Appui à François Decoster, maire de Saint-Omer, pour sa mission relative à l'amélioration de l'aménagement des bassins versants, du dispositif de gestion des cours d'eau et de la prévention des inondations au sein de sa commune
TOURJANSKY, Laure
Auteur moral
France. Inspection générale de l'environnement et du développement durable (IGEDD)
Auteur secondaire
Résumé
<div style="text-align: justify;">Les précipitations continues du mois de novembre 2023 dans la suite de la tempête « Ciaran » puis en janvier 2024, ont engendré, dans le département du Pas-de-Calais et dans l'ouest du département du Nord, des inondations exceptionnelles, 303 communes ayant été reconnues comme relevant du dispositif « catastrophes naturelles ». La combinaison de pluies, ruissellements et inondations a eu des conséquences lourdes pour de nombreux habitants inondés plusieurs semaines, pour des activités économiques, bâtiments, équipements publics et infrastructures, y compris les cours d'eau et canaux, et pour l'environnement. Le territoire du delta de l'Aa et plus largement la Flandre maritime française, présentent des caractéristiques géographiques et physiques de vulnérabilité au risque d'inondation et de submersion marine, une partie du territoire étant située en-dessous du niveau de la mer, protégé par de cordons dunaires et des digues à la mer. Dans ce contexte et à la suite du déplacement du Président de la République, le 14 novembre, dans les territoires sinistrés, une mission a été confiée au maire de Saint-Omer pour mener une mission de parangonnage avec des territoires comparables riverains de la mer du Nord, aux Pays-Bas et en Belgique. Elle a eu pour vocation de formuler des premières recommandations contribuant à une réflexion plus large sur les évolutions à apporter à l'aménagement de l'ensemble des bassins versants affectés par ces inondations et au dispositif de gestion de l'eau et de prévention des inondations, évolutions tant techniques qu'en matière de gouvernance et de financement des aménagements et infrastructures. La mission a été centrée sur les enjeux liés aux inondations terrestres, la submersion marine et les risques de sécheresse croissants étant abordés à l'occasion, comme composantes d'une approche systémique sans pouvoir être systématique. Elle a permis de mettre en avant des évolutions historiques qui présentent des convergences dans les approches, mais les vulnérabilités plus apparentes du territoire néerlandais ou le choc de la « water bomb » de juillet 2021 en Belgique ont conduit les autorités nationales et régionales de ces pays à réaliser des inflexions dans leurs politiques qui peuvent inspirer une accélération de la prise en compte de l'impact du dérèglement climatique pour notre propre politique de prévention, la rendre plus robuste et l'articuler à la fois dans les urgences et le temps long nécessaire pour réaliser aménagements et investissements. La brutalité et la durée des inondations de ces dernières semaines ont aussi réinterrogé notre gestion de crise : les parallèles avec la gestion de crise des inondations meurtrières de juillet 2021 en Wallonie et la réflexion en cours pour l'amender sont aussi des inspirations pour préparer notre pays à une très probable multiplication des catastrophes climatiques que subiront nos territoires.</div>
Editeur
IGEDD
Descripteur Urbamet
changement climatique
;inondation
;climatologie
;prévention des risques
;risques naturels
;aménagement régional
;gestion de l'eau
Descripteur écoplanete
résilience
;gestion de crise
;catastrophe naturelle
Thème
Environnement - Paysage
;Ressources - Nuisances
Texte intégral
Mars 2024
Mission de parangonnage à la suite des
inondations de novembre 2023 et janvier
2024 dans les Hauts-de-France
François Decoster
Maire de Saint-Omer
Avec l?appui de Laure Tourjansky
Inspection générale de l?environnement
et du développement durable
P
U
B
L
I É
Mars 2024 Mission de parangonnage à la suite des inondations de
novembre 2023 et janvier 2024 dans les Hauts-de-France
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Sommaire
Sommaire ................................................................................................................................. 2
Liste des recommandations ................................................................................................. 6
Introduction.............................................................................................................................. 8
1 Des inondations longues, liées à des pluies exceptionnelles, sur un territoire
de polder ............................................................................................................................ 10
1.1 Des épisodes de pluie d?occurrence parfois centennale sur les sois humides du
polder ........................................................................................................................... 10
1.2 Des inondations importantes et longues sur plusieurs bassins .............................. 11
1.3 Une implication historique forte dans la gestion de l?eau mais des évolutions
récentes de nature à aggraver les inondations ........................................................ 14
1.3.1 Un système de drainage mis en place depuis le Moyen-âge ........................ 14
1.3.2 Une action structurée de l?Etat et des collectivités dans la prévention des
inondations ......................................................................................................... 15
1.3.3 Une gestion de l?eau qui mobilise de nombreux acteurs ............................... 18
1.4 Le climat change, le territoire aussi ........................................................................... 20
1.5 Les questions soulevées à l?issue de ces épisodes d?inondation ........................... 21
2 Des similitudes avec les pays voisins qui font socle, des différences qui
peuvent être inspirantes ................................................................................................. 22
2.1 Des axes d?action complémentaires et une implication de tous les niveaux ......... 23
2.1.1 La prévention des inondations s?inscrit dans le cadre européen et le rythme
et l?intensité de ses évolutions sont marqués par les grandes catastrophes
............................................................................................................................. 23
2.1.2 La prévention des inondations est partenariale par nature ........................... 23
2.1.3 La prévention des inondations prend le pas sur la protection à des rythmes
différents selon les pays ................................................................................... 25
2.1.4 La gestion de crise est organisée en fonction de la gravité de la catastrophe
............................................................................................................................. 26
2.1.5 Des coopérations sont une condition première de la prévention des
inondations ......................................................................................................... 26
2.2 Des différences dans le portage stratégique de la prévention des inondations .... 27
2.2.1 La capacité à faire de la prévention des inondations une priorité ................. 27
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2.2.2 La pondération des axes d?action .................................................................... 28
2.2.3 La posture en gestion de crise ......................................................................... 30
2.2.4 L?engagement dans l?adaptation au changement climatique ........................ 31
3 Les actions et axes de progrès qui se dégagent ....................................................... 34
3.1 Croiser le retour des inondations de fin 2023 - début 2024 et les bonnes
pratiques de nos voisins ............................................................................................. 34
3.1.1 Des leviers pour améliorer la gestion de crise ................................................ 34
3.1.2 Etablir un diagnostic partagé de l?état des cours d?eaux, canaux, fossés .... 36
3.2 Renforcer le portage de la prévention par les collectivités locales compétentes.. 36
3.3 Anticiper les modalités du relèvement et l?accompagner par une structure
spécifique ..................................................................................................................... 37
3.4 Renforcer les coopérations transfrontalières ............................................................ 37
3.5 Installer une institution stratège et pérenne, au plus haut niveau de l?Etat, pour
orienter et soutenir l?adaptation au changement climatique .................................... 39
3.5.1 Structurer le portage politique de l?adaptation au changement climatique
au plus haut niveau ........................................................................................... 39
3.5.2 Une action à lancer : représenter l?inondation et informer ............................. 40
Conclusion ............................................................................................................................. 45
Annexes .................................................................................................................................. 46
Annexe 1. Lettre de mission ............................................................................................... 47
Annexe 2. Agenda des déplacements et liste des personnes rencontrées .............. 49
Annexe 3. La prévention des inondations aux Pays-Bas ............................................. 52
Annexe 3.1. Les catastrophes, moments fondateurs des politiques de prévention
contre les inondations ................................................................................................. 52
Annexe 3.2. Des protections des premiers Plans Delta au Commissaire du Delta ..... 57
Annexe 3.2.1 La défense contre la mer .................................................................... 57
Annexe 3.2.2 La protection contre les inondations fluviales ................................... 58
Annexe 3.2.3 L?articulation avec la place pour le fleuve, et le changement de cap
opéré dans le contexte du changement climatique ........................................ 58
Annexe 3.3. Organisation de la prévention des inondations .......................................... 60
Annexe 3.3.1 Une gestion de l?eau et du risque intégrée à l?échelle ministérielle 60
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Annexe 3.3.2 Une organisation spécifique pour la gestion de l?eau aux échelons
territoriaux .......................................................................................................... 60
Annexe 3.3.3 Un financement des protections et de la prévention organisé dans
une logique de subsidiarité ............................................................................... 61
Annexe 3.4. Une gestion de crise fondée sur des principes clairs et partagés ............ 63
Annexe 3.5. De la prévention des inondations à l?adaptation au changement
climatique ..................................................................................................................... 65
Annexe 4. La prévention des inondations en Belgique ................................................ 68
Annexe 4.1. Mise en perspective historique et géographique ....................................... 68
Annexe 4.1.1 Un pays présentant des enjeux différenciés du point de vue de la
prévention des inondations ............................................................................... 68
Annexe 4.1.2 Des enjeux transfrontaliers majeurs .................................................. 69
Annexe 4.2. La gestion de l?eau dans le système fédéral belge .................................... 70
Annexe 4.2.1 Le rôle important des régions ............................................................. 70
Annexe 4.2.2 Une organisation de la gestion de crise par niveaux de gravité ..... 71
Annexe 4.2.3 Un système assuranciel présenté comme fragile............................. 72
Annexe 4.2.4 Le choc des inondations de juillet 2021 ............................................ 73
Annexe 4.3. Les Flandres : une structuration par grand bassin, en cours d?inflexion . 73
Annexe 4.3.1 L?équilibre entre protection et aménagement du territoire ............... 74
Annexe 4.3.2 L?adoption de nouveaux grands plans structurants .......................... 77
Annexe 4.4. La Wallonie : le choc des inondations de juillet 2021 ................................ 80
Annexe 4.4.1 Quelques éléments sur le cadre général de la prévention des
inondations ......................................................................................................... 80
Annexe 4.4.2 Mise en place d?un dispositif spécifique de reconstruction .............. 80
Annexe 5. Rapport de la Commission d?enquête parlementaire chargée
d?examiner les causes et d?évaluer la gestion des inondations de juillet 2021
en Wallonie du 22 mars 2022 ......................................................................................... 84
Annexe 6. Revue de presse ................................................................................................ 96
Annexe 7. Eléments de bibliographie ............................................................................. 107
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Liste des recommandations
Recommandation 1. : Proposer une place réelle pour des élus dans la gestion de crises
inondation, notamment au sein des cellules de crise, dans le partage de la vision
globale de l'information sur le la gestion des événements liés à la crise et des
données sur l'ensemble du territoire en crise (travail à mener sous pilotage de la
DGSCGC en lien avec les préfectures, des représentants des EPTB, des EPCI et des
maires, en lien avec la DGPR d?ici fin 2024, pour préciser la feuille de route et engager
les premières actions). ................................................................................................. 34
Recommandation 2. : Evaluer et revoir en profondeur le schéma d?évacuation à la mer
des crues extrêmes, par voie gravitaire et par pompage, notamment par la mise en
place d?un système de pompage de renfort efficient pour ces inondations dans le
delta de l?Aa, travail à mener sous l?égide de la préfecture du Pas-de-Calais, avec les
Syndicats mixtes concernés et le conseil départemental, d?ici l?automne, pour
préciser la feuille de route et engager les premières actions avant l?hiver. .............. 35
Recommandation 3. : Expérimenter une participation citoyenne à la gestion de crise,
sur la base de réseaux de volontaires formés, travail à mener sous l?égide de la
DGSCGC en lien avec l?AMF, sous un an, et développer la culture du risque pour les
populations des territoires impactés, notamment par une appropriation des gestes et
des réflexes en situation de crise. ............................................................................... 35
Recommandation 4. : Organiser sur les principaux bassins versants du Pas-de-Calais
des séminaires de retour d?expérience des inondations, sous l?égide des préfets, en
lien avec les élus locaux, à l?été 2024, quelques mois après la sortie de crise. ........ 35
Recommandation 5. : Prévoir dans le calendrier des exercices nationaux, une
démarche de stress test, sur la base par exemple d?un scénario de type « water
bomb », sous l?égide de la DGSCGC............................................................................ 36
Recommandation 6. : Etablir un état global des lieux des fossés, canaux, cours d?eau,
berges et digues en associant les parties prenantes, évaluer et revoir la périodicité et
l'organisation des contrôles des obligations de leur entretien et évaluer toutes les
options favorisant l'évacuation gravitaire de l'eau à la mer, y compris les canaux ne
présentant plus d'utilité pour la navigation, en vue d?établir un programme
pluriannuel de suivi et d?entretien. Un travail préalable, sous pilotage de la DREAL de
bassin Artois Picardie, sera nécessaire pour préciser les modalités de cette démarche.
Assurer une veille régulière de l'état de ces infrastructures, le cas échéant en y associant
des citoyens volontaires formés à cet effet. ..................................................................... 36
Recommandation 7. : S?appuyer sur la mission des inspections en cours sur la
gouvernance pour rendre plus robuste et efficace la mise en oeuvre de la Gemapi
dans les bassins versants touchés par les inondations, dans ses aspects
organisationnels et financiers, afin de gagner en simplicité, lisibilité et efficacité, et
créer une approche opérationnelle cohérente de l?amont jusqu?à l?aval. .................. 37
Recommandation 8. : Dans la suite des inondations de novembre 2023, mettre en place
une structure technique spécifique de relèvement (commissariat de la reconstruction
doté d'une équipe pluridisciplinaire et placé auprès d'une autorité politique), dans le
cadre d?une expérimentation : pour une durée pertinente, de l?ordre de plusieurs
mois, elle apporte aux préfets et à leurs services un soutien opérationnel au
relèvement, pour intégrer la réduction de la vulnérabilité dans tout l?aménagement du
territoire. Si l?expérimentation est réussie, cette structure a vocation à être pérennisée pour
capitaliser du retour d'expérience et être mobilisée rapidement en gestion post-catastrophe
dans le futur dans tout le territoire national. ..................................................................... 37
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Recommandation 9. Accentuer les coopérations transfrontalières dans le domaine de
la gestion de l'eau et la prévention des inondations pour développer le partage des
bonnes pratiques et les réflexes de gestion commune des crises. ........................... 38
Recommandation 10. : Dans le contexte des inondations dans le Pas-de-Calais et le
Nord, mettre en place une nouvelle institution, qui assure dans la durée et au plus
haut niveau de l?Etat, le portage politique de l?anticipation au changement
climatique, dans une logique d?appui scientifique et technique, de coordination, de
médiation. De taille réduite, elle a vocation à mobiliser les administrations et opérateurs de
l?Etat et à être un soutien des élus locaux . ...................................................................... 40
Recommandation 11. Engager l?élaboration d?une cartographie nationale des
inondations, permettant de développer des outils pédagogiques. Cela demande une
expression politique claire sur la gravité des scénarios d?inondation à traiter et sur le type
d?inondation à aborder, et un travail structuré et partenarial pour publier un résultat découlant
d?une approche partagée entre différents services ministériels, les opérateurs concernés,
les représentants des collectivités locales, les associations impliquées et certains
partenaires comme la Caisse centrale de réassurance.................................................... 43
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Introduction
Les précipitations importantes et continues du mois de novembre 2023 dans la suite de le tempête
« Ciaran » puis en janvier 2024, ont engendré, dans le département du Pas-de-Calais et dans
l?ouest du département du Nord, des inondations exceptionnelles, avec un pic de crue le 11 no-
vembre. 303 communes ont été reconnues comme relevant du dispositif « cat nat1 ». La combinai-
son de pluies, ruissellements et inondations a eu des conséquences lourdes pour de nombreux
habitants qui sont restés inondés plusieurs semaines, pour des activités économiques, bâtiments,
équipements publics et infrastructures, y compris les cours d?eau et canaux, et pour l?environne-
ment.
Le territoire du delta de l'Aa, et plus largement la Flandre maritime française, présentent des ca-
ractéristiques géographiques et physiques qui les rendent vulnérables au risque d'inondation et de
submersion marine : une partie du territoire est située en-dessous du niveau de la mer, protégé
par de cordons dunaires et des digues à la mer. Les bassins hydrographiques sont courts, les
pentes très faibles à l'aval, les sols très peu perméables. Depuis des siècles, la gestion de l?eau de
ce polder a été organisée par l'homme, sur la base en particulier d?un réseau de fossés et canaux,
les wateringues ou watergangs, complété par des stations de pompage, qui contribuent à l?éva-
cuation de l?eau vers les fleuves souvent canalisés puis vers la mer.
Les effets attendus du changement climatique, avec une possible concentration de pluies très im-
portantes sur certaines périodes alternant avec des périodes de sécheresse prolongée, couplées
à une élévation tendancielle du niveau de la mer due au réchauffement, accroissent l?exposition
du territoire. L?évolution de son aménagement a été de nature à le rendre plus vulnérable.
C?est dans ce contexte que, dans la suite du déplacement du Président de la République, le 14
novembre, dans les territoires sinistrés, une mission a été confiée au maire de Saint-Omer2 pour
mener une mission de parangonnage avec des territoires comparables riverains de la mer du Nord,
aux Pays-Bas et en Belgique. Les inondations dramatiques des 14 et 15 juillet 2021 en Wallonie
fournissent également un retour d?expérience récent sur les mesures prises après la catastrophe
et leur articulation avec les actions à mener dans la durée quand bien même ces inondations se
sont déroulées dans un contexte météorologique et territorial très différent.
La démarche de parangonnage a vocation à formuler des premières recommandations et à contri-
buer à une réflexion plus large sur les évolutions à apporter à l'aménagement de l?ensemble des
bassins versants affectés par ces inondations3 et au dispositif de gestion de l'eau et de prévention
des inondations, évolutions tant techniques qu'en matière de gouvernance et de financement des
aménagements et infrastructures.
Plusieurs déplacements ont été organisés en Belgique et aux Pays-Bas, qui ont permis, avec le
1 Le terme « Cat Nat », recouvre le régime d?indemnisation des catastrophes naturelles, créé par la loi du 13 juillet
1982, qui a permis de pallier une carence de couverture des risques naturels qui n?étaient que très peu assurés
jusqu?alors. L?assuré est indemnisé des dégâts causés par une catastrophe naturelle si la commune, sur demande
du maire, est reconnue, sur des bases scientifiques et par arrêté, comme étant en état de catastrophe naturelle et
si les biens de l?assuré sont garantis en assurance de dommages. L?assurance « catastrophe naturelle » est une
extension de garantie obligatoire pour tous ces contrats. Elle donne lieu au paiement d'une surprime uniforme sur
l'ensemble du territoire et permet un système de réassurance des assureurs, auprès de la Caisse centrale de
réassurance (CCR), l?Etat étant assureur en dernier recours.
2 Lettre du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires du 28 novembre, voir annexe 1.
3 La durée des inondations et la spécificité des territoires affectés en termes d?organisation de la gestion de l?eau
ont justifié également un travail approfondi sur la gouvernance d?une part et la proposition de premiers axes d?un
plan de résilience d?autre part. Cette mission a été confiée à trois inspections ministérielles, IGEED, IGA, CGAER.
Les constats et recommandations du travail de parangonnage ont ainsi vocation à alimenter cette mission
interministérielle, qui visera également à rendre opérationnelles les pistes dégagées.
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soutien des services des ambassades, de rencontrer les autorités politiques ainsi que les services
techniques concernés, à différents échelons territoriaux, et d?aller sur le terrain (annexe 2). La qua-
lité de l?accueil et la richesse des échanges méritent d?être soulignées.
En début de mission, le maire de Saint-Omer a organisé une session d?échange avec ses conci-
toyens par le biais d?une rencontre Facebook live et, avant la remise de son rapport, a partagé des
observations avec les acteurs locaux et opérateurs du territoire. Il avait invité également l?ensemble
des participants au comité de suivi ministériel à lui proposer des angles d?approche et des ques-
tionnements avant ses déplacements. Un échange a eu lieu avec eux lors de la réunion du 23
janvier du comité de suivi ministériel en présence de Christophe Béchu, ministre de la transition
écologique et de la cohésion des territoires, en préfecture du Pas-de-Calais.
Le travail de parangonnage ne vise pas à identifier des solutions « clé en main ». La prévention
des inondations est, en effet, étroitement liée à la géographie et l?histoire de chaque Etat ou région,
à la structuration de leurs institutions, à leur culture, aux catastrophes qui ont fait date pour eux.
Elle permet de comprendre comment l?amélioration de la résilience y est recherchée et comment
l?adaptation au changement climatique la complète progressivement. C?est l?analyse de l?ensemble
des outils et dispositifs mis en place dans chaque cas qui permet de faire ressortir des démarches
exemplaires, des similitudes ou des différences qui peuvent être utiles aux travaux menés en
France.
La mission a été centrée sur les enjeux liés aux inondations terrestres, la submersion marine et les
risques de sécheresse croissants étant abordés à l?occasion, comme composantes d?une approche
systémique indispensable qui n?a pu être systématique.
Concernant le périmètre de comparaison, le choix initial d?un parangonnage avec la Belgique et
les Pays-Bas oriente les travaux sur la question spécifique de la prévention des inondations dans
les terrains très plats ou sous le niveau de la mer que sont les polders. Pour autant, des pistes de
réflexion, par exemple quand elles concernent des améliorations de la gestion de crise, peuvent
être utiles en France au-delà du seul bassin de l?Aa. Les rédactions relatives à la France peuvent
donc, selon les parties, être ciblées sur les polders, ou plus largement sur le Pas-de-Calais et le
Nord, voire être de portée nationale.
La mission a permis de mettre en avant des évolutions historiques qui présentent des
convergences dans les approches, mais les vulnérabilités plus apparentes du territoire néerlandais
ou le choc de la « water bomb » de juillet 2021 en Belgique ont conduit les autorités nationales et
régionales de ces pays à réaliser des inflexions dans leurs politiques qui peuvent inspirer une
accélération de la prise en compte de l?impact du dérèglement climatique pour notre propre
politique de prévention, la rendre plus robuste et l?articuler à la fois dans les urgences et le temps
long nécessaire pour réaliser aménagements et investissements. La brutalité et la durée des
inondations de ces dernières semaines ont aussi réinterrogé notre gestion de crise : les parallèles
avec la gestion de crise des inondations meurtrières de juillet 2021 en Wallonie et la réflexion en
cours pour l?amender sont aussi des inspirations pour préparer notre pays à une très probable
multiplication des catastrophes climatiques que subiront nos territoires.
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1 Des inondations longues, liées à des pluies exception-
nelles, sur un territoire de polder
1.1 Des épisodes de pluie d?occurrence parfois centennale sur les
sois humides du polder
La France a connu neuf épisodes distincts et successifs de dépressions météorologiques entre le
18 octobre 2023 et le début janvier 2024, qui ont entrainé des phénomènes pluvieux quasiment
continus, en particulier sur le nord de la France4. Avec une moyenne de 440 mm de précipitations
sur les deux départements du Nord et du Pas-de-Calais entre le 15 octobre et le 5 janvier, le cumul
a dépassé le précédent record, avec des disparités importantes selon les territoires. Sur la partie
ouest, les cumuls de précipitations de novembre ont par endroit dépassé de 500 % la moyenne
des cumuls de la période de référence 1991-2020. La particularité de cette fin d?année 2023 n?est
donc tant un cumul extrême de précipitations un jour particulier, mais la succession de plusieurs
jours de précipitations intenses. Les valeurs maximales de cumul de précipitations sur 15 jours
vont bien au-delà des cumuls de période de retour de 100 ans.
Si les sols étaient particulièrement secs début octobre 2023, ils ont atteint le 10 novembre un
niveau record d?humidité pour cette période de l?année, puis se sont maintenus à la saturation de
leur capacité de rétention en eau. Les contextes géologiques et géomorphologiques ont joué sur
la forme et la durée des crues. Le rôle des nappes d?eau souterraine, variable selon les secteurs,
est globalement plus important sur les secteurs crayeux (Canche, Amont du delta de l?Aa, Haute
Lys).
Les inondations ont, notamment, frappé la plaine maritime flamande française, dont l?organisation
actuelle est le résultat d?une action anthropique ancienne de protection et de drainage. De Saint-
Omer à Watten, l?Aa traverse le marais audomarois, territoire de niveau inférieur à celui des pleines
mers de vives-eaux et distant de plus de trente kilomètres de la mer. Ainsi, dans son étude
prospective 5 , l?Institution intercommunale des Wateringues fait elle le diagnostic synthétique
suivant : « Le territoire est fortement et historiquement soumis aux inondations continentales dans
la plaine du delta de l?Aa, qui conjugue faible altimétrie (qui limite l?écoulement gravitaire des eaux
du réseau hydrographique et hydraulique) et faible déclivité (propice à l ?étalement des
débordements des cours d?eau et canaux sur des surfaces importantes) :
- 3 500 hectares inondables sur le delta par une crue centennale ;
- les principaux secteurs exposés sont ceux de Saint-Omer et de Calais et du Canal des Pierrettes ;
- des dommages observés dès les épisodes de période de retour biennale, qui peuvent dépasser
10 M¤ pour Q100 ;
- des inondations à hauteurs d?eau et vitesse faibles mais qui peuvent être longues (plusieurs
semaines) ;
- des enjeux divers et épars, qu?il est donc difficile de protéger par des ouvrages offrant une
protection globale. »
4 De nouveaux épisodes pluvieux ont frappé le nord de la France en février.
5 IIW, 2023
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1.2 Des inondations importantes et longues sur plusieurs bassins
Ces précipitations intenses, atteignant des sols rapidement saturés, se sont traduites par des crues
exceptionnelles sur plusieurs bassins, notamment ceux de l?Aa et de son affluent la Hem, mais
aussi, sur d?autres bassins-versants voisins, de la Liane et de la Canche. Sur ces trois secteurs,
des vigilances Crues de niveau orange, puis rouge, ont été activées par le réseau Vigicrues dès le
2 novembre. La vigilance a été rouge pendant six jours d?affilée en novembre. En particulier, sur le
bassin de l?Aa et de la Hem, les périodes de retour des débits lors de l?évènement de novembre
2023 sont supérieures à 100 ans. Sans être aussi intenses que ceux de novembre, les épisodes
pluvieux de décembre, puis de début janvier ont entretenu ces crues.
Encadré 1 : une évaluation des dégâts qui reste à préciser et consolider
303 communes ont été reconnues en état de catastrophe naturelle à la suite des inondations de novembre 2023-
janvier 2024 selon la procédure accélérée. Fin janvier, la Caisse centrale de réassurance a estimé à 645 millions
d?euros le coût des inondations de novembre 2023 et janvier 2024 dans les Hauts-de-France, pris en charge dans
le cadre du régime de catastrophe naturelle. Cette estimation, qui n?est pas encore totalement stabilisée, concerne
les biens assurés des particuliers, des collectivités et des entreprises.
Au 1er février, 116 collectivités ont déposé un dossier de demande de subvention, en cours d?instruction, ou une
lettre d?intention, pour un montant déclaré de plus de plus de 33 millions d?euros au titre de la « Dotation de solidarité
en faveur de l?équipement des collectivités territoriales touchées et de leurs groupements touchés par des événe-
ments climatiques ou géologiques » (DSEC).
Concernant le secteur agricole, les pertes de fonds (éligibles au régime des calamités agricoles) sont évaluées à
700 000¤ sur 113 communes dans le Nord et 12,7 M¤ sur 845 communes dans le Pas-de-Calais6. Des pertes de
récolte assurables, essentiellement en grandes cultures et cultures légumières, sont signalées sur un périmètre de
422 communes dans le Nord et 845 communes dans le Pas-de-Calais7.
Ces premiers ordres de grandeur devront être complétés par les pertes d?activités directes et indirectes des entre-
prises (données chômage partiel...) et les impacts psychologiques et sanitaires pour les personnes dont les habi-
tations ont été inondées plusieurs semaines. Selon les données de la sécurité civile, 8752 maisons ont été touchées
en novembre et 2768 en janvier. Mi-février, il y aurait eu une cinquantaine de demandes d?information au titre du
rachat de maisons dans le cadre du FPRNM. Les inondations n?ont heureusement pas fait aucune victime.
Durant l?épisode de crue de cet hiver, les inondations dans les plaines ont été alimentées par le
ruissellement des collines crayeuses de l?Artois et les sources des coteaux crayeux, et éventuelle-
ment par artésianisme de la nappe de la craie. Un certain nombre d?habitants n?ont pas été inondés
par la crue mais par la montée en charge des nappes : ils n?étaient d?ailleurs pas assurés pour ce
type de risque.
Cet apport massif d?eau venant de l?amont a dépassé les capacités d?évacuation des eaux à la mer
à l?aval. Il est admis que le bassin amont de l?Aa (y compris la Hem) a eu un débit de 120 à 200
m3 / seconde, très au-delà des capacités de pompage habituelles et renforcées. La topographie,
le contexte artificialisé des bassins versants et la nature argileuse des sols de la plaine maritime
flandrienne ont été des facteurs aggravants, influençant l?intensité et la durée des épisodes de crue
D?un point de vue général sur l?ensemble des secteurs concernés, les phénomènes de ruisselle-
ment et d?érosion des sols sont importants. Les témoignages d?habitants rappellent que, par le
passé, si les fortes pluviométries de l?amont de l?Aa pouvaient mettre de 12 à 24 heures pour par-
venir jusqu?à Saint-Omer, aujourd?hui, s?il pleut le soir, le bief du Haut-Pont sur Saint-Omer est
marron dès le lendemain matin. Il manque de prairies et de haies sur le bassin amont. Replanter
des haies ou des banquettes boisées, remettre des prairies nécessitera un travail partenarial avec
l?agriculture au travers de contrats solides et rémunérateurs pour les agriculteurs concernés.
Encadré 2 : 2002, une crue qui fait référence dans les mémoires
6 source DGPE
7 source DGPE
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La crue de 2002 est souvent décrite dans le bassin de l?Aa comme une « crue centennale », Une comparaison
détaillée des données disponibles pour ces deux évènements montre pourtant que les précipitations et les crues
de 2023 excèdent très largement l?épisode de 2002. Ainsi, les valeurs maximales des cumuls de précipitations sur
15 jours sont plus élevées de 50 à près de 300 % en novembre 2023 par rapport aux valeurs de février 2002. A
Wizernes, l?Aa a atteint la côte 1,93 m en 2002, et un maximum de 2,81 m en 2023, pour des débits de près de 60
m3/s en 2002 et de 90 m3/s pour l?épisode récent. Sur la Hem, affluent de l?Aa, les débits n?ont pas atteint les 15
m3/s en 2002, mais ont dépassé les 50 m3/s en novembre 2023.
Dans ce contexte, l?évacuation de l?eau à la mer a été au centre de toutes les attentions, ce qui
s?est traduit par trois questions récurrentes relatives au système de pompage, à l?état des canaux
et des fossés, et au rôle de VNF dans la gestion de crise.
- Durant les inondations l?une des deux pompes de 10 m3/s dépendant du Grand port maritime de
Dunkerque, à Mardyck, opérée pour le compte de l?institution intercommunale des Wateringues,
était en maintenance, prévue, et l?autre sortait de maintenance. Cela a conduit à diminuer la
capacité de pompage et a nécessité l?apport de moyens supplémentaires. La Direction générale
de sécurité civile a fait appel à des moyens nationaux. A Cuinchy, des pompes appartenant à la
Sécurité Civil, à Voies Navigables de France (VNF) et à des entreprises privées réquisitionnées
par le préfet du Pas-de-Calais ont permis une capacité d?évacuation d?environ 7 000m3 d'eau par
heure. Le déploiement de ces moyens demande de 3 à 4 jours, avec un travail de positionnement
des équipements et une logistique importante. La totalité du parc de renfort français a été utilisée ;
sur cinq pompes, trois ont été endommagées. Le coût du pompage a fait partie des soutiens
apportés par l?Etat après la crise. Une demande forte, compte tenu de la récurrence des épisodes
pluviaux, a été le maintien sur site des pompes de renfort, ce qui soulève, par ailleurs, des
questions de maintenance des équipements. L?activation du Mécanisme européen de protection
civile, réclamée par le maire de Saint-Omer, a finalement permis de déployer des renforts
néerlandais en novembre, puis néerlandais, tchèques et slovaques en janvier. L?appel à la
solidarité européenne a donné lieu à des hésitations de la part de certains acteurs au sein des
services de l?Etat, là où le réflexe européen pourrait être encore développé.
Encadré 3 : « Inondations dans le Pas-de-Calais : quatre giga-pompes néerlandaises déployées
dans la région8
« C'est la priorité des autorités, 2 semaines après le début des inondations dans le Pas-de-Calais : évacuer le plus
possible l'eau du delta de l'Aa. D'importants moyens de pompage sont donc mis en oeuvre. Deux giga-pompes (5
400m3/heure chacune) de la Sécurité Civile fonctionnent à Mardyck depuis le 9 novembre. Deux autres giga-
pompes venues de Rotterdam, aux Pays-Bas, de même capacité, sont en cours d'installation ce mardi.
Le gouvernement français a fait appel à la solidarité européenne pour faire face aux inondations dans le Nord-Pas-
de-Calais. Les Pays-Bas envoient quatre pompes à grande capacité qui sont en cours de déploiement à Dunkerque
et Calais. "Ces renforts néerlandais vont permettre d'évacuer environ 30% de capacité supplémentaire, explique
François-Xavier Bieuville, le sous-préfet de Dunkerque. C'est plus de 50 000 piscines olympiques qui ont déjà été
évacuées" (depuis le 9 novembre) grâce à ces renforts. Le sous-préfet évoque des résultats visibles : les niveaux
de l'eau ont baissé dans la vallée de la Lys et le marais audomarrois. "Tant que l'eau n'a pas été totalement éva-
cuée, on continuera à travailler", ajoute le sous-préfet.
Le savoir-faire néerlandais
Les Pays-Bas ont logiquement répondu à l'appel à la solidarité européenne lancé par le gouvernement français.
Tous les moyens de pompage nationaux de notre pays ont en effet été envoyés dans le Nord-Pas-de-Calais et ils
ne suffisent pas vu la situation. "Les Pays-Bas sont en grande partie sous le niveau de la mer donc si si nous avons
un petit problème c'est tout de suite d'énormes quantités d'eau, raconte Remco Van Rijn, technicien au Ministère
des infrastructures maritimes néerlandaises. Je suis honoré de pouvoir vous aider !" Une dizaine de pompiers du
Nord ont été chargés de raccorder les giga-pompes aux tuyaux d'évacuation d'eau.
Des pompes en complément de celles des wateringues
Il y a les pompes habituelles, dont la plupart sont gérées par l'institution intercommunale des wateringues, ce réseau
de canaux datant du Moyen-Âge destiné à permettre l'agriculture dans cette partie humide de la région. A l'écluse
de Mardyck, sept pompes permettent d'évacuer 30m3/seconde. La 8ème pompe est en panne depuis plusieurs
mois, sa réparation coûterait 2 millions d'euros. »
- Un deuxième sujet de tension a été l?état des canaux et fossés et leur impact sur la gravité des
inondations, ce qui a conduit le préfet de région à diffuser une circulaire du 29 novembre, rappelant
8 Stéphane Barbereau France Bleu Nord Mardi 21 novembre 2023
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le cadre réglementaire pour procéder à leur entretien et leur curage, les responsabilités et la né-
cessaire prise en compte de l?amont et de l?aval dans ces opérations9. Il reste que les responsabi-
lités méritent d?être bien identifiées et rappelées régulièrement. Des évolutions pourraient être en-
visagées pour faciliter cet entretien. Sur l?Audomarois, aux 170 kilomètres de wateringues, s?ajou-
tent 560 kilomètres de fossés et une évolution du plan de gestion de la section de wateringues
pourrait faciliter son intervention chez des particuliers.
Encadré 4 : Inondations dans le Pas-de-Calais : les travaux d'urgence débutent ce lundi sur les
cours d'eau et les canaux10
Les travaux d'urgence de nettoyage et de curage des cours d'eau en crue, début janvier, débutent ce lundi 15
janvier dans le Nord-Pas-de-Calais. Les inondations ont fragilisé nombre de berges et de digues. Les cicatrices
des inondations historiques qui ont touché le Pas-de-Calais en novembre 2023 et janvier 2024 sont extrêmement
nombreuses. On ne compte plus les berges effondrées, les digues fragilisées, les cours d'eau et leurs bords envahis
de branches et de troncs d'arbres mais aussi de nombreux déchets charriés par les eaux. Les élus locaux, les
habitants réclament des travaux d'urgence. L'État les a entendus et va donc les mener dès ce lundi.
Une "machine de guerre"
Cette situation pourrait entrainer de nouvelles inondations si des travaux de consolidation ou de déblaiement ne
sont pas menés rapidement. "Nous voulons éviter une troisième vague d'inondations, insiste le préfet du Pas-de-
Calais, Jacques Billant. Une task force a été mise en place dans chaque bassin, au plus près du territoire pour
traiter les problèmes liés aux assurances, au pompage, au relogement, au soutien aux acteurs économiques". Ces
task forces se réuniront chaque semaine.
Jacques Billant parle ainsi d'une "sorte de machine de guerre" pour apporter les réponses à toutes les difficultés
des habitants. À commencer donc par les travaux d'urgence menés à partir de cette semaine dans six communes
réparties sur trois bassins : Thérouanne (la Lys), Blendecques, Arques et Clairmarais (L'Aa) et La Madelaine-sous-
Montreuil et La Calotterie (La Canche). De précédents travaux avaient été menées au lendemain de la première
vague d'inondations de novembre, précise le préfet.
Nettoyage des fossés, passerelle enlevée
Dans le détail, à La Madelaine-sous-Montreuil, on va renforcer la digue au niveau du restaurant du chef étoilé
Alexandre Gauthier, "La Grenouillère". La passerelle qui enjambe la Canche va être enlevée, elle bloquait l'écou-
lement des eaux en cas de crue, les troncs et branches s'accumulant contre l'ouvrage.
On va également enlever les différents déchets accumulés sur la Course, au niveau du moulin d'Estréelles mais
aussi à la confluence de la Dordonne et de la Canche. À Saint-Omer, c'est le réseau d'eaux pluviales bouché qui
va être nettoyé. Des déversoirs, des champs d'expansion de crue vont être débarrassés de leurs déchets.
Dans le Calaisis, des opérations de curage du canal d'Audruicq débutent ce lundi. Des opérations de fauchage et
de débroussaillage auront lieu au canal des Pierrettes, à Hames-Boucres. Le dragage des canaux d'Ardres et
Guînes devrait être réalisé un peu plus tard, d'ici la fin janvier.
De manière connexe aux préoccupations relatives à l?entretien et au curage des fossés, des débats,
sur le territoire, ont porté sur le niveau d?eau dans les canaux gérés par Voies navigables de France
(VNF) avant et pendant les inondations ? qui, en pratique, dépend des instructions du préfet en
charge de la gestion de crise -, et sur les sédiments accusés d?avoir diminué la capacité d?évacua-
tion des eaux, en particulier dans les canaux non navigués. D?un autre côté, les apports d?eau aux
canaux ont été regardés comme difficiles à gérer au plus près compte tenu d?effets de ruissellement
vers le canal très variables selon les secteurs d?une part et des apports de pompages sans centra-
lisation des volumes en cause, issus notamment des actions menées par des sections de wate-
ringues.
9. Le ministre en charge de l?environnement a également demandé, le 1er février une « mission flash » à l?IGEDD
et au CGAER sur la simplification du cadre législatif et réglementaire et applicable à l?entretien des cours d?eau,
à l?horizon de mi-avril 2024
10 Stéphane Barbereau France Bleu Nord Dimanche 24 janvier
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1.3 Une implication historique forte dans la gestion de l?eau mais
des évolutions récentes de nature à aggraver les inondations
1.3.1 Un système de drainage mis en place depuis le Moyen-âge
Le drainage de la plaine maritime flamande française remonte au XIIème siècle ; le terme
wateringues apparait au XIIIème siècle11. Les sections de wateringues sont créées par décret
impérial en 1806 pour celles du Nord, et en 1809 pour celles du Pas-de-Calais. Leur administration,
jusqu?à aujourd?hui, est conçue pour en confier la gestion à ceux qui sont les plus intéressés par
leur fonctionnement, et donc a priori les plus motivés pour l?entretien des différents ouvrages.
Les propriétaires des fossés et watergangs sont regroupés dans onze associations syndicales
autorisées, appelées « sections de wateringues », territorialement et administrativement
indépendantes. Elles gèrent et entretiennent 1400 km de fossés et une centaine de stations de
relevage. Ces propriétaires, qui sont principalement des agriculteurs, ont pour priorité de maintenir
l?asséchement des terres et permettre ainsi la culture 12. Ces associations syndicales autorisées se
trouvent, de fait, impliquées dans l?évacuation des eaux à la mer en cas de crue, sans que la
coordination de leurs actions ne soit clairement anticipée, même s?il existe un conseil consultatif
des wateringues. Ce point doit être corrigé dans une approche globale du bassin versant.
Pour assurer l?entretien des watergangs et des pompes, les sections de wateringues lèvent, auprès
de tous les propriétaires situés dans le périmètre, une « redevance wateringue », de l?ordre de 30
¤/ha/an. Cette redevance, justifiée pour le fonctionnement et l?entretien des watergangs, ne fait
pas obstacle à ce que les intercommunalités membres mettent également en place la taxe Gemapi.
A la suite des inondations de 1953, qui ont marqué l?ensemble des polders du nord de l?Europe
compte tenu du nombre de victimes et de l?ampleur des dégâts, la nécessité de mieux maîtriser
les eaux s?est imposée. La mobilisation des crédits européens (FEOGA), a permis de lancer, dans
les années 1970, le premier grand programme de drainage et de relèvement des eaux par
pompage. Aujourd?hui, près de la moitié des sections est asséchée par pompage, ce qui a conduit
à transformer des herbages en cultures et à assécher des zones humides. L?Institution
interdépartementale des Wateringues a été créée à la suite des crues de de 1974 et 1975 dans
l?Audomarois. En trente ans, elle a construit onze stations de pompage d?une capacité totale de
plus de 100 m3/s et réalisé des travaux de modernisation des ouvrages et de réhabilitation des
principaux canaux.
L?Institution interdépartementale a été transformée en Institution intercommunale des Wateringues
(IIW), en 201613. C?est un syndicat mixte fermé, constitué de six intercommunalités. Ses recettes
de fonctionnement s?élèvent à 4,3 M¤ en 2022.Il intervient, principalement, dans l?évacuation des
eaux à la mer, pour maintenir hors d?eau le polder situé dans le triangle Saint-Omer, Calais,
Dunkerque, comptant 430 000 habitants. Il garde la compétence historique de l?ancienne institution
interdépartementale de gestion des ouvrages d?évacuation des eaux à la mer et d?entretien de 150
km de canaux.
Récemment l?IIW a repris l?animation du Programme d?actions et de prévention des inondations
(PAPI) du delta de l?Aa. Ses statuts ont été modifiés en 2022, pour lui permettre d?être un acteur
de la mise en oeuvre de la gestion des milieux aquatiques et de prévention des inondations
(Gemapi) sur le territoire. Le syndicat devrait à moyen terme connaître une nouvelle phase de
développement pour prendre en charge la défense contre la mer, actuellement portée par le pôle
métropolitain de la côte d?Opale (PMCO), pour le compte des EPCI.
11 Source : AGUR, IIW, 2023
12 Source Chambre régionale des comptes, 2023
13 Source : Chambre régionale des comptes, 2023
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1.3.2 Une action structurée de l?Etat et des collectivités dans la prévention
des inondations
Le territoire impacté par les inondations compte, dans son ensemble, plusieurs Plans de prévention
des risques d?inondations (PPRi), réalisés par l?Etat, en concertation avec les collectivités et les
parties prenantes, qui visent à éviter l?augmentation de la vulnérabilité en empêchant la
construction dans les zones les plus exposées et en soutenant les travaux de réduction de la
vulnérabilité sur le bâti historique.
Les intercommunalités, grâce peut-être à l?expérience de l?institution Inter-départementale de
wateringues, se sont approprié rapidement la compétence Gemapi et ont presque toutes mis en
place la taxe Gemapi, qui va de 2 et 29¤ selon les EPCI, par rapport au plafond réglementaire de
40 ¤/habitant14. Les EPCI les plus sensibles au risque ont tendance à porter plus haut le niveau de
la taxe. Une approche globale, favorisant la solidarité réciproque entre l?amont et l?aval doit être
favorisée. Les 24 EPCI du territoire ont transféré leur compétence en tout ou partie à un syndicat
mixte, de manière à articuler aménagement urbain et prévention des inondations à l?échelle des
bassins versants, conformément à l?esprit des textes.
Sept syndicats mixtes « fermés » couvrent le territoire, dont deux EPTB15 et deux EPAGE16. Le
bassin de l?Aa est couvert par trois syndicats mixtes : SMAGEAa, SYMVAHEM, IIW. Le bassin de
la Lys est couvert par le seul SYMSAGEL (EPTB). Les côtiers finissant leur cours dans la Manche
sont gérés par le SYMSAGEB (EPTB) pour la vallée de la Liane, par le SYMCEA pour la Canche
et l?Authie. On constate cependant une grande diversité dans le transfert et la mise en oeuvre des
compétences transférées, même si le bassin Artois-Picardie est probablement le seul, au plan
national, à être entièrement couvert par des SAGE.
Carte 1 : gouvernance de la prévention des inondations (source : DREAL)
14 Seule, la Communauté de commune du Haut Pays du Montreuillois ne prélève pas cette taxe.
15 Etablissement Public territorial de Bassin
16 Etablissement Public de Gestion de l?Eau
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Encadré 5 : la Gemapi, une réforme qui clarifie les compétences des collectivités et les responsa-
bilités des élus17
Afin de mieux structurer l'action publique en matière de gestion des milieux aquatiques et de prévention des inon-
dations (Gemapi), la loi de modernisation de l'action publique territoriale et d'affirmation des métropoles (Maptam)
du 27 janvier 2014 a attribué au bloc communal une compétence exclusive et obligatoire relative à la Gemapi. La
création et l'attribution de la compétence Gemapi au bloc communal clarifie les responsabilités que les maires
assumaient déjà partiellement en la matière et fournit les outils juridiques et financiers nécessaires pour leur exer-
cice.
La mise en oeuvre de la réforme concentre dans les mains du bloc communal des compétences auparavant mor-
celées. Celui-ci peut ainsi concilier urbanisme (meilleure intégration du risque d'inondation dans l'aménagement de
son territoire et dans les documents d'urbanisme), prévention des inondations (gérer les ouvrages de protection) et
gestion des milieux aquatiques (assurer l'écoulement des eaux et gérer les zones d'expansion des crues).
Un renforcement de la solidarité territoriale
La réforme conforte également la solidarité territoriale : elle facilite le regroupement des EPCI à fiscalité propre au
sein de structures ayant les capacités techniques et financières suffisantes pour exercer ces compétences, syndi-
cats mixtes constitués ou non sous forme d?Epage (Etablissement public d?aménagement et de gestion de l?eau)
ou d?EPTB (établissement public territorial de bassin).
« La taxe pour la gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations (GEMAPI) est une taxe facultative
levée par les EPCI à fiscalité propre et qui a permis aux collectivités locales de percevoir 274,9 M¤ en 2021, soit
7,5 ¤ par habitant assujetti. Son produit augmente sensiblement depuis son instauration : il a été multiplié par 11
entre 2017 et 2021 et a augmenté de 35 % entre 2020 et 2021. La progression de la taxe GEMAPI depuis 2017
s?explique à la fois par le nombre toujours croissant d?EPCI à FP la mettant en oeuvre et par le prélèvement d?un
produit moyen par habitant de plus en plus élevé dans ces EPCI. Toutefois, cet outil de financement conserve
encore un potentiel de développement puisqu?en 2021, près de la moitié des groupements à fiscalité propre ne la
prélève toujours pas, et ceux qui la prélèvent n?atteignent pas le plafond réglementaire de 40¤ par habitant. 18».
Carte 1 - EPCI à FP décidant de prélever la taxe GEMAPI, année après année, entre 2017 et 2021
Tous les territoires sont dotés d?un Programme d?actions de prévention des inondations (PAPI), soit
17 Source : Ministère de la transition écologique, 2020, quel effet pour les collectivités locales au 1er janvier 2018
en matière d?ouvrages de protection
18 Source : DGCL, 2023 ? 04, La taxe Gemapi, une ressource en croissance pour les collectivités, bulletin
d?information statistique n°174, 12 p.
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sept en tout, parfois de 2ème ou 3ème génération, portés par ces syndicats mixtes ou EPTB. A
l?échelle des sous bassins, des Schémas d?aménagement et de gestion des eaux (SAGE) ont été
élaborés par des Commissions locales de l?eau (CLE19) et approuvés par le Préfet. Ils apportent
une approche globale de la gestion de l?eau, pour tous les types d?enjeux (quantité, qualité, milieux
aquatiques?). Ces stratégies s?inscrivent respectivement dans le Plan de gestion des risques
d?inondation (PGRI) et dans le schéma directeur d?aménagement et de gestion de eaux (SDAGE)
du Bassin Artois Picardie.
La structuration institutionnelle ainsi que les différents stratégies et programmes d?action portés
sur le territoire font qu?il existe de nombreuses instances de concertation, consultation ou
coordination, à commencer par le comité de bassin Artois-Picardie et les instances de gouvernance
des EPCI et des différents syndicats, mais également les commissions locales de l?eau (CLE) et
les comités de pilotage des PAPI.
Encadré 6 : La prévention des inondations dans les territoires impactés
Le socle de la prévention des inondations en France a été posé par la Loi Barnier, en1995, avec la mise en place
concomitante des servitudes d?utilité publique contraignant l?urbanisme, les Plans de prévention des risques
naturels (PPRN), pour limiter l?augmentation des biens exposés aux risques, et, à partir de là, d?un soutien financier,
le Fonds de prévention des risques naturels majeurs (FPRNM)20, pour réduire la vulnérabilité du bâti? existant. La
réalisation des PPRN, PPRi pour l?inondation, a été faite en premier lieu dans les zones présentant les plus forts
croisements aléas/ enjeux, les zones où le risque est le plus fort. La réalisation des PPR est ainsi l?outil de
priorisation de la prévention des inondations : les soutiens financiers de l?État sont liés à la prescription ou
l?approbation d?un PPRi en premier lieu.
Entre 2009 et 2020, les engagements financiers totaux de FPRNM, de 2 Md d?euros, se sont principalement
orientés vers la prévention des inondations au sens large, à raison de 57 % pour les inondations et 15 % pour les
submersions marines. Cette concentration des moyens financiers s?explique par l?importance en nombre et en
intensité des phénomènes d?inondation qui ont endeuillé le territoire national au cours des dix années passées,
déclenchant une mobilisation des élus locaux pour déployer des programmes d?actions de prévention des
inondations (PAPI) mais aussi par la densification de la législation européenne (mise en oeuvre de la Directive
Inondation).21 Les Hauts-de France sont la septième région mobilisatrice par ordre d?importance22.
La prévention des inondations été améliorée avec la mise en place, en 2003, d?un cadre contractuel de travail entre
l?Etat et les collectivités locales, pour mener les actions à l?échelle pertinente des bassins versants : les
Programmes d?action de prévention des inondations. Le cahier des charges PAPI, mis en place par l?Etat, en lien
avec la Commission Mixte inondation23, donne un cadre pour élaborer une stratégie de territoire. Il intègre un
diagnostic complet en termes d?aléas mais aussi d?acteurs. Il vise à mobiliser l?ensemble des leviers possibles,
dans des combinaisons adaptées à chaque bassin versant. A ce titre, il comporte nécessairement sept axes :
amélioration la connaissance et la conscience du risque, prévision des crues et des inondations, alerte et gestion
de crise, prise en compte du risque d?inondation dans l?urbanisme, réduction de la vulnérabilité des personnes et
des bien, gestion des écoulements, et gestion des ouvrages hydrauliques. La conformité à ce cahier des charges
permet des co-financements des actions menées par le Fonds de prévention des risques naturels majeurs. Donner
des ordres de grandeurs de montants.
Dans la suite de la tempête Xynthia, l?identification de la compétence Gestion des milieux aquatiques et prévention
des inondations (Gemapi) a permis d?assurer, que tout système d?endiguement en France a un responsable
identifié, l?EPCI-FP où il se situe, à qui incombe désormais les choix de niveau de protection, en tenant compte de
l?ensemble des axes de travail proposés dans le PAPI (urbanisme, gestion de crise ?). Elle traduit également le
lien étroit entre les enjeux de gestion de milieux et de prévention des inondations. Celle-ci repose donc également
19 La CLE est composée de représentants des collectivités territoriales et de leurs groupements, de représentants
des usagers, de représentants de l?Etat (Art L 212-4 du code de l?environnement)
20 Le FPRNM a été appuyé sur les primes d?assurances jusqu? en 2021, date à laquelle le fonds a été budgétisé.
21Présentation du FPRNM, dit également Fonds Barnier :
https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/Plaquette%20FPRNM.pdf
22 Source : La prévention des catastrophes naturelles par le fonds de prévention des risques naturels majeurs,
édition 2023, 59 p.
23 Crée en juillet 2011, la Commission mixte inondation émane du Comité d?orientation pour la prévention des
risques naturels majeur et du Conseil national de l?eau. Elle est le lieu de dialogue et d?échange, à l?échelle nationale,
des différents acteurs concernés par la prévention des inondations, et les liens avec la gestion de l?eau, l?urbanisme
et l?aménagement du territoire.
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sur les stratégies définies et les actions mises en oeuvre dans le cadre des SAGE et des SDAGE.
L?Etat est quant à lui responsable de la gestion de crise, et veille, notamment, à la bonne application des protocoles
de gestion entre les différents acteurs du polder.
Le constat d?un engagement ancien et fort des collectivités locales dans la prévention des
inondations ne peut signifier que le territoire est protégé de toute catastrophe. Les inondations de
2023 ont affecté un territoire résolument engagé dans la prévention des inondations, mais qui a
été confronté à des phénomènes qui ont dépassé le niveau de protection décidé et mis en oeuvre
dans le cadre des différents Programmes d?action de prévention des inondations du territoire,
appuyés notamment sur le retour d?expérience des inondations de 2002. Ces inondations longues
et répétées suscitent légitimement une demande forte d?action, pour relever le territoire rapidement
et réduire sa vulnérabilité. L?échéance de l?hiver prochain est généralement envisagée comme une
échéance à cibler. Une protection structurelle aux événements le plus graves ou rares serait sans
doute à la fois très coûteuse et très contraignante pour l?aménagement des territoires. C?est bien
le sens de la stratégie des PAPI que de choisir un niveau de protection au regard d?analyses coûts -
bénéfices et d?articuler des axes complémentaires dont la culture du risque et la gestion de crise.
Cette analyse coût-bénéfice est réinterrogée, en particulier par les habitants les plus directement
impactés, au regard de la catastrophe subie depuis novembre, et il sera indispensable de préparer
l?évolution des engagements des collectivités et de l?Etat en en tenant compte.
Encadré 7 : des communes de petite taille et un panorama politique différencié
Le territoire est caractérisé par des communes de taille petite et moyenne. Le département du Pas-de-Calais est
constitué de 890 communes, dont neuf sur dix ont moins de 3500 habitants selon l?INSEE (2018) et celui du Nord
en possède 648, ces chiffres plaçant ces deux départements en tête du classement national quant au nombre de
communes. Les communes, en charge de l?élaboration des Plans communaux de sauvegarde, et impliquées dans
la prévention des inondations, et plus largement dans l?urbanisme et l?aménagement du territoire au sein des struc-
tures spécifiques mises en place, ont donc, très souvent, des moyens très limités.
La prévention des inondations et plus largement la gestion de l?eau demandent un travail à une échelle hydrogra-
phique cohérente, c?est-à-dire celle des bassins versants. La carte politique des élus locaux et la volonté ou l?ab-
sence de volonté de porter politiquement ces enjeux sont toutefois des éléments qui peuvent interférer dans l?or-
ganisation très spécifique de ces coopérations dictées par la géographie physique.
Cette clé de lecture est importante et mérite d?être rappelée dans une période où l?enjeu qui se
confirme est de passer de la prévention des risques naturels à l?adaptation au changement clima-
tique qui peut accroître ces risques.
1.3.3 Une gestion de l?eau qui mobilise de nombreux acteurs
Le réseau hydraulique des wateringues s?appuie sur un réseau de canaux de navigation, de canaux
domaniaux non navigables, de watergangs d?environ 1 600 km, et d?infrastructures et ouvrages.
Tels que décrits dans l?étude prospective de l?IIW24, « les écoulements sur le bassin versant de l?Aa
se font par un réseau largement anthropisé : une infrastructure complexe été développée
initialement pour drainer le territoire et s?est progressivement densifiée et complexifiée. Elle est
aujourd?hui structurée autour des éléments suivants :
- les canaux de navigation (canal de Calais, canal de Bourbourg, canal à grand gabarit, canal de
jonction, canal de Bergues) et les ouvrages associés ;
- les canaux domaniaux non navigables (Haute-Colme, canal des Pierrettes, de Marck, du Houlet,
le Mardyck, le fossé des fortifications à Gravelines?) ;
- le réseau des watergangs, soit environ 1500 km de fossés et canaux servant au drainage et à
l?irrigation des terres des Wateringues.
Ce réseau est équipé d?ouvrages pour en assurer la gestion, présentés ci-dessous de l?amont vers
l?aval :
24 Source IIW, 2024
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- le partiteur de Holque-Watten permet en période de crue de transférer l'excédent d'eau vers le
Canal à Grand Gabarit, permettant ainsi de réduire les volumes envoyés vers l ?Aa canalisée ;
- les écluses assurent le passage de bateaux et permettent la régulation du niveau d ?eau dans les
biefs navigables ; l?aqueduc de l?écluse des Fontinettes permet sous certaines conditions le
transfert des eaux du bassin de la Lys vers le bassin versant de l ?Aa, par le Canal à Grand gabarit ;
- une centaine de stations de pompage intermédiaires, gérées par les Sections de Wateringues,
permettent de relever les volumes d?eau drainés par les watergangs vers les canaux principaux ;
- 4 stations de relevage intermédiaires (4 écluses à Basse Colme, Houtgracht et Langhegracht)
sont gérées par l?IIW ;
- 7 portes à la mer (d?est en ouest : Tixier, Mardyck, rivière d?Oye, Marck, Batellerie, Canal de
Calais, des Pierrettes) permettent l?évacuation gravitaire des eaux lorsque la marée est basse par
ouverture des portes, et l?évacuation par pompage après fermeture des portes en période de crue,
pour éviter les débordements des canaux.
Par ailleurs, le littoral est artificialisé par des ouvrages de défense côtière devant les secteurs
urbanisés (Sangatte, Leffrinckoucke, Zuydcotte, Bray-Dunes). »
Figure 1 : principe d?assèchement du polder, source : site internet de l?IIW
Ces installations appartiennent ou sont gérées par une multitude d?acteurs, ce qui rend complexe
la gouvernance liée à la gestion hydraulique du territoire. Outre l?Etat, les collectivités locales et les
syndicats mixtes « gémapiens » dont l?IIW, les acteurs suivants sont concernés25 :
- Voies navigables de France (VNF), établissement public administratif dont l?objet, en premier lieu,
est d?assurer la navigation intérieure. Dans le Nord-Pas-de-Calais, il gère, exploite, et entretient
680 km de voies d?eau, dont 250 km sur le canal à grand gabarit, 90 écluses, 100 ouvrages de
régulation des niveaux d?eau, 2 000 hectares de domaine public fluvial et 160 maisons éclusières.
Pour permettre la navigation, il est donneur d?ordres des manoeuvres sur certains ouvrages
exploités par l?IIW. VNF agit selon les termes de son Contrat d?Objectifs et de performances ; sa
mission première est la navigation ? et il n?est pas compétent en matière de gestion des inondations.
En revanche, en crise, et sous le pilotage du préfet en charge, il abaisse la côte d?eau dans ses
ouvrages au maximum avant la crue et tamponne autant d?eau que possible, les limites dans les
deux cas étant le maintien de l?intégrité des infrastructures. Un des enjeux, en crise, pour gérer au
plus près le niveau d?eau dans les canaux est la part d?incertitude liée aux apports par ruissellement
ou apports d?eaux issus de pompages non intégrés dans le système de suivi utilisé lors de ces
crises. La question de l?entretien de canaux qui ne sont plus utilisés pour la navigation mais qui
restent de la responsabilité de VNF a fait l?objet de débats et d?interrogations : la gestion de l?après-
crise devra expliciter la responsabilité de l?entretien de ces canaux, dont certains d?entre eux
25 Source : Chambre régionale des comptes, 2023
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pourraient améliorer significativement l?évacuation gravitaire vers la mer. Cela nécessiterait de
nouveaux moyens pour VNF s?il était confirmé que cette mission revient à l?établissement public.
- Les autorités portuaires assurent l?exploitation et la maintenance d?ouvrages. Trois autorités
portuaires agissent sur le territoire des Wateringues : une collectivité territoriale (la région Hauts-
de-France, pour le port de Calais), un établissement public de coopération intercommunale (la
communauté urbaine de Dunkerque, pour celui de Gravelines-Grand-Fort-Philippe), et un
établissement public de l?État (le grand port maritime de Dunkerque - GPMD). Du fait de l?utilisation
d?ouvrages aux fonctions partagées, les autorités portuaires interviennent dans l?évacuation des
eaux à la mer. L?IIW leur a confié, dans le cadre d?une procédure négociée, sans publicité et sans
mise en concurrence, l?exploitation et la maintenance de ces ouvrages à la double vocation. La
région est donc chargée de l?exploitation de la station des Pierrettes (à Calais), la station de la
Batellerie (à Marck), et du barrage fluvial du canal de Marck. Le GPMD assure le suivi des
installations d?écoulement et de pompage du site Tixier, et des stations des Moëres, de Mardyck,
et des pompes Bergeron de l?écluse de Mardyck.
L?IIW a, en revanche, confié à un opérateur privé l?exploitation de l?exutoire du Schelfvliet, de la
station de pompage de la rivière d?Oye, et des écluses 63 et 63 bis du Port de Gravelines.
1.4 Le climat change, le territoire aussi
Après des inondations, une attention particulière est accordée, de manière à la fois normale et
indispensable, à la caractérisation de l?évènement. Pour autant, le risque se définit comme le
croisement d?aléas et d?enjeux, et toute analyse de la situation doit également tenir compte des
caractéristiques du territoire et de ses évolutions. Sans viser une description exhaustive on peut
retenir dans les grandes lignes :
- une urbanisation croissante du littoral autour des ports de Dunkerque et de Calais ainsi que des
vallées rurales de l?Aa, de la Hem et de la Lys même si elle y est plus discontinue,
- une intensification des cultures dans la plaine des wateringues et sur les coteaux, un recul relatif
de l?élevage et des prairies,
- plus généralement, l?arrivée sur le territoire d?activités consommatrices en eau, avec des
concurrences d?usage qui pourraient s?accroitre,
- un manque de vue d?ensemble sur l?état des différentes composantes du réseau hydrographique,
naturelles ou anthropiques et sur l?état des équipements d?évacuation de l?eau à la mer...
Ainsi, la Chambre régionale des comptes26 indique « Le territoire des Wateringues compte environ
430 000 habitants. Il s?étend sur 85 communes du Nord et du Pas-de-Calais, regroupées en six
intercommunalités adhérentes du syndicat mixte.
Il comprend trois pôles urbains. Ceux de Dunkerque (194 655 habitants, 649 habitants/km2) et
Calais (103 893 habitants, 564 habitants/km2), situés sur le littoral, sont densément peuplés. Celui
de Saint-Omer (105 142 habitants, soit 193 habitants/km2) l?est moins.
Il accueille d?importants centres industrialo-portuaires et la centrale nucléaire de Gravelines. Il est
maillé par des infrastructures routières de niveau européen, dont l?entrée du tunnel sous la Manche.
En retrait du littoral, le territoire plutôt rural est dominé par la culture de blé, de la pomme de terre
et de la betterave. La gestion des eaux doit en tenir compte. En hiver, le territoire doit être maintenu
hors d?eau pour permettre les récoltes. Au printemps et en été, il doit disposer de suffisamment
d?eau pour permettre l?irrigation.
En conclusion, les enjeux liés au maintien hors d?eau de ce territoire sont multiples. Il faut préserver
26 Source : Chambre régionale des comptes, 2023
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l?habitat et les populations, tout en adoptant une gestion permettant le développement des activités
économiques. »
Après des inondations, il est courant que telle ou telle cause quasi univoque soit pointée ? souvent
l?imperméabilisation des sols, ici, le curage des fossés, voire des canaux ou des rivières. Or, c?est
bien l?ensemble des facteurs de risque qu?il convient de chercher à diminuer, l?aléa étant exogène,
et c?est sous cet angle que la démarche de parangonnage a été entreprise.
1.5 Les questions soulevées à l?issue de ces épisodes d?inondation
Les inondations de la fin 2023 dans le Nord et le Pas-de-Calais, par leur durée en particulier, ont
donné lieu à une incompréhension de la part des populations, et dans certains cas des élus, et ont
soulevé différents types de questions :
- Pourquoi le territoire a-t-il été impacté de la sorte ?
Les analyses présentées ci-dessus, quoique succinctes, indiquent que les précipitations ont eu un
caractère exceptionnel, sur un territoire préparé par des mesures structurelles visant à être
efficaces pour des évènements de moindre ampleur que ces épisodes d?occurrence centennale.
Une question de compréhension sous-jacente, sur laquelle un travail sera nécessaire pour
reprendre le travail de prévention, est celle de la réalité et de la portée éventuelle des
dysfonctionnements allégués ? curage, pompage, rôle de VNF.
- Pourquoi les avancées de la prévention des inondations ne sont pas plus rapides ? Cette question
sous-tend des questions d?efficacité de la gouvernance d?une part, de moyens mis en oeuvre
d?autre part.
- Comment reconstruire de manière plus résiliente ? Cette question, qui cible en premier lieu les
quartiers qui ont été inondés plusieurs fois s?articule avec le besoin de réflexion plus large de
l?aménagement du territoire, en particulier une plus grande prise en compte des caractéristiques
des sols, et de l?urbanisme qui doit accélérer les actions de désimperméabilisation là où elles sont
possibles.
- Ces inondations ont été très largement regardées comme liées au dérèglement climatique, dans
une région où les tensions sur les usages de l?eau se font jour : comment passer de la prévention
des inondations à l?adaptation au changement climatique ?
Ces interrogations concernent donc différentes temporalités : comment se préparer mieux à une
nouvelle inondation qui surviendrait dans l?année à venir ; comment renforcer et accélérer la mise
en oeuvre de la prévention des inondations à moyen terme ; comment se préparer à une évolution
du climat ? Elles portent aussi sur le rôle des acteurs, avec des attentes fortes de l?action de l?Etat
parfois en relative méconnaissance des actions de prévention menées de longue date, en
partenariat avec les collectivités, compétentes en matière de prévention des inondations et
d?aménagement du territoire, notamment grâce aux soutiens financiers du Fonds Barnier, du Fonds
vert, des subventions de l?Agence de l?Eau ... Lors de son déplacement, en février, le Premier
ministre a indiqué que le soutien financier suite aux inondations s?élevait, alors, à 510 M d?euros
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2 Des similitudes avec les pays voisins qui font socle, des
différences qui peuvent être inspirantes
La prévention des inondations aux Pays- Bas est depuis toujours au centre des politiques publiques.
Un adage populaire indique que « Dieu a créé le monde, mais les Néerlandais ont bâti les Pays-
Bas ». La mise en place des systèmes de drainage du polder est présentée comme
intrinsèquement liée à la mise en place de la démocratie ; « La clef de notre réussite réside moins
dans les ouvrages mêmes que dans notre système organisationnel, légal et financier 27».
Compte tenu de l?enjeu existentiel que représente la prévention des inondations aux Pays-Bas et
de la géographie du territoire, l?Etat est engagé de longue date, et plus particulièrement depuis
1953, dans une stratégie de protection du territoire qui s?est matérialisée par d?importants travaux
d?endiguement, en premier lieu de digues à la mer, mais aussi de digues fluviales, ainsi que dans
la définition des niveaux de protection de ces ouvrages (exprimés en probabilités de rupture) au
regard des enjeux à protéger. Dans le même temps, les collectivités locales historiques,
collectivités à part entière dédiées à la gestion de l?eau (en quantité, en qualité et en risque), se
restructuraient pour passer du nombre de 2 650 (correspondant à de petits bassins
hydrographiques ou à des polders indépendants) en 1953 à 21 aujourd?hui.
Cette première approche de protection a été complétée, à partir des années 2010, par le recours
croissant à des solutions fondées sur la nature. « Ce que nous voulons, c?est un environnement
[?] où il y a assez de place pour la nature, et où la vie, le travail et les loisirs sont possibles par
des infrastructures de haute qualité » 28. Alors que le pays est confronté à une crise du logement
et qu?est envisagé le recours à l?urbanisation d?espaces ouverts, la question d?une meilleure prise
en compte des contraintes liées à l?eau et au sous-sol commence à se poser. En complément des
attributions qui sont siennes, le Commissaire du Delta travaille, depuis le début des années 2010,
à établir des lignes directrices pour l?adaptation du territoire national au changement climatique,
dans une approche concertée.
Les échanges avec les Néerlandais, comme la documentation consultée, mettent en avant les
conditions de réussite que sont un portage politique fort, un esprit de coopération de tous les
acteurs et le souci de fonder toute politique sur des connaissances scientifiques et techniques,
renommées.
En Belgique, la prévention des inondations, comme l?aménagement du territoire, est de la
compétence des régions, sauf pour ce qui relève de la submersion marine. En Flandre, elle
s?appuie sur une approche dite « multicouches » qui donne une place croissante aux efforts pour
laisser de la place aux cours d?eau. Elle concerne différents niveaux de collectivités, qui mobilisent
un opérateur (VMM). Ces dernières années, un important travail a été engagé pour définir une
stratégie de résilience, ce qui a contribué à une grande réactivité dans les suites des inondations
qui ont également touché la Flandre en novembre 2023. En Wallonie, les inondations dramatiques
du 14 juillet 2021 ? dites « water bomb » conduisent à revoir et renforcer la prévention des
inondations dans toutes ses composantes.
L?organisation et les moyens mise en oeuvre aux Pays-Bas et en Belgique sont présentés plus
largement en annexes 4 et 5.
27 R. Slomp,2012
28 Deltacommissie, 2008, p.37
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2.1 Des axes d?action complémentaires et une implication de tous
les niveaux
2.1.1 La prévention des inondations s?inscrit dans le cadre européen et le
rythme et l?intensité de ses évolutions sont marqués par les grandes
catastrophes
- Les politiques de prévention des inondations s?inscrivent dans des principes fondamentaux
inscrits dans la constitution. Le 21e droit fondamental dans la constitution néerlandaise prévoit,
depuis 1983, que : « La puissance publique s?attache à l?habitabilité du territoire et à la protection
du cadre de vie » ; en France, la Charte de l?environnement dans son article 1er défini un principe
de même type29.
- Elles ressortent du même cadre européen : la directive cadre sur l?eau (2000/60/CE) et la
directive relative à l?évaluation et à la gestion des risques d?inondation (2007/60/CE). Ce sont ces
textes qui, en particulier, préconisent de mener les politiques de prévention des inondations, et plus
largement de gestion des milieux aquatiques et de l?eau, à l?échelle des bassins versants.
- Les catastrophes marquent les grandes étapes de la prévention des inondations. Sans viser
l?exhaustivité, on peut citer :
- aux Pays-Bas, les inondations par submersion de 1916 et 1953. Cette dernière a fait plus de 1800
morts et motivé le premier Plan Delta. Elle a aussi touché le nord de la France et la Belgique. Les
inondations fluviales de 1993 et 1995 ont également motivé des étapes fortes en matière de
prévention des inondations, tant par des travaux sur les digues, que par des évolutions dans les
principes de la prévention, avec une reconnaissance accrue de la place à rendre au fleuve.
- En Belgique, et particulièrement en Wallonie, la « water bomb » de juillet 2021 a constitué un
choc majeur qui a motivé plusieurs plans d?actions, pour structurer la reconstruction, en la
cherchant plus résiliente, et pour améliorer la prévention à moyen et long terme.
- La France a été marquée par les crues du Var en 1994, du Rhône en 2003, la tempête Xynthia
sur le littoral atlantique en février 2010 (29 morts en Vendée), la crue dans le Var, en juin 2010 (23
morts, 1 Md¤ de dégâts), les pluies orageuses dans les Alpes-Maritimes (20 morts, 1,2 Md¤ de
dégâts) et les inondations dans l?Aude en octobre 2018 (14 morts, 200 M¤ de dégâts), la tempête
Alex en 2020 (10 morts, 8 disparus, plus de 1 Md de dégâts). Les grandes étapes de la prévention
des inondations rejoignent ce calendrier, avec la mise en place des PPRi et du FPRNM en 1995,
des PAPI en 2003, de la Commission mixte inondation en 2011. Chaque retour d?expérience est
l?occasion d?apporter des améliorations à la prévention des inondations. Les inondations de fin
2023 constituent ainsi un moment fort de mobilisation pour améliorer la prévention des inondations
et plus largement la résilience des territoires touchés, dont il faut se saisir. Les actions mises en
oeuvre pourront servir également pour d?autres territoires français.
2.1.2 La prévention des inondations est partenariale par nature
- Dans les trois pays, l?ensemble ou la majeure partie des niveaux politico-administratifs est
29 Art. 1er. - Chacun a le droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé.
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impliqué dans la prévention des inondations d?une façon ou d?une autre.
Aux Pays-Bas, « Pour gérer la compétence eau, c?est « la décentralisation quand c?est possible,
la centralisation quand c?est nécessaire ». Une spécificité de l?organisation néerlandaise est de
rassembler, d?une certaine façon, décentralisation et déconcentration. « Le système de
gouvernance de l?eau est également un facteur de réussite : la gestion de l ?eau est régie par un
groupe d?acteurs restreint, étroitement coordonnés entre eux. Les principales autorités
responsables, les Waterschappen, se distinguent par leur système de démocratie fonctionnelle :
les représentants de leurs assemblées sont élus lors d?élections au suffrage universel direct. Ces
organisations semblent également pouvoir assurer leur pérennité grâce à un système de
financement unique, qui permet le recouvrement intégral des coûts engendrés30. »
En Belgique, la prévention des inondations est une compétence régionale, ce qui peut se traduire
par des différences dans l?organisation fine entre régions. Aux Pays-Bas et en France, l?approche
par bassins hydrographiques et bassins versants tient une place majeure dans la politique de
gestion de l?eau dans ses différentes composantes ; en Belgique, elle est mentionnée comme
composante de la mise en oeuvre de la directive inondation.
De même, ces politiques mobilisent des moyens financiers nationaux et locaux. Aux Pays-Bas,
on retient des échanges avec les acteurs rencontrés que « vivre sous le niveau de la mer coûte
environ 1 euro par jour par foyer ». Les moyens consacrés à la prévention, paraissent plus
importants qu?en France avec environ 200 euros par maison et par an pour l?assainissement, 50
euros pour la gestion d?eau dans les zones protégées, 50 euros pour les stations de pompage, et
50 euros pour les investissements (50% provenant de fonds nationaux, 50% des fonds locaux à
deux niveaux de responsabilité (40 + 10)). La taxe doit recouvrir les frais, et vient en contrepartie
d?un service. Cette comparaison doit être mise en perspective à différents titres :
- les compétences couvertes par la taxe varient d?un pays à l?autre : les « 400 euros » par an,
souvent cités au regard d?une taxe Gemapi plafonnée à 40 euros, ne couvrent pas que la
prévention des inondations mais également l?assainissement ;
- cette taxe néerlandaise est conçue comme couvrant un service rendu. Or, « un kilomètre de
digue31, c'est 2 millions d'euros »32. Autrement dit, le coût de la prévention peut largement varier
selon le niveau de protection recherché et les moyens mobilisés, selon les caractéristiques du
territoire ;
- en France, la taxe Gemapi est de plus en plus mise en oeuvre par les collectivités compétentes,
mais rarement au niveau plafond. Pour ce qui concerne les investissements en matière de
prévention des inondations, la mobilisation des moyens par les collectivités dans le cadre de PAPI
donne lieu, dès lors qu?il s?agit d?actions éligibles au Fonds Barnier, à un soutien de l?Etat. D?autres
soutiens sont mobilisables (mesures soutenues par les Agences de l?eau, Fonds vert,?). Les
montants alloués à la prévention des inondations sont donc bien supérieurs à ce qui ressort de la
seule taxe Gemapi.
30 « L?eau en ville, en France et aux Pays-Bas : dans quelle mesure les politiques urbaines de l?eau des Pays-Bas
peuvent faire figure d?exemple au regard du cas français, pour la réalisation d?un paysage urbain adapté à l?épreuve
du changement climatique et de la montée des eaux ? Les exemples de Nantes et Amsterdam », Gaëlle Duffieux
(2019)
31 En France, depuis la mise en place de la Gemapi, on parle de système d?endiguement et non plus de digue, un
système d?endiguement étant hydrauliquement cohérent et relevant d?un responsable identifié. Il n?y a, en théorie,
pas de « digue privée ». Les échanges internationaux conduisent à utiliser le terme digue, sans avoir pu apprécier
ce qu?il en est dans les autres Etats.
32 Site de France Digues 21 février 2024, propos du Vice-Président du Conseil départemental de la Savoie
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2.1.3 La prévention des inondations prend le pas sur la protection à des
rythmes différents selon les pays
- La prévention des inondations passe toujours par des actions nombreuses, articulant
plusieurs axes de travail. Aux Pays-Bas, « nous avons une approche des inondations à trois
niveaux : prévention, protection, gestion. Depuis le Programme Delta de 2014, la prévention prime
clairement sur les deux autres ». En Flandre, la ligne directrice de la prévention des inondations
est qu?il est nécessaire de mobiliser une combinaison de mesures pour faire face aux inondations
critiques : ce sont les « 3P », protection, prévention, préparation. Aux Pays-Bas comme en Flandre
et en Wallonie, des plans structurants récents organisent ces complémentarités : le programme
Delta dans ses versions les plus récentes, l?avis « Resilient Waterland » ou les travaux du
Commissariat spécial à la reconstruction. L?évolution des mesures prises conduit à donner une
place croissante aux enjeux de place donnée aux cours d?eau et à l?infiltration de l?eau, et moins
exclusivement aux protections.
La pondération entre ces axes et les méthodes déployées pour travailler sur chacun de ces axes
et les articuler diffèrent d?un cas à l?autre (le cadre contractuel français des PAPI apparaissant
comme précurseur et abouti).
- Concernant les ouvrages de protection :
- les niveaux de protection des digues sont toujours établis en recherchant une proportionnalité
aux enjeux protégés, dans une logique d?analyse coûts-bénéfices, elle-même appuyée sur des
méthodologies transparentes. Aux Pays-Bas, les digues ont été conçues et renforcées d?abord
en tenant compte de la crue la plus récente (avec une marge de 50 ou 100 cm), puis sur la base
d?analyses de probabilité de l?aléa, et maintenant au regard de la probabilité de décès d?un
habitant de la zone protégée (qui depuis 2017 doit être en deçà de 1 chance sur 100 000 par an
partout aux Pays-Bas). Cela se traduit à l?échelle du tronçon de digue ou ouvrage primaire
(protégeant des submersions marines et des inondations des grands fleuves Rhin, Escaut et
Meuse) en probabilités de rupture variant de 1/500 à 1/100 000. Les autres protections (celles
qui ne sont pas « primaires ») doivent aussi répondre à des normes de sécurité, qui varient d?un
risque de rupture de 1/100 (zones urbanisées) à 1/10 (pâturages).. Pour des cours d?eau et
digues régionaux, comme la Geul et la Roer, les « standards » génériques de protection, en
durées de retour des événements de crues, sont de 10 ans pour des prairies, 25 ans pour des
cultures, 50 ans pour l?horticulture, 100 ans pour les zones urbanisées. Dans le sud du Limburg,
avec une population dense et des vallées pentues (pour les Pays-Bas), certaines zones urbaines
comme Valkenburg par exemple, sont protégées contre des crues de période de retour 25 ans,
notamment pour des raisons de coûts des ouvrages. Ces zones ont été exposées en juillet 2021
à des crues plus que centennales. En Flandre, comme en France c?est l?autorité compétente qui
fixe le niveau de protection. En France, une analyse coûts-bénéfices est obligatoire pour
bénéficier du soutien du FPRNM sur tout projet d?ouvrage hydraulique, et donne lieu à une
analyse par des services identifiés pour leurs compétences économiques.
- en France comme aux Pays-Bas, il ne doit y avoir qu?un seul responsable pour chaque
système d?endiguement : c?était une motivation forte de la mise en place de la réforme
« Gemapi ».
- La prise en compte du changement climatique dans les démarches de prévention des
inondations se fait, aux Pays-Bas comme en France pour le risque submersion marine, avec une
surcote de 60 cm pour le niveau de la mer. Aux Pays-Bas, il est également retenu une
augmentation du débit des cours d?eau, avec un coefficient d?incertitude, pour le fluvial, ainsi qu?une
concentration de la pluviométrie. C?est un travail qui est en cours en France.
- Une évolution tendancielle dans le temps long met en avant les limites d?une approche appuyée
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essentiellement sur la protection pour donner de plus en plus de place, de manière
complémentaire, à des solutions fondées sur la nature, sous des noms différents. Au Pays-Bas
a été mis en oeuvre dans la période 2001-2015 le programme Ruimte voor de rivier (« De l?espace
pour le fleuve »). Cette approche a donné lieu à un programme de travaux du Rhin et de la Meuse
qui vise non à renforcer les digues mais à mettre en place des zones d?expansion des crues. « Il
faut réapprendre à vivre avec la nature ». L?écartement des digues de la Meuse a montré ses effets
positifs (en termes de hauteur d?eau et de nuisances pour les activités humaines) en juillet 2021,
avec des débits encore jamais mesurés sur le cours néerlandais amont du fleuve. En France, c?est,
depuis 2003, un des axes des PAPI.
- Partout, la culture du risque est à la fois regardée comme le socle de toute politique de préven-
tion et comme étant insuffisante, ce qui demande des efforts constants. « C?est le paradoxe du
Delta : la vulnérabilité n?empêche pas la qualité de vie ». La démarche d?information acquéreur
locataire française connaît des développements de même type en Belgique et aux Pays-Bas. En
France, le code de ?environnement comporte une partie spécifique sur l?information préventive.
2.1.4 La gestion de crise est organisée en fonction de la gravité de la
catastrophe
- La gestion de crise montre des structurations proches, avec une mobilisation par
emboîtement en fonction de la gravité de la crise et des outils d?information et de vigilance en ligne
plus ou moins développés : aux Pays-Bas, tout le réseau hydrographique est modélisé ; en France,
le site Vigicrue offre une bonne qualité de service à tous, avec un programme de développement
à moyen terme. Il reste quelques secteurs complexes à couvrir et surtout des enjeux forts sur la
prévision de la submersion marine ; tandis qu?en Belgique, c?est l?une des recommandations du
rapport parlementaire de Wallonie postérieur à la « Water Bomb » que d?améliorer cette
information.
Dans les trois Etats, le pompage, ainsi que le pompage d?urgence, relève en premier lieu des
gestionnaires concernés avec une possibilité de solliciter un niveau supérieur, régional et/ou
national selon les pays : le Centre national de coordination opérationnel aux Pays-Bas, le NCCN
en Belgique? qui planifie mais ne dispose pas des équipements, la Sécurité civile en France. Dans
les principes généraux, chaque niveau supporte ses coûts, mais il est fait mention d?une prise en
charge possible par l?Etat en cas de crises graves et coûteuses pour les collectivités. En termes
de parc d?équipements, les Pays-Bas ont mené une analyse de leurs besoins, sur la période 2003-
2007. Ce travail a conduit, par exemple, à renoncer à des systèmes flottants et à privilégier des
conteneurs. La capacité des pompes d?urgence est sans commune mesure avec celle des pompes
pérennes, sur lesquelles les investissements sont largement privilégiés. La Belgique a lancé un
inventaire de ses moyens après la « water bomb », avec le projet de mieux connaître et optimiser
le parc. En France, une des suites des inondations de 2023 pourrait être de renforcer les moyens
de pompage de la sécurité civile.
2.1.5 Des coopérations sont une condition première de la prévention des
inondations
- Dans les trois Etats, les temporalités longues de la prévention des inondations sont mises
en avant, car il est nécessaire de s?appuyer sur des études scientifiques d?aléa robustes, de mettre
en oeuvre l?ingénierie adaptée aux mesures envisagée, de prendre le temps de la concertation,
de l?appropriation et de l?adhésion, notamment pour accéder au foncier, ce qui est souvent un
facteur bloquant. « La construction de notre politique se fait par la concertation : l?idée d?un
agriculteur vaut celle d?un technicien », « Ce dont nous avons besoin, c?est plus d?une organisation
collective que d?une approche individuelle » ; « Pour protéger leurs lieux de vie, il est indispensable
de travailler avec les habitants ».
Ainsi, les Pays-Bas ont-ils mis en place des outils numériques de simulation des circulations d?eau
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pour que chacun puisse visualiser les impacts prévisibles de « son idée » sur l?amont et l?aval de
son territoire ; dans le programme de reconstruction mis en place à la suite des inondations de
juillet 2021, le gouvernement de la Wallonie a mis en place une équipe qui comporte des ingénieurs
mais également des personnes en charge de la médiation. Dans la suite des crues de 2019 dans
le Var et du plan mis en place pour accélérer la mise en oeuvre de PAPI, la France a multiplié par
deux les soutiens de l?Etat à l?animation de ces programmes.
Des lieux de discussion et des démarches de coopération sont regardés comme
indispensables pour se préparer au changement climatique, par exemple entre territoires amont et
aval, ou entre milieu urbain et milieu rural, et pour élaborer des priorisations d?actions partagées.
Ils sont nécessaires pour travailler efficacement sur les différents leviers et leurs articulations :
prévenir les inondations, anticiper des crises plus fréquentes ou plus extrêmes, les gérer, mettre
en oeuvre un relèvement rapide mais qui ne soit pas « à l?identique » et permette ainsi de réduire
la vulnérabilité des territoires. De telles démarches de coopération sont particulièrement abouties
en post-crise de juillet 2021 en Belgique et aux Pays-Bas, et constituent un socle structuré,
régulièrement réaffirmé aux Pays-Bas.
2.2 Des différences dans le portage stratégique de la prévention
des inondations
La prévention des risques naturels est un enjeu parfois diminué, voire occulté, hors des périodes
de crise. Il est symbolique, par exemple, que l?opposition récurrente aux Plans de prévention des
risques d?inondation s?appuie sur la crainte que l?information donnée sur le risque diminue la valeur
des biens les plus exposés : la priorité semble être alors de nier le risque pour éviter cette décote,
plutôt que de l?afficher de manière à mettre en oeuvre des leviers de réduction de la vulnérabilité.
La capacité à inscrire les travaux de prévention dans une stratégie claire, partagée, comprise, et
à mobiliser un portage politique fort, à différentes échelles de territoire, apparaît comme un levier
majeur d?efficacité des actions mises en oeuvre. La mission a entendu aux Pays-Bas que « la
sécurité hydraulique, c?est une question de sécurité nationale », ou encore que « L?eau et le sol
sont les deux éléments essentiels de notre politique en matière d?aménagement du territoire ». En
Belgique, l?évolution de la prévention se traduit dans la synthèse des enjeux d?aménagement du
territoire : « Il nous faut passer de la passoire à l?éponge ».
2.2.1 La capacité à faire de la prévention des inondations une priorité
La construction et la formulation d?une approche stratégique varient selon les pays, les époques :
la manière dont une stratégie est inscrite dans la durée et dont ses composantes sont mises en
oeuvre dans les états voisins est un des enseignements majeurs de la démarche de parangonnage.
- Aux Pays-Bas, la place donnée à la prévention contre les inondations s?inscrit dans une
analyse de risque générale, alors que dans les autres pays, c?est une politique parmi d?autres,
qui donne lieu à un engagement fort mais moins explicité par le bénéfice collectif qui en découle,
ou motivé par un caractère prioritaire. Après les inondations de 1953, un travail scientifique et
réglementaire a été mené pour définir des niveaux de protection des différents territoires en
fonction des enjeux, et mettre en oeuvre les travaux considérables requis. Ce travail s?est inscrit
dans une approche plus générale qui classe chaque type de menace en fonction de sa plausibilité
et de ses conséquences sur la sécurité nationale aux Pays-Bas. La probabilité d?une inondation
majeure dans l?Ouest des Pays-Bas est relativement faible (environ 1/10 000 à 1/100 000 par an),
mais les conséquences seraient destructrices pour les Pays-Bas. Une telle catastrophe, si elle
touchait ne serait-ce que la Province de Hollande méridionale, serait d?ampleur trop importante
pour être gérable au niveau national.33 . L?engagement dans la prévention est motivé par une
évaluation de la priorité à donner à sujet, qui prend en compte les coûts évités découlant d?une
catastrophe majeure. C?est dans ce cadre que sont menées des démarches de stress tests
33 Sources : R. Slomp, 2012 ; IGEDD, nov. 2023
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territoriaux, qui incluent notamment les risques d?inondations mais aussi la gestion de l?eau hors
inondations.
- L?importance de la gestion de l?eau et son poids dans les institutions sont également
inscrits dans l?histoire du pays, et plus particulièrement des wateringues, dont la mise en place
est présentée comme la naissance d?un gouvernement démocratique : « Personne ne peut
construire une digue seul, lutter ensemble contre les inondations, cela a été la naissance de la
démocratie aux Pays-Bas ».
La structuration de la gouvernance locale de la gestion de l?eau est plus ou moins intégrée
et présente des efficacités diverses.
Aux Pays- Bas, la gestion de l?eau dans toutes ses composantes repose désormais sur 21 autorités
régionales de l?eau, constituées à partir de 2500 wateringues historiques. Cette concentration, qui
confère aux autorités une certaine robustesse, a pris 70 ans. Ces autorités correspondent à des
bassins hydrographiques. En effet, « L?eau ne respecte pas les limites virtuelles » ; « rien ne doit
être fait qui n?ait un impact négatif sur les autres : c?est le lien entre l?amont et l?aval. Il faut une
approche intégrée » ; ou encore « Les réalités hydrauliques ne suivent pas les frontières
administratives ».
Elles ont une grande légitimité, en particulier en raison de leur gouvernance : leur conseil est élu
au suffrage universel pour 5 ans et leur président nommé par la Couronne. Elles portent une
approche intégrée de toute la gestion de l?eau. Leurs moyens financiers reposent sur des taxes
locales, dont le montant est évalué au regard des services rendus, avec un soutien de l?Etat pour
les investissements.
En Belgique, les présentations entendues reconnaissent que le système fédéral belge a conduit
historiquement à une répartition complexe entre les différents niveaux politiques et structures
administratives des compétences mises en jeu par la prévention des inondations, entendu au sens
large. En Belgique, comme au Pays-Bas, des opérateurs jouent un rôle important dans l?entretien
des ouvrages, quels qu?en soient les propriétaires
En France, la prévention des inondations est une compétence des EPCI à fiscalité propre. La
structuration de la Gemapi identifie cette compétence et l?organise de manière à lier les différents
axes de la prévention des inondations que sont l?urbanisme et les actions de gestion de l?eau
menées à l?échelle du bassin versant. L?exercice de cette compétence est ainsi structuré dans le
cadre de syndicats à qui les EPCI peuvent déléguer ou transférer tout ou partie des compétences.
Cette approche présente plusieurs avantages : elle s?appuie, comme cela a été fait en France
depuis la création des Agences de l?eau en 1964, sur les bassins versants ; elle est intégratrice de
trois composantes majeures : urbanisme, compétence historique des collectivités locales, gestion
des milieux aquatiques, prévention des inondations. En revanche, la gouvernance et les solidarités
nécessaires ne se construisent que progressivement, et les organisations qui en résultent sont
également parfois complexes.
2.2.2 La pondération des axes d?action
- La prise en compte de l?urbanisme dans la prévention des risques d?inondation est plus
ancienne et plus structurée en France.
Les PPRi, établis par l?Etat, après concertation, sont des servitudes d?utilité publique qui
s?imposent à l?urbanisme. Ils visent à empêcher une augmentation des enjeux dans les zones les
plus exposées, et prescrire des mesures de réduction de la vulnérabilité dans les zones exposées.
Dans ce cadre, un accompagnement financier des territoires est mis en place, priorisé sur les
territoires les plus exposés qui sont ceux qui donnent lieu à des PPRi, et conditionné à un
programme de prévention mené à l?échelle des bassins versants. En France, on considère que,
dans le long terme, une digue est toujours faillible et qu?un ouvrage de protection ne peut se justifier
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pour un aménagement nouveau, mais uniquement pour protéger l?existant34.
Aux Pays-Bas l?interdiction de construire concerne uniquement les espaces entre le cours d?eau et
la digue, et derrière les digues (ce qui est également le cas en France). Les règles de construction
font, par ailleurs, référence à des obligations génériques de stabilité dont le respect relève du
maitre d?ouvrage ; les maisons flottantes sont construites « aux risques et périls des habitants ».
Les différences d?approche historiques peuvent sans doute s?expliquer par des contraintes
spatiales et des densités différentes.
En Belgique, comme aux Pays-Bas, des cartes d?aléa existent ou sont en cours d?élaboration, qui
relèvent d?une démarche de porter-à-connaissance, voire d?information acquéreur locataire, telle
qu?elle existe en France 35.
Encadré 8 : Des systèmes assuranciels très différents
Le système d?assurance est plus protecteur en France, où l?assurance contre les inondations est
liée à l?assurance habitation, avec une surprime obligatoire, qui permet, en cas de catastrophe
majeure, une prise en charge par l?assurance et par la réassurance. Le système français apparait
ainsi comme marqué par un niveau de solidarité plus important en France qu ?en Belgique et aux
Pays-Bas. Cela soulève deux types de questions différentes :
- un effet parfois peu incitatif à ne pas s?exposer ;
- une évolution possible de ce système dans le contexte de catastrophes répétées, avec des primes
modulées ou des risque nouveaux de refus d?assurance. C?est un sujet de forte préoccupation des
collectivités locales et des habitants
En juillet 2022, le gouvernement de la région wallonne communiquait dans les termes suivants : «
Dès le lendemain de la catastrophe le Gouvernement a négocié avec les compagnies d ?assurance
pour permettre aux personnes sinistrées assurées de bénéficier d?une indemnisation complète en
fonction des clauses de leur police d?assurance et des accords avec les experts. Une loi fédérale
permet en effet aux assureurs de limiter les indemnisations versées aux sinistrés en cas de
catastrophe de grande ampleur. Dans le cas des inondations de juillet dernier les assurés
n?auraient touché que 20% du montant des dégâts estimés par leur assureur. A la lumière du drame
humain que représentaient les inondations le Gouvernement a décidé d ?accomplir un effort
financier sans précédent d?un milliard d?euros pour permettre l?indemnisation complète des
personnes sinistrées assurées. Après négociation, les assureurs ont quasiment doublé leur plafond
d?intervention. C?est ainsi qu?à ce stade les assureurs interviennent à raison de 41% et le
Gouvernement à raison de 59%. » Les personnes qui n?étaient pas assurées ont reçu l?aide d?un «
fonds des calamités », mis en place par le gouvernement pour éviter à tout prix qu?une partie de la
population non assurée ne tombe dans la précarité totale. »
Aux Pays Bas, l?opérateur (RVO) chargé d?indemniser les victimes publiait en juillet 2022 le bilan
suivant : « Exactement 1 an après les fortes pluies et inondations dans le Limbourg et le Brabant
du Nord en juillet 2021 nous avons déterminé 1 518 demandes de victimes. Plus de 34 millions
d'euros ont été versés dans le cadre du programme WTS de juillet 2021. » « L'assurance volontaire
contre les dommages causés par les inondations de la mer et des rivières aux habitations a été
proposée dans des produits successifs entre 2012 et 2020 par un assureur (Pays-Bas). Le porteur
de risque s'est depuis retiré et il n'existe actuellement aucun assureur aux Pays-Bas qui offre une
assurance contre les inondations d'origine maritime et fluviale (percée des défenses primaires
contre les inondations) à l'exception des produits destinés à un certain nombre de multinationales
et à quelques particuliers très fortunés. L'Association néerlandaise des assureurs indique que cela
est dû à une sensibilisation insuffisante (les Néerlandais se sentent relativement en sécurité) à
l'anti-sélection et au risque d'accumulation. » Les interlocuteurs administratifs de la mission lui ont
confirmé que les dégâts liés aux inondations n?étaient indemnisés que par des fonds publics, que
la mise en oeuvre de tels fonds était décidée au cas par cas par le gouvernement et qu?un principe
34https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/Modalit%C3%A9s%20d%E2%80%99application%20du%20d%C3
%A9cret%20PPRi%20%E2%80%93%20Novembre%202019.pdf
35 https://www.google.com/search?client=firefox-b-e&q=ERRIAL
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général était que l?indemnisation ne couvre pas la totalité des coûts, afin d?inciter à la prudence
ceux qui construisent ou résident en zone inondable36.
- Dans la suite de la « Water Bomb » de juillet 2021, le gouvernement de Wallonie a mis en place
une équipe projet « agile », afin de gérer au mieux les réponses immédiates à la catastrophe et la
préparation d?un urbanisme plus résilient qui n?a pas encore d?équivalent en France.
Le Commissariat spécial à la reconstruction a été mis en place dès le 26 juillet 2021. Cette
équipe pluridisciplinaire d?une dizaine de personnes a été mobilisée pendant un an pour répondre
de manière pragmatique aux besoins des 3 grands bassins versants belges sinistrés, en particulier
la vallée de la Vesdre. Il s?agissait d?avoir des réflexions sur des aménagements adaptés à la
situation. Le Commissariat spécial à la reconstruction n?est pas une autorité mais un ensemblier.
C?est une cellule placée auprès du président du gouvernement wallon, ce qui lui donne du poids.
Des enjeux forts ont été la gestion de la temporalité entre l?urgence (aide à la réparation, avec un
soutien public pour ce qui n?était pas couvert par les assurances) après crise et la reconstruction
résiliente, ou encore la priorisation pour cibler l?action sur les neuf communes les plus touchées. Il
s?agissait, selon les termes des personnes rencontrées, de réfléchir avant de reconstruire, sans
empêcher les mesures immédiates qui donnent du « confort ». Le travail a porté aussi sur la trame
agricole, les haies, le sens du labour, le couvert forestier, qui impactent la gravité des inondations.
- La gestion des fossés, canaux, cours d?eau diffère dans les trois pays. Si en France, la
responsabilité des riverains est affirmée, dans une logique d?association de tous les intéressés à
la gestion de l?eau, les Pays-Bas ont explicitement dissocié propriété et gestion ? celle-ci étant, le
plus souvent confiée à un opérateur, sans exclure, par exemple pour les wateringues, que des
agriculteurs en prennent en charge une partie. Les comparaisons quant aux doctrines et modalités
de gestion sont difficiles, compte tenu de la limite ténue entre entretien et curage. Pour autant, il
ressort qu?en Flandre comme au Pays-Bas, les modalités de gestion dépendent toujours de l?objet
visé, avec une différence possible entre ce qui est navigable et ce qui ne l?est pas, et donnent lieu
à une préparation d?ensemble (guides d?entretien territoriaux) et à des interventions régulières. Ces
programmes sont assurés et financés par les riverains, le cas échéant sous contrôle de l?autorité
compétente pour la gestion de l?eau, sauf pour les infrastructures majeures.
2.2.3 La posture en gestion de crise
- Des points de différence dans la gestion de crise, dans les modalités d?anticipation, de
communication et dans la place des élus locaux d?une part, de bénévoles d?autres part.
Aux-Pays-Bas, compte tenu du rôle majeur des digues dans la protection, des vérifications et
manoeuvres spécifiques sont nécessaires en prévision d?épisodes de crue intense. L?ensemble de
ces actions prennent habituellement 5 jours de travail. De ce fait, un préavis fixe est demandé
aux services de prévision météorologique et de prévision des crues. En France, c?est le
système des vigilances qui permet non seulement l?information du public mais aussi celle des
services de gestion de crise de l?Etat, sans exclure des échanges informels, mais qui ne relèvent
pas d?un cadre systématique.
« La communication est une partie essentielle de la gestion de crise ». Les témoignages de gestion
de crise, en Belgique comme aux Pays-Bas, soulignent l?importance de partager des règles
claires de communication qui se résument aux principes suivants : c?est l?autorité qui gère la
crise qui communique, les autres autorités étant les porteuses d?une démultiplication des
informations ainsi diffusées ? ce qui suppose qu?elles en disposent régulièrement et facilement.
L?accent est mis aussi sur la nécessité d?une veille sur les rumeurs (sur les réseaux sociaux en
particulier) pour y apporter des réponses rapides. C?est aussi un des points de recommandations
du rapport parlementaire après les crues de Wallonie.
Un corollaire de cette approche est, en Belgique comme aux Pays-Bas, une association étroite
36 IGEDD, 2023
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des élus locaux à la gestion de crise ? y compris par leur accès, en lecture au moins, aux
systèmes d?information de gestion de crise. Aux Pays-Bas, ce sont les autorités régionales de l?eau
qui sont associées à la gestion de crise des inondations.
Enfin, certaines autorités régionales de l?eau, aux Pays-Bas, recourent à des bénévoles, qui
constituent un réseau de plusieurs milliers de personnes, pour la surveillance des digues mais
aussi, conjointement avec leur personnel administratif, pour la fermeture de certains batardeaux et
pour le renforcement de digues en cas d?urgence (sacs de sable). Pour la préparation aux
situations de crise mais aussi pour l?inspection des digues, des formations sont prodiguées par les
autorités régionales de l?eau en mobilisant le cas échéant des entreprises qualifiées. Cette
démarche, qui est recommandée en Wallonie, dans le rapport postérieur aux inondations de juillet
2021, présente de nombreux intérêts, à commencer par la mobilisation de soutiens formés en
période de crise, mais également, au long des années, des occasions de travail en réseau entre
autorités et ainsi de soutien à la culture du risque dans la population. La mobilisation de volontaires
pour la surveillance des digues, réunis une fois par an, est un vecteur de sensibilisation de la
population au comportement de ces ouvrages et à leurs limites. Aux Pays-Bas, un des retours
d?expérience de la crise de juillet 2021 a été de réaffirmer la nécessi té que les informations
météorologiques soient interprétées par l?autorité compétente pour la gestion de l?eau, seule
habilitée à recommander aux municipalités l?évacuation (principe de « point unique d?alerte ») ;
cela afin d?éviter les évacuations superfétatoires non éclairées.
2.2.4 L?engagement dans l?adaptation au changement climatique
- Une première approche de l?adaptation au changement climatique est l?articulation d?enjeux
comme la gestion mieux articulée des risques d?inondation et de sécheresse. Elle apparait
hétérogène et, dans l?ensemble, non stabilisée. Aux Pays-Bas, les inondations de novembre 2023
ont à nouveau posé la question : au lieu d?évacuer le plus vite possible l?eau à la mer, un nouvel
enjeu, au regard des risques de sécheresse, ne serait-il pas de la retenir ? Le premier moyen pour
cela identifié aux Pays-Bas est l?infiltration dans les sols et la recharge des nappes, et non la
création de bassins de rétention, qui, de toutes façons sont difficiles à gérer car ils ont
potentiellement deux objectifs considérés comme non compatibles (en fonction des saisonnalités
des événements et des enjeux en présence) : écrêter les crues et retenir l?eau pour en disposer
l?été. En Flandre, la visite de la zone d?expansion des crues de Blanckaert a illustré le
fonctionnement d?une immense zone, qui n?a pas vocation à garder l?eau pour l?été. En Wallonie,
ont été évoquée les limites d?une approche de rétention de l?eau qui a finalement peu d?impact sur
des crues importantes, et apporte peu de réponse au regard des besoins en eau, notamment de
certains sites industriels gros consommateurs.
- De manière plus structurelle, le travail d?adaptation repose sur la structuration de démarches
organisées et pilotées d?anticipation des changements à venir et des mesures à prendre, dans
un calendrier réfléchi et partagé.
L?adaptation au changement climatique, en France, passe par la réalisation régulière du Plan
national d?adaptation au changement climatique (PNACC)37 qui liste des actions à mener, mais
n?est pas nécessairement identifié par les élus locaux ou le grand public comme dégageant des
lignes stratégiques fortes claires et partagées, comme a pu le faire, sur le seul sujet de la prévention
des inondations, la Stratégie nationale de gestion des risques d?inondation (SNGRI) après Xynthia.
37 La Stratégie nationale d?adaptation au changement climatique exprime le point de vue de l?État sur la manière
d?aborder la question de l?adaptation au changement climatique. Cette stratégie a été élaborée dans le cadre d?une
large concertation, menée par l?Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (ONERC),
impliquant les différents secteurs d?activités et la société civile sous la responsabilité du délégué interministériel au
développement durable. Elle a été validée par le Comité interministériel pour le développement durable réuni le 13
novembre 2006 par le Premier ministre. La France s?est dotée en 2011 de son premier Plan national d?adaptation
au changement climatique (PNACC) pour une période de 5 ans. Le 3ème devrait être approuvé en 2024.
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Encadré 9 : La Stratégie nationale de gestion des risques d?inondation (SNGRI)
Face au bilan catastrophique des inondations en Europe, notamment les grandes crues de l?été 2012 en Europe
centrale et du printemps 2013, le gouvernement a adopté en 2014 la Stratégie nationale de gestion des risques
d?inondation. Elle poursuit trois objectifs prioritaires, dont l?atteinte par les différents acteurs est à analyser sur le
long terme, à 20 ou 30 ans par une mise en oeuvre progressive, en conduisant une évaluation quantifiée des
performances actuelles et futures.
? Augmenter la sécurité des populations exposées
? Stabiliser à court terme, et réduire à moyen terme, le coût des dommages liés à l?inondation
? Raccourcir fortement le délai de retour à la normale des territoires sinistrés
Les principes directeurs au service des objectifs sont le principe de solidarité, le principe de subsidiarité et de
synergie des politiques publiques, et le principe de priorisation et d?amélioration continue.
Les quatre défis à relever sont :
? Développer la gouvernance et les maîtrises d?ouvrage
? Aménager durablement les territoires
? Mieux savoir pour mieux agir
? Apprendre à vivre avec les inondations.
En Belgique, des travaux importants et de natures différentes ont été organisées après la « water
bomb » : en Wallonie, le cadre est donné par le rapport parlementaire qui comporte 161
recommandations (annexe 7). En Flandre, à la suite de ces inondations, le gouvernement a
souhaité revoir la prévention des inondations sur son territoire en cas d?épisode météorologique
aussi grave. Le travail pluridisciplinaire, dont le pilotage a été confié à un universitaire néerlandais,
a conduit à l?avis « Résilient Waterland » qui comporte dix recommandations, que, de fait,
apparaissent comme le passage de la prévention des inondations à l?adaptation au changement
climatique. Ce travail apparait également, dans les échanges, comme de nature à faciliter de
mobilisation collective en temps utile, et notamment dans la suite des inondations de 2023, pour
mettre en place dans des délais courts, les suites adaptées à cette crise.
Les Pays-Bas sont engagés depuis le début des années 2000 dans des travaux sur leur
adaptation au changement climatique. « Nous vivons dans un delta, nous devons nous adapter
continuellement », « La stratégie pour les siècles à venir repose sur deux piliers : la protection
contre les inondations et la durabilité », ou encore « Le choix d?accepter l?eau comme une
opportunité et non plus comme une menace est fait, soit un changement radical dans la philosophie
de ce pays conquis par la pelle et la sueur. » Le Commissariat au Programme Delta, historiquement
tourné vers les grands travaux d?infrastructure, puis peu à peu également vers ceux visant à
redonner de la place aux cours d?eau, a connu une nouvelle étape à partir de 2012 avec la création
du Commissaire du Delta dont les travaux visent l?anticipation du changement climatique, dans une
démarche stratégique, de planification spatiale, et une approche partenariale. Il s?agit de travailler
sur les limites que nous donne la nature, limites qui sont atteintes. Une priorité identifiée depuis
2021 est de mieux prendre en compte l?eau et les sols. Cela a été porté par le gouvernement entré
en fonction en janvier 2022, puis a donné lieu à une stratégie gouvernementale transmise au
parlement en date du 25 novembre 2022, présentant les actions prévues en grandes lignes, à une
revue scientifique, et à des discussions avec tous les niveaux de gouvernement.
Encadré 10 : ce qu?un expert néerlandais propose de retenir dans un processus de
parangonnage38
« Les Pays-Bas sont souvent mis en avant en raison de leurs prouesses techniques dans le domaine de la maîtrise
de l?eau. Mais celles-ci sont le résultat de siècles d?évolution et d?un profond ancrage de cette question dans la
culture néerlandaise. Elles sont également spécifiques de la géographie et des enjeux propres à ce pays et, de ce
fait, ne sont pas forcément adaptées pour pouvoir être exportées telles quelles dans d?autres pays. (?)
Le risque d?inondation est très présent dans l?inconscient collectif néerlandais depuis des siècles ; la maîtrise de ce
risque est acceptée, car elle constitue un enjeu fondamental de la survie même du pays. De ce fait, des mesures
ont été prises pour lui donner une place spécifique dans les processus décisionnels, qui la met à l?abri des aléas et
des contraintes politiques.
38 R.Slomp Y. Friocourt, 2023, Quelles leçons peuvent tirer les autres pays de l?exemple des Pays-Bas ? Annales
des mines 107.
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Par ailleurs, la société et le modèle politique néerlandais reposent fortement sur le principe du compromis, ce que
l?on appelle le « modèle du polder » : avant qu?une décision soit prise, il est important que les opinions des uns et
des autres soient attentivement écoutées, afin de pouvoir prendre la décision qui causera le moins de frictions. Ce
modèle ne facilite pas la rapidité dans la prise de décision, mais il permet à chacun de se sentir écouté et respecté.
Appliqué dans le domaine de la maîtrise de l?eau, il encourage chacun à essayer de trouver des solutions
techniques pratiques, qui respectent les différents enjeux, et de mise en oeuvre très décentralisée.
Cette approche marquée par la lenteur nécessite d?anticiper, de se poser le plus tôt possible des questions
fondamentales, sans forcément y apporter de réponse immédiate. Et cela est spécifiquement le but du programme
de recherche portant sur les conséquences de la hausse du niveau de la mer : il n?est pas question de trouver
immédiatement des mesures qui mettront les Pays-Bas directement à l?abri de ce risque, mais plutôt de comprendre
jusqu?à quand les principes de base actuels de la gestion sont tenables et quelles options sont possibles pour le
futur. Par la suite, chaque direction identifiée sera étudiée plus en détail et fera l?objet d?études d?impact et de
consultations publiques, avant que des décisions ne soient prises. Et chaque nouvelle inondation ou épisode de
sécheresse inattendus apporteront leur lot de découvertes et de déconvenues qui seront, elles aussi, intégrées
dans le processus décisionnel.
De plus, la pérennité des solutions aux Pays-Bas est indéniablement interdépendante des choix que les pays voi-
sins pourront faire, particulièrement dans les bassins versants des fleuves Rhin, Meuse et Escaut. L?adaptation au
changement climatique ne se fera que via la collaboration internationale et le soutien actif de la société tout entière,
chacun dans son domaine de compétence.
Les autorités nationales et locales peuvent définir des principes de base et des réglementations, mais ce sont les
citoyens et les entreprises qui, finalement, vont décider ou non d?accepter un risque et de participer à l?effort com-
mun. Dans les régions où le risque d?inondation existe depuis des générations, cette volonté est déjà présente dans
l?inconscient collectif. Mais pour les habitants des autres régions, il est important de les éduquer et de leur en
expliquer les raisons, afin de rendre chacun d?eux partie prenante dans l?appréhension du problème et surtout dans
l?élaboration des solutions y répondant.
L?allocation structurelle de budgets pérennes en est un ingrédient essentiel. La croissance économique progressant
beaucoup plus rapidement que la période de réfection des milliers de kilomètres de digues qui dure typiquement
trente à quarante ans, on estime que le risque d?inondation aux Pays-Bas est resté à peu près constant en termes
financiers depuis 1953, la dernière inondation catastrophique enregistrée. Cela suggère a contrario que ce risque
pourrait avoir fortement augmenté dans les pays qui n?ont pris aucune mesure particulière et prouve ainsi l?ampleur
du défi qui nous attend ».
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3 Les actions et axes de progrès qui se dégagent
Les comparaisons avec nos voisins offrent l?occasion de constater que, dans un cadre commun
donné par les directives européennes, et parfois le vécu des mêmes catastrophes quoique
d?amplitudes différentes, chaque Etat, ou région, a construit une prévention des inondations qui fait
système avec des avancées sur différents points.
Les pistes d?amélioration qui en ressortent sont de natures différentes : celles qui tiennent à des
actions ponctuelles, de nature à renforcer des démarches en cours, et celles qui sont plus
structurelles. Dans certains cas, les territoires touchés par les inondations de 2023 pourraient être
expérimentateurs, en vue d?une diffusion des bonnes pratiques identifiées ailleurs sur le territoire
national.
3.1 Croiser le retour des inondations de fin 2023 - début 2024 et les
bonnes pratiques de nos voisins
3.1.1 Des leviers pour améliorer la gestion de crise
3.1.1.1 Organiser une participation accrue des élus à la gestion de crise
- Identifier le niveau de participation pertinent ? entre EPCI et EPTB et structurer une participation
efficace à la gestion de crise avec comme axes de travail :
- le développement de dispositifs de surveillance du réseau et de systèmes d?information partagés,
en interface avec les autorités préfectorales gestionnaires de la crise,
- la participation, proportionnée, organisée et anticipée de ces élus ou de leurs services à la gestion
de crise ? avec par exemple l?accès en lecture aux informations continues, la participation à des
exercices telle que prévue dans les circulaires du ministère de l?intérieur?. Cet axe de travail peut
être lié à des dispositifs de formation des élus renforcés.
- l?amélioration des protocoles de communication pour répondre aux attentes des populations aux
plus près du terrain, et éviter les rumeurs.
Recommandation 1. : Proposer une place réelle pour des élus dans la gestion de crises
inondation, notamment au sein des cellules de crise, dans le partage de la vision globale de
l'information sur le la gestion des événements liés à la crise et des données sur l'ensemble
du territoire en crise (travail à mener sous pilotage de la DGSCGC en lien avec les
préfectures, des représentants des EPTB, des EPCI et des maires, en lien avec la DGPR d?ici
fin 2024, pour préciser la feuille de route et engager les premières actions).
3.1.1.2 Mieux anticiper les moyens de pompage en crise
Si les dispositifs de pompage pérennes et de secours semblent très organisés aux Pays-Bas, le
retour d?expérience des crues de 2023 en France comme dans en Flandre a témoigné d?une
capacité à mettre en place et déployer dans les meilleurs délais des dispositifs qui n?étaient pas
prévus au niveau requis. Dans la suite de ce déploiement, il parait nécessaire que le re tour
d?expérience conduise à :
- intégrer ce qui a été efficace dans les plans Orsec, et compléter ce retour d?expérience, si
nécessaire, avec d?autres scénarios de crises ;
- identifier les infrastructures requises ? plates-formes, apports d?énergies, les éventuels travaux
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structurels à mener, et à identifier ce qui relève de l?axe gestion de crise des PAPI et ce qui relève
des moyens des SDIS, et de ceux de la sécurité civile ;
- prévoir dans la programmation nationale les pompes de secours utiles à l?échelle nationale.
Recommandation 2. : Evaluer et revoir en profondeur le schéma d?évacuation à la mer des
crues extrêmes, par voie gravitaire et par pompage, notamment par la mise en place d?un
système de pompage de renfort efficient pour ces inondations dans le delta de l?Aa, travail
à mener sous l?égide de la préfecture du Pas-de-Calais, avec les Syndicats mixtes
concernés et le conseil départemental, d?ici l?automne, pour préciser la feuille de route et
engager les premières actions avant l?hiver.
3.1.1.3 Expérimenter des dispositifs de participation citoyenne
Des dispositifs de mobilisation citoyenne, comme il en existe en Belgique et aux Pays-Bas,
préparés et animés à l?avance, participent de l?efficacité de la gestion de crise et contribuent à la
culture du risque (cf : supervision de l?état des digues, rapport IGEDD) 39. Ils demandent un travail
spécifique, notamment si les bénévoles ont vocation à être mobilisés en crise (assurances).
Recommandation 3. : Expérimenter une participation citoyenne à la gestion de crise, sur la
base de réseaux de volontaires formés, travail à mener sous l?égide de la DGSCGC en lien
avec l?AMF, sous un an, et développer la culture du risque pour les populations des
territoires impactés, notamment par une appropriation des gestes et des réflexes en
situation de crise.
3.1.1.4 Deux pistes concrètes pour poursuivre et renforcer un travail permanent
sur la culture du risque
Chacun des Etats met en avant la nécessité de travailler en permanence la culture du risque. Il y
a aussi un accord sur la période spécifique de sensibilisation que représentent les mois qui suivent
une inondation. Au regard des actions menées dans les pays voisins, deux actions méritent
attention :
Il a été souvent constaté à la fois une incompréhension des événements inattendus que sont les
inondations majeures, et la nécessité d?appréhender les nécessaires solidarités pour la gestion de
l?eau à l?échelle des bassins versants. Dans la suite des crues de Wallonie, a été organisée une
démarche d?explication du phénomène, de la manière dont il a été géré, et des suites envisagées.
Recommandation 4. : Organiser sur les principaux bassins versants du Pas-de-Calais des
séminaires de retour d?expérience des inondations, sous l?égide des préfets, en lien avec
les élus locaux, à l?été 2024, quelques mois après la sortie de crise.
Dans la suite des crues de Wallonie, la question a été posée, en Flandre, de ce que cette pluie
aurait donné sur son territoire. Les exercices de stress test, y compris dans une démarche
39 Le rapport de l?IGEDD de 2023 consacré au retour d?expérience des crues de juillet 2021 cite par exemple le
séminaire qui s?est tenu à Longuyon, pour le bassin de la Chiers (Haut pays meurthe-et-mosellan, secteur de
Longwy).
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transfrontalière, sont à la fois un moyen d?objectiver les risques inhérents au changement
climatique et de s?exercer.
Recommandation 5. : Prévoir dans le calendrier des exercices nationaux, une démarche de
stress test, sur la base par exemple d?un scénario de type « water bomb », sous l?égide de
la DGSCGC.
3.1.2 Etablir un diagnostic partagé de l?état des cours d?eaux, canaux,
fossés
La question de l?état des fossés, canaux, navigués ou non, voire cours d?eau a été au coeur de
nombreuses discussions dans le Pas-de-Calais, centrées sur des demandes de simplifications ou
de moyens financiers de rattrapage, mais qui ont fait également ressortir un manque de
connaissance des responsabilités, de vue d?ensemble, de doctrines partagées sur l?utilité et les
inconvénients potentiels des différents types d?intervention, voire de moyens adaptés. Dans les
pays voisins, il existe des plans d?entretien, adaptés aux différentes situations. Une fois passée la
phase de curages et entretiens requis après la crise, une vue d?ensemble et une programmation
d?interventions nécessaires semblent se justifier, qui permettront aussi de calibrer les moyens
requis.
Recommandation 6. : Etablir un état global des lieux des fossés, canaux, cours d?eau,
berges et digues en associant les parties prenantes, évaluer et revoir la périodicité et
l'organisation des contrôles des obligations de leur entretien et évaluer toutes les options
favorisant l'évacuation gravitaire de l'eau à la mer, y compris les canaux ne présentant plus
d'utilité pour la navigation, en vue d?établir un programme pluriannuel de suivi et d?entretien.
Un travail préalable, sous pilotage de la DREAL de bassin Artois Picardie, sera nécessaire pour
préciser les modalités de cette démarche. Assurer une veille régulière de l'état de ces
infrastructures, le cas échéant en y associant des citoyens volontaires formés à cet effet.
Etablir un état des lieux suppose un travail préalable de méthodologie : à quelle échelle le mener,
selon quelles modalités ? à quelle fréquence le mettre à jour ? comment partager les résultats ?
Cet état des lieux pourrait concerner la cartographie, le fonctionnement hydrologique, les actions
prévues dans des SAGE, des PAPI, contrats d?objectifs ou protocoles, le niveau d?entretien attendu,
la partage des informations, la communication, l?évaluation des moyens requis ? .
3.2 Renforcer le portage de la prévention par les collectivités
locales compétentes
En France, la mise en place de la Gemapi conduit à organiser la gestion des enjeux liés à l?eau à
l?échelle de territoires hydrologiquement pertinents, par transfert ou délégation de compétences à
des syndicats intercommunaux.
Sur les territoires impactés par les inondations de novembre 2023, se pose la question de leur taille
critique, soit au regard de la taille des équipes et des moyens requis pour une action efficace, soit
au regard du fonctionnement des bassins versants. Une meilleure structuration apparait comme
un « pré requis » à un accélération de l?action, qui ne peut venir que des élus locaux, le cas échéant
sous l?impulsion du préfet coordinateur de bassin.
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Elle devra aller dans le sens de la simplification et de la lisibilité, y compris dans l?articulation des
structures gemapiennes avec les sections de Wateringues et contribuer à une meilleure
mobilisation des moyens financiers prévus, dans une logique de solidarité. Sans aller jusqu?à
l?intégration complète néerlandaise, peut-être non adaptée au contexte français, d?éventuelles
évolutions peuvent viser une meilleure association de toutes les parties prenantes et des
financeurs potentiels. Les parties impliquées, au regard de l?exemple néerlandais, pourraient
également intégrer la nécessité d?un portage politique coopératif et fort des enjeux de gestion de
l?eau.
Recommandation 7. : S?appuyer sur la mission des inspections en cours sur la gouvernance
pour rendre plus robuste et efficace la mise en oeuvre de la Gemapi dans les bassins
versants touchés par les inondations, dans ses aspects organisationnels et financiers, afin
de gagner en simplicité, lisibilité et efficacité, et créer une approche opérationnelle
cohérente de l?amont jusqu?à l?aval.
3.3 Anticiper les modalités du relèvement et l?accompagner par une
structure spécifique
Un Commissariat spécial à la reconstruction a été mis en place auprès du gouverneur de Wallonie
après les crues de Wallonie. En France, après des catastrophes, un préfet ou un sous-préfet peut
être mobilisé en position de chef de projet de la période post-crise, ce qui facilite les réponses
immédiates, sans toutefois aller jusqu?à faciliter une stratégie de reconstruction résiliente, portée
par les acteurs locaux.
Recommandation 8. : Dans la suite des inondations de novembre 2023, mettre en place une
structure technique spécifique de relèvement (commissariat de la reconstruction doté d'une
équipe pluridisciplinaire et placé auprès d'une autorité politique), dans le cadre d?une
expérimentation : pour une durée pertinente, de l?ordre de plusieurs mois, elle apporte aux
préfets et à leurs services un soutien opérationnel au relèvement, pour intégrer la réduction
de la vulnérabilité dans tout l?aménagement du territoire. Si l?expérimentation est réussie, cette
structure a vocation à être pérennisée pour capitaliser du retour d'expérience et être mobilisée
rapidement en gestion post-catastrophe dans le futur dans tout le territoire national.
3.4 Renforcer les coopérations transfrontalières
En raison des inondations exceptionnelles dans les Flandres intérieures en novembre 2023, sur
sollicitation du gouverneur des Flandres, le dispositif et les ouvrages du projet MAGETEAUX ont
été activés pour évacuer un maximum d?eau via le canal de Furnes directement à la mer par
Dunkerque, avant même la finalisation totale du protocole ? ce qui été salué dans les échanges.
L?eau a toujours constitué, pour ce secteur en dessous du niveau de la mer, un sujet de coopération
prioritaire et fait l?objet de nombreux échanges dans le cadre de groupes de travail au sein de
nombreux organismes, dont celui du groupement européen de coopération territoriale) West-
Vlaanderen / Flandre-Dunkerque-Côte d?Opale.
La convention-protocole sur le secteur des Flandres française et belge avait fait l?objet d?une
réunion conclusive à Bruges le 8 mars 2023, présidée par le gouverneur de la Province de Flandre
occidentale et en présence de la secrétaire générale de la préfecture du Nord, qui présidait la
délégation française. Le texte a ensuite été envoyé par le préfet de région Hauts-de-France, au
Ministère de l?Europe et des Affaires étrangères en vue de sa ratification. La Flandre a procédé au
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même envoi auprès de son ministère concerné en Région flamande. Plusieurs personnalités
rencontrées en Belgique ont souligné la nécessité d?aller au bout de ce processus.
Par ailleurs, depuis 1994, la signature de l?Accord sur la protection de l?Escaut (accord de
Charleville-Mézières) et la création Commission Internationale pour la Protection de l?Escaut
(CIPE), les gouvernements de la République française, de la Fédération Wallonie-Bruxelles, de la
Région Flamande, de la Région de Bruxelles-Capitale et du Royaume des Pays-Bas travaillent
ensemble sur ce bassin.
En 2001, cette coopération transfrontalière a évolué avec la délimitation du district hydrographique
international Escaut, l?affiliation de l?État fédéral belge à l?Accord, la réalisation, d?un seul plan de
gestion de bassin versant pour l?Escaut ainsi qu?une réflexion multilatérale au sein de la CIPE,
visant à établir des mesures d?atténuation des effets des inondations et des périodes de
sécheresse. L?accord de Gand du 3 décembre 2002 formalise ces évolutions. La CIPE devient
alors la Commission Internationale de l?Escaut (CIE). Les Parties Contractantes à l?Accord de Gand
s?efforcent de réaliser une gestion de l?eau durable et intégrée pour le district hydrographique
international de l?Escaut (district de l?Escaut). Dans ce cadre, la CIE est le forum international de
coordination des directives européennes sur l?eau dans le district. Elle traite en particulier de la
coordination internationale de la directive cadre sur l?eau (2000/60/CE), de la directive relative à
l?évaluation et à la gestion des risques d?inondation (2007/60/CE), de l?adaptation au changement
climatique (notamment la prévention des effets dus aux sécheresses) et de la lutte transfrontalière
contre les pollutions accidentelles survenant dans les eaux du district de l?Escaut. Des échanges
en décembre 2023 entre la DREAL Hauts-de-France et l?agence de l?environnement de Flandre
(VMM) qui représentent respectivement la France et la Flandre dans la CIE portent notamment sur
les propositions formulées dans le cadre de la task force créée par le gouvernement flamand. Les
parties sont habituées à collaborer pour la mise en place d?accords.
Enfin, la province du Hainaut a mobilisé une pompe de moyen gabarit qui a été employée à Calais
durant quelques jours durant les inondations dans le Pas-de-Calais. Ensuite, c'est le mécanisme
européen de solidarité qui a été activé par le ministre (samedi) et qui a conduit à l'acheminement
de quatre pompes hollandaises de grand gabarit.
Le Ministère néerlandais des Infrastructures et de la Gestion de l?eau a souhaité souligner
l?importance des coopérations transfrontalières dans la prévention des inondations fluviales et de
la gestion des crises. Ses représentants appellent de leurs voeux une plus grande participation des
autorités françaises, nationales ou régionales, dans les cadres existants et dans le contexte de
l?Union Benelux+. En ce sens, la candidature de la Région Hauts-de-France au statut d?observateur
de l?Union Benelux+, au même titre que le Land de Rhénanie du Nord-Westphalie, devrait
permettre le renforcement de la coopération transfrontalière dans le domaine de l?eau, ainsi que la
signature, le 3 avril, d?une feuille de route de la coopération entre la Région Hauts-de-France et les
Pays-Bas, alors que l?exécutif régional vient de se doter d?une vice-présidence en charge de l?eau.
Recommandation 9. Accentuer les coopérations transfrontalières dans le domaine de la
gestion de l'eau et la prévention des inondations pour développer le partage des bonnes
pratiques et les réflexes de gestion commune des crises.
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3.5 Installer une institution stratège et pérenne, au plus haut niveau
de l?Etat, pour orienter et soutenir l?adaptation au changement
climatique
3.5.1 Structurer le portage politique de l?adaptation au changement
climatique au plus haut niveau
Les inondations de fin 2023 ont été perçues, peut-être pour la première fois dans le Nord de la
France, comme la marque du changement climatique, faisant ressortir à la fois le besoin d?amé-
liorer la prévention des inondations pour ne pas se retrouver, de manière de plus en plus fré-
quente, dans la même situation, mais aussi d?élargir le champ, de rapprocher les sujets : inon-
dation, submersion et élévation du niveau de la mer, inondation et sécheresse, utilisation du
foncier et enjeux de désartificialisation ou de recherche de zones d?expansion des crues ?
La mise en place, en 2012, aux Pays-Bas, du Commissaire du Delta marque aux Pays-Bas un
tournant qui est de ne plus travailler seulement sur la base du retour d?expérience des crues
mais de chercher à anticiper en intégrant le changement climatique.
Encadré 10 : Le Commissaire du Delta aux Pays-Bas, un gardien de la sécurité hydraulique du
pays
Fonction créée par la loi Delta entrée en vigueur le 1er janvier 2012, le Commissaire du Delta aux Pays-Bas
assume un rôle crucial dans la gestion de l?eau, axé notamment sur la protection contre les inondations et la
préservation des ressources hydrauliques. Nommé pour une durée de 7 ans (renouvelable une fois) par le
gouvernement, le Commissaire du Delta (épaulé par une équipe d?une quinzaine de personnes) dispose de
l?autorité requise pour faciliter la coopération interministérielle et la cohérence des actions initiées par les dif-
férents niveaux de gouvernance. Sa visibilité contribue en outre à sensibiliser l?opinion publique à la nécessité
de mieux prendre en compte les effets du changement climatique.
Chaque année, dans le cadre de la procédure budgétaire, le commissaire soumet de nouvelles recommanda-
tions et mesures pour le programme Delta. Il fait le lien avec les organes administratifs concernés, les entre-
prises et la société civile, suit l?avancement de la mise en oeuvre du programme Delta, mais n?en porte pas la
responsabilité politique qui incombe au ministre de l?Infrastructure et de la Gestion de l?eau.
Le Commissaire peut participer, en tant qu?expert, au Conseil de l?environnement, présidé par le Premier
ministre et comprenant une dizaine de ministres dont notamment les ministres chargés de l?infrastructure et de
la gestion de l?eau, de l?agriculture et de l?environnement.
Le Commissaire du Delta, dispose d?un budget propre, et a pour mission d?assurer une bonne coordination
entre les organismes d?Etat, les autorités régionales de l?eau (« Waterschappen ») les provinces et les munici-
palités, et le cas échéant, les acteurs concernés de l?énergie, du tourisme ou de l?écologie. Il supervise le
Programme Delta, qui se décline en 7 sous-programmes régionaux (Littoral « Kust », Delta d?Escaut « Zuid
Westelijke Delta », mer autour des Îles de la Frise « Waddenzee », fleuves Rhin et Meuse « Rivieren », Delta
Rhin-Meuse « Rijnmond Drechtsteden », Grands Lacs « IJsselmeergebied ») et trois sous-programmes natio-
naux (analyse des risques d?inondation, gestion de l?eau, urbanisme et aménagement du territoire : «
Nieuwbouw en Herstructurering » ). Si l?ordre du jour le justifie, le Commissaire du Delta peut participer au
Conseil des Ministres pour évoquer le Programme Delta.
Le Commissaire du Delta aux Pays-Bas incarne l?engagement continu du pays à protéger ses terres et ses
habitants contre les inondations, tout en cherchant des solutions innovantes et durables pour faire face aux
défis actuels et futurs liés à l?eau. Depuis 2012, trois personnalités se sont succédées à cette fonction. Wim
Kuijken fut le premier Commissaire du Delta du 1er février 2010 au 1er janvier 2019, date à laquelle il a pris sa
retraite. Peter Glas lui succéda jusqu?à sa propre retraite, le 30 novembre 2023. Co Verdaas est le nouveau
commissaire depuis le 1er décembre 2023.
Co Verdaas possède une vaste expérience des défis liés à l?eau aux Pays-Bas. Il a été auparavant membre
du Parlement néerlandais (200362006), député de la province de Gueldre (2007-2012) et pendant une courte
période secrétaire d?État à l?économie dans le cabinet Rutte II. Il a étudié l?urbanisme à l?Université Radboud
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de Nimègue et enseigne le développement régional comme professeur à temps partiel à l?Université technique
de Delft. Lors de sa prise de fonction, Co Verdaas a estimé qu?il était « important que l?eau ne soit pas consi-
dérée comme une tâche isolée et qu?elle soit liée aux défis liés au logement, à la nature et à la durabilité de
l?économie. (?) Nous avons une tradition de protection contre l?eau et l?ambition de vivre avec l?eau ».
.
Recommandation 10. : Dans le contexte des inondations dans le Pas-de-Calais et le Nord,
mettre en place une nouvelle institution, qui assure dans la durée et au plus haut niveau de
l?Etat, le portage politique de l?anticipation au changement climatique, dans une logique
d?appui scientifique et technique, de coordination, de médiation. De taille réduite, elle a
vocation à mobiliser les administrations et opérateurs de l?Etat et à être un soutien des élus locaux
40.
Une première étape, sous un an, est de configurer cette structure, et le cas échéant son articulation
avec les comités de bassin, et de la mandater pour travailler y compris sur les sols.
« Le plus difficile, c?est de faire avec l?incertitude », « Je n?ai pas de réel pouvoir, mais tout le monde
écoute ce que dit le Commissaire du Delta », « Le commissaire du Delta, c?est un peu la vigie
néerlandaise contre les inondations, à l?image de ce que constitue pour nous contre les accidents
de la route, le Délégué interministériel pour la sécurité routière et la Prévention routière. »
Les échanges avec le gouvernement flamand témoignent d?un intérêt pour des coopérations trans-
frontalières entre les autorités sui seront en charge de l?adaptation au changement climatique.
3.5.2 Une action à lancer : représenter l?inondation et informer
Les Pays-Bas ont mis en place un système d?information et de pédagogie en ligne qui repose sur
deux outils une carte qui présente une information localisée sur tous les risques et en particulier
l?inondation, et de outils de communication et de pédagogie.
3.5.2.1 Une carte des provinces, qui offre une information localisée sur tous les
risques (avec un accès dans différentes langues dont le Français)
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Figure 2 : site néerlandais, page de garde et carte du risque d'inondation par la mer, un lac ou une rivière (source
Homepage | Risicokaart)
Ce site est l?équivalent du portail Géorisques français dans son principe. Une différence importante
réside dans l?information donnée sur les inondations.
Figure 3 : portail Géorisques
Aux Pays-Bas, l?information porte sur l?ensemble des cours d?eau, pour différents scénarios d?aléa.
La mise à disposition de ces couches d?information résulte d?un travail de longue haleine, plus de
10 ans et de l?ordre de 70 M d?euros, qui a permis d?utiliser, notamment, les données sous-jacentes
à la prévision pour établir des scénarios d?inondations pour tous les cours d?eau. En pratique,
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https://www.risicokaart.nl/
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chaque province disposait auparavant de données d?inondation, mais non homogènes. Plus
précisément, les grande lignes étaient uniformes mais chaque province avait fait ses choix quant
aux modélisations hydrauliques utilisées et les hypothèses sur le rôle des ouvrages (routes, chemin
de fer ? ), aptes ou non à servir de digue.
- Une première étape déterminante a été de déterminer, à l?échelle nationale, les scénarios
d?inondations sur lesquelles l?Etat souhaitait diffuser des informations : il a été retenu de
présenter les zones inondées de crue décennale à la crue millénale et même encore moins
probable. Il s?agit notamment de faire comprendre l?emprise spatiale de différentes crues, surcotes
ou combinaisons, des plus fréquentes aux plus extrêmes. Ce choix doit être assumé politiquement,
homogène sur le territoire et accompagné.
- Ensuite, il a fallu mettre en place les coopérations nécessaires pour établir la cartographie
en mobilisant les différents ministères, opérateurs et autorités locales concernés. En effet, faire la
carte idéale mettrait très longtemps cat il faudrait développer toutes les modélisations : il a donc
été choisi, dans un premier temps, de rassembler les données existantes de chaque province pour
les mettre en cohérence avant de les publier. La coopération est, ainsi, la deuxième condition forte
de cet exercice. Elle s?est matérialisée par un comité de pilotage rassemblant des représentants
des partenaires concernés d?une part, et des engagements de contribution aux travaux par la mise
à disposition des hommes/jour et des financements nécessaires par chaque organisme. Les
travaux se poursuivent, sur la base de cette première étape pragmatique mais structurée, pour
aller vers des cartes homogènes dans leur conception même. Mais il a été utile de passer par cette
première phase, appuyée sur les données existantes, qui a permis d?aller plus vite et de donner à
voir un résultat satisfaisant cat fiable et partagé, utilisable par tout un chacun car mis à disposition
en ligne.
En France, il existe, de par l?historique de la prévention des inondations, différents types de cartes
les représentant :
- les cartes des Plans de prévention des risques d?inondation (PPRi) représentent la crue la plus
importante connue ou la crue centennale modélisée. Elles reposent, depuis 2019, sur un corpus
de méthodes homogènes quant à la prise en compte des ouvrages de protection. Elles sont liées
à des zonages réglementaires, qui s?imposent à l?urbanisme. Elles ne constituent pas un continuum
puisque les PPRi sont réalisés là où il y a les plus forts croisements aléas-enjeux. Elles sont la
base de la procédure en ligne « Information acquéreur locataire » (IAL) ;
- les Atlas de zones inondables (AZI), réalisés dans les années 2000 puis laissés de côté, font
parfois référence localement, sans constituer un continuum le long du réseau hydrographique ;
- les zones inondées potentielles (ZIP)i ont été mises en place pour la gestion de crise, avec
différents scénarios d?inondation pour guider les autorités, qui ne recouvrent donc pas
nécessairement les hypothèses et méthodes utilisées pour les élaborer les cartes des PPRi. Elles
sont préparées, progressivement, au droit des stations de mesure du réseau Vigicrues, elles ne
font pas un continuum. Un travail est en cours pour les mettre en ligne sur le site Vigicrues fin
2024-début 2025. Ce sera une avancée importante pour l?information du public, avec une vigilance
pour expliquer que les cartes de PPRi et les ZIP sont différentes dans leur élaboration, leurs
finalités et leurs portées, mais toutes justes. Ce sont les scénarios des cartes de ZIP qui
s?approchent le plus de la démarche d?information néerlandaise (les Pays-Bas n?ayant pas mis en
place l?équivalent des PPRi)
- les cartes qui figurent dans les Plans de gestion du risque inondation (PGRI), à l?échelle des
bassins hydrographiques, dans l?Evaluation primaire des risques d?inondation (EPRI), en
application de la Directive inondation. Elles présentent obligatoirement des crues extrêmes,
couvrent tout le réseau hydrographique principal, mais ne sont pas « zoomables ». Il faut rappeler
que lors de la première réalisation de ces cartes, il avait été choisi, dans certains bassins, de ne
pas les diffuser. La compréhension du risque inondation demande en effet un accompagnement
spécifique pour expliciter les différents scénarios représentés. Les cartes de l?EPRI constituent
également une approche de la démarche néerlandaise ;
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- enfin, dans certains cas, pour la préparation de PPRL par exemple, quelques DDT ont fait
développer des représentations dynamiques de l?effet d?une inondation sur un territoire. Il existe
des cas dans le nord de la France, sans que les résultats aient été présentés au public. Dans
certains cas, et dans le cadre des PAPI, certaines collectivités ont également développé des outils
de simulation, en réalité augmentée.
3.5.2.2 Des outils de communication pour former aux comportements qui sauvent
Les cartes diffusées au Pays-Bas permettent également, à partir de ces mêmes couches de
données, de visualiser, pour un bâtiment, l?effet de différents scénarios d?inondation. A chaque
scénario sont liés des conseils de préparation et de comportement, avec une image stylisée
représentant une maison. L?ouverture de l?application sur téléphone portable permet de mettre la
photographie de son habitation à la place du dessin indicatif.
En France, dans certaines régions, ont été développées des applications permettant de visualiser
en réalité augmentée une rue inondée. Cela relève, par exemple, d?action de culture du risque
développées dans les PAPI. Des conseils de comportements figurent sur le site Géorisques de
manière générique ; ils sont repris et amplifiés dans des actions ciblées et récurrentes comme la
« Campagne cévenole ». Lors d?événements importants, certains assureurs envoient dorénavant
des SMS à leurs clients sur le risque encouru. Il est également possible de s ?abonner à Vigicrues
pour recevoir des informations sur la station à proximité de chez soi.
Avancer sur une cartographie nationale homogène et partagée permettrait de développer des outils
de sensibilisation personnalisés de manière beaucoup plus sytématique.
Figure 4 : exemple d?outils pédagogique (source https://overstroomik.nl/)
Alors que le secteur des assurances se dote de cartographies visant à identifier les zones les plus
à risque, avancer sur une cartographie nationale homogène des risques d?inondation permettrait
de disposer et de diffuser une information publique sur différents scénarios d?inondation, fondement
de la culture du risque.
Recommandation 11. Engager l?élaboration d?une cartographie nationale des inondations,
permettant de développer des outils pédagogiques. Cela demande une expression politique
claire sur la gravité des scénarios d?inondation à traiter et sur le type d?inondation à aborder, et un
travail structuré et partenarial pour publier un résultat découlant d?une approche partagée entre
différents services ministériels, les opérateurs concernés, les représentants des collec tivités
locales, les associations impliquées et certains partenaires comme la Caisse centrale de
réassurance.
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https://overstroomik.nl/
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Conclusion
La France dispose d?un socle de prévention des inondations ancien, qui mobilise Etat et
collectivités locales, mais il y a bien sûr toujours des améliorations possibles, notamment identifiées
dans l'exercice de parangonnage qui est très utile. Le contexte du changement climatique doit
conduire à renforcer en efficacité et en ambition les efforts en la matière, et à structurer de
nouveaux travaux d?anticipation.
Les échanges menés dans le cadre de la mission de parangonnage ont été fructueux ; il y a un
intérêt pour une réciprocité ou des suites à ce travail, notamment dans la cadre des échanges sur
les sujets transfrontaliers, mais plus largement :
- Les conditions d'avancées de la prévention des inondations ont des composantes techniques ou
organisationnelles mais relèvent en premiers lieux de questions de posture : un portage politique
fort à tous les niveaux, la mise en oeuvre de coopérations sont des conditions premières à des
avancées significatives. Chaque autorité a une place dans l?approche française, du maire qui est
le contact de proximité des habitants et le responsable de la sécurité sur le territoire de la commune
à l?Etat en passant par l?EPCI, échelle de l?aménagement, ou du syndicat en charge de la Gemapi :
l?engagement de chacun et la fluidité de leurs relations sont un gage d?efficacité
- Les avancées se font dans la durée car elles reposent sur des évolutions exigeantes, qu?il s?agisse
d?aménagement du territoire ou d?évolution de comportements: il convient, pour les différentes
autorités en charge, chercher les actions sans regrets, avancer à petits pas, développer une
approche plus agile, ou encore lancer, dans un format réfléchi, les travaux les plus nouveaux et
complexes sur l?adaptation.
- La questions des moyens se pose toujours : les coopérations demandent du temps et des
compétences. Des structures nouvelles ad hoc sont nécessaires, l?une pour faciliter le relèvement
après de nouvelles catastrophes qui surviendront, et l?autre pour le portage politique et concret de
l'adaptation au changement climatique, qui demanderont des effectifs. Dans un contexte de tension
budgétaire, il faut comparer le coût de la préparation avec le coût de la réparation, documenter la
non action, par exemple au regard des risques sur le système assuranciel, les impacts sociaux
pour les populations et les activités exposées. Il est stratégique de renforcer et structurer les
moyens, dans des dispositifs efficaces, dans le contexte du changement climatique.
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Annexes
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Annexe 1. Lettre de mission
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Annexe 2. Agenda des déplacements et liste des
personnes rencontrées
Déplacement aux Pays-Bas
Ambassade de France :
M. François Alabrune Ambassadeur de France aux Pays-Bas
Mme Aude Robin-Mitrevski, cheffe du Service économique régional
M. Samy Ouahsine, conseiller développement durable et industrie
Mme Clotilde Maral, attachée environnement
24 janvier 2024, Pays-Bas, la Haye
- Entretien avec M. René Vrugt, Directeur des sols, de l?aménagement du territoire et de l?adap-
tation au climat, Ministère de l?Infrastructure et de la Gestion de l?eau
- Mme Wieke Tas, cheffe du service Adaptation au changement climatique et gouvernance, « Dé-
termination de la politique d?aménagement par les sols et l'eau »
- M. Jan Kruijshoop, responsable des affaires internationales, Rijkswaterstaat WVL Retour
d?expérience sur les inondations de juillet 2021 au Benelux et en Allemagne, mise en place d?une
coopération quadrilatérale
- M. Robert Slomp, expert de la gestion de l?eau et de la relation bilatérale avec la France Rijkswa-
terstaat WVL
- Mme Mariette van Empel, Ambassade des Pays-Bas en France
- M. Math Reumers, chargé de la coopération bilatérale avec la France, ministère I&W
- Mme Jean-Marie Stam, Affaires internationales, Rijkswaterstaat WVL
- Mme Babette Gräber, responsable du programme KAWI, mission internationale pour l?adapta-
tion au changement climatique et pour l?eau, Ministère de l?Infrastructure et de la Gestion de l?eau
- Café-entretien avec M. Kleis Jager, journaliste néerlandais
- Dîner avec SE M. l?Ambassadeur François Alabrune
25 janvier
- Rencontre avec M. Co Verdaas, Commissaire pour le programme pour le Delta,
M. Dolf Kern, Conseiller pour le programme pour le Delta,
M. Jan Bonjer, Président du Waterschap Hollandse Delta,
M. Remco van Rijn, Expert en pompes d'urgence chez Hollandse Delta
M. Remco Belonje, conseiller spécial de M. Bonjer
Et en présence de deux membres supplémentaires de la délégation française :
Mme Florence Bariseau, VP eau Région Hauts-de-France,
Mme Aude Prestaux, conseillère.
- Visite du centre de Gestion de l?eau de Lelystad
- Présentations sur la gestion de crise
- M. Hans de Vries, président du Comité national de coordination des menaces d'inondation (LCO)
et du Comité national de coordination pour la distribution de l'eau (LCW), VWM
- M. Jan Kruijshoop, responsable des Affaires internationales à la DG eau et sols, ministère I&W
- M. Robert Slomp, expert de la gestion de l?eau et de la relation bilatérale avec la France Rijkswa-
terstaat WVL
- Mme Marion Wierda, directrice Stratégie et Politique Agence régionale de l?eau Rivierenland
- M. Tom Vereijken, membre de l?exécutif de l?autorité régionale de l?eau Zuiderzeeland (où se
trouve la station de pompage).
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- Visite de la station de pompage Wortman à Lelystad, accueil par M. Jan-Willem Trompetter
(Directeur et chef technicien de la station de pompage)
En présence de :
M. Olivier Caillaud (Pôle métropolitain de la Côte d?Opale)
Mmes Florence Bariseau et Aude Prestaux
Déplacements en Belgique
Ambassade de France :
M. François Sénémaud, Ambassadeur de France en Belgique
Mme Caroline Vinot, première conseillère
Mme Alyssia Biton, deuxième conseillère
M. Arnaud Boulanger, chef du service économique
M. Andri-Anderson Rabehanta, chef adjoint du service économique
Mme Neïla Khelifi, attachée économique et financier au service économique
M. Bernard Siffert, attaché de sécurité intérieure
M. Samy Ouahsine, conseiller développement durable et industrie
Mercredi 10 janvier, Bruxelles
M. Etienne Bouas-Laurent, directeur général d?AXA Belgique
M. Hein Lannoy, directeur général d?Assuralia
Audrey Amiot, COO
Philippe Courouble, Chef du service P&C
Mme Leen Depuydt, directrice générale du NCCN, Centre de crise National
mercredi 11 janvier
M. Jan Jambon, Ministre-président flamand
M. Toby De Backer, chef de cabinet adjoint de Mme Zuhal Demir, ministre flamande de l?Environ-
nement, de l?Energie, du Tourisme et la Justice
M. Jan Vancoillie, conseiller du cabinet du Ministre-président M. Jan Jambon
M. Wouter De Ruyter, chef du cabinet adjoint de Mme Lydia Peeters, ministre flamande de la
Mobilité et des Travaux publics
M. David Maenaut, Conseiller diplomatique, chargé des relations transfrontalières avec la France,
les Hauts-de-France et la Wallonie
Mme Barbara Vael, Chef de département VLAAMSE MILIEUMAATSCHAPPIJ - VMM
M. Chris Danckaerts, Administrateur général de l?Agence flamande des Voies Navigables (De
Vlaamse Waterweg, DVW)
Mme Emma Vermunicht, conseillère diplomatique de M. Jo Brouns, Ministre flamand de l'Écono-
mie, de l'Innovation, du Travail, de l'Économie sociale et de l'Agriculture et Mme Jannes Maes,
conseillère agriculture
18 janvier 2024, Namur
M. Philippe Dierickx, directeur de la gestion hydrologique au SPW Mobilité et Infrastructures
M. Sébastien Gailliez, directeur des cours d'eau non navigables au SPW Agriculture, Ressources
naturelles et Environnement
M. Simon Riguelle, directeur du Centre régional de crise
Mme Emilie Jennes, conseillère au cabinet de M. Elio Di Rupo, Ministre-président wallon
M. Denis Mathen, Gouverneur de la province de Namur
Mme Marie Muselle, commissaire d'arrondissement
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M. Willy Borsus, Vice-président du gouvernement wallon et Ministre de l'Économie, du Commerce
extérieur, de la Recherche et de l'innovation, du Numérique, de l'Aménagement du Territoire et de
l'Agriculture
M. Olivier Granville, chef de cabinet
M. Thomas Leroy, conseiller en aménagement du territoire et urbanisme
M. Michel Dachelet, inspecteur général du département de l?aménagement du territoire et de l?ur-
banisme (DATU)
M. Jacques Teller, professeur en urbanisme à l?Université de Liège
M. Benoît Moritz, professeur en urbanisme à l?Université Libre de Bruxelles
Vendredi 9 février, Dixmude et Niewport
Présentations des agences flamandes de l?Eau (DVW) et de l?Environnement (VMM) et visite de
terrain du Bassin de Blankaart et des écluses de Nieuport.
M. Carl Decaluwé, Gouverneur de Flandre-Occidentale
M. Bart Naeyaert, Vice-gouverneur en charge de la Politique intégrée de l?eau
M. Chris Danckaerts, Administrateur général de l?Agence flamande des Voies Navigables (De
Vlaamse Waterweg, DVW)
M. Bernard De Potter, Administrateur général de l'Agence flamande de l?Environnement (Vlaamse
Milieumaatschappij, VMM)
M. Toby De Backer, Chef de Cabinet adjoint de Mme. Zuhal Demir, Ministre flamande de la Justice,
de l?Environnement, de l?Aménagement du Territoire, de l?Énergie et du Tourisme
M. Wouter De Ruyter, Chef de Cabinet adjoint de Mme. Lydia Peeters, Ministre flamande de la
Mobilité et des Travaux publics
M. Koen Surdiacourt, Chef de Cabinet du Gouverneur
M. David Maenaut, Conseiller diplomatique, chargé des relations transfrontalières avec la France,
les Hauts-de-France et la Wallonie
Mme Elisabeth Bonne, Chargée de Mission, relations avec la France, Département de la Chan-
cellerie et des Affaires Etrangères
M. Jan Vandecavey, Directeur de la Politique intégrée de l?eau
M. Chris Marey, Conseiller du Gouverneur
M. Kristof Vermeire, Conseiller pour les relations avec le Nord de la France
M. Lieven Dejonckheere (DVW)
M. Joris Duyck (DVW)
Mme Lies Verstraete (VMM)
M. Niels Van Steenbergen (DVW)
M. Maarten Goegebeur (VMM)
France
CEPRI, Marie-France Beaufils, présidente, et ses équipes
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Annexe 3. La prévention des inondations aux Pays-Bas
La législation néerlandaise relative à la gestion du risque d?inondation, comme dans nombre de
pays, est liée aux catastrophes qu?a connues le pays, en particulier celle de 1953, et au cadre
européen découlant de la « Directive inondation ». La robustesse du dispositif mis en place tient à
la cohérence de l?organisation politico-administrative et à un cadre juridique et financier inscrit dans
la durée mais apte à évoluer. Il garantit en particulier l?entretien et la mise à niveau des ouvrages
de protection vitaux pour le pays.
Le 21e droit fondamental dans la constitution néerlandaise prévoit, depuis 1983, que : « La puis-
sance publique s?attache à l?habitabilité du territoire et à la protection du cadre de vie ». Historique-
ment, ce droit fondamental visait à protéger l?agriculture. En 1798, date de la constitution de la
république batave, a ainsi été introduite la disposition « La Société commande, en termes égaux,
la favorisation de l?Agriculture, et son épanouissement, en particulier au regard des terres vacantes
et non artificialisées, à travers l?ensemble du territoire de la République ». La notion de cadre de
vie, et plus largement d?environnement, est apparue en 1983, à la suite d?une initiative entamée en
1967. Le dispositif néerlandais de gestion du risque inondation vise à répondre à ce droit fonda-
mental. Un recours peut être fait en droit administratif à ce droit fondamental par les citoyens et
organisations.
Annexe 3.1. Les catastrophes, moments fondateurs des politiques
de prévention contre les inondations
Les Pays-Bas sont situés dans un delta formé par quatre fleuves : le Rhin, la Meuse, l?Escaut et
l?Ems. Actuellement, 26 % du territoire de ce pays sont situés sous le niveau moyen de la mer ;
59 % de ces terres, environ 70 % des 17,6 millions d?habitants de ce pays sont sous la menace
d?une inondation, en particulier dans le Randstad, une conurbation formée par les villes d?Amster-
dam, d?Utrecht, de Rotterdam et de La Haye. C?est cette même région qui produit le plus de ri-
chesses, environ la moitié du produit national brut des Pays-Bas41.
La valorisation des marais par des moines a commencé il y a plus de 1000 ans. Ce choix, couplé
à plusieurs grandes tempêtes destructives dès les années 1000 à 1200, a donné naissance aux
premières organisations démocratiques aux Pays-Bas : les organisations de gestion des eaux,«
Waterschappen » ou « Wateringues » avant l?émergence de l?État central42.
Des inondations de la Sainte-Elisabeth de 1424 ou celles de Saint-Félix en 1530 (surnommées le
« quade saterdach » (mauvais samedi) faisant 100.000 victimes et rayant en grande partie de la
carte Reimerswaal, grande ville de Zélande) jusqu?à nos jours, l?histoire néerlandaise est émaillée
de nombreuses catastrophes liées à des inondations meurtrières ou à de dramatiques épisodes
de submersion marine. Ces catastrophes ont fortement contribué à façonner la politique néerlan-
daise de protection et de prévention contre les inondations.
Les inondations du Zuiderzee des 13 et 14 janvier 1916 : en raison de fortes tempêtes, une grande
partie du Zuiderzee, une ancienne mer intérieure, s'est déversée dans les terres, causant d'impor-
tantes inondations dans les provinces de Frise et de Groningue. Cette catastrophe a par exemple
conduit à réaliser une grande partie du Plan de 1891 de l?ingénieur Cornelis Lely, notamment la
construction de 1927 à 1932 du barrage de l'Afsluitdijk (long de 32 kilomètres) destiné à fermer la
41 Source R. Slomp, Y. Friocourt, 2022.
42 Source : R. Slomp, 2012
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Zuiderzee, à protéger les terres contre les inondations et à créer de nouveaux espaces agricoles
et résidentiels grâce à l?aménagement de plusieurs polders (Noordoostpolder, polder de Flevoland
du nord, polder de Flevoland du sud?).
Le village de Schellingwoude pendant la crue
Extrémité occidentale de l'Afsluitdijk
Les inondations de la mer du Nord, dans la nuit du 31 janvier au 1er février 1953 : cette catastrophe,
l'une des plus graves de l'histoire récente des Pays-Bas, présente dans tous les échanges avec
les interlocuteurs néerlandais rencontrés, était le résultat combiné de fortes tempêtes et de très
grandes marées. Les digues ont alors cédé dans de nombreuses régions, provoquant la mort de
plus de 1.800 personnes, l?évacuation de 70.000 personnes, détruisant 4.500 habitations et en
endommageant 50.000 autres, sans compter les 200.000 hectares de terres submergées par les
flots qui, à certains endroits, atteignirent une hauteur de 4,5 mètres.
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https://fr.wikipedia.org/wiki/Schellingwoude
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Cette catastrophe a provoqué un traumatisme durable aux Pays-Bas en matière de prévention des
inondations. Le Premier ministre, Mark Rutte, rencontré à Paris début janvier 2024 en marge de
l?hommage national à Jacques Delors, y a fait immédiatement référence lors d?une mention des
inondations que venaient de connaître le Pas-de-Calais.
Les pertes en vies humaines et les dégâts matériels considérables ont conduit le gouvernement à
lancer le Plan Delta, un ambitieux projet de construction de barrages et de digues pour renforcer
la protection côtière. Le Plan Delta a été l'un des projets d'ingénierie les plus importants de l'histoire
des Pays-Bas et a radicalement transformé et artificialisé le paysage côtier. Des méthodes scien-
tifiques d?analyse des risques ont été développées et utilisées pour instaurer des niveaux de pro-
tection différenciés pour les populations en fonction des enjeux, le système de prévision des inon-
dations a été revu.
In : Gueben-Venière S, 201
Ce plan tire son nom de la région du delta des fleuves Rhin, Meuse et Escaut, où il a été mis en
oeuvre. Le principal objectif du Plan Delta était de fermer les bras de mer, les estuaires et les
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Mars 2024 Mission de parangonnage à la suite des inondations de
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embouchures des principaux cours d'eau, créant ainsi une série de barrages et de digues pour
empêcher les marées de pénétrer à l'intérieur des terres, et notamment :
- le barrage de l'Escaut oriental (Oosterscheldekering), l'un des plus impressionnants du
Plan Delta, long de 9 kilomètres, qui comporte une série de portes mobiles qui peuvent
être fermées en cas de tempête pour protéger les terres intérieures des marées hautes.
Ces portes restent cependant ouvertes la plupart du temps pour permettre la circulation
des eaux et la préservation des écosystèmes.
- le barrage de l'Hollands Diep (Haringvlietdam) a été construit pour fermer l'estuaire de
l'Hollands Diep, réduisant ainsi le risque d'inondation dans la région de Rotterdam.
- le barrage de Brouwersdam a été construit pour séparer le lac Grevelingen de la mer du
Nord, créant ainsi un lac d'eau salée qui est maintenant utilisé pour la navigation de plai-
sance et les sports nautiques.
- Le barrage de la Veerse Gat (Veerse Gatdam) a été construit pour séparer le lac Veerse
Meer de la mer du Nord, créant ainsi un lac d'eau douce qui est maintenant une zone de
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loisirs populaire.
Les inondations de 1993 et 1995 : ces inondations fluviales ont fait chacune plus d?une cinquan-
taine de morts et d'importants dégâts matériels et ont nécessité l?évacuation de plus de 50.000
personnes : elles ont incité les autorités néerlandaises à intensifier leurs efforts de prévention des
inondations et de renforcement des digues. Ces inondations ont mis en évidence des lacunes per-
sistantes malgré les progrès réalisés avec le Plan Delta. Cela a incité le gouvernement à revoir et
à renforcer les normes de sécurité des digues et des systèmes de drainage, ainsi qu'à investir dans
des programmes de gestion intégrée des bassins hydrographiques. Le programme "De l?espace
pour le fleuve" a été développé en réponse aux inondations de 1993 et 1995. Ce programme am-
bitieux visait à réduire le risque d'inondation en permettant aux rivières de déborder de manière
contrôlée dans des zones spécifiques, plutôt que de tenter de les contenir strictement derrière des
digues élevées.
Ce projet marque aussi la réussite d?une volonté de créer un espace plus large pour le cours d?eau
en s?appuyant sur des qualités paysagères et environnementales : au-delà de la prévention du
risque d?inondation, ce projet a permis la création et le développement d?espaces urbains attractifs,
de qualité, respectueux de l?environnement. Il a par exemple permis de réaliser de nouvelles zones
urbaines au bord de la rivière Waal, avec l?implantation d?un îlot en son centre doté d?espaces
récréatifs.
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Les inondations de juillet 2021 : Bien que moins sévères que les catastrophes précédentes, les
inondations de 2021 ont touché plusieurs parties des Pays-Bas, notamment la province de Lim-
bourg, provoquant des évacuations massives et des dommages importants. Il s?en est fallu de peu
que le bilan soit plus élevé (débits mesurés inédits sur la Meuse amont, avec certaines digues en
limite de débordement ; mise en place accélérée de mesures de protection grâce à une large et
intense mobilisation collective). Ces inondations ont souligné la vulnérabilité continue des Pays-
Bas aux changements climatiques et aux événements météorologiques extrêmes. Cela a renforcé
l'engagement du gouvernement néerlandais en faveur de l'adaptation aux changements clima-
tiques, notamment par le renforcement des infrastructures de prévention des inondations et la pro-
motion de mesures d'adaptation au niveau local. Comme l?indiquait le commentaire modeste de
Robert Slomp (« nous avons mis deux ans à comprendre les événements de 2021 »), le change-
ment climatique rend la prévision de moins en moins aisée et comme le mentionnait l?un des tech-
niciens flamands rencontrés, « il s?agit désormais de se préparer à l?imprévisible ». Au-delà des
stress tests territoriaux déjà engagés, une expertise a été conduite pour projeter ce qu?auraient été
les conséquences du même phénomène météorologique s?il avait été centré sur les Pays -Bas, au
lieu de la Wallonie et de l?Allemagne.
Annexe 3.2. Des protections des premiers Plans Delta au
Commissaire du Delta
Annexe 3.2.1 La défense contre la mer
Les grandes inondations de 1916 ont conduit à la décision de fermer le bras de mer dans le nord
des Pays-Bas. Les inondations dramatiques de 1953 (Sud-Ouest) ont, elles, conduit à la décision
de fermer des bras de mer dans le Sud, et au 1er « Plan Delta ». La protection contre la mer est
passée, en effet, par la mise en place de grandes infrastructures, qui nécessitaient des moyens
considérables, et par la structuration des responsabilités avec un seul type d?organisation pour leur
construction et leur entretien, sur la base d?une publication des niveaux de protection définis par
l?Etat en fonction des enjeux, et d?un processus de vérification des processus par les provinces.
Le projet visait à améliorer la sécurité des zones de faible altitude des Pays-Bas contre les tem-
pêtes les plus violentes et les inondations. Les dunes le long de la côte ont été réhaussées de plus
de 5 mètres et les îles de la Zélande reliées par des digues et des ouvrages d'art. L'Escaut oriental
devait être totalement fermé, ce qui aurait transformé l'ancien estuaire en lac d'eau douce. A la
suite de nombreuses manifestations, il a été décidé de construire l'Oosterscheldekering, barrage
de 9 km de long et le plus complexe du projet, qui peut être ouvert ou fermé pour protéger la baie,
tout en gardant sa salinité, afin de pérenniser l'industrie de la pêche et la faune sauvage. Les 25
km d?ouvrages d'art ont réduit la côte maritime des Pays-Bas d'environ 700 kilomètres. Ce Plan a
imposé des choix difficiles : ont été évoqués dans les échanges 1400 maisons ont été rasées en
PUBLIÉ
https://fr.wikipedia.org/wiki/Inondation
https://fr.wikipedia.org/wiki/Dune
https://fr.wikipedia.org/wiki/Z%C3%A9lande
https://fr.wikipedia.org/wiki/Escaut_oriental
https://fr.wikipedia.org/wiki/Oosterscheldekering
https://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%AAche_(halieutique)
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1996 à Rotterdam, pour la reconstruction de la digue, 3 maisons 2010 à Arnhem, 50 maisons entre
2010 et 2015 à Nimègue.
La « Deltacommissie » (Commission du Delta), mise en place dès 1953, est passée de l?approche
qui consistait à porter les digues 1 mètre au-dessus des derniers niveaux de crue observés à une
analyse des risques d?inondation, pour déterminer des niveaux de risque acceptables au regard
des différentes enjeux. Ce travail s?inscrit dans une approche plus générale qui classe chaque type
d?événement considéré en fonction de sa plausibilité aux Pays-Bas et de ses conséquences sur la
sécurité nationale. La probabilité d?une inondation majeure dans l?Ouest des Pays -Bas est relati-
vement faible (environ 1/10 000 à 1/100 000 par an), mais les conséquences seraient destructrices
pour les Pays-Bas. Une telle catastrophe, si elle touchait ne serait-ce que la Province de Hollande
Méridionale (3,6 millions d?habitants), serait d?ampleur trop importante au vu des moyens actuels
des services d?urgences, même assistés par des unités de l?Armée43.
Le plan Delta demande plusieurs décennies de mise en oeuvre. Le plan initial est terminé en 1986
et a donné lieu à une évaluation finale présentant les coûts, les avantages et les inconvénients.
Une nouvelle tranche de travaux, complémentaire au plan initial devait se terminer en 1997, puis
la rehausse de toutes les digues pour être conforme à la norme néerlandaise en la matière se sont
poursuivis jusqu'en août 201044.
Au bout du compte, les dispositifs de protection contre les inondations, et notamment des systèmes
d?endiguements, ont tenu, et tiennent encore, une place majeure dans la politique néerlandaise de
gestion des risques d?inondations aux Pays-Bas. 95 systèmes d?endiguements («dijkringen» ou «
cercles de digues ») constituent des lignes continues de défense contre les inondations (maritimes
ou fluviales, ou même « lacustres » pour la mer intérieure d?Ijssel). Les niveaux de protection sont
fixés par voie législative, initialement au regard d?une probabilité d?aléa naturel, à présent au regard
d?une probabilité de décès pour un habitant de la zone protégée. Dans la sui te de ces grands
programmes, plusieurs programmes pluriannuels se sont succédés (programmes de reconstruc-
tion ou de réaménagement) qui fixent les montants de travaux et les clés de répartition.
Annexe 3.2.2 La protection contre les inondations fluviales
A la suite des catastrophes de 1993 et 1995 de débordement fluvial, les digues sur le Rhin et
Meuse ont dû être réparées d'urgence, entre 1996 et 2001, dans la cadre du « Plan Delta pour les
grands fleuves » adopté par le Parlement en 1996. Plus de 1000 km des digues ont été mis aux
normes en 5 ans et 150 km de nouvelles digues construites en 2 ans le long de la Meuse, conférant
ainsi à 20 000 personnes une protection supplémentaire. Si des réponses immédiates ont ainsi été
apportées aux inondations, le retour d?expérience qui en a été fait a soulevé des limites de ces
interventions d?urgence, avec la découverte de malfaçons et fragilités dans ces digues, qui ont été
difficiles et coûteuses à traiter par la suite. Il est apparu aussi que les digues ne sont pas toujours
« la » bonne solution.
Annexe 3.2.3 L?articulation avec la place pour le fleuve, et le changement
de cap opéré dans le contexte du changement climatique
La prévention des inondations est un sujet de portée nationale, qui est entré dès 1953 dans une
logique de programmation pluriannuelle. Cependant, un débat fondamental s?est instauré au fil du
temps à propos des principes mêmes du plan Delta : le niveau de ces terres baisse et le niveau
des océans augmente dans le contexte du changement climatique. Cela signifie que les digues
43 Sources : R. Slomp, 2012 ; IGEDD, nov. 2023
44 Source : Wikipedia et entretiens
PUBLIÉ
https://fr.wikipedia.org/wiki/Conformit%C3%A9_des_digues_aux_Pays-Bas
https://fr.wikipedia.org/wiki/Mont%C3%A9e_des_eaux
https://fr.wikipedia.org/wiki/Mont%C3%A9e_des_eaux
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vont devoir être renforcées et rehaussées, créant davantage d'enfoncement du terrain. Certains
estiment que des formes de recul seraient plus pertinentes, à long terme, qu'une bataille contre les
eaux, d?autres que ce serait méconnaître une tradition ou un savoir-faire de lutte contre les élé-
ments. 400 km de digues ont été réhaussées.
Les orientations de la politique de prévention, dans le temps long, évoluent : par exemple, face à
l?opposition à des approches prenant peu en compte les articulations avec les milieux naturels, des
projets importants ont été abandonnés, comme celui d?un nouveau quartier artificiel près d?Ams-
terdam. La nécessité d?intégrer une écoute des populations, d?entendre toutes les propositions, d?y
consacrer du temps, a été largement reconnue.
Encadré 11 : exemple d?outil de concertation
Une démarche de modélisation des effets des idées ou propositions de chacun pour faire face aux inondations a
été développée de manière à sensibiliser à la complexité du sujet : chaque solution locale est de nature à reporter
l?eau en amont et en aval. Une vue d?ensemble est un préalable indispensable à toute solution. Ce type de dé-
marche doit être mobilisé hors période de crise.
Si la défense contre la mer à la suite de la catastrophe de 1953 a donné lieu à des travaux majeurs
de système d?endiguement, qui sont partie intégrante de l?image des Pays -Bas, la question de la
place à donner à l?écoulement des fleuves a été posée dès le plan 2001-2015 « De l?espace pour
le fleuve ». Sur le Rhin et la Meuse, ce programme de travaux s?inscrit dans un paradigme nouveau :
au lieu d?élever des digues, leur niveau a pu être abaissé en recourant à des mesures alternatives
dont des zones d?expansion de crue et des élargissements de la place laissée au cours d?eau entre
les digues. Les projets n?ont pas été réalisés dans le même cadre législatif : ils relèvent de la dé-
marche de planification spatiale, et ont donné lieu à une évaluation économique.
La prise en compte du changement climatique a été introduite dans le même temps. Cela a conduit
à retenir des hypothèses d?augmentation de 60 cm du niveau de la mer et d?une augmentation de
15% des crues fluviales. La prise en compte d?un coefficient d?incertitude de 30 cm des hauteurs
de crues est couramment faite.
Depuis le programme Delta 2001-2015, la nécessité de relever les défis pour 2050 et 2100 a été
identifiée. C?est un changement de cap majeur. Au lieu d?attendre une nouvelle catastrophe et
mener un programme de réfection, les Pays-Bas tentent d?exploiter les savoirs disponibles sur le
changement climatique, les besoins de l?économie et l?utilisation des sols pour anticiper des
scénarios possibles. Ce programme se décline en 7 sous-programmes régionaux, ainsi qu?en trois
sous-programmes nationaux : analyse des risques d?inondation ; gestion de l?eau (l?eau potable,
l?eau pour l?irrigation et le drainage après des événements pluviométriques exceptionnels ) ;
urbanisme et aménagement du territoire. Chaque sous-programme est assigné à un directeur et à
une équipe composée d?agents des ministères, des agences régionales de l?eau, des provinces,
et de certaines communes, des instituts de recherche, et d?entreprises privées.
La loi Delta, du 1er janvier 2012, définit les pouvoirs, devoirs et responsabilités du Commissaire du
Delta. Son rôle est :
- Celui d?un facilitateur dans les interfaces entre l?État et les collectivités ; cela signifie qu?il prend
toutes les dispositions pour fluidifier les échanges, assurer la pédagogie, remonter les informations
lorsqu?il en identifie le besoin. Bien qu?il occupe une place centrale dans le dispositif, il ne dispose
pas du pouvoir politique, qui relève toujours du ministère (lequel élabore conjointement avec les
parties intéressées les plans et programmes). Il conseille le gouvernement, mais n?assure pas de
mission d?expertise auprès des collectivités.
- En tant que conseil du gouvernement, il soumet des propositions pour le programme national
Delta, y compris dans ses composantes financières. Il recueille le soutien du public pour le pro-
gramme Delta grâce à des interventions publiques et dans les médias. Chaque année, à l'ouverture
nationale du Parlement en septembre, le Commissaire du Delta soumet une proposition de nou-
velles recommandations et mesures pour le programme au ministre coordonnateur et aux autres
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membres du cabinet concernés. Il organise les travaux des administrations, et les consultations
des entreprises et des ONG impliquées. Les fonds du programme du Delta (Deltafonds), ne sont
pas un budget dont dispose le commissaire : ils sont mobilisés pour financer les projets du pro-
gramme du delta et soumis au contrôle des parlementaires. Au titre de sa mission de conseil, le
commissaire peut participer au Conseil des affaires financières, économiques, des infrastructures
et de l'agriculture en sa qualité d'expert.
- Il suit les progrès de la mise en oeuvre du programme Delta, rend compte et conseille sur le
rythme d?avancement. Il ne porte pas la responsabilité politique finale, qui incombe au Ministre de
l'Infrastructure et de la Gestion de l'Eau. Il peut alerter de sa propre initiative si la progression du
programme Delta n?est pas satisfaisante45.
Annexe 3.3. Organisation de la prévention des inondations
Annexe 3.3.1 Une gestion de l?eau et du risque intégrée à l?échelle
ministérielle
Comme dans de nombreux états européens, la répartition des compétences de prévention des
risques naturels repose sur deux départements ministériels : le Ministère de Sûreté et de la Justice
a la responsabilité de la gestion de crise et les compétences générales liées aux services de
secours et de la sécurité ; le Ministère de l?Infrastructure et de l?Environnement est en charge de
l?Aménagement du Territoire, de la prévention contre le risque d?inondation, de la protection contre
les crues et de la gestion des cours d?eau, des lacs, des estuaires et du littoral.
Les compétences relatives aux risques naturels liés à l?eau, à la défense contre la mer, à la sécurité
correspondante des personnes et des territoires, et à la gestion des cours d?eau font l?objet d?une
organisation spécifique et intégrée. L?agence nationale de l'eau, le Rijkswaterstaat, sous tutelle du
ministère chargé des infrastructures et de la gestion de l'eau, supervise la construction, la gestion,
l?entretien des infrastructures d'intérêt national, et conseille le gouvernement dans la planification
stratégique et l?atténuation des risques à long terme. Elle gère les canaux de navigation, les cours
d?eau principaux et établit la prévision des crues sur ceux-ci. Elle assure la maîtrise d?ouvrage des
systèmes d?endiguements « primaires » correspondants (sur les grands cours d?eau ou fleuves et
barrages anti-tempêtes sur les bras de mer les plus importants), mais n?en gère directement qu?une
petite partie, le reste étant géré par district hydrographique. Elle est assistée par l?institut public
technique et scientifique Deltares. Depuis 2001, les fonctions de gestion et d?inspection sont
séparées dans ce domaine.
- Les Pays-Bas sont situés à l?aval de cours d?eau dont les sources sont dans des pays voisins.
Les plus importants de ces cours d?eau disposent d?instances de coordination multilatérales en
application de textes internationaux (Rhin, Meuse, Escaut), chargées notamment de coordonner
la mise en oeuvre de la directive européenne cadre sur l?eau et de la directive relative à l'évaluation
et à la gestion des risques d'inondation. Ces commissions fluviales internationales constituent
aussi le support du développement conjoint de dispositifs de prévision des crues cohérents et par-
tagés sur les grands cours d?eau.
Annexe 3.3.2 Une organisation spécifique pour la gestion de l?eau aux
échelons territoriaux
L?organisation territoriale générale, institutionnelle et administrative, des Pays-Bas repose sur 12
provinces et 388 municipalités, pour environ 17,5 millions d?habitants. Les provinces disposent
d'une autonomie limitée ; elles sont compétentes sur le développement spatial et économique, la
45 Cette description cite largement le site du Programme national grand delta.
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politique environnementale, la gestion stratégique des eaux superficielles (en lien avec les munici-
palités et en concertation avec les « waterschapen » Cf. infra), les transports en commun et l?éner-
gie.
Les 12 provinces sont, notamment, responsables de l?aménagement de leur terr itoire (espaces
naturels, urbanisation, zones industrielles, transport et voies navigables régionaux). Les membres
de chaque conseil provincial sont élus, chaque président du conseil « le Commissaire de la Reine
» est nommé par l?État. Outre leur fonction en matière de gestion stratégique de l?eau, les provinces
sont responsables des cartes d?aléa et de risque d?inondation.
21 « autorités locales de l?eau », les waterschapen (parfois traduits par « wateringues »), ont été
constituées à partir de 2500 autorités historiques. Elles correspondent géographiquement à des
districts hydrographiques, et sont centrales pour la gouvernance de l?eau et des inondations. Ces
organismes disposent d?un conseil élu au suffrage universel pour cinq ans, qui identifie un président
nommé par les autorités de niveau national, le « comte des digues » (Dijkgraaf). Ils gèrent les cours
d?eau secondaires, et assurent la maintenance et la reconstruction de la plupart des systèmes
d?endiguements et digues primaires ou secondaires, quel qu?en soit le propriétaire. Une loi de 1983
a précisé leur rôle. Financièrement autonomes, les waterschapen disposent d?un pouvoir régle-
mentaire en matière de prévention des inondations et de protection des digues et des dunes, de
surveillance du niveau et de la qualité des eaux, du traitement des eaux résiduaires urbaines, de
la gestion des eaux souterraines. Ils fixent les taxes dues par les bénéficiaires, notamment pour la
protection assurée par les digues et pour les émetteurs de pollutions. Les droits de votes sont
établis en fonction des taxes payées, la population devant représenter au moins 50% des voix.
Sauf exception, un seul waterschap intervient sur chacun des 95 systèmes d?endiguement.
Les municipalités sont en charge notamment de l?occupation des sols et de l?urbanisme. Des règles
strictes sont définies, au niveau national, qui concernent uniquement la construction dans les zones
comprises entre les cours d?eau et les digues, ainsi que dans une bande (de largeur variable)
derrière la digue. Les membres du conseil municipal sont élus. Le président du conseil « le maire/
bourgmestre», nommé par l?État, est responsable de la police et des autres services d?urgences.
Si l?intégration de tous les enjeux relatifs à l?eau est très forte, la question des interfaces avec
l?urbanisme, historiquement, a été moins forte et peu contraignante ? ceci pouvant aussi être lié à
la densité et aux contraintes spatiales du pays. D?une manière générale, les règles de constructions
font référence à des obligations génériques de stabilité dont le respect relève du maitre d?ouvrage.
Il existe des guides techniques qui ne font pas office de prescriptions. Pour les habitations flottantes
mises en oeuvre hors de la zone protégée, il est mentionné qu?elles sont construites « à vos risques
et périls ».
Annexe 3.3.3 Un financement des protections et de la prévention organisé
dans une logique de subsidiarité
Il existe une hiérarchie des protections. Les protections primaires du domaine de l?État (notamment
les grands barrages) sont financées par le budget de l?État.
- Les protections primaires du domaine des autorités régionales de l?eau sont entretenues par les
autorités régionales de l?eau sur leur budget (notamment grâce à leur impôt propre) ; pour leur
construction, le financement repose toutefois à hauteur de 45% sur le budget de l?État (via le pro-
gramme HWBP de protection contre la submersion). En 1996, la loi sur les ouvrages de protection
contre les submersions a mis en place des inspections techniques réglementaires donnant lieu à
des rapports publics et la validation par le parlement du budget pour l?entretien des ouvrages.
Encadré 12 : différenciation des systèmes d?endiguement en fonction des niveaux de protection
Les digues sont classées en plusieurs catégories, ces classements étant régulièrement revus, avec, le cas échéant,
des objectifs de protection modifiés, et des responsables et gestionnaires redéfinis. Sur le Rhin et la Meuse, le
Rijkswaterstaat, organisme national, est maître d?ouvrage et gestionnaire des fleuves et grands cours d?eau. Par
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contre la gestion de la plupart des digues correspondantes, classées « primaires », est assurée par les 21 « auto-
rités locales de l?eau », les waterschapen. Ces organismes assurent par ailleurs la maintenance et la reconstruction
des systèmes d?endiguements et digues secondaires quel qu?en soit le propriétaire.
Pour des cours d?eau et digues régionaux, comme la Geul et la Roer, les « standards » génériques de protection,
en durées de retour des événements de crues, sont de 10 ans pour des prairies, 25 ans pour des cultures, 50 ans
pour l?horticulture, 100 ans pour les zones urbanisées. Dans le sud du Limburg, avec une population dense et des
vallées pentues (pour les Pays-Bas), certaines zones urbaines comme Valkenburg par exemple, sont protégées
contre des crues de période de retour 25 ans, notamment pour des raisons de coûts des ouvrages, semble-t-il. Ces
zones ont été exposées en juillet 2021 à des crues plus que centennales.
- L?entretien et le curage, qu?il a été difficile de différencier précisément lors des entretiens, des
cours d?eau dépendent fortement de leur fonction. Les voies navigables font l?objet de valeurs
seuil (étiage) qui justifient des interventions de curage immédiates en cas de perturbation du trafic.
Les cours d?eau qui ont pour seul objet l?écoulement d?eau font aussi l?objet d?un suivi afin de res-
pecter le gabarit inscrit dans le registre, mais sur une base annuelle seulement. Certains cours
d?eau sont dépourvus de gabarit mais font l?objet de curages pour des raisons de qualité écologique
et chimique du milieu aquatique : le curage permet de réduire la charge organique au profit du
respect des objectifs de la directive-cadre sur l?eau.
Pour les grands cours d?eau (Escaut, Meuse, Rhin), l?agence des travaux publics de l?État applique
les normes inscrites dans un registre de gabarit (chenal de navigation et végétation maximale), ce
qui se traduit par des interventions de curage mais aussi des interventions en certains points du
réseau (notamment au droit des ouvrages d?art). Des mesures ont lieu chaque année pour vérifier
le gabarit de chaque cours d?eau concerné et des travaux sont réalisés en cas de besoin. Le coût
est porté par le budget de l?État.
Pour les cours d?eau relevant de la compétence des autorités régionales de l?eau et les autres
cours d?eau, une distinction est faite entre trois catégories de cours d?eau :
- Catégorie A (domaine de l?autorité régionale de l?eau) : de façon similaire aux cours d?eau ma-
gistraux entretenus par l?agence des travaux publics de l?Etat, les normes découlant d?un re-
gistre de gabarit sont appliquées.
- Catégorie B (cours d?eau sous propriété privée ou relevant du domaine d?autres collectivités) :
l?entretien est assuré par les propriétaires sous le contrôle de l?autorité régionale de l?eau, qui
intervient auprès du gestionnaire en cas de défaut d?entretien.
- Catégorie C : (cours d?eau propriété de particuliers) : l?entretien est entièrement de la respon-
sabilité des particuliers.
Les autorités régionales de l?eau disposent d?un plan pluriannuel de curage visant à maintenir le
gabarit prévu par le registre. Ce plan s?appuie sur un programme de mesures et sur les données
historiques, qui permettent d?identifier les zones sujettes à sédimentation.
Le financement de ces opérations est assuré en partie par l?impôt propre aux autorités régionales
de l?eau et, lorsque les cours d?eau ou canaux ont une fonction touristique, économique ou de
navigable (exemple : Eem), en partie par les municipalités et les provinces concernées, dans le
cadre d?accords ad hoc.
- Le financement de la gestion de l?eau repose sur l?impôt levé par les autorités régionales de
l?eau, déterminé chaque année par chaque autorité régionale pour son propre territoire de telle
sorte que les recettes couvrent le service rendu, impliquant que l?impôt varie d?une région à l?autre.
Cela s?explique par la diversité des situations : les besoins de financement pour la gestion de l?eau
ne sont pas homogènes sur le territoire néerlandais (certaines autorités ont plus de digues à en-
tretenir que d?autres?). Le programme visant à recréer de l?espace pour la rivière a été financé
par l?État, ponctuellement avec un cofinancement local (provinces) pour prendre en compte des
fonctionnalités non prévues par le programme.
La loi actuelle prévoit toutefois que le montant des impôts puisse être modulé sur la base de la
valeur locative des immeubles, des espaces agricoles et des espaces naturels, laquelle peut varier
dans le temps ; ainsi, le montant des impôts peut varier dans le temps pour un contribuable donné,
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sans que le service rendu par l?autorité régionale ne change. En mars 2024, une proposition de loi
sera déposée, répondant à une demande des autorités régionale de l?eau, permettant de moduler
le montant des impôts non pas sur la valeur locative des biens mais sur les « caractéristiques »
(destination, surface, etc.) des biens. Les ordres de grandeur sont les suivants :
? une taxe locale des autorités régionales de l?eau due par toute construction pour
? entretien de digues et dunes (?10 à 50 ¤/an) par maison ;
? entretien du système d?irrigation et de drainage (canaux et cours d?eau) ;
? le cas échéant : frais de pompage (?10 à 50 ¤/an) ;
? assainissement (?200 ¤/an). Pour la qualité des milieux aquatiques ; le principe du pollueur-
payeur est ainsi appliqué, sécurisant le financement. Les réseaux appartiennent aux municipalités.
? Le budget gouvernemental pour les nouveaux ouvrages (?50 ¤/an), en particulier :
? en cas d?évolution des normes ;
? en cas de nouvelles connaissances ;
? pour tenir compte de l?évolution des contraintes et du dérèglement climatique (niveau de la mer,
vent, crues des rivières).
Aux Pays Bas, les habitants paient ainsi environ 200 euros par maison et par an pour l?assainisse-
ment, 50 euros pour la gestion d?eau dans les zones protégées, 50 euros pour les stations de
pompage, et 50 euros pour les investissements (50% provenant de fonds nationaux, 50% des
fonds locaux à deux niveaux de responsabilité (40 + 10). La taxe doit recouvrir les frais, et vient en
contrepartie d?un service. Depuis 1953, il y une solidarité entre zones ruraux et urbain.
R. Slomp, lors d?un colloque à La Rochelle indique ainsi : « C?est très important, dans notre sys-
tème, que l?entretien des ouvrages soit géré localement et quotidiennement par les autorités régio-
nales de l?Eau. Ces autorités gèrent aussi tous les petits cours d?eau et toutes les petites digues.
On a 3 600 km de digues principales et environ 15 000 km de digues régionales. Les gestionnaires
ne sont pas propriétaires des digues. La propriété et la gestion ont été séparées dans certains cas
pour faciliter l?action. Celui qui gère une petite digue soit s?occuper de son entretien pareil pour un
petit cours d?eau, et cela réduit la taxation. Si un paysan nettoie sa propre canalisation pour le
drainage et l?irrigation autour de ses champs, il évite l?amende qu?il aurait s?il ne le faisait pas. C?est
un système qui articule travail volontaire et taxation pour le service reçu. Cela représente en tout
400 euros par année et par habitant. Un agriculteur qui a plus de terrain paie plus ; ce système
date du XIIIème siècle. »
Annexe 3.4. Une gestion de crise fondée sur des principes clairs et
partagés
- La gestion de crise, selon son étendue, dépend du niveau communal, du niveau de « régions de
sécurité », ou du niveau national. Concernant la sécurité civile, le commissaire du roi au niveau
provincial exerce une fonction de coordinateur du maintien de l'ordre public et de la gestion des
opérations de secours lors de catastrophes dépassant les limites d'une commune.
La responsabilité opérationnelle de la sécurité publique est portée par les 25 « régions de sécurité»,
conseillées par les waterschapen quand il s?agit d?inondations. Elles donnent mandat aux maires
de décider des évacuations. Ces régions sont présidées par un maire (habituellement un maire de
commune importante). Elles correspondent aux régions de police, avec qui elles partagent le même
président, et coordonnent les services de secours municipaux et les autorités de santé, en crise.
Beaucoup de membres des équipes de secours sont des volontaires.
La coordination nécessaire entre l?assistance des services d?urgence et de l?armée est assurée par
le Ministère de Sûreté et de la Justice. Chaque ministère dispose d?une cellule de crise «DCC ».
Le Ministère de Sûreté et de la Justice est chargé de leur coordination.
- Les bulletins de l?institut national de météorologie, sont adressés aux structures en charge de la
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prévision des crues, toutes les 6 heures avec des messages spécifiques en cas de crise, qui font
référence aux conditions hydrauliques utilisées dans les modèles, permettant de se situer par rap-
port au risque de rupture des protections. Si ces bulletins sont publics, des messages d?urgence
sont adressés aux autorités régionales de l?eau, qui en fonction de leurs analyses informent la
région de sécurité.
En termes de communication de crise, les experts néerlandais insistent sur la nécessité de s?ap-
puyer sur un seul « point of truth » : seule l?autorité compétente (l?autorité régionale de l?eau) a la
capacité d?interpréter les bulletins et les messages d?urgence provenant du centre de crise sur la
gestion de l?eau. C?est un des enseignements tirés de l?expérience des inondations de 2021 dans
le Limbourg ; la région de sûreté a fait évacuer un hôpital (237 malades) sans que les autorités
compétentes en matière hydraulique ne l?estiment nécessaire, ce qui en temps de COVID a créé
des risques sanitaires jugés « inutiles ».
- En situation de pré-crue, pour que les digues assurent leur fonction de protection, il est nécessaire
de renforcer certains points, de fermer de façon étanche certains passages (par exemple un pas-
sage routier sous un remblai routier ou ferroviaire faisant fonction de digue, ou une interruption
dans une digue pour le passage d?une voie de circulation). L?ensemble de ces actions prennent
habituellement 5 jours de travail. Par ailleurs, pendant une crise, un dispositif de surveillance et
d?intervention sur les digues est prévu, qui mobilise des professionnels, notamment les inspecteurs
de digues, aidés par des gardiens de digues volontaires qu?ils encadrent, forment et réunissent
une fois par an. Certaines autorités régionales de l?eau recourent, en effet, à des bénévoles pour
la surveillance des digues mais aussi, conjointement avec leur personnel administratif, pour la fer-
meture de certains batardeaux et pour le renforcement de digues en cas d?urgence (sacs de sable).
Pour la préparation aux situations de crise mais aussi pour l?inspection des digues, des formations
sont prodiguées par les autorités régionales de l?eau en mobilisant le cas échéant des entreprises
qualifiées.
Ce dispositif a été globalement efficace lors de inondations de 2021. En certains endroits, il s?en
est fallu de quelques centimètres que l?eau ne dépasse le haut de la digue, ou le haut de la rangée
de sacs de sable ajoutée. S?il y avait eu du vent, plusieurs digues auraient surversé. Sur la Meuse,
l?eau a pu dépasser le niveau de la digue du système « primaire », heureusement renforcée par
des sacs de sable. Des évacuations préventives importantes ont néanmoins été mises en oeuvre.
- La mise en place de pompages d?urgence relève des gestionnaires des systèmes concernés
(l?État pour les grands fleuves, les autorités régionales pour les autres cours d?eau). Il est possible
que les régions de sûreté (autorités intercommunales, présidées par le maire de la ville principale,
chargées de la sécurité civile) sollicitent le recours aux pompages d?urgence des autorités régio-
nales de l?eau lorsque des incidents locaux se produisent et que les pompages pérennes en place
et les équipements des pompiers ne suffisent pas. Le Centre national de coordination opérationnel
de l?Agence de travaux publics de l?État, au niveau de l?État, est responsable de la gestion du parc
de pompes d?urgence, mobilisées pour les crises nationales (et internationales). Le dimensionne-
ment du parc est fondé sur une analyse portant sur la période 2003-2007 et sur des études de
gestions des catastrophes naturelles. De ces dernières, il est apparu, par exemple, que les pompes
historiques, montées sur des barges flottantes, n?étaient pas adaptées pour une mise en place
rapide, justifiant leur remplacement par des pompes au format conteneur.
Au niveau local, les autorités régionales de l?eau réalisent leurs propres analyses sur le besoin en
pompes d?urgences, et les financent par leurs propres moyens.
La capacité des pompes d?urgence est négligeable par rapport à celles des pompes pérennes, sur
lesquelles les investissements sont privilégiés. Par exemple, suite aux inondations de 1998 (à Na-
gele), l?autorité régionale de l?eau compétente a rehaussé de 60% la capacité de ses pompes pé-
rennes. Les experts estiment que les pompes d?urgence sont mobilisées à des fins de communi-
cation politique pour afficher la mobilisation de tous les moyens pour résoudre une situation de
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Les pompes d?urgences néerlandaises sont également mobilisées en cas de sécheresse, lorsque
les ouvrages le long des grands fleuves, destinés à alimenter en eau les systèmes hydrauliques
locaux, se trouvent « à sec » du fait de niveaux d?eau trop faibles dans les fleuves.
Annexe 3.5. De la prévention des inondations à l?adaptation au
changement climatique
En novembre 2023, les Pays-Bas ont connu une pluie constante pendant plusieurs semaines. Si
cela permet de reconstituer les nappes, cela a posé des problèmes de sécurité du bâti. Cet épi-
sode souligne aussi qu?est posée, plus qu?avant, la question de la place laissée au fleuve et la
recherche de nouveaux équilibres. Au lieu d?évacuer le plus vite possible l?eau à la mer, un nouvel
enjeu, au regard des risques de sécheresse est de la retenir. Le premier moyen pour cela identifié
aux Pays-Bas est l?infiltration dans les sols et la recharge des nappes, et non la création de
bassins de rétention, qui, de toutes façons sont difficiles à gérer car ils ont potentiellement deux
objectifs difficilement compatibles : être vides pour écrêter les crues et retenir l?eau pour l?utiliser
l?été. Dans deux ans, sont prévues de nouvelles décisions sur ce sujet, sur la base de nouveaux
scenarios. Ce travail s?appuie sur des concertations, il sera présenté par le Commissaire au plan
Delta et donnera lieu à des décisions du gouvernement.
Le travail de planification spatiale au regard du changement climatique vise à travailler sur les
limites que nous donne la nature, limites qui sont atteintes. Une priorité identifiée depuis 2021 est
de mieux prendre en compte l?eau et les sols. Cela a été porté par le nouveau gouvernement, puis
a donné lieu à un « policy brief » aux chambres, présentant les actions prévues en grandes lignes,
à une revue scientifique, et à des discussions avec tous les niveaux de gouvernement.
Sept principes sont arrêtés :
- ne pas reporter de charge sur les générations futures ;
- mieux prendre en compte les situations extrêmes ;
- avoir une approche cohérente des inondations, de la sécheresse, des sols ;
- avoir une « sécurité multicouche » dans la zone du delta ;
- diminuer l?imperméabilisation, l'excavation, éviter les contaminations ;
- avoir une approche intégrée de la vie dans l'environnement ;
- se conformer à ces principes, les expliquer.
Sur cette base, les pratiques vont changer :
- prendre en compte les intérêts de l'eau et du sol pour des projets de construction dans la durée ;
- avoir une utilisation parcimonieuse de l'eau, une eau propre et en quantité suffisante, des espaces
pour retenir, stocker et évacuer l?eau ;
- avoir un sol et un sous-sol sains et bien organisés.
L?ambition est que :
- la construction de bâtiments adaptés au climat devienne une pratique courante ;
- des orientations nationales claires s?articulent avec une mise en oeuvre et des solutions locales ;
- les système de l'eau et du sol guident la planification et les décisions ;
- les solutions utilisées résolvent, autant que possible, plus d'un problème.
46 Des capacités de pompage d?urgence sont également développées pour parer à certains scénarios prévus dans
le cadre de plans de gestion du risque. Par exemple, dans le Brabant septentrional, le choix a été fait par l?État de
rehausser le niveau d?eau dans le grand lac Volkerak Zoommeer, qui sert de stockage d?eau douce pour les étés
secs ; ce choix a eu pour effet de diminuer la capacité d?évacuation gravitationnelle des eaux provenant du système
hydraulique local ((autorité régionale de l?eau Brabantse Delta), d?où la nécessité d?adjoindre des pompes d?urgence
(mobiles, mais installées dans des sites prévus à cet effet le long du lac). Compte tenu du contexte (choix de l?État
de rehausser le nveau du lac), les pompes d?urgence de l?autorité régionale de l?eau ont été financées par l?État
dans ce cas précis
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Six items guident une construction adaptée au changement climatique : prise en compte de la
biodiversité, chaleur, submersion, inondation et ruissellement, sécheresse, biodégradabilité.
Des lignes directrices ont été établies à l?échelle nationale, qui n?ont pas, pour le moment, de portée
réglementaire. Leur ambition est de donner des orientations nationales claires, mises en oeuvre
par les collectivités, et les activités. Ces principes pourraient, à terme, relever de la loi pour ac-
croître leur portée.
Dans le cas de projets de construction, et du choix des lieux où construire sont pris en compte, la
compensation requise si on construit en zone inondable a été augmentée. Une carte a été établie
qui fixe les contraintes pour l?aménagement, en fonction des enjeux liés à l?eau et aux sols.
Au-delà de ce travail structurel de planification, une démarche que l?on pourrait qualifier de pros-
pective et pragmatique a également été engagée dans le cadre du Programme Delta, sous l?égide
du Commissaire.
Encadré 13 : Le Programme Delta
« Depuis déjà une dizaine d?années, les Pays-Bas ont mis en place une structure afin d?anticiper les effets du
changement climatique sur le plan de la maîtrise de l?eau, il s?agit du programme Delta.
Ce programme est le fruit d?une collaboration entre l?État, les provinces, les wateringues, les communes et des
organismes de recherche. Y sont également impliqués les secteurs économiques dépendant de l?eau. Ce pro-
gramme est coordonné par le commissaire pour le Delta, un haut-fonctionnaire indépendant du gouvernement.
Il est financé par des fonds publics dédiés. Cette indépendance politique et financière, inscrite dans la loi et, de ce
fait, approuvée par le Parlement, garantit une certaine protection à cette structure, ainsi qu?une mise à l?abri des
alternances électorales et des réductions budgétaires qu?elles peuvent décider. Chacun au sein du programme est
encouragé à rechercher et à évaluer les mesures qui rendront la maîtrise de l?eau et son utilisation plus pérennes,
sans que soient mis en péril les enjeux économiques dépendants des ressources en eau.
Le principe de base est celui des chemins d?adaptation (Haasnoot et al., 2013), dans lesquels les mesures identi-
fiées et jugées prometteuses sont mises en place graduellement, au fur et à mesure que le besoin s?en fait sentir,
et en consolidant les mesures prises précédemment afin de ne jamais avoir à revenir en arrière.
(..) Le gouvernement néerlandais a lancé en 2019 un grand programme de recherche afin d?en comprendre les
conséquences possibles sur les stratégies actuelles de maîtrise de l?eau au-delà de 2100. Le but est d?appréhender
comment ces stratégies doivent être modifiées au fur et à mesure que le niveau des mers montera de 5 mètres. Le
programme, qui doit durer jusqu?en 2025, s?articule autour de cinq axes :
? À quelle vitesse le niveau des océans risque-t-il de monter ? La situation en Antarctique est un élément clé et
dépendra des évolutions des émissions mondiales de gaz à effet de serre, telles que conceptualisées dans les
scénarios Representative Concentration Pathway (Van Vuuren et al., 2011).
? Quels sont les défis posés par une hausse du niveau de la mer de 1, 2, 3 et 5 mètres ? Dans quelle mesure les
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stratégies actuelles sont-elles tenables ? Cette partie concerne à la fois la stratégie de gestion des risques d?inon-
dation et celle de l?approvisionnement en eau.
? Comment détecter une accélération de la hausse du niveau de la mer afin d?agir à temps ?
? Quelles seraient les conséquences d?une hausse du niveau de la mer sur les stratégies à long terme d?aménage-
ment du territoire ? Et comment les anticiper dans les choix à faire aujourd?hui ? L?implantation de nouveaux quar-
tiers se situant 7 mètres au-dessous du niveau de la mer est certes faisable économiquement et techniquement,
mais est-ce un choix pérenne ?
? Comment élaborer une politique reposant sur la mise en place de mesures par étapes ? Comment organiser la
gouvernance de cette politique, la communication à destination du grand public, etc. ? »
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Annexe 4. La prévention des inondations en Belgique
La prévention des inondations en Belgique, tout en s?inscrivant dans le cadre des directives
européennes, relève très largement des régions, le niveau fédéral étant en charge de ce qui relève
de la submersion marine. Même si cela peut induire des différences entre Flandre et Wallonie, des
points communs ressortent dans des tendances de fond, comme une évolution d?une démarche
de protection à une approche de la prévention par l?aménagement des territoires, et en particulier
de la place laissée aux cours d?eau ou encore d?une attention croissante portée aux conditions
d?urbanisation. Si la « Water Bomb » a touché dramatiquement la Wallonie, les suites de cette
catastrophe ont conduit à un travail de fond, pluridisciplinaire et partenarial, tant en Wallonie qu?en
Flandre. Dans la durée, un virage de la prévention des inondations vers l?adaptation au
changement climatique est engagé.
Annexe 4.1. Mise en perspective historique et géographique
Annexe 4.1.1 Un pays présentant des enjeux différenciés du point de vue
de la prévention des inondations
Le territoire belge comprend, soit en totalité soit partiellement, 6 bassins hydrographiques : l?Yser,
l?Escaut, la Meuse, le Rhin, la Seine et le bassin côtier de la Mer du Nord. Leur ampleur sur le
territoire belge donne un statut particulier aux districts internationaux de la Meuse (avec la France,
l?Allemagne, les Pays-Bas et le Luxembourg) et de l?Escaut (avec la France et les Pays-Bas). La
gestion des eaux comporte donc, en Belgique, des enjeux transfrontaliers importants sur plu-
sieurszones : Escaut et l?Yser (dont les enjeux relèvent de la Commission Internationale de l?Escaut
(CIE) qui unit 6 parties contractantes) ; les Moëres, bande poldérisée entre Dunkerque et Furnes,
où est en cours le projet INTERREG - MAGETEAUX qui a été mobilisé en novembre 2023 afin
d?assurer l?évacuation des eaux via le canal de Furnes à la mer par Dunkerque ; et la nappe des
calcaires carbonifères dans le Tournaisis et de la région de Roubaix-Tourcoing.
Encadré 14 : Quelques repères sur la Flandre et la Wallonie
La Flandre belge constitue, comme le Nord de la France et les Pays-Bas, une zone poldérisée, plate, au niveau de
la mer, qui sur 13.626km² accueille 6.774.807 habitants (soit 497 habitants /km²). Elle fait partie de 2 districts hy-
drographiques : l?Escaut et la Meuse.
- Le district hydrographique international de l'Escaut a une superficie de 36.500 km², dont environ un tiers se trouve
en Flandre. La partie flamande est formée par le bassin hydrographique des rivières Escaut et Yser et de leurs
affluents et des Polders de Bruges, ainsi que par les eaux souterraines et les eaux côtières qui y sont associées.
Elle comprend les provinces de Flandre occidentale, de Flandre orientale et du Brabant flamand, ainsi qu'une partie
des provinces d'Anvers et du Limbourg. Sur les 300 communes flamandes, 263 se trouvent entièrement et 23
partiellement dans le district hydrographique de l'Escaut. Le district est divisé en dix bassins.
En raison du relief essentiellement plat, les rivières sont des cours d'eau de plaine avec de larges vallées et des
vitesses d'écoulement et des débits faibles. La zone est densément peuplée et fortement urbanisée et se caracté-
rise par un réseau très dense de routes de transport. Cette situation, qui s'ajoute à l'urbanisation, crée une forte
fragmentation. Le district abrite un certain nombre de grandes zones industrielles, dont le port d'Anvers. L'agricul-
ture intensive est également prédominante, représentant un peu moins de la moitié de l'utilisation des sols. Les
grandes zones naturelles d'un seul tenant sont rares.
- Le district hydrographique international de la Meuse couvre une superficie d'environ 34 500 km², dont à peine 1
600 km² en Flandre. En Flandre, le district hydrographique est constitué de la Meuse et de ses affluents, ainsi que
des eaux souterraines associées. Le district ne forme pas un ensemble contigu en Flandre : une partie est située
au nord de la province d'Anvers, une deuxième partie à l'est de la province du Limbourg et une troisième partie à
Voeren. Sur les 300 communes flamandes, 14 se trouvent entièrement et 23 partiellement dans le district hydro-
graphique de la Meuse. Sur les 11 bassins, seul le bassin de la Meuse appartient au district hydrographique de la
Meuse. Parmi les six systèmes d'eaux souterraines, l'ensemble du système de la Meuse, une petite partie orientale
du système de Brulandkrijt et la partie septentrionale du système de la Campine centrale appartiennent à l'arron-
dissement hydrographique de la Meuse.
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Le relief de l'arrondissement de la Meuse est essentiellement plat. La densité de population y est plus faible que
dans le reste de la Flandre. Le réseau de routes de transport y est également moins dense. Les principales zones
industrielles sont situées le long des canaux. Un peu moins de la moitié du territoire est consacrée à l'agriculture,
essentiellement intensive. Il y a un peu plus de zones naturelles dans le district du bassin de la Meuse que dans le
district du bassin de l'Escaut.
- La Wallonie,16 901 km2, est constitué de cinq provinces : le Brabant wallon, le Hainaut, Liège, le Luxembourg et
Namur. En superficie, la plus grande est la province de Luxembourg qui est également la moins peuplée des cinq
avec une densité de population de 64,54 habitants au km², tandis qu?elle est de 372,43 habitants au km² dans le
Brabant wallon. Le territoire est également divisé en 20 arrondissements, eux-mêmes divisés en communes. Sur
les 262 communes en Wallonie, 65 portent le titre de Ville. À l'exception de la province du Brabant wallon, au sud
de Bruxelles, et une grande partie du Hainaut à l'ouest, qui jouxte la France, le reste de la Wallonie ? sauf deux
ou trois enclaves, notamment du côté du Grand-Duché de Luxembourg ? appartient au bassin mosan47.
Le système fédéral belge conduit historiquement à une répartition complexe entre les différentes
structures politico-administratives des compétences mises en jeu par la prévention des inondations,
entendue au sens large, de l?aménagement du territoire à la planification des crises.
Les inondations meurtrières de l?été 2021 ont créé un choc et ont suscité des critiques sur la ca-
pacité du dispositif en place à anticiper et répondre à des événements de cette ampleur. De nom-
breuses actions sont en cours, notamment pour répondre à des impératifs de coordination accrue
et plus efficace. Une commission d?experts en matière de gestion de crise a établi un livre blanc
« Recommandations permettant d?améliorer la gestion de crise en Belgique » en avril 2023.
Annexe 4.1.2 Des enjeux transfrontaliers majeurs
Ces enjeux sont structurés dans différents cadres :
- Par l'autorité de bassin de l'Yser, pour ce qui concerne la concertation bilatérale transfronta-
lière autour de l'Yser, notamment en ce qui concerne la qualité de l'eau.
- Par le Groupement Européen de Coopération Territoriale, pour la concertation transfronta-
lière autour de l'Aa.
Ces consultations s'inscrivent dans le cadre du groupe de travail sur l'eau du GECT. L'adaptation
du "Moerenverdrag" est née au sein de ce groupe de travail, tout comme le projet Interreg Ma-
geteaux, qui a mis en oeuvre une station de pompage sur le Speievaart vers le canal Nieuport -
Dunkerque et une construction de glissières à Dunkerque.
- Dans le projet Stratégique Vallée de l?Yser et du Handzame (province chef de file) avec les
préparatifs en vue de la soumission du projet Provaly (Interreg) concernant le système transfron-
talier de prévision et d'alerte, l'aménagement des berges, le GOG Proven, la de Stavele, etc.
- Par la Commission Internationale de l'Escaut et, en particulier le groupe de travail hydrologie.
La mise en oeuvre du plan pluriannuel ISC-CIE WGH 2022-2027 a commencé avec :
- Le travail de préparation des bilans hydriques pour les principales masses d'eau transfrontalières,
avec un rapport de la délégation flamande. Les délégations étudient maintenant ce rapport afin
d'évaluer dans quelle mesure elles peuvent fournir des données pour les différents éléments du
bilan hydrique et/ou si des éléments supplémentaires doivent être ajoutés.
- La notification d'étiage a été standardisée et le calendrier de livraison des données a été synchro-
nisé.
- Les délégations néerlandaise, flamande, bruxelloise et française ont fait des présentations sur
l'impact du changement climatique sur les masses d'eau.
- Dans le cadre de l'atelier conjoint sur l'hydrométrie, un répertoire des personnes à contacter en
47 Source : Wikipedia
PUBLIÉ
https://fr.wikipedia.org/wiki/Province_du_Brabant_wallon
https://fr.wikipedia.org/wiki/Province_de_Hainaut
https://fr.wikipedia.org/wiki/Province_de_Li%C3%A8ge
https://fr.wikipedia.org/wiki/Province_de_Luxembourg
https://fr.wikipedia.org/wiki/Province_de_Namur
https://fr.wikipedia.org/wiki/Densit%C3%A9_de_population
https://fr.wikipedia.org/wiki/Arrondissement_administratif_de_Belgique
https://fr.wikipedia.org/wiki/Commune_(Belgique)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_communes_de_la_R%C3%A9gion_wallonne
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ville_de_Belgique
https://fr.wikipedia.org/wiki/Brabant_wallon
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bruxelles
https://fr.wikipedia.org/wiki/Province_de_Hainaut
https://fr.wikipedia.org/wiki/France
https://fr.wikipedia.org/wiki/Luxembourg_(pays)
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cas d'inondation a été lancé, ainsi qu'un aperçu des procédures de travail et de la documentation
des organigrammes sur la gestion de crise en cas d'inondation.
- Une visite de travail 2023 s'est concentrée sur les mesures de prévention des inondations dues
aux marées à Ostende.
- Les travaux sur l?alignement bilatéral des principaux cours d?eau transfrontaliers se poursuivent.
- Les délégations ont été invitées à fournir une vue d?ensemble des cartes d?inondation natio-
nales/régionales afin de relier les plaines inondables transfrontalières.
Concrètement, fin décembre 2023, il a été convenu lors de la réunion des chefs de délégation que
la Flandre et la France mettent en place une coopération bilatérale pour, d?une part, avoir une
vision globale des accords et des conventions entre les gestionnaires de l?eau et vérifier que les
mesures de gestion de crise sont suffisamment adéquates et, d?autre part, élaborer un plan d?action
transfrontalier tant en termes de planification que de dispositions pour laisser un espace suffisant
Room for the River) à l?eau afin de réduire ou d?éviter les risques d?inondation.
Annexe 4.2. La gestion de l?eau dans le système fédéral belge
Annexe 4.2.1 Le rôle important des régions
La Constitution belge et la Loi spéciale de réforme institutionnelle du 8 août 1980, suivie des
réformes successives de l?État belge, fixent la répartition des compétences entre l?État fédéral, les
Communautés (Communauté française de Belgique/Fédération Wallonie-Bruxelles, Communauté
flamande, Communauté germanophone de Belgique/Ostbelgien) et les Régions (Région wallonne,
Région flamande, Région de Bruxelles-Capitale), qui constituent ensemble les « entités fédérées
». Les régions ont des compétences dans les domaines qui touchent à l?occupation du territoire au
sens large, aux « matières économiques et localisables ». Les communautés sont en charge de
ce qui concerne les personnes (matières personnalisables comme la langue, l?éducation, la culture,
le sport, l?aide aux personnes).
Compte tenu de cette répartition des compétences, la politique belge en matière de prévention et
de gestion des inondations et des phénomènes de submersion ? de l?aménagement à la gestion
de crise ? relève de différents cadres normatifs, équivalents en termes de hiérarchie des normes,
et de différentes autorités qui doivent se concerter.
Les Régions, depuis 1980, sont compétentes en matière d?aménagement du territoire et à ce titre,
de la politique de l?eau, de la gestion des districts hydrographiques, de la conservation de la nature,
des travaux publics et des transports.
Les principaux outils juridiques en matière de politique de l?eau sont, en Belgique, des décrets pris
par les gouvernements régionaux : il s?agit, pour la Flandre, du décret « Politique intégrale de l?eau
» du 18 juillet 2003, codifié dans le Code de l'eau, pour la Wallonie, du décret relatif au Livre II du
Code de l?Environnement constituant le Code de l?Eau du 27 mai 2004 et pour Bruxelles-Capitale,
de l?ordonnance du 20 octobre 2006 établissant un cadre pour la politique de l?eau.
Ces trois textes transposent les directives européennes 2000/60/CE (« Directive-cadre sur l?eau »)
et 2007/60/CE (« Directive Inondation »). L?État fédéral intervient cependant dans la mise en oeuvre
de la directive-cadre pour les aspects liés aux eaux côtières, en particulier pour la Mer du Nord.
Cette structuration se traduit par une démultiplication des participations représentant la Belgique,
dans les différentes instances, par exemple, dans celles dédiées à la gestion transfrontalière de
l?eau.
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Annexe 4.2.2 Une organisation de la gestion de crise par niveaux de
gravité
Si les Régions sont en charge de l?aménagement du territoire et interviennent donc, au sens large,
dans la prévention des catastrophes naturelles, la gestion de ces dernières stricto sensu n?est pas
de leur ressort. Le modèle belge de gestion de crise est fondé sur la distinction de plusieurs phases
définies par le niveau de gravité, l?ampleur géographique et le type de moyens requis : la phase
communale, dirigée par le bourgmestre ; la phase provinciale, dirigée par le gouverneur ; la phase
fédérale, qui dépend du Ministre de l?Intérieur. La continuité et l?évaluation des critères de passage
d?une phase à l?autre sont assurées par le Centre de crise national (NCCN), qui est un acteur
interfédéral. Le NCCN est en outre chargé, au niveau national, de développer une stratégie globale
d?amélioration de la résilience de la Belgique (élaboration de méthodologies standards pour les
acteurs locaux, lancement de campagnes de prévention?), d?organiser la planification d?urgence
et d?assurer une vigilance active.
Encadré 15 : le NCCN (Centre de crise national)
Le NCCN est en charge de la planification d?urgence, pour l?ensemble des risques, au niveau stratégique. Il n?a pas
de rôle opérationnel : par exemple, la question du pompage en gestion de crise relève de la direction générale de
la sécurité civile. A l?échelle locale, ce sont les bourgmestres qui sont en charge de la crise. Le NCCN fournit le
contenu de la formation, d?une grosse demi-journée, mise en place pour les bourgmestres nouveaux. Nécessaire
même s?ils ont des experts auprès d?eux, elle est prévue tous les 4 ans mais pas obligatoire.
Le NCCN a des échanges en crise avec les gouverneurs via les experts et coordinateurs. Les remontées d?info au
NCCN se font via les gouverneurs. Le niveau fédéral est facilitateur et coordonnateur mais n?a pas autorité sur les
autres. Les bourgmestres ont accès à l?application SI en gestion de crise, avec des droits gérables pour avoir le
cercle de travail efficace.
La communication en crise repose sur un contrat cadre pour appeler les personnes en cas d?urgence ? il vaut pour
les bourgmestres, gouverneurs NCCN. Le principe est que celui qui gère la crise communique ? les autres ne
peuvent que renforcer ou décliner les informations principales. La cellule de communication du NCCN propose des
messages et fait une veille des réseaux sociaux.
C?est le NCCN qui évalue le besoin de mobilisation de moyens nationaux, toutes les remontées de demandes se
font par écrit dans une application informatique, en cours de modernisation. L?assurance de moyens suffisants
repose sur le fait que chacun en a et qu?il y a, en plus, un stock national. La crise covid a fait ressentir le besoin
d?objectiver les ressources disponibles ; c?est un travail en cours, qui inclut les pompes. Il faut tenir compte du fait
que des moyens existants ne sont pas nécessairement disponibles ou mobilisables, et qu?il faut réussir à mutualiser
au bon niveau, pour n?être ni en manque, ni en sur capacité. En termes de mutualisation possible ou soutien entre
états, les plus efficace serait des achats au niveau de l?UE.
La planification en matière de sécurité civile incombe ainsi au premier chef au bourgmestre (maire
d?une commune), qui doit disposer d?un Plan général d?urgence et d?intervention (PGUI)
comprenant les directives générales de gestion des situations d?urgence de tout type. C?est le
bourgmestre qui décide d?éventuelles évacuations. Il s?appuie sur des coordinateurs de situation
d?urgence dont c?est le seul métier, quitte à le faire pour plusieurs communes. Toutefois, dès lors
que la gestion d?un événement excède les pouvoirs et les moyens dont disposent les bourgmestres,
c?est la province, qui intervient. Les provinces sont un pouvoir local, en général placé sous l?autorité
des Régions. Par exemple, les inondations de novembre 2023 ont été gérées au niveau provincial
et les inondations de l'été 2021 ont été gérées au niveau fédéral.
Le secours aux personnes et la sécurité civile sont des compétences fédérales à peu près
exclusives, dont l?organisation est déléguée aux pouvoirs locaux que sont les provinces et les
communes.
Ce principe de délégation dissocie donc la compétence fédérale des moyens fédéraux : les
services de secours centraux de l?État fédéral (dit « moyens spéciaux » : unités spécialisées de la
police et des pompiers, hélicoptères?) constituent une réserve à l?appui des services de secours
locaux. Autrement dit, les services fédéraux peuvent être sollicités par les Régions ? ainsi que par
les autorités communales et provinciales ? pour la mise en oeuvre de mesures particulières en
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gestion des crises ou des situations d?urgence, ou pour l?établissement des plans d?urgence et
d?intervention.
Cette configuration implique que les aspects concrets de la gestion de crise et le besoin de
planification qui en découlent, dépendent ? d?une façon particulièrement aiguë en Belgique ? de la
bonne coordination opérationnelle entre les différents niveaux de pouvoir. En effet, la totalité des
implications d?une catastrophe naturelle excède nécessairement les compétences exclusives de
chacun.
Encadré 16 : Prévision des inondations et alertes
Les prévisions météorologiques sont réalisées par l?Institut royal de météorologie (organe fédéral) et l?analyse des
paramètres hydrologiques incombe aux Régions. Ainsi, le service opérationnel de prévision des crues de Flanders
Hydraulics (HIC - Centre d'information hydrologique) et de l'Agence flamande pour l'environnement utilisent une
grande variété de données météorologiques en combinaison avec des modèles hydrologiques et hydrauliques
1D/2D pour fournir des prévisions de niveau d'eau et de débit sur les voies navigables et non navigables catégorie
1) flamandes et le long de la côte belge. Des experts interprètent quotidiennement la situation et communiquent
des messages sur waterinfo.be. En cas de crise, ces messages sont activement diffusés pour la gestion de crise
et les services d'urgence.
Waterinfo.be intègre actuellement 2162 stations de mesure qui fournissent des données en temps réel (ou
presque) avec des séries chronologiques à haute résolution le long des voies navigables flamandes, les cours
d?eau non navigables de catégorie 1 et de la côte. Des stations supplémentaires des régions environnantes (région
wallonne en Belgique, France, Pays-Bas) sont disponibles pour la gestion opérationnelle des crises en cas
d'inondations.
Lorsque la vitesse et la direction du vent, en particulier pendant la marée de printemps, conduisent à des marées
de tempête élevées le long de la côte belge ou dans l'estuaire de l'Escaut, ceci est communiqué sur waterinfo.be
par les experts de Flanders Hydraulics qui font les interprétations basées sur les différentes sorties de modèles. Le
plan d'urgence à appliquer le long de la région côtière peut être consulté sur waterinfo.be.
En Wallonie, la prévision des crues est réalisée par le SPW, Service public de Wallonie, impliquant deux entités
internes :
- Service public de Wallonie Mobilité et Infrastructures, Direction de la Gestion hydrologique (prévision des crues)
- Centre Régional de Crise (prévention et coordination internes en temps de crise, accompagnement des services).
La prévision des crues est obligation légale, mais la transmission des infos n'est pas codifiée. Les alertes sont
transmises aux services eau et voies navigables, sur site web grand public, et la CRC régional communique aux
autorités en charge de crises et urgence.
Annexe 4.2.3 Un système assuranciel présenté comme fragile
En matière d?assurance, la Belgique compte parmi les pays ayant mis en place un dispositif privé
de garanties contre les catastrophes naturelles le cadre des polices d?assurance incendie, ce qui
permet en principe au plus grand nombre d?accéder à cette protection.
Toutefois, il ressort des échanges que ce dispositif d?assurance privé, combiné aux fonds de
calamités publiques mis en place par les régions, est plafonné (350 M¤ par catastrophe) et a
montré ses limites lors des inondations de juillet 2021. Le coût des dommages a été évalué à près
de 2,5 Md¤, très au-delà des plafonds d?intervention. L?ensemble des dommages est estimé à
environ 1% du produit intérieur brut national48. Dans ce contexte, un dispositif ad hoc a été mis en
place au seul niveau régional afin d?indemniser les victimes (les assureurs belges ont prêté 1 Md
¤ à la Wallonie à taux zéro, sur une durée de huit ans) et une réflexion plus générale a été engagée
afin de réformer le système d?assurance privé et celui des fonds de calamités. Cela concerne
également les biens professionnels et les surfaces agricoles et intègre un objectif de mieux évaluer
le coût des inondations.
Sur ce terrain, la Flandre ? Flanders Hydraulic Research en coopération avec l?Université de Gand
(département de géographie) - a développé, dès les années 2000, une méthode originale
48 L?Union européenne a pris en compte un montant de 5,56 Md pour l?ensemble des événements de juillet 2021.
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d?évaluation des conséquences des inondations, sur la base d?un modèle (LATIS) s?appuyant sur
un système d?informations géographiques et des modèles hydrologiques ainsi que des données
socio-économiques et d?usage du foncier. Le but affiché est de chercher à minimiser les
conséquences des inondations plutôt que de chercher à les prévenir.
En dépit de ces démarches, les assureurs estiment que la prise en compte des risques climatiques
est fortement problématique en Belgique, notamment du fait de la régionalisation des compétences.
Ils plaident pour un nouveau système, a minima fédéralisé, sinon européanisé.
Encadré 17 : l?assurance des agriculteurs en Flandres
Depuis 2019, une réforme de l?assurance49 articule l?assurance que les agriculteurs doivent désormais souscrire
sur le marché et le soutien du gouvernement. En pratique, chaque agriculteur doit souscrire à une assurance in-
tempéries globale dans le secteur agricole ? la grêle par exemple, en choisissant sur quelles parcelles. Le gouver-
nement apporte une aide à hauteur de 65% du coût de l?assurance. A partir de 2023, si les agriculteurs souhaitent
étendre leur champ de couverture, l?aide est inférieure, de l?ordre de 30 à 45% selon les budgets. Le gouvernement
intervient en cas de catastrophe naturelle en complément des assurances (au-delà d?une occurrence trentennale),
seulement pour les agriculteurs assurés. De leur côté, les agriculteurs doivent s?inscrire dans une démarche de
prévention, avec des bénéfices pour leurs cultures (par exemple, protéger les vergers), mais aussi plus larges :
limiter l?érosion (haies), ce qui est un bénéfice pour eux et pour les villages voisins. Se posent aussi des questions
de la place laissée à l?eau le long de certains fleuves (Yser).
Annexe 4.2.4 Le choc des inondations de juillet 2021
La répartition fragmentée des compétences est parfois redoublée par un effet de concurrence entre
les différents niveaux de pouvoir. Cela peut conduire à un défaut de coordination ou à des retards
dans la prise de décision, comme le pointe assez sévèrement la commission fédérale chargée de
tirer les leçons des grandes inondations de l?été 2021. Son rapport prend par exemple appui sur la
dissociation entre la prévision météorologique qui est réalisée par l?Institut royal de météorologie
(organe fédéral) et l?analyse des paramètres hydrologiques, qui incombe aux Régions. En 2021,
cette configuration a gêné la transmission d?une information complète sur le risque de crue aux
autorités locales. Une fois les alertes données, les mesures à prendre doivent être concertées
entre les autorités régionales et locales, voire fédérales, ce qui prend un temps non négligeable en
situation de crise.
Les inondations de 2021 ont constitué un facteur de choc à l?échelle du pays en matière de plani-
fication et de gestion d?événements climatiques de grande ampleur. Si la concertation qui dérive
du fédéralisme rend le dispositif potentiellement difficile à appréhender ? y compris pour les acteurs
eux-mêmes, avec l?allongement des délais de décision qui peut en résulter ? la structure de la
réponse des autorités a fait l?objet de plusieurs réévaluations depuis 2021-2022, notamment du fait
du NCCN. De leur côté, les autorités régionales ont révisé leurs plans d?urgence, tandis que les
communes se sont davantage investies dans la rédaction de leurs propres plans. La culture du
risque, dont le défaut a souvent été dénoncé, tend ainsi à se développer dans un environnement
institutionnel particulièrement complexe (voir infra).
Annexe 4.3. Les Flandres : une structuration par grand bassin, en
cours d?inflexion
En Flandres, le pilotage de la prévention des inondations implique plusieurs ministères :
infrastructures, environnement, agriculture, et agence de l?environnement des Flandres. Environ
49 19 Juin 2019. - Arrêté du Gouvernement flamand relatif à la subvention de prime pour une assurance intempéries globale dans
le secteur agricole
PUBLIÉ
https://www.ejustice.just.fgov.be/eli/arrete/2019/06/19/2019030606/justel
https://www.ejustice.just.fgov.be/eli/arrete/2019/06/19/2019030606/justel
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80 000 foyers flamands ont une probabilité moyenne à élevée d'être inondés ; l'urbanisation et le
changement climatique augmentent les risques. La réponse apportée passe par une approche
« multicouche » de gestion du risque d?inondation. Il est nécessaire de mobiliser une combinaison
de mesures pour faire face aux inondations critiques, dans une logique de responsabilité partagée
entre les gestionnaires de l'eau, les planificateurs de l'espace, les services de crise et d'urgence et
les citoyens. Les 3 « P » sont :
Protection : protéger contre les inondations. Il s?agit d? éviter autant que possible les inondations
dans les zones vulnérables au moyen de digues, déversoirs, bassins d'inondation et stations de
pompage, ou encore en étant attentif à l?infiltration de l?eau.
Prévention : éviter ou réduire les dommages
Cet axe comporte les mesures visant à réduire notre vulnérabilité aux inondations, comme le fait
d?éviter des constructions dans les zones inondables ou y permettre des constructions adaptées
Préparation : être prêt en cas d'inondation. Cela couvre les actions nécessaires pour ne pas être
pris par surprise par les inondations et pouvoir agir afin d'éviter que la situation ne s'aggrave ;
informer et prévenir, afin que les gestionnaires de l'eau (y compris au niveau local), les services
d'urgence et les citoyens puissent prendre des mesures en temps utile et éviter de nombreux
dégâts et malheurs.
Annexe 4.3.1 L?équilibre entre protection et aménagement du territoire
- Actions de protection : les équipements et infrastructures
- La lutte contre les inondations en Flandre est d plus en plus appuyée sur la recherche de solutions
pour redonner de l'espace à la rivière. Cela peut se faire en élargissant le lit d'hiver naturel ou
en créant des zones d'inondation contrôlée ou des bassins d'attente. La conception de ces zones
est envisagée en fonction de la configuration de chaque bassin. Il peut s'agir de zones entièrement
naturelles, et dans ce cas les agriculteurs présents se voient attribuer d'autres parcelles de terre à
cultiver, ou elles peuvent être utilisées à d'autres fins agricoles de sorte qu'il n'y ait pratiquement
pas de dégâts en cas d'inondation (surtout en hiver).
- Le niveau de protection des digues est déterminé par zone en fonction du risque. C'est l'autorité
compétente en matière d'eau qui en fixe le niveau. Le gestionnaire de l'eau est également
responsable de la construction, de l'entretien et de l'inspection des digues.
Les inspections structurées des digues ont lieu tous les 1 à 3 ans en fonction du risque. A cela
s'ajoutent bien sûr les contrôles visuels effectués.
Pour le renforcement des digues en crise, les autorités font appel à un fournisseur privé, dans le
cadre de contrats qui permettent une intervention dans la journée/
- Les autorités chargées de l'eau sont responsables de l'entretien des canaux, y compris du
désensablement et du dragage. La répartition des compétences diffère pour les cours d?eau
navigables et non navigables. Pour les premiers, les responsables sont Vlaamse Waterweg (Voies
navigables), le Département de la Mobilité et des Travaux publics, et l?Agence des services
maritimes et de la côte. Pour les cours d?eau non navigables, ceux qui entrent dans la catégorie
1 relèvent de VMM (Agence Flamande de l?Environnement), de la catégorie 2 des provinces, et la
catégorie 3, des municipalités.
Les exploitants de cours d'eau prennent en charge le coût des infrastructures construites le long
des cours d'eau (zones inondables contrôlées, digues de protection, bassins d'attente, stations de
pompage, ...). Pour les cours d'eau non navigables, il existe encore aujourd'hui de nombreux
gestionnaires différents. Ce nombre a été fortement réduit depuis 2014. A partir de cette date, les
communes pouvaient transférer la gestion des cours d'eau aux provinces, et de très nombreuses
communes ont choisi de le faire (sur 300 communes en Flandres, seule 50 sont encore
gestionnaires de cours d'eau). Il reste cependant 56 polders et wateringues, 5 provinces et la VMM
en tant que gestionnaire de cours d'eau en Flandres. Lors de son entrée en fonction en 2019, le
gouvernement flamand a décidé de réformer la gestion des cours d'eau non navigables. Une note
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conceptuelle à ce sujet a été approuvée par le gouvernement flamand en juillet 2023. À l'avenir, la
gestion des cours d'eau non navigables sera assurée par des conseils de l'eau (12 au maximum)
soutenus par un syndicat des conseils de l'eau.
Quand VMM fait l?entretien des grands cours d?eau non navigables, cela recouvre le fauchage et
le curage, prévu environ tous les 10 ans, dans le cadre d?un plan d?ensemble. Il s?agit de curer aux
seuls endroits où des accumulations augmenteraient le risque inondation (au niveau de ruptures
de pente, par exemple).
Concernant les sections de Wateringues, elles sont en charge de l?entretien des fossés et reçoivent
une subvention des provinces. La taxe qu?elles lèvent rapporte un faible pourcentage des coûts et
la question est posée de la supprimer. Les sections doivent gérer l?eau de sorte que le niveau
d?eau ne soit pas à son maximum quand une crue arrive et que chaque section contribue au
tamponnage.
Ainsi, dans la Flandre occidentale, se pose la question d?une évolution du système des
Wateringues. C?est une volonté forte dans l?accord de coalition du gouvernement flamand engagée
il y a cinq ans que de faire évoluer ce système, sous le terme « réformer pour plus d?efficacité ». Il
s?agit de trouver un équilibre entre ce système de gestion locale et pragmatique des fossés par les
agriculteurs, appuyé sur des redevances pas toujours bien comprises par les riverains qui ne sont
pas agriculteurs, et une meilleure coordination de la gestion de l?eau des polders à une échelle
plus large. Les pistes évoquées sont de mettre en place une structure plus grande en gardant les
chefs de sections dans la gouvernance, dans un dispositif permettant plus de coopération et une
communication fluide entre zones.
Le traitement des sédiments évacués lors du curage des fossés et canaux est fait conformément
à la directive européenne : le niveau de pollution des sédiments est vérifié par le service
environnemental avant l?épandage. Les sujets qui peuvent créer des tensions sont l?accès aux
propriétés pour curer et pour épandre. Cela relève des agriculteurs ou des collectivités, qui passent
alors des contrats d?entretien.
- Dans les zones de polders ou aux endroits où le drainage par gravité des cours d'eau n'est
(temporairement) pas possible, des systèmes de pompage ont été installés ; la responsabilité de
ces systèmes de pompage incombe au gestionnaire de l'eau.
Concernant le pompage en crise, c?est la collectivité qui mobilise les pompes qui est en charge du
coût, avec un soutien du niveau supérieur à partir d?un certain montant. Pour la crue de novembre
dernier, c?est l?état fédéral qui va prendre en charge la facture. A Niewport, une grande capacité de
pompage a été ajoutée car l?écoulement gravitaire n?était possible que 2 h sur 12. Le dispositif a
été « inventé » en direct, l?espace disponible à l?embouchure était entièrement utilisé.
La question va se poser de renforcer la capacité fixe, mais nos interlocuteurs soulignent que
l?évacuation à la mer n?est pas si simple ; une mauvaise gestion peut se traduire par des sur-
inondations en amont. Les pluies seront plus fréquentes, plus fortes, les modèles de prévision sont
dépassés. On aura de toutes façons à faire face à une plus grande incertitude.
Une réponse à cette nouvelle situation est l?approche « multicouches » : il faut pouvoir activer
différents leviers selon le type de crue. Cela suppose une très bonne coordination. En crise en
particulier, cette coordination est essentielle : elle relève du gouverneur qui peut prendre des
sanctions en cas de non-respect de consignes.
- Actions de prévention : enjeux d?aménagement du territoire
Les Flandres sont très denses, avec un aménagement du territoire historique marqué par la
possibilité de construire des quartiers au bord de l?eau, ce jusqu?en 2010. Un enjeu maintenant est
d?éviter de construire dans les zones à risques.
Une cartographie vient d?être établie, sur la base de travaux commencés après les crues de 2010,
qui identifie les zones exposées à des inondations centennales, avec et sans changement
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climatique. Un processus est engagé pour changer de destination les terrains regardés comme
dangereux. Après une enquête publique en 2023, ce travail donnera lieu une deuxième
consultation, puis une troisième approbation sera nécessaire pour un aboutissement prévu sous
un an à un an et demi. Les cartographies sont déjà publiques, mais de portée purement informative.
En Flandre, les permis de construire sont décentralisés ; l?autorité locale peut ne pas suivre les
recommandations du niveau régional, qui peut faire un recours. Cela arrive peu.
Tout permis de construire donne lieu à « évaluation aquatique », qui tient compte, par exemple,
des quantités d?évacuations à prévoir en cas d?inondation (cela peut conduire à accepter une
maison sur un terrain exposé, mais pas un immeuble). L?évaluation aquatique repose sur une
instruction par les services du gouvernement sur les effets néfastes sur le système d'eau qui
peuvent être causés, par exemple, par la construction d'une maison ou d'un projet d'infrastructure.
Les plans susceptibles d'avoir un impact sur le réseau hydrographique, tels que les plans
d'aménagement du territoire, sont également soumis à l?évaluation aquatique. Dans certaines
situations, le gouvernement doit demander l'avis du gestionnaire de l'eau concerné lorsqu'il
procède à l'évaluation aquatique. Le gestionnaire de l'eau peut faire des recommandations pour
ajuster les activités planifiées afin d'éviter, de limiter, de restaurer ou de compenser les dommages
attendus sur le réseau d'eau. Le résultat de l'évaluation aquatique est inclus en tant que
« paragraphe sur l'eau » dans le permis ou dans l'approbation du plan ou du programme. Il y a
ainsi un devoir d?information, appuyé sur un système de score sur la base d?une approche
modélisée, pour chaque parcelle dans une zone inondable -fluviale, liée aux pluies ou par
submersion marine) (P-score) et bâtiment de (G-score) ? de A à D selon le niveau de risque (A :
pas de risque de crue modélisée, B : faible probabilité d?inondation sous l?effet du changement
climatique, C : faible risque d?inondation sous le climat actuel et D : probabilité moyenne sous le
climat actuel). Ce devoir d'information a été introduit dans le décret intégral sur la politique de l'eau
en 2013. En 2016, l'obligation d'information a été évaluée. Le 1er janvier 2023, un devoir
d'information modifié est entré en vigueur. Lors de la vente ou de la location d'un bien immobilier,
l'acheteur ou le locataire doit savoir si le bien est situé dans une zone inondable.
Côté agriculture, un enjeu est d?encourager une agriculture plus durable, moins exposée aux
risques de sécheresse et d?inondation, ce dans le cadre de la PAC, par exemple en améliorant le
rôle de rétention des eaux des sols. Une ambition forte est que les agriculteurs ne soient pas
seulement dans une logique productiviste mais également convaincus de ces enjeux de durabilité.
- Une structuration de ces piliers par grands cours d?eau
Le « plan Sigma50 », un plan intégré de protection contre les inondations, a été mis en place pour
la première fois en 1977, en réaction à une inondation majeure causée par une onde de tempête
en 1976 sur le bassin transfrontalier France, Belgique, Pays-Bas de l?Escaut. Le fleuve ne fait que
350 km, mais coule dans un bassin très dense. Le plus grand danger est lié à une onde de tempête
qui se poursuivrait dans les terres, avec un risque de rupture de digues, comme en 1953 et 1966
où des villages entiers ont été inondés. Ce plan vise à protéger environ 20000 hectares de terres
en Belgique, le long de l'Escaut et de ses affluents tels que le Rupel, la Nete et la Durme. Il met en
place des protections contre les submersions marines et les inondations fluviales causées par des
précipitations très fortes, en identifiant quatre zones avec des niveaux de protection différents. Il
combine des mesures d'infrastructure "grises", principalement des digues, et des mesures "vertes"
sous la forme d'un réseau de zones inondables contrôlées, dont la mise en place fait l?objet de
nombreuses discussions avec le secteur agricole.
Un plan Sigma actualisé a été approuvé en 2005 qui visait à mieux protéger l?Escaut et ses affluents
par la mise en place de « zones temporairement inondables » et de digues. Le Sigma a aussi
travaillé à la restauration des rivières et à l?économie locale. Le projet a aidé également à réaliser
les objectifs écologiques (Natura 2000).
50 S de Sigma comme le début du nom de l?Escaut en Flamand, Schelde
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A l?horizon 2030, il représente 1,3 Md d?euros. Un cadre législatif est nécessaire pour garantir une
approche pluriannuelle de ces travaux. Il s?agit d?intégrer le changement climatique, et en particulier
l'élévation du niveau de la mer qui accroît le risque d?inondation. Dans la version actuelle,
l'élévation du niveau de la mer a été prise en compte dans un scénario moyen. Sur cette base, le
plan contient des mesures et des projets dont la réalisation s'étend jusqu'en 2030, suite à une
évaluation des coûts-avantages sociaux. Une amélioration du Plan Sigma - un Plan Sigma+ ou un
Plan Sigma 3.0 - devrait également prendre en compte le scénario climatique plus extrême à fort
impact jusqu'en 2100, avec, en plus de l'élévation du niveau de la mer, l'augmentation de la
probabilité d'écoulements supérieurs extrêmes et la coexistence de ces eaux d'amont et d'une
onde de tempête. Jusqu'en 2030, le plan actuel doit être mis en oeuvre sans délai, et, par la suite,
complété par des mesures additionnelles.
Le plan est approuvé par le gouvernement flamand dans ses principes généraux, mais pour le
reste, donne lieu à des déclinaisons locales, où le travail est fait en cherchant les collaborations
avec les agriculteurs et les associations. Il ressort des échanges une bonne coopération avec les
agriculteurs sur le plan Sigma, mais, « dans les relations à proximité des fleuves, pour regagner
des zones d?expansion des crues ce n?est pas toujours facile ».
La nouvelle étape de prise en compte du changement climatique, par une étude, n?en est qu?à ses
débuts.
La Dendre, affluent de l?Escaut, qui connait aussi des problèmes d?inondation, est encore en
phase de planification. Il s?agit d?élaborer un plan stratégique « espace pour l?eau » pour réduire le
risque d?inondation en améliorant la qualité de vie. Ce travail se fait en recherchant une forte
participation des autorités locales et habitants, en vue d?une approbation du gouvernement
flamand au printemps. Dans le cadre de ces travaux, deux scénarios ont été élaboré et évalués
sous l?angle de leurs avantages et limites et soumis à concertation : celui « de la vallée inondable »
ou celui d?«expansion des inondations en amont ». C?est le premier, dans une approche naturelle
de place laissée au fleuve, avec une action au plus près pour chacun, qui est préférée.
Concernant la Meuse, dont le débit peut varier de 10 à 3000 m 3/s et plus, elle coule en Flandre
le long d?anciens sites miniers de niveau très bas. Les deux inondations majeures de 1993 et 1995
ont inondé des villages entiers. Dans la suite, les digues ont été surélevées et renforcées, mais le
principe de laisser une plus grande place pour le fleuve apparait désormais comme préférable,
quitte à supprimer quelques maisons situées dans le lit mineur. Ce travail prend des années. Les
digues sont maintenues là où l?élargissement n?est pas possible.
Concernant enfin l?Yser, la coopération autour de l?eau est renforcée avec la mobilisation d?une
commission de la coordination intégrée de l?eau, et le projet de maitrise de l?Yser dans une
approche intégrée quantité- qualité. Le territoire est pour partie inférieur au niveau de la mer et le
changement climatique va fragiliser la zone ; la population est peu dense, sauf près de la côte : ce
sont surtout des prairies dans les parties basses et des terres agricoles. L?eau potable dépend des
eaux de surface, et notamment du réservoir de Blanckaert. Les relations avec les agriculteurs sont
un enjeu majeur, dans ce bassin où le projet est de créer des déversoirs sur la rive gauche du
fleuve pour compléter la Zone d?expansion des crues (ZEC) de Blanckaert, créée après les crues
de 1993-95 (et qui représente un stockage en crue de 450 M m3).
Un décret est en préparation pour que les objectifs soient ancrés au niveau flamand. Il s?agit de
définir des mesures concrètes à l?horizon 2024 ou 25, afin de les avoir mises en oeuvre un an après
entrée en vigueur du décret, dans une logique « top down » vers les bassins. Une plate-forme
permet des échanges de connaissances, qui est aussi un outil de concertation.
Cet hiver, cette zone a été inondée pendant plusieurs semaines, jusqu?à plusieurs mètres d?eau au
plus profond. Il n?y a pas de compensation financière des agriculteurs mise en oeuvre, la prise en
charge dépend des assurances.
Le bassin de l?Yser est engagé dans un projet Interreg avec l?USAN notamment pour partager la
vigilance.
Annexe 4.3.2 L?adoption de nouveaux grands plans structurants
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- Le Bluedeal est un grand plan adopté après la sécheresse de 2018-20 et consacrée en premier
lieu à cet enjeu. Il comporte deux axes :
- réduire les consommations d?eau, progresser dans les réutilisations ;
- mieux conserver et gérer l?eau, dans une logique trame verte et bleue.
Ce programme était prévu à hauteur de 60 à 70 millions d?euros et a été porté à 500 millions d?euros
après la crise Covid, dans le cadre des fonds de relance européens.
- Après les crues en Wallonie, qualifiées de « bombe d?eau », le gouvernement flamand a demandé
à un groupe d?experts de rédiger un avis sur la prévention des inondations. Il s?agissait de revoir la
prévention en Flandre sur la base d?un scénario de même type que la « Water Bomb » sur la région,
en identifiant également les budgets requis. En effet, il a été estimé que le coût d?une catastrophe
de même type serait de 8 Md d?euros. Ce travail s?est engagé en décembre 2021, sous le pilotage
de Henk Ovink, professeur néerlandais de renommée internationale, notamment pour son travail
à l?ONU. Le choix de cette personnalité se justifiait pour éviter une forme de concurrence entre
universités belges, pour mobiliser l?intérêt des Pays-Bas, concernés par la Meuse, pour cette ré-
flexion, et bénéficier d?un regard neutre sur la situation. La démarche était pluridisciplinaire. C?es t
le Weerbaar Waterland, qui a donné lieu à l?avis Resilient Waterland de mars 2023. Il comporte
dix recommandations suivantes qui mettent en avant une approche stratégique, partenariale et
intégrée, inscrite dans la durée et impliquant tous les acteurs, informés et responsabilisés :
1. Objectifs aquatiques clairs, intégrés et assortis de tâches à accomplir
Depuis des objectifs divers et vagues en matière de quantité d?eau vers des objectifs intégrés dans
le domaine de l?eau
2. Programmes d?action intégrés et adaptatifs par sous-bassin
Depuis un ensemble réactif d?actions sectorielles déconnectées vers des tâches orientées vers la
mise en oeuvre au niveau des sous-bassins
3. L?eau, le sol et le climat au service d?une nouvelle sécurité juridique
Depuis un avis sur l?eau sans engagement et une mise en oeuvre incertaine vers un cadre spatial
et d?exécution solide et juridiquement sûr
4. Triple mandat, depuis la régie jusqu?à l?exécution
D?une exécution dépendante du volontariat et retardée par la fragmentation des pouvoirs vers une
régie claire
5. Quatre chantiers flamands de l?eau
Depuis un fonctionnement sur la base de projets vers une approche intersectorielle permanente
axée sur l?exécution
6. Fonds de sécurité de l?eau ancré
Depuis des budgets de projets annuels vers une approche systémique sur plusieurs législatures
7. Préparation des personnes et des infrastructures
Depuis l?ignorance relative vers l?autonomie accrue
8. Revirement culturel
Depuis le risque individuel vers le gain sociétal
9. Programme flamand pour la Connaissance et l?Innovation
Depuis le développement scientifique sectoriel vers l?innovation transdisciplinaire et fondée sur la
pratique
10. Approche et collaboration transfrontalières
Depuis une région réactive en aval vers un précurseur en matière de protection contre les crues
en Europe
Les interlocuteurs de la mission mettent l?accent sur les points suivants :
- développer des objectifs clairs en matière d'eau au niveau flamand d'ici 2023-2024 : identifier les
zones de la Flandre où les risques actuels ou futurs sont trop élevés (tant pour la sécheresse que
pour les inondations).
- Dès le départ, exploiter les possibilités de liaison pour améliorer la qualité de l'eau et l'érosion et
calculer les futurs dommages socio-économiques et écologiques qui en découlent.
- Lors de l'élaboration des objectifs, tenir compte de l'impact élevé de la sécheresse et de l'érosion,
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tenir compte au maximum du scénario climatique à fort impact jusqu'en 2100< ;
- Dans les suites des inondations de novembre 2023, la Task Force « Westhoek résilient », à la
demande du Gouvernement flamand, a formulé, à l?issue de trois réunions, un avis étayé pour
améliorer la « sécurité de l?eau » dans le Westhoek, et plus particulièrement dans le bassin de
l?Yser. Il s?agissait de tenir compte du caractère spécifique du territoire, mais aussi de faire le lien
avec le cadre politique « Waterland résilient », qui préconise une approche axée sur la source du
problème ainsi que des opportunités gagnant-gagnant pour la gestion des sécheresses. D'autres
cadres tels que le Blue Deal et le Plan flamand d'adaptation au climat ont également été pris en
compte. À partir du cadre général, une réflexion a été menée à court et à plus long terme.
Le Weerbare Westhoek du 22 décembre 2023 prévoit des budgets importants en 2024 (54 M) et
25 (26 M), avec des travaux sur les pompes, les canaux ? Chaque année, 120 M sont destinés
aux voies navigables.
Pour le court terme quelque 70 mesures sont proposées. Il s'agit de mesures dites « sans regret
», c'est-à-dire efficaces et efficientes sous chacun des scénarios climatiques et qui ne viennent pas
au détriment d'autres enjeux cruciaux dans la région : mesures de terrain (la rétention d'eau en
amont, le tamponnement dans et le long des cours d?eau, l?évacuation vers la mer ainsi que des
mesures de protection) mais aussi de mesures politiques et règlementaires, de recherche et de
surveillance, de communication et de sensibilisation. Des propositions sont également faites pour
éliminer autant que possible les points de friction dans une logique de facilitation ou de simplifica-
tion.
Toutes les mesures sont conçues de manière à évacuer l'eau excédentaire uniquement lorsque
cela est nécessaire pour prévenir des inondations. Elles contribuent ainsi à garantir la disponibilité
de l'eau en cas de sécheresse prolongée.
Les mesures à court terme suivantes sont prioritaires :
- tamponnement des eaux en amont et évacuation retardée ;
- création et aménagement de nouvelles zones d?expansion des crues (ZEC) ;
- protection des infrastructures critiques (par exemple les centres des villages, les industries, l'ap-
provisionnement en électricité, etc.) grâce à la construction de digues locales, par exemple à
Roesbrugge et Stavele. - Amélioration de l'entretien structurel de l?ensemble des cours d'eau ;
- gestion dynamique des niveaux d?eau ;
- optimisation de la capacité d?évacuation, par exemple via le canal de Lo et l?Yser, de Dixmude à
Nieuport ;
- évacuation suffisante vers la mer à différents endroits, par gravitation mais aussi de manière
indépendante des marées ;
- démarrage d?un processus d'élaboration du plan « De l?espace pour l?eau ? Vallée de l?Yser » ;
- renforcement de la coopération transfrontalière.
Des points d?attention sont identifiés :
- la conception des mesures à réaliser sur le terrain fait l?objet d?une concertation avec les acteurs
locaux, les propriétaires et les utilisateurs des terrains ;
- pour la création et l?aménagement de nouvelles zones d?expansion des crues (ZEC), dans la
mesure où leur fonctionnement a un effet, une politique d'accompagnement agricole est recom-
mandé ;
- pour l'approche à plus long terme, la Task Force recommande l?élaboration d?un programme plu-
riannuel intégré et orienté vers l'action, garantissant qu?à l?avenir éga lement, et en tenant compte
des scénarios climatiques, le Westhoek reste suffisamment résilient face à la fréquence et à l'inten-
sité croissantes des conditions météorologiques extrêmes.
Il sera possible ainsi de continuer à travailler de manière structurelle et intégrée sur la sécurité de
l?eau dans le bassin de l?Yser. Les actions à entreprendre sont les suivantes :
- Identifier les risques et les points problématiques et déterminer un risque d'inondation acceptable.
- Fixer des objectifs stratégiques et opérationnels pour que les risques soient ou restent sociale-
ment acceptables.
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-. Elaborer et mettre en oeuvre un programme d'actions intégré, de concert avec les acteurs locaux
et les parties prenantes. Les nombreux projets et initiatives existants ne seront pas perdus de vue
et seront poursuivis et renforcés dans la mesure du possible. La coopération transfrontalière avec
la France devra également être poursuivie et renforcée.
Enfin, la Task Force a également formulé un avis sur la gouvernance ou la nécessité d'une struc-
ture claire pour assurer le suivi d'un tel programme pluriannuel intégré. Elle préconise une ap-
proche systémique qui surveille l'intégralité et qui dispose d?une capacité d?action suffisante pour
pouvoir efficacement mettre en oeuvre le programme pluriannuel. L?avis recommande aussi d'utili-
ser autant que possible les structures déjà existantes aux différents niveaux (flamand - bassin -
région), qui fonctionnent bien. La Task Force mise en place - dans sa composition actuelle ? devrait
être pérennisée afin de pouvoir assurer la surveillance et le suivi de la mise en oeuvre des actions.
La structure actuelle du bassin peut également être maintenue, car elle dispose déjà d'une large
représentation locale et d'une approche multidisciplinaire.
Il est également recommandé de développer plus avant, sur l?ensemble du bassin, le fonctionne-
ment des coalitions territoriales locales accompagnées.
Annexe 4.4. La Wallonie : le choc des inondations de juillet 2021
Annexe 4.4.1 Quelques éléments sur le cadre général de la prévention des
inondations
La gestion de l?eau est une compétence régionale depuis les années 1980, menée dans le cadre
des directives européennes. La gestion des cours d?eau dépend de leur classement : elle est faite
par les riverains pour les 12807 km de cours non classés, par les communes pour les cours d?eau
de 3ème catégorie (4518 km), les provinces pour ceux d 2ème catégorie 5820 km) et les régions pour
ceux de 1ère catégorie (1875km) et pour les navigables (873km). Un plan « pluie » a été mené en
2003, et la cartographie des aléas inondation a été entreprise en 2007.
Le curage des cours d?eau revient entre 50 à 150 euros par m3 selon le niveau de pollution.
Concernant les voies navigables, les sédiments curés sont traités comme des déchets. Pour les
cours d?eau non navigables, il est possible de les laisser sur les 6 m à proximité, sinon il faut les
évacuer. Les laisser dans le cours d?eau est regardé comme préférable, quitte à recreuser un
chenal, cela limite les risques d?érosion des berges. Un décret a fixé quatre enjeux pour les cours
d?eau naturels : inondation, socio culturel, économique, biodiversité. Les cours d?eau sont
sectorisés par enjeux dominants, en évitant le curage
Une étude sur les besoins de la Wallonie en eau a été lancée (avec notamment un axe sur le
refroidissement de l?eau, ou la récupération des eaux usées). Les besoins des secteurs
économiques sont de 50000 m3/j. 75% sont évaporés. Pour autant, dans les échanges, il est
estimé qu?un stockage supplémentaire, pour garder des eux en période de crue, serait une réponse
pour ainsi dire sans impact sur les besoins de l?industrie (une piscine toutes les secondes pour une
giga-factory) et également de faible impact pour limiter les effets d?une inondation.
Annexe 4.4.2 Mise en place d?un dispositif spécifique de reconstruction
Les inondations du 14 juillet 2021 ont fait 41 victimes. Il y a eu 45000 maisons sinistrées, 100000
personnes concernées impactés, plus de 5,2 Md de dommages. Quatre fleuves ont débordé en
même temps. « C?était il a presque trois ans et on en sort à peine ».
Un Commissariat spécial à la reconstruction a été mis en place dès le 26 juillet 2021. Cette
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équipe pluridisciplinaire a été mobilisée pendant un anl pour répondre de manière pragmatique
aux besoins du territoire sinistré
Le travail de reconstruction a été engagé sur les 3 grands bassins versants belges, à l?échelle
des15 sous bassins concernés. Les montants pour la reconstruction, de 150 millions d?euros en
2021, ont permis de faire des acquisitions et de la renaturation, en particulier dans la vallée de la
Vesdre, la plus touchée, qui a subi la plus grande part des décès en Belgique. Il s?agissait d?avoir
des réflexions sur des aménagements adaptés à la situation, qui peuvent conduire à ne pas (re)
construire à en endroit, mais, autant que possible sans interdire, même si la possibilité de le faire
existe.
La Commissariat spécial à la reconstruction n?est pas une autorité mais un ensemblier. C?est une
cellule placée auprès de gouvernement, ce qui lui donne du poids. Les termes du bilan pour
présenter le travail réalisé sont les suivants :
« Le 26 juillet 2021, afin de coordonner la réponse régionale à la reconstruction, le Gouvernement
wallon (ci-après GW) a décidé de créer le Commissariat spécial à la Reconstruction (CSR) pour
une durée d?un an éventuellement renouvelable.
La mission qui a été dévolue au CSR était triple :
- coordonner et faciliter l'élaboration et la prise de décision du GW, ainsi que la mise en oeuvre et
le suivi des actions dans la gestion des urgences, de la prévention et de la reconstruction ;
- formuler, en collaboration et en concertation avec les services compétents, des propositions en
vue d'assurer un plan de reconstruction dans les communes concernées ;
- veiller à la mise en oeuvre des décisions du GW.
Deux Commissaires spéciales ont été désignées le 26 juillet 2021, l ?une en charge des autorités
locales (Catherine Delcourt) et l?autre en charge des autorités régionales (Sylvie Marique). Une
équipe s'est progressivement mise en place pour assurer la gestion opérationnelle du CSR. En
août 2021, seuls 3 agents avaient déjà pu être engagés. Cet effectif était totalement insuffisant
pour faire face à l?ampleur des besoins. Au total, une 50aine d?agents du SPW (SG et IWEPS,
essentiellement) ont prêté main forte au CSR, en attendant les engagements complémentaires. La
diversité des profils a permis d?apporter des réponses efficaces aux différentes problématiques. Le
CSR s?est organisé avec un SPOC par partie prenante régionale. Jusqu?au bout, les effectifs se
sont avérés bien nécessaires pour mener à bien les différentes missions du CSR. » 51.
Un enjeu fort a été la gestion de la temporalité entre l?urgence (aide à la réparation, avec un soutien
public pour ce qui n?était pas couvert par les assurances) après crise et la reconstruction résiliente.
- Il a fallu un an à un an et demi pour identifier ce qu?il fallait acquérir et rassembler le budget requis.
Les crues de 2021 ont été fortement dévastatrices, il reste, en 2023, des habitations à exproprier.
La modélisation sous-jacente ne sera à jour que dans trois mois. La première démolition a eu lieu
mi-janvier.
- Une priorisation a été nécessaire pour cibler l?action sur les neuf communes les plus touchées ?
y compris dans les centres historiques ;
- l?élaboration d?un schéma multidisciplinaire sur tout le bassin de la Vesdre a été établi, avec
l?université de Liège et un studio spécialisé ;
- deux guides de bonne pratique sur la constructibilité en zone inondable et sur la gestion durable
des eaux fluviale ont été rédigés. Les cartes de l?aléa inondation n?ont pas été réactualisées au
regard de cet événement exceptionnel, mais elles le seront en 2025 dans le cadre de la directive
inondation. Une circulaire ministérielle donne un cadre pour instruire les permis en zone inondable ;
- Un appui urbanistique, mis en place par la région, pour les communes les plus touchées, a été
organisé pendant cinq mois. Ce marché n?a pas été opérationnel tout de suite car le premier n?a
donné lieu à aucune réponse. Des moyens sont mobilisés pour des acquisitions de bien à démolir.
Les discussions sont difficiles avec la population, parfois des réparations temporaires ont été faites.
51 Source Commissariat spécial à la reconstruction, juillet 2022
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Il y a eu un travail également sur les facteurs aggravants (bâti à enlever car accroit le risque
d?inondation). Le Commissariat a été mobilisé pour de nombreux échanges avec les personnes
avec qui il faut trouver un accord.
L?approche a été pragmatique : il s?agissait, selon les termes des personnes rencontrées, de
réfléchir avant de reconstruire, sans empêcher les mesures immédiates qui donnent du « confort
». Le premier état des bâtiments a demandé une forte mobilisation, avec tous les agents
disponibles, afin de le mener en quinze jours.
La nouvelle planification des communes a été faite par la région pour le compte des communes (et
pas à leur place). Pour les appuis urbanistiques, un marché cadre a été passé. Il a fallu faire de la
planification locale avant de finaliser la planification globale, sans avoir les nouvelles études
hydrauliques abouties, ce qui supposait des échanges très fréquents entre les équipes travaillant
aux différentes échelles pour faire les ajustements nécessaires (et acceptés). Il s?est agi ainsi de
construire ainsi un schéma sans valeur légale, sans enquête publique ou évaluation des incidences
mais avec des modes de participation, définis à la carte, selon les choix des élus locaux dans
chaque collectivité. L?agilité et l?adaptabilité ont reposé sur le fait de se parler. Ainsi ont été élaborés
des PDDQ ? plan de développement durable des quartiers.
Le travail a porté aussi sur la trame agricole, les haies, le sens du labour, le couvert forestier, qui
influencent la gravité des inondations. Rétablir des haies écrête la crue de 20%. La prise en compte
des inondations doit se faire par l?amont des bassins versants en premier lieu : ont été mis en place
des périmètres de vigilance foncière, avec des possibilités de préemption.
Entre janvier 2022 et juillet 2022, 6 plans de reconstruction de centres urbains ont été faits sur 9.
5 millions d?euros ont été consacré aux travaux du commissariat, dont 500000 pour les études.
- Le Rapport de la Commission d'enquête parlementaire52 chargée d'examiner les causes et
d'évaluer la gestion des inondations de juillet 2021 en Wallonie du 22 mars 2022 a fait 161
recommandations (voir annexe 6). Il ressort des entretiens menés par la mission les points clés et
les actions engagées suivants :
- La prévision des crues mobilise le service mobilité - infrastructures, en charge des canaux et
barrages, en interface avec l?opérateur de Météo (Institut royal météorologique - IRM). Les outils
n?étaient pas adaptés à ce phénomène, jamais vu. Il est nécessaire d?améliorer les outils pour des
événements exceptionnels.
- concernant la gestion de crise, la commission d?enquête parlementaire a fait des
recommandations, qui, pour les gouverneurs mettent l?accent sur la coordination des réseaux de
volontaires, la formation des élus, les plate-formes citoyennes. En pratique, la Croix rouge est
présentée comme étant en recul, et il est nécessaire de mettre en place un cadre spécifique de
mobilisation de bénévoles.
Il est ressorti des rex également la nécessité de revoir les modalités de coopération. La région
wallonne se dote d?une cellule d?expertise (CELEX) dont les avis éclairent le gouverneur sur
l?opportunité ou non de déclencher une phase provinciale. Un travail a aussi été mené pour
identifier les bâtiments au regard du risque inondation, non diffusé publiquement, qui permet de
cibler des alertes, pour les personnes qui s?abonnent (peu à ce jour). Les autorités belges peuvent
en effet communiquer directement avec la population, par e-mail ou sms, grâce au système d?alerte
BE-Alert (sur inscription ou géolocalisation).
- Le pompage repose sur plus de 190 pompes de régulation : il apparaît souhaitable d?en centraliser
la supervision pour pouvoir optimiser. Ces pompes ne servent pas qu?à la navigation. La région
travaille à un arrêté pour prioriser les usages de l?eau (en crise). Le schéma régional de la
ressource en eau fixe des débits autorisés. La gestion des ouvrages donne toujours lieu à des
discussions (avoir de l?eau en été/ être en mesure d?écrêter des crues). Les sections de
wateringues gèrent quelques pompes, ce qui peut conduire à des surplus dans les canaux en crise,
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mal anticipés. Le pompage qui est fait au quotidien ne correspond pas aux enjeux de la crue ?
dans ce cas, il faut prévoir d?autres outils comme les zones d?expansion de crues.
- La culture du risque s?est perdue, même dans des vallées très exposées. Les victimes ont été
des personnes qui ont pris leur voiture. La région met en place des systèmes de bénévolat pour
mobiliser des citoyens formés et engagés en cas de crise.
- Il est important d?avoir une approche pluridisciplinaire, mobilisant des spécialistes pour conseiller
les autorités, avec une information précise ? sur la localisation de l?aléa en particulier, et des termes
permettant une compréhension claire du risque de crue et de l?alerte. La région a travaillé pour que
cela soit fait, maintenant, de manière plus intégrée.
- Les cartes d?inondations sont faites pour un aléa 100 ans avec une majoration de 30% pour le
changement climatique. L?approche s?appuie sur du rex et de la modélisation. Mais la question se
pose de l?utilisation des crues de juillet 2021 dans la planification territoriale : l?événement est
tellement exceptionnel, faut-il en tenir compte ? Les choix de prévention sont précisés à l?échelle
locale, sur la base d?une approche coûts bénéfices. Il existe toujours un risque résiduel.
Dans la suite de ce rapport, le ddécret du 13 juillet 2023 a rénové le cadre de la gestion des risques
et des crises par la Région wallonne.
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Annexe 5. Rapport de la Commission d?enquête
parlementaire chargée d?examiner les causes et
d?évaluer la gestion des inondations de juillet
2021 en Wallonie du 22 mars 2022
Dans la suite des inondations du 14 juillet 2021, qui ont fait 41 morts en Wallonie, une commission
d?enquête parlementaire a rendu un rapport qui comporte 161 recommandations. Parmi elles,
certaines sont particulièrement intéressantes pour les travaux menés dans la suite des inondations
de fin 2023 début 2024 en France : elles figurent en gras dans la reprise du rapport ci-dessous.
*
Les inondations de juillet 2021 ont dramatiquement renforcé la prise de conscience de la réalité du
dérèglement climatique et de son abrupte proximité : le dérèglement climatique n?est pas une
problématique réservée aux générations de demain ou aux contrées lointaines mais constitue un
enjeu du temps présent et de notre continent.
Les inondations mettent en relief la nécessité de renforcer et accélérer, d?une part, la lutte contre
le changement climatique par la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) et, d?autre
part, l?adaptation de nos territoires, nos infrastructures, nos institutions, nos systèmes et notre
société afin de protéger la population des dérèglements climatiques en cours et à venir.
Il nous faut calibrer l?ensemble des politiques publiques à la hauteur des catastrophes auxquelles
il est possible de s?attendre et à la hauteur du risque défini.
Les auditions et les informations reçues par la Commission d?enquête parlementaire chargée
d?examiner les causes et d?évaluer la gestion des inondations de juillet 2021 en Wallonie amènent
à formuler les recommandations qui suivent.
1. PRÉVISIONS ET ALERTES MÉTÉOROLOGIQUES ET HYDROLOGIQUES
European flood awareness (EFAS)
1. Concernant l?usage du European Flood Awareness System (EFAS) par le Service Public de
Wallonie
(SPW) :
? engager résolument la Wallonie dans le réseau européen constitué par l?EFAS et ses différents
outils;
? intégrer l?usage de l?ensemble des outils proposés par l?EFAS (alertes formelles et informelles
« flood » et « flash flood » et « Map viewer ») dans les procédures du SPW;
? charger le SPW, conformément aux conditions d?accès à l?EFAS signées le 23 février 2015 par
la
Région wallonne, de formuler régulièrement des évaluations à l?EFAS sur la qualité de ses
prévisions;
? participer aux réunions annuelles et aux formations nécessaires;
? partager avec l?EFAS Dissemination Centre les données des stations pluviométriques et les
autres
outils de mesure qui peuvent l?être.
2. Concernant Copernicus Emergency Management Service, réduire le délai d?envoi de l?image
produite par satellite aux autorités compétentes.
Institution royal météorologique (IRM)
3. Développer et renforcer le partenariat entre le Service Public de Wallonie (SPW) et l?Institut
Royal Météorologique (IRM) afin principalement :
? de renforcer les capacités de modélisation météorologique pour bénéficier de prévisions
météorologiques à la maille la plus fine possible et ce en progressant dans la prévision et
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l?intégration des pluies dites convectives (intenses et concentrées) ;
? d?assurer la connaissance mutuelle des outils et données et leur interopérabilité ;
? d?organiser la communication par l?IRM au SPW de la liste exacte des communes concernées
par ses avertissements ;
? de solliciter la création d?un produit de l?IRM analysant l?impact plus détaillé des prévisions
météorologiques sur les sous-bassins versants comprenant un barrage.
4. Améliorer les conditions et le séquençage d?utilisation des codes d?alerte de l?IRM afin de pouvoir
déclencher des alertes jaunes, oranges et rouges sans attendre 48 heures, 24 heures ou 12 heures,
en cas de risque d?événements météorologiques de nature ou d?ampleur exceptionnelles.
5. Adapter les modèles de prévisions météorologiques aux modèles climatologiques prospectifs.
Direction de la Gestion Hydrologique du ServicePublic de Wallonie Mobilité et
Infrastructures
(DGH SPW MI)
6. Afin d?améliorer la capacité de prévision et de communication de la Direction de la Gestion
Hydrologique du Service Public de Wallonie Mobilité et Infrastructures (DGH SPW MI), il est
recommandé :
? d?intégrer progressivement dans le modèle de prévision hydrologique « HydroMax » les
prévisions météorologiques du European Centre for Medium- Range Weather Forecasts (ECMWF)
et les données issues des cours d?eau non navigables (Aqualim);
? de renforcer les capacités de modélisation hydrologique en prenant en compte un facteur de
risque
plus grand lié à l?augmentation des phénomènes climatiques extrêmes;
? d?intégrer l?ensemble des cours d'eau dans le système d'alarme et d'alerte de la DGH SPW MI
ainsi
que la problématique du ruissellement;
? d?opérationnaliser le projet « Walhydro » en regroupant ainsi, au sein d?une même base de
données, l?ensemble des données pertinentes en matière d?inondations gérées par le SPW, et en
intégrant les réseaux « Aqualim » et « Wacondah » pour créer un réseau métrologique unique;
? de disposer des outils disponibles pour ouvrir l?ensemble des produits fournis par l?Institut Royal
Météorologique (IRM) et le European Flood Awareness System (EFAS) au SPW et aux autres
autorités
régionales;
? de développer des modèles d'alarme spécifiquement liés aux phénomènes de « flash flood »;
? d?appliquer la Directive (UE) 2019/1024 du Parlement européen et du Conseil du 20 juin 2019
concernant les données ouvertes et la réutilisation des informations du secteur public aux données
utilisées et générées par Walhydro et HydroMax et de rendre ces données accessibles pour les
gestionnaires et les autorités publiques et, dans la mesure du possible, pour les citoyens;
? d?étudier et analyser dans le détail le risque d'inondation par ruissellement afin de mieux
comprendre ses processus de fonctionnement dans les vallées (détermination de couloirs
préférentiels d'écoulement, etc.).
7. Clarifier et rendre publics la terminologie des codes et seuils de pré-alerte et d?alerte de crues
afin de mieux rendre compte des risques d?événements hydrologiques d?une nature exceptionnelle.
Dans ce cadre, réfléchir à la possibilité de lancer des pré-alertes ou alertes de crue sur la base des
prévisions météorologiques sans attendre le résultat des prévisions hydrologiques.
8. Veiller à ce que la DGH SPW MI adresse une communication compréhensible, signifiante et
directement exploitable aux autorités régionales et communales compétentes ainsi qu?à la
population.
9. Établir un canevas de bulletin d?information, des messages de pré-alerte, d?alerte et concernant
la situation des eaux (données chiffrées, degré de gravité), réalisé en coopération avec le Centre
régional de crise (CRC-W) et l?Union des Villes et Communes de Wallonie (UVCW).
10. Opérationnaliser une modélisation plus précise des sous-bassins versants, afin de pouvoir
traduire effectivement l?impact des crues sur le territoire, en ce compris l?impact de délestages
éventuels en aval des barrages-réservoirs.
11. Améliorer les stations de mesures hydrométriques afin, d?une part, d?agrandir la gamme de
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mesure des débits avant une situation de défaillance et, d?autre part, d?augmenter leur résistance.
12. Améliorer la collaboration avec les services hydrologiques régionaux (bruxellois et flamand) et
des pays limitrophes, notamment en apportant un point d?attention concernant les barrages et leurs
impacts.
13. En concertation avec les médias, tant publics que privés, intégrer les données hydrologiques
vulgarisées dans les bulletins météorologiques grand public en cas de prévision de crues et, le cas
échéant, prévoir la diffusion de messages de pré-alertes et d?alertes.
14. Renforcer la capacité d?évaluation préliminaire des risques d?inondations visée par l?article 4
de la Directive 2007/60/CE du Parlement Européen et du Conseil du 23 octobre 2007 relative à
l?évaluation et à la gestion des risques d?inondation, en tenant compte, parmi les différents
éléments de cette évaluation, de la description des inondations survenues dans le passé et ayant
eu des impacts négatifs significatifs.
Centre de la permanence d?exploitation (PEREX) 4.0
15. Finaliser rapidement l?opérationnalisation du Centre de la Permanence d?Exploitation (Perex)
4.0.
16. Concernant le mécanisme de veille active des cours d?eau et barrages, définir une phase
spécifique à partir de laquelle la situation nécessite un mécanisme de permanence opérationnelle.
17. Intégrer dans les meilleurs délais la veille des seuils de préalerte et d?alerte hydrologiques au
sein du Centre de la Perex 4.0.
18. Assurer progressivement une connectivité optimale à l?ensemble des sites sensibles régionaux.
19. S?assurer que le Centre de la Perex 4.0 est en mesure de visionner en temps réel des sites
sensibles du réseau hydrologique wallon, en ce compris les barrages.
2. PRÉVENTION DES RISQUES ET GESTION DE CRISE
Culture du risque
20. Dans l?ensemble des procédures de gestion, de construction ou de rénovation des
infrastructures publiques, tenir compte du risque d?aggravation des impacts liés aux phénomènes
climatiques extrêmes.
21. Former davantage d?agents publics à la planification d?urgence et à la gestion de crise.
22. Développer davantage d?interactions entre les coordinateurs en planification d'urgence
(PLANU), les conseillers en aménagement du territoire et urbanisme (CATU) et les fonctionnaires
délégués.
23. Collaborer avec le Centre fédéral d?excellence pour le Climat dans ses travaux de coordination
de programmes de recherche sur l'évolution des conditions météorologiques extrêmes dans le futur
et développer, en association avec l?Organe de concertation pour l?analyse de la menace « Climat
» (OCAM Climat) et les services fédéraux concernés, une expertise en termes de gestion des
risques climatiques liés aux compétences régionales, particulièrement en ce qui concerne les
inondations.
24. Créer une culture du risque au sein des services publics en coordination avec les différentes
autorités en charge du secours.
25. Développer un plan d?urgence d?aide psychosociale en cas de crise majeure à l?attention
des victimes et en assurer la coordination avec la Fédération Wallonie-Bruxelles et la
Communauté germanophone.
26. Mettre en place une banque de données sécurisée reprenant les différents numéros d?urgence
et l?ensemble des moyens disponibles, qui seront actualisés.
27. Créer une logistique efficace en matière d?aides, particulièrement en organisant les prêts et les
dons de matériels, la possibilité de les entreposer dans un lieu prévu à cet effet, la mise à
disposition de logements ainsi qu?un registre d?entreprises et d?organisations susceptibles
d?apporter leur soutien en cas de crise majeure.
28. En coordination avec le Centre de crise national (NCCN), veiller à ce que des équipements
efficaces et adéquats soient disponibles en permanence.
29. Dès l?émission d?un code jaune par l?Institut Royal Météorologique (IRM), appréhender
la situation en approche et par équipes multidisciplinaires et effectuer des points réguliers
sur l?évolution des informations.
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30. Élaborer, en bonne intelligence avec les communes concernées, des cartes d?évacuation et de
mise à l?abri, lisibles, y compris en cas de délestage préventif, accompagnées d?un inventaire des
sites pouvant accueillir les personnes évacuées.
31. Permettre la mutualisation des moyens en planification d?urgence à un niveau pluri-communal.
32. En parfaite cohérence avec les Plans généraux d?urgence et d?intervention (PGUI), effectuer
régulièrement des exercices d?évacuation et de mise à l?abri de la population ainsi que des stress
tests liés aux infrastructures sensibles, le cas échéant à un niveau pluri-communal.
33. Sur base des partenariats existants entre les fédérations de mouvements de jeunesse et les
autorités publiques ainsi que sur les procédures et bonnes pratiques mises en oeuvre lors des
inondations de juillet 2021, inclure dans les plans généraux d?urgence et
d?intervention (PGUI) une procédure d?évacuation relative aux camps de vacances et de jeunesse
et l?étendre, de façon adaptée, aux sites de camping et habitations permanentes.
34. Encadrer la participation citoyenne dans la planification et la gestion d?urgence, en
créant une réserve de citoyens volontaires au niveau local et en analysant la possibilité
juridique de couvrir par une assurance les interventions de ces volontaires en cas de crise.
35. Offrir à des points de contact de quartier la possibilité d?avoir une formation de base permettant
de les familiariser à la culture du risque.
36. Créer un cadre permettant une organisation avec les bénévoles, pendant et après la
catastrophe, et mettre à disposition les lieux et le matériel nécessaires pour rendre cette aide
efficace.
37. Formaliser la délégation pour absence (applicables aux bourgmestres, gouverneurs de
province, fonctionnaires, etc.) sur la base de critères préalablement définis ainsi que sur
l?étendue de la délégation.
38. S?assurer que l?ensemble des coordonnées de contact des personnes désignées par
délégation sont bien transmises aux autorités supérieures et aux différents responsables des corps
d?intervention.
39. Organiser une reconnaissance officielle des événements dramatiques des inondations de juillet
2021 et de leurs victimes ainsi que des bénévoles qui leur sont venus en aide.
40. Structurer un travail de mémoire des inondations et sa diffusion afin d?assurer dans la durée la
sensibilisation aux risques d?inondations.
Centre régional de crise (CRC-W)
41. Adopter un décret relatif au Centre régional de Crise de Wallonie (CRC-W) ayant pour objectifs
d?en clarifier les rôles et les missions, d?en moderniser le fonctionnement et d?en faire la porte
d?entrée unique des services régionaux en matière d?expertise du risque. Complémentairement,
préciser les missions du Collège des Gouverneurs wallons ainsi que son articulation avec le CRC-
W.
42. Une fois par législature, publier un rapport décrivant l?état d?anticipation et de prépara-
tion des réponses de la Wallonie face aux risques naturels ou à la survenance d?accidents
majeurs.
43. Renforcer le rôle du CRC-W en tant qu?interlocuteur de référence pour les gestionnaires de
crise, lorsqu?une phase de crise est déclenchée à l?échelon local, provincial ou fédéral.
44. Clarifier, par le biais de protocoles de collaboration, les chaînes de communication et de res-
ponsabilité entre le CRC-W, les services du SPW et des unités d?administration publique (UAP) qui
peuvent être mobilisés.
45. Optimaliser le rôle du CRC-W en tant que coordinateur de mobilisation de l?expertise et des
ressources liées aux risques, notamment par le biais de la mise sur pied de groupes multidiscipli-
naires, à l?image de la Cellule d?Expertise (CELEX), afin de favoriser la communication entre les
acteurs concernés, et en traduisant de manière facilement compréhensible et exploitable
ces expertises pour les acteurs de terrain.
46. Préciser le rôle du CRC-W et des acteurs de la gestion de crise ? Centre de crise national
(NCCN), gouverneurs de province, communes ? en matière, entre autres, de lutte contre les « fake
news », d?activation du Copernicus Emergency Management Service et de coordination de l?utili-
sation des images aériennes disponibles.
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47. Modifier la dénomination du CRC-W pour qu?elle corresponde mieux à son rôle de centre du
risque et d?expertise et d?appui à la gestion de crise.
48. En situation de crise ou de phase provinciale ou fédérale, placer le CRC-W sous l?autorité
directe du Secrétaire général du SPW, ce dernier disposant, en coordination avec les Directions
générales concernées du SPW, d?un pouvoir d?injonction.
49. En temps de crise, prévoir que le Secrétaire général du SPW puisse avoir connaissance des
injonctions ministérielles données aux directeurs généraux.
50. Dans la chaîne de diffusion de messages d?alerte des crues, prévenir l?ensemble des acteurs
concernés par la gestion de l?eau (producteurs et distributeurs d?eau, épurateurs, services de dé-
mergement, ...).
51. Former le personnel du CRC-W à vulgariser les informations qu?il reçoit et doit répercuter.
52. Donner d?initiative, à toutes les communes, accès aux communications du CRC-W, en complé-
ment de la possibilité d?abonnement.
53. Confier au CRC-W la présidence et le pilotage du Groupe Transversal Inondations (GTI).
54. Lorsqu?une crise impliquant les compétences régionales wallonnes a un impact sur les compé-
tences communautaires, prévoir la présence au sein du CRC-W d?un représentant de ces entités.
55. Octroyer un statut officiel au GTI en tant qu?organe de pilotage stratégique et coordonné des
Plans de gestion des risques d?inondations (PGRI) au niveau du Gouvernement, en précisant no-
tamment son rôle, ses missions et sa composition et en élargissant son champ d?action à la pré-
paration de la gestion de crise pour une amélioration de la coordination entre les membres du GTI.
56. Préciser la mission du GTI en ce qui concerne la prévention des inondations par débordement
et ruissellement.
57. Confier au GTI la présentation d?un rapport par législature au Parlement sur deux volets : l?ac-
tivité du GTI, d?une part, et le suivi de chacune des mesures du PGRI, d?autre part.
Les gestionnaires de crise (Fédéral, Province, Commune)
58. Dans le cadre de l?arrêté royal du 22 mai 2019 relatif à la planification d'urgence et la gestion
de situations d'urgence à l'échelon communal et provincial et au rôle des bourgmestres et des
gouverneurs de province en cas d'événements et de situations de crise nécessitant une coordina-
tion ou une gestion à l'échelon national, solliciter de l?Autorité fédérale la clarification du comman-
dement dans la gestion de crise. Déterminer clairement les mécanismes de coopération entre dif-
férentes entités dans l?hypothèse d?une succession de déclenchement de phases d?urgence. Rap-
peler le rôle et la responsabilité de chaque intervenant dans chaque phase d?urgence (NCCN,
Centre de crise provincial, Centre de crise communal).
59. Intégrer une formation complète à la gestion de crise pour les personnes responsables dans la
chaine de commandement.
60. Organiser la formation, à rythme régulier, de l?ensemble des membres des collèges com-
munaux à la planification d?urgence et la gestion de crise et rendre obligatoire cette forma-
tion pour les bourgmestres, y compris les faisant fonction. Inclure dans les formations les
éléments de compréhension et d?interprétation des alertes reçues dans le cadre de la ges-
tion de crise.
61. Rendre obligatoire la formation à la planification d?urgence et à la gestion de crise pour les
coordinateurs en planification d'urgence (PLANU) et les agents qui les remplacent, clairement dé-
signés, pour les gouverneurs de province et les commissaires d?arrondissement, ainsi que pour les
directeurs généraux et directeurs généraux adjoints des communes et provinces, et pour le Secré-
taire général et les directeurs généraux du SPW. Inclure, dans les formations des agents commu-
naux et des élus, les éléments de compréhension et d?interprétation des alertes reçues dans le
cadre de la gestion de crise.
62. Mettre sur pied, à une échelle pluri-communale, le partage d?expériences et de bonnes
pratiques et facilitant, le cas échéant, la mutualisation et le remplacement des agents com-
pétents en matière de PLANU.
63. Intégrer la gestion des risques liés aux sites dangereux ainsi que la lecture et la compréhension
de données liées aux risques dans les formations des PLANU.
64. Organiser des formations au portail national de sécurité Incident & Crisis Management System
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(ICMS) pour les acteurs concernés et identifier rapidement le responsable de ces formations.
65. Diffuser les règles d?utilisation de l?ICMS préalablement et de manière claire aux parties pre-
nantes.
66. Rappeler le rôle de l?ICMS, des gouverneurs de province et du NCCN dans la chaine de com-
mandement.
67. Analyser la pertinence des informations à introduire dans l?ICMS.
68. Intégrer systématiquement les gestionnaires de barrages dans le système ICMS lorsque ceux-
ci sont concernés directement ou indirectement.
69. Formaliser et systématiser l?organisation de débriefings et de retours d?expérience des gestion-
naires de crise, en ce compris avec les structures de soutien et d?expertise (CRC-W, GTI, etc.),
afin de pouvoir tirer les enseignements des événements rencontrés et les intégrer dans le proces-
sus d?élaboration des Plans de gestion des risques d?inondations (PGRI).
70. En matière d?alerte et de communication d?urgence :
? généraliser l'utilisation de l?outil « BE-Alert » par les autorités locales;
? augmenter le taux d?inscription de la population à BE-Alert;
? améliorer un réseau radio « Astrid », « Blue Light Mobil » ou similaire accessible aussi pour les
autorités locales (coordinateur planification d'urgence » (PLANU) et/ou bourgmestre) ; complémen-
tairement, développer toute ressource alternative permettant d?assurer une communication entre
services en cas de saturation ou défaillance des réseaux des opérateurs téléphoniques, du réseau
électrique et d?Internet. Lors de la transmission d?une information cruciale, l?émetteur doit vérifier
la réception du message par le destinataire. Paramétrer l?échelle de gravité des circonstances et
hiérarchiser les listes de numéros selon cette échelle.
71. Organiser une communication de crise centralisée et uniformisée qui parvienne au destinataire
dans les trois langues nationales.
72. Assurer, sur les réseaux sociaux, une communication large et efficace en période de crise pour
permettre l?adhésion de la population aux mesures envisagées et lutter contre les « fake news ».
73. En plus de l?arsenal existant, des médias et des réseaux sociaux, établir une démarche de
communication de terrain telle que, par exemple et selon les cas :
? la constitution d?un réseau de points de contact par quartier et, le cas échéant, son activation en
cas de crise;
? l?utilisation de haut-parleurs dans les quartiers;
? le porte-à-porte;
? les sirènes.
74. Sans remise en cause de l?articulation entre les différents acteurs, demander au Gouvernement
wallon de solliciter le Gouvernement fédéral afin de :
? évaluer le mode de fonctionnement entre le Centre de crise national (NCCN) et les centres de
crise provinciaux afin de fluidifier la transition lors du passage d?un niveau de gestion de crise à un
autre;
? faciliter l?utilisation des moyens du NCCN lors d?une phase de crise provinciale ou d?une phase
de crise communale;
? renforcer la coopération du NCCN avec les services des gouverneurs de province et les com-
munes;
? développer au niveau du NCCN une mission d?appréhension des risques climatiques et environ-
nementaux au même titre que les risques majeurs déjà pris en compte par le NCCN;
? renforcer le rôle du NCCN dans la mobilisation et la mise à disposition d?une expertise spécialisée
auprès des autres niveaux de gestion de crise.
75. Actualiser chaque Plan général d?urgence et d?intervention (PGUI) au moins tous les six ans,
en incluant une concertation supra-locale. Généraliser dans chaque commune la prise en compte
de l?enjeu des inondations dans l?élaboration de son PGUI, incluant une identification des chaînes
de communication, un plan de communication de crise et un plan de mise à l?abri et d?évacuation
en fonction de la localisation des risques.
76. Clarifier les interlocuteurs destinataires (mandataires et/ou agents) des messages d'alerte et
d'avertissement du NCCN et du CRC-W.
77. Assurer une capacité pour les gouverneurs de province à mobiliser, en cas de crise majeure,
une réserve de personnel parmi les agents de l?administration provinciale.
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78. Organiser, à partir des services des gouverneurs de province, une mise à jour régulière et
effective des coordonnées d'urgence des autorités locales et acteurs de la gestion de crise.
79. Évaluer le mode de déploiement et de fonctionnement des postes de commandement opéra-
tionnel (PC Ops) pour une crise qui touche plusieurs zones de secours.
80. Identifier un ou plusieurs locaux rapidement aménageables où peut se réunir la Cellule com-
munale de crise en toute sécurité et commodité.
81. Demander au Gouvernement wallon de solliciter le Gouvernement fédéral afin qu?il prévoit une
procédure claire d?urgence interzones et fixant quel commandant de zone de secours dirige les
opérations.
82. Prévoir la transmission des ordres du jour et des procès-verbaux des réunions des Collèges
de zones de secours aux gouverneurs de province.
83. Évaluer la structuration territoriale des zones de secours, en concertation avec les autorités
locales.
84. Demander au Gouvernement wallon de solliciter le Gouvernement fédéral afin qu?il poursuive
la réflexion sur la possibilité de réduire le nombre de zones de secours.
3. LES BARRAGES ET OUVRAGES D?ART
Cadre légal
85. Créer un cadre légal pour la gestion et la sécurité des barrages-réservoirs publics et privés
situés en Wallonie, ainsi que pour leur contrôle externe ayant pour objectif de :
? garantir la sécurité des ouvrages en tout temps;
? assurer un fonctionnement optimal des infrastructures, équipements et outils utilisés en fonction
des missions attribuées (sécurité, réserve d?eau potable, écrêtage, étiage, production d?énergie,
loisirs);
? formaliser des procédures et priorités claires pour les agents opérationnels;
? organiser les modalités d?un contrôle régulier (fiches techniques d?inspection et stress tests ex-
ternes);
? organiser les modalités d?un dialogue entre les gestionnaires des barrages -réservoirs de Wallo-
nie.
86. Sans attendre l?établissement de ce cadre légal, organiser dans les meilleurs délais un audit
externe des barrages-réservoirs.
87. Consacrer le principe de ces audits externes au minimum une fois tous les 5 ans, incluant
l?organisation de stress tests.
88. Prendre en compte, dans le cadre réglementaire, des avis et recommandations émis par la
Commission internationale des grands barrages (CIGB), notamment des cartes d'inondation en
aval des ouvrages en cas de défaillances.
Gestion des barrages et ouvrages d?art
89. Modéliser les parties du bassin versant en amont des barrages afin de pouvoir estimer de façon
plus fine et en temps réel les besoins à couvrir par la réserve d?empotement des barrages-réser-
voirs.
90. En concertation avec la Société wallonne des eaux (SWDE) :
? rendre la gestion des barrages-réservoirs plus dynamique, avec une réserve d?empotement évo-
lutive en fonction des moments de l?année, des prévisions et des données météorologiques et
hydrologiques, ainsi qu?un renforcement des possibilités de manoeuvre de la part des gestionnaires;
? revoir en conséquence le contrat de gestion de la SWDE, la convention entre la SWDE et le
Service Public de Wallonie Mobilité et Infrastructures (SPW MI) et les notes de manutention des
différents barrages-réservoirs.
91. Autoriser le Service Public de Wallonie (SPW) à imposer par injonction à la SWDE et à tout
gestionnaire de barrage ou exploitant de centrale électrique, un turbinage immédiat en situation de
crise.
92. Dans le même cadre, revoir la méthode de calcul du volume entrant (BT) pour y inclure les
facteurs liés à l'environnement (ruissellement, saturation des sols) et aux prévisions.
93. Concernant les modèles prévisionnels propres à la gestion des barrages :
? équiper les barrages d?outils de prévision permettant au gestionnaire de réaliser des prévisions
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crédibles de l?impact du ruissellement sur la gestion de l?ouvrage;
? développer un modèle mathématique permettant d?estimer le volume d?eau entrant dans l?ou-
vrage
en fonction de prévisions météorologiques et d?un ruissellement donné.
94. Modéliser l?impact de lâchers de barrage sur le bassin versant en aval, en intégrant égale ment
l?impact du ruissellement sur les bassins versants et actualiser sur cette base les informations de
la note de manutention sur la célérité de l?onde de crue.
95. Préciser le mécanisme de décision relatif à la gestion anticipative et au délestage des barrages-
réservoirs en cas d?avertissement, de pré-alerte ou d?alerte de crue afin qu?il fasse l?objet d?une
concertation de l?agent gestionnaire du barrage avec la Direction des barrages -réservoirs du Ser-
vice public de Wallonie Mobilité et Infrastructures (DBR SPW MI), la DGH SPW MI et leur hiérarchie,
lorsque le barrage est géré directement par le SPW. Une procédure de concertation
sera mise en oeuvre concernant les concessionnaires des barrages privés.
96. Intégrer dans la gestion des barrages un plan d'alarme prévoyant une montée en puissance
selon différents niveaux d'alarmes avec des règles à respecter pour chaque niveau afin de clarifier
le rôle des gestionnaires des barrages.
97. En cas de crise, prévoir un mécanisme de permanence opérationnelle pour la gestion des
barrages-
réservoirs.
98. Étudier l?opportunité et les effets potentiels d?une interconnexion entre les barrages.
99. Étudier les possibilités d?adapter les aménagements en aval des barrages -réservoirs afin
d?augmenter la capacité de restitution en cas de nécessité.
100. Analyser l?opportunité d?adapter les turbines au sein des barrages-réservoirs dans un objectif
de production d?énergie verte.
101. Augmenter et systématiser les échanges d?expérience et de bonnes pratiques entre les ges-
tionnaires des barrages en Wallonie, en Belgique et à l?international.
102. Demander au Gouvernement wallon de solliciter le Gouvernement fédéral afin d?envisager
une modification de la loi du 17 juin 2016 relative aux marchés publics en sorte d?intégrer les mar-
chés publics relatifs aux barrages dans la catégorie des secteurs spéciaux.
Prévention des risques liés à la gestion des barrages
103. Organiser et former les équipes de gestionnaires des barrages en matière de gestion des
risques (internes et externes) et de crise.
104. Organiser la participation des gestionnaires des barrages aux réunions du GTI.
105. Systématiser et formaliser la communication entre les gestionnaires des barrages-réservoirs
et les autorités locales, les zones de secours et les zones de police en prévoyant des réunions
régulières.
106. Établir dans les meilleurs délais des Plans particuliers d'urgence et d'intervention (PPUI) pour
l?ensemble des barrages-réservoirs situés en Wallonie, à l?initiative des gouverneurs de province
et en associant les autres parties prenantes, et intégrer les risques propres au fonctionnement des
barrages et ouvrages dans les PGUI des provinces et communes concernées, incluant un plan de
mise à l?abri et d?évacuation.
107. Associer les gestionnaires des barrages à la planification d?urgence au niveau des gouver-
neurs de province et des communes.
108. Inclure les barrages-réservoirs et les barrages au fil de l?eau dans les Plans de gestion des
risques d?inondations (PGRI).
109. Améliorer la gestion et la protection des chantiers significatifs relatifs aux ouvrages hydrau-
liques et autres ouvrages d?art sur les cours d?eau, en analysant et en intégrant les risques en cas
de crue.
4. GESTION DES COURS D?EAU
110. Préconiser une approche pluridisciplinaire par sous-bassin versant, en tenant compte
des enjeux en amont et en aval, afin de contribuer à la protection des personnes et des
biens.
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111. En tenant compte des enjeux en amont et en aval et des engagements européens en
matière de gestion des cours d?eau, procéder à un audit des modalités de gestion et d?en-
tretien de ces derniers.
112. Evaluer l?intérêt de renforcer la coordination existante des actes d?entretien régulier à
travers l?application du Programmes d?Actions sur les Rivières pour une approche Intégrée
et Sécurisée (PARIS).
113. En tenant compte des enjeux en amont et en aval, lancer une étude sur l?incidence de
l'artificialisation des cours d'eau sur le risque d?inondation.
114. Développer des dispositifs de prévention des risques d?inondation en favorisant les
mesures de rétention des eaux (zones d?immersion temporaire, reméandration, élargisse-
ment du cours d?eau, remise à ciel ouvert, etc.).
115. Analyser rapidement l?opportunité de revoir la catégorisation des cours d?eau en vue d?opti-
maliser leur gestion tout en respectant les fonctions et besoins spécifiques à chaque caté-
gorie de cours d?eau.
116. Communiquer aux autorités locales concernées, en ce compris les zones de police et
les zones de secours, les cartes d?aléas d?inondation, les cartes des zones inondables et
les cartes de risque, après chaque renouvellement de celles-ci.
117. Insérer dans les PGRI les masters plans établis à l?échelle des sous -bassins versants.
118. Intégrer dans les PGRI une gestion territoriale proactive des risques d?inondation in-
cluant les mesures visant en particulier l?amélioration de la qualité des sols, l?augmentation
de leur capacité de rétention et de ralentissement du ruissellement et l?augmentation de
l?infiltration de l?eau.
5. AMENAGEMENT DU TERRITOIRE ET RECONSTRUCTION
Cadre légal
119. Étudier la manière la plus adéquate de modifier le cadre légal assurant la prise en
compte des cartes d'aléas d?inondations lors de la délivrance des permis d'urbanisme.
120. Dans le cadre des permis nécessitant des mesures hydrologiques particulières (bassins
d?orage, noues, etc.), contrôler la mise en oeuvre effective de ces mesures.
121. Adapter le cadre permettant de renforcer le recours aux avis de la Cellule Gestion Intégrée
Sol ? Érosion ? Ruissellement (GISER) du SPW en fonction de l?impact du projet analysé sur le
risque.
122. Mieux faire connaître l?existence de la Cellule GISER et organiser la possibilité pour un porteur
de projet de construction ou d?urbanisation de demander, avant la phase d?instruction du permis,
un avis indicatif global préalable intégrant les analyses de la Cellule GISER, des gestionnaires de
cours d?eau, des gestionnaires d?égouttage et de tout autre acteur pertinent, selon la localisation.
123. Instaurer un guide de construction pour les zones d'habitation en développement sur les pla-
teaux des bassins versants qui ont une influence sur le réseau hydrographique.
124. Actualiser et faire connaître les référentiels de construction durable pour adapter le bâti aux
risques de phénomènes extrêmes.
125. Informer les propriétaires et les locataires des bonnes pratiques en matière d?aménagement
ou de construction afin de rendre les maisons moins vulnérables aux risques climatiques et envi-
ronnementaux (mise des installations à l'étage, architecture bioclimatique, etc.).
126. Mettre à jour les cartes des zones inondables et les cartes d?aléas d?inondations, prio-
ritairement dans les zones sinistrées. Cette mise à jour prendra en considération, à titre
d?exemple :
? les risques de retour plus fréquent des phénomènes climatiques extrêmes;
? les processus aggravants (par exemple urbanisation et artificialisation des sols, impact des em-
bâcles, etc.);
? les effets de gestion des barrages dans chaque scénario de la note de manutention;
? les nappes phréatiques et leurs remontées potentielles;
? l?évaluation par les communes après un événement d?inondation.
Dans l?attente de cette mise à jour :
? s?assurer que les autorités locales soient parfaitement informées de la portée et de la signification
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réelle des cartes des zones inondables;
? intégrer une version utilisable de ces cartes dans tous les outils de Système d?informations géo-
graphiques (SIG) utilisés par les communes;
? mener une démarche d?information et de sensibilisation à l?égard de la population et des parties
prenantes (architectes, notaires, urbanistes, etc.), relative à la portée et la signification réelle des
cartes des zones inondables et des cartes d?aléa d?inondations.
127. Finaliser et publier les cartes spécifiques du risque en aval des ouvrages en cas de défail-
lances.
128. Fixer les trajectoires de réduction de l?artificialisation des sols par bassins, en appor-
tant les modifications nécessaires au Schéma de développement territorial (SDT) et au Code
du développement territorial (CoDT) dans le prolongement des recommandations du rap-
port du Groupe d?experts « artificialisation ».
129. Entretemps, renforcer les mesures concrètes de lutte contre l?imperméabilisation des sols,
notamment à partir du travail en cours en matière de gestion à la source des eaux pluviales.
Mesures particulières
130. Adapter, dans toute la mesure du possible, les bâtiments menacés par les crues pour
qu'ils résistent aux inondations, en particulier pour les collectivités, y com- pris pour les
structures existantes.
131. Prendre en compte et systématiser le calcul d'une revanche (distance entre le niveau de l?eau
et le sommet d?une berge ou le bord inférieur d?un pont) lors des projets d'aménagement de cours
d'eau et d'aménagement des ouvrages de franchissement.
132. Avoir une vue coordonnée dans les zones frontalières entre différentes communes afin d?avoir
une approche globale en matière d?aménagement du territoire.
133. Augmenter la capacité d?infiltration des sols à travers :
? l?optimalisation prévue dans le plan stratégique de la Politique agricole commune (PAC)
en matière de cultures (couverture hivernale, agroforesterie, etc.);
? la poursuite du programme « Yes We Plant » de plantation d'arbres et de haies ainsi que
le renforcement de la perméabilité des sols forestiers;
? l?augmentation de la perméabilisation des sols et de la rétention de l?eau de pluie sur site
dans tous les projets de réhabilitation et de rénovation.
134. Élaborer des études de ruissellement à l'échelle de quartiers ou de communes avec
définition précise du risque et mise en place de mesures constructives tels que des nou-
veaux collecteurs, infiltration, protection localisée d'objets, etc.
Reconstruction
135. Mettre en place des « masters plans » afin d?organiser la reconstruction et la prévention
des risques d?inondations, dans une approche cohérente et planifiée à l?échelle des sous -
bassins versants, en commençant par la Vesdre, par les vallées sinistrées et, le cas échéant,
par tout autre sous-bassin où cela s?avérerait nécessaire. Ces « masters plans » constituent
des outils d?aide à la décision et pourraient contenir des indications, notamment relatives
à :
? des mesures dans les zones non urbanisées pour augmenter la capacité de rétention des
sols et ralentir le ruissellement (couverture végétale permanente, forêts résilientes, planta-
tion de haies, pratiques agricoles, etc.);
? des mesures dans les zones urbanisées pour augmenter l?infiltration de l?eau (verdurisa-
tion, désartificialisation, préservation de friches naturelles, matériaux drainants, etc.);
? des projets d?aménagement de cours d?eau visant à réduire la vulnérabilité des zones
urbanisées (zone d?immersion temporaire, reméandration, etc.). Ces « masters plans » pro-
poseront des mesures concrètes à décliner, sur base des procédures prévues par la légi-
slation, dans des révisions de plans de secteur et dans les outils de planification commu-
nale.
136. Protéger le réseau écologique wallon.
137. Garantir le maintien du lien social dans les vallées.
138. Assurer une reconstruction des berges des cours d?eau, par priorité dans les zones
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urbaines ou urbanisées, en intégrant l?évolution du comportement des cours d?eau à la suite
des crues de juillet 2021 et en se basant sur les résultats des études hydrologiques et hy-
drauliques et des différents scénarios d?aménagement envisagés.
139. Dans le cadre des opérations de post-crise, réexaminer les procédures applicables afin
d?assurer à tous l?accessibilité aux démarches administratives, de simplifier et d?accélérer,
dans toute la mesure du possible, l?ensemble des dispositifs (formalités, marchés publics,
tutelle) et de prévenir la surcharge administrative.
140. Mobiliser toute forme de partenariats, entre des partenaires publics et/ou des publics-
privés, dès qu?il y a lieu, et gérer la mise en réseau des communes, intercommunales, so-
ciétés publiques et privées dans leur mission d?aides, tant au niveau des déchets qu?aux
niveaux d?évacuation, de relogement, de démolition, de travaux en urgence, etc.
141. Conclure un accord de coopération entre la Wallonie et la Communauté germanophone afin
de fluidifier la mise en oeuvre concrète des aides et de clarifier la répartition des rôles entre les
deux entités.
142. Demander au Gouvernement wallon de solliciter le Gouvernement fédéral afin d?envisager
une révision de l?arrêté royal du 22 mai 2019 relatif à la planification d'urgence et la gestion de
situations d'urgence à l'échelon communal et provincial et au rôle des bourgmestres et des gou-
verneurs de province en cas d'événements et de situations de crise nécessitant une coordination
ou une gestion à l'échelon national en sorte de préciser la procédure à suivre et les responsabilités
des acteurs impliqués dans le cadre de phases de reconstruction après une situation de crise.
143. Modifier les articles L1222-3 à L1222-9 du Code de la démocratie locale et de la décentrali-
sation en vue de permettre au collège communal de gérer l?ensemble de la procédure de marché
public en cas de reconstruction urgente due aux dégâts causés par une situation de crise.
144. Solliciter de l?Autorité fédérale qu?elle demande à l?Union européenne, relativement au Fonds
de solidarité de l?Union européenne :
? une augmentation des moyens budgétaires en ce qui concerne les catastrophes naturelles ;
? une accélération des procédures de liquidation des crédits budgétaires au bénéfice des autorités
publiques concernées, en vue de permettre une mise à disposition de ces crédits dans les six mois.
6. SERVICE PUBLIC DE WALLONIE ET FONCTION PUBLIQUE
Organisation
145. Améliorer la transversalité au sein du Service Public de Wallonie (SPW) pour sortir
d?une gestion en silos.
146. Renforcer le rôle de coordination du secrétariat général du SPW en améliorant la transversa-
lité entre les directions générales.
Développer une culture organisationnelle en ce sens, en particulier :
? au niveau des objectifs transversaux fixés par le Gouvernement ;
? en termes de dynamique de projets (y compris à durée limitée) ;
? en termes d?anticipation et gestion du risque en situation de crise ;
? en termes de capacité pour le Comité Stratégique (COSTRA) à délibérer d?enjeux communs à
plusieurs Directions générales.
147. Déployer une politique de la fonction publique permettant de moderniser l?administration et
d?instaurer une culture d?efficience au sein des services du SPW.
148. Définir le rôle du COSTRA en situation de crise afin d?améliorer le fonctionnement, la coordi-
nation et la communication au sein du SPW et préciser son articulation avec les missions du Centre
régional de crise (CRC-W).
149. Développer, au sein du SPW, des outils permettant de mutualiser la collecte de données pour
estimer les dégâts sur le territoire des communes concernées en temps de crise.
Ressources humaines
150. Veiller à une meilleure transmission des savoirs, en particulier pour les fonctions critiques, en
cas de remplacement de personnel.
151. Établir en permanence un cadastre récurrent des ressources humaines et matérielles mobili-
sables au sein du Service Public de Wallonie (SPW) en situation de crise.
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152. En termes de personnel, renforcer l?attractivité du SPW en permettant la valorisation de l?ex-
périence utile et l?ancienneté acquises dans le secteur privé.
153. Augmenter l?efficacité des procédures afin d?assurer une exécution plus rapide des recrute-
ments décidés par le Gouvernement wallon.
154. Demander au Gouvernement wallon de solliciter de Gouvernement fédéral afin de se concer-
ter avec les organisations représentatives du personnel en sorte d?analyser l?opportunité d?adapter
les normes applicables en matière de temps de travail du personnel impliqué dans une situation
de crise en vue de rendre la gestion d?une telle situation plus efficace.
7. AUTRES POLITIQUES
155. Mettre à jour les Plans communaux d?action en faveur de l?énergie durable et du climat
(PAEDC) afin de renforcer la prise en compte des enjeux d?adaptation climatique.
156. Créer un plan de gestion et d?évacuation des déchets en situation d?urgence, prenant en
compte la répartition des responsabilités entre les acteurs concernés et organisant, au bénéfice
des communes, sous l?égide de la Société publique d?aide à la qualité de l?environnement
(SPAQUE), une procédure de crise pour le nettoyage des déchets immédiats produits.
157. Charger chaque intercommunale de gestion des déchets d?identifier des sites temporaires de
stockage des déchets.
158. Définir et évaluer les conditions techniques et juridiques préalables à la mise en place d'une
réglementation favorisant la circularité des boues de dragage, sur la base notamment des acquis
développés en matière de gestion des terres excavées.
159. Mieux encadrer la valorisation des résidus des curages afin de prévenir et limiter leur mise en
Centre d?enfouissement technique (CET) (revêtement pour voiries et pistes cyclables, remblais,
etc.).
160. Mettre en relation les vétérinaires urgentistes ainsi que les acteurs du bien-être animal avec
les cellules de sécurité provinciale et les plans d?urgence des pouvoirs locaux pour la gestion des
situations de crise impliquant les animaux, tant d?élevage que pour les particuliers.
161. Promouvoir l?utilisation par les communes, les vétérinaires, les pompiers, les policiers et les
citoyens des meilleurs outils dans le cadre de la recherche d?animaux perdus ou décédés.
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Annexe 6. Revue de presse
La Voix du Nord, 14 novembre 2023
Inondations : les annonces du président de la République - La Voix du Nord
Inondations : les annonces du président de la République
Emmanuel Macron a présenté plusieurs dispositifs en soutien aux sinistrés des inondations lors de son
déplacement à Saint-Omer et Blendecques, ce mardi.
L?état de catastrophe naturelle : décrété « pour toutes communes qui en ont fait la demande ». Elles sont
plus de 200 et la liste n?est pas fermée, a précisé le président.
Un fonds d?indemnisation d?urgence de 50 millions d?euros : à destination des collectivités territoriales
touchées. Il est « évolutif en fonction de la situation ». Suffisant ? « C?est une première ligne », a réagi Xavier
Bertrand, président de Région, qui ne demande pas plus pour l?heure car, comme il le dit, « personne à cette
heure ne connait le coût de la remise en état ».
Pour les agriculteurs : « On va mettre en place un fonds spécifique qui complète le dispositif calamité
agricole. Un fond qui accompagne les pertes de production, les pertes de matériels... »
Pour les entreprises : « On va mettre en place des mécanismes avec l?URSSAF pour échelonner les
écheances fiscales », annonce Emmanuel Macron. Qui, à un ouvrier dont l?entreprise est dans l?eau, répond
que le chômage partiel va être facilité.
Pour les élèves : Un dispositif de soutien scolaire et de fournitures pour les ménages les plus modestes,
notamment pour les familles et les enfants qui ne vont plus à l?école depuis la semaine dernière.
Et pour que ça ne reproduise plus ? Le président entend « préparer la suite dès maintenant » et enjoint « à
tirer les leçons ». La réglementation sur les systèmes d?entretien des cours d?eau doit être allégée pour que
les curages puissent se faire rapidement, défend-on à l?Elysée. « Avec la lourdeur de la réglementation, le
coût pour curer la même portion de canal est passé chez nous de 800 000 à trois millions d?euros en dix ans
», appuie François Decoster, maire de Saint-Omer. À qui Emmanuel Macron a donné mission de travailler à
améliorer les systèmes d?évacuation des cours d?eau vers la mer, en piochant dans les bons exemples en
Europe et en particulier aux Pays-Bas.
Et auprès des assurances ? Pour l?instant il est souvent trop tôt pour que les experts se déploient, « mais
on va veiller à ce que ce soit fait très vite », a promis Emmanuel Macron. « Il faut être pressant », plaide
Xavier Bertrand, un ancien... assureur. Qui ajoute : « France assureurs doit nous envoyer des experts de
toute la France ».
La franchise prise en charge : d?un montant de 380 ¤ en situation de catastrophe naturelle, elle sera prise
en charge par les départements et la Région pour toutes les personnes ayant une déclaration de sinistre, a
annoncé Xavier Bertrand.
France 3, 15 novembre 2023
ENTRETIEN. 3 questions au maire de Saint-Omer, missionné par Emmanuel Macron pour penser à "l?après"
inondations dans le Pas-de-Calais (francetvinfo.fr)
Lors de son déplacement à Saint-Omer mardi 14 novembre 2023, Emmanuel Macron a missionné le maire
de la commune pour trouver des solutions afin d'améliorer les systèmes d'évacuation d'eau et éviter de
nouvelles crues dévastatrices à l'avenir. Entretien avec François Decoster.
Depuis le début du mois de novembre, il est en première ligne face aux inondations. Au chevet des sinistrés,
dans les multiples réunions organisées dans la cellule de crise de la préfecture du Pas-de-Calais mais
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également auprès du président de la République... François Decoster ne compte pas ses heures.
Ce mercredi 15 novembre 2023, lorsqu?il nous répond au téléphone entre deux réunions, le maire de Saint-
Omer est en voiture. Et il a le sourire. "Aujourd?hui, il fait beau ! Voir le ciel bleu en ce moment est un
soulagement", confie-t-il. Une accalmie bienvenue alors que le moral des habitants est au plus bas. "Certains
me disent qu?ils ne supportent plus la pluie et c?est difficile pour moi de trouver une réponse".
Un choc psychologique causé par les crues à répétition qui ont inondé des dizaines de communes de
l?Audomarois. Tout un bassin de population, déjà éprouvé par les crues historiques de 2002, se retrouve de
nouveau sous les eaux. Malgré les nombreux travaux engagés il y a 20 ans, les infrastructures n?ont pas suffi
à éviter les inondations, alors que l?Aa, fleuve côtier traversant l?Audomarois, a pulvérisé les records de
hauteur d?eau, parfois de plus d?un mètre.
À cette époque, François Decoster n?était pas encore maire de la plus grande ville du secteur (il a été élu en
2014, NDLR). Mais aujourd?hui, le premier édile apparaît comme l?homme de confiance choisi par
Emmanuel Macron pour éviter de nouvelles crues.
Lors de sa visite dans la ville mardi 14 novembre, le chef de l?Etat a missionné François Decoster pour se
pencher sur "l?après", afin de trouver des solutions pour améliorer les systèmes d?évacuation d?eau et éviter
ainsi de nouvelles crues dévastatrices dans les prochaines années.
Pourquoi cette mission pour préparer "l?après" inondations, alors que la même réflexion a été menée
après les crues de 2002 ?
François Decoster : "Le travail mené après 2002, soit avant que je sois maire, s?est appuyé sur la crue de
2002. Personne à l?époque ne se disait qu?on pouvait connaître encore pire.
Et finalement si, il est tombé en 30 jours ce qui tombe habituellement en 6 mois dans le Pas-de-Calais. On
va en faire l?évaluation, mais d?évidence, ce qui a été fait depuis 2002 ne permet pas d?éviter une
catastrophe.
Aujourd?hui, il y a 3 temps : le temps de l?urgence, le temps de la reconstruction et le troisième temps, pour
lequel j?ai été missionné. La question est la suivante : comment continuer à nous adapter au regard des
événements qui sont entrés dans une nouvelle dimension ? Comment on fait pour se préparer à des
évènements qui risquent d?être de plus en plus fréquents et de plus en plus brutaux ?
Ce n?est pas moi, seul, qui vais créer les réponses. C?est un travail collectif qui va s?engager. Ce travail n?a
pas encore commencé car les inondations se poursuivent et, aujourd?hui, je suis au côté des habitants".
En quoi va consister cette mission ?
"Avec le chef de l?Etat, nous voulons avoir une approche européenne. Très concrètement, il faut qu?on aille
regarder ce qui a été fait ailleurs, notamment aux Pays Bas. Il y a eu des inondations catastrophiques dans
les années 50 qui ont fait de nombreuses victimes et qui ont donné lieu à un grand plan national appelé
delta. Il consiste notamment à installer des équipements adaptés et à préparer les habitants à de telles
situations, notamment avec des pompes à domicile etc.
C?est toujours bénéfique d?aller voir les expériences auprès de nos voisins. D?autant plus qu?on a des
configurations assez semblables : le pays a travaillé sa relation à la mer depuis des siècles, comme nous. Le
delta de l?Aa a aussi un polder, comme aux Pays-Bas (étendue artificielle de terre conquise sur l?eau grâce à
des digues, des barrages avec un niveau inférieur à celui de la mer, NDLR).
Chez nos voisins, il y a eu une réelle prise de conscience au plan national. Il faut que l?on fasse la même
chose".
Vous voulez dire que cette réflexion dépasse les frontières du Pas-de-Calais ?
PUBLIÉ
Mars 2024 Mission de parangonnage à la suite des inondations de
novembre 2023 et janvier 2024 dans les Hauts-de-France
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"Le chef de l?État a conscience que ce qui s?est passé chez nous, à savoir un fleuve côtier dont le débit
devient infernal, est une situation qui pourrait se reproduire ailleurs en France.
Le dérèglement climatique concerne l?ensemble de la planète. Un exemple : le fait qu?on passe d?une
situation de sécheresse à une situation historique d?inondations avec impacts très forts est l?illustration de
la nécessité absolue de revoir notre organisation et notre fonctionnement.
Il y a des questions difficiles qui vont être soulevées comme l'artificialisation des sols... Mais nous allons y
arriver".
La Voix du Nord, 8 janvier 2024
François Decoster à propos des inondations : « Je veux qu?on soit protégés jusqu?à la fin de l?hiver » - La
Voix du Nord
C?était un Facebook Live pour préparer la réunion d?après-inondations, qui se tient mardi 9 janvier au conseil
départemental, à Arras, à l?instigation de l?État. François Decoster, le maire de Saint-Omer, souhaitait
recueillir la parole des sinistrés, pour « être plus efficace ». Morceaux choisis.
L?urgence
Dire d?abord. Ce Facebook Live organisé à l?heure où les voeux devaient se tenir ? face à l?urgence, ils ont
été annulés, comme beaucoup d?autres cérémonies dans l?Audomarois ?, est d?abord le lieu d?annonces
avant la réunion convoquée par l?État au conseil départemental pour évoquer la question des inondations
après un deuxième épisode exceptionnel en janvier. « Je veux qu?on soit protégés jusqu?à la fin de l?hiver »,
martèle François Decoster, le maire de Saint-Omer. Qui portera à Arras « quatre demandes immédiates ».
Une capacité « d?évacuation maximale vers les eaux de la mer à Mardyck jusqu?au 30 avril », soit 45 mètres
cubes d?eau par seconde. Le transfert des eaux de l?Aa, à hauteur de Cuinchy, vers la Deûle, « tant que celle-
ci n?est pas inondée », à 7 mètres par seconde au lieu de 2 actuellement. La création d?un déversoir, en
amont, dans le canal à grand gabarit, pour empêcher les « gros volumes d?eau » qui ont inondé, comme en
novembre, le quartier de la gare, les rues de la Poissonnerie et Saint-Martin. Et la demande de financements
exceptionnels pour les équipements individuels ? batardeaux notamment ?, qui doivent protéger les
habitations de la montée des eaux.
La réflexion
L?urgence, donc, d?abord. Sans mettre de côté la question de l?adaptation, sur un terme plus long en écho
à la mission qu?Emmanuel Macron, le président de la République, a confiée à François Decoster mi-
novembre, en marge de sa visite dans l?Audomarois. Et en réponse aux questions des internautes ? ils sont
autour de 200, tout au long du Facebook Live, à le suivre. Pêle-mêle, la question de ralentir l?eau en amont
de Saint-Omer, et de faciliter son évacuation ensuite, d?autres, « de bon sens », estime l?élu, de l?infiltration
et de « ces immenses parkings en macadam » qui imperméabilisent les sols. Celle des champs d?expansion
des crues, enfin. Après la crue qu?on croyait exceptionnelle de 2002, dix ouvrages sont sortis de terre, qui
permettent de retenir 610 000 mètres cubes d?eau. « Le référentiel de 2002 est dépassé, analyse le maire
de Saint-Omer. On est dans une autre époque, celle du dérèglement climatique, des hivers avec des pluies
intenses. On n?est pas préparés à cette vulnérabilité nouvelle. »
Les interrogations
Sur le fil déployé sous la fenêtre dans laquelle François Decoster s?exprime, les questions s?amoncellent. Il
les reprend. Les assurances ? Il n?y aura pas de deuxième franchise pour les sinistrés, Bruno Le Maire, le
ministre de l?Économie, l?a promis. Le chemin Cordier ? Les opérations de pompage débutent, pour accélérer
l?évacuation de l?eau. Pourquoi se fier aux Hollandais pour imaginer l?après ? Parce qu?une grande partie de
leur territoire, 26 %, est sous le niveau de la mer, et qu?« en 1953, une catastrophique submersion marine
» les a fait changer de paradigme. Le dragage du canal ? « Je suis impatient de le voir », répond François
Decoster. Il coûte plus cher, 800 000 euros en 2013, entre 4 et 6 millions aujourd?hui. « On a demandé une
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prise en charge par la solidarité nationale. »
L?impact
Les mots de François Decoster sont choisis. Pour les voeux, « on attendra des jours meilleurs ». L?élu répète
sa « mobilisation » et celle de l?équipe municipale, des agents quand certains ont parfois eu le sentiment
d?être « abandonnés ». Il rappelle l?existence d?une cellule d?écoute à la mairie (03 21 98 40 88) et de France
Victimes (01 41 83 42 25). « On se prend une catastrophe naturelle alors qu?on est encore en train de digérer
une catastrophe naturelle, dit-il. Si j?utilise l?ouverture médiatique qui m?est offerte, c?est pour défendre le
territoire. »
La Voix du Nord, 5 février 2024
Inondations : François Decoster aux Pays-Bas, « je suis ici en pensant d?abord aux habitants de Saint-Omer
» - La Voix du Nord
Après la Belgique au début du mois, François Decoster était aux Pays-Bas les 24 et 25 janvier dans le cadre
de la mission inondations qu?Emmanuel Macron lui a confiée. Il devra rendre un rapport fin février inspiré
par la façon qu?ont les voisins de la France de se prémunir des crues.
Quels sont les contours de la mission inondations qu?Emmanuel Macron vous a confiée lors de son
déplacement dans l?Audomarois, le 14 novembre 2023, alors que Blendecques se retrouvait sous l ?eau
pour la seconde fois en une semaine ?
François Decoster : « La lettre de mission est arrivée fin novembre ou début décembre. C?est une mission
qui me demande d?aller voir chez nos voisins belges et néerlandais leur système de protection contre les
inondations afin d?alimenter notre réflexion sur ce sujet. Le calendrier est assez serré et il nous demande
de travailler sur deux types de sujet : gérer l?urgence, la crise, le relogement, les assurances, la mise en
sécurité, prévenir le risque immédiat grâce aux travaux d?urgence qui ont déjà commencé, aux capacités de
pompage maximales maintenues jusqu?à la fin de l?hiver. C?est la première temporalité. Mais l?ambition, et
c?est un vrai défi, est aussi de commencer la réflexion sur le long terme. »
Qu?avez-vous fait et vu depuis le début de cette mission ?
« J?étais début janvier dans les Flandres, la semaine dernière en Wallonie où la waterbomb ? littéralement
la bombe d?eau ? de juillet 2021 a fait 39 morts, touché 5 000 maisons et fait 5,5 millions d?euros de dégâts,
et 188 morts en Allemagne. Et enfin ici, aux Pays-Bas ? notamment à
Lelystad, au Rijkswaterstaat, le bureau de gestion des eaux de l?État ? où l?on comprend qu?on a intégré les
risques liés aux inondations bien plus tôt que chez nous. »
En quoi ces déplacements vous nourrissent-ils ?
« Il y a d?abord beaucoup de choses communes. On doit se réinterroger, partout, sur nos référentiels. La
question de l?impact du dérèglement climatique est présente dans toutes les organisations, elle se traduit
ici par une politique de prévention des inondations sur le long terme, où l?on travaille sur le polder jusqu?en
2050, 2100. On sait qu?on va vivre des événements pluviométriques plus intenses pendant l?hiver, des
sécheresses plus importantes l?été, et que tout ceci est très difficile à prévoir. La bombe d?eau de 2021 ne
correspond à aucune modélisation, elle a surpris par son intensité. »
Est-ce que c?est un peu ce qu?il s?est passé dans l?Audomarois en novembre 2023 ?
« On se savait plus vulnérables mais on ne s?attendait sans doute pas à cette répétition. Même ici où les
gens s?adaptent, où l?eau est une question existentielle, où on a beaucoup fait après les inondations de 1953
? les Pays-Bas déplorent deux mille morts dans la crue de 1953 qui déclenche les énormes réflexions et
travaux de prévention contre les inondations ?, et après les inondations à répétition de 1993, 1995, 1998,
on ne cesse de se réinterroger. »
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Et qu?est-ce qui nous différencie ?
« Ce qui est frappant aux Pays-Bas, c?est à quel point l?autorité régionale de l?eau est puissante, et ce sera
l?un des objets de mon rapport. On est passé de 2 500 organismes de gestion des wateringues à 21, qui sont
puissants, ont des compétences techniques en permanence, des équipes larges, des budgets et la capacité
de définir leurs ressources. Il y a ce Delta commissioner ? littéralement le commissaire du delta, du nom,
Delta, des programmes dédiés aux inondations aux Pays-Bas ?, qui est une instance un peu au-dessus, avec
une capacité à voir loin, à être dans un dialogue constructif avec les acteurs nationaux, régionaux? »
Ce Delta commissioner, c?est un concept qui vous intéresse ?
« On voit bien qu?avec la question du dérèglement climatique et de l?adaptation, on n?est pas un jour sans
y penser, surtout quand les jours se répètent et aboutissent à des catastrophes. Mais ici, tout le monde dit
à quel point c?est utile d?avoir cette forme de permanence, une petite équipe, d?une quinzaine de personnes,
autonome, indépendante, dans le dialogue, de petite taille donc mais avec une influence costaud, qui porte
attention à cette question à chaque instant. Il y a dans ce pays une culture de l?eau très forte, l?histoire du
pays est fondée dessus, mais ça reste un sujet. Un Néerlandais m?a dit, « aux Pays-Bas, on fait du vélo et on
sait vivre avec l?eau », si seulement en France on faisait pareil. Alors oui, cet élément de gestion de l?eau,
c?est une méthode intéressante. »
Jan-Willem Trompetter, l?ingénieur principal du système de pompage que vous avez visité ici, à Lelystad,
vous a dit qu?aux Pays-Bas, certains habitants avaient fini par oublier qu?ils vivaient sous le niveau de la
mer ? 29 % du territoire se trouvent sous son niveau. Est-ce qu?à Saint-Omer on a pu oublier qu?on vivait
dans un marais ?
« Les inondations ont rappelé peut-être quelle réalité recouvrait le fait d?habiter dans le marais. Ce sont les
paroles d?une nouvelle arrivante, lorsqu?Emmanuel Macron est venu ? le 14 novembre 2023, le président
de la République a rencontré les habitants du marais de Saint-Omer avant de se rendre à Blendecques ?,
qui lui dit qu?elle est venue ici pour vivre au paradis, et il n?y a pas de raison, quand le niveau de l?eau
descend, que ce ne soit plus le cas. Ici, l?organisation de lutte contre les inondations est systémique. On
pensait que les maisons seraient toutes équipées de batardeaux, elles n?en ont pas besoin, il y a des
batardeaux de villes, et le principe du polder pousse au paroxysme l?importance de calfeutrer l?ensemble. »
L?une des réponses aux inondations, c?est évidemment qu?on va devoir s?adapter ?
« En 2023, l?événement est exceptionnel, mais il change notre référentiel. On doit évidemment s?adapter.
Mais le sujet est difficile. Des habitants envisagent de déménager, une réponse a été apportée par
Christophe Béchu ? ministre de la Transition écologique, avec le fonds Barnier. Il y a le fonds Mirapi, Mieux
reconstruire après une inondation, et il doit y avoir une réponse d?adaptation des logements pour être
moins impacté par une inondation. Le sujet va devenir existentiel, on ne peut plus penser que c?est
extraordinaire. C?est aussi le sujet de ce travail. Et ce qu?il est important de dire, c?est que partout on est
très bien accueillis, et c?est significatif. Il y a une mobilisation des acteurs chez nos voisins, le souhait de
partager une histoire et une volonté de travailler ensemble. »
Emmanuel Macron l?a dit quand il est venu à Saint-Omer, « on va continuer à vivre et à travailler dans le
marais », cette phrase guide votre mission ?
« Je suis là avant tout comme maire de Saint-Omer, je suis dépositaire de cette parole du président de la
République et de la demande des habitants de Saint-Omer. Le sujet des déménagements n?est pas le même
partout, Saint-Omer répond à un plan particulier né d?un rapport équilibré avec la nature, et ma
responsabilité est de respecter cet équilibre, parce que les habitants l?ont demandé. Je suis ici en pensant
d?abord à eux. »
Nord Littoral, 8 février 2024
https://www.nordlittoral.fr/199793/article/2024-02-08/francois-decoster-en-mission-aux-pays-bas-et-en-
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belgique-pour-lutter-contre-les
François Decoster en mission aux Pays-Bas et en Belgique pour lutter contre les inondations
Le président de la République Emmanuel Macron a confié une mission à François Decoster. Ce dernier nous
explique son travail. Entretien.
Lors de sa venue à Saint-Omer, le Président de la République Emmanuel Macron avait donné une mission
au maire de la cité audomaroise François Decoster. Le maire de Saint-Omer a accepté de répondre à nos
questions sur cette fameuse mission.
Quelle est cette mission confiée par le président de la République ?
« L?idée c?est de pouvoir contribuer à une réflexion globale sur ce qu?il faut faire, pour que des territoires
comme le nôtre et au-delà, puissent prévenir le risque d?inondations. Il y a toute une question d?adaptation
aux changements climatiques. On a vu avec ce qu?il s?est déroulé depuis le mois de novembre, que tout ce
qui a été fait pour essayer de nous protéger contre ces risques d?inondations a été calculé à partir de ce que
le territoire avait vécue en 2002. Mais tout cela est dépassé. Nous sommes dans une autre époque, avec
des pluies plus fortes en intensité pendant l?hiver et des épisodes qui se déroulent sur quelques heures ou
sur quelques jours et tout ceci créait des débordements et du ruissellement et quand cela arrive à Saint-
Omer des eaux stagnent pendant des jours avant d?être évacuées à la mer.
Ce que m?a demandé le président, c?est de contribuer à cette réflexion qui est une réflexion avec beaucoup
d?autres parties prenantes. Mais moi, je dois aller voir, si du côté de nos voisins belges et néerlandais il y a
des choses intéressantes pour contribuer à cette réflexion. Est-ce qu?il y a des bonnes pratiques, est-ce qu?il
y a de bonnes expériences qui peuvent guider notre travail. C?est une mission de comparaison avec ce que
font nos voisins, qui ont cette expérience avec les inondations et je suis accompagné d?une inspectrice
générale de l?environnement et du développement. »
Pourquoi avoir choisi la Belgique et les Pays-Bas ?
« Il y a plusieurs raisons, déjà parce que nous avons une géographie qui est très proche, à Saint-Omer, nous
sommes l?entrée d?un polder, c?est d?ailleurs un mot commun avec nos voisins. Nous avons tous les trois des
terrains très plats avec parfois des zones qui se situent en dessous du niveau de la mer. Les Pays-Bas et la
Belgique sont des pays qui ont une forte expérience depuis de nombreuses années en matière gestion de
l?eau. Vous savez le mot Wateringue c?est un mot commun à l?Audomarois au Nord de la France, mais aussi
à la Flandre et aux Pays-Bas. Les Pays-Bas considèrent que la gestion de l?eau comme une question
existentielle. Il y a 26 % du territoire national qui est sous le niveau de la mer. Pouvoir gérer l ?eau, c?est
quelque chose d?essentiel pour eux. Vous savez il y a un dicton néerlandais qui m?a été dit sur place : ?Si
Dieu a créé la terre, les Hollandais ont créé les Pays-Bas.? Cela dit tout de leur longue expérience de la
gestion de l?eau. C?est pour cela que durant la réflexion qui est la nôtre, pouvoir aller voir ce que font nos
voisins proches avec une géographie qui nous ressemble cela est très intéressant. Et il y aura quelques
éléments qui vont j?espère être utile. »
Qu?est-ce que vous avez fait sur place ? Qui avez-vous rencontré ?
« J?ai commencé mon voyage en Flandre puis en Wallonie qui a été très touchée par un épisode très
meurtrier avec des inondations très fortes en juillet 2021 avec près de 40 morts. Et il y a quelques jours
j?étais aux Pays-Bas pour rencontrer différents niveaux qui ont la compétence en matière de gestion de l?eau.
Le ministère des infrastructures et de la gestion de l?eau à La Haye par exemple, j?ai rencontré ensuite des
autorités régionales de l?eau. Puis j?ai pu avoir un temps d?échange avec le commissaire du delta qui est une
autorité indépendante nommée pour une longue durée et qui a pour objectif d?essayer de planifier et
d?organiser les prévisions et l?adaptation du modèle de protection dans la durée et tenir compte des effets
du changement climatique. Ce sont à la fois des réunions de travail, mais aussi des visites de terrain pour
voir à la fois la manière dont ils s?organisent et comment ils ont cherché à adapter leur protection, leurs
prévisions et la gestion des inondations. »
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Qu?est-ce qu?il en ressort ? Qu?est-ce que vous en retenez ?
« Dans les semaines qui arrivent je vais terminer le rapport. J?ai un déplacement prévu le vendredi 9 février
en Flandre-Occidentale pour aller sur le terrain avec le gouverneur, notamment à Bruges et on va compiler
ce que l?on a vu dans un rapport que je dois remettre au début du mois de mars à Christophe Béchu, le
ministre de la Transition écologique.
Il y a bien sûr des éléments qui vont concerner la gouvernance de l?eau. On voit notamment du côté des
Pays-Bas, qu?il y a une volonté de pouvoir ajuster l?organisation à la réalité hydraulique et l?unité hydraulique.
Les Pays-Bas avaient il y a quelques années près de 2 500 Wateringues qui sont devenus aujourd?hui 21
agences et autorités régionales de l?eau pour avoir des équipes importantes avec des budgets importants,
qui sont beaucoup plus importants que les nôtres. Et puis, il y a des questions de pensée d?ensemble du
système. Il y a une approche très systémique. Aujourd?hui, on se pose la question des équipements en
bâtardeaux pour nos maisons. C?est une question qui ne se pose pas vraiment aux Pays-Bas parce que le
système doit vous protéger dans son ensemble. S?il y a des bâtardeaux, ils sont plus structurels pour
protéger un quartier ou pour protéger une rue, il n?y a pas un bâtardeau pour chaque maison. Il y a aussi
une volonté aux Pays-Bas d?avoir ce commissaire du delta qui est une approche intéressante. Cela permet
d?avoir quelqu?un qui a cette permanence qui est là plus longtemps que les élus ou que le gouvernement et
qui a pour mission de rappeler l?importance de maintenir l?effort et de rappeler l?importance de toujours
continuer à investir. Cela fait partie de quelques éléments parmi d?autres qui sont intéressants. »
Et une fois ce rapport remis au ministre que va-t-il se passer ?
« Ma partie est seulement une partie de tous les travaux. Tout ceci doit accompagner la réflexion générale
et il faudra prendre un certain nombre de décisions. Il reviendra au Ministre et au gouvernement de les
prendre. »
France Bleu, 9 février 2024
https://www.francebleu.fr/emissions/l-invite-du-6-9-france-bleu-nord/comment-prevenir-les-inondations-
francois-decoster-maire-de-saint-omer-pilote-une-mission-pour-y-repondre-9426555
Comment prévenir les inondations ? François Decoster, maire de Saint-Omer, pilote une mission pour y
répondre
Après les inondations à répétition des derniers mois dans le Pas-de-Calais, le maire de Saint-Omer a été
missionné par Emmanuel Macron pour tenter de prévenir de futures crues. Pour cela, François Decoster a
notamment été chez nos voisins européens. Il est l'invité de France Bleu Nord.
Depuis novembre, François Decoster est chargé par Emmanuel Macron de trouver des solutions afin
d'améliorer les systèmes d'évacuation d'eau et éviter de nouvelles crues dévastatrices en France et
notamment dans le Pas-de-Calais. Le maire de Saint-Omer, qui disait vouloir avoir une approche européenne,
s'est rendu notamment en Belgique, où il est d'ailleurs encore ce vendredi, et aux Pays-Bas.
"Donner plus d'espace pour les rivières"
Il retient de ses déplacement "qu'il faut s'organiser". "Il faut s'organiser pour que l'on ait une coordination
qui soit fondée sur la réalité hydraulique." François Decoster ajoute qu'il "y a eu beaucoup de moyens aux
Pays-Bas pour faire en sorte de rassembler les forces pour se donner plus de moyens et également pour
pouvoir faire en sorte de mieux protéger face aux inondations." L'élu note aussi "qu'il y a tout un travail
aussi sur la prévention." "Donner plus d'espace pour les rivières et préparer les moments où elles pourraient
avoir besoin de plus de volume". Le maire note enfin qu'il y "a une culture du risque, une culture de la
gestion de l'eau."
Delta FM, 16 janvier 2024
Emmanuel Macron : " On continuera à vivre à Calais, Dunkerque et dans l'Audomarois "
PUBLIÉ
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Le Président de la République a pris la parole sur les inondations
Dans sa longue conférence de presse, le Président de la République a évoqué les inondations et la
situation dans le Pas de Calais suite à une question de nos confrères de la Voix du Nord.
Dans un premier temps, Emmanuel Macron a rappelé le soutien de l'Etat et a annoncé le retour de son
Premier Ministre, sur le terrain, à la fin de mois. Il a également promis tout le soutien de l'Etat dans des
opérations de pompage, des travaux rapides et l'accélération de l'indemnisation en collaboration avec les
assureurs.
Emmanuel Macron sur les inondations : "On sera là"
Pour l'après, alors que les scientifiques s'accordent sur une montée des eaux qui devrait refaçonner notre
littoral, le Président rassure : " Il n'y a aucune fatalité. On continuera à vivre dans l'audomarois, à Dunkerque
ou à Calais. On devra aussi repenser ce qu'on a parfois oublié. Avant, l'évacuation vers la mer se faisait plus
facilement. Avant, on curait plus facilement, les installations étaient plus efficaces. Les normes ont parfois
compliqué les choses, rendant certains opérations plus coûteuses. " Le Président de la République a
réaffirmé avoir confié à François Decoster (maire de Saint-Omer), une mission sur le sujet, pour simplifier
certaines démarches et être plus efficaces sur l'évacuation des eaux vers la mer.
Pour Emmanuel Macron, quelques soient les efforts que l'ont fait, nous aurons à vivre les conséquences du
déréglement climatique : "Nous allons devoir changer nos villes, nos villages. On va progressivement
adapter nos paysages."
Libération, 5 janvier 2024
PUBLIÉ
Mars 2024 Mission de parangonnage à la suite des inondations de
novembre 2023 et janvier 2024 dans les Hauts-de-France
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Le Point, 4 janvier 2024
Inondations dans le Pas-de-Calais : « On se sent impuissants »
Le département est en vigilance rouge pour crue, et orange pour pluies et inondations. Comme en
novembre dernier, les communes se retrouvent démunies.
Les mêmes scènes et la même détresse. Après les inondations de novembre, huit départements, la plupart
localisés dans le nord et l'est de la France, sont en vigilance orange pluie-inondation depuis mardi 2 janvier.
Parmi eux, le Pas-de-Calais, placé également en vigilance rouge crue.
La rivière Aa, en crue « exceptionnelle » selon Météo-France, est particulièrement scrutée. Après une nuit
de surveillance fébrile, les mairies de Blendecques et Saint-Omer s'organisent pour évacuer des habitants
et évacuer le plus rapidement possible l'eau.
« Plus rapide et brutal »
« C'est un retour à la case départ ». Le maire de Saint-Omer, François Decoster, ne cache pas sa fatigue. La
ville a l'impression de revivre, « comme un mauvais feuilleton », l'épisode pluvieux du 7 novembre, « en
plus rapide et brutal ». « On est en train de battre des records, souligne l'édile, lors de la grande crue
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centennale de 2002, le débit était à 57 m/s, nous en sommes actuellement à 80 m/s. » Dans les rues
inondées, l'eau se transforme en torrent. Une situation très fatigante « physiquement et émotionnellement
» pour les 14 000 habitants.
La préfecture du Pas-de-Calais rappelle que les évacuations se font uniquement sur ordre. En attendant, les
habitants doivent rester dans les étages de leurs habitations. En plus du personnel du SDIS 62 mobilisé, 120
sapeurs-pompiers supplémentaires ont été engagés. À cinq kilomètres de là, Jean-Christophe Castelain a
passé la nuit les yeux rivés sur le site Vigicrues. L'adjoint au maire de Blendeques, qui dirige la cellule
d'urgence, espérait que le niveau de l'Aa baisserait vers 23 heures. Las, la rivière est sortie à plus de 2 mètres
du niveau de son lit. « Nous avons évacué une vingtaine de personnes dans la nuit vers une salle de la mairie,
nous allons ouvrir la salle des sports, plus grande, pour accueillir plus de monde », détaille l'élu. Les
évacuations des personnes âgées ou à mobilité réduite se font à dos d'homme ou par tracteur.
Évacuer l'eau
« On se sent impuissants, avoue Jean-Christophe Castelain, les sols sont gorgés d'eau, plus rien ne s'évacue.
» L'évacuation de l'eau sera justement cruciale dans les prochaines heures. « Tout va dépendre de la force
des précipitations, souligne le maire de Saint-Omer, les faibles coefficients de marée ne vont pas beaucoup
nous aider non plus. » Des moyens de pompage sont également prévus.
En tout, depuis le 7 novembre, 350 habitations de Saint-Omer ont été particulièrement touchées par les
inondations. « Certaines personnes n'étaient toujours pas rentrées dans leur maison, les murs n'avaient pas
encore séché », pointe l'élu. Avec le risque que ces phénomènes climatiques se répètent, une réflexion plus
vaste va s'engager sur l'habitat dans un milieu tel que le marais audomarois. « La relation entre l'homme et
le marais date d'un millénaire, les habitants y sont attachés », explique François Decoster. Ce dernier doit
rendre en mars un rapport sur la question.
Le Figaro, 2 janvier 2024
Alerte rouge aux inondations dans le Pas-de-Calais : pourquoi les rivières débordent-elles de nouveau ?
DÉCRYPTAGE - Le département a été classé en vigilance rouge «crues» mardi. «Il est absolument
indispensable de nous préparer» au dérèglement climatique, a lancé le maire de Saint-Omer, commune
touchée de plein fouet par les inondations.
Le nord de l?Hexagone vit ses premiers jours de l?an les pieds dans l?eau. La situation est alarmante dans le
Nord et surtout dans le Pas-de-Calais, classé par Météo France en vigilance rouge «crues» mardi après-midi,
alors que 15 litres d?eau sont tombés au mètre carré dans la nuit de lundi à mardi dans ce département.
L?organisme évoque une «pluie continue et durable» sur la zone. Les cumuls de pluie pourraient atteindre
des valeurs de 20 à 40 mm sur plusieurs zones du département, dépassant localement 40 mm, prévoit
encore Météo France .
Ces pluies fortes et abondantes perturbent les rivières, qui sont scrutées avec inquiétude par les habitants
comme par les autorités. Huit cours d?eau sont placés en alerte orange «crues» dans le Nord et le Pas-de-
Calais. Des risques de «débordements importants» dans les «prochains jours» sont à craindre à proximité
de plusieurs rivières, la Liane, la Hem, l?Aa (classé en vigilance rouge «crues» par le site d?informations
Vigicrues), la Lys amont-Laquette, la Lawe, La Clarence amont, la Lys Plaine et la Canche, écrit encore
Vigicrues .
Les sols saturés d?eau depuis novembre
Une situation «exceptionnelle» qui s?explique par plusieurs facteurs, réagit Adam Beernaert, directeur
général de la Protection civile dans le Pas-de-Calais. «Il pleut beaucoup, dans des délais très courts»,
détaille-t-il, sur des sols saturés d?humidité qui peinent à dégorger depuis les crues records du 6 novembre.
Le Pas-de-Calais est victime de fortes inondations depuis maintenant deux mois. Ces crues exceptionnelles,
qui avaient fait cinq blessés légers dans le département, ont causé d?importants dégâts matériels : 6000
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habitations, 160 commerces, 130 entreprises et des dizaines d?exploitations agricoles avaient été touchés
par les intempéries.
Les nappes phréatiques «sont donc pleines d'eau» et débordent aux premières pluies : les eaux en surplus
ruissellent vers les cours d?eau de la région, peu nombreux, qui débordent presque automatiquement. La
géographie naturelle doit également être prise en compte : le département du Pas-de-Calais est plat. Le
cours d?eau de l?Aa dans l?Audomarois (dans le nord-est du département) est même dix mètres en dessous
du niveau de la mer, ce qui entrave l?évacuation des eaux, qui s?écoulent peu vers la mer du Nord. Dans
cette région, l?Aa est en crue et inondait en début de semaine certaines rues des communes de Wizernes
et de Blendecques. En parallèle, les marées à fort coefficient peuvent pousser les eaux des rivières dans le
sens opposé à leur descente : l?eau rentre dans les terres, au lieu de se jeter dans la mer.
Les systèmes d?évacuation des eaux peinent à tenir le coup face à de telles intempéries. «Les pompes et les
digues ne sont pas calibrées pour endiguer des conditions climatiques si exceptionnelles», ajoute Adam
Beernaert. «Pour tenir le coup, il faudrait élever de trois mètres les digues de franchissement d?eau sur les
rivières qui sont actuellement à deux mètres dix», avance-t-il encore. Des propos corroborés par François
Decoster, maire de la commune sinistrée de Saint-Omer. Ces «travaux supplémentaires» avec «des
équipements à dimension» sont nécessaires pour affronter de telles catastrophes, détaillait-il le 3 janvier
sur France Info, d?autant plus que ces inondations sont amenées à se multiplier «plus régulièrement et plus
violemment» en fonction du dérèglement climatique.
L?édile rappelle notamment les travaux menés à la suite des «crues historiques» de 2002 qui avaient
occasionné 40 millions d?euros de dégâts. Ces constructions se révèlent pourtant «insuffisantes» 20 ans plus
tard. «Il faut aller plus loin», a-t-il tonné, et il est «indispensable de nous y préparer très rapidement». Dans
les faits, les bassins de rétention, qui «sont pleins en permanence» selon Adam Beernaert, débordent dès
les premières gouttes de pluie. Les plus gros cours d?eau sont en crue en moyenne un à deux jours après les
premières précipitations «et font à leur tour déborder les rivières et les fleuves».
«Evacués six fois en deux mois»
Des débordements qui mettent à rude épreuve le moral des habitants du département. «On sent de la
colère et de l?épuisement », déplore Adam Beernaert, «avec des locaux qui ont été évacués cinq à six fois
en deux mois». Certains avaient été relogés dès les premiers jours de pluie en novembre et n'avaient
toujours pas remis les pieds dans leurs habitations aux premiers jours de 2024. Les murs des maisons n?ont
pas le temps de sécher, les fondations des maisons s?érodent, l?eau et l?électricité sont coupées depuis deux
mois dans certaines habitations. «Après le mois de décembre, on pensait que tout cela était derrière nous
et là on a l'impression de revivre le même cauchemar», s?émeut encore le maire de Saint-Omer.
Depuis le 6 novembre, 1200 bénévoles de la protection civile sont mobilisés dans le Pas-de-Calais pour
assister les sinistrés, et 520 interventions ont été faites. «On est sur le pont en permanence depuis deux
mois», explique le directeur. Une mobilisation qui est loin de diminuer : au vu des précipitations attendues
sur le département en début de semaine, «les crues ne peuvent que s'aggraver», s'alarme Adam Beernaert.
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Annexe 7. Eléments de bibliographie
AGUR, IIW, 2014, Les wateringues, hier et aujourd?hui, 66 p.
Caisse centrale de réassurance, 2023, La prévention des catastrophes naturelles par le fonds de
prévention des risques naturels majeurs, édition 2023, 59 p.
Chambre régionale des comptes, 2023, « Syndicat mixte « Institution Intercommunale des
Wateringues » » 48p.
Commissariat spécial à la reconstruction, 2022, Un an après les inondations, bilan de la gestion
post-inondations et continuité de la reconstruction, 102 p.
CGEDD, 2019, Christian Barthod, Marie-Claire Bozonnet, François Scarbonchi, Évaluation du
dispositif des programmes, d?actions de prévention des inondations (PAPI) et de l?efficacité de sa
mise en oeuvre, Rapport CGEDD n° 012877-01, IGA n° 19053R, 112 p.
DGCL, 2023 ? 04, La taxe Gemapi, une ressource en croissance pour les collectivités, bulletin
d?information statistique n°174, 12 p.
IGEDD, IGA, CGE, 2023, Olivier Diederichs, Philippe Louviau, Jean-Philippe Torterotot, Serge
Catoire ? CGE, Retour d?expérience des inondations des 14 et 15 juillet 2021 ; 136 p.
Parlement wallon, 2022, Rapport de la Commission d'enquête parlementaire chargée d'examiner
les causes et d'évaluer la gestion des inondations de juillet 2021 en Wallonie, 894 (2021-2022) ?
N° 1, 95 p.
R. Slomp, 2012, Le cadre législatif et organisationnel de la gestion du risque d?inondation aux Pays-
Bas, Audition au Sénat, Paris 29 mai 2012, Rijkswaterstaat, 78 p.
R. Slomp, Y. Friaucourt, 2022, Les Pays-Bas face à la montée des eaux : quelle stratégie pour le
long terme et comment répondre aux différents enjeux ? , Annales des mines, Juillet, numéro 117,
pp.85- 89
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Sommaire
Liste des recommandations
Introduction
1 Des inondations longues, liées à des pluies exceptionnelles, sur un territoire de polder
1.1 Des épisodes de pluie d?occurrence parfois centennale sur les sois humides du polder
1.2 Des inondations importantes et longues sur plusieurs bassins
1.3 Une implication historique forte dans la gestion de l?eau mais des évolutions récentes de nature à aggraver les inondations
1.3.1 Un système de drainage mis en place depuis le Moyen-âge
1.3.2 Une action structurée de l?Etat et des collectivités dans la prévention des inondations
1.3.3 Une gestion de l?eau qui mobilise de nombreux acteurs
1.4 Le climat change, le territoire aussi
1.5 Les questions soulevées à l?issue de ces épisodes d?inondation
2 Des similitudes avec les pays voisins qui font socle, des différences qui peuvent être inspirantes
2.1 Des axes d?action complémentaires et une implication de tous les niveaux
2.1.1 La prévention des inondations s?inscrit dans le cadre européen et le rythme et l?intensité de ses évolutions sont marqués par les grandes catastrophes
2.1.2 La prévention des inondations est partenariale par nature
2.1.3 La prévention des inondations prend le pas sur la protection à des rythmes différents selon les pays
2.1.4 La gestion de crise est organisée en fonction de la gravité de la catastrophe
2.1.5 Des coopérations sont une condition première de la prévention des inondations
2.2 Des différences dans le portage stratégique de la prévention des inondations
2.2.1 La capacité à faire de la prévention des inondations une priorité
2.2.2 La pondération des axes d?action
2.2.3 La posture en gestion de crise
2.2.4 L?engagement dans l?adaptation au changement climatique
3 Les actions et axes de progrès qui se dégagent
3.1 Croiser le retour des inondations de fin 2023 - début 2024 et les bonnes pratiques de nos voisins
3.1.1 Des leviers pour améliorer la gestion de crise
3.1.1.1 Organiser une participation accrue des élus à la gestion de crise
3.1.1.2 Mieux anticiper les moyens de pompage en crise
3.1.1.3 Expérimenter des dispositifs de participation citoyenne
3.1.1.4 Deux pistes concrètes pour poursuivre et renforcer un travail permanent sur la culture du risque
3.1.2 Etablir un diagnostic partagé de l?état des cours d?eaux, canaux, fossés
3.2 Renforcer le portage de la prévention par les collectivités locales compétentes
3.3 Anticiper les modalités du relèvement et l?accompagner par une structure spécifique
3.4 Renforcer les coopérations transfrontalières
3.5 Installer une institution stratège et pérenne, au plus haut niveau de l?Etat, pour orienter et soutenir l?adaptation au changement climatique
3.5.1 Structurer le portage politique de l?adaptation au changement climatique au plus haut niveau
3.5.2 Une action à lancer : représenter l?inondation et informer
3.5.2.1 Une carte des provinces, qui offre une information localisée sur tous les risques (avec un accès dans différentes langues dont le Français)
3.5.2.2 Des outils de communication pour former aux comportements qui sauvent
Conclusion
Annexes
Annexe 1. Lettre de mission
Annexe 2. Agenda des déplacements et liste des personnes rencontrées
Annexe 3. La prévention des inondations aux Pays-Bas
Annexe 3.1. Les catastrophes, moments fondateurs des politiques de prévention contre les inondations
Annexe 3.2. Des protections des premiers Plans Delta au Commissaire du Delta
Annexe 3.2.1 La défense contre la mer
Annexe 3.2.2 La protection contre les inondations fluviales
Annexe 3.2.3 L?articulation avec la place pour le fleuve, et le changement de cap opéré dans le contexte du changement climatique
Annexe 3.3. Organisation de la prévention des inondations
Annexe 3.3.1 Une gestion de l?eau et du risque intégrée à l?échelle ministérielle
Annexe 3.3.2 Une organisation spécifique pour la gestion de l?eau aux échelons territoriaux
Annexe 3.3.3 Un financement des protections et de la prévention organisé dans une logique de subsidiarité
Annexe 3.4. Une gestion de crise fondée sur des principes clairs et partagés
Annexe 3.5. De la prévention des inondations à l?adaptation au changement climatique
Annexe 4. La prévention des inondations en Belgique
Annexe 4.1. Mise en perspective historique et géographique
Annexe 4.1.1 Un pays présentant des enjeux différenciés du point de vue de la prévention des inondations
Annexe 4.1.2 Des enjeux transfrontaliers majeurs
Annexe 4.2. La gestion de l?eau dans le système fédéral belge
Annexe 4.2.1 Le rôle important des régions
Annexe 4.2.2 Une organisation de la gestion de crise par niveaux de gravité
Annexe 4.2.3 Un système assuranciel présenté comme fragile
Annexe 4.2.4 Le choc des inondations de juillet 2021
Annexe 4.3. Les Flandres : une structuration par grand bassin, en cours d?inflexion
Annexe 4.3.1 L?équilibre entre protection et aménagement du territoire
Annexe 4.3.2 L?adoption de nouveaux grands plans structurants
Annexe 4.4. La Wallonie : le choc des inondations de juillet 2021
Annexe 4.4.1 Quelques éléments sur le cadre général de la prévention des inondations
Annexe 4.4.2 Mise en place d?un dispositif spécifique de reconstruction
Annexe 5. Rapport de la Commission d?enquête parlementaire chargée d?examiner les causes et d?évaluer la gestion des inondations de juillet 2021 en Wallonie du 22 mars 2022
Annexe 6. Revue de presse
Annexe 7. Eléments de bibliographie
(ATTENTION: OPTION du bassin versant. L?exercice de cette compétence est ainsi structuré dans le
cadre de syndicats à qui les EPCI peuvent déléguer ou transférer tout ou partie des compétences.
Cette approche présente plusieurs avantages : elle s?appuie, comme cela a été fait en France
depuis la création des Agences de l?eau en 1964, sur les bassins versants ; elle est intégratrice de
trois composantes majeures : urbanisme, compétence historique des collectivités locales, gestion
des milieux aquatiques, prévention des inondations. En revanche, la gouvernance et les solidarités
nécessaires ne se construisent que progressivement, et les organisations qui en résultent sont
également parfois complexes.
2.2.2 La pondération des axes d?action
- La prise en compte de l?urbanisme dans la prévention des risques d?inondation est plus
ancienne et plus structurée en France.
Les PPRi, établis par l?Etat, après concertation, sont des servitudes d?utilité publique qui
s?imposent à l?urbanisme. Ils visent à empêcher une augmentation des enjeux dans les zones les
plus exposées, et prescrire des mesures de réduction de la vulnérabilité dans les zones exposées.
Dans ce cadre, un accompagnement financier des territoires est mis en place, priorisé sur les
territoires les plus exposés qui sont ceux qui donnent lieu à des PPRi, et conditionné à un
programme de prévention mené à l?échelle des bassins versants. En France, on considère que,
dans le long terme, une digue est toujours faillible et qu?un ouvrage de protection ne peut se justifier
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pour un aménagement nouveau, mais uniquement pour protéger l?existant34.
Aux Pays-Bas l?interdiction de construire concerne uniquement les espaces entre le cours d?eau et
la digue, et derrière les digues (ce qui est également le cas en France). Les règles de construction
font, par ailleurs, référence à des obligations génériques de stabilité dont le respect relève du
maitre d?ouvrage ; les maisons flottantes sont construites « aux risques et périls des habitants ».
Les différences d?approche historiques peuvent sans doute s?expliquer par des contraintes
spatiales et des densités différentes.
En Belgique, comme aux Pays-Bas, des cartes d?aléa existent ou sont en cours d?élaboration, qui
relèvent d?une démarche de porter-à-connaissance, voire d?information acquéreur locataire, telle
qu?elle existe en France 35.
Encadré 8 : Des systèmes assuranciels très différents
Le système d?assurance est plus protecteur en France, où l?assurance contre les inondations est
liée à l?assurance habitation, avec une surprime obligatoire, qui permet, en cas de catastrophe
majeure, une prise en charge par l?assurance et par la réassurance. Le système français apparait
ainsi comme marqué par un niveau de solidarité plus important en France qu ?en Belgique et aux
Pays-Bas. Cela soulève deux types de questions différentes :
- un effet parfois peu incitatif à ne pas s?exposer ;
- une évolution possible de ce système dans le contexte de catastrophes répétées, avec des primes
modulées ou des risque nouveaux de refus d?assurance. C?est un sujet de forte préoccupation des
collectivités locales et des habitants
En juillet 2022, le gouvernement de la région wallonne communiquait dans les termes suivants : «
Dès le lendemain de la catastrophe le Gouvernement a négocié avec les compagnies d ?assurance
pour permettre aux personnes sinistrées assurées de bénéficier d?une indemnisation complète en
fonction des clauses de leur police d?assurance et des accords avec les experts. Une loi fédérale
permet en effet aux assureurs de limiter les indemnisations versées aux sinistrés en cas de
catastrophe de grande ampleur. Dans le cas des inondations de juillet dernier les assurés
n?auraient touché que 20% du montant des dégâts estimés par leur assureur. A la lumière du drame
humain que représentaient les inondations le Gouvernement a décidé d ?accomplir un effort
financier sans précédent d?un milliard d?euros pour permettre l?indemnisation complète des
personnes sinistrées assurées. Après négociation, les assureurs ont quasiment doublé leur plafond
d?intervention. C?est ainsi qu?à ce stade les assureurs interviennent à raison de 41% et le
Gouvernement à raison de 59%. » Les personnes qui n?étaient pas assurées ont reçu l?aide d?un «
fonds des calamités », mis en place par le gouvernement pour éviter à tout prix qu?une partie de la
population non assurée ne tombe dans la précarité totale. »
Aux Pays Bas, l?opérateur (RVO) chargé d?indemniser les victimes publiait en juillet 2022 le bilan
suivant : « Exactement 1 an après les fortes pluies et inondations dans le Limbourg et le Brabant
du Nord en juillet 2021 nous avons déterminé 1 518 demandes de victimes. Plus de 34 millions
d'euros ont été versés dans le cadre du programme WTS de juillet 2021. » « L'assurance volontaire
contre les dommages causés par les inondations de la mer et des rivières aux habitations a été
proposée dans des produits successifs entre 2012 et 2020 par un assureur (Pays-Bas). Le porteur
de risque s'est depuis retiré et il n'existe actuellement aucun assureur aux Pays-Bas qui offre une
assurance contre les inondations d'origine maritime et fluviale (percée des défenses primaires
contre les inondations) à l'exception des produits destinés à un certain nombre de multinationales
et à quelques particuliers très fortunés. L'Association néerlandaise des assureurs indique que cela
est dû à une sensibilisation insuffisante (les Néerlandais se sentent relativement en sécurité) à
l'anti-sélection et au risque d'accumulation. » Les interlocuteurs administratifs de la mission lui ont
confirmé que les dégâts liés aux inondations n?étaient indemnisés que par des fonds publics, que
la mise en oeuvre de tels fonds était décidée au cas par cas par le gouvernement et qu?un principe
34https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/Modalit%C3%A9s%20d%E2%80%99application%20du%20d%C3
%A9cret%20PPRi%20%E2%80%93%20Novembre%202019.pdf
35 https://www.google.com/search?client=firefox-b-e&q=ERRIAL
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général était que l?indemnisation ne couvre pas la totalité des coûts, afin d?inciter à la prudence
ceux qui construisent ou résident en zone inondable36.
- Dans la suite de la « Water Bomb » de juillet 2021, le gouvernement de Wallonie a mis en place
une équipe projet « agile », afin de gérer au mieux les réponses immédiates à la catastrophe et la
préparation d?un urbanisme plus résilient qui n?a pas encore d?équivalent en France.
Le Commissariat spécial à la reconstruction a été mis en place dès le 26 juillet 2021. Cette
équipe pluridisciplinaire d?une dizaine de personnes a été mobilisée pendant un an pour répondre
de manière pragmatique aux besoins des 3 grands bassins versants belges sinistrés, en particulier
la vallée de la Vesdre. Il s?agissait d?avoir des réflexions sur des aménagements adaptés à la
situation. Le Commissariat spécial à la reconstruction n?est pas une autorité mais un ensemblier.
C?est une cellule placée auprès du président du gouvernement wallon, ce qui lui donne du poids.
Des enjeux forts ont été la gestion de la temporalité entre l?urgence (aide à la réparation, avec un
soutien public pour ce qui n?était pas couvert par les assurances) après crise et la reconstruction
résiliente, ou encore la priorisation pour cibler l?action sur les neuf communes les plus touchées. Il
s?agissait, selon les termes des personnes rencontrées, de réfléchir avant de reconstruire, sans
empêcher les mesures immédiates qui donnent du « confort ». Le travail a porté aussi sur la trame
agricole, les haies, le sens du labour, le couvert forestier, qui impactent la gravité des inondations.
- La gestion des fossés, canaux, cours d?eau diffère dans les trois pays. Si en France, la
responsabilité des riverains est affirmée, dans une logique d?association de tous les intéressés à
la gestion de l?eau, les Pays-Bas ont explicitement dissocié propriété et gestion ? celle-ci étant, le
plus souvent confiée à un opérateur, sans exclure, par exemple pour les wateringues, que des
agriculteurs en prennent en charge une partie. Les comparaisons quant aux doctrines et modalités
de gestion sont difficiles, compte tenu de la limite ténue entre entretien et curage. Pour autant, il
ressort qu?en Flandre comme au Pays-Bas, les modalités de gestion dépendent toujours de l?objet
visé, avec une différence possible entre ce qui est navigable et ce qui ne l?est pas, et donnent lieu
à une préparation d?ensemble (guides d?entretien territoriaux) et à des interventions régulières. Ces
programmes sont assurés et financés par les riverains, le cas échéant sous contrôle de l?autorité
compétente pour la gestion de l?eau, sauf pour les infrastructures majeures.
2.2.3 La posture en gestion de crise
- Des points de différence dans la gestion de crise, dans les modalités d?anticipation, de
communication et dans la place des élus locaux d?une part, de bénévoles d?autres part.
Aux-Pays-Bas, compte tenu du rôle majeur des digues dans la protection, des vérifications et
manoeuvres spécifiques sont nécessaires en prévision d?épisodes de crue intense. L?ensemble de
ces actions prennent habituellement 5 jours de travail. De ce fait, un préavis fixe est demandé
aux services de prévision météorologique et de prévision des crues. En France, c?est le
système des vigilances qui permet non seulement l?information du public mais aussi celle des
services de gestion de crise de l?Etat, sans exclure des échanges informels, mais qui ne relèvent
pas d?un cadre systématique.
« La communication est une partie essentielle de la gestion de crise ». Les témoignages de gestion
de crise, en Belgique comme aux Pays-Bas, soulignent l?importance de partager des règles
claires de communication qui se résument aux principes suivants : c?est l?autorité qui gère la
crise qui communique, les autres autorités étant les porteuses d?une démultiplication des
informations ainsi diffusées ? ce qui suppose qu?elles en disposent régulièrement et facilement.
L?accent est mis aussi sur la nécessité d?une veille sur les rumeurs (sur les réseaux sociaux en
particulier) pour y apporter des réponses rapides. C?est aussi un des points de recommandations
du rapport parlementaire après les crues de Wallonie.
Un corollaire de cette approche est, en Belgique comme aux Pays-Bas, une association étroite
36 IGEDD, 2023
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des élus locaux à la gestion de crise ? y compris par leur accès, en lecture au moins, aux
systèmes d?information de gestion de crise. Aux Pays-Bas, ce sont les autorités régionales de l?eau
qui sont associées à la gestion de crise des inondations.
Enfin, certaines autorités régionales de l?eau, aux Pays-Bas, recourent à des bénévoles, qui
constituent un réseau de plusieurs milliers de personnes, pour la surveillance des digues mais
aussi, conjointement avec leur personnel administratif, pour la fermeture de certains batardeaux et
pour le renforcement de digues en cas d?urgence (sacs de sable). Pour la préparation aux
situations de crise mais aussi pour l?inspection des digues, des formations sont prodiguées par les
autorités régionales de l?eau en mobilisant le cas échéant des entreprises qualifiées. Cette
démarche, qui est recommandée en Wallonie, dans le rapport postérieur aux inondations de juillet
2021, présente de nombreux intérêts, à commencer par la mobilisation de soutiens formés en
période de crise, mais également, au long des années, des occasions de travail en réseau entre
autorités et ainsi de soutien à la culture du risque dans la population. La mobilisation de volontaires
pour la surveillance des digues, réunis une fois par an, est un vecteur de sensibilisation de la
population au comportement de ces ouvrages et à leurs limites. Aux Pays-Bas, un des retours
d?expérience de la crise de juillet 2021 a été de réaffirmer la nécessi té que les informations
météorologiques soient interprétées par l?autorité compétente pour la gestion de l?eau, seule
habilitée à recommander aux municipalités l?évacuation (principe de « point unique d?alerte ») ;
cela afin d?éviter les évacuations superfétatoires non éclairées.
2.2.4 L?engagement dans l?adaptation au changement climatique
- Une première approche de l?adaptation au changement climatique est l?articulation d?enjeux
comme la gestion mieux articulée des risques d?inondation et de sécheresse. Elle apparait
hétérogène et, dans l?ensemble, non stabilisée. Aux Pays-Bas, les inondations de novembre 2023
ont à nouveau posé la question : au lieu d?évacuer le plus vite possible l?eau à la mer, un nouvel
enjeu, au regard des risques de sécheresse, ne serait-il pas de la retenir ? Le premier moyen pour
cela identifié aux Pays-Bas est l?infiltration dans les sols et la recharge des nappes, et non la
création de bassins de rétention, qui, de toutes façons sont difficiles à gérer car ils ont
potentiellement deux objectifs considérés comme non compatibles (en fonction des saisonnalités
des événements et des enjeux en présence) : écrêter les crues et retenir l?eau pour en disposer
l?été. En Flandre, la visite de la zone d?expansion des crues de Blanckaert a illustré le
fonctionnement d?une immense zone, qui n?a pas vocation à garder l?eau pour l?été. En Wallonie,
ont été évoquée les limites d?une approche de rétention de l?eau qui a finalement peu d?impact sur
des crues importantes, et apporte peu de réponse au regard des besoins en eau, notamment de
certains sites industriels gros consommateurs.
- De manière plus structurelle, le travail d?adaptation repose sur la structuration de démarches
organisées et pilotées d?anticipation des changements à venir et des mesures à prendre, dans
un calendrier réfléchi et partagé.
L?adaptation au changement climatique, en France, passe par la réalisation régulière du Plan
national d?adaptation au changement climatique (PNACC)37 qui liste des actions à mener, mais
n?est pas nécessairement identifié par les élus locaux ou le grand public comme dégageant des
lignes stratégiques fortes claires et partagées, comme a pu le faire, sur le seul sujet de la prévention
des inondations, la Stratégie nationale de gestion des risques d?inondation (SNGRI) après Xynthia.
37 La Stratégie nationale d?adaptation au changement climatique exprime le point de vue de l?État sur la manière
d?aborder la question de l?adaptation au changement climatique. Cette stratégie a été élaborée dans le cadre d?une
large concertation, menée par l?Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (ONERC),
impliquant les différents secteurs d?activités et la société civile sous la responsabilité du délégué interministériel au
développement durable. Elle a été validée par le Comité interministériel pour le développement durable réuni le 13
novembre 2006 par le Premier ministre. La France s?est dotée en 2011 de son premier Plan national d?adaptation
au changement climatique (PNACC) pour une période de 5 ans. Le 3ème devrait être approuvé en 2024.
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Encadré 9 : La Stratégie nationale de gestion des risques d?inondation (SNGRI)
Face au bilan catastrophique des inondations en Europe, notamment les grandes crues de l?été 2012 en Europe
centrale et du printemps 2013, le gouvernement a adopté en 2014 la Stratégie nationale de gestion des risques
d?inondation. Elle poursuit trois objectifs prioritaires, dont l?atteinte par les différents acteurs est à analyser sur le
long terme, à 20 ou 30 ans par une mise en oeuvre progressive, en conduisant une évaluation quantifiée des
performances actuelles et futures.
? Augmenter la sécurité des populations exposées
? Stabiliser à court terme, et réduire à moyen terme, le coût des dommages liés à l?inondation
? Raccourcir fortement le délai de retour à la normale des territoires sinistrés
Les principes directeurs au service des objectifs sont le principe de solidarité, le principe de subsidiarité et de
synergie des politiques publiques, et le principe de priorisation et d?amélioration continue.
Les quatre défis à relever sont :
? Développer la gouvernance et les maîtrises d?ouvrage
? Aménager durablement les territoires
? Mieux savoir pour mieux agir
? Apprendre à vivre avec les inondations.
En Belgique, des travaux importants et de natures différentes ont été organisées après la « water
bomb » : en Wallonie, le cadre est donné par le rapport parlementaire qui comporte 161
recommandations (annexe 7). En Flandre, à la suite de ces inondations, le gouvernement a
souhaité revoir la prévention des inondations sur son territoire en cas d?épisode météorologique
aussi grave. Le travail pluridisciplinaire, dont le pilotage a été confié à un universitaire néerlandais,
a conduit à l?avis « Résilient Waterland » qui comporte dix recommandations, que, de fait,
apparaissent comme le passage de la prévention des inondations à l?adaptation au changement
climatique. Ce travail apparait également, dans les échanges, comme de nature à faciliter de
mobilisation collective en temps utile, et notamment dans la suite des inondations de 2023, pour
mettre en place dans des délais courts, les suites adaptées à cette crise.
Les Pays-Bas sont engagés depuis le début des années 2000 dans des travaux sur leur
adaptation au changement climatique. « Nous vivons dans un delta, nous devons nous adapter
continuellement », « La stratégie pour les siècles à venir repose sur deux piliers : la protection
contre les inondations et la durabilité », ou encore « Le choix d?accepter l?eau comme une
opportunité et non plus comme une menace est fait, soit un changement radical dans la philosophie
de ce pays conquis par la pelle et la sueur. » Le Commissariat au Programme Delta, historiquement
tourné vers les grands travaux d?infrastructure, puis peu à peu également vers ceux visant à
redonner de la place aux cours d?eau, a connu une nouvelle étape à partir de 2012 avec la création
du Commissaire du Delta dont les travaux visent l?anticipation du changement climatique, dans une
démarche stratégique, de planification spatiale, et une approche partenariale. Il s?agit de travailler
sur les limites que nous donne la nature, limites qui sont atteintes. Une priorité identifiée depuis
2021 est de mieux prendre en compte l?eau et les sols. Cela a été porté par le gouvernement entré
en fonction en janvier 2022, puis a donné lieu à une stratégie gouvernementale transmise au
parlement en date du 25 novembre 2022, présentant les actions prévues en grandes lignes, à une
revue scientifique, et à des discussions avec tous les niveaux de gouvernement.
Encadré 10 : ce qu?un expert néerlandais propose de retenir dans un processus de
parangonnage38
« Les Pays-Bas sont souvent mis en avant en raison de leurs prouesses techniques dans le domaine de la maîtrise
de l?eau. Mais celles-ci sont le résultat de siècles d?évolution et d?un profond ancrage de cette question dans la
culture néerlandaise. Elles sont également spécifiques de la géographie et des enjeux propres à ce pays et, de ce
fait, ne sont pas forcément adaptées pour pouvoir être exportées telles quelles dans d?autres pays. (?)
Le risque d?inondation est très présent dans l?inconscient collectif néerlandais depuis des siècles ; la maîtrise de ce
risque est acceptée, car elle constitue un enjeu fondamental de la survie même du pays. De ce fait, des mesures
ont été prises pour lui donner une place spécifique dans les processus décisionnels, qui la met à l?abri des aléas et
des contraintes politiques.
38 R.Slomp Y. Friocourt, 2023, Quelles leçons peuvent tirer les autres pays de l?exemple des Pays-Bas ? Annales
des mines 107.
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Par ailleurs, la société et le modèle politique néerlandais reposent fortement sur le principe du compromis, ce que
l?on appelle le « modèle du polder » : avant qu?une décision soit prise, il est important que les opinions des uns et
des autres soient attentivement écoutées, afin de pouvoir prendre la décision qui causera le moins de frictions. Ce
modèle ne facilite pas la rapidité dans la prise de décision, mais il permet à chacun de se sentir écouté et respecté.
Appliqué dans le domaine de la maîtrise de l?eau, il encourage chacun à essayer de trouver des solutions
techniques pratiques, qui respectent les différents enjeux, et de mise en oeuvre très décentralisée.
Cette approche marquée par la lenteur nécessite d?anticiper, de se poser le plus tôt possible des questions
fondamentales, sans forcément y apporter de réponse immédiate. Et cela est spécifiquement le but du programme
de recherche portant sur les conséquences de la hausse du niveau de la mer : il n?est pas question de trouver
immédiatement des mesures qui mettront les Pays-Bas directement à l?abri de ce risque, mais plutôt de comprendre
jusqu?à quand les principes de base actuels de la gestion sont tenables et quelles options sont possibles pour le
futur. Par la suite, chaque direction identifiée sera étudiée plus en détail et fera l?objet d?études d?impact et de
consultations publiques, avant que des décisions ne soient prises. Et chaque nouvelle inondation ou épisode de
sécheresse inattendus apporteront leur lot de découvertes et de déconvenues qui seront, elles aussi, intégrées
dans le processus décisionnel.
De plus, la pérennité des solutions aux Pays-Bas est indéniablement interdépendante des choix que les pays voi-
sins pourront faire, particulièrement dans les bassins versants des fleuves Rhin, Meuse et Escaut. L?adaptation au
changement climatique ne se fera que via la collaboration internationale et le soutien actif de la société tout entière,
chacun dans son domaine de compétence.
Les autorités nationales et locales peuvent définir des principes de base et des réglementations, mais ce sont les
citoyens et les entreprises qui, finalement, vont décider ou non d?accepter un risque et de participer à l?effort com-
mun. Dans les régions où le risque d?inondation existe depuis des générations, cette volonté est déjà présente dans
l?inconscient collectif. Mais pour les habitants des autres régions, il est important de les éduquer et de leur en
expliquer les raisons, afin de rendre chacun d?eux partie prenante dans l?appréhension du problème et surtout dans
l?élaboration des solutions y répondant.
L?allocation structurelle de budgets pérennes en est un ingrédient essentiel. La croissance économique progressant
beaucoup plus rapidement que la période de réfection des milliers de kilomètres de digues qui dure typiquement
trente à quarante ans, on estime que le risque d?inondation aux Pays-Bas est resté à peu près constant en termes
financiers depuis 1953, la dernière inondation catastrophique enregistrée. Cela suggère a contrario que ce risque
pourrait avoir fortement augmenté dans les pays qui n?ont pris aucune mesure particulière et prouve ainsi l?ampleur
du défi qui nous attend ».
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3 Les actions et axes de progrès qui se dégagent
Les comparaisons avec nos voisins offrent l?occasion de constater que, dans un cadre commun
donné par les directives européennes, et parfois le vécu des mêmes catastrophes quoique
d?amplitudes différentes, chaque Etat, ou région, a construit une prévention des inondations qui fait
système avec des avancées sur différents points.
Les pistes d?amélioration qui en ressortent sont de natures différentes : celles qui tiennent à des
actions ponctuelles, de nature à renforcer des démarches en cours, et celles qui sont plus
structurelles. Dans certains cas, les territoires touchés par les inondations de 2023 pourraient être
expérimentateurs, en vue d?une diffusion des bonnes pratiques identifiées ailleurs sur le territoire
national.
3.1 Croiser le retour des inondations de fin 2023 - début 2024 et les
bonnes pratiques de nos voisins
3.1.1 Des leviers pour améliorer la gestion de crise
3.1.1.1 Organiser une participation accrue des élus à la gestion de crise
- Identifier le niveau de participation pertinent ? entre EPCI et EPTB et structurer une participation
efficace à la gestion de crise avec comme axes de travail :
- le développement de dispositifs de surveillance du réseau et de systèmes d?information partagés,
en interface avec les autorités préfectorales gestionnaires de la crise,
- la participation, proportionnée, organisée et anticipée de ces élus ou de leurs services à la gestion
de crise ? avec par exemple l?accès en lecture aux informations continues, la participation à des
exercices telle que prévue dans les circulaires du ministère de l?intérieur?. Cet axe de travail peut
être lié à des dispositifs de formation des élus renforcés.
- l?amélioration des protocoles de communication pour répondre aux attentes des populations aux
plus près du terrain, et éviter les rumeurs.
Recommandation 1. : Proposer une place réelle pour des élus dans la gestion de crises
inondation, notamment au sein des cellules de crise, dans le partage de la vision globale de
l'information sur le la gestion des événements liés à la crise et des données sur l'ensemble
du territoire en crise (travail à mener sous pilotage de la DGSCGC en lien avec les
préfectures, des représentants des EPTB, des EPCI et des maires, en lien avec la DGPR d?ici
fin 2024, pour préciser la feuille de route et engager les premières actions).
3.1.1.2 Mieux anticiper les moyens de pompage en crise
Si les dispositifs de pompage pérennes et de secours semblent très organisés aux Pays-Bas, le
retour d?expérience des crues de 2023 en France comme dans en Flandre a témoigné d?une
capacité à mettre en place et déployer dans les meilleurs délais des dispositifs qui n?étaient pas
prévus au niveau requis. Dans la suite de ce déploiement, il parait nécessaire que le re tour
d?expérience conduise à :
- intégrer ce qui a été efficace dans les plans Orsec, et compléter ce retour d?expérience, si
nécessaire, avec d?autres scénarios de crises ;
- identifier les infrastructures requises ? plates-formes, apports d?énergies, les éventuels travaux
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structurels à mener, et à identifier ce qui relève de l?axe gestion de crise des PAPI et ce qui relève
des moyens des SDIS, et de ceux de la sécurité civile ;
- prévoir dans la programmation nationale les pompes de secours utiles à l?échelle nationale.
Recommandation 2. : Evaluer et revoir en profondeur le schéma d?évacuation à la mer des
crues extrêmes, par voie gravitaire et par pompage, notamment par la mise en place d?un
système de pompage de renfort efficient pour ces inondations dans le delta de l?Aa, travail
à mener sous l?égide de la préfecture du Pas-de-Calais, avec les Syndicats mixtes
concernés et le conseil départemental, d?ici l?automne, pour préciser la feuille de route et
engager les premières actions avant l?hiver.
3.1.1.3 Expérimenter des dispositifs de participation citoyenne
Des dispositifs de mobilisation citoyenne, comme il en existe en Belgique et aux Pays-Bas,
préparés et animés à l?avance, participent de l?efficacité de la gestion de crise et contribuent à la
culture du risque (cf : supervision de l?état des digues, rapport IGEDD) 39. Ils demandent un travail
spécifique, notamment si les bénévoles ont vocation à être mobilisés en crise (assurances).
Recommandation 3. : Expérimenter une participation citoyenne à la gestion de crise, sur la
base de réseaux de volontaires formés, travail à mener sous l?égide de la DGSCGC en lien
avec l?AMF, sous un an, et développer la culture du risque pour les populations des
territoires impactés, notamment par une appropriation des gestes et des réflexes en
situation de crise.
3.1.1.4 Deux pistes concrètes pour poursuivre et renforcer un travail permanent
sur la culture du risque
Chacun des Etats met en avant la nécessité de travailler en permanence la culture du risque. Il y
a aussi un accord sur la période spécifique de sensibilisation que représentent les mois qui suivent
une inondation. Au regard des actions menées dans les pays voisins, deux actions méritent
attention :
Il a été souvent constaté à la fois une incompréhension des événements inattendus que sont les
inondations majeures, et la nécessité d?appréhender les nécessaires solidarités pour la gestion de
l?eau à l?échelle des bassins versants. Dans la suite des crues de Wallonie, a été organisée une
démarche d?explication du phénomène, de la manière dont il a été géré, et des suites envisagées.
Recommandation 4. : Organiser sur les principaux bassins versants du Pas-de-Calais des
séminaires de retour d?expérience des inondations, sous l?égide des préfets, en lien avec
les élus locaux, à l?été 2024, quelques mois après la sortie de crise.
Dans la suite des crues de Wallonie, la question a été posée, en Flandre, de ce que cette pluie
aurait donné sur son territoire. Les exercices de stress test, y compris dans une démarche
39 Le rapport de l?IGEDD de 2023 consacré au retour d?expérience des crues de juillet 2021 cite par exemple le
séminaire qui s?est tenu à Longuyon, pour le bassin de la Chiers (Haut pays meurthe-et-mosellan, secteur de
Longwy).
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transfrontalière, sont à la fois un moyen d?objectiver les risques inhérents au changement
climatique et de s?exercer.
Recommandation 5. : Prévoir dans le calendrier des exercices nationaux, une démarche de
stress test, sur la base par exemple d?un scénario de type « water bomb », sous l?égide de
la DGSCGC.
3.1.2 Etablir un diagnostic partagé de l?état des cours d?eaux, canaux,
fossés
La question de l?état des fossés, canaux, navigués ou non, voire cours d?eau a été au coeur de
nombreuses discussions dans le Pas-de-Calais, centrées sur des demandes de simplifications ou
de moyens financiers de rattrapage, mais qui ont fait également ressortir un manque de
connaissance des responsabilités, de vue d?ensemble, de doctrines partagées sur l?utilité et les
inconvénients potentiels des différents types d?intervention, voire de moyens adaptés. Dans les
pays voisins, il existe des plans d?entretien, adaptés aux différentes situations. Une fois passée la
phase de curages et entretiens requis après la crise, une vue d?ensemble et une programmation
d?interventions nécessaires semblent se justifier, qui permettront aussi de calibrer les moyens
requis.
Recommandation 6. : Etablir un état global des lieux des fossés, canaux, cours d?eau,
berges et digues en associant les parties prenantes, évaluer et revoir la périodicité et
l'organisation des contrôles des obligations de leur entretien et évaluer toutes les options
favorisant l'évacuation gravitaire de l'eau à la mer, y compris les canaux ne présentant plus
d'utilité pour la navigation, en vue d?établir un programme pluriannuel de suivi et d?entretien.
Un travail préalable, sous pilotage de la DREAL de bassin Artois Picardie, sera nécessaire pour
préciser les modalités de cette démarche. Assurer une veille régulière de l'état de ces
infrastructures, le cas échéant en y associant des citoyens volontaires formés à cet effet.
Etablir un état des lieux suppose un travail préalable de méthodologie : à quelle échelle le mener,
selon quelles modalités ? à quelle fréquence le mettre à jour ? comment partager les résultats ?
Cet état des lieux pourrait concerner la cartographie, le fonctionnement hydrologique, les actions
prévues dans des SAGE, des PAPI, contrats d?objectifs ou protocoles, le niveau d?entretien attendu,
la partage des informations, la communication, l?évaluation des moyens requis ? .
3.2 Renforcer le portage de la prévention par les collectivités
locales compétentes
En France, la mise en place de la Gemapi conduit à organiser la gestion des enjeux liés à l?eau à
l?échelle de territoires hydrologiquement pertinents, par transfert ou délégation de compétences à
des syndicats intercommunaux.
Sur les territoires impactés par les inondations de novembre 2023, se pose la question de leur taille
critique, soit au regard de la taille des équipes et des moyens requis pour une action efficace, soit
au regard du fonctionnement des bassins versants. Une meilleure structuration apparait comme
un « pré requis » à un accélération de l?action, qui ne peut venir que des élus locaux, le cas échéant
sous l?impulsion du préfet coordinateur de bassin.
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Elle devra aller dans le sens de la simplification et de la lisibilité, y compris dans l?articulation des
structures gemapiennes avec les sections de Wateringues et contribuer à une meilleure
mobilisation des moyens financiers prévus, dans une logique de solidarité. Sans aller jusqu?à
l?intégration complète néerlandaise, peut-être non adaptée au contexte français, d?éventuelles
évolutions peuvent viser une meilleure association de toutes les parties prenantes et des
financeurs potentiels. Les parties impliquées, au regard de l?exemple néerlandais, pourraient
également intégrer la nécessité d?un portage politique coopératif et fort des enjeux de gestion de
l?eau.
Recommandation 7. : S?appuyer sur la mission des inspections en cours sur la gouvernance
pour rendre plus robuste et efficace la mise en oeuvre de la Gemapi dans les bassins
versants touchés par les inondations, dans ses aspects organisationnels et financiers, afin
de gagner en simplicité, lisibilité et efficacité, et créer une approche opérationnelle
cohérente de l?amont jusqu?à l?aval.
3.3 Anticiper les modalités du relèvement et l?accompagner par une
structure spécifique
Un Commissariat spécial à la reconstruction a été mis en place auprès du gouverneur de Wallonie
après les crues de Wallonie. En France, après des catastrophes, un préfet ou un sous-préfet peut
être mobilisé en position de chef de projet de la période post-crise, ce qui facilite les réponses
immédiates, sans toutefois aller jusqu?à faciliter une stratégie de reconstruction résiliente, portée
par les acteurs locaux.
Recommandation 8. : Dans la suite des inondations de novembre 2023, mettre en place une
structure technique spécifique de relèvement (commissariat de la reconstruction doté d'une
équipe pluridisciplinaire et placé auprès d'une autorité politique), dans le cadre d?une
expérimentation : pour une durée pertinente, de l?ordre de plusieurs mois, elle apporte aux
préfets et à leurs services un soutien opérationnel au relèvement, pour intégrer la réduction
de la vulnérabilité dans tout l?aménagement du territoire. Si l?expérimentation est réussie, cette
structure a vocation à être pérennisée pour capitaliser du retour d'expérience et être mobilisée
rapidement en gestion post-catastrophe dans le futur dans tout le territoire national.
3.4 Renforcer les coopérations transfrontalières
En raison des inondations exceptionnelles dans les Flandres intérieures en novembre 2023, sur
sollicitation du gouverneur des Flandres, le dispositif et les ouvrages du projet MAGETEAUX ont
été activés pour évacuer un maximum d?eau via le canal de Furnes directement à la mer par
Dunkerque, avant même la finalisation totale du protocole ? ce qui été salué dans les échanges.
L?eau a toujours constitué, pour ce secteur en dessous du niveau de la mer, un sujet de coopération
prioritaire et fait l?objet de nombreux échanges dans le cadre de groupes de travail au sein de
nombreux organismes, dont celui du groupement européen de coopération territoriale) West-
Vlaanderen / Flandre-Dunkerque-Côte d?Opale.
La convention-protocole sur le secteur des Flandres française et belge avait fait l?objet d?une
réunion conclusive à Bruges le 8 mars 2023, présidée par le gouverneur de la Province de Flandre
occidentale et en présence de la secrétaire générale de la préfecture du Nord, qui présidait la
délégation française. Le texte a ensuite été envoyé par le préfet de région Hauts-de-France, au
Ministère de l?Europe et des Affaires étrangères en vue de sa ratification. La Flandre a procédé au
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même envoi auprès de son ministère concerné en Région flamande. Plusieurs personnalités
rencontrées en Belgique ont souligné la nécessité d?aller au bout de ce processus.
Par ailleurs, depuis 1994, la signature de l?Accord sur la protection de l?Escaut (accord de
Charleville-Mézières) et la création Commission Internationale pour la Protection de l?Escaut
(CIPE), les gouvernements de la République française, de la Fédération Wallonie-Bruxelles, de la
Région Flamande, de la Région de Bruxelles-Capitale et du Royaume des Pays-Bas travaillent
ensemble sur ce bassin.
En 2001, cette coopération transfrontalière a évolué avec la délimitation du district hydrographique
international Escaut, l?affiliation de l?État fédéral belge à l?Accord, la réalisation, d?un seul plan de
gestion de bassin versant pour l?Escaut ainsi qu?une réflexion multilatérale au sein de la CIPE,
visant à établir des mesures d?atténuation des effets des inondations et des périodes de
sécheresse. L?accord de Gand du 3 décembre 2002 formalise ces évolutions. La CIPE devient
alors la Commission Internationale de l?Escaut (CIE). Les Parties Contractantes à l?Accord de Gand
s?efforcent de réaliser une gestion de l?eau durable et intégrée pour le district hydrographique
international de l?Escaut (district de l?Escaut). Dans ce cadre, la CIE est le forum international de
coordination des directives européennes sur l?eau dans le district. Elle traite en particulier de la
coordination internationale de la directive cadre sur l?eau (2000/60/CE), de la directive relative à
l?évaluation et à la gestion des risques d?inondation (2007/60/CE), de l?adaptation au changement
climatique (notamment la prévention des effets dus aux sécheresses) et de la lutte transfrontalière
contre les pollutions accidentelles survenant dans les eaux du district de l?Escaut. Des échanges
en décembre 2023 entre la DREAL Hauts-de-France et l?agence de l?environnement de Flandre
(VMM) qui représentent respectivement la France et la Flandre dans la CIE portent notamment sur
les propositions formulées dans le cadre de la task force créée par le gouvernement flamand. Les
parties sont habituées à collaborer pour la mise en place d?accords.
Enfin, la province du Hainaut a mobilisé une pompe de moyen gabarit qui a été employée à Calais
durant quelques jours durant les inondations dans le Pas-de-Calais. Ensuite, c'est le mécanisme
européen de solidarité qui a été activé par le ministre (samedi) et qui a conduit à l'acheminement
de quatre pompes hollandaises de grand gabarit.
Le Ministère néerlandais des Infrastructures et de la Gestion de l?eau a souhaité souligner
l?importance des coopérations transfrontalières dans la prévention des inondations fluviales et de
la gestion des crises. Ses représentants appellent de leurs voeux une plus grande participation des
autorités françaises, nationales ou régionales, dans les cadres existants et dans le contexte de
l?Union Benelux+. En ce sens, la candidature de la Région Hauts-de-France au statut d?observateur
de l?Union Benelux+, au même titre que le Land de Rhénanie du Nord-Westphalie, devrait
permettre le renforcement de la coopération transfrontalière dans le domaine de l?eau, ainsi que la
signature, le 3 avril, d?une feuille de route de la coopération entre la Région Hauts-de-France et les
Pays-Bas, alors que l?exécutif régional vient de se doter d?une vice-présidence en charge de l?eau.
Recommandation 9. Accentuer les coopérations transfrontalières dans le domaine de la
gestion de l'eau et la prévention des inondations pour développer le partage des bonnes
pratiques et les réflexes de gestion commune des crises.
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3.5 Installer une institution stratège et pérenne, au plus haut niveau
de l?Etat, pour orienter et soutenir l?adaptation au changement
climatique
3.5.1 Structurer le portage politique de l?adaptation au changement
climatique au plus haut niveau
Les inondations de fin 2023 ont été perçues, peut-être pour la première fois dans le Nord de la
France, comme la marque du changement climatique, faisant ressortir à la fois le besoin d?amé-
liorer la prévention des inondations pour ne pas se retrouver, de manière de plus en plus fré-
quente, dans la même situation, mais aussi d?élargir le champ, de rapprocher les sujets : inon-
dation, submersion et élévation du niveau de la mer, inondation et sécheresse, utilisation du
foncier et enjeux de désartificialisation ou de recherche de zones d?expansion des crues ?
La mise en place, en 2012, aux Pays-Bas, du Commissaire du Delta marque aux Pays-Bas un
tournant qui est de ne plus travailler seulement sur la base du retour d?expérience des crues
mais de chercher à anticiper en intégrant le changement climatique.
Encadré 10 : Le Commissaire du Delta aux Pays-Bas, un gardien de la sécurité hydraulique du
pays
Fonction créée par la loi Delta entrée en vigueur le 1er janvier 2012, le Commissaire du Delta aux Pays-Bas
assume un rôle crucial dans la gestion de l?eau, axé notamment sur la protection contre les inondations et la
préservation des ressources hydrauliques. Nommé pour une durée de 7 ans (renouvelable une fois) par le
gouvernement, le Commissaire du Delta (épaulé par une équipe d?une quinzaine de personnes) dispose de
l?autorité requise pour faciliter la coopération interministérielle et la cohérence des actions initiées par les dif-
férents niveaux de gouvernance. Sa visibilité contribue en outre à sensibiliser l?opinion publique à la nécessité
de mieux prendre en compte les effets du changement climatique.
Chaque année, dans le cadre de la procédure budgétaire, le commissaire soumet de nouvelles recommanda-
tions et mesures pour le programme Delta. Il fait le lien avec les organes administratifs concernés, les entre-
prises et la société civile, suit l?avancement de la mise en oeuvre du programme Delta, mais n?en porte pas la
responsabilité politique qui incombe au ministre de l?Infrastructure et de la Gestion de l?eau.
Le Commissaire peut participer, en tant qu?expert, au Conseil de l?environnement, présidé par le Premier
ministre et comprenant une dizaine de ministres dont notamment les ministres chargés de l?infrastructure et de
la gestion de l?eau, de l?agriculture et de l?environnement.
Le Commissaire du Delta, dispose d?un budget propre, et a pour mission d?assurer une bonne coordination
entre les organismes d?Etat, les autorités régionales de l?eau (« Waterschappen ») les provinces et les munici-
palités, et le cas échéant, les acteurs concernés de l?énergie, du tourisme ou de l?écologie. Il supervise le
Programme Delta, qui se décline en 7 sous-programmes régionaux (Littoral « Kust », Delta d?Escaut « Zuid
Westelijke Delta », mer autour des Îles de la Frise « Waddenzee », fleuves Rhin et Meuse « Rivieren », Delta
Rhin-Meuse « Rijnmond Drechtsteden », Grands Lacs « IJsselmeergebied ») et trois sous-programmes natio-
naux (analyse des risques d?inondation, gestion de l?eau, urbanisme et aménagement du territoire : «
Nieuwbouw en Herstructurering » ). Si l?ordre du jour le justifie, le Commissaire du Delta peut participer au
Conseil des Ministres pour évoquer le Programme Delta.
Le Commissaire du Delta aux Pays-Bas incarne l?engagement continu du pays à protéger ses terres et ses
habitants contre les inondations, tout en cherchant des solutions innovantes et durables pour faire face aux
défis actuels et futurs liés à l?eau. Depuis 2012, trois personnalités se sont succédées à cette fonction. Wim
Kuijken fut le premier Commissaire du Delta du 1er février 2010 au 1er janvier 2019, date à laquelle il a pris sa
retraite. Peter Glas lui succéda jusqu?à sa propre retraite, le 30 novembre 2023. Co Verdaas est le nouveau
commissaire depuis le 1er décembre 2023.
Co Verdaas possède une vaste expérience des défis liés à l?eau aux Pays-Bas. Il a été auparavant membre
du Parlement néerlandais (200362006), député de la province de Gueldre (2007-2012) et pendant une courte
période secrétaire d?État à l?économie dans le cabinet Rutte II. Il a étudié l?urbanisme à l?Université Radboud
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de Nimègue et enseigne le développement régional comme professeur à temps partiel à l?Université technique
de Delft. Lors de sa prise de fonction, Co Verdaas a estimé qu?il était « important que l?eau ne soit pas consi-
dérée comme une tâche isolée et qu?elle soit liée aux défis liés au logement, à la nature et à la durabilité de
l?économie. (?) Nous avons une tradition de protection contre l?eau et l?ambition de vivre avec l?eau ».
.
Recommandation 10. : Dans le contexte des inondations dans le Pas-de-Calais et le Nord,
mettre en place une nouvelle institution, qui assure dans la durée et au plus haut niveau de
l?Etat, le portage politique de l?anticipation au changement climatique, dans une logique
d?appui scientifique et technique, de coordination, de médiation. De taille réduite, elle a
vocation à mobiliser les administrations et opérateurs de l?Etat et à être un soutien des élus locaux
40.
Une première étape, sous un an, est de configurer cette structure, et le cas échéant son articulation
avec les comités de bassin, et de la mandater pour travailler y compris sur les sols.
« Le plus difficile, c?est de faire avec l?incertitude », « Je n?ai pas de réel pouvoir, mais tout le monde
écoute ce que dit le Commissaire du Delta », « Le commissaire du Delta, c?est un peu la vigie
néerlandaise contre les inondations, à l?image de ce que constitue pour nous contre les accidents
de la route, le Délégué interministériel pour la sécurité routière et la Prévention routière. »
Les échanges avec le gouvernement flamand témoignent d?un intérêt pour des coopérations trans-
frontalières entre les autorités sui seront en charge de l?adaptation au changement climatique.
3.5.2 Une action à lancer : représenter l?inondation et informer
Les Pays-Bas ont mis en place un système d?information et de pédagogie en ligne qui repose sur
deux outils une carte qui présente une information localisée sur tous les risques et en particulier
l?inondation, et de outils de communication et de pédagogie.
3.5.2.1 Une carte des provinces, qui offre une information localisée sur tous les
risques (avec un accès dans différentes langues dont le Français)
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Figure 2 : site néerlandais, page de garde et carte du risque d'inondation par la mer, un lac ou une rivière (source
Homepage | Risicokaart)
Ce site est l?équivalent du portail Géorisques français dans son principe. Une différence importante
réside dans l?information donnée sur les inondations.
Figure 3 : portail Géorisques
Aux Pays-Bas, l?information porte sur l?ensemble des cours d?eau, pour différents scénarios d?aléa.
La mise à disposition de ces couches d?information résulte d?un travail de longue haleine, plus de
10 ans et de l?ordre de 70 M d?euros, qui a permis d?utiliser, notamment, les données sous-jacentes
à la prévision pour établir des scénarios d?inondations pour tous les cours d?eau. En pratique,
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https://www.risicokaart.nl/
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chaque province disposait auparavant de données d?inondation, mais non homogènes. Plus
précisément, les grande lignes étaient uniformes mais chaque province avait fait ses choix quant
aux modélisations hydrauliques utilisées et les hypothèses sur le rôle des ouvrages (routes, chemin
de fer ? ), aptes ou non à servir de digue.
- Une première étape déterminante a été de déterminer, à l?échelle nationale, les scénarios
d?inondations sur lesquelles l?Etat souhaitait diffuser des informations : il a été retenu de
présenter les zones inondées de crue décennale à la crue millénale et même encore moins
probable. Il s?agit notamment de faire comprendre l?emprise spatiale de différentes crues, surcotes
ou combinaisons, des plus fréquentes aux plus extrêmes. Ce choix doit être assumé politiquement,
homogène sur le territoire et accompagné.
- Ensuite, il a fallu mettre en place les coopérations nécessaires pour établir la cartographie
en mobilisant les différents ministères, opérateurs et autorités locales concernés. En effet, faire la
carte idéale mettrait très longtemps cat il faudrait développer toutes les modélisations : il a donc
été choisi, dans un premier temps, de rassembler les données existantes de chaque province pour
les mettre en cohérence avant de les publier. La coopération est, ainsi, la deuxième condition forte
de cet exercice. Elle s?est matérialisée par un comité de pilotage rassemblant des représentants
des partenaires concernés d?une part, et des engagements de contribution aux travaux par la mise
à disposition des hommes/jour et des financements nécessaires par chaque organisme. Les
travaux se poursuivent, sur la base de cette première étape pragmatique mais structurée, pour
aller vers des cartes homogènes dans leur conception même. Mais il a été utile de passer par cette
première phase, appuyée sur les données existantes, qui a permis d?aller plus vite et de donner à
voir un résultat satisfaisant cat fiable et partagé, utilisable par tout un chacun car mis à disposition
en ligne.
En France, il existe, de par l?historique de la prévention des inondations, différents types de cartes
les représentant :
- les cartes des Plans de prévention des risques d?inondation (PPRi) représentent la crue la plus
importante connue ou la crue centennale modélisée. Elles reposent, depuis 2019, sur un corpus
de méthodes homogènes quant à la prise en compte des ouvrages de protection. Elles sont liées
à des zonages réglementaires, qui s?imposent à l?urbanisme. Elles ne constituent pas un continuum
puisque les PPRi sont réalisés là où il y a les plus forts croisements aléas-enjeux. Elles sont la
base de la procédure en ligne « Information acquéreur locataire » (IAL) ;
- les Atlas de zones inondables (AZI), réalisés dans les années 2000 puis laissés de côté, font
parfois référence localement, sans constituer un continuum le long du réseau hydrographique ;
- les zones inondées potentielles (ZIP)i ont été mises en place pour la gestion de crise, avec
différents scénarios d?inondation pour guider les autorités, qui ne recouvrent donc pas
nécessairement les hypothèses et méthodes utilisées pour les élaborer les cartes des PPRi. Elles
sont préparées, progressivement, au droit des stations de mesure du réseau Vigicrues, elles ne
font pas un continuum. Un travail est en cours pour les mettre en ligne sur le site Vigicrues fin
2024-début 2025. Ce sera une avancée importante pour l?information du public, avec une vigilance
pour expliquer que les cartes de PPRi et les ZIP sont différentes dans leur élaboration, leurs
finalités et leurs portées, mais toutes justes. Ce sont les scénarios des cartes de ZIP qui
s?approchent le plus de la démarche d?information néerlandaise (les Pays-Bas n?ayant pas mis en
place l?équivalent des PPRi)
- les cartes qui figurent dans les Plans de gestion du risque inondation (PGRI), à l?échelle des
bassins hydrographiques, dans l?Evaluation primaire des risques d?inondation (EPRI), en
application de la Directive inondation. Elles présentent obligatoirement des crues extrêmes,
couvrent tout le réseau hydrographique principal, mais ne sont pas « zoomables ». Il faut rappeler
que lors de la première réalisation de ces cartes, il avait été choisi, dans certains bassins, de ne
pas les diffuser. La compréhension du risque inondation demande en effet un accompagnement
spécifique pour expliciter les différents scénarios représentés. Les cartes de l?EPRI constituent
également une approche de la démarche néerlandaise ;
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- enfin, dans certains cas, pour la préparation de PPRL par exemple, quelques DDT ont fait
développer des représentations dynamiques de l?effet d?une inondation sur un territoire. Il existe
des cas dans le nord de la France, sans que les résultats aient été présentés au public. Dans
certains cas, et dans le cadre des PAPI, certaines collectivités ont également développé des outils
de simulation, en réalité augmentée.
3.5.2.2 Des outils de communication pour former aux comportements qui sauvent
Les cartes diffusées au Pays-Bas permettent également, à partir de ces mêmes couches de
données, de visualiser, pour un bâtiment, l?effet de différents scénarios d?inondation. A chaque
scénario sont liés des conseils de préparation et de comportement, avec une image stylisée
représentant une maison. L?ouverture de l?application sur téléphone portable permet de mettre la
photographie de son habitation à la place du dessin indicatif.
En France, dans certaines régions, ont été développées des applications permettant de visualiser
en réalité augmentée une rue inondée. Cela relève, par exemple, d?action de culture du risque
développées dans les PAPI. Des conseils de comportements figurent sur le site Géorisques de
manière générique ; ils sont repris et amplifiés dans des actions ciblées et récurrentes comme la
« Campagne cévenole ». Lors d?événements importants, certains assureurs envoient dorénavant
des SMS à leurs clients sur le risque encouru. Il est également possible de s ?abonner à Vigicrues
pour recevoir des informations sur la station à proximité de chez soi.
Avancer sur une cartographie nationale homogène et partagée permettrait de développer des outils
de sensibilisation personnalisés de manière beaucoup plus sytématique.
Figure 4 : exemple d?outils pédagogique (source https://overstroomik.nl/)
Alors que le secteur des assurances se dote de cartographies visant à identifier les zones les plus
à risque, avancer sur une cartographie nationale homogène des risques d?inondation permettrait
de disposer et de diffuser une information publique sur différents scénarios d?inondation, fondement
de la culture du risque.
Recommandation 11. Engager l?élaboration d?une cartographie nationale des inondations,
permettant de développer des outils pédagogiques. Cela demande une expression politique
claire sur la gravité des scénarios d?inondation à traiter et sur le type d?inondation à aborder, et un
travail structuré et partenarial pour publier un résultat découlant d?une approche partagée entre
différents services ministériels, les opérateurs concernés, les représentants des collec tivités
locales, les associations impliquées et certains partenaires comme la Caisse centrale de
réassurance.
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https://overstroomik.nl/
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Conclusion
La France dispose d?un socle de prévention des inondations ancien, qui mobilise Etat et
collectivités locales, mais il y a bien sûr toujours des améliorations possibles, notamment identifiées
dans l'exercice de parangonnage qui est très utile. Le contexte du changement climatique doit
conduire à renforcer en efficacité et en ambition les efforts en la matière, et à structurer de
nouveaux travaux d?anticipation.
Les échanges menés dans le cadre de la mission de parangonnage ont été fructueux ; il y a un
intérêt pour une réciprocité ou des suites à ce travail, notamment dans la cadre des échanges sur
les sujets transfrontaliers, mais plus largement :
- Les conditions d'avancées de la prévention des inondations ont des composantes techniques ou
organisationnelles mais relèvent en premiers lieux de questions de posture : un portage politique
fort à tous les niveaux, la mise en oeuvre de coopérations sont des conditions premières à des
avancées significatives. Chaque autorité a une place dans l?approche française, du maire qui est
le contact de proximité des habitants et le responsable de la sécurité sur le territoire de la commune
à l?Etat en passant par l?EPCI, échelle de l?aménagement, ou du syndicat en charge de la Gemapi :
l?engagement de chacun et la fluidité de leurs relations sont un gage d?efficacité
- Les avancées se font dans la durée car elles reposent sur des évolutions exigeantes, qu?il s?agisse
d?aménagement du territoire ou d?évolution de comportements: il convient, pour les différentes
autorités en charge, chercher les actions sans regrets, avancer à petits pas, développer une
approche plus agile, ou encore lancer, dans un format réfléchi, les travaux les plus nouveaux et
complexes sur l?adaptation.
- La questions des moyens se pose toujours : les coopérations demandent du temps et des
compétences. Des structures nouvelles ad hoc sont nécessaires, l?une pour faciliter le relèvement
après de nouvelles catastrophes qui surviendront, et l?autre pour le portage politique et concret de
l'adaptation au changement climatique, qui demanderont des effectifs. Dans un contexte de tension
budgétaire, il faut comparer le coût de la préparation avec le coût de la réparation, documenter la
non action, par exemple au regard des risques sur le système assuranciel, les impacts sociaux
pour les populations et les activités exposées. Il est stratégique de renforcer et structurer les
moyens, dans des dispositifs efficaces, dans le contexte du changement climatique.
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Annexes
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Annexe 1. Lettre de mission
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Annexe 2. Agenda des déplacements et liste des
personnes rencontrées
Déplacement aux Pays-Bas
Ambassade de France :
M. François Alabrune Ambassadeur de France aux Pays-Bas
Mme Aude Robin-Mitrevski, cheffe du Service économique régional
M. Samy Ouahsine, conseiller développement durable et industrie
Mme Clotilde Maral, attachée environnement
24 janvier 2024, Pays-Bas, la Haye
- Entretien avec M. René Vrugt, Directeur des sols, de l?aménagement du territoire et de l?adap-
tation au climat, Ministère de l?Infrastructure et de la Gestion de l?eau
- Mme Wieke Tas, cheffe du service Adaptation au changement climatique et gouvernance, « Dé-
termination de la politique d?aménagement par les sols et l'eau »
- M. Jan Kruijshoop, responsable des affaires internationales, Rijkswaterstaat WVL Retour
d?expérience sur les inondations de juillet 2021 au Benelux et en Allemagne, mise en place d?une
coopération quadrilatérale
- M. Robert Slomp, expert de la gestion de l?eau et de la relation bilatérale avec la France Rijkswa-
terstaat WVL
- Mme Mariette van Empel, Ambassade des Pays-Bas en France
- M. Math Reumers, chargé de la coopération bilatérale avec la France, ministère I&W
- Mme Jean-Marie Stam, Affaires internationales, Rijkswaterstaat WVL
- Mme Babette Gräber, responsable du programme KAWI, mission internationale pour l?adapta-
tion au changement climatique et pour l?eau, Ministère de l?Infrastructure et de la Gestion de l?eau
- Café-entretien avec M. Kleis Jager, journaliste néerlandais
- Dîner avec SE M. l?Ambassadeur François Alabrune
25 janvier
- Rencontre avec M. Co Verdaas, Commissaire pour le programme pour le Delta,
M. Dolf Kern, Conseiller pour le programme pour le Delta,
M. Jan Bonjer, Président du Waterschap Hollandse Delta,
M. Remco van Rijn, Expert en pompes d'urgence chez Hollandse Delta
M. Remco Belonje, conseiller spécial de M. Bonjer
Et en présence de deux membres supplémentaires de la délégation française :
Mme Florence Bariseau, VP eau Région Hauts-de-France,
Mme Aude Prestaux, conseillère.
- Visite du centre de Gestion de l?eau de Lelystad
- Présentations sur la gestion de crise
- M. Hans de Vries, président du Comité national de coordination des menaces d'inondation (LCO)
et du Comité national de coordination pour la distribution de l'eau (LCW), VWM
- M. Jan Kruijshoop, responsable des Affaires internationales à la DG eau et sols, ministère I&W
- M. Robert Slomp, expert de la gestion de l?eau et de la relation bilatérale avec la France Rijkswa-
terstaat WVL
- Mme Marion Wierda, directrice Stratégie et Politique Agence régionale de l?eau Rivierenland
- M. Tom Vereijken, membre de l?exécutif de l?autorité régionale de l?eau Zuiderzeeland (où se
trouve la station de pompage).
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- Visite de la station de pompage Wortman à Lelystad, accueil par M. Jan-Willem Trompetter
(Directeur et chef technicien de la station de pompage)
En présence de :
M. Olivier Caillaud (Pôle métropolitain de la Côte d?Opale)
Mmes Florence Bariseau et Aude Prestaux
Déplacements en Belgique
Ambassade de France :
M. François Sénémaud, Ambassadeur de France en Belgique
Mme Caroline Vinot, première conseillère
Mme Alyssia Biton, deuxième conseillère
M. Arnaud Boulanger, chef du service économique
M. Andri-Anderson Rabehanta, chef adjoint du service économique
Mme Neïla Khelifi, attachée économique et financier au service économique
M. Bernard Siffert, attaché de sécurité intérieure
M. Samy Ouahsine, conseiller développement durable et industrie
Mercredi 10 janvier, Bruxelles
M. Etienne Bouas-Laurent, directeur général d?AXA Belgique
M. Hein Lannoy, directeur général d?Assuralia
Audrey Amiot, COO
Philippe Courouble, Chef du service P&C
Mme Leen Depuydt, directrice générale du NCCN, Centre de crise National
mercredi 11 janvier
M. Jan Jambon, Ministre-président flamand
M. Toby De Backer, chef de cabinet adjoint de Mme Zuhal Demir, ministre flamande de l?Environ-
nement, de l?Energie, du Tourisme et la Justice
M. Jan Vancoillie, conseiller du cabinet du Ministre-président M. Jan Jambon
M. Wouter De Ruyter, chef du cabinet adjoint de Mme Lydia Peeters, ministre flamande de la
Mobilité et des Travaux publics
M. David Maenaut, Conseiller diplomatique, chargé des relations transfrontalières avec la France,
les Hauts-de-France et la Wallonie
Mme Barbara Vael, Chef de département VLAAMSE MILIEUMAATSCHAPPIJ - VMM
M. Chris Danckaerts, Administrateur général de l?Agence flamande des Voies Navigables (De
Vlaamse Waterweg, DVW)
Mme Emma Vermunicht, conseillère diplomatique de M. Jo Brouns, Ministre flamand de l'Écono-
mie, de l'Innovation, du Travail, de l'Économie sociale et de l'Agriculture et Mme Jannes Maes,
conseillère agriculture
18 janvier 2024, Namur
M. Philippe Dierickx, directeur de la gestion hydrologique au SPW Mobilité et Infrastructures
M. Sébastien Gailliez, directeur des cours d'eau non navigables au SPW Agriculture, Ressources
naturelles et Environnement
M. Simon Riguelle, directeur du Centre régional de crise
Mme Emilie Jennes, conseillère au cabinet de M. Elio Di Rupo, Ministre-président wallon
M. Denis Mathen, Gouverneur de la province de Namur
Mme Marie Muselle, commissaire d'arrondissement
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M. Willy Borsus, Vice-président du gouvernement wallon et Ministre de l'Économie, du Commerce
extérieur, de la Recherche et de l'innovation, du Numérique, de l'Aménagement du Territoire et de
l'Agriculture
M. Olivier Granville, chef de cabinet
M. Thomas Leroy, conseiller en aménagement du territoire et urbanisme
M. Michel Dachelet, inspecteur général du département de l?aménagement du territoire et de l?ur-
banisme (DATU)
M. Jacques Teller, professeur en urbanisme à l?Université de Liège
M. Benoît Moritz, professeur en urbanisme à l?Université Libre de Bruxelles
Vendredi 9 février, Dixmude et Niewport
Présentations des agences flamandes de l?Eau (DVW) et de l?Environnement (VMM) et visite de
terrain du Bassin de Blankaart et des écluses de Nieuport.
M. Carl Decaluwé, Gouverneur de Flandre-Occidentale
M. Bart Naeyaert, Vice-gouverneur en charge de la Politique intégrée de l?eau
M. Chris Danckaerts, Administrateur général de l?Agence flamande des Voies Navigables (De
Vlaamse Waterweg, DVW)
M. Bernard De Potter, Administrateur général de l'Agence flamande de l?Environnement (Vlaamse
Milieumaatschappij, VMM)
M. Toby De Backer, Chef de Cabinet adjoint de Mme. Zuhal Demir, Ministre flamande de la Justice,
de l?Environnement, de l?Aménagement du Territoire, de l?Énergie et du Tourisme
M. Wouter De Ruyter, Chef de Cabinet adjoint de Mme. Lydia Peeters, Ministre flamande de la
Mobilité et des Travaux publics
M. Koen Surdiacourt, Chef de Cabinet du Gouverneur
M. David Maenaut, Conseiller diplomatique, chargé des relations transfrontalières avec la France,
les Hauts-de-France et la Wallonie
Mme Elisabeth Bonne, Chargée de Mission, relations avec la France, Département de la Chan-
cellerie et des Affaires Etrangères
M. Jan Vandecavey, Directeur de la Politique intégrée de l?eau
M. Chris Marey, Conseiller du Gouverneur
M. Kristof Vermeire, Conseiller pour les relations avec le Nord de la France
M. Lieven Dejonckheere (DVW)
M. Joris Duyck (DVW)
Mme Lies Verstraete (VMM)
M. Niels Van Steenbergen (DVW)
M. Maarten Goegebeur (VMM)
France
CEPRI, Marie-France Beaufils, présidente, et ses équipes
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Annexe 3. La prévention des inondations aux Pays-Bas
La législation néerlandaise relative à la gestion du risque d?inondation, comme dans nombre de
pays, est liée aux catastrophes qu?a connues le pays, en particulier celle de 1953, et au cadre
européen découlant de la « Directive inondation ». La robustesse du dispositif mis en place tient à
la cohérence de l?organisation politico-administrative et à un cadre juridique et financier inscrit dans
la durée mais apte à évoluer. Il garantit en particulier l?entretien et la mise à niveau des ouvrages
de protection vitaux pour le pays.
Le 21e droit fondamental dans la constitution néerlandaise prévoit, depuis 1983, que : « La puis-
sance publique s?attache à l?habitabilité du territoire et à la protection du cadre de vie ». Historique-
ment, ce droit fondamental visait à protéger l?agriculture. En 1798, date de la constitution de la
république batave, a ainsi été introduite la disposition « La Société commande, en termes égaux,
la favorisation de l?Agriculture, et son épanouissement, en particulier au regard des terres vacantes
et non artificialisées, à travers l?ensemble du territoire de la République ». La notion de cadre de
vie, et plus largement d?environnement, est apparue en 1983, à la suite d?une initiative entamée en
1967. Le dispositif néerlandais de gestion du risque inondation vise à répondre à ce droit fonda-
mental. Un recours peut être fait en droit administratif à ce droit fondamental par les citoyens et
organisations.
Annexe 3.1. Les catastrophes, moments fondateurs des politiques
de prévention contre les inondations
Les Pays-Bas sont situés dans un delta formé par quatre fleuves : le Rhin, la Meuse, l?Escaut et
l?Ems. Actuellement, 26 % du territoire de ce pays sont situés sous le niveau moyen de la mer ;
59 % de ces terres, environ 70 % des 17,6 millions d?habitants de ce pays sont sous la menace
d?une inondation, en particulier dans le Randstad, une conurbation formée par les villes d?Amster-
dam, d?Utrecht, de Rotterdam et de La Haye. C?est cette même région qui produit le plus de ri-
chesses, environ la moitié du produit national brut des Pays-Bas41.
La valorisation des marais par des moines a commencé il y a plus de 1000 ans. Ce choix, couplé
à plusieurs grandes tempêtes destructives dès les années 1000 à 1200, a donné naissance aux
premières organisations démocratiques aux Pays-Bas : les organisations de gestion des eaux,«
Waterschappen » ou « Wateringues » avant l?émergence de l?État central42.
Des inondations de la Sainte-Elisabeth de 1424 ou celles de Saint-Félix en 1530 (surnommées le
« quade saterdach » (mauvais samedi) faisant 100.000 victimes et rayant en grande partie de la
carte Reimerswaal, grande ville de Zélande) jusqu?à nos jours, l?histoire néerlandaise est émaillée
de nombreuses catastrophes liées à des inondations meurtrières ou à de dramatiques épisodes
de submersion marine. Ces catastrophes ont fortement contribué à façonner la politique néerlan-
daise de protection et de prévention contre les inondations.
Les inondations du Zuiderzee des 13 et 14 janvier 1916 : en raison de fortes tempêtes, une grande
partie du Zuiderzee, une ancienne mer intérieure, s'est déversée dans les terres, causant d'impor-
tantes inondations dans les provinces de Frise et de Groningue. Cette catastrophe a par exemple
conduit à réaliser une grande partie du Plan de 1891 de l?ingénieur Cornelis Lely, notamment la
construction de 1927 à 1932 du barrage de l'Afsluitdijk (long de 32 kilomètres) destiné à fermer la
41 Source R. Slomp, Y. Friocourt, 2022.
42 Source : R. Slomp, 2012
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Zuiderzee, à protéger les terres contre les inondations et à créer de nouveaux espaces agricoles
et résidentiels grâce à l?aménagement de plusieurs polders (Noordoostpolder, polder de Flevoland
du nord, polder de Flevoland du sud?).
Le village de Schellingwoude pendant la crue
Extrémité occidentale de l'Afsluitdijk
Les inondations de la mer du Nord, dans la nuit du 31 janvier au 1er février 1953 : cette catastrophe,
l'une des plus graves de l'histoire récente des Pays-Bas, présente dans tous les échanges avec
les interlocuteurs néerlandais rencontrés, était le résultat combiné de fortes tempêtes et de très
grandes marées. Les digues ont alors cédé dans de nombreuses régions, provoquant la mort de
plus de 1.800 personnes, l?évacuation de 70.000 personnes, détruisant 4.500 habitations et en
endommageant 50.000 autres, sans compter les 200.000 hectares de terres submergées par les
flots qui, à certains endroits, atteignirent une hauteur de 4,5 mètres.
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https://fr.wikipedia.org/wiki/Schellingwoude
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Cette catastrophe a provoqué un traumatisme durable aux Pays-Bas en matière de prévention des
inondations. Le Premier ministre, Mark Rutte, rencontré à Paris début janvier 2024 en marge de
l?hommage national à Jacques Delors, y a fait immédiatement référence lors d?une mention des
inondations que venaient de connaître le Pas-de-Calais.
Les pertes en vies humaines et les dégâts matériels considérables ont conduit le gouvernement à
lancer le Plan Delta, un ambitieux projet de construction de barrages et de digues pour renforcer
la protection côtière. Le Plan Delta a été l'un des projets d'ingénierie les plus importants de l'histoire
des Pays-Bas et a radicalement transformé et artificialisé le paysage côtier. Des méthodes scien-
tifiques d?analyse des risques ont été développées et utilisées pour instaurer des niveaux de pro-
tection différenciés pour les populations en fonction des enjeux, le système de prévision des inon-
dations a été revu.
In : Gueben-Venière S, 201
Ce plan tire son nom de la région du delta des fleuves Rhin, Meuse et Escaut, où il a été mis en
oeuvre. Le principal objectif du Plan Delta était de fermer les bras de mer, les estuaires et les
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embouchures des principaux cours d'eau, créant ainsi une série de barrages et de digues pour
empêcher les marées de pénétrer à l'intérieur des terres, et notamment :
- le barrage de l'Escaut oriental (Oosterscheldekering), l'un des plus impressionnants du
Plan Delta, long de 9 kilomètres, qui comporte une série de portes mobiles qui peuvent
être fermées en cas de tempête pour protéger les terres intérieures des marées hautes.
Ces portes restent cependant ouvertes la plupart du temps pour permettre la circulation
des eaux et la préservation des écosystèmes.
- le barrage de l'Hollands Diep (Haringvlietdam) a été construit pour fermer l'estuaire de
l'Hollands Diep, réduisant ainsi le risque d'inondation dans la région de Rotterdam.
- le barrage de Brouwersdam a été construit pour séparer le lac Grevelingen de la mer du
Nord, créant ainsi un lac d'eau salée qui est maintenant utilisé pour la navigation de plai-
sance et les sports nautiques.
- Le barrage de la Veerse Gat (Veerse Gatdam) a été construit pour séparer le lac Veerse
Meer de la mer du Nord, créant ainsi un lac d'eau douce qui est maintenant une zone de
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loisirs populaire.
Les inondations de 1993 et 1995 : ces inondations fluviales ont fait chacune plus d?une cinquan-
taine de morts et d'importants dégâts matériels et ont nécessité l?évacuation de plus de 50.000
personnes : elles ont incité les autorités néerlandaises à intensifier leurs efforts de prévention des
inondations et de renforcement des digues. Ces inondations ont mis en évidence des lacunes per-
sistantes malgré les progrès réalisés avec le Plan Delta. Cela a incité le gouvernement à revoir et
à renforcer les normes de sécurité des digues et des systèmes de drainage, ainsi qu'à investir dans
des programmes de gestion intégrée des bassins hydrographiques. Le programme "De l?espace
pour le fleuve" a été développé en réponse aux inondations de 1993 et 1995. Ce programme am-
bitieux visait à réduire le risque d'inondation en permettant aux rivières de déborder de manière
contrôlée dans des zones spécifiques, plutôt que de tenter de les contenir strictement derrière des
digues élevées.
Ce projet marque aussi la réussite d?une volonté de créer un espace plus large pour le cours d?eau
en s?appuyant sur des qualités paysagères et environnementales : au-delà de la prévention du
risque d?inondation, ce projet a permis la création et le développement d?espaces urbains attractifs,
de qualité, respectueux de l?environnement. Il a par exemple permis de réaliser de nouvelles zones
urbaines au bord de la rivière Waal, avec l?implantation d?un îlot en son centre doté d?espaces
récréatifs.
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Les inondations de juillet 2021 : Bien que moins sévères que les catastrophes précédentes, les
inondations de 2021 ont touché plusieurs parties des Pays-Bas, notamment la province de Lim-
bourg, provoquant des évacuations massives et des dommages importants. Il s?en est fallu de peu
que le bilan soit plus élevé (débits mesurés inédits sur la Meuse amont, avec certaines digues en
limite de débordement ; mise en place accélérée de mesures de protection grâce à une large et
intense mobilisation collective). Ces inondations ont souligné la vulnérabilité continue des Pays-
Bas aux changements climatiques et aux événements météorologiques extrêmes. Cela a renforcé
l'engagement du gouvernement néerlandais en faveur de l'adaptation aux changements clima-
tiques, notamment par le renforcement des infrastructures de prévention des inondations et la pro-
motion de mesures d'adaptation au niveau local. Comme l?indiquait le commentaire modeste de
Robert Slomp (« nous avons mis deux ans à comprendre les événements de 2021 »), le change-
ment climatique rend la prévision de moins en moins aisée et comme le mentionnait l?un des tech-
niciens flamands rencontrés, « il s?agit désormais de se préparer à l?imprévisible ». Au-delà des
stress tests territoriaux déjà engagés, une expertise a été conduite pour projeter ce qu?auraient été
les conséquences du même phénomène météorologique s?il avait été centré sur les Pays -Bas, au
lieu de la Wallonie et de l?Allemagne.
Annexe 3.2. Des protections des premiers Plans Delta au
Commissaire du Delta
Annexe 3.2.1 La défense contre la mer
Les grandes inondations de 1916 ont conduit à la décision de fermer le bras de mer dans le nord
des Pays-Bas. Les inondations dramatiques de 1953 (Sud-Ouest) ont, elles, conduit à la décision
de fermer des bras de mer dans le Sud, et au 1er « Plan Delta ». La protection contre la mer est
passée, en effet, par la mise en place de grandes infrastructures, qui nécessitaient des moyens
considérables, et par la structuration des responsabilités avec un seul type d?organisation pour leur
construction et leur entretien, sur la base d?une publication des niveaux de protection définis par
l?Etat en fonction des enjeux, et d?un processus de vérification des processus par les provinces.
Le projet visait à améliorer la sécurité des zones de faible altitude des Pays-Bas contre les tem-
pêtes les plus violentes et les inondations. Les dunes le long de la côte ont été réhaussées de plus
de 5 mètres et les îles de la Zélande reliées par des digues et des ouvrages d'art. L'Escaut oriental
devait être totalement fermé, ce qui aurait transformé l'ancien estuaire en lac d'eau douce. A la
suite de nombreuses manifestations, il a été décidé de construire l'Oosterscheldekering, barrage
de 9 km de long et le plus complexe du projet, qui peut être ouvert ou fermé pour protéger la baie,
tout en gardant sa salinité, afin de pérenniser l'industrie de la pêche et la faune sauvage. Les 25
km d?ouvrages d'art ont réduit la côte maritime des Pays-Bas d'environ 700 kilomètres. Ce Plan a
imposé des choix difficiles : ont été évoqués dans les échanges 1400 maisons ont été rasées en
PUBLIÉ
https://fr.wikipedia.org/wiki/Inondation
https://fr.wikipedia.org/wiki/Dune
https://fr.wikipedia.org/wiki/Z%C3%A9lande
https://fr.wikipedia.org/wiki/Escaut_oriental
https://fr.wikipedia.org/wiki/Oosterscheldekering
https://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%AAche_(halieutique)
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1996 à Rotterdam, pour la reconstruction de la digue, 3 maisons 2010 à Arnhem, 50 maisons entre
2010 et 2015 à Nimègue.
La « Deltacommissie » (Commission du Delta), mise en place dès 1953, est passée de l?approche
qui consistait à porter les digues 1 mètre au-dessus des derniers niveaux de crue observés à une
analyse des risques d?inondation, pour déterminer des niveaux de risque acceptables au regard
des différentes enjeux. Ce travail s?inscrit dans une approche plus générale qui classe chaque type
d?événement considéré en fonction de sa plausibilité aux Pays-Bas et de ses conséquences sur la
sécurité nationale. La probabilité d?une inondation majeure dans l?Ouest des Pays -Bas est relati-
vement faible (environ 1/10 000 à 1/100 000 par an), mais les conséquences seraient destructrices
pour les Pays-Bas. Une telle catastrophe, si elle touchait ne serait-ce que la Province de Hollande
Méridionale (3,6 millions d?habitants), serait d?ampleur trop importante au vu des moyens actuels
des services d?urgences, même assistés par des unités de l?Armée43.
Le plan Delta demande plusieurs décennies de mise en oeuvre. Le plan initial est terminé en 1986
et a donné lieu à une évaluation finale présentant les coûts, les avantages et les inconvénients.
Une nouvelle tranche de travaux, complémentaire au plan initial devait se terminer en 1997, puis
la rehausse de toutes les digues pour être conforme à la norme néerlandaise en la matière se sont
poursuivis jusqu'en août 201044.
Au bout du compte, les dispositifs de protection contre les inondations, et notamment des systèmes
d?endiguements, ont tenu, et tiennent encore, une place majeure dans la politique néerlandaise de
gestion des risques d?inondations aux Pays-Bas. 95 systèmes d?endiguements («dijkringen» ou «
cercles de digues ») constituent des lignes continues de défense contre les inondations (maritimes
ou fluviales, ou même « lacustres » pour la mer intérieure d?Ijssel). Les niveaux de protection sont
fixés par voie législative, initialement au regard d?une probabilité d?aléa naturel, à présent au regard
d?une probabilité de décès pour un habitant de la zone protégée. Dans la sui te de ces grands
programmes, plusieurs programmes pluriannuels se sont succédés (programmes de reconstruc-
tion ou de réaménagement) qui fixent les montants de travaux et les clés de répartition.
Annexe 3.2.2 La protection contre les inondations fluviales
A la suite des catastrophes de 1993 et 1995 de débordement fluvial, les digues sur le Rhin et
Meuse ont dû être réparées d'urgence, entre 1996 et 2001, dans la cadre du « Plan Delta pour les
grands fleuves » adopté par le Parlement en 1996. Plus de 1000 km des digues ont été mis aux
normes en 5 ans et 150 km de nouvelles digues construites en 2 ans le long de la Meuse, conférant
ainsi à 20 000 personnes une protection supplémentaire. Si des réponses immédiates ont ainsi été
apportées aux inondations, le retour d?expérience qui en a été fait a soulevé des limites de ces
interventions d?urgence, avec la découverte de malfaçons et fragilités dans ces digues, qui ont été
difficiles et coûteuses à traiter par la suite. Il est apparu aussi que les digues ne sont pas toujours
« la » bonne solution.
Annexe 3.2.3 L?articulation avec la place pour le fleuve, et le changement
de cap opéré dans le contexte du changement climatique
La prévention des inondations est un sujet de portée nationale, qui est entré dès 1953 dans une
logique de programmation pluriannuelle. Cependant, un débat fondamental s?est instauré au fil du
temps à propos des principes mêmes du plan Delta : le niveau de ces terres baisse et le niveau
des océans augmente dans le contexte du changement climatique. Cela signifie que les digues
43 Sources : R. Slomp, 2012 ; IGEDD, nov. 2023
44 Source : Wikipedia et entretiens
PUBLIÉ
https://fr.wikipedia.org/wiki/Conformit%C3%A9_des_digues_aux_Pays-Bas
https://fr.wikipedia.org/wiki/Mont%C3%A9e_des_eaux
https://fr.wikipedia.org/wiki/Mont%C3%A9e_des_eaux
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vont devoir être renforcées et rehaussées, créant davantage d'enfoncement du terrain. Certains
estiment que des formes de recul seraient plus pertinentes, à long terme, qu'une bataille contre les
eaux, d?autres que ce serait méconnaître une tradition ou un savoir-faire de lutte contre les élé-
ments. 400 km de digues ont été réhaussées.
Les orientations de la politique de prévention, dans le temps long, évoluent : par exemple, face à
l?opposition à des approches prenant peu en compte les articulations avec les milieux naturels, des
projets importants ont été abandonnés, comme celui d?un nouveau quartier artificiel près d?Ams-
terdam. La nécessité d?intégrer une écoute des populations, d?entendre toutes les propositions, d?y
consacrer du temps, a été largement reconnue.
Encadré 11 : exemple d?outil de concertation
Une démarche de modélisation des effets des idées ou propositions de chacun pour faire face aux inondations a
été développée de manière à sensibiliser à la complexité du sujet : chaque solution locale est de nature à reporter
l?eau en amont et en aval. Une vue d?ensemble est un préalable indispensable à toute solution. Ce type de dé-
marche doit être mobilisé hors période de crise.
Si la défense contre la mer à la suite de la catastrophe de 1953 a donné lieu à des travaux majeurs
de système d?endiguement, qui sont partie intégrante de l?image des Pays -Bas, la question de la
place à donner à l?écoulement des fleuves a été posée dès le plan 2001-2015 « De l?espace pour
le fleuve ». Sur le Rhin et la Meuse, ce programme de travaux s?inscrit dans un paradigme nouveau :
au lieu d?élever des digues, leur niveau a pu être abaissé en recourant à des mesures alternatives
dont des zones d?expansion de crue et des élargissements de la place laissée au cours d?eau entre
les digues. Les projets n?ont pas été réalisés dans le même cadre législatif : ils relèvent de la dé-
marche de planification spatiale, et ont donné lieu à une évaluation économique.
La prise en compte du changement climatique a été introduite dans le même temps. Cela a conduit
à retenir des hypothèses d?augmentation de 60 cm du niveau de la mer et d?une augmentation de
15% des crues fluviales. La prise en compte d?un coefficient d?incertitude de 30 cm des hauteurs
de crues est couramment faite.
Depuis le programme Delta 2001-2015, la nécessité de relever les défis pour 2050 et 2100 a été
identifiée. C?est un changement de cap majeur. Au lieu d?attendre une nouvelle catastrophe et
mener un programme de réfection, les Pays-Bas tentent d?exploiter les savoirs disponibles sur le
changement climatique, les besoins de l?économie et l?utilisation des sols pour anticiper des
scénarios possibles. Ce programme se décline en 7 sous-programmes régionaux, ainsi qu?en trois
sous-programmes nationaux : analyse des risques d?inondation ; gestion de l?eau (l?eau potable,
l?eau pour l?irrigation et le drainage après des événements pluviométriques exceptionnels ) ;
urbanisme et aménagement du territoire. Chaque sous-programme est assigné à un directeur et à
une équipe composée d?agents des ministères, des agences régionales de l?eau, des provinces,
et de certaines communes, des instituts de recherche, et d?entreprises privées.
La loi Delta, du 1er janvier 2012, définit les pouvoirs, devoirs et responsabilités du Commissaire du
Delta. Son rôle est :
- Celui d?un facilitateur dans les interfaces entre l?État et les collectivités ; cela signifie qu?il prend
toutes les dispositions pour fluidifier les échanges, assurer la pédagogie, remonter les informations
lorsqu?il en identifie le besoin. Bien qu?il occupe une place centrale dans le dispositif, il ne dispose
pas du pouvoir politique, qui relève toujours du ministère (lequel élabore conjointement avec les
parties intéressées les plans et programmes). Il conseille le gouvernement, mais n?assure pas de
mission d?expertise auprès des collectivités.
- En tant que conseil du gouvernement, il soumet des propositions pour le programme national
Delta, y compris dans ses composantes financières. Il recueille le soutien du public pour le pro-
gramme Delta grâce à des interventions publiques et dans les médias. Chaque année, à l'ouverture
nationale du Parlement en septembre, le Commissaire du Delta soumet une proposition de nou-
velles recommandations et mesures pour le programme au ministre coordonnateur et aux autres
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membres du cabinet concernés. Il organise les travaux des administrations, et les consultations
des entreprises et des ONG impliquées. Les fonds du programme du Delta (Deltafonds), ne sont
pas un budget dont dispose le commissaire : ils sont mobilisés pour financer les projets du pro-
gramme du delta et soumis au contrôle des parlementaires. Au titre de sa mission de conseil, le
commissaire peut participer au Conseil des affaires financières, économiques, des infrastructures
et de l'agriculture en sa qualité d'expert.
- Il suit les progrès de la mise en oeuvre du programme Delta, rend compte et conseille sur le
rythme d?avancement. Il ne porte pas la responsabilité politique finale, qui incombe au Ministre de
l'Infrastructure et de la Gestion de l'Eau. Il peut alerter de sa propre initiative si la progression du
programme Delta n?est pas satisfaisante45.
Annexe 3.3. Organisation de la prévention des inondations
Annexe 3.3.1 Une gestion de l?eau et du risque intégrée à l?échelle
ministérielle
Comme dans de nombreux états européens, la répartition des compétences de prévention des
risques naturels repose sur deux départements ministériels : le Ministère de Sûreté et de la Justice
a la responsabilité de la gestion de crise et les compétences générales liées aux services de
secours et de la sécurité ; le Ministère de l?Infrastructure et de l?Environnement est en charge de
l?Aménagement du Territoire, de la prévention contre le risque d?inondation, de la protection contre
les crues et de la gestion des cours d?eau, des lacs, des estuaires et du littoral.
Les compétences relatives aux risques naturels liés à l?eau, à la défense contre la mer, à la sécurité
correspondante des personnes et des territoires, et à la gestion des cours d?eau font l?objet d?une
organisation spécifique et intégrée. L?agence nationale de l'eau, le Rijkswaterstaat, sous tutelle du
ministère chargé des infrastructures et de la gestion de l'eau, supervise la construction, la gestion,
l?entretien des infrastructures d'intérêt national, et conseille le gouvernement dans la planification
stratégique et l?atténuation des risques à long terme. Elle gère les canaux de navigation, les cours
d?eau principaux et établit la prévision des crues sur ceux-ci. Elle assure la maîtrise d?ouvrage des
systèmes d?endiguements « primaires » correspondants (sur les grands cours d?eau ou fleuves et
barrages anti-tempêtes sur les bras de mer les plus importants), mais n?en gère directement qu?une
petite partie, le reste étant géré par district hydrographique. Elle est assistée par l?institut public
technique et scientifique Deltares. Depuis 2001, les fonctions de gestion et d?inspection sont
séparées dans ce domaine.
- Les Pays-Bas sont situés à l?aval de cours d?eau dont les sources sont dans des pays voisins.
Les plus importants de ces cours d?eau disposent d?instances de coordination multilatérales en
application de textes internationaux (Rhin, Meuse, Escaut), chargées notamment de coordonner
la mise en oeuvre de la directive européenne cadre sur l?eau et de la directive relative à l'évaluation
et à la gestion des risques d'inondation. Ces commissions fluviales internationales constituent
aussi le support du développement conjoint de dispositifs de prévision des crues cohérents et par-
tagés sur les grands cours d?eau.
Annexe 3.3.2 Une organisation spécifique pour la gestion de l?eau aux
échelons territoriaux
L?organisation territoriale générale, institutionnelle et administrative, des Pays-Bas repose sur 12
provinces et 388 municipalités, pour environ 17,5 millions d?habitants. Les provinces disposent
d'une autonomie limitée ; elles sont compétentes sur le développement spatial et économique, la
45 Cette description cite largement le site du Programme national grand delta.
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politique environnementale, la gestion stratégique des eaux superficielles (en lien avec les munici-
palités et en concertation avec les « waterschapen » Cf. infra), les transports en commun et l?éner-
gie.
Les 12 provinces sont, notamment, responsables de l?aménagement de leur terr itoire (espaces
naturels, urbanisation, zones industrielles, transport et voies navigables régionaux). Les membres
de chaque conseil provincial sont élus, chaque président du conseil « le Commissaire de la Reine
» est nommé par l?État. Outre leur fonction en matière de gestion stratégique de l?eau, les provinces
sont responsables des cartes d?aléa et de risque d?inondation.
21 « autorités locales de l?eau », les waterschapen (parfois traduits par « wateringues »), ont été
constituées à partir de 2500 autorités historiques. Elles correspondent géographiquement à des
districts hydrographiques, et sont centrales pour la gouvernance de l?eau et des inondations. Ces
organismes disposent d?un conseil élu au suffrage universel pour cinq ans, qui identifie un président
nommé par les autorités de niveau national, le « comte des digues » (Dijkgraaf). Ils gèrent les cours
d?eau secondaires, et assurent la maintenance et la reconstruction de la plupart des systèmes
d?endiguements et digues primaires ou secondaires, quel qu?en soit le propriétaire. Une loi de 1983
a précisé leur rôle. Financièrement autonomes, les waterschapen disposent d?un pouvoir régle-
mentaire en matière de prévention des inondations et de protection des digues et des dunes, de
surveillance du niveau et de la qualité des eaux, du traitement des eaux résiduaires urbaines, de
la gestion des eaux souterraines. Ils fixent les taxes dues par les bénéficiaires, notamment pour la
protection assurée par les digues et pour les émetteurs de pollutions. Les droits de votes sont
établis en fonction des taxes payées, la population devant représenter au moins 50% des voix.
Sauf exception, un seul waterschap intervient sur chacun des 95 systèmes d?endiguement.
Les municipalités sont en charge notamment de l?occupation des sols et de l?urbanisme. Des règles
strictes sont définies, au niveau national, qui concernent uniquement la construction dans les zones
comprises entre les cours d?eau et les digues, ainsi que dans une bande (de largeur variable)
derrière la digue. Les membres du conseil municipal sont élus. Le président du conseil « le maire/
bourgmestre», nommé par l?État, est responsable de la police et des autres services d?urgences.
Si l?intégration de tous les enjeux relatifs à l?eau est très forte, la question des interfaces avec
l?urbanisme, historiquement, a été moins forte et peu contraignante ? ceci pouvant aussi être lié à
la densité et aux contraintes spatiales du pays. D?une manière générale, les règles de constructions
font référence à des obligations génériques de stabilité dont le respect relève du maitre d?ouvrage.
Il existe des guides techniques qui ne font pas office de prescriptions. Pour les habitations flottantes
mises en oeuvre hors de la zone protégée, il est mentionné qu?elles sont construites « à vos risques
et périls ».
Annexe 3.3.3 Un financement des protections et de la prévention organisé
dans une logique de subsidiarité
Il existe une hiérarchie des protections. Les protections primaires du domaine de l?État (notamment
les grands barrages) sont financées par le budget de l?État.
- Les protections primaires du domaine des autorités régionales de l?eau sont entretenues par les
autorités régionales de l?eau sur leur budget (notamment grâce à leur impôt propre) ; pour leur
construction, le financement repose toutefois à hauteur de 45% sur le budget de l?État (via le pro-
gramme HWBP de protection contre la submersion). En 1996, la loi sur les ouvrages de protection
contre les submersions a mis en place des inspections techniques réglementaires donnant lieu à
des rapports publics et la validation par le parlement du budget pour l?entretien des ouvrages.
Encadré 12 : différenciation des systèmes d?endiguement en fonction des niveaux de protection
Les digues sont classées en plusieurs catégories, ces classements étant régulièrement revus, avec, le cas échéant,
des objectifs de protection modifiés, et des responsables et gestionnaires redéfinis. Sur le Rhin et la Meuse, le
Rijkswaterstaat, organisme national, est maître d?ouvrage et gestionnaire des fleuves et grands cours d?eau. Par
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contre la gestion de la plupart des digues correspondantes, classées « primaires », est assurée par les 21 « auto-
rités locales de l?eau », les waterschapen. Ces organismes assurent par ailleurs la maintenance et la reconstruction
des systèmes d?endiguements et digues secondaires quel qu?en soit le propriétaire.
Pour des cours d?eau et digues régionaux, comme la Geul et la Roer, les « standards » génériques de protection,
en durées de retour des événements de crues, sont de 10 ans pour des prairies, 25 ans pour des cultures, 50 ans
pour l?horticulture, 100 ans pour les zones urbanisées. Dans le sud du Limburg, avec une population dense et des
vallées pentues (pour les Pays-Bas), certaines zones urbaines comme Valkenburg par exemple, sont protégées
contre des crues de période de retour 25 ans, notamment pour des raisons de coûts des ouvrages, semble-t-il. Ces
zones ont été exposées en juillet 2021 à des crues plus que centennales.
- L?entretien et le curage, qu?il a été difficile de différencier précisément lors des entretiens, des
cours d?eau dépendent fortement de leur fonction. Les voies navigables font l?objet de valeurs
seuil (étiage) qui justifient des interventions de curage immédiates en cas de perturbation du trafic.
Les cours d?eau qui ont pour seul objet l?écoulement d?eau font aussi l?objet d?un suivi afin de res-
pecter le gabarit inscrit dans le registre, mais sur une base annuelle seulement. Certains cours
d?eau sont dépourvus de gabarit mais font l?objet de curages pour des raisons de qualité écologique
et chimique du milieu aquatique : le curage permet de réduire la charge organique au profit du
respect des objectifs de la directive-cadre sur l?eau.
Pour les grands cours d?eau (Escaut, Meuse, Rhin), l?agence des travaux publics de l?État applique
les normes inscrites dans un registre de gabarit (chenal de navigation et végétation maximale), ce
qui se traduit par des interventions de curage mais aussi des interventions en certains points du
réseau (notamment au droit des ouvrages d?art). Des mesures ont lieu chaque année pour vérifier
le gabarit de chaque cours d?eau concerné et des travaux sont réalisés en cas de besoin. Le coût
est porté par le budget de l?État.
Pour les cours d?eau relevant de la compétence des autorités régionales de l?eau et les autres
cours d?eau, une distinction est faite entre trois catégories de cours d?eau :
- Catégorie A (domaine de l?autorité régionale de l?eau) : de façon similaire aux cours d?eau ma-
gistraux entretenus par l?agence des travaux publics de l?Etat, les normes découlant d?un re-
gistre de gabarit sont appliquées.
- Catégorie B (cours d?eau sous propriété privée ou relevant du domaine d?autres collectivités) :
l?entretien est assuré par les propriétaires sous le contrôle de l?autorité régionale de l?eau, qui
intervient auprès du gestionnaire en cas de défaut d?entretien.
- Catégorie C : (cours d?eau propriété de particuliers) : l?entretien est entièrement de la respon-
sabilité des particuliers.
Les autorités régionales de l?eau disposent d?un plan pluriannuel de curage visant à maintenir le
gabarit prévu par le registre. Ce plan s?appuie sur un programme de mesures et sur les données
historiques, qui permettent d?identifier les zones sujettes à sédimentation.
Le financement de ces opérations est assuré en partie par l?impôt propre aux autorités régionales
de l?eau et, lorsque les cours d?eau ou canaux ont une fonction touristique, économique ou de
navigable (exemple : Eem), en partie par les municipalités et les provinces concernées, dans le
cadre d?accords ad hoc.
- Le financement de la gestion de l?eau repose sur l?impôt levé par les autorités régionales de
l?eau, déterminé chaque année par chaque autorité régionale pour son propre territoire de telle
sorte que les recettes couvrent le service rendu, impliquant que l?impôt varie d?une région à l?autre.
Cela s?explique par la diversité des situations : les besoins de financement pour la gestion de l?eau
ne sont pas homogènes sur le territoire néerlandais (certaines autorités ont plus de digues à en-
tretenir que d?autres?). Le programme visant à recréer de l?espace pour la rivière a été financé
par l?État, ponctuellement avec un cofinancement local (provinces) pour prendre en compte des
fonctionnalités non prévues par le programme.
La loi actuelle prévoit toutefois que le montant des impôts puisse être modulé sur la base de la
valeur locative des immeubles, des espaces agricoles et des espaces naturels, laquelle peut varier
dans le temps ; ainsi, le montant des impôts peut varier dans le temps pour un contribuable donné,
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sans que le service rendu par l?autorité régionale ne change. En mars 2024, une proposition de loi
sera déposée, répondant à une demande des autorités régionale de l?eau, permettant de moduler
le montant des impôts non pas sur la valeur locative des biens mais sur les « caractéristiques »
(destination, surface, etc.) des biens. Les ordres de grandeur sont les suivants :
? une taxe locale des autorités régionales de l?eau due par toute construction pour
? entretien de digues et dunes (?10 à 50 ¤/an) par maison ;
? entretien du système d?irrigation et de drainage (canaux et cours d?eau) ;
? le cas échéant : frais de pompage (?10 à 50 ¤/an) ;
? assainissement (?200 ¤/an). Pour la qualité des milieux aquatiques ; le principe du pollueur-
payeur est ainsi appliqué, sécurisant le financement. Les réseaux appartiennent aux municipalités.
? Le budget gouvernemental pour les nouveaux ouvrages (?50 ¤/an), en particulier :
? en cas d?évolution des normes ;
? en cas de nouvelles connaissances ;
? pour tenir compte de l?évolution des contraintes et du dérèglement climatique (niveau de la mer,
vent, crues des rivières).
Aux Pays Bas, les habitants paient ainsi environ 200 euros par maison et par an pour l?assainisse-
ment, 50 euros pour la gestion d?eau dans les zones protégées, 50 euros pour les stations de
pompage, et 50 euros pour les investissements (50% provenant de fonds nationaux, 50% des
fonds locaux à deux niveaux de responsabilité (40 + 10). La taxe doit recouvrir les frais, et vient en
contrepartie d?un service. Depuis 1953, il y une solidarité entre zones ruraux et urbain.
R. Slomp, lors d?un colloque à La Rochelle indique ainsi : « C?est très important, dans notre sys-
tème, que l?entretien des ouvrages soit géré localement et quotidiennement par les autorités régio-
nales de l?Eau. Ces autorités gèrent aussi tous les petits cours d?eau et toutes les petites digues.
On a 3 600 km de digues principales et environ 15 000 km de digues régionales. Les gestionnaires
ne sont pas propriétaires des digues. La propriété et la gestion ont été séparées dans certains cas
pour faciliter l?action. Celui qui gère une petite digue soit s?occuper de son entretien pareil pour un
petit cours d?eau, et cela réduit la taxation. Si un paysan nettoie sa propre canalisation pour le
drainage et l?irrigation autour de ses champs, il évite l?amende qu?il aurait s?il ne le faisait pas. C?est
un système qui articule travail volontaire et taxation pour le service reçu. Cela représente en tout
400 euros par année et par habitant. Un agriculteur qui a plus de terrain paie plus ; ce système
date du XIIIème siècle. »
Annexe 3.4. Une gestion de crise fondée sur des principes clairs et
partagés
- La gestion de crise, selon son étendue, dépend du niveau communal, du niveau de « régions de
sécurité », ou du niveau national. Concernant la sécurité civile, le commissaire du roi au niveau
provincial exerce une fonction de coordinateur du maintien de l'ordre public et de la gestion des
opérations de secours lors de catastrophes dépassant les limites d'une commune.
La responsabilité opérationnelle de la sécurité publique est portée par les 25 « régions de sécurité»,
conseillées par les waterschapen quand il s?agit d?inondations. Elles donnent mandat aux maires
de décider des évacuations. Ces régions sont présidées par un maire (habituellement un maire de
commune importante). Elles correspondent aux régions de police, avec qui elles partagent le même
président, et coordonnent les services de secours municipaux et les autorités de santé, en crise.
Beaucoup de membres des équipes de secours sont des volontaires.
La coordination nécessaire entre l?assistance des services d?urgence et de l?armée est assurée par
le Ministère de Sûreté et de la Justice. Chaque ministère dispose d?une cellule de crise «DCC ».
Le Ministère de Sûreté et de la Justice est chargé de leur coordination.
- Les bulletins de l?institut national de météorologie, sont adressés aux structures en charge de la
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prévision des crues, toutes les 6 heures avec des messages spécifiques en cas de crise, qui font
référence aux conditions hydrauliques utilisées dans les modèles, permettant de se situer par rap-
port au risque de rupture des protections. Si ces bulletins sont publics, des messages d?urgence
sont adressés aux autorités régionales de l?eau, qui en fonction de leurs analyses informent la
région de sécurité.
En termes de communication de crise, les experts néerlandais insistent sur la nécessité de s?ap-
puyer sur un seul « point of truth » : seule l?autorité compétente (l?autorité régionale de l?eau) a la
capacité d?interpréter les bulletins et les messages d?urgence provenant du centre de crise sur la
gestion de l?eau. C?est un des enseignements tirés de l?expérience des inondations de 2021 dans
le Limbourg ; la région de sûreté a fait évacuer un hôpital (237 malades) sans que les autorités
compétentes en matière hydraulique ne l?estiment nécessaire, ce qui en temps de COVID a créé
des risques sanitaires jugés « inutiles ».
- En situation de pré-crue, pour que les digues assurent leur fonction de protection, il est nécessaire
de renforcer certains points, de fermer de façon étanche certains passages (par exemple un pas-
sage routier sous un remblai routier ou ferroviaire faisant fonction de digue, ou une interruption
dans une digue pour le passage d?une voie de circulation). L?ensemble de ces actions prennent
habituellement 5 jours de travail. Par ailleurs, pendant une crise, un dispositif de surveillance et
d?intervention sur les digues est prévu, qui mobilise des professionnels, notamment les inspecteurs
de digues, aidés par des gardiens de digues volontaires qu?ils encadrent, forment et réunissent
une fois par an. Certaines autorités régionales de l?eau recourent, en effet, à des bénévoles pour
la surveillance des digues mais aussi, conjointement avec leur personnel administratif, pour la fer-
meture de certains batardeaux et pour le renforcement de digues en cas d?urgence (sacs de sable).
Pour la préparation aux situations de crise mais aussi pour l?inspection des digues, des formations
sont prodiguées par les autorités régionales de l?eau en mobilisant le cas échéant des entreprises
qualifiées.
Ce dispositif a été globalement efficace lors de inondations de 2021. En certains endroits, il s?en
est fallu de quelques centimètres que l?eau ne dépasse le haut de la digue, ou le haut de la rangée
de sacs de sable ajoutée. S?il y avait eu du vent, plusieurs digues auraient surversé. Sur la Meuse,
l?eau a pu dépasser le niveau de la digue du système « primaire », heureusement renforcée par
des sacs de sable. Des évacuations préventives importantes ont néanmoins été mises en oeuvre.
- La mise en place de pompages d?urgence relève des gestionnaires des systèmes concernés
(l?État pour les grands fleuves, les autorités régionales pour les autres cours d?eau). Il est possible
que les régions de sûreté (autorités intercommunales, présidées par le maire de la ville principale,
chargées de la sécurité civile) sollicitent le recours aux pompages d?urgence des autorités régio-
nales de l?eau lorsque des incidents locaux se produisent et que les pompages pérennes en place
et les équipements des pompiers ne suffisent pas. Le Centre national de coordination opérationnel
de l?Agence de travaux publics de l?État, au niveau de l?État, est responsable de la gestion du parc
de pompes d?urgence, mobilisées pour les crises nationales (et internationales). Le dimensionne-
ment du parc est fondé sur une analyse portant sur la période 2003-2007 et sur des études de
gestions des catastrophes naturelles. De ces dernières, il est apparu, par exemple, que les pompes
historiques, montées sur des barges flottantes, n?étaient pas adaptées pour une mise en place
rapide, justifiant leur remplacement par des pompes au format conteneur.
Au niveau local, les autorités régionales de l?eau réalisent leurs propres analyses sur le besoin en
pompes d?urgences, et les financent par leurs propres moyens.
La capacité des pompes d?urgence est négligeable par rapport à celles des pompes pérennes, sur
lesquelles les investissements sont privilégiés. Par exemple, suite aux inondations de 1998 (à Na-
gele), l?autorité régionale de l?eau compétente a rehaussé de 60% la capacité de ses pompes pé-
rennes. Les experts estiment que les pompes d?urgence sont mobilisées à des fins de communi-
cation politique pour afficher la mobilisation de tous les moyens pour résoudre une situation de
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crise46.
Les pompes d?urgences néerlandaises sont également mobilisées en cas de sécheresse, lorsque
les ouvrages le long des grands fleuves, destinés à alimenter en eau les systèmes hydrauliques
locaux, se trouvent « à sec » du fait de niveaux d?eau trop faibles dans les fleuves.
Annexe 3.5. De la prévention des inondations à l?adaptation au
changement climatique
En novembre 2023, les Pays-Bas ont connu une pluie constante pendant plusieurs semaines. Si
cela permet de reconstituer les nappes, cela a posé des problèmes de sécurité du bâti. Cet épi-
sode souligne aussi qu?est posée, plus qu?avant, la question de la place laissée au fleuve et la
recherche de nouveaux équilibres. Au lieu d?évacuer le plus vite possible l?eau à la mer, un nouvel
enjeu, au regard des risques de sécheresse est de la retenir. Le premier moyen pour cela identifié
aux Pays-Bas est l?infiltration dans les sols et la recharge des nappes, et non la création de
bassins de rétention, qui, de toutes façons sont difficiles à gérer car ils ont potentiellement deux
objectifs difficilement compatibles : être vides pour écrêter les crues et retenir l?eau pour l?utiliser
l?été. Dans deux ans, sont prévues de nouvelles décisions sur ce sujet, sur la base de nouveaux
scenarios. Ce travail s?appuie sur des concertations, il sera présenté par le Commissaire au plan
Delta et donnera lieu à des décisions du gouvernement.
Le travail de planification spatiale au regard du changement climatique vise à travailler sur les
limites que nous donne la nature, limites qui sont atteintes. Une priorité identifiée depuis 2021 est
de mieux prendre en compte l?eau et les sols. Cela a été porté par le nouveau gouvernement, puis
a donné lieu à un « policy brief » aux chambres, présentant les actions prévues en grandes lignes,
à une revue scientifique, et à des discussions avec tous les niveaux de gouvernement.
Sept principes sont arrêtés :
- ne pas reporter de charge sur les générations futures ;
- mieux prendre en compte les situations extrêmes ;
- avoir une approche cohérente des inondations, de la sécheresse, des sols ;
- avoir une « sécurité multicouche » dans la zone du delta ;
- diminuer l?imperméabilisation, l'excavation, éviter les contaminations ;
- avoir une approche intégrée de la vie dans l'environnement ;
- se conformer à ces principes, les expliquer.
Sur cette base, les pratiques vont changer :
- prendre en compte les intérêts de l'eau et du sol pour des projets de construction dans la durée ;
- avoir une utilisation parcimonieuse de l'eau, une eau propre et en quantité suffisante, des espaces
pour retenir, stocker et évacuer l?eau ;
- avoir un sol et un sous-sol sains et bien organisés.
L?ambition est que :
- la construction de bâtiments adaptés au climat devienne une pratique courante ;
- des orientations nationales claires s?articulent avec une mise en oeuvre et des solutions locales ;
- les système de l'eau et du sol guident la planification et les décisions ;
- les solutions utilisées résolvent, autant que possible, plus d'un problème.
46 Des capacités de pompage d?urgence sont également développées pour parer à certains scénarios prévus dans
le cadre de plans de gestion du risque. Par exemple, dans le Brabant septentrional, le choix a été fait par l?État de
rehausser le niveau d?eau dans le grand lac Volkerak Zoommeer, qui sert de stockage d?eau douce pour les étés
secs ; ce choix a eu pour effet de diminuer la capacité d?évacuation gravitationnelle des eaux provenant du système
hydraulique local ((autorité régionale de l?eau Brabantse Delta), d?où la nécessité d?adjoindre des pompes d?urgence
(mobiles, mais installées dans des sites prévus à cet effet le long du lac). Compte tenu du contexte (choix de l?État
de rehausser le nveau du lac), les pompes d?urgence de l?autorité régionale de l?eau ont été financées par l?État
dans ce cas précis
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Six items guident une construction adaptée au changement climatique : prise en compte de la
biodiversité, chaleur, submersion, inondation et ruissellement, sécheresse, biodégradabilité.
Des lignes directrices ont été établies à l?échelle nationale, qui n?ont pas, pour le moment, de portée
réglementaire. Leur ambition est de donner des orientations nationales claires, mises en oeuvre
par les collectivités, et les activités. Ces principes pourraient, à terme, relever de la loi pour ac-
croître leur portée.
Dans le cas de projets de construction, et du choix des lieux où construire sont pris en compte, la
compensation requise si on construit en zone inondable a été augmentée. Une carte a été établie
qui fixe les contraintes pour l?aménagement, en fonction des enjeux liés à l?eau et aux sols.
Au-delà de ce travail structurel de planification, une démarche que l?on pourrait qualifier de pros-
pective et pragmatique a également été engagée dans le cadre du Programme Delta, sous l?égide
du Commissaire.
Encadré 13 : Le Programme Delta
« Depuis déjà une dizaine d?années, les Pays-Bas ont mis en place une structure afin d?anticiper les effets du
changement climatique sur le plan de la maîtrise de l?eau, il s?agit du programme Delta.
Ce programme est le fruit d?une collaboration entre l?État, les provinces, les wateringues, les communes et des
organismes de recherche. Y sont également impliqués les secteurs économiques dépendant de l?eau. Ce pro-
gramme est coordonné par le commissaire pour le Delta, un haut-fonctionnaire indépendant du gouvernement.
Il est financé par des fonds publics dédiés. Cette indépendance politique et financière, inscrite dans la loi et, de ce
fait, approuvée par le Parlement, garantit une certaine protection à cette structure, ainsi qu?une mise à l?abri des
alternances électorales et des réductions budgétaires qu?elles peuvent décider. Chacun au sein du programme est
encouragé à rechercher et à évaluer les mesures qui rendront la maîtrise de l?eau et son utilisation plus pérennes,
sans que soient mis en péril les enjeux économiques dépendants des ressources en eau.
Le principe de base est celui des chemins d?adaptation (Haasnoot et al., 2013), dans lesquels les mesures identi-
fiées et jugées prometteuses sont mises en place graduellement, au fur et à mesure que le besoin s?en fait sentir,
et en consolidant les mesures prises précédemment afin de ne jamais avoir à revenir en arrière.
(..) Le gouvernement néerlandais a lancé en 2019 un grand programme de recherche afin d?en comprendre les
conséquences possibles sur les stratégies actuelles de maîtrise de l?eau au-delà de 2100. Le but est d?appréhender
comment ces stratégies doivent être modifiées au fur et à mesure que le niveau des mers montera de 5 mètres. Le
programme, qui doit durer jusqu?en 2025, s?articule autour de cinq axes :
? À quelle vitesse le niveau des océans risque-t-il de monter ? La situation en Antarctique est un élément clé et
dépendra des évolutions des émissions mondiales de gaz à effet de serre, telles que conceptualisées dans les
scénarios Representative Concentration Pathway (Van Vuuren et al., 2011).
? Quels sont les défis posés par une hausse du niveau de la mer de 1, 2, 3 et 5 mètres ? Dans quelle mesure les
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stratégies actuelles sont-elles tenables ? Cette partie concerne à la fois la stratégie de gestion des risques d?inon-
dation et celle de l?approvisionnement en eau.
? Comment détecter une accélération de la hausse du niveau de la mer afin d?agir à temps ?
? Quelles seraient les conséquences d?une hausse du niveau de la mer sur les stratégies à long terme d?aménage-
ment du territoire ? Et comment les anticiper dans les choix à faire aujourd?hui ? L?implantation de nouveaux quar-
tiers se situant 7 mètres au-dessous du niveau de la mer est certes faisable économiquement et techniquement,
mais est-ce un choix pérenne ?
? Comment élaborer une politique reposant sur la mise en place de mesures par étapes ? Comment organiser la
gouvernance de cette politique, la communication à destination du grand public, etc. ? »
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Annexe 4. La prévention des inondations en Belgique
La prévention des inondations en Belgique, tout en s?inscrivant dans le cadre des directives
européennes, relève très largement des régions, le niveau fédéral étant en charge de ce qui relève
de la submersion marine. Même si cela peut induire des différences entre Flandre et Wallonie, des
points communs ressortent dans des tendances de fond, comme une évolution d?une démarche
de protection à une approche de la prévention par l?aménagement des territoires, et en particulier
de la place laissée aux cours d?eau ou encore d?une attention croissante portée aux conditions
d?urbanisation. Si la « Water Bomb » a touché dramatiquement la Wallonie, les suites de cette
catastrophe ont conduit à un travail de fond, pluridisciplinaire et partenarial, tant en Wallonie qu?en
Flandre. Dans la durée, un virage de la prévention des inondations vers l?adaptation au
changement climatique est engagé.
Annexe 4.1. Mise en perspective historique et géographique
Annexe 4.1.1 Un pays présentant des enjeux différenciés du point de vue
de la prévention des inondations
Le territoire belge comprend, soit en totalité soit partiellement, 6 bassins hydrographiques : l?Yser,
l?Escaut, la Meuse, le Rhin, la Seine et le bassin côtier de la Mer du Nord. Leur ampleur sur le
territoire belge donne un statut particulier aux districts internationaux de la Meuse (avec la France,
l?Allemagne, les Pays-Bas et le Luxembourg) et de l?Escaut (avec la France et les Pays-Bas). La
gestion des eaux comporte donc, en Belgique, des enjeux transfrontaliers importants sur plu-
sieurszones : Escaut et l?Yser (dont les enjeux relèvent de la Commission Internationale de l?Escaut
(CIE) qui unit 6 parties contractantes) ; les Moëres, bande poldérisée entre Dunkerque et Furnes,
où est en cours le projet INTERREG - MAGETEAUX qui a été mobilisé en novembre 2023 afin
d?assurer l?évacuation des eaux via le canal de Furnes à la mer par Dunkerque ; et la nappe des
calcaires carbonifères dans le Tournaisis et de la région de Roubaix-Tourcoing.
Encadré 14 : Quelques repères sur la Flandre et la Wallonie
La Flandre belge constitue, comme le Nord de la France et les Pays-Bas, une zone poldérisée, plate, au niveau de
la mer, qui sur 13.626km² accueille 6.774.807 habitants (soit 497 habitants /km²). Elle fait partie de 2 districts hy-
drographiques : l?Escaut et la Meuse.
- Le district hydrographique international de l'Escaut a une superficie de 36.500 km², dont environ un tiers se trouve
en Flandre. La partie flamande est formée par le bassin hydrographique des rivières Escaut et Yser et de leurs
affluents et des Polders de Bruges, ainsi que par les eaux souterraines et les eaux côtières qui y sont associées.
Elle comprend les provinces de Flandre occidentale, de Flandre orientale et du Brabant flamand, ainsi qu'une partie
des provinces d'Anvers et du Limbourg. Sur les 300 communes flamandes, 263 se trouvent entièrement et 23
partiellement dans le district hydrographique de l'Escaut. Le district est divisé en dix bassins.
En raison du relief essentiellement plat, les rivières sont des cours d'eau de plaine avec de larges vallées et des
vitesses d'écoulement et des débits faibles. La zone est densément peuplée et fortement urbanisée et se caracté-
rise par un réseau très dense de routes de transport. Cette situation, qui s'ajoute à l'urbanisation, crée une forte
fragmentation. Le district abrite un certain nombre de grandes zones industrielles, dont le port d'Anvers. L'agricul-
ture intensive est également prédominante, représentant un peu moins de la moitié de l'utilisation des sols. Les
grandes zones naturelles d'un seul tenant sont rares.
- Le district hydrographique international de la Meuse couvre une superficie d'environ 34 500 km², dont à peine 1
600 km² en Flandre. En Flandre, le district hydrographique est constitué de la Meuse et de ses affluents, ainsi que
des eaux souterraines associées. Le district ne forme pas un ensemble contigu en Flandre : une partie est située
au nord de la province d'Anvers, une deuxième partie à l'est de la province du Limbourg et une troisième partie à
Voeren. Sur les 300 communes flamandes, 14 se trouvent entièrement et 23 partiellement dans le district hydro-
graphique de la Meuse. Sur les 11 bassins, seul le bassin de la Meuse appartient au district hydrographique de la
Meuse. Parmi les six systèmes d'eaux souterraines, l'ensemble du système de la Meuse, une petite partie orientale
du système de Brulandkrijt et la partie septentrionale du système de la Campine centrale appartiennent à l'arron-
dissement hydrographique de la Meuse.
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Le relief de l'arrondissement de la Meuse est essentiellement plat. La densité de population y est plus faible que
dans le reste de la Flandre. Le réseau de routes de transport y est également moins dense. Les principales zones
industrielles sont situées le long des canaux. Un peu moins de la moitié du territoire est consacrée à l'agriculture,
essentiellement intensive. Il y a un peu plus de zones naturelles dans le district du bassin de la Meuse que dans le
district du bassin de l'Escaut.
- La Wallonie,16 901 km2, est constitué de cinq provinces : le Brabant wallon, le Hainaut, Liège, le Luxembourg et
Namur. En superficie, la plus grande est la province de Luxembourg qui est également la moins peuplée des cinq
avec une densité de population de 64,54 habitants au km², tandis qu?elle est de 372,43 habitants au km² dans le
Brabant wallon. Le territoire est également divisé en 20 arrondissements, eux-mêmes divisés en communes. Sur
les 262 communes en Wallonie, 65 portent le titre de Ville. À l'exception de la province du Brabant wallon, au sud
de Bruxelles, et une grande partie du Hainaut à l'ouest, qui jouxte la France, le reste de la Wallonie ? sauf deux
ou trois enclaves, notamment du côté du Grand-Duché de Luxembourg ? appartient au bassin mosan47.
Le système fédéral belge conduit historiquement à une répartition complexe entre les différentes
structures politico-administratives des compétences mises en jeu par la prévention des inondations,
entendue au sens large, de l?aménagement du territoire à la planification des crises.
Les inondations meurtrières de l?été 2021 ont créé un choc et ont suscité des critiques sur la ca-
pacité du dispositif en place à anticiper et répondre à des événements de cette ampleur. De nom-
breuses actions sont en cours, notamment pour répondre à des impératifs de coordination accrue
et plus efficace. Une commission d?experts en matière de gestion de crise a établi un livre blanc
« Recommandations permettant d?améliorer la gestion de crise en Belgique » en avril 2023.
Annexe 4.1.2 Des enjeux transfrontaliers majeurs
Ces enjeux sont structurés dans différents cadres :
- Par l'autorité de bassin de l'Yser, pour ce qui concerne la concertation bilatérale transfronta-
lière autour de l'Yser, notamment en ce qui concerne la qualité de l'eau.
- Par le Groupement Européen de Coopération Territoriale, pour la concertation transfronta-
lière autour de l'Aa.
Ces consultations s'inscrivent dans le cadre du groupe de travail sur l'eau du GECT. L'adaptation
du "Moerenverdrag" est née au sein de ce groupe de travail, tout comme le projet Interreg Ma-
geteaux, qui a mis en oeuvre une station de pompage sur le Speievaart vers le canal Nieuport -
Dunkerque et une construction de glissières à Dunkerque.
- Dans le projet Stratégique Vallée de l?Yser et du Handzame (province chef de file) avec les
préparatifs en vue de la soumission du projet Provaly (Interreg) concernant le système transfron-
talier de prévision et d'alerte, l'aménagement des berges, le GOG Proven, la de Stavele, etc.
- Par la Commission Internationale de l'Escaut et, en particulier le groupe de travail hydrologie.
La mise en oeuvre du plan pluriannuel ISC-CIE WGH 2022-2027 a commencé avec :
- Le travail de préparation des bilans hydriques pour les principales masses d'eau transfrontalières,
avec un rapport de la délégation flamande. Les délégations étudient maintenant ce rapport afin
d'évaluer dans quelle mesure elles peuvent fournir des données pour les différents éléments du
bilan hydrique et/ou si des éléments supplémentaires doivent être ajoutés.
- La notification d'étiage a été standardisée et le calendrier de livraison des données a été synchro-
nisé.
- Les délégations néerlandaise, flamande, bruxelloise et française ont fait des présentations sur
l'impact du changement climatique sur les masses d'eau.
- Dans le cadre de l'atelier conjoint sur l'hydrométrie, un répertoire des personnes à contacter en
47 Source : Wikipedia
PUBLIÉ
https://fr.wikipedia.org/wiki/Province_du_Brabant_wallon
https://fr.wikipedia.org/wiki/Province_de_Hainaut
https://fr.wikipedia.org/wiki/Province_de_Li%C3%A8ge
https://fr.wikipedia.org/wiki/Province_de_Luxembourg
https://fr.wikipedia.org/wiki/Province_de_Namur
https://fr.wikipedia.org/wiki/Densit%C3%A9_de_population
https://fr.wikipedia.org/wiki/Arrondissement_administratif_de_Belgique
https://fr.wikipedia.org/wiki/Commune_(Belgique)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_communes_de_la_R%C3%A9gion_wallonne
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ville_de_Belgique
https://fr.wikipedia.org/wiki/Brabant_wallon
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bruxelles
https://fr.wikipedia.org/wiki/Province_de_Hainaut
https://fr.wikipedia.org/wiki/France
https://fr.wikipedia.org/wiki/Luxembourg_(pays)
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cas d'inondation a été lancé, ainsi qu'un aperçu des procédures de travail et de la documentation
des organigrammes sur la gestion de crise en cas d'inondation.
- Une visite de travail 2023 s'est concentrée sur les mesures de prévention des inondations dues
aux marées à Ostende.
- Les travaux sur l?alignement bilatéral des principaux cours d?eau transfrontaliers se poursuivent.
- Les délégations ont été invitées à fournir une vue d?ensemble des cartes d?inondation natio-
nales/régionales afin de relier les plaines inondables transfrontalières.
Concrètement, fin décembre 2023, il a été convenu lors de la réunion des chefs de délégation que
la Flandre et la France mettent en place une coopération bilatérale pour, d?une part, avoir une
vision globale des accords et des conventions entre les gestionnaires de l?eau et vérifier que les
mesures de gestion de crise sont suffisamment adéquates et, d?autre part, élaborer un plan d?action
transfrontalier tant en termes de planification que de dispositions pour laisser un espace suffisant
Room for the River) à l?eau afin de réduire ou d?éviter les risques d?inondation.
Annexe 4.2. La gestion de l?eau dans le système fédéral belge
Annexe 4.2.1 Le rôle important des régions
La Constitution belge et la Loi spéciale de réforme institutionnelle du 8 août 1980, suivie des
réformes successives de l?État belge, fixent la répartition des compétences entre l?État fédéral, les
Communautés (Communauté française de Belgique/Fédération Wallonie-Bruxelles, Communauté
flamande, Communauté germanophone de Belgique/Ostbelgien) et les Régions (Région wallonne,
Région flamande, Région de Bruxelles-Capitale), qui constituent ensemble les « entités fédérées
». Les régions ont des compétences dans les domaines qui touchent à l?occupation du territoire au
sens large, aux « matières économiques et localisables ». Les communautés sont en charge de
ce qui concerne les personnes (matières personnalisables comme la langue, l?éducation, la culture,
le sport, l?aide aux personnes).
Compte tenu de cette répartition des compétences, la politique belge en matière de prévention et
de gestion des inondations et des phénomènes de submersion ? de l?aménagement à la gestion
de crise ? relève de différents cadres normatifs, équivalents en termes de hiérarchie des normes,
et de différentes autorités qui doivent se concerter.
Les Régions, depuis 1980, sont compétentes en matière d?aménagement du territoire et à ce titre,
de la politique de l?eau, de la gestion des districts hydrographiques, de la conservation de la nature,
des travaux publics et des transports.
Les principaux outils juridiques en matière de politique de l?eau sont, en Belgique, des décrets pris
par les gouvernements régionaux : il s?agit, pour la Flandre, du décret « Politique intégrale de l?eau
» du 18 juillet 2003, codifié dans le Code de l'eau, pour la Wallonie, du décret relatif au Livre II du
Code de l?Environnement constituant le Code de l?Eau du 27 mai 2004 et pour Bruxelles-Capitale,
de l?ordonnance du 20 octobre 2006 établissant un cadre pour la politique de l?eau.
Ces trois textes transposent les directives européennes 2000/60/CE (« Directive-cadre sur l?eau »)
et 2007/60/CE (« Directive Inondation »). L?État fédéral intervient cependant dans la mise en oeuvre
de la directive-cadre pour les aspects liés aux eaux côtières, en particulier pour la Mer du Nord.
Cette structuration se traduit par une démultiplication des participations représentant la Belgique,
dans les différentes instances, par exemple, dans celles dédiées à la gestion transfrontalière de
l?eau.
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Annexe 4.2.2 Une organisation de la gestion de crise par niveaux de
gravité
Si les Régions sont en charge de l?aménagement du territoire et interviennent donc, au sens large,
dans la prévention des catastrophes naturelles, la gestion de ces dernières stricto sensu n?est pas
de leur ressort. Le modèle belge de gestion de crise est fondé sur la distinction de plusieurs phases
définies par le niveau de gravité, l?ampleur géographique et le type de moyens requis : la phase
communale, dirigée par le bourgmestre ; la phase provinciale, dirigée par le gouverneur ; la phase
fédérale, qui dépend du Ministre de l?Intérieur. La continuité et l?évaluation des critères de passage
d?une phase à l?autre sont assurées par le Centre de crise national (NCCN), qui est un acteur
interfédéral. Le NCCN est en outre chargé, au niveau national, de développer une stratégie globale
d?amélioration de la résilience de la Belgique (élaboration de méthodologies standards pour les
acteurs locaux, lancement de campagnes de prévention?), d?organiser la planification d?urgence
et d?assurer une vigilance active.
Encadré 15 : le NCCN (Centre de crise national)
Le NCCN est en charge de la planification d?urgence, pour l?ensemble des risques, au niveau stratégique. Il n?a pas
de rôle opérationnel : par exemple, la question du pompage en gestion de crise relève de la direction générale de
la sécurité civile. A l?échelle locale, ce sont les bourgmestres qui sont en charge de la crise. Le NCCN fournit le
contenu de la formation, d?une grosse demi-journée, mise en place pour les bourgmestres nouveaux. Nécessaire
même s?ils ont des experts auprès d?eux, elle est prévue tous les 4 ans mais pas obligatoire.
Le NCCN a des échanges en crise avec les gouverneurs via les experts et coordinateurs. Les remontées d?info au
NCCN se font via les gouverneurs. Le niveau fédéral est facilitateur et coordonnateur mais n?a pas autorité sur les
autres. Les bourgmestres ont accès à l?application SI en gestion de crise, avec des droits gérables pour avoir le
cercle de travail efficace.
La communication en crise repose sur un contrat cadre pour appeler les personnes en cas d?urgence ? il vaut pour
les bourgmestres, gouverneurs NCCN. Le principe est que celui qui gère la crise communique ? les autres ne
peuvent que renforcer ou décliner les informations principales. La cellule de communication du NCCN propose des
messages et fait une veille des réseaux sociaux.
C?est le NCCN qui évalue le besoin de mobilisation de moyens nationaux, toutes les remontées de demandes se
font par écrit dans une application informatique, en cours de modernisation. L?assurance de moyens suffisants
repose sur le fait que chacun en a et qu?il y a, en plus, un stock national. La crise covid a fait ressentir le besoin
d?objectiver les ressources disponibles ; c?est un travail en cours, qui inclut les pompes. Il faut tenir compte du fait
que des moyens existants ne sont pas nécessairement disponibles ou mobilisables, et qu?il faut réussir à mutualiser
au bon niveau, pour n?être ni en manque, ni en sur capacité. En termes de mutualisation possible ou soutien entre
états, les plus efficace serait des achats au niveau de l?UE.
La planification en matière de sécurité civile incombe ainsi au premier chef au bourgmestre (maire
d?une commune), qui doit disposer d?un Plan général d?urgence et d?intervention (PGUI)
comprenant les directives générales de gestion des situations d?urgence de tout type. C?est le
bourgmestre qui décide d?éventuelles évacuations. Il s?appuie sur des coordinateurs de situation
d?urgence dont c?est le seul métier, quitte à le faire pour plusieurs communes. Toutefois, dès lors
que la gestion d?un événement excède les pouvoirs et les moyens dont disposent les bourgmestres,
c?est la province, qui intervient. Les provinces sont un pouvoir local, en général placé sous l?autorité
des Régions. Par exemple, les inondations de novembre 2023 ont été gérées au niveau provincial
et les inondations de l'été 2021 ont été gérées au niveau fédéral.
Le secours aux personnes et la sécurité civile sont des compétences fédérales à peu près
exclusives, dont l?organisation est déléguée aux pouvoirs locaux que sont les provinces et les
communes.
Ce principe de délégation dissocie donc la compétence fédérale des moyens fédéraux : les
services de secours centraux de l?État fédéral (dit « moyens spéciaux » : unités spécialisées de la
police et des pompiers, hélicoptères?) constituent une réserve à l?appui des services de secours
locaux. Autrement dit, les services fédéraux peuvent être sollicités par les Régions ? ainsi que par
les autorités communales et provinciales ? pour la mise en oeuvre de mesures particulières en
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gestion des crises ou des situations d?urgence, ou pour l?établissement des plans d?urgence et
d?intervention.
Cette configuration implique que les aspects concrets de la gestion de crise et le besoin de
planification qui en découlent, dépendent ? d?une façon particulièrement aiguë en Belgique ? de la
bonne coordination opérationnelle entre les différents niveaux de pouvoir. En effet, la totalité des
implications d?une catastrophe naturelle excède nécessairement les compétences exclusives de
chacun.
Encadré 16 : Prévision des inondations et alertes
Les prévisions météorologiques sont réalisées par l?Institut royal de météorologie (organe fédéral) et l?analyse des
paramètres hydrologiques incombe aux Régions. Ainsi, le service opérationnel de prévision des crues de Flanders
Hydraulics (HIC - Centre d'information hydrologique) et de l'Agence flamande pour l'environnement utilisent une
grande variété de données météorologiques en combinaison avec des modèles hydrologiques et hydrauliques
1D/2D pour fournir des prévisions de niveau d'eau et de débit sur les voies navigables et non navigables catégorie
1) flamandes et le long de la côte belge. Des experts interprètent quotidiennement la situation et communiquent
des messages sur waterinfo.be. En cas de crise, ces messages sont activement diffusés pour la gestion de crise
et les services d'urgence.
Waterinfo.be intègre actuellement 2162 stations de mesure qui fournissent des données en temps réel (ou
presque) avec des séries chronologiques à haute résolution le long des voies navigables flamandes, les cours
d?eau non navigables de catégorie 1 et de la côte. Des stations supplémentaires des régions environnantes (région
wallonne en Belgique, France, Pays-Bas) sont disponibles pour la gestion opérationnelle des crises en cas
d'inondations.
Lorsque la vitesse et la direction du vent, en particulier pendant la marée de printemps, conduisent à des marées
de tempête élevées le long de la côte belge ou dans l'estuaire de l'Escaut, ceci est communiqué sur waterinfo.be
par les experts de Flanders Hydraulics qui font les interprétations basées sur les différentes sorties de modèles. Le
plan d'urgence à appliquer le long de la région côtière peut être consulté sur waterinfo.be.
En Wallonie, la prévision des crues est réalisée par le SPW, Service public de Wallonie, impliquant deux entités
internes :
- Service public de Wallonie Mobilité et Infrastructures, Direction de la Gestion hydrologique (prévision des crues)
- Centre Régional de Crise (prévention et coordination internes en temps de crise, accompagnement des services).
La prévision des crues est obligation légale, mais la transmission des infos n'est pas codifiée. Les alertes sont
transmises aux services eau et voies navigables, sur site web grand public, et la CRC régional communique aux
autorités en charge de crises et urgence.
Annexe 4.2.3 Un système assuranciel présenté comme fragile
En matière d?assurance, la Belgique compte parmi les pays ayant mis en place un dispositif privé
de garanties contre les catastrophes naturelles le cadre des polices d?assurance incendie, ce qui
permet en principe au plus grand nombre d?accéder à cette protection.
Toutefois, il ressort des échanges que ce dispositif d?assurance privé, combiné aux fonds de
calamités publiques mis en place par les régions, est plafonné (350 M¤ par catastrophe) et a
montré ses limites lors des inondations de juillet 2021. Le coût des dommages a été évalué à près
de 2,5 Md¤, très au-delà des plafonds d?intervention. L?ensemble des dommages est estimé à
environ 1% du produit intérieur brut national48. Dans ce contexte, un dispositif ad hoc a été mis en
place au seul niveau régional afin d?indemniser les victimes (les assureurs belges ont prêté 1 Md
¤ à la Wallonie à taux zéro, sur une durée de huit ans) et une réflexion plus générale a été engagée
afin de réformer le système d?assurance privé et celui des fonds de calamités. Cela concerne
également les biens professionnels et les surfaces agricoles et intègre un objectif de mieux évaluer
le coût des inondations.
Sur ce terrain, la Flandre ? Flanders Hydraulic Research en coopération avec l?Université de Gand
(département de géographie) - a développé, dès les années 2000, une méthode originale
48 L?Union européenne a pris en compte un montant de 5,56 Md pour l?ensemble des événements de juillet 2021.
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d?évaluation des conséquences des inondations, sur la base d?un modèle (LATIS) s?appuyant sur
un système d?informations géographiques et des modèles hydrologiques ainsi que des données
socio-économiques et d?usage du foncier. Le but affiché est de chercher à minimiser les
conséquences des inondations plutôt que de chercher à les prévenir.
En dépit de ces démarches, les assureurs estiment que la prise en compte des risques climatiques
est fortement problématique en Belgique, notamment du fait de la régionalisation des compétences.
Ils plaident pour un nouveau système, a minima fédéralisé, sinon européanisé.
Encadré 17 : l?assurance des agriculteurs en Flandres
Depuis 2019, une réforme de l?assurance49 articule l?assurance que les agriculteurs doivent désormais souscrire
sur le marché et le soutien du gouvernement. En pratique, chaque agriculteur doit souscrire à une assurance in-
tempéries globale dans le secteur agricole ? la grêle par exemple, en choisissant sur quelles parcelles. Le gouver-
nement apporte une aide à hauteur de 65% du coût de l?assurance. A partir de 2023, si les agriculteurs souhaitent
étendre leur champ de couverture, l?aide est inférieure, de l?ordre de 30 à 45% selon les budgets. Le gouvernement
intervient en cas de catastrophe naturelle en complément des assurances (au-delà d?une occurrence trentennale),
seulement pour les agriculteurs assurés. De leur côté, les agriculteurs doivent s?inscrire dans une démarche de
prévention, avec des bénéfices pour leurs cultures (par exemple, protéger les vergers), mais aussi plus larges :
limiter l?érosion (haies), ce qui est un bénéfice pour eux et pour les villages voisins. Se posent aussi des questions
de la place laissée à l?eau le long de certains fleuves (Yser).
Annexe 4.2.4 Le choc des inondations de juillet 2021
La répartition fragmentée des compétences est parfois redoublée par un effet de concurrence entre
les différents niveaux de pouvoir. Cela peut conduire à un défaut de coordination ou à des retards
dans la prise de décision, comme le pointe assez sévèrement la commission fédérale chargée de
tirer les leçons des grandes inondations de l?été 2021. Son rapport prend par exemple appui sur la
dissociation entre la prévision météorologique qui est réalisée par l?Institut royal de météorologie
(organe fédéral) et l?analyse des paramètres hydrologiques, qui incombe aux Régions. En 2021,
cette configuration a gêné la transmission d?une information complète sur le risque de crue aux
autorités locales. Une fois les alertes données, les mesures à prendre doivent être concertées
entre les autorités régionales et locales, voire fédérales, ce qui prend un temps non négligeable en
situation de crise.
Les inondations de 2021 ont constitué un facteur de choc à l?échelle du pays en matière de plani-
fication et de gestion d?événements climatiques de grande ampleur. Si la concertation qui dérive
du fédéralisme rend le dispositif potentiellement difficile à appréhender ? y compris pour les acteurs
eux-mêmes, avec l?allongement des délais de décision qui peut en résulter ? la structure de la
réponse des autorités a fait l?objet de plusieurs réévaluations depuis 2021-2022, notamment du fait
du NCCN. De leur côté, les autorités régionales ont révisé leurs plans d?urgence, tandis que les
communes se sont davantage investies dans la rédaction de leurs propres plans. La culture du
risque, dont le défaut a souvent été dénoncé, tend ainsi à se développer dans un environnement
institutionnel particulièrement complexe (voir infra).
Annexe 4.3. Les Flandres : une structuration par grand bassin, en
cours d?inflexion
En Flandres, le pilotage de la prévention des inondations implique plusieurs ministères :
infrastructures, environnement, agriculture, et agence de l?environnement des Flandres. Environ
49 19 Juin 2019. - Arrêté du Gouvernement flamand relatif à la subvention de prime pour une assurance intempéries globale dans
le secteur agricole
PUBLIÉ
https://www.ejustice.just.fgov.be/eli/arrete/2019/06/19/2019030606/justel
https://www.ejustice.just.fgov.be/eli/arrete/2019/06/19/2019030606/justel
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80 000 foyers flamands ont une probabilité moyenne à élevée d'être inondés ; l'urbanisation et le
changement climatique augmentent les risques. La réponse apportée passe par une approche
« multicouche » de gestion du risque d?inondation. Il est nécessaire de mobiliser une combinaison
de mesures pour faire face aux inondations critiques, dans une logique de responsabilité partagée
entre les gestionnaires de l'eau, les planificateurs de l'espace, les services de crise et d'urgence et
les citoyens. Les 3 « P » sont :
Protection : protéger contre les inondations. Il s?agit d? éviter autant que possible les inondations
dans les zones vulnérables au moyen de digues, déversoirs, bassins d'inondation et stations de
pompage, ou encore en étant attentif à l?infiltration de l?eau.
Prévention : éviter ou réduire les dommages
Cet axe comporte les mesures visant à réduire notre vulnérabilité aux inondations, comme le fait
d?éviter des constructions dans les zones inondables ou y permettre des constructions adaptées
Préparation : être prêt en cas d'inondation. Cela couvre les actions nécessaires pour ne pas être
pris par surprise par les inondations et pouvoir agir afin d'éviter que la situation ne s'aggrave ;
informer et prévenir, afin que les gestionnaires de l'eau (y compris au niveau local), les services
d'urgence et les citoyens puissent prendre des mesures en temps utile et éviter de nombreux
dégâts et malheurs.
Annexe 4.3.1 L?équilibre entre protection et aménagement du territoire
- Actions de protection : les équipements et infrastructures
- La lutte contre les inondations en Flandre est d plus en plus appuyée sur la recherche de solutions
pour redonner de l'espace à la rivière. Cela peut se faire en élargissant le lit d'hiver naturel ou
en créant des zones d'inondation contrôlée ou des bassins d'attente. La conception de ces zones
est envisagée en fonction de la configuration de chaque bassin. Il peut s'agir de zones entièrement
naturelles, et dans ce cas les agriculteurs présents se voient attribuer d'autres parcelles de terre à
cultiver, ou elles peuvent être utilisées à d'autres fins agricoles de sorte qu'il n'y ait pratiquement
pas de dégâts en cas d'inondation (surtout en hiver).
- Le niveau de protection des digues est déterminé par zone en fonction du risque. C'est l'autorité
compétente en matière d'eau qui en fixe le niveau. Le gestionnaire de l'eau est également
responsable de la construction, de l'entretien et de l'inspection des digues.
Les inspections structurées des digues ont lieu tous les 1 à 3 ans en fonction du risque. A cela
s'ajoutent bien sûr les contrôles visuels effectués.
Pour le renforcement des digues en crise, les autorités font appel à un fournisseur privé, dans le
cadre de contrats qui permettent une intervention dans la journée/
- Les autorités chargées de l'eau sont responsables de l'entretien des canaux, y compris du
désensablement et du dragage. La répartition des compétences diffère pour les cours d?eau
navigables et non navigables. Pour les premiers, les responsables sont Vlaamse Waterweg (Voies
navigables), le Département de la Mobilité et des Travaux publics, et l?Agence des services
maritimes et de la côte. Pour les cours d?eau non navigables, ceux qui entrent dans la catégorie
1 relèvent de VMM (Agence Flamande de l?Environnement), de la catégorie 2 des provinces, et la
catégorie 3, des municipalités.
Les exploitants de cours d'eau prennent en charge le coût des infrastructures construites le long
des cours d'eau (zones inondables contrôlées, digues de protection, bassins d'attente, stations de
pompage, ...). Pour les cours d'eau non navigables, il existe encore aujourd'hui de nombreux
gestionnaires différents. Ce nombre a été fortement réduit depuis 2014. A partir de cette date, les
communes pouvaient transférer la gestion des cours d'eau aux provinces, et de très nombreuses
communes ont choisi de le faire (sur 300 communes en Flandres, seule 50 sont encore
gestionnaires de cours d'eau). Il reste cependant 56 polders et wateringues, 5 provinces et la VMM
en tant que gestionnaire de cours d'eau en Flandres. Lors de son entrée en fonction en 2019, le
gouvernement flamand a décidé de réformer la gestion des cours d'eau non navigables. Une note
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conceptuelle à ce sujet a été approuvée par le gouvernement flamand en juillet 2023. À l'avenir, la
gestion des cours d'eau non navigables sera assurée par des conseils de l'eau (12 au maximum)
soutenus par un syndicat des conseils de l'eau.
Quand VMM fait l?entretien des grands cours d?eau non navigables, cela recouvre le fauchage et
le curage, prévu environ tous les 10 ans, dans le cadre d?un plan d?ensemble. Il s?agit de curer aux
seuls endroits où des accumulations augmenteraient le risque inondation (au niveau de ruptures
de pente, par exemple).
Concernant les sections de Wateringues, elles sont en charge de l?entretien des fossés et reçoivent
une subvention des provinces. La taxe qu?elles lèvent rapporte un faible pourcentage des coûts et
la question est posée de la supprimer. Les sections doivent gérer l?eau de sorte que le niveau
d?eau ne soit pas à son maximum quand une crue arrive et que chaque section contribue au
tamponnage.
Ainsi, dans la Flandre occidentale, se pose la question d?une évolution du système des
Wateringues. C?est une volonté forte dans l?accord de coalition du gouvernement flamand engagée
il y a cinq ans que de faire évoluer ce système, sous le terme « réformer pour plus d?efficacité ». Il
s?agit de trouver un équilibre entre ce système de gestion locale et pragmatique des fossés par les
agriculteurs, appuyé sur des redevances pas toujours bien comprises par les riverains qui ne sont
pas agriculteurs, et une meilleure coordination de la gestion de l?eau des polders à une échelle
plus large. Les pistes évoquées sont de mettre en place une structure plus grande en gardant les
chefs de sections dans la gouvernance, dans un dispositif permettant plus de coopération et une
communication fluide entre zones.
Le traitement des sédiments évacués lors du curage des fossés et canaux est fait conformément
à la directive européenne : le niveau de pollution des sédiments est vérifié par le service
environnemental avant l?épandage. Les sujets qui peuvent créer des tensions sont l?accès aux
propriétés pour curer et pour épandre. Cela relève des agriculteurs ou des collectivités, qui passent
alors des contrats d?entretien.
- Dans les zones de polders ou aux endroits où le drainage par gravité des cours d'eau n'est
(temporairement) pas possible, des systèmes de pompage ont été installés ; la responsabilité de
ces systèmes de pompage incombe au gestionnaire de l'eau.
Concernant le pompage en crise, c?est la collectivité qui mobilise les pompes qui est en charge du
coût, avec un soutien du niveau supérieur à partir d?un certain montant. Pour la crue de novembre
dernier, c?est l?état fédéral qui va prendre en charge la facture. A Niewport, une grande capacité de
pompage a été ajoutée car l?écoulement gravitaire n?était possible que 2 h sur 12. Le dispositif a
été « inventé » en direct, l?espace disponible à l?embouchure était entièrement utilisé.
La question va se poser de renforcer la capacité fixe, mais nos interlocuteurs soulignent que
l?évacuation à la mer n?est pas si simple ; une mauvaise gestion peut se traduire par des sur-
inondations en amont. Les pluies seront plus fréquentes, plus fortes, les modèles de prévision sont
dépassés. On aura de toutes façons à faire face à une plus grande incertitude.
Une réponse à cette nouvelle situation est l?approche « multicouches » : il faut pouvoir activer
différents leviers selon le type de crue. Cela suppose une très bonne coordination. En crise en
particulier, cette coordination est essentielle : elle relève du gouverneur qui peut prendre des
sanctions en cas de non-respect de consignes.
- Actions de prévention : enjeux d?aménagement du territoire
Les Flandres sont très denses, avec un aménagement du territoire historique marqué par la
possibilité de construire des quartiers au bord de l?eau, ce jusqu?en 2010. Un enjeu maintenant est
d?éviter de construire dans les zones à risques.
Une cartographie vient d?être établie, sur la base de travaux commencés après les crues de 2010,
qui identifie les zones exposées à des inondations centennales, avec et sans changement
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climatique. Un processus est engagé pour changer de destination les terrains regardés comme
dangereux. Après une enquête publique en 2023, ce travail donnera lieu une deuxième
consultation, puis une troisième approbation sera nécessaire pour un aboutissement prévu sous
un an à un an et demi. Les cartographies sont déjà publiques, mais de portée purement informative.
En Flandre, les permis de construire sont décentralisés ; l?autorité locale peut ne pas suivre les
recommandations du niveau régional, qui peut faire un recours. Cela arrive peu.
Tout permis de construire donne lieu à « évaluation aquatique », qui tient compte, par exemple,
des quantités d?évacuations à prévoir en cas d?inondation (cela peut conduire à accepter une
maison sur un terrain exposé, mais pas un immeuble). L?évaluation aquatique repose sur une
instruction par les services du gouvernement sur les effets néfastes sur le système d'eau qui
peuvent être causés, par exemple, par la construction d'une maison ou d'un projet d'infrastructure.
Les plans susceptibles d'avoir un impact sur le réseau hydrographique, tels que les plans
d'aménagement du territoire, sont également soumis à l?évaluation aquatique. Dans certaines
situations, le gouvernement doit demander l'avis du gestionnaire de l'eau concerné lorsqu'il
procède à l'évaluation aquatique. Le gestionnaire de l'eau peut faire des recommandations pour
ajuster les activités planifiées afin d'éviter, de limiter, de restaurer ou de compenser les dommages
attendus sur le réseau d'eau. Le résultat de l'évaluation aquatique est inclus en tant que
« paragraphe sur l'eau » dans le permis ou dans l'approbation du plan ou du programme. Il y a
ainsi un devoir d?information, appuyé sur un système de score sur la base d?une approche
modélisée, pour chaque parcelle dans une zone inondable -fluviale, liée aux pluies ou par
submersion marine) (P-score) et bâtiment de (G-score) ? de A à D selon le niveau de risque (A :
pas de risque de crue modélisée, B : faible probabilité d?inondation sous l?effet du changement
climatique, C : faible risque d?inondation sous le climat actuel et D : probabilité moyenne sous le
climat actuel). Ce devoir d'information a été introduit dans le décret intégral sur la politique de l'eau
en 2013. En 2016, l'obligation d'information a été évaluée. Le 1er janvier 2023, un devoir
d'information modifié est entré en vigueur. Lors de la vente ou de la location d'un bien immobilier,
l'acheteur ou le locataire doit savoir si le bien est situé dans une zone inondable.
Côté agriculture, un enjeu est d?encourager une agriculture plus durable, moins exposée aux
risques de sécheresse et d?inondation, ce dans le cadre de la PAC, par exemple en améliorant le
rôle de rétention des eaux des sols. Une ambition forte est que les agriculteurs ne soient pas
seulement dans une logique productiviste mais également convaincus de ces enjeux de durabilité.
- Une structuration de ces piliers par grands cours d?eau
Le « plan Sigma50 », un plan intégré de protection contre les inondations, a été mis en place pour
la première fois en 1977, en réaction à une inondation majeure causée par une onde de tempête
en 1976 sur le bassin transfrontalier France, Belgique, Pays-Bas de l?Escaut. Le fleuve ne fait que
350 km, mais coule dans un bassin très dense. Le plus grand danger est lié à une onde de tempête
qui se poursuivrait dans les terres, avec un risque de rupture de digues, comme en 1953 et 1966
où des villages entiers ont été inondés. Ce plan vise à protéger environ 20000 hectares de terres
en Belgique, le long de l'Escaut et de ses affluents tels que le Rupel, la Nete et la Durme. Il met en
place des protections contre les submersions marines et les inondations fluviales causées par des
précipitations très fortes, en identifiant quatre zones avec des niveaux de protection différents. Il
combine des mesures d'infrastructure "grises", principalement des digues, et des mesures "vertes"
sous la forme d'un réseau de zones inondables contrôlées, dont la mise en place fait l?objet de
nombreuses discussions avec le secteur agricole.
Un plan Sigma actualisé a été approuvé en 2005 qui visait à mieux protéger l?Escaut et ses affluents
par la mise en place de « zones temporairement inondables » et de digues. Le Sigma a aussi
travaillé à la restauration des rivières et à l?économie locale. Le projet a aidé également à réaliser
les objectifs écologiques (Natura 2000).
50 S de Sigma comme le début du nom de l?Escaut en Flamand, Schelde
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A l?horizon 2030, il représente 1,3 Md d?euros. Un cadre législatif est nécessaire pour garantir une
approche pluriannuelle de ces travaux. Il s?agit d?intégrer le changement climatique, et en particulier
l'élévation du niveau de la mer qui accroît le risque d?inondation. Dans la version actuelle,
l'élévation du niveau de la mer a été prise en compte dans un scénario moyen. Sur cette base, le
plan contient des mesures et des projets dont la réalisation s'étend jusqu'en 2030, suite à une
évaluation des coûts-avantages sociaux. Une amélioration du Plan Sigma - un Plan Sigma+ ou un
Plan Sigma 3.0 - devrait également prendre en compte le scénario climatique plus extrême à fort
impact jusqu'en 2100, avec, en plus de l'élévation du niveau de la mer, l'augmentation de la
probabilité d'écoulements supérieurs extrêmes et la coexistence de ces eaux d'amont et d'une
onde de tempête. Jusqu'en 2030, le plan actuel doit être mis en oeuvre sans délai, et, par la suite,
complété par des mesures additionnelles.
Le plan est approuvé par le gouvernement flamand dans ses principes généraux, mais pour le
reste, donne lieu à des déclinaisons locales, où le travail est fait en cherchant les collaborations
avec les agriculteurs et les associations. Il ressort des échanges une bonne coopération avec les
agriculteurs sur le plan Sigma, mais, « dans les relations à proximité des fleuves, pour regagner
des zones d?expansion des crues ce n?est pas toujours facile ».
La nouvelle étape de prise en compte du changement climatique, par une étude, n?en est qu?à ses
débuts.
La Dendre, affluent de l?Escaut, qui connait aussi des problèmes d?inondation, est encore en
phase de planification. Il s?agit d?élaborer un plan stratégique « espace pour l?eau » pour réduire le
risque d?inondation en améliorant la qualité de vie. Ce travail se fait en recherchant une forte
participation des autorités locales et habitants, en vue d?une approbation du gouvernement
flamand au printemps. Dans le cadre de ces travaux, deux scénarios ont été élaboré et évalués
sous l?angle de leurs avantages et limites et soumis à concertation : celui « de la vallée inondable »
ou celui d?«expansion des inondations en amont ». C?est le premier, dans une approche naturelle
de place laissée au fleuve, avec une action au plus près pour chacun, qui est préférée.
Concernant la Meuse, dont le débit peut varier de 10 à 3000 m 3/s et plus, elle coule en Flandre
le long d?anciens sites miniers de niveau très bas. Les deux inondations majeures de 1993 et 1995
ont inondé des villages entiers. Dans la suite, les digues ont été surélevées et renforcées, mais le
principe de laisser une plus grande place pour le fleuve apparait désormais comme préférable,
quitte à supprimer quelques maisons situées dans le lit mineur. Ce travail prend des années. Les
digues sont maintenues là où l?élargissement n?est pas possible.
Concernant enfin l?Yser, la coopération autour de l?eau est renforcée avec la mobilisation d?une
commission de la coordination intégrée de l?eau, et le projet de maitrise de l?Yser dans une
approche intégrée quantité- qualité. Le territoire est pour partie inférieur au niveau de la mer et le
changement climatique va fragiliser la zone ; la population est peu dense, sauf près de la côte : ce
sont surtout des prairies dans les parties basses et des terres agricoles. L?eau potable dépend des
eaux de surface, et notamment du réservoir de Blanckaert. Les relations avec les agriculteurs sont
un enjeu majeur, dans ce bassin où le projet est de créer des déversoirs sur la rive gauche du
fleuve pour compléter la Zone d?expansion des crues (ZEC) de Blanckaert, créée après les crues
de 1993-95 (et qui représente un stockage en crue de 450 M m3).
Un décret est en préparation pour que les objectifs soient ancrés au niveau flamand. Il s?agit de
définir des mesures concrètes à l?horizon 2024 ou 25, afin de les avoir mises en oeuvre un an après
entrée en vigueur du décret, dans une logique « top down » vers les bassins. Une plate-forme
permet des échanges de connaissances, qui est aussi un outil de concertation.
Cet hiver, cette zone a été inondée pendant plusieurs semaines, jusqu?à plusieurs mètres d?eau au
plus profond. Il n?y a pas de compensation financière des agriculteurs mise en oeuvre, la prise en
charge dépend des assurances.
Le bassin de l?Yser est engagé dans un projet Interreg avec l?USAN notamment pour partager la
vigilance.
Annexe 4.3.2 L?adoption de nouveaux grands plans structurants
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- Le Bluedeal est un grand plan adopté après la sécheresse de 2018-20 et consacrée en premier
lieu à cet enjeu. Il comporte deux axes :
- réduire les consommations d?eau, progresser dans les réutilisations ;
- mieux conserver et gérer l?eau, dans une logique trame verte et bleue.
Ce programme était prévu à hauteur de 60 à 70 millions d?euros et a été porté à 500 millions d?euros
après la crise Covid, dans le cadre des fonds de relance européens.
- Après les crues en Wallonie, qualifiées de « bombe d?eau », le gouvernement flamand a demandé
à un groupe d?experts de rédiger un avis sur la prévention des inondations. Il s?agissait de revoir la
prévention en Flandre sur la base d?un scénario de même type que la « Water Bomb » sur la région,
en identifiant également les budgets requis. En effet, il a été estimé que le coût d?une catastrophe
de même type serait de 8 Md d?euros. Ce travail s?est engagé en décembre 2021, sous le pilotage
de Henk Ovink, professeur néerlandais de renommée internationale, notamment pour son travail
à l?ONU. Le choix de cette personnalité se justifiait pour éviter une forme de concurrence entre
universités belges, pour mobiliser l?intérêt des Pays-Bas, concernés par la Meuse, pour cette ré-
flexion, et bénéficier d?un regard neutre sur la situation. La démarche était pluridisciplinaire. C?es t
le Weerbaar Waterland, qui a donné lieu à l?avis Resilient Waterland de mars 2023. Il comporte
dix recommandations suivantes qui mettent en avant une approche stratégique, partenariale et
intégrée, inscrite dans la durée et impliquant tous les acteurs, informés et responsabilisés :
1. Objectifs aquatiques clairs, intégrés et assortis de tâches à accomplir
Depuis des objectifs divers et vagues en matière de quantité d?eau vers des objectifs intégrés dans
le domaine de l?eau
2. Programmes d?action intégrés et adaptatifs par sous-bassin
Depuis un ensemble réactif d?actions sectorielles déconnectées vers des tâches orientées vers la
mise en oeuvre au niveau des sous-bassins
3. L?eau, le sol et le climat au service d?une nouvelle sécurité juridique
Depuis un avis sur l?eau sans engagement et une mise en oeuvre incertaine vers un cadre spatial
et d?exécution solide et juridiquement sûr
4. Triple mandat, depuis la régie jusqu?à l?exécution
D?une exécution dépendante du volontariat et retardée par la fragmentation des pouvoirs vers une
régie claire
5. Quatre chantiers flamands de l?eau
Depuis un fonctionnement sur la base de projets vers une approche intersectorielle permanente
axée sur l?exécution
6. Fonds de sécurité de l?eau ancré
Depuis des budgets de projets annuels vers une approche systémique sur plusieurs législatures
7. Préparation des personnes et des infrastructures
Depuis l?ignorance relative vers l?autonomie accrue
8. Revirement culturel
Depuis le risque individuel vers le gain sociétal
9. Programme flamand pour la Connaissance et l?Innovation
Depuis le développement scientifique sectoriel vers l?innovation transdisciplinaire et fondée sur la
pratique
10. Approche et collaboration transfrontalières
Depuis une région réactive en aval vers un précurseur en matière de protection contre les crues
en Europe
Les interlocuteurs de la mission mettent l?accent sur les points suivants :
- développer des objectifs clairs en matière d'eau au niveau flamand d'ici 2023-2024 : identifier les
zones de la Flandre où les risques actuels ou futurs sont trop élevés (tant pour la sécheresse que
pour les inondations).
- Dès le départ, exploiter les possibilités de liaison pour améliorer la qualité de l'eau et l'érosion et
calculer les futurs dommages socio-économiques et écologiques qui en découlent.
- Lors de l'élaboration des objectifs, tenir compte de l'impact élevé de la sécheresse et de l'érosion,
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tenir compte au maximum du scénario climatique à fort impact jusqu'en 2100< ;
- Dans les suites des inondations de novembre 2023, la Task Force « Westhoek résilient », à la
demande du Gouvernement flamand, a formulé, à l?issue de trois réunions, un avis étayé pour
améliorer la « sécurité de l?eau » dans le Westhoek, et plus particulièrement dans le bassin de
l?Yser. Il s?agissait de tenir compte du caractère spécifique du territoire, mais aussi de faire le lien
avec le cadre politique « Waterland résilient », qui préconise une approche axée sur la source du
problème ainsi que des opportunités gagnant-gagnant pour la gestion des sécheresses. D'autres
cadres tels que le Blue Deal et le Plan flamand d'adaptation au climat ont également été pris en
compte. À partir du cadre général, une réflexion a été menée à court et à plus long terme.
Le Weerbare Westhoek du 22 décembre 2023 prévoit des budgets importants en 2024 (54 M) et
25 (26 M), avec des travaux sur les pompes, les canaux ? Chaque année, 120 M sont destinés
aux voies navigables.
Pour le court terme quelque 70 mesures sont proposées. Il s'agit de mesures dites « sans regret
», c'est-à-dire efficaces et efficientes sous chacun des scénarios climatiques et qui ne viennent pas
au détriment d'autres enjeux cruciaux dans la région : mesures de terrain (la rétention d'eau en
amont, le tamponnement dans et le long des cours d?eau, l?évacuation vers la mer ainsi que des
mesures de protection) mais aussi de mesures politiques et règlementaires, de recherche et de
surveillance, de communication et de sensibilisation. Des propositions sont également faites pour
éliminer autant que possible les points de friction dans une logique de facilitation ou de simplifica-
tion.
Toutes les mesures sont conçues de manière à évacuer l'eau excédentaire uniquement lorsque
cela est nécessaire pour prévenir des inondations. Elles contribuent ainsi à garantir la disponibilité
de l'eau en cas de sécheresse prolongée.
Les mesures à court terme suivantes sont prioritaires :
- tamponnement des eaux en amont et évacuation retardée ;
- création et aménagement de nouvelles zones d?expansion des crues (ZEC) ;
- protection des infrastructures critiques (par exemple les centres des villages, les industries, l'ap-
provisionnement en électricité, etc.) grâce à la construction de digues locales, par exemple à
Roesbrugge et Stavele. - Amélioration de l'entretien structurel de l?ensemble des cours d'eau ;
- gestion dynamique des niveaux d?eau ;
- optimisation de la capacité d?évacuation, par exemple via le canal de Lo et l?Yser, de Dixmude à
Nieuport ;
- évacuation suffisante vers la mer à différents endroits, par gravitation mais aussi de manière
indépendante des marées ;
- démarrage d?un processus d'élaboration du plan « De l?espace pour l?eau ? Vallée de l?Yser » ;
- renforcement de la coopération transfrontalière.
Des points d?attention sont identifiés :
- la conception des mesures à réaliser sur le terrain fait l?objet d?une concertation avec les acteurs
locaux, les propriétaires et les utilisateurs des terrains ;
- pour la création et l?aménagement de nouvelles zones d?expansion des crues (ZEC), dans la
mesure où leur fonctionnement a un effet, une politique d'accompagnement agricole est recom-
mandé ;
- pour l'approche à plus long terme, la Task Force recommande l?élaboration d?un programme plu-
riannuel intégré et orienté vers l'action, garantissant qu?à l?avenir éga lement, et en tenant compte
des scénarios climatiques, le Westhoek reste suffisamment résilient face à la fréquence et à l'inten-
sité croissantes des conditions météorologiques extrêmes.
Il sera possible ainsi de continuer à travailler de manière structurelle et intégrée sur la sécurité de
l?eau dans le bassin de l?Yser. Les actions à entreprendre sont les suivantes :
- Identifier les risques et les points problématiques et déterminer un risque d'inondation acceptable.
- Fixer des objectifs stratégiques et opérationnels pour que les risques soient ou restent sociale-
ment acceptables.
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-. Elaborer et mettre en oeuvre un programme d'actions intégré, de concert avec les acteurs locaux
et les parties prenantes. Les nombreux projets et initiatives existants ne seront pas perdus de vue
et seront poursuivis et renforcés dans la mesure du possible. La coopération transfrontalière avec
la France devra également être poursuivie et renforcée.
Enfin, la Task Force a également formulé un avis sur la gouvernance ou la nécessité d'une struc-
ture claire pour assurer le suivi d'un tel programme pluriannuel intégré. Elle préconise une ap-
proche systémique qui surveille l'intégralité et qui dispose d?une capacité d?action suffisante pour
pouvoir efficacement mettre en oeuvre le programme pluriannuel. L?avis recommande aussi d'utili-
ser autant que possible les structures déjà existantes aux différents niveaux (flamand - bassin -
région), qui fonctionnent bien. La Task Force mise en place - dans sa composition actuelle ? devrait
être pérennisée afin de pouvoir assurer la surveillance et le suivi de la mise en oeuvre des actions.
La structure actuelle du bassin peut également être maintenue, car elle dispose déjà d'une large
représentation locale et d'une approche multidisciplinaire.
Il est également recommandé de développer plus avant, sur l?ensemble du bassin, le fonctionne-
ment des coalitions territoriales locales accompagnées.
Annexe 4.4. La Wallonie : le choc des inondations de juillet 2021
Annexe 4.4.1 Quelques éléments sur le cadre général de la prévention des
inondations
La gestion de l?eau est une compétence régionale depuis les années 1980, menée dans le cadre
des directives européennes. La gestion des cours d?eau dépend de leur classement : elle est faite
par les riverains pour les 12807 km de cours non classés, par les communes pour les cours d?eau
de 3ème catégorie (4518 km), les provinces pour ceux d 2ème catégorie 5820 km) et les régions pour
ceux de 1ère catégorie (1875km) et pour les navigables (873km). Un plan « pluie » a été mené en
2003, et la cartographie des aléas inondation a été entreprise en 2007.
Le curage des cours d?eau revient entre 50 à 150 euros par m3 selon le niveau de pollution.
Concernant les voies navigables, les sédiments curés sont traités comme des déchets. Pour les
cours d?eau non navigables, il est possible de les laisser sur les 6 m à proximité, sinon il faut les
évacuer. Les laisser dans le cours d?eau est regardé comme préférable, quitte à recreuser un
chenal, cela limite les risques d?érosion des berges. Un décret a fixé quatre enjeux pour les cours
d?eau naturels : inondation, socio culturel, économique, biodiversité. Les cours d?eau sont
sectorisés par enjeux dominants, en évitant le curage
Une étude sur les besoins de la Wallonie en eau a été lancée (avec notamment un axe sur le
refroidissement de l?eau, ou la récupération des eaux usées). Les besoins des secteurs
économiques sont de 50000 m3/j. 75% sont évaporés. Pour autant, dans les échanges, il est
estimé qu?un stockage supplémentaire, pour garder des eux en période de crue, serait une réponse
pour ainsi dire sans impact sur les besoins de l?industrie (une piscine toutes les secondes pour une
giga-factory) et également de faible impact pour limiter les effets d?une inondation.
Annexe 4.4.2 Mise en place d?un dispositif spécifique de reconstruction
Les inondations du 14 juillet 2021 ont fait 41 victimes. Il y a eu 45000 maisons sinistrées, 100000
personnes concernées impactés, plus de 5,2 Md de dommages. Quatre fleuves ont débordé en
même temps. « C?était il a presque trois ans et on en sort à peine ».
Un Commissariat spécial à la reconstruction a été mis en place dès le 26 juillet 2021. Cette
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équipe pluridisciplinaire a été mobilisée pendant un anl pour répondre de manière pragmatique
aux besoins du territoire sinistré
Le travail de reconstruction a été engagé sur les 3 grands bassins versants belges, à l?échelle
des15 sous bassins concernés. Les montants pour la reconstruction, de 150 millions d?euros en
2021, ont permis de faire des acquisitions et de la renaturation, en particulier dans la vallée de la
Vesdre, la plus touchée, qui a subi la plus grande part des décès en Belgique. Il s?agissait d?avoir
des réflexions sur des aménagements adaptés à la situation, qui peuvent conduire à ne pas (re)
construire à en endroit, mais, autant que possible sans interdire, même si la possibilité de le faire
existe.
La Commissariat spécial à la reconstruction n?est pas une autorité mais un ensemblier. C?est une
cellule placée auprès de gouvernement, ce qui lui donne du poids. Les termes du bilan pour
présenter le travail réalisé sont les suivants :
« Le 26 juillet 2021, afin de coordonner la réponse régionale à la reconstruction, le Gouvernement
wallon (ci-après GW) a décidé de créer le Commissariat spécial à la Reconstruction (CSR) pour
une durée d?un an éventuellement renouvelable.
La mission qui a été dévolue au CSR était triple :
- coordonner et faciliter l'élaboration et la prise de décision du GW, ainsi que la mise en oeuvre et
le suivi des actions dans la gestion des urgences, de la prévention et de la reconstruction ;
- formuler, en collaboration et en concertation avec les services compétents, des propositions en
vue d'assurer un plan de reconstruction dans les communes concernées ;
- veiller à la mise en oeuvre des décisions du GW.
Deux Commissaires spéciales ont été désignées le 26 juillet 2021, l ?une en charge des autorités
locales (Catherine Delcourt) et l?autre en charge des autorités régionales (Sylvie Marique). Une
équipe s'est progressivement mise en place pour assurer la gestion opérationnelle du CSR. En
août 2021, seuls 3 agents avaient déjà pu être engagés. Cet effectif était totalement insuffisant
pour faire face à l?ampleur des besoins. Au total, une 50aine d?agents du SPW (SG et IWEPS,
essentiellement) ont prêté main forte au CSR, en attendant les engagements complémentaires. La
diversité des profils a permis d?apporter des réponses efficaces aux différentes problématiques. Le
CSR s?est organisé avec un SPOC par partie prenante régionale. Jusqu?au bout, les effectifs se
sont avérés bien nécessaires pour mener à bien les différentes missions du CSR. » 51.
Un enjeu fort a été la gestion de la temporalité entre l?urgence (aide à la réparation, avec un soutien
public pour ce qui n?était pas couvert par les assurances) après crise et la reconstruction résiliente.
- Il a fallu un an à un an et demi pour identifier ce qu?il fallait acquérir et rassembler le budget requis.
Les crues de 2021 ont été fortement dévastatrices, il reste, en 2023, des habitations à exproprier.
La modélisation sous-jacente ne sera à jour que dans trois mois. La première démolition a eu lieu
mi-janvier.
- Une priorisation a été nécessaire pour cibler l?action sur les neuf communes les plus touchées ?
y compris dans les centres historiques ;
- l?élaboration d?un schéma multidisciplinaire sur tout le bassin de la Vesdre a été établi, avec
l?université de Liège et un studio spécialisé ;
- deux guides de bonne pratique sur la constructibilité en zone inondable et sur la gestion durable
des eaux fluviale ont été rédigés. Les cartes de l?aléa inondation n?ont pas été réactualisées au
regard de cet événement exceptionnel, mais elles le seront en 2025 dans le cadre de la directive
inondation. Une circulaire ministérielle donne un cadre pour instruire les permis en zone inondable ;
- Un appui urbanistique, mis en place par la région, pour les communes les plus touchées, a été
organisé pendant cinq mois. Ce marché n?a pas été opérationnel tout de suite car le premier n?a
donné lieu à aucune réponse. Des moyens sont mobilisés pour des acquisitions de bien à démolir.
Les discussions sont difficiles avec la population, parfois des réparations temporaires ont été faites.
51 Source Commissariat spécial à la reconstruction, juillet 2022
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Il y a eu un travail également sur les facteurs aggravants (bâti à enlever car accroit le risque
d?inondation). Le Commissariat a été mobilisé pour de nombreux échanges avec les personnes
avec qui il faut trouver un accord.
L?approche a été pragmatique : il s?agissait, selon les termes des personnes rencontrées, de
réfléchir avant de reconstruire, sans empêcher les mesures immédiates qui donnent du « confort
». Le premier état des bâtiments a demandé une forte mobilisation, avec tous les agents
disponibles, afin de le mener en quinze jours.
La nouvelle planification des communes a été faite par la région pour le compte des communes (et
pas à leur place). Pour les appuis urbanistiques, un marché cadre a été passé. Il a fallu faire de la
planification locale avant de finaliser la planification globale, sans avoir les nouvelles études
hydrauliques abouties, ce qui supposait des échanges très fréquents entre les équipes travaillant
aux différentes échelles pour faire les ajustements nécessaires (et acceptés). Il s?est agi ainsi de
construire ainsi un schéma sans valeur légale, sans enquête publique ou évaluation des incidences
mais avec des modes de participation, définis à la carte, selon les choix des élus locaux dans
chaque collectivité. L?agilité et l?adaptabilité ont reposé sur le fait de se parler. Ainsi ont été élaborés
des PDDQ ? plan de développement durable des quartiers.
Le travail a porté aussi sur la trame agricole, les haies, le sens du labour, le couvert forestier, qui
influencent la gravité des inondations. Rétablir des haies écrête la crue de 20%. La prise en compte
des inondations doit se faire par l?amont des bassins versants en premier lieu : ont été mis en place
des périmètres de vigilance foncière, avec des possibilités de préemption.
Entre janvier 2022 et juillet 2022, 6 plans de reconstruction de centres urbains ont été faits sur 9.
5 millions d?euros ont été consacré aux travaux du commissariat, dont 500000 pour les études.
- Le Rapport de la Commission d'enquête parlementaire52 chargée d'examiner les causes et
d'évaluer la gestion des inondations de juillet 2021 en Wallonie du 22 mars 2022 a fait 161
recommandations (voir annexe 6). Il ressort des entretiens menés par la mission les points clés et
les actions engagées suivants :
- La prévision des crues mobilise le service mobilité - infrastructures, en charge des canaux et
barrages, en interface avec l?opérateur de Météo (Institut royal météorologique - IRM). Les outils
n?étaient pas adaptés à ce phénomène, jamais vu. Il est nécessaire d?améliorer les outils pour des
événements exceptionnels.
- concernant la gestion de crise, la commission d?enquête parlementaire a fait des
recommandations, qui, pour les gouverneurs mettent l?accent sur la coordination des réseaux de
volontaires, la formation des élus, les plate-formes citoyennes. En pratique, la Croix rouge est
présentée comme étant en recul, et il est nécessaire de mettre en place un cadre spécifique de
mobilisation de bénévoles.
Il est ressorti des rex également la nécessité de revoir les modalités de coopération. La région
wallonne se dote d?une cellule d?expertise (CELEX) dont les avis éclairent le gouverneur sur
l?opportunité ou non de déclencher une phase provinciale. Un travail a aussi été mené pour
identifier les bâtiments au regard du risque inondation, non diffusé publiquement, qui permet de
cibler des alertes, pour les personnes qui s?abonnent (peu à ce jour). Les autorités belges peuvent
en effet communiquer directement avec la population, par e-mail ou sms, grâce au système d?alerte
BE-Alert (sur inscription ou géolocalisation).
- Le pompage repose sur plus de 190 pompes de régulation : il apparaît souhaitable d?en centraliser
la supervision pour pouvoir optimiser. Ces pompes ne servent pas qu?à la navigation. La région
travaille à un arrêté pour prioriser les usages de l?eau (en crise). Le schéma régional de la
ressource en eau fixe des débits autorisés. La gestion des ouvrages donne toujours lieu à des
discussions (avoir de l?eau en été/ être en mesure d?écrêter des crues). Les sections de
wateringues gèrent quelques pompes, ce qui peut conduire à des surplus dans les canaux en crise,
52 Parlement de Wallonie
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mal anticipés. Le pompage qui est fait au quotidien ne correspond pas aux enjeux de la crue ?
dans ce cas, il faut prévoir d?autres outils comme les zones d?expansion de crues.
- La culture du risque s?est perdue, même dans des vallées très exposées. Les victimes ont été
des personnes qui ont pris leur voiture. La région met en place des systèmes de bénévolat pour
mobiliser des citoyens formés et engagés en cas de crise.
- Il est important d?avoir une approche pluridisciplinaire, mobilisant des spécialistes pour conseiller
les autorités, avec une information précise ? sur la localisation de l?aléa en particulier, et des termes
permettant une compréhension claire du risque de crue et de l?alerte. La région a travaillé pour que
cela soit fait, maintenant, de manière plus intégrée.
- Les cartes d?inondations sont faites pour un aléa 100 ans avec une majoration de 30% pour le
changement climatique. L?approche s?appuie sur du rex et de la modélisation. Mais la question se
pose de l?utilisation des crues de juillet 2021 dans la planification territoriale : l?événement est
tellement exceptionnel, faut-il en tenir compte ? Les choix de prévention sont précisés à l?échelle
locale, sur la base d?une approche coûts bénéfices. Il existe toujours un risque résiduel.
Dans la suite de ce rapport, le ddécret du 13 juillet 2023 a rénové le cadre de la gestion des risques
et des crises par la Région wallonne.
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Annexe 5. Rapport de la Commission d?enquête
parlementaire chargée d?examiner les causes et
d?évaluer la gestion des inondations de juillet
2021 en Wallonie du 22 mars 2022
Dans la suite des inondations du 14 juillet 2021, qui ont fait 41 morts en Wallonie, une commission
d?enquête parlementaire a rendu un rapport qui comporte 161 recommandations. Parmi elles,
certaines sont particulièrement intéressantes pour les travaux menés dans la suite des inondations
de fin 2023 début 2024 en France : elles figurent en gras dans la reprise du rapport ci-dessous.
*
Les inondations de juillet 2021 ont dramatiquement renforcé la prise de conscience de la réalité du
dérèglement climatique et de son abrupte proximité : le dérèglement climatique n?est pas une
problématique réservée aux générations de demain ou aux contrées lointaines mais constitue un
enjeu du temps présent et de notre continent.
Les inondations mettent en relief la nécessité de renforcer et accélérer, d?une part, la lutte contre
le changement climatique par la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) et, d?autre
part, l?adaptation de nos territoires, nos infrastructures, nos institutions, nos systèmes et notre
société afin de protéger la population des dérèglements climatiques en cours et à venir.
Il nous faut calibrer l?ensemble des politiques publiques à la hauteur des catastrophes auxquelles
il est possible de s?attendre et à la hauteur du risque défini.
Les auditions et les informations reçues par la Commission d?enquête parlementaire chargée
d?examiner les causes et d?évaluer la gestion des inondations de juillet 2021 en Wallonie amènent
à formuler les recommandations qui suivent.
1. PRÉVISIONS ET ALERTES MÉTÉOROLOGIQUES ET HYDROLOGIQUES
European flood awareness (EFAS)
1. Concernant l?usage du European Flood Awareness System (EFAS) par le Service Public de
Wallonie
(SPW) :
? engager résolument la Wallonie dans le réseau européen constitué par l?EFAS et ses différents
outils;
? intégrer l?usage de l?ensemble des outils proposés par l?EFAS (alertes formelles et informelles
« flood » et « flash flood » et « Map viewer ») dans les procédures du SPW;
? charger le SPW, conformément aux conditions d?accès à l?EFAS signées le 23 février 2015 par
la
Région wallonne, de formuler régulièrement des évaluations à l?EFAS sur la qualité de ses
prévisions;
? participer aux réunions annuelles et aux formations nécessaires;
? partager avec l?EFAS Dissemination Centre les données des stations pluviométriques et les
autres
outils de mesure qui peuvent l?être.
2. Concernant Copernicus Emergency Management Service, réduire le délai d?envoi de l?image
produite par satellite aux autorités compétentes.
Institution royal météorologique (IRM)
3. Développer et renforcer le partenariat entre le Service Public de Wallonie (SPW) et l?Institut
Royal Météorologique (IRM) afin principalement :
? de renforcer les capacités de modélisation météorologique pour bénéficier de prévisions
météorologiques à la maille la plus fine possible et ce en progressant dans la prévision et
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l?intégration des pluies dites convectives (intenses et concentrées) ;
? d?assurer la connaissance mutuelle des outils et données et leur interopérabilité ;
? d?organiser la communication par l?IRM au SPW de la liste exacte des communes concernées
par ses avertissements ;
? de solliciter la création d?un produit de l?IRM analysant l?impact plus détaillé des prévisions
météorologiques sur les sous-bassins versants comprenant un barrage.
4. Améliorer les conditions et le séquençage d?utilisation des codes d?alerte de l?IRM afin de pouvoir
déclencher des alertes jaunes, oranges et rouges sans attendre 48 heures, 24 heures ou 12 heures,
en cas de risque d?événements météorologiques de nature ou d?ampleur exceptionnelles.
5. Adapter les modèles de prévisions météorologiques aux modèles climatologiques prospectifs.
Direction de la Gestion Hydrologique du ServicePublic de Wallonie Mobilité et
Infrastructures
(DGH SPW MI)
6. Afin d?améliorer la capacité de prévision et de communication de la Direction de la Gestion
Hydrologique du Service Public de Wallonie Mobilité et Infrastructures (DGH SPW MI), il est
recommandé :
? d?intégrer progressivement dans le modèle de prévision hydrologique « HydroMax » les
prévisions météorologiques du European Centre for Medium- Range Weather Forecasts (ECMWF)
et les données issues des cours d?eau non navigables (Aqualim);
? de renforcer les capacités de modélisation hydrologique en prenant en compte un facteur de
risque
plus grand lié à l?augmentation des phénomènes climatiques extrêmes;
? d?intégrer l?ensemble des cours d'eau dans le système d'alarme et d'alerte de la DGH SPW MI
ainsi
que la problématique du ruissellement;
? d?opérationnaliser le projet « Walhydro » en regroupant ainsi, au sein d?une même base de
données, l?ensemble des données pertinentes en matière d?inondations gérées par le SPW, et en
intégrant les réseaux « Aqualim » et « Wacondah » pour créer un réseau métrologique unique;
? de disposer des outils disponibles pour ouvrir l?ensemble des produits fournis par l?Institut Royal
Météorologique (IRM) et le European Flood Awareness System (EFAS) au SPW et aux autres
autorités
régionales;
? de développer des modèles d'alarme spécifiquement liés aux phénomènes de « flash flood »;
? d?appliquer la Directive (UE) 2019/1024 du Parlement européen et du Conseil du 20 juin 2019
concernant les données ouvertes et la réutilisation des informations du secteur public aux données
utilisées et générées par Walhydro et HydroMax et de rendre ces données accessibles pour les
gestionnaires et les autorités publiques et, dans la mesure du possible, pour les citoyens;
? d?étudier et analyser dans le détail le risque d'inondation par ruissellement afin de mieux
comprendre ses processus de fonctionnement dans les vallées (détermination de couloirs
préférentiels d'écoulement, etc.).
7. Clarifier et rendre publics la terminologie des codes et seuils de pré-alerte et d?alerte de crues
afin de mieux rendre compte des risques d?événements hydrologiques d?une nature exceptionnelle.
Dans ce cadre, réfléchir à la possibilité de lancer des pré-alertes ou alertes de crue sur la base des
prévisions météorologiques sans attendre le résultat des prévisions hydrologiques.
8. Veiller à ce que la DGH SPW MI adresse une communication compréhensible, signifiante et
directement exploitable aux autorités régionales et communales compétentes ainsi qu?à la
population.
9. Établir un canevas de bulletin d?information, des messages de pré-alerte, d?alerte et concernant
la situation des eaux (données chiffrées, degré de gravité), réalisé en coopération avec le Centre
régional de crise (CRC-W) et l?Union des Villes et Communes de Wallonie (UVCW).
10. Opérationnaliser une modélisation plus précise des sous-bassins versants, afin de pouvoir
traduire effectivement l?impact des crues sur le territoire, en ce compris l?impact de délestages
éventuels en aval des barrages-réservoirs.
11. Améliorer les stations de mesures hydrométriques afin, d?une part, d?agrandir la gamme de
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mesure des débits avant une situation de défaillance et, d?autre part, d?augmenter leur résistance.
12. Améliorer la collaboration avec les services hydrologiques régionaux (bruxellois et flamand) et
des pays limitrophes, notamment en apportant un point d?attention concernant les barrages et leurs
impacts.
13. En concertation avec les médias, tant publics que privés, intégrer les données hydrologiques
vulgarisées dans les bulletins météorologiques grand public en cas de prévision de crues et, le cas
échéant, prévoir la diffusion de messages de pré-alertes et d?alertes.
14. Renforcer la capacité d?évaluation préliminaire des risques d?inondations visée par l?article 4
de la Directive 2007/60/CE du Parlement Européen et du Conseil du 23 octobre 2007 relative à
l?évaluation et à la gestion des risques d?inondation, en tenant compte, parmi les différents
éléments de cette évaluation, de la description des inondations survenues dans le passé et ayant
eu des impacts négatifs significatifs.
Centre de la permanence d?exploitation (PEREX) 4.0
15. Finaliser rapidement l?opérationnalisation du Centre de la Permanence d?Exploitation (Perex)
4.0.
16. Concernant le mécanisme de veille active des cours d?eau et barrages, définir une phase
spécifique à partir de laquelle la situation nécessite un mécanisme de permanence opérationnelle.
17. Intégrer dans les meilleurs délais la veille des seuils de préalerte et d?alerte hydrologiques au
sein du Centre de la Perex 4.0.
18. Assurer progressivement une connectivité optimale à l?ensemble des sites sensibles régionaux.
19. S?assurer que le Centre de la Perex 4.0 est en mesure de visionner en temps réel des sites
sensibles du réseau hydrologique wallon, en ce compris les barrages.
2. PRÉVENTION DES RISQUES ET GESTION DE CRISE
Culture du risque
20. Dans l?ensemble des procédures de gestion, de construction ou de rénovation des
infrastructures publiques, tenir compte du risque d?aggravation des impacts liés aux phénomènes
climatiques extrêmes.
21. Former davantage d?agents publics à la planification d?urgence et à la gestion de crise.
22. Développer davantage d?interactions entre les coordinateurs en planification d'urgence
(PLANU), les conseillers en aménagement du territoire et urbanisme (CATU) et les fonctionnaires
délégués.
23. Collaborer avec le Centre fédéral d?excellence pour le Climat dans ses travaux de coordination
de programmes de recherche sur l'évolution des conditions météorologiques extrêmes dans le futur
et développer, en association avec l?Organe de concertation pour l?analyse de la menace « Climat
» (OCAM Climat) et les services fédéraux concernés, une expertise en termes de gestion des
risques climatiques liés aux compétences régionales, particulièrement en ce qui concerne les
inondations.
24. Créer une culture du risque au sein des services publics en coordination avec les différentes
autorités en charge du secours.
25. Développer un plan d?urgence d?aide psychosociale en cas de crise majeure à l?attention
des victimes et en assurer la coordination avec la Fédération Wallonie-Bruxelles et la
Communauté germanophone.
26. Mettre en place une banque de données sécurisée reprenant les différents numéros d?urgence
et l?ensemble des moyens disponibles, qui seront actualisés.
27. Créer une logistique efficace en matière d?aides, particulièrement en organisant les prêts et les
dons de matériels, la possibilité de les entreposer dans un lieu prévu à cet effet, la mise à
disposition de logements ainsi qu?un registre d?entreprises et d?organisations susceptibles
d?apporter leur soutien en cas de crise majeure.
28. En coordination avec le Centre de crise national (NCCN), veiller à ce que des équipements
efficaces et adéquats soient disponibles en permanence.
29. Dès l?émission d?un code jaune par l?Institut Royal Météorologique (IRM), appréhender
la situation en approche et par équipes multidisciplinaires et effectuer des points réguliers
sur l?évolution des informations.
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30. Élaborer, en bonne intelligence avec les communes concernées, des cartes d?évacuation et de
mise à l?abri, lisibles, y compris en cas de délestage préventif, accompagnées d?un inventaire des
sites pouvant accueillir les personnes évacuées.
31. Permettre la mutualisation des moyens en planification d?urgence à un niveau pluri-communal.
32. En parfaite cohérence avec les Plans généraux d?urgence et d?intervention (PGUI), effectuer
régulièrement des exercices d?évacuation et de mise à l?abri de la population ainsi que des stress
tests liés aux infrastructures sensibles, le cas échéant à un niveau pluri-communal.
33. Sur base des partenariats existants entre les fédérations de mouvements de jeunesse et les
autorités publiques ainsi que sur les procédures et bonnes pratiques mises en oeuvre lors des
inondations de juillet 2021, inclure dans les plans généraux d?urgence et
d?intervention (PGUI) une procédure d?évacuation relative aux camps de vacances et de jeunesse
et l?étendre, de façon adaptée, aux sites de camping et habitations permanentes.
34. Encadrer la participation citoyenne dans la planification et la gestion d?urgence, en
créant une réserve de citoyens volontaires au niveau local et en analysant la possibilité
juridique de couvrir par une assurance les interventions de ces volontaires en cas de crise.
35. Offrir à des points de contact de quartier la possibilité d?avoir une formation de base permettant
de les familiariser à la culture du risque.
36. Créer un cadre permettant une organisation avec les bénévoles, pendant et après la
catastrophe, et mettre à disposition les lieux et le matériel nécessaires pour rendre cette aide
efficace.
37. Formaliser la délégation pour absence (applicables aux bourgmestres, gouverneurs de
province, fonctionnaires, etc.) sur la base de critères préalablement définis ainsi que sur
l?étendue de la délégation.
38. S?assurer que l?ensemble des coordonnées de contact des personnes désignées par
délégation sont bien transmises aux autorités supérieures et aux différents responsables des corps
d?intervention.
39. Organiser une reconnaissance officielle des événements dramatiques des inondations de juillet
2021 et de leurs victimes ainsi que des bénévoles qui leur sont venus en aide.
40. Structurer un travail de mémoire des inondations et sa diffusion afin d?assurer dans la durée la
sensibilisation aux risques d?inondations.
Centre régional de crise (CRC-W)
41. Adopter un décret relatif au Centre régional de Crise de Wallonie (CRC-W) ayant pour objectifs
d?en clarifier les rôles et les missions, d?en moderniser le fonctionnement et d?en faire la porte
d?entrée unique des services régionaux en matière d?expertise du risque. Complémentairement,
préciser les missions du Collège des Gouverneurs wallons ainsi que son articulation avec le CRC-
W.
42. Une fois par législature, publier un rapport décrivant l?état d?anticipation et de prépara-
tion des réponses de la Wallonie face aux risques naturels ou à la survenance d?accidents
majeurs.
43. Renforcer le rôle du CRC-W en tant qu?interlocuteur de référence pour les gestionnaires de
crise, lorsqu?une phase de crise est déclenchée à l?échelon local, provincial ou fédéral.
44. Clarifier, par le biais de protocoles de collaboration, les chaînes de communication et de res-
ponsabilité entre le CRC-W, les services du SPW et des unités d?administration publique (UAP) qui
peuvent être mobilisés.
45. Optimaliser le rôle du CRC-W en tant que coordinateur de mobilisation de l?expertise et des
ressources liées aux risques, notamment par le biais de la mise sur pied de groupes multidiscipli-
naires, à l?image de la Cellule d?Expertise (CELEX), afin de favoriser la communication entre les
acteurs concernés, et en traduisant de manière facilement compréhensible et exploitable
ces expertises pour les acteurs de terrain.
46. Préciser le rôle du CRC-W et des acteurs de la gestion de crise ? Centre de crise national
(NCCN), gouverneurs de province, communes ? en matière, entre autres, de lutte contre les « fake
news », d?activation du Copernicus Emergency Management Service et de coordination de l?utili-
sation des images aériennes disponibles.
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47. Modifier la dénomination du CRC-W pour qu?elle corresponde mieux à son rôle de centre du
risque et d?expertise et d?appui à la gestion de crise.
48. En situation de crise ou de phase provinciale ou fédérale, placer le CRC-W sous l?autorité
directe du Secrétaire général du SPW, ce dernier disposant, en coordination avec les Directions
générales concernées du SPW, d?un pouvoir d?injonction.
49. En temps de crise, prévoir que le Secrétaire général du SPW puisse avoir connaissance des
injonctions ministérielles données aux directeurs généraux.
50. Dans la chaîne de diffusion de messages d?alerte des crues, prévenir l?ensemble des acteurs
concernés par la gestion de l?eau (producteurs et distributeurs d?eau, épurateurs, services de dé-
mergement, ...).
51. Former le personnel du CRC-W à vulgariser les informations qu?il reçoit et doit répercuter.
52. Donner d?initiative, à toutes les communes, accès aux communications du CRC-W, en complé-
ment de la possibilité d?abonnement.
53. Confier au CRC-W la présidence et le pilotage du Groupe Transversal Inondations (GTI).
54. Lorsqu?une crise impliquant les compétences régionales wallonnes a un impact sur les compé-
tences communautaires, prévoir la présence au sein du CRC-W d?un représentant de ces entités.
55. Octroyer un statut officiel au GTI en tant qu?organe de pilotage stratégique et coordonné des
Plans de gestion des risques d?inondations (PGRI) au niveau du Gouvernement, en précisant no-
tamment son rôle, ses missions et sa composition et en élargissant son champ d?action à la pré-
paration de la gestion de crise pour une amélioration de la coordination entre les membres du GTI.
56. Préciser la mission du GTI en ce qui concerne la prévention des inondations par débordement
et ruissellement.
57. Confier au GTI la présentation d?un rapport par législature au Parlement sur deux volets : l?ac-
tivité du GTI, d?une part, et le suivi de chacune des mesures du PGRI, d?autre part.
Les gestionnaires de crise (Fédéral, Province, Commune)
58. Dans le cadre de l?arrêté royal du 22 mai 2019 relatif à la planification d'urgence et la gestion
de situations d'urgence à l'échelon communal et provincial et au rôle des bourgmestres et des
gouverneurs de province en cas d'événements et de situations de crise nécessitant une coordina-
tion ou une gestion à l'échelon national, solliciter de l?Autorité fédérale la clarification du comman-
dement dans la gestion de crise. Déterminer clairement les mécanismes de coopération entre dif-
férentes entités dans l?hypothèse d?une succession de déclenchement de phases d?urgence. Rap-
peler le rôle et la responsabilité de chaque intervenant dans chaque phase d?urgence (NCCN,
Centre de crise provincial, Centre de crise communal).
59. Intégrer une formation complète à la gestion de crise pour les personnes responsables dans la
chaine de commandement.
60. Organiser la formation, à rythme régulier, de l?ensemble des membres des collèges com-
munaux à la planification d?urgence et la gestion de crise et rendre obligatoire cette forma-
tion pour les bourgmestres, y compris les faisant fonction. Inclure dans les formations les
éléments de compréhension et d?interprétation des alertes reçues dans le cadre de la ges-
tion de crise.
61. Rendre obligatoire la formation à la planification d?urgence et à la gestion de crise pour les
coordinateurs en planification d'urgence (PLANU) et les agents qui les remplacent, clairement dé-
signés, pour les gouverneurs de province et les commissaires d?arrondissement, ainsi que pour les
directeurs généraux et directeurs généraux adjoints des communes et provinces, et pour le Secré-
taire général et les directeurs généraux du SPW. Inclure, dans les formations des agents commu-
naux et des élus, les éléments de compréhension et d?interprétation des alertes reçues dans le
cadre de la gestion de crise.
62. Mettre sur pied, à une échelle pluri-communale, le partage d?expériences et de bonnes
pratiques et facilitant, le cas échéant, la mutualisation et le remplacement des agents com-
pétents en matière de PLANU.
63. Intégrer la gestion des risques liés aux sites dangereux ainsi que la lecture et la compréhension
de données liées aux risques dans les formations des PLANU.
64. Organiser des formations au portail national de sécurité Incident & Crisis Management System
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(ICMS) pour les acteurs concernés et identifier rapidement le responsable de ces formations.
65. Diffuser les règles d?utilisation de l?ICMS préalablement et de manière claire aux parties pre-
nantes.
66. Rappeler le rôle de l?ICMS, des gouverneurs de province et du NCCN dans la chaine de com-
mandement.
67. Analyser la pertinence des informations à introduire dans l?ICMS.
68. Intégrer systématiquement les gestionnaires de barrages dans le système ICMS lorsque ceux-
ci sont concernés directement ou indirectement.
69. Formaliser et systématiser l?organisation de débriefings et de retours d?expérience des gestion-
naires de crise, en ce compris avec les structures de soutien et d?expertise (CRC-W, GTI, etc.),
afin de pouvoir tirer les enseignements des événements rencontrés et les intégrer dans le proces-
sus d?élaboration des Plans de gestion des risques d?inondations (PGRI).
70. En matière d?alerte et de communication d?urgence :
? généraliser l'utilisation de l?outil « BE-Alert » par les autorités locales;
? augmenter le taux d?inscription de la population à BE-Alert;
? améliorer un réseau radio « Astrid », « Blue Light Mobil » ou similaire accessible aussi pour les
autorités locales (coordinateur planification d'urgence » (PLANU) et/ou bourgmestre) ; complémen-
tairement, développer toute ressource alternative permettant d?assurer une communication entre
services en cas de saturation ou défaillance des réseaux des opérateurs téléphoniques, du réseau
électrique et d?Internet. Lors de la transmission d?une information cruciale, l?émetteur doit vérifier
la réception du message par le destinataire. Paramétrer l?échelle de gravité des circonstances et
hiérarchiser les listes de numéros selon cette échelle.
71. Organiser une communication de crise centralisée et uniformisée qui parvienne au destinataire
dans les trois langues nationales.
72. Assurer, sur les réseaux sociaux, une communication large et efficace en période de crise pour
permettre l?adhésion de la population aux mesures envisagées et lutter contre les « fake news ».
73. En plus de l?arsenal existant, des médias et des réseaux sociaux, établir une démarche de
communication de terrain telle que, par exemple et selon les cas :
? la constitution d?un réseau de points de contact par quartier et, le cas échéant, son activation en
cas de crise;
? l?utilisation de haut-parleurs dans les quartiers;
? le porte-à-porte;
? les sirènes.
74. Sans remise en cause de l?articulation entre les différents acteurs, demander au Gouvernement
wallon de solliciter le Gouvernement fédéral afin de :
? évaluer le mode de fonctionnement entre le Centre de crise national (NCCN) et les centres de
crise provinciaux afin de fluidifier la transition lors du passage d?un niveau de gestion de crise à un
autre;
? faciliter l?utilisation des moyens du NCCN lors d?une phase de crise provinciale ou d?une phase
de crise communale;
? renforcer la coopération du NCCN avec les services des gouverneurs de province et les com-
munes;
? développer au niveau du NCCN une mission d?appréhension des risques climatiques et environ-
nementaux au même titre que les risques majeurs déjà pris en compte par le NCCN;
? renforcer le rôle du NCCN dans la mobilisation et la mise à disposition d?une expertise spécialisée
auprès des autres niveaux de gestion de crise.
75. Actualiser chaque Plan général d?urgence et d?intervention (PGUI) au moins tous les six ans,
en incluant une concertation supra-locale. Généraliser dans chaque commune la prise en compte
de l?enjeu des inondations dans l?élaboration de son PGUI, incluant une identification des chaînes
de communication, un plan de communication de crise et un plan de mise à l?abri et d?évacuation
en fonction de la localisation des risques.
76. Clarifier les interlocuteurs destinataires (mandataires et/ou agents) des messages d'alerte et
d'avertissement du NCCN et du CRC-W.
77. Assurer une capacité pour les gouverneurs de province à mobiliser, en cas de crise majeure,
une réserve de personnel parmi les agents de l?administration provinciale.
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78. Organiser, à partir des services des gouverneurs de province, une mise à jour régulière et
effective des coordonnées d'urgence des autorités locales et acteurs de la gestion de crise.
79. Évaluer le mode de déploiement et de fonctionnement des postes de commandement opéra-
tionnel (PC Ops) pour une crise qui touche plusieurs zones de secours.
80. Identifier un ou plusieurs locaux rapidement aménageables où peut se réunir la Cellule com-
munale de crise en toute sécurité et commodité.
81. Demander au Gouvernement wallon de solliciter le Gouvernement fédéral afin qu?il prévoit une
procédure claire d?urgence interzones et fixant quel commandant de zone de secours dirige les
opérations.
82. Prévoir la transmission des ordres du jour et des procès-verbaux des réunions des Collèges
de zones de secours aux gouverneurs de province.
83. Évaluer la structuration territoriale des zones de secours, en concertation avec les autorités
locales.
84. Demander au Gouvernement wallon de solliciter le Gouvernement fédéral afin qu?il poursuive
la réflexion sur la possibilité de réduire le nombre de zones de secours.
3. LES BARRAGES ET OUVRAGES D?ART
Cadre légal
85. Créer un cadre légal pour la gestion et la sécurité des barrages-réservoirs publics et privés
situés en Wallonie, ainsi que pour leur contrôle externe ayant pour objectif de :
? garantir la sécurité des ouvrages en tout temps;
? assurer un fonctionnement optimal des infrastructures, équipements et outils utilisés en fonction
des missions attribuées (sécurité, réserve d?eau potable, écrêtage, étiage, production d?énergie,
loisirs);
? formaliser des procédures et priorités claires pour les agents opérationnels;
? organiser les modalités d?un contrôle régulier (fiches techniques d?inspection et stress tests ex-
ternes);
? organiser les modalités d?un dialogue entre les gestionnaires des barrages -réservoirs de Wallo-
nie.
86. Sans attendre l?établissement de ce cadre légal, organiser dans les meilleurs délais un audit
externe des barrages-réservoirs.
87. Consacrer le principe de ces audits externes au minimum une fois tous les 5 ans, incluant
l?organisation de stress tests.
88. Prendre en compte, dans le cadre réglementaire, des avis et recommandations émis par la
Commission internationale des grands barrages (CIGB), notamment des cartes d'inondation en
aval des ouvrages en cas de défaillances.
Gestion des barrages et ouvrages d?art
89. Modéliser les parties du bassin versant en amont des barrages afin de pouvoir estimer de façon
plus fine et en temps réel les besoins à couvrir par la réserve d?empotement des barrages-réser-
voirs.
90. En concertation avec la Société wallonne des eaux (SWDE) :
? rendre la gestion des barrages-réservoirs plus dynamique, avec une réserve d?empotement évo-
lutive en fonction des moments de l?année, des prévisions et des données météorologiques et
hydrologiques, ainsi qu?un renforcement des possibilités de manoeuvre de la part des gestionnaires;
? revoir en conséquence le contrat de gestion de la SWDE, la convention entre la SWDE et le
Service Public de Wallonie Mobilité et Infrastructures (SPW MI) et les notes de manutention des
différents barrages-réservoirs.
91. Autoriser le Service Public de Wallonie (SPW) à imposer par injonction à la SWDE et à tout
gestionnaire de barrage ou exploitant de centrale électrique, un turbinage immédiat en situation de
crise.
92. Dans le même cadre, revoir la méthode de calcul du volume entrant (BT) pour y inclure les
facteurs liés à l'environnement (ruissellement, saturation des sols) et aux prévisions.
93. Concernant les modèles prévisionnels propres à la gestion des barrages :
? équiper les barrages d?outils de prévision permettant au gestionnaire de réaliser des prévisions
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crédibles de l?impact du ruissellement sur la gestion de l?ouvrage;
? développer un modèle mathématique permettant d?estimer le volume d?eau entrant dans l?ou-
vrage
en fonction de prévisions météorologiques et d?un ruissellement donné.
94. Modéliser l?impact de lâchers de barrage sur le bassin versant en aval, en intégrant égale ment
l?impact du ruissellement sur les bassins versants et actualiser sur cette base les informations de
la note de manutention sur la célérité de l?onde de crue.
95. Préciser le mécanisme de décision relatif à la gestion anticipative et au délestage des barrages-
réservoirs en cas d?avertissement, de pré-alerte ou d?alerte de crue afin qu?il fasse l?objet d?une
concertation de l?agent gestionnaire du barrage avec la Direction des barrages -réservoirs du Ser-
vice public de Wallonie Mobilité et Infrastructures (DBR SPW MI), la DGH SPW MI et leur hiérarchie,
lorsque le barrage est géré directement par le SPW. Une procédure de concertation
sera mise en oeuvre concernant les concessionnaires des barrages privés.
96. Intégrer dans la gestion des barrages un plan d'alarme prévoyant une montée en puissance
selon différents niveaux d'alarmes avec des règles à respecter pour chaque niveau afin de clarifier
le rôle des gestionnaires des barrages.
97. En cas de crise, prévoir un mécanisme de permanence opérationnelle pour la gestion des
barrages-
réservoirs.
98. Étudier l?opportunité et les effets potentiels d?une interconnexion entre les barrages.
99. Étudier les possibilités d?adapter les aménagements en aval des barrages -réservoirs afin
d?augmenter la capacité de restitution en cas de nécessité.
100. Analyser l?opportunité d?adapter les turbines au sein des barrages-réservoirs dans un objectif
de production d?énergie verte.
101. Augmenter et systématiser les échanges d?expérience et de bonnes pratiques entre les ges-
tionnaires des barrages en Wallonie, en Belgique et à l?international.
102. Demander au Gouvernement wallon de solliciter le Gouvernement fédéral afin d?envisager
une modification de la loi du 17 juin 2016 relative aux marchés publics en sorte d?intégrer les mar-
chés publics relatifs aux barrages dans la catégorie des secteurs spéciaux.
Prévention des risques liés à la gestion des barrages
103. Organiser et former les équipes de gestionnaires des barrages en matière de gestion des
risques (internes et externes) et de crise.
104. Organiser la participation des gestionnaires des barrages aux réunions du GTI.
105. Systématiser et formaliser la communication entre les gestionnaires des barrages-réservoirs
et les autorités locales, les zones de secours et les zones de police en prévoyant des réunions
régulières.
106. Établir dans les meilleurs délais des Plans particuliers d'urgence et d'intervention (PPUI) pour
l?ensemble des barrages-réservoirs situés en Wallonie, à l?initiative des gouverneurs de province
et en associant les autres parties prenantes, et intégrer les risques propres au fonctionnement des
barrages et ouvrages dans les PGUI des provinces et communes concernées, incluant un plan de
mise à l?abri et d?évacuation.
107. Associer les gestionnaires des barrages à la planification d?urgence au niveau des gouver-
neurs de province et des communes.
108. Inclure les barrages-réservoirs et les barrages au fil de l?eau dans les Plans de gestion des
risques d?inondations (PGRI).
109. Améliorer la gestion et la protection des chantiers significatifs relatifs aux ouvrages hydrau-
liques et autres ouvrages d?art sur les cours d?eau, en analysant et en intégrant les risques en cas
de crue.
4. GESTION DES COURS D?EAU
110. Préconiser une approche pluridisciplinaire par sous-bassin versant, en tenant compte
des enjeux en amont et en aval, afin de contribuer à la protection des personnes et des
biens.
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111. En tenant compte des enjeux en amont et en aval et des engagements européens en
matière de gestion des cours d?eau, procéder à un audit des modalités de gestion et d?en-
tretien de ces derniers.
112. Evaluer l?intérêt de renforcer la coordination existante des actes d?entretien régulier à
travers l?application du Programmes d?Actions sur les Rivières pour une approche Intégrée
et Sécurisée (PARIS).
113. En tenant compte des enjeux en amont et en aval, lancer une étude sur l?incidence de
l'artificialisation des cours d'eau sur le risque d?inondation.
114. Développer des dispositifs de prévention des risques d?inondation en favorisant les
mesures de rétention des eaux (zones d?immersion temporaire, reméandration, élargisse-
ment du cours d?eau, remise à ciel ouvert, etc.).
115. Analyser rapidement l?opportunité de revoir la catégorisation des cours d?eau en vue d?opti-
maliser leur gestion tout en respectant les fonctions et besoins spécifiques à chaque caté-
gorie de cours d?eau.
116. Communiquer aux autorités locales concernées, en ce compris les zones de police et
les zones de secours, les cartes d?aléas d?inondation, les cartes des zones inondables et
les cartes de risque, après chaque renouvellement de celles-ci.
117. Insérer dans les PGRI les masters plans établis à l?échelle des sous -bassins versants.
118. Intégrer dans les PGRI une gestion territoriale proactive des risques d?inondation in-
cluant les mesures visant en particulier l?amélioration de la qualité des sols, l?augmentation
de leur capacité de rétention et de ralentissement du ruissellement et l?augmentation de
l?infiltration de l?eau.
5. AMENAGEMENT DU TERRITOIRE ET RECONSTRUCTION
Cadre légal
119. Étudier la manière la plus adéquate de modifier le cadre légal assurant la prise en
compte des cartes d'aléas d?inondations lors de la délivrance des permis d'urbanisme.
120. Dans le cadre des permis nécessitant des mesures hydrologiques particulières (bassins
d?orage, noues, etc.), contrôler la mise en oeuvre effective de ces mesures.
121. Adapter le cadre permettant de renforcer le recours aux avis de la Cellule Gestion Intégrée
Sol ? Érosion ? Ruissellement (GISER) du SPW en fonction de l?impact du projet analysé sur le
risque.
122. Mieux faire connaître l?existence de la Cellule GISER et organiser la possibilité pour un porteur
de projet de construction ou d?urbanisation de demander, avant la phase d?instruction du permis,
un avis indicatif global préalable intégrant les analyses de la Cellule GISER, des gestionnaires de
cours d?eau, des gestionnaires d?égouttage et de tout autre acteur pertinent, selon la localisation.
123. Instaurer un guide de construction pour les zones d'habitation en développement sur les pla-
teaux des bassins versants qui ont une influence sur le réseau hydrographique.
124. Actualiser et faire connaître les référentiels de construction durable pour adapter le bâti aux
risques de phénomènes extrêmes.
125. Informer les propriétaires et les locataires des bonnes pratiques en matière d?aménagement
ou de construction afin de rendre les maisons moins vulnérables aux risques climatiques et envi-
ronnementaux (mise des installations à l'étage, architecture bioclimatique, etc.).
126. Mettre à jour les cartes des zones inondables et les cartes d?aléas d?inondations, prio-
ritairement dans les zones sinistrées. Cette mise à jour prendra en considération, à titre
d?exemple :
? les risques de retour plus fréquent des phénomènes climatiques extrêmes;
? les processus aggravants (par exemple urbanisation et artificialisation des sols, impact des em-
bâcles, etc.);
? les effets de gestion des barrages dans chaque scénario de la note de manutention;
? les nappes phréatiques et leurs remontées potentielles;
? l?évaluation par les communes après un événement d?inondation.
Dans l?attente de cette mise à jour :
? s?assurer que les autorités locales soient parfaitement informées de la portée et de la signification
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réelle des cartes des zones inondables;
? intégrer une version utilisable de ces cartes dans tous les outils de Système d?informations géo-
graphiques (SIG) utilisés par les communes;
? mener une démarche d?information et de sensibilisation à l?égard de la population et des parties
prenantes (architectes, notaires, urbanistes, etc.), relative à la portée et la signification réelle des
cartes des zones inondables et des cartes d?aléa d?inondations.
127. Finaliser et publier les cartes spécifiques du risque en aval des ouvrages en cas de défail-
lances.
128. Fixer les trajectoires de réduction de l?artificialisation des sols par bassins, en appor-
tant les modifications nécessaires au Schéma de développement territorial (SDT) et au Code
du développement territorial (CoDT) dans le prolongement des recommandations du rap-
port du Groupe d?experts « artificialisation ».
129. Entretemps, renforcer les mesures concrètes de lutte contre l?imperméabilisation des sols,
notamment à partir du travail en cours en matière de gestion à la source des eaux pluviales.
Mesures particulières
130. Adapter, dans toute la mesure du possible, les bâtiments menacés par les crues pour
qu'ils résistent aux inondations, en particulier pour les collectivités, y com- pris pour les
structures existantes.
131. Prendre en compte et systématiser le calcul d'une revanche (distance entre le niveau de l?eau
et le sommet d?une berge ou le bord inférieur d?un pont) lors des projets d'aménagement de cours
d'eau et d'aménagement des ouvrages de franchissement.
132. Avoir une vue coordonnée dans les zones frontalières entre différentes communes afin d?avoir
une approche globale en matière d?aménagement du territoire.
133. Augmenter la capacité d?infiltration des sols à travers :
? l?optimalisation prévue dans le plan stratégique de la Politique agricole commune (PAC)
en matière de cultures (couverture hivernale, agroforesterie, etc.);
? la poursuite du programme « Yes We Plant » de plantation d'arbres et de haies ainsi que
le renforcement de la perméabilité des sols forestiers;
? l?augmentation de la perméabilisation des sols et de la rétention de l?eau de pluie sur site
dans tous les projets de réhabilitation et de rénovation.
134. Élaborer des études de ruissellement à l'échelle de quartiers ou de communes avec
définition précise du risque et mise en place de mesures constructives tels que des nou-
veaux collecteurs, infiltration, protection localisée d'objets, etc.
Reconstruction
135. Mettre en place des « masters plans » afin d?organiser la reconstruction et la prévention
des risques d?inondations, dans une approche cohérente et planifiée à l?échelle des sous -
bassins versants, en commençant par la Vesdre, par les vallées sinistrées et, le cas échéant,
par tout autre sous-bassin où cela s?avérerait nécessaire. Ces « masters plans » constituent
des outils d?aide à la décision et pourraient contenir des indications, notamment relatives
à :
? des mesures dans les zones non urbanisées pour augmenter la capacité de rétention des
sols et ralentir le ruissellement (couverture végétale permanente, forêts résilientes, planta-
tion de haies, pratiques agricoles, etc.);
? des mesures dans les zones urbanisées pour augmenter l?infiltration de l?eau (verdurisa-
tion, désartificialisation, préservation de friches naturelles, matériaux drainants, etc.);
? des projets d?aménagement de cours d?eau visant à réduire la vulnérabilité des zones
urbanisées (zone d?immersion temporaire, reméandration, etc.). Ces « masters plans » pro-
poseront des mesures concrètes à décliner, sur base des procédures prévues par la légi-
slation, dans des révisions de plans de secteur et dans les outils de planification commu-
nale.
136. Protéger le réseau écologique wallon.
137. Garantir le maintien du lien social dans les vallées.
138. Assurer une reconstruction des berges des cours d?eau, par priorité dans les zones
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urbaines ou urbanisées, en intégrant l?évolution du comportement des cours d?eau à la suite
des crues de juillet 2021 et en se basant sur les résultats des études hydrologiques et hy-
drauliques et des différents scénarios d?aménagement envisagés.
139. Dans le cadre des opérations de post-crise, réexaminer les procédures applicables afin
d?assurer à tous l?accessibilité aux démarches administratives, de simplifier et d?accélérer,
dans toute la mesure du possible, l?ensemble des dispositifs (formalités, marchés publics,
tutelle) et de prévenir la surcharge administrative.
140. Mobiliser toute forme de partenariats, entre des partenaires publics et/ou des publics-
privés, dès qu?il y a lieu, et gérer la mise en réseau des communes, intercommunales, so-
ciétés publiques et privées dans leur mission d?aides, tant au niveau des déchets qu?aux
niveaux d?évacuation, de relogement, de démolition, de travaux en urgence, etc.
141. Conclure un accord de coopération entre la Wallonie et la Communauté germanophone afin
de fluidifier la mise en oeuvre concrète des aides et de clarifier la répartition des rôles entre les
deux entités.
142. Demander au Gouvernement wallon de solliciter le Gouvernement fédéral afin d?envisager
une révision de l?arrêté royal du 22 mai 2019 relatif à la planification d'urgence et la gestion de
situations d'urgence à l'échelon communal et provincial et au rôle des bourgmestres et des gou-
verneurs de province en cas d'événements et de situations de crise nécessitant une coordination
ou une gestion à l'échelon national en sorte de préciser la procédure à suivre et les responsabilités
des acteurs impliqués dans le cadre de phases de reconstruction après une situation de crise.
143. Modifier les articles L1222-3 à L1222-9 du Code de la démocratie locale et de la décentrali-
sation en vue de permettre au collège communal de gérer l?ensemble de la procédure de marché
public en cas de reconstruction urgente due aux dégâts causés par une situation de crise.
144. Solliciter de l?Autorité fédérale qu?elle demande à l?Union européenne, relativement au Fonds
de solidarité de l?Union européenne :
? une augmentation des moyens budgétaires en ce qui concerne les catastrophes naturelles ;
? une accélération des procédures de liquidation des crédits budgétaires au bénéfice des autorités
publiques concernées, en vue de permettre une mise à disposition de ces crédits dans les six mois.
6. SERVICE PUBLIC DE WALLONIE ET FONCTION PUBLIQUE
Organisation
145. Améliorer la transversalité au sein du Service Public de Wallonie (SPW) pour sortir
d?une gestion en silos.
146. Renforcer le rôle de coordination du secrétariat général du SPW en améliorant la transversa-
lité entre les directions générales.
Développer une culture organisationnelle en ce sens, en particulier :
? au niveau des objectifs transversaux fixés par le Gouvernement ;
? en termes de dynamique de projets (y compris à durée limitée) ;
? en termes d?anticipation et gestion du risque en situation de crise ;
? en termes de capacité pour le Comité Stratégique (COSTRA) à délibérer d?enjeux communs à
plusieurs Directions générales.
147. Déployer une politique de la fonction publique permettant de moderniser l?administration et
d?instaurer une culture d?efficience au sein des services du SPW.
148. Définir le rôle du COSTRA en situation de crise afin d?améliorer le fonctionnement, la coordi-
nation et la communication au sein du SPW et préciser son articulation avec les missions du Centre
régional de crise (CRC-W).
149. Développer, au sein du SPW, des outils permettant de mutualiser la collecte de données pour
estimer les dégâts sur le territoire des communes concernées en temps de crise.
Ressources humaines
150. Veiller à une meilleure transmission des savoirs, en particulier pour les fonctions critiques, en
cas de remplacement de personnel.
151. Établir en permanence un cadastre récurrent des ressources humaines et matérielles mobili-
sables au sein du Service Public de Wallonie (SPW) en situation de crise.
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152. En termes de personnel, renforcer l?attractivité du SPW en permettant la valorisation de l?ex-
périence utile et l?ancienneté acquises dans le secteur privé.
153. Augmenter l?efficacité des procédures afin d?assurer une exécution plus rapide des recrute-
ments décidés par le Gouvernement wallon.
154. Demander au Gouvernement wallon de solliciter de Gouvernement fédéral afin de se concer-
ter avec les organisations représentatives du personnel en sorte d?analyser l?opportunité d?adapter
les normes applicables en matière de temps de travail du personnel impliqué dans une situation
de crise en vue de rendre la gestion d?une telle situation plus efficace.
7. AUTRES POLITIQUES
155. Mettre à jour les Plans communaux d?action en faveur de l?énergie durable et du climat
(PAEDC) afin de renforcer la prise en compte des enjeux d?adaptation climatique.
156. Créer un plan de gestion et d?évacuation des déchets en situation d?urgence, prenant en
compte la répartition des responsabilités entre les acteurs concernés et organisant, au bénéfice
des communes, sous l?égide de la Société publique d?aide à la qualité de l?environnement
(SPAQUE), une procédure de crise pour le nettoyage des déchets immédiats produits.
157. Charger chaque intercommunale de gestion des déchets d?identifier des sites temporaires de
stockage des déchets.
158. Définir et évaluer les conditions techniques et juridiques préalables à la mise en place d'une
réglementation favorisant la circularité des boues de dragage, sur la base notamment des acquis
développés en matière de gestion des terres excavées.
159. Mieux encadrer la valorisation des résidus des curages afin de prévenir et limiter leur mise en
Centre d?enfouissement technique (CET) (revêtement pour voiries et pistes cyclables, remblais,
etc.).
160. Mettre en relation les vétérinaires urgentistes ainsi que les acteurs du bien-être animal avec
les cellules de sécurité provinciale et les plans d?urgence des pouvoirs locaux pour la gestion des
situations de crise impliquant les animaux, tant d?élevage que pour les particuliers.
161. Promouvoir l?utilisation par les communes, les vétérinaires, les pompiers, les policiers et les
citoyens des meilleurs outils dans le cadre de la recherche d?animaux perdus ou décédés.
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Annexe 6. Revue de presse
La Voix du Nord, 14 novembre 2023
Inondations : les annonces du président de la République - La Voix du Nord
Inondations : les annonces du président de la République
Emmanuel Macron a présenté plusieurs dispositifs en soutien aux sinistrés des inondations lors de son
déplacement à Saint-Omer et Blendecques, ce mardi.
L?état de catastrophe naturelle : décrété « pour toutes communes qui en ont fait la demande ». Elles sont
plus de 200 et la liste n?est pas fermée, a précisé le président.
Un fonds d?indemnisation d?urgence de 50 millions d?euros : à destination des collectivités territoriales
touchées. Il est « évolutif en fonction de la situation ». Suffisant ? « C?est une première ligne », a réagi Xavier
Bertrand, président de Région, qui ne demande pas plus pour l?heure car, comme il le dit, « personne à cette
heure ne connait le coût de la remise en état ».
Pour les agriculteurs : « On va mettre en place un fonds spécifique qui complète le dispositif calamité
agricole. Un fond qui accompagne les pertes de production, les pertes de matériels... »
Pour les entreprises : « On va mettre en place des mécanismes avec l?URSSAF pour échelonner les
écheances fiscales », annonce Emmanuel Macron. Qui, à un ouvrier dont l?entreprise est dans l?eau, répond
que le chômage partiel va être facilité.
Pour les élèves : Un dispositif de soutien scolaire et de fournitures pour les ménages les plus modestes,
notamment pour les familles et les enfants qui ne vont plus à l?école depuis la semaine dernière.
Et pour que ça ne reproduise plus ? Le président entend « préparer la suite dès maintenant » et enjoint « à
tirer les leçons ». La réglementation sur les systèmes d?entretien des cours d?eau doit être allégée pour que
les curages puissent se faire rapidement, défend-on à l?Elysée. « Avec la lourdeur de la réglementation, le
coût pour curer la même portion de canal est passé chez nous de 800 000 à trois millions d?euros en dix ans
», appuie François Decoster, maire de Saint-Omer. À qui Emmanuel Macron a donné mission de travailler à
améliorer les systèmes d?évacuation des cours d?eau vers la mer, en piochant dans les bons exemples en
Europe et en particulier aux Pays-Bas.
Et auprès des assurances ? Pour l?instant il est souvent trop tôt pour que les experts se déploient, « mais
on va veiller à ce que ce soit fait très vite », a promis Emmanuel Macron. « Il faut être pressant », plaide
Xavier Bertrand, un ancien... assureur. Qui ajoute : « France assureurs doit nous envoyer des experts de
toute la France ».
La franchise prise en charge : d?un montant de 380 ¤ en situation de catastrophe naturelle, elle sera prise
en charge par les départements et la Région pour toutes les personnes ayant une déclaration de sinistre, a
annoncé Xavier Bertrand.
France 3, 15 novembre 2023
ENTRETIEN. 3 questions au maire de Saint-Omer, missionné par Emmanuel Macron pour penser à "l?après"
inondations dans le Pas-de-Calais (francetvinfo.fr)
Lors de son déplacement à Saint-Omer mardi 14 novembre 2023, Emmanuel Macron a missionné le maire
de la commune pour trouver des solutions afin d'améliorer les systèmes d'évacuation d'eau et éviter de
nouvelles crues dévastatrices à l'avenir. Entretien avec François Decoster.
Depuis le début du mois de novembre, il est en première ligne face aux inondations. Au chevet des sinistrés,
dans les multiples réunions organisées dans la cellule de crise de la préfecture du Pas-de-Calais mais
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également auprès du président de la République... François Decoster ne compte pas ses heures.
Ce mercredi 15 novembre 2023, lorsqu?il nous répond au téléphone entre deux réunions, le maire de Saint-
Omer est en voiture. Et il a le sourire. "Aujourd?hui, il fait beau ! Voir le ciel bleu en ce moment est un
soulagement", confie-t-il. Une accalmie bienvenue alors que le moral des habitants est au plus bas. "Certains
me disent qu?ils ne supportent plus la pluie et c?est difficile pour moi de trouver une réponse".
Un choc psychologique causé par les crues à répétition qui ont inondé des dizaines de communes de
l?Audomarois. Tout un bassin de population, déjà éprouvé par les crues historiques de 2002, se retrouve de
nouveau sous les eaux. Malgré les nombreux travaux engagés il y a 20 ans, les infrastructures n?ont pas suffi
à éviter les inondations, alors que l?Aa, fleuve côtier traversant l?Audomarois, a pulvérisé les records de
hauteur d?eau, parfois de plus d?un mètre.
À cette époque, François Decoster n?était pas encore maire de la plus grande ville du secteur (il a été élu en
2014, NDLR). Mais aujourd?hui, le premier édile apparaît comme l?homme de confiance choisi par
Emmanuel Macron pour éviter de nouvelles crues.
Lors de sa visite dans la ville mardi 14 novembre, le chef de l?Etat a missionné François Decoster pour se
pencher sur "l?après", afin de trouver des solutions pour améliorer les systèmes d?évacuation d?eau et éviter
ainsi de nouvelles crues dévastatrices dans les prochaines années.
Pourquoi cette mission pour préparer "l?après" inondations, alors que la même réflexion a été menée
après les crues de 2002 ?
François Decoster : "Le travail mené après 2002, soit avant que je sois maire, s?est appuyé sur la crue de
2002. Personne à l?époque ne se disait qu?on pouvait connaître encore pire.
Et finalement si, il est tombé en 30 jours ce qui tombe habituellement en 6 mois dans le Pas-de-Calais. On
va en faire l?évaluation, mais d?évidence, ce qui a été fait depuis 2002 ne permet pas d?éviter une
catastrophe.
Aujourd?hui, il y a 3 temps : le temps de l?urgence, le temps de la reconstruction et le troisième temps, pour
lequel j?ai été missionné. La question est la suivante : comment continuer à nous adapter au regard des
événements qui sont entrés dans une nouvelle dimension ? Comment on fait pour se préparer à des
évènements qui risquent d?être de plus en plus fréquents et de plus en plus brutaux ?
Ce n?est pas moi, seul, qui vais créer les réponses. C?est un travail collectif qui va s?engager. Ce travail n?a
pas encore commencé car les inondations se poursuivent et, aujourd?hui, je suis au côté des habitants".
En quoi va consister cette mission ?
"Avec le chef de l?Etat, nous voulons avoir une approche européenne. Très concrètement, il faut qu?on aille
regarder ce qui a été fait ailleurs, notamment aux Pays Bas. Il y a eu des inondations catastrophiques dans
les années 50 qui ont fait de nombreuses victimes et qui ont donné lieu à un grand plan national appelé
delta. Il consiste notamment à installer des équipements adaptés et à préparer les habitants à de telles
situations, notamment avec des pompes à domicile etc.
C?est toujours bénéfique d?aller voir les expériences auprès de nos voisins. D?autant plus qu?on a des
configurations assez semblables : le pays a travaillé sa relation à la mer depuis des siècles, comme nous. Le
delta de l?Aa a aussi un polder, comme aux Pays-Bas (étendue artificielle de terre conquise sur l?eau grâce à
des digues, des barrages avec un niveau inférieur à celui de la mer, NDLR).
Chez nos voisins, il y a eu une réelle prise de conscience au plan national. Il faut que l?on fasse la même
chose".
Vous voulez dire que cette réflexion dépasse les frontières du Pas-de-Calais ?
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"Le chef de l?État a conscience que ce qui s?est passé chez nous, à savoir un fleuve côtier dont le débit
devient infernal, est une situation qui pourrait se reproduire ailleurs en France.
Le dérèglement climatique concerne l?ensemble de la planète. Un exemple : le fait qu?on passe d?une
situation de sécheresse à une situation historique d?inondations avec impacts très forts est l?illustration de
la nécessité absolue de revoir notre organisation et notre fonctionnement.
Il y a des questions difficiles qui vont être soulevées comme l'artificialisation des sols... Mais nous allons y
arriver".
La Voix du Nord, 8 janvier 2024
François Decoster à propos des inondations : « Je veux qu?on soit protégés jusqu?à la fin de l?hiver » - La
Voix du Nord
C?était un Facebook Live pour préparer la réunion d?après-inondations, qui se tient mardi 9 janvier au conseil
départemental, à Arras, à l?instigation de l?État. François Decoster, le maire de Saint-Omer, souhaitait
recueillir la parole des sinistrés, pour « être plus efficace ». Morceaux choisis.
L?urgence
Dire d?abord. Ce Facebook Live organisé à l?heure où les voeux devaient se tenir ? face à l?urgence, ils ont
été annulés, comme beaucoup d?autres cérémonies dans l?Audomarois ?, est d?abord le lieu d?annonces
avant la réunion convoquée par l?État au conseil départemental pour évoquer la question des inondations
après un deuxième épisode exceptionnel en janvier. « Je veux qu?on soit protégés jusqu?à la fin de l?hiver »,
martèle François Decoster, le maire de Saint-Omer. Qui portera à Arras « quatre demandes immédiates ».
Une capacité « d?évacuation maximale vers les eaux de la mer à Mardyck jusqu?au 30 avril », soit 45 mètres
cubes d?eau par seconde. Le transfert des eaux de l?Aa, à hauteur de Cuinchy, vers la Deûle, « tant que celle-
ci n?est pas inondée », à 7 mètres par seconde au lieu de 2 actuellement. La création d?un déversoir, en
amont, dans le canal à grand gabarit, pour empêcher les « gros volumes d?eau » qui ont inondé, comme en
novembre, le quartier de la gare, les rues de la Poissonnerie et Saint-Martin. Et la demande de financements
exceptionnels pour les équipements individuels ? batardeaux notamment ?, qui doivent protéger les
habitations de la montée des eaux.
La réflexion
L?urgence, donc, d?abord. Sans mettre de côté la question de l?adaptation, sur un terme plus long en écho
à la mission qu?Emmanuel Macron, le président de la République, a confiée à François Decoster mi-
novembre, en marge de sa visite dans l?Audomarois. Et en réponse aux questions des internautes ? ils sont
autour de 200, tout au long du Facebook Live, à le suivre. Pêle-mêle, la question de ralentir l?eau en amont
de Saint-Omer, et de faciliter son évacuation ensuite, d?autres, « de bon sens », estime l?élu, de l?infiltration
et de « ces immenses parkings en macadam » qui imperméabilisent les sols. Celle des champs d?expansion
des crues, enfin. Après la crue qu?on croyait exceptionnelle de 2002, dix ouvrages sont sortis de terre, qui
permettent de retenir 610 000 mètres cubes d?eau. « Le référentiel de 2002 est dépassé, analyse le maire
de Saint-Omer. On est dans une autre époque, celle du dérèglement climatique, des hivers avec des pluies
intenses. On n?est pas préparés à cette vulnérabilité nouvelle. »
Les interrogations
Sur le fil déployé sous la fenêtre dans laquelle François Decoster s?exprime, les questions s?amoncellent. Il
les reprend. Les assurances ? Il n?y aura pas de deuxième franchise pour les sinistrés, Bruno Le Maire, le
ministre de l?Économie, l?a promis. Le chemin Cordier ? Les opérations de pompage débutent, pour accélérer
l?évacuation de l?eau. Pourquoi se fier aux Hollandais pour imaginer l?après ? Parce qu?une grande partie de
leur territoire, 26 %, est sous le niveau de la mer, et qu?« en 1953, une catastrophique submersion marine
» les a fait changer de paradigme. Le dragage du canal ? « Je suis impatient de le voir », répond François
Decoster. Il coûte plus cher, 800 000 euros en 2013, entre 4 et 6 millions aujourd?hui. « On a demandé une
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prise en charge par la solidarité nationale. »
L?impact
Les mots de François Decoster sont choisis. Pour les voeux, « on attendra des jours meilleurs ». L?élu répète
sa « mobilisation » et celle de l?équipe municipale, des agents quand certains ont parfois eu le sentiment
d?être « abandonnés ». Il rappelle l?existence d?une cellule d?écoute à la mairie (03 21 98 40 88) et de France
Victimes (01 41 83 42 25). « On se prend une catastrophe naturelle alors qu?on est encore en train de digérer
une catastrophe naturelle, dit-il. Si j?utilise l?ouverture médiatique qui m?est offerte, c?est pour défendre le
territoire. »
La Voix du Nord, 5 février 2024
Inondations : François Decoster aux Pays-Bas, « je suis ici en pensant d?abord aux habitants de Saint-Omer
» - La Voix du Nord
Après la Belgique au début du mois, François Decoster était aux Pays-Bas les 24 et 25 janvier dans le cadre
de la mission inondations qu?Emmanuel Macron lui a confiée. Il devra rendre un rapport fin février inspiré
par la façon qu?ont les voisins de la France de se prémunir des crues.
Quels sont les contours de la mission inondations qu?Emmanuel Macron vous a confiée lors de son
déplacement dans l?Audomarois, le 14 novembre 2023, alors que Blendecques se retrouvait sous l ?eau
pour la seconde fois en une semaine ?
François Decoster : « La lettre de mission est arrivée fin novembre ou début décembre. C?est une mission
qui me demande d?aller voir chez nos voisins belges et néerlandais leur système de protection contre les
inondations afin d?alimenter notre réflexion sur ce sujet. Le calendrier est assez serré et il nous demande
de travailler sur deux types de sujet : gérer l?urgence, la crise, le relogement, les assurances, la mise en
sécurité, prévenir le risque immédiat grâce aux travaux d?urgence qui ont déjà commencé, aux capacités de
pompage maximales maintenues jusqu?à la fin de l?hiver. C?est la première temporalité. Mais l?ambition, et
c?est un vrai défi, est aussi de commencer la réflexion sur le long terme. »
Qu?avez-vous fait et vu depuis le début de cette mission ?
« J?étais début janvier dans les Flandres, la semaine dernière en Wallonie où la waterbomb ? littéralement
la bombe d?eau ? de juillet 2021 a fait 39 morts, touché 5 000 maisons et fait 5,5 millions d?euros de dégâts,
et 188 morts en Allemagne. Et enfin ici, aux Pays-Bas ? notamment à
Lelystad, au Rijkswaterstaat, le bureau de gestion des eaux de l?État ? où l?on comprend qu?on a intégré les
risques liés aux inondations bien plus tôt que chez nous. »
En quoi ces déplacements vous nourrissent-ils ?
« Il y a d?abord beaucoup de choses communes. On doit se réinterroger, partout, sur nos référentiels. La
question de l?impact du dérèglement climatique est présente dans toutes les organisations, elle se traduit
ici par une politique de prévention des inondations sur le long terme, où l?on travaille sur le polder jusqu?en
2050, 2100. On sait qu?on va vivre des événements pluviométriques plus intenses pendant l?hiver, des
sécheresses plus importantes l?été, et que tout ceci est très difficile à prévoir. La bombe d?eau de 2021 ne
correspond à aucune modélisation, elle a surpris par son intensité. »
Est-ce que c?est un peu ce qu?il s?est passé dans l?Audomarois en novembre 2023 ?
« On se savait plus vulnérables mais on ne s?attendait sans doute pas à cette répétition. Même ici où les
gens s?adaptent, où l?eau est une question existentielle, où on a beaucoup fait après les inondations de 1953
? les Pays-Bas déplorent deux mille morts dans la crue de 1953 qui déclenche les énormes réflexions et
travaux de prévention contre les inondations ?, et après les inondations à répétition de 1993, 1995, 1998,
on ne cesse de se réinterroger. »
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Et qu?est-ce qui nous différencie ?
« Ce qui est frappant aux Pays-Bas, c?est à quel point l?autorité régionale de l?eau est puissante, et ce sera
l?un des objets de mon rapport. On est passé de 2 500 organismes de gestion des wateringues à 21, qui sont
puissants, ont des compétences techniques en permanence, des équipes larges, des budgets et la capacité
de définir leurs ressources. Il y a ce Delta commissioner ? littéralement le commissaire du delta, du nom,
Delta, des programmes dédiés aux inondations aux Pays-Bas ?, qui est une instance un peu au-dessus, avec
une capacité à voir loin, à être dans un dialogue constructif avec les acteurs nationaux, régionaux? »
Ce Delta commissioner, c?est un concept qui vous intéresse ?
« On voit bien qu?avec la question du dérèglement climatique et de l?adaptation, on n?est pas un jour sans
y penser, surtout quand les jours se répètent et aboutissent à des catastrophes. Mais ici, tout le monde dit
à quel point c?est utile d?avoir cette forme de permanence, une petite équipe, d?une quinzaine de personnes,
autonome, indépendante, dans le dialogue, de petite taille donc mais avec une influence costaud, qui porte
attention à cette question à chaque instant. Il y a dans ce pays une culture de l?eau très forte, l?histoire du
pays est fondée dessus, mais ça reste un sujet. Un Néerlandais m?a dit, « aux Pays-Bas, on fait du vélo et on
sait vivre avec l?eau », si seulement en France on faisait pareil. Alors oui, cet élément de gestion de l?eau,
c?est une méthode intéressante. »
Jan-Willem Trompetter, l?ingénieur principal du système de pompage que vous avez visité ici, à Lelystad,
vous a dit qu?aux Pays-Bas, certains habitants avaient fini par oublier qu?ils vivaient sous le niveau de la
mer ? 29 % du territoire se trouvent sous son niveau. Est-ce qu?à Saint-Omer on a pu oublier qu?on vivait
dans un marais ?
« Les inondations ont rappelé peut-être quelle réalité recouvrait le fait d?habiter dans le marais. Ce sont les
paroles d?une nouvelle arrivante, lorsqu?Emmanuel Macron est venu ? le 14 novembre 2023, le président
de la République a rencontré les habitants du marais de Saint-Omer avant de se rendre à Blendecques ?,
qui lui dit qu?elle est venue ici pour vivre au paradis, et il n?y a pas de raison, quand le niveau de l?eau
descend, que ce ne soit plus le cas. Ici, l?organisation de lutte contre les inondations est systémique. On
pensait que les maisons seraient toutes équipées de batardeaux, elles n?en ont pas besoin, il y a des
batardeaux de villes, et le principe du polder pousse au paroxysme l?importance de calfeutrer l?ensemble. »
L?une des réponses aux inondations, c?est évidemment qu?on va devoir s?adapter ?
« En 2023, l?événement est exceptionnel, mais il change notre référentiel. On doit évidemment s?adapter.
Mais le sujet est difficile. Des habitants envisagent de déménager, une réponse a été apportée par
Christophe Béchu ? ministre de la Transition écologique, avec le fonds Barnier. Il y a le fonds Mirapi, Mieux
reconstruire après une inondation, et il doit y avoir une réponse d?adaptation des logements pour être
moins impacté par une inondation. Le sujet va devenir existentiel, on ne peut plus penser que c?est
extraordinaire. C?est aussi le sujet de ce travail. Et ce qu?il est important de dire, c?est que partout on est
très bien accueillis, et c?est significatif. Il y a une mobilisation des acteurs chez nos voisins, le souhait de
partager une histoire et une volonté de travailler ensemble. »
Emmanuel Macron l?a dit quand il est venu à Saint-Omer, « on va continuer à vivre et à travailler dans le
marais », cette phrase guide votre mission ?
« Je suis là avant tout comme maire de Saint-Omer, je suis dépositaire de cette parole du président de la
République et de la demande des habitants de Saint-Omer. Le sujet des déménagements n?est pas le même
partout, Saint-Omer répond à un plan particulier né d?un rapport équilibré avec la nature, et ma
responsabilité est de respecter cet équilibre, parce que les habitants l?ont demandé. Je suis ici en pensant
d?abord à eux. »
Nord Littoral, 8 février 2024
https://www.nordlittoral.fr/199793/article/2024-02-08/francois-decoster-en-mission-aux-pays-bas-et-en-
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belgique-pour-lutter-contre-les
François Decoster en mission aux Pays-Bas et en Belgique pour lutter contre les inondations
Le président de la République Emmanuel Macron a confié une mission à François Decoster. Ce dernier nous
explique son travail. Entretien.
Lors de sa venue à Saint-Omer, le Président de la République Emmanuel Macron avait donné une mission
au maire de la cité audomaroise François Decoster. Le maire de Saint-Omer a accepté de répondre à nos
questions sur cette fameuse mission.
Quelle est cette mission confiée par le président de la République ?
« L?idée c?est de pouvoir contribuer à une réflexion globale sur ce qu?il faut faire, pour que des territoires
comme le nôtre et au-delà, puissent prévenir le risque d?inondations. Il y a toute une question d?adaptation
aux changements climatiques. On a vu avec ce qu?il s?est déroulé depuis le mois de novembre, que tout ce
qui a été fait pour essayer de nous protéger contre ces risques d?inondations a été calculé à partir de ce que
le territoire avait vécue en 2002. Mais tout cela est dépassé. Nous sommes dans une autre époque, avec
des pluies plus fortes en intensité pendant l?hiver et des épisodes qui se déroulent sur quelques heures ou
sur quelques jours et tout ceci créait des débordements et du ruissellement et quand cela arrive à Saint-
Omer des eaux stagnent pendant des jours avant d?être évacuées à la mer.
Ce que m?a demandé le président, c?est de contribuer à cette réflexion qui est une réflexion avec beaucoup
d?autres parties prenantes. Mais moi, je dois aller voir, si du côté de nos voisins belges et néerlandais il y a
des choses intéressantes pour contribuer à cette réflexion. Est-ce qu?il y a des bonnes pratiques, est-ce qu?il
y a de bonnes expériences qui peuvent guider notre travail. C?est une mission de comparaison avec ce que
font nos voisins, qui ont cette expérience avec les inondations et je suis accompagné d?une inspectrice
générale de l?environnement et du développement. »
Pourquoi avoir choisi la Belgique et les Pays-Bas ?
« Il y a plusieurs raisons, déjà parce que nous avons une géographie qui est très proche, à Saint-Omer, nous
sommes l?entrée d?un polder, c?est d?ailleurs un mot commun avec nos voisins. Nous avons tous les trois des
terrains très plats avec parfois des zones qui se situent en dessous du niveau de la mer. Les Pays-Bas et la
Belgique sont des pays qui ont une forte expérience depuis de nombreuses années en matière gestion de
l?eau. Vous savez le mot Wateringue c?est un mot commun à l?Audomarois au Nord de la France, mais aussi
à la Flandre et aux Pays-Bas. Les Pays-Bas considèrent que la gestion de l?eau comme une question
existentielle. Il y a 26 % du territoire national qui est sous le niveau de la mer. Pouvoir gérer l ?eau, c?est
quelque chose d?essentiel pour eux. Vous savez il y a un dicton néerlandais qui m?a été dit sur place : ?Si
Dieu a créé la terre, les Hollandais ont créé les Pays-Bas.? Cela dit tout de leur longue expérience de la
gestion de l?eau. C?est pour cela que durant la réflexion qui est la nôtre, pouvoir aller voir ce que font nos
voisins proches avec une géographie qui nous ressemble cela est très intéressant. Et il y aura quelques
éléments qui vont j?espère être utile. »
Qu?est-ce que vous avez fait sur place ? Qui avez-vous rencontré ?
« J?ai commencé mon voyage en Flandre puis en Wallonie qui a été très touchée par un épisode très
meurtrier avec des inondations très fortes en juillet 2021 avec près de 40 morts. Et il y a quelques jours
j?étais aux Pays-Bas pour rencontrer différents niveaux qui ont la compétence en matière de gestion de l?eau.
Le ministère des infrastructures et de la gestion de l?eau à La Haye par exemple, j?ai rencontré ensuite des
autorités régionales de l?eau. Puis j?ai pu avoir un temps d?échange avec le commissaire du delta qui est une
autorité indépendante nommée pour une longue durée et qui a pour objectif d?essayer de planifier et
d?organiser les prévisions et l?adaptation du modèle de protection dans la durée et tenir compte des effets
du changement climatique. Ce sont à la fois des réunions de travail, mais aussi des visites de terrain pour
voir à la fois la manière dont ils s?organisent et comment ils ont cherché à adapter leur protection, leurs
prévisions et la gestion des inondations. »
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Qu?est-ce qu?il en ressort ? Qu?est-ce que vous en retenez ?
« Dans les semaines qui arrivent je vais terminer le rapport. J?ai un déplacement prévu le vendredi 9 février
en Flandre-Occidentale pour aller sur le terrain avec le gouverneur, notamment à Bruges et on va compiler
ce que l?on a vu dans un rapport que je dois remettre au début du mois de mars à Christophe Béchu, le
ministre de la Transition écologique.
Il y a bien sûr des éléments qui vont concerner la gouvernance de l?eau. On voit notamment du côté des
Pays-Bas, qu?il y a une volonté de pouvoir ajuster l?organisation à la réalité hydraulique et l?unité hydraulique.
Les Pays-Bas avaient il y a quelques années près de 2 500 Wateringues qui sont devenus aujourd?hui 21
agences et autorités régionales de l?eau pour avoir des équipes importantes avec des budgets importants,
qui sont beaucoup plus importants que les nôtres. Et puis, il y a des questions de pensée d?ensemble du
système. Il y a une approche très systémique. Aujourd?hui, on se pose la question des équipements en
bâtardeaux pour nos maisons. C?est une question qui ne se pose pas vraiment aux Pays-Bas parce que le
système doit vous protéger dans son ensemble. S?il y a des bâtardeaux, ils sont plus structurels pour
protéger un quartier ou pour protéger une rue, il n?y a pas un bâtardeau pour chaque maison. Il y a aussi
une volonté aux Pays-Bas d?avoir ce commissaire du delta qui est une approche intéressante. Cela permet
d?avoir quelqu?un qui a cette permanence qui est là plus longtemps que les élus ou que le gouvernement et
qui a pour mission de rappeler l?importance de maintenir l?effort et de rappeler l?importance de toujours
continuer à investir. Cela fait partie de quelques éléments parmi d?autres qui sont intéressants. »
Et une fois ce rapport remis au ministre que va-t-il se passer ?
« Ma partie est seulement une partie de tous les travaux. Tout ceci doit accompagner la réflexion générale
et il faudra prendre un certain nombre de décisions. Il reviendra au Ministre et au gouvernement de les
prendre. »
France Bleu, 9 février 2024
https://www.francebleu.fr/emissions/l-invite-du-6-9-france-bleu-nord/comment-prevenir-les-inondations-
francois-decoster-maire-de-saint-omer-pilote-une-mission-pour-y-repondre-9426555
Comment prévenir les inondations ? François Decoster, maire de Saint-Omer, pilote une mission pour y
répondre
Après les inondations à répétition des derniers mois dans le Pas-de-Calais, le maire de Saint-Omer a été
missionné par Emmanuel Macron pour tenter de prévenir de futures crues. Pour cela, François Decoster a
notamment été chez nos voisins européens. Il est l'invité de France Bleu Nord.
Depuis novembre, François Decoster est chargé par Emmanuel Macron de trouver des solutions afin
d'améliorer les systèmes d'évacuation d'eau et éviter de nouvelles crues dévastatrices en France et
notamment dans le Pas-de-Calais. Le maire de Saint-Omer, qui disait vouloir avoir une approche européenne,
s'est rendu notamment en Belgique, où il est d'ailleurs encore ce vendredi, et aux Pays-Bas.
"Donner plus d'espace pour les rivières"
Il retient de ses déplacement "qu'il faut s'organiser". "Il faut s'organiser pour que l'on ait une coordination
qui soit fondée sur la réalité hydraulique." François Decoster ajoute qu'il "y a eu beaucoup de moyens aux
Pays-Bas pour faire en sorte de rassembler les forces pour se donner plus de moyens et également pour
pouvoir faire en sorte de mieux protéger face aux inondations." L'élu note aussi "qu'il y a tout un travail
aussi sur la prévention." "Donner plus d'espace pour les rivières et préparer les moments où elles pourraient
avoir besoin de plus de volume". Le maire note enfin qu'il y "a une culture du risque, une culture de la
gestion de l'eau."
Delta FM, 16 janvier 2024
Emmanuel Macron : " On continuera à vivre à Calais, Dunkerque et dans l'Audomarois "
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Le Président de la République a pris la parole sur les inondations
Dans sa longue conférence de presse, le Président de la République a évoqué les inondations et la
situation dans le Pas de Calais suite à une question de nos confrères de la Voix du Nord.
Dans un premier temps, Emmanuel Macron a rappelé le soutien de l'Etat et a annoncé le retour de son
Premier Ministre, sur le terrain, à la fin de mois. Il a également promis tout le soutien de l'Etat dans des
opérations de pompage, des travaux rapides et l'accélération de l'indemnisation en collaboration avec les
assureurs.
Emmanuel Macron sur les inondations : "On sera là"
Pour l'après, alors que les scientifiques s'accordent sur une montée des eaux qui devrait refaçonner notre
littoral, le Président rassure : " Il n'y a aucune fatalité. On continuera à vivre dans l'audomarois, à Dunkerque
ou à Calais. On devra aussi repenser ce qu'on a parfois oublié. Avant, l'évacuation vers la mer se faisait plus
facilement. Avant, on curait plus facilement, les installations étaient plus efficaces. Les normes ont parfois
compliqué les choses, rendant certains opérations plus coûteuses. " Le Président de la République a
réaffirmé avoir confié à François Decoster (maire de Saint-Omer), une mission sur le sujet, pour simplifier
certaines démarches et être plus efficaces sur l'évacuation des eaux vers la mer.
Pour Emmanuel Macron, quelques soient les efforts que l'ont fait, nous aurons à vivre les conséquences du
déréglement climatique : "Nous allons devoir changer nos villes, nos villages. On va progressivement
adapter nos paysages."
Libération, 5 janvier 2024
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Mars 2024 Mission de parangonnage à la suite des inondations de
novembre 2023 et janvier 2024 dans les Hauts-de-France
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Le Point, 4 janvier 2024
Inondations dans le Pas-de-Calais : « On se sent impuissants »
Le département est en vigilance rouge pour crue, et orange pour pluies et inondations. Comme en
novembre dernier, les communes se retrouvent démunies.
Les mêmes scènes et la même détresse. Après les inondations de novembre, huit départements, la plupart
localisés dans le nord et l'est de la France, sont en vigilance orange pluie-inondation depuis mardi 2 janvier.
Parmi eux, le Pas-de-Calais, placé également en vigilance rouge crue.
La rivière Aa, en crue « exceptionnelle » selon Météo-France, est particulièrement scrutée. Après une nuit
de surveillance fébrile, les mairies de Blendecques et Saint-Omer s'organisent pour évacuer des habitants
et évacuer le plus rapidement possible l'eau.
« Plus rapide et brutal »
« C'est un retour à la case départ ». Le maire de Saint-Omer, François Decoster, ne cache pas sa fatigue. La
ville a l'impression de revivre, « comme un mauvais feuilleton », l'épisode pluvieux du 7 novembre, « en
plus rapide et brutal ». « On est en train de battre des records, souligne l'édile, lors de la grande crue
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Mars 2024 Mission de parangonnage à la suite des inondations de
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centennale de 2002, le débit était à 57 m/s, nous en sommes actuellement à 80 m/s. » Dans les rues
inondées, l'eau se transforme en torrent. Une situation très fatigante « physiquement et émotionnellement
» pour les 14 000 habitants.
La préfecture du Pas-de-Calais rappelle que les évacuations se font uniquement sur ordre. En attendant, les
habitants doivent rester dans les étages de leurs habitations. En plus du personnel du SDIS 62 mobilisé, 120
sapeurs-pompiers supplémentaires ont été engagés. À cinq kilomètres de là, Jean-Christophe Castelain a
passé la nuit les yeux rivés sur le site Vigicrues. L'adjoint au maire de Blendeques, qui dirige la cellule
d'urgence, espérait que le niveau de l'Aa baisserait vers 23 heures. Las, la rivière est sortie à plus de 2 mètres
du niveau de son lit. « Nous avons évacué une vingtaine de personnes dans la nuit vers une salle de la mairie,
nous allons ouvrir la salle des sports, plus grande, pour accueillir plus de monde », détaille l'élu. Les
évacuations des personnes âgées ou à mobilité réduite se font à dos d'homme ou par tracteur.
Évacuer l'eau
« On se sent impuissants, avoue Jean-Christophe Castelain, les sols sont gorgés d'eau, plus rien ne s'évacue.
» L'évacuation de l'eau sera justement cruciale dans les prochaines heures. « Tout va dépendre de la force
des précipitations, souligne le maire de Saint-Omer, les faibles coefficients de marée ne vont pas beaucoup
nous aider non plus. » Des moyens de pompage sont également prévus.
En tout, depuis le 7 novembre, 350 habitations de Saint-Omer ont été particulièrement touchées par les
inondations. « Certaines personnes n'étaient toujours pas rentrées dans leur maison, les murs n'avaient pas
encore séché », pointe l'élu. Avec le risque que ces phénomènes climatiques se répètent, une réflexion plus
vaste va s'engager sur l'habitat dans un milieu tel que le marais audomarois. « La relation entre l'homme et
le marais date d'un millénaire, les habitants y sont attachés », explique François Decoster. Ce dernier doit
rendre en mars un rapport sur la question.
Le Figaro, 2 janvier 2024
Alerte rouge aux inondations dans le Pas-de-Calais : pourquoi les rivières débordent-elles de nouveau ?
DÉCRYPTAGE - Le département a été classé en vigilance rouge «crues» mardi. «Il est absolument
indispensable de nous préparer» au dérèglement climatique, a lancé le maire de Saint-Omer, commune
touchée de plein fouet par les inondations.
Le nord de l?Hexagone vit ses premiers jours de l?an les pieds dans l?eau. La situation est alarmante dans le
Nord et surtout dans le Pas-de-Calais, classé par Météo France en vigilance rouge «crues» mardi après-midi,
alors que 15 litres d?eau sont tombés au mètre carré dans la nuit de lundi à mardi dans ce département.
L?organisme évoque une «pluie continue et durable» sur la zone. Les cumuls de pluie pourraient atteindre
des valeurs de 20 à 40 mm sur plusieurs zones du département, dépassant localement 40 mm, prévoit
encore Météo France .
Ces pluies fortes et abondantes perturbent les rivières, qui sont scrutées avec inquiétude par les habitants
comme par les autorités. Huit cours d?eau sont placés en alerte orange «crues» dans le Nord et le Pas-de-
Calais. Des risques de «débordements importants» dans les «prochains jours» sont à craindre à proximité
de plusieurs rivières, la Liane, la Hem, l?Aa (classé en vigilance rouge «crues» par le site d?informations
Vigicrues), la Lys amont-Laquette, la Lawe, La Clarence amont, la Lys Plaine et la Canche, écrit encore
Vigicrues .
Les sols saturés d?eau depuis novembre
Une situation «exceptionnelle» qui s?explique par plusieurs facteurs, réagit Adam Beernaert, directeur
général de la Protection civile dans le Pas-de-Calais. «Il pleut beaucoup, dans des délais très courts»,
détaille-t-il, sur des sols saturés d?humidité qui peinent à dégorger depuis les crues records du 6 novembre.
Le Pas-de-Calais est victime de fortes inondations depuis maintenant deux mois. Ces crues exceptionnelles,
qui avaient fait cinq blessés légers dans le département, ont causé d?importants dégâts matériels : 6000
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Mars 2024 Mission de parangonnage à la suite des inondations de
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habitations, 160 commerces, 130 entreprises et des dizaines d?exploitations agricoles avaient été touchés
par les intempéries.
Les nappes phréatiques «sont donc pleines d'eau» et débordent aux premières pluies : les eaux en surplus
ruissellent vers les cours d?eau de la région, peu nombreux, qui débordent presque automatiquement. La
géographie naturelle doit également être prise en compte : le département du Pas-de-Calais est plat. Le
cours d?eau de l?Aa dans l?Audomarois (dans le nord-est du département) est même dix mètres en dessous
du niveau de la mer, ce qui entrave l?évacuation des eaux, qui s?écoulent peu vers la mer du Nord. Dans
cette région, l?Aa est en crue et inondait en début de semaine certaines rues des communes de Wizernes
et de Blendecques. En parallèle, les marées à fort coefficient peuvent pousser les eaux des rivières dans le
sens opposé à leur descente : l?eau rentre dans les terres, au lieu de se jeter dans la mer.
Les systèmes d?évacuation des eaux peinent à tenir le coup face à de telles intempéries. «Les pompes et les
digues ne sont pas calibrées pour endiguer des conditions climatiques si exceptionnelles», ajoute Adam
Beernaert. «Pour tenir le coup, il faudrait élever de trois mètres les digues de franchissement d?eau sur les
rivières qui sont actuellement à deux mètres dix», avance-t-il encore. Des propos corroborés par François
Decoster, maire de la commune sinistrée de Saint-Omer. Ces «travaux supplémentaires» avec «des
équipements à dimension» sont nécessaires pour affronter de telles catastrophes, détaillait-il le 3 janvier
sur France Info, d?autant plus que ces inondations sont amenées à se multiplier «plus régulièrement et plus
violemment» en fonction du dérèglement climatique.
L?édile rappelle notamment les travaux menés à la suite des «crues historiques» de 2002 qui avaient
occasionné 40 millions d?euros de dégâts. Ces constructions se révèlent pourtant «insuffisantes» 20 ans plus
tard. «Il faut aller plus loin», a-t-il tonné, et il est «indispensable de nous y préparer très rapidement». Dans
les faits, les bassins de rétention, qui «sont pleins en permanence» selon Adam Beernaert, débordent dès
les premières gouttes de pluie. Les plus gros cours d?eau sont en crue en moyenne un à deux jours après les
premières précipitations «et font à leur tour déborder les rivières et les fleuves».
«Evacués six fois en deux mois»
Des débordements qui mettent à rude épreuve le moral des habitants du département. «On sent de la
colère et de l?épuisement », déplore Adam Beernaert, «avec des locaux qui ont été évacués cinq à six fois
en deux mois». Certains avaient été relogés dès les premiers jours de pluie en novembre et n'avaient
toujours pas remis les pieds dans leurs habitations aux premiers jours de 2024. Les murs des maisons n?ont
pas le temps de sécher, les fondations des maisons s?érodent, l?eau et l?électricité sont coupées depuis deux
mois dans certaines habitations. «Après le mois de décembre, on pensait que tout cela était derrière nous
et là on a l'impression de revivre le même cauchemar», s?émeut encore le maire de Saint-Omer.
Depuis le 6 novembre, 1200 bénévoles de la protection civile sont mobilisés dans le Pas-de-Calais pour
assister les sinistrés, et 520 interventions ont été faites. «On est sur le pont en permanence depuis deux
mois», explique le directeur. Une mobilisation qui est loin de diminuer : au vu des précipitations attendues
sur le département en début de semaine, «les crues ne peuvent que s'aggraver», s'alarme Adam Beernaert.
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Annexe 7. Eléments de bibliographie
AGUR, IIW, 2014, Les wateringues, hier et aujourd?hui, 66 p.
Caisse centrale de réassurance, 2023, La prévention des catastrophes naturelles par le fonds de
prévention des risques naturels majeurs, édition 2023, 59 p.
Chambre régionale des comptes, 2023, « Syndicat mixte « Institution Intercommunale des
Wateringues » » 48p.
Commissariat spécial à la reconstruction, 2022, Un an après les inondations, bilan de la gestion
post-inondations et continuité de la reconstruction, 102 p.
CGEDD, 2019, Christian Barthod, Marie-Claire Bozonnet, François Scarbonchi, Évaluation du
dispositif des programmes, d?actions de prévention des inondations (PAPI) et de l?efficacité de sa
mise en oeuvre, Rapport CGEDD n° 012877-01, IGA n° 19053R, 112 p.
DGCL, 2023 ? 04, La taxe Gemapi, une ressource en croissance pour les collectivités, bulletin
d?information statistique n°174, 12 p.
IGEDD, IGA, CGE, 2023, Olivier Diederichs, Philippe Louviau, Jean-Philippe Torterotot, Serge
Catoire ? CGE, Retour d?expérience des inondations des 14 et 15 juillet 2021 ; 136 p.
Parlement wallon, 2022, Rapport de la Commission d'enquête parlementaire chargée d'examiner
les causes et d'évaluer la gestion des inondations de juillet 2021 en Wallonie, 894 (2021-2022) ?
N° 1, 95 p.
R. Slomp, 2012, Le cadre législatif et organisationnel de la gestion du risque d?inondation aux Pays-
Bas, Audition au Sénat, Paris 29 mai 2012, Rijkswaterstaat, 78 p.
R. Slomp, Y. Friaucourt, 2022, Les Pays-Bas face à la montée des eaux : quelle stratégie pour le
long terme et comment répondre aux différents enjeux ? , Annales des mines, Juillet, numéro 117,
pp.85- 89
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Sommaire
Liste des recommandations
Introduction
1 Des inondations longues, liées à des pluies exceptionnelles, sur un territoire de polder
1.1 Des épisodes de pluie d?occurrence parfois centennale sur les sois humides du polder
1.2 Des inondations importantes et longues sur plusieurs bassins
1.3 Une implication historique forte dans la gestion de l?eau mais des évolutions récentes de nature à aggraver les inondations
1.3.1 Un système de drainage mis en place depuis le Moyen-âge
1.3.2 Une action structurée de l?Etat et des collectivités dans la prévention des inondations
1.3.3 Une gestion de l?eau qui mobilise de nombreux acteurs
1.4 Le climat change, le territoire aussi
1.5 Les questions soulevées à l?issue de ces épisodes d?inondation
2 Des similitudes avec les pays voisins qui font socle, des différences qui peuvent être inspirantes
2.1 Des axes d?action complémentaires et une implication de tous les niveaux
2.1.1 La prévention des inondations s?inscrit dans le cadre européen et le rythme et l?intensité de ses évolutions sont marqués par les grandes catastrophes
2.1.2 La prévention des inondations est partenariale par nature
2.1.3 La prévention des inondations prend le pas sur la protection à des rythmes différents selon les pays
2.1.4 La gestion de crise est organisée en fonction de la gravité de la catastrophe
2.1.5 Des coopérations sont une condition première de la prévention des inondations
2.2 Des différences dans le portage stratégique de la prévention des inondations
2.2.1 La capacité à faire de la prévention des inondations une priorité
2.2.2 La pondération des axes d?action
2.2.3 La posture en gestion de crise
2.2.4 L?engagement dans l?adaptation au changement climatique
3 Les actions et axes de progrès qui se dégagent
3.1 Croiser le retour des inondations de fin 2023 - début 2024 et les bonnes pratiques de nos voisins
3.1.1 Des leviers pour améliorer la gestion de crise
3.1.1.1 Organiser une participation accrue des élus à la gestion de crise
3.1.1.2 Mieux anticiper les moyens de pompage en crise
3.1.1.3 Expérimenter des dispositifs de participation citoyenne
3.1.1.4 Deux pistes concrètes pour poursuivre et renforcer un travail permanent sur la culture du risque
3.1.2 Etablir un diagnostic partagé de l?état des cours d?eaux, canaux, fossés
3.2 Renforcer le portage de la prévention par les collectivités locales compétentes
3.3 Anticiper les modalités du relèvement et l?accompagner par une structure spécifique
3.4 Renforcer les coopérations transfrontalières
3.5 Installer une institution stratège et pérenne, au plus haut niveau de l?Etat, pour orienter et soutenir l?adaptation au changement climatique
3.5.1 Structurer le portage politique de l?adaptation au changement climatique au plus haut niveau
3.5.2 Une action à lancer : représenter l?inondation et informer
3.5.2.1 Une carte des provinces, qui offre une information localisée sur tous les risques (avec un accès dans différentes langues dont le Français)
3.5.2.2 Des outils de communication pour former aux comportements qui sauvent
Conclusion
Annexes
Annexe 1. Lettre de mission
Annexe 2. Agenda des déplacements et liste des personnes rencontrées
Annexe 3. La prévention des inondations aux Pays-Bas
Annexe 3.1. Les catastrophes, moments fondateurs des politiques de prévention contre les inondations
Annexe 3.2. Des protections des premiers Plans Delta au Commissaire du Delta
Annexe 3.2.1 La défense contre la mer
Annexe 3.2.2 La protection contre les inondations fluviales
Annexe 3.2.3 L?articulation avec la place pour le fleuve, et le changement de cap opéré dans le contexte du changement climatique
Annexe 3.3. Organisation de la prévention des inondations
Annexe 3.3.1 Une gestion de l?eau et du risque intégrée à l?échelle ministérielle
Annexe 3.3.2 Une organisation spécifique pour la gestion de l?eau aux échelons territoriaux
Annexe 3.3.3 Un financement des protections et de la prévention organisé dans une logique de subsidiarité
Annexe 3.4. Une gestion de crise fondée sur des principes clairs et partagés
Annexe 3.5. De la prévention des inondations à l?adaptation au changement climatique
Annexe 4. La prévention des inondations en Belgique
Annexe 4.1. Mise en perspective historique et géographique
Annexe 4.1.1 Un pays présentant des enjeux différenciés du point de vue de la prévention des inondations
Annexe 4.1.2 Des enjeux transfrontaliers majeurs
Annexe 4.2. La gestion de l?eau dans le système fédéral belge
Annexe 4.2.1 Le rôle important des régions
Annexe 4.2.2 Une organisation de la gestion de crise par niveaux de gravité
Annexe 4.2.3 Un système assuranciel présenté comme fragile
Annexe 4.2.4 Le choc des inondations de juillet 2021
Annexe 4.3. Les Flandres : une structuration par grand bassin, en cours d?inflexion
Annexe 4.3.1 L?équilibre entre protection et aménagement du territoire
Annexe 4.3.2 L?adoption de nouveaux grands plans structurants
Annexe 4.4. La Wallonie : le choc des inondations de juillet 2021
Annexe 4.4.1 Quelques éléments sur le cadre général de la prévention des inondations
Annexe 4.4.2 Mise en place d?un dispositif spécifique de reconstruction
Annexe 5. Rapport de la Commission d?enquête parlementaire chargée d?examiner les causes et d?évaluer la gestion des inondations de juillet 2021 en Wallonie du 22 mars 2022
Annexe 6. Revue de presse
Annexe 7. Eléments de bibliographie
INVALIDE) (ATTENTION: OPTION présente plusieurs avantages : elle s?appuie, comme cela a été fait en France
depuis la création des Agences de l?eau en 1964, sur les bassins versants ; elle est intégratrice de
trois composantes majeures : urbanisme, compétence historique des collectivités locales, gestion
des milieux aquatiques, prévention des inondations. En revanche, la gouvernance et les solidarités
nécessaires ne se construisent que progressivement, et les organisations qui en résultent sont
également parfois complexes.
2.2.2 La pondération des axes d?action
- La prise en compte de l?urbanisme dans la prévention des risques d?inondation est plus
ancienne et plus structurée en France.
Les PPRi, établis par l?Etat, après concertation, sont des servitudes d?utilité publique qui
s?imposent à l?urbanisme. Ils visent à empêcher une augmentation des enjeux dans les zones les
plus exposées, et prescrire des mesures de réduction de la vulnérabilité dans les zones exposées.
Dans ce cadre, un accompagnement financier des territoires est mis en place, priorisé sur les
territoires les plus exposés qui sont ceux qui donnent lieu à des PPRi, et conditionné à un
programme de prévention mené à l?échelle des bassins versants. En France, on considère que,
dans le long terme, une digue est toujours faillible et qu?un ouvrage de protection ne peut se justifier
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pour un aménagement nouveau, mais uniquement pour protéger l?existant34.
Aux Pays-Bas l?interdiction de construire concerne uniquement les espaces entre le cours d?eau et
la digue, et derrière les digues (ce qui est également le cas en France). Les règles de construction
font, par ailleurs, référence à des obligations génériques de stabilité dont le respect relève du
maitre d?ouvrage ; les maisons flottantes sont construites « aux risques et périls des habitants ».
Les différences d?approche historiques peuvent sans doute s?expliquer par des contraintes
spatiales et des densités différentes.
En Belgique, comme aux Pays-Bas, des cartes d?aléa existent ou sont en cours d?élaboration, qui
relèvent d?une démarche de porter-à-connaissance, voire d?information acquéreur locataire, telle
qu?elle existe en France 35.
Encadré 8 : Des systèmes assuranciels très différents
Le système d?assurance est plus protecteur en France, où l?assurance contre les inondations est
liée à l?assurance habitation, avec une surprime obligatoire, qui permet, en cas de catastrophe
majeure, une prise en charge par l?assurance et par la réassurance. Le système français apparait
ainsi comme marqué par un niveau de solidarité plus important en France qu ?en Belgique et aux
Pays-Bas. Cela soulève deux types de questions différentes :
- un effet parfois peu incitatif à ne pas s?exposer ;
- une évolution possible de ce système dans le contexte de catastrophes répétées, avec des primes
modulées ou des risque nouveaux de refus d?assurance. C?est un sujet de forte préoccupation des
collectivités locales et des habitants
En juillet 2022, le gouvernement de la région wallonne communiquait dans les termes suivants : «
Dès le lendemain de la catastrophe le Gouvernement a négocié avec les compagnies d ?assurance
pour permettre aux personnes sinistrées assurées de bénéficier d?une indemnisation complète en
fonction des clauses de leur police d?assurance et des accords avec les experts. Une loi fédérale
permet en effet aux assureurs de limiter les indemnisations versées aux sinistrés en cas de
catastrophe de grande ampleur. Dans le cas des inondations de juillet dernier les assurés
n?auraient touché que 20% du montant des dégâts estimés par leur assureur. A la lumière du drame
humain que représentaient les inondations le Gouvernement a décidé d ?accomplir un effort
financier sans précédent d?un milliard d?euros pour permettre l?indemnisation complète des
personnes sinistrées assurées. Après négociation, les assureurs ont quasiment doublé leur plafond
d?intervention. C?est ainsi qu?à ce stade les assureurs interviennent à raison de 41% et le
Gouvernement à raison de 59%. » Les personnes qui n?étaient pas assurées ont reçu l?aide d?un «
fonds des calamités », mis en place par le gouvernement pour éviter à tout prix qu?une partie de la
population non assurée ne tombe dans la précarité totale. »
Aux Pays Bas, l?opérateur (RVO) chargé d?indemniser les victimes publiait en juillet 2022 le bilan
suivant : « Exactement 1 an après les fortes pluies et inondations dans le Limbourg et le Brabant
du Nord en juillet 2021 nous avons déterminé 1 518 demandes de victimes. Plus de 34 millions
d'euros ont été versés dans le cadre du programme WTS de juillet 2021. » « L'assurance volontaire
contre les dommages causés par les inondations de la mer et des rivières aux habitations a été
proposée dans des produits successifs entre 2012 et 2020 par un assureur (Pays-Bas). Le porteur
de risque s'est depuis retiré et il n'existe actuellement aucun assureur aux Pays-Bas qui offre une
assurance contre les inondations d'origine maritime et fluviale (percée des défenses primaires
contre les inondations) à l'exception des produits destinés à un certain nombre de multinationales
et à quelques particuliers très fortunés. L'Association néerlandaise des assureurs indique que cela
est dû à une sensibilisation insuffisante (les Néerlandais se sentent relativement en sécurité) à
l'anti-sélection et au risque d'accumulation. » Les interlocuteurs administratifs de la mission lui ont
confirmé que les dégâts liés aux inondations n?étaient indemnisés que par des fonds publics, que
la mise en oeuvre de tels fonds était décidée au cas par cas par le gouvernement et qu?un principe
34https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/Modalit%C3%A9s%20d%E2%80%99application%20du%20d%C3
%A9cret%20PPRi%20%E2%80%93%20Novembre%202019.pdf
35 https://www.google.com/search?client=firefox-b-e&q=ERRIAL
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général était que l?indemnisation ne couvre pas la totalité des coûts, afin d?inciter à la prudence
ceux qui construisent ou résident en zone inondable36.
- Dans la suite de la « Water Bomb » de juillet 2021, le gouvernement de Wallonie a mis en place
une équipe projet « agile », afin de gérer au mieux les réponses immédiates à la catastrophe et la
préparation d?un urbanisme plus résilient qui n?a pas encore d?équivalent en France.
Le Commissariat spécial à la reconstruction a été mis en place dès le 26 juillet 2021. Cette
équipe pluridisciplinaire d?une dizaine de personnes a été mobilisée pendant un an pour répondre
de manière pragmatique aux besoins des 3 grands bassins versants belges sinistrés, en particulier
la vallée de la Vesdre. Il s?agissait d?avoir des réflexions sur des aménagements adaptés à la
situation. Le Commissariat spécial à la reconstruction n?est pas une autorité mais un ensemblier.
C?est une cellule placée auprès du président du gouvernement wallon, ce qui lui donne du poids.
Des enjeux forts ont été la gestion de la temporalité entre l?urgence (aide à la réparation, avec un
soutien public pour ce qui n?était pas couvert par les assurances) après crise et la reconstruction
résiliente, ou encore la priorisation pour cibler l?action sur les neuf communes les plus touchées. Il
s?agissait, selon les termes des personnes rencontrées, de réfléchir avant de reconstruire, sans
empêcher les mesures immédiates qui donnent du « confort ». Le travail a porté aussi sur la trame
agricole, les haies, le sens du labour, le couvert forestier, qui impactent la gravité des inondations.
- La gestion des fossés, canaux, cours d?eau diffère dans les trois pays. Si en France, la
responsabilité des riverains est affirmée, dans une logique d?association de tous les intéressés à
la gestion de l?eau, les Pays-Bas ont explicitement dissocié propriété et gestion ? celle-ci étant, le
plus souvent confiée à un opérateur, sans exclure, par exemple pour les wateringues, que des
agriculteurs en prennent en charge une partie. Les comparaisons quant aux doctrines et modalités
de gestion sont difficiles, compte tenu de la limite ténue entre entretien et curage. Pour autant, il
ressort qu?en Flandre comme au Pays-Bas, les modalités de gestion dépendent toujours de l?objet
visé, avec une différence possible entre ce qui est navigable et ce qui ne l?est pas, et donnent lieu
à une préparation d?ensemble (guides d?entretien territoriaux) et à des interventions régulières. Ces
programmes sont assurés et financés par les riverains, le cas échéant sous contrôle de l?autorité
compétente pour la gestion de l?eau, sauf pour les infrastructures majeures.
2.2.3 La posture en gestion de crise
- Des points de différence dans la gestion de crise, dans les modalités d?anticipation, de
communication et dans la place des élus locaux d?une part, de bénévoles d?autres part.
Aux-Pays-Bas, compte tenu du rôle majeur des digues dans la protection, des vérifications et
manoeuvres spécifiques sont nécessaires en prévision d?épisodes de crue intense. L?ensemble de
ces actions prennent habituellement 5 jours de travail. De ce fait, un préavis fixe est demandé
aux services de prévision météorologique et de prévision des crues. En France, c?est le
système des vigilances qui permet non seulement l?information du public mais aussi celle des
services de gestion de crise de l?Etat, sans exclure des échanges informels, mais qui ne relèvent
pas d?un cadre systématique.
« La communication est une partie essentielle de la gestion de crise ». Les témoignages de gestion
de crise, en Belgique comme aux Pays-Bas, soulignent l?importance de partager des règles
claires de communication qui se résument aux principes suivants : c?est l?autorité qui gère la
crise qui communique, les autres autorités étant les porteuses d?une démultiplication des
informations ainsi diffusées ? ce qui suppose qu?elles en disposent régulièrement et facilement.
L?accent est mis aussi sur la nécessité d?une veille sur les rumeurs (sur les réseaux sociaux en
particulier) pour y apporter des réponses rapides. C?est aussi un des points de recommandations
du rapport parlementaire après les crues de Wallonie.
Un corollaire de cette approche est, en Belgique comme aux Pays-Bas, une association étroite
36 IGEDD, 2023
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des élus locaux à la gestion de crise ? y compris par leur accès, en lecture au moins, aux
systèmes d?information de gestion de crise. Aux Pays-Bas, ce sont les autorités régionales de l?eau
qui sont associées à la gestion de crise des inondations.
Enfin, certaines autorités régionales de l?eau, aux Pays-Bas, recourent à des bénévoles, qui
constituent un réseau de plusieurs milliers de personnes, pour la surveillance des digues mais
aussi, conjointement avec leur personnel administratif, pour la fermeture de certains batardeaux et
pour le renforcement de digues en cas d?urgence (sacs de sable). Pour la préparation aux
situations de crise mais aussi pour l?inspection des digues, des formations sont prodiguées par les
autorités régionales de l?eau en mobilisant le cas échéant des entreprises qualifiées. Cette
démarche, qui est recommandée en Wallonie, dans le rapport postérieur aux inondations de juillet
2021, présente de nombreux intérêts, à commencer par la mobilisation de soutiens formés en
période de crise, mais également, au long des années, des occasions de travail en réseau entre
autorités et ainsi de soutien à la culture du risque dans la population. La mobilisation de volontaires
pour la surveillance des digues, réunis une fois par an, est un vecteur de sensibilisation de la
population au comportement de ces ouvrages et à leurs limites. Aux Pays-Bas, un des retours
d?expérience de la crise de juillet 2021 a été de réaffirmer la nécessi té que les informations
météorologiques soient interprétées par l?autorité compétente pour la gestion de l?eau, seule
habilitée à recommander aux municipalités l?évacuation (principe de « point unique d?alerte ») ;
cela afin d?éviter les évacuations superfétatoires non éclairées.
2.2.4 L?engagement dans l?adaptation au changement climatique
- Une première approche de l?adaptation au changement climatique est l?articulation d?enjeux
comme la gestion mieux articulée des risques d?inondation et de sécheresse. Elle apparait
hétérogène et, dans l?ensemble, non stabilisée. Aux Pays-Bas, les inondations de novembre 2023
ont à nouveau posé la question : au lieu d?évacuer le plus vite possible l?eau à la mer, un nouvel
enjeu, au regard des risques de sécheresse, ne serait-il pas de la retenir ? Le premier moyen pour
cela identifié aux Pays-Bas est l?infiltration dans les sols et la recharge des nappes, et non la
création de bassins de rétention, qui, de toutes façons sont difficiles à gérer car ils ont
potentiellement deux objectifs considérés comme non compatibles (en fonction des saisonnalités
des événements et des enjeux en présence) : écrêter les crues et retenir l?eau pour en disposer
l?été. En Flandre, la visite de la zone d?expansion des crues de Blanckaert a illustré le
fonctionnement d?une immense zone, qui n?a pas vocation à garder l?eau pour l?été. En Wallonie,
ont été évoquée les limites d?une approche de rétention de l?eau qui a finalement peu d?impact sur
des crues importantes, et apporte peu de réponse au regard des besoins en eau, notamment de
certains sites industriels gros consommateurs.
- De manière plus structurelle, le travail d?adaptation repose sur la structuration de démarches
organisées et pilotées d?anticipation des changements à venir et des mesures à prendre, dans
un calendrier réfléchi et partagé.
L?adaptation au changement climatique, en France, passe par la réalisation régulière du Plan
national d?adaptation au changement climatique (PNACC)37 qui liste des actions à mener, mais
n?est pas nécessairement identifié par les élus locaux ou le grand public comme dégageant des
lignes stratégiques fortes claires et partagées, comme a pu le faire, sur le seul sujet de la prévention
des inondations, la Stratégie nationale de gestion des risques d?inondation (SNGRI) après Xynthia.
37 La Stratégie nationale d?adaptation au changement climatique exprime le point de vue de l?État sur la manière
d?aborder la question de l?adaptation au changement climatique. Cette stratégie a été élaborée dans le cadre d?une
large concertation, menée par l?Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (ONERC),
impliquant les différents secteurs d?activités et la société civile sous la responsabilité du délégué interministériel au
développement durable. Elle a été validée par le Comité interministériel pour le développement durable réuni le 13
novembre 2006 par le Premier ministre. La France s?est dotée en 2011 de son premier Plan national d?adaptation
au changement climatique (PNACC) pour une période de 5 ans. Le 3ème devrait être approuvé en 2024.
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Encadré 9 : La Stratégie nationale de gestion des risques d?inondation (SNGRI)
Face au bilan catastrophique des inondations en Europe, notamment les grandes crues de l?été 2012 en Europe
centrale et du printemps 2013, le gouvernement a adopté en 2014 la Stratégie nationale de gestion des risques
d?inondation. Elle poursuit trois objectifs prioritaires, dont l?atteinte par les différents acteurs est à analyser sur le
long terme, à 20 ou 30 ans par une mise en oeuvre progressive, en conduisant une évaluation quantifiée des
performances actuelles et futures.
? Augmenter la sécurité des populations exposées
? Stabiliser à court terme, et réduire à moyen terme, le coût des dommages liés à l?inondation
? Raccourcir fortement le délai de retour à la normale des territoires sinistrés
Les principes directeurs au service des objectifs sont le principe de solidarité, le principe de subsidiarité et de
synergie des politiques publiques, et le principe de priorisation et d?amélioration continue.
Les quatre défis à relever sont :
? Développer la gouvernance et les maîtrises d?ouvrage
? Aménager durablement les territoires
? Mieux savoir pour mieux agir
? Apprendre à vivre avec les inondations.
En Belgique, des travaux importants et de natures différentes ont été organisées après la « water
bomb » : en Wallonie, le cadre est donné par le rapport parlementaire qui comporte 161
recommandations (annexe 7). En Flandre, à la suite de ces inondations, le gouvernement a
souhaité revoir la prévention des inondations sur son territoire en cas d?épisode météorologique
aussi grave. Le travail pluridisciplinaire, dont le pilotage a été confié à un universitaire néerlandais,
a conduit à l?avis « Résilient Waterland » qui comporte dix recommandations, que, de fait,
apparaissent comme le passage de la prévention des inondations à l?adaptation au changement
climatique. Ce travail apparait également, dans les échanges, comme de nature à faciliter de
mobilisation collective en temps utile, et notamment dans la suite des inondations de 2023, pour
mettre en place dans des délais courts, les suites adaptées à cette crise.
Les Pays-Bas sont engagés depuis le début des années 2000 dans des travaux sur leur
adaptation au changement climatique. « Nous vivons dans un delta, nous devons nous adapter
continuellement », « La stratégie pour les siècles à venir repose sur deux piliers : la protection
contre les inondations et la durabilité », ou encore « Le choix d?accepter l?eau comme une
opportunité et non plus comme une menace est fait, soit un changement radical dans la philosophie
de ce pays conquis par la pelle et la sueur. » Le Commissariat au Programme Delta, historiquement
tourné vers les grands travaux d?infrastructure, puis peu à peu également vers ceux visant à
redonner de la place aux cours d?eau, a connu une nouvelle étape à partir de 2012 avec la création
du Commissaire du Delta dont les travaux visent l?anticipation du changement climatique, dans une
démarche stratégique, de planification spatiale, et une approche partenariale. Il s?agit de travailler
sur les limites que nous donne la nature, limites qui sont atteintes. Une priorité identifiée depuis
2021 est de mieux prendre en compte l?eau et les sols. Cela a été porté par le gouvernement entré
en fonction en janvier 2022, puis a donné lieu à une stratégie gouvernementale transmise au
parlement en date du 25 novembre 2022, présentant les actions prévues en grandes lignes, à une
revue scientifique, et à des discussions avec tous les niveaux de gouvernement.
Encadré 10 : ce qu?un expert néerlandais propose de retenir dans un processus de
parangonnage38
« Les Pays-Bas sont souvent mis en avant en raison de leurs prouesses techniques dans le domaine de la maîtrise
de l?eau. Mais celles-ci sont le résultat de siècles d?évolution et d?un profond ancrage de cette question dans la
culture néerlandaise. Elles sont également spécifiques de la géographie et des enjeux propres à ce pays et, de ce
fait, ne sont pas forcément adaptées pour pouvoir être exportées telles quelles dans d?autres pays. (?)
Le risque d?inondation est très présent dans l?inconscient collectif néerlandais depuis des siècles ; la maîtrise de ce
risque est acceptée, car elle constitue un enjeu fondamental de la survie même du pays. De ce fait, des mesures
ont été prises pour lui donner une place spécifique dans les processus décisionnels, qui la met à l?abri des aléas et
des contraintes politiques.
38 R.Slomp Y. Friocourt, 2023, Quelles leçons peuvent tirer les autres pays de l?exemple des Pays-Bas ? Annales
des mines 107.
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Par ailleurs, la société et le modèle politique néerlandais reposent fortement sur le principe du compromis, ce que
l?on appelle le « modèle du polder » : avant qu?une décision soit prise, il est important que les opinions des uns et
des autres soient attentivement écoutées, afin de pouvoir prendre la décision qui causera le moins de frictions. Ce
modèle ne facilite pas la rapidité dans la prise de décision, mais il permet à chacun de se sentir écouté et respecté.
Appliqué dans le domaine de la maîtrise de l?eau, il encourage chacun à essayer de trouver des solutions
techniques pratiques, qui respectent les différents enjeux, et de mise en oeuvre très décentralisée.
Cette approche marquée par la lenteur nécessite d?anticiper, de se poser le plus tôt possible des questions
fondamentales, sans forcément y apporter de réponse immédiate. Et cela est spécifiquement le but du programme
de recherche portant sur les conséquences de la hausse du niveau de la mer : il n?est pas question de trouver
immédiatement des mesures qui mettront les Pays-Bas directement à l?abri de ce risque, mais plutôt de comprendre
jusqu?à quand les principes de base actuels de la gestion sont tenables et quelles options sont possibles pour le
futur. Par la suite, chaque direction identifiée sera étudiée plus en détail et fera l?objet d?études d?impact et de
consultations publiques, avant que des décisions ne soient prises. Et chaque nouvelle inondation ou épisode de
sécheresse inattendus apporteront leur lot de découvertes et de déconvenues qui seront, elles aussi, intégrées
dans le processus décisionnel.
De plus, la pérennité des solutions aux Pays-Bas est indéniablement interdépendante des choix que les pays voi-
sins pourront faire, particulièrement dans les bassins versants des fleuves Rhin, Meuse et Escaut. L?adaptation au
changement climatique ne se fera que via la collaboration internationale et le soutien actif de la société tout entière,
chacun dans son domaine de compétence.
Les autorités nationales et locales peuvent définir des principes de base et des réglementations, mais ce sont les
citoyens et les entreprises qui, finalement, vont décider ou non d?accepter un risque et de participer à l?effort com-
mun. Dans les régions où le risque d?inondation existe depuis des générations, cette volonté est déjà présente dans
l?inconscient collectif. Mais pour les habitants des autres régions, il est important de les éduquer et de leur en
expliquer les raisons, afin de rendre chacun d?eux partie prenante dans l?appréhension du problème et surtout dans
l?élaboration des solutions y répondant.
L?allocation structurelle de budgets pérennes en est un ingrédient essentiel. La croissance économique progressant
beaucoup plus rapidement que la période de réfection des milliers de kilomètres de digues qui dure typiquement
trente à quarante ans, on estime que le risque d?inondation aux Pays-Bas est resté à peu près constant en termes
financiers depuis 1953, la dernière inondation catastrophique enregistrée. Cela suggère a contrario que ce risque
pourrait avoir fortement augmenté dans les pays qui n?ont pris aucune mesure particulière et prouve ainsi l?ampleur
du défi qui nous attend ».
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3 Les actions et axes de progrès qui se dégagent
Les comparaisons avec nos voisins offrent l?occasion de constater que, dans un cadre commun
donné par les directives européennes, et parfois le vécu des mêmes catastrophes quoique
d?amplitudes différentes, chaque Etat, ou région, a construit une prévention des inondations qui fait
système avec des avancées sur différents points.
Les pistes d?amélioration qui en ressortent sont de natures différentes : celles qui tiennent à des
actions ponctuelles, de nature à renforcer des démarches en cours, et celles qui sont plus
structurelles. Dans certains cas, les territoires touchés par les inondations de 2023 pourraient être
expérimentateurs, en vue d?une diffusion des bonnes pratiques identifiées ailleurs sur le territoire
national.
3.1 Croiser le retour des inondations de fin 2023 - début 2024 et les
bonnes pratiques de nos voisins
3.1.1 Des leviers pour améliorer la gestion de crise
3.1.1.1 Organiser une participation accrue des élus à la gestion de crise
- Identifier le niveau de participation pertinent ? entre EPCI et EPTB et structurer une participation
efficace à la gestion de crise avec comme axes de travail :
- le développement de dispositifs de surveillance du réseau et de systèmes d?information partagés,
en interface avec les autorités préfectorales gestionnaires de la crise,
- la participation, proportionnée, organisée et anticipée de ces élus ou de leurs services à la gestion
de crise ? avec par exemple l?accès en lecture aux informations continues, la participation à des
exercices telle que prévue dans les circulaires du ministère de l?intérieur?. Cet axe de travail peut
être lié à des dispositifs de formation des élus renforcés.
- l?amélioration des protocoles de communication pour répondre aux attentes des populations aux
plus près du terrain, et éviter les rumeurs.
Recommandation 1. : Proposer une place réelle pour des élus dans la gestion de crises
inondation, notamment au sein des cellules de crise, dans le partage de la vision globale de
l'information sur le la gestion des événements liés à la crise et des données sur l'ensemble
du territoire en crise (travail à mener sous pilotage de la DGSCGC en lien avec les
préfectures, des représentants des EPTB, des EPCI et des maires, en lien avec la DGPR d?ici
fin 2024, pour préciser la feuille de route et engager les premières actions).
3.1.1.2 Mieux anticiper les moyens de pompage en crise
Si les dispositifs de pompage pérennes et de secours semblent très organisés aux Pays-Bas, le
retour d?expérience des crues de 2023 en France comme dans en Flandre a témoigné d?une
capacité à mettre en place et déployer dans les meilleurs délais des dispositifs qui n?étaient pas
prévus au niveau requis. Dans la suite de ce déploiement, il parait nécessaire que le re tour
d?expérience conduise à :
- intégrer ce qui a été efficace dans les plans Orsec, et compléter ce retour d?expérience, si
nécessaire, avec d?autres scénarios de crises ;
- identifier les infrastructures requises ? plates-formes, apports d?énergies, les éventuels travaux
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structurels à mener, et à identifier ce qui relève de l?axe gestion de crise des PAPI et ce qui relève
des moyens des SDIS, et de ceux de la sécurité civile ;
- prévoir dans la programmation nationale les pompes de secours utiles à l?échelle nationale.
Recommandation 2. : Evaluer et revoir en profondeur le schéma d?évacuation à la mer des
crues extrêmes, par voie gravitaire et par pompage, notamment par la mise en place d?un
système de pompage de renfort efficient pour ces inondations dans le delta de l?Aa, travail
à mener sous l?égide de la préfecture du Pas-de-Calais, avec les Syndicats mixtes
concernés et le conseil départemental, d?ici l?automne, pour préciser la feuille de route et
engager les premières actions avant l?hiver.
3.1.1.3 Expérimenter des dispositifs de participation citoyenne
Des dispositifs de mobilisation citoyenne, comme il en existe en Belgique et aux Pays-Bas,
préparés et animés à l?avance, participent de l?efficacité de la gestion de crise et contribuent à la
culture du risque (cf : supervision de l?état des digues, rapport IGEDD) 39. Ils demandent un travail
spécifique, notamment si les bénévoles ont vocation à être mobilisés en crise (assurances).
Recommandation 3. : Expérimenter une participation citoyenne à la gestion de crise, sur la
base de réseaux de volontaires formés, travail à mener sous l?égide de la DGSCGC en lien
avec l?AMF, sous un an, et développer la culture du risque pour les populations des
territoires impactés, notamment par une appropriation des gestes et des réflexes en
situation de crise.
3.1.1.4 Deux pistes concrètes pour poursuivre et renforcer un travail permanent
sur la culture du risque
Chacun des Etats met en avant la nécessité de travailler en permanence la culture du risque. Il y
a aussi un accord sur la période spécifique de sensibilisation que représentent les mois qui suivent
une inondation. Au regard des actions menées dans les pays voisins, deux actions méritent
attention :
Il a été souvent constaté à la fois une incompréhension des événements inattendus que sont les
inondations majeures, et la nécessité d?appréhender les nécessaires solidarités pour la gestion de
l?eau à l?échelle des bassins versants. Dans la suite des crues de Wallonie, a été organisée une
démarche d?explication du phénomène, de la manière dont il a été géré, et des suites envisagées.
Recommandation 4. : Organiser sur les principaux bassins versants du Pas-de-Calais des
séminaires de retour d?expérience des inondations, sous l?égide des préfets, en lien avec
les élus locaux, à l?été 2024, quelques mois après la sortie de crise.
Dans la suite des crues de Wallonie, la question a été posée, en Flandre, de ce que cette pluie
aurait donné sur son territoire. Les exercices de stress test, y compris dans une démarche
39 Le rapport de l?IGEDD de 2023 consacré au retour d?expérience des crues de juillet 2021 cite par exemple le
séminaire qui s?est tenu à Longuyon, pour le bassin de la Chiers (Haut pays meurthe-et-mosellan, secteur de
Longwy).
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transfrontalière, sont à la fois un moyen d?objectiver les risques inhérents au changement
climatique et de s?exercer.
Recommandation 5. : Prévoir dans le calendrier des exercices nationaux, une démarche de
stress test, sur la base par exemple d?un scénario de type « water bomb », sous l?égide de
la DGSCGC.
3.1.2 Etablir un diagnostic partagé de l?état des cours d?eaux, canaux,
fossés
La question de l?état des fossés, canaux, navigués ou non, voire cours d?eau a été au coeur de
nombreuses discussions dans le Pas-de-Calais, centrées sur des demandes de simplifications ou
de moyens financiers de rattrapage, mais qui ont fait également ressortir un manque de
connaissance des responsabilités, de vue d?ensemble, de doctrines partagées sur l?utilité et les
inconvénients potentiels des différents types d?intervention, voire de moyens adaptés. Dans les
pays voisins, il existe des plans d?entretien, adaptés aux différentes situations. Une fois passée la
phase de curages et entretiens requis après la crise, une vue d?ensemble et une programmation
d?interventions nécessaires semblent se justifier, qui permettront aussi de calibrer les moyens
requis.
Recommandation 6. : Etablir un état global des lieux des fossés, canaux, cours d?eau,
berges et digues en associant les parties prenantes, évaluer et revoir la périodicité et
l'organisation des contrôles des obligations de leur entretien et évaluer toutes les options
favorisant l'évacuation gravitaire de l'eau à la mer, y compris les canaux ne présentant plus
d'utilité pour la navigation, en vue d?établir un programme pluriannuel de suivi et d?entretien.
Un travail préalable, sous pilotage de la DREAL de bassin Artois Picardie, sera nécessaire pour
préciser les modalités de cette démarche. Assurer une veille régulière de l'état de ces
infrastructures, le cas échéant en y associant des citoyens volontaires formés à cet effet.
Etablir un état des lieux suppose un travail préalable de méthodologie : à quelle échelle le mener,
selon quelles modalités ? à quelle fréquence le mettre à jour ? comment partager les résultats ?
Cet état des lieux pourrait concerner la cartographie, le fonctionnement hydrologique, les actions
prévues dans des SAGE, des PAPI, contrats d?objectifs ou protocoles, le niveau d?entretien attendu,
la partage des informations, la communication, l?évaluation des moyens requis ? .
3.2 Renforcer le portage de la prévention par les collectivités
locales compétentes
En France, la mise en place de la Gemapi conduit à organiser la gestion des enjeux liés à l?eau à
l?échelle de territoires hydrologiquement pertinents, par transfert ou délégation de compétences à
des syndicats intercommunaux.
Sur les territoires impactés par les inondations de novembre 2023, se pose la question de leur taille
critique, soit au regard de la taille des équipes et des moyens requis pour une action efficace, soit
au regard du fonctionnement des bassins versants. Une meilleure structuration apparait comme
un « pré requis » à un accélération de l?action, qui ne peut venir que des élus locaux, le cas échéant
sous l?impulsion du préfet coordinateur de bassin.
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Elle devra aller dans le sens de la simplification et de la lisibilité, y compris dans l?articulation des
structures gemapiennes avec les sections de Wateringues et contribuer à une meilleure
mobilisation des moyens financiers prévus, dans une logique de solidarité. Sans aller jusqu?à
l?intégration complète néerlandaise, peut-être non adaptée au contexte français, d?éventuelles
évolutions peuvent viser une meilleure association de toutes les parties prenantes et des
financeurs potentiels. Les parties impliquées, au regard de l?exemple néerlandais, pourraient
également intégrer la nécessité d?un portage politique coopératif et fort des enjeux de gestion de
l?eau.
Recommandation 7. : S?appuyer sur la mission des inspections en cours sur la gouvernance
pour rendre plus robuste et efficace la mise en oeuvre de la Gemapi dans les bassins
versants touchés par les inondations, dans ses aspects organisationnels et financiers, afin
de gagner en simplicité, lisibilité et efficacité, et créer une approche opérationnelle
cohérente de l?amont jusqu?à l?aval.
3.3 Anticiper les modalités du relèvement et l?accompagner par une
structure spécifique
Un Commissariat spécial à la reconstruction a été mis en place auprès du gouverneur de Wallonie
après les crues de Wallonie. En France, après des catastrophes, un préfet ou un sous-préfet peut
être mobilisé en position de chef de projet de la période post-crise, ce qui facilite les réponses
immédiates, sans toutefois aller jusqu?à faciliter une stratégie de reconstruction résiliente, portée
par les acteurs locaux.
Recommandation 8. : Dans la suite des inondations de novembre 2023, mettre en place une
structure technique spécifique de relèvement (commissariat de la reconstruction doté d'une
équipe pluridisciplinaire et placé auprès d'une autorité politique), dans le cadre d?une
expérimentation : pour une durée pertinente, de l?ordre de plusieurs mois, elle apporte aux
préfets et à leurs services un soutien opérationnel au relèvement, pour intégrer la réduction
de la vulnérabilité dans tout l?aménagement du territoire. Si l?expérimentation est réussie, cette
structure a vocation à être pérennisée pour capitaliser du retour d'expérience et être mobilisée
rapidement en gestion post-catastrophe dans le futur dans tout le territoire national.
3.4 Renforcer les coopérations transfrontalières
En raison des inondations exceptionnelles dans les Flandres intérieures en novembre 2023, sur
sollicitation du gouverneur des Flandres, le dispositif et les ouvrages du projet MAGETEAUX ont
été activés pour évacuer un maximum d?eau via le canal de Furnes directement à la mer par
Dunkerque, avant même la finalisation totale du protocole ? ce qui été salué dans les échanges.
L?eau a toujours constitué, pour ce secteur en dessous du niveau de la mer, un sujet de coopération
prioritaire et fait l?objet de nombreux échanges dans le cadre de groupes de travail au sein de
nombreux organismes, dont celui du groupement européen de coopération territoriale) West-
Vlaanderen / Flandre-Dunkerque-Côte d?Opale.
La convention-protocole sur le secteur des Flandres française et belge avait fait l?objet d?une
réunion conclusive à Bruges le 8 mars 2023, présidée par le gouverneur de la Province de Flandre
occidentale et en présence de la secrétaire générale de la préfecture du Nord, qui présidait la
délégation française. Le texte a ensuite été envoyé par le préfet de région Hauts-de-France, au
Ministère de l?Europe et des Affaires étrangères en vue de sa ratification. La Flandre a procédé au
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même envoi auprès de son ministère concerné en Région flamande. Plusieurs personnalités
rencontrées en Belgique ont souligné la nécessité d?aller au bout de ce processus.
Par ailleurs, depuis 1994, la signature de l?Accord sur la protection de l?Escaut (accord de
Charleville-Mézières) et la création Commission Internationale pour la Protection de l?Escaut
(CIPE), les gouvernements de la République française, de la Fédération Wallonie-Bruxelles, de la
Région Flamande, de la Région de Bruxelles-Capitale et du Royaume des Pays-Bas travaillent
ensemble sur ce bassin.
En 2001, cette coopération transfrontalière a évolué avec la délimitation du district hydrographique
international Escaut, l?affiliation de l?État fédéral belge à l?Accord, la réalisation, d?un seul plan de
gestion de bassin versant pour l?Escaut ainsi qu?une réflexion multilatérale au sein de la CIPE,
visant à établir des mesures d?atténuation des effets des inondations et des périodes de
sécheresse. L?accord de Gand du 3 décembre 2002 formalise ces évolutions. La CIPE devient
alors la Commission Internationale de l?Escaut (CIE). Les Parties Contractantes à l?Accord de Gand
s?efforcent de réaliser une gestion de l?eau durable et intégrée pour le district hydrographique
international de l?Escaut (district de l?Escaut). Dans ce cadre, la CIE est le forum international de
coordination des directives européennes sur l?eau dans le district. Elle traite en particulier de la
coordination internationale de la directive cadre sur l?eau (2000/60/CE), de la directive relative à
l?évaluation et à la gestion des risques d?inondation (2007/60/CE), de l?adaptation au changement
climatique (notamment la prévention des effets dus aux sécheresses) et de la lutte transfrontalière
contre les pollutions accidentelles survenant dans les eaux du district de l?Escaut. Des échanges
en décembre 2023 entre la DREAL Hauts-de-France et l?agence de l?environnement de Flandre
(VMM) qui représentent respectivement la France et la Flandre dans la CIE portent notamment sur
les propositions formulées dans le cadre de la task force créée par le gouvernement flamand. Les
parties sont habituées à collaborer pour la mise en place d?accords.
Enfin, la province du Hainaut a mobilisé une pompe de moyen gabarit qui a été employée à Calais
durant quelques jours durant les inondations dans le Pas-de-Calais. Ensuite, c'est le mécanisme
européen de solidarité qui a été activé par le ministre (samedi) et qui a conduit à l'acheminement
de quatre pompes hollandaises de grand gabarit.
Le Ministère néerlandais des Infrastructures et de la Gestion de l?eau a souhaité souligner
l?importance des coopérations transfrontalières dans la prévention des inondations fluviales et de
la gestion des crises. Ses représentants appellent de leurs voeux une plus grande participation des
autorités françaises, nationales ou régionales, dans les cadres existants et dans le contexte de
l?Union Benelux+. En ce sens, la candidature de la Région Hauts-de-France au statut d?observateur
de l?Union Benelux+, au même titre que le Land de Rhénanie du Nord-Westphalie, devrait
permettre le renforcement de la coopération transfrontalière dans le domaine de l?eau, ainsi que la
signature, le 3 avril, d?une feuille de route de la coopération entre la Région Hauts-de-France et les
Pays-Bas, alors que l?exécutif régional vient de se doter d?une vice-présidence en charge de l?eau.
Recommandation 9. Accentuer les coopérations transfrontalières dans le domaine de la
gestion de l'eau et la prévention des inondations pour développer le partage des bonnes
pratiques et les réflexes de gestion commune des crises.
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3.5 Installer une institution stratège et pérenne, au plus haut niveau
de l?Etat, pour orienter et soutenir l?adaptation au changement
climatique
3.5.1 Structurer le portage politique de l?adaptation au changement
climatique au plus haut niveau
Les inondations de fin 2023 ont été perçues, peut-être pour la première fois dans le Nord de la
France, comme la marque du changement climatique, faisant ressortir à la fois le besoin d?amé-
liorer la prévention des inondations pour ne pas se retrouver, de manière de plus en plus fré-
quente, dans la même situation, mais aussi d?élargir le champ, de rapprocher les sujets : inon-
dation, submersion et élévation du niveau de la mer, inondation et sécheresse, utilisation du
foncier et enjeux de désartificialisation ou de recherche de zones d?expansion des crues ?
La mise en place, en 2012, aux Pays-Bas, du Commissaire du Delta marque aux Pays-Bas un
tournant qui est de ne plus travailler seulement sur la base du retour d?expérience des crues
mais de chercher à anticiper en intégrant le changement climatique.
Encadré 10 : Le Commissaire du Delta aux Pays-Bas, un gardien de la sécurité hydraulique du
pays
Fonction créée par la loi Delta entrée en vigueur le 1er janvier 2012, le Commissaire du Delta aux Pays-Bas
assume un rôle crucial dans la gestion de l?eau, axé notamment sur la protection contre les inondations et la
préservation des ressources hydrauliques. Nommé pour une durée de 7 ans (renouvelable une fois) par le
gouvernement, le Commissaire du Delta (épaulé par une équipe d?une quinzaine de personnes) dispose de
l?autorité requise pour faciliter la coopération interministérielle et la cohérence des actions initiées par les dif-
férents niveaux de gouvernance. Sa visibilité contribue en outre à sensibiliser l?opinion publique à la nécessité
de mieux prendre en compte les effets du changement climatique.
Chaque année, dans le cadre de la procédure budgétaire, le commissaire soumet de nouvelles recommanda-
tions et mesures pour le programme Delta. Il fait le lien avec les organes administratifs concernés, les entre-
prises et la société civile, suit l?avancement de la mise en oeuvre du programme Delta, mais n?en porte pas la
responsabilité politique qui incombe au ministre de l?Infrastructure et de la Gestion de l?eau.
Le Commissaire peut participer, en tant qu?expert, au Conseil de l?environnement, présidé par le Premier
ministre et comprenant une dizaine de ministres dont notamment les ministres chargés de l?infrastructure et de
la gestion de l?eau, de l?agriculture et de l?environnement.
Le Commissaire du Delta, dispose d?un budget propre, et a pour mission d?assurer une bonne coordination
entre les organismes d?Etat, les autorités régionales de l?eau (« Waterschappen ») les provinces et les munici-
palités, et le cas échéant, les acteurs concernés de l?énergie, du tourisme ou de l?écologie. Il supervise le
Programme Delta, qui se décline en 7 sous-programmes régionaux (Littoral « Kust », Delta d?Escaut « Zuid
Westelijke Delta », mer autour des Îles de la Frise « Waddenzee », fleuves Rhin et Meuse « Rivieren », Delta
Rhin-Meuse « Rijnmond Drechtsteden », Grands Lacs « IJsselmeergebied ») et trois sous-programmes natio-
naux (analyse des risques d?inondation, gestion de l?eau, urbanisme et aménagement du territoire : «
Nieuwbouw en Herstructurering » ). Si l?ordre du jour le justifie, le Commissaire du Delta peut participer au
Conseil des Ministres pour évoquer le Programme Delta.
Le Commissaire du Delta aux Pays-Bas incarne l?engagement continu du pays à protéger ses terres et ses
habitants contre les inondations, tout en cherchant des solutions innovantes et durables pour faire face aux
défis actuels et futurs liés à l?eau. Depuis 2012, trois personnalités se sont succédées à cette fonction. Wim
Kuijken fut le premier Commissaire du Delta du 1er février 2010 au 1er janvier 2019, date à laquelle il a pris sa
retraite. Peter Glas lui succéda jusqu?à sa propre retraite, le 30 novembre 2023. Co Verdaas est le nouveau
commissaire depuis le 1er décembre 2023.
Co Verdaas possède une vaste expérience des défis liés à l?eau aux Pays-Bas. Il a été auparavant membre
du Parlement néerlandais (200362006), député de la province de Gueldre (2007-2012) et pendant une courte
période secrétaire d?État à l?économie dans le cabinet Rutte II. Il a étudié l?urbanisme à l?Université Radboud
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de Nimègue et enseigne le développement régional comme professeur à temps partiel à l?Université technique
de Delft. Lors de sa prise de fonction, Co Verdaas a estimé qu?il était « important que l?eau ne soit pas consi-
dérée comme une tâche isolée et qu?elle soit liée aux défis liés au logement, à la nature et à la durabilité de
l?économie. (?) Nous avons une tradition de protection contre l?eau et l?ambition de vivre avec l?eau ».
.
Recommandation 10. : Dans le contexte des inondations dans le Pas-de-Calais et le Nord,
mettre en place une nouvelle institution, qui assure dans la durée et au plus haut niveau de
l?Etat, le portage politique de l?anticipation au changement climatique, dans une logique
d?appui scientifique et technique, de coordination, de médiation. De taille réduite, elle a
vocation à mobiliser les administrations et opérateurs de l?Etat et à être un soutien des élus locaux
40.
Une première étape, sous un an, est de configurer cette structure, et le cas échéant son articulation
avec les comités de bassin, et de la mandater pour travailler y compris sur les sols.
« Le plus difficile, c?est de faire avec l?incertitude », « Je n?ai pas de réel pouvoir, mais tout le monde
écoute ce que dit le Commissaire du Delta », « Le commissaire du Delta, c?est un peu la vigie
néerlandaise contre les inondations, à l?image de ce que constitue pour nous contre les accidents
de la route, le Délégué interministériel pour la sécurité routière et la Prévention routière. »
Les échanges avec le gouvernement flamand témoignent d?un intérêt pour des coopérations trans-
frontalières entre les autorités sui seront en charge de l?adaptation au changement climatique.
3.5.2 Une action à lancer : représenter l?inondation et informer
Les Pays-Bas ont mis en place un système d?information et de pédagogie en ligne qui repose sur
deux outils une carte qui présente une information localisée sur tous les risques et en particulier
l?inondation, et de outils de communication et de pédagogie.
3.5.2.1 Une carte des provinces, qui offre une information localisée sur tous les
risques (avec un accès dans différentes langues dont le Français)
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Figure 2 : site néerlandais, page de garde et carte du risque d'inondation par la mer, un lac ou une rivière (source
Homepage | Risicokaart)
Ce site est l?équivalent du portail Géorisques français dans son principe. Une différence importante
réside dans l?information donnée sur les inondations.
Figure 3 : portail Géorisques
Aux Pays-Bas, l?information porte sur l?ensemble des cours d?eau, pour différents scénarios d?aléa.
La mise à disposition de ces couches d?information résulte d?un travail de longue haleine, plus de
10 ans et de l?ordre de 70 M d?euros, qui a permis d?utiliser, notamment, les données sous-jacentes
à la prévision pour établir des scénarios d?inondations pour tous les cours d?eau. En pratique,
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https://www.risicokaart.nl/
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chaque province disposait auparavant de données d?inondation, mais non homogènes. Plus
précisément, les grande lignes étaient uniformes mais chaque province avait fait ses choix quant
aux modélisations hydrauliques utilisées et les hypothèses sur le rôle des ouvrages (routes, chemin
de fer ? ), aptes ou non à servir de digue.
- Une première étape déterminante a été de déterminer, à l?échelle nationale, les scénarios
d?inondations sur lesquelles l?Etat souhaitait diffuser des informations : il a été retenu de
présenter les zones inondées de crue décennale à la crue millénale et même encore moins
probable. Il s?agit notamment de faire comprendre l?emprise spatiale de différentes crues, surcotes
ou combinaisons, des plus fréquentes aux plus extrêmes. Ce choix doit être assumé politiquement,
homogène sur le territoire et accompagné.
- Ensuite, il a fallu mettre en place les coopérations nécessaires pour établir la cartographie
en mobilisant les différents ministères, opérateurs et autorités locales concernés. En effet, faire la
carte idéale mettrait très longtemps cat il faudrait développer toutes les modélisations : il a donc
été choisi, dans un premier temps, de rassembler les données existantes de chaque province pour
les mettre en cohérence avant de les publier. La coopération est, ainsi, la deuxième condition forte
de cet exercice. Elle s?est matérialisée par un comité de pilotage rassemblant des représentants
des partenaires concernés d?une part, et des engagements de contribution aux travaux par la mise
à disposition des hommes/jour et des financements nécessaires par chaque organisme. Les
travaux se poursuivent, sur la base de cette première étape pragmatique mais structurée, pour
aller vers des cartes homogènes dans leur conception même. Mais il a été utile de passer par cette
première phase, appuyée sur les données existantes, qui a permis d?aller plus vite et de donner à
voir un résultat satisfaisant cat fiable et partagé, utilisable par tout un chacun car mis à disposition
en ligne.
En France, il existe, de par l?historique de la prévention des inondations, différents types de cartes
les représentant :
- les cartes des Plans de prévention des risques d?inondation (PPRi) représentent la crue la plus
importante connue ou la crue centennale modélisée. Elles reposent, depuis 2019, sur un corpus
de méthodes homogènes quant à la prise en compte des ouvrages de protection. Elles sont liées
à des zonages réglementaires, qui s?imposent à l?urbanisme. Elles ne constituent pas un continuum
puisque les PPRi sont réalisés là où il y a les plus forts croisements aléas-enjeux. Elles sont la
base de la procédure en ligne « Information acquéreur locataire » (IAL) ;
- les Atlas de zones inondables (AZI), réalisés dans les années 2000 puis laissés de côté, font
parfois référence localement, sans constituer un continuum le long du réseau hydrographique ;
- les zones inondées potentielles (ZIP)i ont été mises en place pour la gestion de crise, avec
différents scénarios d?inondation pour guider les autorités, qui ne recouvrent donc pas
nécessairement les hypothèses et méthodes utilisées pour les élaborer les cartes des PPRi. Elles
sont préparées, progressivement, au droit des stations de mesure du réseau Vigicrues, elles ne
font pas un continuum. Un travail est en cours pour les mettre en ligne sur le site Vigicrues fin
2024-début 2025. Ce sera une avancée importante pour l?information du public, avec une vigilance
pour expliquer que les cartes de PPRi et les ZIP sont différentes dans leur élaboration, leurs
finalités et leurs portées, mais toutes justes. Ce sont les scénarios des cartes de ZIP qui
s?approchent le plus de la démarche d?information néerlandaise (les Pays-Bas n?ayant pas mis en
place l?équivalent des PPRi)
- les cartes qui figurent dans les Plans de gestion du risque inondation (PGRI), à l?échelle des
bassins hydrographiques, dans l?Evaluation primaire des risques d?inondation (EPRI), en
application de la Directive inondation. Elles présentent obligatoirement des crues extrêmes,
couvrent tout le réseau hydrographique principal, mais ne sont pas « zoomables ». Il faut rappeler
que lors de la première réalisation de ces cartes, il avait été choisi, dans certains bassins, de ne
pas les diffuser. La compréhension du risque inondation demande en effet un accompagnement
spécifique pour expliciter les différents scénarios représentés. Les cartes de l?EPRI constituent
également une approche de la démarche néerlandaise ;
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- enfin, dans certains cas, pour la préparation de PPRL par exemple, quelques DDT ont fait
développer des représentations dynamiques de l?effet d?une inondation sur un territoire. Il existe
des cas dans le nord de la France, sans que les résultats aient été présentés au public. Dans
certains cas, et dans le cadre des PAPI, certaines collectivités ont également développé des outils
de simulation, en réalité augmentée.
3.5.2.2 Des outils de communication pour former aux comportements qui sauvent
Les cartes diffusées au Pays-Bas permettent également, à partir de ces mêmes couches de
données, de visualiser, pour un bâtiment, l?effet de différents scénarios d?inondation. A chaque
scénario sont liés des conseils de préparation et de comportement, avec une image stylisée
représentant une maison. L?ouverture de l?application sur téléphone portable permet de mettre la
photographie de son habitation à la place du dessin indicatif.
En France, dans certaines régions, ont été développées des applications permettant de visualiser
en réalité augmentée une rue inondée. Cela relève, par exemple, d?action de culture du risque
développées dans les PAPI. Des conseils de comportements figurent sur le site Géorisques de
manière générique ; ils sont repris et amplifiés dans des actions ciblées et récurrentes comme la
« Campagne cévenole ». Lors d?événements importants, certains assureurs envoient dorénavant
des SMS à leurs clients sur le risque encouru. Il est également possible de s ?abonner à Vigicrues
pour recevoir des informations sur la station à proximité de chez soi.
Avancer sur une cartographie nationale homogène et partagée permettrait de développer des outils
de sensibilisation personnalisés de manière beaucoup plus sytématique.
Figure 4 : exemple d?outils pédagogique (source https://overstroomik.nl/)
Alors que le secteur des assurances se dote de cartographies visant à identifier les zones les plus
à risque, avancer sur une cartographie nationale homogène des risques d?inondation permettrait
de disposer et de diffuser une information publique sur différents scénarios d?inondation, fondement
de la culture du risque.
Recommandation 11. Engager l?élaboration d?une cartographie nationale des inondations,
permettant de développer des outils pédagogiques. Cela demande une expression politique
claire sur la gravité des scénarios d?inondation à traiter et sur le type d?inondation à aborder, et un
travail structuré et partenarial pour publier un résultat découlant d?une approche partagée entre
différents services ministériels, les opérateurs concernés, les représentants des collec tivités
locales, les associations impliquées et certains partenaires comme la Caisse centrale de
réassurance.
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https://overstroomik.nl/
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Conclusion
La France dispose d?un socle de prévention des inondations ancien, qui mobilise Etat et
collectivités locales, mais il y a bien sûr toujours des améliorations possibles, notamment identifiées
dans l'exercice de parangonnage qui est très utile. Le contexte du changement climatique doit
conduire à renforcer en efficacité et en ambition les efforts en la matière, et à structurer de
nouveaux travaux d?anticipation.
Les échanges menés dans le cadre de la mission de parangonnage ont été fructueux ; il y a un
intérêt pour une réciprocité ou des suites à ce travail, notamment dans la cadre des échanges sur
les sujets transfrontaliers, mais plus largement :
- Les conditions d'avancées de la prévention des inondations ont des composantes techniques ou
organisationnelles mais relèvent en premiers lieux de questions de posture : un portage politique
fort à tous les niveaux, la mise en oeuvre de coopérations sont des conditions premières à des
avancées significatives. Chaque autorité a une place dans l?approche française, du maire qui est
le contact de proximité des habitants et le responsable de la sécurité sur le territoire de la commune
à l?Etat en passant par l?EPCI, échelle de l?aménagement, ou du syndicat en charge de la Gemapi :
l?engagement de chacun et la fluidité de leurs relations sont un gage d?efficacité
- Les avancées se font dans la durée car elles reposent sur des évolutions exigeantes, qu?il s?agisse
d?aménagement du territoire ou d?évolution de comportements: il convient, pour les différentes
autorités en charge, chercher les actions sans regrets, avancer à petits pas, développer une
approche plus agile, ou encore lancer, dans un format réfléchi, les travaux les plus nouveaux et
complexes sur l?adaptation.
- La questions des moyens se pose toujours : les coopérations demandent du temps et des
compétences. Des structures nouvelles ad hoc sont nécessaires, l?une pour faciliter le relèvement
après de nouvelles catastrophes qui surviendront, et l?autre pour le portage politique et concret de
l'adaptation au changement climatique, qui demanderont des effectifs. Dans un contexte de tension
budgétaire, il faut comparer le coût de la préparation avec le coût de la réparation, documenter la
non action, par exemple au regard des risques sur le système assuranciel, les impacts sociaux
pour les populations et les activités exposées. Il est stratégique de renforcer et structurer les
moyens, dans des dispositifs efficaces, dans le contexte du changement climatique.
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Annexes
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Annexe 1. Lettre de mission
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Annexe 2. Agenda des déplacements et liste des
personnes rencontrées
Déplacement aux Pays-Bas
Ambassade de France :
M. François Alabrune Ambassadeur de France aux Pays-Bas
Mme Aude Robin-Mitrevski, cheffe du Service économique régional
M. Samy Ouahsine, conseiller développement durable et industrie
Mme Clotilde Maral, attachée environnement
24 janvier 2024, Pays-Bas, la Haye
- Entretien avec M. René Vrugt, Directeur des sols, de l?aménagement du territoire et de l?adap-
tation au climat, Ministère de l?Infrastructure et de la Gestion de l?eau
- Mme Wieke Tas, cheffe du service Adaptation au changement climatique et gouvernance, « Dé-
termination de la politique d?aménagement par les sols et l'eau »
- M. Jan Kruijshoop, responsable des affaires internationales, Rijkswaterstaat WVL Retour
d?expérience sur les inondations de juillet 2021 au Benelux et en Allemagne, mise en place d?une
coopération quadrilatérale
- M. Robert Slomp, expert de la gestion de l?eau et de la relation bilatérale avec la France Rijkswa-
terstaat WVL
- Mme Mariette van Empel, Ambassade des Pays-Bas en France
- M. Math Reumers, chargé de la coopération bilatérale avec la France, ministère I&W
- Mme Jean-Marie Stam, Affaires internationales, Rijkswaterstaat WVL
- Mme Babette Gräber, responsable du programme KAWI, mission internationale pour l?adapta-
tion au changement climatique et pour l?eau, Ministère de l?Infrastructure et de la Gestion de l?eau
- Café-entretien avec M. Kleis Jager, journaliste néerlandais
- Dîner avec SE M. l?Ambassadeur François Alabrune
25 janvier
- Rencontre avec M. Co Verdaas, Commissaire pour le programme pour le Delta,
M. Dolf Kern, Conseiller pour le programme pour le Delta,
M. Jan Bonjer, Président du Waterschap Hollandse Delta,
M. Remco van Rijn, Expert en pompes d'urgence chez Hollandse Delta
M. Remco Belonje, conseiller spécial de M. Bonjer
Et en présence de deux membres supplémentaires de la délégation française :
Mme Florence Bariseau, VP eau Région Hauts-de-France,
Mme Aude Prestaux, conseillère.
- Visite du centre de Gestion de l?eau de Lelystad
- Présentations sur la gestion de crise
- M. Hans de Vries, président du Comité national de coordination des menaces d'inondation (LCO)
et du Comité national de coordination pour la distribution de l'eau (LCW), VWM
- M. Jan Kruijshoop, responsable des Affaires internationales à la DG eau et sols, ministère I&W
- M. Robert Slomp, expert de la gestion de l?eau et de la relation bilatérale avec la France Rijkswa-
terstaat WVL
- Mme Marion Wierda, directrice Stratégie et Politique Agence régionale de l?eau Rivierenland
- M. Tom Vereijken, membre de l?exécutif de l?autorité régionale de l?eau Zuiderzeeland (où se
trouve la station de pompage).
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- Visite de la station de pompage Wortman à Lelystad, accueil par M. Jan-Willem Trompetter
(Directeur et chef technicien de la station de pompage)
En présence de :
M. Olivier Caillaud (Pôle métropolitain de la Côte d?Opale)
Mmes Florence Bariseau et Aude Prestaux
Déplacements en Belgique
Ambassade de France :
M. François Sénémaud, Ambassadeur de France en Belgique
Mme Caroline Vinot, première conseillère
Mme Alyssia Biton, deuxième conseillère
M. Arnaud Boulanger, chef du service économique
M. Andri-Anderson Rabehanta, chef adjoint du service économique
Mme Neïla Khelifi, attachée économique et financier au service économique
M. Bernard Siffert, attaché de sécurité intérieure
M. Samy Ouahsine, conseiller développement durable et industrie
Mercredi 10 janvier, Bruxelles
M. Etienne Bouas-Laurent, directeur général d?AXA Belgique
M. Hein Lannoy, directeur général d?Assuralia
Audrey Amiot, COO
Philippe Courouble, Chef du service P&C
Mme Leen Depuydt, directrice générale du NCCN, Centre de crise National
mercredi 11 janvier
M. Jan Jambon, Ministre-président flamand
M. Toby De Backer, chef de cabinet adjoint de Mme Zuhal Demir, ministre flamande de l?Environ-
nement, de l?Energie, du Tourisme et la Justice
M. Jan Vancoillie, conseiller du cabinet du Ministre-président M. Jan Jambon
M. Wouter De Ruyter, chef du cabinet adjoint de Mme Lydia Peeters, ministre flamande de la
Mobilité et des Travaux publics
M. David Maenaut, Conseiller diplomatique, chargé des relations transfrontalières avec la France,
les Hauts-de-France et la Wallonie
Mme Barbara Vael, Chef de département VLAAMSE MILIEUMAATSCHAPPIJ - VMM
M. Chris Danckaerts, Administrateur général de l?Agence flamande des Voies Navigables (De
Vlaamse Waterweg, DVW)
Mme Emma Vermunicht, conseillère diplomatique de M. Jo Brouns, Ministre flamand de l'Écono-
mie, de l'Innovation, du Travail, de l'Économie sociale et de l'Agriculture et Mme Jannes Maes,
conseillère agriculture
18 janvier 2024, Namur
M. Philippe Dierickx, directeur de la gestion hydrologique au SPW Mobilité et Infrastructures
M. Sébastien Gailliez, directeur des cours d'eau non navigables au SPW Agriculture, Ressources
naturelles et Environnement
M. Simon Riguelle, directeur du Centre régional de crise
Mme Emilie Jennes, conseillère au cabinet de M. Elio Di Rupo, Ministre-président wallon
M. Denis Mathen, Gouverneur de la province de Namur
Mme Marie Muselle, commissaire d'arrondissement
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M. Willy Borsus, Vice-président du gouvernement wallon et Ministre de l'Économie, du Commerce
extérieur, de la Recherche et de l'innovation, du Numérique, de l'Aménagement du Territoire et de
l'Agriculture
M. Olivier Granville, chef de cabinet
M. Thomas Leroy, conseiller en aménagement du territoire et urbanisme
M. Michel Dachelet, inspecteur général du département de l?aménagement du territoire et de l?ur-
banisme (DATU)
M. Jacques Teller, professeur en urbanisme à l?Université de Liège
M. Benoît Moritz, professeur en urbanisme à l?Université Libre de Bruxelles
Vendredi 9 février, Dixmude et Niewport
Présentations des agences flamandes de l?Eau (DVW) et de l?Environnement (VMM) et visite de
terrain du Bassin de Blankaart et des écluses de Nieuport.
M. Carl Decaluwé, Gouverneur de Flandre-Occidentale
M. Bart Naeyaert, Vice-gouverneur en charge de la Politique intégrée de l?eau
M. Chris Danckaerts, Administrateur général de l?Agence flamande des Voies Navigables (De
Vlaamse Waterweg, DVW)
M. Bernard De Potter, Administrateur général de l'Agence flamande de l?Environnement (Vlaamse
Milieumaatschappij, VMM)
M. Toby De Backer, Chef de Cabinet adjoint de Mme. Zuhal Demir, Ministre flamande de la Justice,
de l?Environnement, de l?Aménagement du Territoire, de l?Énergie et du Tourisme
M. Wouter De Ruyter, Chef de Cabinet adjoint de Mme. Lydia Peeters, Ministre flamande de la
Mobilité et des Travaux publics
M. Koen Surdiacourt, Chef de Cabinet du Gouverneur
M. David Maenaut, Conseiller diplomatique, chargé des relations transfrontalières avec la France,
les Hauts-de-France et la Wallonie
Mme Elisabeth Bonne, Chargée de Mission, relations avec la France, Département de la Chan-
cellerie et des Affaires Etrangères
M. Jan Vandecavey, Directeur de la Politique intégrée de l?eau
M. Chris Marey, Conseiller du Gouverneur
M. Kristof Vermeire, Conseiller pour les relations avec le Nord de la France
M. Lieven Dejonckheere (DVW)
M. Joris Duyck (DVW)
Mme Lies Verstraete (VMM)
M. Niels Van Steenbergen (DVW)
M. Maarten Goegebeur (VMM)
France
CEPRI, Marie-France Beaufils, présidente, et ses équipes
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Annexe 3. La prévention des inondations aux Pays-Bas
La législation néerlandaise relative à la gestion du risque d?inondation, comme dans nombre de
pays, est liée aux catastrophes qu?a connues le pays, en particulier celle de 1953, et au cadre
européen découlant de la « Directive inondation ». La robustesse du dispositif mis en place tient à
la cohérence de l?organisation politico-administrative et à un cadre juridique et financier inscrit dans
la durée mais apte à évoluer. Il garantit en particulier l?entretien et la mise à niveau des ouvrages
de protection vitaux pour le pays.
Le 21e droit fondamental dans la constitution néerlandaise prévoit, depuis 1983, que : « La puis-
sance publique s?attache à l?habitabilité du territoire et à la protection du cadre de vie ». Historique-
ment, ce droit fondamental visait à protéger l?agriculture. En 1798, date de la constitution de la
république batave, a ainsi été introduite la disposition « La Société commande, en termes égaux,
la favorisation de l?Agriculture, et son épanouissement, en particulier au regard des terres vacantes
et non artificialisées, à travers l?ensemble du territoire de la République ». La notion de cadre de
vie, et plus largement d?environnement, est apparue en 1983, à la suite d?une initiative entamée en
1967. Le dispositif néerlandais de gestion du risque inondation vise à répondre à ce droit fonda-
mental. Un recours peut être fait en droit administratif à ce droit fondamental par les citoyens et
organisations.
Annexe 3.1. Les catastrophes, moments fondateurs des politiques
de prévention contre les inondations
Les Pays-Bas sont situés dans un delta formé par quatre fleuves : le Rhin, la Meuse, l?Escaut et
l?Ems. Actuellement, 26 % du territoire de ce pays sont situés sous le niveau moyen de la mer ;
59 % de ces terres, environ 70 % des 17,6 millions d?habitants de ce pays sont sous la menace
d?une inondation, en particulier dans le Randstad, une conurbation formée par les villes d?Amster-
dam, d?Utrecht, de Rotterdam et de La Haye. C?est cette même région qui produit le plus de ri-
chesses, environ la moitié du produit national brut des Pays-Bas41.
La valorisation des marais par des moines a commencé il y a plus de 1000 ans. Ce choix, couplé
à plusieurs grandes tempêtes destructives dès les années 1000 à 1200, a donné naissance aux
premières organisations démocratiques aux Pays-Bas : les organisations de gestion des eaux,«
Waterschappen » ou « Wateringues » avant l?émergence de l?État central42.
Des inondations de la Sainte-Elisabeth de 1424 ou celles de Saint-Félix en 1530 (surnommées le
« quade saterdach » (mauvais samedi) faisant 100.000 victimes et rayant en grande partie de la
carte Reimerswaal, grande ville de Zélande) jusqu?à nos jours, l?histoire néerlandaise est émaillée
de nombreuses catastrophes liées à des inondations meurtrières ou à de dramatiques épisodes
de submersion marine. Ces catastrophes ont fortement contribué à façonner la politique néerlan-
daise de protection et de prévention contre les inondations.
Les inondations du Zuiderzee des 13 et 14 janvier 1916 : en raison de fortes tempêtes, une grande
partie du Zuiderzee, une ancienne mer intérieure, s'est déversée dans les terres, causant d'impor-
tantes inondations dans les provinces de Frise et de Groningue. Cette catastrophe a par exemple
conduit à réaliser une grande partie du Plan de 1891 de l?ingénieur Cornelis Lely, notamment la
construction de 1927 à 1932 du barrage de l'Afsluitdijk (long de 32 kilomètres) destiné à fermer la
41 Source R. Slomp, Y. Friocourt, 2022.
42 Source : R. Slomp, 2012
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Zuiderzee, à protéger les terres contre les inondations et à créer de nouveaux espaces agricoles
et résidentiels grâce à l?aménagement de plusieurs polders (Noordoostpolder, polder de Flevoland
du nord, polder de Flevoland du sud?).
Le village de Schellingwoude pendant la crue
Extrémité occidentale de l'Afsluitdijk
Les inondations de la mer du Nord, dans la nuit du 31 janvier au 1er février 1953 : cette catastrophe,
l'une des plus graves de l'histoire récente des Pays-Bas, présente dans tous les échanges avec
les interlocuteurs néerlandais rencontrés, était le résultat combiné de fortes tempêtes et de très
grandes marées. Les digues ont alors cédé dans de nombreuses régions, provoquant la mort de
plus de 1.800 personnes, l?évacuation de 70.000 personnes, détruisant 4.500 habitations et en
endommageant 50.000 autres, sans compter les 200.000 hectares de terres submergées par les
flots qui, à certains endroits, atteignirent une hauteur de 4,5 mètres.
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https://fr.wikipedia.org/wiki/Schellingwoude
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Cette catastrophe a provoqué un traumatisme durable aux Pays-Bas en matière de prévention des
inondations. Le Premier ministre, Mark Rutte, rencontré à Paris début janvier 2024 en marge de
l?hommage national à Jacques Delors, y a fait immédiatement référence lors d?une mention des
inondations que venaient de connaître le Pas-de-Calais.
Les pertes en vies humaines et les dégâts matériels considérables ont conduit le gouvernement à
lancer le Plan Delta, un ambitieux projet de construction de barrages et de digues pour renforcer
la protection côtière. Le Plan Delta a été l'un des projets d'ingénierie les plus importants de l'histoire
des Pays-Bas et a radicalement transformé et artificialisé le paysage côtier. Des méthodes scien-
tifiques d?analyse des risques ont été développées et utilisées pour instaurer des niveaux de pro-
tection différenciés pour les populations en fonction des enjeux, le système de prévision des inon-
dations a été revu.
In : Gueben-Venière S, 201
Ce plan tire son nom de la région du delta des fleuves Rhin, Meuse et Escaut, où il a été mis en
oeuvre. Le principal objectif du Plan Delta était de fermer les bras de mer, les estuaires et les
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embouchures des principaux cours d'eau, créant ainsi une série de barrages et de digues pour
empêcher les marées de pénétrer à l'intérieur des terres, et notamment :
- le barrage de l'Escaut oriental (Oosterscheldekering), l'un des plus impressionnants du
Plan Delta, long de 9 kilomètres, qui comporte une série de portes mobiles qui peuvent
être fermées en cas de tempête pour protéger les terres intérieures des marées hautes.
Ces portes restent cependant ouvertes la plupart du temps pour permettre la circulation
des eaux et la préservation des écosystèmes.
- le barrage de l'Hollands Diep (Haringvlietdam) a été construit pour fermer l'estuaire de
l'Hollands Diep, réduisant ainsi le risque d'inondation dans la région de Rotterdam.
- le barrage de Brouwersdam a été construit pour séparer le lac Grevelingen de la mer du
Nord, créant ainsi un lac d'eau salée qui est maintenant utilisé pour la navigation de plai-
sance et les sports nautiques.
- Le barrage de la Veerse Gat (Veerse Gatdam) a été construit pour séparer le lac Veerse
Meer de la mer du Nord, créant ainsi un lac d'eau douce qui est maintenant une zone de
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loisirs populaire.
Les inondations de 1993 et 1995 : ces inondations fluviales ont fait chacune plus d?une cinquan-
taine de morts et d'importants dégâts matériels et ont nécessité l?évacuation de plus de 50.000
personnes : elles ont incité les autorités néerlandaises à intensifier leurs efforts de prévention des
inondations et de renforcement des digues. Ces inondations ont mis en évidence des lacunes per-
sistantes malgré les progrès réalisés avec le Plan Delta. Cela a incité le gouvernement à revoir et
à renforcer les normes de sécurité des digues et des systèmes de drainage, ainsi qu'à investir dans
des programmes de gestion intégrée des bassins hydrographiques. Le programme "De l?espace
pour le fleuve" a été développé en réponse aux inondations de 1993 et 1995. Ce programme am-
bitieux visait à réduire le risque d'inondation en permettant aux rivières de déborder de manière
contrôlée dans des zones spécifiques, plutôt que de tenter de les contenir strictement derrière des
digues élevées.
Ce projet marque aussi la réussite d?une volonté de créer un espace plus large pour le cours d?eau
en s?appuyant sur des qualités paysagères et environnementales : au-delà de la prévention du
risque d?inondation, ce projet a permis la création et le développement d?espaces urbains attractifs,
de qualité, respectueux de l?environnement. Il a par exemple permis de réaliser de nouvelles zones
urbaines au bord de la rivière Waal, avec l?implantation d?un îlot en son centre doté d?espaces
récréatifs.
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Les inondations de juillet 2021 : Bien que moins sévères que les catastrophes précédentes, les
inondations de 2021 ont touché plusieurs parties des Pays-Bas, notamment la province de Lim-
bourg, provoquant des évacuations massives et des dommages importants. Il s?en est fallu de peu
que le bilan soit plus élevé (débits mesurés inédits sur la Meuse amont, avec certaines digues en
limite de débordement ; mise en place accélérée de mesures de protection grâce à une large et
intense mobilisation collective). Ces inondations ont souligné la vulnérabilité continue des Pays-
Bas aux changements climatiques et aux événements météorologiques extrêmes. Cela a renforcé
l'engagement du gouvernement néerlandais en faveur de l'adaptation aux changements clima-
tiques, notamment par le renforcement des infrastructures de prévention des inondations et la pro-
motion de mesures d'adaptation au niveau local. Comme l?indiquait le commentaire modeste de
Robert Slomp (« nous avons mis deux ans à comprendre les événements de 2021 »), le change-
ment climatique rend la prévision de moins en moins aisée et comme le mentionnait l?un des tech-
niciens flamands rencontrés, « il s?agit désormais de se préparer à l?imprévisible ». Au-delà des
stress tests territoriaux déjà engagés, une expertise a été conduite pour projeter ce qu?auraient été
les conséquences du même phénomène météorologique s?il avait été centré sur les Pays -Bas, au
lieu de la Wallonie et de l?Allemagne.
Annexe 3.2. Des protections des premiers Plans Delta au
Commissaire du Delta
Annexe 3.2.1 La défense contre la mer
Les grandes inondations de 1916 ont conduit à la décision de fermer le bras de mer dans le nord
des Pays-Bas. Les inondations dramatiques de 1953 (Sud-Ouest) ont, elles, conduit à la décision
de fermer des bras de mer dans le Sud, et au 1er « Plan Delta ». La protection contre la mer est
passée, en effet, par la mise en place de grandes infrastructures, qui nécessitaient des moyens
considérables, et par la structuration des responsabilités avec un seul type d?organisation pour leur
construction et leur entretien, sur la base d?une publication des niveaux de protection définis par
l?Etat en fonction des enjeux, et d?un processus de vérification des processus par les provinces.
Le projet visait à améliorer la sécurité des zones de faible altitude des Pays-Bas contre les tem-
pêtes les plus violentes et les inondations. Les dunes le long de la côte ont été réhaussées de plus
de 5 mètres et les îles de la Zélande reliées par des digues et des ouvrages d'art. L'Escaut oriental
devait être totalement fermé, ce qui aurait transformé l'ancien estuaire en lac d'eau douce. A la
suite de nombreuses manifestations, il a été décidé de construire l'Oosterscheldekering, barrage
de 9 km de long et le plus complexe du projet, qui peut être ouvert ou fermé pour protéger la baie,
tout en gardant sa salinité, afin de pérenniser l'industrie de la pêche et la faune sauvage. Les 25
km d?ouvrages d'art ont réduit la côte maritime des Pays-Bas d'environ 700 kilomètres. Ce Plan a
imposé des choix difficiles : ont été évoqués dans les échanges 1400 maisons ont été rasées en
PUBLIÉ
https://fr.wikipedia.org/wiki/Inondation
https://fr.wikipedia.org/wiki/Dune
https://fr.wikipedia.org/wiki/Z%C3%A9lande
https://fr.wikipedia.org/wiki/Escaut_oriental
https://fr.wikipedia.org/wiki/Oosterscheldekering
https://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%AAche_(halieutique)
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1996 à Rotterdam, pour la reconstruction de la digue, 3 maisons 2010 à Arnhem, 50 maisons entre
2010 et 2015 à Nimègue.
La « Deltacommissie » (Commission du Delta), mise en place dès 1953, est passée de l?approche
qui consistait à porter les digues 1 mètre au-dessus des derniers niveaux de crue observés à une
analyse des risques d?inondation, pour déterminer des niveaux de risque acceptables au regard
des différentes enjeux. Ce travail s?inscrit dans une approche plus générale qui classe chaque type
d?événement considéré en fonction de sa plausibilité aux Pays-Bas et de ses conséquences sur la
sécurité nationale. La probabilité d?une inondation majeure dans l?Ouest des Pays -Bas est relati-
vement faible (environ 1/10 000 à 1/100 000 par an), mais les conséquences seraient destructrices
pour les Pays-Bas. Une telle catastrophe, si elle touchait ne serait-ce que la Province de Hollande
Méridionale (3,6 millions d?habitants), serait d?ampleur trop importante au vu des moyens actuels
des services d?urgences, même assistés par des unités de l?Armée43.
Le plan Delta demande plusieurs décennies de mise en oeuvre. Le plan initial est terminé en 1986
et a donné lieu à une évaluation finale présentant les coûts, les avantages et les inconvénients.
Une nouvelle tranche de travaux, complémentaire au plan initial devait se terminer en 1997, puis
la rehausse de toutes les digues pour être conforme à la norme néerlandaise en la matière se sont
poursuivis jusqu'en août 201044.
Au bout du compte, les dispositifs de protection contre les inondations, et notamment des systèmes
d?endiguements, ont tenu, et tiennent encore, une place majeure dans la politique néerlandaise de
gestion des risques d?inondations aux Pays-Bas. 95 systèmes d?endiguements («dijkringen» ou «
cercles de digues ») constituent des lignes continues de défense contre les inondations (maritimes
ou fluviales, ou même « lacustres » pour la mer intérieure d?Ijssel). Les niveaux de protection sont
fixés par voie législative, initialement au regard d?une probabilité d?aléa naturel, à présent au regard
d?une probabilité de décès pour un habitant de la zone protégée. Dans la sui te de ces grands
programmes, plusieurs programmes pluriannuels se sont succédés (programmes de reconstruc-
tion ou de réaménagement) qui fixent les montants de travaux et les clés de répartition.
Annexe 3.2.2 La protection contre les inondations fluviales
A la suite des catastrophes de 1993 et 1995 de débordement fluvial, les digues sur le Rhin et
Meuse ont dû être réparées d'urgence, entre 1996 et 2001, dans la cadre du « Plan Delta pour les
grands fleuves » adopté par le Parlement en 1996. Plus de 1000 km des digues ont été mis aux
normes en 5 ans et 150 km de nouvelles digues construites en 2 ans le long de la Meuse, conférant
ainsi à 20 000 personnes une protection supplémentaire. Si des réponses immédiates ont ainsi été
apportées aux inondations, le retour d?expérience qui en a été fait a soulevé des limites de ces
interventions d?urgence, avec la découverte de malfaçons et fragilités dans ces digues, qui ont été
difficiles et coûteuses à traiter par la suite. Il est apparu aussi que les digues ne sont pas toujours
« la » bonne solution.
Annexe 3.2.3 L?articulation avec la place pour le fleuve, et le changement
de cap opéré dans le contexte du changement climatique
La prévention des inondations est un sujet de portée nationale, qui est entré dès 1953 dans une
logique de programmation pluriannuelle. Cependant, un débat fondamental s?est instauré au fil du
temps à propos des principes mêmes du plan Delta : le niveau de ces terres baisse et le niveau
des océans augmente dans le contexte du changement climatique. Cela signifie que les digues
43 Sources : R. Slomp, 2012 ; IGEDD, nov. 2023
44 Source : Wikipedia et entretiens
PUBLIÉ
https://fr.wikipedia.org/wiki/Conformit%C3%A9_des_digues_aux_Pays-Bas
https://fr.wikipedia.org/wiki/Mont%C3%A9e_des_eaux
https://fr.wikipedia.org/wiki/Mont%C3%A9e_des_eaux
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vont devoir être renforcées et rehaussées, créant davantage d'enfoncement du terrain. Certains
estiment que des formes de recul seraient plus pertinentes, à long terme, qu'une bataille contre les
eaux, d?autres que ce serait méconnaître une tradition ou un savoir-faire de lutte contre les élé-
ments. 400 km de digues ont été réhaussées.
Les orientations de la politique de prévention, dans le temps long, évoluent : par exemple, face à
l?opposition à des approches prenant peu en compte les articulations avec les milieux naturels, des
projets importants ont été abandonnés, comme celui d?un nouveau quartier artificiel près d?Ams-
terdam. La nécessité d?intégrer une écoute des populations, d?entendre toutes les propositions, d?y
consacrer du temps, a été largement reconnue.
Encadré 11 : exemple d?outil de concertation
Une démarche de modélisation des effets des idées ou propositions de chacun pour faire face aux inondations a
été développée de manière à sensibiliser à la complexité du sujet : chaque solution locale est de nature à reporter
l?eau en amont et en aval. Une vue d?ensemble est un préalable indispensable à toute solution. Ce type de dé-
marche doit être mobilisé hors période de crise.
Si la défense contre la mer à la suite de la catastrophe de 1953 a donné lieu à des travaux majeurs
de système d?endiguement, qui sont partie intégrante de l?image des Pays -Bas, la question de la
place à donner à l?écoulement des fleuves a été posée dès le plan 2001-2015 « De l?espace pour
le fleuve ». Sur le Rhin et la Meuse, ce programme de travaux s?inscrit dans un paradigme nouveau :
au lieu d?élever des digues, leur niveau a pu être abaissé en recourant à des mesures alternatives
dont des zones d?expansion de crue et des élargissements de la place laissée au cours d?eau entre
les digues. Les projets n?ont pas été réalisés dans le même cadre législatif : ils relèvent de la dé-
marche de planification spatiale, et ont donné lieu à une évaluation économique.
La prise en compte du changement climatique a été introduite dans le même temps. Cela a conduit
à retenir des hypothèses d?augmentation de 60 cm du niveau de la mer et d?une augmentation de
15% des crues fluviales. La prise en compte d?un coefficient d?incertitude de 30 cm des hauteurs
de crues est couramment faite.
Depuis le programme Delta 2001-2015, la nécessité de relever les défis pour 2050 et 2100 a été
identifiée. C?est un changement de cap majeur. Au lieu d?attendre une nouvelle catastrophe et
mener un programme de réfection, les Pays-Bas tentent d?exploiter les savoirs disponibles sur le
changement climatique, les besoins de l?économie et l?utilisation des sols pour anticiper des
scénarios possibles. Ce programme se décline en 7 sous-programmes régionaux, ainsi qu?en trois
sous-programmes nationaux : analyse des risques d?inondation ; gestion de l?eau (l?eau potable,
l?eau pour l?irrigation et le drainage après des événements pluviométriques exceptionnels ) ;
urbanisme et aménagement du territoire. Chaque sous-programme est assigné à un directeur et à
une équipe composée d?agents des ministères, des agences régionales de l?eau, des provinces,
et de certaines communes, des instituts de recherche, et d?entreprises privées.
La loi Delta, du 1er janvier 2012, définit les pouvoirs, devoirs et responsabilités du Commissaire du
Delta. Son rôle est :
- Celui d?un facilitateur dans les interfaces entre l?État et les collectivités ; cela signifie qu?il prend
toutes les dispositions pour fluidifier les échanges, assurer la pédagogie, remonter les informations
lorsqu?il en identifie le besoin. Bien qu?il occupe une place centrale dans le dispositif, il ne dispose
pas du pouvoir politique, qui relève toujours du ministère (lequel élabore conjointement avec les
parties intéressées les plans et programmes). Il conseille le gouvernement, mais n?assure pas de
mission d?expertise auprès des collectivités.
- En tant que conseil du gouvernement, il soumet des propositions pour le programme national
Delta, y compris dans ses composantes financières. Il recueille le soutien du public pour le pro-
gramme Delta grâce à des interventions publiques et dans les médias. Chaque année, à l'ouverture
nationale du Parlement en septembre, le Commissaire du Delta soumet une proposition de nou-
velles recommandations et mesures pour le programme au ministre coordonnateur et aux autres
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membres du cabinet concernés. Il organise les travaux des administrations, et les consultations
des entreprises et des ONG impliquées. Les fonds du programme du Delta (Deltafonds), ne sont
pas un budget dont dispose le commissaire : ils sont mobilisés pour financer les projets du pro-
gramme du delta et soumis au contrôle des parlementaires. Au titre de sa mission de conseil, le
commissaire peut participer au Conseil des affaires financières, économiques, des infrastructures
et de l'agriculture en sa qualité d'expert.
- Il suit les progrès de la mise en oeuvre du programme Delta, rend compte et conseille sur le
rythme d?avancement. Il ne porte pas la responsabilité politique finale, qui incombe au Ministre de
l'Infrastructure et de la Gestion de l'Eau. Il peut alerter de sa propre initiative si la progression du
programme Delta n?est pas satisfaisante45.
Annexe 3.3. Organisation de la prévention des inondations
Annexe 3.3.1 Une gestion de l?eau et du risque intégrée à l?échelle
ministérielle
Comme dans de nombreux états européens, la répartition des compétences de prévention des
risques naturels repose sur deux départements ministériels : le Ministère de Sûreté et de la Justice
a la responsabilité de la gestion de crise et les compétences générales liées aux services de
secours et de la sécurité ; le Ministère de l?Infrastructure et de l?Environnement est en charge de
l?Aménagement du Territoire, de la prévention contre le risque d?inondation, de la protection contre
les crues et de la gestion des cours d?eau, des lacs, des estuaires et du littoral.
Les compétences relatives aux risques naturels liés à l?eau, à la défense contre la mer, à la sécurité
correspondante des personnes et des territoires, et à la gestion des cours d?eau font l?objet d?une
organisation spécifique et intégrée. L?agence nationale de l'eau, le Rijkswaterstaat, sous tutelle du
ministère chargé des infrastructures et de la gestion de l'eau, supervise la construction, la gestion,
l?entretien des infrastructures d'intérêt national, et conseille le gouvernement dans la planification
stratégique et l?atténuation des risques à long terme. Elle gère les canaux de navigation, les cours
d?eau principaux et établit la prévision des crues sur ceux-ci. Elle assure la maîtrise d?ouvrage des
systèmes d?endiguements « primaires » correspondants (sur les grands cours d?eau ou fleuves et
barrages anti-tempêtes sur les bras de mer les plus importants), mais n?en gère directement qu?une
petite partie, le reste étant géré par district hydrographique. Elle est assistée par l?institut public
technique et scientifique Deltares. Depuis 2001, les fonctions de gestion et d?inspection sont
séparées dans ce domaine.
- Les Pays-Bas sont situés à l?aval de cours d?eau dont les sources sont dans des pays voisins.
Les plus importants de ces cours d?eau disposent d?instances de coordination multilatérales en
application de textes internationaux (Rhin, Meuse, Escaut), chargées notamment de coordonner
la mise en oeuvre de la directive européenne cadre sur l?eau et de la directive relative à l'évaluation
et à la gestion des risques d'inondation. Ces commissions fluviales internationales constituent
aussi le support du développement conjoint de dispositifs de prévision des crues cohérents et par-
tagés sur les grands cours d?eau.
Annexe 3.3.2 Une organisation spécifique pour la gestion de l?eau aux
échelons territoriaux
L?organisation territoriale générale, institutionnelle et administrative, des Pays-Bas repose sur 12
provinces et 388 municipalités, pour environ 17,5 millions d?habitants. Les provinces disposent
d'une autonomie limitée ; elles sont compétentes sur le développement spatial et économique, la
45 Cette description cite largement le site du Programme national grand delta.
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politique environnementale, la gestion stratégique des eaux superficielles (en lien avec les munici-
palités et en concertation avec les « waterschapen » Cf. infra), les transports en commun et l?éner-
gie.
Les 12 provinces sont, notamment, responsables de l?aménagement de leur terr itoire (espaces
naturels, urbanisation, zones industrielles, transport et voies navigables régionaux). Les membres
de chaque conseil provincial sont élus, chaque président du conseil « le Commissaire de la Reine
» est nommé par l?État. Outre leur fonction en matière de gestion stratégique de l?eau, les provinces
sont responsables des cartes d?aléa et de risque d?inondation.
21 « autorités locales de l?eau », les waterschapen (parfois traduits par « wateringues »), ont été
constituées à partir de 2500 autorités historiques. Elles correspondent géographiquement à des
districts hydrographiques, et sont centrales pour la gouvernance de l?eau et des inondations. Ces
organismes disposent d?un conseil élu au suffrage universel pour cinq ans, qui identifie un président
nommé par les autorités de niveau national, le « comte des digues » (Dijkgraaf). Ils gèrent les cours
d?eau secondaires, et assurent la maintenance et la reconstruction de la plupart des systèmes
d?endiguements et digues primaires ou secondaires, quel qu?en soit le propriétaire. Une loi de 1983
a précisé leur rôle. Financièrement autonomes, les waterschapen disposent d?un pouvoir régle-
mentaire en matière de prévention des inondations et de protection des digues et des dunes, de
surveillance du niveau et de la qualité des eaux, du traitement des eaux résiduaires urbaines, de
la gestion des eaux souterraines. Ils fixent les taxes dues par les bénéficiaires, notamment pour la
protection assurée par les digues et pour les émetteurs de pollutions. Les droits de votes sont
établis en fonction des taxes payées, la population devant représenter au moins 50% des voix.
Sauf exception, un seul waterschap intervient sur chacun des 95 systèmes d?endiguement.
Les municipalités sont en charge notamment de l?occupation des sols et de l?urbanisme. Des règles
strictes sont définies, au niveau national, qui concernent uniquement la construction dans les zones
comprises entre les cours d?eau et les digues, ainsi que dans une bande (de largeur variable)
derrière la digue. Les membres du conseil municipal sont élus. Le président du conseil « le maire/
bourgmestre», nommé par l?État, est responsable de la police et des autres services d?urgences.
Si l?intégration de tous les enjeux relatifs à l?eau est très forte, la question des interfaces avec
l?urbanisme, historiquement, a été moins forte et peu contraignante ? ceci pouvant aussi être lié à
la densité et aux contraintes spatiales du pays. D?une manière générale, les règles de constructions
font référence à des obligations génériques de stabilité dont le respect relève du maitre d?ouvrage.
Il existe des guides techniques qui ne font pas office de prescriptions. Pour les habitations flottantes
mises en oeuvre hors de la zone protégée, il est mentionné qu?elles sont construites « à vos risques
et périls ».
Annexe 3.3.3 Un financement des protections et de la prévention organisé
dans une logique de subsidiarité
Il existe une hiérarchie des protections. Les protections primaires du domaine de l?État (notamment
les grands barrages) sont financées par le budget de l?État.
- Les protections primaires du domaine des autorités régionales de l?eau sont entretenues par les
autorités régionales de l?eau sur leur budget (notamment grâce à leur impôt propre) ; pour leur
construction, le financement repose toutefois à hauteur de 45% sur le budget de l?État (via le pro-
gramme HWBP de protection contre la submersion). En 1996, la loi sur les ouvrages de protection
contre les submersions a mis en place des inspections techniques réglementaires donnant lieu à
des rapports publics et la validation par le parlement du budget pour l?entretien des ouvrages.
Encadré 12 : différenciation des systèmes d?endiguement en fonction des niveaux de protection
Les digues sont classées en plusieurs catégories, ces classements étant régulièrement revus, avec, le cas échéant,
des objectifs de protection modifiés, et des responsables et gestionnaires redéfinis. Sur le Rhin et la Meuse, le
Rijkswaterstaat, organisme national, est maître d?ouvrage et gestionnaire des fleuves et grands cours d?eau. Par
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contre la gestion de la plupart des digues correspondantes, classées « primaires », est assurée par les 21 « auto-
rités locales de l?eau », les waterschapen. Ces organismes assurent par ailleurs la maintenance et la reconstruction
des systèmes d?endiguements et digues secondaires quel qu?en soit le propriétaire.
Pour des cours d?eau et digues régionaux, comme la Geul et la Roer, les « standards » génériques de protection,
en durées de retour des événements de crues, sont de 10 ans pour des prairies, 25 ans pour des cultures, 50 ans
pour l?horticulture, 100 ans pour les zones urbanisées. Dans le sud du Limburg, avec une population dense et des
vallées pentues (pour les Pays-Bas), certaines zones urbaines comme Valkenburg par exemple, sont protégées
contre des crues de période de retour 25 ans, notamment pour des raisons de coûts des ouvrages, semble-t-il. Ces
zones ont été exposées en juillet 2021 à des crues plus que centennales.
- L?entretien et le curage, qu?il a été difficile de différencier précisément lors des entretiens, des
cours d?eau dépendent fortement de leur fonction. Les voies navigables font l?objet de valeurs
seuil (étiage) qui justifient des interventions de curage immédiates en cas de perturbation du trafic.
Les cours d?eau qui ont pour seul objet l?écoulement d?eau font aussi l?objet d?un suivi afin de res-
pecter le gabarit inscrit dans le registre, mais sur une base annuelle seulement. Certains cours
d?eau sont dépourvus de gabarit mais font l?objet de curages pour des raisons de qualité écologique
et chimique du milieu aquatique : le curage permet de réduire la charge organique au profit du
respect des objectifs de la directive-cadre sur l?eau.
Pour les grands cours d?eau (Escaut, Meuse, Rhin), l?agence des travaux publics de l?État applique
les normes inscrites dans un registre de gabarit (chenal de navigation et végétation maximale), ce
qui se traduit par des interventions de curage mais aussi des interventions en certains points du
réseau (notamment au droit des ouvrages d?art). Des mesures ont lieu chaque année pour vérifier
le gabarit de chaque cours d?eau concerné et des travaux sont réalisés en cas de besoin. Le coût
est porté par le budget de l?État.
Pour les cours d?eau relevant de la compétence des autorités régionales de l?eau et les autres
cours d?eau, une distinction est faite entre trois catégories de cours d?eau :
- Catégorie A (domaine de l?autorité régionale de l?eau) : de façon similaire aux cours d?eau ma-
gistraux entretenus par l?agence des travaux publics de l?Etat, les normes découlant d?un re-
gistre de gabarit sont appliquées.
- Catégorie B (cours d?eau sous propriété privée ou relevant du domaine d?autres collectivités) :
l?entretien est assuré par les propriétaires sous le contrôle de l?autorité régionale de l?eau, qui
intervient auprès du gestionnaire en cas de défaut d?entretien.
- Catégorie C : (cours d?eau propriété de particuliers) : l?entretien est entièrement de la respon-
sabilité des particuliers.
Les autorités régionales de l?eau disposent d?un plan pluriannuel de curage visant à maintenir le
gabarit prévu par le registre. Ce plan s?appuie sur un programme de mesures et sur les données
historiques, qui permettent d?identifier les zones sujettes à sédimentation.
Le financement de ces opérations est assuré en partie par l?impôt propre aux autorités régionales
de l?eau et, lorsque les cours d?eau ou canaux ont une fonction touristique, économique ou de
navigable (exemple : Eem), en partie par les municipalités et les provinces concernées, dans le
cadre d?accords ad hoc.
- Le financement de la gestion de l?eau repose sur l?impôt levé par les autorités régionales de
l?eau, déterminé chaque année par chaque autorité régionale pour son propre territoire de telle
sorte que les recettes couvrent le service rendu, impliquant que l?impôt varie d?une région à l?autre.
Cela s?explique par la diversité des situations : les besoins de financement pour la gestion de l?eau
ne sont pas homogènes sur le territoire néerlandais (certaines autorités ont plus de digues à en-
tretenir que d?autres?). Le programme visant à recréer de l?espace pour la rivière a été financé
par l?État, ponctuellement avec un cofinancement local (provinces) pour prendre en compte des
fonctionnalités non prévues par le programme.
La loi actuelle prévoit toutefois que le montant des impôts puisse être modulé sur la base de la
valeur locative des immeubles, des espaces agricoles et des espaces naturels, laquelle peut varier
dans le temps ; ainsi, le montant des impôts peut varier dans le temps pour un contribuable donné,
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sans que le service rendu par l?autorité régionale ne change. En mars 2024, une proposition de loi
sera déposée, répondant à une demande des autorités régionale de l?eau, permettant de moduler
le montant des impôts non pas sur la valeur locative des biens mais sur les « caractéristiques »
(destination, surface, etc.) des biens. Les ordres de grandeur sont les suivants :
? une taxe locale des autorités régionales de l?eau due par toute construction pour
? entretien de digues et dunes (?10 à 50 ¤/an) par maison ;
? entretien du système d?irrigation et de drainage (canaux et cours d?eau) ;
? le cas échéant : frais de pompage (?10 à 50 ¤/an) ;
? assainissement (?200 ¤/an). Pour la qualité des milieux aquatiques ; le principe du pollueur-
payeur est ainsi appliqué, sécurisant le financement. Les réseaux appartiennent aux municipalités.
? Le budget gouvernemental pour les nouveaux ouvrages (?50 ¤/an), en particulier :
? en cas d?évolution des normes ;
? en cas de nouvelles connaissances ;
? pour tenir compte de l?évolution des contraintes et du dérèglement climatique (niveau de la mer,
vent, crues des rivières).
Aux Pays Bas, les habitants paient ainsi environ 200 euros par maison et par an pour l?assainisse-
ment, 50 euros pour la gestion d?eau dans les zones protégées, 50 euros pour les stations de
pompage, et 50 euros pour les investissements (50% provenant de fonds nationaux, 50% des
fonds locaux à deux niveaux de responsabilité (40 + 10). La taxe doit recouvrir les frais, et vient en
contrepartie d?un service. Depuis 1953, il y une solidarité entre zones ruraux et urbain.
R. Slomp, lors d?un colloque à La Rochelle indique ainsi : « C?est très important, dans notre sys-
tème, que l?entretien des ouvrages soit géré localement et quotidiennement par les autorités régio-
nales de l?Eau. Ces autorités gèrent aussi tous les petits cours d?eau et toutes les petites digues.
On a 3 600 km de digues principales et environ 15 000 km de digues régionales. Les gestionnaires
ne sont pas propriétaires des digues. La propriété et la gestion ont été séparées dans certains cas
pour faciliter l?action. Celui qui gère une petite digue soit s?occuper de son entretien pareil pour un
petit cours d?eau, et cela réduit la taxation. Si un paysan nettoie sa propre canalisation pour le
drainage et l?irrigation autour de ses champs, il évite l?amende qu?il aurait s?il ne le faisait pas. C?est
un système qui articule travail volontaire et taxation pour le service reçu. Cela représente en tout
400 euros par année et par habitant. Un agriculteur qui a plus de terrain paie plus ; ce système
date du XIIIème siècle. »
Annexe 3.4. Une gestion de crise fondée sur des principes clairs et
partagés
- La gestion de crise, selon son étendue, dépend du niveau communal, du niveau de « régions de
sécurité », ou du niveau national. Concernant la sécurité civile, le commissaire du roi au niveau
provincial exerce une fonction de coordinateur du maintien de l'ordre public et de la gestion des
opérations de secours lors de catastrophes dépassant les limites d'une commune.
La responsabilité opérationnelle de la sécurité publique est portée par les 25 « régions de sécurité»,
conseillées par les waterschapen quand il s?agit d?inondations. Elles donnent mandat aux maires
de décider des évacuations. Ces régions sont présidées par un maire (habituellement un maire de
commune importante). Elles correspondent aux régions de police, avec qui elles partagent le même
président, et coordonnent les services de secours municipaux et les autorités de santé, en crise.
Beaucoup de membres des équipes de secours sont des volontaires.
La coordination nécessaire entre l?assistance des services d?urgence et de l?armée est assurée par
le Ministère de Sûreté et de la Justice. Chaque ministère dispose d?une cellule de crise «DCC ».
Le Ministère de Sûreté et de la Justice est chargé de leur coordination.
- Les bulletins de l?institut national de météorologie, sont adressés aux structures en charge de la
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prévision des crues, toutes les 6 heures avec des messages spécifiques en cas de crise, qui font
référence aux conditions hydrauliques utilisées dans les modèles, permettant de se situer par rap-
port au risque de rupture des protections. Si ces bulletins sont publics, des messages d?urgence
sont adressés aux autorités régionales de l?eau, qui en fonction de leurs analyses informent la
région de sécurité.
En termes de communication de crise, les experts néerlandais insistent sur la nécessité de s?ap-
puyer sur un seul « point of truth » : seule l?autorité compétente (l?autorité régionale de l?eau) a la
capacité d?interpréter les bulletins et les messages d?urgence provenant du centre de crise sur la
gestion de l?eau. C?est un des enseignements tirés de l?expérience des inondations de 2021 dans
le Limbourg ; la région de sûreté a fait évacuer un hôpital (237 malades) sans que les autorités
compétentes en matière hydraulique ne l?estiment nécessaire, ce qui en temps de COVID a créé
des risques sanitaires jugés « inutiles ».
- En situation de pré-crue, pour que les digues assurent leur fonction de protection, il est nécessaire
de renforcer certains points, de fermer de façon étanche certains passages (par exemple un pas-
sage routier sous un remblai routier ou ferroviaire faisant fonction de digue, ou une interruption
dans une digue pour le passage d?une voie de circulation). L?ensemble de ces actions prennent
habituellement 5 jours de travail. Par ailleurs, pendant une crise, un dispositif de surveillance et
d?intervention sur les digues est prévu, qui mobilise des professionnels, notamment les inspecteurs
de digues, aidés par des gardiens de digues volontaires qu?ils encadrent, forment et réunissent
une fois par an. Certaines autorités régionales de l?eau recourent, en effet, à des bénévoles pour
la surveillance des digues mais aussi, conjointement avec leur personnel administratif, pour la fer-
meture de certains batardeaux et pour le renforcement de digues en cas d?urgence (sacs de sable).
Pour la préparation aux situations de crise mais aussi pour l?inspection des digues, des formations
sont prodiguées par les autorités régionales de l?eau en mobilisant le cas échéant des entreprises
qualifiées.
Ce dispositif a été globalement efficace lors de inondations de 2021. En certains endroits, il s?en
est fallu de quelques centimètres que l?eau ne dépasse le haut de la digue, ou le haut de la rangée
de sacs de sable ajoutée. S?il y avait eu du vent, plusieurs digues auraient surversé. Sur la Meuse,
l?eau a pu dépasser le niveau de la digue du système « primaire », heureusement renforcée par
des sacs de sable. Des évacuations préventives importantes ont néanmoins été mises en oeuvre.
- La mise en place de pompages d?urgence relève des gestionnaires des systèmes concernés
(l?État pour les grands fleuves, les autorités régionales pour les autres cours d?eau). Il est possible
que les régions de sûreté (autorités intercommunales, présidées par le maire de la ville principale,
chargées de la sécurité civile) sollicitent le recours aux pompages d?urgence des autorités régio-
nales de l?eau lorsque des incidents locaux se produisent et que les pompages pérennes en place
et les équipements des pompiers ne suffisent pas. Le Centre national de coordination opérationnel
de l?Agence de travaux publics de l?État, au niveau de l?État, est responsable de la gestion du parc
de pompes d?urgence, mobilisées pour les crises nationales (et internationales). Le dimensionne-
ment du parc est fondé sur une analyse portant sur la période 2003-2007 et sur des études de
gestions des catastrophes naturelles. De ces dernières, il est apparu, par exemple, que les pompes
historiques, montées sur des barges flottantes, n?étaient pas adaptées pour une mise en place
rapide, justifiant leur remplacement par des pompes au format conteneur.
Au niveau local, les autorités régionales de l?eau réalisent leurs propres analyses sur le besoin en
pompes d?urgences, et les financent par leurs propres moyens.
La capacité des pompes d?urgence est négligeable par rapport à celles des pompes pérennes, sur
lesquelles les investissements sont privilégiés. Par exemple, suite aux inondations de 1998 (à Na-
gele), l?autorité régionale de l?eau compétente a rehaussé de 60% la capacité de ses pompes pé-
rennes. Les experts estiment que les pompes d?urgence sont mobilisées à des fins de communi-
cation politique pour afficher la mobilisation de tous les moyens pour résoudre une situation de
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crise46.
Les pompes d?urgences néerlandaises sont également mobilisées en cas de sécheresse, lorsque
les ouvrages le long des grands fleuves, destinés à alimenter en eau les systèmes hydrauliques
locaux, se trouvent « à sec » du fait de niveaux d?eau trop faibles dans les fleuves.
Annexe 3.5. De la prévention des inondations à l?adaptation au
changement climatique
En novembre 2023, les Pays-Bas ont connu une pluie constante pendant plusieurs semaines. Si
cela permet de reconstituer les nappes, cela a posé des problèmes de sécurité du bâti. Cet épi-
sode souligne aussi qu?est posée, plus qu?avant, la question de la place laissée au fleuve et la
recherche de nouveaux équilibres. Au lieu d?évacuer le plus vite possible l?eau à la mer, un nouvel
enjeu, au regard des risques de sécheresse est de la retenir. Le premier moyen pour cela identifié
aux Pays-Bas est l?infiltration dans les sols et la recharge des nappes, et non la création de
bassins de rétention, qui, de toutes façons sont difficiles à gérer car ils ont potentiellement deux
objectifs difficilement compatibles : être vides pour écrêter les crues et retenir l?eau pour l?utiliser
l?été. Dans deux ans, sont prévues de nouvelles décisions sur ce sujet, sur la base de nouveaux
scenarios. Ce travail s?appuie sur des concertations, il sera présenté par le Commissaire au plan
Delta et donnera lieu à des décisions du gouvernement.
Le travail de planification spatiale au regard du changement climatique vise à travailler sur les
limites que nous donne la nature, limites qui sont atteintes. Une priorité identifiée depuis 2021 est
de mieux prendre en compte l?eau et les sols. Cela a été porté par le nouveau gouvernement, puis
a donné lieu à un « policy brief » aux chambres, présentant les actions prévues en grandes lignes,
à une revue scientifique, et à des discussions avec tous les niveaux de gouvernement.
Sept principes sont arrêtés :
- ne pas reporter de charge sur les générations futures ;
- mieux prendre en compte les situations extrêmes ;
- avoir une approche cohérente des inondations, de la sécheresse, des sols ;
- avoir une « sécurité multicouche » dans la zone du delta ;
- diminuer l?imperméabilisation, l'excavation, éviter les contaminations ;
- avoir une approche intégrée de la vie dans l'environnement ;
- se conformer à ces principes, les expliquer.
Sur cette base, les pratiques vont changer :
- prendre en compte les intérêts de l'eau et du sol pour des projets de construction dans la durée ;
- avoir une utilisation parcimonieuse de l'eau, une eau propre et en quantité suffisante, des espaces
pour retenir, stocker et évacuer l?eau ;
- avoir un sol et un sous-sol sains et bien organisés.
L?ambition est que :
- la construction de bâtiments adaptés au climat devienne une pratique courante ;
- des orientations nationales claires s?articulent avec une mise en oeuvre et des solutions locales ;
- les système de l'eau et du sol guident la planification et les décisions ;
- les solutions utilisées résolvent, autant que possible, plus d'un problème.
46 Des capacités de pompage d?urgence sont également développées pour parer à certains scénarios prévus dans
le cadre de plans de gestion du risque. Par exemple, dans le Brabant septentrional, le choix a été fait par l?État de
rehausser le niveau d?eau dans le grand lac Volkerak Zoommeer, qui sert de stockage d?eau douce pour les étés
secs ; ce choix a eu pour effet de diminuer la capacité d?évacuation gravitationnelle des eaux provenant du système
hydraulique local ((autorité régionale de l?eau Brabantse Delta), d?où la nécessité d?adjoindre des pompes d?urgence
(mobiles, mais installées dans des sites prévus à cet effet le long du lac). Compte tenu du contexte (choix de l?État
de rehausser le nveau du lac), les pompes d?urgence de l?autorité régionale de l?eau ont été financées par l?État
dans ce cas précis
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Six items guident une construction adaptée au changement climatique : prise en compte de la
biodiversité, chaleur, submersion, inondation et ruissellement, sécheresse, biodégradabilité.
Des lignes directrices ont été établies à l?échelle nationale, qui n?ont pas, pour le moment, de portée
réglementaire. Leur ambition est de donner des orientations nationales claires, mises en oeuvre
par les collectivités, et les activités. Ces principes pourraient, à terme, relever de la loi pour ac-
croître leur portée.
Dans le cas de projets de construction, et du choix des lieux où construire sont pris en compte, la
compensation requise si on construit en zone inondable a été augmentée. Une carte a été établie
qui fixe les contraintes pour l?aménagement, en fonction des enjeux liés à l?eau et aux sols.
Au-delà de ce travail structurel de planification, une démarche que l?on pourrait qualifier de pros-
pective et pragmatique a également été engagée dans le cadre du Programme Delta, sous l?égide
du Commissaire.
Encadré 13 : Le Programme Delta
« Depuis déjà une dizaine d?années, les Pays-Bas ont mis en place une structure afin d?anticiper les effets du
changement climatique sur le plan de la maîtrise de l?eau, il s?agit du programme Delta.
Ce programme est le fruit d?une collaboration entre l?État, les provinces, les wateringues, les communes et des
organismes de recherche. Y sont également impliqués les secteurs économiques dépendant de l?eau. Ce pro-
gramme est coordonné par le commissaire pour le Delta, un haut-fonctionnaire indépendant du gouvernement.
Il est financé par des fonds publics dédiés. Cette indépendance politique et financière, inscrite dans la loi et, de ce
fait, approuvée par le Parlement, garantit une certaine protection à cette structure, ainsi qu?une mise à l?abri des
alternances électorales et des réductions budgétaires qu?elles peuvent décider. Chacun au sein du programme est
encouragé à rechercher et à évaluer les mesures qui rendront la maîtrise de l?eau et son utilisation plus pérennes,
sans que soient mis en péril les enjeux économiques dépendants des ressources en eau.
Le principe de base est celui des chemins d?adaptation (Haasnoot et al., 2013), dans lesquels les mesures identi-
fiées et jugées prometteuses sont mises en place graduellement, au fur et à mesure que le besoin s?en fait sentir,
et en consolidant les mesures prises précédemment afin de ne jamais avoir à revenir en arrière.
(..) Le gouvernement néerlandais a lancé en 2019 un grand programme de recherche afin d?en comprendre les
conséquences possibles sur les stratégies actuelles de maîtrise de l?eau au-delà de 2100. Le but est d?appréhender
comment ces stratégies doivent être modifiées au fur et à mesure que le niveau des mers montera de 5 mètres. Le
programme, qui doit durer jusqu?en 2025, s?articule autour de cinq axes :
? À quelle vitesse le niveau des océans risque-t-il de monter ? La situation en Antarctique est un élément clé et
dépendra des évolutions des émissions mondiales de gaz à effet de serre, telles que conceptualisées dans les
scénarios Representative Concentration Pathway (Van Vuuren et al., 2011).
? Quels sont les défis posés par une hausse du niveau de la mer de 1, 2, 3 et 5 mètres ? Dans quelle mesure les
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stratégies actuelles sont-elles tenables ? Cette partie concerne à la fois la stratégie de gestion des risques d?inon-
dation et celle de l?approvisionnement en eau.
? Comment détecter une accélération de la hausse du niveau de la mer afin d?agir à temps ?
? Quelles seraient les conséquences d?une hausse du niveau de la mer sur les stratégies à long terme d?aménage-
ment du territoire ? Et comment les anticiper dans les choix à faire aujourd?hui ? L?implantation de nouveaux quar-
tiers se situant 7 mètres au-dessous du niveau de la mer est certes faisable économiquement et techniquement,
mais est-ce un choix pérenne ?
? Comment élaborer une politique reposant sur la mise en place de mesures par étapes ? Comment organiser la
gouvernance de cette politique, la communication à destination du grand public, etc. ? »
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Annexe 4. La prévention des inondations en Belgique
La prévention des inondations en Belgique, tout en s?inscrivant dans le cadre des directives
européennes, relève très largement des régions, le niveau fédéral étant en charge de ce qui relève
de la submersion marine. Même si cela peut induire des différences entre Flandre et Wallonie, des
points communs ressortent dans des tendances de fond, comme une évolution d?une démarche
de protection à une approche de la prévention par l?aménagement des territoires, et en particulier
de la place laissée aux cours d?eau ou encore d?une attention croissante portée aux conditions
d?urbanisation. Si la « Water Bomb » a touché dramatiquement la Wallonie, les suites de cette
catastrophe ont conduit à un travail de fond, pluridisciplinaire et partenarial, tant en Wallonie qu?en
Flandre. Dans la durée, un virage de la prévention des inondations vers l?adaptation au
changement climatique est engagé.
Annexe 4.1. Mise en perspective historique et géographique
Annexe 4.1.1 Un pays présentant des enjeux différenciés du point de vue
de la prévention des inondations
Le territoire belge comprend, soit en totalité soit partiellement, 6 bassins hydrographiques : l?Yser,
l?Escaut, la Meuse, le Rhin, la Seine et le bassin côtier de la Mer du Nord. Leur ampleur sur le
territoire belge donne un statut particulier aux districts internationaux de la Meuse (avec la France,
l?Allemagne, les Pays-Bas et le Luxembourg) et de l?Escaut (avec la France et les Pays-Bas). La
gestion des eaux comporte donc, en Belgique, des enjeux transfrontaliers importants sur plu-
sieurszones : Escaut et l?Yser (dont les enjeux relèvent de la Commission Internationale de l?Escaut
(CIE) qui unit 6 parties contractantes) ; les Moëres, bande poldérisée entre Dunkerque et Furnes,
où est en cours le projet INTERREG - MAGETEAUX qui a été mobilisé en novembre 2023 afin
d?assurer l?évacuation des eaux via le canal de Furnes à la mer par Dunkerque ; et la nappe des
calcaires carbonifères dans le Tournaisis et de la région de Roubaix-Tourcoing.
Encadré 14 : Quelques repères sur la Flandre et la Wallonie
La Flandre belge constitue, comme le Nord de la France et les Pays-Bas, une zone poldérisée, plate, au niveau de
la mer, qui sur 13.626km² accueille 6.774.807 habitants (soit 497 habitants /km²). Elle fait partie de 2 districts hy-
drographiques : l?Escaut et la Meuse.
- Le district hydrographique international de l'Escaut a une superficie de 36.500 km², dont environ un tiers se trouve
en Flandre. La partie flamande est formée par le bassin hydrographique des rivières Escaut et Yser et de leurs
affluents et des Polders de Bruges, ainsi que par les eaux souterraines et les eaux côtières qui y sont associées.
Elle comprend les provinces de Flandre occidentale, de Flandre orientale et du Brabant flamand, ainsi qu'une partie
des provinces d'Anvers et du Limbourg. Sur les 300 communes flamandes, 263 se trouvent entièrement et 23
partiellement dans le district hydrographique de l'Escaut. Le district est divisé en dix bassins.
En raison du relief essentiellement plat, les rivières sont des cours d'eau de plaine avec de larges vallées et des
vitesses d'écoulement et des débits faibles. La zone est densément peuplée et fortement urbanisée et se caracté-
rise par un réseau très dense de routes de transport. Cette situation, qui s'ajoute à l'urbanisation, crée une forte
fragmentation. Le district abrite un certain nombre de grandes zones industrielles, dont le port d'Anvers. L'agricul-
ture intensive est également prédominante, représentant un peu moins de la moitié de l'utilisation des sols. Les
grandes zones naturelles d'un seul tenant sont rares.
- Le district hydrographique international de la Meuse couvre une superficie d'environ 34 500 km², dont à peine 1
600 km² en Flandre. En Flandre, le district hydrographique est constitué de la Meuse et de ses affluents, ainsi que
des eaux souterraines associées. Le district ne forme pas un ensemble contigu en Flandre : une partie est située
au nord de la province d'Anvers, une deuxième partie à l'est de la province du Limbourg et une troisième partie à
Voeren. Sur les 300 communes flamandes, 14 se trouvent entièrement et 23 partiellement dans le district hydro-
graphique de la Meuse. Sur les 11 bassins, seul le bassin de la Meuse appartient au district hydrographique de la
Meuse. Parmi les six systèmes d'eaux souterraines, l'ensemble du système de la Meuse, une petite partie orientale
du système de Brulandkrijt et la partie septentrionale du système de la Campine centrale appartiennent à l'arron-
dissement hydrographique de la Meuse.
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Le relief de l'arrondissement de la Meuse est essentiellement plat. La densité de population y est plus faible que
dans le reste de la Flandre. Le réseau de routes de transport y est également moins dense. Les principales zones
industrielles sont situées le long des canaux. Un peu moins de la moitié du territoire est consacrée à l'agriculture,
essentiellement intensive. Il y a un peu plus de zones naturelles dans le district du bassin de la Meuse que dans le
district du bassin de l'Escaut.
- La Wallonie,16 901 km2, est constitué de cinq provinces : le Brabant wallon, le Hainaut, Liège, le Luxembourg et
Namur. En superficie, la plus grande est la province de Luxembourg qui est également la moins peuplée des cinq
avec une densité de population de 64,54 habitants au km², tandis qu?elle est de 372,43 habitants au km² dans le
Brabant wallon. Le territoire est également divisé en 20 arrondissements, eux-mêmes divisés en communes. Sur
les 262 communes en Wallonie, 65 portent le titre de Ville. À l'exception de la province du Brabant wallon, au sud
de Bruxelles, et une grande partie du Hainaut à l'ouest, qui jouxte la France, le reste de la Wallonie ? sauf deux
ou trois enclaves, notamment du côté du Grand-Duché de Luxembourg ? appartient au bassin mosan47.
Le système fédéral belge conduit historiquement à une répartition complexe entre les différentes
structures politico-administratives des compétences mises en jeu par la prévention des inondations,
entendue au sens large, de l?aménagement du territoire à la planification des crises.
Les inondations meurtrières de l?été 2021 ont créé un choc et ont suscité des critiques sur la ca-
pacité du dispositif en place à anticiper et répondre à des événements de cette ampleur. De nom-
breuses actions sont en cours, notamment pour répondre à des impératifs de coordination accrue
et plus efficace. Une commission d?experts en matière de gestion de crise a établi un livre blanc
« Recommandations permettant d?améliorer la gestion de crise en Belgique » en avril 2023.
Annexe 4.1.2 Des enjeux transfrontaliers majeurs
Ces enjeux sont structurés dans différents cadres :
- Par l'autorité de bassin de l'Yser, pour ce qui concerne la concertation bilatérale transfronta-
lière autour de l'Yser, notamment en ce qui concerne la qualité de l'eau.
- Par le Groupement Européen de Coopération Territoriale, pour la concertation transfronta-
lière autour de l'Aa.
Ces consultations s'inscrivent dans le cadre du groupe de travail sur l'eau du GECT. L'adaptation
du "Moerenverdrag" est née au sein de ce groupe de travail, tout comme le projet Interreg Ma-
geteaux, qui a mis en oeuvre une station de pompage sur le Speievaart vers le canal Nieuport -
Dunkerque et une construction de glissières à Dunkerque.
- Dans le projet Stratégique Vallée de l?Yser et du Handzame (province chef de file) avec les
préparatifs en vue de la soumission du projet Provaly (Interreg) concernant le système transfron-
talier de prévision et d'alerte, l'aménagement des berges, le GOG Proven, la de Stavele, etc.
- Par la Commission Internationale de l'Escaut et, en particulier le groupe de travail hydrologie.
La mise en oeuvre du plan pluriannuel ISC-CIE WGH 2022-2027 a commencé avec :
- Le travail de préparation des bilans hydriques pour les principales masses d'eau transfrontalières,
avec un rapport de la délégation flamande. Les délégations étudient maintenant ce rapport afin
d'évaluer dans quelle mesure elles peuvent fournir des données pour les différents éléments du
bilan hydrique et/ou si des éléments supplémentaires doivent être ajoutés.
- La notification d'étiage a été standardisée et le calendrier de livraison des données a été synchro-
nisé.
- Les délégations néerlandaise, flamande, bruxelloise et française ont fait des présentations sur
l'impact du changement climatique sur les masses d'eau.
- Dans le cadre de l'atelier conjoint sur l'hydrométrie, un répertoire des personnes à contacter en
47 Source : Wikipedia
PUBLIÉ
https://fr.wikipedia.org/wiki/Province_du_Brabant_wallon
https://fr.wikipedia.org/wiki/Province_de_Hainaut
https://fr.wikipedia.org/wiki/Province_de_Li%C3%A8ge
https://fr.wikipedia.org/wiki/Province_de_Luxembourg
https://fr.wikipedia.org/wiki/Province_de_Namur
https://fr.wikipedia.org/wiki/Densit%C3%A9_de_population
https://fr.wikipedia.org/wiki/Arrondissement_administratif_de_Belgique
https://fr.wikipedia.org/wiki/Commune_(Belgique)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_communes_de_la_R%C3%A9gion_wallonne
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ville_de_Belgique
https://fr.wikipedia.org/wiki/Brabant_wallon
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bruxelles
https://fr.wikipedia.org/wiki/Province_de_Hainaut
https://fr.wikipedia.org/wiki/France
https://fr.wikipedia.org/wiki/Luxembourg_(pays)
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cas d'inondation a été lancé, ainsi qu'un aperçu des procédures de travail et de la documentation
des organigrammes sur la gestion de crise en cas d'inondation.
- Une visite de travail 2023 s'est concentrée sur les mesures de prévention des inondations dues
aux marées à Ostende.
- Les travaux sur l?alignement bilatéral des principaux cours d?eau transfrontaliers se poursuivent.
- Les délégations ont été invitées à fournir une vue d?ensemble des cartes d?inondation natio-
nales/régionales afin de relier les plaines inondables transfrontalières.
Concrètement, fin décembre 2023, il a été convenu lors de la réunion des chefs de délégation que
la Flandre et la France mettent en place une coopération bilatérale pour, d?une part, avoir une
vision globale des accords et des conventions entre les gestionnaires de l?eau et vérifier que les
mesures de gestion de crise sont suffisamment adéquates et, d?autre part, élaborer un plan d?action
transfrontalier tant en termes de planification que de dispositions pour laisser un espace suffisant
Room for the River) à l?eau afin de réduire ou d?éviter les risques d?inondation.
Annexe 4.2. La gestion de l?eau dans le système fédéral belge
Annexe 4.2.1 Le rôle important des régions
La Constitution belge et la Loi spéciale de réforme institutionnelle du 8 août 1980, suivie des
réformes successives de l?État belge, fixent la répartition des compétences entre l?État fédéral, les
Communautés (Communauté française de Belgique/Fédération Wallonie-Bruxelles, Communauté
flamande, Communauté germanophone de Belgique/Ostbelgien) et les Régions (Région wallonne,
Région flamande, Région de Bruxelles-Capitale), qui constituent ensemble les « entités fédérées
». Les régions ont des compétences dans les domaines qui touchent à l?occupation du territoire au
sens large, aux « matières économiques et localisables ». Les communautés sont en charge de
ce qui concerne les personnes (matières personnalisables comme la langue, l?éducation, la culture,
le sport, l?aide aux personnes).
Compte tenu de cette répartition des compétences, la politique belge en matière de prévention et
de gestion des inondations et des phénomènes de submersion ? de l?aménagement à la gestion
de crise ? relève de différents cadres normatifs, équivalents en termes de hiérarchie des normes,
et de différentes autorités qui doivent se concerter.
Les Régions, depuis 1980, sont compétentes en matière d?aménagement du territoire et à ce titre,
de la politique de l?eau, de la gestion des districts hydrographiques, de la conservation de la nature,
des travaux publics et des transports.
Les principaux outils juridiques en matière de politique de l?eau sont, en Belgique, des décrets pris
par les gouvernements régionaux : il s?agit, pour la Flandre, du décret « Politique intégrale de l?eau
» du 18 juillet 2003, codifié dans le Code de l'eau, pour la Wallonie, du décret relatif au Livre II du
Code de l?Environnement constituant le Code de l?Eau du 27 mai 2004 et pour Bruxelles-Capitale,
de l?ordonnance du 20 octobre 2006 établissant un cadre pour la politique de l?eau.
Ces trois textes transposent les directives européennes 2000/60/CE (« Directive-cadre sur l?eau »)
et 2007/60/CE (« Directive Inondation »). L?État fédéral intervient cependant dans la mise en oeuvre
de la directive-cadre pour les aspects liés aux eaux côtières, en particulier pour la Mer du Nord.
Cette structuration se traduit par une démultiplication des participations représentant la Belgique,
dans les différentes instances, par exemple, dans celles dédiées à la gestion transfrontalière de
l?eau.
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Annexe 4.2.2 Une organisation de la gestion de crise par niveaux de
gravité
Si les Régions sont en charge de l?aménagement du territoire et interviennent donc, au sens large,
dans la prévention des catastrophes naturelles, la gestion de ces dernières stricto sensu n?est pas
de leur ressort. Le modèle belge de gestion de crise est fondé sur la distinction de plusieurs phases
définies par le niveau de gravité, l?ampleur géographique et le type de moyens requis : la phase
communale, dirigée par le bourgmestre ; la phase provinciale, dirigée par le gouverneur ; la phase
fédérale, qui dépend du Ministre de l?Intérieur. La continuité et l?évaluation des critères de passage
d?une phase à l?autre sont assurées par le Centre de crise national (NCCN), qui est un acteur
interfédéral. Le NCCN est en outre chargé, au niveau national, de développer une stratégie globale
d?amélioration de la résilience de la Belgique (élaboration de méthodologies standards pour les
acteurs locaux, lancement de campagnes de prévention?), d?organiser la planification d?urgence
et d?assurer une vigilance active.
Encadré 15 : le NCCN (Centre de crise national)
Le NCCN est en charge de la planification d?urgence, pour l?ensemble des risques, au niveau stratégique. Il n?a pas
de rôle opérationnel : par exemple, la question du pompage en gestion de crise relève de la direction générale de
la sécurité civile. A l?échelle locale, ce sont les bourgmestres qui sont en charge de la crise. Le NCCN fournit le
contenu de la formation, d?une grosse demi-journée, mise en place pour les bourgmestres nouveaux. Nécessaire
même s?ils ont des experts auprès d?eux, elle est prévue tous les 4 ans mais pas obligatoire.
Le NCCN a des échanges en crise avec les gouverneurs via les experts et coordinateurs. Les remontées d?info au
NCCN se font via les gouverneurs. Le niveau fédéral est facilitateur et coordonnateur mais n?a pas autorité sur les
autres. Les bourgmestres ont accès à l?application SI en gestion de crise, avec des droits gérables pour avoir le
cercle de travail efficace.
La communication en crise repose sur un contrat cadre pour appeler les personnes en cas d?urgence ? il vaut pour
les bourgmestres, gouverneurs NCCN. Le principe est que celui qui gère la crise communique ? les autres ne
peuvent que renforcer ou décliner les informations principales. La cellule de communication du NCCN propose des
messages et fait une veille des réseaux sociaux.
C?est le NCCN qui évalue le besoin de mobilisation de moyens nationaux, toutes les remontées de demandes se
font par écrit dans une application informatique, en cours de modernisation. L?assurance de moyens suffisants
repose sur le fait que chacun en a et qu?il y a, en plus, un stock national. La crise covid a fait ressentir le besoin
d?objectiver les ressources disponibles ; c?est un travail en cours, qui inclut les pompes. Il faut tenir compte du fait
que des moyens existants ne sont pas nécessairement disponibles ou mobilisables, et qu?il faut réussir à mutualiser
au bon niveau, pour n?être ni en manque, ni en sur capacité. En termes de mutualisation possible ou soutien entre
états, les plus efficace serait des achats au niveau de l?UE.
La planification en matière de sécurité civile incombe ainsi au premier chef au bourgmestre (maire
d?une commune), qui doit disposer d?un Plan général d?urgence et d?intervention (PGUI)
comprenant les directives générales de gestion des situations d?urgence de tout type. C?est le
bourgmestre qui décide d?éventuelles évacuations. Il s?appuie sur des coordinateurs de situation
d?urgence dont c?est le seul métier, quitte à le faire pour plusieurs communes. Toutefois, dès lors
que la gestion d?un événement excède les pouvoirs et les moyens dont disposent les bourgmestres,
c?est la province, qui intervient. Les provinces sont un pouvoir local, en général placé sous l?autorité
des Régions. Par exemple, les inondations de novembre 2023 ont été gérées au niveau provincial
et les inondations de l'été 2021 ont été gérées au niveau fédéral.
Le secours aux personnes et la sécurité civile sont des compétences fédérales à peu près
exclusives, dont l?organisation est déléguée aux pouvoirs locaux que sont les provinces et les
communes.
Ce principe de délégation dissocie donc la compétence fédérale des moyens fédéraux : les
services de secours centraux de l?État fédéral (dit « moyens spéciaux » : unités spécialisées de la
police et des pompiers, hélicoptères?) constituent une réserve à l?appui des services de secours
locaux. Autrement dit, les services fédéraux peuvent être sollicités par les Régions ? ainsi que par
les autorités communales et provinciales ? pour la mise en oeuvre de mesures particulières en
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gestion des crises ou des situations d?urgence, ou pour l?établissement des plans d?urgence et
d?intervention.
Cette configuration implique que les aspects concrets de la gestion de crise et le besoin de
planification qui en découlent, dépendent ? d?une façon particulièrement aiguë en Belgique ? de la
bonne coordination opérationnelle entre les différents niveaux de pouvoir. En effet, la totalité des
implications d?une catastrophe naturelle excède nécessairement les compétences exclusives de
chacun.
Encadré 16 : Prévision des inondations et alertes
Les prévisions météorologiques sont réalisées par l?Institut royal de météorologie (organe fédéral) et l?analyse des
paramètres hydrologiques incombe aux Régions. Ainsi, le service opérationnel de prévision des crues de Flanders
Hydraulics (HIC - Centre d'information hydrologique) et de l'Agence flamande pour l'environnement utilisent une
grande variété de données météorologiques en combinaison avec des modèles hydrologiques et hydrauliques
1D/2D pour fournir des prévisions de niveau d'eau et de débit sur les voies navigables et non navigables catégorie
1) flamandes et le long de la côte belge. Des experts interprètent quotidiennement la situation et communiquent
des messages sur waterinfo.be. En cas de crise, ces messages sont activement diffusés pour la gestion de crise
et les services d'urgence.
Waterinfo.be intègre actuellement 2162 stations de mesure qui fournissent des données en temps réel (ou
presque) avec des séries chronologiques à haute résolution le long des voies navigables flamandes, les cours
d?eau non navigables de catégorie 1 et de la côte. Des stations supplémentaires des régions environnantes (région
wallonne en Belgique, France, Pays-Bas) sont disponibles pour la gestion opérationnelle des crises en cas
d'inondations.
Lorsque la vitesse et la direction du vent, en particulier pendant la marée de printemps, conduisent à des marées
de tempête élevées le long de la côte belge ou dans l'estuaire de l'Escaut, ceci est communiqué sur waterinfo.be
par les experts de Flanders Hydraulics qui font les interprétations basées sur les différentes sorties de modèles. Le
plan d'urgence à appliquer le long de la région côtière peut être consulté sur waterinfo.be.
En Wallonie, la prévision des crues est réalisée par le SPW, Service public de Wallonie, impliquant deux entités
internes :
- Service public de Wallonie Mobilité et Infrastructures, Direction de la Gestion hydrologique (prévision des crues)
- Centre Régional de Crise (prévention et coordination internes en temps de crise, accompagnement des services).
La prévision des crues est obligation légale, mais la transmission des infos n'est pas codifiée. Les alertes sont
transmises aux services eau et voies navigables, sur site web grand public, et la CRC régional communique aux
autorités en charge de crises et urgence.
Annexe 4.2.3 Un système assuranciel présenté comme fragile
En matière d?assurance, la Belgique compte parmi les pays ayant mis en place un dispositif privé
de garanties contre les catastrophes naturelles le cadre des polices d?assurance incendie, ce qui
permet en principe au plus grand nombre d?accéder à cette protection.
Toutefois, il ressort des échanges que ce dispositif d?assurance privé, combiné aux fonds de
calamités publiques mis en place par les régions, est plafonné (350 M¤ par catastrophe) et a
montré ses limites lors des inondations de juillet 2021. Le coût des dommages a été évalué à près
de 2,5 Md¤, très au-delà des plafonds d?intervention. L?ensemble des dommages est estimé à
environ 1% du produit intérieur brut national48. Dans ce contexte, un dispositif ad hoc a été mis en
place au seul niveau régional afin d?indemniser les victimes (les assureurs belges ont prêté 1 Md
¤ à la Wallonie à taux zéro, sur une durée de huit ans) et une réflexion plus générale a été engagée
afin de réformer le système d?assurance privé et celui des fonds de calamités. Cela concerne
également les biens professionnels et les surfaces agricoles et intègre un objectif de mieux évaluer
le coût des inondations.
Sur ce terrain, la Flandre ? Flanders Hydraulic Research en coopération avec l?Université de Gand
(département de géographie) - a développé, dès les années 2000, une méthode originale
48 L?Union européenne a pris en compte un montant de 5,56 Md pour l?ensemble des événements de juillet 2021.
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d?évaluation des conséquences des inondations, sur la base d?un modèle (LATIS) s?appuyant sur
un système d?informations géographiques et des modèles hydrologiques ainsi que des données
socio-économiques et d?usage du foncier. Le but affiché est de chercher à minimiser les
conséquences des inondations plutôt que de chercher à les prévenir.
En dépit de ces démarches, les assureurs estiment que la prise en compte des risques climatiques
est fortement problématique en Belgique, notamment du fait de la régionalisation des compétences.
Ils plaident pour un nouveau système, a minima fédéralisé, sinon européanisé.
Encadré 17 : l?assurance des agriculteurs en Flandres
Depuis 2019, une réforme de l?assurance49 articule l?assurance que les agriculteurs doivent désormais souscrire
sur le marché et le soutien du gouvernement. En pratique, chaque agriculteur doit souscrire à une assurance in-
tempéries globale dans le secteur agricole ? la grêle par exemple, en choisissant sur quelles parcelles. Le gouver-
nement apporte une aide à hauteur de 65% du coût de l?assurance. A partir de 2023, si les agriculteurs souhaitent
étendre leur champ de couverture, l?aide est inférieure, de l?ordre de 30 à 45% selon les budgets. Le gouvernement
intervient en cas de catastrophe naturelle en complément des assurances (au-delà d?une occurrence trentennale),
seulement pour les agriculteurs assurés. De leur côté, les agriculteurs doivent s?inscrire dans une démarche de
prévention, avec des bénéfices pour leurs cultures (par exemple, protéger les vergers), mais aussi plus larges :
limiter l?érosion (haies), ce qui est un bénéfice pour eux et pour les villages voisins. Se posent aussi des questions
de la place laissée à l?eau le long de certains fleuves (Yser).
Annexe 4.2.4 Le choc des inondations de juillet 2021
La répartition fragmentée des compétences est parfois redoublée par un effet de concurrence entre
les différents niveaux de pouvoir. Cela peut conduire à un défaut de coordination ou à des retards
dans la prise de décision, comme le pointe assez sévèrement la commission fédérale chargée de
tirer les leçons des grandes inondations de l?été 2021. Son rapport prend par exemple appui sur la
dissociation entre la prévision météorologique qui est réalisée par l?Institut royal de météorologie
(organe fédéral) et l?analyse des paramètres hydrologiques, qui incombe aux Régions. En 2021,
cette configuration a gêné la transmission d?une information complète sur le risque de crue aux
autorités locales. Une fois les alertes données, les mesures à prendre doivent être concertées
entre les autorités régionales et locales, voire fédérales, ce qui prend un temps non négligeable en
situation de crise.
Les inondations de 2021 ont constitué un facteur de choc à l?échelle du pays en matière de plani-
fication et de gestion d?événements climatiques de grande ampleur. Si la concertation qui dérive
du fédéralisme rend le dispositif potentiellement difficile à appréhender ? y compris pour les acteurs
eux-mêmes, avec l?allongement des délais de décision qui peut en résulter ? la structure de la
réponse des autorités a fait l?objet de plusieurs réévaluations depuis 2021-2022, notamment du fait
du NCCN. De leur côté, les autorités régionales ont révisé leurs plans d?urgence, tandis que les
communes se sont davantage investies dans la rédaction de leurs propres plans. La culture du
risque, dont le défaut a souvent été dénoncé, tend ainsi à se développer dans un environnement
institutionnel particulièrement complexe (voir infra).
Annexe 4.3. Les Flandres : une structuration par grand bassin, en
cours d?inflexion
En Flandres, le pilotage de la prévention des inondations implique plusieurs ministères :
infrastructures, environnement, agriculture, et agence de l?environnement des Flandres. Environ
49 19 Juin 2019. - Arrêté du Gouvernement flamand relatif à la subvention de prime pour une assurance intempéries globale dans
le secteur agricole
PUBLIÉ
https://www.ejustice.just.fgov.be/eli/arrete/2019/06/19/2019030606/justel
https://www.ejustice.just.fgov.be/eli/arrete/2019/06/19/2019030606/justel
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80 000 foyers flamands ont une probabilité moyenne à élevée d'être inondés ; l'urbanisation et le
changement climatique augmentent les risques. La réponse apportée passe par une approche
« multicouche » de gestion du risque d?inondation. Il est nécessaire de mobiliser une combinaison
de mesures pour faire face aux inondations critiques, dans une logique de responsabilité partagée
entre les gestionnaires de l'eau, les planificateurs de l'espace, les services de crise et d'urgence et
les citoyens. Les 3 « P » sont :
Protection : protéger contre les inondations. Il s?agit d? éviter autant que possible les inondations
dans les zones vulnérables au moyen de digues, déversoirs, bassins d'inondation et stations de
pompage, ou encore en étant attentif à l?infiltration de l?eau.
Prévention : éviter ou réduire les dommages
Cet axe comporte les mesures visant à réduire notre vulnérabilité aux inondations, comme le fait
d?éviter des constructions dans les zones inondables ou y permettre des constructions adaptées
Préparation : être prêt en cas d'inondation. Cela couvre les actions nécessaires pour ne pas être
pris par surprise par les inondations et pouvoir agir afin d'éviter que la situation ne s'aggrave ;
informer et prévenir, afin que les gestionnaires de l'eau (y compris au niveau local), les services
d'urgence et les citoyens puissent prendre des mesures en temps utile et éviter de nombreux
dégâts et malheurs.
Annexe 4.3.1 L?équilibre entre protection et aménagement du territoire
- Actions de protection : les équipements et infrastructures
- La lutte contre les inondations en Flandre est d plus en plus appuyée sur la recherche de solutions
pour redonner de l'espace à la rivière. Cela peut se faire en élargissant le lit d'hiver naturel ou
en créant des zones d'inondation contrôlée ou des bassins d'attente. La conception de ces zones
est envisagée en fonction de la configuration de chaque bassin. Il peut s'agir de zones entièrement
naturelles, et dans ce cas les agriculteurs présents se voient attribuer d'autres parcelles de terre à
cultiver, ou elles peuvent être utilisées à d'autres fins agricoles de sorte qu'il n'y ait pratiquement
pas de dégâts en cas d'inondation (surtout en hiver).
- Le niveau de protection des digues est déterminé par zone en fonction du risque. C'est l'autorité
compétente en matière d'eau qui en fixe le niveau. Le gestionnaire de l'eau est également
responsable de la construction, de l'entretien et de l'inspection des digues.
Les inspections structurées des digues ont lieu tous les 1 à 3 ans en fonction du risque. A cela
s'ajoutent bien sûr les contrôles visuels effectués.
Pour le renforcement des digues en crise, les autorités font appel à un fournisseur privé, dans le
cadre de contrats qui permettent une intervention dans la journée/
- Les autorités chargées de l'eau sont responsables de l'entretien des canaux, y compris du
désensablement et du dragage. La répartition des compétences diffère pour les cours d?eau
navigables et non navigables. Pour les premiers, les responsables sont Vlaamse Waterweg (Voies
navigables), le Département de la Mobilité et des Travaux publics, et l?Agence des services
maritimes et de la côte. Pour les cours d?eau non navigables, ceux qui entrent dans la catégorie
1 relèvent de VMM (Agence Flamande de l?Environnement), de la catégorie 2 des provinces, et la
catégorie 3, des municipalités.
Les exploitants de cours d'eau prennent en charge le coût des infrastructures construites le long
des cours d'eau (zones inondables contrôlées, digues de protection, bassins d'attente, stations de
pompage, ...). Pour les cours d'eau non navigables, il existe encore aujourd'hui de nombreux
gestionnaires différents. Ce nombre a été fortement réduit depuis 2014. A partir de cette date, les
communes pouvaient transférer la gestion des cours d'eau aux provinces, et de très nombreuses
communes ont choisi de le faire (sur 300 communes en Flandres, seule 50 sont encore
gestionnaires de cours d'eau). Il reste cependant 56 polders et wateringues, 5 provinces et la VMM
en tant que gestionnaire de cours d'eau en Flandres. Lors de son entrée en fonction en 2019, le
gouvernement flamand a décidé de réformer la gestion des cours d'eau non navigables. Une note
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conceptuelle à ce sujet a été approuvée par le gouvernement flamand en juillet 2023. À l'avenir, la
gestion des cours d'eau non navigables sera assurée par des conseils de l'eau (12 au maximum)
soutenus par un syndicat des conseils de l'eau.
Quand VMM fait l?entretien des grands cours d?eau non navigables, cela recouvre le fauchage et
le curage, prévu environ tous les 10 ans, dans le cadre d?un plan d?ensemble. Il s?agit de curer aux
seuls endroits où des accumulations augmenteraient le risque inondation (au niveau de ruptures
de pente, par exemple).
Concernant les sections de Wateringues, elles sont en charge de l?entretien des fossés et reçoivent
une subvention des provinces. La taxe qu?elles lèvent rapporte un faible pourcentage des coûts et
la question est posée de la supprimer. Les sections doivent gérer l?eau de sorte que le niveau
d?eau ne soit pas à son maximum quand une crue arrive et que chaque section contribue au
tamponnage.
Ainsi, dans la Flandre occidentale, se pose la question d?une évolution du système des
Wateringues. C?est une volonté forte dans l?accord de coalition du gouvernement flamand engagée
il y a cinq ans que de faire évoluer ce système, sous le terme « réformer pour plus d?efficacité ». Il
s?agit de trouver un équilibre entre ce système de gestion locale et pragmatique des fossés par les
agriculteurs, appuyé sur des redevances pas toujours bien comprises par les riverains qui ne sont
pas agriculteurs, et une meilleure coordination de la gestion de l?eau des polders à une échelle
plus large. Les pistes évoquées sont de mettre en place une structure plus grande en gardant les
chefs de sections dans la gouvernance, dans un dispositif permettant plus de coopération et une
communication fluide entre zones.
Le traitement des sédiments évacués lors du curage des fossés et canaux est fait conformément
à la directive européenne : le niveau de pollution des sédiments est vérifié par le service
environnemental avant l?épandage. Les sujets qui peuvent créer des tensions sont l?accès aux
propriétés pour curer et pour épandre. Cela relève des agriculteurs ou des collectivités, qui passent
alors des contrats d?entretien.
- Dans les zones de polders ou aux endroits où le drainage par gravité des cours d'eau n'est
(temporairement) pas possible, des systèmes de pompage ont été installés ; la responsabilité de
ces systèmes de pompage incombe au gestionnaire de l'eau.
Concernant le pompage en crise, c?est la collectivité qui mobilise les pompes qui est en charge du
coût, avec un soutien du niveau supérieur à partir d?un certain montant. Pour la crue de novembre
dernier, c?est l?état fédéral qui va prendre en charge la facture. A Niewport, une grande capacité de
pompage a été ajoutée car l?écoulement gravitaire n?était possible que 2 h sur 12. Le dispositif a
été « inventé » en direct, l?espace disponible à l?embouchure était entièrement utilisé.
La question va se poser de renforcer la capacité fixe, mais nos interlocuteurs soulignent que
l?évacuation à la mer n?est pas si simple ; une mauvaise gestion peut se traduire par des sur-
inondations en amont. Les pluies seront plus fréquentes, plus fortes, les modèles de prévision sont
dépassés. On aura de toutes façons à faire face à une plus grande incertitude.
Une réponse à cette nouvelle situation est l?approche « multicouches » : il faut pouvoir activer
différents leviers selon le type de crue. Cela suppose une très bonne coordination. En crise en
particulier, cette coordination est essentielle : elle relève du gouverneur qui peut prendre des
sanctions en cas de non-respect de consignes.
- Actions de prévention : enjeux d?aménagement du territoire
Les Flandres sont très denses, avec un aménagement du territoire historique marqué par la
possibilité de construire des quartiers au bord de l?eau, ce jusqu?en 2010. Un enjeu maintenant est
d?éviter de construire dans les zones à risques.
Une cartographie vient d?être établie, sur la base de travaux commencés après les crues de 2010,
qui identifie les zones exposées à des inondations centennales, avec et sans changement
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climatique. Un processus est engagé pour changer de destination les terrains regardés comme
dangereux. Après une enquête publique en 2023, ce travail donnera lieu une deuxième
consultation, puis une troisième approbation sera nécessaire pour un aboutissement prévu sous
un an à un an et demi. Les cartographies sont déjà publiques, mais de portée purement informative.
En Flandre, les permis de construire sont décentralisés ; l?autorité locale peut ne pas suivre les
recommandations du niveau régional, qui peut faire un recours. Cela arrive peu.
Tout permis de construire donne lieu à « évaluation aquatique », qui tient compte, par exemple,
des quantités d?évacuations à prévoir en cas d?inondation (cela peut conduire à accepter une
maison sur un terrain exposé, mais pas un immeuble). L?évaluation aquatique repose sur une
instruction par les services du gouvernement sur les effets néfastes sur le système d'eau qui
peuvent être causés, par exemple, par la construction d'une maison ou d'un projet d'infrastructure.
Les plans susceptibles d'avoir un impact sur le réseau hydrographique, tels que les plans
d'aménagement du territoire, sont également soumis à l?évaluation aquatique. Dans certaines
situations, le gouvernement doit demander l'avis du gestionnaire de l'eau concerné lorsqu'il
procède à l'évaluation aquatique. Le gestionnaire de l'eau peut faire des recommandations pour
ajuster les activités planifiées afin d'éviter, de limiter, de restaurer ou de compenser les dommages
attendus sur le réseau d'eau. Le résultat de l'évaluation aquatique est inclus en tant que
« paragraphe sur l'eau » dans le permis ou dans l'approbation du plan ou du programme. Il y a
ainsi un devoir d?information, appuyé sur un système de score sur la base d?une approche
modélisée, pour chaque parcelle dans une zone inondable -fluviale, liée aux pluies ou par
submersion marine) (P-score) et bâtiment de (G-score) ? de A à D selon le niveau de risque (A :
pas de risque de crue modélisée, B : faible probabilité d?inondation sous l?effet du changement
climatique, C : faible risque d?inondation sous le climat actuel et D : probabilité moyenne sous le
climat actuel). Ce devoir d'information a été introduit dans le décret intégral sur la politique de l'eau
en 2013. En 2016, l'obligation d'information a été évaluée. Le 1er janvier 2023, un devoir
d'information modifié est entré en vigueur. Lors de la vente ou de la location d'un bien immobilier,
l'acheteur ou le locataire doit savoir si le bien est situé dans une zone inondable.
Côté agriculture, un enjeu est d?encourager une agriculture plus durable, moins exposée aux
risques de sécheresse et d?inondation, ce dans le cadre de la PAC, par exemple en améliorant le
rôle de rétention des eaux des sols. Une ambition forte est que les agriculteurs ne soient pas
seulement dans une logique productiviste mais également convaincus de ces enjeux de durabilité.
- Une structuration de ces piliers par grands cours d?eau
Le « plan Sigma50 », un plan intégré de protection contre les inondations, a été mis en place pour
la première fois en 1977, en réaction à une inondation majeure causée par une onde de tempête
en 1976 sur le bassin transfrontalier France, Belgique, Pays-Bas de l?Escaut. Le fleuve ne fait que
350 km, mais coule dans un bassin très dense. Le plus grand danger est lié à une onde de tempête
qui se poursuivrait dans les terres, avec un risque de rupture de digues, comme en 1953 et 1966
où des villages entiers ont été inondés. Ce plan vise à protéger environ 20000 hectares de terres
en Belgique, le long de l'Escaut et de ses affluents tels que le Rupel, la Nete et la Durme. Il met en
place des protections contre les submersions marines et les inondations fluviales causées par des
précipitations très fortes, en identifiant quatre zones avec des niveaux de protection différents. Il
combine des mesures d'infrastructure "grises", principalement des digues, et des mesures "vertes"
sous la forme d'un réseau de zones inondables contrôlées, dont la mise en place fait l?objet de
nombreuses discussions avec le secteur agricole.
Un plan Sigma actualisé a été approuvé en 2005 qui visait à mieux protéger l?Escaut et ses affluents
par la mise en place de « zones temporairement inondables » et de digues. Le Sigma a aussi
travaillé à la restauration des rivières et à l?économie locale. Le projet a aidé également à réaliser
les objectifs écologiques (Natura 2000).
50 S de Sigma comme le début du nom de l?Escaut en Flamand, Schelde
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A l?horizon 2030, il représente 1,3 Md d?euros. Un cadre législatif est nécessaire pour garantir une
approche pluriannuelle de ces travaux. Il s?agit d?intégrer le changement climatique, et en particulier
l'élévation du niveau de la mer qui accroît le risque d?inondation. Dans la version actuelle,
l'élévation du niveau de la mer a été prise en compte dans un scénario moyen. Sur cette base, le
plan contient des mesures et des projets dont la réalisation s'étend jusqu'en 2030, suite à une
évaluation des coûts-avantages sociaux. Une amélioration du Plan Sigma - un Plan Sigma+ ou un
Plan Sigma 3.0 - devrait également prendre en compte le scénario climatique plus extrême à fort
impact jusqu'en 2100, avec, en plus de l'élévation du niveau de la mer, l'augmentation de la
probabilité d'écoulements supérieurs extrêmes et la coexistence de ces eaux d'amont et d'une
onde de tempête. Jusqu'en 2030, le plan actuel doit être mis en oeuvre sans délai, et, par la suite,
complété par des mesures additionnelles.
Le plan est approuvé par le gouvernement flamand dans ses principes généraux, mais pour le
reste, donne lieu à des déclinaisons locales, où le travail est fait en cherchant les collaborations
avec les agriculteurs et les associations. Il ressort des échanges une bonne coopération avec les
agriculteurs sur le plan Sigma, mais, « dans les relations à proximité des fleuves, pour regagner
des zones d?expansion des crues ce n?est pas toujours facile ».
La nouvelle étape de prise en compte du changement climatique, par une étude, n?en est qu?à ses
débuts.
La Dendre, affluent de l?Escaut, qui connait aussi des problèmes d?inondation, est encore en
phase de planification. Il s?agit d?élaborer un plan stratégique « espace pour l?eau » pour réduire le
risque d?inondation en améliorant la qualité de vie. Ce travail se fait en recherchant une forte
participation des autorités locales et habitants, en vue d?une approbation du gouvernement
flamand au printemps. Dans le cadre de ces travaux, deux scénarios ont été élaboré et évalués
sous l?angle de leurs avantages et limites et soumis à concertation : celui « de la vallée inondable »
ou celui d?«expansion des inondations en amont ». C?est le premier, dans une approche naturelle
de place laissée au fleuve, avec une action au plus près pour chacun, qui est préférée.
Concernant la Meuse, dont le débit peut varier de 10 à 3000 m 3/s et plus, elle coule en Flandre
le long d?anciens sites miniers de niveau très bas. Les deux inondations majeures de 1993 et 1995
ont inondé des villages entiers. Dans la suite, les digues ont été surélevées et renforcées, mais le
principe de laisser une plus grande place pour le fleuve apparait désormais comme préférable,
quitte à supprimer quelques maisons situées dans le lit mineur. Ce travail prend des années. Les
digues sont maintenues là où l?élargissement n?est pas possible.
Concernant enfin l?Yser, la coopération autour de l?eau est renforcée avec la mobilisation d?une
commission de la coordination intégrée de l?eau, et le projet de maitrise de l?Yser dans une
approche intégrée quantité- qualité. Le territoire est pour partie inférieur au niveau de la mer et le
changement climatique va fragiliser la zone ; la population est peu dense, sauf près de la côte : ce
sont surtout des prairies dans les parties basses et des terres agricoles. L?eau potable dépend des
eaux de surface, et notamment du réservoir de Blanckaert. Les relations avec les agriculteurs sont
un enjeu majeur, dans ce bassin où le projet est de créer des déversoirs sur la rive gauche du
fleuve pour compléter la Zone d?expansion des crues (ZEC) de Blanckaert, créée après les crues
de 1993-95 (et qui représente un stockage en crue de 450 M m3).
Un décret est en préparation pour que les objectifs soient ancrés au niveau flamand. Il s?agit de
définir des mesures concrètes à l?horizon 2024 ou 25, afin de les avoir mises en oeuvre un an après
entrée en vigueur du décret, dans une logique « top down » vers les bassins. Une plate-forme
permet des échanges de connaissances, qui est aussi un outil de concertation.
Cet hiver, cette zone a été inondée pendant plusieurs semaines, jusqu?à plusieurs mètres d?eau au
plus profond. Il n?y a pas de compensation financière des agriculteurs mise en oeuvre, la prise en
charge dépend des assurances.
Le bassin de l?Yser est engagé dans un projet Interreg avec l?USAN notamment pour partager la
vigilance.
Annexe 4.3.2 L?adoption de nouveaux grands plans structurants
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- Le Bluedeal est un grand plan adopté après la sécheresse de 2018-20 et consacrée en premier
lieu à cet enjeu. Il comporte deux axes :
- réduire les consommations d?eau, progresser dans les réutilisations ;
- mieux conserver et gérer l?eau, dans une logique trame verte et bleue.
Ce programme était prévu à hauteur de 60 à 70 millions d?euros et a été porté à 500 millions d?euros
après la crise Covid, dans le cadre des fonds de relance européens.
- Après les crues en Wallonie, qualifiées de « bombe d?eau », le gouvernement flamand a demandé
à un groupe d?experts de rédiger un avis sur la prévention des inondations. Il s?agissait de revoir la
prévention en Flandre sur la base d?un scénario de même type que la « Water Bomb » sur la région,
en identifiant également les budgets requis. En effet, il a été estimé que le coût d?une catastrophe
de même type serait de 8 Md d?euros. Ce travail s?est engagé en décembre 2021, sous le pilotage
de Henk Ovink, professeur néerlandais de renommée internationale, notamment pour son travail
à l?ONU. Le choix de cette personnalité se justifiait pour éviter une forme de concurrence entre
universités belges, pour mobiliser l?intérêt des Pays-Bas, concernés par la Meuse, pour cette ré-
flexion, et bénéficier d?un regard neutre sur la situation. La démarche était pluridisciplinaire. C?es t
le Weerbaar Waterland, qui a donné lieu à l?avis Resilient Waterland de mars 2023. Il comporte
dix recommandations suivantes qui mettent en avant une approche stratégique, partenariale et
intégrée, inscrite dans la durée et impliquant tous les acteurs, informés et responsabilisés :
1. Objectifs aquatiques clairs, intégrés et assortis de tâches à accomplir
Depuis des objectifs divers et vagues en matière de quantité d?eau vers des objectifs intégrés dans
le domaine de l?eau
2. Programmes d?action intégrés et adaptatifs par sous-bassin
Depuis un ensemble réactif d?actions sectorielles déconnectées vers des tâches orientées vers la
mise en oeuvre au niveau des sous-bassins
3. L?eau, le sol et le climat au service d?une nouvelle sécurité juridique
Depuis un avis sur l?eau sans engagement et une mise en oeuvre incertaine vers un cadre spatial
et d?exécution solide et juridiquement sûr
4. Triple mandat, depuis la régie jusqu?à l?exécution
D?une exécution dépendante du volontariat et retardée par la fragmentation des pouvoirs vers une
régie claire
5. Quatre chantiers flamands de l?eau
Depuis un fonctionnement sur la base de projets vers une approche intersectorielle permanente
axée sur l?exécution
6. Fonds de sécurité de l?eau ancré
Depuis des budgets de projets annuels vers une approche systémique sur plusieurs législatures
7. Préparation des personnes et des infrastructures
Depuis l?ignorance relative vers l?autonomie accrue
8. Revirement culturel
Depuis le risque individuel vers le gain sociétal
9. Programme flamand pour la Connaissance et l?Innovation
Depuis le développement scientifique sectoriel vers l?innovation transdisciplinaire et fondée sur la
pratique
10. Approche et collaboration transfrontalières
Depuis une région réactive en aval vers un précurseur en matière de protection contre les crues
en Europe
Les interlocuteurs de la mission mettent l?accent sur les points suivants :
- développer des objectifs clairs en matière d'eau au niveau flamand d'ici 2023-2024 : identifier les
zones de la Flandre où les risques actuels ou futurs sont trop élevés (tant pour la sécheresse que
pour les inondations).
- Dès le départ, exploiter les possibilités de liaison pour améliorer la qualité de l'eau et l'érosion et
calculer les futurs dommages socio-économiques et écologiques qui en découlent.
- Lors de l'élaboration des objectifs, tenir compte de l'impact élevé de la sécheresse et de l'érosion,
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novembre 2023 et janvier 2024 dans les Hauts-de-France
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tenir compte au maximum du scénario climatique à fort impact jusqu'en 2100< ;
- Dans les suites des inondations de novembre 2023, la Task Force « Westhoek résilient », à la
demande du Gouvernement flamand, a formulé, à l?issue de trois réunions, un avis étayé pour
améliorer la « sécurité de l?eau » dans le Westhoek, et plus particulièrement dans le bassin de
l?Yser. Il s?agissait de tenir compte du caractère spécifique du territoire, mais aussi de faire le lien
avec le cadre politique « Waterland résilient », qui préconise une approche axée sur la source du
problème ainsi que des opportunités gagnant-gagnant pour la gestion des sécheresses. D'autres
cadres tels que le Blue Deal et le Plan flamand d'adaptation au climat ont également été pris en
compte. À partir du cadre général, une réflexion a été menée à court et à plus long terme.
Le Weerbare Westhoek du 22 décembre 2023 prévoit des budgets importants en 2024 (54 M) et
25 (26 M), avec des travaux sur les pompes, les canaux ? Chaque année, 120 M sont destinés
aux voies navigables.
Pour le court terme quelque 70 mesures sont proposées. Il s'agit de mesures dites « sans regret
», c'est-à-dire efficaces et efficientes sous chacun des scénarios climatiques et qui ne viennent pas
au détriment d'autres enjeux cruciaux dans la région : mesures de terrain (la rétention d'eau en
amont, le tamponnement dans et le long des cours d?eau, l?évacuation vers la mer ainsi que des
mesures de protection) mais aussi de mesures politiques et règlementaires, de recherche et de
surveillance, de communication et de sensibilisation. Des propositions sont également faites pour
éliminer autant que possible les points de friction dans une logique de facilitation ou de simplifica-
tion.
Toutes les mesures sont conçues de manière à évacuer l'eau excédentaire uniquement lorsque
cela est nécessaire pour prévenir des inondations. Elles contribuent ainsi à garantir la disponibilité
de l'eau en cas de sécheresse prolongée.
Les mesures à court terme suivantes sont prioritaires :
- tamponnement des eaux en amont et évacuation retardée ;
- création et aménagement de nouvelles zones d?expansion des crues (ZEC) ;
- protection des infrastructures critiques (par exemple les centres des villages, les industries, l'ap-
provisionnement en électricité, etc.) grâce à la construction de digues locales, par exemple à
Roesbrugge et Stavele. - Amélioration de l'entretien structurel de l?ensemble des cours d'eau ;
- gestion dynamique des niveaux d?eau ;
- optimisation de la capacité d?évacuation, par exemple via le canal de Lo et l?Yser, de Dixmude à
Nieuport ;
- évacuation suffisante vers la mer à différents endroits, par gravitation mais aussi de manière
indépendante des marées ;
- démarrage d?un processus d'élaboration du plan « De l?espace pour l?eau ? Vallée de l?Yser » ;
- renforcement de la coopération transfrontalière.
Des points d?attention sont identifiés :
- la conception des mesures à réaliser sur le terrain fait l?objet d?une concertation avec les acteurs
locaux, les propriétaires et les utilisateurs des terrains ;
- pour la création et l?aménagement de nouvelles zones d?expansion des crues (ZEC), dans la
mesure où leur fonctionnement a un effet, une politique d'accompagnement agricole est recom-
mandé ;
- pour l'approche à plus long terme, la Task Force recommande l?élaboration d?un programme plu-
riannuel intégré et orienté vers l'action, garantissant qu?à l?avenir éga lement, et en tenant compte
des scénarios climatiques, le Westhoek reste suffisamment résilient face à la fréquence et à l'inten-
sité croissantes des conditions météorologiques extrêmes.
Il sera possible ainsi de continuer à travailler de manière structurelle et intégrée sur la sécurité de
l?eau dans le bassin de l?Yser. Les actions à entreprendre sont les suivantes :
- Identifier les risques et les points problématiques et déterminer un risque d'inondation acceptable.
- Fixer des objectifs stratégiques et opérationnels pour que les risques soient ou restent sociale-
ment acceptables.
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-. Elaborer et mettre en oeuvre un programme d'actions intégré, de concert avec les acteurs locaux
et les parties prenantes. Les nombreux projets et initiatives existants ne seront pas perdus de vue
et seront poursuivis et renforcés dans la mesure du possible. La coopération transfrontalière avec
la France devra également être poursuivie et renforcée.
Enfin, la Task Force a également formulé un avis sur la gouvernance ou la nécessité d'une struc-
ture claire pour assurer le suivi d'un tel programme pluriannuel intégré. Elle préconise une ap-
proche systémique qui surveille l'intégralité et qui dispose d?une capacité d?action suffisante pour
pouvoir efficacement mettre en oeuvre le programme pluriannuel. L?avis recommande aussi d'utili-
ser autant que possible les structures déjà existantes aux différents niveaux (flamand - bassin -
région), qui fonctionnent bien. La Task Force mise en place - dans sa composition actuelle ? devrait
être pérennisée afin de pouvoir assurer la surveillance et le suivi de la mise en oeuvre des actions.
La structure actuelle du bassin peut également être maintenue, car elle dispose déjà d'une large
représentation locale et d'une approche multidisciplinaire.
Il est également recommandé de développer plus avant, sur l?ensemble du bassin, le fonctionne-
ment des coalitions territoriales locales accompagnées.
Annexe 4.4. La Wallonie : le choc des inondations de juillet 2021
Annexe 4.4.1 Quelques éléments sur le cadre général de la prévention des
inondations
La gestion de l?eau est une compétence régionale depuis les années 1980, menée dans le cadre
des directives européennes. La gestion des cours d?eau dépend de leur classement : elle est faite
par les riverains pour les 12807 km de cours non classés, par les communes pour les cours d?eau
de 3ème catégorie (4518 km), les provinces pour ceux d 2ème catégorie 5820 km) et les régions pour
ceux de 1ère catégorie (1875km) et pour les navigables (873km). Un plan « pluie » a été mené en
2003, et la cartographie des aléas inondation a été entreprise en 2007.
Le curage des cours d?eau revient entre 50 à 150 euros par m3 selon le niveau de pollution.
Concernant les voies navigables, les sédiments curés sont traités comme des déchets. Pour les
cours d?eau non navigables, il est possible de les laisser sur les 6 m à proximité, sinon il faut les
évacuer. Les laisser dans le cours d?eau est regardé comme préférable, quitte à recreuser un
chenal, cela limite les risques d?érosion des berges. Un décret a fixé quatre enjeux pour les cours
d?eau naturels : inondation, socio culturel, économique, biodiversité. Les cours d?eau sont
sectorisés par enjeux dominants, en évitant le curage
Une étude sur les besoins de la Wallonie en eau a été lancée (avec notamment un axe sur le
refroidissement de l?eau, ou la récupération des eaux usées). Les besoins des secteurs
économiques sont de 50000 m3/j. 75% sont évaporés. Pour autant, dans les échanges, il est
estimé qu?un stockage supplémentaire, pour garder des eux en période de crue, serait une réponse
pour ainsi dire sans impact sur les besoins de l?industrie (une piscine toutes les secondes pour une
giga-factory) et également de faible impact pour limiter les effets d?une inondation.
Annexe 4.4.2 Mise en place d?un dispositif spécifique de reconstruction
Les inondations du 14 juillet 2021 ont fait 41 victimes. Il y a eu 45000 maisons sinistrées, 100000
personnes concernées impactés, plus de 5,2 Md de dommages. Quatre fleuves ont débordé en
même temps. « C?était il a presque trois ans et on en sort à peine ».
Un Commissariat spécial à la reconstruction a été mis en place dès le 26 juillet 2021. Cette
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équipe pluridisciplinaire a été mobilisée pendant un anl pour répondre de manière pragmatique
aux besoins du territoire sinistré
Le travail de reconstruction a été engagé sur les 3 grands bassins versants belges, à l?échelle
des15 sous bassins concernés. Les montants pour la reconstruction, de 150 millions d?euros en
2021, ont permis de faire des acquisitions et de la renaturation, en particulier dans la vallée de la
Vesdre, la plus touchée, qui a subi la plus grande part des décès en Belgique. Il s?agissait d?avoir
des réflexions sur des aménagements adaptés à la situation, qui peuvent conduire à ne pas (re)
construire à en endroit, mais, autant que possible sans interdire, même si la possibilité de le faire
existe.
La Commissariat spécial à la reconstruction n?est pas une autorité mais un ensemblier. C?est une
cellule placée auprès de gouvernement, ce qui lui donne du poids. Les termes du bilan pour
présenter le travail réalisé sont les suivants :
« Le 26 juillet 2021, afin de coordonner la réponse régionale à la reconstruction, le Gouvernement
wallon (ci-après GW) a décidé de créer le Commissariat spécial à la Reconstruction (CSR) pour
une durée d?un an éventuellement renouvelable.
La mission qui a été dévolue au CSR était triple :
- coordonner et faciliter l'élaboration et la prise de décision du GW, ainsi que la mise en oeuvre et
le suivi des actions dans la gestion des urgences, de la prévention et de la reconstruction ;
- formuler, en collaboration et en concertation avec les services compétents, des propositions en
vue d'assurer un plan de reconstruction dans les communes concernées ;
- veiller à la mise en oeuvre des décisions du GW.
Deux Commissaires spéciales ont été désignées le 26 juillet 2021, l ?une en charge des autorités
locales (Catherine Delcourt) et l?autre en charge des autorités régionales (Sylvie Marique). Une
équipe s'est progressivement mise en place pour assurer la gestion opérationnelle du CSR. En
août 2021, seuls 3 agents avaient déjà pu être engagés. Cet effectif était totalement insuffisant
pour faire face à l?ampleur des besoins. Au total, une 50aine d?agents du SPW (SG et IWEPS,
essentiellement) ont prêté main forte au CSR, en attendant les engagements complémentaires. La
diversité des profils a permis d?apporter des réponses efficaces aux différentes problématiques. Le
CSR s?est organisé avec un SPOC par partie prenante régionale. Jusqu?au bout, les effectifs se
sont avérés bien nécessaires pour mener à bien les différentes missions du CSR. » 51.
Un enjeu fort a été la gestion de la temporalité entre l?urgence (aide à la réparation, avec un soutien
public pour ce qui n?était pas couvert par les assurances) après crise et la reconstruction résiliente.
- Il a fallu un an à un an et demi pour identifier ce qu?il fallait acquérir et rassembler le budget requis.
Les crues de 2021 ont été fortement dévastatrices, il reste, en 2023, des habitations à exproprier.
La modélisation sous-jacente ne sera à jour que dans trois mois. La première démolition a eu lieu
mi-janvier.
- Une priorisation a été nécessaire pour cibler l?action sur les neuf communes les plus touchées ?
y compris dans les centres historiques ;
- l?élaboration d?un schéma multidisciplinaire sur tout le bassin de la Vesdre a été établi, avec
l?université de Liège et un studio spécialisé ;
- deux guides de bonne pratique sur la constructibilité en zone inondable et sur la gestion durable
des eaux fluviale ont été rédigés. Les cartes de l?aléa inondation n?ont pas été réactualisées au
regard de cet événement exceptionnel, mais elles le seront en 2025 dans le cadre de la directive
inondation. Une circulaire ministérielle donne un cadre pour instruire les permis en zone inondable ;
- Un appui urbanistique, mis en place par la région, pour les communes les plus touchées, a été
organisé pendant cinq mois. Ce marché n?a pas été opérationnel tout de suite car le premier n?a
donné lieu à aucune réponse. Des moyens sont mobilisés pour des acquisitions de bien à démolir.
Les discussions sont difficiles avec la population, parfois des réparations temporaires ont été faites.
51 Source Commissariat spécial à la reconstruction, juillet 2022
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Il y a eu un travail également sur les facteurs aggravants (bâti à enlever car accroit le risque
d?inondation). Le Commissariat a été mobilisé pour de nombreux échanges avec les personnes
avec qui il faut trouver un accord.
L?approche a été pragmatique : il s?agissait, selon les termes des personnes rencontrées, de
réfléchir avant de reconstruire, sans empêcher les mesures immédiates qui donnent du « confort
». Le premier état des bâtiments a demandé une forte mobilisation, avec tous les agents
disponibles, afin de le mener en quinze jours.
La nouvelle planification des communes a été faite par la région pour le compte des communes (et
pas à leur place). Pour les appuis urbanistiques, un marché cadre a été passé. Il a fallu faire de la
planification locale avant de finaliser la planification globale, sans avoir les nouvelles études
hydrauliques abouties, ce qui supposait des échanges très fréquents entre les équipes travaillant
aux différentes échelles pour faire les ajustements nécessaires (et acceptés). Il s?est agi ainsi de
construire ainsi un schéma sans valeur légale, sans enquête publique ou évaluation des incidences
mais avec des modes de participation, définis à la carte, selon les choix des élus locaux dans
chaque collectivité. L?agilité et l?adaptabilité ont reposé sur le fait de se parler. Ainsi ont été élaborés
des PDDQ ? plan de développement durable des quartiers.
Le travail a porté aussi sur la trame agricole, les haies, le sens du labour, le couvert forestier, qui
influencent la gravité des inondations. Rétablir des haies écrête la crue de 20%. La prise en compte
des inondations doit se faire par l?amont des bassins versants en premier lieu : ont été mis en place
des périmètres de vigilance foncière, avec des possibilités de préemption.
Entre janvier 2022 et juillet 2022, 6 plans de reconstruction de centres urbains ont été faits sur 9.
5 millions d?euros ont été consacré aux travaux du commissariat, dont 500000 pour les études.
- Le Rapport de la Commission d'enquête parlementaire52 chargée d'examiner les causes et
d'évaluer la gestion des inondations de juillet 2021 en Wallonie du 22 mars 2022 a fait 161
recommandations (voir annexe 6). Il ressort des entretiens menés par la mission les points clés et
les actions engagées suivants :
- La prévision des crues mobilise le service mobilité - infrastructures, en charge des canaux et
barrages, en interface avec l?opérateur de Météo (Institut royal météorologique - IRM). Les outils
n?étaient pas adaptés à ce phénomène, jamais vu. Il est nécessaire d?améliorer les outils pour des
événements exceptionnels.
- concernant la gestion de crise, la commission d?enquête parlementaire a fait des
recommandations, qui, pour les gouverneurs mettent l?accent sur la coordination des réseaux de
volontaires, la formation des élus, les plate-formes citoyennes. En pratique, la Croix rouge est
présentée comme étant en recul, et il est nécessaire de mettre en place un cadre spécifique de
mobilisation de bénévoles.
Il est ressorti des rex également la nécessité de revoir les modalités de coopération. La région
wallonne se dote d?une cellule d?expertise (CELEX) dont les avis éclairent le gouverneur sur
l?opportunité ou non de déclencher une phase provinciale. Un travail a aussi été mené pour
identifier les bâtiments au regard du risque inondation, non diffusé publiquement, qui permet de
cibler des alertes, pour les personnes qui s?abonnent (peu à ce jour). Les autorités belges peuvent
en effet communiquer directement avec la population, par e-mail ou sms, grâce au système d?alerte
BE-Alert (sur inscription ou géolocalisation).
- Le pompage repose sur plus de 190 pompes de régulation : il apparaît souhaitable d?en centraliser
la supervision pour pouvoir optimiser. Ces pompes ne servent pas qu?à la navigation. La région
travaille à un arrêté pour prioriser les usages de l?eau (en crise). Le schéma régional de la
ressource en eau fixe des débits autorisés. La gestion des ouvrages donne toujours lieu à des
discussions (avoir de l?eau en été/ être en mesure d?écrêter des crues). Les sections de
wateringues gèrent quelques pompes, ce qui peut conduire à des surplus dans les canaux en crise,
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mal anticipés. Le pompage qui est fait au quotidien ne correspond pas aux enjeux de la crue ?
dans ce cas, il faut prévoir d?autres outils comme les zones d?expansion de crues.
- La culture du risque s?est perdue, même dans des vallées très exposées. Les victimes ont été
des personnes qui ont pris leur voiture. La région met en place des systèmes de bénévolat pour
mobiliser des citoyens formés et engagés en cas de crise.
- Il est important d?avoir une approche pluridisciplinaire, mobilisant des spécialistes pour conseiller
les autorités, avec une information précise ? sur la localisation de l?aléa en particulier, et des termes
permettant une compréhension claire du risque de crue et de l?alerte. La région a travaillé pour que
cela soit fait, maintenant, de manière plus intégrée.
- Les cartes d?inondations sont faites pour un aléa 100 ans avec une majoration de 30% pour le
changement climatique. L?approche s?appuie sur du rex et de la modélisation. Mais la question se
pose de l?utilisation des crues de juillet 2021 dans la planification territoriale : l?événement est
tellement exceptionnel, faut-il en tenir compte ? Les choix de prévention sont précisés à l?échelle
locale, sur la base d?une approche coûts bénéfices. Il existe toujours un risque résiduel.
Dans la suite de ce rapport, le ddécret du 13 juillet 2023 a rénové le cadre de la gestion des risques
et des crises par la Région wallonne.
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Annexe 5. Rapport de la Commission d?enquête
parlementaire chargée d?examiner les causes et
d?évaluer la gestion des inondations de juillet
2021 en Wallonie du 22 mars 2022
Dans la suite des inondations du 14 juillet 2021, qui ont fait 41 morts en Wallonie, une commission
d?enquête parlementaire a rendu un rapport qui comporte 161 recommandations. Parmi elles,
certaines sont particulièrement intéressantes pour les travaux menés dans la suite des inondations
de fin 2023 début 2024 en France : elles figurent en gras dans la reprise du rapport ci-dessous.
*
Les inondations de juillet 2021 ont dramatiquement renforcé la prise de conscience de la réalité du
dérèglement climatique et de son abrupte proximité : le dérèglement climatique n?est pas une
problématique réservée aux générations de demain ou aux contrées lointaines mais constitue un
enjeu du temps présent et de notre continent.
Les inondations mettent en relief la nécessité de renforcer et accélérer, d?une part, la lutte contre
le changement climatique par la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) et, d?autre
part, l?adaptation de nos territoires, nos infrastructures, nos institutions, nos systèmes et notre
société afin de protéger la population des dérèglements climatiques en cours et à venir.
Il nous faut calibrer l?ensemble des politiques publiques à la hauteur des catastrophes auxquelles
il est possible de s?attendre et à la hauteur du risque défini.
Les auditions et les informations reçues par la Commission d?enquête parlementaire chargée
d?examiner les causes et d?évaluer la gestion des inondations de juillet 2021 en Wallonie amènent
à formuler les recommandations qui suivent.
1. PRÉVISIONS ET ALERTES MÉTÉOROLOGIQUES ET HYDROLOGIQUES
European flood awareness (EFAS)
1. Concernant l?usage du European Flood Awareness System (EFAS) par le Service Public de
Wallonie
(SPW) :
? engager résolument la Wallonie dans le réseau européen constitué par l?EFAS et ses différents
outils;
? intégrer l?usage de l?ensemble des outils proposés par l?EFAS (alertes formelles et informelles
« flood » et « flash flood » et « Map viewer ») dans les procédures du SPW;
? charger le SPW, conformément aux conditions d?accès à l?EFAS signées le 23 février 2015 par
la
Région wallonne, de formuler régulièrement des évaluations à l?EFAS sur la qualité de ses
prévisions;
? participer aux réunions annuelles et aux formations nécessaires;
? partager avec l?EFAS Dissemination Centre les données des stations pluviométriques et les
autres
outils de mesure qui peuvent l?être.
2. Concernant Copernicus Emergency Management Service, réduire le délai d?envoi de l?image
produite par satellite aux autorités compétentes.
Institution royal météorologique (IRM)
3. Développer et renforcer le partenariat entre le Service Public de Wallonie (SPW) et l?Institut
Royal Météorologique (IRM) afin principalement :
? de renforcer les capacités de modélisation météorologique pour bénéficier de prévisions
météorologiques à la maille la plus fine possible et ce en progressant dans la prévision et
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l?intégration des pluies dites convectives (intenses et concentrées) ;
? d?assurer la connaissance mutuelle des outils et données et leur interopérabilité ;
? d?organiser la communication par l?IRM au SPW de la liste exacte des communes concernées
par ses avertissements ;
? de solliciter la création d?un produit de l?IRM analysant l?impact plus détaillé des prévisions
météorologiques sur les sous-bassins versants comprenant un barrage.
4. Améliorer les conditions et le séquençage d?utilisation des codes d?alerte de l?IRM afin de pouvoir
déclencher des alertes jaunes, oranges et rouges sans attendre 48 heures, 24 heures ou 12 heures,
en cas de risque d?événements météorologiques de nature ou d?ampleur exceptionnelles.
5. Adapter les modèles de prévisions météorologiques aux modèles climatologiques prospectifs.
Direction de la Gestion Hydrologique du ServicePublic de Wallonie Mobilité et
Infrastructures
(DGH SPW MI)
6. Afin d?améliorer la capacité de prévision et de communication de la Direction de la Gestion
Hydrologique du Service Public de Wallonie Mobilité et Infrastructures (DGH SPW MI), il est
recommandé :
? d?intégrer progressivement dans le modèle de prévision hydrologique « HydroMax » les
prévisions météorologiques du European Centre for Medium- Range Weather Forecasts (ECMWF)
et les données issues des cours d?eau non navigables (Aqualim);
? de renforcer les capacités de modélisation hydrologique en prenant en compte un facteur de
risque
plus grand lié à l?augmentation des phénomènes climatiques extrêmes;
? d?intégrer l?ensemble des cours d'eau dans le système d'alarme et d'alerte de la DGH SPW MI
ainsi
que la problématique du ruissellement;
? d?opérationnaliser le projet « Walhydro » en regroupant ainsi, au sein d?une même base de
données, l?ensemble des données pertinentes en matière d?inondations gérées par le SPW, et en
intégrant les réseaux « Aqualim » et « Wacondah » pour créer un réseau métrologique unique;
? de disposer des outils disponibles pour ouvrir l?ensemble des produits fournis par l?Institut Royal
Météorologique (IRM) et le European Flood Awareness System (EFAS) au SPW et aux autres
autorités
régionales;
? de développer des modèles d'alarme spécifiquement liés aux phénomènes de « flash flood »;
? d?appliquer la Directive (UE) 2019/1024 du Parlement européen et du Conseil du 20 juin 2019
concernant les données ouvertes et la réutilisation des informations du secteur public aux données
utilisées et générées par Walhydro et HydroMax et de rendre ces données accessibles pour les
gestionnaires et les autorités publiques et, dans la mesure du possible, pour les citoyens;
? d?étudier et analyser dans le détail le risque d'inondation par ruissellement afin de mieux
comprendre ses processus de fonctionnement dans les vallées (détermination de couloirs
préférentiels d'écoulement, etc.).
7. Clarifier et rendre publics la terminologie des codes et seuils de pré-alerte et d?alerte de crues
afin de mieux rendre compte des risques d?événements hydrologiques d?une nature exceptionnelle.
Dans ce cadre, réfléchir à la possibilité de lancer des pré-alertes ou alertes de crue sur la base des
prévisions météorologiques sans attendre le résultat des prévisions hydrologiques.
8. Veiller à ce que la DGH SPW MI adresse une communication compréhensible, signifiante et
directement exploitable aux autorités régionales et communales compétentes ainsi qu?à la
population.
9. Établir un canevas de bulletin d?information, des messages de pré-alerte, d?alerte et concernant
la situation des eaux (données chiffrées, degré de gravité), réalisé en coopération avec le Centre
régional de crise (CRC-W) et l?Union des Villes et Communes de Wallonie (UVCW).
10. Opérationnaliser une modélisation plus précise des sous-bassins versants, afin de pouvoir
traduire effectivement l?impact des crues sur le territoire, en ce compris l?impact de délestages
éventuels en aval des barrages-réservoirs.
11. Améliorer les stations de mesures hydrométriques afin, d?une part, d?agrandir la gamme de
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mesure des débits avant une situation de défaillance et, d?autre part, d?augmenter leur résistance.
12. Améliorer la collaboration avec les services hydrologiques régionaux (bruxellois et flamand) et
des pays limitrophes, notamment en apportant un point d?attention concernant les barrages et leurs
impacts.
13. En concertation avec les médias, tant publics que privés, intégrer les données hydrologiques
vulgarisées dans les bulletins météorologiques grand public en cas de prévision de crues et, le cas
échéant, prévoir la diffusion de messages de pré-alertes et d?alertes.
14. Renforcer la capacité d?évaluation préliminaire des risques d?inondations visée par l?article 4
de la Directive 2007/60/CE du Parlement Européen et du Conseil du 23 octobre 2007 relative à
l?évaluation et à la gestion des risques d?inondation, en tenant compte, parmi les différents
éléments de cette évaluation, de la description des inondations survenues dans le passé et ayant
eu des impacts négatifs significatifs.
Centre de la permanence d?exploitation (PEREX) 4.0
15. Finaliser rapidement l?opérationnalisation du Centre de la Permanence d?Exploitation (Perex)
4.0.
16. Concernant le mécanisme de veille active des cours d?eau et barrages, définir une phase
spécifique à partir de laquelle la situation nécessite un mécanisme de permanence opérationnelle.
17. Intégrer dans les meilleurs délais la veille des seuils de préalerte et d?alerte hydrologiques au
sein du Centre de la Perex 4.0.
18. Assurer progressivement une connectivité optimale à l?ensemble des sites sensibles régionaux.
19. S?assurer que le Centre de la Perex 4.0 est en mesure de visionner en temps réel des sites
sensibles du réseau hydrologique wallon, en ce compris les barrages.
2. PRÉVENTION DES RISQUES ET GESTION DE CRISE
Culture du risque
20. Dans l?ensemble des procédures de gestion, de construction ou de rénovation des
infrastructures publiques, tenir compte du risque d?aggravation des impacts liés aux phénomènes
climatiques extrêmes.
21. Former davantage d?agents publics à la planification d?urgence et à la gestion de crise.
22. Développer davantage d?interactions entre les coordinateurs en planification d'urgence
(PLANU), les conseillers en aménagement du territoire et urbanisme (CATU) et les fonctionnaires
délégués.
23. Collaborer avec le Centre fédéral d?excellence pour le Climat dans ses travaux de coordination
de programmes de recherche sur l'évolution des conditions météorologiques extrêmes dans le futur
et développer, en association avec l?Organe de concertation pour l?analyse de la menace « Climat
» (OCAM Climat) et les services fédéraux concernés, une expertise en termes de gestion des
risques climatiques liés aux compétences régionales, particulièrement en ce qui concerne les
inondations.
24. Créer une culture du risque au sein des services publics en coordination avec les différentes
autorités en charge du secours.
25. Développer un plan d?urgence d?aide psychosociale en cas de crise majeure à l?attention
des victimes et en assurer la coordination avec la Fédération Wallonie-Bruxelles et la
Communauté germanophone.
26. Mettre en place une banque de données sécurisée reprenant les différents numéros d?urgence
et l?ensemble des moyens disponibles, qui seront actualisés.
27. Créer une logistique efficace en matière d?aides, particulièrement en organisant les prêts et les
dons de matériels, la possibilité de les entreposer dans un lieu prévu à cet effet, la mise à
disposition de logements ainsi qu?un registre d?entreprises et d?organisations susceptibles
d?apporter leur soutien en cas de crise majeure.
28. En coordination avec le Centre de crise national (NCCN), veiller à ce que des équipements
efficaces et adéquats soient disponibles en permanence.
29. Dès l?émission d?un code jaune par l?Institut Royal Météorologique (IRM), appréhender
la situation en approche et par équipes multidisciplinaires et effectuer des points réguliers
sur l?évolution des informations.
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30. Élaborer, en bonne intelligence avec les communes concernées, des cartes d?évacuation et de
mise à l?abri, lisibles, y compris en cas de délestage préventif, accompagnées d?un inventaire des
sites pouvant accueillir les personnes évacuées.
31. Permettre la mutualisation des moyens en planification d?urgence à un niveau pluri-communal.
32. En parfaite cohérence avec les Plans généraux d?urgence et d?intervention (PGUI), effectuer
régulièrement des exercices d?évacuation et de mise à l?abri de la population ainsi que des stress
tests liés aux infrastructures sensibles, le cas échéant à un niveau pluri-communal.
33. Sur base des partenariats existants entre les fédérations de mouvements de jeunesse et les
autorités publiques ainsi que sur les procédures et bonnes pratiques mises en oeuvre lors des
inondations de juillet 2021, inclure dans les plans généraux d?urgence et
d?intervention (PGUI) une procédure d?évacuation relative aux camps de vacances et de jeunesse
et l?étendre, de façon adaptée, aux sites de camping et habitations permanentes.
34. Encadrer la participation citoyenne dans la planification et la gestion d?urgence, en
créant une réserve de citoyens volontaires au niveau local et en analysant la possibilité
juridique de couvrir par une assurance les interventions de ces volontaires en cas de crise.
35. Offrir à des points de contact de quartier la possibilité d?avoir une formation de base permettant
de les familiariser à la culture du risque.
36. Créer un cadre permettant une organisation avec les bénévoles, pendant et après la
catastrophe, et mettre à disposition les lieux et le matériel nécessaires pour rendre cette aide
efficace.
37. Formaliser la délégation pour absence (applicables aux bourgmestres, gouverneurs de
province, fonctionnaires, etc.) sur la base de critères préalablement définis ainsi que sur
l?étendue de la délégation.
38. S?assurer que l?ensemble des coordonnées de contact des personnes désignées par
délégation sont bien transmises aux autorités supérieures et aux différents responsables des corps
d?intervention.
39. Organiser une reconnaissance officielle des événements dramatiques des inondations de juillet
2021 et de leurs victimes ainsi que des bénévoles qui leur sont venus en aide.
40. Structurer un travail de mémoire des inondations et sa diffusion afin d?assurer dans la durée la
sensibilisation aux risques d?inondations.
Centre régional de crise (CRC-W)
41. Adopter un décret relatif au Centre régional de Crise de Wallonie (CRC-W) ayant pour objectifs
d?en clarifier les rôles et les missions, d?en moderniser le fonctionnement et d?en faire la porte
d?entrée unique des services régionaux en matière d?expertise du risque. Complémentairement,
préciser les missions du Collège des Gouverneurs wallons ainsi que son articulation avec le CRC-
W.
42. Une fois par législature, publier un rapport décrivant l?état d?anticipation et de prépara-
tion des réponses de la Wallonie face aux risques naturels ou à la survenance d?accidents
majeurs.
43. Renforcer le rôle du CRC-W en tant qu?interlocuteur de référence pour les gestionnaires de
crise, lorsqu?une phase de crise est déclenchée à l?échelon local, provincial ou fédéral.
44. Clarifier, par le biais de protocoles de collaboration, les chaînes de communication et de res-
ponsabilité entre le CRC-W, les services du SPW et des unités d?administration publique (UAP) qui
peuvent être mobilisés.
45. Optimaliser le rôle du CRC-W en tant que coordinateur de mobilisation de l?expertise et des
ressources liées aux risques, notamment par le biais de la mise sur pied de groupes multidiscipli-
naires, à l?image de la Cellule d?Expertise (CELEX), afin de favoriser la communication entre les
acteurs concernés, et en traduisant de manière facilement compréhensible et exploitable
ces expertises pour les acteurs de terrain.
46. Préciser le rôle du CRC-W et des acteurs de la gestion de crise ? Centre de crise national
(NCCN), gouverneurs de province, communes ? en matière, entre autres, de lutte contre les « fake
news », d?activation du Copernicus Emergency Management Service et de coordination de l?utili-
sation des images aériennes disponibles.
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47. Modifier la dénomination du CRC-W pour qu?elle corresponde mieux à son rôle de centre du
risque et d?expertise et d?appui à la gestion de crise.
48. En situation de crise ou de phase provinciale ou fédérale, placer le CRC-W sous l?autorité
directe du Secrétaire général du SPW, ce dernier disposant, en coordination avec les Directions
générales concernées du SPW, d?un pouvoir d?injonction.
49. En temps de crise, prévoir que le Secrétaire général du SPW puisse avoir connaissance des
injonctions ministérielles données aux directeurs généraux.
50. Dans la chaîne de diffusion de messages d?alerte des crues, prévenir l?ensemble des acteurs
concernés par la gestion de l?eau (producteurs et distributeurs d?eau, épurateurs, services de dé-
mergement, ...).
51. Former le personnel du CRC-W à vulgariser les informations qu?il reçoit et doit répercuter.
52. Donner d?initiative, à toutes les communes, accès aux communications du CRC-W, en complé-
ment de la possibilité d?abonnement.
53. Confier au CRC-W la présidence et le pilotage du Groupe Transversal Inondations (GTI).
54. Lorsqu?une crise impliquant les compétences régionales wallonnes a un impact sur les compé-
tences communautaires, prévoir la présence au sein du CRC-W d?un représentant de ces entités.
55. Octroyer un statut officiel au GTI en tant qu?organe de pilotage stratégique et coordonné des
Plans de gestion des risques d?inondations (PGRI) au niveau du Gouvernement, en précisant no-
tamment son rôle, ses missions et sa composition et en élargissant son champ d?action à la pré-
paration de la gestion de crise pour une amélioration de la coordination entre les membres du GTI.
56. Préciser la mission du GTI en ce qui concerne la prévention des inondations par débordement
et ruissellement.
57. Confier au GTI la présentation d?un rapport par législature au Parlement sur deux volets : l?ac-
tivité du GTI, d?une part, et le suivi de chacune des mesures du PGRI, d?autre part.
Les gestionnaires de crise (Fédéral, Province, Commune)
58. Dans le cadre de l?arrêté royal du 22 mai 2019 relatif à la planification d'urgence et la gestion
de situations d'urgence à l'échelon communal et provincial et au rôle des bourgmestres et des
gouverneurs de province en cas d'événements et de situations de crise nécessitant une coordina-
tion ou une gestion à l'échelon national, solliciter de l?Autorité fédérale la clarification du comman-
dement dans la gestion de crise. Déterminer clairement les mécanismes de coopération entre dif-
férentes entités dans l?hypothèse d?une succession de déclenchement de phases d?urgence. Rap-
peler le rôle et la responsabilité de chaque intervenant dans chaque phase d?urgence (NCCN,
Centre de crise provincial, Centre de crise communal).
59. Intégrer une formation complète à la gestion de crise pour les personnes responsables dans la
chaine de commandement.
60. Organiser la formation, à rythme régulier, de l?ensemble des membres des collèges com-
munaux à la planification d?urgence et la gestion de crise et rendre obligatoire cette forma-
tion pour les bourgmestres, y compris les faisant fonction. Inclure dans les formations les
éléments de compréhension et d?interprétation des alertes reçues dans le cadre de la ges-
tion de crise.
61. Rendre obligatoire la formation à la planification d?urgence et à la gestion de crise pour les
coordinateurs en planification d'urgence (PLANU) et les agents qui les remplacent, clairement dé-
signés, pour les gouverneurs de province et les commissaires d?arrondissement, ainsi que pour les
directeurs généraux et directeurs généraux adjoints des communes et provinces, et pour le Secré-
taire général et les directeurs généraux du SPW. Inclure, dans les formations des agents commu-
naux et des élus, les éléments de compréhension et d?interprétation des alertes reçues dans le
cadre de la gestion de crise.
62. Mettre sur pied, à une échelle pluri-communale, le partage d?expériences et de bonnes
pratiques et facilitant, le cas échéant, la mutualisation et le remplacement des agents com-
pétents en matière de PLANU.
63. Intégrer la gestion des risques liés aux sites dangereux ainsi que la lecture et la compréhension
de données liées aux risques dans les formations des PLANU.
64. Organiser des formations au portail national de sécurité Incident & Crisis Management System
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(ICMS) pour les acteurs concernés et identifier rapidement le responsable de ces formations.
65. Diffuser les règles d?utilisation de l?ICMS préalablement et de manière claire aux parties pre-
nantes.
66. Rappeler le rôle de l?ICMS, des gouverneurs de province et du NCCN dans la chaine de com-
mandement.
67. Analyser la pertinence des informations à introduire dans l?ICMS.
68. Intégrer systématiquement les gestionnaires de barrages dans le système ICMS lorsque ceux-
ci sont concernés directement ou indirectement.
69. Formaliser et systématiser l?organisation de débriefings et de retours d?expérience des gestion-
naires de crise, en ce compris avec les structures de soutien et d?expertise (CRC-W, GTI, etc.),
afin de pouvoir tirer les enseignements des événements rencontrés et les intégrer dans le proces-
sus d?élaboration des Plans de gestion des risques d?inondations (PGRI).
70. En matière d?alerte et de communication d?urgence :
? généraliser l'utilisation de l?outil « BE-Alert » par les autorités locales;
? augmenter le taux d?inscription de la population à BE-Alert;
? améliorer un réseau radio « Astrid », « Blue Light Mobil » ou similaire accessible aussi pour les
autorités locales (coordinateur planification d'urgence » (PLANU) et/ou bourgmestre) ; complémen-
tairement, développer toute ressource alternative permettant d?assurer une communication entre
services en cas de saturation ou défaillance des réseaux des opérateurs téléphoniques, du réseau
électrique et d?Internet. Lors de la transmission d?une information cruciale, l?émetteur doit vérifier
la réception du message par le destinataire. Paramétrer l?échelle de gravité des circonstances et
hiérarchiser les listes de numéros selon cette échelle.
71. Organiser une communication de crise centralisée et uniformisée qui parvienne au destinataire
dans les trois langues nationales.
72. Assurer, sur les réseaux sociaux, une communication large et efficace en période de crise pour
permettre l?adhésion de la population aux mesures envisagées et lutter contre les « fake news ».
73. En plus de l?arsenal existant, des médias et des réseaux sociaux, établir une démarche de
communication de terrain telle que, par exemple et selon les cas :
? la constitution d?un réseau de points de contact par quartier et, le cas échéant, son activation en
cas de crise;
? l?utilisation de haut-parleurs dans les quartiers;
? le porte-à-porte;
? les sirènes.
74. Sans remise en cause de l?articulation entre les différents acteurs, demander au Gouvernement
wallon de solliciter le Gouvernement fédéral afin de :
? évaluer le mode de fonctionnement entre le Centre de crise national (NCCN) et les centres de
crise provinciaux afin de fluidifier la transition lors du passage d?un niveau de gestion de crise à un
autre;
? faciliter l?utilisation des moyens du NCCN lors d?une phase de crise provinciale ou d?une phase
de crise communale;
? renforcer la coopération du NCCN avec les services des gouverneurs de province et les com-
munes;
? développer au niveau du NCCN une mission d?appréhension des risques climatiques et environ-
nementaux au même titre que les risques majeurs déjà pris en compte par le NCCN;
? renforcer le rôle du NCCN dans la mobilisation et la mise à disposition d?une expertise spécialisée
auprès des autres niveaux de gestion de crise.
75. Actualiser chaque Plan général d?urgence et d?intervention (PGUI) au moins tous les six ans,
en incluant une concertation supra-locale. Généraliser dans chaque commune la prise en compte
de l?enjeu des inondations dans l?élaboration de son PGUI, incluant une identification des chaînes
de communication, un plan de communication de crise et un plan de mise à l?abri et d?évacuation
en fonction de la localisation des risques.
76. Clarifier les interlocuteurs destinataires (mandataires et/ou agents) des messages d'alerte et
d'avertissement du NCCN et du CRC-W.
77. Assurer une capacité pour les gouverneurs de province à mobiliser, en cas de crise majeure,
une réserve de personnel parmi les agents de l?administration provinciale.
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78. Organiser, à partir des services des gouverneurs de province, une mise à jour régulière et
effective des coordonnées d'urgence des autorités locales et acteurs de la gestion de crise.
79. Évaluer le mode de déploiement et de fonctionnement des postes de commandement opéra-
tionnel (PC Ops) pour une crise qui touche plusieurs zones de secours.
80. Identifier un ou plusieurs locaux rapidement aménageables où peut se réunir la Cellule com-
munale de crise en toute sécurité et commodité.
81. Demander au Gouvernement wallon de solliciter le Gouvernement fédéral afin qu?il prévoit une
procédure claire d?urgence interzones et fixant quel commandant de zone de secours dirige les
opérations.
82. Prévoir la transmission des ordres du jour et des procès-verbaux des réunions des Collèges
de zones de secours aux gouverneurs de province.
83. Évaluer la structuration territoriale des zones de secours, en concertation avec les autorités
locales.
84. Demander au Gouvernement wallon de solliciter le Gouvernement fédéral afin qu?il poursuive
la réflexion sur la possibilité de réduire le nombre de zones de secours.
3. LES BARRAGES ET OUVRAGES D?ART
Cadre légal
85. Créer un cadre légal pour la gestion et la sécurité des barrages-réservoirs publics et privés
situés en Wallonie, ainsi que pour leur contrôle externe ayant pour objectif de :
? garantir la sécurité des ouvrages en tout temps;
? assurer un fonctionnement optimal des infrastructures, équipements et outils utilisés en fonction
des missions attribuées (sécurité, réserve d?eau potable, écrêtage, étiage, production d?énergie,
loisirs);
? formaliser des procédures et priorités claires pour les agents opérationnels;
? organiser les modalités d?un contrôle régulier (fiches techniques d?inspection et stress tests ex-
ternes);
? organiser les modalités d?un dialogue entre les gestionnaires des barrages -réservoirs de Wallo-
nie.
86. Sans attendre l?établissement de ce cadre légal, organiser dans les meilleurs délais un audit
externe des barrages-réservoirs.
87. Consacrer le principe de ces audits externes au minimum une fois tous les 5 ans, incluant
l?organisation de stress tests.
88. Prendre en compte, dans le cadre réglementaire, des avis et recommandations émis par la
Commission internationale des grands barrages (CIGB), notamment des cartes d'inondation en
aval des ouvrages en cas de défaillances.
Gestion des barrages et ouvrages d?art
89. Modéliser les parties du bassin versant en amont des barrages afin de pouvoir estimer de façon
plus fine et en temps réel les besoins à couvrir par la réserve d?empotement des barrages-réser-
voirs.
90. En concertation avec la Société wallonne des eaux (SWDE) :
? rendre la gestion des barrages-réservoirs plus dynamique, avec une réserve d?empotement évo-
lutive en fonction des moments de l?année, des prévisions et des données météorologiques et
hydrologiques, ainsi qu?un renforcement des possibilités de manoeuvre de la part des gestionnaires;
? revoir en conséquence le contrat de gestion de la SWDE, la convention entre la SWDE et le
Service Public de Wallonie Mobilité et Infrastructures (SPW MI) et les notes de manutention des
différents barrages-réservoirs.
91. Autoriser le Service Public de Wallonie (SPW) à imposer par injonction à la SWDE et à tout
gestionnaire de barrage ou exploitant de centrale électrique, un turbinage immédiat en situation de
crise.
92. Dans le même cadre, revoir la méthode de calcul du volume entrant (BT) pour y inclure les
facteurs liés à l'environnement (ruissellement, saturation des sols) et aux prévisions.
93. Concernant les modèles prévisionnels propres à la gestion des barrages :
? équiper les barrages d?outils de prévision permettant au gestionnaire de réaliser des prévisions
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crédibles de l?impact du ruissellement sur la gestion de l?ouvrage;
? développer un modèle mathématique permettant d?estimer le volume d?eau entrant dans l?ou-
vrage
en fonction de prévisions météorologiques et d?un ruissellement donné.
94. Modéliser l?impact de lâchers de barrage sur le bassin versant en aval, en intégrant égale ment
l?impact du ruissellement sur les bassins versants et actualiser sur cette base les informations de
la note de manutention sur la célérité de l?onde de crue.
95. Préciser le mécanisme de décision relatif à la gestion anticipative et au délestage des barrages-
réservoirs en cas d?avertissement, de pré-alerte ou d?alerte de crue afin qu?il fasse l?objet d?une
concertation de l?agent gestionnaire du barrage avec la Direction des barrages -réservoirs du Ser-
vice public de Wallonie Mobilité et Infrastructures (DBR SPW MI), la DGH SPW MI et leur hiérarchie,
lorsque le barrage est géré directement par le SPW. Une procédure de concertation
sera mise en oeuvre concernant les concessionnaires des barrages privés.
96. Intégrer dans la gestion des barrages un plan d'alarme prévoyant une montée en puissance
selon différents niveaux d'alarmes avec des règles à respecter pour chaque niveau afin de clarifier
le rôle des gestionnaires des barrages.
97. En cas de crise, prévoir un mécanisme de permanence opérationnelle pour la gestion des
barrages-
réservoirs.
98. Étudier l?opportunité et les effets potentiels d?une interconnexion entre les barrages.
99. Étudier les possibilités d?adapter les aménagements en aval des barrages -réservoirs afin
d?augmenter la capacité de restitution en cas de nécessité.
100. Analyser l?opportunité d?adapter les turbines au sein des barrages-réservoirs dans un objectif
de production d?énergie verte.
101. Augmenter et systématiser les échanges d?expérience et de bonnes pratiques entre les ges-
tionnaires des barrages en Wallonie, en Belgique et à l?international.
102. Demander au Gouvernement wallon de solliciter le Gouvernement fédéral afin d?envisager
une modification de la loi du 17 juin 2016 relative aux marchés publics en sorte d?intégrer les mar-
chés publics relatifs aux barrages dans la catégorie des secteurs spéciaux.
Prévention des risques liés à la gestion des barrages
103. Organiser et former les équipes de gestionnaires des barrages en matière de gestion des
risques (internes et externes) et de crise.
104. Organiser la participation des gestionnaires des barrages aux réunions du GTI.
105. Systématiser et formaliser la communication entre les gestionnaires des barrages-réservoirs
et les autorités locales, les zones de secours et les zones de police en prévoyant des réunions
régulières.
106. Établir dans les meilleurs délais des Plans particuliers d'urgence et d'intervention (PPUI) pour
l?ensemble des barrages-réservoirs situés en Wallonie, à l?initiative des gouverneurs de province
et en associant les autres parties prenantes, et intégrer les risques propres au fonctionnement des
barrages et ouvrages dans les PGUI des provinces et communes concernées, incluant un plan de
mise à l?abri et d?évacuation.
107. Associer les gestionnaires des barrages à la planification d?urgence au niveau des gouver-
neurs de province et des communes.
108. Inclure les barrages-réservoirs et les barrages au fil de l?eau dans les Plans de gestion des
risques d?inondations (PGRI).
109. Améliorer la gestion et la protection des chantiers significatifs relatifs aux ouvrages hydrau-
liques et autres ouvrages d?art sur les cours d?eau, en analysant et en intégrant les risques en cas
de crue.
4. GESTION DES COURS D?EAU
110. Préconiser une approche pluridisciplinaire par sous-bassin versant, en tenant compte
des enjeux en amont et en aval, afin de contribuer à la protection des personnes et des
biens.
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111. En tenant compte des enjeux en amont et en aval et des engagements européens en
matière de gestion des cours d?eau, procéder à un audit des modalités de gestion et d?en-
tretien de ces derniers.
112. Evaluer l?intérêt de renforcer la coordination existante des actes d?entretien régulier à
travers l?application du Programmes d?Actions sur les Rivières pour une approche Intégrée
et Sécurisée (PARIS).
113. En tenant compte des enjeux en amont et en aval, lancer une étude sur l?incidence de
l'artificialisation des cours d'eau sur le risque d?inondation.
114. Développer des dispositifs de prévention des risques d?inondation en favorisant les
mesures de rétention des eaux (zones d?immersion temporaire, reméandration, élargisse-
ment du cours d?eau, remise à ciel ouvert, etc.).
115. Analyser rapidement l?opportunité de revoir la catégorisation des cours d?eau en vue d?opti-
maliser leur gestion tout en respectant les fonctions et besoins spécifiques à chaque caté-
gorie de cours d?eau.
116. Communiquer aux autorités locales concernées, en ce compris les zones de police et
les zones de secours, les cartes d?aléas d?inondation, les cartes des zones inondables et
les cartes de risque, après chaque renouvellement de celles-ci.
117. Insérer dans les PGRI les masters plans établis à l?échelle des sous -bassins versants.
118. Intégrer dans les PGRI une gestion territoriale proactive des risques d?inondation in-
cluant les mesures visant en particulier l?amélioration de la qualité des sols, l?augmentation
de leur capacité de rétention et de ralentissement du ruissellement et l?augmentation de
l?infiltration de l?eau.
5. AMENAGEMENT DU TERRITOIRE ET RECONSTRUCTION
Cadre légal
119. Étudier la manière la plus adéquate de modifier le cadre légal assurant la prise en
compte des cartes d'aléas d?inondations lors de la délivrance des permis d'urbanisme.
120. Dans le cadre des permis nécessitant des mesures hydrologiques particulières (bassins
d?orage, noues, etc.), contrôler la mise en oeuvre effective de ces mesures.
121. Adapter le cadre permettant de renforcer le recours aux avis de la Cellule Gestion Intégrée
Sol ? Érosion ? Ruissellement (GISER) du SPW en fonction de l?impact du projet analysé sur le
risque.
122. Mieux faire connaître l?existence de la Cellule GISER et organiser la possibilité pour un porteur
de projet de construction ou d?urbanisation de demander, avant la phase d?instruction du permis,
un avis indicatif global préalable intégrant les analyses de la Cellule GISER, des gestionnaires de
cours d?eau, des gestionnaires d?égouttage et de tout autre acteur pertinent, selon la localisation.
123. Instaurer un guide de construction pour les zones d'habitation en développement sur les pla-
teaux des bassins versants qui ont une influence sur le réseau hydrographique.
124. Actualiser et faire connaître les référentiels de construction durable pour adapter le bâti aux
risques de phénomènes extrêmes.
125. Informer les propriétaires et les locataires des bonnes pratiques en matière d?aménagement
ou de construction afin de rendre les maisons moins vulnérables aux risques climatiques et envi-
ronnementaux (mise des installations à l'étage, architecture bioclimatique, etc.).
126. Mettre à jour les cartes des zones inondables et les cartes d?aléas d?inondations, prio-
ritairement dans les zones sinistrées. Cette mise à jour prendra en considération, à titre
d?exemple :
? les risques de retour plus fréquent des phénomènes climatiques extrêmes;
? les processus aggravants (par exemple urbanisation et artificialisation des sols, impact des em-
bâcles, etc.);
? les effets de gestion des barrages dans chaque scénario de la note de manutention;
? les nappes phréatiques et leurs remontées potentielles;
? l?évaluation par les communes après un événement d?inondation.
Dans l?attente de cette mise à jour :
? s?assurer que les autorités locales soient parfaitement informées de la portée et de la signification
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réelle des cartes des zones inondables;
? intégrer une version utilisable de ces cartes dans tous les outils de Système d?informations géo-
graphiques (SIG) utilisés par les communes;
? mener une démarche d?information et de sensibilisation à l?égard de la population et des parties
prenantes (architectes, notaires, urbanistes, etc.), relative à la portée et la signification réelle des
cartes des zones inondables et des cartes d?aléa d?inondations.
127. Finaliser et publier les cartes spécifiques du risque en aval des ouvrages en cas de défail-
lances.
128. Fixer les trajectoires de réduction de l?artificialisation des sols par bassins, en appor-
tant les modifications nécessaires au Schéma de développement territorial (SDT) et au Code
du développement territorial (CoDT) dans le prolongement des recommandations du rap-
port du Groupe d?experts « artificialisation ».
129. Entretemps, renforcer les mesures concrètes de lutte contre l?imperméabilisation des sols,
notamment à partir du travail en cours en matière de gestion à la source des eaux pluviales.
Mesures particulières
130. Adapter, dans toute la mesure du possible, les bâtiments menacés par les crues pour
qu'ils résistent aux inondations, en particulier pour les collectivités, y com- pris pour les
structures existantes.
131. Prendre en compte et systématiser le calcul d'une revanche (distance entre le niveau de l?eau
et le sommet d?une berge ou le bord inférieur d?un pont) lors des projets d'aménagement de cours
d'eau et d'aménagement des ouvrages de franchissement.
132. Avoir une vue coordonnée dans les zones frontalières entre différentes communes afin d?avoir
une approche globale en matière d?aménagement du territoire.
133. Augmenter la capacité d?infiltration des sols à travers :
? l?optimalisation prévue dans le plan stratégique de la Politique agricole commune (PAC)
en matière de cultures (couverture hivernale, agroforesterie, etc.);
? la poursuite du programme « Yes We Plant » de plantation d'arbres et de haies ainsi que
le renforcement de la perméabilité des sols forestiers;
? l?augmentation de la perméabilisation des sols et de la rétention de l?eau de pluie sur site
dans tous les projets de réhabilitation et de rénovation.
134. Élaborer des études de ruissellement à l'échelle de quartiers ou de communes avec
définition précise du risque et mise en place de mesures constructives tels que des nou-
veaux collecteurs, infiltration, protection localisée d'objets, etc.
Reconstruction
135. Mettre en place des « masters plans » afin d?organiser la reconstruction et la prévention
des risques d?inondations, dans une approche cohérente et planifiée à l?échelle des sous -
bassins versants, en commençant par la Vesdre, par les vallées sinistrées et, le cas échéant,
par tout autre sous-bassin où cela s?avérerait nécessaire. Ces « masters plans » constituent
des outils d?aide à la décision et pourraient contenir des indications, notamment relatives
à :
? des mesures dans les zones non urbanisées pour augmenter la capacité de rétention des
sols et ralentir le ruissellement (couverture végétale permanente, forêts résilientes, planta-
tion de haies, pratiques agricoles, etc.);
? des mesures dans les zones urbanisées pour augmenter l?infiltration de l?eau (verdurisa-
tion, désartificialisation, préservation de friches naturelles, matériaux drainants, etc.);
? des projets d?aménagement de cours d?eau visant à réduire la vulnérabilité des zones
urbanisées (zone d?immersion temporaire, reméandration, etc.). Ces « masters plans » pro-
poseront des mesures concrètes à décliner, sur base des procédures prévues par la légi-
slation, dans des révisions de plans de secteur et dans les outils de planification commu-
nale.
136. Protéger le réseau écologique wallon.
137. Garantir le maintien du lien social dans les vallées.
138. Assurer une reconstruction des berges des cours d?eau, par priorité dans les zones
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urbaines ou urbanisées, en intégrant l?évolution du comportement des cours d?eau à la suite
des crues de juillet 2021 et en se basant sur les résultats des études hydrologiques et hy-
drauliques et des différents scénarios d?aménagement envisagés.
139. Dans le cadre des opérations de post-crise, réexaminer les procédures applicables afin
d?assurer à tous l?accessibilité aux démarches administratives, de simplifier et d?accélérer,
dans toute la mesure du possible, l?ensemble des dispositifs (formalités, marchés publics,
tutelle) et de prévenir la surcharge administrative.
140. Mobiliser toute forme de partenariats, entre des partenaires publics et/ou des publics-
privés, dès qu?il y a lieu, et gérer la mise en réseau des communes, intercommunales, so-
ciétés publiques et privées dans leur mission d?aides, tant au niveau des déchets qu?aux
niveaux d?évacuation, de relogement, de démolition, de travaux en urgence, etc.
141. Conclure un accord de coopération entre la Wallonie et la Communauté germanophone afin
de fluidifier la mise en oeuvre concrète des aides et de clarifier la répartition des rôles entre les
deux entités.
142. Demander au Gouvernement wallon de solliciter le Gouvernement fédéral afin d?envisager
une révision de l?arrêté royal du 22 mai 2019 relatif à la planification d'urgence et la gestion de
situations d'urgence à l'échelon communal et provincial et au rôle des bourgmestres et des gou-
verneurs de province en cas d'événements et de situations de crise nécessitant une coordination
ou une gestion à l'échelon national en sorte de préciser la procédure à suivre et les responsabilités
des acteurs impliqués dans le cadre de phases de reconstruction après une situation de crise.
143. Modifier les articles L1222-3 à L1222-9 du Code de la démocratie locale et de la décentrali-
sation en vue de permettre au collège communal de gérer l?ensemble de la procédure de marché
public en cas de reconstruction urgente due aux dégâts causés par une situation de crise.
144. Solliciter de l?Autorité fédérale qu?elle demande à l?Union européenne, relativement au Fonds
de solidarité de l?Union européenne :
? une augmentation des moyens budgétaires en ce qui concerne les catastrophes naturelles ;
? une accélération des procédures de liquidation des crédits budgétaires au bénéfice des autorités
publiques concernées, en vue de permettre une mise à disposition de ces crédits dans les six mois.
6. SERVICE PUBLIC DE WALLONIE ET FONCTION PUBLIQUE
Organisation
145. Améliorer la transversalité au sein du Service Public de Wallonie (SPW) pour sortir
d?une gestion en silos.
146. Renforcer le rôle de coordination du secrétariat général du SPW en améliorant la transversa-
lité entre les directions générales.
Développer une culture organisationnelle en ce sens, en particulier :
? au niveau des objectifs transversaux fixés par le Gouvernement ;
? en termes de dynamique de projets (y compris à durée limitée) ;
? en termes d?anticipation et gestion du risque en situation de crise ;
? en termes de capacité pour le Comité Stratégique (COSTRA) à délibérer d?enjeux communs à
plusieurs Directions générales.
147. Déployer une politique de la fonction publique permettant de moderniser l?administration et
d?instaurer une culture d?efficience au sein des services du SPW.
148. Définir le rôle du COSTRA en situation de crise afin d?améliorer le fonctionnement, la coordi-
nation et la communication au sein du SPW et préciser son articulation avec les missions du Centre
régional de crise (CRC-W).
149. Développer, au sein du SPW, des outils permettant de mutualiser la collecte de données pour
estimer les dégâts sur le territoire des communes concernées en temps de crise.
Ressources humaines
150. Veiller à une meilleure transmission des savoirs, en particulier pour les fonctions critiques, en
cas de remplacement de personnel.
151. Établir en permanence un cadastre récurrent des ressources humaines et matérielles mobili-
sables au sein du Service Public de Wallonie (SPW) en situation de crise.
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152. En termes de personnel, renforcer l?attractivité du SPW en permettant la valorisation de l?ex-
périence utile et l?ancienneté acquises dans le secteur privé.
153. Augmenter l?efficacité des procédures afin d?assurer une exécution plus rapide des recrute-
ments décidés par le Gouvernement wallon.
154. Demander au Gouvernement wallon de solliciter de Gouvernement fédéral afin de se concer-
ter avec les organisations représentatives du personnel en sorte d?analyser l?opportunité d?adapter
les normes applicables en matière de temps de travail du personnel impliqué dans une situation
de crise en vue de rendre la gestion d?une telle situation plus efficace.
7. AUTRES POLITIQUES
155. Mettre à jour les Plans communaux d?action en faveur de l?énergie durable et du climat
(PAEDC) afin de renforcer la prise en compte des enjeux d?adaptation climatique.
156. Créer un plan de gestion et d?évacuation des déchets en situation d?urgence, prenant en
compte la répartition des responsabilités entre les acteurs concernés et organisant, au bénéfice
des communes, sous l?égide de la Société publique d?aide à la qualité de l?environnement
(SPAQUE), une procédure de crise pour le nettoyage des déchets immédiats produits.
157. Charger chaque intercommunale de gestion des déchets d?identifier des sites temporaires de
stockage des déchets.
158. Définir et évaluer les conditions techniques et juridiques préalables à la mise en place d'une
réglementation favorisant la circularité des boues de dragage, sur la base notamment des acquis
développés en matière de gestion des terres excavées.
159. Mieux encadrer la valorisation des résidus des curages afin de prévenir et limiter leur mise en
Centre d?enfouissement technique (CET) (revêtement pour voiries et pistes cyclables, remblais,
etc.).
160. Mettre en relation les vétérinaires urgentistes ainsi que les acteurs du bien-être animal avec
les cellules de sécurité provinciale et les plans d?urgence des pouvoirs locaux pour la gestion des
situations de crise impliquant les animaux, tant d?élevage que pour les particuliers.
161. Promouvoir l?utilisation par les communes, les vétérinaires, les pompiers, les policiers et les
citoyens des meilleurs outils dans le cadre de la recherche d?animaux perdus ou décédés.
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Annexe 6. Revue de presse
La Voix du Nord, 14 novembre 2023
Inondations : les annonces du président de la République - La Voix du Nord
Inondations : les annonces du président de la République
Emmanuel Macron a présenté plusieurs dispositifs en soutien aux sinistrés des inondations lors de son
déplacement à Saint-Omer et Blendecques, ce mardi.
L?état de catastrophe naturelle : décrété « pour toutes communes qui en ont fait la demande ». Elles sont
plus de 200 et la liste n?est pas fermée, a précisé le président.
Un fonds d?indemnisation d?urgence de 50 millions d?euros : à destination des collectivités territoriales
touchées. Il est « évolutif en fonction de la situation ». Suffisant ? « C?est une première ligne », a réagi Xavier
Bertrand, président de Région, qui ne demande pas plus pour l?heure car, comme il le dit, « personne à cette
heure ne connait le coût de la remise en état ».
Pour les agriculteurs : « On va mettre en place un fonds spécifique qui complète le dispositif calamité
agricole. Un fond qui accompagne les pertes de production, les pertes de matériels... »
Pour les entreprises : « On va mettre en place des mécanismes avec l?URSSAF pour échelonner les
écheances fiscales », annonce Emmanuel Macron. Qui, à un ouvrier dont l?entreprise est dans l?eau, répond
que le chômage partiel va être facilité.
Pour les élèves : Un dispositif de soutien scolaire et de fournitures pour les ménages les plus modestes,
notamment pour les familles et les enfants qui ne vont plus à l?école depuis la semaine dernière.
Et pour que ça ne reproduise plus ? Le président entend « préparer la suite dès maintenant » et enjoint « à
tirer les leçons ». La réglementation sur les systèmes d?entretien des cours d?eau doit être allégée pour que
les curages puissent se faire rapidement, défend-on à l?Elysée. « Avec la lourdeur de la réglementation, le
coût pour curer la même portion de canal est passé chez nous de 800 000 à trois millions d?euros en dix ans
», appuie François Decoster, maire de Saint-Omer. À qui Emmanuel Macron a donné mission de travailler à
améliorer les systèmes d?évacuation des cours d?eau vers la mer, en piochant dans les bons exemples en
Europe et en particulier aux Pays-Bas.
Et auprès des assurances ? Pour l?instant il est souvent trop tôt pour que les experts se déploient, « mais
on va veiller à ce que ce soit fait très vite », a promis Emmanuel Macron. « Il faut être pressant », plaide
Xavier Bertrand, un ancien... assureur. Qui ajoute : « France assureurs doit nous envoyer des experts de
toute la France ».
La franchise prise en charge : d?un montant de 380 ¤ en situation de catastrophe naturelle, elle sera prise
en charge par les départements et la Région pour toutes les personnes ayant une déclaration de sinistre, a
annoncé Xavier Bertrand.
France 3, 15 novembre 2023
ENTRETIEN. 3 questions au maire de Saint-Omer, missionné par Emmanuel Macron pour penser à "l?après"
inondations dans le Pas-de-Calais (francetvinfo.fr)
Lors de son déplacement à Saint-Omer mardi 14 novembre 2023, Emmanuel Macron a missionné le maire
de la commune pour trouver des solutions afin d'améliorer les systèmes d'évacuation d'eau et éviter de
nouvelles crues dévastatrices à l'avenir. Entretien avec François Decoster.
Depuis le début du mois de novembre, il est en première ligne face aux inondations. Au chevet des sinistrés,
dans les multiples réunions organisées dans la cellule de crise de la préfecture du Pas-de-Calais mais
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également auprès du président de la République... François Decoster ne compte pas ses heures.
Ce mercredi 15 novembre 2023, lorsqu?il nous répond au téléphone entre deux réunions, le maire de Saint-
Omer est en voiture. Et il a le sourire. "Aujourd?hui, il fait beau ! Voir le ciel bleu en ce moment est un
soulagement", confie-t-il. Une accalmie bienvenue alors que le moral des habitants est au plus bas. "Certains
me disent qu?ils ne supportent plus la pluie et c?est difficile pour moi de trouver une réponse".
Un choc psychologique causé par les crues à répétition qui ont inondé des dizaines de communes de
l?Audomarois. Tout un bassin de population, déjà éprouvé par les crues historiques de 2002, se retrouve de
nouveau sous les eaux. Malgré les nombreux travaux engagés il y a 20 ans, les infrastructures n?ont pas suffi
à éviter les inondations, alors que l?Aa, fleuve côtier traversant l?Audomarois, a pulvérisé les records de
hauteur d?eau, parfois de plus d?un mètre.
À cette époque, François Decoster n?était pas encore maire de la plus grande ville du secteur (il a été élu en
2014, NDLR). Mais aujourd?hui, le premier édile apparaît comme l?homme de confiance choisi par
Emmanuel Macron pour éviter de nouvelles crues.
Lors de sa visite dans la ville mardi 14 novembre, le chef de l?Etat a missionné François Decoster pour se
pencher sur "l?après", afin de trouver des solutions pour améliorer les systèmes d?évacuation d?eau et éviter
ainsi de nouvelles crues dévastatrices dans les prochaines années.
Pourquoi cette mission pour préparer "l?après" inondations, alors que la même réflexion a été menée
après les crues de 2002 ?
François Decoster : "Le travail mené après 2002, soit avant que je sois maire, s?est appuyé sur la crue de
2002. Personne à l?époque ne se disait qu?on pouvait connaître encore pire.
Et finalement si, il est tombé en 30 jours ce qui tombe habituellement en 6 mois dans le Pas-de-Calais. On
va en faire l?évaluation, mais d?évidence, ce qui a été fait depuis 2002 ne permet pas d?éviter une
catastrophe.
Aujourd?hui, il y a 3 temps : le temps de l?urgence, le temps de la reconstruction et le troisième temps, pour
lequel j?ai été missionné. La question est la suivante : comment continuer à nous adapter au regard des
événements qui sont entrés dans une nouvelle dimension ? Comment on fait pour se préparer à des
évènements qui risquent d?être de plus en plus fréquents et de plus en plus brutaux ?
Ce n?est pas moi, seul, qui vais créer les réponses. C?est un travail collectif qui va s?engager. Ce travail n?a
pas encore commencé car les inondations se poursuivent et, aujourd?hui, je suis au côté des habitants".
En quoi va consister cette mission ?
"Avec le chef de l?Etat, nous voulons avoir une approche européenne. Très concrètement, il faut qu?on aille
regarder ce qui a été fait ailleurs, notamment aux Pays Bas. Il y a eu des inondations catastrophiques dans
les années 50 qui ont fait de nombreuses victimes et qui ont donné lieu à un grand plan national appelé
delta. Il consiste notamment à installer des équipements adaptés et à préparer les habitants à de telles
situations, notamment avec des pompes à domicile etc.
C?est toujours bénéfique d?aller voir les expériences auprès de nos voisins. D?autant plus qu?on a des
configurations assez semblables : le pays a travaillé sa relation à la mer depuis des siècles, comme nous. Le
delta de l?Aa a aussi un polder, comme aux Pays-Bas (étendue artificielle de terre conquise sur l?eau grâce à
des digues, des barrages avec un niveau inférieur à celui de la mer, NDLR).
Chez nos voisins, il y a eu une réelle prise de conscience au plan national. Il faut que l?on fasse la même
chose".
Vous voulez dire que cette réflexion dépasse les frontières du Pas-de-Calais ?
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"Le chef de l?État a conscience que ce qui s?est passé chez nous, à savoir un fleuve côtier dont le débit
devient infernal, est une situation qui pourrait se reproduire ailleurs en France.
Le dérèglement climatique concerne l?ensemble de la planète. Un exemple : le fait qu?on passe d?une
situation de sécheresse à une situation historique d?inondations avec impacts très forts est l?illustration de
la nécessité absolue de revoir notre organisation et notre fonctionnement.
Il y a des questions difficiles qui vont être soulevées comme l'artificialisation des sols... Mais nous allons y
arriver".
La Voix du Nord, 8 janvier 2024
François Decoster à propos des inondations : « Je veux qu?on soit protégés jusqu?à la fin de l?hiver » - La
Voix du Nord
C?était un Facebook Live pour préparer la réunion d?après-inondations, qui se tient mardi 9 janvier au conseil
départemental, à Arras, à l?instigation de l?État. François Decoster, le maire de Saint-Omer, souhaitait
recueillir la parole des sinistrés, pour « être plus efficace ». Morceaux choisis.
L?urgence
Dire d?abord. Ce Facebook Live organisé à l?heure où les voeux devaient se tenir ? face à l?urgence, ils ont
été annulés, comme beaucoup d?autres cérémonies dans l?Audomarois ?, est d?abord le lieu d?annonces
avant la réunion convoquée par l?État au conseil départemental pour évoquer la question des inondations
après un deuxième épisode exceptionnel en janvier. « Je veux qu?on soit protégés jusqu?à la fin de l?hiver »,
martèle François Decoster, le maire de Saint-Omer. Qui portera à Arras « quatre demandes immédiates ».
Une capacité « d?évacuation maximale vers les eaux de la mer à Mardyck jusqu?au 30 avril », soit 45 mètres
cubes d?eau par seconde. Le transfert des eaux de l?Aa, à hauteur de Cuinchy, vers la Deûle, « tant que celle-
ci n?est pas inondée », à 7 mètres par seconde au lieu de 2 actuellement. La création d?un déversoir, en
amont, dans le canal à grand gabarit, pour empêcher les « gros volumes d?eau » qui ont inondé, comme en
novembre, le quartier de la gare, les rues de la Poissonnerie et Saint-Martin. Et la demande de financements
exceptionnels pour les équipements individuels ? batardeaux notamment ?, qui doivent protéger les
habitations de la montée des eaux.
La réflexion
L?urgence, donc, d?abord. Sans mettre de côté la question de l?adaptation, sur un terme plus long en écho
à la mission qu?Emmanuel Macron, le président de la République, a confiée à François Decoster mi-
novembre, en marge de sa visite dans l?Audomarois. Et en réponse aux questions des internautes ? ils sont
autour de 200, tout au long du Facebook Live, à le suivre. Pêle-mêle, la question de ralentir l?eau en amont
de Saint-Omer, et de faciliter son évacuation ensuite, d?autres, « de bon sens », estime l?élu, de l?infiltration
et de « ces immenses parkings en macadam » qui imperméabilisent les sols. Celle des champs d?expansion
des crues, enfin. Après la crue qu?on croyait exceptionnelle de 2002, dix ouvrages sont sortis de terre, qui
permettent de retenir 610 000 mètres cubes d?eau. « Le référentiel de 2002 est dépassé, analyse le maire
de Saint-Omer. On est dans une autre époque, celle du dérèglement climatique, des hivers avec des pluies
intenses. On n?est pas préparés à cette vulnérabilité nouvelle. »
Les interrogations
Sur le fil déployé sous la fenêtre dans laquelle François Decoster s?exprime, les questions s?amoncellent. Il
les reprend. Les assurances ? Il n?y aura pas de deuxième franchise pour les sinistrés, Bruno Le Maire, le
ministre de l?Économie, l?a promis. Le chemin Cordier ? Les opérations de pompage débutent, pour accélérer
l?évacuation de l?eau. Pourquoi se fier aux Hollandais pour imaginer l?après ? Parce qu?une grande partie de
leur territoire, 26 %, est sous le niveau de la mer, et qu?« en 1953, une catastrophique submersion marine
» les a fait changer de paradigme. Le dragage du canal ? « Je suis impatient de le voir », répond François
Decoster. Il coûte plus cher, 800 000 euros en 2013, entre 4 et 6 millions aujourd?hui. « On a demandé une
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prise en charge par la solidarité nationale. »
L?impact
Les mots de François Decoster sont choisis. Pour les voeux, « on attendra des jours meilleurs ». L?élu répète
sa « mobilisation » et celle de l?équipe municipale, des agents quand certains ont parfois eu le sentiment
d?être « abandonnés ». Il rappelle l?existence d?une cellule d?écoute à la mairie (03 21 98 40 88) et de France
Victimes (01 41 83 42 25). « On se prend une catastrophe naturelle alors qu?on est encore en train de digérer
une catastrophe naturelle, dit-il. Si j?utilise l?ouverture médiatique qui m?est offerte, c?est pour défendre le
territoire. »
La Voix du Nord, 5 février 2024
Inondations : François Decoster aux Pays-Bas, « je suis ici en pensant d?abord aux habitants de Saint-Omer
» - La Voix du Nord
Après la Belgique au début du mois, François Decoster était aux Pays-Bas les 24 et 25 janvier dans le cadre
de la mission inondations qu?Emmanuel Macron lui a confiée. Il devra rendre un rapport fin février inspiré
par la façon qu?ont les voisins de la France de se prémunir des crues.
Quels sont les contours de la mission inondations qu?Emmanuel Macron vous a confiée lors de son
déplacement dans l?Audomarois, le 14 novembre 2023, alors que Blendecques se retrouvait sous l ?eau
pour la seconde fois en une semaine ?
François Decoster : « La lettre de mission est arrivée fin novembre ou début décembre. C?est une mission
qui me demande d?aller voir chez nos voisins belges et néerlandais leur système de protection contre les
inondations afin d?alimenter notre réflexion sur ce sujet. Le calendrier est assez serré et il nous demande
de travailler sur deux types de sujet : gérer l?urgence, la crise, le relogement, les assurances, la mise en
sécurité, prévenir le risque immédiat grâce aux travaux d?urgence qui ont déjà commencé, aux capacités de
pompage maximales maintenues jusqu?à la fin de l?hiver. C?est la première temporalité. Mais l?ambition, et
c?est un vrai défi, est aussi de commencer la réflexion sur le long terme. »
Qu?avez-vous fait et vu depuis le début de cette mission ?
« J?étais début janvier dans les Flandres, la semaine dernière en Wallonie où la waterbomb ? littéralement
la bombe d?eau ? de juillet 2021 a fait 39 morts, touché 5 000 maisons et fait 5,5 millions d?euros de dégâts,
et 188 morts en Allemagne. Et enfin ici, aux Pays-Bas ? notamment à
Lelystad, au Rijkswaterstaat, le bureau de gestion des eaux de l?État ? où l?on comprend qu?on a intégré les
risques liés aux inondations bien plus tôt que chez nous. »
En quoi ces déplacements vous nourrissent-ils ?
« Il y a d?abord beaucoup de choses communes. On doit se réinterroger, partout, sur nos référentiels. La
question de l?impact du dérèglement climatique est présente dans toutes les organisations, elle se traduit
ici par une politique de prévention des inondations sur le long terme, où l?on travaille sur le polder jusqu?en
2050, 2100. On sait qu?on va vivre des événements pluviométriques plus intenses pendant l?hiver, des
sécheresses plus importantes l?été, et que tout ceci est très difficile à prévoir. La bombe d?eau de 2021 ne
correspond à aucune modélisation, elle a surpris par son intensité. »
Est-ce que c?est un peu ce qu?il s?est passé dans l?Audomarois en novembre 2023 ?
« On se savait plus vulnérables mais on ne s?attendait sans doute pas à cette répétition. Même ici où les
gens s?adaptent, où l?eau est une question existentielle, où on a beaucoup fait après les inondations de 1953
? les Pays-Bas déplorent deux mille morts dans la crue de 1953 qui déclenche les énormes réflexions et
travaux de prévention contre les inondations ?, et après les inondations à répétition de 1993, 1995, 1998,
on ne cesse de se réinterroger. »
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Et qu?est-ce qui nous différencie ?
« Ce qui est frappant aux Pays-Bas, c?est à quel point l?autorité régionale de l?eau est puissante, et ce sera
l?un des objets de mon rapport. On est passé de 2 500 organismes de gestion des wateringues à 21, qui sont
puissants, ont des compétences techniques en permanence, des équipes larges, des budgets et la capacité
de définir leurs ressources. Il y a ce Delta commissioner ? littéralement le commissaire du delta, du nom,
Delta, des programmes dédiés aux inondations aux Pays-Bas ?, qui est une instance un peu au-dessus, avec
une capacité à voir loin, à être dans un dialogue constructif avec les acteurs nationaux, régionaux? »
Ce Delta commissioner, c?est un concept qui vous intéresse ?
« On voit bien qu?avec la question du dérèglement climatique et de l?adaptation, on n?est pas un jour sans
y penser, surtout quand les jours se répètent et aboutissent à des catastrophes. Mais ici, tout le monde dit
à quel point c?est utile d?avoir cette forme de permanence, une petite équipe, d?une quinzaine de personnes,
autonome, indépendante, dans le dialogue, de petite taille donc mais avec une influence costaud, qui porte
attention à cette question à chaque instant. Il y a dans ce pays une culture de l?eau très forte, l?histoire du
pays est fondée dessus, mais ça reste un sujet. Un Néerlandais m?a dit, « aux Pays-Bas, on fait du vélo et on
sait vivre avec l?eau », si seulement en France on faisait pareil. Alors oui, cet élément de gestion de l?eau,
c?est une méthode intéressante. »
Jan-Willem Trompetter, l?ingénieur principal du système de pompage que vous avez visité ici, à Lelystad,
vous a dit qu?aux Pays-Bas, certains habitants avaient fini par oublier qu?ils vivaient sous le niveau de la
mer ? 29 % du territoire se trouvent sous son niveau. Est-ce qu?à Saint-Omer on a pu oublier qu?on vivait
dans un marais ?
« Les inondations ont rappelé peut-être quelle réalité recouvrait le fait d?habiter dans le marais. Ce sont les
paroles d?une nouvelle arrivante, lorsqu?Emmanuel Macron est venu ? le 14 novembre 2023, le président
de la République a rencontré les habitants du marais de Saint-Omer avant de se rendre à Blendecques ?,
qui lui dit qu?elle est venue ici pour vivre au paradis, et il n?y a pas de raison, quand le niveau de l?eau
descend, que ce ne soit plus le cas. Ici, l?organisation de lutte contre les inondations est systémique. On
pensait que les maisons seraient toutes équipées de batardeaux, elles n?en ont pas besoin, il y a des
batardeaux de villes, et le principe du polder pousse au paroxysme l?importance de calfeutrer l?ensemble. »
L?une des réponses aux inondations, c?est évidemment qu?on va devoir s?adapter ?
« En 2023, l?événement est exceptionnel, mais il change notre référentiel. On doit évidemment s?adapter.
Mais le sujet est difficile. Des habitants envisagent de déménager, une réponse a été apportée par
Christophe Béchu ? ministre de la Transition écologique, avec le fonds Barnier. Il y a le fonds Mirapi, Mieux
reconstruire après une inondation, et il doit y avoir une réponse d?adaptation des logements pour être
moins impacté par une inondation. Le sujet va devenir existentiel, on ne peut plus penser que c?est
extraordinaire. C?est aussi le sujet de ce travail. Et ce qu?il est important de dire, c?est que partout on est
très bien accueillis, et c?est significatif. Il y a une mobilisation des acteurs chez nos voisins, le souhait de
partager une histoire et une volonté de travailler ensemble. »
Emmanuel Macron l?a dit quand il est venu à Saint-Omer, « on va continuer à vivre et à travailler dans le
marais », cette phrase guide votre mission ?
« Je suis là avant tout comme maire de Saint-Omer, je suis dépositaire de cette parole du président de la
République et de la demande des habitants de Saint-Omer. Le sujet des déménagements n?est pas le même
partout, Saint-Omer répond à un plan particulier né d?un rapport équilibré avec la nature, et ma
responsabilité est de respecter cet équilibre, parce que les habitants l?ont demandé. Je suis ici en pensant
d?abord à eux. »
Nord Littoral, 8 février 2024
https://www.nordlittoral.fr/199793/article/2024-02-08/francois-decoster-en-mission-aux-pays-bas-et-en-
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belgique-pour-lutter-contre-les
François Decoster en mission aux Pays-Bas et en Belgique pour lutter contre les inondations
Le président de la République Emmanuel Macron a confié une mission à François Decoster. Ce dernier nous
explique son travail. Entretien.
Lors de sa venue à Saint-Omer, le Président de la République Emmanuel Macron avait donné une mission
au maire de la cité audomaroise François Decoster. Le maire de Saint-Omer a accepté de répondre à nos
questions sur cette fameuse mission.
Quelle est cette mission confiée par le président de la République ?
« L?idée c?est de pouvoir contribuer à une réflexion globale sur ce qu?il faut faire, pour que des territoires
comme le nôtre et au-delà, puissent prévenir le risque d?inondations. Il y a toute une question d?adaptation
aux changements climatiques. On a vu avec ce qu?il s?est déroulé depuis le mois de novembre, que tout ce
qui a été fait pour essayer de nous protéger contre ces risques d?inondations a été calculé à partir de ce que
le territoire avait vécue en 2002. Mais tout cela est dépassé. Nous sommes dans une autre époque, avec
des pluies plus fortes en intensité pendant l?hiver et des épisodes qui se déroulent sur quelques heures ou
sur quelques jours et tout ceci créait des débordements et du ruissellement et quand cela arrive à Saint-
Omer des eaux stagnent pendant des jours avant d?être évacuées à la mer.
Ce que m?a demandé le président, c?est de contribuer à cette réflexion qui est une réflexion avec beaucoup
d?autres parties prenantes. Mais moi, je dois aller voir, si du côté de nos voisins belges et néerlandais il y a
des choses intéressantes pour contribuer à cette réflexion. Est-ce qu?il y a des bonnes pratiques, est-ce qu?il
y a de bonnes expériences qui peuvent guider notre travail. C?est une mission de comparaison avec ce que
font nos voisins, qui ont cette expérience avec les inondations et je suis accompagné d?une inspectrice
générale de l?environnement et du développement. »
Pourquoi avoir choisi la Belgique et les Pays-Bas ?
« Il y a plusieurs raisons, déjà parce que nous avons une géographie qui est très proche, à Saint-Omer, nous
sommes l?entrée d?un polder, c?est d?ailleurs un mot commun avec nos voisins. Nous avons tous les trois des
terrains très plats avec parfois des zones qui se situent en dessous du niveau de la mer. Les Pays-Bas et la
Belgique sont des pays qui ont une forte expérience depuis de nombreuses années en matière gestion de
l?eau. Vous savez le mot Wateringue c?est un mot commun à l?Audomarois au Nord de la France, mais aussi
à la Flandre et aux Pays-Bas. Les Pays-Bas considèrent que la gestion de l?eau comme une question
existentielle. Il y a 26 % du territoire national qui est sous le niveau de la mer. Pouvoir gérer l ?eau, c?est
quelque chose d?essentiel pour eux. Vous savez il y a un dicton néerlandais qui m?a été dit sur place : ?Si
Dieu a créé la terre, les Hollandais ont créé les Pays-Bas.? Cela dit tout de leur longue expérience de la
gestion de l?eau. C?est pour cela que durant la réflexion qui est la nôtre, pouvoir aller voir ce que font nos
voisins proches avec une géographie qui nous ressemble cela est très intéressant. Et il y aura quelques
éléments qui vont j?espère être utile. »
Qu?est-ce que vous avez fait sur place ? Qui avez-vous rencontré ?
« J?ai commencé mon voyage en Flandre puis en Wallonie qui a été très touchée par un épisode très
meurtrier avec des inondations très fortes en juillet 2021 avec près de 40 morts. Et il y a quelques jours
j?étais aux Pays-Bas pour rencontrer différents niveaux qui ont la compétence en matière de gestion de l?eau.
Le ministère des infrastructures et de la gestion de l?eau à La Haye par exemple, j?ai rencontré ensuite des
autorités régionales de l?eau. Puis j?ai pu avoir un temps d?échange avec le commissaire du delta qui est une
autorité indépendante nommée pour une longue durée et qui a pour objectif d?essayer de planifier et
d?organiser les prévisions et l?adaptation du modèle de protection dans la durée et tenir compte des effets
du changement climatique. Ce sont à la fois des réunions de travail, mais aussi des visites de terrain pour
voir à la fois la manière dont ils s?organisent et comment ils ont cherché à adapter leur protection, leurs
prévisions et la gestion des inondations. »
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Mars 2024 Mission de parangonnage à la suite des inondations de
novembre 2023 et janvier 2024 dans les Hauts-de-France
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Qu?est-ce qu?il en ressort ? Qu?est-ce que vous en retenez ?
« Dans les semaines qui arrivent je vais terminer le rapport. J?ai un déplacement prévu le vendredi 9 février
en Flandre-Occidentale pour aller sur le terrain avec le gouverneur, notamment à Bruges et on va compiler
ce que l?on a vu dans un rapport que je dois remettre au début du mois de mars à Christophe Béchu, le
ministre de la Transition écologique.
Il y a bien sûr des éléments qui vont concerner la gouvernance de l?eau. On voit notamment du côté des
Pays-Bas, qu?il y a une volonté de pouvoir ajuster l?organisation à la réalité hydraulique et l?unité hydraulique.
Les Pays-Bas avaient il y a quelques années près de 2 500 Wateringues qui sont devenus aujourd?hui 21
agences et autorités régionales de l?eau pour avoir des équipes importantes avec des budgets importants,
qui sont beaucoup plus importants que les nôtres. Et puis, il y a des questions de pensée d?ensemble du
système. Il y a une approche très systémique. Aujourd?hui, on se pose la question des équipements en
bâtardeaux pour nos maisons. C?est une question qui ne se pose pas vraiment aux Pays-Bas parce que le
système doit vous protéger dans son ensemble. S?il y a des bâtardeaux, ils sont plus structurels pour
protéger un quartier ou pour protéger une rue, il n?y a pas un bâtardeau pour chaque maison. Il y a aussi
une volonté aux Pays-Bas d?avoir ce commissaire du delta qui est une approche intéressante. Cela permet
d?avoir quelqu?un qui a cette permanence qui est là plus longtemps que les élus ou que le gouvernement et
qui a pour mission de rappeler l?importance de maintenir l?effort et de rappeler l?importance de toujours
continuer à investir. Cela fait partie de quelques éléments parmi d?autres qui sont intéressants. »
Et une fois ce rapport remis au ministre que va-t-il se passer ?
« Ma partie est seulement une partie de tous les travaux. Tout ceci doit accompagner la réflexion générale
et il faudra prendre un certain nombre de décisions. Il reviendra au Ministre et au gouvernement de les
prendre. »
France Bleu, 9 février 2024
https://www.francebleu.fr/emissions/l-invite-du-6-9-france-bleu-nord/comment-prevenir-les-inondations-
francois-decoster-maire-de-saint-omer-pilote-une-mission-pour-y-repondre-9426555
Comment prévenir les inondations ? François Decoster, maire de Saint-Omer, pilote une mission pour y
répondre
Après les inondations à répétition des derniers mois dans le Pas-de-Calais, le maire de Saint-Omer a été
missionné par Emmanuel Macron pour tenter de prévenir de futures crues. Pour cela, François Decoster a
notamment été chez nos voisins européens. Il est l'invité de France Bleu Nord.
Depuis novembre, François Decoster est chargé par Emmanuel Macron de trouver des solutions afin
d'améliorer les systèmes d'évacuation d'eau et éviter de nouvelles crues dévastatrices en France et
notamment dans le Pas-de-Calais. Le maire de Saint-Omer, qui disait vouloir avoir une approche européenne,
s'est rendu notamment en Belgique, où il est d'ailleurs encore ce vendredi, et aux Pays-Bas.
"Donner plus d'espace pour les rivières"
Il retient de ses déplacement "qu'il faut s'organiser". "Il faut s'organiser pour que l'on ait une coordination
qui soit fondée sur la réalité hydraulique." François Decoster ajoute qu'il "y a eu beaucoup de moyens aux
Pays-Bas pour faire en sorte de rassembler les forces pour se donner plus de moyens et également pour
pouvoir faire en sorte de mieux protéger face aux inondations." L'élu note aussi "qu'il y a tout un travail
aussi sur la prévention." "Donner plus d'espace pour les rivières et préparer les moments où elles pourraient
avoir besoin de plus de volume". Le maire note enfin qu'il y "a une culture du risque, une culture de la
gestion de l'eau."
Delta FM, 16 janvier 2024
Emmanuel Macron : " On continuera à vivre à Calais, Dunkerque et dans l'Audomarois "
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Le Président de la République a pris la parole sur les inondations
Dans sa longue conférence de presse, le Président de la République a évoqué les inondations et la
situation dans le Pas de Calais suite à une question de nos confrères de la Voix du Nord.
Dans un premier temps, Emmanuel Macron a rappelé le soutien de l'Etat et a annoncé le retour de son
Premier Ministre, sur le terrain, à la fin de mois. Il a également promis tout le soutien de l'Etat dans des
opérations de pompage, des travaux rapides et l'accélération de l'indemnisation en collaboration avec les
assureurs.
Emmanuel Macron sur les inondations : "On sera là"
Pour l'après, alors que les scientifiques s'accordent sur une montée des eaux qui devrait refaçonner notre
littoral, le Président rassure : " Il n'y a aucune fatalité. On continuera à vivre dans l'audomarois, à Dunkerque
ou à Calais. On devra aussi repenser ce qu'on a parfois oublié. Avant, l'évacuation vers la mer se faisait plus
facilement. Avant, on curait plus facilement, les installations étaient plus efficaces. Les normes ont parfois
compliqué les choses, rendant certains opérations plus coûteuses. " Le Président de la République a
réaffirmé avoir confié à François Decoster (maire de Saint-Omer), une mission sur le sujet, pour simplifier
certaines démarches et être plus efficaces sur l'évacuation des eaux vers la mer.
Pour Emmanuel Macron, quelques soient les efforts que l'ont fait, nous aurons à vivre les conséquences du
déréglement climatique : "Nous allons devoir changer nos villes, nos villages. On va progressivement
adapter nos paysages."
Libération, 5 janvier 2024
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Le Point, 4 janvier 2024
Inondations dans le Pas-de-Calais : « On se sent impuissants »
Le département est en vigilance rouge pour crue, et orange pour pluies et inondations. Comme en
novembre dernier, les communes se retrouvent démunies.
Les mêmes scènes et la même détresse. Après les inondations de novembre, huit départements, la plupart
localisés dans le nord et l'est de la France, sont en vigilance orange pluie-inondation depuis mardi 2 janvier.
Parmi eux, le Pas-de-Calais, placé également en vigilance rouge crue.
La rivière Aa, en crue « exceptionnelle » selon Météo-France, est particulièrement scrutée. Après une nuit
de surveillance fébrile, les mairies de Blendecques et Saint-Omer s'organisent pour évacuer des habitants
et évacuer le plus rapidement possible l'eau.
« Plus rapide et brutal »
« C'est un retour à la case départ ». Le maire de Saint-Omer, François Decoster, ne cache pas sa fatigue. La
ville a l'impression de revivre, « comme un mauvais feuilleton », l'épisode pluvieux du 7 novembre, « en
plus rapide et brutal ». « On est en train de battre des records, souligne l'édile, lors de la grande crue
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centennale de 2002, le débit était à 57 m/s, nous en sommes actuellement à 80 m/s. » Dans les rues
inondées, l'eau se transforme en torrent. Une situation très fatigante « physiquement et émotionnellement
» pour les 14 000 habitants.
La préfecture du Pas-de-Calais rappelle que les évacuations se font uniquement sur ordre. En attendant, les
habitants doivent rester dans les étages de leurs habitations. En plus du personnel du SDIS 62 mobilisé, 120
sapeurs-pompiers supplémentaires ont été engagés. À cinq kilomètres de là, Jean-Christophe Castelain a
passé la nuit les yeux rivés sur le site Vigicrues. L'adjoint au maire de Blendeques, qui dirige la cellule
d'urgence, espérait que le niveau de l'Aa baisserait vers 23 heures. Las, la rivière est sortie à plus de 2 mètres
du niveau de son lit. « Nous avons évacué une vingtaine de personnes dans la nuit vers une salle de la mairie,
nous allons ouvrir la salle des sports, plus grande, pour accueillir plus de monde », détaille l'élu. Les
évacuations des personnes âgées ou à mobilité réduite se font à dos d'homme ou par tracteur.
Évacuer l'eau
« On se sent impuissants, avoue Jean-Christophe Castelain, les sols sont gorgés d'eau, plus rien ne s'évacue.
» L'évacuation de l'eau sera justement cruciale dans les prochaines heures. « Tout va dépendre de la force
des précipitations, souligne le maire de Saint-Omer, les faibles coefficients de marée ne vont pas beaucoup
nous aider non plus. » Des moyens de pompage sont également prévus.
En tout, depuis le 7 novembre, 350 habitations de Saint-Omer ont été particulièrement touchées par les
inondations. « Certaines personnes n'étaient toujours pas rentrées dans leur maison, les murs n'avaient pas
encore séché », pointe l'élu. Avec le risque que ces phénomènes climatiques se répètent, une réflexion plus
vaste va s'engager sur l'habitat dans un milieu tel que le marais audomarois. « La relation entre l'homme et
le marais date d'un millénaire, les habitants y sont attachés », explique François Decoster. Ce dernier doit
rendre en mars un rapport sur la question.
Le Figaro, 2 janvier 2024
Alerte rouge aux inondations dans le Pas-de-Calais : pourquoi les rivières débordent-elles de nouveau ?
DÉCRYPTAGE - Le département a été classé en vigilance rouge «crues» mardi. «Il est absolument
indispensable de nous préparer» au dérèglement climatique, a lancé le maire de Saint-Omer, commune
touchée de plein fouet par les inondations.
Le nord de l?Hexagone vit ses premiers jours de l?an les pieds dans l?eau. La situation est alarmante dans le
Nord et surtout dans le Pas-de-Calais, classé par Météo France en vigilance rouge «crues» mardi après-midi,
alors que 15 litres d?eau sont tombés au mètre carré dans la nuit de lundi à mardi dans ce département.
L?organisme évoque une «pluie continue et durable» sur la zone. Les cumuls de pluie pourraient atteindre
des valeurs de 20 à 40 mm sur plusieurs zones du département, dépassant localement 40 mm, prévoit
encore Météo France .
Ces pluies fortes et abondantes perturbent les rivières, qui sont scrutées avec inquiétude par les habitants
comme par les autorités. Huit cours d?eau sont placés en alerte orange «crues» dans le Nord et le Pas-de-
Calais. Des risques de «débordements importants» dans les «prochains jours» sont à craindre à proximité
de plusieurs rivières, la Liane, la Hem, l?Aa (classé en vigilance rouge «crues» par le site d?informations
Vigicrues), la Lys amont-Laquette, la Lawe, La Clarence amont, la Lys Plaine et la Canche, écrit encore
Vigicrues .
Les sols saturés d?eau depuis novembre
Une situation «exceptionnelle» qui s?explique par plusieurs facteurs, réagit Adam Beernaert, directeur
général de la Protection civile dans le Pas-de-Calais. «Il pleut beaucoup, dans des délais très courts»,
détaille-t-il, sur des sols saturés d?humidité qui peinent à dégorger depuis les crues records du 6 novembre.
Le Pas-de-Calais est victime de fortes inondations depuis maintenant deux mois. Ces crues exceptionnelles,
qui avaient fait cinq blessés légers dans le département, ont causé d?importants dégâts matériels : 6000
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habitations, 160 commerces, 130 entreprises et des dizaines d?exploitations agricoles avaient été touchés
par les intempéries.
Les nappes phréatiques «sont donc pleines d'eau» et débordent aux premières pluies : les eaux en surplus
ruissellent vers les cours d?eau de la région, peu nombreux, qui débordent presque automatiquement. La
géographie naturelle doit également être prise en compte : le département du Pas-de-Calais est plat. Le
cours d?eau de l?Aa dans l?Audomarois (dans le nord-est du département) est même dix mètres en dessous
du niveau de la mer, ce qui entrave l?évacuation des eaux, qui s?écoulent peu vers la mer du Nord. Dans
cette région, l?Aa est en crue et inondait en début de semaine certaines rues des communes de Wizernes
et de Blendecques. En parallèle, les marées à fort coefficient peuvent pousser les eaux des rivières dans le
sens opposé à leur descente : l?eau rentre dans les terres, au lieu de se jeter dans la mer.
Les systèmes d?évacuation des eaux peinent à tenir le coup face à de telles intempéries. «Les pompes et les
digues ne sont pas calibrées pour endiguer des conditions climatiques si exceptionnelles», ajoute Adam
Beernaert. «Pour tenir le coup, il faudrait élever de trois mètres les digues de franchissement d?eau sur les
rivières qui sont actuellement à deux mètres dix», avance-t-il encore. Des propos corroborés par François
Decoster, maire de la commune sinistrée de Saint-Omer. Ces «travaux supplémentaires» avec «des
équipements à dimension» sont nécessaires pour affronter de telles catastrophes, détaillait-il le 3 janvier
sur France Info, d?autant plus que ces inondations sont amenées à se multiplier «plus régulièrement et plus
violemment» en fonction du dérèglement climatique.
L?édile rappelle notamment les travaux menés à la suite des «crues historiques» de 2002 qui avaient
occasionné 40 millions d?euros de dégâts. Ces constructions se révèlent pourtant «insuffisantes» 20 ans plus
tard. «Il faut aller plus loin», a-t-il tonné, et il est «indispensable de nous y préparer très rapidement». Dans
les faits, les bassins de rétention, qui «sont pleins en permanence» selon Adam Beernaert, débordent dès
les premières gouttes de pluie. Les plus gros cours d?eau sont en crue en moyenne un à deux jours après les
premières précipitations «et font à leur tour déborder les rivières et les fleuves».
«Evacués six fois en deux mois»
Des débordements qui mettent à rude épreuve le moral des habitants du département. «On sent de la
colère et de l?épuisement », déplore Adam Beernaert, «avec des locaux qui ont été évacués cinq à six fois
en deux mois». Certains avaient été relogés dès les premiers jours de pluie en novembre et n'avaient
toujours pas remis les pieds dans leurs habitations aux premiers jours de 2024. Les murs des maisons n?ont
pas le temps de sécher, les fondations des maisons s?érodent, l?eau et l?électricité sont coupées depuis deux
mois dans certaines habitations. «Après le mois de décembre, on pensait que tout cela était derrière nous
et là on a l'impression de revivre le même cauchemar», s?émeut encore le maire de Saint-Omer.
Depuis le 6 novembre, 1200 bénévoles de la protection civile sont mobilisés dans le Pas-de-Calais pour
assister les sinistrés, et 520 interventions ont été faites. «On est sur le pont en permanence depuis deux
mois», explique le directeur. Une mobilisation qui est loin de diminuer : au vu des précipitations attendues
sur le département en début de semaine, «les crues ne peuvent que s'aggraver», s'alarme Adam Beernaert.
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Annexe 7. Eléments de bibliographie
AGUR, IIW, 2014, Les wateringues, hier et aujourd?hui, 66 p.
Caisse centrale de réassurance, 2023, La prévention des catastrophes naturelles par le fonds de
prévention des risques naturels majeurs, édition 2023, 59 p.
Chambre régionale des comptes, 2023, « Syndicat mixte « Institution Intercommunale des
Wateringues » » 48p.
Commissariat spécial à la reconstruction, 2022, Un an après les inondations, bilan de la gestion
post-inondations et continuité de la reconstruction, 102 p.
CGEDD, 2019, Christian Barthod, Marie-Claire Bozonnet, François Scarbonchi, Évaluation du
dispositif des programmes, d?actions de prévention des inondations (PAPI) et de l?efficacité de sa
mise en oeuvre, Rapport CGEDD n° 012877-01, IGA n° 19053R, 112 p.
DGCL, 2023 ? 04, La taxe Gemapi, une ressource en croissance pour les collectivités, bulletin
d?information statistique n°174, 12 p.
IGEDD, IGA, CGE, 2023, Olivier Diederichs, Philippe Louviau, Jean-Philippe Torterotot, Serge
Catoire ? CGE, Retour d?expérience des inondations des 14 et 15 juillet 2021 ; 136 p.
Parlement wallon, 2022, Rapport de la Commission d'enquête parlementaire chargée d'examiner
les causes et d'évaluer la gestion des inondations de juillet 2021 en Wallonie, 894 (2021-2022) ?
N° 1, 95 p.
R. Slomp, 2012, Le cadre législatif et organisationnel de la gestion du risque d?inondation aux Pays-
Bas, Audition au Sénat, Paris 29 mai 2012, Rijkswaterstaat, 78 p.
R. Slomp, Y. Friaucourt, 2022, Les Pays-Bas face à la montée des eaux : quelle stratégie pour le
long terme et comment répondre aux différents enjeux ? , Annales des mines, Juillet, numéro 117,
pp.85- 89
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Sommaire
Liste des recommandations
Introduction
1 Des inondations longues, liées à des pluies exceptionnelles, sur un territoire de polder
1.1 Des épisodes de pluie d?occurrence parfois centennale sur les sois humides du polder
1.2 Des inondations importantes et longues sur plusieurs bassins
1.3 Une implication historique forte dans la gestion de l?eau mais des évolutions récentes de nature à aggraver les inondations
1.3.1 Un système de drainage mis en place depuis le Moyen-âge
1.3.2 Une action structurée de l?Etat et des collectivités dans la prévention des inondations
1.3.3 Une gestion de l?eau qui mobilise de nombreux acteurs
1.4 Le climat change, le territoire aussi
1.5 Les questions soulevées à l?issue de ces épisodes d?inondation
2 Des similitudes avec les pays voisins qui font socle, des différences qui peuvent être inspirantes
2.1 Des axes d?action complémentaires et une implication de tous les niveaux
2.1.1 La prévention des inondations s?inscrit dans le cadre européen et le rythme et l?intensité de ses évolutions sont marqués par les grandes catastrophes
2.1.2 La prévention des inondations est partenariale par nature
2.1.3 La prévention des inondations prend le pas sur la protection à des rythmes différents selon les pays
2.1.4 La gestion de crise est organisée en fonction de la gravité de la catastrophe
2.1.5 Des coopérations sont une condition première de la prévention des inondations
2.2 Des différences dans le portage stratégique de la prévention des inondations
2.2.1 La capacité à faire de la prévention des inondations une priorité
2.2.2 La pondération des axes d?action
2.2.3 La posture en gestion de crise
2.2.4 L?engagement dans l?adaptation au changement climatique
3 Les actions et axes de progrès qui se dégagent
3.1 Croiser le retour des inondations de fin 2023 - début 2024 et les bonnes pratiques de nos voisins
3.1.1 Des leviers pour améliorer la gestion de crise
3.1.1.1 Organiser une participation accrue des élus à la gestion de crise
3.1.1.2 Mieux anticiper les moyens de pompage en crise
3.1.1.3 Expérimenter des dispositifs de participation citoyenne
3.1.1.4 Deux pistes concrètes pour poursuivre et renforcer un travail permanent sur la culture du risque
3.1.2 Etablir un diagnostic partagé de l?état des cours d?eaux, canaux, fossés
3.2 Renforcer le portage de la prévention par les collectivités locales compétentes
3.3 Anticiper les modalités du relèvement et l?accompagner par une structure spécifique
3.4 Renforcer les coopérations transfrontalières
3.5 Installer une institution stratège et pérenne, au plus haut niveau de l?Etat, pour orienter et soutenir l?adaptation au changement climatique
3.5.1 Structurer le portage politique de l?adaptation au changement climatique au plus haut niveau
3.5.2 Une action à lancer : représenter l?inondation et informer
3.5.2.1 Une carte des provinces, qui offre une information localisée sur tous les risques (avec un accès dans différentes langues dont le Français)
3.5.2.2 Des outils de communication pour former aux comportements qui sauvent
Conclusion
Annexes
Annexe 1. Lettre de mission
Annexe 2. Agenda des déplacements et liste des personnes rencontrées
Annexe 3. La prévention des inondations aux Pays-Bas
Annexe 3.1. Les catastrophes, moments fondateurs des politiques de prévention contre les inondations
Annexe 3.2. Des protections des premiers Plans Delta au Commissaire du Delta
Annexe 3.2.1 La défense contre la mer
Annexe 3.2.2 La protection contre les inondations fluviales
Annexe 3.2.3 L?articulation avec la place pour le fleuve, et le changement de cap opéré dans le contexte du changement climatique
Annexe 3.3. Organisation de la prévention des inondations
Annexe 3.3.1 Une gestion de l?eau et du risque intégrée à l?échelle ministérielle
Annexe 3.3.2 Une organisation spécifique pour la gestion de l?eau aux échelons territoriaux
Annexe 3.3.3 Un financement des protections et de la prévention organisé dans une logique de subsidiarité
Annexe 3.4. Une gestion de crise fondée sur des principes clairs et partagés
Annexe 3.5. De la prévention des inondations à l?adaptation au changement climatique
Annexe 4. La prévention des inondations en Belgique
Annexe 4.1. Mise en perspective historique et géographique
Annexe 4.1.1 Un pays présentant des enjeux différenciés du point de vue de la prévention des inondations
Annexe 4.1.2 Des enjeux transfrontaliers majeurs
Annexe 4.2. La gestion de l?eau dans le système fédéral belge
Annexe 4.2.1 Le rôle important des régions
Annexe 4.2.2 Une organisation de la gestion de crise par niveaux de gravité
Annexe 4.2.3 Un système assuranciel présenté comme fragile
Annexe 4.2.4 Le choc des inondations de juillet 2021
Annexe 4.3. Les Flandres : une structuration par grand bassin, en cours d?inflexion
Annexe 4.3.1 L?équilibre entre protection et aménagement du territoire
Annexe 4.3.2 L?adoption de nouveaux grands plans structurants
Annexe 4.4. La Wallonie : le choc des inondations de juillet 2021
Annexe 4.4.1 Quelques éléments sur le cadre général de la prévention des inondations
Annexe 4.4.2 Mise en place d?un dispositif spécifique de reconstruction
Annexe 5. Rapport de la Commission d?enquête parlementaire chargée d?examiner les causes et d?évaluer la gestion des inondations de juillet 2021 en Wallonie du 22 mars 2022
Annexe 6. Revue de presse
Annexe 7. Eléments de bibliographie
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