indique dans cette base, pour chaque substance, si des propriétés de perturbation endocrinienne ont été
identifiées : https://echa.europa.eu/fr/candidate-list-table. Ces 126 substances correspondent aux 118 substances incluses dans
la liste SVHC au motif d?une propriété de perturbation endocrinienne, ainsi que les 8 familles de substances identifiées dans cette
liste.
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https://echa.europa.eu/fr/candidate-list-table
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un pot de crème cosmétique ne peut trouver des informations que sur le contenant, ce qui
peut s?avérer trompeur ou à tout le moins décevant) ;
Pour la même raison, l?application ne répertorie que les produits SVHC, alors que les
décrets d?application de la loi AGEC listent deux PE non SVHC, dont la présence ne pourra
pas être signalée142.
La diffusion de l?application Scan4Chem au niveau national est encore très limitée : en août
2023, elle avait été téléchargée par moins de 12.000 personnes en France143 (l?obligation
d?information s?applique à partir d?avril 2024) ;
En pratique, le recours à une application a ses limites : l?accès à l?information nécessite un
téléphone portable, de disposer de réseau téléphonique (non systématique dans les
magasins en sous-sol), et l?action de scanner un code-barres n?est pas pensée pour le
commerce en ligne.
Peu de données sont actuellement disponibles directement sur l?application, un temps est
nécessaire pour que les entreprises mettent à disposition ces informations ainsi que leurs
données de contact (à la date de rédaction du rapport, près de 15.000 fournisseurs
européens étaient enregistrés dans la base de données d?Askreach, pour recevoir des
requêtes et y répondre, dont 500 entreprises françaises) ; un travail de sensibilisation est
mené par l?Ineris auprès des entreprises à ce sujet.
Enfin, il est difficile pour les entreprises de connaître avec certitude la présence de SVHC
dans leurs produits, en particulier lorsque ceux-ci sont fabriqués hors de l?Union
européenne ou assemblés à partir de différents articles produits à l?étranger.
L?élimination du plastique à la cantine prévue d?ici 2025 risque d?exiger des délais
La loi n° 2018-938 du 30 octobre 2018 pour l?équilibre des relations commerciales dans le secteur
agricole et alimentaire, dite EGalim, comporte plusieurs dimensions : soutien au revenu des agri-
culteurs, restrictions d?utilisation de substances nocives, respect du bien-être animal ; lutte contre
le gaspillage et réduction de l?utilisation du plastique dans le domaine alimentaire.
La limitation du recours au plastique porte notamment sur les bouteilles en plastique dans la res-
tauration scolaire, ainsi que les ustensiles en plastique à usage unique (pailles, couverts, assiettes,
gobelets ?), interdictions toutes deux en vigueur depuis 2022.
Plus spécifiquement, la loi EGalim interdit à partir de 2025 les contenants alimentaires de cuisson,
de réchauffe et de service en plastique dans la restauration des établissements scolaires, univer-
sitaires et d?accueil des enfants de moins de 6 ans. Cette interdiction s?applique aussi dans les
services de pédiatrie, d?obstétrique et de maternité, les centres périnataux de proximité ainsi que
les autres services de santé maternelle et infantile, sauf dérogations. Dans les collectivités territo-
riales de moins de 2?000 habitants, cette mesure peut être repoussée jusqu?à 2028.
Ces dispositions avaient été introduits par amendement, appuyées par une campagne d?une as-
sociation de parents d?élèves « Cantines sans plastique ». L?exposé des motifs de l?amendement
précisait que « Les matières plastiques peuvent contenir des substances reconnues comme des
perturbateurs endocriniens. La migration des molécules de synthèse (additifs dont les bisphénols)
dans l?alimentation est favorisée par la chaleur, les aliments gras ou acides ; le phénomène est
aggravé en cas d?usure des plastiques. »
142 Un ajout de ces deux substances est en discussion avec les responsables au niveau européen de la maintenance de cette
application
143 Sur un total de 147.000 téléchargements en Europe ; ces chiffres sont issus du rapport d?impact : Impact-assessment-
report_version-FINAL_19.11.2023.pdf (askreach.eu)
PUBLIÉ
https://www.askreach.eu/wp-content/uploads/2023/11/Impact-assessment-report_version-FINAL_19.11.2023.pdf
https://www.askreach.eu/wp-content/uploads/2023/11/Impact-assessment-report_version-FINAL_19.11.2023.pdf
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L?objectif visé par la loi est ambitieux et difficile, en raison du manque de préparation des acteurs
de la restauration collective. Un très grand nombre de cantines scolaires opèrent en effet en liaison
froide, où la nourriture est réchauffée dans des barquettes plastiques réfrigérées qui ont préparées
dans une grande « cuisine centrale », extérieure au lieu de restauration.
Ne plus réchauffer dans du plastique implique, pour les établissements concernés, un changement
complet de fonctionnement, nécessitant une formation du personnel et des investissements con-
séquents, pouvant se chiffrer en dizaines de milliers d?euros. Cet investissement peut cependant
être amorti à terme en raison des économies d?achat de plastique, et présente un intérêt en termes
de création d?emploi lié à une organisation relocalisée.
L?offre de plastique « bio sourcé », dont la moindre nocivité n?a pourtant pas été prouvée144, ajoute
de la confusion pour les établissements. Dans un avis de mars 2021145, le Conseil national de
l?alimentation considérait que « Il n?y a pas, à date, de « contenant alternatif à usage unique » qui
ne soit pas en plastique et qui puisse être utilisé en restauration collective. Ainsi, sauf évolution
des technologies, la perspective de contenants à usage unique non plastiques n?existe pas. ».
Le même avis ajoutait que « Les plastiques compostables et les plastiques dits « agrosourcés »
ou « biosourcés » (par opposition aux plastiques initialement mis sur le marché et dits « pétrosour-
cés ») doivent être considérés comme des plastiques au sens du droit européen, sauf s?ils ne sont
constitués que de polymères naturels non chimiquement modifiés ».
Un groupe de travail piloté par le ministère en charge de l?agriculture et de l?alimentation a été créé
à ce sujet pour piloter les efforts de la restauration collective, et notamment les autres dispositions
de la loi EGalim portant sur l?approvisionnement en nourriture bio.
En l?état, les changements de pratique dans la restauration scolaire demandent un soutien fort des
collectivités. S?agissant de la restauration universitaire et de la restauration dans les services de
pédiatrie ou de maternité, les difficultés budgétaires représentent également un frein important au
changement des pratiques.
Enfin, l?absence de sanction assortie à cette obligation n?incite pas les collectivités ni les établisse-
ments de santé concernés à se conformer à la loi en temps requis.
L?effet de la loi sur la transparence pour les produits hygiéniques reste incertain
Près de 3 milliards de produits de protection intime, dont près de 2 millions de culottes menstruelles,
sont vendus chaque année en France.
En mars 2016, le magazine « 60 millions de consommateurs »146 publiait une enquête révélant la
présence dans les produits d?hygiène intime de résidus de substances toxiques : dioxine, glypho-
sate, pesticides organochlorés et pyréthrinoïdes (insecticides). Cette publication a fait l?objet d?une
forte médiatisation et conduit le gouvernement à solliciter un avis de l?Anses.
L?Anses a rendu un avis le 4 juin 2018, qui inclut une enquête sur les pratiques d?utilisation des
femmes et la perception des risques. L?Anses considère que le principal risque lié à l?utilisation des
protections périodiques est celui du syndrome de choc toxique147.
144 Magazine de l?ADEME n°167 de Juillet-Août 2023 sur les produits biosourcés
145 Avis 87 du Conseil national de l?alimentation : « Substitution des contenants alimentaires composés de plastique en
restauration collective », 10 mars 2021
146 60 millions de consommateurs, numéro n° 513, février 2016, sur la base d?essais conduits par l?Institut national de la
consommation et le Service commun des laboratoires
147 Le syndrome de choc toxique est causé par un mauvais de protections périodiques internes (tampons et coupes menstruelles),
et concerne selon l?Anses une vingtaine de cas par an
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L?Anses souligne aussi que les matériaux de fabrication des produits intimes sont mal documentés.
Pour les produits de protection externe, ils peuvent être divisés en 3 catégories : produits naturels
d?origine dérivée du bois de nature cellulosique ; produits de nature synthétique de type polyolé-
fines pour les serviettes et protège-slips ; et super-absorbant pour les serviettes. Pour les produits
de protection interne (tampons), ils sont composés de produits d?origine naturelle dérivés du coton,
qui subissent un traitement chimique, ainsi que de produits de nature synthétique de type polyolé-
fines (qui sont les polymères les plus courants).
L?Anses a également évalué les risques sanitaires liés aux substances identifiées dans l?enquête
de 2016 précitée, ainsi que par une enquête complémentaire commandée l?Institut français du
textile et de l?habillement, sur la base des valeurs toxicologiques de référence (VTR) et du niveau
d?exposition des femmes au cours de leur vie. Pour l?Anses, aucun dépassement des seuils sani-
taires n?est observé pour les différentes substances toxiques identifiées.
Un certain nombre de substances identifiées dans ces protections intimes sont toutefois des per-
turbateurs endocriniens suspectés148, pour lesquels l?Anses rappelle qu?il n?existe pas toujours des
effets de relations dose-réponses clairement définis, permettant de fixer des VTR en dessous des-
quelles on peut conclure à l?absence de risques. L?Anses recommande donc de minimiser autant
que possible la présence de ces substances (ainsi que les substances CMR et les sensibilisants
cutanés) et recommande la conduite d?études supplémentaires, qui sont très peu nombreuses en
la matière.
Afin d?améliorer la transparence sur la composition et les risques potentiels liés à l?utilisation des
produits de protection intime, le décret n° 2023-1427 du 30 décembre 2023, entré en vigueur le 1er
avril 2024, impose aux fabricants et responsables de la mise sur le marché de mentionner sur
l?étiquetage et la notice d?utilisation des produits 3 catégories d?informations :
la liste des composants (dans le cas des articles en textile, cette liste doit répondre à la
législation européenne harmonisée imposant les règles d?affichage de la composition des
produits textiles) et, pour chacun d?eux, le détail des substances et matériaux incorporés ;
la mention des modalités et précautions d?utilisation (notamment les conditions d?hygiène
et le temps de port maximal recommandé de 6 heures) ; et ce en caractères indélébiles,
visibles, lisibles et compréhensibles ;
les possibles effets indésirables (irritations, intolérances, allergies, microtraumatismes) ou
plus graves tels que le syndrome de choc toxique menstruel.
Le décret dispose que la composition du produit est présentée « sous la forme d'une liste compor-
tant tous les composants qui sont présents et, pour chacun de ces composants, le détail des subs-
tances et matériaux incorporés intentionnellement durant le processus de fabrication du produit
fini ».
Cette mention des « substances et matériaux incorporées intentionnellement » dans le « produit
fini », si elle permet de signaler la présence de parfums volontairement ajoutés, laisse toutefois de
côté les produits ajoutés non-intentionnellement, à l?instar des résidus de pesticides ou des subs-
tances laissées par le blanchiment du coton ou le collage de la serviette.
L?effet de cette mesure sur la diminution des substances toxiques et notamment des perturbateurs
endocriniens dans les protections périodiques reste donc à ce stade incertain.
148 Parmi les substances identifiées par l?IFTH, plusieurs sont des perturbateurs endocriniens suspectés : Lilial®, HAP, DnOP,
lindane, hexachlorobenzène, quintozène, dioxines et furanes, octaméthylcyclotétrasiloxane D4, décaméthylcyclopentasiloxane
D5, Tétrahydrofurane, acide octanoïque, dioxyde de soufre, hydroxytoluène butylé, naphtalène
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Mai 2024 EVALUATION DE LA DEUXIEME STRATEGIE NATIONALE SUR
LES PERTURBATEURS ENDOCRINIENS
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Une proposition de loi de restriction des PFAS en anticipation de règles européennes
Le 4 avril 2024, l?Assemblée nationale a adopté en première lecture une proposition de loi
interdisant la présence des PFAS dans les vêtements, cosmétiques et farts (revêtements sous les
skis) à partir de 2026, ainsi que les textiles à partir de 2030. La proposition de loi exclut toutefois
de son champ d?application les ustensiles de cuisine, et notamment les poêles antiadhésives.
Les PFAS, surnommés « polluants éternels », sont des molécules issues de l?industrie chimique,
utilisées pour leurs propriétés antiadhésives, imperméabilisantes ou résistantes aux fortes chaleurs,
et présentes dans de produits de consommation (emballages alimentaires, poêles, textiles,
cosmétiques, mousses anti-incendie, batteries, peintures, pesticides...). Extrêmement persistantes
dans l?environnement, les PFAS présentent également des risques graves pour la santé, et certains
sont suspectés d?être perturbateurs endocriniens.
A l?heure actuelle, 3 PFAS font l?objet d?une interdiction au niveau européen (PFOS, PFOA et
PFHxS). Le Parlement européen a par ailleurs trouvé un accord avec le Conseil pour interdire les
PFAS dans les emballages alimentaires à partir de 2026 (cf.supra). De plus, un dossier de
restriction générale pour l?ensemble des PFAS est en cours d?examen par l?ECHA (cf.supra).
Dans ce contexte, les initiatives nationales peuvent permettre de limiter l?exposition de la
population, en avance de phase du droit européen, à l?image du Danemark qui a interdit les PFAS
dans les mousses anti-incendie, les emballages alimentaires et plus récemment les textiles.
La proposition de loi française comporte par ailleurs d?autres volets, notamment sur la surveillance
dans l?eau potable (obligation de contrôle de la présence de PFAS par les autorités sanitaires),
l?information du public (mise à disposition du public du recensement des sites émetteurs ou anciens
émetteurs), et la création d?une redevance pollueur-payeur pour le rejet des PFAS dans l?eau.
Dès lors, cette proposition de loi, qui devrait vraisemblablement être adoptée, va dans le sens de
la logique de la SNPE2, bien que l?exclusion des ustensiles de cuisine en limite la portée.
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Annexe 4. Parangonnage international
La France fait partie des pays fortement engagés sur la question des perturbateurs endocriniens.
Une enquête d?opinion de 2022 indique que 88% des Français disent avoir entendu parler des
perturbateurs endocriniens, signe d?une attention au sujet.
Au sein des instances européennes, la France est également identifiée comme motrice en raison
des positions soutenues, comme lors de la refonte du CLP, mais aussi du travail d?évaluation réalisé
par l?Anses dans le cadre des évaluations au titre des règlements européens.
L?existence de la SNPE2 contribue à affirmer l?engagement de la France sur le sujet. Plusieurs
autres pays ont développé des stratégies sur le sujet, pour certains exclusivement sur les
perturbateurs endocriniens, d?autres sur des sujets connexes, tels que les PFAS, ou les produits
chimiques en général.
Cette annexe livre un panorama sans vocation d?exhaustivité des stratégies existantes, sur la base
d?entretiens conduits par la mission avec des représentants belges, danois, allemands et
américains.
Annexe 4.1. La Belgique a développé une stratégie inspirée de la
SNPE2 et dispose d?un droit du travail considérant les
perturbateurs endocriniens au même titre que les CMR
La Belgique a mis en place depuis peu une stratégie nationale (NAPED149) s?appuyant sur certains
éléments de la SNPE française. Cette stratégie, validée en 2022 à l?issue d?une consultation pu-
blique, est prévue pour 5 ans, avec deux objectifs : diminuer l?exposition de la population et de
l?environnement aux perturbateurs endocriniens, et augmenter la visibilité des actions prises par
les autorités.
Une enquête réalisée en 2020 auprès de la population a révélé une appropriation du sujet encore
insuffisante : 49% n?en ont jamais entendu parler, 3 citoyens sur 4 pensent que les produits ne
contiennent pas de substances potentiellement dangereuses, et 60% ignorent que l?utilisation des
produits de consommation peut avoir des conséquences sur la santé.
La NAPED a été élaborée à l?issue d?une concertation avec une centaine de parties prenantes,
suivie d?une consultation publique, et avec l?accompagnement de groupes de travail rassemblant
les experts dédiés. En termes de gouvernance, le suivi est assuré par trois organes : la NAPED
task force (regroupant des représentants des différentes autorités compétentes), le comité des
parties prenantes (industriels, associations, fédérations, syndicats, mutuelles, centres de forma-
tions) et le comité scientifique.
Des outils d?évaluation sont prévus : une évaluation annuelle par les différents comités de suivi,
une évaluation à mi-parcours par une institution indépendante, ainsi qu?une évaluation finale sur le
modèle des évaluations de la SNPE par les inspections.
La stratégie est divisée en trois axes : la prévention, les actions réglementaires et la recherche.
Ces axes contiennent 18 fiches-actions, parmi lesquels on peut citer :
Axe prévention : formations en ligne accessibles à tous ; campagnes de communication
vers les publics vulnérables notamment sur les réseaux sociaux ; incitation des industriels
à travailler sur la substitution et partager leurs données sur l?application Scan4Chem.
149 NAPED : Nationaler Aktionsplan für endokrine Disruptoren ? Plan d?action national sur les PE
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Axe réglementaire : traitement des perturbateurs endocriniens dans le droit du travail belge
avec le même degré de protection aux expositions que les substances cancérogènes150,
mutagènes et reprotoxiques (action qui pourrait être répliquée en France, en avance de
phase sur le droit européen, cf.annexe n°3) ; incitations financières et fiscales à la
substitution des SVHC ; renforcement du contrôle des produits.
Axe recherche : investissement dans la recherche ; soutien à PEPPER ; soutien aux
études de biosurveillance ; collecte de données pour réaliser de la biosurveillance intégrée
(analyse des troubles de la santé en relation à l?exposition environnementale et
professionnelle).
L?adoption récente du plan n?a pas encore permis d?en dresser un premier bilan.
Annexe 4.2. Le Danemark est actif contre la pollution chimique et a
pris l?initiative de plusieurs législations sur les PFAS
Le Danemark applique depuis 1999 un plan d?action sur les produits chimiques, régulièrement
actualisé, la dernière version ayant été publiée en 2022. Ce plan d?action contient un programme
de recherche sur les perturbateurs endocriniens associant 3 universités.
Un centre des perturbateurs endocriniens existe par ailleurs au Danemark depuis 2009, pour
renforcer la recherche et accompagner le gouvernement dans la prévention.
Après l?identification d?une pollution importante de PFAS dans les eaux, causée par des mousses
anti-incendie, une forte attention a été accordée aux PFAS dans le plan d?action sur les produits
chimiques.
Au Danemark, ce sont les communes et les régions qui sont responsables de la localisation des
lieux suspectés de contamination aux PFAS et de la recherche de la source de la contamination. Il
a été estimé que 5% des sources d?eau potable du pays étaient contaminées par des PFAS, avec
15 000 sites potentiellement contaminés.
La valeur maximale acceptable de PFAS dans l?eau a été abaissée à un niveau de 2
nanogrammes/litre, soit 50 fois moins que seuil européen de 100 nanogrammes/litre.
Le pays a été précurseur sur des interdictions nationales de PFAS dans certains usages : en 2020
pour les contenants alimentaires, en 2024 pour les mousses anti-incendie, et dernièrement pour
les textiles qui seront bannis à partir de 2026.
Le pays s?est également mobilisé au niveau européen pour porter des propositions de restriction
calquées sur celles engagées au niveau national, en application de l?article 69.4 du règlement
REACH (cf. annexe n°3)
Le Danemark a également déposé une proposition européenne de restriction générale des PFAS,
avec l?Allemagne, les Pays-Bas, la Norvège et la Suède. Le dossier soumis à l?ECHA propose deux
options : la première suggère une interdiction totale de plus de 10 000 substances chimiques PFAS,
avec une période d?adaptation de 18 mois, la deuxième reprend cette interdiction mais autorise
des dérogations pouvant atteindre 12 ans pour des utilisations sans substitution possible. C?est la
seconde option qui a été retenue par l?ECHA, qui a lancé une consultation sur le sujet.
150 Arrêté royal du 2 juillet 2023 fixant des mesures afin de protéger les travailleurs contre les agents possédant des propriétés
perturbant le système endocrinien
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Annexe 4.3. La Suède est également très préoccupée par son niveau
de pollution aux PFAS
La Suède disposait en 2013 d?un plan d?action pour un environnement non-toxique mais il n?a pas
été renouvelé.
Le sujet des perturbateurs endocriniens reste toutefois suivi et en 2018, le gouvernement suédois
s?est prononcé en faveur de la mise en place d?une plateforme de recherche approfondie afin
d?identifier les mesures pertinentes pour minimiser l?exposition aux perturbateurs endocriniens.
Ces dernières années, la Suède, à l?instar du Danemark, s?est particulièrement mobilisée contre
les PFAS, en raison d?une contamination importante de ses sources d?eau potable, essentiellement
due à l?usage des mousses anti-incendie pour les exercices des sapeurs-pompiers.
En 2015, l?agence suédoise de l?alimentation, Livsmedelsverket, a réalisé une évaluation de la
pollution des eaux potables en Suède, afin de délimiter quelles étaient les zones à risque. Parmi
1819 installations d?eau potable étudiées, 109, soit 6%, étaient concernées par une contamination
aux PFAS, parmi lesquelles les installations les plus importantes de Suède comme celle de Järfalla
qui alimente en eau potable la population de Stockholm. En tout, 3 millions de consommateurs
suédois dans 65 communes étaient directement affectés par les PFAS dans l?eau potable
A la suite de cette investigation, l?agence des produits alimentaires a été chargée par le
gouvernement de prendre des mesures pour réduire la dissémination des PFAS, ce qui a été suivi
d?une mobilisation transversale associant l?agence de la santé publique, l?agence des matériaux
militaires et l?agence de l?alimentation.
Le sujet des PFAS a rebondi en 2023 avec une étude de l?association de protection de
l?environnement Naturskyddsförening (équivalent de France Nature Environnement en termes
d?importance nationale), qui a montré que les poissons pêchés dans les lacs Mälaren, Vänern et
Hjälmaren et vendus pour la consommation humaine dans les magasins d?alimentation
contenaient des taux très élevés de PFAS.
Depuis le 1er janvier 2023, les normes suédoises pour l?eau potable ont été abaissées concernant
4 PFAS (PFOA, PFNA, PFOS et PFHxS) à 4 nanogrammes/litre, en-dessous des seuils
européens151.
L?inspection des produits chimiques suédoise Kemikalieinspektion a émis des doutes sur l?efficacité
de la réglementation, constatant que lorsque l?utilisation d?un PFAS individuel est encadrée par la
loi, les industriels se tournent vers un autre PFAS non réglementé. Dès lors, l?inspection a proposé
différents outils, dont un guide à destination des particuliers et des entreprises. L?agence de
l?alimentation Livsmedelsverket diffuse de son côté des recommandations sur la consommation de
poisson et d?eau du robinet, et contrôle régulièrement la qualité de l?eau potable dans les localités
à risque.
La ville de Stockholm se distingue par ailleurs avec son programme environnemental qui comporte
l?objectif d?un environnement non-toxique. A ce titre, la ville a développé un « plan d?action sur les
produits chimiques » comportant différentes actions : sensibilisation du public, clauses pour les
marchés publics, encadrement des matériaux de construction, gestion des déchets, non-recours
aux pesticides dans les parcs, surveillance environnementale, retrait des substances toxiques dans
les crèches (près de 2 tonnes de phtalates ont ainsi été retirés grâce au remplacement des matelas
en PVC dans les crèches).
151 Ces seuils sont inférieurs à ceux édictés par la directive 2020/214 sur la qualité de l?eau potable qui fixe deux limites de
concentration à ne pas dépasser à partir de janvier 2026 : 0,1 microgramme / litre pour la somme de 20 PFAS préoccupants, et
0,5 microgramme / litre pour la totalité des PFAS.
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Annexe 4.4. L?Allemagne publie un premier plan d?action sur les
perturbateurs endocriniens
Fin 2023, l?Allemagne a publié un plan fédéral pour la protection contre les perturbateurs
endocriniens (Fünf-Punkte-Plan der Bundesregierung zum Schutz vor hormonell schädigenden
Stoffen) qui s?articule en 5 points : réglementation, information, coordination interministérielle,
recherche et coopération internationale.
Les trois objectifs principaux sont :
améliorer la réglementation en travaillant à l?échelon européen ;
améliorer l?information du public sur les risques existants ;
renforcer la recherche et notamment la coopération internationale en la matière.
Ce plan reste toutefois généraliste, sans horizon temporel, déclinaison régionale ou financement
dédié. La particularité de ce plan tient à ce qu?il résulte d?un accord politique de la coalition
gouvernementale au pouvoir au moment de son adoption, qui réunit 3 sensibilités différentes. Il
n?est pas certain qu?il soit reconduit à l?issue des élections prévues fin 2025.
Annexe 4.5. Les Etats-Unis ont relancé leur programme d?évaluation
des pesticides perturbateurs endocriniens qui avait
échoué
Aux Etats-Unis, la régulation des pesticides est exercée par l?EPA (Environmental Protection
Agency). Cette agence indépendante du gouvernement américain, chargée d?étudier et protéger
la nature et la santé des citoyens, fut créée en 1970, quelques années après la parution du livre
« Silent Spring » de la scientifique Rachel Carson alertant sur les effets sanitaires des pesticides.
En 1999, un programme national d?identification et d?évaluation des perturbateurs endocriniens
(EDSP152) a été lancé, destiné à prioriser et tester des substances déjà autorisées ou nouvellement
mises sur le marché, en vue d?une éventuelle interdiction.
Le programme EDSP analyse les effets sur la santé et l?environnement des pesticides, sur la base
des données produites par les industriels. En effet l?EPA reçoit régulièrement des données
d?évaluation des industriels sur leurs produits, données obligatoires pour bénéficier d?une
autorisation de mise sur le marché, dont l?approbation dure en général pour 15 ans. La mise en
oeuvre du programme a été vivement critiquée dans un rapport de l?Inspection générale de l?EPA
de 2021 qui dénonçait qu?aucune évaluation toxicologique n?ait été finalisée. L?EPA a également
été condamnée en justice pour son manque de résultats.
L?EPA a donc annoncé fin 2023 le lancement d?une nouvelle stratégie d?analyse, reposant sur un
processus d?évaluation des substances plus rapide. Le programme se concentre sur les pesticides
conventionnels, à partir des données existantes. Le programme se concentre en priorité sur la
santé humaine. L?approche retenue est une logique de management du risque, en tenant compte
de l?exposition. A l?heure de rédaction du rapport, l?EPA n?a pas encore pris de mesures de
restriction de pesticides au nom d?un effet perturbateur endocrinien reconnu.
Au-delà du travail de régulation de l?EPA, le caractère fédéral du pays permet à des Etats de
prendre des législations plus restrictives, ce qui est notamment le cas de la Californie qui interdit
les emballages en PFAS depuis 2023. D?autres Etats tels que New-York, Washington ou l?Oregon
sont également plus restrictifs concernant l?exposition aux substances chimiques.
Enfin, il faut souligner l?existence de programmes de recherche parmi avancés, grâce à une
152 EDSP : Endocrine Disruptors Screening Programme
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communauté scientifique importante. Trois universités notamment se distinguent sur le sujet :
North Carolina State University, Duke University, et University of North Carolina at Chapel Hill. Elles
travaillent en collaboration avec deux instituts nationaux : l?institut national de l?environnement (NIH)
qui se concentre sur les effets des substances sur le cerveau et le comportement, et l?institut
national de la santé environnementale (NIEHS).
Ces programmes de recherche s?appuient notamment sur des grandes cohortes : SISTERS sur le
cancer du sein ; All of us ou ECHO sur la santé environnementale ; CHAMACOS sur les familles
de travailleurs agricoles en Californie.
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Annexe 5. Etat d?avancement des actions de la SNPE2
Tableau 11 : Etat d?avancement établi par la DGS et la DGPR suite au COPIL du
12/12/2023
Actions
n°
Objectifs Axes Actions Progression
Action 1
Former-
Informer
1. Etablir une liste des
substances chimiques qui
peuvent présenter des
propriétés de perturbation
endocrinienne pour une
meilleure gestion des
risques, en fonction du
niveau de preuve et des
incertitudes
Expertiser des substances chimiques en vue de
proposer la reconnaissance des dangers de PE au
titre des règlements européens.
Finalisée
Action 2
Former-
Informer
Coordonner les travaux de l?ANSM et de l?Anses sur
les perturbateurs endocriniens afin de renforcer
l?évaluation des dangers et des risques des
substances potentiellement PE dans les cosmétiques
et produits de santé (médicaments à usage humain,
dispositifs médicaux...)
En cours
Action 3
Former-
Informer
Définir une méthode de priorisation des substances
qui peuvent présenter des propriétés PE,
scientifiquement robuste et partagée avec les parties
prenantes et les autres États membres, en vue
d?établir une liste hiérarchisée de ces substances qui
sera mise à disposition notamment des parties
prenantes
Finalisée
Action 4
Former-
Informer
2. Informer les citoyens
sur les produits chimiques
dont les perturbateurs
endocriniens
En cohérence avec les travaux au niveau européen
et international, étudier la mise en place de dispositifs
d?information obligatoires (étiquetage et/ou
pictogramme) pour tous publics ou publics ciblés
(femmes enceintes?) sur la présence de substances
potentiellement PE dans les produits de la vie
courante et articles manufacturés, produits
alimentaires (aliments, emballages, contenants), les
produits de santé et les cosmétiques.
En cours
Action 5
Former-
Informer
Mettre en place des événements type « journée sur
les PE » pour sensibiliser la population et les relais
d?opinion.
En cours
Action 6
Former-
Informer
Sensibiliser les élèves dans le cadre des actions
éducatives de la promotion de la santé en milieu
scolaire et des activités pédagogiques.
En cours
Action 7
Former-
Informer
Mener une campagne de communication grand public
et créer un site internet de référence, afin d?informer
la population sur les risques liés à l?exposition aux
produits chimiques dangereux de consommation
courante, de partager des bonnes pratiques
destinées à limiter les expositions, en ciblant en
priorité les populations les plus à risques (femmes
enceintes, période des 1 000 premiers jours).
En cours
Action 8
Former-
Informer
3. Former et s?appuyer sur
les réseaux des
professionnels,
notamment des
professionnels de santé,
acteurs de la prévention
auprès de la population
Intégrer à certaines formations diplômantes un
objectif de formation sur les risques chimiques, dont
les perturbateurs endocriniens.
En cours
Action 9
Former-
Informer
Permettre le développement de la formation continue
des professionnels de santé sur les risques
chimiques, liés notamment aux perturbateurs
endocriniens, et s?appuyer sur les professionnels de
santé pour développer la prévention auprès des
couples et des parents.
En cours
Action
10
Former-
Informer
Développer la formation des agents des collectivités
territoriales (décideurs, acheteurs, agents de
nettoyage, responsables et professionnels des
services de petite enfance, restauration collective).
En cours
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LES PERTURBATEURS ENDOCRINIENS
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Action
11
Former-
Informer
Renforcer la formation continue des professionnels
en intégrant notamment les enjeux de santé
environnement au sein des centres de formation
continue professionnels (centre techniques
professionnels).
En cours
Action
12
Former-
Informer
A partir des outils disponibles en santé
environnement, permettre la mise en place, dans le
cadre du service sanitaire des étudiants en santé,
d?actions de sensibilisation dans les établissements
scolaires, les lieux de vies et les entreprises.
En cours
Action
13
Former-
Informer
Donner plus de visibilité aux actions et bonnes
pratiques mises en place par certains établissements
de santé (notamment plateformes PREVENIR,
maternité et service pédiatrique), des établissements
accueillant des jeunes enfants, les collectivités
territoriales, et d?autres partenaires (industrie,
agriculture, vie sociale et associative) afin de réduire
l?exposition aux PE.
En cours
Action
14
Protéger
l'environnement
et la population
4. Améliorer la
connaissance de
l?imprégnation de
l?environnement par les
PE
Assurer une coordination scientifique entre les
agences et instituts, afin d?améliorer la connaissance
de l?imprégnation des milieux environnementaux.
En cours
Action
15
Protéger
l'environnement
et la population
Expliciter la relation entre expositions et
imprégnation.
Action
16
Protéger
l'environnement
et la population
Identifier et mettre en place la surveillance, dans l?air
extérieur, de certaines substances identifiées par des
campagnes expérimentales afin de collecter des
données sur la présence de PE dans l?air extérieur.
En cours
Action
17
Protéger
l'environnement
et la population
Identifier parmi les polluants de l?air intérieur les
polluants susceptibles d?être perturbateurs
endocriniens ? Réaliser des mesures dans les
logements par l?OQAI et l?Ineris.
En cours
Action
18
Protéger
l'environnement
et la population
Valoriser les mesures effectuées dans le cadre du
réseau de mesures de la qualité des sols (RMQS).
En cours
Action
19
Protéger
l'environnement
et la population
Préparer et récupérer les données de la prochaine
campagne exploratoire prévue au titre de la directive-
cadre sur l?eau pour développer le suivi des
substances PE.
Lien avec l?action 26 du Plan Micropolluants 2016-
2021 « Mener une surveillance prospective sur des
molécules émergentes dans les rivières, nappes et
eaux littorales et dans les eaux destinées à la
consommation humaine ».
En cours
Action
20
Protéger
l'environnement
et la population
Surveiller les rejets de certains secteurs d?activités
industrielles.
En cours
Action
21
Protéger
l'environnement
et la population
Réaliser des analyses exploratoires sur des produits
de grande consommation destinés à des populations
sensibles (jouets destinés aux enfants de moins de
trois ans) en y recherchant des substances non
réglementées présentant des propriétés PE avérées
et pouvant exposer ces populations lors d?une
utilisation normale et prévisible
A lancer
Action
22
Protéger
l'environnement
et la population
Recenser les produits de grande consommation
utilisant intentionnellement pour leur fabrication des
substances PE non couvertes par des restrictions, et
pouvant exposer les populations.
A lancer
Action
23
Protéger
l'environnement
Centraliser et exploiter les données sur l?imprégnation
des milieux par les PE.
En cours
PUBLIÉ
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LES PERTURBATEURS ENDOCRINIENS
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et la population
Action
24
Protéger
l'environnement
et la population
Mieux prendre en compte le caractère PE dans la
construction des normes de qualités
environnementale (NQE) et des valeurs guides
environnementales (VGE) pour des substances
chimiques à enjeux pour les milieux aquatiques.
Lien avec l?action 34 du plan Micropolluants 2016-
2021 « Construire des valeurs de référence et des
méthodologies pour mieux juger de la qualité des
eaux de surface et souterraines en prenant en
compte les perturbateurs endocriniens et les
métabolites pertinents ».
Finalisée
Action
25
Protéger
l'environnement
et la population
Développer et promouvoir la surveillance de l?activité
perturbatrice endocrinienne dans les milieux et les
rejets à l?aide de méthodes biologiques intégratrices
(plutôt que le suivi substance par substance).
Lien avec l?action 25 du plan micropolluants 2016-
2021 « Évaluer les méthodes et les technologies
innovantes de surveillance et de diagnostic ».
Finalisée
Action
26
Protéger
l'environnement
et la population
5.Renforcer la
connaissance de
l?exposition aux PE via
l?alimentation et prendre
des mesures pour
prévenir et réduire cette
exposition
Analyser dans le cadre de la nouvelle étude de
l?alimentation totale (EAT3), la présence de
perturbateurs endocriniens afin d?évaluer les
expositions alimentaires de la population générale.
En cours
Action
27
Protéger
l'environnement
et la population
6.Comprendre l?impact
des PE sur la biodiversité
Étudier l?impact de l?imprégnation des eaux par les
PE sur l?intersexualité des poissons. Étendre la liste
des indicateurs de la qualité des eaux développés
dans le cadre de l?Observatoire national de la
biodiversité à des indicateurs de contamination du
milieu par des perturbateurs endocriniens.
Finalisée
Action
28
Protéger
l'environnement
et la population
Développer les connaissances sur les effets des PE
sur la faune sauvage
En cours
Action
29
Protéger
l'environnement
et la population
7.Préserver et restaurer
l?environnement
Renforcer le suivi du rejet des PE dans l?eau en
amont et en aval des STEU en s'appuyant sur les
structures existantes de suivi de l'environnement.
Finalisée
Action
30
Protéger
l'environnement
et la population
Sur la base des NQE révisées, adapter les valeurs
limites de rejet dans les eaux de surface.
A lancer
Action
31
Protéger
l'environnement
et la population
Identifier des mesures de gestion des sols adaptés En cours
Action
32
Protéger
l'environnement
et la population
8.Harmoniser la
réglementation
européenne qui s?applique
aux objets du quotidien
Définir rapidement et de façon cohérente les PE dans
toutes les législations européennes concernées afin
d?assurer un niveau de protection approprié pour tous
les modes et voies d?exposition. Porter la position de
la France au niveau européen pour oeuvrer pour une
définition horizontale des PE.
En cours
Action
33
Protéger
l'environnement
et la population
Vérifier le respect des exigences réglementaires
(restrictions, interdictions, retrait d?autorisation) pour
les substances inscrites pour leur propriété PE.
En cours
Action
34
Protéger
l'environnement
et la population
Contrôler les produits importés En cours
Action
35
Protéger
l'environnement
et la population
9.Guider l'action de
l'industrie pour substituer
et protéger
Mobiliser les entreprises dans une démarche
d?innovation technologique, organisationnelle et de
service autour de la substitution des PE.
En cours
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Action
36
Protéger
l'environnement
et la population
Promouvoir la substitution au sein des structures
d?animation de R&D et auprès des opérateurs.
Notamment, impliquer les pôles de compétitivité ou
les centres techniques concernés en les
encourageant à prendre en compte cette thématique
dans leurs actions.
En cours
Action
37
Protéger
l'environnement
et la population
Contribuer aux travaux de l?ECHA relatifs à la
substitution des substances PE.
Action
38
Protéger
l'environnement
et la population
En lien avec les actions 1.10 et 1.11 du PST3,
intégrer la problématique des perturbateurs
endocriniens dans les démarches de prévention du
secteur du nettoyage et élargir cette démarche à
d?autres secteurs d?activités (par exemple coiffure,
onglerie?).
Action
39
Protéger
l'environnement
et la population
Pour les PE identifiés : établir des valeurs limites
d'exposition professionnelle (VLEP) et/ou des
indicateurs biologiques d?exposition (IBE) dérivés des
effets PE si cela est pertinent (s'il s'agit des effets les
plus sensibles).
A lancer
Action
40
Protéger
l'environnement
et la population
Susciter des engagements volontaires des industriels
et des distributeurs pour supprimer ou substituer,
dans les produits de consommation courante, les
substances pouvant présenter des propriétés de
perturbation endocrinienne, informer les
consommateurs par la diffusion de messages de
prévention.
A lancer
Action
41
Améliorer les
connaissances
10.Accélérer la recherche
pour comprendre et
adapter au mieux notre
gestion des risques et la
réglementation
Mettre en place une plateforme d?accompagnement à
la validation de méthodes et tests permettant
l?identification des effets de perturbation
endocrinienne.
Finalisée
Action
42
Améliorer les
connaissances
Assurer une coordination pour soutenir la recherche
et l'innovation sur les contaminants
environnementaux, dont les perturbateurs
endocriniens, en appui à la mise en oeuvre des
politiques publiques dans le cadre plus large de la
thématique santé environnement.
Assurer la lisibilité pour l?ensemble des parties
prenantes des efforts de recherche et des avancées
sur les PE.
En cours
Action
43
Améliorer les
connaissances
11.Développer une
recherche appliquée en
santé pour mieux prévenir,
prendre en charge et
traiter les effets des
perturbateurs
endocriniens
Cartographier les recherches appliquées en santé en
cours et développer les projets concernant les effets
des perturbateurs endocriniens sur la santé, en
particulier pour les personnes vulnérables et les
travailleurs exposés, et des outils cliniques pour
caractériser le lien entre anomalies de santé et
perturbation endocrinienne.
En cours
Action
44
Améliorer les
connaissances
12.Élargir la surveillance,
en lien avec l?exposition
aux perturbateurs
endocriniens, à d?autres
pathologies humaines que
celles de la reproduction
et poursuivre la
surveillance des
expositions humaines
Élaborer des valeurs d?imprégnation critique (valeurs
sanitaires de référence).
En cours
Action
45
Améliorer les
connaissances
Poursuivre et renforcer la surveillance des indicateurs
sanitaires déjà développés en lien avec les
perturbateurs endocriniens.
En cours
Action
46
Améliorer les
connaissances
Élargir la surveillance à d?autres pathologies en lien
avec les perturbateurs endocriniens.
En cours
Action
47
Améliorer les
connaissances
13.Définir les nouvelles
perspectives du
programme national de
biosurveillance en se
plaçant dans le contexte
Développer un réseau national de laboratoires qui
analysera les données de biosurveillance.
En cours
Action
48
Améliorer les
connaissances
Créer une plateforme nationale de collecte,
d?harmonisation et de partage des données de
biosurveillance.
En cours
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Action
49
Améliorer les
connaissances
européen
Définir les nouvelles perspectives du programme
national de biosurveillance en se plaçant dans le
contexte européen.
En cours
Action
50
Améliorer les
connaissances
Identifier des biomarqueurs d?effets et les intégrer
dans les études de biosurveillance.
En cours
Note : Les cases vides n?ont pas été complétées par les pilotes de ces actions.
Source : DGS et DGPR
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Annexe 6. Recherche
Annexe 6.1. Agence nationale de la recherche (ANR)
Annexe 6.1.1 Recherche financée par le plan d?action de l?ANR
A partir de 2014, les thèmes de recherche en lien avec le PNSE ont été développés dans les
différentes éditions de l?appel à projet générique (AAPG) du plan d?action de l?ANR. Si les différents
thèmes sont globalement conservés d?une édition à l?autre, leur répartition et leur articulation ont
évolué dans les défis 1, 4 et 5, les axes ou les axes inter-défis.
Depuis l?AAPG 2018, la notion de défi a disparu ; la thématique « contaminants, écosystèmes et
santé » est alors à nouveau identifiée en tant qu?axe thématique. Malgré ces évolutions, la
communauté a continué à proposer des projets couvrant bien le champ des thématiques. Le
nombre des projets déposés dans le comité « Contaminants, écosystèmes et santé » s?est
maintenu à environ une centaine de dépôts par édition après le passage dans l?AAPG en 2014 et
le mode de sélection en deux étapes.
Au niveau des comités d?évaluation de l?AAPG, de 2014 à 2023, le comité d?évaluation scientifique
« contaminants, écosystèmes et santé » a évalué des projets où étaient fortement encouragées la
pluridisciplinarité ou l?interdisciplinarité, tous en lien avec des aspects de santé environnement
selon une approche « One Health ».
Annexe 6.1.2 Analyse de situation de l?ANR sur les projets sur les
perturbateurs endocriniens dans le cadre de la SNPE1
(2014-2018) et SNPE2 (2019-2022)
Les projets sur les perturbateurs endocriniens entrant dans le cadre des SNPE1 (2014-2018) et
SNPE2 (2019-2022) ont été financés via les différents instruments de financement de l?ANR : 21%
(SNPE1) et 18% (SNPE2) sont des projets « jeunes chercheurs jeunes chercheuses », 9%
(SNPE1) et 12% (SNPE2) sont des projets avec des consortiums internationaux (multilatéraux ou
bilatéraux) et 55% (SNPE1) et 49% (SNPE2) sont des projets portés par des consortiums natio-
naux. Les projets collaboratifs nationaux avec des partenaires non académiques (privés, associa-
tions, collectivités, etc.) représentent 6% (SNPE1 et SNPE2) des projets financés.
S?agissant des recherches sur les perturbateurs endocriniens pendant les périodes d?exécution de
la SNPE1 (2014-2018) et de la SNPE2 (2019-2022), l?ANR note une augmentation significative des
projets financés entre les deux périodes (n=33, 12,5 M¤ pour 2014-2018 vs n= 49, 24,5M¤ pour
2019-2022).
L?ANR note également l?influence de l?AAP Chlordécone 1 en 2022 dans ce calcul (6 projets finan-
cés, 4,5 M¤). Dans le cadre de la SNPE1 (2014-2018) ; 52% des projets financés étaient en toxi-
cologie humaine et 48% en écotoxicologie et pour la SNPE2 (2019-2022), 41% des projets financés
étaient en toxicologie humaine et 59% en écotoxicologie. En écotoxicologie, différents organismes
ont été utilisés comme les poissons (truite), les mollusques (huîtres, moules), les oiseaux, les in-
sectes (abeilles) et les amphibiens.
Certains de ces projets s?appuient sur des données issues des cohortes :
Cohorte PELAGIE (perturbateurs endocriniens : étude Longitudinale sur les anomalies de
la grossesse, l?infertilité et l?enfance) : étude de la croissance, de l'obésité, du
développement pubertaire et des troubles neurocomportementaux chez les enfants à 12
ans, en association avec les expositions précoces à des polluants.
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Cohorte ELFE (étude longitudinale française depuis l?enfance) : exposition et effets
Neurotoxiques des retardateurs de flamme.
Cohorte SEPAGES (suivi de l'exposition aux polluants atmosphériques durant la grossesse
et l'enfance et santé) :
? expositions prénatales aux phénols et santé de l?enfant : analyse longitudinale ;
? microbiote intestinal dans l?enfance et expositions environnementales maternelles ;
? expositions précoces aux perturbateurs endocriniens et neurodéveloppement de
l'enfant : le rôle de l'axe hypothalamo-hypophysaire ;
? exposition maternelle à un mélange de polluants organiques : marques
épigénétiques placentaires et évaluation des risques pour la santé de la
descendance.
Cohorte EDEn (étude de cohorte généraliste menée en France sur les déterminants pré-
et postnatals précoces du développement psychomoteur et de la santé de l?enfant) : co-
exposition intra-utérine et postnatale à un grand nombre de contaminants alimentaires et
la croissance et le développement de l'enfant,
Cohorte ComPaRe (communauté de patients pour la recherche) : exposition aux polluants
organiques persistants et sévérité de l'endométriose dans la cohorte ComPaRe-
Endométriose.
En comparant les projets financés durant la SNPE1 et la SNPE2, l?ANR a remarqué que les projets
sont déposés dans plus d?axes thématiques différents. Lors de la SNPE1, les projets étaient prin-
cipalement dans l?axe « toxicologie et écotoxicologie » alors que l?on voit apparaître plus fortement
les axes « Méthodologies, instrumentations, capteurs et solutions pour la transition écologique »
et « Alimentation et systèmes alimentaires » durant la SNPE2. Cela montre, selon l?ANR, que la
thématique des perturbateurs endocriniens a diffusé dans d?autres communautés de recherche.
L?ANR note que les recherches ont permis la mise au point d?une ligne directrice (test règlementaire)
OCDE, avec le test EASZY (test utilisant des embryons de poisson zèbre transgéniques). Ce test
informe des effets endocriniens des substances chez les vertébrés (activation du gène de l?aroma-
tase B par les perturbateurs endocriniens : le gène qui convertit les androgènes en oestrogènes
sous stimulation par des perturbateurs endocriniens oestrogéniques).
Annexe 6.1.3 L?ANR considère qu?il y a eu des avancées issues de la
recherche sur les PE
L?ANR estime qu?il y a une structuration de la communauté scientifique sur la thématique des per-
turbateurs endocriniens. La plupart des projets étaient pluridisciplinaires : endocrinologie, toxicolo-
gie, pharmacotoxicologie, écotoxicologie, écophysiologie, biologie, omique, chimie, santé publique,
épidémiologie, physiopathologie.
Des principales avancées scientifiques portent sur :
La caractérisation des effets sur différentes fonctions physiologiques :
? fonction de reproduction et les troubles occasionnés : problèmes de fertilité
masculine ou féminine, des impacts sur le développement intra-utérin, la
descendance, des effets transgénérationnel, l?épigénétique, l?endométriose ;
? système nerveux, neurodéveloppement, troubles neurocomportementaux,
neurotoxiques et psychiatriques ;
? impacts thyroïdiens, impacts métaboliques, la barrière intestinale, le microbiote, le
développement de cancer.
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L?étude des mécanismes d?action au niveau moléculaire et cellulaire : fixation des PE sur
les récepteurs nucléaires, des effets synergiques, le développement de méthodes in silico.
La recherche de biomarqueurs d?exposition et d?effets.
Les effets et modes d?action de différents types de composés. La majorité des travaux a
porté sur des micropolluants organiques, mais des effets PE ont également été montré
pour des métaux (Cd) et plus récemment de nanoparticules contenues dans les aliments
ou encore des additifs chimiques contenus dans les plastiques. L?ANR cite par exemple
les travaux sur : le Bisphénol A et ses produits de substitution, des composés
pharmaceutiques, des antalgiques, des phtalates, les perfluorés, les retardateurs de
flamme (PBDE), les pesticides (ex : Chlordécone), des métaux (ex : Cadmium), des additifs
alimentaires, des additifs contenus dans les plastiques.
Les méthodes et techniques de détection en vue de l?évaluation de l?exposome humain ou
environnemental : spectrométrie de masse haute résolution, techniques analytiques
ciblées et non ciblées, quantification de polluants fluorés par RMN du fluor, imagerie
chimique haute résolution, ou encore mise au point de biosensor ou de détecteurs.
Les techniques de traitement/remédiation des eaux ou des déchets, agricoles notamment
(contenant des mixtures de contaminants dont des composés de type perturbateurs
endocriniens).
Annexe 6.2. Le plan national de recherche Environnement Santé
Travail (PNR EST)
Depuis la création du PNR EST en 2006, plus de 120 projets relatifs à la thématique des
perturbateurs endocriniens ont été financés via les appels à projets de recherche. Les
financements confiés à l?Anses à partir de 2018 par le ministère chargé de l?environnement se sont
traduits par une forte augmentation du nombre de soumissions de projets et du nombre de projets
financés. Alors que 4 à 7 projets étaient retenus chaque année, à partir de 2018 de 8 à 15 projets
sont financés. Deux tiers des projets ont pour cible principale d?application les populations
humaines et un tiers portent sur l?environnement au sens large (écosystèmes, sols, animaux,
plantes).
De nombreux perturbateurs endocriniens sont étudiés seuls ou en cocktail sur l?ensemble des
projets visés sur la période ; les cibles d?étude sont principalement les populations humaines, les
vertébrés et les arthropodes ; les effets étudiés sont multiples, aussi bien au niveau des axes
endocrines humains, que des effets sur les organismes des écosystèmes ; l?ensemble des voies
d?exposition sont étudiées, avec une majorité des projets qui portent sur la voie alimentaire,
l?exposition périnatale, et les eaux dans l?environnement en tant que milieux de vie.
Tout ceci montre que l?ensemble de ces projets concourt à mettre en oeuvre une approche globale
de l?ensemble des expositions avec un équilibre intéressant entre les études de santé humaine, et
les études des écosystèmes, certains projets portant sur les deux approches à la fois, qui est à
replacer dans une perspective une seule santé.
Annexe 6.2.1 Bilan financier des projets relatifs aux perturbateurs
endocriniens entre 2019 et 2023
Tableau 12 : PNR EST, financement depuis 2019
PNR-EST 2019 2020 2021 2022 2023 Total
Budget 1 920 524 2 179 926 1 199 633 1 389 621 2 185 332 8 875 036
Nombre de projets 12 11 6 7 14 50
Source : Anses
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59 projets relatifs aux PE sont dénombrés entre 2019 et 2023, soit une douzaine de projets en
moyenne chaque année. 10,4 M¤ ont été attribués à 59 projets, variant entre 1,2 M¤ en 2021 et
2,2 M¤ en 2020 et 2023. Sur la période 2019-2023, ont été financés : 8 études de faisabilité,
chacune recevant en moyenne 50 000¤, et 51 projets de recherche, chacun recevant en moyenne
195 000¤.
Graphique 2 : Montant total des subventions accordées par année pour les
projets relatifs aux perturbateurs endocriniens
Source : Anses
Annexe 6.2.2 Bilan des équipes impliquées dans les projets
Entre 2019 et 2023, la majorité des projets était portée par deux à trois équipes.
Au total, 146 partenaires différents sont associés sur les 59 projets, dont 13 sont associés sur 2 ou
3 projets différents, soit en porteurs principaux soit en partenaires associés.
Tous les porteurs principaux des projets sont issus d?équipes françaises. Mais 8 projets associent
d?autres équipes européennes (Belgique, Allemagne, Espagne, Portugal), et 4 projets associent
des équipes canadiennes. Au total près de 20% des projets présentent une dimension
internationale.
Annexe 6.2.3 Méthodologies générales mises en oeuvre dans les projets
La grande majorité des projets sont des études toxicologiques. Un quart des projets contiennent
des études épidémiologiques, dont 12 projets sur des cohortes déjà constituées ou qui réalisent
un recrutement. Deux projets sont basés sur la modélisation (sur la structure chimiques153, ou sur
la répartition des contaminants). Trois projets cartographient l?environnement.
Les études toxicologiques sont de toutes natures : au niveau de l?organisme dans son ensemble
(effets reproductifs, développementaux, comportementaux, ?), au niveau cellulaire (modèles cel-
lulaires variés : hépatocytes, cellules tumorigènes, cellules cutanées, ?), au niveau moléculaire
(chimique, ADN, ARN, protéines, ?), ou encore approche par modélisation (par analogie structu-
rale comme le QSAR quantitative structure-activity relationship).
153 Criblage virtuel des modalités de perturbation du système endocrinien
0
500000
1000000
1500000
2000000
2500000
2019 2020 2021 2022 2023
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Annexe 6.2.4 Les types de perturbateurs endocriniens étudiés
Les plastiques dans leur ensemble constituent l?objet d?étude de 30% des projets : constituants des
plastiques comme les bisphénols, ou plastifiants comme les phtalates, ou encore les nano/micro
plastiques. Suivant l?ensemble des produits phytosanitaires (pesticides, insecticides comme les
néonicotinoïdes, fongicides) qui représentent 20% des projets.
De nombreuses autres substances sont étudiées : benzène, hydrocarbures aromatiques polycy-
cliques (HAP), perfluorés, parabènes, organochlorés (telle la chlordécone), organophosphorés.
Un projet sur huit s?intéresse aux effets cumulés des expositions à plusieurs PE, en effet « cock-
tail ».
Les résidus de médicaments154 (anti-inflammatoires non stéroïdiens et hormones de synthèse)
peuvent être étudiés en tant que tels.
Certains paramètres physiques sont aussi étudiés pour les PE engendrés : la lumière sur les cycles
circadiens, ou un ensemble de paramètres définissant les conditions de vie aquatique (température,
acidification, oxygénation?), ou encore l?approche nanoparticulaire (particules de la pollution at-
mosphérique, ou des plastiques).
Annexe 6.2.5 Les principaux effets étudiés des PE
Les principaux effets étudies des PE sont les perturbations de :
L?axe métabolique au sens large pour un quart des projets : hormones thyroïdiennes,
obésité, diabète, stress.
L?axe reproducteur pour un quart des projets : hormones stéroïdiennes (principalement
oestrogènes), axe hypothalamo-hypophysaire.
Le système nerveux, et en particulier son développement pour un quart des projets, parmi
lesquels on note des projets sur: la mort-subite des nourrissons, l?autisme, la neuro-
inflammation, la maladie de Parkinson, la dépression, les modifications comportementales
au sens large, la modification de l?olfaction chez les insectes, les rythmes circadiens.
Diverses pathologies : pathologies respiratoires (asthme), arthrite rhumatoïde, cancers.
Les stades de développement chez les arthropodes (ecdysone et stades larvaires) pour
quatre projets.
Annexe 6.3. L?investissement de la France dans les projets
européens
Annexe 6.3.1 Le partenariat européen pour l'évaluation des risques liés
aux substances chimiques PARC (partnership for the
assessment of risks from chemicals)
Ce partenariat de 7 ans s?inscrit dans Horizon Europe 2021-2027 et plusieurs projets sur les PE
(dont une partie prévue par la SNPE2) y sont menés notamment sur les bisphénols, les PFAS, la
surveillance environnementale ou encore certains pesticides ;
154 Impact des résidus d?anti-inflammatoires non stéroïdiens et d?hormones dans les eaux destinées à la consommation humaine
sur la fonction de reproduction et la fertilité
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PARC, lancé en mai 2022, n?est pas un projet porté par la SNPE2, bien que certaines actions de
la stratégie nationale aient été mises en oeuvre dans le cadre de PARC (surveillance de l?environ-
nement, modèles pharmacocinétique physiologique PBPK, réseau de laboratoires de biosurveil-
lance?). Par ailleurs la SNPE2 a manifestement permis aux acteurs français de travailler en-
semble, ce qui a facilité la préparation de PARC.
PARC a pour objectif de soutenir la stratégie de l?UE pour la durabilité dans le domaine des produits
chimiques ouvrant la voie à l'ambition « zéro pollution » annoncée dans le Pacte vert pour l?Europe
(European Green Deal). PARC a pris la suite des travaux du programme conjoint européen sur la
biosurveillance humaine Human Biomonitoring for Europe HBM4EU, terminé en 2022, et élargit
son champ d?intérêt en particulier à l?évaluation des risques pour l?environnement. De plus PARC
assure le relais du programme EURION qui va s?achever ou se sont achevés (financés au titre de
H2020).
Dans le cadre d?Horizon Europe (le programme-cadre de l?UE pour le financement de la recherche
et de l?innovation 2021-2027), le partenariat regroupe 200 partenaires de 28 pays de l?échelon eu-
ropéen, agences nationales et organismes de recherche dans l?environnement ou la santé publique,
Agence européenne des produits chimiques (ECHA), Autorité européenne de sécurité des aliments
(EFSA), Agence européenne pour l?environnement (EEA).
La France y est présente avec 15 membres155 : Anses, Santé Publique France, BRGM, CEA,
CNRS, CSTB, EHESP, Ineris, INRAE, INRS, Inserm, IRSN, LNE, OFB, Oniris. Le partenariat est
coordonné par l?Anses, qui assure la coordination scientifique et administrative de l?ensemble du
partenariat, participe également aux activités transversales et à la production scientifique. Santé
Publique France est en charge des programmes de travail sur la biosurveillance et de la coordina-
tion du Hub français.
Le budget est de 400 M¤, financé à 50 % par l?Union européenne et 50 % par les États membres.
Les équipes françaises ont capté 16,3% du budget pour un montant de 9 740 325 M¤ (à début
2024).
La gouvernance de PARC est assurée par cinq Directions générales de la commission européenne
(DG-RTD, DG-GROW, DG-ENV, DG-Santé, CCR) ainsi que par les ministères compétents des
pays concernés. Le secteur privé n?est pas présent dans la gouvernance de PARC, mais les indus-
triels sont cependant présents dans les projets de recherche.
Les trois principaux objectifs de PARC sont de :
Développer les compétences scientifiques, en matière de sécurité des substances
chimiques, pour identifier et prioriser les besoins.
Fournir de nouvelles données, de nouvelles méthodes et des outils innovants aux
évaluateurs et gestionnaires des risques liés à l?exposition aux substances chimiques.
Renforcer durablement les réseaux interdisciplinaires, réunissant les acteurs
spécialisés dans les différents domaines scientifiques contribuant à l?évaluation des
risques.
Fin 2023, après 18 mois de mise en place, il est difficile de faire un bilan, mais il y a néanmoins
quelques acquis : visibilité du sujet de l?évaluation des produits chimiques, dialogue entre diffé-
rentes communautés? Selon le coordonnateur du partenariat, d?ici juin 2025, il serait bien que
155 BRGM Bureau de Recherches Géologiques et Minières, LNE Laboratoire national de métrologie et d?essais, CSTB Centre
scientifique et technique du bâtiment, Oniris VetAgroBio Campus vétérinaire
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PARC puisse notamment lancer un programme de bio monitoring, une position commune sur les
PFAS et un cadre pour les alternatives aux tests animaux.
Les premières étapes156 de la mise en place de PARC avaient pour objet de :
Poursuivre les travaux en matière de biosurveillance des substances chimiques chez l?être
humain avec l?initiation d?études européennes en population générale et en situations de
travail, et réalisation d?un état de l?art en matière de surveillance des substances
chimiques157.
Générer des données pour répondre aux besoins réglementaires et au développement de
nouvelles approches méthodologiques pour évaluer des effets chez l?être humain ou sur
les organismes cibles de l?environnement.
Développer des modèles informatiques et des méthodes d?analyse des données
permettant une analyse des effets de mélanges et d?expositions combinées.
Contribuer à rendre les données et les modèles accessibles et réutilisables à des fins de
recherche et d?évaluation de risque (selon les principes dits « fair ? facile à trouver ?
accessible - interopérable - réutilisable »), dans le cadre d?une démarche « science
ouverte ».
Développer de nouveaux concepts et outils nécessaires à la mise en oeuvre de la stratégie
européenne dans le domaine des produits chimiques : la synthèse chimique de nouvelles
molécules ou matériaux sans risques pour la santé et l?environnement, la capacité de
détecter les substances dangereuses pour la santé ou l?environnement ou à la mise à
disposition d?outils de modélisation.
S?agissant des PE, en date de fin 2023, plusieurs projets ont été financés dans le cadre de PARC :
13 projets financés sur les PE, pour 53 M¤, dont un projet de bio-monitoring et de surveillance
incluant les PE (5,5 ¤), deux projets de surveillance environnementale (8 M¤), huit projets sur la
caractérisation du danger, et deux projets sur l'évaluation des risques.
EHEN European Human Exposome network (106 M¤), Joint Research Center (JRC). En 2019,
9 projets, pour 106 M¤ d?aides UE, renforcé par d?autres projets en 2020 (126 groupes de re-
cherche, 24 pays, les acteurs français sont présents dans 6 des 9 projets, dont une coordination
par l?Inserm).
EIRENE Europ/Exposome Infrastructure : la participation au portage de cette infrastructure eu-
ropéenne sur l?Exposome, doublée de France Exposome (grande infrastructure de recherche).
EURION (50M¤) JRC Cluster est lancé le 1er janvier 2019 afin d?optimiser les synergies entre les
projets sélectionnés pour un financement dans le cadre de l?appel SC1-BHC-27-2018 « Nouvelles
méthodes de test et de criblage pour identifier les perturbateurs endocriniens ». Le cluster est com-
posé de huit projets de recherche financés par Horizon 2020 (50 M¤ sur 5 ans). Chaque projet se
concentre sur un aspect différent des nouvelles méthodes d?essai et de dépistage permettant
d?identifier les PE. L?animation scientifique y est très forte, avec l?existence de groupes miroirs en
France.
156 Source Anses
157 Mettre en place de nouveaux dispositifs ou élargir le champ des substances surveillées dans les dispositifs existants et innover
sur les méthodes analytiques mises en oeuvre
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Annexe 6.3.2 Les méthodes de test
La validation des méthodes de test
L?évaluation du caractère perturbateur endocrinien des substances chimiques repose sur des mé-
thodes analytiques mises à la disposition des acteurs économiques, des laboratoires et des auto-
rités de régulation. Elles sont principalement utilisées pour les essais réglementaires de sécurité,
la notification et l'enregistrement des produits chimiques. Ces méthodes font l?objet d?un travail de
normalisation, notamment au niveau de l?OCDE.
L?OCDE a publié en 2012 un « document d?orientation révisé 150 sur les lignes directrices d?essai
normalisées pour l?évaluation des produits chimiques de perturbation endocrinienne » ; document
mis à jour en 2018. Ce document fournit des principes généraux (critères qualité à respecter, con-
seils pour l?interprétation des résultats?), que les méthodes doivent respecter pour être validées
par l?OCDE.
A ce jour, une cinquantaine de méthodes ont été validées s?agissant de la perturbation endocri-
nienne. Les dossiers de normalisation sont portés par les Etats membres de l?OCDE. La France
joue un rôle moteur en la matière.
Les méthodes sont réparties sur 5 niveaux (depuis la simple analyse de données jusqu?aux tests
in vivo sur plusieurs générations en passant par les tests in vitro) et vise 5 modalités de perturbation
endocrinienne : perturbation endocrinienne médiée par les oestrogènes, les androgènes et la thy-
roïde, ainsi que les substances qui interfèrent avec la stéroïdogenèse.
Source : OCDE
A ce jour, on dispose de nombreuses méthodes d?analyse pour les voies d?actions relatives aux
androgènes, aux oestrogènes et aux stéroïdes. Pour la voie thyroïdienne, les méthodes normali-
sées sont moins nombreuses même si plusieurs sont en cours de validation.
Pour les autres voies de perturbation endocrinienne qui ne sont pas liées aux récepteurs endocri-
niens (transport des hormones, métabolisme?), les tests sont encore peu nombreux. La voie mé-
tabolique est particulièrement importante et complexe (par exemple pour les hormones sécrétées
par le pancréas?) et de nouvelles méthodes d?analyse sont attendues dans ce domaine.
L?impact sur le neurodéveloppement constitue un autre enjeu important. Des méthodes sont en
cours de validation sur ce sujet.
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Enfin, l?OCDE s?intéresse aux nouvelles méthodologies d'approche (NAM), comprenant des essais
in vitro (omics, cellulaires, tissulaires, etc.), des modèles in silico et d'autres approches computa-
tionnelles. L?enjeu est de fournir des informations sur les dangers et les risques chimiques pour
les humains tout en limitant l'utilisation des animaux158.
La plateforme PEPPER
Historique, moyens et gouvernance
PEPPER (plateforme public-privé sur la pré-validation des méthodes d?essai sur les perturbateurs
endocriniens) est une association de loi 1901 créée en décembre 2019 dont le but est de soutenir
la « pré-validation » de méthodes d?essai (en toxicologie et écotoxicologie) nécessaires pour
caractériser des propriétés de perturbation endocrinienne.
S?appuyant sur des tests réalisés dans différents laboratoires, la pré-validation est un processus
amont qui facilite la validation de méthodes par les instances internationales, en particulier l?OCDE.
Le projet PEPPER était déjà inscrit dans la première version de la SNPE. De 2014 et 2016, des
négociations ont été menées entre les différents acteurs, à la fois entre ministères et avec les
industriels (via les fédérations telles que la FEBEA et France chimie). A sa création, la plateforme
a bénéficié des financements du « programme des investissements d?avenir » et de contributions
de la part des industriels, selon un modèle de partenariat public/privé.
PEPPER est doté d?une équipe de 5 personnes et d?un budget annuel d?environ 2 M¤, en
croissance limitée mais constante.
2019 2020 2021 2022 2023 TOTAL
M¤ 1.7 1.8 2.5 2.8 9
ETP 0 3 4 5 5 22
Source : PEPPER
Environ les deux tiers du budget de l?association (jusqu?à 2 M¤ /an) sont consacrés au financement
des essais en laboratoires et les prestations associées (fournitures d?échantillons, analyses
statistiques?). Le coût de pré-validation d?un test peut en effet être élevé (jusqu?à 1.1 M¤).
PEPPER compte actuellement 18 membres, contre 10 en 2019. On y trouve des ministères
(Ecologie, Agriculture et Travail), des opérateurs (Ineris), des syndicats professionnels (FEBEA,
France Chimie, ANIA?), des industriels (BAYER, BASF, LVMH?), des laboratoires
(Eurofins?), ?
La gouvernance est originale, avec un « comité d?opportunité » qui s?ajoute au conseil scientifique
et au conseil d?administration. Le comité d?opportunité, composé d?une quarantaine de membres,
se prononce notamment sur le choix des méthodes à pré-valider. Il permet d?associer à ces choix
les différentes parties prenantes : agences internationales (OCDE, ECHA?), agences et
universités de pays membres de l?UE (Pays-Bas, Allemagne, Belgique, Suède), des industriels,
des associations de défense de l?environnement, des animaux et des consommateurs, des
syndicats de salariés, des organismes de recherche, des ministères...
Les résultats
Fin 2023, 11 méthodes étaient en cours de pré-validation par PEPPER, dont 6 étaient inscrites au
programme de validation de l?OCDE. La première méthode validée par l?OCDE devrait donc
intervenir en 2024.
158 No. 377 Initial Recommendations on Evaluation of Data from the Developmental Neurotoxicity (DNT) In-Vitro Testing Battery.
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Pour pré-valider une méthode, il faut compter en moyenne 3 ans, ce qui est plus long que ce qui
avait été prévu par les concepteurs de PEPPER. Pour la validation par l?OCDE, il faut compter de
1 à 2 ans, soit au total de 4 à 5 ans pour obtenir la validation d?une méthode. Si on y ajoute les
travaux de recherche préalables, l?ensemble du processus peut prendre une dizaine d?année, voire
plus.
La cible fixée par la SNPE2 était une pré-validation de 3 méthodes par an, au minimum. Si on tient
compte du flux entrant, l?objectif est donc presque atteint. A compter de 2024, on peut espérer que
2 à 3 méthodes soient, chaque année, soumises à l?OCDE.
Perspectives
Avant d?engager le processus de pré-validation, PEPPER a pour mission d?identifier les méthodes
de tests les plus pertinentes. Les principales priorités, telles que présentées lors du Comité d?orien-
tation d?octobre 2023, concernent les modes d?action suivants :
En santé humaine : thyroïde/neurodéveloppement ; reproduction féminine ; dysfonction
métabolique (obésité, diabète) ; rétinoïdes ; cancers hormonaux ; tests sur cycle de vie
complet ; métabolisme in vitro/ extrapolation in vitro-in vivo.
Pour l?environnement : reproduction, croissance et développement, tests sur les oiseaux et
les amphibiens.
Cette priorisation est issue d?un travail réalisé en 2017 par la Commission européenne (Joint
Research Center).
Parmi les perspectives identifiées par PEPPER, figure également l?accompagnement des mé-
thodes inscrites au programme de validation de l?OCDE. En effet, lors de la conception de PEPPER,
son rôle se limitait à la phase amont de cette validation : sélection des méthodes, organisation des
tests et évaluation de leur succès. PEPPER considère qu?il doit aller au-delà et porter la méthode
auprès des instances de l?OCDE y inclus, en cas de succès, la rédaction d?une ligne directrice
d?essai.
Un autre enjeu consiste à accroître la visibilité européenne et internationale de PEPPER, via la
publication d?articles scientifiques, la participation à des réunions d?instances de programmes de
recherches européens et des séminaires internationaux.
Mais le principal frein au développement de PEPPER concerne avant tout son budget qui n?est pas
garanti à court terme (visibilité réduite à 1 à 2 ans actuellement). Des soutiens financiers sont
recherchés à la fois privés et publics, aux niveaux français et européen pour pérenniser l?activité.
Le ministère de l?environnement des Pays-Bas a ainsi apporté une subvention de 100 k¤ à PEP-
PER et l?agence fédérale de l?Environnement en Allemagne (UBA) ainsi que le ministère chargé de
l?environnement belge ont manifesté leur intérêt.
Poursuivre l?européanisation de PEPPER suppose de convaincre les autorités mais aussi les in-
dustriels des autres pays européens. Un soutien financier de la commission européenne n?est pas,
à ce jour, envisagé comme la mission a pu le constater lors de son déplacement à Bruxelles.
Il n?y a pas d?équivalent de PEPPER au niveau international et il semble plus judicieux de fédérer
autour de la plateforme que d?en générer d?autres.
Enfin, parmi les freins au développement de tests normalisés, on peut citer le manque de méthodes
candidates à la pré-validation, en particulier en France. Concevoir des tests est en effet coûteux et
n?est pas particulièrement valorisé sur le plan scientifique.
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Annexe 6.4. France Cohortes
L?unité mixte de services France Cohortes159, financée par le PIA, a pour but de mutualiser les
moyens techniques et humains au service des cohortes nationales et d?aider la création de nou-
veaux projets de cohortes. La migration des premières cohortes nationales vers le SI de France
Cohortes a débuté.
Onze cohortes ont été refinancées en 2019 par le PIA dont 3 cohortes généralistes. Un renforce-
ment du soutien pour ces grandes cohortes a été inscrit dans le plan Santé Innovation 2030, avec
une double mesure de soutien aux cohortes populationnelles existantes d?une part (20 M¤) et de
création de nouvelles cohortes d?autre part, après état des lieux de l?existant (100 M¤).
France Cohortes n?accompagne pas, au moment de la rédaction du rapport, de cohorte orientée
spécifiquement sur les perturbateurs endocriniens.
Les enjeux liés aux données massives de santé
Le rapport de l?IGAS et de l?IGESR de 2020160 indique que « La relance qui vient d?être récemment
opérée, au travers du projet France Cohortes porté par l?Inserm et centré sur la mutualisation et
l?accompagnement des cohortes, est une initiative intéressante mais qui comporte encore nombre
d?imprécisions ».
Les imprécisions ayant été en grande partie levées, l'infrastructure nationale France Co-
hortes (UMS 47), financée par le programme d?investissements d?avenir, et créée en février 2021,
traite des questions concernant la stratégie de développement du réseau, l?allocation des res-
sources, la gouvernance des données, l?ouverture du réseau, la déontologie et les principes de
valorisation.
France Cohortes accompagne les cohortes tout au long du cycle de vie de leurs projets, du recueil
des données à leur exploitation et leur mise à disposition :
- des fonctions support pour le recueil des données, le nettoyage et l'analyse des don-
nées (outils juridiques, informatiques, formation, communication et valorisation) ;
- un hébergement performant et sécurisé (RGPD, SNDS) ;
- un soutien réglementaire depuis la conception jusqu?à la fin du suivi de la cohorte (avec un
appui au développement des plans de partage des données, notamment à l?international ;
- un support à la création de données faciles à trouver, accessibles, interopérables et réuti-
lisables (FAIR), en lien avec l?open data.
Selon la direction de l?infrastructure nationale161, les avancées concernent le catalogue commun,
la lisibilité des procédures, l?outil de dépôt des demandes et la traçabilité de celles-ci, les solutions
de mise à disposition sécurisée et d?accompagnement réglementaire.
En revanche, le recrutement d?experts, le choix des standards de données et de métadonnées
dans un domaine très multidimensionnel, mais aussi le peu d?outillage de valorisation adapté sont
des points de difficulté.
159 Cette UMS a pour but de mutualiser les moyens techniques et humains au service des cohortes nationales et d?aider la création
de nouveaux projets de cohortes
160 Les cohortes pour les études et la recherche en santé, IGAS-IGESR, 2020
161 Interview de la direction sur le site de France Cohortes
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Figure 1 : Cohortes hébergées en 2023 et tutelles
Source : France Cohortes
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Annexe 7. Evaluation des substances
Annexe 7.1. Evaluations de substances par l?Anses pour la période
2019 ? 2023
Le tableau ci-dessous regroupe le détail des substances évaluées par l?Anses au regard des
prévisions formulées dans le cadre de la SNPE2 pour la période 2019-2023. Initialement, dans son
plan d?action, la SNPE2 fixait les objectifs quantitatifs annuels d?évaluations suivants :
? entre 2019 et 2020 : 6 substances par an dont 3 au titre de REACH et 3 substances actives
biocides ou phytopharmaceutiques ;
? à partir de 2021 : 9 substances par an dont 6 au titre de REACH et 3 substances actives
biocides ou phytopharmaceutiques.
Le nombre d?évaluations total attendu pour la période 2019-2023 était donc de 39 substances
évaluées dont 15 substances actives biocides ou produits phytopharmaceutiques.
Tableau 13 : Liste des substances évaluées dans le cadre de la SNPE2 par
l?Anses (données de mi-décembre 2023)
Types de
substances
Résultats de
l?évaluation
Substances évaluées par
l?Anses durant la période
2019-2023
Nombre de
substances
évaluées
attendues
(Objectifs de la
SNPE2)
Substances déjà étudiées dans le
cadre de la SNPE1 et réévaluées lors
de la SNPE2*
11
Evaluations réalisées et terminées au titre de la SNPE2
Substances
évaluées au
titre de
REACH
Substances identifiées
PE (SVHC-57f dans le
cadre du règlement
REACH)
5
Resorcinol, BPB, BPS, BPAF,
BPF
24 évaluations
substances au
titre de REACH
attendues
Substance perturbant
le système endocrinien
de manière avérée ou
présumée en attente de
formalisation
règlementaire
2
Lithium, Tetraphenyl m-
phenylene bis (phosphate)
Substances perturbant
le système endocrinien
de manière suspectée
en attente de
formalisation
règlementaire
1
MTBE
Substances ne 2
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perturbant pas le
système endocrinien Disulfure de Carbone,
Melamine
Substances actives (SA) de produits
phytopharmaceutiques évalués pour
leur caractère PE
5
Acide peroctooctanoïque,
Pydiflumétofène, DMDS,
Triflusulfuron?methyl,
Isoflucypram
15 évaluations
Substances
actives biocides
ou produits
phytopharmaceuti
ques attendues
Substances actives (SA) biocides
évalués pour leur caractère PE
3
CO2, glyoxal, (Z)-13-
hexadecen-11-yn-1-yl acetate
TOTAL 18 39
Evaluations en cours au titre de la SNPE2
Substances REACH nécessitant des
données supplémentaires pour pouvoir
évaluer les critères d?identification
9
BHT, BHA, Isophorone,
Méthylparabene, Galaxolode,
Octocrilene, OTNE ;
Bis(dibutyldithiocarbamato-
S,S')copper, TnPP
SA Produits phytopharmaceutiques
nécessitant des données
supplémentaires pour pouvoir évaluer
les critères d?identification
3
Cyprodinil et Fludioxonil fosétyl
SA Biocides nécessitant des données
supplémentaires pour pouvoir évaluer
les critères d?identification
9
Cuivre, Indoxacarbe, C(M)IT,
Alpha-bromadiolone, Géraniol,
DEET et OIT
Chlore actif (généré par
électrolyse), Monochloramine
Substances en cours de conclusion 4
Fluorure de Sodium, TiO2,
TPhP, Triclocarban
TOTAL (évaluations achevées ou en
cours)
43
* Des substances passées sont remises au programme de travail quand les études
supplémentaires sont fournies par les industriels ; ceci n?est d?ailleurs pas spécifique des
évaluations au titre du caractère PE, mais ces études peuvent impacter les conclusions sur le
caractère PE de la substance.
Source : Document de travail de l?Anses, retraitement IGAS/IGEDD
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Annexe 7.1.1 Focus sur l?état d?avancement des évaluations des
substances au titre des règlements REACH et CLP (données
de mi-décembre 2023)
Ce tableau détaille l?état d?avancement des substances évaluées pour une formalisation
règlementaire au titre des règlements REACH et CLP.
Tableau 14 : Etat d?avancement des évaluations des substances au titre des
règlements REACH et CLP (données de mi-décembre 2023)
Substance
Entrée au
programme de
travail- Sortie du
programme de
travail
Statut
Priorité telle que
définie dans
l?annexe 5 de
l?avis 2019-SA-
079
Disulfure de
Carbone
2013 ? 2023
Catégorisation finalisée : non PE.
RMOA finalisé, CP effectuée/
Finalisation de l?avis en cours
II
MTBE 2014 - 2023
RMOA finalisé, CP effectuée, avis
publié : Dossier Classification comme
substance Persistante, Mobile et
Toxique (PMT) à préparer
II
Fluorure de sodium 2021 - 2023
Finalisation en cours de l?évaluation
(Classification PE de la substance)
Objectif : fin 2023
Liste prioritaire
Lithium 2020 - 2023
Evaluation PE Finalisée mais non
encore publiée
(Évaluation PE intégrée à l?ensemble
du RMOA sur les critères
écotoxicologiques..)
Absent
Melamine 2021 - 2023
RMOA finalisé CP effectuée
Publication imminente de l?avis
Liste prioritaire
Titanium dioxide 2021
Update à venir du dossier par les
industriels (annoncé en décembre
2023) Attente en conséquence de la
publication du RMOA - Réunion avec la
DGT pour statuer sur ce point
II
BHT 2016
Echanges en cours avec les industriels
qui ne sont pas d?accord avec les
nouveaux tests demandés et
cependant nécessaires pour conclure
(recours probable en chambre des
recours au niveau européen après
échange avec les homologues
européens)
III
BHA 2015
Evaluation reprise pour identification
PE en cours.
I
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Avis en cours de finalisation ? RMOA en
cours ? (incertitude sur la classification
SVHC PE / sinon la classification CLP /
cat 2 sera proposée)
3,5,5-
trimethylcyclohex-
2-enone appelée
Isophorone
2013
Analyse des nouvelles données à
effectuer.
Absent
Bisphenol S 1er S-23 Identification SVHC PE effectuée I
Methylparabène 2014
Follow-up SEv+CCH: études reçues.
Evaluation PE en cours.
I
tris(4-nonylphenyl,
branched)
phosphite dit TnPP
2013
Devrait être identifié SVHC PE d?ici août
2025
Abs
Galaxolide
RMOA 2018, mis à
l?évaluation 2022
Demande en cours de tests
environnementaux supplémentaires ?
Pas assez de données pour conclure,
Classification PE-Human Health (santé
humaine) & Reprotoxicité à prévoir
III
Triphenyl phosphate
dit TPP (ouTPhP)
(récupérée post
Brexit)
2017
Dépôt dossier SVHC PE-ENV en février
2024
I
Octocrilene 2012
LAGDA en cours (test sur amphibien) +
Dossier de restriction en cours
Abs
OTNE 2017 Demande de test complémentaires ?
Pas assez de données pour conclure
Abs
BPF
BPAF
2022 Identification PE effectuée Abs
Butanoic acid, 4-
amino-4-oxosulfo-,
N-coco alkyl derivs.,
monosodium salts,
compds. with
triethanolamine
2023 Demande d?étude complémentaire Abs
tert-
butylphenyldiphenyl
phosphate
2023 Identification SVHC Abs
Abréviations : RMOA : Analyse de la meilleure option de gestion des risques / CP : Consultation
publique / SEv : substance evaluation / CCH : Compliance Check / LAGDA : Essai de croissance
et de développement de larves d?amphibiens (Lignes directrices de l?OCDE pour les essais de
produits chimiques, Section 2 Essai n°241)
Source : Document de travail de l?Anses
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Annexe 7.1.2 Focus sur l?état d?avancement des évaluations des
substances au titre des règlements phytopharmaceutiques
et biocides (données de mi-décembre 2023)
Sont détaillés ci-dessous, l?état d?avancement des évaluations des substances actives (SA)
biocides et produits phytopharmaceutiques menées en 2023 et le détail des substances en cours
d?instruction à ce jour.
Evaluations PE menées en 2023 :
? C(M)IT (nouvelle SA biocide) : les données ont été reçues mi-2023. L?évaluation
PE réalisée en 2023 a été transmise à l?ECHA pour évaluation par les pairs (peer-
review).
? Alpha-bromadiolone (nouvelle SA biocide) : les données ont été reçues mi-2023.
L?évaluation PE est en cours, et sera transmise à l?ECHA début 2024.
? Fludioxonil (SA phytopharmaceutique) : après un arrêt d?horloge 162 pour la
fourniture de données, l?évaluation PE a été transmise à l?EFSA en 2023 qui devrait
finaliser l?évaluation fin 2023/début 2024.
? Cyprodinil (SA phytopharmaceutique) : après un arrêt d?horloge pour la fourniture
de données, l?évaluation PE a été transmise à l?EFSA en 2023 qui devrait finaliser
l?évaluation fin 2023/début 2024.
? Fosétyl (SA phytopharmaceutique) : après un arrêt d?horloge PE pour fourniture de
données jusqu?à fin 2022, l?évaluation PE devrait être finalisée fin 2023/début 2024.
? Indoxacarbe (renouvellement SA biocide) : les données ont été reçues mi-2023.
L?évaluation PE est en cours, et sera transmise à l?ECHA en 2024 sous réserve que
les autres sections soient également finalisées.
Substance actives phytopharmaceutiques en cours d?instruction en 2024 :
? Pirimiphos méthyl (Brexit) ;
? Prohexadione ;
? Tébufenpyrade ;
? Tétraconazole ;
? Ester méthylique de l'acide 2,5-dichlorobenzoïque ;
? Indaziflam.
Substances actives biocides en cours d?instruction 2024/2025 :
? Cuivre : les données ont été reçues mi-2022. L?évaluation PE a été non concluante
et de nouvelles données sont demandées, attendues pour fin 2024 au plus tard.
? Géraniol : de nouvelles études ont été reçues début 2022. L?évaluation PE a été
non concluante et de nouvelles données sont demandées, attendues pour mi-2024.
? DEET : dans le cadre du renouvellement de la SA, le dossier a été mis en arrêt
d?horloge pour demande de données complémentaires mi-2024.
? OIT : après un arrêt d?horloge pour fourniture de données fin 2023, l?évaluation PE
est prévue pour 2024.
A noter que la France est également autorité compétente évaluatrice (eCA) pour des dossiers de
substances actives biocides à base de chlore actif (généré par électrolyse) ou de monochloramine
généré in situ. Pour ces dossiers, l?évaluation du caractère PE est menée en concertation avec
162 Depuis l?entrée en vigueur de la méthode d?évaluation du caractère perturbateur endocrinien en 2018, toutes les demandes de
renouvellement ou d?approbation d?une substance active sont évaluées selon ce critère. Dans ce processus européen de
réévaluation des substances, les agences peuvent demander des données complémentaires afin d?évaluer le caractère de
perturbation endocrinienne se traduisant par un arrêt d?horloge (« stop-clock ») d?une durée maximale de 30 mois.
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d?autres eCA qui ont des dossiers analogues. Les conclusions sur les propriétés PE sont attendues
en 2024 pour le chlore actif et en 2026 pour le monochloramine (études 2G en cours de réalisation).
Annexe 7.2. Etablissement d?une liste de substances de PE
potentiels
L?action 3 prévoyait la définition d?une méthode de priorisation des substances qui peuvent
présenter des propriétés PE en vue d?établir une liste hiérarchisée de ces substances.
Annexe 7.2.1 Méthode de priorisation des substances qui peuvent
présenter des propriétés PE potentielles
L?Anses a repris la méthodologie DEDuCT qui permet d?identifier les PE potentiels pour la santé
humaine à partir d?un screening d?articles scientifiques contenant des preuves expérimentales
d?effets PE pour aboutir à une liste de 686 substances. De plus, une étude d?impact de la
Commission Européenne de 2016 pour proposer différentes options de définition d?un PE a permis
d?identifier 197 substances actives biocides et phytopharmaceutiques comme PE confirmés,
présumés ou suspectés sans preuve in vivo dont 45 sont déjà présentes dans la liste DEDuCT.
L?Anses a également réalisé un criblage de substances présentes dans au moins un produits
biocide ou phytopharmaceutique pour lequel l?Anses a la charge de délivrer des autorisations de
mise sur le marché identifiant 81 co-formulants susceptibles de présenter une activité endocrine
dont 13 étaient déjà dans la liste DEDuCT. Au total, ce sont 906 substances potentiellement PE
que l?Anses a pu identifier.
Pour pouvoir les prioriser, cette liste de 906 substances a fait l?objet de différentes étapes de
sélection, synthétisées ci-dessous :
Graphique 3 : Etapes de sélection des substances à scorer
*Ministères chargés de la mise en oeuvre de la SNPE2 : Ministères de la Transition écologique et
solidaire (MTE), et des Solidarités et de la Santé (MSS)
Source : Anses
Revue de la littérature par la liste DEDuCT + Etude d'impact de la
Commission européenne de 2016 + Criblage de co-formulants
biocides et phytopharmaceutiques : établissement d'une liste de 906
substances d'intérêt
705 substances éligibles à une priorisation (exclusion de
12 substances déjà identifiées comme SVHC, 12
substances actives déjà interdites, 2 substances sans
numéro d'identification CAS ou EC)
266 substances enregistrées dans REACH
141 substances enregistrées sans
action règlementaire
59 substances pré-
sélectionnées par les
Ministères* en fonction
du niveau d'information
16 substances
sélectionnées par
l'Anses, à scorer
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Les différents critères de sélection ont permis d?aboutir à une liste de 16 substances que l?Anses a
hiérarchisé selon un score de priorisation considérant leurs dangers, les expositions et le niveau
de préoccupation sociétales qu?elles suscitent.
Annexe 7.2.2 Conclusions des substances inscrites au programme
annuel d?évaluation de l?Anses à partir de la liste de
substances d?intérêts
La liste finale des 16 substances d?intérêts du fait de leur action endocrine potentielle élaborée
dans le cadre de l?action 3 a permis d?inscrire au programme annuel d?évaluation de l?Anses, 3
nouvelles substances :
la Mélanine qui s?est avérée ne pas être PE, après évaluation ;
le Fluorure de sodium (NaF) dont l?évaluation en cours de conclusion révèle des propriétés
PE et qui sera proposé au titre du règlement CLP ;
le Triéthanolamine (TEA) pour lequel l?Anses attend le retour de l?Allemagne qui évalue une
substance similaire, le Diéthanolamine (DEA), avant de rendre sa conclusion.
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Annexe 8. Surveillance sanitaire
La surveillance sanitaire mise en oeuvre par la SNPE2 comporte deux volets :
la surveillance épidémiologique qui décrit et analyse les pathologies en lien avéré ou
suspecté avec les perturbateurs endocriniens, afin notamment d?en surveiller les
tendances temporelles et spatiales ;
la biosurveillance humaine qui mesure la présence de perturbateurs endocriniens dans
l?organisme ou leurs effets précoces.
Annexe 8.1. La biosurveillance
Annexe 8.1.1 L?élaboration d?un nouveau programme de biosurveillance
(ALBANE)
La biosurveillance consiste à prélever des matrices biologiques comme le sang, l?urine, les cheveux,
le lait maternel et à y doser les substances recherchées, appelées "biomarqueurs"163. La mesure
qui est faite intègre toutes les sources d?exposition, quelles que soient les voies d?entrée des subs-
tances dans le corps humain (alimentation, respiration, contact?), et quels que soient le lieu d?ex-
position (domicile, travail?), l?activité ou la nature des produits en cause.
Le principal résultat obtenu par la SNPE2 est la décision de lancer en 2024 un nouveau programme
de biosurveillance, l?enquête ALBANE (alimentation biosurveillance santé nutrition environnement).
ALBANE, comme ESTEBAN avant lui, vise à décrire les niveaux d?imprégnation de la population
française par les polluants de l?environnement. Des prélèvements biologiques seront réalisés dans
différentes matrices, principalement l?urine et le sang, afin de mesurer les marqueurs d?exposition
et définir des valeurs référence d?exposition de la population. L?enquête comprend un volet biosur-
veillance, un volet alimentation, un volet nutrition (activité physique) ainsi qu?un volet santé, qui
permettront d?établir des liens potentiels entre les expositions alimentaires et les niveaux d?impré-
gnation.
Contrairement à ESTEBAN, l?enquête ALBANE comporte plusieurs cycles de deux ans (sur les
modèles canadien ou américain), ce qui permet une adaptation du modèle et d?en améliorer la
pertinence, à moindre coût (en fonction des cycles, possibilité d?inclure différents types de popula-
tions/paramètres/substances). Les plans de sondage seront davantage stratifiés afin d?obtenir une
meilleure représentativité temporelle et produire des indicateurs au niveau régional. Ils permettront
d?étudier certaines substances communes ou spécifiques par cycle.
Le premier cycle est prévu de septembre 2024 à septembre 2026.
Trois types de populations seront couvertes (enfants, adolescents, adultes) dans le cadre des trois
cycles, avec différentes couvertures géographiques. L?étude inclut 1150 enfants et adolescents de
163Un biomarqueur est une substance ou un indicateur d?activité biologique, qui peut être dosé dans l?organisme et qui peut refléter
l?existence d?expositions environnementales, d?effets biologiques, de pathologies, ou encore d?une prédisposition génétique. Le
terme « biomarqueurs » comprend des biomarqueurs d?exposition, d?effet, et de susceptibilité (réponse de l?organisme).
Dans le champ de la biosurveillance humaine, les biomarqueurs d?exposition sont les plus employés. Ils permettent de mesurer
la présence d?une substance chimique ou des métabolites de cette substance dans l?organisme (dans le sang, les urines, les
cheveux, le lait maternel, etc.). Cette mesure de l?exposition aux substances chimiques présentes dans l?environnement intègre
l?ensemble des sources (air, eau, alimentation, etc.) et voies d?exposition (orale, respiratoire et cutanée).
Le terme d?imprégnation est souvent utilisé pour désigner les concentrations d'un biomarqueur d?exposition mesurées dans
l?organisme.
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3 à 17 ans (seront aussi inclus 150 enfants de 0 à 2 ans mais sans prélèvements biologiques). Les
adultes de 18 à 79 ans seront au nombre de 2000.
Pour le premier cycle, une vingtaine de familles de substances seront analysées, dont une bonne
part de perturbateurs endocriniens : phtalates, bisphénols/alkylphénols, PFAS, carbamates, pesti-
cides, ions percholorates, métaux?. Des analyses non ciblées pourront être intégrées, afin de
disposer de polluants qui ne sont pas analysés habituellement. Des biomarqueurs d?effets seront
également intégrés (dès le cycle 1 pour la fonction thyroïdienne mais surtout en cycle 2 et 3) afin
de pouvoir relier des expositions à des effets sanitaires et de mettre en évidence des effets pré-
coces. Certaines substances sont communes entre les cycles, notamment celles qui présentent
une durée de demi-vie courte permettant de suivre des évolutions.
Les Outre-Mer ne sont pas inclus dans ALBANE à ce stade. Ils devraient faire l?objet d?une biosur-
veillance spécifique. D?ores et déjà, il y a des programmes spécifiques de bio surveillance en cours,
en particulier Kanari 2 aux Antilles, axé sur la chlordécone.
Le budget prévisionnel d?ALBANE est de 10 M¤.
ALBANE constitue la contribution française au volet « biosurveillance » du projet PARC. PARC
(partenariat européen pour l'évaluation des risques liés aux substances chimiques), coordonné par
l?Anses, comporte 9 volets, dont l?un consacré à la surveillance (« surveiller et mesurer l'exposition
à la fois chez l'homme et dans l'environnement, en tenant compte des différentes sources, du de-
venir des substances chimiques et des voies d'exposition, en travaillant sur les méthodes et outils
analytiques innovants. »). Ce volet est codirigé par l'agence allemande pour l'environnement et
Santé publique France. S?agissant de la biosurveillance, PARC prévoit notamment l?alignement
des programmes nationaux de biosurveillance ainsi que la consolidation et le développement de
la plateforme de biosurveillance humaine mise en place par HBM4EU (cf.infra). PARC prévoit éga-
lement de développer un réseau de laboratoires qualifiés pour l'analyse des biomarqueurs.
Annexe 8.1.2 L?exploitation des données d?ESTEBAN
Autre résultat marquant des 5 dernières années (même s?il n?était pas inscrit dans les objectifs de
la SNPE2) : l?exploitation de l?enquête ESTEBAN, qui donne un aperçu de l?exposition de la
population française. Ces résultats concernent des prélèvements faits en 2016. Ils ont été publiés
en 2021.
Dans le prolongement de l?enquête ELFE (volet périnatal du programme de biosurveillance, dont
les résultats ont été publiés avant le lancement de la SNPE2), ESTEBAN apporte des informations
sur l?imprégnation de la population française à de nombreuses substances, dont plusieurs
perturbateurs endocriniens : bisphénols, phtalates, perfluorés, parabènes, retardateurs de flamme,
plomb ... A l?exception des parabènes (taux d?imprégnation de 60%), ces PE sont retrouvés dans
près de 100 % des échantillons, révélant une imprégnation générale de la population. Pour chaque
famille de substances, les principales voies d?exposition (alimentation, cosmétiques, tabac?) sont
identifiées. En revanche, ces résultats ne permettent pas d?apprécier l?évolution de cette
imprégnation, les perturbateurs endocriniens n?ayant pas été recherchés dans les précédents
programmes de bio surveillance, à l?exception du plomb.
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Figure 2 : Résultats d?ESTEBAN
Source : SpF
Pour le plomb, on dispose d?une comparaison entre les résultats d?ESTEBAN et ceux du
précédent programme de bio surveillance : l?imprégnation est en diminution, qu?il s?agisse de la
moyenne générale (MG) ou des personnes les plus exposées (P95).
Annexe 8.1.3 Le programme HBM4EU
Les résultats d?ESTEBAN ont été mis en perspective européenne grâce à HBM4EU. Le projet
européen HBM4EU a été lancé en 2016 dans le but d?améliorer la compréhension collective de
l?exposition humaine aux produits chimiques dangereux. Le projet a bénéficié d?un financement de
74 millions d?euros et a été mis en oeuvre conjointement par 120 partenaires de 28 pays participants
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? 24 États membres de l?UE auxquels s?ajoutent la Norvège, la Suisse, l?Islande et Israël et l?Agence
européenne pour l?environnement. L?Inserm pilotait le 3ème volet de ce programme consacré au lien
entre exposition et la santé. Le projet a pris fin en juin 2022.
Les résultats pour le bisphénol montrent une imprégnation plus importante en France au BPA et
BPS mais moindre pour la BPF. Les résultats d?HBM4EU montrent également des évolutions
temporelles différentes selon les Bisphénols (entre 2014 et 2020, diminution notable pour le BPA
et modérée pour le BPF ; augmentation modérée pour le BPS).
De même, la France se distingue par un taux d?imprégnation particulièrement élevé des enfants
aux phtalates.
Annexe 8.2. La surveillance épidémiologique
Annexe 8.2.1 La santé reproductive
L?infertilité masculine
En 2015, dans le cadre de la SNPE1, un groupe de travail international réuni par S PF avait priorisé
un certain nombre de maladies en lien avec les PE, au premier rang desquels figure la santé re-
productive164.
Une étude publiée en juillet 2018 par Santé publique France concluait à « des résultats reflétant
une altération globale de la santé reproductive masculine en France, cohérente avec la littérature
internationale, probablement depuis les années 1970 pour la qualité du sperme »165.
Les auteurs relèvent notamment une baisse significative et continue de 32,2% (entre 1989 et 2005)
de la concentration spermatique (léger rebond entre 1998 et 2000, suivi par une reprise de la
baisse).
Comme l?indique SpF dans sa publication, ces indicateurs dégradés sont constatés dans tous les
pays industrialisés.
Une méta-analyse réalisée en 2017166 fait apparaître un déclin de plus de 50 % de la concentration
spermatique chez les hommes des pays industrialisés entre 1973 et 2011, se poursuivant proba-
blement au même rythme depuis cette date.
En 2011, la concentration spermatique moyenne observée n?était plus que de 47 millions/ml, ex-
posant une large proportion d?hommes à une concentration spermatique inférieure à 40 M/ml, qui
pourrait entraîner un allongement du délai nécessaire à concevoir et accroître très sensiblement le
recours aux traitements thérapeutiques pour infertilité. A ce rythme, selon cette étude, la concen-
tration spermatique moyenne des hommes occidentaux pourrait franchir le seuil de 40 M/ml en
2045, ce qui signifierait une infertilité générale (et donc la nécessité d?un recours à la PMA pour la
très grande majorité des couples).
SpF concluait son article de 2018 en mettant en cause les expositions environnementales, en par-
ticulier les expositions aux PE, « présents de façon croissante et ubiquitaire dans l?environnement
164 Le réseau scientifique collaboratif (HUman Reproductive health and General Environment NeTwork) que coordonnait
SpFrance, visait à établir les bases d?un système de surveillance international de la santé reproductive, dans le contexte de
l?exposition aux PE.
165 Le Moal J, Rigou A, de Crouy-Chanel P, et al. Analyse combinée des quatre indicateurs du syndrome de dysgénésie testiculaire
en France, dans le contexte de l'exposition aux perturbateurs endocriniens : cryptorchidies, hypospadias, cancer du testicule et
qualité du sperme. Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire 2018
166 Temporal trends in sperm count: a systematic review and meta-regression analysis ; Human Reproduction Update ; Hagai
Levine et al; 2017
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et les produits de consommation depuis plusieurs décennies ». D?autres causes étaient mention-
nées, comme le tabagisme, des facteurs nutritionnels ou métaboliques, la pollution atmosphérique
ou des modifications de mode de vie (sédentarité, stress, chaleur, sommeil).
Une étude de 2022167 a montré que le bisphénol A figurait au premier rang des perturbateurs en-
docriniens impliqués dans la diminution constante de la concentration spermatique masculine ob-
servée depuis une quarantaine d?années dans les pays industrialisés.
Un article publié en 2023168 actualise et complète la méta analyse faite en 2017, par la même
équipe. Cet article montre que la diminution de la fertilité masculine (mesurée à travers la concen-
tration du sperme) n?est pas limitée aux pays occidentaux mais concerne les 5 continents. Il montre
également que le problème s?accélère : la diminution de la concentration spermatique après l?an
2000 est deux fois plus rapide qu?après 1972.
Les autres paramètres de la santé reproductive
La surveillance épidémiologique menée au titre de la SNPE2 a donné lieu à la publication de plu-
sieurs articles en 2022 par SpF, sur plusieurs pathologies (cryptorchidie, endométriose, fibromes
utérins), complétant les résultats publiés en 2018 sur la fertilité masculine. Une synthèse de cette
surveillance sanitaire a également été publiée en 2022 par SpF169.
Tableau 15 : les indicateurs de santé reproductive
Nbre cas / an Evolution incidence
Taux d?incidence (/
10 000)*
Période
d'analyse
Cryptorchidie 7 000 +2,6% par an 26 2002-2014
Hypospadias 3 000 Pas d'évolution 10 2002-2014
Qualité du sperme
- 1,9% par an (baisse de la
concentration spermatique)
1989-2005
Cancer du testicule 2 000 +1,5% par an 0,7 1998-2014
Endométriose 30 000 +1,2% par an
10 (femmes âgées
de 10 ans et plus)
2011-2017
Fibrome utérin 36 000
Biaisée par l?augmentation
de la prise en charge par
médicament (+13% par an)
17,1
(femmes âgées de
10 à 54 ans)
2013-2017
Puberté précoce centrale
idiopathique
1 500 +4,5% par an
2,7 chez les filles
et 0,2 chez les
garçons
2007-2017
* Cas et incidences estimés à partir des cas traités ou opérés, enregistrés dans le SNDS (système
national des données de santé). Ils ne représentent pas l?exhaustivité des cas rencontrés dans la
population générale.
Source : SpF
167 Combined exposures to bisphenols, polychlorinated dioxins, paracetamol, and phthalates as drivers of deteriorating semen
quality, Environment International, Volume 165, July 2022, 107322
168 Temporal trends in sperm count: a systematic review and meta-regression analysis of samples collected globally in the 20th
and 21st centuries ; Human Reproduction Update ; Hagai Levine et al ; 2023
169 « Bilan et perspectives du programme de surveillance des pathologies en lien avec les perturbateurs endocriniens », J.
Caudeville et al, 2022
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On notera que les indicateurs relatifs à la dysgénésie testiculaire170 datent de 2014 au mieux, par-
fois 2005 pour la qualité du sperme. Interrogé sur ce point, Santé Publique France pointe des dif-
ficultés méthodologiques et légaux (protection des données médicales) : cela ferait 3 ans que
l?Agence essaierait d?obtenir une actualisation des chiffres sur la qualité du sperme.
Dans la continuité des publications précédentes, ces résultats confirment une dégradation continue
des indicateurs en matière de santé reproductive. Des indicateurs dont la construction a un effet
minorant comme le note SpF : « Hormis pour la qualité du sperme, les indicateurs sont construits
à partir des données disponibles dans la base de données du système national des données de
santé (SNDS), seules données produites en continu et couvrant tout le territoire. Ces indicateurs
ne reflètent que les cas pris en charge, en sous-estimant de façon importante le problème de santé
publique car le nombre de patients souffrant de ces pathologies est bien plus important. »
Ce propos est cependant nuancé par SpF qui indique que cette dégradation « peut être soit le
témoin d?une augmentation de l?incidence des pathologies, soit de la sensibilisation des popula-
tions voire des médecins à certaines maladies (meilleures connaissances, détections et prises en
charge des pathologies), ou une combinaison de ces hypothèses. »
Pour l?endométriose, le taux d?incidence en France est dans le même ordre de grandeur que dans
les autres pays européens utilisant des données hospitalières. Pour le fibrome utérin, le taux d?in-
cidence de l?étude de SpF serait dans la fourchette basse des estimations issues de la littérature
internationale.
Graphique 4 : Fibrome utérin
Source : SpF
170 Syndrome associant chez les hommes quatre anomalies du système reproducteur : cancer germinal testiculaire, cryptorchidie,
hypospadias et hypofertilité masculine.
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Graphique 5 : Endométriose
Source : PMSI
Autres indicateurs épidémiologiques
Sante publique France et l?INCa assurent également une surveillance épidémiologique du cancer
du sein ou de la prostate, dont les PE sont un facteur de risque avéré :
? Entre 1990 et 2018, le nombre annuel de nouveaux cas de cancer du sein chez la femme
a presque doublé, passant de 29 970 à 58 400 cas annuels, soit +1,1 % par an en moyenne ;
entre 2010 et 2023, la progression a été plus faible, estimée à +0,3 % par an. La France
était, en 2022, au premier rang mondial pour ce cancer (taux d?incidence de 105.4/100 000
selon le CIRC)
? Entre 2010 et 2018, le taux d'incidence du cancer de la prostate a diminué de -1,1 % par
an en moyenne ; cette baisse fait suite à une forte augmentation entre 1990 et 2005 ; 59
885 nouveaux cas ont été diagnostiqués en 2018 en France métropolitaine ; ce cancer
figure au 1er rang des cancers chez l'homme (25 % de l?ensemble des cancers masculins).
Selon SpF (qui rejoint l?INCa), il est difficile d?évaluer la part des facteurs environnementaux dans
la progression de ces cancers, dont la cause est multifactorielle (comportements, génétique,
environnement?).
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Graphique 6 : Taux d?incidence et de mortalité par cancer du sein en France
selon l?année (1990-2018)
Source : INCa
Graphique 7 : Taux d?incidence et de mortalité par cancer de la prostate en
France selon l?année (1990-2015)
Source : INCa
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Enfin, des travaux ont été menés sur l?hyperthyroïdisme infantile, montrant, dans le cadre du dia-
gnostic néonatal systématique171, une augmentation de 30.1% du nombre de cas sur la période
2008-2017. L?augmentation est régulière au cours de la décade, pour les garçons comme pour les
filles, dans toutes les classes d?âge et dans tous les départements (avec cependant des taux d?in-
cidence variables selon les territoires considérés).
A la différence de la bio surveillance, la surveillance des maladies en lien avec les PE n?a pas eu
de prolongement européen substantiel. On trouve néanmoins dans PARC, une tâche consacrée
au « fardeau environnemental », mêlant surveillance intégrée et recherche, avec pour cas d?étude
« impact du plomb sur le QI ». 7 pays y contribueront (SpF, Inserm et Anses pour la France).
Annexe 8.2.2 La mise en place d?un nouveau système de surveillance
sanitaire
Une consultation sur les indicateurs sanitaires à suivre dans le cadre de la surveillance sanitaires
en lien avec les PE a été lancée en 2021 par Santé Publique France (Projet PEPS'PE, dont les
résultats ont été publiés en novembre 2023).
Cette méthode de « priorisation des effets sanitaires à surveiller » repose sur un classement des
effets sanitaires selon deux critères :
le poids des preuves scientifiques ;
l?intérêt épidémiologique et sociétal à mettre en place cette surveillance (critère composite
incluant la gravité, l?incidence et la préoccupation sociétale).
Afin d?évaluer ces deux critères, SpF a mis en oeuvre une méthode (appelée Delphi) combinant,
d?une part, les données de la littérature scientifique ainsi que l?avis d?experts et, d?autre part, l?avis
des parties prenantes.
Cette méthode s?organise autour de deux questionnaires (l?un scientifique, l?autre sociétal) aux-
quels ont répondu, chacun pour ce qui les concerne :
52 experts (français et étrangers) dans différents domaines (toxicologues, épidémiologistes,
cliniciens...) ;
18 représentants des parties prenantes intervenant dans le champ des PE.
SpF relève que le nombre de participants du questionnaire sociétal était relativement faible par
rapport aux recommandations faites dans la littérature, malgré des invitations diffusées très large-
ment (invitations de l?ensemble des parties prenantes de la SNPE2, multiples relances, présenta-
tion du projet aux membres de la SNPE2 pour augmenter l?implication des acteurs). Pour compen-
ser cette lacune, les résultats ont été mis à disposition à l?ensemble des parties prenantes du PNSE
4 et de la SNPE2 pour consultation, avant la publication officielle du programme de surveillance de
l?agence, afin d?intégrer des avis qui n?auraient pas été pris en compte dans la consultation.
En complément, pour s?assurer de la pertinence de la priorisation, une revue de la littérature inter-
nationale a été faite. Un total de 59 effets sur la santé étaient à prioriser. 43 d?entre eux ont pu être
évalués lors de la consultation, les 16 autres n?ayant pu être priorisés par manque de participants
ou par absence de consensus.
Parmi les priorités (fortes et modérées), on trouve les troubles de la santé reproductive qui faisaient
déjà l?objet d?une surveillance : endométriose, puberté précoce, cryptorchidies, altération de la qua-
lité du sperme, cancer du testicule ? S?y ajoutent d?autres pathologies ou effets sanitaires non
171 Avec l?accord des parents
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encore surveillés au titre des PE, dans le champ de la santé reproductive (infertilité, cancer de
l?endomètre, cancer des ovaires ?) mais aussi des troubles métaboliques (surpoids et obésité,
syndrome métabolique, diabète de type 2?) et des troubles du neurodéveloppement (troubles du
déficit de l?attention avec ou sans hyperactivité, troubles du comportement, déficience intellec-
tuelle ?). Soit un total de 21 pathologies ou effets sanitaires retenus in fine : 13 avec une priorité
forte et 8 avec une priorité modérée. Pour chacun, est associé un « niveau de confiance » reflétant,
notamment, le degré de consensus des avis rendu par les experts et parties prenantes.
Tableau 16 : Résultats de la priorisation PEPS?PE
Source : SpF
A l?issue de ce travail de priorisation, Santé publique France doit procéder à l?analyse de la
faisabilité du nouveau dispositif de surveillance.
SpF entend inscrire cet élargissement des pathologies surveillées dans un dispositif de surveillance
intégrée, combinant, d?une part, les analyses spatio-temporelles des taux d?incidence et, d?autre
part, les expositions environnementales.
Cette surveillance intégrée devrait commencer par trois effets sanitaires en lien avec la santé
reproductive : cancer des testicules puis qualité du sperme et enfin puberté précoce. SpF devrait
ainsi pouvoir publier de nouveaux résultats sur l?impact des PE sur la santé reproductive dans 5
ans, selon une approche intégrée. Les autres pathologies, en particulier les troubles du neuro
développement (baisse de QI, déficit intellectuel, troubles autistes et troubles de l?attention), seront
également intégrées dans cette surveillance intégrée (en limitant ce croisement au fardeau
environnemental). Enfin, les cancers hormono-dépendants (sein, prostate?) seront intégrés dans
ce dispositif grâce au croisement entre les données du SNDS (associées aux données des
registres) et les données environnementales.
L?ambition est d?inclure le concept d?exposome dans cette surveillance, pour selon SpF, « combiner
l?ensemble des données disponibles (intégration de données issues d?enquêtes, de cohortes, de
registres, de données locales de terrain) et différentes approches méthodologiques (analyses
spatio-temporelles, études écologiques et fardeau environnemental notamment) pour mesurer,
analyser et interpréter l?impact des changements environnementaux sur la santé humaine ».
A ce titre, il est envisagé d?avoir recours à l?intelligence artificielle pour exploiter les bases de
données environnementales et de santé (green data for health et health data hub).
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Annexe 9. La surveillance environnementale
Annexe 9.1. La surveillance de l?air ambiant
L?arrêté du 19 avril 2017 relatif au dispositif national de surveillance de la qualité de l?air ambiant
mentionne que les associations agréées surveillance qualité de l?air (AASQA) surveillent les
polluants d?intérêt national dont la liste et les modalités de surveillance sont définies selon une
stratégie nationale de surveillance. Les polluants d?intérêt national sont définis comme les polluants
autres que les polluants réglementés pour lesquels la surveillance est effectuée conformément au
référentiel technique national.
Lancée en 2018, avant le démarrage de la SNPE2, la campagne nationale exploratoire sur les
pesticides (CNEP) dans l?air ambiant mené sur 12 mois par l?Anses, l?Ineris et le réseau des AASQA
portait sur 75 substances sur 50 sites (grandes cultures, viticulture, arboriculture?) et a permis
d?obtenir une photographie des substances présentes dans l?air ambiant et leurs niveaux de
concentration en France.
Cette campagne, prévue avant le démarrage de la SNPE2, n?a pas été construite avec un objectif
« perturbateur endocrinien ». Ainsi d?après le rapport de l?Anses seuls 10 substances détectées
pendant la campagne sont classées comme étant des perturbateurs endocriniens au titre européen,
et 11 substances sont classées par l?Anses comme étant des « perturbateurs endocriniens
possibles ». A noter qu?aucune de ces 21 substances détectées n?apparaît dans l?arrêté pris dans
le cadre de la loi AGEC, seules 3 apparaissent en liste 2 sur le site EDlist.org et seules 2
apparaissent sur le site de l?ECHA comme étant en cours d?évaluation pour leur caractère
perturbateur endocrinien par un Etat Membre.
Pour rappel, le site EDlists.org regroupe les conclusions issues des dossiers d?évaluation existant
dans une seule et même base de données. A l?initiative de six Etats-membres (Belgique, Danemark,
Espagne, France, Pays-Bas et Suède), ce site informe sur le statut PE des substances ou l?état
d?avancement des évaluations en cours relatives à ces propriétés dans l?UE, afin d?améliorer la
connaissance sur les PE mais aussi la transparence sur les évaluations, leur cohérence et leur
homogénéité au sein de l?UE. Les substances de la liste 2 du site EDlist.org sont les substances
en cours d'évaluation pour leurs propriétés de perturbation endocrinienne suspectées dans le
cadre d'une législation européenne. Ces substances font l?objet d?une expertise collective pour leur
propriété de perturbation endocrine qui n?a pas encore été conclue.
A partir de 2021, un suivi pérenne national des polluants d?intérêt national a été mis en place, la
liste des polluants, publiée le 18/03/2021, contient 75 pesticides. Parmi ces pesticides, 3 sont
identifiés comme étant en cours d?évaluation pour leur caractère de perturbation endocrine par un
Etat membre et 46 sont identifiés comme étant des substances chimiques d?intérêt en raison de
leur activité endoctrine potentielle par l?Anses dans son avis d?avril 2021.
Tableau 17 : Perturbateurs endocriniens recherchés dans les campagnes de
surveillance de l?air ambiant
Campagne Substance N° CAS Information sur le caractère PE de
la substance
2018 & 2021 Diuron 330-54-1 Liste 2 de EDlist.org
En cours d?évaluation pour son
caractère PE par un Etat Membre
2018 & 2021 Etofenprox 80844-07-1 En cours d?évaluation pour son
caractère PE par un Etat Membre
2018 & 2021 Deltaméthrine 52918-63-5 Liste 2 de EDlist.org
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2018 & 2021 Métribuzine 21087-64-9 Liste 2 de EDlist.org
2021 Terbutryne 886-50-0 En cours d?évaluation pour son
caractère PE par un Etat Membre
2021 Prochloraz 677747-09-05 Liste 3 de EDlist.org
Source : LCSQA
Annexe 9.2. La surveillance de l?air intérieur
Plus de 15 ans après la première campagne nationale logement (CNL1) menée en 2003-2005 et
visant à effectuer un état de la qualité de l?air intérieur dans les logements français, une deuxième
campagne nationale logement (CNL 2) a été lancée fin 2020 par l?Observatoire de la qualité de l?air
intérieur (OQAI) pour :
Déterminer l?évolution de la qualité de l?air dans les logements en France depuis la CNL1.
Rechercher plus spécifiquement des polluants émergents, perturbateurs endocriniens et
pesticides.
Ces données doivent :
Pallier le manque de connaissances sur l?exposition des français au quotidien dans leur
logement et mettre à jour les valeurs sanitaires de référence.
Permettre de rechercher les contributions de la pollution intérieure parmi les
caractéristiques de l?environnement, du bâtiment, du ménage et de leurs activités
domestiques.
Le début de la campagne CNL2, initialement programmé en 2020 a finalement été décalé en 2021
en raison de la crise sanitaire. Cette campagne cible des logements qui avait déjà été fléchés dans
la CNL1 et porte sur des mesures de concentrations de substances déjà analysées dans la
précédente campagne à des fins de comparaison ainsi que 40 nouvelles substances. La CNL2
vise ainsi à mesurer environ 170 polluants dans 600 logements, parmi lesquelles les perturbateurs
endocriniens suivants :
Tableau 18 : Perturbateurs endocriniens recherchés dans la campagne de
surveillance de l?air intérieur de 2021
Substances PE N° CAS Règlementation
p-nonylphenol 104-40-5 REACH (PE environnement)
Bis (2-ethylhexyl)phthalate (DEHP) 117-81-7 REACH (PE environnement & humain)
4-(1,1,3,3-tetramethylbutyl)phenol 140-66-9 REACH (PE environnement)
Diisobutyl phthalate 84-69-5 REACH (PE humain)
Dibutyl phthalate (DBP) 84-74-2 REACH (PE environnement & humain)
Benzyl butyl phthalate (BBP) 85-68-7 REACH (PE humain)
4-tert-butylphenol 98-54-4 REACH (PE environnement)
Source : OQAI
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La campagne de mesures CNL2 s?est terminée en janvier 2023 et aura permis l'investigation
d?environ 600 logements sur près de 2 ans.
La publication des résultats de la CNL2 n?est pas intervenue à ce jour. Le Centre scientifique et
technique du bâtiment (CSTB) prépare la publication du rapport à la suite de quoi une réflexion
sera engagée sur les suites à donner, notamment dans le cadre du nouvel Observatoire de la
qualité des environnements intérieurs (OQEI) en cours de constitution, qui a vocation à succéder
à l?OQAI. Des actions à mener pour prévenir et réduire l?exposition aux polluants de l?air intérieur,
parmi lesquels des perturbateurs endocriniens seront déterminées dans le cadre des travaux du
futur OQEI, sur la base des résultats de la campagne CNL2, lesquels doivent notamment contenir
des informations sur les modes de vie ainsi que les différentes sources d?exposition possibles parmi
lesquels les produits de construction, de décoration, d?ameublement et de consommation courante
dans les logements ciblés lors de la campagne.
A noter, qu?en 2024, l?Observatoire de la qualité de l?air intérieur est devenu un observatoire de la
qualité des environnements intérieurs, il sera porté conjointement par l?Anses et le CSTB. Aussi,
dans le cadre de ce nouvel observatoire, des travaux pourront être menés en 2024 afin de lancer
une réflexion méthodologique sur les prochaines campagnes de l?observatoire (hiérarchisation de
polluants à surveiller ; suivi continu d?un panel de logements). Par ailleurs, les données de la CNL2
seront exploitées par l?Anses et le CSTB afin d?obtenir des informations concernant notamment
l?impact sanitaire de certains polluants (potentiellement PE) présents dans les logements.
Enfin, les résultats obtenus seront utilisés pour renforcer l?information et la sensibilisation du grand
public et des personnes sensibles à la qualité de l?air intérieur. Des modifications réglementaires
relatives à une meilleure information (étiquetage ; création d?un score?) ou à la surveillance
réglementaire des polluants de l?air intérieur dans certains établissements recevant du public
pourraient également voir le jour à terme.
Annexe 9.3. Focus sur les PFAS dans la surveillance des sols
Le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) a finalisé un rapport faisant un état de
l?art des connaissances sur les composés perfluorés (PFAS) et leur présence dans les sites et sols
pollués.
Publié en décembre 2020, ce rapport rappelle que la présence des PFAS dans les sols est bien
moins renseignée que dans les autres milieux, et renseigne les milieux affectés (sols, eaux de
surface, eaux souterraines, sédiments, boues?) selon les sources. Ainsi, l?utilisation de mousses
(aires d?entrainement anti-incendie et incendie) serait la première cause de présence de PFAS
dans les milieux récepteurs.
A noter que la réglementation actuelle prévoit d'ores et déjà l'interdiction de certaines sous-familles
des PFAS (PFOS : acide perfluorooctanesulfonique et, à compter du 4 juillet 2025, PFOA : acide
perfluorooctanoïque) et que des projets de textes sont en cours de préparation aux niveaux
international et européen afin d'étendre les mesures d'interdiction et de restriction des utilisations
des PFAS.
Le rapport du BRGM met également en évidence le fait que les sites de production des PFAS et
l?épandage des boues d?épuration représentent deux autres sources substantielles de pollution des
sols par ces substances.
PUBLIÉ
Mai 2024 EVALUATION DE LA DEUXIEME STRATEGIE NATIONALE SUR
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Annexe 9.4. La surveillance des milieux aquatiques
Le croisement des substances chimiques présentant des propriétés de perturbation endocrinienne
figurant dans l?arrêté du 28 septembre 2023 (loi AGEC) avec la liste des substances suivies au titre
de la DCE (arrêté surveillance en date du 26 avril 2022) sur la base de leur numéro CAS a été
réalisé à la demande de la mission et a permis d?identifier :
Parmi les substances prioritaires (SP) mesurées sur l?ensemble du réseau de contrôle de
surveillance (RCS) de la DCE à raison de 12 fois par an, et ce deux fois par cycle de
gestion (depuis 2010 environ), deux substances identifiées comme des perturbateurs
endocriniens au titre de la règlementation REACH sont suivis :
Substance PE N°CAS Règlementation
Phenol, 4-nonyl-, branched 84852-15-3 REACH (PE environnement)
Bis (2-ethylhexyl)phthalate (DEHP) 117-81-7 REACH (PE environnement & humain)
Parmi les substances pertinentes à surveiller (SPAS) mesurées dans les eaux de surface
4 fois par an, 2 fois par plan de gestion sur 25% à 100% du RCS, six substances identifiées
comme des perturbateurs endocriniens au titre de la règlementation REACH sont suivis :
Substance PE N°CAS Règlementation
(±)-1,7,7-trimethyl-3-[(4-
methylphenyl)methylene]bicyclo[2.2.1]heptan-
2- one
36861-47-9 REACH (PE humain)
4-tert-butylphenol 98-54-4 REACH (PE environnement)
2-[2-(nonylphenoxy)ethoxy]ethanol 27176-93-8 REACH (PE environnement)
Diisobutyl phthalate 84-69-5 REACH (PE humain)
Dibutyl phthalate (DBP) 84-74-2 REACH (PE environnement &
humain)
Benzyl butyl phthalate (BBP) 85-68-7 REACH (PE humain)
Annexe 9.5. La surveillance des rejets de stations de traitement des
eaux usées urbaines (STEU)
Les points de rejets des stations de traitement des eaux usées (STEU) urbaines sont une des
principales voies d?entrée des perturbateurs endocriniens dans les milieux aquatiques.
La 3ème campagne de mesure des micropolluants dans les rejets de STEU, réalisée entre 2017 et
2020, a identifié la présence de perturbateurs endocriniens avérés dans une large proportion des
eaux usées en entrée (DEHP à 95 %, les nonylphénols à 57 %, le BaP à 39 %, les octylphénols à
25 %) et en sortie de station (DEHP à 26 %).
Le caractère perturbateur endocrinien d?une substance a été évalué en tenant compte des
évaluations règlementaires, des évaluations scientifiques et de données émanant de la littérature
scientifique, ce travail a abouti au classement des substances en 4 catégories : PE avérés, PE
présumés, preuves d?activités endoctrine dans la littérature et absence d?information. La réalisation
de cette étape illustre la difficulté à identifier quelle substance est un perturbateur endocrinien.
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Annexe 10. Formation
Annexe 10.1. Formation tout au long de la vie (initiale et continue)
Annexe 10.1.1 Formation initiale médecine, maïeutique, odontologie et
pharmacie
Il n?existe pas de données consolidées de la formation initiale relative à l?enseignement des pertur-
bateurs endocriniens pour ces quatre professions de santé.
La formation initiale en pharmacie développe une offre de formation structurée en santé environ-
nement (SE) incluant les perturbateurs endocriniens. La conférence des doyens de pharmacie
avait procédé à une enquête interne172, qui met en lumière une disparité entre les UFR sur les
enseignements concernant les perturbateurs endocriniens mais avec quelques grandes lignes di-
rectrices. Ainsi les formations en SE, dont les PE, sont effectuées pour :
90% des cas en tronc commun en 3ième année (DFGSP3) ou 4-5ième années (DFASP1 et
SP2) ;
65% en filière officine en 5ième année (DFASP2) dans les UE pharmaciens et
environnement ;
30% en conseils à l'officine pour les populations vulnérables et les 1000 premiers jours ;
60%, en 2-3ème années (DFGSP2 et SP3) ou 4-5ème années (DFASP1 et SP2), des
enseignements optionnels notamment en environnements domestiques, sur l?exposome?
Par ailleurs beaucoup d'enseignements ont lieu dans les masters et diplôme complémentaire :
en masters "santé environnementale" (santé publique, biologie humaine, science du
médicaments, ingénierie de la santé, sciences des aliments, droit de l'environnement,
toxicologie ...) ;
en diplômes d?université et/ou inter-universitaires en santé environnementale.
Pour la formation initiale en odontologie, à quelques exceptions, les enseignements sont en dé-
veloppement sur ce sujet pour l?ensemble des facultés. La mission a adressé un questionnaire à
la Conférence des doyens. Pour 1/3 des répondants173, la thématique PE est déclarée non abordée
dans l?enseignement, alors que 4 UFR déclarent avoir des projets dans un avenir très proche (mo-
dule transition écologique et le développement soutenable, enseignements complémentaires
Ecoresponsabilité en odontologie, PE en odontologie dans une UE santé publique. Toutes les an-
nées, hormis la 5ème, sont concernée, et la thématique PE est enseignée de manière explicite et
spécifique, sous différentes formes (MOOC One Health, MOOC environnement durable, capsules
spécifiques PE hébergées par l?UNESS174 , e-learning, cours magistraux spécifiques PE, sémi-
naires pluriprofessionnels, conférence inaugurale, analyse d?articles?).
Alors que le dynamisme en enseignement des PE est palpable, il existe une grande variabilité
quant à la prise en compte du thème PE dans les enseignements d?odontologie, tant en modalités
pédagogiques qu?en nombre d?heures ou d?année d?enseignement. La thématique PE se déve-
loppe, mais sans partage d?expériences au plan national : le module santé environnement de
l?UNESS est par ailleurs très peu cité.
172 19 UFR de Pharmacie répondantes sur 24
173 Taux de réponse en Odontologie : 14 UFR sur 15 et 2 nouveaux sites/UFR sur 8 créés en 2022
174 UNESS Université Numérique En Santé et Sport
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La formation initiale en médecine présente un état contrasté entre fort engagement en enseigne-
ment de la thématique PE, enseignement SE avec PE, ou sans PE, et plus rarement, absence de
formation PE ; près d?un tiers s?appuient sur le module santé-environnement (UNESS) de la Con-
férence des doyens de médecine. A la faveur d?un questionnaire adressé par la Mission à la Con-
férence des doyens de médecine (taux de réponse 61%175), nous pouvons en tirer les informations
suivantes :
Pour la moitié des UFR (n=11), il n?y a pas d?enseignement relatif aux perturbateurs
endocriniens, dont 3 UFR pour lesquelles il n?y a pas d?enseignement santé environnement
du tout.
En premier et deuxième cycles, 6 UFR intègrent des enseignements PE dans le tronc
commun, pour un volume horaire allant de 30 minutes à 3 heures ; à noter que 2 de ces
UFR débutent ces enseignements PE en première année (LAS). 4 UFR proposent des
unités d?enseignement optionnelles avec des volumes horaires concernant les PE de 1 à
2 heures (une UFR propose 12 heures sur les PE en UE libre suivie par 50% des étudiants).
10 UFR utilisent le module UNESS santé environnement en deuxième ou troisième année
du premier cycle : la Conférence des doyens de médecine indique qu?il serait possible d?y
ajouter un module PE. Une UFR effectue une remise à niveau en santé environnement
avec un module de 4 heures en 4ème année et en 5ème année. Cette même UFR organise
un séminaire santé environnement de deux jours en 6ème année, avec une université
japonaise (soutien de l?OMS).
Une UFR est très engagée sur la thématique PE à la faveur d?un master biologie santé,
parcours santé environnement (6 heures en M1 et 12 heures en M2). Deux UFR font par
ailleurs état de masters relatifs à la santé environnement, sans préciser si les PE y sont
abordés (master interrégional prévention-promotion-santé, M2 parcours épidémiologie-
recherche clinique-évaluation, M1 toxicologie et santé environnement).
Un quart seulement des UFR est modérément impliquée dans l?enseignement sur les
perturbateurs endocriniens, alors que la moitié des UFR répondantes utilise le MOOC
national UNESS176 de la conférence médecine et santé environnementale (sans module
PE à ce jour). Deux UFR, d?une même région, sont particulièrement impliquées sur
l?enseignement en santé environnementale et perturbateurs endocriniens et il est à noter
que, dans celles-ci, des experts du domaine y sont enseignants-chercheurs. Cela
démontre une capacité d?entrainement en la matière, mais aussi objective la grande fragilité
de l?enseignement sur les perturbateurs endocriniens dans l?hexagone.
En formation médicale continue :
1 UFR mentionne un diplôme universitaire (DU) santé environnement médecins
collaborateurs : enseignement sur grossesse et travail (incluant les PE) et un DIU santé
environnementale (dont 6 heures sur les micropolluants dont les PE).
1 UFR propose un certificat d?études universitaires santé environnementale en périnatalité
et fertilité, avec 16 heures relatives aux PE sur les 60 heures de formation (agrément DPC).
Ce bilan sommaire expose la très grande hétérogénéité des formations relatives à la santé envi-
ronnementale d?une part, et plus encore pour les enseignements sur les perturbateurs endocriniens.
En maïeutique, l?enseignement sur le thème des PE en formation initiale est à l?appréciation des
35 écoles de sage-femmes, et représente en moyenne trois heures de formation dans le cursus.
Des unités d?enseignement optionnelles existent, dans deux écoles, avec un volume de dix heures.
175 Ce taux de réponse à 61%, peut être interprété par la méconnaissance de ce qui est enseigné sur la thématique PE ou une
difficulté à le quantifier (plusieurs cours abordent le problème des perturbateurs endocriniens, sans qu?il soit possible de quantifier
exactement le temps d?enseignement qui leur est consacré)
176 Module « Médecine et santé environnementale » : une formation ouverte à tous | Site Uness.fr
PUBLIÉ
https://www.uness.fr/actualites/module-medecine-et-sante-environnementale-une-formation-ouverte-tous
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Annexe 10.1.2 Formation en école d?ingénieurs
Pour ce qui concerne certaines écoles d?ingénieurs, AgroParisTech participe à un tronc commun
des cadres supérieurs du service public, avec un volet transition écologique et One Health, dont le
pilotage, la coordination et l?animation sont réalisés par l?INSP. Cela concerne 1300 élèves en 2024,
dans 21 écoles, principalement des écoles d?application.
Soutenu par France 203O, l?Institut One Health, porté par l?Ecole universitaire de recherche
EID@lyon, a vocation à devenir un institut de référence pour la formation, l?expertise et la décision
sur les sujets « une seule santé ». L?IOH est issu de la réunion des établissements de formation
du Ministère chargé de l?Agriculture (via l?ENSV-FVI VetAgro Sup et AgroParisTech), de la Santé
(EHESP), de l?Écologie et l?Enseignement supérieur et la Recherche. Les publics ciblés sont les
décideurs publics, les décideurs privés et les organisations de la société civile.
Annexe 10.1.3 Ecole des hautes études en santé publique, seule formation
financée par la SNPE2
Au titre de la formation continue, la SNPE2 ne fait état que d?un seul financement, celui de la
direction générale de la santé (pour un montant total de 148 458¤ sur la période 2019-2023177),
attribué à l?école des hautes études en santé publique (EHESP) pour la formation perturbateurs
endocriniens et risque chimique autour de la périnatalité et l?enfance : les outils pour comprendre
et agir178. Sur cette période 2019-2023, 1744 stagiaires ont été inscrits au cours de cinq sessions,
avec 70% de suivi complet et de réussite. L?EHESP a la volonté d?étendre ses formations.
L?EHESP souhaite étendre ses formations. Pour 2024, les perspectives d?évolution relatives aux
PE sont les suivantes :
le déploiement auprès d?universités (Lille, Bordeaux, Poitiers, Marseille) ;
la publication de « Perturbateurs endocriniens : vers une meilleure prévention des
expositions, Presses EHESP, 2024 » ;
une mise à disposition des ressources auprès des écoles IFSI, sage-femmes et des
facultés de médecine (test en cours, en 2024, avec les universités de Rennes) ;
l?élargissement au-delà des 400 stagiaires par session (limite actuelle) ;
un partenariat avec le CNFPT et le RfVS OMS179, pour valoriser les modules de formation
auprès, notamment, des professionnels de santé travaillant dans les collectivités, PMI ...
Annexe 10.1.4 Agence nationale du développement professionnel continu
(ANDPC)
Pour l?ANDPC (des professions de santé), les actions en lien avec l'impact des perturbateurs
endocriniens sur la santé, qui ne représentent, sur la période 2021-2023, qu?en moyenne 0,3% des
inscriptions, sont incluses dans les orientations pluriannuelles prioritaires de DPC180.
Sur la période 2020-2023, l?Agence a constaté 2 962 inscriptions sur ces actions PE (les médecins
représentent 82,5% des professionnels de santé inscrits). Même si le nombre d?actions tend à
rester stable voire à baisser légèrement, le nombre d?inscriptions, même très faible, tend à
augmenter au cours du temps.
177 Financement de la formation PE de l?EHESP par la DGS : 42 656¤ (2019), 22 541¤ (2021), 36 131¤ (2022), 47 130¤ (2023)
178 Cette formation, en ligne et gratuite pour les professionnels de santé, est agréée DPC
179 Les Villes-Santé de l'OMS - Réseau français Villes-Santé (villes-sante.com)
180 Le sujet des perturbateurs endocriniens a été intégré dans les orientations pluriannuelles prioritaires de DPC 2020-2022 ainsi
que dans les orientations pluriannuelles prioritaires de DPC 2023-2025
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https://villes-sante.com/villes-sante-oms/
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Annexe 10.1.5 Le Centre national de la fonction publique territoriale
(CNFPT)
Entre 2020 et 2022, le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT), a formé 2937
personnes via un webinaire sur le thème PE (possibilités d?action des collectivités, périnatalité et
petite enfance, entretien des locaux-bâtiment-habitat-centres techniques, eau et assainissement,
développement de l?enfant, restauration collective).
Annexe 10.2. Service sanitaire des étudiants en santé (SSES)
Depuis 2018, le service sanitaire des étudiants en santé (SSES) est obligatoire pour les filières
médicales et non médicales et cela concerne 50 000 étudiants chaque année. Le SSES représente
six semaines de formation théorique et pratique ainsi que les interventions auprès des publics.
Pour le recueil des actions menées sur l?hexagone, la Direction générale de la santé explique que
la granularité de l?enquête annuelle réalisée auprès des étudiants ayant réalisé leur SSES ne per-
met pas d?isoler les actions de prévention sur les perturbateurs endocriniens, qui peuvent être
incluses dans différentes thématiques : santé environnement, 1000 premiers jours/périnatalité?
Selon l?étude réalisée en 2023 pour Santé Publique France, les thématiques les plus abordées en
2023 sont l?alimentation et l?activité physique (33%) et les addictions (31%). Un module spécifique
existe dans le service sanitaire des étudiants en santé, commun avec médecine maïeutique odon-
tologie pharmacie (MMOP) et infirmiers.
Dans le questionnaire adressé par la mission, à la question « Le service sanitaire intègre-t-il le
sujet perturbateurs endocriniens ? », 59 % des UFR de médecine181 répondent par la négative,
les autres précisant que la thématique PE peut se faire dans le cadre plus large de la santé-envi-
ronnement, dans le cadre des 1000 jours, ou dans un module nutrition.
En réponse au questionnaire adressé par la mission, à la même question, 75% des UFR d?odon-
tologie182 répondent par la négative183. Parmi les réponses positives, la thématique PE est abor-
dée avec les formations hygiène bucco-dentaire, ou ateliers santé environnement - développement
durable.
La Direction générale de la santé (DGS) reconnait, dans la fiche action N°12 de la SNPE2, que la
thématique santé environnement, incluant les perturbateurs endocriniens est importante dans le
cadre du SSES pour sensibiliser les futurs professionnels de santé et mener des actions de pré-
vention au bénéfice des populations plus vulnérables vis-à-vis des PE (ex : en crèches, maternités
mais aussi en écoles, collèges et lycées).
Cependant la DGS explique que la priorisation de la santé environnementale (dont le risque chi-
mique et les PE) pour le SSES n?est pas constituée aujourd?hui car « les thématiques identifiées
au plan national comme prioritaires pour les actions de SSES ont d?abord été les quatre détermi-
nants de santé responsables de la plus grande part de la morbidité et la mortalité prématurées,
priorisés par Santé publique France et le Haut conseil de la santé publique et mis en évidence
dans la Stratégie nationale de santé 2018-2022 : alimentation, activité physique, addictions (alcool,
181 UFR de Médecine : taux de réponse 61%
182 UFR d?Odontologie : taux de réponse 72%, incluant les 8 UFR en création
183 Avec parfois l?expression de l?incapacité à répondre à la question (ex. les PE sont peut-être abordés dans la thématique des
1000 jours de l?enfant, sur laquelle nous n?avons aucun regard)
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tabac, drogues illicites), éducation à la sexualité dont la contraception et la prévention des infec-
tions sexuellement transmissibles ».
Outre la proposition de priorisation de la thématique santé environnement, la DGS propose de
partager les initiatives locales, les ressources pour la formation des étudiants en santé et les ac-
tions de prévention sur les PE, notamment portées par les ARS, les Universités?, afin de les dif-
fuser dans d?autres régions et de mettre à disposition des ressources ciblées sur les PE (notam-
ment à partir des modules réalisés en région) sur le site de Santé publique France et mieux valo-
riser le site auprès des acteurs du SSES.
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Annexe 11. Actions territoriales
Cette annexe ne prétend pas faire un recensement exhaustif des actions initiées et développées
localement mais seulement une présentation (synthétiques) des principales initiatives dont la
mission a eu connaissance. Ces actions territoriales émanent en particulier de 5 régions que la
mission a plus particulièrement étudiées : Centre-Val-de-Loire, Grand-Est, Nouvelle-Aquitaine,
Occitanie, Provence-Alpes-Côte-D?azur.
Elles sont présentées en fonction des acteurs qui les portent : services de l?Etat et Assurance
maladie, collectivités territoriales, associations, crèches et maternités.
Annexe 11.1. Les actions mises en oeuvre par les services de l?Etat
et l?Assurance maladie
Annexe 11.1.1 Bilan des PRSE 4
Afin d?évaluer la place occupée par les perturbateurs endocriniens dans les stratégies régionales
en matière de santé environnement, la mission a procédé à une analyse des quatrièmes plans
régionaux santé environnement (PRSE 4), récemment adoptés ou en voie de l?être.
Conduite à la fin de l?année 2023, cette analyse a porté sur 11 PRSE 4 (dont 7 à l?état de projet),
complétés par des contributions écrites de la part de 4 ARS, soit un total de 15 régions couvertes.
Analyse générale
Les perturbateurs endocriniens apparaissent dans la quasi-totalité des PRSE 4 (10/11). Dans trois
PRSE 4, ils sont mentionnés plus d?une vingtaine de fois (Ile-de-France, Bourgogne-Franche-
Comté et Centre-Val-de-Loire). En revanche, la SNPE2 n?est citée que dans 4 PRSE 4 (Normandie,
Centre-Val-de-Loire, Pays-de-la-Loire et Hauts-de-France).
Les actions consacrées exclusivement aux perturbateurs endocriniens sont rares. On ne les trouve
que dans deux PRSE 4 (Bourgogne-France-Comté et Ile-de-France). Le plus souvent, les pertur-
bateurs endocriniens sont inclus dans des actions ou des objectifs plus larges : produits chimiques,
expositions aux polluants, qualité de l?air intérieur, environnements intérieurs, formation et sensibi-
lisation à la santé environnementale, alimentation, pesticides?
Ces actions relèvent de deux types d?approche :
? Populationnelle : une grande partie des actions est dédiée aux femmes enceintes et aux
jeunes enfants (1000 premiers jours) et, dans une moindre mesure, aux enfants et aux
adolescents ; à l?inverse, peu d?actions ciblent spécifiquement certaines catégories profes-
sionnelles (agriculture, bâtiment?).
? Thématique : les actions relatives aux perturbateurs endocriniens s?intègrent très souvent
dans des approches globales portant sur les produits chimiques et les polluants domes-
tiques et, secondairement, dans des objectifs relatifs à la formation et à la sensibilisation
des professionnels de santé et de la petite enfance
La majorité des actions visent les 1000 premiers jours et, secondairement, la formation
et l?information
Une grande partie des actions et objectifs des PRSE 4 consacrés aux perturbateurs endocriniens
font écho au volet 1 de la SNPE2 (former et informer).
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On trouve ainsi dans de nombreux PRSE 4 des actions consacrées aux 1000 premiers jours,
incluant (implicitement ou explicitement) les perturbateurs endocriniens : formation des
professionnels de santé et de la petite enfance (formations FEES et Nesting notamment),
sensibilisation des femmes enceintes et des jeunes parents, accompagnement des maternités et
établissements d?accueil des jeunes enfants, prise en charge des couples avec problèmes de
fertilité (Plateformes PREVENIR) ?
Quoiqu?à un degré moindre, on trouve également plusieurs actions ou objectifs destinées à
sensibiliser le grand public (en particulier les jeunes) et à la formation des agents et des élus des
collectivités territoriales. Dans ce registre, figurent dans quelques PRSE 4 des actions relatives à
la formation professionnelle dans des secteurs particulièrement exposés aux perturbateurs
endocriniens et aux produits chimiques en général (BTP, agriculture?).
Quelques actions visent la réduction des expositions à la source et l?avancée des
connaissances
Les objectifs relatifs aux volets 2 et 3 de la SNPE2 sont également présents dans les PRSE4 mais
à un degré moindre que ceux du volet 1.
C?est le cas des actions visant à réduire les expositions à la source (via l?alimentation, la
construction et l?aménagement de bâtiments?), domaine relevant du volet 2 de la SNPE2
(« protéger l?environnement et la population »). On trouve également dans deux PRSE 4 des
objectifs relatifs aux pratiques agricoles et aux expositions professionnelles.
Quelques PRSE 4 comportent des actions destinées à approfondir les connaissances (Volet 3 de
la SNPE2). Il s?agit essentiellement d?actions destinées à la surveillance des expositions aux
pesticides et, accessoirement, de travaux de recherche ou de prospective.
Des actions absentes ou sous-représentées
Alors que la SNPE2 prévoyait d?inclure les perturbateurs endocriniens dans les objectifs du Service
sanitaire des étudiants en santé, on n?en trouve mention dans aucun PRSE 4. De même, les actions
visant à réduire les expositions professionnelles sont peu nombreuses ; une sous-représentation
qui est peut-être due à leur intégration dans les plans régionaux santé au travail.
Annexe 11.1.2 La surveillance des rejets des industries pharmaceutiques
réalisée par 5 DREAL à l?initiative de la DGPR
En 2022, dans le cadre d?une action nationale d?inspection des installations classées pour la pro-
tection de l?environnement pilotée par la Direction générale de la prévention des risques (DGPR),
5 DREAL (Bourgogne-Franche-Comté, Centre Val de Loire, Normandie, Occitanie et Pays de la
Loire) ont initié une opération consistant à rechercher la présence d?activités endocriniennes dans
des effluents de sites industriels pharmaceutiques. Cette recherche d?activités endocriniennes par
une approche bio-analytique a été réalisée sur 21 sites industriels.
L?objectif de cette action était triple :
améliorer la caractérisation des rejets des ICPE ;
affiner la méthodologie de caractérisation des activités endocriniennes par les outils bio-
analytiques développés par l?Ineris ;
mettre en place des actions de réduction des émissions de substances à l?origine d?activités
endocriniennes susceptibles d?imprégner les milieux.
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Les analyses ont mis en évidence la présence d?activités endocriniennes dans une majorité
d?échantillons sans qu?aucune conclusion ne puisse à ce stade être tirée de l?interprétation de ces
résultats : certains récepteurs nucléaires ont été activés ou inhibés par les substances présentes
dans l?échantillon. A noter que les résultats ne permettent pas de statuer quant à la nature chimique
des substances détectées et de conclure sur la présence de perturbateurs endocriniens au sens
réglementaire. De plus, il n?est pas possible de conclure immédiatement que ce sont les eaux de
procédé exclusivement qui sont à l?origine de l?activation ou l?inhibition de ces récepteurs nucléaires.
Une analyse plus approfondie est nécessaire.
Les résultats de cette première campagne, bien qu?imparfaits et incomplets, convergent néanmoins
vers une présence de PE dans la majorité des sites industriels étudiés, cette étude, première dans
son genre, esquisse ainsi le paysage de la contamination aux PE et aurait un intérêt certain à être
partagée à l?échelle nationale et européenne pour faire progresser la connaissance. En l?état, en
gardant en tête l?objectif de la SNPE2 à savoir la réduction de l?exposition aux PE, cette surveillance
constitue une première brique pour y parvenir en proposant une première ébauche d?état des lieux
mais doit être complétée pour avoir des effets concrets sur l?environnement.
Les suites à donner selon les différents cas rencontrés sont actuellement en cours de discussion.
De nombreuses perspectives sont possibles. On recensera de manière non exhaustive les idées
suivantes : l?élaboration d?une liste de substances susceptibles de générer une activité PE et de se
retrouver dans les effluents, la rédaction d?un guide méthodologique pour accompagner les indus-
triels dans la revue bibliographique des substances susceptibles d?être PE, l?investigation des tech-
niques de traitement des effluents ?
Dans la continuité de cette action, la surveillance des rejets d?activités endocriniennes dans les
effluents de sites industriels s?est prolongée en 2023 à tout type d?établissement industriel. L?ob-
jectif est de caractériser plus finement les activités industrielles à l?origine de rejets d?activités en-
docriniennes dans les milieux afin de prévoir des actions de réduction de ces rejets. Les résultats
de ces deux campagnes de recherche d?activités endocriniennes dans les effluents aqueux des
sites industriels permettront de s?interroger sur les activités/secteurs industriels pour lesquels une
surveillance de rejets aqueux serait pertinente à mettre en place.
Annexe 11.1.3 La prévention du risque chimique dans le PRST de la région
PACA
Le risque chimique est, au niveau national, la deuxième cause de maladies professionnelles et la
première cause de décès professionnel. Chaque année, il est responsable de près de 1 800 can-
cers professionnels reconnus, dont 1400 au titre de l?amiante.
Dans la région PACA, c?est un enjeu qui concerne de multiples secteurs (agriculture, BTP, cosmé-
tiques, construction navale, énergie et déchets, hygiène, esthétique?) et quelques territoires en
particulier (bassin industriel de l?étang de Berre, parfumerie dans les Alpes Maritimes ?).
Dans le PRST 3 (2016-2020), le risque chimique occupe une place importante : 13 actions lui sont
consacrées, avec 4 modalités de mise en oeuvre :
prévention d?un risque chimique spécifique dans un secteur d?activité (par exemple les
risques liés à l?utilisation du perchloréthylène dans les blanchisseries) ;
prévention intégrée à la démarche générale d?évaluation des risques professionnels
(garages automobiles, réparation des navires de plaisance ?) ;
prévention des risques chimiques intégrées à la formation initiale et continue (par exemple
Certiphyto dans le secteur agricole) ;
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études et recherches.
A chaque fois, l?approche privilégiée est celle d?un accompagnement des entreprises pour leur
permettre de mieux évaluer les risques chimiques et renforcer leur prévention.
Un bilan du PRST3 a été fait, dont il ressort un certain nombre de difficultés pour les entre-
prises s?agissant de la prévention du risque chimique :
réglementation technique, évolutive et complexe ;
investissement souvent coûteux notamment en matière de dispositifs d?aération et
ventilation ;
mauvaise connaissance et perception du risque par l?ensemble des acteurs de l?entreprise ;
sujet peu traité en formation professionnelle initiale et continue ;
méconnaissance des outils et ressources existants sur l?évaluation et la prévention des
risques chimiques?
Le PRST 4 (2021-2025) fait du risque chimique l?un des 5 risques prioritaires de la stratégie régio-
nale santé au travail (avec les risques de chutes de hauteur et de plain-pied, les risques psycho-
sociaux, les risques de troubles musculosquelettiques et les risques routiers). 5 actions lui sont
consacrés, dont l?une mentionne explicitement les perturbateurs endocriniens (prévention du
risque d?exposition à la silice).
En complément de ces actions de prévention, une action destinée à « développer la recherche et
améliorer les connaissances » est tournée spécifiquement vers les perturbateurs endocriniens. In-
titulée « étude-action sur la prévention de l?exposition des travailleurs aux perturbateurs endocri-
niens » et pilotée par la DREETS PACA, cette action se donne 4 objectifs :
identifier et analyser les initiatives régionales existantes en matière de sensibilisation et de
prévention des expositions des travailleurs aux perturbateurs endocriniens ;
proposer des axes d?amélioration en matière de sensibilisation et d?accompagnement des
entreprises à la prévention des risques d?expositions aux perturbateurs endocriniens ;
développer une approche transversale avec les acteurs de la santé publique et de la santé
environnementale ;
s?appuyer sur les travaux universitaires (lien avec la plateforme Couple Reproduction
Enfant Environnement et Risque (CREER, pôle de compétences de l?Arbois?).
Un secteur pilote a été identifié : les « soins de beauté » (cosmétiques, coiffure, esthétique ?)
dans le département des Bouches-du-Rhône, qui représente 57 entreprises. Ce choix a été fait car
ce secteur est essentiellement composé de TPE-PME (priorité du PRST 4) et parce que les per-
turbateurs endocriniens y constituent un risque professionnel important.
Annexe 11.1.4 L?action de la DREETS Centre Val de Loire pour la
prévention des PE
La DREETS Centre-Val-de-Loire, dans le cadre du 3ème PST, a mis en place une démarche
partenariale intitulée « mieux connaître les perturbateurs endocriniens et les nanomatériaux pour
mieux prévenir les risques sur les lieux de travail ».
Cette démarche a été portée par un groupe de travail pluri-institutionnel (Dreets, SPST, Carsat,
MSA) et s?est structurée en plusieurs étapes :
Sensibilisation des préventeurs : 370 préventeurs (médecins du travail, intervenants en
prévention des risques professionnels (IPRP) et infirmiers des services de santé au travail
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(IDEST), agents de contrôle de l?inspection du travail, contrôleurs de la Carsat ...) ont
bénéficié de réunions dédiées.
Identification des substances et des secteurs concernés dans la région : à partir des
différentes listes de perturbateurs endocriniens existantes, 60 substances ont été retenues,
en priorisant celles pour lesquelles des secteurs professionnels de la région présenteraient
des risques d?exposition pour leurs salariés.
Accompagnement des entreprises : 121 entreprises ont été ciblées au sein des secteurs
repérés et ont été assistées pour faire le point sur l?approche du risque chimique.
Il a été constaté que 60 entreprises parmi 121 manipulaient effectivement certains des
perturbateurs endocriniens ciblés. Par ailleurs, 88% des entreprises avaient déjà entrepris au
moins une action de prévention sur le risque chimique. L?inventaire des produits et le recueil des
fiches de données de sécurité étaient les actions les plus réalisées, suivies de l?analyse des
dangers. En revanche, seulement un quart des entreprises avait réalisé son évaluation du risque
chimique et rédigé un plan d?action. A l?issue de l?opération, le chiffre était passé à 97% pour au
moins une de ces actions.
Parmi les suites de l?opération, certaines entreprises ont entrepris une substitution des
perturbateurs endocriniens qu?ils utilisaient par d?autres substances. Des démarches de prévention
collective et individuelle ont également été lancées, assorties de formation à l?intention des salariés.
Le bilan positif tiré de cette campagne illustre l?intérêt d?un accompagnement au niveau local pour
faire progresser les démarches de prévention et de substitution.
Annexe 11.1.5 Les actions de l?Assurance maladie
Avec celle de l?Aisne, la CPAM de l?Indre fait figure de précurseur en matière de lutte contre les
perturbateurs endocriniens. Dans une région déjà engagée dans cette démarche (signature par le
Conseil régional de la charte « villes et territoires sans PE », mise en oeuvre d?un plan d?action
régional?), la CPAM 36 a lancé en 2021 des actions de prévention des expositions aux
perturbateurs endocrinien (en particulier les phtalates), avec deux volets : sensibiliser les
professionnels de santé, d?une part, mener une action de communication auprès des assurés
sociaux, en ciblant plus spécifiquement les femmes enceintes et les jeunes enfants, d?autre part.
Pour sensibiliser les professionnels de santé libéraux, des visites leur ont été rendues par les
délégués de l?assurance maladie, qui leur ont remis plusieurs documents (mémo synthétisant les
dernières mesures réglementaires et les recommandations, aide visuelle et argumentaire, affiches
et dépliants à destination des assurés). Ont été ciblés, dans un premier temps, les médecins mais
surtout les sage-femmes, particulièrement sensibles aux questions environnementales et à leur
impact sur les 1000 premiers jours. Une campagne spécifique en direction des pharmaciens
d?officine a également été déployée, dans la perspective de « l?entretien court pharmaceutique à
destination des femmes enceintes » prévu par la dernière convention nationale.
Cette campagne a été complétée par des actions de sensibilisation des assurés sociaux, en
particulier les femmes enceintes. A l?occasion des « rendez-vous maternité », les conseillers de
l?Assurance maladie ont ainsi sensibilisé ce public aux questions relatives aux perturbateurs
endocriniens. Ces actions ont été menées de façon partenariale, dans le cadre des contrats locaux
de santé et avec la contribution d?associations telles que le Centre permanent d?initiatives pour
l?Environnement Brenne Berry (animation d?ateliers de prévention en santé environnementale pour
encourager les femmes enceintes à choisir les bons produits du quotidien).
Enfin, la CPAM a soutenu, dans le cadre des contrats de locaux de santé, des expérimentations
« 0 phtalates » menés par deux collectivités territoriales (Châteauroux Métropole et Pays
d?Issoudun et de Champagne berrichonne) : financement d?opérations de biomonitoring (port de
bracelets en silicone et analyse de mèches de cheveux pour une vingtaine de personnes),
financement de formations pour les personnels de la petite enfance et les acheteurs publics,
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financement d?ateliers de sensibilisation à destination d?un public précaire. Ces actions ont été
financées via le fonds d?action sanitaire et social de la CPAM.
Dans la foulée des actions entreprises dans l?Indre et dans l?Aisne, une dizaine de CPAM
envisagent de lancer des campagnes de prévention des PE.
Ces initiatives ont trouvé un écho national dans le « rapport charges et produits » 2023 de la CNAM
qui met en avant ces expérimentations dans son chapitre consacré à la santé environnementale.
Surtout, la dernière convention d?objectif et de gestion (COG 2023-2027) signée entre l?Etat et la
CNAM consacre un chapitre à la santé environnementale et la transition écologique, dans lequel
une généralisation des opérations « 0 phtalates » est prévue. Plus globalement, la CNAM
s?engage à intégrer la dimension « santé environnementale » dans toutes les campagnes de
prévention et de promotion de la santé. La COG stipule également que les accords conventionnels
intégreront à l?avenir la promotion de la santé environnementale, à l?instar du nouvel entretien
postnatal prévu par un avenant à la convention sage-femmes.
Révisée en décembre 2021, cette convention comporte un article relatif au suivi post-natal actant
le principe selon lequel les visites à domicile intègreront désormais un volet lié à l?impact de
l?environnement sur la santé de l?enfant.
D?autres conventions devraient, à l?avenir, intégrer des dispositions de ce type, à commencer par
celles des médecins et des pharmaciens, pour lesquels la santé environnement devrait figurer
parmi les thèmes abordés lors des « rendez-vous prévention aux âges clefs de la vie ».
Annexe 11.2. Les actions portées par les collectivités territoriales
Annexe 11.2.1 Le plan régional perturbateur endocrinien de la région
Centre Val de Loire
Signataire de la charte du RES en 2021, la Région Centre-Val-de-Loire déploie depuis 2020 un
plan d?action régional « ma région sans perturbateurs endocriniens ».
Ce plan d?action est construit autour de trois axes :
« Informer/communiquer » : cet axe s?est concrétisé par l?édition de plaquettes grand public
(adaptation des habitudes, sans que cela ne soit trop coûteux) et d?un guide aux
collectivités (portant sur la qualité de l?air, la restauration, et la qualité de l?eau).
« Connaître » : cet axe matérialise le soutien aux projets de recherche locaux permettant
de quantifier l?imprégnation.
« Sensibiliser pour réduire » : cet axe se traduit par le soutien à des actions vers les publics
prioritaires (jeunes enfants, adolescents, futurs et jeunes parents, femmes enceintes), les
citoyens, les professionnels et les collectivités.
Les responsables du suivi du plan ont fait part de leur souhait de pouvoir toucher un public le plus
large possible, qui dépasse le champ des citoyens déjà sensibilisés sur le sujet.
Le comité de pilotage du plan se réunit 2 fois par an. Un appel à projets ouvre des subventions de
3 000¤ à 10 000 ¤, le financement de la région ne pouvant excéder plus de 50% du coût total.
Le bilan de ce plan, qui court jusqu?à 2024, n?est pas encore achevé, mais des actions diverses
ont été soutenues (actions d?éducation au mieux manger dans les villes, utilisation de matériaux
biosourcés pour la rénovation de lycées, campagnes d?information au sein de CPTS ...). Le plan
résonne avec le PRSE 4 du Centre-Val-de-Loire, qui accorde également une place forte aux
perturbateurs endocriniens dans ses différents axes (sensibilisation, information et formation ;
alimentation ; micropolluants ; analyse de l?environnement).
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Annexe 11.2.2 Le plan d?action régional du Conseil Régional Occitanie
Signataire de la charte « villes et territoires sans perturbateurs endocriniens », le Conseil régional
Occitanie a adopté en 2019 un plan d?action régional composé de 10 engagements, répartis en 3
axes :
améliorer la connaissance scientifique et la diffuser largement, en informant les divers
publics, dont les futurs professionnels de santé et en travail social ;
déployer une politique d?achats responsables ;
intégrer pleinement les enjeux des perturbateurs endocriniens dans les politiques
publiques menées par la Région.
Par rapport aux mesures habituellement prises par les collectivités territoriales, ce plan d?action se
distingue par l?importance qu?il accorde à la recherche et à l?innovation. Les bilans 2021 et 2022
de ce plan d?action régional mettent ainsi en avant :
9 projets relevant directement ou indirectement des perturbateurs endocriniens
subventionnés dans le cadre de l?appel à projets « recherche et société(s) » de 2020 ;
6 allocations doctorales en lien avec les perturbateurs endocriniens ;
14 projets subventionnés dans le cadre de l?accompagnement aux projets d?entreprises
développant des solutions/produits limitant l?usage et/ou la dissémination de perturbateurs
endocriniens dans l?environnement : agriculture, emballages écologiques, cosmétiques ;
2 projets subventionnés dans le cadre de l?accompagnement de cluster/pôle de
compétitivité oeuvrant dans le domaine de l?agriculture et de la cosmétique.
Le plan d?action régional fait également de la commande publique un levier prioritaire pour lutter
contre les perturbateurs endocriniens. Sont ciblés prioritairement les marchés de denrées alimen-
taires, de nettoyage des espaces verts, de textile et de travaux. Le bilan 2021 fait ainsi état de 269
marchés de travaux intégrant des clauses non PE et le bilan 2022 met en avant une formation
« prescriptions techniques relatives aux matériaux et équipements de construction durable » des-
tinée aux chargés d?opération.
Autre particularité de ce plan d?action régional : un recensement des crédits consacrés à la mise
en oeuvre de ce plan d?action régional. Ils s?élèvent, selon le Conseil régional, à 3,45 M¤ en 2021
et 5 M¤ en 2022.
Annexe 11.2.3 La Ville de Strasbourg et les « Ordonnances vertes »
La Ville de Strasbourg a rejoint en 2018, la charte « villes et territoires sans perturbateurs endocri-
niens » initiée par le Réseau environnement santé (RES) et co-pilote avec la Ville de Paris le
groupe "perturbateurs endocriniens" du Réseau français des villes-santé de l?OMS.
Afin de limiter l?exposition aux perturbateurs endocriniens pendant la grossesse, la ville propose à
des femmes enceintes habitant à Strasbourg, de bénéficier du dispositif « ordonnance verte ».
Pour en bénéficier, il est nécessaire, d?une part d?avoir une prescription d?un professionnel de santé
(sage-femme, médecin généraliste ou gynécologue), et d?autre part de suivre les ateliers.
L?ordonnance verte est un dispositif destiné aux femmes enceintes habitant à Strasbourg. A partir
de 2026, il sera étendu aux femmes en parcours de procréation médicale assistée.
Le dispositif comprend :
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Deux ateliers de sensibilisation aux perturbateurs endocriniens d'une durée d'1h45 chacun :
? atelier 1 : vivre ma grossesse sans perturbateurs endocriniens
? atelier 2 : repenser mon assiette, pour mon bébé et la planète
La mise à disposition gratuite d'un panier de légumes issus de l'agriculture biologique et de
circuits courts (ferme située à 30 km de Strasbourg), chaque semaine (pour une durée de
2 à 7 mois, avec une modulation de la durée d?octroi selon le quotient familial).
Un suivi est effectué, avec évaluation de la pertinence, notamment auprès des populations vulné-
rables. Après une expérimentation auprès de 800 femmes en 2023, au succès incontestable (90%
de satisfaction, avec des effets collatéraux sociaux positifs sur l?entourage, le lien entre femmes
enceintes), la ville a décidé de pérenniser ce dispositif, à compter de janvier 2024, pour une durée
de 3 ans. Le coût annuel de cette opération s?est élevé à 345 k¤ (pour la première phase) et devrait
atteindre 650 k¤/an avec l?extension du dispositif, dont 65 k¤ de gestion administrative.
Annexe 11.2.4 Le « Plan départemental de prévention et de lutte contre les
perturbateurs endocriniens » du département du Tarn :
focus sur la commande publique
Dans la foulée de la signature de la charte du RES « villes et territoires sans perturbateurs endo-
criniens », le Conseil départemental du Tarn a adopté en 2019 un « plan départemental de préven-
tion et de lutte contre les perturbateurs endocriniens » structuré autour de 3 axes :
éco exemplarité : politique d?achats sans PE, entretien des collèges et locaux du conseil
départemental avec des produits sans PE, entretien des espaces verts sans produits phyto
sanitaires ;
prévention : sensibilisation du personnel de la collectivité, mobilisation des collectivités
territoriales du Tarn, accompagnement des crèches, sensibilisation des collégiens,
formation des professionnels de la petite enfance, restauration collective dans les
collèges ? ;
sensibilisation de la population.
La commande publique constitue un axe prioritaire de ce plan d?action, qu?il s?agisse de marchés
de travaux, de services ou de fournitures. Dans nombre de marchés lancés depuis 2020, figure un
article introductif mentionnant que le département « souhaite inciter les fournisseurs à proposer
une gamme de produits et de services sans perturbateurs endocriniens afin de protéger la popu-
lation, les agents du Département et l?environnement ».
Des clauses particulières ont également été introduites dans plusieurs marchés, qui vont au-delà
des seuls perturbateurs endocriniens. Cette approche a été retenue compte tenu des lacunes de
la réglementation, en particulier l?absence d?une liste de PE avérés ou présumés.
Ainsi, pour les marchés de mobilier de bureau, le cahier des charges stipule que les équipements
(plans, tables, chaises, armoires?) respectent la marque NF environnement pour l?ameublement.
De même, dans les marchés de supports de communication (textiles, objets promotionnels) une
clause du cahier des charges prévoit que les candidats devront « proposer une gamme de produits
à écolabels éventuels ou équivalents, ou à référentiels écologiques reconnus ». Pour les objets
commandés sur catalogues, le département demande à pouvoir identifier et commander en priorité
des produits écoresponsables.
Selon les services du conseil départemental, ces clauses n?ont pas posé de problème particulier
aux fournisseurs : le fait d?imposer cette certification n?a pas eu pour effet de restreindre les offres.
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Pour accompagner la mise en oeuvre de ces marchés, les acheteurs ont bénéficié de l?appui de la
responsable de la commande publique recrutée en 2019, qui a apporté conseils et orientations
pour la mise en place de clauses environnementales. Un cycle de formation spécifique a également
été proposé aux agents de la collectivité à compter de 2020.
Dans le secteur des travaux, deux exemples de marchés ont été fournis à la mission : le nouveau
collège Thomas PESQUET à Castres et la rénovation de l?hémicycle de l?hôtel du Département à
ALBI. Pour ces deux marchés, il a été demandé aux candidats à l?appel d?offre de fournir des «
matériaux plus sains afin de limiter l?émanation de particules contenant des perturbateurs endocri-
niens ».
Pour l?hémicycle, cela s?est traduit par un revêtement mural en PVC acoustique certifié A+ et des
dalles de sol vinyle certifiées A +. Pour le collège, ont été retenus : des panneaux composites en
zinc pour le bardage extérieur du bâtiment ainsi que des sols, peintures et mobilier éco-certifiés.
Ainsi, c?est une démarche pragmatique et progressive qui a été mise en oeuvre par le Département
du Tarn, axée sur certains marchés et s?appuyant sur les écolabels et les certifications environne-
mentales (faute de produits certifiés « sans perturbateurs endocriniens »).
La commande publique fait partie des 12 engagements pris au titre du deuxième plan départemen-
tal de prévention et de lutte contre les PE (2023-2025), avec une priorité donnée aux « achats
fortement impactant pour la santé humaine ».
Notons enfin que le Conseil départemental encourage les collectivités territoriales du Tarn à pren-
dre en considération les perturbateurs endocriniens. Pour cela, dans le cas d?opérations co-finan-
cées par le Conseil départemental, ce dernier peut accorder un bonus financier aux collectivités
qui s?engagent à réduire l?exposition aux perturbateurs endocriniens.
Annexe 11.2.5 La Ville de Mouans-Sartoux et son « projet alimentaire
territorial »
La ville de Mouans Sartoux (06), 10 000 habitants, a un engagement en matière d?écologie, et
notamment de santé environnementale, depuis plusieurs décennies et la ville considère aujourd?hui
qu?il s?agit d?un facteur d?attractivité. Cet engagement de longue date sur l?alimentation bio et
l?économie circulaire, a été renforcé, sur la thématique des PE, par la signature, en décembre 2021,
de la charte villes et territoires sans perturbateurs endocriniens.
Au moment de la visite de la mission, la commune travaillait encore sur la traduction concrète de
cet engagement.
Avant la signature de cette charte, la ville de Mouans-Sartoux s?était lancée dans un ambitieux
programme alimentaire dans le cadre d?un projet d?alimentation territorial (PAT), dont l?origine
remonte, selon l?élu rencontré, à la crise de la vache folle en 1996.
Par ce PAT, et pour répondre aux enjeux de santé et d?environnement en lien avec l?alimentation,
la commune, alors que les plastiques furent écartés quelques années auparavant, sert aux enfants
des écoles et des crèches des repas 100% bio, de saison, depuis 2012. Le passage au 100% bio
s?est fait à coût constant grâce à une diminution de 80% du gaspillage alimentaire et
l?approvisionnement par la ferme municipale (96 % des légumes en proviennent). Depuis
septembre 2022, 50% des repas servis dans les cantines sont servis avec de la viande ou du
poisson, 50 % avec des oeufs et des protéines végétales. La commune explique qu?il y a en
parallèle une éducation à l?alimentation.
Une enquête de 2013 auprès de la population met en évidence que 95% des familles ayant un
enfant à l?école avaient changé leurs pratiques alimentaires (davantage de bio, de local et moins
de produits transformés). L?étude d?impact de 2022 dans la population générale montre
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que l?impact positif est principalement dû au changement individuel dans les habitudes
alimentaires (59% ont modifié leur régime alimentaire avec réduction de la viande, des aliments
ultra transformés, consommation accrue de produits BIO de saison et locaux).
La Maison d?éducation à l?alimentation durable (MEAD) a été créée quant à elle en 2016. Elle est
installée sur la ferme municipale et héberge le service alimentaire municipal (5 personnes, financés
par l?ADEME, la Fondation Carasso, l?Union européenne?). Le travail repose sur cinq axes :
a/reconquête du territoire agricole (aides municipales à l?installation bio), b/ accès à l?alimentation
durable (AMAP, marchés de plein air, Biocoop, épicerie sociale?), c/ éducation à l?alimentation
durable (jardinage, cuisine,...) pour les enfants, les seniors, d/ travail de recherche (économie,
nutrition?), e/partage avec d?autres collectivités (plus de 750 communes sont venues voir Mouans-
Sartoux dont Lyon, Bordeaux?).
Le Projet alimentaire territorial a ainsi pour but de réunir les acteurs locaux autour de l?alimentation
(producteurs, transformateurs, consommateurs, élus?) pour reconnecter l?alimentation au
territoire. Dans le cadre du plan de relance, le PAT de Mouans-Sartoux a obtenu un financement
de 300 K¤ pour 3 ans.
Annexe 11.2.6 Le plan départemental « santé dans toutes les politiques »
du conseil départemental des Alpes-Maritimes
Dans le prolongement du « green deal » lancé en 2020, le conseil départemental des Alpes Mari-
times a adopté en 2023 un plan départemental « Santé dans toutes les politiques » qui s?étend
jusqu?en 2028. Ce plan comporte 40 projets dont un certain nombre concernent les perturbateurs
endocriniens :
« étudier l'impact en santé des actions menées au sein des maisons départementales des
1 000 jours, par exemple au sujet des perturbateurs endocriniens » ;
accompagnement des crèches d?Antibes en lien avec SAFE-Li ;
sensibilisation des agents du département à la santé environnementale.
Pour les crèches (au nombre de 300 dans le département), le conseil départemental s?appuie sur
deux opérateurs :
l?association Label Vie qui accompagne des établissements collectifs d?accueil du jeune
enfant (EAJE) en matière de transition écologique et de santé environnementale (29
crèches accompagnées en 2022 et 15 crèches engagées dans cette démarche en 2003) ;
l?agence ALCISE qui, à travers la démarche SAFE-Li et grâce au soutien financier de l?ARS
PACA (via le PRSE), accompagne la commune d?Antibes et ses crèches depuis 2023.
Les deux démarches (Label vie et Safe-Li) sont très similaires dans leur contenu (diagnostic, for-
mations, plan d?action?) avec toutefois des approches différentes : accompagnement individuel
des crèches par Label Vie alors que SAFE-Li promeut une logique d?essaimage (choix d?une
crèche « pilote » pour engager un processus qui doit s?étendre à tous les établissements du dé-
partement).
Le plan départemental « santé dans toutes les politiques » s?est également traduit en 2023 par une
formation, à grande échelle, des agents de la PMI à la santé environnementale, dont les perturba-
teurs endocriniens : alimentation, cosmétique, hygiène, aération des locaux? 145 agents (soit en-
viron 80%) ont suivi cette formation d?une journée complétée, pour les « référents thématiques »,
par des ateliers d?une demi-journée. En 2024, des ateliers ont été mis en place dans les maisons
des 1000 premiers jours, de sensibilisation des femmes enceintes, assistantes maternelles et
jeunes parents.
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Annexe 11.3. Les actions portées par les associations
Annexe 11.3.1 La charte « villes et territoires sans PE » du Réseau
environnement santé
Le Réseau environnement santé (RES) est une association loi 1901 qui a été créé le 3 mars 2009,
avec l?aide du WWF.
Les actions du RES sont les plaidoyers, les interventions publiques, les colloques et les revues de
presse.
Les dates clef du RES184
2009 : plaidoyer pour une interdiction du BPA dans les biberons ; interdiction votée en 2010.
2012 : interdiction du percholoéthylène dans les pressings, suite aux alertes du RES.
2014 : contribution à la création de la SNPE et intégration du RES dans les instances de
travail.
2017 : création de la charte Villes et territoires sans perturbateurs endocriniens.
2021 : création des opérations zéro phtalates à mener avec les territoires.
2023 : lancement du projet européen LIFE ChemBee porté par le RES pour la France, avec
11 partenaires de 9 pays européens et 25 collectivités françaises partenaires.
La charte signée par les collectivités
Le RES met en oeuvre une démarche centrée sur les perturbateurs endocriniens, qui consiste à
faire s?engager les collectivités territoriales à la faveur d?une charte villes et territoires sans
perturbateurs endocriniens.
C?est ainsi que, fin 2023, 300 communes, 4 régions et 10 départements ont signé la charte.
Les collectivités territoriales signataires s?engagent alors à :
? Interdire l?usage des produits phytosanitaires et biocides, qui contiennent des perturbateurs
endocriniens (ainsi que des substances cancérigènes, mutagènes et toxiques pour la re-
production (CMR)) sur leur territoire en accompagnant les particuliers, les propriétaires des
espaces et d?établissements privés désirant appliquer ces dispositions.
? Réduire l?exposition aux perturbateurs endocriniens dans l?alimentation, en développant la
consommation d?aliments biologiques et en interdisant l?usage de matériels pour cuisiner
et chauffer comportant des perturbateurs endocriniens.
? Favoriser l?information de la population, des professionnels de santé, des personnels des
collectivités territoriales, des professionnels de la petite enfance, des acteurs économiques
des enjeux des perturbateurs endocriniens.
? Mettre en place des critères d?éco conditionnalité interdisant les perturbateurs endocriniens
dans les contrats et les achats publics.
? Informer tous les ans les citoyens sur l?avancement des engagements pris.
184 Selon le RES
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Figure 3 : Collectivités signataires de la charte Villes et territoires sans PE
Source : RES
Les actions engagées par les villes ou territoires sont variables, mais le levier important de la com-
mande publique est volontiers mis en avant. Quelques exemples ;
association 3AR (achats publics responsables) en Nouvelle-Aquitaine, première signataire
de la Charte : mise au point d?un plateau repas pour les crèches en porcelaine de Limoges.
ordonnance verte : la ville de Strasbourg propose des paniers bio aux femmes enceintes
(cf.supra).
Pour le président de l?association, hormis le nombre de signataires, il est encore difficile d?avoir un
bilan chiffré de ce que font les collectivités territoriales signataires alors que les initiatives sont
nombreuses. La mission a en effet constaté un réel engagement des collectivités signataires de la
charte, avec des actions très concrètes pour réduire l?exposition de la population et de l?environne-
ment aux perturbateurs endocriniens. La dynamique de réseau été fréquemment citée par les villes
signataires, notamment en termes de partage d?expérience.
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Annexe 11.3.2 Le projet de sensibilisation aux perturbateurs endocriniens
dans les lycées d?Île-de-France
Première Région à signer la charte villes et territoires sans perturbateurs endocriniens en 2018, la
Région Île-de-France s'est engagée avec le Réseau environnement santé à réduire l'exposition
des franciliens à ces substances toxiques du quotidien en déployant des actions de sensibilisation
en direction des jeunes. Après une première phase pilote menée en 2021 dans 7 lycées (PELIF1),
une seconde phase en 2023 (PELIF2) a mobilisé 30 lycées franciliens éco-Responsables185 et
sensibilisé ainsi 2126 lycéens, dont 486 ont participé à une expérimentation visant à montrer qu?il
est possible de réduire l?exposition aux phtalates (l?expérience bracelet a été limitée à un panel de
10-30 élèves par établissement du fait de son coût).
Le choix de mesurer uniquement une famille de perturbateurs endocriniens « non persistante »
comme les phtalates s?explique par de nombreux facteurs :
De nombreuses publications scientifiques ont démontré la possibilité d?utiliser les bracelets
en silicone en tant qu?échantillonneur passif.
Les phtalates s?éliminant en quelques heures et les changements de comportements
pouvant avoir un impact réel et immédiat, ce choix permet une communication non
anxiogène voire positive.
Les sources d?exposition sont facilement identifiables (plastiques, cosmétiques,
alimentation ultra-transformée, poussières domestiques).
La dimension ludique liée au port du bracelet (les volontaires ont notamment fait remarquer
le « côté fun »).
La phase de sensibilisation a été effectuée en 3 temps :
une sensibilisation initiale sur les PE et leurs effets, les sources de phtalates et la méthode
d?analyse ;
des analyses scientifiques des bracelets en silicone. Le port de ces bracelets durant 7 jours
consécutifs (24h/24, même sous la douche), permet de mesurer l?exposition moyenne
quotidienne par voie d?inhalation (air intérieur) et par absorption cutanée (transpiration) et
contact direct (gel douche, sprays?) ;
et une phase de restitution.
La présence de 9 phtalates a été analysée (DEHP, DiNP, DiDP, DiBP, BBP, DnBP, DEP, DMP,
DnOP). Ce choix de phtalates s?est fait sur la base des mesures effectuées par Santé publique
France dans ses études ESTEBAN et ELFE. Au final, 8 phtalates sur les 9 testés ont été retrouvés
chez tous les élèves avec des écarts importants entre élèves et entre lycées. Les phtalates les plus
présents sont le DEHP, le DiNP, le DiDP et le DiBP. Les résultats ont principalement été restitués
aux élèves sous forme de représentation graphique anonymisée de leurs mesures, permettant la
comparaison avec les résultats des autres groupes dans d'autres lycées.
L?évaluation du rapport entre la médiane d?exposition des lycées (pour la quantité totale des 9
phtalates par bracelet) et les valeurs d?indice de position sociale (IPS, pour les années 2021-2022)
des lycées suggère une corrélation révélatrice d?inégalités sociales d?exposition. Cette conclusion
mériterait toutefois d?être précisée par des études supplémentaires. Lors des restitutions, les diffé-
rentes voies simples de réduction d?exposition aux phtalates ont été présentées aux lycéens.
185 Les lycées Eco-Responsables sont les lycées franciliens ayant obtenu le label d?Etablissement en Démarche de
Développement Durable (E3D), destiné à garantir la présence d?une équipe structurée et d?une implication des élèves dans les
projets de développement durable.
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Figure 4 : Document présenté aux lycéens
Une des limites du projet PELIF a été de ne pouvoir réaliser qu?une seule opération de mesure de
la contamination, ce qui ne permet pas de mesurer précisément l?impact de la campagne de
sensibilisation.
Toutefois, d?autres projets menés à plus petite échelle montrent qu?il est possible d?en quantifier
l?efficacité en procédant à une seconde opération, 15 jours après le rendu des résultats de la pre-
mière campagne en ayant sensibilisé entre temps les participants :
Le projet EXAPH mené en 2022 par le RES avec le soutien de l'ARS Grand Est et la
participation de 40 personnes volontaires des communes de Strasbourg, Schiltigheim et
Bischheim : après une première série d?analyses, les 10 personnes les plus contaminées
ont bénéficié d?une sensibilisation plus poussée et un 2ème test leur a été proposé quelques
semaines après. Sauf pour 2 personnes, une diminution moyenne de -59% entre la
première série de tests et la seconde a été observée. En incluant les 2 personnes qui ont
vu leur exposition augmenter une diminution moyenne de - 32 % est observée sur le total
des 9 phtalates recherchés ;
Le projet d?analyses menées dans 3 lycées d?Annecy en 2023 où 2 séries de mesures pour
les élèves participants ont été effectuées (avant et après des temps de sensibilisation
similaires à ceux de PELIF2), avec un résultat de 70% des 33 élèves participants réduisant
leur exposition.
En conclusion, l?utilisation des bracelets en silicone s?est avérée un bon support de communication
en rendant visible la pollution invisible par les phtalates, mais plus largement en sensibilisant de
cette façon à la contamination par l?ensemble des perturbateurs endocriniens et en donnant envie
de diminuer cette contamination.
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Cette démarche est tout à fait transposable dans tous les milieux et à tous les âges. Plusieurs
personnes auditionnées ont fait part de leur intention de mettre en oeuvre des opérations analogues
dans leur secteur d?activité.
Annexe 11.3.3 La surveillance de l?air ambiant par ATMO Occitanie
ATMO Occitanie186 a réalisé une évaluation de la présence des pesticides à caractère « perturba-
teurs endocriniens probables » lors de sa campagne 2021-2022 sur la base des substances iden-
tifié par l?Anses en avril 2021 dans la publication « Élaboration d?une liste de substances chimiques
d?intérêt en raison de leur activité endocrine potentielle. Méthode d?identification et stratégie de
priorisation pour l?évaluation Contribution à la Stratégie nationale sur les perturbateurs endocri-
niens 2019-2022 ».
Graphique 8 : Evolution du nombre de pesticides à caractère « perturbateur
endocrinien probable » quantifié en Occitanie depuis 2018-2019.
Source : ATMO Occitanie
186 ATMO Occitanie, association de loi 1901, est l?organisme chargé de la surveillance de la qualité de l?air et de la diffusion de
l?information sur le territoire régional.
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En 2021-2022, 5 substances actives potentiellement perturbateur endocrinien ont été quantifiées
sur l?ensemble des sites de mesures, à des fréquences plus ou moins importantes : lindane, folpel,
pendiméthaline, s-métolachlore, propyzamide.
A noter que s?agissant du cas particulier du lindane, substance active interdite de longue date et
qui cumule à la fois la fréquence de quantification la plus élevée et des caractéristiques de danger
fortes, il est important de pouvoir identifier les sources (d?émission voire de ré-émission), estimer
les expositions agrégées par différentes voies et milieux d?expositions (air ambiant et air intérieur,
ingestion...).
ATMO Occitanie a continué ce travail de surveillance en réalisant une campagne test d?évaluation
des perturbateurs endocriniens dans l?air ambiant en 2022, en collaboration avec le laboratoire
METIS (Milieux environnementaux, transferts et interactions dans les hydro systèmes et les sols).
Au cours de cette campagne, près de 55 molécules potentiellement perturbateurs endocriniens,
dont des pesticides, des plastifiants, des retardateurs de flamme, ont été recherchées sur Toulouse,
afin de confirmer la faisabilité de mesures de ces substances. Les résultats seront disponibles au
1er semestre 2024. A partir de 2024, une campagne d?évaluation des perturbateurs endocriniens
dans l?air ambiant sera réalisée sur 5 sites pendant 3 ans.
Annexe 11.4. Les actions portées par les crèches et maternités
Annexe 11.4.1 Les crèches sans PE du Tarn (Label vie)
Dans le cadre de son premier « plan départemental de prévention et de lutte contre les
perturbateurs endocriniens », le conseil départemental du Tarn a, en partenariat avec la CAF, lancé
en 2021 un appel à projets auprès des crèches du département. L?objectif était de les accompagner
dans une démarche de promotion de la santé environnementale en générale et de réduction de
l?exposition aux perturbateurs endocriniens en particulier.
Neuf crèches (sur les 110 établissement d?accueil des jeunes enfants (EAJE) que compte le
département) ont été ainsi sélectionnées et accompagnées par l?association LABEL VIE pour, dans
un premier temps, réaliser un diagnostic de leurs pratiques puis élaborer un plan d?action afin de
les faire évoluer. Des formations ont été organisées pour la mise en oeuvre de ces plans d?action :
éducation à l?environnement, alimentation, nettoyage, hygiène et cosmétiques?
Selon le bilan dressé en 2022 par le conseil départemental, cette première expérimentation a
permis aux 9 crèches de changer concrètement certaines pratiques professionnelles : utilisation
de couches éco-certifiées, suppression de la vaisselle et des biberons en plastique au profit de
matières plus saines (verre, inox), entretien des locaux au nettoie vapeur, achat de produits
d?entretien éco-certifiés, aération plus fréquente des locaux, utilisation de serviettes, gants et
torchons lavables, lavage des jeux au lave-vaisselle, suppression des fournitures toxiques dans
les jeux d?art plastiques (paillettes), suppression des bouteilles d?eau minérales au profit de l?eau
du robinet?
Les crèches engagées ont également relayé l?information auprès des parents et organisé parfois
des ateliers pratiques de fabrication de produits d?entretien pour prolonger les écogestes aux
domiciles des jeunes enfants.
Au-delà de ces impacts environnementaux, les professionnels auditionnés par la mission mettent
en avant la baisse de l?absentéisme des enfants accueillis comme des salariés des établissements
accompagnés. Ils notent également un effet positif sur la qualité de vie au travail, avec une
augmentation de l?engagement et du bien-être professionnel.
Parmi les difficultés mentionnées, figure l?absence ? pour certains produits ? d?une offre de produits
garantis sans perturbateurs endocriniens, ainsi que le manque de temps des professionnels.
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Cinq établissements ont, au terme de ce processus qui s?est achevé en 2023, obtenu la labélisation
« Label Vie » pour une durée de 3 ans.
Le second plan d?action départemental fait de l?accompagnement des crèches un de ses 12
engagements : « développer l?accueil des jeunes enfants en crèche dans un environnement plus
sain ». Le conseil départemental entend ainsi encourager « l?ensemble des crèches du
Département à engager des démarches de santé environnementale dans leur établissement et à
partager les résultats obtenus auprès des parents afin d?encourager ces derniers à adopter les
éco-gestes préconisés dans leur cellule familiale. ».
Un nouvel appel à projet est programmé avec pour objectif l?accompagnement d?une dizaine de
crèches. Pour susciter des candidatures, des sensibilisations à la santé environnementales
(webinaires, ateliers?) seront organisées, avec l?appui du CPIE du Tarn, auprès de l?ensemble des
EAJE et des relais petite enfance tarnais.
Annexe 11.4.2 La crèche 1,2,3 Soleil sans PE à Saintes, accompagné par
SAFE-LI
Dans le cadre du Contrat local de Santé, sous l?impulsion de l?ARS Nouvelle-Aquitaine et après
une sensibilisation aux PE en 2019 à destination des élus et des professionnels de la petite enfance,
la crèche 1,2,3 Soleil s?est saisie du sujet de la santé environnementale et a été désignée comme
crèche pilote référente du programme SAFE-Li pour la Charente-Maritime.
La crèche bénéficie d?un accompagnement sur-mesure par SAFE-Li avec un plan d?actions opéra-
tionnelles pour limiter l?exposition des populations vulnérables aux substances chimiques dont les
PE. Ce plan intervient dans 6 domaines : « marché de la détergence, soigner la qualité de l?air,
faire le tri, jouer autrement, mieux dans son assiette, nettoyer sans polluer ».
Pour limiter l?exposition aux PE, la crèche a développé de nouvelles pratiques. Elle a ainsi réduit
drastiquement le nombre de produits d?entretien utilisés, passant de 31 à 11 produits en privilégiant
une offre éco-responsable et locale. En parallèle, les agents d?entretien ont été formés à l?utilisation
de nettoyeur vapeur. Un nouveau protocole d?aération et de dégazage du mobilier187 a été défini
et appliqué. Pour terminer, la crèche a développé une politique de sobriété relative aux jouets
(choix restreint et moins genré) et animé des ateliers créatifs à partir de matériaux naturels avec
l?objectif qu?ils soient repris dans les foyers des enfants.
L?équipe de la crèche a pu constater une adhésion générale de l?ensemble des professionnels de
la petite enfance et des familles, grâce notamment à un discours commun entre les différentes
structures de la région (maternité, PMI ?). Cette sensibilisation collective contribue à faire évoluer
la demande dans la région avec un début d?adaptation très progressif de l?offre de certains indus-
triels fournisseurs dans la région pour y répondre. Les professionnelles de la petite enfance de la
crèche ont, aujourd?hui, acquis des compétences et sont devenues de véritables actrices de la
politique achat. La crèche positionnée comme crèche pilote partage et diffuse ces bonnes pratiques
auprès d?autres crèches du département.
Parmi les difficultés remontées, figurent l?offre et les coûts représentés par la substitution avec des
produits éco-responsables, surmontés par un fort portage politique de la collectivité.
187 Les matériaux de construction et d?ameublement (panneaux de bois aggloméré ; mousses isolantes ; laine de verre et de
roche ; peintures, vernis, colles ; revêtements muraux et de sol (moquettes, tapis, parquets) ; autres tissus) peuvent contenir du
formaldéhyde, un gaz incolore et inflammable reconnu cancérogène de catégorie 1B au niveau européen et présentant des
propriétés de perturbation endocrinienne. Il est recommandé de laisser « dégazer » le meuble, à son achat, quelques jours voire
semaines dans une pièce aérée.
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Annexe 11.4.3 Un exemple de maternité labellisée THQSE : La Rochelle
La maternité Pernelle Aufrédy de l?hôpital Saint-Louis de La Rochelle, de niveau 2B188, dispose
d?un service d?obstétrique et de néonatologie avec des lits de soins intensifs. Elle fait partie du
groupe hospitalier littoral Atlantique.
La maternité est accompagnée par la structure Primum Non Nocere du groupe Grant Thornton
dans une démarche innovante de maternité « éco-responsable ». L?objectif, via un diagnostic RSE
incluant un volet sur les perturbateurs endocriniens, est de définir un plan d?actions en vue de
l?obtention du label THQSE (très haute qualité sanitaire sociale et environnementale). Cette labéli-
sation est attribuée après audit sur site par un organisme évaluateur indépendant, SOCOTEC cer-
tification France. En France, 19 maternités sont labellisées THQSE.
Afin de financer l?acquisition du label THQSE, l?équipe de la maternité a créé, en 2019, le projet
« 1400 jours pour bébé » soutenu par le fond de dotation Horizon Atlantique 17 et a déposé cette
marque afin de pouvoir mobiliser des mécènes et ainsi ne plus dépendre des appels à projet.
Le groupement hospitalier de territoire (GHT) Atlantique 17 est signataire de la charte de
l?association 3AR (achats publics responsables en Nouvelle-Aquitaine) pour la promotion d?achats
durables hospitaliers et médico-sociaux. La maternité a également mis en place un SPASER
(schéma de promotion des achats publics socialement et écologiquement responsables). Très
concrètement, pour l?achat des couches, cela s?est traduit par la définition d?un critère de qualité
environnementale prenant en considération les analyses toxicologiques ainsi que les labels ou
certifications écologiques des emballages. Pour rédiger cette clause environnementale, le service
d?achat s?est appuyé sur les documents de travail de la DGOS. La note de « qualité
environnementale des produits » constitue 60% du score utilisé pour l?attribution des marchés, les
40% restant correspondant au prix (25%) et à la valeur technique du produit (5% pour chacun des
critères suivants : capacité d?absorption, confort pour le patient, ergonomie de pose pour les
patients). Ainsi, depuis 2019, la maternité utilise des couches « éco-responsables ». Cette
évolution a représenté un surcoût, peu important à l?échelle de l?hôpital et en partie compensé par
les économies faites sur les produits de nettoyage. De plus, avec l?essor du marché des « couches
éco-responsables » et le développement de la concurrence, lors du renouvellement du marché, le
prix des couches « éco-responsables » a diminué de 24%.
En 2022, a été mis en place LILOK, le premier laboratoire d?innovation pédiatrique, à l?hôpital de
La Rochelle permettant aux start-ups d?identifier la maternité pour tester leurs produits et répondre
aux besoins du secteur. La maternité a ainsi impulsé une démarche d?innovation en formulant un
besoin de couches de petites tailles. Si cette innovation s?est concrétisée pour les bébés de 2 kg,
l?offre reste lacunaire pour des couches pour les bébés nés prématurés, de moins de 2 kg, ceci
s?expliquant par l?insuffisante rentabilité d?une démarche de R/D pour cette gamme-ci.
La maternité se fournit également en nourrettes en verre contribuant à inciter ainsi de grands
groupes à développer ces produits.
La maternité applique la stratégie SSR qui implique, si possible, de Supprimer les produits à risque,
sinon de les Substituer par des produits moins toxiques et, en dernier recours, de Réduire leur
utilisation.
En parallèle, l?ARS Nouvelle-Aquitaine a déployé les ateliers Nesting dans la région. Ces ateliers
s?inscrivent dans le cadre du plan QVT 2019-2024 du GHT Atlantique 17 proposant aux agents
hospitaliers d?aborder les thématiques de la santé environnementale dont la sensibilisation aux PE.
188 Quatre types de maternités ont été définis par les décrets Périnatalité du 9 octobre 1998. Un établissement de type 2b comporte
des services d?obstétrique, de néonatalogie et de soins intensifs néonatals.
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Ces ateliers ont permis de former des professionnels de santé de la maternité mais aussi le per-
sonnel de nettoyage, ce qui a été primordial pour une prise de conscience des enjeux et de la
nécessité des changements de pratiques189. Ainsi, la maternité a mis en place un protocole de
bionettoyage à l?eau et à la microfibre pour les sols, le bionettoyage des surfaces hautes au Citrus
ND+, le nettoyage du cordon à l?eau et au savon, l?utilisation d?un lange lavable pour limiter l?expo-
sition à l?oxyde d?éthylène utilisé pour la stérilisation. La santé environnementale est un moyen de
valorisation des professionnels hospitaliers : d?après les différents retours, elle donne un sens nou-
veau à ces professions avec une acquisition de compétences et d?expertise. Cela permet à cha-
cun(e) de prendre conscience des leviers d?actions dans son domaine et de devenir des acteurs
pour la santé de tous.
Des ateliers Nesting sont également proposés pour sensibiliser les parents. La maternité est
également lauréate de l?appel à projet « 1000 premiers jours » avec son dispositif « petit déj? sain
à la maternité » proposant des produits en vracs, des produits bios de préférence en circuit court,
dans des contenants inertes dans un espace collectif favorisant les liens sociaux. Les séjours en
maternité sont envisagés comme une opportunité pour faire passer des messages.
L?engagement de la maternité dépassent le champ des PE pour une prévention des risques chi-
miques et des actions portant sur la santé environnementale au global.
Malgré les avancées d?ores et déjà constatées et les efforts consentis, l?équipe de la maternité
rencontre des difficultés pour approfondir et généraliser sa démarche notamment en raison du
cloisonnement des services et d?un manque de moyens humains. Le service d?achat est limité par
l?offre de produits et doit se fier aux informations fournies par les industriels. Pour se fournir en
couche auprès d?une start-up, il a été contraint de procéder, pendant un an, hors marché public. Si
le COVID a constitué une fenêtre d?opportunité pour changer des pratiques, il a également engen-
dré des retards et difficultés dans le déploiement de certaines mesures.
189 Par exemple, il y a un biais cognitif très ancré de l?association de l?odeur du propre avec celle de la Javel.
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Annexe 12. Gouvernance de la SNPE2
Annexe 12.1. Le comité de pilotage de la SNPE2 (COPIL)
Le COPIL est constitué de 20 membres : 10 directions générales (DGS, DGPR, DGAL, DGCCRF,
DGDDI, DGE, Dgesco, DGOS, Dgri, DGT), du CGDD et de 4 agences (Santé publique France,
Anses, Ansm, INCa), 2 EPIC (Ineris, BRGM), 2 EPA (OFB, CNFPT). Tous les membres du COPIL
participent au COSUI. Dans les faits, quelques 80 personnes sont invitées au COPIL et la mission
s?interroge sur le fonctionnement d?un COPIL de cette ampleur.
Le COPIL s?est réuni 2 fois en 2020, 3 fois en 2021 et 2 fois en 2023. On comprend que le COPIL
ne s?est pas tenu en 2022 compte tenu des travaux des équipes pendant la PFUE.
A la lecture des comptes-rendus, la mission remarque une évolution de la fonction du COPIL, avec
la mise en place du COSUI en 2021.
Les premiers COPIL de la SNPE2 ont une orientation opérationnelle, par exemple :
? l?articulation avec les financements : élaboration du PIA 4 : 3 thèmes proposés dans les-
quels il sera possible d'introduire le thème PE/substances chimiques (ex : mieux se nourrir) ;
? la mise en place des actions : réunions en interservices, stabilisation des financements,
lien à faire entre certaines actions, action qui dépend aussi de la liste Anses catégorisée,
la question des industriels qui revient souvent : « que doit-on substituer ? » ;
? Les projets de lo5i (lien avec la loi AGEC) et des règlementations européennes (action de
la France envisagée prochainement sur produits chimiques et PE en fonction des travaux
du Parlement européen sur les PE).
Le COPIL échange sur l?actualité (loi et règlementations, préparation de la PFUE avec la confé-
rence sur les produits chimiques et le forum PE) ... Le COPIL est par ailleurs amené à émettre un
avis, par exemple sur la mise en place du comité de suivi, les propositions d?actions prioritaires de
la SNPE2 à impulser en 2022).
On retrouve, comme pour le COSUI, la présentation d?actions. Annuellement, mais particulièrement
à la faveur de la fin de la SNPE2, en décembre 2023, le COPIL a colligé l?ensemble des actions de
la SNPE2 et ce fut l?occasion, pour la mission, de solliciter l?ensemble des porteurs d?actions afin
d?obtenir un bilan concernant les actions, jalons et indicateurs.
L?ordre du jour des Comités de pilotage de la SNPE2 (COPIL)
26/02/2020
(premier COPIL
de la SNPE2)
Passage en revue environ la moitié des actions de la SNPE2
Un point d?actualité : loi AGEC, PEPPER, EHESP
Travaux de l?Anses sur les listes
Un point rapide a ensuite été fait sur les autres actions et les actions pour
lesquelles des suites à donner spécifiques ont été relevées
13/10/2020 Un point d?actualités
Action 3 sur l?élaboration de la liste : actions à venir aux niveaux national et
européen
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Focus sur 5 thématiques
- Imprégnation des milieux au PE (actions 14, 15) (Ineris, OFB, DEB)
- Comprendre l?impact des PE sur la biodiversité (actions 27-28-29)
(OFB)
- Actions sur la substitution (actions 35, 36, 38, 39) (DGE, CGDD, DGT)
- Recherche sur les PE (actions 41, 42) (DGRI, CGDD)
- Actions de surveillance sanitaire (actions 44, 45 et 46) (SpF)
16/06/2021 Présentation par Santé publique France de l?étude sur la priorisation des effets
sanitaires liés aux PE
Point d?actualité : suites de la réunion de l?InterCOT PE du 15 avril 2021, Inéris
et action 14, règlement CLP, conférence sur les produits chimiques dans le
cadre de la PFUE
Présentation de l?outil de suivi
23/03/2021 Présentation du bilan intermédiaire de la SNPE2 par la DGPR et la DGS
(actions 2, 3, 22, 34, 45, 42)
Présentation du test EASZY comme bioessai in vivo d?activité oestrogénique :
application à des substances chimiques dans le contexte de l?OCDE et à la
surveillance environnementale
Présentation du projet Green Data for Health
Déploiement d?un outil informatique de suivi de la SNPE2
22/10/2021 Actualités et évolutions règlementaires sur les PE
Evolution de la SNPE2 et propositions: mise en place d?un COSUI de la
SNPE2
Propositions d?actions prioritaires de la SNPE2 à impulser en 2022 : bilan
d?avancement des actions
26/01/2023 Actualités
- Travaux réglementaires (révision des règlements CLP et REACH, textes
AGEC 13-II)
- Retour sur le séminaire du HCSP du 11 janvier 2023 » santé-
environnement : quinze ans de politiques publiques »
Orientations envisagées de la SNPE2
- Echanges sur les propositions issues de la consultation des membres
du COSUI (restitution 9 décembre 2022)
- Mission d?évaluation de la SNPE2 par les inspections générales
Bilan et mise à jour de l?état d?avancement des 50 actions de la SNPE2 :
- Bilan général sur l?année 2022
- Priorités et programme de travail pour 2023
- Echange sur le fonctionnement et les éventuelles évolutions à envisager
12/12/2023 Introduction par le Directeur de la DGPR et du Directeur de la DGS :
- Travaux réglementaires (révision des règlements CLP et REACH,
textes AGEC 13-II)
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- Mission d?évaluation de la SNPE2 par les Inspections générales
IGEDD et IGAS
Etat d?avancement des 50 actions de la SNPE2 et perspectives : Bilan général
sur l?année 2023 et perspectives pour 2024
Annexe 12.2. Le comité de suivi de la SNPE2 (COSUI)
Le 8 décembre 2021, se tient le premier comité de suivi (COSUI), mis en place dans le contexte
du nouveau plan national santé environnement PNSE 4 et de l?évolution de sa gouvernance.
Jusqu?à présent, le groupe santé environnement du PNSE était l?instance de consultation des par-
ties prenantes pour la SNPE2. Il a donc été décidé de mettre en place un comité de suivi dédié à
la SNPE2 associant l?ensemble des parties prenantes, associations, industriels, universitaires, ad-
ministrations? et acteurs locaux impliqués dans les actions visant à réduire l?exposition aux per-
turbateurs endocriniens, répondant ainsi aux attentes exprimées par les associations et membres
du GSE.
Le mandat du COSUI est :
informer l?ensemble des acteurs de l?avancement des actions de la SNPE2 ;
créer une instance d?échanges et de consultation permettant aux parties prenantes de
valoriser / partager / mutualiser les initiatives et actions qu?elles ont menées sur les PE ;
répondre aux interrogations et préoccupations des parties prenantes.
Le COSUI constitue alors une instance complémentaire au comité de pilotage (instance décision-
nelle avec les pilotes d?actions), en lien avec les instances du PNSE 4 (GSE, groupe de suivi).
Le COSUI prévoit dès sa première réunion, en décembre 2021, la poursuite de la SNPE2 :
préparation de la « SNPE 3 » (sur la base du bilan, des propositions du comité de suivi et
du rapport d?évaluation des inspections générales) ;
lancement de la « SNPE 3 » au second semestre 2024.
La composition du COSUI a été établie en sélectionnant des membres du GSE, des personnes
ayant participé à l?élaboration de la SNPE2 et des personnes ayant été invités à aux réunions des
comités d?orientation thématiques dédiés au sujet des PE (interCOT PE) (Anses) :
Les organisations professionnelles/industries (37) : AFISE (détergents), 2 ; ANIA
(alimentaire), 2 ; CCFA (automobile), 2 ; COSMED (cosmétiques), 1 ; CPME (confédération
PME), 1 ; Elipso (industrie / plastiques), 2 ; Febea (cosmétiques), 5 ; Fédération de la
maille, 2 ; Fédération de la plasturgie, 1 ; FIEEC (électriques, électroniques et
communication), 2 ; FIPEC (industrie / peintures et vernis), 3 ; FPJ (jouets et puériculture),
2 ; France Chimie, 4 ; Kalei (revêtements), 1 ; Plastics Europe, 1 ; SNIAA (Ingrédients
Aromatiques Alimentaires), 2 ; UIPP (phytopharmaceutiques), 3.
Les associations d?élus (21) : ADF - Conseillère Environnement et Développement
durable, 1 ; AMF, 2 ; Assemblée des Communautés de France, 3 ; Association des maires
ruraux de France, 2 ; Association des Petites Villes de France, 2 ; Association des Villes de
France, 3 ; Elus, Santé Publique et Territoires, 2 ; France Urbaine, 2 ; Régions de France,
1 ; Régions de France - Conseiller Culture, Santé, Sport, Citoyenneté, 1 ; RFVS OMS, 2.
Les chercheurs (17) : CNRS, 1 ; EHESP, 1 ; INRAE, 1 ; INRS, 5 ; Inserm, 2 ; MNHM, 1 ;
université Aix-Marseille 1 ; Université de Montpellier, 1, Université Paris Cité, 3 ; Sorbonne
Université, 1.
PUBLIÉ
Mai 2024 EVALUATION DE LA DEUXIEME STRATEGIE NATIONALE SUR
LES PERTURBATEURS ENDOCRINIENS
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Les médecins (11) : AP-HP, 1 ; CHRU de Lille, 1 ; CHU d?Amiens, 1 ; CHU d?Angers, 2 ;
CHU de Limoges, 1 ; CHU de Lyon, 1 ; CHU de Nice, 1 ; Groupe hospitalier Vénissieux, 1 ;
Hôpital privé de Lyon, 1 ; Mutualité française, 1.
Les ONG santé environnement (15) : C2DS, 2 ; Cantine sans Plastique France, 1, FNE,
2 ; Génération cobayes, 2 ; Générations futures, 3 ; HEAL, 2 ; RES, 1 ; WECF, 2.
Les associations de consommateurs (7) : CLCV, 4 ; Familles rurales, 2 ; UFC Que choisir,
1.
Les organisations professionnelles/distributions (3) : FCD (commerce, distribution), 2 ;
Perifem (Grande distribution), 1. Les Association professionnels médecine (2) : AMLP
(Alerte des médecins sur les pesticides), 1 ; SFEDP (endocrinologie / diabétologie
pédiatrique), 1. Santé Publique Territoire (1) : ARS Nouvelle Aquitaine, 1. Industriel (1) :
Arkema (chimie), 1. Association public/privé (1) : PEPPER,1.
A noter que l?ARS ARA a été manifestement ajoutée à la liste des membres du COSUI.
Outre ces 115 membres, qui représentent 74 entités (certaines entités sont représentées par plu-
sieurs personnes), on peut remarquer que 11 associations d?élus sont représentées alors que la
déclinaison territoriale n?est pas explicitée dans la SNPE2 : on peut faire l?hypothèse que le GSE
ait souhaité opérer ce lien. 25 organisations professionnelles sont membres du COSUI, 5 Orga-
nismes nationaux de Recherche et 6 établissements d?enseignement supérieur et de recherche.
En consultant la liste des invités aux COSUI, on observe que l?Agence nationale de la Recherche
(ANR) n?est pas sollicitée.
L?ordre du jour des Comités de suivi de la SNPE2 (COSUI)
08/12/2021 Actualités réglementaires sur les PE
Présentation de la plateforme territoire-environnement-santé par le CEREMA
Présentation des actions menées par l?ARS Nouvelle Aquitaine
Etat d?avancement des actions, perspectives 2022
01/04/2022 Projet de sensibilisation dans les lycées d?Ile de France : RES
Surveillance des indicateurs sanitaires et avancement de PEPS?PE,
surveillance des indicateurs sanitaires (endométriose et fibrome utérin),
programme national de biosurveillance
14/10/2022 Plan national sur les PE (NAPED) 2022-2026, Belgique
Sondage sur la perception des Français sur les PE
Point d?avancement des actions SNPE2 (actualités règlementaires, évaluation
des substances, PEPPER, ressources pédagogiques PE en collèges et
lycées)
09/12/2022 Actualités réglementaires
Programme d?évaluation des substances d?intérêt PE par l?Anses
Bilan des contributions reçues dans le cadre de la consultation sur les
orientations de la SNPE
PUBLIÉ
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LES PERTURBATEURS ENDOCRINIENS
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COSUI du 7 avril 2023
Actions de communication et de sensibilisation sur les PE :
- Site 1000 premiers jours (action 7) : bilan et perspectives / SpF
- Promotion de la santé environnementale et prévention des expositions aux
perturbateurs endocriniens, présentation des actions menées en Indre,
notamment l?expérimentation zéro phtalates / CNAM et CPAM de l?Indre
- Projet de guide de sensibilisation des professionnels de santé sur les PE /
DGS
02/06/2023 Point d?avancement des actions de la SNPE2 :
- Travaux sur les indicateurs sanitaires en lien avec les PE / SpF : bilan
sur les indicateurs sanitaires et perspectives (action 45) ; résultats de
l?étude PEPS?PE (action 46) ; enquête ALBANE (biosurveillance)
(action 49)
- Travaux de l?Ineris sur les PE
- Travaux de l'Ineris sur la substitution
Information de l'INRS
13/10/2023 Bilan des recherches sur les perturbateurs endocriniens : Anses (PNR EST),
ANR, PARC
Campagne nationale exploratoire des pesticides dans l?air ambiant (CNEP) et
bancarisaton des données de suivi 2021-2022 de la CNEP dans la base
Géod?air
Actions de prévention sur les PE suite à la proposition sur les phtalates du
RES
Outils de sensibilisation des professionnels de santé sur les PE
01/03/2024 Présentation des travaux de l?OFB sur le développement de la surveillance
des activités endocriniennes dans les milieux aquatiques (actions 19 et 25)
Réglementation des produits cosmétiques et récentes évolutions (DGS)
Traitement du sujet « One-Health » dans les contenus des formations des
grandes écoles (AgroParis Tech, Agreenium/ INSP
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Annexe 12.3. Le plan national santé environnement et ses interfaces avec les autres plans et stratégies
Source : MTECT
PUBLIÉ
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Annexe 13. Proposition non prescriptive et non exhaustive
de plan d?actions
Afin d?illustrer la recommandation n°2, à savoir assortir la SNPE3 d'un plan d'action ciblé sur
quelques mesures prioritaires, la mission s'est attachée à identifier des actions permettant
d?assurer une meilleure protection de la population et de l'environnement face aux PE.
Cette proposition de plan d?actions, à l'attention des directions générales concernées est non
prescriptive et non exhaustive.
Elle a été pensée suivant 3 modalités :
? des actions "à soutenir" qui comprennent des actions qui dépassent la seule thématique
des PE pour s'inscrire dans une démarche visant les produits chimiques en général ou
même globalement la santé environnementale ;
? des actions "à initier" qui comprennent des actions prévues mais non menées dans la
SNPE2, des axes oubliés dans la SNPE2 ou de nouvelles actions ;
? des actions "à poursuivre/intensifier" qui comprennent des actions lancées avant ou
pendant la SNPE2 et pour lesquelles l'action est soit à poursuivre, soit à intensifier.
Objectif
de la
stratégie
Axe associé à
l'objectif de la
stratégie
Modalité
(à)
Déclinaison en actions
P
ro
d
u
ir
e
d
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s
c
o
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n
a
is
s
a
n
c
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s
La recherche
soutenir
Lancement d'un PEPR Exposome (cf.stratégie
d?accélération Prévention)
Recherche via les cohortes
initier
Recherches spécifiques (inégalités socio-
économiques, impact sur la faune sauvage,
remédiation et restauration de l'environnement...)
L?évaluation
soutenir
Accélération du rythme d'évaluation des
substances (niveau européen et national)
Soutien aux projets de recherche visant à
développer de nouvelles méthodes de tests
initier
Elaboration d'une stratégie relative aux méthodes
de test au niveau européen
La
surveillance
intégrée
poursuivre /
intensifier
Poursuite de l?élargissement européen de la
plateforme PEPPER et sécurisation de son
financement
Intégration du caractère PE des substances dans
le choix des substances à surveiller dans les
différents plans de surveillance environnementale
existants
Analyse des données de la surveillance intégrée
soutenir
Mise en oeuvre du programme de biosurveillance
ALBANE et du nouveau dispositif de surveillance
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des pathologies en lien avec les PE (suite de
PEPS'PE)
Structuration de la biosurveillance professionnelle
(PST4)
initier
Lancement d'un programme de biosurveillance
Outre-Mer
F
o
rm
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r
e
t
in
fo
rm
e
r
Information
du
consommateur
poursuivre /
intensifier
Amélioration et promotion de l'application
Scan4Chem
Information des parents d'élèves sur la loi EGALIM
de façon à inciter les collectivités et établissement
à la respecter
Sensibilisation
des
populations
soutenir
Soutien aux actions territoriales visant à réduire
les expositions environnementales :
- Une plateforme de capitalisation disposant d?une
animation
- Des recommandations sur les actions les plus
efficaces dans le domaine de la prévention des
expositions environnementales
- Un budget spécifique accordé aux DREAL et
ARS pour soutenir les projets dédiés aux produits
chimiques (dont les PE) inscrits dans les PRSE 4
poursuivre /
intensifier
Généralisation des plateformes PREVENIR sur
tout le territoire
Développement de la Santé environnementale
dans la prévention médicalisée (conventions
nationales et bilans de prévention aux âges clefs
de la vie)
Formation
des
professionnels
soutenir
Développement de l'éducation à la santé
environnementale
initier
Chaque année, initier une campagne de
sensibilisation auprès d'un public particulier
(priorité aux métiers à risque)
Formation des cadres des secteurs productifs
poursuivre /
intensifier
Amplification de la formation des professionnels de
santé, du sanitaire et du social
Publier un baromètre annuel de l?usage du module
pédagogique numérique médecine et santé
environnement de l?UNESS par les UFR de santé
(formations médicales et paramédicales)
P
ro
té
g
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o
p
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la
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n
Restriction
voire
l'interdiction
des
substances
soutenir
Soutien à:
- l'inscription des PE dans le système général
harmonisé de classification et d?étiquetage des
produits chimiques des Nations-Unies ;
- au niveau européen : la révision de REACH ; la
mise en oeuvre du règlement CLP ; la restriction
générale des PFAS et retardateurs de flamme ;
l?extension de la directive sur les agents
chimiques dangereux aux PE
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initier
Traduction des alertes résultant de la surveillance
intégrée, au niveau national et européen
Si pertinent, alignement de la règlementation
française sur les initiatives prises par d'autres
Etats-Membres
Traitement des perturbateurs endocriniens dans le
droit du travail avec le même degré de protection
que les substances classées CMR
Contrôle
des produits
soutenir
Soutien aux travaux sur le contrôle du commerce
en ligne au niveau européen
initier
Contrôle de la mise en oeuvre de l'étiquetage CLP
(à partir de 2027) ainsi que de la mise en oeuvre de
l'obligation d'information de la loi AGEC
poursuivre /
intensifier
Diversification des campagnes annuelles de
contrôle exploratoire
Mise en oeuvre d?une EAT ?continue?
Substitution
soutenir
Mise en place d?un appui aux collectivités
territoriales en matière de commande publique, à
travers la formation des acheteurs publics et la
mise à disposition d?outils
initier
Anticipation des restrictions à venir en ciblant les
AMI et AAP
poursuivre
/ intensifier
Terminer la démarche d'accompagnement des
entreprises pharmaceutiques et l'appliquer à
d'autres secteurs
Réflexion
prospective /
Changement
de paradigme
initier
Lancement d?une étude sur l?impact social d'un
dossier de restriction, déposé, pertinent au niveau
français prenant en compte les conséquences sur
la santé humaine, sur l'environnement ...
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Annexe 14. Glossaire des sigles et acronymes
Acronyme Signification
ALBANE ALimentation Biosurveillance sAnté Nutrition Environnement
AGEC Loi anti-gaspillage pour une économie circulaire
ANDPC Agence nationale de développement professionnel continu
ANFH Association nationale pour la formation des hospitaliers
ANR Agence nationale de la recherche
Anses Agence nationale de sécurité sanitaire, de l?alimentation, de l?environnement et du tra-
vail
ARS Agence régionale de santé
BPA Bisphénol A
CLP Classification, Labelling, Packaging
CLS Contrat local de santé
CMR Substance cancérigène, mutagène, toxique pour la reproduction
CNFPT Centre national de la fonction publique territoriale
DCE Directive cadre sur l?eau
DPC Développement professionnel continu
EAT Etude de l?alimentation totale
ECHA European Chemical Authority
ECOPHYTO Plan de réduction de l?utilisation des produits phytosanitaires
EDlist Endocrine Disruptor list
EFSA European Food Safety Agency
EGalim Loi pour l?équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et une alimen-
tation saine, durable et accessible à tous
EHEN European Human Exposome network
EIRENE Europ/Exposome Infrastructure
EPA Environmental Protection Agency
ESTEBAN Etude de santé sur l?environnement, la biosurveillance, l?activité physique et la nutrition
EURION European cluster to Improve Identification of Endocrine Disruptors
HBM4EU European Human Biomonitoring Initiative
HCSP Haut conseil pour la santé publique
INCa Institut national du cancer
INERIS Institut national de l?environnement industriel et des risques
INRS Institut national de recherche et de sécurité
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Acronyme Signification
Inserm Institut national de la santé et de la recherche médicale
IRSN Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire
MTECT Ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires
MTSS Ministère du travail, de la santé et des solidarités
MSP Ministère de la santé et de la prévention
NQE Norme qualité environnementale
OCDE Organisation de coopération et de Développement Economiques
OFB
Office français de la biodiversité
PARC
Partnership for the Assessment of Risks from Chemicals
PE
Perturbateur endocrinien
PEP?S PE Priorisation des effets sanitaires à surveiller dans le cadre du programme de surveil-
lance lié aux perturbateurs endocriniens
PFAS
Composés per- et polyfluoroalkylés
PNR EST
Programme national de recherche environnement santé travail
PNSE
Plan national santé environnement
PEPPER
Plateforme Public-privé sur la prévalidation des méthodes d?essai sur les Perturbateurs
EndocRiniens
PEPR
Programme et équipements Prioritaires de Recherche
PREVENIR
Plateforme PREVention ENvIronnement Reproduction
PRSE
Plan régionaux santé environnement
REACH
Registration Evaluation Authorization and Restrictions of Chemicals
SNDS
Système national des données de santé
SNPE
Stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens
SpF
Santé publique France
SVHC Substance extrêmement préoccupante
LEP Valeurs limites d?exposition professionnelle
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Sommaire
Résumé
Liste des recommandations
Introduction
1 LA REDUCTION DE L?EXPOSITION AUX PERTURBATEURS ENDOCRINIENS : UN ENJEU MAJEUR POUR LA SANTE HUMAINE ET L?ENVIRONNEMENT
1.1 Les perturbateurs endocriniens, un sujet complexe et un enjeu majeur pour la santé humaine et l?environnement
1.1.1 La perturbation endocrinienne : définition, historique et mécanismes d?action
1.1.2 Les principales sources et voies d?exposition aux perturbateurs endocriniens
1.1.3 Les dangers pour la santé humaine et l?environnement
1.1.4 Des enjeux socio-économiques importants, bien que mal évalués
1.2 Le cadre réglementaire, fixé pour l?essentiel au niveau européen, demeure inabouti malgré des progrès récents
1.2.1 La réglementation des perturbateurs endocriniens reste hétérogène, avec des approches différentes selon les réglementations
1.2.2 La réglementation s?intègre dans la stratégie ambitieuse de la Commission européenne sur la durabilité des produits chimiques
1.2.3 Cette stratégie européenne a abouti à des avancées notables mais achoppe sur la réforme de REACH
1.2.4 Des initiatives françaises prises en complément, voire en anticipation de la réglementation européenne
1.3 Une deuxième stratégie nationale, assortie d?un plan d?action, pour approfondir les actions engagées en 2014
1.3.1 La SNPE1, une initiative jugée pertinente et relativement efficace par les inspections générales en 2017
1.3.2 La SNPE2 : élaboration, objectifs, gouvernance et structure
1.4 Une stratégie originale en Europe, qui répond à une forte préoccupation citoyenne
1.4.1 Une préoccupation forte des Français
1.4.2 La France fait partie des rares pays ayant adopté des stratégies sur les perturbateurs endocriniens ou les produits chimiques en général
2 MALGRE DES AVANCEES, LE BILAN DE LA SNPE2 EST MODESTE
2.1 Connaître pour mieux agir
2.1.1 La recherche a progressé principalement en recherche fondamentale
2.1.1.1 Malgré la fin du PNRPE, la recherche sur les PE a bénéficié de soutiens budgétaires importants
2.1.1.2 La recherche sur les PE et singulièrement les équipes françaises occupent une place importante au niveau européen
2.1.1.3 Un nécessaire élargissement à l?exposome chimique
2.1.1.4 Des domaines de recherche oubliés ou insuffisamment développés
2.1.1.5 La plateforme PEPPER a apporté une contribution appréciable à la validation des méthodes de tests
2.1.2 Un processus d?évaluation des substances lent et complexe
2.1.2.1 Un retard dans l?évaluation de substances au titre des règlements européens malgré une augmentation notable
2.1.2.2 La pertinence d?une méthode de priorisation à questionner
2.1.2.3 Une multiplication de listes dans laquelle il est difficile de s?y retrouver
2.1.3 La surveillance sanitaire a progressé mais reste lacunaire
2.1.3.1 La biosurveillance a progressé, révélant un niveau élevé d?imprégnation de la population
2.1.3.2 Les expositions professionnelles restent mal connues
2.1.3.3 La surveillance des pathologies a progressé mais à rythme modeste et de façon très ciblée
2.1.4 Une faible prise en compte des PE dans les programmes de surveillance environnementale
2.1.4.1 Seule la surveillance de l?air intérieur dans les logements intègre les perturbateurs endocriniens comme déterminant
2.1.4.2 Les plans de surveillance des compartiments environnementaux contiennent des données sur les PE même si ces données ne sont pas valorisées
2.1.4.3 Les faiblesses de la surveillance : listes multiples et surveillance en silo
2.1.5 La surveillance des produits de consommation reste limitée
2.1.5.1 L?alimentation, une voie d?exposition majeure dont la connaissance progresse
2.1.5.2 La surveillance des produits de consommation repose sur des contrôles exploratoires à ce stade limités à la sécurité des jouets
2.2 Agir pour réduire effectivement l?exposition et l?imprégnation
2.2.1 Des progrès limités en matière d?information de la population et de formation continue
2.2.1.1 La loi AGEC prévoit de renforcer l?information du consommateur mais sa bonne application est compromise
2.2.1.2 A l?inverse, le site des 1000 premiers jours a connu un réel succès
2.2.1.3 Des avancées en matière de formation continue, principalement pour les professionnels de santé et les collectivités territoriales
2.2.1.4 La formation initiale sur les PE reste marginale
2.2.1.5 Dans l?ensemble, les branches professionnelles n?accordent pas de place spécifique aux PE
2.2.2 La réglementation des substances et sa mise en oeuvre se heurtent à de nombreuses difficultés
2.2.2.1 La SNPE2 a permis de soutenir l?adoption d?un règlement délégué du CLP instaurant de nouvelles classes de dangers
2.2.2.2 Le contrôle des produits, sur le territoire français et aux frontières, est limité par les moyens techniques et fragilisé par le commerce en ligne
2.2.2.3 Le droit du travail ne réserve pas de traitement spécifique aux perturbateurs endocriniens
2.2.3 Un échec des actions en faveur de la substitution
2.2.3.1 Des outils informatifs ont été produits à l?intention des industries mais n?ont connu qu?un faible écho
2.2.3.2 Les appels à projets consacrés à la substitution ont été infructueux
2.2.4 Un foisonnement d?actions territoriales de prévention
2.2.4.1 Un foisonnement d?actions de prévention portées principalement par les associations, les collectivités territoriales, les maternités et les crèches
2.2.4.2 Quelques initiatives locales de surveillance environnementale
2.2.4.3 Des actions qui se sont déployées avec peu de soutien mais qui suscitent une réelle dynamique de terrain en faveur de la santé environnementale
3 UNE STRATEGIE PERTINENTE ET GLOBALEMENT COHERENTE MAIS DONT L?EFFICACITE EST INCERTAINE
3.1 Une stratégie globalement pertinente mais insuffisamment tournée vers l?action et manquant de priorités
3.1.1 Une stratégie globalement pertinente mais qui ne mise pas assez sur les actions de prévention et de réduction des émissions
3.1.2 Une bonne prise en compte de la dimension européenne mais des lacunes s?agissant de l?approche ?une seule santé?, des inégalités sociales et des initiatives territoriales
3.1.3 Un affichage d?actions souvent déjà lancées et qui dépassent les seuls perturbateurs endocriniens
3.2 Si la SNPE2 est, dans l?ensemble, cohérente avec les plans globaux, elle souffre d?un certain nombre d?incohérences internes
3.2.1 Une cohérence satisfaisante avec les plans globaux mais une articulation moins lisible avec les stratégies et plans sectoriels
3.2.2 Le plan d?action conforte la dimension opérationnelle de la stratégie malgré quelques incohérences
3.3 Malgré quelques avancées, les résultats sont bien en deçà des objectifs fixés en 2019
3.3.1 Des avancées notables sur le plan de la réglementation, de l?information du public et en matière de recherche
3.3.2 Des résultats mitigés en matière d?évaluation des substances et de formation
3.3.3 Des progrès insuffisants sur le plan des contrôles et en matière de surveillance sanitaire et environnementale
3.3.4 Un échec total des mesures prises en faveur de la substitution
3.3.5 Des résultats modestes et difficiles à mesurer qui ne permettent pas de conclure quant à l?évolution de l?exposition de la population et de l?environnement aux perturbateurs endocriniens
3.4 Une gouvernance marquée par un manque de soutien politique et l?absence de suivi des indicateurs
3.4.1 Un comité de suivi, instance de partage de l?avancée des actions, plus que de suivi et un comité de pilotage peu investi dans le pilotage
3.4.2 Un manque de portage politique et un engagement insuffisant de certaines administrations
3.4.3 Malgré l?engagement de la DGS et de la DGPR, les échanges et la coordination entre les acteurs du plan (administrations et opérateurs) sont restés limités
3.4.4 Un suivi défaillant des indicateurs
4 RECOMMANDATIONS
4.1 Principes généraux
4.1.1 Une nouvelle stratégie est souhaitable et même nécessaire
4.1.2 Une stratégie globale assortie d?un plan d?action ciblé
4.1.3 Des principes généraux à inscrire dans la SNPE3
4.2 Les principaux objectifs à assigner à la SNPE3
4.2.1 Une SNPE3, tournée vers l?action et qui se donne pour horizon « zéro exposition aux PE »
4.2.2 Premier objectif : produire des connaissances
4.2.2.1 Développer la recherche en mettant en oeuvre un PEPR exposome
4.2.2.2 Accélérer le rythme d?évaluation des substances et élaborer une stratégie européenne de tests
4.2.2.3 Mettre en oeuvre une surveillance intégrée en couplant la surveillance sanitaire et environnementale
4.2.3 Deuxième objectif : former et informer
4.2.3.1 Garantir une information effective du consommateur
4.2.3.2 Sensibiliser les populations en allant vers les plus vulnérables
4.2.3.3 Généraliser la formation des professionnels concernés
4.2.4 Troisième objectif : réduire les émissions
4.2.4.1 Elargir les restrictions de substances ayant des effets de perturbation endocrinienne
4.2.4.2 Renforcer le contrôle des produits, aux frontières et sur le territoire national
4.2.4.3 Relancer les démarches de substitution et l?accompagnement des professionnels des secteurs émetteurs
4.2.4.4 Traduire sur le plan opérationnel les alertes issues de la surveillance intégrée
4.2.4.5 Engager une réflexion prospective pour des changements de paradigme
4.3 Une gouvernance à refonder et des moyens spécifiques à allouer
4.3.1 Une gouvernance à refonder
4.3.2 Doter le plan d?action d?un budget spécifique
Conclusion
ANNEXES
Annexe 1. Lettre de mission
Annexe 2. Liste des personnes rencontrées
Annexe 2.1. Ministères et directions d?administration centrale
Annexe 2.2. Europe & International
Annexe 2.3. Opérateurs publics nationaux
Annexe 2.4. Instances nationales
Annexe 2.5. Collectivités territoriales
Annexe 2.6. Sociétés savantes & personnalités qualifiées
Annexe 2.7. Structures professionnelles
Annexe 2.8. Associations & réseaux
Annexe 3. La réglementation des perturbateurs endocriniens au niveau européen et national
Annexe 3.1. En dépit de progrès, la règlementation européenne demeure insuffisante
Annexe 3.1.1 Une réglementation complexe qui a connu des avancées récentes
Annexe 3.1.2 Un bilan insuffisant et des perspectives d?évolution compromises
Annexe 3.2. La SNPE3 peut renforcer les réglementations européennes et nationales
Annexe 3.2.1 Au niveau européen, un rôle moteur de la France à conforter
Annexe 3.2.2 Au niveau national, des initiatives intéressantes mais qui doivent faire leurs preuves
Annexe 4. Parangonnage international
Annexe 4.1. La Belgique a développé une stratégie inspirée de la SNPE2 et dispose d?un droit du travail considérant les perturbateurs endocriniens au même titre que les CMR
Annexe 4.2. Le Danemark est actif contre la pollution chimique et a pris l?initiative de plusieurs législations sur les PFAS
Annexe 4.3. La Suède est également très préoccupée par son niveau de pollution aux PFAS
Annexe 4.4. L?Allemagne publie un premier plan d?action sur les perturbateurs endocriniens
Annexe 4.5. Les Etats-Unis ont relancé leur programme d?évaluation des pesticides perturbateurs endocriniens qui avait échoué
Annexe 5. Etat d?avancement des actions de la SNPE2
Annexe 6. Recherche
Annexe 6.1. Agence nationale de la recherche (ANR)
Annexe 6.1.1 Recherche financée par le plan d?action de l?ANR
Annexe 6.1.2 Analyse de situation de l?ANR sur les projets sur les perturbateurs endocriniens dans le cadre de la SNPE1 (2014-2018) et SNPE2 (2019-2022)
Annexe 6.1.3 L?ANR considère qu?il y a eu des avancées issues de la recherche sur les PE
Annexe 6.2. Le plan national de recherche Environnement Santé Travail (PNR EST)
Annexe 6.2.1 Bilan financier des projets relatifs aux perturbateurs endocriniens entre 2019 et 2023
Annexe 6.2.2 Bilan des équipes impliquées dans les projets
Annexe 6.2.3 Méthodologies générales mises en oeuvre dans les projets
Annexe 6.2.4 Les types de perturbateurs endocriniens étudiés
Annexe 6.2.5 Les principaux effets étudiés des PE
Annexe 6.3. L?investissement de la France dans les projets européens
Annexe 6.3.1 Le partenariat européen pour l'évaluation des risques liés aux substances chimiques PARC (partnership for the assessment of risks from chemicals)
Annexe 6.3.2 Les méthodes de test
Annexe 6.4. France Cohortes
Annexe 7. Evaluation des substances
Annexe 7.1. Evaluations de substances par l?Anses pour la période 2019 ? 2023
Annexe 7.1.1 Focus sur l?état d?avancement des évaluations des substances au titre des règlements REACH et CLP (données de mi-décembre 2023)
Annexe 7.1.2 Focus sur l?état d?avancement des évaluations des substances au titre des règlements phytopharmaceutiques et biocides (données de mi-décembre 2023)
Annexe 7.2. Etablissement d?une liste de substances de PE potentiels
Annexe 7.2.1 Méthode de priorisation des substances qui peuvent présenter des propriétés PE potentielles
Annexe 7.2.2 Conclusions des substances inscrites au programme annuel d?évaluation de l?Anses à partir de la liste de substances d?intérêts
Annexe 8. Surveillance sanitaire
Annexe 8.1. La biosurveillance
Annexe 8.1.1 L?élaboration d?un nouveau programme de biosurveillance (ALBANE)
Annexe 8.1.2 L?exploitation des données d?ESTEBAN
Annexe 8.1.3 Le programme HBM4EU
Annexe 8.2. La surveillance épidémiologique
Annexe 8.2.1 La santé reproductive
Annexe 8.2.2 La mise en place d?un nouveau système de surveillance sanitaire
Annexe 9. La surveillance environnementale
Annexe 9.1. La surveillance de l?air ambiant
Annexe 9.2. La surveillance de l?air intérieur
Annexe 9.3. Focus sur les PFAS dans la surveillance des sols
Annexe 9.4. La surveillance des milieux aquatiques
Annexe 9.5. La surveillance des rejets de stations de traitement des eaux usées urbaines (STEU)
Annexe 10. Formation
Annexe 10.1. Formation tout au long de la vie (initiale et continue)
Annexe 10.1.1 Formation initiale médecine, maïeutique, odontologie et pharmacie
Annexe 10.1.2 Formation en école d?ingénieurs
Annexe 10.1.3 Ecole des hautes études en santé publique, seule formation financée par la SNPE2
Annexe 10.1.4 Agence nationale du développement professionnel continu (ANDPC)
Annexe 10.1.5 Le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT)
Annexe 10.2. Service sanitaire des étudiants en santé (SSES)
Annexe 11. Actions territoriales
Annexe 11.1. Les actions mises en oeuvre par les services de l?Etat et l?Assurance maladie
Annexe 11.1.1 Bilan des PRSE 4
Annexe 11.1.2 La surveillance des rejets des industries pharmaceutiques réalisée par 5 DREAL à l?initiative de la DGPR
Annexe 11.1.3 La prévention du risque chimique dans le PRST de la région PACA
Annexe 11.1.4 L?action de la DREETS Centre Val de Loire pour la prévention des PE
Annexe 11.1.5 Les actions de l?Assurance maladie
Annexe 11.2. Les actions portées par les collectivités territoriales
Annexe 11.2.1 Le plan régional perturbateur endocrinien de la région Centre Val de Loire
Annexe 11.2.2 Le plan d?action régional du Conseil Régional Occitanie
Annexe 11.2.3 La Ville de Strasbourg et les « Ordonnances vertes »
Annexe 11.2.4 Le « Plan départemental de prévention et de lutte contre les perturbateurs endocriniens » du département du Tarn : focus sur la commande publique
Annexe 11.2.5 La Ville de Mouans-Sartoux et son « projet alimentaire territorial »
Annexe 11.2.6 Le plan départemental « santé dans toutes les politiques » du conseil départemental des Alpes-Maritimes
Annexe 11.3. Les actions portées par les associations
Annexe 11.3.1 La charte « villes et territoires sans PE » du Réseau environnement santé
Annexe 11.3.2 Le projet de sensibilisation aux perturbateurs endocriniens dans les lycées d?Île-de-France
Annexe 11.3.3 La surveillance de l?air ambiant par ATMO Occitanie
Annexe 11.4. Les actions portées par les crèches et maternités
Annexe 11.4.1 Les crèches sans PE du Tarn (Label vie)
Annexe 11.4.2 La crèche 1,2,3 Soleil sans PE à Saintes, accompagné par SAFE-LI
Annexe 11.4.3 Un exemple de maternité labellisée THQSE : La Rochelle
Annexe 12. Gouvernance de la SNPE2
Annexe 12.1. Le comité de pilotage de la SNPE2 (COPIL)
Annexe 12.2. Le comité de suivi de la SNPE2 (COSUI)
Annexe 12.3. Le plan national santé environnement et ses interfaces avec les autres plans et stratégies
Annexe 13. Proposition non prescriptive et non exhaustive de plan d?actions
Annexe 14. Glossaire des sigles et acronymes
(ATTENTION: OPTION biocides et phytopharmaceutiques.
Le temps nécessaire pour mener à terme l?évaluation d?une substance pour son caractère PE varie
de 2 à 10 ans. Cette durée est dépendante de la disponibilité des données et se heurte à des
difficultés d'obtention d?informations complémentaires de la part des industriels, en particulier pour
les substances soumises au règlement REACH. L?Anses constate en effet que les demandes de
données complémentaires sont plus rapidement satisfaites dans les cadres des règlements sur les
produits phytopharmaceutiques et biocides. Pour y remédier, l?Agence européenne des produits
chimiques (ECHA) travaille depuis plusieurs années sur l?évaluation de familles de substances, ce
qui vise également à éviter des substitutions qui s?avéreraient in fine regrettables.
Enfin, bien qu?identifiée comme une action de la SNPE2, aucune évaluation des risques n?a été
menée pour les médicaments, les dispositifs médicaux et les cosmétiques.
2.1.2.2 La pertinence d?une méthode de priorisation à questionner
Dans le cadre de l?action 3 de la SNPE2, le 15 avril 2021, l?Anses a publié une liste de substances
d?intérêt du fait de leur action endocrine potentielle, ainsi qu?un avis et un rapport proposant une
méthodologie de catégorisation des substances potentiellement PE en 3 catégories " avérées",
'présumées" ou "suspectées".
La méthodologie publiée par l?Anses a permis d?identifier 906 substances avérées, présumées ou
suspectées. La liste de ces substances n?a pas été rendue publique.
L?application de plusieurs filtres a permis de retenir 16 substances prioritaires (catégorisées avec
un score de priorisation de 1 à 16, cf.annexe n°7). Trois d?entre elles ont été inscrites au programme
annuel d?évaluation de l?Anses. Le bilan reste donc à ce stade modeste au vu du faible nombre de
substances proposées à l?évaluation.
Cette liste avait en effet pour objectif de prioriser les substances pouvant présenter des propriétés
PE en vue d?une gestion de risque adaptée (par exemple, reconnaissance européenne
règlementaire, réduction par prévention ou précaution de l?utilisation). Mais elle n?a pas eu l?effet
escompté, ni au niveau national ni au niveau européen.
Quant au devenir de la liste, l?Anses a annoncé ne pas la mettre à jour en raison du caractère
chronophage de la tâche. Les programmes de travail ne peuvent donc se baser de façon pérenne
sur cette liste, relativisant la pertinence de son élaboration. A ressource constante, l?Anses
préconise donc de participer à l?effort européen pour identifier des substances à évaluer en priorité
plutôt que de prendre en charge cette tâche au niveau national. La mission partage cette position.
2.1.2.3 Une multiplication de listes dans laquelle il est difficile de s?y retrouver
Outre la liste des 906 substances établie par l?Anses, une liste, également non publiée, de plus de
7 000 substances potentiellement PE a été élaborée par l?Ineris pour lancer l?action 14 de la SNPE2.
58 Outre les dépenses de personnels, le groupe de travail PE et, pour une partie de son activité, le Comité d?experts spécialisés
Reach et CLP contribuent à l?évaluation PE des substances avec des vacations d?experts dont le taux est de 90¤ par demi-journée
de présence et vacations pour des travaux d?analyse spécifique excédent le temps lié aux réunions. Cette activité d?expertise
peut être estimée à 100K¤ par an. Chiffres fournis par l?Anses.
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L?établissement, en collaboration entre l?Anses et l?Ineris, d?une seule liste de référence aurait
probablement permis des économies de moyens, une meilleure visibilité et compréhension et peut-
être favorisé une meilleure valorisation nationale voire européenne. Ceci traduit une insuffisance
de concertation entre les deux agences et un manque de séquençage des actions de la SNPE2.
D?autres listes existent comme les ED list 59 (à caractère non officiel) ou encore la liste des
substances présentant des propriétés de perturbation endocrinienne de l?arrêté du 28 septembre
2023 de la loi AGEC.
Cette pluralité de listes crée de la confusion pour identifier les substances PE, ce qui nuit à une
information et une action efficace des parties prenantes pour réduire les expositions. La plupart
des personnes entendues par la mission ne connaissait pas la portée réglementaire de chacune
des listes.
2.1.3 La surveillance sanitaire a progressé mais reste lacunaire
La surveillance sanitaire prévue par la SNPE2 comporte deux volets : la biosurveillance et la
surveillance des pathologies en lien avéré ou suspecté avec les perturbateurs endocriniens. Ces
deux sujets sont détaillés en annexe n°8.
2.1.3.1 La biosurveillance a progressé, révélant un niveau élevé d?imprégnation de la
population
La SNPE2 accorde une place importante à la biosurveillance60 : 4 actions y sont consacrées et un
axe lui est dédié, avec comme principal objectif le lancement d?un nouveau programme national
de biosurveillance.
Cet objectif a été atteint puisque l?enquête ALBANE (ALimentation Biosurveillance sAnté Nutrition
Environnement) devrait être prochainement lancée, avec un premier cycle couvrant la période
2024-2026.
ALBANE est mise en oeuvre par Santé publique France, qui a prévu d?y consacrer un budget de
10 M¤. Il s?agit de la contribution française au programme européen PARC dont l?un des 9 volets
traite de la surveillance sanitaire et environnementale.
Pour le premier cycle, une vingtaine de familles de substances seront analysées, dont une bonne
part sont des perturbateurs endocriniens : phtalates, bisphénols/alkylphénols, PFAS, carbamates,
pesticides, ions perchlorates, métaux. Quelques biomarqueurs d?effets seront intégrés dès le cycle
1 (et davantage aux cycles 2 et 3) afin de mettre en évidence des effets précoces.
Bien que lancée avec retard (2024 au lieu de 2020), ALBANE constitue une réelle avancée qui
apportera de nombreuses informations sur l?imprégnation de la population, y compris au niveau
régional. La couverture populationnelle est large (1 150 enfants et adolescents de 3 à 17 ans et 2
000 adultes). Des programmes spécifiques aux outre-mer devraient être lancés ultérieurement, à
l?image de ce qui est déjà en cours pour la chlordécone aux Antilles.
59 Le site internet « Endocrine Disruptor Lists » a été élaboré en Juin 2020 par la Belgique, le Danemark, la France, les Pays-Bas
et la Suède, rejoints par l?Espagne en Février 2021. Il comporte 3 listes mises à jour régulièrement : Liste 1 = substances
identifiées comme PE au niveau de l?UE ; Liste 2 = substances en cours d?évaluation pour la perturbation endocrinienne en vertu
d?une législation de l?UE et Liste 3 = substances considérées par une autorité nationale comme ayant des propriétés de
perturbation endocrinienne
60 Selon la définition donnée par SPF, la biosurveillance humaine permet de surveiller les expositions ou les effets précoces liés
à la présence de substances chimiques dans l?organisme. Elle consiste à prélever des matrices biologiques comme le sang,
l?urine, les cheveux, le lait maternel et à y doser les substances recherchées, ainsi appelées "biomarqueurs". La mesure qui est
faite intègre toutes les sources d?exposition, quelles que soient les voies d?entrée des substances dans le corps humain
(alimentation, respiration, contact?), et quels que soient le lieu d?exposition (domicile, travail?), l?activité ou la nature des produits
consommés.
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Autre acquis des 5 dernières années (bien que curieusement absent des objectifs de la SNPE2) :
l?exploitation d?ESTEBAN, programme de biosurveillance en population générale lancé en 2014 et
clos en 2016 (pour la partie prélèvements biologiques). Dans le prolongement de l?enquête ELFE
(volet périnatal du programme de biosurveillance, dont les résultats ont été publiés avant le
lancement de la SNPE2), ESTEBAN apporte des informations précieuses sur l?imprégnation de la
population française à de nombreuses substances, dont plusieurs perturbateurs endocriniens :
bisphénols, phtalates, perfluorés, parabènes, retardateurs de flamme, plomb. A l?exception des
parabènes (taux d?imprégnation de 60%), ces perturbateurs endocriniens sont retrouvés dans près
de 100% des échantillons, révélant une imprégnation générale de la population. Pour chaque
famille de substances, les principales voies d?exposition (alimentation, cosmétiques, tabac?) sont
identifiées. En revanche, ces résultats ne permettent pas d?apprécier l?évolution de cette
imprégnation, les perturbateurs endocriniens n?ayant pas été recherchés dans les précédents
programmes de biosurveillance, à l?exception du plomb pour lequel on constate une nette
diminution de l?imprégnation.
Grâce au programme européen HBM4EU (European human biomonitoring Initiative), des
comparaisons européennes de ces résultats ont été établies : c?est en France (parmi 11 pays de
l?UE) que l?imprégnation aux bisphénols A et S est la plus importante (en revanche, elle est moindre
pour le bisphénol F). De même, la France se distingue par des taux d?imprégnation des enfants
aux phtalates particulièrement élevés.
Ces résultats apportent des informations précieuses sur le niveau d?imprégnation de la population,
qu?ALBANE viendra compléter dans les années qui viennent. En revanche, on peut regretter
qu?aucun résultat n?ait été produit au cours des 5 dernières années sur les inégalités sociales
d?exposition, qui étaient pourtant une des priorités de la SNPE2 et une recommandation forte du
HCSP. Il en va de même de la surveillance « intégrée » (combinaison des surveillances sanitaire
et environnementale) qui est annoncée dans la SNPE2 mais qui n?a pas trouvé de traduction
substantielle à ce jour.
2.1.3.2 Les expositions professionnelles restent mal connues
La connaissance des expositions et maladies professionnelles en lien avec les perturbateurs
endocriniens a peu progressé en 5 ans.
Le suivi des maladies professionnelles repose sur deux enquêtes (SUMER et COSET61) qui ne
permettent pas d?identifier les pathologies liées aux perturbateurs endocriniens. Des travaux sont
en cours à Santé publique France pour améliorer ce suivi, en exploitant notamment les données
de la Caisse nationale d?assurance vieillesse (historique du parcours professionnel), couplées avec
le système national des données de santé (SNDS) et les registres des cancers.
De même, la biosurveillance des expositions professionnelles reste à ce jour embryonnaire et très
lacunaire pour les perturbateurs endocriniens comme l?ensemble des produits chimiques (enjeu
inscrit dans le plan santé au travail 4 adopté en 2021).
2.1.3.3 La surveillance des pathologies a progressé mais à rythme modeste et de
façon très ciblée
Confiée à Santé publique France, la surveillance des pathologies en lien avéré ou suspecté avec
les perturbateurs endocriniens a produit plusieurs résultats, en particulier dans le champ de la
santé reproductive pour laquelle les perturbateurs endocriniens jouent un rôle avéré.
Qu?il s?agisse de fibromes utérins, d?endométriose ou de puberté précoce, on constate une hausse
continue des taux d?incidence, avec parfois des progressions très importantes (+4,5%/an sur la
61 Enquête Surveillance Médicale des Expositions des Salariés aux Risques Professionnels (SUMER) et Cohorte pour la
Surveillance Epidémiologique en lien avec le Travail (COSET)
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période 2007-2017 pour la puberté précoce). Ces alertes s?ajoutent à celles lancées en 2018 sur
la fertilité masculine, notamment sur la qualité du sperme (concentration spermatique) qui a
diminué de 32,2% sur la période 1989-2005.
Malgré ces signaux très alarmants, connus pour certains depuis 2018, force est de constater que
la SNPE2 s?est montrée peu ambitieuse, se fixant comme seuls objectifs de « poursuivre la
surveillance des pathologies » et de réfléchir à un élargissement de cette surveillance. Il est
notamment frappant de constater que, depuis près de 20 ans, aucune donnée nouvelle n?a été
produite sur la qualité du sperme (les dernières en date remontent à 2005) alors que les problèmes
de fertilité deviennent des enjeux de santé publique majeurs.
De même, Santé publique France accompagne ses conclusions de beaucoup de précautions, en
expliquant que la hausse des taux d?incidence peut être due à un meilleur diagnostic des
pathologies (endométriose, fibrome utérin) et qu?il est difficile d?établir un lien de causalité entre
ces indicateurs et les expositions environnementales.
Pour compléter ce tableau épidémiologique, les indicateurs en matière de cancer du sein (un
cancer hormono-dépendant pour lequel les perturbateurs endocriniens constituent un facteur de
risque avéré) connaissent une dégradation constante, avec une progression du taux d?incidence
de +1,1%/an sur la période 1990-201862.
Au-delà de la santé reproductive, la SNPE2 s?était donné comme objectif d?élargir cette surveillance
à d?autres pathologies.
C?est le but de la démarche PEPS'PE63 , lancée en 2021 et achevée en novembre 2023, qui
combine critères scientifiques (avis d?experts nationaux et internationaux) et critères sociétaux
(classement des pathologies en fonction de leur gravité, incidence et importance sociétale par un
panel de parties prenantes). Au final, il en résulte une liste d?une vingtaine de pathologies dans
laquelle, outre la santé reproductive et les cancers, on retrouve des troubles métaboliques
(maladies cardiovasculaires, surpoids et obésité, diabète de type 2, syndrome métabolique...) et
des troubles du neurodéveloppement (troubles du déficit de l?attention, troubles du comportement,
déficience intellectuelle).
Ce nouveau programme de surveillance sanitaire ? dont le lancement constitue un enjeu majeur
au regard des risques que les PE font peser sur la santé humaine - doit s?inscrire dans une
démarche « intégrée », combinant analyses spatio-temporelles des taux d?incidence et expositions
environnementales, avec à moyen terme l?appui de l?intelligence artificielle pour exploiter les bases
des données (SNDS, Green data for health, Health data hub?). Cette surveillance intégrée devrait
commencer par trois effets sanitaires en lien avec la santé reproductive puis s?étendre aux troubles
du neurodéveloppement et, enfin, les cancers hormono-dépendants.
2.1.4 Une faible prise en compte des PE dans les programmes de
surveillance environnementale
2.1.4.1 Seule la surveillance de l?air intérieur dans les logements intègre les
perturbateurs endocriniens comme déterminant
La surveillance des PE dans l?air intérieur des logements s?est améliorée durant la SNPE2 avec
l?ajout de polluants émergents, dont font partie les perturbateurs endocriniens, dans la liste des
substances à surveiller.
Plus de 15 ans après la première campagne nationale « logement », une seconde, visant à
62 Entre 2010 et 2023, la progression a été plus faible, estimée à +0,3% par an.
63 Priorisation des effets sanitaires à surveiller dans le cadre du programme de surveillance lié aux perturbateurs endocriniens
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mesurer la qualité de l?air intérieur a été menée de 2021 à janvier 2023 sur 600 logements avec
notamment pour objectif la recherche de polluants émergents dont font partie les perturbateurs
endocriniens. Ainsi, la surveillance de 7 perturbateurs endocriniens identifiés dans le cadre du
règlement REACH a été ajoutée à cette campagne.
La publication des résultats de cette campagne n?est pas encore intervenue, elle devrait avoir lieu
courant 2024. Une fois le rapport publié, une réflexion sera engagée pour déterminer des actions
à mener pour prévenir et réduire l?exposition aux polluants de l?air intérieur et identifier les
différentes sources d?exposition.
A l?image de ce qui a été fait dans l?air intérieur, la prise en compte du caractère de perturbation
endocrinienne des substances est un critère à intégrer aux différents plans de surveillance existant
dans l?air ambiant, les milieux aquatiques et les sols (cf.annexe n°9), ce qui n?a pas été fait jusque-
là.
2.1.4.2 Les plans de surveillance des compartiments environnementaux contiennent
des données sur les PE même si ces données ne sont pas valorisées
Le croisement des données disponibles issues des programmes de surveillance des différents
compartiments environnementaux que sont l?air ambiant, les milieux aquatiques et les sols, avec
les listes de substances présentant des propriétés de perturbation endocrinienne permet de voir
que certaines substances surveillées présentent des propriétés de perturbation endocrinienne.
Ainsi, un suivi pérenne national des polluants d?intérêt national dans l?air ambiant a été mis en
place depuis 2021. Sont concernés 75 pesticides parmi lesquels 3 sont identifiés comme étant en
cours d?évaluation pour leur caractère de perturbation endocrinienne par un Etat membre et 46
sont identifiés comme étant des substances chimiques d?intérêt en raison de leur activité
endocrinienne potentielle par l?Anses dans son avis d?avril 2021. Ces polluants d?intérêt national
sont définis comme des « polluants autres que les polluants réglementés pour lesquels la
surveillance est effectuée conformément au référentiel technique national ».
Concernant la surveillance des milieux aquatiques, à la demande de la mission, un croisement des
substances suivies au titre de la directive cadre sur l?eau (DCE) [arrêté du 26 avril 2022 établissant
le programme de surveillance de l?état des eaux] avec les substances chimiques présentant des
propriétés de perturbation endocrinienne figurant dans l?arrêté du 28 septembre 2023 (loi AGEC)
a été réalisé. Il en ressort que 8 perturbateurs endocriniens sont suivis au titre de la DCE (cf.annexe
n°9.4). D?autres données sur des substances PE ont très probablement été collectées au fil des
années par les agences de l?eau64 ou l?OFB, mais elles n?ont été pas été valorisées pour leur
caractère de perturbation endocrinienne. Le travail de croisement des données collectées par les
différents opérateurs avec une liste de substances PE n?a pas été réalisé dans le cadre de la
SNPE2.
En 2022, plusieurs composés perfluoroalkylés (PFAS), dont certains peuvent être des
perturbateurs endocriniens, ont été ajoutés au programme de surveillance de l?état chimique des
eaux souterraines et des eaux de surface.
Par ailleurs, comme prévu dans la SNPE2, une méthodologie visant à une meilleure prise en
compte des propriétés de perturbation endocrinienne dans les NQE a été proposée, elle doit
encore être mise en application sur plusieurs substances et présentée aux acteurs nationaux avant
d?être proposée au niveau européen pour une amélioration de la méthodologie existante.
Concernant les sols, la présence de substances chimiques, parmi lesquelles des perturbateurs
endocriniens, est étudiée dans le cadre du réseau de mesure de la qualité des sols (RMQS). Ainsi,
avant tout autre chose, ces données existantes sont à valoriser, comme cela a pu être le cas pour
64 L?Agence de l?eau Rhône Méditerranée Corse assure le suivi de certains PFAS depuis 2019, par exemple.
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les PFAS pour lesquels un rapport faisant un état de l?art des connaissances de ces substances et
de leur présence dans les sites et sols pollués a été publié en décembre 2020.
Pendant la SNPE2, le Groupement d?intérêt scientifique sol a fait l?objet de 2 évolutions majeures
pouvant avoir un impact sur la surveillance des sols :
la mise en oeuvre d?un projet Phytosol pour élargir la surveillance des résidus dans les sols ;
l?intégration du Bureau de recherche géologique et minière (BRGM) en charge du suivi des
sites et sols pollués.
Dans le cadre de la SNPE2, un croisement des données existantes avec la liste des
906 substances d?intérêt du fait de leur action endocrine potentielle identifiées dans l?avis de
l?Anses d?avril 2021 a permis d?identifier que 76 substances d?intérêt sont mesurées dans le cadre
du projet Phytosol et 46 dans le cadre du réseau de mesure de la qualité des sols sur les Polluants
Organiques Persistants (POP RQMS1). Mais cette première analyse n?a donné lieu à aucune suite.
En matière de perspective, le 5 juillet 2023, la Commission européenne a présenté sa proposition
de directive relative à la surveillance et résilience des sols dont l?objectif principal est la surveillance
et l?évaluation de l?état de santé des sols. La France devra porter dans ses positions l?intégration
du caractère PE des substances comme étant un critère de sélection des substances à surveiller.
Au niveau, européen le projet européen PARC prévoit le développement d?une campagne de
surveillance dans les différents compartiments environnementaux. Démarré en mai 2022, ce projet
se terminera en 2027. La France y participe activement.
En parallèle des travaux prévus dans PARC, une exploitation des données existantes dans les
différents plans de surveillance nationaux permettrait d?avoir une première vision, partielle et
incomplète, de l?imprégnation de l?environnement par les perturbateurs endocriniens.
2.1.4.3 Les faiblesses de la surveillance : listes multiples et surveillance en silo
La démultiplication des listes et l?absence d?une liste consensuelle de perturbateurs endocriniens
avéré, présumés et suspectés est une difficulté commune à l?ensemble des compartiments de la
surveillance environnementale.
La surveillance environnementale est un outil indispensable pour appréhender l?imprégnation de
l?environnement par les perturbateurs endocriniens, environnement qui constitue une des sources
d?exposition de la population mais joue également un rôle essentiel pour la biodiversité en affectant
la santé des écosystèmes et de la faune (baisse de fertilité, changement de sexe).
Un croisement des données issues des différents compartiments environnementaux (que sont
l?eau, l?air et le sol) permettrait d?avoir une approche intégrée de la surveillance environnementale
et d?améliorer la compréhension de phénomènes observés sur la santé humaine et l?environnement.
De la même manière, le croisement des données issues de la surveillance sanitaire avec celles
issues de la surveillance environnementale permettrait d?aboutir à une approche intégrée de la
surveillance qui pourrait être utilisée comme un indicateur des priorités de recherche et d?évaluation
des substances afin d?identifier, parmi ces perturbateurs endocriniens potentiels, lesquels devraient
faire l?objet d?une action prioritaire.
Pour permettre l?exploitation et la valorisation des données issues de la surveillance, la SNPE2
prévoyait que les sites qui recueillent des données sur les perturbateurs endocriniens puissent
transférer ces données via API sur le site data.gouv.fr. Il était également prévu la mise en place
d?un datathon afin de croiser différents jeux de données (contamination des milieux, activité
économique, catégorie socioprofessionnelle, pratiques sectorielles notamment en agriculture,
fonctionnalité des écosystèmes?) pour produire une cartographie et faire ressortir les tendances
spatio-temporelles et socio-économiques de la contamination des milieux par les PE et de
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l?exposition des populations aux PE.
Les moyens disponibles et l?absence d?une liste consensuelle des perturbateurs endocriniens
avérés et présumés n?ont pas permis de réaliser ces actions, qui pourraient néanmoins voir le jour
dans le cadre du Green Data for Health porté par l?action 18 du PNSE4. La concaténation et la
valorisation des données d?imprégnation des milieux restent des actions nécessaires. La mission
note cependant que des difficultés techniques telles que l?interopérabilité des données, la propriété
des données ? sont à prévoir.
2.1.5 La surveillance des produits de consommation reste limitée
2.1.5.1 L?alimentation, une voie d?exposition majeure dont la connaissance progresse
L?exposition de la population via l?alimentation peut être estimée grâce aux études de l?alimentation
totale65 (EAT) reposant sur une méthodologie standardisée et recommandée par l?OMS et l?Autorité
européenne de sécurité des aliments (EFSA).
Même si le critère PE n?était pas spécifiquement pris en compte dans les précédentes EAT66 ,
certaines substances PE et d?autres potentiellement PE y ont été analysées.
Ainsi, dès l?EAT1 (pour laquelle 39 substances ont été considérées), ont été recherchées dans les
aliments plusieurs éléments-traces (cadmium, plomb, etc.) qui font partie de la liste des
906 substances potentiellement PE recensées par l?Anses. Ces substances ont été reconduites
dans les EAT successives.
Au cours de l?EAT2, d?autres substances PE ont été également recherchées comme des dioxines,
des composés polybromés ou encore des PFAS. Ces substances ont toutes été incluses dans
l?EAT3 et l?EAT infantile.
Dans l?EAT3, le caractère PE (avéré ou présumé) de certaines substances a été spécifiquement
pris en compte dans la priorisation des familles de substances à analyser dans les aliments
préparés tels que consommés. Ainsi, d?autres PE sont venus s?ajouter à la liste, tels que le
bisphénol A ou encore des phtalates.
Avec l?EAT3, il sera possible pour certaines substances d?estimer des tendances dans les
expositions de la population générale à travers son alimentation depuis les années 2000 ou 2010.
En outre, considérant que la nomenclature d?ALBANE (pour la consommation alimentaire) s?appuie
sur la nomenclature d?INCA3 qui est partagée par l?EAT3, il devrait être possible de lier les futures
consommations d?ALBANE aux concentrations mesurées dans l?EAT3 et ainsi apprécier l?impact
des données de consommation d?ALBANE sur l?exposition par rapport à celles calculées dans
l?EAT3.
Concernant l?EAT3, il est regrettable que le nombre de substances considérées ait dû être réduit
(environ 300 substances ciblées contre 445 analysées lors de l?EAT2) du fait des moyens
disponibles et surtout que le périmètre soit restreint au territoire métropolitain. La prise en
considération des territoires d?outre-mer est en effet très souhaitable.
D?un point de vue méthodologique, l?évolution vers une EAT continue, comme cela est déjà pratiqué
dans certains pays (Australie, par exemple), doit être encouragée afin d?alimenter les flux de
65 Une étude de l'alimentation totale consiste à prélever sur différents points de vente les aliments régulièrement consommés par
la population, les préparer tels qu'ils sont consommés, les mixer en des échantillons dits « composites » pour en réduire le nombre,
puis les analyser pour rechercher un certain nombre de substances toxiques et nutriments. Dans la mesure où les aliments sont
analysés "tels que consommés", c'est-à-dire lavés, épluchés et cuits le cas échéant, cette méthode présente l'avantage de fournir
des données d'exposition "bruit de fond" plus réalistes que les approches fondées sur les normes alimentaires ou les résultats
des programmes de surveillance et de contrôle.
66 EAT1 2001-2004, EAT2 2006-2011, EAT infantile 2010-16.
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données de manière régulière et faciliter la gestion des moyens à allouer (effet de lissage). La prise
en considération du caractère PE dans le choix des substances à surveiller doit être encouragée
et intensifiée.
2.1.5.2 La surveillance des produits de consommation repose sur des contrôles
exploratoires à ce stade limités à la sécurité des jouets
Des contrôles dits « exploratoires » sont réalisés par la DGCCRFF sur des produits de grande
consommation destinés au public, pour des substances PE non encore réglementées mais
susceptibles de le devenir. Ces contrôles ont été ciblés sur les jeux destinés aux enfants de moins
de 3 ans, et notamment les cosmétiques jouets (paillettes, peintures pour le visage ...).
Les substances testées ont été le résorcinol, les parabènes, et, depuis 2023, le bisphénol B. La
DGCCRF effectue ces contrôles dans le cadre d?une stratégie plus large de visites ciblant la
sécurité des jouets, dont le nombre est resté stable sur la période de la SNPE2 (708 prélèvements
réalisés en 2022).
En l?absence de réglementation, les suites de ces contrôles ne peuvent toutefois qu?être
pédagogiques. Leur champ est également limité dans la mesure où le service des laboratoires67
ne dispose pas encore de méthode permettant de tester les bisphénols autres que le bisphénol A
ou le bisphénol B.
A l?avenir, une meilleure connaissance de l?exposition pourrait s?appuyer sur des campagnes vers
d?autres produits de consommation, tels que des produits aux usages répétés (ustensiles de
cuisine), ou permanents (sols en PVC) ou de contacts avec la peau (protections périodiques,
couches, lingettes).
2.2 Agir pour réduire effectivement l?exposition et l?imprégnation
2.2.1 Des progrès limités en matière d?information de la population et de
formation continue
2.2.1.1 La loi AGEC prévoit de renforcer l?information du consommateur mais sa bonne
application est compromise
Comme cela a été mentionné préalablement, la loi AGEC impose à toute personne mettant sur le
marché français de produits à destination des consommateurs qui contiennent des perturbateurs
endocriniens de mettre à disposition du public les informations permettant de les identifier. Selon
l?arrêté du 28 septembre 2023, 128 perturbateurs endocriniens sont concernés68. Cette information
doit se faire par voie électronique, dans un format ouvert, exploitable par système de traitement
automatisé. L?application « Scan4Chem » a été retenue à cette fin. Celle-ci a été développée au
niveau européen pour assurer l?application de l?article 33 de REACH consacrant un droit de
connaître la présence de SVHC dans les articles de consommation.
Pour autant, la sensibilisation du grand public se confronte à plusieurs obstacles :
Scan4Chem a été conçu pour répondre à l?article 33 de REACH qui se limite aux
« articles », elle ne permet donc pas de scanner les « mélanges » et « substances »
(comme par exemple les cosmétiques ou les peintures).
Pour la même raison, l?application ne répertorie que les produits SVHC, alors que les
67 Service commun des laboratoires des ministères économiques et financiers
68 Ces 128 perturbateurs endocriniens correspondent à 126 substances catégories SVHC dans le règlement REACH (dont 118
substances et 8 familles de substance) ainsi que 2 substances supplémentaires : le mancozèbe et le résorcinol
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SUR LES PERTURBATEURS ENDOCRINIENS
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décrets d?application de la loi AGEC listent deux PE non SVHC.
La diffusion de Scan4Chem au niveau national est encore très limitée : en août 2023, elle
avait été téléchargée par moins de 12.000 personnes en France 69 (l?obligation
d?information ne s?applique toutefois qu?à partir d?avril 2024).
On peut donc douter que la diffusion de l?information telle que recherchée par la loi AGEC via
l?application Scan4Chem soit réellement effective. En pratique, c?est davantage la réforme du
règlement CLP, en ayant défini une classe de danger spécifique PE, qui crée les conditions d?une
sensibilisation du grand public, en raison de l?obligation d?étiquetage des substances, même si, à
l?heure actuelle, il n?est pas prévu qu?il y ait un pictogramme spécifique aux PE.
2.2.1.2 A l?inverse, le site des 1000 premiers jours a connu un réel succès
Le site de Santé publique France fait état des risques chimiques (dont les perturbateurs
endocriniens) dans la rubrique Agir sur son environnement (alimentation, produits d?hygiène,
l?aménagement intérieur et extérieur)70. Une enquête SpF 2021 indique que la moitié des parents
sondés connaissaient les 1000 premiers jours. En 2022, 2,5 millions de visites du site sont
comptabilisées. L?application du même nom relaie les messages sur la qualité de l?air, les
substances chimiques et habitudes de consommation, ou l?étiquetage des produits chimiques. A
l?unanimité, les auditionnés connaissent la démarche 1000 premiers jours et s?appuient sur celle-
ci.
2.2.1.3 Des avancées en matière de formation continue, principalement pour les
professionnels de santé et les collectivités territoriales
En matière de formation continue (cf.annexe n°10), les opérateurs de la formation n?ont pu fournir,
pour 2019, un bilan précis du nombre de formations ni du nombre de personnes formées sur le
thème des PE. Cela ne permet donc pas d?apprécier les évolutions par rapport à la SNPE1. Quoi
qu?il en soit, selon les informations recueillies par la mission, le nombre de professionnels de santé
formés est très faible.
Au titre de la formation, la SNPE2 ne fait état que d?un seul financement, celui de la DGS (pour un
montant total de 148 k¤ sur la période 2019-2023), attribué à l?Ecole des hautes études en santé
publique (EHESP) pour la formation « perturbateurs endocriniens et risque chimique autour de la
périnatalité et l?enfance : les outils pour comprendre et agir71 ». Sur cette période 2019-2023, 1220
stagiaires ont suivi, avec succès, cette formation. L?EHESP a la volonté d?étendre ses formations.
L?Agence nationale du développement professionnel continu (ANDPC) dispose des informations
relatives aux inscriptions des professionnels de santé libéraux. Les actions en lien avec l'impact
des perturbateurs endocriniens sur la santé sont incluses dans les orientations pluriannuelles
prioritaires de développement professionnel continu (DPC)72. Sur la période 2021-2023, cela ne
représente en moyenne que 0,3% des inscriptions, dont plus de 80% de médecins.
Il convient de relever le travail du Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT)73, qui
69 Sur un total de 147.000 téléchargements en Europe ; ces chiffres sont issus du rapport d?impact : Impact-assessment-
report_version-FINAL_19.11.2023.pdf (askreach.eu)
70 Substances chimiques et habitudes de consommation (1000-premiers-jours.fr)
71 Cette formation, en ligne et gratuite pour les professionnels de santé, est agréée DPC
72 Le sujet des perturbateurs endocriniens a été intégré dans les orientations pluriannuelles prioritaires de DPC 2020-2022 ainsi
que dans les orientations pluriannuelles prioritaires de DPC 2023-2025
73 Le CNFPT, avec ses structures déconcentrée, Inset et Inet, coordonne une offre de formation de préparation aux concours, de
formations après réussite du concours et de formation continue
PUBLIÉ
https://www.askreach.eu/wp-content/uploads/2023/11/Impact-assessment-report_version-FINAL_19.11.2023.pdf
https://www.askreach.eu/wp-content/uploads/2023/11/Impact-assessment-report_version-FINAL_19.11.2023.pdf
https://www.1000-premiers-jours.fr/fr/substances-chimiques-et-habitudes-de-consommation
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a réalisé des journées de formation (webinaires et présentiel) en appui aux collectivités territoriales.
Depuis 2022, des podcasts sur la « webradio des territoriaux » sont librement accessibles74. Le
CNFPT souhaite mutualiser ses ressources avec l?EHESP, et développer des ressources
communes de formation avec l?EHESP et le réseau français des villes-santé de l?OMS. La mission
a noté un travail remarquable de capitalisation des actions menées75.
Entre 2020 et 2022, le CNFPT a formé 2 937 personnes via un webinaire sur le thème des PE
(possibilités d?action des collectivités, périnatalité et petite enfance, entretien des locaux-bâtiment-
habitat-centres techniques, eau et assainissement, développement de l?enfant, restauration
collective).
Pour les professionnels exerçant en établissement de santé ou médico-sociaux, les chiffres fournis
par l?Association nationale pour la formation permanente du personnel hospitalier (ANFH) sont
quant à eux extrêmement faibles : seulement 3 actions de formation proposées en 2021 et 5 en
2022 en lien avec les PE, totalisant 23 inscriptions en formation. Par ailleurs, l?opérateur de
compétences OPCO Santé ne fait état que d?une seule action de formation PE en 2020 (la
volumétrie de professionnels formés n?est pas documentée).
De nombreuses ressources de formations sur le sujet des PE et plus largement sur la santé
environnementale et/ou sur les risques chimiques76, se sont développées, agréées ou non pour le
développement professionnel continu (DPC).
S?agissant de la diffusion de documents d?informations auprès des professionnels, la mission a
particulièrement remarqué :
un outil de sensibilisation des professionnels de santé, élaboré par la DGS77, et diffusé
notamment aux ordres et syndicats représentatifs des professionnels de santé en
décembre 2023 ;
un guide à l'usage des médecins libéraux de l'Union régionale des professionnels de santé
(URPS) médecins libéraux PACA78 ;
la fiche repères de l?INCa « Risques de cancer et perturbateurs endocriniens » 79 (2019)
pour les réseaux professionnels.
2.2.1.4 La formation initiale sur les PE reste marginale
Pour apprécier la formation initiale des professions de santé médecine-maïeutique-odontologie-
pharmacie (cf.annexe n°10), la mission a adressé un questionnaire à la conférence des doyens de
médecine et à la conférence des doyens d?odontologie80. La conférence des doyens de pharmacie
avait procédé à une enquête en amont de l?audition. Il apparaît que la pharmacie développe une
offre de formation santé environnement SE/PE structurée bien que protéiforme au plan national.
L?odontologie est, sauf quelques exceptions, en développement sur ce sujet sur l?ensemble des
facultés. L?enseignement des PE en facultés de médecine présente un état contrasté entre fort
engagement en enseignement de la thématique PE, enseignement SE avec PE, ou sans PE, et
74 https://radio.cnfpt.fr/
75 www.cnfpt.fr/s-informer/nos-actualites/le-fil-dactu/perturbateurs-endocriniens-document-capitalisation/inset-nancy (2021)
76 Par exemples : AFPA https://afpa.org/formation/perturbateurs-endocriniens-environnementaux-2023/; MOOC sur la Santé
environnementale - FUN MOOC - Université de Bordeaux ;MOOC sur les perturbateurs endocriniens - URPS Pharmaciens
Nouvelle-Aquitaine ; Syndicat des femmes chirurgiens-dentistes (SFCD) Les perturbateurs endocriniens, MOOC Le Prévention
des risques environnementaux chez la femme enceinte et l?enfant ARS-AP-HP
77 Perturbateurs endocriniens - Ministère du travail, de la santé et des solidarités (sante.gouv.fr)
78 www.urps-ml-paca.org/wp-content/uploads/2019/06/Guide-Perturbateurs-Endocriniens.pdf
79 Perturbateurs endocriniens - Réf : FRPERTUBENDOCR19 (e-cancer.fr)
80 Voir annexe n°10
PUBLIÉ
https://radio.cnfpt.fr/
http://www.cnfpt.fr/s-informer/nos-actualites/le-fil-dactu/perturbateurs-endocriniens-document-capitalisation/inset-nancy
https://afpa.org/formation/perturbateurs-endocriniens-environnementaux-2023/
https://www.fun-mooc.fr/fr/cours/sante-environnementale/
https://www.fun-mooc.fr/fr/cours/sante-environnementale/
https://pe-urps.lemondepharmaceutique.tv/
https://pe-urps.lemondepharmaceutique.tv/
https://sfcd.fr/produit/les-perturbateurs-endocriniens-le-14-12-2023-en-distanciel/
https://sante.gouv.fr/sante-et-environnement/risques-microbiologiques-physiques-et-chimiques/article/perturbateurs-endocriniens
https://www.e-cancer.fr/Expertises-et-publications/Catalogue-des-publications/Perturbateurs-endocriniens
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plus rarement, absence de formation PE ; près d?un tiers s?appuient sur le cours en ligne ouvert et
massif (MOOC) national santé-environnement. Enfin l?enseignement sur le thème des PE en
formation initiale est à l?appréciation des 35 écoles de sage-femmes, et représente en moyenne
trois heures de formation dans le cursus.
Les universités développent les programmes en toute autonomie. La mise en lumière, à l?aide d?un
baromètre annuel, de ce qui est enseigné en santé-environnement (et sur les perturbateurs
endocriniens), serait un bon moyen de stimuler ces enseignements.
Pour les formations paramédicales les plus concernées, la mission, sans pouvoir obtenir de
données d?ensemble, a pu noter un certain nombre de points convergents : pour les auxiliaires de
puériculture, la thématique PE est abordée dans le module 2 du référentiel du diplôme d?Etat
d?auxiliaire de puériculture (DEAP) repérage des risques notamment environnementaux ; pour les
infirmières puéricultrices, la thématique PE, non obligatoire, peut être abordée dans le cadre
d?enseignement en santé environnementale.
Un module spécifique existe dans le service sanitaire des étudiants en santé, commun avec
médecine-maïeutique-odontologie-pharmacie et infirmiers (cf. annexe n°10).
Pour ce qui concerne les écoles d?ingénieurs, AgroParisTech participe à un tronc commun des
cadres supérieurs du service public, par un volet transition écologique et One Health, dont le
pilotage, la coordination et l?animation sont réalisés par l?Institut national du service public (INSP).
Cela concerne 1 300 élèves en 2024, dans 21 écoles, principalement des écoles d?application.
Plus globalement, la formation initiale des cadres des secteurs productifs (industrie, agriculture?),
n?offre aucune lisibilité en matière de PE, à l?exception de l?Institut One Health (IOH).
Soutenu par France 2030, l?IOH, porté par l?Ecole universitaire de recherche EID@lyon, a vocation
à devenir un institut de référence pour la formation, l?expertise et la décision sur les sujets « Une
seule santé ». L?IOH est issu de la réunion des établissements de formation des ministères chargés
respectivement de l?agriculture (via l?ENSV-FVI VetAgro Sup et AgroParisTech), de la santé
(EHESP), de l?écologie et de l?enseignement supérieur et la recherche. Les publics ciblés sont les
décideurs publics, les décideurs privés et les organisations de la société civile.
2.2.1.5 Dans l?ensemble, les branches professionnelles n?accordent pas de place
spécifique aux PE
A l?exception des professions de santé, les branches professionnelles concernées par la
manipulation de produits chimiques ne réservent pas de traitement particulier aux PE. Ceux-ci sont
considérés au même titre que les autres produits chimiques.
La réglementation française s?applique selon les règlements européens relatifs aux produits
chimiques qui ne distingue pas spécifiquement les PE. Cette situation pourrait évoluer à la faveur
d?une réforme européenne, actuellement en discussion, destinée à étendre le champ de la directive
cancérigène mutagène reprotoxique (CMR) aux PE81, ce qui rendrait leur manipulation plus stricte,
avec des obligations plus fortes imposées aux employeurs sur la substitution et la mise en place
de mesures préventives.
Les sapeurs-pompiers sont exposés, à travers les fumées d?incendie (10% de leur activité), à un
certain nombre de PE malgré leurs équipements de protection individuelle (EPI). Sur une toute
petite partie de ces incendies, ils utilisent des émulseurs, qui contiennent des PFAS. Les sapeurs-
pompiers n?ont pas de formation spécifique sur les PE, mais sur la fumée et le port des EPI.
81 Un accord en COREPER du 6 décembre 2023 prévoit une réforme pour intégrer les PE dans la Directive 2004/37/CE sur les
agents cancérogènes et mutagènes sur le lieu de travail (dite directive CMRD), une évaluation scientifique a été lancée par la
Commission à cet effet
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Les représentants professionnels soutiennent l?évolution de la réglementation européenne et
invitent les services départementaux d?incendie et de secours (SDIS) à faire une transition vers
des émulseurs « sans fluor », puisque les produits en contenant seront interdits dans 18 mois. Ils
souhaitent suivre les conclusions de l?étude Anses ? SpF sur les métiers particulièrement exposés
aux PFAS, notamment pour établir des valeurs limites d?exposition qui n?existent pas aujourd?hui
(il n?y a d?ailleurs pas d?étude statistique ou épidémiologique sur la santé de ces professionnels à
long terme).
Les coiffeurs utilisent des produits à usage professionnel pouvant contenir des PE, pour lesquels
ils expriment des inquiétudes tout en ne se sentant pas responsables, étant en « bout de chaîne ».
Dans les écoles de formation, le volet préventif porte, lorsqu?il existe, sur l?ensemble de ses
dimensions (postures de travail, troubles musculo-squelettiques?), sans volet particulier sur les
PE ni sur les produits chimiques globalement.
D?une façon générale, les risques liés au PE ne font pas partie des risques professionnels intégrés
dans les référentiels enregistrés au Répertoire national des certifications professionnelles (RNCP).
Pourtant, le Centre d?ingénierie sectoriel industrie de l?Agence nationale pour la formation
professionnelle des adultes (Afpa) considère que 85 métiers sont concernés par l?impact des PE.
2.2.2 La réglementation des substances et sa mise en oeuvre se heurtent
à de nombreuses difficultés
2.2.2.1 La SNPE2 a permis de soutenir l?adoption d?un règlement délégué du CLP
instaurant de nouvelles classes de dangers
La SNPE2 a contribué à consolider le rôle moteur de la France pour renforcer la réglementation
européenne. C?est le cas en particulier pour la réforme du règlement CLP qui faisait partie des
actions listées dans le SNPE2. Le vote de la loi AGEC au niveau national, qui apporte des
obligations d?information sur la présence de perturbateurs endocriniens, a également contribué à
affermir la position française au niveau européen.
Le règlement délégué (UE) n°2023/707 modifiant le règlement CLP, introduisant des nouvelles
classes de dangers de perturbateurs endocriniens pour la santé humaine et l?environnement est
une étape importante vers l?harmonisation des réglementations européennes, qui devront à terme
intégrer une même définition des perturbateurs endocriniens.
Dans le prolongement de cette réforme, la France oeuvre en faveur de l?inscription des
perturbateurs endocriniens et d?un pictogramme associé dans le système de classification
internationale des Nations-Unies (UN ? GHS : système général harmonisé de classification et
d?étiquetage des produits chimiques).
2.2.2.2 Le contrôle des produits, sur le territoire français et aux frontières, est limité
par les moyens techniques et fragilisé par le commerce en ligne
Les contrôles réglementaires sont destinés à vérifier l?application de la réglementation. Ils sont
effectués par la DGCCRF82, ou par la DGDI83s?il s?agit de produits importés.
Les contrôles de la DGCCRF sont effectués dans le cadre de son programme annuel de contrôle.
Depuis 2019, ces contrôles ont porté sur les matériaux au contact des denrées alimentaires
(recherche de bisphénol A et de phtalates), les jouets (recherche de bisphénol A, de parabènes et
de phtalates), les produits chimiques et biocides (recherche de phtalates), ainsi que les
cosmétiques (recherche de parabènes). Le nombre de visites avec prélèvement s?élève à 1 187
82 DGCCRF : Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes
83 DGDI : Direction générale des douanes et droits indirects
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en 2023, un chiffre en légère baisse sur les deux dernières années. Le nombre d?établissements
en anomalie sur la période est resté stable autour de 15% environ.
La réforme du règlement CLP permettra d?élargir le pouvoir des autorités de contrôle via la
vérification de l?étiquetage des propriétés PE des substances concernées à partir de 2025.
Les contrôles douaniers sont orientés par des campagnes annuelles, et portent sur une variété de
produits (cosmétiques, bijouterie, montres, parfums, colles, chaussures, vernis ...) dans lesquels
des perturbateurs endocriniens ont pu être détectés.
Ce contrôle douanier est limité par les règles du marché unique : une marchandise ne peut être
contrôlée à nouveau si elle a déjà été dédouanée dans un autre Etat membre. Pour les produits
dédouanés en France, les contrôles douaniers s?exposent par ailleurs au manque de
documentation, dans le cas où le produit ne disposerait pas d?un code spécifique, comme c?est le
cas pour les canards de bain, régulièrement ciblés pour la présence de BPA dans leur matériau.
Le contrôle douanier n?est enfin pas adapté au commerce en ligne, puisque les prélèvements
doivent nécessairement se faire sur 4 échantillons du même produit pour être probants, soit une
quantité supérieure à la majorité des achats en ligne. Par ailleurs, dans un contexte de
mondialisation, les capacités de contrôle des douanes sont minimes au regard du volume des
transactions concernées.
2.2.2.3 Le droit du travail ne réserve pas de traitement spécifique aux perturbateurs
endocriniens
En matière de droit du travail, l?Union Européenne définit des exigences minimales, que les Etats
membres peuvent renforcer en faveur des travailleurs. La protection de la santé et de la sécurité
des travailleurs est organisée par la directive n°89/391/CEE qui définit des grands principes
(prévention des risques, adaptation des postes de travail, instructions appropriées ...)
Cette protection est complétée, en matière d?exposition aux substances dangereuses, par la
directive n°98/24/CE sur les agents chimiques sur le lieu de travail, qui fixe les premières valeurs
limites d?exposition professionnelle (VLEP) pour les substances chimiques, parmi lesquels figurent
notamment des perturbateurs endocriniens.
Il existe enfin une directive n°2004/37/CE sur les agents cancérogènes et mutagènes sur le lieu de
travail qui pose des règles plus contraignantes, notamment sur les valeurs limites d?exposition
professionnelle (VLEP). Cette directive a été révisée en 2022 pour inclure également les
substances reprotoxiques. Les substances concernées par cette directive sont donc celles
reconnues cancérigènes, mutagènes ou reprotoxiques (CMR), parmi lesquelles on retrouve
certains perturbateurs endocriniens, mais qui n?apparaissent pas au titre de leur effet endocrinien.
La Commission travaille actuellement à la réforme de cette directive n°2004/37/CE pour inclure les
perturbateurs endocriniens en tant que tels, à l?issue d?un vote favorable du comité des
représentants permanents qui prépare les travaux du Conseil de l?Union Européenne, le 6
décembre 2023. Une évaluation scientifique a été confiée à l?ECHA, qui pourrait aboutir à un projet
de révision de directive entre 2028 et 2030.
Le droit du travail faisant partie des domaines où l?Etat membre peut appliquer une réglementation
plus stricte, il est possible de fixer des VLEP plus exigeantes dans le droit national. La SNPE
prévoyait ainsi de revoir les VLEP des substances aux effets PE dans le droit national, mais cette
action n?a pas été finalisée (l?Anses a proposé d?instaurer des VLEP pour deux substances, sans
traduction dans le code du travail à ce stade).
Il convient de noter que la Belgique a fait le choix de traiter les perturbateurs endocriniens au même
titre que les substances CMR, choix cohérent avec la mise en place de sa propre stratégie sur les
perturbateurs endocriniens (NAPED).
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2.2.3 Un échec des actions en faveur de la substitution
2.2.3.1 Des outils informatifs ont été produits à l?intention des industries mais n?ont
connu qu?un faible écho
Différents supports d?information ont été développés à destination des industriels. L?Ineris a ainsi
participé aux travaux animés par l?ECHA et l?OCDE entre 2019 et 2021 qui ont conduit à la
publication d?un guide méthodologique.
Une autre initiative notable est celle du site destiné à apporter un appui aux acteurs économiques
engagés dans une démarche de substitution afin de promouvoir la diffusion et le partage
d?informations. Initialement restreint au bisphénol A, le site a été étendu à d?autres substances :
bisphénols, phtalates, alkylphénols et PFAS. Le site met à disposition un guide méthodologique
réalisé dans le cadre du PNSE3 afin d?aider les entreprises à identifier un substitut. Le site présente
également des alternatives, sans toutefois être systématiquement en mesure de déterminer
lesquelles sont les plus sûres. Il est bien précisé que la mention d?une alternative ne vaut pas étude
de sa viabilité.
Néanmoins, la mise à disposition de guides méthodologiques et d?outils de comparaison des
alternatives disponibles reste un levier de prévention important pour intégrer l?approche « Safe and
sustainable by design » dans la démarche de substitution.
2.2.3.2 Les appels à projets consacrés à la substitution ont été infructueux
Les campagnes destinées à promouvoir la substitution volontaire n?ont pas rencontré leur public.
Ainsi, le budget de plus de 15 millions d?euros prévus par la DGE84 pour mobiliser les entreprises
n?a que peu été utilisé. En 2021, un critère de substitution avait été inclus dans l?appel à projets
« Résilience », et seulement deux projets ont été retenus à ce titre : un sur la substitution du BPA
dans les boîtes de conserve, l?autre sur l?utilisation de solutions biosourcées. Par ailleurs, l?appel à
projet « Safe by design » prévu pour 2023 a finalement été repoussé n?ayant pu être intégré à la
maquette France 2030 déjà consolidé, ni être porté par un budget DGE propre. L?appel à
manifestation d?intérêt qui l?a précédé n?avait toutefois pas rencontré d?intérêt particulier de la part
de l?industrie, un seul projet ayant été reçu, concernant une simulation numérique pour accélérer
la recherche vers d?autres substances. De même, l?action de promotion de la substitution auprès
des pôles de compétitivité n?a connu qu?une faible mise en oeuvre.
De façon plus générale, la promotion de la substitution auprès des entreprises fait face à des dif-
ficultés structurelles. D?une part, la substitution est une démarche volontaire qui reste tributaire de
la volonté des industriels. D?autre part, il est difficile pour l?administration de disposer d?une vision
précise de l?évolution de la recherche et développement de chaque entreprise. Par exemple, la
diffusion des connaissances est limitée par le secret industriel, les entreprises ayant intérêt à gar-
der confidentiel le développement de nouvelles formules et techniques pour préserver leur avan-
tage concurrentiel.
Pour autant, le manque de succès des actions de promotion de la substitution à ce jour ne saurait
signifier que la réduction de l?exposition aux PE ne peut se faire que par la réglementation. La
prochaine stratégie devra donc travailler à renouveler son approche dans la substitution, avec une
démarche plus engagée des ministères concernées, assurer le financement des appels à projet
(AAP) et envisager d?autres mesures innovantes (intégration dans les démarches RSE,
accompagnement sur le modèle de ce qui existe dans l?industrie pharmaceutique, cf.annexe
n°11?).
84 DGE : Direction générale des entreprises
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Les services Économiques de l'État en région (SEER)85, sous l?impulsion de la DGE, assureront la
promotion des actions et seront un relais auprès des industriels concernés. Un ciblage préalable
des régions les plus susceptibles d?héberger des industriels concernés par une prochaine
restriction d?usage d?une substance PE devra être réalisé par la DGPR et la DGE pour que l?action
de communication et de promotion s?y concentre prioritairement.
2.2.4 Un foisonnement d?actions territoriales de prévention
2.2.4.1 Un foisonnement d?actions de prévention portées principalement par les
associations, les collectivités territoriales, les maternités et les crèches
Les initiatives prises sur le terrain sont nombreuses et même foisonnantes (cf.en annexe n°11, une
description des projets dont la mission a eu connaissance).
Elles émanent en premier lieu des collectivités territoriales qui ont mis en place de nombreuses
actions visant à réduire l?exposition aux perturbateurs endocriniens, souvent à l?initiative du Réseau
environnement santé dont la charte « villes et territoires sans perturbateurs endocriniens » a, selon
l?association, été signée par près de 300 communes, 10 départements et 4 régions.
Dans le domaine de la restauration collective, en particulier les cantines scolaires, les démarches
dont la mission a eu connaissance ont permis de réelles avancées, parfois à large échelle.
S?agissant de la commande publique, les résultats sont plus mitigés, les démarches se heurtant
souvent à l?absence d?offre de produits certifiés « sans perturbateurs endocriniens ».
Principale fenêtre de vulnérabilité, les 1 000 premiers jours concentrent logiquement la majeure
partie des actions territoriales de prévention, en particulier dans les maternités et les crèches.
Nettoyage des sols et des surfaces, produits d?hygiène et d?entretien, alimentation, sensibilisation
des parents, jouets, aération des locaux : la prévention des perturbateurs endocriniens (et plus
globalement la prévention des expositions environnementales) est une démarche globale qui
suscite souvent une forte adhésion des personnels. Cette démarche s?étend généralement à
l?ensemble des produits chimiques. De fait, il n?est pas aisé de lutter spécifiquement contre les
perturbateurs endocriniens qui ne font pas l?objet d?un étiquetage particulier ni même, jusqu?à très
récemment (loi AGEC), d?une liste officielle.
Ces dynamiques territoriales reposent également sur des actions de sensibilisation/information à
destination, d?une part, des parents et futurs parents et, d?autre part, des professionnels de santé
et de la petite enfance. C?est le cas des ateliers « Nesting » dont l?objectif est de sensibiliser les
parents ou futurs parents aux risques environnementaux, chimiques en particulier86. Le projet «
FEES » (Femmes enceintes, environnement et santé) poursuit un objectif similaire (« réduire
l?exposition aux polluants des futurs et jeunes parents »). Porté par l?Association pour la prévention
de la pollution atmosphérique (APPA) et la Mutualité française, ce projet se déploie depuis 2011
dans les Hauts-de-France et s?étend dans 7 régions.
Dans certaines régions, l?Assurance maladie apporte aussi sa contribution à la lutte contre les
perturbateurs endocriniens. C?est le cas notamment dans l?Indre et dans l?Aisne où les caisses
primaires d?assurance maladie ont mené des actions de sensibilisation des professionnels de santé
et des femmes enceintes ; des initiatives qui ont trouvé un écho national dans la convention
d?objectifs et de gestion 2023-2028 de la CNAM qui prévoit notamment la généralisation des
expérimentations « 0 phtalates ».
85 Au sein des DREETS, les SEER déclinent la politique économie de l?Etat en région, autour de 3 axes : développer des filières
stratégiques, soutenir l?innovation des entreprises, et préserver et consolider le tissu économique.
86 Selon WCEF (en charge de ce programme), près de 800 animatrices (sage-femmes, auxiliaires de puériculture?) ont été
formées depuis 2009 à l?animation de ces ateliers qui peuvent se dérouler dans une maternité, un centre de PMI, une crèche?
600 ateliers auraient ainsi été organisés en 2022
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2.2.4.2 Quelques initiatives locales de surveillance environnementale
En 2021-2022, une évaluation de la présence des pesticides dans l?air ambiant a été réalisée par
ATMO Occitanie. Cinq substances actives d?intérêt en raison de leur activité endocrine potentielle
identifiées par l?Anses dans son avis d?avril 2021 ont été quantifiées sur l?ensemble des sites de
mesures, à des fréquences plus ou moins importantes. Ce travail sera poursuivi dans les
prochaines années.
En 2022, sous l?égide de la DGPR, une démarche exploratoire d?identification d?une activité
endocrinienne dans les effluents d?industries pharmaceutiques a été réalisée dans quelques
régions. Cette action a permis d?affiner la méthodologie de caractérisation des activités
endocriniennes par les outils bio-analytiques et si nécessaire pourrait aboutir à la mise en place
d?actions spécifique pour chaque site afin de réduire ces émissions. Sans tirer de conclusion hâtive
sur l?interprétation des résultats préliminaires, les premiers éléments convergent sur la détection
d?une activité endocrinienne dans la majorité des rejets.
2.2.4.3 Des actions qui se sont déployées avec peu de soutien mais qui suscitent une
réelle dynamique de terrain en faveur de la santé environnementale
La plupart des acteurs de terrain engagés dans ces actions de prévention connaissent mal la
SNPE2. Au mieux, elle constitue une référence qui permet de légitimer leur action et de mobiliser
des partenaires (y compris sur le plan financier), en interne comme en externe.
Pour ces acteurs, la SNPE2 n?apporte ni financement, ni cadre d?action : plusieurs interlocuteurs
de la mission ont ainsi regretté l?absence de recommandations claires, à commencer par une liste
d?outils dont l?efficacité aurait été scientifiquement établie. Cette lacune, qui n?est pas propre à la
santé environnementale, conduit les acteurs locaux à recourir à des opérateurs et des méthodes
sur la base d?échos favorables d?expériences menées dans d?autres régions.
Santé publique France a procédé à un recensement précieux des principales actions de prévention
consacrées aux perturbateurs endocriniens. En revanche, il ne lui a pas été possible d?en dresser
le bilan et encore moins d?en mesurer l?impact sur les pratiques et a fortiori sur les expositions.
Sur le plan méthodologique, le principal appui dont bénéficient les collectivités territoriales provient
du CNFPT, grâce à son offre de formation mais aussi par la mise à disposition d?outils87 et par des
conférences qui permettent de partager expériences et bonnes pratiques. Le réseau français des
villes-santé de l?OMS apporte également un soutien apprécié par les communes et
intercommunalités qui en font partie.
Les crèches et les maternités bénéficient généralement de l?appui de prestataires qui les
accompagnent dans la réalisation du diagnostic, l?élaboration du plan d?action et sa mise en oeuvre
(actions de formation notamment).
Lors des investigations de terrain, ce qui frappe également, c?est le manque de coordination entre
les acteurs. Dans certaines régions se superposent ainsi plusieurs stratégies ou plans d?action sur
les perturbateurs endocriniens : conseil régional, conseils départementaux, communes...
Au niveau régional, les plans régionaux santé environnement (PRSE) portés par les ARS et les
DREAL s?efforcent d?apporter de la cohérence et, ponctuellement, des financements à ces actions
de prévention en santé. Ainsi, une grande partie des actions consacrées aux 1 000 premiers jours
dont la mission a eu connaissance avaient bénéficié d?un financement ARS. De fait, les
perturbateurs endocriniens apparaissent dans la quasi-totalité des PRSE4 mais la place qu?ils y
occupent est limitée, centrée sur les 1000 premiers jours. Dans la très grande majorité des PRSE4,
les perturbateurs endocriniens ne font pas l?objet d?actions spécifiques mais sont inclus dans des
87 Par exemple le guide « Agir localement en Santé environnement » paru en octobre 2023
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objectifs plus généraux tels que l?amélioration de la qualité de l?air intérieur, la réduction de
l?exposition aux produits chimiques?
Dans le domaine de la santé au travail, les directions régionales de l'économie, de l'emploi, du
travail et des solidarités (DREETS) s?efforcent également d?impulser et de coordonner des actions
de prévention des expositions professionnelles aux perturbateurs endocriniens, via notamment les
plans régionaux santé au travail (PRST). La mission a ainsi eu connaissance de démarches
innovantes dans les régions PACA et Centre-val-de-Loire. Là encore, si quelques actions sont
centrées sur les perturbateurs endocriniens, c?est une approche globale de réduction du risque
chimique qui est le plus souvent retenue.
Si les données manquent pour en apprécier l?impact, ces actions de prévention suscitent
indiscutablement une dynamique positive sur le terrain qui va bien au-delà des perturbateurs
endocriniens (sujet complexe qui se prête difficilement à des actions ciblées). Les perturbateurs
endocriniens constituent ainsi un point de départ à partir duquel s?engage une évolution des
pratiques et des organisations qui contribue à la « sobriété chimique » et plus largement à la
réduction des expositions environnementales, au bénéfice des publics les plus à risque au premier
rang desquels figurent les femmes enceintes et les jeunes enfants.
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3 UNE STRATEGIE PERTINENTE ET GLOBALEMENT COHERENTE
MAIS DONT L?EFFICACITE EST INCERTAINE
A partir du bilan qui précède, la mission s?est efforcée de dégager les points forts et les points
faibles de la SNPE2 en répondant à quatre questions évaluatives : pertinence, cohérence,
efficacité et gouvernance. La question de l?efficience n?a pas pu être traitée en raison du manque
d?information sur les moyens mis en oeuvre.
3.1 Une stratégie globalement pertinente mais insuffisamment
tournée vers l?action et manquant de priorités
3.1.1 Une stratégie globalement pertinente mais qui ne mise pas assez sur
les actions de prévention et de réduction des émissions
Avec ses trois volets (former et informer ; protéger la population et l?environnement ; faire
progresser les connaissances), la SNPE2 couvre l?ensemble des thématiques et questions
relatives aux PE.
Cependant, sa structure est déséquilibrée, avec des actions visant la connaissance beaucoup plus
nombreuses que celles relatives à la prévention et à la réduction de l?exposition des populations et
de l?environnement, alors même que « protéger la population et l?environnement » est objectif
général de la SNPE2.
Les mesures visant l?amélioration de la connaissance, l?information et la formation sont nécessaires,
mais leur traduction opérationnelle a été modeste. Ainsi, la biosurveillance, la surveillance sanitaire
et la surveillance environnementale sont le plus souvent décorrélées d?actions de prévention ou de
réduction des émissions. En matière d?actions de réduction de l?exposition, la SNPE2 mise
principalement sur la réglementation, laisse la substitution sur la base du volontariat et soutient
peu les initiatives des acteurs locaux (collectivités, crèches, établissements de santé, associations).
3.1.2 Une bonne prise en compte de la dimension européenne mais des
lacunes s?agissant de l?approche ?une seule santé?, des inégalités
sociales et des initiatives territoriales
La règlementation encadrant les perturbateurs endocriniens étant principalement européenne, la
SNPE2 met à juste titre l?accent sur la défense de positions françaises ambitieuses au niveau
communautaire.
Elle affiche une volonté de s?inscrire dans une approche ?une seule santé? et elle s'intéresse en
effet à la santé humaine, aux écosystèmes et à la santé animale. Malheureusement, l?approche
est limitée, les différentes actions restent compartimentées en silo et les interactions existent peu.
De plus, comme le rapport du Haut conseil de la santé publique le soulignait en 2018, les inégalités
socio-économiques et les inégalités d?exposition (genre, contexte socio-professionnel?) sont
insuffisamment prises en compte. Or, selon des études, notamment américaines, des inégalités
sociales dans l?exposition aux perturbateurs endocriniens existent : les personnes aux revenus les
plus modestes consomment par exemple davantage de nourriture grasse, contaminée par des
phtalates ou de denrées conditionnées dans des contenants contenant du BPA. Une étude
permettrait d?éprouver cette hypothèse en France.
Enfin, la dimension territoriale, bien que présente dans la SNPE2, reste balbutiante alors même
que les acteurs locaux sont actifs sur le sujet et portent des initiatives pertinentes avec des actions
de prévention, de sensibilisation et de réduction des émissions.
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3.1.3 Un affichage d?actions souvent déjà lancées et qui dépassent les
seuls perturbateurs endocriniens
Une bonne partie du plan d?action de la SNPE2 est constitué d?actions déjà prévues ou engagées
par ailleurs, soit au titre d?un autre plan ou stratégie (par exemple le plan micropolluants 2016-2021)
soit dans le cadre des programmes de travail des administrations centrales et des opérateurs.
Par ailleurs, bon nombre de mesures dépassent les seuls perturbateurs endocriniens et concernent
les produits chimiques en général, voire la santé environnementale.
Enfin, les actions pour lesquelles un budget est affiché sont très peu nombreuses (moins d?une
dizaine).
Ces choix ne remettent pas en question la pertinence de la SNPE2. En revanche, ils rendent plus
compliqué d?identifier sa « plus-value » et donc de distinguer ce qui est attribuable la SNPE2 de ce
qui aurait, de toute façon, été mis en oeuvre.
3.2 Si la SNPE2 est, dans l?ensemble, cohérente avec les plans
globaux, elle souffre d?un certain nombre d?incohérences
internes
3.2.1 Une cohérence satisfaisante avec les plans globaux mais une
articulation moins lisible avec les stratégies et plans sectoriels
La SNPE2 est une composante du 4ème plan national santé environnement (PNSE4) et s?inscrit
dans un (très vaste) ensemble de stratégies et plans nationaux consacrés à la santé publique, à la
santé au travail et à la protection de l?environnement.
Plusieurs actions du PNSE4 font écho à la SNPE2, en particulier dans les domaines de la
recherche (PEPR exposome), de la formation (formation initiale et continue des professionnels de
santé) et de l?information du consommateur (application Scan4chem, étiquetage des produits
ménagers?). Le 4ème Plan santé au travail ne fait pas référence explicitement à la SNPE2 mais
plusieurs actions, consacrées au risque chimique, incluent les perturbateurs endocriniens (action
réglementaire au niveau européen, recherche sur l?exposome, biosurveillance professionnelle ?).
Avec les plans sectoriels, la cohérence est plus difficile à établir. C?est le cas notamment des
stratégies et plans d?action qui visent des substances (chlordécone) ou des familles de substances
(PFAS, phytosanitaires) qui ont, pour certaines, un effet de perturbation endocrinienne. Qu?il
s?agisse du 4ème plan chlordécone adopté en 2021 ou du plan d?action interministériel sur les
PFAS lancé en 2024, aucun ne fait référence à la SNPE2, alors que leur contenu rejoint, en grande
partie, ses objectifs. Il en est de même avec la stratégie Ecophyto 2030 dévoilée en mai 2024. Au
total, parmi les 37 stratégies et plans gravitant autour du PNSE4 (cf. annexe 12), près de la moitié
ont un lien ? direct ou indirect ? avec les perturbateurs endocriniens. Un tel foisonnement est
difficilement lisible pour les acteurs de terrain et même pour la plupart des décideurs nationaux,
comme la mission l?a constaté lors de ses auditions.
La complémentarité est, en revanche, beaucoup plus explicite avec le plan micropolluants adopté
en 2016, auquel plusieurs actions de la SNPE2 font explicitement référence. La stratégie
décennale de lutte contre les cancers s?appuie également sur la SNPE2 et inclut les perturbateurs
endocriniens dans plusieurs de ses axes (recherche, prévention?).
Au niveau territorial, les perturbateurs endocriniens figurent dans la quasi-totalité des 4èmes plans
régionaux santé environnement (PRSE4) même si très peu d?entre eux mentionnent explicitement
la SNPE2.
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3.2.2 Le plan d?action conforte la dimension opérationnelle de la stratégie
malgré quelques incohérences
Conformément aux recommandations des inspections générales, la SNPE2 a été dotée d?un plan
d?action destiné à rendre la stratégie plus opérationnelle. D?une soixantaine de pages, ce document
a le mérite de préciser les objectifs poursuivis, les résultats attendus et les pilotes, contributeurs et
opérateurs en charge de chacune des 50 actions. De fait, il a constitué la feuille de route de la
SNPE2 et permis le suivi de son déploiement.
Ce plan d?action, globalement cohérent et adapté aux enjeux, comporte cependant quelques
incohérences :
les indicateurs sont trop nombreux ; certains de ces indicateurs manquent de pertinence,
ce qui est d?autant plus regrettable que le HCSP avait réalisé un travail considérable pour
proposer des indicateurs « SMART88 », c?est-à-dire spécifiques, mesurables, atteignables,
réalistes et temporellement définis.
le découpage en axes est, sur certains sujets, difficilement lisible (l?axe dédié à
l?alimentation ne comporte qu?une action alors que celui consacré à la connaissance de
l?imprégnation de l?environnement en compte 13).
si les volets 1 (formation et information) et 3 (améliorer les connaissances) sont cohérents
et homogènes, ce n?est pas le cas du volet 2 qui couvre à la fois la surveillance
environnementale, la substitution et la réglementation, sous un titre « protéger
l?environnement et la population » qui correspond à l?objectif général de la SNPE2 ;
un manque de séquençage temporel, certaines actions n?ayant pas pu être mises en oeuvre
dans les délais impartis (voire abandonnées) car tributaires de la réalisation d?autres
actions89.
Enfin, il y a peu de complémentarité entre le plan d?action et le « document de référence », ce
dernier n?ayant pas de caractère stratégique mais plutôt une vocation « communicante ». De fait,
c?est le plan d?action qui a tenu lieu de stratégie.
3.3 Malgré quelques avancées, les résultats sont bien en deçà des
objectifs fixés en 2019
3.3.1 Des avancées notables sur le plan de la réglementation, de
l?information du public et en matière de recherche
La France a fait partie des Etats qui ont soutenu la mise en oeuvre de la stratégie européenne pour
la durabilité des produits chimiques, dont la principale avancée a été la réforme du règlement CLP
créant une classe de dangers pour les PE, et qui a vocation à harmoniser l?appréhension des
perturbateurs endocriniens dans la réglementation européenne.
Pour autant, l?action de la France n?a pas suffi à inscrire la réforme du règlement REACH dans le
programme de travail de la Commission européenne. Les citoyens européens pâtissent donc des
lenteurs d?un système qui n?est plus en capacité de faire face au volume croissant des substances
à évaluer.
Sur le plan de la réglementation française, la loi AGEC représente aussi un progrès, mais sa mise
88 SMART pour Spécifique, Mesurable, Acceptable, Réaliste, Temporellement défini. George T. Doran, « There's a SMART way
to write management's goals and objectives » Management Review, vol. 70, no 11, 1981, 35?36
89C?est le cas de l?action 3 qui prévoyait l?établissement d?une liste de substances ayant des propriétés PE, qui a été finalisée en
avril 2021
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en oeuvre est compromise par les limitations de l?application Scan4Chem.
En matière d?information du public, les sondages révèlent que le sujet des perturbateurs
endocriniens est de mieux en mieux connu des Français, 88% en ayant entendu parler. Il est
possible que les campagnes d?information y aient contribué, notamment avec le déploiement de la
campagne des 1 000 premiers jours auprès des familles attendant un enfant.
Enfin, la recherche a progressé durant la SNPE2 et permis à la France de contribuer à orienter le
programme de recherche PARC vers la thématique des perturbateurs endocriniens. De même, la
plateforme « PEPPER » a apporté une contribution notable à la validation des méthodes de tests.
Il reste néanmoins des domaines de recherche peu explorés à ce jour, en particulier dans le
domaine environnemental et dans celui des sciences humaines et sociales
3.3.2 Des résultats mitigés en matière d?évaluation des substances et de
formation
Bien que la France fasse partie des Etats les plus actifs en la matière, elle n?a réalisé que
partiellement les actions relatives à l?évaluation des substances au titre des différents règlements
européens.
Par ailleurs, la publication d?une liste de substances d?intérêt du fait de leur action endocrine
potentielle, assortie d?une méthode de priorisation, n?a pas eu les effets escomptés, au niveau
national ou européen.
Les résultats ont également été mitigés sur le plan de formation, avec une formation initiale encore
très marginale chez les professionnels de santé, et quasi-inexistante dans les autres secteurs. La
formation continue présente des avancées chez certains professionnels de santé, mais avec des
prises en compte encore très hétérogènes selon les métiers.
3.3.3 Des progrès insuffisants sur le plan des contrôles et en matière de
surveillance sanitaire et environnementale
Le nombre annuel de contrôles réglementaires pratiqués par la DGCCRF sur le territoire national
est en légère baisse sur les deux dernières années. Il n?a pas été possible de retracer le nombre
de contrôles réglementaires pratiqués aux frontières par la DGDI, mais il a été constaté que
l?efficacité du contrôle douanier est compromise par plusieurs éléments : impossibilité de
recontrôler les produits déjà dédouanés, manque de documentation, et inadaptation au commerce
en ligne.
Le nombre annuel de contrôles exploratoires pratiqués par la DGCCRF est resté stable, mais les
substances testées sont limitées par les moyens techniques dont dispose le laboratoire national
de contrôle. Le champ des contrôles s?est par ailleurs restreint à celui de la campagne nationale
sur la sécurité des jouets.
Dans le champ de la surveillance sanitaire, l?exploitation des résultats du programme de
biosurveillance ESTEBAN a permis de révéler l?imprégnation de la population par les PE, mais il
n?est pas encore possible de caractériser d?évolution, faute de données précédentes existantes, et
dans l?attente du déploiement du programme ALBANE en 2024.
La surveillance des pathologies a progressé avec des nouveaux résultats sur la santé reproductive,
révélant une augmentation des taux d?incidence de nombreuses pathologies, sans toutefois que le
lien avec l?exposition aux perturbateurs endocriniens n?ait pu être systématiquement établi. Par
ailleurs, aucune donnée relative à la qualité du sperme n?a été produite en près de 20 ans, malgré
une baisse très nette de la fertilité masculine. Au-delà de la santé reproductive, le lancement de la
démarche PEPS?PE, qui priorise différents effets sanitaires à surveiller en lien avec les
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perturbateurs endocriniens, offre des perspectives intéressantes en matière de surveillance
intégrée, mais la mise en oeuvre de cette dernière reste un défi à relever.
S?agissant de la surveillance environnementale, la seconde campagne nationale logement a
recherché spécifiquement des perturbateurs endocriniens, à la différence de la surveillance des
autres compartiments que sont l?air ambiant, les milieux aquatiques et les sols. Pour ces derniers,
des croisements de données ont permis de renforcer les connaissances, mais sans harmonisation
d?ensemble, et avec la difficulté d?une multiplicité des listes des perturbateurs endocriniens.
3.3.4 Un échec total des mesures prises en faveur de la substitution
Les ambitions de la SNPE2 en matière de substitution n?ont pas pu être réalisées. Hormis la
production d?outils informatifs, dont le site de l?Ineris de portée très modeste, les appels à projets à
destination des industriels n?ont pas trouvé leur public, et les budgets fléchés n?ont finalement pas
été mobilisés.
3.3.5 Des résultats modestes et difficiles à mesurer qui ne permettent pas
de conclure quant à l?évolution de l?exposition de la population et de
l?environnement aux perturbateurs endocriniens
Même si des progrès ont été faits, les résultats obtenus sont modestes, traduisant une efficacité
limitée.
Dans l?ensemble, la faiblesse des données existantes en matière de surveillance, et le suivi
lacunaire des indicateurs de la SNPE2, ne permettent pas d?apprécier l?atteinte ? ou non ? de son
objectif premier : réduire l?exposition de la population et de l?environnement aux perturbateurs
endocriniens.
Même si la dimension territoriale ne constituait pas une priorité de la SNPE2, de nombreuses
initiatives locales ont sans aucun doute permis de réduire l?exposition de la population aux
perturbateurs endocriniens, en particulier celle des femmes et des jeunes enfants (1 000 premiers
jours). En l?absence de bilan global, leur impact est néanmoins difficile ? voire impossible ? à établir
précisément.
Enfin, un certain nombre d?avancées, constatées depuis 2019, ne sont pas directement imputables
à la SNPE 2 et auraient - de toute façon - été obtenues grâce à des programmes, plans ou
stratégies qui existaient avant le lancement de cette stratégie (par exemple la campagne des 1000
premiers jours). Si la SNPE2 a incontestablement donné de la cohérence et de la visibilité à un
ensemble d?actions consacrées aux PE, sa « plus-value » - et donc son efficacité - sont difficiles à
établir.
3.4 Une gouvernance marquée par un manque de soutien politique
et l?absence de suivi des indicateurs
3.4.1 Un comité de suivi, instance de partage de l?avancée des actions,
plus que de suivi et un comité de pilotage peu investi dans le
pilotage
Le premier comité de suivi (COSUI) a été installé le 8 décembre 2021, en raison du souhait des
parties prenantes du PNSE 4 d?avoir une instance spécifique pour les PE. Sa composition très
large, environ 115 membres qui représentent 74 entités, lui confère une dimension plus informative
(avec quelques débateurs récurrents bien identifiés) que de véritable suivi des actions, ie respect
des objectifs/jalons, indicateurs des 50 actions etc.
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Le comité de pilotage (COPIL), 20 membres90, composé principalement des directions générales
d?administration centrale et des agences, assure un suivi de l?avancement des 50 actions de la
SNPE2, tâche qui devrait revenir au COSUI (par exemple le tableau de synthèse des actions fin
2023 devrait relever d?un COSUI). En conséquence, le temps consacré par le COPIL aux réflexions
prospective et stratégique s?en est trouvé réduit.
3.4.2 Un manque de portage politique et un engagement insuffisant de
certaines administrations
En 2017, les inspections générales rapportaient que la SNPE avait manqué d?un pilotage
réellement interministériel ; ceci reste d?actualité en 2024 : le travail est resté cloisonné, avec un
engagement contrasté des administrations, voire une méconnaissance de la SNPE2 par certaines
d?entre elles.
En outre, le copilotage par les ministères chargés de l'environnement et de la santé est indéniable
mais les ministères chargés de l?agriculture et de l?industrie notamment, sont peu mobilisés. Plus
globalement, il ressort des auditions que le portage des responsables politiques au plus haut
niveau (la "voix" des ministres concernés) a été faible.
3.4.3 Malgré l?engagement de la DGS et de la DGPR, les échanges et la
coordination entre les acteurs du plan (administrations et
opérateurs) sont restés limités
Le rapport d?évaluation de la SNPE1 (2017) faisait le constat que la programmation de l?activité
des différentes agences sur les PE manquait de coordination ; les contrats d?objectifs et de
performance n?ont pas été assez utilisés pour fixer des objectifs précis aux opérateurs. La mission
a toutefois relevé des exemples de bonne coopération (séquençage des AAP ANR/Anses ;
OFB/Ineris pour la détermination des normes de qualité de l?eau, organismes nationaux de
recherche et agences pour la continuité des grandes cohortes?).
La situation en fin de SNPE2 semble donc avoir évolué favorablement bien qu?un certain nombre
d?auditionnés font état d?un travail persistant en silos (par exemple Anses versus SpF ; Anses
versus Ineris). Par ailleurs un meilleur séquençage temporel des différentes actions pourrait
accroître l?efficacité de la SNPE.
3.4.4 Un suivi défaillant des indicateurs
Le HCSP91 avait recommandé de définir des objectifs « SMART » renseignant sur les résultats à
atteindre dans un laps de temps déterminé, et des indicateurs peu nombreux mais pertinents que
l?on puisse renseigner sur la base de systèmes d?information existants et faciles d?accès.
Ces recommandations n?ont été suivies que très partiellement. Les indicateurs ne sont pas toujours
adaptés aux objectifs, et sont par ailleurs collectés avec beaucoup de difficultés. Les actions ne
sont pas priorisées, pas toujours hiérarchisées et le financement n?est que rarement évoqué.
90 Les membres du COPIL sont présents au COSUI
91 Analyse critique du projet de SNPE2 et proposition d?indicateurs de résultats, HCSP, 2018
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4 RECOMMANDATIONS
Compte tenu du bilan et de l?évaluation qui précèdent, la mission formule un certain nombre de
recommandations d?ordre général avant de préciser les principaux objectifs à atteindre dans les
années qui viennent.
4.1 Principes généraux
4.1.1 Une nouvelle stratégie est souhaitable et même nécessaire
Même si des avancées ont été enregistrées dans plusieurs domaines, le bilan de la SNPE2 est
modeste, bien en deçà des objectifs fixés en 2019. La poursuite des efforts engagés depuis 10 ans
(depuis le lancement de la SNPE1) est donc nécessaire, d?autant plus que les risques liés aux
perturbateurs endocriniens sont majeurs, pour la santé humaine comme pour celle des
écosystèmes.
Cette action gagnerait à s?inscrire dans une stratégie « une seule santé » (ou une « stratégie
nationale santé environnement ») bénéficiant d?un pilotage interministériel au plus haut niveau,
comme le proposent plusieurs rapports récents92.
A défaut d?une telle stratégie globale (les informations recueillies par la mission indiquent que cette
hypothèse n?est pas prévue à court terme), la mission estime souhaitable et même nécessaire
d?élaborer une 3ème version de la stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens, à
condition d?en revoir profondément le contenu, le format et la gouvernance. Sans un portage
politique fort, cette troisième stratégie n?atteindra pas de meilleurs résultats que les deux premières.
: Elaborer une 3ème version de la stratégie nationale sur les perturbateurs
endocriniens, en revoyant profondément son contenu, son format et sa gouvernance [DGPR
et DGS].
4.1.2 Une stratégie globale assortie d?un plan d?action ciblé
Comme tout exercice à caractère stratégique, la SNPE3 doit fixer un cap de moyen terme (10 ou
15 ans), avec des objectifs généraux et des priorités en nombre limité.
Comme la mission l?a constaté lors de ses auditions, un tel document présente en effet plusieurs
avantages :
afficher (et affirmer) clairement les positions françaises à Bruxelles (commission et
parlement européen) et auprès de nos partenaires européens.
mobiliser les administrations, opérateurs et parties prenantes.
envoyer un signal aux acteurs de terrain (en particulier aux collectivités territoriales).
Alors que la SNPE2 s?est très rapidement trouvée résumée à son plan d?action, la mission
considère que le document stratégique devrait constituer le coeur de la SNPE3 et servir de
référence pour guider l?action des pouvoirs publics et leur communication.
Pour en donner une traduction opérationnelle, la SNPE3 devrait être assortie d?un plan d?action,
détaillant - pour les 5 années à venir - les pilotes, les échéances, les moyens, les indicateurs et les
livrables.
92 C?est la première recommandation du rapport de capitalisation « La santé-environnement dans les travaux de l?IGAS » publié
en 2022
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A la différence de la SNPE2, ce plan d?action devrait être ciblé sur quelques mesures prioritaires,
sur lesquelles les administrations et les opérateurs concentreront leurs efforts et leurs moyens
financiers. Dans cette perspective, la mission fait quelques propositions (non exhaustives) de
mesures qu?elle estime devoir être inscrites dans ce plan d?action (cf. annexe n°13).
Au-delà de l?efficacité accrue qu?on peut en attendre, cette priorisation facilitera l?évaluation du plan
d?action dont la réussite pourra être mesurée au regard de l?atteinte ? ou non ? de quelques
objectifs. Elle peut également servir à orienter l?allocation des moyens financiers et humains.
Les actions à mettre en oeuvre ne doivent pas être considérées de manière individuelle mais de
façon cohérente, en veillant à leur articulation et à leur séquençage temporel.
Enfin, la mission considère que la SNPE3 devrait être conçue comme une « stratégie de transition
», destinée à assurer l'intégration de la problématique des perturbateurs endocriniens dans la
future stratégie « une seule santé » ou dans les versions à venir des stratégies et plans globaux
(PNSE 5 notamment).
: Assortir la SNPE3 (document à caractère stratégique fixant un cap pour
10 ou 15 ans), d?un plan d?action ciblé sur quelques mesures prioritaires avec identification
des pilotes, livrables, échéances, moyens et indicateurs [DGPR et DGS].
4.1.3 Des principes généraux à inscrire dans la SNPE3
Parmi les principes généraux qui devraient guider l?élaboration de la nouvelle stratégie figure, en
premier lieu, la dimension européenne. Evaluation et réglementation des substances, information
du consommateur, contrôle des produits : bon nombre de sujets (parmi les plus importants)
relèvent, pour l?essentiel, du niveau communautaire qui devrait constituer le cadre de référence et
d?action privilégié de la SNPE3.
Outre la contribution active aux travaux des agences (EFSA et ECHA), cela suppose d?intensifier
le plaidoyer auprès des instances européennes et des autres Etats membres. Le renouvellement
de la Commission et du Parlement européens, à la suite du scrutin du 9 juin 2024, constituent une
opportunité pour relancer la stratégie européenne sur les produits chimiques, en particulier la
révision du règlement REACH.
Cette priorité n'interdit pas - bien au contraire- de prendre des mesures nationales sur des
domaines mal ou peu couverts par le niveau européen (formation, surveillances sanitaire et
environnementale) ou qui nécessitent des actions complémentaires (recherche, substitution?).
Tout en étant résolument tournée vers l?Europe, la SNPE3 gagnerait à affirmer son ancrage
territorial, pour orienter et soutenir les initiatives prises par les acteurs locaux et accroître leur
impact. Au-delà des actions de formation, d?information et de prévention en santé, cette dimension
territoriale a vocation à irriguer tous les volets de la stratégie, y compris les actions relatives à la
connaissance (par exemple pour fonder les actions de prévention sur les alertes résultant de la
surveillance sanitaire et environnementale).
Le concept « une seule santé / one health » devrait également figurer parmi les principes généraux
de la SNPE3. Du fait de leurs mécanismes d?action et leur très large diffusion, les perturbateurs
endocriniens représentent en effet une menace pour la santé globale dont il convient d?examiner
toutes les dimensions et, surtout, les interactions.
Enfin, la SNPE3 devrait accorder une place centrale aux inégalités économiques et sociales face
aux PE, pour les documenter mais aussi ? et surtout ? pour orienter les actions de prévention, de
formation et d?information.
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4.2 Les principaux objectifs à assigner à la SNPE3
4.2.1 Une SNPE3, tournée vers l?action et qui se donne pour horizon « zéro
exposition aux PE »
Le maintien d?une stratégie autour de 3 grands objectifs (produire des connaissances / former et
informer / réduire les émissions) apparaît pertinent et permettrait une continuité logique entre
l?ancienne et la nouvelle stratégie. La mission a toutefois relevé un déséquilibre dans la SNPE2,
qui présente un nombre plus important d?actions orientées vers la production de connaissances, et
réserve à l?inverse une part insuffisante aux actions de prévention et de réduction des expositions.
Au sein de la SNPE3, un meilleur équilibre entre l?action et la connaissance devrait s?opérer. Outre
la formation et l?information, la réglementation et le contrôle de sa mise en oeuvre devraient y
occuper une place importante, de même que la substitution et la limitation des émissions des
substances PE.
Plus généralement, il ne s?agit pas de « protéger l?environnement et la population » (objectif général
de la SNPE2) mais de tendre vers le « zéro exposition aux PE », à l?instar de la stratégie
européenne sur les produits chimiques qui vise « un environnement exempt de substances
toxiques ».
La mission propose également des évolutions au sein des axes contenus dans les trois objectifs,
qui sont détaillées ci-dessous.
: Tourner la SNPE3 vers l?action, avec comme ambition de moyen terme
d?atteindre le « zéro exposition aux PE » et comme principes généraux : une approche « une
seule santé », l?intensification du plaidoyer européen, l?ancrage territorial et la prise en
compte des inégalités socio-économiques [MTECT et MSP93].
4.2.2 Premier objectif : produire des connaissances
La mission propose de structurer l?objectif « production de connaissances » autour de 3 axes : la
recherche ; l?évaluation des substances et la surveillance intégrée. Ces trois axes intégreraient un
certain nombre d?actions qui étaient classées dans l?objectif « protéger l?environnement et la
population » dans la SNPE2, dans la mesure où elles relèvent davantage de la connaissance.
4.2.2.1 Développer la recherche en mettant en oeuvre un PEPR exposome
La déclinaison du concept d?exposome, qui met en valeur le rôle de l?environnement comme
complément du génome et comme déterminant du bien-être et de la santé humaine, est ambitieux,
mais peut avoir des impacts majeurs pour la prévention et la gestion des risques en santé.
En recouvrant, d?une part, l?impact des facteurs environnementaux sur un organisme vivant,
notamment l?être humain et, d?autre part, l?impact des organismes vivants sur les écosystèmes,
notamment les modifications d?origine anthropique, le concept d?exposome est le meilleur véhicule
du concept « une seule santé ».
Cela se ferait en écho aux programmes EHEN et EIRENE déjà en place au niveau européen, et
devrait concerner tout le champ de la santé environnement.
93 ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires (MTECT) et ministère chargé de la Santé et de la
Prévention (MSP)
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La recherche en matière d?exposome chimique, dont les perturbateurs endocriniens, doit
également se diversifier en développant des champs dont la mission a noté l?insuffisance actuelle :
La caractérisation des effets cocktails et des effets non-monotones.
La recherche environnementale avec, d?une part, l?impact sur la biodiversité et, d?autre part,
la remédiation et la restauration de l?environnement.
La recherche en sciences sociales avec l?étude des inégalités socio-économiques de santé.
L?organisation et le suivi de cohortes de grandes tailles à l?échelle européenne.
La mission recommande donc la mise en oeuvre d?un PEPR exposome dans le cadre de la
Stratégie d?accélération prévention (2024).
4.2.2.2 Accélérer le rythme d?évaluation des substances et élaborer une stratégie
européenne de tests
Bien que la France s?investisse dans l?évaluation des substances, le rythme global au niveau
européen reste insuffisant face au nombre toujours croissant de substances mises sur le marché.
Il est nécessaire de fixer des objectifs plus ambitieux en matière de volume annuel de substances
évaluées, et la France peut jouer un rôle moteur en la matière.
L?accélération du rythme d?évaluation suppose de développer par ailleurs une stratégie en matière
de tests au niveau européen, afin de développer et proposer à la normalisation des tests pour les
voies d?action et effets actuellement les plus mal couverts (voie thyroïdienne, métabolisme, effets
sur le neurodéveloppement ...).
Afin de pouvoir atteindre cet objectif, l?élargissement de PEPPER à d?autres Etats membres doit
être poursuivi et intensifié ainsi que la sécurisation de son financement.
Enfin, cela suppose de poursuivre le soutien aux projets de recherche visant à développer de
nouvelles méthodes de tests, ainsi que l?accompagnement de leur validation, au niveau national
(via le PNR EST et l?ANR) et européen
4.2.2.3 Mettre en oeuvre une surveillance intégrée en couplant la surveillance sanitaire
et environnementale
Malgré ses ambitions dans ce domaine, la SNPE2 n?a pas abouti à une combinaison effective des
données de surveillance sanitaire et de surveillance environnementale. Cette surveillance intégrée
devrait constituer une priorité pour la SNPE3, qui pourra s?appuyer sur les résultats des nouveaux
programmes de surveillance sanitaire, une meilleure prise en compte du caractère PE dans la
surveillance environnementale (en particulier pour le choix des substances à suivre) et le recours
à l?intelligence artificielle.
La mission considère qu?il s?agit là d?un enjeu majeur, tout comme :
Le lancement ? le plus rapidement possible ? d?un nouveau programme de surveillance
des pathologies en lien avec les perturbateurs endocriniens (suite de l?étude PEPS?PE), en
complément du nouveau programme de biosurveillance (ALBANE).
La valorisation des données existantes et une meilleure prise en considération du caractère
de perturbation endocrinienne dans le choix des substances à surveiller dans les différents
compartiments environnementaux, en particulier les eaux et les sols.
Les programmes de surveillance devront garantir l?inclusion des outre-mer au regard des
particularités et de l?importance que ces territoires représentent en matière de lutte contre les PE.
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4.2.3 Deuxième objectif : former et informer
La mission propose de structurer l?objectif « Formation et information » autour de 3 axes :
l?information du consommateur ; la sensibilisation des populations et la formation des
professionnels.
4.2.3.1 Garantir une information effective du consommateur
La SNPE3 devra viser à ce que l?information délivrée au consommateur sur les produits soit
systématique et effective, en facilitant le développement d?outils garantissant une information
accessible, pour donner un plein effet à la loi AGEC et au règlement délégué CLP.
Au niveau européen, la France pourra soutenir l?instauration de standards plus exigeants en
matière d?étiquetage et d?information du consommateur, sur le modèle de la loi AGEC.
4.2.3.2 Sensibiliser les populations en allant vers les plus vulnérables
La sensibilisation des populations devra amplifier les campagnes conduites pendant la SNPE2 (à
l?instar des 1 000 premiers jours) en ciblant les populations les plus vulnérables : femmes enceintes,
enfants et adolescents, publics en situation de précarité.
Ce volet nécessite un appui renforcé aux actions territoriales de prévention des expositions
environnementales, avec la mise à disposition de ressources techniques (notamment des
méthodes recommandées au regard de leur efficacité) et budgétaires, pour les acteurs concernés
(services de l?Etat, assurance-maladie, collectivités territoriales, associations ...).
Ces actions de prévention devront mettre l?accent sur les alternatives (produits, comportements et
usages) permettant aux professionnels et aux consommateurs de réduire leur exposition aux PE.
Ces actions devront être coordonnées au niveau régional et reposer sur des méthodes de
prévention dont l'efficacité a été démontrée.
4.2.3.3 Généraliser la formation des professionnels concernés
La SNPE3 devra soutenir une vraie politique de formation initiale et continue des professionnels
dans les différents domaines concernés en visant, d?une part, les professionnels de la santé et de
la petite enfance et, d?autre part, les métiers à risque (industrie, agriculture, nettoyage, hygiène et
esthétique?).
Pour ces secteurs, il est important de s?assurer que les formations concernent non seulement les
personnes manipulant les produits à risque, mais également les cadres et managers afin de
sensibiliser toute la chaine de conception et de production. Les secteurs à risques pourraient
également bénéficier d?une campagne visant chaque année un secteur professionnel différent.
4.2.4 Troisième objectif : réduire les émissions
La mission propose de structurer cet objectif autour de 4 axes : la restriction voire l?interdiction des
substances ayant des effets perturbateurs endocriniens ; le contrôle des produits ; la substitution ;
la traduction opérationnelle des alertes résultant de la surveillance intégrée. En outre, la mission
propose d?initier une réflexion prospective quant aux nécessaires changements de paradigme pour
tendre vers l?objectif « zéro exposition aux PE ».
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4.2.4.1 Elargir les restrictions de substances ayant des effets de perturbation
endocrinienne
Les restrictions de substances ayant des effets PE découlent pour l?essentiel des réglementations
européennes concernées. A cet égard, la France devra intensifier son activité diplomatique pour
que les travaux d?évaluation et de restriction au niveau européen se poursuivent à un rythme
ambitieux, mais également pour que les réformes annoncées dans la stratégie européenne de
durabilité des produits chimiques de 2020 et n?ayant pas pu être mises en oeuvre soient priorisées
dans le prochain mandat de la Commission européenne.
Sur le plan réglementaire, la France pourrait ainsi mener une double action :
au niveau européen, soutenir la refonte du règlement REACH, la mise en oeuvre du
nouveau règlement CLP, l?actualisation de la directive sur les agents chimiques dangereux,
et la restriction universelle des PFAS ;
au niveau international, soutenir l?inscription des PE dans le système général harmonisé
de classification et d?étiquetage des produits chimiques des Nations-Unies.
Pour les domaines dans lesquels le droit européen est subsidiaire, à l?instar du droit du travail, la
SNPE3 devra encourager de nouvelles restrictions faisant de la France un modèle au niveau
européen. Un travail de veille pourra également être effectué vis-à-vis des autres Etats membres
pionniers pour s?inspirer de leurs législations.
Dès maintenant, il pourrait être envisagé de traiter, en droit du travail, les perturbateurs
endocriniens avec le même degré de protection que les substances classées CMR.
4.2.4.2 Renforcer le contrôle des produits, aux frontières et sur le territoire national
La SNPE3 devra soutenir la mise en oeuvre de campagnes de contrôle des produits, à la fois aux
frontières et sur le territoire national, ce qui implique une diversification des campagnes de
contrôles exploratoires, une augmentation des moyens (humains et techniques) alloués aux
contrôles réglementaires, et l?élaboration d?un encadrement spécifique pour le commerce en ligne.
A l?avenir, les contrôles devront également porter sur la mise en oeuvre de l'étiquetage CLP (à partir
de 2027) ainsi que sur la mise en oeuvre des obligations d?informations imposées par la loi AGEC
(dès maintenant).
4.2.4.3 Relancer les démarches de substitution et l?accompagnement des
professionnels des secteurs émetteurs
Malgré le faible bilan de la SNPE2 en matière de substitution, et au regard de l?enjeu important
qu?elle représente, la prochaine stratégie devra chercher de nouveaux moyens pour la rendre
effectivement opérationnelle.
La démarche « safe and sustainable by design » devra être promue auprès des industriels, en
s?appuyant sur de nouveaux outils et en ciblant les substances faisant l?objet de discussions en
vue d?une restriction au niveau européen.
Au-delà de l?offre, la SNPE3 devra aussi agir sur la demande en orientant l?achat public, en
développant des guides et formations destinées à systématiser le recours aux clauses intégrant
les perturbateurs endocriniens dans les commandes des différentes administrations publiques.
4.2.4.4 Traduire sur le plan opérationnel les alertes issues de la surveillance intégrée
La SNPE3 pourra ancrer son positionnement sur la réduction des expositions en veillant à ce que
les alertes issues de la combinaison des surveillances sanitaire et environnementale se traduisent
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en actions concrètes (mesures de santé publiques, évolution des pratiques agricoles ou
industrielles) au niveau national ou au niveau européen selon les domaines concernés.
4.2.4.5 Engager une réflexion prospective pour des changements de paradigme
Un monde sans perturbateurs endocriniens constitue très certainement une vision utopiste. Malgré
tout, une stratégie « zéro exposition aux perturbateurs endocriniens » doit in fine viser un tel
horizon. Si les mesures actuellement mises en oeuvre ou envisagées peuvent permettre de
progresser vers une réduction de l?exposition de la population et de l?environnement, la dynamique
d?évolution des dix dernières années tend à démontrer que la démarche suivie est insuffisante.
Une réflexion prospective, au-delà des seuls critères économiques intégrant la possibilité de
changement de positionnement (approche par famille et non par substance), de changements des
pratiques du quotidien (produits d?entretien, de soins, de cuisine, achats de produits ...) et de
changement de paradigme pour les principaux secteurs productifs semble nécessaire pour
préparer les actions futures à déployer dans le cadre d?une approche « one health ».
: Structurer la SNPE3 autour de 3 objectifs: (1) Produire des
connaissances : développer la recherche en mettant en oeuvre un programme national de
recherche sur l?exposome ; accélérer le rythme d?évaluation des substances et élaborer une
stratégie européenne de tests ; mettre en oeuvre une surveillance intégrée en couplant
surveillances sanitaire et environnementale ; (2) Former et informer : garantir une
information effective du consommateur ; sensibiliser les populations en allant vers les plus
vulnérables ; généraliser la formation des professionnels les plus exposés ; et (3) Réduire
les émissions : élargir les restrictions de substances ayant des effets perturbateurs
endocriniens ; renforcer le contrôle des produits aux frontières et sur le territoire national ;
relancer les démarches de substitution et l?accompagnement des professionnels des
secteurs émetteurs ; traduire sur le plan opérationnel les alertes résultant de la surveillance
intégrée ; engager une réflexion prospective vers des changements de paradigme [MTECT,
MSP, MTSS, MASA, MEFSIN, MESR et MEN94]
4.3 Une gouvernance à refonder et des moyens spécifiques à allouer
4.3.1 Une gouvernance à refonder
Le succès de la SNPE3 nécessite un engagement de tous les ministères concernés, au plus haut
niveau (ministres). Au-delà de la coordination assurée par les ministères chargés de la santé et
de l?environnement, la mission considère qu?il est indispensable d?impliquer plus fortement les
autres ministères les plus concernés (agriculture, industrie, recherche) dès la conception de la
stratégie et tout au long de sa mise en oeuvre.
Ce pilotage interministériel renforcé nécessite une implication accrue de la part des ministres en
charge de la santé et de l?environnement. Cette parole ministérielle est d?autant plus attendue que
les Français expriment une préoccupation croissante à l?égard des perturbateurs endocriniens. Il
nécessite également un soutien explicite de la part du Premier ministre et une implication du
Secrétariat général à la planification écologique (SGPE) auquel la présidence du COPIL pourrait
être confiée.
94 ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires (MTECT), ministère du travail, de la santé et des
solidarités (MTSS), ministère chargé de la Santé et de la Prévention (MSP), ministère de l?Agriculture et de la Souveraineté
alimentaire (MASA), ministère de l?Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique (MEFSIN), ministère
de l?Enseignement supérieur et de la Recherche (MESR), ministère de l?éducation nationale (MEN)
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S?agissant des instances de suivi et d?animation, la mission préconise de conserver les deux
comités actuels mais de revoir leurs missions. Le COSUI deviendrait le « Comité des parties
prenantes » et pourrait ainsi se consacrer aux échanges et au partage d?information sur les actions
menées, en laissant au COPIL la stratégie et la prospective (le suivi du plan d?action étant assuré
par la DGPR et la DGS). C?est au COPIL, en particulier, que devrait se déployer une vision
d?ensemble des plans et stratégies qui, au-delà de la SNPE3, contribuent à l?ambition « zéro
exposition aux PE ».
Les rôles de ces instances doivent être distincts et complémentaires. Des échanges doivent être
organisés entre-elles et ce à double sens, notamment :
si l?élaboration de la SNPE3 relève du COPIL, le projet de stratégie devra être présenté
devant le comité des parties prenantes ;
pour la définition du plan d?action, le comité des parties prenantes pourra être source de
propositions et informé de sa mise en oeuvre ;
chaque instance pourra informer ou interpeller l?autre instance.
: Fonder la gouvernance de la SNPE3 sur un pilotage interministériel
renforcé, une implication accrue des ministères les plus concernés (Agriculture, Industrie
et Recherche, au-delà des ministères en charge de l?environnement et de la santé) et un
soutien ministériel au plus haut niveau [PM/SGPE, MTECT, MSP, MTSS, MASA, MEFSIN,
MESR et MEN.
4.3.2 Doter le plan d?action d?un budget spécifique
Certaines actions de la SNPE3 nécessitent des moyens supplémentaires, à prendre en compte
lors des programmations budgétaires des administrations centrales et des opérateurs. C?est le cas,
par exemple, de l?Anses qui, en absence d?un soutien budgétaire, pourra difficilement accélérer le
rythme des évaluations de substances.
Le plan d?action adossé à la SNPE3 doit donc être doté d?un budget pluriannuel, incluant des
financements consacrés à la mise en oeuvre d?actions nouvelles et spécifiques aux PE, au-delà
des moyens déjà prévus ou engagés.
Au regard des enjeux et des coûts induits par les PE, cet effort financier est à la fois nécessaire et
soutenable. Sans prétendre à l?exhaustivité, la mission a identifié certaines actions qui
nécessiteraient un soutien financier spécifique :
Un abondement du budget de l?Anses à hauteur de 600 K¤/an95 permettrait de doubler les
moyens consacrés à l?évaluation (au regard du critère PE) des substances, ce qui ? sous
réserve de la disponibilité des experts du groupe de travail PE et de la complétude des
dossiers - permettrait de doubler le rythme des évaluations (soit 4 à 6 nouvelles
substances/an).
Une dotation d?1 M¤/an augmenterait sensiblement les moyens dont disposent ARS et
DREAL pour mettre en oeuvre les PRSE496 et soutenir les actions territoriales destinées à
réduire les expositions aux PE (et aux produits chimiques en général), en complément de
l?animation apportée par une plateforme de capitalisation des initiatives de terrain (budget
de fonctionnement d?environ 150 K¤/an).
95 Recrutement de 5 à 6 ETP et complément de 100 K¤ pour les frais d?expertise. Ce budget pourrait être apporté par les 5
ministères de tutelle de l?Anses, au prorata de leur participation au budget annuel de l?établissement.
96 environ 10 M¤/an pour les PRSE3). Cette dotation
serait apportée, à parts égales, par le MTECT et le MSP, pendant toute la durée des PRSE4, soit 5 ans.
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Un abondement du PNR EST à hauteur de 1 M¤/an (en complément de la dotation de
2M¤/an apportée par la DGPR depuis 2019 et de celle de 600 K¤/an envisagée par la DGS
au titre du futur plan fertilité) permettrait de lancer des recherches sur des sujets
actuellement mal couverts tels que les inégalités socio-économiques, l?impact sur la faune
sauvage, la remédiation et la restauration de l?environnement?
Un budget d?environ 2 M¤/an (soit le budget prévu par la DGE au titre de la SNPE2)
permettrait de soutenir les démarches de substitution, de manière plus efficace grâce à un
ciblage des industriels, des substances et des régions.
Un budget de 2 M¤/an permettrait de financer des actions de prévention de l?exposition
professionnelle, en formant les préventeurs et en accompagnant les entreprises sur le
terrain pour faire changer leurs pratiques, sur le modèle de la Dreets Centre-Val-de-Loire ;
Avec un budget d?environ 1 M¤/an, il serait possible d?accompagner une cinquantaine de
sites industriels pour la caractérisation des rejets et l?identification des émissions de PE,
comme cela a été fait pour certains établissements pharmaceutiques en 2022.
L?exécution de ce budget (mesures nouvelles et mesures déjà prévues ou engagées) doit faire
l?objet de présentations régulières devant le comité des parties prenantes.
: Doter la SNPE3 (plan d?action) d?un budget pluriannuel (5 ans), incluant
les financements consacrés à la mise en oeuvre d?actions nouvelles et spécifiques aux PE ;
rendre compte régulièrement aux parties prenantes de l?exécution de ce budget [MTECT,
MSP, MTSS, MESR, MASA et MEFSIN].
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Conclusion
Au terme de cette évaluation, force est de constater qu?elle présente de nombreuses similitudes
avec celle conduite en 2017 pour la SNPE1 : efficacité limitée, gouvernance hésitante, cohérence
lacunaire.
La répétition de ce constat pourrait inciter à mettre fin à toute stratégie nationale en matière de PE,
d?autant plus qu?une part très importante des décisions relèvent de l?échelon européen. Par ailleurs,
plusieurs rapports ont mis en avant la nécessité de restreindre le nombre de stratégies et plans
d?actions relatifs à la santé ? environnement (une quarantaine au total).
Pourtant, les risques que présentent les PE pour la population et l?environnement imposent de
continuer à agir et d?intensifier les actions engagées. Une SNPE3 est donc souhaitable et même
nécessaire.
Une telle stratégie ne doit pas être considérée comme la poursuite des deux premières SNPE. Elle
doit traduire un changement radical aussi bien sur les objectifs (zéro exposition aux PE) qu?en
matière de priorités : réduction effective de l?exposition aux PE et pas uniquement production de
connaissances, formation des professionnels et information du public. Elle doit également être
portée beaucoup plus fermement au niveau politique, que ce soit à l?échelle nationale ou
européenne et encourager les initiatives prises par les acteurs de terrain. Enfin, la SNPE3 doit être
dotée d?un budget spécifique, condition indispensable de son efficacité et de sa crédibilité.
Ce n?est qu?à ces conditions que cette stratégie nationale pourra atteindre (enfin) les objectifs fixés
il y a 10 ans : protéger la population et l?environnement face aux perturbateurs endocriniens ; avec
pour cible « zéro exposition aux PE ».
Nicolas DURAND
Olivier LABOUX
Emilie RASOOLY
Inspecteur général Inspecteur général Inspectrice
Sacha REINGEWIRTZ
Frédéric SAUDUBRAY
Inspecteur Inspecteur général
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ANNEXES
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Annexe 1. Lettre de mission
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Annexe 2. Liste des personnes rencontrées
Annexe 2.1. Ministères et directions d?administration centrale
Nom Prénom Organisme Fonction
BRETON Pierre Ministère chargé de l?Organisation Territoriale
et des Professions de Santé (OTPS)
Conseiller santé environnement
VIEILLEFOSSE Aurélie
Secrétariat Général à la Planification
Ecologique (SGPE)
Conseillère écologie
BERTHAUD Cecilia
? Secrétaire générale adjointe à la planification écologique en
charge du pôle ?ambition?
BODENEZ Philippe
Direction générale de la prévention des risques
(DGPR)
? Chef du service des risques sanitaires liés à l'envi-
ronnement, déchets, pollutions diffuses
BLATON Elisabeth Adjointe au chef du bureau des produits chimiques
LEFRANC Agnès
Sous-directrice Santé environnement, produits chimiques,
agriculture
BOUE Muirgen Chargée de mission au bureau des produits chimiques
GRATPAIN Valérian
? Chargé de mission au bureau santé-environne-
ment
CARMES Joëlle
Direction générale de la santé (DGS)
Sous-directrice Environnement et Alimentation
LEMAITRE Cécile Adjointe à la Sous-directrice Environnement et Alimentation
PAUL Caroline Cheffe du bureau EA1
MERLE Carole Adjointe à la Cheffe de bureau EA1
LEFEVRE Barbara Chargée de mission au bureau EA1
LESTERLE Sébastien Chargé de mission
SCHWARTZ Bertrand
Direction générale de la recherche et de
l?innovation (DGRI)
Directeur scientifique adjoint du Secteur Biologie Santé
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Nom Prénom Organisme Fonction
GUILLOTTEAU Solène
Direction générale de l?alimentation (DGAL)
Cheffe du bureau de l'appui aux politiques incitatives
PALIN Sophie
Sous-directrice, Sous-direction de l?accompagnement des
transitions alimentaires et agroécologiques
CORNUAU Caroline
Sous-directrice adjoint, Sous-direction de l?accompagne-
ment des transitions alimentaires et agroécologiques
DA-CRUZ Lionel Direction générale de l?offre de soins (DGOS) Chef du bureau Innovation et recherche clinique (PF4)
CHRIESTA-CABANNE Virginie
Direction générale du travail (DGT)
Adjointe au chef du bureau des risques chimiques, phy-
siques, biologiques et des maladies professionnelles
de SAINT-JORES Jeremy Chef du pôle risques chimiques et agents biologiques
LECOQ Pierre Ingénieur prévention du risque chimique
ROUSSEL Romain Direction générale de la Concurrence, de la
Consommation et de la Répression des
fraudes (DGCCRF)
Sous-directeur « industrie, santé, logement" (Sd5)
SIMBELIE Karine Chargé de mission
BEY Claire Direction générale de l?enseignement scolaire
(DGESCO)
Chef de bureau santé et action sociale
BULLET Claire Adjoint chef bureau santé et action sociale
ASSAYAG-SOURY Doris
Direction Générale des Douanes et des Droits
Indirects (DGDDI)
Politique des contrôles
MAHE-DECKERS Caroline
Direction générale de l?énergie et du climat
(DGEC)
Chef du bureau qualité de l?air
RUDE Julien
Chef de projet coordination du dispositif de surveillance de
la qualité de l?air
MARCHAND Caroline Chargée de mission politique territoriale de l?habitat
CHOL Alexandra
Direction générale à l?emploi et à la Formation
professionnelle (DGEFP)
Adjointe au chef de mission, Mission des politiques de certi-
fication professionnelle
PASS-LANNEAU Adèle
Direction générale des entreprises (DGE)
Directrice de projets réindustrialisation
POURCHET Lison Cheffe de projet réglementation produits et substances
PICHERY Elisabeth
Chargée de mission règlementation substances et produits
chimiques
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Nom Prénom Organisme Fonction
METAYER Marie-Laure
Direction de l?Eau et de la Biodiversité (DEB)
Adjointe à la Directrice
KAMIL Isabelle
Sous-directrice de la protection et de la gestion de l?eau,
des ressources minérales et des écosystèmes aquatiques
NICOLAS Véronique
Cheffe du bureau de la lutte contre les pollutions domes-
tiques et industrielles
PINAULT Tiphaine
Direction générale de la sécurité civile et la
gestion des crises (DGSCGC)
Directrice de sapeurs-pompiers, direction générale de la sé-
curité civile et la gestion des crises
JUGGERY Emmanuel
Inspecteur général, adjoint à la sous-directrice de la doc-
trine et des ressources humaines
CAPART Rémi
Chef du bureau de la doctrine, de la formation et des équi-
pements
POURRET Didier
Médecin colonel de sapeur pompiers, médecin conseil au-
près de la direction
COUDERC-OBERT Céline
Commissariat général au développement
durable (CGDD)
Cheffe de la mission biodiversité, santé et activités anthro-
piques
JOASSARD Irénée Adjointe- Sous-direction de l?information environnementale
JAMET Céline Lutte contre l?antibiorésistance
BARBIER Laura
Chargée de mission recherche dans le domaine environne-
ment santé
LAVARDE Patrick
Inspection générale Ecologie et
Développement Durable (IGEDD)
Inspecteur général
BARTOLI Fabienne
Inspection générale des Affaires Sociales
(IGAS)
Inspectrice générale
LESTEVIN Pierre Inspecteur général
SIMON-DELAVELLE Frédérique Inspectrice générale
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Mai 2024 EVALUATION DE LA DEUXIEME STRATEGIE NATIONALE SUR LES PERTURBATEURS
ENDOCRINIENS
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Annexe 2.2. Europe & International
Nom Prénom Organisme Fonction
ANNYS Erwin Agence européenne des produits chimiques
(ECHA)
Directeur de l?unité d?appui et du respect de la légisation
TIRAMANI Manuela
Autorité européenne de sécurité des aliments
(EFSA)
Cheffe de l?unité en charge de la révision par les pairs pour
les pesticides
JAMES Mathews Stagiaires aux relations extérieures internationales
STRECK Georg
Commission européenne / DG GROW
Unité REACH (F1)
HENDRIX Katleen Juriste (F1)
GREFVORS-ERNOULT Charlotte
Commission européenne / DG Emploi
Chef de l?unité Santé et sécurité au travail et EU-OSHA
(C2)
PODNIECE Zinta
Membre de l?unité Santé et sécurité au travail et EU-OSHA
(C2)
DE AVILA Christina
Commission européenne / DG Environnement
Chef de l?unité des Produits chimiques sûrs et durables
(B2)
WODLI Jordane
Chargé de mission unité des Produits chimiques sûrs et
durables (B2)
FABRE Julien Chargé de mission
BEREND Klaus
Commission européenne / DG Santé
Directeur de la sécurité sanitaire durabilité et innovation
(unités E, F, G)
RUBBIANI Maristella Unité Pesticides et Biocides (E4)
BRINKS Jonathan
Unité Technologie de transformation des aliments et
nouveaux aliments (E2)
COTURNI Flavio
Commission européenne / DG Trade
(Commerce)
Chef de l?unité Agriculture, alimentation, sanitaire et phyto-
sanitaire (D3)
VARADY Meta
Unité Agriculture, alimentation, sanitaire et phytosanitaire
(D3)
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Nom Prénom Organisme Fonction
MARQUIS-SAMARI Emilie
Représentation permanente de la France
auprès de l?Union européenne (RPUE)
Conseillère Travail, emploi, inclusion sociale, égalité
femmes-hommes
LARSEN Henrik Soren Ministère danois de l?environnement
Directeur du département Eaux propres et produits chi-
miques sûrs
JOUAN Sandrine
Ministère de la santé publique belge
Coordinatrice du NAPED, Service public fédéral
MEUNIER Joëlle Service public fédéral
KUELLMER Jens
Ministère fédéral allemand de l?environnement
Ministère fédéral de l?environnement (BMUV) ; division de la
sécurité chimique, de l?environnement et de la santé (divi-
sion C II)
HIRINCHSEN Sinikka BMUV, division C II
ARNING Juergen BMUV, division C II
KEHER Anja BMUV, division C II
SEVCIK Benoît
Etats-Unis
Conseiller aux Affaires Sociales, Ambassade de France
PATISAUL Heather Chercheur, North Carolina State University
AUBEE Catherine
Conseillère sénior, Programme d?évaluation des perturba-
teurs endocriniens (EDSP), Bureau des programmes des
pesticides, Agence de protection de l?environnement (EPA)
JOE Ronnie Toxicologiste (EDSP)
LYNN Scott Biologiste (EDSP)
PERRON Monique
Conseillère scientifique senior, Bureau des programme des
pesticides
EMDUR Zoe
Chargée de mission Liaison, Bureau de la sécurité chi-
mique et de la prévention de la pollution (OCSPP)
THOMAS Russell
Directeur du centre pour le calcul de la toxicologie et l?expo-
sition de l?EPA (CCTE)
GUISEPPI-ELIE Annette Directrice associée pour la science, CCTE
JUDSON Richard Chercheur, CCTE
PAUL Katie Chercheur, CCTE
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Mai 2024 EVALUATION DE LA DEUXIEME STRATEGIE NATIONALE SUR LES PERTURBATEURS
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Nom Prénom Organisme Fonction
DIDERICH Bob Organisation pour la coopération et le
développement économiques (OCDE)
Chef de la division Environnement, santé et sécurité
GOURMELON Anne Administrateur principal du Groupe « Lignes directrices »
Annexe 2.3. Opérateurs publics nationaux
Nom Prénom Organisme Fonction
PRIEUR-RICHARD Anne-Hélène
Agence Nationale de la Recherche (ANR)
Département environnement
SCHOU Cécile Relations institutionnelles
BOUVET Philippe Département Biologie santé
MOUNEYRAC Catherine Responsable scientifique toxicologie et écotoxicologie
SCHULER Matthieu
Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de
l?Alimentation, de l?Environnement et du Travail
(Anses)
Directeur général délégué du pôle « Sciences pour
l'expertise »
MICHEL Cécile Directrice de l?unité Reach/CLP/PE
DUBOIS Laetitia
Directrice de la recherche et de la veille scientifique en
santé
SANDERS Pascal Coordinateur général PARC
GOURLAY-FRANCE Catherine
Directrice adjointe à la Direction de l?évaluation des
produits réglementés
VOLATIER Jean-Luc Adjoint au directeur de l?évaluation des risques
ROTH Chris Chef de l?unité Méthodologie et Etudes (UME)
CHAMPION Morgane Chargée des projets scientifiques liés à l?alimentation
SIROT Véronique Département de l?évaluation des risques
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Mai 2024 EVALUATION DE LA DEUXIEME STRATEGIE NATIONALE SUR LES PERTURBATEURS
ENDOCRINIENS
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Nom Prénom Organisme Fonction
DITTENIT Frédéric
Agence nationale du médicament et des
produits de santé (ANSM)
Directeur adjoint règlementation et déontologie
LOUIN Gaëlle Chef du pôle non clinique
SIRDEY Thierry
Directeur des dispositifs médicaux des cosmétiques et des
dispositifs de diagnostic in vitro
HOUETTO Paul Évaluateur toxicologue
LENOIR-SALFATI Michèle
Agence nationale du Développement
Professionnel Continu (ANDPC)
Directrice générale
NATALI Jean-Philippe Directeur du développement et de la qualité du DPC
FULBERT Hervé Association pour la formation professionnelle
des adultes (AFPA)
Directeur des titres professionnels
ROBERT Tiam Directeur ingénierie sectorielle
TRAON Claire
Caisse nationale d?assurance maladie (CNAM)
Directrice de mission chargée de la transition écologique et
de la santé environnementale
DISEGNI Alan
Directeur de cabinet adjoint, Direction Déléguée à la Ges-
tion et à l?Organisation des Soins
PHILIZOT Armance
Responsable du département prévention et promotion de la
santé
NGUYEN Dinh-Phong Adjoint du département prévention et promotion de la santé
GROSS Stéphanie Centre National de la Fonction Publique
Territoriale (CNFPT)
Coordinatrice Santé publique, référente Santé environne-
ment
ROBICHON Nathalie Cheffe de service, service de spécialités santé publique
GELY-PERNOT Aurore Ecole des hautes études en santé publique
(EHESP)
Maître de conférences
BONVALLOT Nathalie Directrice adjointe IRSET
HUBERT Philippe Infrastructures de recherche PEPPER Directeur
BRETON Thierry
Institut national du cancer (INCa)
Directeur Général de l?INCa
LINASSIER Claude
Directeur du Pôle Prévention, Organisation et Parcours de
Soins
de BELS Frédéric Responsable du département Prévention
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Nom Prénom Organisme Fonction
FOUCAUD Jérôme
Responsable du département Recherche SHS Santé pu-
blique Epidémiologie
COBIGO Alexandre Responsable de projets - département prévention
SERVENKA Iris
Département Recherche SHS Santé publique Epidémiolo-
gie
RICAUD Myriam
Institut national de recherche et de sécurité
(INRS)
Experte en prévention des risques chimiques
COINTE Raymond
Institut national de l'environnement industriel
et des risques (Ineris)
Directeur général
MORIN Anne
Directrice de la direction Milieux et impacts sur le vivant
(MIV)
BOUDET Céline Adjointe à la Directrice de la MIV
ANDRES Sandrine
Responsable de l?unité toxicologie et écotoxicologie des
substances
LEOZ Eva
Direction de la « Stratégie politique scientifique et Commu-
nication »
TEBBY Cléo
Ingénieur en statistiques et modélisation en toxicologie et
écotoxicologie
BRIGNON Jean-Marc
Responsable de l?unité Economie et décision pour l?environ-
nement
BRION Francois Chercheur
AIT-AISSA Sélim
Responsable de l?Unité éco toxicologie des substances et
des milieux
DUFFORT Gaelle Chargée du projet AskREACH
BISPO Antonio
Institut national de recherche pour
l?agriculture, l?alimentation et l?environnement
(INRAE)
Directeur Unité Info&Sols
SLAMA Remy
Institut national de la santé et de la recherche
médicale (INSERM)
Directeur de l?Institut thématique Santé publique
BERNADAC Gérard Mutualité sociale agricole (MSA)
Médecin conseiller technique national chargé du risque chi-
mique
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Nom Prénom Organisme Fonction
MUSSARD David Conseiller technique national
SALLES Bernard Président du Conseil Scientifique
SOULAT Jean-Marc Médecin national
PERCEVAL Olivier
Office français de la biodiversité (OFB)
Chef de service Fonctionnement, préservation et restaura-
tion des milieux aquatiques
AUGEARD Bénédicte Directrice adjointe recherche et appui scientifique
STRAUB Pierre-François Chargé de mission Pollution des écosystèmes et métrologie
DENYS Sébastien
Santé Publique France (SpF)
Directeur de la Direction Santé Environnement Travail
(DSET)
LE BARBIER-ANDREANI Mélina Directrice Adjointe de la DSET
VERRIER Agnès Chargée de prévention en Santé environnementale
MENARD Céline
Responsable de l?unité Surveillance des Pathologies en lien
avec l?environnement et le travail, DSET
FILLOL Clémence Responsable de l?unité Surveillance des expositions, DSET
CAUDEVILLE Julien Chargé de projets en santé environnement
Annexe 2.4. Instances nationales
Nom Prénom Organisme Fonction
LISOWKI Vincent
Conférence des Doyens des Facultés de
Pharmacie de France
Président
CLAVELOU Pierre
Conférence des Doyens des Facultés de
Médecine
Vice-président
PAYSANT Sabine Présidente CNP-M
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Nom Prénom Organisme Fonction
BERANGER Remi Conseil National Professionnel de Maïeutique
(CNPM), Collège National des Sages-Femmes
de France (CNSF)
Collège national des Sage-femmes de France, Maître de
conférences
BARASINSKI Chloé Doctorat d?université, Université Clermont Auvergne
BRIGNON Jean-Marc
Haut conseil de la santé publique (HCSP)
Commission spécialisée sur les risques liés à l?environne-
ment
PAYRASTRE Laurence Directrice de recherche INRAE
SQUINAZI Fabien
Président de la Commission risque environnement de la
santé publique
CHAGNON Marie-Christine
Commission spécialisée sur les risques liés à l?environne-
ment
HUBERT Philippe Directeur de PEPPER
BEAUBESTRE Claude Membre de la CSRE
De BELS Frédéric INCa
URBAN-BOUDJELAB Soïzic DGS/MSR/SGHCSP
VIOLLAND Anne-Cécile
Plan national Santé environnement (PNSE4)
Députée, Présidente du groupe Santé environnement
GRARD Floriane Collaboratrice
CHOISY Guillaume
Agence de l?eau- Adour Garonne
Directeur général
BOULP Lauriane
Conseillère politique publique en appui à la direction géné-
rale
REBILLARD Jean Pierre Chef de service
SOURZAC Ariette Chargée d?étude
COMBOROURE Jean-Christophe
Agence Régionale de Santé Centre-Val de
Loire
Directeur de la santé publique et environnementale
BREJON-LAMARTINIERE Vincent
Centre régional de pathologies professionnelles et environ-
nementales
HELLEU Annaïg Responsable du département santé environnement
CAFFET Laurent Agence Régionale de Santé Grand Est Chef du département santé environnementale
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Nom Prénom Organisme Fonction
OSBERY Aline
Directrice adjointe de la direction promotion de la santé,
prévention et santé environnementale
MONIOT Stéphanie Responsable Planification et Actions Transversales
HALITIM Ilias Agence Régionale de Santé Hauts-de-France
Chargé de mission santé environnement ARS Hauts de
France
AUTES-TREAND Erwan
Agence Régionale de Santé Nouvelle
Aquitaine
Responsable du pôle vulnérabilité
RIOU Anne département « Enfance et Jeunesse »
HAUTREUX Sabine Département Santé environnement
BEIJAS Marie-Laure Cheffe de projet périnatalité
MARGUERON Thomas
Agence Régionale de Santé Provence-Alpes-
Côte d?Azur
Responsable régional santé environnement
FLOCH Carine Chargée de mission PRSE
PIETIN Clément Chargé de mission Environnements Extérieurs
DASSONVILLE Fabrice Chargé de mission Eaux
MAALIKI Eliane
Responsable du département santé environnementale et
veille et sécurité sanitaire
MEUR Hervé
Chargé de mission au département prévention et promotion
de la santé
BRETELLE Florence
Assistance publique-Hôpitaux de Marseille
(APHM)
Chef de service
AGOSTINI Nathalie Coordinatrice médicale, Réseau périnatalité méditerranée
BIAGI Caroline Infirmière DE, plateforme CRÉER
BOUARD Carole Chargée de territoire 1000 premiers jours (83)
BREVAUT-MALATY Véronique Praticien-hospitalier maternité, Hôpital Nord, AP-HM
CERRI Françoise
Sage-femme coordonnatrice de la maïeutique, Maternité
Conception
CORVISIER Laurianne Chargée de territoire (13) Réseau périnatalité méditerranée
MONTEAU Pauline Directrice de la transition écologique, AP-HM
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Mai 2024 EVALUATION DE LA DEUXIEME STRATEGIE NATIONALE SUR LES PERTURBATEURS
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Nom Prénom Organisme Fonction
MICQUEL Laura Praticien-Hospitalier, Gynécologie obstétrique, AP-HM
MENU Johanne Directrice référente Pôle Femmes, parents, enfants
PERRIN Jeanne Biologie de la reproduction, AP-HM
SUNYACH Claire Sage-femme coordinatrice plateforme CREER
PIBOULEAU Josselin
Caisse Primaire d?Assurance Maladie- Indre
Directeur Assurance maladie de l?Indre
GAFSI Sami Sous-directeur Régulation innovation santé
ZAIA Laetitia
Centre Permanent d'Initiatives pour
l'Environnement du Tarn
Chargée de projet
BESSON Brice
Direction Régionale de l?Alimentation, de
l?Agriculture et de la Forêt- Occitanie
Chef de l?unité Pilotage et animation du plan Ecophyto
VILLEREZ François Direction Régionale de l?Environnement, de
l?Aménagement et du Logement- Occitanie
Directeur régional adjoint
GARNIER Simon Chef de service des risques industriels
THERY-DUPRESSOIR Thomas
Direction Régionale de l?Environnement, de
l?Aménagement et du Logement- Centre-Val
de Loire
Chef de service risques industriels
LEWIS Florian Directeur adjoint
LE BER Ronan
Chef du département risques technologiques et sécurité in-
dustrielle
IDRISSI Myriam Référente chimie et réglementation produits chimiques
BARBONI Géraldine Direction Régionale de l?Economie, de
l?Emploi, du Travail et des Solidarités-
Provence Alpes Côte d?Azur
Cheffe de projet du PRST
CHEVALLIER Raphael Ingénieur de prévention et référent risques chimiques
LAVAURE Anouk
Direction Régionale de l?Economie, de
l?Emploi, du Travail et des Solidarités- Centre-
Val de Loire
Directrice régionale DREETS
ROLSHAUSEN Nadia Responsable du pôle travail
ROUSSELLE Sabrina
Adjointe de la responsable du pôle travail, responsable du
service Santé sécurité, référente pour le Plan Santé au Tra-
vail
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Nom Prénom Organisme Fonction
DEVIN Elodie
Ingénieur prévention sur le champ santé sécurité du pôle
travail
Annexe 2.5. Collectivités territoriales
Nom Prénom Organisme Fonction
MEILHAC Emeline
Conseil Régional d?Occitanie
Directrice de projets Santé
CROCHET Clémence Inspectrice générale des services
BRIDET Jean-François
Conseil Régional Centre Val de Loire
8ème Vice-Président délégué à la biodiversité, aux PNR, à la
Loire et aux rivières, à l?eau, à l?air et à la condition animale
GONZALEZ César Directeur mission santé-handicap
MARC Julie Chargée de mission éducation à l?environnement
BENOIT-MARQUIE François Chargé de mission transitions écologique et énergétique
AUBANEL Isabelle
Conseil départemental des Alpes-Maritimes
Directeur de la santé, DGA DSH
BOUDON Emilie Protection Maternelle et Infantile
PIERENS Carine Chef de projet « Plan santé »
ARTUSI-BOUTRAUD Isabelle Adjointe chef de service Energies et Fluides
NEYEN Joël
Conseil départemental du Tarn
Directeur général des services
MAGNANON Hélène Chef du Service Randonnées et Transition écologique
RUBIROLA Michèle Ville de Marseille Première adjointe
PEROLE Gilles
Ville de Mouans Sartoux
Adjoint enfance, éducation, alimentation
STURTON Léa Directrice de l?alimentation
CHABERT Magali Membre du GT PE de la ville de Mouans Sartoux
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Nom Prénom Organisme Fonction
GILL Nathan Membre du GT PE de la ville de Mouans Sartoux
THOMAS Jean Paul Membre du GT PE de la ville de Mouans Sartoux
JAPART Cécilia Membre du GT PE de la ville de Mouans Sartoux
LAVENANT Gwendoline Membre du GT PE de la ville de Mouans Sartoux
CHEMLA Richard
Ville de Nice
Adjoint au Maire
GRIMALDI Martine Chargée de mission santé environnement
LANTERI Fabien Directeur de la santé
FLEZ Alexandre
Ville de Strasbourg
Adjoint au maire chargé de la santé
ROUILLARD-NEAU Pascale Chef de service Santé environnement
THIL Elisa Chargée de mission Santé environnement
LANGLOIS Laetitia Chargée de mission Santé autonomie
Annexe 2.6. Sociétés savantes & personnalités qualifiées
Nom Prénom Organisme Fonction
BEAU Isabelle
Société Française d?Endocrinologie (SFE)
Directrice de Recherche Inserm
FINI Jean-Baptiste Muséum national d?Histoire naturelle
DESAILLOUD Rachel CHU Amiens
STORME Laurent
Société Française de Néonatalogie (SFN)
Université de Lille- CHU de Lille
FISCHER-FUMEAUX Céline-Julie Centre Hospitalier Universitaire Vaudois, Lausanne
KALFA Nicolas Université de Montpellier- CHU de Montpellier
DEIVA Kumaran Société Française de Neuropédiatrie (SFNP) Président
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Nom Prénom Organisme Fonction
RANNAUD-BARTAIRE Patricia Personnalités scientifiques Université Catholique de Lille
BAROUKI Robert PU-PH, Université Paris Cité, APHP
Baptiste Jean Museum national d?Histoire naturelle
HAMAMAH Samir Université de Montpellier, CHU de Montpellier
LEVI Yves Université Paris Saclay, APHM
MARANO Francine
Présidente, Commission spécialisée Risques liés à l?envi-
ronnement, HCSP
MIRAKIAN Pascale Centre PMA hôpital privé Natecia, Lyon
SANDERS Pascal Coordinateur PARC
RAT Patrice
Responsable, Pôle Toxicologie cellulaire et Sécurité sani-
taire, Université Paris Cité
HOREL Stéphane
Le Monde
Journaliste
FOUCART Stéphane Journaliste
Annexe 2.7. Structures professionnelles
Nom Prénom Organisme Fonction
BERENGUEL Martine
Confédération nationale artisanale des
instituts de beauté (CNAIB)
Présidente CNAIB Spa
GOURDIEN Nadège Secrétaire générale CNAIB Spa
RODDE Florence
Juriste Droit de la Santé Affaires Réglementaires CNAIB
Spa
BEZES Christine Crèches Directrice de la crèche les P?tits Lis?loups (81)
SAUVAN Nancy Fédération des Industries, des Peintures,
encres, Couleurs, Colles et adhésifs (FIPEC)
Responsable Santé et Sécurité des Produits
RICHARD Gilles Délégué général
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Nom Prénom Organisme Fonction
ALEX Philippe Président Commission Biocides
DOUMERC Martial
Fédération française des industries du jouet
Puériculture (FJP)
Ingénieur qualité et affaires réglementaires-produits non ali-
mentaires
COLIN Valérie Fédération des entreprises de la Beauté
(FEBEA)
Directrice des affaires scientifiques et réglementaires
GUEANT Xavier Directeur des affaires juridiques
LEVY Patrick
France Chimie
Médecin conseil France Chimie
LEOPOLD Thomas Toxicologue France Chimie
MARTEL Florian FREDON Occitanie Chargé de mission environnement
GIROUX Jean-Marie
Industrie cosmétique entreprise cosmétique
(COSMED)
Président
BASSONI Caroline Directrice des affaires réglementaires
De COURCY Nathalie Directrice des affaires publiques
DORE Christophe Union Nationale des Entreprises de Coiffure
(UNEC)
Président
PELKA Christelle Directrice de cabinet
Annexe 2.8. Associations & réseaux
Nom Prénom Organisme Fonction
JACQUET Virginie Association Label vie Responsable Développement
BROUSMICHE Delphine
Association pour la Prévention de la Pollution
Atmosphérique (APPA)
Directrice
SOUVET Pierre
Association Santé Environnement France
(ASEF)
Président et fondateur
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Nom Prénom Organisme Fonction
TILAK Dominique
ATMO Occitanie
Directrice
ROBIC Pierre-Yves Directeur adjoint
PACHEFF Tania Cantines sans plastiques ex-Présidente
DUFOUR Alphée
Comité départemental de la protection de la
Nature et de l?environnement (CDPNE)
Chargée de mission en éducation à l?environnement
MOLIERES Véronique
Comité pour le développement durable en
santé (C2DS)
Directrice
GARNIER Véronique Élus santé publique et territoires
Vice-Présidente de l?association Elus, santé publique et ter-
ritoire, co-Présidente du Comité d?animation des territoires
du PNSE 4
CHABROLLE Alain France Nature Environnement (FNE) Vice-président
VEILLERETTE François Générations futures (et PAN-Europe) Porte-parole
CINGOTTI Natacha Health & Environment Alliance (HEAL) Cheffe du programme Health and Chemicals
PAPEGAY Nicolas
Mutualité Française
Coordinateur régional prévention, Hauts de France
ROUSSEAU Mélie Coordinatrice FEES, Pays de la Loire
PERRAULT Hélène Chargée de prévention, Hauts de France
RETAUX Marion Responsable prévention et promotion de la santé, Occitanie
WEISSMANN Ragnar
Objectif Santé Environnement (O.S.E.)
Directeur scientifique
CHEVALLIER Laurent CHRU de Montpellier
PALAMA Carynn Experte en transformation
CICOLLELA André Réseau environnement santé (RES) Président du RES
LEMAIRE Nina
Réseau français des villes de l?OMS (RfVS)
Coordinatrice
FELTZ Alexandre Adjoint à la santé de la ville de Strasbourg
ROUILLARD-NEAU Pascale
Cheffe de service hygiène et santé-environnementale de la
ville de Strasbourg
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ENDOCRINIENS
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Nom Prénom Organisme Fonction
THIL Elisa
Chargée de mission santé-environnement à la ville de
Strasbourg
LANGLOIS Laetitia Chargée de projet santé à la ville de Strasbourg
ZAVALLONE Romain Conseiller santé-environnement à la ville de Paris
LARBRE Juliette Chef du Laboratoire d?Analyse de la ville de Paris
RIVET Nadine
Adjointe au Maire de Limoges chargée de la Petite En-
fance, des Accueils de Loisirs et de la Ville nourricière
PIQUET Julia Apprentie chargée de mission santé environnement RfVS
VUILLAUME Xavier Directeur de la santé publique, Aubervilliers
PLATEL Sylvie
Woman Engage for a Common Future
(WECF)
Responsable plaidoyer santé environnement
PUBLIÉ
Mai 2024 EVALUATION DE LA DEUXIEME STRATEGIE NATIONALE SUR
LES PERTURBATEURS ENDOCRINIENS
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Annexe 3. La réglementation des perturbateurs
endocriniens au niveau européen et national
Annexe 3.1. En dépit de progrès, la règlementation européenne
demeure insuffisante
Annexe 3.1.1 Une réglementation complexe qui a connu des avancées
récentes
La régulation des perturbateurs endocriniens se joue essentiellement à l?échelon
européen
Un cadre mondial généraliste
Un cadre mondial sur la gestion des produits chimiques a été élaboré par les Nations-Unies, et a
fait l?objet d?une révision récente en 2023 lors de l?accord de Bonn97. Cet accord s?ajoute à ceux
pris sur le climat et la biodiversité afin d?apporter une réponse globale aux crises planétaires mul-
tiples : le dérèglement climatique, la perte de biodiversité et les pollutions.
Le cadre mondial sur les produits chimiques constitue une feuille de route pour les gouvernements
et entreprises, qui promeut des grands principes tels que l?arrêt des pesticides hautement dange-
reux, la transparence de l?industrie, la sécurité au travail ou la chimie durable. Il invite les parties
prenantes à mettre en place des législations adéquates d?ici à 2030 ou 2035 en fonction des cibles,
mais n?est pas juridiquement contraignant en tant que tel.
Ce cadre mondial, assorti de 12 résolutions, se concentre sur les grands principes et ne mentionne
pas directement la question des perturbateurs endocriniens.
Il existe également un système général harmonisé de classification des produits chimiques (SGH),
utilisé depuis les années 2000, basée sur une nomenclature associée à des numéros, des picto-
grammes et des mentions de danger. Les produits y sont répartis en différentes classes de danger
(danger physique, danger pour la santé et danger pour l?environnement) et classés par famille.
Cependant, les perturbateurs endocriniens ne figurent pas à ce stade en tant que tels parmi les 28
classes de danger répertoriées.
Un corpus réglementaire étoffé au niveau européen
La compétence de l?Union européenne en matière de régulation des produits chimiques
La régulation des produits chimiques au niveau de l?Union européenne est la plus avancée au
monde. Le choix de l?Union européenne comme espace de compétence s?explique par plusieurs
raisons. En premier lieu, la normalisation des produits chimiques est une des conditions de fonc-
tionnement du marché intérieur, afin d?éviter des barrières à l?entrée déguisées, mais également
pour ne pas tolérer une forme de dumping en matière sanitaire qui serait destiné à favoriser l?in-
dustrie. En second lieu, la coopération entre Etats membres permet des économies d?échelle en
faisant en sorte que les agences nationales compétentes se partagent le travail d?évaluation des
nouvelles substances, avec un gain de temps et de moyens. En troisième lieu enfin, cette régula-
tion concourt à une réduction de l?exposition humaine et de la pollution environnementale, objectif
97 Cinquième conférence internationale sur la gestion des produits de chimiques de Bonn, septembre 2023, qui a conduit à
l?adoption d?un « Cadre mondial relatif aux produits chimiques pour une planète sans produits chimiques ni déchets nocifs »
PUBLIÉ
Mai 2024 EVALUATION DE LA DEUXIEME STRATEGIE NATIONALE SUR
LES PERTURBATEURS ENDOCRINIENS
Page 87/203
qui est devenu une préoccupation de plus en plus importante parmi les Etats membres et leurs
citoyens.
La régulation des produits chimiques repose aujourd?hui sur une multitude de règlements et direc-
tives :
deux grands textes transversaux (REACH sur l?enregistrement, l?évaluation et l?autorisation
des substances, et CLP sur la classification, l?étiquetage et l?emballage) ;
des textes sectoriels (produits biocides, produits phytopharmaceutiques, protection et
restauration des masses d?eau, eau potable, jouets, cosmétiques, médicaments, dispositifs
médicaux, sécurité alimentaire et contenants alimentaires, exposition des travailleurs) ;
des textes interdisant spécifiquement certaines substances pour des usages spécifiques
(bisphénol A, phtalates, PFAS).
Le cadre général du programme d?action pour l?environnement
La politique de santé et de l?environnement de l?Union européenne est définie par des documents
pluriannuels qui sont les programmes d?action pour l?environnement (PAE), adoptés par le Parle-
ment et le Conseil. Le 8ème PAE98 couvre la période de 2023 à 2030 et oriente l?élaboration de la
politique environnementale de l?Union européenne. Il vise à « accélérer la transition écologique
vers une économie circulaire, neutre sur le plan climatique, durable, non toxique, efficace dans
l?utilisation des ressources, fondée sur les énergies renouvelables, résiliente et compétitive, d?une
manière juste, équitable et inclusive, et à protéger, restaurer et améliorer l?état de l?environnement,
y compris en arrêtant et inversant la perte de biodiversité. Il soutient et renforce une approche
intégrée des politiques et de la mise en oeuvre, en s?appuyant sur le pacte vert pour l?Europe. »
(article 1, alinéa 2). Il est également posé que « Le 8ème PAE est fondé sur le principe de précaution,
sur les principes d?action préventive et de correction de la pollution à la source et sur le principe du
pollueur-payeur. » (article 1.5).
Le 8ème PAE comprend six objectifs thématiques prioritaires, dont le quatrième est énoncé ainsi :
« la recherche d?une pollution zéro, y compris par rapport aux produits chimiques dangereux, afin
de parvenir à un environnement exempt de substances toxiques, notamment en ce qui concerne
l?air, l?eau et les sols, et par rapport à la pollution lumineuse et sonore, ainsi que la protection de la
santé et du bien-être des personnes, des animaux et des écosystèmes face aux risques et aux
incidences négatives liés à l?environnement » (article 2.2 alinéa d).
La 8ème PAE indique que, pour atteindre ces objectifs prioritaires, « la Commission, les États
membres, les autorités régionales et locales ainsi que les parties prenantes, selon le cas, doivent
(...) remplacer rapidement les substances préoccupantes, y compris les substances extrêmement
préoccupantes, les perturbateurs endocriniens, les produits chimiques très persistants, ainsi que
les substances neurotoxiques et immunotoxiques, et lutter contre les effets combinés des produits
chimiques, des formes nanométriques des substances et de l?exposition aux produits chimiques
dangereux contenus dans les produits, évaluer leurs incidences sur la santé et l?environnement, y
compris le climat, et sur la biodiversité, tout en encourageant les produits chimiques et matériaux
sûrs et durables dès la conception et en intensifiant et coordonnant les efforts déployés en vue de
favoriser l?élaboration et la validation de méthodes de substitution à l?expérimentation animale. »
(article 3, alinéa l).
98 Décision (UE) 2022/591 du Parlement européen et du Conseil du 6 avril 2022 relative à un programme d?action général de
l?Union pour l?environnement à l?horizon 2030
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La stratégie de la Commission relative aux perturbateurs endocriniens
Une première stratégie communautaire avait été adoptée par la Commission dès 199999 pour dé-
finir le problème de la perturbation endocrinienne, et mettre en évidence l?action politique appro-
priée, en recommandant d?appliquer le principe de précaution.
Une stratégie plus récente a été publiée par la Commission dans une communication du 7 no-
vembre 2018 intitulée « Vers un cadre complet de l?Union européenne en matière de perturbateurs
endocriniens ». Cette stratégie fait le bilan de la politique actuelle de l?Union européenne, en ma-
tière de surveillance, de recherche et de réglementation.
La Commission y reconnaît que, si « des progrès significatifs ont été accomplis (...) les préoccu-
pations restent vives ». Elle recommande que l?approche stratégique de l?UE se fonde sur l?appli-
cation du principe de précaution, pour « réduire le plus possible l?exposition globale des personnes
et de l?environnement », « accélérer le développement d?une base de recherche approfondie » et
« promouvoir un dialogue actif » entre parties prenantes.
La Commission relève que les mesures législatives régissant les produits chimiques ont été mises
au point à des moments différents, donnant parfois lieu à des approches diverses, soulevant des
questions de cohérence. Elle souligne deux problématiques :
l?absence d?une approche « horizontale » pour l?identification des perturbateurs
endocriniens entre les différentes législations : ce que la commission propose de résoudre
une adoptant une approche cohérente dans toute la législation, sur la base de la définition
de l?OMS ;
l?existence d?approches réglementaires différentes des perturbateurs endocriniens selon
les textes législatifs (certains textes retenant une interdiction de principe tandis que d?autres
privilégient le cas par cas, avec un risque que certaines approches ne soient pas
appropriées) : difficulté à laquelle la Commission ne propose de solution immédiate,
estimant qu?elle doit être examinée de manière plus approfondie.
La Commission annonce en tout cas plusieurs mesures : le lancement d?un bilan de qualité global
de la réglementation relative aux perturbateurs endocriniens ; le soutien à la recherche ; l?organi-
sation d?un forum annuel sur les perturbateurs endocriniens ; le soutien à l?intégration des pertur-
bateurs endocriniens dans le système international de classification des produits chimiques ; et le
lancement d?un guichet web unique consacré aux perturbateurs endocriniens.
Par une résolution du 15 avril 2019, le Parlement européen a réagi de façon critique à cette com-
munication100. Le Parlement y note que la révision de la stratégie communautaire de 1999 a tardé,
et que de ce fait, certains Etats membres, dont la France, la Suède, le Danemark ou la Belgique,
ont pris une série de mesures au niveau national. Le Parlement considère que la communication
de la commission de 2018 ne présente pas de plan d?action concret pour réduire au maximum
l?exposition, ni de calendrier dédié. Le Parlement regrette que des dispositions spécifiques aux
perturbateurs endocriniens fassent défaut dans des textes clefs (cosmétiques, jouets, matériaux
de contact alimentaire) et s?inquiète que le bilan qualité ne soit commandé que pour retarder des
mesures concrètes.
Le Parlement demande à la Commission de prendre rapidement les mesures pour réduire au maxi-
mum l?exposition globale, et notamment, d?ici à 2020, de mettre en place une définition transver-
sale des perturbateurs endocriniens, accompagnée de documents d?orientation « dignes de ce
99 Communication 99/0706 de la Commission : Stratégie communautaire concernant les perturbateurs endocriniens
100 La résolution a été voté à une large majorité de 447 voix sur 502.
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nom », et de formuler des propositions pour insérer des dispositions spécifiques relatives aux per-
turbateurs endocriniens dans les règlement relatifs aux cosmétiques, à la sécurité des jouets et
aux matériaux de contact alimentaire.
La stratégie de la Commission pour la durabilité dans le domaine des produits chimiques
Dans le cadre de l?ambition « zéro pollution » de l?UE du pacte vert pour l?Europe, la Commission
européenne a adopté une stratégie pour la durabilité dans le domaine des produits chimiques le
14 octobre 2020. La Commission y admet que si « certains textes législatifs permettent de recon-
naître les perturbateurs endocriniens, le système réglementaire de l?UE est globalement fragmenté
et limité, et il est nécessaire de le consolider et de le simplifier pour que les perturbateurs endocri-
niens puissent être repérés en temps utile de manière à limiter le plus possible l?exposition des
êtres humains et de l?environnement».
En conséquence, la Commission annonce différentes orientations intéressant les perturbateurs
endocriniens, parmi lesquelles :
établir un système juridiquement contraignant d?identification des dangers liés aux
perturbateurs endocriniens, en s?appuyant sur les critères déjà définis pour les pesticides
et les biocides, et l?appliquer dans l?ensemble de la législation ;
veiller à ce que les perturbateurs endocriniens soient interdits dans les produits de
consommation dès qu?ils sont reconnus comme tels, leur utilisation n?étant autorisée que
s?il est démontré qu?elle est essentielle pour la société ;
renforcer la protection des travailleurs en faisant des perturbateurs endocriniens une
catégorie de substances extrêmement préoccupantes dans le cadre du règlement REACH ;
examiner les informations requises dans l?ensemble de la législation et les renforcer pour
permettre aux autorités de reconnaître les perturbateurs endocriniens ;
ajouter de nouvelles catégories de substances dans le règlement CLP ;
accélérer la mise au point de méthodes permettant d?obtenir des informations sur les
perturbateurs endocriniens grâce au criblage des substances et aux essais ;
étudier la meilleure façon de mettre en place dans REACH un ou plusieurs facteurs
d?évaluation des mélanges dans l?évaluation de la sécurité des substances ;
coordonner les évaluations entre textes législatifs, en vue d?une approche « une substance,
une évaluation » ;
renforcer les procédures d?autorisation et de restriction de REACH.
Une appréhension inégale dans les règlements transversaux REACH et CLP
Le règlement REACH, texte fondateur, est peu adapté pour limiter les
perturbateurs endocriniens, et nécessite une refonte
REACH fonctionne sur le principe « Pas de données, pas de marché »
Le règlement (UE) n°1907/2006 du 18 décembre 2006 (dit REACH) concerne l?enregistrement,
l?évaluation et l?autorisation des substances chimiques ainsi que les restrictions applicables à ces
substances. Ce texte vise à mieux protéger la santé humaine et l'environnement, assurer la libre
circulation des substances dans le marché intérieur tout en préservant la compétitivité de l'industrie
chimique.
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Ce règlement qui se distingue par sa technicité remplace une quarantaine d?anciens règlements et
directives, et a fait l?objet de plus de quatre-vingts modifications réglementaires depuis son entrée
en vigueur en 2007.
REACH porte sur la fabrication, la mise sur le marché et l?utilisation :
des « substances » (naturelles ou fabriquées), comme un solvant ou un métal ;
des « mélanges » (deux substances ou plus), comme un alliage ou un produit de
nettoyage ;
des « articles » (objets dont la forme est plus déterminante que la composition chimique),
comme un ustensile de cuisine ;
toutefois, REACH ne concerne pas les produits phytosanitaires, les produits biocides, les
médicaments ou les cosmétiques, qui font l?objet de règlements distincts.
Le règlement repose sur le principe « pas de données, pas de marché » en faisant peser la charge
de la preuve sur les entreprises (productrices, importatrices) tenues de déposer un dossier d?enre-
gistrement pour chaque substance auprès de l?agence européenne des produits chimiques (ECHA).
Celle-ci propose ensuite les mesures appropriées de gestion des risques à la Commission, telle
que la restriction voire l?interdiction de l?usage d?une substance.
Dans la première phase (enregistrement), les entreprises fabriquant ou important dans l?Union eu-
ropéenne une substance pour une quantité supérieure à 1 tonne par an déposent un dossier d?en-
registrement auprès de l?ECHA détaillant les propriétés de la substance, les risques éventuels pour
la santé et l?environnement, et les mesures de gestion appropriées de ces risques. Plus la subs-
tance est utilisée, plus le nombre de données à fournir est important.
Dans le deuxième phase (évaluation), l?ECHA contrôle la complétude du dossier de la substance
en question mais ne vérifie pas si les informations fournies sont appropriées sur le fond. Le contrôle
de conformité relève de l?ECHA et des Etats membres, qui peuvent contrôler tout dossier d?enre-
gistrement (l?objectif est fixé à 20% des dossiers) et doivent apprécier si les informations sont con-
formes aux obligations légales.
L?ECHA et les Etats membres élaborent un plan d?action communautaire (CoRAP101), mis à jour
annuellement au gré des nouvelles préoccupations, qui répertorie les substances préoccupantes
devant être soumises à évaluation sur une période de trois ans. Les critères de sélection pour
l?inclusion sur cette liste s?appuient à la fois sur les quantités et les degrés d?exposition. Ces éva-
luations sont réparties entre les agences compétentes des Etats membres.
Dans la troisième phase (autorisation et restriction), les substances peuvent être soumises à diffé-
rentes mesures de gestion des risques, à savoir l?autorisation ou la restriction selon leur dangero-
sité.
En premier lieu, les substances concernées par la procédure d?autorisation (listées dans l?années
XIV de REACH) sont les substances les plus préoccupantes (SVHC)102 à savoir :
les substances cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction (CMR) ;
les substances persistantes, bioaccumulables et toxiques (PBT) ;
les substances très persistantes et très bioaccumulables (vPvB) ;
les substances suscitant un niveau de préoccupation équivalent telles que les
perturbateurs endocriniens ou les sensibilisants respiratoires.
101 CoRAP : plan d?action communautaire (Community Rolling Action Plan)
102 SVHC : substance extrêmement préoccupante (substance of very high concern)
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L?inscription sur la liste d?autorisation se fait en 2 étapes. Dans la première étape, les substances
sont identifiées sur la base de propositions effectuées par les Etats membres ou l?ECHA. Après
consultation publique, elles sont inscrites dans la « liste des substances candidates », dite « liste
candidate » à la procédure d?autorisation. A la date de finalisation du rapport (mai 2024), cette liste
candidate contenait 259 entrées, correspond chacune à une substance, ou parfois à une famille
de substances. Au total, la liste candidate répertorie 486 substances différentes. Cette liste fait
l?objet d?une actualisation deux fois par an.
Dans la seconde étape, en partant de la liste candidate, l?ECHA recommande une liste de subs-
tances à inscrire en priorité à l?annexe XIV, la décision revenant à la Commission européenne et
aux Etats membres. Une fois inscrite à l?annexe XIV, une substance ne pourra plus, après des
dates fixées, être utilisée, importée ou fabriquée, sans autorisation de la Commission.
L?autorisation d?utilisation de la substance ne sera accordée que dans 2 cas :
si les risques associés à l?utilisation sont valablement maîtrisés (ce qui est impossible pour
les substances PBT ou vPvB) ;
si les avantages socio-économiques de l?utilisation de la substance l?emportent et qu?il n?y
a pas de substance ou de technologie de substitution dans l?immédiat.
En mai 2024, l?annexe XIV comptait 59 entrées, une entrée pouvant réunir plusieurs substances.
L?objectif est que ces substances soient progressivement remplacées par d?autres substances ou
technologies moins dangereuses lorsque des solutions de remplacement appropriées économi-
quement et techniquement viables existent.
En second lieu, les substances concernées par la procédure de restriction (listées dans l?années
XVII de REACH) sont les substances pour lesquelles un Etat membre ou la Commission estiment
que la mise sur le marché entraînerait un risque inacceptable pour la santé humaine ou l?environ-
nement. L?inscription se fait à l?issue d?une consultation publique, sur décision des Etats membres
et de la commission. La restriction pourra concerner les conditions de fabrication, la limitation de
mise sur le marché ou d?utilisation (par exemple : interdiction d?utiliser des phtalates à une concen-
tration supérieure à 0,1% dans les jouets et articles de puériculture).
En mai 2024, l?annexe XVII comptait 73 entrées, une entrée pouvant réunir plusieurs substances.
Au-delà des substances et mélanges, des règles spéciales s?appliquent aux « articles », tels que
des articles simples (composés d?une seule pièce, comme une chaise) ou complexes (véhicules,
cartes électroniques, ...). Les producteurs ou importateurs d?articles sont tenus de notifier à l?ECHA
la présence de substances classées SVHC, dès lors que la concentration de la substance dépasse
0,1% et que la substance est présente dans des quantités dont le volume dépasse une tonne par
an.
Par ailleurs, les fournisseurs des articles contenant une SVHC sont tenus de fournir au consom-
mateur, à sa demande, des informations pour permettre l?utilisation de l?article en toute sécurité.
La mise en oeuvre de ce « droit de savoir » a été facilitée par le développement de l?application
Scan4Chem développée au niveau européen, et qui sera également utilisée en France pour l?ap-
plication de la loi AGEC (cf.infra).
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Le nombre de substances concernées par des mesures de gestion de risque en raison de leur effet
de perturbateur endocrinien est limité
Un certain nombre de substances sont classées parmi les différentes annexes de REACH au titre
de leur effet de perturbateur endocrinien.
Il convient de préciser que l?appartenance à la première liste (liste candidate des substances hau-
tement préoccupantes dites SVHC) n?emporte pas en tant que telle une véritable restriction sur le
marché, les obligations liées à ce statut étant essentiellement des obligations d?information aux
clients et à l?ECHA. Toutefois, l?inscription sur cette liste laisse présager, à terme, une inscription
sur la liste autorisation ou restriction, ce qui incite les industries ayant recours à ces substances en
amont à préparer leur substitution.
A l?inverse, la présence sur la liste autorisation (annexe XIV) ou restriction (annexe XVII) signifie
bien que les substances en question sont limitées dans leur usage et leur utilisation.
Pour chaque substance, la base de données de l?ECHA indique le motif d?inclusion dans la liste,
qui peut être la perturbation endocrinienne. Parmi les 486 substances listées, on en dénombre 118
faisant état d?un motif de perturbation endocrinienne103. Sur ces 118 substances, 104 appartiennent
à 8 familles de substances, tandis que 14 sont des substances uniques. Au total on dénombre 22
substances uniques ou familles de substances classées dans la liste candidate au motif d?une
propriété de perturbation endocrinienne, ce qu?illustre le tableau suivant.
Tableau 1 : Substances classées dans la liste candidate à la procédure
d?autorisation, dites SVHC, au motif de leurs propriétés de perturbation
endocrinienne
Nom des substances et familles de
substances
Nombre de
substances
Année
d'inclusion
dans la
liste
Motif
d'inclusion des
propriétés PE
Isobutyl 4-hydroxybenzoate 1 2023 Santé humaine
4,4'-sulphonyldiphenol 1 2023
Santé humaine
Environnement
(±)-1,7,7-trimethyl-3-[(4-
methylphenyl)methylene]bicyclo[2.2.1]heptan-2-
one covering any of the individual isomers and/or
combinations thereof (4-MBC)
7 2022 Santé humaine
Phenol, alkylation products (mainly in para
position) with C12-rich branched alkyl chains
from oligomerisation, covering any individual
isomers and/ or combinations thereof (PDDP)
6 2021
Santé humaine
Environnement
4,4'-(1-methylpropylidene)bisphenol 1 2021
Santé humaine
Environnement
Butyl 4-hydroxybenzoate 1 2020 Santé humaine
Tris(4-nonylphenyl, branched and linear)
phosphite (TNPP) with ? 0.1% w/w of 4-
nonylphenol, branched and linear (4-NP)
5 2019 Environnement
4-tert-butylphenol 1 2019 Environnement
1,7,7-trimethyl-3-
(phenylmethylene)bicyclo[2.2.1]heptan-2-one
1 2019 Environnement
103 C?est sur la base de cette liste que l?Anses a établi la liste des substances concernées par l?obligation d?information de la loi
AGEC relative à la présence de perturbateurs endocriniens dans les produits, cf infra
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Dicyclohexyl phthalate 1 2018 Santé humaine
Reaction products of 1,3,4-thiadiazolidine-2,5-
dithione, formaldehyde and 4-heptylphenol,
branched and linear (RP-HP)
2 2018 Environnement
p-(1,1-dimethylpropyl)phenol 1 2017 Environnement
4-heptylphenol, branched and linear 25 2017 Environnement
4,4'-isopropylidenediphenol 1 2017
Santé humaine
Environnement
4-Nonylphenol, branched and linear, ethoxylated 41 2013 Environnement
4-Nonylphenol, branched and linear 13 2012 Environnement
4-(1,1,3,3-tetramethylbutyl)phenol, ethoxylated 5 2012 Environnement
4-(1,1,3,3-tetramethylbutyl)phenol 1 2011 Environnement
Diisobutyl phthalate 1 2010 Santé humaine
Dibutyl phthalate (DBP) 1 2008
Santé humaine
Environnement
Bis (2-ethylhexyl)phthalate (DEHP) 1 2008
Santé humaine
Environnement
Benzyl butyl phthalate (BBP) 1 2008 Santé humaine
TOTAL (familles ou substances uniques) 22
TOTAL (nombre de substances) 118
Site de l?ECHA, retraitement IGAS-IGEDD
En ce qui concerne les substances ayant fait l?objet d?une mesure d?autorisation ou de restriction,
leur nombre est bien plus limité, puisqu?une substance peut rester sur la liste SVHC de nombreuses
années avant de basculer sur l?annexe XIV ou XVII.
Ainsi, on ne compte qu?un faible nombre de substances (8 au total) ayant fait l?objet d?une mesure
d?autorisation ou de restriction au sens de REACH, au titre de leur effet perturbateur endocrinien.
Ce modeste résultat renvoie aux limites du règlement REACH, détaillées ci-dessous.
Tableau 2 : Substances faisant l?objet d?une mesure de limitation au sens de
REACH au titre de leur effet perturbateur endocrinien
Liste autorisation (annexe XIV) Liste restriction (annexe XVII)
NPE (4-Nonylphenol)
4-(1,1,3,3-tetramethylbutyl)phenol
éthoxylé
Bisphénol A / BPA (4,4'-isopropylidenediphenol :
concentration maximale de 0,02% dans les papiers
thermiques)
DEHP (Bis(2-ethylhexyl) phthalate) ; BBP (Benzyl
butyl phthalate) ; DBP (dibutyl phtalate) et DIBP
(dissobutyl phtalate) (concentration maximale de
0,1% en poids de plastique dans les jouets et
articles de puériculture)
NPE (concentration maximale de 0,01% du poids
des articles textiles)
Site de l?ECHA, retraitement IGAS-IGEDD
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De fait, REACH est confronté à des limites structurelles et doit faire l?objet d?une refonte attendue
de longue date
Bien que le règlement REACH représente en soi une avancée majeure, qui a transformé la com-
mercialisation des produits chimiques et inspiré des systèmes similaires, notamment en Asie, le
système actuel montre ses limites et souffre d?une obsolescence qui lui a valu moult critiques.
Dans un rapport d?évaluation de REACH publié en 2018, la Commission104 appelait à traiter de
toute urgence un certain nombre de questions :
la non-conformité des dossiers d?enregistrement105 ;
la simplification de la procédure d?autorisation ;
l?équité des règles du jeu par rapport aux entreprises de pays tiers grâce à des restrictions
et à des mesures d?application efficaces ;
la clarification de l?interface entre le règlement REACH et le reste de la législation de l?Union
européenne, notamment en matière de santé et de sécurité au travail (SST) et de déchets.
La lenteur du processus d?évaluation est au coeur des critiques portant sur l?efficacité de REACH.
Une analyse de l?European Environmental Bureau (EEB) en 2022106 comparait le temps pris par
l?industrie pour enregistrer une substance et la mettre sur le marché (moins d?un mois), avec le
temps pour classer une substance sur liste « autorisation » ou « restriction », à partir de sa mise
sur le marché (près de 20 ans).
Cette lenteur s?explique notamment par le fait que les évaluations s?effectuent substance par subs-
tance, et non pas par famille de substances, ce qui a pour effet d?emboliser les agences nationales
en charge de l?évaluation. Une fois l?évaluation réalisée, le manque de moyens humains de l?ECHA
et de la Commission contribue également à ralentir la prise de décision finale.
Un avis de 2020 du Conseil environnemental, économique et social107 relevait d?autres faiblesses,
comme la difficile mise en oeuvre à l?échelle européenne (disparités dans l?intensité des contrôles
selon les pays et faibles moyens de coordination de l?ECHA), et une information difficilement lisible
pour les professionnels dans les fiches de données de sécurité, ainsi que pour les consommateurs
au titre du « droit de savoir » pour les articles contenant des SVHC.
Le règlement REACH est par ailleurs mal calibré pour prendre en compte des propriétés de per-
turbation endocrinienne, puisqu?il ne comporte pas de définition précise des perturbateurs endocri-
niens. De plus, le règlement ne distingue pas les perturbateurs endocriniens avérés des présumés
ou suspectés, ce qui exige une preuve maximale (seuls des perturbateurs endocriniens avérés
pourront être reconnus) et rend difficile l?application du principe de précaution.
Au reste, les tests requis pour l?évaluation sont incomplets et ne recouvrent pas toutes les voies
de perturbation endocrinienne en l?état des connaissances scientifiques actuelles, comme le dé-
taille l?analyse faite en 2019 par les professeurs Barbara Demeneix et Remy Slama dans un rapport
adressé au Parlement européen108.
104 Rapport général de la Commission sur le fonctionnement général du règlement REACH (dans le cadre d?un programme
d?évaluation REFIT), publié le 5 mars 2018
105 Cette faible qualité de l?enregistrement avait été illustrée par une large étude de l?équivalent allemand de l?Anses réalisée en
2018 qui avait relevé que seuls un tiers des dossiers étaient conformes ;
106 Rapport « The need for speed », European Environmental Bureau : l?analyse de 1109 substances régulées dans REACH
conduit à trouver un temps médian de 19 ans et 3 mois entre la mise sur le marché et une inclusion à l?annexe XIV ou XVII
107 Avis du CESE « REACH et la maîtrise du risque chimique : un bilan positif, un outil à améliorer », Catherine Tissot-Colle,
Janvier 2020
108 « Endocrine disruptors : from scientific evidence to human health protection », B. Demeneix & R. Slama, mai 2019, étude
réalisée sur demande du Parlement européen
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A ceci s?ajoute plusieurs dérogations qui diminuent encore l?efficacité du règlement :
pour les substances à faible tonnage (moins de 10 tonnes annuelles sur le marché), il n?y
a pas de données de toxicité chronique demandées ;
les tests d?évaluation ne prennent pas en compte les « mélanges » de substances, et
passent donc à côté des « effets cocktails »
les polymères sont exemptés d?enregistrement sous REACH, ce qui a pour effet d?exonérer
une majorité des PFAS d?un enregistrement109.
Ces difficultés de fonctionnement général de REACH et de prise en compte la perturbation endo-
crinienne appellent une refonte de la législation.
Le règlement CLP vient d?être réformé pour introduire une classification des
perturbateurs endocriniens
Le règlement (UE) n° 1272/2008 du 16 décembre 2008 relatif à la classification, à l?étiquetage et à
l?emballage (dit règlement CLP) vise à assurer la protection des travailleurs, des consommateurs
et de l?environnement en définissant les règles européennes de classification, d?étiquetage et d?em-
ballage des produits chimiques.
Le règlement CLP aligne l?ancienne législation européenne en la matière sur le SGH international.
Les dangers présentés par les substances chimiques sont communiqués au moyen de mentions
d?avertissement et de pictogrammes figurant sur les étiquettes et les fiches de données de sécurité.
Comme REACH, le CLP ne s?applique pas aux produits concernés par des règlements sectoriels
(cosmétiques, denrées alimentaires, médicaments ...).
Réformé par le règlement délégué (UE) 2023/707 du 19 décembre 2022110, le CLP prévoit désor-
mais une classification et un étiquetage spécifique pour les perturbateurs endocriniens, qui devra
s?appliquer au plus tard le 1er mai 2025 en ce qui concerne les substances ; et au plus tard le 1er
mai 2026 concernant les mélanges.
Deux classes de danger apparaissent, chacune divisée en 2 catégories :
Perturbateurs endocriniens pour la santé humaine :
? catégorie 1 : perturbateurs endocriniens avérés ou présumés pour la santé
humaine
? catégorie 2 : perturbateurs endocriniens suspectés pour la santé humaine
Perturbateurs endocriniens pour l?environnement :
? catégorie 1 : perturbateurs endocriniens avérés ou présumés pour l?environnement
? catégorie 2 : perturbateurs endocriniens suspectés pour l?environnement
Le règlement précise la définition des perturbateurs endocriniens avec 5 critères alternatifs :
1. ?perturbateur endocrinien? désigne une substance ou un mélange altérant une ou
plusieurs fonctions du système endocrinien et induisant de ce fait des effets néfastes
109 Le sujet des PFAS commence cependant à faire l?objet d?attention croissante. En février 2023, une première restriction au sens
de REACH a visé certains PFAS (Les acides perfluorocarboxyliques (PFCA) en C9-C14). Plus généralement une proposition de
5 pays européens (Danemark, Allemagne, Norvège, Pays-Bas, Suède) a été adressée à l?ECHA en avril 2023 pour demander
une restriction générale de plus de 10.000 PFAS, qui devra donner lieu à un avis de l?ECHA en 2024 et une éventuelle restriction
décidée par la Commission en 2025.
110 Règlement délégué (UE) 2023/707 du 19 décembre 2022 publié le 31 mars 2023
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https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:32023R0707&from=EN
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sur la santé d?un organisme intact, de ses descendants ou au niveau des populations
ou sous-populations ;
2. ?perturbation endocrinienne? désigne l?altération d?une ou plusieurs fonctions du sys-
tème endocrinien causée par un perturbateur endocrinien ;
3. ?activité endocrinienne? désigne une interaction avec le système endocrinien sus-
ceptible d?entraîner une réponse de ce système, d?organes cibles ou de tissus cibles,
et qui confère à une substance ou un mélange le potentiel d?altérer une ou plusieurs
fonctions du système endocrinien ;
4. ?effet néfaste? désigne un changement dans la morphologie, la physiologie, la crois-
sance, le développement, la reproduction ou de la durée de vie d?un organisme, d?un
système ou d?une population ou sous-population qui se traduit par l?altération d?une
capacité fonctionnelle ou d?une capacité à compenser un stress supplémentaire ou
par l?augmentation de la sensibilité à d?autres influences ;
5. ?lien biologiquement plausible? désigne la corrélation entre une activité endocri-
nienne et un effet néfaste, basé sur des processus biologiques, lorsque la corrélation
est cohérente avec les connaissances existantes.
Le règlement pose également les limites de concentration génériques des composants d?un mé-
lange qui déterminent la classification du mélange en tant que perturbateur endocrinien :
Pour les perturbateurs endocriniens avérés ou présumés (catégorie 1, pour la santé
humaine ou pour l?environnement) : concentration supérieure ou égale à 0,1%.
Pour les perturbateurs endocriniens suspectés (catégorie 2, pour la santé humaine ou pour
l?environnement) : concentration supérieure ou égale à 1%.
L?introduction d?une sous-catégorisation entre « avéré ou présumé » et « suspecté » correspond à
une position qui avait été réclamée de longue date par la France, afin de mieux s?aligner sur les
particularités des perturbateurs endocriniens et les avancées scientifiques.
Cette réforme va dans le sens des positions annoncées par la Commission dans sa communication
de 2018, dans la mesure où elle est un préalable à une définition dite « transversale » ou « hori-
zontale » des perturbateurs endocriniens dans la réglementation européenne. Ainsi les substances
enregistrées dans REACH devront être mises à jour pour classer éventuellement leurs substances
parmi les nouvelles classes de danger du CLP. De même, les réglementations sectorielles devront
harmoniser leurs définitions de la perturbation endocrinienne pour s?aligner avec celle proposée
par le règlement CLP.
Une reconnaissance grandissante dans les réglementations sectorielles
Distinction entre produits biocides et produits phytopharmaceutiques
La réglementation européenne distingue entre, d?une part, les produits biocides, qui sont des
substances destinées à détruire ou neutraliser des organismes nuisibles (désinfectants, protec-
tion, lutte contre les nuisibles, etc. ), et d?autre part les produits phytopharmaceutiques, qui sont
des substances actives destinées à protéger les végétaux, de plusieurs manières possibles (pro-
tection contre les nuisibles, accélérer leur croissance, détruire les végétaux indésirables ...).
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Si la distinction n?est pas toujours aisée en pratique d?autant plus qu?un même produit peut être
soit un produit biocide soit un produit phytopharmaceutique en fonction de son utilisation, le
principe est que le traitement biocide s?effectue dans un but d?hygiène générale ou de santé
publique, tandis que le traitement phytopharmaceutique recherche la protection des plantes ou
végétaux.
Les produits biocides et produits pharmaceutiques sont régulés au niveau européen, dans une
perspective de protection de la santé humaine et de l?environnement, et d?amélioration du fonc-
tionnement du marché intérieur. Ils font l?objet d?un double processus d?agrément : les subs-
tances actives sont approuvées au niveau de l?Union européenne, et les produits sont ensuite
autorisés sur le marché principalement au niveau des Etats membres.
Le règlement sur les produits biocides n?a abouti qu?à un très faible nombre de
restriction de substances en raison de leurs propriétés endocriniennes
Le règlement (UE) n° 528/2012 du 22 mai 2012 concerne la mise sur le marché et l?utilisation des
produits biocides, qui sont utilisés pour protéger l'homme, les animaux, les matériaux ou les articles
contre les organismes nuisibles, tels que les animaux nuisibles et les bactéries, par l'action des
substances actives contenues dans le produit biocide.
Les produits biocides destinés à être mis sur le marché requièrent une autorisation une fois que
les substances actives qui les composent ont été approuvées. Ce principe fait toutefois l?objet de
plusieurs exceptions, à la fois pour les substances actives en cours de réexamen, ou pour des
substances actives nouvelles qui peuvent bénéficier d?autorisations provisoires pour 3 ans.
Le règlement interdit l?approbation des substances cancérigènes, mutagènes, reprotoxiques, et
des substances classées PBT111 ou VPVB.112 De même, l?approbation est interdite pour les subs-
tances ayant des effets de perturbation endocrinienne néfastes pour l?homme, ou qui seraient re-
connues comme perturbateurs endocriniens au sens du règlement REACH.
Pour autant, le règlement aménage des dérogations, qui pourront être accordées :
si le risque est négligeable ;
si la substance active est indispensable pour prévenir ou combattre un risque grave, pour
la santé humaine, animale ou environnementale ;
si la non-approbation aurait des conséquences négatives disproportionnées pour la société
par rapport aux risques que son utilisation représente pour la santé humaine, animale ou
environnementale.
Les évaluations des substances actives sont réalisées par un Etat membre choisi par le deman-
deur, qui transmet ensuite ses conclusions à l?ECHA. Sur la base de ces conclusions, l?ECHA
donne un avis relatif à l?approbation de la substance active, transmis à la Commission européenne,
qui adopte un règlement d?exécution portant approbation de la substance active et en détaillant les
conditions. Cette approbation doit être renouvelée sous 15 ans, sauf s?il est précisée une durée
plus brève.
Une fois la substance approuvée, une demande d?autorisation de mise sur le marché, valable pour
10 ans, doit être effectuée dans chaque Etat membre où la commercialisation est envisagée, et
examinée par l?agence responsable, qui est l?Anses en France. Une procédure d?autorisation par
111 PBT : persistances, bioaccumulables et toxiques.
112 VPVB : très persistantes et bioaccumulables.
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reconnaissance mutuelle est également prévue lorsqu?une commercialisation dans plusieurs Etats
membres est souhaitée, qui permet une coordination entre Etats membres concernés.
Les Etats membres ont la possibilité de déroger à la reconnaissance mutuelle s?ils apportent la
preuve que la substance en question a des effets nocifs sur l?environnement ou la santé.
Il existe également une autorisation de marché directement auprès de la Commission européenne
qui vaut pour tout le marché européen, mais qui est impossible si la substance a des propriétés
toxiques pour la santé (ce qui comprend la perturbation endocrinienne).
Les substances déjà présentes sur le marché avant l?entrée en vigueur de la réglementation
européenne font l?objet d?un programme d?examen initié dans les années 2000 pour répartir les
évaluations entre les Etats membres, qui aurait dû théoriquement s?achever en 2024, mais a connu
un retard considérable faute de moyens humains dans les agences compétences des différents
Etats membres.
Bien que le règlement biocides date de 2012, la définition réglementaire des critères d?identification
du caractère perturbateur endocrinien d?une substance a seulement été adoptée via le règlement
délégué n° 2017/2100 du 4 septembre 2017, en se basant sur les critères retenus par l?OMS. Ce
dernier règlement a été complété par le règlement délégué 2021/525 du 19 octobre 2020, qui
précise les méthodes d?essais nécessaires pour la détermination des propriétés de perturbation
endocrinienne.
De ce fait, l?évaluation des effets de perturbation endocrinienne a démarré tardivement, au vu du
décalage entre la réglementation initiale de 2012 et les règlements d?application intervenus
presque 10 ans plus tard.
Ainsi, en octobre 2023, 6 substances biocides avaient été évaluées par la Commission comme
ayant des propriétés de perturbation endocrinienne, et parmi celles-ci, seulement 2 avaient été
interdites, les autres ayant été approuvées dans la mesure où elles répondaient aux critères prévus
par la dérogation.
A l?inverse, la Commission a conclu que 13 substances n?avaient pas d?effet perturbateur
endocrinien, à partir des nouveaux critères appliqués depuis 2018. De plus, l?ECHA a rendu 26
évaluations dans lesquelles elle a estimé qu?il manquait d?information pour déterminer s?il existait
ou non un effet de perturbation endocrinienne, en majorité en raison de données insuffisantes.
Tableau 3 : Substances biocides dont l?effet perturbateur endocrinien a été
reconnu par la Commission européenne
Substance
Décision
Motif
Cholecalciferol (rodenticide) Approbation prolongée
jusqu?en 2025 (devait expirer
en juin 2024)
Délai supplémentaire
nécessaire pour l?évaluation
Cyanamide (désinfectant,
insecticide)
Non approuvé (décision de
2023)
Impossible de démontrer que
le produit n?avait pas d?effets
inacceptables
DBNPA (désinfectant) Non approuvé (décision de
2023)
Malgré la possibilité d?un
usage sûr, des alternatives de
substitution existaient
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Propiconazole (préservation
du bois)
Approuvé (décision de 2023) La non-approbation aurait des
conséquences négatives
disproportionnées
Iodine et PVP-iodine
(désinfectant)
Réexamen anticipé (demandé
en 2021)
Effet perturbateur endocrinien
reconnu, en attente d?une
évaluation de la substitution et
des risques
Zinèbe (fongicide) Réexamen anticipé (demandé
en 2021)
Effet perturbateur endocrinien
suspecté
Document de travail fourni par la DG Santé, retraitement IGAS-IGEDD
Par ailleurs, s?agissant des substances approuvées, une inspection coordonnée en 2023 par
l?ECHA à l?échelle du marché européen a démontré que plus d?un tiers (37%) des produits bio-
cides113 utilisés n?étaient pas en conformité avec la législation. 18% de ces non-conformités con-
cernaient des exigences fondamentales (utilisation de produits non autorisés ou de produits con-
tenant des substances non approuvées), tandis que 19% correspondaient à des non-conformités
mineures (telle que l?absence d?information sur le contact du fournisseur).
Le règlement sur les produits phytopharmaceutiques voit son efficacité limitée
par un nombre important de dérogations
En principe, le règlement n?autorise pas la présence de substances nocives
Le règlement (UE) n° 1107/2009 du 21 octobre 2009 concerne la mise sur le marché des produits
phytopharmaceutiques, à savoir des produits composés de substances actives, qui peuvent avoir
plusieurs usages : la protection des végétaux contre les organismes nuisibles, l?action sur la crois-
sance des végétaux, la conservation des produits végétaux, la destruction ou la prévention des
végétaux indésirables.
Les critères scientifiques de détermination des propriétés de perturbation endocrinienne ont été
définis plus tard par le règlement (UE) n° 2018/605 du 19 avril 2018, à la fois pour l?homme et pour
les organismes non-ciblés par la substance.
L?objectif du règlement est de n?autoriser la présence de substances dans les produits phytophar-
maceutiques qu?à la condition qu?elles présentent un intérêt manifeste pour la production végétale,
et qu?elles n?aient pas d?effet nocif sur la santé humaine ou animale, ou d?effet inacceptable sur
l?environnement.
Les substances font l?objet d?une évaluation initiale par une agence d?un Etat membre, à partir de
données fournies par les industriels demandeurs. L?Etat membre rapporteur remet ensuite un dos-
sier à l?EFSA114, l?agence européenne de sécurité des aliments. L?EFSA examine le dossier et peut
demander des données supplémentaires, consulter des experts, voire faire réaliser des analyses
toxicologiques complémentaires. L?EFSA transmet ses conclusions à la Commission européenne
qui adopte un règlement délégué concernant l?approbation ou non de la substance en question et
à quelles conditions.
113 Inspection conduite sur plus de 3500 produits utilisés au sein de 29 Etats (membres de l?Union Européenne, de l?Espace
économique européen et Suisse).
114 EFSA : Agence européenne de sécurité des aliments (European Food and Safety Agency)
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Sur la base de ce règlement délégué, les agences nationales peuvent autoriser la mise sur le
marché des produits. Des autorisations provisoires peuvent être accordées pour des produits non
encore approuvés pour une période maximale de 3 ans, à condition qu?ils n?aient pas d?effet nocif
sur la santé humaine ou l?environnement, et que l?autorisation de mise sur le marché n?a pas être
attribuée dans les délais usuels.
Des autorisations temporaires sont également accordées pour 120 jours pour autoriser des pro-
duits phytopharmaceutiques non approuvés (ce qui inclut des produits ayant un effet nocif sur la
santé ou l?environnement), et ce uniquement dans des circonstances exceptionnelles, lorsqu?un
danger ou une menace compromettant la production végétale ou les écosystèmes ne peut être
maîtrisé par d?autres moyens raisonnables (espèce envahissante, maladie, ...).
Le territoire européen est divisé en 3 zones géographiques, facilitant les reconnaissances mu-
tuelles par zone, la France étant catégorisée en zone Sud.
Le règlement distingue 5 types de substances, avec des règles différentes d?approbation :
Les substances de base (article 23) :
? ce sont des substances intrinsèquement sans danger, comme le sucre ;
Les substances à faible risque (article 22) pour la santé et l?environnement :
? leur approbation est valide pour 15 ans ;
? une substance active ne peut être considérée à faible risque si elle est réputée être
un perturbateur endocrinien
Les autres substances (approuvées pour 10 ans) ;
Les substances soumises à exclusion (annexe II, articles 3.6.2 à 3.6.5) :
? il s?agit des substances classées mutagène de catégorie 1A ou 1B, ou cancérogène
de catégorie 1A ou 1B, ou toxique pour la reproduction de catégorie 1A ou 1B, ou
perturbateur endocrinien. A moins que cette exposition soit considérée comme
négligeable avec des conditions excluant tout contact avec l?homme ;
? toutefois, ces critères ne s'appliquent qu?aux nouvelles substances. Tandis que les
substances déjà présentes sur le marché y demeurent jusqu?au renouvellement de
leur approbation (dans l?attente, elles seront classées comme substances
candidates à la substitution).
Les substances candidates à la substitution (article 24) :
? il s?agit des substances à toxicité aiguë, des substances mutagènes de catégorie
des substances cancérigènes, ou reprotoxique 1A ou 1B, des substances PBT, et
des substances à effet de perturbation endocrinienne pour la santé humaine ;
? toute nouvelle demande d?autorisation de mise sur le marché pour un produit à
base de l?une de ces substances peut faire l?objet d?une évaluation comparative, et
aboutir, le cas échéant, au refus d?autorisation ou à la limitation de l?utilisation de
ce produit ;
? l?approbation se fait pour une période 7 ans maximum, qui peut être renouvelée à
condition que des mesures de réduction des risques soient prises.
En pratique, des dérogations accordées qui durent dans le temps
Ce texte a fait l?objet de critiques au regard des possibilités de dérogation qu?il accorde, en parti-
culier via la liste des substances candidates à substitution. Dans sa propre évaluation de politique
publique115 , la Commission européenne considérait en 2020 que « Les règles applicables aux
115 Rapport de la Commission européenne au Parlement européen d?évaluation du règlement (CE) n° 1107/2009, publié le 20 mai
2020
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substances actives dont on envisage la substitution sont à la fois inefficaces et peu performantes.
Les données disponibles montrent que les évaluations comparatives, réalisées par les États
membres, des produits contenant des substances actives dont la substitution est envisagée sont
complexes et nécessitent des ressources, mais n?ont abouti à aucune substitution, principalement
en raison de l?absence de solutions de remplacement présentant un meilleur profil de risque at-
testé ».
Cette problématique était déjà soulignée dans un rapport d?inspection conjoint sur les produits
pharmaceutiques de 2017 qui constatait que « subsistent donc sur le marché des substances ac-
tives nocives dans l?attente de l?échéance de leur approbation. Ce point est d?autant plus préjudi-
ciable que les durées d?approbation des substances sont souvent prolongées par « paquet » (...)
la Commission a fait valoir que ces reports étaient dus à des retards pris par les États membres
dans l?évaluation des substances »116. Le rapport pointait aussi que, bien qu?une possibilité soit
ouverte aux Etats membres de refuser une autorisation de mise sur le marché pour ces substances,
elle était rarement mise en oeuvre en raison de conditions trop restrictives.
Cette situation a conduit au maintien sur le marché de substances dont l?effet perturbateur endo-
crinien était suspecté, d?autant que les critères de définition de la perturbation endocrinienne n?ont
été précisés qu?en 2018.
Les restrictions de substances à l?issue d?évaluation des propriétés de perturbation endocrinienne
commencent à intervenir
A partir de la mise en oeuvre du règlement sur les tests des propriétés de perturbation
endocrinienne en 2018, 110 substances ont fait l?objet d?une évaluation de leurs éventuelles
propriétés de perturbation endocrinienne, dont les résultats sont présentés ci-dessous.
Graphique 1 : Evaluation des propriétés PE de 100 produits
phytopharmaceutiques entre novembre 2018 et octobre 2023
Source : DG Santé, retraitement IGAS-IGEDD
A la suite de ces évaluations, 8 décisions de non-approbation de substances en raison de leur effet
perturbateur endocrinien ont été prises, qu?illustre le tableau ci-dessous.
116 Rapport CGEDD ? IGAS ? CGAAER sur l?utilisation des produits phytopharmaceutiques de 2017 ? IGAS n° 2017-124R
16%
34%
2%
41%
7%
0%
5%
10%
15%
20%
25%
30%
35%
40%
45%
Effets sur l'homme
7%
26%
2%
39%
25%
0%
5%
10%
15%
20%
25%
30%
35%
40%
45%
Effet sur organismes non
cibles
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Tableau 4 : Décisions de la Commission de non-renouvellement de substances
en raison de leur effet perturbateur endocrinien reconnu
Substance
Date du règlement
d'exécution
Décision de la
Commission
Expiration de l'approbation
sur le marché européen
Mancozeb 14-déc-20 Non renouvelé Janvier 2021
Benthiavalicarb 06-nov-23 Non renouvelé Décembre 2024
Clofentézine 07-nov-23 Non renouvelé Novembre 2024
Métirame 7-nov-23 Non renouvelé Novembre 2023
Triflusulfuron-méthyl 16-nov-23 Non renouvelé Novembre 2023
Asulame-sodium 02-févr-24 Non approuvé Sans objet (demande retirée)
Dimethomorph 29-avr-24 Non renouvelé Février 2025
Mepanipyrim 29-avr-24 Non renouvelé Mars 2025
Site de la Commission européenne, retraitement IGAS-IGEDD
De nombreuses substances présentant des risques de perturbations endocrinienne subsistent
toutefois sur le marché, soit au titre de leur classement sur la liste « substitution », soit en raison
du retard pris par les évaluations
La mission s?est intéressée à la liste des substances candidates à la substitution, qui comporte à
ce jour 52 substances encore approuvées. Parmi celles-ci, la mission a pu identifier 14 substances
qui apparaissent dans la littérature comme étant suspectes d?avoir des effets de perturbation en-
docrinienne117.
Tableau 5 : Liste non-exhaustive de substances candidates à substitution, à
effet PE régulièrement cité dans les études, et autorisées sur le marché
Substance
Approbation
jusqu'au :
Benzovindiflupyr août-26
Bromuconazole avr-27
Chlorotoluron août-26
Cyprodinil mars-25
Difenoconazole mars-26
Fludioxonil juin-25
Flufenacet juin-25
Flurochloridone mars-26
Metribuzin 118 févr-25
Pendimethalin nov-24
Propyzamide juin-25
Tebuconazole août-26
Ziram mars-25
lambda-Cyhalothrin août-26
Site de la commission Européenne, Rapport PAN Europe de mai 2022 précités, retraitement
IGAS-IGEDD
117 Source : rapport PAN-Europe : « Forbidden Fruit », Mai 2022
118 Par un avis du 24 août 2023, l?EFSA a conclu que la substance Metribuzin remplissait le critère de perturbation endocrinienne,
mais la Commission n?a pas pris de décision interrompant son approbation à la date de rédaction du rapport
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Cette liste, qui n?est pas exhaustive, reflète la problématique du renouvellement régulier des subs-
tances sur la liste candidate à la substitution, faute d?alternative identifiée et en raison du retard
pris par les évaluations.
Le rapport de PAN Europe cité plus haut affirmait par ailleurs que la fréquence du recours aux
substances candidates à substitution est passée de 19% à 29% pour les fruits et de 11% à 13%
pour les légumes entre 2011 et 2019, sur la base des données de contrôle fournies annuellement
par les Etats membres à l?EFSA. Ce constat va à rebours de la stratégie européenne « de la ferme
à la table » qui vise une réduction de 50% de l?usage des pesticides les plus toxiques d?ici à 2030.
Au-delà des substances présentes sur la liste candidate à la liste substitution, il demeure un
nombre important substances autorisées dont l?évaluation n?a pas encore été renouvelée depuis
2018, et qui pourraient donc présenter des propriétés de perturbation endocrinienne.
La mission a cherché à déterminer, sans vocation d?exhaustivité, des substances présentes sur le
marché et dont l?effet perturbateur endocrinien apparaît dans la littérature, et notamment rapportés
dans les tests réalisés par l?industrie en vue de leur approbation.119
Tableau 6 : Liste non-exhaustive de substances à effet PE régulièrement citées
dans les études, et autorisées sur le marché
Substance
Approbation
jusqu'au :
2,4-D déc-30
Amisulbrom sept-24
Bentazon mai-25
Boscalid avr-26
Buprofezin déc-25
Fenoxaprop-P août-25
Fludioxonil juin-25
Folpet févr-25
Glyphosate déc-33
Mepanipyrim mars-25
Propyzamide juin-25
Pyrimethanil mars-25
Spinosad mars-25
Thiabendazole120 mars-32
Thifensulfuron oct-31
Tolclofos-methyl août-34
Trifloxystrobine juil-33
Site de la Commission européenne, retraitement IGAS-IGEDD
Le calendrier d?approbation laisse donc supposer que des substances dont l?effet perturbateur en-
docrinien est suspecté pourraient, pour certaines, rester encore sur le marché plus de 10 ans avant
119 Sources utilisées : rapports Générations futures « Perturbateurs endocriniens, il est temps d?agir : l?exemple des perturbateurs
thyroïdiens » de décembre 2021 et rapport PAN-Europe « Identification of endocrine disrupting properties ? trapped in a vicious
circle » de novembre 2019
120 Par un avis du 28 mars 2022, l?EFSA a conclu que la substance Thiabendazole remplissait le critère de perturbation
endocrinienne, mais la Commission n?a pas pris de décision interrompant son approbation à la date de rédaction du rapport
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d?être à nouveau soumises à évaluation. La DG Santé a toutefois indiqué à la mission, lors des
entretiens, qu?elle sollicitait auprès des industriels des évaluations de perturbation endocrinienne
concernant les produits approuvés sur le marché avant 2018.
Il convient de noter que fin novembre 2023, le Parlement européen a rejeté par vote121 une propo-
sition de règlement qui visait à mettre en place le principe de réduction des pesticides dans la
stratégie « de la ferme à la table », ce qui risque de sérieusement compromettre l?objectif de ré-
duction des expositions visé par la réglementation.
La réglementation sur l?eau s?intéresse à la recherche de certaines substances
au titre de leurs propriétés PE
Concernant l?eau destinée à la consommation humaine, la directive (UE) n° 2020/2184 du 16 dé-
cembre 2020 sur la qualité de l?eau de consommation humaine établit des mécanismes de vigilance
de certaines substances en raison de leurs propriétés de perturbation endocrinienne.
Elle renforce le mécanisme de vigilance existant pour prendre en compte le paramètre de la per-
turbation endocrinienne.
Concernant la protection et la restauration des masses d?eau, la directive cadre sur l?eau (DCE) n°
2000/660 du 23 octobre 2020 définit des règles d?évaluation de l?état des eaux. Cette directive
exige des Etats membres d?atteindre un bon état des eaux, en réduisant ou en supprimant les
émissions de certaines substances, sur la base de normes de qualité environnementales (NQE)
fixant des concentrations maximales, qui peuvent inclure des perturbateurs endocriniens. Une
étude est en cours pour prendre en compte les effets PE dans la construction des NQE122.
Ces normes de qualité environnementale ont été définies successivement par les directives-filles
de la directive cadre, avec la directive 2008/105/CE puis la directive 2013/39/UE.
Une nouvelle révision est en cours de discussion, la Commission ayant formulé en 2022 une pro-
position de directive mettant à jour les substances prioritaires pour le sol et les milieux aquatiques,
incluant davantage de pesticides et de PFAS, proposition soutenue par le Parlement européen. La
version de compromis proposée par le Conseil européen en décembre 2023 revoit toutefois ces
ambitions à la baisse, notamment sur les niveaux de pesticides, et propose de décaler l?entrée en
vigueur des règles sur les nouvelles substances à 2039.
Le règlement sur la sécurité des jouets s?apprête à être retouché pour inclure
une approche générique des perturbateurs endocriniens
La directive (UE) n° 2009/48 du 18 juin 2009 relative à la sécurité des jouets123 indique que les
jouets, y compris les produits chimiques qu?ils contiennent, ne doivent pas mettre en danger la
sécurité ou la santé.
121 Vote du 22 novembre 2023 refusant la proposition de règlement de la Commission concernant une utilisation des produits
phytopharmaceutiques compatible avec le développement durable, qui aurait révisé la directive 2019/128/CE sur l?utilisation des
pesticides compatible avec le développement durable
122 Etude Ineris 203222 - 2719249 du 30 novembre 2021
123 Transposée en France par le Décret n°2010-166 du 22 février 2010 sur la sécurité des jouets
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La directive interdit ainsi les substances classées CMR au sens du règlement CLP dans la compo-
sition des jouets124. La directive énumère par ailleurs une liste de substances parfumantes allergi-
santes interdites.
En revanche, la directive n?accorde pas de traitement particulier aux perturbateurs endocriniens en
tant que tels. Ce texte est toutefois en révision, le Parlement européen ayant voté en mars 2024
en faveur d?une proposition de la Commission d?étendre l?interdiction actuelle des substances pro-
hibées dans les jouets aux perturbateurs endocriniens et aux PFAS.
Cette préoccupation est liée à des signalements importants de jouets non conformes sur le marché
européen, dont une part considérable provient de produits commandés en ligne, en particulier ceux
fabriqués hors de l?Union européenne.
Il existe déjà une restriction spécifique pour le bisphénol A, avec une limite maximale de migration
dans les jouets, qui a été revue à la baisse à 0,04 mg/l par le règlement délégué (UE) n° 2017/898
du 24 mai 2017.
Les articles de puériculture relèvent d?un autre texte, la directive sécurité générale des produits
2001/95/CE125 du 3 décembre 2001, qui fixe des règles de sécurité sans prise en compte particu-
lière des perturbateurs endocriniens. Cette directive a été abrogée et remplacée par la directive
(UE) 2023/988 du 10 mai 2023 relatif à la sécurité générale des produits, qui entre en vigueur en
décembre 2024. Le nouveau texte introduit des exigences vis-à-vis des places de marché en ligne,
tenues de désigner un point de contact unique avec les autorités de surveillance du marché des
Etats membres pour la sécurité des produits, ainsi qu?un point de contact unique pour communi-
quer avec les consommateurs sur la sécurité des produits.
Le règlement sur les cosmétiques conserve une approche au cas par cas, malgré
des efforts récents pris pour restreindre des substances au titre de leurs
propriétés PE
Une approche au cas par cas pour laquelle aucune mise à jour n?est annoncée
Le règlement (UE) n° 1223/2009 du 30 novembre 2009 relatif aux produits cosmétiques concerne
« toute substance ou tout mélange destiné à être mis en contact avec les parties superficielles du
corps humain (épiderme, systèmes pileux et capillaire, ongles, lèvres, organes génitaux externes)
ou avec les dents et les muqueuses buccales en vue, exclusivement ou principalement, de les
nettoyer, de les parfumer, d?en modifier l?aspect, de les protéger, de les maintenir en bon état ou
de corriger les odeurs corporelles ». Il s?agit essentiellement de parfumerie, de produits d?hygiène
et de toilette, de produits capillaires, de produits de beauté et de soin.
Le règlement pose des règles de sécurité concernent la composition des cosmétiques, leur fabri-
cation, les informations affichées et l?étiquetage, l?évaluation des risques, les conditions d?utilisation,
les substances interdites ou la concentration maximale autorisée.
Une substance considérée comme nocive pourra être traitée de 2 manières :
substance interdite (liste négative de 1328 substances, classées dans l?annexe 2) ;
substance réglementée : liste positive de 256 substances soumises à restriction (classées
124 Des exceptions existent, sous condition stricte, pour des parties distinctes et inaccessibles aux enfants, permettant par
exemple l?insertion de piles.
125 Transposée en France par le décret n° 91-1292 du 20 décembre 1991 sur la prévention des risques résultant de l?usage des
articles de puériculture
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dans l?annexe 3), avec des listes supplémentaires spécifiques pour les colorants (annexe
4), les conservateurs (annexe 5) et les crèmes solaires (annexe 6) : dans ces annexes,
seront indiqués pour chaque substance les concentrations maximales autorisées, les
conditions d?emploi et les avertissements à indiquer sur l?emballage.
Les listes sont révisées régulièrement par les instances européennes, sur la base des avis d?un
comité d?experts indépendants, le Comité scientifique pour la sécurité des consommateurs (CSSC),
suivi d?une décision de la Commission européenne via la Comité technique européen des produits
cosmétiques (COMCOS).
Le règlement interdit par ailleurs l?utilisation des substances classées CMR par le règlement CLP,
à quelques exceptions près :
pour les substances CMR de catégorie 1A et 1B (les plus dangereuses), l?utilisation est
interdite, sauf à remplir de nombreuses conditions cumulatives (conformité aux
prescriptions de sécurité alimentaire, absence de substitution appropriée, usage particulier
avec exposition déterminée, et jugé sûr par le CSSC) ;
pour les substances CMR de catégorie 2, elles ne pourront être utilisées que si le CSSC
les a jugées sûres pour une utilisation dans les produits cosmétiques.
En France, la mise en oeuvre du règlement repose sur la DGCCRF pour la mission d?inspection,
de contrôle et de surveillance du marché. Et sur l?Anses pour la surveillance des effets indésirables
(en remplacement de l?ANSM depuis le 1er janvier 2024).
Il n?y a pas d?autorisation de mise sur le marché, mais un dossier d?identification du produit à cons-
tituer par la personne responsable, comprenant les informations sur les évaluations de sécurité et
effets indésirables identifiés. Un suivi des effets indésirables graves devra également être effectué.
En revanche, les perturbateurs endocriniens ne sont pas spécifiquement listés comme substances
interdites, toutefois l?article 15.4 du règlement indique que : « Lorsque des critères convenus par
la Communauté ou au niveau international pour l'identification des substances présentant des pro-
priétés perturbant le système endocrinien sont disponibles, ou au plus tard le 11 janvier 2015, la
Commission révise le présent règlement en ce qui concerne les substances présentant des pro-
priétés perturbant le système endocrinien ». La Commission n?a toutefois pas tenu ce calendrier et
le règlement n?a pas été mis à jour. Pour y remédier, dans le cadre de sa communication du 7
novembre 2018 pour limiter l?exposition aux perturbateurs endocriniens, suivie d?un bilan de qualité
de la législation européenne, la Commission a lancé deux appels à données sur les cosmétiques :
un groupe A, prioritaire, de 14 substances, lancé en mai 2019, ainsi qu?un groupe B, pour 14 autres
substances, lancé en 2021.
Le bilan qualité a permis une augmentation récente du nombre de substances restreintes en raison
de leurs propriétés de perturbation endocrinienne
Cet appel à données a permis la réalisation de nouvelles évaluations qui a conduit à renforcer les
limitations existantes ou en créer de nouvelles, pour les substances concernées.
La mission a cherché à identifier les substances restreintes dans les cosmétiques en raison d?effets
de perturbation endocrinienne, et a dénombré 35 substances, sans prétention d?exhaustivité. Parmi
celles-ci, figurent 21 substances présentes dans l?appel à données de 2018 qui sont signalées par
une ou deux astérisques (respectivement groupe A et groupe B).
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Tableau 7 : Traitement des substances aux effets PE dans les cosmétiques
Substance
Fonction
Statut
(±)-1,7,7-trimethyl-3-[(4-methylphenyl)methylene]
bicyclo[2.2.1]heptan-2-(4-MBC) Filtre UV Interdit (annexe 2)
2-ethylhexyl salicylate Filtre UV Limité (annexe 6)
2-ethylhexyl salicylate Filtre UV Limité (annexe 6)
3-benzylidène camphre Filtre UV Limité (annexe 6)
3-benzylidène camphre Filtre UV Limité (annexe 6)
4,4?-isopropylidènediphénol (BPA) Agent plastifiant Interdit (annexe 2)
4-methylbenzylidene camphor * Filtre UV Interdit (annexe 2)
Acetyl hexamethyl tetralin Agent masquant Limité (annexe 3)
Acetylcedrene Agent parfumant Limité (annexe 3)
Acide kojique * Eclaircissant Limité (annexe 3)
Benzophenone * Absorbant UV Interdit (annexe 2)
Benzophenone-3 * Filtre UV Limité (annexe 6)
Benzyl salicylate * Filtre UV Limité (annexe 6)
Butylated hydroxytoluene (BHT) * Agent parfumant Limité (annexe 3)
Butylparaben ** Conservateur Interdit (annexe 2)
butylphenyl methyl propanol/BMHCA ** Agent parfumant Interdit (annexe 2)
Daidzein * Entretien de la peau Limité (annexe 3)
Ethylhexyl methoxycinnamate(EHMC) /
octylmethoxycinnamate (OMC)/octinoxate ** Filtre UV Limité (annexe 6)
Ethylhexyl salicylate Filtre UV Limité (annexe 6)
Ethylparaben Conservateur Limité (annexe 5)
Genistein * Entretien de la peau Limité (annexe 3)
Homosalate * Filtre UV Limité (annexe 6)
Isoamyl p-methoxycinnamate Filtre UV Limité (annexe 6)
Isobutyl 4-hydroxybenzoate; Isobutylparaben Conservateur Interdit (annexe 2)
methylparaben ** Agent parfumant Limité (annexe 6)
Octocrylene * Filtre UV Limité (annexe 6)
Phtalate de bis(2-éthylhexyle) (DEHP) Agent plastifiant Interdit (annexe 2)
Phtalate de dibutyle (DBP) Agent plastifiant Interdit (annexe 2)
Phtalate de di-n-pentyle (DnPP) Agent plastifiant Interdit (annexe 2)
Phthalate de butyle benzyle (BBP) Agent plastifiant Interdit (annexe 2)
Propylparaben * Conservateur Limité (annexe 6)
Resorcinol * Colorant Limité (annexe 3)
Triclocarban * Conservateur Interdit (annexe 2)
Triclosan * Conservateur Limité (annexe 5)
Trimethylbenzoyl Diphenylphosphine oxide Entretien de la peau Limité (annexe 3)
Note de lecture : les substances avec une astérisque correspondent à celles incluses dans le groupe A
établi par la Commission en 2018, celles avec deux astérisques au groupe B. Les annexes renvoient
au règlement n° 1123/ 2009.
Site de la Commission européenne, retraitement IGAS-IGEDD
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Parmi les 10 substances présentes dans l?appel à données du groupe B qui n?ont pas encore fait
l?objet d?une limitation au sens du règlement cosmétiques, certaines sont soumises à des limitations
au titre d?autres règlements, comme l?illustre ce tableau :
Tableau 8 : Substances présentes dans le groupe B de l?appel à données de la
Commission de 2018 en attente de réglementation dans le règlement
cosmétiques
Substance
Fonction
Statut
Acide salicylique **
Entretien de
la peau Non réglementé
Benzophenone-1/BP-1 ** Filtre UV Non réglementé
Benzophenone-2/BP-2 ** Filtre UV Non réglementé
Benzophenone-4/BP-4 ** Filtre UV Non réglementé
Benzophenone-5/BP-5 ** Filtre UV Non réglementé
Cyclomethicone ** Emollient Limité (via CLP)
Cyclopentasiloxane/decamethylcycl
opentasiloxane/D5 ** Emollient Limité (Annexe XVII REACH)
Deltamethrin **
Antimoustiq
ue
Non règlementé (Approuvé comme biocide,
en cours de réévaluation)
Tert-butylhydroxyanisole/Butylated
hydroxyanisole/BHA ** Antioxydant Non réglementé
Triphenyl phosphate **
Agent
plastifiant Non réglementé
Sans prétention d?exhaustivité, et à titre d?illustration, la mission a également identifié :
2 substances dont la présence est interdite dans les cosmétiques en raison de leur
classement dans d?autres règlements :
Substance Fonction Statut
Benzotriazole Agent antimicrobien Limité (Annexe XIV REACH)
Di-isobutyl phthalate (DIBP) Agent plastifiant Interdit (CLP - R1B)
4 substances présentes dans les cosmétiques, régulièrement identifiées dans la littérature
scientifique pour leur effet de perturbateur endocrinien126 :
Substance Fonction Statut
Méthyléthylcétone
(MEK) Agent parfumant
Non réglementé (sous évaluation CORAP 2020-
22)
Nitrophenol Colorant Non réglementé
T-Butyl methyl ether
(MTBE) Solvant Non réglementé
Thiabendazole
Agent
antimicrobien
Non réglementé (reconnu PE au titre du règlement
biocide)
126 Le thiabendazole a été reconnu comme remplissant le critère de perturbation endocrinienne par l?ECHA au titre du règlement
biocide ; le nitrophenol et le T-butyl methyl ether sont cités comme PE suspectés en page 27 du rapport de l?IPCP pour l?ONU sur
les perturbateurs endocriniens de juillet 2017 ; le méthyléthylcétone, autre nom du butanone, est inclus dans le CoRAP 2020-
2022 au titre de ses propriétés de perturbation endocrinienne potentielles.
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A terme, le règlement cosmétiques devrait intégrer la nouvelle classification issue du règlement
CLP, ce qui permettrait une approche de restriction plus globale, à la différence de l?approche au
cas par cas actuelle.
Le règlement sur les dispositifs médicaux est conçu pour inciter à la substitution
Le règlement (UE) n° 2017/745 du 5 avril 2017 organise la certification des dispositifs médicaux. Il
prévoit que la conception et la fabrication de ces dispositifs réduisent autant que possible les
risques liés aux substances.
A cet effet, il limite à une concentration en fraction massique de 0,1 % :
les substances CMR de catégorie 1A ou 1B au sens du règlement CLP ;
les substances possédant des propriétés de perturbation endocrinienne pour lesquelles il
est scientifiquement prouvé qu'elles peuvent avoir des effets graves sur la santé humaine.
Le règlement autorise une dérogation à cette concentration maximale, mais demande que celle-ci
soit justifiée par plusieurs éléments :
une analyse et une estimation de l?exposition potentielle du patient ou de l?utilisateur ;
une analyse des substances de substitution possibles, y compris de la recherche
indépendante et des avis scientifiques, et une analyse de la disponibilité des substitutions ;
une argumentation expliquant pourquoi, si la solution de substitution est disponible ou si
une modification de conception est réalisable, elle ne convient pas pour maintenir le
fonctionnement du produit, notamment en prenant en compte les populations
particulièrement vulnérables aux substances telles que les enfants ou femmes enceintes ;
les orientations les plus récentes du comité scientifique concerné.
Cette logique, plus restrictive que l?ancienne qui se contentait de demander d?évaluer le rapport
entre bénéfice et risque, commence lentement à produire des effets chez les fabricants en faveur
de produits de substitution, notamment avec la substitution des phtalates dans les tubulures ou les
pochettes de sang.
S?agissant des médicaments, les effets perturbateurs endocriniens ne sont pas interdits en tant
que tels, dans la mesure où s?agit souvent de l?objectif recherché (oestrogènes, progestatifs ...).
En revanche, l?agence européenne des médicaments coordonne un travail d?évaluation des exci-
pients. Celui-ci avait été conduit en France par l?ANSM qui avait notamment procédé aux évalua-
tions dans les excipients des phtalates, du methyl et du propyl-parabène, de l'acide borique et de
l'hydroxyanisole butyle (BHA).
Les règlements sur les matériaux de contact alimentaire comportent des
approches disparates
Un principe général d?inertie avec des règles particulières pour certains matériaux
Le règlement (CE) n° 1935/2004 sur les matériaux de contact alimentaire du 27 octobre
2004127) porte sur les emballages et conditionnements, les récipients et ustensiles de cuisine, les
127 Le règlement sur les matériaux de contact alimentaire fixe des limites de migration des substances présentes dans les
contenants vers le contenu, mais ne prend pas spécifiquement en compte les perturbateurs endocriniens, alors même que ces
derniers peuvent avoir des effets à très faible dose.
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tétines et biberons, les matériaux, machines et matériels utilisés pour produire, stocker ou trans-
porter des denrées alimentaires.
Il pose un principe général d?inertie : les matériaux de contact doivent être suffisamment inertes
pour ne pas relâcher dans les denrées alimentaires une quantité susceptible de présenter un dan-
ger pour la santé humaine, d?entraîner une modification inacceptable de la composition des ali-
ments ou d?altérer leurs caractères organoleptiques.
Parmi les 17 catégories de matériau existant, il existe des règles spécifiques d'inertie pour certains
(matières plastiques, céramique, pellicule de cellulose régénérée et partiellement pour les caout-
choucs, monomères des vernis époxydiques, matériaux actifs et intelligents) précisées dans
d?autres règlements et directives. Les règles relatives à ces matériaux comportent chacune des
« listes positives » de substances autorisées, détaillant les substances autorisées avec des règles
spécifiques de migration, à l?instar du règlement UE n° 10/2011 sur les matériaux et objets en
matière plastique de contact alimentaire. L'autorisation d'une substance est délivrée par la Com-
mission après avis favorable de l?EFSA.
Lorsqu?il n?existe pas d?harmonisation pour un matériau au niveau européen, les listes de subs-
tances autorisées relèvent du niveau national. Dans ce cas, pour la France, l?autorisation est déli-
vrée par la DGCCRF après évaluation de l?Anses.
Malgré l?absence d?une prise en compte générique des perturbateurs endocriniens, des restrictions
spécifiques ont été prises pour le bisphénol A et certains phtalates
La réglementation relative au contact alimentaire ne réserve pas de règle particulière aux pertur-
bateurs endocriniens, traités au cas par cas. A titre d?exemple, des valeurs limites de migration
pour les phtalates sont fixées dans le règlement sur les matériaux de contact en matière plastique
précités, qui viennent d?être renforcées par le règlement (UE) n° 2023/1442 du 11 juillet 2023 mo-
difiant à la baisse les limites de migration spécifique pour le DBP, le BBP, le DEHP, le DINP et le
DIDP.
L?approche par valeur limite de migration a toutefois été critiquée dans la mesure où une limitation
de la quantité de substance n?est pas pertinente pour les effets à faible dose ou les relations non-
monotones observées pour certains perturbateurs endocriniens.
Il existe toutefois des interdictions complètes s?agissant du bisphénol A, prises à l?issue de l?initia-
tive française de l?interdire dans les biberons en 2010 puis dans les matériaux de contact alimen-
taire pour enfant en 2012128. Des décisions similaires ont été prises au niveau européen, avec une
interdiction du BPA dans les biberons (règlement (UE) n° 321/2011 du 1er avril 2011) suivie d?une
limitation de la migration maximale de BPA autorisée dans les contenants alimentaires pour enfant
(règlement (UE) n° 2018/213 du 12 février 2018 limitant la migration à 0,05 mg par kilo de denrée
alimentaire, un niveau 10 fois inférieur à la norme antérieure).
Un avis de l?EFSA de 2023 sur la réévaluation des risques posés par le bisphénol A dans les den-
rées alimentaires129 a revu à la baisse son évaluation de dose journalière tolérable, en la fixant à
un niveau de 0,2 nanogramme par kilo, soit 20.000 fois moins que la dose fixée dans sa précédente
évaluation à 4 microgrammes par kilo.
128 Loi n° 2010-729 du 30 juin 2010 modifiée par la loi n°2012-1442 du 24 décembre 2012
129 The EFSA Journal 2023 ; 21(4):6857 : « Re?evaluation of the risks to public health related to the presence of bisphenol A
(BPA) in foodstuffs »
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A l?issue de cette évaluation, la Commission a formulé en février 2024 une proposition de règlement
délégué, actuellement en discussion, pour une interdiction complète du bisphénol A dans tous les
contenants alimentaires, et ce quelle que soit la population concernée.
Cette proposition de la Commission ne s?étend toutefois pas aux autres types de bisphénols, tels
que le bisphénols F ou S, qui sont régulièrement substitués au bisphénol A, mais pour lesquels les
études toxicologiques sont moins nombreuses.
Enfin, un accord a été trouvé par le Parlement et le Conseil en mars 2024 pour interdire les PFAS
(dont certains ont des effets de perturbation endocrinienne) dans les emballages alimentaires de
contact à partir de 2026.
Les directives sur la sécurité des travailleurs n?ont pas encore classé les
substances PE parmi celles qui nécessitent une protection maximale
L?UE définit des exigences minimales de conditions de travail, qui peuvent être complétées par les
Etats membres. Le texte de référence est la directive 89/391/CEE du 12 juin 1989 sur la sécurité
et la santé des travailleurs, qui pose les principes généraux de prévention des risques profession-
nels et de protection de la sécurité et la santé des travailleurs.
Concernant l?exposition aux substances dangereuses, deux textes s?appliquent :
la directive 98/24/CE sur les agents chimiques sur le lieu de travail :
? elle contraint à réaliser une évaluation des risques et prendre toutes mesures de
prévention pour supprimer les risques liés aux agents chimiques dangereux ou les
réduire au minimum ;
? des directives ultérieures fixent des valeurs limites d?exposition professionnelles
(VLEP) qui sont des niveaux de concentration en polluants dans l?atmosphère des
lieux de travail à ne pas dépasser sur une période de référence et en deçà desquels
le risque d?altération de la santé est négligeable à partir des connaissances
scientifiques ; ces VLEP peuvent être indicatives ou contraignantes ;
? les Etats membres, sur cette base, fixent dans leur droit du travail leurs propres
VLEP, qui peuvent être plus strictes que celles proposées au niveau européen.
la directive 2004/37/CE sur les agents cancérogènes et mutagènes sur le lieu de travail :
? elle porte sur les agents CMR de classe 1A et 1B au sens du CLP ; et comporte
des règles plus exigeantes que la directive 98/24/CE ;
? les employeurs sont tenus de restreindre l?utilisation d?un agent cancérigène ou
mutagène en le remplaçant par une substance ou un procédé non ou moins
dangereux ;
? si la substitution est impossible, l?employeur doit assurer l?utilisation de l?agent
cancérigène dans un système clos ; à défaut, l?employeur doit réduire le niveau
d?exposition au minimum ;
? la directive précise les mesures que l?employeur est tenu d?appliquer si un agent
cancérogène ou mutagène est utilisé ; et prévoit par ailleurs la fixation de VLEP
toutes contraignantes ;
? la directive a été révisée à plusieurs reprises récemment (2017, 2018, 2019, 2022),
la dernière révision ayant ajouté les substances reprotoxiques ;
? en revanche, les perturbateurs endocriniens n?y figurent pas en tant que tels.
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La Commission envisage d?ajouter les perturbateurs endocriniens aux substances concernées par
la directive 2004/37/CE, ce qui limiterait davantage l?exposition des travailleurs concernés. Le pro-
jet a été validé à l'unanimité par le comité des représentants permanents du Conseil de l?UE, le 6
décembre 2023.
La Commission va lancer une évaluation scientifique de l?ECHA d?ici à 2025 pour confirmer la per-
tinence d?une intégration des perturbateurs endocriniens dans la directive 2004/37/CE au vu des
risques posés, ce qui pourrait aboutir à un projet de directive entre 2028 et 2030.
Annexe 3.1.2 Un bilan insuffisant et des perspectives d?évolution
compromises
Un manque de cohérence à combler entre les différentes réglementations
Le manque de cohérence de la législation apparaît dans la présentation des différentes réglemen-
tations applicables, qui suivent des logiques diverses. Cette question a été largement pointée et
notamment dans la communication de 2018 de la Commission.
De fait, ce manque de cohérence renvoie essentiellement à l?existence de :
Différentes définitions des perturbateurs endocriniens : REACH ne les définit pas ; les
règlements pesticides et biocides ont leur propre définition ; le CLP introduit finalement une
nouvelle définition plus large qui a vocation à devenir transversale.
Un manque de passerelles entre législations : la restriction d?une substance dans un
règlement n?emporte pas sa restriction dans un autre, et les évaluations conduites au titre
d?un règlement ne sont pas coordonnées avec celles des autres règlements.
Une diversité dans la logique de gestion du risque : certains règlements adoptent une
logique de danger (par principe, une substance reconnue perturbateur endocrinien est
interdite, sur la base des connaissances scientifiques, à l?instar des règlements
phytopharmaceutiques et biocides, bien qu?ils accordent des dérogations) tandis que
d?autres retiennent une logique de risque (le danger sera jaugé avec les conditions
d?exposition et les mesures de maîtrise du risque, comme dans REACH).
Des différences dans les méthodes de test requises : peu de règlements comportent des
tests obligatoires pour l?évaluation du caractère de perturbation endocrinienne, et ceux qui
en contiennent sont insuffisants dans la mesure où ils ne recouvrent pas toutes les voies
de perturbation endocrinienne.
Un faible bilan des restrictions adoptées malgré des progrès récents
Le croisement des différentes mesures de gestion de risque adoptées en raison d?effet de pertur-
bation endocrinienne au titre des différents règlements fait apparaître un faible bilan d?ensemble,
avec un total de 53 mesures.
Tableau 9 : Substances faisant l?objet d?une mesure de limitation en raison de
leur effet perturbateur endocrinien
Phytopharmaceutiques Biocides Cosmétiques
REACH
Annexe XIV Annexe XVII
8
2
35
2
6
Retraitement IGAS-IGEDD
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On relève cependant qu?un nombre important de ces mesures datent des dernières années (cf.su-
pra), signe d?une meilleure efficacité des règlements sectoriels.
La précision des critères de perturbation endocrinienne a en effet entraîné une série de restrictions
concernant les pesticides, et dans une moindre de mesures, des biocides, détaillées supra. De
même, le bilan qualité lancé sur les cosmétiques a produit des effets encourageants. De plus, les
restrictions spécifiques concernant le bisphénol A et certains phtalates ont vu leur seuil de concen-
tration autorisée s?abaisser pour les matériaux de contact alimentaire.
Plusieurs règlements devraient prochainement être amendés pour intégrer une approche géné-
rique des perturbateurs endocriniens : à court terme pour les jouets, et à moyen terme pour les
travailleurs professionnels.
Enfin et surtout, la réforme du CLP ouvre la voie d?une définition horizontale des perturbateurs
endocriniens au sein de la législation européenne, correspondant à une demande portée par la
France. Une vigilance subsiste cependant sur les documents d?accompagnement (Guidance do-
cuments) du nouveau règlement CLP, en train d?être définis, pour spécifier les tests requis pour
établir la propriété endocrinienne130.
Un avenir compromis depuis le renoncement à la révision de REACH
Le règlement REACH fait l?objet de nombreuses limites structurelles, exposées supra, et n?est
guère adapté à la prise en compte des propriétés de perturbation endocrinienne.
La refonte de ce règlement était attendue et annoncée par la Commission dans son « Pacte vert »
au titre de l?objectif « Zéro pollution ». Une réforme ambitieuse était envisagée pour remédier aux
faiblesses de la réglementation (renforcement de la qualité des dossiers d?enregistrement, procé-
dure d?évaluation simplifiée, évaluation par familles, prise en compte des faibles tonnages, évalua-
tion des effets cocktails, amélioration des contrôles de conformité, ...).
De façon inattendue, ce texte qui devait être présenté en 2022 a été reporté, suscitant de nom-
breuses inquiétudes. Une lettre fut adressée par les ministres de l?environnement de 8 pays, dont
la France et l?Allemagne, demandant à la Commission de tenir ses promesses.
Reportée fin 2023, la réforme a fini par disparaître de l?agenda législatif, la raison invoquée étant
la préservation de la compétitivité des entreprises. Les discussions de la mission avec les direc-
tions concernées de la Commission rapportent une mobilisation de l?industrie chimique, arguant du
coût élevé que représenterait un renforcement des exigences d?évaluation, dans un contexte éco-
nomique difficile marqué par l?inflation.
En l?absence de publication des études d?impact, il est impossible de chiffrer le coût qu?aurait re-
présenté un renforcement des exigences d?enregistrement pour les entreprises, et de le rapporter
aux bénéfices sanitaire et environnemental attendus.
A titre de comparaison, dans sa propre évaluation du règlement REACH actuel131, la Commission
avait estimé que les coûts d?enregistrement avaient occasionné 2,6 Mds ¤ de dépenses pour les
130 A cet égard, la limitation progressive des tests animaux représente une difficulté pour établir la preuve d?une perturbation
endocrinienne, bien que la recherche travaille sur le développement d?autres modalités de tests, à l?instar des tests sur des cellules
de placenta
131 Rapport général de la Commission sur le fonctionnement du règlement REACH, 5 mars 2018, dans le cadre de l?évaluation
REFIT
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entreprises, mais que la mise en place de la législation avait permis des avantages potentiels pour
la santé et l?environnement estimés à 100 Mds ¤ sur 30 ans.
Le report sine die de cette refonte représente donc un recul considérable en termes de protection
de l?exposition aux produits chimiques et notamment aux perturbateurs endocriniens.
Annexe 3.2. La SNPE3 peut renforcer les réglementations
européennes et nationales
Annexe 3.2.1 Au niveau européen, un rôle moteur de la France à conforter
La France doit soutenir un agenda exigeant dans la prochaine mandature
Au vu de la place centrale de la réglementation européenne dans la lutte contre l?exposition aux
perturbateurs endocriniens, il est essentiel que la France porte des positions fortes en faveur d?une
poursuite des efforts engagés depuis la stratégie européenne de 2018.
Ce rôle a été joué par le passé, notamment en soutenant la refonte du CLP, qui était mentionnée
dans la SNPE2 (action 32). De même, le vote de la loi AGEC132 au niveau national, qui apporte
des obligations d?information sur la présence de perturbateurs endocriniens (cf.infra), a contribué
à affermir la position française au niveau européen.
Plus généralement, le travail d?évaluation de l?Anses, très investie sur le sujet des perturbateurs
endocriniens, contribue à faire avancer les dossiers sur la scène européenne.
A la date de rédaction du rapport, la composition de la 10ème législature du Parlement européen,
amenée à siéger de 2024 à 2029, est inconnue, et ne permet pas de préjuger du programme que
suivra la Commission.
Dans ce contexte, il est d?autant plus important que la France, en accord avec les pays alliés sur
la question, joue un rôle moteur dans l?avancement de l?agenda, en apportant son soutien à :
la refonte rapide et ambitieuse du règlement REACH (cf.supra) ;
la mise en oeuvre du nouveau règlement CLP (en veillant à la définition des tests retenus
dans les documents d?accompagnement, et en soutenant la mise à jour des règlements
sectoriels pour y inclure la définition des perturbateurs endocriniens au sens du CLP) ;
l?actualisation de la directive n° 2004/37/C sur les agents chimiques dangereux pour y
inclure les perturbateurs endocriniens ;
la restriction universelle des PFAS (actuellement en cours d?évaluation sous REACH)133 ;
l?inscription des PE dans le système général harmonisé de classification et d?étiquetage
des produits chimiques des Nations-Unies.
Une absence d?autonomie nationale malgré des dérogations, notamment sur les
pesticides
La régulation des produits chimiques au niveau européen s?inscrit dans une logique de marché
intérieur : il s?agit de favoriser la circulation des marchandises pour éviter toute entrave au com-
merce. C?est pourquoi, de façon générale, la réglementation européenne laisse peu de marge de
132 Loi n° 2020-105 du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage alimentaire, dite « AGEC »
133 Restriction universelle des PFAS, proposée par l?ECHA le 7 février 2023, sur une initiative de l?Allemagne, les Pays-Bas, le
Danemark, la Norvège et la Suède
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manoeuvre aux Etats membres. Cette situation crée un paradoxe : d?un côté, le droit européen
impose un certain niveau d?exigence, notamment envers les Etats membres qui ne disposaient pas
de standards de protection de la santé et de l?environnement ; de l?autre, il rend difficile une dé-
marche plus volontariste des Etats qui le souhaiteraient.
Ainsi, une initiative nationale de réglementation d?une substance, qui s?effectue sans coordination
européenne, risque de faire l?objet d?un contentieux et d?entraîner une condamnation de l?Etat en
question. Cette problématique a été illustrée dans différentes affaires, par exemple lorsque l?ANSM
s?est vu reprocher en 2019 par la Commission européenne134 d?avoir exigé d?apposer une mise en
garde contre-indiquant l?usage sur le siège des enfants de lingettes contenant du phénoxyéthanol.
Pour autant, il serait erroné de conclure que le droit européen empêche toute forme d?action des
Etats membres destinée à renforcer la protection de la santé et de l?environnement d?une exposition
chimique dans son droit national. De fait, chaque règlement dispose d?une logique propre, qui per-
met parfois des exceptions sous certaines conditions.
Schématiquement, on peut distinguer le droit relatif au marché intérieur, qui autorise des déroga-
tions uniquement sous condition stricte, et le droit du travail européen, qui, à l?inverse, définit un
standard minimal qui permet aux Etats membres de disposer de législations plus restrictives.
L?analyse de ces différentes logiques permet d?illustrer la marge de manoeuvre des Etats membres,
variable selon les réglementations.
Le règlement REACH
Le règlement REACH n° 1907/2006 ne comporte pas de dérogation : il énonce dans son deuxième
considérant que « le fonctionnement du marché intérieur ne peut être assuré que s?il n?existe pas
(...) de différences significatives entre les exigences applicables aux substances ».
En pratique, dans les rares situations où les Etats adoptent des réglementations nationales plus
restrictives relevant du domaine de REACH, ils sont tenus de déposer rapidement un dossier de
restriction de cette substance auprès de l?ECHA.
L?article 69.4 de REACH dispose ainsi que « Si un État membre estime que la fabrication, la mise
sur le marché ou l'utilisation d'une substance, telle quelle ou contenue dans un mélange ou un
article, entraîne pour la santé humaine ou l'environnement un risque qui n'est pas valablement
maîtrisé et qui nécessite une action, il notifie à l'Agence qu'il propose d'élaborer un dossier (...) ».
C?est la procédure qu?a suivi le Danemark en 2020 en prenant l?initiative d?interdire les PFAS dans
les mousses anti-incendie des pompiers, et en déposant en même temps un dossier de restriction
auprès de l?ECHA. Après évaluation, l?ECHA a rendu en juin 2023 des conclusions recommandant
effectivement de placer ces substances sous restriction.
Le règlement sur les phytopharmaceutiques accorde une marge de manoeuvre
aux agences nationales, confortée récemment par la CJUE
Le règlement sur les phytopharmaceutiques n° 1007/2009 vise dans son 9ème considérant à « éta-
blir des règles harmonisées pour l?approbation des substances actives et la mise sur le marché
des produits phytopharmaceutiques, y compris des règles concernant la reconnaissance mutuelle
des autorisations et le commerce parallèle ».
134 Lettre référencée (2019)7308531 au directeur général de l?ANSM du directeur de l?unité en charge des produits cosmétiques
au sein de la DG GROW (marché intérieur, industrie, entreprenariat et PME) du 27 novembre 2019
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Pour garantir la liberté de circulation des marchandises, le principe de reconnaissance mutuelle
repose sur une division géographique en trois zones présentant des conditions agricoles, phytosa-
nitaires et environnementales (y compris climatiques) comparables (cf.supra).
La reconnaissance mutuelle est tempérée au 29ème considérant du règlement qui dispose
que : « Toutefois, des circonstances environnementales ou agricoles propres au territoire d?un ou
de plusieurs États membres pourraient nécessiter que, sur demande, les États membres recon-
naissent ou modifient une autorisation délivrée par un autre État membre, ou refusent d?autoriser
le produit phytopharmaceutique sur leur territoire, si des circonstance agricoles ou environnemen-
tales particulières le justifient ou si le niveau élevé de protection de la santé tant humaine qu?ani-
male et de l?environnement prévu dans le présent règlement ne peut être assuré. »
Ce dernier considérant précise que « Des conditions appropriées devraient également pouvoir être
imposées au regard des objectifs définis dans le plan d?action national », ce qui renvoie aux plans
adoptés conformément à la directive 2009/128/CE du 21 octobre 2009 instaurant un cadre d?action
communautaire pour parvenir à une utilisation durable des pesticides (pour la France, il s?agit du
plan Ecophyto).
Le règlement sur les phytopharmaceutiques aménage donc une marge de manoeuvre aux Etats
membres, mais qui reste circonscrite. Elle opère notamment dans les situations d?urgence, détail-
lées aux articles 69 à 71 du règlement en cas de « risque grave pour la santé humaine ou animale
ou l?environnement », permettant aux Etats membres, en cas d?inaction de la Commission saisie
officiellement, de « prendre des mesures conservatoires provisoires ». La Commission examine
ces mesures sous un mois pour en décider le maintien ou non.
De façon plus générale, cette marge de manoeuvre permet de retirer un produit du marché national
ou refuser un produit contenant une substance approuvée au niveau européen, ce que rappelait le
rapport d?inspection conjoint de 2017 sur les produits phytopharmaceutiques 135 : « les Etats
membres peuvent à tout moment retirer du marché des produits si les exigences qui ont conduit à
son autorisation ne sont plus réunies, notamment s?il est démontré sur le fondement des méthodes
d?évaluation acceptées par l?Autorité européenne de sécurité des aliments (l?Efsa) que le produit a
un effet nocif immédiat ou différé, direct ou indirect (via l?eau, les aliments, l?air) sur la santé hu-
maine ou animale ou sur les eaux souterraines, ou s?il a un effet inacceptable pour l?environnement
(article 44 du règlement). Enfin, l?article 36 du règlement 1107/2009 peut constituer une base juri-
dique pour refuser sur le territoire national l?autorisation d?un produit contenant une substance ac-
tive approuvée au niveau européen, mais ceci n?est possible qu?« en raison de caractéristiques
environnementales ou agricoles » de l?État concerné. »
Il convient de noter qu?une jurisprudence récente de la Cour de justice de l?Union Européenne
(CJUE) est venue conforter la portée de cet article 36, dans deux arrêts de 2024.
La CJUE interprète l?article 36 comme signifiant que, lors de l?autorisation de mise sur le marché,
un Etat membre peut « s?écarter de l?évaluation scientifique des risques » de l?Etat membre rap-
porteur pour la zone, « notamment lorsqu?il dispose de données scientifiques ou techniques plus
fiables », dont le premier Etat membre « n?a pas tenu compte », s?il identifie « un risque inaccep-
table pour la santé et l?environnement »136. En l?espèce, l?agence néerlandaise n?avait pas tenu
compte des dernières évaluations s?agissant de 2 pesticides.
Dans un autre arrêt du même jour137 la Cour applique ce raisonnement aux effets de perturbation
endocrinienne : « lorsque l?autorité compétente d?un État membre, responsable de l?examen d?une
135 Rapport CGEDD ? IGAS ? CGAAER sur l?utilisation des produits phytopharmaceutiques de 2017 ? IGAS n° 2017-124R
136 Arrêt de la CJUE du 25 avril 2024, ECLI:EU:C:2024:350
137 Arrêt de la CJUE du 25 avril 2024, ECLI:EU:C:2023:717
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demande d?autorisation dans cet État membre d?un produit phytopharmaceutique, dispose d?infor-
mations pertinentes et fiables, fondées sur les connaissances scientifiques ou techniques actuelles
(c?est-à-dire les plus récentes), quelle que soit la source de ces informations, qui indiquent qu?une
substance active contenue dans le produit en cause est susceptible de perturber le système endo-
crinien, cette autorité doit tenir compte du risque d?effets nocifs que ce produit est susceptible
d?avoir, évaluer ce risque et prendre une décision appropriée sur cette demande. »
Le règlement sur les biocides aménage une dérogation pour la protection de la
santé humaine et environnementale
Le règlement biocides n° 528/2012 vise dans son 3ème considérant à « supprimer, autant que
possible, les obstacles au commerce des produits biocides ». Il dispose toutefois au 43ème
considérant que « des considérations liées à l?ordre public ou à la sécurité publique, à la protection
de l?environnement et de la santé humaine et animale, à la protection des trésors nationaux et à
l?absence d?organismes cibles pourraient justifier, après accord avec le demandeur, le refus d?un
État membre d?accorder une autorisation ou sa décision d?adapter les conditions de l?autorisation».
C?est l?article 37 du règlement qui précise les conditions de cette exception : un Etat membre peut
déroger à la reconnaissance mutuelle d?un produit biocide en refusant ou en adaptant les
conditions d?une autorisation, et ce notamment pour la « protection de la santé et de la vie
humaines, particulièrement des groupes vulnérables de la population, ainsi que de la santé et de
la vie animales ou végétales ».
L?Etat membre communique ses raisons aux demandeurs et essaie de parvenir à un accord. A
défaut, l?Etat membre informe la Commission qui peut saisir l?ECHA pour avis ou adopter une
décision sur la dérogation.
Le règlement sur les matériaux de contact alimentaire prévoit une procédure de
sauvegarde en cas de danger pour la santé humaine
Le règlement sur les matériaux de contact alimentaire n° 1935/2004 rappelle dans son 13ème
considérant que « les différences entre les dispositions législatives, réglementaires et
administratives nationales (...) sont susceptibles d?entraver la libre circulation de ces matériaux et
objets, créant des conditions de concurrence inégale et déloyale ».
Il prévoit néanmoins dans son article 18 une procédure de sauvegarde, permettant à un Etat
membre de suspendre ou restreindre provisoirement une substance en raison de nouvelles
données indiquant que l?emploi d?un matériau ou d?un objet « présente un danger pour la santé
humaine ». Une telle décision doit immédiatement être notifiée à la Commission, qui rend un avis.
Le règlement sur les cosmétiques dispose d?une clause de sauvegarde mais qui
n?a qu?une faible portée
Le règlement sur les cosmétiques n° 1223/2009 « harmonise de manière exhaustive les règles en
vigueur dans la Communauté afin d'établir un marché intérieur des produits cosmétiques » (4ème
considérant). Il rappelle dans son article 9 que « Les États membres ne refusent pas, n'interdisent
pas et ne restreignent pas, pour des raisons concernant les exigences contenues dans le présent
règlement, la mise à disposition sur le marché des produits cosmétiques qui répondent aux
prescriptions du présent règlement ».
Le règlement n?accorde donc pas de possibilité de dérogation, à une exception près, très encadrée :
il s?agit de la clause de de sauvegarde, prévue à l?article 27.
Celui-ci prévoit que « lorsqu'une autorité compétente constate ou a des motifs raisonnables de
craindre qu'un ou plusieurs produits cosmétiques mis à disposition sur le marché présentent ou
pourraient présenter un risque grave pour la santé humaine, elle prend toutes les mesures
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provisoires appropriées pour assurer que le ou les produits concernés sont retirés, rappelés ou
que leur disponibilité est restreinte d'une autre manière. »
La Commission a toutefois rappelé que cette clause de sauvegarde « ne vise que des mesures
individuelles concernant des produits cosmétiques mis à disposition sur le marché, et non des
mesures de portée générale qui s?appliquent à une catégorie de produits contenant une certaine
substance », ce qui affaiblit considérablement sa portée.138
Le droit du travail laisse place à l?initiative nationale sur la perturbation endocrinienne
Le droit du travail européen, régulé par directive (cf.supra), définit un « niveau de protection mini-
mal » et permet aux Etat membres d?avoir des règles plus protectrices. Il est ainsi possible de fixer
des valeurs limites d?exposition professionnelle (VLEP) plus exigeantes dans le droit national que
celles définies en droit européen. La SNPE2 prévoyait de revoir les VLEP des substances aux
effets PE dans le droit national, mais cette action n?a pas été finalisée (action 39139).
A l?heure actuelle, le droit du travail européen ne considère pas encore que l?exposition aux pertur-
bateurs endocriniens des travailleurs nécessite des mesures de protection aussi strictes que l?ex-
position aux substances CMR. Les perturbateurs endocriniens sont donc couverts par la directive
n° 98/24/CE sur les agents chimiques sur le lieu de travail, mais pas par la directive n° 2004/37/CE
sur les agents cancérogènes et mutagènes, qui est plus protectrice. Un accord de principe a été
trouvé sur le sujet mais ne devrait pas pouvoir s?appliquer avant 2030 (cf.supra).
La Belgique a fait le choix d?anticiper cette évolution dans son code du travail, qui requiert désor-
mais les mêmes mesures de protection pour les perturbateurs endocriniens que pour les subs-
tances CMR, choix cohérent avec la mise en place de la stratégie sur les perturbateurs endocri-
niens du gouvernement belge (NAPED).
Ainsi, la mission propose d?accorder, dans le code du travail français, la même protection des tra-
vailleurs pour les perturbateurs endocriniens que celle existante pour les substances CMR.
Une telle mesure concernerait un large panel de travailleurs. L?Institut national de recherche et de
sécurité (INRS) avait détaillé les sources d?exposition professionnelle et établi une liste de 76 pro-
fessions concernant l?industrie. L?INRS relevait que les travailleurs peuvent être exposés à des
perturbateurs endocriniens lors notamment de :
la fabrication et de l?utilisation de matières premières plastifiants et monomères dans la
plasturgie, ou de solvants dans l?industrie chimique ;
la production et la mise en oeuvre de divers produits contenant des perturbateurs
endocriniens : peintures, colles, vernis, essences, détergents, pesticides, produits
cosmétiques et pharmaceutiques, textiles, emballages ;
la manipulation de déchets ou de sous-produits générés par certains procédés : émissions
lors de l?épandage routier, nettoyage de fours et de tuyauteries, démantèlement d?anciens
transformateurs électriques.
138 Lettre référencée (2019)7308531 au directeur général de l?ANSM du directeur de l?unité en charge des produits cosmétiques
au sein de la DG GROW (marché intérieur, industrie, entreprenariat et PME) du 27 novembre 2019
139 En 2022, l?Anses a rendu 2 avis pour proposer des VLEP s?agissant du méthyl tert-butyl éther (MTBE) et de l?éthyl tert-butyl
éther (ETBE)
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Tableau 10 : Activités professionnelles concernées par l?exposition
professionnelle aux perturbateurs endocriniens, par nature de substance
Principales
activités
concernées
Catégories de produits Exemples de perturbateurs
endocriniens
Agroalimentaire Agents conservateurs, anti-
oxydants, parfums?
Hydroxytoluène butylé (BHT),
hydroxyanisole butylé (BHA),
méthylparabène?
Cosmétiques Agents anti-UV, parfums? 2-Ethyl-hexyl-4-méthoxycinnamate,
méthylsalicylate?
Plasturgie et
caoutchouc
Plastifiants, monomères,
retardateurs de flamme?
Bisphénol A, résorcinol, phtalate de diéthyle
(DEP), naphtalène? .
Energie Additifs pour l?essence Méthyl tert-butyl éther (MTBE), éthyl tert-
butyl éther (ETBE)?
Textile et
ameublement
Retardateurs de flamme Chloroalcanes paraffinés, composés
perfluorés?
Chimie
(peintures,
encres, vernis,
etc.)
Solvants, biocides, agents
fixateurs?
Méthyl p-Hydroxybenzoate, acide borique,
perchloroéthylène,
octaméthylcyclotétrasiloxane?
Bâtiments et
travaux publics
(dalles, enduits,
peintures, etc.)
Retardateurs de flamme,
solvants?
Phtalate de butyle et de benzyle (BBP),
polybromodiphényléthers (PBDE)?
Commerce Additifs révélateurs (tickets de
caisse)
Bisphénol A, bisphénol S?
Entretien
espaces verts
Produits phytosanitaires
(fongicides, herbicides)
Deltaméthrine, terbutryn?
Nettoyage
industriel
Détergents Nonylphenol?
Traitement des
déchets
Retardateurs de flamme Polychlorobiphényles (PCB),
polybromodiphényléthers (PBDE)?
Source : INRS
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Annexe 3.2.2 Au niveau national, des initiatives intéressantes mais qui
doivent faire leurs preuves
L?information du consommateur visée par la loi AGEC fait face à des difficultés
techniques
La loi n° 2020-105 du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage alimentaire se décline
en plusieurs axes : sortie du plastique jetable, information des consommateurs, lutte contre le gas-
pillage, action contre l?obsolescence programmée, qualité de la production.
L?axe d?information du consommateur porte notamment sur la présence des perturbateurs endo-
criniens dans les produits de consommation, information à mettre en ligne sur internet, en accès
public et libre de droit.
La loi introduit cette disposition par l?article L 5232-5 du code de la santé publique. Celui-ci impose
à toute personne, mettant sur le marché français des produits à destination des consommateurs
qui contiennent des perturbateurs endocriniens, de mettre à leur disposition des informations per-
mettant de les identifier.
Pour ce faire, l?Anses définit une liste de perturbateurs endocriniens avérés ou présumées (liste A).
L?Anses définit également une liste de perturbateurs endocriniens suspectés (liste B) pour cer-
taines catégories de produits présentant des risques d?exposition particuliers.
La gamme des produits concernés par l?obligation d?information est vaste puisqu?il s?agit des subs-
tances, des mélanges, et des articles (au sens du règlement REACH140) et des denrées alimen-
taires. Les médicaments ne sont en revanche pas concernés.
Trois arrêtés du 28 septembre 2023 précisent les modalités :
La liste A des perturbateurs endocriniens avérés ou présumés y est publiée ; les
substances retenues sont les 126 perturbateurs endocriniens recensés par l?Anses sur la
liste candidate de REACH (SVHC) 141 , ainsi que 2 substances supplémentaires
(mancozèbe et résorcinol).
Une application est désignée pour mettre à disposition du public les informations, qui est
Scan4Chem (application qui existe au niveau européen pour faciliter le « droit de savoir »
prévu par l?article 33 du règlement REACH permettant aux consommateurs d?être informés,
à leur demande, de la présence de SVHC à hauteur de 0,1% dans les articles).
L?obligation d?information est détaillée : elle s'applique à l'ensemble constitué du produit et
de son emballage primaire, dès lors que la concentration d'une substance présentant des
propriétés de perturbation endocrinienne avérées ou présumées est supérieure à 0.1% en
pourcentage massique, soit dans le produit concerné, soit dans son emballage.
En dépit de l?avancée de principe que représente cette législation, plusieurs difficultés techniques
en limitent l?impact :
Scan4Chem a été conçu dans le cadre de REACH et sa base de données se limite aux
« articles », l?application ne permet donc pas d?obtenir des informations sur les
« mélanges » et « substances » (ainsi, un consommateur qui scanne un pot de peinture ou
140 Un article au sens de REACH est un objet auquel sont donnés, au cours du processus de fabrication, une forme, une surface
ou un dessin particulier qui sont plus déterminant pour sa fonction que sa composition chimique.
141 Ce recensement présenté dans un avis du 5 mars 2021 est une extraction de la base de données publiques de la liste candidate
de l?ECHA, et qui indique dans cette base, pour chaque substance, si des propriétés de perturbation endocrinienne ont été
identifiées : https://echa.europa.eu/fr/candidate-list-table. Ces 126 substances correspondent aux 118 substances incluses dans
la liste SVHC au motif d?une propriété de perturbation endocrinienne, ainsi que les 8 familles de substances identifiées dans cette
liste.
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https://echa.europa.eu/fr/candidate-list-table
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un pot de crème cosmétique ne peut trouver des informations que sur le contenant, ce qui
peut s?avérer trompeur ou à tout le moins décevant) ;
Pour la même raison, l?application ne répertorie que les produits SVHC, alors que les
décrets d?application de la loi AGEC listent deux PE non SVHC, dont la présence ne pourra
pas être signalée142.
La diffusion de l?application Scan4Chem au niveau national est encore très limitée : en août
2023, elle avait été téléchargée par moins de 12.000 personnes en France143 (l?obligation
d?information s?applique à partir d?avril 2024) ;
En pratique, le recours à une application a ses limites : l?accès à l?information nécessite un
téléphone portable, de disposer de réseau téléphonique (non systématique dans les
magasins en sous-sol), et l?action de scanner un code-barres n?est pas pensée pour le
commerce en ligne.
Peu de données sont actuellement disponibles directement sur l?application, un temps est
nécessaire pour que les entreprises mettent à disposition ces informations ainsi que leurs
données de contact (à la date de rédaction du rapport, près de 15.000 fournisseurs
européens étaient enregistrés dans la base de données d?Askreach, pour recevoir des
requêtes et y répondre, dont 500 entreprises françaises) ; un travail de sensibilisation est
mené par l?Ineris auprès des entreprises à ce sujet.
Enfin, il est difficile pour les entreprises de connaître avec certitude la présence de SVHC
dans leurs produits, en particulier lorsque ceux-ci sont fabriqués hors de l?Union
européenne ou assemblés à partir de différents articles produits à l?étranger.
L?élimination du plastique à la cantine prévue d?ici 2025 risque d?exiger des délais
La loi n° 2018-938 du 30 octobre 2018 pour l?équilibre des relations commerciales dans le secteur
agricole et alimentaire, dite EGalim, comporte plusieurs dimensions : soutien au revenu des agri-
culteurs, restrictions d?utilisation de substances nocives, respect du bien-être animal ; lutte contre
le gaspillage et réduction de l?utilisation du plastique dans le domaine alimentaire.
La limitation du recours au plastique porte notamment sur les bouteilles en plastique dans la res-
tauration scolaire, ainsi que les ustensiles en plastique à usage unique (pailles, couverts, assiettes,
gobelets ?), interdictions toutes deux en vigueur depuis 2022.
Plus spécifiquement, la loi EGalim interdit à partir de 2025 les contenants alimentaires de cuisson,
de réchauffe et de service en plastique dans la restauration des établissements scolaires, univer-
sitaires et d?accueil des enfants de moins de 6 ans. Cette interdiction s?applique aussi dans les
services de pédiatrie, d?obstétrique et de maternité, les centres périnataux de proximité ainsi que
les autres services de santé maternelle et infantile, sauf dérogations. Dans les collectivités territo-
riales de moins de 2?000 habitants, cette mesure peut être repoussée jusqu?à 2028.
Ces dispositions avaient été introduits par amendement, appuyées par une campagne d?une as-
sociation de parents d?élèves « Cantines sans plastique ». L?exposé des motifs de l?amendement
précisait que « Les matières plastiques peuvent contenir des substances reconnues comme des
perturbateurs endocriniens. La migration des molécules de synthèse (additifs dont les bisphénols)
dans l?alimentation est favorisée par la chaleur, les aliments gras ou acides ; le phénomène est
aggravé en cas d?usure des plastiques. »
142 Un ajout de ces deux substances est en discussion avec les responsables au niveau européen de la maintenance de cette
application
143 Sur un total de 147.000 téléchargements en Europe ; ces chiffres sont issus du rapport d?impact : Impact-assessment-
report_version-FINAL_19.11.2023.pdf (askreach.eu)
PUBLIÉ
https://www.askreach.eu/wp-content/uploads/2023/11/Impact-assessment-report_version-FINAL_19.11.2023.pdf
https://www.askreach.eu/wp-content/uploads/2023/11/Impact-assessment-report_version-FINAL_19.11.2023.pdf
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L?objectif visé par la loi est ambitieux et difficile, en raison du manque de préparation des acteurs
de la restauration collective. Un très grand nombre de cantines scolaires opèrent en effet en liaison
froide, où la nourriture est réchauffée dans des barquettes plastiques réfrigérées qui ont préparées
dans une grande « cuisine centrale », extérieure au lieu de restauration.
Ne plus réchauffer dans du plastique implique, pour les établissements concernés, un changement
complet de fonctionnement, nécessitant une formation du personnel et des investissements con-
séquents, pouvant se chiffrer en dizaines de milliers d?euros. Cet investissement peut cependant
être amorti à terme en raison des économies d?achat de plastique, et présente un intérêt en termes
de création d?emploi lié à une organisation relocalisée.
L?offre de plastique « bio sourcé », dont la moindre nocivité n?a pourtant pas été prouvée144, ajoute
de la confusion pour les établissements. Dans un avis de mars 2021145, le Conseil national de
l?alimentation considérait que « Il n?y a pas, à date, de « contenant alternatif à usage unique » qui
ne soit pas en plastique et qui puisse être utilisé en restauration collective. Ainsi, sauf évolution
des technologies, la perspective de contenants à usage unique non plastiques n?existe pas. ».
Le même avis ajoutait que « Les plastiques compostables et les plastiques dits « agrosourcés »
ou « biosourcés » (par opposition aux plastiques initialement mis sur le marché et dits « pétrosour-
cés ») doivent être considérés comme des plastiques au sens du droit européen, sauf s?ils ne sont
constitués que de polymères naturels non chimiquement modifiés ».
Un groupe de travail piloté par le ministère en charge de l?agriculture et de l?alimentation a été créé
à ce sujet pour piloter les efforts de la restauration collective, et notamment les autres dispositions
de la loi EGalim portant sur l?approvisionnement en nourriture bio.
En l?état, les changements de pratique dans la restauration scolaire demandent un soutien fort des
collectivités. S?agissant de la restauration universitaire et de la restauration dans les services de
pédiatrie ou de maternité, les difficultés budgétaires représentent également un frein important au
changement des pratiques.
Enfin, l?absence de sanction assortie à cette obligation n?incite pas les collectivités ni les établisse-
ments de santé concernés à se conformer à la loi en temps requis.
L?effet de la loi sur la transparence pour les produits hygiéniques reste incertain
Près de 3 milliards de produits de protection intime, dont près de 2 millions de culottes menstruelles,
sont vendus chaque année en France.
En mars 2016, le magazine « 60 millions de consommateurs »146 publiait une enquête révélant la
présence dans les produits d?hygiène intime de résidus de substances toxiques : dioxine, glypho-
sate, pesticides organochlorés et pyréthrinoïdes (insecticides). Cette publication a fait l?objet d?une
forte médiatisation et conduit le gouvernement à solliciter un avis de l?Anses.
L?Anses a rendu un avis le 4 juin 2018, qui inclut une enquête sur les pratiques d?utilisation des
femmes et la perception des risques. L?Anses considère que le principal risque lié à l?utilisation des
protections périodiques est celui du syndrome de choc toxique147.
144 Magazine de l?ADEME n°167 de Juillet-Août 2023 sur les produits biosourcés
145 Avis 87 du Conseil national de l?alimentation : « Substitution des contenants alimentaires composés de plastique en
restauration collective », 10 mars 2021
146 60 millions de consommateurs, numéro n° 513, février 2016, sur la base d?essais conduits par l?Institut national de la
consommation et le Service commun des laboratoires
147 Le syndrome de choc toxique est causé par un mauvais de protections périodiques internes (tampons et coupes menstruelles),
et concerne selon l?Anses une vingtaine de cas par an
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L?Anses souligne aussi que les matériaux de fabrication des produits intimes sont mal documentés.
Pour les produits de protection externe, ils peuvent être divisés en 3 catégories : produits naturels
d?origine dérivée du bois de nature cellulosique ; produits de nature synthétique de type polyolé-
fines pour les serviettes et protège-slips ; et super-absorbant pour les serviettes. Pour les produits
de protection interne (tampons), ils sont composés de produits d?origine naturelle dérivés du coton,
qui subissent un traitement chimique, ainsi que de produits de nature synthétique de type polyolé-
fines (qui sont les polymères les plus courants).
L?Anses a également évalué les risques sanitaires liés aux substances identifiées dans l?enquête
de 2016 précitée, ainsi que par une enquête complémentaire commandée l?Institut français du
textile et de l?habillement, sur la base des valeurs toxicologiques de référence (VTR) et du niveau
d?exposition des femmes au cours de leur vie. Pour l?Anses, aucun dépassement des seuils sani-
taires n?est observé pour les différentes substances toxiques identifiées.
Un certain nombre de substances identifiées dans ces protections intimes sont toutefois des per-
turbateurs endocriniens suspectés148, pour lesquels l?Anses rappelle qu?il n?existe pas toujours des
effets de relations dose-réponses clairement définis, permettant de fixer des VTR en dessous des-
quelles on peut conclure à l?absence de risques. L?Anses recommande donc de minimiser autant
que possible la présence de ces substances (ainsi que les substances CMR et les sensibilisants
cutanés) et recommande la conduite d?études supplémentaires, qui sont très peu nombreuses en
la matière.
Afin d?améliorer la transparence sur la composition et les risques potentiels liés à l?utilisation des
produits de protection intime, le décret n° 2023-1427 du 30 décembre 2023, entré en vigueur le 1er
avril 2024, impose aux fabricants et responsables de la mise sur le marché de mentionner sur
l?étiquetage et la notice d?utilisation des produits 3 catégories d?informations :
la liste des composants (dans le cas des articles en textile, cette liste doit répondre à la
législation européenne harmonisée imposant les règles d?affichage de la composition des
produits textiles) et, pour chacun d?eux, le détail des substances et matériaux incorporés ;
la mention des modalités et précautions d?utilisation (notamment les conditions d?hygiène
et le temps de port maximal recommandé de 6 heures) ; et ce en caractères indélébiles,
visibles, lisibles et compréhensibles ;
les possibles effets indésirables (irritations, intolérances, allergies, microtraumatismes) ou
plus graves tels que le syndrome de choc toxique menstruel.
Le décret dispose que la composition du produit est présentée « sous la forme d'une liste compor-
tant tous les composants qui sont présents et, pour chacun de ces composants, le détail des subs-
tances et matériaux incorporés intentionnellement durant le processus de fabrication du produit
fini ».
Cette mention des « substances et matériaux incorporées intentionnellement » dans le « produit
fini », si elle permet de signaler la présence de parfums volontairement ajoutés, laisse toutefois de
côté les produits ajoutés non-intentionnellement, à l?instar des résidus de pesticides ou des subs-
tances laissées par le blanchiment du coton ou le collage de la serviette.
L?effet de cette mesure sur la diminution des substances toxiques et notamment des perturbateurs
endocriniens dans les protections périodiques reste donc à ce stade incertain.
148 Parmi les substances identifiées par l?IFTH, plusieurs sont des perturbateurs endocriniens suspectés : Lilial®, HAP, DnOP,
lindane, hexachlorobenzène, quintozène, dioxines et furanes, octaméthylcyclotétrasiloxane D4, décaméthylcyclopentasiloxane
D5, Tétrahydrofurane, acide octanoïque, dioxyde de soufre, hydroxytoluène butylé, naphtalène
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Une proposition de loi de restriction des PFAS en anticipation de règles européennes
Le 4 avril 2024, l?Assemblée nationale a adopté en première lecture une proposition de loi
interdisant la présence des PFAS dans les vêtements, cosmétiques et farts (revêtements sous les
skis) à partir de 2026, ainsi que les textiles à partir de 2030. La proposition de loi exclut toutefois
de son champ d?application les ustensiles de cuisine, et notamment les poêles antiadhésives.
Les PFAS, surnommés « polluants éternels », sont des molécules issues de l?industrie chimique,
utilisées pour leurs propriétés antiadhésives, imperméabilisantes ou résistantes aux fortes chaleurs,
et présentes dans de produits de consommation (emballages alimentaires, poêles, textiles,
cosmétiques, mousses anti-incendie, batteries, peintures, pesticides...). Extrêmement persistantes
dans l?environnement, les PFAS présentent également des risques graves pour la santé, et certains
sont suspectés d?être perturbateurs endocriniens.
A l?heure actuelle, 3 PFAS font l?objet d?une interdiction au niveau européen (PFOS, PFOA et
PFHxS). Le Parlement européen a par ailleurs trouvé un accord avec le Conseil pour interdire les
PFAS dans les emballages alimentaires à partir de 2026 (cf.supra). De plus, un dossier de
restriction générale pour l?ensemble des PFAS est en cours d?examen par l?ECHA (cf.supra).
Dans ce contexte, les initiatives nationales peuvent permettre de limiter l?exposition de la
population, en avance de phase du droit européen, à l?image du Danemark qui a interdit les PFAS
dans les mousses anti-incendie, les emballages alimentaires et plus récemment les textiles.
La proposition de loi française comporte par ailleurs d?autres volets, notamment sur la surveillance
dans l?eau potable (obligation de contrôle de la présence de PFAS par les autorités sanitaires),
l?information du public (mise à disposition du public du recensement des sites émetteurs ou anciens
émetteurs), et la création d?une redevance pollueur-payeur pour le rejet des PFAS dans l?eau.
Dès lors, cette proposition de loi, qui devrait vraisemblablement être adoptée, va dans le sens de
la logique de la SNPE2, bien que l?exclusion des ustensiles de cuisine en limite la portée.
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Annexe 4. Parangonnage international
La France fait partie des pays fortement engagés sur la question des perturbateurs endocriniens.
Une enquête d?opinion de 2022 indique que 88% des Français disent avoir entendu parler des
perturbateurs endocriniens, signe d?une attention au sujet.
Au sein des instances européennes, la France est également identifiée comme motrice en raison
des positions soutenues, comme lors de la refonte du CLP, mais aussi du travail d?évaluation réalisé
par l?Anses dans le cadre des évaluations au titre des règlements européens.
L?existence de la SNPE2 contribue à affirmer l?engagement de la France sur le sujet. Plusieurs
autres pays ont développé des stratégies sur le sujet, pour certains exclusivement sur les
perturbateurs endocriniens, d?autres sur des sujets connexes, tels que les PFAS, ou les produits
chimiques en général.
Cette annexe livre un panorama sans vocation d?exhaustivité des stratégies existantes, sur la base
d?entretiens conduits par la mission avec des représentants belges, danois, allemands et
américains.
Annexe 4.1. La Belgique a développé une stratégie inspirée de la
SNPE2 et dispose d?un droit du travail considérant les
perturbateurs endocriniens au même titre que les CMR
La Belgique a mis en place depuis peu une stratégie nationale (NAPED149) s?appuyant sur certains
éléments de la SNPE française. Cette stratégie, validée en 2022 à l?issue d?une consultation pu-
blique, est prévue pour 5 ans, avec deux objectifs : diminuer l?exposition de la population et de
l?environnement aux perturbateurs endocriniens, et augmenter la visibilité des actions prises par
les autorités.
Une enquête réalisée en 2020 auprès de la population a révélé une appropriation du sujet encore
insuffisante : 49% n?en ont jamais entendu parler, 3 citoyens sur 4 pensent que les produits ne
contiennent pas de substances potentiellement dangereuses, et 60% ignorent que l?utilisation des
produits de consommation peut avoir des conséquences sur la santé.
La NAPED a été élaborée à l?issue d?une concertation avec une centaine de parties prenantes,
suivie d?une consultation publique, et avec l?accompagnement de groupes de travail rassemblant
les experts dédiés. En termes de gouvernance, le suivi est assuré par trois organes : la NAPED
task force (regroupant des représentants des différentes autorités compétentes), le comité des
parties prenantes (industriels, associations, fédérations, syndicats, mutuelles, centres de forma-
tions) et le comité scientifique.
Des outils d?évaluation sont prévus : une évaluation annuelle par les différents comités de suivi,
une évaluation à mi-parcours par une institution indépendante, ainsi qu?une évaluation finale sur le
modèle des évaluations de la SNPE par les inspections.
La stratégie est divisée en trois axes : la prévention, les actions réglementaires et la recherche.
Ces axes contiennent 18 fiches-actions, parmi lesquels on peut citer :
Axe prévention : formations en ligne accessibles à tous ; campagnes de communication
vers les publics vulnérables notamment sur les réseaux sociaux ; incitation des industriels
à travailler sur la substitution et partager leurs données sur l?application Scan4Chem.
149 NAPED : Nationaler Aktionsplan für endokrine Disruptoren ? Plan d?action national sur les PE
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Axe réglementaire : traitement des perturbateurs endocriniens dans le droit du travail belge
avec le même degré de protection aux expositions que les substances cancérogènes150,
mutagènes et reprotoxiques (action qui pourrait être répliquée en France, en avance de
phase sur le droit européen, cf.annexe n°3) ; incitations financières et fiscales à la
substitution des SVHC ; renforcement du contrôle des produits.
Axe recherche : investissement dans la recherche ; soutien à PEPPER ; soutien aux
études de biosurveillance ; collecte de données pour réaliser de la biosurveillance intégrée
(analyse des troubles de la santé en relation à l?exposition environnementale et
professionnelle).
L?adoption récente du plan n?a pas encore permis d?en dresser un premier bilan.
Annexe 4.2. Le Danemark est actif contre la pollution chimique et a
pris l?initiative de plusieurs législations sur les PFAS
Le Danemark applique depuis 1999 un plan d?action sur les produits chimiques, régulièrement
actualisé, la dernière version ayant été publiée en 2022. Ce plan d?action contient un programme
de recherche sur les perturbateurs endocriniens associant 3 universités.
Un centre des perturbateurs endocriniens existe par ailleurs au Danemark depuis 2009, pour
renforcer la recherche et accompagner le gouvernement dans la prévention.
Après l?identification d?une pollution importante de PFAS dans les eaux, causée par des mousses
anti-incendie, une forte attention a été accordée aux PFAS dans le plan d?action sur les produits
chimiques.
Au Danemark, ce sont les communes et les régions qui sont responsables de la localisation des
lieux suspectés de contamination aux PFAS et de la recherche de la source de la contamination. Il
a été estimé que 5% des sources d?eau potable du pays étaient contaminées par des PFAS, avec
15 000 sites potentiellement contaminés.
La valeur maximale acceptable de PFAS dans l?eau a été abaissée à un niveau de 2
nanogrammes/litre, soit 50 fois moins que seuil européen de 100 nanogrammes/litre.
Le pays a été précurseur sur des interdictions nationales de PFAS dans certains usages : en 2020
pour les contenants alimentaires, en 2024 pour les mousses anti-incendie, et dernièrement pour
les textiles qui seront bannis à partir de 2026.
Le pays s?est également mobilisé au niveau européen pour porter des propositions de restriction
calquées sur celles engagées au niveau national, en application de l?article 69.4 du règlement
REACH (cf. annexe n°3)
Le Danemark a également déposé une proposition européenne de restriction générale des PFAS,
avec l?Allemagne, les Pays-Bas, la Norvège et la Suède. Le dossier soumis à l?ECHA propose deux
options : la première suggère une interdiction totale de plus de 10 000 substances chimiques PFAS,
avec une période d?adaptation de 18 mois, la deuxième reprend cette interdiction mais autorise
des dérogations pouvant atteindre 12 ans pour des utilisations sans substitution possible. C?est la
seconde option qui a été retenue par l?ECHA, qui a lancé une consultation sur le sujet.
150 Arrêté royal du 2 juillet 2023 fixant des mesures afin de protéger les travailleurs contre les agents possédant des propriétés
perturbant le système endocrinien
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Annexe 4.3. La Suède est également très préoccupée par son niveau
de pollution aux PFAS
La Suède disposait en 2013 d?un plan d?action pour un environnement non-toxique mais il n?a pas
été renouvelé.
Le sujet des perturbateurs endocriniens reste toutefois suivi et en 2018, le gouvernement suédois
s?est prononcé en faveur de la mise en place d?une plateforme de recherche approfondie afin
d?identifier les mesures pertinentes pour minimiser l?exposition aux perturbateurs endocriniens.
Ces dernières années, la Suède, à l?instar du Danemark, s?est particulièrement mobilisée contre
les PFAS, en raison d?une contamination importante de ses sources d?eau potable, essentiellement
due à l?usage des mousses anti-incendie pour les exercices des sapeurs-pompiers.
En 2015, l?agence suédoise de l?alimentation, Livsmedelsverket, a réalisé une évaluation de la
pollution des eaux potables en Suède, afin de délimiter quelles étaient les zones à risque. Parmi
1819 installations d?eau potable étudiées, 109, soit 6%, étaient concernées par une contamination
aux PFAS, parmi lesquelles les installations les plus importantes de Suède comme celle de Järfalla
qui alimente en eau potable la population de Stockholm. En tout, 3 millions de consommateurs
suédois dans 65 communes étaient directement affectés par les PFAS dans l?eau potable
A la suite de cette investigation, l?agence des produits alimentaires a été chargée par le
gouvernement de prendre des mesures pour réduire la dissémination des PFAS, ce qui a été suivi
d?une mobilisation transversale associant l?agence de la santé publique, l?agence des matériaux
militaires et l?agence de l?alimentation.
Le sujet des PFAS a rebondi en 2023 avec une étude de l?association de protection de
l?environnement Naturskyddsförening (équivalent de France Nature Environnement en termes
d?importance nationale), qui a montré que les poissons pêchés dans les lacs Mälaren, Vänern et
Hjälmaren et vendus pour la consommation humaine dans les magasins d?alimentation
contenaient des taux très élevés de PFAS.
Depuis le 1er janvier 2023, les normes suédoises pour l?eau potable ont été abaissées concernant
4 PFAS (PFOA, PFNA, PFOS et PFHxS) à 4 nanogrammes/litre, en-dessous des seuils
européens151.
L?inspection des produits chimiques suédoise Kemikalieinspektion a émis des doutes sur l?efficacité
de la réglementation, constatant que lorsque l?utilisation d?un PFAS individuel est encadrée par la
loi, les industriels se tournent vers un autre PFAS non réglementé. Dès lors, l?inspection a proposé
différents outils, dont un guide à destination des particuliers et des entreprises. L?agence de
l?alimentation Livsmedelsverket diffuse de son côté des recommandations sur la consommation de
poisson et d?eau du robinet, et contrôle régulièrement la qualité de l?eau potable dans les localités
à risque.
La ville de Stockholm se distingue par ailleurs avec son programme environnemental qui comporte
l?objectif d?un environnement non-toxique. A ce titre, la ville a développé un « plan d?action sur les
produits chimiques » comportant différentes actions : sensibilisation du public, clauses pour les
marchés publics, encadrement des matériaux de construction, gestion des déchets, non-recours
aux pesticides dans les parcs, surveillance environnementale, retrait des substances toxiques dans
les crèches (près de 2 tonnes de phtalates ont ainsi été retirés grâce au remplacement des matelas
en PVC dans les crèches).
151 Ces seuils sont inférieurs à ceux édictés par la directive 2020/214 sur la qualité de l?eau potable qui fixe deux limites de
concentration à ne pas dépasser à partir de janvier 2026 : 0,1 microgramme / litre pour la somme de 20 PFAS préoccupants, et
0,5 microgramme / litre pour la totalité des PFAS.
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Annexe 4.4. L?Allemagne publie un premier plan d?action sur les
perturbateurs endocriniens
Fin 2023, l?Allemagne a publié un plan fédéral pour la protection contre les perturbateurs
endocriniens (Fünf-Punkte-Plan der Bundesregierung zum Schutz vor hormonell schädigenden
Stoffen) qui s?articule en 5 points : réglementation, information, coordination interministérielle,
recherche et coopération internationale.
Les trois objectifs principaux sont :
améliorer la réglementation en travaillant à l?échelon européen ;
améliorer l?information du public sur les risques existants ;
renforcer la recherche et notamment la coopération internationale en la matière.
Ce plan reste toutefois généraliste, sans horizon temporel, déclinaison régionale ou financement
dédié. La particularité de ce plan tient à ce qu?il résulte d?un accord politique de la coalition
gouvernementale au pouvoir au moment de son adoption, qui réunit 3 sensibilités différentes. Il
n?est pas certain qu?il soit reconduit à l?issue des élections prévues fin 2025.
Annexe 4.5. Les Etats-Unis ont relancé leur programme d?évaluation
des pesticides perturbateurs endocriniens qui avait
échoué
Aux Etats-Unis, la régulation des pesticides est exercée par l?EPA (Environmental Protection
Agency). Cette agence indépendante du gouvernement américain, chargée d?étudier et protéger
la nature et la santé des citoyens, fut créée en 1970, quelques années après la parution du livre
« Silent Spring » de la scientifique Rachel Carson alertant sur les effets sanitaires des pesticides.
En 1999, un programme national d?identification et d?évaluation des perturbateurs endocriniens
(EDSP152) a été lancé, destiné à prioriser et tester des substances déjà autorisées ou nouvellement
mises sur le marché, en vue d?une éventuelle interdiction.
Le programme EDSP analyse les effets sur la santé et l?environnement des pesticides, sur la base
des données produites par les industriels. En effet l?EPA reçoit régulièrement des données
d?évaluation des industriels sur leurs produits, données obligatoires pour bénéficier d?une
autorisation de mise sur le marché, dont l?approbation dure en général pour 15 ans. La mise en
oeuvre du programme a été vivement critiquée dans un rapport de l?Inspection générale de l?EPA
de 2021 qui dénonçait qu?aucune évaluation toxicologique n?ait été finalisée. L?EPA a également
été condamnée en justice pour son manque de résultats.
L?EPA a donc annoncé fin 2023 le lancement d?une nouvelle stratégie d?analyse, reposant sur un
processus d?évaluation des substances plus rapide. Le programme se concentre sur les pesticides
conventionnels, à partir des données existantes. Le programme se concentre en priorité sur la
santé humaine. L?approche retenue est une logique de management du risque, en tenant compte
de l?exposition. A l?heure de rédaction du rapport, l?EPA n?a pas encore pris de mesures de
restriction de pesticides au nom d?un effet perturbateur endocrinien reconnu.
Au-delà du travail de régulation de l?EPA, le caractère fédéral du pays permet à des Etats de
prendre des législations plus restrictives, ce qui est notamment le cas de la Californie qui interdit
les emballages en PFAS depuis 2023. D?autres Etats tels que New-York, Washington ou l?Oregon
sont également plus restrictifs concernant l?exposition aux substances chimiques.
Enfin, il faut souligner l?existence de programmes de recherche parmi avancés, grâce à une
152 EDSP : Endocrine Disruptors Screening Programme
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communauté scientifique importante. Trois universités notamment se distinguent sur le sujet :
North Carolina State University, Duke University, et University of North Carolina at Chapel Hill. Elles
travaillent en collaboration avec deux instituts nationaux : l?institut national de l?environnement (NIH)
qui se concentre sur les effets des substances sur le cerveau et le comportement, et l?institut
national de la santé environnementale (NIEHS).
Ces programmes de recherche s?appuient notamment sur des grandes cohortes : SISTERS sur le
cancer du sein ; All of us ou ECHO sur la santé environnementale ; CHAMACOS sur les familles
de travailleurs agricoles en Californie.
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Annexe 5. Etat d?avancement des actions de la SNPE2
Tableau 11 : Etat d?avancement établi par la DGS et la DGPR suite au COPIL du
12/12/2023
Actions
n°
Objectifs Axes Actions Progression
Action 1
Former-
Informer
1. Etablir une liste des
substances chimiques qui
peuvent présenter des
propriétés de perturbation
endocrinienne pour une
meilleure gestion des
risques, en fonction du
niveau de preuve et des
incertitudes
Expertiser des substances chimiques en vue de
proposer la reconnaissance des dangers de PE au
titre des règlements européens.
Finalisée
Action 2
Former-
Informer
Coordonner les travaux de l?ANSM et de l?Anses sur
les perturbateurs endocriniens afin de renforcer
l?évaluation des dangers et des risques des
substances potentiellement PE dans les cosmétiques
et produits de santé (médicaments à usage humain,
dispositifs médicaux...)
En cours
Action 3
Former-
Informer
Définir une méthode de priorisation des substances
qui peuvent présenter des propriétés PE,
scientifiquement robuste et partagée avec les parties
prenantes et les autres États membres, en vue
d?établir une liste hiérarchisée de ces substances qui
sera mise à disposition notamment des parties
prenantes
Finalisée
Action 4
Former-
Informer
2. Informer les citoyens
sur les produits chimiques
dont les perturbateurs
endocriniens
En cohérence avec les travaux au niveau européen
et international, étudier la mise en place de dispositifs
d?information obligatoires (étiquetage et/ou
pictogramme) pour tous publics ou publics ciblés
(femmes enceintes?) sur la présence de substances
potentiellement PE dans les produits de la vie
courante et articles manufacturés, produits
alimentaires (aliments, emballages, contenants), les
produits de santé et les cosmétiques.
En cours
Action 5
Former-
Informer
Mettre en place des événements type « journée sur
les PE » pour sensibiliser la population et les relais
d?opinion.
En cours
Action 6
Former-
Informer
Sensibiliser les élèves dans le cadre des actions
éducatives de la promotion de la santé en milieu
scolaire et des activités pédagogiques.
En cours
Action 7
Former-
Informer
Mener une campagne de communication grand public
et créer un site internet de référence, afin d?informer
la population sur les risques liés à l?exposition aux
produits chimiques dangereux de consommation
courante, de partager des bonnes pratiques
destinées à limiter les expositions, en ciblant en
priorité les populations les plus à risques (femmes
enceintes, période des 1 000 premiers jours).
En cours
Action 8
Former-
Informer
3. Former et s?appuyer sur
les réseaux des
professionnels,
notamment des
professionnels de santé,
acteurs de la prévention
auprès de la population
Intégrer à certaines formations diplômantes un
objectif de formation sur les risques chimiques, dont
les perturbateurs endocriniens.
En cours
Action 9
Former-
Informer
Permettre le développement de la formation continue
des professionnels de santé sur les risques
chimiques, liés notamment aux perturbateurs
endocriniens, et s?appuyer sur les professionnels de
santé pour développer la prévention auprès des
couples et des parents.
En cours
Action
10
Former-
Informer
Développer la formation des agents des collectivités
territoriales (décideurs, acheteurs, agents de
nettoyage, responsables et professionnels des
services de petite enfance, restauration collective).
En cours
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LES PERTURBATEURS ENDOCRINIENS
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Action
11
Former-
Informer
Renforcer la formation continue des professionnels
en intégrant notamment les enjeux de santé
environnement au sein des centres de formation
continue professionnels (centre techniques
professionnels).
En cours
Action
12
Former-
Informer
A partir des outils disponibles en santé
environnement, permettre la mise en place, dans le
cadre du service sanitaire des étudiants en santé,
d?actions de sensibilisation dans les établissements
scolaires, les lieux de vies et les entreprises.
En cours
Action
13
Former-
Informer
Donner plus de visibilité aux actions et bonnes
pratiques mises en place par certains établissements
de santé (notamment plateformes PREVENIR,
maternité et service pédiatrique), des établissements
accueillant des jeunes enfants, les collectivités
territoriales, et d?autres partenaires (industrie,
agriculture, vie sociale et associative) afin de réduire
l?exposition aux PE.
En cours
Action
14
Protéger
l'environnement
et la population
4. Améliorer la
connaissance de
l?imprégnation de
l?environnement par les
PE
Assurer une coordination scientifique entre les
agences et instituts, afin d?améliorer la connaissance
de l?imprégnation des milieux environnementaux.
En cours
Action
15
Protéger
l'environnement
et la population
Expliciter la relation entre expositions et
imprégnation.
Action
16
Protéger
l'environnement
et la population
Identifier et mettre en place la surveillance, dans l?air
extérieur, de certaines substances identifiées par des
campagnes expérimentales afin de collecter des
données sur la présence de PE dans l?air extérieur.
En cours
Action
17
Protéger
l'environnement
et la population
Identifier parmi les polluants de l?air intérieur les
polluants susceptibles d?être perturbateurs
endocriniens ? Réaliser des mesures dans les
logements par l?OQAI et l?Ineris.
En cours
Action
18
Protéger
l'environnement
et la population
Valoriser les mesures effectuées dans le cadre du
réseau de mesures de la qualité des sols (RMQS).
En cours
Action
19
Protéger
l'environnement
et la population
Préparer et récupérer les données de la prochaine
campagne exploratoire prévue au titre de la directive-
cadre sur l?eau pour développer le suivi des
substances PE.
Lien avec l?action 26 du Plan Micropolluants 2016-
2021 « Mener une surveillance prospective sur des
molécules émergentes dans les rivières, nappes et
eaux littorales et dans les eaux destinées à la
consommation humaine ».
En cours
Action
20
Protéger
l'environnement
et la population
Surveiller les rejets de certains secteurs d?activités
industrielles.
En cours
Action
21
Protéger
l'environnement
et la population
Réaliser des analyses exploratoires sur des produits
de grande consommation destinés à des populations
sensibles (jouets destinés aux enfants de moins de
trois ans) en y recherchant des substances non
réglementées présentant des propriétés PE avérées
et pouvant exposer ces populations lors d?une
utilisation normale et prévisible
A lancer
Action
22
Protéger
l'environnement
et la population
Recenser les produits de grande consommation
utilisant intentionnellement pour leur fabrication des
substances PE non couvertes par des restrictions, et
pouvant exposer les populations.
A lancer
Action
23
Protéger
l'environnement
Centraliser et exploiter les données sur l?imprégnation
des milieux par les PE.
En cours
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et la population
Action
24
Protéger
l'environnement
et la population
Mieux prendre en compte le caractère PE dans la
construction des normes de qualités
environnementale (NQE) et des valeurs guides
environnementales (VGE) pour des substances
chimiques à enjeux pour les milieux aquatiques.
Lien avec l?action 34 du plan Micropolluants 2016-
2021 « Construire des valeurs de référence et des
méthodologies pour mieux juger de la qualité des
eaux de surface et souterraines en prenant en
compte les perturbateurs endocriniens et les
métabolites pertinents ».
Finalisée
Action
25
Protéger
l'environnement
et la population
Développer et promouvoir la surveillance de l?activité
perturbatrice endocrinienne dans les milieux et les
rejets à l?aide de méthodes biologiques intégratrices
(plutôt que le suivi substance par substance).
Lien avec l?action 25 du plan micropolluants 2016-
2021 « Évaluer les méthodes et les technologies
innovantes de surveillance et de diagnostic ».
Finalisée
Action
26
Protéger
l'environnement
et la population
5.Renforcer la
connaissance de
l?exposition aux PE via
l?alimentation et prendre
des mesures pour
prévenir et réduire cette
exposition
Analyser dans le cadre de la nouvelle étude de
l?alimentation totale (EAT3), la présence de
perturbateurs endocriniens afin d?évaluer les
expositions alimentaires de la population générale.
En cours
Action
27
Protéger
l'environnement
et la population
6.Comprendre l?impact
des PE sur la biodiversité
Étudier l?impact de l?imprégnation des eaux par les
PE sur l?intersexualité des poissons. Étendre la liste
des indicateurs de la qualité des eaux développés
dans le cadre de l?Observatoire national de la
biodiversité à des indicateurs de contamination du
milieu par des perturbateurs endocriniens.
Finalisée
Action
28
Protéger
l'environnement
et la population
Développer les connaissances sur les effets des PE
sur la faune sauvage
En cours
Action
29
Protéger
l'environnement
et la population
7.Préserver et restaurer
l?environnement
Renforcer le suivi du rejet des PE dans l?eau en
amont et en aval des STEU en s'appuyant sur les
structures existantes de suivi de l'environnement.
Finalisée
Action
30
Protéger
l'environnement
et la population
Sur la base des NQE révisées, adapter les valeurs
limites de rejet dans les eaux de surface.
A lancer
Action
31
Protéger
l'environnement
et la population
Identifier des mesures de gestion des sols adaptés En cours
Action
32
Protéger
l'environnement
et la population
8.Harmoniser la
réglementation
européenne qui s?applique
aux objets du quotidien
Définir rapidement et de façon cohérente les PE dans
toutes les législations européennes concernées afin
d?assurer un niveau de protection approprié pour tous
les modes et voies d?exposition. Porter la position de
la France au niveau européen pour oeuvrer pour une
définition horizontale des PE.
En cours
Action
33
Protéger
l'environnement
et la population
Vérifier le respect des exigences réglementaires
(restrictions, interdictions, retrait d?autorisation) pour
les substances inscrites pour leur propriété PE.
En cours
Action
34
Protéger
l'environnement
et la population
Contrôler les produits importés En cours
Action
35
Protéger
l'environnement
et la population
9.Guider l'action de
l'industrie pour substituer
et protéger
Mobiliser les entreprises dans une démarche
d?innovation technologique, organisationnelle et de
service autour de la substitution des PE.
En cours
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Action
36
Protéger
l'environnement
et la population
Promouvoir la substitution au sein des structures
d?animation de R&D et auprès des opérateurs.
Notamment, impliquer les pôles de compétitivité ou
les centres techniques concernés en les
encourageant à prendre en compte cette thématique
dans leurs actions.
En cours
Action
37
Protéger
l'environnement
et la population
Contribuer aux travaux de l?ECHA relatifs à la
substitution des substances PE.
Action
38
Protéger
l'environnement
et la population
En lien avec les actions 1.10 et 1.11 du PST3,
intégrer la problématique des perturbateurs
endocriniens dans les démarches de prévention du
secteur du nettoyage et élargir cette démarche à
d?autres secteurs d?activités (par exemple coiffure,
onglerie?).
Action
39
Protéger
l'environnement
et la population
Pour les PE identifiés : établir des valeurs limites
d'exposition professionnelle (VLEP) et/ou des
indicateurs biologiques d?exposition (IBE) dérivés des
effets PE si cela est pertinent (s'il s'agit des effets les
plus sensibles).
A lancer
Action
40
Protéger
l'environnement
et la population
Susciter des engagements volontaires des industriels
et des distributeurs pour supprimer ou substituer,
dans les produits de consommation courante, les
substances pouvant présenter des propriétés de
perturbation endocrinienne, informer les
consommateurs par la diffusion de messages de
prévention.
A lancer
Action
41
Améliorer les
connaissances
10.Accélérer la recherche
pour comprendre et
adapter au mieux notre
gestion des risques et la
réglementation
Mettre en place une plateforme d?accompagnement à
la validation de méthodes et tests permettant
l?identification des effets de perturbation
endocrinienne.
Finalisée
Action
42
Améliorer les
connaissances
Assurer une coordination pour soutenir la recherche
et l'innovation sur les contaminants
environnementaux, dont les perturbateurs
endocriniens, en appui à la mise en oeuvre des
politiques publiques dans le cadre plus large de la
thématique santé environnement.
Assurer la lisibilité pour l?ensemble des parties
prenantes des efforts de recherche et des avancées
sur les PE.
En cours
Action
43
Améliorer les
connaissances
11.Développer une
recherche appliquée en
santé pour mieux prévenir,
prendre en charge et
traiter les effets des
perturbateurs
endocriniens
Cartographier les recherches appliquées en santé en
cours et développer les projets concernant les effets
des perturbateurs endocriniens sur la santé, en
particulier pour les personnes vulnérables et les
travailleurs exposés, et des outils cliniques pour
caractériser le lien entre anomalies de santé et
perturbation endocrinienne.
En cours
Action
44
Améliorer les
connaissances
12.Élargir la surveillance,
en lien avec l?exposition
aux perturbateurs
endocriniens, à d?autres
pathologies humaines que
celles de la reproduction
et poursuivre la
surveillance des
expositions humaines
Élaborer des valeurs d?imprégnation critique (valeurs
sanitaires de référence).
En cours
Action
45
Améliorer les
connaissances
Poursuivre et renforcer la surveillance des indicateurs
sanitaires déjà développés en lien avec les
perturbateurs endocriniens.
En cours
Action
46
Améliorer les
connaissances
Élargir la surveillance à d?autres pathologies en lien
avec les perturbateurs endocriniens.
En cours
Action
47
Améliorer les
connaissances
13.Définir les nouvelles
perspectives du
programme national de
biosurveillance en se
plaçant dans le contexte
Développer un réseau national de laboratoires qui
analysera les données de biosurveillance.
En cours
Action
48
Améliorer les
connaissances
Créer une plateforme nationale de collecte,
d?harmonisation et de partage des données de
biosurveillance.
En cours
PUBLIÉ
Mai 2024 EVALUATION DE LA DEUXIEME STRATEGIE NATIONALE SUR
LES PERTURBATEURS ENDOCRINIENS
Page 134/203
Action
49
Améliorer les
connaissances
européen
Définir les nouvelles perspectives du programme
national de biosurveillance en se plaçant dans le
contexte européen.
En cours
Action
50
Améliorer les
connaissances
Identifier des biomarqueurs d?effets et les intégrer
dans les études de biosurveillance.
En cours
Note : Les cases vides n?ont pas été complétées par les pilotes de ces actions.
Source : DGS et DGPR
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Annexe 6. Recherche
Annexe 6.1. Agence nationale de la recherche (ANR)
Annexe 6.1.1 Recherche financée par le plan d?action de l?ANR
A partir de 2014, les thèmes de recherche en lien avec le PNSE ont été développés dans les
différentes éditions de l?appel à projet générique (AAPG) du plan d?action de l?ANR. Si les différents
thèmes sont globalement conservés d?une édition à l?autre, leur répartition et leur articulation ont
évolué dans les défis 1, 4 et 5, les axes ou les axes inter-défis.
Depuis l?AAPG 2018, la notion de défi a disparu ; la thématique « contaminants, écosystèmes et
santé » est alors à nouveau identifiée en tant qu?axe thématique. Malgré ces évolutions, la
communauté a continué à proposer des projets couvrant bien le champ des thématiques. Le
nombre des projets déposés dans le comité « Contaminants, écosystèmes et santé » s?est
maintenu à environ une centaine de dépôts par édition après le passage dans l?AAPG en 2014 et
le mode de sélection en deux étapes.
Au niveau des comités d?évaluation de l?AAPG, de 2014 à 2023, le comité d?évaluation scientifique
« contaminants, écosystèmes et santé » a évalué des projets où étaient fortement encouragées la
pluridisciplinarité ou l?interdisciplinarité, tous en lien avec des aspects de santé environnement
selon une approche « One Health ».
Annexe 6.1.2 Analyse de situation de l?ANR sur les projets sur les
perturbateurs endocriniens dans le cadre de la SNPE1
(2014-2018) et SNPE2 (2019-2022)
Les projets sur les perturbateurs endocriniens entrant dans le cadre des SNPE1 (2014-2018) et
SNPE2 (2019-2022) ont été financés via les différents instruments de financement de l?ANR : 21%
(SNPE1) et 18% (SNPE2) sont des projets « jeunes chercheurs jeunes chercheuses », 9%
(SNPE1) et 12% (SNPE2) sont des projets avec des consortiums internationaux (multilatéraux ou
bilatéraux) et 55% (SNPE1) et 49% (SNPE2) sont des projets portés par des consortiums natio-
naux. Les projets collaboratifs nationaux avec des partenaires non académiques (privés, associa-
tions, collectivités, etc.) représentent 6% (SNPE1 et SNPE2) des projets financés.
S?agissant des recherches sur les perturbateurs endocriniens pendant les périodes d?exécution de
la SNPE1 (2014-2018) et de la SNPE2 (2019-2022), l?ANR note une augmentation significative des
projets financés entre les deux périodes (n=33, 12,5 M¤ pour 2014-2018 vs n= 49, 24,5M¤ pour
2019-2022).
L?ANR note également l?influence de l?AAP Chlordécone 1 en 2022 dans ce calcul (6 projets finan-
cés, 4,5 M¤). Dans le cadre de la SNPE1 (2014-2018) ; 52% des projets financés étaient en toxi-
cologie humaine et 48% en écotoxicologie et pour la SNPE2 (2019-2022), 41% des projets financés
étaient en toxicologie humaine et 59% en écotoxicologie. En écotoxicologie, différents organismes
ont été utilisés comme les poissons (truite), les mollusques (huîtres, moules), les oiseaux, les in-
sectes (abeilles) et les amphibiens.
Certains de ces projets s?appuient sur des données issues des cohortes :
Cohorte PELAGIE (perturbateurs endocriniens : étude Longitudinale sur les anomalies de
la grossesse, l?infertilité et l?enfance) : étude de la croissance, de l'obésité, du
développement pubertaire et des troubles neurocomportementaux chez les enfants à 12
ans, en association avec les expositions précoces à des polluants.
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Cohorte ELFE (étude longitudinale française depuis l?enfance) : exposition et effets
Neurotoxiques des retardateurs de flamme.
Cohorte SEPAGES (suivi de l'exposition aux polluants atmosphériques durant la grossesse
et l'enfance et santé) :
? expositions prénatales aux phénols et santé de l?enfant : analyse longitudinale ;
? microbiote intestinal dans l?enfance et expositions environnementales maternelles ;
? expositions précoces aux perturbateurs endocriniens et neurodéveloppement de
l'enfant : le rôle de l'axe hypothalamo-hypophysaire ;
? exposition maternelle à un mélange de polluants organiques : marques
épigénétiques placentaires et évaluation des risques pour la santé de la
descendance.
Cohorte EDEn (étude de cohorte généraliste menée en France sur les déterminants pré-
et postnatals précoces du développement psychomoteur et de la santé de l?enfant) : co-
exposition intra-utérine et postnatale à un grand nombre de contaminants alimentaires et
la croissance et le développement de l'enfant,
Cohorte ComPaRe (communauté de patients pour la recherche) : exposition aux polluants
organiques persistants et sévérité de l'endométriose dans la cohorte ComPaRe-
Endométriose.
En comparant les projets financés durant la SNPE1 et la SNPE2, l?ANR a remarqué que les projets
sont déposés dans plus d?axes thématiques différents. Lors de la SNPE1, les projets étaient prin-
cipalement dans l?axe « toxicologie et écotoxicologie » alors que l?on voit apparaître plus fortement
les axes « Méthodologies, instrumentations, capteurs et solutions pour la transition écologique »
et « Alimentation et systèmes alimentaires » durant la SNPE2. Cela montre, selon l?ANR, que la
thématique des perturbateurs endocriniens a diffusé dans d?autres communautés de recherche.
L?ANR note que les recherches ont permis la mise au point d?une ligne directrice (test règlementaire)
OCDE, avec le test EASZY (test utilisant des embryons de poisson zèbre transgéniques). Ce test
informe des effets endocriniens des substances chez les vertébrés (activation du gène de l?aroma-
tase B par les perturbateurs endocriniens : le gène qui convertit les androgènes en oestrogènes
sous stimulation par des perturbateurs endocriniens oestrogéniques).
Annexe 6.1.3 L?ANR considère qu?il y a eu des avancées issues de la
recherche sur les PE
L?ANR estime qu?il y a une structuration de la communauté scientifique sur la thématique des per-
turbateurs endocriniens. La plupart des projets étaient pluridisciplinaires : endocrinologie, toxicolo-
gie, pharmacotoxicologie, écotoxicologie, écophysiologie, biologie, omique, chimie, santé publique,
épidémiologie, physiopathologie.
Des principales avancées scientifiques portent sur :
La caractérisation des effets sur différentes fonctions physiologiques :
? fonction de reproduction et les troubles occasionnés : problèmes de fertilité
masculine ou féminine, des impacts sur le développement intra-utérin, la
descendance, des effets transgénérationnel, l?épigénétique, l?endométriose ;
? système nerveux, neurodéveloppement, troubles neurocomportementaux,
neurotoxiques et psychiatriques ;
? impacts thyroïdiens, impacts métaboliques, la barrière intestinale, le microbiote, le
développement de cancer.
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L?étude des mécanismes d?action au niveau moléculaire et cellulaire : fixation des PE sur
les récepteurs nucléaires, des effets synergiques, le développement de méthodes in silico.
La recherche de biomarqueurs d?exposition et d?effets.
Les effets et modes d?action de différents types de composés. La majorité des travaux a
porté sur des micropolluants organiques, mais des effets PE ont également été montré
pour des métaux (Cd) et plus récemment de nanoparticules contenues dans les aliments
ou encore des additifs chimiques contenus dans les plastiques. L?ANR cite par exemple
les travaux sur : le Bisphénol A et ses produits de substitution, des composés
pharmaceutiques, des antalgiques, des phtalates, les perfluorés, les retardateurs de
flamme (PBDE), les pesticides (ex : Chlordécone), des métaux (ex : Cadmium), des additifs
alimentaires, des additifs contenus dans les plastiques.
Les méthodes et techniques de détection en vue de l?évaluation de l?exposome humain ou
environnemental : spectrométrie de masse haute résolution, techniques analytiques
ciblées et non ciblées, quantification de polluants fluorés par RMN du fluor, imagerie
chimique haute résolution, ou encore mise au point de biosensor ou de détecteurs.
Les techniques de traitement/remédiation des eaux ou des déchets, agricoles notamment
(contenant des mixtures de contaminants dont des composés de type perturbateurs
endocriniens).
Annexe 6.2. Le plan national de recherche Environnement Santé
Travail (PNR EST)
Depuis la création du PNR EST en 2006, plus de 120 projets relatifs à la thématique des
perturbateurs endocriniens ont été financés via les appels à projets de recherche. Les
financements confiés à l?Anses à partir de 2018 par le ministère chargé de l?environnement se sont
traduits par une forte augmentation du nombre de soumissions de projets et du nombre de projets
financés. Alors que 4 à 7 projets étaient retenus chaque année, à partir de 2018 de 8 à 15 projets
sont financés. Deux tiers des projets ont pour cible principale d?application les populations
humaines et un tiers portent sur l?environnement au sens large (écosystèmes, sols, animaux,
plantes).
De nombreux perturbateurs endocriniens sont étudiés seuls ou en cocktail sur l?ensemble des
projets visés sur la période ; les cibles d?étude sont principalement les populations humaines, les
vertébrés et les arthropodes ; les effets étudiés sont multiples, aussi bien au niveau des axes
endocrines humains, que des effets sur les organismes des écosystèmes ; l?ensemble des voies
d?exposition sont étudiées, avec une majorité des projets qui portent sur la voie alimentaire,
l?exposition périnatale, et les eaux dans l?environnement en tant que milieux de vie.
Tout ceci montre que l?ensemble de ces projets concourt à mettre en oeuvre une approche globale
de l?ensemble des expositions avec un équilibre intéressant entre les études de santé humaine, et
les études des écosystèmes, certains projets portant sur les deux approches à la fois, qui est à
replacer dans une perspective une seule santé.
Annexe 6.2.1 Bilan financier des projets relatifs aux perturbateurs
endocriniens entre 2019 et 2023
Tableau 12 : PNR EST, financement depuis 2019
PNR-EST 2019 2020 2021 2022 2023 Total
Budget 1 920 524 2 179 926 1 199 633 1 389 621 2 185 332 8 875 036
Nombre de projets 12 11 6 7 14 50
Source : Anses
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59 projets relatifs aux PE sont dénombrés entre 2019 et 2023, soit une douzaine de projets en
moyenne chaque année. 10,4 M¤ ont été attribués à 59 projets, variant entre 1,2 M¤ en 2021 et
2,2 M¤ en 2020 et 2023. Sur la période 2019-2023, ont été financés : 8 études de faisabilité,
chacune recevant en moyenne 50 000¤, et 51 projets de recherche, chacun recevant en moyenne
195 000¤.
Graphique 2 : Montant total des subventions accordées par année pour les
projets relatifs aux perturbateurs endocriniens
Source : Anses
Annexe 6.2.2 Bilan des équipes impliquées dans les projets
Entre 2019 et 2023, la majorité des projets était portée par deux à trois équipes.
Au total, 146 partenaires différents sont associés sur les 59 projets, dont 13 sont associés sur 2 ou
3 projets différents, soit en porteurs principaux soit en partenaires associés.
Tous les porteurs principaux des projets sont issus d?équipes françaises. Mais 8 projets associent
d?autres équipes européennes (Belgique, Allemagne, Espagne, Portugal), et 4 projets associent
des équipes canadiennes. Au total près de 20% des projets présentent une dimension
internationale.
Annexe 6.2.3 Méthodologies générales mises en oeuvre dans les projets
La grande majorité des projets sont des études toxicologiques. Un quart des projets contiennent
des études épidémiologiques, dont 12 projets sur des cohortes déjà constituées ou qui réalisent
un recrutement. Deux projets sont basés sur la modélisation (sur la structure chimiques153, ou sur
la répartition des contaminants). Trois projets cartographient l?environnement.
Les études toxicologiques sont de toutes natures : au niveau de l?organisme dans son ensemble
(effets reproductifs, développementaux, comportementaux, ?), au niveau cellulaire (modèles cel-
lulaires variés : hépatocytes, cellules tumorigènes, cellules cutanées, ?), au niveau moléculaire
(chimique, ADN, ARN, protéines, ?), ou encore approche par modélisation (par analogie structu-
rale comme le QSAR quantitative structure-activity relationship).
153 Criblage virtuel des modalités de perturbation du système endocrinien
0
500000
1000000
1500000
2000000
2500000
2019 2020 2021 2022 2023
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Annexe 6.2.4 Les types de perturbateurs endocriniens étudiés
Les plastiques dans leur ensemble constituent l?objet d?étude de 30% des projets : constituants des
plastiques comme les bisphénols, ou plastifiants comme les phtalates, ou encore les nano/micro
plastiques. Suivant l?ensemble des produits phytosanitaires (pesticides, insecticides comme les
néonicotinoïdes, fongicides) qui représentent 20% des projets.
De nombreuses autres substances sont étudiées : benzène, hydrocarbures aromatiques polycy-
cliques (HAP), perfluorés, parabènes, organochlorés (telle la chlordécone), organophosphorés.
Un projet sur huit s?intéresse aux effets cumulés des expositions à plusieurs PE, en effet « cock-
tail ».
Les résidus de médicaments154 (anti-inflammatoires non stéroïdiens et hormones de synthèse)
peuvent être étudiés en tant que tels.
Certains paramètres physiques sont aussi étudiés pour les PE engendrés : la lumière sur les cycles
circadiens, ou un ensemble de paramètres définissant les conditions de vie aquatique (température,
acidification, oxygénation?), ou encore l?approche nanoparticulaire (particules de la pollution at-
mosphérique, ou des plastiques).
Annexe 6.2.5 Les principaux effets étudiés des PE
Les principaux effets étudies des PE sont les perturbations de :
L?axe métabolique au sens large pour un quart des projets : hormones thyroïdiennes,
obésité, diabète, stress.
L?axe reproducteur pour un quart des projets : hormones stéroïdiennes (principalement
oestrogènes), axe hypothalamo-hypophysaire.
Le système nerveux, et en particulier son développement pour un quart des projets, parmi
lesquels on note des projets sur: la mort-subite des nourrissons, l?autisme, la neuro-
inflammation, la maladie de Parkinson, la dépression, les modifications comportementales
au sens large, la modification de l?olfaction chez les insectes, les rythmes circadiens.
Diverses pathologies : pathologies respiratoires (asthme), arthrite rhumatoïde, cancers.
Les stades de développement chez les arthropodes (ecdysone et stades larvaires) pour
quatre projets.
Annexe 6.3. L?investissement de la France dans les projets
européens
Annexe 6.3.1 Le partenariat européen pour l'évaluation des risques liés
aux substances chimiques PARC (partnership for the
assessment of risks from chemicals)
Ce partenariat de 7 ans s?inscrit dans Horizon Europe 2021-2027 et plusieurs projets sur les PE
(dont une partie prévue par la SNPE2) y sont menés notamment sur les bisphénols, les PFAS, la
surveillance environnementale ou encore certains pesticides ;
154 Impact des résidus d?anti-inflammatoires non stéroïdiens et d?hormones dans les eaux destinées à la consommation humaine
sur la fonction de reproduction et la fertilité
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PARC, lancé en mai 2022, n?est pas un projet porté par la SNPE2, bien que certaines actions de
la stratégie nationale aient été mises en oeuvre dans le cadre de PARC (surveillance de l?environ-
nement, modèles pharmacocinétique physiologique PBPK, réseau de laboratoires de biosurveil-
lance?). Par ailleurs la SNPE2 a manifestement permis aux acteurs français de travailler en-
semble, ce qui a facilité la préparation de PARC.
PARC a pour objectif de soutenir la stratégie de l?UE pour la durabilité dans le domaine des produits
chimiques ouvrant la voie à l'ambition « zéro pollution » annoncée dans le Pacte vert pour l?Europe
(European Green Deal). PARC a pris la suite des travaux du programme conjoint européen sur la
biosurveillance humaine Human Biomonitoring for Europe HBM4EU, terminé en 2022, et élargit
son champ d?intérêt en particulier à l?évaluation des risques pour l?environnement. De plus PARC
assure le relais du programme EURION qui va s?achever ou se sont achevés (financés au titre de
H2020).
Dans le cadre d?Horizon Europe (le programme-cadre de l?UE pour le financement de la recherche
et de l?innovation 2021-2027), le partenariat regroupe 200 partenaires de 28 pays de l?échelon eu-
ropéen, agences nationales et organismes de recherche dans l?environnement ou la santé publique,
Agence européenne des produits chimiques (ECHA), Autorité européenne de sécurité des aliments
(EFSA), Agence européenne pour l?environnement (EEA).
La France y est présente avec 15 membres155 : Anses, Santé Publique France, BRGM, CEA,
CNRS, CSTB, EHESP, Ineris, INRAE, INRS, Inserm, IRSN, LNE, OFB, Oniris. Le partenariat est
coordonné par l?Anses, qui assure la coordination scientifique et administrative de l?ensemble du
partenariat, participe également aux activités transversales et à la production scientifique. Santé
Publique France est en charge des programmes de travail sur la biosurveillance et de la coordina-
tion du Hub français.
Le budget est de 400 M¤, financé à 50 % par l?Union européenne et 50 % par les États membres.
Les équipes françaises ont capté 16,3% du budget pour un montant de 9 740 325 M¤ (à début
2024).
La gouvernance de PARC est assurée par cinq Directions générales de la commission européenne
(DG-RTD, DG-GROW, DG-ENV, DG-Santé, CCR) ainsi que par les ministères compétents des
pays concernés. Le secteur privé n?est pas présent dans la gouvernance de PARC, mais les indus-
triels sont cependant présents dans les projets de recherche.
Les trois principaux objectifs de PARC sont de :
Développer les compétences scientifiques, en matière de sécurité des substances
chimiques, pour identifier et prioriser les besoins.
Fournir de nouvelles données, de nouvelles méthodes et des outils innovants aux
évaluateurs et gestionnaires des risques liés à l?exposition aux substances chimiques.
Renforcer durablement les réseaux interdisciplinaires, réunissant les acteurs
spécialisés dans les différents domaines scientifiques contribuant à l?évaluation des
risques.
Fin 2023, après 18 mois de mise en place, il est difficile de faire un bilan, mais il y a néanmoins
quelques acquis : visibilité du sujet de l?évaluation des produits chimiques, dialogue entre diffé-
rentes communautés? Selon le coordonnateur du partenariat, d?ici juin 2025, il serait bien que
155 BRGM Bureau de Recherches Géologiques et Minières, LNE Laboratoire national de métrologie et d?essais, CSTB Centre
scientifique et technique du bâtiment, Oniris VetAgroBio Campus vétérinaire
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PARC puisse notamment lancer un programme de bio monitoring, une position commune sur les
PFAS et un cadre pour les alternatives aux tests animaux.
Les premières étapes156 de la mise en place de PARC avaient pour objet de :
Poursuivre les travaux en matière de biosurveillance des substances chimiques chez l?être
humain avec l?initiation d?études européennes en population générale et en situations de
travail, et réalisation d?un état de l?art en matière de surveillance des substances
chimiques157.
Générer des données pour répondre aux besoins réglementaires et au développement de
nouvelles approches méthodologiques pour évaluer des effets chez l?être humain ou sur
les organismes cibles de l?environnement.
Développer des modèles informatiques et des méthodes d?analyse des données
permettant une analyse des effets de mélanges et d?expositions combinées.
Contribuer à rendre les données et les modèles accessibles et réutilisables à des fins de
recherche et d?évaluation de risque (selon les principes dits « fair ? facile à trouver ?
accessible - interopérable - réutilisable »), dans le cadre d?une démarche « science
ouverte ».
Développer de nouveaux concepts et outils nécessaires à la mise en oeuvre de la stratégie
européenne dans le domaine des produits chimiques : la synthèse chimique de nouvelles
molécules ou matériaux sans risques pour la santé et l?environnement, la capacité de
détecter les substances dangereuses pour la santé ou l?environnement ou à la mise à
disposition d?outils de modélisation.
S?agissant des PE, en date de fin 2023, plusieurs projets ont été financés dans le cadre de PARC :
13 projets financés sur les PE, pour 53 M¤, dont un projet de bio-monitoring et de surveillance
incluant les PE (5,5 ¤), deux projets de surveillance environnementale (8 M¤), huit projets sur la
caractérisation du danger, et deux projets sur l'évaluation des risques.
EHEN European Human Exposome network (106 M¤), Joint Research Center (JRC). En 2019,
9 projets, pour 106 M¤ d?aides UE, renforcé par d?autres projets en 2020 (126 groupes de re-
cherche, 24 pays, les acteurs français sont présents dans 6 des 9 projets, dont une coordination
par l?Inserm).
EIRENE Europ/Exposome Infrastructure : la participation au portage de cette infrastructure eu-
ropéenne sur l?Exposome, doublée de France Exposome (grande infrastructure de recherche).
EURION (50M¤) JRC Cluster est lancé le 1er janvier 2019 afin d?optimiser les synergies entre les
projets sélectionnés pour un financement dans le cadre de l?appel SC1-BHC-27-2018 « Nouvelles
méthodes de test et de criblage pour identifier les perturbateurs endocriniens ». Le cluster est com-
posé de huit projets de recherche financés par Horizon 2020 (50 M¤ sur 5 ans). Chaque projet se
concentre sur un aspect différent des nouvelles méthodes d?essai et de dépistage permettant
d?identifier les PE. L?animation scientifique y est très forte, avec l?existence de groupes miroirs en
France.
156 Source Anses
157 Mettre en place de nouveaux dispositifs ou élargir le champ des substances surveillées dans les dispositifs existants et innover
sur les méthodes analytiques mises en oeuvre
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Annexe 6.3.2 Les méthodes de test
La validation des méthodes de test
L?évaluation du caractère perturbateur endocrinien des substances chimiques repose sur des mé-
thodes analytiques mises à la disposition des acteurs économiques, des laboratoires et des auto-
rités de régulation. Elles sont principalement utilisées pour les essais réglementaires de sécurité,
la notification et l'enregistrement des produits chimiques. Ces méthodes font l?objet d?un travail de
normalisation, notamment au niveau de l?OCDE.
L?OCDE a publié en 2012 un « document d?orientation révisé 150 sur les lignes directrices d?essai
normalisées pour l?évaluation des produits chimiques de perturbation endocrinienne » ; document
mis à jour en 2018. Ce document fournit des principes généraux (critères qualité à respecter, con-
seils pour l?interprétation des résultats?), que les méthodes doivent respecter pour être validées
par l?OCDE.
A ce jour, une cinquantaine de méthodes ont été validées s?agissant de la perturbation endocri-
nienne. Les dossiers de normalisation sont portés par les Etats membres de l?OCDE. La France
joue un rôle moteur en la matière.
Les méthodes sont réparties sur 5 niveaux (depuis la simple analyse de données jusqu?aux tests
in vivo sur plusieurs générations en passant par les tests in vitro) et vise 5 modalités de perturbation
endocrinienne : perturbation endocrinienne médiée par les oestrogènes, les androgènes et la thy-
roïde, ainsi que les substances qui interfèrent avec la stéroïdogenèse.
Source : OCDE
A ce jour, on dispose de nombreuses méthodes d?analyse pour les voies d?actions relatives aux
androgènes, aux oestrogènes et aux stéroïdes. Pour la voie thyroïdienne, les méthodes normali-
sées sont moins nombreuses même si plusieurs sont en cours de validation.
Pour les autres voies de perturbation endocrinienne qui ne sont pas liées aux récepteurs endocri-
niens (transport des hormones, métabolisme?), les tests sont encore peu nombreux. La voie mé-
tabolique est particulièrement importante et complexe (par exemple pour les hormones sécrétées
par le pancréas?) et de nouvelles méthodes d?analyse sont attendues dans ce domaine.
L?impact sur le neurodéveloppement constitue un autre enjeu important. Des méthodes sont en
cours de validation sur ce sujet.
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Enfin, l?OCDE s?intéresse aux nouvelles méthodologies d'approche (NAM), comprenant des essais
in vitro (omics, cellulaires, tissulaires, etc.), des modèles in silico et d'autres approches computa-
tionnelles. L?enjeu est de fournir des informations sur les dangers et les risques chimiques pour
les humains tout en limitant l'utilisation des animaux158.
La plateforme PEPPER
Historique, moyens et gouvernance
PEPPER (plateforme public-privé sur la pré-validation des méthodes d?essai sur les perturbateurs
endocriniens) est une association de loi 1901 créée en décembre 2019 dont le but est de soutenir
la « pré-validation » de méthodes d?essai (en toxicologie et écotoxicologie) nécessaires pour
caractériser des propriétés de perturbation endocrinienne.
S?appuyant sur des tests réalisés dans différents laboratoires, la pré-validation est un processus
amont qui facilite la validation de méthodes par les instances internationales, en particulier l?OCDE.
Le projet PEPPER était déjà inscrit dans la première version de la SNPE. De 2014 et 2016, des
négociations ont été menées entre les différents acteurs, à la fois entre ministères et avec les
industriels (via les fédérations telles que la FEBEA et France chimie). A sa création, la plateforme
a bénéficié des financements du « programme des investissements d?avenir » et de contributions
de la part des industriels, selon un modèle de partenariat public/privé.
PEPPER est doté d?une équipe de 5 personnes et d?un budget annuel d?environ 2 M¤, en
croissance limitée mais constante.
2019 2020 2021 2022 2023 TOTAL
M¤ 1.7 1.8 2.5 2.8 9
ETP 0 3 4 5 5 22
Source : PEPPER
Environ les deux tiers du budget de l?association (jusqu?à 2 M¤ /an) sont consacrés au financement
des essais en laboratoires et les prestations associées (fournitures d?échantillons, analyses
statistiques?). Le coût de pré-validation d?un test peut en effet être élevé (jusqu?à 1.1 M¤).
PEPPER compte actuellement 18 membres, contre 10 en 2019. On y trouve des ministères
(Ecologie, Agriculture et Travail), des opérateurs (Ineris), des syndicats professionnels (FEBEA,
France Chimie, ANIA?), des industriels (BAYER, BASF, LVMH?), des laboratoires
(Eurofins?), ?
La gouvernance est originale, avec un « comité d?opportunité » qui s?ajoute au conseil scientifique
et au conseil d?administration. Le comité d?opportunité, composé d?une quarantaine de membres,
se prononce notamment sur le choix des méthodes à pré-valider. Il permet d?associer à ces choix
les différentes parties prenantes : agences internationales (OCDE, ECHA?), agences et
universités de pays membres de l?UE (Pays-Bas, Allemagne, Belgique, Suède), des industriels,
des associations de défense de l?environnement, des animaux et des consommateurs, des
syndicats de salariés, des organismes de recherche, des ministères...
Les résultats
Fin 2023, 11 méthodes étaient en cours de pré-validation par PEPPER, dont 6 étaient inscrites au
programme de validation de l?OCDE. La première méthode validée par l?OCDE devrait donc
intervenir en 2024.
158 No. 377 Initial Recommendations on Evaluation of Data from the Developmental Neurotoxicity (DNT) In-Vitro Testing Battery.
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Pour pré-valider une méthode, il faut compter en moyenne 3 ans, ce qui est plus long que ce qui
avait été prévu par les concepteurs de PEPPER. Pour la validation par l?OCDE, il faut compter de
1 à 2 ans, soit au total de 4 à 5 ans pour obtenir la validation d?une méthode. Si on y ajoute les
travaux de recherche préalables, l?ensemble du processus peut prendre une dizaine d?année, voire
plus.
La cible fixée par la SNPE2 était une pré-validation de 3 méthodes par an, au minimum. Si on tient
compte du flux entrant, l?objectif est donc presque atteint. A compter de 2024, on peut espérer que
2 à 3 méthodes soient, chaque année, soumises à l?OCDE.
Perspectives
Avant d?engager le processus de pré-validation, PEPPER a pour mission d?identifier les méthodes
de tests les plus pertinentes. Les principales priorités, telles que présentées lors du Comité d?orien-
tation d?octobre 2023, concernent les modes d?action suivants :
En santé humaine : thyroïde/neurodéveloppement ; reproduction féminine ; dysfonction
métabolique (obésité, diabète) ; rétinoïdes ; cancers hormonaux ; tests sur cycle de vie
complet ; métabolisme in vitro/ extrapolation in vitro-in vivo.
Pour l?environnement : reproduction, croissance et développement, tests sur les oiseaux et
les amphibiens.
Cette priorisation est issue d?un travail réalisé en 2017 par la Commission européenne (Joint
Research Center).
Parmi les perspectives identifiées par PEPPER, figure également l?accompagnement des mé-
thodes inscrites au programme de validation de l?OCDE. En effet, lors de la conception de PEPPER,
son rôle se limitait à la phase amont de cette validation : sélection des méthodes, organisation des
tests et évaluation de leur succès. PEPPER considère qu?il doit aller au-delà et porter la méthode
auprès des instances de l?OCDE y inclus, en cas de succès, la rédaction d?une ligne directrice
d?essai.
Un autre enjeu consiste à accroître la visibilité européenne et internationale de PEPPER, via la
publication d?articles scientifiques, la participation à des réunions d?instances de programmes de
recherches européens et des séminaires internationaux.
Mais le principal frein au développement de PEPPER concerne avant tout son budget qui n?est pas
garanti à court terme (visibilité réduite à 1 à 2 ans actuellement). Des soutiens financiers sont
recherchés à la fois privés et publics, aux niveaux français et européen pour pérenniser l?activité.
Le ministère de l?environnement des Pays-Bas a ainsi apporté une subvention de 100 k¤ à PEP-
PER et l?agence fédérale de l?Environnement en Allemagne (UBA) ainsi que le ministère chargé de
l?environnement belge ont manifesté leur intérêt.
Poursuivre l?européanisation de PEPPER suppose de convaincre les autorités mais aussi les in-
dustriels des autres pays européens. Un soutien financier de la commission européenne n?est pas,
à ce jour, envisagé comme la mission a pu le constater lors de son déplacement à Bruxelles.
Il n?y a pas d?équivalent de PEPPER au niveau international et il semble plus judicieux de fédérer
autour de la plateforme que d?en générer d?autres.
Enfin, parmi les freins au développement de tests normalisés, on peut citer le manque de méthodes
candidates à la pré-validation, en particulier en France. Concevoir des tests est en effet coûteux et
n?est pas particulièrement valorisé sur le plan scientifique.
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Annexe 6.4. France Cohortes
L?unité mixte de services France Cohortes159, financée par le PIA, a pour but de mutualiser les
moyens techniques et humains au service des cohortes nationales et d?aider la création de nou-
veaux projets de cohortes. La migration des premières cohortes nationales vers le SI de France
Cohortes a débuté.
Onze cohortes ont été refinancées en 2019 par le PIA dont 3 cohortes généralistes. Un renforce-
ment du soutien pour ces grandes cohortes a été inscrit dans le plan Santé Innovation 2030, avec
une double mesure de soutien aux cohortes populationnelles existantes d?une part (20 M¤) et de
création de nouvelles cohortes d?autre part, après état des lieux de l?existant (100 M¤).
France Cohortes n?accompagne pas, au moment de la rédaction du rapport, de cohorte orientée
spécifiquement sur les perturbateurs endocriniens.
Les enjeux liés aux données massives de santé
Le rapport de l?IGAS et de l?IGESR de 2020160 indique que « La relance qui vient d?être récemment
opérée, au travers du projet France Cohortes porté par l?Inserm et centré sur la mutualisation et
l?accompagnement des cohortes, est une initiative intéressante mais qui comporte encore nombre
d?imprécisions ».
Les imprécisions ayant été en grande partie levées, l'infrastructure nationale France Co-
hortes (UMS 47), financée par le programme d?investissements d?avenir, et créée en février 2021,
traite des questions concernant la stratégie de développement du réseau, l?allocation des res-
sources, la gouvernance des données, l?ouverture du réseau, la déontologie et les principes de
valorisation.
France Cohortes accompagne les cohortes tout au long du cycle de vie de leurs projets, du recueil
des données à leur exploitation et leur mise à disposition :
- des fonctions support pour le recueil des données, le nettoyage et l'analyse des don-
nées (outils juridiques, informatiques, formation, communication et valorisation) ;
- un hébergement performant et sécurisé (RGPD, SNDS) ;
- un soutien réglementaire depuis la conception jusqu?à la fin du suivi de la cohorte (avec un
appui au développement des plans de partage des données, notamment à l?international ;
- un support à la création de données faciles à trouver, accessibles, interopérables et réuti-
lisables (FAIR), en lien avec l?open data.
Selon la direction de l?infrastructure nationale161, les avancées concernent le catalogue commun,
la lisibilité des procédures, l?outil de dépôt des demandes et la traçabilité de celles-ci, les solutions
de mise à disposition sécurisée et d?accompagnement réglementaire.
En revanche, le recrutement d?experts, le choix des standards de données et de métadonnées
dans un domaine très multidimensionnel, mais aussi le peu d?outillage de valorisation adapté sont
des points de difficulté.
159 Cette UMS a pour but de mutualiser les moyens techniques et humains au service des cohortes nationales et d?aider la création
de nouveaux projets de cohortes
160 Les cohortes pour les études et la recherche en santé, IGAS-IGESR, 2020
161 Interview de la direction sur le site de France Cohortes
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Figure 1 : Cohortes hébergées en 2023 et tutelles
Source : France Cohortes
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Annexe 7. Evaluation des substances
Annexe 7.1. Evaluations de substances par l?Anses pour la période
2019 ? 2023
Le tableau ci-dessous regroupe le détail des substances évaluées par l?Anses au regard des
prévisions formulées dans le cadre de la SNPE2 pour la période 2019-2023. Initialement, dans son
plan d?action, la SNPE2 fixait les objectifs quantitatifs annuels d?évaluations suivants :
? entre 2019 et 2020 : 6 substances par an dont 3 au titre de REACH et 3 substances actives
biocides ou phytopharmaceutiques ;
? à partir de 2021 : 9 substances par an dont 6 au titre de REACH et 3 substances actives
biocides ou phytopharmaceutiques.
Le nombre d?évaluations total attendu pour la période 2019-2023 était donc de 39 substances
évaluées dont 15 substances actives biocides ou produits phytopharmaceutiques.
Tableau 13 : Liste des substances évaluées dans le cadre de la SNPE2 par
l?Anses (données de mi-décembre 2023)
Types de
substances
Résultats de
l?évaluation
Substances évaluées par
l?Anses durant la période
2019-2023
Nombre de
substances
évaluées
attendues
(Objectifs de la
SNPE2)
Substances déjà étudiées dans le
cadre de la SNPE1 et réévaluées lors
de la SNPE2*
11
Evaluations réalisées et terminées au titre de la SNPE2
Substances
évaluées au
titre de
REACH
Substances identifiées
PE (SVHC-57f dans le
cadre du règlement
REACH)
5
Resorcinol, BPB, BPS, BPAF,
BPF
24 évaluations
substances au
titre de REACH
attendues
Substance perturbant
le système endocrinien
de manière avérée ou
présumée en attente de
formalisation
règlementaire
2
Lithium, Tetraphenyl m-
phenylene bis (phosphate)
Substances perturbant
le système endocrinien
de manière suspectée
en attente de
formalisation
règlementaire
1
MTBE
Substances ne 2
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perturbant pas le
système endocrinien Disulfure de Carbone,
Melamine
Substances actives (SA) de produits
phytopharmaceutiques évalués pour
leur caractère PE
5
Acide peroctooctanoïque,
Pydiflumétofène, DMDS,
Triflusulfuron?methyl,
Isoflucypram
15 évaluations
Substances
actives biocides
ou produits
phytopharmaceuti
ques attendues
Substances actives (SA) biocides
évalués pour leur caractère PE
3
CO2, glyoxal, (Z)-13-
hexadecen-11-yn-1-yl acetate
TOTAL 18 39
Evaluations en cours au titre de la SNPE2
Substances REACH nécessitant des
données supplémentaires pour pouvoir
évaluer les critères d?identification
9
BHT, BHA, Isophorone,
Méthylparabene, Galaxolode,
Octocrilene, OTNE ;
Bis(dibutyldithiocarbamato-
S,S')copper, TnPP
SA Produits phytopharmaceutiques
nécessitant des données
supplémentaires pour pouvoir évaluer
les critères d?identification
3
Cyprodinil et Fludioxonil fosétyl
SA Biocides nécessitant des données
supplémentaires pour pouvoir évaluer
les critères d?identification
9
Cuivre, Indoxacarbe, C(M)IT,
Alpha-bromadiolone, Géraniol,
DEET et OIT
Chlore actif (généré par
électrolyse), Monochloramine
Substances en cours de conclusion 4
Fluorure de Sodium, TiO2,
TPhP, Triclocarban
TOTAL (évaluations achevées ou en
cours)
43
* Des substances passées sont remises au programme de travail quand les études
supplémentaires sont fournies par les industriels ; ceci n?est d?ailleurs pas spécifique des
évaluations au titre du caractère PE, mais ces études peuvent impacter les conclusions sur le
caractère PE de la substance.
Source : Document de travail de l?Anses, retraitement IGAS/IGEDD
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Annexe 7.1.1 Focus sur l?état d?avancement des évaluations des
substances au titre des règlements REACH et CLP (données
de mi-décembre 2023)
Ce tableau détaille l?état d?avancement des substances évaluées pour une formalisation
règlementaire au titre des règlements REACH et CLP.
Tableau 14 : Etat d?avancement des évaluations des substances au titre des
règlements REACH et CLP (données de mi-décembre 2023)
Substance
Entrée au
programme de
travail- Sortie du
programme de
travail
Statut
Priorité telle que
définie dans
l?annexe 5 de
l?avis 2019-SA-
079
Disulfure de
Carbone
2013 ? 2023
Catégorisation finalisée : non PE.
RMOA finalisé, CP effectuée/
Finalisation de l?avis en cours
II
MTBE 2014 - 2023
RMOA finalisé, CP effectuée, avis
publié : Dossier Classification comme
substance Persistante, Mobile et
Toxique (PMT) à préparer
II
Fluorure de sodium 2021 - 2023
Finalisation en cours de l?évaluation
(Classification PE de la substance)
Objectif : fin 2023
Liste prioritaire
Lithium 2020 - 2023
Evaluation PE Finalisée mais non
encore publiée
(Évaluation PE intégrée à l?ensemble
du RMOA sur les critères
écotoxicologiques..)
Absent
Melamine 2021 - 2023
RMOA finalisé CP effectuée
Publication imminente de l?avis
Liste prioritaire
Titanium dioxide 2021
Update à venir du dossier par les
industriels (annoncé en décembre
2023) Attente en conséquence de la
publication du RMOA - Réunion avec la
DGT pour statuer sur ce point
II
BHT 2016
Echanges en cours avec les industriels
qui ne sont pas d?accord avec les
nouveaux tests demandés et
cependant nécessaires pour conclure
(recours probable en chambre des
recours au niveau européen après
échange avec les homologues
européens)
III
BHA 2015
Evaluation reprise pour identification
PE en cours.
I
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Avis en cours de finalisation ? RMOA en
cours ? (incertitude sur la classification
SVHC PE / sinon la classification CLP /
cat 2 sera proposée)
3,5,5-
trimethylcyclohex-
2-enone appelée
Isophorone
2013
Analyse des nouvelles données à
effectuer.
Absent
Bisphenol S 1er S-23 Identification SVHC PE effectuée I
Methylparabène 2014
Follow-up SEv+CCH: études reçues.
Evaluation PE en cours.
I
tris(4-nonylphenyl,
branched)
phosphite dit TnPP
2013
Devrait être identifié SVHC PE d?ici août
2025
Abs
Galaxolide
RMOA 2018, mis à
l?évaluation 2022
Demande en cours de tests
environnementaux supplémentaires ?
Pas assez de données pour conclure,
Classification PE-Human Health (santé
humaine) & Reprotoxicité à prévoir
III
Triphenyl phosphate
dit TPP (ouTPhP)
(récupérée post
Brexit)
2017
Dépôt dossier SVHC PE-ENV en février
2024
I
Octocrilene 2012
LAGDA en cours (test sur amphibien) +
Dossier de restriction en cours
Abs
OTNE 2017 Demande de test complémentaires ?
Pas assez de données pour conclure
Abs
BPF
BPAF
2022 Identification PE effectuée Abs
Butanoic acid, 4-
amino-4-oxosulfo-,
N-coco alkyl derivs.,
monosodium salts,
compds. with
triethanolamine
2023 Demande d?étude complémentaire Abs
tert-
butylphenyldiphenyl
phosphate
2023 Identification SVHC Abs
Abréviations : RMOA : Analyse de la meilleure option de gestion des risques / CP : Consultation
publique / SEv : substance evaluation / CCH : Compliance Check / LAGDA : Essai de croissance
et de développement de larves d?amphibiens (Lignes directrices de l?OCDE pour les essais de
produits chimiques, Section 2 Essai n°241)
Source : Document de travail de l?Anses
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Annexe 7.1.2 Focus sur l?état d?avancement des évaluations des
substances au titre des règlements phytopharmaceutiques
et biocides (données de mi-décembre 2023)
Sont détaillés ci-dessous, l?état d?avancement des évaluations des substances actives (SA)
biocides et produits phytopharmaceutiques menées en 2023 et le détail des substances en cours
d?instruction à ce jour.
Evaluations PE menées en 2023 :
? C(M)IT (nouvelle SA biocide) : les données ont été reçues mi-2023. L?évaluation
PE réalisée en 2023 a été transmise à l?ECHA pour évaluation par les pairs (peer-
review).
? Alpha-bromadiolone (nouvelle SA biocide) : les données ont été reçues mi-2023.
L?évaluation PE est en cours, et sera transmise à l?ECHA début 2024.
? Fludioxonil (SA phytopharmaceutique) : après un arrêt d?horloge 162 pour la
fourniture de données, l?évaluation PE a été transmise à l?EFSA en 2023 qui devrait
finaliser l?évaluation fin 2023/début 2024.
? Cyprodinil (SA phytopharmaceutique) : après un arrêt d?horloge pour la fourniture
de données, l?évaluation PE a été transmise à l?EFSA en 2023 qui devrait finaliser
l?évaluation fin 2023/début 2024.
? Fosétyl (SA phytopharmaceutique) : après un arrêt d?horloge PE pour fourniture de
données jusqu?à fin 2022, l?évaluation PE devrait être finalisée fin 2023/début 2024.
? Indoxacarbe (renouvellement SA biocide) : les données ont été reçues mi-2023.
L?évaluation PE est en cours, et sera transmise à l?ECHA en 2024 sous réserve que
les autres sections soient également finalisées.
Substance actives phytopharmaceutiques en cours d?instruction en 2024 :
? Pirimiphos méthyl (Brexit) ;
? Prohexadione ;
? Tébufenpyrade ;
? Tétraconazole ;
? Ester méthylique de l'acide 2,5-dichlorobenzoïque ;
? Indaziflam.
Substances actives biocides en cours d?instruction 2024/2025 :
? Cuivre : les données ont été reçues mi-2022. L?évaluation PE a été non concluante
et de nouvelles données sont demandées, attendues pour fin 2024 au plus tard.
? Géraniol : de nouvelles études ont été reçues début 2022. L?évaluation PE a été
non concluante et de nouvelles données sont demandées, attendues pour mi-2024.
? DEET : dans le cadre du renouvellement de la SA, le dossier a été mis en arrêt
d?horloge pour demande de données complémentaires mi-2024.
? OIT : après un arrêt d?horloge pour fourniture de données fin 2023, l?évaluation PE
est prévue pour 2024.
A noter que la France est également autorité compétente évaluatrice (eCA) pour des dossiers de
substances actives biocides à base de chlore actif (généré par électrolyse) ou de monochloramine
généré in situ. Pour ces dossiers, l?évaluation du caractère PE est menée en concertation avec
162 Depuis l?entrée en vigueur de la méthode d?évaluation du caractère perturbateur endocrinien en 2018, toutes les demandes de
renouvellement ou d?approbation d?une substance active sont évaluées selon ce critère. Dans ce processus européen de
réévaluation des substances, les agences peuvent demander des données complémentaires afin d?évaluer le caractère de
perturbation endocrinienne se traduisant par un arrêt d?horloge (« stop-clock ») d?une durée maximale de 30 mois.
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d?autres eCA qui ont des dossiers analogues. Les conclusions sur les propriétés PE sont attendues
en 2024 pour le chlore actif et en 2026 pour le monochloramine (études 2G en cours de réalisation).
Annexe 7.2. Etablissement d?une liste de substances de PE
potentiels
L?action 3 prévoyait la définition d?une méthode de priorisation des substances qui peuvent
présenter des propriétés PE en vue d?établir une liste hiérarchisée de ces substances.
Annexe 7.2.1 Méthode de priorisation des substances qui peuvent
présenter des propriétés PE potentielles
L?Anses a repris la méthodologie DEDuCT qui permet d?identifier les PE potentiels pour la santé
humaine à partir d?un screening d?articles scientifiques contenant des preuves expérimentales
d?effets PE pour aboutir à une liste de 686 substances. De plus, une étude d?impact de la
Commission Européenne de 2016 pour proposer différentes options de définition d?un PE a permis
d?identifier 197 substances actives biocides et phytopharmaceutiques comme PE confirmés,
présumés ou suspectés sans preuve in vivo dont 45 sont déjà présentes dans la liste DEDuCT.
L?Anses a également réalisé un criblage de substances présentes dans au moins un produits
biocide ou phytopharmaceutique pour lequel l?Anses a la charge de délivrer des autorisations de
mise sur le marché identifiant 81 co-formulants susceptibles de présenter une activité endocrine
dont 13 étaient déjà dans la liste DEDuCT. Au total, ce sont 906 substances potentiellement PE
que l?Anses a pu identifier.
Pour pouvoir les prioriser, cette liste de 906 substances a fait l?objet de différentes étapes de
sélection, synthétisées ci-dessous :
Graphique 3 : Etapes de sélection des substances à scorer
*Ministères chargés de la mise en oeuvre de la SNPE2 : Ministères de la Transition écologique et
solidaire (MTE), et des Solidarités et de la Santé (MSS)
Source : Anses
Revue de la littérature par la liste DEDuCT + Etude d'impact de la
Commission européenne de 2016 + Criblage de co-formulants
biocides et phytopharmaceutiques : établissement d'une liste de 906
substances d'intérêt
705 substances éligibles à une priorisation (exclusion de
12 substances déjà identifiées comme SVHC, 12
substances actives déjà interdites, 2 substances sans
numéro d'identification CAS ou EC)
266 substances enregistrées dans REACH
141 substances enregistrées sans
action règlementaire
59 substances pré-
sélectionnées par les
Ministères* en fonction
du niveau d'information
16 substances
sélectionnées par
l'Anses, à scorer
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Les différents critères de sélection ont permis d?aboutir à une liste de 16 substances que l?Anses a
hiérarchisé selon un score de priorisation considérant leurs dangers, les expositions et le niveau
de préoccupation sociétales qu?elles suscitent.
Annexe 7.2.2 Conclusions des substances inscrites au programme
annuel d?évaluation de l?Anses à partir de la liste de
substances d?intérêts
La liste finale des 16 substances d?intérêts du fait de leur action endocrine potentielle élaborée
dans le cadre de l?action 3 a permis d?inscrire au programme annuel d?évaluation de l?Anses, 3
nouvelles substances :
la Mélanine qui s?est avérée ne pas être PE, après évaluation ;
le Fluorure de sodium (NaF) dont l?évaluation en cours de conclusion révèle des propriétés
PE et qui sera proposé au titre du règlement CLP ;
le Triéthanolamine (TEA) pour lequel l?Anses attend le retour de l?Allemagne qui évalue une
substance similaire, le Diéthanolamine (DEA), avant de rendre sa conclusion.
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Annexe 8. Surveillance sanitaire
La surveillance sanitaire mise en oeuvre par la SNPE2 comporte deux volets :
la surveillance épidémiologique qui décrit et analyse les pathologies en lien avéré ou
suspecté avec les perturbateurs endocriniens, afin notamment d?en surveiller les
tendances temporelles et spatiales ;
la biosurveillance humaine qui mesure la présence de perturbateurs endocriniens dans
l?organisme ou leurs effets précoces.
Annexe 8.1. La biosurveillance
Annexe 8.1.1 L?élaboration d?un nouveau programme de biosurveillance
(ALBANE)
La biosurveillance consiste à prélever des matrices biologiques comme le sang, l?urine, les cheveux,
le lait maternel et à y doser les substances recherchées, appelées "biomarqueurs"163. La mesure
qui est faite intègre toutes les sources d?exposition, quelles que soient les voies d?entrée des subs-
tances dans le corps humain (alimentation, respiration, contact?), et quels que soient le lieu d?ex-
position (domicile, travail?), l?activité ou la nature des produits en cause.
Le principal résultat obtenu par la SNPE2 est la décision de lancer en 2024 un nouveau programme
de biosurveillance, l?enquête ALBANE (alimentation biosurveillance santé nutrition environnement).
ALBANE, comme ESTEBAN avant lui, vise à décrire les niveaux d?imprégnation de la population
française par les polluants de l?environnement. Des prélèvements biologiques seront réalisés dans
différentes matrices, principalement l?urine et le sang, afin de mesurer les marqueurs d?exposition
et définir des valeurs référence d?exposition de la population. L?enquête comprend un volet biosur-
veillance, un volet alimentation, un volet nutrition (activité physique) ainsi qu?un volet santé, qui
permettront d?établir des liens potentiels entre les expositions alimentaires et les niveaux d?impré-
gnation.
Contrairement à ESTEBAN, l?enquête ALBANE comporte plusieurs cycles de deux ans (sur les
modèles canadien ou américain), ce qui permet une adaptation du modèle et d?en améliorer la
pertinence, à moindre coût (en fonction des cycles, possibilité d?inclure différents types de popula-
tions/paramètres/substances). Les plans de sondage seront davantage stratifiés afin d?obtenir une
meilleure représentativité temporelle et produire des indicateurs au niveau régional. Ils permettront
d?étudier certaines substances communes ou spécifiques par cycle.
Le premier cycle est prévu de septembre 2024 à septembre 2026.
Trois types de populations seront couvertes (enfants, adolescents, adultes) dans le cadre des trois
cycles, avec différentes couvertures géographiques. L?étude inclut 1150 enfants et adolescents de
163Un biomarqueur est une substance ou un indicateur d?activité biologique, qui peut être dosé dans l?organisme et qui peut refléter
l?existence d?expositions environnementales, d?effets biologiques, de pathologies, ou encore d?une prédisposition génétique. Le
terme « biomarqueurs » comprend des biomarqueurs d?exposition, d?effet, et de susceptibilité (réponse de l?organisme).
Dans le champ de la biosurveillance humaine, les biomarqueurs d?exposition sont les plus employés. Ils permettent de mesurer
la présence d?une substance chimique ou des métabolites de cette substance dans l?organisme (dans le sang, les urines, les
cheveux, le lait maternel, etc.). Cette mesure de l?exposition aux substances chimiques présentes dans l?environnement intègre
l?ensemble des sources (air, eau, alimentation, etc.) et voies d?exposition (orale, respiratoire et cutanée).
Le terme d?imprégnation est souvent utilisé pour désigner les concentrations d'un biomarqueur d?exposition mesurées dans
l?organisme.
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3 à 17 ans (seront aussi inclus 150 enfants de 0 à 2 ans mais sans prélèvements biologiques). Les
adultes de 18 à 79 ans seront au nombre de 2000.
Pour le premier cycle, une vingtaine de familles de substances seront analysées, dont une bonne
part de perturbateurs endocriniens : phtalates, bisphénols/alkylphénols, PFAS, carbamates, pesti-
cides, ions percholorates, métaux?. Des analyses non ciblées pourront être intégrées, afin de
disposer de polluants qui ne sont pas analysés habituellement. Des biomarqueurs d?effets seront
également intégrés (dès le cycle 1 pour la fonction thyroïdienne mais surtout en cycle 2 et 3) afin
de pouvoir relier des expositions à des effets sanitaires et de mettre en évidence des effets pré-
coces. Certaines substances sont communes entre les cycles, notamment celles qui présentent
une durée de demi-vie courte permettant de suivre des évolutions.
Les Outre-Mer ne sont pas inclus dans ALBANE à ce stade. Ils devraient faire l?objet d?une biosur-
veillance spécifique. D?ores et déjà, il y a des programmes spécifiques de bio surveillance en cours,
en particulier Kanari 2 aux Antilles, axé sur la chlordécone.
Le budget prévisionnel d?ALBANE est de 10 M¤.
ALBANE constitue la contribution française au volet « biosurveillance » du projet PARC. PARC
(partenariat européen pour l'évaluation des risques liés aux substances chimiques), coordonné par
l?Anses, comporte 9 volets, dont l?un consacré à la surveillance (« surveiller et mesurer l'exposition
à la fois chez l'homme et dans l'environnement, en tenant compte des différentes sources, du de-
venir des substances chimiques et des voies d'exposition, en travaillant sur les méthodes et outils
analytiques innovants. »). Ce volet est codirigé par l'agence allemande pour l'environnement et
Santé publique France. S?agissant de la biosurveillance, PARC prévoit notamment l?alignement
des programmes nationaux de biosurveillance ainsi que la consolidation et le développement de
la plateforme de biosurveillance humaine mise en place par HBM4EU (cf.infra). PARC prévoit éga-
lement de développer un réseau de laboratoires qualifiés pour l'analyse des biomarqueurs.
Annexe 8.1.2 L?exploitation des données d?ESTEBAN
Autre résultat marquant des 5 dernières années (même s?il n?était pas inscrit dans les objectifs de
la SNPE2) : l?exploitation de l?enquête ESTEBAN, qui donne un aperçu de l?exposition de la
population française. Ces résultats concernent des prélèvements faits en 2016. Ils ont été publiés
en 2021.
Dans le prolongement de l?enquête ELFE (volet périnatal du programme de biosurveillance, dont
les résultats ont été publiés avant le lancement de la SNPE2), ESTEBAN apporte des informations
sur l?imprégnation de la population française à de nombreuses substances, dont plusieurs
perturbateurs endocriniens : bisphénols, phtalates, perfluorés, parabènes, retardateurs de flamme,
plomb ... A l?exception des parabènes (taux d?imprégnation de 60%), ces PE sont retrouvés dans
près de 100 % des échantillons, révélant une imprégnation générale de la population. Pour chaque
famille de substances, les principales voies d?exposition (alimentation, cosmétiques, tabac?) sont
identifiées. En revanche, ces résultats ne permettent pas d?apprécier l?évolution de cette
imprégnation, les perturbateurs endocriniens n?ayant pas été recherchés dans les précédents
programmes de bio surveillance, à l?exception du plomb.
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Figure 2 : Résultats d?ESTEBAN
Source : SpF
Pour le plomb, on dispose d?une comparaison entre les résultats d?ESTEBAN et ceux du
précédent programme de bio surveillance : l?imprégnation est en diminution, qu?il s?agisse de la
moyenne générale (MG) ou des personnes les plus exposées (P95).
Annexe 8.1.3 Le programme HBM4EU
Les résultats d?ESTEBAN ont été mis en perspective européenne grâce à HBM4EU. Le projet
européen HBM4EU a été lancé en 2016 dans le but d?améliorer la compréhension collective de
l?exposition humaine aux produits chimiques dangereux. Le projet a bénéficié d?un financement de
74 millions d?euros et a été mis en oeuvre conjointement par 120 partenaires de 28 pays participants
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? 24 États membres de l?UE auxquels s?ajoutent la Norvège, la Suisse, l?Islande et Israël et l?Agence
européenne pour l?environnement. L?Inserm pilotait le 3ème volet de ce programme consacré au lien
entre exposition et la santé. Le projet a pris fin en juin 2022.
Les résultats pour le bisphénol montrent une imprégnation plus importante en France au BPA et
BPS mais moindre pour la BPF. Les résultats d?HBM4EU montrent également des évolutions
temporelles différentes selon les Bisphénols (entre 2014 et 2020, diminution notable pour le BPA
et modérée pour le BPF ; augmentation modérée pour le BPS).
De même, la France se distingue par un taux d?imprégnation particulièrement élevé des enfants
aux phtalates.
Annexe 8.2. La surveillance épidémiologique
Annexe 8.2.1 La santé reproductive
L?infertilité masculine
En 2015, dans le cadre de la SNPE1, un groupe de travail international réuni par S PF avait priorisé
un certain nombre de maladies en lien avec les PE, au premier rang desquels figure la santé re-
productive164.
Une étude publiée en juillet 2018 par Santé publique France concluait à « des résultats reflétant
une altération globale de la santé reproductive masculine en France, cohérente avec la littérature
internationale, probablement depuis les années 1970 pour la qualité du sperme »165.
Les auteurs relèvent notamment une baisse significative et continue de 32,2% (entre 1989 et 2005)
de la concentration spermatique (léger rebond entre 1998 et 2000, suivi par une reprise de la
baisse).
Comme l?indique SpF dans sa publication, ces indicateurs dégradés sont constatés dans tous les
pays industrialisés.
Une méta-analyse réalisée en 2017166 fait apparaître un déclin de plus de 50 % de la concentration
spermatique chez les hommes des pays industrialisés entre 1973 et 2011, se poursuivant proba-
blement au même rythme depuis cette date.
En 2011, la concentration spermatique moyenne observée n?était plus que de 47 millions/ml, ex-
posant une large proportion d?hommes à une concentration spermatique inférieure à 40 M/ml, qui
pourrait entraîner un allongement du délai nécessaire à concevoir et accroître très sensiblement le
recours aux traitements thérapeutiques pour infertilité. A ce rythme, selon cette étude, la concen-
tration spermatique moyenne des hommes occidentaux pourrait franchir le seuil de 40 M/ml en
2045, ce qui signifierait une infertilité générale (et donc la nécessité d?un recours à la PMA pour la
très grande majorité des couples).
SpF concluait son article de 2018 en mettant en cause les expositions environnementales, en par-
ticulier les expositions aux PE, « présents de façon croissante et ubiquitaire dans l?environnement
164 Le réseau scientifique collaboratif (HUman Reproductive health and General Environment NeTwork) que coordonnait
SpFrance, visait à établir les bases d?un système de surveillance international de la santé reproductive, dans le contexte de
l?exposition aux PE.
165 Le Moal J, Rigou A, de Crouy-Chanel P, et al. Analyse combinée des quatre indicateurs du syndrome de dysgénésie testiculaire
en France, dans le contexte de l'exposition aux perturbateurs endocriniens : cryptorchidies, hypospadias, cancer du testicule et
qualité du sperme. Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire 2018
166 Temporal trends in sperm count: a systematic review and meta-regression analysis ; Human Reproduction Update ; Hagai
Levine et al; 2017
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et les produits de consommation depuis plusieurs décennies ». D?autres causes étaient mention-
nées, comme le tabagisme, des facteurs nutritionnels ou métaboliques, la pollution atmosphérique
ou des modifications de mode de vie (sédentarité, stress, chaleur, sommeil).
Une étude de 2022167 a montré que le bisphénol A figurait au premier rang des perturbateurs en-
docriniens impliqués dans la diminution constante de la concentration spermatique masculine ob-
servée depuis une quarantaine d?années dans les pays industrialisés.
Un article publié en 2023168 actualise et complète la méta analyse faite en 2017, par la même
équipe. Cet article montre que la diminution de la fertilité masculine (mesurée à travers la concen-
tration du sperme) n?est pas limitée aux pays occidentaux mais concerne les 5 continents. Il montre
également que le problème s?accélère : la diminution de la concentration spermatique après l?an
2000 est deux fois plus rapide qu?après 1972.
Les autres paramètres de la santé reproductive
La surveillance épidémiologique menée au titre de la SNPE2 a donné lieu à la publication de plu-
sieurs articles en 2022 par SpF, sur plusieurs pathologies (cryptorchidie, endométriose, fibromes
utérins), complétant les résultats publiés en 2018 sur la fertilité masculine. Une synthèse de cette
surveillance sanitaire a également été publiée en 2022 par SpF169.
Tableau 15 : les indicateurs de santé reproductive
Nbre cas / an Evolution incidence
Taux d?incidence (/
10 000)*
Période
d'analyse
Cryptorchidie 7 000 +2,6% par an 26 2002-2014
Hypospadias 3 000 Pas d'évolution 10 2002-2014
Qualité du sperme
- 1,9% par an (baisse de la
concentration spermatique)
1989-2005
Cancer du testicule 2 000 +1,5% par an 0,7 1998-2014
Endométriose 30 000 +1,2% par an
10 (femmes âgées
de 10 ans et plus)
2011-2017
Fibrome utérin 36 000
Biaisée par l?augmentation
de la prise en charge par
médicament (+13% par an)
17,1
(femmes âgées de
10 à 54 ans)
2013-2017
Puberté précoce centrale
idiopathique
1 500 +4,5% par an
2,7 chez les filles
et 0,2 chez les
garçons
2007-2017
* Cas et incidences estimés à partir des cas traités ou opérés, enregistrés dans le SNDS (système
national des données de santé). Ils ne représentent pas l?exhaustivité des cas rencontrés dans la
population générale.
Source : SpF
167 Combined exposures to bisphenols, polychlorinated dioxins, paracetamol, and phthalates as drivers of deteriorating semen
quality, Environment International, Volume 165, July 2022, 107322
168 Temporal trends in sperm count: a systematic review and meta-regression analysis of samples collected globally in the 20th
and 21st centuries ; Human Reproduction Update ; Hagai Levine et al ; 2023
169 « Bilan et perspectives du programme de surveillance des pathologies en lien avec les perturbateurs endocriniens », J.
Caudeville et al, 2022
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On notera que les indicateurs relatifs à la dysgénésie testiculaire170 datent de 2014 au mieux, par-
fois 2005 pour la qualité du sperme. Interrogé sur ce point, Santé Publique France pointe des dif-
ficultés méthodologiques et légaux (protection des données médicales) : cela ferait 3 ans que
l?Agence essaierait d?obtenir une actualisation des chiffres sur la qualité du sperme.
Dans la continuité des publications précédentes, ces résultats confirment une dégradation continue
des indicateurs en matière de santé reproductive. Des indicateurs dont la construction a un effet
minorant comme le note SpF : « Hormis pour la qualité du sperme, les indicateurs sont construits
à partir des données disponibles dans la base de données du système national des données de
santé (SNDS), seules données produites en continu et couvrant tout le territoire. Ces indicateurs
ne reflètent que les cas pris en charge, en sous-estimant de façon importante le problème de santé
publique car le nombre de patients souffrant de ces pathologies est bien plus important. »
Ce propos est cependant nuancé par SpF qui indique que cette dégradation « peut être soit le
témoin d?une augmentation de l?incidence des pathologies, soit de la sensibilisation des popula-
tions voire des médecins à certaines maladies (meilleures connaissances, détections et prises en
charge des pathologies), ou une combinaison de ces hypothèses. »
Pour l?endométriose, le taux d?incidence en France est dans le même ordre de grandeur que dans
les autres pays européens utilisant des données hospitalières. Pour le fibrome utérin, le taux d?in-
cidence de l?étude de SpF serait dans la fourchette basse des estimations issues de la littérature
internationale.
Graphique 4 : Fibrome utérin
Source : SpF
170 Syndrome associant chez les hommes quatre anomalies du système reproducteur : cancer germinal testiculaire, cryptorchidie,
hypospadias et hypofertilité masculine.
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Graphique 5 : Endométriose
Source : PMSI
Autres indicateurs épidémiologiques
Sante publique France et l?INCa assurent également une surveillance épidémiologique du cancer
du sein ou de la prostate, dont les PE sont un facteur de risque avéré :
? Entre 1990 et 2018, le nombre annuel de nouveaux cas de cancer du sein chez la femme
a presque doublé, passant de 29 970 à 58 400 cas annuels, soit +1,1 % par an en moyenne ;
entre 2010 et 2023, la progression a été plus faible, estimée à +0,3 % par an. La France
était, en 2022, au premier rang mondial pour ce cancer (taux d?incidence de 105.4/100 000
selon le CIRC)
? Entre 2010 et 2018, le taux d'incidence du cancer de la prostate a diminué de -1,1 % par
an en moyenne ; cette baisse fait suite à une forte augmentation entre 1990 et 2005 ; 59
885 nouveaux cas ont été diagnostiqués en 2018 en France métropolitaine ; ce cancer
figure au 1er rang des cancers chez l'homme (25 % de l?ensemble des cancers masculins).
Selon SpF (qui rejoint l?INCa), il est difficile d?évaluer la part des facteurs environnementaux dans
la progression de ces cancers, dont la cause est multifactorielle (comportements, génétique,
environnement?).
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Graphique 6 : Taux d?incidence et de mortalité par cancer du sein en France
selon l?année (1990-2018)
Source : INCa
Graphique 7 : Taux d?incidence et de mortalité par cancer de la prostate en
France selon l?année (1990-2015)
Source : INCa
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Enfin, des travaux ont été menés sur l?hyperthyroïdisme infantile, montrant, dans le cadre du dia-
gnostic néonatal systématique171, une augmentation de 30.1% du nombre de cas sur la période
2008-2017. L?augmentation est régulière au cours de la décade, pour les garçons comme pour les
filles, dans toutes les classes d?âge et dans tous les départements (avec cependant des taux d?in-
cidence variables selon les territoires considérés).
A la différence de la bio surveillance, la surveillance des maladies en lien avec les PE n?a pas eu
de prolongement européen substantiel. On trouve néanmoins dans PARC, une tâche consacrée
au « fardeau environnemental », mêlant surveillance intégrée et recherche, avec pour cas d?étude
« impact du plomb sur le QI ». 7 pays y contribueront (SpF, Inserm et Anses pour la France).
Annexe 8.2.2 La mise en place d?un nouveau système de surveillance
sanitaire
Une consultation sur les indicateurs sanitaires à suivre dans le cadre de la surveillance sanitaires
en lien avec les PE a été lancée en 2021 par Santé Publique France (Projet PEPS'PE, dont les
résultats ont été publiés en novembre 2023).
Cette méthode de « priorisation des effets sanitaires à surveiller » repose sur un classement des
effets sanitaires selon deux critères :
le poids des preuves scientifiques ;
l?intérêt épidémiologique et sociétal à mettre en place cette surveillance (critère composite
incluant la gravité, l?incidence et la préoccupation sociétale).
Afin d?évaluer ces deux critères, SpF a mis en oeuvre une méthode (appelée Delphi) combinant,
d?une part, les données de la littérature scientifique ainsi que l?avis d?experts et, d?autre part, l?avis
des parties prenantes.
Cette méthode s?organise autour de deux questionnaires (l?un scientifique, l?autre sociétal) aux-
quels ont répondu, chacun pour ce qui les concerne :
52 experts (français et étrangers) dans différents domaines (toxicologues, épidémiologistes,
cliniciens...) ;
18 représentants des parties prenantes intervenant dans le champ des PE.
SpF relève que le nombre de participants du questionnaire sociétal était relativement faible par
rapport aux recommandations faites dans la littérature, malgré des invitations diffusées très large-
ment (invitations de l?ensemble des parties prenantes de la SNPE2, multiples relances, présenta-
tion du projet aux membres de la SNPE2 pour augmenter l?implication des acteurs). Pour compen-
ser cette lacune, les résultats ont été mis à disposition à l?ensemble des parties prenantes du PNSE
4 et de la SNPE2 pour consultation, avant la publication officielle du programme de surveillance de
l?agence, afin d?intégrer des avis qui n?auraient pas été pris en compte dans la consultation.
En complément, pour s?assurer de la pertinence de la priorisation, une revue de la littérature inter-
nationale a été faite. Un total de 59 effets sur la santé étaient à prioriser. 43 d?entre eux ont pu être
évalués lors de la consultation, les 16 autres n?ayant pu être priorisés par manque de participants
ou par absence de consensus.
Parmi les priorités (fortes et modérées), on trouve les troubles de la santé reproductive qui faisaient
déjà l?objet d?une surveillance : endométriose, puberté précoce, cryptorchidies, altération de la qua-
lité du sperme, cancer du testicule ? S?y ajoutent d?autres pathologies ou effets sanitaires non
171 Avec l?accord des parents
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encore surveillés au titre des PE, dans le champ de la santé reproductive (infertilité, cancer de
l?endomètre, cancer des ovaires ?) mais aussi des troubles métaboliques (surpoids et obésité,
syndrome métabolique, diabète de type 2?) et des troubles du neurodéveloppement (troubles du
déficit de l?attention avec ou sans hyperactivité, troubles du comportement, déficience intellec-
tuelle ?). Soit un total de 21 pathologies ou effets sanitaires retenus in fine : 13 avec une priorité
forte et 8 avec une priorité modérée. Pour chacun, est associé un « niveau de confiance » reflétant,
notamment, le degré de consensus des avis rendu par les experts et parties prenantes.
Tableau 16 : Résultats de la priorisation PEPS?PE
Source : SpF
A l?issue de ce travail de priorisation, Santé publique France doit procéder à l?analyse de la
faisabilité du nouveau dispositif de surveillance.
SpF entend inscrire cet élargissement des pathologies surveillées dans un dispositif de surveillance
intégrée, combinant, d?une part, les analyses spatio-temporelles des taux d?incidence et, d?autre
part, les expositions environnementales.
Cette surveillance intégrée devrait commencer par trois effets sanitaires en lien avec la santé
reproductive : cancer des testicules puis qualité du sperme et enfin puberté précoce. SpF devrait
ainsi pouvoir publier de nouveaux résultats sur l?impact des PE sur la santé reproductive dans 5
ans, selon une approche intégrée. Les autres pathologies, en particulier les troubles du neuro
développement (baisse de QI, déficit intellectuel, troubles autistes et troubles de l?attention), seront
également intégrées dans cette surveillance intégrée (en limitant ce croisement au fardeau
environnemental). Enfin, les cancers hormono-dépendants (sein, prostate?) seront intégrés dans
ce dispositif grâce au croisement entre les données du SNDS (associées aux données des
registres) et les données environnementales.
L?ambition est d?inclure le concept d?exposome dans cette surveillance, pour selon SpF, « combiner
l?ensemble des données disponibles (intégration de données issues d?enquêtes, de cohortes, de
registres, de données locales de terrain) et différentes approches méthodologiques (analyses
spatio-temporelles, études écologiques et fardeau environnemental notamment) pour mesurer,
analyser et interpréter l?impact des changements environnementaux sur la santé humaine ».
A ce titre, il est envisagé d?avoir recours à l?intelligence artificielle pour exploiter les bases de
données environnementales et de santé (green data for health et health data hub).
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Annexe 9. La surveillance environnementale
Annexe 9.1. La surveillance de l?air ambiant
L?arrêté du 19 avril 2017 relatif au dispositif national de surveillance de la qualité de l?air ambiant
mentionne que les associations agréées surveillance qualité de l?air (AASQA) surveillent les
polluants d?intérêt national dont la liste et les modalités de surveillance sont définies selon une
stratégie nationale de surveillance. Les polluants d?intérêt national sont définis comme les polluants
autres que les polluants réglementés pour lesquels la surveillance est effectuée conformément au
référentiel technique national.
Lancée en 2018, avant le démarrage de la SNPE2, la campagne nationale exploratoire sur les
pesticides (CNEP) dans l?air ambiant mené sur 12 mois par l?Anses, l?Ineris et le réseau des AASQA
portait sur 75 substances sur 50 sites (grandes cultures, viticulture, arboriculture?) et a permis
d?obtenir une photographie des substances présentes dans l?air ambiant et leurs niveaux de
concentration en France.
Cette campagne, prévue avant le démarrage de la SNPE2, n?a pas été construite avec un objectif
« perturbateur endocrinien ». Ainsi d?après le rapport de l?Anses seuls 10 substances détectées
pendant la campagne sont classées comme étant des perturbateurs endocriniens au titre européen,
et 11 substances sont classées par l?Anses comme étant des « perturbateurs endocriniens
possibles ». A noter qu?aucune de ces 21 substances détectées n?apparaît dans l?arrêté pris dans
le cadre de la loi AGEC, seules 3 apparaissent en liste 2 sur le site EDlist.org et seules 2
apparaissent sur le site de l?ECHA comme étant en cours d?évaluation pour leur caractère
perturbateur endocrinien par un Etat Membre.
Pour rappel, le site EDlists.org regroupe les conclusions issues des dossiers d?évaluation existant
dans une seule et même base de données. A l?initiative de six Etats-membres (Belgique, Danemark,
Espagne, France, Pays-Bas et Suède), ce site informe sur le statut PE des substances ou l?état
d?avancement des évaluations en cours relatives à ces propriétés dans l?UE, afin d?améliorer la
connaissance sur les PE mais aussi la transparence sur les évaluations, leur cohérence et leur
homogénéité au sein de l?UE. Les substances de la liste 2 du site EDlist.org sont les substances
en cours d'évaluation pour leurs propriétés de perturbation endocrinienne suspectées dans le
cadre d'une législation européenne. Ces substances font l?objet d?une expertise collective pour leur
propriété de perturbation endocrine qui n?a pas encore été conclue.
A partir de 2021, un suivi pérenne national des polluants d?intérêt national a été mis en place, la
liste des polluants, publiée le 18/03/2021, contient 75 pesticides. Parmi ces pesticides, 3 sont
identifiés comme étant en cours d?évaluation pour leur caractère de perturbation endocrine par un
Etat membre et 46 sont identifiés comme étant des substances chimiques d?intérêt en raison de
leur activité endoctrine potentielle par l?Anses dans son avis d?avril 2021.
Tableau 17 : Perturbateurs endocriniens recherchés dans les campagnes de
surveillance de l?air ambiant
Campagne Substance N° CAS Information sur le caractère PE de
la substance
2018 & 2021 Diuron 330-54-1 Liste 2 de EDlist.org
En cours d?évaluation pour son
caractère PE par un Etat Membre
2018 & 2021 Etofenprox 80844-07-1 En cours d?évaluation pour son
caractère PE par un Etat Membre
2018 & 2021 Deltaméthrine 52918-63-5 Liste 2 de EDlist.org
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2018 & 2021 Métribuzine 21087-64-9 Liste 2 de EDlist.org
2021 Terbutryne 886-50-0 En cours d?évaluation pour son
caractère PE par un Etat Membre
2021 Prochloraz 677747-09-05 Liste 3 de EDlist.org
Source : LCSQA
Annexe 9.2. La surveillance de l?air intérieur
Plus de 15 ans après la première campagne nationale logement (CNL1) menée en 2003-2005 et
visant à effectuer un état de la qualité de l?air intérieur dans les logements français, une deuxième
campagne nationale logement (CNL 2) a été lancée fin 2020 par l?Observatoire de la qualité de l?air
intérieur (OQAI) pour :
Déterminer l?évolution de la qualité de l?air dans les logements en France depuis la CNL1.
Rechercher plus spécifiquement des polluants émergents, perturbateurs endocriniens et
pesticides.
Ces données doivent :
Pallier le manque de connaissances sur l?exposition des français au quotidien dans leur
logement et mettre à jour les valeurs sanitaires de référence.
Permettre de rechercher les contributions de la pollution intérieure parmi les
caractéristiques de l?environnement, du bâtiment, du ménage et de leurs activités
domestiques.
Le début de la campagne CNL2, initialement programmé en 2020 a finalement été décalé en 2021
en raison de la crise sanitaire. Cette campagne cible des logements qui avait déjà été fléchés dans
la CNL1 et porte sur des mesures de concentrations de substances déjà analysées dans la
précédente campagne à des fins de comparaison ainsi que 40 nouvelles substances. La CNL2
vise ainsi à mesurer environ 170 polluants dans 600 logements, parmi lesquelles les perturbateurs
endocriniens suivants :
Tableau 18 : Perturbateurs endocriniens recherchés dans la campagne de
surveillance de l?air intérieur de 2021
Substances PE N° CAS Règlementation
p-nonylphenol 104-40-5 REACH (PE environnement)
Bis (2-ethylhexyl)phthalate (DEHP) 117-81-7 REACH (PE environnement & humain)
4-(1,1,3,3-tetramethylbutyl)phenol 140-66-9 REACH (PE environnement)
Diisobutyl phthalate 84-69-5 REACH (PE humain)
Dibutyl phthalate (DBP) 84-74-2 REACH (PE environnement & humain)
Benzyl butyl phthalate (BBP) 85-68-7 REACH (PE humain)
4-tert-butylphenol 98-54-4 REACH (PE environnement)
Source : OQAI
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La campagne de mesures CNL2 s?est terminée en janvier 2023 et aura permis l'investigation
d?environ 600 logements sur près de 2 ans.
La publication des résultats de la CNL2 n?est pas intervenue à ce jour. Le Centre scientifique et
technique du bâtiment (CSTB) prépare la publication du rapport à la suite de quoi une réflexion
sera engagée sur les suites à donner, notamment dans le cadre du nouvel Observatoire de la
qualité des environnements intérieurs (OQEI) en cours de constitution, qui a vocation à succéder
à l?OQAI. Des actions à mener pour prévenir et réduire l?exposition aux polluants de l?air intérieur,
parmi lesquels des perturbateurs endocriniens seront déterminées dans le cadre des travaux du
futur OQEI, sur la base des résultats de la campagne CNL2, lesquels doivent notamment contenir
des informations sur les modes de vie ainsi que les différentes sources d?exposition possibles parmi
lesquels les produits de construction, de décoration, d?ameublement et de consommation courante
dans les logements ciblés lors de la campagne.
A noter, qu?en 2024, l?Observatoire de la qualité de l?air intérieur est devenu un observatoire de la
qualité des environnements intérieurs, il sera porté conjointement par l?Anses et le CSTB. Aussi,
dans le cadre de ce nouvel observatoire, des travaux pourront être menés en 2024 afin de lancer
une réflexion méthodologique sur les prochaines campagnes de l?observatoire (hiérarchisation de
polluants à surveiller ; suivi continu d?un panel de logements). Par ailleurs, les données de la CNL2
seront exploitées par l?Anses et le CSTB afin d?obtenir des informations concernant notamment
l?impact sanitaire de certains polluants (potentiellement PE) présents dans les logements.
Enfin, les résultats obtenus seront utilisés pour renforcer l?information et la sensibilisation du grand
public et des personnes sensibles à la qualité de l?air intérieur. Des modifications réglementaires
relatives à une meilleure information (étiquetage ; création d?un score?) ou à la surveillance
réglementaire des polluants de l?air intérieur dans certains établissements recevant du public
pourraient également voir le jour à terme.
Annexe 9.3. Focus sur les PFAS dans la surveillance des sols
Le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) a finalisé un rapport faisant un état de
l?art des connaissances sur les composés perfluorés (PFAS) et leur présence dans les sites et sols
pollués.
Publié en décembre 2020, ce rapport rappelle que la présence des PFAS dans les sols est bien
moins renseignée que dans les autres milieux, et renseigne les milieux affectés (sols, eaux de
surface, eaux souterraines, sédiments, boues?) selon les sources. Ainsi, l?utilisation de mousses
(aires d?entrainement anti-incendie et incendie) serait la première cause de présence de PFAS
dans les milieux récepteurs.
A noter que la réglementation actuelle prévoit d'ores et déjà l'interdiction de certaines sous-familles
des PFAS (PFOS : acide perfluorooctanesulfonique et, à compter du 4 juillet 2025, PFOA : acide
perfluorooctanoïque) et que des projets de textes sont en cours de préparation aux niveaux
international et européen afin d'étendre les mesures d'interdiction et de restriction des utilisations
des PFAS.
Le rapport du BRGM met également en évidence le fait que les sites de production des PFAS et
l?épandage des boues d?épuration représentent deux autres sources substantielles de pollution des
sols par ces substances.
PUBLIÉ
Mai 2024 EVALUATION DE LA DEUXIEME STRATEGIE NATIONALE SUR
LES PERTURBATEURS ENDOCRINIENS
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Annexe 9.4. La surveillance des milieux aquatiques
Le croisement des substances chimiques présentant des propriétés de perturbation endocrinienne
figurant dans l?a